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BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE,
ANCIENNE ET MODERNE.
LEI— LON.
i ^;
DE L'IMPRIMERIE D'EVERAT,
RUE DU CADRAN.
^BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE,
ANCIENNE ET MODERNE,
OU
HISTOIRE, PAU ORDRE ALPHABETIQUE, DE LA VIE PUBLIQUE ET PRIVEE DE
TOUS LES HOMMES QUI SE SONT FAIT REMARQUER PAR LEURS ECRITS ,
LEURS ACTIONS, LEURS TALENTS, LEURS VERTUS OU LEURS CRIMES.
OUVRAGE EUTIÈREMERT KEUF,
RÉDIGÉ PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES ET DE SAVANTS.
On doit des égard* «ai vivaiU { on <i* doit, aux morii,
que la rérilë. f Volt. , pt4miirt LtlUe sur Œdipe. )
TOME VINGT-QUATRIFME.
490204
'ZA.*?.^^
A PARIS,
CHEZ L. G, MICHAUD, LIBRAIRE-ÉDITE UK,
aÇE DE CLÉRT> K°. l3.
1819.
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SIGNATURES DES AUTEURS
DU VINGT-QUATRIEME VOLUME.
MM.
MM.
A.
Baraiïti.
H— Q-N.
IlEWNEQUlIf.
A. B-T.
Beuchot.
H— KY.
Henry.
A—G— R.
AUGER.
J-B.
Jacob-Kolb.
A. R—T.
Abel-Rémusat.
L.
Lefebvre-Cadcht.
A— T.
H. AODllFRET.
L B E.
Labouderie.
B.j.
Barbier jeune.
L— o.
Léo,
B— I.
Bernardi.
L-P-E.
Hippolyte ds Laporte.
B— L-T.
BOL'CHARLAT.
L— s— E.
Lasalle.
B— P.
Beauchamp,
L — u.
Ledru.
B-s.
Bocous.
L-Y.
LÉCUY.
B-.S5.
BOISSONADE.
M— D j.
MiCHAUD jeune.
B-u.
Beaulieu.
M— É.
MONMERQUS.
C — AD.
CaTTEAU-CaLLE VILLE,
M — ON,
Marron.
C.G.
CADET-GA^SlCOURT.
P— c— T.
Picot.
c. M. P.
PiLLET.
P— E.
POx>CE.
C—y.
Castellatt.
p et L.
Percy et Laurent.
C. T— r.
Coquebert de Taizt.
p. p. p.
Prévost (Pierre).
C-V— R.
CUVIER.
p— s.
PÉRIÈS.
D— -B— «.
Dubois (Louis ).
R-D-N.
Renauldin.
D— c.
Dellac,
R— L.
De P«.ossel.
D— c.
Deppijcg.
S.D.S— Y
. Silyestre de Sact«
D-c-s.
Desgexettes,
s. M— N.
Saist-Màrtin.
D— L.
DuvAL ( Henri. )
S-R.
Stapfer.
D. L.
De L'aulmate.
s. s— I.
Simon de Sismoitdi,.
D-L-P.
Delaplace.
St.S— N.
Saint-Surin.
D-8.
DESPORTE8-Bo6CHKROÎf,
St-t.
Stassart.
D-u.
DOVAU.
T— D.
Tabaraud.
D-V-L.
Deville.
U-i.
USTÉRI.
D-x.
Decroix.
V. s. L.
Vincens-Saint-Lavrent,
D-i-i.
Dezos de la Roquitts.
W—R.
WALCK.ENAER,
E-..
Etriès.
W— 8.
Weiss.
F-R.
Fol'rkier.
Y.
Anonyme.
c— CE.
Ge.^ce.
z.
Anctnymc.
c-> .
CyiLLO."! ( .limé).
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE.
LeICH ( Jk\n -Henri ), savant et
lal)oricux jihilologiic , ne à Leipzig
en iH'io , annonça fort jcnne d'heu-
reuses dispositions , et lit ses études
de la manière la plus brillante. Il
passait la plus grande partie de son
temps à la bLl)liotliêque publicpie, oc-
cupe à coUationnerd'anciens manus-
crits, et à en comparer les dilFerentes
leçons. Il fut nomnie'.en 1 7 4^, profes-
seur extraordinaire de philosophie ,
Pt prit possession de cette chaire par
une harangue, DePhotii Biblivthecd.
Il rétablit plusieurs passages altères
par l'ignorance des copistes , et re-
leva les erreurs échappées à Schott
dans sa version latine. Il venait d'être
désigne pour la chaire de langue grec-
que , lorsqu'il fut enlevé par une
mort prématurée, le 10 mai 1750,
à l'âge de trente ans. Leich avait des
connaissances très-profondes dans les
langues ei dans l'histoire. Il était eu
correspondance avec la plupart des
savants de l'Allemagne et de l'ItaUej
et, quoique jeune, il comptait au
nombre de ses amis les cardinaux
Passionei et Quirini,Gori, Bruckeret
Weselius. Il avait formé une collec-
tion précieuse de tableaux et de pier-
res gravées. On a de lui : I. T)e Ori-
gine et incrément is tjpne,raphiœ
Lipsiensis liber sinf^iilaris ( Leipzig,
1 74o), iM"*. L'ouvrage est divisé en
ftix chapitres fjni trnîcnt de l'éfablib-
sèment de Timprimerie à Leipzig,
de ses progrès jusqu'au temps delà
réformation, et enfin de l'introduc-
tion en celte ville des caractères grecs
et arabes. On trouve ensuite une
courte notice des hommes les plus cé-
lèbres sortis de l'académie de Leip-
zig , extraite d'une harangue pro-
noncée par Conrad Wimpina, en
i5o3 ; et le catalogue des ouvrages
imprimés en cette ville, depuis 1480
jusqu'en i5i7. L'auteur a ajouté a
son ouvrage une dissertation sur \es
livres imprimés avec des planches
de bois; une note sur quelques livres
du quinzième siècle , qui ont attiré
plus spécialement l'attention des bi-
bliographes ; et la liste d'un grand
nombre d'éditions inconnues à Maif-
taire. II. Animadversiones et evien-
dationes ad inscriplioms ^œcas à
Mitratorio in Thesauro éditas. Ces
observations ont été insérées dans les
Miscellan.Lipsiens. nova ann. 1 74'i.
Le sav.mt Hagenbuch ayant com-
battu quelques-unes de ses conjec-
tures,il lui réponditavcc autant d'é-
rudition que de politesse , par une
dissertation imprimée a la suite des
Sepulcralia. (Voyez ci-dessous. ) III.
De Diptjrchis veterum et de Diptf-
choEm. Quiri i cardinalis diatriha ,
Leipzig, 1743, in-4«. L'ouvrage est
divisé en trois parties : dans la pre-
miue,rauleur recherche l'origine des
2 LEI
diptyques, leurusagecliezles anciens,
et traite des diptyques consulaires j
dans la seconde , il de'crit le dip-
tyque de Brescia, connu sous le nom
de Boëce, parce qu'il est orne de son
portrait, et il parle des diptyques ec-
clésiastiques : dans la troisième , il
rapporte le sentiment des savants sur
le diptyque du cardinal Quirini,dont
il donne la description. IV. Sepulcra-
lia cannlna ex Anthologid mss.
grœc. epigram.selectacum versione
latlndet notis, Leipzig, 17 45, in-4'*.
Ce volume renferme vingt - deux
pièces extraites d'un précieux manus-
crit de la bibliothèque de cette ville j
Leich y a ajoute une double traduc-
tion latine , Tune en vers et l'autre
en prose , et des notes : mais il n'est
pas toujours heureux dans ses expli-
cations ; on en a critiqué justement
quel ques-unes dans les Acta eruditor.
ann. 174^ 7 page 3 19 et suivantes.
Y.Devitdetrebus gesiis Constantinl
Forphjrogeneti f ib. 1746, in-4^.j
cette dissertation a été réimprimée
dans l'édition qu'il avait^commencée
des deux livres de Constantin Des
Cérémonies de la cour Bjzantine, et
qui fut terminée par J.-J. Reiske
( F oyez Constantin , IX, 48 1 ).
On doit encore à Leich une bonne
édition du Thésaurus eruditionis
scholasticœ, par Basile Fabcr, Franc-
fort , 1749 , 2 vol. in-fol. On trou-
vera un éloge de ce savant dans les
Acta eruditor. aim, in 5'2. W-s.
LEIDRADE, 46«. archevêque de
Lyon , naquit à Nuremberg , vers
7 âô.Charlemagne le fit son bibliothé-
caire , et le chargea , ainsi que Théo-
dulphe , évêque d'Orléans , de par-
courir la Gaule Narbonnaise , en
qualité de Missi dominici, pour en-
tendre les plaintes des peuples, et re-
dresser les écarts des magistrats dans
.l'administration de la justice. Déjà ,
LEI
eu 798, Leidrade ayait été nommé à
l'archevêché de Lyon j mais il ne
s'était pas fait sacrer , comme on le
voit dans une lettre d'Alaric aux
fidèles de celte église. Vers le même
temps , il fut envoyé en Espagne ,
avec Nébride , archevêque de Nar-
bonne , pour citer Félix d'Urgel, qui
vint en effet rétracter ses erreurs au
concile d'Aix-la-Chapelle. Leidrade
était évêque , puisque Félix s'ex-
prime ainsi dans la profession de
foi qu'il envoya au diocèse d'Urgel :
Secundwn cjuod et 'vetierabilis do-
minus Leidradus episcopus nohis in
Orgello pollicitus est. En 800 , il fut
encore envoyé en Espagne , pour ré-
parer les ravages que les erreurs de
Félix et d'Elipand de Tolède y
avaient causés. Le crédit qu'il avait
auprès de Charlemagne , fut très-
utile à l'église de Lyon. Il signala son
épiscopat par l'établissement d'une
école de chant et d'une école d'étude
pour l'instruction des clercs de sa
cathédrale, et par d'autres établisse-
ments dont il fait l'énuméralion dans
une lettre à l'empereur. De son temps ,
le rit romain remplaça, dans cette
église, le rit gallican. En 81 4, après
avoir rempli avec honneur une mis-
sion importante dont il avait été
chargépar Louis ledébonnaireauprès
de l'église de Màcon , il se démit de
son siège, et se retira dans l'abbaye
de Saint-Médard de Soissons. Ago-
bard , qui était déjà son coadjuteur ,
lui succéda. Leidrade mourut en
816. On a de lui: I. Liber de sacra-
mento baptismi, ad Karolum mag-
num imperatorem, en onze chapitres
et une dédicace ( dans les Analectes.
de dom Mabillon , pages 78-83 ). IL
Deux lettres à Charlemagne ( dans
le même recueil ) , et deux autres
dans le tome 2 des œuvres d'Ago-
bard^ domiées par Baluz;e. L-b-e»
LEI
LEIGII ( Edouard ) , tlicologicu
anj^lais du divscpticme siècle, naquit
à ShawcU , dans le comte de Lcices-
ter , le i4 ïïi«"** i6o'2. Après avoir
éltidié les éléments de la grammaire
sous un maître parliculier , il passa
au colle«j;e de la Madeiènc d'Oxl'ord.
En i6*23,il prit le degré de maître ès-
arLs, et alla étudier les loisàMiddle-
tempie.Peudanlquela peste ravageait
l'Angleterre , en iG-jS , Leigli visita
la France pour son iustruclion. A
sou retour en Angleterre , il joignit à
Tetudc des lois celle de la théologie et
de l'histoire : il acquit des connaissan-
ces très-ctcndues, etdevinj, disent les
écrivains anglais, une espèce de théo-
logien laie, hien supc'ricuràla plupart
des théologiens de profession. Vers
i636,Leigh représenta le bourg de
Staffordaulongparlement,etfutundc
ses membres qui. dlèrent trouver le roi
à Oxford. Il était i^ortë par sentiment
àappiiyertoutes les mesures du parti
de l'opposition contre la cour. Dans
la suite on le choisit pour siéger dans
une assemblée ecclésiastique : il ne se
montra pas moins habile qu'aucun
des théologiens qui la composaient.
Il fut aussi colonel d'un régiment au
service du parlement, et custos ro-
tulonun, pour le comte de Stafï'ord.
Il avait alors cessé d'approuver la
conduite du parlement et de l'ar-
mée : aussi ayant trouvé les conces-
sions que faisait Charles I^■^ , très-
favorables à la nation , il fut chassé
du parlement, en i()48, avec quel-
ques autres membres qui avaient em-
brassé son o])inion. Dès ce mo-
ment il s'éloigna des allaires publi-
ques , et ne s'occupa que de la com-
position de ses ouvrages. 11 mourut le
'À juin 1 67 1 , à Rushall dans le comté
de Stalïbrd. On a de lui : II. Select
and choice observations concertant
iliefirst twelve Ctc^r*r5,Oifoi-d,i03 3,
LEI 3
in 8*^. : cet ouvrage eut une seconde
édition avec des additions de l'au-
teur , et quelques-unes de soîi fils
Henri , sous le titre de , Analecta
Cœsarum romanorum, iCj^jin-S'^j
une troisième en iG(i4, et une q îa-
trième , en 1(570 , avec de nouvelles
augmentations. II. TieaiiseoJ divine
promises, Londres, i6'33 ; ce traite*
a servi de modèle à celui de Clarke
et à quelquesaulrcssurleincmesujet.
III. Critica sucra , or thc hehrew
words oj'the old and oj't/tegreek of
thenew Testament ^hondres, ^^^0
et 1646, in-4^. Cette crilifpie sacrée
n'était encoredi visée qu'en deux par-
lies , dont la première contenait des
observations philologiques et théo-
logiques sur toutes les racines hé-
braïques de l'ancien Testament , la
seconde sur les mots grecs du nou-
veau; mais elle fui réimprimée iu-fol.
en i65o, et, avec un supplément du
même format , en 1662. Henri Mid-
doch , l'ayant mise en lalin , lui
donna une forme nouvelle , sous la-
quelle elle peut être regardée et com-
me une concordance et comme un
dictionnaire : elle a été reimprimée
plusieurs fois en cet état à Anister-
dam,iG79, àLeipzigeîailleurs.Louis
de Wokogue, professeur de Gronin-
gue, la traduisit en français, et en fit
imprimer une partie à Amsterdam en
i7o3,in-4^.,souscelitre:i/Vt(fo/mtft-
je de la langue sainte, contenant ses
origines, avec des observations; cet
ouvrage est estimé. IV. A Treatise
oj'divinily, Londres, 1648 et i65i,
iii-80. V. 7'/m? SainCs encourage-
ment in evil times , or observations
conceniing the martyrs in gênerai ,
Londres, 1648, in-8". \\. Annotor-
iions on ail the ne. v Testament, Lon-
dres , i05o, in-fol. VIL Annota-
tions ou tJieJivepoeticalboohsoJ ihe
old testament ; xnz : Job, Fsàlms,
4 LEl
Proverhs,Ecclesiaste,andCanticles,
Londres, 1657 , iu-fol. Le pcre Le-
long fait menlioii de ces deux der-
niers ouvrages dans sa Bibliothèque
sacrée. VIIL A Philological corn-
mentarj; or, an illustration of the
most obvions and uj'eful words in
tlwlawy Londres, i6j'î, in-fol. IX.
A Sjstem or bodj of divinitf , Lon-
dres , 1G54 et i()(3i , in - fol. X.
Treatise of >eli<rion and learning ,
Londres, i(i5(), in-fol. ; cet ouvrage
n'ayant point eu de succès, rejwrut ,
eji i6G3 , sons ce nouveau litre:
Fœlir consortium , or a fit con-
juncture of religion and learning.
XL Choi V de proverbes français ,
Londres, 1657 et i(i64, in-4'^. XIL
Second considérations of the high
court of chancery , Londres, i658,
\i\-l^^.W\\.Englanddescribed,\iQ\\-
dres, iGj9,in-8''. , Camhden a beau-
coup servi à l'auteur. XIV. Choice
observations on ail the kings of En-
gland, from tlie Saxons to the death
of Charles I, Londres, 1661;, in-S*^.
W XV. Three diatribes, or discourses ^
oftr'avel ^ rnoney ^ and measuiTng,
etc. Londres, 167 1 , in-8**. Dans une
autre édition , cet ouvrage porte le
titre de Gentleman s guide. XVI.
Two sermons , 07i the magistr^ate's
anthority , bf Christ. L-b-e.
LEÏGHTON ( Alexandre ) , ne à
Edimbourg en t 587 , fut depuis 1 6o3
jusqu'en 161 3 , professeur de pluio-
sophie morale à l'université de cette
ville: il donnait des leçons publiques
à Londres , lorsqu'on i6.>-9 , ayant
compose deux ouvrages intitules ,
Vwn ^Défense de Sion (Zion's plea),
l'autre , Le Mir-oir de la guerre
sainte, il fut arrête comme ayant at-
taque l'autorité royale et l'église e'ta-
blie , se vit traduit devant la cham-
bre ëtuilée, et condamne' à avoir 'le
uezfundu, les oreilles coupées, à être
LEI
fouette' une fois de Ncwgate à Ald^
gâte , et une seconde fois à Tiburn ;
après quoi il devait être emprisonne'
pour la vie. Leighton parvint à s'é-
chapper avant le jour fixé pour l'exé-
cution de la sentence; mais,repris dans
le comté de Bedford, il fut ramené
à Londres, où il subit son jugement
avec des circonstances d'une cruauté
raffinée. Après onze ans de prison , il
fut mis en lij^erté , en i64o , par le
long parlement , et nommé gardien
du palais épiscopal de Lambetb,dont
on avait fait une prison d'état j il y
mourut , en i644 1 après être tombé
en démencp par suite des souffrances
qu'il avait endurées. L.
LEISEWITZ ( Jean-Antoine \
littérateur allemand , naquit à Ha-
novre , le 9 mai \n^i. Pendant qu'il
faisait ses études à Gœttingue , il se
lia d'une amitié particulière avec
Hœlty, Voss , le comte de Stolberg,
qui étaient alors à la même univer-
sité. Quoique la littérature eût pour
lui les plus grands attraits , il entra
dans la carrière des affaires, et rem-
plit plusieurs places importantes
dans le pays de Brunswick. Ses loi-
sirs étaient consacrés aux muses ; et
l'Allemagne reçut avec enthousiasme
sa tragédie intitulée Jules de Ta-
rente, où l'on trouve des beautés du
premier ordre : elle fut imprimée à
Leipzig , en 1776. Cette tragédie est
le principal titre de Leisewitz au
souvenir de la postérité. On a en-
core, de lui, un discours adressé à
une sociétédesavants, imprimé dans
le Musée allemand , 1776 , et deux
dialogues imprimés dans l'Almanach
des Muses de Gœttingue, 1775. Il
avait rassemblé beaucoup de maté-
riaux pour une histoire de la guerre
de trente ans; mais il les brûla quel-
ques jours avant sa mort, qui eut lieu
le 10 septembre 180G. Il venait de
r(Mi};cr un projet d'une nouvelle or-
ganisation (les établissements de cha-
rité de BrunsNvick. C-au.
LFITH, surnomme ABouLHARETn,
fds de Saad , et doclenr trcs-celèbrc,
était allranehi de Kais , fils de Rcfaa,
qui lui-même était afTranclii d'Abd-
airahman , (ils de Khaied , mort en
l'année 45 de rheg. (645 ): il était ori-
ginaire d'Ispalian ; mais sa famille
habitait, dit-on ,Kalkaschiuda, vil-
lage de la Basse-Egypte. Les docteurs
égyptiens le regardent comme leur
imam dans la science de la jurispru-
dence et dans celle des traditions.
Plusieurs même, suivant en cela l'opi-
nion du célèbre Schafe'i , lui donnent
la préférence sur Malek Bcn-Anas ,
imamde la secte orthodoxedes Malé-
kites. Leilh n'avait encore fjue dix ans,
lorsqu'il fit le pèlerinage de la Mec-
que; il y reçut les leçons de Nafi, af-
franchi du fds du khalife Omar. Sa
naissance est fixée, par les uns , à l'an-
née 91, par d'autres, aux années 1)3 ou
g4. 11 mourut au mois de clial^an 1 75
( dëc. 791 de J. C. ) , et fut enterre,
au lieu nomme la petite Karaja , qui
est dans le voisinage du Caire. Son
tombeau est du nombre de ceux oii
l'on va en pèlerinage. Leith était d'un
naturel très - généreux , et dépensait
presque tout son revenu en aumônes,
ou en libéralités en faveur de ceux
qui prenaient ses leçons. Il fut cadhi
dans la capitale de l'Egypte. L'imam
Malek, lui ayant envoyé un plat rem-
])li de dalles , Leith le lui renvoya
j'Irindepiècesd'or.L'autorilédes tra-
ditions qui remontent à Leith est très-
grande, parce qu'il les tenait de Yézid,
liis d'Abou - Habib, mort en l'an
1 9.7 ou I .a8 de l'hég. (745), et d'Abd-
Allah , lils d'Abou-Djafar , mort en
i35 ou i30 (753). Or, cet Abd-Allah
n'était lui-même que l'écho d'Abou-
Salaméh Abd-Aliab^iUs d'Abd-Alrah-
LEJ 5
man , qui avait , dit-on , ét<? nourri
par Ouim-Kellhoum, fille d'Abou-
Lckr. Abou-Salaméh, mourut en l'an
()4, ou selon d'autres, en io4 de I hég.
(7i3ou 7'Jt3dcJ. C.) S. de S-y.
LEITZ ( Voyez Yacoub. )
LIUARS ( Louis ), secrétaire de
la chambre du roi Henri III , était
de la même famille que mademoi-
selle de Gournay,si connue par son
attachement pourMonlaignc.il cul-
tivait la litlcrature,et comptait parmi
ses amis Ronsard et Dorât, qui jouis-
saient tous les deux, à cette époque^
d'une très-grande réputation. Lejars
est auteur de Lucelle , tragédie en
prose, disposée d'actes et de scè-
nes suivant les Grecs et les Latins ,
Paris, 1676, in-8^. On trouve l'a-
nalyse de celte pièce dans le tome
m de V Histoire du Théâtre Fran-
çais. L'auteur soutient, dans sa pré-
face, que les tragédies doivent être
écrites en prose; et les raisons dont il.
appuie ce sentiment ont été repro-
duites par Lamotte ( Voyez La-
motte- HouDARD ). J. Duhamel,
contemporain de Lejars , n'en fut pas
convaincu, puisqu'il mit en vers sa
Lucelle, avec quelques changements,
Rouen, i6o7,in-i2. W-s.
LEJAY ( Claude ) , en latin
Jaius , jésuite , l'un des premiers
compagnonsdeSt-Ignace,naquiidans
la paroisse d'Aise, en Faucigni, dio-
cèse de Genève , au commencement
du seizième siècle. Après avoir fait
quelques études au collège de la Ro-
che , il alla les continuera Paris, où
l'avait appelé Pierre Favre,soncom-
])atriote ( Voyez Favre , XIV ,
u'23 ) ; et ce fut sans doute aussi ce
dernierquidéterminaLejay,en 1 535,
à s'adjoindre , avec deux autres no-
vices, aux six premiers compagnons
de Saint-Ignace qui formèrent ainsi
le berceau de la compagnie de Jésib-
C LEJ
11 fut envoyé au concile de Trente ,
en i54*> , en qualité' de the'ologien
représentant le cardinal Triichses ,
cvèque d'Augsl)ourg; et les discours
qu'il prononça dans cette assemblée
furent généralement ad mire's. Après
avoir gouverne le collège de Ferrare
v,t reçu .. Bologne le bonnet de doc-
teur, le P. Lejay fît diverses missions
en xillemagne , réorganisa l'univer-
sité d'ingolstadt , et fut appelé' au
collège de Vienne en Autriche, où ,
après avoir enseigne' avec le plus
grand éclat , il mourut le 6 août
i55'i. Le P. Ganisius prononça sou
oraison funèbre j et un monument
fut élevé à sa mémoire dans la
principale salle de l'université d'in-
golstadt. Des écrits de ce savant re-
ligieux , non moins recommandable
par son désintéressement que par
son zèle ( Foyez Ignace , XXI ,
189 ) , on n'a publié que son Spé-
culum -prœsulis , ex sacra Scriplurd,
canonum et doctorum verbis de-
firomptum, Ingolstadt, iGi5,in-4<'.
Le P. Grelser en fut l'éditeur d'après
le manuscrit original conservé dans
la bibliothèque du collège d'Eich-
stett 5 et on l'a réimprimé dans le
tome 17 des œuvres de ce dernier ,
Ratisbonne, 1741. Sotwel a, par
inadvertance, consacré à Lejay deux
articles, dont l'un le désigne comme
allobrox, et VsLutrecommesabaudus,
C. M. P.
LEJAY ( Gui-Michel ), connu
par la Polyglotte qui porte son nom,
était avocat au parlement de Paris ,
cl naquit dans cette ville , en i588 ,
de parents nobles. Il étudia les lan-
gues anciennes, qu'il ne sut néan-
moins jamais que médiocrement. Eu
161 5, trois hommes d'un rare mé-
rite,lecardinalDuperron, Jacques de
Thou et François de Brèves , avaient
conçu le projet de donner une Folj-
LEJ
glotte; mais diverses circonstances
firent échouer ce projet. L'avocat Le-
jay résolut de le faire revivre et de
le conduire à sa fin ; il avait de la
fortune, il était laborieux, et les res-
sources ne manquaient |)as ; il s'ad-
joignit les hommes les plus savants
de son temps. Le père Morin de
l'Oratoire, Philippe d'Aquin, Juif
couver li , Godefroi Hermant, cha-
noine de Beauvais, et trois maro-
nites du Liban, furent chargés de
réviser les livres de l'Écriture sainte,
chacun dans la langue qu'il enten-
dait. Jacques Saiilecque , fameux ar-
tiste, fondit les caractères , et An-
toine Vitré, ou Vitray, imprimeur
du Roi, entreprit l'impression j elle
commença en 1 628. Mais, d'un cote',
la cour de Rome, sollicitée par des
savans étrangers qui voulaient aussi
tenter une pareille entreprise; de
l'autre, les tracasseries de Gabr. Sio-
nite, l'un des collaborateurs, arrêtè-
rent souvent la marche de cette opé-
ration. Il fallut tout Tascendant que
le cardinal de Berulle avait sur l'es-
prit du pape et des cardinaux , pour
lever les difficultés qui venaient de
cette capitale du monde chrétien.
( Voy. VHist. du card. de Berulle,
par M.Tabaraud, t. 2, 1. vi, ch. iv.)
Enfin l'ouvrage fut terminé en i645.
Il est intitulé : Biblia hebrdicaf sa-
maritana, chalddica, grœca, sj-
riaca, latina^ arabica, qulbus tex-
tus originales totius Scripturœ sa-
crée , quorum pars in editione Coni-
plutensi, deinde in Antuerpiensi re-
giis sumpiibus extat, nunc integri
ex manusi:riptis toio ferè orbe
quœsitis exemplaribus exhibentur.
C'est dans l'inscription en style la-
pidaire, qu'il est question de Lejay,
et de la part qu'il y a eue : Be-
gnante Ludovico XI T , j'elici ,
iriumphaiore , etc.. augustes régis
Sœcuîonim immort alis rndireSf sa-
crus paginas seplennidiomate réso-
nantes... œtenioimmortalitalis tem-
jtloappendit,summopercnnitatisau-
iorifOlJerente et corisecante Giiido-
ne Michaele Lejay , dat, dicat, voi^et.
Daiis la promière des deux préfa-
ces , qui suivent l'inscriplion , Le-
jay rendnii eompte succinct de l'ou-
vrage; elle est datée du premier oc-
tobre 1645. Cette Polyglotte a neuf
loraes en 10 volumes ; le nombre
des langues qu'elle renferme est porté
dans le litre : l'exécution en est ma-
gnifique; c'est un chef-d'œuvre de ty-
pographie, mais elle fourmille de
fautes qui tiennent des éditeurs et
des imprimeurs; tout le monde en
convient : l'usage en est incommode,
tant à cause de l'énorme grosseur
des volumes que de la n^auvaise dis-
tribution des textes et des versions.
Richelieu, jaloux de marcher sur les
traces de Ximenès, voulait que la
Polyglotte j)OTiàt son nom, et il of-
frait de rembourser tous les frais ,
et d'indemniser Lejay : celui-ci se
refusa constamment à toute propo-
sition; il sacrifia, pour immortaliser
son nom, dix-sept ans de travaux,
et trois cent mille francs qu'il avait
de son patrimoine, sans compter les
dettes qu'il contracta et dont il ne
put jamais s'acquitter entièrement.
Il aurait encore eu le moyen de re-
tirer une partie des frais , s'il avait
voulu consentir à traiter avec les
Anglais , pour un nombre considé-
ra]jlc d'exemplaires au-dessous des
})rix ordinaires ; mais il fut inflexi-
)le, et les Anglais imprimèrent leur
Polyglotte de Waltou , laquelle fit
tomber celle de Lejay. Pour récom-
pense des services qu'il avait rendus
an public par l'édition de la grande
Bible, ouvrage majestueux , corisor
cré à la gloire du règne du Roi et
LES 7
de la régence de la Heine sa mère ,
et à l'honneur et à la réputation
singulière de la France, Lejay ob-
tint des lettres de confirmation de
noblesse; b; Roi le nomma conseil-
ler en son conseil-d'état 'et privé, et
lui accorda toutes les prérogatives et
appointements altarbés à celte di-
gnité, pour laquelle il prêta serment
au mois de janvier i(i4^). Le 3o oc-
tobre de l'année suivante , Lejay, qui
aviiit embrassé l'état ecclésiastique,
fut pourvu du doyenné de Sainte-
Marie- Madelcne de Vezclay , en
Bourgogne. Lorsque le conseil-d'état
fut réduit à vingt-quatre membres
en 1657, Lejay se trouva du nombre
des conseillers réformés : il paraît
qu'à celle époque le cardinal Maza-
rin lui fit accorder une somme de
19,000 livres. Lejay mourut avec la
seule qualité de doyen de Vezelay ,
le 10 juillet 1674? âgé de 8G ans.
C'est sans fondement qu'on l'a accu-
sé, ainsi que l'imprimeur Vitré, d'a-
voir détruit les caractères orientaux
qui avaient servi à l'impression de
\a Polyglotte^ afin qu'on ne pût rien
imprimer d'aussi beau en ce genre.
( roj. Brèves, Y, 56']. ) L-b-e.
LEJAY ( Gabriel - François ) ,
jésuite, célèbre professeur d'éloquen-
ce, naquit à Paris, en i6j7,ou selon
Fellcr , en 1662. Il était petit-neveu
de Nicolas Lejay , premier président
auparlement de Paris, mort en 1O40,
et dont P. Pellepral publia en latiu
l'oraison funèbre, Paris, i64i,in-
4" (0* I^c P. Lejay passa 5^ ans
dans la Société, dont il en employa
dix-neuf à professer la rhétorique ,
(0 Drcux-Diiradior, d«n( les Tables Ju Jour-
nal Je Verdun, tome », p»ge »6m , Jit que le P.
Lojay était petit-fils de rédiieur Jela Polyglotte;
mais il est erident qu'il a confotiJ» re Jjrnier
«irec Jocqiifli L©iiijr, couieillcr-d'elat, et aïeul dt^
ptolcMvur.
ft LEJ
princip.'jlement à P^iris , et toujours
avec la plus grande dislinction. S'il
voulait que ses élèves dcTinsseiit des
savants estimables et des gens d'es-
prit , il n'avait pas moins à cœur d'en
l'aire de i3ons thrëtiens et de bons ci-
toyens. Voltaire, qui l'eut pour pro-
iesseur d'éloquence , au collège de
Lov:is-le - Grand , en 1 7o5 , goiitait
davantage les leçons et les entretiens
du P. Porée , qui ne lui parlait que
de littérature ; et il paraît qu'il eut
sou.yent avec le P. Lejay des discus-
sions assez vives : un jour l'écolier fit
au maître une réponse tellement im-
pie , qu'elle produisit un vrai scan-
dale dans la classe ; le P. Lejay , in-
digné, descend de la chaire, court à
lui, le prend au collet, et, en 1 e secouant
rudemcntjlui crieà plusieurs reprises:
Malheureux y tu seras un jour Vé-
tendard du déisme en France, (i)
Après le temps de son professorat ,
le P. Lejay fut pj'éfet de la congré-
gation établie daus le collège de Louis-
le-Grand,oii son zèle et ses manières
engageantes contribuèrent beaucoup
à former à la piété les meilleurs su-
jets qui fréquentaient cette école cé-
lèbre. Il se livrait en même temps à
la composition de ses ouvrages. Il
moiunit , sur la fin de sa soixante et
dix - septième année , le 2 1 février
1734. On a de lui : I. Le triomphe
de la Religion sous Louis-le- Grand,
représenté par des inscriptions et des
£?eme5,Paris, 1687 ,in-ri. lï. Gal-
los tamftdli ah hoste nescios qucim
vinci , ôralio, 1G94. IJÏ. Régi oh de-
Icctum regiœiirhi no^umprœsulem,
schmnis gratiarum actio , 1 696 j et
d'autres baranguns de collège du
même genre. IV . Trois tragédies, Jo-
scphus fratres agnosccns ; Josephus
venditus , et Josephus M gyptoprœ-
(l) Vie de Voltaûe , par DuvtJrneî, p. i6.
feclus, 1690, 1699, in-i5i. V. ^/o-
ri a sœculi Gallis vindicata, 1699 ,
in-i'.i. yi. Daniel, Damocles , Jlh--
dolonjmus, dramata^ 1 7 o3. V II. Ti--
mandre , pastorale , en l'bonneur de
Philippe V, à son avènement au trône
d'Espagne, VIII. Ludovico Magno
pacifico wctori gratulatio. IX. Ja-^
cohisecundi Magnœ. Britanniœ régis
laudaiio funehris. X. La véritahle
sagesse ou considérations pour tous
les J ou "S de la semaine , livre ascé-
tique , traduit de l'italien du P. Se-
gneri. XI. Les Devoirs du Chrétien
sur ce qui regarde la foi et les mœurs,
tirés de V Ecriture et des Pères, XII,
In natalihus serenissimi ducis Bri-^
tanniœ oratio extemporalis , 1704,
in- 12. XIII. Les Antiquités romain
nés de Denys d* Halle amas se , tra-
duites du grec, avec des notes his-
toriques, critiques et géographiques,
I7'>.3, 1 vol. in-4°. Cette version ,
écrite d'un style naturel , clair et élé-
gant , avait été annoncée dans les
Mém. de Trévoux , dès le mois de
mars 1721^. L'abbé Bellenger, qui,
de son coté, s'occupait à traduire le
même historien , se hâta de terminer
son travail, et , suivant l'usage, de
décrier celui de son concurrent. Dans
cinq lettres , insérées au Mercure de
/"/•«Tice ( mars - mai, i7'23);, il pré-
tendit que le jésuite avait souvent
défiguré son original ; que ses notes
chronologiques marginales étaient
servilement copiées de l'édition d'Ox^
ford , sans en corriger même les
fautes d'imjn'cssion indiquées dans
l'crrata; enfin, que la traduction du
père Lejay semblait le plus souvent
faite , non sur le grec , mais sur la
version latine de Portus. Le Père
Hongnant, jésuite, répocdit à cette
critique , évidemment exagérée j
Bellenger avait de même reproché à
EoUiu do ne citer le grec que d'«i-
près des Tersions lalincs on fr.in-
r.iiscs; on sait que celte accusation a
itf reconnue calomnieuse ( roft'Z
|{kllknglr, t. IV , p. loç)"), et qu'il
n'a eViit contre les liduclious d'He-
rodole que parce qu'il en préparait
une lui-même, (pi'il laissa imj)ari'aile,
et que Larrlicr, auquel on donna le
soin de la retoucher, trouva si deïec-
lueuse , qu'il jugea plus court de la
refaire en entier ( Voyez Lahcher ).
XIV. Bibliotfieca rlietoiiim y prce-
ccpta et exempla complectens rpiœ
tain adoratoriam facultatem quàni
tid poèticam pertinent ,V ans ^ i7'^'^>
'->. vol. in-4". ; Venise , 1747, '^ vo-
lumes in-4'^. ; Ingolstadt, 1 765 , 5 v.
in-8^. — Jd. enieiidamt et adjustio-
rem normam revocavit J. A, Amai-j
Paris, Delalain, 1809- 181 3, 3 vol.
in-8". Le tome i*^*". de cette dernière
édition comprend la Bhetorica ad
Tidlianam rationem exacta ; le 1^,
Ars poètica ; le 3*^. , Orationes et
dramata : outre les n^s. II, IV , V ,
VI, VIII , IX et XII ci-dessus , on
y trouve les trage'dies Eustachius
martyr ^ Crœsus, avec quelques au-
tres ])elits drames qui avaient proba-
blement aussi paru séparément , et
un très-grand nombre de pièces du
même auteur, en prose et en vers.
Ce grand ouvrage , dont le P. Lejay
avait donné un prospectus dans les
Mcm. de TréuouXy juin i7iG,peut
€tre considéré comme un excellent
cours théorique et pratique d'élo-
quence et de poésie latine. C. M. P.
LEJEUNL (Paul), jésuite, mis-
sionnaire pendant dix-sept ans dans
le Canada , mort en France le 7
'2 ans ,a don-
irJ
^
août
G64 , a^é de
né : I. Briève Belation du voyage
de la Nouvelle-France, Paris, ifB'i,
in-8". C'est la première des relations
que les jésuites ne discontinuèrent
pas de faire imprimer sur la Nou-
velle-France, depuis ^C)'^1 jusqnlèd
iG7'.t. C'est une des meilleures sour-
ces pour connaître les sauvages de
cette contrée. II. BeLitinn de ce rpU
s'est passe en la Nouvelle-France
depuisVan i i\?*f\jusquen Van 1 f)39,
Paris, iG35-iGfO, 7 vol. in-8".
C. T-v.
LFJEUNE ( Jean ) , prêtre de
rOratoire, surnommé le père l'A-
veugle, (ils d'iui conseiller au par-
lement de Dole, naquit en iSqci à
Poligny, où ses ancêtres occupaient
depuis plus d'un siècle les premiè-
res charges de la magistrature. Il é-
tait chanoine d'Atbois,lorsqu'allirc
par la réputation du P. de Bcrulle ,
il entra, en iG'.ii , dans la nouvelle
congrégation de l'Oratoire. Ses su-
périeurs l'ayant envoyé , au l)out de
trois ans, pour être directeur du sé-
minaire de Langres, M. de Zamet ,
évêque de cette ville, le chargea, con-
jointement avec le P. Bence, d'éta-
blir la réforme parmi les religieuses
de l'abbaye du Tard; et les vues du
prélat furent parfaitement remplies.
Le P. Lejeune avait un talent par-
ticulier pour annoncer la parole de
Dieu, et il l'exerçait de préférence en-
vers les pauvres et les gens delà cam-
pagne; mais il ne put se refuser aux
vœux d'un grand nombre d'évêques
et aux ordres de ses suj)éricurs, cpii
l'obligèrent d'aller remplir les sta-
tions d'avent et de carême dans les
principales villes du rovaume. La
cour ayant voulu Pentenâre, au lieu
de choisir un de ses plus beaux ser-
mons pour faire briller ses talents ,
il se contenta de faire une instruc-
tion familière sur les devoirs des
grands, et spécialement sur l'obli-
gation où ils sont de veiller à l'éduca-
tion de leurs en.fants, à la conduite
de leurs domestiques, et à tout ce
«pii peut contribuer au maintien
ïd LEJ
du bon or^rc dans leurs familles. Le
sujet était nouveau pour les cour-
tisans. L'air humble et mortifie du
prédicateur, la simplicité de son dé-
bit et de sa composition, les surpri-
rent encore bien davantage. Il trou-
va le moyen de les attacher par des
détails qui prêtaient peu à l'éloquen-
ce, mais beaucoup à l'instruction.
C'est ainsi qu'il fit goûter à la cour
des vérités nsuelles et élémentaires
qu'on n'était guère accoutumé d'y
entendre prêcher, et qui furent écou-
tées avec intérêt. Son zèle se repro-
duisait sous toute sorte de formes
pour détruire les abus , les vices, les
erreurs dont les désordres des guer-
res civiles et religieuses du siècle pré-
cédent a valent inondé nos provinces.
Ce fut pendant que le P. Lejeune prê-
chait le carêmeàRouen, en 1 635, qu'il
perdit entièrement la vue. Quel-
que temps après*, une fluxion doulou-
reuse l'ayant privé d'un œil , il di-
sait plaisamment qu'on voyait en lui
le contraire de ce qui arrive aux au-
tres hommes , qui de borgnes de-
viennent quelquefois aveugles , au
lieu que d'aveugle il était devenu
borgne. Ce double accident ne fut
capab'e ni de ralentir son zèle , ni
de lui faire suspendre ses travaux
apostoliques. Le gouvernement, qui
était alors occupé de ramener les
protestants parla voie de la persua-
sion, ne manqua pas de l'y employer.
Les missionnaires de ce temps-là
étaient dans l'usage de traiter en
chaire les matières de controverse;
le P. Lejeune crut devoir suivre une
méthode opposée : il s'attacha à ex-
poser les vérités fondamentales de la
religion qui nous sont communes
avec les protestants , et à les éta-
blir solidement. Cette méthode nou-
velle , dont il fit le premier essai
dans la mission d'Orange , eut le
LEJ
plus heureux succès : elfe inspnv'i
une grande confiance pour le mis-
sionnaire. Sa vie exemplaire contri-
bua beaucoup à l'accroître j il en ré-
sultait des entrf^iens familiers, dans
lesquels il lui était plus facile de ga-
gner les cœurs qu'il avait déjà ébran-
lés par ses discours publics : tout
cela réuni ramenait insensiblement
les réformés de leurs préventions
contre l'église romaine , et produisit
de nombreuses conversions. Dans la
mission de Grignan , qui suivit celle
d'Orange , il joignit à ses travaux or-
dinaires, des conférences pour l'ins-
truction des curés et de^ vicaires ac-
courus de divers endroits afin d'ap-
prendre d'un si excellent maître à
prêcher l'évangile aux pauvres et aux
habitants des campagnes. Le P. Le-
jeune consacra les vingt dernières
années de sa vie à faire des missions
dans le diocèse de Limoges. Il en
parcourut la plupart des paroisses ,
à la tête d'une société de mission-
naires qu'il avait lui-même formés,
sans être efï'rayé par l'àpreté du cli-
mat , par les difficultés de ce pays
montueux, couvertdcbois, entrecou-
pé de torrents et de ravins, ni par la
grossièreté des hal)itants. Forcé dans
les deux dernières années de sa vie y
parle poids de l'âge et des infirmités,
à ne pbis sortir de sa chambre, il se
dédommagea de ne pouvoir plus con-
tinuer ses courses évangéliques , en
rassemblant autour de lui tous les en-
fants du peuple que sa charnière pou-
vait contenir, pour leur expliquer les
vérités élémentaires de la religion et
leur donner toutes les instructions
dont ils étaient susceptibles. Ce fut
dans ce saint exercice que le zélé
missionnaire termina sa carrière à
l'âge de 80 ans, le 19 août 1672. A
peine eut-il rendu le dernier soupir,
que le peuple se précipita avec une-
LFJ
Irllp affluencc dans h maison de l'O-
ratoire, pour vcncrcr mort celui
qu'il avait tant respecte vivant, qu'on
fut oblige d'etaycr la s;; lie dans la-
quelle il était expose, de peur que le
plancher ne s'ecroulàt. Chacun cher-
cliailàemporterdans sa famille, com-
me une relique, (pielques lambeaux
des vêtements du pieux mission-
naire, quehjuc meuble qui eût servi
à son usage. Les sermons du P. Lejeu-
ne furent imprimes àToulouse,en i o
volumes in-S**. , 1662 , et années sui-
vantes. Les deux derniers ne paru-
rent qu'après sa mort ; ils sont inti-
tules : Le missionnaire de V Ora-
toire, etc. Le docteur Grandin, cen-
seur royal , s'ëtant permis de faire
des changements dans le cinquième
volume, sans en avertir l'auteur , cc-
lui-<:i s'en plaignit amèrement dans
Tavertissement du septième volume,
rétablit ce que le censeur en avait re-
tranche, réfuta ce qu'il avait ajoute, et
obtint un nouveau censeur. Il y a deux
autres éditions de ce recueil ; l'une de
Rouen , en 1 6(37 ; l'autre de Paris , eu
1669, Il ne faut chercher dans ces
sermons ni la richesse des expres-
sions, ni la pureté du style , ni le su-
blime des pensées. L'état de lachaire,
à l'époque où le P. Le jeune entra
dans cette carrière , ne comportait
pas encore ces ornements; et le gen-
re d'instruction auquel il s'était
spécialement consacré , ne lui per-
mettait pas de s'élever aux grandes
formes de l'éloquence chrétienne.
On y trouve même quelques histoires
qui ne résisteraient pas à une cri-
tique jii licii'use; mais elles sont ra-
contées avec tant de sim])licité, elles
s'adaptent bi bien au sujet, elles pa-
raissent si propres à faire goûter ses
instruc:ions aux gens du peuple et
aux gens de la campagne , qui furent
toujours le principal objet de sou
LFJ II
ministère, qu'on doit les lui pardon-
ner. Le mérite de ses discours con-
siste dans l'attention de l'auteur a
en bannir ce mélange bi/arre de ci-
tations profanes et de passages de l'É-
criture sainte, qui défigurent les ser-
mons de la plu[iart de ses contem-
porains ; dans l'exposition claire et
nette du sujet ; dans ses divisions
tracées avec beaucoup d'ordre, et dé-
veloppées avec une juste étendue ;
enfm , dans la solidité des preuves de
la vérité qu'il veut établir. Massillon ,
lorsqu'il était consulté par ceux de
ses confrères qui se proposaient de
suivre la carrière de la prédication ,
leur conseibait la lecture réfléchie
du P. Lejeune , disant qu'il le re-
gardait comme un excellent modèle
d'éloquence chrétienne, pourvu qu'on
eût assez de goût pour savoir dis-
cerner ce qu'il fallait y prendre de
ce qu'il fallait y laisser; que quant à
lui il avait tiré de grands avantages
de cette lecture. On aurait désiré que
l'auteur, avant de les livrer au public,
en eût corrigé les expressions su-
rannées. Il en avait chargé le P. de
Lamirande; maiscelui-cin'ayant osé
remplir cette commission , le P. Lo-
riot l'a exécutée d'une manière satis-
faisante dans une édition qu'il a pu-
bliée en 1 695. Les sermons choisis du
P. Lejeune furent traduits en latin ,
et imprimés en un volume in-4**. , à
Maïence, en 1667 , sous ce titre:
Joannis Jiirùi deliciœ pastorum ,
5iVe conciones. Quelques biographes,
trompés parla ressemblance du nom ,
lui onlattribuc unctraducliondu trai-
té de Grolius, De feritate religio-
jiis christianœ, qui est de Pierre Le-
jeune, ministre protestant. Le P. Ru-
Den, disciple du 1\ Lejeune, avaitpro-
noucé l'oraison funèbre de son maî-
tre , eu présence de l'évtkjue de Li-
mogeb. Quoiqu'elle fût dcja fort Ion-
12r LEK
gue , il y insera depuis plusieurs cir-
constances dont il avait ëtë Ini-même
témoin , et la donna au public sous
ce titre : Discours J'unèb'e sur la
we et la mort du R. P. Le jeune , ap-
pelé communément V Aveugle , etc.
Limoges, 1674, in-8«.j Toulouse,
167c) , même format. T-d.
LEKAIN (Henri-Louis ) , come'-
dien, ne à Paris , le i4 avril 17^-^8 ,
fils d'un orfèvre qui, le destinant au
même ëtat , diri;^ea ses premiers es-
sais. Il y réussit tellement , qii'à râp;e
de 16 ans, il e'tait recherche' pour la
perfection de son travail. Cependant
il ne pouvait donner à celte occupa-
tion qu'une partie de son temps.
Son père , qui savait que la culture
de l'esprit peut être utile dans
toutes les professions , le faisait
étudier au collège Mazarin , où , à
la fin de l'annëe classique, les ëco-
liers représentaient une pièce dra-
matique ; ce qui occasionnait quel-
que dépense aux parents de ceux
qui y figuraient. Ce motif empêcha
Lekain d'être au nomlDre des ac-
teurs; mais il trouvait moyen d'as-
sister aux rëpëtilions , et même d'y
avoir un emploi , dont il s'acquittait
avec beaucoup d'intelligence* c'était
celui de souffleur. Il aurait pu, au be-
soin , se passer du livre; car les pièces
se gravaient dans sa mëraoire lorsqu'il
les avait entendu réciter 'plusieurs
fois. Après 1 a classe, les j eunes ac teurs
s'arrachaient Lekaiu poiu' rëpëter
leurs rôles avec lui , non-seulement
parce qu'il s'y prêtait avec une extrê-
me complaisance, mais parce qu'en
exerçant leur mémoire , il leur don-
nait l'exemple d'une bonne décla-
mation. Quand il rentrait dans son
atelier , souvent , au milieu de son
travail , il se mettait à déclamer
quelques tirades de tragédie; et lors-
qu'il s'apercevait que les ouvriers
LEK
rëcoutaient et paraissaient y pren-
dre plaisir , son amour-propre flat-
té l'aiguillonnait encore et augmen-
tait sa passion. La plus grande safis- ,1
faction que pouvait lui donner son ||
père , était de le laisser aller le di-
manche à la Comédie française *
c'ëtait-là son unique divertissement.
A la paix de 1748 , les plaisirs de
tout genre se ranimant à Paris , des
jeunes gens s'étaient associés pour
jouer la comédie chez eux, sans au-
tre dessein que de se divertir et d'a-
muser leurs familles. Deux de ces so-
ciétés se faisaient alors remarquer :il
vint dans l'idée à Lekain d'en for-
mer une troisième ; et il ne larda
point à fonder un théâtre à l'hôtel de
Jabacli , rue Saint-Méry, où il joua
la comédie avec quelques jeunes amis.
Bientôt après son début , sa troupe
balança la réputation des deux au-
tres , et finit même par l'emporter.
Ces amusements de société réussi-
rent au point que les Comédiensfran-
cais en prirent de l'ombrage, et
qu'ils en demandèrent l'interdiction^
qu'on leur accorda. Mais cette
interdiction fut bientôt levée ; et
Lekain , transporté de la préfé-
rence qu'obtint sa petite troupe ,
autant que des applaudissements
qu'il recevait personnellement , re-
doubla de zèle , et se passionna de
plus en plus pour ce genre d'amuse-
ment. Son talent se fortifia par l'exer-
cice; et ce fut alors qu'Arnaud-Ba-
culard, voulant juger de l'effet de sa
comédie du Mauvais BicJie, engagea
le jeune acteur et ses compagnons à la
jouer. Arnaud, élève et protégé de
Voltaire, avait invité son maître à
voir cette représentation. Ce dernier ,
au premier jcoup-d'œil , découvrit
dans Lekain le germe d'un grand
talent; et aussitôt après le spectacle ,
il demanda le nom de celui qui avait
LKK
joue le rôle de l'amoureux, et l'invi-
ta à venir le voir ; c'était en février
i- 3o. Lckain, en cutraut dans l'ap-
partcmcnt du poète, est saisi de res-
pect et de crainte, et il s'avance en
tremblant; mais, dès qu'il l'aperçoit,
Voltaire se lève, court à lui , et dit en
le serrant dans ses bras : « Dieu soit
» béni I je rencontre enfin un être
» qui m'a èniu et attendji,même en
» débitant d'assez mauvais vers. »
Il l'invita aussitôt à lui déclamer
quelques belles scènes de Racine.
Après l'avoir entendu, il le question-
na sur sa famille, sur ses projets ; et
apprenant avec surprise qu'il voulait
se faire comédien , il chercha à l'en
dètonrncr en bii montrant tous les
désagréments de cet état. Il lit plus :
afin de le dcterminerànc point aban-
donner la profession de son père ,
il lui offrit sans terme de rembour-
sement, dix mille francs, pour l'exer-
cer avec plus d'aisance. Lckain
fut touche jusqu'aux larmes du no-
ble procédé de Voltaire. Partagé
entre des sentiments opposés , il
eût voulu, par reconnaissance, sui-
vre ses conseils ; mais, d'un autre
coté, la nature l'entraînait , malgré
lui, vers son but. Il relourna chez
sou bienfaiteur , le remercia de ses
offres généreuses, et lui dit qu'il ne
pouvait résister à sa vocation ; que
sa destinée était d'entrer au théâtre.
Voltaire alors , convaincu qu'il ne
changerait rien à sa résolution , lui
dit : a Puisque vous voulez abso-
» lument êlrc comédien, je veux que
» l'apprentissage , du moins , cesse
» de vous coûter de l'argent : venez
» chez moi ; j'y ferai construire un
» théâtre où vous jouerezlacomédie
n etlatr;^r'die lantque vous voudrez,
» avec ceux de vos camarades que
» vciLs choisirez pour vous secon-
j» der. lli u'auroul aucune dépense à
LEK i3
» faire, je pourvoirai à tout. » Ce
1)lan reçut bientôt son exécution. Le-
i.ain se rendit aux désirs de Vol-
taire , et alla demeurer chez lui. Le
théâtre achevé , l'on y représenta
des pièces dans lesquelles les deux
nièces du poète , et lui-mcmc , pre-
naient qiiel((uefois des rôles. On y
essayait ses tragédies nouvelles, de-
vant des spectateurs choisis. Les gens
do lettres les plus distingués , des
seigneurs de la cour, briguaient la fa-
veur d'être admis à ces représenta-
tions. C'est là qu'on vit, dans la tra-
gédie de Home sauvée le rôle de
Cicéron, joué par Voltaire avec une
énergie et une vérité dont la tradi-
tion conserve encore le souvenir.
Enflammé par l'exemple d'un tel
modèle , Lekain y brillait dans le
rôle de Titus. Son talent fit de grands
progrès pendant un séjour de plus
de six mois chez son prolecteur,
qui le chérissait et le traitait comme
s'il eût été son fils. Il rapporte
dans ses Mémoires, que c'est la qu'il
apprit les secrets de son art; et il
attribue tous les succès qu'il obtint
dans la suite , aux conseils qu'il y re-
çut. Avant de quitter Paris, Voltaire,
qui allait se rendre à Berlin, solli-
cita pour lui un ordre de début
à la Comédie française; et ce début
eut lieu en septembre 1 7^0. Le jeune
acteur fut très-applaudi ; mais il
comuit bientôt les obstacles que les
hommes supérieurs en tout genre
rencontrent dans leur carrière. Une
foule de rivaux et d'ennemis se-
crets réunirent leurs efforts pour
l'empêcher d'être admis dans la
troupe des comédiens du Roi, et ils
n'y réussirent que trop long-temps,
puisque , raal;;ré les applaudisse-
ments du public et la recomman-
dation, de Voltaire, Lekain ne par-
vint à cette âdniissiou qu'après dix-
,4 LEK
sept mois de de'but. Ses ennemis al-
léguaient divers prétextes pour Të-
loigner ; et tandis qu'ils exage'raient
de beaucoup l'insuffisance de sa
taille et de ses moyens physiques, ils
dissimulaient avec soin ce qui mani-
festait en liii un grand acteur, com-
me Tëtude approfondie de toutes les
parties de l'art, la justesse d'esprit ,
et surtout la plus rare sensibilité. Au
reste , tous les obstacles que rencon-
tra Lekain, ne firent qu'exciter encore
davantage son ardeur. « 11 s'accoutu-
)) ma, dit Labarpe, à donner à sa phy-
» sionomieetà ses traits une expres-
» sion vive et marquée qui en faisait
» disparaître les désagréments. Il sut
» dompter son organe naturellement
» un peu lourd, et le pliera la faci-
» lité du débit nécessaire dans les
V moments tranquilles; car^ dès que
» son rôle le permettait, sa voix,
î) en se passionnant , devenait inté-
■» ressante , et portait au fond de
» l'ame les accents de l'amour mal-
» heureux, de la vengeance, de la
» jalousie, de la fureur, du déses-
» poir : ce n'était ni des cris secs ,
î) ni des hurlements odieux ; c'était
î) de ces cris déchirants que la dou-
)) leur arrête au passage , et qui n'en
î) vont que plus avant dans le cœur.
» C'était de ces sanglots tels qu'on
« les a entendus dans Vendôme avec
» tant de transport, lorsqu'il disait:
Vous avez mis la mort dans ce cœur uiiti-ngé.
» Ces grands effets n'ont été connus
» que de lui, et c'est ainsi qu'il était
)) parvenu, non- seulement à faire
î) oublier les défauts de son visage,
)) mais même à produire une telle
» illusion , que rien n'était plus com-
» mun que d'entendre des femmes
)) s'écrier, en voyant Orosniane ou
)) Tancrède : Comme il est heaul...y>
Lïmprcssion que son talent a faite
daus l'ame de l'un des auteuis de
LEK
cet arlicle, y subsiste encore forte-
ment ; mais ne trouvant point d'ex-
pressions pour la rendre, il em-
prunte celles du baron de Grimm ,
qui écrivait en 1771, après une
représentation de Tancrède : c Que
» dirai - je de Lekain? Il semble
» qu'il n'ait employé le temps de
» sa maladie et de sa retraite que
î) pour porter son talent à un degré
» de sublimité dont il est impossible
» de se former une idée quand on ne
» l'a point vu. Hors du théâtre, sa
» figure est laide , ignoble, et il de-
» vient au théâtre beau, noble, tou-
» chant, pathétique , et dispose de
» votre ame à son gré. Dans le rôle
» de Tancrède il ne dit pas un mot
» qui ne vous ravisse d'admiration
» ou ne vous arrache des larmes. Il
» faut compter cet acteur parmi ces
n phénomènes rares que la nature se
)) plaît à former de temps en temps,
» mais qu'elle n'est jamais sûre de
» produire deux fois... Je ne crains
» pas de dire que ce que nous avons
» vu dans la salle de la Comédie
» française, le 16 mars dernier, est
» non-seulement un spectacle unique
» en Europe, mais que c'est une mer-
» veille de notre siècle, qu'aucun au-
•ù tre siècle ne pourra se flatter de
» voir renaître. Je n'aurai point à
» me reprocher de n'en avoir pas
» joui délicieusement. J'ai senti l'em-
» pire de l'art lorsqu'il a atteint la
» perfection; et mon ame en a été
» tellement ébranlée , qu'il m'a fallu
V plusieurs jours pour la calmer et
y> la remettre dans son assiète.... Il
» faut regarder Lekain comme ar-
» rivé au plus haut degré de perfec-
» tion depuis sa rentrée. » {Corr. de
Griimn, t. vu, p. 47i- ) Quoique
d'après ce passage on piiî croire que
le talent de Lekain avait atteint le
dermçA' degré, cependant iiest cons-
Ï.EK
taiit que chaque nouvelle repre'sen-
t.iJiou siMublail ajoulor encore à la
haute idée <[u'on eu avail. Sans cesse
occupé (le son art, il lui consacrait
tout sou temps el toutes ses facultés,
inclue iorsq.i il fut parvenu à ses
plus beaux triomphes. Selon le j)ré-
ccpte du sag i , il croyait toujours
n'avoir rien fait lors qu'il lui res-
tait quelque chose à l'aire. Ou sait
«ju'il allait souvent au jfelais , enten-
dre les meilleurs orateurs , et qu'il
ne dissimula jamais le profit qu'il eu
avail tiré. « Allez voir mon maître,
» dil-il un jour , à un acteur métiio-
» cre; c'est lui (pii vous apprendra à
» mettre dans toutes vos expressions
» le ton et la dignité convenables. »
Ce maître était le fameux Gerbier
( F'ojez Gerbiee ). Ce n'est que par
(des soins aussi constants , par des
travaux, aussi pénibles , que Lekain
parvint à surmonter tous les obtacles
que la nature avait mis à ses succès.
« La fatigue de ses rôles , a dit eu-
» corc Laharpc, était eu proportion
» de la sensibilité qu'il y mettait.
» Son expression n'était })as scide-
» meut l'action de ses organes, c'é-
» tait le tourment d'une ameboule-
» versée qui retenait encore eu dc-
» dans plus qu'elle ne produisait au
» dehors ; ses cris et ses larmes étaient
» des souffrances ; le feu sombre et
» terrible de ses regards , le grand
» caractère imprimé sur son front ,
» la contraction de tous ses mus-
» clés, le tremblement de ses lèvres,
» le renversement de tous ses traits,
» tout manifestait un cœur trop
» plein qui avait besoin de se ré-
» pandre, et qui se répandait sans
» se soulager : ou entendait le bruit
» intérieur de l'orage, et quaud il
«quittait le théâtre, on le vovait
)> encore, comme l'ancienuc Pythie,
» accablé du Dieu q'i'il portait dani
LEK i5
» Aon sein. Il lui fallait quelque
«temps pour revenir à lui, pour
» éloigner lesfantomeset sortir de la
» tragédie. » De pareils jugements, d«.
la part de contemporains aussi éclai-
rés que l'étaient Grimm el Laharpo,
sont le mrillcurlémoiguagequc l'on
puisse olïrir à la postérité. Cepen-
dant il convient de dire que ces louan-
ges ne furent pas tcut-a-fait unani-
mes; et l'on ne trouvera pas mau-
vais qu'après les avoir rapportées
avec autant d'étendue , nous présen-
tions un portrait moins flatteur, fait
par un contemporain, égaiemenl célè-
bre , mais dont on peut avec beau-
coup de raison suspecter les mo-
tifs. Voici comment Marmontel si-
gnale, dans l'Encyclopédie, à l'ar-
ticle Déclamalion ^ les défauts qu'il
avait cru voir dans le jeu de Le-
kain : « Il est d'autres causes
» d'une déclamation défectueuse : il
» eu est de la part de l'acteur, de la
» part du poète, de la part du pu-
» blic lui-même. L'acteur à qui la
» nature a refusé les avantages de
» la figure et de l'organe , veut y
» suppléer à force d'art; mais q-iels
» sont les moyens qu'il emploie ?
w Les traits de son visage manquent
V de noblesse ; il les charge d'une
» expression convulsive : sa voix est
)> sourde ou faible; il la force pour
» éclater : ses positions naturelles
» n'ont rien de gpand; il se met à la
» torture, et semble, par une iresti-
» culation outrée, vouloir se cou-
» vrir de ses bras. Nous dirons à cet
» acteur, quelques applaudisscmenti
» qu'il arrache au public : Vous
» voulez corriger la nature, et vous
» la rendez monstrueuse : vous seu-
» tez vivement; parlez de même, et
» ne forcez rien : que votre Hsage
)> soit muet ; on sera moins blesse
» de son silence que de ses contor-
i6
LEK
» sions : les yeux poiirrout vous cen-
)) surer; mais les cœurs vous.ap-
)) plaudirout , et vous arracherez
1) des larmes à vos critiques. » Le
ressentiment d'un autear me'content
perce trop évidemment dans cette
critique. ( Foj-ezM ARMovhEh. )
Quoique l'acteur qu'il désignait ain-
si ne fût pas nomme , personne ne
put s'y me'prendre ; Lekain ne
douta point qu'il n'en fût l'objet,
et il se vengea dans plusieurs oc-
casions , notamment .à la repré-
sentation de Venceslas , qui eut lieu
à Versailles. Marmontel avait été'
cliargé de faire à cette pièce quel-
ques changements dans les expres-
sions vieillies par le temps j mais
Lekain n'y eut point d'égard ,
et il récita son rôle avec d'autres
changements faits par Colardeau ,
et qui, malheureusement pour Mar-
montel, étaient ])lus heureux que
les siens. Cette faible opposition qui
se manifesta au moment où Lekain
semblait parvenu au ])lus haut point
de sa gloire , fut à ])eine remarquée
du public; et jusqu'aux derniers mo-
ments de ce grand acteur, les accents
de l'admiration continuèrent à étouf-
fer les clameurs de l'envie. Cepen-
dant il étudiait encore les secrets de
son art, et chaque jour il découvrait
de nouveaux moyens d'exciter l'en-
thousiasme. Tous les contemporains
se sont accordés à dire que sa der-
nière représentation fut la plus admi-
rable; jamais il ne s'était montré aussi
étonnant, aussi sublime que ce jour-
là dans le rôle de Vendôme d'Adeiai-
de Duguesclin. Il paraît même certain
que l'ardeur extraordinaire qu'il y
déploya fut la cause première de sa
mort. Il sortit de la salle fort échauf-
fé , par un temps rude , sans nulle
précaution; et cette imprudence sui-
vie, dit-ou,d'u4ie plus grande encore,
LEK
lui causa une inflammation qui le mit
en peu de jours au tombeau, le 8 fé-
vrier ly^S, à l'âge de 49 ans* Il fiit
inhumé le jour même où Voltaire ,
qui avait ignoré sa maladie , entrait
à Paris après une absence de trente
ans. Ce fut la première nouvelle qu'il
apprit à son arrivée ; qu'on juge de
quelle subite et profonde affliction il
i\it pénétré I Avec Lekain, disparut
son talent tout entier, sans qu'il lais-
sât après \vi de vestiges qui pussent
le signaler à la postérité. De tous les
beaux arts , la déclamation théâtrale
est à cet égard le plus malheureux :
sa production la plus parfaite n'y sur-
vit point à son auteur; et les chefs-
d'œuvre qui dans les autres arts ins-
truisent et charment les généra-
tions suivantes , disparaissent avec
l'homme qui les a produits, souvent
même avec l'instant qui les a vus
naître. Lekain a dit qu'il lui était ve-
nu quelquefois des mouvements et
des inspirations qu'il n'avait jamais
])u retrouver, quels qu'eussent été ses
efforts pour y parvenir. Un seul co-
médien , chez les modernes, a obte-
nu une réputation égale à la sienne ;
c'est le fameux Garrick. Il est vrai
((ue Linguet qui avait vu plusieurs
fois ce dernier au théâtre de Lon-
dres , ne le juge pas si favorable-
ment dans sa notice sur ces deux
acteurs ; il estime beaucoup plus
Lekain, et il en donne d'assez bon-
nes raisons. Voltaire , interrogé un
jour par le marquis de Villette, sur
le mérite des principaux acteurs
tragiques qu'il avait vus au théâ-
tre dans sa longue carrière , tels
que Baron , Beaubourg , Dufresne ,
Sarrazin, Lanoue et Grandval , lui
dét-njla les qualités diverses par les-
quelles chacun d'eux avaif brillé ; et
il conclut en disant que Lekain, réu-
nissant un plus grand nombre de ces
qnaHlr's, les surpassait de beaucoup
et iiuMUP qu'il l'Iait, à ses yeux, lescul
ficteun'raiment tras^upte. Peu de gens
oui eu l'avantaj^c de vivre assezlonp;-
teiups pour faire uue telle comparai-
son; mais ou peut croire, d'après un
juge comme Voltaire , que l'art de la
repre.seutatiou théâtrale a ctc porte
par Lckaiu plus loin que par aucun de
ses prcfdcccsseurs. Depuis quarante
ans qu'il a cessé de vivre , personne ne
lui a ete compare par ceux qui Tout
connu , et personne eu effet ne lui a
ressemble. L'acteur était tellement
identifié avec le caractère des person-
nages, qu'il était tour à tour Oreste,
Néron, Gengiskan, Mahomet. Sou
entrée sur la scène , dans ce der-
nier rôle , était surtout admirable. Le
I'eu pautomime dans lequel il cxcel-
ait , prolongeait: l'illusion : il était
Tame de la scène, dès qu'il y parais^
sait ; et sa déclamation mesurée
donnait le ton aux autres acteurs.
On sait que Grétry en a noté
des morceaux dans ses Essais sur
la Musique. Sa réputation s'était
étendue dans toute l'Europe; et Fré-
déric Il , qui en avait entendu par-
ler par Voltaire avec beaucoup d'en-
thousiasme , désira voir un tel pro-
dige , et le fit venir à Berlin , où il
joua plusieurs fois dans les dernières
années de sa vie. Lekain avait acquis,
dans les lettres, toutes les connais-
sances nécessaires à son art. Sen-
sible à la poésie, on ne l'a jamais
entendu mutiler les vers qu'il réci-
tait; et fort instruit d^ s usages et
des costumes de tous les peuples,
fl se montra toujours extrêmement
scrupuleux à les suivre. Il provo-
!i dilTérentes réformes utiles, et
lut en cela très-bien secondé par
idemoiselle Clairon , si digne de
lier la tragédie avec lui. Il désira
"(ablissemeut d'une école de décla-
LEK 17
mâlioft , et quelques araelioratiens
dans le régime intérieur des specta-
cles. Tout cela est rapporté dans di-
vers écrits, publiés par son fils (i).
Il lit j)lusieurs voyages à Ferney, et
conserva pendant toute sa vie avec
Voltaire Qas rapports tiès-intimeS.
Ces rapports, et ceux qu^il eut avec'
d'autres hommes célèbres , l'environ-
nèrent d'une considération à laquelle
la noblesse de son caractère ne con-
tribua ])as moins que son talent. Il
n'est personne qui ne connût dans le
temps et qui n'applaudît a la réponse
aussi noble que sensée qu'il fit à un
chevalier de Saint-Louis , qui s'était
exprimé en sa présence dans les ter-
mes les plus méprisants sur les co-
médiens , sur leurs pensions et leurs
profits excessifs, taudis que lui, ajou-
tait-il , ancien militaire couvert de
blessures , ne recevait du Roi que
six cents francs par an , après avoir
passé la moitié de sa vie à le ser-
vir. Lekain, cpii l'avait écoulé sans
rien dire , lui répondit froidement :
(c Comptez-vous pour rien le droit
» que vous croyez avoir de me
)) dire tout cela? » Malgré la supé-
riorité de son talent , ce grand ac-
teur ne fut exempt d'aucun des dé-
sagréments de son état , et trois fois
on le conduisit en prison. La probité,
les sentiments élevés, le talent su-
périeur, ne lui firent pas trouver au-
près de certains dominateurs des
spectacles plus d'égards et de considé-
ration que de médiocres comédiens.
Il se rappela souvent , dans de pa-
reilles circonstances, les avis de Vol-
(1) Mémoires de H. Lekain , ptiblict par ion
fili aîoc, luiviad^une Correspondance de Vol-
taire ^ Garrick , CoîarJeau , ILebrtm , etc.,
i8oi , in-8**. Il parut, peu apit», yàne Notice de
F. R. Mole sur les Mémoiret de I.ekain , 1801,
in-S". , «t tiet Jugements sur Lekain , par Mo-
le , Linguet , etc. On a publié depuis ; Lekain
dans sa jeunesse ou Détail histori<iuede setpre^
mi*ret (innées t écrit par lui-même, iSi6, ia>^
XXIV
tS
LEK
trfirc, et fut quelquefois tente' d'aller
chercher le repos dans une petite
retraite qu'il avait à Fontenai près
Vincennes; mais la passion de son
art l'emporta toujours dans son cœur.
La plupart des Mémoires et des
écrits du temps sont empreints de
Venlhousiasme et de l'admiration
que Lekain a excités. Cependant on
Ut dans plusieurs passages du Jour-
nal historique de Collé ( Voyez ce
nom , tom. ix, pag. 255 ) , des cri-
tiques fort sévères et même grossie-'
res de sa manière de déclamer.
Sa taille était médiocre et un peu
lourde, ses membres forts et sa figure
très-commune; mais tous ses traits
étaient fortement prononcés ; une
arae de feu les animait, et leur mobi-
lité était un véritable phénomène.
Son portrait , gravé par Saint-Aubin
d'après Lenoir, est très-ressemblant.
L'acteur est représenté dans une si-
tuation intéressante du rôle d'Oros-
Biane. Lekain a été éditeur de V Ade-
Idide Duguesclinàe Voltaire, Paris,
i';65, in-8o. D-x et M-d. j.
liELAÉ (Claude-Marie), avocat
let poète bas-breton , naquit le 8 avril
1745, à Lamiilis, village à cinq
lieues de Brest, et mourut juge au
tribunal civil de Landernau , le
1 1 juin Ï791. Il a composé un pe-
tit poème intitulé , Michel-Morin ,
paiement remarquable par le style
et parla gaîtéqui y règne, et imprimé
k Morlaix. C'est une paraphrase in-
génieuse de la pièce macaronique qui
porte le même nom. On a de lui un
autre poème assez plaisant sur la
mort d'un chien, des chansons, des
satires, et surtout des épigrammes. A
certains égards, ce poète est, tout-à-
k-fois, le Scarron, le Vadé, le Pi-
ron et pour ainsi dire le Boileau
de la Basse-Bretagne. Le mérite de
st?s ver*» eftt de fair« rir« aux éclats
LEL
tous ceux qui les entendent, même
les femmes , les enfants , et jus-
qu'aux paysans les plus grossiers*
Ce mérite , fort rare dans notre siè-
cle , a bien plus de prix dans la
Basse-Bretagne, dont les habitants,
ceux des classes inférieures surtout,
se ressentent de leur origine , et ne
sont rien moins que rieurs. Les poé-
sies de Lelaé ont obtenu les suffrages
de tous ses compatriotes : mais il
est impossible d'en donner une idée
en français ; car , la traduction leur
ferait perdre tout leur sel. On doit
regretter qu'il ait écrit dans un idio-
me très-respectable assurément, puis-
qu'il est le plus pur dérivé de la lan-
gue des anciens Celtes , mais qui
est à peine connu aujourd'hui dans
la moitié de la Bretagne. A-t.
LEL AND (Jean), antiquaire, né à
Londres au commencement du sei-
zième siècle, resta orphelin fort jeune,
mais trouva un appui dans Thomas
Myles , grand protecteur des lettres,
qui lui fit faire ses premières études
sous G. Lily,fanieux régentde l'école
de St.-Paul. Il continua ses cours à
Cambridge et à Oxford; et, après y
avoir pris ses grades, il vint à Paris ,
attiré par la réputation des profes-
seurs du Collège royal. De retour eu
Angleterre, il embrassa l'état ecclé-
siastique, reçut les ordres sacrés, et
parvint à la place de chapelain du
roi Henri VIII. Ce prince, charmé dé
ses talents , créa pour lui la chargé
d'antiquaire de la couronne , dont le
titre s'éteignit avec lui, le nomma son
bibliothécaire , et le pourvut de ri-
ches bénéfices. Leland visita toutes les
provinces d'Angleterre dans le des-
sein d'en faire la description topo
graphique , et, muni d'un ordre du
roi , enleva , des couvents nouvelle-
ment supprimés , tous les livres et
manuscrits qu'il jugea dignes d'aug-
mcntrr les richesses de la I)il)lîolll^-
'jue rovale. Il s'occupa ensuilc de
lettre en ordre les matériaux qu'il
^vail rassembles avec tant de soin;
nuis l'excès du travail aflaiblit ses
organes en peu de temps, au point
qu'on fut oblic;c de lui donner un cu-
r.itcur. Comme il avait abandonné
la religion romaine pour plaire au
roi, on soupçonna que les remords
avaient pu contribuer à lui troubler
l'esprit. Quoi qu'il en soit , après
avoir langui, à peu près deux ans,
dans un état d'imbécillité complète ,
]l mourut à Londres, le 1 8 avril 1 55 .4.
L^laud, nommé aussi quelquefois
Laylonde, était un fort habile hom-
me, savant dans les langues, élo-
quent orateur et bon poète : mais ou
lui a reproché une excessive vanité;
défaut que ne peuvent faire excuser
les plu» grands talents. On trouve la
liste de ses ouvrages dans Fabricius,
Bibl. mediœ et infimœ latinitat.
tom. iv,pag. 89); dans les Mémoi-
res de Niceron , tom. xxviii , et dans
le Dictionnaire de Chaufepié. Les
principaux sont : L Principum ac
illustrium aliquot et eruditorum in
u^nglid virorum encomia, trophœa,
genethliaca et epithalamia, Lon-
dres, 1589, in-4. C'est un recueil
de vers ; il a été publié par Th.
Newton de Gheshire. IL Commen-
tarii de Scriptorib. Britannicis, Ox-
ford, 1709,2 tom. in-8. 1/éditeur, le
savant Ant. Hall, a fait précéder cet
ouvrage d'une vie de Leîand, exacte
et intéressante. III. Itinerarjrofg'eat
Btitain. Oxford, 1710 et ann. suiv.
9 vol. in-8. Cette édition n'a été ti-
rée qu'à cent vingt exemplaires; mais
Touvrage, qui est assez curieux, a
été réimprimé en 1744 ' cnriclii de
notes de l'éditeur Th. Hi-arne. IV.
CoUectanea de rébus Britannicis ,
Oxford, 1715, 6 vol in-8. , édiliou
LEL < tg
tire'e à un petit nombre d'exem-
plaires. ( f^oj. Th. Hkarne , t. XIX ,
pag. 534.) C'est un recueil de pièces
extraites des dilïérentes archives du
royaujne. Th. Hearne y a ajouté de*
notes, un index et la vie de Leiand.
On a publié sous le nom de celui-ci des
Questions et Héponses concernant le
nijr stère de la maçonnerie^ copiées
par lui d'après un manuscrit de la
main du roi Henri VI. Cette pièce ,
tirée de la bibliothèque Bodléienne,
en 1696, et accompagnée des notes
de Locke, a été traduite en français
dans les Acta Latomorum ,11, 6.
C'est un morceau assez sin^a'ier , à
la vue duquel Locke chercha à se
faire recevoir franc-maçon , comme
le roi Henri VI lui en avait donné
l'exemple d'après l'effet produit sur
lui par ces réponses.Le répondant fai-
sait remonter l'origine de la maçon-
nerie jusqu'à Peter Gower (Pytha-
gore) , qui, l'ayant apprise des mar-
cliands vénitiens (phéniciens), l'in-
troduisit à Groton en Angleterre
( Crotone dans la Grande Grèce ).
Voyez les vies de Leiand , Hearne
et Wood par Haddesford, conser-
vateur de la bibliothèque Ashmo-
léenne, 1772, 2 vol. in-8. VV-s.
LEL AND (Jean), ministre presby-
térien anglais, naquit àWigan (Lan-
caster ), i6()i. Peu de temps après,
son père perdit sh fortune , et alla
s'établir à Dublin. Jean, qui avait été
laissé en Angleterre pour son éduca-
tion , étant parvenu à l'age de six
ans, fut attaqué de la petite vérole
qui le conduisit aux portes du tom-
beau ; revenu à la %*ie , contre toute
espérance, il se trouva privé de ses
facultés morales , n'ayant plus ni
intelligence ni mémoire : cet état
dura pendant un an, et alors ses fa-
cultés revinrent; mais il ne lui resta
aucun souvenir d« c« q[u'il avait iu
2..
fjLO LEL
avant sa maladie. Cependant son in-
telligence était si grande et sa mé-
moire si heureuse , qu'il recouvra ,
en peu de temps, ce qu'il avait perdu.
Dès ce moment, ses parents le desti-
nèrent au ministère évange'lique ; il
«ludia parmi les dissidents ; et après
avoir débuté avec succès dans une
congrégation qui s'était formée àDu-
blin , il fut nommé pasteur-adjoint ,
en 1716, s'acquitta de ses fonctions
avec la plus grande exactitude, et, par
son infatigable application , s'avança
rapidement dans toutes les connais-
sances utiles. Témoin des attaques
dirigées contre le christianisme par
quelques écrivains audacieux , il ap-
profondit leurs livres; les suivit dans
tous leurs subterfuges, porta le même
soin dans l'étude des preuves de la ré-
vélation , et publia successivement ;
I. An Answer to a late book intitled:
Christianitf as old as the création ,
etc., 1733,2 vol. in-8*^. C'est une
réponse à l' écrit que Tindal avait mis
au jour en 1780, intitulé : Le Chris-
tianisme aussi ancien que le monde.
II. The divine authoritf oj the old
andnew Testament asserted against
the unjust aspersions and f aise rea-
sonings ofabook intitled : the Mo-
ral Philosopher, 1737 , 1 vol. in-S".
C'est une réfutation du Philosophe
moral de Morgan : comme celui-ci
ajouta ensuite un volume à son livre
en réponse àl'ouvragedu docteur Le-
land, celui-ci ajouta un 2^. volumeà
son Autorité divine, etc. , en réplique
aux nouvelles impiétés de son adver-
.saire. Le savoir et l'habileté que dé-
ploya Leland dans ces productions ,
lui méritèrent des marques d'estime
et de respect de la part de personnes
du plus haut rang dans l'église, ainsi
que dans les communions dissiden-
tes : l'université d'Aberdeen lui en-
voya, de la manière la plus houo-
LEL
rable , le diplôme de docteur en
théologie , pour reconnaître les ser-
vices qu'il avait rendus à la religion.
IIL An Answer to a pamphlet in-
titled : Christianitj not founded on
argument , 174'-*. Ce sont deux
lettres contre le pamphlet de Henri
Dodwell fds. ( Voyez Dodwell. )
IV. Bejlections on the late lord
Bolingbroke^s letters on the studf
aud use of historjr • especially so
far as thej relate to christianitjr
and the holy scriptures, 1753. Si la
publication des Lettres sur Vhistoire
( par Bolingbroke ) fit plaisir aux sa-
vants, elle affligea les hommes de bien,
qui furent révoltés des impiétés dont
elles fourmillent. ( F. Bolingbrore.)
Plusieurs théologiens prirent la plu-
me pour les réfuter ; mais aucun
n'eut autant de succès que le docteur
Leland. 11 avait eu d'abord quelque
peine à écrire dans cette occasion ,
« parce que , disait-il , si lorsque la
» religion est attaquée ouvertement,
» il convient de ne rien négliger
*) pour sa défense , on doit craindre
» néanmoins de montrer trop d'em-
» pressement , après qu'on a payé
» son tribut. » Ses scrupules se dissi-
pèrent par les conseils de ses amis: il
leur fut redevable d'un accroisse-
ment de renommée, et la religion
d'une bonne apologie. V. A View
of the principal deistical writers
that hâve appeared in E n gland ,
in the last and présent centurj j^
with observations upon them , etc.
1754, 2 vol. in-8<^. Cet ouvrage , qui
est en forme de lettres ( adressées
au docteur Wilson ) eut d'abord
peu de succès; mais les éditions sui-
vantes , plus soignées , furent ven-
dues rapidement : celle de 1 798 ,
2 volumes in-8^. , avec un View
of the présent time with regard
to religion and moralSj and otjier
important subjects , par le doc-
teur Brown , est plus estimée ; l'ë-
diteur y a joint une continuation
qui va jusqu'à la fin du dix-huitième
siècle, h' Histoire critique du pfiilo-
sophisme anglais, parM. Tabaraud,
'À vol. in-8**. , a transporte parmi
nous tout ce qu'il y a de meilleur
dans l'ouvrage de Lelaud. VI. Un
Supplément aux homélies de Hume
et <le Bolingbroke , et une nouvelle
fdition des Réflexions sur les Lettres
de ce dernier, considéraljlement aug-
mentée , 2 vol. in - 8**. VU. Tfie
Advantage and necessity oj the
chiistian révélation , sliewn front
the State of religion in the ancient
healhen world , especially with
respect to the knowledge and
worship of tfie one true god ; a
rule of moral duty ^ and a state
of future rewards and punishe-
ment s , etc. 1760, 2 vol. in-4'*. ;
et deuxième édition, 2 vol in-8<*.
Quelques amis de Leland l'avaient
pressé de revoir les livres qu'il avait
composés, d'en faire des extraits, et
de former de ces extraits un traité ,
où les meilleurs arguments en faveur
de la révélation fussent mis dans
un ordre méthodique : mais ne pou-
vant se résoudre à reproduire les ex-
traits de ses propres ouvrages sous
une nouvelle forme , il y renonça ;
cependant le travail auquel il s'était
livré, tournant ses pensées vers les
disputes des chrétiens et des déistes,
donna lieu à la Nécessité de la révé-
lation chrétienne, excellent ouvrage
traduit en français sous ce titre '.Nou-
velle démonstration évangélique ,
où l'on prouve l'utilité et la néces-
sité de la révélation chrétienne, par
l'état de la religion dans le paga-
nisme , relativement à la connais-
sance et au culte d'un seul vrai dieu y
à une règle de moralité , H à un
LFX
21
état de récompenses et de peines
futures, Liège, 1768,4 vol. in- 12.
Ce livre, dit Laharpe ( Introd. à la
philosopfùe du 1 8*^. siècle ) , est le
chef-d'œuvre de Leland : supérieur
à toutes les productions que le même
zèle a enfantées dans ce siècle , et
l'une de celles où les profondeurs de
la science et du jugement, n'ôtcnt
rienà l'agrémentdu style, c'est un des
ouvrages qui ont assuré jusqu'ici à
l'esprit anglais la palme en cette es-
pèce de lutte du christianisme con-
tre l'incrédulité. Le docteur Leland
mourut le iG janvier 1766, à l'aga
de 75 ans. 11 est généralement re-
gardé comme un des plus redoutable»
adversaires de l'incrédulité; ses écrits
sont également recommandablcs par
le savoir , la sagesse et la modéra-
tion. Après sa mort, on recueillit ses
discours en 4 vol. in-8<*. , précédés
d'une préface , contenant quelques
détails sur sa vie , son caractère et
ses écrits, par le docteur IsaacWeld,
qui prononça son oraison funèbre à
Dublin , dans une congrégation dont
Leland avait été le pasteur. L-b-e.
LELAND (Thomas) , savant théo-
logien controvcrsiste , et historien
anglais, naquit à Dublin, en 1722.
Après avoir fait ses premières élu-
des dans la célèbre école que tenait
alors dans cette ville le docteur Shé-
ridan, il entra au collège de la Tri-
nité, fut promu aux ordres sacrés
en 1 748 , obtint , en 1 763 , dans le
même collège la chaire de l'Oratoire,
et déploya également dans ce poste
ses talents pour l'enseignement , pour
la prédication et pour la controverse.
En 1 7G8 , il fut nommé chapelain
de lord Towusend , lord-lieutenant
d'Irlande; et ses amis ne doutaient
pas qu'il n'obtînt bientôt un évêché ,
lorsqu'il mourut , en 1782. On a do
lui : ï. ( Avec U doctciu' J. Slokc* )
2a LEL
Demosthenis orationes , gr. et lat.
avec notes , 1754, 'i vol. in- 12. II.
Les Harangues de Demosthène ,
trad. en anglais, avec des notes cri-
tiques et historiques , 3 vol. in-4''. ,
1756-61-70; cette traduction est
fort estimée. III. Histoire de la vie
et du règne de Philippe , roi de Ma-
cédoine, père d'Alexandre , Dublin ,
1 758 , 2 vol. in-4*^. ; Londres , 1 769,
in-4**. , %. ; 1806, 2 vol. in-80. j
ouvrage savant et rempli de recher-
ches. IV. Longue -Epée ( Long-
sword ) comte de Salisbury , 1 762 ;
ingénieux roman historique , pu-
blie sous le voile de l'anonyme. V.
Dissertation sur les principes de Vé-
loquence humaine , et en particulier
sur le style et la composition du
J^ouveau-Testament , 1764, in-4°.
C'est un re'sumë des discours que
l'auteur avait prononce's au collège
de la Trinité' (à Dublin) pour reîu-
ter quelques principes hasardés par
i'évêque de Glocester ( Warbur-
ton ) dans son Discours sur la doc-
trine de la grâce. Quelque modérée
que fût cette critique , l'impétueux
Richard Hurd , ami dévoué de ce
prélat ( Fojez Hurd ), y fit , en gar-
dant l'anonyme, une réponse rem-
plie d'aigreur , à laquelle le docteur
I-eland opposa une réplique aussi so-
lide que modeste, et qui lui concilia
tous les suffrages. VI. Histoire d'Ir-
lande y depuis l'invasion d'Henri II,
avec un discours préliminaire sur
l'ancien état de ce royaume , Dublin ,
1773, 3 vol. in-4<*. ; traduite en
français, Maëstricht , 1779 , 7 vol.
in-i 2 ; ouvrage plus estimé pour l'é-
légance du style que pour l'exac-
titude : l'auteur n'avait pas assez étu-
dié les sources originales. Yll. Dis-
cours et Sermons , Dublin , 1 788 , 3
vol. in-8^., avec une notice sur la vie
de Lcland. G. M. P.
LEL
LÉLIEN Voyez L^elianus.
LELLI (Jean-Antoine), peintre,
né à Rome, en iSgi , fut élève de
Civoli, et se perfectionna par l'étude
de l'antique et des chefs-d'œuvre
modernes que renferme cette capitale.
Il fut chargé de quelques travaux
publics, tels q^i'uhg Annonciation ,
peinte à fresque ,et d'un bon ton de
couleur, dans l'église de Saint-Ma-
thieu in Marulana;- Jésus-Christ au
milieu des nues , ayant à ses côtés
Saint-Pierre et Saint-Paul , appa-
raissant à Saint- Eloi , prosterné
à genoux, tableau peint à l'huile
dans l'église de Saint-Sauveur; — la.
Vierge et V Enfant-Jésus , présen-
tant un cœur enflammé à Saint-
Augustin, dans le chœur de l'église
de Jésus-Marie; et dans un des cotés
de la même église, un jjetit tableau
monochrome , représentant Jésus-
Christ donnant les clefs à Saint-
Pierre. Bams le cloître de la Minerve,
il a peint à fresque, d'un côté un
grand tableau delà Visitation, dont
le paysage et la perspective sont bien
entendus ; de l'autre , une figure de
la Force, plus grande que nature ,
exécutée avec un soin extrême. Il
fut encore chargé de plusieurs au-
tres travaux publics; mais un carac-
tère difficile et jaloux, un amour-pro-
pre excessif qui lui faisait penser et
dire hautement que lui seul méritait
d'être employé, lui suscitèrent beau-
coup d'ennemis et nuisirent à sa ré-
putation. Il travailla néanmoins pour
quelques particuliers , et fit les dessins
pour quelques livres imprimés à
Rome, notamment pour le poème
d'Octave Tronsarelli , intitulé la
Catena d'Adone. Lelli mourut le 3
août i64o. — Hercule Lelli, pein-
tre, architecte, sculpteur et anato-
miste célèbre, naquit à Bologne ,
vers raniiée 1 700. Zanotti lui donna
LEL
Ips premières leçons de dessin. Les
iiombi*eux ouvraj;c8 qu'il a exécutés
en pl.ître, en cire, en stuc, en bois,
en marbre, etc. , prouvent son habi-
leté comme sculpteur. Les préj)ara-
tions anatomiques en cire qu'il fit
pour l'institut de Bologne, et qui
coiLsistcnt en statues et en tableaux,
dans lesquels il a représente tout ce
qui est relatif à l'anatomie, ont sur-
tout illustré son nom. Il doit la bril-
lante réputation qu'il consei*ve en-
core en Italie , à la grande influence
qu'il exerça long-temps sur l'instruc-
tion des jemies gens qui se desti-
naient à l'étude des arts. Son savoir
ne se bornait pas à la peinture et à
la sculpture, il professait l'architec-
lure avec un égal succès. Non moins
habile dans la perspective linéaire, il
inventa une machine, au moyen de
laquelle il réduisait et arrêtait avec
précision les contours des portraits
qu'il voulait graver. Un pareil pro-
cédé avait déjà été mis eu usage par
Léonard de Vinci et Albert Durer ;
mais les améliorations qu'y apporta
Leili , peuvent faire regarder la ma-
chine qu'il employa , comme une in-
vention nouvelle. On a reproduit de
nos jours un moyen analogue, sous
le nom de Physionotrace. ( Voyez
G. L. CuRETiEN. ) Au reste Lelli ser-
vit bien plus la peinture par ses
préceptes que par ses exemples. Cet
ai*t,pour y cire habile, exige im
exercice habituel auquel il ne put
s'astreindre. Cependant les Guides
de Bologne et de Plaisance (ont
mention de quelques-uns de ses ta-
bleaux, et ce dernier cite avec éloge,
ua Saint-Fidèle, qu'on voit dans le
couvent des Capucins; mais les au-
teurs de ces deux livres sont forcés
de convenir que ce n'est point à la
peinture que Lelli doit sa plus grande
jljire. Il a gravé et publié quçlquestjb-
LEL
'i>
lampes. Il avait composé, pour l'ins-
truction des élèves, un petit ouvrage
intitulé: Coinpendio anatoinico per
uso de* Piitoii e scultori ; il fut pu
blié après sa mort , (jui arriva en
1 7()(). Comme graveur , on connaît
de lui plusieurs sujets de thèses, d^»
cartouches, des armoiries, ainsi (|uc
les sujets historiques suivants,d 'après
ses propres compositions : A^ar et
Ismacl dans le désert ; la Vierge ,
Saint - Joseph et V Enfant - Jésus ;
Saint - Philippe JVéri , au milieu
d'une gloire d'Anges ; Sainte-Thé-
rèse en prière ; plusieurs Portraits,
parmi lesquels on distingue celui d«
J. P. Zanotti , son maître. Ses gra-
vures sont marquées des lettres E
et L. P-s.
LELLIS ( Saint-Camille de ) ,
fondateur des clercs réguliers pour
le service des malades , naquit en
i55o , à Bacchiano, dans l'.^JDruzze.
11 était fils d'un officier qui avait
servi dans les guerres d'Italie. Or-
f)helin à l'âge de six ans, il embrassa
a profession des armes dès que ses
forces le lui permirent. Il aimait le
jeu avec passion, et il fit des pertes qui
le réduisirent à la plus extrême indi-
gence: ])0ur comble de malheur, un
ulcère à la jamberayant contraint de
quitter le service , il se rendit , vers
1574 à Rome , à l'hôpital de Saint-
Jacques, destiné aux maladies incu-
rables. Renvoyé après une a])parencH
de guérison , et ne sachant que de-
venir , il se vit obligé de travailler
comme manœuvre à un bâtiment que-
faisaient construire des capucins.
Cette misérable situation le fit réflé-
chir sur ses erreurs; une lumière in-
térieure sembla l'éclairer, et le père
gai-dien du couvent lui ayant fait nne
exhortation touchante , il changea
tout-à-coup de sentiments. ]N'a\aut
aivis q»ie 2J aas, il désira d'en-
â4
LEL
trer cliez les capucins , puis chez
les cordcliers où il commença son
noviciat ; mais l'ulcère dont il e'tait
afflige, s' étant rouvert , empêcha
son admission : il revint à l'hôpital
de Saint-Jacques , où on l'employa
au service des salles. Sa conduite y
fut si exemplaire , il se montra si
assidu près des malades , si empres-
se' à leur procurer les secours spiri-
tuels et corporels , qu'après quatre
ans d'épreuve , on lui confia la
charge d'économe. II avait pris pour
confesseur St.r-Philippe Nëri, sous la
direction duquel il marchait à grands
pas dans la voie de la perfection : ce
fut alors que , cherchant les moyens
de procurer aux pauvres malades
des secours mieux entendus et plus
Hssure's que ceux qu'ils obtenaient de
mains mercenaires, il forma le projet
de fonder une congrëgalion entière-
ment de'vQue'e à cette bonne œuvre; et
afin de se rendre pi us utile aux man-
des,il résolutd'entrer dans les ordres.
Il était sans lettres : quoiqu'il eût a-
lors 32 ans , il fréquenta les basses
classes du collège des Jésuites , et
quand il fut assez instruit , il étudia
la théologie avec tant d'ardeur qu'il
fut bientôt en état de soutenir les
examens nécessaires. Une personne
pieuse lui fit une pension qui lui ser-
vit de titre clérical; il fut ordonné
prêtre , et préposé ensuite à la des-
serte d'une église. Obligé de quitter
son emploi d'économe, il n'abandon-
na pas son projet; et bientôt il jeta les
fondements de sa congrégation , sous
la protection et avec l'aide du car-
dinal de Mondovi. Par le crédit de ce
prélat , il obtint de Sixte V l'appro-
bation du nouvel institut : Grégoire
XIV érigea cet établissement en or-
dre religieux , en iSgi , et Clément
VIII le confirma en 1 5g'i. Vers ce
temps, le card^^al de Mondovi étant
LEL
mort , laissa tous ses biens à Lellis ,
qui dans ce legs trouva de puissants
moyens d'étendre son œuvre, et d'ac-
croître le nombre de ses établisse-
ments. Bologne , Milan , Gènes ,
Florence , Ferrare , Messine , Man-
toue , etc. s'empressèrent d'accueil-
lir des essaims de ces serviteurs des
pauvres malades. Il en fut envoyé
en Hongrie et dans d'autres lieux
affligés de la peste. Ce fléau s'étant
déclaré à Noie , en 1600 , Lellis se
dévoua au service de ceux qui en é-
taient atteints. Après avoir, pendant
quelque temps , gouverné son ordre
en qualité de chef , il se démit de
cette place. Il assista , en 161 3 , au
cinquième chapitre général , et mou-
rut le 4 juillet 161 4. Benoît XIV
le canonisa en 1646. C'est ce même
jour, 1 4 juillet, que l'Église honoro
sa mémoire. Cicatello son disciple a
écrit sa Vie. L-y.
LELONG (Jacques) , prêtre de ^
l'Oratoire , né à Paris en 1 665 , fut
reçu trcs-jeune au nombre des clercs,
de l'ordre de Malte , et n'était âgo
que de onze ans, lorsqu'il passa dans
cette île. Peu de temps après son ar-
rivée, la peste s'y étant déclarée, il
eut l'imprudence de suivre le con-
voi d'un homme mort de la conta-
gion. A peine fut-il rentré dans sa
maison , qu'on en mura les portes ,
de peur qu'il ne communiquât au-
dehors la maladie dont on le suppo-
sait attaqué. Cette espèce de prison
lui sauva la vie , en le séquestrant
de la société des pestiférés. Un tel
accident , joint à la dureté du maître
des clercs, le dégoûta du séjour de
l'île. Il prétexta l'intérêt de sa santé,
pour obtenir la permission de se
rembarquer, et vint à Paris repren^
dre ses études à l'Oratoire. Ses supé-
rieurs l'envoyèrent au collège de
JuiUi ^ pouç enseigner les malhéma-
tif]ufs, et, quoliucs années après ,
i séminaire de Nofre-Damc-<les-
\ crins , près Paris, afin qu'il pût se
livrer plus parliculicrcracnt à ce
.,'i'nre d'étude, pour lequel il avait de
j,randes dispositions. Devenu biblio-
tliccairc de cette maison, son p;oiit
pour la bibliographie se manifesta
d'une manière si décidée, qu'il fut
appelé à Paris, pour y remplir le
même emploi dans la maison de
Saint-Honore. A la connaissance des
langues orientales, de l'hebrcu et de
ses ditVcrents dialectes , il joignait
celle de plusieurs langues modernes,
telles que l'italien, l'espagnol, le por-
tngais et l'anglais. Il possédait éga-
lement l'histoire littéraire et typo-
graphique. Enfin , peu de savants
pouvaient lui être comparés dans
cette partie. Pendant vingt-deux ans
qu'il fut chargéde cette bibliothèque,
Tune des plus riches de Paris, surtout
en manuscrits oiientaux, ill'augmcn-
ta au moins d'un tiers avec des fonds
très-modiques, et il en fit trois difïc-
rents catalogues. Sa passion pour
l'étude était inconcevable : il ne s'en
distrayait que pour l'accomplisse-
ment des devoirs dé son état, pour sa
correspondance suivie avec la plupart
des savants de l'Europe ; et il re-
gardait ses longues et fréquentes in-
somnies comme un avantage qui
lui laissait plus de temps pour s'y li-
Trer. Une vie si laborieuse dut alté-
rer la santéd'un homme dont la com-
plexion était déjà très-faible. Il éprou-
va de violents maux d'estomac ac-
compagnés d'une fièvre leute qui le
consuma peu à peu, et rendit inu-
tile tout l'art des médecins. Il mou-
rut chez M. Ogicr, sou neveu , rece-
veur-général du clei-gé, le i3 août
1721, âgé de cinquante-six ans. Ce
savant avait une piété sincère et sans
ostcûlaliyn, ua caractère doux et
LEL
^1>
modeste , des manières polies et en
gageantes. Rempli de cliarité pour
les pauvres , il se félicita d'avoir
trouvé, dans un riche héritage, des
moyens de satisfaire son penchant
pour cette vertu. Le P. Alalebran-
che, son intime ami, le raillant un
jour sur toutes les peines qu'il se don-
nait pour découvrir une date ou une
anecdote littéraire : « La vérité est
» si aimable, lui répondit-il, qu'on
» ne doit rien négliger pour la dé-
» couvrir, même dans les plus pe-
» tites choses. » Ses ouvrages indi-
quent des recherches immenses. Ou
désirerait seulement qu'il se fût ap-
pliqué à en rendre le style plus cor-
rect. En voici la liste : T. Supplé-
ment à VHisloire des dictionnaires
hébreux de JVolfius, dans le Jour-
nal des Savans , de janvier 1707.
II. Nouvelle métliode des langues
hébraïque et chaldàique avec un
dictionnaire de ces deux langues,
Paris, 1708, in-8. Cette méthode,
sui^-ie d'un dictionnaire hébraïque
en vers français , fait sur le modèle
des Racines grecques de Port-Royal ,
est du P. Renou de l'Oratoire. Le P.
Lelong n'en a été que l'éditeur.
III. Bibliotheca sacra, seu Sjllabus
omnium fennè sacrœ Script urœ edi-
tionum ac versiomim, Paris, 1709,
2 vol. in-8.; réimprimée la même
année à Leipzig, par les soins de
Boerner, avec des augmentations et
des notes historiques et critiques, ti-
rées des manuscrits et des livres im-
primés en Allemagne, qui n'avaient
point été connus du P. Lelong. Ce-
lui-cis'était occupé, danslesdernicrci
années de sa vie, de corriger cet ou-
vrage, et de l'augmenter d'une se-
conde partie , contenant le calalogiio
de tous les auteurs qui ont travaillé
sur les livres de la Bible. Cette fc-»
condc édition était prêle à être ml-iu
26
LEL
sous presse, lorsque l'auleur mourut.
II en confia le soin au P. Desmolets,
son ami, qui la publia en 1723, in-
folio, précédée d'une notice sur la
vie et les ouvrages du P. Lelong.
Cet ouvrage, d'un travail immense,
est le plus ample, le plus méthodique
et le plus exact qui eût paru en ce
genre : une nouvelle édition avait éte*^
commencée par les soins de A. G.
Marscli ; il n'en a paru que deux par-
ties en cinq volumes in-4**. , Halle ,
1 778-90. IV. Discours historique su7'^
les principales éditions des bibles
polyglottes, Paris, 1 7 1 3, in-i -î. C'est
le fruit des recherches que le P. Le-
long avait été obligé de faire pour
sa Bibliothèque sacrée. Il contientdes
détails curieux siu-les polyglottes, et
particulièrement sur celle de Paris
( F. Lejay). V. Histoire des démêlés
du pape Boniface Fil avec Philip-
pe-le-Bel, Paris, 17 18, in- 12. C'est
un ouvrage posthume d'Adrien Bail-
let : le P. Lelong ^ en le donnant au
public, l'augmenta de vingt-deux piè-
ces justificatives qui ne se trouvent
pas dans les ^ctes de Dupuy. Il eut
deux éditions en moins de trois mois.
YI. Bibliothèque historique de la
France, contenant le catalogue des
ouvrages imprimés et manuscrits
qui traitent de Vhistoire de ce
royaume , ou qui y ont rapport;
avec des notes critiques et histori-
ques ^ Paris, 17 19, in-folio. L'objet
de cet ouvrage est d'indiquer dans
tm ordre méthodique l'usage qu'où
doit faire des grandes collections des
pièces concernant l'histoire de Fran-
ce, et de faciliter le travail de ceux
qui entreprennent de l'écrire. Ce gros
volume fut composé dans l'espace
de trois ans , et l'auteur le copia trois
fois de sa propre main. Il se propo-
i ait del'augmenter considérablement
dans ime seconde éditioo. Les ma-
LEL
tériaux qu'il avait rassemblés , et un
exemplaire chargé de ses notes , ont
passé entre les mains de Fevret de
Fontette , qui s'en est servi dans son
édition en 5 vol. in-folio, Paris, 1 768.
( V. Fevret, xiv, 471. ) VIL Let-
tre à M. Martin, ministre d" Utrecht,
Paris, 1720, dans le Journal de»
Savants , de juin de la même an-
née. Ce ministre, dans sa disserta-
tion sur le fameux passage de Saint-
Jean ( Ep. 1 ,cap. 5, §. 7) Très sunt
qui testimonium, etc., avait dit que
Robert Etienne l'inséra dans son édi-
tion de la Bible, d'après plusieurs
manuscrits de la bibliothèque du,
Roi. Le P. Lelong soutient que ce
passage ne se trouve dans aucun de»
manuscrits de cette bibliothèque.
Cet homme infatigable avait entre-
pris un recueil des historiens d»
France beaucoup plus ample (pae ce-
lui de Duchêne j il se proposait d'en,
faire imprimer deux ou trois volu-
mes chaque année : ce fut ce travail
qui abrégea ses jours. Tous les ma-
tériaux étaient rassemblés pour les
premières livraisons ; il ne lui res-
tait plus qu'à les collationner avec
les manuscrits et les imprimés, pour
les publier avec des notes critiques^
chronologiques et géographiques. Ce
projet a été exécuté par les béné-
dictins de Saint-Maur , et la conti-
nuation en est confiée aujourd'hui à
l'académie des inscriptions. T-u.
LELORRAIN. Foyez Lorrain
et Yallemont.
LELORRAIN ( Robert ) , sculp-
teur, naquit à Paris, le i5 novembre
1 666. Le peintre Lemonnier lui donna
les premiers principes du dessin ; et
à l'âge de 18 ans , le jeune artiste
entra chez Girardon, qui bientôt lui
confia l'exécution d'une partie du
mausolée du cardinal de Richelieu,
et du tombeau qu'il avait composé
LEL
pour lui-même. Lebrun sut appré-
cier les talents de Lclorrain, et lui fit
obtenir du Roi une }>ension qui lui l'ut
ccuscrve'e jusqu'à sa rcccpliou à Ta-
cademie. En 1(389, il obtint le grand
Î)rix, et partit rannce suivante pour
'Italie. S'ctant embarque à Marseille,
une teun>ele écarta son vaisseau de
la route ; ce vaisseau serait tombé
entre les mains d'un corsaire levan-
tin qui lui donna la chasse , si la
contenance des passagers, excités par
le jeune artiste , n'avait décidé le
corsaire à les laisser continuer leur
route. Arrivé à Rome , il se livra
avec ardeur à l'élude. Malheureuse-
ment l'école du Bernin prévalait à
cette époque , et Lelorrain ne put se
préserver de sa funeste influence.
Quelques essais de }>einlure qu'il ten-
ta pendant son se'jour à Rome , loin
de le ramener dans la bonne roule, ne
servirent qu'à l'en écarter davantage,
ai lui faisant croire que les procédés
de deux arts si difTérents pouvaient
se concilier. Cependant son assiduité
au travail était sans bornes. Il envoya
en France plusieurs copies en mar-
bre qu'il avait faites d'après l'an-
tique ; et il se disposait à exécuter
un grand ouvrage pour les Jésuites
de Rome , quand l'excès du travail ,
joint à la chaleur du climat , le jeta
«lans une maladie de langueur, dont
il ne ])ut guérir qu'en revenant en
France. Dans ce voyage , il visita les
principales villes d'Italie, pour y étu-
dier les beaux ouvrages qu'elles ren-
iVrmaienl. En arrivant à Marseille, il
lut chargé de terminer quelques pe-
tites figures de marbre que la mort
n'avail pas permis au Puget de finir;
ie là, il vint à Paris, où il trouva l'a-
radémie fermée , et les travaux pu-
blics interrompus par le malheur des
î^mps. Cependant des hommes dis-
ugfir», dans le» lellres et les arts ,
LEL a;
parmi lesquels on cileBoileau,Tour-
neforl et de Piles, ir. lirciit travailler
pour de riches particuliers. L'aca-
démie ayant été rouverte en i-^oo ,
il fut agréé sur le modèle d'une Ga-
lathée , figure demi-nature, et reçu,
en l'joi ,sur le marbre de ce modèle.
Bientôt il exécuta, pour la cascade de
Marly, un Faune en marbre , et un»
Fierge pour la paroisse du Roi à
Marly j un Bacchus pour les jardins
de Versailles • une lîëbé ; un Saint-
Emilien , aux Invalides ; dans l'é-
glise de Saint- Sauveur , un Lutrin
orné d'enfants en bronze; à la cha-
pelle de Versailles, un bas-relief re-
présentant /. C. devant Cdiphe ,
deux ^Tiges et des trophées ; à la
Chartreuse de Morfonlaine, un grand
Christ en croix; etc. L'académie le
nomma successivement ad joint, pro-
fesseur , et enfin , en 1787 , recteur
à la place de Hallç. Le cardinal de
Rohan lui confia l'exécution de quatr»
statues colossales, destinées à orner la
façade principale de l'hôtel de Sou-
bise , à Paris j elles représentent les
Quatre Saisons ; la plus estimée est
celle de l'Hiver. C'est alors que le
prélat jeta les yeux sur Lelorrain
poui- les sculptures de son palais de
Strasbourg , et du château de Sa-
verne. Les quatre statues de plus dd
huit pieds de proportion , qu'il exé-
cuta pour le premier édifice, sont la
Religion , la Clémence , la Pru-
dence et la Force; elles sont accom-
pagnées de quatre groupes d'enfants
analogues à chaque statue , et de
deux vases dans le génie antique.
Mais c'est principalement dans la
décoration du palais de Saverne, que
Lelorrain avait déployé tous ses ta-
lents. Dans un salon , appelé le Salon
des Colonnes, il avait sculpté au-des-
sus de l'entablement quatre figures
plus grandes que nature , représeu-
28
LEL
lantlaL Beligion j la Chajité ,\ai Vé-
rité et la Vigilance ; et dans les
panneaux, quatre cariatides en ron-
de-bosse , représentant la Prudence ^
la Justice , la Tempérance et la
Force. Enfin , ce salon était encore
©rne' de quatre bas-reliefs, ayant pour
sujet : ^Ipollon et Daphné ; Mer-
cure apportant une l/yre à Apollon
qui garde les troupeaux d'Admète;
le Jugement de Midas, et Marsyas
écorché par Apollon. Ces derniers
ouvrages ont përi dans l'incendie
du château de Saverne , en 1779.
C'est après avoir termine' ces tra-
vaux, que Lelorrain entreprit ceux
du palais e'piscopal ; une attaque
d'apoplexie, qu'il essuya en 1733,
l'obligea de les interrompre. Il
revint à Paris , où on lui offrit suc-
eessivement les places de directeur
de l'académie de France à Rome , et
celle de sculpteur du roi d'Espagne.
Il les refusa toutes deux , motivant
son refus sur la chaleur du climat
qui lui e'tait contraire. Parmi les
traits qui font honneur à son talent,
on rapporte que Van Clève , sculp-
teur habile, l'invita un jour à venir
voir une tête de bacchante qu'il avait
achete'e comme une antique. Lelor-
rain, en la voyant, reconnut qu'elle
était son ouvrage j et après en avoir
instruit Van Clève , il lui avoua que
rien ne l'avait jamais autant flatte'
que cette erreur. Le goût qui re'gnait
à cette époque , explirpie facilement
une erreur que l'on ne commettrait
plus aujourd'hui. Lelorrain avait un
véritable talent pour le ciseau j ses
ouvrages sont d'un dessin facile, mais
maniéré; il est dépourvu de noblesse
et d'idéal : c'est le principe du Ber-
iiin, et c'est celui qu'ont outré Le-
moyne fils, etPigalle ses élèves. Ses
bustes de jaunes et de bacchante s, ({m
faisaient, dans le siècle dernier, l'or-
LEL
nement des plus riches cabinets, sont
pleins de cette grâce affectée qui est
si loin de la naïveté antique , mais
qui devait séduire dans un temps où
tous les arts du dessin avaient aban-
donné la route du vrai beau et de la
nature. On s'aperçoit trop d'ailleurs
que ses ouvrages sont faits en géné-
ral sans élfide et de pratique. Lelor-
rain mourut à Paris , le premier juin
1743, après plusieurs attaques d'a-
poplexie. Le portrait de cet artiste a
été peint par Nonolte et par Drouais
père. Le premier , qui existe encore
chez un des descendants de Lelor-
rain , a été gravé en 1749 ? par J.
N. Tardieu , pour sa réception à l'a-
cadémie; le second, qui faisait partie
de la collection des morceaux de ré-
ception des académiciens, a été gravé
en 1741, par Ph. Lebas. — Louis-
Joseph Lelorrain , peintre et gra-
veur à l'eau-forte, d'une autre famille
que le précédent , naquit à Paris, en
17 15. Il fut élève de Diimont le Ro-
main. C'est en Italie qu'il alla se per-
fectionner. A son retour , il fut reçu
académicien. Il a exécuté quelques
tableaux d'histoire , qui ne lui ont
pas fait une réputation bien étendue.
Son talent consistait principalement
à peindre l'architecture et la pers-
pective. Ses ouvrages , en ce genre ,
se font remarquer par une grande
intelligence dans la distribution des
lumières , et par la vigueur de la
touche. Cet artiste d'ailleurs est peu
connu en France ; c'est en Russie où
il était allé s'établir , qu'existent la
plupart de ses tableaux. Il s'était
exercé à graver à l'eau - forte ; et
plusieurs de ses dessins ont été repro-
duits par le burin. Parmi les estampes
qu'il a gravées, on cite le Jugement
de Salomon;SalomonsacrifLant aux
Idoles; Esther devant Assuérus y et
la Mort de Cléppdire : qualre sujet»
<VaprcsdcTroy. M. Bncqiioy a graye,
d'après les dessins de Lelorraiu , le
Prosffectus d'une souscription pour
le poème de Roland- Furieux. Ave-
line a grave VAiuieau d' Hfans Carvely
et Sorniqiie , la Chose impossible ,
sujets tirés des contes deLafontainc;
(>annu, la Fue du Jeu d'artifice tiré
à Rome par ordre du prince Colonne ,
et le Projet d'une place pour le Roi.
Lelorrain est mort à Pétersbourg en
17G0. P-s.
LELY (Pierre Vaw der-FAES,
surnommé /e Cfievalier)^ ])eintre de
portraits, naquit, en 1618 , à Soest
en Westphalie. Son père, Jean Van-
der - Faes , capitaine d'infanterie ,
fut appelé Lely , parce qu'il naquit à
la Haie dans une maison dont la fa-
çade était ornée d'une fleur de lis.
Voyant les dispositions de son fils
pourledessin, il le mit chez Grelber,
peintre de Harlem, où le jeune Lely
ne tarda pas à se distinguer; il déve-
loppa surtout beaucoup de talent
I dans le portrait , et tâcha de se
rendre propre la manière de \3Ln
Oyck. A vingt-cinq ans , sa réputa-
tion s'était tellement répandue, que
le prince d'Orange, Guillaume III,
l'emmena en Angleterre lorsqu'il
alla épouser la fille de Charles I^'".
Ce dernier prince se fit peindre ainsi
que toute la famille royale ; et les
portraits de Lely eurent tant de suc-
cès, que l'artiste obtint le titre de
premier peintre du Roi. Après la
mort de Charles P"". , Lely fut em-
ployé par Cromvvel , dont il fit le
portrait. Lorsque Charles II remonta
sur le trône, il nomma Lely che-
valier et gentilhomme de la cham-
bre, avec une pension de 4,ooo flo-
rins. Cette faveur , qui satisfit son
amour-propre, ajouta peu de chose à
sa fortune déjà très-considérable, et
dont il faisait l'usage le plus noble.
LEM
^9
Lely aimait le faste; mais il savait
mesurer sa dépense à ses revenus ,
et , plus sage ([ue Van Dyck , son pré-
décesseur, il ne se ruina point par
des prodigalités. Il tenait table ou-
verte, et , pendant le repas, une mu-
sique excellente égayait les convives.
Lely aurait pu jouir, jusqu'à la fin de
ses jours , d'un bonheur inaltérable;
mais les succès qu'obtint Kneller, à
son arrivée en Angleterre , lui inspi-
rèrent un chagrin tellement pro-
fond , qu'il tomba dans une mélan-
colie dont rien ne put l'arracher.
En vain son médecin , ignorant la
cause de son mal, croyait le distraire
en lui parlant de son art et des ou-
vrages de son rival; Lely, de plus
en plus aigri par ces discours, mou-
rut en 1680. Son portrait, peint par
lui-même, existe dans la collection
des peintres célèbres qui font parti»
de la galerie de Florence. Le musée
du Louvre possède de lui m\ Portrait
d'homme en collet hlajic en denteU
les, que l'on peut comparer à un
Van Dyck. On voyait, dans la mêm^
collection, une Tête d'homme , tirée
de la galerie de Vienne, et le Por-
trait de Cromwell , provenant du
cabinet du Stathouder ; ce deraier
a été repris , en 1 8 1 5 , par le roi des
Pays-Bas j l'autre l'a été par l'Au-
triche. P-s.
LEMAINGRE. ^qr. Boucicaut.
LEMAIRE ( Jacques ) , naviga-
teur hollandais , devenu célèbre par
la découverte du détroit qui porte
son nom , était fils d'un négociant
très-entreprenant, nommé Isaac Le-
maire, habitant d'Égmont, près
d'Alkmar. Les lettres-patentes ac-
cordées par les États-Généraux à la
compagnie des Indes Orientales , dé»
fendaient à tous les sujets des Pro-
vinces-Unies , de passer au sud du
cap de Bonne-Espérauce , et même
3o LEM
dans le de'lroit de Magellan , pour
aller aux Indes , ou dans les pays
connus et non connus , silue's hors
des limites du grand Océan Atlan-
tique. Cette défense, au lieu d'ar-
rêter les spéculateurs , donna une
nouvelle a: livité a leur industrie.
Les esprits se tournèrent d'abord vers
les moyens d'éiuder la loi : ensuite
on imagina de chercher à pénétrer
par ime nouvelle route dans le grand
Océan ou la mer du Sud. La première
idée en est due à Isaac Lemaire ,
père de celui dont il s'agit. Il en fit
part à Gornelis Schouten , naviga-
teur très-expérimenté , qui avait fait
plusieurs voyages aux Indes Orien-
tales , et qui était animé du désir
de faire de nouvelles découvertes.
Celui-ci s'était persuadé, non sans
raison , que le continent de l'Amé-
rique devait se terminer au-delà de
la terre du Feu , que l'on savait en-
trecoupée d'un grand nombre de ca-
naux. Tous les deux se flattèrent de
pouvoir éluder le privilège de la
compagnie , en prenant cette route
nouvelle, qui n'avait pu être spécifiée
dans les lettres-patentes de leurs
hautes-puissances. Isaac Lemaire
se chargea de la moitié des frais de
l'expédition ; l'autre moitié fut par-
tagée entre divers négociants dont
les noms ont été conservés , et qui ,
la plupart, exerçaient alors les pre-
mières charges municipales de la ville
de Hoorn. Ils prirent tous, avec Isaac
Lemaire et Jacques son fils , letitre^de
directeurs de la nouvelle association.
Schouten s'intéressa dans cette en-
treprise , et fut chargé d'équiper le
vaisseau la Concorde de trois cent
soixante tonneaux, avec soixante-
cinq hommes d'équipage , et vingt-
neuf pièces de canon de petit calibre.
On arma également un petit bâti-
Hient dont on nous a laissé ignorer
LEM
le tonnage et même le nom. La des-
tination de ces bâtiments fut tenue
secrète ; les officiers et marins qui
voulurent faire cette campagne , pri-
rent l'engagement illimilé d'aller
pariy)ut où on les conduirait. Schou-
ten commanda la Concorde , et Jac-
ques Lemaire s'y embarqua comme
directeur-général de l'association. Il
devait présider en cette qualité tous
les conseils. La prééminence qu'elle
lui donnait , explique pourquoi ,
n'étant que négociant , il a partagé
avec Schouten , une gloire qui ne
semble réservée qu'à des navigateurs
de profession. Il est cependant juste
de dire que Lemaire passait pour un
homme expérimenté et d'une grande
intelligence dans l'art de la naviga-
tion. INous ne pouvons donc plus le
considérer comme un simple subré-
cargue. L'expédition fut armée dans
le port de Hoorn ; elle se rendit en-
suite dans la rade du Texel ;, d'où
l'on mit à la voile , le 1 4 juin i6i5.
Les vaisseaux qui, dans ces pre-
miers temps , allaient sur les cotes
de l'Amérique méridionale , avaient
coutume de filer d'abord le long des
cotes d'Afrique , jusqu'à la rivière
de Sierra-Leone. La Concorde suivit
la route commune, et relâcha près
de l'embouchure de cette rivière.
Elle en partit le i^*". octobre, et, le
6 décembre suivant , prit connais-
sance du port Désiré, situé à environ
cent lieues au nord du détroit de
Magellan. Le mauvais temps retint,
pendant plusieurs jours , les deux
bâtiments à l'entrée du port ; ils y
coururent de grands dangers. Le
plus petit faillit se perdre ; il s'é-
choua, et demeura pendant toute une
marée à sec et couché sur le côté.
La mer montante le remit à flot sans
accident ; mais il n'y resta pas long-
temps. Tandis que , suivant l'usage.
on chatifTailsari^rène, avant de Ira-
vaillerà réparer les {loniniaj;es qu'il
avait revus, le feu se conununiipia
aii\ CT>rtlaj;es, et le baliincnt fut cou-
su nie en présence des ouvriers et des
équipages , qui firent de vains clVorts
pour le sauver. La Concorde qui res-
tait ainsi seule, avait reçu un choc
violent près delà flottaison , peu de
temps après qu'elle eut quittc'la cote
d'Afrique ; elle laissa le port Désire
le i3 janvier 1616 , et se dirigea
vers le sud sans s'éloigner de la cote.
Le '2\ ,ellc avait dépasse le détroit
de Magellan , et se trouvait près de
l'extrémité orientale de la terre du
Feu. Enfin , lorsqu'on fut parvenu à
cette extrémité , on découvrit , dans
l'est , une autre masse de terre très-
élevée qui reçut le nom de Tene des
Etats ; et Ton vit un beau canal
ouvert au sud , dans lequel la Con-
€ovd€ passa, le 24 janv. 161 6. On vit
aussi, en sortant de ce canal , la cote
de la terre du Feu se diriger vers
l'ouest, et l'on s'attendit à trouver in-
cessammentrextrémitédu continent.
Cette terre fut prolongée à une assez
grande distance , mais de manière à
n'être pas perdue de vue. Enfin, après
avoir découvert les deux îles Bame-
velty la Concorde doub\a\c cap le plus
avancé vers le sud. C'est le premier
bâtiment qui soit entré dans le grand
Océan, après avoir contourné le
continent entier de l'Amérique. Le
cap qui en marque l'extrémité , est
«onnu sous le nom de cap Horn ,
que lui donnèrent alors les Hollan-
«lais. Le conseil de l'expédition s'as-
sembla pour consacrer, par un acte,
tin si heureux succès. Jacques Le-
maire réclama l'honneur de donner
son nom au détroit dans lequel on
avait passé avant de doubler le cap
Horn; ce qui lui fut accordé. L'his-
torico du voyage s« coulente d'ob-
1,5 \I
server que re détroit aur.ut cic
nommé avec pins de raison détroit
de Schouten , du nom de celui qui
avait dirigé la navigation. Au reste
cette découverte n'offre de remar-
quable que lu conception qui l'a fait
entreprendre , et ne peut être com-
parée à celle de Magellan ; mais elle
nous a montré la route qui mèno
le plus promptement et avec le
moins de danger, dans la mer du
Sud. C'est un service dont l'influence
se fait sentir tous les jours , et s'of-
fre à chaque instant à la reconnais ^
sance des navigateurs. Le nom de
Lemaire, gravé sur ce passage, per-
pétue la gloire qu'il s'est acquise;
et ce nom est à présent consacré
en géographie. Les deux naviga-
teurs se dirigèrent ensuite sur l'île
de, Juan - Fernandcs , où ils tentè-
rent de relâcher ; mais ayant été
repoussés par les vents et les cou-
rants , ils firent route pour traverser
le grand Océan. La première terre
dont ils eurent connaissance fut une
petite île déserte que Magellan avait
également vue , et qu'ils nommèrent
île des Cfiiens. Il est à remarquer
que les Hollandais et ce célèbre na-
vigateur , en traversant le parage où
se trouve cette suite presque conti-
nue d'îles et d'écueils qui , au sud de
la Ligne, forment une espèce de cein-
ture autour du globe, aient précisé-
ment passé entre les principaux grou-
pes où les îles sont le plus claii'-se-
mées , et qu'ils n'en aient découvert
qu'un bien petit nombre. La ton-
corde fit route à l'ouest , en quittant
l'île des Chiens , et passa dans la
partie nord de l'Archipel dangereux,
où l'on découvrit les WesSans-Fond,
fVaterland et des MoiLches. La
route de l'ouest mena ensuite entre
l'Archipel des îles des Amis , et ce-
lui des îles des Nat^igateurs , où Toh
3';t
LKM
vit quatre autres petites îles qui con-
servent les noms qui leur furent
donne's. Ce sont les îles des Traî-
tres, de Good Hope ( Bonne-Espe'-
rance ) , dos Cocos et de Boom. On
reconnaît dans les habitants qui com-
muniquèrent avec les Hollandais,
(pielques-unes des habitudes des in-
sidaires des îles des Amis , et des
traces de la férocité' de ceux des
îles des Navigateurs. Le 1 2 juin 1 6 1 6,
Scliouten se croyait à mille six cent
soixante lieues de quinze au degré' ,
des côtes du Pérou , c'est-à-dire par
environ i -jo^ de longitude orientale,
méridien de Paris. Il jugea qu'il se-
rait dangereux de continuer la route
de l'ouest , et qu'il fallait remonter
vers le nord, alin de passer au nord
de la Nouvelle-Guinée. Le conseil
s'assembla , et la roule qu'il propo-
sait fut adoptée. On ne tarda pas à
voir les îles qui sont aux environs
de la Nouvelle - Irlande ; on passa
dans le nord, et probablement en
vue de plusieurs des îles de l'Ami-
rauté, des Mille-Iles. Enfin la terre
de la Nouvelle - Guinée fut serrée
d'assez près, jusqu'à un cap peu
éloigné des Moluques , que l'on ap-
pela cap de Bomie-E.spérance. Le
nom de Schouten fut donné à une
île assez grande située à l'est de ce
cap , et elle le conserve encore au-
jourd'hui, La Concorde vint ensuite
dans les IVIoluques , en faisant le tour
de Gilolo par le nord. Lemaire et
Schouten y furent bien accueillis par
leurs compatriotes. Ils quittèrent
bientôt ces îles, et vinrent mouiller
dans la rade de lacatra , aujourd'hui
Batavia , le 23 octobre iGi6 , seize
mois après avoir quitté le Tcxel.
C'est ici que se termine cette expédi-
tion qui a ouvert une nouvelle route
à la navigation j le succès en fut si
heureux , que les Hollandais ne per-
LËM
dirent que trois hommes pendant
un si long voyage. L'un était le frè-
re de Lemaire , et un autre celui de
Schouten. La suite des événements
fît connaître que l'on s'était flatté
en vain d'éluder le privilège de la
compagnie des Indes Orientales. Pe-
ters Coen ^ qui depuis a fondé Ba-
tavia , et qui était , à leur arrivée ,
président du conseil des Indes, mit
leur bâtiment en séquestre , et leur
donna les moyens de retourner eu
Hollande , et d'y aller plaider leur
cause. Lemaire et Schouten s'embar-
quèrent sur le vaisseau V Amsterdam
commandé par l'amiral Spilberg,qui
revenait également dans sa patrie :
cet amiral était parti du Texel le 8
août 161 4, avec six vaisseaux, et
les avait conduits aux Moluques en
traversant le grand Océan ; mais il
avait passé par le détroit de Magel-
lan , seule route qui fût alors connue.
La flotte mit à la voile le 1 4 décem-
bre 1616. Lemaire mourut le 3i du
même mois. On ne connaît aucune
particularité de sa vie privée. La seule
relation originale que nous ayons du
voyage qui porte son nom et celui
de Schouten , a été écrite par Aris
Classen, embarqué en qualité de
commis sur le petit bâtiment, et
qui passa à bord de la Concorde^
après que celui-là eût été brûlé. L'au-
teur du voyage de Spilbei'g dit que
Lemaire fut regretté dans sa patrie.
Nous ignorons aussi les circonstances
particulières de la vie de Schouten ;
mais le nom de ces deux navigateurs
doit être conservé dans l'histoire.
La relation de Classen a été Ira*
duite en latin; une version française
se trouve dans le tome viii du Re-
cueil des Voyages de la compagnie
des Indes Orientales de Hollande : de
Brosses en a donné un précis dans
l'Histoire des terres-australes. R-i..
LEM
LEMAIRE DE BELGES (Jean),
poète et historien du seizième siècle,
était né vers 147^, en la cite' de
Belpjes ( Bavai ) , dans le Hainaut.
Jean Molincl , chanoine do Valcn-
ciennes, son parent, prit soin de
son éducation , lui inspira le goût
des lettres , et lui facilita l'entrée
dans la carrière des honneurs. A
r.ige de vingtn inq ans , Lemaire ob-
tint la charge de clerc des finances
du roi , et du duc Pierre de Bour-
bon , et il alla habiter Villefranche en
Beaujolais , pour être plus à portée
de surveiller la rentrée des revenus de
ce prince. Guill. Crestin , en passant
par Villefranche , eut l'occasitn de
voir Lemaire ; il conçut pour lui
beaucoup d'estime , et l'encouragea
à cultiver son talent pour la poésie.
Lemaire reprit donc la lecture des
anciens auteurs qu'il avait été obligé
de négliger , et il paraît même qu'il
se démit de son emploi pour se livrer
entièrement à l'étude. Il accepta la
f)lace de précepteur de MM. de Bal-
eme , le père et l'oncle de Saint-
Julieo , lesquels tous deux étaient
alors jeunes enfants ( Voy, Sai5t-
JuLiEW ) ; mais il ne la conserva pas
long-temps. Après la mort du duc de
Bourbon ( i5o3 ), il passa au ser-
vice de Marguerite d'Autriche. L'ab-
bé Sallier conjecture qu'il remplaça
Molinpt , dans l'emploi de biblio-
thécaire de cette princesse. Lemaire
se trouvait à Venise, en 1 5 06 j il se
rendit à Rome, la même année, et il
y était encore en i5o8. Ce fut au
retour de ce voyage qu'il pulilia
le premier livre des Illustrations
des Gaules f où il prend la qua-
lité d'indiciaire et historiographe de
Tarchiduc et de Marguerite d'Au-
triche. Le zèlequ'ilavaitmontré pour
les intérêts de Louis XII , en prenant
' < défense contre le pape ^ lui mérita
XXIV.
LEM 33
rafTeclionde ce prince, qni l'attacha
à la maison de la reine Anne de'Bre-
tagne. Il était à Nantes , au mois de
décembre i :3 1 à ; et ce fut dans cette
ville qu'il mit la dernière main à son
histoire des Gaules. La mort de la
reine, qui fut suivie peu de temps
après de celle de son époux , j)riva
Lemaire de ses emplois , et il tomba
dans la misère. Il n'eut pas assez de
courage pour supporter l'indigence
ni pour chercher à en sortir : sa tête
s'afïaiblit sensiblement ; mais , dit
Saint-Julien ; a Ceux qui l'ont par-
» liculièrement connu , savent qu'à
» l'infirmité de la cervelle , le viii
» ajouta tant, qu'enfin il mourut fou
»et transporté dans un hôpital. »
( Origine des Bourguignons, p. 38o. )
On n'est pas d'accord sur l'époque de
la mort de Lemaire. Lamonnoye ne
croit pas qu'il ait vécu jusqu'en i52o;
mais l'abbéSalliercroit qu'il ne mou-
rut qu'en i54B, à l'âge de 75 ans.
« C'était, dit encore Saint- Julien, ua
homme de grande lecture et de très-
diligent labeur... ; mais ces hommes
doctes et malcontents ( i ) , quand ils
ont été pauvres , n'ont pu prendre
leur revanche , sinon avec la plume
et le papier qui souffre tout; aussi est-
il dangereux d'ajouter foi à telles ma-
nières de gens.» Puis il ajoute : « Si
Lemaire et Agrippa (2) ont été amis ,
la parité de condition aurait concilie'
entre eux cette amitié, et la fin de
l'un et de l'autre a découvert que leur
savoir avait été très-mal erwcUsselé.^
(1) CV«t bien à tort que Saiiit-Jnlien reproch*
à l.rrmair« il'ètie mal content. Il n'avait point
tl'ambitioni comme le proure ladeviict De peu
tuset,
(3) C'ett Cornoille Agrippa, qu'on accitta d»
nia^ie , «t qui mourut ds mi«érft dans un hApital
( Kl»)'. Aa»if»*. ) ; Le Traité du Srhisme , par
Loniaire, dan» lequel il attaque «»nt niénafre-
ment les préteationa de la cour de Rome, cit
aaui doute la cause de la mauvaise humeur de V .
dvSaiut'Julieii .tiche béaéficier.
34 I^EM
( Orig. des Bourguig. , pag. 38o. )
La langue et la poésie françaises
ont quelques obligations à Leniaire.
Avant lui , on n'avait pas remarqué
que la césure du vers ne doit jamais
tomber sur un e muet. Marot avoue
que ce fut Lemaire qui lui apprit la
règle , en le reprenant d'y avoir man-
que'dans son Eglogue à François I*^*".
Pasquier dit que la lecture de ses ou-
vrages n'avait pas e'ié inutile à Ron-
vSard. On a de Jean Lemaire : L Le
Temple dlionneur et de vertus, com-
pose' à l'honneur de feu monseigneur
le duc de Bourbon, Paris , i5o3 ,
in-8o. Cet ouvrage est mêlé de prose
et de vers j et l'on y reconnaît , dit
Rallier , que l'auteur ne manquait ni
de facilité pour se faire un plan , ni
de justesse pour arranger les parties
d'un sujet. IL La légende des Féni-
tiens , ou autrement leur Chronique
abrégée , etc. , Paris , 1009 , in-8".
C'est une satire très-vive de la con-
duite des Vénitiens , et en même
temps la justification de la ligue de
Cambrai : cet ouvrage est en prose.
IIL La plainte du Désiré , Paris ,
i5o9, in-8^. , Lyon, id. C'est un dia-
logue entre les deux nymphes , Pein-
ture et Rhétorique , sur la mort de
Louis de Luxembourg , dont l'auteur
se dit le secrétaire : il est suivi des
Begrets de la Dame Marguerite-Au-
guste , fille de l'emjiereur Maximi-
lien , sur la mort de son frère le roi
Philippe, par le même auteur. IV.
L^épître du Boi àllector de Troyes,
1 5 n . C'est mie réponse à celle que
J. Danton avait adressée à Louis Xîï,
au nom d'Hector : cette pièce a été
réimprimée à la suite des Illustrations
des Gaules. V. Le Triomphe de Va-
mant vert compris en deux épîtres
fort joyeuses, envoyées à M^^^, Mar-
guerite Auguste y 1 5 T o; Paris, 1 535,
in-i6 , et ddos plusieurs cditious des
LEM
Illustrations des Gaules. Dans la
première épître , le poète exprime
les regrets de l'amant vert sur le
départ de cette princesse pour l'Al-
lemagne , où elle était allée visiter
Perapereur Maximilien , son père.
Dans la seconde , il suppose que l'a-
mant est mort de douleur , et il ra-
conte ce qu'il a vu dans les enfers.
Sallier avoue qu'il n'a pas pu deviner
qui était cet amant vert. L'abbé
Goujet s'est imaginé qu'il s'agissait
là de Lemaire lui-même, et il s'étonne
qu'un homme de si basse condition
ait eu l'audace de se vanter d'avoir
vécu très- familièrement avec la prin-
cesse. Puis il ajoute: «Ce qui me sur-
prend , c'est que non-seulement il
ait pris la liberté de le lui écrire à
elle-même , mais déplus qu'il se soit
persuadé qu'il lui ferait plaisir en
l'annonçant à tout le monde , par la
publication de son épître. Il s'y dit
né dans la Haute-Ethiopie ; mais il
est aisé de voir que c'est une fiction, o
( Foy. la Biblioth. française , t. x ,
page 83. ) Eh bien I cet amant vert ,
c'était le perroquet de la princesse ,
et il est inconcevable que Sallier ni
Goujet ne l'aient pas devinéà la lecture
des premiers vers ( i ). VI. Traités
singuliers , savoir : les trois Contes
intitulés de Cupido et de Atropos ,
etc. Paris, 1 5^5, in-8*5., rare. Le pre-
mier est traduit de l'italien de Séra-
phino y les deux autres sont de l'in-
vention de Lemaire. Il suppose que
l'Amour, dans une rencontre avec
Atropos, a pris l'arc de cette déesse
au lieu du sien , et que depuis ce mo-
(1) En voici quelques-uns qui paraissent asse»
cla
Or, plût à Dieu que mon corps assez beau
Fût transformé pour cette heure en corbeau j
Et rann collier vermeil et purpurin,
Fût aussi brun qu'un Maure ouBarbarinj
IjOis te plairais-je; et ma triste laideur
Me vaudrait mieux que ma belle verdeur.
menl-U tous ceux qui ont été blesses
de SCS flcrhcs sont atteints de cette
elVroyable maladie décrite par Fra-
castôr. {f'^o/. FuACASTOR.)Le poi*te
termine son recil , en annonçant que
Jupiter, à la prière de Vénus, a indi-
qué une assemblée des états pour avi-
ser aux moyens d'arrêter les progrès
du mal. Vil. La Concorde des deux
langages. Il y relève les avantages
particuliers du français et du toscan,
qui ont une même origine , le latin.
Cet ouvrage est divisé en deux par-
lies, dont Tune est rimée par tercets,
genre imité des italiens , mais que
Lemaire n'a pu introduire dans la
poésie française. VIII. Traité de la
différence (les schhmes et des con-
ciles de l'Église , et de la préémi-
nence et utilité des conciles de VÉ-
f^lise gallicant^, Lyon, i5i i , in-4°.
!'iit en latin, par Sim. Schard ,
npiimé à la suite de l'histoire de
urrydc Niem , Basle, i56G,
;: fol. Camerarius en donna une
'1 ;ivelle traduction en i5'j'2. Le but
'i Lemairc, dans cet ouvrage , était
'îiinetlrc en évidence l'injustice de
! onduite de Jules II à l'égard de
is XII: mais d'un principe vrai
.. .. tiré des coaséquences qui ont
été adoptées par les protestants. IX,
Le prompt u aire des conciles de V È-
çlisc catholique avec les schismes
?t la différence d'iceux , plus
['Histoire du prince Sjach Ismaël;
lar le même auteur, Paris, i5i2,
n-S». jLyon, i532,in-i6j Paris,
7 , in-i6 : il y a encore d'autres
•ms. X. Trois livres des Illus-
ions des Gaules et singularités
Trojres , Paris , 1 5 1 sx , in-folio ;
pra i53i . in-8o., iliid. i54o,
»., ibid. i548, in-4°., et plu-
rs autres fois de même formai;
•vus et restitués par A. ^ - '
yon, i549,Hi-fol. : r.
Î.EM 33
quoique plus arapic , est moins re-
cherchée que les éditions de format
in-8".qui sont micjixexécjitées. Cette
prétendue histoire est un tissu de fa-
bles , tirées la ])Iupart du faux Berose
et d'Annius de Vilcrbe. L'auteur fait
descendreles rois de France de Frau-
eus fils d'Hector , fable répétée par
tous nos historiens, jusfpi'à la (in du
i6^ siècle; il cite, parmi les autoiités
dont il appuie ses récits , le psautier
de Da\*id , Homère, Virgile, TiLuIle
et Ovide. Au milieu de ce fatras , ou
trouve des idées singulières, et qui
trouveraient des partisans; il afllrme,
Î)ar exemple, que le bas- breton est
e vrai langage troyen. La plupart des
éditions de cet ouvrage renferment
les fameuses Epîtres de V amant ^vert
et d'autres poésies de Lemaire. XL
La couronne Margariliifue , Lyon ,
i549n in-fol : elle est comprise dans
l'édition de Dumoulin citée plus
haut. Celle pièce , d'une assez
grande étendue , contient l'éloge de
Marguerite de Savoie; elle a élé pu-
bliée par Pierre de Saint- Julien de
Balieurc. On a attribué à Lemaire :
Le Triomphe de très-haute et puis-
sante dame V , royne de Puits
d'Amour , Lyon , 1 539, i"-^"- , pe-
tit ouvrage très-rare j mais Duver-
dier, dans la Bibliothèque français*,
en désigne comme l'auteur, un cer-
tain Martin d'Orchesino , nom que
Lampnnoye croit supposé, et que
Mercier de Saint-Léger , ni M. Bar-
bier _, u'ont pu expliquer. ( Voy. le
Supplém. à la table du Diction, de^
Anonymes. ) On peut consulter les
BechercJies sur la vie et les ouvrage»
de J. Lemaire, par Sallier, dans le
Recueil de Vacad. des inscript. ^
tom. xiii, pag. 593-606. W— s.
LEMAISTaE (Gilles) , premier
"Ment au parlement de Paris,
. fiiiuille ancienne et illustre
3..
36
LEM
dans ]a robe , était petit fils Je Jean
Leniaislre , premier avocat-général.
Il naquilàMonllhéri,vers l'an i499,
et fro([uenta le barreau pendant ses
premières années. Il s'y acquit la ré-
putation d'habile jurisconsulte ; et
François I*''. le nomma avocat-gé-
nérnl au parlement, en ï54'>. Hen-
ri II , voulant récompenser les ser-
vices qu'il avait rendus dans cette
cliarge,Ie nomma président à mor-
tier en i55o , et , Tannée d'après il
l'éleva à la place de premier prési-
dent. Pendant que Leniaislre remplis-
sais cet emploi , il se forma des fac-
tions qui , sous le prétexte de reli-
gion , désolaient la France et la cou-
vraient de sang. Les promesses ,
et les menaces de l'interdiction et de
la mort, ne purent ébranler l'héroïque
fermeté de ce magistrat , ni l'empê-
clicr de soutenir les intérêts de l'état.
Il mourut le 5 décembre i562 , et fut
enterré aux Cordeliers de Paris.
Nous avons de lui : Décisions no-
tables , Paris , 1 566 , in-4". Jean
Ramat en donna uneédition augmen-
tée d'un plaidoyer de Bourdin, pro-
cureur-général , et d'un arrêt tou-
chant la régale de Nantes , Paris ,
i583 , in-8'\ ; Lyon , 1593 , in- 16 ;
Paris , 160 1 , in-iti. Les œuvres de
Lemaistre furent imprimées après sa
mort. Claude Bernarl en donna une
édition , en ï653 , in - 4**. , et une
deuxième , corrigée et augmentée
de plusieurs décisions et arrêts in-
lervejms depuis, Paris, 1680, in-4**.
Eiles sont diAdsées en ciiiq livres :
1". Des Criées et Saisies réelles.
*i^. Des amortissements et Francs-
Fiefs. 30. Des Bégaies. 4». Des
Fiefs , Hommages et Vassaux. 5».
Des Appellations comme d'abus. Du-
moului appelle Lemaistre inrum Cru-
ditissipmm; mais ce magistrat avait
le défaut de trop abonder eu son sens.
LEM
Taisand ( Fie des Jurisconsultes ) en
rapporte un exemple pris dans un
procès que Lemaistre eut avec son
gendre : après l'avoir perdu à la
chambre des requêtes , il en appela
au parlement. Les pièces examinées,
on trouva qu'il avait été bien jugé;
mais , par égard , on lui envoya le
président ïiennequin, afin de le faire
consentir à ce que la sentence eût
son eflét. Comme il n'y consentit pas ,
le parlement la confirma. Z.
LEMAISTRE ( Jean ), neveu du
précédent, était avocat au parlement
de Paris, lorsque, forcé parles li-
gueurs , il accejita d'eux la ])lace d'a-
vocat du roi , et jirêta serment à la
sainte union, \e ii6 janvier 1589. Le
duc de Maïenne et les autres chefs de
la Ligue le nommèrent , en 1 59 1 ,
premier président du pailement de
Paris, en remplacement de Rrisson,
que les Seize avaient assassiné , et le
députèrent aux prétendus «tats du
royaume tenus à Paris. Chargé par
cette assemblée d'examiner, avec le
conseiller aux enquêtes Duvair , la
proposition faite par le légat, de pu-
blier en France le concile de Trente ,
sans réserve ni modification , il lit
( avec son collègue ) un rapport
qui mécontenta le légat , et décon-
certa ses projets. Lemaistre s'étant
procuré secrètement la déclaration
du roi, par laquelle ce prince s'en-
gageait à ne plus apporter de délais
à sa conversion , et annonçait qu'il
se faisait instruire et qu'il avait même
mandé auprès de lui, pour cela , les
meilleurs théologiens et les évêques, il
en fît Iranscrii-e un grand nombre
d'exemplaires, et les répanditdans le
public, accompagnés du discours que
l'archevêque de Bourges avait pro-
noncé à cette occasion dans les con-
férences de Surêne. La bonne foi dui
roi , les espérances qu'il donnait.
LEM
Mirlout la tivvr qu'il offrit, cau-
. . Kiil une iTVoliUion loinarqiiablc
dans |)lu.>icurs e.sjuils. Opciidant ,
le (lesir île repousser JI< nri IV du
trône , n iVy placer l'infanle li'l'^s-
jjagne, avait fail prop<)ser i'al)olilion
de la loi salicpie. La doctiine que
rahoHlion de celte lui roiulainenlale
pouvait être pronoiiece p.ir le:» étals,
comme represculanls de la nation ,
domina bientôt au parlement ; et la
question se rcduisaitaurlioix du pré-
tendant. La eausi; de Henri IV lou-
chait à son moment critique; mais un
dcfcnseur se présenta : ce Ait le pré-
sident Leraaistre. D'après le résultat
dedcliberationssecrèles, la résolution
d'expier , par un témoignage éclatant
de patriotisme , les excès de fai-
blesse auxquels le parlement s'était
prêté, ayant été prise, Lcm.ùstrc con-
voqua rassemblée des chambres ,
sans indiquer le motil' de la convo-
cation. Duvair , après un exposé du
danger qui men.içait la France, con-
clut « à ce qu'il fût rendu arrêt , par
letpiel tons traités faits ou à faire pour
l'établissement de princes ou prin-
cesses étrangères , seraient déclares
nuls et de nulle valeur, comme faits
au préjudice de la loi salique et aux
lois fondamentales du royaume ; et
tous ceux qui y prêteraient aide, fa-
veur et consentement , déclarés cri-
minels de lèzc-majesté au premier
chef, etc. » Ces conclusions furent
accueillies par acclamation de la part
des memlues qui étaient initiés, et la
minorité n'opposant qu'un fai IjIc obs-
tacle,l'arrêt fut rendu le '.i8 juin i5t)3:
telle est l'histoire de ce fameux arrêt
rapporté par Joly, et dont il attribue
la première idée à Lemaistrc, bien
que d'autres assurent qu'elle apjjar-
tient au procureur- général Mole.
Quoi qu'il en soit, cet arrêt fit
tioud'hoaueui' au parlement, et fut
LETVf ^7
si utile à la rauso de Henri IV , qm?
le chancelier de Chiverny l'attribue
à nue inspiration divine. T,e prési-
dent Lem.dstre, accompagné de plu-
sieurs conseillers, le notifia au «luo
de Maienne , lieulennnl-géneF'al du
royaume, et en dé/endil les principes
devant lui avec beaucoup de b nnclé.
Ce duc ayant forcé le comte de lielin
qu'il croyait attaché au p.irtidu roi,
à demander sa retraite, le ]»nsident
Lemaislre lui adressa , au nom du
parlement , de vives remontran-
ces, et lit entendre que ce corps
était disposé à prendre une connais-
sance plus exacte de toutes les af-
faires: mais Ma'iei me ne rétablit point
Bclin , et mil a sa place le comte de
Brissac , qa'il croyait lui être plus
dévoué. Cependant Lemaislre et les
auîrcs memjjres les plus influents du
parlement et de la bourgeoi>ie ga-
gnèrent Brissac. Le 19 mars 1 5f)4 ,
on se réunit à l'arsenal, où l'on ar-
rêta délinilivement lès articles de la
capitulation de Paris, et Henri entra
dans la capitale trois jours après.
( P". Langlois. ) Ce prince voulant
récompenser les services de Lemais-
tre,<|ui perdait sa place par le retour
des anciens présidents, créa en sa fa-
veur un othcede cinquième président
que ce magistrat conserva jusqu'à sa
mort arrivée en 1596. D-z-s.
LRMALSTRE (Àntoinf), avocat
au parlement de Paris, né dans cette
ville, en UioH.fils dlsaac I^emaislre,
maître des comptes, et de Catherine
Arnauld, so'ur des illustres solitai-
res de Port-Royal, dut à leurs soins
une solide et brillante éducation: il
commença à plaider à l'âge de 2 1 ans,
et se lit une grande réputation par
son éloquence vive et animée, mais
presque toujours trop chargée de ci-
tations. Seguier le choisit, en i(>36,
pour prcseutcr au parlement ses Ici-
38
LEM
très de cliancelier; le dise ours qiie pro-
nonça le jeune avocatàcette occasion
obtint beaucoup de succès. Ce magis-
trat qui l'estimait particulièrement
le fit nommer conseilier-d'état, et lui
offrit la charge d'avocat-gènëral au
parlement de Metz. Lemaistre , qui
avait forme depuis long - temps le
projet d'abandonner le monde, re-
fusa celle dignité. Il ne tarda pas à
effectuer sa résolution : après avoir
renvoyé au chancelier ses lettres de
conseiller-d'ëtat , il se retira à Port-
Royal de Paris, où il passa plusieurs
années dans les exercices d'une péni-
tence très-austère , qu'il n'interrom-
pait que par l'étude des Livres saints
et des Pères de l'église , qui avait tou-
jours fait ses délices. De Paris , Le-
maistre chercha une retraite à Port-
Royal-des-Champs, avec sou frère
Simon: obligé de quitter momenta-
nément cette retraite , il se rendit à
Laferté-Milon; en 1689, il revint à
Port-Royal-des-Champs, où il mou-
rut le 4 novembre i658. Lorsque ce
monastère fut démoli , on exhuma ce
qui restait de son corps j et on l'ap-
porta , en 17 10, dans l'église de
Saint-Elienne-du-Mont , où il fut
enseveli à côté de Pascal, son ancien
ami. Lemaistre , qui avait formé le
projet de publier une Vie des Saints
purgée de toutes les fables que l'igno-
rance ou le peu d'exactitude de
quelques auteurs avaient laissé glis-
ser dans les anciennes légendes, ras-
sembla dans cette vue , avec D'Hé-
rouval son ami , tout ce qu'ils purent
déterrer d'actes originaux de la vie
et du martyre des Saints ; mais la
mort ne lui permit pas d'achever
celte entreprise , dont il avait déjà
fait paraître quelques échantillons.
Il est auteur d'mi grand nombre
d'ouvrages dont la plupart sont ou-
iUiévS. On en peut voir le détail dans
LEM
Moréri ; nous indiquerons seulement :
I. Becueil de divers plaidoyers et
harangues prononcées au parlement;
deuxième édition, Paris, i65/^jin-^^.'y
édition donnée par Issali , 1657 , in-
fol. ; publiée en allemand et en fran-
çais^ Heidelberg, 1673. Le chance-
lier d'Aguesseau , dans sa quatrième
instruction à son fds, l'engage à lire
quelques-uns des discours de Lemais-
tre , où l'on trouve « des traits qui
» font regretter que l'éloquence de
» l'auteur n'ait pas eu la hardiesse
» de marcher seule et sans ce cor-
» tége nombrcTix d'orateurs, d'his-
» torienselde Pères de l'église, qu'elle
» mène toujours à sa suite.» Faiconet
a réimprimé, depuis peu , un choix
de ces plaidoyers, sous le titreà' OEu-
vres choisies de Lemaistre , Paris,
Buisson , 1 806, in-8^. , précédé d'un
morceau sur l'éloquence , par M. Ber-
gasse. On peut voir, sur ce recueil ,
l'article donné par M. Lacretelle aîné
dans le Puhliciste du if\ avril. IL
\j Aumône chrétienne , ou la tradi-
tion de V église, touchant la charité
envers les pauvres, recueillie de VE~
criture sainte et des Saints- Pères;
Paris , Durand, i()58, in- 19., 1 vol.
Quelques biographes lui attribuent la
Fie fort bien faite de domfiarl helemi
des martjrs ; mais il paraît qu'elle-
est de son frère Lemaistre de Sacy.
La traduction du Nouveau- 2' esta-
mpent de Port-Royal , avait été com-
mencée par Ant. Lemaistre., D-z-s.
LEMAISTRE ( PiEBP.E ), avocat
distingué au parlement de Paris , où
il fut reçu, le 2G novembre 1668,
naquit dans cette ville, vers i638.
On n'a point de détails sur la vie de
ce jurisconsulte, mort le 17 octobre
1728; il est seulement connu par
sa Coutume de Paris, rédigée d'a-
près l'ordre naturel et la disposition
àe SQS articles , avec la résolution
LEM
fies questions, etc., Paris, 1700,
in-f*'.; rcimprimée dans le même for-
mat, Paris, 1741 ,avec des notes de
M. Si***, avocat au parlement. Ce
«oramentaire était fort estime avatit
)a re'volution,pour la façon dont Vau-
tpur y traite les matières, pourPor-
•Ire qu'il y a mis. la précision et la
neltclede ses décisions, soit quand
il balance les dillerents sentiments ,
soit quand il ajiçile des questions épi-
neuses. Lemaislre , qui avait puise'
dans les ouvrages d'autres juriscon-
s.iltes , indique ses sources avec au-
t int de scrupule que de modestie ,
n'omet aucune des opinions qu'il ne
partage pas, et laisse le lecteur maî-
tre de cnoisir. Le chancelier d'A-
;;nesseau,dans sa quatrième instruc-
iionà son fils, lui recommande la
lecture de cet ouvrage. D-z-s.
LEMAITKE de SACY. Fojez
ACY,
LEMAITRE ( Charles - Fran-
çois) , sieur de Clai'ille àams la Nor-
mandie, e'iait ne à Rouen, vers i G7 o.
Il nous apprend lui-mcme qu'il fut
•mployé, pendant quatre ans , pour
les affaires du roi , à Ratisbonne , et
jue ce fut afin de remplir utilement
le vide de ses journées, qu'il se fit
auteur. Il acquit une charge de pré-
sident au bureau des finances de
Rouen , et mourut doyen de sa com-
j^agnie, en 1740, dans un âge avance'.
On a de lui le Traité du vrai mérite
de l* homme dans tous lésâmes et dans
toutes les conditions , Paris , 1735,2
vol. in- 1 '2. Cet ouvrage , aujourd'hui
oublie^ eut une vogue extraordinaire,
et il s'en fit huit ou dix éditions dans
Tespace de quelques années. Ce suc-
cès , auquel il était loin de s'attendre ,
flatta singulièrement Tauleur; mais
il n'en fut que plus sensible aux cri-
tiques trcs-modéréesdequelques jour-
fialisies. C'était , dit - ii ^ le premier
LEM
3o
bonheur de ma vie ; on n'aurait p^i
dArae l'enlever. Son livre est destiné,
comme on dit , à former l'esprit et
le cœur d'un jeune homme ; il se fé-
licite beaucoup d'en avoir conçu
l'idée : il est assez singulier , dit-il ,
que j'aie formé, en Allemagne, le des-
sein de faire d'un Français un wr-
tnosus ; et c'était à ses yeux un titre
suffisant pour prendre rang parmi
les auteurs du second ordre : mais on
ne trouve dans son ouvrage ni plan ,
ni méthode , ni style; c'est un ramas
de puérilités , de lieux communs de
morale ,^e citations entassées sans
discernement , et de jugements erro-
nés sur nos écrivains. S'il veut , par
exemple, vanter les charmes de la
bienfaisance: «Le plaisir de donner,
dit-il , est la mère - goutte de la vo-
lupté. » En indiquant à son élève les
lectures qu'il doit faire , il accole ,
dans un même paragraphe , Marot ,
Ra])elais et MonJaigne. « Montaigne ,
dit-il , plus pur et plus moral que les
deux autres, était trop caustique j
c'était un misanthrope poli qui pen-
sait juste ; mais je lui trouve trop
d'emphase et trop peu de liaison :
l'agrément de Marot durera toujours ;
celui de Rabelais a perdu son crédit.»
Pour faire entendre qu'on peut pro-
filer en lisant un auteur, quoiqu'il ne
soit point parfait : « Balzac , dit-il ,
par exemple, est plein d'esprit , mais
empesé; prenezl'esprit et laissezl'em-
pois. » 11 semblerait (pi'un écrivain
si peu délicat sur le choix des ter-
mes, dut être fort indifférent à toutes
les querelles grammaticales : cepen-
dant Lefmaître de (ila^ille réunit ses
eflbrts à ceux de l'abbé Desfontaines ,
contre le néologisme. Il déclare qu'il
ne peut souffrir l'emploi de deux
mots , déraison et inconduite , qui
lui paraissent barliares ; et il ajoute ,
damj le incuie chapitre , qu'il serait
4o LLM
bien funeste d'écrire faisais pour
j'avais, parce que l'étranger ne pour-
rait de lui-même arriver au verbe
m'oir , pour le bien conjuguer. En
voilà assez sans doute pour faire ap-
précier le Traité du vrai mérite ;
mais on doit ajouter que Lemaître de
Claville fut un honnête homme et un
excellent citoyen , deux qualite's qui
doivent lui faire pardonner d'avoir
lait un méchant livre. W-s.
LEMARGHAND ( Madame ), fdle
de Joseph-François Duché ( Voyez
Dl cuE , t. XII 5 p. 1 06 ) , avait épousé
un receveur-général des domaines et
bois de la généralité de Soissons. Sa
maison était le rendez-vous des per-
sonnes célèbres de son temps ; et
c'était là que C. A. Goypel ( Voyez
t. X , p. i63 ) récitait ses comédies.
Ces réunions donnèrent peut-être à
mesdames de Tencin et Geoffrin ,
l'idée de leurs soirées.EUe avait com-
posé des vers , des comédies , des
contes ; mais elle craignait tant la ré-
putation de femme bel-esprit, qu'on
ne connaît d'imprimé d'elle que les
Nouveau x contes des fées , 1 735 ,
in-i'i: encore la plupart des exem-
plaires furent-ils supprimés par ses
soins. Ce vohime contenait quatre
contes , le Phénix ( qui est de la
présidente Dreuillet, morte en 1 780);
Lisandre , Carline et Boca : ce der-
nier ayant été réimprimé , en 1756,
sous le nom de madame Husson ,
jeune et jolie dame de ce temps, ma-
dame Lemarchand ne fit aucune ré-
clamation, étant morte d'aileurs la
même année; mais un anonyme ayant
fait insérer dans le t. i^^". de VJ^nnée
littéraire , pour 1757 , une lettre
assez aigre contre mad. Husson ,
celle-ci n'hésita pas à désavouer l'o-
Î)uscule par une lettre insérée dans
e même volume. Celte circonstance
a donné naissance à la cjbanson de
LEM
l'abbé de rAltaignant,qui commence
par ce vers :
Un jour , Vémis prit à Minerve , etc.
A. B-T.
LEMASCRIER (Jean-Baptiste) ,
abbé, né à Gaen, en 1 697, fut toute sa
vie aux gages des libraires : il s'exer-
çait , sans égard pour son état , sur
le sacré et le profane , selon le sujet
qu'on lui donnait. Il mourut à Paris ,
le j6 juin 1 760. On a de lui : I. Le
Caprice et la ressource , prologue
pour la reprise de la Sœur ridicule ,
comédie de Montfleury, 1 782, in-i 'i,
II. Description de l'Egypte , conte-
nant plusieurs remarques curieuses
sur la chronologie ancienne et mo-
derne de ce pays , composée sur les
Mémoires de M. de Maillet , consul
de France au Caire, 1785 , in-4°. ,
avec cartes et figures ; 1740 , '>- vol.
in-i 2. III. Idée du gouvernement an-
cien et moderne de V Egypte , 1 74*2,
in- 1 a. IV. Mémoires historiques sur
la Louisiane , composés sw\ les
mémoires de M. Dumojit , 1703,
2 vol. in-12. V. Histoire de la der-
nière révolution des Indes orientales,
1757 , 2 vol. in- 12. YI. Michaélis
Mayeri cantilenœ, ou Chansons sur
la résurrection du phénix , tradui-
tes , 1758 , in-i2. VIT. Tableau des
maladies y traduit du latin de Lom-
mius , 1760 , in- 12 ; réimprimé en
1765. VIII. La traduction des deux
premières pièces du recueil intitulé :
^vis désintéressé sur les derniers
écrits publiés par les cours de Vienne
et de 3Iadrid , au sujet de la guerre
présente , 1 785 , in-4*^. IX. La pré-
face seulement de l'édition des Mé-
moires de Feuquières, 1 786. (Voyez
GiLLET DE MOIVRE , t. XVII , pag,
881.) X. Poésies diverses , latines
et françaises. Lemascrier a en outre
coopéré à la traduction de l'histoire
LEM
du président dv. Thou , aux Cêrè-
Tfiomt's et cont urnes religieuses ( f.
lÎAMER , t. in , pag. 3 1 4 ), et a donné
SOS soins à \it quatrième édition de
Touvrapie de D. Ca Imcl sur les appari'
lions. Il a ete éditeur des Béjlexions
chrétiennes sur les grandes ventes
de In foi (par le P. Judde) ; de Vl/is-
toire de Louis XIF ( par Pe'lisson ) ;
<les OEuvres de Martial, Paris, Bar-
bon , 1754 ,^ vol. in-i3; de la nou-
velle cdit. de TelUamed, i ^55 , 2 v.
in-ia , où il ajouta une vie de l'au-
teur ( Foyez Maillet ) ; des Com-
mentaires de César f traduits par
Perrot d\ïblancourt , i -jS-j : il avait
revu et retouche le travail de Perrot
d'A]>lancourt ; et , depuis , Wailly a
revu encore celui de Lemascrier. Oa
lui doit aussi la table des matières
des Rijîexions critique s sur l 'origine,
l'Iiistoîre et la succession des an-
ciens peuples , par Fourmont , avec
la vie de ce savant. A. B-t.
LEMASSON (Innocent), xlix«.
géne'ral de l'ordre des Chartreux ,
ne le 10 mars iG'iS , à Noyon ,
outra, à l'âge de dix-neuf ans, dans
il chartreuse de celte ville. Il s'y dis-
tingua tellement par sa jnelë et par
5(S talents, qu'il fut nommé succès-
«iveraent aux premiers emplois de
cette maison. Il remplissait les fonc-
tions de visiteur de la province de
Picardie, lorsqu'il fut élu supérieur
général de l'oixlre , le 1 5 octobre
16-5. Ce fut dans l'exercice de cette
charge importante que D. Lemassou
déploya toute l'activité et toutes les
ressources de son esprit. Un incen-
die ayant détruit presqu'cn totalité
les bâtiments de la grande Char-
treuse , il les fit reconstruire sur un
plan nouveau. Les soins qu'exigeait
la siureillance des ouvriers , les dé-
tails journaUersdans lesquels il était
obligé d'entrer , ne ralentirent point
LEM 4«
son zèle pour la conduite de son or-
dre ; et il trouva encore du temps
pour l'étude. Il fut l'un des adver-
saires les plus ardents du jansé-
nisme; et peu de temps avant sa
mort , il écrivit au P. Letellicr, con-
fesseur du Roi, pour le supplier de
lui procurerlc pouvoir de punir ceux
de son ordre qui seraient soupçonnés
d'être de ce parti. D. Lemasson mou-
rut le 8 mai 1 708 , dans sa soixante-
seizième année. On a de lui : I. ^n-
nales ordinis Carthusiensis ,\à Cor-
rerie (à la GrandeChartreuse), 1687,
in - fol. Cet ouvrage devait avoir
trois volumes, mais il n'en a paru
que le premier; le second, divisé eu
deux parties , a pourtant été imprimé,
mais on ne l'a pas rendu public, et ii
est tellement rare que le P. deTracy
n'eu connaissait qu'un seul exem-
plaire, conservé à la chartreuse deVal'
Dieu (voyez le Manuel du Libraire,
par M. Brunct, tome ii, page 160 ),
Cet ouvrage a reparu sous ce litre :
Disciplina seu statuta et constitua
tiones ordinis Carthusiensis , Paris ,
1703, in-fol.; mais ce n'est pas une
nouvelle édition , comme l'ont cru
quelques bibliographes ; il n'y a eu
que le frontispice et les premiers
feuillets de réimprimes. D'autres ,
trompés par le litre , en ont fait un
ouvrage difïérent. II. Explication de
quelque endroits des anciens sta-
tuts de l'ordre des Chartreui , ai^ec
des échdrcissements donnés sur le
sujet d'un libelle qui a été composé
contre V ordre, et qui s'est divulgué
secrètement , à la Gorrerie, par An-
dré Galle, in-4^. de 16G pages. Cet
ouvrage est sans date ; mais il n'a
pu cire imprimé qu'en 1689, puis-
que D. Lemassou y répond aux re-
proches que l'alibé de Kancé , dans
sa Jjettre à un Evcquc ( datée du 20
juillet 1G89) y ^y^^ f^^ts aux char-
42 LEM
treux d'avoir miligé leurs anciens
usages. Il est exlrêm'ement rare ^ on
trouve ordinairement à la suite, une
petite pièce inlilulée : Aux vénéra-
bles Pères de la province de N....
C'est une circulaire adressée à tous les
visiteurs de l'ordrej III. ViedeJean
à' Aranihon d'yllex, évcqued* Anne-
cy y Lyon, 1697, in-8^ ^^ ' Eclair-
cissements sur la vie de Jean d'A-
ranthon , avec de nouvelles preuves
de son zèle contre le jansénisme et le
quie'lisme , Chamhéri, 1699, "i-B°.
V. Introduction à la nne intérieure
et parfaite. Lyon, i677,in-8oj 4®.
édition , Paris, 1701 , 'i vol. in-8".
C'est un recueil de pensées et de
maximes extraites de V Imitation de
Jésus - Christ et des OEuvres de
Saint-François de Sales. D. Lem as-
son y donna, en 1691^, un Appeiidioey
qu'il traduisit ensuite en latin, et pa-
bliasous le titre <ï Enchiridion salu-
tis , etc. la Correrie , 1700 , in-8^.
VI. Une Traduction du Cantique
des cantiques , avec des noies très-
rechercliëes. VIL Une Tkéologienw-
rald; le Nouveau directoire pour les
novices des deux sexes; le 7)/7'<?^Aof>^
des mourants y latin et français; des
J^ettres contrele système de la grâce,
par ISicole, et enfin quelques ouvrages
ascétiques peu importants. W-s.
LEMASSON (L'aLbë ) vivait au
commencement du dix-lniitièmc siè-
cle. On a de lui une Nouvelle traduc-
tion de S alluste , i7i6,in~8^ La
seconde édition, publiée la même
année , est augmentée d'une préface
qui roule surj deux points : le pre-
mier est l'apologie de la personne de
Sali uste, qu'il n'était pas aisé de jus-
tifier sur ses concussions en Numi-
die ; aussi Leraasson n'y parvient-il
pas : le second est l'éloge des deux
îiistoires qui nous restent de Sallusîe;
ce qui était superflu. Quant à la tra-
LEM
duclion, elle est oubliée depuis longr
temps , et tellement que quelquefois
on l'a confondue avec la réimpres-
sion faite en 1718, delà traduc-
tion de Cassagne. On a encore de
Lemasson : I. De la nature des
Dieux y traduit du latin de Cicéron ,
avec des remarques ; Paris, 1721 ,
trois vol. in - 8^. ( Le texte est en
regard. ) IL Lettre à M. de La-
motte sur sa tragédie d'Inès^ 1 7^3,
in- 1 Qt.M. Barbier , dans son Diction-
naire des anonymes , lui attribue
une Lettre à M, Grenan, régent de
seconde au collège d'Harcourt , au-
teur de V Oraison funèbre (de Louis
XIV) prononcée en Sorbonne ^ le 1 1
déc. 1715, Paris, I7i6,in-i2. {F.
Grenan, XVI , 44^0 ^- Ï^"T.
LEMAURE(CATIlERTNE-NlCOLt),
l'une des plus célèbres actrices et
cantatrices de l'Opéra , naquit a
Paris le 3 août 1704. Reçue dans les
cliœurs en 1719, elle débuta, en
179.4, par le rôle de Céphise^ dans
V Europe galante. Petite et mal faite,
sans esprit, sans réflexion, sans au-
cune éducation, mais douée d'un ins-
tinct naturel auquel elle joignait un
superbe organe, les plus belles ca-
dences et la manière de chanter la
plus imposante, elle avait une no-
lîlesse incroyable sur la scène, et y
faisait une si complète illusion qu'elle
produisait les impressions les plus
vives , et arrachait des larmes aux
spectateurs. Pvetirée du théâtre , en
17 '27 , elle y rentra en 1780 , et y
resta jusqu'en 1748, après l'avoir
quitté et repris plusieurs fois. En
1745 , elle joua dans les spectacles
donnés à l'occasion du mariage du
Dauphin, fils de Louis XV. Elle
exigea qu'un carosse du Roi vînt
la prendre et la conduisît à Ver-
sailles , accompagnée d'iui gentil-
homme de la chambre. Mon dieu.
$'ecna-t-ellc , en traversant Paris,
que je voudrais bien être à une je-
tte'ttvpour me voir passer! CenVlait
plus la mcnip personne sur la scène.
Elle y remonta peu de temps après ,
et Tabandonna enfin tout à fait, en
i^So. Les entrepreneurs du Colisc'e
la déterminèrent à chanter deux ou
trois fois en 1 77 1. Jamais on ne Tit
pareille afllucnee; Mademoiselle Le-
maurc s'y montra supérieure à ce
qu'on avait lieu d'attendre d'une
femme de 67 ans. Quoique mariée
en 1762, on continua, jusqu'à sa
mort, arrivée en 1788, de l'appeler
par son ]îremier nom. A-t.
LEMBKE ( JiiAN-PniLTPPE), pein-
tre et graveur à la pointe , ne' à
Nuremberg , en iG3i , fut élève de
Malli. Weyer et de George Strauch.
Vers la fin de l'année i()53 , il fit un
voyageen Italie, et séjourna à Romeet
à Venise. Porte par son goût vers la
peinture des batailles, il étudia, pour
se rendre habile dans ce genre , les
ouvrages de Bourguignon et de Pierre
de Laar, dit Bamboche. Doue' d'un
génie fécond, il ne prit de ces deux
artistes que ce qu'ils avaient de bon ,
et sut rester original. Ses composi-
tions sont belles et savantes, pleines
de mouvement et de chaleur. 11 réus-
sit également dans les chasses , les
sièges , les marches , les escarmou-
ches et les batailles. Sur sa réputa-
tion, il fut appelé à la cour de Suède,
où il reçut de Charles XI le titre de
peintre du roi, et fit , pour les deux ga-
leries du château de Drottningholm ,
les grands tableaux de batailles qui
attestent ses talents. Cependant, soit
mauvaise conduite , soit mauvaise
fortune, Lembkc mourut à Slock-
holra , en 1721 , âgé de 90 ans ,
dans la plus grande indigence. Cet
artiste s'est également fait connaître
par quelques estampes à Teau-forte ,
LEM 43
qu'il a gravées d'une poinl6 spiri-
tuelle. P-s.
LEMENE (Le comte François),
poète italien, né à Lodi en iG34 ,
fit d'excellentes études, et, à la mort
de Philippe IV, roi d'Espagne, fut
chargé ac prononcer l'oraison fimè-
brc de ce prince, en latin. On l'en-
vova quelque temps après , comme
ambassadeur, auprès del'impératrice
Marguerite d'Autriche; et ses con-
citoyens le nommèrent ensuite mi-
nistre résident de la ville de Lodi à
Milan. 11 avait étudié avec fruit les
sciences et les arts cultivés de son
temps. Il avait composé un grand
nombre de vers latins pleins d'élé-
gance et de grâce; mais il n'en a pu-
blié qu'un petit nombre. Son étude
favorite était la poésie itaîienne,à la-
quelle il s'était livré presqu'au sor-
tir de l'enfance. Doué d'un géni^ vif
et fécond , d'une imagination riche
et poétique, il travaillait avec une
extrême facilité. Dans sa première
jeunesse il s'abandonna parfois aux
défauts brillants qu'on admirait alors
dans le Marino ; mais l'âge éclaira
son goût, et son admiration pour
Anacréon acheva de le corriger.
Si l'on en croit Crescimbeni, Cinelli
et Tiraboschi , les cantates , les
églogues et surtout les madrigaux
qu'il a composés dans le goût du
chantre de Téos , respirent l'anti-
quité ; mais ce jugement paraît un
peu suspect de partialité. Sans doute,
si l'on compare les ouvrages de Le-
mènc à ceux de la ])lupart de ses
contemjiorains , notamment à ceux
d'AchilIini, que l'on peut regarder
comme le Cyrano de l'Italie, il est
incontestable qu'il leur est bien supé-
rieur pour la pureté du goût ; mais
en le jugeant sans prévention, on
doit convenir que ses idées sont
encore pleines de recherche et de
44 LEM
rapprochements bizarres et force's :
ce sont des jeux de mots conti-
nuels qui n'ont rien d'antique j et
peut être pourrait-on comparer sans
injus|ice les poésies de Leniène à
celles de notre P. Lemoyne , au-
quel même ou serait force de re-
connaître une imagination plus é-
tendue, et plus de profondeur et de
force dans les pensées. Le principal
ouvrage du comte de Lemène est le
Traité de Dieu, ou Dio iino, tiino^
creatore , uomo , figliiiolo di Ma-
ria, paziente e tri on fan te ; poème
dans lequel il a su expliquer les at-
tributs les plus mystérieux de la di-
vinité, dans une suite d'hymnes et
de sonnets qui servent d'explication
aux discours en prose, dans lesquels
il expose d'abord ces mystères. A
cet ouvrage succédèrent une foule
à* Oratorio j tels qucceuxde.SV«/?fe-
Cécile, de Jacob ^ de Saint- Joseph
mourant, àc V Arion sacré ^àn Cœur
de Saint - Philippe Néri, etc. ; des
Cantates, des Pastorales, telles que
la Njmphe d' Apollon, Endyinion^
représenté sur le théâtre de Lodi;
Narcisse, qui fut joué à Vieune en
1699, aux applaudissements des
gens de lettres. C'est, ])0ur ainsi dire,
malgré lui, que ses ouvrages ont vu
le jour. Ce lut sur les instances du
prince Livio Odescalchi, neveu du
pape Innocent XI , qu'il consentit à
^ laisser paraître son Traité de Dieu,
Bientôt un imprimeur réunit toutes
les poésies de Lemène qu'il put dé-
couvrir, et les pulilia. L'auteur ré-
clama, et prit le parti de donner
lui-même une édition de ses ouvrages,
dont le dernier et le plus estimé,
peut-être , fut II Bosario di Maria
Térgine, qu'il dédia à la princesse
Éléonore d'Autriche, reine de Po-
logne et duchesse de Lorraine , et qui
fut réimpriméséparémenîàMilan^ en
LEM
i736,in-32.LcP. Ce va, jésuite, dans
un éloge très-estimé , qu'il publia en
1706, sous Xq ûir i'.(\.eMemorie d'aï"
cunevirtù delsignorcontc Francesco
de Lemène , con alcune riflessioni
sullesuepoesie,3L])\H'À\e ce petit poème
une perle d'un prix inestimable. On
ne peut disconvenir que Lemène n'y
ait déployé une imagination féconde
et gracieuse ; mais on regrette qu'il
y ait laissé trop de traces de ce iaux
bel-esprit que les Seicentisli aLYnient
mis en vogue. Il avait composé un
bien plus grand nombre d'ouvrages:
vers la fin de sa vie il eut quelques
scrupules sur l'esprit qui les avait
dictés, et il recommanda à son confes-
seur de !es brûler,* cette disposition,
qui fut trop bien exécutée, afait per-
dre plusieurs productions intéressan-
tes. Ce poète mourut à Lodi, le 24
juillet 1 704. Voici les litres deceqa'il
a publié : 1. Dio, sonnettied inni cou-
se f^rati al vicedio Innocenzo undeci-
nio,pontifice otiimomassimo, i vol.
in- 1*2 , Milan et Parme , 1684. H.
Bosario di Maria Vereine, medi-
tazioni poeiiche, presentate alla
sacra maestà di Eleonora d^Aus-
tria, etc. , Milan, 1691, in- 1 6.111.
La ninfa Apollo , dramma perniu-
sica, Venise, 1710, in- 12; et avec
ce titre Ij' Inganno Felice, ibid. in-
12, 1780, et avec celui de Tirsi ,
ibid. , in- 12, 1734. IV. Tous ces
ouvrages se trouvent réunis à plu-
sieurs aiitres de différents geni'es, que
rauteurpu])lia en 1698, sous letitrc
àe Poésie diverse del signer Frances-
co de Lemène, M'AiiG. et Parme, 2 vol.
in-i2, dont le premier contient les
poésies profanes, et le second les
poésies sacrées. Y. La Sposa Fran-
ce sca, commedia, Lodi, 1709 , in-
8". VI. Délia discendenza e nobd-
tà de M accaroni y poèma eroico ,
Milan ;, 1675^ ia-8*^.j Florence, in-
LEM
la, et MoclJ'ur, iii-8". sans ilalc. Ce.
poème, tlonl ilire\istc(iiielc])rcini< r
ihaut, ne se trouve point dans les
OKuvrcs de Leniène, puhliecs par
lui-raème, non plus que la comédie
de la Sposa francssca. P-s.
LEMERCIER ( Jacques ), arclii-
tecle , naquit à Pontoise , sur la fin
du seizième siècle. Un long séjour en
Italie le mit à portée d'y puiser le
goût de Pantique. A son retour en
rraucc ( iO>,c) ), le cardinal de Ri-
chelieu lui conlia l'exécution du col-
li'\;o delà Sor'oonne, et,six ansaprès,
< die de l'e^lise du mùue nom. Ce
dernier cdilice passe encore pour
un des plus beaux monuments du
siècle où il fut élevé. Le portail de
Pëglise , du côté de la cour , rap-
pelle le péristyle du Panthéon de
Rome : on reç;rclte seulement que
Partiste ait été obligé de mutiler l'ar-
chitrave pour y placer une inscrip-
tion qui eût été beaucoup mieux dans
la fiise. En même temps qu'il le char-
geait de la Sorboune , le cardinal de
Richelieu lui faisait construire le
Palais Cardinal, (\\\\ prit le nom de
Palais Royal, lorsque le caidinal
en fit don au Roi. Il ne reste plus de
ce palais que l'aile intérieure qui f.ùt
face auThéàtre français et à la galerie
vitrée. L'architecture en est lourde
et mal proportionnée. Vers le mèuje
temps , Lemercier acheva Veglise de
l'Oratoire delà rue Saiut-Honoré ,
commencée sur les dessins de Met(>-
zeau; et ce fut lui , qui , pour corri-
ger les défauts du plan primitif, ima-
gina la rotonde qui sert de chu'ur.
Le cardinal de Richelieu lui fit oblc-
ïiir alors le titre de premier archi-
tecte du Roi. C'est en cette qualité
qu'il fit élever le corps de logis du
Vieux-Louvre , qui était occu])é par
Pacadéraie française , ainsi que le
grand pavillou de Phorloge. Les ca-
LEM 45
1 iat ides gigantesques, place'e.s au troi-
sième élage , les trois frontons en-
clavés les uns dans les autres, la
prodigalité des ornemens ; le dôme
carré, ({ui couronne pesamment cette
composition , sont autant d'abus en
architecture. C"])endant il v a beau-
cou |) d'art dans la subdivision des
membres d'architecture ajoutés à cet
avant-i:orps j et l'ensemble forme une
masse imposante et d'une vraie beau-
lé. Bientôt après, Lemercier eut en-
core à diriger la construction de IV-
gli se paroissiale et du château de
Richelieu, travaux dans lesquels il
déploya tout son talent. Il éleva eu
outre le portail des églises de Ruel
et de Bagnolet ; et on lui attribue
['église de V Annonciade , à Tours,
disposée en rotonde, et qui passe
pour un chef-d'œuvre. Lemercier ,
en sa qualité de premier architecte
du Roi, avait l'inspection de tous
les ouvrages commandés par le mo-
narque. Il avait disposé les compar-
timents de la voûte de la grande ga-
lerie du Louvre , ])Our y placer des
tableaux que devait exécuter le Pous-
sin. Cette distribution déplut au
peintre , qui fit recommencer tout
l'ouvrage de Lemercier. Ce dernier
s'en plaignit ; Vouet et Fou([uières ,
que blessait le mérite du Poussin ,
se joignirent à lui, et les tracasseries
qu'ils suscitèrent à un rival qui leur
était si supérieur , firent suspendre
tous les travaux. ( Voyez Poussin. )
Le dernier ouvrage de Lemercier ,
fut l'église de Saint - Rock, com-
mencée en iG53. Sa mort, arrivée
en 1G60 , l'cmpécha de terminer cet
édifice. 11 n'avait élevé que le chœur
et une partie de la nef ; le reste fut
achevé sur ses plans. Malgré les nom-
breux travaux dont il avait été oliar-
gé, Lemercier mourut dans un état
voisin de la pauvreté. P-s.
46 LEM
LEMERRE ( Pierre ) , avocat du
cierge et au parlement de Paris, pro-
fesseur royal en droit canon au collè-
ge de France, naquit à Cou lances , en
i644' Après avoir fini ses classes, il se
livra sans réserve à l'étude des Pères
de l'église , de l'histoire ecclésiasti-
que, et principalement à celle du
droit canon. En 1691 il fut nomraé
professeur en cette partie ; et il se
démit par la suite en faveur de
Pierre Lemerre, son fils, également
avocat , et à qui l'assemblée de i -^y 1 5
accorda une pension de mille livres,
comme adjoint de son père. Après
soixante années de travaux , celui-
ci mourut à Paris , le 7 octobre
1728 , âgé de quatre-vingt-quatre
ans. Son fils lui succéda dans les
affaires du clergé en 1 780, et mourut
en 1 763. L'un et l'autre , quoique
Hîstruits, ne sont pas toujours exacts
dans leurs décisions, et passent pour
avoir été attachés au parti de l'appel.
Nous avons du père et du fils , qui
ont presque toujours travaillé ensem-
ble : I, Justification des usages de
France sur les mariages des enj'ans
dej'amillej'aits s ans le consentement
de leurs parents ,Vâi'is , 1 687 , in- 1 2.
Ce traité approfondit ce que peuvent
les princes sur les empêchements du
mariage. D'Aguesseau , dans son 3o''.
plaidoyer , en parlant de cet ouvrage,
dit , « que cette matière ( des empê-
» chements du mariage ) y est trai-
» tée avec beaucoup de solidité et de
» science. » II. Sommaire touchant
la jurisdiction pour l'archevêque de
Tours , contre le chapitre de Saint-
Martin. Paris, 1709, in-fol. IIÏ. Be-
cueil des actes, titres et mémoires
concernant les affaires du Clergé
de France , augmenté et mis en
nouvel ordre, Paris, de 1 7 16 à 1 750.
1 3 vol. in-fol. ; le douzième et le
treizième sont du fils seul j le trei-
LEM
zième n'est point tome, quoique por-»
tant le même titre que les autres , et
faisant partie de la collection. C'est
probablement pour cela , que ceux
qui en ont parlé , n'ont annoncé que
douze volumes. On y joint une table
( de l'abbé Marc du Saulzet ), sons
ce litre : Abrégé du Recueil des
actes , etc. ou Table raisonnée^ en
forme de précis, des matières con-
tenues dans ce Becueil, Paris ,1752
et 1764 , in-fol. La réimpression du
Recueil de Lemerre , à Avignon, 1 7 7 1 ,
en i4 vol. in-4°. , est regardée comme
moins correcte quel'éditionde Paris.
ÏV. Mémoire dans lequelon examine
si V appel interjeté au futur Concile
général de la Constitution Unigeni-
tus, par quatre évéquesde France ,
auquel plusieurs facultés etun^rarid
nombre dechanoines et de curés ont
adhéré, est légitime et canonique ,
et quels sont les effets de cet appel ^
1 7 1 7,in-4°. L'auteur y est favorable
à l'appel , et soutient que cet acte est
suspensif et a même un effet rétroac-
tif.ïlya uneréfutation decemémoiie,
imprimée à Bruxelles , 1 7 18 , iii-i 2 ,
qui a été supprimée par arrêt du
parlement de Paris , du 1 4 février
171g. V. Le premier des Mémoires
composés par les plus célèbres juris-
consultes et théologiens de France ,
sur la demande des commissaires
du conseil de Régence , touchant
les moyens de se pourvoir contre
le refus injuste que faisait la Cour
de Rome d'accorder les bulles aux
évêques et abbés , nommés par la
Cour de France, Paris, 17 18;
Utrecht , 1767 , 111-4*^. ; et à Paris ,
sous le titre à' Avis aux princes ca-
tholiques, ou Mémoires de cano-
nistes célèbres , etc. , 1768 , in- 12.
YL Traité des dixmes, Paris , 1 732,
'2\o]. in-ïi.Yll. Def Etejidue de la
puissance ecclésiastique et de la tem-
• oreUc , et de leur a ' :ion ,
uiv^antf ordre ff lie Di- dans
le momie pour Id u^ouvcnu-uicnt des
homtties , Paris, 1754, iu-ia. VIII.
OtI r ffu'on doit garder dans Vé-
tudc du droit canonique français.
Ce petit traite se trouve à la fin de
L Institution au droit ecclésiastif/ua
vie l'abbé Fleury, Paris, 176^ et
1 76(), '1 V. in- 1.2. IX. -^m des cen-
.'urs nommés parla cour du parle-
ment de Paris , pour l examen de
la nouvelle collection des Conciles,
faite par les soins du P. flardouin,
avec les arrêts du parlement , qui
autonsent ledit avis , et Vairét du
conseil , qui en a empèclié la publi-
cation , Utrecht , 1780 , in - 4°-
Cet Avis , re'digé conjointement avec
Bertin , l'abbé Gadry et autres cen-
seurs , sent uu peu l'esprit de parti.
Les deux Lemerre ont laissé plu-
sieurs manuscrits, dont une par-
ie a été insérée dans la Collection
lies procès-verbaux des assemblées
générales du clergé, Paris , 1 767 et
anuéessuivantes.Les principaux sont:
1°. Traité de la discipline de Vé-
glise de France et de ses usages par-
ticuliers. D'Aguesseau dans sa cin-
quième instruction , en recommande
la lectui-e à son fils. — '2°. Recueil
d'exemples sur la manière dont les
évéques de Frarwe ont été jugés
sous les trois races de nos rois. —
3**. Notes sur le Concile de Trente.
— 4**' Remarques sur la pragmatique
sanction. — 5^. Résolutions de plu-
sieurs questions sur le Concordat ,
avec des observations sur les di-
verses éditions de ce Concordat.
— 6**. Réjlexions sur le douzième
canon du second Concile de I^on ,
qui regarde la Régale. D-c.
LÉMERY ( Nicolas) médecin et
chimiste , naquit à Rouen , le 1 7 nov.
x64j. Son père tlait procurear au
I.i.M
47
parlement et professait la religion >
réformée. Après avoir fait ses éludes
daiis sa patrie, Lémciy entra comme
élève chez un pharmacien; mais ne
trouvant pas, dans son maître , des
connaissances assez étendues, il vint,
en iG6(i, se mettre en pension chez
Gla'/er , professeur de chimie , au
jardin du Roi. Ce démonstrateurétait
j)our le temps, un homme fort ha-
bile , mais il croyait encore aux rê-
veries de l'alchimie; efLémery, qu'a-
nimait un ardent amour pour la vé-
rité , le trouvant trop obscur , le
quitta au bout de deux mois, et se
mit à vovager. 11 séjourna trois ans à
Montpellier , étudia la médecine ,
l'histoire naturelle , la pharmacie ;
fit son tour de France , et revint à
Paris en 1672. A cette époque plu-
sieurs savants avaient formé des so-
ciétés particulières qui travaillaient
aux progrès des connaissances phy-
siques. Ils accueillirent Lémery, lui
prêtèrent un laboratoire , et le pré-
sentèrent au grand Condé , qui lui
demanda des leçons de chimie. Lé-
mery se fit recevoir apothicaire , et
ouvrit un cours public , où se ren-
dirent les hommçs les plus dis-
tingués dans les sciences. Tourne-
fort fut un de ses élèves ; quarante
Ecossais vinrent exprès à Paris pour
l'entendre, tant sa réputation fjit ra-
pide et brillante : elle était méritée,
car le langage de la chimie était alors
inintelligible, et il sut le rendre clair
et précis. Lesexplications des phéno-
mènes étaient toutes hypothétiques;
mais Lémery , fondant ses théories
sur l'observation , sembla créer un»
science nouvelle. Il publia , en 1675,
son Cours de chimie^ qui eut la plus
grande vogue, et fut sur-le-champ
traduit eu latin , en allemand, ^i an-
glais et en espaj^nol. Lémery, au mi-
lieu de« succès les plus llatleurs , fut
48
LEM
arrêté dans sa carrière par les trou-
bles religieux qui e'clatèrent en 1 68 1 .
Il était calviniste , et ne put e'chapper
à la persécution. On lui retira son
diplôme de pharmacien ; et l'élec-
teur de Brandebourg , heureux de
pouvoir recueillir dans ses états un
savant aussi distingue', lui fit propo-
ser de venir occuper à Berlin une
chaire de chimie crc'ëe pour lui.
Ne voulant pas renoncer à sa patrie,
Lemery refusa cette offre généreuse ,
et crut, par ses travaux et sa gloire,
obtenir quelque tolérance j mais il
ne put conjurer l'orage , et il passa
en Angleterre, en i685. Il présenta
la cinquième édition de son livre à
Charles II , qui le reçut avec la plus
grande distinction et lui témoigna
une estime toute particulière. Les
temps paraissant plus calmes vers la
fin de l'année , il repassa en France,
se fit recevoir docteur en médecine
à l'université de Caen , et vint exer-
cer à Paris ; mais , deux ans après,
la révocation de l'édit de Nantes le
replongea dans de nouveaux mal-
heurs. Privé de son état , dépouillé
de sa fortune, obligé de se cacher, Le-
mery, à la sollicitation de sa famille,
de ses amis et de ses nombreux élèves,
fit abjuration en 1686 et se réunit à
l'église catholique.il reprit l'exercice
de la médecine , le professorat, et vou-
lut y joindre le commerce de la phar-
macie. Il eut besoin pour cela de let-
tres-patentes du Roi , qu'il obtint ;
mais la faculté de médecine et les
maîtres apothicaires s'opposèrent à
leur enregistrement au parlement.
Ce procès pouvait réduire Lémery
à l'indigence ; ses adversaires senti-
rent le tort qu'ils se feraient à eux-
mêmes en affligeant cet homme célè-
bre, et ils se désistèrent. L'académie
des sciences le reçut membre asso-
cié, le 4 février 1699, et pensionnaire,
LEM
le 28 novembre de la même année ,
après la mort de Bourdelin. Lémery
eut deux fds , qui devinrent ses
collègues à l'académie. 11 mourut
d'une attaque d'apoplexie, le 19 juin
1715. Le travail fut la passion fa-
vorite de ce savant infatigable. Ses
principaux ouvrages sont : I. Un
Cours de chimie, dont la meilleure
édition a été publiée par M. Baron,
en 1756, iu-4". IL Pharmacopée
universelle j 1697, in-4".IIL Traité
universel des Drogues simples, 1697,
in-4°. IV. Traité de V Antimoine y
1707, in-8<*. Les volumes de l'aca-
démie renferment plusieurs mémoi-
res de Lémery; savoir : Observation
sur une extinction de voix guérie
par des herbes vulnéraires, 1700,
H. 43. Observation sur une font aine
pétrifiante de Clermont-en- Auver-
gne, 1700, H. 58. Explication phy-
sique des feux souterrains y des trem-
blements de terre, des ouragans, des
éclairs et du tonnen^e, 1700,1!. 5 1 .
Examen des eaux dePassj , 1701 ,
H. 6*2. Observation sur le camphre,
1705, p. 38, H. 59. Du miel et de
son analyse chimique, 1706, p.
272, H. 36. De l'urine de vache ,
de ses effets en médecine et de
son analyse chimique, 1707, p.
33. Réflexions sur le sublimé corro-
sif, 1 7 09, p. 4^ , H. 34. C. G.
' LÉMERY ( Louis ) , fds du pré-
cédent, naquit à Paris, le 2 5 janvier
1697. ^^^^^ élève de son père, il fit
de rapides progrès dans les sciences
naturelles , et fut reçu docteur"à la
faculté de Paris , à l'âge de vingt
et un ans. Quoiqu'il n'eût que huit
jours pour se préparer, il fît le cours
de chimie au jardin du Roi, en 1708,
aux applaudissements d'un nom-
breux auditoire. Il fut nommé dé-
monstrateur royal, en 1731; fut ^
pendant 33 ans, médecin de l'hotel-
<1i(Mi, cl aclieta uiie cîiargcde mcfdc-
cin du Roi. Le grand exercice lui avait
acquis un pronostic sûr dans les ma-
ladies les plus co«nplJque>s , el uue
connaissance delicalc du pouls. L'a-
cademie le reçut cKve chijniste, en
'l^oi, associe en 1 7 1*2 , et pension'
'naire en i-yiS. Il mourut le 9 juin
1743. Ses ouvrages, impiiraes sépa-
rément sont : I. Un Traité des Ali-
• mcntSy 170U, i7o5,in-i'2. II. Trois
JLettres contre le Traité de la géné-
ration des vers dans le corps de
l'homme, qu'Andry avait fait im-
primer , 1704, in- 12. Ou trouve,
dans les Mémoires de l'académie des
sciences, plusieurs mémoires de lui,
sur le cocnléaria, le cresson aqua-
tique, le borax, la cire, la manne,
la laque, les cloportes, le nitre, le
sel ammoniac, l'alun, les vitriols,
le feu , la lumière , etc. , etc. ; des
analyses d'eaux minérales, des ob-
servations anatomiqqes, et des des-
criptions physiologiques intéressan-
tes. — LÉMERY dit le jeune , frère
du précédent, suivit la même car-
|"ière , fut nommé associé de l'aca-
dcmic des sciences en 1 7 1 5 , et mou-
rut en l'j'ii. Dn a de lui : I. Des
reflexions sur un nouvtau phosphore,
et sur un grand nombre d'expérien-
ces qui ont été faites à son occasion,
Mémoires de l'académie ,1715, page
•23, H. 18. II. De l'action des sels
sur différentes matières inflamma-
bles , 1713, page 97 , II. ni. Expé-
riences sur la diversité des matières
(fui sont propres à faire un pfro-
phore avec l'alun, 1714, pag. ^kO'i.
C. G.
LEMERY (Louis-RoBERT-JosEPH
Gornelier), astronome , né à Ver-
sailles le 5 novembre 1728, avait
j ua goût singulier pour le calcul.
Lali^ijde V^ayant connu dans le temp^
l'il était attaché au marquis d«
XXIV.
LEM 49
Puisieux , le détermina k consacrer
ses loiksirs à des calculs astronomi-
ques. Il publia, daJLS la Connaissance
des temps , pour 1779, les Tables
de la lune , par Clairaut , com]>a-»
rées avec celles de Bradiey , et en-
richies d'un grand nom])re d'obse^-
valions. Il a fait , depuis 1787, les
calciilsdela Connaissance des temps,
presque en entier , avec autant de
succès que d'assiduité. (//it.îfk de Vas^
tronomie , par Lalande, pag. 879. )
Enfin , il a eu part au tome vu des
Ephémerides des mouvements cé^
lestes. Lémery est mort à Paris , le
i^^. mars 1802. W-s.
LEMIERRE ( Antouve-Martn )•,
poète dramatique , né à Paris en
1733 (i), était (ils d'un éperonnier,
qui s'imposa des sacrifices pour lui
donner une bonne éducation. Ses
triomphes dans les concours de l'u-
niversité sont attestés par une com-
position latine sur le Manchon à
ceinture, insérée sous son nom dans
le recueil intitulé : Musœ rhetorices,
2 vol. in- 12. Les qualités précieuses
du jeune Lemierrecliarmèrent M. Du-
win, fermier-général, qui le prit chez
lui avec le titre de secrétaire, afin
de lui fournir, sans blesser sa déli-
catesse , les moyens de se livrer à sa
passion pour la poésie; il paraît qu'il
conserva long -temps cet emploi,'
puisque Rousseau , bien des années
après , dans ses Confessions, affecta,
on ne sait pourquoi , de le désigner'
comme un scribe, quoique Lemierrè
fût alors connu par des succès déplus
d'un genre. L'académie française,
en 17.53, couronuason poème sur la
Tendresse de Louis XI f^ pour sa fa-
ix) Lf« biographes fout naîire Lemierr* en
17^3 ; rëditeur de «et atuvres choisies, l« fiMt
ji. titre en lyai. Siiirant l Age q'ie Ini Jouqo L«-
l'.upa, il dwvail itr<- né à la dernière époque;
mai* cFllo <i.tl« o°Mt psi coBforuie a 1 opiui«a.
i^tmmuue.
59 LEM
mille. Celui qu'il fit sur V Empire de
In mode obtint, eu 1 754 , uu pareil
houneur. A celte époque , on» laissa
le choix des sujets aux concurrents ;
et Lemierre ne l'ut pas inoins hcu-
. reux dans son poème sur ie Com-
merce , où l'on trouve ce vers si
. connu, qu'il appelait le vers du siècle:
Le trident de Neptune est le gceptre du monde.
Un quatrième prix lui fut, en t 7.57 ,
décerné pour un nouvel essai : Les
.hommes unis par les talents. Deux
autres essais lui valurent également
des palmes à l'académie de Pau : le
premier est V Elos;e de la sincérité,
I 754 ; le second a pour objet V Uti-
lité des découvertes faites dans les
sciences et dans les arts , sous le
résine de Louis Xf^ ^ 1756. Ce der-
nier poème commence par ces vers
iuçjénieux, que le novateur Mirabeau
aimait à citer :
Croire tout découvert est «ne erreur profotK^fi ;
C'est prendre l'Iiorizon pour les boiuw» du monde.
^*5" Si les morceaux dont nous venons
deparlersont dépourvus del'élégauce
«cadémiquo, du moins ils annoncent
de la vivacité, de l'esprit, de la
pensée. Après s'être ainsi fait con-
naître par six prix remjjortés consé-
cutivement, Lemierre vit jouer, en
1 7 58, avec un suc«,ès marqué, sa ira-
. ^édie à'ifypermnestre ^ sujet qui ap-
partient à la mythologie , qui en a
les invraisemblances, et qui fut;au-
trefois traité par Gombaud , l'abbé
Abeille et Riupéroux. Lemierre eut
soin de dérober aux regards un amas
d'horreurs incroyables , et de n'of-
frir au public que les deux époux ,
dont la situation produit un grand
effet de terreur. Sa pièce est claire
et simple ; elle captive l'attention
jusqu'à la fin , et passe pour la mieux
conduite qu'il ait faite. Un jîlaisant
néanmoins en fît une critique spiri-
tuelle, ca s'écriajat ; « C'est une tra-
l
LEM
» gcdie à peindre; » bon mot qui fut
appliqué depuis à la plupart des au-
tres pièces de l'auteur. Fréron est
injuste lorsqu'il ne voit dans cet heu-
reux coup d'essai qu'ww tissu d'ah-
surdités gratuites , qu'wzi tour de
gobelets, qu'un jeu de marionnettes.
Térée ( 1761 ) ne put se soutenir,
mal*!jré le parti qvxQ la célèbre Clairoa
tirait de la tapisserie sur laquelle
Philomcle a représenté les attentats ,
dont elle est victime. Le poète repro-
duisit vainement , en 1787 , un sujet
aussi malheureux , après avoir eu la
précaution de diminuer le nombre
clés atrocités qu'il comporte. Une
femme outragée par son beau-frère^
qui lui coupe la langue pour s'assu-
rer de sonsilence, est une monstruo-
sité qui doit être bannie de la scène.
Lemierre s'abstint, dans Idoménée
( 17(54 ), de recourir aux moyens
qu'on le blâmait d'employer ordi-
nairement : il ne tomba point noi»
plus dans l'erreur de Crébillon, qui
donne de l'amour à son principal
personnage, quoique déjà vieux , au.
moment d'ailleurs où cette passion
doit être étouffée dans un cœur que
désespère un vœu parricide. Le génie
seul aurait pu rompre la monotonie
d'une action réduite à une telle sim-
plicité. Les trois premiers actes fu-
rent applaudis; mais le grand-prêtre
et la peste qui surviennent , firent
échouer les deux actes suivants. Ar-
taxerce , en 1766 , fut loin d'éprou-
ver la même chute, quoique le fond en
soit vicieux : peut-ou se persuader en
ciFet que l'ambitieux Artaban s'aban-
donne aux plus énormes forfaits ,
pour placer sur le trône un fils qui
repousse ses projets avec indignation?
Le poète n'a pu réussir à déguiser
cette faute capitale. Il en commet
une seconde , qu'on bii reproche en
général , mais qui est moins cho-
LEM
quAnte c^ans ses autres tragédies : c'est
3u'il se contente, pour ainsi dire,
'indiquer les silualions. Il imite
presque cnlièreinenl l'onera de Mé-
tastase : pour aiïirmcr le contraire,
il fallait qu'il se fît une étrange il-
lusion. Ce sujet, traité plusieurs fois
dans les deux siècles derniers, par
des hommes à peine connus, se re-
trouve dans le Stilicon de Th. Cor-
neille et dans le Xerxès de Crébillon.
( rojrez l'art. Delrieu, Biogr. des
hommes vivants.) Guillaume Tell,
joué la même année qu'Artaxerce ,
ne fut pas aussi bien accueilli, moins
peut-être à cause de la faiblesse de
l'intrigue, qu'à cause de la nouveauté
du spectacle. D'agrestes habitants
de la Suisse , mis pour la première
fois sur la scène tragique, et raison-
nant avec une indépendance répu-
blicaine , parurent être une innova-
tion dans laquelle il entrait plus de
hardiesse que de bonheur. Voltaire,
qui souvent n'aime à saisir que le côté
ridicule des choses , interrogé sur le
mérite de l'ouvrage , répondit : « 11
V n'y a rien à dire; il est écrit en lan-
» gue du pavs. » L'auteur néanmoins
le fit revivre vingt ans après avec un
succès prodigieux , auquel à la vérité
contribuèrent beaucoup les événe-
ments, tristes avant-coureurs de la ré-
volution. Il necraignit pas de mettre
sous les yeux le tableau déchirant
qui n'était d'abord qu'en récit : il
montra un père réduit à l'allernative
de voir immoler son (ils , ou d'abat-
tre, d'un coup de flèche, une pomme
placée sur sa tête. C'est une espèce de
pantomime; mais elle tient naturel-
leraentau sujet; elle est d'ailleurs jus
lifiée, puisque le pathétique s'y réu-
init à l elFroi. Malgré la rudesse des
noms helvétiques , jointe à la dureté
[trop familière au poète, la versili-
vA'êHion de Guillaume Te// paraît plus
LEM 5i
soutenue que celle de ses autres pièces.
La couleur locale est observée, et 1«
dialogue a de la vigueur et de la pré-
cision. La Feuve du Malabar ^ écou-
tée froidement en 1 770 , fut dix ann
après reçue avec enthousiasme. La-
harpe , dims son Cours de littéra-
ture , la icgarde comme a une très-
)> mauvaise pièce de tout point ; »
il attribue les trente représentations
qu'elle eut à la pompe du dénoue-
ment qui avait été changé. Il l'avait
jugée moins sévèrement dans sa Cor-
respondance littéraire , et dans un
numéro du 3f(?rcMre( 1 5 juillet 1780}.
Sans doute elle donne beaucoup de
prise à la critique : on s'étonne que
la côte du Malabar ait été choisie
pour le lieu de la scène , quand oa
sait que l'usage qui condamne les
veuves à se brûler sur le bûcher de
leur époux, n'y a point force de loi,
comme dans certaines parlies.de l'In-
dostan. On n'est pas moins surpris
d'entendre parler en prêtres sangui-
naires les braniincs, qui ne répan-
dent même pas le sang des animaux:
la reconnaissance de Lanassa et du
jeune bramine , son frère, est roma-
nesque. Il fallait imaginer un ressort
qui contraignît la première à voir
Montalban , dont elle ignore la des-
tinée, et qui , la livrant aux combat»
de l'amouretdudevoir, eûtexcitéune
pitié plus vive en sa faveur, et rempli
le but que se propose la tragédie.
Malgré ces fautes et plusieurs autres,
enfin malgré des déclamations assez
nombreuses, la Feuve du Malabar
qui est toute d'invention , se main-
tient au répertoire , avec Hjper-
mnestre et Guillaume Tell. La gé-
néreuse indignation de Montalban ,
la sensibilité du jeune bramine inté-
ressent : ([uoique le rôle de Lanassa
soit indécis, on s'attendrit sur le
sort d'une femme belle et -vertueuse,
5îi LEM
qui, soiimiseà la tyraniîie d'une cou-
tume si contraire à nos mœurs, va se
jeter dans les flammes , pour ne pas
survivre à un mari qu'elle n'a ja-
mais aimé. Cëramis, tombe en 1 780,
n'est pas imprimé; c'est un sujet d'in-
vention qui a du rapport avec Héra-
clius. Nous le connaissons par le
compte que Laliarpe en a rendu dans
le Mercure de janvier ï'jSô.Barne-
velt, représenté en 1 790 , n'avait ja-
mais pu l'être depuis vingt-cinq ans,
suivant toute apparence, par ménage-
ment pour la maison d'Orange. Il est
rempli de discussions politiques et
religieuses. Laliarpe prétend ( Cor-
resp. litt. ) que le poète affaiblit son
action en s' écartant de l'iiistoire ,
parce qu'au lieu de rendre son héros
•victime du fanatisme de la secte des
GomaristeSyàéNonéc: à l'ambition du
statliouder, Maurice de Nassau, il
le fait succomber sous le poids d'une
accusation dont son patriotisme dé-
montrait l'absurdité. 11 paraît avéré
néanmoins que Barnevelt fut con-
damné non-seulement comme enne-
mi de la religion, mais comme ayant
trahi sa patrie par des intelligences
avec le roi d'Espagne. On a retenu
nn vers admirable de cette pièce : le
fils de Barnevelt lui conseille de se
soustraire à l'ignominie du supplice
par la mort j il lui dit ;
* ,^ Caton se ,1a donna.
Son père lui répond ;
Socrate l'attentlit.
Virginie devait suivre Barnevelt ;
elle n'a été ni jouée , ni imprimée •
l'auteur la retira probablement pour
ne pas fournir un nouvel aliment à
des passions déjà trop enflammées.
Il répondait à ceux qui se plaignaient
de son silence : « La tragédie court
« les rues. » Il ne se consolait pas
d'avoir comj)osé Guillaume r^Z/qui
LEIVI
avait donné lieu a de fausses applica-
tions. Les pièces deLemierre ont de la
chaleur et de la rapidité; elles atta-
chent le spectateur parla magie des
coups de théâtre,ressource dont l'abus
annonce la décadence de l'art. Le lec-
teur instruit est plus difficile ; il ne
jouit guère des effets , sans analyser
les causes : un intérêt de curiosité ne
lui suffit pas ; il veut un plan profon-
dément conçu , des situations déve-
loppées , une diction pure. Quoique
cette dernière partie soit la plus faible
de l'auteur , il n'est pas une de ses
tragédies où l'on ne rencontredcs vers
remarquables , soit par la force des
pensées, soit par l'éloquence del'ame;
où, parmi des négligences impardon-
nables , il n'y ait des tirades d'une
expression noble, harmonieuse et
touchante. Lemierre , dégoûté du
théâtre , s'était proposé d'abord de
traduire le .petit poème latin de
l'abbé de Marsy , sur la Peinture,
Le trouvant trop resserré pour la
matière , il en fit un ouvrage à peu
près de sa composition , qu'il accom-
pagna de notes; un vol. in-12 , in-8^..
in-4". , avec fig. 1 769. En dévelop-
pant les préceptes et les images de
son modèle , il forma trois chants ,
dans lesquels il traite du dessin , du
coloris et àeV invention.Son but n'est
pas d'instruire les peintres: à l'exem-
ple des vrais poètes didactiques, il
se borne à faire aimer ce qu'il chante.
Ses idées ne sont pas toutes égale-
ment justes ; en voici la preuve : il
voudrait effacer dans les églises les
tableaux des martyrs , parce qu'ils
représentent l'humanité souffrante ;
comme s'il n'était pas utile de fami-
liariser l'homme avec le malheur et
la persécution I Ses transitions sont
brusques ; il a plus de verve que de
grâce. La fréquence des apostrophes
rend sa diction heurtée et monotone ;
LEM
tfialsaii milieu de phrases scclies, obs-
cures, recherchées, trivinles, brillent
presque toujours deséclairs détalent.
Plusieurs morceaux, pour être par-
faits , n'auraient besoin que d'clrc
polis parle goût. Quelques-uns même
ne seraient pas désavoués par les maî-
tres de l'art : pour la gloire de l'imi-
t.iieur , ce sont ceux qu'il doit à lui-
mème,tels que V Im'ocation an Soleily
V Origine de la Chimie , la Fiction
allégorique de V I^orance , etc
lies Faites ou les Usages de V année ,
poème en 16 chants, i vol. in-8«.,
1779, devaient offrir d'une manière
pbis sensible encore les mêmes fautes
que le poème de la Pointure. Ovide
s'était exercé sur un fond plus favo-
rable aux riants mensonges de la
poésie. Lemierre ne rencontrait pas
les mêmes avantages dans nos anti-
quités nationales ; d'ailleurs , la tour-
nure vive et sautillante de son esprit
ne lui permettait guère de joindre ,
par des liaisons imperceptibles ,
tant d'objets opposés. Le talent de
les choisir et de les encadrer est pré-
cisément ce qui lui manque. Il pro-
cède trop au hasard ; il ne rejette
presque rien de ce qui plaît à son ima-
gination : aussi , le fii par lequel il
attache les diverses parties du poème
est-il souvent rompu. Nous croyons ,
contre l'opinion de l'auteur , que
son sujet aurait gagné sous le rapport
de la méthode , si , comme Ovide, il
l'eût restreint a douze chants, d'après
Tordre des mois. Dans cette pro-
duction , qui pouvait devenir pour
les Français d'un intérêt général , les
fêtes solennelles n'occupent pas assez
de place , et beaucoup de tableaux
sont de véritables grotesques. Il s'en
faut bien cependant qu'elle mérite le
dédain avec lequel Laharpe la juge.
Il en cite uniquement les deux vers
les plus baibares : il n'excepte d'une
i:km 53
entière proscription que les vers sur
un Clairdelane. Les vœux d'uneame
homiête se manifestent dans le cours
de ce long ouvrage ; on y lit non-seu-
lement des vers remarquables dans
tous les genres; mais on y trouve des
morceaux étendus, où régnent l'ins-
f)i ration la plus heureuse et l'origina-
ité la plus piquante. Nous indique-
rons les moi'ccaux sur St.-Antoine ,
patron de Tau leur, sur le printemps,
sur les jardins anglais ^surV origine
de lajlùte, etc.. A ses Poèmes cou-
ronnés, Lemierre a réuni ses Pièces
fugitives, I vol. in-8^. , 1789.. Des
choses charmantes y sont mêlées aux
choses les plus bizarres. On a peine
à concevoir que le même homme ait
pu flatter quelquefois l'oreille par les
accords les plus doux , et la déchirer
bien plus souvent encore par les sons
les plus discordants. Ne doit-on pas
en conclure qu'à ses yeux la verve
était tout , et que la correction, fruit
de la patience et du goût , n'était rien?
Etranger aux manèges de l'intrigue,
son unique ressource, pour la décon-
certer, était de donner à son amour-
propre un essor plus comique qu'of-
fensant, et qui en faisait un homme
à part. Voulant justifier la liberté'
qu'il prenait de manifester la bonne
opinion qu'il avait de lui-même , il
faisait naïvement ee singulier aveu :
« Je n'ai point de proneurs ; il faut
» bien que je fasse mes affaires tout
» seul.» A la mort de Voltaire, dési-
rant le remplacer à l'académie fran-
çaise , il ne cachait point ses préten-
tions.« N'est-ce pas Ajax, disait-il, qui
î) doit hériter des armes d'Achille? »
Ducis lui fut préféré; et deux ans
après, Ghabanon remporta le même
avantage. Blessé de ce second échec,
il s'en vengeait par cette ironie : « Il
» n'est pas étonnant qu'il l'emporte ;
» iljouc du violon, et jene joue quede
54
LEM
» la lyre. » On rapporte de lui beau-
coup de mots où se peint la vanité'
la plus ingénue. A la première re-
présentation de Céramis , les mur-
mures du public , lui donnant de
l'humeur , il répétait : « Parbleu, ne
)) s'imaginent-ils pas qu'on leur don-
» nera toujours une Feuue du Mala-
» bar? » Un jour que cette dernière
pièce était représentée devant un petit
nombre de spectateurs, on lui fit re-
marquer malignement la solitude du
parterre et des loges : « 11 ne manque
î> pas de monde , répondit-il ^ mais
t) la salle est tellement construite ,
» qu'elle paraît toujours vide. «Enfin,
la voix publique l'appelait à l'aca-
démie; il y fut , en 1781 , nommé
successenr de l'abbé Batteux. Voici
comment il remercia ses nouveaux
confrères: « Je n'avais guère de liai-
» sons avec vous que par vos ouvra-
» ges.... La place que vous m'accor-
y> dez est d'aulant plus flatteuse pour
« moi , que ne l'ayant sollicitée que
y) par mes écrits , je serais presque
î> tenté de croire que je n'ai eu affaire
y> qu'à desjuges. » Il avait toutes les
vertus domestiques ; sa piété filiale
était reconnue , et l'on n'a .jamais
mis en doute sa candeur ni sa bonté.
Quoiqu'il fût petit et laid , qu'il eût
les travers et l'extérieur d'un métro-
manc, il sut captiver une épouse ai-
mable et jeune qui le rendit heureux.
Les excès de la révolution le jetè-
rent dans un état de stupeur , qui le
conduisit au tombeau , le 4 jniUet
1793. Ilmourutà Saint-Gcrmain-en-
Laye, après avoir perdu presque tous
ses moyens d'existence. Ses œuvres
ont été recueillies par M. René Périn,
3 vol. in-8<*., 181 G j elles sont pré-
cédées d'une notice de i5o pages,
dans laquelle on apprend fort peu
de chose siu' l'auteur , mais où se
k'ouve un long plaidoyer en faveur
LEM
de la philosophie moderne. J)mx
volumes à' OEuvres choisies font
paj'tie de la collection des stéréoty-
pes de Didot. St. S-n.
LEMIERRE - D'ARGY ( A.-J. ) ,
neveu du précédent, né vers 1760 ,
et mort à Paris le 12 novembre
i8i5, possédait plusieurs langues ,
et avait été interprète près de diffé-
rents ministères et tribunaux. Mal-
gré ses talents , son peu de conduite
le réduisit à un état déplorable ; et
ce fut dans un hôpital , où il s'était
fait inscrire sous un antre nom que
le sien , qu'il alla mourir d'une ma-
ladie honteuse. On a de lui : L Oli-
wa , roman traduit de l'anglais ,
1 vol. in-i'2. IL L'Élève du plaisir,
traduit de l'anglais , 1787 , 2 vol.
in- 12. III. Nouveau Code criminel
de V empereur ^ traduit de l'alle-
mand , 1788 , in-8°. IV. Calas ou
le Fanatisme^ drame en quatre actes
et en prose ;, 1791 , in-S*^. ; cette
pièce fut représentée pour la pre-
mière fois sur le théâtre du Palais-
Royal(aujourd'huiTheatre Français)
le 17 décembre 1790. Sept mois
après (le 7 juillet 1 791 ),Chénicr don-
na sa pièce sur le même sujet. ( Foy.
CnÉNiER, t. VIII, p. 3'28. ) Mais dès
le 18 décembre 1790, M. Laya
avait fait jouer sur un autre théâtre
son Jean Calas. V. Les cent Pen-
sées d'une jeune anglaise , publiées
en anglais et en français : on y
a joint des mélanges , des apo-
logues moraux , et une descrip-
tion allégorique du voyage d'un
jeune homme an pays du bonheur ,
1798, in- 12. VI. Poésies de Gray.
( Voyez Gray , t. xviii , p. 364- )
VII. Joscelina , par Isab. Kelly ,
traduit de l'anglais sur la troisième
édition , 1799, 2 voL in-12. VIIT.
( Avec Brosselard et Wciss ) Code
général pour les états Prussiens ^
LEM
%r Allait en français , 1801 , ti toin.
en 5 vol. ïh-H". I\. Le Château de
tituloUnce, poème en deux c/uiiits,
far Thomson, siù\>i de deux autres
poèmes f traduit de V anglais ^ 1814,
vi-iji. X. Mémoires de la reine
FAntrie , écrits par elle-même ,
induits de V italien, 181 4 , iii-80.
W. ReLuion autJientique de Vas-
saut donné le (i juillet i8of), au
palais Quirinal, et de Venlèvenient
du souverain pontife , traduite de
l'italien , 181 4, iii-8«. XII. (Avec
M. lîreton ) la Femme errante ,
par miss Burney , traduit de l* an-
glais , 1814 , 5 vol. in- 12. Il avait
projeté une traduction de Martial ;
il a laissé en manuscrit une tragédie
îiitilulcc Mazaniel. A. B-t.
LEMIRE ( AuBERT ) , en latin
Mirceus, historien, ou plutôt com-
pilateur laborieux , naquit le 3o no-
vembre 1573, à Bruxelles, d'ime
famille originaire de Cambrai , qui
a produit plusieurs hommes de mé-
rite. Il commença ses e'tudes à Douai,
et les termina à Louvain , où il en-
seigna ensuite les belles-lettres avec
quelque succès. Il rendait de fre'-
quenlcs visites au fameux Juste
Lipse , et chercha à mettre à profit
les conseils qu'il en reçut. Son oncle,
evêque d'Anvers, l'ayant détermine
à embrasser l'état eccle'siasticpîc , le
Bomma, en i5()8, à l'un des cano-
uicats de sa cathédrale ; il le char-
gea ensuite de diirércntes fonctions
qui auraient seules rempli tous
tes instants d'un homme doué
d'une activité moins }];rande: mais
rien n'était capable 3e diminuer l'ar-
deur de Lerairc pour l'élude, et il
prenait sur les heures de son som-
meil pour faire des extraits de ses
lectures. Eu 1620, il fut envoyé en
France, afin d'y concerter les moyens
de s'opposer aux progrès de VÏnkt-
LEM
5^
s>e qui rommcn^ait à s'inlrnduirc-
dans le diorè.se d'Anvrr:^. Son oucle-
mourut r.Mmcfî suivante ; et il s*
rendit à Douai , pour l'exécution
du teslamnit de ce prélat , qui
avait fondé six bourses à l'uni-
versité de celle ville. L'archidue
Albert d'Autriche, gouverneur des-
Pays - Bas , le nomma son pre-
mier aumônier; et il succéda, eu
i624,à JcanDclriOjdaus la place de
doyen du chapitre, et de vicaire-gé-
néral du diocèse d'Anvers. Il parta-
gea le reste de sa vie entre ses de-
voirs et les recherches histori([ues ,
et mourut dans la même ville , le
19 octobre iG4o. Baillet dit que
Lemire dut sa réputation plutôt aux
matières qu'il a traitées qu'à la for-
me qu'il leur donna. On a de lui un
grand nombre d'ouvrages relatifs à
l'histoire politique et littéraire des
Pays-Bas. Nous nous bornerons à
citer ceux qui olfrent encore quelque
intérêt : I. Elogia iïlustrium Belgii
scriptoruni, Anvers, 1602 , in-8<*.;
ibid. 1 6op , in-4''. C'est un recueil ex-
cellent , dit Prosper Marchand ; et il
est bon d'avertir que n'ayant été in-
séré que par extraits dans la Biblio-
thcca Belfrica ( F. Foppens , lom.
XV , p. 233) , les éditions qu'on vient
de citer n'ont rien perdu de leur
prix. II. Origines equeslrium sait
miUtarium ordinum , Ubri dan ,
Anvers, i()o<), in-8". , traduit en
français , la même année. III.
Originuin monasticarum lihri iv,
in fjuibus ordinum omnium reli-
giosoruni initia et progressas hre-
vitcr d^scribunUir , Cologne, 1620 ,
iu-8'\ Il avait déjà publié, séparé-
ment , les Origines de l'ordre de
Saint-Benoit, de (ateaux , des Car-
mes , des Chartreux , des chanoine»
de Saint-Augustin, etc.; mais tous
ces ouvrag'is suut supcriiti«ls cl pm
56
LEM
exacts. IV. F asti Belgici et Bur-
gujidici, seu Historia rerum Belgi-
carum juxta dies in quihus evene-
runt , Bruxelles, 1622, in-8°. Ce
sont des ëphéme'vides , et elles pré-
sentent quelques rapprochements cu-
rieux. V. Annales renim Belgica-
rum , chronicon à Jul. Cœsaris in
Galliam adventu,'ih\à. i624,in-8°,;
avec de nombreuses additions, An-
vers, i636, in-folio. VI. Bihliotheca
ecclesiastica , Anvers , i63c)-49 ,
deux parties in-folio. C'est le recueil
des Vies (ou plutôt de courtes noti-
ces) des écrivains ecclésiastiques par
Saint Jérôme , Gennade , Saint Isi-
dore de Sëville , Saint Ildefonse ,
Honorius , Sigebert , Henri-de-Gand
et Tritheme. Lemire y a ajoute' des
notes et une continuation depuis la
fin du quinzième jusqu'au milieu du
dix-septième siècle.3. Al b.Fabricius a
publie une édition de cet utile recueil
avec de nouvelles additions , Ham-
bourg, 17 18, in-folio. {Voyez Fa-
BRICIUS , t. XIV , p. 60. ) VII. Au-
herti Mirœi opéra diptomatica et
historica , Bruxelles, 17*23-34-48,
4 vol. in-folio. J. F. Foppens a réuni
sous ce titre tous les ouvrages de Le-
mire relatifs à l'histoire des Pays-
Bas. Les deux premiers volumes
renferment toutes les chartes des
fondations jùeuses faites en Belgique ,
avec des notes géographiques et his-
toriques , et la notice des églises
belges ; les deux derniers contiennent
les pièces et notes qui concernent
l'histoire civiledes mêmes provinces.
Cette collection est fort estimée; et
l'éditeur mérite une part des éloges,
pour l'ordre qu'il a mis dans la dis-
tribution des pièces rassemblées par-
Lemire, et pour ses nombreuses ad-
ditions. On renvoie, pour laliste des
autres ouvrages de Lemire , à la Bi-
biioth. Belgica de Foppçjis^ oji peut
LEM
consulter aussi sur cet écrivain les
Mémoires de Niceron , tom. vu , et
le Catalogue des historiens pAY Len-
glet-Dufresnoy. W-s.
LEMIRE ( Noël ), graveur au
burin, naquit à Rouen, en 179.4:
élève de Lebas, il a gravé dans dif-
férents genres; ses paysages et ses
marines sont estimés. Sa pointe spi-
rituelle a su parfaitement rendre les
tableaux de Teniers, d'après lesquels,
à l'exemple de son maître, il aimait
à s'exercer; mais il a surtout réussi
dans les vignettes, particulièrement
dans celles qu'il a gravées pour les
Contes de La font aine , les Méta-
morphoses d' Ovide et le Temple de
Guide. Il serait difficile de graver
de petits sujets avec plus d'esprit.Les
portraits dans le genre de vignett»
que l'on doit à son iDurin , et parmi
lesquels on estime ceux du Grand-
Frédéric y de Henri IF , de Louis
XV , et de Joseph II, sont remar-
quables par un fini précieux; le der-
nier fut dessiné et gravé d'après une
bague qu^avail donnée cet empereur.
Les autres gravures de Lemire , que
Ton recherche , sont le portrait de
Piron, fait en 1773, d'après Lépi-
cié; celui de mademoiselle Clairon,
couronnée par Mclpomène, d'après
Gravelot ; ceux du général /Wa-
shington, en pied, et du marquis de
Lafo/yctte , après la conclusion da
la campagne de Virginie en 1781,
tous deux d'après Lepaon; le Far-
tage de la Pologne, ou le Gâteau
des Bois,aYec l'anagramme ErimeL
Celte gravure que l'on peut regarder
comme le chef-d'œuvre de l'artiste,
est devenue très-rare: la planche,
dont l'invention et l'exécution lui
appartiennent , fut brisée par ordre
supérieur presque immédiatement
après qu'elle eut été terminée ; mais
M. de Sartine, qui estimait Lemire,
LOT
lui permit dVn user pondant i\
licuros. Lrrairc a encore grave :
St. -Sébastien , d'aprèjt le Parmesan,
pour la galerie de Dresde ; Jupiter et
J)anaè y d'après le Carrache ; La
Mort de Lucrèce^ d'après André del
Sartc; Latone vengée , les Noiwel-
listes flamands et ['Étang du chd-
tt'.m de Tcniers , d'après ce der-
nier; la Curiosité on la Lanterne
magique, d'ajirès Reynicr Rrake-
1 en hou rj; ; la / 'ue du Mont - Vésuve ^
t(l qu'il était en 1757; les 7?e5f<?5
d'un temple devenus, dans l'île de
Nisida;et W'érc de triomphe de Ti-
tus y trois estampes grand in-fo. d'a-
près G. de la Croix , etc. Tous ces
onvrages se font dislinguerpar le fini
et le précieux du burin. Lemire mou-
rut à Paris, eu iHoi. P~s.
LKMKE. rof. Lembre. C-au.
LEMMUS (Simon ) , poète latin,
ne dans le seizième siècle, à Marga-
dant,au pays des Grisons, et dont le
Trai nom était Lemc/ien , mais qui
est encore connu sous le surnom
d'Emporius , étudiait , en i533 , à
Ingolstadt;cn i538, à Wittembcrg,
et s'y ëtait fait connaître avantageu-
sement par quelques pièces de vers
et par deux livres d'epi grammes ,
qu'il dédia à l'archevêque de Maïence.
l^e choix d'un Mécène qui ne pouvait
pas être agréable aux chefs de la re-
forme , les indisposa contre lui. On
examina son recueil avec une atten-
tion scrupuleuse; et l'on prétendit y
découvrir quelques epigrammes con-
tre TelecteurdeSaxe, le landgrave de
Hesse, et l'acade'mie de Wittembcrg.
Le fameux Melanchthon , alors rec-
teur de cette université, avec le-
quel il vivait depuis quelques années
dans une espèce d'inlimite , lui fit
défense d'y reparaître avant de s'être
jusliiie ; et, quelques jours après , il
y cul ordre de l'arrêter ; mais Lem-
LEM 57
niu5, preVenuà temps, s'c^tanl enfui,
on lui accorda un délai ])our compa-
raître; sur son refus, il fut condamne'
a un bannissement perpétuel, et sa
bibliothèque fut confisquée. On ne
peut , quoi qu'en dise Schcnner, ap-
j)rouverla rigueur dont on usa envers
Lemnius; l'accusation portée contre
lui , n'était pas fondée : l'électeur de
Saxe qu'on lui reproche d'avoir in-
sulte' , n'est pas nomme une seule
fois dans ses epigrammes j et il n'y
a que l'esprit de parti qui ait pu
aveugler ses juges au point de leur
faire reconnaître l'électeur dans le
portrriil de l'ignorant Midas. Lem-
nius, aigri par l'injustice dont il était
victime , se relira à Baie , où il se
hnla de faire réimprimer ses épi-
grammes avec des additions. II pu-
blia, peu après , son apologie contre
le décret de l'académie , qui l'éloi-
gnait pour jamais de Wittembcrg ,
annonçantquesi ce décretn'était pas
rapporté , il vouerait sans cesse au
mépris ses odieux persécuteurs. Celte
menace ne produisit aucun elï'ct ; et
le malheureux Lemnius, après avoir
erré quelque temps sur les frontières
d'îlalie et de Suisse , ou il paraît
même qu'il fut correcteur d'épreu-
ves dans l'imprimerie d'Oporin à
Bâic , se relira enfui à Coirc , au
sein de sa famille. On le nomma ,
en i54o, recteur de l'école établie en
cette ville ; et le 9.4 novembre i55o,
il y mourut de la peste, dans un âge
peu avancé. On a de lui: L Episodia
de Joachimo marchione Brande-
burgensi et ejus conjuge , i53i,
IL Epigrammalum libn duo , Wit-
tembcrg , Nich. Scirlenz , i538,
in-S**. ; cette édition, ayant été sup-
primée avec soin , est très-rare : la
seconde , Baie, i538, in-8". , est
augmentée d'un troisième livre qui
renferme plusieurs traits sanglant»
5S
LEM
contre Luther , qu'il ne se croyait
plus oblige de ménager , et qu'il
regardait comme le véritable au-
teur de tontes les persécutions
qu'on lui faisait e'prouver. III. u4po-
■logia contra decretum quod iuipcrio
et t/yrannide Mart. Luthevi et Justi
Jonœ Pritemb. universitas coacta
iniquissimè et mendacissimè evul-
gavit y Cologne , 1 54o , in - 8^. ; le
titre de l'ouvrage prouve que Tau-
leur n'était guère dispose à faire
l'aveu de ses premiers torts , réels
ou imaginaires. Ce petit écrit est ex-
trêmement rare ] Scbelhorn en a
donne une notice détaillée dans ses
Amœnit. hist. eccles. et litterar.
tom. i«r^, pag. 85o. IV. Lutii Pi-
sœi Juvenalis ( c'est le masque de
Sim. Lemnius ) Munacho-pornoma-
chia, 1 538, in-8<^. , de trois feuilles ,
sans pagination. Cette pièce est si
rare que Scbelhorn ne l'avait jamais
vue : c'est une comédie licencieuse j
Gottsched en a donné une notice
dans son Histoire du théâtre alle-
mand , seconde partie , page ig'i.
Y. Amonnn libriiY, i54'-i , in-è*^.
"VI. Odjsseœ Homeri lihri xxiv ,
heroicolatino carminé translati,(iui-
hus accessit Batracliomyomachia ,
etc. ,Bâle, 1 549, in-S'^. ; Paris , 1 58 1,
in-S*^. de 699 pages. VII. Eclogce
quinque, ibid. i55i , in-4o. VIII.
Ethica sii^e de virtutibus morali-
hus , libri iv. Conr. Gesner nous ap-
prend que cet ouvrage était entre
les mains d'Oporin ; mais on ne sait
s'il a été publié. Lemnius a encore
laissé , en manuscrit : Bellum sue-
mcum y anno i499 ? gestum ; et
jRhœtheis , sive de bello rhœthico
libri IX. J. Georg. Pbil. Thiele a
donné de ce dernier une version poé-
tique en allem. Zizers, i 'jÇ)'i, in-8^.
— lier helveticum y ecloga carminé
hexamtiro , imprimé à k suite de
LEM
y Ilodœporicum de Jcrem. Reusitfr^
Baie, i58o, iSg-i, in-S*^. — Quelques
épigrammes dans les Deliciœ poë-'
tarum germanoium. Voyez Fie et
Ecrits de Simon Lemntus , par C.
R. Strobel , ( au tome 3 de ses
NeueBeitrcege,) Nuremberg, 179'^,
in-8". , et le dict.de Rotcrmund,
su])plcm. de Joecher. W-s.
LEMNIUS ou LEMMENS (LiÉ-
vm), médecin, naquit en i5o5 à
Ziriczée , dans la Zélande. Après
avoir achevé ses humanités, il se ren-
ditàLouvain pour y suivre des cours
d'un ordre supérieur; et, par le
conseil de Pierre Curlius, curé de
cette ville , et depuis évêque de Bru-
ges, il s'appliqua en même temps à
l'étude de la médecine et de la théo-
logie. Il eut pour maîtres dans l'ait
de guérir , André Vcsale , Rembert
Dodouée, Conrad Gesner. Il était de
retour à Ziriczée en i5'27 ; et il
y pratiqua son art avec un tel suc-
cès, que sa réputation s'étendit bien-
tôt dans toute l'Europe. Cependant,
ayant eu le chagrin de perdre sa.
femme, il abandonna l'exercice de sa
profession pour embrasser l'état ec-
clésiastique ; il fut pourvu d'un ca-
nonicat de l'église de Saint - Lié-
vin sa paroisse , et mourut peu
de temps après, le i^^ juillet i568..
Il a laissé plusieurs ouvrages , dont
le style , suivant Eloy ( Dict, de
médecine) , n'est dépourvu ni de
force , ni d'élégance , et qui tous
ont eu un grand succès , comme on
peut en juger par leurs nombreuses
réimpressions. I. De Astrologid , li-
ber unus, etc. Anvers, i554, ih-8^.;
ïéna, 1587, in-8^j Leyde, i638 ,
iu-i(3 (i). IL De occultis naturœ
miraculis libri duo, Anvers, i559,.
(1) On i."ost borné à indic^ner les primiiii^
]es,etoiielm!efûisl<-s premières éditions pour
ne pns laliguct le Icitf ur , sun^ nlilih--
li:m
in-ia ; — Uhri iv , ihid. , i5G » , in-
vi; ibid., Piaiitin, i58i , in-8^ I-es
deux premiers livres ont cte traduits
en franc, pr Anl. Diipinct et par J.
Gohorry, Paris, i:)(i'7, in-8". ; en
ail. par};Horstius:ils ront aussi cte'
i'u italien. Cet ouvrage contient des
remarques assez curieuses sur la gé-
nération ; mais on v trouve aussi
beaucoup de fables, lll. De hahitu
et constitutione corporis qiiain Grec-
ci krasin , t riviales complexionem vo-
cant, Uhri duo, Anvers, i56i,
in-i 2; trad.cn italien, Venise, 1567,
m-\i.W .Similitudiniim et paraho-
lariim quœ in Bibliis ex herbis atque
arboribus desuniuntur, dilucida ex-
plication Anvers, 1 506, 1 569, in-8^.;
Erfurt , i58i , in - 8«. Cet ou-
vrage , dans lequel l'auteur traite de
l'utilité des plantes et de leur usage
allégorique dans les cérémonies reli-
gieuses, a eu beaucoup d'éditions: il
a été traduit en français, Paris, 1 577,
in-i2; et en anglais, Oxford, 1587,
in-i'i. V. De Vitd animi et corporis
rectè instituendd, Cologne, i58i,
in-8*. VI. De Zelandis suis com-
ment ariolus, imprimé à la suite de
la Batavia illiistrata de P. Scrive-
rius. MI. Dionj'siiis libyens poët a,
de situ habit abilis oibis, à Simo-
ne Lemnio, poëtd laureato, nuper
latimisj'actus, Venise, i543, in-12.
C'est le poème de Dcnys, communé-
ment appelé le Periégète. ( Voyez
le tome XI de la Biog. univ. , pag.
ii5 et suivantes. ) ^'iFoppens, ni
Paquot n'ont fait mention de celte
traduction, et elle n'est point in-
diquée dans l'article cité ae la Bio-
grapliie. Elle est dédiée à Hercule
d'Esté, deuxième du nom, quatrième
duc de Ferrarc. La dédicace en vers
est fort étendue et fort belle. Lem-
iiius a laissé imparfaits une Descrip-
tion dt' l'algue H un Dictionnaire
LEM 59
abrégé des poissons. — Lf.mi»il'9
(Guillaume), (ils du précédent, né
à Ziriczée, vers i53o, suivit les tra-
ces de son père , et devint un méde-
cin très-habile. Il fut appelé à la
cour de Suède par le roi Eric XIV,
qui le combla de bontés et lui ac-
corda toute sa confiance; mais ce
prince, ayant été ])récipitédu trône,
Lemnius fut victime de celte ré-
volution. Jeté dans une prison, il y
fut étranglé en i5G8, sans doute
quelques mois après la mort de son
père , puisqu'"on ne voit pas que ce
dernier ait eu connaissance de ce dé-
plorable événement. On a de Guil-
laume une Lettre à son père, dans
laquelle il prouve que le climat a
moins d'influence que l'éducation
sur le développement des facultés in-
tellectuelles. Anvers , i554, in-8^. ;
Leydc, i638,in-i6. Il avait compo-
sé un Traité de l'estomach , qu'on
croit perdu.-LzMJVius (And.), méde-
cin zclandaiSjSans doute de la même
famille, est auteur d'une Lettre sur
l'utilité qu'on peut tirer de l'examen
des urines, imprimée avec le traité
de Urinis, d'Actuarius, Paris, 1 548;
Lyon, 1 556, in-S». W-s et M-on.
LEMOINE( Jean), cardinal, fon-
dateur du collège de son nom, à Pa-
ris , était né au treizième siècle , à
Cressi dans le Ponthieu. Après avoir
terminé ses études et reçu le bonnet
de docteur en théologie à l'univer-
sité de Paris, il fit un voyage à Ro-
me, où ses talents lui méritèrent un
accueil distingué. Il fut nommé au-
diteur de Rote, et s'ojccupa de com-
menter le sixième livre des Décré-
tâtes , travail qui fut accueilli par
tous les savants, et lui valut la pour-
pre. Le pape Boniface VIII, qui
avait beaucoup d'estime pour lui ,
l'envoya comme son légat en France,
m 1 Soi. Il theruha à rétablir la
6o
LEM
paix entre le roi Pliilippe-le-Bel et
Je Saiut-Sie'ge , et se conduisit avec
tant.de prudence dans cette ne'gocia-
iion , qu'il se concilia la bienveil-
lance du roi , sans rien perdre de son
crédit à la cour de Rome. Il assista,
en 1 3o5 , au conclave qui se tint à
Pe'rousepourrélecliondeCle'mentV,
et le suivit à Avignon, où le pontife
avait re'solu de fixer sa résidence. Il
y mourut le 22 août 1 3 1 3. Son corps
fut transporte' à Paris, et inhume',
comme il en avait te'moignë le désir,
dans l'ëglise du collège qu'il avait
fonde. C'est par erreur que, dans le
Dictionnaire de Morëri , on annonce
que le cardinal Lemoine avait occu-
pé le siège ëpiscopal de Meaux. —
André , son frère, ëvêque de Noyon,
contribua de sa fortune à l'ëtaLlis-
sement du collëge du cardinal; il
mourut en 1 3 15, et fut inhume dans
le même tombeau que son frère. On
y lisait , il y a quelques années , leur
double ëpitaphe. W-s.
LEMOINE ( François ), peintre
d'histoire , ne à Paris , en 1 688 , de
parents fort pauvres, fut confie d'a-
bord aux soins de PiobertTouruièrcs,
qui avait ëpousë sa mère en secondes
noces. A l'âge de 1 3 ans , on le mit
sous la conduite de Galloche , chez
lequel il demeura \i ans. Il ëtudia
de prëfërence les ouvrages du Guide,
de Carie Maratte , et de Piètre de
Cortone. Ses progrès furent rapides,
et il obtint le grand prix de peinture
en 171 ij mais les malheurs de la
guerre ne permettant pas d'envoyer
des pensionnaires à Rome , il ne
put aller perfectionner ses talents
en Italie. En 1 7 1 8 , il fut reçu
membre de Tacadëmie, sur son ta-
bleau A' Hercule et Cacus ; quel-
que temps après, il peignit son tableau
de Persée délivrant Andromède.
Lemoine regrettait cependant de
LEM
n'avoir pas vu l'Italie. Un amateur
riche et ëclairë , nomme Bergier ,
avec lequel il ëtait lie , voulut répa-
rer ce malheur , et en 1 7-^3, il l'em-
mena avec lui dans ce pays : mais un
tel voyage fait dans l'espace de six
mois, et lorsque son talent était déjà
formé, ne fut pas aussi utile pour lui
qu'aurait pu l'être un séjour plus
prolongé , et qui lui eût permis de se
livrer à une étude sérieuse des chefs-
d'œuvre de l'art. Son tableau repré-
sentant une Femme entrant au bain^
fut commencé à Bologne, continué à
Venise, et fini à Rome. Il passe pour
un de ses meilleurs ouvi*ages. Avant
son départ pour l'Italie, Lemoine
avait entrepris la peinture du chœur
de l'église des Jacobins de la rue du
Bac : il le termina lorsqu'il fut de re-
tour. C'est alors qu'il fut nommé
professeur de racadémie. Il eut
bientôt l'occasion de déployer tous
ses talents dans la peinture du pla-
fond de la chapelle de la Vierge ,
à Saint -Sulpice, où il représenta
V Assomption. On se plut , dans
le temps, à y reconnaître une ma-
nière de peindre aussi ferme que vi-
goureuse, qui n'excluait pas cepen-
dant un coloris frais et suave : mais
la composition laisse beaucoup à dé-
sirer; les groupes en sont mal dis-
posés et mal agencés ; l'exécution
est faible, et les figures, n'étant point
en perspective , paraissent tomber.
Ce plafond a tellement souffert que,
malheureusement pour la gloire de
Lemoine , toutes les qualités qu'on
pouvait y remarquer ont disparu ,
et qu'on n'aperçoit plus que les dé-
fauts. Il a d'ailleurs été entièrement
restauré en 1780, par Callet , et ce
n'est plus Touvrage de Lemoine. Ce-
pendant une occasion plus favorable
encore vint s'offrir à l'artiste; il fut
chargé de peindre le FlaJ'ond du
LEM
salon d'îfercule , a Versailles. Cette
1 oiuposition, la plus vaste qui existe
en hiirope, ^niisqu'clle a 04 pieda
de long sur 54 de large, et 8 pieds et
demi de renfoncement, sans cire in-
terrompue par aucun corps d'archi-
tecture , coûta quatre années de tra-
vail h Lcmoine. Cet ouvrage en en-
tier de sa main, est peint à Tliuile;
le nombre des figures est de i^'Jl. Il
cftait sur le point de le terminer ,
iorsqii'il s'aperçut que le groupe
principal était trop peu e'Ievc: il ne
balança point à l'effacer et à le re-
monter de trois pieds ; ce qui l'obli-
gea de faire des changements dans la
plupart des groupes voisins. Celte
opération lui coûta une année de tra-
vail de plus. Les fatigues qu'il res-
sentit , la gêne que lui causait la né-
cessité d'avoir le corps renverse,
]>endant sept années qu'il mit à
)'♦• Indre ce plafond et celui de
.Saint -Sulpice, altérèrent sa santé
qui avait toujours été très-faible.
D'ailleurs , il était d'une humeur
mélancolique , et 4ooo liv. de pen-
sion avec le titre de premier pemtre
du Roi, que ses travaux du salon
d'Hercule lui avaient valus , ne
purent le satisfaire. Des chagrins
domestiques augmentèrent encore
sa mélancolie habituelle • il perdit
«ne épouse qu'il aimait avec ten-
dresse; et sa raison ne put résister à
tant de tourments. Irrité des faveurs
qu'on accordait à des peintres moins
habiles que lui, il ne put disî>imulcr
la haine qu'il leur portait; et celle
qu'ils lui rendaient ne fit que l'aigrir
davantage : son esprit s'aliéna, et
un matin que M. Bcrgier venait le
chercher pour le mener à la cam-
Eagne où il voulait le faire traiter ,
eraoine , entendant frapper , et s'i-
maginant qu'on venait l'arrêter , se
âonuc neuf coups d'cpéc^se traîne
LEM 6i
jusqu'à sa porte, et en l'ouvrant,
tombe mort aux pieds de son
ami ( 4 j»»i» 1737 ). Lemoine avait
alors 49 ans ; et il était de]»uis
dix mois, premier peintre du Koi.
Si l'on examine impartialement les
travaux de cet artiste , on est forcé
de reconnaître en lui le premier fau-
teui- de la décadence de l'école fran-
çaise. Il entendait bien une vaste ma-
chine ; il disposait ses groupes avec
intelligence, variait sans affectation
les mouvements de ses figures; il
avait d'ailleurs de l'ame et du feu ,
et son coloris, sans être d'une grande
vérité, séduisait par un air de fraî-
cheur et de suavité , né de l'adresse
avec laquelle il savait dégrader les
lumières. Mais il peignait avec peine,
son exécution était lente j et c'est à
force de revenir sur ses ouvrages ,
qu'il leur donnait l'apparence de la
facilité. Son dessin est incorrect et
mouj il manque de finesse dans les
attaches; ses formes sont maniérées.
Dénuédu vrai sentiment delà beauté,
il donne à ses têtes de femmes un air
de minauderie, qui n'est que l'affecta-
tion de la grâce ; ses têtes d'hommes
manquent de caractère. Enfin il n'at-
teignit que rarement à la noblesse
dans les figures ; mais il possédait
celle de la composition. Il avait
peint au réfectoire des Cordeliers
d'Amiens , six tableaux de Cènes
et d'autres sujets analogues , dont
celui de la Cananée était un des
plus estimés. Ses principaux élèves
sont Natoire, Boucher et Nonolte.
Sqs dessins étaient presque toujours
légèrement faits à la pierre noire ,
sur du papier bleu , rehaussés de
blanc. Ses études pour le salon d'Hor-
cule,ne sont ni plus soignées ni plus
chargées d'ouvrage.Les graveurs qui
ont travaillé d'après lui, sont Tho-
massin,S)lveslrc,L. Cars,Cochin et
69. LEM
Larmessin. C'est Cars qui a gravële
tableau à' Hercule assommant Ca-
eus. L'esquisse colorie'e du plafond
qu'il avait peinte pour la banque, et
qui n'a point été exc'cutee, a été gra-
vée par Sylvestre. Lui-même a grave
à r eau-forte une Annonciation, pe-
tite estampe ovale , en hauteur , et
un Paysage, petite pièce en largeur.
^ Lemoine , peintre, naquit à Rouen
en 1740. Il apprit d'abord sans
maître à manier le pinceau, et fut
ensuite élève de Descamps. Maigre'
sa faible santé, il se livra au travail
avec ardeur j et la ville de Rouen
possède un grand nombre de ses ou-
vrages. Celui qui lui fait le plus
d'honneur , est le plafond du théâtre
des Arts , représentant V Apothéose
du grand Corneille. Il a déployé,
dans cette composition , un gran-
diose qui prouve du génie. Cet artiste
mourut à Rouen , en i8o3. P-s.
LEMOINE-D'ESSOIES ( Edme-
Marie- Joseph ) , né en i-jSi à Es-
§oies , bourg de la Champagne , près
de Chàlons, fit d'excellentes études,
prit ses degrés en droit et fréquenta
le barreau ; mais il renonça pres-
que aussitôt à cette carrière , ou ses
talents lui promettaient des succès ,
pour se consacrer à l'éducation de la
jeune noblesse. Il publia quelques
livres élémentaires , remarquables
par une grande clarté jointe à une
bonne méthode, et qui , accueillis par
l'université de Paris, devinrent clas-
siques dans plusieurs collèges. Il se
proposait de donner un traité de
physique qui aurait offert les mêmes
avantages j mais les soins qu'il de-
vait à ses élèves le détournèrent de
l'exécution de ce projet. Nommé
professeur de mathématiques et de
physique , il devint membre du jury
d'instruction publique de Paris ; et
ee fut à ses soins qu'on dut en par!i«
LEM
la conservation, pendant nos orages
politiques , des traditions les plus
estimées de l'université et du goût
des bonnes études. Il avait fondé une
école connue sous le nom d'institu-
tion polytechnique , qui a produit
une foule de bons élèves. Ce profes-
seur mourut à Paris, le 17 août 1816.
Le Moniteur , du 1*='. sept, même
année , contient une Notice sur lui.
Il a publié: I. Principes de géogra-
phie^ Paris, 1780, in-i2, '2^ édi-
tion, 1784. Il en donna, la même 1
année, un Abrégé in- 12. II. Traité
du globe, rédigé d'une manière nou-
velle, à la portée des enfants, ibid.
1780, in- 12. III. Traité élémen-
taire de mathématiques , ou Prin-
cipes d'arithmétique , de géomé-
trie , de trigonométrie , avec les
sections coniques , Paris, 1778, in-
8<*.jib. 1790, 1793, même format;
4*^. édition , revue et augmentée , ib.
1797 , '1 volumes in-8". L'ouvrage
est termine par une bonne histoire
abrégée des mathématiques. IV. Prin-
cipes d'arithmétique décimale, Pa-
ris , 1801 et 1804, in- 19.. W-s.
LEMONNIER ( Pierre ) , né a
vSaint-Sever près de Vire , en 167.5 ,
fut professeur de philosophie au col-
lège d'Harcourt , à Paris, en 17^5 ,
et fut élu, en 1757, à l'académie des
sciences. Il mourut le 27 novembre
même année. On a de lui : I. Cursus
philosophiœ , 1760 , 6 vol. in-12 ,
long - temps enseigné dans quelques
collèges, a On y trouve , dit Lalande ,
)) plus de géométrie qu'on n'en met-
» tait alors dans les écoles ; le carté-
» sianisme, dans lequel il avait été
w élevé , y était modifié et corrigé. »
II. Premiers traités élémentaires de
mathématiques dictés en l'université
de Paris, 1758 , in -8^.; ouvrage
posthume et anonvme. A. B— t.
LEMOMIER (PIBRRE-CUARLES)^
ï^sironoine , fils du pn-rcdiMil , n.iqiiit
«Paris, le 5t3 novembre 1715. La-
landc , son élève, que J)ese.ssaiis (Siè-
cles littéraires ) ot MM. Cliaudon
' t Delandiiie ( iY. Dict. historiijue )
.'lit aljrrji«* et copie , sans le ciler ,
lu'onte (jtie])ainii toutes les sciences
«lont il pouvait avoir pris une ideo
près de son ])cre, liCmonnier sentit et
il nnonça de bonne heure son p;oAt pour
l'aslrononiie. li n'avait pas seize ans,
lorsqu'en i-jSi , il fit ses premières
observations sur l'opposition de Sa-
turne. II fut le premier qui donna des
•Icments du soleil; et soixante ans
d'observations et de recherches de
théorie ne firent trouver que 87 se-
condes à ôter de son calcnl. Reçu à
l'acade'raie des sciences , le 21 avril
173(1, lorsqu'il n'avait pas encore
vingt et un ans , il fut choisi par
elle pour être ( avec Maupertuis et
Clairaul) l'un des trois commissaires
charges d'aller sous le cercle polaire
Biesurer un degré' du méridien. Il
passa ainsi à Torne'o l'hiver de 1 73(3-
ô".^ et contribua plus qu'aucun d'eux
à la grande et pénible entreprise qui
leur était confiée. Dans les Mémoires
de l'académie pour 1 788 , il remit en
honneur la méthode de Flamsteed,
méthode ingénieuse à laquelle est duc
toute la précision qui existe mainte^
liant dans les tables du soleil et dans
les positions des étoiles. En 1738 et
1741A , Lemonnier vérifia l'obliquité
de l'écliptique : les premières obser-
\ations , en 1 740 , turent faites dans
la tour de Pascal, qui est de l'ancienne
enceinte de Paris , au nord du col-
lège d'Harcourt. Le 1 1 novembre
J741 , il lut, à la rentrée publique
de l'académie des sciences , le projet
<i*im nouveau catalogue d'étoiles zo-
diacales ; et il grésenla à l'académie
une nouvelle carte du zodiaque , qu'il
fit graver quatorze ajis plus tard.
LEM 63
( /^'o^/îz ci-après n". VI. ) Il fut en-
core le premier qui détermina les
changements des réfractions en hiver
et en été ; le premier qui entreprit
de corriger les catalogues des étoiles,
et de bien déterminer la hauteur du
pôle de Paris. Kn 1 74 1 , il introduisit
en France l'instrument des passages ,
dont on n'avait point encore fait
usage à l'Observatoire , et que Gra-
ham , célèbre horloger de Londres ,
avait exécuté. En 1 74^ , il entreprit
de dissiper le préjugé qui régnait en-
core en l'rance , sur les comètes ; il
annonça , dans une séance publique de
l'académie, que la comète qui parais-
sait alors avait un mouvement rétro-
grade. En 1743, il fit à Saint-Sul-
pice une grande et belle méridienne ;
trois ans après , il détermina \qs iné-
galités de Saturne, causées par l'at-
traction de Jupiter. Ce fut aussi le
sujet du prix que l'académie proposa
et qui fut remporté par Euler , dont
le mémoire justifia le travail de Le-
monnier. Lié de correspondance avec
les astronomes d'Angleterre, il trans-
porta en France leurs mélhodes^leurs
instruments. Lors du voyage qu'il
fit dans la Grande-Bretagne en 1 748,
il alla jusqu'en Ecosse, pour obser-
ver l'éclipsé du ^5 juillet , qui devait
y être presque annulaire; et , le pre-
mier , il mesura le diamètre de la
lune sur le disque même du soleil.
Ce fut en 1753 , qu'il fit à Bel!evu«
uneméridienne quilui valut i5,ooof.
de gratification , qu'il employa à
acheter des instruments. Il était, de-
puis long-temps, professeur de phy-
sique au collège de France. D'abord
maître de Lalande,il eut ensuite avec
lui de vifs démêlés ( F. L alawde). Sa
vie entière avait été consacrée aux
sciences : la révolution ne l'en détour-
na poinl;niais une attaque de paraly-
si« viat le surprendre, le lonovem»
04
LEM
bre 1 791 , et il lui fallut abandonner
ses utiles occupations. On ne l'oublia
cependant pas lors de la formation
de l'Institut j et il fat (Section d'As-
tronomie ) , l'un des cent quarante
quatre premiers membres de ce
corps illustre. Une seconde attaque
de paralysie l'enleva à He'ril , près
de Baieux , le 2 avril 1799. Il fut
remplace' à l'institut par M. Gassini.
M. Lefèvre-Gineau y lut son éloge ,
imprime' dans le tome m des Mé-
moires de V Institut ( Sciences phy-
siques et matbëmatiques ). De trois
filles qu'il avait eues , la seconde
avait épouse l'illustre Lagrange; la
troisième épousa son oncle le mé-
decin. ( Foy. l'article suivant. )P. G.
Lemonnier a composé un grand nom-
bre d'ouvrages : I. Histoire céleste ,
1741, in-4**. II. La théorie des comè-
tes, où Von traite du progrès de celte
partie de l'astronomie , 1743, in-8".
On y trouve la cométographiede Hal-
ley. III. Institutions astronomiques ,
1 746, in-4°. ; un des meilleurs ou-
vrages , dit Lalande , qu'on ait faits
en français sur l'astronomie élémen-
taire; c'est une traduction de Keill
{F oyez Keill , tom. xxii, p. '270),
mais très-améliorée. IV. Observa-
tions de la lune , du soleil et des
étoiles fixes , 1761 , in-folio ; livre
II, 1754; livre III, 1759; livre IV,
1775; le reste n'a pas été imprimé.
Y. Lettre sur la théorie des vents ,
spécialement sur le vent de Véqui-
noxe, (dans la seconde édition des
Tables astronomiques de Halley ,
donnée par Gbappe d'Auterocbe ,
1754, iii-8°.) YI. Nouveau zodia-
que réduit à Vannée 1755, Paris ,
T 755 , in-80. Ge livre , fait par Le-
monnier , ou sous ses yeux par M.
de Seligny , contient , dit Lalande ,
îe catalogue des étoiles zodiacales de
Flamsteecl ^ gravé eu trente et une
LEM
pages en taille-douce , les cartes des
pléiades et des liyades à l'échelle de
la grande carte du zodiaque , exécu-
tée la même année. YH. Premières
observations faites par ordre du roi
pour la mesure du degré entre Pa-
ris et Amiens, 1757 , in-8°. YIII.
Une édition augmentée de V Abrégé
du pilotage par Goubert , 1 766, in-
4*^. IX. Astronomie nautique lu-
naire où Von traite de la latitude
et de la longitude en mer , 1771 ,
in-8^. X. Exposition des moyens
les plus faciles de résoudre plu-
sieurs questions dans Vart de la na-
vigation, ' 77'^ , in-8''. On y trouve
l'usage de l'échelle des logarithmes
de Gunter {F oyez Gunter , t. xix,
p. :îi4) XI. Essais sur les marées
et leurs effets aux grèves du mont
Saint-Michel, 1774? in-S^- XII.
Description et usage des principaux
instruments d'astronomie, 1774?
in-folio. G'est un des cahiers de la
grande Description des arts et mé-
tiers. XIII. Lois du magnétisme,
1776, in-8**. sec. partie , 1778, in-8".
fig. XI Y. Traité de la construc-
tion des vaisseaux par Chapman ,
trad. du suédois, 1779? in-folio
{Foy. Ghapman, t. viii,p. 62). XY.
Mémoires conceiTiajit diverses ques-
tions d'astronomie et de physique,
1781 ^ et 1784111-4*^. ( F. le Jour-
nal des savants, août 1781, p. 569.
déc.i784,p.8i4.) Id. 1786. /J.4\
part. i788in-4''. XYI. De la cor-
rection introduite pour accourcir la
ligne sèche du lock de dix - huit
pieds , 1 790 , in - 8^. Ge Mémoire
est suivi de plusieurs articles d'as-
tronomie. Lalande dit que c'est le
dernier ouvrage de Lemonnier ; et
cependant il indique lui-même dans
le Journal des savants, de 179 1 ,
une Lettre de Lemonnier , au sujet
d'une éclipse observée en Chine , le
LEM
nnvemhre 1789, pnr M. de
Oiiipws ,fils. Il avait revu la re-
«lur lion dos praiulrs cartes des cons-
tellations de Flanistccd , faite et pu-
bliée par M. J. Fortin , sous le titre
à! Atlas céleste de Flamsteecl^ 1 7n6,
in-4'*. On peut, pour plus de de'tails,
consulter la Bibîioe,raphie astron. de
Lalnnde , p. Siq-ëiG. A. B-r.
LEMONNIÈR ( Louis - Guil-
laume ) frère du precc'dent, naquit en
1717 :il s'adonna à la me'decine,et,
âpres avoir ëte reçu docteur, fut, dès
1 738 , attache' à rinfirmerie de Saint-
Gcrmain-cn-Laye. Les circonstances
cl sa position développèrent son goût
pour la botanique, science à laquelle
il rendit beaucoup de services. Appelé
à la cour , il se trouva en même
temps nomme' à la chaire de bota-
nique du jardin du Roi , que la mort
de Jussieu l'aîne laissait vacante;
et il obtint la survivance de la
charge de premier rae'decin ordi-
naire du roi. Il fut aussi médecin
en chef des arme'es , et premier me'-
dccin des enfants de France. Plus
tard il eut le titre de premier me'de-
cin du roi. Ses relations, ses corres-
pondances , lui donnaient les moyens
de satisfaire sa passion pour la bo-
tanique, soit par les envois de grai-
nes ou plants étrangers qu'il rece-
vait, soit par les plantations qu'il
fit faire dans les jardins deTriaiion,
et dans celui que Madame Elisabeth,
sœur de Louis XVI , avait à Mon-
trcuil sous Versailles. Lors de la
formation de l'Institut, il fut nommé
associé seulement, son séjour hors
de Paris n'ayant pas permis de le
déclarer membre résidant. Depuis
1791, retiré à Montrcuil , il visitait
peu de malades; mais il donnait des
consultations gratuites, et cela le plus
souvent dans ime modeste boutique
d'herboriste, qu'il ne dédaignait pas
XXIV.
LEM 65
de diriger. Il est mort le a i fructi-
dor an vil (7 septembre 1799) (x).
On a de lui : \J)issertatio : ergo can-
cer ulceratiis cîculam eludit, 1 763 ,
in - 4'^« ÎI« Leçons de physique ex-
périmentale sur V équilibre des li-
queurs , et sur la nature et les pro-
priétés de l'air ; traduit de V an-
glais de B. Cotes, 1742, in-8^ III.
Observations d'histoire naturelle ,
1744» iu-4°* IV. Une édition de la
Pharmacopée , de Cliaras. ( Voyez
CuARAS , VII , 72. ) V. Lettre sur
la culture du café, ^77^, in- 12.
VI. Beaucoup de Mémoires dans le
recueil de l'académie des sciences :
l'un d'eux sur V électricité de Vair,
est d'autant plus remarqual)Ie qu'il
contient les détails de plusieurs ex-
périences faites par Lemonnier , à
Saint-Germain-en-Laye, au mois de
juin 1752 , qui, jointes à celles que
Dalibard venait de faire à Marlv-la-
Ville, ont démontré pour la première
fois à l'Europe, l'idenlitî uu fluide
électrique et de la foudre. VII. Des
articles dans V Encyclopédie , en-
tre autres les articles Aimant^ Ai-
guille aimantée, Electricité , etc. ;
mais il n'a pas écrit tout ce qu'il
savait , et n'a pas publié tout ce qu'il
avait écrit. Son Eloge par Duchesne^
a été imprimé dans le Magasin en-
cyclopédique,ciuquicme année , tome
m , p. 489-500. M. Challan a lu à
la société d'Agriculture de Versailles,
un Essai historique sur la vie de L.
G. Lemonnier, 1 799, in-8<*. Les bo-
tanistes ont consacré à sa mémoire ,
sous le nom de Monneria trij'olia ,
une plante équinoxiale, découverte
dans la Guiane par Lœfling. AiB-T.
(1) challan met sa mort au 17 fiurtidor
an VII. et le fait âge de «4 ans ; cela reporte-
rait sa naissance à 1715. ce ([ui n'''» •■■ r.
possible, puisque c'est l>Dné« où i
fiwre PiciTc-CUaiks.
m
LEM
LEMONNIER ( Guillaume-An-
toine ), naquit en l'J'^i , à Saint-
Sauveiir-le-Vicomte , d'une famille
peu fortune'e,mais qui du moins con-
naissait le prix de l'éducation et de
l'instruction. Le jeune Lemonnicr fit
de bonnes e'tudes au colle'ge de Gou-
tances j et vint ensuite à Paris , où il
fut place' au colle'ge d'Harcourt. Ses
loisirs e'taient consacre's à la mu-
sique. On le nomma , en 1743 ,
chapelain de la Sainte - CKapelle ; il
cultivait et enseignait en même temps
la litte'rature latine et la musique :
plus tard , il obtint , en basse Nor-
mandie, une cure dont la re'volution
le priva. Pendant la terreur , il fut
conduit dans les prisons de Sainte-
Marie-du-Mont , puis amené à Paris
dans celle de Sainte-Pélagie. Gomme
tant d'autres, il ne dut sa liberté et
la vie qu'au neuf thermidor. Il était
sans ressource , lorsque la Gonven-
tion le comprit dans la liste des gens
de lettres ^ qui elle accorda des se-
cours. Quelque temps après , son
compatriote Letourneur de la Man-
che le fit nommer bibliothécaire du
Panthéon ( Sainte - Geneviève ) , où
il succédait à Pingre. L'abbé Lemon-
nier avait compté parmi ses amis ,
Diderot , Grétry , Raynal , Greuze ,
Elie de Beaumont , Cochin et M^^^.
Arnoult. Il est mort à Paris , le 4
avril 1 797. Ou a de lui : ï. Des pièces
de théâtre qui sont restées manus-
crites : une seule ( le Bon Fils ou
Antoine Masson ) , dont Philidor
avait fait la musique, fut représentée
au théâtre Italien, le 1 1 janVier 1773,
sous le nom de Devaux , et a été
imprimée dans la même année. IL
Coinédlcs de Térence , traduites en
français, 1770, 3 vol.in-8o.,fig. avec
le texte eu regard j la traduction
est fidèle , élégante , à quelques ex-
pressions près, qui ont paru triviales,
LEM
mais qu'il était peut-être impossible
de ne pas employer pour rendre
le langage familier de la comédie.
III. Satires de Pêne , traduites
en français , 1771 , in - 8°. L'abbé
Sélis publia une autre traduction de
ce poète , en 177^); et long - temps
les opinions des latinistes furent par-
tagées sur le mérite des deux traduc*
teurs : elles le sont peut-être encore.
M. Aug. Delalain a fait imprimer ré-
cemment les Satires de Perse, avec
les deux traductions et les notes
réunies de MM. Leinonnier et SéliSy
181 7, in- 12. IV. Fables, Contes et
Epitres, 1773, in-8°. L'abbé Lcmon-
nier s'est fait distinguer dans un genre
où a excellé le seul La Fontaine. On
cite comme son chef-d'œuvre V En-
fant bien corrigé , qui nous semble
devoir être rangé parmi les contes.
L'auteur se préparait à donner un
second volume, qui eut été composé,
en grande partie , des fables qu'avec
une bonhomie toute particulière , il
avait lues au Lycée des arts dont
il était membre. V. Fête des bonnes
gens de Canon et des Rosières de
Briquehec et de Saint-Sauveur-le-
Vicomte, 1778, in-S'*. avec sup-
plément. Il avait commencé une
traduction de Plaute , dont il n'a
rien paru. Parmi quelques morceaux
qu'il a fait imprimer , nous citerons
encore le Discours d'un Nègre mar-
ron près de subir le dernier supplice,
et des Observations sur le pronom
SOI (insérées dans Isl Décade philoso-
phique , tom. x , pag. 337 ). Mulot
a donné une Notice sur la vie de
Lemonnier, i797,in-8». A. B-t.
LEMONNIER ( Pierre - René ) ,
qu'on a quelquefois confondu avec
l'abbé Lemonnier , naquit à Parisien
1 781 , y fît d'excellentes études, fut
secrétaire du maréchal de Maille-
bois, puis commissaire des^uerreR^
4t hiom-'il à Metz , le B janvier 1 796.
Ou a de lui: I. Le Mariage clan-
deMn, comédie en trois actes et en
vers libres , imitée de l'anglais de
Garrick, et représentée le ri août
17^5 , non imprimée. II. Les J^êle-
tins tic la Court ille, parodie des
Paladins, i^Cio. 111. Le Maître en
droit y opéra comicpic en deux actes,
l'j6o,ia-8**.,dontMarconvillefilunc
rarodie iulitnle'e Le Maître d'école,
V. Le Cadi dupé y opéra comi({iie
en uu acte, i7(3i, in-8<». V. La
Matjvne clUnoise , comédie en deux
«ctcs, mcleed'arielles, i7()4,in-8**.
VI. La Meunière de Gentilly, opé-
ra comique en un acte, 1768 ,in-8".
VII. L Union de V Amour et des
Arts y ballet héroïque à trois entrées ,
1773, in-4*'. VIII. Azolan ou le
Serment indiscret, ballet héroïque
en trois actes, 177^1 iu-4". : le su-
jet est liic d'un coule en vers de
\oltaire. IX. Renaud d'Ast^ co-
médie en deux actes, mèlc'c d'ariettes,
1765, iu-8**. ; Icî sujet , pris dans
V Oraison de Saint-Julien, conte
de La Fontaine , a ëtë traite de nou-
veau, en 1787 , par M. Radct. Plu-
sieurs des pièces de Lcmonnier eu-
rent du succès : elles sont écrites
avec clëgancc. A. B-t.
LEMOS ( Thomas ) , théologien
espagnol , qui s'est rendu fameux
dans les disputes sur la jj;ràce , était
né vers le milieu du seizième siècle,
à Rivadavia , petite ville de la Ga-
lice , d'une famille noble. Il entra
fort jeune dans l'ordre de Saint-
Dominique, et acquit des connaissan-
ces étendues en théologie , et en
même temps la facilité de parler sur
les matières les plus abstraites. Il
était professeur à Valladolid , eo
1594 > lors<piele* jésuites commen-
cèrent «i faire soutenir , par leurs
dères , le scoûmcul de Moliua, lou-
LEM 67
chant l'accord du libre arbitre et de
la grâce. Les dominicains attaquèrent
cette opinion comme contraire à l«i
doctrine reçue et enseignée par l'É-
glise ; les jésuites répliquèrent , et
les théologiens des deux ordres fu-
rent bientôt divisés en molinistes et
en thomistes {f^qy. Mol^a, Saint
Thomas d'Aquin). Le talent que Le-
mos déploya dans cette circonstance,
fixa sur lui l'attention de ses confrè-
res ; et il fut député, en 1 600, au cha-
pitre général de l'ordre , à Naples.
Pendant son séjour dans cette ville, il
présenta au cardinal d'Avila une thèse
où la doctrine de Saint Thomas sur
la grâce parut exposée d'une manière
si lumineuse , qu'on le chargea de la
défendre devant la congrégation dite
de Auxiliis, formée à Rome par 1«
pape, pour mettre un terme à des dis-
jiutes qui troublaient l'Eglise. Lemos
parla dans cette assemblée avec son
confrère Alvarez; et il y soutint avec
éloquence l'opinion qu'il avait em-
brassée. Cependant l'assemblée se sé-
para sans rien décider ; les domini-
cains et les jésuites furent autorisés
défendre l'opinion qu'ils regardaient
comme la meilleure , pourvu qu'ils
respectassent celle de leurs adversai-
res ( F. Paul V ). Le roi d'Espagne
offrit à Lemos un évêché qu'il refu*
sa. Il fut nommé, en 1607, con-
sulteur général de l'inquisition , et sq
retira au couvent de la Minerve , ou
il mourut, le uS août 16^9 , à Page
de 70 ans, suivant le P. Quetif, mais
à 84 ans , selon Moréri. On trouve
la liste de ses nombreux ouvrages
dans l'Histoire de la congrégation de
Auiiliis, par le P. Serry, et dans
la JJiblioth, prœdicatoT'wn , tome 11 ,
page 4^3 et suivantes. Les princi-
paux sont : I. Patwplia ^ratiœ,
Liège ( Beziers ), 167G, u vol. in-f**.
C'est le recueil des thèses et des au-r
08 LEM
1res ëcrlts qu'il avait publies sur la
grâce. II. Acta congre gationum et
disputationum de Auxiliis dwince
gratiœ, Louvain , i-joa, in-fol. C'est
un journal de ces assemblées. L'e'di-
teur ( peut - être le P. Serry ) a fait
précéder cet ouvrage d'une Fie de
Lemos , à laquelle on renvoie les
curieux. W - s.
LEMOS ( Don Pedro-Juan comte
de), vice-roi de Naples, de la même
famille que le précédent, naquit en
i564. Dès sa première jeunesse il
cultiva les lettres , et y fit des pro-
grès rapides ; mais il dut interrom-
pre ses études pour suivre la car-
rière des armes à laquelle sa nais-
sance le destinait. Il fit ses premières
armes en Flandre , et se distingua
ensuite dans toutes les guerres qu'en-
treprirent les rois Philippe II , III et
IV. Il se trouva en 1 6o4 à la prise
d'Ostende,et fut un des premiers qui
montèrent sur la brèche , à la tête
d'un corps d'élite. Nommé président
du conseil des Indes en i6o3 , il se
fit remarquer par les sages mesures
qu'il prit pour établir un commerce
utile à l'Espagne avec ses colonies.
L'année suivante, il devint capitai-
ne - général, et passa , en 1612, à
Naples avec le titre de vice-roi. Son
exacte justice et l'affabilité de son
caractère parvinrent à y faire aimer
la domination espagnole ; et l'on
croit assez généralement que la ré-
volte de 1647 , excitée par Maza-
niello , n'aurait pas eu lieu sous son
gouvernement. Ami des lettres , il les
protégea dans ceux qui les profes-
saient. Il avait amené avec lui, à Na-
ples, les frères Argensola* et c'est à
son invitation que l'un d'eux écrivit
son excellente histoire de la con-
quête des Moluques. Néanmoins les
Argensola, ainsi que Villegas, Saa-
vedra-Faxarde^ et autres littérateurs ,
LEM
qui se glorifiaient de mettre à la tête
de leurs ouvrages le nom du comte
de Lemos , aspirèrent plutôt à sa
protection qu'à ses libéralités; et
malgré les éloges que fait de sa gé-
nérosité don Vicente de Los-Rios,
dans la Vie de Cervantes, il est trop
vrai que l'immortel auteur de Don-
Quichote, tandis qu'on l'appelait le
protégé du comte de Lemos , vécut
pauvre , et se vit réduit , pour subsis- m
ter,àvendreà vil prix ses meilleures ;||
comédies : cependant, avant de mou- '
rir, il dédia à son protecteur son ro-
man de Persiles et Sigismonde , en
lui adressant l'épître qui commence
ainsi :
Puesto ya el pie en cl estrivo
Con las ansias de la miierte
Gran Scnor esta te escrivo ;
€t qui est remplie des expressions de
sa reconnaissance. ( Voyez Cervan-
tes. ) Le comte de Lemos demeura
plusieurs années à Naples ; et, de re-
tour en Espagne, il mourut à Val- i
ladolid, en décembre 1634. ^"S*
LEMOYNE ( Pierre ), poète
français , naquit en 1 6osi , à Chau-
mont en Bassigny, de parents riches
1:
et considérés. A l'âge de dix-sept ans
il entra dans la compagnie de Jé-
sus , et fut chargé d'enseigner la
philosophie au collège de Dijon. Il
s'appliqua ensuite à la prédication ,
et obtint de faciles succès , à une
époque où l'on ignorait encore le bon
goût de l'éloquence. Il composait dès- 1
lors des pièces de vers qui annon- 1
çaient une imagination prodigieuse;
et il est permis de croire que s'il se
fût borné à cultiver la poésie, il au-
rait acquis une réputation durable;
mais l'idée exagérée qu'il avait de
ses talents( i ) hii persuada qu'il pour-
(i) On justifiera ce reproche par les ver» sui-
vant* , extraits d'une épîire au nsartiuii do Luu-
vill< , «ur ia Ticillcste :
LEM
! .lit missir dans plusieurs genres ;
» f on le vit occupe en mènic-lemps
d'ouvrages ascétiques , de traites de
MioraIe,et de riiistoiro. II prit eu
Mitre parti dans les disputes du jan-
( nisrac, et il se chargea de rcpous-
>' r les attaques des ennemis de sa
.société'. Ce fut donc au milieu de
tlislraclions continuelles qu'il enlre-
})ril de donner à la France un
)»ocme épique; mais il rclioua dans
lui projet dont il n'avait pas connu
toutes les diflicultés. Son poème de
Saint Louis f prôné d'avance comme
un chef-d'œuvre,n'obtinl presque au-
cun succès. Costar fut peut-être le
seul qui osa lui donner publiquement
des éloges , qu'il retracta dans la
suite (i); mais le P. Mambrun, con-
frère de Lemoyne, en fil une crili-
; îc aussi sévère que judicieuse ( /^.
"ÎAMBRUN ), et Boilcau sembla de'-
«I.iigncr de grossir du nom de ce je-
Mu'tc, la liste des poètes malheureux
dont h posteiilë ne connaîtra I'cilIs-
lîce que par ses satires (3). Le P.
I moyne mourut , dans la maison
rofesse de son ordre à Paris, le
J'ai changé comme TOUS; «t r-ctte riclie loiirre
D'au mei \eri (l?»ceutlaicDt dune si pronipi* cours*
El tramaient en roulant •l'un bruit harmuaieux ,
Perits, or, diama/its, et rubis curieux,
Maiuteuant d«*téciiée
^a) Coitar , qui arait loue dam sei îettrrt, le
potTTio de St Louit , aT"c exagération, écrirait
ttiiauile : • La P. {•eiuoyae lait de bons ver», mai»
a de mauvais pciinea. Il a tait un po^nie épique
• lie Saint Louis, contre leqii-l le P. Mambruu,
• jeauite, a écrit le traité du poème «pique. Scr
• vers sont »i fiour<'i , quijj en sont rxtrava-
• girilsm '^Mémoire de Co'iar, inscré duic I»
' '11* Il à*» Mémoires de littérature du P.Det-
-lc!«.)
'^) On atinre que Boileaii , intarrog^ aur la
CAuse du «ilenco qu'H avait X**^^^ **" '* ^'- ^-~
aiajne, répondit eu parodiant deux vert do Cor-
neille I
Il s'est trop élevé paur en dire du mal ;
Il a'eat trop égara pour en diro du bien.
, ]l aat asaes singulitr que cette anecdote ait été
•ubl ée dana le BolcKona, qui en contient tant
>U raoïna intéressaulea j et qu'elle ait -aliappii
<« recbcrcheasi miuutieuaef d« LelèTiedvSatot-
aa avril 1671. De tous ses ouvrages
le seul qui mérite une attention par-
ticidière est son poème j il est inti-
tule : Saint Louis , ou la Sainte
Couronne râcoriquise sur les infidè-
les , poème héroïque en xviii livres;
les sept premiers furent imprimes à
Paris, en i65i , in-f"; mais l'ou-
vrage entier ne fut publié qu'en 1 653,
in-f<>, précédé d'une dissertation dans
laquelle l'auteur cherche à justifier
le choix de son sujet, et la manière
dont il l'a traité (4). Sautreau de
Marsy , qui a consacré un long ar-
ticle au P. Lemoyne, dans les an-
nales poétiques , tome xxi , y entre
dans de grands détails sur le poème
de Saint Louis , dont il fait une
exacte analyse en citant les meilleurs
morceaux de chaque chant : mais
sans contredit aucun critique n'a
mieux apprécié cet ouvrage que La-
harpe. L'auteur du Lycée convient
que le P. Lemoyne avait plus d'ima-
gination que tous les poètes épiques
do son temps : « Mais, dit-il , son ou-
» vrage n'est pas fait pour attacher
» par la construction générale, ni par
» le choix des épisodes; il invente
» beaucoup , mais le plus souvent
» mal; son merveilleux n'est le plus
» souvent que bizarre; sa fable n'est
» point liée , n'est point suivie; il ne
» sait ni fonder, ni graduer l'intérêt
» des événements et des situations :
» c'est un chaos d'où sortent quel-
» ques traits de lumière qui meu-
)) rent dans la nuit. Mais dans ses
» vers il a de la verve , des morceaux
(4) La P. Lemoyne arait dédié sou poterne au
lîuc d'Kngliien ( le grand Condc ) Mais la dis-
grâce de ce prince lui fit changer d'iatcntion ; il
supprima son épîtrr qui était 'Irj* imprimée, et re-
trancha differenti passages. L'abbé de Marollea
avait Mn* copia de l'épître j et l'on asinru qu'on
troiiv dans les cabinets de quelques curieux, dea
exemplaire* du poème, tel qu'il rtait avant la*
rrtranchcnients. Le* éditions de Paria, i6'>8 ou
rrtM, in-i9, avec de joUcB figure*, sont raabet-
rhee* des «toâtcuri.
70 LEM
» dont l'intention est forte , qiioicpie
» l'exécution soit très - imparfaite,
» Voilà ce qu'on aperçoit, quand on
ï) a le courage , à la vérité' difilcile ,
» de lire dix-huit cïiauts remplis de
» f atras,d'enf] ure et d'extravagance. »
Laharpe montre ensuite , avec cette
supériorité de raison cpii lui est ordi-
naire, que c'est l'abus du style figure,
la recherche des alliances de mots
qui ont égaré le P. Lemoyne, né avec
du talent , mais qui n'avait « ni goût,
m connaissance du génie de sa lan-
gue, ni des amis sévères» (5) :1e
développement de cette obser^^raion
forme un des meilleurs morceaux de
son Cours de littérature. H y a
quelques années qu'un professeur
de province a essayé de rappeler
l'attention du public sur l'ouvrage
du P. Lemoyne. Il dit y avoir porté
largement et sans hésiter, la hache
d'i retranchement , et avoir fait une
abondante épuration dans le choix
des pensées, des tournures et des ex-
pressions. En un mot il a réduit le
Poème de Saint Louis à 8 chants,
et l'a fait paraître ainsi mutilé , Be-
sançon, i8i6,in~8''. : mais malgré
l'intérêt de l'ouvrage qui était encore
augmenté par la circonstance de la
restauration, il n'a point eu de suc-
cès, ( Voyez E. T. Simon. ) On
tixïuve le poème de Saint Louis ,
d'însle recueil des OEu^res poétiques
du P. Lemojne , publié par un de
ses neveux, Paris, 1672, in-f**. :1e
volume est orné d'un beau portrait
de l'auteur , et chaq je chant est dé-
coré d'une estampe ; ce recueil con-
tient en outre : Le Triomphe de
Louis XIII; la France guérie dans
le rétablissement de la santé du
Boi ; les Hymnes de la sagesse et de
V amour de Dieu ; les Peintures
{h) Voltaire, ^'«•«/^ de Louh XIV,
LEM
morales; les Entretiens et lettres
poétiques, et des Fers théologiques ,
héroïques et moraux. On citera en-
core de lui : L La Galerie desjeni'
mes fortes, Paris, 1647, ^^~^^- ^^g-J
Leyde , Elzevir, 1660, petit in- 12,
(G)joîie édition, fort recherchée. Le
P. Lemo)aie avait réussi par cet ou-
vrage à gagner la confiance d'un
grand nombre de dévotes qui le choi-
sirent pour directeur. On lit dans le
Ménagiana , qu'un jour le frère
portier des Jésuites alla dire au P.
Sirmond que des dames le deman-
daient. « Mon frère, répondit le P.
Sirmond, songez vous bien à ce que
vous dites ? des femmes me deman-
der ! sans doute vous vous méprenez :
il faut nécessairement que ce soit le
P. Lemoyne, que ces dames deman-
dent. » IL La Dévotion aisée, Paris,
i652, in-8<^. Pascal a critiqué vive-
ment cet ouvrage d'une morale relâ-
chée, dans la onzième de ses Lettres
provinciales, lïl. Une Lettre sur
les Mémoires de la régence de Ma-
rie de Médiat, Paris , i G66 , in- 1 'Js.
Elle contient un jugement sur l'ou-
vrage et sur l'auteur ( François
Anijibal duc d'Estrées ). IV. De
l'Histoire, Paris, 1670, in- 1*2. Ce
traité, dit Lenglet Dafresnoy, ren-
ferme des traits curieux et singuliers.
Le P. Lemoyne avait composé, sur
les mémoires que lui avait rerais
madame d'Aiguillon, une Histoire
du cardinal de Bichelieu , dont
Patin annonçait l'impression , en
1667; mais quelques raisons s'op-
posèrent à sa publication, et l'on
ignore ce qu'est devenu le manus-
W-3.
crit.
(6) On Joit avertir les nmateurs , qii'U y a <le«
exRtnplairfS de cu'te f-tlition avec mi nouveitn
frontispice : Lfyde , Etteinr , el se vend m
Paris, chez Cà.Âng<it , i6i>i, ( Vov. le Jfa"-
miel à^^\. Biwiiot , toni. it , j[>«g. 3y4>-
LEM
LËMOYNE (Jean-Louis), sculp-
teur, ne à Paris en iG()5, fut élève
de Covsevox. On lui doit un assez
Înud nombre d'ouvrages estimes.
iCs plus remarquables sont : Deux
.■in^es adorateurs y dans l'église des
Invalides; une Statue de Vian»,
dans le parc de la Muette; un Por-
tement de croix , bas-relief qui dé-
core la chapelle de Versailles. Mais
c'est siirlout par ses portraits que
Lcmovnc sut mériter l'estime des
connaisseurs. Les meilleurs sont ceux
du duc d'Orléans, régent , de Man-
sard , et de Largilliere. Ces deux
derniers avaient été faits pour être
placés dans les salles de l'acadé-
mie , dont il était membre , et qui
lui décerna même le grade de rec-
teur. Il mourut à Paris, en 1735.
— Lemoyne ( Jean-Baptiste ),rds du
précédent, naquit à Paris, en 1704,
cl fut éfcve de son père et d'un de ses
oncles , également sculpteur , nom-
mé comme lui Jean-Baptiste. Robert
Lelorrain fut son dernier maître. A
l'âge de 20 ans , Lemoyne remporta
le grand prix de sculpture, par un
bas-relief représentant le Sacrifce de
l'olixene. Ce succès lui avait obtenu
le droit d'aller à Rome, en qualité de
pensionnaire du roi; mais sou père ,
aveuglé par sa tendresse , demanda
tomme une grâce , que le jeune Le-
moyne fût dispensé de faire ce voya-
ge. Cinq ans après , celui-ci acheva ,
pom* l'église de Saint-Jean en Grève ,
un groupe de Saint Jeun baptisant
Jésus-Christ y dont sou oncle avait
à peine ébauché la première figure.
Cet ouvrage lui fit tant d'honneur,
qu'il fut chargé de la statue équestre
en bron/.e,que la ville de Bordeaux
érigea, à Louis XV, en 1743. Celte
«talue a été renversée en 1 793. Le
monarque y était représenté vctu à
la rumaioe^etdAnsratlitudc ducomt-
LEM 7t
manrb ment. Quand le roi vint voir
le modèle dans l'alelier de l'artiste,
le prince Charles de Rohan , grand-
écuver , blàraa cette attitude, et pré-
tendit que le geste devait ctre d'ac-
cord avec le regard. lyc roi se posa
alors dans l'attitude du modèle, re-
gardant le grand-écuyer, et dirigeant
son geste du coté opposé rC^eif ainsi,
dit-il, que je commande. Ajn-ès avoir
de cette manière justifié l'artiste, Louis
XV lui accorda une pension de i5oo
livres. Lorsqu'il fallut fondre cette
statue, l'opération manqua en partie j
la moitié de la figure ne réussit pas.
Cet accident fut réparé par un pro-
cédé ingénieux qu'imagina le fondeur
Varin. Les états de Bretagne vou-
lant consacrer par un monument
la convalescence de Louis XV , Le-
moyne fut chargé de son exécu-
tion. Il représenta le monarque élevé
sur un trône orné de drapeaux et de
trophées. La province de Bretagne ,
fléchissant le genou , indiquait à ses
citoyens la protection que le monar-
que leur accordait. La santé, placée
à la droite du roi , tenait un serpcnr
buvant dans une patèrc qu'elle lui
présentait; près d'elle était un aiitel
couvert de fruits. Quand Louis XV
vint voir ce monument, qui a clé
détruit eu 1793, il accueillit aver
bonté la femme de l'artiste , promit
de faire tenir en son nom , sur les»
fonts de baptême, l'enfant dont elU
était enceinte, et auquel il assura un<*
Î)ension. Lcraojiie a encore exécuté
e Mausolée du cardinal de Fleury;
le Tombeau de Mi^nard , qu'on
voyait dans l'église des Jacobins dt
la rue Sainl-Honoré , et celui d«
Crébillon , qui devait être placé dans
l'église Saint-Gervais, mais que le
curé refjisa d'admettre dans son
église à cause de la figure de Melpo-
mène, qui ornait ce tombeau. Ce mu «
72 LEM
miment et le précèdent ont e'ie trans-
fères au Muse'e des monuments fran-
çais , ainsi qu'une Statue en pied de
Louis XF ^ que Lemoyne avait faite
pour l'Ecole militaire. On connaît en-
core de lui les Statues de St. Grégoire
et de Sainte Thérèse aux Invalides,
et, dans le salon de Thotel de Sou-
Lise, les figures de la Politique, de
la Prudence ;, de la Géométrie^ de
Y Astronomie, de la Poésie épique,
et de la Poésie dramatique. Le
nombre des portraits qu'il a faits
est très-considerable; on voit dans
le Musée des monuments français ,
celui de Coysevox , qu'il exécuta
pour l'académie. Lemoyne mourut
à Paris, le ^5 mai 1778. Cet artiste
crut pouvoir introduire dans la sculp-
ture les procédés de la peinture. Son
pèrel'ayant erapêchéd'aller àRome,
l'étude de l'antique ne putéclairer son
goût et retenir son imagination déré-
glée. Il affectait même beaucoup de
mépris pour les cbefs-d'œuvre de
la Grèce. La sagesse des anciens
n'était à ses yeux que de la faiblesse,
et leur simplicité de l'impuissance.
C'est avec de telles idées qu'il mit en
vogue ces poses théâtrales, ces com-
positions symétriques et guindées ,
ces airs de tête maniérés qu'on était
convenu d'appeler de la chaleur et
de l'effet. Il semble fuir la simplicité
antique : lors même qu'il doit rendre
une action tranquille, il tourmente
sa figure , il l'enveloppe , il la perd
sous d'amples draperies , dont les
plis anguleux et multipliés cachent
entièrement le nu , et ne laissent à
l'artiste que le mérite du ciseau.
Ainsi Lemoyne ne doit être consi-
déré que comme un exemple de la
dégradation où tomba la sculpture
en France , à l'époque où il vécut ,
et comme un écueil à signaler aux
jeunes artistes, P-s.
LEM
LEMOYNE ( Jean - Baptiste
MoYNE , dit) , musicien et compo-
siteur, né le 3 avril 1 7 5 1 , à Eymet,
petite ville du Périgord, apprit la
musique sous son oncle, maître de
chapelle de la cathédrale de Péri-
gueux. Il partit à quatorze ans pour
l'Allemagne, où il étudia la compo-
sition sous Graun et Kirnberger. Il
y composa plusieurs morceaux de
circonstance , entre autres, à Berlin,
un Chant d'orage , qui eut le plus
grand succès , dans l'ancien opéra de
Toinon et Toinette , et qui lui valut
un riche cadeau du prince-royal de
Prusse , la place de second maître de
musique de son théâtre, enfin l'hon-
neur d'être admis aux concerts du
grand Frédéric. Étant allé à Varso-
vie , il y donna le Bouquet de Co-
lette , opéra en un acte, dans lequel
débuta Madame Saint-Huberti, dont il
entreprit l'éducation théâtrale. ( F.
Saint-Huberti. )En 1 782, Lemoyne,
de retour en France , fit jouer a
l'Opéra ^/^cfre, paroles de Guillard.
On applaudit , dans ce coup d'essai ,
quchpics chœurs , une belle scène ,
trois ou quatre morceaux de chant;
mais des cris continuels et déchi-
rants , de lourds effets d'harmonie ,
ne parurent qu'une exagération des
principes de Gluck ; et Lemoyne ,
qui s'était annoncé comme un élève
de ce grand maître , fut désavoué
par lui. Il profita de la critique ;
et , pour adoucir cette âprcté de
style qu'un long séjour en Alle-
magne lui avait fait contracter, il
médita , pendant trois ans , les par-
titions de Sacchini et de Piccini,
et donna Phèdre, à la fin de 1786.
Cet opéra, dont le poème est de M.
Hoffinan , eut un brillant succès,
a La facture des airs et des acccm-
w pagnements, dit Grimm , le ré-
» citatif, sensiblement imité de celui
liEW
» lie Didan, tout prouve que le com-
» posileur , abjuraut sou syslènje
» ludcsquc, s'est rapproche, dans eel
» ouvrage , de l'école ilalieune , au-
V tant qu'il avait cru devoir s'en
» eloiguer dans Electre. » Pour so
perfectiouner encore dans la mé-
thode qui lui avait si bien réussi,
Lemoj-ne fit un voyage en Italie ;
et , à son retour, il donna , en i "jSgj
les Prétendus et Nejjhté. Le succès
constant du premier de ces ouvrages,
qui est dans le genre bouffon , et
dont les paroles sont de Roclion de
Chabannes, a désarme la critique.
Aucun opéra, depuis trente ans, n'a
été plus souvent représenté. Le se-
cond qui est une tragédie lyrique dont
M. Hoff'man a composé le j)oème ,
dut sa réussite à la pompe du spec-
Uclc et à l'intérêt du dénouement ,
plus qu'à la musique, où l'on trouva
liioios de chant que dans Phèdre.
En 1790, Lemoync fit jouer au
même théâtre : ( avec Forgeot) les
J^ommiers et le Moulin, composi-
tion agréable , qui cependant n'a pas
-ez de gaîlé ni d'originalité ; (avec
■■ I illard et 1\L Andricux ) Louis
IX en E^yle, dont la musique, à
l'exceplion des airs de ballet, panit
presque aussi froide que le poème.
En 1 79i, il donna au théâtre Fa varf ,
El f rida, paroles de Guiliard, sur
le refus de l'Opéra, où il fit jouer,
eu 1 793 et 1 794 , deux pièces de
circonstance, MiUiade à Maralhon,
ci Toute la Grèce. Eiilin , il donna
au théâtre Feydcau \c Petit Batelier,
le Mensonge oficieux et le Corn-
père Liic, dont le ])eu de succès
semble prouver que l'imagination de
Lemoyne commençait à s'épuiser. Il
a néanrnoius la gloire d'être le seul
Français , parmi les compositeurs
morts , dont les ouvrages se soient
soutenus au théâtre de l'Opéra , à
LEM 7^?
côté des chefs-d'œuvre de nos troii
grands maîties. Lemoyne mourut à
Paris le 3o décembre 179O, laissant
trois ouvrages manuscrits : Nadir .
ou le Dormeur éveillé, paroles de
Patrat , qui aurait été représenté à
rOpéra, si la piincipale décoraliou
n'eut pas été consumée, en 1787,
dans l'incendie des Menus-Plaisirs;
Sjhius Nen>a , ou la Malédiction
paternelle , paroles de Béfroy de
Regny ( dit le Cousin Jacques ) ,
pièce répétée en 179'i, et non re-
jirésentée, parce qu'elle n'était pas
selon les circonstances ; et Vile des
Femmes , paroles de Rochon de
Chabannes, dont les répétitions fu-
rent interrompues par la mort du
compositeur. — Lemoy ne (Gabriel),
fils aîné du précédent, héritier d'une
partie de ses talents, et bon pianiste,
a laissé des sonates, des romances,
et l'opéra-comique de V Entresol,
qui fut joué au théâtre des Variétés.
Né à Berlin , en 1 77"^ , d'un premier
mariage que son père avait contracté ,
il est mort comme lui à Paris, le
1 juillet 181 5. A-T.
LEMPEREUR ( CoNSTAifTi:* ,.
Voyez Empereur.
LElVrUET ( Pierre, ) architecte,
naquit à Dijon , en 1591. Après
avoir appris les mathématiques dans
sa ville natale, il étudia l'architec-
ture civile et militaire, et donna des
preuves de sa capacité dans cette
dernière science , en fortifiant, par
ordre du cardinal Maza ri n , plusieurs
villes de la Picardie. Il fut chargé
d'achever l'église du Val-de-Grâce
à Paris, depuis le premier ent;J)le-
ment jusqu'au sommet de l'édifice.
C'est de lui qu'est la façade, formée
des deux ordres corinthien et c*)m-
posite, ainsi que les fenêtres ornées
de balustres, séparées par des niches
de coloimes auxquelles ou reproche
:4
LEM
un goût trop mesquin. Il donha en-
suite les plans de l'église des Petits-
Pères , près la place des Victoires;
elle fut commencée eu i658, par Li-
béral Bruant, et terminée par Gabriel
Leduc. Lemuet donna également les
plans du grand château de Luynes et
de ceux de Laigle et de Beauvilliers.
Il mourut à Paris, le 28 septembre
1669. On a de lui : I. La Manière de
lien bâtir pour toutes sortes de per-
sonnes, dédiée au Boi, iG^S; réim-
primée en i663, in-fol. , avec plu-
sieurs fîg., plans et élévations des plus
beaux bâtiments et édifices de France.
II. Traité des cinq Ordres d* Archi-
tecture dont se sont servis les anciens,
traduit de Palladio, augmenté de
nouvelles inventions pour l'art de
bâtir, avec des observations du tra-
ducteur, Paris, 1626; réimprimé en
iG4i. III. Les Règles des cinq Or-
dres d'Architecture de Fignole ,
augmentées et réduites de grand
en petit, Paris, 163*2, in-4°. P-s.
LENjEUS (Jean-Canut), arche-
vêque d'Upsal , naqiiit en 1578, à
Lenna, bourgade à deux lieues d'Up-
sal, et se distingua, dès sa jeunesse,
par son ardeur pour Fétude. Ayant
fait plusieurs voyages, il obtint d'a-
bord la chaire de professeur de lo-
gique, et, peu après, celle de profes-
seur de théologie àUjJsal.Le prince
palatin Charles Gustave, depuis roi
de Suède , passa deux années dans
sa maison pour faire un cours d'é-
tudes; et les parents de ce prince
furent si satisfaits des soins que lui
avait donnés le professeur, qu'ils en
exprimèrent à celui-ci leur recon-
naissance de la manière la plus flat-
teuse. Devenu archevêque d'Upsal,
m 1 047 , Lcnaeus occupa ce siège
]>endant vingt-deux années, et mou-
rut le 2.5 avril 1669, ^géde p6 ans.
11 couronna Christine : peu après il
fut appelé à placer la couronne sur
la tête du prince dont il avait dirige'
l'éducation; et ce prince étant mort
en 1660 , il fît la cérémonie de ses
obsèques. Parmi ses ouvrages , nous
citerons : I. Logica peripatetica ,
Upsal, i633. II. Tractalus de veri-
tate et excellentid christianœ reli-
gionis , ibid. i638. III. Trois orai-
sons junehre s en suédois. IV. Com-
ment aria in Evangelium Johannis,
et iuActa apostolorum, donl J . Alb.
Fabricius donna une nouvelle édi-
tion , en T 7 T 3. C - AU.
LENAIN ( Louis et Antoine ),
frères , tous deux peintres , naqui-
rent à Laon,vers la fin du xvi®. siè-
cle. Ils travaillaient toujours ensem-
ble, et ils s'exercèrent avec succès
dans tous les genres de peinture;
mais ils préféraient traiter des scè-
nes familières, telles que des tabagies,
des cabarets, des mendiants, etc. Le
talent qu'ils déployèrent dans ce
genre, les place au nombre des ar-
tistes qui l'ont cultivé avec le plus de
succès. Le tableau de leur composi-
tion que possède le Musée du Lourre,
et qui représente le Maréchal fer-
rant et saj'amille,yie\it soutenir le
parallèle avec ce que l'école flamande
a produit de mieux dans le même geur
re. C'est une scène d'intérieur éclairée
par le foyer ardent d'une forge j l'ef-
fet en est très-piquant et très-juste: les
Fersonnages ont tout le naturel que
on aime à remarquer dans ces sortes
de tableaux, et celui-ci est peint avec
vigueur et transparence. Ant. et Louis
Lenain furent admis à l'académie de
peinture, l'année même de sa fou-
dation. Plusieurs églises de Paris
possédaient autrefois un assez grand
nombre de leurs tableaux ; la plu-
part ont ])éri , parce qu'ils étaient
peints sur des impressions de glaise,
et que les coulenss peu empâtées,
surtout dans leurs (Irriiurs temps ,
t'eiilcvaifint comn •* si elles eussent
été en détrempe. Le Musée du Louvre
possédait encore un de leurs tablçaux
peint sur bois , et représentant un
homme tenant une chandelle ; il
avait été tire de la galerie de Mec-
klenbourg-Schnerin, et il nous a
été repris , en ï8i5. L'amitié avait
uni les deux frères pendant toute
leur vie: la mort ne put les séparer;
ils expirèrent à deux jours de dis-
lance , au mois de mai 1648. — *•
Mathieu LKSAirf , frcrc des précé-
dents, s'adonna comme eux à la pein-
ture. On a peu de détails sur sa vie ;
on sait seulement qu'il fut reçu mem-
bre de l'académie de peinture , en
même temps que ses deux aînés, et
qu'il cultiva comme eux tous les
genres de peinture. Le Portrait du
cardinal Mazaiin , que l'on voyait
autrefois dans les ailles de l'acadé-
mie , était de lui. Il mourut en
1677. P— s.
LENAIN (DoM Pierre ), né à
Paris , le 9.5 mars \Çt\o , était frère
cadet du savant Tillemont; il fut
élevé sous les yeux de son aïeul , sous-
doyen du parlement , et se fit remar-
quer dans sa jeunesse par la viva-
cité de son esprit, et surtout par une
piété tendre et sincère. Après avoir
terminé ses études , il entra dans la
congrégation de Saint-Victor , où il
parut comme un modèle de péni-
tence. Cependant il ne se croyait pas
digne de recevoir les ordres sacrés ,
tt ses supérieurs furent obligés d'em-
ployer l'autorité pour vaincre sa ré-
sistance. 11 sortit peu de temps après
de l'abbaye de Saint-Victor pour en-
trer dans celle de la Tra])pe , où
l'abbé de Rancé venaitd'établir cette
re'forme devenue .si fameuse. L'ar-
chevêque de Paris ( Péréfixc ) tenta
de s'oppospr à son dessein; m.iis
LEN : >
Lon.iin y persista , cl pionnn^a svs
vœux en \&m;). Il avait une pro-
fonde vénération pour l'abbé de
Rancé ; et ce grand réformateur lui
donna souvent des maïqiics de son
estime particulière ; il le nomma
sous-prieur, et le chargea de présider
les conférences du chajùtre. Le suc-
cesseur de Rancé Aoulut apporter
quelques changements à la règle : D.
Lcnain 5\n plaignit , et le nouvel
abbé lui ota le droit de parler dans
les assemblées des religieux. L'hum-
ble et docte solitaire partageait son
temps entre la p! ière , l'étude et
la pratique des austérités; ni l'âge ni
des maladies fréquentes ne purent
diminuer son zèle. A la suite d'une
indisposition grave , il se rendit à
l'église pour remercier Dieu de sa
guérison ; mais tandis qu'il était en
prières , il fut saisi d'un vomisse-
ment de sang. On le transporta
dans sa chambre, et il y expira quel-
ques heures après , le 12 décembre
1 7 1 3. On a de lui : I. Essai de Vhis-
taire de V ordre de Citeaux, tiré des
annale s de V ordre et de divers autres
historiens, Paris, 1 696 et années suiv,
9 vol. in-i2. Cette histoire , écrite
avec simplicité et onction , remplit
le dessein qu'avait formé D. Lenain,
de procurer à ses confrères une lec-
ture instructive et édifiante. IL Ho-
mélies sur plusieurs chapitres du
prophète Jérémie , Paris , 1697 ,
1705, 2 vol. in-S». Il avait laisse'
en manuscrit une suite à cet ou^Tagej
elle n'a point étépubliée.III. fie de
J, Le Boutitliar de Rancé , abbé de
la Trappe , i\o\wu , 1715 , 3 vol.
in- 19.. Cette vie n'a point été publiée
telle qu'elle était sortie de la plume
de D. Lenain ; l'éditeur y a ajouté
différents traits satiriques , très -in-
convenants dans un ouvrage de ce
^'vnrc.lX.PcH rpetitstraités, l'im sur
i6
LEN
l'état du inonde après le jugement
dernier ; et l'autre sur le scandale
qui peut arriver même dans les mo-
nastères les mieux réglés ; Paris ,
I -j 1 5 , in-8^. L'éditeur est d' Arnau-
din, moine et docteur de Sorbonne ,
qui a fait précéder ces deux opuscules,
d'une Vie de l'auteur. Lenglct Du-
fresnoy lui attribue encore les Re-
lations de la "vie et de la mort ds
quelques religieux de la Trappe;
Paris , 1 704 , 4 vol. in-i 2 j mais on
sait que ces relations sont de l'abbé
de Pvancé. D. Lenain a laissé en ma-
nuscrit une Histoire des martyrs
des premiers siècles , et des Eleva-
tiens à Dieu , pour se préparer h la
mort. La Fie de D. Lenain , qu'on
vient de citer , est superficielle et
écrite d'un style diffus; elle est suivie
d'un Catalogue des religieux morts à
la Trappe , depuis 16Ô7 jusqu'en
1714. On peut consulter les Mémoires
de Nicéron , t. ix et x , et le Moréri
de 1759. W-s.
LENAIN ( Sebastien ). Fojez
TlELEMO?JT.
LEN CLOS ( Anne de ) , plus or-
dinairement appelée Ninon , naquit
à Paris ,1e i5 mai 1616, de M. de
Lenclos , gcntilbomme de ïouraine ,
et de M^^'^. de Raconis, son épouse ,
d'une famille noble de l'Orléanais.
M«i«. de Lenclos voulait faire de
Ninon une dévote; mais M. de Len-
clos , homme d'esprit et de plaisir ,
se chargea lui-même de l'éducation
de sa fdle , et donna une direction
toute différente à ses inclinations.
Ninon perdit ses parents de bonne
heure : dès l'âge de quinze ans , elle
se trouva maîtresse d'elle-même , et
d'une fortune que les dissipations de
son père avaient considérablement
réduite. Elle mit son bien à fonds
perdu , et se fît , par ce moyen , un
revenu suîHsanl pour vivre dans l'ai-
LEN
sance , et même pour aider , au be*
soin , ses amis : elle sut économiser
sans avarice , et dépenser sans pro-
fusion. Plusieurs fois elle fut recher-
chée en mariage ; mais elle chéris-
sait trop l'indépendance pour con-
tracter un engagement. Elevée dans
les principes les moins sévères, et née
avec des sens fort vifs , elle se livra
toute entière aux plaisirs de l'amour.
Nous n'entreprendrons point ici
l'apologie d'une conduite si peu re-
tenue. En renonçant à la principale
vertu de son sexe, Ninon a sans
doute perdu une grande partie de ses
droits à l'estime ; mais s'il n'est pas
permis de chercher à excuser ses
torts, il doit l'être au moins démet-
tre sous les yeux du lecteur tout ce
qui peut contribuer à les faire juger
moins rigoureusement. M. de Len-
clos , professant ouvertement l'épi-
curéisnie le plus relâché, avait donné
à sa fille des préceptes de volupté
qu'il ne confirmait que trop par sa
manière de vivre ; et l'on sait quelle
influence exercent sur nos idées et nos
actions de toute la vie , les discours
et l'exemple des personnes qui ont
présidé à notre éducation , surtout
lorsque ces personnes nous ont été
chères , et que leur doctrine a caressé
nos goûts , au lieu de les contrarier.
Abandonnée fort jeune à sa propre
volonté , entourée de mille adora-
teurs que lui attiraient ses charmes ,
flattée d'inspirer de l'amour , ne
pouvant s'empêcher d'en ressentir
elle - même pour des hommes qui
réunissaient presque tous, aux grâces
de l'esprit et du corps ^ l'éclat d'une
grande fortune ou d'une haute nais-
sance , comment Ninon se serait-elle
défendue contre tant de séductions ?
Elle y céda sans résistance ; mais , si
elle fut faible, elle ne fut point vile.
(Quoiqu'elle eût le tort très-grand de
ronsi(!crcr l'amour, non comme un
.sentiment , mais comme nne sensa-
tion , on ne voit point qne cette espèce
de malcrialisme , qui aurait pu l'cn-
traîner aux choix les plus honteux,
lui en ail jamais fait faire un seul
que l'ame la plus délicate eût pu dc-
saTouer. La liste de ses amants est
nombreuse; mais il n'y (igure aucim
nom que , pour son honneur, on soit
fâché d'y voir inscrit : ce sont les
Condé , les La Hochcfoucauld , les
Longucville,lcs Coli^y , les Villar-
ceaux , les Sevigne , les d' Albret , les
d'Estre'cs , les Gersey , les d'Efliat ,
les Cilérambault , les La Châtre , les
Bannier , les Gourville , etc. Ce qui
établit surtout une prodigieuse dif-
férence entre Ninon et les autres
femmes qui , comme elle , ont fait
de l'amour une sorte de profession ,
c'est qu'elle ne trafiqua point de ses
Caveurs. Par inclination , par ca-
price , ou même par vanile , elle les
accordait en pur don à l'amabilité,
au mérite , à la célébrité ; mais ja-
mais elle ne les rendit à la richesse.
Elle poussait , dit-on , les scrupules
du désintéressement jusque-là , que
ceux dont elle avait satisfait les
désirs , perdaient le droit de lui
faire accepter les dons les plus lé-
%evs. Celle qui rejetait les présents de
l'amour comme un salaire oiVcnsant,
n'élait pas faite pour retenir les dé-
pôts de l'amitié; et tout le moîide
connaît le tr.iit de probité relatif au
dépôt de Gourville. ( Foyez Gour-
ville , XVIII , iio5 , note 'i. ) Ni-
non ne trahissait point ses amants :
elle cessait de les aimer , et le leur
disait. Ce ne fut que pour se sous-
traire aux fatigantes importunilés
de la Châtre , qu'elle lui signa ce fa-
meux l*illet , où elle faisait de tous
les serments celui qu'elle était le
moins en étal de tenir , le serment
de nVn jamais aimer d'autre de sa
vie ; et elle ne se crut pas liée un seul
instant par un engagement si témé-
raire. On sait que , dans le moment
même où elle manquait à la foi jurée
de la manière la moins équivoque ,
elle s'éciia ])lusieurs fois : Ah ! le
bon billet qua La Cfuitre! \o\a^e
en amour , mais non point perfide ,
Ninon était en amitié d'une cons-
tance à toute épreuve. Ses amants ,
en cessant de l'être , devenaient ses
amis ; et c'était pour toujours. L'a-
mitié était le seul senlimcnt respjec-
table a ses yeux , et elle en remplis-
sait religieusement tous les devoirs.
Tous ses contemporains s'accordent
à la peindre comme la plus sédt.i-
saule des femmes. Sa taille , disent-
ils , était pleine de noblesse , de
grâce et de volupté: sa figure n'était
pas parfaitement régulière, et n'avait
pas ce grand éclat de beauté qui
frappe d'abord ; mais l'examen y
faisait découvrir une foule d'à -
gréments et de finesses qui la ren-
daient préférable aux figures les plus
correctes et les plus éblouissante5.
Les charmes de sa jiersonne se con-
servèrent si long-temps , ils dimi-
nuèrent d'une manière si lente et si
j)eu sensible, qu'elle prolongea le don
de plaire et d'exciter le dcsir jusqu'à
un âge où les autres femmes sont
fort heureuses de ne pas exciter
le dégoût. On prétend qu'à quatre-
vingts ans elle inspira une forte pas-
sion à rabl)é Gédoyn. Voltaire ne
rejette pas entièrement celle anec-
dote , comme quelques autres ont
fait ; mais à l'abbé Gédoyn il subs-
titue l'abbé de Chàleauneuf , et il
rabat dix années de l'âge attribué à
Ninon quand elle fit sa dernière folie.
Au compte même de Voltaire, c'est
encore avoir poussé bien loin sa car-
rière amoureuse. L'abbé Fraguier ,
n3 LKN
qui n'avait connu Ninon que dans un
âge trcs-avancë, disait que « qui-
» copque voulait l'aire attention à ses
w yeux , pouvait y lire encore toute
)) son histoire. » Chaulieu exprime
autrement la même idée : » L'amour,
î) disait-il , s'était retiré jusque dans
» les rides de son front. » L'esprit de
Ninon , aussi agréable que solide ,
n'était pas moins célèbre que ses
charmes. Elle s'était formée de
bonne heure par la lecture de
nos meilleurs écrivains : à dix ans ,
Montaigne et Charron étaient ses
livres favoris. Elle parlait avec
facilité l'italien et l'espagnol. Elle
évitait avec un soin extrême le ridi-
cule ^ si commun parmi les femmes
qui croient être , ou qui sont en effet,
plus instruites que les autres, celuide
faire parade de leur savoir. Mignard
se plaignait de ce que sa fille , depuis
comtesse de Feuquières , manquait
de mémoire. Vous êtes trop heu-
reux , lui dit Ninon , elle ne citera
point. « Son entretien était doux
» et léger , dit l'abbé Fraguier : la
» contrariété la blessait , mais il n'y
)> paraissait pas. » Elle n'avait pas
négligé les arls agréables ; elle dan-
sait avec grâce , chantait avec goût,
et jouait très - bien du clavecin , du
luth , du téorbe et de la guitare. Tant
d'agréments réunis ne pouvaient man-
quer d'attirer chez elle l'élite de la
cour et de la ville. Les homnaes les
plus distingués par la naissance, l'es-
prit et les talents , lui faisaient une
cour assidue. Des mères ambition-
naient pour leurs fds l'avantage d'être
admis chez Ninon, près de qui ils se
formaient aux manières et au ton de
la bonne compagnie. Cette faveur n'é-
tait pas accordée indistinctement à
tous ceux qui la sollicitaient; un mé-
rite reconnu, ou d'heureuses disposi-
tions pour eu acquérii-y étaient , avec
la probité, les seuls titres qui pussent
la faire obtenir. Ninon n'y fut trom-
pée qu'une fois. Ala sollicitation d'uu
de ses meilleurs amis, elle avait con-
senti à recevoir chez elle un M. Ré-
mond, dont l'éducation ne lui fit
point honneur. Il se signala bientôt
dans le monde par tous les genres de
ridicules. On apprit à Ninon qu'il
allait se vantant partout d'avoir été
formé par elle. Je suis comme Dieu,
dit-elle , qui s^est repenti d'avoir
formé l'homme. Dégoûtée de l'ivro-
gnerie de Chapelle, qu'elle avait inu-
tilement voulu corriger de cet ignoble
défaut , elle finit par l'exclure de sa
maison. Chapelle offensé jura que,
pendant un mois entier , il ne se cou-
cherait pas sans être ivre , et sans
avoir fait une chanson contre Ninon.
Il tint parole. On conçoit sans peine
que les hommes , moins scrupuleux
dans leurs liaisons de tout genre,
aient recherché avec empressement
la société d'uue femme , disons la
mot , d'une courtisane charmante ,
et se soient , en quelque sorte , fait
un honneur d'y être admis : mais que
des femmes , à qui le soin de leur
réputation commandait à cet égard
la plus grande réserve , n'aient pas
rougi d'être ouvertement les amies
de Ninon , voilà ce qui étonne avec
raison, voilà ce qu'on ne peut expli-
quer que par un mérite vraiment ex-
traordinaire dans la personne qui les
faisait ainsi passer par-dessus les con-
seils du pbis sage préjugé. Cela fait
supposer aussi que Ninon mettait dans
sa conduite autant de décence exté-
rieure qu'il en fallait pour que des
femmes honnêtes ne fussent point em-
barrassées chez elle de leur conte-
nance.M^^s.de laSuze,de Castelnau,
de la Ferté , de Sully , de Fiesque ,
de la Fayette, etc. , furent liées avec
elle d'une véritable amitié. Elle eu
nvait contracte une ])ln$ cftroite et
nliis intime encore avec M'"'', de
Mainlcnon , lorsque œlle-ci n'clait
que madame Scarron. Parvenue
au faîte des grandeurs , celle dame
fît proposer à son ancienne ainie de^
changer de vie , et de venir auprès
d'elle à la cour. Ninon refusa. Ce ne
fut pas la seule fois qu'elle sacrifia
la fortune cl la faveur à son amour
pour le repos et la liberté. La reine
Cihrisline fit en vain mille efforts pour
remmener avec elleà Rome. Elle dit,
en partant, qu'elle n'avait trouvé au-
cune femme en France qui lui plût
autant que 17//// Jire Ninon. C'est dans
une conversation avec celte reine, que
Ninon qualifia les précieuses, de jan-
sénistes de V amour. Plusieurs beaux-
esprits du temps , plusieurs écrivains
assez distingués , la célébrèrent en
prose et en vers. De ce nombre furent
Scarron , Regnier-Dcsmarais , l'abbé
de Châteauneuf et Saint- Evremont.
Ce dernier 2)artageait ses adorations
entre elle et la fameuse duchesse de
Mazarin ; tout le monde connaît son
joli quatrain :
L'inJulffentc et tape nature
A formé l'ame de Ninon ,
Delà roliipté il'Epicuie,
Et d« la T«rtu de Ca*on.
tJn hommage plus flatteur encore
pour elle , c'est le cas que Molière
faisait de son esprit et de son goût •
il la consultait, dit-on , sur tous ses
ouvrages. Gomme il lui avait lu un
jour sou Tartuffe, elle lui raconta
une aventure qui lui était arrivée avec
un scélérat à peu près de la même es-
pèce.Molière rapporte qu'elle lui avait
tracé le porlralt de cet homme avec
des couleurs si naturelles et si vives,
que , si sa pièce n'eût pas élé faite ,
il ne l'aurait jamais entreprise , tant
il se serait cru incapable de rien
mettre sur le théâtre d'aussi parfait
(ia% le Tarlufï'e de M"«. de Lcudos.
LEN 7(j
Tout porte à croire queNinon appar-
tenait à la secte d'Epicure, non-seu-
lement par son amour j)our la vo-
lupté, mais encore ])ar son indifTc-
rence pour la relidon, si toutefois
ce n'était que de l'indifférence. « Si
» vous saviez, dit M"»*^. de Sévigné ,
» comme elle dogmatise sur l^reli-
» giou , cela vous ferait horreur. »
Un jésuite, ayant, dit-on, essayé de lui
Iirouver quelques-unes des vérités d«
a foi, et n'ayant pu en venir à bout,
finit par lui dire : Eh bien ! Made-
moiselle , en attendant que vous
soyez convaincue , ojfrez toujours
à Dieu vot'e incrédulité. Rousseau
a mis ce mot en épigramrae. Il paraît
que Port - Royal entreprit aussi sa
conversion , sans plus de succès.
Fous savez, dit-elle à Fontenelle ,
le parti que j^ aurais pu tirer de mon
corps: je pourrais encore mieux ven-
dre mon ame ; les Jansénistes et les
Molinistes se la disputent. Un de ses
amis refusant de voir son curé dans
une maladie, elle lui mena ce prêti'e,
à qui elle dit : Monsieur, faites votre
devoir; je vous assure que, quoiqu'il
raisonne , il n'en sait pas pins que
vous et moi. On cite d'elle plusieurs
réflexions profondes ou ingénieuses.
Elle eut , à l'âge de vingt-deux ans ,
une maladie qui la mit au bord du
tombeau. Ses amis déploraient cette
rigueur du destin qui la faisait périr
dans son printemps. Ah ! leur dit-
elle , je ne laisse au monde que des
mourants. Elle disait quelquefois :
La beauté sans ^rdce , est un hame-
çon sans appdt. — Je rends grdcc à
Dieu tous les soirs de mon esprit ,
disait-elle un jour à St.-Evremont ,
et je le prie tous les matins de me
préserver des sottises de mon cœur.
Elle prétendait « qu'une femme sen-
» sec ne devait jamais prendre d'a-
>i manl sans l'aveu de son cœur , ni^
Sa LEN
» de mari sans le consentement de
« sa raison. » Ninon avait le talent
des vers ; mais elle en faisait rare-
ment usage. Le grand-prieur de Ven-
dôme avait tente inutilement de se
faire aimer d'elle; outre de ses refus,
il mit ce quatrain sur sa toilette :
Indigne lie mes feux, indigne Je mes larmes,
Je r/iionce «ans peine à Us faibles appas :
M»n aftiom te prêtait des charmes,
Ingrate , que tu n'avais pas.
Elle y repondit par cette parodie :
Insensible à tes fpux , insensible à tes larmef.
Je te vois renoncer à mes faibles appas;
Mais si l'amonr prête des charmes ,
Pourquoi n'en empruntais-tu pas ?
Le bonheur dont jouissait Ninon
fut trouble par l'accident le plus
affreux. Un fds qu'elle avait eu de
Yillarceaux, ignorant qu'elle était
sa mère , devint ëperdument amou-
reux d'elle; et lorsque voulant mettre
fin à cette fatale passion , elle lui eut
rëvëlele secret de sa naissance, l'in-
forluné jeune homme alla se poi-
gnarder de désespoir. Son autre fils,
nommé la Boissière , fit une espèce
(de fortune; il devint capitaine de vais-
seau , et mourut à Toulon en 1 73'2 ,
âge de 75 ans. Tout le monde sait
que Voltaire fut présente à Ninon ,
au sortir du collège , par ra])Lé de
Châteauneuf , el qu'elle lui laissa par
son îestamentdeux mille francs pour
acheter des livres. Ninon mourut à
Paris , dans sa maison de la rue des
Tourneîles , au Marais ( i ) , le 17
octobre 1706, à l'âge de quatre-
vingt-dix ans et cinq mois. On a écrit
plusieurs fois sa vie. ( Fojez Bret et
Damours. ) Voltaire , impatienté de
voir paroîlre tant de mémoires sur
elle , dit ; « Si cette mode continue ,
» il y aura jjientôt autant d'histoires
» de Ninon que de Louis XIV. » H
reste d'elle un petit nombre de lettres
(i) Son appartement a éti conservé t«I qu'elle
l'avait arr&iigé.
LEN
adressées à St.-Evremont , qui sont
ensevelies dans le volumineux re-
cueil des œuvres de cet auteur , et
qu'on en a extraites pour les impri-
mer à part , d'abord en 1761 , pré-
cédées de Mémoires sur Ninon, attri-
bués à Dourxménil , ensuite dans la
collection des lettres de femmes cé-
lèbres , ])ubliée en 1 8o5 par Léopold
Collin. Les lettres de Ninon sont re- ,
marquablcs par le naturel etl' élégante
simplicité du style. On lui attribue,
sur la foi de l'abbé de St.-Léger, un
petit écrit, intitulé La Coquette ven-
gée ^ qui a été inséré dans la collec-
tion de Léopold Collin , ensuite dans
une réimpression, faite en 1806 , des
prétendues Lettres de Ninon de l'En-
clos au marquis de Sé^igné , dont
l'auteur est Damours. M. de Ségur
jeune a publié, en 1789 , in-S». , ou
2 vol. in- 12 , une Correspondance
secrète entre Ninon de V Enclos ,
M. de Villarceaux et Madame de
Maintenon : c'est encore un ouvrage
supposé. Voltaire a mis en comédie
sous le titre du Dépositaire , le trait
de la cassette rendue à Gourville ; et
il a consigné plusieurs anecdotes re-
latives à Ninon , dans une Lettre qui
fait partie de ses Mélange* litté-
raires. A-G-R.
LENET (Pierre) succéda , le 23
septembre 1607 , à son père, Claude
Lenet, conseiller au parlement de
Bourgogne, efdevint en 1641 , pro-
cureur-général près le même parle-
ment. Il y réunit, en i (340, la charge
de procureur-général à la table de
marbre de Dijon. -Cenet était lié
particulièrement avec le comte de
Bussy-Kalmlin , qui nous a conservé
une joUe épîtrede leur composition
adressée à M. et à M"»^ de Sévignc ,
dans le mois de mars 1646. Cette
dernière parlant de Lenet à sa fille,
dans sa lettre du 5 juin 1689, dit
T.EN
^uil avait de l'esprit comme douze;
et elle écrivait à Biissy, le \i juillet
1691 : « J'ai vil M. de Larre, fils
» de notre pauvre ami Lcnet,aycc
» qui nous avons tant ri; car jamais
« il ne fut une jeunesse si liante
» que la nôtre, de toutes les façons.»
liCnet abandonna Bussy - Kabutin
dans sa dis|»ràce, comme on le voit
dans un fragment des mémoires de
celui-ii, inséré dans une note de la
lettre 634 de Tédition que l'auteur
de cet article donna , en i8i8 , des
Lettres de M™*, de Sévigné. Devenu
cnnemijBussynepardonnait pas; aus-
si ne se réconcilièrent-ils jamais. Con-
sidéré sous un autre point de vue, Le-
net n'est pas étranger à l'histoire. Sa
famille était depuis long-temps at-
tachée à la maison de Condé ; et ce
fut à cette recommandation puis-
sante, qu'il dut , sous la régence , sa
Sromotion à la place de conseiller-
*état. Anne d'Autriche le choisit
pour être l'un des intendants de jus-
tice , police et finances , pendant
ie siège de Paris , en 1649. Les
princes de Condé et de Conti , ayant
été arrêtés avec le duc de Longue-
ville, leur beau-frère, le 18 janvier
i65o,Lenet,qui était alors en Bour-
gogne, commença à travailler sour-
dement pour leurs intérêts ; puis
étant vctiu à Paris, il eut ordre de
la régente de quitter cette ville. Il se
rendit à Chantiili, où les deux prin-
cesses de Condé s'étaient retirées
avec le jeune duc de Bourbon. Le-
nct devint le chef de leur conseil;
et ce fut lui qui détermina la jeune
princesse de Condé à se rendre avec
son fils à Montrond, château-fort du
Berri,qui appartenait au prince son
mari. Le récil des événements aux-
quels celte retraite donna lieu , et
de Tempire que l'épouse du grand
Gondé exerça dans la ville de Bor-
3LXIV.
li:n
8t
deaux, appartient tout entier à l'his-
toire de cette princesse ; Lenct eu a
tracé le tableau, dans les Mémoires
qu'il nous a laissés sur l'histoire dei
guerres civiles Aas années 1649 et
suivantes , et qui ont été publiés ,
en i'J'-i9, en deux volumes in - la ,
sans indication de lieu. On lit dans
la Bibliothèque des auteurs de Bour-
gogne, qu'un parent de ce magistrat,
conservait une copie de ces mémoi*
res, qui était plus ample que l'im*
primé. Lenet n'est pas un écrivain
élégant ; mais son récit porte le ca-
ractère de la franchise, et il rapporte
beaucoup de circonstances qui sans
lui seraient restées inconnues. Ilmou*
rut à Paris , le 3 juillet 167 1. Un de
ses frères , mort en 1676 , était
connu sous le nom de Xabbé de la
Fictoire; c'était un homme d'esprit
dont M"**=. de Sévigné nous a con-
servé quelques mots heureux. Il
avait un autre frère nommé Phi--
lippe, qui était général de l'ordre du
A/ al -des-Choux , en Bourgogne. —
Philibert-Bernard Lenet, chanoine
régulier de Sainte-Geneviève, profes-
seur en théologie, dans l'abbaye dô
Saint-Jacques de Provins, et anciea
abbé du Val-des-Écoliers, parent des
précédents, naquit à Dijon, le 24
août 1677; il était fils de Philibert
Lenet, conseiller au parlement de
Bourgogne. On a de lui V Oraison
funèbre de François d'Aligre, abbé
commandataire de Saint-Jacques de
Provins, Paris, 1712 , in-1.2. Il est
auteur de l'Avertissement qui est à
la tête du traité des Principes de la
foi chrétienne , par Duguet , Paris ,
1736, in- 12 , ainsi que du Témoi-
gnage au sujet de M. Dumiet, qui
se trouve dans le recueil des letties
que M*"*^. Mol fit imprimer en 1 734,
et qui est dédié au père Lenet. Il
flioiiiul eu 174s. M-i.
6
6a LEN
LENFANT (Jacques) ; ministre
protestant, ne eu 1661 , à Bazoclies
dans la Beauce , commença sou
cours de théologie à Saumur, sous
Jacques Cappel, et alla le continuer
à Genève. Il passa, en 1684, à
Heidelberg ; et l'année suivante, il
fut nommé chapelain de l'electrice
douairière palatine, et pasteur ordi-
naire de l'église française. Dans le
mois d'octobre 1688, il sortit pré-
cipitamment de Heidelberg, parce
qu'il craignait les troupes françaises
qui venaient d'entrer dans le Palati-
iiat , sous le commandement de Tu-
renne , et se rendit à Berlin, où il
commença , en 1689 , .à exercer les
fonctions de pasteur , qu'il continua
de remplir pendant près de qua-
rante ans. En 1707, il fit un voyage
en Angleterre , et prêcha devant la
reine Anne , qui l'aurait pris pour
chapelain s'il avait pu se résoudre
à renoncer à Berlin. En 1 7 1 o , il fut
agrégé à la société de la propaga-
tion de la foi, établie en Angleterre.
Il visita Helmstadt en 171'^ , et
Leipzig en 1 7 1 5, dans le dessein de
compulser les bibliothèques , et d'y
découvrir les livres rares et les ma-
nuscrits dont il avait besoin pour
composer ses ouvrages historiques.
Le 2 mars l'j'^i, l'académie des
sciences de Berlin le reçut parmi
ses membres. Il mourut d'une at-
taque de paralysie , le 7 août 1728.
La reine Sophie Charlotte l'avait
nommé son prédicateur; et à la mort
de cette princesse, en 1705, le roi
Frédéric - Guillaume le prit en la
même qualité. Lenfant fut aussi
membre du consistoire supérieur et
du conseil français, chargé de diri-
ger les affaires des réfugiés. On a dit
ue,dans ses écrits, l'on trouvait plus
e modération que dans ceux de ses
confrères. Il est vrai que l'impar-
I
LEN
tialité la plus étudiée règne dans sel
histoires ; mais dans ses controver-
ses , il n'est ni plus juste , ni plus
modéré que les autres ministres. On
f>eut voir dans Niceron , tome ix ,
a liste de ses ouvrages , au nom-
bre de trente-cinq. Nous indiquerons
les suivants : I. Considérations géné-
rales sur le Livre de M, Bnieys ,
intitulé : Examen des raisons qui
ont donné lieu à la séparation des
protestants, Rotterdam , 1684 ■> i^-
8**. L'auteur n'avait alors que vingt-
trois ans. II. Lettres choisies de
Saint Cyprien aux confesseurs et
aux martyrs , avec des remarques
historiques et morales, Amsterdam»
1688, in- 12. \\\. De inquirendd
veritate, Genève, 1691 , in-4''. C'est
une traduction latine du livre de
Malebranche. IV. Histoire de la
papesse Jeanne , fidèlement tirée
de la dissertation latine de M.
Spanheim, Cologne, Amsterdam,
1694 , in-12. Desvignoles, qui avait
eu beaucoup de part à cette édition ,
en donna une seconde, La Haye,
17*20 , in- 12, 2 vol., et y fit quel-
ques additions , avec le consente-
ment de Lenfant. (Avertiss. du li-
braire. ) V. Histoire du concile de
<7on5f«nce, Amsterdam, 1 7 1 4, in-4''.
fig. Leclerc écrivait à l'abbé Bi-
gnon , à l'occasion de cet ouvrage :
« M. Lenfant vient de publier l'his-
» toire du concile de Constance, que
» l'on verra bientôt à Paris. On y
«trouvera, non -seulement beau-
î> coup de travail et d'exactitude,
» mais encore de sincérité et de
» modération. S'il n'y avait pas
» mis son nom, on ne devinerait
» assurément pas qu'un ministre est
» l'auteur de cet ouvrage. Il serait
» à souhaiter que toutes les histoi-
» res s'écrivissent avec le meraa
» calme et la même retenue. » Cepen-
LEN
dant l'aljbc Bignon ne pensait pas
tout-à-fait de nicnic. Il accuse Len-
fanf, dans une lettre qu'il lui adresse,
d'avoir laisse trop paraître l'esprit
de parti et sa haine contre l'église
catholique. ( Gorresp. Mss. ) L'édi-
tion de 1727, Amst., u vol. in-4". ,
quoique plus soignée, est loin d'être
parfaite. VI. Apologie pour l'auteur
de l'Histoire du concile de Cons-
tance contre le journal de Trévoux,
du mois de décembre 1 7 1 4 » Ams-
terdam , 1716 , in-4<*. VII. Histoire
du concile de Pise , et de ce qui
s^est passé de plus mémorable de-
puis ce concile jusqu'au concile de
Constance^ Amst., 1724; Utrecht,
1731,2 vol. in-4°. Il y a, à la fin,
une déclaration de Charles VI con-
tre le duc de Bourgogne, et une justi-
fication de ce prince. VIII. Histoire
de la guerre des Hussites et du con-
cile de Baie , Amsterdam , l'J'if) ;
Utrecht , 1731 , a vol. in-4°. La
veuve de l'auteur ayant préside à
l'impression de cette édition , y joi-
gnit, d'après la volonté deLeufant,
la dissertation de Beausobre sur les
Adamites de Bohème. IX. Traduc-
tion du Nouveau-Testament , avec
des remarques et d'amples pré far-
ces (avec Beausobre) , Amsterdam,
171G, '2 vol. in-4". X. Pojj^gianay
ou la vie , le caractère , les senti-
ments et les bons mots de Pos^e^
Florentin , avec l'histoire de Flo-
rence, édite par le Pogge , et un
supplément de diverses pièces im-
port- nies. Amsterdam, 179.0, 9. vol.
in- 12. On trouve quelques lettres de,
Lcnfant, au sujet de cet ouvrage,
dans des journaux littéraires. XI.
Seize sermons sur divers textes ,
Amsterdam, 17-28, in-S». XII. Bi-
bliothèque germanique^ ou Histoire
littéraire de l'Allemagne et des
pays du Nord depuis i yio jusqu'en
LEN
85
1740 (avec Beausobre, Larroze,
Mauclerc et Formey), 5o vol. in- 1 'i.
XIII. Journal littéraire d'Allema-
gne , de Suisse et du Nord ( avec
les mêmes), •?. vol. in-S^. Lenfant a
aussi donné beaucouj) de pièces dans
la Bibliothèque rAoïA/e de Leclerc,
et dans les Nouvelles de la Bépu-
blique des Lettres. 11 était en cor-
respondance avec les principaux per-
sonnages de sou temps, d'Aguesseau,
l'abbé Bignon , dont nous avons eu
occasion de voir le Mss. , Bayle, Cu-
per, etc. Leibnitz l'avait soupçonné,
mais injustement, d'avoir écrit con-
tre V Harmonie préétablie. On trou-
ve un Mémoire historique sur Len-
fant , en tcte de la deuxième édi-
tion de V Histoire du concile de
Bdle et dans la Bibliothèque ger-
manique, tome XVI.
L-B-E.
LE^fFANT ( Alexandre-Char-
les-Anne), jésuite, célèbre pré-
dicateur , naquit à Lyon , le 6 sep-
tembre 17'iO, d'une famille noble ,
originaire du Maine. Il fit ses pre-
mières études chez les jésuites de
cette ville , qui développèrent ses
heureuses dispositions pour les scien-
ces et pour la piété. En T741 , il fut
admis au noviciat d'Avignon, et, peu
d'années après , envoyé à Marseille
pour y professer la rhétorique. Son
début dans la carrière de la prédi-
cation eut tant de succès , que ses
supéiieurs résolurent de l'y fixer
exclusivement. Les principales villes
de France l'entendirent avec la plus
grande salisiaction, et surtout arec
beaucoup de fruit. A MaUnes,il con-
quit, par ses prédications , à l'église
catholique , un ministre anglican ,
ami d'Young. La suppression de sa
soriélé, consommée en 1773, lança
dans une nouvelle sphère le père
^jcnfant, alors âgé de quarante-sept
aûs : il était l'ornemeut du cloître ;
84 Ï^EN
il ne fut pas déplacé dans le monde,
où ilconlinua le cours de ses bonnes
œuvres et les fonctions de son apos-
tolat. Plusieurs souverains s'empres-
sèrent de l'attirer auprès d'eux. Les
philosophes eux-mêmes assistèrent
à ses discours. Le père Lenfant prê-
cha plusieurs stations à Lunëville, à
Vienne et à Yersailles.Bideroî et d' A-
lembert le suivirent pendant un ca-
rême entier à Saint-Sulpice ; et après
un Seimon sur la foi, le premier dit
à l'autre ; « Quand on a entendu un
» discours semblable, il devient dif-
:) ficile de rester incrédule. » Ceux qui
ont entendu i'abbé Lenfant, convien-
nent qu'il électrisait son auditoire,
«00 parla pompe du débit, mais par
i'harmonie de sa voix, par sOn air
de conviction , et par la force de sa
composition. En 1791 , il prêchait
le carême à la cour; mais il fut obligé
d'interrompre la station par suite de
son refus du serment à la constitu-
tion civile du clergé. Le 3o août,
1 792 , il fut conduit à la prison de
l'A-bbaye; et le lendemain , il com-
mença , pour ainsi dire , ses dispo-
sitions testamentaires , en remettant
à un huissier l'argent qu'il avait sur
lui. « Le 3 septembre, à dix heures
i) du malin, dit un témoin échappé au
» massacre , i'abbé Lenfant et l'abbé
» de Rastignac , parurent dans la
*» tribune de la chapelle qui nous
» servait de prison j ils annoncèrent
;> que notre dernière heure arrivait,
» et nous invitèrent à nous recueillir,
5) pour recevoir leur bénédiction.
» Un mouvement électrique , qu'on
» ne peut défmir , nous précipita
» tous à genoux , et les mains join-
» tes , nous la reçûmes. » Après re-
gorgement de plusieurs prêtres , du
comte de Montmorinet des Suisses,
Tabbé Lenfant fut appelé devant
^espèc^de tribunal que les meui-
LÊN
triers avaient établi. En le voyant
paraître , le peuple demanda qu'il
fût épargné. Les bourreaiix le lâ-
chèrent ; on lui criait de tout coté :
Sauvez-vous, Il était hors de la
foule, et déjà même dans la rue de
Bussy , lorsque des femmes le tra-
hirent , en disant indiscrètement :
C'est le confesseur du Roi î II est
saisi de nouveau et ramené à l'Ab-
baye ; il lève les mains au ciel et
profère ces paroles évaugéiiques , les
dernières qui sortirent de sa bouche :
Mon dieu, je vous remercie de pou-
voir vous offrir ma vie , comme vous
avez offert la vôtre pour moi. Il se
met à genoux , et il expire sous les
coups des assassins. Quelque temps
auparavant, les administrateurs de
police et de surveillance , consultés
par Maillard sur le sort destiné à
l'abbé Lenfant, répondaient de la
Mairie :« Nous déclarons au peuple,
» qu'il importe beaucoup à l'intérêt
» public que l'abbé Lenfant soit con-
» serve ; mais qu'il ne soit pas mis
» en liberté ; au contraire , très-
» étroitement gardé. » Voulait-on le
sauver ? cela est vraisemblable. Mais
le délire dans lequel étaient plongés
ces cannibales, ne leur permit pas d«
prendre des mesures pour parvenir
à ce but. Nous avons de l'abbé Len-
fant : I. Oraison funèbre du Dau-
phin y père du Roi Louis XVIII ,
prononcée à Nanci , en 176G. II.
Sermons pour VAveîit et pour le Cu'
rémCy Paris, i8i8,in-i2, 8 vol.
III. Oraison funèbre de M. de
Belzunce , évêque de Marseille^
prononcée en latin , et imprimée
avec une traduction française, 1 756,
in-8^. Quelques personnes lui attri-
buent le Discours à lire au conseil,
sur le projet d'accorder Vétat civil
aux protestants i mais c'est à tort, il
est du P. Bomieau. Le P. Lenfant était
T.RN
fcrtnincmcnt run des }>lns p;ran(ls
pivdiratcurs île son temps : ses ser-
mons paraissent n'avoir pas cepen-
dant obtenn , après rini])ression, le
5uccès que semblait annoncer sa ré-
putation. Sa famille en conserve
près de 4o , et une correspondance
avec son frère. L-b--e.
LENGLET DUFRESNOY (INico-
LAs), ne à Beauvais , le 5 octobre
i(i'j4 ' fi' SCS études à Paris. Il e'tait
encore sur les bancs de rc'colc et
dans sa seconde année de tlie'ologie,
lorstp'à l'âge de vingt-deux ans, il
débuta dans la carrière des lettres
par un opuscule qui fit quelque bruit.
D'autres écrits qu'il publia sur des
"lalières analogues donnaient lieu
' croire qu'il se livrerait à la the'o-
ii)gie, quand les circonstances le lan-
cèrent dans la carrière diplomatique.
Kn 1705, il fut premier secrétaire ,
pour les langues latine et française,
♦le la cour de l'électeur de Cologne,
Joseph Clément de Bavière, qui re-
niait à Lille. Se trouvant dans cette
> lUe lorsqu'elle fut prise par le prince
l'-iigène, Lenglet lui demanda et en
obtint un sauf-conduit pour tout ce
I li appartenait à la couronne élec-
rale. Sa position lui donna occa-
!on de déjouer les projets de quel-
ques ennemis de la France, a La dé-
w couverte la plus importante qu'il
» fit, dit Michault, fut celle d'un
» capitaine des portos de Mons, qui
» devait Irvrer aux ennemis, non-
» seulement la ville (Lille), mais
» encore les électeurs de Cologne et
» de Bavière qui s'y étaient reti-
» rés.... Le traître fut convaincu et
« rompu vif. » Le même Michault
raconte qu'en 1718, lors de la cons-
piration de Cellamare {Voyez (.kl-
LAMARK, tOra. VII, ])ag. '>o'iet5o3 ) ,
Lenglet Dufresnoy fut choisi pr le
aijiiîîcri? pour pénétrer cjltf inlii-
gue. Il ne voulut se charger, dit-on ,
de cette commission jjeu délicate |
qne sur la promesse qui lui fut faite
qu'aucun de ceux qu'il décou\ rirait
ne serait puni de mort. Ce serait
donc en qualité de mouton qu'il au*-
rait été mis à la Bastille dès le mois
de seplembre 1 7 1 8, comme prévenrt
d'avoir fabriqué, au nom du parle-
ment, nn Mémoire au duc du Maine.
C'était la première fois qu'il habi-
tait celte prison. On raconte qu'il y
fut mis dix ou douze fois; il y a
erreur au moins de moitié. L'ab-
bé Lenglet fut conduit à la Bastille
pour la seconde fois en 172^ ; pour
la troisième , en 1 743 j pour la qua-
trième, en 1 760 , à cause de son
Calendrier historique; pour la cin-
quième et dernière fois , en 17,51 ,
parce qu'il avait écrit au contrôleur-
général une lettre qu'on trouva inso-
lente( i ). Sur la fm de l'année 1 7^2 1 ,il
était allé à Vienne ;ily vil J.-B. Rous-
seau, et le prince Eugène, à la biblio-
thèque duquel il fit quelque augmen-
tation. Son séjour eu Autriche avait
offusqué la cour de France ; et à son
retour , en 1 7'23 , il fut arrêté et dé-
tenu six mois dans la citadelle de
Strasbourg. Il paraît qu'en 17*24 ? if
fut pendant quelque temps enfermé
à Yinrcnnes. Toutes ces coiitrariétés
ne l'empcchèrent pas de se livrer au
travail et à des recherches minu-
tieuses. Sa fécondité a de qiioi éton-
ner. « Il eût, dit Michault, joui d'un^
» destin plus heureux , selon notre
» façon de penser , et non selon k
» jnenne, s'il eût voulu ou plutfU s'il
» eût pu profiter des circonstances
i^i) Ou ajoute qifarcwulumf' aux yisitrs
(les ofTioiors «le la police , «'t "»i romiai»s»nî
d'avance les motifs, il demandait Iranquiile-"
ment à sjf serviintc . sa boite de tabac et une
chtniiso, puis s»? vetouinaul yirs l'atgna«il '
« M. Tapui, diïiitt-il, ic suis à xdb oiiU«. •■
86 LEN
1) heureuses Q^i il s'était trouve', et
« des protecteurs puissants que son
» mérite et ses services lui avaient
» acquis; mais son amour pour l'iu-
)> dépendance étouffa dans son cœur
» la voix de l'ambition.... Tl voulait
» écrire, penser, agir et vivre libre-
» ment. Il dépendait de lui de s'at-
» tacher ou au prince Eugène^ ou au
» cardinal Passionéi , qui aurait de-
» sire de l'attirer à Rome , ou à M.
» Leblanc, ministre de la guerre. 11
)) refusa tous les partis qui ^ui furent
» proposes : Liberté, liberté, telle
î) était sa devise. Dans ses dernières
» années même , où son grand âge
» sollicitait pour lui un loisir doux
» et tranquille, il aima mieux travail-
» 1er et rester seul dans un logement
» obscur, que d'aller demeurer avec
î) une sœur opulente qui l'aimait , et
)) qui lui offrait chez elle, à Paris,
» un appartement , la table et des do-
» mestiques pour le servir.... Toutes
)) ses études étaient tournées du côté
1) des siècles passés; il en affectait jus -
» qu'au langage gothique : Je veux ,
» disait-il, eV/'^/'mrec Gaulois dans
y> mon stjle comme dans mes ac-
TD lions. Malgré sa vaste érudition ,
» il est tombé dans des erreurs gros-
y> sières. On l'accuse même d*avoir
» trompé aussi souvent qu'il se trom-
» pait , ne se faisant aucun scrupule
» d'écrire le contraire de sa pensée
» et de la vérité qu'il connaissait
» parfaitement , lorsqu'il était poussé
» par quelque motif particulier. On
w retrouve dans ses notes et dans ses
» jugements la mordante causticité
» de Guy Patin; et, comme rien ne
» pouvait réprimer la pétulance de
» sa plume, on le voyait sans cesse
» aux prises avec les censeurs. S'il ar-
» rivait qu'on lui rayât quelque en-
» droit auquel il fût attaché, il le ré-
» tablissait à l'impression. Depuis
LEN
» quelques années , il s'appliquait k
» la chimie : on prétend même qu'il
» cherchait la pierre philosophale.
» Parvenu à l'âge de quatre-vingt-
» deux ans , il périt d'une manière
» funeste, le i6 janvier 1755. En
» rentrant chez lui, sur les six heures
» du soir, il prit un livre nouveau
)) qu'on lui avait envoyé. C'étaient les
» Considérations sur les révolutions
î> des arts, parle chevalier de Mehe-
D gan; il en lut quelques pages , s'en-
» dormit et tomba dans le feu. Ses
» voisins accoururent trop tard pour
» le secourir ; il avait la tête presque
)> toute brûlée, lorsqu'on le retira
» du feu. » Voici le catalogue de ses
ouvrages : I. Lettre à MM. les
doyen , syndics et docteurs en théo-
logie de la faculté de Paris, 1 696 :
elle est signée des lettres E. E. T. S.
MM. D. L. et P. , c'est-à-dire étudiant
en théologie sous MM. de Lestocqet
Pirot^ et est relative à la dénoncia-
tion faite à la faculté de théologie de
Paris , du premier volume de la Fid
de la Sainte Vierge , trad, de l'ori-
ginal espagnol, attribuéà la mère Ma-
rie-de-Jésus. II. Le P. Glouseil ayant
répondu à cette Lettre, qui d'ailleurs
fut censurée par la Sorljonne, Lcn-
glet publia un nouveau Mémoire sur
le même sujet, et écrivit , le So juin
1697 , une Lettre en latin au P. Ma-
thieu, prieur des Carmes déchaussés
de Madrid. III. Traité historique et
dogmatique du secret inviolable de
la confession, 1708, in- 12 , de 3^8
pages,\ion compris la préface. L'au-
teur y a joint une addition de 109
pages. Une seconde édition du tout
parut en 1713, in- 12. On y mit un
nouveau frontispice en 1 7 1 5. L'abbé
Lenglet parle d'une édition de 1 733.
IV. Mémoires sur la collation des
canonicats de l'église de Tournay ,
1 7 1 1 , 1 7 1 2 et 1 7 1 3 ^ in-8'^. V. Mé-
LEN
ir et ml ter l'histoire , mec
...i'm4e (les principaux histo-
riens, 171^, '2 vol. in- 1 '2; cinquième
édition , 1 7 29 , 4 vol. in-4". On exi-
gea un si grand nombre de cartons ,
que le recueil des morceaux suppri-
mées formait un in-4*'. assez épais.
Le marquis d'Argens'dit que tous ces
cartons sont conserves dans l'ouvrage
de Beyer intitule : Memoriœ histo-
rico-criticœ librorum rariorum. Cette
editi(yi in-4°. , de 1 729 , est préférée
à celles du même format qui paru-
rent en 1 73.5 et en 1 737. Il faut join-
dre à toutes les trois un Supplément,
! 740, 3 vol. in-4**. ; mais on préfère
l'édition de cet ouvrage en 1 5 vol.
in-r2 , Paris, 1772; elle est sans
cartes , mais Drouet a fait des aug-
mentations au Catalogue des his-
toriens, qiii en occupe les cinq der-
niers volumes , et qui est encore le
plus complet que nous ayons en fran-
çais ; quant à la Méthode , etc. elle
a vieilli, comme cela devait être; on
peut néanmoins encore^a consulter
3 vcc fruit. VI. Méthode pour étudier
la géographie j avec un catalogue
des cartes géographiques , des re-
lations , vojages et descriptions les
plus nécessaires pour la géographie,
1716, 4 vol. in- 1 '1 • réimprimés à
Amsterdam, 17 18, 4 volumes in-
1 2 , avec diverses remarques con-
ire le réviseur : c'était ainsi qu'on
désignait l'abbé Lenglet, dont l'ou-
vrage en effet n'était , dans la pre-
mière édition , du moins pour le
fonds , que la Nouvelle GéograpJiie
du P. Marlineau-du-Plessis. Deuxiè-
me édition, 173G, 5 vol. in-r2;
troisième édition , 174?, 7 vol. in-
I '2. Enfin , Drouet et Barbeau-La-
bruyère en donnèrent une édition
dans laquelle ils firent des augmen-
tations au Catalogue, 1 768, i o vol.
iu- 1-2 j et c'est la plus estimée. VII.
LEN 87
Tables chronologiques de l'iiistoire
universelle y 1729, quatre grandes
feuilles ouvertes , réimpr. en 1733.
Vllï. Description de la fête et du
feu d'artifice tiré sur la rivière au
sujet de (g, naissance du Dauphin ,
1 73o , in-Zf'^. IX. De l'usage des ro-
mans, avec une bibliothèque des ro-
mans, 1734, '2 vol. iu-i2, publiéf
sous le nom de Gordon de PerceL
On trouve à la fin du premier volume,
1°. l'Epilre dédicaloire de la nou-
velle édition des poésies de Régnier,
sous le titre ôi Eloge historique de
W. (J.-B.) Bous se au , satire si vio-
lente contre ce grand poète, que les
états-généraux en ordonnèrent la sup-
pression • 20. Lettre au marquis de
Fénélon , à l'occasion de la suppres-
sion de la pièce précédente. X. VHiS'
toire justifiée contre les romans ,
1735, m-ii. Lorsque Lenglet ap-
prit qu'on lui attribuait V Usage des
romans , et qu'on le blâmait, il prit
le parti de travailler contre son pro-
pre ouvrage. Hérault, lieutenant de
police, lui ayant dit qu'im libraire
de Rouen, détenu à la Bastille, l'avait
âssuréqnel'abbéLenglet étaitle véri-
table auteur de l' Usage des romans;
qu'on ne pouvait se dispenser de flé-
trir cet ouvrage scandaleux , et d'en
punir l'écrivain : «Comment se pour-
)) rait-il. Monsieur, répondit Len-
♦» glet , que ce livre fût sorti de ma
» plume , puisque je suis actuclle-
» meut occupé à le réfuter ? » Dans
V Histoire justifiée , il fait en effet
d'assez bonnes sorties contre l'au-
teur de V Usage des romans. Les
journalistes de Hollande furent du-
pes de cette finesse. « \J Usage des
» romans, disent-ils, amuse ; la sin-
» gularité des pensées, la liberté,
)) l'enjouement du style plaît ; VHis-
» toire justifiée csi une source d'en-
» nui. Ou comparerait volouli^rs
8S
LEN
» le premier aux Lettres -provin-
y> cialeSj et le second aux j^nfrefien^
» d'Eudoxe et de Cléanthe..,. En-
y> fin , au libertinage près , on aimc-
» rait mieux avoir e'crit une seule
y> page de l' Usa^e des romans que
» toute r Histoire justifiée, » Ces deux
ouvrages ont e'të rëimprime's en Hol-
lande. XI. De l'usage et du choix
des livres pour l'étude des belles^
lettres, avec des catalogues raison-
nes des auteurs utiles et nécessaires
pour se former dans les diverses
parties de la littérature, 1736, in-
3 2 de vingt-deux pages. Ce n*est
que le plan ou prospectus d'un grand
ouvrage que l'auteur pre'paraît. XII.
Géographie des Enfants ,1736, in-
J2 , rëiraprimëe dans les dernières
c'ditions de sa Méthode pour étudier
!a géographie. XIII. Principes de
V HistoirepourVéducationde la Jew-
jiesse , par année et par leçon , 1 7 36,
1737 , 5 vol. in- 12; le sixième a
paru en 1735 ; réimprimé en 1737 ,
1743 et en 1752, 6 vol. in- 12. XIV.
Zettre à r auteur des Observations
sur les écrits modernes , au sujet de
ïa Méthode pour étudier la géogra-
phie , 1 739 , in-i 2 de 2 1 pages. C'est
«ne réponse ironique aux journalistes
de Trévoux , qui critiquaient sévère-
ment tous les ouvrages de l'auteur.
XV. Histoire de la Philosophie her-
métique, accompagnée d'un Cata-
logue raisonné des écrivains de cette
science ; avec le véritable Philalète,
revu sur les originaux , 1 742, 3 vol.
in- 1 2. L'auteur met Moïse au rang des
souffleurs. On ne sait au reste s'il
parle sérieusement. Il eut toutefois de
rudes critiques à essuyer. XVI. Ta-
blettes chronologiques de Vhistoire
universelle , sacrée et profane^i^j^/^^
2 vol. in-S*».; Barbeau - Labruyère
eu donna une nouvelle édition , en
^778, 2 Yol. iiî-8«'. M. Picot a pu-
LEN
bliéà Genève,en 1808, des Tablettes
chronologiques, 3 vol. in-S*'. , qu'il a
rédigées d'après le travail de Lenglet
Dufresnoy, en les continuant jusqu'à
nos jours; mais elles ne dispensent
pas de l'édition de 1778 : il y a plus
d'une erreur dans les additions de
M. Picot. XVII. Lettî^es d'un pair de
la Grande-Bretagne sur les affaires
présentes de V Europe, 17 45, in-12,
XVIII. Calendrier historique pour
V année \^So avec l'origine de toutes
les maisons souveraiîies , l'j^o , in-
12. Ce petit ouvrage fut supprimé
par arrêt du conseil, du 3 janvier
1750 , parce que l'auteur y faisait
l'éloge de la maison des Stuart , éta-
blissant que le prince Edouard était
le légitime propriétaire de la cou-
ronne d'Angleterre , et le roi George
un usurpateur. Au reste, on ne se con-
tenta pas de sévir contre le livre; le
7 janvier on arrêta l'auteur , et, pour
la quatrième fois , on le conduisit à
la Bastille. XIX. Traité historique et
dogmat ique sur les apparitions, les vi-^
sions et les révélations particulières.;
avec des observations sur tes Disser-
tations du R. P. Dom Calmet , sur
les apparitions et les revenants, 1 7 5 1 ,
2 vol. in-i 2. Il y avait cinquante-cinq
ans que cet ouvrage était fait, lorsque
l'auteur, à l'occasion de celui de Dom
Calmet, présenta le sien au public. Il y
reproduisit les deux brochures qu'il
avait imprimées en 1696 , et divers
morceaux curieux, soit de lui, soit
d'autres auteurs. La préface du Trai-
té des apparitions est une des meil-
leures qu'il ait composées. XX. Re-
cueil de dissertations anciennes et
nouvelles sur les apparitions , les
visions et les songes ; avec une pré-!
face historique , et un catalogue des
auteurs qui ont écrit sur les esprits ,
les visions , les apparitions , les son-
ges et les sortilèges y 1752, /\ \qI^
LEN
in-il. Dans sa j)réface, qui a lôa
pages , et fornir un supplément à
l'ouvrage précèdent , il discute le
pour et le contre sur les visions et les
sonces , moins cependant en pliilo-
sopliequ'en historien. XXI. Histoire
de Jeanne d'Arc , vierge , héroïne
et marijre d'Etat , suscitée par la
Prwidence pour rétablir la monar-
chie française : tirée des procès et
autres pièces originales ulu temps ,
I 7 5 3, in- lu, divisée en deux. parties.
L'abhë d'Artigny ayant eu commu-
nication d'une vie manuscrite de la
Pucelle d'Orléans , par Edmond Ri-
cher, eu 4 vol. in-folio, voulait la
réduire à deux volumes in-ia. Il
fut prévenu par l'abbë Lenglet, qui
avait eu l'ouvrage de Richer à sa
disposition pendant trois ou quatre
mois. XXII. Plan d^ V Histoire gé-
nérale et particulière de la Monar-
chie française , 1 7.54 , 3 vol. in-i2.
L'auteur devait donner une suite en
sept autres volumes; on en a même
trouvé la plus grande partie dans ses
ppiers. XXIÏI. Nouveau traité de
Géographie ( faisant partie de la
Science de la Cour ), 1 762 , 2 v. in-12.
XXIV. Lettres d'un Chanoine de
Lille à un docteur de Sorhonne, au su-
jet d'une prière hérétique, l'jo'^^m-n.
L'abbé Lenglet a été éditeur d'un
grand nombre d'ouvrages. I. Novum
Testamentum notis historicis illus-
trât um ; suhjuncta est Chronologia
et Geographia sacra, 1703,2 tom.
in-24 'j réimprimés à Anvers , puis
à Paris , en 1733 , et encore à An-
vers , en 1735 , 2 vol. in-16. II,
Ljionjsii Petavii Bationarium tem-
ponwi , editio novissima , 1703 ,
4 tome^ in- 1 i ; édition qui fourmille
de fautes. 1 1 1. Diurnal romain traduit
en français, avec le latin à côté ,
170), .V vol. in-r>, ; la traduction
tst de Leuglct. IV. Histoire de la
LEN
^
Floride y traduite de l'espagnol de
Garcilasso de la f^ega, par Pierre
Biclielct, 1707, 2 vol. in - 12. V,
Commentaire de M. Dupuy sur le
traité des libertés de l'église galli~
cane de P. Pithou, 1715, 2 vol.
in-4°Xette édition est précieuse par
le catalogue des canonistes et la pré-
face de l'éditeur j mais celte dernière
pièce, supprimée par ordre du pro-
cureur-général, ne se trouve plus cpie
dans très peu d'exemplaires. V I. Imi-
tation de J. C. traduite et revue sur
l'ancien original français , Anvers
(Paris ),i73i,in-i2;ibid., i735,in-
8"^'.; cette édit. est la meilleure. La tra-
duction reproduit le xx\ r. chapitre
du 3^. livre de Vlnternelle Consola-
tion française, ajoute par l'éditeur
au i*'. livre de 1' /mi7 ai ioAi, laquelle,
selon lui, n'en aurait été que la version
latine faite par Kempis. Une autre
édition de la même tradirction a
paru en 1737, Paris, in- 12; et
en 1 764 , avec des Prières à la fm
de cnaque chapitre. VIL Arrêts
d'amour J avec les commentaires
jde Benoist de Court , et l'Amant
pendu cordelier à l'observance d'a-
mour , par Martial d' Auvergne ,
avec notes et glossaire , 1 73 1 ,2 vol.
in- 12. VIII. Béfutation des erreurs
de Benoît Spinosa , par Fénélon ,
Lami et le comte de Boulainvilliers,
1731 , in- 12. IX. OEuvres de Clé-
ment Marot, revues sur plusieurs ma-
nuscrits et sur plus de quarante édi-
tions ; avec les œuvres de Jean Ma-
rot , son père , et de Michel Marot ,
son fds, etc. 1731 , 4 vol. in-4*^. ou
(3 vol. in- 1 2. X. LjCs Satires et OEu-
vres de Bégnier , 1733, in - 4"-
( A^oj. pag. 87 , n». IX , De l'usage
des Bomans. ) XL Le Boman de
la Bose ^ '735, 3 vol. in- 12.
( f^ojez Lantin de Damkrey. )
XII. La Me^sc des fidèles , avec
99
LEN
V ordinaire de la Messe, l'jf^^^m-Ji.
XIII. Catulli, Tibidli et Propertii
opéra, Leyde ( Paris, Coiistelier ) ,
1 -j/j-S, iii-i 'l'y édition belle et correcte*.
XIV. Mémoires de Condé, tom. vi,
ou supplém., I -^43, in-4". C'est un re-
cueil de vingt-une pièces curieuses ou
rares. On l'a réimprimé en 174^,
sous le litre de Mémoires pour servir
à l'histoire de Charles IX et de
Henri IF, in-4° : on y a fait beau-
coup d'additions. XV. Lettres et Né-
gociations secrètes, sur les affaires
présentes , 1 744? ^^- 1 '^' C'est la suite
des lettres de Van Hoë , ambassadeur
de Hollande en France , dont la pre-
mière partie parut en 1743. XVI.
Journal de Henri III,parVEstoile,
1 744 ? 5 vol. in-8^. ; édition belle el
bonne, enrichie de notes. (/^.Étoile,
tome XIII , page 449 )• XVII. Troi-
sième édition de la Guisiade y tra-
gédie de Pierre Ma thieu ,1744? in-S*^ .
XVIII. La tragédie de jeu Gaspard
Coligny , par Fr. de Chantelouve,
l'jl^f^^m-^^. Ces deux pièces font
partie de l'édition rappelée ci-dessus
du Journal de Henri III; mais l'édi-
teur en a fait tirer quelques exera^
plaires à part. XIX. L Europe pa-
cifiée par l'équité de la reine de
Hongrie ,pai^Alhert Fan Heussen,
1 745 , in-i 2, XX. Mémoires de Co-
mines , 1747, 4 vol. in-4^. C'est la
meilleure édition : elle fut dédiée au
marécbaldeSaxe; mais la dédicace
a été supprimée , et ne se trouve que
dans quelques exemplaires. XXI. Lu-
cii Cœcilii Firmiani Lactantii opéra
omnia , t 748 /2 vol. in-4". ( F oyez
J. B. Lebrun et Lactance. ) XXII.
Mémoires de la Régence de S, A. S,
le duc d' Orléans, par Piossens , nou-
velle édition , 1749? 2 vol. in-i!î.
%Xlll. Métallurgie d' Alphonse Bar-
ba , traduite par Gosfort , 1751 ,
'J. vol. iu-i2. XXIV. Cours de Chj-
LEN
mie , par Nicolas Le Fèvre , cin-
quième édition , 1751 , 5 vol. in-iîî.
XXV. Bibliothèque des Philosophes
chimiques , nouvelle édition avec des
notes, 17401 3 vol. in- 12. André-
Charles Cailleau pujjlia , en 1 754 , le
tome 4®. de cette collection. XXVI,
Becueil de Borna ns historiques ^ 1 7 46,
8 vol. in- 13. XXVII. L'abbé Len-
glet a été éditeur jlu premier vobime
des Nouveaux Mémoires d'histoire ^
de critique et de littér. de d'Artigny,
et y a mis une préface singulière.
Il a fourni des extraits à divers jour-
naux; il a fait V Avertissement des
Lettres choisies de La Rivière, pu-
bliées par Michault, et a ajouté dans
le corps de l'ouvrage , quelques-unes
de ses exclamations favorites. On at-
Jribue à notre auteur beaucoup d'ou-
vrages: T. La Catanoise , ouhistoire
secrète des mouvements arrivés au
royaume de Naples sous la reine
Jeanne , 1 73 1 , in-i 2. Il pourrait en
être l'auteur. II. Histoire de la Phi-
losophie païenne , 1724. Ce livre est
de Bnrigny. III. Une édition de V An-
ti-Rousseau , par Gacon. IV. His-
toire des Papes, 5 vol. in-4''. C'est
Bruys qui en est l'auteur. V. Les Prin-
cesses Malahares , 1734, in- 1 2 , dont
l'auteur est Pierre de Longuerue. VI.
Une édition du Journal de Henri IF,
par l'Étoile , 1741 , 4 vol. in-S».
L'éditeur fut P. Bouge, augustin. Mi-
chault de Dijon a donné des Mémoi-
res pour servira l'histoire de la vieet
des ouvrages de M. l'abbé Lenglet
i?M/"r<?wo/, ï 76 1 ,in-i 2. A. B-T.
LENGNICH ( GoDEFRoi ), savant
historien et publiciste prussien , na-
quit à Dantzig , vers 1690 ; il s'ap-
pliqua , fort jeune , à l'étude de la
jurisprudence , et fréquenta les plus
fameuses universités d'Allemagne. Il
fut nommé professeur d'histoire au
gymnase de Dantzig , et s'acquitta de
Î.KN
cet emploi avec une r.iredifilinrlion.
li parvint ensuite là la dignité de
.svndic , et mourut , en 1774 , dans
un âge avancé. On a de lui: I. Nach-
ri chien und , etc. , c'est - à - dire ,
IVlails et jugements sur les auteurs
<lassi(jues latins, année 1 7 1 3 , in-i '2.
Il n'avait pas encore terminé ses
éludes , lorsqu'il publia cet ouvrage,
qui n'est guère qu'un extrait de la
nibliothèque lajinedc J. Alb. Fabri-
« i us. II. Die Preussiche Bihliolhek ,
etc.^ c'est-à-dire , Bil)liotlicque de la
Prusse polonaise , Daiitzig , 1718 ,
in-8". : c est un recueil de pièces his-
toriques avec des notes intéressantes,
et àcs notices sur les hommes célè-
bres qu'a produits cette contrée ; il
vn A paru dix cahiers, terminés par
une table générale des matières. III.
Geschichte , etc. , c'est-à-dire , His-
toire de la Prusse polonaise , depuis
l'année i5'i6 jusqu'au règne d'Au-
guste II , Dantzig , 17^3-48, 9 vol.
in -fol.; c'est une continuation de
l'histoire de Gaspard Schlitz : elle
est fort estimée ; on trouve une bonne
inalyse des premiers volumes c^ns
l'^s Actaeruilit. Lipsensium, années
17*24 et 1726. IV. Polnische Ges~
rJUchte , etc. , c'est-à-dire , Histoire
ie Pologne, depuis l'origine de la
monarchie jusqu'à la mort d'Au-
guste II , Leipzig, 1 74 1 , in-80. V. Jus
publicum regni Poloniœ , Dantzig ,
I74'2, '?. vol. in-8".; ibid. i7(->j-0r>,
a vol. in-8°. ; traduit eu français ,
par Forniey , sous le titre de Mé-
moires pour servir à l'histoire et au
droit public de Pologne , La Hâve ,
1 7 4 1 , in- 1 2. V I. Jus puhlicum Prus-
tiœpolonicœ , ibid. 1 7.58, in-8«. VII.
Pacla contenta Au^usti III , régis
Polonianim , commentario perpétua
illustrata , ibid. 1 703 , in^". ; ou-
vrage savant ctestimé. Ou doit encore
à Lengnichrédilioû de kajdlubcrk et
LEN 0»
de Marlinns Gallu» , ibid. 1769,
et celle de l'Histoire de Prusse , par
Gasp. Schiilz , ibid. W-s.
LENGNICH ( Charles- IkNjjiY
MIN ), numismate et antiquaire, de
la même famille que le précédent ,
naquit à Dantzig , eu 174'-'" Après
avoir terminé ses études, il fut promu
au saint-ministère, et devint archi-
diacre de l'église de Sainte-Marie :
c'était un homme très-instruit, et qui
se plaisait à communiquer. aux cu-
ficux le résultat de ses recherches.
Il fut l'un des rédacteurs de la Ga-
zette littéraire de léna , depuis son
établissement en 1785, et y inséra
un grand nombre d'excellents arti-
cles. La société allemande de Kœnics-
berg lui expédia , en 1 790 , un di-
plôme de membre honoraire. Il mou-
nit à Dantzig , le 5 novembre 1 795.
On a de lui : I. Bejtrag zur Kent-
niss , c'est-à-dire , Mémoires pour la
connaissance des livres rares , et p.u-
ticulièremcnt de ceux qui traitent de
la numismatique , Dantzig, 177O ,
2 part. in-S*'. II. Nachrichten zur
Biicher und Miins Kunde , c'est - à-
dirc , Renseignements pour la con-
naissance des livres et des médailles,
ibid. 1780, 1782, 1 vol. in-8^.,fig.
III. Neue Nachrichten , c'est-à-dire ,
Nouveaux renseignements pour la
connaissance des livres et des mé-
dailles, ibid. 1 78*2, 2 part. in-S^. IV.
Hevelius oderAnekdoten und Nach-
richten , etc. c'est-à-dire , Hevelius,
ou Anecdotes pour servir à l'histoire
de ce grand homme , ibid. 1780,
in-8^. Cet ouvrage fait très - bien
connaître cet illustre astronome. La
Fie de C. B. Lengnich , écrite par
lui-même , a été insérée dans le \ 3^
cahier du Recueil de portraits par
Bock et Moser. W-s.
LENNEP ( Jean-Daniel Van ),
né eu 1724 > à Leuwaidc , dans U
92
LEN
Frise, publia , en 1747? comme te'-
moignage de ses prop;rès dans les
lettres savantes, une édition du poème
de Colutlius , auquel il joignit des
notes pleines de goût et d'une éru-
dition élégante et choisie. II obtint,
Tcrs 175^ , la chaire de littérature
grecque et latine dans, l'université' de
Groningue, qu'il quitta, en 1768,
pour passer dans celle de Franeker,
où il succe'dait à Gisbert Kocn. Yal-
kenaer,qui avait e'tc son maître, et
qui a consacre' quelques pages à
sa me'moire, dit qu'il fut pendant
quinze ans professeur à Groningue,
ma^nd cum laucle. 11 faut peut-être
diminuer quelque chose de cet e'ioge
donne' par î'amitië dans les premiers
moments d'une perte douloureuse.
Leunepe'tait un homme fort instruit :
ses ouvrages le prouvent* mais il ne
paraît pas avoir etë un excellent
professeur : c'était (nous e'crit-on, sur
la foi d'un professeur qui avait ëte'son
confrère à Groningue ) , « c'était un
î) homme fort aimable ( i ) , un sa-
» vant fort instruit; mais donner des
î) leçons e'tait pour lui un supplice,
î) Il soupirait toujours après le re-
» tour des vacances , et en voyait
» arriver la fin avec regret. Avec de
« telles dispositions, qui, peut-être,
» étaient l'effet de sa constitution
» faible et valétudinaire, tout savant
» qu'il e'tait, il ne pouvait guère for-
» mer de bons disciples : aussi pas un
w homme tant soit peu célèbre n'est
r> sorti de son école, excepté Schei-
y> dius. y> Et encore faut-il observer
que Scheidius est surtout connu
comme orientaliste. Lennep , à qui
ce mauvais état de sa santé avait
rendu nécessaire l'usage des eaux
d'Aix-la-Chapelle, y mourut le 6
(i) Suivant les auteurs du Dictionnaire Jiis-
iorique de.' musi'iens , il était renommé pour
•ea habileté exttaordiuaite sui: i» flirte.
LEN
février 1771 , sans avoir pu mettra
la dernière maiiî à une édition des
lettres de Phalaris , que Valckenaer
acheva avec les matériaux qu'il'
avait laissés , dont N. G. Schroeder^
fit les tables , et qui , après de longs
délais, parut enfin en 1777. Celte
édition fait le plus grand honneur à
Lennep, et nous paraît son véritable
titre de gloire, toutefois après ses
Observations sur l'analogie de la.
langue grecque et ses Étjmologies
grecques , que Scheidius a publiées
après sa mort,(Utrecht, 1790, 3 vol.
ift-S^.) Quoique la doctrine de l'ana-
logie ait reçu , sous la plume de
Lennep , une extension abusive, ce»
deux traités n'en sont pas moins;
des productions très- marquantes et
d'une utilité réelle. Lennep avait, dès
1752, fait connaître quelques-unes
de ses pensées sur cette matière, dans
un discours académique sur l'ana-
logie des langues prouvée par les ac-
tes analogiques de l'esprit. Un autre-
discours académique de Lennep , sur
la sublimité de style dans les écri-
vaijis du Nouveau -Testament , a-
fourni à Klotz , le sujet d'une criti- ,,
que sévère, mais juste, ^wt Ton peut ï
chercher dans le second volume de- ^
ses Acta litteraria. B-ss.
LENNOX ( Charlotte ) , An--
glaise, distinguée dans les lettres,,
et très-cstimée de Johnson et de
Ri chai-dson, naquit en 1720. Son
père, le colonel .Tames Ramsay , lieu- À
tenant-gouverneur de New-York, |
l'envoya, à l'âge de i5 ans, chez une
de ses tantes qui demeurait en An-
gleterre, et qu'elle trouva, à son ar-
rivée, dans un état de folie incura-
ble. Le colonel Ramsay mourut bien-
tôt après,laissantsansmoyensd' exis-
tence , une veuve, qui mourut elle-
même à New-York en 1765, et sa
fdl-e Ghaiiotte. Ou ignore l'époqu»
xin mariage de celle-ci avec Lcnnox,
«iiisi que la prolVssion do sou mari:
il paraît ccpciulanl qu'elle IVpousa
Joijg-tcmps après avoir perdu son
^>crc, et qu'clK* pourvut à son entre-
tien pendant cet espace do temps
avec le produit de ses compositions
littéraires. Elle a publie : I. En 1751,
les Mémoires d'IIariiot Stuavt. II.
Le Don Qiùclwtte femelle y 175^5
dans ce dernier roman, qui fut très-
favorablement accueilli , le person-
nage d'ArabelIa est le pendant de
Don Quichotte. Le docteur Johnson
écrivit la dédicace au comte de Mid-
dlesex. \\\. Shakespeare éclairci, en
ti vol. in- l'Ji; l'auteur y en a joint en-
suite un S'^.Cet ouvrage renferme les
nouveQes ou histoires sur lesquelles
les pièces de Shakespeare sont fon-
dées, recueillies et traduites des au-
teurs originaux; avec des notes cri-
tiques, dans lesquelles M™*^. Lennox
censure les libertés que Shakespeare
a prises en dénaturant beaucoup de
faits historiques, 1753-54, 3 vol.
in- 12. IV. Mémoires de la comtesse
de Bercj, traduits du français, 1 755,
1 vol. in- 11. \ . Mémoires de Sully ^
également traduits du français , 3
vol. in-4°., 1756; réimprimés plu-
sieurs fois, in-8*^. VI. Mémoires de
Madame de Maintenons ^7^7-
VIL Fhilandre , drame pastoral ,
i757,in-8o. VIII. Henriette , TO-
raau estimé, en 1 vol. in- 12, 1758.
IX. Théâtre des Grecs^àxi P. Bru-
moy, en 3 vol. in-4°., 1 7 59-Go; tra-
duit sous les noms du comte de Cork
«t Orrery et du docteur Johnson.
1^. Musée des Dames ^ espèce de ma-
gasin ou recueil terminé en 1761 ,
1 vol. in-8°., qui semble plutôt un
ouvrage entrepris par nécessité que
par choix. XL Sophie, roman eu 1
vol. in-12 , inférieur à sa i"^^. pro-
ducÙQa dans ce geofe , 1763. XIL
LW
»
Z<x»Sc»iir, comédie, dontlesujet était
tiré de son roman iV Henriette : la
pièce tomba^lès la i"'. représenta-
tion. XI IL Les Mœurs de la vieille
Cité, comédie représentée en 1773,
au ihéàtredeDrury-Lane ( f^. Chap-
MANN, t. vni, p.Cii). XIV.Lc roman
à^Eupliémie, 1790,4 vol. in-8". Ce
dernier ouvrage est le meilleur que
M'»*^. Lennox ait publié. Johnson a-
vait une telle opinion de ses Lilents
que , peu de temps avant sa mort ,
il déclara qu'il la regardait comme
infiniment supérieure à madame Car-
ter, à miss Hannah Moore et à miss
Burney. M. Hawkins a fait un récit
plaisant de la célébration, par John-
son, de la naissance du premier en-
fant de madame Lennox, sa f^ie de
Harriot Stuart: mais ce n'est certai-
nement pas son premier ouvrage; car,
en 1747, elle publia des Poèmes sur
divers sujets. Cette dame passa ses
derniers jours dans la misère et les
maladies; et elle reçut, peu de temps
avant sa mort , du Littéral , fund
Society des secours qui la mirent à
l'abri du besoin. Elle mourut le 4
janvier 1804. D-z-s.
LENOBLE ( EusTACHE ) , baron
de Saint - George et de Tenelière ,
s'était fait une a§sez grande réputa-
tion vers la fin du xvii^. siècle par
ses talents et par les désagrcmeuts
que lui attira sa mauvaise conduite.
Il naquit à Troyes , en iG43 , d'une
bonne famille de robe , et fut pourvu,
jeune,de la charge de procureur géné-
ral au parlement de Metz. Son goût
excessii'pourleplaisirrentraînadans
des dépenses considérables, et, au
bout de quelques années , il eut dis-
sipé toute sa fortune. Il vendit sa
charge pour payer ses dettes ; et
comme cette ressource ne suffisait
pas, il eut recours à des moyens hon-
leia pour se débarrasser d« ses
94
LEN
créanciers. Accuse d'avoir fabrique
de faux actes, il fut mis en prison au
Châtelet , et condamne à un bannis-
sement de neuf anne'es. Il appela de
ce jugement , et fut transféré à la
Conciergerie , où se trouvait Ga-
brielle Perreau , connue sous le nom
de la Belle Epicière , que son mari
avait fait enfermer pour ses désor-
dres. Lenoble parvint à se faire ai-
mer de celte femme, qu'il s'offrit à
défendre devant les tribunaux.
Cette intrigue eut des suitesj la belle
Epicière demanda d'être enfermée
dans un couvent, où Lenoble fit en-
trer, comme pensionnaire, une sage-
femme pour accoucher secrètement
sa maîtresse et soustraire l'enfant.
Toutes ces précautions furent inu-
tiles : on découvrit la faute de la
belle Epicière, et son mari obtint un
ordre pour la faire transférer dans
un autre couvent j mais elle parvint
à s'échapper au bout de quelques
mois, e^Lenoble s'évada de la Con-
ciergerie pour aller la rejoindre. Ils
vécurent ensemble , pendant trois
ans , changeant souvent de noms et
de quartier pour se dérober aux re-
cherches de la police; mais enfin ils
furent surpris et ramenés en prison.
Le jugement rendu par le Châtelet ,
contre Lenoble , fut confirmé, et il
se vit chargé de trois enfants, dont
«n arrêt flétrissait la mère. Au milieu
de ces revers, il conservait sa gaîlé;
et ce fut en prison qu'il composa
la plus grande partie de ses ou-
vrages. « Les malheurs , dit - il ,
î) qui me persécutent depuis quinze
» ans , auraient peine à trouver leur
» exemple: j'ai tout perdu, hors une
» parfaite tranquillité d'esprit, insé-
» parable de l'innocence. La mau-
» vaise fortune m'a tout oté, hors
» ma constancc,etle désir de tirer de
» mes propres peines de quoi être
LEN
» utile à ma patrie. » ( Préfacé
de V Ecole du Monde. ) L'arrêt qui
le condamnait à sortir de France, ne
fut point exécuté à la rigueur ; il ob-
tint la permission de vivre obscur
dans Paris , où il se mit aux gages
des libraires. Il recevait jusqu'à cent
pisloles par mois , qu'il dépensait en
repas et en fêtes. Pendant ses der-
nières années, il subsista de la cha-
rité de M. d'Argenson , lieutenant de
police, et depuis garde-des-sceaux ,
qui lui envoyait un louis tous les
dimanches. Il mourut à l'âge de
soixante - huit ans , le 3i janvier
I -^ 1 1 , dans un tel état de misère ,
que la fabrique de la paroisse Saint-
Séverin fut obligée de payer les frais
de son convoi. Bayle faisait assez de
cas des talents de Lenoble. « Il a , dit-
il , infiniment d'esprit et beaucoup de
lecture ; il sait traiter une matière
galamment, cavalièrement; il con-
naît l'ancienne et la nouvelle philo-
sophie: cependant il se vante d'avoir
fait beaucoup d'horoscopes qui ont
réussi , et il s'attache avec soin à
maintenir le crédit de l'astrologie
judiciaire. î)(Pen5^>^ diverses sur la
comète, ) On a de lui un grand
nombre d'ouvrages , dont quelques-
uns sont curieux et méritent d'ê-
tre recherchés : I. Histoire de Vé-
tahli s sèment de la république de
Hollande, Paris, 1689-90 , 9- voL
in- 1 2 : c'est un extrait de l'Histoire
de Gratins; mais il se ressent de la
précipitation avec laquelle travail-
lait l'auteur : l'ouvrage fut défendu
en Hollande. IL Relation de Vétat
de Gènes , avec le traité par le-
quel les Génois se sont donnés à
Charles VI, roi de France, et à ses
successeurs, ib. i685 , in- 12. III.
Traité de la monnoje de Metz,
avec un tarif de sa réduction en
monnaie de France, ib. 1675 , in-
11. IV. Dissertation sur la nais-
sance de Jèsiis-Christ , ib. i()93,
in-i'i. V. Le Bouclier dt la France ,
ou Sentiments de Gerson et des c.i-
nonisles, touchant les différends des
rois de France avec les papes, Colo-
p;ne, i(>9o; reimprime' sous le titre
(le : L* Esprit de Gerson, ib. i6()i,
et enfin sous celui de : La Doctrine
catholique touchant l'autorité des
papes ( Amsterdam , 1727 , in-iit),
à la suite d'un Dialogue entre Saint-
Pierre et Jules II k la porte du para-
dis ( traduit d'un ouvrap;c latin q^ue le
traducteur attribue au fameux Ulric
de Hutten, et Prosper Marchand â
Publ. Faust. Andrelini ). VI. Dialo-
gues politiques sur les affaires du
temps : le Cibisme ; le Singe de
Pasquin sur l'e'tat de l'Europe au
bal de Montecavallo ; le Couronne-
ment de Guillemot et de Guille-
mette, avec le sermon du grand
docteur Burnet ; la Chambre des
comptes d'Innocent XI , dialogue
entre Saint-Pierre et le pape, à la
porte du paradis; Dialogue d'Esope
et de Mercure , sur les afi'aires de
Hollande, etc., 1689-91, in-19..
Ces dialogues, qui paraissaient pé-
riodiquement avec une permission
tacite delà direction de la librairie,
eurent un grand succès : il y a beau-
coup d'ëpigrarames et de saillies heu-
reuses. Le Couronnement de Guille-
mot est une satire violente contre
le roi Guillaume ; mais l'auteur se
trompa en annonçant le prochain
re'tablissement de Jacques II sur le
trône d'Angleterre. Le Dialogue
à^ Esope et de Mercure fut brûle à
Amsterdam , par ordre des Étits-
Gënëraux. Vlï. 1/ Esprit de David,
ou traduction de ses psaumes en
prose et en vers français , avec des
réflexions sur chrtjue verset , in- ri,
imprime' sur tiOR colonnes : cette
traduction n'eutaucun succès, et n'en
méritait point. VIII. Des Homans
historiques : la conjuration d'Épi-
caris contre Nëron; celle des Pazzi
contre les Mcdicisj Ildergète, reine
de Norvège ; Abramole' ou l'histoire
du dëtronement de Mahomet iv ;
Zulima ; Miloid Courtenay, Paris
( Hollande ) 1698, etc. , in-i'2. IX.
1/ Ecole du monde, ou Entretiens
d'un père avec son fils ; les Prome-
nades; les Aventures provinciales, ou
le voyage de Falaise; l'École des sa-
ges , dialogue ; Uranie , ou le tableau
des philosophes, Paris, 1698, in- 12.
Tous ces ouvrages sont écrits d'un
style vif et léger. Vignacourt a pu-
blie un choix des Nouvelles de Le-
noble sous ce titre : Amusements de
la campagne , Paris , 1743 , 8 vol.
in-i2; et il en a paru un autre recueil
intitule: Le Gage touché , histoires
galantes et comiques , Liège, 1771 ,
2 vol. in-12. ( Voyez le Diction-
naire d s Anonjmes, par M. Bar-
bier. ) X. Des Contes en vers ; des
Fables en vers , 1695, I707,in-i'2,
fig. ; il a donne une grande preu-
ve de vanité eu traitant plusieurs
des sujets dont La Fontaine s'était
de'jà emparé. XI. L'Hérésie délmite^
poème en quatre chants : c'est un
éloge de la révocation de l'édit de
Nantes. XII. Le triomphe de mad.
Deshoulières, poème. XIII. L'Al-
lée de la Seringue , ou les Noyers,
poème héroï-satirique, en 4 chants,
Francheville (Hollande), 1677-
90 , in-8<*. ; édition peu commune.
Titon du ïillet dit que Boilean fai-
sait beaucoup de cas de cette pièce.
XÏV. Fradine, ou les ongles cou-
vés, poème dans le même genre cpie
le précédent. XV. De^ Poésies di-
verses. XVI. La traduction en vers
des Satires de Perse, Amsterdam,
i7o6,in-ia. L'auteur annonce qu'il
c)6 LEN
les a accommodées au goût pre'sént:
il se donne la liberté' de substituer
nos usages à ceux des Romains ; de
mettre l'ëloge ou la sottise de ses
contemporains dans la bouche de
Perse. Qui ne sera étonne , par
exemple , d'entendre Perse célébrer
legrandBossuet?A la fin du volume
on trouve deux Satires sur le théâtre
contre Lafosse, Boursault,Dancourt
et Régnard ; mais Lenoble avait fait
des comédies , et leur peu de succès
explique son humeur contre les écri-
vains qui étaient en possession de
plaire au public. XVII. Talestris ,
reine des Amazones, tragédie , im-
primée avec une préface, 1 7 1 7 ,in-8^. j
Les deux Arlequins, com. en 3 actes,
1691 ; elle dut son succès unique-
ment au jeu de Gherardi ; Le Fourbe,
comédie en trois actes, 1698^ la
représentation n'en fut pas achevée.
Les OEuvres de Lenoble ont été re-
cueillies en 'lo vol. in- 12 , Paris ,
1 7 1 8 ; cette édition a été faite sans
soin : tous les genres y sont confon-
dus ; et , faute d'une table générale ,
il est très-difficile de retrouver les
pièces qu'on désire. On attribue en-
core à cet écrivain la Traduction
d'un Fojage autour du monde, par
Gemelli-Careri, Paris, 17 19, 6 vol.
in- 12. W-s.
LE NOIR(Jean-Gharles-Pierre),
ancien lieutenant de police de Paris ,
naquit en 1 789., dans celte capitale ,
où son père était lieutenant particu-
lier au Châtelet. Allié à des familles
anciennes dans la magistrature et
considérées dans l'administration ou
dans la haute finance, et destiné à la
carrière judiciaire , il fut conseiller
au Châtelet en 175^, lieutenant par-
ticulier en 1754, lieutenant criminel
en 1759, maître des requêtes en
1 765 , nommé à l'intendance de Li-
moges^ lieutenant de police en 1 7 7 4?
LEN
désigné pour être lieutenant civil ^
conseiller- d'état en 1775, enfin bi-
bliothécaire du Roi en 1783 , et pré-»
sident de la commission des finances.
Il fut chargé, au conseil du Roi, d'une
fonction délicate , celle de rappor-
teur de la commission nommée pour
juger La Ghalotais. M. Le Noir ne
s'étudia, dans toute celte affaire, qu'à
calmer les ressentiments d'un minis-
tre irrité, en atténuant les torts d'un
magistrat imprudent ; et son opi-
nion particulière ne contribua pas
peu à déterminer celte décision mo--
dérée qui conserva à l'accusé sou
honneur, sa fortune et sa vie.( Foj\
les articles Galonné, et Giïalotais.)
Ses talents n'eurent pas moins de
succès dans d'autres opérations en-
core plus honorables , ou plus dif-
ficiles. On l'envoya en mission pour
rétablir le parlement de Pau , et
sévir contre celui de Provence,
Dans des intérêts si différents, il ne
trahit point les devoirs qui lui étaient
imposés : il fit valoir ce que l'un
avait de consolant ; il sut adoucir
ce que l'autre avait de rigoureux.
A peine nommé à la place de lieu-
tenant de police , il fut obligé de
combattreles opinions deTurgotsur
les approvisionnements de Paris: les
deux systèmes opposés , auxquels
l'un et l'autre étaient attachés,embar-
rassaient la marche des opérations ;
il fallait que l'un des deux cédât : le
ministre dut l'emporter. Turgot ne
se détermina cependant qu'avec
peine à déplacer un magistra,t qui
jouissait de l'affection publique. Il
décida même Louis XVI à écrire
à M. Le Noir une lettre remplie de
bonté. Ge fut dans le cours de cette
honorable disgrâce qu'on lui offrit
la place de lieutenant civil , que des
considérations particulières l'empê-
chèrent d'accepter. L'essai que l'on
It lin plan de Turj;ot , ne l'ut j)a$
lu'iiieux. M. Le Noir fut ra])|)clc à l.i
police ; et le public apnlaudit avec
transport à cet acte de ]ustice. Pour
bien apprécier son administration,
il faut consuller un ouvrage com-
pose par lui^ ou du moin^ rcMligc'
soiis ses yeux, et qui a pour titre :
Détail sur quelques établissements
delà viVe de Paris y demandé par
S. M. I. la reine de Hongrie , à M,
Le Noir , conseiller-d'état , lieute-
nant-général de police , Paris, 1 780,
in-8'*. Ce mc'moire donne un aperçu
très-exact de toutes les branches de
cette vaste administration : le ré-
gime des hôpitaux ; celui des pri-
sons ; les soulagements procurés
aux incurables ; le traitement des
aliénés ; les précautions contre les
incendies ; les secours préparés aux
blessés par accidents; le perfection-
nement de tous les moyens de salu-
brité ; l'éducation des enfants du
peuple , rallaitemcnt de ceux qui
sont abandonnés, l'administration du
bureau des nourrices : en un mot ,
tout ce qui peut intéresser la desti-
née de l'homnie. Tout ce qui tient à
la pitié pour les coupabIes,à la bien-
faisance pour les infortunés, à l'hu-
manité pour les infirmes ; tout ce
qu'une philosophie orgueilleuse pré-
tend avoir créé par le moyen d'une
révolution violente , avait été dès
long-temps médité, ordonné , insti-
tué par un roi vertueux, véritable-
ment père de ses sujets, et confié par
lui aux soius de magistrats dignes
de son estime, parmi lesquels M.
Le Noir occupait une des premiè-
res places. On doit égaleiient à
•es travaux particuliers rétablisse-
ment d'une école de boulangerie, la
couverture des halles au blé et aux
toiles, l'institution du Mont-de-Picté,
l'éclairage non interrompu des rues
XXIV.
LEN 97
de la capitale( i ), la suppression des
vaisseaux de cuivre des laitières , et
des cojnj)loirs de plomb des mar-
chands de vin , la construction des
halles aux veaux, aux cuirs , et à la
marée , la suppression du cimetière
des Innocents , enfin l'établissement
des piliers dans les carrières qui ré-
gnent principalement sous la partie
sud de Paris. La police intérieure et
secrète était , entre les mains de M,
Le Noir, un refuge de paix, et non
pas un tribunal d'inquisition: les dé-
sordres qu'il a prévenus par sa pru-
dence, les larjnes qu'il a taries par sa
bonté , en ua mot , tous les servi-
ces q»i'il a rendus aux familles, soLt
restés pour la plupart , ainsi que
cela devait être , ensevelis dans les
ombres du silence ; car la meilleure
police est celle qui veille, ordonne ,
agit , gouverne , et dont on ne parle
pas. Quelques années après qu'il eut
quitté la police , ce magistrat
éprouva des chagrins jiersonnels.
Sou nom fut indignement compro-
mis dans un procès scandaleux ,
qui amusa quelque temps la mali-
gnité des oisifs de la capitale ; mais
il fut pleinement justifié , et consolé
par l'intérêt que les gens de bien
prirent à son triomphe. ( Fqyez les
Mémoires imprimés dans l'affaire
Kornmann , l'article Beaumar-
chais dans la Biogr. universelle ,
et les noms de MM. Blrgasse et
(i) ArantlVr. Leaoir, on faiiait A Pentrepr«-
neur de IVclairage Jea rue* d« Pari* quelques
retenues pour lt:i raonieiiu d'interruption ou la
luoe devait éclairer sufruamment ; ca qui n'arri-
vait pa» toujours, surtout dans loi nuits bru-
meuses et sombres. C'est à cette occsiioa qu'un
personnage de comédie disait assexplaisamniant^
«• La lune comptait sur les réTerbùres, les rérer-
n bières CKRiptaient sur la lune; il n'y* ni réver-
n Utres, ni lune, et ce qu'il y a de plus clair c>«»
n qu'on n'y voit goutte. « Au reste, ces retenue»
formaient un fonds de gratifications ou do trai-
fiucnts , qu'on appelait les pemiont sur le clair
de il/ne. M. Lenoir supprima ces ridicules éci<-
noniics , «t la ville y gagna d'être eclair*<« «n
tout teaipt.
98 LEN
D AMBRA Y , dans celle des liommes
vivants. ) La nomination de M. Le
r^oir à la place de bililiotliecaije du
roi lui suscita d'autres ennemis, et
fit eclorc de mo'prisaLlcs pamphlets,
entièrement ouLlies aujourd'hui. Il
prévit de loin les orages de la révo-
lution, sentit la faiblesse du p;ouver-
iiement , et donna sa démission en
1790. Il se retira d'abord en Suisse ,
puis à Vienne. Lorsque le progrès
des armes françaises l'obligea de
changer d'asile, il trouva partout
un accueil dislingue : un mariage ho-
norable ((u'il contracta avec une
veuve française , digne du plus ver-
tueux attachement, et ((ui lui a ferme'
les yeux , ajoutait à ses consola-
tions. Pendant son séjour en Autri-
che , l'empereur de Russie , Paul I«»'.
lui fit proposer de venir s'établir
dans ses états , pour l'aider de ses
conseils. M. Le Noir réj^ondit cpi'il
n'avait point renonce' à revoir sou
pays natal, mais qu'il oiï'rail à l'em-
pereur de lui consacrer une ou deux
années de sa vie ; cette négociation
fut rompue p irla mort de Paul pi'.jet
M. Le Noir rentra dans sa ])alrie en
ïBo'.i. Les ministres d'alors le con-
sultèrent sur plusieurs points de l'ad-
ministration : Fouché eut peine à le
croire , quand il apprit de lui à quelle
somme modique se montaient de son
temps les dépenses d'une police si
bien faite. M. Le Noir ne possédait
plus rien ; le gouvernement permit
au Mont -de-Piété de lui faire une
pension de 4ooo francs ; un homme
à qui il avait rendu service , et qui
était devenu riche , lui olfrit une i)e-
tite maison de campagne, où il trouva
du moins les douceurs de la retraite
et de la tranquillité. Il revenait sou-
vent à Paris , où il mourut, en 1807,
à Page de 75 ans. M. Le Noir avait
reçu de la nature «ue physioaoïaie
LEN
spirituelle , noble et pleine de dou-
ceur; son organe était agréable, et
son élocution facile : il avait une
grande netteté dans les idées , uu
ordre admirable dans la discussion,
le tact fin , et le jugement exquis.
Aux études profondes qui forment
un crirainaliste éclairé, il joignait,
dans l'exercice de ses fonctions , une
pénétration qui n'appartient qu'au
magistrat habitué.! porter le flambeau
dans les replis du cœur humain; il fut
consulté sur l'abolition de la torture ,
et contribua beaucoup à faire dis-
paraître cette page déshonorante du
code criminel. Son ambition , qui le
porta au point le plus élevé dans la
splière où il s'était attaché, fut en lui
le désir de se distinguer , et non le
projet de s'enrichir : sa dépense
personnelle fut toujours modeste;
sa fortune était médiocre , et la ré-
volution eut peu de chose à faire
pour le dépouiller. Ses détracteurs
lui ont reproché peu de fermeté dans
le caractère , sans articuler un seul
fait qui prouve qu'il ait jamais man-
qué à la sévérité, ou à la délicatesse
de ses devoirs. D-s.
LENOIR ( Nicolas ) , architecte,
naquit à Paris , en 17^26: élève de
Blondel , après avoir remporté le
premier prix aux concours de l'aca-
démie, il fut envoyé à Rome, où l'as-
siduité qu'il mit à étudier les restes
des monuments de l'antiquité , lui
mérita , de la part de ses condisci-
ples , le surnom de Romain. A son
retour en France , on lui confia plu-
sieurs travaux importants. Voltaire,
qui estimait ses talents et qui aimait
sa personne, le chargea de construire
quelques-uns des édifices qu'il faisait
élever à Ferney. L'incendie de* 1 787 ,
ayant détruit la salle de l'Opéra au
Palai-*f -Royal , Lenoir éleva , en six
semaines , le théâtre de la Porte
LEN
S.iint-M.irtin. Cet édifice, qui n'avait
qu'une licslination provisoire , a
ctc bâti avec laut de soin , maigre
Textrême rapidité des travaux, qu'il
ne peut que faire houiieur au génie
de l artiste. La salle est vaste, et bien
distribuée ; cl les dégagemvnls ont
toutes les facilités que pouvait per-
mettre l'emplacement sur lequel elle
est élevée. En 1 790 , Lenoir cons-
truisit à SCS frais le théâtre de la
Cité ; cette salle ayant été supprimée
quelques années après , l'architecte
eti changea les dispositions, et en fit
une salle de bal , qui prit le nom de
PiWo. Enfin le faubpurg St.-Antoiue
manquaitd'un marchépomlcsappro-
▼isionnemeiits de ses nomlireux ha-
bitants.- Lenoir fut chargé d'en cons-
truire un sur l'emplacement de l'an-
cien hôtel de Bcauvau. On y aborde
par une rue large et bien bâtie , à
laquelle on a donné le nom de l'ar-
tiste : le marché s'appelle marché
Beauvau. Lenoir mourut à Paris ,
}•• 3i juin 1810. P-s.
LENONCOURT , l'une des plus
anciennes familles de Lorraine, a
donné à l'état et à l'église plusieurs
hommes recommandables par leur
vertu et par leurs services , entre
autres Robert DE Lenoncourt , ar-
chevêque de Reims , mort en i53i ,
en odeur de sainteté : il avait sacré
François I***. — Robert de Lenon-
couRT, son neveu, d'abord évê((uede
Chàlons-sur-Marne , puis de Metz ,
qu'il contribua beaucoup à faire ren-
trer sous l'obéissance du roi de
France en i55'2, fut successivement
archevê(|ue d'Embrun et d'Arles.
En sa qualité d'abbé de Saint-Remi,
il y fTt achever le superbe tombeau
de ce saint. Paul III l'avait créé car-
dinal en i538. Il assista à quatre
conclaves pour l'élection de Jules
m, Maixel II Paid IV, Pie IV , «t
LEN 99
mourut en i56i , à la Charité^sur-
Loire , dont il était abbé. Ou trouve
de la monnaie frappée à son coin
lorsqu'il était évc(|ue de Metz , sui-
vant le droit dont jouissaient les évo-
ques de cette ville. On vanle sa bon-
lé , sa modestie et sa sagesse. —
Philippe DE Lenoncourt , sou ne-
veu , fait cardinal par Sixte V en
1 58(3, archevêque de Reims en 1589,
mourut en i59i,agéde(i5 ans. Henri
III l'avait honoré de sa confiance et
de son amitié. Il se fit estimer par
sa douceur et sa piété. T-d.
LENOTRE ( André ), architecte
et dessinateur des jardins du Roi ,
naquit à Paris, en 161 3. Son père,
surintendant des jardins des Tuile-
ries, voulut qu'il se fit un nom dans
les arts, et le mit chez Simon Vouct,
où le jeune Lenotre se lia avec Le-
brun, d'une amitié qui dura toute
leur vie. Il se serait distingué dans
la peinture j mais doué d'un génie fé-
cond et tl'unc imagination riante, il
étudia particulièrement et perfec-
tionna l'art des jardins. Il développa
dans ses plans une abondance d'idées
et une magnificence d'ornements
propres à embellir le séjour des rois.
C'est alors qu'on vit pour la première
fois des portiques , des berceaux, des
grottes , des treillages , des labyrin-
thes orner et varier le spectacle
des jardins. Le désir de se rappro-
cher de la nature a introduit ea
France , depuis Lenôtre , le goût des
jardins anglais; mais si ce nouveau
genre ofïie plus d'agréments, il est
loin d'avoir la majesté et la gran-
deur que l'on admire dans les jar-
dins des Tuileries et de Versailles,
qui seront toujours les chefs-d'œuvre
et les modèles du genre inventé par
Lenôtre (i). C'est d'abord dans le
(i) Dci ctianf;«mentt ilaii* Ut il'coratioui ou
Ici aligaemtota n'ont pu d«itgur«r, m«i« out
100 LEN
château de Vaux, que cet habile ar-
tiste fit connaître son ge'nie j mais il
sembla se surpasser dans les plans du
parc de Versailles. Louis XIV, ayant
choisi ce se'jour pour y fixer sa rési-
dence, confia aux artistes les plus
célèbres les embellissements qu'il y
desirait. Lenôtrc fut charge de la
distribution des jardins, et il ne s'ef-
fraya pas des obstacles que lui pre'-
sentait le terrain. Lorsqu'il eut arrête
ses plans, il pria le Roi de venir sur
les lieux, pour juger de la distribu-
tion des principales parties. Il com-
mença par les deux pièces d'eau qui
sont sur la terrasse au pied du châ-
teau j il lui expliqua ensuite son des-
sein pour la double rampe. Le Roi,
à chaque grande pièce dont Lenôtre
lui indiquait la position, l'interrom-
pait en disant : « Lenôtre^ je vous
donne 10,000 francs, » Cette appro-
bation fut répétée plusieurs fois ;
mais Lenôtre , aussi désintéressé que
touché de cette munificence , arrêta
le monarque à la quatrième inter-
ruption , et lui dit brusquement :
« Sire, fotre Majesté n'en saura
» pas davantage; je la ruinerais. »
La plaine aride où Versailles est
situé, manquait d'eau; il n'y avait
k proximité du château qu'un ma-
rais mal-sain et croupissant ; on pro-
posait de le dessécher : Lenôtre s'y
opposa , et rassembla toutes ces
eaux dans le vaste canal qui termine
le parc de Versailles. C'est après
ces beaux et vastes travaux, qu'il
çmbellit ou qu'il créa les jardins de
Clagny, de Gliantilly , de St.-Cloud,
de Meudon, de Sceaux, des Tuile-
«Uéré l'économie du plan tlu jardin des Tuile-
ries , dont ou a fait disparaître les treillages qui
/Mnraient de fond aux statues du coté du fer à
cheval, supprimé les dessins des parterres,
élargi la grande allée autrefois moins décou-
Torte, et multiplié le nombre des statues dont
plusieurs us sout point dVocord avee le plau
général.
LEN
ries; le parterï-e du Tibre , à Fon-
tainebleau, et l'admirable terrasse de
St.-Germain. Amiens lui doit aussi
la belle promenade appelée YAutoiy
si chérie de Gresset. Lenôtre obtint
du Roi, la permission de voyager en
Italie, pour y accpiérir de nouvelles
connaissances; et en 1678, il se ren-
dit à Rome, où le pape Innocent XI
lui fit l'accueil le plus distingué. Ce
pontife lui accorda une audience par-
ticulière, dans laquelle il se fît mon-
trer tous les plans de Versailles ,
dont il ne put s'empêcher d'admirer
la richesse. Sur la fin de l'audience ,
Lenôtre, transporté d'un tel accueil,
s'écria : « Je ne me soucie plus de
» mourir; j'ai vu les deux plus
M grands hommes du monde , votre
)) Sainteté et le Roi mon maître. —
» Il y a une grande différence , ré-
» pondit le Pape : le Roi est un grand
» prince victorieux; je suis un pau-
» vre prêtre, serviteur des serviteurs
» de Dieu; il est jeune, et je suis
» vieux. » A cette réponse, Lenôtre,
oul^lianl à qui il parlait, frappa sur
l'épaule du Pape, en lui disant :
<i Mon révérend père, vous vous
» portez bien , et vous enterrerez
» tout le sacré collège.» Innocent XI
ne put s'empêcher de rire; alors Le-
nôtre, n'étant plus maître de ses trans-
ports, se jeta au cou du Saint-Père,
et l'embrassa. De retour chez lui, il
se hâta d'écrire ce qui venait de se
passer à Bontemps , premier valet
de chambre du Roi. La lettre fut lu©
à Louis XIV, à son lever. Le duc de
Créqui, présent à cette lecture, vou-^
lut gager mille louis , que la vivacité
de Lenôtre n'avait pu aller jusqu'aux
embrassements. « Ne pariez pas, ré-
» pondit le Roi ; quand je reviens
» d'une campagne, Lenôtre m'em-
» brasse ; il a bien pu embrasser le
» Pape. » Lenôtre , à son retour
LEN
fl'îtalie, dirigea le bosqxict de la
salle de bal , et ?iil employer avec
mi art indiii , dans ce morceau, ce
qu'il avait vu de plus remarquable
jiendant son voyage. Eu 1G75 , le
Roi lui accorda des lettres de no-
blesse, avec la croix de St.-Micbel,
et voulut lui donner des armes; mais
maigre tant de faveurs , Lenôtre avait
consciTc sa modestie : il repondit
qu'il avait les siennes, qui étaient
trois limaçons , couronnés d'une
pomme de chou. « Sire, ajouta-t-il,
» pourrais -je oublier ma bêche ?
» Combien elle doit m'ctre chère !
>» N'est-ce pas à elle que je dois les
» bontés dont Votre Majesté m'ho-
» nore ? » Accablé d'années , il de-
manda la permission de goûter enfin
le repos. Louis le combla de mar-
ques de sa bienveillance , et ne lui
accorda la faveur qu'il sollicitait,
qu'a condition qu'il viendrait le voir
de temps en temps. Deux ou trois
ans après, Lenotrcétant allé à Marly,
dont Mansard avait dessiné les nou-
veaux jardins , le monarque l'aper-
çut , et lui dit qu'il voulait lui faire
les honneurs de son jardin; il monta
dans sa chaise couverte, et obligea
le vieillard à y prendre place. Lenô-
tre, touché de tant de bonté , et re-
marquant Mansard, surin fendant des
bâtiments, qui suivait le Roi, s'écria,
les larmes aux yeux : « Sire , en vé-
» rite, mon bonhomme de père ou-
» vrirait de grands yeux, s'il me
» voyait dans unchar,auprèsduplus
» grand Roi de la terre : il faut a-
» vouer que V. M. traite bien son
)) maçon et son jardinier. » Quels
que soient les changements surve-
nus dans le genre cultivé par Le-
nôtre , il sera difficile d'v mettre
plus de grandeur et de noblesse, et le
litre de jardinier des rois lui restera
toujours.il mourut à Pari*, eu 1700,
LEN lot
âge' de 90 ans. Son buste, sculplé
j)ar Coysevox, est placé au Musée
des moiHimeuts français. P— s.
LENOURRY ( Denis-Nicolas ) ,
savant bénédictin, né à Dieppe, en
1647 , fit ses premières études au
collège de cette ville, dirigé par les
PP. de l'Oratoire. 11 prit l'habit re-
ligieux à l'âge de dix-nuit ans , dans
l'abbaye de Jumiéges, où il acheva
ses cours de philosophie et de théo-
logie. Envoyé, quelque temps après,
au monastère de Bonne - Nouvelle ,
il fut chargé de rédiger la préface
de l'édition que D. Garet préparait
des OEuvres ^tQ'AsûoàoTc. Il passa
ensuite à l'abbaye de Saint-Ouen de
Rouen, et y travailla à l'édition des
OEuvres de Saint-x^mbroise, qui fut
publiée par D. Jacques Dufrische ,
Paris, 1686, i69o,2vol.in-f".Ilvint
enfin à Paris , appelé par ses supé-
rieurs , et y passa, près de quarante
ans , uniquement occupé d'un travail
important sur les Pères , et qui a mis
le sceau à sa réputation. Il mourut à
l'abbaye Saint-Germain-d es-Prés, le
24 mars 1 7^4. Son grand ouvrageest
intitulé : Apparatus ad Bihliothe-
cam maxinuna Patrum Telennn et
scriptorum ecclesiasticorum Liigdu-
ni éditant : in quo quidipiid ad eo-
rum scripta et doctrinam , varios-
que scribendi modos et docendiper-
iinet , dissertationibus criticis exa-
minatur et illicstratur. D. Lcnourry
en avait d'abord publié deux volumes
in-8°. , Paris , 1694 et i(k)-) ; mais
l'abondanccdes matériauxlui faisant
craindre de trop multiplier les volu-
mes,il refondit son travail etle publia
en 2 vol.in-fol.,Paris, 1703 et 1 715.
C'est , comme le litre l'apprend , un
recueil de dissertations sur les ou-
vrages des Saints-Pères, dont l'au-
thenticité y est discutée et démontrée
avec une raie érudition. L'auteur
102 LEN
traite aussi plusieurs questions qui
se rattaclient à son sujet , telles que
l'origine des hcre'sies , l'établissement
des écoles chrétiennes , dont la pre-
mière fut celle d'Alexandrie, etc. Cet
ouvrage ne comprend que les quatre
premiers siècles de l'Eglise , et l'on ne
peut trop regretter que personne n'ait
songe à en donner la suite. On trou-
vera l'analyse des deux premiers vo-
lumes dans la Bibliothèque de la con-
grégation de Saint-Maur, parD. Le-
cert'. \J y4j)paratus s'ajoute à la Bibl.
maxima Patrinn , publiée par Ph.
Despont , Lyon, 1677 , 27 vol. in-f^.
( /^ojez Despont ) ; mais il est beau-
coup plus rare. D. Lenourry a publié,
d'ajirès un manuscrit de la Biblio-
thèque de Colbert , le traité De Mor-
tihus persecuîonim , Paris , 1710,
in-80. ; etil l'a fait précéder d'une dis-
sertation , dans laquelle il s'elForce de
prouver que ce traité n'est point de
Lac tance , mais de Lucius Caecilius :
ce sentiment , combattu par Lacroze
et Heumann n'a point été adopté.
( /^q/ez Lactance. ) On attribueen-
core à D. Lenourry , la Préface gé-
nérale de l'édition des OEuvres de
St. Chrysostome, publiée par Mont-
faucon; et Ton sait , qu'au moment de
sa mort , il préparait une nouvelle
édition des OEiwres de Saint - Am-
broise. On peut consulter , pour
plus de détail , outre les bibliothé-
caires de son ordre, les Mémoires de
JNiceron , tom. i et x. W-s.
LENS ( Jean de ) , en latin Len-
sœus, né en i54i à Bailleul, dans le
Hainaut , et mort le 2 juillet iSgS
à Louvain , où il était professeur de
théologie, possédait à fond les matiè-
res théologiques, et écrivait en latin
avec beaucoup d'élégance ; il a com-
posé un grand nombre d'ouvrages
sur les différentes questions de con-
troverse eutre les catholiques et les
LEN
protestants. La faculté de Louvaia
le chargea de rédiger sa déclaration
sur les articles condamnés dans la
bulle de Pic Y contre Baius. Il tra-
vailla aussi à la censure de la même
faculté contre Lessius , sur la doc-
trine de la grâce. — Arnoul de Lens ,
ou Lensaeus , son frère , périt à Mos-
cou , dans l'incendie de i575 , étant
alors médecin du Czar. Nous avons
de lui une introduction aux Élé-
ments de géométrie d'Euclide , sous
ce titre : Isagoge in geometrica
elementa Euclidis , Anvers. T-d.
LEjNTI( Joseph), biographe, né en
i6o5,àAscoli , d'une famille noble ,
a mérité une place dans le catalogue
assez étendu des savants précoces. Il
n'avait que dix-sept ans , lorsqu'il
publia un ouvrage intitulé .Prœclara
facinora clarorum Asculanorum ex-
posita , Rome, 1622 , in - 8''. Ce
volume , devenu très-rare ( i ) , con-
tient les éloges de quinze des plus
illustres citoyens d'Ascoli. Lcnti ,
après avoir terminé ses études , vint
établir sa résidence à Venise , où il
ne tarda pas à se faire estimer par
ses talents et par ses qualités per-
sonnelles. On dit qu'il était doué de
tant d'agréments physiques , que les
peintres se plaisaient à copier sa
ligure, comme objet d'étude. Une
mort prématurée l'enleva en i64o.,
à l'âge de trente-cinq ans. Léon Al-
latius lui a consacré un article dans
ses u^pes urhanœ. W-s.
LENTILIUS [ RosiNUS ) , méde-
cin allemand , membre de l'acadé-
mie impériale des Curieux de la na-
ture , sous le nom à' Oribase , et
dont le nom de famille en allemand
était Linsenbahrdt , qu'il latinisa |
suivant l'usage de ce temps là , naquit
le 3 février 1657 , à Waldcnbourg ,
(i)'Cineni l'appelle : Dolto ed élégante opuf-*
cuJq, ( Jiil>itQt. vul«ui«;, tom. ui, p* i6g. )
LEN
dans le comte de Ilolienlohc. Il fit
SCS hiiiiMniles à Hci(U'li)erp; , puis à
lona. Après les avoir leruiinées , et
se trouv.<nt sans fortune , il remplit
sueccssivcment les foiiclions de pré-
cepteur près de Leij»/>ig, à llosfoek ,
Wisniar , Mietau et autres villes ;
mais lasse d'une profession si peu lu-
crative, il essaya d'exercer la mcde-
cine,cf le lit avec assez de succès pour
que le margrave d'Anspach lui accor-
dât la place de physicien de la ville
de Creilsbeim en Franconie , où il se
rendit en i(38o , après avoir pris le
degré de licence en médecine à Allorf.
F II alla ensuite s'établir à Nordlingen ,
puis à Stuttgard, où il remplit la
charge de physicien , et devint , en
1 7 1 1 , ])remier médecin du duc de
Wurtemberg. Lentiliusalla rejoindre
À Turin, le fds de ce duc, et l'ac-
compagna dans les voyages qu'il lit
en Espagne , dans les Pays-Bas et
en France. De retour à Sluttgard ,
il se livra à l'exercice de la méde-
cine jusqu'à la fm de sa carrière ,
qui arriva le 12 février 1733. Il
avait fait une étude approfondie de la
matière médicale , qu'il considérait
comme la partie fondamentale de la
médecine. Il fut ui? des plus ardents
propagateurs du système chimia-
trique , et conseilla le premier l'u-
sage de l'arsenic pour la cure des
fièvres intermittentes. Il ne faisait
aucun cas de l'anatomie ; et il re-
gardait les observations des anciens,
et les faits recueillis dans d'autres
climats que celui de l'Allemagne ,
comme inutiles et même d'une ap-
plication dangereuse. Ennemi de la
saignée, il se récria contre l'habi-
tude trop généralement adoptée alors
par ses compatriotes , de se faire
tirer du sang à l'époque des équi-
noxes, et publia sur ce sujet, en alle-
mand , un livre qui fut imprimé à
LEN îo3
Ulm , en iOq-a, in-8". On a encore
de lui : I. Tabula cnnsultatoiia me-
dica , in-8**., Ulm, 1 (><)(). 11 donne ,
dans cet opuscule , des conseils aux
médecins surla manièredeconsuller,
et il indique le fruit que l'on peut
tirer de ces consultations. II. De
hydwphohiœ causa et curd, diss.
in-8°. , Ulm , 1700. III. Etcodro-
THus medico-practiciis y anni 1701),
Sluttgard , 1 7 1 1 , in-4". ; c'est \\n
journal dans lequel Lentilius a con-
signé tout ce que lui a oflèrt sa
pratique pendant l'année 1709. IV.
latwmnemata theorelico-practica ,
Sluttgard , 1712 , in-S^. ; cet ou-
vrage dans lequel il indique les de-
voirs des médecins pensionnés p.ir
les villes d'Allemagne , est rempli
d'obseiTations dans lesquelles on re-
trouve sa méthode curalive , fondée
sur la théorie la plus erronée et la
plus dangereuse. P. et L.
LENTULUS est le nom d'une
des familles les plus illustres de
Rome, qui a fourni, dans les beaux
temps de la république , plusieurs
personnages recommandables par
leur vertu et par leurs services :
d'autres jouèrent un grand rôle dans
les derniers troubles et sous les pre-
miers empereurs. Les plus fameux
de ceux-ci sont : Publius Lentulus
Sura , qui , après avoir rempli les
principales charges de l'étal, devint
complice de Gatilina , et fut étran-
glé en prison. — Lentulus Spin-
ther , l'un des hommes les plus fas-
tueux de son temps , étala , dans les
jeux publi<:s , pendant son édilitc
et sa préture , un luxe inconnu jus-
qu'alors. Ayant embrassé le parti
de Pompée , il tomba entre les
mains de César qui lui lit grâce ; il
rejoignit Pompée et prit la fuite avec
lui après la bataille de Pharsale. —
Cossus Cornélius Lentulus^ suc-
to4 LEN
nomme Getulicus , à cause de ses
victoires sur les Gëtules , se distin-
gua sous Tibère par ses talents, ses
vertus et ses services. — Cneïus
Lentulus , fds du précèdent , com-
mandait dans la Haute- Germanie ,
lorsqu'on l'accusa d'être complice
de Sëjan : il confondit son calom-
niateur par une leltre pleine d'une
noble fermeté', et le fit punir ; mais
étant entre, par la suite, dans une
conspiration contre Galigula , il en
fut la victime. Il avait composé
quelques ouvrages d'histoire et de
poésie, qui sont perdus. T-d.
LENTULUS (Gyriaque) , publi-
ciste , était né à Lentz , vers 1620 ;
il fut nommé professeur d'histoire
et de philosophie à Herborn dans le
comté de Nassau , et se fit une répu-
tation assez étendue par les écrits qu^il
publia sur des matières de politique.
De tous les auteurs de l'antiquité/Ta-
cite était celui qu'il estimait davan-
tage; il le lisait continuellement, et ne,
cessait d'en recommander la lecture
à ses élèves. Il ne fut pas aussi juste
envers ses contemporains; il attaqua
Grotius , dont il ne soupçonnait pas
k supériorité, et réfuta le système
de Descartes , avec une aigreur d'au-
tant plus blâmable, que cet illus-
tre philosophe était alors persécuté.
Lentulus mourut vers la fin du dix-
septième siècle , dans un âge avancé.
On connaît de lui : I. yiugustiis swe
de cowertendd in nionarchiain re~
publicd, Amsterdam, Eizevir, i645,
in- 12 ; rare et curieux. Il dédia ce
traité aux magistrats d'Utrecht, par
une épître dans laquelle il les loue
du zèle qu'ils ont montré pour le
progrès des lettres. G' est propre-
ment, dit Gaspar de Real, le projet
et le préliminaire de VArcana re-
gnorum. ( Voyez la Science du gou-
vernement , tome 8. ) II. Eurcpa ,
LEN
Carmen , Herborn , i65o , in-S^. ;
c'est un poème en vers héroïques.
III. Nova Ren. Descartes sapientia
détecta, Herborn , i65i , in- 12,
IV. Cartesius triumphatus et de--
creta academianimBelgicarum con-
tra Canesii scripta , Francfort ,
i653 , in-4°. En lisant ces deux ou-
vrages , on est tenté de croire que
Lentulus était jaloux de la gloire de
Descartes • l'amour seul de la vérité'
n'aurait pas pu lui inspirer tant
d'expressions injurieuses. V. Arcana
regnorum et rerumpuhlicarum, ,
Herborn , i653 , i655 , 1666 ,
in-8**. VI. Aula Tiherina et solcr-
tissimi ad imperandum principis
idea , Herborn , 1662 , in - 12;
Wurtzbourg, i663 , in-S». VII.
Princeps ahsolutus, l^crhorn^ iG63,
in-S»^. VIII. Janus reseratus poli-
ficus et militaris , ibid. , i665 ,
in-8°. IX. Qermania y cum vitd
Jul. Agricolce , Marbourg , 1666 ,
in-S*'. Il faut réunir ces cinq derniers
traités qui forment un commentaire
très-ample sur les œuvres de Tacite.
Amelot de la Houssaye en faisait
beaucoup de cas. X. Imperator sive
de jure circà hella et pacem ohser-
vando , Herborn , iG6^ , in-8''. ;
c'est une espèce de réfutation du
fameux ouvrage de Grotius : De
Jure helli et pacis; et Lentulus n'y
parle pas de ce grand publiciste avec
tous les égards qu'il mérite. XI.
Pnidentia militaris prisci ac recen-
tioris œvi ac imperatoris ahsoluti
partes duce , Marbourg, iG(54 , in-
4".XII. Apex gloriœ Bomanœ, slve
de statu rei Bomana^ summd in
potestate , magistratihus , jurisdic-
tione y militid , civium prœrogativd,
sacris et sacerdotilms , Margbourg,
1668, in-4*'.XIII. Ymp'XfnztTiio; pro
scriptis Cyriaci Lentuli : adversus
novum criticum judicia de poli-
LF.N
(icis eerehrow è Parnasso prnf<^-
rcntem , Marbourg , 1669 , in-4". ;
cVsl une .'jpologie que Lnituliis pii-
j blia liù-méine de ses écrits , contre
le faux Euhultts Tlwodatus Sarck-
masiiis ( Conrad - Samuel Schurlz-
flcLsch). XIV. Outre les ouvrages de
politique qu'on vient de citer , on
' encore de lui : Parncissi latialis
tristarchus, Herborn, T663,in-4®.;
et quelques trailës de droit : Instilu-
tioîies juris , cites par Koenig {Bibl.
vêtus et TKH'a ); — Memoriale jwi~
dicum, Francfort , 1659 , in-8'\ —
i)uid consilii 7 seu ^\o dubia ,
Herborn , 1 67 1 , in-8". ; — Censura
{lutorum. ad civilem prudentiam et
huic annexant movalcm consequfin-
him legendorum , seu Dissertatio
de autorihus le pendis ; — Mnemo-
nica libronan , capitum et rerum
sacrcp Scripturœ , etc. W-s.
LLNTULUS ( Scipiopr ) , napo-
litain, se retira dans le pays des Gri-
sons , ])our y embrasser la reforme ,
et fut ministre à Chiavenne. Il avait
compose une Grammaire italienne ,
Genève, i568; une /)^"/i?«56^ de l'ëdit
des Ligues-Griscscontre les nouveaux
\ riens, Genève, 1592 , in-B». Cette
tpologie , dit Bayle , ne doit point
irprendre , quoique l'auteur eût ete
'lutrefois persécute'; car il ny a
rien de plus ordinaire que de voir
des g,ens fugitif s pour la religion ,
sonner le tocsin contre les sectes,
III est encore auteur d'une réponse à
Possevin, qui avait ëfë charge, par la
cour de Savoie , d'aller faire une
mission dans les vallées et d'y e'tablir
les pasteurs catholiques. T-d.
LENTULUS( Paul ), probable-
ment fils du précédent , fut reçu
bourgeois de Berne, et nommd mé-
decin de la ville, en 1 593. Il mourut
de la ix-ste en 161 3. Il a public:
Historia de prodigiosd inedid
LEN
io5
Apolloniœ Schregerœ^ Berne , 1 Go4,
in-4°. — Son arrière petit-lils,Cësar-
Joseph(i),në à Berne, en i(i83,
servit en Autriche , obtint le grade
de maréchal-lieutenant , et prit part
aux campagnes de 1^34 et 1735 sur
le Rhin , à différentes guerres contre
les Turcs , et à la première guerre
de Silësie ; en \')f\i , il fut nomme'
commandant de Cronstadt, en Tran-
sylvanie,où il mourut en \']f\\. T-p.
LENTULUS(RoBEr.T-Scirio!v dk),
fds de César-Joseph, naquit àV ieniie,
en 1 714, et mourut en sa maison de
campagne de Monrepos , près de
Lausanne, le 9.0 décembre 178G. H
suivit la carrière militaire, et entra,
dès sa quatorzième année, au ser-
vice de l'Autriche. Il eut part aux
difTérentes guerres de cette puissance
contre les Turcs et en Silésie. A la
prise de Prague en 1744 > il ^"t fait
prisonnier avec sa compagnie : il
avait refusé de signer la capitulation,
disant sèchement au général prussien
Einsiedel , qu'on l'avait envoyé à
Prague pour se battre , et non pour
rendre ses armes. Forcé néanmoins
de suivre le sort de la garnison , il
brisa son épée. Le roi de Prusse ,
informé de ces détails , le fit venir à
sa table, fut frappé de son air mar-
tial , de sa taille gigantesque, lui té-
moigna le désir qu'il aurait de l'a-
voir à son service, et le renvoya sur
sa parole d'honneur; il avait,dit-on,
environ sept pieds, et il était si bien
j)roportionné que, dans sa jeunesse,
on l'appelait le beau Lentulus.l/an--
née suivante, il quitta le sei'vice de
l'Autriche , se rendit en Suisse; et ct>
(i) Il se disait issu de l'ancienne familîrt
des Lentulus, d'une branche de la noldo fi-
ftp des Cornélius. Toui. les membres de « eUte
famille , transplantée à Berne, ont rons«iv»
des noms Romains , «t s'appellent Cksak o»
Scwum. • i
io6
LEN
1746, sur les instances du prince
Léopold de Dcssau , il entra au ser-
vice de Prusse. Il s'y distingua pen-
dant la guerre de sept ans , et il sut
mériter la faveur de Frédéric TI, qui
le combla d'honneurs et de distinc-
tions. En 1 768, il fut nomme' par ce
prince gouverneur de la principauté'
ae Ncuchatel, et, par les Cantons ,
commandant de la garnison qui y
dut apaiser quelques troubles. En
1773, Lentulus était à la tcte de
l'armëe prussienne qui prit posses-
sion des provinces de Pologne ,
dévolues à la Prusse par le pre-
mier partage du royaume. A Tou-
rerture de la guerre de 1778, il
obtint sa démission , se rendit à
Berne , devint baillif de Koniz , et
commanda, en 1782, les troupes de
son canton , que les troubles de Ge-
nève y avaient appelées. Il est remar-
quable que cet otilcier, en cinquante
ans de service, s'étant trouvé à onze
ou douze batailles, dans lesquelles il
ne s'était point épargné et avait eu
souvent des chevaux tués sous lui ,
n'avait cependant jamais été blessé.
Il a laisse deux fils de son épouse ,
née comtesse de Schwerin. Sa fa-
mille conserve ses manuscrits, con-
cernant la guerre de sept ans , ainsi
que sa correspondance. La Fie du
général Lentulus par F. L. Hallcr,
a été traduite en français, par Hedel
Hoker, Lausanne, 1787, in-8». Id.
revue et augmentée , avec son por-
trait , Berne , 1 788 , in-80. U-i.
LENZ ( Charles - Goïthold ) ,
philologue et littérateur allemand ,
naquit a Géra , le 6 juillet 17*63. Il
y fit de très-bonnes études , ainsi qu'à
léna et à Gœtlingue. En 1799, il
fut nommé professeur au gymnase
de Gotha, où il enseigna , avec un
succès distingué , l'histoire de la
philosophie et de la littérature. Pea-
LEO
dant deux ans , il eut l'intendance
du cabinet de médailles du duc de
Gotha, un des plus riches de l'Alle-
magne , et il y acquit des connais-
sances profondes en numismatique.
Il mourut le 27 mars 1809. On a de
lui en allemand divers ouvrages dont
les principaux sont ; I. Histoire des
femmes, dans les temps héroïques,
Hanovre, 1 799,in-8^. W.Surles rap-
ports de J.-J. Rousseau avec les
femmes, Leipzig , 2 vol. in-8". III.
Foj-age à la Troade , d'après Le-
chevalicr, Altembourg, 1800, in-8<'.
IV. La Déesse de Paphos, d'après
les antiques. Gotha , 1808 , in-4°.,
avec 1 estampes. On trouve un grand
nombre de mémoires , de disserta-
tions et extraits de Lenz , dans les
journaux et les recueils les plus re-
nommés de l'Allemagne. Il a laisse'
des matériaux pour une nouvelle
édition de Stace. C-au.
LÉO ( Léonard ) , l'un des plus
grands compositeurs -harmonistes ,
naquit à Naples en 1694 (ou , selon
Piccini , en 1701 ). On croit qu'il
fit ses premières études sous Alexan-
dre Scarlatti. Les talents de Léo
le firent bientôt distinguer ; et il
devint l'un des maîtres du conser-
vatoire de Santa- Onufrio , et com-
positeur particulier de la chapelle
du roi de Naples. Un grand nombre
d'élèves d'un mérite supérieur se
formèrent sous lui , tels que les Pic-
cini, les Traetta; et il partage, avec
Durante et Pergolèse , la gloire d'a-
voir contribué à élever l'école de
Naples au plus haut rang parmi les
difîérentes écoles d'Italie. C'est lui
qui , le premier , a employé dans la
composition , ces accompagnements
expressifs et variés , ce style gran-
diose et plein d'effet , qui carac-
térisent sa musique, et qui ont servi
de modèles à ses successeurs. Toutes
LEO
h's passions et tous les seiïtiments
I II claicnl également familiers ; son
i.«iiieu\ air du morceau si connu
cl'A|>ostolo Zeuo : Ombra diletta
del cai-o sposo , frapjïo et saisit
dVtonnemcnt ; son opéra comicpie ,
Jl Cioè , respire an contraire une
paîle naive. (l'est à lui (pi'on attribue
la lorme du rondeau, qu'il a intro-
duite dans ce dernier opéra. La mul-
titude de ses ouvrages , dont on se
borne à indiquer les plus connus , a
prouve qu'aucun genre de composi-
tion ne lui était étranger ; il les em-
brassait tous avec le même talent :
mais c'est surtout sa musique d'e-
glisc qui l'emporte sur toutes ses au-
tres prodirctions ; son Miserere ne
le cède ni au Stabat de Pergolèse ,
son contemporain, ni à aucune autre
composition du même genre. C'est
là qu'il a dépose tout ce que l'ima-
gination , animée parle génie, peut
exprimer de grand et de sublime.
La musique dramatique a éprouvé
depuis et peut éprouver encore de
très-grands changements; mais tant
qu'il y aura de la musique d'église ,
ce Miserere sera un chef-d'œuvre ,
remarquable à la fois par la science
del'harmonie et par la clarté du style.
Ici les combinaisons savantes , loin
de nuire à l'expression, sont en quel-
que sorte calculées sur les sentiments
les plus profonds et les plus vrais du
cœur humain. Il attachait tant d'in-
térêt à l'exactitude d'exécution , qu'il
préparait les répétitions du Miserere
dès le mercreai des Cendres , et les
continuait jusqu'à la Semaine Sainte,
où ce morceau devait être exécuté.
Léo mourut en \'-jl\'i selon Burney,
en 1-143 selon Piccini, ou, selon Ger-
ber,en 1 745(i). Ses principaux ou-
(1' CeUc incertitude a de quoi surprendre;
«t il est probable qu'elle lient à quelques
fci)te6 d'iuiprsttioD. Eu comparaol le» «j>u-
LKO 107
vragcssont: L 0|)éras: Sophonishe,
1781,50111*"^. opéra. Olimpiadttf^
dont on lemarque le duo: Nei giorni
tuoij'elici , et l'air : Non so d'onde
vinne. — Vemofonte , dont l'air, 3/t-
sero pargoletto, esl devenu célèbre.
Cajo Gracco, \']io; Tnmerlanc ,
^''j'i'À'j Timocrate, \yïS ;Catoneiti
Utica, l'j'xQ'y la Clenumza di Tito,
1735; Ciro riconosciuto , 1739; A'
chille in S ciro, 174^; Fologese ,
1 744- lï- Opéras comiques: Z« Con^
tesa delV amore e délia virtà. — Il
Cioè. in. Musique d'église : deux ora-
torio , Santa-Elena et la Morte di
Ahele ; Miserere à huit voix en deux
chœurs , inséré par Choron dans la
collection des classiques; Ave maris
Stella, gravé par Porta. IV. Plu-
sieurs Motets et Cantates , conser-
vés en manuscrit à Berlin et à Na-
ples. L-o.
LÉOCHARÈS , sculpteur grec ,
a fleuri dans le iv*'. siècle avant
notre ère : il fut l'émule et le con-
temporain de Policlès, de Cephiso-
dore, d'Hypatodore , de Scopas,
de Briaxis et de Timolhée; ce fut
avec ces trois derniers , et même ,
selon Vitruve, avec Praxitèle, qu'il
travailla au tombeau de Mausole,
dont le côté occidental fut son ou-
vrage ( Vcyy. Briaxis ). Léocharès
fit ensuite la statue de bronze élevée
à Isocrate, dans le vestibule du tem-
ple d'Eleusis , par son ami Timo-
thée, fils de Conon, et les statues
de Jupiter et du peuple athénien ,
placées au Pvrée. On attribuait en-
core à Léoclliarès , un colosse dit
Acrolithe qui décorait le temple de
Mars à Halicarnasse. Il exécuta,
vers la cent onzième olympiade ,
qties donne'es par Ginçuenc', dans sa Notice
sur Piccini , enverra (jue la date de 174»
est évidcniment fausse, et qu'on ne peutad-
inelUcquc i;43 ou 1744»
io8 LEO
les statues en or et ivoire, d'Amyn-
las , de Philippe , d'Alexandre, d'O-
lympias et d'Euridice , qui furent
consacrées dans un temple élevé' à
Olyrapie, par Philippe, après la ba-
taille de Chéronée. Mais les chefs-
d'œuvre de ce sculpteur furent un
Ganyraède enlevé par l'aigle , qui
semblait épargner de ses serres une
proie destinée au maître des dieux ,
ji,roupe admiré dans l'antiquité et
dont on croit avoir quelques répéti-
tions antiques ; la statue du jeune
Autolycus, qui fut vainqueur dans
les combats du pancrace, et en l'hon-
neur de qui Xénophon a écrit son
Banquet; une statue de Jupiter ton-
nant , placée depuis dans le Capi-
tole ; enfin un Apollon onié d'un
diadème. Dans quelques éditions de
Pline , ces ouvrages sont attribués à
Léocras ; mais un passage de Ta-
tien , qui reproche à Léocharès
celte même statue de Ganymède
dont on vient de parler , prouve que
le nom de Léocras, d'ailleurs incon-
nu , n'est que le résultat d'une er-
reur de copiste. L—s-e.
LÉON l«r. (Saint Léon), dit le
Grand, élu pape le Ig septembre 44o,
succéda à Sixte IIL On ne sait rien
de sa famille , sinon que son père
s'appelait Quintien , qu'il était ori-
ginaire de Toscane , et qu'il naquit
à Rome. Ses talents et ses vertus l'a-
vaient fait remarquer dans des mis-
sions importantes. L'empire d'O-
rient était alors gouverné par Théo-
dose II, et celui d'Occident par Va-
lentinienlll. Les Francs, commany
dés par Clodion, étaient à peine éta-
blis dans les Gaules, et n'étaient pas
encore chrétiens. Genseric , roi des
Vandales , désolait l'Afrique , et se
préparait à passer en Sicile. Attila
menaçait l'Ilalie-Supérieure , après
avoir ravagé la Thrace et l'Illyrie )
LEO
mais ces ennemis ne furent pas Ici
premiers qui occupèrent les soins du
nouveau pontife.Saint Léon, sous les
papes ses prédécesseurs , avait déjà
combattu les différentes hérésies qui
infestaient le sein de l'Église. Il tra-
vailla d'abord à chasser de Rome les
Manichéens qui s'y tenaient cachés.
C'était le sujet de sa prédication
accoutumée. Il désigne ces hérésiar-
ques en disant que , « lorsqu'ils
» communient avec les fidèles, ils
» ne prennent que le corps de Notre-
» Seigneur , et non point le sang ,
» parce qu'ils abhorrent le vin( i).»
Saint Léon s'attacha surtout à dé-
truire les erreurs de Nestorius et
d'Eutychès sur le mystère de l'in-
carnation ( Fox. Nestorius et Eu-
tychÈs) : le premier avait été con-
damné dans le concile d'Ephèse, en
43 1 . Eutychès, qui l'avait combattu,
soutenait une doctrine non moins
hétérodoxe dans un excès contraire.
Ce fut dans un concile tenu à Cons-
tantinople , l'an 44^ ? que les er-
reurs d'Eutychès furent dénoncées
par Eusèbe,évêquede Dorilée. Elles
furent condamnées; et saint Fia vien,
évêque de Constanlinoplc , qui pré-
sidait l'assemblée , prononça la sen-
tence. Eutychès fît entendre qu'il
appellerait de ce jugement j et il j
en écrivit en effet à saint Léon , qui j
crut un moment que les actes du j
concile étaient frappés de quelque I
irrégularité. L'empereur Théodose
fut encore plus aisément persuadé 1
par les instances de l'eunuque Chry- 1
saphius , et par les insinuations de j|
l'impératrice Eudoxie. Il convoqua |
(l) Ce passage des sermons de saint Le'on
prouve que, de sou temps, on communiait
encore sous les deux espèces. Le calice ,
dont les protestants ont repris l'usage , pa-
raît n'avoir été interdit aus laïc* que dans
ie treizième siècle.
LEO
^ct'onil coucilc, connu dan» l'his-
ire sous le nom de Brigandage
l'.phèse. Tout en cfl'et s'y passa
\«c violence; Eutychcs à son tour
louipha de Flavieu et d'Eusèbe de
L'oriléc, qui furent déposes. Les légats
• lu pape refusèrent de signer les ac-
> de cette assemblée. Ils s'en échap-
rent avec peine pour venir ren-
' «' compte à saint Léon de ces af-
I géantes nouvelles. Depuis leur dé-
part, Flavieu, exilé en Lydie, était
mort des suites des mauvais traite-
monts dont il avait été accablé. Ce
prétendu concile d'Ephèse fut con-
i tmné à Rome ; et saint Léon écri-
vit à Tcmpcreur d'Orient pour le
Mipplier de réparer ces désordres î
maisThéodose,au contraire, approu-
va hautement tous les actes d'Ephèse.
Marcien , son successeur , adopta
un autre système, parce que les
courtisans et les favoris avaient été
éloignes du trône. La vertueuse Pul-
chérie , sœur de Théodose , épouse
du nouvel empereur, contribua puis-
samment à cette révolution. Le corps
de St. Flavienfut exhumé et rapporté
avec honneur à Gonstantinople ; et
1 on convoqua un 3^. concile à Chalcé-
(loine ( en 45i). Les lettres de saint
Léon, et surtout celle qu'il avait écrite
à saint Flavien avant d'avoir appris
sa mort , servirent de base à la doc-
trine que le concile ûxa d'une ma-
nière irrévocable , d'après les actes
du concile de Nicée et du premier
concile d'Ephèse. Ainsi furent pros-
crites les erreurs de Nestorius et
<l'Eutychès. ( royez EutychÈs et
Nestorius. ) Saint Léon approuva
tous les actes du concile de Chalcé-
doine, excepté celui qui donnait au
siège de Gonstantinople la préémi-
'uce sur ceux d'Antioche et d'A-
\andrie. Pendant le cours de ces
! andes contestatious^uoc discussiou
LEO «^
j>arliculièrc s'était élevée entre saint
iiéon et St. liilaire, évèque d'Arles,
qui avait, de son autorité, déposé l'é-
véqiieCélidonius, sous prétexte qu'il
avait épousé une veuve. Cette allaire
ayant été portée dans un conciir
tenu à Rome , en 44^ > saint Hilaire
vint s'y défendre , et le lit avec une
certaine hauteur qui déplut: le crime
imputé à Célidonius ne fut pas prou-
vé; il fut rétabli dans son église. Le
siège métropolitain fut transféie
d'Arles à Vienne; mais saint Hilaire
ne fut point déposé : il reprit ses
fonctions épiscopales , et mourut en
odeur de sainteté , comme saint Léon
eu convient lui-même (//e^re 2 aun
évéques des Gaules). Au reste il ne
fut pas question, dans celte allaire ,
de disputer à la cour de Rome le
droit de juger une contestation éle-
vée entre deux évêques au sujet d'un
droit de juridiction métropolitaine.
Saint Hilaire lui-même vint au con-
cile pour se justifier , et se soumit
au jugement sans protestation. Dans
une pareille matière , qui ne tou-
che point au dogme , et n'intéresse
que la discipline , l'autorité d'un
homme tel que saint Léon est tel-
lement imposante, que le sage Fleii-
ry a gardé , à cet égard, un silence
respectueux. H obseive seulement
que le système de saint Léon était
d'attacher l'autorité métropolitaine
au plus ancien évêquc, et non pas
à un siège en particulier ; que tel
était l'usage de l'Église d'Afrique,
mais que celle des Gaules refusait
de s'y soumettre. Ges grandes affai-
res ecclésiastiques terminées , saint
Léon eut à s'occuper de soins bien
différents. Le terrible Attila , après
avoir ravagé la Pannonie , et s'être
emparé d'Aqiiilée , de Pavie et de
Milan , semblait prêt à fondre sur
Rome ( en 4^^ ). Le faible Vaki*-
110 LEO
tinicn demeurait renferme' dans Ra-
venne. Aëlius , général des troupes
romaines , se trouvait hors d'clat
de résister à l'irruption des bar-
bares. L'empereur implora la mé-
diation de saint Léon , et Rome fut
sauvée par un de ces événements
extraordinaires , que la sagesse hu-
maine ne peut pas seule expliquer.
{F. Attila.) Le saint pape, accom-
pagné uniquement de deux person-
nages consulaires, alla au - devant
du roi des Hnns, qu'ils rencontrèrent
dans la Vénétie, à Ambuleium près
du passage du Miucio. L'aspect du
vénérable pontife désarma la colère
d'un vainqueur farouche , accoutu-
mé à d'autres résistances. Il pro-
mit la paix , et se retira au-delà du
Danube. Saint Léon revint à Rome,
où les bénédictions du peuple furent
le seul triomphe qu'accciHa sa mo-
destie. Après avoir rétabli quelque
tranquillité dans l'Église d'Orient ,
grâce à la piété de Marcien et de
la vertueuse impératrice Pulchérie,
saint Léon dut encore s'occuper de
détourner , ou du moins d'adoucir
les nouveaux malheurs dont Rome
était menacée. Valentinien était mort
en 44^ 7 assassiné par des gens de
Maxime , qui lui succéda et contrai-
gnit sa veuve de l'épouser. Eudoxie
ignorait qu'il fût un des meurtriers
de son premier époux. Quand elle
l'appiit , son ressentiment fut tel
qu'elle invita Genseric à venir la ven-
ger en s^emparant de la ville de
Rome. Saint Léon fut appelé de
nouveau pour traiter avec les enne-
mis. Il obtint qu'on épargnât à ses
Bialheureux concitoyens les incen-
dies, les meurtres et les supplices, et
qu'on ne touchât point aux ptinci-
pales basiliques; mais il ne put sauver
la capitale du monde d'un jùllagequi
dura quatorze jours {F, GfiiysERic ).
LEO
Haxime fut tué : Eudoxie et ses deux
fdles furent emmenées à Garthage;
et ce fut ainsi que l'avilissement de
l'autorité impériale prépara la puis-
sance temporelle des papes. Cepen-
dant le parti de l'hérésiarque Euty-
chès se relevait en Afrique. Dioscore ,
évêque d'Alexandrie , un de ses
sectateurs les plus zélés, avait été
condamné par le concile de Chalcé-
doine , déposé et relégué à Gangres.
Protère lui avait succédé; mais il
fut massacré de la manière la plus
cruelle par les schismatiques ; et
le moine Timolliée Elure fut nom-
mé à sa place. Le pape , instruit de
ces désordres , réclama l'appui de
l'empereur Léon , qui avait re^nplace'
Marcien , et fut puissamment se-
condé par lui. Timothée Elure fut
chassé d'Alexandrie et relégué dans
la Chersonnèse en 46o. Un autre
Timothée , surnommé Solofaciole ,
partisan des saines doctrines ,fut élu
à l'évêché , et saint Léon eut ainsi la
satisfaction de voir s'afïermir davan-
tage l'autorité du concile de Chalcé-
doinc. Tels furent les principaux ac-
tes du pontiJicat de saint Léon , qui
occupe une place si mémorable dans
l'histoire. Aucune des hérésies qui
désolaient l'église catholique n'é-
chappait à sa vigilance. Il combattit
les Priscillianistes et les Pélagiens
avec autant d'ardeur et de succès que
les sectaires de Nestorius et d'Euty-
chès. La discipline était aussi négli-
gée que le dogme était méconnu ;
on ordonnait comme évêques des
laïcs , et même des bigames ; les
élections étaient le fruit des brigues
ou des émeutes populaires. Saint
Léon eut à détruire tous ces abus : il
avait pour coopérateur le célèbre
saint Prosper , auquel certains écri-
vains attribuent les lettres de saint
Léon sur les erreurs d'Eutychès. Ce*
LEO
pcncUnt dom Ceillier , dans son His-
toire des écrivains sacres ,nc confond
point le style de l'nn et de l'aulre.
Quoiqu'il pre'fhe évidemment celui
de St. Pros})cr , il n'oie point au pon-
tife le mérite de ses ouvrages contre
l'hérésiarque d'Orient. Saint Léon
mourut à Uome , à ce qu'on croit , le
1 G novembre 40 1 ; la i ' ®. translation
de ses reliffues se fit le 1 1 avril ,
jour où l'Église honore sa mémoire.
C'est le premier pape dont nous
ayons un corps d'ouvrages ; il se com-
pose de quatre-vingt-seize sermons
sur les principales fètcs de l'année ,
de 1 4 1 lettres , des livres sur la voca-
tion des gentils , et d'un code des an-
ciens canons. L'édition qu'en avait
domie'e le P. Quesnel , en 167 5 , en 1
volumes in-4".,était regardée comme
la plus complète et la plus estimée.
Les frères Ballerini l'ont réimprimée
•avec des augmentations , Venise,
1753, 3 vol. in-fol. ; et le P. Th. Cac-
ciari, professeur à la Propagande,
en a donné une autre, aussi en 3 vol.
'in-folio , revue et corrigée sur les
manuscrits du Vatican, Ces trois
volumes ont paru en 1 751, 53 et 55.
Dans sa préface , Cacciari reproche
vivement à Quesnel des infidélités et
'des altérations considérables. La pre-
mière édition des sermons et des
opuscules est celle de Rome , 1470 ,
in-fol. Le Sacramentaire ( Codex sa-
cramentorum vêtus romance Eccle-
siœ ,à Sancto Leone papd Iconfec-
tus ) , a été piAlié par J. Bianchîni à
la tête du tome iv d*Anastase le bi-
bliothécaire , en 1 735 ; et par Mura-
tori, dans le tome i de sa Liturg. rom,
vet. , Venise , 1 74H. Les sermons de
saint Léon ont été traduits en français
]iar l'abbé de Bel legarde, Paris, 1 70 1.
"^on style est élégant et noble. Il avait
• Dunu saint Augtistin dans sa jen-
uesse jet l'on doit penser qu'il avait
LEO iii
bien profité des leçons d*im Ici maître.
Après le pillage exercé par les Van-
dales ,il (it rétablir l'argenterie dans
toutes les églises de Rome. Il répara
1rs basiliques de St.-PicrreetdcSt.-
Paul, et institua des gardiens aux
tombeaux des SS. Apôtres. Il fit tra-
vailler à un nouveau canon pascal ,
d'après la base fixée par le concile
de Nicée. Sous tous les rapports , ses
nobles qualités et ses éminentcs ver-
tus l'ont placé au premier rang des
papes dont se gloril i(;nt les plus beaux
siècles de l'Église. Dans ses discours,
dans ses écrits , dans ses actions , on
remarque toujours la beauté de son
éloquencQ , la pureté de sa doctrine ,
la sainteté de ses mœurs , et la gran-
deur de son courage. Il eut pour suo
cesseur Hilairc ou Hilarius. D-s.
LÉON II ( Saint ) , élu pape, le
16 avril, et ordonné le 17 août
6Sjt. , successeur d'Agatlion , était
sicilien de naissance. Son père se
nommait Paul. Son éducation avait
été dirigée avec soin , et fut achevée
avec fruit. Il était instruit, éloquent
et charitable. Comme il savait par-
faitement le'grecil traduisit le - actes
du dernier concile en latin, afin de
les faire connaître en Occident. Son
ordination fut difieréc jusqu'à ce
qu'on eût reçu le consentement de
l'empereur Constantin Pogonat , qui
régnait alors à Constantinople. Les
légats , qui avaient assisté au concile
(le 6^. œcuménique ) , revinrent à
Rome, chargés des bienfaits de l'em-
pereur, et apportant sa déférence au
jugement du pape sur la validité des
actes de cette assemblée , et sur la
punition encourue par fpielqucs dis-
sidents. Le pontife sanctionna la dé-
finition du concile , et anathéma-
tisa ceux qui avaient prolesté. Il sou-
tint aussi avec fermeté ses droits con-
tre l'exarque deRaYenne,(piinevou-
n'A lf:o
lait pas reconnaître son autorité. Il
Ht divers règlements très-sages pour
le maintien de la discipline , perfec-
tionna le chant Grégorien , et com-
posa plusieurs hymnes pour les offi-
ces de l'Eglise. Ses vertus, ses bien-
faits, le rendaient cher au peuple ro-
jnain , qui ne jouit pas long-temps
du Lonhcur qu'il goûtait sous son
gouvernement. Léon II mourut le
'23 mai 684, et fut enterré le 28
juin , jour auquel l'Église honore sa
mémoire. Il eut pour successeur Be-
noît II. D-s.
LÉON III , élu pape le Si6 dé-
cembre 795 , succéda à Adrien l^^.
Né à Rome , instruit comme la plu-
part de ses prédécesseurs au palais de
Latran, il avait été ordonné sous-
diacre , et ensuite prêtre du titre de
Sainte - Susanne. On remarquait en
lui des mœurs , de l'éloquence et
du courage. Il était aimé et fat élu
d'une voix générale. Son premier
soin fut de faire assurer Gharle-
magne de son obéissance : ce prince
lui répondit par des présents pro-
venant des dépouilles conquises sur
les Huns. Quatre ans après ces heu-
reux commencements, le 23 avril
799, une conspiration affreuse éclata
contre les jours du pontife. Au milieu
d'une procession qui se rendait à l'é-
glise de St.-Laurent , des gens armés
fondirent tout à coup sur Léon qui
était à cheval , le terrassèrent , le
dépouillèrent de ses habits , et en-
suite l'abandonnèrent, croyant l'a-
voir rendu aveugle et muet. Les
chefs de cet horrible complot étaient
Pascal, primicier, et Campule, sacel-
laire ou sacristain, qui avait été
tout-puissant sous le pape Adrien
son onclej ils s'emparèrent en ce mo-
ment de la personne de Léon, et vou-
lurent achever le forfait qu'ils avaient
médité. Ib le traînèreut vers l'autel
LEO
du monastère de Saint-Etienne, Tac-
cablcrent de coups , s'efforcèrent de
lui arracher la langue et les yeux, et
l'emmenèrent tout ensanglanté dans
l'intérieur du couvent. Il n,'avait ce-
pendant perdu ni les yeux, ni la lan-
gue; ce qui fut regardé comme un
miracle. Dans la nuit, on vint à sou
secours ; Albin , son camérier , et
quelques gens fidèles, l'enlevèrent du
monastère où il était confiné , le
firent descendre par la muraille de la
ville et le ramenèrent à Saint-Pierre,
où se trouvait l'abbé de Stavelo, en-
voyé du roi Charles. Le duc de Spo-
lète vint l'y joindre ; et la résolu-
tion fut prise de se réfugier auprès
du roi. Charlemagne , instruit de ces
événements , envoya au-devant du
pape; ils se joignirent à Paderborn ,
où des honneurs , des cantiques, et
des expressions des sentiments les
plus affectueux, célébrèrent cet heu-
reux événement. On informa contre
Pascal et Campule ; Léon revint à
Rome , et sa marche fut une es-
pèce de triomphe. Charlemagne
quitta bientôt Aix - la - Chapelle ,
et alla dans la capitale de la chré-
tienté recueillir le fruit de ses ex-
ploits. Ce fut le jour de Noël , l'an
800, que ce prince reçut la couronne
impériale des mains du pape , avec
des circonstances que l'histoire a
conservées , et qui font encore douter
des intentions secrètes des grands
personnages intéressés à cet événe-
ment mémorable. ( Foyez Char-
lemagne. ) Quoi qu'il en soit , après
3^4 ans d'extinction, l'empire d'Oc-
cident fut rétabli dans la personne
du monarque français , qui fut salué
du nom d'empereur et d'auguste.
Après cette cérémonie , le pape l'oi-
gnit de l'huile sainte , ainsi que son
fils , le roi Pépin. Pendant le séjour
de Charlemagne à Rome , ou acheva
LEO
Ir procès des deux principaux as-
sassins du pontife. Cette alla ire avait
été roinmenree à Rome, par un tri-
bunal compose' d'après les ordres de
Charlemagne; et les accuses avaient
été renvoyés en France. De nouveau
ramenés à Rome , ils y furent con-
damnés à mort , suivant la loi ro-
maine. Léon intercéda pour eux ,
et leur sauva la vie et la mutilation
des membres; ils furent exilés en
France. L'empereur passa tout l'hi-
ver à Rome, d'où il ne sortit qu'a-
près Pàq\ies , le '25 avril 80 1. Deux
ans après , le pajîc vint une seconde
fois trouver l'cmpeteur en France :
on ignore par quel motif. Leur en-
trevue eut lieu à Quiercy , où l'on (cé-
lébra la fête de Noël , et le pape fut
renvoyé ensuite avec de magnifiques
présents. En 809, Cbarlemagne ayant
tenu à Aix-la-Chapelle un grand con-
cile, où fut agitée la question de sa-
voir si l'on ajouterait dans le sym-
bole les mois fiUoque , envoya con-
sulter le pape sur cette matière : Léon
répondit que sa croyance à cet égard
n'était pas diflérente de celle du con-
cile ; mais que cette addition étant
un sujet de contestation avec les
Grecs, il serait plus sage de s'en abs-
tenir. Les Français persistèrent dans
leur opinion , et ne déférèrent point
au sentiment du pontife romain.
En 81 5, une nouvelle conspiration
contre les jours du pape fut décou-
verte , et Léon en lit condamner les
auteurs à la peine capitale. L'empe-
reur Louis-le-Débonnaire , qui avait
succédé à Charlemagne , trouva mau-
vais que le souverain pontife eût
exercé un tel acte de juridiction. Léon
envoya des députés à l'empereur, ({ui
se contenta des raisons que le pape
allégua pour sa justification. Ce fut à
peu prc« le deniier acte de son pon-
^cat , qui avait duré vingt ^^ixs et
LEO ii3
Sept mois. II mourut le 1 1 juin 81 G.
Outre ses Lettres qu'où trouve dans
les Collections des conciles r t dans
les Recueils de Sirnioud , d'Ughdli
et de Baluze , on a imprimé , souS le
nom de ce pontife , un livre de ca-
bale et de magie , intitulé : Eiichi^
ridion contra omma miindi pericula
Cftrolo magnn in munus datum ;
production évidemment apocryphe
et aussi insignitlante que le prétendu
Grimoire du pape Honorius. Lesbi-
bliomanes en recherchent l'édition
originale, Rome, 15^5 , in-3'2 (i).
Léon m eut pour successeur Etienne
IV. D - s.
LÉON IV, élu pape le 1 9. avril 84^,
succéda à Sergius II: il était romain de
naissance, fils de Rodalde,et fut élevé
d'abord dans le monastère de Saint-
Martin , d'où le pape Grégoire IV
le tira pour le placer près de lui
dans le palais de «Latran. Ses vertus ,
ses hautes qualités le firent nommer
d'une voix imanime ; mais son or-
dination fut différée , parce qu'on
attendait le consentement de l'empe-
reur Lothaire , qui ne l'envoya point
sur-le-champ, attendu que les Sarra-
sins étaient maîtres de la campagne.
Les circonstances l'ayant trop long-
temps rétardé, on se détermina enfin
à consacrer le nouveau pontife, mais
avec cette clause expresse , qu'on ne
prétendait point déroger aux droits
de rempereuj-. Léon IV justifia plei-
nement la confiance des Romains. Il
défendit vaillamment sa patrie contre
les Sarrasins, a 11 se montra digne,
» en défendant Rome , d'y com-
» mander en souverain. Il était ne
» romain : le courage des premiei"S
» âges de la république revivait en
(1) T.ei rditiont de Lyon , iGor j in-36 ; i6oi ;
(n-34 -, ,6i'3, iii-24 ; et U traduction Irao^Ai»*
il* Ljroti , i:>S4 , iii-x4 , •« trouvent «uiai <iaa>
la £iù 'iothiçvû d'itn amaltiir.
fi4 LEO
» lui , dans un temps de lâcheté et
» de corruption; semblable à un de
T> cesbeauxmonumenls de l'ancienne
» Rome , que l'on trouve quelque-
» fois dans les ruines de la nouvelle. »
{Ahr.chron. de V Histoire de France
par le P. Henault. ) II ne put cependant
empêcher le pillage de l'ëglise de
Sl.-Pierre; mais il la fit réparer avec
une grande magnificence, et la revê-
tit d'ornements en or, qu'on estima
être du poids de deux cent seize
hvresjet ceux d'argent furent éva-
lués à plus de 5791 marcs. 11 ne fut
pas moins libéral envers d'autres
églises également ruinées. Il fit balir
une ville, enfermer de murs le bourg
de Saint-Pierre , d'après les projets
de Léon III ; et ce quartier de Rome
porte encore le nom de Cité léonine.
Il surveillait lui-même les travaux,
qui durèrent plus de quatre ans , sans
que l'intempérie des saisons fût ca-
pable de ralentir son zèle. Léon IV
ne se rendit pas moins recoraman-
dable dans ses travaux spirituels. Il
assembla un concile , où l'on s'oc-
cupa de la réformation des mœurs.
Semblable à Saint Grégoire le Grand,
qu'il avait pris pour modèle, il s'ap-
pliqua surtout à instruire les pasteurs
de leurs devoirs. On a encore sur ce
sujet un discours qu'il fit aux prêtres
et aux diacres , rempli d'élégance et
de piété. Il mourut le 17 juillet 855 ,
après un pontificat de 8 ans. C'est
eprès sa mort, et avant la nomination
de Benoît III, son successeur, qu'on
a placé la fable ridicule de la papesse
Jeanne , dont nous avons donné une
réfutation assez motivée. ( Fojez
Benoît III. ) D - s.
LÉON V , élu pape le 1^ octobre
903 , après la mort de Benoît IV ,
était natif d'Ardée; il ne tint le saint-
siége que deux mois, fut chassé par
Christophe, fils d'un autre- Léon, mis
LEO
en prison, et y mourut de chagrin ,
le 6 décembre de la même année
903. D-s.
LÉON VI , élu pape , le 6 juillet
928, succéda à Jean X, et n'occupa
le saint-siège que sept mois. 11 était
romain de naissance. Platine fait l'é-
loge de ses mœurs , de son intégrité,
du soin qu'il prit pour réformer l'E-
glise , autant que cela était possible
à cette déplorable époque , et pour
pacifier les troubles de l'Italie; mais
il n'apporte aucune preuve à l'appui
de cet éloge. Léon VI eut pour suc-
cesseur Etienne VIL D-s.
LÉON VII, élu pape, en jan-
vier 986 , succéda à Jean XL
L'histoire ne dit rien de sa famille ;
mais on loue sa piété, sa modestie ,
sa sagesse et son affabilité. C'est le
témoignage que lui rend Flodoard ,
qui avait vécu avec lui. Rome gémis-
sait toujours de la division qui exis-
tait entre Alberic et le roi Hugues
( V^of. Jean XI ). Léon VII résolut
de les réconcilier^ et il y parvint par
la médiation d'Odon , abbé de Glu-
ny, qui lui donna aussi d'excellenfi
conseils pour la réforme de la dis-
cipline monastique. Léon VII écrivit
au clergé de Bavière , pour approu-
ver quelques indulgences qu'on accor-
dait aux devins et aux sorciers, lors
qu'ils faisaient pénitence. Dans I
même lettre , il se déclare contre Ii
mariage public des prêtres , mais
veut point que les enfants nés d'ui
tel mariage soient déchus de la f;
culte d'être promus aux ordres. G
pape , dont l'histoire ne rapporte
plus aucun acte mémorable, mourut
en juillet 989 , après un pontificat
de trois ans et demi ; il eut pour
successeur Etienne VIII. D-s.
LÉON YIII avait été élu pape au
concile de Rome , en 963, à la place
de Jean XII ( Foyez cet article >
CeUii-ci Tavait cliasscà son lour (ce
qiii a fait quelquefois placer Leou
dans la liste des anti-papes ) ; et (lès
\que Jeau XU fut mort , le i4 mai
de l'année suivante, Léon se présenta
](^ nouveau pour rentrer dans sa
j^lace. Mais les Romains, ouhli.HJt les
sernicnts ([u'ils avaient faits à Othon,
élurent u« intrus, qui prit le nom de
Henoît V ( roy. ce nom ). L'empe-
reur, ainsi que nous l'avons déjà dit,
irrité de la déloyauté des Romains ,
rentra dans la ville à main armée, et
létablit le pape légitime. Léon était
rom.dn , fils de Jean , et protoscri-
niairedc l'éj^lise , ainsi que son père
l'avait été. C'était, dit le concile qui
l'avait nommé, un homme d'un mé-
rite éprouvé. On lui attribue une
bulle que les ultramontains regardent
comme apocryphe, et qui doimait à
remj)ereur un pouvoir absolu pour
l'institution du pape et des évcques
Voy. iu^i't de vérifier les dates ).
1 leury parle d'un décret du concile
ou Benoit fut jugé , et qui aurait
(onlenu des dispositions à peu près
<f'mblables; mais il ajoute que ce dé-
I et n'est r.ipportédans aucun auteur
de ce temps-là , quoiqu'il soit certain
que depuis Charlemagne , comme
auparavant , le consentement des
empereurs fut nécessaire pour l'or-
dination du pape. Léon YllI mourut
en avril 965, après un an et quatre
mois de pontifical; il eut pour suc-
cesseur Jean XIIL D-s.
LÉON L\ ( St. ), élu pape , le
1 I février 1 o49 , succéda à Da-
lase IL II portait le nom de Bru-
non , étant fils de Hugues , comte
d'Egisheim, cousin germain de l'em-
pereur Conrad le Salique, et il na-
quitTn Alsace , le 2 1 juin 1 002 ( 1 ).
(t) L'abbé Gran
!• RWat , • étabt*
êimê d« aaiiit L«on
DdiJUr , d'aprit le* Mcmoir
li que Gérard J'ANace, frt
I IJC,4tdil Uuidiii«^<t« Btra
moirea
f
raid
LKO i,:->
Sa mère, héritière des comtes do
Dagsbourc; , ou Dabo , le fil élever
avec distinction. Le jeune Bnmon
devint un prodige de science, un mo-
dèle de j)iété, et se fit remanpier
autant par sa modestie et sa dou-
ceur , que par les grâces dont la na-
ture l'avait orné. L'évèque dcToul,
BL*rthold,quiavailfurmé sa jeunesse,
étant venu à mourir, le clergé et le
peuj)Ie l'élurent en sa place , tout
d'iuie voix. Ses mœurs, sa charité, sa
conduite, répondirent à cet honora-
ble choix. Il aim.ut les j)anvres , leur
donnait de ses biens , cl les servait
lui-mcme. Il avait pris l'habitude de
faire tons les ans un pèlerinage à
Rome, où il était accompagné quel-
quefois de cinq cents persoi.nes.
Après la mort de Damase II , l'em-
pereur Henri indiqua une assem -
Liée de prélats et des grands de
l'empire de Rome , où l'évèque de
Toul fut appelé et nommé au pon-
tificat. Bruuon se défendit de cet
honneur , et demanda , pour déli-
bérer , trois jours , qu'il passa eu
prières. Vaincu par les instances des
grands et du clergé , il accepta , et
partit pour Rome , où il voulut en-
trer pieds nus. Le lendemain de
son arrivée, il monta en chaire, et
harangua le clergé et le j^euplc , aux-
quels il annonça son élection faite
par les états d'Allemagne , en dé-
clarant (ju'il ne regardait comme
canonique que celle de la capitale de
la chrétienté. Il fut accueilli par une
approbation générale , et installé aus-
sitôt sur le siège apostolique. Peu de
temps après les fêtes de Pâques de
ou Bt-rold : tijje de la maiton do Savoi<>. Il dea-
c«ii(l»il d'Ktiiico 1er. duc d'Alttce , qui mourut
Ter* 6po , et qui fut la tige H»* niaitoii* de Z«-
riageii ( Badu ) et de Hab*bourK ( Autriche ;.
Voyr* Vuàrl </<• v'njir^ l^s datei . troiti^iue
édition, l'^^T , in-fol. tome itt , p. Çia-3,etlA
Vie de «.linl Liou I X , dan* G<>deac«rd , aa i^
nvril , note d, •
a.
ii6 LEO
cette même année io49, il tint à
Home un concile, où l'on déclara nul-
les plusieurs ])romoti()ns simonia-
ques , dont l'abns était alors très-
fréquent. II se rendit ensuite à Pavie
où il tint un autre concile. Il alla plus
tard à Cologne, et repassa en France,
pour visiter son ancienne e'glise. Tous
les peuples accouraient en foule sur
son passage ; et partout il répan-
dait la lumière et les bienfaits. Son
retour à Rome fut un sujet d'allé-
gresse publique* mais sa sollici-
tude pastorale ne l'y laissa pas long-
temps. L'Italie méridionale , ravagée
par les Normands , réclamait ses
soins. Il visita la Fouille , où il ré-
forma les mœurs : il retourna bien-
tôt en Allemagne , afin d'obtenir des
secours contre l'incursion des hom-
mes du Nord, Au milieu de toutes
ces occupations , Léon travaillait à
la réconciliation du roi de Hongrie
et de l'empereur. Enfin , il revint en
Italie avec les troupes destinées à
repousser les ennemis. Leurs efforts
ne furent pas heureux : le pape les
accompagna; mais , après une dé-
faite complète, lui-même tomba au
pouvoir de l'ennemi , qui cependant
respecta son m^dheur et sa digm'îé.
Le comte Humfroy le fit conduire
avec honneur à Bénévent : il y passa
près de dix mois , dans les prières ,
les jeûnes et les austérités, couchant
sur le ])lancher de sa chambre , re-
couvert d'un seul tapis , et la tête
appuyée sur une pierre, q'ûbii ser-
vait d'oreiller. Aa mois de mars
io54, une maladie, qii lui ôta la fa-
culté de prendre aucune nourriture
solide, épuisa ses forces , et l'obli-
gea de retourner à Rome, où il ter-
mina, par la mort la plus édifiante ,
une vie remplie de bonnes œuvres.
La veille de ce jour fatal , il s'était
fait porter dans l'église deSt.-Pierre,
LEO
où il avait passé toute la journée
à prier. Remis dans son lit, il en-
lendit la messe, reçut les derniers
sacrements , et expira sans douleur ,
le 19 avril, âgé de 5*2 années j il y
en avait cinq , deux mois et neuf
jours qu'il occupait le saint -siège.
Ses travaux apostoliques , pendant ce
court' espace , prouvent un zèle et
une activité admirables. Il fit, dans
plusieurs conciles , réprouver les er-
reurs de Bérenger et de Scot sur
l'eucharistie, et condamner des clercs
schismatiques , qui blâmaient les
usages de l'église latine, au sujet des
azymes. L'empereur d'Orient , Cons-
tantin IMonomaque , le favorisa
dans ses ])ieux travaux , en recevant
avec bienveillance ses nonces à Cons-
tantinople. Le moine Nicetas abjura
sa doctrine 5 mais la division dura
plus long-temps entre Léon IX et le
patriarche Michel Cerulaire. Les
lettres qu'ils s'écrivirent à ce sujet ,
en contiennent les détails. Dans
sa réponse , le pape invoque l'auto-
rité de la prétendue donation do
Const.intin ; ce qui étonne avec rai-
son le président lïénsiult {^dbr.chron.
de l'hist. de France , années ^53,
54 , 55. ) Au reste , cette lettre est
si aigre, si hautaine et si éloignée
du caractère connu de ce pontife,
qu'on est tenté de la croire supposée,
ou altérée. Plusieurs miracles s'opé
rèrent sur le tombeau de Léon IX.'
L'Église honore sa mémoire , le 19
avril , et son nom est inscrit au mar-
tyrologe. Outre plusieurs décrélales
et lettres insérées dans les collec-
tions des Conciles , il nous reste de
lui une Fie de Saint Hidulphe , dans
le Tkesaur. anecdot. de D. Martène.
La vie de Léon IX se trouve au tome
VII de Vllist. littér. de la France ,
par les bénédictins. Son successeur
fut Victor IL D-s.
i
T.ro
îiÉON X (Jf.an nt Mr.nins, pape
sous le nom de), successeur (ici nies
Il , ne à Florence, le 1 1 décembre
! f -y:) , était fils de Laurent de Medi-
!N , surnoninie le Macnijlaue. Son
liicalion repondit à ropulenee , à
1 rrlat de sa famille, et fut con-
! '(• à Chalcondyle , Ange Polilien ,
V finette et Bernard de Dibiena.
(. elaicnl les hommes les plus hahi-
Ifs de leur temps; et le jeune Me-
dicis se montra digne de recevoir
leurs leçons. S^s progrès furent ra-
; i les et brillants dans tous les genres
instnjction ; mais ses études paru-
ut s'attacher plus volontiers aux
I ils des anciens philosophes fpi'aux
i^nies austères de TEvangile. Le
le et les honneurs dont on envi-
nna ses premiers ans , lui inspi-
rent un goût de luxe et de de-
nse qu'il manifesta dans tout le
Mirs de sa vie. 11 n'avait que treize
s, en 1 488, lorsqu'Innocent VIII
< nomma cardinal. Quatre ans
après, il reçut les premiers ordres
avec une grande solennité ; et il
p irut bientôt à Rome , où les grâces
de son esprit , raméniîé de ses ma-
nières , et la variété de ses connais-
sances , lui concilièrent ran'ection
des grands et Teslime des gens de
lires. 11 perdit son père, et revint
Florence , pour y combler de bien-
:t6 les amis de sa famille , et don-
r des témoignages de reconnais-
iiice à ses instituteurs , surtout à
''alconHylc. La mort d'Innocent
III rappela Mé<Ucis à Uome; mais
pendant le pontificat d'Alexandre VI
et l'invasion de Charles VIII , il ro
vint â Florence avec Pierre , soa
frire. D?s disgrâces y attendaient
cette maison naguère si puissante et
si honorée. Le cardinal fut obligé de
?" retirer a Castelb» , ou les Vifelli lui
donaèrent uaasUe. De luj^il partit pour
LFO 117
voyager en Allemagne, en Flandre,
en France, et partout il eut des admi-
rateurs et des amis. Parmi les liaisons
qu'il contracta dans sa jeunesse , il
faut remarquer celle d'Érasme , qu'il
considéra toujours, et qu'il consulta
dans les circonstances les plus dif-
ficiles. Revenu à Rome avec le des-
sein de relever sa famille, il entre])rit
de se réconcilier avec celle de la Ro-
vère,qui en avait été l'ennemie. ( F.
SixteIV. )11 obtint l'amitié de Jules
II, et rechercha p'irticulièrement le
neveu du pape , Galcolo , dont' la
mort prématurée lui causa les plu»
vifs regrets. Ses vues politiques ne le
détournaient point de ses travaux lit-
téraires , ni surtout de son goût pour
la chasse , à laquelle il se livrait avec
passion. Les sciences, les beaux-arts ,
la musique même , occupaient aussi
une partie de ses moments. Dans ces
entrefaites , il perdit son frère : sa
fortune en soufT'rit ; mais le mal-
heur n'abattit point son courage.
Jules II lui donna le commandement
de Pérouse , dont il venait de s'em-
parer , et forma le dessein de réta-
blir les Médicis dans Florence. Les
hasards de la guerre en disposèrent
autrement. Le cardinal fut fait pri-
sonnier à la bataille de Ravennc ,
et transféré à Milan , en attendant
qu'il le fût en France. Sa liberté lui
fut rendue , lorsque les Français éva-
cuèrent le IMilanez. Le cardinal ren-
tra dans sa patrie; et sa vie y fut me-
nacée par une conjuration , à laquelle
il eut le bonheur d'échapper. Bien-
tôt après , Jules II mourut ; Médicis
revint à Rome , où il fut élu pape le
II mars i5i3. Son couronnement
fut magnifique. Ses discours, remplis
de grâce , de bonté et d'éloquence ,
enchantèrent les Romains. Il par-
donna aux conjurés qui avaient at-
tente à SCS jours : parmi eux se trou-
1^8 LEO
vail Macliiàvel, dont la fidclile ne se
dcmenlit point par la suite. Il an-
nonça, dès \e.s premiers moments,
sa haute protection pour les lettres,
en choisissant Bcmho et Sadoict pour
secrétaires intimes. Ce fut sous ces
heureux auspices que commença son
f)ontificat, s'il est permis d'appe-
er ainsi un règne qui fut plus occu])e'
des intérêts du monde que de ceux de
la religion. Le gouvernement de Léon
X est le laLleau d'un siècle entier ,
auquel il eut la gloire d'imposer son
nom. Il se partage eu trois parties
importantes et séparées , que nous
distinguerons sans négliger l'ordre de
la chronologie générale et relative.
L'elat , la religion , les lettres, en
mettant successivement en scène le
prince, le pontife, et le protecteur des
lettres, placeront dans un jour plus
clair et plus méthodique, les projets,
les fautes et les succès qui ont rendu
Léon X si digne de l'attention de la
la postérité. — JJf'aires politiques,
— Les Français , ainsi qu'on l'a vu
dans l'article de Jules II , avaient été
obligés d'évacuer leMilanez , et n'a-
vaient laissé que des garnisons dans
les citadelles principales. Louis XII,
comptant su r l'inacti n de Ferdinand,
avec lequel il avait conclu une trêve
d'un an , en 1 5 1 3 , et sûr de la fidé-
lité des Vénitiens, rassembla de nou-
velles forces, et repassa les Alpes
5)our venir combattre Maximilien
Sforce , qui était rentré dans son
héritage. LéonX voyait avec chagrin
ces préparatifs; et malgré les cares-
ses que le roi de France avait faites
a Julien de Médicis , il résolut d'em-
Ipêcher cette invasion. Il se servit, a
cet effet, du secours des Suisses ,
suivant en cela l'exemple de son
"prédécesseur. Les Français perdirent
la bataille de î^ovare (6 juin i5 13),
•€l fuient obligés encore une fois ^e
LEO
rentrer dans leurs foyers. Raimohd
de Cardonne s'empara de Gènes ; et
Louis XII futainsi dépouillé de tout
ce qu'il possédait en Italie. Henri
YIII harcelait ce monarque en Fran-
ce : Léon X s'était ligué avec le
roi d'Angleterre. Les Vénitiens ne
furent pas plus heureux que leur allié.
Battus à Vicence , ils consentirent à
remettre leurs différends à l'arbi-
trage du pape. Léon X fit rouvrir le
concile de Latran. Louis XII , ac-
cablé de revers, résolut alors de
faire sa paix avec la cour de Ro-
me , autant pour se débarrasser des
attaques de l'Angleterre , que pour
prévenir les desseins de Ferdinand,
qui voulait faire passer le duché de
Milan sur la tête clc l'archiduc, petit-
fils de l'empereur Maximilien , et
connu depuis sous le nom de Char-
les-Quint. Le roi de France donna
donc son adhésion aux actes du
concile de Latran , et reçut l'ab-
solution des censures lancées contre
lui par Jules II. Cette réconciliation
comblait les vœux du pape , en fai-
sant cesser l'opposition des deux
conciles. Sa joie fut augmentée
par la nouvelle de la victoire des rois
de Hongrie et de Pologne sur les
Turcs, par celle de l'heureuse et célè-
bre découverte de Vasco de Gama, e!
enfin , par l'ambassade solennelh
que lui envoya Emanuel-le-Grand,
pour obtenir de lui la donation deé
terres conquises par les navigateur!
portugais. Il consacra cesévénementi
par des fêtes magnifiques ; mais bien-
tôt la situation de l'Italie exigea de
lui d'autres soins. Louis XII, qui ne
renonçait, pas au duché de Milan,
essayait de traiter avec la Suisse. Cç
projet ayant échoué, il tenta de
former une alliance plus étroite avec
les maisons d'Autriche et d'Espa-
gne , par une nouvelle union de U-
LEO
mille. Lcon X sVflTorça de traverser
CCS négociations, dont le rësult.it pou-
vait être le partage de l'Italie entre
ros trois puissances. Il oflVit an Roi
sa nuûiiation auprès des cantons
helvétiques; mais ce futiinuilement.
II réussit mieux avec Henri VIII ,
dont la sœur épousa Louis Xll ,
lequel venait de perdre Anne de Bre-
tagne. Cclcvénement fui un des traits
les plus habiles de la politique du
pa{>e , qui conjura ainsi un orage
tornùdablc prêt à fondre sur l'I-
talie. Cet état de choses lui procu-
rait d'ailleurs une parfaite tranquil-
lité , dont il profita pour établir ,
d'une manière plus durable, l'autori-
té de sa famille à Florence. Des fêtes
somptueuses accoutumaient les ha-
bitants aux jouissances du luxe , et
disposaient les esprits à subir le joug
d'une maison qui jadis leur avait
été chère à plus d'un titre. Léon X
avait encore de plus hauts desseins.
II prévoyait la mort prochaine de
Ferdinand , et destinait le royaume
de Naplcs à Julien de Médicis , son
frère , tandis que Laurent , sou ne-
veu, eût été souverain de la Tos-
cane. Ainsi tous les trônes du raidi de
l'Italie eussent été occupés par ses
pioches. Ce fut dans la perspective
de ces grands événements que le pa})e
se rapprocha de Louis XII , qu'il
pressait vivement de faire une nou-
velle tentative sur le Milanez. Le
traité conclu dans ces circonstances,
n'eut point d'exécution. Le bon roi ,
captivé par les charmes de sa jeune
épouse , ne vivait plus pour la gloire,
et se livrait tout entier à des plai-
sirs qui devaient le conduire rapide-
ment au tombeau. Léon X sentit qu'il
ne lui restait d'autre parti que do dé-
fendre ses possessions en Lombar-
die. Ce fut dans ce «lesscin qu'il lit
r^cquisition ^c Modènc, dont la si-
LEO ti()
tu.it ion liait la communication avec
les états de l'Église, et les villes do
Reggio , de Parme et de Plaisance.
Cejiendant l'empereur Maximilien
et Ferdinand poussaient vivement
leurs préparatifs contre les Vénitiens.
Les Turcs , réconciliés avec la for-
tune, avaient obtenu quelques avan-
tages. Le paj)e, alarmé des suite»
fâcheuses qui pouvaient naître de
ces incidents , résolut de tout ten-
ter pour rétablir la paix, du moins
entre les puissances de l'Italie. A cet
ellét , il envoya le cardinal Dcrabo
négocier avec les Vénitiens ; il vou-
lait leur persuader de faire des sa-
ciiiices à l'empereur et à Ferdinand ,
et de renoncer à leur alliance avec
Louis XII. L'éloquence de Bembo
ne réussit point en cette occasion :
la répid3liqae resta fidèle au roi de
France , qui sut mauvais gré au pape
d'avoir voulu lui enlever ses allies,
tandis qu'il le faisait assurer d'autre
part qu il avait le cœur et le génie
tout français. ( Voyez l'Histoiie de
la ligue de Camhray. ) Teb furent
les événements qui occupèrent la fin
de l'année i5i4, et les comraen-
cemculsde i5i5. Louis XII mourut
le premier janvier, et François I'^^
hérita de sa couronne et de ses pro-
jets de rentrer en Italie. Appuyé,
comme son prédécesseur , de l'al-
liance des Vénitiens; redevenu maître-
dans Gènes , où la faction des Fre-
gose avait vaincu celle des Fiesque
et des Adorne, il se préparait à passer
les Alpes. Léon X eût bien voulu
garder la neutralité ; elle était im-
possible. Il fut donc obligé de se
liguer avec Sforce, Ferdinand , et les
Suisses, que François I^». n'avait pu
attirer à son parti. Malgré tous les
obstacles , François I*' . pénétra en
Ualie; et la victoire de jMarignau
remit de nouveau les Français eu
120 LKO
possession de Milan , rie Parme ,
de Plaisance , et de la personne
de Sforce , qui (it an Roi une ces-
sion entière de ses états , et se
relira en France , où il mourut.
Léon X , déconcerte par ces revers,
prit le j)arti de traiter avec François
1er, ^ par l'entremise du duc de Sa-
voie , dont Julien de Mëdicis avait
épouse' la sœur , Philiberte , tante
du monarque français. Les négo-
ciations commencèrent, et Ton con-
vint d'une entrevue à Bologne. Le
pape s'y rendit , après avoir vi-
vvité le tombeau de son père, à Flo-
rence. Les Bolonais , regrettant tou-
jours leur ancien gouvernwnent ,
accueillirent froidemenl Léon X. Ce-
pendant l'entrevue se fit le 9 novem-
bre i5i5. Tout se reunissait pour la
rendre mémorable , et la nature des
intérêts politiques et religieux qui
devaient y être traites , et la dignité
des deux arbitres qui allaient pro-
noncer. C'étaient les deux souverains
les plus remarquables alors en Eu-
rope , l'un brillant de jeunesse , de
vaillance , de gloire , de magnani-
mité chevaleresque ; l'autre dans la
maturité de l'âge, et dans tout l'éclat
de ces belles qualités qui relevaient
en lui la grandeur du prince , par
les talents de l'homme d'esprit , et
par l'habileté de l'homme d'état.
François I<=r. signa la paix de l'I-
talie , et revint à Milan, au bout de
trois jours , laissant à son ministre
( Fojez DupRAT ) le soin d'ache-
ver ce fameux concordat , qui re-
çut, l'année suivante , une sanction
définitive. Léon X regagna Rome ,
où il apprit la mort de Julien, son
frère , auquel il fit élever , par Mi-
chel-Ange, un superbe monument
à Saint -Laurent de Florence. Le
pape, dans les premiers moments
de sa douleur^ sç letii-^àÇivita-Lavi-
LEO
nia , entre Ostie et Anlium. Il faillit
être enlevé par des Barbaresques dé-
barqués sur les côtes , et n'eut que le
temps de se sauver à Rome. Cepen-
dant l'alliance entre François 1*^''. et
Léon X inquiétait l'Autriche et
l'Espagne , qui cherchèrent à se for-
tifier de l'appui d'Henri VIII. Le
cardinal Wolsey engagea son maî-
tre à contracter cette nouvelle al-
liance, dont la conclusion fut sus-
pendue par la mort de Ferdinand
( janvier i5i6 ). François l^^. forma
aussitôt des desseins sur le royaume
de N a pies. Mais Léon X, qui redou-
tait l'extension de la puissance des
Français , chercha à leur susciter
un ennemi puissant. L'empereur
Maximilien, sortant pour la première
fois de son indolence accoutumée,
fondit à l'improviste sur le Milanez.
Léon X ordonna en même temps à
Marc-Antoine Colonne de joindre ses
troupes aux forces impériales. Mais
le général français , Lautrec , opposa
à toutes ces forces une résistance in-
vincible. François I^^ ne douta point
alors qu'il ne fût trahi par le pape.
Celui-ci n'en fit pas moins des dé-
monstrations de fidélité au Roi, qui
parut y croire : tous deux dissimulè-
rent , en épiant réciproquement des
conjonctures plus décisives. Dans
cette hésitation , qui laissait respirer
Léon X , il songea de nouveau à éta-
blir sa famille d'une manière digne
de ses ambitieuses pensées. Depuis la
mort de son frère Julien , toutes
ses alTections s'étaient réunies sur
Laurent , son neveu , auquel il des-
tinait le duché d'Urbin. La Rovère ,
n^veu de Julien , en était en posses-
sion. On lui reprochait , ainsi qu'on
Ta déjà dit ( Foj. Jules II) le meur-
tre du cardinal de Pavie. Il avait en
outre fort maltraité les troupes de
l'EgUç^ dans les dernières occasiopâ.
LEO
Lf pape rcxcommiiiiia , fit marcher
des troupes coulrc lui , s'cnij)ara<Ju
duché, dont il donna l'investiture à
Laurent ( i5i6). L'année suivante,
La Rovèrc essaya de rentrer dans son
l»eritage;inais après d'assez, grandes
.ilternatives de reverset de succès,
il fut oblige de céder au vainqueur.
Cependant on leva les censures, et
on voulut bien lui accorder cpielques
légers dédommagements. « On doit
1) convenir , dit Will. Roscoë , que ,
1) dans cette afiaiic , la conduite du
« pape fut aussi rcprehcnsible , que
» celle de ses généraux fut honteuse,
)> et que les sommes prodigieuses
» qu'elle coûta , épuisèrent le trésor,
» et portèrent le pontife à des rae-
)> sures qui ne tardèrent pas à pro-
« dnire des effets si fâcheux pour le
îi Saint-Siège. » Au milieu de ces
soins de famille , Lëon X avait les
yeux ouverts sur la conduite des au-
tres cours. Il apprit avec chagrin le
traite conclu à Noyon entre François
!'■'■. et le jeune archiduc Charles ; et ,
voulant le contrarier, il proposa uu
rontre-traile' entre lui , Maximilien ,
Henri VllI , et même le roi d'Es-
j)agne. L'acte en fut signe à Lon-
dres, le a5 octobre iTnô; mais il
ne fut point exe'cute' , parce que l'em-
pereur s'en désista, pour acce'der à
ceJnidc Noyon. Vers celte même épo-
que , Léon X faillit être la victime
d'un complot trame' contre sa vie. Le
chef principal était le cardinal Al-
phonse Petrucci , frère de celui que le
]>ontife avait dépouillé de Sienne.
Son premier dessein était de tuer le
])ape de sa propre main; il résolut de-
puis de s'en défaire par le poison, et
mit dans ses intérêts Vercelli, chirur-
gien de Léon, qui ne put pas eu trou-
ver l'occasion. Des lettres intercep-
tées révélèrent cesdesseins criminels.
Petrucci était abscjitj le pape lui
LEO lat
manda de venir à Rome, et le fit arrê-
ter, malgré les réclamations de l'am-
bassadeur d'Espagne , sous la pro-
tection duquel Petrucci s'était mis.
On le conduisit au château Saint-
Ange, avec le cardinal Sauli, que l'on
soupçonnait de complic ité. La procé-
dure ayant été régulièrement instrui-
te , les preuves accablèrent Vercelli,
Petrucci et Sauli. Il fut prouvé que
d'autres membres du sacré collège
avaient trempé dans le complot.
Petrucci, Vercelli, et un autre indi-
vidu, nommé Nino, subirent la peine
capitale. Sauli eut grâce de la vie;
mais il fut dégradé et ses biens furent
confisqués ; deux autres paj èrent une
amende de vingt-cinq mille ducats.
( Fojez Guichardin et Fabroni. )
Léon X , qui ne se dissimulait pas le
nombre d'ennemis qu'il venait de
s'attirer par ces actes de justice et de
sévérité, eut recours à des compen-
sations , qui effacèrent en partie la
trace de ces chagrins. Il fit une pro-
motion de trente et un cardinaux ,
qu'il eut soin de choisir parmi ses
parents, ses amis, et les gens les
plus distingués par leur mérite, et
les plus considérables par leur nais-
sance et parleurs richesses. Un luxe
de dépense et de splendeur , où le
bon goût s'alliait à la magnificence;
un ton recherché d'élégance et de
politesse , répandirent l'aisance et les
agréments de la vie dans toutes les
classes de la société. La liberté du
commerce , la protection accordée
aux beaux-arts , la sagesse de l'ad-
ministration, la sécurité de la police ,
ajoutèrent à la pros2)érilé générale,
et rendirent le pontificat de Léon X
à jamais mémorable. Celte brillante
époque fut consacrée par un décret
solennel , qui lui décerna une statue
dont l'exécution fut confiée à Michel-
Augc. On la voit encore au Capilole ,
t'î'î
i;eo
avec une inscription qui rappelle aux
siècles futurs le nom de l'illustre pon-
tife , l'cclat de son administration, et
la grandeur de ses bienfaits ( 1 5 1 7 ).
Cependant le nouveau souverain de
Ry/ance , Se'lim , vainqueur de la
Perse , et conque'rant de l'Egypte ,
inquiétait l'Europe sur sa propre
siirete'. Léon X , pour prévenir de
tels malheurs , aurait désiré en-
gager tous les princes chrétiens
dans une confédération contre l'en-
nemi commun; mais ils ne pro-
mirent qu'une alliance défensive, en
donnant au pape le vain titre de chef
de la ligue. Léon X continua donc
à s'occuper de l'élévation de ses pa-
rents. Il demanda et obtint , pour le
nouveau duc d'Urbin , son neveu , la
main de Madelène de la Tour , al-
liée au sang royal de France. Les
noces se firent en 1 5 1 8 , avec une so-
lennité où le pape et le roi rivali-
sèrent de magnificence ; et cet événe-
ment amena un moment de réunion
politique. Léon X abandonna à Fran-
çois pi', le montant des décimes per-
çues à l'occasion de la croisade contre
les Turcs ; et le roi rendit Modène au
pape, et Reggio au duc de Ferrare.
Des événements d'une plus haute im-
portance devaient bientôt agiter l'Eu-
rope entière. Le jeune Charles d'Au-
triche aspirait au titre de roi des Ro-
mains, et à l'investiture du royaume
de Naples. Le pape se refusait à ces
demandes, sous prétexte d'incompa-
tibilité. Maximilieu vint à mourir ;
Charles ne dissimula point ses pré-
tentions à l'Empire , et François l^^.
se présenta pour concurrent. Le pape,
qui n'aurait voulu ni des Français ,
ni des Espagnols en Italie, favori-
sait le duc de Saxe. Les électeurs
ecclésiastiques balançaient, François
I'^'". envoya des présents; Charles fit
approcher une armée , et il fut élu
LEO
( i5i9 ). Le pape fut atléré de celte
nouvelle. Un nouveau chagrin domes-
tique ajouta à ses peines : le duc d'Ur-
bin mourut, à peine jouissant des hon-
neurs de la souveraineté et veuf de-
puis mielques mois. ( Foj. Me'dicis.)
Léon A, après avoir pris quelques ar-
rangements pour la Toscane , réunit
le duché d'Urbin au domaine de l'É-
glise , avec Pesaro et Sinigaglia , qui
en dépendaient. Pendant tout le cours
de cette année ( i S'io) l'Italie fut tran-
quille. Charles-Quint avait été occupé
à pacifier les troubles de l'Espagne.
François I*"". voulait nouer des liai-
sons avec Henri VIII , et ne desirait
autre chose que de se maintenir dans
la paisible possession du Milanez , et
dans l'alliance des Vénitiens. Léon
X paraissait livré à des amusements
frivoles , que ses détracteurs lui ont
reprochés avec beaucoup d'amer-
tume. Il se réveilla de ce sommeil ap-
parent par des actes qui démentirent
tien le reproche d'une honteuse in-
dolence. Quelques villes d'Italie, voi-
sines du Saint-Siège, étaient encore
dominées par des usurpateurs , qui
pouvaient être appelés de véritables
tyrans. L'un des plus odieux était
Jean-Paul Baglioni , qui tenait sous
le joug la ville de Pérouse, d'où Ju-
les II l'avait autrefois chassé. Il y
était rentré, après avoir servi dans
l'armée vénitienne , et avoir figuré
parmi les Condottieri. Muratori le
peint comme un impie , un misérable
sans foi , sans honneur. Le pape,
l'ayant attiré à Rome, le fit arrêter ,
et juger. Les tribunaux , après avoir
obtenu l'aveu de tous ses crimes ,
le condamnèrent à être décapité.
Léon X s'empara de Pérouse. Le
fils de Baglioni trouva un asile à
Padoue ; le pape , sous ce prétexte ,
fit attaquer la ville de Fermo , ap-
partenant aux Vénitiens. Sestroupç,s
\
h nnrcnt , ainsi t\uc plusieurs autre»
villes de la Marclie-d'Ancônr, dont
les princes subirent le même sort
<j\ic Baglioni. LeonX diiigca ensuite
ses attaques contre la maison d'Kstc,
qu'il avait le projet de dépouiller de
Ferrare. Cette tentative c'clioua,et ne
éit p(ùnt d'honneur à la conduite du
pape. Guicbardin n'a pas essavede
l'excuser : Muratori a cteplusîoin,
tn accusant Léon X d'avoir voulu at-
tenter aux jours du duc. Roscoc, plus
modéré et plus impartial , se range à
l'opinion de^uichardin. Quelques-
uns des actes d'hostilité que le pape
Venait d'exercer , avaient réveillé
d'anciennes inimitiés et blessé les
intérêts de certaines puissances
étrangères en Italie. Léon X , fidèle
au système de les chasser toutes, en
les opposant les unes aux autres,
fe'occupa encore de les tromper par
des négociations doubles , dont le
i)ut constant devait être la libéra-
tion de son pays. En conséquence, il
engagea d'abord François I^'". à se
liguer avec lui pour expulser les Es-
pagnols du royaume de Naplcs. Il
lui promit la plus grande part dans la
conquête , et s'obligea à lever six mille
Suisses , qui devaient traverser le Mi-
lanez et prendre des cantojmemenls
dans les places de la Romagne et de
la Marche-d'Anconc. François T^'^.
peu confiant dans les démonstrations
du souverain-pontife , demanda des
délais qui ressemblaient à des refus ,
et surtout ne parla point de restituer
Parme et Plaisance. Léon X se tour-
tia dès-lors du coté de l'empereur ,
'et conclut avec lui, le 8 mai i^yjLi ,
\in traité , dont le but était de rétablir
Fr. Sforce dans le diulié de Milan ,
et d'assurer divers apanages auxMé-
dicis. Dans tout cela , rien ne pa-
raissait stipulé pour les intérêts du
jcimc souverain. Mais aussi polili-
Lt^O
sA
que qu^am'bilicux , Charles , ^i te-
nait de rompre avec François I"''.
au sujet du duché de Bouillon , saisit
avidement l'occasion de se mesurer
avec son magnanime rival, bien sûr
de reprendre tous ses avantages,
quand il voudrait user de sa puis-
sance pour s'indemniser aux dépens
de ses alliés. Ces conventions une fois
arrêtées , les galères pontificales eu-
rent ordre de se joindre à la flotte de
Tempereur , qui devait partir de Na-
ples , se porter sur Gènes et enlever
cette ville à rinfluence des Français.
L'entreprise échoua. Mais des soulè-
vements éclatèrent dans la Lombar-
die. Lescun, qui commandait en l'ab-
sence de Laulrec,faillit être fait pri-
sonnier dans un coup de main qu'il
tenta sur Keggio. Dès-lors, l'incendie
devint général. Lautrec revint pren-
dre le commandement du Milanez.
Le siège de Parme fut la première
tentative des alliés du pape ; ils péné-
t lièrent dans la ville ; mais une diver-
sion opérée par le duc de Ferrare les
obligea d'abandonner le siège de la
citadelle. Léon X , vivement affligé
de cet échec, employa les derniers
eflbrls pour le réparer. Toute la des-
tinée de cette campagne semblait te-
nir au parti que les Suisses se dé-
termineraient à prendre. Le pape
envoya auprès d'eux les cardinaux
de Sion et Jules de Médicis , qui
les gagnèrent à force de caresses et
de présents. Cette défection décon-
certa les Français. ( Fqy. Lautrlc.)
Ils perdirent Milan, dont Prosper
Colonne s'empara, le 10 novembre
1 5*2 1 . La Lonibardie d'un autre côté,
presque toute entière , se soumit au
vainqueur, ainsi que Parme et Plai-
sance. Ces heureuses nouvelles par-
vinrent , le '24» •'*" P^P^ 7 ^'i mourut
peu de jours après, sans jouir du suc-
cès de SCS armes. — JJJ'qircs ecdé-
I2i LEO
siastiques. — Deux actes célèbres
ont signale le pontificat Ae Le'on X,
le concordat et les indulgences. Nous
avons vu qu'il desirait terminer le
concile de Latran , auquel venaient
d'adhérer successivement toutes les
puissances opposantes, principale-
ment la France et l'Empire. Un des
derniers actes de ce concile, fut l'ap-
probation du concordai conclu entre
S. S. et le roi de France. Ce traite'
prit alors le caractère d'une loi eccié-
siastique : une convention pareille
avait déjà été conclue entre Nicolas V
et Frédéric III, pour les églises d'Al-
lemagne, sans exciter de réclamation.
11 n'en fut pas de même par rapport
au concordat français; tous les corps
de l'État opposèrent de vives résis-
tances. Le roi demeui'a inel;ranlable
dans les termes de son traité , et en
maintint l'exécution de toute sa
puissance. Ainsi le concordat a été ,
pendant trois siècles , la loi com-
mune des élections ecclésiastiques ; il
a été défendu par des théologiens ,
des jurisconsultes , des historiens ,
très-recommandables par leur savoir
et très-purs dans leur doctrine ( i ).
Ils ont observé que cet acte, loin de
détruire la pragmatique, en avait con-
servé des parties essentielles , telles
que l'abolition des expectatives , le
rétablissement de la hiérarchie dans
les tribunaux ecclésiastiques, et la ré-
vocation des anciennes annates, « qui
y> n'ont plus subsisté depuis lors que
» comme une subvention volontaire
» pour fournir aux dépenses du
» Saint-Siège. » ( Ployez les Frais
Principes de Véglise gallicane, par
M. l'abbé Frayssinous. ) Il n'y avait
(.1) De îilaica.Van-Espen, d'Hericourt ,
Tbomassin, ti'Aguesneaii, Gaillard, le Fère
Hc'nault, MM. Bernard! , l'abbé Frayssi-
nous , Cl.-nisrl , etc. Voyez aussi Tordon-
nance de Blois, art. i, i58o.
LEO
de véritable innovation que la nomi-
nation des évêques , attribuée au roi
et au pape , et retirée aux chapitres
métropolitains par suite des désor-
dres qui nécessitaient sans cesse le
recours au Saint-Siège. D'autres écri-
vains ont soutenu très - vivement
une opinion contraire , en rappelant
les principes et les usages des pre-
miers siècles de l'Église. Nous nous
hâtons de passer à l'alïaire des indul-
gences. Depuis long-temps, et surtout
à la fin du schisme d'Occident , tous
les états de la chrétienté demandaient
la réforme de l'Église, dans son chef
et dans ses membres. Tel avait été le
but des conciles de Constance et de
Bàle, et dernièrement encore du con-
cile de Pise , dont les décrets avaient
été annulés par celui de Latran. Les
réformateurs se divisaient en deux
partis, l'un de gens animés d'un
zèle sincère , mais pacifique , vrais
enfants de lumière ( Voyez VHis-
t( ire des K ariaiions)\\h déploraient
les abus sans amertume, en propo-
saient avec respect le redressement ,
et ne voulaient point de destruction.
L'autre parti était composé d'esprits
superbes , pleins de chagrin et (Mai-
greur , qui , sous prétexte de rétablir
la pureté des principes , ne tendaient
en effet qu'à renverser une hiérar-
chie dont l'autorité blessait leur or-
gueil. Tels avaient été les Vaudois ,
les Albigeois, Wiclef, Jean Hus et Jé-
rôme de Prague. Des guerres atro-
ces, des supplices effrayants avaient
comprimé, et n'avaient point dé-
truit le germe de ces fatales divisions.
Pendant le siècle précédent , les pa-
pes, obligés de recourir à la voie de»
armes , et de s'appliquer aux intri-
gues politiques pour recouvrer les
domaines de l'Eglise envahis par
des usurpateurs , avaient contracté
des mœurs plus mondaines que reli-
LEO
Çipuses; et le respect attache an sa-
cerdoce suprême s*élait conside'ra-
Llcmcnl allaihli. D'un autre côté , les
]iremit'res prociuclious de la littéra-
ture n'iiaissanle n'avaient pas peu
contribue , de l'aveu même des e'cri-
vains protestants, tels (picRol)erlson,
Hume et William Roscoë, à dèconsi-
t/fVvrles pontifes de Rome, et tout le
oorps ecclésiastique. Le Dante, Pé-
trarque, Boccace,et plusieurs de leurs
compatriotes, satiriques du même
genre, en mêlant aux sarcasmes les
plus amers , d'ingénieuses facéties ,
avaient laissé des impressions qui
préparaient depuis long- temps les
esprits à l'éclat d'une rupture. L'iui-
primerie nouvellement découverte ,
et déjà toute puissante pour le mal
comme pour le bien , révélait les
abus, disséminait la calomnie, et
tendait a propager avec les saines
maximes les doctrines révolution-
naires jusque dans les dernières
classes de la société. Ce fut dans ces
circonstances critiques ( 1517), que
Léon X publia des indulgences par
tofite I Europe, à l'occasion de la
croisade qu'il voulait former contre
les Turcs. Il suivait en cela l'exemple
de ses prédécesseurs. Mais il fit an-
noncer que l'argent de ces indul-
gences serait employé à l'achèvement
de la basilique de St.-Pierre. Celte
destination, sans être répréhensihle
en soi, tendait à détourner le produit
des aumônes, qui doit appartenir à
tous les pauvres , sans distinction ,
conformément au dogme de TEvan-
gile et à la doctruic de l'Eglise.
Avec le penchant au luxe et à la ma-
gnificence, si naturel aux Médicis, il
était facile de rendre odieux ou ridi-
cule l'emploi de ces tributs. Cepen-
dant les indulgences furent rcçies et
prêchées sans réclamation et sans
troubles, eu France , en Angleterre ,
LEO laS
en Autriche et dans presque tous les
royaumes du Nord. Mais dans une
petite ville de la Basse-Saxe, à Tom-
bre d'un cloître, et sur les bancs de
l'école, il existait un de ces hommes
audacieux , remuants , ojûniatres ,
prêts à tout tenter, à tout souflrir,
que la boulé enhardit, que les op-
positions irritent, et qu'il est éga-
lement dangereux de traiter avec
trop de douceur on trop de sévérité.
Tel était Lulher, moine augustin ,
professeur de théologie dans l'uni-
versité de WillcmLerg, qui donna
la première impulsion à la rcvulle
contre l'Ej^lise catholique. Un inté-
rêt de position se joignait encore aux
motifs personnels qui l'animaient
contre la cour de Rome. « Qui ne
» sait, dil Bossuet, la jalousie des
» augustins contre les jacoliius qu'où
» leur avait préférés en cette occa-
» sion? » Le chef de ces derniers,
nommé Telzel, inquisiteur de la foi ,
se déclara donc l'antagoniste de Lu-
ther. En prêchant les indulgences, il
défigura la doctrine de l'Eglise ; et
ses disciples, en exagérant encore les
leçons du maître, poussèrent les con-
séquences jusqu'à l'absurdilé. Ils
avaient imaginé de mettre un tarif
au salut des âmes du purgatoire,
et d'imposer , en conséquence , des
aumônes proportionnelles. ( F. le
Décret de la faculté de théologie de
Paris, cité par d'Argenlré,D ipin ,
et le continuateur de Fleury. ) C'est
aiusique des commissavcs iinpni-
dents, suivant l'expression de Gui-
chardin, ou plutôt des zélateurs igno-
rants, trahissaient les intérêts de ceux
qu'ils prétendaient servir. Il ét.ut fa-
cile à Lu;her de prou|W" les abus,
et même d'en obteniiHe redresse-
ment;car jamais la cour de Rome n'a-
vait montré plus de tolérance et de
douceur : mais il voulait renverser
i26 LEO
l'édifice par sa base , et de'triiire la
chose dans son principe. Ainsi,
pour anéantir les indulgences qui
renferment les pratiques les plus res-
pectables de la religion ^savoir , Fau-
inône , la pénitence, et la prière , il
entrait dans son système d'afïaiblir
le mérite des œuvres, de décrier l'ef-
ficace du sacrement , d'attribuer toute
la justification à une certaine foi inac-
tive , de rejeter le libre arbitre , et
d'établir une espèce de fatalisme aus-
si avilissant pour la raison humaine
*pi'injurieux pour la bonté divine.
Toutes ces prédications de Luther
ne parurent d'abord , à Rome , que
de vaines arguties scolastiques sur
des questions secondaires , où chaque
parti ne mettait qu'une exagéra-
tion et une chaleur de vanité per-
sonnelles. Le pape pouvait s'y trom-
per j d'autant mieux que Luther ne
cessait de protester que ses opinions
«taient subordonnées à l'autorité de
l'Église. Il écrivait même à S. S. dans
les termes les plus respectueux. ( Let-
tre du dimanche de la Trinité, i5i8 ) :
<i Donnez la vie ou la mort , disait-il,
» approuvez, ou réprouvez, comme
» il vous plaira • j'écouterai votre
» voix, comme celle de J. C. même,
» qui préside en vous , et qui parle
» par votre bouche; et si j*ai mérité
w la mort , je ne refuse point de mou-
» rir. î) Tant d'humilité et de respect
annonçait des dispositions pacifi-
ques , et retenait les foudres de
Kome.Mais les faits qui s'étaient pas-
sés au milieu de ces hésitations peut-
être trop indulgentes , avaient pris
un caractère de gravité qui ne lais-
sait plus lieu ,ni à la sagesse, ni à la
dignité du pape, de garder aucun mé-
îiagement.Tètzel avait fait brûler pu-
bliquement les thèses de Luther; et
celui-ci avait traitéde même les thèses
4e Tetzel. Les Dominicains elles Au-
LEO
gustins avaient augmenté , çhs^cun d^
leur coté , le nombre de leurs com-
battants. La dispute entre deux in-
dividus , était devenue ime guerre
générale. L'électeur de Saxe proté-
geait Luther , par vengeance contrç
le pape , qui avait refusé à son fils
naturel des bulles gratuites pour un
bénéfice; et le peuple manifestait hau-
tement son affection pour les nou-
velles doctrines. Léon X résolut donc
d'agir ouvertement contre Luther. Il
le fit citer à Rome , par une lettre
datée du 7 août i5i8, dans le mo-
ment où l'empereur Maximilien sol-
licitait lui-même des mesures contre
le perturbateur de la Saxe. Mais l'é-
lecteur écrivit au pape , et obtint que
son protégé ne sortirait point de l'Al-
lemagne , et se présenterait à Augs-
bourg devant le cardinal Cajetan, lé-
gat de S. S. Luther comparut le 12
octobre ; et deux conférences , qui
eurent lieu ce jour-là même et le len-
demain, ne produisirent aucun résul-
tat. Le légat , qui n'avait d'autre mis^
sion que de recevoir la rétractation
de Luther sur des hérésies évidentes
et déjà condamnées, l'accueillit avec
douceur ( i ) , mais exigea avec fer-
meté les actes de docilité et de sou-
mission que Luther avait promis.
Celui-ci , par une inconséquence dif-
ficile à prévoir, après avoir écrit au
pape , ainsi qu'on vient de le voir ,
fjuil écouterait sa voix comme celles
de J. C. même , refusa de se rétrac-
ter , et même offrit de justifier tout
ce qu'il avait avancé , soit dans ses
discours soit dans ses écrits. Le légat
fit de vains efforts auprès du géné-
ral des Auguslins , qui avait accom-
pagné Luther , pour obtenir du ré-
(t) V^oici les propres paroles de Luilier , en
readant compte de cette entrevue : <■ Susceptn»
» fui H reveiendl«i-.I). cardinale legato sati» cle-
» monter, ac propc reTerentiùs. » Luih Opéra,
LEO
fr.irldjre la rehactalion demandée.
Olui-ciquilla Augsbourg, après en
.ivoir appelé tht pape mal informé ,
au'pape mieiuv informé. Le légat res-
pecta le sauf-eonduil dont Luther
j'iail muni ; mais il adressa des plain-
tes à l'électeur de Saxe , qui n'en tint
aucun compte. Il est difticilc de re-
connaître, dans la conduite du Icgat,
< es traits de dureté et de hauteur qui
lui ont e'ic imputes par des écrivains
protestants, et même par des catho-
liques. Roscoë a ëtë plus juste; et
son témoignage paraît d'autant plus
vrai , qu'il puise dans les sources et
cite surtout l'aveu de Luther lui-
mcrae. ( Voy. Vie et Pontificat de
Léon JTjlom. m, p. 171.) Au reste,
on ne jugea pas à propos y à Rome ,
d'user de se'vcritë. Le souverain pon-
life,dil Roscoë, ne devait point entrer
en controverse avec un argumcnta-
teurde collège. Il aima mieuxdëclarcr
authenliquement sa doctrine et celle
de l'Église sur la question en li-
tige. C'est ce qu'il (it dans sa bulle
du 9 décembre 1 5 1 8, où , après avoir
rappelé les véritables principes sur
la nature des indulgences , il menaça
d'excommunication , sans nommer
ni désigner j^ersonne , quiconque
croirait ou prêcherait le contraire.
Cette explication , il faut en conve-
nir, quoique très-louable en soi , était
tardive , surtout insulUsante , parce
qu'elle ne sévissait pas contre les
zélateurs imprudents qui déshono-
raient , par leur ignorance ou leur
cupidité , les grâces qu'ils étaient
chargés de dispenser.Ces considéra-
tions ne devaient pas influer sur la
conduite de Luther ; la voie lui était
ouverte au repentir : il préféra celle
de la résistance; et, s'appli<îuantsdns
motifs suffisants, les menaces de cen-
sures exprimées dans la bulle , il se
déclara appelant au futur concile ,
LEO
tàt
toujours au mé])ris de sa promesse
d'obéissance au pape lui seul : et
cependant , profitant avec habUet«
des ménagements (jue l'on gardait
encore avec lui , ce fut à cette épo-
que ( i5i() ) qu'il forma des atla([uesi
nouvelles contre la cour de Rome ,
dans les points les plus importants
et les plus délicats qui pouvaient
blesser sou autorité, tels que le pur-
gatoire , la primauté du pape, la con-
fession, la pénitence , les vœux, etc.
Ses partisans , ses protecteurs , U
secondaient puissamment enpidjliant
que la cour de Rome , ennemie des
lumières et des sciences , refusait
d'entrer en lice avec lui. Parmi ses
sectateurs , l'un des plus distingués^
était Mélanchthon, qui rougit par
la suite de s'être associé avec un
novateur , dont néanmoins il adop-
tait en partie la doctrine. Erasme
fut plus prudent , et refusa de pren-
dre parti dans ces malheureuses dis-
putes. Mais, d'un autre côté, Lulhcr
trouva des antagonistes redoutables:
Henri VIII écrivit contre lui; l'évê-
que de Misnie le censura vivement j
les universités , des ordres religieux,
les Auguslins eux-mêmes s'élevèrent
contre leur confrère , et toute l'Eu-
rope retentit d'un cri général d'in-
dignation. On conseillait à Léon X
les moyens les plus violents ( i ). Ou
citait l'exemple de Jean Hus et de
Jérôme de Prague. Au milieu de ces
disputes, Luther adressait encore une
lettre de soumission au |>ape; et
l'électeur de Saxe ne rougissait pas
de mentir à l'Europe entière et à sa
propre conscience , en écrivant à
Léon X, qu'il ne protégeait pas cet
(1) Fr«-Pâolo t'exprime aiini : « l'iu oppoti-
<• tameiite Ji tutti icriite cantr^ Martino Luthero
» Fra-GiacomoO(;o(trato (Hoogttmatan ) clomi-
•» nicano iuqnisitorei ilquale ecortà il pont»fic«
» a rourinrer iVI«rtino con farro. fuaco, iianiiua*
( r» el Pontijicai de Létn X, t. it, p. 3; >.;
ii8
LEO
hérésiarque. Le pape se de'termina
enfin à des mesures plus directes,
sans adopter la rigueur qu'on lui sug-
ge'rait. Il s'adressa à Charles-Quint ,
et le pria de faire arrêter Luther.
Charles s'y refusa, parce qu'il ne vou-
lait point déplaire à l'électeur , au-
quel il était redevable de sa voix pour
l'Empire, et répondit au pape, que
n'étant encore que roi des Romains ,
il ne lui appartenait pas d'exercer un
tel acte d'autorité. Léon X fut donc
obligé d'avoir recours aux armes
spirituelles ; et, dajis sa bulle du i5
juin i5'20 , il anathémalisa les ^i ar-
ticles de la doctrine de Luther , le
somma de comparaître à Rome dans
l'espace de soixante jours , et enfin
l'excommunia, lui et tous ses adhé-
rents. Il semblait que celui-ci n'at-
tendît qu'une telle résolution pour
éclater et se livrer à toutes les vio-
lences. Son emportement alla jus-
qu'au délire. Il maudit le pape ^
il exhorta à le tuer , accusa le
ciel, appela la vengeance; et dans
ce ramas d'injures, de blasphèmes
et de menaces , on ne sait ce qu'il
y eut de plus grossier et de plus
ridicule. Enfin , il mit au jour son
livre de la captivité d*^ Babylone ,
dans lequel il déploya toute la
perversité de sa doctrine. Il y ré-
duit les sacrements à trois, savoir :
le baptême , la pénitence et le pain.
Il termine en attaquant le dogme
de la transsuLstanliation , qu'il au-
rait bien voulu ancantir entièrement,
ainsi qu'il l'exprime dans sa lettre
à ses disciples de Strasbourg ; ce qui
fut par la suite un sujet de division
irréconciliable entre lui et Zuin-
gle,Melanchlhon , OEcolampade, et
enfin l'école de Calvin. Léon X,
de son coté , ne négligeait rien
pour l'exécuiion de sa bulle. Il
envoya les nonces Alexandre et
LÉO
Caraccioli vers l'électeur de Saxe^
afin d'obtenir qu'il imposât silence
à Luther , qu'il le fît enfermer , ou
que du moins il le chassât de ses
états. L'électeur ne dorlna que des
réponses évasives. Charles-Quint ,
sollicité de nouveau par le pape ,
parut y mettre plus de vigueur ; il
indiqua une diète à Worms , où Lu-
ther comparut. Ses erreurs y fu-
rent condamnées; mais on respecta
sa personne. Ses partisans n'en fei-
gnirent pas moins de craindre pour
sa sûreté. Il fut enlevé , comme il
retournait en Saxe, et caché jusqu'au
moment où l'on jugea à propos de
le faire reparaître. Toutes ces entre-
prises manquées ne servirent qu'à
redoubler son audace. Cependant les
bulles de Rome avaient excité le zèle
des catholiques dans toute l'Allema-
gne , excepté en Saxe. Les universi-
tés de Cologne et de Louvain firent
brûler publiquement les écrits de Lu-
ther. On usa de la même rigueur à
Trêves et à Maience : par représail-
les , Luther fit brûler, à Wittemberg,
les bulles de Léon X et les décrétalcs
de ses prédécesseurs. Pour rendre
celles-ci odieuses , on en avait al-
téré le texte ou exagéré les doctri-
nes {Fojez le continuateur de Fleu-
ry, tome xxv,page Q'-j'i ); et mal-
heureusement pour la cour de Rome,
quelques actes de certains papes
autorisaient ces interprétations mal-
veillantes. Les esprits étaient trop
irrités pour démêler le faux et ie
vrai ; car la haine n'examine rien.
Au milieu de toutes ces agitations,
la France ne resta pas indiiïè'rente:
quciqu'eile eût des reproches à faire
à la cour de Rome , elle ne s'en
prononça pas moins avec fermeté
contre les erreurs de Luther. L'u-
niversité de Paris émit un déci'et
énergique contre les nouvelles doc-
LEO
tunes. Leoii \ miillipliait ses aiia-
thèmcs(|ui('lairiiltk'j)uislon^-U'ni]>s
des armi'S iimlilcs, et (|ui (levaient
être les ilernit r^ actes de son aulo-
. rite dans cette funeste querelle dont
la destinée était de se prolonger
loug-temps encore après lui. ( yoy^
LuTDLR. ) — Reytanralion des lettres
€t des sciences. — Dans les temps
antérieurs , on avait pu remarquer
cette impatience générale de sortir
des ténèbres de l'ignorance et de la
barbarie. Les croisades , en ouvrant
de nouvelles routes commerciales,
avaient commence celte mémorable
révolution : la chute de l'empire grec
l'acheva, en chassant tous les savants
en Italie. Cette tendance des esprits
Ttrs le progrès des lumières et de
la civilisation , ne demandait qu'à
ctre protégée pour recevoir tous ses
dévelopjKMnents. On se jetait avec
avidité sur les ouvrages des an-
ciens , dont les manuscrits venaient
enfin d'être retrouvés. C'était en Ita-
lie surtout que ces premiers elForts
avaient été tentés avec quelque suc-
cès. Des littérateurs , des savants ,
des artistes du premier ordre étaient
disséminés dans la plupart des gran-
des villes : Rome , Naples , Florence ,
Ferrare, Venise , Milan , possédaient
des hommes de génie ; mais les dis-
cordes civiles, les guerres extérieures
les privaient trop souvent de cette
tranquillité si nécessaireà l'étude , et
de ces communications si utiles aux
talents. Léon X conçut le projet de
rassembler dans un seul foyer tous ces
rayons épars, et déformer un dépôt
immense , où les éléments de toutes
les connaissances humaines , con-
servés avec soin, deviendraient unrf
êouree intarissable de liuuières et d'é-
mulation. Ce fut dans ce dessein qu'il
rétablit le gymnase ou l'université,
à laquelle il rendit ses revenus, qui
XXIV.
LEO i ^
avaient depuis long -temps été em-
ployés à d autres usages. Il y appela
des professeurs de tîntes les parties
de l'Europe : la théolojiie , le droit
canon, le droit civil, la médec.ne^
lu philosophie morale , la logique ,
la rhétoriipic , les mathématique» ,
eurent des chaires richement dotée*
parle pape lui-même. Il établit des
privilèges pour les étudiants. La lan-
gue grecque futl'objet de ses premiers
soins. Jean de Lastaris (pi'il fit venir
de Venise, et Marc Musurus , lui ame-
nèrent une colonie de jeunes hellé-
nistes, qtd servit a propager le goût
de cette antique littérature, sans la-
quelle il n'y en a point d'autres daas
les nations modernes. Bientôt les
presses d'Aide Manuce produisirent
une édition des œuvres de Platon
surveillée par Marc Musurus, qui fut
nommé archevêque de Malvoisie.
Homère et Sophocle furent exhumée
de l'obscurité où ils restaient ense-
velis. L'exemple du pape enflamma
le zèle des particuliers. Un simple
négociant, nommé Chigi , surpassant
tous ses émules par sa munilicence,
acheta une maison superbe dan»
le quartier de ïranstevère , et en fit
un muséum orné des tableaux et des
statues des plus grands maîtres. Il
perfectionna aussi l'imprimerie grec-
que. Pindarc et Théocrite parurent
par ses soins , et sortirent des presses
de Zacharie Gallicrgi , qui rivalisa
bientôt de talents avec Aide Manuce.
Léon X nomma, pour son bibliothé-
caire particulier, Favorinus, qui s<»
montra constamment digne de sa
confiance et de son estime. D'auti'es
savants , tels que Garleromaco ( P^.
FoRTEGUtAi ) et Bolzani , p«jrta-
gèrent encore l'amitié et les bienfaits
du pontifç. La langue latine attira
également son attention et ses libé-
ralités. Il acheta cinq cents scqinus
9
tSo
LEO
un exemplaire des cinq premiers
tivres de Tacite , qui furent lires
de l'abbaye de Corwey, enWest-
phalie, et que lui apporta Ange Ar-
comboldo. Il en confia l'impression à
Bëroald le jeune , par un bref qui
prononçait contre tout contrefacteur
la peine d'excommunication latœ
sententiœ, une amende de deux cents
ducats et la confiscation de l'ouvrage.
Un imprimeur imprudent, nomme'
Minutianus , encourut ces peines , et
fut oblige' de transiger avec Béroald.
Le'on X prote'gea également l'e'tude
des langues orientales, pour lesquelles
il employa les veilles et les talents de
Tbe'sëe Ambrosio : la langue hébraï-
que fut enseigne'e par Agacio Gui-
dacerio , et par Santés Pagnini, qui
traduisit les livres saints ; une édition
polyglotte du psautier , la traduction
d'un manuscrit arabe, intitulé PMo-
sophie mystique d'Aristote , furent
aussi le fruit des veilles de ces ^a^
vantsérudits.La poésie nationale s'en-
richit de tous les trésors de la litté-
rature classique ; ce fut surtout dans
la versification latine que s'exercè-
rent les écrivains du premier mérite;
et quelques-uns d'entr'eux obtinrent
«ne double couronne dans des pro-
ductions en l'une et en l'autre langue.
Il serait impossible , dans le court es-
pace d'un article , d'en donner même
la plus simple analyse : c'est surtout
dans les excellents ouvrages de Tira-
boschi , de William Roscoë , et de
feu M. Ginguené, qu'il faut la cher-
cher, indépendamment de la men-
tion exacte qui se trouve dans la
Biographie Universelle , a mesure
que ces noms célèbres arrivent à
leur rang ( i ). Des femmes de la plus
(i) Accolti { Bernard ) — Alamanni ( Louis)
— Arioste (L') — ArsîMi (Fiancoisi JL Auau-
reUo ( Jean - Aurèl^) — Barah'allo de Gaete
-. Bembo — Benù ( FiahcoU ) __ Brauiloliai
VliaphaSi j ~ Braajano — FUruini» ( Anad)
LEO
haute distinction partagèrent ces pal-
mes littéraires (i). De plus hautes
sciences occupèrent bientôt les es-
prits. Les ouvrages d'Aristote et de
Platon trouvèrent des commenta-
teurs éclairés. On étudia la philo-
sophie rationnelle : on rechercha les
principes de la philosophie morale.
La philosophie qui s'applique aux
études de la nature , fit aussi de sen-
sibles progrès : l'astrologie judiciaire
commença à perdre de son crédit ,
et à s'effacer devant les calculs d'une
astronomie méthodique : le système
de Copernic fut dès-lors soupçonné
par Gelio Galcagnini , qui tenta au
moins de démontrer le mouvement
diurne de la terre. Ces nouvelles dé-
couvertes inspirèrent à Léon X le
dessein de réformer le calendrier ;
mais le succès en était réservé à
un autre temps. ( Voyez Grégoire
Xin. ) L'art de la navigation , qui
devait tant de gloire à deux Ita-
liens , Christophe Colomb et Amé-
ric Vespuce, venait d'étendre l'em-
pire des Européens sur la moitié du
globe , jusque - là restée inconnue.
Cette grande révolution ne pouvait
être indifférente à un homme tel que
Léon X. Il n'y prit pas seulement
unepartdevanité, en faisant des con-
cessions imaginaires aux princes
conquérants , à l'exemple de ses pré-
décesseurs. ( Voyez Alexandre
VI et Jules II. ) Il fit un plus géné-
reux emploi de sa puissance , eu pro-
tégeant les malheureux Indiens con-
tre la cruelle avidité des Espagnols.
— Folengi ( Théophile) — Fraca«tor (Jean )
— Gorizio ( Jean ) — Maroni ( André) -.-
Moitza — RIozzarello ( Jean ) — Navaççer»
( André ) — Querno ( Camille ) — Kuccelial
— Saclolet — Sannazar — Silvestri ( GniJo
Poiiumo ) _ Tebaldo — TrisHiio — Vid»
( Jérôme ).
(i) Aralos ( Constance d') — Arragon (Tnl -
lie) — Baltifua ( Laure ) — Colonne ( Victoire)
— Gambara ( Vérouicm» ) — Sti.nij>ra ( Ga*-.
para ).
LEO
Les Dominicains s'élevaient avec
force contre les persc'cutions et les
outrages dont on accablait ces peii-
j)lcs ignorants et faibles. Les Fran-
ciscains , au contraire, pensaient que
l'espèce de servitude à laquelle on
les avait soumis , était le meilleur
moyen de les tirer des ténèbres de
l'idolâtrie. La cause ayant cte portée
à Rome , Léon X , animé du même
zèle que le vertueux Las -Casas , se
déclara le protecteur des droits de
la nature et le vengeur des opprimés.
Ses libéralités animaient partout les
1^ travaux des littérateurs et des sa-
Wm Tants. On est fâché seulement de voir
dans la liste de ses dons le licencieux
Arctin , qui déchira et caressa suc-
cessivement tous les princes auxquels
il vendit ses talents, osa aspirer au
chapeau de cardinal , et reçut des ré-
compenses dont les pi us beaux génies
depuis Homère n'avaicut pas obtenu
la moitié. Léon X n'oublia point de
recueillir dans des dépots publics
tous les monuments dont il avait en-
richi son siècle. Ce projet avait été
conçu dès le temps où il n'était en-
core que cardinal. La bibliothèque
commencée par ses soins , était des-
tinée pour Florence , sa patrie. Il
suivit ce projet avec ardeur; et l'éten-
due qu'il donnait à cet établissement
l'obligea de faire construire un édi-
fice particulier , dont il confia l'exé-
cution à Michel- Ange. Telle fut l'o-
rigine de la bibliothèque Lauren-
ticnne, dont la garde fut confiée à
Laurent Parmenio et à Fausto
Sabeo. Celle du Vatican jouit des
mêmes avantages , et fut dirigée
par Fedro Inghirami , Philippe
Bëroald, Zenobio Acciaduoli et Jé-
rôme Aléandre. Les beaux-arts s'em-
pressèrent à l'envi d'apporter le tri-
but de leurs chefs-d'auvre dans le
«anciuaire des sciences. Léon X en-
LEO t3t
conragea la recherche des antiques
qui peuvent seules fixer les règles dii
bon goût par l'imitation de la belle
nature. Il composa lui-même, pour
la découverte d'une statue de Lu-
crèce, une pièce de vers qui est raj)-
portée par Roscoè. Le palais du Va-
tican fut décoré ])ar les tal)leaux et
les fresques de Raphaël, qui était
alors dans toute la vigueur de son
génie. Michel-Ange orna de ses plus
beaux ouvrages la chapelle Sixline,
et Léon X le chargea de rebâtir l'é-
glise de Saint -Laurent à Florence.
Les élèves de ces hommes de génie
devinrent dignes de leurs maîtres (i).
La gravure au burin et la gravure à
l'eau-forte naquirent dans le même
temps pour multiplier les subli-
mes illusions de la peinture. Léon
X aimait la musique j il en con-
naissait parfaitement la théorie.
Son oreille était juste, et sa voix
mélodieuse. Le chant , dans l'église
romaine , ajoute infiniment d'éclat à
ses cérémonies : c'est pour cette rai-
son que Léon encourageait l'élude
de l'art musical. Deux professeurs
distingués dans ce genre , Gabriel
Merino et Brançois Paoloso , furent
récompensés , l'un, par l'archevêché
de Bari , et l'autre, par un titre d'ar-
chidiacre ( 1 ). Pour que rien ne
manquât à la gloire qwi environnait
Léon X, les historiens les plus célè-
bres écrivirent de son temps : Ma-
chiavel , et Giiichardiu , ont sur-
tout illustré celte époque ; et l'Italie
citera toujours avec orgueil leurs
immorteiles productions. Tant d'é-
clat , d'agréments et de prospérité ,
(i) Fanl C«r.>v«ose, Jiiiei Boroain, I.iicc«
cl«lla Ri.bhid , Amir'i Coiitiicci , Fraiicia Bips'O»
AuA'.c Jcl Sario, Jncquir» île l'oatoi me. {f^ojr.
Ion» cet artic!'*! à leiir* l«Mti«)>. )
(a U.icîo Baldini, Antlro Maiiteon» , Marc.
Antoine Raimontli , loul li a (.rrinier» ioaJaUur*
de c«l art. ( ^v^. laura anicle*. )
i32 LEO
avaient fait de la capitale du monde
chre'tien , l'asile de la paix , et le
rendez-vpus de tous les hommes ai-
mables et instruits , dont les ou-
vrages ou les entretiens faisaient
l'admiration des connaisseurs , et le
charme de la société'. Le'on X aimait
à se trouver parmi eux. Les sujets
les plus se'rieux, les matières les plus
graves , il les traitait avec la dignité
convenable ; mais d'autres fois aussi
il s'abandonnait à des conversa-
tions frivoles, et quelques censeurs
lui ont reproché un penchant assez
bizarre pour les bouffonneries. C'é-
tait un goût de famille, qui n'avait
point déshonoré ses ancêtres ; mais ,
dans un pape , cette légèreté l'ex-
posait aux critiques les plus sévères.
Cependant il soutenait parfaitement
la plaisanterie , et s'en tirait avec
grâce. Un poète lui ayant récité des
vers latins à sa louange, il répondit
sur-le-champ par le même nombre
et les mêmes terminaisons. Le poète,
piqué , s'écria à son tour :
Si tibi pro numeris numéro» fortana deditset ,
Won eiset capiti tant» corona tuo.
Le pape , loin de paraître offensé,
ouvrit sa bourse , et récompensa le
poète avec sa libéralité accoutumée.
Cette anecdote , et celle de l'archi-
poète Querno , attestent que dès-lors
les improvisatori étaient en vogue ,
et qu'on aimait à s'exercer dans un
genre qui étonna d'abord, mais qui ,
peut-être, est moins la preuve que
l'abus du talent. Léon X provoquait
lui-même ces luttes ingénieuses au
jnilieu des repas splendides qu'il
donnait aux gens de lettres, et dont
on n'a pas manqué de lui reprocher
la profusion, la délicatesse et la
familiarité. Cependant il était très-
sobre lui-même, ainsi que l'assurent
plusieurs écrivains dignes de foi ; il
jcûiaait assez fréquemment. On fai-
LEO
sait des lectures pendant son dîner?
ou bien il traitait lui-même des su-
jets , non pas légers , mais d'une
haute importance, et qui n'exigeaient
pas moins de sagacité que d'érudi-
tion. ( Math. Hcrculan. ap. Fabron.
in adn. 83. ) Tel est le témoignage
d'un homme qui avait vécu dans
l'intimité du pontife ; et ce qu'il at-
teste doit au moins faire suspendre
un jugement trop rigoureux. — La
mort de ce pape fut un de ces évé-
nements inopinés , dont la cause ^
n'étant pas parfaitement connue ,
ouvrit le champ aux phis sinistres
conjectures. Ce fut à Malliana , sa
maison de plaisance, que Léon X
reçut la nouvelle de la conquête du
Milanez. Il revint sur-le-champ à
Rome, le 24 novembre iSai ; il
indiqua , pour le 27 , un consis-
toire, qui n'eut pas lieu, parce qu'il
s'était senti indisposé. Les méde-
cins déclarèrent que c'était un rhume
qu'il avait gagné à la campagne : le
dimanche , i ^r. décembre , il ex-
pira, sans avoir pu être administré.
Il n'y a point d'autres détails authen-
tiques sur un tel événement. On a
supposé , très-ridiculement , que ce
fut l'excès de la joie qui le fit mou-
rir, lorsqu'il apprit la nouvelle de la
victoire , sans réfléchir qu'un efiêt
aussi rare , et qui ne frappe que des
êtres faibles , doit être subit , et ne
se prolonge point pendant l'espace
de huit jours. On a aussitôt cherché
une autre cause; et le soupçon d'em-
poisonnement s'est établi dans l'esprit
de la multitude. On arrêta l'échan-
son du pape , qui fut mis en liberté,
faute de preuves. Le maître du palais,
Paris de Grassis, dit dans son jour-
nal , qu'ayant trouvé le corps extrê-
mement enflé , il l'avait fait ouvrir ,
avec la permission du consistoire ,
et que les médecins avaient déclaré
LEO
<ju.' l,' j).»j)e calait mon rmpoisonne.
\\ illiarn Hoscoc paraît ]>oiu'licr vers
co\t€ opinion, (hioi qu'il m soit , le
cardinal fie Mcdicis , depuis Clë-
jnont VII, fit cesser toutes les pour-
suites judiciaires ; et ce fut lui qui
annonça la mort du papu à Henri
V III , par »nie lettre dont l'original
est conserve dans les manuscrits Cot-
toniens du musée Britannique. ( F.
Roscoc , tome IV, p»p;e 35 ï. ) On
voulut deviner les auteurs secrets de
cet attentat suppose. Une rumeur
sourde accus • , tantôt le duc d'Ur-
bin, tantôt le plus loyal des hommes,
le plus généreux des princes , Fran-
çois I*''". De toutes ces suppositions ,
il faut conclure que les observations
physiologiques de ce temps - là n'é-
taient pas assez avancées pour donner
des lumières certaines sur un événe-
ment qui peut-être aujourd'hui n'of-
frirait rien que de naturel. Le tom-
beau de Léon X, placé dans l'église
de Sainte -Marie de la Minerve,
avait été esquissé par Michel-Ange,
continué par Alphonse Lomliardi,
et fut achevé par Baccio Bandinelii:
la statue est de Raphaël Monte-Lu-
po. La célcbriîé qui s'est attachée
à la mémoire de ce pontife, a fait
rechercher avec curiosité tout ce qui
constituait ses qualités phvsiques et
morales. Les traits de son visage
nous ont été transmis par le pinceau
de Raphaël, et c'est un des plus beaux
ouvrages de ce grand pcintre.LéonX
était d'une stature assczhaute.il avait
de l'embonpoint , mais sans excès.
S& tête était un peu grosse , et ses
membres un peu minces pour le reste
de sa taille , quoique élégamment
tournés. Ses mains étaient blanches
€t délicates ; il se plaisait à les orner
de pierres précieuses. Son teint était
haut en couleur ; ses yeux étaient
t;ros cl kaillauls • son organe était
LKO
M
doux et sonore ; il y av.iit de la di-
gnité dans sa personne , de la grâce
et de r:»niénitédans ses manières, li
était habituellement affable ; mais ^
quelquefois, son goût passionné pour
la chasse , jetait sur son himieur des
nuages passagers, lorsque le ])l.'iisir
ou le succès n'avait pas répondu à
son attente. Si l'on considère tant
■de choses importantes , méditées ^
entreprises , exécutées dans le court
espace d'un pontificat qui n'a pas
duré neuf ans , on ne peut s'cm-
pcchcr de concevoir la plus haute
idée du caractère qui présida à ces
grands intérêts , dont le ressort ,
placé dans un point de l'Italie, donna
le mouvement à l'Europe entière.
Formé de bonne heure au grand art
de gouverner , Léon X ne man-
qua point à sa destinée. Cependant
s'il possédait dan'> un degré éminent
les qualités que le «nonde admire ,
on eût désiré d'autres vertus dans^
le chef suprême de la religion. Au
reste, dans sa conduite extérieure,
il se montra rigide observateur de»
bienséances. On a déjà vu qu'il ai-
mait les Cérémonies du culte ca-
tholique; quelque longues, quelque
fatigantes {pi'elles fussent, il se fai-
sait un devoir de n'y jamais man-
quer. Ses ornements pontificaux
étaient de la plus grande magnifi-
cence. Il mettait dans la célébration
des offices une pompe , une dignité ,
dont il se plaisait à régler lui-même les
détails. Ses mœurs privées ont été vi-
vement décriées par des ennemis de
sa croyance , et par des auteurs tels
que Paul Jovc , si connus pour leur
propre turpitude qu'on doit rougir de
les citer. Léon X a trouvé des dé-
fenseurs parmi des biographes mo-
dernes, tels que Matheus Ilerculanin»
et Fabroni , que nous avons déjà
cité; Fra-Paolo et Pallaviciui j iiu'uu
iS4 Ï^EO
ne peut pas soupçonner de vains me'-
nagements , ont parle' de ce pape
avec une sorte de sévérité , mais ne
ï'ont point accusé de ces honteux
dérèglements dont on a voulu flé-
trir sa mémoire. Enfin , un auteur
moderne , calviniste anglican , aussi
distingué par la vaste étendue de sou
érudition , que par l'exactitude de ses
recherches et l'imparlialité de ses ju-
gements , après avoir balancé toutes
les opinions , et discwlé le mérite de
tous les historiens , se prononce en
ces termes : « II nous reste les témoi-
» gnages les plus satisfaisants sur la
» pureté de mœurs qui distingua ce
^ pape , tant dans sa première jeu-
» nesse , que lorsqu'il parvint au
» souverain pontificat • et l'exemple
i) de chasteté et de décence , qu'il a
» donné , est d'autant plus remar-
» quable qu'il était plus rare dans le
V siècle où il a vécu. Mais en reje-
V tant des accusations scandaleuses
» et sans fondement , on doit con-
» venir que les occupations aux-
•» quelles se livrait Léon X , et les
» amusements qu'il prenait , n'étaient
» pas toujours conformes à sa haute
» dignité. y> Ainsi s'exprime W. Ros-
coë, dont la sagesse et la bonne foi
forment une autorité imposante.
La juste mesure qu'il a constam-
ment observée entre les excès de
la louange et du blâme, ne se trouve
jamais que dans un historien pas-
sionné pour la vérité. C'est en exa-
minant ainsi Léon X , qu'on doit le
juger sous tous les rapports de sa
conduite extérieure et secrète. Sa
politique fut habile , mais remplie
d'arfifice. En animant la discorde
entre les maisons de France et d'Au-
triche , il tenta de les chasser toutes
deux de l'Italie. Son but apparent
était l'afïranchisscmenl de son pays ;
«ou motif réel fut l'élévation de
LEO
sa famille. Son gouvernement était
ferme , et sa justice fut sévère. Mais
ses ennemis étaient ceux de l'état. Il
pardonna aux premiers , qui conspi-
rèrent contre lui j et tous les autres ,
excepté l'exécrable Baglioni , furent
punis par des voies légitimes. Pres-
que tous les actes de son pontificat
ont trouvé beaucoup de détracteurs
et très-peu d'apologistes. Quant au
concordat , il était nécessaire ; il a
été jugé par trois cents ans d'exécu-
tion. Mais la publication intempes-
tive des indulgences fut une faute
capitale : leur destination était in-
certaine; leur distribution fut en-
core plus répréhensible , et les abus
qu'il y laissa introduire portèrent
un préjudice irréparable à la jouis-
sance des clés. C'est un problème
de savoir s'il mit trop de modéra-
tion ou trop de sévérité dans sa con-
duite avec Luther. Les protestants
et les catholiques l'ont accusé tour à
tour en sens contraire. William Ros-
coë en conclut que ces contradictions
elles-mêmes le justifient. 11 est cer-
tain du moins que ses successeurs ne
furent pas plus heureux. ( Vojez
Luther. ) La protection des lettres ,
la faveur qu'il accorda aux jjrogrès
des connaissances humaines , lui ont
acquis une gloire plus éclatante et
moins contestée. Léon X eut pour
successeur Adrien VI. D-s.
LÉON XI ( Alexandre - Octa-
viEN ) , cardinal de Florence , de la
maison de Médicis , employé par
Clément VIII , son prédécesseur ,
dans les négociations les plus impor-
tantes , estimé des puissances par la
conduite pleine de sagesse qu'il avait
tenue pendant sa légation en France ,
parla protection que les savants trou-
vaient auprès de lui , par sa droiture,
sa modération, son éloignementpour
le népotisme , fut élevé sur le saint-
LEO
siège le l•^ avril i6o5.Soii élévation
ne changea pas ses mœurs; elle cora-
moiçait à ilonncr un plus grand éclat
à ses verlusct à ses heureuses qualités,
lorsqu'il fut enlevé de ce monde, le
^7 du même mois , universellement
regrette. Ou trouve son éloge dans
le tome m (p. 3-20 ) des Elogj degli
uomini ilhistri Toscani. Paul V lui
succéda. T - d.
LÉON ou GRÉGOIRE, anti-pape.
; rayez Benoit YIII ).
LEON V^. , empereur d'Orient ,
dit le Grand, naquit en Thrace, d'une
famille ol)SCure , et dut son avance-
ment daiis les grades militaires de
l'armée romaine , à la faveur toute
j)uissante du général Aspar et de son
iils Ardaburius. ( Foyez Aspar. )
Léon commandait un corps de trou-
pes campé à Selymbiia, lorsque ses
unbilieux protecteurs le firent mon-
t-r sur le trône , vacant par la mort
lu v«M-tueux Marcien : le sénat con-
firma ce choix; et I^éon fut recoimu
empereur à la tcte des troupes , le 7
février 4^7 , et couronné par Ana-
tole , patriarche de Coiistanlinople ;
on croit que ce fut le premier exem-
ple de cette sanction sacrée donnée
à l'élévation d'un souverain. Aspar
s'aprçut bientôt que Léon ne por-
terait pas long-temps le joug qu'il
avait voulu lui imposer: les Euty-
chiens ayant excité une sédition dans
Alexandrie, massacré J. Protère leur
évèque légitime , et rais à sa pkce
Tiraothée Elure , Léon renouvela
toutes les dispositions prises par l'em-
pereur M;ircien contre ces hérétiques.
Cependant Aspar se déclara en fa-
veur d'Elure , et parvint à le main-
tenir dans sou épiscopat jusqu'en
460 , où , malgré les instances de
l'impérieux général , Léon chassa et
exila Elure, et fit nommer à sa place
uu evêc^ue orthodoxe. Léou avait
LEO i35
précédemment obtenu des succès
éclatants contre les barbares , et
rendu la j)aix à l'empire d'Orient.
11 voulait aussi mettre un terme aux
malheurs de l'empire d'Occident ,
déchiré par l'ambition et les fureurs
de Riciraer , dévasté par Geuseric ,
et gouverné par des fantômes d'em-
pereurs. Geuseric brava les menaces
de Léon , auquel il renvoya cepen-
dant l'impératrice Eudoxie , veuve
de Valentinien , et sa fille Placidie ,
qu'il retenait captives depuis sept
ans. ( F oyez Eudoxie. ) Léon, dont
les armées venaient de repousser les
Huns et de tuer un des fils d'Attila ,
nommé Dengizic , réunit toutes ses
troupes et les envoya en Afrique , sous
la conduite de son beau-frère Basi-
lisque ; Genseric crut sa j>erte as-
surée. L'inexpérience , ou , suivant
Procope , la trahison de Basihsque
lui donna le temps de reprendre
courage ( Foyez Genseric ) ; et les
Romains, après avoir perdu la moi-
tié de leur flotte et de leur armée ,
retournèrent honteusement en Orient.
On soupçonnaAspar et son fils d'avoir
contribué par leurs intrigues à ces
revers. Léon , fatigué de leur audace ,
résolut enfin d'y mettre un terme ;
mais effrayé de leur puissance , il
leur tendit des pièges peu dignes
d'un souverain : il flatta d'abord.
Aspar de l'espoir d'unir son fils Pa-
tricolc à la princesse Ariadne^ fille de
l'empereur. Cette nouvelle , semée à
dessein, excita l'indignation du peu-
ple, qui haïssait la famille d'Aspar,
à cause de son arianisrae : une sé-
dition força Aspar et ses fils à cher-
cher un asile dans l'église de Ste.-
Euphémie. Les serments et les invi-
tations pressantes de Léon les eu
firent sortir pour se rendre au palais,
où Aspar et Ardaburius eurent, à l'ins-
taut j la tête tranchée. Un Isaurieu ,
ï3G
LEO
iioiumé Trascalsëe , charge de cette
éxecution, e'poiisa, pourre'compense,
la princesse Ariadnc , promise d'a-
bord à Patricole: ce fut lui qui régna
dans la suite sous le nom de Zenon.
( Foj'ez AniADNE et ZtNoiv. ) Les
ariens , furieux de îa mort de leur
protecteur , excitèrent Ricimer à
troubler de nouveau l'empire d'Oc-
cident ^ et engagèrent les Gotlis à
attaquer Constantinople même. Les
environs de la ville impériale furent
dévastes pendant deux ans , avant
<pie Léon pût repousser les barbares
et conclure la paix avec eux. Il mou-
rut, en 474 7 3u mois de janvier ,
laissant l'empire au jeune Léon , fils
d'Ariqifce et de Zenon , que l'em-
pereur mourant essaya vainement
de faire reconnaîtte pour s<wi succes-
seur. Léon a conserve' la réputation
d'un prince actif , éclaire' , vigilant
et sage , qui ne négligea rien j^our
rendre à l'empire son éclat et sa
force- il promulgua des lois sages ,
éleva des monuments, donna Texem-
ple de la modération et de l'écono-
mie : mais ce n'est point assez ponr
justifier le titre de grand que la va-
nité des Grecs lui donna. Il paraît
qu'il ne fut pas exempt d'avarice ;
enfin , on peut lui reprocher la fai-
blesse qu'il eut de souffrir l'ambition
d'Aspar et de Basilisque , auxquels
on doit imputer tous les malheurs
qu'éprouva l'empire ftendant lerègne
de Léon. Des fléaux terribles en si-
gnalèrent aussi diverses époques : en
458 , 4a ville d'Antioche fut ren-
versée par un tremblement de terrej
en 465 , Constantinople fut pres-
qu'entièrement dévorée par les Gam-
mes ; en 469 , des pluies excessives
tl des torrents causèrent de grands
ravages ; en 472 , une terrible érup-
tion du Vésuve , s'il en faut croire
les historiens , couvrit Gonstantiuo-
LEO
pie de cendres , et plongea cette ville
dans l'obscurité et dans l'effroi : ce
fait, attesté par de nombreux témoi-
gnages , paraîtra toujours peu vrai-
semblable. Léon eut pour femme
Vcriiie , qui ne parut livrée , pendant
le règne de ce prince , qu'aux vertus
pieuses et modestes de son sexe ,
mais à qui l'ambition et des passions
violentes firent jouer dans la suite
un rôle moins honorable. ( F oyez
Veuine. ) Elle n'eut de Léon que
deux filles , Ariadne dont il a été
parlé , et Léoncie , mariée à Marcien
fils d'Anthemius. On a des médailles
en or du règne de Léon. L-s-e.
LÉON II , empereur d'Orient ,
petit-fils de Léon P"-. , et fils de
Zenon et d' Ariadne , fut déclaré au-
guste au moment de la mort de son
grand-père : il avait à peine quatre
ans ; mais ce choix fut agréable au
peuple , qui détestait Zenon à cause
de son arianisme et de son origine
saurienne. Cependant Verine, veuve
du dernier empereur , et sa fille
Ariadne , femme de Zenon , ne né-
gligèrent ni intrigues , ni séductions
pour ramener les esprits en faveur
de Zenon, qu'elles voulaient associer
à l'empire. Quand elles crurent avoir
aplani les plus grandes difficultés,
Ariadne conduisit le jeune Léon à
l'hippodrome et le plaça sur un trône
élevé. Cet enfant, faible jouet des
volontés de deux femmes ambitieuses,
appela Zenon près de lui, et, lui met-
tant sa couronne sur la tête , le dé-
clara son collègue et le nomma au-
guste. Léon ne vécut pas long-temps
après ; et l'on soupçonna Zenon d'a-
voir hâté, par le poison , la fin de
son propre fils , dont le règne ne
dura que dix mois. L-s-£.
LÉON III , l'Isaupjen , empe-
reur d'Orient , naquit en Isaurie ,
dans l'état le plus obscur -.il por-
t^iit le nom de Conon , et faisait lîii
l»rril trafic de bestiaux . lorsque des
iuifs, poursuivis pour des escroque-
ries et des impostures, le reneon-
trèrcnt et lui prédirent une fortune
éclatante , s'il chanç;cait de nom , et
s'il prenait le ]>arti des armes; ils
lui demandèrent ensuite de leur pro-
mettre, par serment , une faveur
(pj'ils se réservaient de réclamer plus
tanl. La fortune voulut , pour le
malheur de l'Empire ,«iuc Léon put
iMi jour accomplir cet engaj:;cment.
Il servit comme simple soldat dans
l'armée de Justinien JI; son zèle et
quelques services le firent remar-
quer de l'empereur, qui l'admit dans
ses gardes, et i 'éleva rapidement aux
j)lus hauts grades. Justinien , ayant
conçu quelque crainte de son am-
Itition , le chargea d'une expédition
diilicile contre les ])euplcs du Cau-
case. Léon , après y avoij' signale'
sa bravoure et son adresse, revint a
Cunslanlinople, sous le règne d'A-
nastase, qui lui donna le comman-
dement des troupes d'Asie. A la nou-
velle de la déposition d'Anastase , il
refusa de reconnaître The'odose lïl,
fuc la flotte révoltée venait de pro-
' lamer empereur. Les Sarrasins, qui
Itfvastaient l'empircjcxcitèrent Léon
ri prendre le sceptre, en lui promet-
tant de l'aider de toutes leurs for-
ces. Il eut besoin d'adresse et de pru-
«lence pour maintenir ces dangereux
imis. Oblige de les tromper et de les
intimider alternativement, il trouva
enfin le moment de marcher vers
Constantinople , où Theodosc lui
eeda le sceptre presque sans coup
fcrir. Le'on fut couronne le 9.5 mars
717, dans l'église de vSainte-vSophic :
rfn<ndanl les Sarrasins , qu'il avait
• s par de fausses promesses ,
'■i.unt assiéger Gonstantinople par
terre et par mer. Dans ce danger
hT/^ »37
extrême , Le'on redoubla de vigueur
et de courage. Un ouragan ayant
rompu un instant les lignes des vais-
seaux assiégeants , l'empereur prit
aussitôt quelques brûlots ; moulé
sur un léger bâtiment , il les con-
duisit au milieu de la flotte enne-
mie, en détruisit une partie et força
l'autre à la retraite. Il soutint , avec
le même courage, les attaques diri-
gées sur la terre-ferme, jusqu'à ce
qu'un hiver rigoureux réduisît les
Sarrasins à l'inaction et leur enlevât
leurs chevaux etleurs bêles desomme.
Au printemps , Léon parvint à dé-
truire deux flottes nouvelles i\m ve-
naient ravitailler les assiégeants; et
le soin de défendre sa capitale ne
l'empêcha pas d'envoyer , en Sicile,
réprimer les entreprises du gf)uver-
neurScrgius; celui-ci regardant l'em-
jïire comme perdu , avait voulu éri-
ger un royaume dans celte province,
et venait de faire couronner , sous
le nom de Tibère , un de ses lieute-
nants nommé Basile , qui paya de
sa tête, sa révolte ambitieuse. Les
Sarrasins , s'étant obstinés à conti-
nuer le siège de Gonstantinople, eu-
rent tellement à soufT'rir de l'activité
de Léon , qu'ils furent enfin obligés
de songer à la retraite. Elle leur fut
encore plus funeste et les restes de
leur armée y furent anéantis. La joie
des Romains parut au comble; elle
augmenta encore par la naissance
d'un fils de Léon. O prince, destiné
à être un jour la honte du trône et
le fléau de l'empire , fut nommé
Constantin Copronyrae. En 719,
une tentative que fit Anastase pour
remonter sur le trône , échoua par
l'activité de Léon , qui se fit livrer
son compétiteur et lui fit trancher
la tête : il soutint également , avec
des succès divers , en Sicile , en Ita-
lie et en Sardaigne , les attaques
i38
LEO
rëpëlccs des Sarrasins. Tant d'elï'orts
glorieux et de seiTices rendus à l'em-
pire auraient place Léon au rang
des plus grands princes , si la pas-
sion des querelles theologicfues, trop
commune dans ces siècles d'igno-
rancc,n'ëtait venue l'agiter d'une cou-
pable frénésie et plonger l'empire
dans une longue et déplorable crise.
Des zélateurs indiscrets avaient , de-
puis quelques années, déclamé con-
tre le culte rendu aux saintes iraa-
jçes 'y cette opinion , qui n'avait d'a-
bord trouvé d'appui que chez les
Sarrasins , fut inculquée à Léon , par
im Syrien renégat, et par un évêque
phrygien plongé dans la débauche
et dans l'ignorance. Les historiens
rapportent aussi que les deux juifs
qui avaient, en Isauric, promis l'em-
pire à ce prince , vinrent le sommer
d'accomplir le serment qu'il leur
avait fait, et lui demandèrent l'abo-
lition des images. Quoi qu'il en soit,
Léon suivit ces funestes conseils , avec
zèle et bientôt avec fureur. Le pape
Grégoire II, Germain patriarche
de Gonstantinople , et Jean Damas-
cène , la lumière de l'Orient , combat-
tirent en vain les erreurs el la cruauté
de l'empereur. Il envoya des assas-
sins poui- trancher les jours du pon-
tife j mais , arrivés à Rome , ils furent
découverts et punis. JeanDamascène,
persécuté cruellement , se réfugia
dans le. monastère de Saint-Sabas ,
en Palestine • les habitants de l'Ar-
chipel , alarmés pour leur foi , se
révoltèrent, et menacèrent Gonstan-
tinople. Le feu grégeois rendit cette
attaque inutile , et Léon montra quel-
que clémence envers des sujets dont
son imprudence avait causé la ré-
bellion. Mais en vain le trouble crois-
sait dans l'Empire j en vain les Sar-
rasins , témoins de ces discordes ,
cherchaient à en profiter , et avaient
LEO
tenté de sui-prendre Nicée; l'empe-
reur , irrité j)ar les obstacles , agi-
tait encore l'Italie, et renouvelait
ses entreprises contre la vie du pape.
Ce saint pontife fit de vains efforts
pour contenir l'indignation des Ita-
liens ; elle éclata enfin : l'ambitieux
Luilprand, roi des Lombards, crut
devoir en profiter pour s'emparer de
Rome , et de l'exarcat de Ravenue;
des troubles sanglants et prolongés
furent sur le point d'enlever à Léon
ses dernières possessions en Italie:
l'adresse et la fermeté généreuse du
pape les lui conservèrent. Cependant
le patriarche Germain venait d'être
déposé, à Gonstantinople, et rem-
placé par le diacre Anastase. ( Voyez
Anastase. ) Des savants , chargés
du soin delà bibliothèque publique,
et des manuscrits qu'on y rassem-
blait , luttaient encore contre l'hé-
résie de l'empereur ; sa barbare
Ignorance , désespérant de les con-
vaincre , lui suggéra l'affreuse idée
de les faire brûler avec le précieux
dépôt dont ils avaient la garde :
cette atrocité révolta tout Tempire ;
une émeute eut lieu dans Gonstan-
tinople : alors rien n'arrêta plus la
férocité de Léon ; et la persécution
qu'il ordonna , surpassa , par la
rage du persécuteur , par la barba-
rie , le nombie et la diversité des
supplices , toutes celles qui avaient
affligé l'Église et l'Empire. Le pape
Grégoire ÎII , successeur de Gré-
goire II , fit de nouvelles tentatives
auprès de Léon pour le ramener à
la raison, et assembla à Rome un
concile , qui consacra de nouveau le
culte des images ; l'empereur ré-
pondit à ces saintes remontrances
par de nouveaux attentats et par des
entreprises contre l'Italie , qui tour-
nèrent à sa confusion. Il fut plus
heureux contre les Sarrasins que le&
'ù
Î.KO
troubles de l'era pire avaient engage's
de nouveau à y prnetrcr. A peine ces
dangereux ennemis se furent-ils reli-
ns en Syrie, qu'un atVreux tremblc-
Bietitde terre, dont les secousses durè-
rent presque continuellement pen-
dant toute l'année "j^o. porta la ruine
et la désolation depuis Constantino-
ple jusqu'au fond de l'Egypte. Enfin ,
après un règne de vingt-quatre ans ,
dont il avait , par ses excès , terni la
gloire première , Léon mourut en
\i , et fut enterre dans l'église des
lints-Apôtres. 11 laissa , de l'impé-
ratrice Marie, dont on ne sait que
le nom, un fils, Constantin Copro-
nyme qui lui succéda, et une fille
mariée à Artabasde. On a des mé-
dailles en or de Léon III; elles at-
testent l'anëanlissemcnt total des arts
du dessin. L-s-e.
LÉON IV^ ( Chazare ), empereur
d'Orient, fils de Constantin Copro-
nyme, naquit à Constantinople , le
a5 janvier 75 1 , monta sur le trône
en 775 , et mourut en 780 , après
un règne qui ne présente , en évé-
nements remarquables, que l'asso-
ciation à rerapire,de Constantin Por-
phyrogenète , fils de Léon , alors
âgé de cinq ans; une conjuration du
césar Nicéphore, frère de l'empe-
reur, qui fut découverte, et qui se
termina par la punition et l'exil de
Nicéphore et des autres conjurés;
l'arrivée à Constantinople d'un roi
des Bulgares, Teléric , qui , intimidé
par la haine de ses sujets , se réfu-
gia près de Léon, se fit baptiser, et
s'unit à la famille impériale; et en-
fin quelques opérations militaires
peu importantes contre les Sarrasins
qui furent défaits, à plusieurs rej)ri-
»es, dans l'Asie Mineure. Léon avait
montré quelques talents au commen-
cement de son règne. Sa générosité
et sa douceur réparèrent d'abord les
LEO i39
maux qu'avaient causés l'avarice et
la cruauté de Copronyme; mais bien-
tôt l'esprit fanatique qui dominait
son siècle, s'empara de lui : il adopta
avec fureur l'iconoclastie; et les pre-
miers accès de sa colère furent di-
rigés contre Irène , sa femme, qu'il
éloigna de lui , pour avoir consei-vé
des images saintes. Il persécuta
cruellement ceux qui partageaient
les sentiments de cette princesse;
mais une maladie pestilentielle , que
quelques écrivains ont présentée
comme une punition céleste , vint
piellre un terme à une intolérance
qui paraissait devoir égaler les ex-
cès des prédécesseurs de Léon. Cons-
tantin M lui succéda, sous la tutelle
de la célèbre et cruelle Irène.
L-S-E.
LÉON V, l'Arménien , empereur
d'Orient , était fils d'un Arménien
nommé Bardas, et commandait un
corps d'armée , sous le règne de
Nicéphore , lorsqu'il fut accusé de
trahison, battu de verges, exilé et
forcé de prendre l'habit monastique.
Michel Rangabé , en montant sur le
trône , prononça la grâce de Léon , et
lui rendit ses honneurs et le comman-
ment des armées. Léon tira parti
de cette faveur pour employer des
intrigants obscurs qui , par des pré-
dictions et des bruits ridicules , dis-
posaient le peuple à le voir monter
sur le trône. Cependant, en 81 '2, il
aida Michel à réprimer les icono-
clastesx^ui causaient du trouble dans
Constantinople , et battit une armée
de Sarrasins, qui ravageaient l'Asie.
Mais il profita de l'ascendant que
ces succès lui donnèrent sur l'esprit
des soldats , pour décrier l'empereur
et le rendre méprisable à leurs yeux;
et lorsqu'en 81 3, Michel marcha
contre les Bulgares qui venaient d'i-
uoudcr la Thrace et la Macédoine,
i\f> LEO
Lron fit ccliouer ses plans , et le con-
traignit à livrer la bataille d'Adria-
nople , où Michel fut battu par une
trahison , dont Le'on est encore ac-
cuse'par plusieurs historiens. Charge'
de recueillir dans Adrianople, les
de'brisde l'arme'e que Michel venait
d'abandonner, licon acheva de la
corrompre par ses menées se'ditieii-
ses : les soldats revolte's lui ofïrircnt
la couronne qu'il feignit d'abord de
refuser ; mais bientôt , ce'dant aux
instances des rebelles , il marcha à
leur tête, vers Constantinople. Mi-
chel , sans essayer la moindre résis-
tance , lui fit remettre les ornements
impériaux, et se retira dans une
église. Lëon fit son efitre'e dans la
capitale , et fut couronne' le 1 1 juil-
let 8i3, par le patriarche Nicc-
phore , dans Sainte - Sophie. Il
**ele'gua Michel Rangabe, et sa fa-
mille , dans des monastères , et
récompensa ceux qui avaient con-
tribue' à son élévation , entre au-
tres , Michel le Bègue , qu'il nomma
patrice. Cependant les Bulgares ,
vainqueurs à Adrianople , s'avancè-
rent jusqu'aux portes de Constanti-
nople. Léon feignit de traiter avec
eux, et chercha à faire assassiner
Crem ou Grumnus, leur roi, qui, ou-
tré de cette perfidie , et percé de plu-
sieurs coups , dont aucun ne se trouva
mortel , se vengea en commettant
d'horribles ravages dans les provin-
ces voisines, dévasta Adrianople,
forcée de se rendre par le défaut
de vivres , et emmena ses habi-
tants en esclavage. Léon, pour s'af-
fermir sur le trône , fit couronner son
fds , et rechercha l'alliance des Fran-
çais, gouvernés ^t^s par Louis le
Débonnaire. Eii^i4, Grumnus et ses
Bulgares menacèrent de nouveau
Constantinople; mais le roi barbare
niourut ayant d'avoir pu l'attaquer.
LEO
Léon, profitant de cette circonstance^
marcha contre ces ennemis dange-
reux , les vainquit auprès de Mesem-
brie, et , l'année suivante, les défit si
complètement , qu'il les contraignit à
la paix, après avoir mis leur pays à
feu et à sang. Léon , ivre d'orgueil ,
et entouré de devins et de fourbes,
voulut aussi dompter 1 es consciences ,
et soumettre la religion à ses fou-
gueux caprices : il réveilla l'hérésie
orageuse des iconoclastes , et tenta
d'abord inutilement de vaincre , par
l'appareil de sa puissance, la résis-
tance que lui opposaient le patriar-
che Nicéphore et les évêques réu-
nis dans un concile que Léon avait
convoqué. Nicéphore fut condamné
à l'exil j une maladie dangereuse vint
le soustraire momentanément à cette
punition : à peine guéri , il allait être
enlevé par l'ordre de Léon, lorsque
le peuple se souleva , et prit sa dé-
fense. Léon , efTrayé , désavoua d'a-
bord la violence exercée contre Ni-
céphore ; mais , dès la nuit même , il
le fit enlever sans bruit , et reléguer
dans un couvent, sur les rives du
Bosphore. Il nomma ensuite , pour
patriarche , un officier de sa garde ,
iconoclaste décidé , qui reçut la ton-
sure , et fut sacré peu de jours après.
Un nouveau concile , composé d'ico-
noclastes , condamna tous les prélats
orthodoxes , et ouvrit la persécutiort|l|
que Léon étendit sur tous ceux qui re-d
fusèrent de se soumettre à ses capri-
ces fanatiques. Cette rigueur que Léon
déploya contre les orthodoxes , il
l'exerça avec plus de raison dans
l'administration de ses états , et dans
l'exécution des lois ; et , sous ce rap-
port , il mérita de justes éloges. Mi-
chel le Bègue, le même qui avait
contribué à son élévation , fut ac-
cusé de plusieurs crimes, et surtout
d'aspirer à i'çmpirc. Léon avait fer-
LEO
inc les yeux sur ses proiniors de-
sortiri's; mais ciidn il lo lit juger pu-
blicjueincnl. Les preuves de la perli-
clic de Michel ne furent pas ccpiivo-
ques : condamne à être brûle vit', il
obtient un délai de quelques jours ,
en profile pour faire craindre à plu-
sieurs de ses amis de partaj^er son
sort, et pour les enj^agcr à se défaire
de Léon. Les conjures se déguisent
en prêtres et en clercs , cl se rendent
au point du jour à la chapelle du
palais , où Léon assistait habituelle-
ment aux matines : il entonnait lui-
même les psaumes, lorsque les as-
sassins se j)récipitent sur lui. Réfu-
gié sous l'autel, il s'y défend quel-
que temps avec fureur, au moyen du
bâton de la croix; mais enfin , il e\-
! pire percé de coups. Eu apprenant
sa mort, le patriarche Niccphore
porta ce jugement , dont l'histoire
a confirmé la justesse : « La reli;:ion,
^' dit-il , est délivrée d'un grand en-
nemi; mais l'état perd un prince
utile. » Les restes de Léon furent
cou()és en morceaux , et transportés
dans une barque avec sa famille, dans
I l'île de Proie. Sa mort arriva en 8'>.o.
Miciiel le Bègue , sou assassin , lui
succéda. L-s-e.
\ LÉON VI , dit le Philosophe,
empereur d'Orient , était fils d'Eu-
î doxie , femme de Basile le Macédo-
nien. Les dérèglements de cette prin-
cesse ont laissé quelques doutes sur
la légitimité de Léon , qui fut cepen-
dant élevé par Basile comme son fils
et son successeur. A peine âgé de dix-
neuf ans , le jeune prince s'était fait
aimer de tout l'empire; mais Santa-
baren, favori de Basile, homme four-
be et dangereux , impiiet du mépris
et de la haine que Léon lui témoi-
gnait , chercha tous les moyens de
p«rdre ce prince. Il fit d'abord tous
ses efforts pour gagner sa confiance ;
LEO i4«
et essayant ensuite de l'alarmer sur
les dangers <pie Basile pouvait courir
à la chasse , sa passion favoi ite , il
engagea I^éon à suivre son père, avec
une arme ciichéc sous ses habits.
Le jeune prince goûta cet avis , et
mit un poignard dans une de ses
bottes. Le perfide Santabarcn sup-
pose sur-le-champ un coinjjlol con-
tre Basile, etrenaverlit à la chasse
même ; remjicreur fait arrêter son
fils, qu'on trouve muni du poignard.
Le prince est aussitôt dépouillé des
signes impériaux , et jeté dans ime
prison , que partagent ses plus fidèles
serviteurs. Santabareu excitait Ba-
sile à une vengeance plus cruelle :
mais les larmes de tout l'empire , et ,
disent les historiens , la voix d'un
perroquet accoutumé à répéter , Fou-
vie Léon , changèrent les disposi-
tions du monarque; il permit à son
fils de se justifier, lui rendit ses hon-
neurs , et chassa ses ennemis. Peu de
temps après , la mort de Basile laissa
Léon maître de l'empire ; û monta
sur le trône avec son frère Alexan-
dre, en 886 : mais ce dernier , livré
à ses plaisirs, lui abandonna tout le
poids de l'autorilé. Peut - être la
mollesse d'Alexandre valut - elle à
Léon , par une comparaison favorar
ble , le litre de Philosophe , que sa
vie ne justifie nullement. A peine cou-
ronné , il déposa Photius , ce célèbre
et dangereux patriarche ( /^. Pho-
tius), qui s'était lié secrètement avec
Sautabaren pour le perdre. Santaba-
reu fut aussi recherché, mis en juge-
ment, fouetté publiquement, et enfin
exilé au fond d'iuie province , après
avoir eu les yeux crevé»- Léon fit en-
suite rendre des honneurs funèbre»
aux restes de Michel , assassiné par
Basile , en 867. ( F oyez Basile et
Michel. ) Les premières années de
sou règne furent marquées par quel-
fil
LEO
ques guerres peu importantes et peu
honorables pour les armées romai-
nes : les Sarrasins les battirent dans
l'Asie Mineure , en Italie et dans
l'Archipel , et les Bulgares dans la
Macédoine. Le'on , irrite de cette der-
nière défaite , chercha aux Bulgares
de nouveaux ennemis chez les Hon-
grois , qui paraissent dans l'histoire
pour la première fois sous ce nom.
Ceux-ci furent d'abord victorieux j
mais les Bulgares les ayant écrasés
à leur tour , Léon se vit réduit à
payer inutilement ses alliés , et à flé-
chir ses ennemis par de honteuses
soumissions. En 891 , il recouvra une
partie de l'Italie méridionale, qu'il
perdit quatre ans après , par suite
de la mauvaise et tyrannique admi-
nistration des gouverneurs grecs qu'il
y envoya. Les Bulgares , cependant ,
envahissaient de nouveau les fron-
tières , et moissonnaient les armées
romaines; l'intérieur du palais n'était
pas plus tranquille que l'empire ; les
intrigues des courtisans et les mœurs
déréglées de Léon y multipliaient le
trouble et les complots. En vain l'im-
pératrice Théophane donnait - elle
l'exemple des vertus et de la piété ;
Zoé , fille de Stylien, favori de l'em-
pereur , gouvernait ce prince , qui
faillit être tué entre ses bras , dans
une maison de campagne, où il pas-
sait la nuit avec elle. Le fils et les pa-
rents de Stylien furent soupçonnés
d'avoir pris part à cet attentat. Théo-
phane étant morte peu de temps
après , Léon épousa Zoé , au grand
scandale de tout l'empire: elle mou-
rut au bout de vingt mois. En 896 ,
l'empereur se remaria , pour la troi-
sième fois , à une jeune phrygienne
nommée Eudocie , qui mourut aussi
avant la fin de Tannée ,en accouchant
de son premier enfant. Le voluptueux
Léon s'attacha, sur-le-champ , à
LEO
une nouvelle Zoé , surnommée Car-
bonopsine , qui devint sa maîtresse
déclarée : le jour où elle s'établit au
palais , un assassin attenta aux jour»
de Léon , au milieu d'une procession;
l'empereur fut grièvement blessé , et
le coupable brûlé vif. En 904, 1 es Sar-
rasins prirent , et saccagèrent Thes-
salonique , une des villes les plus flo-
rissantes de l'empire, et dont la po-
l)ulation fut emmenée en esclavage.
Tous ces désastres étaient , en grande
partie , la suite des intrigues et des
perfidies des courtisans et des géné-
raux de Léon. Zoé étant accouchée
d'un fils qui fut nommé Constantin
Porphyrogenète , l'empereur épousa
la mère , et la couronna , malgré les
lois canoniques qui défendaient les
quatrièmes noces. Cependant le pa-
riarche Nicolas refusa de consacrer
cette union , et excommunia le clerc
qui l'avait bénie. Léon fît arrêter et
enfermer le patriarche , et lui donna
un successeur plus complaisant. De
nouvelles intrigues agitèrent la cour ,
et de nouvelles invasions dévastèrent
les frontières. Léon , faible contre
tous ses ennemis , pardonna souvent
à ceux de l'intérieur , et ne sut pas
combattre ceux du dehors. Enfin ,
après un règne de vingt -cinq ans,
sans gloire et sans tranquillité, il
mourut d'une dyssenterie , en 911 ,
aj^rès avoir désigné pour ses succes-
seurs son frère Alexandre et son fils
Constantin Prophyrogenète. Il était
âgé de quarante - six ans : il avait
la prétention de prédire l'avenir,
et les Grecs superstitieux lui accor-
daient cet avantage. Il est j^arvenu
jusqu'à nous dix-sept oracles de ce
prétendu prophète : ce sont des phra-
ses sans suite et sans raison, en
vers iarabiques (i); mais Léqn a
(t) RittgcTsius a publié las aeiz" premiers ave«
une rersion Utiue. Leuaclavius y «tiouta la dU->
i
I.KO
I.iissc (les ouvr.i|;os pins iTComm.iii-
(l.iMos et plus utiles. Il retoucha et
n-ili^ea dans une meilleure forme ,
le corps de droit commence par
Rasile, et qui prit le nom de Basi-
liques (i\ Il publia cent treize iVb-
velles et des ej)ilonies assez, bien
redij;cs. L'ouvraj;edo Léon le plus es-
time, est sa Tactique^ Ficydc , i G 1 3,
iu-4*'. trad. en français, par Maizeroy,
Paris, 1 7 7 1 , •^. v. in-B^.; elle renferme
de rcnseif^neraents curieux sur les
usac;es militaires de ce temps. Les bi-
hliothcquesde Florence et du Vatican
doivent renfermer encore d'auli'es ou-
vrages militaires de Le'on , en ma-
nuscrit , et des discours religieux
et moraux ; car ce prince débauche'
Mimait assez à prêcher les vertus qu'il
ne pratiquait pas. Il avait en outre
compose' un cantique sur le jugement
dernier , et un poème sur le triste
état de la Grèce. Ce prince avait eu
un enf.int de chacune de ses trois
premières femmes , mais ils mou-
rurent tous trois en bas âge ; il laissa
de Zoé Carbonoj)sine, Constantin qui
lui succéda , et Eudocie dont on ne
connaît que le nom. L-s-e.
LKON I*^"". , quatrième prince de
la race des Rhoupenians , qui ré-
gnaient sur les Arméniens établis en
Cilicie, était fils de Constantin l^r. ,
et succéda, en 1 1^3,3 son frère aîné,
rhorosou Théodore. Avant de mon-
ter sur le troue, il s'était déjà acquis
une grande célébrité par les victoires
qu'il avait remportées sur les Musul-
mans. En l'an iiio, les Turcs de
l'Asie-Mineure firent une invasion
•cpliime qui était Jern<;iiië in^ilit Iluuii*rc«t«
Jimi <l« l'empereur Ijfon , rin^t-iept *itr« rélro-
k'a.le» , en çrtc, dans les Excerpla grcec rhet,
I' Léo Ar*'iiu, Rome, 1641, in-8'. , pag. 398.
(i") De* •oi«ante lirrei de» Baiilt^uii* , P«-
bfût en publia quarante-sept, «n 1G47 ( F'ojte
Fasrot ). On en a depuis retrouré quatre ( d«
♦9 * **); Reili le* a publics arec la rertion d«
R<it>,,k«nius , sous ce titre: Operis basilic fi-
*r9timrH tmppUmentum, l^j<iê , 176S, in-fel.
I-KO 143
dans la Cilicie; Theros , elfrayc de
leur grand nombre, se retira dans
une (le ses forteresses , laissant à
son frère le soin de les combattre.
Léon se joignit alors à deux autres
princes arméniens, Tigrane et Abla-
sath , et marcha au - devant des
ennemis avec des forces bien infé-
rieures. Le combat fut long et opi-
niâtre j les deux princes alliés de
Léon restèrent sur le champ de
bataille; mais à la fin les infidèles
furent vaincus et contraints de sortir
de la Cilicie , d'où ils se portèrent
vers la wSyrie. Son frère étant mort
sans enfants, il lui succéda sans con-
testation, et il s'empressa de signaler
le commencement de son règne par
des victoires sur les Grecs , éter-
nels ennemis des Arméniens. Il le'jr
prit d'abord Messis ou Mopsueste;
puis il s'avança jusqu'à Tarse, et
reconquit toutes les forteresses qui
avaient été enlevées à son frère. Il
passa de là en Syrie , où il joignit
ses forces à celles de Roger , régent
d'Anlioche , qui assiégeait Azaz. La
ville fut bient(3t prise, et Léon revint
dans ses états chargé d'un grand bu-
tin. Ce prince continua , pendant le
reste de son règne , à prendre une
part très-aclive dans les démêlés de
ses voisins; il porta plusieurs fois
ses armes dans la principauté d'An-
tioche, où il fit la guerre à Baudouin,
roi de .férusalem , qui en était le
maître. La paix ne fut rétablie en-
tre eux que par la médiation de
Joscelin, comte d'Edesse; et ils fi-
rent, de concert, la guerre contre
les Grecs. Les nouvelles conquêtes
de Léon le rendirent de plus en pFus
redoutable à ces derniers , qui crai-
gnirent de se voir chassés de la Ci-
licie et de risaurie. L'empereur
J. Comnèue leva une puissante ar-
mée , et se mit eu marche pour l'ai-
i44
LEO
1er combaltre en personne. Le'on se
sentant trop faible pour lui résister,
et étant d'ailleurs abandonne par
tons ses allies , prit le parti de se
réfugier dans les montagnes : l'em-
pereur se rendit donc , presque sans
coup férir , maître des principales
villes de laCilicie. Anazarbe, seule,
lui résista pendant plus de deux
mois. Peu après , Léon , poursuivi
jusque dans le sein des montagnes ,
fut amené à l'empereur , avec sa
femme et deux de ses fils; les autres
e'taient à Edesse. Quand ce prince
l'eut en sa puissance ( 1 1 87), il laissa
en Cilicie un corps de douze mille
hommes, et emmena toutes les trou-
pes arméniennes, avec Léon qu'il
conduisit à Gonstantinople : Léon fut
traité avec beaucoup d'égards dans
sa. captivité , où il mourut en 1 1 4 1.
Son fils aîné , Théodore ou ïhoros ,
parvint à s'échapper, et remonta sur
le trône , en 1 1 44- S. M-n.
LÉON II, surnommé le Grand,
petit-fils du précédent , succéda , en
1 185 , à son frère aîné Rhoupen II.
A peine fut-il monté sur le troue ,
qu'il déclara la guerre à un émir
Turcomau appelé Roustam. Les ré-
sultats en furent heureux pour les Ar-
méniens ; car une grande quantité de
forteresses , sur les côtes de la mer ,
dans les montagnes duïaurus, etsur
les frontières de Syrie, restèrent en-
treleurs mains. Peu de temps après,
l'empereur Frédéric Barberousse, àla
tête d'une armée de croisés qui mar-
chait pour reconquérir Jérusalem, pé-
nétra dansl' Asie Mineure : épuisé par
les nombreux combats qu'il avait été
obligé de soutenir contre les Turcs ,
il ne put parvenir qu'avec une armée
bien affaiblie sur les frontières de la
Cilicie. Léon II se hâta de se mettre
à la tête de ses forces pour aller se
JQJQclre à ce prince j mais U fut pré-
LEO
venu par la mort de l'empereur qui
se noya dans la rivière de Seleucie.
Léon s'empressa de prodiguer à
Conrad , fils du malheureux Fré-
déric, toutes les consolations qui
étaient en son pouvoir. Conrad sé-
journa quelque temps à Tarse , et
continua ensuite sa marche vers la
Palestine , avec les débris de son
armée. En 1197 , Léon qui avait
considérablement agrandi la sou-
veraineté qu'il avait reçue de ses
pères , envoya des ambassadeurs au
pape Célestin III , et à l'empereur
Henri VI , pour leur demander la
permission de porter le titre de Roi ,
qui lui avait été promis par l'empe-
reur Frédéric Barberousse. On le lui
accorda sans difficulté. Conrad, ar-
chevêque de Maience , fut charge
de lui porter le diadème et de le cou-
ronner en présence des grands de la
nation. Le patriarche Grégoire le
sacra ensuite, le 6 janvier 1198.
Pour augmenter encore sa puissance ,
comme il était veuf, il épousa la
sœur de Gui de Lusignan , roi de
Cypre. Peu après, en 1201 , Kaï-
kaous , sulthan d'Iconium , fit une
invasion dans la Cdicie, où il s'em-
para de quelques châteaux ; mais
bientôt Léon reprit l'avantage, pé-
nétra dans la Lycaonie , et força
Kaikaous de faire la paix. Ce prince,
pour éviter le ressentiment d'un de
ses frères , vint ensuite chercher un
asile à la cour de Léon, et implora sa
médiation. Ce roi joignit à ses états
la principauté de Lampron, possédée
depuis plus d'un siècle par une fa-
mille arménienne , rivale de la sienne
et toujours alhéedes Grecs : le res-
te du règne de Léon est rempli par
ses guerres avec les musulmans de
Syrie et de l'Asie-Mineure, ainsi que
par celles qu'il soutint contre le
comtede Tripoli et d'autres seigneurs
Î.EO
.^ncs qui TonUieut l'empêcher de
•intrnirduis L prinrijiaulp d'An-
ii:he, Khoupon , (ils d'une lille de
Ml frère. Le rcsullat de cetle der-
1 re c\pe«lition fut heureux pour
Léon, et Rlioiipen ri^^iia dans Antio-
• lie. Léon mourut après un règne
uloricux de trcntc-cpiatre ans , en
i >. 1 9, ne laissant pour hèriticrcprunc
lille, appelée Zabel ( ou Isabelle ) ,
(lui fut proclamée reiuc à sa place.
S. M-if.
LÉON III , roi d'Arménie , fils de
Haython ou Hethoun P'. , monta
>ur le trône d'Arménie en r^tiç). Pen-
dant le rcf;ne de son père il avait eu le
commandement de toutes les forces
du royaume. En l'an 12GG , les INla-
meloucks d'Egypte (ireut une inva-
sion en Cilicie, où ils mirent tout
feu et à sang. Léon rassembla
loutesles troupes qu'il put trouver,
et vint attaquer les ennemis charges
des dépouilles de ses sujets. Ses forces
étaient bien inférieures; ce prince
voulut y suppléer par sou courage;
plusieurs fois il fut sur le point de
mettre les Mamelouks en fuite : il leur
disputa la victoire avec le plus^ grand
acharnement ; mais à la fin ses trou-
pes avant ëtè mises on déroute , et
son frère Théodore ayant été tué , il
fut forcé de se rendre prisonnier. Les
vainqueurs l'emmenèrent en Egypte,
où ils le traitèrent avec distinction.
Sou père, pour obtenir sa délivrance,
fut obligé de céder , l'an i '268 , tou-
tes les forteresses de ses états si-
tuées entre le fleuve Djéhan et la
^vrie. Peu après, eu laOQ, Haythoa
al)diqua la couronne eufaveur de son
(ils, it se rôtira dans un monastère.
V 'lit les premières années de son
i , L annc s occupa quederé-
[' ■ Li maux causés par l'invasion
1! v| '.cns ; il fit rebâtir les mo-
i; les église» qwi ayaicut ttf?
LEO 145
ruine's, fit environner de murs la ville
de Sis , sa capitale, pour la mrltre à
l'abri d'un coup do main , et y fit
construire de magnifiques palais. Eu
i'274> les Égyptiens, appelés par
quelques rebelles , revinrent en Cili-
cie, où ils commirent encore beau-
coup de ravages; mais ils lurent
bientôt chassés, et contraints de fairo
une paix honorable pour les Armé-
niens. En i'27f), Léon alla à Tau-
riz , à la cour d'Abagha , empereur
des Mongols , et y renouvela les
traités faits avec son père. En
i^.-jy, Abagha envoya son frère
Mangou-Teraour , avec une puissante
armée, pour combattre le sultan
d'Egypte Kelaoun , et faire la con-
quête de la Syrie. Le roi de Géorgie
Démétrius II , le roi d'Arménie,
et un grand nombre de princes de
la grande Arménie , se trouvèrent à
cette expédition. Les alliés , d'abord
vainqueurs , pénétrèrent jusqu'à E-
messe , où ils furent défaits j)ar suite
de l'incapacité de Mangou-Teraour,
qui fut réduit à repasser honteuse-
ment l'Euphrate. Léon , après s'être
distingué par son courage , ramena
avec peine, dans son royaume, les dé-
bris de son armée; et il s'occupa aus-
sitôt de mettre ses états en défense
contre les Mameloucks, dont il avait
à redoulci' la vengeance , et qui , ce-
pendant, le laissèrent en paix jusqu'à
sa mort , arrivée au commencement
de l'an 1289. Son fils Haytbon II
lui succéda. S. M-n.
LEON IV, fds de Théodore III,
succéda eu 1 3o5 , à son oncle Hay-
thon II, qui abdiqua en sa faveur, et
qui continua de dliiger les affaires ,
parce que son neveu était enoorc
fort jeune. Ce prince n'en montra
pas moins une sagesse et une matu-
rité qui lui concilièrent l'amour de
iQi sujets ; I9ais il o'cut pas le temps
ï45 LEO
de rendre à sa patrie tous les services
qu'elle avait droit d'en attendre. Bi-
larghou , gênerai mongol , qui com-
mandait dans l'Asie-Mineure , entra
dans la Cilicic en i3o8, se rendit
maître de la personne du roi , ainsi
que de son tuteur Haython ^ et les fît
massacrer tous deux. S. M-n.
LEON V , fils d'Oschin , trère de
Haytlion II , monta sur le trône en
l'an i3:io, après la mort de son père,
n'étant âge que de dix ans ; Oschin ,
prince de Gorigos, qui épousa la
veuve du dernier roi , filte du roi de
Cypre, fut déclaré re'gent du royaume.
Le règne de Léon V ne fut qu'un
long enchaînement de malheurs. Les
discordes civiles , les invasions des
Mameloucks, des Tatars et des
Turkomans, réduisirent à la der-
nière extrémité les Arméniens, qui ne
cessaient d'appeler vainement à leur
aide les chrétiens de l'Occident. Ils
s'adressèrent aussi aux princes des
Mongols de Perse , leurs anciens
alliés ; et en \Z'iZ , le sultan Abou-
Said renouvela les traités faits autre-
fois avec eux , et leur fournit contre
les Égyptiens , quelques faibles se-
cours , qui ne leur furent pas d'une
grande utilité. En i33o, Léon se
Brouilla avec son tuteur : soutenu par
les Lusignan , ses parents du côté de
sa mère , il attaqua Oschin , le vain-
quit, et le fit mourir ainsi que beau-
coup d'autres Arméniens : il donna
leurs biens à ceux qui l'avaient se-
couru ; ce qui mécontenta beaucoup
ses sujets. En i335 , les Égyptiens
firent une invasion en Câlicie : sans
moyens de leur résister, Léon fut
obligé de se réfugier dans des mon-
tagnes inaccessibles , pendant que
l'on ravageait son royaume presque
sous ses yeux. Vainement il envoya
une ambassade au pape pour lui de-
mander de l'appui j il ne put rie«
LEO
en obtenir , et il ne revint dans ses
états , que quand les infidèles , las de
pillage , s'en retournèrent en Syrie.
Léon mourut en \ol\'i , après un rè-
gne malheureux de vingt-deux ans.
Il ne laissa pas d'enfants , et il fut le
dernier prince delà ligne masculine
desRhoupenians. Les grands de l'Ar-
ménie choisirent Jean de Lusignan
pour le remplacer. S M-n.
LEON yi , prince de la maison
des Lusignan de Cypre , fut procla-
mé, en 1 365 , roi d'Arménie , après
un interrègne de deux ans. Il fut le
dernier monarque qui porta la cou-
ronne d'Arménie. A peine était-il sur
le trône que les Egyptiens entrèrent
dans la Cilicie : pour s'opposer à
leur marche , il envoya à leur ren-
contre son connétable Libarid, qui
fut vaincu et tué, après avoir com-
battu avec beaucoup de courage.
Léon demanda la paix au sultan des
Mameloucks , qui ne la lui accorda
qu'au prix de grandes sommes d'ar-
gent : mais ensuite , informé que
Léon avait envoyé des ambassadeurs
en Europe, pour en tirer du secours ,
le sultan résolut d'anéantir le royau-
me d'Arménie. Le général Schahor-
Oghli entra aussitôt dans la Cilicie ,
avec ordre de poursuivre le roi jus-
qu'à la dernière extrémité; il pénétra
sans difficulté dans ce royaume ; la
capitale Sis fut prise et brûlée en
1 3^ ijLéon, et son connétable Scha-
han , prince de Gorigos, furent vain-
cus j le roi , qui avait été blessé dan*
cette bataille , se réfugia dans des
montagnes inaccessibles , où il se tint
long-temps caché, et on le crut mort :
mais en 1 3-^3 , il revint dans la ville
de Tarse , dans le temps quesa femme
Marie allait épouser Othon , duc de
Brunswick , qui devait être couronné
roi d'Arménie. Léon, rétabli dans
ses drpits, chercha encore à entamer
^t% négociations «vec le sultan d'E-
ç;vptc,qin , sûr du rosidtal de celte
lutte inégale , ne voulut entendre au-
rune proposition. La guerre reeorn-
inenva , en i374> ^^ec une nouvelle
fureur : toutes les villes et les châ-
teaux qui restaient au roi furent pris
successivement , et ce prince fut con-
traint de s'enfermer dans la forteresse
de Gabar , avec sa femme , sa fille et
le connétable Schahan. Ils y soutin-
rent un siège de neuf mois , et furent
obliges , par le manque de vivres , de
se rendre prisonniers, en 1 375. Léon
fut conduit , avec sa famille , à Jéru-
salem , et de là au Caire , où il resta
(■aptif environ six ans. En i38i , il
obtint sa délivrance parla mc'diation
de Jean I*'"., roideCastille; il passa
alors en Europe, alla d'abord à Rome,
nuis en Espagne , à la cour de son li-
bérateur , d'où il vint en France au-
près de Charles V^ Il tenta d'engager
ce prince , ainsi que le roi d'Angle-
terre , à le rétablir dans ses états , et
fit , dans cette vue, plusieurs voya-
ges en Angleterre , pour négocier la
paix entre les deux rois. Il ne put
réussirdans son projet. Le roi d'An-
gleterre lui accorda une pension de
vingt mille marcs , tandis que le
roi de France lui donnait cinq
( ents livres par mois. La plupart
les autres princes de l'Europe en
agirent de même à son égard , de
sorte qu'il devint plus riche qu'il ne
l'avait jamais été sur son trône. Il
avait fixé sa résidence à Paris , où
il mourut le 9.9 novembre i393,
*t il fut enterré dans l'église desCé-
lestius; son tombeau se voyait encore
il y a peu de temps au Musée des
Pelits-.'Vugustins. S. M-w.
LEON ( Jean ), surnommé l'A-
fricain , géographe arabe du seiziè-
me siècle, étiit né à Grenade , où sa
f«<millc tenait un rang distingué par-
LEO li^
ta'i les Maures. Son nom ëtait j^Uia-'
San ehn Mohammed alvazas alfasi.
Quand sa patrie , dernier boulevard
de la puissance des Maures en Es«
pagne, fut assiégée, en 1 491, ses
parents l'emmenèrent encore enfant
en Afrique. 11 reçut une éducation
soignée à Fez, qui était alors la mé-
tropole des sciences dans cette par-
tie du monde. A l'âge de seize ans ,
il suivit son oncle, qui alla, comme
envoyé du roi de Fez, vers le roi de
Tombut, et ne revint que quatre ans
après. Il fit ensuite d'autres voyages
dans la partie occidentale du nord de
l'Afrique et en Barbarie, tantôt com-
me chargéd'aflàircs de différents prin-
ces , tantôt comme voyageur curieux :
il traversa l'Atlas, le grand désert; vit
aussi l'Arabie , la Perse, la Tartarie,
l'Arménie , la Syrie et l'Egypte. Il
revenait de ce dernier pays pour la
seconde fois , après être allé de Fez
à Constantinople : le navire sur le-
quel il était embarqué fut pris par
des corsaires chrétiens près de l'île
de Zerbi , sur la côte de Tripoli , en
i5 17. Mené à Rome, on fit don de
sa personne au pape Léon X. Ce pon-
tife, ami des lettres, n'eut pas plu-
tôt reconnu dans l'esclave arabe un
homme savant et d'un caractère ai-
mable , qu'il l'accueillit avec une
bienveillance distinguée , et lui ac-
corda une pension considérable. Il
le fit instruire dans la religion chré-
tienne , fut son parrain , et lui donna
ses deux noms. Jean Léon fit ensuite
son principal séjour à Rome, et fré-
quenta aussi Bologne;il apprit l'italien
et le latin, et ouvrit un cours de langue
arabe. Son disciple le plus célèbre
fut Gille Anlonini , cardinal , évéque
de Vilerbe et général des Auguslins.
On n'a rien de bien certain sur ce
(fu'il devint après la mort de Léon X,
Il paraît que, négligé parles succès-
10..
i48 LEO
seurs de ce ponlife , il forma le des-
sein de retourner eu Afrique, On lit,
il est vrai , dans Ramusio , qu'il resta
à Rome, et qu'il y mourut j mais ce
passage ne se trouve que dans la
quatrième édition , pid)liee en 1 588,
trente ans après la mort de l'auteurj
tandis que dans la seconde e'dilion ,
qui parut en 1 554 , Ramusio dit sim-
plement que Jean Le'ou vécut long-
temps à Rome. D'ailleurs, J. A.Wid-
mandsladt , savant orientaliste alle-
mand , du seizième siècle , atlirme
que Jean Léon s'était retiré à Tunis,
où il avait fait de nouveau profes-
sion du mahométisme. « J'ai eu
» deux fois l'intention, ajoute Wid-
î) manstadt, d'entreprendre le voya-
» ge d'Afrique , pour/ profiter de
» l'entretien et des lumières d'un
ï) li^mme si docte ; mais des évé'
» nements inattendus m'ont empê-
)) elle d'elfectuer ce projet. » On peut
s'en rapporter sur ce fait au témoi-
gnage d'un lîomme aussi grave j et
l'on doit regretter de ne rien appren-
dre de plus. Voici les ouvrages de
Jean Léon , dont on a connaissance :
L Description de V Afrique. Elle
avait d'abord été composée en arabe;
et , suivant Ramusio, l'auteur la por-
tait avec lui quand il fut pris. On lit
quelque part, que le manuscrit arabe
se trouvait dans la bibliothèque de
Vincent Piiielli ; mais on ignore ce
qu'il est devenu. Ramusio nous ap-
})rend que ce fut ce livre qui attira
'attention de Léon X sur Jean Léon,
et que ce pontife l'invita à le traduire
en Italien. Celui-ci se mit à l'ouvrage
dès qu'il eut acquis une connaissance
sullisante de cette langue; mais il
ne l'acheva qu'en 15^6, quatre ans
après la mort de son bienfaiteur.
Jean Léon traduisit aussi bien qu'il
put , dit naïvement Ramusio ; mal-
gré ses efforts, sa version est remplie
LEO
de fautes de grammaire. Le raanus-^
crit s'égara, et resta inconnu jus-
qu'en i55o. Un heureux hasard le
fit tomber alors entre les maius de
Ramusio, qui pensa avec raison qu'il
ne pouvait mettre un morceau plus
précieux en tête du Recueil dévoya^
ges et de navigations dont il allait
publier le premier volume. Il fil tous
ses elforts pour corriger les fautes j
mais il en est resté beaucoup. C'est
cette description qui a fait surnom-
mer Jean héon^V Africain. L'éditeur
annonça qu'aucun écrivain n'avait
décrit cette partie du monde avec
autant de détails, d'exactitude et de
vérité. Ce jugement ne fut contredit
par personne : on désirerait pour-
tant que cet ouvrage offrît plus de
liaison et d'enchaînement dans le
récit des faits, et plus de précision
sur les lieux et leurs distances. Mai-
gré ces défauts, c'est un monument
d'un prix mfini. Tous les auteurs qui
ont parlé de l'Afrique après J. Léon,
ont profité de son livre. De nos jours
même , il n'a guère perdu dans l'opi-
nion des géographes; car pour plu-'
sieurs pays de l'intérieur de cette
partie du monde, il est le seul écrit
original auquel on puisse avoir re-
cours. Marmol l'a copié le plus sou-
vent sans le citer ; Dapper , au con-
traire, reconnaît hautement qu'il a
été pour lid d'un grand secours ; en-
fin Bruns , dans sa description de
l'Afrique, et Hartman, dans son ex-
cellent travail sur Edrisi , ont em-
ployé avec succès les matériaux
que leur a fournis Jean Léon , et
rendu justice à son mérite. « Il
» connaît parfaitement , dit Bruns ,
» la langue , les mœurs , l'histoire^
» la géographie , l'histoire naturelle
» des pays qu'il décrit; on en est dans
» l'admiration , et l'on ne peut que
» lui assignei' mi rang honorable
LEO
» parmi les bonîs voyageurs ; il an-
» nonce plus triustruclion , cl bien
w inuius lie penchant à la supersli-
w tion el à la creiiulite , que la plu-
» pari des écrivains de son tcinj>s. »
Jean Léon promit qu'à son retour
d'Europe en Afrique, il écrirait ses
voyaj;es dans les autres parties du
monde ; il paraît que les circons-
tances l'ont empêche de tenir sa pa-
role. Jean Florins , recteur à Anvers,
traduisit sou ouvrage en latin , sous
ce titre: Joanms Leonis Africain de
iotius Africœ descriplione , lib. ix;
Anvers , 1 55(j , in- 1 2 ; ibid. 1 558 ,
in- 1 i; Zurich , 1 559 > ^^" ' '^j Leyde,
El7.evir, i63'i: celte édition, la plus
jolie de toutes, est la plus souvent ci-
tée. Florins a mal compris le sens de
beaucoup d'expressions italiennes.
Il a rendu plus obscur ce qui l'était
déjà ; enfin , son style latin est
rempli de fautes , dont on n'aurait
p^s cru capable un recteur du sci-
rièrae siècle. La traduction française
est meilleure ; elle est intitulée : Des-
cription de l'Afrique , tierce partie
du monde , écrite de notre temps ,
pur Jean Léon Africain, première-
ment en languie arabe , puis en tos^
cane, et à présent mise en français.
Elle se trouve en tête d'un Recueil de
voyages, traduits de l'italien par
Jean Temporal, et tires , la plupart,
du premier volume de Ramusio.
Lyon, i556, i vol. in-folio. Cette
traduction parut séparément , An-
vers, i556, in-isi. V Afrique de
Jean Léon a aussi ëtë traduite en
anglais, Londres , 1600 , iji-4**» , et
eu hollandais , Rotterdam , i6(i5 ,
in - 4**. : ^G n'est qu'un extrait.
Lorsbach a traduit ce livre en
allemand , Herborn , i8o5 , in-S'*,
Celle version est faite sur l'original
italien , enrichie de notes, et précé-
dée d'une préface que l'on peut cou-
LEO î49
sidérer comme un très-bon mémoire
sur Jean Léon et ses ouvrages.
Ce volume a un premier titre
qui l'annonce comme le commence-
ment d'un recueil d'anciens voyages.
IL Ln petit livre en trente cha-
pitres sur les savants célèbres ,
c' est-à-dire yles médecins et les phi-
losophes qui ont écrit en arabe. C et
opuscule était sans doute en arabe ;
on n'eu a qu'une version en latin bar-
bare et souvent inintelligible. Elle a
clé publiée par J. H. Holtinger sur
une copie de Florence , dans son Bi-
hliotliecarium quadripartitum , et
ÏfarFabriciusdaus le tome xiii de sa
)iblioibèquegrecquc.Gasiri attribue,
on ne sait par quel motif , cette ver-
sion à Holtinger. li'extreme incor-
rection du style fait croire qu'elle
est plutôt de Jean Léon lui-même.
IIL Vocabulaire arabe et espagnol;
les trois premières feuilles contien-
nent des mots hébreux et arabes ; les
sept suivantes , des mots arabes et
latins. Jean Léon récri\'it à Bologne,
pour un médecin juif : c'est bien peu
de chose. Il est coté n». 59 parmi
les manuscrits de l'Escurial. \\. Ex-
trait des chronifjues mahométanes ,
souvent cité dans la Description d»
l'Afrique. Ramusio dit que Léon
avait composé beaucoup d'ouvrages
historiques. V. De la religion ma-
hométane. \ I. Grammaire arabe,
Ramusio nous apprend qu'un Juif de
sa connaissance en avait un exem-
plaire. \IL Un traité de la rhéto-
rique arabe. VÏII. Poésies arabes.
IX. Becueil d*épitaphes arabes,
Jean Léon les rassembla dans ses
voyages en Barbarie , et fit présent
de ce livre à un prince de Fez, poiu*
le consoler de la mort du roi, son
père. On ne connaît ces divers ou-
vrages que par le témoignage de l'au-
teur, qui les cite daus sa Description
[5o
LEO
de l'Afrique. On peut voir Casiri ,
Blblioih. arah. flisp. tom. i,p. 17*2,
et la notice sur Jean Léon par Bruns,
ddiisles Ephémérid. géogr. deZach,
1801 , toni. I, p. 309. E-s.
LÉON ( Pierre Gieça de )
passa d'Espagne en Amérique , à
î'age de treize ans , y e'tudia avec
soin les mœurs des habitants du
Pérou , et en composa une histoire
curieuse, dont la première partie
parut à Sëville , en i553 , in-f». ,
en espagnol; et à Venise, i555 et
en 1557, i'^'^^" ^^ italien. Cet ou-
vrage estime' nous donne une étran-
ge ide'e des mœurs corrompues des
peuples dont il contient l'histoire.
— LÉON ( Louis de ) , Aloysius Le-
gionensis , fils d'un gentilhomme
castillan, naquit en 1527, proba-
blement à Grenade , et entra , en 1 543,
dans l'ordre des Augustins , dont il
devint vicaire-géne'ral et provincial.
Il dressa les statuts pour la réforme
qu'il fut un des premiers à y intro-
duire , et mourut à Madrigal , le '2 3
août 1591. Il était très-savant dans
le grec et dans l'hébreu. Un de ses
amis , qui n'entendait pas le latin ,
l'ayant prié de lui traduire en langue
vulgaire le Cantique des cantiques ,
les inquisiteurs en saisirent une co-
pie , et arrêtèrent l'auteur , qui fut
détenu pendant cinq ans dans les pri-
sons du Saint-Office , où il donna des
exemples héroïques de patience et
de grandeur d'ame. Son innocence
fut enfin reconnue , et il rentra dans
sa chaire de professeur à Salamanque.
Ses ouvrages sont:L La Traduction
du Cantique des Cantiques^ avec un
petit Commentaire dont il l'avait
-accompagnée, le tout traduit en latin
par lui-même, Salamanque, 1589.
ÎL De utriusque agni tfpici ac veri
immolationis legitimo tempore , ib.
l^i^o , Madrid , i6o4 , in-4«. Le P.
LEO
Daniel a traduit cet ouvrage en fran-
çais , sous ce titre : Traduction du
système d'un docteur espagnol y sur
la dernière pdque de J.-C. , avec
une dissertation sur la discipline
des quarto-décimans , Paris , 1693 ,
in- 12. IIL De prohœ matris-fami-
liœ officio. IV. De diuinis nomi-
niuus. V. Un Commentaire sur le
psaume xxvi. VL Uji recueil de
poésies espagnoles , foît estimées,
Fr. de Quevedo les pulîlia le premier
à Madrid , 1 63 1 , in- 1 6 , sous ce titre :
Obras proprias y tradnciones la-
tinas , griegasy italianas ; mais la
meilleure édition est celle qu'a don-
nécD. Grég. Mayans, Valence , 1 76 1 ,
in-S'*. , précédée d'une Vie de l'au-
teur. T-D.
LÉON de Byzance , né dans
cette ville , se forma à l'école de
Platon. Ses talents pour la politique
et pour les affaires , le firent choisir
par ses compatriotes pour aller vers
les Athéniens et vers Philippe , roi
de Macédoine , en qualité d'ambas-
sadeur. Ce monarque ambitieux , dé-
sespérant de se rendre maître de
Byzance , tant que Léon serait à la
tête du gouvernement , fit parvenir
aux Byzantins une lettre supposée ,
par laquelle ce philosophe promet-
tait de lui livrer sa patrie. Le peu-
ple , sans examiner , courut furieux
à la maison de Léon , qui s'étrangla
pour échapper à la frénésie de la po-
pulace. Cet illustre infortuné laissa
plusieurs écrits d'histoire et de phy-
sique ; mais ils ne sont pas parvenus
jusqu'à nous. Il florissait , vers l'an
35o , avant J.-G. On l'a confondu
quelquefois avec un Léon de Carie ,
auteur de divers ouvrages d'histoire,
qui sont perdus. T-d.
LÉON de Marsi, en Italie , dans
le douzième siècle , moine du Mont--
Gassin , cardinal , évêque d'Oslie ,
T.EO
m m posa les Chroniques du Mont-
l'nssin, qui, m ycompiTiianl le qiia-
Irièmr livre fait par Pierre Diacre,
vont depuis saint Benoît jusqu'en
1 1 38. Cet ouvrage est trcs-cstimc ,
parée que les faits en sont tirés des
archives de ce célèbre monastère; il
a été imprime à Paris , en i6o3 et
if)68, in-fol. , avec la Chronique
d'Aimoin. Ou le trouve aussi dans
Muratori. T-d.
LÉOX de' ModÈne, dont le nom
Îiroprcest .îuda .^n<?,rilsd'Isaac,cé-
èbrc rabbin, néàModcnc vers l'an
1.574^ se distingua dans la poésie hé-
braïque et dans la poésie italienne.
Dès rage de quatorze ans , il com-
Sosa un poème hébreu en l'honneur
e sou maître, le rabbin Moïse. De-
puis cette épr»qiie , ses compatriotes
n*ont rien fait de remarquable qu'il ne
l'ait chanté dans ses vers. Il alla se
fixer à Venise , dont il dirigea long-
temps la synagogue. Les ouvrages
imprimés et manuscrits qu'il a laissés
sont en grand nombre, ainsi que les
éditions qu'il a soignées. Il mourut
à Venise, en i654, âgé de 80 ans. On
a de lui : I. Biblia hebrœa rahbinica,
Venise, 1610, 4 vol. in-fol. Cette
édition renferme le Targum , la
grande et la petite Massore, les com-
mentaires des Rabbins, et toutïce qui
se trouve dans les premières éditions
de Bomberg; mais il y a plus de
trois cents corrections. Elle fut sou-
mise à la censure des -inquisiteurs. II.
Novo Dittionario hehraico et ita-
//ano, Venise, 161 2, in-4**. ; seconde
édition, plus correcte et plus ample,
Padoue, i04o, in-4''. Léon de Mo-
dène s'était proposé de donner une
traduction italienne de l'ancien Tes-
tament à l'usage des juifs et des
chrétiens; mais l'inquisition s'étant
opposée à son dessein , il tâcha d'y
suppléer parce diclionuaire. ( rojr.
LEO
i5i
sur les deux éditions qui sont égale-
ment rares, Richard Si m ou ^ Lettres
choisies , tome r»^. et Bibliothèque
choisie, t. v. ) III. Pi Ariè (Bou-
che de lion ); c'est un supplément à
l'ouvrage précédent , imprimé dans
l'édition de Padoue. IV. Désert de
Juda, Venise, 1598 , et 1602 , in-
4**. C'est un recueil de discours qui
ne manquent pas d'élégance. V. //is-
toire de la Pdque , en italien, carac-
tères hébraïques avec le texte he'breu
à coté; suivie de quelques hymnes ,
Venise , 1609 , in-fol. \ I. Caph na-
chath, Mischna , avec de courtes ro-
tes, et une lettre, Venise, i6'25,in-8».
et Constantinople , avec les points-
voyelles. VIL Éviter le mal: c'est
le titre d'un dialogue sur les jeux de
hasard; un des interlocuteurs les ap-
prouve, et l'autre les condamne, Ve-
nise, 1 59.5, in-80. ; ibid. , 1 0 1 5 ; Wit-
temberg, 1 665 , in-4*'. , avec une ver-
sion latine et des notes d'Auguste
Pfeiffer; enfin, Leipzig, i656, in-S*».,
avec une traduction allemande d'un
juif devenu chrétien , nommé Fré-
déric-Albert, sous ce titre : Lusor
doctiis sed non conversus. VIII. Re-
jeton de justice, Yenisey 1 585,in-8<*. :
livre de morale oii sont contenus des
préceptes excellents pour bien A-ivre,
avec des apologues et des figures.
IX. Secret des justes : cet ouvrage
renferme cent secrets de la nature, et
quarante énigmes avec leur expo-
sition et explication, Venise , 169^ ,
in-4''. ; Francfort sur le Mein , i6r)'t ,
et ailleurs. X. Maisonde Juda, table
des matières du livre intitulé ; En
Israël, Venise, 1625, in-fol.; mutilé
par Josias Pinto dans le Sepher
Mèor enàim, i643. XL Maison du
pain de Juda , table des matières
par ordre alphabétique , du livre in-
titulé ZiccaronthorahMoscfte, Ve-
nise, 1O28, in-foL XI L Cœur de
l52
LEO
lion, par allusion à son nom (i),
"Venise , i6i7,in-4°. Dans œt ou-
vrage , Léon deModcne traite de la
mémoire aiiifirielle et de la manière
d'apprendre tonte sorte de sciences.
Xlîf. Historia clegli riti hehraici,
dove si ha brei^e e total relatlone
di lutta la vita^, costumi, riti, e
osservanze degli hehrei di questi
tenipi , Paris, 1637 > P^"^ ^^^ soins
dcGafïarel, mais remplie de fautes;
1 638 , par les soins de l'auteur, avec
beaucoup d'augmentations et de cor-
rections. Cette histoire fut traduite
eu anglais , et imprimée à Londres,
i65o , in-8^. Richard Simon la tra-
duisit en français; et son ami,Frémont
d'Ablancourt , la fit imprimer avec
ime préface de sa façon, Paris, 1674,
in- 1^2. R. Simon donna une seconde
édition de sa traduction, plus ample
et plus correcte, Paris, i68r, in- 12.
Elle est préférable à l'original, à
cause du Supplément touchant les
sectes des Car dite s et des Samari-
tains, qui étaient presque inconnues,
et à cause d'une seconde partie , qui
a pour titre: Comparaisoji des céré-
monies des juifs, et de la discipline
de l'Église ; ai^'cc un Discours tou-
chant les dijferentes messes ou litur-
gies qui sont en usage dans tout le
monde. Elle est dédiée à Bos-
suet. L'Histoire des coutumes des
juifs, traduite en flamand , a été im-
primée à Amsterdam , i683, in-S^. :
la traduction latine est de Francfort,
1 693, in-i 2. Cet ouvrage n'a pas été
Inutile à Biixtorf, fils , pour donner
à sa Synagogue des juifs de plus
grands développements ; et s'il est
vrai que Léon de Modcne se soit
proposé de relever les défauts des
premières éditions de la Synagogue,
(i) La tribu de Tnda aTait un Jion pour em-
Vi»n«- Léon tl« IVIodène se nommiiiit Juda , «e
^ai^it a.u(^*i appeler Lioa (^Ari^).
LEO
et d'y suppléer, ses peines n*ont pas
été perdues. Les critiques ont remar-
qué quelques différences notables en-
tre les diverses traductions de Y His-
toire des coutumes des juifs. Cela
n'est pas étonnant ; les auteurs de
ces traductions n'avaient ni la même
croyance , ni les mêmes opinions.
XIV. Lehusèim ou Sjntagviata de
Mardochée Japhé , avec des notes ,
à la suite de la Misclina, n". YL
Voyez Bartolocci , Bibliot. Rahh. ,
et Wolf , Bihliot. Héb. L-b-e.
LÉON DE Saint - Jean , carme
réformé, et provincial de son ordre,
mourut en 1 67 1 , après avoir com-
posé plusieurs ouvrages de piété
et d'histoire ecclésiastique , dont les
principaux sont : Des Méditations du
saint amour de D.eu^ i6a3, in- 12.
— Vies et éloges du P. Yvon; de
Françoise d'Amboise , duchesse de
Bretagne; de la mère Marie de
Saint-Charles etc. — Journal de la
maladie et de la mort du cardinal de
Richelieu, i643. ■-- Histoire de
l'hostie miraculeuse de Paris , i653,
1-660. — Delineatio Eedonensis Car-
melitarum observantice, in-4*'. — La
France convertie , ou la Vie de St.-
Denis l'aréopagite, avec un Abrégé
des antiquités de Montmartre , 1661,
in-8«. Ï-D.
LEON, diacre, né à Caloë, village
d'Ionie, vers le milieu du x^. siècle,
fut envoyé fort jeuneà Constantinople
pour y faire ses études. 11 s'y trouva
en 966 , le jour même que la popu-.
lace se révolta contre Nicéphore
Phocas,et il admira la fermeté que ce
prince opposa aux clameurs de la
multitude. Il paraît qu'il se destina
de bonne heure à l'état ecclésiasti-
que ; et il nous apprend lui - même
qu'il suivit l'empereur Basile II ,
dans la guerre contre les Bulgares ,
et (ju'il çtait diacvc iQrsque ce priuçç
LEO
pssnva, PII 981 , une dcfaito totale, en
M- rrtirant de la ville de Friaditza ,
ipi'il venait d'assiéger. Léon ne dut
liii-niènie son saluf qu'à la vitesse de
>ou elieval. Nous lui devons une liis-
toiiT raisonncc des événements qui
>e sont passes sous ses yeu\ ( de
|) H) à 9'j5 ), et qui donne de grands
iLUaiIssurla jjncrrc que Sviatoslav,
u;rand-duc de Russie, fil aux Grecs
vers 9"! : c'est un supplément im-
]>orlint pour l'Histoire byzantine.
On y trouve des descriptions ani-
mées, des portraits qui ne manquent
p.jsde vcVilc; mais quand on en con-
^ld^re l'ensemble, on ne voit plus
que le style diffus et affecte' des rhé-
teurs du siècle de Thcodose. Il n'a ni
rclegancedeProcope, ni la clarté de
Jean d'Epiphanie, ses contempo-
rains, ni le style plein de chaleur de
VMeiiade. Son ouvrage est du
nombre des manuscrits grecs de la
bibliothèque royale de Paris. L'im-
]>ression qui en avait été commen-
rce sons Louis XIV, fut arrêtée par
la mort de l'éditeur (le P. Çombefis).
IM. Hase vient , de nouveau , d'eu
entreprendre la publication à l'im-
])riiiR'rie royale, en un vol. in-fol. ,
qui contiendra aussi le Traité de
Tactique, composé jwr ordre de
Niccphorc Phocas , un fragment de
l'Histoire de Jean d'Epi pbanie, et
le texte grec de la Lettre de Théo-
dose le grammairien sur la prise de
S^rracuc par les Sarrasins. L'im-
pression de ce volume était déjà
fort avajicée en 181 7. L'éditeur en
a donné une savante analyse dans
le lonii' VIII des Notices et Extr.
des 1/.VJ. C. T-Y.
TiÉON t>'Or'. iKTE, né dans cette
ville , au treizième siècle , domini-
cain suivant les uns, franciscain sui-
vaiil les autres, laissa deux Chroiii-
^iies ; l'une des papes , ^ui finit en
LEO i53
i3i4; Pantrc des empereurs, qu'il
avait termi^iée en i3o8. Il abrège
Martin le Polonais , et y ajoute plu-
sieurs faits tirés de divers autre»
écrivains. Son style se sent de la
barbarie du sii;cle, et sa critique, de
l'ignorance qui régnait alors ; cenen-
dant l'ouvrage est utile pour 1 his-
toire de son temps. Jean Lami l'a
tiré de la poussière des bibliothè-
ques, et l'a fait imprimer à Florence,
en 1737 , dans ses Deliciœ eriidi-
toruni , avec l'abrégé de Jean de l'Islc
De Gestis Francorum; il y a joint
de très-bonnes notes, des corrections,
et diverses pièces qui n'avaient pas
encore paru. T-d.
LÉON HÉBREU, autrement R. Juda,
fils d'Isaac Abarbanel , savant rab-
bin, naquit dans le royaume de Cas-
tille, aju'ès le milieu du quinzième
siècle. Chassé d'Espagne, par Ferdi-
nand et Lsabelle, en i^^i ^ il se
réfugia à Naples avec son père. L'an-
née suivante , Charles YIII , roi de
France, s'étant emparé de cette ville,
Léon alla fixer son séjour à Gènes ,
où il exerça long-temps la médecine
avec honneur. Nous avons de lui trois
dialogues , composés en italien , et
imprimés pour la première fois à
Rome, i535, in-4". ; et V'enise ,
i54i, sous ce titre : Dialo^hi de
amore composli per Leone, medico,
di natione liebreo et di poi falto
christiano. Les interlocuteurs sont
Philon et Sophie qui se débitent
force idées alambiquées et cabalis-
tiques. Ces dialogues , traduits en
latin , par Sarrazin , suivant Chr.
Wolf , furent d'abord imprimés à
Venise , 1 5()4 , et ensuite insérés
dans le premier volume de la Col-
lection des écrivains cabalistiques.
Cette traduction est très - élégance.
L'ouvrage de Léon hébreu a été tra-
duit deux fois eu espagnol ( F. le
t54 LEO
(litalogue de La Serna Santander ).
(les dialogues ont aussi trouve' deux
traducteurs français , Pontus de
Thiard , et le seigneur du Parc, dont
les traductions lurent imprime'es à
Paris , en i58o , in - i6. André
Carautiusaecrit contre ces dialogues,
lÂhro i^.de amore ^ cap. 3. Barto-
Jocci et d'autres pensent que les Dia-
logues iV amour oniélé d'abord com-
pose'sen latin ; mais l'italien offre des
marques certaines d'originalité. Q.
Bartolocci, qui connaissait Léon Hé-
breu, et qui était lié avec lui , faisait
un grand éloge de son esprit et de
son cœur. L-b-e.
LÉON le Grammairien^ l'un des
auteurs de l'Histoire Byzantine, n'est
connu que par l'ouvrage qui porte son
nom. Le P. Labbe conjecture que
c'est le même que Léon Asianus dont
parle Scylitzès ( Fojez la Biblioth.
Coisliniana , p. iio8 ), et que Léon
de Carie nommé par Gedrenus dans
la préface de sa chronique. Fabricius
partage ce sentiment, et il ajoute que
l'écrivain qui fait le sujet de cet ar-
ticle, pourrait être le même que Léon
le Grammairien , archevêque de Ga-
labre , dont on a une épître canonique
à un prêtre, nommé Jean, De u rore
antè ordinationem ducendd. Cette
épître a été publiée en grec et en latin,
par Cotelier, dans le tome m de ses
Ecclesiœ grœcce monument a. Quoi
qu'il en soit , il est certain , par la
inscription même de son ouvrage ,
que Léon le Grammairien le ter-
îtiinaPan ioi3. Son histoire est in-
titulée : Chronographia res à recen-
lioribus Imperatoribus gestas com-
pîectens. Elle comprend les vies de
Léon l'Arménien, de Michel le Bègue,
de Théophile, de Michel III, de Ba-
sile le Macédonien , de Léon le Phi-
I osophe,d' Alexandre et de Constantin
Porphyrogencte, et s'étend par con-
LEO
scqucnt , de l'anSiS â 929. Cette
histoire est e'crite d'une manière très^
succincte et avec beaucoup de simpli-
cité. Elle a été traduite en latin, par
Jacques Goar, et publiée à la suite de
l'histoire de Théophane , dont elle
est une continuation, Paris , impri-
merie royale, i655,in-fol. Cousin a
traduit en français l'ouvrage de Léon.
On a trouvé tant de ressemblance
entre l'histoire qui porte le nom de
Léon le Grammairien, et celle d'un
anonyme, continuateur de Théopha-
ne, que les critiques en ont conclu
que l'un de ces deux écrivains avait
fait son profit du travail de l'autre.
L'histoirede l'anonyme est intitulée:
Chronicon jussu Constantini Por-
phjrog. conscriptum. ; elle a été trad.
en latin, et publiée par le P. Franc.
Combefis,dans le Recueil qui a pour
titre : Historiée Byzantinœ Scripto-
res post Theophanem^ Paris , 1 685 ,
iu-fol. W-s.
LÉON - PINELO ( Antoiive ).
F^OJ'. PiNF.LO.
LÉONARD ( Frédéric ) , impri-
meur à Paris , fut d'abord associé
de Sébastien Huré, auquel il succéda
depuis dans la charge d'imprimeur
ordinaire du Roi: reçu le 27 février
i653 , il fut syndic de sa commu-
nauté eu 1 666 , et e^it aussi le titre
d'imprimeur du clergé. Il imprima
un grand nombre de livres , et par-
ticulièrement plus de trente volumes
de la collection des auteurs latins in
usum Delphini : l'un de ses enfants
nommé aussi Frédéric , fut reçu li-
braire en 1 688. — Marc- Antoine Léo-
nard DE Malpeines, fils de ce der-
nier, naquit à Parisiens avril 1700,
fut conseiller au Châtelet, et mourut
le 5 mai 1768. On a de lui .Essai sur
les hiéroglyphes des Egyptiens y tr^
de V anglais de TVarhurtoii, 1744»
2 vol. in- 12. Ses autres travaux sont
Li:o
tes manuscrits. — Llonard (Mar-
liii-Auguslin), autre (îls de Frédéric,
îi« à Paris le iS août i6<)6, em-
brassa IVlat ccclcMaslique, et mou-
rut le 4 janvier iri)S. 11 avait pu-
blié: \.Ilëfu(aUon du livredes Eègles
pour i intelligence des saintes Ecri-
tures ^ i-ji^, in- l'i. II. Traité du
fTts littéral et du sens mystique des
intes Ecritures , 17.^7 , in - i'^^
A. B-T.
LÉONARD ( Nicolas-Germain )
naquit, en 1744» ^ ^^ Guadeloupe, et
■vint fort jeune en France, où il fit ses
études. Il dut son talent pour la poé-
sie , et ses succè* dans le genre qu'il
adopta , à l'élude constante des
élégiaques latins , et des poèmes de
Gesner , qui venaient d'être traduits
en français et se trouvaient alors
entre les mains de tout le monde. Ses
idylles , seul titre qu'il ait à une ré-
putation durable et non contestée ,
sont remplies de passages imités de
Tibulle , de Properce et surtout de
Gesner , qu'il sut mcler avec beau-
coup d'art à ses propres idées. L'a-
[ mour des lettres n'étouffa point en
lui l'esprit des affaires. Le ministre
Chauvelin , son protecteur, le fit en-
' trerdans la carrière diplomatique, où
* il obtint, en 1 778, la place de charge
d'affaires de France à Liège. Ce fut
I us cette résidence qu'il composa les
Lettres de deux amans de Ljon, ro-
\ man qui eut beaucoup de vogue et fut
ï traduit en anglais et en italien. Il écri-
i vil aussi , pendant son séjour à Liège,
des Mémoires historiques sur les ré-
volutions de ce petit état ; ces mé-
moires n'ont pas été imprimés , et
Ton assure qu'ils ne méritaient pas
de l'être. Léonard , entraîné par le
désir de revoir la France, ou plutôt
par ce besoin de changement qui le
i>oursuivit toute sa vie, quitta Liège
' U diplomatie eu même temps ,
LEO
i55
et revint à Pads, qu'il quitta bien-
tôt aussi pour retourner à la Gua-
deloupe, où il ne put rester que peu
d'années. A son arrivée en France ,
en 1787 , il publia la quatrième et
la meilleure édition de ses ouvrages,
augmentée de la relation d'un Voya-
ge aux Antilles, du roman pastoral
iV Alexis, et d'un poème des Saisons^
3 vol. in-8°. Peu de temps après , il
repartit encore pour la Guadeloupe ,
avec le titre de lieutenant-général de
l'amirauté et de vice-sénéchal de la
colonie. 11 se dirigea de nouveau
vers la France, en 1792, et termina
ses jours à Nantes , le 26 janvier
1793, le jour même où il devait
s'embarquer pour revoir sa pa-
trie. Léonard était d'un caractère
doux: son humeur mélancolique et
paresseuse se fait sentir , non sans
charme, dans tous ses ouvrages j mais
elle exerça une influence malheureuse
sur le cours entier de sa vie. M. Gam-
penon, son neveu , a donné une édi-
tion complètede ses œuvres, en 3 vol.
in-80., Paris , 1798. Toutes les pro-
ductions qu'elle renferme ne sont pas
égales: quelques-unes, échappées à la
première jeunesse de l'auteur , ou en-
fantées pendant la maladie de lan-
gueur qui le conduisit au tombeau ,
annoncent un talent qui n'est pas
mûr encore ou qui est déjà affaibli. Le
reste est remarquable par la douceur
des sentiments , la grâce des images
et l'harmonieuse élégance de la ver-
sification. A-O-R.
LÉONARD ARÉTIN.roj. Bruni,
VI, 120.
LÉONARD DE PISE. Voye»
FlDONACCI.
LÉONARD DE VINCI. Foy^z.
Vinci.
LÉONARD ( I ) D'UDINE , ou de
' 1) Fiit«rJ ajoiitw à «en nom ç«lui Je iVii-
i50 LEO
Utino , l'un des plus fameux prëdi-
ca leurs de son temps , ëlait ne à
Udine , capitale du Frioul , au com-
mencement du quinzième siècle. Il
prit , fort jeune , l'habit de Saint-
Dominique ; et un acte du chapitre
gênerai de Tordre , tenu à Cologne ,
en i4-i8 , le cite comme un savant
professeur de the'ologie. Il eut l'hon-
neur de prêchera Florence, en i435,
devant le pape Eugène IV et les car-
dinaux , et parut ensuite avec e'clat à
Venise, à Milan , à Rome et dans les
principales villes d'Italie. Il fut élu
prieur du couvent des Dominicains
de Bologne ; quelque temps après ,
provincial de toute la Lombardie^ et
mourut , suivant le P. Echard , vei-s
1470. Les sermons de Léonard de
i/7mo tiennent beaucoup de ceux de
Barlelteet de Menot: ils ont été réim-
primes plusieurs fois dansle cours du
xv^. siècle. On recherche les éditions
des divers sermons qui suivent : I.
Quadragesimale aureum, 1 47 1 ? "!■
4*^., première édition, de 202 feuilles
à longues lignes, que l'on croit sortie
des presses de Franç.deHailbrun,à Ve-
nise; elle est excessivement rare, et a
été vendue quelquefois à des prix très-
élevés. La seconde édit. est intitulée:
Sermones quadragesimales de legi-
bus animœ implicis et sermo pri-
mus de pecca'.o gidce , Venise, F. de
Hailbrun , i473, in-folio ; elle con-
tient un plus grand nombre de ser-
mons que la première, et pour cette
raison est moins recherchée des ama-
teurs. On en cite une troisième , in-
folio , imprimée sur deux colonnes ,
que l'on conjecture avoir été exécu-
tée par Ulric Zel de Hanau , vers
l'année i473j une quatrième, Ulm,
Jean Zainer , 1478, in-folio ; et une
cinquième, Paris , Ulric Gcring, 1478,
que Debure crovait être la première
de toutes. ( Vo/. la Bibliogr. instruct.
LEO
n<». 5 1 3.) Les éditions postérieures de
Vicence , de Lyon , etc. n'ont aucune
valeur. II. Sermones aureide sanclis
per totum annuiii , Venise , F. de
Hailbrun,! 473, in-fol. On en cite une
autre édition plus rare , imprimée
in-folio sur deux colonnes , et qu'on
attribue à Ulric Zel de Hanau. Quant
à l'édition prétendue de 1 44^ •, on
a démontré que cette date était celle
de l'ouvrage : l'édition d'Udine, 1 466,
citée par plusieurs bibliographes ,
est imaginaire. III. Sermones jloridi
de dominicis et quihusdain festis j
Ulm , J. Zainer de Reutlingen, 1 47B ,
in-folio; Vicence, i479 1 in-fol. ; im-
primés plusieurs fois depuis à Lyon ,
à Paris , etc. On a encore , sous le
nom de Léonard de Utino , deux
recueils de sermons pour le carême ;
Sermones quadragesim. de jlagellis
peccatorum , Lyon , 1 5 1 8 , in-8°.
de petitionibus , ibid. , 1 5 1 8 , in-8^.
goth. Pierre Tardif , dominicain et
professeur en théologie , à Cham-
béry , est l'éditeur de ces sermons ,
que le P. Echard attribue à Léonard
de Datis, religieux du même ordre ,
mort en i4i4- Le P. Marc-Antoine
Séraphini ayant découvert au com-
mencement du xvii*^. siècle, un
ouvrage inédit de Léonard de Utino
le corrigea, et le fit imprimer sous^
le titre suivant : Tractatus mi ahi-
lis de sanguine Christi in triduO
mortis effaso : an fuerit unitus Di^
nnitati? Nem.se, 1627 , in-4''. (1]
Cette question théologique occupai
les écoles d'Italie en i463. Prosp
Marchand a donné un article ou'
rieux sur Léonard de Utino , dan
lequel il relève les inexactitudes dt
bibliographes antérieurs ; mais lui
(i) L'édîtion fie 1473, citée dans le Kouvei
Dioiiannaire ujiiverself n'a jamais existé.
LEO
t' me n'a pas connu toutes les edi-
• iis des ouvraccs de Léonard. W-s.
LÉONARD le Limousin, peintre-
. iuailleur,na(juit à Limoges en i48o.
I lan^'ois l*'. lui donna la direction
lie la manufactured'cmaux qu'il avait
tondee à Linio|;es , avec le titre de
IM'iulre - cmailleur ordinaire de la
t luimbre du Roi. Léonard lit exë-
( nier une quantité considérable de
<i>upcs, de vases, d'aiguières, de
plats d'une grandeur extraordinaire,
tl d'une fonne ])leiue d'élégance. Ces
objets sont eurichisd'excellentes pein-
tures , faites sur les dessins de Ra-
phaël , de Jules-Romain , de Jean
Ciousin , et toutes remarquables par
la beauté des formes , la pureté du
dessin et la richesse des composi-
tions. Au moyen de procédés qu'il
avait inventés , Léonard était j)ar-
venu à donnera ses coideurs un éclat
et une transparence inconnus jusqu'à
lui. Cependant les découvertes plus
récentes de la chimie ont permis de
porter ce genre de peinture à un de-
gré de force et d'éclat bien supérieur
à toutceque l'on connaît des produits
de la manufacture de Limoges, que
l'on peut plutôt considérer comme de
belles faïences que comme de véri-
tables émaux. Les ouvrages de Léo-
nard les plus remarquables sont les
quatre tableaux qui ornent le tombeau
de Diane de Poitiers, et dont on peut
voir la description dans le tome iv
du A [usée des Afonuments français ,
par M. Lenoir,p. 8i et suiv. Le
Musée du Louvre en possède deux
autresdoutl'uu représente le Portrait
è(juestre de Henri II , et l'autre,
le Connétable de Montmorencjr.
Après la mort de Léonard , la direc-
tion delà manufacture de Limoges
passa entre les mains de Courtois ,
»on disciple , qui sut maintenir dans
sa perfecliou ce bel établissement.
57
LEO
C'est ce dernier .irtistc qui exécuta
neuf tableaux , ayant chacun f\ pieds
8 pouces de haut,sur>ipiedsO pouces
de large, etdeformeovale, représen-
tant tous les dieux de la fable. Ces ta-
bleatix , les plus grands de ce genre
que l'on connaisse, avaient été peint»
sur les dessins dePrimatice,par ordre
de François L'. , qui voulait en dé-
corer le château de Madrid, dans lo
bois de Boulogne. Ils irtf furent ache-
vés qu'en i559 , l'année de la mort
de Henri IL Ils ont été gravés par
Sadeler, format in-8". On ignore
comment ces chefs-d'œuvre , qui de-
vaient appartenir au gouvernement ,
avaient passé dans le commerce ; un
étranger , qui les a acquis , en a mal-
heureusement privé la France. Mais
il est certain que ces peinliu'cs n'é-
taient pas de Léonard; et c'est à tort
que dans le Dictionnaire fiistoriijue
elles lui sont attribuées. P-s.
LÉONARDI, (Le vénérable Jean)
instituteur des clercs réguliers de la
Mère de Dieu , naquit à Decimo ,
bourg du territoire de Lucques. S( s
parents , qui jouissaient d'un peu
d'aisance , confièrent son éducation
au curé de Villa-Basilica , sous le-
quel il Gt moins de progrès dans les
sciences que dans la vie spirituelle.
11 entra ensuite chez un apothicaire
de Lucques , pour apprendre la phar-
macie. Il se fit remarquer dès-lors par
sa douceur, son application , et sur-
tout par une piété vive et sincère. En
sortant d'apprentissage, il s'associa à
un artisan (jui consacrait le produit
de sou travail au soulagement des
pauvres religieux et des pèlerins ; il
partagea pendant dix années les soins
que cet homme charitable donnait
aux étrangers. Au bout de ce teni])s,
il résolut de renoncer au monde ; et
n'ayant pu obtenir de ses parents la
permission de s'cuâcvelii* dans un
8
LEO
cloître , il pria son confesseur de le
diriger dans le choix d'un état : il
avait alors 'l'j ans. Il n'hésila pas à
recommencer ses premières études ;
et ayant aclievé ses cours de philoso-
phie et de théologie , il fut ordonné,
prêtre, en 1571. 11 entreprit aussitôt
des conférences , qui attirèrent un
^rand nombre d'auditeurs , et eui-ent
les plus heureux résultats. On lui as-
signa, en ilj'j^jïaLncicmie chapelle
de Notre-Dame de la Rose, pour te-
nir ses assemblées ; et cette église de-
vint lé berceau de l'institut dont il
avait déjà conçu le plan, et qui devait
avoir pour but spécial l'instruction
des pauvres. Les compagnons qu'il
s'associa dans ce pieux dessein , le
reconnurent pour le chef de celle
sainte entreprise , et le prièrent de
leur donner une règle, à l'exemple
des premiers fondateurs ; mais Léo-
nardi se contenta d'écrire sur un
morceau de papier : Obéissance, et
leur dit que ce mot renfermait toute
la règle. L'établissement de cette
congrégation éprouva , surtout de la
part du clergé, des obstacles qu'il
vint à bout de surmonter , et , avec
l'autorisation de l'évêque de Lucques,
il tint, en 1 583, le premier chapitre,
dans lequel il fut élu supérieur-géné-
rai , sous le titre modeste de recteur.
lise rendit aussitôt après à Rome,
pour faire approuver par le Saint-
Siège, les statuts de la congrégation,
qu'il avait rédigés ; mais , pendant
son absence , ses ennemis obtinrent
du sénat un décret qui le bannissait
à perpétuité, sous des peines sé-
vères. Tandis qu'il recevait cet af-
front de ses concitoyens , la réputa-
tion de ses vertus augmentait cha-
que jour le nombre de ses disciples.
Le pape lui donna , dans le même
temps, une preuve de son estime, en
l'envoyant à Naples , avec le titre de
LEO
commissaire apostolique , pour apai-
ser les troubles excités par les pré-
tentions de différents ordres reli-
gieux. A son retour de cette mission,
il présenta ses constitutions au sou-
verain pontife , qui les approuva de
la manière la plus flatteuse. Le sacré
collège écrivit au sénat de Lucques,
en faveur de Léonardi, dont les inten-
tions n'avaient pu qu'être mal inter-
prêtées, et il lui fut permis de reve-
nir dans celte ville : il n'y resta que
peu de mois , parce qu'il reçut la
commission d'établir la réforme dans
les couvents de Monte- P^ergine et
de Vall ombreuse. Il fut élu une se-
conde fois , en 1 597 , recteur de la
congrégation : mais cette nouvelle fut
le signal d'un soulèvement général;
et pour l'apaiser, on fut obligé d'an-
nuler l'élection. Le pape , instruit
des menées qui avaient eu lieu contre
Léonardi, le nomma visiteur aposto-
lique, et l'envoya à LucqueS;, avec des
pouvoirs très-étendus. Léonardi fit
agréer au cardinal Baronius , le titre
de protecteur de la congrégation ; et
ce prélat l'en désigna supérieur-géné-
ral. Il revint encore une fois à Luc-
ques, en i6o5: il avait été précédé
par le bruit qu'il était chargé d'y éta-
blir l'inquisition; et il eut beaucoup
de peine à détromper le peuple
ameuté devant la porte de son cou-
vent. Il tint, en 1608, à Rome, le se-
cond chapitre général de la congré-
gation , et il employa le reste de sa
vie à l'affermir contre les efforts de
ses nombreux ennemis. Le P. Léo-
nardi mourut à Rome, le 8 octobre
1609, à l'âge de 69 ans. Le P. Louis
Maracci, l'un de ses disciples, a
écrit en italien la vie de ce fondateur;
on en trouve l'abrégé dans l'Histoire
des Ordres Religieux, par le P.
Helyot, tome iv, ch. xxxvi. Il en
existe une plus récente et plus esti-
I.EO
incc,parle P. Ch. Ant. Erra, mila-
inis , home , 1 7^9 , in-8<». On trouve
Il listodc SCS ouvrages, au nombre de
>(^ ( dont six seulement ont etc im-
j rimes ), dans l'ouvrage du P. Sar-
irsrlii , De scriptoribus conççreg.
clenconim reguL Matris Dei, Koinc,
i753,in-4o. W-s.
LEOx\ARDO(LefrèreAuGusTm),
peintre d'histoire , de genre et de
portraits , naquit dans le royaume
de Valence, vers l'annc'e i58o. Il
embrassa l'état de religieux de la
Merci , et s'adonna avec ardeur à
l'étude de la peinture. Il décora la
cliapelle majeure du couvent de
Noire-Dame del Puig , d'une collec-
tion de petits tableaux très-estime's,
» et (it , pour le même couvent , quatre
grands tableaux, représentant la Dé-
coui'erte de Notre-Dame del Puig ;
le Blocus de Faïence , par le roi
Don Jayme ; la Reddition de cette
ville; et le Combat livré aux Sar-
rasins sous les murs de Puig , dans
lequel Saint - Jacques secourut les
chrétiens. Ces tableaux furent trans-
porte's à Valence, en 1788, et déco-
rèrent la façade du couvent de la
. Merci , lorsque cette ville ce'lébra la
quatrième époque se'culaire de sa
conquête sur les Maures. En iGaS ,
Leonardo se rendit à Se'ville , où il
peignit un tableau de la Samari-
taine. Appelé ensuite à Madrid , par
le supérieur de son ordre , il fut
chargé de tous les embellissements
du couvent de la Merci. Il peignit
les tableaux que l'on voit dans le
grand escalier, et dont l'un repré-
sente la Fierge apparaissant à St.-
Rajmond , et l'autre , les Cheva-
liers de l'ordre perdant, en présence
du pape , un defi quils avaient porté
aux religieux réguliers. Tous deux
sont exécutes avec talent. Il existe
^c lui , à Tolède, dans U couTcnt
LEO 15»)
de la Merci , un tableau du Miracle
de la multiplication des pains , où,
malgré la quantité innombrable des
f)ersonnages, le peintre a su éviter
a confusion et introduire une variété
d'expression admirable. Le frère kn-
gustin faisait des portraits d'un égal
mérite ; et il n'est pas d'amateur eu
Espagne qui ne les reclicrche avet
le plus grand soin. Cet artiste dessi-
nait avec correction ; il était verse
dans la perspective , et ses composi-
tions étaient parfaitement entendues.
Quoique Palomino Velasco prétende
que Leonardo soit mort à Madrid ,
en 1G40 , il est certain qu'il mourut
à Valence, sa patrie. — Joseph Leo-
nardo, peintre d'histoire et de batail-
les, né à Madrid en 1616 , fut élève
de Pierre de las Cuevas , se distingua
des disciples de cet habile maître
par une grande fraîcheur de coloris ,
et obtint le titre de peintre du Roi. Il
existe, dans le palais du Retiro, deux
tableaux de Leonardo , dignes d'être
connus. L'un représente Brcda, as-
siégé par les marquis de Leganès et
de Spinola; l'autre , une Marche mi-
litaire où Von voit le duc de Fiias
parlant à un soldat. Ces deux ta-
bleaux,d'une très-grande dimension,
sont du premier mérite. La collection
des portraits des rois d'Espagne ren-
ferme celui du roi goth Alaric , peint
par Leonardo , et qui passe pour un
des plus beaux de celte collection.
Ce maître se serait mis au premier
rang des peintres de son pays j mais
des rivaux jaloux de ses succès lui
donnèrent un breuvage qui lui fit
perdre le jugement. Il était alors
dans toute la force de son âge et de
son talent; il fut forcé d'abandonner
son art, et après avoir langui quel-
ques années , il mourut à Sarragosse
en ifiSB, âgé de 4o ans. P-s.
LÉONCE ( Saint ) naquit à M
i<5o
LEO
mes , au quatrième siècle , quelques
aniic'es après Saint-Castor , son frère,
et mourut dans la ville de Fréjus
dont il était evcque , le premier de'-
cembre ^3'2. Ce fut à sa ])rière que
Saint-Honorat choisit sa retraite dans
l'ile de Lerins et fonda le célèbre mo-
nastère de ce nom, qui a fourni tant
de saints à l'Eglise. Le savoir , les
vertus , la sainteté des mœurs de
Le'once, lui acquirent l'estime de
l'illustre e'vêque d'Arles, Saint-Hdai-
re , et l'amitié de Cassien , qui lui
dédia , après la mort de Castor , les
lo premiers livres de ses Conféren-
ces , composées à la prière de ce
saint. Toutefois le pape saint Cé-
lestin lui reprocha d'autoriser , par
son silence , l'enseignement que se
permettaient quelques prêtres de son
diocèse, de la doctrine des semi-
pélagiens sur la grâce. Y. S. L.
LEONCE , patrice d'Orient , était
né à Chalcis , dans la Syrie, vers le
milieu du v*^. siècle. Comme général
des Thraces,il avait donné des preu-
ves de son courage et de son habi-
leté ; et il était fort instruit dans
toutes les sciences cultivées de son
temps. Une place au sénat avait été
la récompense de ses services. Il se
lia avec lUus , chef des ofïices , et
favori de l'empereur Zenon jet, de
concert avec un imposteur nommé
Panéprépius , ils formèrent le des-
sein, non moins insensé que hardi,
de rétablir les croyances du paga-
nisme. Illus, que le désir de maîtri-
ser seul le faible Zenon avait brouillé
avec l'impératrice Ariadne, voulut
achever de la perdre dans l'esprit
de ce prince , en l'accusant d'une
intrigue criminelle ; mais instruite
que l'ordre avait été donné de la
faire mourir , elle se tint cachée pen-
dant la nuit , et le lendemain se pré-
senta inopiueiftent à l'audience de
LEO
l'empereur, qui croyait ses ordres,
exécutés. Elle profita habilement de
sasurj)rise pour lui montrer qu'Ilhis
était le seul coupable. Peu de jours
après, Illus reçut un coup d'épée
sur la tête , en montant l'escalier
du cirque; mais, un de ses gardes
ayant détourné le fer, il eut seule-
ment F oreille droite coupée. L'empe-
reur, pour se justifier d'avoir eu con-
naissance du complot , fît périr l'as-
sassin dans les supplices ; mais Illus ,
qui ne se croyait plus en sûreté à
Constantinople , demanda la permis-
sion de passer dans l'Orient, pour y
rétablir sa santé. Plusieurs sénateurs
l'accompagnèrent dans ce voyage.
Arrivé en Syrie , et se voyant maître
d'une armée considérable , il cessa de
dissimuler ses projets ambitieux. 11
lit proclamer Léonce empereur , at-
tendant pour faire passer la couronne
sur sa tetCj l'issue des événements. Ve-
rine. belle-mère de Zenon, et qu'Illus
avait fait confiner dans le château de
Papyre, fut tirée de sa prison et ame-
née à Tarse: séduite parles promes-
ses des rebelles, elle consentit a placer
elle-même la couronne sur la tête de
Léonce , en présence de l'armée ,
qu elle harangua dans les termes les
plus énergiques ; elle adressa ensuite
aux gouverneurs des provinces de l'O-
rient une lettre que l'histoire a con-
servée. ( Y. V Histoire de Théopha-
nes ;, et V Histoire du Bas^Empire ,
liv. XXXVI. ) Elle leur annonça ,dc.'i]S
cette lettre, qu'elle avait confié l'exer-
cice de la souveraine puissance à Ze-
non; mais que celui-ci en ayant abusé^
elle lui reprenait la couronne pour la
donner à Léonce qui devait être re-
connu empereur ( i ). La plupart des
(i) De pureilies prétentions de la part irmia
femme, ilit Gibliciii, auraient éloin.é les escU-
vcsd''S premiers Césai». Hist- d« la déctideniit
d* l' Empire , toia. xx, p. 206.
\A\cs (le Syrie se .soumirent .lussitôt.
Ldonec partit pour Antioche, où il
s'occupa de grossir son armce; il
avait tire du château de Papyrc les
trésors que Zenon y avait caci)es; et
il s'en servit pour gagner les petits
S rinces de l' Arménie, et les Isaures
ont il augmenta la solde. 11 s'em-
para de la ville de C.halcis, sa patrie,
restée fidèle à Zenon; et il remporta,
quelques mois après , une victoire
complète sur Longin, frère de l'em-
pereur , près d'Aulioclie. Mais l'an-
née suivante ( 4H5 ) , le fameux Théo-
do rie fut envoyé contre Léonce , le
défit dans plusieurs rencontres, et
l'obligea de se renfermer avec Illus,
dans le chîleau de Papyre, que sa
position rendait inexpugnable ; il
laissa un de ses lieutenants devant
ce château pour en continuer le blo-
cus , qui dura trois années. Léonce,
attendait toujours les secours que
devait lui amener Troconde , frère
d'IUus , et cela d'après les prédic-
tions de Pancprépius ; mais s'aper-
ccvant enfin qu'il était trompé par
cet imposteur , il le fit massacrer, et
jeter SCS membres par-dessu» les mu-
railles du château. Quelques jours
après, la trahison d'un beau-frère de
Troconde introduisit les assiégeants
dans la place : Léonce et Illus furent
mis à mort ( 4B8 ), et leurs tètes en-
voyées à Constautinople, où ellesdon-
Tièrent au peuple, pendant plusieurs
lu-s , un alVreux spectacle. W-s.
LÉONCE , LtoNTius ), empereur
: Orient , naquit au milieu du vu®,
siècle, d'une famille patricienne ori-
f;inaire de l'Lsauiie. Son penchant
'avait déterminé à embrasser la pro-
fession des armes; et parvenu aux
premiers grades militaires, il obtint
des succès éclatants. Victime de soup-
çons injustes, il fut privé de ses em-
plois ^ et jeté dans un cachot, où il
XXIV.
LEO
i(,>
gémit trois ans: au bout de ce temps,
Justinien II le tira de sa prison, et
lui donna le gouvernement de U
Grèce. Cette faveur , dit Gibbon ,
accordée à un homme qu'on venait
d'outrager si cruellement, annonçait
le mépris plutôt que la confiance. Sta
amis l'accompagnèrent jusqu'au port
où il devait s'embarquer ; il leui' dit
en soupirant, qu'on ornait la vic-
time pour la sacrifier , et que sa mort
suivrait de j)rès ce retour de for-
tune. Ils osèrent lui répondre que la
gloire et l'Empire seraient peut-être
la récompense d'une action géné-
reuse ; ils coururent aux armes et se
rendirent au palais de Justinien. Le
préfet de Constautinople fut égorgé
dans le tumulte, et l'on forya les
prisons. Les amis de Léonce criaient
dans toutes les rues : « Chrétiens, à
Sainte-Sophie ! » Le patriarche s'y
rendit, et acheva d'enflammer les sé-
ditieux par ses discours. Le peuple ,
quittant l'église , indiqua une assem-
blée dans l'hippodrome. Justinien y
fut traîné devant des juges furieux,
qui demandaient sa mort. Léonce,
déjà revêtu de la pourpre, fut touché
de compassion à la vue du rejeton
de tant de rois ; il épargna la vie du
fils de son bienfaiteur ( Constantin
Pogouat ) , et se contenta de l'exi-
ler à Cherson ( i ). Léonce pensa aus-
sitôt à recouvrer l'Afrique, et y en-
voya une armée commandée par le
patrice Jean. Ce général battit d'a-
bord les Sarrasins , et leur enleva
même Carthage ; mais l'année sui-
vante , ils reparurent avec des forces
supérieures , défirent à leur tour les
Grecs et les forcèrent à quitter l'A-
frique. Jean , humilié de sa défaite,
(») Co ricit de la conjuratiou de Léonce ap-
partient tout entier à Gibbon, Hist. de la dé~
Cad. de l'Empire, ch. xx>iu. Kou» n'avoui pu
•ooger à lutter contre un %\ grand écii vain.
IÙ2
LEO
se retira dans l'île de Crète , avec
les débris de son arrace : les soldats
redoutant la colère de Léonce , se
rëvollèrent et proclamèrent empe-
reur Absimarc ( 698 ). Ce rcbel'e
marcha aussitôt i.ur Gonstantinople,
dont il s'empara malgré les efforts
de Léonce ; et lui ayant fait couper le
nez, il l'enferma dans le monastère
de Dalmate. Cependant Justinien ,
aidé par les Bulgares , parvint , en
705 , à reconquérir l'empire dont il
avait été privé dix ans. H fit aussitôt
tirer Léonce de sa prison, et Absi-
mare, de son palais j et avant de les
livrer tous les deux, au bourreau , il
les tint étendus sous ses pieds, tandis
que le peuple inconstant répétait ces
]»aroles du Psalmisle : « Tu marche-
ras sur l'aspic et le Ijasilic , et tu fou-
leras aux pieds le lion et le dra-
j^on. » Léonce avait occupé le trône
pendant trois années. W-s.
LÉONI( Louis ) , peintre , sculp-
teur et graveur , est surnommé le Pa-
dovano^ de la ville de Padoue , où il
était né en 1 53 1. C'est à Rome qu'il
exerça presque tous les arts du des-
sin avec un égal succès ; aussi habile
sculpteur que peintre distingué , il
se fit remarquer encore dans la gra-
vure au burin et dans celle des mé-
dailles. On a de lui des coins de mé-
dailles et des modèles de figures très-
estimés. Mais comme modeleur, c'est
surtout par ses portraits en cire qu'il
a mérité sa réputation : ils étaient re-
marquables par la ressemblance ; et
sa facilité pour ce genre de travail
«tait telle qu'il lui suffisait d'avoir vu
son modèle un seul instant. Ses ta-
bleaux consistent en paysages et en
tableaux d'histoire , qu'il peignait
également à l'huile et à la fresque. Il
mourut à Rome, en 160G. — Le che-
valier Octave LÉoNi , son fds , sur-
laommé le Fadovamno , naquit à
LKO
Borne, vers iS^S. Élève de son
père, il devint un des plus ha-
biles peintres de portraits de sou
temps , et traita aussi avec quelque
mérite des sujets historiques. On voit
de lui, dans diverses églises de Rome,
des tableaux de ce genre , qui prou-
vent qu'il aurait pu s'y livrer avec suc-
cès. Ayant été nommé prince de l'a-
cadémie de Rome, il peignit \meSte.-
Martine , martjre , dans l'église de
Saint-Luc , et une Ascension dont il
fit présent à l'académie. Ses tableaux
sedistingnent en général par un assez
bon goiit de coloris , qu'il avait ac- «ji
quis en copiarit les ouvrages du Ti- ■
tien. Une copie qu'il fit du tableau
de Bacchiis consolant Ariane, peint
par ce dernier maître pour le duc de
Ferrare , fut acquise par lord Hug-
ford , et transportée en Angleterre.
Mais les plus recherchées des pro-
ductions d'Octave sont ses portraits.
Le dessin en est correct et facile ; ils
sont peints d'un fini précieux, parti-
culièrement ceux de proportion de
demi-nature. Le pape Grégoire XY le
créa chevalier du Christ, et l'honora
de son estime et de sa bienveillance. Il
jouit delà même faveur auprès de di-
vers princes d'Italie. Il avait fait les
portraits de phisieurs peintres et
hommes célèbres , ses contempo
rains; il conçut le projet de les gra
ver. La suite qu'il publia, au nombre
de 32 , est recherchée de tous le
amateurs. Ce sont des bustes , for
mat in-8°. , gravés d'un goût aussi
singulier que piquant. Les cheveu^
et les draperies sont exécutés avec
des tailles ; les chairs et les parties
claires sont rendues avec des points,
et les ombres sont gravées avec des
hachures et des carrés. Toutes les
têtes sont finement dessinées et d'un
effet agréable, et l'exécution de cha-
que gravure est remarquable par sa
i
LEO
licautc'. Voici, parmi cette suite, les
i)Oiiraits dont les personnages sont
les plus connus : Octm'c Ltioni ,
point par lui-inènie ; Louis Léuni ,
son père ; J.- franc. Barhicri da
Cent o , (Ut le Gnerchin ; Christ.
Roncoli , dit le Pomerancio; le Jo-
seyin; Pieire Ternpesta ; Thomas
Solino; Simon fouet; Jean lia-
'^lioni ; An 'ré Barbarini ; le Ber-
nin , tous peintres, sculpteurs ou ar-
cliitcctes ; (7«Vi/>r<?r^; Galilée; Fan
llel mont; Pierre-Jacques Martello,
poète , entoure d'attributs relatifs à
la poésie pastorale , etc. Parmi les
nutres portraits,ilyen a seize qui sont
inconnus. L'ardeur avec laquelle
Le'oni se livrait à ce travail, détruisit
sa saute ; il fut atteint d'un asthme,
et mourut à Rome, en iG3o , âge de
cinquante-deux ans. — Leone Li'om,
orfèvre, sculpteur et graveur en mé-
dailles , natif d'Arezzo, en Toscane ,
dans le seizième siècle, exe'cuta , sur
les dessins deMicheI-Ange,Iesuperi3e
mausolée eVic;è dans l'e'gliseduDome,
à Milan, à Jacques de Mcdicis, mar-
quis de Marignan , frère du pape
PielV. L'habit militaire dont est re-
vêtu le marquis , est peu favorable
à la sculpture ; mais les statues de
la Paix f de la Guen'e , de la Pro-
vidence et de la Benommée , assises
dins les entre-col oimes , permirent à
ret habile artiste de développer tout
son talent. Toutes ces figures sont
en bronze: on y remarque bien une
certaine grâce un peu étudiée; mais
cette grâce est pleine d'élégance , et
le dessin en est reradi de fierté. On
n'admire pas moins le bas-relief re-
présentant la Nativité de J.-C, qui
orne également ce mausolée. Le long
séjour que Léoni fit à Milan contri-
bua beaucoup à introduire, dans
celte partie de l'Italie, le goût de
l'école florentine , et la grande ma-
nière de Michel- Ange. Sur sa re-
nommée, Charles-Quint le prit à son
service, le logea dans son palais à
Bruxelles , et se plaisait à le voir tra-
vailler. Léoni fit alors les statues en
marbre de l'empereur, de l'impéra-
trice et du roi Philippe IL II exécuta
encore,duranl son séjouren Flandre,
nombre d'ouvrages qui ont péri dans
les guerres dont cette contrée a été'
le théâtre: qq\\\ que Ton a sauvés,
furent transpo? tés en Espagne , oii
Léoni, s'étant rendu par ordre de
Charles-Quint, fonditla statue colos-
sale en bronze de cet empereur, que
l'on voit à Madrid. Cette statue repré-
sente le Monarque debout , foulant
aux pieds la Discorde.lJnc particula-
rité très-remarquable, c'est que l'ar-
mure de cette statue a été fondue h.
part , de manière qu'on peut à volonté'
représenter l'empereur nu ou armé.
C'est après avoir terminé ce bel ou-
vrage, que Léoni grava une médaille
où l'on voit d'un coté l'effigie de
Charles- Quint, et au revers Jupiter
foudroyant les Titans. Cette mé-
daille fut regardée , quand elle pa-
rut , comme un des ouvrages les
plus admirables en ce genre. Il en
reçut pour récompense une pension
de i5o ducats, une maison à Mi-
lan, et des lettres de noblesse. On cite
encore la médaille qu'il grava pour
Hippolyte Gonzague , fille du duc
Ferrante , et au revers de laquelle
on voit Diane donnant du cor , et
entourée de chiens de chasse , aA'ec
l'inscription: Par ubique potestas. Il
exécuta encore à l'Escurial plusieurs
statues en bronze ; il fut aidé dans ce
travail par Pompée son fils, son élève
et l'héritier de ses talents , qui s'ap-
pliqua particulièrement à la gravure
en pierres fines et en médailles, et le
disputa au fameux Paul Poggi. La mé-
daille qu'il grava en l'honneur de doa
1 1..
i64 LEO
Carlos, fils de Philippe II, et sur la-
quelle on voit d'un côté l'effigie du
f)rince, et de l'autre un Apollon avec ^
'épigraphe : In benigfiUatem piomp-
tior, prouve qu'il avait hérite des ta-
lents de son pore. Outre ses médailles
on voit de Pompée Leoni, dans le
palais de l'Escurial , plusieurs statues
tant en marbre qu'en métal , où l'on
remarque un grand goût de dessin et
une belle composition. Enrichi par
les bienfaits de Philippe II, il revint
à Milan, sa ])atrie,oii son père existait
encore , et il y mourut en 1 660. —
Guillaume daLeoni, dessinateur et
graveur à l'eau-forte , naquit à Par-
me, vers 1 664. On n'a point de détail,
sur sa vie. On sait seulement qu'il
étudia la peinture, quoique aucun de
ses ouvrages en ce genre ne soit
connu. Les pièces qu'il a gravées à
l'eau-forte , d'après ses dessins , sont
touchées avec goût et finesse. Ou
distingue particulièrement deux Sui-
tes d'animaux, reni])\ies d'esprit,
un Passage montagneux; un Pay-
sage avec des chèvres, une Vache
et une bergère; des Moutons en
marche; des Chèvres en repos; Fé-
nus mettant un bandeauàV Amour,
d'après le Titien. P-s.
LEONIGENUS( Nicolas) naquit
en 1 4-i8, à Lonigo dans le Vicentin,
en latin Leonicum ; et suivant l'u-
sage des savants de son temps , il
ajouta à son nom celui du lieu de sa
naissance , le seul sous lequel il soit
connu maintenant. Les fréquents ac-
cès d'épilepsie, dont il fut tourmenté
dès son enfance , et auxquels il pensa
souvent mettre fin par un suicide,
l'engagèrent à étudier la médecine.
Ses progrès rapides dans cet art
lui devinrent doublement avan-
tageux: d'abord il parvint, à force
de soins et de persévérance, à se
guérir, vers l'âge de trente ans,
LEO
de la maladie déplorable qui empoi-
sonnait sa viej ensuite il s'acquit
une très-grande réputation , soit par
ses écrits , soit par l'enseignement
public. C'est à Padoue qu'il entra
dans la carrière médicale; puis
étant passé à Ferrare, il y professa
l'art de guérir pendant plus de Go
ans. Tout occupé des devoirs de sa
chaire, il se livra peu a la pratique;
il employait de préférence ses loisirs
à l'étude des belles-lettres et de l'an-
tiquité. Il faisait des vers avec faci-
lité; et l'on a de lui une traduction
italienne de l'histoire de Dion et des
dialogues de Lucien. Tiès-profond
dans les langues anciennes, Leonice-
nus est le premier qui se soit occupé
de traduire en latin les œuvres de
Galien. Il a aussi beaucoup travaillé
sur Pline le naturaliste, et s'est sur-
tout attaché à en relever les erreurs
relatives à la médecine. Le régime sa-
lubre auquel il s'était assujéli lui réus-
sit tellement qu'il fut exem])t d'infir-
mités jusqu'à une extrême vieillesse:
il mourut en i524, âge de 96 ans.
Le duc et le sénat de Ferrare, dont il
emporta les regrets, firent élever à
sa mémoire un monument , sur le-
quel on grava une inscription latin©
fort honorable, que sa longueur nous
empêche de rapporter ici. Voici les
ouvrages de Leonicenus : I. De Plinii
et plurium aliorum medicorum m
medicind erroribus. Epistola ad H,
Barbarum in primi operis dejen-
sionem. De Plinii aliorumque me-
dicorumerroribus,novum opus. Epis-
tola de multis simplicibus medica-
mentis, Ferrave, 149'-^? iSoq, in-4^.;
Bâle, 1529, in "4"., i532, in-fol.
Il accuse Pline d'avoir souvent lu
avec peu d'attention les livres grecs.
Sa dernière lettre prouve qu'il est le
premier qui ait attaqué la doctrine
des Arabes, auxquels il reproche
I
LEO
ir.jvoir mal compris les ouvrages
(les anciens. IL ijbt'v de epidemid
i^uam Itali morbuiii ^aUiciun, GalLi
vcrô neapolUaniiin vocant, \ cnisc,
i4<)7, i'>o),in-4'\;Piivi(', i jo(i,in-
fol.;souvont reiniprime. II paraît in-
conlcsUblcquc personne avant Leo-
niconus n'avait eVrit sur la malarlic
véncrionnc ; c'est le sentiment d'As-
trnc. L'nsage du mercure n'était pas
encore connu à celte époque; car le
professeur ferrarais n'en fait aucune
mention. Il attribue le (fcVeloppc-
ment de la maladie, non pas à l'in-
lluence des astres, ni à la colère ce-
leste, mais aux pluies abondantes
et aux grandes inondations qui cou-
vrirent le sol de l'Italie. III. In
libros Galeni à se translutos ad
artem médicinale ni prœjatio. De
tribus doctrinis ordinal is secwidùm
(raleni sentent iam prœ fat iu et opiis
ipsum. Galeni in Ilippocratis apho-
risnws commenlarius , Ferrare ,
I r>o9, in-fol. Ici Leonicenus corrige
beaucoup de passages des anciens,
et réfute Avicenne et les barbares
commentateurs des Grecs. IV. Ubri
duo Galeni de curandi ratione ad
Glauconem latine versi , Pavie,
1 5 1 4 , in-4°. , I ^ ^7 , in-8". ; Lyon ,
ijM, in-iï. Leonicenus a encore
traduit en latin d'autres livres de
Galien , tels que : De puero epilep-
tico , De crisibus , De dijferentiis
febritiin , De dijferentiis et causis
morborum , De motu miiscidoruni.
II a aussi donne' une e'dilion grecque-
latine des apborismcs d'Hippocrale;
plusieurs fois reimpriraëe. Apres sa
iiiorl, on a publie': V. De dipsade
et plurihus aliis serpentibus , Bàle,
1 3^9, in-4". \ L Opuscula medica,
Hàlc, i53-2, in-fol., où l'on trouve
une mâle apologie de l'auteur contre
ceux qui critiquaient ses traductions.
VU. Comersio et explanatio primi
LKO i65
Ubri Jristotelis de partihiis anima-
lium; Bdlc, i54i , in-8**.; i54'^,
iu-(ol. R-n-^.
Li:ONICENUS ( Omnihonis ),
mi des plus célèbres grammairiens
du quinzième siècle , était de même
que le ])récédcnt , avec lequel
on l'a souvent confondu , d'une fa-
mille du \icciitin, nommée Ogni-
bene , et naquit vers l'an i5uo,
à Lonigo : Leonicenus fréquenta ,
d'abord , l'école de Viclorin de
Feltre, l'un des restaurateurs des
sciences éteintes en Italie ; et il alla
ensuite étudier le grec à Venise , sous
le fameux Emanuel Chrysoloras. Ou
croit qu'il enseigna plus tard les belles-
lettres dans cette ville. Le P. Lairc,
( Spécimen tjrp. Roman, p. 'l'iS >
conjecture qu'il devint le directeur
de l'imprijucrie de Nicolas Jcnson ,
à Venise , et qu'il mourut au com-
mencement du xvi^ siècle ( i ). On a
de ce savant:!. Plusieurs traites,
1°. Liber de octopartibus orationisy
ad Frédéric, de Gonzagd, Venise,
i473,in-4°. j (Ferrare) per August.
Carneriuni, i474î iH-4"'? ^'dit. très-
rare ; c'est le premier ouvrage im-
primé à Ferrare; Padoue, i474>
in-4". ; réimprimé la même année et
dans la même ville par Albert de
Stendal, petit in-4°. ; cette seconde
édit.esl plus rare que la j)récédente;
Rome, Pbil. deLignamine, 147^ ,
in-4". — 2°. De versu heroïco liber.
Milan, i473,iu-4°. très-rare. — S**.'
Tractalus ad scandcndum , in-4°.
de i4 feuillets , imprimé en carac-
(i) Ant. OrliinJi , dans »on Origine e pro^
grtssi délia stanipit . hxe la mort dOtnnibAiius
I>eoniceniit A i'aiiiiie iSi4> niai* c'est nue er-
reur , et Oilantli l'a éviilemment confoiiju avec
le médecin Nicolas Leonicenus, qui rKO^nit cette
m£m« année. On a nue lettte d Oniniboniis. , da-
tée de \\\\ , par laquelle on apprend qu'il avait
terminé set études , et qu'il s'occupait déjà d«
traduire Us /(//'/''r d'Jisope; on peut lOiiicctu-
riT qu'il aroit alors au moins vinf^t aus , «t il ei»
aurait eu plus de cent en \'ùz\.
i66 LEO
tères ronds, de 1470 a 1480 ( Foy.
le P. La ire, Index libroram ah. in-
vent, f/p. ,tom. i^r. ^ p. 16.4.) Ces
trois ouvrap;es ont ctc réunis sous
ce titre : Grammatices rudiment a,
cum libella de arte metricd^ Vi-
cence , 1 5o5. IL Des Commentaires
sur Lucain , imprimes séparément ,
Venise , i475 , in -fol , et à la suite
de la Pharsale , ibid. i5o5. — Sur
le Traité de V orateur , de Giceron ,
Vicence, ^47^? in-foL,avec un dis-
cours De Laudibus eloquentiœ. —
Sur Falère Maxime, Venise , 1 482 ;
Milan , 1487 , in-fol. , et plusieurs
fois depuis. — Sur la Conjuration
de Catilina , par Salluste , Venise ,
i5oo, 1539, 1 546; Baie, i564,
in-fol. — Sur les Offices de Gice-
ron. IIL Une édition très-estime'e
des IF libres de la Rhétorique et
des II Usures de V Invention de Gi-
ceron , Venise, Nie. Jenson, 1470,
très-grand in-4°. ] c'est la première de
ces deux ouvrages; et une édition
des Institutions oratoires de Quinti-
lien, ibid. i47 1 , in-fol. : elle avait
paru d'abordsansdate d'impression.
IV. Des Traductions latines , d'une
partie des Fables d'Ésope ;~de l'ou-
vrage de St.Athanase contre les Gen-
tils et les hérétiques, Yicence, 1 48^2,
ÏD-fol.; — du livre de Xénoplion ,
de Fenatione^ insérée dans l'édition
de Bàle, i545. Enfin on trouve
quelques Lettres de Leonicenus avec
celles de François Barbaro, publiées
par le cardinal Quirini , Brescia,
1741, , 2 vol. in-4^. W-s.
LEONIDAS , l'un des rois les plus
célèbres de Sparte , était de la famille
des Agides , et florissait dans le qua-
trième siècle a vaut J. G. Les premières
années de sa vie, et le commencement
de son règne, nous sont tout-à-fait in-
connus ; nous savons seulement qu'il
était fils d'Anaxandridas ^ et qu'a-
LEO
près la mort de ses frères, Clcomènes
et Doriée, il monta sur le trône, l'an
493 avant J. G. L'action qui a im-
mortalisé son nom,estsans contredit
un des plus beaux faits de l'antiquité.
Xerxès marchait contre la Grèce avec
une armée , qui , si l'on en croit Hé-
rodote, s'élevait à plus de deux mil-
lions de soldats. La ïbessalic avait
succombé sous le joug des barbares;
etdéjà leurs innombrables phalanges,
campées dans la Trachinie , étaient
près d'envahir la Grèce: mais le dé-
filé des Thermopylesles en séparait
encore , et c'était le seul point par
lequel on pût y pénétrer. La défense
en fut confiée à Léonidas ; et ce gé-
néral se décida aussitôt à l'occuper
avec un corps de 3oo hommes seu-
lement. Les Ephores, étonnés, vou-
lurent le contraindre d'en emmener
un plus grand nombre; mais Léoni-
das , sans révéler ses projets, leur
répondit qu'il avait assez de soldats
pour l'entreprise qu'il projetait.
Les Ephores, plus surpris encore
par cette réponse énigmatique , et
croyant qu'il n'avait d'autre but
que celui d'une petite expédition ,
cherchèrent à l'en dissuader. Alors ,
il leur dit sans détour , que , déses-
pérant du salut de Sparte, il voulait,
avant de voir sa patrie sous la puis-
sance des barbares , lui donner un
grand exemple de dévouement; qu'il
allait s'immoler avec ses compagnons
d'armes, et que par-là il étonnerait les
Perses , et exciterait le courage des
Grecs. Les Ephores n'eurent plus
rien à opposer à une telle résolution,
et ils ne purent s'empêcher d'y ap-
plaudir. Avant le départ des soldats
de Léonidas, Lacédémone fut témoin
du spectacle le plus attendrissant.
Victimes vouées à une mort certaine,
ils célébrèrent d'avance leurs funé-
railles j et j après celte triste céré-
I
LEO
monie, Us partirent en recevant les
rternclsadicuxdc leurs compatriotes.
Lcoiiidas , empresse d'arriver à son
poste, passa dans plusieurs villes, et
contribua , par son exemple, à rete-
nir dans ledevoir les Tlicbains,prèlsà
se déclarer pour les Perses. Sa troupe
s'augmenta en route , et, lorsqu'il fut
aux Thermop\lcs, il commandait
à peu près sept mille hommes. Bien-
tôt après son arrivée , Xerxès , ins-
truit deses projets, ne put s'empêcher
d'en redouter les suites ; et avant
d'avoir recours aux armes , il tenta
de le séduire par des promesses. Il
lui ofii'it la possession de toute la
(irèce , s'il voulait se ranger sous ses
drapeaux: Léonidas, indij];né, rejette
de telles propositions. Alors , Xerxès
croyant lui imposer par un ton de
fermeté et de commandement , lui
ordonne de livrer ses armes entre ses
mains. Le roi de Sparte se contenta
de répondre à cette première insulte,
avec l'énergie et le laconisme d'un
Spartiate : Fiens les prendre. En-
fin , après être resté quatre jours
dans l'inaction , le roi de Perse ,
renonçant à séduire un tel homme ,
songea à l'attaquer. Il envoya d'abord
une avant-garde, avec ordre de faire
prisonniers les défenseurs des Ther-
mopyles : mais cette première atta-
que fut sans succès ; et ce combat ,
qui dura toutlc jom-, apprit à Xerxès,
comme le dit Hérodote , qu'il avait
beaucoup d'hommes , mais peu de
soldats. Le lendemain, il revint à la
chargeavecloutce qu'il avait de plus
aguerri , promettant de grandes ré-
comj>enses aux vainqueurs, et mena-
çant de la mort ceux qui prendraient
la fuite. Tous se précipitent à la-fois
sur les Grecs ) mais cette tentative
lui fut aussi funeste que la première ;
et, pour la seconde fois, les soldats
de Xerxès furent mis eu fuite |«ai la
LEO 167
petite tronpc de LéonidaR. Ce fut
alors que la trahison d'un Grec vint
tirer le roi de Perse de l'embarras
où il se trouvait. Un haliitant de la
Trachinie, nommé Ephiaites, lui in-
diqua un sentier par lequel il pouvait
entrer dans la Phocide sans être obligé
dépasser par le défilé des Thermo-
pyles. Xerxès reçoit avec joie cetti»
nouvelle ; et après avoir chargé de
présents celui qui livrait ainsi sa pa-
trie , il le mit à la tête de dix '-ulle
hommes , et lui donna l'ordre de les
conduire , pendant la nuit , par ce
chemin secret. Mais Léonidas en fut
instruit par des transfuges : alors il as-
sembla les oillciersde sa petite armée;
et , ^'apercevant qu'ils redoutaient
l'approche de l'ennemi, il en renvoya
un grand nombre , et ne retint avec
lui que trois cents Spartiates , tous
disposés à mourir , et regardant les
Tliermopyles comme leur tombeau.
Ils ne tardèrent pas à apercevoir les
dix mille hommes, commandés par
le Grec perfide : aussitôt ils deman-
dent à aller au combat , et ne veulent
pas attendre que ces barbares les aient
entourés. Léonidas, voyant leur noble
ardeur, leur fait prendre un dernier
repas , disant que dans peu ils iront
manger chez Piulon. Ils partent ; et,
après avoir reçu l'ordre de se jeter
tous à-la-fois sur les Perses , ils mar-
chent, en poussant des cris de joie ,
comme ^i, dit un historien, //^ eussent
été invités à un festin. Ils se dis-
posent en col on ne serrée, et attaquent
ainsi les barbares : sûrs de mourir
au milieu des ennemis , ils veulent au
moins faire payer cher leur trépas.
Léonidas , qui marche à leur tête , est
un des premiers qui succombe. Alors
ses soldats combattent encore avec
S lus d'acharnement ; ils s'efforcent
e défendre le corps de leur roi, et
tunibcut , les mis après les autres ,
i68 LEO
sur son cadavre sanglant. Un seul
d'entre eux survécut , et il alla porter
cette nouvelle h Lacedenione 5 mais
bientôt honteux de sa lâcheté' et ac-
cable' des reproches que lui firent ses
concitoyens , il fut oblige' d'aller
chercher la mort à Platée. On con-
naît les résultats de rhe'ro'ique de'-
vouement de Lëonidas; il porta l'ef-
froi dans le cœur des Perses; il inspira
aux Grecs la plus heureuse con-
fiance , et il leur donna le temps de
se pre'parer aux victoires de Platée
et de Marathon. Xerxès eut la lâcheté
de faire attacher son cadavre à une
potence, et il fit ainsi voir aux hommes
les plus courageux le sort qui les at-
tendait. Les Lacédémoniens ne per-
dirent pas la mémoire de ces j];uer-
riers malheureux ; ils leur élevèrent
un monument à l'endroit même où
ils avaient combattu et expiré : deux
inscriptions annoncèrent leur valeur
et leur fin. L'une d'elles regardait
tous ceux qui étaient morts aux ïher-
mopyies; l'autre, composée par Si-
raonide, n'ayant rapport qu'aux trois
cents Spartiates immolés avec Léoni-
das , était ainsi conçue : « Passant ,
» va dire à Sparte que nous sommes
^ morts ici pour obéir à ses saintes
)) lois. » Le vainqueur de Platée, Pau-
sànias , fit transporter à Lacédémone
quarante ans après ( i ) , les ossements
de Léonidas ; il lui fit élever un
temple, et il institua une fête , appelée
Léonidée,que l'on célébrait chaque
année, et 011 les jeunes gens se dispu-
taient le prix de la force et du cou-
rage.Les Lacédémoniens seuls avaient
droit d'y assister; parce qu'eux seuls
avaient pris part à l'affaire des Ther-
mopyles. Le sdcnce de l'histoire sur
(i) 11 paraît qu'il y a eu erreur dans les chif-
fres, ou que ce n'est pas le vainqueur de Platée
qui transporta le corps de L.éonidas : carPausa-
iiias mourut l'an 4-17 avant J.-C. , et le combat
' ! do
d«fs Tlierniopyle» se donna l'an 4^0.
LEO
les premières années du règne Je Le'o-
nidas indique assez qu'il rendit ses
sujets heureux. Quand il partit pour
les Thermopyles, sa femme lui de-
manda quelles étaient ses dernières
volontés dans le cas où il viendrait à
mourir : « Je ne te demande rien ,
» dit - il , sinon qu'après ma mort
)) tu épouses quelque homme brave
» et vertueux qui puisse donner à
» Sparte des enfants dignes de moi. »
La mort de Léonidas a été le sujet
de plusieurs productions remarqua-
bles dans les arts : un Anglais en a fait
un poème épique ( P'oj. Glower );
et M. deFontanes a t rai télé même su-
jet dans un poème encore inédit ,
mais dont plusieurs fragments sont
connus. Tout le monde a vu le tableau
des Thermopyles, par David : enfin la
statue de Léonidas , par Lemot , est
un des plus beaux ornements de la
galerie du Luxembourg. — Léonidas
II , roi de Sparte , était petit fils de
Cléomène II , et succéda à Arée II ,
l'an '2,56 avant J. G. Il fut renversé
du trône par Gléombrote,son gendre,
et rétabli ensuite.( F. Cuilonis ). Z.
LEONIO ( Vincent) , littérateur
italien, naquit en i65o d'une fa-
mille noble de Spolète. Après avoir
étudié le droit à Macerala , il se
rendit à Rome , où il exerça la pro-
fession d'avocat ; mais cette carrière
ne lui fit point abandoimer celle des
lettres. Il fut au contraire un desf
premiers à rappeler le bon goût dans
la poésie italienne, en contribuant à
la fondation de l'académie des Ar-
cadiens établie en 1 690 , unique-
ment dans la vue d'extirper le mau-
vais goût et la bizarrerie qui s'étaient
glissés dans la langue poétique ( F»
Crescimbeni ). Mais ses conseils et
les ouvrages de ses élèves contri-
buèrent plus encore que l'établisse-
ment de l'académie^ à cette heureuse
LEO
rovoliitiou. Ses poésies, après avoir
ttr publiées dans divi'i-sescoîlections,
ont été réunies dans le ^rahd Reeucil
tUlle lime e (Icllc pi ose (legli Ar-
cadi. Ou trouve queiques-unes de
.ses élégies dins Wlrcadnm Carmi-
iia,parsprior, Rome, i']^^'). Leonio
avait rassemblé un grand nombre
d'observations, de rerlierehes, et de
notices pour un Traité complet delà
poésie pastorale , qu'il se proposait
de publier. Cet ouvraj:;e, que la mort
ne lui permit pas d'achever, existe
en manuscrit dans la belle biblio-
thèque de Campello, à Spoicte. On
a inséré dans le tome ii délie f'ite
de^li Arcadiillustri^ l'éloge du pré-
lat Justin Ciampini ,par Leonio. Ce
littérateur mourut a Rome , le 'lij
juin i-jiOjdans les sentiraenis de re-
ligion les plus édifiants. P-s.
LEONIUS , poète latin du xn«.
siècle, n'est nas, comme on l'a dit,
l'inventeur des vers rimes connus
sous le nom de Léonins : on croit
qu'd était chanoine de Saint-Benoît
de Paris , et que , sur la fin de ses
jours, il se retira à l'abbaye de St.-
V ictor. Mais l'abbé Lebeuf pense
que Leonius était chanoine de Notre-
Dame , et il s'appuie sur un passage
d'un nécrologe de celte église, qui
rappelle un Leonius, chanoine, qua-
lifié magister , titre qui désignait
alors un homme connu par son sa-
voir; il fortifie cette conjectiu'e de
plusieurs autres raisons , qu'on peut
voir dans ses Dissertations suri his-
toire ecclésiastique et civile de Pa-
ris, tom. Il, pag. oÀ)"! et suiv. Quoi
qu'il en soit, ou attribue à Leonius:
Historia veteris et novi Testamenti
hexametris versibus. II avait entre-
pris cet ouvrage à la prière de Gue-
rin abbé de St.-Victor. Le P. Echard
en a inséré le prologue dans la Bi-
hlioth, ord. prœdicat, (tom. I«^a^^.
LEO i6g
Guido ou Gui de Viccncc). On con-
serve à la Bibliothèque du Roi un
manuscrit de cet ouvrage , divisé en
XII livres, qui renferment la para-
phrase de la premièr(î partie de
l'ancien Testament jusqu'à Riith. Ca-
simir Oudin regarde Leonius comme
l'auteur d'un P.saiiticr à la louante
de la rierç^e, dont il avait vu une
copie à l'abbaye de Bucilly, diocèse
de Laon : ce psautier n'était pas
écrit en vers, mais sur un mètre en
usage dans ce temps-là. (Voy. Com-
ment, de scfiptorib. ecclesiasticis.)
La coutume de faire rimer les vers
latins était déjà très-ancienne. Le-
beuf, dans sa Dissertation sur Vé-
tat des sciences en France depuis
le roi Robert ( pag. (54 ) , cite le
Micrologue sur la décadence du
monde , ouvrage composé , vers
l'an "720, par St.-Théofride , qui
avait la réputation d'un très-habile
riraeur ( summè rjthniicus ). On a
des chants rimes d'Abailard, de
Hilaire, sou disciple, et d'un grand
nombre de personnages distingues
dans le xi*'. et le xii^. siècles; mais
on nomme vers léonins , les vers
pentamètres et hexamètres qui ri-
ment, non-seulement à la fin, mais
encore à l'hémistiche: cette espèce
de vers était en vogue avant Leo-
nius. Oberlin a publié une disser-
tation : Bythmologia leonina ex
Godefridi //agenoensis codiceMs.,
où l'on trouvera les renseignements
les plus curieux sur la poésie léo-
nine et ses différents genres : on peut
voir aussi là-dessus la Metametnca.
de Caramuel. W— s.
LEOMIEF ( Alexis Léontié-
viTCHi ) , membre de l'académie d
sciences de Pétersbourg, et secr
taire impérial du collège des rela-
tions extérieures, obtint, en 1^79, 1«
titre de conseiller aidique et enstut*
170 LEO
celui de conseiller de la cliancellerie.
II mourut à Petersbourg,cn raai 1 786.
Ce savant avait ctiidië partieuiière-
mcnt la littérature chinoise ; et aucun
de ses compatriotes n'avait encore
pousse aussi loin ses connaissances
en ce genre. On cite de lui , dans la
Bibliothècjue russe, de Bacmcis-
ter : I. Depej Kitaetz' etc. , Pëters-
lîourg, 1771 , in-S". de 5o pages.
Cest la traduction , de chinois en
russe , d'un traite philosophique et
psychologique , que l'auteur , De-
pej , natif de Zisi , paraît , suivant
Je traducteur, avoir écrit l'an 1786
de notre ère. II. Pensées chin nses,
traduites du langage mandchou ,
ibid. 1775^, in-8'\ III. Uwjedom-
lenie o tschaje , etc. ibid. 1775,
in-S». de 48 pages. C'est une traduc-
tion russe de l'instruction sur la cul-
ture du thë et de la soie , intitulée en
chinois: IFang-pou- Kouang; une
partie des préceptes sont en vers chi-
nois dans l'original , et sont ici tra-
duits en vers russes. On y trouve
aussi des aphorisraes d'r.griculture
et de matière médicale. IV. Uwje-
domlenie o l/'ùwschej etc. , c'est-à-
dire, Notice de la guerre des Chi-
nois contre les Songaris (de 1O77
a 1698 ) , tirée de l'histoire chinoise,
ibid. 1777, in-8'\ de 1 08 pag. Cette
relation de la guerre contre les
Songaris ou Djoun - gar ( Voyez
KuANG-ni, t. XXII, p. 355)est pous-
sée jusqu'à la mort de Galdan , évé-
nement que le traducteur attribue
au poison. V. Krattschajsche opi-
sanie etc., ibid. 1778, in-S**. de
332 pag. Cette description succincte
des villes , revenus , etc. , etc. de
l'empire de la Chine et des autres
pays connus des Chinois , est un ex-
trait de la grande géographie pu-
bliée en chinois , sous Khian-loung ,
eu 24 volumes ou 1 07 cahiers , sous
LEO
ce titre : Tdi-thsing i thoung tchi ,
avec un allas de 496 feuilles. VI.
Bukwarj kitajskoi etc. , ibid. 1 779,
iu-S**. de 49 pag. C'est une traduc-
tion , du chinois et du mandchou ,
d'un pelil livre de lecture pour les
enfants , qui n'est guère qu'un re-
cueil de sentences et de proverbes :
l'original est en vers, mais la version
russe e%l en prose. V II. Sse chou
kiài, ibid. 1780, in-8*'. de 12,5 pag.
C'est une version russe du Ta-hio ,
l'un des livies classiques de la Chine
( F. CoNFucius, tom.IX, p. 4*^ )•
Deux autres volumes comprennent
le Tchoung-joung et une partie de
Lun-yu ( i ). C. M. P.
LEONTIUM était une courtisane
athénienne , à qui son goût pour la
philosophie, et surtout pour les phi-
losophes, a donné de la célébrité.
Elle fut successivement , ou à-la-fois
peut-être, la maîtresse d'Epicure, et
celle de Métrodore , le plus fameux
des disciples d'Epicure. On a dit mê-
me qu'elle ne se montra cruelle pour
aucun des jeunes gens qui fréquen-
taient cette école de morale relâ-
chée. Quelques mots presque pas-
sionnés d'une lettre que lui écrivait
Epicure, peuvent faire croire qu'elle
lui avait inspiré une tendresse assez
vive ; les voici , comme Diogène
de Laërte les rapporte : « Par
» Apollon I chère Léontium , de
» quelle admiration m'a rempli la
» lecture de ton billet I » On sait
aussi qu'd parlait d'elle avec un ex-
trême intérêt dans sa correspondan-
ce avec Hermarchus. Pour plaire
beaucoup , malgré ses désordres et
reffronterie de son libertinage , à un
(i) A ces divers écrits tî« Léontli^T, il faut
a)oi>ter «a Description des huit bannières qui
composent la naiion rnandchoTe , S;ii"t-l'<'ters-
boiirs, 170}, 16 fol. iu-b''. C'est le pi"» 'n>i»..i-
tayl lie ics ouvrage». A. ll-ï.
Î.KO
!:.»ininc cl'un esprit aussi distingué
qu'Kpiruic, il fallait un mérite peu
vulgaire; et l'on petit croire , sans
trop courir le risque de se tromper,
que Le'outium joignait à une grande
beauté les grâces d'un esprit très-
orne. Elle avait même écrit un livre
de philosophie; et, si le fonds n'en
e'tail pas bien fort, au moins la
forme en était excellente : « Une
^ petite courtisane a bien ose' écrire
contre Theophrastc ! son style
- est ingénieux et plein d'atticisme ;
mais pourtant.... » C'est Ciceron
qui s'exprime de la sorte; et, si le
mot de petite courtisane ( mere-
tricula ) est un peu dur , si la réti-
cence est un ])eu desobligeante , l'c-
loge donne' au stylô-adoucit jusqu'à
lin cerlain point l'amertume de la
ii tique. IMine a etc beaucoup moins
l'Ai. 11 dit qu'une femme même, et
il ne daigne pas la nommer, qu'une
f<»mme même écrivit contre l'clo-
) lent Thcophraste , et que de là na-
lit le proverbe, choisir un arbre
ntr se pendre , voulant sans doute
I lire entendre, qu'après un tel ren-
versement de toutes les convenan-
ces, il y avait trop de honte à vivre,
puisque la vie exposait à de tels ou-
trages. Parmi les lettres du rhéteur
Alciphron , il y en a une de Lcon-
tiiim à Lamia. Cette lettre est in-
«ontestablement supposée ; mais ,
romrae elle a certainement été écrite
'l'après les données que présentaient
histoire philosophique et les tradi-
ons, on en peut tirer quelques faits;
; ir exemple, qu'Epicure était déjà
\trcmeraent âgé quand il se lia avec
i r^ontium; qu'il avait, avec toutes
Ifs infirmités delà vieillesse , tous les
ridicules d'un vieillard amoureux;
qu'il envoyait à Léontium beaucoup
de billets , qui sans doute lui sem-
blaient les plus galants du mondC; et
LEO 171
qu'il écrivait du même style énigma-
tiqueetdécousu que SCS rêveries méta-
physiques. Avant d'être admise dan*
les jardins d'Epicure, Léontium a-
vait plu au porte Ilermésianax, qiii,
par une galanterie tout-à-fait poéti-
que , avait donné le nom de Léon-
tium à ses trois livres d'élégies. C'est
ainsi que pins tard, et peut-être à
l'exemple d'Ilerraésianax, Propercc
intitula son premier livre rinfA/a ,
du nom de sa maîtresse. L'inter-
prète récent d'Athénée ne croit pas
que la Léontium d'Hermésianax soit
la même que celle d'Epicure. 11 ne
nous a pas paru que la chronologie
exclût absolument cette identité ; ce
que nous tâcherions de morilrer, si
la nature de cet ouvrage permettait
de semblables discussions. Léontium
eut une fille nommée Danaé , qui
ne fut guère plus sage que sa mère ,
etqui mourut victime de son dévoue-
ment pour un gouverneur de Syrie,
appelé Sophron , dont elle avait été
la maîtresse. Danaé était devenue la
favorite et la confidente de Laodicé,
veuve du roi Antiochus/?i>M. Ayant
su que Laodicé voulait faire périr
Sophron, elle l'en avertit, et il eut
le temps de fuir. Furieuse d'une in-
discrétion qui lui avait peut-être é-
pargué un crime, et ne se souvenant
plus que Danaé était son amie, la
reine ordonna qu'elle fût précipitée.
Comme on la conduisait au préci-
pice : a Que les hommes , dit-elle ,
» ont bien raison de mépriser la di-
» vinitéî j'ai sauvé mon amant, et
» voila comme le ciel m'en récom-
» pense! Laodicé a tué son époux ,
» et elle est au comble de la pros-
» périlé! » On voit que Danaé avait
dans la tête un peu de la philoso-
phie d'Epicure : elle tenait cela de
sa mère. Mais l'intérêt qu'inspire
une fin si tragique et « peu méritée
172 LEO
ue laisse pas la force de la juger sé-
vèrement. B-ss.
LEOPARDI ( Alexandre ), sculp-
teur et architecte, naquit à Venise vers
le milieu du xv*^. siècle. Il sortait de
l'école de Lombardie ; et , quoiqu'il
soit peu connu hors de l'Italie , les
ouvrages qu'il a exe'cute's dans sa
ville natale offrent un tel caractère de
perfection et d'élégance, que l'on ne
])eut concevoir comment tant d'au-
tres sculpteurs moins habiles ont ob-
tenu plus de renommée. Un des mo-
numents les plus remarquables de
Venise est dû à son ciseau : c'est le
mausolée du doge André Vendra-
min, érigé dans l'ancienne église des
Servitcs. Ce monument, aussi admi-
rable parla beauté de l'architecture
que par la perfection de la sculp-
ture, est enrichi d'un grand nombre
de statues et de bas-reliefs de la
main de Leopardi , excepté deux fi-
gures à' Adam et à' Eve , r^wi sont
dues à Tullio Lombarde, sculpteur
également habile de cette époque : le
travail du premier est remarquable
par la simplicité et le goût. Ce n'est
point la fierté de l'école florentine ;
c'est un style plus simple et plus gra-
cieux, et qui semble le type de celui
qu'adoptèrent parmi nous Jean Gou-
jon et Germain Pilon. Oa est frappé
de l'analogie qui existe entre les
bas-reliefs de ce mausolée repré-
sentant des Enfants jouant avec des
animaux marins , et ceux du même
genre qui ornent la fontaine des In-
nocents à Paris. Les statues de pe-
tite proportion qui sont placées au-
tour du sarcophage, semblent, pai?
l'invention et la perfection du tra-
vail, avoir été copiées d'après les
pierres antiques les plus parfaites :
les ornements d'architecture sont
de même d'un excdlent goût. Ce
monument n'avait jamais été gravé j
LEO
et l'on a l'obligation de le connaître
à M. le chevalier Cicognara, qui en
a inséré le trait dans son Histoire
de la sculpture moderne : il suffit
pour montrer à quel point de per-
fection ce bel art s'était élevé à Ve-
nise. C'est encore à Leopardi que
l'on doit les trois piliers de bronze
de la place Saint-Marc, sur lesquels
étaient arborés les étendards de la
république : l'élégance et la justesse
des proportions y sont également
admirables. C'est Leopardi qui fon-
dit la statue équestre en bronze du
général Colleoni , dont le modèle
avait été exécuté par André da Ve-
rocchio. Il fit en outre le piédestal
de celte statue ; et cet ouvrage a
toujours été regardé comme le plus
parfait modèle de ce genre. On peut
en voir le plan , l'élévation et les
détails dans l'ouvrage intitulé : Le
Fahbriche Veneziane illustrate e
misurate. On a reproché à Leopardi
d'avoir voulu s'approprier entière-
ment l'ouvrage, en gravant sous le
ventre du cheval l'inscription sui-
vante : Alexander Leop ardus fecit
opus , qu'il recouvrit de bitume ,
afin qu'au bout de quelque temps la
pluie et le soleil faisant disparaître
l'enduit, l'inscription reparût : c'est
une erreur. L'inscription placée
sous le ventre du cheval ne porte
point le mot fecit; il n'y a que
la lettre F qui signifie aussi bien
fudit ([ue fecit; et une preuve que
j-amais il n'a voulu s'approprier ce
bel ouvrage , c'est que, dans l'cpita-
phe qu'il fit placer lui-même sur
sou tombeau, il ne se reconnaît que
comme l'auteur du piédestal, disant
en propres termes : Bartlwlomœi
Colœi slatiue basis opifex. Leo-
pardi avait été chargé, conjointe-
ment avec Antoine Lombar.lo , de
la coastruotioa de la chapelle Zen ,
I
IJ'O
(\i\us lV;;liM' S.iint-Mnrc. Des en-
\icux cheichcrent à lui susciter
i\vs ilcgoîils : on le remplaça par
tiaulres artistes; mais l'ouvrage res-
ta suspendu jusqu'à ce qu'enfin Pier-
10 Lombardo le Vieux fVit charge
(le la direction des travaux. Outre
les ouvrages qu'on vient de rappor-
ter, Leopardi en avait exécuté, pour
(liirércnts particuliers et pour des
clablissements qui n'existent plus ,
un grand nombre de moins inipor-
Umts : quoiqu'il n'y eût pas mis son
nom , l'empreinte de son talent s'y
remarque toujours, et ils n'ont pas
■ssé d'être recherchés , comme les
: 'stes précieux de la perfection des
.»rts à Venise dans le xv*^. siècle.
11 mourut dans cette ville en t5io,
et fut enterré dans le cloître de
Sainte-Marie dell' Orto. P--s.
LÉOPOLD ( Saint }, dit le Pieux,
margrave d'Autriche , de la maison
de Bamberg, ou Babenberg , était fils
de Léopold III, dit Icbeau , et d'Itha,
fille de l'empereur Henri III, ou plus
vraisemblablement de Welphe î^i. ^
duc de Bavière. Il était encore fort
une, lorsqu'en 1096, la mort de
m père le rendit souverain du mar-
- aviat. L'empereur Henri IV, s'é-
tiit brouillé avec le Saint- Siège ,
1 iusieurs princes d'Allemagne le li-
ât déposer , et mirent à sa place
lenri, son propre fils. ( Vojez
Hemu IV et HE^RI V. ) Léopold ,
malgré toute sa sagesse et toute sa
piété , embrassa le parti de ce iîls
dénaturé,dout, en 1 106 , il épousa
la sœur , nommée Agnès. On croit
toutefois qu'il ne contracta ce ma-
riage qu'après la mort de Henri IV;
ce qui rend sa conduite moins blâ-
mable. L'opinion qu'on avait de son
équité, de sa prudence et de sa
• leur , fit jeter les yeux sm*
'« , pour succéder à îlenri V ;
LEO
1-3
Uiais jugeant que Lothaire réunirait
en sa faveur la pluralité des suf-
frages , Léopold se lit un devoir de
lui céder. Il repoussa , avec le se*
cours du duc de Bohème , les alla-
3ues d'Etienne II , roi de Hongrie ,
ont , par représailles , il ravagea
les étals. On j)arle aussi d'une au-
tre victoire qu'il remporta sur le
même priiu e. Léoj)old eut d'abord
à gouvernei- des sujets intraitables ,
que la religion et les lois n'avaient
encore pu ])olir. Il sut les adoucii-
par sa prudence et sa modération ;
et bientôt il se vit l'objet de leur vé-
nération et de leur amour. De con-
cert avec Agnès, son épouse, il fon-
da plusieurs monastères ; mais loin
de fouler ses sujets pour fournil- à
ces établissements pieux , il diminua
les impots , et versa d'abondantes
aumônes dans le sein des pauvres.
Il mérita aussi la reconnaissance
publique par son exactitude à ren-
dre la justice. Léopold mourut le
1 5 novembre 1 1 36. Il eut d'Agnès
dix-huit enfants. Le bruit des mi-
racles qu'on disait s'opérer sur sa
tombe, et dont il se fit d'amples re-
cueils , porta plusieurs papes à or-
donner des recherches sur sa vie.
Ce fut Innocent VIII qui , à la de-
mande de Frédéric III, le canonisa,
le i4 janvier i48j. H-ry.
LEOPOLD I*^'. ou II, dit le Glo.
rieux , duc d'Autriche ( i ) , était le
troLsièmefilsde l'empereur Albert \^^
qui fut assassiné à l'instigation de
Jean de Hapsbourg , son neveji. Le
(t) CVit •etilement dppuit l'anut^e i|52, que
les ptincet de la ntAÏton d'Autiicliu ptciineiit
«ans conleaiation le titre d'archiduc qui leur a
été accordé ou plutiit rendu par Tenipereur Fré-
déric III , chef de leur maisoa. Ce monarque
leur contera , en conaéqiiencv , plutieura préro-
gatiret , tellet entre auirtt qur> ie droit de porter
dam leuti propret était , le manteau royal, et la
couronne ducale , turniontée du diadénid impe.
rial et de la croÏK , et de leni* lui bâton de com-
uiandemeut à la. oi^iu.
174 I^EO
premier soin des enfants d'Albert ,
fut de venger sa mort sur tous ceux
qui avaient eu part au crime , et
même jusque sur leurs vassaux. Plus
de mille personnes furent sacrifiées,
dit-on , aux mânes du monarque
autrichien. Albert laissa cinq fils,
qui succe'dèrent, par indivis, à toutes
les possessions de leur famille. Trois
d'entre eux étant encore fort jeunes,
l'administration des provinces autri-
chiennes fut dévolue aux aînës, Fré-
déric et Léopold. En conséquence
du partage qu'ils en firent entre
eux , ce dernier prince prit en main
le gouvernement des états que sa
maison possédait en Souabe , en Al-
sace et en Suisse. Léopold suivit en
Italie , à la tctc de quinze cents hom-
mes d'armes , l'empereur Henri de
Luxembourg , qui , pour le récom-
penser de ce signalé service, le fiança
à Catherine de Savoie , nièce de l'im-
pératrice. Comme cette dernière prin-
cesse n'existait plus , et que Henri
désirait établir une union encore
plus intime entre lui et les princes
autrichiens , il choisit pour seconde
femme , Catherine leur sœur. La
future impératrice était à peine ar-
rivée en Italie , que l'empereur mou-
rut , événement qui fit concevoir
aux ducs d'Autriche , l'espérance de
placer l'un d'eux sur le trône im-
périal ; et ils usèrent de toute leur
influence pour assurer la nomination
de Frédéric. Il y eut double élection.
Une partie des électeurs nommèrent
le duc d'Autriche , et l'autre Louis
de Bavière , qui toutefois obtint la
plurabté des suffrages de tout le col-
lège électoral. Des deux côtés on
courut aux armes. Durant le cours
des hostihtés, les deux princes au-
trichiens céleTirèrcnt leurs noces ,
l'un avec Elisabetb d'Aragon , et
l'autre avec Catherine de Savoie j
LEO
et ils perdirent un temps précieux ,
en fêtes et en tournois. A la fin ce-
pendant , Frédéric marcha contre
Louis , et Léopold attaqua les can-
tons d'Uri , d'Underwald et de
Switzch,qui avaient épousé les inté-
rêts du prince bavarois. Ayant ras-
semblé une armée de vingt mille
hommes , le duc d'Autriche s'ava-nça
vers la ville de Schwitz. A son ap-
proche, quatorze cents hommes, la
fleur de la jeunesse suisse, saisissent
leurs armes , et volent au secours
de la ville menacée. Ils passent un
jour entier, livrés à des exercices de
piété, à chanter des hymnes , et à
demander à Dieu , agenouillés dans
les rues et dans les places publiques,
d'exaucer leurs humbles prières et
d'abaisser l'insolence de leurs enne-
mis. Ayant pris ])oste sur les hau-
teurs de Morgarten, et enflammés
du même courage que les Grecs aux
Thermopyles , ils attendent de pied
ferme l'armée autrichienne. Quinze
cents bannis font solliciter, près des
magistrats , la faveur de partager
les dangers de leurs compatriotes ; et
quoique refusés, ils occupent une
hauteur qui commande l'entrée du
défilé. Le lendemain , au point du
jour ( ï 6 novembre 1 3 1 5 ) , on vit pa-
raître les Autrichiens, qui se croyaient
assurés de la victoire. A peine sont-
ils engagés dans le défilé, que les
bannis, poussant de grands cris, font
rouler sur eux des troncs d'arbre et
des quartiers de rocher. Les Suisses
quittent les hauteurs, et cliargent les
Autrichiens , qui , gênés par le peu
d'espace du terrain , ne peuvent faire
aucun mouvement , et sont bientôt
culbutés. Léopold lui même ne par-
vient qu'avec peine à se sauver. Les
ducs d'Autriche profitèrent d'un
armistice qu'ils conclurent avec les
Suisses , pour dirig^er tout l'effort de
I.EO
|f!urs arînc5 roiitrcT-ouis (IrRavii'ie;
vt il so livra mir infiiiifc de combats
li (lesolèrent rAlleînaj];ne, de rime
.4 l'autre extrémité. I/artion la plus
célèbre fut celle de Muhldorf, où
Frédéric fut fait prisonnier avec
Henri son frère. Cette défaite fut due
': l'imprudence de Frédéric, qui li-
ra la bataille sans attendre 1 arri-
\ ce de fiéopold. Ce prince , qui se
trouvait à la tète de forces conside-
: t blés, était entre en Bavi're; mais
vaut appris le funeste résultat de
Il journée de Muhldorf , il se retira
eu Alsace. Après avoir tenté vaine-
ment de faire rendre la liberté à ses
deux frères, il redoubla d'eATorls
pour réparer les nialhcui*s de sa
maison , il gagna le roide Bohème , et
en obtint, moyennant une rançon, la
liberté de Henri, H s'unit étroitement
avec le pape Jean XXII , qui avait
fulminé contre Louis une sentence
d'excommunication et de déposition •
et il promit de favoriser l'élection
du roi de France ( Charles IV , dit
le Bel ) à l'empire. Ayant levé beau-
coup de troupes , il ravagea la Ba-
vière , et insulta les villes impériales
de Souabc. Louis, pour arrêter cette
incursion , se mit en marche au cœur
de l'hiver. Altaqnépar Léopold , il
fut complètement défait. Cette vic-
toire accrut l'influence du parti au-
trichien. Léopold eut , à Bar-sur-
Aube , une entrevue avec le roi de
France. Il se réunit ensuite aux élec-
teurs de Maïence et de Cologne ,
aux amlwssadeurs du monarque
français et au légat , pour concerter
la déposition formelle de Louis , et
réleclion de Charles IV. Réduit à
cette extrémité, Louis de Bavière ne
vit d'autre parti à prendre que de
t.-îcher de se récoucdier avec les
princes autrichiens , et il rendit la
liberté à Frédéric : ce ne fut toutc-
LEO 17 >
fois qu*à des conditions fort dures.
Le duc d'Autriche promit de renon-
cer à la dignité impériale , de resti-
tuer toutes les places qu'il avait en-
levées à l'Empire, de soutenir l'em-
pereur contre tous ses ennemis , et
de reprendre ses fers s'il ne pouvait
exécuter tous les articles de la con-
vention. Mais les autres princes au-
trichiens, et particulièrement le fier
Léopold , refusèrent d'accéder à ce
traité , que de son côté le pape dé-
clara nul. Frédéric tint sa parole
avec une fidélité dont on trouve peu
d'exemi>lcs dans l'histoire. Il se re-
mit en la puissance de Louis , qui ,
touché d'une telle grandeur d'à me ,
traita son prisonnier avec générosi-
té. Selon 1 usage du temps , ils n'eu-
rent qu'une table et qu'un lilj et
lorsque Louis fut appelé dans le
Brandebourg , pour y étouffer une
révolte contre son fils , il confia le
gouvernement de la Bavière à Fré-
déric. A la fin , fatigué des attaques
impétueuses et terribles de Léopold ,
et redoutant la haine du pape, Louis
ofTrit des conditions moins dures.
On conclut un traité ( 8 septembre
1 3^25), portant que les deux compé-
titeurs régneraient conjointement ;
qu'il prendraient , l'un et l'autre , le
titre de roi des Romains, qu'ils con-
féreraient de concert les fiefs impé-
riaux , et que chacun d'eux aurait
alternativement la préséance. Léo-
pold se montra satisfait de cet ac-
cord : mais les électeurs et les princes
del'Empire soutinrent quec'était une
violation de leurs privilèges ; et le
traitéfut censuré par le pape , comme
attentatoire aux droits de l'Eglise.
En conséquence , il fut arrêté, entre
Louis et Frédéric, que le premier
se rendrait en Italie , accompagne de
Léopold , en qualité de vicaire-géné-
ral de l'Empire, et (jue Frédéric
176 LEO
tiendrait les renés du gouvernement
en Allemagne. Malgré tous les efforts
du pape pour soulever , contre cet
arrangement , le roi de France et les
électeurs , Louis et Frédéric demeu-
rèrent unis. Léopold , avec son ac-
tivité accoutumée , rassemblait sur
le Rhin une armée destinée à forcer
le consentement des princes de l'Em-
pire, lorsque sa mort vint frustrer
de nouveau les espérances de sa mai-
son. En apprenant la perte de la ba-
taille de Muhldorf , ce prince s'était
livré au désespoir le plus violent j
et ce n'avait pas été sans peine qu'on
l'avait empêché de mettre un terme
à ses jours. Depuis cette époque , ja-
mais on ne l'avait vu sourire : il dé-
plorait continuellement l'abaisse-
ment de sa maison • et les émotions
que lui faisait éprouver un esprit in-
domptable et ardent , jointes aux
grands eflbrts qu'il avait faits durant
la guerre contre Louis de Bavière ,
allumèrent son sang, et lui causèrent
une fièvre qui le conduisit promp-
tement au tombeau. Il mourut à
Strasbourg , dans un accès dedélire,
à l'âge de 35 ans. Léopold eut de
Catherine de Savoie , deux filles ,
Catherine et Agnès. Catherine épou-
sa , en premières noces ,Enguerrand
VT , sire de Coucy , dont elle eut le
célèbre Enguerrand de Coucy, et en
secondes noces , Conrad , comte de
Hardeck. Agnès eii^ pour époux Bo-
leslas j duc de Schweidnitz et de
Gawer. H-ry.
LÉOPOLD II ou III, dit le Preux,
duc d'Autriche , troisième fils d'Al-
bert II, dit le Sa§e, fut chargé
de l'administration des états que sa
maison possédait dans la Souabe,
et partagea le gouvernement du ïy-
rol avec Albert III, son frère. Mais,
avide de pouvoir, il arracha à ce
dernier mi nouvel acte de partage,
LEO
par lequel il ne lui laissa que l'Au-
triche, et acquit lui-même, outre les
possessions de Souabe et d'Alsace_,
le Tyrôl , la Styrie , la Carinlhie et
leurs dépendances. Comme l'hidivisi-
bilité des états Autrichiens était éta-
blie par un ancien pacte de famille ,
Léopold pria l'empereur Charles IV
de consentir à l'arrangement qu'il
venait de faire avec Albert. « Nous
» avons long-temps travaillé vaine-
» ment à abaisser la maison d'Au-
» triche , » dit le monarque , en
donnant à l'acte sa sanction avec
joie; « et voilà qu'elle s'abaisse elle-
y> même. » Léopold s'efforçait d'é-
tendre ses états par différentes ac-
quisitions , lorsque ses possessions
d'Alsace et de Suisse furent envahies
par Enguerrand VII, sire de Coucy,
son cousin , qui réclamait plusieurs
terres, commela dot de sa mère, et
dont la demande fut rejetée comme
contraire à l'ordre de succession
établi dans la maison d'Autriche.
Enguerrand éprouva en Suisse plu-
sieurs défaites, qui le forcèrent à se re-
tirer en Alsace. Après avoir dévasté ce
pays, il abandonna ses prétentions ,
soit parce qu'il se trouvait hors
d'état de les soutenir, soit parce
quç Léopold lui céda les seigneu-
ries de Buren et de Nidau. Cette
contestation était à peine terminée ,
lorsque Léopold se vit enveloppé
dans les guerres que se firent en Ita-
lie, la république de Venise, le roi
de Hongrie, et François de Carrare,
qui engagea le duc d'Autriche à tenter
une invasion dans les états Vénitiens.
Après des succès divers, Léopold
conclut avec la répu]jlique une trêve
de deux ans, durant lesquels une
nouvelle ligue , où il ne voulut point
entrer , mit Venise sur le penchant
de sa ruine. Les Vénitiens aciietèrent
ensuite la neutralité de ce
I
LEO
lui cêilant la marche de Trcvise,
l'il ne put conserver cl qu'il vendit
l'iaiiçois do Carr;«re. Vers le mê-
me temps , il fit l'arquisition de
ïriestc , dont les habitants , fatigues
de leurs propres dissensions, hii of-
frirent de se soumettre à sa domina-
tion ; ce qui donna un port de mer
à la maison d'Autriche , avantage
dont elle était privée. Guillaume,
fils aînc de Leppold , était doué
de qualités extérieures si sëduisan-
♦'"s, qu'elles lui avaient acquis le
irnom de Merveille du monde. Sou
père s'était flatté de lui procurer la
couronne de Pologne , en lui faisant
épouser la belle Hedwige , fdle du
monarque polonais , Louis dit le
Graml; mais le jeune duc d'Autri-
che, malgré l'amour qu'il avait su
inspirer à la princesse, fut supplanté
par Jagellon,duc de Lithuanie. Cette
disgrâce, jointe au mauvais état de ses
finanecs, et au peu de succès de la
guerre qu'il avait soutenue en Italie,
et durant laquelle il avait été un ins-
tant prisonnier ,! affligèrent Léopuld
au point qu'il devint incapable de
tout exercice de corps et d'esprit. Il
négligea l'administration des alfa ires;
et ses baiihs et seigneurs, afVran-
*his de toute contrainte, se livrèrent
<dx plus grands excès. Le mécon-
tentement étant parvenu au plus
haut degré , il se forma une confé-
dération de ])luh de quarante villes de
Souabe, à laquelle accédèrent Stras-
bour;:;, M^ticnce, ainsi que les autres
villes principales du Rhin, et les
cantons de Berne, de Zug, de Zurich
et de Soleure. Léopold, cfl'rayé, sor-
tit de son aj)alhie, et détacha Zurich
de l'alhance des autres cantons con-
fédérés contre lui : il parvint à dis-
soudre la ligue des villes du Rhin; et,
< u réprimant ses baillis , il apaisa les
mécontentements dans la Souabe.
xxiv.
LEO 177
Mais les infjuiétudes ayant cessé, les
exactions recommencèrent. La haine
que les Suisses portaient à l'Aulrif he
se réveilla, cl une querelle légère oc-
casionna bientôt une rupture. Les ha-
bitants de quelques villes qui faisaient
partie des possessions de la maison
de Hapsbourg , et que Léopold avait
engagées à plusieurs seigneurs , s'é-
tant mis sous la protecliou de Lu-
cerne , il s'ensuivit une guerre cruelle
entre le duc d'Autriche , et plu-
sieurs cantons Helvétiques. Après
Aqs succès divers, fut livrée la cé-
lèbre bataille de Sempach ( 9 juil-
let i38fi ), où treize cents Suisses
délirent l'armée autrichienne, forte
de quatre raille chevaux , et de qua-
torze cents hommes de pied. Le suc-
cès fut dû au dévouement héroïque
d'Arnold de Winkciried, chevalier
du canton d'Underwald. Voyant les
Autrichiens sur le point d'envelop-
per les Suisses, Arnold, après avoir'
recommandé sa femme et ses en-
fants à ses compatriotes, sort des
rangs, se jette sur les ennemis, et
saisit autant de leurs lances qu'il peut
en embrasser. Sa poitrine en est per^
cée, et il les entraîne en lombanf.
Ses concitoyens s'avancent sur son
corps expirant, et rompent la ligne
des Autrichiens. D'autres Suisses ,
avec non moins d'intrépidité, péné-
trent dans les intervalles causés par
ce mouvement, et toute la phalange
est mise en désordre. Deux mille Au-
trichiens, dont un tiers était compose
de comtes , de barons et de cheva-
liers , furent comptés parmi les
morts. Léopold y déploya la plus
grande bravoure. L'olHcier qui por-
tait l'étendard autrichien ayant été
renversé, un autre olHciev releva
l'enseigne; mais bientôt, mortelle-
ment blessé , il tombe en s'écriant :
tt Au secours , Autrichiens! au s«-
VÀ
LEO
» cours! » Léopold accourt, reçoit
rétendard ensanglanté , et l'agite en
l'air. Ses chevaliers se pressent au-
tour de lui; l'action s'engage avec
une nouvelle fureur, et la plupart
des compagnons d'armes du prince
sont tués à ses côtés. Lui - même ,
voyant 'tout perdu , se jette au plus
fort de la mêlée; et une main incon-
nue met un terme à son existence.
Son corps, percé de coups, fut trou-
vé sous un tas de morts. Ainsi périt
Léopold, âgé de 36 ans, après un
règne fort agité qui en avait duré 20.
Ce prince montra plutôt les qualités
d'un chevalier errant , que celles d'un
souverain. Il ne laissa point d'en-
fants de Catherine , sa première
femme , qui était fille de Meinhard ,
comte de Gorice. Sa seconde femme ,'
Virida, fille de Bernaho Yisconti,
seigneur de Milan , qu'il épousa en
1 366, lui donna quatre fils, Guil-
laume, Léopold , Ernest et Frédéric ,
et une fille nommée Elisabeth. H-ry.
LEOPOLD I«r., empereur d'Al-
lemagne, second fils de Ferdinand III,
naquit le 9 juin 1640 , et se signala
dans sa jeunesse par des talents mi-
litaires. Ferdinand , son frère aîné ,
étant mort, il fut reconnu héritier
présomptif des deux couronnes de
Hongrie et de Bohème; et les états
d'Autriche lui prêtèrent foi et hom-
mage en la même qualité. Il n'avait
pas 18 ans, lorsque son père mourut.
La régence fut déférée à l'archiduc
Léopold, frère de Ferdinand III; et
le premier soin de ce prince fut de
faire poser sur la tête de son neveu ,
la couromie impériale, qui lui fut
offerte à lui-même , et qu'il eut la
générosité de refuser. Léopold fut
élu empereur, le 18 juillet i658, et
couronné à Francfort, le i^^ du mois
suivant. On lui fit signer une capitu-
Utiga qui u'ayait pas moins de qua-
LEO
rante-cinq articles, l'un desquels lui
interdisait la faculté de secourirTEs-
pagne dans les guerres d'Italie. On
voulut étendre cette interdiction à la
guerre qui se faisait dans le Nord ;
mais Léopold eut assez de force
pour en faire rejeter la proposition ,
ainsi qu'un autre article portant que
s'il violait sa capitulation, il serait
censé avoir abdiqué. Ne pouvant ainsi
prendre part à la guerre entre la
France et l'Espagne, l'empereur di-
rigea , mais sans de grands succès ,
tous ses efforts contre la Suède. La
Hongrie et la Transsylvanie attirè-
rent ensuite son attention ; et bientôt
la guerre se ralluma entre la maison
d'Autriche et la Porte Ottomane. Les
troupes impériales, commandées par
Montécucutli, remportèrent d'abord
quelques avantages , dont elles ne
purent profiter, les Hongrois n'ayant
point envoyé les secours qu'ils avaient
promis. Léopold n'obtint rien non
plus d'une nouvelle diète qu'il avait
assemblée à Presbourg : en con-
séquence, il entra en négociation
avec les Turcs ; mais le grand
visir Achmet Koproli , qui , sous
Mahomet IV;, gouvernait l'empire
Ottoman, ayant vu la Hongrie sans
défense et en proie à des dissensions
intestines, fondit sur ce royaume
avec une armée de cent mille hom-
mes, passa la Drave et le Danube,
et détacha des hordes de Turcs et de
Tatars, qui, après avoir menacé
Vienne , portèrent le ravage jusqu'à
Olmutz. Dans ce danger pressant,
Léopold fut attaqué de la petite vé-
role , et cet accident ne fit qu'augmen-
terl'embarrasoiîrinvasion des Turcs
avait jeté ses ministres. Montécuculli
eut beaucoup de peine à se main-
tenir dans la position qu'offre l'île
de Schiitt; et la présence de l'ennc-
Uki rendit inutile un effort tardif
I
LEO
qu'on fit pour lever l'Armée d'insur-
rerlion. N'ayant plus d'ospoir qu'eu
des secours étrangers , Lcopold , alors
relevé de sa maladie , se rendit à Ra-
tisbonnCf où se tenait la diète de
l'Empire. On lui fit essuyer une foule
de contrariétés; et ce ne fut que
lorsque la prise de Ncuhausel eut
découvert toute l'étendue du danger,
qu'on lui accorda les continccnls et
les contributions dont il avait un si
pressant besoin. Les autres états
prêtèrent aussi des secours à Léo-
pold; et le roi de France lui envoya
six raille hommes, sous la conduite
du comte de Coligny et du marquis
de la Feuilladc. On réunit ainsi
une armée de trente mille hommes
qui s'avança vers le théâtre de la
guerre. Les commencements de la
campagne furent marqués par des
succès et des revers; mais la journée
de St.-Gothard (i*"-. août i664), où
le choc des troupes allemandes et la
valeur des Français rompirent les
rangs des janissaires , la décida en
faveur des chrétiens. Dans les pre-
miers transports de joie qu'excita
cette victoire , on se flatta de chas-
ser pour jamais de la Hongrie les in-
fidèles. Toutefois la division se mit
sur-le-champ parmi les vainqueurs ;
ce qui, joint à d'autres considérations,
porta Léopold à souscrire aux pro-
positions du grand-visir : et , au
grand étonueroent de l'Europe, il
conclut avec la Porte Ottomane ( i o
août id.), une trêve de ào ans. Louis
XIV ayant envahi les Pays-Bas , la
cour de Madrid réclama le secours
de Léopold , comme empereur ,
et comme le plus proche héritier de
la couronne a' Espagne. Traversé par
les princes d'Allemagne et inquiété
par des troubles qui commençaient à
s'élever en Hongrie , il fut contraint
de garder la neutralité , qu'il rompij
LEO 179
néanmoins , lorsqu'il vit les Proviu-
ces-Uniessurlepuintd'etrcronnuises
parles troupes françaises. D'aLord,
il tenta vainement de soulever l'Em-
pire contre la France : mais l'em-
brasement du Palatinat et l'invasion
de Trêves, de la Lorraine et des villes
impériales d'Alsace, concoururent,
avec plusieurs déclarations hautaines
de Louis XIV, à donner du poids aux:
représentations de Léopold; et , eu
16741 toute la dicte se réunit pour
déclarer la guerre au monarque fran-
çais. Durant les deux aimées sui-
vantes , les opérations militaires en-
tre la France et l'empereur , ne s'é-
tendirent pas au-delà des bords du
Pihin. La lenteur calculée de Monté-
cuculli , et l'activité de Turennc , se
balancèrent tellement , qu'il n'y eut
point d'avantage décisif de l'un ni de
l'autre côté: mais peu de temps après
la mort du dernier et la retraite du
premier, les choses changèrent de
face; et la fortune se déclara pres-
que toujours en faveur de la France.
Celte guerre fut terminée par la paix;
de Nimègue( 1679), qui, à l'égard de
l'Allemagne , laissa les choses dans
l'état où le traité de Wcstphabe les
avait mises. La paix conclue, Léo-
pold, qui pouvait prévoir qu'elle ne
serait pas de longue durée, engagea
la diète à mieux ordonner l'organi-
sation de l'armée de l'Empire. En
même temps, il excita les états d'Alle-
magne à former des ligues défensi-
ves, soit entre eux, soit avec des
puissances étrangères. Il accéda à
celle des quatre cercles du Rhin , et
conclut des traités d'alliance avec
les ducs de Brunswick - Luuebourg
et l'électeur de Bavière. La saisie du
duché de Deux-Ponts , en vertu d'un
arrêt rendu par une des célèbres
chambres de réunion que Louis XIV
arait instituées, ayant irrité le roi de
8o
LEO
I
Suède, qui en e'tait souverain, Fempe-
reur profita de son mécontentement,
et conclut avec ce prince, l'Espagne et
les Provinces-Unies, une ligue défen-
sive de 10 ans. Il se flattait de porter
le corps germanique à déclarer la
guerre à la France ; et il espérait que
le prince d'Orange engagerait l'An-
gleterre dans la querelle: mais l'in-
fluence de Louis XIV l'emporta.
Les troiipes françaises , e'tant en-
trées dans les Pays-Bas , s'emparèrent
de plusieurs places. La division des
'^rinces d'Allemagne, l'insouciance
es Hollandais ,1a neutralité' de l'An-
gleterre, et surtout l'embarras où les
troubles de Hongrie jetaient Le'opold,
permirent au roi de France de con-
server la plus grande partie de
ses conquêtes ; et il fut conclu, à
Ratisboune (26 avril i684), entre
ce prince , le roi d'Espagne et l'em-
pereur , une trêve de vingt ans , qui
en dura tout au plus trois. Lëopold.
renferma son indignation dans son
sein , et il épia l'occasion de la faire
e'clater. H trouva de semblables dis-
positions dans Guillaume , prince
d'Orange , qui opéra une révolution
dans les sentiments des Hollandais, et
qui n'usa pas avec moins de succès du
Crédit qu'il avait sur l'esprit du roi
de Suède , et sur celui de pb.isieurs
membres du corps germanique. Léo-
pold gagna ensuite l'électeur de
Brandebourg, et s'assura du con-
cours des princes de Brunswick-
Lunebourg. Le prétexte que l'em-
pereur et le pri]ice d'Orange cber-
ciiaient pour soulever l'Emjiire con-
tre la France , leur fut ofîert à la
mort de Gharks-Louis , électeur pa-
latin, et dernier reielon eu ligne mas-
culine de la branche de Simmeren.
Les brandies deNeubourg et de Wel-
dentz s'en disputèrent la succession;
et les propriétés allodiales fuient ré-
LEO
clamées par la sœur du feu prince ,
Elisabeth-Charlotte, femme du duc
d'Orléans , frère de Louis XIV. La
contestation au sujet des fiefs fut dé-
cidée promptement en faveur du duc
deNeubourg, beau-frère de Léopold ,
quilui accorda l'investiture; décision
que la diète approuva. Sous le titre
d'allodiaux, f* duchesse d'Orléans
demandait toutes les propriétés mo-
bilières; et, de façon ou d'autre, elle
revendiquait la plus grande partie
des terres qui avaient appartenu à la
maison de Simmeren. Louis XIV,
qui soutenait les prétentions de la
princesse , menaça de faire entrer
ses troupes dans le Palatinat. L'em-
pereur et le prince d'Orange se pré-
valurent de l'alarme que répandit
cette menace. Par leur intervention,
les Provinces -Unies , l'électeur de
Brandebourg et le roi de Suède con-
clurent un^traité d'alliance; et enfin,
Léopold , le monarque Suédois et hs
principaux membres de l'Empire ger-
manique formèrent la célèbre ligue
d'Augsbourg. Louis XIV , alors ,
proposa de convertir en paix la
trêve de Ralisbonnc , et permit à la
duchesse d'Orléans d'accepter une
somme d'argent pour équivalent de
ses prélentions.Le corps germanique,
à l'instigation de Léopold , refusa
d'accéder à ces propositions. Ce re-
fus , joint à l'aspect guerrier que pre-
nait rAllemagne, aux succès àvs
armes de l'Autriche en Hongrie, et
aux préparatifs que faisait le prince
d'Orange pour détrôner Jacques II ,
porta Louis XIV à prévenir ses en-
nemis. Avant la fin de l'année, les
Français avaient pris Philipsbourg
et conquis tout le Palatinat. Cepen-r
dant Léopold, qui poursuivait ses
avantages contre les Turcs et les
rebelles de Hongrie, s'était borné à.
renvoyer de Vienne et de Ratisboime^
les ambassadeurs de France. Par
bonheur |>our la maison fVAutrirhe,
liOiiis XIV ([vn voulait faire diver-
sion en faveur de la Porte», repaudit
se5 troupes en Allemagne, au lieu de
les faire marcher contre la Hollande;
et le prince d'Orange eut le temps
d'achever cette révolution d'Angle-
terre dont les résultats ont etc si con-
traires à la France. Le corps germa-
nique se réunit à l'Espagne pour
protéger, pendant l'absence de Guil-
laume, les Provinces-Unies; et même
l'empereur et le pape (Innocent XI),
préférant leurs intérêts jrirticulicrs à
relui de leur religion, favorisèrent
l'expulsion d'un prince catholique et
l'avcnement d'un prince protestant.
La révolution d'Angleterre produi-
sit un changement aussi prompt
qu'important en faveur des allies.
L'Empire, sur les instances de Leo-
pold , déclara la guerre à la France ;
les membres de la ligue d'Augsbourg
reunirent leurs contingents; et, au
commencement du printemps , les
troupes allemandes s'avancèrent de
toutes parts vers le Rhin. Louis XIV,
renonçant au dessein de se maintenir
en Allemagne , retira ses troupes, et
donna l'ordre de dévaster de nou-
veau le Palatinat et les provinces
voisines, pour mieux garantir ses
frontières. Cet ordre cruel, qui ne fut
cxëciite que trop fidèlement, accrut
l'influence de l'empereur, et porta
les allies k redoubler d'efforts. Ils ne
mirent pas moins d'activité dans les
néçociations qne dans les opérations
militaires; et Lcopold parvint a po-
ser les bases d'une alliance qui reunit
toute l'Europe contre la France ,
dont la ruine parut aloi*s inévita-
ble, mais qui finit par triompher de
tous ses ennemis. (Fo/.Loui s XIV.)
Le'opold , pour reconnaître les servi-
ces des ducs de Bruns wick , avait rëso-
LKO i8r
lu de créer, en faveur de l'un d'eux,
un neuvième electorat. Lorsqu'il
rn fit la proposition à la dii-to,
il éprouva une forte opposition,
malgré laquelle néanmoins il accor-
da l investiture. liC collège des prin-
ces protesta, et ses membres formè-
rent une ligue , qui leur fit don»;: r In
nom de Princes-correspondants. Le
roi de Danemark saisit un prétexte
pour déclarer la guerreà la maison de
Brunswick; et la querelle prenant une
tournure fâcheuse, Léopold annonça ,
du consentement du nouvel électeur,
qu'il suspendait l'efTot de l'investi-
ture jusqu'à ce qu'il eût obtenu le
consentement de tous les membres
de l'Empire. Il ne fut pas plus heu-
reux dans ses eiTorts pour rendre à
la Bohème tous les droits attachés à
la dignité électorale. La proposition
qu'il en fit, fut combattue vivement.
L'empereur, pour ne point exciter
de nouveaux troubles , la retira, et
remit à untemps plus opportun l'exé-
cution de son dessein. Cette condes-
cendance rétablit l'accord dans l'Em-
f)ire;cequi n'empêcha pas que tout**
'Allemagne ne demandât la paix à
grands cris. De son coté, la France
n'avait plus la même supériorité. Se^
généraux gagnaient encore des ba-
tailles et prenaient des places dans les
Pays-Bas; mais leurs progrès n'é-
taient pas aussi rapides que dans les
guerres précédentes, et ils nVtaient
complètement heureux qu'en Italie.
Louis XIV, parvenu à détacher de la
ligue le duc de Savoie , profita de
la défiance que cette défection ins-
pira aux alliés, et leur proposa des
préliminaires de paix. Il offrit d'aii-
nider les réunions qu'il avait faites ,
de restituer la Lorraine , de recon-
naître GuiQaume III , et de ne point
soutenir les prétentions de la du-
chesse d'Orléans. L'Angleterre et les
fi82 LEO
Provinces - Unies , satisfaites (3e ces
propositions, vainquirent la répu-
gnance de l'Espagne, de l'empereur et
de l'Empire; et il se tint, à Riswick, un
congrèsqui, après six mois de négocia-
tions et après que Le'opold se fut vu
abandonne de tous ses allie's, rétablit
la paix entre la France et l'empereur.
( 3o octobre 1697. ) L'Empire re-
couvra tout ce qu'il avait perdu ,
excepte l'Alsace. Fribourg et Brisacb
furent rendus à Léopold. Mais des
«ve'nements d'une importance en-
core plus grande nous forcent d'at-
tirer de nouveau, sur les troubles
de la Hongrie , l'attention du lecteur.
La trêve conclue avec les Turcs ne
fit que redoubler le mécontentement
des Hongrois qui soupçonnèrent l'era»
pereur de vouloir attenter à leurs pri-
vilèges. De son côte', Lëopold attribua
aux plus violents d'entre eux , un
complot tramé pour l'assassiner , et
il s'était formé réellement une ligue
secrète , à la tête de laquelle on re-
marquait les comptes Zriui , Frangi-
pani, Tattenbach, Nadasty et le jeu-
ïie Ragoczky , et à laquelle le refus
de Léopold de convoquer une diète
et de conférer la dignité de palatin ,
alors vacante, avait donné beaucoup
de force. Des mesures avaient été
prises pour lever des troupes; et trei-
ze comtés s'étaient réunis par une
associatic^ formelle. Léopold , ins-
truit du complot , lit marclier des
troupes; et bientôt les chefs de la li-
gue furent arrêtés , condamnés et mis
à mort. Ce complot lui servit de
prétexte pour rendre héréditaire ,
dans sa maison , la couronne de Hon-
grie. H déclara que toute la nation
étant coupable avait forfait ses privi-
lèges, et il institua un conseil de gou-
Terneraent dont il se réserva la nomi-
nation. Des cours de justice furent éta-
t4ies pour punir les hérétiques; ^t la
LEO
Hongrie fut livrée à tous les excès^
du despotisme militaire et d'une in-
quisition cruelle. Tant de maux
poussèrent à bout un peuple coura-
geux. Catholiques et protestants ou-
blièrent leur ancienne inimitié , et le
danger commun les réunit. Les in-
surgents étant appuyés par le prince
de Transsylvanie , par les pachas
voisins et par la France , soutinrent
une lutte terrible contre les troupes
allemandes , qui avaient sur eux l'a-
vantage de la discipline. Ils allaient
succomber , lorsqu'ils trouA'èrent un
chef habile dans Émeric , comte de
Tékély, ou plutôt Tokoly , de qui le
père avait aussi été exécuté. Léopold
ne pouvant recruter son armée , dont
le fer de l'ennemi et la déserti on
avaient éclairci les rangs , renonça à
son système de rigueur. Il offrit de ré-
tablir la constitution dans toute son
intégrité , et de rendre à la nation
ses privilèges. Une diète fut con-
voquée à OEdenbourg; et l'empe-
reur abolit la nouvelle forme de
gouvernement. Il publia une am-
nistie générale, abrogea les impôts
établis illégalement , accorda la li-
berté de conscience aux protestants,
et promit de rendre à leurs héri-
tiers les biens des seigneurs qui
avaient été mis à mort. Tékély, se
déliant de la cour impériale, ou
comptant sur l'appui des Turcs , ne
voulut point accepter les conditions
qui lui furent offertes. Toutefois la
diète le fît consentir à prolonger de
SIX mois un armistice qid avait été
conclu. Léopold, dans l'inleryalle,
envoya à Constautinople un am-
bassadeur proposer le renouvelle-
ment de la trêve ; mais on voulut lui
imposer des conditions si dures , qu'il
les rejeta. Tékéli , qui avait tempo-
risé jusqu'à ce qu'il eût pu rece-
voir des secours ; reprit le^ armes ,
LEO
Jorsqiic la Ircve fut expirée. Ap.ifTy
on AbalVy, prince de Transsylvaiiie,
; .%'etant rcuui à lui, ils rcduisireiit les
1 impériaux à se tenir surladcfensivc.
Peu de tcmj>s après , Tckely épousa
la veuve de Ragoczky; ec qui le mit
en possession de la forteresse de
iNïongalz. 11 fit ensuite une entrée
triomphante dans la ville de Bude ,
et fut inaugure prince de la Haute-
Hongrie , par le pacha. Bientôt il
fut joint par un grand nombre de
protestants , indignes des elForls que
taisait l'empereur pour éluder les ef-
fets de ses promesses. Soutenu par
les paclias de Bude et de Waradin,
Tékély s'empara de diverses places;
et au commencement de l'anncfe sui-
vante , le grand-visir , Kara-lNïus-
lapha , s'avança , à la tête de deux
cent mille hommes, jusqu'à Pesth ,
où il fit sa jonction avec les insur-
gents. Cependant Léopold se prépa-
rait à tenir tête à l'orage. H obtint
des secours de la diète de l'Empire,
et conclut un traité d'alliance avec
les électeurs de Bavière et de Saxe ,
et un autre traité ( 3i mars i683 )
avec Jean Sobieski , roi de Pologne,
qui s'engagea de lui fournir une ar-
mée de Quarante mille hommes. Le
Salatin Esterhazy fut aussi chargé
e lever une armée d'insurrection en
K Hongrie. Toutefois la lenteur des Al-
1^ lemands et la désertion des soldats
fui'ent telles que l'armée de l'empe-
reur n'était pas forte de plus de qua-
rante mille hommes, lorsqu'il en
passa la revue ( 7 mai ) à Presbourg.
Le duc de Lorraine ( Charles V ), son
beau-frère, qui en avait le comman-
dement , tenta d'ouvrir la campagne
par le siège de Neuhausel • mais l'ap-
proche de l'armée ottomane le cour
traiguit à faire une prompte retraite.
H jeta , dans Raab et Comore , la
m^eure partie de son infanterie,
LEO i8$
et , se repliant avec sa cavalerie ,
il dévasta le pays jusqu'aux por-
tes de Vienne , dont les habitants
étaient dans la plus profonde cons-
ternation. La nuit précédente, l'cm-
pereur et toute sa cour étaient sortis
de celte capitale , au milieu des cris
d'un p(^uple indigné. De concert avec
l'intrépide gouverneur , Rudiger , le
duc de Lorraine mit la place en étal
de défense ; et Ton enrégimenta les
citoyens et les étudiants pour secon-
der la garnison. Le grand-visir parut
le i4j«illet, et, en quelques jours, il
acheva l'investissemenlj puis il com-
mença l'attaque. Le duc de Lorraine,
après s'être efforcé vainement de trou-
bler les opérations du siège, se porta
rapidement jusqu'à Presbourg, etde'-
lit Tékéli, quiavaitété chargé de gar-
der ce poste important. l\ arrêta aussi
les incursions que les Tatars et les
miconteuts faisaient dans la Mora-
vie. Cependant la ville de Vienne était
réduite à la plus grande détresse ,
faute de vivres ; la maladie et le fer
de l'ennemi en avaient considérable-
ment affaibli la garnison j les Turcs
étaient en possession de tous les ou-
vrages extérieurs, et l'on s'atten-
dait journellement à voir la placé
emportée d'assaut: les secours d'Alle-
magne n'arrivaient point, et l'armée
polonaise commençait seulement à
se rassembler sur les frontières de la
Silésie. Le duc de Lorraine envoyait
message sur message pour en accélérer
les mouvements; et l'empereur , lui-
même, réduit au désespoir, écrivit
au roi de Pologne, pour l'inviter à
venir à son secours , sans attendre
son armée. « Mes troupes se rassem-
» blent , lui dit -il, venez vous
» mettre à leur tête; quelque infé-
» rieures en nombre qu'elles soient,
)> votre nom suffira pour leur dou-
)> ncr lâTÎctoire. » Sobieski, se reu^
t84 I-EO
dant à ces instances , prit les devants
avec trois mille hommes-, n'empor-
tant aucun bagage , et il traversa la
SiJ esie et la Mara vie avec une extrême
rapidité'. ArriveàTuln,mi pont qu'il
devait y trouver n'e'lait point encore
achevé; et il n'y avait de troupes que
celles du duc de Lorraine. Trompe'
dans son attente, le monarque polo-
nais en témoigna tout son méconten-
tement. Le duc l'ayant apaisé, So-
bieski attendit sa propre armée, qui
atteignit le Danube le 5 septembre; et
toutes les troupes allemandes furent
réunies le 7. L'armée impériale se
montant ainsi à plus de soixante
mille hommes , le roi de Pologne et
le duc de Lorraine la conduisirent
contre les Turcs. Dans la nuit du 1 1 ,
des signaux convenus ranimèrent le
Courage des assiégés , qui , le lende-
main matin, virent avec ravissement
les drapeaux autrichiens flotter sur le
Kalemberg. L'approche inopinée de
cette armée confondit le grand-visir,
dont les troupes étaient découragées
et considérablement réduites. Il ve-
nait d'être repoussé dans un furieux
effort qu'il avait fait pour emporter
la place, lorsque sa consternation
redoubla par une attaque vigoureuse
de l'armée chrétienne. Kara - Mus-
tapha décampa de nuit, et se retira
avec une telle précipitation que son
avant-garde arriva sur le bord du
Raab le lendemain au soir. Les trou-
pes chrétiennes entrèrent à la pointe
du jour dans le camp de l'ennemi ,
et furent extrêmement surprises d'y
trouver les tentes, les bagages, les
munitions de guerre et de bouche ^
cent quatre-vingts pièces de canon ,
les marques de la dignité de ^rand-
visir, et un étendard qu'on supposa
être celui de Mahomet. Sobieski , à
qui l'on atti'ibua principalement la
victoire , reçut les plus vives et^ les
LEO
plus sincères^ félicitations sur le
champ de bataille même. Le lende-
main il lit son entrée dans Vienne ,
dont les habitants se portèrent en
foule à sa rencontre , le saluant des
noms de père et de libérateur. ( Foy.
Sobieski. ) L'entrée de Léopold
fut loin de répondre à celle du héros
polonais. Point d'honneurs, point de
foule , point d'acclamations ; rien
n'annonça son retour. A l'approche
de sa capitale, il entendit les salves
qu'on y faisait en l'hoimeur de la
victoire remportée par Sobieski ;
et il alla , non comme un monar-
que victorieux , mais à pied , un
flambeau à la main , et donnant toute
sorte de marques d'humilité , ren-
dre grâces à Dieu d'une délivrance
qui semblait être un miracle. Sentant
vivement la différence qu'il y avait
entre les transports de joie qui
avaient signalé l'entrée du roi de Po-
logne, et l'hommage étudié et froid
qu'on lui rendit à lui-même , il exhala
sa colère contre le comte de Sinzen-
dorf, aux funestes avis duquel il
attribuait ses malheurs^ et il mit
tant d'amertume dans les repro-
ches qu'il lui adressa , que l'infor-
tuné ministre en mourut de déses-
poir, en quelques heures. L'humilia-
tion de Léopold étouffa en lui la
reconnaissance; au lieu de voler au
camp des Polonais, pour en presser
le monarque contre son sein , il fit
des recherches pour savoir si un
roi qui ne devait la couronne qu'à
une élection , avait jamais été admis
en présence d'un empereur. Ayant
demandé de quelle manière il devait
recevoir Sobieski: a A bras ouverts,»
lui répondit le duc de Lorraine ,
indigné de tant d'indifférence et
d'orgueil. Mais , dit l'historien de
la maison d'Autriche ( M. Goxe ) ,
Léopold n'avait pas cette grandeur
Î.EO
d'ame qui fait supporter 1rs birn-
l'.iits; et il rcj;la,aver le soin le plus
minutieux, le cérémonial de l'en-
trevue , qui eut lieu entre les deux
ranips. L'empereur , vêtii simple-
ment et monté sur un rlieval de
médiorre apj>arenre, avait l'air em-
barrassé et chagrin. Sobieski , por-
tant le même habit que le jour du
combat , montait un sujierbe cour-
ber , richement caparaçonné. La
-race naturelle de son maintien était
relevée par l'air d'assurance et de
dignité qiie lui donnaient ses succès.
Au signal convenu, les deux monar-
ques s'avancèrent au devant l'un de
l'autre; ils se saluèrent au même ins-
tant , et s'embrassèrent froidement.
Sobieski s'empressa d'interrompre
l'empereur , au mot de reconnais-
sance , que Lcopold balbutia; et après
l'avoir embrassé une seconde fois ,
il rentra dans sa tente , lui laissant
Zaluski , son chancelier , pour l'ac-
compacuerdans Ja revue qu'il allait
faire de ces troupes qui avaient
sauvé la monarchie autrichienne.
Le mécontentement que la conduite
])eu généreuse de Léopold inspi-
ra aux princes allemands qui lui
avaient amené des secours , joint
au désir qu'eurent les Polonais de
mettre à couvert leur butin , em-
pêcln les vainqueurs de suivre l'en-
nemi l'épée dans les reins. Ce fut
seulement cinq jours après la ba-
taille, qu'ils reprirent le cours de
leurs opérations. Le 9 octobre, ils
remportèrent , près de Parkan, une
victoire signalée; et, le 118 , ils inves-
tirent Gran, dont ils se rendirent
maîtres après un siège de peu de du-
rée. Cette conquête fut sni\ne de la
reddition de plusieurs autres places;
et, en même temps, l'armée otto-
mane. q\ii s'était retirée avec préci-
inJaiioa vers Belgrade, évacua la
LEO
85
Hongrie. Les alliés ne tardèrent pas
alors à se séparer. Sobieski s'élant ^
efforcé de négocier un raccommode-
ment entre Léopold et les mécon-
tents , l'empereur le soupçoima de
songer à procurer à son fds la cou-
ronne de Hongrie. Ce héros indigné
retira ses troupes , et déclara qu'il
continuerait à combattre les Turcs,
mais qu'il ne tournerait point ses ar-
mes contre les insurgents. Cependant
la plupart de ceux-ci implorèrent la
clémence de Léopold , qui parut leur
pardonner; et insensiblement Té-
kéli se vit abandonné de ses prin-
cipaux partisans. La reddition de
Cassovie lit recouvrer à l'empe-
reur la plus grande partie de la Hon-
grie septentrionale. Les impériaux
prirent ensuite Neuhausel, Agria , et
Bude , qui était depuis longtemps le
siège de la puissance ottomane en
Hongrie. La victoire que le duc de
Lorraine remporta sur les Turcs à
Mohatz ( 12 août 1687 ), lava la
honte qui avait souillé les armées
hongroises sur le même champ de
bataille en 1^16. Les Turcs per-
dirent vingt mille hommes , et le
butin fut immense. Au milieu de ces
succès , l'empereur reprit le dessein
de rendre la couronne de Hongrie hé-
réditaire. On découvrit , ou l'on fei-
gnit de découvrir une nouvelle cons-
piration : l'on institua , à Kpcries , uq
tribunal présidé par Ca rafle, étran-
ger sanguinaire, et dont les autres
membres étaient des officiers dévoués
à la cour; trente bourreaux et leurs
valets furent occupés long-temps à
exécuter le.s jugements de cet atroce
tribunal. Ou pressa Léopold de pro-
fiter de la terreur qu'inspiraient ces
actes de cruauté , pour établir un gou-
vernement arbitraire et abobr l'exer-
cice du culte protestant ; mais crai-
gnant de réduire la Hongrois audcscs'
i86 LEO
poir, il se contenta d'abolir le droit
d'élection et celui de résistance aux
ordres du souverain. Il rendit à une
députation de la noblesse la cou-
ronne de Saint-Etienne , et convoqua
une diète pour le couronnement de
l'archiduc Joseph son fds. Les Hon-
grois e'taient si attache's au droit
d'élire leur roi, que malgré l'état
d'abaissement où ils étaient réduits , ils
eurent recours à toute sorte d'expé-
dients pour le conserver. Ce fut vaine-
ment : mais ni menaces , ni promesses ,
ne purent les faire consenti r pour lors à
rendre la couronne héréditaire dans
la ligne féminine. Les états confir-
mèrent le droit de succession dans
la ligne masculine , tant de la branche
espagnole que de la branche alle-
mande; et ils réservèrent à la nation
le droit d'élection lorsque cette ligne
serait éteinte, La chose ainsi réglée,
on procéda au couronnement du jeune
prince qui n'avait pas encore dix ans.
Les changem'ents qui venaient de s'o-
pérer, ayant augmenté le pouvoir du
souverain, procurèrent de nouveaux
avantages aux armes impériales.
Leurs succès furent facilités par le
grand nombre d'ennemis que la cour
de \ ienne suscita contre les Turcs : les
Vénitiens conquirent la Morée et la
Dalmatie ; le roi de Pologne consen-
tit à reprendre les armes en faveur
de la maison d'Autriche; enfin la
Russie attaqua la Grimée. Les ef-
fets de ces diversions furent la dé-
faite totale de Tékéli, la soumission
de tout le pays qui s'étend jusqu'à
la Save , la réduction de Belgrade,
d'Orsova et de Viddin , et même la
conquête de la Bosnie et de la Servie.
Le prince de Transsylvanie rompit
ses liaisons avec les f urcs , et reçut
dans ses places fortes des garnisons
impériales. A la fin de l'année 1689,
les infidèles ne possédaient plus au
LEO
nord du Danube que Témeswar
et le grand Waradin. Cette suite
de revers ébranla l'empire otto-
man. Le mauvais succès du siège
de Vienne avait entraîné la déposi-
tion du Kan de Crimée , et fait
mettre à mort quatre pachas et le
grand- visir lui-même, Kara-Mousta-
pha , qui était neveu du célèbre
Koproli et gendre du sultan. La
perte de la bataille de Mohatz occa-
sionna la chute d'un autre grand-
visir; et le mécontentement qu'exci-
tèrent les derniers désastres , ajouta
une nouvelle révolution à celles dont
Constantinople avait été le théâtre.
Mahomet IV fut déposé, et Soli-
man II , son frère , mis sur le trône.
L'orgueil ottoman était abaissé , et
le nouveau sultan fit connaître, par
ses instances réitérées , l'extrémité
où il était réduit. Léopold , enflé
par ses succès , proposa des con-
ditions si dures qu'elles annonçaient
le dessein de chasser les Turcs d'Eu-
rope. Il seconda ainsi les efforts de
Louis XIV pour ranimer le cou-
rage de la Porte ; et les Français ,
étant entrés en Allemagne, y atti-
rèrent une grande partie des trou-
pes autrichiennes qui étaient en Hon-
grie. L'empereur ne pouvant plus y
soutenir la guerre avec la même vi-
gueur, le nouveau grand- visir, qui
avait rassemblé une armée nom-
breuse , reprit Semendria, Viddin,
Belgrade, et les comtés situés au sud
du Danube. Dans le même temps,
Tékely , à la tête d'un corps de trou-
pes turques , fondit sur la Transsyl-
vanie , dont il se fit reconnaître prin-»
ce. Mais le prince Louis de Bade,
qui commandait les troupes impé-
riales, le repoussa bientôt dans la
Moldavie. L'année suivante , le mê-
me général remporta le 19 août
1691J à Salankemeii, une victoire
LEO
signaloc , où vinct raille Turcs pc-
rirrnt; et dans les trois campa -
mie.s suivantes, les iuiperlaii\ ré-
duisirent les Cinq-Eglises , le grand
Waradiu , et Giula. Plus tard , An-
j;usle , électeur de Saxe , qui fut
mis à la Ictc de l'armée impériale,
eut à se soutenir contre les ellbrts
(lu nouveau sultan , Mustapha II.
Maigre' quelques revers, l'électeiu*
contint les ennemis; et en 1697,
la neutralité de l'Italie permit à
Léopold d'envoyer des renforts en
Hongrie. De leur côté, les Turcs se
préparairent à soutenir la lutte avec
force. Les partisans de Tëkély exci-
tèrent un soulèvement , et se rendi-
rent maîtres de Novi-Bazar, et de
Tokai;ce qui fit entrer, à une époque
peu avancée, les deux armées en cam-
pagne. Le Grand-Seigneur prit de
nouveau le commandement de la
sienne j et le prince Eugène de Sa-
voie, qui, pour la première fois, fut
mis à la tête d'une puissante armée,
commanda celle de l'empereur. Sou
coup d'essai fut le gain de la bataille
de Zenta , qu'il livra contre l'ordre
positif de Léopold. Eugène répandit
ensuite ses troupes dans la Bosnie ,
et s'empara de Serai. Après avoir
mis le pays à contribution , il donna
à son armée des quartiers d'hiver; et
il alla à Vienne, recevoir d'un mo-
narque sévère le reproche de déso-
béissance , pour le service qu'il lui
avait rendu. ( Foyez Eugène. )
Le traité de Riswick ayant délivre
Léopold de toute inquiétude du côté
de 1 Allemagne , ce prince semblait
être le maître de pousser ses avan-
tages contre les Turcs; mais l'cpui-
semeîit de ses finances, et surtout la
succession à la couronne d'Espagne,
qui paraissait prochaine , le détermi-
nèrent à mettre fin à la guerre de
Hongrie, pour porter toute son at-
LEO 187 ^
tcntion vers rOccidcnt. Après une
campagne insignifiante, il écouta les
propositions des Turcs; et la ville de
Carlowitz fut choisie pour les con-
férences. L'Angleterre et la Hollande
fiuent médiatrices, et tout fut réglé
en moins de deux mois ( viO janvier
1699). La trêve avec la maison d'Au-
triche fut renouvelée pour vingt-
cinq ans. Léopold conserva laTrans-
sylvanic , ainsi que toute cette par-
tie de la Hongrie, qui est au nord
de la Maros , et à l'occident de la
Teysse, et presque toutel'Esclavonie.
La Porte prit T'eugagcment de ne plus
secourir les mécontents; et l'on pro-
mit, de chaque côté, de rendre les
sujets rebelles qui chercheraient un
refuge dans les états de l'une ou de
l'autre puissance. La paix de Carlo-
witz forme une ère mémorable dans
l'histoire. La puissance Ottomane
perdit alors la moitié de ses états
d'Europe; et elle cessa d'être formi-
dable à la chrétienté qu'elle avait me-
nacée d'une ruine totale. Léopold
s'était toujours flatté de succéder à la
couronne d'Espagne, et il s'était oc-
cupé fréquemment des moyens d'y
parvenir. Il avait épousé l'infante
Marguerite-Thérèse , dont il n'avait
eu qu'une fille. Pour empêcher que
celte princesse ne portât ses droits
dans une autre maison, son père
l'y avait fait renoncer en l'uiii.cïaiit
à l'électeur de Bavière. Il avait au.>si
engagé les membr'^s de la grande
alliance à sbutenir ses propres pré-
tentions ; et pour qu'on ne craignit
pas que les états des deux branches
de la maison d'Autriche fussent pos-
sédés par un même souverain , il
avait promis detransmettre sesdroits
à l'archiducCharles, son second fil;^.
II fut trompé dans sou attenta p tr
la naissance d'un prince électoral de
Bavière, dont l'éWvation parut moius
ï88
LEO
dangereuse que celle d'un archiduc.
Lëopold réclamait la succession
d'Espagne: i^. comme seul descen-
dant en ligne masculine de Philippe,
archiduc d'Autriche , et de Jeanne
d'Aragon ;u«. comme fds de Marie-
Annc,Vdle de Philippe IV, et héritière
de la monarchie espagnole, en vertu
de la renonciation de Marie-Thérèse,
femme de Louis XIV, et de celle de
l'électrice de Bavière, propre fille de
Tempe, eur. Sa cause était soutenue
par les deux reines , mère et épouse
du roi d'Espagne , Charles II , et
par presque tous les membres du
cabinet. Cependant la naissance du
prince de Bavière avait produit,
à la cour de Madrid , le même
changement que parmi les puis-
sances de l'Europe. La reine douai-
rière elle-même avait reconnu les
droits de ce prince mieux fondés que
ceux de l'archiduc, la renonciation
de la mère du premier n'ayant pas
été sanctionnée par le roi d'Espagne,
ci par les cortès : mais la mort de
cette princesse ayant laissé un libre
cours à l'influence de la reine sa belle-
fille , Léopold fit partir pour Ma-
drid le comte de Harrach , un de
ses principaux ministres. Après avoir
consumé beaucoup de temps et sur-
monté une foule de difficultés , le
comte tira du roi la promesse de
nommer , pour son successeur , l'ar-
chiduc , à condition que l'empereur
enverrait ce jeune prince en Espagne
avec dix raille hommes. Léopold ,
qui manquait de troupes et d'argent,
et qui craignait d'exposer son (ils ,
opposa des difficultés , et finit par
s'aliéner les esprits de ses partisans
en demandant pour Charles , le gou-
vernement du Milanez ; ce qui fit
juger qu'il se proposait plutôt de dé-
membrer la monarchie espagnole,
que d'en assurer J' unité. La négocia-
LEO
tion sVtànt prolongée jusqu'à la fin
de la guerre , Louis XIV dirigea
toute son attention vers ce point.
Il envoya le marquis d'Harcourt ,
un de ses plus habiles négocia-
teurs , traverser à Madrid les intri-
gues du parti autrichien ; et , s'étant
assuré que les puissances maritimes
n'étaient pas plus disposées à voir la
monarchie espagnole unie aux états
de la maison d'Autriche qu'à ceux
de la maison de Bourbon , il s'a-
dressa en secret à Guillaume III ,
et lui proposa un expédient qui sem-
blait de nature à empêcher que Tune
ou l'autre n'acquît une supériorité
dangereuse. Après quelques négocia-
tions, il fut conclu entre la France,
l'Angleterre et les Provinces-Unies,
un traité par lequel on partageait ia
monarchie espagnole entre les trois
prétendants. Ce traité fit la sensation
la plus vive à Madrid. Le courroux
de Charles II alla jusqu'à la fréné-
sie ; et ce prince résolut de nommer
un successeur , pour prévenir l'efïet
d'un traité qu'il considérait comme
aussi injurieux à son honneur que
contraire à ses sentiments. Louis
XIV, qui s'attendait à ce qui ar-
riva, ne rappela point ses droits j
et ses partisans appuyèrent les pré-
tentions de la maison de Bavière ,
comme l'unique moyen d'exclure l'ar-
chiduc. On persuadl au roi de con-
sulter son conseil , le pape ,' et les
jurisconsultes les plus célèbres d'Es-
pagne et d'Italie : toutes les réponses
furent telles qu'on les desirait. Cette
unanimité mit fin à l'indécision de
Charles II, qui fit dresser, en présence
du conseil, un testament, oh il nomma
pour son successeur le prince ba-
varois. Cet événement produisit à
Vienne une impression plus doulou-
reuse encore que le traité de partage.
Léopold fit à la cour d'Espagne des
LF.O
prcscntalioiis tr«s - fortes ; et ses
' tiiitos ri'lrntircnt dans toutes 1rs
iirs: uiaisla mort du prince de Ba-
\ I' re, qui arriva sur ces entrefaites,
11! rendit l'espérance. Plus les con-
nclures devinrent délicates, plus la
ur de France redoubla de soins.
I Ile avait irouyédans Pcrto-Carrero
M agent aussi actif qu'infatigable ,
li parvint à écarter tout ce qui pou-
lit faire ombrage au parti français,
! ellclemit à la tète des affaires. Eu
i:iciue temps le roideFrance ouvrit,
avec Guillaume III , une nouvelle
négociation pour un autre traite de
})artage.L'archiducdcvaitavoir l'Es-
pagne, les Pays-Bas et les colonies ;
et le Dauphin, outre ce qui lui avait
etc assigne par le premier traite, ac-
(juérait le Milanez, ou les duchés de
Lorraine et de Bar comme équiva-
lents. On accorda trois mois à l'em-
j»ereur pour accéder à ce traité.
(Quoiqu'il se trouvât dans une posi-
tion critique, l.éopold ne voulut point
a("cepter l'offre , en apparence très-
avantageuse, qui lui était faite. Il dou-
; lit de la sincérité de la France , et il
■ voulait pas renoncer au Milanez.
i 1 crainte d'offenser le roi d'Es])agne
I la nation espagnole à qui le traité
tait odicu\ , donna plus de poids
iicore ^ccs motifs -et d'ailleurs son
j).irti venait de se relever à la cour
de Madrid. Ce ne fut pas pour long-
temps. Le parti français parvint à
exciter contre les puissances mari-
times le courroux de la nation , à la
voix de laquelle il joignit la sienne
Î)0ur demander la nomination d'un
léritier du trône. L'incertitude de
Charles II rcdoubîant, Porto-Car-
'f-ro lui mit sous les ycuxles opinions
ics partis contraires, et le jeta dans
une plus grande perplexité. Il lui
persuada ensuite de recourir de nou-
veau au pape , dont la répuuse fu( .
LEO i8<>
conforme aux vœux de Porto-Car-
rero. Après une nouvelle hésitation ,
(jharles II fit son testament en
faveur de la maison de France.
A j)eino l'acte fut - il signé , que
le roi parut moins mal , et que son
afiection pour la maison d'Autriche
se ranima. Il exhala sa colèrecontre
ceux qui avaient alarmésa conscience,
et envoya vers l'f mpereur un courrier
pour lui annoncer qu'il avait pris la
résolution de nommer Tarcfiiduc son
héritier. Mais il ne put exécuter ce
dessein : le changement qui s'était
opéré en lui ne se soutint point , et
il expira le i*''. novembre de l'année
1700. La cour de Vienne, qui s'était
reposée sur la force de son parti et
sur l'attachement de Charles II pour
sa famille , fut confondue en appre-
nant que ce monarque avait fait, en
faveur d'un prince de la maison de
Bourbon , un testament qui venait
d'être accepté par Louis XIV. Léo-
pold renonçant à sa circonspection
accoutumée, et oubliant ses embar-
ras , résolut de soutenir ses préten-
tions par la force des armes. Il fit
partir des commissaires , chargés
de prendre possession des états que
l'Espagne possédait en Italie ; et il
envoya des ambassadeurs à toutes les
cours , pour les soulever contre la
France : mais l'entrée du Milanez
fut interdite à tous ses agents ; et un
de ceux qui s'étaient rendus à Naples,
ayant tenté de soulever le peuple ,
fut décapité. L'empereur ne çéussit
pas mieux à persuader à la diète de
Ratlsbonne, de chercher les moyens
deratlacheràrempireleduchéde Mi-
lan; et il échoua complètement dans
ses efforts près des autres puissances
de l'Europe. Des apparences si décou-
raç^eantes n'influèrent point sur la
résolution de Léopold , qui rassem-
bla quatre- vingt mille hoimues , d«s-
IQO
LEO
tiiiés à protéger les états liero'ditaires,
et à agir sur le Rhin et en Italie. Il
prévint toute révolte de la part des
Hongrois , en faisant arrêter le jeune
Ragocsky; et il tira des Vénitiens la
promesse de lui fournir des vivres ,
et de ne pas s'opposer au passage
de ses troupes. Le commandement
de son armée fut confié au prince
Eugène, qui, au commencement du
mois d'avril 1701 , rassembla à
Roveredo trente mille hommes ,
pénétra en Italie, et força l'armée
française à la retraite. Louis XIV
étonné ôta le commandement au
maréchal de Catinat , et envoya en
Italie , avec un renfort de vingt
mille hommes , le duc de Villeroi,
auquel il donna l'ordre de livrer ba-
taille j mais, si Catinat, n'avait pu se
soutenir contre Eugène, le présomp-
tueux Villeroi le pouvait bien moins
encore ( Voy. Eugène}. Les succès
qui, dans cette campagne, couronnè-
rent les armes de Léopold , attachè-
rent à ses intérêts les petits états d'I-
talie, et relevèrent le courage des puis-
sances maritimes. L'alliance entre
l'Autriche, la Grande-Bretagne et
les Provinces-Unies , fut renouvelée;
Xéopold gagna Frédéric , électeur de
Brandebourg, en le reconnaissant roi
fie Prusse* il apaisa les méconten-
tements de l'Allemagne en réitérant
les concessions qu'il avait faites au
sujet du neuvième électoral • il flatta
les protestants de l'espoir de faire
révoquer un article du traité de Ris-
■vvick, qui les blessait; il força les
maisons de Saxe-Gotha et de Bruns-
wick-Wolfenbuttel à rompre toute
relation avec la France; enfin il
«btint de la diète de RatisLonne une
déclaration de guerre contre Louis
XIV et contre le nouveau roi d'Es-
pagne , Philippe V. Les alliés négo-
ciaient entre eux, lorsque la campa-
LEO
gne s'ouvrit dans les Pays - Bas , eu
Allemagne et en Italie. Marlborough
prit alors le commandement de l'ar-
mée combinée d'Angleterre et de Hol-
lande : ayant rassemblé soixante
raille hommes , il passa la Meuse à
Grave , et força l'armée française à
s'éloigner du Brabant. Secondé par
Cohorn , il prit , en moins de deux
mois , Venloo , Ruremonde , Ste-
venswert et Maseyck , et il termina
la campagne par la réduction de
Liège. Tandis que l'armée des puis-
sances maritimes poussait ainsi ses
conquêtes sur la Meuse, le prince
Louis de Bade rassemblait sur le
Rhin une armée de 40,000 hommes,
forçait les lignes de la Lauter , et as-
siégeait Landau , qui se rendit le 10
septembre. Les deux armées étaient
sur le point de faire leur jonction ,
lorsque l'exécution du plan de cam-
pagne fut suspendue par l'apparition
d'un nouvel ennemi. L'électeur de
Bavière , Maximilien-Emanuel, qui
jusque-là avait gardé la neutralité, se
déclara en faveur de la maison de
Bourbon , surprit Ulra , et envoya
dix raille hommes , commandés par
D'Arco, ouvrir une communication
avec une armée française qui avait
pour chef le maréchal de Villars ,
et devait pénétrer dans la Forêt-
Noire. L'intervention des Etats-Hel-
vétiques et l'habileté du général alle-
mand détournèrent ce danger .D'Arco
fut arrêté près de Schaffouse par un
corps de troupes suisses , et forcé de
se replier sur la Bavière : le prince de
Bade empêcha les Français de pous-
ser plus loin, quoi qu'ils l'eussent dé-
fait à Friedlingen. Après divers mou-
vements , Villars repassa le Rhin ,
s'empara de Trêves et de Trarbach ,
s'assura de la Lorraine , et prit ses
quartiers en Alsace , tandis que les
Autrichie»s pr^-ent les leuis sur la
LEO
Ouincîie. En Italie, If prince ^u^^ue
bloqua Mantoiifî, et tenta vainement
de surprendre Crémone ; mai» il fit
prisonnier le maréchal de Villeroi ,
oui fut remplace par le duc de Ven-
dôme. La campagne de 1703 fut
j>eu fertile en événements ; et le
principal théâtre des opérations mi-
litaires fut rAUema^ne. Léopold ,
autant pour mettre à couvert ses états
héréditaires , que pour punir la dé-
fection de l'électeur, résolut de con-
quérir la Bavière , qui fut attaquée
sur divers points. Mais Louis XIV
donna l'ordre de faire les plus grands
eiforts pour la défendre ; et le maré-
chal de Villars exécuta cet ordre avec
autant depromptitude que d'habileté.
Les Français et les Bavarois ayant
opéré leur jonction , les états autri-
chiens se trouvèrent exposés à une at-
taque à laquelle ils n'étaient point pré-
parés. Villars voulait marcher contre
Vienne ; mais son avis ne prévalut
point. Il fut arrêté qu'il demeurerait
dans la Bavière pour surveiller les
mouvements du prince de Bade, qui
était à Stolhoffen , et qu'en même
temps Télecteur pénétrerait, dans le
Tyrol , pour établir une communi-
cation avec le duc de Vendôme. Maxi-
milien - flmanuel entra triomphant
dans Inspruck, et s'avança rapide-
ment vers le Trentin; mais les fidèles
Tyroliens prirent les armes, et, sou-
tenus par un corps de troupes ré-
f;lées et par les Grisons, ils forcèrent
Télecteiu* à la retraite. Il revint se
réunir à Villars pour défendre ses
propres états , qui furent sauvés une
seconde fois par le maréchal. Cepen-
dant la mésintelligence s' étant mise
entre Maximilien-Ëmanuel et Villars,
ce dernier fut rappelé et remplacé
parle maréchal Tallard,qui mitfmà
la campagne, en reprenant Augsbourg
et en soumettant Passau. Les Impé-
LEO Ï91
riaux étaient j)arvrnusonItalic à em-
pêcher le duc de Vendôme de soute-
nir eilicacement l'expédition de Teler.
leur. Vers le commencement du mois
d'août, le général français parut de-
vant Trente, dont il se serait empare
en peu de temps, si la défection
du duc de Savoie, Victor- Amédée,
ne l'avait forcé à lever le siège. Ce-
pendant la division s'était glissée
dans le conseil d'Espagne. En con-
séquence, le comte de Melgar, ami-
rauté de Castille , et le comte de
Moles , ambassadeur de l'ancienne
cour de Madrid près de celle de
Vienne, pressèrent Léopold de s'em-
parer d'un royaume dont les peu-
ples , lui disaient-ils , accueilleraien t
avec joie un prince autrichien. L'em-
pereur , avec le concours des puis-
sances maritimes réussit à gagner
Pierre II, roi de Portugal, qui voyait
avec inquiétude le trône d'Espagne
occupé par un prince de la maison
de Bourbon, et qui accéda à la grande
alliance. Léopold , et Joseph son fils ,
renoncèrent à toute prétention per-
sonnelle à la monarchie espagnole ;
et Charles fut proclamé solennelle-
ment roi d'Espagne, à Vienne. Après
avoir été reconnu par tous les al-
liés , il passa en Angleterre , d'où
une flotte le transporta à Lis-
bonne. {Voyez Charles VL ) Le*
affaires de Léopold n'étaient pas
toutefois dans une situation moins
inquiétante. Les troupes qu'il avait
en Italie ne résistaient qu'avec peine
aux Français. La ville de Passau se
trouvait au pouvoir de l'ennemi ; et
une armée gallo-bavaroise était sur le
point de pénétrer dans les états héré-
ditaires , pour agir avec les mécon-
tents de Hongrie qui venaient de se ré-
volter de nouveau. Ils avaient pour
chef Ragocsky , qui, parvenu à s'é-
chapper de sa prison , s'était ré-
liyi
LEO
fugie en Pologne. Lorsqne l'erape-
reiir avait rappelé la plus grande
partie de ses troupes pour détendre
ses étals héréditaires , Ragocsky
était descendu des monts Krapacks
dans la plaine de Mongalz , à la tête
d'une multitude mal armée. Là , il
avait publié un manifeste, où il invi-
tait ses concitoyens à secouer le joug
de l'Autriche. Cette tentative fut
prématurée. Ragoczky se vit enve-
loppé par les troupes impériales ;
mais il eut le bonheur de se retirer
snr les frontières de Pologne. Ayant
reçu des secours de la France , il
descendit une seconde fois en Hon-
grie, et y fut bientôt à la tête d'une
armée de vingt mille hommes. La
révolte étant devenue générale , la
cour de Vienne se trouva dans le
plus grand embarras. On négocia
avec les rebelles qui, entre autres
conditions très-dures , demandèrent
que Léopold reconnût Piagocsky
prince de Transsylvanie, et qu'il re-
nojiçât à l'hérédité du royaume de
Hongrie. La négociation n'avait donc
produit qu'une suspension d'armes.
Les rebelles s'étaient assurés des pas-
sages sur le Danube , sur la Morave
et sur le Waag. Hs avaient concerté
avec les Français une attaque contre
Vienne; et à l'instant où une armée
gallo - bavaroise avait menacé l'Au-
triche du côté de l'Inn , un de leurs
corps s'était avancé jusqu'aux portes
de la capitale , où il avait jeté la
terreur. Léopold , suivant l'avis
du prince Eugène , conc^entra ses
forces en Allemagne ; et Marlbo-
rough porta la cour de Londres à
lui fournir des secours devenus bien
nécessaires. Quinze mille Français
avaient pénétré dans la Bavière par
les défilés de la Forêt -Noire. Ils
s'étaient réunis à Pélecteur, qui , à la
lêle de quarante miJle hommes ,
LEO
avait pris position près d'Ulra ,
tandis que le maréchal de Tal-
lard se tenait, avec 45,ooo hommes
sur les bords du Rhin , prêt , soit à
s'avancer vers la Moselle, soit à entrer
dans le Wiirtemberg, soit à soutenir
l'attaque qui serait faite du côté de la
Bavière. Ce fut en cet état de choses
que le prince Eugène prit le/ com-
mandement des troupes postées sur le
Rhin , et que Mariborough com-
mença cette mémorable marche qui,
des environs de Maestricht, l'amena
dans les plaines de la Bavière , et
dont le résultat fut la bataille de
Hochstedt ou de Bleinheim, si fatale
à la France. ( Ployez Eugène et
M ARLBORouGH. ) La conquête de toute
la Bavière en fut la suite immédiate ;
et l'electrice , entre les mains de la-
quelle son époux, en se retirant avec
les troupes françaises, avait remis
l'administration de ses états, fut obli-
gée de souscrire aux dures conditions
que lui imposa l'empereur. La jour-
née deBleinheim ayant permis d'en-
voyer des renforts au feld-maréchal
Heister, il battit les insurgents con-
duits par Ragoczky, et il resserra en-
tre des bornes étroites, le théâtre de
leurs opérations. Les alliés firent du-
rant l'hiver les plus grands prépara-
tifs pour profiter de leurs avantages.
Léopold tira de ses états héréditai-
res des sommes considérables et
des munitions ; mais il ne vécut ])as
assez pour être témoin de nouveaux
succès; une maladie de langueur le
mit au tombeau, le 6 mai 1703,
dans la soixante-cinquième année de
son âge, et la quarante-neuvième de
son règne, qui, après celui de Fré-
déric III , est le plus long que pré-
sentent les annales de la maison
d'Autriche. Léopold I*^»*. était petit
de taille, et d'une constitution faible;
il avait le teint sombre, et il était
lî:o
marquahlc parcelle Icvrc avancée,
qu'on a coutume (raj)|)clcr la Icvre
autrirliicnne; sa dcinarclicptail lente;
il avait Tair pensif, s'exprimait avec
ne};lij;ence, et ses manières étaient
peu polies. La reirailc où il vivait
clait si ^^aIK^e, qu'à sa cour même ,
il n'était «j;uère connu qlic des oill-
ciers atlaclies à sa personne. Epoux
fidèle , père tendre , et bon maître;
quoicpie réserve en ])ublic et devant
les étrangers , il se montrait enjoué
avccles personnes qu'il admeltaitàsa
familiarité. Redevable de son éduca-
tion aux Jésuites , il avait une dé-
votion minutieuse; mais il était verse
dans la métaphysique , la théologie
et la jurisprudence; ce qui le faisait
passer pour le prince le plus savant
de son siècle : toutefois il était fort
adonné à l'astrologie judiciaire et à
l'alchimie. Enfin il se plaisait à
faire voir qu'il savait bien le latin, et
il composait des épigrammes et des
fables. On peut aussi le considérer
comme uu des plus généreux protec-
teurs des sciences et des arts ( i ). Il
fonda les universités d'Inspruck et
de Breslau, et il perfectionna celle
d'Olmutz. Il encouragea l'établisse-
ment de plusieurs collèges et sociétés
littéraires à Vienne, etaugraenla con-
sidérablement la bibliothèque impé-
riale. Sa chanté était sans bornes, et
ii donnait audience aux personnes de
la plus basse extraction , même à des
mendiants, auxquels il distribuait de
sa propre main des aumônes con-
sidérables. Le surnom de Grand a été
donné de son vivant à Léopold Icr. ;
mais la postérité ne le lui a pas con-
(i)LéopolJ aimait paaaionnémqnt la mufiqii-,
•I nAme en compotait d'agiéable, tell- que le
Xéauet p^todié, Quel capnce, etc. EUtit pH • de
ttioiirir, dit Duclr>i,et apr^a «»oir prié Dieu
p«ur la dernière foi» a»cc ton coiifcfteur, il fit
'*nir »A muaique, et eipira au milieu d'un
coBocrt.
XilV.
firme. Cependant , favorisé par un
concours d'événements heureux , et
à l'aide de ministres habiles et de
grands capitaines, ccsouveiain J'un
des moins actifs rpi'il y ait eu ca
Allemagne , parvint à relever l'au-
torité impériale, et à faire revivre
l'éclat de la maison d'Autriche, qui
commençait à s'éclipser. Le même
prince mérite des éloges pour l'at-
tention qu'il a portée sur l'ordre
judiciaire , et pour les règlements
qu'il a faits, tant en matière civile
qu'en matière criminelle. Il suppri-
ma le code Carolin, beaucoup trop ri-
goureux; il défendit l'appel à des tri-
bunaux étrangers , substitua l'alle-
mand au latin dans les cours de justi-
ce, (it un digeste pour l'Autriche, eu-
coiiragea l'élude des lois, et corrigea
plusieurs abus dans les tribunaux in-
férieurs. Il fut marié trois fois :
d'abord à l'infante d'Espagne, Mar-
guerite-Thérèse , qui mourut eu cou-
che de son quatrième enfant; ensuite
à une princesse autrichienne , de la
plus grande beauté, ayant de l'es-
prit et de la vivacité, chantant et
jouant de plusieurs instruments en
perfection : cette princesse aimait si
passionnément la chasse qu'elle y
ruina son tempérament , ce qui la
mit au tombeau, le 8 avril 1676.
Eléonorc-Madelènc-Thérèse , troi-
sième femme de Léopold, qui l'é-
pousa le 14 décembre lOyO, était
une princesse palatine, de la bran-
che de Neubourg, Sa dévotion était
si extrême, qu'elle portait des bra-
celets armés de pointes de fer, mar-
chait nus-])ieds dans les processions,
et se donnait la discipline jusqu'au
sang. Douée d'un génie très-actif,
cette princesse possédait à fond ,
outre sa langue maternelle , le la-
tin, le français et l'italien, et était
grande musicienne : elle traduisit
i3
194
LEO
les psaumes en vers allemands , et
les mit en musique. Enfin elle donna
un grand nombre de traductions
d'ouvrages ascétiques, composes en
français, et parmi lesquels se trouve
le livre intitule' : Eéjlexions pieuses
pour tous les jours du mois. A la
mort de Joseph P""., son fils, elle
fut régente jusqu'à l'arrivée de Char-
les VI jet elle tint d'une main ferme
les rênes du gouvernement. Elle re-
nonça ensuite à toute occupation
mondaine, et suivit, jusqu'à sa mort,
le genre de vie austère et contem-
platif qui avait fait les délices de ses
jeunes années. Elle fut inhumée sans
pompe, comme elle l'avait ordonné ;
et son cercueil ne porte que cette sim-
ple inscription : Eléonore , pmwre
pécheresse ^morte le i Ç)j unifier i -y 9.0.
On a la Fie de cette princesse,
( in-8°. ) Des dix enfants qu'eut Léo-
pold , 5 seulement lui survécurent.
Ce furent, ses deux fils Joseph P»".
et Charles VT; et trois filles : Marie-
Élisaheth , Marie-Anne , et Marie-
Madelène. La première fut gouver-
nante des Pays-Bas ; la seconde ,
épousa Jean V, roi de Portugal j et
la troisième paraît avoir vécu dans
la retraite. H-ry.
LÉOPOLD II ( Pierre -Léo -
ï»0LD- Joseph ) , empereur d'Alle-
magne , second fils de François l^^. ,
et de Marie-Thérèse , naquit le 5
mai 1747 7 et fut d'abord grand-
duc de Toscane ( 1765 ). La ma-
nière dont il gouverna cet état, est
digne d'éloge à plusieurs égards. Son
premier soin fut de diminuer les im-
pôts, de mettre de l'ordre dans les fi-
nances; et,pour y parvenir, il licencia
presque toutes ses troupes. Il établit
des manufactures , et accorda la li-
berté la plus entière au commerce. On
peut toutefois douter qu'il l'ait servi
réellement, en défendant d'emprisou-
LEO
ner pour dettes ; mais en même temps
il supprima le droit d'asile , fit ou-
vrir des chemins dans toute la Tos-
cane, et fonda de nombreux hôpitaux
qu'il visitait fréquemment. Il consa-
crait trois jours de la semaine aux
affaires des malheureux ; et souvent
il allait les voir lui-même dans leurs
humbles demeures. Avant lui les lois
étaient très - compliquées ; il les
simplifia , et abolit la peine de mort,
même pour le parricide et le crime
de lèse-majesté. Son code est encore
en vigueur ; et le grand-duc actuel
n'y a fait qu'une exception , pour
les vols de crands cliemins. Le sou-
vernement de ce prince a cepen-
dant donné lieu à divers repro-
ches. II entretenait un grand nom-
bre d'espions ; mais, pour se justifier
à cet égard, il disait : « Je n'ai pas
» de troupes, w C'était peut - être
assez d'avoir fait pratiquer , dans ses
palais , des ouvertures par lesquelles
les jîlaintes les plus timides pou-
vaient parvenir jusqu'à lui. On l'ac-
cuse encore d'avoir trop aimé le ré-
gime réglementaire , et surtout d'a-
voir signalé son gouvernement par
cette sorte de despotisme , qui est
un des caractères de la philosophie
moderne dont on ne peut nier qu'il ne^
se soit montré un des adeptes dans
plusieurs occasions , par exemple
en favorisant ouvertement les efforts
du fameux Ricci, évêque de Pis-
toie, pour changer la discipline de
l'Église. Le mécontentement fut ex-
trême parmi le peuple, qui se révolta
dans beaucoup d'endroits. Le grand-
duc poursuivit sévèrement les révol-
tés , et plus de six cents d'entre eux
furent envoyés aux galères. Il ne pa-
raît pas cependant que Léopold ait
approuvé toutes les innovations faites
par Joseph II , dans les états au-
tiichieasj et peut-être faut-il al-
LEO
fnbiicr à cette contradiction, la divi-
sa qui se mit entre les deux frères.
Ile fut poussée au point que Jo-
(>h voulut priver Leopold de la
iiiironne impériale, en faisant rc-
« onnaîtrc roi des romains , son neveu
(Il cri , l'archiduc François. Long-
trinps rcrapcrcur et le grand duc
n'eurent aucune communication en-
tre eux; mais Joseph, se sentant près
de sa fin , écrivit à Leopold pour
l'inviter à se rendre à Vienne. Ce
dernier ne partit toutefois qu'après
la mort de son frère , qui arriva le
20 février 1 790. La monarchie au-
trichienne , à cette époque , était
eliranlée jusqu'en ses fondements.
Les provinces bclgiques venaient de
s'ériger en république. La Bohème
et la Basse-Autriche avaient fait ,
contre un nouvel impôt , des repré-
sentations que devait suivre la liste
do leurs nombreux griefs. Enfin les
Hongrois donnaient les plus vives
inquiétudes ; ils soutenaient que Jo-
seph II avant violé les lois fonda-
mentales du royaume , celle qui éta-
blissait la succession à la couronne
(tait abrogée ; qu'en conséquence
Leopold n'avait aucun droit au trô-
ne , et qne la nation avait recouvré
le privilège d'élire son monarque.
D'un autre côté la guerre se conti-
nuait encore contre les Turcs. Tan-
dis que la Grande-Bretagne, pour
former un contre-poids à l'union des
maisons d'Autriche et de Bourbon ,
avait , en 1 -jSS , contracté avec la
Prusse une étroite alliance , Frédé-
ric-Guillaume avait aussi conclu avec
la Porte un traité dont l'objet
était de faire restituer à la Turquie
toutes les provinces qui venaient
de lui être enlevées, et d'obtenir son
appui pour arracher la Galicie à
l'Autriche. Enfin le monarque prus-
5ieu fomentait des troubles dans
LEO 1^5
tous les états autrichiens. Ses offi-
ciers secondaient les insurgcnts des
Pays-Bas ; et il permettait à des
Hongrois mécontents , de tenir un
comité à Berlin. La révolution de
France ayant rompu les nœuds que
le traité de i-j j(i avait formés ,
Leopold n'avait à opposer à cette
ligue puissante , d'autre allié que la
Russie , qui , pour lui prêter des se-
cours elîicaccs , était trop occupée
de la guerre qu'elle faisait à la
Turquie. Calmer les mécontente-
ments qui agitaient ses provinces , re-
couvrer les Pays-Bas , conclure une
jjaix honorable avec la Porte , ré-
concilier l'Autriche avec la Prusse,
obtenir la couronne impériale, et sui-
vre les négociations occasionnées jjar
les décrets de l'assemblée nationale
de France ; tels sont les objets im-
portants qui durent fixer l'atten-
tion de Leopold , lorsqu'il prit les
rênes du gouvernement. Les pro-
vinces qui avaient fait des représen-
tations sous le dernier règne , s'é-
taient empressées d'envoyer des dé-
putés au nouvel empereur; il les ac-
cueillit de la manière la plus affable, et
leur déclara qu'il considérait les états
provinciaux comme les colonnes de
la monarchie , et qu'il voulait se
concerter avec eux pour concilier les
intérêts du monarque et ceux des peu-
ples. Dès qu'il fut arrivé dans sa ca-
pitale, il rétablit, avec des modifica-
tions salutaires , la forme de gouter-
nement qui subsistait du temps de
Marie -Thérèse , et principalement
les audiences hebdomadaires , au
moyen desquelles tous les sujets
peuvent adresser eu personne leurs
requêtes au souverain. Cet usage
paternel , qu'a maintenu l'empereur
régnant , avait été aboli par le
despotisme philosophique de Jo-
sepn IL Les «ntjaycs que ce prince
i3..
iç)C) LEO
avait mises au commerce, furent le-
vées par le nouveau souverain j
mais l'ëdit de tolérance fut conserve'
et même étendu ; et les règle-
ments qui avaient e'te' faits en fa-
veur des juifs furent perfection-
nes. Par ces mesures sages , Le'o-
pold gag^na tous les cœurs ; et bien-
tôt il rétablit la tranquillité dans
ses états. Dès le commencement de
son règne , il avait offert à Fré-
déric-Guillaume , de remettre tout
sur le pied du traité de Passarowilz;
mais en même temps ^ pour résister
à une attaque soudaine de la part delà
Pmsse , il avait fait passer des troupes
en Bolième et en Moravie. Frédéric-
Guillaume proposa l'état des choses
tel qu'il se trouvait avant la guerre ,
promettant de ne point contrarier les
efforts de Léopold po«r recouvrer
les Pays-Bas, et s'eugageant à lui
donner son suffrage pour l'élection
à l'Empire. L'Angleterre suggéra
l'idée d'une trèvej mais cette propo-
sitioji fut rejetée par Léopold , cpù
d-esirait pousser ses avantages contre
les Turcs , avant que les Prussiens
fussent prêts à entrer en campagne.
Il confia au prince de Gobourg le
commandement de son armée du
Danube. Après un long blocus, la
|î;arnison d'Orsova , effrayée par un
tremblement de terre, abandonna la
place, et les Autrichiens mirent le
siège devant Widdin et Giorgevo ;
mais les menaces de Frédéric-Guil-
laume les empêchèrent de s'en rendre
maîtres. Les Turcs passèrent le Da-
imbe dans le dessein de livrer bataille
au prince de Gobourg. Ce général
les prévint en les faisant attaquer
( 26 juin) par Glairfait, qui les con-
traignit à se retirer ( F. Glairfait, et
CoBOURG au Supplément ). Ce fut la
dernière action de la guerre , les
mouvements qui se faisaient du côté
LEO
de la Prusse ayant amené une trèvf.
Frédéric-Guillaume , après avoir dé-
taché des troupes vers la Pologne ,
avait conduit en Silésie une armée
formidable et établi son quartier gé-
néral à Reichenbach. Tandis que les
armées étaient en présence, il s'ou-
vrit, dans cette ville , un congrès
que termina une convention ( 5
août )par laquelle Léopold prit l'en-
gagement d'entamer des négocia-
tions de paix et de donner un équiva-
lent à la Prusse, si la Porte-Ottomane
lui faisait à lui-même quelque cession.
Il promit aussi de ne prêter aucun se-
cours à la Russie, dans le cas ou cette
puissance refuserait de faire la paix
avec la Turquie. F^nfin , il consentit
à rendre aux Pays-Bas leur ancienne
constitution, sous la garantie des
puissances alliées. Après la signa-
ture de cette convention , l'Autriche
et la Turquie conclurent à Gior-
gevo , par l'entremise de la Prusse ,
un armistice de neuf mois ( i o sep-
tembre 1790). Les plénipotentiaires
autrichien et ottoman se réunirent
ensuite à ceux des puissances média-
trices à Sistove, et tout allait être ré-
glé, lorsque la demande du Vi cil Orso-
va et d'un territoire situé sur l'Unna ,
qui fut faite par Léopold , arrêta la
négociation. Durant la tenue du con-
grès , les alliés s'étaient disposés à
prescrire des conditions de paix à
Catherine II; et ils s'étaient efforcés
d'engager Léopold à joindre ses
armes aux leurs, si la médiation était
vaine. Ce prince connaissait trop
bien le prix de son alliance avec la
Russie pour délaisser cette puissance
et surtout pour l'attaquer. Tout
ce qu'on put obtenir de lui , fut une
promesse de neutralité. Catherine
redoubla d'efforts ; et ses troupes bat-
tirent les Turcs en plusieurs rencon-
tres ( For. PoTEMIvmet SUWAROW. )
LKO
\V. Pitt n'ayant pu ileciJcr la nation
.uij^Iaisc à entrer, pour des intcrcls
<|iii no la conrornaiciit pas imnic-
iiiat(Mncnt,on garrre contre ta Russie,
le cabinet britannique sévit réduit à
manquer aux eugageineutsqu'il avait
pris envers la Prusse. Dans son ein-
Ktrras , Frcdcric-Guiilaume se rap-
proclia des puissances auxquelles il
avaif prétendu faire la loi; et il s'é-
tablit une correspondance particu-
lière entre les cours de Vienne et de
Berlin. Les conférences de Sistove fu-
rent reprises ; et le plénipotentiaire
prussien s'y réunit à celui de l'Autri-
che pour exiger cette même cession
qui avait été sur le point d'occasion-
ner une rupture. Frédéric-Guillaume
s'étant désisté de la demande d'un
équivalent, la négociation fut bientôt
conduite à sa fin; et le mémorable
traité de Sistove fut signé le 4 août
i-^^i. De toutes ses conquêtes, Léo-
pold ne conserva que Clioczin ; et ce ne
fut même qu'à titre de dépôt , jusqu'à
la conclusion de la paixentre la Porte-
Ottomane et la Russie : cependant ,
par une convention qui fut conclue
séparément , la Porte céda à l'Au-
triche le Vieil Orsova et le terri-
toire situé sur rUnna. La j)aix de
Sistove fut suivie de l'élection de
Léopold à l'Empire; et sa capitula-
tion ne dilTcra de celle de ses pré-
décesseurs qu'en ce qu'il y ajouta une
promesse de réclamer pour les droits
des princes allemands qui avaient des
])ossessions en France. Ce fut là, en
qiiclquesorte, la preraièreétincellede
Tincendie qui de^'ait embraser si long-
temps rKuro[)e. Vers la même époque
les Hongrois, qui avaient arraché à
Joseph il quelques concessions, se
]>roposèrent d'en obtenir deplusira-
poUantes de son successeur; et ils se
livrèrent, dans leurs diètes particu-
lières, à des plaintes et à des ddcla-
LEO 197
mations très-vives. Lcopold convo-
qua , pour la cérémonie de son cou-
ronnement , une di( te générale; ce
qui était d'autant plus remarquable
qu'il ne s'en était point tenu depuis
le couronnement de Marie-Thérès».
La plupart des seigneurs, fiers d'a-
voir forcé Joseph 11 à révoquer ses
édits de réforme, accoururent à l'as-
semblée et rédigèrent un nouveau ser-
ment par lequel le monarque consen-
tait à ce que les Hongrois eussent des
délégués dans toutes les négociations^
de paix et de guerre ; ce projet fut pré-
senté à Léopold, qui, sans le rejeter
positivement, en restreignit le droit
au cas d'une négociation avec la
Porte Ottomane , comme le pres-
crivaient les lois du royaume. En-
fin il fit remettre à la diète une dé-
claration portant qu'il ne souffri-
rait pas qu'on mît en question ses
droits de succession à la couronne ,
qu'il n'acquiesctTait pas à la moindre
innovation dans les prérogatives du
pouvoir souverain , et qu'il ne
consentirait à aucune violation des
privilèges accordés aux non - catho-
liques.Pourappuyerccttedéclarati(ui,
ilfitcaiitonnersoixanteinillehommes
aux environs de Bude. Vainement
les états proposèrent- ils quelques
modifications : Léopold ne voulut
recevoir la couronne que comme
CharlesVI et Marie-Thérèse l'avaient
reçue , et il désigna Presbourg au
lieu de Bude pour la cérémonie de
son couronnement. Accompagné de
cinq de ses fils , il fit son entrée dans
la première de ces villes , le 3 no-
vembre 1 79 1 , y fut courounéle 1 5 du
même mois , et après la cérémonie dé-
clara qu'il consentait à ce qu'on pro-
mulguât une loi qui obligeât ses suc-
cesseurs au trône de Hongrie à ne pas
dilï'éier deplusdesix mois après leur
avènement, la cérémomc de leur cou--
igB LEO
ronnemcnt. Cette déclaration inopi-
née excita un eiîtbousiasme gênerai j
et la diète offrit à Leopold toutes les
ressources de la nation pour obtenir
de la Turquie uiic paix honorable.
LcopoM fut moins heureux dans ses
efforts pour faire rentrer dans le de-
voir les peuples de la Belgique. Il
avait publie, le 3 mars 1 790, un mani-
feste où il iraprouvaitles innovations
faites par son prcde'cesseur , et offrait
de tout rétablir sur l'ancien pied. Les
insurgents étaient alors divise's en
deuxpartis, dits des aristocrates et des
démocrates. Le premier était dirige'
par le célèbre Vander-Noot et le cha-
noine Van-Eupen Le second parti l'é-
tait par l'avocat V onck et le gênerai
Vander Mersch , qui , par une singula-
rité remarquable, mirent en avant les
plus grands seigneurs du pays, c'est-
à-dire les ducs d'Aremberg et d'Ur-
sel et le comte de la Marck. Les deux
partis s'étant réunis pour rejeter
avec beaucoup de fierté les offres
de Leopold , ce monarque fit mar-
cher une armée de trente mille
hommes , et fixa pour dernier terme
de soumission le 21 novembre 1790.
Ce terme étant expiré , les troupes
impériales, sous les ordres de Bsncler,
passèrent la Meuse, et parurent
sous les murs de Bruxelles. "Van-
der-Noot , Van - Eupen et d'autres
chefs de la révolte prirent la fuite.
Le 3 décembre, les Autrichiens en-
trèrent dans la ville, et, avant la
fin de l'année , toutes les provinces
belgiques furent remises sous la do-
mination de l'Autriche. Mais dès-
lors le nouvel empereur eut à s'oc-
cuper d'une révolution plus dange-
reuse encore ; et toute son attention
dut se porler sur la France, où
sa sœur , épouse de Louis XVI ,
gémissait abreuvée de toutes sortes
d'outrages. Sa qualité d'empereur
LEO
lui imposait l'obligation de soute-
nir les droits de ceux des princes
de l'Empire que lésaient les décrets
de l'Assemblée nationale. Dès le mois
de janvier 1 790, ces princes s'étaient
adressés à la dicte; et Joseph II, qui
vivait encore , avait fait en leur fa-
veur des représentations au gouver-
nement français. Le collège électoral
pria l'empereur défaire de nouvelles
démarches; ce qui eut lieu, L'Assem-
blée nationale, convaincue que pour
achever son ouvrage elle avait be-
soin de la paix , invita le roi à né-
gocier avec les princes possession-
nés une renonciation à leurs droits
moyennant une indemnité : mais ils
déclarèient qu'ils n'accepteraient
pour dédommagement que des biens-
fonds. Les choses en étaient à ce
point , lorsque Joseph II mourut :
Leopold écrivit , le 1 4 décembre ,
au roi de France , pour lui deman-
der le rapport de toutes les lois
contraires aux traités. Maîtrisé par
les circonstances, Louis XVI répon-
dit que l'affaire était étrangère à
l'Empire ; qu'elle ne concernait les
princes possessionnés qu'en leur qua-
lité de vassaux de la France, et
qu'au surplus on leur avait offert des
indemnités. L'empereur communi-
qua cette réponse à la diète , qui l'in-
vita à prendre les mesures néces-
saires pour le maintien des droits
des princes et étals de l'Empire. En
même temps on déclara qu'on leur
devait toute protection et assistance;
on réclama l'intervention des puis-
sances garantes du traité de West-
phalie ; enfin l'on ordonna des ar-
mements. Le premier février 1 792,
Koch fit , au nom du comité diplo-
matique de l'assemblée législative ,
un rapport sur le conclusuin de la
dicte. Se fondant sur l'acte de ces-
sion de l'Alsace , il posa eu principe
«fiip 1.1 souveraineté en avait c'tc cé-
dera la couronne de Franee,ctqucpar
conséquent les princes de l'Empire,
posscssionncs dans cette province ,
riaient obliges de se soumettre aux
décrets de l'Assemblée nationale. Ce-
pendant il convint qu'il leur était dû
des inderanitcspour les droits et reve-
nus dont les décrets les privaient , et
([u'il fallait inviter le roi à traiter
avec eux. En repondant , le i5 fé-
vrier, à la lettre de l'empereur en
date du 3 décembre 1791, Louis
XVI renouvela rollre de négocier
des indemnités. Cette offre tentaquel-
ques princes de l'Empire, qui aimè-
rent mieux s'arranger avec la France
(pie d'attendre des secours incertains.
En conséquence , ils conclurent dif-
férents traités , dont les événements
ne tardèrent pas à empêcher l'exécu-
tion. Léopold avait fait , au mois de
mai 1791 , un voyage en Italie; et
il avait eu à Mantoue une entrevue
avec le comte d'Artois, qui cher-
chait partout des libérateurs pour
Louis XVI. On traça dans cette en-
trevue un plan, d'après lequel l'em-
pereur devait faire marcher 35, 000
hommes eu Flandre , tandis que'
1 5,000 de troupes des cercles au-
raient attaqué l'Alsace j que i5,ooo
Suisses se seraient emparés de Lyon,
et que les Sardes auraient pénétré eu
France par la Savoie , et les Espa-
gnols par le Roussillon. On ne dou-
tait pas que cent mille hommes réu-
nis aux Français restés fidèles ne fus-
sent suflisants pour rétablir la mo-
narchie; et l'on conseillait à Louis
XVI de renoncer à s'éloigner de sa
capitale. Cette dernière condition
fut cause qu'il rejeta ce plan , dont
probablement le succès n'aurait pas
répondu à l'attente de ceux qui Ta-
vaieut conçu. L'état déplorable où
la famille royale de France se vil
LEO 19^
réduite après son voyage de Varen-
nes , porta Léopold à publier une
déclaration par la(pielle il invita les
autres puissances à déclarer qu'elles
se réuniraient pour venger toute
injure qui pourrait lui être faite , et
f)our réprimer une reliellion dont
'exemple compromettait la sûreté
de tous les gouvernements. Dix-neuf
jours après, un traité préliminaire
d'alliance convenu entre l'Autriche
et la Prusse fut signé à Vienne ( 25
juillet 1701 ). Quoiqu'il n'ait pas été
publié olUcicllement, on sait qu'il fut
arrêté de former une alliance dé-
fensive à laquell e la Russie, la Grande-
Bretagne , les Provinces-Unies et l'é-
lecteur de Saxe seraient invités d'ac-
céder. Vers la même ^oque , l'cm*
pcreur et le roi de Prusse eurent
une entrevue à Pilnilz ; mais déjà il
s'était opéré un grand changement
dans l'esprit du premier. La répu-
gnance qu'il avait à s'engager dans
des hostilités s'accrut par les repré-
sentations de ses ministres, surtout
du feld-maréchal Lascy , qui jugeait
que la guerre entraînerait la perte
immédiate des Pays-Bas. Cependant
le roi de Prusse , persistant dans sa
résolution , invita le marquis de
Bouille à tracer un plan d'atta-
que. Tandis qu'on discutait ce plan ^
le comte d'Artois arriva , accompa-
gné de M. de Calonne. Les exhor-
tations de ce prince enflammèrent
aisément l'imagination de Frédéric-
Guillaume : mais rien ne put vaincre
la répugnance de Léopold ; et ce ne
fut qu'à force d'importunités qu'on
parvint à lui faire sij^ner une déclara-
tion assez vague pour le rétablisse-
ment de l'autorité du roi de France.
Cette pièce , la seule qui ait été pu-
bliée sur les conférences de Pilnitz,
fut insérée dans tous les journaux;
et elle servit long-temps de texte
9.00 LEO
aux déclamations des ennemis de
Louis XVI. Lcopold, espe'rant que
celte publication subirait pour les
calmer, ou pour faire ëcliouer leurs
clTorls , saisit la première occasion
de rompre ses engagements; et lors-
que Louis XVI eut accepte' la
nouvelle constitution et qu'il parut
jouir d'une sorte de liberté, l'empe-
reur leva la défense qu'il avait faite
à l'ambassadeur de France de pa-
raître à sa cour.Il révoqua en même
temps sa déclaration de Mantoue :
il fut même le premier souverain de
l'Europe qui reçut dans ses ports le
pavillon tricolore ; enfin il défendit
aux émigrés français qui s'étaient
réfugiés dans ses états , d'y former
des rassemblements militaires. Tant
de circonspection ne fit qu'accroître
le danger que Léopold se proposait
de détourner : chaque jour la tribune
de l'assemblée législative de France
retentissait de nouvelles menaces
contre l'Empire ; et , le i5 janvier
1792, cette assemblée rendit un dé-
cret par lequel Louis XVI fut requis
de demander, si , comme chef de la
maison d'Autriche , Léopold vivait
en paix avec la France, et si ce prince
renoncerait à tout traité , a toute
convention contre la sûreté et la sou-
veraineté de la nation française. Le
refus d'une satisfaction . avant le i ^^,
mars , devait être considéré comme
une déclaration de guerre; et l'ordre
fut donné de tout disposer pour
que les troupes se missent en cam-
pagne. Cette espèce de somma -
tion ayant été transmise à la cour
de Vienne par l'ambassadeur de
France , l'empereur ne put se dissi-
muler que la guerre était inévitable,
et il ratifia l'alliance conclue avec
le roi de Prusse. Le prince de Kaunitz
fit cependant, au nom de l'empe-
reur , une réponse à la demande
LEO
de la France. Mais lorsque cette
espèce de justification fut commu-
niquée à l'assemblée nationale, la
lecture en fut plusieurs fois inter-
rompue par ce cri : « La guerre l la
guerre! » Tandis que cet orage était
près d'éclater , Léopold rendait le
dernier soupir. Une dyssenterie le
mit au tombeau en trois jours, dans
la quarante-cinquième année de son
âge , le 2 mars 1792. Par les effets
de la révolution de France, ce prince
laissa la monarchie autrichiennedans
une situation plus critique encore
que celle où il l'avait trouvée. L'as-
sassinat qui venait d'être commis sur
la personne du roi de Suède, et les
projets que ne dissimulait plus la
faction révolutionnaire, ont fait, très-
mal à propos, attribuer au poison la
mort prématurée de cet empereur. Ce
prince avait épousé^eni 7 65, l'infante
Marie-Louise, fdie du roi d'Espagne,
Charles III. La mort d'un époux,
tendrement aimé , qui expira entre
ses bras, fit une telle impression sur
son ame sensible, qu'elle le suivit au
tombeau , en moins de trois mois.
La fécondité de cette princesse fut
si grande, qu'elle donna à Léopold,
seize enfants , dont quatorze lui ont
survécu; l'aîné lui a succédé sous le
nom de François l^^\ H-ry.
LEOPOLD P^oy^z Brunswici^
VI, i55; Lorraine- et Anualt ,
au Supplément.
LEOPOLD ( Achille-Daniel ) ,
savant aveugle - né, et l'un des plus
remarquables que nous présente
l'histoire moderne (i) , naquit à
Lubeck , en 1 69 1 . Un de ses frères,
plus jeune que lui , vint aussi au
monde, privé de la vue. Leur père,
avocat distingué, prit le plus grand
(l) Blacklock et Saiindeison , plu» étoiinattJ»
ou plus célèbre» que Lcopoltl , u'éuJunt pan uéi
TJ'.0
• •iii de leur éducation , leur donna
l«\s plus habiles maîtres , et n'eut
pas de pins doux dclasscnicnt ([iic
' sertuidor leurs efTorts , de culli-
. «r l'intelli genre naissante de ces en-
lints , et d'exercer leur mémoire,
<|iii devint prodipjieuse. F.e cadet
lourut jeune; mais Achille-Daniel,
j'ii parvint à Vn^c de 6'i ans , ap-
l>rit les langues, la jurisprudence , la
philosophie, la théologie , et s'at-
tu ha surtout à la littérature et à la
j»oesie. L'histoire ancienne et mo-
derne lui devint très-familière ; et
u'me , peu de semaines avant sa
lort , on ne pouvait lui citer au-
iri des cve'nemcnts passe's de son
• tnps , qu'il n'en indirpiat , sur-le-
(liamp, les circonstances les pluS
détaillées, et la date pre'cise. Il avait
iissi cultive la musique, et jouait
.ni bien de divers iustnimcnls. Cet
liomrac extraordinaire mourut le 1 1
mars 17^3. On connaît de lui : I.
Collyre spirituel ( Geistliche Augen-
ilbe ) , ou Recueil de trois cents
^'»nnets sur des passages choisis de
! lùriture- Sainte , Lubeck , 1784 ,
in-8**. 11. Poésies diverses, publiées
ir J. P. Kohi, Hambourg, 173*2 ,
i-H"., en allemand , ainsi que l'ou-
> ra;^p précèdent, llf. Epislola lu-
j^uhris ad Georg. Tauschium, prœ-
iaturumjilii sui Simonis Tauschii
i bitum œgrè ferentem , insérée dans
)<'s Hcliqua Tristia que ce père af-
liigé ( G. Tausch ) publia en 17 18 ,
t la mémoire de son Hh. IV. 60m-
mentatio de cœcis ita natis , varia
tJu^olof^ico-juridico- moralia exhi-
' !'ns , Lubeck , i7*.iO , '\\\-\". de 54
l'tg. V. Epistola lugubris ad Casp.
ilenr. Starkium primce conjugis
nœ ex fuie vild discessum dolen-
w,ibid. 17*29, in-4". VI. Epis-
' >la ad J. //. à Seelen , dans le
Pœeile d'Heumaon , tom. i , lib. a ,
LKO U..1
pi g. \çyi. L'auteur y donne quel-
ques détails assez, ciu'icux , tant sur
lui que sur s(ui frère. C, M. P.
LEORIKK de rislf, fabricant
de papiers à Langlée, près de Mon-
targis , soumit à la fabrication du
papier, toutes les plantes, les écorces
et les végétaux les plus communs.
Le Supplément aux Loisirs des
bords du £om^ , petit volume in- 18,
imprimé en 1784 , contient un essai
de papiers fabriqués avec de l'herbe,
de la soie , du tilleul, et des papiers
de chiflbns , mais de deux couleurs
dilïérentes et teints en matière. Leô-»
rier annonça ses découvertes dans
l'Eprlrc dédicaloirc, qu'il composa
lui-même et adressa à M. Ducrest ,
des OEuvres du marquis de Fil-
lette , 1786^ in-i6. Les i56 pre-
mières pages sont imprimées sur pa-
pier de guimauve; après (juoi, l'on
trouve 20 feuillets composés chacun
d'une substance difTércnte, savoir;
ortie, houblon, mousse, roseaux ,
écorce d'osier, de saule, de peuplier,
de chcne , racine de chiendent , bois
de fusain , bois de coudrier , écorce
d'orme , de tilleul , feuilles de
bardane et de pas-d'âne , de char-
dons , etc. Z,
LEOSTHENE, général athénien,
fut mis à la tête de l'armée qui de-
vait affranchir la Grèce de la tyran-
nie des Macédoniens , après la mort
d'Alexandre -le- Grand , 3^4 ^n*
avant J.-C. Discijde de Démosthène,
Léosthène avait puisé , dans les en-
tretiens de ce fougueux orateur, des
sentiments démocratiques. En so
chargeant de l'expédition qui lui fut
contiée , il consulta plus scu amour
pour sa patrie , et le dej.ir de la
rendre indépendante , que les res-
sources qu'il avait en Ir.i - mcnis
pour une aussi grande entreprise.
De là vint que Phocion , entendant
202 LEO
les Atliëniens prendre cette* déli-
bération, dont ils se proracUaient
les plus grands succès , leur dit :
Vos discours ressemblent aux cy-
jyrès ; ce sont des arbres grands
et superbes , mais qui ne por-
tent point de fruits. Cependant ,
Le'oslliène , plein d'ardeur , se mit
en marche, et dirigea ses troupes
vers la Tliessalie, cette province
de la Mace'doine , qui e'tait tou-
jours dispose'e à en secouer le joug.
A la nouvelle de cet envahissement,
Antipaler , qui gouvernait la Macé-
doine, se hâta d'avertir Cratère,
qui était encore en Glicie avec les
vieilles bandes qu'Alexandre avait
renvoyées en Grèce. Après avoir re-
mis le gouvernement entre les mains
de Sillas , il marcha au secours
de la Thessalie , à la tête de qua-
torze mille hommes , tandis que
Clitus mettait à la voile une flotte
de cent dix galères. Léosthène,
après s'être emparé de tous les pas-
sages , vint offrir le combat à An-
tipaler , qui ne craignit pas de
l'attaquer; mais la fortune trahit
les armes , jusqu'alors victorieuses ,
des Macédoniens : ils furent com-
plètement battus. Malgré sa défaite,
Anli2)ater , ne perdant pas courage ,
rasseml)la les débris de son armée
( Voyez Antipater , tome II. ,
page 262 ) , et s'enferma avec eux
dans Lamia, ville de Thessalie, ré-
solu de. vaincre ou de mourir en
combattant. Il fit voir , dans cette
occasion , combien le courage et
l'habileté peuvent fournir de res-
sources. Léosthène, ne pouvant em-
porter la ville d'assaut , se mit à
en faire le siège. Les fréquentes sor-
ties des assiégés rompirent plus
d'une fois ses mesures. Enfin, ayant
eu l'imprudence de s'avancer trop
près de la place, il fut tué d'un
LEO
coup de pierre. Antiphile prit le
commandement j mais il ne put em-
pêcher l'évasion d'Antipater , qui
profita , pour s'échapper , du désor-
dre que la mort inopinée de Léos-
thène occasionna dans l'armée en-
nemie. Celte mort fut suivie de la-
défaite des Athéniens, l'an 32 3 avant
J.-C. Son oraison funèbre fut pro-
noncée dans Athènes , par l'orateur
Hypéride, en l'absence de Démos-
thène, qui avait été exilé, Z.
LÉOTAUD ( VmcENT ), jésuite,
a mérité une place distinguée parmi
les géomètres de son temps. Il naquit
en 1 595 , à la Yal-Louise , dans le
diocèse d'Embrun , contrée célèbre
par les prédications de St. Vincent
Ferrier. Après avoir terminé ses pre-
mières études , il entra dans la So-
ciété , où il ne tarda pas à se faire
connaître avantageusement.il ensei-
gna les mathématiques pendant qua-
torze ans au collège de Dole , qui
jouissait d'une grande célébrité; et il
contribua à en étendre la réputation..
Il passa ensuite au collège de Lyon ;
et surla fin de sa vie , il se retira dans
la maison de son ordre à Embrun, où
il mourut en 1672. On a de lui : I.
Geometricœ practicœ élément a, ubi
de sectionibus conicis habet quœdam
insignia, Dole, i63i , in- 16. Il dé-
dia cet ouvrage à JeanBoyvin , alors
conseiller au parlement, h«mme d'un
rare mérite. ( Voyez J. Boyvin. )
IL Magnetologia sivenovademag-
neticis philosophia , Lyon , in-4^. ,
1648, suiv. Lalande ( Bibliogr. as-
tron.), et i6(38, suiv. le P. Sotwel
( Bihl.soc. Jesu ). III. Etymon qua-
draturœ circuli hactenùs editorum
celeberrimœ, etc. Lyon , 1 653 ,in-4*'.
C'est une réfutation de l'ouvrage pu-
blié quelques années auparavant, par
le P. Grégoire de St. Vincent , fa-
meux jésuite flamand, qui se flattait
I.KO
«l'avoir Irouvc le moyen de rësoiirîre
\c problômc de la quadrature du
i ( rrle. Quelques - uns des disciples
il II P. de Saint -Vincent répondi-
rent au Père Lëotaud , qui leur
répliqua par l'ouvrage suivant :
IV. Cjclomattiia seu de muUiplici
circiiU contemplât ione libriux^ ibid.
I ()(33 , in-4°. Cet ouvrage est suivi
d'un traite étendu sur la quadra-
tricc de Diuostrate, où l'auteur déve-
loppe quelques propriétés non en-
core a j>erçues de cette courbe, {f^oy.
Montucla , Hist. des Mathémat.
toin. •! , pag. 77. ) V. Institutionum
arithmeticarum libri i v, ibid. 1 660,
in-4**. Il a laissé en manuscrit : Ana-
îemmata seii planisphœria midti'
plicia, et quelques ouvrages moins
importants. W-s.
LÉOÏ YCHIDES , fds de Menarès,
de la race des Proclides , conçut une
baine violente contre Demarate , son
cousin , roi de Sparte , qui lui avait
enlevé , par artifice , Percale , fdle
de Chilon , sa fiancée. 11 soutint de-
vant le peuple que Demarate n'était
point le {ils d'Ariston, et qu'il n'avait
par conséquent aucun droit à la cou-
ronne. On ordonna que l'alTaire se-
rait portée à la décision de l'oracle
de Delphes ; et la Pythie , séduite
par Cféomène , collègue de Dema-
rate , prononça son exclusion du
trône. Léotychides lui succéda par
le droit de sa naissance ; il fit avec
Cléomcnc la guerre aux Eginètes ,
qui , trop faibles pour résister , se
soumirent aux conditions qu'on leur
imposa , et remirent des otages dont
la garde fut donnée aux Athéniens ,
leurs plus grands ennemis. Il obtint
' MS'iitele commandement d'une par-
e des forces navales des Grecs ; et
il partagea avec Xanlippe, général
«ihénien , la gloire du combat de
Mycale, où la flotte des Perses fui
LEO io3
détruite, Pan 479 avant Jésus-Christ,
le jour même de la mémorable ba-
taille de Platée. ( Fojez Aristide ,
Pausanias et XercÈs. ) De retour à
Sparte, il assistait aux jeux publics,
et ayant aperçu Demarate assis sur
nn banc inférieur , il lui envoya de-
mander , par dérision , s'il se trou-
vait placé commodément. Demarate
cul peine à contenir son indignation ,
et sortit se cachant le visage de son
manteau. ( Hérodote , liv. vi. ) Léo-
tychides porta , peu de temps après ,
la guerre dans la Thessalie ; et il s'en
serait emparé facilement : mais gagné
par les présents des Alyades,il revint
à Sparte, abandonnant ses conquêtes.
Suivant Hérodote, on l'avait surpris
dans son camp même , assis sur un
sac d'argent ; il fut accusé de trahi-
son , et condamné au bannissement.
Son fils Zeuxidamc étant mort , Ar-
chidamus , son petit-fils , fut appelé
au trône. Léotychides mourut vers
l'an 475 avant J.-C. , à Tégée , où il
avait trouvé un asyle. W-s,
LÉOVIGILDE. Voyez Leuvi -
GILDE.
LEOWITZ (Cyprien), en latin
Lenvitius , fameux astronome ou
plutôt astrologue , naquit dans le
seizième siècle , à Lconicia , près de
Hradisch en Bohème. Il se fit une
réputation très-étendue , par des pré-
dictions qui , dans un autre temps ,
l'auraient couvert de ridicule ; et
il obtint le titre de mathématicien
d'Othon-Henri , électeur palatin. Il
avait annoncé , par exemple , que
l'empereur Maximihen serait un jour
monarque de toute l'Europe ; et ,
suivant la remarque de Bodin , il
n'eut pas assez, de perspicacité pour
deviner que, l'année qui suivit cette
belle prédiction , Soliman pénétre-
rait en Alleiuagiie , et s'emparerait
de Sigeth, l'une des [>lus fortes places
*>M
LEO
de la Hongi'ie , sous les yeux de
Maximilien lui-même , qui ne pour-
rait pas l'en empêcher.Il prédit aussi
que Tannée i584 verrait finir le
monde par un nouveau déluge. Leo-
\\itz n'était pas le premier qui eût
fait une semblable menace. Jean
Stoéffler avait déjà effrayé l'AUema-
£^ne par l'annonce d'un déluge qui
devait infailliblement la noyer en
i524 ; mais , au contraire , jamais
année ne fut plus sccbe. Un dé-
menti si formel donné aux astrolo-
gues , n'empêcha pas Leowitz de
trouver la mcme crédulité , non-
seulement dans le peuple , mais
parmi les personnes d'une condition
relevée. Louis Guyon , auteur con-
temporain , rapporte que la frayeur
fut si grande en France^ que les égli-
ses ne pouvaient pas contenir ceux
qui y cbercbaient un refuge ; un
grand nombre faisaient leur testa-
ment , sans réfléchir que c'était
une chose inulde , si tout le monde
devait périr ; et d'autres donnaient
leurs biens aux ecclésiastiques , dans
l'espoir que leurs prières retarde-
raient le jour du jugement. Leowitz
ne vit pas le terme qu'il avait fixe'^
pour la submersion du globe : il
était mort dès l'année i574, à La-
wingen e'.i Souabe ( i ). Il v avait
reçu, en 1 569 , la visite de Tycho-
Brahé , qui avait fait ce voyage pour
s'entretenir avec lui de choses rela-
tives à l'astronomie. On a de Leo-
>vitz : L Tabulœ ascensionum om-
nium ohliquarum ad plures altitu-
dmis gradus productœ , Aiigsbourg,
1 55 1 , in-4°. IL Eclipsium ah anno
1554 usque adamiwn 1606 des-
criptio , ibid. 1554 ; avec des
additions, i556, in-fol. ÏII. EpJie-
(1) Teissier dit qn'il mourut à AiJo;»b<iiirg , !•
s» mai , c'e»t une erreur.
LEP
meridum noimm alque insigne optts
ab anno i556 ad annum 1G06 ac~
curatissimè supputatii.n, ibid. i557,
in-fol. IV. De conjunctionibus mag-
nis insigniojmm superiorum, plans-
tarum, solis defectionihus etcomctis
prognosticon , Lawingen , 1 564 >
in-40. ; Londres^ i>^73, in-4^.; Wit-
temberg , 1 586 , in-8^. ; Marpurg ,
i6î8, in-4*'. ; traduit en français ,
i568, in- 19-. C'est dans cet ouvrage
que Leowitz prédit la fin du monde,
qui devait avoir lieu par la conjonc-
tion des planètes. Teissier cite encore
de lui quelques autres productions
moins connues. ( Vojez Teissier ,
Eloges des hommes savants , tome
III , pages 3o et 3i. ) W-s.
LEPAIGE ( Jean ) , chanoine ré-
gulier de l'abbaye de Prémontré,
et docteur de Sorbonne , prit le bon-
net le 7 août 1604. Il était prieur
du collège de Prémontré dans l'uni-
versité de Paris, et procureur-général
de l'ordre. On travaillait alors à la
réforme des ordres religieux. Les
abbés-généraux de Prémontré char-
gèrent Lepaige, en qualité de leur vi-
caire-général, de visiter les maisons
de France ;, et de rétablir la règle
dans celles qui s'en étaient écartées.
Il s'acquitta de cette mission à la sa-
tisfaction des supérieurs. Le goût
de Lepaige le portait à rechercher
et à recueillir les monuments anciens,
surtout ceux de son ordre. Il était
fort laborieux^ il avait même de l'é-
rudition; mais peut-être point assez
de critique pour donner du prix à ses
recueils. Il jouissait néanmoins, dans
son ordre , de l'estime et de la con-
sidération qu'on doit au mérite et à
des services. Une circonstance lui
fit perdre ces avantages. A la mort
de l'abbé-général Gosset, en i635 ,
il vint en pensée au cardinal de
Richelieu , par des vues , sans doute,
LEP
plu^ nniblticuses que celle d'avoir
tics n'Ii^ioux sous sa juridiction ,
<l«' se faire élire ahhe de Prcnioiitrc ,
wnnie il avait déjà e'tc du ahbc
: (.luiii. Lepaige favorisa de tout
.; M)n j)ouvoir ce projet , au(|uel s'op-
[j posaient et le chapitre (ie raShaye de
Preniontrc,ettous les abbes des pays
étrangers. On le déposa de sa place
de prieur du collège , et on lui ofa la
procure-ge'ne'rale. Ne pouvant plus
trouver que des desagrcjnents dans
ses rappoi*ts avec son ordre , il se
fit pourvoir du prieure-cure, non de
Nanteuil , comme le dit Moréri ,
mais de Nantouillet , village de
Brie , où il mourut vers i(i3o. On a
de lui : Bihliotlieca Prœmonstraten-
sis ordim's, Paris , i ()33 , vol. in-fol. ,
divisé en deux parties , dont la pre-
mière est dédiée à Urbain VIII , et
la deuxième , au cardinal de Riche-
Keu. Ce que ce livre contient de plus
curieux, sont les anciens statuts de
Tordre, et les privilèges qui lui ont
ëte* accordés par les papes et les rois.
Il fut imprimé sans la participa-
tion de l'ordre et sans avoir été sou-
mis à la censure des supérieurs;
aussi est-il plein de fautes. On arrêta
dans plusieurs chapitres généraux,
de le réimprimer avec les correc-
tions convenables. l\ fut alors ques-
tion d'un ouvrage sous le titre dCAnti-
Paif^ius , fait tout exprès pour le
réfuter : mais ces projets n'ont point
PU de suite. L-y.
LEPAUTE ( Jean - André ) ,
c* ièbre horloger, né en 1709, à
Montmédi , vint fort jeune à Paris,
où il ne tarda pas de se faire con-
naître par la perfection de ses ouvra-
ges. Il fit, en 1753, pour le palais
du Luxembourg, la première hor-
loge horizontale qu'on ait vue à Pa-
ris ; et ce travail lui valut un loge-
nt dans le palais, où Lalande avait
LEP ao5
alors son observatoire. Il présenta ,
la même année , h l'académie de»
sciences , une pendule à une seule
roue, de son invention. I^alande fiii
l'un des commissaires chargés de
l'examiner ; et celte circonstance
établit entre eux une amitié durable,
qui tourna au profit de tous les
deux ; « car , dit Lalande , si j'ai
» contribué à la perfection des tra-
» vaux de Lepaute en horlogerie,
» Lepaute a été utile à la science
» qi>e je cultivais , par les pcn-
» dules d'une grande perfection
» qu'il a faites pour la plupart des
» observatoires de l'Europe. » Le-
paute fut honoré de la confiance du
roi et des princes ; et il s'en montra
digne , autant par sa probité que
par ses talents. C'est à cet artiste
qu'on doit la plupart des hor-
loges qui décorent les édifices pu-
blics de Paris , entre autres celles
des Tuileries , du Palais - Royal
et du Jardin du Roi. Il avait
eu le bonheur de trouver une
épouse qui partagea ses travaux et
embellit sa vie ; elle le soigna avec
une patience angélique pendant les
sept ans que dura sa dernière mala-
die : mais les veilles continuelles af-
faiblirent sa santé , et elle précéda
de quelques mois au tombeau , sou
mari , qui mourut octogénaire , et
sans av»ir connu cette perte , à Sl.-
Cloud , le 1 1 avril 1 789. On a de
Lepaute : I. Traité d'horlogerie ,
contenant tout ce qui est nécessaire
pour bien connaître et bien régler
les montres ; la description des piè-
ces d'horlogerie les plus utiles , des
répétitions , des équations , des pen-
dules à une roue, etc. , Paris , 1755
in-4**. avec dix-sept planches. La
préface contient l'histoire des diffé-
rentes tentatives faites pour mesurer
le temps et eu déterminer la mar-
aoô
LEP
rjie , ayant l'invention des horloges
à* roues et à poids , et celle des per-
fectionnements qu'ont reçus les hor-
loges depuis le xjv^. siècle jusqu'à
Sully , fameux artiste , dont il décrit
les travaux d'une manière très-inté-
ressante. L'ouvrage est divisé en
deux parties : la première contient
la description d'une pendule à se-
condes et d'une montre ordinaire ,
comparées dans leurs difierentes
})ièces, avec la manière de juger de
eur fini et de les régler ; la seconde
partie traite des diverses sortes de
pendules à sonnerie , à répétition , à
une roue ^ à équation , à réveil , etc. ,
des différents échappements , et en
particulier de celui dont il est l'in-
venteur. On trouve , à la fin du vo-
lume , un traité des engrenages , et
un autre du mouvement d'oscillation ,
par Lalande. II. Supplément au
Traité d'horlogerie , etc. , Paris ,
1760. Il renferme la description
d'une pendule polycamératique ,
ainsi nommée parce qu'elle peut
marquer l'heure dans dificrentes
pièces d'un palais ou d'un château ;
d'une pendule à secondes qui mar-
que le temps moyen et le temps vrai
avec plus de justesse que les pen-
dules à équation. Lalande a eu beau-
coup de part à la rédaction de cet
ouvrage , dont il existe des exem-
plaires avec un nouveau frontispice
portant la date de 1768. III. Des-
cription de plusieurs Ouvrages d'hor-
logerie, 1764, in- 12. — Jean-
Baptiste Lepaute, horloger du roi ,
frère du précédent, se distingua aussi
par ses talents dans cette branche
importante des arts mécaniques , et
mourut à Paris , en i Soi , dans un
âge avancé. Il a eu part aux princi-
paux ouvrages de son frère , qui
l'avait associé à son commerce. On
cite de lui la belle horloge de l'hôtel
LEP
-de-ville de Paris , qui fut posée en
1786. W-s.
LEPAUTE ( Madame ) née Ni-
cole-Reine Étable de Labrière ,
tient un rang distingué dans le petit
nombre des femmes qui se sont si-
gnalées dans l'astronomie. Née à
Paris le 5 janvier 1728, elle an-
nonça, dès son enfance, des disposi-
tions peu communes pour les scien-
ces. Elle épousa, à l'âge de 25 ans_,Le-
paute l'aîné, et , dès ce moment , par-
tagea ses travaux. Elle devint l'amie
de Clairaut et de Lalande, et elle
leur communiquait le résultat de ses
études, qu'ils se plaisaient à encoura-
ger : elle leur fut très-utile à tous les
deux par ses calculs sur la fameuse
comète dont le retour était p-édit
pour 1767 , mais qui ne fut aperçue
que sur la fin de l'année suivante.
Clairaut a gardé le silence sur les
obligations qu'il avait à M™^. Le-
paute, et cela par ménagement pour
une femme jalouse de son mérite ;
mais Lalande lui a donné la part
d'éloges qu'elle méritait , dans sa
Théorie des Comètes, page 11 o.
M™^. Lepaute, douée de tous les
avantages extérieurs, portait dans
la société cette politesse et cette
fleur d'esprit , que semblent exclure
les éludes profondes : elle ne cessa de
combler de bienfaits les parents de
son mari ; c'est à elle que les sciences '
doivent Lepaute d'Agelet, qu'elle lit |l|
venir de Montmédi,àrâge de quinze "■
ans, pour lui faire étudier l'astrono-
mie, et qui périt dans l'expédition
de la Pérouse( /^q^. Ageeet). Une
trop grande assiduité au travail af-
faiblit sa vue , et elle fut forcée de
discontinuer ses calculs. Son mari
étant tombé malade , elle le soigna
pendant sept ans avec un zèle et une
patience au-dessus de tous les éloges :
elle le suivit k Saiut-Cloud , où on le
LEP
lTaii5porla pour lui faire respirer un
meilleur air; et elle y mourut quel-
ques mois avant lui , le G dé-
cembre 1788, à rage (le G5 ans.
M™*'. Lepaulc était assoriee de l'a-
cadeinic de Bexiers, houueur (ju'cllc
dut à l'amitié de Mairau. Le na-
turaliste Commcrsou lui a dédié
la rose du Japon , qu'il nomma
f.fpautia[ I ). On doit à celte dame :
1. La Table des longticurs des pen-
dules, dans le Traité d'horlogerie,
de son mari. II. Des Obseivations
ilans la (xtnnaissance des temps , de-
Suis 1759 jusqu'à 1774* ï^^ volume
e l'année 1763 conlieut d'elle , une
Table des angles parallactiques ,
utile pour les navigateurs ; et celui
<le l'année 17G4, les Calculs de
V éclipse annulaire du soleil, an-
noncée pour le ^*^^ avril, avec une
carte qui en présente la marche et
tes différentes phases pour tous les
pays de l'Europe (i). III. Des Tables
du soleil , de la lune et des autres
planètes , dans les Ephémérides des
mouvements célestes , toni. vn et
VIII. IV. Des Mémoires d'astrono-
mie , communiques à l'académie de
Béziers , et imprimés par extraits
dans le Mercure. Lalande a inséré
V Eloge de cette dame dans son His-
toire de l'Astronomie , année 1 788.
( y or. Lalam)e. ) W-s.
LÈPAUTRE ou LEPOTRE ( An-
toine ), né à Paris, en 161 4 , était
premier architecte du roi , et de
(i) Madame Briquet ( Diel. Uttf.r. des fem-
mes sav. ) ajoute aux prénnmi de madame
Z<«paiit«, c*lui J'Hortente , et prétend que Com-
ntirri-in trouTant que soD pr-mier hommaga
n'était pa* a«t»z tli " "
iirect, cha
ngea
!•> nom <!«
Z.*/' jv//a eu celui à' Hortensia" \l^\% Lalande,
mieux instruit de toutes ce* particnlaiitrt , dit
one ce fut Ju«tieu, qui appela cette belle plante
Hortensitt, nom aoua lequel elle a eu beaucoup
à.e »"» le il y a quvlqtie« année*.
(j Cette carte, imprimée en roiige, et! gra-
ïc' f I' ntadamv Lattre pour le trait ; et pour la
letitf , par madame Tardieu, Elle ett (ort bien
•M«Ml««, ttlM curieux la «oaaerTeal «v«c «oia.
LEP «07
Monsieur, frcrc de Louis XîV.C*«l
pour ce prince qu'il construisit le»
deux ailes du château de St.-(iioiid;
elles sont couronnées d'une halus-
trade et n'ont qu'un étage. Un ordre
ionique avec un avant-corps toscan,
surmonté d'un fronton , et des figu-
res placées dans des niches, sont l' or-
nement de CCS ailes. Eu 167 i , épo-
que à laquelle l'académie de sculji-
ture reçut son institution , il en fut
nommé membre. Les OEuvres d'ar-
chitecture d'Antoine Lepautre^ dont
la première édition parut en i().53 ,
sont encore estimées des artistes.
Daviler y ajouta dans la suite huit
discours, qui en expliquent les plan-
ches. Lepautre avait un véritable
talent pour la décoration des édi-
fices. Son goût de dessin, enlière-
nient à lui, est plein de grandeur:
et de majesté : sa manière est ce-
pendant un peu lourde ; mais comme
elle n'est jamais dépouiTue de goût,
elle donne à ses ouvrages un air de
solidité qui marque le grand maître.
Il abonde en inventions nouvelles ;
les planches qui composent son li-
vre d'architecture, sont d'un excel-
lent dessin et d'une composition
aussi mâle qu'ingénieuse. L'église de
Port-Royal , au faubourg Saint-Jac-
ques,est le seul bâtiment gravé dans
ses œuvres, qui ait été exécuté. Il
avait été désigné par M'»'', de Mon-
tespan pour bâtir le château de Cla-
gny ; mais Lenôtre , qui favorisait
Mansard , ayant fait préférer les des-
sins de ce jeune artiste, Le]>autre en
conçut un tel chagrin, qu'il en mou-
rut en 1691. — Jean Lepautre , frè-
re du précédent, dessinateur et gra-
veur à l'eau-forteen architecture, na-
quit à Paris, en 161 7. Il apprit les
premiers éléments de son art chez
un menuisier , et devint un ex-
cellent dessinateur. U résolut alors
2oS LEP
de cultiver la gravure à l'eau-forte ,
ci se mit à graver une multitude de
•sujets , qui ont servi et serviront
toujours de modèles aux artistes qui
se dévouent à l'arcliitecture et à l'or-
nement. Son goût, il est vrai, est
un peu lourd ; et l'ëtude de l'an-
tique , adoptée de nos jours , laisse
apercevoir dans Lepautrc une ma-
nière un peu surannée; mais comme
il fut toujours dirigé par d'excel-
lents principes , ses ouvrages ne
peuvent être que profitables aux
jeunes artistes. A l'exception de
quelques pièces qu'il a gravées d'a-
près Farinati, il n'a rien exécuté
que sur ses propices dessins; ce sont
en général des décorations d'archi-
tecture , des vases , des plafonds ,
des ornements de toute espèce. Son
ceuvre est très-considérable ; le ca-
talogue de Mariette le porte à i/\f^o
pièces , dont voici les principales :
I. Son Portrait , dans une bordure
de fleurs , soutenue par des génies.
II. Louis XI F, habillé à la ro-
maine, assis dans son cabinet. III.
Dix feuilles in-f». de V Histoire de
Moïse. IV. Vingt-deux feuilles de
Sujets tirés de la Mythologie , et
six feuilles de Frises , avec des su-
jets également mythologiques, in-f».
V. Douze feuilles de Paysages avec
des Dues de jardins et de grottes,
et six feuilles de Fontaines et jets
d'eau à Vitalienne , in-f**. VI. Six
feuilles représentant Les visions de
Quevedo , avec la désignation de
chaque sujet , et huit vers français
au bas de chacun. VII. Le sacre de
Louis XI F, dans la cathédrale de
Reims, trois grandes feuilles avec
huit vers français au bas de chacune.
VIII. Fues perspectives de Fon-
tainebleau , avec le baptême du
Dauphin, trois pièces grand in-fo.en
U'avers ^ etc. Lepautrc avait été reçu
LÏÏ.P
membre de l'académie, en 1677 ; il
mourut à Paris , en iGHi. — Pierre
Lepautre, fils d'Antoine, naquit
à Paris , en i G60. Son père le des-
tina d'abord à l'architecture : mais
le goût du jeune artiste l'entraî-
nait vers la sculpture ; et les leçons
de Magnier développèrent ses dis-
positions. A l'exemple de son oncle
Jean, il grava à l'eau-forte ; et il
aurait pu acquérir un nom dans cet
art, si l'on en juge par quelques-unes
de ses estampes. La plus estimée ,
est celle qui représente la Statue
pédestre de Louis XI F, exécutée
par Goysevox, et que la ville de
Paris fît ériger , en 1689 : cette
grande pièce, haute de plus de 3i
pouces, est ornée de médaillons et
de 5 G bas-reliefs , représentant les
actions les plus éclatantes du règne
de ce roi. Après avoir remporté le
grand prix de sculpture, Lepautre
se rendit à Rome, où il demeura
pendant i5 ans. C'est dans cette
ville, qu'en 1716, il exécuta le
Groupe d'Enée et d^Anchise, que
l'on voit dans le jardin des Tuile-
ries ; cet ouvrage est le chef-d'œuvre
de Lepautre : il le composa, dit-on,
d'après un modèle en cire de Le-
brun; et quoiqu'on puisse en louer
l'exécution , il a tous les défauts
auxquels le désir de faire mieux ,
en faisant autrement que les an-
ciens , peut entraîner un artiste dé-
nué de bon goût. Dans les figures de
ce groupe , le choix de nature est
pauvre, l'expression manque de no-
blesse et surtout de simplicité ; les
poses sont tourmentées ; rien n'y
rappelle des demi-dieux. Il en est
de même du Groupe d^'Arie et de
Pœtus, ou de la Mort dé Lucrèce ,
qui est placé en regard de celui
à'Enée et Anchise. Oe groupe avait
été commencé à Rome, par Théo-
ëon ; Lrpautre , après la mort de
cet artiste, vint l'achever à Marly,
en i<M)i. Ces vastes draperies qui
volent , Taclion exagérée des per-
sonnages, appartiennent plutôt au
théâtre qu'à la sculpture. Une autre
preuve de mauvais goût est cette li-
gure allégorique de l'Amour, intro-
duite, dans un sujet historique. On
voit encore, au jardin des Tuileries ,
deux statues de cet artiste. L'une
est une Atalanle , co])iec de l'an-
tique, placée dans un des parterres
du grand bois, du côte' de l'allée des
! orangers; l'autre le Faune à la bi-
che y ëgalcmeut copie* de l'antique,
dans le parterre situe du côte op-
posé. Cette dernière figure, que Le-
! pautre lit à l'âge de 19 ans, peut être
regardée , ainsi que la précédente ,
comme ce qu'il a fait de plus irré-
prochable. On voyait de lui , au
château de la Muette, Cljtie chan-
! gee en tournesol y et une Nymphe
airosant des fleurs que lui présente
l'Amour. Les sculptures eu bois de
l'œuvre de Saint-Eustache, à Paris,
ne lui font pas moins d'honneur
\ qu'à l'architecte qui en a donné les
! dessins. Quoique Lepautre n'eût pas
i moins de talent que la plupart des
sculpteurs contemporains, son ex-
trême modestie l'empêcha toujours
de se mettre sur les rangs pourcntrer
à l'académie ; et ce qui semble dilllcile
à concilier avec cette modestie, c'est
qu'iui des motifs qui le portèrent à
résister aux avances que l'académie
elle-même fit auprès de lui , fut une
répugnance invincible à travailler
sur les dessins de Lebrun, qui, à
cette époque , exerçait une sorte de
dictature sur les arts; aussi fut-il ra-
rement employé dans les travaux
exécutés pour le roi. Ses derniers
ouvrages se ressententdela faiblesse
de l'âge. 11 mourut en i744« P"S.
XXIV.
LEP 201)
LEPAYS(RiÎN^)(i),sieHrDu
Plessis-Vili.lneuve, poète et bel-
esprit, naquit en i()3(>, à Nantes
suivant les uns, à Fougères selon
les autres {'x) , dans une famille
assez distinguée , puisqu'il eut uu
oncle lieutenant-général au bailliage
d'Ernée. Peu favorise de la fortune,
il vint de bonne heure à Paris pour
y chercher de l'emploi, entra dans
la finance, et fut placé d'abord à
l'armée d'Espagne. Il se trouvait
à Fontarabie en iGSq, lorsque la
trêve qui précéda la paix des Pyré-
nées et le mariage de Louis XIV, le
ramena sur la frontière. Il voyagea ,
peu de temps après, en Angleterre,
en Flandre , et en Hollande ; et l'on
trouve , dans ses œuvres , des rela-
tions de ces pays , très-superficielles,
un peu exagérées , et pourtant assez
vraies, quoiqu'écrites sur le ton de
la plaisanterie , style habituel et ca-
ractéristique de l'auteur. Il revint
ensuite en Bretagne voir sa famille ,
qui , pendant une maladie assez grave
dont il fut atteint, voulut le marier.
11 y avait presque consenti , par suite
de l'affaissement de ses organes ;
mais dès que sa santé fut rétablie ,
il se ravisa, et partit brusquement
pour Paris, où il ne tarda pas à
être nommé directeur-général des
gabelles du Dauphiné et de la Pro-
vence. Ce fut dans ces deux provinces
qu'il passa une grande partie de sa
vie; et la plupart de ses ouvrages
ont été composés à Grenoble et à
Valence. C'est pourquoi Allard le
(1) CV(t AÎnii qu» nom le troiiTOiia déligné
dans (OU acte mortuaire! mail dans la dédicaco
dr tes Nouvelles (Euvres, et daiic uue piéc? de
Tcri qui t'y trouve, il «If^ne L. C. Jjk Faxi.
(a) Cette dernière opinion paraît plui preha-
hle. Le Pays, dan* une lettre au marquis d«
])>it-FéTrier , qu'il appelle son Toitin , annoac*
Je projet de ae retirer dans ■& petite maiicfti 4
Bauisé (ou Beaucé); or ce bourg n'eat qu'A
troit-quarta â« ii«M<leFou{èret.
Il
oio LEP
compte parmi les e'crivaîns au Dau-
pliiiie'. Le Pays avait fait d'assez bon-
nes études au collège de La Flèche :
il parlait et écrivait sa langue avec
autant de correction que de facilité j
et l'on voit , par ses citations , que
les langues latine et italienne ne lui
étaient pas moins familières. Ce n'était
pas un savant , mais un homme ai-
mable , qui faisait le charme des so-
ciétés par l'enjouement et la vivacité
de son esprit , non moins que par la
variété de ses connaissances. Il était
surtout agréable conteur , et brillait
par ses bons mots. Ses amitiés' ,
amours et Amourettes que Piganiol
appelait le rudiment des amoureux
de province , parurent pour la pre-
mière fois en 1664. Cet ouvrage ne
contient point de fadeurs , comme
son titre pourrait le faire croire. Il
se compose de Lettres dont quelques-
unes sont entremêlées de vers, sur
différents sujets plus ou moins plai-
sants 5 car Le Pays a le talent d'égayer
les matières les plus tristes, et jus-
ques aux compliments de condo-
léance. Ce recueil eut le plus grand
succès. Quelques dames , après l'a-
voir lu, prirent, dit- on, du goût
pour l'auteur, et s'informèrent, ciiez
son libraire , comment il était fait.
Le Pays ayant su que la duchesse
de Nemours avait eu cette curiosité,
lui adressa son propre Portrait y en
prose et en vers. Cette pièce, malgré
quelques longueurs , est sans contre-
dit, une des plus gaies et des plus
ingénieuses qu'il ait faites. Il s'y peint
tant au physique qu'au moral ; et
quoiqu'il ne s'y flatte point, on ne
peut s'enipêcheif de sentir pour lui
de l'estime et de l'intérêt. Les rail-
leurs l'appelèrent alors le Sin^e de
Voiture, s'imagina nt qn'iî avait eu
la prétention de marcher sur les traces
de ce bel-esprit. Boileau, lui-même,
LEP
encore el^loui de la réputation dt
Voiture , manifesta cette opinion
dans sa troisième satire ; toutefois eu
mettant dans la bouche de son cam-
pagnard, cette contre-vérité :
Le Pays , «ans mentir, est un bouffon plaisant ;
Mais jo ne trouve rien de beau dauit ca F'oilufe ,
il lui a réellement fait dire la vérité ;
car l'enjouement simple, aisé, de Le
Pays, sa gaîté franche et naturelle, ne
ressemblent en rien aux jeux de mots
apprêtés, au style froid, précieux et
guindé de Voiture. Rien ne fait plus
d'honneur à Le Pays, rien ne le dis-
tingue davantage de cette foule d'au-
teurs médiocres qui nous seraient
inconnus sans les vers de Boileau ,
que la manière dont il reçut le trait
décoché contre, lui par ce grand
poète. Loin d'en témoigner de l'hu-
meur , dans sa réponse à l'ami qui
lui avait envoyé de Paris la satire
d u repas , ou d'en plaisanter , comme
l'ont avancé quelques biographes , il
y montre pour Boileau l'estime la
mieux sentie , fait le plus grand éloge
de ses ouvrages, peu nombreux à
cette époque, le met au-dessus de
tous les faiseurs de gros volumes , et
ne parle qu'avec une extrême mo-
destie de ses propres écrits, auxquels
il parait attacher peu d'importance.
Dans un voyage à Paris, il alla voir
Boileau, qui, embarrassé d'une pa-
reille visite, ne put s'excuser qu'en
disant qu'il l'avait nommé dans sa
satire , parce que bien des gens le
préféraient à Voiture. Le Pays prit
cette excuse pour argent comptant,
et ils se quittèrent sans rancune.
Le Pays , par les agréments de
son esprit et de son caractère, se
fit des amis à la cour et parmi les
gens de lettres ; mais il n'aimait pas
Lini'res : Vous êtes un sot en trois
lettres , lui dit-il un jour; Et vous ,
répondit Linières, en mille que vous
LEP
. ^t»ez ècriies. Lorsque Loiiis XIV,
faisant rciherrhrr ics faux nobles ,
cutchargé leconseiller-d'ctal Dii{i;ué,
intendant du LyoïiuAis et du Dau-
pliinc, de vérifier les titres des p;en-
tiLslionnnes de ces deux provinees ,
LePays écrivit à ee deriiieriuie lettre
badine pour etaMirranciennetc de la
noblesse de sa iKuseqirildciivc d'Ho-
mère par la braucbedc Voiture. Dans
cette pièce, où il prouve autant de
govlt que d'erudilien, il passe eu
revue la plupart des poètes français,
italiens , latins et grecs , enremoiitant
jusqu'à Hoiiièrc. Il n'y parle ni de
tlaeine, ni de La Fontaine, peu con-
nus alors ; mais il y appu^-ie judi-
cieusement Malherbe, Gonycille, Mo-
lière et Boilcau. C^^ttc lettre en prose
et en vers , la plus lonj!;ue et la plus
importante de tontes celles de l'au-
teur, est une iniitali(*ii d'un e'pisodede
la Cle'lie. LePays jouissait de îa plus
granâc considération dans le midi
de la France. L'académie d'Arles,
Jaseulequ'ilyeût alors en Provence,
i'admil an nombre de ses membres,
ea i()()8; et le duc de Savoie le dé-
cora de 1 ordredeSaint-Mauîice, en
1670. L'amour des plaisirs et des
let.res n'était j>as incompalibie chez
lui avec l'esprit des afTiires, et ne
lui fit jamais udglii^er les inté-
rêts de l'État. Fidèfc a" l'honneur e».
â ses devoirs, il était incapal>Ie de
la moindre bassesse pour s'enrichir;
maison excès de oonfiancelui devint
funcsle dans ses dernières années.
Un de ses associe's ayant malverse',
on s'en prit a lui. Il vint a Pans pour
se délVulre, el présenta a Louis XIV
un placet qui liniisait aie»! :
M*« p«tit bien ii'««» p.i» nn fi"' inp^rial)
N*«lt<iqiirit jani<iit ils biroqiie
liidign-» ci lin •tfr» roy«I.
Atthiugiiex lotit le RlÙD. \n ((U.ire e terii {;r«Titl*.
L* l'jctice le veiil; votre droit l.i Jommule:
C« «ont dtscoup* Jigue* <l°iia iloi.
LEP au
Pr«*nr« tnr l'aoïpamir , pr«ni>i «tir U HolUnd*.
]M«i«, Sir« ,«u nom JvDicn, Il «prouva ri< ■■•■■r tnoU
La prose des (inaneicrs qui ponr-
suivaient Le Pays l'emporta sur ses
vers : il fut condamne. li adressa un
nouveau placet r.u roi: mais il n'en
fui pas moins force eue payer pour
le fripon. Le chaj^rin n'était point
fai» pour uahommedcsoncaraclère,
comme -^ ('c dit lui racnnr dans son
Purirait. Celui qu'il ressentit de la
perte de ce procès, eluc l'échec con-
sidérable qu'en éprouva sa fortune,
le conduisit au tombeau. Il mourut
dans une maison de la nie du Bou-
loy, le 3o avril 1O90, suivant la
vérilication que nous en avons
faite , et fut eutcn é à S.diit-F^us-
tache, où Voilure avait été inhumé
q aranle-deux ans auparavant. La
prose de Le Pays, suivant Boileau,
valait mieux que ses vers : ses poésies,
à force d'être naturelles, sont prosaï-
ques et manquent d'images. Ou a de
lui : I. AinitiéSy Amows et .amou-
rettes^ Grenoble, 1 664, in-i 2 , réim-
primées presque aussitôt à Paris ,
Lyon, Genève, Cologne, Leyde, Ams-
lerd.Mii, etc. IL Zélotule , histoire
galante , Paris , 1 065 , in- 1 'x , et
insérée dans les réimpressions de
l'oïivrage précédent. III. Noiufelles
OEuçres, contenait des lettres et
des pièces de poésie, églogiies, son-
nets , élégies , stances , etc. , Paris ^
1672, '2. vol. in- isè; Leipzig, 1738^
2 vol. in-8«*. Il existe aussi un re-
cueil intitidé : Pièces choisies des
OEwresde Ze/^ar^,lnHaye, 1G80.
Ony a réduit à 1 vol. in- 12, les trois
précédemment imprimés; ir'ais ony
a interverti l'ordre cJiroîinlogique,
IV. Le déinéU de Ve^ptit et du
cœw. Pa^i^ , !()88,in-rj. A — t.
LEPECHIN (IwAN) , savant
russe , né vers le milieu du dix-
huitièuue siècle , reçut sa première
1/,..
212 LEP
éducation à Pëtersbourg. Il se rendit
ensuite à l'université de Strasbourg ,
où il fut promu au grade de doc-
teur en médecine. A son retour , il
fut nommé , en 1 77 1 , membre ordi-
naire de l'académie de Pëtersbourg ,
dans la classe d'histoire naturelle.
Ses connaissances étendues dans
cette partie lui avaient fait obtenir
la direction d'une des sociétés de sa-
vants qui furent chargés de parcou-
rir l'empire de Russie , pour en dé-
crire les productions et les phé-
nomènes physiques. En 1783 , il
devint secrétaire perpétuel de l'aca-
démie russe , et reçut de l'impératrice
Catherine II une médaille d'honneur.
La société des scrutateurs de la na-
ture de Berhn l'admit parmi ses
membres. Peu de temps avant de
mourir, il obtint le titre de conseiller
d'état. Sa mort arriva le 18 avril
î8o2.Ilestpriucipalementconnupar
le Journal des vojages en plusieurs
parties de la Russie ^ écrit en russe,
et traduit en allemand , par Hase ,
Altenbourg , 1774 ? 3 vol. in-4°. ,
fig. On trouve plusieurs Mémoires
de Lepechin dans les collections de
l'académie des sciences de Pélers-
bourg • et il avait publié quelques
opuscules séparés. G- au.
LEPEGQ DE LA CLOTURE
( Louis ) , médecin , né à Caen en
1736, fit ses études dans l'université
de cette ville , et y devint , jeune
encore , docteur-régent de la faculté
de médecine , et professeur royal de
chirurgie. Au bout de quelques an-
nées, il alla se fixer à Rouen. On a
de lui : I. Observations sur les ma-
ladies épidéniiques , d'après le ta-
bleau des Epidémiques d'ffippo-
cmte; Paris ,1776, in-40. Ces Ob-
servations furent publiées par ordre
du gouvernement et aux frais du
roi. II. Collection d'oJiservations
LEP
sur les maladies et constitutions
epidémiques ^ etc. ; Rouen et Paris ,
1778, en trois parties , in-4". III.
Plusieurs Observations particulières,
dans les divers journaux de méde-
cine. Les travaux de Lépecq furent
récompensés par des lettres de no-
blesse , que Louis XVI lui accorda
en 1781 ; cette distinction fut dans
la suite pour lui une source de dé-
sagréments , et le força de s'éloigner
de Rouen : il se retira à Saint-
Pierre- Asifs j propriété rurale , ber-
ceau de ses ancêtres , oii il employa
les dernières années de sa vie à ré-
pandre gratuitement dans les cam-
pagnes les secours et les consolations
de l'art qu'il possédait dans un degré
très éminent. Il mourut dans cette
retraite en 1804. — Lépecq , son
neveu , chirurgien - major au 48*^.
régiment, mourut en Pologne, en
1807 , à l'âge de trente - cinq ans.
On a de lui un Rapport sur Vinsalu^
brité du camp près d' Ostende , et
sur les maladies qui ont régné pen-
dant la fin de Van xii et le com-
mencement de Van xiii , pubhef
en 1809 , par l'auteur de cet article,
dans le Journal de médecine, ré-
digé par MM. Gorvisart , Le Roux
et Boyer. D-g-s.
LEPÉE. (L'abbé de) Fojez
EpÉe.
LEPELLETIER ( Jean ), négo^
ciant , naquit à Rouen , le 29 dé-
cembre i633. Sa première éduca-
tion fut très -négligée : son père lui
laissa la liberté de suivre ses goûts j
et quoiqu'il n'eût aucune disposition
pour la peinture , il s'amusa jusqu'à
l'âge de vingt ans avec des crayons
et des pinceaux. Il lui prit alors fan-
taisie d'apprendre le latin, et ayant
fait emplette d'un rudiment , il es-
saya de traduire sans autre secours r
mais comme ses progrès n'étaient
^ a$5cz rapides, il fil venir un
tîtrc; cl, au boni d'un mois, il fut
ctat de lire Tarilc. Ce premier
. rès l'encouragea ; et il apprit avec
nieniefacilite l'espagnol, ritalien ,
I anglais , et, quehpies années après,
I' ,;ree et riiehreu. Il s'appliqua cn-
Miitc à l'étude des mathématiques ,
K l'astronomie , de rarcliitecturc ,
même de la médecine ; il acquit
...uis ces difFerentes sciences des con-
naissances asscz-e'tcnducs. Un de ses
amis ayant parle un jour , devant
lui, de i'alcliimie , de manière à pi-
quer sa curiosité , il se procura des
livres et des instruments, et il sutbien-
tot à quoi s'en tenir sur les décou-
vertes merveilleuses des adeptes. A
l'4^e de quarante ans, il abandonna
nioutes les sciences frivoles , pour
ne plus s'occuper que de son com-
merce et d'études sérieuses. Il était
fort lié avec le P. Lami , de l'Ora-
toire ; et ce fut à sa demande qu'il
traduisit de l'anglais de Creavcs
et de Cumberland , quelques opus-
cules sur les poids et les mesures
des Hébreux. 11 mourut à Rouen
en 1711. On a de lui : I. Mé-
moires pour le rétablissement du
commerce en France , Rouen, 1 7 01 ,
in-ia. II. Dissertations sur V Arche
de Noë, et sur Vhémine et lalivre de
St.-Benoity ibid. , 1 704, 1 7 1 o, in-i .j.
II avertit dans la préface que ces dis-
sertations faisaient partie d'un plus
grand ouvrage qu'il n'a pas voulu
risquer, dans un siècle ddJicat et dif-
ficile, afin de ne pas oecasioner de
pertes au libraire. Il commence la
première dissertation par détermi-
ner la grandeur et la capacité de
Tarche ; et il eu donne le plan inté-
rieur et extérieur avec une exacti-
tude minutieuse. Il soutient ensuite
que l'homme , avant le déluge , n'a-
■'il pas reçu la permission de se
LEP 11 3
nounir de la chair des animaux : il
répond aux objections qui s'élèvent
contre ce sentiment , en cherchant à
démontrer que les habits des pre-
miers hommes n'étaient pas faits de
peaux , comme on l'a prétendu , mais
d'écorces d'arbre ou de poils , et
que la distinction des animaux en
mondes et immondes ne concernait
que les sacrifices. Il fait ciLsuite le
dénombrement des animaux qui en-
trèrent dans l'arche; il détermine la.
place que chaque couple y occupait,
et prouve que les huit personnes dont
se composait la famille de Noé suf-
fisaient pour en prendre soin et leur
distribuer la nourriture. Il termine
enfin par établir l'universalité du
déluge , et fait voir que celte grande
catastrophe arriva par la volonté
expresse de Dieu , et non par le con^
cours de circonstances qui pourraient
se reproduire encore. La seconde dis-
sertation est moins intéressante. Le-
pclletier y réfute le sentiment de D.
Lancelot sur la livre dont se servit
St. Benoît pour régler le poids des
aliments distribués journellement à
chaque religieux , et s'attache à prou-
ver que cette livre était de vingt onces
romaines ( P'aj. Claude Lancelot),
III. VMkaést ou le dissolvant uni-
versel de J^an Helniont, révélé dans
plusieurs traités qui en découvrent le
J^<?r6t, Rouen, 1704, in- 12. Cet al-
kaëst ( de deux mots allemands aU.
f^eist , tout esprit), n*est qu'uu ex-
trait d'urine. .Suite du traité de l'Ai-
kaésty où l'on rapporte ])lusieurs en-
droits des ouvrages de George Star-
key. qui découvrent la manière de vo^
latiliser les alkalis , etc. ibid. 1706^
in- 12. IV. Tableau des monnoies,
des poids et des mesures des Hé-
breux , réduites à celles de France ,
imprimé en tête du Commentaire sur
la Genèse, par D. Calmct, V, LeltrQ
s(4
LEP
touchant la pesanteur des cheveux
d' Aùsalom Mein. fie Trev. avril
1 702. — Lettre sur l'explication du
mot Kesitah qui se trouve dans la
Genèse. ch. iî\xni,vers. ig^erc^ib.
mai 1704. — jL'iscours contre Voni-
mon f^ue Socrate a ouffert lemar-
iyre pour It défense de Vanité de
J)ieu , ibid. , scplernbre 1 7 04. — f(e-
viarques sur les erreurs des paintjcs
dans la représeniation de nos mys-
tères et dans des sujets tirés de rhlj^
toire sac éi^,ihid nov. clec. 1704;
janv. mars, avril et septemL. 1705.
Jean Moianus avait déjà pubiit' dans
le même but : Jistoria SS. imagi-
7iM7n^;el l'abbé Merya'ionnësur celle
matière , im tr.iite complet, inîitule' :
J/a Théologie des peint ^^js, de,, sculp-
teurs, etc. — Explication du temple
d'Ezechiel, avec des observations
sur celui de Salomon ; dans les Essais
de littévitture de l'abbe Tficaud ,
mai 1703. — Tra'té des poids, des
mesures et des monnoies des an-
ciens y ibid. On en trouve le plan
dans les Mémoires de Trévoux, no-
vembrp même année. Lepelletier a
trad. de l'anglais , de Robert Naun-
ton : Fragmenta regalia , ou Fé~
ritahle caractère de la reine Elisa-
beth, Kouen, 1 683, in- 12. Cette tra-
duction a été réimprimée avec le
Secret des cours , traduit de Tan-
^d\s de Walsingham , Lyon , 1,695 ,
in- 12 , et à la suite de la Fie de la
Heine Elisabeth , trad. de l'ital. de
Leti, Amsterdam, 1703; la Haye,
3741, 1753,2 vol. in-T2. Mais
c'est par erreur que dans lo Piction.
universel on lui attribue lo tr^du^^tion
de la Fie de Sixte F, par le même
Leti. Elle est de L. A. Lepelletier ,
prêtre, prieur de St.-Gemme et de
Pouancé. ( Fof. Grég. Leti. ) W-s.
LEPELLETIER ( Claude ) , doc-
leiu* en théologie et ctanoine de
LEP
Reims , e'tait né vers 1670, dans
un hameau près de Faucogney , en
Franche-Comté. Il exerça d'abord
les fonctions du saiut-mimslèrc dans
Ic^ diocèse de Lyon , à Glandève , et
ailleurs. Le zèle (pi'il montra contre
le jansénisme, lui mérita la bienveil-
lance de M. de Mailiy, archevêque
de Reims , qui le nomma, en 17 19,
cure de Saint - Pierre de la même
TÏlle, et chanoine de la métropole.
J-jps ennemis qu'il s'était faits par
ses ouvrages , eurent recours , pour
le perdie , à des moyens odieux.
tJne Juive de mauvaises mœurs l'ac-
cysa d'avoir eu avec cile un com-
merce doublement criminel , puis-
qu'elle se déclarait en même temps
sa sœur; mais elle fut co)î vaincue
de calomnie, et bannie du royaume.
( Voyez les Mémoires de Trévoux ,
3iovcmbre 1 730.) L'abbé Lepelletier,
imj)liqué drUis quelques allaires dé-
sagréables, n'en fut pas moins éloigné
de Reims par une lettre de cachet ,
subit divers exils, et obtint enfin de
venir à Paris : il avait conservé son
canonicat; et l'assemblée du cl
ge
de 1730 lui accorda une pension
de 5ooliv. Il se démit de son bé-
nciice, vers 17-'^, et se retira dans
la solitude de SepC - Fonts , pour y
vaquer plus tranquillement à la
prière et aux exercices de piété ^
ma\s les infirmités dont il était ac- m
câblé ne lu\ ayant pas permis de ■
continuer un gcnic de vie si austère,
il iieviiit dans sa famille , et mourut
à Faucogney, le 12 juin 1743. On
a de ce pie.i ; e.xlésiastique un grand
nombre d'ouvrages , parmi lesquels
Gu kï contentera de citer : I. La
Pratique et les régies des vertus
chrétiennes , tirées de l'Ecriture-
Sainte, Lyon, 1713, in- 12. IL
Traité dogmatir.ue et moral de la
grâce universelle , tiré du Nouveau-
Trsl.imcTit , Luxnnbourp; , tTaf),
in-8'. On trouve à la iiii ilu volume
une liste de vingt ouvraj^cs qu'il
nvait dcjà publics conlro Quesnel ,
Hure, Dupin , l'abbc Margon, le
t.uxliiial de Noaillcs et les autres
prinri|)«iux jansénistes ; et celle de
vingt autres ouvrages prêts à cire
livres à l'ini pression. III. Traité de
la pureté chrétienne, tire de l'E-
crilure-vSaiutc, Liège, I7'i1>, in-S**.
IV. Traité ilo^mAtique de la messe,
contre le P. Le Gouraycr et les An-
glais, Paris, i7'A7,iu-i2. V. Ma-
nière d'entendre la messe, selon
l'esprit de Jésus-Christ et de TE-
^ise , ib. 17A7, in- 16. VI. Traité
dogmatique et moral de la péni-
tence , tire des Livres saints , ibid ,
1728, in- 12. VII. Traité de la
charité evuers le prochain , et de
ses tuais ca actè^es , ib. 1 728 , in-
1*2. VHI. Traité de la charité en-
vers Dieu, ou de l'amour de Dieu,
ib. 17.29, in- 12. Cet ouvrage fut
supprime par arrêt du conseil du
3i août 1782. IX. \J Imitation
de Jésus-Chnst , traduction nou-
velle , fidèle et littérale , ib. 1731,
in-i2. Quoique l'auteur prétende que
sa traduction est supérieure par
l'exactitude, à toutes les autres , mê-
me à celle qu'il attribue faussement
au jésuite GonneUeu ( Fnj'. ce nom )
H qu'il cite comme l'une des meil-
Irurc; traductions , tandis qu'il traite
celle de Sacy comme l'une des plus
infidèles , il est lui-même très-infé-
rieur , soit pour l'onction , soit même
}>our la lidebté , au\ traducteurs
dont il n'a évité la paraphrase ou la
sécheresse que pour tomiier dans la
dureté et renfiure, X. Traité de ladé-
volion au St-E prit , tiré des Livres
saints , par un solitaire de Se t-
jFort/5,nouvelleédition, Paris, 1788,
in- 1 2. XI. Traité des récompenses ei
LEP
ii5
des peines éternelles, ib. 1738, iii"
12. Cet ouvrage, distribué avec mé-
thode, se distingue encore par l'é-
nergie du style , qui est enrichi des
plus belles expressions des prophè-
tes. XII. Traité de la mort et de
sa préparation, ib. 1 7^0 , in-i 2. Cet
ouvrage, solide et instructif, n'est
Sas dépourvu d'onction. On doit
istingucr parmi les manuscrits de
Lepellclicr, une Traduction du Nou-
veau-Testament, a^ecdes notes, et
un Commentaire sur toutes les épi-
tres des Apôtres. L'abbc Fleury es-
timait Lepellctier et ses ouvrages,
comme on le voit par une lettre in-
sérée pag. 4^4 ^^ 5^^ Nouveaux
Opuscules , 1 8 1 8 , in- 1 2. W-s.
LEPELLETIER de SAINT-
FARGEAU ( Louis-MicntL ) , né a
Paris , le 29 mai 1 760 , dans une
famille de robe des plus distinguées ,
fut successivement avocat-général et
président à mortier au parlement de
Paris. Lors de la convocation des
états généraux de 1 789 , il fut nommé
député par l'ordre de la noblesse de
cette ville. Ce magistrat , qui n'était
pas sans mérite , ne parut néanmoins
qu'au second rang dans celte fameuse
assemblée. Jusqu'à cette époque , il
ne s'était gucres fait connaître que
comme un jeune homme lirré à tous
les plaisirs et à tous les goûts que son
immense fortune (il avait cinq cent
mille livres de rentes ) lui donnait
tous les moyens de satisfaire. On ne
l'avait pas vu néanmoins s'associer
aux jeunes parlementaires qu'un zèle
inconsidéré avait placés dans une es-
Sèce de révolte contre le trône, peu
'années avant la révolution. Admis
le 6 mai 1 78(1 dans la chambre delà
noblesse , il y suivit le système de la
majorité , qui se montrait attachée à
la monarchie , et vota constamment
avec elle , bien que ses collègues de
2i6 LEP
la même députation , qu'il devait
bientôt laisser fort loin derrière
lui dans la carrière de la révolu-
tion y eussent embrasse le parti con-
traire. Le 'l'j juin 1 789 , époque de
la réunion de la noblesse au tiers-
état par ordre exprès du Roi ,
Lcpclletier n'obéit point à cette in-
jonction; il resta dans la chambre
de la noblesse , avec le seul comte
de Mirepoix. Les 3 , 9 et 1 1 juillet,
il se rendit aux séances particulières
que son ordre tint encore après la
réunion , et signa la protestation qui
fut faite contre tout ce qui s'était
passé depuis l'ouverture des états j
mais il ne persista pas long - temps
dans cette énergique opposition : les
événements précurseurs d'une révolu-
tion immédiate , qui se manifestèrent
à Paris le 12 juillet 1789, et, si
l'on veut , les sollicitations et les me-
naces d'un parti auquel on donnait
le duc d'Orléans pour chef, le firent
changer brusquement de système ,
et, sans aucune transition prépara-
toire , sans même qu'il parût se
souvenir de sa protestation de la
veille , on le vit tout-à-coup dans les
rangs des révolutionnaires les plus
ardents. Le t3 , on l'entendit ap-
puyer avec force le rappel du mi-
nistre Necker, dont le renvoi n'avait
cté connu que dans la soirée du 1 2 ,
et s'écrier : « Représentons le peu-
» pie , si nous ne voulons pas qu'il
» se représente lui-même. )> Depuis
cette époque , ses opinions furent
constamment populaires ; cependant
il les manifesta toujours ayec une
sorte de modération , et on ne le vit
jamais employer ces violentes apos-
trophes que ses partisans ne ména-
geaient pas à ceux qui leur étaient
opposés ; Lepelletier avait , au con-
traire, les plus grands égards pour
tout le mo»de , même pour les der-
LEP
nières classes de la socie'té. Lorsqu'il
était question, dans l'assemblée, du
soulagement des pauvres , il offrit
l'exemple d'un des hommes les plus
riches de France, ne se servant jamais
du mot pauvres; il disait toujours /ioa*
frères indigents. Le 24 août, veille de
la fêle du Roi, il fit adopter une adres-
se de compliments pour ce prince ,
qu'un peu plus tard il devait traiter
si cruellement. Au mois de septembre
il proposa de renouveler tous les ans
les assemblées nationales. A la même
époque , il fit encore une motion qui
fut également écartée : c'était d'éta-
blir un nouveau pouvoir qui serait
chargé de connaître des difficultés
politiques qui pourraient survenir.
Au mois de janvier 1790 , il devint
membre du comité de jurisprudence
criminelle , ou il travailla beaucoup.
Les 7 avril et 28 mai 1791 , il pré-
senta, au nom de ce comité, une
espèce de code pénal, où étaient
classés, avec assez de méthode et de
précision, tous les genres de délits.
Adversaire très-prononcé de la peine
de mort, il voulait qu'elle fût à ja-
mais abohe , et que le coupable qui
l'aurait méritée , fût condamné à
vingt - quatre années de cachot.
N'ayant pu faire supprimer l'ancien
supplice , il obtint qu'au moins la
décapitation seule terminerait les
jours des criminels : il voulait aussi
que la peine des galères , ainsi que
toutes les autres peines infamantes ,
fussent remplacées par les travaux
publics j mais que ceux qui tente-
raient de dissoudre une simple assem-
blée primaire, fussent condamnés à
quinze années de fers. Cette motion
adulatrice de la souveraineté du peu-
ple,lui valut alors une grande popula-
rité.Ilest assez remarquable qu'à celte
époque on vit la suppression de h
peine de mort demandée par les plu»
LEP
foiij;ncuTr«fvolutionnaircs,parRobc5-
pirrrc rt par tous ceux -là mêmes
qui dcvaiont bientôt faire eoulcr des
torrents de sang. Le marquis de
I .amhel, dans la séance du soir du i c)
juin 1790 , ayant provoque la sup-
i)rcssion de tous titres nobiliaires ,
-lepellclierdenianda qu'il fut défendu
de prendre d'autre nom que le nom
j).»tronym!quc et celui delà famille;
vt il déposa sa motion , qu'il signa
Louis- Micliel Lepelletier. Celte mo-
tion fut aussitôt décrétée ; et celui
qui l'avait faite devint président de
l'assemblée. Dans la discussion sur
le droit de faire la guerre et la paix ,
il fut en op|iosition avec Mirabeau ,
et soutint que ce droit devait être
réservé à la nation ; mais il se montra
moins populaire dans une autre cir-
t onstancc , où il combattit encore
Mirabeau, qui , le si8 juillet 1790 ,
vivait demandé que le prince de
Coudé fût mis en accusation , s'il ne
desavouait pas un manifeste hostile
qui lui était attribué.(^. Mirabeau.)
I .cpelletier , de concert avec Robes-
pierre , défendit le prince de Condé.
N oilà à peu près tout ce qui mérite
d'être remarqué dans la conduite de
ce député à l'assemblée constituante.
Après la session , il fut membre de
l'administration du département de
Paris , et ensuite président de celui
de l'Yonne, oii il possédait de grands
biens. Les électeurs de ce dernier
déparlement le nommèrent député à
la Convention , en septembre 1 79'i ;
et, le 3o octobre , il prononça dans
cette assemblée un long discours sur
la liberté de la presse : il voulait
(ju'clle fût indéfinie , et fit rejeter un
projet de son collègue liailleul qui
demandait qu'on y apporta l quelques
restrictions. Dans la première séance
où il fut question du procès de
J>oiùs XVI, il soutint que ce prises
LU'
517
devait être juçé par la Conircnlion ;
et il est certain qu'il contribua beau-
coup à faire adopter cell(! première
détermination. Quant à la peine à in-
fliger,on a dit et même écrit que vou-
lant être fidèle à un serment qu'il
avait fait de ne jamais opiner pour la
peinedemort, il avait d'abord réso-
lu de ne prononcer que la réclusion;
mais que les mêmes terreurs qui l'a-
vaient fait changer si brusquement de
système le 11 juillet 1789, l'ayant
encore poursuivi dans ce moment,
dictèrent l'arrêt de mort qu'il pro-
nonça. Cette conjecture paraît très-
probable lorsqu'on se rap})elle la
réponse qu'il fit à un de ses amis
qui témoignait son étonnemcnt de
la violence qu'il avait montrée dans
ce terrible procès : Que voulez-
vous , lui dit-il , quand on a six
cent mille Hures de rentes , il
faut être à Coblentz ou au faite
\de la Montagne. Il n'avait pas seu-
lement voté pour la mort : il s'était
encore montré un des adversaires les
plus acharnés de l'appel au peuple ;
et il avait fait imprimer, contre cette
mesure qui pouvait sauver le mal-
heureux Louis XVI , un pamphlet
dans lequel il mcnaçaitd'une insurrec-
tion populaire ceux de ses collègues
qui voulaient faire adopter l'appel.
Pétion , qui sans doute était plus
ennemide Louis XVIque Lepclletier,
dénonça cet écrit à la Convenlion ,
comme un acte séditieux , tendant à
dissoudre la représentation nationale.
Dans sa réponse, le député de l'Yonne
soutint son pamphlet et les principes
qui y étaient développés , pérora de
nouveau contre l'appd au j)cuple ,
et détermiua le vote de plusieurs de
ses collègues qui hésitaient encore.
Le 10 janvier, veille de l'exécution ,
il alla dîner au Palais-Royal , chez
un rcslauralcttr nommé Février ,
2l8
mp
moins pour prendre un repas , qui
eût cte beaucoup meilleur dans son
opulente maison , que pour savoir
ce qu'on pensaii de cet horrible ju-
gement. Au moment où il allait payer
sa dépense au comptoir du restau-
rateur , un inconnu s'approcha de
lui, et lui demanda s'il ne se nom-
mait pas M. Lepelîetier , et s'il n'a-
vait pas vote la mort du Roi ? Il re-
pondit affirmativement à ces deux
questions, et à la seconde il ajouta,
qu'il avait vote d'après sa eonscicnce :
u4u surplus , ajoi-,ia-t-il, {juest -ce
^ue cela vous fart ? eî il repoussa
l'interrogateur avec violence. Pour
réplique, celui-ci tire un large coute-
las de dessous ses vêtements, et le lui
plonge tout entier dans le sein : Le-
pelîetier expira presque immédiate-
ment, et ne prononça point les pa-
roles qu'on lui a prêtées. Le meur-
trier se nommait Paris , et avait été
garde du Roi On a prétendu que
toute la journée il avait cherché à
s'introduire auprès du duc d'Or-
léans pour lui porter le coup dont
Lepelîetier fut victime. Ceux qui ont
observé la marche des événements
et les dispositions des hommes à
cette époque , ( et le rédacteur de cet
article est de ce nombre, ) nedouLcnt
millement que l'action de Paris n'ait
été très-utile à l'exécution de l'odieux
arrêt et n'ait détruit l'espérance de
sauver le Roi, que ses amis conser-
vaient encore. En effet , pendant
toute la journée du ^o, jusqu'à 8 h.
du soir , les nombreux cafés de Pa-
ris et tous les lieux où se forment
les grandes réunions, furent rejnpiis
de monde , et l'on s'y élevait haute-
ment contre l'attentat décrété : il n'y
avait qu'un mot à dire, yJuv armes ,
et toute la ville était en mouvement;
mais à la nouvelle de l'assassinat ,
une armée de brigands qui parais-
LEP
saient sortis des enfers, furent dissé-
minés par le gouvernement sur toute
la surface de la capitale, et, par leurs
cris forcenés et la menace des armes
de toute espèce dont ils étaient char-
gés , répandirent partout une terreur
dont les plus intrépides ne purent se
défendre. Chacun se retira au fond
de son domicile, et n'osa plus en sor-
tir. La nuit fut affreuse; et le lende-
main à neuf heures le sacrifice fut ^
consommé sans aucune résistance.
La mort de Lepeilelier devint le si-
gnal de la persécution , non -seule-
ment des royalistes, mais encore des
républicains qui avaient voulu l'ap-
pel au peuple. Un décret ordonna
que ses restes mortels seraient portés
en grande pompe au Panthéon. La
cérémonie fut réglée sur le rapport
du poè:e Ghénier, et eut lieu, le ^4
janvier 1793, de la manière sui-
vante. On avait enveloppé de feuil-
lages et de couronnes civiques la base
rjiinée sur laquelle on voyait avant
le 10 août la statue équestre de Louis
XIV, au milieu delà place Vendôme :
là fut exposé, sur une espèce de lit
de parade, le corps de Lepelîetier
DU, livide; et l'on avait pris soin
surtout d'exposer aux yeux du pu-
blic la large blessure que lui avait
faite Paris. Sur les quatre côtés de la
base, oji lisait les paroles suivantes,
que le dépuié Maure ( P\ ce nom) pré-
tendit qi>e Lepelîetier avait proférées
après avoir été poignardé : « Je suis
» salisl'ait de verser mon sang pour
» la patrie ; j'espère qu'il servira à
» consolider la liberté et l'égalité, et
)) à faire reconnaître ses ennemis, v
Pour transporterie corps, on le plaça
dans la même situation sur un char
sépulcral très-élevé, afin qu'il pût
être vu de loin par le pubhc ; on le
conduisit de cette manière au Pan-
théon, en traversant les rues les
I
plus pa<»sagcrcs do Paris, sur «ne
l'icnduc (le pros d'iiiir lieiic. I-.e cor-
tc'^p était pioVode de la riOiivenlion
on corps, rie la socie'lë des Jacobins,
des seotious de Paiis ou plutôt de
leurs priiicijwux habilue^i, et de*
antres autorités. Cha4]uc corporation
était précédée de sa bannière : au
milieu de ccUc multitude de petites
bannières, on en distinguait nu« qui
était formée de la culotte, de la veste
et de ia clteinise du mon encore tou-
tes dé^outuittcs de son s.'.ug. Avant
cette apothéose , ie célèbre peintre
David avait représente Lepelleticr
dans la sitnaliou qu'on vient de dé-
crire. Ce tableau lut déposé dans la
salle des séances de la Goiv. ciuion ;
il eu fut retiré quelques mois après,
le 9 lhc-i'mid(U' (i), ou 14 i^iHet
1794 , ci le décret ;ui lui avait dé-
cerné les honneurs du P nthéon fut
rapporté le S féviier 1795. Ou a
donné k une des rues de Paris le nom
de Micliel Lepelletier qu'elle a con-
servé pend.tnt 1 3 ans ; m 1 806 , elle
a repris son ancien nom de Piric Mi-
cheUeCoi^te. La fdlc unique de ce
député , âgée de 8 ans , fut présentée
le 25, par M. Félix Lepellctier son
oncle, a la C.onveution , qui l'adopta
au nom vu la nation. Barèie saisit
cette occa>ion pour faire pasivr l'a-
doption d^nsJcfc lois françaises; et le
Code civil aclueli'a couservée. J^
fille de Lc.}c]lctier de Saint-Fargc iu
est .lujou; J'I.ui veufetie M. Lej cllc-
lier de 7ȕorfoi tainc. h^v.
LÉPICiÉ ( Berna j;D ) , graveur ,
né à Paris eu il}i)3, aimouva dt*
bonne heure d'heureuses di^positious
et eut pour premier m.iîtrc Marioltc,
qui lui enseigna les éléments du
fi) r!<iiieiiri Lop "» .<«• ce ;.<bl«aii rurenl en-
vnyeei 4uk to. ielL* p4>|iuti)ii<:t ^ et lo bii«t« m
pJilro Je I-i Fcllelter, joint a celui .le VlAtat,
à qui Toa acc«rB4 Ui mômes h«iiM««is, •• iroura
r«ft«at.
LEP 010
dessin. A l'âge de quinze ans , il
entra dans l'école de (iaspar I)u-
change, où il fit des progrès rapides.
Né avec du génie et de l'activité,
il SMt ré|)8rer ce qui avait manqué à
«oa cducatioii primitive, et partagea
sorv t;'mps entre l'élude des beaux-
nrts et colle des belles-lettres. Il se
livra à la lecture des meilleurs poètes
anciens et modernes : bientôt même
il fut eu état de composer des odes
et d'autres poésies , qui lui méritè-
rent les éloges des hommes de let-
tres les plus distingués. Malheureux
dans ses premières amours , il s'exi-
la lûomentju;'. .cnt, afin de n'être
pas témoin du triomphe d'un rival
plus heureux que lui parce qu'il é-
ta;l plus riche , et ^passa en Angle-
terre, où il fut occupé à la gravure
des cartons de Raphaël , qui ornent
le palais d'IIamptoncourl. L'amour
de ia patrie l'ayant rappeléen France,
il fit , à Reuues , l'acquisition d'une
chargti, (pi'iJ n'exerça qu'un an. Son
goût naturel k; ramena bientôt au
culte des Muses; il revint à Paris ,
et se fit agréer à l'académie royale
de peinture, eu 1737. Trois ans
après , cette compagnie le nomma
son secréuiuc-historiographe. Les
soins {^dc cette place exigeait , joints
à l^ rédaction du Catalogue raison-
né des tnbleaux du Hoi , dont il fut
chargé, le détournèrent de la gra-
vure : aussi a-t-il très-peu produit
depuis cette époque. Ce])endant il
existe beaucoup d'estampes de ce
maître ; nous citerons : la Circon^
Ciôiun, d'après Jules Romain; Tu-
piler et lo , et Jupiter et Junon ,
d'après le même , pour la collectiou
de Croiat ; rertumne et Pumone ,
d'après Rembraiit ; le Philosophe
flamand ^ d'après Tcniers; le Jeu
de piquet, d'ii\nhs Netscher; W^-
mour précepteur , d'après Coypel;
320 LEP
le Bâcha faisant peindre sa maî-
tresse j d'après Carie Vaiiloo ; et le
roi Charles pr. prenant congé de
ses enfants , d'après Raoux. II a
aussi fait quelques portraits , entre
autres ceux de Madame de Main-
tenon, d'après Mignard j de Mo-
lière, d'après Coypel, etc. Son faire
est large et moelleux , son dessin ,
correct sans se'clieresse. On a de
lui : I. Le Catalogue des tableaux
du Roi, 1752, '1 vol. in-4^ II.
Fies des premiers Peintres du Roi^
17.52, 2 part, in-80. Ce recueil ne
contient que cinq Vies , savoir : celle
de Lebrun ( par Desportes ) , de
Coyjîel , Mignard et Lemoyne ( par
Caylus ) , et de Boulogne ( par Wa-
telet. Lëpicië mourut à Paris , le 17
janvier 1755 , d'une attaque d'apo-
plexie. — Rene'e-Elisabeth Marlie ,
son e'pouse , qui s'occupait aussi des
arts, a grave plusieurs sujets, entre
autres la Mère laborieuse , le Béné-
dicité, d'après Chardin , et le Cui-
sinier flamand , d'après Teniers.
P-E.
LEPICIÉ ( Nicolas-Bernard ) ,
fils du précèdent , fut peintre du Roi
et professeur à l'académie de pein-
ture : il naquit à Paris en 1 785. Son
père le destinait à la gravure ; mais
la faiblesse de sa vue le força d'aban-
donner cet art , et de se livrer en-
tièrement à la peinture , sous la di-
rection de Carie Vanloo. Il se fit
connaître de bonne heure par un
grand tableau de Guillaume le Con-
quérant , qu'il composa pour l'ab-
baye de Caen, et sur la présentation
duquel l'académie de peinture l'ad-
mit comme agréé. En 1 768 , il fut
reçu académicien sur son tableau d'^-
chille instruit dans la musique par
le centaure Chiron. A cette même
époque , il exécuta , pour le chœur
de la cathédrale de Baionne , un ta-
LEP
bl eau de la Visitation, et, pour le
nouveau pavillon de Trianon , Ado-
nis changé en anémone par Vé-
nus. En 1769, il fut nommé adjoint
à professeur ; et , en 1770, il exposa
au salon plusieurs tableaux, parmi
lesquels on remarquait : Narcisse
changé en fleur; le Martyre de St."
André ; celui de Saint-Denis ; et
Sainte-Elisabeth et Saint Jean. En
1773 , il peignit, pour l'Ecole mili-
taire , Saint-Louis rendant la jus-
tice , sous un chêne , à Vincennes.
Quelque temps après il exécuta deux
grands tableaux pour le Roi , l'un
représentant le Courage de Porcia,
fille de Caton , femme de Brutus ,
et l'autre , Régulus se séparant de
sa famille pour retourner à Car-
thage. On voit encore de lui , dans
une des chapelles de la cathédrale de
Challon-sur-Saone, une Descente
de croix. Lépicié peignait aussi lo
portrait et les scènes familières. Par-
mi les tableaux de ce dernier genre,
on citait , dans le temps , laDouaTie,
la Halle , le Repos d'un vieillard ,
le Braconnier , etc. Sur la fin de sa
vie, se trouvant à la campagne,
il entreprit de peindre des animaux.
S'étant livré avec ardeur à cette nou-
velle étude , il fit, sans relâche, d'a-
près nature , une grande quantité de
dessins. L'assiduité avec laquelle il
se livrait au travail, jointe à une sen-
sibibté excessive, abrégea ses jours.
Il mourut le 1 7 septembre 1 784. L'é'
poque à laquelle Lépicié naquit , les
maîtres dontil suivit les leçons, indi-
quent assez ses qualités et ses défauts .
Un dessin sans étude et sans nature,
un coloris faux et de convention , si-
gnalent en général l'école française de
cette époque j et l'on doit avouer
que Lépicié ne s'en est point éloi-«
gué. Levasseur a gravé , d'après lui,
un Quos ego , et le tableau d« NOir^
LEP
' tsse ; Lctcllicr, la Nourrice cl T/T-
,litcatwn ; Bcrvic, le Repos et la
/ >emandt! acceptée , etc. P-s.
I.KPIDUS ( M. Mmiuvs ) , le
liiiimvir, était d'une famille consu-
I lire: il occupait, l'an de Rome 705,
ji| ans avant J. C. , la place de pré-
k'ur; et César, partant pour l'Espa-
gne , lui laissa le commandement de
la ville. Lepidus, reconnaissant, pro-
litade l'eUroi (pi'avait inspire' la de-
faite de Varus, pour faire créer César
dictateur. C'était une atteinte portée
aux droits des consuls alors absents;
mais on ne voit pas que personne
ait ose reclamer contre cette usurpa-
tion. César , maître du pouvoir, le
retint sous différents prétextes , et ,
ayant réuni à la dictature le consu-
lat ( 707-47 ), choisit pour col-
lègue Lepidus , et le nomma maître
de la cavalerie. Après l'assassinat de
César , Lepidus s'enfuit de Rome ;
mais rassuré bientôt par l'inaction
des conjurés, il alla prendre une lé-
p;ion stationnée dans l'île du Tibre et
.s'avança dans le champ de Mars.
Lepidus et Antoine , couvrant leurs
\ lies ambitieuses du prétexte de ven-
ger César , n'aspiraient qu'à s'empa-
rer du pouvoir; mais l'incertitude
du succès les obligea de dissimuler.
Ils feignirent même de se réconci-
lier atcc les conjurés ; Lepidus em-
mena chez lui Brutus , son gendre ,
et le pria à souper avec quelques
amis. Le sénat, connaissant son hu-
meur légère, et cherchant à l'attacher
irrévocablement au parti républi-
cain , lui décerna , sous quelques
prétextes assez frivoles , une statue
dorée , en l'autorisant à la faire
placer lui-même dans le lieu qu'il
jugerait le plus convenable. Cet hon-
neur inattendu l'obligea de feindre
de l'éloigneraent pour les projets
d'Aaloiae , dput l'ambiiion s'était
LEP
trahie; mais il continua d'entretenir
avec lui des intelligences secrètes , et
il lui fournit même j)lusieur5 légions
pour faire la guerre au sénat, dans 1«
même temps qu'il en|;agcait le sénat
à écouler ses propositions de paix.
Antoine, forcé d'abandonner l'Italie ,
pouvait facilement être arrêté dans
les défilés des Alpes; mais Lepidus,
alors propréteur dans la Gaule Nar-
bonnaise, loin de s'opposer à sa re-
traite, lui livra tous les passages, et
le vit tranquillement établir un camp
près du sien. Cependant , comme il
croyait devoir conserver encore quel-
ques ménagements avec le sénat , il
refusa d'aller trouver Antoine dans
son camp; et lorsque les deux armées
se furent réunies , il écrivit qu'il avait
tout fait pour l'empêcher. Mais le
sénat ne pouvait être trompé par cet
artifice grossier; il déclara Lepi-
dus ennemi de la patrie, et fit abattre
sa statue. Octave , parveuu au con-
sulat, fit rapporter les décrets rendus
contre Antoine et Lepidus , dont il
avait besoin pour détruire les restes
du parti républicain. Il eut avec eux
une entrevue dans une île du Reno,
où furent décidés le partage des pro-
vinces et la proscription de tous les
Romains dont les talents ou les ri-
chesses pouvaient leur inspirer quel-
que ombrage. ( /^oj^. Antoine et Au-
guste. ) Lepidus obtint pour sa part
l'Espagne et la Gaule Narbonnaise ^
et il abandonna Paulus, son frère, à
la vengeance d'Octave ( i ). Ce fut au
milieu du massacre des plus illustres
citoyens, que les triumvirs firent leur
entrée dans Rome. Lepidus, chargé
de maintenir l'Italie , tandis que ses
deux collègues marchaient contre
Brutus etCassius, eut l'insolence de
se faire décerner les honneurs du
(1) r&ulu* eut la iionheur (l'éafaapper aux r**
clierchea dea mcuttriar*.
aa2 LEP
triomphe pour quelques succès qu'il
avait obîenus dans les Gaules, et
d'ordonner des rëjouissances publi-
ques, dans un moment où il n'y avait
personne qui n'eût à pleurer la mort
de ses proches. Après ]a victoire de
Philippes, les triumvirs firent un
nouveau partage : Octave et Antoine
s'accordèrent pour dépouiller Le'pi-
dus , reste' sans partisans , el lui lais-
sèrent, par grâce, l'Afrique , où il se
retira , devenant étranger aux trou-
bles qui agitaient le monde. Mais ,
quelque temps ap^ès, Octave l'ayant
sommé de lui fournir des troupes
pour combattre Sextus Pompée ,
( Foj. Sext. Pompée ) , ii se rendit
en Sicile avec une armée nombreuse,
et contribua à la défaite de Sextus eu
l'obligeant à diviser ses forces. Lc-
pidus prétendit ensuite rester maître
de la Sicile . parce qu'il y était en-
tré le premier ; mais abandonné de
ses soldats qui le méprisaient , il se
vit contraint de paraître devant
Octave, dépouillé de ses orncmcjits,
et dans la posture d'un suppliant.
Octave lui laissa la vie et la digiiité
de grand - pontife , et le relégua à
Circeies, petite ville d'Italie. (718-
36, ) Quelques années awès ( ']'2^-
3o ), M. jÊm. Lépidus , soif tils ,
ayant conspiré contre Auguste , fut
découvert el mis à mort ; et le vieux
triumvir fut obligé d'implorer la
pitié du consul dont il avait jadis
inscrit le nom sur les Mbles de pros-
cription , en faveur de Junie , sa
femme, soupçonnée d'avoir pris part
à cette conspiration. Labéon, ayant
fait entrer Lépidus au sénat ,
( 786-18 ) malgré Auguste , ce prince
le força de revenir à Rome el de se
trouver dans les assemblées , où il ne
cessa de l'accabler de mépris. Il
mourut l'an 741 , i3 ans avant J. G.
^( C'était, dit Montesquieu, le plus
LEP
méchant citoyen qui fût dans la repu-
blique , et l'on est bien aise de voir
son humiliation. Il manquait de fer-
meté et de talent ; et il dut unique-
ment aux circonstances la place im-
portante où la fortune ne semble
l'avoir élevé un instant que pour
rendre sa chute plus éclatante. » Pa-
tercule dit qu'il n'avait mérité , par
aucune ver lu , la longue indulgence
de la fortune à son égard. W-s.
LÉPINE. f^oj. EriNE et Espine.
LEPLAT ou LEPLAET( Josse),
docteur en droit, naquit à Malines ,
en 1733. En 1768, il obtint une
chaire de droit à l'université de Lou-
vain, etilp'ssa, en 1776, à une
chaire de droit canon. Deux thèses
qu'il fit soutenir en 1770, com-
mencèrent à le faire connaître. Il s*y
déclarait pour l'indissolubilité du
mariaoe de l'infidèle converti. Gette
question avait dcja ete agitée en
France, en 1 7:55; et un arrêt du par-
lement de Paris , du 2 janvier 1 708,
l'avait décidée, contre le sentiment
deBenoitXIV etd'ungrand nombre
de théologiens. Le père Maugis. pro-
fesseur de théologie àl'uriversité de
Louvain, ayant réfuté les assertions
de Leplat , celui-ci répendit , en 1771],
par une Dissertation historico-ca-
nonigiie , oii il attribuait l'origine du
sentiment commun, aux idées ré-
pandues par les décretales. Leplat
fit imprimer, la même année, une
autre dissertation dans le même
sens, extraite des écrits de Gervasio.
Ce docteur publia successivement
une édition du Commentaire de Van-
Espen su:' le nouveau droit canoni-
que, avec une longue préface, Lou-
vain , 1777 , '1 voi. in-8'^; une édi-
tion latine àes Canons et décrets du
concile de Trente, in-4^. 1779; une
édition des Institutions de jurispru-
dence ecclésiastique ^ de Riegger,
l'jSo , 5 vol. iii-8^; une édition la-
tine tics Discours de FIcury sur
l'hiitoire ecclésiastique , même an-
née, a vol. in-i'i; une Dissertation
contre rautorilc des ivglos de Vln-
dfx, pour défendre ce qu'il avait
dit à ce sujet dans sa prdfaee des ca-
nons du conciJe de Trente, ()•». pages
in-4<*.; une Dissertation sur les fian-
çailles et les empêchements du ma-
nage, Louvain, i']S'i; une Coiiec-
lion de pièces relatives à l'histoire
du concile de Trente, en latin, 7 vol.
in-4''. en 1784. I^e docteur V.m-de-
Velde , professeur de the'oloijie à
Louvain, attaqua la doctrine de Le-
plat sur les empêchements du ma-
riage; mais celui-ci e'tait protège, et
Joseph II suspendit Y.in-dc-VcIde
de toute fonction académique. Le-
[ plat ne se contenta même pas de
( cette vengeance, et donna une dë-
, fense de sa dissertation contre un
j adversaire qui ne pouvait lui répon-
dre. Un tel homme ne devait pas
être oublie' daus les projets de re'-
forme que suivait alors le gouver-
nement autrichien. Il servit les
vues du prince lors de la formation
du séminaire cénéral : celte complai-
sance le reuait odieux à tous les
Belges. Les cvequcs s'étaient décla-
rés contre la nouvelle école ; les
étudiants insultèrent pins d'une fois
les professeurs. En 1787, Leplat fut
forcé de quitter Louvajn , et de se
retirer à Maestrichl. Ayant voulu
reprendre ses leçons en 1788, une
nouvelle émeute se forma contre lui ,
tt il ne montait plus en chaire qu'es-
corte de soldats. Ou sait que les
Pays-Bas étaient alors en proie à
des troubles causés pir de nou-
veaux édits ( rofez JosEPu II ).
Leplat, qui y avait pris part, se
relira en Albmagne, après le retour
des Autrichiens. Le cardinal de Fran-
LEP aa3
kembcrg, arclievcqncdcMalines,!'a
vail <lési;];né comme un propagateur
de doctrines nouvelles, et avait de-
mandé sa destitution; le docteur es-
saya de se justifier par une lettre
adressée au <arvlinal, en date du 3i
janvier 1788, et ({.l'il b't imprimer.
Depuis il pujjlia contre le prélat des
Observations sur la déclaration et
le supplément au catéchisme de Ma-
lines. Le 17 juillet 1788, il pro-
nonça à l'université de Ma'ience, et
depuis à celle de Bonn, un discours
latin sur la primauté du pipe , dont
on peut croire qu'il n'exagéra pas
les droits. Mais d passa tontes les
bornes dans les Lettres d'un théolO'
g;ien canonlste à Pie FI sur la hui-
le Au ctorem FiDKi, i79:"ï, in-125
elles sont écrites avec beaucoup d'a-
mertume. Leplat était alors en Hol-
lande, aujncs de l'abbé Mouton , le
chef du parti janséniste; et il le se-
condait dans la rédaction des Nou-
celles ecclésiastiques , qui s'impri-
maient à Utrecht. En 1806, il fut
nommé directeur de l'école de droit
de Coblentz, 011 il mourut le G août
1810. P-c-T.
LEPRINGE (Jean), peintre, né à
Metz en 1733, fut placé des son en-
fance chez un habile maître de cette
ville, dont M. de Belli.sle était alors
gouverneur. Ce maréchal , aucpiel il
fut présenté, clKtrmé de son esprit
et de ses dispositions , lui procura
les moyens d'aller à Paris, et de
se livrer tout entier à son art, en
lui assurant une pension pour tout
le temps qu'il étudierait dans la ca-
pitale. Le jeune homme entra chez
Boucher; mais il eut le bon esprit
d'adopter un genre dincrent de celui
de ce maître; et il s'appliqua d'une
manière spéciale au paysage, dans
lequel il se fît bientôt distinguer. Il se
mil eu même temps à graver à la poin-
214
LEP
te les dessins qu'il avait compose's.
Sa réputation commençant à s'éten-
dre , il crut devoir cesser de recourir
aux bienfaits de son protecteur. Ce-
pendant , le désir de se distinguer
rempêchant de songer à son intérêt,
il se vit bientôt réduit au plus ex-
trême besoin. Il e'pousa alors une
femme plus âgée que lui , et qui pos-
sédait quelque fortune : il espérait
pouvoir se livrer, sans obstacle , à
son goût favori j mais les ressources
des deux époux étaient trop faibles
pour suiïire à l'imprévoyance de
l'artiste. La paix du ménage fut
troublée, et Leprince partit pour
la Russie , où ses frères étaient
établis. Le vaisseau sur lequel il
s'embarqua , ayant été pris par un
corsaire anglais, les matelots allaient
s'emparer de ses effets , lorsque
prenant son violon, dont il joi«iit
fort bien , il leur fit entendre quel-
ques airs qui les mirent en bonne
humeur ; ce qui sauva le peintre
du pillage. Ils le prièrent de les
faire danser , et continuèrent d'a-
voir pour lui beaucoup^ d'égards
pendant toute la navigation. Au pre-
mier port, le vaisseau fut déclaré
n'être pas de bonne prise, et Leprince
put continuer sa route. Arrivé à Pé-
tersbourg , il fut accueilli par le
marquis de l'Hôpital , ambassadeur
de France, auquel il avait été re-
commandé par le maréchal de Bel-
lisle. Il peignit , dans le palais im-
périal , quelques plafonds à la
manière de son maître, puis une
Vue de Pétersbourg , qui a été fort
bien gravée par Lebas ; il se mit en-
suite à dessiner d'après nature une
grande quantité de costumes, de
maisons, de voitures, detrameaux,
en usage chez les divers peuples de
la Russie; ce qui lui fit uns assez
grande réputation. Mais le climat
LEP
de ce pays lui étant contraire, il
fut obligé, après cinq ans d'absence,
de revenir dans sa patrie, où il fut
agréé à l'académie en 1 764 , et reçu ,
l'année suivante , académicien , sur
son tableau représentant un Baptême
dans le Ht gjec. Doué d'une extrême
facilité , Leprince se fît remarquer
à toutes les expositions du Louvre
par une foule de tableaux , dans les-
quels on apercevait chaque année des
progrès sous le rapport de la touche,
de la transparence , et de la solidité
du coloris. Mais on peut reprocher
à la plupart d'être peints de pra-
tique , ou sur de simples souve-
nirs, qui ne conservent ni la teinte
locale , ni la vérité du site. S'étant
appliqué dans sa jeunesse à la gra-
vure à la pointe, il chercha un moyen
de reproduire ses dessins sur le cui-
vre, de la même manière que sur le
papier, c'est-à-dire, avec le pinceau.
Les essais qu'il présenta , en 1769, à
l'académie, furent unanimement ap-
prouvés. En 17 72, il fut nommé
conseiller de l'académie. Mais depuis
son retour de Russie sa santé s'altérait
de plus en plus : convaincu qu'il ne lui
restait que peu d* jours à vivre, il
se faisait apporter son chevalet sur
son lit, et travaillait à terminer le der-
nier tableau qu'il a exposé au salon
de 1781 , et qui représente des Frè-
res quêteurs distribuant des agnus
à la porte d'un cabaret. Leprince
mourut à Saint-Denis-du-Port , près
Lagny, le 3 o sept. 1781. P — s.
LE PRINCE DE BEAUMONT
(Marie ), sœur du précédent, naquit
à Rouen , le 26 avril 1 7 1 1 . Son ma-
riage, contracté à Lunéville , avec un
M. de Beaumont , fut, peu de temps
après, déclaré nul, en 174^? poui*
plusieurs vices de forme , qui n'é-
taient pas les seuls motifs qu'elle eût
pour faire rompre une union funeste;
LEP
mais ce furent les seuls que sa drli-
catcsse lui permit de présenter à ses
juges. « Son mari (dit-elle, dans
» une des lettres inédites, dont la
» eollection est entre K-s mains de
» l'auteur de cet article ) ne nuu-
)> vait produire que des victimes
'^ destinées au\ plus alVreuses inlir-
» mites. » Elle ajoute : « Dieu pour-
» rait-il me faire un crime de mon
» divorce? Pourrait-il exiger que je
» remplisse un engagement plus af-
1^ frcu\ que la mort? » M'"**, de
Heaumont débuta, en 1748, dans la
carrière littéraire par un roman in-
titule : Le Triomphe de la rérité ,
ou Mémoires de M. de La \ illelte.
Ce roman fut imprimé à Nancy ,
où l'auteur se trouvait encore; et
elle eut l'honneur de le présenter
elle-même au roi de Pologne, à Com-
merci , ainsi que quelques autres
ouvrages qui n'avaient pas encore
vu le jour. Il paraît que ce monar-
que lui donna plus d'ëloges que
d'encouragements solides ; car ce
fut à cette époque qu'elle passa en
Angleterre. M'"*', de Beaumont se
ti\a à Londres , et s'y chargea de
plusieurs éducations qui firent sa ré-
putation , et pour lesquelles elle com-
posa plusieurs de ses ouvrages. Ceux,
(jui ont eu le plus de succès , sont le
Magasin des Enfants , et ses au-
tres Magasins. La réputation de
quelques ouvrages périodiques an-
glais lui fournit l'idée du titre et
du fonds de son Nouveau Magasin
français , ou Bibliothèque instruc-
tive , qui , commencé en 1 7 5o , sus-
pendu en 175-2, fut repris en 1 755
t^ n'alla pas au-delà. Ce sont les
meilleurs articles de cette collection,
qu'F^iàous rassembla depuis en 6
volumes, sous le titre à' OEuvres
mêlées de M»'^. le Prince de Beau-
mont, On vit paraître successive-
XS.1V.
.EP
225
ment, soit anonymes, soit sous son
nom , pendant les quinze années
qu'elle vécut à Londres, des livres
d'histoire , de géographie, un roman
sur l'éducation des princes , des let-
tres, et plusieurs de ses Magasins. Le
plus coniui de tous , et assurément
le meil leur, le Ma^Ubin des EnJ'ants^
fut publié en 1757, et fut bientôt
traduit dans la plupart des langues de
l'Europe. Très-souvent réiiuprimé,
il n'a pas cessé d'avoir la faveur du
public. En elFet , ce livre ofîrc une
instruction variée et convenable a
l'âge pour lequel il a été composé; il
est écrit avec sim])Iicité ; le dialogue
en est naturel ; les historiettes et
les contes sont très-propres à plai-
re aux enfants , et ont même four-
ni divers sujets de comédie. Plu-
sieurs de ces contes, ainsi que
quelques autres qu'on lit avec plai-
sir dans les ouvrages de l'auteur ^
ne sont, à la vérité, que des tra-
ductions ou des extraits , tels que la
Belle et la Bête , le prince Titi , Fi-
délia, etc. : mais elle se les est appro-
priés par la manière dont elle les a
traités. Un style simple et facile , une
morale attachante et douce , des
traits historiques bien choisis , une
imagination heureuse , font de ses
écrits , le charme de la jeunesse , et
ne sont ])oint indignes des regards de
l'hommede goût. Le succès bien mé-
rité du Magasin des Enfants qwcow-
ragea M'"*=. de Beaumont à faire de
nouveaux pas dans la même carrière.
Peu de temps après avoir donné au
public \eMagasin des Adolescentes,
1 7G0, qui fournit à Alletz l'idée d'un
Magasin des Adolescents, et dont le
succès ne fut guère moindre que celui
du Magasin des Enfants , l'auteur se
décida à quitter l'Angleterre, dont le
climat était peu favorable à sa santé :
elle avait cinquante ans. Sa jdumc
i5
S126
LEP
avait déjà produit une quarantaine de
volumes • elle avait honorablement
consacre à l'éducation théorique et
})ratiq!ie de l'enfance et de la jeu-
nesse , les dix-sept années qu'elle a-
vait passe'es à Londres. Mariée , en
secondes noces , à un de ses compa-
triotes ( Thomas Piciion ) , et deve-
nue mère de six enfants , elle sen-
tit le besoin de la retraite ])Our se dé-
vouera leur éducation, et à la compo-
sition de quelques livres dont elle
avait conçu l'idée. Sourde à la voixde
plusieurs grands seigneurs , et même
de quelques princes (pii cherchèrent
à la fixer auprès d'eux , elle eut le bon
esprit et le courage de résister à la
séduction de promesses brillantes ,
que peut-être on n'eût qu'en partie
réalisées. Elle acheta , en i 768 , du
fruit très-modique de ses longues éco-
nomies , une petite terre , dans les
environs d'Anneci , en Savoie , où
elle s'était retirée dès 1764. Ce fut
dans cette retraite ( Chavanod )
qu'elle rédigea ses derniers ou-
vrages. Le soin de sa famille ,
et les travaux agricoles , ne l'em-
pêchaient pas de trouver du temps
pour cultiver les lettres et travail-
ler à des ouvrages d'imagination ,
à des traités d'éducation , de morale
et d'histoire, a des traités de gram-
maire et même de théologie. Cette
femme si judicieuse ne s'occupait
pas moins des pauvres et des arti-
sans que des riches et des princes ,
des jeunes garçons que des femmes ,
des gens de campagne que des habi-
tants des cités : elle composa , pour
les ])remiers , un Magasin qui est re-
gardé avec raison , comme l'un des
plus estimables de ses ouvrages. Sa
mort, qui eut lieu à Chavanod,
en 1780 , a privé le public de
quelques Eléments d'histoire , et de
plusieurs Traités de grammaire
LEP
qu'elle avait commencés. Sa' longue
et laborieuse carrière fut traversée
par quelques chagrins ( comme l'ap-
prend la correspondance inédite
mentionnée plus haut. ) Cette fem-
me sensible, insti-uite , active et
pieuse , vécut soixante-dix années ,
et fit imprimer soixante-dix volu-
mes. Nul homme de lettres n'a fait,
de ses talents , un ph?s sage et plus
utile emploi. Tout en observant,
avec raison , que le style de M™^. de
Beaumontest négligé, décoloré, fai-
ble et dépourvu de noblesse , nos
meilleurs critiques ont fait l'éloge des
sujets qu'elle a choisis, du naturel
de son style, de sa clarté et de sa
convenance. Ses romans pèchent du
côté de l'imagination ; on peut y re-
prendre l'embarras dans le dévelop-
])ement de l'intrigue, et le peu de nou-
veauté des incidents; mais ils sont sa-
gement conduits, et ils sont tous très-
moraux. On ne peut que louer tant de
veilles laborieuses consacrées à l'édu-
cation, à l'instruction de la jeunesse,
de l'âge mûr, et de toutes les classes
de la société. Aussi plusieurs de ces
pi'oductions si estimables sont-elles
fréquemment réimprimées , mises
entre les mains des enfants , placées
dans toutes les bibliothèques des pè-
res de famille. Quelques-unes ont été
retouchées pour être amenées , sous
le rapport de l'histoire et de la géo-
graphie, au niveau des connaissances
actuelles. Presque toutes ont été tra-
duites en anglais , en allemand , en
russe , en suédois , en italien et en
espagnol, souvent même par plu-
sieurs auteurs dans un même pays.
Voici la liste la plus complète et 1a
plus exacte qui ait paru de se.' di-
vers ouvrages. Nous nous bo^neronis
toutefois à citer les écbnons origi-
nales et quelques réimpressions : L
Le Triomphe de la Vérité, ou Mé-
I
LEP
moi'-es de M. th La rUlette , Nanri,
I -48, a vol. iii-i'i. ir. Lettres di-
verses et critiques , 17^0, x vol. in-
lu. m. Lp yoweauMaffasinfran'
ca'S y ou Bibliothèque instructive,
Lonilres , 1750, 1751 et i7)>, 3
vol. in-8'*. Cet oiivnfî^e pcriodi([uc
1)araissail tous les mois , par cahiers.
\^ Education complète , ou Abré-
gé de Vliistoire ancienne , mêlée de
géograpfiie et de chronologie , à l'u-
saj;c rie la famille royale de la ]>rin-
ccsse de Galles , Londres , 1753,3
vol. in-r»; reimprime en 1785, 3
vol. in-i'j»,eten i8o3, 4 vol. in-i'2.
V. Ciwan , roi de Bungo , histoire
japonaise , ou Tableau de V éduca-
tion d'un prince ( publie anonyme) ,
17.54, ^- vol. iivi'2, et ijOiidres ,
1758, 9. vol in-i'2. VT. Lettres de
3/'"*=. du Montier à la marquise
de *** , sa fdle , (wec les Réponses
(piiLlieesanonyFnes), Lyon, 1756, 'i
v. in- 1 '2 ; réimprimées en 1 750 et en
1 766. VTÎ. Magasin ne ^ Enfants , ou
DialiQucs entre une sage gouver-
nante et ses éU;ves, Londres, 1757,
4 V. in-r« ; fréquemment reimprime',
quelquefois avec des cartes et des
gravures. Cet ouvrage est le plus
connu et le plus rerherche' de ceux
que l'on doit \ la plume active et
féconde do M^ne. de Beaumont ; il a
ete traduit dans toutes les lanf;ues de
l'Europe. Vin. Inecd^des du qua-
to'zifme siècle , pour servir à l his-
toire des Femmes illustres de ce
fer/i?>5 , Londres , 1759, i vol. in-
\'x IX. Lettres curieuses y instruc-
tives et amusantes , ou Correspon-
dance Jûstnrique , galante , etc. ,
entre une dame dp Paris et une dame
dp province (publiées anonymes), la
Hiyp, 1759, 4 parties in 8°. X. Ma-
gasin des Adolescentes , ou Dialo-
gu'<: entre une sage gouvernante et
SCS élèves , Londres , 1 760 , 4 vol.
LEP
«7
in-i9. Ce Magasin n'a pas eu moins
de succès que le Magasin des En-
fants: les éditions et les traductions
n'en sont guère moins nombreuses.
X î . Principes de V llist oirc-Saintey
Londres, 17O1 , 3 vol. in-i'2. XU.
Instructions pour les jeunes Dames
qui ent eut dans le monde et qui se
marient , pour faire suite au Maga-
sin des Adolescentes , Londres ,
( Lyon) , 1764, 4 vol. in-iu : sou-
vent réimprimé, et traduit en plu-
sieurs langues, mais fort inférieur aux
Magasins des Enfants et des Adoles-
centes. XIIL Lettres d' Emérance à
Lucie, Lyon, 1763, 1 vol. in-12;
Leyde, 1 766, id. XIV. Mémoires de
la baronne de Battevilley ou la Veu-
ve parfaite y Lyon , 17G6, i vol. in-
i u. X V . La nouvelle Claisse, Lyon,
1767 , i vol. in-i'i. XVI. Magasin
des Pauvres, des Art -sans, des
Domestiques et des Gens de la cam-
pagne , Lyon , 1 768, 2 vol. in-12 ;
Leyde, 1769; Lyon, 1775, id.
XV II. Les Américaines , ou la.
preuve de la Religion chrétienne
par les lumières naturelles , Lyon ,
1770,6 vol. in-12. Quelques lon-
gueurs y sont rachetées par la force
des raisonnements, et par des traits
lumineux et frappants de vérilé
qui caractérisent tous \f^s ouvrages
de l'auteur. L'ouvrage , pour la
partie théologique , fut revu par un
des grands-vicaires du diocèse de Ge-
nève. XVIII. Le Mentor moderne ,
ou Instruction pour les garçons et
pour ceux qui les élvent , Paris,
1772 , 12 parties en 1 1 vol. XIX.
Mamieldela Jeunesse, ou Instruc-
tions familières . en dialogues.XX.
Contes moraux, Lyon , 1 774, 2 vol.
in-12. Ce sont quatre petits rj.mans
fort me'diocres , ainsi que ceux qui
se trouvent dans l'ouvrage suivant.
XXI. Nouveaux Contes moraux,
i5..
sia8
LEP
Lyon , 1776/i parties iu-S^. XXII.
La Déi'otion éclairée , ou Magasin
des Dévotes, Paris, 1779, i vol.
in- 12. Telle est la collection com-
plète des ouvrages publies par
M"^^. de Beaumont. Eidous rassem-
bla, du vivant de l'auteur, le mé-
lange suivant : OEuvres mêlées de
M^*^. Le Prince de Beaumont,
extraites des journaux et des feuille s
périodiques qui ont paîu en Angle-
terre pendant le séjour quelle y a
fait , Maestricht , 1 7 7 5 , G vol. in- 1 2 ;
traduit en allemand , Leipzig, 1776,
:a vol. in-8*^. C'est , à peu de chose
près , la réimpression du Nouveau
Magasin, n». m , ci-dessus. D-b-s»
LEQUEUX (Claude), prieur de
Saint-Yves, à Paris, fut un éditeur
exact et laborieux. On connaît aussi
quelques ouvrages de sa composition,
comme : Les Dignes fruits de Péni.
tence , 1 74*^ , in- 1 2 ; Tableau d'un
'vrai Chrétien^ 174^ , in- 12 j Le
Chrétien fidèle à savocation , 1748
in-iu; Le F erhe incarné^ ^7^9, in-
12. Il se rendit éditeur des livres
suivants : Instructions chrétiennes de
Singlin, 1 786, 6 vol. in-i 2; — Abré-
gé de V Année chrétienne de Le Tour-
iieux , 1 746 , 6 vol. in-12 ; — Let-
tres de la duchesse de la Fallière ,
avec un Abrégé de sa vie péni-
tente ; — Traités choisis de St.-
Augustin sur la grâce , le libre ar-
bitre et la prédestination , traduits
du latin de Foggini , 1757 , 1 vol.
ïn-vi'y Sancti Aurelii Augustini de
gratid Dei , 1758, 2 vol. in- 12
(c'est l'édition latine des Traitéschoi-
sis qui précèdent ) ; — Sancti Pros-
peri Aquitani , Sancti Leonis magni
de gratid Dei , imprimés également
sur l'édition faite à Rome par le pré-
lat Foggini , 1760 , in-i2 ; OEuvres
de saint Prosper sur lagrdce, 1761,
in- 1 a [c'est la traduct. du volume pré-
LEQ
cèdent ) ; — Patrumecclesiœ depau-
citate adultorum salvandorum (on-
sensio , sur l'édition du même Fog-
gini à Rome , 1 759, in- 12 ; — Traité
sur le petit nombre des Elus , tra-
duction du Consensio^ ï 7^0 , in- 1 2 ;
— Sancti Yyonis Presbjteri officium
proprium, 1761 , in- 12. Lequeux
s'occupa aussi de l'édition de plu-
sieurs ouvrages de Bossuet ; il fit
paraître V Exposition de la Doctrine
de V Eglise catholique , avec une
])réface historique , 1761 , in-T2 , et
les Oraisons funèbres , 1 762 , in-i 2 ,
avec un Eloge historique de Bossuet
et un catalogue bien fait de ses
ouvrages. Il avait préparé une édi-
tion de V Histoire des Variations ;
mais elle ne parut qu'après sa mort,
par les soins de Leroi. Lequeux fut
chargé . conjointement avec dom
Déforis , d'une édition générale des
OEuvres de Tévêque de Meaux; il en
donna le Prospectus en 1766, et il
eût été à désirer qu'il eût pu conti-
nuer cette entreprise. Quels que fus-
sent ses préjugés , il était laborieux
et avait de l'instruction et de la cri-
tique; mais il ne fit que préparer
l'impression de quelques volumes.
On a trouvé de lui des notes manus-
crites sur différents ouvrages de Bos-
suet. Il avait rassemblé des brouillons
écrits de la main de ce grand évêque ,
et d'après lesquels la Défense de la
déclaration se trouvait corrigée et
refondue presque en entier ; ces
brouillons n'existent plus, soit qu'on
les ait fait disparaître à dessein, soit
qu'ils aient été perdus par l'effet de
la révolution. C'est d'après une copie
de Lequeux que l'on a conservé 1«?
précis d'un ouvrage manuscrit de
Bossuet , De l'autorité des Juge-
ments ecclésiastiques , dont l'ori-
ginal est aussi égaré. Cet éditeur est
accusé d'avoir anéanti ce manuscrit ,
LEQ
'•t l'on prétend qu'il se vAiita devant
rabhcRih.dlicr de l'avoir jctca. feu.
(ielU' anccdole n'est pas absoliiinciit
incroyable pour quiconcpic sait quels
étaient les scntimenls et les liaisons
de Lequeux. Il poussa le zèle jusqu'à
prendre part aux folies des convul-
sions. 11 paraît du moins que c'est de
lui qu'il est parle dans les Nouvel-
les ecclésiastiques du 6 décembre
1737. Il fut trouve' chez une con-
\ndsionnairc, et conduit à la Bastille,
ou il passa fort peu de temps. En
1 76 3 il publia un Mémoire abrégé
sur la vie et les ouvrages de Mesen-
f^uy y in-ia , et un Mémoire justifi-
catif de V Exposition de la Doctrine
chrétienne^ ouvraj;e posthume du
même, in-19.. Il mourut le 3 avril
1 768; et l'cdilion de Bossuet fut con-
fie à dom Dëforis seul , qui la gâta par
son défaut absolu d'ordre, de critique
et de mesure ; par ses notes fastidieu-
ses; par ses digressions inutiles, cl par
ses sorties contre tous ceux qui ne pen-
saient pas comme lui : il est certain
que ce l>cncdictin eut défense de con-
tinuer. Ou peut voir ce qui qsX dit de
l'un et de l'autre dans la préface de
Ja nouvelle édition des OEnvres de
Bossuet /imprimée hi Versailles; l'é-
diteur y parle avec éloge des soins
et de la capacité de Lequeux , tout
en déplorant les préjuj;cs et le man-
que de goût et de modération de son
successeur. P-c-t.
LEQUIEN (Michel), savant
dominicain, naquit à Boulogne-sur-
Mer en 1661 : à l'âge de vingt ans
il entra dans l'ordre de Saint-Domi-
nique. Le père Marsolier lui ensei-
gna les premiers éléments de la lan-
gue hébraïque, qu'il sut parfaite-
ment dans la suite, et à laquelle il
joignit des connaissances profondes
dans l'arabe, le grec, et les saintes
lettres. Il se lia avec dom de Mont-
LEQ 2.iy
faucon , l'abbé de liongucruc et les
savants les plus distingués de son
temps. Ses vertus égalaient ses ta-
IcMits et la douceur de son commerce.
11 mourut le \'x mars 1 733, dans la
maison de la rue St.-Iiouoré qu'il ha-
bitait depuis long-temps. On a de lui>
I. Défense du texte hébreu et de la
version vulgate^ sentant de réponse
au livre ( de D. Pezron ) , intitulé :
V Antùpùté des temps rétablie^ etc.
Paris, I G90, un vol. in- 1 1. II. \j An-
tiquité des temps détruite ( contre
la Défense de l'Antiquité des temps,
que dom Pezron fit paraître en 1691);
Paris, i6()3, 1 vol. in-i'2. Ces deux
ouvrages du père Lequicn commen-
cèrent sa réputation; on trouva que
son antagoniste était complètement
battu. III. Pœmarqucs sur l'Essai
du Commentaire sur les Prophètes
(de dom Pezron), fî^-asjes Mémoires
de Trévoux du mois de mars 1711.^
IV. Nullité des Ordinations angli-
canes ou Réfutation du lii^re ( du P.
Courayer) intitulé :D[sserla\ion sur
la validité des ordinations des An-
glais, Paris, 1725, 2 vol. in- 12. V.
La Nullité des ordinations angli-
canes, démontrée de nouveau y tant
par les faits que par le droit ,
contre la Défense du R. P. le Cou-
rayer, Paris, 1730, 2 vol. in-12.
Sans tomber d'accord sur l'infidélité
dans les citations ni sur l'ignorance
ou la ])révcnlion que le P. Courayer
reprochait au P. Lequien , on peus.»
généralement que ce dernier sortait
trop souvent des bornes de la mo-
dération envers son adversaire , et
s'oj)iniàtrait à vouloir lui faire con-
fesser comme article de foi ce qui
ne l'était })oint. On attri])ue à Pierre
Badoire une grande part aux deux
juemiers volumes du P. Lequien.
VI. Lettre sur les Ordinations an-
glicancs^ dans le Mercure du mois
a3o LEQ
d'avril i-ySi.VII. Dissertation sur
&aint Nicolas j évèijiie de Mjre ;
dans les Mémoire.^ de Utléiature et
d'histoire du P. DesraoîeJs, lomp
vu , preraicre partie. VlII. Visser-
iation surlepo^t Icius, qu'il prétend
être le j)orl de Boulogne; ib., tome
VII, part. 9.*^. IX. Histoire abrégée
de la ville de Ùoulogne-sur-Mer et
de ses comtes , ibid. tome x, partie
i*'. , et a la tête de la Coutume de
Boulogne, dans le Coutumier géné-
ral. X. Dissertation sur Annius de
Viteibe ; dans les Voyages d'Es-
pagne et d'Italie, par le P. Labat ,
et dans le Berose et VAnnius de Vi-
terbe ( page 2,46 ) de M. de Fortia
d'Urban, formant le tome vu de ses
Mémoires pour servir à V histoire
du globe, 1808, in- 12. XI. Obser-
vations sur le livre intitulé , Fetra
Fideij d'Etienne Javorski, patriar-
xîhc moscovite, sur une Réponse cpii
fut faite à ce livre par F ancois
Buddœus , et sur une Réplique à ce
dernier, par le P. Ribéra, insérées
dans le Mercure de mars i -jSS. XII.
Stephani de Altamura Ponticensis
contra schisma Grœcorum Pano-
plia qud Romana et occidentaUs ec-
clesia défendit ur adversus crinnna-
tionesNec tarii nuperi patria^ chœhie
rosoljmitani quas congessit in libro
DEPRINCIPATU PAP.F., Paiis, I718,
in-4*'.; ouvrage solide et estimé. Les
dangereuses subtilités du patriarche
3Vec taire y sont victorieusement ré-
futées.XIII. SanctiJoannis Damas-
çeni Opéra omnia gr. lat. , Paris ,
1 7 1 -2 , 9. vol. in-fol. Cette édition est
enrichie de plusieurs dissertations,
remplies d'érudition ecclésiastique.
Le P. Lequien avait préparé un troi-
sième volume, qui devait contenir
les ouvrages faussement attribués à
Saint- Jean Damascène, et qui n'a
point été mis au jour. XI Y. Oriens
LEQ
Christianus , in quatuor patriar-
cluh'{s digestus ; quo exhibentur
ecclesiœ , patriarchœ , cœte'ique
prœsules totius Orient is , Paris, à
l'imprimerie royale, 174^7 3 vol.
in-fol. Cet ouvrage était en grande
partie imprimé, quand le P. Lequien
mourut. Ses confrères en continuè-
rent l'impression, et y firent des amé-
liorations qui sont indiquées dans la
préface. C'est une imitation du (xa//m
christ/ ana, bien exécutée et pleine
de choses curieuses, avec les cartes
des 4 pat! iarcals dressées par d'An-
ville. Le P. Lequien a concouru à
la Byzantine ( Voy. Léon de By-
ZANCE ). L-B-E.
LEQUIEN DE LA NEUVILLE
( Jacques) , historien, naquit à Pa-
ris , en 1647 ' ^'"^^^ ancienne famille
du Boulonnais , et entra à l'âge de
quinze ans , comme cadet dans les
Gardes-françaises. La faiblesse de
sa santé ne lui permettant pas de
supporter les fatigues d'une seconde
campagne, il quitta le service pour
étudier le droit; mais au moment
qu'il venait d'acheter la charge d'a-
vocal-général de la cour des mon-
naies , une banqueroute qu'essuya
son père le força encore une fois de
renoncer à ses projets. Il résolut
alors de chercher dans la culture
des lettres la consolation d'une vie
obscure et privée. Ce fut d'après
l'avis de Pelisson , qu'il entreprit
l'histoire du Portugal, dont le suc-
cès lui ouvrit, eu 1706, les portes
de l'académie des inscriptions. Quel-
que temps après il publia un Traité
de l'origine des postes, qui lui valut
la direction de celles d'une parlie
de la Flandre-française. Il alla en
conséquence habiter le Quesnoy. En
1713, après la paix d'Utrecht , il
accompagna l'abbé de Mornay ,
nommé à l'ambassade de Portugal^
fl il fut .irnirilli a Lisbonne de l.i
niaiiiôrc I.» |)liis llattcusc. Le roi de
Portujjal , voulant Ir fixer dans, ses
r'tal.s, le nomma chevalier de l'ordre
de Christ , et lui accorda une
|>ension de quinze cents livres. Lc-
quieu s'elVorva de repondre aux bon-
tés de ce prince, en travaillant à con-
tinuer et perfectionner son histoire
de ce royaume; et il s'en occupait
avec ai-dcur, lorsqu'il mourut à Lis-
bonne, le o.o mai i -j'iS. On a de lui:
I. Histoire de Portugal , Paris ,
17*20, 1 vol. în-4'*. Lequien, à
l'exemple des historiens espagnols
portugais, remonte à Tubal , cin-
quième fils de Japhet, dont les des-
cendants , suivant la tradition , se
sont établis dans le Portugal ; il de'-
crit ensuite les diircrentcs révolu-
tions de ce pays, jusqu'au règne de
Jean IL La seconde partie comprend
l'histoire de ce royaume jusqu'en
i5'2i, époque de la mort d'Ema-
nucl P"". Laclède lui reproche d'a-
voir omis un grand nombre de faits
importants , et d'en avoir indique'
d'autres trop superficiellcincnt : ce
furent les raisons qui déterminèrent
ce dernier à publier une nouvelle
histoire de Portugal. (/^. LaclÈde.)
Lequien a , sur lui , l'avantage de ci-
ter constamment ses autorités; mais
on prétend qu'il ne les a pas tou-
jours bien comprises, et que sa chro-
nologie n'est pas sûre : l'ouvrage est
d'ailleurs écrit d'un style coulant et
agréable. IL L' Origine des postes,
citez les anciens et les modernes y
Paris, 1 7 08, in- r2. Lequien en attri-
bue à Auguste le rétablissement ou
l'institution chez les Romains. Cvt
ouvrage curieux est terminé par le
Recueil des ordonnances sur les pos-
tes, alors en vigueur , avec le précis
des motifs qui les avaient dictées. Il a
clé réimprimé sous ce litre; L'usage
LKR 9.',i
défi postes chez les ancien*: et les
THoda nés, Paris , 1 7 3(i , in- 1 'x. Gel le
édition est augmentée des ordonnan-
ces et règlements publiés depuis U
première, lll. Histoire des Dau-
phins du Fiennois , d' Auvergne et
de France, Paris, 1 759, -2 vol. in-r2.
C#t ouvrage , resté manuscrit , fut
publié par le petit-fils de Lequien,
augmenté de la vie de Louis IX ,
vingl-< inqiiième Dauphin de France.
Le style en est facile et simple, «tel
que le demande le sujet: on y trouve
des recherches utiles; mais il y a
beaucoup de fautes de chronologie.
L'éloge de Lequien de la Neuville,
par de Boze , est imprimé dans le
lom. vu des Mémoires de V acadé-
mie des inscriptions. Chaufepié lui
a consacré un article dans son Dic-
tionnaire. ( I ) VV-s.
LERANBERT ( Louis ), statuai-
re, naquit à Paris, en i6i4. Son
père était garde des figures antiques
et des marbres du roi Louis XIII,
qui consentit à être le parrain du jeune
Leranbert. Il entra d'abord dans l'é-
cole deVouet,et se lia avec Lebrun
et Lenôtre , d'une amitié qui dura
toute leur vie. Son goût pour la
sculpture le fit entrer chez Sar-
razin, où sa facilité, la grâce de
ses manières, la beauté de sa figure,
le firent bientôt distinguer. L'em-
ploi de son père lui facilitait l'entrée
de la cour: après la mort de Louis
Xlll, il s'attacha à mériter les bon-
nes grâces du jeune roi. Poète et
musicien , il réunissait tous les agré-
ments , et il fut admis à figurer aans
toutes les fêtes des premières années
du règne de Louis XIV. Il se fit
d'abord connaître comme peintre
par les Portraits en médaillon du
(1) Chaurepié jr fait iiti« lonpne digretsioa
•ur Vapparilion du iabarum k CuOttantia.
233
LER
carilinal Mazarin, du maréchal de
la Meilleraie , de i^f. et M""^. Ja-
back , etc. Bientôt après il fut cliar-
gë du Tombeau du marquis de
VampieîTe, qui fut cleye' à trois
lieues de Gien, dans les terres de ce
seigneur. L'architecture de ce tom-
beau est riche; et tout, jusqu'à l'épi-
laphe envers, est de la composition
de Leranbert. La garde des antiques
et des marbres du roi lui avait ëte'
donnée après la mort de son père :
elle lui fut otëe en i663. Il se con-
sola de cette disgrâce en redoublant
d'ardeur pour le travail. Il se pré-
senta cette même anne'e pour être
membre de l'acadëraie, et fut reçu,
sur un buste du cardinal Mazarin,
En i665, Leranbert avait exécute ,
pour les jardins de Versailles , quatre
statues représentant le Dieu Pan,
une Hamadryade dansant , une
Nymphe jouant du tambour de
basque , et un Faune : on faisait
im cas particulier de VHamadrya-
de. On voit de lui, dans le parc
de Versailles, deux Sphjnx en mar-
bre blanc , montés par d,?s enfants
de bronze , qui les retiennent avec
des guirlandes dejleurs. Le travail
de ces groupes est digne d'estime ;
mais ils manquent de style , et n'ont
rien de la simplicité que les anciens
savaient donner à ces sortes d'ou-
vrages. La cathédrale de Blois, pos-
sède deux bas-reliefs de Leranbert ,
en marbre blanc; l'un représente la
Mémoire, l'autre la Méditation; il
les avait faits en lôGo , pour le tom-
beau de Jean Courtois , président au
présidial de Blois. Leranbert mou-
rut à Paris, en 1670. P-s
LERCARI ( Nicolas-Marik ) ,
cardinal, était né dans l'état de Gè-
ïies, en 1675, d'une famille ancienne,
et qui a produit plusieurs hommes
distingues par la protection qu'ils
LER
ont accordée aux lettres , et par les
hautes fonctions dont ils ont été re-
vêtus. JNicolas, ayant terminé ses
études d'une manière brillante, reçut
les ordres sacrés, et vint à Rome ,
où son mérite le fît bientôt remar-
quer. Pourvu successivement des
gouvernements de Todi , de Béné-
vent, de Camerino , d'Ancone , de
Civita-Vecchia et de Pérouse , il
montra, dans l'exercice de ses fonc-
tions , autant de capacité que de dé-
sintéressement. Pendant qu'il était à
Bénévent , il avait su se concilier la
faveur du cardinal Orsini , archevê-
que de cette ville. Ce prélat , ayant
été élu pape, en 1724, sous le nom
de Benoît XIII , se hâta de rappeler
à Rome Lercari, qu'il combla de
témoignages de son estime. Il lui
conféra le titre de maître de la
chambre ( Maestro di caméra ) ^ et
l'éleva à la dignité d'archevêque de
Nazianze. Deux ans après ( 1726 ),
il le nomma son premier ministre,
et enfin le décora de la pourpre ro-
maine. Lercari continua de jouir de
la plus haute faveur pendant la vie
de Benoît XIII ; mais son successeur
l'éloigna du ministère pour y appe-
ler un de ses favoris. Lercari parta-
gea ses dernières années entre ses de-
voirs religieux et la société des ar-
tistes dont il s'était toujours montré
le protecteur. Il mourut à Rome , le
23 mars 1757. W-s.
LERCARO ou Lercari. Fojez
ImPERI ALI , XXI , 2,08.
LERI. Voyez Lery.
LERIDANT (Pierre), avocat au
parlement de Paris, né en Bretagne,
mort le 28 novembre 1768 , a pu-
blié : I. Examen de deux questions
importantes sur le mariage, 17-53,
in-4^. II. Dissertation théologique
et historique sur la conception de
la Vierge, 1756^ in- 12. lîî. Con-
suUation sur le marin f^f du Juif
liorach /.n'i, i7'irt,in-4". IV. Insti-
tutiones phlosophicœ in novam ihe-
tfioduui di^estœ, 17^)1, '^ vol. in- 1 'X,
V. Le Code matrimonial , 176O ,
in-i'2, rr'imprimë en 1770 ( par les
5oins (le Camus ) , avec nés augmen-
tations. VI. On lui attribue aussi
W'intifinancicr, 17O4 , in-i?. ; ou-
vrage (|ue Voltaire trouvait violent
et portant à faux d'un bout à Vautre.
D'autres le croient d'un avocat
Darigrand , mort en 1771. Leri-
(lanl soutenait que le droit d'apposer
des empêchements dirimants au ma-
riage appartient exclusivement à la
puissance temporelle ; et dans la
question sur le mariage de l'infidèle
converti, il se de'clara pour l'indis-
solubilité absolue, comme lit aussi le
parlement de Paris , par son arrêt
du -2 janvier 1758 , dans la même
affairedeBorach Levi. Leridant avait
encore e'te' ])lus hardi dans sa Dis-
sertation théologiffue sur la concep-
tion de la fierté. P-c-t.
LERTGET. ^or. Lafaye.
LERIS ( Antoine de ), compila-
teur médiocre, était né le '28 février
1 7*23,àMontlouis danslcRoussillon.
11 fut envoyé à Paris pour v faire
ses études, et il s'y fixa par l'acqui-
sition d'une charge de premier huis-
sier de la chambre des comptes. Il
passa sa vie au milieu des gens de
lettres , dont il se faisait aimer par
son caractère modeste et serviable.
Il mourut en i79'>. On a de lui :
T. La Géographie rendue aisée,
Paris, 1753, in-8^. II. Dictionnaire
portatif, historique et littéraire des
théâtres , contenant l'origine des
différents théâtres de Paris , etc. ,
Paris, 1754 , réimprimé avec des
additions , 1765; in-80. C'est une
compilation assez bien faite , et
qui jieut tenir lieu de la volumineuse
I.ER a33
Histoire du tliéâtre français, des
frères Parfait. Cet ouvrage est tou-
jours recherché, quoiqu'il en ait paru
depuis plusieurs dans le même genre.
C'est Léris qui est l'éditeur du Sen-
timent d'un harmoniphile sur dif-
férents ouvrages de musirpie { ])ar
i'abhéde Morambert), Paris, '756,
in-i'2 , et des Après-soupers de la
campagne ( par Bruix ). W-s.
LKIRME ( François de Roxas,
DE Sandovat, , duc DE ), premier
ministre de Philippe III , roi d'Es-
j)agne, est un des exemples les plus
frappants de l'inconstance de la
fortune et du néant des grandeurs.
N'étant encore que marquis de Dé-
nia , il fut nommé écuyer de l'in-
fant don Philippe , et prit sur lui
un tel ascendant, que ce prince, en
arrivant au trône ( 1S98 ), le créa
premier ministre , malgré la recom-
mandation expresse que son père lui
avait faite en mourant de le tenir
éloigné des affaires. Son élévation
excita le mécontentement des grands,
jaloux de la préférence accordée à
un homme d'une naissance médio-
cre ; et, dès ce moment, il fut en-
touré d'ennemis prêts à profiter de
SCS fautes pour le renverser. Le duc
de Lerme voulut signaler les com-
mencements, de son ministère par
un acte de vigueur : il équipa une
flotte de cinquante voiles, destinée
à croiser sur les côtes de l'Angle-
terre ; mais elle fut détniile par une
tempête , presqu'en sortant du port,
et cet échec le détermina à recourir
k des voies de concibation. Il traita
de la paix avec les Anglais , moyen-
nant quelqjies sacrifices; ei, en 1608,
il fit une trêve avec la Hollande.
Ces deux actes déplurent assez gé-
néralement , et augmentèrent les
plaintes contre le ministre, accuse
de ne pas se montrer assez jaloux
n.U
LER
de la gloire de TEspagne. La situa-
tion des (inances devait l'engager à
provoquer la siippression d'une foule
de charges créées sous les règnes
pre'ccdents et devenues inutiles :
mais la crainte d'accroître par cette
mesure le nombre de ses ennemis ,
lui fit adopter un système oppose ;
et il multiplia tellement les emplois
que toutes les ressources du tre'sor
suffisaient à peine pour les payer.
Il chercha à cacher au roi l'embar-
ras des finances , en l'occupant sans
cesse par de nouvelles fêtes ; cepen-
dant il souhaitait sérieusement de
mettre un terme à cet embarras , et
son projet e'tait de rendre à l'Espagne
son ancienne splendeur. 11 voulut
encourager l'agriculture trop négli-
gée depuis la découverte des Indes j
mais ne pouvant adoucir le sort des
cultivateurs par la diminution des
impots , il fît instituer un ordre de
chevalerie , pour récompenser ceux
qui se distingueraient: il exempta
du service militaire tous les ou-
vriers 'y fausse mesure qui nuisit
âu recrutement de l'armée , sans
rendre de l'activité aux manufac-
tures. L'Espagne , tributaire de
tous ses voisins , ne se soutenait que
par les sommes énormes qu'elle ti-
rait chaque année de ses colonies et
de la Siciie. De nombreuses réfor-
mes étaient indispensables j le mi-
nistre les voyait sans oser les entre-
prendre-. Cette hésitation, cette fai-
blesse , est le plus grand reproche
que l'histoire puisse faire au duc de
Lerme : il avait toutes les qualités
d'un partieuHcr; il était doux et
affable, très-généreux, et ne fit usage
de son autorité que pour rendre ser-
vice sans distinction à tous ceux qui
s'adressaient à lui. Il acheva par sa
douceur la pacification de l'Arra-
gon, et fit disparaître jusqu'aux.
LER
traces des troubles qui avaient agite
ce royaume. Sa faveur semblait
croître chaque jour j et songeant a
la faire partager à son fils, le duc
d'Uzeda , il le présenta au roi , en le
recommandant à ses bontés avec
toute la tendresse d'un père. Quel-
que temps aj)rès , le vieux ministre
perdit sa femme ( Félicité Henri-
quez de Cabrera); et ayant embrassé
l'état ecclésiastique , il se persuada
que s'il pouvait obtenir la pourpre ,
il imposerait pour jamais silence à
ses ennemis : mais il se trompa , et
le titre qu'il avait ambitionné pour
se maintenir au ministère , précipita
sa chute. Il s'établit entre le roi et le
cardinal une étiquette que le prince
trouva gênante ; ses ennemis , à la
tête desquels on est indigné de trou-
ver son propre fds, le duc d'Uzeda,
profitèrent de cette circonstance,
pour achever de le perdre dans l'es-
prit de Philippe : on rappela toutes
les fautes de son ministère ; on osa
même Taccuser d'avoir fait empoi-
sonner la reine Marguerite , par son
favori D. Rodrigue Galderon. Le roi
consentit enfin au renvoi de son mi-
nistre : celui-ci quitta l'Escurial, le
2 octobre 1618, jour anniversaire de
la mort de la re.ne , et se retira dans
une de ses terres. Le duc d'Uzeda ,
qui lui succéda au ministère , vou-
lait faire instruire son procès ; et il
fallut que le roi interposât son auto-
rité pour empêcher ce scandale :
mais , après la mort de ce prince ,
Philippe IV laissa agir les ennemis
du duc de Lerme : Galderon , son
favori , eut la tête tranchée ( Voy.
Galderon , VI, 5o ) ; et les biens de
l'ancien ministre furent saisis pour
l'obliger à restituer une somme de
quatorze cent mille écus , qui lui
avait été donnée par le feu roi sur
le produit des bleds et des marchan-
LER
fliscs delà Sicile. Flétri pard'odieii-
Ms arrusati()ns,dr])oniIlif de sa for-
Mur, le iliic de Lerine inoiiru! de
( liagrin, en Uvif). D. Juan Vilri.ui
flil , dans son Commentaire sur les
^le'moires de Philippe de Comines,
ijue,» pour un favori, le duc de
•» Lcrine est un des meilleurs et des
V plus modères qu*il y ait jamais
^ eus. )) Puis il ajoute : « Il uvait
un esprit mcdiorre ; mais sa con-
^ duite a montre combien est vrai
» le dire de Thucydide , que les
» génies médiocres sont les plus
» propres au gouvernement ; son
» ministère est et sera cite partout,
■j» pour avoir cte sans guerre, sans
» tribut et sans impôt odieux : c'ë-
» tait la suite de sou esprit doux et
)) pacifique , et de l'humeur du roi
» qui ne cherchait qu'à re'gner en
» paix. » W--S.
LERNOUT ( Jean ) , en latin
Janus Lemutius , poète lalin , vit
le jour à Bruges en i545. Ne avec
de la fortune , il fit d'excellentes
(ludcs littéraires à Gand,à Anvers,
I Louvain ; il employa ensuite plu-
Mcurs années à voyager avec Justc-
Lipse et Victor Gisclin. Il visila
le^ principales académies de France,
(rilalie et d'Allcmagne,et se lia par-
tout avec les savants les plus distin-
gues. Il semble s'être occupe' à Paris
de recueillir une espèce d'anthologie
française. ( F<rf-. P. Burmann , Sjll.
Epist. tom. I , page 8. ) En Italie ,
il se livra à l'archéologie , et enfin ,
après plus de vingt ans d'absence,
r( vint dans ses fovers. Divenu père
(l'une famille nombreuse, il conserva
.vrsauciens goûts, et se montra cons-
tamment étranger à toute ambition.
II ne put éviter cependant d'être
cchevin de sa ville natale ; et l'em-
pereur Rodolphe II le gratifia , en
i58i , de lettres de noblesse pour
LER a35
lui et ses descendants. Dans les trou-
bles des Pays-Bas, il fut fait prison-
nier de guerre par les Anglais (i 587);
et il ne parvint qu'ail bout de cinq
ans d'un traitement assez dur, à re-
couvrer sa liberté , au moyen d'iuie
rançon exorbitante. Il mourut à Bru-
ges, le ig septembre 1619. On a de
lui : I. Carmina , Anvers , i .'>7t) ,
in-12, et Lignitz , i(3o3. Ce recueil
est composé iV Ocelli , Elegiœ ( au
( nomljre de 4 ) > Oda ad bonam
valetudinem et Epi^rammata. Ler-
nutius n'eut point de ])art à l'édition
de Lignitz : ceux qui l'ont publiée le
croyaient mort; mais il donna encore
en 1614 7 à Leyde , chez Elzevier ,
in-i^i,une 3"'«. édilionfort augmen-
tée, surtout de poésies sacrées et d'au-
tres sur les événements politiques et
militaires du temps , de quelques tra-
ductions de morceaux du 7™*^. livre de
l'Anthologie grecque, sous le titre de
Basia Grœcorum, cl d'une trentaine
de Basia de sa propre composition.
Toutes les productions poétiques de
Lcrnout paraissent avoir été réunies
par Grutcr dans les Deliciœ po'éla-
rum Belgicoruîii , tom. m , p. 1 1 4-
29.5. Lernutius mérite certaine-
meni une place distinguée parmi les
f)oètes latins modernes , principa-
ement dans le genre erotique; mais
il est fort inégal. Il paraît s'être sur-
tout proposé pour modèle Catulle ,
qu'il imite jusque dans ses défauts.
IL Comment arius de nalurd et cultu
Caroli Flandriœ comitis , necnon
de cœde ipsiiis , et vindictd in per-
cussores mox secutd, Bruges , 1 62 1 ,
in-8". Paquot estime qu'on a eu tort
de publier cette production de sa
jeunesse. Elle est en l'honneur de
S. Charles le Bon ( f^of. Charles ,
t. VIII , p. i4'^ ) » et n'annonce ni
critique ni goût. On peut reprocher
ce trait de piété filiale mal entendue
0.36 LER
à l'un de ses fils , nomme' Jac-
ques , qui a aussi publie à Bruges ,
en 1616, m-\i: Preces metricœ ^
à Salomone Macrino , Petro Au-
rato, Petro Bucherio et Fictore Gi-
selino exercitiis christianœ pietatis
(«rpfrtfcp. Pierre Burraann, dans sa ^Sy/-
loge Epistolarum , tom. i , pag. 8-
27 , a recueilli une suite de Lettres
entre Juste-Lipse et Lernutius.
M-ON.
LEROI ( Charles - François ) ,
ancien Oratorien , naquit à Orléans
en 1 6g8 , et fit ses e'tudes à Saumur
et à Juilly. Il entra à l'institution de
l'Oratoire, à Paris , en 17 16, c'est-
à-dire, dans le temps de la plus
grande chaleur des disputes sur la
bulle Unigenitus. Il était difficile
qu'il se garantît des opinions qui ré-
gnaient alors dans ce corps; et pour
achever de l'en remplir, on l'envoya
étudier en théologie à Saumur , sous
un des plus zélés appelants , le père
de Gennes. Leroi fut un de ceux
qui soutinrent, en 1718, des thèses
sur la grâce, que M. Poncet, évêque
d'Angers, censura, et que le P.de Gen-
nes essaya de justifier. Après avoir
professé dans plusieurs collèges, sui-
vant l'usage de la congrégation , Le-
roi , qui avait adhéré au réappel en
1 721, se livra à l'étude du grec et
de l'hébreu, et fut associé aux tra-
vaux du père Houbigant qui , retiré
à Notre-Dame-des-Vertus , s'occu-
pait d'une édition du texte hébreu ,
revu et corrigé sur les manuscrits ,
et d'une traduction latine de ce texte.
Leroi se forma sous lui aux recher-
ches de critique et d'érudition , et
ne se détourna de cette étude que
pour publier quelques écrits fort
courts sur les controverses qui agi-
taient alors les esprits. Nous con-
naissons de lui dans ce genre , une
lettre de M.**'* à un de ses amis
LER
de province , au sujet de V écrit sur
les compulsions j intitulé Coup-d'œil ,
in-4°. ; un Examen du Jigurisme
moderne , sous la date du 7 juillet
1 736; et une Lettre du 1 3 mars 1 738,
à V auteur des Nouvelles, où il fait
un portrait de ce gazetier, et des en- -
thousiastes de ce parti; on y voit
qu'il n'approuvait pas les excès et
les folies qui déshonoraient cette
cause. Vers 1736, il fut chargé par
Bossuet, l'évêque de Troies, de re-
voir plusieurs ouvrages manuscrits
de l'évêque de Meaux , et d'en pré-
parer de nouvelles éditions. On avait
publié à Luxembourg , en 1 73o , une
édition fort défectueuse de la Dé-
fense de la déclaration du clergé.
Leroi en donna une plus complète et
plus soignée, d'après les manuscrits
originaux que l'évêque de Troies
lui remit. Jjdi Défense parut en 1 7 45,
5 volumes in-4*'., dont deux pour le
latin et trois pour le français. L'édi-
teur y joignit une préface rédigée
avec beaucoup de soin: dans la suite
il fit réimprimer sa traduction de la
Défense y avec des notes et une table
des matières. En 1753, il donna les
Œuvres posthumes de Bossuet ,
pour faire suite à l'édition en 1 2 vo-
lumes , de Pérau; ces OEuvres pos-
thumes sont en 3 vol. in-4''. , et sont
accompagnées d'une assez longue
préface. Leroi songeait même à
faire une édition complète des OEu-
vres de l'évêque de Meaux; et il y
eût été aidé par l'abbé de la Motte,
ancien grand vicaire de Troies , qui
possédait des manuscrits précieux :
mais cette entreprise fut confiée à
un autre. Leroi se contenta de faire
imprimer, en l'j'jo, Y Histoire des
variations des Eglises protestantes ,
5 vol. in-i2 , avec des notes de lui
et de Lequeux , qui avait d'abord
préparé cette édition; et en 1775,
^ Dissertations surles Psau mes^ et
- Préfaces sur chacun des ciruf li-
(•s supientiau.v , coinposccs par
ssiict, et traduites cm français ,
I a ; c'est, à ce qu'il paraît, le seul
vragc où il ait mis son nom. On a
( ore de lui des Réflexions théolo-
ijues sur le premier volume des
litres de l'abbé de Fillefroy à ses
t hves , l'jSiy in-S**.; une édition
(les Conférences ecclésiastiques du
pore le Seraelier, sur la Morale et
U Décalogue , 1 7.55 et 1 769 , 8 vol.
in- 12 ( c'est la partie de ces Confé-
rences que le Semolier n'avait pas eu
le temps de pid)lier ); une édition
des Conférences du père Laborde ,
I -^57 ; une autre des Conférences du
père Bizault, sur V Oraison domini-
cale, 1766; et une Lettre sur le ju-^
gement qu'ont porte des Jésuites les
cardinaux de Bérulleet le Camus , M.
Bossuet et M. Letellier. Leroy avait
quitté l'Oratoire, en 1 746, lorsqu'on
y fit recevoir la bulle l/nigenitus ; et
il rédigea une protestation et une
lettre au père de la Valette, au nom
de tous les opposants. Il n'avait que
le titre de confrère de l'Oratoire ,
n'étant jamais entré dans les ordres.
II mourut à Paris, le i3 juin 1787.
i .'était un homme instruit , laborieux
< t propre par son exactitude aux
fonctions d'éditeur. P-c-t.
LEROI. ro)'. Leroy.
LEROUX ( Philibert-Joseph ),
Français réfugié à Amsterdam , y
j)ublia un Dictionnaire comique ,
satirique, critique , burlesque, libre
et proverbial, 17 18, in-8''. ; 1750,
111-8'*. deux éditions; 175*2, 'i vol.
in-8<*.; réimprimé encore à Paris,
sous la rubrique de Pampelune ,
i'787, 1 vol. in-8°.; cette dernière
édition contient beaucoup d'augmen-
tations. Les nombreuses réimpres-
siçns de ce livre ne prouvent pas
LER ;;
que le goût de la bonne compagnie
soit le plus répandu. (îe)>en(rant
il ne faut pas croire que l'auteur
soit descendu jusqu'à certains mots
qui révoltent l' homme bien éle-
vé. Leroux, et ses conlinualcurs,
ont eu l'intention de donner un dic-
tionnaire, non du vieux langage, mais
du bas langage ; et loin de les blâ-
mer de leur licence, on doit , malgré
les critiques, leur savoir gré d'être
resté dans de certaines limites. Z.
LEROUX, y. Desuautesrayes.
LEROY (Pierre), l'un des prin-
cipaux auteurs de la Satjre Ménip-
pée , était chanoine de la cathé-
drale de Rouen , et devint aumônier
du jeune cardinal de Bourbon. C'est
à ce peu de détails que se borne
ce qu'on sait de la vie d'un homme
qui joignit à beaucoup d'esprit toutes
les qualités d'un excellent citoyen.
De Thou dit, dans son Histoire
( liv. cv ) , que c'était un honnête
h omme, étranger à toutes les factions.
( Fir bonus et à factiorw summè
alienus. ) L'ouvrage qui a fait passer
son nom jusqu'à nous est intitulé :
Satyre Ménippée de la vertu du
Catholicon d' Espagne , ou de la
tenue des Etats à Paris en
1 5()3 , par MM. de la Ste. Union.
Il fut imprimé la même année
à Tours , in-8^. et in- 12, par Ja-
met Métayer, imprimeur , attaché
à la cause royale , et à Paris , eu
1594, in-8°. Ce sont-là incontes-
tablement les premières éditions de
cette ingénieuse satire ; et, outre le
mérite d'une crande rareté, elles ont
encore celui de renfermer quelques
particularités qui ont été retranchées
des éditions suivantes. Le succès de
cette pièce fut si grand , qu'il s'en fit
quatre réimpressions dans un mois ;
et la chute du parti qui avait inuti-
lement tenté d'éloigner les Bourbons
!i38 LER
du trône , ne diminua pas l'inte'rêt de
l'ouvrage. Il en a pari un grand
nombre d'éditions, à la fin du seiziè-
me siècle, et dans le cours du dix-sep-
tième ; mais on doit se borner à citer
ici les principales. L'une des plus jo-
lies est celle de Ratisbonne , Kerner
( Bruxelles, Fjppens ), 1664, in- 12,
^vec un avertissement et des remar-
ques de P. Diipuy. Celte édition, qui
a été contrefaite sous la même date
( Foj, M. Brunet , Man. du lih aire ),
fait partie de la collection des livres
français imprimés par les Elzevirs :
elle est ornée d'uue grande estampe
qui représente la procession de la
ligue; et de deux portraits , l'un, du
cardinal de Plaisance, légat du pape,
en robe fourrée, tenant un sachet de
drogues, l'autre, du cardinal de Pel-
levé en costume espagnol , assis de-
vant une épinetle. Les éditions , avec
la même rubrique, Ratisbonne, Ker-
ner( Amsterdam, Desbordes) , 1O9G,
iw-i'i , et 1699, in-8". , sont aug-
mentées de nouvelles Remarques, par
Jacob Le I)uchat. ( Voy. Duchat. )
Fo])pens en publia enfin ( toujours
sous la rubrique de Ratisbonne ) ,
1709, 3 vol. in-8«. fig., une édition
qui a servi de base à toutes les sui
vantes, et à laquelle on donne assez
généralement la préférence , pour la
beauté de son exécution (i); elle est
due aux soins de Le Ducliat , qui l'a
augmentée de la Fatalité de Saint
Cloud y et d'un grand nombre de
pièces qui servent de preuves à la
Satyre. La Satyre Ménippée est un
chef - d' œuvre d'enjouement et de
bonne plaisanterie y et Voltaire dit
qu'elle ne fut pas moins utile à Henri
LER
IV que la bataille d'Ivry. Elle fut
aussi nommée le Catholico?id' Espa^
gne , parce que le roi d'Espagne ,
Philippe II, chef de la Ligue, cachait
ses projets sous le voile de l'intérêt
de la religion catholique ( i ). Ce fut
P. Leroy qui conçut la première idée
de cette pièce; mais elle a été ter-
minée et mise dans l'état où nous
la voyons , parle fameux P. Pithou.
D'autres beaux-esprits coopérèrent
encore à la composition de cet
ouvrage ; et l'on croit faire plaisir aux
amateurs de l'histoire littéraire, en
indiquant la part qu'on y attribue à
chacun d'eux. L'idée, le titre et la
disposition de l'ouvrage appartien-
nent incontestablement à P. Leroy ,
à qui l'on donne encore la harangue
du duc de Maïenne , et celle du sieur
de Rieux, qui fut pendu. La harangue
du légat est de Jacq. Gillot; celle du
cardinal de Pel I e vé , de FI orent Chres-
tien; celles de l'archevêque de Lyon,
et de Rose , évêquc de Senlis, sont de
Nicol. Rapin, et enlin celle du tiers-
état, de P. Pithou. Les regrets sur la
mort de l'àne ligueur sont de Gilles
Durand : on attribue les autres vers
répandus dans l'ouvrage à Jean Pas-
serai et à Nicol. Rapin. Les curieux
trouveront d'autres détails sur la Sa-
tyre Ménippée dans la Bibliothèque
historique de France _, n^. 1 945 1 et
suiv. W- s.
LEROY ( Louis ) , en latin Begius,
excellent humaniste, né à Goutances
au commencement du xvi^. siècle ,
essaya de transporter dans le fran-
çais les beautés des langues anciennes
dont il avait fait une étude apro-
fondie. Ou n'a pas assez remarqué
qu'il est un de nos premiers écrivains
(i) Quelques ciirif.M s doniiiMit î.v -piéféif^nce à
l'édition (lt> Ratisbonne ( lloucn ) 171!, aug-
nienlëe de nouveUes remarquer de J. Goilofroy;
ou à celle de IJ26 , publiée par Frosper Mar-
cliaad, qui y lit même quelques additions.
(i)On nomme Ca/.ho?icOn\in éiectunire ,ain»»
appelé parce qu'où le dit boD contre toute*
soites vl« rualaditts.
LEft
qui soient parvenus h donner du
nombre et de rharmonieà la prose,
il parcourut, dans sa jeunesse, l'I-
talie, l'Angleterre et l'Alleniagne,
♦ pour visiter les savants et nroliter de
leurs lumières; il s'appliquait en
même temps à observer les mœurs
et les habitudes des peuples. Son
désir d'apprendre était tel , qu'il
suivit plusieurs fois les armées eu
marche, pour converser avec des
soldats sur les difle'rentes parties de
l'ctat militaire: mais il avait toujours
avec lui quelques-uns de ses auteurs
favoris ; et, lorsqu'il était fatigue, il
s'asseyait près du chemin, et se dé-
lassait en lisant quelques morceaux
de Cicéron , de Platon ou de Démos-
tUène. De retour en France , il se
fit bientôt connaître parla traduction
des OhîUhiaques et des Philippiqiies,
qui fut très-bien accueillie. On lui
procura un emploi fort honorable
i\\\\ l'attachait au chancelier; et il
so vit obligé « de \\\tq en courtisan,
» distrait par aft'aires, obligé de se
» trouver près des grands , à leur
» lever , coucher et manger , sans
» pouvoir étudier sinon par em-
» blées. » Cependant la pension qu'il
recevait , sulîlsait à peine à ses be-
soins ; et il avoue qu'il fut souvent
tenté de renoncer aux lettres pour
choisir une occupation plus lucra-
tive. C'était à lui-même que Leroy
devait s'en prendre de sa mauvaise
fortune : il avait éloigne par sa hau-
teur tous ceux qui étaient le plus dis-
posés à lui être utiles; et il s'était fait
desennemis irréconciliables de pres-
que tous les écrivains contemporains,
par le mépris avec lequel il parlait
de leurs ouvra^'cs. Joachim du
Bellay , qu'il avait critiqué amè-
rement , se vengea par des épi-
crammes dans lesquelles il le raille
de iOTi savoir pédaniesque ^ et un
LER a39
peut croire qtic le poète irrit<? ne s*en
tint ])a5 là. Leroy fut nommé , en
i^tyx , à la chaire de langue grecque
du (iollége royal : mais l'àgo et les
inlirmités avaient accru ses besoins;
son traitement devint insulVisaut,
et cet homme d'un caractère si fier,
fut forcé plus d'une fois de recourir
à la générosité des amis qui pou-
vaient lui rester encore. Il mourut à
Paris, le i juillet 1^77 , sans regret,
dit de Thou ; mais sa mort fut très-
sensible à tous les savants. On voit
que Leroy aurait mérité d'augmenter
la liste que Pierius Valerianus a
donnée des hommes de lettres mal-
heureux. On a de lui : I. Guill. Budœi
liita , cuTïi doctorum epigratumati-
bus in ejus laudem , Paris , i54o ,
in-4**; réimprimée avec quelques ad-
ditions , 1575 ; ciim efùslold de
Francisco Connano , ibid. , 1^77 ,
in-4". ; dans les^iV^p sélect, viror,
eruditor. , par Guill. Bâtes , Lon-
dres , i68'2 , in-4*^. ; et dans les f^itœ
jurisconsultoriim , parLeiker, Leip-
zig, iG86,in-8". Cette vie de Budé
est écrite avec tant de pureté et d'é-
légance, qu'elle sullit pour conserver
à Tauteur la réputation d'un des
meilleurs latinistes de son siècle.
II. Oratio infunere Caroli Falesii^
Aureliorum diicis , Bnle , i55'2 ,
in-8". III. Oratio ad Ifenricum II
Franciœ , et Philippwn Ifispaniœ ,
reges , de pace et concordid nuper
inter eos initd , etc. , Paris , i!)5g^
in-4°. IV. Ad prœstantrs hujus
œtatis viros Epistolœ, ibid., !').')() ,
in-'fO. Y. Ad reginain Catharinam
cnnsolatio in morte ejus mariti ,
ibid., iSfio, inVjO. VI. Trois /)/i-
cours en latin et deux en français ,
prononcés à l'ouverture des leçons
du Collège royal. VIL Considéra-
tions sur l'Histoire française et
universelle de ce temps, dvitt les
'i^O
LER
merveilles sont succinctement rap-
poitéesy Paris, 1 562, in-8<*. VIII. De
l'origine et excellence de l'Art poli-
tique , et des auteurs qui en ont e'crit,
spécialement de Platon et d' Arislole ,
ii^id., 1 567, in-8'', ouvrage intéressant
ctqui mérite d'êtrelu. IX. Des trou-
bles et difjérends advenus entre les
hommes par la diversité des reli-
gions ,ihid. , 1567, in 8°. X. Ex'
hortation aux Français pour vivre
en concorde et jouir des biens de la
paixyihïà.^ i570,in-8o. XI. Ze^
Monarchiques ou De la Monarchie
et des choses acquises à son établis-
sement et conservation, ibid. , 1570,
in-8<^. XII. De V excellence du Gou-
vernement rojalf avec exhortation
aux Français de persévérer en icelui
sans chercher mutations pernicieu-
ies,'ih. 1576, in-4". Tous ces diffé-
rents ouvrages prouvent un penseur
exercé et un excellent citoyen.
XIII. De la vicissitude et variété
des choses en V Univers, ibid. ,1576,
in-fol. ; 1 583 , in-4". C'est un recueil
d'anecdotes , et de traits singuliers ,
fruit d'une lecture immense. Les cu-
rieux recherchent encore cet ou-
vrage. XIV. Des Traductions du
Timée , du Phédon , de la Républi-
que , du Symposium de Platon j de
la Politique d'Aristote , avec des
commentaires , loués par Gabriel
Naudé , et qui ont été très -utiles
aux nouveaux traducteurs d'Aristote
( F. Arisïote ) ; des Oljnthiaques
et des Philippiques de Démosthène ,
de plusieurs Discours d'Isocrate j et
de Morceaux choisis de Xénophon»
Lacroix du Maine lui attribue encore
une ti-aduction du Traité d'Hippo-
crate des eaux et des lieux ; et une
du Livre de Théophraste , touchant
le feu et les vents. On peut consulter
sur Leroy les Mémoires de Niceron,
Wm. XXIV 'f et Y Histoire du Collège
LER
rojal , par l'abbé Goujet, qui a ré-
paré les erreurs et les omissions de
Niceron. W — s.
LEROY ( Jacques ) , baron du
Saint-Empire , naquit à Bruxelles ,
le 9.9 octobre i633 (i). Sa famille,
originaire de France, avait suivi en
Flandre le duc de Bourgogne Phi-
lippe le Bon , lorsque ce prince y
établit sa cour, au quinzième siècle.
Il fréquenta dans sa jeunesse les plus
fameuses universités de l'Europe jet
après avoir terminé ses études d'une
manière brillante, il s'empressa de
revenir dans sa patrie, où le bruit de
ses succès l'avait devancé. Son père
lui résigna aussitôt la charge de con-
seiller des finances; et il y joignit,
quelque-temps après, celle de surin-
tendant du commerce. Le marquis
de Garacène, gouverneur des Pays-
Bas, l'envoya en Espagne auprès du
roi Philippe IV , pour lui rendre
compte de la situation de ces provin-
ces; et Leroy s'acquitta de cette com-
mission délicate avec beaucoup de
prudence. Quelques désagréments que
lui fit éprouver dans la suite le nou-
veau gouverneur, le marquis de Gas-
tel-Rodrigo, le déterminèrent à se
démettre de ses emplois; et il se re-
lira près d'Anvers dans une de ses
terres, oii il consacra ses loisirs
à la culture des lettres. Il mourut à
Liere , dans le Brabant , le 7 octobre
1719, âgé de 86 ans. On a de lui
plusieurs ouvrages estimables, pres-
que tous relatifs à l'histoire des
Pays-Bas, dont il avait fait une étude
aprofondie. Les prhicipaux sont :
I. Notitiamarchionatûs S. Rom. im-
perii , hoc est,urbis et agri Antuer-
piensis, oppidorum, dominiorum ,
(i) Bayle ( Dîcl. hitt.) dît que Leroy naquit
à AuTers le z8 octobre; mais on a préféré suivre
Niceron, dont l'article est extrait d'un Mémoir»
que lui avait adressé un savant de Bruxelles.
LER
monasleriorum castellonimque suh
«(»,rti\ Amsterdam, i<)78, in-fol.
avec lij;. II. Topoç^raphia historica
(l allô- Brabantina ijiui vomanorum
offfùdu , m uni ci pi a et doiuiniaillus-
trantuVy ibiil. , i(À)'« , iii-l". avec de
1)1 Iles {gravures. 111. Chnmicon
l'alduini A^Hinncnsis, sive Ilistoria
iimealoaica comilum Hannouias
I alionumpie principum , primùin
édita et notis historicis illustrata,
\nvers, i(k)3, in-f<*. Cette chroni-
.j(ie de Baudouin d'Avesnes est im-
portante, et les notes du savant édi-
teur y ajoutent un nouveau prix.
]\. Castella et prœtoria nobiiium
Brabantiœ, cœnobiaque celebriora,
ibid., 1G96, iu-f". max. Ce rare vo-
1 lume se compose de onze feuillets de
' texte, en comprenant le titre et le
faux-litre, et de gravures au nom-
Ijre de cent dix-huit, en comptant
un frontispice grave', sur autant de
feuilles ou de demi-feuilles. Il y a des
exemplaires , avec l'indication ; An-
vers, H. Tliieullier, i6()4; ils doi-
^ ont cire préfères pour la beauté des
(preuves. On peut consulter sur cet
ouvrage, dont il a été fait plusieurs
éditions ou tirages , le Manuel du
libraire, par M. Brunet, tom. m,
p. I J7. V. L* Erection de toutes les
terres , seigneuries et familles ti-
i rées du Brabant , prouvée par des
i traits des Uttres-patentes , tirés
lies originaux , Leyde , i6()9, ou
Amsterdam, 1705, in-f''.; très-bon
ouvrage généalogique. Bayle aurait
désiré que chaque province en eût
un pareil. \I. Le grand théâtre
sacré du duché de Brabant , conte-
nant la description de toutes icségli-
ses , etc. la Haye, 1729 ou 1734,^8
tom. en 4 parties in-f»., et Le grand
théâtre profane contenant la des-
cription du pays de Brabant /\h\à.
J730, in-f^. Ces deux ouvrages qui
xwv.
LER a4r
ne doivent pas être sépares, sont
encore recherchés pour les gravures.
On ne citera plus du baron Leroy,
que la Description d'une agatlie ,
du cabinet du roi de France , rej)rc-
scntant rapothéose d'Auguste , Ams-
terdam, iG83, in-f*^. en latin. On
peut consulter pour p'us de dé-
tails les Mémoires de Kiceron , tom,
xxxvii. W-s.
LEROY (Guillaume), d'abord
chanoine de Notre-Dame de Paris,
puis abbé commcndalairc de Haute-
fontaine et de Saint-Nicolas de Ver-
dun , était né à Cacn , le 10 janvier
iGio. H se livra à l'étude de l'Ecri-
ture-Saintc et des Pères , fut uni d'a-
mitié avec le docteur Arnauld,et
défendit avec zèle la doctrine de
Saint-Augustin. Vers i653,il se re-
lira dans la solitude pour vaquer
plus librement au travail; et il se
fixa dans la suite à son abbaye de
Hautefontainc , diocèse de Châlons.
11 y reçut souvent Arnauld, Nicole ,
de Pontchâteau, etc., cl fut tou-
jours lié avec Port-Royal, et les
amis de cette maison. Il mourut
à Hautefontainc , le î6 mars iC>84 ->
après s'être démis de son abbaye de
St.-Nicolas. C'était un homme ins-
truit , laborieux et charitable. Il pu-
blia plusieurs livres de piété, entre
autres des Instructions recueillies
des Sermons de Saint-Augustin sur
les Psaumes y 7 vol. in-12, et des
traductions d'écrits des Pères ; de
plus , des ouvrages de controverse ,
en faveur des cinq propositions ,
contre les casuistes et contre les Jé-
suites en général. Il eut une discus-
sion avec l'abbé de Rancé , sur un
point delà règle de la Trappe; mais
il s'abstint de rien publier, par dé-
férence pour ra\4s de Bossuet , qui
lui écrivit sur ce sujet, le 10 août
1(577. H était eu relation de lettres
16
avec Arnauld , Nicole, Conrart, etc.
Parmi les opuscules qu'il a laisses,
et qu'on ne lit plus , il faut compter
la Traduction d^un discours de St.-
Athanase, contre ceux qui jugent
de la venté par la seule autorité de
la multitude; écrit qui a ëtë quel-
quefois attribué, à Charles-François
Leroi. Tous les deux appartenaient
à la même école. P-c-t.
LEROY (Charles - George ) ,
lieutenant des chasses du parc de
Versailles, né en 1723, mort en
1789, a fourni plusieurs morceaux
à l'Encyclopédie ; notamment les
articles Fermier, Forêt et Garenne.
On connaît de lui : I. Examen des
Critiques du livre intitulé: De V Es-
prit, Londres , 1760 , in- 12. Leroy,
intime ami d'Helvétius , y prend sa
défense contre les censeurs de ce livre
( F. Helvétius). il Réjlexions sur
la Jalousie , pour servir de Com-
mentaire aux derniers ouvrages de
J^oltaire , Amsterdam, 177*2, in-
8^. de 29 pag.; c'est une défense de
Buffon,de Montesquieu, d'Helvétius,
contre les critiques que Voltaire
avait faites de passages de «es
auteurs , dans plusieurs de ses
écrits. Voltaire y répondit par sa
Lettre sur un Ecrit anonyme , ( da-
tée de Ferney , 10 avril 1772) qui ,
dans les OEuvres de ce fécond écri-
vain, fait partie des Mélanges litté-
raires. IIL Lettres surles Animaux,
nouvelle édition augmentée , Nu-
remberg ( Paris , Saugrain ) , 1781,
in- 12. Ces Lettres avaient d'abord
paru, les deux premières, dans le
Journal étranger, août et septembre
1762 ; et les suivantes , en 1764 et
1765 , dans la Gazette littéraire de
MM. Suard et Arnaud , et en 1 769
dans le troisième vol. des Fariétés
littéraires, des mêmes auteurs, avec
we répoiise à mie critique faite par
LER
le Journal des Savants , de janvicp
1 765. L'auteur, qui ne s'y désigneque
sous le tilre d'ua Physicien de Nu-
remberg , clierclie à s'y laver du re-
proche ou au moins du soupçon de
matérialisme. M. Roux-Fazillac ei>
a donné une nouvelle édition sous
ce tilre : Lettres philosophiques
sur Vintelligence et la perfectibi-
lité des Animaux ; suivies de Let-
très posthumes sur V Homme, du
même auteur , Paris, 1802 , in-8**.
Ces Lettres , adressées à madame
d'Angivilliers , offrent quelques re-
marques assez curieuses. L'auteur y
cite une expérience répétée plu-
sieurs fois , qui paraît prouver que
les pics ne savent compter que jus-
qu'à cinq. IV. Portraits de Louis
XF , et de M^"". de Pompadour ,
publiés en 1802. Leroy avait com-
posé , dans sa jeunesse , une pièce
dramatique , qu'il eut ensuite , di-
sait-il , le bon esprit de brûler, ainsi
que d'autres productions manus-
crites. C. M. P.
LEROY (Julien ), fameux hor-
loger, né à Tours en 1686, annonça
fort jeune des dispositions extraor-
dinaires pour la mécanique, et en
particulier pour l'horlogerie. A l'âge
de treize ans , il fabriquait de pe-
tits ouvrages de son invention , qui
supposaient une rare intelligence.
S'étant fixé à Paris , il se fit agréger ,
en 1 7 1 3, au corps des horlogers. Les
Anglais avaient alors en ce genre une
supériorité incontestable; Leroy ré-
solut de la leur enlever, et il y parvint.
Il imagina d'appliquer les expérien-
ces de Newton sur les fluides à fixer
l'huile aux pivots des roues et du
balancier des montres ; et par-là il
diminua considérablement l'usure et
le frottement de ces parties ; il trouva
le moyen de réduire de beaucouji le
volume des montres à répétition, en
anç;mentant la solidité des pièces et
vu assurant davant.«p;e la précision
(|p leur uiarchc.ll présonla,c'ii i']M),
à l'acadcuiie clos sciences, une pen-
dule d'cquation, garnie d'un cadran
mobile, (jui marrpiait le temps vrai,
le lever du soleil et la déclinaison.
I/aradémiedéclara qu'il était lUl'ficile
de rien imaginer de plus simple, de
plus exact et de plus commode. La
réputation de Julien Leroy s'étendit
bientôt dans toute l'Europe : cepen-
dant personne ne rendait plus de jus-
tice au mérite des artistes étrangers;
il estimait beaucoup Graliam, et il
fit venir à Paris, en i-y'^SjUne de ses
montres à cylindre , la première
qu'on y ait vue. Graham appréciait
aussi le talent de Leroy. Un jour
qu'on lui avait porté une de ses
montres à répétition, après l'avoir
examinée attentivement : Je souhai-
terais, dit-il, être moins âgé, afin de
pouvoir en faire sur ce modèle. Les
j)erfectionnements de Julien Leroy
turent adoptés par tous les horlo-
gers; et sou nom remplaça, sur les
montres de Genève, ceux des ar-
tistes anglais , dont les ouvrages ces-
sèrent dès -lors d'être recherchés.
C'est â cette occasion que Voltaire
dit à un des fils de cet artiste , quel-
que temps après la bataille de Fon-
tenoy: Le maréchal de Saxe et
votre père ont battu les Anglais.
Julien était, depuis 1739, horloger
du roi, et avait son logement au Lou-
vre; il adapta bientôt aux pendules
une partie de ses perfectionnements;
il en établit à secondes et à équation
de toute espèce, d'une exactitude
étonnante. Il trouva un moyen fort
ingénieux de rendre nuls les effets
de la chaleur et du froid sur le pen-
dule, à l'aide d'un très-bon méca-
nisme de compensation. Il a inventé
les horloges publit^ues qn*oa aomwc
LKR a43
horiKonlales, plus faciles à faire ,
moins roûteuses et bien plus par-
faites : il a enrichi la gnomoniijue de
plusieurs découvertes , telles que le
eadran universel à boussole et à pin-
mdes; le cadran horizontal univer-
sel, propre à tracer des méridiennes,
ete. Julien Leroy joignit à des talents
des qualités plus rares eneore. C'é-
tait, dit Lepaute ( Traité d'horlo.
gerie), un vrai citoyen^ exempt de
toute jalousie, et qui a toujours cher-
ché à mettre ses confrères à portée
de voir ses ouvrages, de se servir
de ses lumières et d'y ajouter les
leurs. Il était si désintéressé qu'il
augmentait le prix de ses ouvriers
lorsqu'ils avaient réussi; et très-
souvent il le portait fort au-delà de
leur allenle: aussi, malgré de longs
travaux , ne laissa-l-il qu'une fortune
médiocre. Cet habile artiste mourut
à Paris en 1759. Il avait quatre fils
dont il soigna lui-même l'éducation,
et qui se sont distingués, chacun dans
la partiequ'il avait embrassée : Fierrs
Leroy, son successeur; Jean^ P^J"
sicien , de l'académie des sciences ;
Julien David^ architecte, et Charles,
médecin. On trouve des détails sur
les différentes inventions de Julieu
Leroy, dans les ouvrages suivants:
Nouvelle manière de construire les
grosses horloges y Mercure de juin
1737.. — Mémoire sw un moyen
défaire marquer et sonnerie temps
vrai aux horloges publiques, ibitl. ,
septembre 1734. — Usage d'un
iwu\>e au cadran universel à boussole
et pwpre à tracer des méridiennes,
Paris, 1734; ce cadran a plusieurs
avantages sur ceux de Butterfieid.
— liègle artificielle des temps, par
H. Sullv( f^q^. SuLLv) , nouvelle éd.
corrigée et augmentée de quelque*
mémoires sur l'hoilogerie, par Ju-
lie» Leroy, ibid. 1737. — Lettre an
a44 Ï^ER
réponse à la critique que Thiout
aidait faite d*une horloge établie
sur les ordres de Leroy pour les Mis-
sions étrangères. ( Mëm. de Tré-
voux, mars 174'^. ) On trouve un
Eloge de J. Leroy dans les Etren-
nés chronométriques publiées par
son fils, en 1760. ( Foj. l'art, sui-
vant. ) W--S.
LEROY ( Pierre ) , fils aîné du
pre'cëdent, naquit à Paris en 17 17.
On lui doit plusieurs inventions re-
marquables, entre autres celle d'une
pendule à sonnerie à une seule roue ,
et un e'chappement à détente , décrit
dans le tome vu du Recueildesma-
chines de Tacadëmie j mais il est
principalement connu par le per-
fectionnement des montres marines.
Il avait remis,le 18 décembre 1754,
»î l'académie des sciences , un billet
cacheté , contenant la description
d'une montre marine qu'il se propo-
sait d'exe'cuter ; et , dans le courant
de décembre 1763, il lui adressa
cette pièce , qui mérita les éloges de
l'académie. Le marquis de Courtan-
vaux se chargea d'en faire lui-même
l'épreuve à la raerj et ayant fait cons-
truire, à ses frais, une frégate légère
et propre à cette expédition, il s'cm-
Kirqua avec Pingre , Messier, et Le-
roy, qui avait désiré faire ce voyage.
Cette frégate, à laquelle on donna
le nom de V Aurore, partit du Havre
dans le mois de mai 1 767 , et y rentra
au bout de quarante-six jours , em-
ployés à parcourir la Manche et la
mer de Hollande. W résulta de celte
première épreuve , qu'une des mon-
tres de Leroy ne s'était écartée que de
n minutes , et l'autre , de 38 minutes
au mouvement constaté à terre ,
pialgré les roulisviolents et beaucoup
plus sensibles sur une frégate qu'ils
ne l'auraient été sur un vaisseau de
haut bowi. L'année suivante ( 1 7 68),
L£R
Cassini s'embarqua avec les montres
de Leroy, et trouva que, dans un trajet
de quarante jours , une de ces mon-
tres n'avait donné qu'un huitième de
degro d'erreur sur la longitude. D'a-
près cette double expérience, l'acadé-
mie décerna en 1 769, à Leroy, le prix
double proposé pour la meilleure ma-
nière de mesurer le temps à la mer :
mais elle l'invita à ne regarder cette
récompense que comme un encoura-
gement à perfectionner ses montres^
et il parvint en QÏÏet à leur donner la
plus grande régularité possible , par
la découverte de l'isochronisme du
ressort spiral ^ que lui disputa Ber-
thoud, mais il est juste d'en laisser la
gloire à P. Leroy , puisqu'il la publia
le premier. L'académie lui décerna
une seconde fois le prix double, en
1773(1). Cet habile artiste mourut
dans sa maison de campagne, à Vitry,
près de Paris, le 25 août 1785.
On a de lui quelques écrits remar-
quables sur l'art qu'il avait cultivée
avec tant de succès. Ce sont : L Mé-
moire pour les Horlogers de Paris,
1750, in-4**. H y attaque le privilège
exclusif accordé à de Rivaz pour les
pendules de son invention, et cherche
à démontrer qu'ellesne sont pas supé-
rieures aux ouvrages du même genre
exécutés paries ouvriers de Paris (2).
IL Lettre sur la construction
d'une montre présentée Ze 18 août
1751a V académie royale des scien-
ces-^ dans les Mem. de Trévoux ^ juin
1 7 5'Ji. H y rend compte des motifs qui
l'ont déterminé à augmenter la grau-
(i) Pour les expériences faites des montre»
marines de Ijeroy , on petit consulter le Voyag»
de Coiirtanvaux, mis en ordre par Pingié, Pa-
ri», 1761", in-4*^- i le /^oya^/? fait par Cassini , en
1760 , etc. , 1770 , in-4°-; le Voyage de Fleurie h,
en 1768 et 17^9, etc. , 1773, a vol. in-4°.
(3) Rivaz publia : Réponse à un Mémoire
contre les découvertes en horlogerie , ia-^".
On en troiire un extrait assez étendu daus le»
Mémoires de Tréyoux , déccmbte lyi».
LER
(leur (!• la roue de rencontre dans les
montres demi -plates. III. Etrennes
chronoinétri(jUcs pour l'année i -jOo,
l\iris , in - i?.. Cet ouvrage aUcjucI
Herthoud regrettait que l'auteur eût
donne la l'orme d'un almanarli , est
p.'îrlageenhuit|>artie.s,dansles«inrllès
il traite , des divisions naturelles du
temps ; de ses divisions arlilieiellcs
et du calendrier; delà chronologie ;
des instruments propres à mesurer
le tcm])s, et de leurs usages; des mon-
tres et des pendules ; des niclliodes
pour les régler par les mesures
naturelles du temps , et cnfîu des
progrès de l'horlogerie dans le dix-
Iiuitième siècle. C'est dans cette der-
nière partie qu'est renferme l'éloge
de Julien Leroy. Cet ouvrage était
devenu si rare, que M. Antide Jan-
vier ( Voyez la Lîographie des
hommes vivants ), qui avait habité
vingt ans Paris saiîs pouvoir s'en
procurer un exemplaire , s'est déter-
miné à lefaire reparaître pour l'année
i8i I , avec les changements et addi-
tions que les progrès des arts rendaient
indispensables. IV. Exposé succinct
des travaux de IJarrison et de Leroy
dans la recherclie des longitudes en
mer, et des épreuves faites de leurs
ouvrages, Paris, 1767, in-4^. de 5o
pages ( I ). V. Mémoire sur la meil-
leure manière de mesurer le temps
en mer , couronné par l'académie
des sciences; imprimé à la suite du
Fojrage de Cassini. VI. Précis des
reclierches faites en France depuis
1730, pour la détermination des
(1) r'i-«f contre cet AtiTMge que Fleiirieu «V-
lètre tl4i>aiin «.trit anonyme ■ntitnl*' : Exa'nfn
crillqiir d'itn "Mèmnl r^ r''^'^' '' V'^'' ^^ ■ ^^roy^
horto^i't (tu roi . sur 1 ■' ' • horloges
propres /i délerwi ner i ■ f" rnrr ,
ft Mur tei prhiciprs (i. ruclior. , k
l.ftn.îrM , «t te tionrc « i'.iiM cuti t ente, 17^8,
'"•4". <!•■ xi| et 73 p-i^ot. Kleiiricu ne mil pat
»■"> liTie vn cirritUtiuti , et en ilétrnitit tout !«■■
• xenipUitet : <.«lui <^u« j'ai vu t.*t peiitvtia
«■•«(U*. A. Ji-T.
LER
!i45
longitudes en mer par la mesttrô
artificielle du temps , Paris , 1 773,
in-'i". de !)\ pages. VIL SuUe du
Précis sur les montres marines ,
ibid. , 1774 , in-4«. VIIL Lettre
au baron de Marlvetz , 1 785 , in -8**.
W-§.
LEROY ( Cu ARLES ) , frère du
])récédent, chimiste et médecin dis-
tingué,né à Paris en 1 7^6, apporta
en naissant une constitution délicate
qui paraissait devoir l'éloigner de la
profession dans laquelle il s'est illus-
tré. Après qu'il eut fait avec distinc-
tion ses humanités, et pris des inscrip-
tions en médecine à Paris , l'état
chancelant de sa santé l'engagea à
se rendre à Montpellier, où il fut
doublement attiré par la beauté du
climat et par la juste célébrité de
l'école. Charles Leroy vit ^a santé
s'améliorer, et il résolut de rester à
Monlpcllier au moins le temps néces-
saire pour y prendre ses grades. Eu
1780 il fit un voyage en Italie, qui
lui procura une diversion agréable,
en même temps qu'il put mettre à
Î)rofit et en quelque sorte à contrî-
Hition celte terre classique. Il ob-
serva , pour ne parler que de ce qui
faisait l'objet spécial de ses études,
les asphyxies et les phénomènes pro-
duits dans la grotte du Chien, près
de Naples , par le dégagement du gaz
carbonique. Il décrivit aussi et tenta
d'expliquer la phosphorescence des
eaux de la Méditerranée. Leroy re-
vint à Paris au milieu de sa famille,
et lit part de plusieurs observations in-
téressantes à l'académie des sciences.
Il retourna en 1 532 à Montpellier ou
il fut reçu docteur , et devint profes-
seur en 1 "ôy. Il avait donné, dans un
concours solennel , des preuves dû
son savoir, de sa méthode sévère, et
de l'excelleut esprit avec lequel il
appliquait et rapportait toutes ses
246 LER
connaissances à la médecine prati-
que. Il porta donc dans sa chaire
les qualités les plus essentielles à un
professeur. On l'entendit traiter tour
à tour, et avec une égale profondeur,
de la suspension de l'eau dans l'at-
mosplière, doctrine encore admirée
aujourd'hui, et de l'analyse de plu-
sieurs eaux minérales naturelles,
ainsi que des procédés à suivre pour
en imiter quelques-unes, entre autres
les sulfureuses. Deux Mémoires sur
la respiration de la tortue et sur la
structure de l'organe de l'ouie, permi-
rent d'apprécier les connaissances
étendues et exactes de Charles Leroy-
sur l'anatomie de l'homme et des ani-
maux. On applaudit moins unanime-
ment au Mémoire sur le mécanisme
par lequel l'œil s'accommode aux dif-
férentes distances des objets. Charles
Leroy, singulièrement considéré
comme professeur, jouit de bonne
heure de la réputation d'un habile
praticien. Ce double succès se trouve
justifié par les idées qu'émit ce savant
médecin sur le scorbut, sur le pro-
nostic, et sur les fièvres aiguës qu'il
décrivit admirablement d'après la
nature. Très-versé dans la lecture et
dans la méditation des anciens, il
n'enseignait , d'après eux , que ce que
la raison et l'expérience avouaient
et confirmaient; c'est ainsi, pour
ne citer qu'un exemple, qu'en re-
connaissant l'existence et l'utilité
de la belle doctrine des crises , il
s'éleva un des premiers contre celle
des jours décrétoires , qui présente
en effet tant d'obscurités et d'incer-
titude. Sa réputation et les intérêts
de sa famille l'appelèrent, en 1777,
à Paris, où il fut , dès son arrivée , l'un
des médecins les plus recherchés.
Epuisé de fatigues , il mourut des
suites d'un skirrhe au pilore , le 1 2
décembre 1 779. Ce médecin a publié
LER
plusieurs écrits que le progrès des
scieuces fera oublier; mais la pos-
térité admirera ceux dont les titres
suivent : I. Mémoires et Observa-
tions de médecine , \^^. partie con-
tenant deux Mémoires surlesfièvres
m'gM.95, Montpellier, 1766, in-S».
II. Mélanges de physique, de chi-
mie et de médecine , Paris, 1771,
in-8^. m. Mélanges de médecine,
0.^. partie y id. Paris, 1776, in-8*'.
Voyez son éloge par DeRatte (àMont-
peliier); ( àParis), par Vicq-d^Azir,
et par Castilhon dans le Nécrologe
de 1781. D-G-s.
LEROY (Jean -David), frère
des précédents , membre de l'acadé-
mie des inscriptions , naquit à Paris
en 17 28. Il se livra à l'architecture,
et voulut aller en étudier les plus
beaux modèles dans les lieux mêmes
où cet art s'est élevé à son plus
haut point de perfection. Il se ren-
dit d'abord dans la Grèce , et pu-
blia le résultat de ses recherches ,
dans l'ouvrage qu'il fit paraître en
1758, sous le titre de Ruines des
plus beaux monumejits de la G rèee.
Malgré les erreurs assez nombreuses
que renfermait la première édition,
et qui furent relevées avec un peu
d'aigreur par Stuart , dans ses An-
tiquités d'Athènes, l'ouvrage obtint
du succès , et il le dut surtout aux no-
tions neuves , et aux excellents prin-
cipes qui y sont développés. Une
seconde édition que Leroy donna en
1770, et dans laquelle il rectifia les
erreurs qu'on lui avait reprochées ,
assura le succès de ce livre , que les
amateurs rechercheront toujours.
C'est à dater de sa publication que
disparut, de l'architecture , le mau-
vais goût introduit en France , par
les Daviler et les Oppenord , et
qu'on vit renaître celui des Grecs ,
le seul qui puisse servii' de modèle.
I.ER
T.e$ leçons qu*il donna pendant
4o ans, à l'aratlcinie, comme pro-
fesseur d'an liiUMtme, arlievÎTcnt la
rc'volnlionqne son livre avait com-
mciiree. L'académie des belles-let-
tres de Paris et rinslitnt de )>oloj];nc
s'empressèrent de l'admettre dans
leur sein ; et lors de la formation
de rinslitnt, il fut un des premiers
membres de la classe des beaux-
arts. Il avait étudie et aprofondi
tout ce qui est relatif à la marine. Il
fit jilusieurs tentatives infructuotises
])our construire, sur la Seine, des ba-
teaux insubmersibles. Leroy mou-
rut à Paris, le 'iS janvier i8o3,
également regrette pour ses vertus
privées et pour ses talents. Une mc'-
daille fut frappée , en sou honneur ,
par ses élèves; elle porte son effigie
sur une face , et au revers une co-
lonne dorique surmonte'e de l'oiseau
de Minerve , accompagnée d'une
galère antique , et d'un compas ,
avec l'inscription suivante : f^oté
par les architectes ses élèves. Voici
la liste de ses ouvrages: \. Les ruines
des plus beaux monuments de la
Grèce y Paris, i7')8, 'i tom. en i
vol.in-fol. max., ligures. La seconde
édition , publiée en 1770 , contient
des changements, des augmentations
considérables et une nouvelle plan-
che. II. Histoire de la disponiion
et des formes di/Jé rentes que les
chrétiens ont données à lews tem-
ples, 17O4 , in-8". ; traduite en al-
lemand , avec les remarques de l'ab-
bé Laugier, sur l'architecture^
1778, in-8". III. Obseivat ions sur
les éditées des anciens peuples j
Amsterdam et Paris , 1 767 , in-8'^.
IV. La marine des anciens peuples
expliquée et considérée par rapport
aux lumières quon peut en tirer
pour perfectionner la marine mo-
derne , I vol. ia-80. figures, 1777.
LKR «47
V. Les navires des anciens considé*
rés par rapport à leurs voiles et tt
l'usaç^e qu'on pourrait en faire dans
notre marine, 1783, in-8". L'auteur
y a joint des observations relatives
à la marine et a la géographie. Vî.
Recherches sur le vaisseau l'ng
des anciens, sur les vciles latines, et
sur les moyens de dindnuer les dan-
gers que courent les navigateurs. ,
178.5 , in-8°. VIL Mémoire sur les
travaur qui ont rapport à Vexploi"
tation de la mâture dans les Pyré-
nées , in-4°. , 1778; réimprimé en
i770,in-4^. VllI. Canaux de la
Manche a Paris, pour ouvrir deux
débouchés à la mer , et faire de la
capitale une ville maritime , sui-
vant le vœu de V .-issemblée natio-
nale , par M. D. Leroy , projet pu-
blié par Dupain- Triel , pour servir
d'addition à sa car'te de la naviga-
tion intérieure du royaume , 1791 ,
in-8^. IX. Nouvelle voilure propo-
sée pour les vaisseaux de toutes
grandeurs^ et particulièrement pour
ceux qui seraient employés au com-
merce; précédée de Lettres à Frank-
lin sur la marine , écrit se: van' de
suite à ceux queV auteur aj/ubliéssur
la marine ancierme, iSao^inS^^Ajes
Mémoires qui composent l'ouvrage
de Leroy sur la marine des anciens,
ont été insérés dans le Recueil
de l'académie des inscriptions et
belles-lettres. Les Mémoires de l'Ins-
titut, classe de la littérature et des
beaux-arts, renferment encore de
Leroy: Tome i*^''. Nouvelles recher-
ches sur les navires employés par
les anciens , depins l'origine des
guerres puniques , jusqu'à la ba-
taille d'Actium, et suri usage qu'on
en pourrait faire dans notre mari-
ne. Tome II : Un Mémoirv sur le lac
Mœris ( imprimé aussi à part , in-
8*. ) Tome m : Second Mémoiro
24S
LER
sur la marine. — Des petits navires
des anciens , et de Vu, âge que nous
en pourrionsfaire daîis notre marine
militaire. — Troisième et dernier
Mémoire sur la marine des anciens,
et particulièrement sur n/i bas-relief
jfubliépar ïVinkelmann, et représen-
tant le fragment d'une galère. P-s.
LEROY ( Louis ) , ne dans la
îsormandie , cil janvier 17 '27, fut
reçu avocat au parlement de Paris ,
en 1 754 : il fut lieutenant-général du
bailliage du Palais à Paris , de 1760
à 1766 ; et ensuite membre du
Conseil du duc de Penthièvre. Il est
mort en 181 1, à St.-Germain-en-
Laye, laissant manuscrit un Voyage
en Italie dans le genre du Voyage
d'Anacharsis en Grèce. Il a publie les
Pensées de Cicéron, trad. nouvelle,
ï8o'2 , 3 vol. in- 18. — Leroy de
LozEMBRUNE ( Frauçois ) , né en
1751 , après avoir habité succes-
sivement Manheim etLandsbut, s'é-
tablit à Vienne, où il devint conseil-
ler et instituteur des archiducs d'Au-
triche. Il est mort en 1801. On a
de lui les ouvrages suivants , tous
en français r I. Lettres et contes
sentimentaux de G. TFandersum ,
1777, in-8". IL Matinées de Land-
éckitz^ Vienne, 1779, in-8^. III.
Essai sur l'abus du bien moral,
première et seconde parties , 1 780 ,
in-8*^. IV. L' Ordre moral ou déi>e-
loppement des principales lois de la
nature , Augsbourg , 1780 , in-4^.
V. Situation politique actuelle de
l'Europe , considérée relativement
à l'ordre moral , pour servir de
supplément à L' Ordre moral , etc.,
1781 , in-8^. VI. Essai de morale,
Bude , 1782 , '1 vol. in - 8^. VIL
Anecdotes et Remarques sur l'édu-
cation publique , Manheim, 1788 ,
in-8*'. VIÎI. OEuvres mêlées , en
vers et en prose , Manheim , 1 788 ,
LER
1 vol. in- 16 ; le second volume est
rempli par une farce en trois acte»
et en prose, intitulée : La Statue de
Henri IF, ou V ylllemand à Paris.
IX. Emire et ylgathée , Mirson et
Celide , Cléophir et Sjrka , \ ienne ,
1 784 , in-8". X. Justine de Saint-
Fal, 1786, 2 vol. in-8«>. XL Ob~
serv avions historiques surles progrès
et la décadence de l'agriculture
chez diJJ'érents peuples , par M. le
comte de Hartig , traduit de l'alle-
mand , 1790, in-8*^. A. B-T.
LEROY ( Jacques-Agatdange ),
médecin , né à Maubeuge en 1 784,
mort à Paris le 11 février 181 2, ma-
nifesta de Irès-bonne heure sa voca-
tion pour l'art de guérir j mais une
circonstance singulière faillit la
rendre stérile. Etudiant la chimie,
le jeune Leroy , trahi dans un
attachement qui ne méritait pas ce
nom , et privé , presque dans le
même instant , d'un frère tendre-
ment aimé , se crut le plus malheu-
reux de tous les hommes , et, se li-
vrant au délire d'une imagination
très-ardente , il alla s'ensevelir à la
Trappe , oii il resta une année en-
tière. Cependant ses parents ne per-
mirent pas qu'il y fît profession; et
cédant à leurs instances , il revint à
ses premières études. Ayant été
nommé , à l'âge de vingt-cinq ans ,
pharmacien en chef des armées,
ce fut à celte époque , seulement y
qu'il put faire l'application de ses
connaissances théoriques. Le grand
nombre de maladies qu'il était à
portée d'étudier , lui donna ce coup-
d'œil sûr et cet à-plomb dans l'ob-
servation, qui ne sont ordinairement
dus qu'à une longue pratique. A son
retour de l'Allemagne , le désir de
voyager pour étendre ses connais-
sances, le détermina à faire partie
d'une expédition pour Caïcnne. Mais
TER
1.1 roloni»' qu'il suivit , devint , en
1 arrivant, la ])r()ic de maladies Icr-
libles par rinsalulirile du eliniat , et
les médecins en l'urenl tous atteints:
Leroy resta seul , et, après avoir
donne' tous ses soins aux malades ,
avec le plus p;rand dévouement
}>endant une anucc entière , il dut
>'eloi^ner d'un pays dont il avait ètc
'(' sauveur. Aussitôt après son re-
!our en France , il fixa son séjour
.1 Paris. Ayant essuyé des perles
( onside'rables au commencement de
la révolution , il se rendit à Lille ,
])uis à Dimkerquc , et y mérita le
.surnom de médecin des pauvres.
Dès que les ora<res révolutionnaires
V lurent dissipes, il vint reprendre
•n Paris son ancienne profession, qu'il
\crça jusqu'à la lin de sa carricrc.
il avait e'te' agre'ge à plusieurs so-
« ie'tès savantes , et lie avec les hom-
mes de lettres les plus célèbres de la
lin du dernier siècle, tels que J. J.
Rousseau, Franklin, Laharpe, Mar-
montel , etc. On a de lui ; L Essai
nr l'usage et les ejfets de Vécorce
^//f^rtrow, Paris, 1767, i774,in-rj.
H. fraité des maladies aiguës y trad.
du latin d'Eller^ Paris , 1 774, in-i 'j.
IIL Histoire raisonvée de la fièvre
gangreneuse qui a régné à Boche-
fort en irGd; IV. Des Moyens de
rendre la petite vérole bénigne dans
tous les cas. Ces deux derniers ou-
vrages sont inédits. J-d.
LEROY ( Alphonse - Vincent-
Louis ) , professeur d'accouché -
ment à la faculté de Paris , naquit à
Rouen , le u3 août 1741. Doue de
l>paucoup d'esprit , et possédant une
vaste érudition , il ne fit ])as toujours
preuve d'un bon jugement , cl il
"lopta souvent avec opiniâtreté les
j»aradoxcs les moins soulenables. Il
f'it partisan exagère de l'opération
de la symphise du pubis dans ccr-
LER
a4o
tains cas d'accouchemonl ; il s'op-
posa avec ardeur à la vaccine qu'il
atla(pia dans divers écrits , et , mai-
gre les succès de celte pratique , il
s'en déclara constamment l'adver-
saire. Leroy était anime par cet cf-
prit de controverse dont tous ses
écrits sont empreints , et qui prési-
dait à toutes ;*es discussions. Cepen-
dant il oblint beaucoup de succis
dans les maladies des femmes eldan.s
celles des enfants. L'esprit de sys-
tème nuisit souvent en lui au savoir
le plus étendu , et fit même tort
aux excellentes qualités de son cœur :
car c'était le meilleur des hommes ;
et l'on peut dire , sans exagération ,
que son ame était dévorée de l'a-
mour du Lien public. Il avait des
connaissances aprofondies sur tou-
tes les parties de la médecine hu-
maine et vétérinaire ; mais la tour-
nure paradoxale de ses idées se faif
trop apercevoir dans les nombreuses
productions de sa plume. Leroy a
fini sa carrière de la manière la plu*
déplorable. Il habitait seul une
maison située à l'extrémité d'un
quartier isolé. Des misérables qu'on
suppose avoir été à son service , et
qui connaissaient ses habitudes, s'in-
troduisirent chez lui pendant la
nuit , le surprirent dans son som-
meil et regorgèrent pour le voler ,
le 16 janvier i8i(i. Voici la liste de
ses principaux ouvrages : I. Mala-
dies des femmes et des enfants ,
avec un Traité des accouchements;
tirés des aphorisme s de Boerhaave,
commentés par ran-Siviéten, tra-
duits et augmentés de quelques
notes et obsen'ations , 1 768 , 'i vol.
in-8*>. IL lîecherches sur les habil-
lements des femmes et des enfants ,
ou Examen de la manière dont il
faut vêtir Vun et Vautre sexe ,
1772, in- 12. III. Lettre sur la ma-^
95* LER
nière de terminer l'a^'couchement
dans lequel le h as de V enfant e t
sorti de la matrice , et ex amen de
topinion du sieur Levret sur ce
sujets 177^7 in-H'*. IV. La Pra-
tique dr Vart des accouchements ,
1776, m-8''. V. M. Alphon'-e Le-
roy à son critique, in-8'^. Cet opus-
cule est une réponse à Tauteur des
Lettres de 31*** , étudiant en chi-
rurgie , sur la Pratique des accou-
chemens de M. L^eroj, L'auteur
anonyme était le chirurgien - ac-
coucheur Piet. VI. Recherches his-
toriques , etc. , sur la section de la
sympHse du pubis , 1778, in-8".
VU. O sensation et Béjlexions sur
l'opération de Ici symphise et les
accouchements laborieux , 1780 ,
in-8". VIII. Consultation chimico-
légale sur la question : L'approche
de certaines personnes nuit-elle à
la fermentation des liqueurs ? 1 780,
in-B». ÏX. Essai sur l'histoire na-
turelle de la grossesse et de l'ac-
couchement, 1787 , in-8°. X. Mo-
tifs et plan de l'établissement, dans
l hôpital de la Salpétrière , d'un
sémin dre de médecine pour l'ensei-
gnement des maladies des femmes
et la conservation des enfants^ 1 790,
in-8**. XI. L'enfant qui naît à cinq
mois peut-il conserver la vie ? Ques-
tion médico-légale , dans laquelle
on expose quelques lois de la na-
ture propres à donner quelques
éclaircissements sur ce qu'est la rfie,
X 790, in-4°. XII. De la nutrition et
de son influence sur la forme et
lafécondité des animaux , etc. , et de
l'influence de la lumière sur l'éco-
nomie animale , 1 798 , in-B**. XIII.
Leçons sur les pertes de sang pen-
dant la grossesse, lors et ensuite
des accouchements , sur les fausses
coucJies et sur toutes les hémor-
ragies, publiées par J. F. Lobstein,
LER
iSoi,iSo3,in-S'>.X\\. Manuel des
gmtteux et des rhumatiques ; Re-
cueil desprincp aux remèdes ration-
nels, empiriques, eu atifs et préser-
vatifs de ces maladies, 1 8o3, in- 18;
seconde édition , i8o5 , in-S"*. ; elle
est augmentée de la traduction de
l'ouvrage du D, Tavarès : Sur un
art nouveau de guérirles paroiismes
de la goutte, et de la preuve qu'elle
siège primitivement dans les nerfs,
XV. Médecine maternelle, ou L'art
d'élever et de conserver les enfants,
i8o3 , in-8«. XVI. Manuel de la
saignée ; utilité de celle du pied ;
dangers de celle du bras , etc. ,
1807 , iu-TCi. XVI [. De la conser-
vation des femmes , 1 8 1 1 ;, in-8^.
XVIII. De la contagion régnante
sur les vaches , sur les bœufs , et
sur l'homme, en quelques contrées
de la France , etc. , 1 8 1 4 ■> iu-8°.
XIX. De la contagion sur l'homme,
sur les vaches et sur les bœufs , de
ses moyens préservatif', et curatifs,
etc. , 181 5, in-80. Il suffit de lire les
différents litres qui viennert d'être ci-
tés , pour apprécier la bizarrerie des
idées de Leroy et l'incorrection de
son style. Ce médecin appartenait à
la Faculté de Paris , avant la révolu-
tion, et il s'était déjà signalé dans sa
compagnie parl'abus dusavoiretpar
la singularité de son esprit. Il ne dut
son admissionaux nouvelles écoles de
médecine qu'à ces mêmes travers, qui
l'en auraient fait exclure dans des
temps plus calmes : aussi , pendant
plus de vingt-deux années de pro-
fessorat, Leroy n'a rien fait pour
l'avancement de son art. Les élèves
désertaient ses leçons ; ses collègues
redoutaient ses controverses intermi-
nables , et son caractère désappro-
bateur des idées d'autrui. Nul d'entre
eux n'a payé à sa cendre le tribut
d'usaçîe. E-R.
LER
LKRY ( Jean DE ), voya^piir, ne
153/1 ^ ^^ Miirj^elle, pris Saint-
vue eu Bour«;opnr, ctiuli.nt la
lologie à (iriirve, lorsque l'on y
lit (les lettres du chevalier de Viî-
i'^agnou, qui demandait qu'o!i lui
«nvoyàt au Brésil, où il venait de
londer une colonie prolestante, des
juinistr^'s ])our l'aider à répandre
1 Iwanple. Quatorze, tant ministres
qu'étudiants, du nombre desquels
était Léry, se pre'sentèrenl pour le
\oyage du Nouveau-Monde, et par-
tirent de Genève le 10 septembre
1^56. Us virent en passant l'amiral
de Goligny à Cliâtillon-sur-Loing, et
s'embarquèrent à Honf^eur , le 19
novembre. Leur petite flotte, com-
posée de trois bâtiments , après
avoir reconnu le cap de Frie(Frio)
où l'on ne fît pas , dit Léry , aussi
long séjour que l'on aurait voulu ,
entra, le 7 mars i557, dans le
bras de mer nommé Ganabara ])ar
les Sauvages , et par les Portugais
Genevre , parce qu'ils le découvri-
rent le I «r. janvier. On voit que c'est
Rio-Janéiro. Villcgagnon accueillit
les nouveaux-venus dans la j)ctite
île de Goligny, où il avait bàli un
fort; et dès le lendemain , sans égard
pour leurs fatigues et pou' l'exces-
sive chaleur, il les employa à por-
ter des pierres et de la terre au fort,
et poussa la cruauté jusqu'à ne leur
donner qu'une très-mauvaise nour-
riture. Mais le désir d'achever les
édifices qui devaient servir de re-
trai»e aux fidèles, et les exhortations
du plus ancien ministre , leur firent
supporter assez gaîment pendant uu
mois toutes les privations. Cepen-
dant des dissensions religieuses s'é-
levèrent ensuite entre les protestants
et Villegagnon; et celui-ci leur signi-
fia l'ordre de quitter le fort. Ils se
ûrèrent sur le coulincut à une
LER afïf
demi-lioue de distance. La conduite
arbitraire du couverncur fit pas-
ser beaucoup de monde avec eux.
Les mêmes incidents firent, quelques
années plus tard, manquer l'établis-
sement de la colonie que les calvi-
nistes français voulurent former
dans rAmérique-Septrntrionale ( f^.
LaudoniÈre). La crainte d'une plus
grande désertion fil prendre à Ville-
gagnon le parti de permettre aux dis-
sidents de retourner en France. Ils
s'embarquèrent donc , le 4 janvier
i558, sur \e Jacques, qui entra dans
le port de Blavet en Bretagne , après
avoir échappé aux plus grands dan-
gers et éprouvé les horreurs de la fa-
mine. On pense que Léry exerça en-
suite son ministère en France dans
les environs de la Charilé-sur-Loire.
Contraint de se réfugier à San-
cerre en 1578, il resta dans cette
ville durant le siège qu'elle soutint.
La famine horrible à laquelle on j
fut réduit , affaibUt de nouveau sa
santé , qui ne s'était jamais bien
rétablie depuis sou voyage ; il
mourut en 161 1. On a de lui: I.
Histoire d'un vojage fait en la
tf^rre du Brésil, autrement dite
Amérique, Rouen, 1578, in-8<*. fig.
en bois; la Rochelle, même année,
édition revue et corrigée par l'au-
teur; Genève , i58o, iu-8^.; la Ro-
chelle, 1 585, in-8".; Paris, 1600,
in-8**. Léry avait écrit la plupart de
SCS Mémoires en Amérique même,
et, comme il le dit, d'encre du Brésil,
Il les mit en ordre en i563. Son
manuscrit s'égara : un heureux ha-
sard le lui fit recouvrer en 1576.
« Voilà comme jusqu'à présent, dit»
» il, ce que j'avais écrit sur l'Araé-
» rique m'ctant toujours échappé des
» mains, n'avait pu venir en lu-
w mière. » 11 retoucha ensuite sou
livre ; et le traduisit eu latin sous ce
952 LER
titre : Historia navigationis in Bra-
sillain y gallicè scripta , nunc jyri-
rnùm lanititate ilonata , Gencye,
j58G, in-8«.;ibid. iSq/j, iii-8^ fjg.
C'est une des bonnes relations de
voyages que nous ayons en français.
Léry fait connaître les mœurs et les
coutumes des peuples qui habitent
le Brésil, les productions du pays,
et les établissements que les Euro-
péens venaient d'y former. Un des
chapitres les plus curieux est le dix-
neuvième, dans lequel il donne un
dialogue en langue brasiliennc, et
ensuite quelques notions sur la gram-
maire de celte langue. « Ce qui ins-
» pire, dit Camus, de la confiance
» pour les observations de Lëry,
» c'est que non-seulement il a été
)) témoin des faits qu'il rapporte:
î) de plus il paraît avoir pris les
)) moyens de s'assurer de la vérité,
y> avoir observé avec attention et
y> l'esprit dégagé de préjugés. II a
» été aidé dans ses observations sur
» la langue brasilienne par un inter-
» prèle qui avait vécu sept ans chez
» les Indiens, et qui savait aussi le
» grec^ il prétendait trouver dans la
» langue des Brasiliens plusieurs ex-
» pressions venues du grec. » Léry dé-
clare que tout ce qui se voit en Améri-
que , soit pour la façon de vivre des
habitants, soit pour la forme des ani-
maux et en général pour ce que la terre
produit, est différent de ce qu'on a
dans l'ancien monde. Il a fait dans
ses éditions successives des augmen-
tations et changements, et a indiqué
dans l'édit. latine plusieurs suppres-
sions , qui portent principalement
sur des diatribes contre Thevet et
des plaintes fort étendues contre
Villegagnon. La relation de Léry est
insérée en latin dans le troisième vo-
lume des grands Voyages de DeBry.
Les planches que cet éditeur a jointes
LES
au texte sont pour la plupart dc«
répétitions de celles qu'il avait déjà
insérées dans la relation de Stade et
ailleurs. Purchas a fait entrer le
Voyage de Léry dans le tome iv de
son recueil; il se trouve aussi dans
d'autres collections. Les aventures
rapportées danssondernier chapitre,
qui contient l'histoire de sa naviga-
tion pour revenir en France , l'ont
fait insérer dans l'histoire des Nau-
frages. IL Histoire mémorable de
la wlle de Sancerre , contenant les
entreprises, sièges, approches, bat-
teries , assauts et autres ejforts des
assiégeants ; les résistances , la fa-
mine extrême et la délii^rance des
assiégés, ^5'jf^, in-8^. ; publiée en
latin sous ce titre : De Sacro-Cœsa-
rei quod Sancerrum vocant , obsi-
dione , famé , deditione , Historia,
Heidelberg, layG, in-S''. E-s.
LE SAGE ( Alain-Rene) , auteur
du meilleur de nos romans , et de
l'une de nos plus eslimables comé-
dies, a été négligé par les biographes,
au point que l'année et le lieu de sa
naissance et de sa mort ont été jus-
qu'à ce jour des sujets d'incertitude
et de contradiction; que son origine,
la profession de ses parents, l'épo-»
que de son mariage, ont été abso-
lument ignorées, et que l'on n'a guère
mieux connu les noms et la deslinée
de ses enfants. L'intérêt que nous a
semblé mériter la mémoire de Le Sa-
ge, et l'exactitude scrupuleuse dont
nous nous sommes imposé l'obli-
gation , nous ont délerminés à faire
sur sa personne, sa famille et ses
ouvrages des recherches qui n'ont
pas été infructueuses ( i ). Unique
(i) Outre les renseignements qne nons avon»
puisés noîis-niènius, tant aux archives du royau-
me, «{u'à celles du Ministère des affaires etran-
f ères et de l'elat civil à l'avis, le JMiiiislre <l«
iutfilvui' a biuu vuulu nous commuuiquvt W»
LE5
fruit (lu mariage de Claude Le Sage
' de demoiselle Jeanne Brenugat ,
liin-Rciic naquit le 8 mai i(i08, à
Il Ae«u, petite ville de la presqu'île
Rhuys,à quatre lieues de Vannes,
n père , avocat , notaire et greilier
la cour royale de Rhuys, était rcpu-
ic richc,daus un pays oùla simplicité
les mœurs exclut les besoins et les
lissances du luxe. Mais Le Sage,
.< vant perdu sa mère en 1677 et son
]>î re en iG8i, resta sous la tutelle
(l'un oncle, qui laissa dëpërirla for-
tune de sou pupille. Place au collège
s Jésuites de Vannes , il y fit d'cx-
! lentes études ; sa vie offre ensuite
nue lacune de cinq à six ans. C'est
|irobablement dans cet intervalle
"il fut employé dans les fermes ,
I Bretagne (i). Ou ignore par quel
ïiiotif et à quelle époque il perdit
un poste si peu convenable à ses
ùts et à son caractère. S'il eut à se
I iaindre d'une injustice , comme 00
1< pense généralement, la haine qu'il
m conçut contre les traitants, laissa
flans son cœur de profondes racines,
rt dicta l'éclatante vengeance qu'il en
lira quinze ans plus tard. Le Sage
vint à Paris, en i(k)'2,dans le double
but d'y faire sa philosophie et son
droit, et d'y postuler un nouvel em-
jtloi. Avec une figure agréable , une
t iille avantageuse, beaucoup d'es-
}u it naturel et un goût exquis pour
il belle littérature, il fut bientôt ré-
Jjandu et recherché dans les meil-
cures sociétési II eut, dit-on , mie in-
trigue avec une ferarae de qualité ,
qui lui offrit sa main et sa fortune ;
mais cette aventure n'eut ni éclat ni
LES :i.i
suite , et Ton ignore jusqn^ati nom
de la personne qui en fut l'héroïne.
H est certain, d'ailleurs, que vers lo
même temps. Le Sage devint amou-
reux d'une tri^s-jolie personne, plus
aimable que riche , nommée Marie-
Klisabelh Huyard ( i ), fille d'un
bourgeois de Paris , qui demeurait
sur la paroisse de St. liarthélemi ea
la Cité, et non d'un maître menui*
sier, rue de la Mortellerie ( comme,
l'ont dit ses biographes). Le 17 août
1 Gç)4 j il obtint de l'archevêque de
Paris une dispense de publication de
bansj mais son mariage fut célèbre'
seulement le 28 septembre suivant
dans l'église de Saint-Sulpice. Si
l'amour et l'hymen ne purent dé-
tourner Le Saige de son penchant pour
les lettres , une circonstance qui fait
honneur a son cœur , c'est que l'a-
mitié influa beaucoup sur ses tra-
vaux littéraires. Danchet , avec le-
quel il s'était intimement lié à l'uni-
versité de Paris , lui conseilla de
traduire les Lettres galantes à'A-
ristenète , et se chargea de les faire
imprimer à Chartres, où il était
alors professeur de rhétorique. Cet
ouvrage, fait d'après une version la-
tine, parut en 1(395, I vol. in-i2 ,
sous l'indication de Rotterdam ( F,
ApjsteivÈte, tom. II, pag. 438 , et
Dancuet , tom. X, p. 4^5), et fut
aussi froidement accueilli des sa-
vants que des gens du monde (2).
Fixé désormais dans la capitale» Le
Sage s'était fait recevoir avocat au
parlement j il n'en prenait déjà plus
le titre à la naissance de son second
fils, en iG<)8, et ne se quabfiait ipie
B«te» ofltcielles «]oe, d'après notre <lemanil« , il
• piioMM. le* !Srlett du Qiorbilian «t du Pai.
<!« Cdiaia, de recutillir lur Ira {ireuiiirus «t lea
dMuièrca années d« l'auteur de Gil-ltlas.
(1) Let rrgiftrei det Fermea n'eiiit^nt y\w%
■J-;»!!»» la révolution , l'on «'a riea pu dévauvrir
plu* pre«ta 4 ce «MJ*!.
(i) Ce nom o»t «crit Wy.iit »ur les ifgi«tret
ni4>rtiiair<** de Boulogno-aur-Mer ; mai* nou*
lavon* écrit Huyard , lomoie il est porté «ur
lea registre* de Saïul Snlpice et de St.-lluiiacli«.
(a) De*qHarante-Jaux lettre» que contient cettv
traduction paraphrase*) , 1 Auteur eu fit eiitrur
tlepiiis. Tin;>t-(|u«tr«, aToc de» corrcvtiuu», Uau^
aa f^mtis» lr9t*v*t.
1254 I^î^S
bourgeois de Paris. Quoiqu'il eût
beaucoup d'amis , comme il n'était
lii intrigant , ni pressant dans ses
sollicitations, il vécut quelque temps
dans un état au-dessous de la mé-
diocrité', avant d'obtenir un emploi
peu lucratif, auquel il renonça bien-
tôt pour se consacrer entièrement
aux Muses. Le mare'clial de Villars,
qui connaissait son mérite, voulut
inutilement s€ l'attacher : Le Sage
résista aux propositions les plus
flatteuses, et prêtera toujours son
indépendance. Prive des faveurs de
la fortune , il en fut dédommage' par
la sincère et constante amitié d'un
bomme puissant. L'abbé de Lyonne
ne se borna pas à le combler de
présents , et à lui assurer une rente
de 600 livres : passionné pour la
langue espagnole , il l'apprit à son
ami, et lui fit goûter les beautés de
la littérature castillane. Trois comé-
dies en cinq actes , le Traître
puni, de D. Francesco de Roxas,
Don Félix de Mendoce , de Lopez
de Vega, elle Point d^ honneur du
même Roxas, furent les premiers
ouvrages que Le Sage traduisit ou
plutôt imita de l'espagnol. Les deux
premières pièces, non représentées,
furent imprimées en i -j 00 ; et la troi-
sième, jouée avec peu de succès au
Théâtre français le 3 février 170*2,
réduite depuis en trois actes par
l'auteur, et donnée en i7'25, au
Théâtre italien, sous le titre de V ar-
bitre des différends, avec un prolo-
gue, n'y obtint que deux représenta-
tions, et fut imprimée en 1739, sous
son premier titre. Le Sage publia, de
1704 à 17 06 , les Nouvelles aventures
de Don Quichotte, traduites d'Avel-
laneda, 1 vol. in-12, qui ne réussi-
rent pas mieux que l'original espa-
gnol du froid continuateur de Ger-
Yantes(F. Ayella^eda, III, 108}.
LES
L'année 1707 assura enfin à LeSage
un nom dans la littérature , en lui
procurant un double triomphe, d'au-
tant plus flatteur , qu'il fut précédé
d'une chute. Sa comédie de Don
César Ursin,umléQ de Galderon , et
applaudie àla cour, tomba auThéâtre
français, le i5 mars, et ne fut impri-
mée qu'en 1 739; tandis que la petite
pièce de Crispin rival de son maître,
qui n'avait paru aux courtisans qu'une
misérable farce , était jouée à Paris le
même jour avec le plus brillant suc-
cès. Lesage, qui connaissait l'esprit
et les mœurs des deux aréopages, n«
s'étonna pas de la contradiction de
leurs arrêts; et la postérité a confirmé
celui de la ville. Regnard , suivant |
Palissot , n'a rien produit de plus
gai que la jolie pièce de Crispin ri-
val, dont Laharpe semble avoir fait
trop peu de cas. Elle ne roule vé-
ritablement que sur une fourberie
de valets; mais la vérité du dialogue,
qualité qui distingue éminemment
Lesage , et qui le rapproche le plus
de Molière , le sel des plaisanteries
toujours amenées par le sujet , l'heu-
reux enchaînement et la rapidité des
scènes, provoquent le rire et entraî-
nent le spectateur. Peu de temps
après parut le Diable Boiteuc , im-
primé en 1707 , dont Le Sage a
pris le nom et l'idée dans El Dia-
blo Cojuelo , de Louis Vêlez de
Guevara. ( F'oyez ce nom , tome
XIX , pag. 41.) Cet ouvrage est la
satire de tous les états. Quoique le
merveilleux qui en fait le fonds , ne
donne lieu qu'à des récits épisodi-
ques, cependant la diversité des aven-,
tures, une critique vive et ingénieuse ,
la vérité des portraits, un style ner-
veux et correct , des anecdotes pi-
quantes,relatives à quelques contem-
porains , entre autres , celles qui ont
trait à Ninon, à Baron , au mariage
LES
dr Dufrcsny , ont conserve à ce ro-
inaii une reputalion mcVitce. Il eut,
dans le temps , une vo^ue prodi-
§i(nise , et occasionna un duel entre
eux jeunes seigneurs, qui se dispu-
taient le dernier exemplaire de la
seconde édition. Dix-neuf ans après,
Le Sage en donna une troisième ,
augmentée d'un volume , ixjur lequel
il dit avoir erapn;ntë clés vers et
quelques images à Francisco Santos,
! auteur de Dia^y noche, de Madrid:
I en 1737, il pulilia la 4^. édition , à
laquelle il ajouta V Entretien des clie-
miriées de Madrid , et les Béq lilles
dit Diable hoteuxy opuscules dont
Fun est une suite du roman, et l'autre
(parrabbeBordelon)enesireloge, Il
avail presenteaux comédiens une piè-
ce en un acte, intitulée, les EtrenneSj
pour être joue'e le r '^. janvier 1708:
sur leur refus, il la refit en 5 actes,sous
te titre de Turcaret; mais il eut moins
de peine à la faire recevoir qu'a la faire
représenter. Celte comédie, l'un des
plus beaux titres de gloire de l'au-
teur, parut a une époque oii les mal-
heurs et les besoins de la France
avaient multiplié les traitants et les
maltotiers, dont les noms abolis par
l'usage et devenus presqu'injurieux
ont été remplacés par ceux d.e four-
nisseur et d'agioteur, qui nesont guère
plus honorables. Voulant signaler sa
haine contre ces vampires, Le Sage
avait lu sa pièce dans plusieurs so-
ciétés. Le bruit des applaudissements
Qu'elle y avait obtenus , alarma les
nanciers. Ils cabalèrent parmi les
actrices pour empêcher la représen-
Tition de la satire la plus amère à-la-
is et la plus g^iequiait été dirigée
< ontre eux. La duchesse de Bouillon,
ijui tenait chez elle un bureau d'es-
prit, promit sa proleclion à l'auteur,
et lui lit demander une lecture de sa
pièce. Au jour coaveuu, Le Sage ve-
LES 2^5
tenu au Palais par le jugement d'un
I)rocès important, qu'il eut le mal-
leur de perdre , ne put ctre exact au
rendez-vous. En entrant chez la prin-
cesse , il raconte sa disgrâce rt se
confond en excuses. On le reçoilavec
hauteur; on lui reproche aigrement
d'avoir fait perdre deux heures à la
compagnie. « Madame, dit Le Sage,
avec autant de sang-froid que de di-
gnité: u Je vous ai fait perdre deux
» heures: il est justede vous les faire
» regagner; je n'aurai point l'hon-
» neur de vous lire ma pièce. » On
s'eiïbrça de le retenir, on courut après
lui; mais il ne voulut ni rentrer, ni
remettre les pieds dans cet hôtel. A
un grand caractère , avantage qui ac-
compagne toujours le vrai talent ,
Le Sage joignait une ame fière et dé-
sintéressée. Les financiers lui offrirent
cent mille francs pour l'engager à
retirer du théâtre une comédie qui
devait mettre au grand jour les se-
crets et les turpituclesde leur métier;
mais , malgré sa pauvreté , il rejeta
leurs oflres , et sacrifia sa fortune
au plaisir d'une vengeance légitime.
Furieux de son refus , ils redoublè-
rent leurs intrigues ; et il ne fallut
rien moins qu'un ordre de Monsei-
gneur, daté du 1 3 octobre 1708, et
consigné sur le registre de la Comé-
die française, pour forcer les comé-
diens d'apprendre et de jouer 7'«r-
caref. Celte j)lèce fut enfin représen-
tée le 1 4 février 1 709 ; et malgré les
efforts delà cabale, malgré les mur-
mures des gens qui avaient cru s'y
reconnaître, malgré le froid excessif
qui olligea de fermer les spectacles,
elle obtint la plus brillante réussite.
L'auteur y avait joint une sorte de
critique en forme de prologue et d'é-
pilogue, dialoguée entre dom Cléo-
phas et Asmodéc , les deux princi-
paux personnages du Diable Boiteux ;
256
LES
mais on la supprima dès la première
reprise. Cette comcclie est bien
superiem'e à toutes celles que Le
Sage a imitées de l'espagnol ; et
son succès ne s'est jamais dëmenli.
On a reproche à cet ouvrage de trop
mauvaises mœurs ; mais si la comé-
die doit peindre le vice, et le présen-
ter sous le point de vue ridicule ,
Le Sage a parfaitement atteint ce but.
Ecrivain très-moral , il n'a jioint eu
Ictort de rendre le vice séduisant ; re-
proche mérite par quelques - uns de
nos auteurs comiques. Tous les per-
sonnages de Turcaret , excepte le
marquis , sont plus ou moins fri-
pons , mais aussi ils sont tous plus
ou moins méprisables : et si , par ce
motif, la pièce manque d'intérêt ,
défaut moins sensible dans la come'-
die que dans la tragédie; si l'action
en est faible et presque nulle , ces
défauts sont amplement rachele's par
un grand nombre de scènes excel-
lentes , par des peintures vraies , un
dialogue vif et naturel , luie gaîtë
piquante et satirique , par la finesse
des détails , par une liberté , une
force d'expressions , qui décèlent
l'homme de génie pénétré de son
sujet, et par une verve comique qui
étincèîe à tel point, qu'il y a peu de
pièces dont la représentation soit
plus amusante. Tous les incidents ,
tous les accessoires en so;;t heureux:
chaque mot de Turcant est un
ti-ait de caractère ; chaque mot du
marquis est une saillie. Ce rôle ,
supérieur à celui du Retour imprévu
(deRegnard) , est le meilleur modèle
qu'il y ait au théâtre , des libertins
de bonne compagnie , qui , suivant
la mode de ce temps - là , passaient
leur vie au cabaret. Quoique cette
comédie soit écrite en prose, elle est
si fertile en bons mots, qu'on en re-
tient presque autant que des pièces
LES
les mieux versifiées. Enfin , si elle
avait le mérite d'être en vers , et
qu'elle ne présentât })as plutôt une
suite d'incidents très-]daisants qu'iuie
véritable intrigue , elle serait placée
au premier rang de nos comédies :
mais c'est du moins une des pre-
mières de la seconde classe. Nous ter-
minerons cet éloge , dont Laharpe
nous a fourni plusieurs traits ,
par une observation qui lui a échap-
pé j c'est que Le Sage a eu un avan-
tage que n'a obtenu aucun auteur co-
mique depuis Molière: sa leçon était
si bonne , qu'elle corrigea les finan-
ciers;ceux qui sont venus après lui ont
mis tous leurs soins à ne pas ressem-
bler au portrait qu'il avait tracé. Un
mérite aussi rare donne lieu de re-
gretter qu'il n'ait pas uniquement
consacré ses talents au théâtre fran-
çais. Il y avait fait recevoir, en 1 708^
la Tontine , petite comédie de cir-
constance , assez gaie, qui, pour des
raisons d'état, ou par des intrigues
de coulisse , ne put être jouée qu'eu
1 73*2, et ne fut pas alors aussi applau-
die qu'elle l'aurait été dans le temps.
Ce retard le dégoûta d'une car-
rière si épineuse. Dédaignant la fa-
veur des grands, il n'était pas homme
à mendier celle des comédiens ; les
railleries qu'il s'est permises contre
eux , dans tous ses écrits , autori-
sent à croire qu'il eut càs'en plaindre.
Il disait à cette occasion: « Je cher-
» che à satisfaire le public; qu'il
» permette aussi que je me satis-
» fasse. » Vers le même temps ,
Le Sage travailla plus pour l'amitië
que pour la gloire. François Pétis de
la Croix, interprète des langues orien-
tales , se méfiant de son talent pour
écrire en français, emprunta la plume
de son ami, pour corriger le style de
sa traduction des Mille et un jours ^
<^ui parut eu 1 7 x 0 et les, aoaéest sui-
LES
v.inlcs. TiC Sage profila clos richesses
qui lui furent confiées , et trouva
bientôt l'orciision de niellrc Sur la
scène plusieurs contes persans. (iU-
Blasde Sant illane , (\ui parut, en
1 7i5, 2 vol. in-ii, augmentes d'un
' . en i'7'i4^ et d'un 4''. en 1735 ,
m il enfin le sceau à sa réputation. On
lui a conteste l'invention et la pa-
/( mite de cet immortel roman :
r.i uzen de la Martinièrc, et Voltaire
|)rcs lui , ont avancé que Gil-BIas
. (lit entièrement tire de l'espagnol;
^ oltairc assurait même que c'était
une traduction de la Fie de Vécuyer
()hregon y i^ar Vincent Espinel ( /\
Espi>EL, t. XIII , p. 332 , et le même
nom au Sup. Plus récemment le P.
]^ia a prétendu aussi que Gil-Blas
e^t un ouvrage volé à l'Espagne
]Mr un Français ( i ). Au surplus , il
importe assez peu que Le Sage aitin-
uté le fonds de son roman, ou qu'il
ait pris l'idée chez nos voisins, se-
!i les uns , ou bien suivant d'autres,
iiis notre ancien roman de Fran-
>n; ce qu'assurément il n'a dérobé
personnne, c'est cette touche ori-
iiale , cette admirable peinture
s mœurs, ces caractères si bien
icés , cette foule de traits et de dé-
ils qui ne se trouvent avec la même
•jfusion dans aucun autre ouvracre
o
(1) l)«ni une I)i««ertation lue en i8i8 à l'a-
CAilcRiic franraiie , et irnprimce eu tète cl« l'é-
diiioii d« GH ~ Blas , Uoiinee par M. Didot
raillé «D i<)i9, le comte Françoit Je NeurdiAieau
• réfiilé Tictorieuvenient ce* deux acciitations ,
flont la clitcorJance démontre la iautteté. Il a
■■■hord que le» Relations de ta vie de
Don Marc de Obregon n'ont aucune
irec Gil-Blas, pour le fonda, la for-
nii- , it mit et •iiitoiit le itrlo ; et qu» Le Sa^e
■'a emprunté <^iie 5 à 6 paasaget à Vincent Vt-
finel il détruit cniuite let «ophUmcs du iésiiile
eapa^nol, en etahliitant que • il eiiitait tin Git-
Blas conipoié en i^tpagne par un Abogado
Constant ini y 1» Pfre Iila rautait publié a»ec
taalr* lei pmiTri d'authenticilé, au lieu de ira-
«iuire le GH-BloJ français en «•paguol. Ct?t
•rf>iicnrnt est tant réplique, et donna gain da
<"i«a à notrn nation dans ce ainenlior procès.
' 'oj. If LA , XXI , 393 ,«t au ifupprcoieot- )
XXIV.
du même genre. « Gil-Blas, dit La-
harpe , est un thef - d*œtivrc :' il
est du petit nombre des romans
qu'on relit toujours avec plaisir ;
c'est un tableau moral et anime*
de la vie humaine; toutes les con-
ditions y paraissent pour rece-
voir ou pour donner une leçon....
Utile dulci devrait cire la devise
» de cet excellent livre, que la bonne
» plaisanterie assaisonne partout.
» Plusieurs traits ont passé en pro-
» verbe , comme , par exemple : les
» homélies de l'archevêque de Gre-
» nadel... Quelle sanglante satire
» de l'inquisition î... Quelle peinture
» de l'audience d'un premier com-
» mis, de l'impertinence des comé-
» dieus , de la vanité d'un parve-
» nu... du caractère des grands, des
» mœurs de leurs domestiques î C'est
» l'école du monde. On reproche à
» l'auteur de n'avoir peint presque
» jamais que des fripons; qu'importe,
» si les portraits sont reconnaissa-
» blés ?... On lui reproche trop de
détails subalternes ; mais ils sont
tous vrais , et aucun n'est indiffé-
rent ni minutieux On connaît
tous les personnages de Gil-BIas;
on croit avoir vécu avec eux....
» parce que , dans la peinture qu'il
» en fait , il n'y a pas un trait sans
» dessein et sans elFet. Lesage avait
» bien de l'esprit ; mais il met tant
» de talent... à se cacher derrière
» ses personnages... qu'il faut avoir
» de bons yeux pour voir l'auteur
» dans l'ouvrage... Un autre avau-
» tage de Gil-Blas , c'est qu'il n'est
» pas , comme tant de romans ,
)) guindé sur une morale stoïque et
» désespérante , qui n'offre jamais
» de la vertu et de l'humanité qu'un
» modèle idéal que personne ne peut
î> se flatter d'atteindre. L'auteur y
» peint les hommes tels qu'ils sont ,
»7
358 LES
» capables de fautes et de repentir,
» de faiblesses et de retour »
Gilblas nous semble avoir un intérêt
plus ge'ne'ral , un but plus moral ,
que Don Quichotte , qui n'est que la
satire d'un ridicule particulier à une
nation , et d'un ridicule qui ji'existe
plus : Gll-BlaSy au contraire, con-
vient aux hommes de tous les e'tats,
de tous les temps, de tous les pays.
Les Anglais en font le plus grand
cas; et Molière lui-même , s'il eût
fait un roman , n'en eût pas fait un
plus vrai, comme l'a fort bien dit
Palissot. Le ressentiment de Le Sage
contre les come'diens français , et
surtout la nécessite' de faire subsis-
ter sa famille , l'avaient jeté' depuis
quelque temps dans un genre dont
il s'occupa durant vingt-six amie'es
de sa vie, et qu'il avait d'abord paru
dédaigner , si l'on en juge par ce
qu'il dit lui-même dans le prologue
de Turcaret : il s'agit des spectacles
des foires Saint-Germain et Saint-
Laurent. C'est à tort que Palissot
regarde Le Sage comme le créateur
de l'opëra- comique, et que, dans
les deux e'ditions des œuvi'es de ce
dernier , on met en problème si ce
spectacle date de l'année 17 12, où
parurent la pièce d^ Arlequin empe-
reur dans la lune, par Remy et Ch ail-
lot , et celle dC Arlequin baron alle-
mand ^ Sittiihuée par Desboulmiers ,
tantôt à Le Sage , Fuzelier et Dor-
neval , tantôt à Le Sage seul. Sans
rechercher quel fut le ve'ritable au-
teur de cette dernière pièce , et en
supposant même qu'elle soit de Le
Sage , il est certain qu'avant 1712,
les spectacles forains avaient joué
des parodies et des farces en vaude-
villes, soit en monologues, soit par
écriteaux ( i ) : Desboulmiers en cite
(t) Les trûif grands théâtres de Paris, jalouc
LES
quatorze , dont l'une ( Sancho Pan^
ça opéra en trois actes , par Bella-
vaine, ) fut jouée dès 1705. Il est
donc clair que l'établissement de
l'opéra-comique ne peut être attri-
bué à Le Sage dont le premier ouvra-
ge non contesté, pour les spec-
tacles forains, fut Arlequin roi de
Serendib, en 1713, Ce qui a pu in-
duire en erreur , c'est que la collec-
tion qu'il a publiée sous le titre de
Théâtre delà Foire , commence par
les pièces qu'il a composées. Mais s'il
n'a pas été l'inventeur de ce genre ,
on peut dire qu'il lui a donné la for-
me qui lui est propre , et qu'il en a
été l'un des auteurs les plus féconds..
Le catalogue le plus complet de ses
pièces se \xo\xYeA.Ans\di Petite Biblio-
thèque des théâtres , et lui attribue
ICI opéras-comiques, prologues et
divertissements , dont vingt-quatre
composés par lui seul , et les autres
en société avec Fuzelier , d'Orneval,
Autreau,Lafont, Piron et Fromaget.
La plupart eurent une vogue éton-
nante ; et quelques - uns obtinrent
l'honneur d'être joués au Palais-
Royal devant le Régent. La variété'
de ces compositions ne pouvait
manquer d'attirer la foule : mytho-
logie , féerie , travers de la société ,
anecdotes du jour , tout était mis à
contribution. Aucune de ces pièces
n'éprouva d'échec marqué j mais
nous observons que les douze der-
nières , qui sont presque toutes de
Le Sage seul, le doyen de ces hommes
des spectacles forains, leur firent interdire les
■cènes dialo^uccs, et eurent mètne le crédit de iea
empêcher de parler et de chanter. Pour éluder
cette défense, chaque acteur se présentait arec «a
gra^d rouleau de carton , sur lequel ou Usait
son nom et son rôle , d'abord cq prose , puis ea
couplets. Comme ces cartouches embarrassaient
iascèue,on imagina de les faire descendre du
cintre , portés par deus amours. L'orchestr»
jouait les airs, le public chantait les eoMpleis^,
et les acteurs faisaient les gestes analo2u<:»-
C'est ce qu'on appelait a, cette «^ai|tjce, t^nude^
viUei par écriteaux.
LES
Ii'llrcs , fiircnl acciieilHos prn fa-
viM«iblcment, soit que le pul)lir com-
mençât à s'ennuyer de ce genre de
spectacle , soit que Vàç^c eût affaibli
rnnagiîiation et la ç;aite de l'auteur.
On ne doit pas seulement regretter
le temps que Le Sage employa à
CCS productions éphémères ; on doit
encore déplorer la peine qu'il a prise
de faire imprimer la collection
intitulée : Théâtre de la Foire, qui
comprend la plus grande partie de ces
bluettes auxquelles il aurait dû atta-
cher moins d'importance. Nous ne
• partageons pas néanmoins toute la
t rigueur du jugement qu'en porte La-
harpe : seulement nous conviendrons
avec lui qu'on n'y voit point de carac-
tères ; que malgré la diversité' des su-
t jets, la variété ne s'y fait point assez
sentir dans le plan, dans la marche,
: dans les incidents ; mais nous ne di-
i rons pas qu'il n'y a ni plaisant , ni
' naturel. Si ce plaisant dégénère quel-
quefois en trivialité , c'est la faute
du genre , des personnages , du temps
et du lieu; et du moins les couplets
"f" sont point défigurés par cette
it'terie , ces madrigaux , ces ca-
mbourgs , qui font tout le mérite
certains vaudevilles modernes.
1 reste , le grand nombre d'opéras-
iniques qtie Le Sage donnait aux
kjM'ctacles forains, ne l'empêchait
ji is de se livrer à d'autres composi-
tions. Il s'était proposé de traduire
rArioste,et il cratdevoir commencer
p «rie Bojardo;car la lecturede l' Or-
lando innumorato est indispensable
l'on veut lire avec intérêt l' Orlando
jorinso, qui en est la suite. Son Ro-
land V amoureux j publié par livrai-
sons en I -y 1 7-'2o-2 1 , forme i vol. in-
' i. C'est moins une version qu'une
uitation agréable et soignée de l'ori-
nal. Il en a fait disparaître le mau-
viu» goût^ les iucouyefiâiice» et le*
LES
i^)<^
exagérations : mais c'est un peu
aux dépens du génie et de l'enthou-
siasme. Le Sage était trop penseur ,
trop observateur pour avoir l'imagi-
nation poétique. Il ne traduisit plus
de poèmes, et revint aux romans. En
1732, il publia les Aventures de
Guzman d'Âlfarache, 1 vol. in-
12 ; imitation fort abrégée et très-
amusante de l'ouvrage de Mathieu
Aleman ( Voyez ce nom , tom. I ,
pag. 480 ), et supérieure à l'original
espagnol, dont elle a fait oublier tou-
tes les traductions antérieures. La
même année, il mit au jour les Aven-
tures de Robert, dit le cliev aller de
Beauchesne , 2 vol. in- 12. Ce n'est
point une liction,mais l'histoire sin-
gulière d'un capitaine de flil>ustiers,
qui fut t'ué à Tours, j)ardcs Anglais, en
1731, rédigée d'après les Mémoi-
res fournis par la veuve. En 1734 ,
il donna les deux premières parties
de V Histoire d'Estevanille Gon^
zalès,sumomméle Garconde bonne
humeur , 2 vol. in- 12. C'est encore
de l'aveu de Le Sage , une imitation
de l'espagnol, d'après la Fie de Vé-
cujer Ob'-egon , par Vincent Espi-
nel, dont on a parlé ci-dessus; mais
il n'en a pris que quelques traits ,
tels que l'aventure du nécromancien
démasqué. Ce roman, modelé sur
Gil-Blas, en rappelle parfois la gaîté,
l'esprit et les situations ; cependant
il est moins varié, moins fortement
dessiné ; et les deux dernières par-
ties sont fort inférieures aux pré-
cédentes. Le Sage, en vieillissant,
S araissait néanmoins redoubler d'ar-
eur et de fécondité. En 1 735 , il pu-
blia Une journée des Parques , in-
12 , dialogue plein de sel, de philo-
sophie, de pensées fortes et hardies,
rendues avec une vigueur étonnante.
La même année il compléta Gilblas.
Il fit aussi représtSiitcr, au Théâtr»
17..
îi6o LES
italien , le 21 novembre, et devant
la cour , le '.16 du même mois , les
u4mants jaloux , conic'dic en trois
actes et en prose , imprimée en 1 786,
in- 12. Cette pièce eut peu de suc-
cès ; on en trouva , dit D'Origny ,
l'intrigue trop compliquée , l'ac-
tion confuse, les scènes trop peu
filées , les motifs trop peu dévelop '
pés , et ( ce qu'il y a de plus éton-
nant ) le dialogue trop serré, le
style trop concis. Nous n'y avons
rien vu qui puisse justifier cette es-
pèce d'éloge , ou qui nous ait paru
digne de l'auteur de Turcaret. Il l'a
désavouée indirectement en ne l'insé-
rant paà dans son Théâtre ; et si elle
est réellement de lui , on est fâché
que l'anonyme ait été levé après sa
mort parles frères Parfaict. En 1 7 56
et 1738, Le Sage fit jouer ses qua-
tre derniers opéras-comiques . et
donna le Bachelier de Salmnanfjue,
Si vol. in-i 2 , regardé par Laharpe,
comme le plus médiocre de tous ses
romans. En accordant qu'il est plus
pauvre d'invention , nous ne conve-
nons pas qu'il roule tout entier sur
les désagréments du métier d'insti-
tuteur : cette matière en fait à peine
la cinquième partie. Moins plaisant ,
moins épisodique ( et en cela plus
intéressant peut-être ) que les autres
romans de Le Sage , celui-ci se dis-
tingue par une teinte plus sombre et
plus mélancolique j on y reconnaît
d'ailleurs cette marche simple, ce
style dégagé de sentences et de pré-
tentions, qui caractérisent l'auteur.
On a dit , et nous croyons sans peine,
que Le Sage avait une prédilection
marquée pour cet ouvrage , le der-
nier de ses romans et le fruit de sa
' vieillesse. Il en a pris aussi quelques
idées dans les inéi^msablcs Relations
fie Vécujer Obregon. En cessant de
composer des romans et des pièces
LES
de théâtre il ne renonça pas à e'crirc;
mais il s'exerça dans un genre plus
facile et plus proportionné à ses
forces. En 1740, il publia , sous le
voile de l'anonyme , la Falise trou-
vée, un V. in-ï2, où dans un cadre
assez simple, il a renfermé une tren-
taine de lettres qu'il suppose écrites
par divers personnages , sur diffé-
rents sujets satiriques j ce sont au-
tant d'esquisses ou d'extraits d'un
roman de caractère. Enfin , en
1743, il donna un Mélange amu-
sant de saillies d^ esprit et de traits
historiques des plusfrappants, i vol.
in-i2. La plupart de ces anecdotes ,
alors nouvelles ou peu connues , n'ont
rien de piquant aujourd'hui. Le-
Sage travaillait beaucoup, et soi-
gnait tous ses ouvrages. Des mœurs
pures , le goût de l'étude , de vrais
amis , une femme qui , remplie d'at-
tentions pour lui et de tendresse pour
ses enfants , le secondait dans leur
éducation ; enfin, toutes les jouis-
sances que procurent la littérature
et la paix d'un bon ménage : telle fut
long-temps la vie de cet auteur ;
mais sa vieillesse ne fut pas exempte
de chagrins. Il avait eu trois fils et
une fille : quand il fallut songer à
les établir , l'aîné , qu'il destinait au
barreau, et qui avait mcme plaidé
quelques causes avec succès , se fit
comédien, et se rendit célèbre dans
la suite sous le nom de Montménil
Le troisième choisit la même pro
fession; c'était celle pour laquelle I
Sage avait le plus d'aversion. Il fu
dédommagé de ces contrariétés pa
la tendresse constante de sa fille, e
par la conduite exemplaire du se
condde ses fils, qui, ayant embrass
l'état ecclésiastique, avait obtem
un canonicat à Boulogne-sur-Mer
Le Sage avait cessé de voir Mont-
me'nil ; mais lorsque cet acteur eut
LES
; (juis de la reputalion , il le re-
^ut vn grâce, soit que leur rcconci-
I liatioii se iVit oixfree a Boulogne, par
' IVlIcl (l'une ingénieuse et louchaulc
iMcklialion du chanoine Le Sage, soit
<|ncdes amis communs ayant entraî-
ne le vieillard au iheàlre Français, il
N vil son fils dans Turcaret, ra])plau-
tlil en pleurant de joie, l'embrassa
ri lui rendit toute son alleclion. Ce
(ju'il Y a de sûr , c'est tpie Montnie-
nil devint le plus intime ami de
son pre. Lorsque cet acteur était au
tljcàlre, Le Sage allait passer la soi-
rée dans uucafcde la rue St. -Jacques,
voisin de sa demeure. On y faisait cer-
cle autour de lui , on montait sur les
chaises , sur les tables pour l'écou-
ter , et pour applaudir la justesse ,
la clarté, la variété de son éloculion,
relevée par un organe sonore. La
mort de ce lîls chéri , l'espoir , le
soutien de sa vieillesse, fut pour lui
un coup de foudre. Sur la fin de 1 743,
il se retira à Boulogne avec sa femme
et sa fille , .auprès de son fils le cha-
noine , dont les soins délicats adou-
cirent l'amertume d'une perle si
cruelle. Il y passa ses dernières an-
nées dans un état d'affaissement as-
sci triste. Le cours du soleil influait
singulièrement sur les organes de ce
vieillard : il s'animait par degrés à
mesure qiie cet astre approchait du
méridien, et il semblait alors avoir
conservé la gaîté , l'urbanité de ses
beaux ans cl la vivacité de son ima-
gination ; mais, au décUn du jour,
Pactivité de son esprit et de ses sens di-
minuait graduellement, et il tombait
hientôt dans une sorte de léihargie
qui durait jusqu'au lendemain. Il
mourut octogénaireà Boulogne, le 1 7
nov. 1 747. Le comte de Tressan, qui
commandait alors dans leBoulonais,
se fit un devoir d'assister , avec tout
i^ou éUt-major, aux oh&ètiuçs de Le-
LES 2Gt
Sage; et, par l'éclat de cette pompo
funèbre , il rendit un hommage pu-
blic à la mémoire de l'un des meil-
leurs écrivains dont la France s'ho-
nore. Sa veuve lui survécut peti , et
mourut au même âge que lui, le
7 avril i7:")'i. Le Sage avait eu, dès
sa jeunesse , des symptômes de sur-
dité. On voit, dans le prologue de
Turcaret , qu'à celle époque il n'en-
tendait déjà que très -difficilement.
Il devint bientôt tellement sourd ,
qu'il faisait usage d'un cornet acous-
tique. Cette infirmité fut , dit-on , la
principale cause quiTempècha d'être
reçu à l'académie française, quoiqu'il
y eût plus de litres que la plupart
de ceux qui en faisaient alors partie.
L'un d'eux , Danchet , plus recom-
mandable par ses qualités sociales
que par ses écrits , sollicita souvent
son vieil ami de se mettre sur les
rangs; mais la franchise et l'indépen-
dance du caractère de Le Sa ge ne pou-
vaient se plier à des démarches d'éti-
quette auprès de certains person-
nages dont il avait tracé des por-
traits satiriques trop ressemblants.
Quoiqu'il joignît aux vertus domes-
tiques la plus sévère probité , la
douceur de son commerce n'excluait
point en lui cette causticité d'esprit
qui perce dans tous ses orvrages ,
et qui dut lui attirer des détracteurs
et des ennemis. Voltaire a été sobre
d'éloges envers Le Sage; il ne parle
( Siècle de Louis XIF ) que de son
Gil-Blas, dont il loue le naturel . Celte
réticence n'étonnera pas ," si l'on se
rappelle combien était irascible le
])hilosophe de Ferney. L'auteur de
Gil-Rlas , à qui aucun travers ne pou-,
vait échapper , s'était permis, dausZd
Temple de Mémoire , l'un de ses
opéras-comiques , de ridicvdiser les
admirateurs oulrésd'un poète qui n'é-
tais abf S coimu que par les tragédie*
963
LES
d' Œdipe , à^^rtémire et de Ma-*
rianne, et par le poème de la Ligue ,
faible et première esquisse de la Hen-
riade. Les sarcasmes de Le Sage con-
tre les comédiens lui valurent une
ëpigramme de Tacteur Legrand ; et
Piron , l'un de ses rivaux aux spec-
tacles forains, décocha quelques traits
satiriques contre lui. On ne peut
s'empêcher d estimer Le Sage , en
lisant ses écrits , où la langue et les
mœurs sont également respectées. De
ce que , dans ses romans et dans ses
comédies , il n'a presque jamais mis
en scène que des fripons, on aurait
tort de concevoir une idée peu avan-
tageuse de ses principes. Rien ne
prouve mieux , au contraire , com-
bien il était véritablement honnête
Lomme ; car , pour s'indigner des
vices de la société , et pour en retra-
cer énergiquement le tableau, il faut
posséder les vertus qui leur sont dia-
métralement opposées. C'est pour cela
que Molière a si bien peint les avares
et les hypocrites. Le Sage eut avec ce
grand homme un autre trait de ressem-
blance: comme chez lui, ses talents ne
se développèrent que dans l'age mûr,
et s'accrurent avec les années. Il avait
environ quarante ans , lorsqu'il donna
Crispin rwal, le Diable boiteux et
Turcaret : il en avait quarante-sept ,
quand il publia Gil-Blas , qu'il ter-
mina à soixante-sept ans ; preuve
que pour composer des comédies et
des romans de caractère , genres qui
ont entre eux une parfaite analogie,
il faut moins d'esprit et d'imagina-
tion qu'une grande habitude de ré-
fléchir, d'observer et de juger; et
cette habitude , qui ne s'acquiert que
par l'expérience , est rarement le
partage de la jeunesse. L'écriture
de Le Sage était aussi soignée que
son style. Malgré la supériorité
de SCS talents et le succès d« ses
LES
nombreux ouvrages , l'auteur de
Gil-Blas ne parvint jamais à la
fortune : il assure qu'il avait refuse'
des postes où d'autres moins scrupu-
leux que lui se seraient enrichis. In-
différent sur l'avenir , il fut toujours
bienfaisant et libéral au sein de la
médiocrité, et ne laissa d'autre hé-
ritage à ses enfants que l'exemple de
ses vertus et la renommée de ses
travaux. Outre les éditions qu'il a
données de ses ouvrages , il publia ,
avec d'Orneval, la collection intitulée;
Théâtre de la Joire , 9 vol. in-12 ,
dont nous avons fait mention. Les
3 premiers vol. parurent en \'^i\ , le
quatrième et le cinquième en 1724,
le sixième en 1781 , et les trois der-
niers en 1737. Un autre neuvième
volume, imprimé en 1734, et qui
forme le dixième de cette édition , a
été donn&par Carolet , et ne contient
que des pièces de sa composition.
{Voj. CAiioLET,tom. VII , p. 176. )
En 1 787, Le Sage en publia une nou-
velle édition en 8 vol. in-12, dans
laquelle il n'a pas compris les pièces
deCarolet. En 1789, il fit imprimer
son Théâtre français , 2t vol. in-i^ ,
réimprimé en 1774- Des sept co-
médies qu'on y trouve , deux seule-
ment, Turcaret et Crispin rival
de son maître , ont été insérées
dans la Petite Bibliothèque des
Théâtres et dans le Répertoire du
Théâtre Français. Quant aux ro-
mans de Le Sage , ils ont été très-
souvent réimprimés, snxioxïV le Dia-
ble boiteux, Gil-Blas et le Ba-
chelier de Salaman<jue. Mais Gil-
Blas est le seul qui ait obtenu l'hon-
neur de l'être avec le plus de luxe et
de soin. Les meilleures éditionsde ce
roiiian étaient celles de Didot jeune,
Paris, 1 794, 4 vol. in-8**. fig., et 1 80 1,
8 vol. in- 1 8 , fig. , avant que M. Didot
Taîne' eût donné l'édition qu'il vient
LES
Ir publier, Paris, 1819, 3\o\. in-8<>.,
t usant priir de sa collection des
..iiteurs classiques français. Cette
ilition, la seule conforme à celle
!(• 1747» *!'" avait été corrigée par
l'auteur , est précédée du Me'moi-
re de M. François de Neufchâ-
tcau , dont nous avons rendu compte
ci-tlessus , et quiest intitule' : ^.ramen
tit; la question de savoir si LeSa^e
tist auteur de G il- B las , ou s'il fa
'ris de V espagnol. Ce litte'rateur dis-
tingué a de plus note' eu marge et au
li.isdes pages d'un exemplaire de Gil-
iilas , plusieurs allusions qu'il avait
recueillies dans ses entretiens avec le
comte de Tressan son compatriote ,
qui les tenait de la bouche même de
Le Sage. Ces notes extrêmement cu-
rieuses pourraient servir decommen-
taire et de clef pour expliquer diver-
ses anecdotes de cet excellent roman,
rt pour en faire connaître quelques
personnages sous leurs ve'ritables
noms. Tous ceux qui ont connais-
sance de ce travail, en désirent vi-
vement la pubbcalion. Plusieurs des
romans de Le Sage ont e'te' traduits en
différentes langues de l'Europe. L'I-
i lie possède deux traductions àeGil-
l'das : la première a eu six éditions 4
\ enise, depuis 174© jusqu'en 1767,
*> vol. in-1'2, et a été réimprimée à
liome,en 1788,6 vol. in 8». fig. Le
chanoine Monti , qui en est l'auteur,
a fait des suppressions à roriginal ,
auquel il a ajoute une suite qui forme
5('sdeux derniers volumes. La secon-
de traduction, plus littérale, est du
docteiu-CrocchideSienne,ColleAme-
no , 1 773 , 4 vol. in-80., et Londres ,
1806. M. Smollett en a donne une
en anglais , dont la cinquième édi-
tion est de 178'!, 4 vol. in-i9.,rig.
I.es allemands et les hollandais ont
jussi des traductions de GilBlas.
<^ll€ que le père Isla a publivs en «»-
LK5
263
pagnol , est intitulée : Les Âçenture$
de Gil-lihis de Santillane j volées à
V Espaç^nc , et adoptées en France ,
par M. Le Sa^e , restituées à leur
patrie et à leur langue naturelle ;
par un espagnol zélé qui ne soujfr»
pas qu'on se moque de sa nation.
Madrid, 1787 , 4 vol. , petit in-4^. ,
et i8o5, 5 vol. iiM'i. Gil-Blas a
donné lieu à plusieurs imitations jet
copies , tant en France que dans les
pays étrangers ; mais aucune n'ap-
proche de l'original. On a deux Gil-
Blas allemands : l'un par M. Hertz-
berg , sous le titre du Nouveau Gil-
Blas, ou Mémoires d'un homme qui
a passé par les épreuves les plus
dures de la vertu ; traduit en fran-
çais par G. H. Nirel , Francfort, 1 778^
2 part., I vol. in-12; réimprimca Lil-
le. Le second est intitulé : le GiUBlas
allemand , ou Aventures de Pierre
Clous, par le baron de Kniegge;
traduction française, Paris, 1789,
3 vol- in-12. Il y a aussi le Gil-Blas
anglais, ou Hugues Trevor , par
Thomas Holcroft j trad. en français ,
Paris , 1 798 , 4 vol. iii-i 2. On a pu-
blié à Amsterdam , la Fie de don
Alphonse Bios de Lirias , fils de
Gil-Blas de Santillane , 1 754 , in-i 2 j
traduite en italien, Venise, 1759,
in-1'2 , et réimprimée en 1802 ,
sous le titre de Suite de Gil-Blas,
ou Mémoires de don Alphonse ,
etc. Ouvrage posthume de Le Sage,
Enfin on a aonné Les Trois Gil-
Blas. La plus grande partie dei
ouvrages de cet auteur a été re-
cueillie sous le titre à^ OEuvres
choisies de Le Sage, Paris, 1788 ,
i5 vol. in-8<». , fig., et 1810, 16
vol. in-8<'. ,(ig. Celte seconde édition,
plus ample que la précédente, con-
tient de plus : un catalogue des pièces
qu'il a données aux Théâtres ae la
foire f un abrégé de rUi<»toire de ces
3,Gj LES
spectacles {i),Le Traître puni, Don
Félix de Mendoce , et Don César
Ursin, comëdies traduites de l'es-
pap;no] , La Falise trouvée , et le
Mélange amusant de saillies et de
traits historiques. Mais on ne trou-
ve dans aucune des deux éditions
les Nouvelles Aventures de don
Quichotte , ni la comédie des ^m«w£.s .
jaloux. La plupart des préfaces
qui pre'cédaient les éditions don-
nées par l'auteur , y ont été suppri-
mées : tout ordre chronologique,
dans l'arrangement des ouvrages , a
été interverti; et outre un grand nom-
tre d'erreurs dans la INotice historié
que sur Le Sage , nous avons cru
reconnaître que ces deux éditions
n'ont été faites que d'après des ré-
impressions. Op y a inséré cinquante
de ses opéras comiques, choisis parmi
les soixante et douze fjue contient le
Théâtre de la foire. Deux , imprimés
en 17 12, et devenus rares, n'ont
été compris dans aucune collec-
tion , et vingt-sept n'ont jamais été
publiés. De ces derniers , s'il faut
en croire les éditeurs de la Petite
Bibliothèque des Théâtres, quinze
doivent se trouver dans un manuscrit
iu-4°. de la Bibliothèque du roi , in-
titulé : Pièces du Théâtre de la foire
qui nont point été imprimées , par
MM, Le Sage et d'Orneval, avec
cette épigraphe : In memoriam ca~
rissimi amici d'Orneval , de Chas-
seloup scripsit, 1 731, à Paris. Ce
manuscrit doit contenir aussi Ar-
lequin prologue , suivi de V Arbitre
des différends , comédie en trois ac-
tes , en prose , représentés l'un et
l'autre sur le Théâtre Italien , en
1725 ; mais nous n'avons pu le
(i)Oii a grossi ce catalogue, de» titres de
quatre pièces iai.sgemerit attribuées à Le Sage,
et de q.atre autres qui ne sont <jue de« renùsse»
•ous des tili«s iiOuv«AUX.
LES
découvrir au cabinet des manuscrits
de la Bibliothèque du roi. 11 est à
désirer , pour la gloire de Le Sage ,
que l'on donne de ses œuvres une édi-
tion plus correcte et plus régulière.
Une Lettre autographe et inédite de
cet auteur, datée du 18 juin 1715,
nous apprend qu'il s'occupa d'écrire
des Mémoires d'une femme nommée
Petit, que ses aventures et ses voya-
ges avaient rendue fameuse j mais,
par égard pour des hommes puis-
sants, ces mémoires ne furent pas pu-
bliés. ( Voyez Marie Petit. ) A-t.
LESAGE DE MONTMENIL
( René-Amdré ), fils aîné du pré-
cédent , né à Paris , le 3o juillet
169.5 , débuta sur la scène française
le 28 mai 1 726, par le rôle de Mas-
carille dans V Etourdi, où il fut très-
applaudi : mais comme son talent
n'était pas encore assez formé, il
alla jouer deux ans en province, et
revint débuter une seconde fois à
Paris, le 18 mai 1728, par le rôle
d'Hector dans le Joueur : il y obtint
le plus grand succès, ainsi que dans
ceux de Dave de VAndrienne, et de
Lahranche dans Crispin rival; fut
reçu à demi-part le 7 juin suivant ,
et devint bientôt un des plus célè-
bres acteurs du Théâtre Français. On
s'est souvenu long-temps de la su-
périorité avec laquelle il jouait les
valets , les paysans , les financiers, et
même quelques premiers rôles : il
excellait dans Turcaret, dans l'A-
vocat Patelin; et par le parti qu'il
tira du rôle de Lé andre àoLiis le Dis-
trait, en 1 781 , il fixa au répertoire
cette pièce qui avait peu réussi dans
sa nouveauté. Montmenil ne pro-
duisait pas autant d'elfet dans cer-
tains rôles du haut-comique, qui exi-
gent plus de finesse que de naturel
et de vérité, tels que ceux du Phi-
losophe marié, de Théodon dans
LES
Mèlanide\ il ne laissait pas toute-
fois (l'v t^trc également applaudi,
parce «pi'il jouissait de la faveur
du public : il en était dij;ue par la
noblesse de ses senlimenls, la l)onle
(le son caraclère, l'honnèletedc ses
MuiMus, autant (pic par ses talents.
Heconcilic avec son père, il elfaça
le chagrin qu'il lui avait cause, et se
montra le lils le jilus tendre et le
plus soumis. Il se concentra dans sa
limilledont il devint le soutien, et
n'eut pas de sociclc plus intime que
celle de son père, de sa mère et de
>a'sœur,quile perdirent trop tôt. At-
taque d'un mal violent dans une
jiartic de chasse qu'il fil aux envi-
rons de Paris, cet acteur fut porte'
à la Villctte, chez un invalide des
(jardes-F'rançaises,où l'on n'eut que
le temps de lui administrer les sa-
crements; il y expira le 8 septembre
1743, àgc de 48 ans. — Lesage
(Julien - François ), son frère, né
à Paris, le ^4 avril 1698, et cha-
noine à la cathédrale de Boulo-
gne-sur-Mcr, joignait aux vertus de
son état, les qualités les plus esti-
mables , et une partie des talents de
Montmenil , avec lequel il avait une
ressemblance frappante. Il brillait
par son esprit , et lisait parfaitement
les vers. Comme les revenus de sa
prébende suftisaient à peine pour
soutenir sa famille, il obtint de la
reine ( Marie Leczinska ) à la de-
mande du comte de Trcssan, une
])cnsion sur un bénéfice. Il mourut
a Boulogne , le '25 avril i^ii'i.
— Lesage de Pitténec ( Fran-
çois - Antoine ) , troisième Cls de
Le Sage , oé à Paris le 'n fé-
vrier 1700 , eut Dancliet pour
])arrain. Séduit par b's succès de
son frère Montmenil , il se fit co-
médien, et joua plusieurs années
eu province sous le nom de Pittéuec.
LES ac;
Il revint à Paris en 1734, et fit
représenter à la foire Saint-Germain
deux opéras - comicpies : le 7'wirt-
ment de la Foire et le Miroir ma-
gi'/n(^\ qui ne sont autre chose qu'une
remise, avcccorrectionsetcoupures ,
des Funérailles de la Foire et de
la Statue me/veilleuse , données par
son père en i7i8et i7Sio. Nous igno-
rons si Pittéuec a composé d'au-
tres ouvrages; il est vraisemblable
que n'ayant pu , comme auteur
ni comme acteur, acquérir de la
fortune et de la réputation, il (piitta
le tliéâtrc après la mort de son
père, et se relira à Boulogne; mais
nous ne pouvons dire si c'est lui , ou
son fils , qui signa , en 17.52, sous
le titre de clerc tonsuré, l'acte de
décès de sa mère , comme témoin
avec son frère le chanoine, et qui
en i'j6î^ signa encore l'acte mor-
tuaire de ce dernier. — Llsage
( Marie-Elisal)eth ) , leur sœur, née
à Paris, le 9 août 1702, vécut
dans le célibat , et fut toujours la
compagne et la consolation de son
père et de sa mère. Elle survécut à
son frère le chanoine, après la mort
duquel se trouvant sans ressources,
elle alla mourir à l'hôpital de Bou-
logne. A-T.
LESAGE(George-Louis) naquit
le 1 3 juin 1 724 , à Genève , où son
père , né à Couches , en Bourgogne ,
s'était retiré quelques années au-pa-
ravant, et où il enseignait les malhé-
matiques et la physi(pie. Il cultivait
les sciences et les lettres , et occup;4
de bonne heure Georges - Louis ,
des objets de ses propr(»s études. Il
lut avec lui les auteurs latins , et en
particulier quelques morceaux choi-
sis de Lucrèce, dont la phvsique
excita la curiosité du jeune disciple.
Ces premières leçons eurent quelque
iuûucûce sur le dcvcloppcmcut dest
'iCS
LES
coûts et du génie de celui-ci. A' d'an-
tres égards , renseignement du père
n'e'tait pas d'accord avec les disposi-
tions naturelles du fils, qui avait sur-
tout besoin de méthode et de suite.
On comprendra , par un seul trait ,
combien la marche de son maître
était irrégulière. Le jeune Le Sage,
ayant témoigné à son père le désir
de connaître un peu l'histoire mo-
derne , ne reçut de lui d'autre indi-
cation pour ce genre d'étude , que le
Dictionnaire deMoréri. La prédilec-
tion du père pour tout ce qui était in-
cohérent , son aversion pour toute
espèce de méthode régulière, allaient
si loin , que le fils ne put se dissimu-
ler les inconvénients de cette tournure
d'esprit. En cherchant à les éviter ,
il se jeta même dans une sorte d'ex-
ti-ême , et devint plus attentif à l' or-
dre et à la liaison des idées , qu'il
n'eût fait s'il eût été moins frappé
du spectacle habituel du désordre.
Du raste, quoique ennemi des longs
raisonnements, son père se plaisait
à lui indiquer les raisons prochaines
des petites choses qui s'offraient
aisément et familièrement à l'obser-
vation. Cette habitude excita la cu-
riosité du jeune Le Sage , et déter-
mina en partie son goût pour la re-
cherche des causes. Mais cette re-
cherche n'était pas favorisée par les
circonstances dans lesquelles sa fa-
mille était placée; et ses petits ap-
pareils d'expériences enfantines n'é-
taient pas fort respectés au milieu
des soins du ménage. On n'avait pas
encore , à cette époque, des princi-
pes bien raisonnes sur l'éducation
physique; et Le Sage , dans son en-
lance , fut constamment condamné
à une sorte d'immobilité , qui nuisit
a^u développement de ses forces , et
lui laissa toujours, dans la suite, un
peu de gène et de maladresse. On lui
LES ï
f)rescrivait , en même temps , le si- lï
ence ; et il en résulta pour lui quel-
que difficulté et quelque lenteur à
s'exprimer. Mais cette contrainte,
en le forçant à se replier sur lui-
même , tourna peut-être avec plus
d'énergie son esprit vers la médita-
tion. Au sortir du collège, qui per-
met , à Genève , d'allier aux avan-
tages de l'éducation publique ceux
de l'éducation particulière, Le Sage
entra successivement dans les audi-
toires de belles-lettres et de philo-
sophie. Dans ce dernier , qui était
le plus assorti à ses goûts , il étudia
la physique sous Calandrini et les
mathématiques sous Cramer. A cette
époque ;, il eut occasion de démour
trer la fausseté d'une prétendue qua-
drature du cercle. Ce fut aussi dans
le même auditoire , qu'il contracta
des liaisons studieuses ^ qui , pen-
dant tout le cours de sa vie, lui ont
été chères ; en particulier celle de
J. A. Deluc , devenu depuis juste-
ment célèbre. Ce physicien a rap-
pelé quelque part une conversation ,
dans laquelle Le Sage , encore jeune
étudiant, alléguait à ses condisci-
ples l'exemple familier d'un cheval,
qui paraît tirer une charrette ,
mais qui la pousse avec son poi-
trail. Dès-lors, Le Sage avait essayé
d'expliquer la chute des corps par
le choc d'atomes rapides ; mais il fut
arrêté par des difficultés qu'il ne put
réussir à dénouer qu'au bout de
quelques années. Cette recherche ,
qui fut toujours pour lui une occu-
pation favorite, ne l'empêcha pas de
tenter la solution de quelques pro-
blèmes de physique et de mécani-
que, et d'obtenir, dans ces pre-
mières études , des succès propres à
l'encourager. Mais quand il fut ques-
tion d'embrasser un état , il fut
en proie à de longues et pénibles
LES
hésitations. Ce temps , toutefois ,
ne fut pas perdu ; il l'employa à
quelques lectures philosophiques ,
eu ayant toujours en vue son but
1)rinripal, la cause delà gravitation.
1 se détermina enfin à étudier la
médecine, et se rendit à Bàle , à cet
effet ; mais il n'exerça jamais cette
profession , et ce genre d'ëtude eut
()eu d'attrait pour lui. Cependant Le
Sage eut l'avantage de voir et d'en-
tendre Daniel BernouUi ; et il se
rappelait encore dans sa vieillesse,
avec satisfaction , l'impression qu'a-
vait faite sur lui un discours de cet
liomme de génie, sur la possibilité
de certaines grandeurs et petitesses
qui révoltent l'imagination. Ce sujet
l'avait, lui-même, beaucoup oc-
cupé ; et le poids d'une autorité si
respectable contribua à l'élever au-
dessus d'un genre de diflicultés qui
aurait pu l'arrêter dans le cours de
ses méditations. Après un séjour
d'un an à Bàle , que la modicité de
ses ressources pécuniaires rendait
pénible , il alla continuer ses éludes
à Paris. Celles de médecine ne ser-
virent guère qu'à entraver sa mar-
rhe , et retarder ses succès. Il ne fut
pas long-temps à s'apercevoir de ce
qui lui manquait en d'autres genres j
et il écrivait à son père , que plu-
sieurs choses quil ignorait n'étaient
que VA, B f C des mathématiques.
Mais son père ne voulait pas qu'il
se détournât de sa vocation en se
livrant à d'autres travaux. Cette
contrariété, jointe à l'extrême épar-
gne qu'il devait se presc rire , et k
l'embarras qu'il éprouvait dans le
monde par une suite de sa timidité
et de l'éiducation qu'il avait reçue ,
l'empêcha de retirer, de son sé-
jour dans la capitale, tout le fruit
qu'il en avait sans doute espéré. Il
tionnait an» leçoos , et fut ^elque
LES 567
temps pre'cepleur dans une maLson
où il par. ît que son mérite fut mal
apprécié. Il la quitta à la suite de
quelques dégoûts , et fut remplace
par Marraontel. Rendu à ses travaux
et à sa pauvreté, il reprit ses médi-
tations favorites, et parvint à la so-
lution de deux diflicultés , qui l'a-
vaient arrêté jusque-là. Il écrivait à
son pire , en date du i5 janvier , à
onzeheurcs et demie du soir [ 1 747 ]:
« E'jpnxa , 6U|3»3xa ( i ). Jamais je
» n'ai eu tant de satisfaction que
» dans ce moment , où je viens d'ex-
» pliqucr rigoureusement , par les
î) simples lois du mouvement recti-
» ligne , celles de la gravitation uni-
» verselle, qui décroît dans la même
» proportion que les carrés des
» distances augmentent. » Enflammé
par ce succès , il termine sa lettre
en disant : « Peut-être cela meprocu-
» rera-t-il le prix proposé par l'aca-
» demie de Paris , sur la théorie de
» Jupiter et de Saturne. » Voici
quelle fut l'occasion de la décou-
verte qui excitait son enthousiasme.
Vers la fin de l'année précédente ,
Le Sage trouva , par hasard , sur
une cheminée , les Leçons élémen-
taires d'astronomie, de La Caille ;
et après en avoir parcouru quelques
articles , il lut la conclusion , où il
apprit enfin fortuitement à quoi se
réduisait l'obligation du physicien
qui voudrait expliquer mécanique-
ment toute l'astronomie. Pendant
quelques semaines consécutives ;, il
roula dans sa tête ce grand problè-
me , et atteignit enfin son but. « Dès
» ce moment-là , dit -il dans ses
» notes, je me prorais bien de ne pas
» lâcher prise. » Et , en effet , il s»
dévoua , tout entier, à cette inteie»-
santc recherche. Forcé d'abréger sou
i68
LES
séjour à Paris, il revint dans sa
patrie, où quelques défauts de forme
l'arrêtèrent dans la pratique de la
médecine. Sou père lui rendit sa
liberté ; et il l'employa à suivre des
«tudes plus conformes ci ses goûts.
Il composa, pour le prix académi-
que qu'il avait en vue , un Essai
sur l'origine des forces mortes ,
dans lequel il s'occupait peu de la
question principale , et donnait le
développement de son explication
mécanique de la gravitation. Aussi
ii'eut-il aucune part au prix. En
attendant son jugement , il s'occupa
de diverses éludes accessoires ; et
enfin, lorsque son sort, à cet égard,
fut décidé en mai 1700, il entreprit
renseignement des mathématiques ,
comme le seul moyen de se procu-
rer un petit revenu , et même à la
longue une petite fortuue indépen-
dante. Le travail auquel il s'était
livré avec trop d'ardeur, avait dé-
rangé sa santé, et l'avait rendu sujet
à des insomnies , qui durèrent toute sa
vie et quiluiôtaient souvent lafaculté
de suivre ses méditations habituelles.
Pou après son retour à Genève , il se
lia avec Charles Bonnet, qui, dans sa
Contemplation de la nature ^ saisit
l'occasion de parler de Le Sage
avec estime. Ce tut aussi a celte épo-
que qu'il apprit du professeur Cra-
mer, que Nicolas Fatio avait conçu
l'idée d'un mécanisme propre à pro-
duire la pesanteur. Dès-lors il ne né-
gligea rien pour obtenir des rensei-
gnements à ce sujet, et parvint enfin
a se procurer quelques manuscrits de
Fatio, qu'ila fait déposer , à sa mort ,
dan^ la bibliothèque publique de
Genève. Tout en donnant des leçons,
Le Sage travaillait sur divers sujets.
Dans une lettre à d'Alembert, en
date du 3 août 1753 , il lui donnait
ks titi'es de trente-huit Mémoires
LES
qu'il avait ébauchés , dont neuf de
calcul , douze de géométrie et dix-
sept de physique. Nous indiquerons ,
à la fin de cet article , ceux de ces
opuscules qui offrent le plus d'inté-
rêt. C'est cependant cette époque que
Le Sage envisageait comme une es-
pèce de suspension de travail , parce
qu'il avançait peu celui auquel il
mettait le plus d'importance. Il com-
posait beaucoup, et ne publiait point.
Cette réserve n'était pas seulement
l'effet de sa timidité ou de sa modes-
tie , mais bien plus encore du goût
qu'il prenait à entasser des matériaux
et de sa lenteur à les rédiger. Il avait
adopté , pour ses recueils scientifi-
ques , une méthode digne d'être imi-
tée. Ses pensées et celles des autres
étaient écrites sur des papiers ou sur
des cartes détachées , rangées et éti-
quetées par paquets , de manière à
présenter sous des chefs distincts ,
dans le meilleur ordre , la suite de
ses méditations et de ses lectures. En
1701 , il eut connaissance delà dis-
sertation du médecin Rcdeker ( i ) ,
qui avait eu, sur la cause de la pe-
santeur, des idées analogues aux
siennes {'i). En 1756, il envoya au
Mercure de France ;, une Lettre à
un académicien de Dijon y où il ré-
futait une explication absurde de la
pesanteur. Bientôt un prix proposé
par l'académie de Rouen, sur la
cause des affinités , offrit à Le Sage
une nouvelle occasion de travail. Il
en résulta un Mémoire qui fut cou-
ronné en 1758, et imprimé, mai$
(i) De causagravitalis meditalio , ij^ô.
(2) Outre Nie. Fatio et Rbdek.ek qui on»
attribué la gravité à une cause analogue k ceUa
que LiESAGE a exposée , il i'aiit nommer Gabriel
Cramer , qiii , en x^3i , fit soutenir sous sa pré-
sidence, à GeiiAve, une thèse, où il proposa un»»
liypollièse en apparence semblable , mai» au
l'ond tort difféi ente , que en grand géomètre n»
développa point, »l >|it'il yaïut eusait* abau-»
LES
non pnMic , sous le litre à'J^ssal (Je
chimie mècatùqtœ. Il y rappoilait
les aninilc's à son nu'ianisnic j;ene-
ral , et expliquait en particulier l'af-
finilc (les substances homogènes en-
tre elles, par l'impulsion de deux
< ouranls de particules de grandeurs
inégales. Il fil, dans la suite , diverses
corrections à cet écrit, cl les joignit
soigneusement à tous les exemplaires
qu'il olVrit à ses amis et à plu-
sieurs savants, dont il ambitionnait
les critiques au moins autant que le
siidrage. Le Sage forma des liaisons
et soutint des correspondances nom-
breuses avec des savants de diverses
nations, tels queMairan , d'Alembert,
Haillv, Laplace, Frisi , Boscowicli,
Lambert , Euler , etc. Il fut nom-
me membre de la société royale
«le Londres , et correspondant de
l'académie des sciences. Il compta
Senebier au nombre de ses disciples.
II. B. de Saussure avait coutume
d'exposer dans ses cours le système
de Le Sage. Ses successeurs en ont
souvent use de même. M. Lhuilier ,
actuellement professeur à Genève ,
a souvent nomme Le Sage comme
un maître auquel il était tendrement
aitacbe. En 1 759 , Le Sage conçut ,
pour la première fois , la the'orie des
Uuides ëlasli(pies , sous une forme
qu'il a toujours envisagée depuis
comme pleinement satisfaisante. Des
travaux si soutenus furent, sans
doute, la cause d'un accident dont
il fut bien péniblement aflecté : eu
17(3-2, il perdit presque la vue. Des
ménagements et quelques remèdes
lui en rendirent insensiblement l'u-
sage ; mais il fut dès-lors assujéti à
toutes les précautions qu'exige un
organe fatigué et délicat. Celte cir-
constance , jointe à d'autres , lui (il
prendre la résolution de concentrer
>C3 forces sur un seul objet. Ainsi,
LES 369
loin de refroidir son ardeur pour
ses éludes favorites , elle tendit plu-
tôt à l'accroître. Apres diverses hé-
sitations , il renonça au mariage,
cl ne songea plus qu'à terminer le
grand ouvrage qu'il avait entrepris»
L'Histoire de l'académie des sciences,
pour i7')6, contient \mc Remarque
de Le Sage, sur la vingt et unième
proposition du livre xi des Elénienls
d'Euclide. Les Mémoires de Berlin,
pour 1782, oflrent, dans une dis-
sertation intitulée Lucrèce Neuto-
iiien , le syslèhie de Le Sage , pré-
senté par lui-même sous une forme
indirecte et ingénieuse. iS^ous avons
déjà dit qu'il a très-peu publié. Il
projetait une Histoire des reclierches
faites sur la pesanteur, et nombre
d'autres ouvrages plus ou moins liés
à l'objet principal de ses travaux. La
Notice de la vie et des écrits de G.
L. Le Sage, publiée à Genève en
i8o5 ,fail connaître un assez grand
nombre d'écrits de cet auteur , pu-
bliés, ou dont la publication est en
quelque sorte promise. Voici les plus
importants : Fragments sur les
causes finales ( publiés à la suite
de la même Notice ). — Extiaits
de la Correspondance de I^e Sage ,
( publiés de même ). — Sur les al-
véoles des abeilles { dont un frag-
ment a été publié par M. F. Huber ,
dans ses Observations sur les Abeil-^
les, tome 11 ). — Loi qui comprend
toutes les attractions et répulsions
(Journal des savants , aviil 1764 ).
— Quelques Mémoires sur de pré-
tendues expériences de MM. Coul-
taud et Mercier (Journal de physique,
177-2 et 1773 ). — Suffrages bri-
tanniques favorables à la physique
spéculative ( Biblioth. britannique ,
tom. 8 et Q ) (i). Ses ouvrages non
(1) Nom indiqiteron* ici quelque* opuaciilea
œwins impoiUu» , pour u« ric« oowiua «la c«
27^ LES
publies sont de divers genres. Nous
nous bornerons à menlionner son
grand Trailé des corpuscules ultra-
mondains , et à en donner une idée
en deux mots. Des corpuscules durs,
très-pelits et très-rapides, arrivant
sans cesse en tout sens des régions
les plus reculées de l'espace, pous-
sent les corps les uns contre les au-
tres. Pour juger ce système, il faut
Toir s'il explique les lois de l'attrac-
tion ; et afin de mettre les savants en
ëtat de prononcer , l'auteur a pre'-
sente' ses conceptions sur la porosité
des corps , et sur la nature des cor-
puscules ultramondains , dans un
court résume' , placé à la suite de son
Lucrèce iV<?Mfonien, réimprimé dans
la Notice citée ci-dessus. ( i ) Cet ex-
posé suffit pour montrer aux mathé-
maticiens que les phénomènes sont
explicables par ces suppositions.
Dans l'astronomie physique on a pu
se passer jusqu'ici de considérer l'at-
\u\ a été publié : Réjlexions sur la distinrlion
tntre l' esprit et le jugdinenl , signées X ( Jour-
nal Helvétique , novembre 1^43 ). ... Deux let-
tres sur un principe evroné de définition {Jouni.
Uelf/éi. , 1744 et 1745 ). — - L'article Inverse de
l'Encyclopédie. --- Remarques sur les dijjé-
■renies mélhodes de préserver les édiji-es des
incendies , in-8». , 177b. -— Lettre sur le rap-
port du vide au plein , etc. ( Journ. Ëncyclop.,
»uar« 17S2. ) — Réflexions sur la loi de conti-
tiuité { Opuse. scelli , 1784). A ces opuscules
publiés du vivant de l'auteur ^ il faut ajouter les
écrits posthumes suivants : — Sur le contant des
éléments (Ann. de'chimie, n". 148). Sur le
style des ouvrages philosophiques. (Archives
littéraires , t. iv , p. 54 ). Quelques opuscu-
les relatifs à la méthode ( imprimés à la
•uîte des J'.ssais de philosophie de P. Prévost,
Genive , «804 ), et Deux traités de physic,ue-
méçanique, publiés par P. Prévost, comme
éditeur du premier, et auteur du second , Ge-
ntve, Ptischoud, 1818. Le premier de ces trai-
té», rédigé d'apris le» notes de Lesage , contient
Texposé de son sfsttme et les applications qu'il
en avait faites aux fluides élastiques et aux at-
linitcs. Le second offre de nouvelles applications
■ ux gaz et à la lumière. Cet écrit est destiné à
faire connaître en son entier le système de l'au-
teur, et il indiquer des conséquences qui sem-
blent, du moins par leur objet, aevoir être de
quelque intérêt aux yeux des physiciens.
(t) Voyez Notice de la Vie et des éeritt de
J.eta^c , p. 699-604. Ce résumé a pour titre : ^p-
peniUce. Constitutions que 7 'assigne aux graves
tt au fluide graviflque ; suivies d'un eoneeot
Tuathémuihique , etc.
LES
traction dans sa cause. Dans quel-
ques recherches de physique parti-
culière , il pourra bien arriver qu'il
en aille autrement , et que certains
phénomènes dépendent de la cause
même de cette force , envisagée jus-
qu'ici comme un fait. En ce cas , les
recherches de Le Sage acquerraient
beaucoup d'importance. Nous nous
sommes bornés , dans cet article , à
envisager Le Sage sous le point de
vue de la science. Son caractère et
la constitution particulière de son
esprit offrent des traits assez remar-
quables. Nous en citerons un très-
petit nombre, renvoyant nos lecteurs
pour d'autres détails à la Notice de
sa Fie. La faiblesse de sa santé,
et sa lenteur à rédiger , avaient sou-
vent engagé ses amis à le presser
d'accepter leur secours. Mais après
y avoir réfléchi , et avoir fait même
en ce genre quelques tentatives, il
avait fini par y renoncer ; et l'on a
trouvé dans ses notes un paquet de
cartes sous ce titre : Sur Vimmis-
cihilité de mes pensées avec celles
d'autrui. Le Sage reconnaissait en
lui deux facultés faibles , l'attention
et la mémoire. Celle-ci était ingrate
et capricieuse : il ne pouvait pas la,
diriger sans user de certains artifices.
Il se comparait à un peintre qui
voudrait travailler de nuit , sans au-
cune autre clarté que la lueur inat-
tendue et instantanée des éclairs. In-
capable par-là même de diriger son
travail vers un objet constant et dé-
terminé , il avait pris le parti de lais-
ser aller sa pensée au gré de son ca-
price, et prenait chaque jour , pour
objet de travail et d'application,
celui que lui suggérait le moment. II
manquait de présence d'esprit, qu'il
appelait présence de mémoire. Aussi
sa parole était-elle lente et composée.
Il fallait qu'on le suivît sans le pr»»-
Î.KS
An ni rinl<M rompre ; rt mhne rn
vitant (rôtrc Ioiij; , il s'aj)])li(iuail le
tôt des Spartiates à un orateur Hc
>,tnios : « La longueur du milieu de
» volrc discours nous a fait oublier
» le commencement, et par conse'-
• quent nous a empêches d'en com-
» prendre la (in. « Son imagination
lui représentant faiblement l'avenir,
il Y nieltait moins d'intcrct que d'au-
tres; et il avait coutume de dire lui-
'îiènie, qu'il n'y prenait part que
onirae à l'ex-isleuce de ses proches,
(.('la lui paraissait surtout vrai durant
les jours où l'insomnie avait abâtardi
toutes ses facultés; en sorte que,
pour s'informer de son état , une de
ses amies bii demandait à quel degré'
de parente il était allie de lui-même.
On peut dire , eu général , qu'il eut
toujours le bien en vue , et qu'il le
pratiqua autant qu'il le putconnaître.
Mais , de toutes ses inclinations loua-
bles , aucune ne l'a plus constam-
ment dominé que l'amour de la vé-
rité; c'était chez lui une vraie passion.
Il fut sensible aux charmes de l'a-
mitié ; il en connut les lois , et en
remplit les devoirs. Ses actesde bien-
faisance étaiejît fort supérieurs à sa
fortune. Peu d'hommes ont poussé
plus loin que lui la complaisance et
les bons olUces , dans les objets sur-
tout qui pouvaient intéresser le tra-
vail des gens de lettres et des jeunes
gens voués à l'étude. Du reste , ses
goûts étaient simples et sa vie uni-
forme et laborieuse. Il supporta
patiemment les infirmités jusque
dans une vieillesse avancée; mais
f'S infirmités s'accrurent tout à coup
' l se changèrent en uue maladie lon-
- ue et douloureuse , pendant laquelle
il conserva , presque jusqu'à la fio ,
T présence d'esprit. Il mourut à
'icnive, âgé de près de 80 ans, le
io novembre i8o3. P. P. P.
LES 271
LES AGE ( Bernard -M ABiE ),
député à la Convention en i^tp par
le département d'Kure-ct-Loir, TOta
le plus ordinairement dans cette as-
semblée avec le parti girondin ( f^,
GuADET ) , et s'y Ht remarquer par
rexlrêmc mobilité de ses jr)rincij>cs.
Dans le procès de Louis XVI , il s«
prononça pour l'appel au peuple du
jugement à intervenir; et sur la ques-
tion de la peine, il vota la mort,
sans y joindre la condition du sursis.
Il se trouve par conséquent placr'
dans la catégorie des régicides, puis-
que dans le recensement des xqWm
le sien fut compté pour la mort,
quoique dans le dernier appel il ait
réellement volé pour le sursis. On
fait ici cette remarque pour rectifier
des erreurs auxquelles, dans les temp*
où nous écrivons , l'application de
la loi sur le bannissement des régi-
cidcs a souvent donné lieu. Dans les
premiers mois de la session conven-
tionnelle , Lesage, épouvanté sans
doute des suites de ce terrible arrêt,
se rangea parmi les révolutionnaires
les plus violents; il proposa, le 10
mars 1 798 , le projet d'un tribunal
révolutionnaire très-expéditif, mais
auquel on préféra celui du comité de
législation. Ce fut inutilement qu'il
essaya, par cette apparence d'exa-
gération qui n'était pas dans sou
caractère, de faire oublier l'hésita-
tion qu'il avait montrée dans les pre-
mières délibérations, et surtout dang
le procès de Louis XVI. La nouvelle
faction des montagnards ne cessait
alors d'attaquer les hommes timide»
qui nes'étaient pas jetés ouvertement
et de prime abord dans la carrière de
sang qu'elle venait de s'ouvrir; et
elle les vouait à la persécution et à
la mort, en leur donnant, par allu-
sion au procès du roi, le nom à'ap'
pelants. Lesage avait d'autant plus
^'^1 LES
de raisons de redouter la fureur de
ce,:, hommes féroces, qu'il s'était fait
remarquer plusieurs fois par sa mo-
dération. Le i4 décembre I79vi, il
s'était opposé à l'impression de la
liste des pétitions dites des 'io mille
et des 8 mille, dans lesquelles on
avait demandé vengeance des at-
tentats commis contre Louis XVI ,
le 20 juin précédent ; par la raison,
avait-il dit, qu'il ne fallait pas mul-
tiplier les causes de proscription.
Un tel langage ne pouvait convenir
à ceux qui voulaient gouverner par
la terreur et la destruction • et Le-
sage fut lui - même un des pre-
miers proscrits après la révolution
du 3 1 mai , où il s'était montré l'un
des plus ardents à combattre le parti
de Robespierre. Le iS juillet 1798,
il fut déclaré traître à la jiatrie, et
mis hors la loi- mais ayant échappé
à ses bourreaux par la fuite, il fut
rappelé clans la Convention avec
ceux de son parti , après le 9 ther-
midor ( 27 juillet 1 794 ). Pendant le
reste de la session , il voulut se
venger des terroristes ses proscrip-
teurs, les poursuivit avec beaucoup
de constance, et demanda l'arresta-
tion de plusieurs, notamment de
Robert-Lindet et de Fouché, dont
il avait à se plaindre plus particu-
lièrement. Il combattit la loi du 1 7
nivôse relative au partage des suc-
cessions des émigrés , et devint
membre du comité de salut public :
il n'y aurait véritablement point de
reproches à lui faire depuis sa pros-
cription, si on ne l'avait entendu
Annoncer à la tribune avec enthou-
siasme la funeste victoire de Quibe-
ron, où venaient de périr les meil-
leurs officiers de l'ancienne marine
de France. Il fut ensuite membre de
la commission qui rédigea la cons-
ijtutioa directoriale , et fut chargé
LES
concurremment avec M. Daunou
d'en faire le rapport. Le Si3 juin
1 795 , il proposa une proclamation
aux habitants de Paris , et fit décré-
ter qu'ils étaient garants envers la
nation de la sûreté des membres de
la Convention nationale. Depuis cette
époque il se fit peu remarquer; et il
mourut le 9 juin 1796 dans un âge
peu avancé. B-u.
LESBONAX, philosophe et ora-
teur grec , était né à Milylène , et
florissait sous l'empire d'Auguste.
Il eut pour maître Timocrate; mais
il corrigea ce qu'il pouvait y avoir
de trop sévère dans ses principes.
Lucien, qui l'appelle un homme d'es-
prit et de mérite , nous apprend qu'il
fréquentait les spectacles, même ceux
des danseurs, et qu'il regardait le
théâtre comme une école de vertu.
( Fojez Lucien, De la danse,
trad. de Bellin de Ballu , tom. m ,
p. 99, ) Il enseigna dans sa patrie avec
un tel succès, qu'on a cru que c'était
pour lui décerner une récompense
publique, que les magistrats de sa
ville natale avaient fait frapper en
son honneur une médaille, échappée
long -temps aux recherches des an-
tiquaires , et retrouvée, dans le der-
nier siècle, par Cary, académicien
de Marseille, qui l'a publiée en 1744,
avec une explication. ( F, Cary, \ II,
p. 247.) Elle porte une tête de jeune
homme, couronné de fleurs , avec
les mots AECBONAS HPHC NEOC,
et au revers une figure debout , cou-
verte d'un manteau , qui tient de la
main droite un bâton, et de la gau-
che un instrument qu'on n'a pas pu
déterminer. Cary conjecture que la
tête est celle du dieu Bacchus , ho-
noré d'un culte particulier à Mi-
tylène : cette opinion est com -
battue dans les Mémoires de Tré-
voux ( juin 1745 ) où l'on prétend
LES
i M' riUlP lôl<* »<^ pcul-cire que celle
fie Krsl>oiia\ lui-iiièmp. Le sarant
VisroîUi a l'ail voir «Icpiiis ( Icuiio^r.
grectf. sii(>|>l. nul. (11. iv ) que la tète,
liguree sur celle médaille est celle
(VAulinoiis, auquel les Lesbiens y
•Iruinciit, par flatlerie, le titre de ue-
>s ^tos LESBO>Ax,c.a.d. lehévs,
u\>eau Leshonac ou nouvel Annv
(Mgiieur ) lie Lesbos. ( Tom. TIl ,
cdit. in -4". p. 319. ) Suidas as-
sure que ce Lesbonax avait compose'
{îlusieurs ouvrages de philosophie,
^holius avait fait l'analyse de seize
de ses harangif(R; mais par une fa-
talité qui semble avoir poursuivi les
productions de Lesbonax , ce pas-
sage de la Bibliothèque i[(i Photius ,
est un de ceux dont on re^^relte la
perte. Quelques critiques ont distin-
gué Lesbonax le philosophe, de l'o-
rateur : Fabricius [^ense que c'est le
même personnage j mais il avoue
qu'il serait embarrassé d'en donner
de bonnes preuves. Quoi qu'il eu
soit , on a , sous le nom de Lesbonax,
deux Harangues , imprimées dans
les Orationes rhetor. grœc. Venise,
Aide , i5i3; H. Estienne, 1.575, et
plusieui-s fois avec les Discours d'Rs-
chine , de Lvsias et des autres oïa-
tcurs grecs. Dans la première, il ex-
horte les Athéniens à se vciïger des
injures des Thébains ; la seconde , a-
dresséc aux Athéniens, a pour but de
les engager à faire la guerre aux La-
ccdéraoiîiens. Si ces discours avaient
t été réellement prononcés, il faudrait
«i conclure que l'auteur vivait au
t«mps de la guerre du Péloponnèse
^i3 ans avant J.-C. ), et par con-
ifjiienl plusieurs siècles avant Les-
bonax le philosophe; mais on sait
que les rhéteurs prenaient souvent
les sujets de leurs déclamalions dans
les temps reculés. Ces deux /faran-
gués oui été traduites en latin, la
XXIV,
LF.S
173
prCTnière par André Scholt ou Jean j
Gruter , cl la seconde par (iuil-
lamne (janlcr , et imprimées à Ha-
nau, i()M), in-8". avec les Discours
de Dinanpie. Lesbonax eut un fils
nommé Potamou,qiji l'égala dans
l'art de l'éloquence. On a confondu
Lesbonax , dont on vient de parler,
avec un grammairien de même nom,
qui lui est postérieur, et qui floris-
sait à Constanlinople. On a de ce-
lui-ci : De figuris grammaticis.Jjéon.
Allalius promettait une édition grec-
que et latine de cet ouvrage, en
1G43 ; mais il a été publié pour la
première fois, à la suite du traité
d'Ammoiiius , De adjimum vocabu-
lorum dijferenlid, ^r. , par Valke-
uaer , Lcyde, 1739 , in-40. W-s.
LESBROUSSART (Jean-Bap-
TTSTK ) naquit le 21 janvier 17^7 7 à
Ully-St.-George, en Picardie. A peine
âgé de '20 ans, il obtint la chaire de
rhétorique, au collège de Bcauvais,
où d'excellentes études l'avaient de'ja
fait connaître avantageusement. Sa
réputation pénétra bientôt dans laBel..
gique; et le gouvernement autrichien
lui lit, en 1 778, des propositions qui
furent acceptées. II devint successi-
sivement professeur à Gand et à
Bruxelles : nommé membre de Ta-
démie royale de cette dernière ^âlle,
il ne tarda pas à justifier cette laveur
par des Dissertations historiques ,
qu'un style pur et l'esprit d'analyse
font distinguer dans la collection des
Mémoires de cette société. Il publia,
en 1783 , sous le litre à' Education
littéraire, ou Réjîexions sur le plan
d'études adopté par S. M. VEmpe-
reurpour les collèges des Pays-Bas
autrichiens, vol. in-r2.,un ouvrage
qui lui valut les encouragements les
j)lus flatteurs 11 cultivait ainsi pai-
siblement la littérature , lorsque les
révolutions de la Belgique et de la
1^
î>74
LES
France vinrent troubler son repos.
Victime d'une intrigue que sa loyau-
té l'empêcha de déjouer, Lesbrous-
sart y après avoir professé les lan-
gues anciennes à l'ëcole centrale du
département de la Dyle , ne se trou-
va point compris dans l'organisation
du lycée : mais la ville d'Alost prit le
soin de l'en dédommager , en lui con-
fiant la chaire de belles-lettres à son
école secondaire. Bientôt après , en
i8i 0,1e grand-maître de l'université
bii donna la chaire de rhétorique au
lycée de Bruxelles , qui vit dès-lors
le nombre de ses élèves s'accroître
de plus d'un tiers. L'Institut royal
des Pays-Bas le mit au nombre de
ses membres , en 1816; et il venait
d'obtenir sa retraite , lorsqu'il mou-
rut le 1 0 décembre 1 8 1 8, laissant un
fils dont s'honore déjà la littérature
bolgique. Outre les ouvrages dont
nous avons fait mention, Lesbrous-
sart a publié: L Annales de Flandre
du P. d' Oudegherstf enrichies de
notes historiques , grammaticales
et critiques , ainsi que de plusieurs
chartes et diplômes qui n'avaient ja-
mais été imprimés, Gand, 2 vol.
in -8». IL Eloge historique du
jirince Charles de Lorraine , Bruxel-
les , 1781. III. Un Mémoire qui
remporta le prix proposé par l'aca-
démie de Châlons , sur cette ques-
tion : Quels sont les moyens de
-perfectionner Véducation dans les
collèges de France ? 1 78 1 . St-t.
LB^SC AILLE (CATiiERmE), Gene-
voise d'origine, née vers 1649 ^
Amsterdam , où son père était asso-
cié dans la célèbre imprimerie de
Blaeu ( I ) , cultiva avec distinction
(i) Il avait lui-même du talent pour la poésie }
Wajs il perdit tous ses papiers dans l'incendie
qui consuma l'imptimerie de Blaeu, en 16-,.
I/empereur Léopold l'avait créé poète -lauréat
par des lettres-patentes du ler. mai i6(»3. Il mou-
tHtea 1677, à l'âge de 67 an«.
LES
la poésie hollandaise, et fut surnom-
mée la dixième Muse , la Sapho
Hollandaise, etc. Bien qu'il y ait
de l'exagération dans ces éloges, on
ne peut lui contester un véritable
talent, que Vondel avait signalé dès
l'enfance de Catherine. Elle succéda
à son père dans le commerce de la
librairie* et les poètes de son temps
n'eurent pas moins à se louer d'elle
pour les conseils de sa critique éclai-
rée, que pour l'exécution typogra-
phique de leurs œuvres. Les siennes
ont été recueillies en 3 vol. in-4®. ,
par son beau-frère Rânk , à Ams-
terdam, en 1728. On y trouve sept
tragédies, traduites du français, et
jouées à Amsterdam; savoir : Gen-
séric , Wenceslas , Hérode et Ma-
rianne, Hercule et Dé j antre, Ni-.
comède , Ariane, et Cassandre.
Catherine Lescaille mourut le 8
juin 171 1. M-ON.
LESCALE. Voyez Scaliger.
LESCALOPIER ( Pierre ) , néâ
Paris en 1 608 , se fit jésuite le . 1 2
septembre i6si5, prononça ses qua-
tre vœux en i643, professa la rhé-
torique pendant douze ans , à Reims,
et l'Ecriture-sainte , pendant treize
ans, à Dijon. Il mourut dans cette
dernière ville, le 6 août 1678. On
a de lui : Humanitas theologica in
qud M. r. Cicero , de Naturd Deo-
rum , argumentis, expositionihus , il-
lustrationibus nunc primùm insi^
guis in lucem prodit , 1 660 , in-f*^.
L'abbé d'Olivet dit que le P. Lesca-
lopier a incorporé dans ses notes les
commentaires sur le même ouvrage
par Pietro Marso , et par Sixte Betu-
leius; il ajoute que, si ce que le P,
Lescalopier a pris à ses prédéces-
seurs était retranché de son livre ,
ainsi que tout ce qu'il y a mis de
superflu et de puéril , son in-folio se-
rait réduit à un volume très-portatif.
LES
î .\ BibliotJiâca scriplorwn societa-
(is Jt'sn n'allrihnr pas d'autres ou-
vrages à Lfscalopior; mais Morcri
( cdiliou fie l 'j'ji) ) dit qu'où lui doit
rnrorr : Scholia seit brèves clucida-
tiones in libnim Psalmoruiriy 1 7*27 ,
iu-8«. Z.
LESCALOPIER de NOURAR
( CuARL» s -Armand ) , ne à Paris
le 24 i^iHet 1709, fut luâîlre des
rcf|uèles; ce qui ne renipccha pas
de cultiver les lettres : il mourut à
Paris , le 7 mars 1779. Ou a de
lui:I. VAininte du Tasse, pasto-
rale y 1735, iu-1.2; traduction en
prose. II. Traité du pouvoir du
magistrat politique sw les choses
sacrées, traduit du latin de Gro-
tius , 1 75 1 , in- 1 2. III. Histoire des
capilulaires des rois de France.
(Voyez Baluze , III , 297.) IV. De
la république, traité de J. Bodin ;
ou Traité du gouvernement , revu
sur l'édition latine de Francfort ,
1591, Londres etParis, I756,in-iu.
V. Les écueils du sentiment , 1 756,
in- 12. VI. Ministère du négocia^
teur, 1763 , iu-8«. VII. Beclierches
sur l'origine du conseil du roi,
1765 , in-i2. VIII. Eloge hi tori-
que de Vahbé Oliva ( à la tête des
OEu^res diversesde M, l'abbé Oliva^
1758, in-8^., dont il avait été édi-
teur ). — Lescalopier a donne un
Précis sur Véducation des vers à
soie, 1763 , in-80. A. B-T.
LESCARBOT ( Marc ) , littéra-
teur, était né à Vervins dans le
seizième siècle, d'une famille no-
Me ( I ). Il se fit recevoir avocat au
parlement de Paris; mais entraîné
par son caractère aventureux, il ne
tarda pas à quitter le barreau , et
s'embarqua sur une flotille destinée
(1) l\ prend , k la tète «le •«■ oiivrai;e*, le titre
Je leigneiir d- Saint-Audabcrt du Pr«*ie U««m-
moue «a ttoutonnaii.
LES 'i7';
{>our la Nouvelle-France. Il contri-
ma à former les j)remiers établisse-
ments (lau6 le Can.!da,et raj)p()rta,
sur les productions de ce p,»vs, des
renseignements très-uli.'cs. ïl con-
sentit ensuite à accoinj)iiç;i:er Pierre
de Castille, nommé ambassadeur en
Suisse ; et il proiita de ses loisirs
pour vi^iter dans le plus grand dé
tail une des contiécs de l'Europe les
j)lus intéressantes aux }eU5. du na-
turaliste. On ij:;nore les autres par-
ticularités de la vie de Lescarbotj
et ce n'est que par conjecture qr.'on
place sa mort vera l'an i63o. On a
de lui : I. Histoire de la JSouvclle-
France, contenant les navigations ,
découvertes et habitat i m s faites
par les Français es Indes- Occi-
dentales, etc., Paris, 1609, in 8°.-
seconde édition augmentée, iGri;
avec de nouvelles additions, 1618,
in-8^. Cet ouvrage est rare et cu-
rieux. L'auteur y donne d'abord Ja
relation du voyage de Jean Veraz-
zani, envoyé le premier par les Fran-
çais en Amérique : il parle ensuite
des établissements français dans la
Floride; de Texpédilion de Viliega-
gnon dans le Brésil; et de la colonie
ifondée dans l'Acadie par De Monts.
Lescarbot paraît sincère, sensé et
impartial. C'est le témoignage que
lui rend le P. Charlevoix, dont l'au-
torilé est ici d'un grand poids. Il
entremêle ses récits d'anecdotes et de
remarques littéraires; et il a fait im-
primera la suite de la 3*^. édition d©
son ouvrage, un recueil de Vers qu'il
a intitulé, Les Muses de la Aou-
velle-France , parce qu'il les avait
composés pendant son voyage en
Amérique. II. Le Tableau de la
Suisse, auquel sont décrites les sin-
gularités des Alpes, Paris, 1618,
in-4'^. de 79 pages. Cet ouvrage est
écrit en ver* fort plats et fort ea-
^"C, LES
rmvnux; mais on y trouve des p:\r-
ticiilarités inlcrcssantes et qui le font
l'ccherclier des amateurs. L'auteur
y réfute ropiuion , déjà répandue de
son temps , que le Rhône traverse
le lac de Genève sans y mêler ses
eaux. La deseription des bains de
Pfeffers, qui fait partie de ce livre ,
avait paru séparément sous ce titre :
Les Bains de Fewer, etc. , sans
date, in-4°., et Lyon, Détournes,
i6i3,in-4o. de 8 pages. IIL La
Chasse aux Anglais dans Visîe de
Bhé et au sié.^ de La Rochelle,
et la réduction de cette ville en
16^8; Paris, 1629, in-8«. W-s.
LESGÈNE DESMAISONS
(Jacques) , né à Granville en 1750,
était fils d'un officier de marine peu
favorisé de la fortune. Après avoir
achevé ses études à Paris , au col-
lège d'Harcourt, où un de ses parents
l'avait fait recevoir boursier , il fut
chargé de l'éducation d'un jeune
lord , passa plusieurs années en An-
gleterre , et visita l'Italie avec son
élève. Attaché ensuite à quelques
légations françaises en diverses cours
du Nord , il était de retour à Paris
depuis peu d'années , lorsque la ré-
volution éclata. N'y voyant que le
4'ésultat des principes qu'il avait con-
tribué à propager par ses écrits , il
s'en montra le zélé partisan ; mais
jamais il n'en approuva les excès.
Sa réputation , ses ouvrages , fruits
de vingt ans de voyages et d'études
sur les lois et les gouvernements des
Etats qu'il avait parcourus, le firent
distinguer parmi les électeurs de
1 789 et 1 790. Nommé, par le district
de St.-Josephdont il était président,
Tun des administrateurs de la police
en 1789, il eut quelques démêlés
avec le maire Bailly, qui voulait
s'attribuer exclusivement la police
di'i spectacles; et il mit dans cette
LES
afTaîreunemodérationcligned'éloges.
Elu , à la fin de 1 790 , juge de pai <
du faubourg Montmartre , ce fut lui
qui , le premier, fit adopter, dans sa
section, la suppression des barrières
et du droit d'octroi. Chargé d'en ré-
diger la délibération et de la porter
au conseil de la commune , qui l'ap-
prouva , il le fut aussi de la rédac-
tion de l'adresse qui , présentée à
l'assemblée constituante , donna lieu
au décret du 19 février 1 791. Lors-
que la guerre civile qui désolait le
Comtat Venaissin , eut déterminé
l'envoi d'une commission média-
trice dans ce pays , le ministre delà
justice , Duport-Dutertre , le fit nom-
mer par Louis X.VT, l'un des mem-
bres de cette commission avec l'abbe
Mulot et M. Veruinac. Arrivés à
Orange, les médiateurs y reçurent
les députés d'Avignon, de Carpen-
tras , de l'assemblée électorale dç
Vaucluse, et de cette armée de Mon-
teux dont le trop fameux Jourdan
n'était que le général ostensible. Ils
parvinrent à leur faire signer la paix ,
le 1 4 juin 1791 , à renvoyer dans
leurs foyers les détachements fournis
par les communes qui avaient pris
parti pour Avignon ou pour Gar-
pentras, et à rendre la liberté à tous
les prisonniers. Mais cette paix illu-
soire, quoique garantiepar la France,
fut bientôt la source de nouveaux
malheurs ; car , tandis que les anti-
révolutionnaires de Garomb, dans le
Haut-Gomtat , égorgeaient le détache*
ment qui rentrait sur la foi du traité ,
les révolutionnaires d'Avignon , fu-
rieux contre la municipalité qui s'é*
tait opposée à leurs excès , se prépa-
raient à la vengeance, et désignaient
leurs victimes. Des troupes de ligne^
des gardes nationales de France furent
successivement appelées par les meV
dialeurs, sans pouvoir empêcliCT i^
I
LES
m«il. On ajustement reproche' à Vitn
d'eux d'avoir ferme les yeu\ sur les
jirnjt'ts des agitateurs, (jiii d(\s-lors,
se rroyaul appuyés , redoublèrent
d'audaec , dcsarnièrent tout ce qui
leur portait ombrage, s'emparèrent
de l'arsenal, violèrent la maison com-
mune , et traînèrent en prison plu-
sieurs membres de la municipalité',
ainsi qu'un grand nombre de ses par-
tisans. Leseène Desmaisons, ar-
rive depuis peu de jours du llaut-
Comtat , n'avait pu ni prévenir , ni
arrêter ces desordres ; mais il aurait
du désabuser ou dénoncer son col-
lègue. Les médiateurs quittèrent Avi-
gnon , où leur caractère n'était plus
respecte. Leseène partit, le 'i5 août,
j)0ur Paris, avec le maire et quelques
ofl'iciers municipaux, et il rendit
compte, le i o septembre, à l'assem-
blée nationale de l'issue de la média-
tion. Quoique l'un de ses collègues ,
arrivé aussi à Paris avec Rovèreet
Duprat jeune , ne lui eût succédé à
la barre que pour justifier en quel-
que sorte la faction qu'd semblait
protéger , le discours de Leseène ,
appuyé par les délibérations de la
majeure partie des communes du
Comtat , qui demandaient à être réu-
nies à la France, fut suivi d'une der-
nière discussion sur cette affaire , et
du décret de réunion , qui fut pro-
noncé le i4 septembre 1791. Une
nouvelle commission devait être en-
voyée dans le Comtat; elle fut com-
posée de Leseène Desmaisons, de
M. Champion de Villeneuve et du
général Beauregard : mais , par une
fatalité remarquable , ces commis-
saires ne furent nommés que le 6
octobre , et ils ne reçurent leurs
provisions que le 1 1. Ce fatal délai
lut cause des massacres qui eurent
lieu les 1 G et l'j octobre. ( Voirez
JoLRDAN €l Maikyielle ) ; H les
LES -«77
regards des commissaires eh furent
presque souillés en arrivant d»1ns une
ville où régnaient le deuil et la cons-
ternation. Secondés par une force
armée imposante, ils brcnt'.^onslatcr
ces forfaits par un procès - verbal
d'exhumation des cadavres , arrêter
tous ceux que la voix publique accu-
sait d'y avoir pris part, et ils ins-
tallèrent un tribunal spécialement
créé pour juger ces assassins : mais
ce triomphe sur le crime devait
être de courte durée ; et ce fut peu
de mois après ce commencement
de justice, que, le 19 mars 179*2,
l'assemblée législative rendit, en fa-
veur des assassins de la Glacière ^
ce honteux décret d'amnistie qui a
été le prélude de l'impunité si sou-
vent accordée depuis à tous les for-
faits de la révolution. Les commis-
saires osèrent reprocher à l'assem-
blée son aveuglement ; et ils firent
entendre si énergiqucment le langage
de la vérité , qu'ils arrachèrent im
nouveau décret , expliquant et modi-
fiant le premier, et ordonnant la trans-
lation des prévenus dans les prisons
de Beaucaire; mais il était trop tard.
Peu de jours après, quatre-vingts in-
dividus , revêtus de l'uniforme na-
tional, enlevèrent des prisons d'Avi-
gnon 56 détenus dont ^5 étaient
décrétés de prise-de-corps, à raison
des crimes des 16 et 17 octobre.
Aussitôt le tribunal provisoire, éta-
bli pour les juger, se dispersa; 3oo
témoins quiavaientdéposécontreeux
prirent la fuite; les commissaires des
départements se retirèrent , et Les-
eène se rendit à Paris , où il lit à
l'assemblée , les 16 et 18 avril, uu
nouveau rapport dans lequel il si-
gnalales fautes qu'on avait commises
et les malheurs qui devaient enré.sul-
ter.Mais il prêcha dans le désertion
touchait dans la capitale à des mal-
278 LES
heurs plus grands encore; et la faction
qui préparait les massacres de Sep-
temjjre, ue pouvait pas permettre que
l'on punit ceuxqni en avaient donne'
l'exemple. Les assassins ayant été
ramènes en triomphe à Avignon par
les Marseillais, MM. Champion de
Villeneuve el Beauregard furent for-
cés de revenir à Pn'is, où ils ne pu-
rent obtenir d'êlre entendus ; et ce
fut ainsi que finit celte triste et péni-
He mission. Lescène Desmaisons
fut poursuivi, et obligé de se cacher
pendant le règne de la terreur. Avec
de l'esprit , des connaissances et une
€loculiou facile, il était fait pour se
distirguer à la tribune , et servir uti-
lement son pays. Cependant il resta
long-temps sans emploi et sans for-
tune : ce ne fut qu'en i8o4 que M. de
Fleuiieu, ayant été nommé intendant
de la liste civile, lui procura la place
de chef du secrétariat , qu'il rem-
plit avec autant d'intelligence que de
probité jusqu'à sa mort , arrivée le
j'2 octobre 1808. On a de lui : I.
Histoire dti la dernière révolution de
Suède , précédée d'une analyse de
l'histoire de ce pajs pour déi^cdop-
per les causes de cet événement ;
Paris^ 1781 , et Amsterdam 1782 ,
I vol. in- 1*2. Cette histoire est exacte,
mais elle ne vaut pas celle de Sheri-
dan,qai a été traduite en français; et
l'analyse qui la précède, trop longue
pour un précis, puisqu'elle comprend
les deux tiers du volume, offre néan-
moins des omissions essentielles. Plu-
sieurs lettres et discours de Gustave
III, insérés à la fin de l'ouvrage, en
forraeiJt la partie la plus intéres-
sante. II. Le contrat conjugal , ou
Lois du mariage , de la répudiation
et du divorce , Neuchâtel , i ^83 ,
in-S**. , de 3 1 6 pages. Celivre , agréa-
i>lement écrit , renferme quelques
fyreurs de faits et quelques para-
LES
doxes, parmi un grand nombix; de
vues utiles. III. Essai sur les tra-
vaux publics , Paris , 1786 , in-8".
"iY.L/istije secrète des amours d' E-
lisabethet du comte d'Essex, tirée de
l'anglais des Mémoires d'un homme
de qualité, Paris, 1787, in-80. ;
sorte de roman historique dont le
sujet est un peu rebattu. V. Qu est-
ce que les Parlements en France ?
La Haye , 1788, in-80. de 73 pages.
Cet ouvrage, qui offre des recherches
exactes , a été refondu dans une
partie du suivant. NI. Histoire poli-
tique de la révolution de France ,
eu Conespondance entre lord L)***
et lord T***. , Londres ( Paris ) ,
1 789 ;, il vol. in - 8<^. C'est la meil-
leure production de Lescène : il y
développe avec sagacité les cau-
ses de la révolution. VII. Lettre
aux Représentants de la nation,
sur la vérification des pouvoirs
et la forme des délibérations , Paris,
1 789 , in-8«. de 43 pages VIII et IX.
Deux Comptes rendus aux Assem-
blées Constituante et Législative;,
de ses missions dans le Comtat Ve-
naissin, Paris, 1791 et 1792, in-8**.
Quoiqtie rédigés à la hâte et écrits
avec chaleur, ils présentent les faits
avec exactitude et impartialité. Les-
cène a fourni divers articles au Mo-
niteur. Outre une Tragédie en cinq
actes refusée par les comédiens, et
dont on trouve une analyse et des
extraits dans le premier volume de
son LListoire de la Révolution, il
a donné : X. \JLle des Amis , ou le
retour du capitaine Cook, opéra en
deux actes , en vers , parodié sur la
musique de plusieurs opéras italiens,
et représenté au théâtre Feydeau, les
3o novembre et 1 décembre 1 790 ,
sans murmures et sans enthousias-
me y dit un journal du temps , par
estime pour fauteur. Des chagrins
LES
(^)nlr.sli(plrs fmpoisnnnoront In moi-
tié dv la vie de Lcscènc Dosmaisons ,
et nuisirent à ses travaux littéraires
comineàson avancement. Uncfemme
espagnole qu'il avait eu le malheur
de rencontrer dans ses voyages , et
qu'il avait unie à son sort , sans lui
donner sa main , le tourmenta par
des violences, cl l'avilit par des scènes
scandaleuses ; il éloigna de lui tous
ses amis , et se laissa mourir dans
l'isolement. A-t.
LESCHASSIER ( Jacques ), sa-
vant jurisconsulte , fds de Philippe
Leschassier , secrétaire du Roi , na-
<|uit à Paris, en i55o. Destine' par
son père au barreau , il passa de l'é-
tude des humanités et de la philoso-
phie à celle du droit, et il y joignit
la connaissance de l'histoire. Le zèle
éclairé avec lequel il remplit ensuite
la profession d'avocat au parlement
de Paris, le fit bientôt distinguer de
la cour. Il fut désigné au président de
Pibrac , pour accompagner ce magis-
trat, chargé d'une mission en Polo-
gne pour le service du duc d'Anjou
( depuis, Henri III ). A son retour,
il rentra dans le barreau; et son mé-
lile le fit choisir pour l'un des subs-
tituts du procureur-général, dont il
partagea l'emploi avec les célèbres
Pierre et François Pithou et Antoine
Loisel. C'est mal à propos que l'au-
teur de son Eloge latin lui attribue
ces fonctions avant l'époque de son
voyage j il était trop jeune pour les
exercer alors. La faction de la Ligue
ayant éclaté, il quitta Paris, et sui-
vit le monarque , en manifestant ,
dans ses discours comme dans ses
écrits, le sentiment que l'ambition
des chefs de la Ligue était cachée
sous le masque de la religion, et
cherchait à s'ouvrir une voie à la
royauté; que dans cette vue on avait
érigé eu art la doctrine de l'assassi-
LES i7r>
n/it , dont Tlonri III devint en effet
la première victime. En i(3o5, Hen-
ri IV, auquel le duc de vSuIly, par
un esprit d'économie , conseillait de
réduire les rentes constituées sur la
ville de Paris, en fut détourné par
une supplique de Leschassier, ap-
puyée de la remontrance du prévôt
des marchands , François Miron , en
faveur des habitants de sa bonne
^âlle. Ce docte jurisconsulte n'était
pas moins versé dans le droit cano-
nique. La république de Venise lui
fit demander son avis au sujet des
différends élevés entre elle et Paul V,
sur le jugement déféré aux tribu-
naux des crimes publics des clercs ,
et sur la défense de bâtir des églises
et de transmettre des immeubles aux
ecclésiastiques sans le consentement
du sénat. Entre autres marques de
gratitude , il reçut , de ce gouverne-
ment , une chaîne d'or en reconnais-
sance de sa Consultation , où il op-
posait les anciens canons de l'Eglise
universelle aux excommunications
de la cour de Rome. La défense qu'il
entreprit aussi avec succès des droits
du chapitre de Senlis contre l'évêque
de cette ville relativement, à l'ordi-
nation des prêtres , témoigne son élo-
quence et son habileté; de même que
ce qu'il a écrit sur les libertés de
l'Eglise gallicane , montre l'étendue
de ses connaissances , puisées dans
une source i>lus haute que les décré-
tales et les gloses du droit canon. Il
ne cessa d'être consulté sur les ma-
tières politiques et ecclésiastiques ;
et il entretenait avec Fra-Paolo, Ni-
colas Contarini, Casaubon, Gode-
froy, Dumoulin , Justel et autres
personnages ou savants distingués ,
une correspondance , restée dans sa
famille, etipi'il est à regretter qu'on
n'ait jioint fait connaître. Jacques
LeschassicrmonrutàParis,lc?.8aviil
a8o LES
1625. Ses principaux écrits sont : I.
De la représentation aux lignes su-
périeures ^ Paris, 1598. II. De la
clause de renonciation au sénatus-
consulte Velléien insérée dans les
Contrais, iLid. 169 8. L'ouvrage de
Lcscliassier fit abolir celte clause.
III. Du droit de nature; De la loi
salique ; De la dot naturelle des
Jémmes ; De la conclusion de la
partie civile en un procès criminel;
De la confiscation des biens; Des
baux à rente perpétuelle ; Du cas
de simple saisine, Paris ^ 1601.
iV. De la maladie de la France
( la vénalité et l'hërcdile' des char-
ges ) ; présente' au roi en 1 60 1 , et
publié en 161 7. V. De t ancienne
et canonique liberté de V Eglise
gallicane, Paris, 1606: les deux
chefs dont traite l'auteur sont les
entreprises sur Tancienue discijîline
de l'Eglise etsur la police temporelle.
VI. Consultatio de controversid
inter sanctitatem Pauli quinti et
serenissimam Eempublicam Kene-
tflm^ Paris, 1607. ^^^*^ consulta-
tion , citée dans le Codex canoniim
Ecclesiœ unhersœ, est rapportée
avec éloge , ainsi que le précédent
écrit, dans les Libertés de tE-
glise gallicane de M. Durand de Mail-
lane, Lyon, 1770-6, 5 vol. in-4*'.
Plusieurs autres écrits non moins re-
marquables de l'auteur , ont été réu-
nis avec les premiers , dans la col-
lection mentionnée à l'article suivant.
G-CE et D-c.
LESCHASSIER ( Christophe ) ,
neveu du précédent , conseiller e?.i
la cour des comptes ^ possesseur des
lettres et des manuscrits de son oncle,
a recueilli et publié ses OEuvres en un
vol. in-4^, Paris , 1649; la deuxième
édition , la plus ample , est de i65gt.
Ce recueil contient entre autres opus-
cules, indépendamment d-e ceux déjà
LES
indiqués , et qu ont paru du vivant
de l'aulcur ; T. De l'ordination des
prêtres pour le chapitre de Senlis ,
contre Antoine Rose , évéque de
cette "ville. La procédure , ainsi que
l'arrêt de condamnation relatif à
un libelle fait à l'occasion de l'écrit
de Jacques Lcscliassier , se trouvent
à la suite de cet écrit , et ont été in-
sérés dans le Corps des ordonnances
imprimé en 161 1. II. Requête pré-
sentée au Roi, et Remontrances du
Prévôt des marchands contre la
réduction des rentes constituées sur
VHôtel-de-Ville de Paris. ( Voyez
l'article précédent. ) IIL Des Ré-
gences de F ronce, composéen 1G02.
L'ouvrage avait pour objet d'écarter
les femmes de la régence, si une cons-
piration , telle que celle de Biron,
venait à se renouveler. A la tête des
pièces qui composent ce recueil , et
qui, malgré leur peu d'étendue , sont
estimées pour le fond et l'impor-
tance des questions , est une Vie de
l'auteur en français , qui paraît avoir
été rédigée par l'éditeur même : elle
est suivie d'un Eloge latin, anonyme.
On y remarque aussi lui témoignage
de Juslel, qui avoue devoir à Jac-
ques Leschassier la partie relative à
l'ordre , à l'autorité et au nombre
des canons des anciens conciles,
dans son Codex canonum Ecclesiœ
universœ , pul>lié à Paris en 1610,
et qu'il lui dédie nominativement ; ce
qui prouve que l'on s'est trompé en
donnant en Codex à François Pi-
thou. ( Voy. C. JusTEL. ) Christophe
Leschassier était possesseur d'un
manuscrit célèbre de Vbnitaiion de
Jésus-Christ , sous le nom de Jean
Gsrson , chancelier de Paris. La.
desrriplion en a été donnée jiar
J. de Launoy , dans la Dissertation
même où il prend parti contre Gcr-
son , dont l'effigie ancienae est dé-
LES
juinlc on tôle du manuscrit , cl pa-
,1 laît oïre un portrait de fauiille. Ce
I manuscrit, in-fol., aurait etc traiis-
' (lit vers 147'^^ P*"»!' "û iipveu du
. liancclicr. ( Fojez Th. Oerson ,
XIX, 'i3i ). 11 est aujourd'hui en la
possession de l'autcjr de cet ar-
liclc. Ci-CE.
LESCIIKVIN i.i l^KÉCOCR
( Philippe-Xavier ) , \\6 à Ver-
sailles, le 16 novembre 1771 , d'un
premier commis du contrôle de la
maison du roi, et mort à Dijon le 0
juin 181 4 , était commissaire en chef
des poudres et salpêtres, et membre
de plusieurs académies. Plein d'ar-
deur et de talent pour la minéra-
logie , il suivit les cours de chimie
de Sage , de Darcet et de Fourcroy ,
et ne profita pas moins des leçons de
fdivsirpic de Brisson , et de minera-
ogie de Daubenton. En 1794, il fut
attache aux poudres et salpêtres ,
dont il devint contrôleur à Golmar ,
puis commissaire à Vincennes , à
Luxembourg , à Trêves , et enfin à
Dijon. Doué d'une grande activité ,
Leschevin , sans négliger les de-
voirs de sa place , trouvait les
moyens de satisfaire son goût pour
les sciences et pour la littérature ,
et de suivre la correspondance
qu'il entretenait avec plusieurs sa-
vants de la capitale et des départe-
ments. Parmi les nombreuses pro-
ductions qu'il a laissées , on re-
marque : I. Instruction sur les nou-
veaux poids et mesures , l 'jçjS ,
in-S**. II. Exposition des acides ,
des alKalis , des terres el des mé-
taux , de leurs combinaisons , etc. ,
en I '}. tableaux ; traduite d^ l'alle-
niand de Trommsdorff , avec des
notes , 1802 , in-l**. III. Lettre à
M. Patiin , sur les roches glan-
duleuses du pays de Veux-Ponts ,
iBoi. IV. Plusieurs Rapports à
LVS
v.S.
V Académie de Dijon. V. iVotircs
sur fjuehfues recherches art héulo"
giffues et agronami/ptes. \ I. Sur
l'emploi de la stéatile dans la gra-
vure en pierres fines , traduit de
l'allemand de Dalberg ( le prince
primat ) , i8o3. VU. L'Ecole
du phinnacien , traduite de l'alle-
mand de Trommsdorff , avec des
notes , 1807. VllI. Observations
sur la y. classe du système biblio-
graphique de Debure, 1808. IX.
Notice sur la Lithographia \ icl-
BURGENSis et sur la mystification
qui y a donné lieu , 1808. X.
Mémoire sur le cltrome oxidé na-
tif, du département de Saone-et"
Loire , 1810. XI. Notice sur la
présence du zinc et du plomb dans
quelques mines de fer en grain de
la Bourgogne et de la Franche-
Comté , i8i'2. XII. Foyage à
Genève , en Savoie , elc. , 1812 ,
in-8'^. Leschevin a terminé sa car-
rière littéraire par la publication ,
en 181 3, de la Table analytique
des matières contenues dans les '28
premiers volumes du Journal des
mines , travail ingrat et pénible, qui
consuma quatre années de sa vie. Ya\
1807 , il avait donné une nouvelle
édition du Chef-d'œuvre d'un in-
connu y qu'il enrichit de notes cu-
rieuses , et d'une Notice sur la ^ ie et
les ouvrages de l'auteur ( Theniiseul
de Saint-Hyacinthe ), a vol. in-i7..
11 avait eu la principale part à la
rédaction des Annales ds la répu-
blique française , depuis la constitu-
tion de l'an m , desquelles M. La-
vcanx fut l'éditetir en 1 79<) , 6 voj.
in-S*». Leschf'vin se disposait à don-
nerune nouvelle traduction du Traittî
des pierres de Théophraste, avec les
notes de llill , auxquelles il eût joint
d'excellentes observations. Ses con-
naissances profondes et vaFic<.'sr va-
28'2 LES
laient mieux que son style , qui toute-
fois ne manque ni de clarté' ni d'ëlé-
jiçance. Il avait fourni plusieurs no-
tices au Magasin encyclopédique :
on y trouve (i8i4, ^v , 349 ) une
Notice sur sa vie et ses ouvrages ,
par M. Amanton , insérée aussi dans
le Journal de la Cote-d'or, des 27
et 3o juillet et 0.8 sept. 1814. D-b-s.
LESGLACHE ( Louis de ) , ins-
tituteur , ne vers 1620 , dans un vil-
lage près de Clermont en Auvergne ,
après avoir fait d'assez bonnes étu-
des , vint à Paris , où il ouvrit une
école de grammaire et de philoso-
phie , qui eut d'abord un succès pro-
digieux , parce que la forme synopti-
que de ses tableaux en rendait l'étude
extrêmement facile. Il avait eu le
malheur de contracter un mariage
mal assorti ; et sa femme dissipa en
peu de temps les économies qu'il
avait pu faire. Les progrès de la
philosophie de Descartes firent dé-
serter son école ; et il se vit forcé
de quitter Paris, pour aller enseigner
dans les provinces. Il s'établit d'a-
bord à Lyon , et ensuite à Grenoble ;
mais sa méthode ne réussit ni dans
l'une ni dans l'autre de ces villes. Il
revint à Lyon j et il y mourut de
chagrin , le 17 août 167 1 , dans un
âge peu avancé. On a de lui : I. Cours
de philosophie expliquée en tardes ,
et divisée en cinq parties : logique ,
science générale , physique , morale
et théologie naturelle , in-4''. Les
exemplaires de cet ouvrage , gravé
par Richer , de i65o à 165^ , sont
rarement complets. IL Abrégé de la
philosophie , en tables , sans date
( en 1 665 ) , in-4<*. , texte gravé
par Richer ; rare. Quelques parties
de ce Cours de philosophie ont
été imprimées avec des dévelop-
pements fort étendus , Paris , 1664 -,
W-4**. , et années suivantes. liL
LES
L'ordre des principales choses
dont il est parlé dans la Philoso-
phie qui est divisée en cinq parties ,
I vol. in- 16. IV. Les avantages
que les femmes peuvent retirer de la
philosophie, Paris, ^667, in -12.
V. I^es fondements de la religion
chrétienne , ou les ordres de Dieu
qui font reluire sa sagesse et sa
bonté, Paris, i663 , in-4^. VL
Les véritables règles de Vortografe
francèze , ou Vart d'aprandre en
peu de temps à écrire corectement,
Paris, 1668, in- 12. Rien de ])lus
ridicule , dit Goujet , que l'ortho-
gra])he de cet auteur , comme rien
de plus faible que les raisons sur
lesquelles il prétend s'appuyer. Ce
n'est qu'un réchauffé de ce que
Meygret , Pelletier et Ramus avaient
inutilement essayé d'introduire. Lcs-
clache a été réfuté rolidement par
Mauconduit. Sa philosophie avait
aussi essuyé des contradictions • et
l'on avait vu paraître la Philosophie
particulière combattue par celle de
VEscole , contre Lesclache , Paris ,
Sommaville , i65o , in-8^. W-s.
LE SCO I«r. (i) roi de Polo-
gne dans le septième siècle , né
dans une condition obscure , dut
son élévation aux services qu'il ren-
dit à sa patrie. Les Hongrois profi-
taient de la facilité qu'ils avaient de
pénétrer dans un pays sans défense ,
pour y exercer de fréquents ravages.
Przemyslas , aidé de quelques hom-
mes également dévoués , osa entre-
prendre de délivrer la Pologne de
ces bandes étrangères : il attira quel-
ques Hongrois dans une embuscade,
(1) Il y avait Jéjà eu deux ducs ou rois Polo-
nais nommés Lesco ou Lesko. Le premier na-
quit en 55o, et est regardé connue le i'oudatcue
(le la Poiogue. Le second usurpa le trône ver»
l'an 700; mais les ciironiqufS polouaines sont tel-
lement remplies de fables cju'an ne &ait riKU de*
poïitit sur ve» deux primiss.
LES
rf . les ayant oporgps, fil vc'tir de leurs
' lutsses coin])apiions, qui, h la fa-
ir de ce de^uisemcul , culrèrent
is le camp de«» Honfjrois, et les
ssacrcrcMt. Ce succès inattendu
iuia le courage des Polonais; et
ileferèrcnt la couronne à Prze-
Nslas, persuades que personne ne
lait mieux la faire respecter. Il
it,cu montant sur le trùne,lcnom
r.esco , premier duc de Pologne ,
lit le souvenir était encore cher à
^ sujets. Il régna, disent les histo-
MS, avec autant de bonheur quedc
ire , et mourut en 8o4 -, sans en-
ts. I — liEsco II. Les palatins se
putaient la couronne; et, pour
venir une guerre civile , on con-
ît de reconnaître roi celui qui
lit vainqueur dans une course de
chcvaux.Un des concurrents nomme'
Leszeck sema la carrière de pointes
de fer , en laissant vide un espace
suffisant pour son cheval. L'artifice
fut découvert par un jeune homme
qui s'exerçait à pied dans la lice ; le
peuple transporte de fureur mit en
pièces Leszcck , et décerna la cou-
ronne au jeune inconnu , qui prit le
nom de Lesco, devenu plus que ja-
mais agréable à la Pologne. Les an-
ciennes chroniques disentque le nou-
veau roi, loin de chercher à cacher
sa première condition, conserva tou-
jours les habits qu'il portait au mo-
ment de son élection, et que la vue
lui en était aussi agréable qu'elle eût
été odieuse à tout autre prince
né comme lui dans l'obscurité.
11 gouverna avec beaucoup de sa-
gesse , et se fit respecter des peuples
voisins , qu'il contint par sa va-
leur, mais qu'il ne chercha point à
subjuguer. Il mourut vers 8io ,
après un règne de six ans , et eut
pour successetir son fils , qui prit le
nom de Lesco IIL Trois autres ducs
LES
283
de Pologne ont porté le même nom,
sans mériter une mention plus dé-
taillée dans cet ouvrage. Lesco IV
mourut en 91 3 ; Lesco V , dit le
Blanc, en \ii'] ( ^o^v. Boleslas \ ,
tom. V , p. 49 ) ; et Lesco VI , dit
le]Voir,en 1^89. W-s.
LESCONVKL (Pierre de ), gen-
til homme breton, historien, roman-
cier, et poète médiocre dans tous les
genres , était né vers le milieu du
dix-septième siècle , au château de
Lesconvel , diocèse de St. - Pol de
Léon. Il nous apprend lui-même que,
rebuté de n'avoir pu parvenir à au-
cun emploi déconsidération , il prit
la plume pour remplir quelques-unes
des heures de la grande oisiveté où
il languissait à Paris. La rapidité
avec laquelle se succédaient ses
ouvrages , ne put lui faire ob-
tenir une réputation même éphé-
mère; et il mourut obscur à Pans ,
en 1722. Voici la liste des écrits
qu'il a composés , ou qui lui sont
attribués ; car ils ont presque tous
paru sous h voile de l'anonyme.
I. Abrégé de l'histoire de JJretaf^rie,
de Bertrand D'Argentré, Paris, i(385,
in- 12. Ce livre est très-superficiel ;
et l'auteur n'avait pas assez d'ins-
truction pour corriger les erreurs
dont foiirmille V Histoire de D'Ar-
gentré. II. La comtesse de Château^
b liant , ou les ejjetsde la jalousie ^
Paris , I G95 , in-i '2 ; réimprimé sous
le litre d'Intrigues amrureuses de
François I«r. ou Histoire tragique
de la comtesse de Chdteauhriant.
Amsterdam, 1695, iii-i'2. C'est un
roman dont il avait pris le sujet
dans V Histoire de François I«r. , par
Varillas, et qu'il acheva de dénatu-
rer, en y ajoutant beaucoup de cir-
constances fabuleuses : elles ont été
réfutées dans une Lettre touchant la
comtesse de Ckdteaubriant , par
0.84 LES
Pierre Hëvin , avocat de Rennes ,
i(>86 , in-8''. Ce roman n'en a pas
moins e'te' réimprime' en 169G et eu
«7'24î et comme c'est le mieux écrit
<le ceux de Lesconvel , on l'a quel-
«piefois attribue' à la comtesse de
Murât. III. Ai^entures de Jules-
César et de Murcie dans les Gau-
les y Paris, i6j)5 , iu-iLi, IV. Ju-
nie ou Les sentiments romains ,
i bid. I GqJ; in- 1 'i. V. Anne de Mont-
morency , connétable de France ,
nouvelle histoiicfue , ib. i O96 , in- 1 2.
VI. Le Prince de Longueville et
Anne de Bretagne ^ Nouvelle histo^
rique, ib. 1697 ? i^^-i'-*- ^H- Le Sire
d' Auhignj , nouvelle historique , ib.
i698;,iû-i2;Amsterd. 1700, in-i:2.
(7est une histoire a])regëe des guerres
d'Italie, sous les règnes de Charles
Mil et de Louis XII , entremêlée
de quelques aventures galantes de ces
tleux princes et des seigneurs de la
cour. YIII. Nouvelle Idstoire de
France, depuis F karaniond jusquà
présent , extraite de tous les meil-
leurs historiens, Paris, 1698 , '2 vol.
rn-ii. Elle a été supprimée par arrêt
du parlement ; et ce fut , suivant
l'abbé Lenglet, un vrai service rendu
k l'auteur. IX. Recueil de contes des
Fées, ih. 1698, in- 12 : il n'eut aucun
succès , quoique ce genre d ^ouvrages
fut alors fort à la mode. X. Obser-
vations critiques sur l'Histoire de
France par Mézeraj , ibid. 1700,
iu-i 2. L'auteur avertit dans la préface
que ce n'est que par amusement qu'il
a rédigé ces observations : elles sont
très-minu lieuses , et la plupart mal
fondées. XI. Idée d'un règne heu-
reux ou Relation du voyage du
prince de Moniheraud dans Visle de
Naudely, Gasères ( Paris ), 1703,
in-i 2 ; réimprimée sous ce titre ; Re-
lation du Prince de Moniberaud ,
Mcriudc (Paris ) , 1 7 o5, 1 706 , iu-i 2.
LES
De tous lés ouvrages de Lesconvel
c'est celui qui paraît avoir obtenu le
plus de succès , quoiqu'il ne le mé-
lite guère. Il n'en a publié que la
première partie , en annonçant
toujours la seconde, qui n'a jamais
paru. C'est une espèce de satire
j)late et ennuyeuse contre les mœurs
de la fin du règne de Louis XIV, et
plus particulièrement contre le faste
des prélats. La préface roule pres-
que uniquement sur cet objet; et as-
surément il n'y a rien là qui semble
dirigé contre Fénélon. Sur quel fon-
dement l'éditeur du Cabinet des
Fées, (Mayer), et d'autres, avant et
apès lui , ont ils accusé Lesconvel
d'avoir eu la prétention de lutter
contre le Télémaque ? C'est parce
que toutes les éditions du Voyage
dans Vile de Naudely sont déco-
rées d'une longue épître dédicatoire
au duc de Bourgogne ; et parce i\\\ç,
celle de 1709, parmi de nouvelles
et de nombreuses variations dans le
titre, suivant la coutume de Lescon-
vel , ofire ces mots : par l'auteur
des Aventures de Télémaque. Du
reste , nulle analogie entre les deux
ouvrages , quant à riiivcntion à la
marclie et au style ; celui du roman-
cier breton est absolument, dénué
de fiction et d'intérêt; il est évi-
dent que l'auteur s'est étayé de deux
noms illustres, moins par jalousie
contre l'un que par s}>éculation ,
moins pour nuire au succès du Télé-
maque, que pour en profiter. Nous
ne voyons pas plus clairement où
Mayer a pris que Lesconvel s'est
joint à l'abbé Faydit, pour critiquer
ce chef-d'œuvre. ( Voyez Faydit. )
Lesconvel a composé un grand nom-
bre de pièces de poésie insérées dans
les journaux du temps. L'éditeur
du Cabinet des Fées l'a , mal-a-
propos , comparé sous ce rapport
Li:s
iLilnmond de la VivScïMp, auquel
■••oiivel ct.ùf irrs-iiifciirur. A-r.
IICSCOT ( Pn.KRi: ), célèbre ar-
icrte, naquit à Paris, en i.^io.
it ce (jii'on a j>u rerneillir sur sa
>e borne à savoir qu'il elait delà
ilje d'Alcs.sv, et abbe eomnienda-
r de Claj»ny. Mais les uiojuiinents
il ^ laisses, suiîlseut pour im-
I laliser son nom. Avant lui l'ar-
iioeturc était un mclanîje in-
l.l^S
v.8>
mélange
1 me du gollii(|ue , du mauresque
m saxon, an milieu du(juel prë-
liuait eiu'ore la grossicretc des
'|)S de barbarie. Pénètre de la
> riorife des monuments de l'an-
tj'jiiite, Lcscot s'efforça de substi-
tiur leurs belles proportions aux
fitinies gothiques. Le premier ou
viage par lequel il se fit connaître
suflirait pour assurer sa gloire : ce
sont les dessins du Louvre qui fut
commence en i54i, sous le règne
de François I*^"*. Lescot n'avait alors
que trente ans; et ce qui subsiste
encore de son ouvrage est au-dessus
de ce qu'on a voulu depuis mettre
à la place ; c'est la f.tçade inte'-
ricure de la cour , appelée Façade de
l'horloge, qui est un vciitable chef-
d'œuvre. A la pureté' de l'architec-
ture , à la perfection des profd^s ,
elle réunit les ornements du meil-
leur goût et de la plus grande ri-
chesse. Les monuments de l'anti-
quité offrent sans doute plus de
simplicité dans les lignes; on y re-
marque moins de profusion dans la
distribution des ornements ; mais ici
toutes ces richesses sont prodigue'es
avec tant de discernement et de goût,
et l'ensemble en est si bien en-
tendu , qu'il n'a pu même être gâté
par les additions que Lemercier
( Forez ce nom ) fit au pavillon
clu milieu , sous le règne de Louis
XI U. Cgst eocoie .sur les des-
sins de Lcscot , que fut cons -
truite la Salle des cent-stdsses du
liouvre , j)lus sj)écialement connue
sous le nom de Salle des rariatidej,
h caiise de la belle tribune dont U
sculj)ture est due au ciseau de .Iran
(ioujou. Cette salle qi:i fait aujour-
d'hui partie du Musée des anli({iics,
est décorée d'un ordre dorique, dof»t
les colonnes sont accou])lées et élr-
vées sur un seul socle. La pureté des
profils, et l'élégance noble et sim-
ple de la décoration , font l'oriu*-
raent de ce palais déjà si niagni ti-
que. Un des ouvra«jes les plus célè-
bres de Lcscot est la Fontaine dex
Innocents^ où le génie de Jean Gou-
jon a si bien secondé celui de l'ar-
chitecte. ( Voyez Goujon, XVIII ,
i8o. ) Les artistes du temps de
Louis XIV reprochaient à cette fon
taiue sa trop grande simplicité : ceux
du siècle suivant la dédaigninerif.
parce qu'ils n'y voyaient point l'em-
ploi de ces ornements recherchés et
contournés, de cette manière pré-
tendue gracieuse , qui infestait alors
tous les arts. Mais à mesure que le
goût du simple et du beau a été re-
mis en hoimeur , cet ouvrage de Les-
cot a été de plus en plr^ apprécié ;
et cet habile artiste sera toujours
regardé comme un des plus grauds
architectes dont puisse s'honorer la
France. Il mourut en iSti. P-s.
LEiSCOT ( Simon ) , chirurgien,
né à Paris au commencement du
xvii". siècle, se livra à l'étude cle
la philosophie de Descartes , et de
la mécanique, puisa l'anatomie,
et devint un des plus habiles dissec-
teurs de son temps. Il introduisit en
France l'art des injections avec la
cire et les li(|ueurs colorées, d'après
la méthode de Swammerdam , el
s'en servit pour démontrer tous les
vaisseaux du corp» huinaio. L'ba-
iSG LES
Litude des dissections le rendit un
des meilleurs operateurs de cette
époque; elles succès qu'il obtint dans
plusieurs opérations difliciles , et
dont l'issue semblait devoir être
funeste , lui acquirent une telle ré-
putation, que la ville de Gènes le
nomma chirurgien en chef de son
grand hôpital , et lui assigna des
appointements considérables pour
le décider à quitter sa patrie. Il ac-
cepta cette offre ; et il éprouva tant
de fatigues en donnant ses soins aux
blessés , pendant le bombardement
de Gènes par les Français, en 1684?
que sa santé en fut très-altérée. Il
mourut dans cette ville, le 7 septem-
bre 1690. On n'a de ce chirurgien
qu'une Dissertation peu estimée sur
la Myologie, insérée dans le Be-
^num animale , d'Emanuel Kônig^
in-40. , Baie , i68'2 et 1698. P. et L.
LESGUN ( ïnoMASDE Foix, sei-
jiçneur de ), connu aussi sous le nom
de maréchal de Foix , était frère
puîné de Lautrec ( Voyez ce nom ).
t)ans sa jeunesse , dit Brantôme , il
avait été destiné (c à la robe longue ,
« et il étudia un long-temps à Paris ,
» du temps du grand - maître de
» Chaumont, que nous tenions l'état
» de Milan paisible , et l' appelait-on
» le protonotaire de Foix ; . . . . mais
» je pense que c'était un lettré qui
» n'avait pas beaucoup de lettres,
» comme c'était la coutume des pro-
» tonotaires de ce temps -là. » Il
accompagna, en i5i5 , le roi Fran-
çois pi^. en Italie , et eut le bonheur
de faire ses premières armes sous les
yeux d'un prince , si digne apprécia-
teur du courage. Il était , en i5i6 ,
enfermé dans Milan , assiégé par
Maximilien : la crainte d'être atta-
qué à l'improviste , ayant déterminé
l'empereur à lever le siège , Lescun
demanda de poursuivre l'ennemi dans
LES
sa retraite. II conduisit trois çtiiii
lances au pape Léon X , pour l'aider
à s'emparer du duché d'Urbin sur la
Rovère. Ce prince, abandonné de ses
troupes , se réfugia dans le quartier
de Lescun, qui, touché de ses mal-
heurs , lui fit obtenir la liberté de se
retirer à Mantoue. Lescun fut nommé
maréchal de France en i5'2i , et
chargé du gouvernement du Mila-
nez , pendant l'absence de Lautrec.
La sévérité qu'il montra dans son
administration , excita des mécon-
tentements. Informé que les rebelles
se proposaient d'enlever par surprise
quelques places-fortes , il rassembla ,
à la hâte , quatre cents lances , se
rendit à Parme dont il fit relever les
fortifications , et s'avança jusqu'à
Reggio. Il était instruit que Fr. Gui-
chardin , alors gouverneur de cette
ville , y donnait asyle aux ennemis
des Français ( F. Guichardin ). Il
lui fît demander une conférence sous
les murs : mais pendant ce temps-là ,
des gendarmes français ayant cher-
ché à s'emparer de la porte de la
ville, l'alarme s'y répandit aussitôt;
et Lescun fut obligé de se retirer
précipitamment. Il se hâta d'écrire
au pape pour tâcher de détruire les
fâcheuses impressions que pouvait
lui donner l'apparence d'une tenta-
tive sur une ville des états de l'Eglise:
mais le pape, qui ne cherchait qu'un
prétexte pour se déclarer contre les
Français , rejeta les excuses de Les-
cun, et l'excommunia ainsi que tous
ceux qui l'avaient accompagné dans
son expédition. La guerre se ralluma
aussitôt ; et Lescun , enfermé dans
Parme , avec quelques soldats mal
armés, était décidé à s'ensevelir sous
les remparts de cette ville. Lautrec,
accouru à la défense du Milanez ,
n'avait pas de forces sufïîsautes pour
résister aux armées réunies del'em-
LES
pcrcnr et tUi Sf.-Sicgc. La défection
tics Vriiîlicns ajoutait encore à son
nnbarras. Le peu de villes occu-
|KTS par les Français , arborèrent
les étendards des allies; cl Lescun,
lorctf par les habitants d'ouvrir les
portes de Parme, repassa en France
|M)ur annoncer au roi la perle du
Milancz, et demander des secours.
11 rentra en Italie en ï5ii , suivi
(le quelcpies compagnies d'aventu-
riers gascons, qu'il avait dc'cidcs a
partager son sort : il opéra lieureu-
seuicnt sa jonction avec un corps
(pic Lautrec avait envoyé à sa rcii-
( outre , emporta d'assaut Novarre
dont la citadelle tenait encore pour
la France, et fit pendre la garnison
( omposee cnlièrement deliandits de
diircreutes nations: il s'empara en-
suite de Vigevano, lit des prodiges de
valeur à l'attaque malheureuse de la
Bicoque , et soutint jusqu'au dernier
moment les eflforts de reimcmi. Il
e retira ensuite dans Crémone avec
quelques braves échappés au car-
nage; mais voyant que celte place
ne tarderait pas d'être enlevée, il
accepta une capitulation , sans con-
sulter les ofticiers de la garnison.
La reddition de Crémone délermina
révacuation de Milan; et Lescun
rentra en France. Il retourna en-
core en Italie avec François I*^»'. , et
il se trouvait à la bataille de Pavie
i, a4 ^cV. 1 5*25 ) : il y combattit toute
la journée près du roi, et tomba
couvert de blessures. Mené prison-
nier à Milan, i^y mourut le 3 mars
suivant. « Celait, dit Brantôme , un
» bon capit^ne, mais pourtant plus
» hardi et vaillant que sage et de
» conduite. » Il faut s'en tenir à ce
jugement sur Lescun : car Guichar-
din , qui l'accuse de concussions et
d'avarice, était son ennemi person-
nel ; et d'ailleurs il est prouvé que
LES 287
Lescun vécut et mourut pauvre.
( V. V Histoire de François !*"•. ^ par
Gaillard. ) ' W-s.
LESCUN ( Jean-Paul de ) , gcn-
lilhomme de Gascogne , né dans le
xvi*^. siècle , s'appliqua à rétude
de la jurisprudence, et fut fait con-
seiller à la cour souveraine du Béarn.
Il parvint ensuite à la dignité de
conseillcr-d'état du royaume de Na-
varre. C'était un zélé protestant ;
et il s'opposa de tout son pouvoir à
la réunion du Béarn à la France ,
et surtout au rélablisscment des
évèchés de Lescar et d'Olcron , dont
les dotations étaient assignées sur
les biens ecclésiastiques confisqués ,
lors de l'introduction de la réforme.
Il publia à ce sujet plusieurs écrits
qui furent déférés , comme sédi-
tieux , au parlement de Bordeanx.
L'auteur fut arrêté , et condamné k
avoir la tête et les quatre membres
coupés : ce jugement fut exécuté à
Bordeaux, le i8 mai 1622. On con-
naît de Lescun ; I. Requête contre
le livre intitulé Le Moine , Paris,
i6i6,in-8". Ce livre était une satire
yiolente contre les protestants , pu-
bliée par un prêtre catholique, qui
s'était caché sous le nom d'un fonde
Pau, appelé Bunère. IL Généalogie
des seigneurs souverains de Béarn ,
empereurs , rois , et autres j)rinces
qui en sont descendus, depuis Gaston
de Moncade jusqu'à Louis XI U ,
roi de France , contre un livre inti-
tulé : Le Moine , tendant à assujétir
la principauté de Béarn au royaume
d'Arragon , avec les preuves, ibid. ,
1616 , in-4". IIL Avis d'un gentil-
homme à MM. des états-généraux du
royaume de Navarre et de la souve-
raineté de Béarn , sur la main-levée
des biens ecclésiastiques , etc. , ob-
tenue par les évêques d'OIeron et de
Lescar ( Paris ) , 1O17 , in-8<». IV.
>>M
LES
i)féinoircà sur les opp.ositions aux.
poursuites des cvê(jues , et les de-
lu indes faites par les églises refor-
mées du Bcarn , ibid., 1617, iu-8'\
V. Les Demandes des églises de Na-
varre , présentées au Roi , ibid. ,
1618, in - 8^. VL apologie des
églises reformées , de l'obéissance
du Roi cl des états de Béarn , pour
•justifier les oppositions par eux for-
mées contre la main-levée des biens
ecclésiastiques , Ortliez, 1618 , in-
8'\ VIL Défense contre les im-
postures, idiussciés et calomnies pu-
bliées contre le service du Roi et la
souveraineté de Béarn, par l'auteur
des deux libelles intitulés : Le Moiine
et LA Mouche, ibid. , 1619 , in-8».
VIIL La persécution des églises de
Béarn, Montauban, 1620, in-8".
IX. Calamité des églises de la sou-
i'eraineté de Béarn , La Rochelle,
iGii,in-8'^. W-s.
LESCURE ( Le marquis Louis-
Marie DE ) , naquit le 1 3 oct. 1 76G
de Marie-Louis-Joseph de Lescure
et de Jeanne de Durfort de Givra c.
La famille de Lescure est originaire
de l'Albigeois , où l'on voyait encore
avant la révolution son château
s!.r les bords du Tarn. Au commen-
cement du dix-huitième siècle , un
abbé de Lescure , évêque de Luçon ,
attira près de lui son neveu, qui
épousa M^^^. de Surgères ; le fils de
celui-ci se maria aussi en Poitou, et
fut tué à la bataille de Plaisance ,
étant encore fort jeune. Son fils ,
père de l'illustre chef de la Vendée,
mourut en 1784; c'était un homme
fort dissipé , qui laissa sa fortune
en grand désordre. Louis-Marie de
Lescure fut élevé à l'Ecole-mili-
taire. En entrant dans le monde à
l'âge de seize ans , il y parut bien
diiféreiit de ce qu'étaient alors les
jeunes gens de son rang et de son
LES
état. Il était gauche, timirle et taci-
turncjil vivait, pour ainsi dire, isolé
au milieu d'une société brillante ,
frivole et animée : sa piété était
grande et])resque austère, sans nulle
ostentation ; ce qui était le contraire
de la mode de ce temps-là : aussi le
mérite de son caractère et l'étendue
de son savoir étaient-ils fort mé-
connus. On le trouvait bizarre et
sauvage ; ses manières et jusqu'à sa
toilette le faisaient taxer d'ime sin-
gularité qu'on lui pardonnait cej'on-
dant à cause de son inaltérable dou-
ceur et de la bienveillance qu'il
mettait dans toutes ses relations-
seulement on regrettait qu'un hom-
me de sa naissance et dans sa
position , fait , comme on disait
alors , pour aller à tout, s'écar-
tât de la route qui menait aux suc-
cès. Après avoir commandé pendant
peu de temps une compagnie de ca-
valerie du régiment de Royal-Pié-
mont, il épousa , en 1791 , M^^^. de
Donnissan, sa cousine. Déjà, à cette
époque , la révolution prenait un
aspect triste et menaçant ; déjà l'é-
migration avait commencé. M. de
Lescure et beaucoup de gentils-
hommes du Bas-Poitou ne trou-
vaient pas à propos de suivre cet
exemple. Dans cette province , dis-
tinguée de toutes les autres par des
mœurs particulières , les seigneurs ,
loin d'avoir pour ennemis les pay-
sans , jouissaient de leur confiance
et de leur affection : la douceur et la
familiarité du patronage des gentils-
hommes , l'habitude de vivre dans
leurs terres, la franchise et la rusti-
cité de leurs manières campagnar-
des, avaient laissé subsister ces liens
antiques et salutaires , rompus dans
presque tout le reste du royaume. Ne
se sentant chassés de France ni par
la persécution, ni par la vanité blés*
I.FS
• , et compivnant .m contrairt^
.jti'ils seraient phis forts et plus
utiles par leur inllueiiccctau milieu
lit eeu\ qui les entouraient, les geii-
iilshoinmes poitevins ne voulaient
j^oinl oniigrer. La tyrannie d'une
opinion aveugle ne leur permit pas
tlf suivre, eomme ils Taur.jient vou-
lu , la voi\ de la raison. Beaucoup
quittèrent la France. Lescure, après
N (»ir un instant passe la frontière ,
j,ea qu'un tel }>arti était au moins
I mature : il revint. Cependant il
t j>eut-étre émigré plus tard , si
i.uuis XVI , qui voyait de plus
(Il plus combien le trône avait be-
soin de rester entoure de serviteurs
'^ !èles et de'voue's, n'eût exige que
:. de Lescure demeurât à Paris.
II de'vouement fut su])erflu : il
t le spectateur impuissant de
sanglante se'dilioa du lo août;
> dangers qu'il brava , lui et
.'Iques-uns de ses amis, demeure-
nt inaperçus au milieu de cette
t astrophe. Après avoir passe quel-
ics jours caché à Paris, tandis que
^ massacres s'y prolongeaient, M.
Lescure parvint à se rendre en
Mlou avec sa famille : il trouva un
v.>vle dans son château de Clisson
l>rès de Bressuire , au milieu d'une
population dont il était aimé et rcs-
{)ectc. Cependant la tyrannie révo-
utionnaire étendait chaque jour son
joug; bientôt les paysans de ces con-
trées, déjà blessés dans leur opinion
religieuse , inquiets de voir la per-
sécution qu'éprouvaient les grands
propriétaires , se trouvèrent atteints
à leur tour par un recrutement de
3oo mille hommes. Ils ne voulu-
rent point obéir, et se révoltèrent ;
leur première pensée fut de prendre
' pour chefs leurs seigneurs : les pay-
sans des environs de Châliilon vin-
I reut à Clisson chez M. de Lescure
M . XXIV.
LES 'xSg
chercher M. de la Rochc-Jaqiielein ^
son cousin, qui avait ses pr(i[)nétés
dans une de leurs paroisses. 11 n'hc-
sita point sur le parti qu'il devait
prendre; et M. de Lescure l'y en-
couragea. M. de la Uoche-Jaquelein
se rendit vers Châtillon ; mais les
paysans des environs de Clisson
ayant commencé par se soumettre ,
M. de Lescure , qui ne pouvait s'é-
loigner du canton où son influence
devait être utile, resta exposé aux
poursuites des autorités républi-
caines : il fut, avec toute s:< famille,
emmené en prison à Bressuire. Quoi-
qu'il fût vénéré des habitants de cette
bourgade , et que les principaux
d'entre eux n'eussent d'autre désir
que de le sauver, ce fut par une
sorte de miracle qu'il échappa aux
violences d'une soldatesque accou-
rue à la hâte pour combattre les
insurgés : au bout de quelques jours ,
il fut délivré par l'armée vendéenne
qui s'empara de Bressuire. Dès-lors
il fut compté parmi les premiers
chefs de cette armée , à laquelle se
joignirent les paysans de sou can-
ton. Il prit la pari la plus active aux
travaux et aux dangers de cette
vaste insurrection. Dès les premiers
jours, il étonna les Vendéens par
son intrépidité, en se précipitant /
le premier et seul, sur un pont bar-
ricadé et gardé par les troupes ré-
])ublicaiues devant Thouars : à Fon-
tcnay, il entra aussi dans la ville ,
sans que personne osât d'abordie sui-
vre, tant il était pressé d'aller déli-
vrer des prisonniers vendéens, qui
y étaient renfermés. A Saumin- , ii
fut blessé : enfin , en toute aflaire ,
nul ne fut plus empressé et plus dé-
voué que lui. Au combat de Torfou,
qui fut le dernier succès des Ven-
déens sur la rive gauche de la Loire,
et où leurs etibrts héroïques parna-
ayo LES
/ent à repousser , pour quelques
jours , les troupes aguerries du ge'-
ne'ral Klcber , on vit M. de Lcscure
mettre pied à terre, et crier aux pay-
sans décourages : « Y a-t-il quatre
» cents hommes assez braves pour
» venir périr avec moi ? » — Oui ;,
monsieur le marquis, repondirent
les gens de la paroisse des Echau-
broigues ; et , à leur tête , il se main-
tint pendant deux heures. Peu de
i'ours après, au combat de la Trem-
>laye , il fut atteint d'une balle à la
tête , et laissé pour mort sur la
f)lace. Un fidèle domestique le re-
eva; il respirait encore: on le se-
courut , et il fut porté à la suite de
l'armée vendéenne, qui , pressée de
toutes parts , se vit , après la ba-
taille de Chollet , contrainte de
passer la Loire, emmenant avec elle
une population éplorée et fugitive.
M. de Lescure, dont la blessure lais-
sait quelque espérance , aida en-
core de ses conseils et de sa cons-
tance ses braves compagnons. Il
contribua à faire nommer M. de
la Roche-Jaquelcin chef de l'armée.
Après le passage de la Loire , il
suivit la marche pénible des Ven-
déens , à travers l'Anjou et la Bre-
tagne. Les soins touchants de sa
femme, les hommages de l'armée,
ne pouvaient empêcher l'effet de tant
de douleurs accablantes qui venaient
à chaque instant envenimer sa bles-
sure. Il faut lire , dans les Mémoires
de sa veuve , la peinture déchirante
de cette lente agonie , de cette mort
si noble et si sainte : aucun récit n'est
plus attendrissant, et ne manifeste
des sentiments plus purs, et une
patience plus courageuse. Il mourut,
pendant une marche de l'armée , en-
tre Ernée et Fougères , le 3 novem-
bre 1793. M. de Lescure, au milieu
des cheh célèbres de la Vendée ^
LES
mérite une place à part : sa bra-
voure était extrême, mais lui lais-
sait toujours son calme accoutumé ;
et même , lorsqu'il se montrait té-
méraire , il ne cessait pas d'être de
sang-froid. Il était l'officier le plus
instruit de son armée : lui seul à-
peu-près avait étudié les livres de
tactique et de fortification. D'autres
entraînaient les soldats et l'armée
parleur impétuosité: pour lui, il
exerçait luie autorité fondée sur le
respect et sur la force tranquille de
sa volonté. Son humanité avait quel-
que chose de merveilleux. Dans une
guerre où les généraux étaient sol-
dats et combattaient sans cesse corps
à corps, pas un homme n'a reçu la
mort de la main de M. de Lescure :
jamais il n'a laissé périr ou maltrai-
ter un prisonnier , tant qu'il a pu
s'y op])oser , même dans un temps
où les deux armées exerçaient l'une
contre l'autre d'horribles repré^
saillcs. Un jour un homme lira sur
lui à bout portant ; il écarta le fusil,
et dit aux paysans : a Emmenez ce
malheureux î «Les paysans indignés
le massacrèrent derrière lui : il y
courut sur-le-champ, et s'emporta
avec une colère qu'on ne lui avait
jamais vue : c'est la seule fois , di-r.
sait-il, qu'il eût proféré des jure-
ments. M. de Lescure a laissé une
mémoire vénérée de tous les partis
dans la Vendée : parmi les hommes
qui se sont illustrés dans cette guerre,
aucun n'a acquis une gloire aussi
pure. A.
LESDIGUIERES ( François de
Bonne, duc de), né à Saint-Bonnet
de Ghampsaur, dans le Haut-Dau-
phiné, fut un des capitaines de Henri
IV qui aida le plus efficacement ce
pi'ince à monter sur le trône; et de-
puis contribua encore beaucoup à
défendre sa puissance eoulre lc«
LES
ennemis de la Franco. Ne (rune
famille noble très - ancienne mais
p,ujvre , il joignait à d'einincntes
qnalitcs l'avantage d'nne belle taille,
d'une force et d'une agilité remar-
quables. Destine' à la magistrature
par un oncle qui faisait les frais de
son éducation , il avait commence'
l'ctude du droit; mais la mort de
ce parent l'obligea de chercher des
ressources dans son epee. Toutefois
•' ronserva le coût de ses premières
les j et les lettres furent toujours
'Il de ses plus agre'ables de'lasse-
nuMts. D'abord sinijde archer dans
une compagnie en i56i , il devint
eu peu de temps un des chefs du
jiirli reforme. Dès 1575 il e'tait
jurvenu à une grande réputation
militaire; et il fut choisi pour rem-
i! icer, à la tête de Tarmcc des pro-
mts, Montbrun, qui avait payé
sa tête le tort d'être vaincu et
: prisonnier dausuneguerre civile.
11 » ommença par une opération bien
ditlicile à cette e'poque de de'sordrej
fut d'e'tablir une se'vère discipline
lis son armée. L'édit de Poitiers
"i'yt) ) avait fait poser les armes ;
is cette paix factice était plus
l'ste aux protestants qu'un vcri-
le état de guerre. La reine-mère
lit venue à Nérac pour négocier
0 le roi de Navarre. On sait com-
iit les dames de cette cour, éle-
s pour la plupart à l'école de
iherine, employèrent le pouvoir
leurs charmes et jusqu'aux res-
irccs d'une galanterie plus que
luptueuse, pour enlever au roi de
varre ses plus braves défenseurs.
V^uelques-uns ne furent pas à l'é-
preuve de ces puissantes armes; et
Henri lui-même ne put résister à
tous les pièges qui lui furent tendus.
■ is ouvrant enfin les yeux sur le
rJ du précipice, ce priucc sçulit la
nécessité de défendre sa cause d'une
manière plus digne de lui; et il se
mit à la tête de son année. Cette
guerre fut appelée la guerre des
amoureux, parce que l'amour, si
l'on peut se servir ici de cette ex-
pression, avait masqué les premières
hostilités. Non -seulement Lesdi-
guières y paya de sa j)crsonne avec
succès, en rej)renant des places que
la cour avait surprises dans le Dau-
phiné; mais il founiit encore de l'ar-
gent et des équipages pour l'armé*,
et il s'acquit dans les fréquents com-
bats qui signalèrent cette déplorable
époque, une gloire qu'il dut autant
à ses talents militaires, qu'à sa pru-
dence et à sa géiiérosilé. L'arche-
vêque d'Embrun, l'un des plus for-
cenés ligueurs, détermina un domes-
tique de confiance de Lcsdiguières,
nommé Platel, à tuer son maître.
Lcsdiguières, averti de ce projet,
ordonne à Platel de s'armer, et s'ar-
mant à son tour : « Puisque tu as
» promis de me tuer, lui dit-il, es-
» saie de le faire, et ne perds pas,
» par une lâcheté, la réputation d&
» valeur que tu t^es acquise. » Platel
confondu se jette aux pieds de son
maître, qui lui pardonne. Quelqu'un
l'ayant blâmé de cet excès de géné-
rosité, il répondit •* « Puisque ca
» valet a été retenu par l'horreur
» du crime , il le sera bien davan-
» tage par la grandeur du bienfait. »
Quelque temps après, Lcsdiguières
ayant pris Grenoble, on remit entre
ses mains l'archevêque d'Embnau,
Il calma ses frayeurs, le consola,
lui fit rendre ses biens, et se l'atta-
cha pour la vie. De grandes richesses
et une influence prodigieuse dans
l'armée furent le résultat de ses ef-
forts pour la cause du roi de Navarre;
mais il excita la jalousie des grands.
L'iiu d'eux ayant dit à ce prince qnt
ï9..
licsdiguières se A^antait de desccnclre
du premier Dauphin Viennois^ et
qu'il voulait recouvrer la souverai-
neté de ce pays , le roi parut en
concevoir une inquiétude d'autant
plus naturelle, que la plupart de
ses généraux cachaient à peine leur
projet de se rendre indépendants ,
el que plusieurs d'entre eux n'avaient
pas craint de joindre leurs armes à
celles des Espagnols. Cependant la
de'fiance du roi sur le compte de
Lesdiguières ne paraît pas avoir été
fondée : Sully assure que ce capitaine
fut toujours attaché à son souverain.
« On ne lui reproche point, dit-il,
y> d'avoir songé à s'approprier ses
)) succès , ni d'avoir convoité la sou-
» veraineté du Dauphiné. Peut-être
» souhaita-t-il que le roi eût long-
» temps besoin de ses services, et
» ne vînt jamais dans cette province. »
Quoi qu'il en soit, Lesdiguières fut
envoyé en Provence, comme lieu-
tenant du duc de Guise ; et il y mon-
tra le même attachement au roi^
en repoussant le duc d'Epernon qui
combattait toujours pour les ennemis
de la France. Sa conduite dissipa
sans doute toutes les défiances,
puisque le gouvernement du Dau-
phiné. lui fut rendu. Sa présence
dans cette contrée contribua beau-
coup à préserver la France d'une in-
vasion. Non - seulement il contint
les
ennemis, mais il porta même
la guerre en Savoie. On cite
fait de la même campagne qui carac-
térise bien la sagacité de ce capitaine.
Le duc de Savoie construisait le fort
de Barraux sur les terres de France
à la vue de notre armée. Lesdiguières
n'y mettait aucun obstacle , et les of-
ficiers en murmuraient j il reçut
même des reproches de la cour.
Votre Majesté y répondit-il au roi, a
besoin d'une bonne JorterQSSC pour
LES
tenir en bride celle de Montméllan,
Puisque le duc de Savoie en veut
faire la dépense , il faut le laisser
faire; dès que la place sera siijfi-
samment garnie, je me charge de
la prendre. En effet, il la prit en
moins de deux heures, quoique la
garnison fût préparée à une attaque.
Il fut nommé maréchal de France
en 1608, et sa terre fut érigée en
duché-pairie. Le roi lui ayant con-
fié le commandement de l'armée
d'Itc*lie, la Savoie fut bientôt con-
quise. On a pensé que dès ce mo-
ment elle, serait devenue province de
France^ sans la puissante interven-
tion du pape, qui craignait de don-
ner aux Français la clef de i'ïtalie.
Après la mort de Henri ï V , Lesdi-
guières ne démentit point son carac-
tère au milieu des brigues et des cou-
pables projets dont cette perte fut l'oc-
casion et le prétexte. Il se maintint
en Savoie, où il suppléait à la fai-
blesse de son armée et au vice des
plans de la cour par une tactique
habile et une activité sans égale. S'il
n'obtint pas la confiance entière
de la régente, elle ne crut pas du
moins prudent de lui en refuser des
témoignages. Sa réputation et son
crédit ne permettaient pas qu'on k
tînt dans une apparence de défaveur
et l'on en vit une preuve remarqua-
ble dans la seule occasion où il ai
cru pouvoir manquer de soumissior
à une cour sans force et sans dignité
Il s'était engagé, d'après les ordre
de Henri, à soutenir le duc de Savoi
contre les Espagnols. Mais le faibl
gouvernement qui succédait à celi
de Henri IV , ayant changé ces prc
jets , Lesdiguières reçut des ordre
contraires. Il n'en persista pas moir
à remp'ir ses engagements , pass
les monls , et battit les Espagne
wir totiTles points. Sa conduite fi
ij|H)rouvoc; mais celle qu'il tiut dans
lcs(iiicrellpsdc religion qui agitaient
encore la France, ne pouvait, qnoi-
2UC dirigée par une grande pru-
encc, avoir 1 approbation des deux
prtis. On sait que les princes me'-
M lents et quelques seigneurs am-
uMi\ profitaient des alarmes du
j rti protestant, pour le faire entrer
(Iaus leurs projets. Sully prétend
(]Ho Lesdiguières prit part à ces me-
Jif «s, et qu'il fut même au nombre des
chefs protestants qu'on accusa de vou-
loir e'tablir une re'publique. Ce qu'il
Y a de certain, c'est que ce gênerai
refusa de servir la cause du parti
prot«îstant arme' contre la cour, soit
qu'il ne vît pas un inle'rêt assez puis-
.sant à le soutenir, soit qu'en effet il
le trouvât blâmable. Il devint même
tout-à-fait suspect aux calvinistes , et
finit par abjurer leur religion en
i()i2. Quelques historiens font hon-
neur de sa conversion au zèle per-
suasif de De'ageant envoyé' près de
bii par la cour, pour sonder ses in-
tentions ; mais De'ageant lui-même,
dans ses Mémoires, est loin de s'at-
trijjuer le mérite de cette conver-
sion. On a lieu de croire, d'après
beaucoup d'écrivains contemporains,
que Lesdiguières fut conduit à cette
resolution par le désir d'obtenir la
place de connétable, qui ne lui était
offerte qu'à cette seule condition.
En elVet, il reçut les lettres de con-
nétable après la cérémonie de son
alijuration. Mais on n'est pas, pour
* cela , fondé à penser , comme Sully ,
que la seule religion capable de le
fixer, était celle qui pouvait lui pro-
curer des richesses et de l'autorité.
Il mourut le iS sept. iG'26 , ayant
' "îiservé jusqu'à la fin son grand
u-age et son étonnante activité. Sa
j vif ne fut pas exempte de taches.
'!' Les historiens du temps, et l'auteur
LES ao3
Biêrac de sa Vie, n'ont pas dissimule,
par exemple, qu'il enleva une femme
à son mari, et vécut publiquement
avec elle; qu'il ambitionna le pt)u-
Toir et les richesses, sans examiner
avec assez de scrupule les moyens
de se les procurer. Mais il a trans-
mis un grand nom à la postérité;
et l'histoire a dîi mettre au premier
Tiiuz des héros dont la France s'ho-
nore, un capitanic qui ji a jamais
élé vaincu j et qui a toujours été
vainqueur ( i ). Henri IV disait qu'il
ne voudrait céder quà Lesdiguières
le titre de premier capitaine de V Eu-
rope.— (t S'ilj' avait en France deux
Lesdigiùères , a dit la reine Elisa-
beth, j'en demanderais un au roi. »
La vie de Lesdiguières a été écrite
par Louis Videl , son secrétaire ,
in-fol. , i638. D-l.
LESEUR ( Thomas ) habile géo-
mètre, né en 1703, à Relhel , avait
un goût naturel pour la retraite ; un
de ses oncles , religieux minime ,
acheva de décider sa vocation, et il
prit l'habit de cet ordre à l'âge de
dix-huit ans. Ses supérieurs l'en-
voyèrent à Rome terminer ses étu-
des. Ou enseignait alors dans tous
les collèges le système des tourbil-
lons. Le P. Leseur le jugea un ro-
man sans intérêt et sans vmisem-
blance ; et il était près de renoncer
à la philosophie, pour laquelle il ne
se croyait nulle aptitude, lorsque le
hasard lui ulïrit un li^Te de géomé-
trie. Dès ce moment il se livra à
l'étude de cette science dont la mar-
che certaine plaisait à son esprit
juste et méthodiqsie. Après avoir ter-
miné ses coure , il revint en France ,
et fut placé dans une petite ville, où-
il resta cinq ans , privé de toutes les
(1) Tellei «ont !<•• exprei»ion« i\t> it-t lettreiJ»-
nomin.ition i la plMC« de Conii-<table , qui , »{>'k^
lui , u'a ctc doniiéu à auciui autra,
5g4
LES
ressources nécessaires a son instruc-
tion. Mais ayant appris que le P.
Jacquier , qui lui avait succède' à
Rome , osait y attaquer publique-
ment le cartésianisme , il demanda
la permission d'aller le joindre. Dès
qu'ils se furent vus, ils s'aimèrent;
tout devint commun entre eux ,
peines, plaisirs , travaux , la gloire
même ; celui de tous les Liens peut-
être, dit Condorcet, qu'il est plus
rare que deux hommes aient par-
tage' de bonne foi. Le P. Leseur
fut nomme professeur de mathéma-
tiques au collège de la Sapience; et
il donnait alternativement , avec le
P. Jacquier , des leçons de théologie ,
au collège de la Propagande. Celte
double tâche et le travail du cabi-
net occupaient tous ses instants. Il
suivit à Parme son ami , nommé
instituteur de l'infant, et il ne vou-
lut point le quitter tant que dura
cette éducation. De retour à Rome,
il tomba majade, et mourut au bout
de quelques mois de souffrances, le
22 septembre 1770. Le P. Leseur a
eu part au Commentaire sur les
principes de Newton , et aux Elé-
ments de calcul intégral ( i ) ^ deux
des ouvrages les plus importants du
dernier siècle. ( F oyez Jacquier,
XXI, 573 et suiv. ) Les deux amis
travaillaient chacun de leur côté ,
et se communiquaient ensuite le ré-
sultat de leurs méditations ; mais
jamais on n'a su auquel des deux
appartenait la leçon préférée, et
eux-mêmes l'avaient oublié. Tous
deux aussi modestes que savants, ils
ne se proposaient aucune gloire de
la publication de leurs ouvrages. On
les avertit un jour, qu'un géomètre
(1) lie P. Lcieur avaît publié «enl : Mt^moire
sur le calcul intégral , Rome, 1748. Montiula
l'a analysé daui son Hinoirs il«aMaihéuia»iqin;«,
Mui.iii, p. 4t eUuir.
LES
Italien avait copié une partie des
Eléments du calcul intégral , sansr
citer l'ouvrage. C'est une preuve ,
répondirent -ils , qu'on a trouvé
notre travail utile , et ils ne firent
aucune réclamation. Le P. Leseur
n'avait aucune ambition j mais il
aurait souhaité que le P. Jacquier
obtînt les récompenses les plus écla-
tantes. Un jour , celui-ci disait dans
un cercle nombreux : Le cardinalat
est un beau problème. — Je voudrais
bien , répondit Leseur , le résoudre
pour vous. Quelques instants avant
sa mort , son ami tremblant s'ap-
procha de son lit, et lui demanda
s'il le reconnaissait? Oui, répondit-il,
vous êtes celui avec qui je viens d'in-
tégrer une équation très-difficile.
Le P. Leseur était correspondant de
l'académie des sciences de Paris.
Condorcet y l«t son Eloge ^ le i3
nov. 177^. On en trouve une ana-
lyse dans le Journal de physique^
de l'abbé Rozier, janvier 1777. W-s.
LESFARGUES (Bernard), impri-
meur et traducteur du dix-septième
siècle, était Toulousain* on ne con-
naît ni la date de sa naissance , ni
celle de sa mort • mais on a de lui:
I. Histoire d" Alex andre-le"- Grand ,
tirée de Quinte-Curce et autres au-
teurs , 1 689 , in-80. II. Les Orai-
sons de Cicéron contre Verres, tra-
duites en français, 1640 , in-4°. III.
Les Controverses de Séneque , père
de Séneque le philosophe , traduites
en français, i(356, in-fol.; 1689, iit*
4". Le P. Niceron , tom. xxii , pag.
349, dît queDuryera mis en français
les OEuvres de Séneque , à l'excep-
tion de ce que Malherbe et Lesfargues
en avaient traduit. Or , Lesfargues
ne s'était exercé que sur les Contro-
verses. Nicéron a confondu le père
avec le fds. ( Voyez Duryer , Mal-
niiiREE et SÉ^NÈQUE. ) IV. Bernai di
LK5
•sfargues rtpologia pro se, i^îGo,
j". V. Dtwid y poètiie hèrouiue y
<i(io, in- ri ; iG85 , in-iu ; ouvraçe
li , maigre ces deux e'ditio us, n a
tTc elc connu que par ce vers de
ii.iilcau (Satire i\ ) :
I.» David imprimé n'« poiut vuIa Iiiiniire.
L'abbr Goujcl ( Bihlioth, fr. ,
tom. XMi, paL^ 44^) dit que ce
\ rs porte sur le David de Coras ,
liljlie en i()Gj; mais Brossette,
ii.i'is sesElclaircissements historiques
(jiril tenait de lîoileau lui-même,
•i^sure formellement que le satirique
li.uirais avait en vue le poème de
l.isfargucs et non celui de Goras.
(,>iielque médiocres que soient les
productions de Lest'^r'j^aes, J. Ray-
il aurait du l'admettre dans la No-
e des Hommes illustres , qui est à
suite de son Histoire de la Fille
Toulouse, 1759, in-40. Celte
mission donne à penser quil pour-
ut se faire que Lesfargues ne fût
pis de ce pays. A. B-t.
LESKO. /^o^^zLesco.
LESLEV ( Je An ) , ëvêque ecos-
lis, ne en 159.7, était à Tage de
) ans chanoine de l'église calhé-
rde d'Aberdecn et de Murrav. Il
•yagca ensuite en France , et prit
le degré de docteur en droit à l'uni-
versité de Paris. En i554 , la reine
régente le raj)pela en Ecosse , et le
nomma oflicial et vicaire-général du
diocèse d' ALerdeen. Les progrès de la
réforraalion allumèrent le zèle et dé-
veloppèrent les talentsdeLesley.il se
montra l'un des plus habiles défen-
seurs de la doctrine catholique , dans
une controverse solennelle qui eut
lieu entre les deux partis à Edim-
bourg , en i56o. La reine Marie
vStuart était allée en France, et plcu-
riit à Vitry la mort du roi de
France , «on mari , lorsque les trou-
bles religieux qui agitaient rEcoss«
LES 2<>5
engagcrcnt catholiques et protestants
à désirer et à demander le retour
d« cette princesse. Lesley fut char-
gé de la ramener ; et ils parti-
rent de Calais en août i56i. Aus-
sitôt après son arrivée , il fut élu
l'un des sénateurs du collège de jus-
tice, conseiller-privé, et dc])uis al>bé
de Lundores et évêque de Ross. Ma-
rie ayant cherché un refuge en
Angleterre contre la fureur de ses
sujets , Elisabeth la retint prison-
nière, et nomma des commissaires à
York , pour examiner leurs diffé-
rends. Marie , de son côté, nomma
aussi des commissaires : Lesley fut
du nombre et se distingua dans sa
défense ; mais toute son éloquence
et ses efforts furent inutiles. Il ne
réussit pas davantage comme am-
bassadeur ; ses plaintes ne furent
pas écoutées. Résolu cependant de
délivrer sa souveraine , il négocia
pour elle im projet de mariage avec
le duc de Norfolk , espérant lui
procurer par-là les moyens de s'é-
chapper secrètement. Mais le projet
fut découvert : le duc , convaincu
de trahison , fut exécuté ; et le né-
gociateur fut renfermé successive-
ment dans l'île d'Ely et à la tour de
Londres. Mis en liberté en 1578 ,
sous la condition de quitter l'Angle-
terre , Lesley alla implorer en vain
l'assistance des rois d'Espagne et de
France, de tous les princes d'Al-
lemagne et du i^ape, en faveur de
Marie. Ayant eVélu, en i57f), suf-
fragant et vi<airc-général de l'ar-
chevêché de Rouen , à peine était-
il arrivé dans son diocèse , qu'il
fut arrêté et mis en prison , d'où
il ne sortit qu'en payant 3oo(> pis-
toles pour sa rançon. Emprisonné
une seconde fois en i5*jo, il ne fut
délivré qu'à la même condition. Eu
i5g3, il fut élevé k l'avêcLc de
içp LES
Constance; mais il ne put en prendre
possession. Il apprit à Bruxelles la
mort de la malheureuse Marie j
et l'établissement de la reformation
en Ecosse^ vint lui ravir toute espé-
rance de recouvrer l'evêclié de Ross.
Il se retira dans un monastère , à
Guirleubourg, près de Bruxelles, et
y mourut en i5g6. Leslcy fonda,
pour les Ecossais , trois séminaires
( à Rome , à Paris et à Douai ) ; et il
exerça pendant sept ans les fonctions
e'piscopales dans le diocèse de Ma-
lines. Indépendamment des écrits
qu'il puUia pour la défense de Marie
Stuart , ouvrages savants , éloquents
et dictés par le plus courageux dé-
vouement , c'est à lui que les Ecos-
sais doivent le premier recueil de
leurs lois. Ayant obsédé que toute
l'ancienne jurisprudence tombait en
désuétude , faute d'être réunie en un
corps , il représenta cet inconvé-
nient à la reine Marie , qui lui ad-
joignit quinze autres commissaires
autorisés à ordonner et faire impri-
mer ce Recueil , qui parut à Edim-
bourg , en 1 566 , et qui , étant im-
primé en caractères gotliiques saxons,
est vulgairement appelé \es Actes
gothiques du parlement. Les prin-
cipaux ouvrages de Lesley sont :
I. AJflicli animi consolationes et
tranquilli animi consolatio , Paris ,
1574, in-8«. ; compose pour la con-
solation de la reine captive. II.
De origine , moribus et rébus gestis
Scotorum , Rome , 1578 , in-4**. La
dernière moitié du volume est con-
sacrée à l'apologie de la reine Marie.
III. Défense de V honneur de Marie,
reine d^ Ecosse , Liège ,1571^ in-8^.
I\. Traité où Von démontre que le
gomemement des femmes est con-
forme à la loi de Dieu et de la
nature. Le jésuite Parsons attribue
les deux ouvrages j)récédents à Mois
LES
gan Philips. Le dernier paraît sur-
tout composé pour réfuter les inso-
lentes déclamations deKnox, contre
Marie Stuart. ( Foy. Knox, XXII,
5oo. ) V. De titulo et jure Mariœ
Scotorum reginœ , quo Angliœ suc-
cessionem jure sibi vindicat, Reims,
1 58o , in-4°. On cite encore de Les-
ley des lettres et autres ouvrages
restés inédits. L.'
LESLEY ( Alexandre ) , savant
jésuite écossais , naquit dans le
comté d'Aberdeen , en 1 694. Après"
avoir fait ses humanités à Douai , il
acheva ses études à Rome , fut ad-
mis au noviciat , en 1 7 1 3 , et en-
seigna les belles-lettres à Sora et à
Anconc. Ayant ensuite fait sa théo-
logie au Collège romain^ où il don-
nait des leçons de langue grecque , :
il fut destiné à professer la philo-
sophie au collège II lyrique de Lo-
rette ; mais il n'y resta que l'année
1728 , ayant été appelé en Ecosse
pour faire des missions. En 1734,
il retourna en Italie , et enseigna
dans les collèges d'Ancone et de
Tivoli : il repassa la mer en 1738,
d'après les instances de lord Pètre,
qui voulait avoir auprès de lui un
homme instruit sur l'antiquité. Lesley
revint, en 1744 ? à Rome, y fut
nommé préfet des études au collège
des Ecossais , et en remplit les fonc-
tions jusqu'en 1746. Il professa pen-
dant deux ans la théologie morale au
collège des Anglais, et fut associé en
1749 au savant jésuite Emanuel de
Azevedo , pour la publication du
Trésor liturgique , dont il avait
imprimé un magnifique Prospectus.
Il fixa sa demeure au Collège romain ,
où il mourut le 27 mars 1 758, après
avoir publié , comme essai de ce
travail , le Missale mixtum secun-
dùm regulam heati Isidori, dictum
Mozarabes ; prœfatione , nous , et
LES
fteruiice ornatum. Rome, 1755,
jKiiiios, en i vol. in-/|«>. C'est une
iinpressiunilu INlissrl niozarabiquc ,
iiunriiiiéà Tolède , en i5oo, parles
ordres du cardinal Xiincnès. On y a
'iiserve la dédicace à ce célèbre
rdinal, comme pièce historique.
i j)rèfacedu nouvel éditeur est Tort
iporlanlepour quiconque veut re-
.mter à l'origine du rit mozarabi-
^ ic, et en connaitrclcs variations. Les
notes qui sont à la fui, indiquent dans
I rsley un homme iuslniit et d'un goût
urc; elles comprennent depuis la
ige 475 jusqu'à la page 610. On les
garde comme des modèles en ce
ure. Lesley se proposait de faire le
uhnc travail sur le Bréviaire moza-
i.ibique, et de le donner au public.
II avait aussi commencé un ouvrage
qiiidevail avoir pourtitre:2?e Legio-
TiJbus y dans lequel , par le moyeu
(les inscriptions , il aurait distingué
tous les grades de la milice romaine j
'. un amlrc y De prœstantidveterum
ipidum , à l'iniilatiou de celui de
jianheim. De prœstantid numis-
.latum. On a trouvé dans ses pa-
lmiers une espèce de Fojage litté-
mire , et deux Recueils d'inscrip-
tions, Lapides tiburtini, et Lapides
britannici. Il entretint un commerce
cpistolaire avec ses confrères Con-
tuccio Contucci et Antoine - Marie
Lupi. Foyez , sur Alexandre Lesley
cl son ouvrage, les Annali lilteraii
d'Italia , tome m , 2''. partie ,
p. 494* L-B-E.
LES LIE ( Jeapi ), éveque de
(logher, eu Irlande, ne dans le
i"»rd de l'Ecosse , jouit d'une grande
■ veur à la cour de Charles ^^,
jut il fut conseiller-privé, d'abord
I Ecosse, puis en Irlande en i633.
: passa en même temps de l'évêché
> Orcades a celui cie Raphoc en
iilaLdc^où il bâtit; eu forme de
LES 597
forteresse , un superbe palais ppis-
copal qui, dans la rébellion de i64i,
fut utile aux royalistes. L'évêque
y soutint un siège ; et ce fut de
tous les forts d'Irlande celui qui
se rendit le dernier à Cromwell.
Retiré à Dublin , Leslie continua
de se livrer aux exercices de la re-
ligion dans sa famille suivant l'an-
cienne liturgie. A l'époque de la
restauration , il fut nommé éveque
de Cloghcr en 1661 , rentra dans le
conseil, et mourut en 1671 , âgé de
plus de cent ans , regardé, après 5o
ans d'épiscopat, comme le plus an-
cien éveque qui existât alors dans le
monde. L.
LESLIE ( Charles ), second fils
du précédent , naquit en Irlande ,
vers le milieu du dix-septième siècle.
Il entra dans les ordres sacrés , en
1680 , et , en 1687 , fut nomme
cliauccHcr de l'église cathédrale de
Connor. Leslie se rendit a cette épo-
que (extrêmement odieux aux catho-
liques d'Irlande , par l'opposition
qu'il manifesta contre eux , Cha-
que parti, comme il arrive souvent,
s'attribua la victoire et conser-
va son opinion. Les talents que dé-
ploya Lesliele mirent en grand crédit
auprès des protestants , qui le con-
sultaient sur tous les cas diiîlriles.
Jacques II ayant nommé un catho- '
lique grand - shcriâ' du comté de-
Mouaghan , Leslie qui , depuis quel-
que temps, était retenu dans sa cham-
bre par la goutte, se lit porter à
la cour d'assises, d'après les instan-
ces des prolestants ; et il détermina
la cour à faire arrêter et metlre en
prison le i^herifl'. Mais quoiqu'il
se crut autorisé à résister aux or- '
drcs illégaux du souverain, il éJait
loin d'approuver qu'on portât ces
piincipes de résistance jusqu'à pri-
ver le roi du pouvoii* suprême.
295
LES
En persévérant avec fermeté dans
cette opinion , il demeura fidèle à
Jacques II, même après la révolution
qui le priva du trône ; et il refusa
de prêter aucun nouveau serment
contraire à l'obéissance qu'il croyait
lui devoir : aussi fut-il prive de tous
ses emplois. Les troubles qui s'ële-
vcrent en Irlande , en 1689^ le for-
cèrent à se retirer en Angleterre avec
sa famille. Il passa tout son temps
à mettre au jour des écrits polémi-
ques en faveur de la cause qu'il avait
embrasse'e ; son esprit et ses vastes
connaissances le rendaient un cliam-
pion redoutable aux non-jureurs. Le
premier ouvrage qu'il fit paraître à
ce sujet, fut une réponse à l'écrit de
Tarchevêque King , sur Vétat des
protestants en Irlande sous le gou-
vernement de Jacques II. Leslie se
montra dans sa réfutation aussi op-
posé aux principes des catholiques ,
qu'à ceux de l'auteur qu'il réfutait.
Il écrivit aussi contre la secte des
quakers , et employa en même temps
sa plume à défendre la religion cliré-
tienne en général contre les déistes ,
les Juifs et les Sociniens, Ses divers
«fcrits et ses fréquentes visites aux
cours de St.-Germain et de Bar-le-
Duc le rendirent suspect au gouver-
nement ; mais il le devint encore da-
vantage après la publication de l'ou-
vrage sur le droit héréditaire à la
couronne d"" Angleterre , dont on le
croyait auteur : craignant pour sa sû-
reté, il quitta l'Angleterre, et vint se
réfugier à la cour du prétendant , à
Bar-le-Duc, où onlui permit d'officier
dans une cKapelle privée, suivant les
rites de l'église anglicane. Il paraît
certain qu'il fit de grands efforts pour
convertir le prétendant à la religion
protestante ; mais ses efforts furent
vains. Néanmoins , pour soutenir les
iûtérêts de ce prince , tandis que son
LES
parti en Angleterre conservait et
cherchait à répandre l'espoir de son
rétablissement, il écrivit de Bar-le-
Duc , sous la date du 2v3 avril i -j i/^,
une lettre dans laquelle il faisait le
plus giand éloge du prétendant :
elle fut imprimée et répandue avec
profusion parmi les royalistes. Il
suivit ce prince en Italie, malgré le
p'^n d'égards qu'on avait pour lui à
s;> cour. En 1 7*2 1 , désirant finir ses
jours dans sa patrie , il se délermi-
lia enfin à se rendre en Angleterre,
quelques risques qu'il pût y courir.
Ses amis ayant fait connaître son
dessein à lord Sunderlandetsollicilé
sa protection , celui - ci l'accorda
avec beaucoup de générosité; il em-
pêcha que Leslie ne fût inquiété, et
reçut même fort mal l'avis qu'un
membre de la chambre des commu-
nes crut devoir lui donner de son
arrivée. Leslie se retira en Irlande ,
où il mourut le i3 avril 1722. Les
écrivains protestants qui ont parlé
de lui , le représentent comme un
homme rempli de fermeté et de sa-
voir. Invariablement attaché à la
cause de son roi légitime , il ne l'a-
bandonna jamais , partagea tous ses
revers , et lui fut même fidèle après
sa mort , en défendant avec chaleur
les intérêts et les droits de son fils.
Il a publié un grand nombre d'ou-
vrages sur la politique jt la théolo-
gie. Nous indiquerons seulement : I.
Récits ou Répétitions ( Reliearsals).
Commencé en 1 704 et continué pen-
dant six à sept ans , ce fut d'abord un
journal hebdomadaire , qui fut publié
ensuite deux fois la semaine , en
forme de dialogue sur les affaires
du temps , IL La. bonne vieille
Cause , ou le Mensonge dans la
vérité, contre Vévêijue Bumet ,
1 7 1 o. Ce pamphlet irrita tellement
la chambre des communes , qu'elle
LES
lança un warrant contre l'autcnr ;
r <|ni \o força «le cpiiltor l'Anglc-
iro. III. Le Serj)cnt sous l' herbe,
i'M>7, in-8'*. Bayle estimait beau-
u»p cet ouvrage, dirige contre les
lakers. IV. Etat présent du qua-
• ris me en cingle terre , 1701.
\ . Essai sur le droit divin des
"fmes , 1700 , in-8^ VI. Mé-
hode courte et aisée , pour com-
uttre les déiste^i, iGt)4 , in-S'*. Cet
iivrage, qui passe pour ce qu'il a
i lit de mieux, lui a ete conteste'. Le
ilocteur GIcigh a fait de grands ef-
iorts pour prouver qu'il appartenait
à Leslie, quoiqu'il fut publie parmi
les ouvrages de l'abbe ae Saint-Real,
mort en 1699.. Vil. La Vérité du
Christianisme démontrée dans un
dialogue entre un chrétien et un
déiste, 1711, in-8«. V III. Méthode
courte et aisée pour combattre les
Juifs, \(S^Ç)\ lirëe principalement
du Traite de Limborch , intitule' :
Arnica collatio. Le P. Houbigant
l'a traduite en français sur la septième
édition avec quelques autres ouvrages
de Leslie, Paris, 1770, in-S». ÏX.
Le Socinianisme discuté y 1708. X.
Examen de l'accusation de soci-
nianisme portée contre le docteur
Tillotson , par un vrai fds de l'E-
glise. XL Du Jugement privé et de
l'autorité en madère de foi; et plu-
sieurs autres écrits contre les catho-
liques. Tous ces ouvrages , excepte'
celui contre Tillotson , ont ëlé pu-
blies par Leslie en 2 vol. in-fol.
1721. D-z-s.
LESPAGNANDEL ( Mathieu ).
Fqy. EsPAr.NAIVDF.L
LESPARRE ( AnDRÉ de Foix,
^^igneur de ), frère cadet de Lautrec
( du maréchal de Foix, fut charge',
en i5'2i, de repousser les Espagnols
qui s'étaient empares de la Navarre,
ti était, dit Robcrtson , un jeune
LES 100
homme sans talent et sans expérien-
ce , et qui n'avait de litre pour ob-
tenir cette distinction importante
qued'ctre allié de Henri d'Albret,et
surtout d'être frère de la comtesse de
Chateaubriand, maîtresse de Fran-
çois I*^''. Il se rendit maître de Saint-
Jeau-Pied-de-Port, et vint assiéger la
citadelle de Pampelune , la seule
place de toute la Navarre , qui tînt
encore pour les Espagnols. Ignace
de Loyola , devenu depuis si célèbre,
faisait partie de la garnison, et ani-
mait seul le courage des soldats ;
mais ayant été blessé d'un coup de
pierre, cet accident, si peu intéres-
sant en apparence , détermiiiaie gou-
verneur a capituler. Lesprirre , ne
pouvant faire sid)sister ses lrouj)es
dans un pays que les Espagnols
avaient ruiné en l'abandonnant, li-
cencia une partie de ses soldais, et
avec l'autre s'avança dans la Castil-
le , passa l'Ebre , et vint mettre le
siège devant Logrono. Celte petite
ville lui opposa une résistance opi-
niâtre ; et les Castillans divisés en
deux partis , mais réunis ]iar le dan-
ger commun , se hâtèrent de la se-
courir. Lesparre, forcé de rétrcgra-
der, rentra dans la Navarre, espé-
rant y être joint par de nouvelles
levées. Cependant , pressé par les
Castillans , et ne voulant pas s'en-
fermer dans Pampelune , il résolut
de les attendre et de les combattre,
quoiqu'ils fussent beaucoup plus nom-
breux. Il rangea donc sa petite trou-
pe dans le meilleur ordre , et donra
le signal de l'attaque. Les cavaliers
castillans furent enfoncés par la
gendarmerie française : mais l'infan-
terie plia; et Lesparre, occupé de la
rallier, fut enveloppé par l'ennemi.
Il reçut sur son casque tant de coup*
de sabre qu'il en eut le crâne fra-
cassé, et perdit pour loujoiurs l'uM.-
3oo
LES
gc des yeux. Il fut renvoyé' en Fran-
ce , où il mourut en 1 547. W-s.
LESPINASSE (Mii^ de). Foy.
ESPINASSE.
LESPINE DE GRAINVILLE.
V. Gr AINVILLE , t. XVIII , p. 27 1 .
LESSART (Antoine de Valdec
DE ) , ministre des affaires e'trangè-
tes de France, dans les années 1 791
et 1 79'^ , né en 1 74^ , dans une fa-
mille peu connue de la province de
Guieune, devint rhëritier du pré-
sident de Gasq , magistrat renom-
me' du parlement de Bordeaux, dont
on a prétendu qu'il était le fils.
Etant venu à Paris dans sa jeunesse ,
il fut admis dans la société de Nec-
ker , qui lui reconnut quelque habi-
leté , et en fit le confident de sa po-
litique. Pourvu en 1 768 d'une charge
de maître des requêtes , De Lessart
lut, en cette qualité, l'un des com-
missaires conciliateurs, dans les se-
condes conférences , que Necker
imagina, anrès l'inutilité des premiè-
res , pour rapprocher les trois or-
dres des états-généraux , sur le point
de se dissoudre. Ces commissaires au
lieude concilier les esprits, ne firent
que les aigrir. Du reste on ne parla
point de Lessart jusqu'au mois de
décembre 1790. Alors il remplaça
le conseiller d'état Lambert au con-
trôle général des finances ; mais il
n'occupa cette place qu'un mois, et
passa au ministère de l'intérieur ,
qu'il conserva jusqu'au 3o novembre
1791. L'assemblée législative ve-
nait de succéder à la constituante ;
et le parti républicain , qui avait la
plus grande influence , dénonçait
avec fureur et le ministre de la
guerre et celui des affaires étran-
gères , qui, effrayés de ces attaques ,
donnèrent leur démission. C'est ainsi
que De Lessart fut chargé du porle-
feuille des affaires étrangères , que
LES
quittait le comte de Montraorin.
Dès-lors le parti républicain avait
résolu la guerre : par ses intrigues et
par ses cris il forçait les ministres
à délibérer sur cet objet ; et, comme
il arrive presque toujours dans les
délibérations d'une grande impor-
tance, la division s'établit parmi
eux. Le comte de Narbonne , qui
avait le département de la guerre
( Voy. Narbonne ) , insistait pour
qu'elle fiât déclarée ; mais De Lessart,
par un sincère attachement pour le
roi , à qui elle était odieuse , la re-
poussait de toutes ses forces. Louis
XVI voulant rétablir l'union dans
son ministère et la paix dans ses
états , renvoya le comte de Narbon-
ne ; mais cette décision, loin d'éloi-
gner la guerre , ne la rendit que plus
instante : les ré])ublicains furieux fi-
rent décréter que le ministre dis-
gracié emportait les regrets de la
nation. La perle de Lessart fut ju-
rée , et la déclaration de guerre ar-
rêtée. Tous les démagogues se liguè-
rent contre le malheureux ministre:
on répandit que les pièces diplomati-
ques qui attestaient que l'empereur
Léopold desirait la paix, étaient sup-
posées ; et un comité de l'assemblée
qui prenait la dénomination de Di-
plomatique, fut chargé d'examiner
ces pièces , sur lesquelles Biissot fît
un rapport. Ce député fut , dès son
début , l'accusateur du pacifique De
Lessart , que Ton accabla d'injures
dans toute la discussion. M. Becqiiey
seul eut le courage de le défendre j
mais il ne put empêcher le décret
d'accusation , qui fut prononcé le
10 mars 179*2. A peine cet ar-
rêt était-il rendu , que de nombreux
rassemblements entourèrent l'hôtel
du ministère, proférant les cris et les
menaces les plus sinistres. Lessart
était absent : dès qu'il fut ijistruit
TES
ilo son sort , il vint se livrer aux
lul.irmcs envoyés pour le saisir.
1 putant pour Orlc'.ins, on sic-
lit la haule-cour (pii devait le ju-
r, il adressa des plaintes touclian-
N et respeetneuses à rassemblée
ir la précipitation qu'on avait mise
le derrclcr d'accusation. Après
ijuelques mois de détention , il fut
assassiuc' à Versailles, le 9 septeni-
rc 179*2, avec les autres pri-
(uiiers de la haute-cour. ( Voy,
inUSSAC. ) B-u.
LESSER (Frederic-Christian ),
tliëologien et naturaliste, membre
tic l'académie des sciences de Berlin,
t delà société allemande de Gottiu-
^ue, naquit le 9.9 mai 1692 , à Nord-
hausen r'son père, Philippe Jacob
I.esser , était dans cette ville diacre
de l'église do St. - Nicolas. Frédéric
l.esser montra, dès son plus jeune
j^c, une inclination pronon^c'e pour
1 liistoirc naturelle; et n'étant encore
qu'écolier , il rassembla une collec-
tion assez considérable de pierres ,
de plantes et d'insectes. Il était à
l'université de Halle , où il étudiait
la théologie, la médecine et l'histoire
naturelle , lorqu'il apprit , en 1 7 1 21 ,
qu'un incendie avait consumé à Nord-
tausen , le 21 août, 670 maisons,
parmi lesquelles se trouvait celle de
son père. Toute la collection d'his-
toire naturelle qu'il avait été plu-
sieurs années à former , fut aussi
consumée par les flammes ; et celte
perte ne lui fut pas moins sensible
■ juc celle de sa fortune. Il en fut pcn-
lant quelque temps accablé. Gepeu-
ilant il se rendit à Leipzig, et ensuite
.1 Berlin pom- se procnrerdes moyens
d'existence ; mais il fut rappelé dans
sa ville natale par son p re , qui ,
devenu infirme , avait besoin de lui
pour l'aider dans la prédication. Lui-
aièmc fut nommé, ca 1 7 16 , desser-
LES
3di
vantdelVglisc de Fraucnberc. Lors-
((lUî Lesser s'adonna Ma prédication,
une maladie de foie , qu'il avait ap-
portée en naissant , fil des progrès
rapides, et résista à tous les ciVorts de
la médecine: il fut obligé de la com-
battre par toute sorte d'exercices vio-
lents. Son ardeur pour l'étude se
trouva contrariée par la nécessité où
il était de sacrifier un tcmi)s considé-
rable à sa santé. Cependant il faisait
servir ses promenades aux progrès
de l'histoire naturelle. Il se forma
une belle collection et une bibliothè-
que curieuse , surtout par les livres
rares imprimés peu de temps après
la réformation. Bientôt il se fit
connaître par son savoir et son éru-
dition ; et déjà , respecté par ses
vertus, il fut nommé pasteur de
l'église de Saint-Martin en 1789,
puis , en 1741 , de celle de Saint-
Jacques , et, en 1743 , administra-
teur de l'hospice des Orphelin». II
parvint à faire rebâtir à neuf l'église
de Saint - Jacques ; et dans un petit
écrit, qu'il publia en 174*2, il fixa
l'attention de ses compatriotes sur la
nécessité des réunions chrétiennes ,
et sur les avantages qu'il y avait à
donner de la pompe et de la dignité'
au culte public. Il mourut le 1 7 sept.
1754. C'était un homme instruit dans
rhistoireetles antiquités de son pays;
mais il est plus connu comme natu-
raliste. Il a surtout le mérite d'avoir
su faire toiuner l'histoire n <turelle
au profit de l'économie domestique
et de l'utilité pratique. Il a aussi, par
des compilations savantes, contribué
à répandre le goût de cette science
et à la mettre à la portée de tous
les esprits. Ses principaux ouvrages ,
tous écrits en allemand ou en la-
tin , sont : I. Observations sur la
cax'erne de Baiimann , Nordhausen ,
1740 , iu-8''. j 4^« €<lil. augmemée ,
3oî
LES
1745. II. Lithothéologie ou Théo-
lome des Pierres, etc. publiée d'a-
bord en 1 7 35; la dernière édition est
de 175 1. iïl. De sapientid , omni^
poteniid etprovidenliddivindex par'-
tibus insectorum cognoscendd, epis-
tolaris Disqulsitio ad Alh. Seham,
Nordhauscn, 1735 , in-40. Cet ou-
vi*age était, en quelque sorte, l'avant-
coureur du suivant , qui est le meil-
leur et le plus connu de ceux que
l'auteur a publiés.IY. Théologie des
insectes. Il y eu a eu trois éditions
allemandes, à Francfort et à Leipzig;
îa première est de l'an 1738, la
dernière, de 1757. Il en fut pu-
blié une traduction française à
la Haye, 174'^, îî vol. in - 8». ,
avec des notes de Lyonnet. Uiie tra-
duction italienne parut à Venise en
1751. ( ^of. Lyonnet. ) Myliusa
traduit les observations de Lyonnet,
dans la dernière édition allemande,
et y en a joint de nouvelles. C'est
donc cette édition qu'on doit préfé-
rer. Le plan de ce livre est excellent,
et pouvait admettre une histoire
abrégée, mais complète des insectes,
sous une forme savante et plidoso-
pbique. Mais la science entomologi-
que était trop peu avancée du temps
de Lcsser pour l'exécution d'un tel
plan ; et l'art de décrire avec pré-
cision, de narrer avec élégance,
ne se trouve pas dans son ou-
vrage. Il fallait une plume plus
exercée que celle de cet auteur ,
pour peindre avec des couleurs dignes
du suîet,les formes si variées de ces
petits animaux , leurs éclatantes pa-
rures , leurs morts et leurs résurrec-
tions apparentes , leurs métamor-
phoses brillantes et singulières , l'é-
tonnante perfection de leur organi-
sation , la finesse extrême de quel-
ques-uns de leurs sens , la rapidité
kiexprimable de leurs mouvements ,
LES
leurs amours et leurs accouplements
si divers , leur dextérité , leur sa-
vante industrie , leur tendre sollici-
tude pour la conservation de leur
postérité, etc. Il fallait des vues
plus vastes , et une connaissance
plus aprofondie de ce beau sujet,
pour donner une idée , même im-
parfaite , de la place que tien- 1
nent dans l'ordre de la création
ces innombrables animalcules , qui,
malgré leur apparente faiblesse ,
sont les plus puissants agents de des-
truction et de rénovation ,• qui dévo-
rent nos fruits , nos moissons , nos
vêtements, et se nourrissent de notre
propre substance ; qui nous four-
nissent le miel , la cire , et la soie
brillante; qui prêtent à la teinture sa >
plus éclatante couleur , et à la me-'
decine la vertu corrosivQ de leurs
cadavres desséchés ; qui nous entou-
rent et s'agitent perpétuellement au-
tour de nous ; et qui enfin , malgré
nous ,, attirent ou distraient notre
attention dans tous les lieux de la
terre et dans tous les instants du jour.
V. Testaceo'theologia. ( Théologie
des testacés ). — Il y a eu trois édi-
tions allemandes de cet ouvrage : la
dernière, Francfort et Leipzig, in 8".
1770^ renferme probablement aussi
la traductiondes rejnarques deLyon-
net , qui accompagnent la traduction
française , Paris , 1 748, !2 vol. in-S^.
VI. Tjpographia jubilans , Leipzig ,
i74o,m-4". C'est une courte histoire
de l'imprimerie. VIL Sur quelques
médailles frappées à lamé moire de
Luther, Leipzig , 1 739 , in-80. VIII.
Essai historique sur les monnoies
deSchwarzburg,eXc, 1741, in-8".IX.
Description historique de la princi-
pauté de Nordhausen Jjei^zi^, l'J^O,
in-4*^. Cet ouvrage parut sans nom
d'auteur. X . Brèves observationes de
Sigillis quibusdam j Nordhauseu ,
1 7*58 ;dans les Jctaenidit. 1 788, J.
4(»^ \ \l. Description d'un inarbre
vtHjuilUer rèrrnunt'nl découvert près
■ n château de Strausherfr dans la
incipautè de Schwaiizburg- l'u-
Istadl , etc., Nordhansen, iii-4*'.
1 ; 5'^. XII. Epistola ad D. F. Haus-
matuim de lajiidihus curiosis circa
/Yordhusam ejusque canjinia ijwe-
mri solitis , il)i(l. 179.7, m-^". XIII.
Mélanges d'histoire naturelle et de
hysico-thênlogie, Leipzig cl Nord-
auscn, 1754^1 1770, in-8". XIV.
Description des curiosités naturelles
ile la principauté de Budolstadt, etc.
Nordhauseii , iii-8'^. , 1754. ( Voyez
la Notice de sa vie et de ses écrits ,
publiée par son fils , Jcan-Pliilippe-
r rëderic Lesser , pasteur de l'église
de St.-Blaise à Nordhausen.) W-r.
LESSING ( Goïthold-Ephkaïm),
célèbre litte'rateur allemand , ne
en janvier I7'.i9,à Kamcnz , petite
Tille de Lusace , a laisse' , dans plu-
lieurs parties , des préceptes et des
modèles, et peut être regarde comme
celui des écrivains de cette époque
qui a rendu le plus de services à la
littérature de son pays. Il n'eut,
dans son enfance, d'autre guide que
ion père , ministre lutbcrien , et sa-
vant estimabl«k Mais , à l'âge de 1 1
jins, il fut admis dans l'école pu-
blique de Meissen, où il reçut une
éducation presque gratuite. Il s'y
livra à l'étude des langues an-
ciennes , des |>rinci pales langues
modernes, et à celle de la pbilo-
iophie et des mathématiques , avec
ime telle ardeur , qu'il y consacrait
jouveut jusqu'aux heures de re'crca-
tion et de repos. Il alla , en 1746 ,
à Leipzig, pour y achever ses études.
Tourmenté par le désir d'apprendre,
juais mécontent, pour le fond et la
ft)rme, des cours de presque toutes
Us scicucM , f^u'il OiMiaya »ucco6sivo-
LES
3oî
ment, il dut ses rapides progrès,
dans la plupart des coimaissancii
humaines, beaucoup moins à l'uni-
versité qu'à ses études particulières ,
à ses liaisons avec J. Ad. Schlcgel ,
Mylius,Zarharia;,et surtout Weissr,
enfin aux conférences dirigées par le
célèbre Ka^stner, qui contribuaient à
développer , dans plusieurs él(;ves ,
le germe de talents distingués. Un
penchant secret l'entraïuait vers le
théâtre ; et il acquit dans le com-
merce des comédiens qui étaient à
Leipzig, la connaissance de plusieurs
détails matériels de leur art , qu'un
auteur dramatique ne peut ignorer
sans nuire au succès de ses compo-
sitions. C'est dans une feuille heb-
domadaire, publiée par M. Agricola,
que parurent les premiers essais de
Lessing, dont quelques-uns seule-
ment , et probablement avec des
changements, ont été conservés dans
l'édition complète de ses œuvres. La
première pièce de théâtre qui fut
imprimée sous son nom , est le Jeuru
Savant. Le succès qu'elle obtint à la
représentation , venant à l'appui de
son goût naturel et des encourage-
ments de Weisse, il s'abandonna
presque exclusivement à cette partie,
et étudia surtout la théorie de l'art
dramatique. Un premier se'jour à
Berlin fut marqué par la publication
d'un ouvrageintitulé: Mémoirespcur
servir à Vhistoire et aux progrès d:i
tliédtre. (Beytraege zur Historié und
Aufnahmc des TJieaters. ) Il n*cn
parut que quatre numéros, qui Grent
quelque sensation ; et ils furent sui-
vis des Bagatelles ( Kleinigkeiten )
titre modeste, qui cachait plusieurs
compositions remarquables. C'est
pendant son séjour à Wittemberg ,
où il fut reçu maître-ès-arts, que com-
mença sa querelle avec Lange, au
sujet de la traduction d'Horace dou-
3o4 LÏ^S
née par celui-ci. Lessin^ eut presque
toujours raison pour le fond et même
pour la forme, car ses sarcasmes
étaient excuse's par les grossièretés de
Lange; et il annonçait, dans ses cri-
tiques, d'excellentes études classi-
ques et un grand talent pour la
discussion. Il se dégoùla bientôt de
Wittemberg, et alla de nouveau ha-
biter Berlin. C'est là que s'établit
entre lui, Muses Mendelssolin et le
libraire Nicolaï , une liaison qui
contribua puissamment à donner à
laliltérature allemande une meilleure
direction, sous le rapport du goût et
de la critique. Mais Lcssing, privé
de la souplesse nécessaire pour sol-
liciter et pour parvenir , n'avait
presque d'autres ressources que les
produits encore bornés de sa plu-
me. Il espérait en trouver à Leip-
zig. En elïét^ à peine y était-il ren-
du, qu'il en partit pour accompagner
dans ses voyages le fds d'un riche
négociant. Après avoir visité ensem-
ble la Basse-Saxe , et une partie de
la Hollande, ils se proposaient de
parcourir le reste de ce pays , et de
passer en Angleterre , lorsque l'in-
vasion de la Saxe , par Frédéric II ,
et l'occupation de Leipzig par les
troupes prussiennes , forcèrent nos
voyageurs à revenir dans cette ville.
La fortune dédommagea Lessing en
lui faisant retrouver Kleist, qu'il
avait déjà vu à Berlin. Il devint ami
de ce grand poète, dont l'imagina-
tion , la sensibilité et l'expérience
lui furent très-utiles , et à la généro-
sité duquel il dut aussi un appui ,
dont il se montra fort reconnaissant.
Après le départ de Kleist , Lessing
alla pour la troisième fois à Ber-
lin , où il retrouva Mendelssolin,
Nicolaï , Ramier et ses autres amis.
Moins occupé du théâtre , il publia,
sur d'autres objets , quelques écrits
LES
importants : I. Ses fables en prose,
et sa Théorie de l'apologue. II. Une
édition des épigramracs de Logau ,
de concert avec Ramier. III. La
Fie de Sophocle. IV. Enfin les Let-
tres sur la littérature ( Litteratur-
hriefe. ) Ces ouvrages , les Lettres
sur la littérature du jour ( Briefe ,
die neueste Litteratur hêtre fjend );
la Bibliothèque des béliers lettres
et la Bibliothèque allemande univer-
selle ( Bibliothek der schœnen Wis-
senschaften et Allgemeine deut-
sche Bibliothek ( Yoy. Nicolaï ),
pour lesquelles il ne fournit qu'une
critique insérée dans la première ,
mais dont il partagea la direction ,
pendant plusieurs années , avec zèle et
discernement ; son Théâtre et celui
de Weisse -, enfin , ses Apologies elles-
mêmes ( Rettungen )|, qui respirent
un grand esprit de justice , et ren-
ferment d'excellentes observations ,
quoique mêlées parfois , comme
celles d'Horace , de raisonnements
plus spécieux que solides ; tous ces
ouvrages , disons -nous , et ceux d'un
petit nombre d'autres auteurs , opé-
rèrent la renaissance du goût na-
tional en Allemagne. La nomination
de Lessing à la place de membre
honoraire de l'académie des scien-
ces de Berlin, en 1760, fut la ré-
compense de SQS travaux. Lors-
qu'il fit paraître ses premiers ou-
vrages , la littérature allemande était
encore au berceau sous plusieurs
rapports. Depuis Opitz , Logau et
leurs contemporains, elle avait pro-
duit peu d'ouvrages remarquables.
Les Alpes de Haller, le Messie de
Klopstock , le Printemps de Kleist,
avaient jeté lui grand éclat dans l'é-
popée; et dans quelques genres légers,
Lichtwehr , Hagedorn , Gellert , le
même Kleist, Huz, Zachariœ, Gers-
tenberg , et autres , avaient rempli
quelques lacunes. Mais tout cela ne
( lurniait point une lirtoratiirp. La pré-
dilection exclusive (le Fredcric II
j pour celle des Français, avait bcau-
• coup retarde les progrès de la langue
aileniandc. Goltsclied avait, il est
-""H , rendu de très-grands services
faisant revivre les bonnes doctri-
nes , et en recommandant rchide
I des modèles des anciens et dçs Fran-
iis. Mais, trop exclusif dans ses
i*s, il n'avait point senti cetpi'exi-
u<'ait le génie particulier de sa nation,
«Il voulant, pour ainsi dire, l'asservir
la littérature française. Celle des
iiglais, au contraire, dont le génie à
iicaucoup plus de rapport avec l'ai-
' -mande, était si peu connue , que
xistencc de Shakespeare fut pres-
■ jic rcvëlëe au public par la traduc-
tion deWielana,etpar les éloges que
fit Lessing de cette traduction. De'-
]d Bodmer et Breitiuger avaient at-
-|ue' sans ménagement Gotlsched
son école : mais les vues et les
juoyens de l'école suisse e'iaient
trop bornés pour opérer une réfor-
me. Lessing acheva ce qu'ils avaient
' bauché. Ce fut sur le théâtre que
Il influence se fit d'abord sentir.
Un a peine à concevoir , il est vrai ,
comment ses premières pièces ont
pu obtenir beaucoup de succès , et
même les éloges de plusieurs q^ili-
ques allemands de nos jours. Le
Jeune Savant , les Juifs , le Miso-
yne { V Ennemi des femmes], VEs-
rit-J'ort , sont les essais d'un jeune
jmme de 20 et 2 Jt ans , sortant des
mes de l'école, et étranger à la
liipart des usages et des idées de
I société. Il est difficile de réunir
'lis de plaisanteries ignobles , de
latitudes et d'absurdités; et nous
•• pensons pas qu'aucun poète dra-
:atique célèbre ait eu un deTjutaus-
i médiocre. Ce jugement est, au
XXJV.
LES 3o5
fond , îc même que Lessing ( Dra-
mat. tom. 11, pag. 33b-t) ) porte
sur les jeunes auteurs comiques
de la même époque. Qnoi qu'il eu
soit , on y rencontrait des traits
ingénieux ; le dialogue était soii-
vent assez naturel; le style même
plus correct que celui auquel on
était accoutumé; qualités qui tou-
tefois n'avaient qu'un mérite re-
latif : enfin, dans ses peintures de
mœurs, si imparfaites qu'elles fussent,
on retrouvait celles de l'Allema-
gne. Le Trésor, imité dcPlaute,
est déjà sans doute à une grande
dislance des essais ; Lessing s'était
appuyé sur un modèle. On aperçoit
de grands progrès dans Aliss Sa^
rah Samson , la première tragë-
gie bourgeoise allemande que Ton
connaisse, et qui parut en 1755. Il
y a du pathétique , de la connais-
sance du monde ; et sous plusieurs
rapports on y trouve le g«rme d'E"
milia Galotti. Mais beaucoup de
longueurs, et des invraisemblances
choquantes , l'ont reléguée avec rai-
son parmi les pièces du second or-
dre. Fhilutas , tragédie en un acte
et en prose, parut en 17 59. C'est
un essai qu'il est difficile de juger
diaprés une théorie dramatique quel-
conque , mais auquel des sentiments
héroïques , et des beautés de style ,
peu^ eut faire pardonner la nouveau-
té du genre et quelques défauts. Les
succès de Lessing, satisfaisants pour
son amour-propre , n'avaient pu suf-
fire qu'aux Desoins du moment, sans
assurer ceux de l'avenir. D'ailleurs ,
le repos- était également nécessaire
à son corps et a son esprit. Ces
raisons le déterminèrent à accep-
ter la place de secrétaire du gou-
vernement auprès du général Tau-
enzieu, qui résidait à Breslau; et
il partit, sans eu avoir rien dit à
uo
3o6 LES
ses amis les plus intimes. Il ne né-
gligea point toutefois ses travaux
littéraires ; et il fit même, dans
la bibliothèque de Breslau , la
découverte d'un manuscrit des poé-
sies de Scultetus , poète du dix-sep-
tième siècle , qu'il fit imprimer.
Mais ses amis furent étrangement
surpris en apprenant que sa princi-
pale occupation e'tait le jeu, dont il
ne faisait rien moins qu'un délasse-
ment , puisqu'il s'y livrait avec une
telle passion , que son visage e'tait
quelquefois tout en sueur. Ce que
l'on conçoit encore moins , c'est
la manière dont il justifia cet égare-
ment, auprès d'un de ses amis, qui
lui témoignait la crainte que sa santé
en fût altérée : celte passion , disait-
il , n'était que factice, et il l'excitait à
dessein , afin de mettre les humeurs
en mouvement , et se délivrer par-là
des angoisses physiques qu'il éprou-
vait souvent. Tant il est vrai qu'il n'y
a point d'absurdité dont l'esprit le
plus droit se puisse garantir ! Soit
inconstance, soit plutôt désir de re-
couvrer son indépendance , et de se
livrer avec plus de suite à ses travaux
littéraires , Lessing quitta Breslau en
1765 , et revint à Berlin. Il y avait
cinq ans qu'il n'avait rien publié ,
lorsqu'il fit paraître son Laocoon, ou
Des limites respectives de la Pein-
ture et de la Poésie. Ce mot de
peinture n'est ici qu'un terme géné-
rique pour désigner les arts d'imita-
lion , et par conséquent, la sculpture,
aussi bien que la peinture. Cet ou-
vrage n'est point , comme le titre
• semble le promettre , une théorie de
la poésie et des arts, mais simplement
un recueil d'observations et de dis-
sertations sur ces deux objets , et sur
leurs différences essentielles, sous le
double rapport dubut et des moyens
iVeX€cution, Oay trouve réunis, dans.
LES
un degré éminent, les nombreuses
et diflérentes qualités de Lessing; et
il plaça son auteur sur la ligne de
ses contemporains les plus distingués
dans la critique de la théorie des
beaux-arts. La littérature française
est redevable à M. Vanderbourg d'une
excellente traduction du Laocoon ,
publiée en 1S02. Nous placerons ici
un Traité, qui ne parut que quatre
ans plus tard y mais qui est , après
le Laocoon j le plus remarquable de
ses écrits sur la théorie du beau dans
les arts. Il est intitulé , Des images
de la mort chez les anciens ( Pf^ie die
Alten den Tod gebildet ). Lessing
cherche entre autres à prouver que le^
anciens n'ont jamais représenté h
mort sous des formes eflfrayantcs , e
notammentsouscelle d'un squelète.lj
attribue cette idée pénible et les lei
reurs de la mort à une fausse intec
prétalion de la religion chrétiennt
» En effet, dit-il, cette même rçligio
» nous enseigne que la mort du just
» est douce... L'Ecriture parle elle
» même d'un ange de la mort. Qu>
V est l'artiste qui n'aimât mien
)) peindre un ange qu'un squelètc [^
Il a paru une traduction de ce trai
dans un Recueil de pièces intére
santés concernant les Antiquités
Paris, 1786. Parmi les Alleman
qui ont écrit sur ces deux ouvrage
il f5ut mettre hors de ligne Herde
qui , dans ses réflexions sur le p:
mier {Kritische ïVœlder, i»^'^. p
et sur le deuxième {Zerstreute BL
ter , t. î2 , p. 391 et suiv. ) , réf
ou modifie souvent les idées
assertions de Lessing. Il n'a point
précision et la logique serrée de ce *
ci; mais , en revanche , il a cette ij i-
gination si noble , ces sentiment; i
élevés , qui font le charme de t it
ce qu'il a écrit ; et ces deux ou^ -
ces peuvett^ être considérés^ con ic
LES
U rcrlificilion ou le complément
dp ceux de notre auteur que nous vo-
uons de citer. La marche pro-
gressive du talent que nous avons
fait remarquer dans les pièces de
tliratre prcrëdentrs , est encore plus
sensible dans Minna de Barnlwlm ,
unedie en prose, écrite en 1763,
iniprimée en 17(37. On y trouve
< s niaiseries , des inutilités, une
lisibilité' un peu recherchée , un
langage quelquefois subtil : mais
des caractères mieux traces que tout
ce qu*on avait vu jusqu'alors , des
situations attachantes , quelques in-
tentions comiques, et surtout la pein-
ture des mœurs allemandes , en ont
fait une pièce vraiment nationale.
Elle a été imitée par Rochon de Cha-
bannes sous le titre des Amaiiisgéné-
reiLv, comédie représentée à Paris en
1774. La réputation toujours crois-
sante de Lessing fixait déjà tous les
regards. Une société d'amis du théâ-
tre desirait donner à celui de Ham-
bourg une nouvelle direction plus
utile et plus conforme aux besoins
de la nation. Lessing ayant le plus
contribué à faire naître dans le pu-
blic (les idées saines à cet égard, et
le vœu d'un meilleur ordre de choses,
les entrepreneurs conçurent très-natu-
rellement l'idée de recourir à ses lu-
mières. Ils lui offrirent des conditions
fort avantageuses j et il alla s'établir
à Hambourg en 1767. 11 s'était en-
gagé à communiquer au public ses
réflexions sur le jeu des acteurs , et
sur les pièces représentées ; mais il
paraît que les comédiens sont , dans
tous les pays, d'une nature irritable :
ceux de Hambourg s'offensèrent des
avis de Lessing, qui fut bientôt obligé
de se borner à parler de leur art en
termes généraux. Son travail en de-
vint moins piquant pour le public de
cette ville; mais rAllem^igue n'en eut
LES 307
pas moins la Dramaturgie de Ham"
bourg, imprimée par numéros sé-
parés, en 1757 et 1768. Dans cette
partie, comme dans plusieurs de cel-
les auxquelles il a fait faire de grands
progrès en Allemagne , Lessing a
sans doute été surpassé par quel-
ques écrivains postérieurs. Weisse
partage même avec lui la gloire d'of-
frir les premiers modèles. ( Voyez
Weisse. ) Toutefois , en nous repor-
tant à l'époque dont il est question ,
nous verrons que Lessing influa sur
le théâtre allemand , peut-être plus
encore par ses préceptes que par ses
exemples. Le premier, dans son pays,
qui ait attaqué la théorie dramatique
des Français, il cherche à prouver
qu'ils avaient mal compris , ou du
moins mal appliqué celle des Grecs.
SaZ?rflmflfwrg-/e renferme une grande
érudition, et une foule de vues alors
neuves pour l'Allemagne, puisées en
partie dans Diderot , auquel Lessing
reconnaît avoir les plus grandes obli-
gations. La critique très-sévère des
principales tragédies de Voltaire et
de quelques autres pièces françaises
est appuyée de développements fort
curieux, et soutenue par une dia-
lectique entraînante. Lessing , dans
cette discussion , ne sut pas se ga-
rantir de toute passion , du moins
en apparence. Cet esprit néanmoins
était trop supérieur pour mécon-
naître , même dans ses idées , le
mérite de cpielques parties au moin»
de la littérature française. Mais ^
dans sa Dramaturgie , commv
dans ses autres écrits , il ne loue
que les auteurs du second ordre ;
et il est clair que sa grande admi-
ration pour Diderot, comme dra-
maturge, prend sa source dan>
l'analogie de leurs idées sur i*ar£
dramatique. H n'attaque pas, il est
▼rai, Racine de front, cl il n'a fait
3o8 LES
l'analyse d'aucune de ses pièces; mais
il parle plusieurs fois de sa correc-
tion , en ayant l'air de l'indiquer
comme la qualité dominante , si-
non unique , de ce grand poète ; et
l'on voit clairement qu'il le com-
prend dans la proscription générale
du théâtre tragique français. Néan-
moins il lui rend un hommage as-
sez remai-quable dans sa bouche
pour être cité. Une de ses fa-
bles est ainsi conçue : « Je fais sept
•» tragédies par an , disait un ri-
» meur à un poète ; et toi , tu mets
« sept ans à en faire une! — « Oui,
» répondit le poète , mais c'est une
« Atlialie. » Son explication du pas-
sage dans lequel Aristote parle de
la pitié et de la terreur, comme des
seuls ressorts admis dans la tragé-
die, et ses raisonnements pour prou-
ver que la terreur , ou , selon son
interprétation , la crainte , rentre
dans la pitié , sont très spécieux ,
mais sont loin d'être convaincants ;
et il faut voir , dans sa correspon-
dance avec Moses Mendelssohn ,quel
abus Lessing fait de sa dialectique
pour démontrer que Giisman , Au-
guste , Milhridate , n'excitent point
l'admiration, et que l'admiration
elle-même doit être reléguée dans
l'épopée : mais , d'un autre côté ,
quel avantage donnent à Moses la
candeur extraordinaire de son carac-
tère et la justesse de son esprit ! Les-
sing pensait en général que quelques
tragédies françaises ( car le théâtre
comique avait trouvé grâce devant
lui ) , étaient des ouvrages fort re-
marquables , et leurs auteurs des
hommes d'un grand talent ^ mais
que ce n'étaient point des tragédies.
Shakespeare, au contraire, marchait
selon lui à côté des Grecs ; en un
mot, ses principes sur la tragédie ,
çomm^ suf b drame et la comédie
LES
larmoyante , sont devenus , en *
grande partie , ceux de l'école ro-
mantique , dont un article tel que
celui-ci n'admet point la discussion.
Toutefois , d'après plusieurs passa-
ges de ses ouvrages, et une des lettres
deGarveà Weisse(Tom. i,p. ii5),
mais surtout en raison de la j ustesse de
son esprit, il est permis de supposer
qu'il n'aurait pas adopté la doctrine
romantique dans toute sa latitude ,
et qu'il eût pu poser les bases d'un
traité entre les deux écoles. La Dra-
maturgie a été traduite en français ,
par Mercier et Junker , en 1785.
Soit que les travaux de Lessing ne
lui procurassent pas une aisance suf-
fisante , soit plutôt, ce qui paraît
assez prouvé , qu'il eût moins d'or-
dre dans ses affaires que de précision
dans les idées , il éprouvait une gêne
extrême : aussi accueillit-il avec em- .
pressement la proposition que lui |
lit Bode , de l'associer à une entre-
prise de librairie et d'imprimerie ,
que celui-ci avait faite à Hambourg.
Tous deux , indépendamment des
avantages pécuniaires qu'ils s'en pro-
mettaient , avaient le noble but de
travailler à affranchir les savants de
la dépendance des libraires, souvent
nuisible à l'intérêt de la littérature.
On peut voir , dans ses lettres à Ni-
colaï , avec quelle ardeur il s'était
livré à ces nouvelles occupations , et
dans les réponses de son ami^ com-
bien Lessing s'était fait illusion sur
la facilité du succès. Aussi fut-il
forcé , dès 1769 , de renoncer à
cette association. Sa position allait
devenir d'autant plus embarras-
sante, que la gêne dans laquelle
il se trouvait , augmentait considé-
rablement la lenteur et la difficulté
naturelles avec lesquelles il travail-
lait. A une époque postérieure , il
*youg à son frère que ; quand il est
; ieoccup<^, son esprit ne peut rien
tiicr de son propre fonds , et qu'il
CNt obli{;c de recourir à des travaux
.jiii n'exi};ent aucune imagination,
l.essing avait recueilli avec avidité
• bruit qui circulait que Joseph II
,.vait le projet de créer à Vienne
une académie composée des prin-
'paux savants de l'Allemagne,
était une vraie Utopie en perspcc-
îive. KIopstock avait dédié sa Ba-
tiille d'Hermann à Jostph , qui lui
avait envoyé Son portrait enrichi
de diamants: peu de temps après,
les gazettes apprirent que la même
laveur venait d'être accordée à un
juif du Holstcin, en récompense de
la ponctualité avec laquelle il avait
fait une livraison de chevaux. Les-
^ sing , témoin de ces inconséquen-
ces , affligé de la non-réussite de ce
plan et de son entreprise de librairie,
mécontent delà manièredontses piè-
ces étaient jouées, et du peu de pro-
•grès de la bonne littérature dans sa
patrie, projeta d'aller se fixer en Ita-
lie, et d'y écrire eu latin sur les chefs-
d'œuvre de l'antiquité : un événe-
.ment heureux vint le conserver à
son pays. Ebcrt , un de ses amis ,
.avait souvent parlé de lui au prince
.héréditaire de Brunswick : ce prince,
4jui a honoré sa carrière par la
protection qu'il accorda constam-
ment aux lettres et à l'infortune,
t proposer à Lessing la place de
ijibliothécaire à Wolfenbultel. Les-
sing alla s'établir dans cette ville
au printemps de i •- 7 o , et il y reçut ,
^ je titre de conseiller aulique. Mal-
heureusement , cette époipie , qui ,
eTi fixant son sort d'une manière
! onorable et avantageuse, semblait
u promettre une existence agréa-
!e, fut aussi celle qui vit s'accroître
•s chagrins. Vers la fin de son sé-
•ur à Hambourg , avaient eu lieu
Li:s
3o()
ses discussions avec Klotz, sur plu-
sieurs points d'archéologie, au sujet
du Laocoon. Ses réponses parurent
sous le titre de Lettres archéologi-
ques ( Antiquarische Briefe ). Dans
cette nouvelle lutte, Lessing, sans
s'inquiéter de la réputation un peu
usurpée de son adversaire, répondit
à des attaques inconsidérées, avec
toute la force de sa dialectique, et
peut-être avec trop d'aigreur. Klolz
répliqua avec toute la virulence et
la grossièreté de l'arrogance humi-
liée; et Lessing eut le tort de les
repousser pardes sarcasmes, mérités
sans doute, mais qui n'ajoutaient
point à la puissance de ses armes ^
Peu de jours après son entrée en
fonctions, il avait découvert, dans
la très -riche bibliothèque qui lui
était confiée, un manuscrit de Bé-
renger, dans lequel ce fameux ar-
chidiacre d'Angers expose sa doc-
trine sur l'Eucharistie: Pour le mo-
ment, Lessing se contenta de l'an-
noncer au public , avec le projet
de le faire imprimer ; ce qui toute-
fois ne put avoir lieu. C'est dans la
dissertation même qu'il faut voir
quelle érudition et quelle force de
raisonnement il déploie pour ex-
pliquer les nombreuses variations
de Bérenger; pour infirmer l'auto-
rité des anathèmes prononcés con-
tre lui . pour attaquer l'existencp
même «de quelques conciles ou sy-
nodes tenus à son sujet , enfin pour
prouver que cet ouvrage de Bérenger
est postérieur à tous les autres , et
doit par conséquent être considéré
comme contenant sa véritable opi-
nion. Cette pubUcation fit une telle
sensation en Allemagne , que le célè-
bre Ernesti déclara Lessing digne
du bonnet de docteur en théologie.
Elle fut suivie de celle de la tra-
gédie d'Emiliu Calottij qui fut re-
3io
LES
présentée pour la première fois à
ferunsviick, en 1-^72. Le me'rite tou-
jours croissant des pièces de Lessing
n'avait rien fait présager d'aussi re-
marquable que cette tragédie; et, sous
quelques rapports , elle n'a point
été surpassée depuis par des chefs-
d'œuvre qui lui sont supérieurs à
d'autres titres. Elle est, au reste,
tellement dénuée de cette inspira-
tion brillante et sublime, mais sou*
vent vague et désordonnée , qiù est
un des caractères de !a littérature
allemande, qu'elle semblerait avoir
pris naissance chez une autre nation.
Peu de pièces ont autant exercé la
critique; et les Allemands en ont eux-
mêmes signalé plusieurs défauts ,
qu'il paraît difficile de justifier. Mais
la vérité de la plupart des caractères,
l'intérêt des situations, la vivacité
du dialogue, et, par dessus tout , la ra-
re précision du style, qui ne permet
jamais de s'apercevoir de l'absence
des vers, font de cette pièce un mo-
dèle classique. Beaucoup de scènes
mériteraient d'être citées. Nous indi-
querons seulement ici la première et
la dernière du premier acte , toutes
deux fort courtes, et qui, par leur
effet , paraissent comparables à
ce qu'il y a de mieux dans au-
cun théâtre. Emilia Galotti fut tra-
duite en latin ; entreprise malheu-
reuse, et dans laquelle les meilleurs
latinistes modernes auraient pro-
bablement échoué. Le Laocoon ,
la Dramaturgie , Emilia Galotti
et Nathan, sont certainement au
nombre des modèles qui ont le plus
contribué à rendre à la langue alle-
mande cette précision dont on ne
la croyait pas susceptible. Les-
sing l'a dégagée de cette foule de
membres incidents , dont elle était
encombrée; ses phrases sont moins
longues : sa diction est nette com-
LES
me ses idées, dont la marche est
rapide, très -philosophique et pro-
pre à la discussion. S'il est par-
fois difficile à comprendre, comme
dans Ernest et Falk, et dans quel-
ques fragments théologiques, cela
provient, non de l'obscurité de l'ex-
pression, mais de la concision du
style et de l'omission de pensées in-
termédiaires. Enfin, ennemi du néo-
logisme, quoique des mots français
inutiles aient encore par fois trompé
sa vigilance; toujours riche de sa
propre langue , qu'il a su ramener
à son caractère, il a été, pour son
époque , comme Luther pour la
sienne, le vrai modèle classique. 11
n'a été surpassé par aucun de ses
contemporains ; très-peu de ses suc-
cesseurs l'ont égalé, et son style est
celui qui a le plus d'analogie avec la
prose de nos meilleurs écrivains.
Lessing, ayant obtenu, en i'ji73, U
permission de voyager pour sa santé,
trouva à Vienne le prince Léopold
de Brunswick, qui lui proposa de
l'accompagner en Italie. Mais il no
put visiter que le nord de cette terre
classique des arts, et revint à Wol-
fenbuttel au bout de 8 mois. Il avait,
avant son départ, commencé la pu-
blication de ses Mémoires histori-
ques et littéraires ^ tirés des trésors:
de la bibliothèque ducale de Pf^oî-
fenbuttel ( Bejtrœ^e zur Geschich^
te und Litteratur, etc. ) A son re
tour , il continua cette entreprise
et, après avoir fait imprimer queb
ques morceaux sur des sujets variésj
il se jeta tout-à-fait dans la théolo^
gie , et publia les premiers Frag-
ments iVun inconnu ( Fragments
eines Ungenannten ). Les désagré-
ments que lui attira cette publica-'î
tion, la vivacité même avec laquelle
il se crut obligé de repousser les in-
jures et les calonînies atroces de se,s
LES
acïvcrsaircs , iic lircnt qu'accroîhc
M)n hypocondrie et son irrilabilile,
I atlaimir encore une santo* déjà
»rt altérée. A ces sources de cha-
lin se joif^nait nnc genc extrême.
Il avait contracte beaucoup de det-
tes : ses appointements n'avaient
))U suflire à remplir ses engage-
ments ; et il était surtout vive-
lent affecte de ne pouvoir adoucir
1 1 position de ses parents. Enfin il
tut, en 1778 , fi^appe par le coup le
plus terrible, en perdant sa com-
pagne, qu'il avait épousée à Ham-
bourg, à la fin de 1776, et pour
l.iquelle il avait un grand attache-
mont. « Ma femme est morte , ccrit-
il à Eschenburg , et j'ai fait aussi
cette triste expérience. Je me rë-
' jouis de ce qu'il ne m'en reste plus
^> beaucoup de semblables à faire;
» et cette idée me soulage. » Cette
réflexion pourrait paraître e'trange ,
et faire douter de sa sensibilité' , si
k l'on ne savait pas combien sont va-
riées les expressions de la douleur ,
t si ses lettres à son frère dans la
même circonstance , les me'nage-
menls qu'il lui recommande de
])rcndre pour annoncer ce malheur
tison beau-fds alors à Berlin, enfin
le chagrin profond que lui avaient
causé pre'ce'demment le malheur et
la mort de Kleist , n'étaient des té-
moignages de la bonté de son cœur ,
attestée d'ailleurs par ses amis. Ce
fut néanmoins au milieu de cette vie
agitée par des chagrins si multipliés,
que parut, en 1779, son Nathan le
ige ( Nathan der JVeise ). La pa-
1 ibole de la bague , qui doit être
regardée comme la base principale
de la pièce , est , comme on sait ,
tirée d'une nouvelle de Boccace ; et
le but du poète est de faire sentir
qu'on doit accorder son estime à tous
ê«s hommes qui la mériieut . sans
LES
.wi
«^gard à la religion qu'ils professent.
Ce drame, ou, selon Engel , ce poème
didactique, est une composition d'iui
genre tout-à-fait original , et qui
semble ne pouvoir rentrer dans au-
cune classification de nos poétiques.
Nul ouvrage allemand , si l'on en
excepte le j}fessie ( l' Obéron ne pa-
rut que l'année vSui vante , dans le
Mercure allemand) n'avait encore
excitéen Allemagne une aussi grande
admiration. Trop long et trop dé-
pourvu d'action pour être repré-
senté , Nathan produit , à la lec-
ture , un effet extraordinaire. Le
calme et la noblesse du principal
caractère, la véritéde tous les autres,
à l'exception peut-être de celui de
Saladin , qui n'a guère que de lu
bonhomie , et qui était trop grand
dans l'histoire pour cire sacrifié k
un être d'imagination ; l'attrait inex-
primable de celui de Rccha ; la douce
}>hilantropie qui respire dans tout:
'ouvrage ; enfin , la perfection des
vers'iambiques , trop peu imitée par
la plupart des poètes allemands de
la même époque et de la suivante ,
semblent devoir désarmer la cri-
tique , et font de Nathan un des
monuments littéraires modernes les
plus imposants. Toutes les pièces
dont nous avons fait mention , sauf
le Jeune Sa^*ant et Emilia Galotti ,
ont clé traduites dans le Tfiédtre al-
lemand de 5 unkcv et liiebault, ou
dans le Nouveau Théâtre allemand
de Friedel. On a aussi une imitation de
Nathan par Chcnier. Ce fut comme
le chant du cygne pour Lessing. Sa
faiblesse devint extrême ; sa gaîté ,
sa vivacité , furent remplacées par
l'insouciance, l'.ipathic, et une dis-
position continuelle au sommeil r
il pei'dit bientôt toute son énergie
morale. L'asthme vint aggraver ses
maux ; et il tecmiua sa carrière , le
3iî LES
i5 février 1781 , dans la 53*^. année
de son âge. Lessing avait heaucoiip
de liaisons littéraires ; il eut aussi
Ijeaucoup d'amis , et il mc'ritait leur
altaclicmcnt par la franchise de son
commerce dans tous les détails, quoi-
qu'il eut, il faut en convenir, une al-
lure, pour ainsi dire , particulière.
Ennemi de tout étalage de sentiment,
il faisait et recevait le bien presque
comme l'acquit d'une dette , que
tous les hommes contractent les uns
envers les autres. Cette disposition se
faisait remarquer dans toutes ses con-
versations Il accueillait franchement
les idées vraies et utiles , et commu-
niquait les siennes , sans paraître y
attacher aucune importance : bien
différent , dit Mendelssohn , de
ces riches qui font sentir d'une
manière humiliante l'aumône qu'ils
distribuent, il communiquait ses ob-
servations avec une telle simplicité,
qu'on était souvent tenté de s'en at-
tribuer le mérite. L'amour de la vé-
rité et de la justice était sa passion
dominante. Révolté par la moindre
injustice , comme par une irrégula-
rité qui dérangeait l'ordre de la
nature, il se montrait toujours prêt
à embrasser la défense des oppri-
més , avec une chaleur qui le fit
souvent paraître animé de l'esprit de
contradiction. C'est ainsi que , pen-
dant la guerre de sept ans , on le
vit partisan des Prussiens à Leipzig ,
et des Saxons à Berlin. Il est peu de
genres de poésie dans lesquels Les-
sing ne se soit exercé. Il a même
fait des odes. On n'y trouve point le
génie lyrique ; mais elles renferment
des sentiments nobles et élevés. On
fait plus de cas de ses chansons, qui
respirent la gaîté , et sont fréquem-
ment aiguisées par une légère ironie.
Il suffira , pour en faire l'éloge , de
dire qu'ayant été souvent mises eu
LES
musique , elles sont très-répandués
en Allemagne. ïoutetois , elles nous
paraissent , pour les idées morales
et pliiloso])hiques , inférieures à
celles de Gleim , Hôlty , et quel-
ques autres. Ses Epi^rammes , dont
plusieurs sont des imitations d'au-
teurs anciens et modernes , offrent
des traits piquants , et sont remar-
quables , souvent pour le fond ,
toujours par une grande précision
de langage. Elles oift été, ainsi que
beaucou]) de ses poésies fugitives ,
revues par son ami Ramier , aux
corrections duquel Lessing se sou-
mettait presque aveuglément. Ssk
Dissertation sur VEpigramme est
pleine d'observations fines sur ce
poème ; et ses jugements sur les
principaux épigraramatistes ont mé-
rité l'attention des philologues.
Notre jugement sur ses Fables est
à -peu -près conforme à celui de
Mendelssohn, qui n'en cite qu'un petit
nombre comme vraiment dignes de
Lessing : ramenées à la simplicité
d'Esope , mais écrites avec toute la
précision que l'auteur a su donner
à la prose allemande , elles présentent
en général d'excellents principes ; la
morale néanmoins en est quelquefois
trop reclierchée et trop peu naturelle
pour être frappante , et par consé-
quent utile. Nous ajouterons que la
meilleure prose ne paraît pas pou-
voir, dans cegenre, remplacer la poé-
sie. Tout le monde lit les Fables de
Lessing; personne ne les retient. Les
vieillards et les enfants savent par
cœur celles de Gellert. Au reste, I^es-
sing avait prévu ce jugement : « J'ai
» mieux aimé , écrit - il à Gleim ,
» prendre une route différente et
» plus mauvaise , que de m'exposer
» au danger d'une comparaison dé-
» favorable avec les Gleim et les
» La Fontaine. » Sa Dissertation sur
LIS
U caractère de la Fable ( ï^on dent
frestn lier Fabvl ) est un morceau
d'une excellente critique, tant nar la
fixation des princ incs que par î'exa-
men des théories ues diliercnts au-
teurs. ^fai§ on lui a rej)rocbc , avec
raison , d'avoir un peu subtilise dans
cette dissertation , comme dans la
précédente et dans plusieurs de ses
<^uvraj!;es, et entreaulres d'avoir rem-
place les deTniitions de ses prédéces-
seurs , par une (léfinitiou qui , pour
être plus juste, n'est pas d'un usage
plus commode ( i \ Nous ne ferons
point l'énumération de ses écrits
pliilolop;iques , dans lesquels il dé-
loie une très grande connaissance
l
es auteurs anciens , présentée sous
une forme agréable et piquante.
Aucun de ses nombreux rivaux n'a
su mieux que lui allier l'une à
l'autre; et, sous ce rapport, il pour-
rait être regardé comme le père de
cette critique éclairée que les Alle-
mands ap))liqucnt aux ouvrages des
anciens. On trouve encore dans notre
auteur une foule demorceaux de litté-
rature , dont aucun n'est sans intérêt.
Ceux que nous avons cités suflisent
pourexpliquerrinfluencequ'ila exer-
cée. Lessing vécut assez pour sa gloi-
re ; mais vingt ans plus tard il eût
peut-être épargné à sa patrie les scan-
dales littéraires qui l'ont affligée. Si la
uouvelle philosophie a rectifié quel-
ques idées, et agrandi la sphère de la
pensée , on ne peut nier qu'elle n'ait
1 urté, dans toutes les branches de la
littérature , l'influence pernicieuse
de son néologisme, et de ce genre
vague souvent honoré du nom de
Traïucendant ait sme, et qu'elle n'ait
Ktnduil à ridiculiser et attaquer quel-
< FaUlrad«Le««inf; ont ^té trailiiitei en
..•r (l'Autelmy, t*ari», 1764 , in-n. M.
i a redonné cette traduction «v^c \r text«
: une tr-riinn littérole intfrliné*ire , niaU tau*
• Di'sirriaWon, ibid. 1799, iu-8*.
LES 3i3
ques-uncs des réputation» littéraires
lesmieuxélalilies. Il est possible que
d'autres Lettres sur la littérature
du jour eussent fait justice de ce»
excès. Parmi 1rs ouvrages philoso-
phiques de lessing , nous n'en cite-
rons (pie deux : Pope métaphysi-
cien est un examen du système de ce
poète-philosophe , dans le(|uel Les-
sing et Moses Mendeissohn ( car
cette dissertation est l'ouvrage des
deux amis ) prouvent , d'une ma-
nière assez claire, que les pnncipales
idées de Pope sont tirées de W.Hing,
auteur anglais , qui écrivit en i-jo^ 5
et ils font, à ce sujet , des rappro-
chements très-curieux. Le second
est beaucoup plus important ; il est
intitulé : Ernest et Falk , Dialoç^ue
pour les Francs-Maçons. Lessing
cherche à établir que la franc-ma-
çonnerie n'est autre chose que le
désir et les eflTorls de tous les gens
de bien pour faire disrparaître les
obstacles qui s'opposent à l'union
et à la bonne intelligence entre tous
les hommes. Ces dialogues sont,
écrits avec toute la précision de
style qu^on admire dans ses meilleur»
ouvrages. Lessing a fait aussi plu*
sieurs traductions, dont les princi-
pales sont celles de Y Examen de in-
génias para las sciencias ( Examen
des esprits propres aux sciences )
par l'Espagnol Jean Huarte;derZ^w-
toire desyérabessousles Califes y par
Tabbé de Marigny ; du Système de
Philosophie morale^Y'^r Hutrheson;
du Théâtre de Diderot. La collection
de ses Œuvres se termine par sa cor-
respondance avec Ramier , Eschcn-
burg , Nirolai, Mos. Mendeissohn ,
Reiske , (ileim , Schmid , Ebert ,
Heyne , Campe, Michaèlis, Herder
et son frère. Nohs l'avouerons fran-
chement : si celte correspondance
nous fait connaître l)eaucoup de
3i4
LES
particularités de la vie de Lessing ,
die est , en gênerai , d'un médiocre
intérêt littéraire. Les lettres de Les-
sing lui-même sont peu piquantes
sous ce rapport. Celles de la plu-
part de ses correspondants sont assez
insignifiantes. Glcim y paraît peu
digne de la réputation du Tyrtée
allemand. Celles de Nicolai et ses
notes, quoique délayées, contiennent,
du moins , des faits littéraires cu-
rieux. Mais celles de Moses Mendel-
ssohnnous semblent se distinguer de
toutes par une grande bonhomie, une
simplicité très-attachante, une extrê-
me droiture de jugement et beaucoup
de netteté dans les idées. Il nous
reste à parler des ouvrages théolo-
giques. Nous avons déjà fait men-
tion du manuscrit de Bérenger.
JNous ne citerons, en particulier,
que ce qui a rapport aux fameux
Fragments d^iin inconnu. Ses amis
de Berlin firent les plus grands
efforts pour l'empêcher de les pu-
blier : mais quand il s'était pénétré
d'une idée , il y tenait avec une opi-
niâtreté insurmontable. Il était con-
vaincu que la publication de ces
fragments devait être utile à la reli-
gion, en provoquant l'examen et la
réfutation des oÎ3Jections qu'ils con-
tenaient contre plusieurs points du
christianisme, telsque la révélation,
la résurrection , le but de Jésus et
de ses disciples , etc. Lessing l'a ré-
pété jusqu'à satiété ; et c'est l'opi-
nion très-prononcée de Nicolaï et de
Herder. Il résista donc à toutes les
représentations ; et les premiers
fragments furent imprimés. Ils cau-
sèrent un scandale général parmi
les théologiens. Bientôt la cour de
Brunswick lui défendit de publier la
suite des fragments: ceux qui avaient
paru , furent confisqués ; et Lessing
en fut enchanté , espétant que cette
LES
mesure les ferait connaître davan-
tage ; ce qui eut lieu en effet. Une
foule de réfutations parurent dans le
public. Quelques-unes, telles que
celles de Semler, Dœderlein, etc. ,
furent très-décentes pour la forme :
d'autres furent moins ménagées.
Mais le pasteur Goeze, de Ham-
bourg , attaquant moins l'auteur que
l'éditeur des fragments, accabla Les-
sing des invectives les plus outra-
geantes et des imputations les plus
calomnieuses. Celui-ci répondit avec
aigreur, mais avec une grande supé-
riorité de talent : cette déplorabla
polémique empoisonna les dernières
années de sa vie. Plusieurs personnes
ont pensé que Lessing,était coupable
den'avoir pas senti quel mal pouvait,
dii moins pour le moment, résulter
de cette publication. Au reste s'il est
permis de concevoir quelques doutes
sur son orthodoxie ( luthérienne ) ,
quoique Nicolaï assure, de la ma-
nière la plus positive , qu'il repous-
sait tout changement dans les dog-
mes , nombre de passages dans ses
écrits attestent son respect pour la
religion , la morale, et le senti-
ment qu'il avait de leur nécessité. Il
regarde comme un homme malhon-
nête , celui qui , par des plaisanteries
sur la religion , trouble le repos de
l'homme faible ( tom. ::i6, p. 3^i4 )•
Il s'indigne contre un vers d'une tra-
gédie, dont le sens est que le ciel par-
donne, mais qu'un prêtre ne pardon-
ne jamais. « Dans toutes les religions, |
)) dit-il, des prêtres ont fait du mal,'
» non comme prêtres , mais comme [
î) scélérats; et ils auraient pi'ofité
» pour satisfaire leurs passions, des
» privilèges de tout autre état. »
( Dramat. i»'^ part. p. 'à^. ) Enfin,
tout en reprochant aux orthodoxes
leur intolérance, il est convaincu que
les the'ologiens de la nouvelle école,
si on leur pernicl de preiulre le des-
sus , finiront par tyranniser plus
[lie n'ont jam.ùs fait lt\s premiers
P. 3o, p. 337 ). Il admire fVer-
iher: mais il pense que l'auteur au-
nit dû fuiir par un chapitre qui eût
explique comment s'était opère, et
j)ar quels moyens eût pu ctre pré-
venu le développement du caractère
de ce personnage ( T. 27 , p. (55 ).
Diderot, selon Lessing , fait arriver
.1 la vérité par ses discussions et ses
doutes ; mais il ne regarde pas moins
cet écrivain a comme un de ces phi-
» losophes qui cherchent beaucoup
» plus à rassembler qu'à dissiper
» des nuages: partout où ils portent
» leurs yeux , on voit s'ébranler les
» bases àes vérités les mieux établies ,
» etc. » ( T. 4, p. 74- ) I^'auteur de
cet article a eu sous les yeux l'édit.
des œuvres de Lessing en 3o vol. in-
1 8 , imprimés chez Voss , à Berlin,
en 1771-1794' I-'G célèbre philolo-
gue Se h lit z a fait des ouvrages de
Lessing l'objet d'un cours particulier.
Garve a inséré dans la Bibliothèque
des Belles- Lettres des observations
très-sages sur le Laocoon, impri-
mées depuis dans un recueil séparé.
On trouve des critiques de ses diffé-
rents ouviages dans les deux Biblio-
thèques citéaB ci-dessus, et dans la
Gazette universelle de Littérature y
dans les Caractères des poètes et
prosateurs allemands, ])arCh. Aug.
Kiittncr , et dans plusieiirs ouvrages
d'Aug. Guill. et de Frédéric Schle-
gel ; — un Jugement sur Lessing con-
sidéré comme homme et comme
écrivain, par Herder, inséré d'abord
dans le Mercure allemand , puis
!ans le a*, vol. des Feuilhs déta-
ihées} — quatre Lettres sur Emilia
Galotli , dans le Pliilosophe Jiomme
du monde y par Engel ; — un arti-
cle succinct dans le Nécrologie de
LKS
3i5
Schmid ; — enfin uiW Notice très-
detaillée sur sa vie, son caractère ri
ses écrits , dans le 4''. vol. du Diê-
tionnaire des poètes et prosateurs'
allemamls , de Joerdens , qui est
elle-même , en grande partie , un
abrégé de la Vie de Lessing, écrite
par son frère. D-u.
LESSIUS ( LÉONARD ) , célèbre
jésuite, naquit à Brechtan , ancien
bourg du Brabant, le i*"". octobre
i554, d'une famille distinguée. Dès
l'âge le plus tendre, il manifesta une
telle piété, que ses condisciples lui
donnèrent le nom de Prophète. Il
avait un goût si décidé pour l'étude,
qu'il oubliait souvent l'heure du re-
pas,qu'il se privait du sommeil néces-
saire, et que, pour ne pas perdre
de temps, il réchauffait à la hâte ses
mains engourdies , à la lumière de la
lampe. Devenu orphelin à six ans ,
il se vit obligé d'interrompre ses
études ; et ce ne fut qu'avec beau-
coup de peine que son tuteur lui per-
mit de les reprendre. Ayant obtenu
une bourse au collège à'Arras à
Louvain , Lessius y fit ses cours avec
le plus grand éclat , et fut proclamé
Prince des Philosophes. A l'âge de 1 7
ans, il entra dans la compagnie de Jé-
sus, le^Sjuin 1579.. Deux ans aprèsil
alla professer la philosophie à Douai.
En 1578, les troubles religieux qui
désolèrent les Pays-Bas, l'ayant con-
traint de voyager incopiito pour se
soustraire à la fureur des réformés,
il contracta , dans une auberge , une
douloureuse infirmité qui ne l'aban-
donna point le reste de ses jours.
Les troubles s'a]>aisèrent enfin; et
Lessius revint à son poste. Après qu'il
eut professé pendant sept ans la phi-
losophie à Douai, il fnt ordonné
prêtre , et il partit pour Home , où
il fit deux ans de théologie sous les
PP. Augustin GiiLstiniaQi et Fra»
3i6 LES
çois Siiarez. En i585 , il se rendit à
Louvain, comme professeur de théo-
logie. .Six Propositions extraites de
SCS cahiers , et renfermant tout Je
fonds de sa doctrine sur l'Ecriture-
Sainte , la prédestination et la grâce ,
furen t amèrement censurées, ainsi que
quelques propositions d'Hamélius ,
par les universités de Louvain et de
Douai, en 1587 ^^ i588, comme
étant contraires à la doctrine de Saint
Thomas , et sentant le scmi-péiagia-
iiisme. Sixte V , qui occupait alors
le Saint-Siège, voulant prévenir les
«uites d'une pareille dissension , or-
donna à son nonce dans les Pays-
Bas , de se transporter à Louvain ,
et d'imposer silence aux deux par-
tis. Le nonce défendit , par un bref
du 10 juillet i588, de traiter des
matières de la grâce , sous peine d'ex-
communication, etn'imprima aucune
Tîote aux Propositions de Lessius. Les
théologiens de Louvain , crovant
avoir été condamnés parce qu'ils n'a-
Taient pas obtenu gain de cause, in-
sistèrent; les jésuites répondirent aux
tenseurs de Lessius, et firent déclarer
pour le système de leur confrère les
uniA^crsités de Maïence , de Trêves ,
d'Ingolstadt et de Louvain , en 1 61 3.
On peut voir le détail de ces dis-
cussions dans le chap. xiv , §. m,
de la Défense de la Foi, eic. par
Habert , évêque de Vabre , et dans les
Réponses d'Arnauld , tom. xvi et
xvn. Lessius avait assisté à la sixiè-
me congrégation générale de sou
ordre; il assista encore à la sep-
tième, qui se tint à Rome. Il mou-
rut à Louvain , le i5 janvier 1623,
et fut généralement regretté. Cha-
cun voulut avoir quelque chose de
lui , par la bonne opinion qu'on
avait de ses vertus. On se disputa
ses cheveux , ses ongles et les doigts
dont il s^était servi pour écrire ses
LES
admirables ouvrages. Il fut enter-
ré devant le maître-autel de l'église
du collège de Louvain, où il avait pro-
fessé pendant 38 ans avec tant d'éclat.
Il avait rempli avec honneur la char-
gé de visiteur et celle de définiteur de
la société . dans sa province. Ses con-
frères les plus éclairés se faisaient
un devoir d'agir d'après ses conseils.
Le pape voulut le faire grand-péni-
tencier ; et, après sa mort, Urbain
VIII rendit à son mérite le plus
éclatant témoignage. Ulmago pri-
mi sœculi Soc. Jesu , en fait un
éloge pompeux, et rapporte ( pag.
877 ) qu'il s'opérait, par son in-
tercession , un grand nombre de mi-
racles. Mais aucun écrivain n'en a
parlé avec plus d'emphase, que l'au-
teur du livre De vitd et rnorihus
B. P. Leonardi Lessii , réimprimé
à Paris , i644? in- 16. Ses princi-
paux ouvrages ont été réunis en 2 vo-
lumes in-fol. , Anvers, iG'iS et 1 63 o;
Paris, i655. On en trouve le dé-
tail dans Sotwel ; nous indiquerons
seulement : I. JDe Jusiitid et jure
actionwn humanarum , cœterisque ,
virtutihus cardinalihus , lihri qua-
tuor , réimprimé sept fois. Les édi-
tions d'Anvers, 16*21 , et de Lyon,
16.53 , in-fol. , sont les meilleures :
plusieurs propositions sur le vol ,
l'homicide, le régicide, l'adultère^
le mensonge , l'usure , le contrat
mohatra, etc. , extraites de ce livre ,
ont été signalées dans les Provin-
ciales, et censurées par les facultés
de théologie, les évêques de France
et les souverains pontifes. IL Dis-
sertatio de Montihus pietatis ^im-
primée à Paris et à Lyon ; l'édition
de i63o,dans celte dernière ville,
est la plus estimée. III. Appendix
de licito usu œquivocationum , et
mentalium restrictionmn , contre
Jean Barnès. Ces trois articles for-
LES
mrnt le premier volume des npuvres
'.' Lessius. IV. De Gracia ejficaci ,
cretis dwinis , Uhcrtate arhitrii et
prœscientid Dei conditionali dis-
jmtatio apologetica.Q\\o\(\\ic\ A'ssnis
if un de ceux qui outrent le moins
Ilicace de la j;ràce, il la reconnaît
(US le fond, dit Bossuet. (Défense
,' la Tradition des SS. Pères ^
liv. X , 27. ) V. De Prœdestinatione
't reprobatione ajigeloruin , et ho-
iimm , item de prœdestinatione
h'isti disputationesu. Saint-Fran-
is de Sales écrivait à Lessius ,
l'occasion de ce traite': « J'ai vu ,
dans la bibliothèque du collège
de Lyon , votre Traite de la pré-
destination : il est vrai que je
» n'ai fait que le parcourir à la hâte,
» et assez lege'rement; cependant je
» n'ai pas laisse de remarquer que
' votre paternité était de cette opi-
nion si ancienne, si consolante,
.. et si autorisée par le témoignage
» même des Ecritures prises dans
« leur sens naturel, savoir: que
» Dieu prédestine les hommes à la
» gloire en conséquence de leurs mé-
» rites prévus ; ce qui a été pour moi
» le sujet d'une grande joie , avant
» toujours regaiilé cette doctrine
1» comme la plus conforme à la
» miséricorde de Dieu et à sa grâce ,
» comme la plus approchante de la
o vérité , et comme la plus propre à
» nous porter à aimer Dieu , ainsi
- que je l'ai insinué dans mon petit
livre de V Amour de Dieu ( i ). »
I . Quœfides et religio sit capes-
ida, consultatio; cum appendice,
(1) Cette lettre, tUtée dAnneci , a6 «oùt i6r4,
••• écrit- en latin. L'original en a étcconter»é au
ewUéjçe d'An»eri, juiqu'en 1773. L'aiitlieiiticité
en ayant été réroquéeen doute Ae» BoIUndiitea
•n fcr»nt graver, en 1719, ua JFac-Simile qii«
iMii» «Tont eu loiit le» yeux, et d'apré» l'qu»!
î-'lloren a donné le texte daut ion DUiiunnair»
qud quœstionihus quibusdam quat
ipsam consultât ionem spectanl , res-
pomletur , Anvers, i(iio. (>t ou-»
vrage . selon St.-François de Sales,
est moins celui de Lessius, que celui
de l'Ange du grand conseil. Nous
en avons deux traductions fran-
çaises : celle de Marlin C^hristophe
et celle de Drouet de Mauperluy.
VII. Ilvgiasticon seu de verd ratio-
fie valetudinis borne et vitcn , und
cum sensuum , judicii et memoriœ
integritate , ad extremam seneclu^
tem conservandœ , Anvers, 161 3 et
1614, in-8*». avec le Traité intitulé:
Luigi Cornaro , o vero discorsi dél-
ia vita sobria, traduit en latin par
Lessius. Sébastien Hardy les traduisit
en français l'un et l'autre, sous ce ti-
tre : Le vrai Régime de vivre pour
la conseivation du corj?s et de
VamCy Paris, i64t>, iii-8<*. La Bon-
nodière les enrichit de notes , et les
reproduisit en français avec ce ti-
tre : De la sobriété et de ses avan-
tages y Paris, 1701 , in-i'2. Les-
sius, encore à la fleur de son
âge, ayant été condamné par les
médecins à n'avoir })as deux ans
à vivre, étudia lui-même les prin-
cipes de l'hygiène, fut frappé de
l'exemple de Cornaro , résolut de
l'imiter, et s'en trouva si bien qu'il
traduisit son livre en y joignant le
résultat de sa propre expérience,
à laquelle il dut une prolongation de
quarante ans de vie. VllL Discus-
sio magni Concilii l.ateranensis de
potestate ecclesiœ in temporalibus ,
imprimé sous le pseudonyme de
Guill. Singleton , Maience, i6i3,
in - 8^. IX. De potestate summi
Pontificis, imprimé, à la vérité, dit
Ribadeneira ( Biblioth. Scrip, Soc,
JesUy pag. 3o5), mais supprimé jus-
qu'à présent jiour de bonnes raisons.
Le catalogue des ouvrages de Lessius
I
3i8
LES
qui n'ont point été imprimés , se
trouve dans Sotwel et dans la Vie
de ce jésuite , pag. 4^. et suiv. Il est
aisé de voir que Lessius savait très-
bien le grec , l'histoire , le droit ca-
non , le droit civil , les mathémati-
ques, et la médecine. Juste-Lipse re-
connaît et célèbre en lui ces divers
talents dans de beaux vers , rappor-
tés par Sotwel et par Foppens. ( Bi-
bliotk. Belg. ) L-B-E.
LESTANG ( Antoine de ) (i)
était fils d'Etienne de Guillon , sei-
gneur de Lestang , président au pré-
sidial de Brives. Baluze , qui a donné
la généalogie de cette famille dans
ses Vies des papes d'Avignon , la fait
descendre d'un frère du cardinal de
Monteluco, neveu d'Innocent YI.
Antoine de Lestang succéda à son
père , fut député par sa province aux
états-généraux de Blois en i5'j6 , s'y
acquit l'estime du duc de Maienne ,
qui le fit intendant de justice dans
l'armée de la Ligue, et devint prési-
dent à mortier au parlement de Tou-
louse. Henri lY ayant eu occasion
d'apprécier le mérite de Lestang,
dans plusieurs missions que ce sei-
gneur avait remplies auprès de lui,
le nomma premier président de la
chambre de l'édit , établie à Castres ,
en 1595. Lestang développa, dans ce
poste important, autant de lumières
que d'intégrité. Il eut la confiance du
chancelier de Birague , fut lié avec
les cardinaux d'Ossat , Duperron ,
et la plupart des savants et gens de
lettres de son temps. On a de lui :
I, Traité de la réalité du Saint*
Sacrement de V autel. II. Traité de
V orthographe francoise. III. His-
toire des Gaules et conquêtes des
Gaulois en Italie , en Grèce et
Jsie , avec ce qui s'est passé de
(1) îVteréri l'appelle Françoisj maisla chrv>ui.
«jue d« G*nji»«^ <*e Vie, l'appuie Antoîççt
LES
plus recommandable ès-dites Gaules,
du temps que les Romains commen-
cèrent à les assujétir à leur empire,
jusqu'au règne du roi Jean, Bor-
deaux , 161 7 , in - 4^. C'est sans
doute cette Histoire des Gaules
qui, dans le Moreri de 1 759 et dans
V Histoire de Toulouse, par J. Ray-
nal, se trouve métamorphosée en
une Histoire des Goths et Fisigoths.
On lit ces quatre vers au bas du
portrait de Lestang , qui est au com-
mencement de l'ouvrage :
J.e Limousin eut sa naissance;
Toulouse date son séjour,
Li'élat (.le France sou amour j
L.; ciel sera sa récompense.
L'histoire des Gaules est divisée en
six liv. : le premier traite de la pre-
mière descente des Gaulois au-delà
des Alpes , sous la conduite de Sigo-
vèse et de Bellovèse , du temps de
Tarquiu l'Ancien, 600 ans avant
l'ère chrétienne ; et de la seconde
descente sous Brennus , 200 ans
après la première. Le second livre
traite de la religion, de la justice , de
la police et des mœurs des anciens
Gaulois ; le troisième , de l'état des
Gaules sous la domination des Ro-
mains ; le quatrième , de l'empire
des Yisigoths dans les Gaules j le
cinquième , des rois et ducs d'A-
quitaine 'y le sixième , de l'état de la
France sous Hugues Capet et ses
successeurs , jusqu'au roi Jean. L'ou-
vrage est assez bien écrit pour le
temps ; mais il est trop abrégé , et
n'est intéressant que pour le Langue-
doc et la Gascogne. IV. Jrréts et
Discours prononcés en robe rouge ,
Toulouse , ï6i2, in-80. Ce magistrat
mourut à Toulouse , en iGi3 selon
les uns, en 161 7 selon les autres. —
Son frère , Christophe de Lestang ,
né en 1 56o , fut élevé auprès du
cardinal Birague, auquel il succéda
m i58q dans l'évêché de Lodève,
♦jAioiqu'il n'eût encore que vingt ans ;
mais le iwpo, à la prière du car-
dinal démissionnaire , lui accorda
les dispenses requises. Le duc de
Montmorency , gouverneur de Lan-
puedoc , ayant pris les armes contre
Henri 111 , licstang leva des troupes
pour maintenir son diocèse dans
T'oLeissance à son prince legilime.
duc mit le siège , en 1 585 , de-
aiit Lodève: la ville se rendit par
capitulation^ l'cvèque en sortit avec
ses troupes. Le duc fit raser le pa-
lais épiscopal , que le prélat avait
fait bâtir deux ans auparavant , et
le priva de ses revenus , jusqu'après
ledit de pacification. Le roi l'en
dédommagea par les abbayes de
Montolicu et d'Uzerche. Il devint
ensuite maître de la chapelle du roi,
memlDre du conseil-prive' , comman-
deur du Saint-Esprit , et evêque de
Carcassone , où il mourut le 1 1 août
1 62 1 . C'était un homme rempli d'ex-
cellentes qualités : il avait été ques-
tion de le faire chancelier. T-d.
LESTERP-BEAUVAIS ( B. ), né
à Florac en i^So , était avocat au
Dorât , avant la révolution , et fut
député aux états-généraux , par ras-
semblée bailliagcre de ce pays. II ne
se lit point remarquer à l'Assemblée
constituante, ou du reste il vola avec
le parti révolutionnaire. Le rédacteur
de cet article, qui en a constamment
suivi les séances, ne se rappelle pas
l'y avoir entendu une seule fois. En
septembre i ^Q'i , il devint membre
de la Convention : dans le procès
de Louis XVI, il vota contre rap}>el
au peuple , pour la mort et pour le
sursis , et s'attacha au parti giron-
din. ( Voyez GuADET. ) Envoyé en
mission dans les départements de
l'Est , il fut accusé d'avoir imprimé
■qu*a près les événements du 3^ mai
1 793 y les décret* d& la Courcutiou
LES 319
ne devaient plus être reconnus , et
d'avoir laissé enlever par les Lyon-
nais insurgés les fusils qui se trou-
vaient dans la manufacture d'armei
de Sainl-Elienne. C'en était assez
pour être proscrit. Lesterp fut dé-
crété d'accusation comme fédéra-
liste , et envoyé à Paiis , au tribunal
révolutionnaire, qui le condamna à
mort, le 3o oct. 1 793, avec les chefs
du parti girondin. B-u.
LESTIBOUDOIS (Jean - Bap -
TiSTE ) , médecin , né à Douai , en
1715, cultiva la botanique avec
succès. Pharmacien en chef de l'ar-
mée française en 1 739, il décrivit les
plantes qui croissent dans les pays de
Brunswick et de Cologne. 11 fut
nommé, en 1 770, professeur de bo-
tanique , à Lille , oii il mourut , le
20 mars 1H04. Ce médecin avait
donné, en 1737, un mémoire sur \k.
pomme de terre ( Solarium tiihero'
sum ). L'ignorance avait attribué à
l'usage de celte plante une épidémie
qui était survenue. Lestiboudois fut
le premier qui indiqua tous les avan^
tages que l'on pouvait tirer de ce
précieux végétal. Il fut, en 177*2 , le
principal rédacteur de la Nouvelle
Pharmacopée de Lille, et composa,
en 1774» u"c Carte de Botanique ,
qui oli're la combinaison de la mé-
thode de Touruefort avec le systè-
me de Linné. Cette carte est accom-
pagnée d'un Abrégé élémentaire dç
botanique. M. Valmont de Boraare
s'en est servi pour la partie phytolo-
gique de son Dictionnaire d'histoire
naturelle — Lestiboudois (François-
Joseph ) fut comme son père , mé-
decin et professeur de botanique à
Lille , et publia la Botaiwgraphie,
Belgique, i vol. in-8^. , 1781 ; se-
conde édition , 179O , 4 vol. in-8^.
La Botanographie est divisée dank
ce recueil eu trois parties : la pre-
3cîo LES
rnirre renferme les éléments de la
botanique , l'exposition des divers
systèmes, et un dictionnaire des
termes usités en pliytologie; la
deuxième offre sa méthode divisée
en vingt-trois tableaux synoptiques,
la description des plantes cultivées
dans le nord delà France, avec
leurs usages; enfin, la troisième par-
tie comprend la nomenclature de
tous les végétaux. Lestiboudois a pu-
}3lië encore un Jbj/fégé élémentaire
de l'Histoire naturelle des animaux,
I vol. in-8^. :il est mort, en i8i5,
à Lille , sa patrie. Z.
LESTOCQ ou L'ESTOCQ ( Jean
Herman), ne en 1697, ^^^^ ^^
pays d'Hanovre, de parents français ,
qui avaient quitte leur pays pour
cause de religion , embrassa l'état
de son père, qui était chirurgien.
Ne avec un génie entreprenant, il
trouva le théâtre de son activité trop
étroit. Ayant entendu parler des
moyens de fortune que les étrangers
trouvaient en Russie , il se rendit à
Pétersbourg en 171 3. Pierre pi'. le
nomma son chirurgien. Appelé à
suivre ce monarque dans tous ses
voyages , il eut occasion de gagner
sa confiance , et de s'entretenir fa-
milièrement avec lui; mais, au bout
de quelque temps , il tomba en dis-
grâce , et fiit relégué à Kasan , où il
resta jusqu'à la mort de l'empereur.
Catherine I , dont il avait soigné
la santé pendant son voyage en Hol-
lande , le rappela, en 17.^5, et le
nomma chirurgien de sa fdle Elisa-
beth. Lestocq s'attacha dès lors à
la fortune de cette princesse. Déjà il
eut , à la mort de l'empereur Pierre
II, le projet de la faire parvenir
au trône; mais elle ne put encore
se déterminer à tenter une telle
entreprise. Onze ans plus tard , en
J741 , il renouvela sa proposition ,
LES
et parvint à décider la jjrincesse. On
a dit ailleurs comment le plan de
cette révolution fut conduit. ( Foj-,
Elisabeth , tom. XllI, pag. 65.)
Lestocq fut l'arae de» négocîsH^ns
et des intrigues qui précédèrent le
dénouement, et montra autant de
fermeté que d'adresse : ce fut lui qui
conduisit Elisabeth à la caserne des
gardes , et qui la fit proclamer impé-
ratrice. Parvenue à régner, cette prin-
cesse se montra pénétrée de recon-
naissance envers celui qui avait tra-
vaillé si heureusement à son éléva-
tion. Lestocq , avec le ton de fran-
chise qui lui était naturel , dit à la
souveraine qu'il pressentait que les
choses pourraient changer, et que ,
peut-être un jour , oubliant ses ser-
vices, elle le sacrifierait à ses ennemis.
Cependant les premières années n'a-
menèrent aucun changement sensible
dans les dispositions d'Elisabeth : on
observa seulement qu'en accordant
à Lestocq la charge de son premier
médecin , et en lui donnant même
son portrait entouré de diamants ,
elle alïècta de ne lui conférer aucun
ordre de chevalerie ; distinction
qu'avaient obtenue beaucoup d'au-
tres sans être d'une naissance plus
illustre , ni avoir rendu de plus im-
portants services. Ayant été appelé
à prendre part aux aiïàires d'elat,
Lestocq y travailla avec une grande
légèreté , et en prenant , selon sa
coutume , le ton de la plaisanterie
dans les occasions les plus sérieuses.
Ses mœurs n'étaient pas non plus
très - régulières ; et l'on pouvait lui
reprocher plus d'un genre d'excès.
Après le mariage de Paul, depuis
empereur , il témoigna un grand in-
térêt à la jeune cour, où l'attirait
surtout la conversation spirituelle de
la grande-duchesse. Son assiduité à
cette cour , sa manière de traiter les
aff.iiiTS, Pt les irrpgiilarilos de sa
coiultiito, founiiiTnlà ses oiiiioniislcs
moYPns de lui nuire auprès de l'iiu-
peiftlricc; et l'orage comuiença à
gronder sur sa tèle. Beslucheir et
Apraxin , qui étaient surtout irrites
contre lui , le représentèrent comme
un homme dangereux, dont les liai-
sons à la cour du grand-duc pou-
vaient avoir des suites fâcheuses , et
qui entretenait avec les cours de Ber-
lin , de Stockholm et de Vienne, des
relations contraires au système po-
liti(pie de la Russie. Elisabeth prêta
l'oreille aux discours de la jalousie
et de la haine. En in48,Lestocq fut
arrêté et conduit à la citadelle de
Pelersbour«». Son procès fut instruit :
pour lui faire avouer ses prétendus
délits , on le menaça de la question;
mais quelques coups de fouet qu'on
lui appliqua , suffirent pour lui ar-
racher des aveux sans fondement,
et qu'il ne faisait que pour échapper
à des douleurs plus cruelles. En
1 7.50 , le procès fut terminé ; l'arrêt
fjue l'impératrice signa , sans peut-
^tre l'avoir lu , condamnait Lestocq
à perdre toutes ses charges , ses
litres et ses possessions , à recevoir
le knout, et à être exilé. Il écrivit
à Elisabeth une lettre touchante,
pour lui rappeler les services qu'il
avait rendus; mais soit que la lettre
ne fut point remise, soit qu'Elisabeth
voulût être insensible à la voix de la
reconnaissance , il ne reçut point de
réponse. Après avoir subi , dans la
citadelle, le supplice ignominieux du
knout, Lestocq fut envoyé à Ouglitz
sur le Volga , et y resta jusqu'en
17'j3; on Te transporta ensuite à
Oustioug-Veliki , dans le gouverne-
••'^nt d'Archangel. En i']Ôi , il fut
pelé à Pétersbourg par Pierre ÏII.
' ccouvra ses titres et son hôtel ;
is ses richesses Çu bijoux et meu-
xuv.
LES 3j,
bics avaicntpassé partant de mains,
qu'il fnf dillicile de les lui faire
rendre. CiOiuuie il s'en plaignait a
Pierre , ce j)rince lui dit, en plaisan-
tant, qu'il n'avait (pi'à chercher les
objets qu'il pourrait reconnaîtredans
les maisons particulières , et les
enlever où il les Irouver.dt. Lestocq
prit cet avis à la lettre, d'autant
plus qu'il y voyait une occasion de
s'égayer , et de faire rire ses amis.
Arrivant au moment ou on l'attendait
le moins, chez, ceux qu'il savait avoir
eu part au pillage , il emportait les
tableaux , l'argenterie, les bijoux
qu'il recoiuiaissait lui avoir autre-
fois appartenu , alléguant que c'é-
tait par ordre de l'empereur. Pierre
eut néanmoins rétabli sa fortune
d'une autre manière ; mais il en fut
empêché par une mort inattendue.
Catherine II , s'étant souvenue de
Lestocq , lui fit une pension de 7000
roubles. Dans les derniers temps de
sa vie , il ne fréquenta plus la cour :
parvenu à un âge avancé, il se laissa
aller à une malpropreté dégoûtante ,
qui augmenta ses infirmités. Il mou-
rut en 1767. Le roi de Pologne,
Auguste II , lui avait donné , en
173*2 , le titre de comte , qu'il con-
serva dans toutes les vicissitudes de
son sort. Quoiqu'il eût été marié
trois fois , il ne laissa point d'en-
fants ; mais son nom et sa mémoire
se sont conservés dans la postérité
de ses deux frères en Russie, eu
Prusse, en Saxe et en Pologne. G-au.
LESTOILE. ro/ez Etoile.
LESTONAC ( Jeanne de ) , fon-
datrice des religieuses de la Congré-
gation de Notre-Dame, née à Bor-
deaux en i55(i, était fille de Ri-
chard de Lestonac, conseiller a\\
parlement de Guienne , et nièce de
Michel de Montaigne , par s» mère.
Cette dernière avait embrassé la reli-
ai
32 a LES
gion reformée , et elle essaya d'y
amener sa fille ; mais celle-ci, pleine
de respect et de tendresse pour sa
mère, eut cependant la force de ré-
sister à ses sollicitations. Dirigée par
son frère , admis depuis peu chez les
Jésuites, elle se disposait à suivre
son exemple en se consacrant à Dieu,
lorsque son père l'avertit qu'il avait
promis sa main. Elle épousa, à l'âge
de dix-sept ans , le fils du marquis
de Montferrant , gouverneur de Bor-
deaux ; et pendant vingt-quatre ans
que dura leur union , elle fut le mo-
dèle des épouses par sa douceur, sa
patience et son attention à remplir
tous ses devoirs. Devenue veuve,
elle sentit renaître son goût pour la
retraite. Deux de ses filles avaient
déjà pris le voile : elle confia la der-
nière aux soins d'un parent ; et
ayant fait part de sa résolution à
son fds , qui tenta inutilement de la
dissuader, elle se rendit à Toulouse ,
et y entra dans le couvent des Feuil-
lantines , où l'avait précédée de quel-
ques mois Antoinette d'Orléans ,
marquise de BcUe-Isle. Elle reçut
riiabit le II juin i6o3; mais les
austérités auxquelles elle se soumit ,
affaiblirent sa santé , et elle tomba
malade. Les médecins déclarèrent
qu'ils ne répondaient pas de sa vie ,
»i elle persistait à rester dans ce
couvent ; et elle fut obligée de reve-
nir à Bordeaux, au commencement
de l'année i6o4. Son retour inat-
tendu causa la plus grande joie à
toute sa famille ; et chacun ne son-
gea qu'à la féliciter d'un accident
qui manifestait visiblement l'inten-
tion de la Providence. Mais elle mé-
ditait déjà un nouveau projet de re-
traite : après avoir pourvu a l'éta-
blissement de sa fille cadette , qu'elle
maria au baron d' Arpaillant , elle
aila habiter sa torre de La Motte,
LES
n'emmenant avec elle qu'un ou deux
domestiques d'une fidélité éprouvée.
Ce fut dans cette solitude, qu'elle
conçut le plan d'un institut formé
sur celui des Jésuites , ( i ) et destiné
à fournir aux jeunes filles une ins-
truction solide et religieuse. Elle le
soumit au P. de Borde, son direc-
teur , qui rédigea les règlements et
statuts , et les fit approuver par le
Saint - Siège. La pieuse fondatrice
avait fait préparer une maison à
Bordeaux; et elle y entra le i®'*.'
mai 1608, avec quatre jeunes de-
moiselles qu'elle avait associées à ses
projets. Ses deux filles religieuses
obtinrent la permission de se réu-
nir à leur mère; elle consacra le
reste de ses jours à étendre ce nouvel
institut , qui comptait déjà vingt-
neuf maisons dans les provinces mé-
ridionales de la France, lorsqu'elle
mourut à Bordeaux, le 'i février
1640 , à l'âge de quatre-vingt quatre
ans. La Fie de la vénérable mère J.
de Lestonac , a été publiée par le P.
François, capucin; Toulouse , 167 1 ,
in-4". , et par le P. Beaufils , jésuite ,
ibid. ï'j^'i , in-i'i. W-s.
LESTRANGE ou LÉTRANGE
( René d'Hautefort , vicomte de ]
et de Cheylane, baron de Bologne en
Vivarais , avait été nommé , en i Sg i ,
gouverneur du Puy , par le conseil
des ligueurs de cette ville , compose
des dignitaires de l'église cathédrale
des officiers de justice et du corp;
municipal , et présidé alors pai
Charles - Emanuel de Savoie , du(
de Nemours. Après avoir pourvu i
la sûreté de la place , il fit diverse;
(i) Ces ruli«ieuses furent d"abord nommée
Jésuilines ; elles avaient les mêmes règles e
les mêmes constitutions que les jésuites. Leu
rùgle fut modifi-e par le pape Paul V, et flic
furent agrégées li Tordre de Saint-Bencjt Voye
VHistoiie des Religieusef de Notre-Dame
parle i? . Bouitonpieri Foitiers, 1697, in-4".
IFS
expéditions dans le Velay , et s>m-
fara du château de Monllmiiiirt.
rifonnc que René' de la Toui-(iou-
veiiiet - Chanibaud , commandant
pour le roi en Vivaiais , s'avançait
à la tète de i5oo hommes, pour
surprendre la ville , il redoubla de
surveillant pour sa défense , en
fit creuser les fosses , et en aug-
menta les fortifications. En iSqj,
ce gouverneur surprit le château de
la Valette, le pilla , et en fit ruiner
les fortrtications. Deux ans après , il
s'empara du château de Bouzol ,
situe à une lieue du Puy , et fit re-
prendre les travaux des fossés de
cette ville , dans la crainte d'un
siège. Le 5 août i594 > ^^ duc de
Ventadour , lieutenant du duc de
Montmorenci , à la tcte de quatre
(mille hommes , s'approcha de la
ville pour la soumettre au roi , et
la fit sommer ; mais l'oLstinalion
des ligueurs et du gouverneur Les-
trangc donna lieu au duc de juger
qu'il ne parviendrait pas à les ré-
duire. Le i6 octobre, Lestrange ,
informé que la nuit suivante la ville
devait être surprise par les royalistes
du Velay , à la faveur des intelli-
ences pratiquées avec des royalistes
du Puy , qui devaient leur livrer la
|)orle Saint - Gilles , mit aux fers
es principaux des conjurés, et dans
iue sortie brusque, à la tête des li-
gueurs, fit un grand carnage des
issaillants. En i595, il fut nomné
lar les ligueurs , sénéchal du Puy.
^ors de l'accommodement du duc de
^ loyeuse avec Henri IV ( 24 janvier
I .'396 ) , ce duc le fit comprendre
lans l'édit de pacification , et obtint
>our lui le gouvernement du Puy.
^estrange mourut vers i6*ai. Z.
L'ESTRANGE (SirRoger) , écri-
rain anglais, naquit en i0i6,àHuns-
auton-Hully d-ms le comté de Nor-
LES 3i3
fulk. Son père , ardent royaliste ,
était gouverneur de Lynn au com-
nuMK cmcnt de la guerre civile. Le
fils accomj)agna Charles l". danssou
expédition en Ecosse, en 1 639, et se
montra constamment fidèle à la cause
de ce prince , pour laquelle il eut
beaucoup à souffrir. Arrêté, en i6/|4,
par des émissaires du parlement,
il fut amené à Londres, et livré
à une cour martiale, qui le condamna
à mort comme espion : mais il
obtint un délai, parut ensuite oublié,
et , après quatre ans d'emprisonne-
ment , parvint à s'échapper , eu
1648. Le mauvais succès d'une in-
surrection qu'il avait provoquée
dans le comté de Kent , l'obligea de
s'expatrier : il revint en Aiîgleterre
en i653, se flattant d'être compris
dans l'acte d'amnistie qui venait
d'être rendu. Il adressa d'abord sa
réclamation au conseil rassemblé à
Whitehall,quin'y eut point d'égard;
mais Cromwell fit droit à sa deman-
de, moyennant une caution de aooo I .
C'est vers ce temps qu'on l'accuse
d'avoir joué sa partie dans un con-
cert auquel assistait l'usurpateur;
ce qui , à la restauration , le fit sur-
nommer par les royalistes, le violon
de Cromwell. Quoiqu'il en soit , le
parti dominant le laissa depuis traii-
quille. Charles II, rétabli sur le trôno,
oublia ce qu'avait souffert pour lui
Lestrange, qui s'en plaignit dans ses
écrits. Ce ne fut que quelques années
après la restauration, qu'il fut nommé
censeur de la presse , et membre de
la commission de la paix. II com-
mença, en it>()3, un journal miiris-
tériel, qu'il continua jusqu'en i6G5,
sous le titre du Public intelligencer
and the news. Il publia , en 1679 ,
r Observateur , rédigé dans le même
esprit, et qui forme 3 vol. jusqu'en
1O87, où ce journal fut siippriiné.
3^4 LES
Son dévouement à la cour lui attira
un grand nombre d'ennemis : soup-
çonne de penchant au papisme et d'e'-
loigneracnl pour le prince d'Orange ,
il perdit ses places à l'approche de
la révolution de 1688, et mourut
presque imbëciile , en 1704, âge de
88 ans. On a de lui un grand nombre
d'écrits politiques , et quelques tra-
ductions du grec , du latin et de l'es-
pagnol. Il a traduit les OEuvres
de Josèphe , les Offices de Cicéroji,
la Morale de Séneque,\e?, Colloques
d'Erasme , les Fables d'Esope, les
prisions de Quevedo ; le Guide à
V Eternité (deBona), etcinq Lettres
d'une Beligieuse à un Officier (Ca-
valier). Lestrange a joui long-temps
d'une grande re'putation. Il avait du
talent pour la plaisanterie, mais sans
délicatesse : son style est facile et
fleuri ; mais Gordon a démontre que
c'était une facilité étudiée* on l'a re-
gardé même comme un réformateur
dé la langue anglaise. Le même écri-
vain a prouvé que ses innovations
consistaient en des expressions et
des maximes prises dans le langage
des rues, et il en cite plusieurs exem-
ples. Ses traductions, ajoute-t-il , sont
remplies de contresens. Il est juste
^'avouer ici que Lestrange avait un
tort plus grand que tout cela aux
yeux de Gordon , c'est d'avoir été
royaliste. L.
XESUEUR ( Nicolas ) , en latin
Sudojius , naquit à Paris , vers l'an
1 54o,d'une famille déjà connue dans
la magistrature. Destiné à suivre la
même carrière , il reçut une éduca-
cation conforme aux vues de ses pa-
rents; il fut pourvu d'une charge de
conseiller , et ensuite de président à
la chambre des enquêtes du parle-
ment. Les devoirs de sa place ne le
détournèrent point de son goût pour
ï§s lettres 5 il avait fait une étude
LÉS
aprofondie des langues anciennes, et
il passait pour un des plus habiles
hellénistes de son temps. Il fut assas-
siné par des voleurs , en revenant de
la campagne à Paris , le 2 mai i594.
« Ce jour, dit Lestoile , on eut nou-
velles de la mort du président Le-
sueur , qui avait été tué , comme il
pensait revenir à Paris : homme qui
était un des plus doctes du parle-
ment, mais assez mal famé.» ( Journ.
de Henri IF , tome 11 , page 63. )
Il est particulièrement connu par
sa traduction en vers lyriques latins
des Odes de Pindare : elle a été
imprimée à Paris ,
575
58l
in-8°. 'y Venise , 1 58-2 , in-i 2 ; Paris,
iSga , in-i2; et insérée dans la
belle édition de Pindare , Oxford ,
1697, "T'-fol. Dans cette traduction ,
Lesueur a cherché à imiter la ma-
nière d'Horace j et quoiqu'il lui soit
très-inférieur, son travail est estima-
ble. On a encore de lui, comme ju-
risconsulte : Disputationum civilium
liber, in quojuris cinlis quœstiones
complures , difficiles atque ohscurœ,
accuratè tractantur y Paris , 1678 y
in-4^. W-s.
LESUEUR ( EusTAcuE ), l'un
des plus grands peintres du xvii«.
siècle , et surnommé le Raphaëlfran-
çais , naquit à Paris, en 1G17. Fils
d'un sculpteur originaire de Mont-
didier, il montra, de bonne heure ,
pour le dessin , des dispositions qui
le firent placer dans l'école de
Simon Vouet, peiutre habile dans
la pratique des diverses parties de
Part qu'il avait puisé en Italie,
mais , comme le Pérugin , moins
célèbre par son propre mérite que
par celui de ses élèves, dont Le-
brun fut un des principaux. Le-
sueur devint bientôt l'émule du
maître avec lequel il partageait , à
l'époque de la renaissance de la pein-
LES
i„.t ou Franco, les nombreux ira-
vaux conini.mtlcs par le cardinal de
Richelieu au premier peintre du
Koi. Une exécution séduisante et fa-
cile , qui était commune aux deux
|HMntres, les (it d'abord confondre ;
mais le talent de l'expression dont
Vouet manquait , ne tarda pas à se
développer chez Lesucur , à la
Tue de quelques ouvrages de Ra-
phaël ; et ce fut peut-être le germe
de cette envieuse rivalité, de la part,
non du maître, dont il secondait trop
bien la manière cxpcditivc, mais de
l'autre ])rincipal e'iève, dont le pin-
ceau était moins agréable. Huit com-
positions de sujets romanesques ,
destinées à être exe'cutées eu tapis-
series , telles que le Songe de Poli-
]}hile, ou plutôt les Visions lire'es
du poème de ce nom ( F'oj. Franc.
CjOloîvna), durent contribuer sans
doute à le faire connaître; mais leur
auteur annonçait, dans ces sujets mê-
;nes,u!i génie sa^c autant qu'expres-
sif, et chez qui la grâce n'otait rien
à la dignité' qu'il mettait dans les su-
jets religieux. Reçu maître à l'an-
cienne académie de Saint-Luc , il
peignit pour elle un Saint-Paul im-
posant les mains aux malades ,
morceau d'expression qui attira l'at-
tention du Poussin. Malheureuse-
ment ce grand artiste, nommé alors
pfemicr peintre du Roi, ne fit qu'un
court séjour à Paris. Mais de retour
à Rome, il prenait la peine de des-
siner des croquis de modèles du
meilleur style , qu'il envovait à Le-
sneur. Depuis la mort de Vouet ,
d'après les conseils du Poussin, Le-
sueur ne s'était plus occupé que d'é-
tndier les bons maîtres italiens, et
surtout l'antiqtie, mais d'après un
petit nombre de copies et encore
moins d'originaux. S'élant marié eu
it»4'i , sans autre ressource priiici
I.KS
3i'
pale que son travail , ni d'autre re-
commandation (|ue son talent , il se
trouvait (ixé à Paris ; et il dut tirer
en grande partie de son propre fonds
tout ce qu'il acquit dans la composi-
tion et le dessin, sans aller à Rome,
('cpendant on voit , par l'espèce des
sujets et l'époque des gravures, qu'il
dessina d'abord des Thèses de théo-
logie , dont une gravée à la date de
1G45, des Frontispices de livres,
entre autres une ^Annonciation pour
un ollJcc à l'usage des Chartreux ;
qu'il peignit des portraits de Vierge
en médaillon pour des religieuses ;
qu'il grava lui-même une Sainte-Fa-
mille de sa composition; enfin, qu'il
conlposa quehjues sujets moraux ou
allégoriques de circonstance : Mi-
neive et la Reine Anne d' Autriche ^
Louis XIV et le cardinal Mazarin;
la Fertu au Roi, etc. Mais la s\m-
plicité et la candeur de son carac-
tère le rendaient peu propre à se
produire à la cour. Si la Reine-mère
le nomma son peintre , et le chargea
de décorer le cloître de la Chartreuse
de Paris, ce que Félibieu et Perrault
ne disent point, la collection des ta-
bleaux de l'histoire de Saint-Brui:») ,
qu'il peignit en trois années , Ipi fut
payée bien médiocrement ; tandis
qu'une Fision de Saint - Bi uno y
peinte dans le même temps par le
Guerchin pour les Chartreux de
Bologne , valut à celui-ci 3:">oo fr.
de notre monnaie. La galerie de la
Chartreuse , peinte par Lesueur, of-
frait, des les premiers tableaux,
bien moins un élève de Vouet, qu'un
disciple de Raphaël, dont e!le lui a
mérit(? le nom ; mais , dans les sui-
vants ainsi que dans les derniers,
sous le rapport d« l'expression des
sentiments et des afléctions les plus
infimes , il u'esl comparable qu'à
lui- même : son génie, suu goût, c cit
'<'26
LES
son ame; il n'a pris ni l'un ni l'antre
clans Raphaël. Les tableaux nom-
breux de cette galerie n'ont pu être
tous exëcute's par lui ; tous l'ont été
sur ses dessins : mais ceux qu'il a
lui-même termines , se distinguent
non-seulement par leur disposition
grande et simple , par la justesse et
la naivetë des expressions, la vëritë
et la grâce naturelle des attitudes ,
le jet aise et noble des draperies j
mais par une délicatesse de correc-
tion , une sua vite de ton , et une vë-
ritë de clair-obscur , analogues au
genre et au mode de la composition.
Lors de la création de l'académie
de peinture, en i648 , époque de
l'achèvement de cette galerie , Le-
sueur fut du nombre des douze an-
ciens membres ou professeurs , et
charge de peindre le tableau que
présentait au i^"*. mai le corps des or-
fèvres de Paris à l'ëglise Notre-Dame.
Lebrun, à son retour d'Italie, s'ë-
tait signale en peignant le tableau du
mai. L'émulation , plutôt que le mo-
dique prix de 4oafr. attache à ce tra-
vail, fît produire à Lesueur, en 1 649,
le Saint-Paul préchant à Ephèse ,
où il mit son nom; véritable chef-
d'œuvre de poésie et de mouvement,
d'invention et de style , à cote du-
quel ni le Saint-André et le Saint-
Etienne de Lebrun , pour le dessin,
rii la Descente du Saint-Esprit de
Blanchard, pour le clair- obscur ,
n'ont pu prévaloir. La réputation
de Lesueur s'ëtendait , mais sans
sortir de la sphère des communau-
tés et des églises , ou des hôtels et
des maisons particulières. Il acheva,
en i65i , pour le monast^e de
Marmoutier , plusieurs tableaux ,
dont ceux qui nous restent , expri-
ment , par leur caractère touchant
et ascëtique, la perfection du geni^
qu'il avait embrassé. Entre autres
LES
e'glises de Pans qu'enrichit si di-
gnement son pinceau religieux, celle
de Saint-Gervais possédait, comme
la métropole de Notre-Dame , un
grand tableau , le plus capital de la
nef , où , dans la peinture des deux
frères Gervais et Protais , entraînes
pour sacrifier aux idoles , Lesueur
s'est ëlevë au plus haut degrë de son
talent. Maigre la sëvërilë de la com-
position , rien n'ëgale la grâce ini-
mitable des têtes des deux saints.
C'est cette même grâce aimable ,
mais noble , qui lui a fait traiter ,
dans un genre bien différent , les su-
jets les moins graves de la mytholo-
gie, en peignant avec autant d'ama-
bilité que de décence , les Amours ,
les Nymphes et les Muses, dans
l'hôtel du président do Thorigny ,
connu depuis sous le nom de l'hôtel
Lambert. L'auteur s'y trouva en
concurrence avec Lebrun ; et , quoi-
que celui-ci visitant un jour le cloître
des Chartreux, et se croyant sans
témoin , se fût récrié d'admiration
à chaque tableau, le peintre de la
galerie de l'hôtel Lambert put bien
devenir jaloux de celui du salon des
Muses ^ lorsqu'il le vit préféré , en
sa présence, dans le genre même
d'invention allégorique où il pré-
tendait exceller. On rapporte que le
nonce du pape étant venu voir les
peintures de l'hôtel Lambert com-
mencées depuis plusieurs années ,
Lebrun s'empressa de lui montrer
en détail la galerie et le plafond de
V Apothéose a Hercule. Ils passèrent
ensuite dans la salle où étaient peints
au plafond V Apollon et le Phaéton
de Lesueur. Le nonce, frappé des
beautés du plafond , s'écria : « Celui-
» ci est d'un maître italien j mais
» l'autre est una coglioneria » ; et
il ajouta que c'était dommage qu'ils
ne fussent pas tous les deux de la
LES
même main. Il est bion difluilo ilc
croire qu'un nonce cul traite avec un
pareil mépris une coniposilion vi-
goureuse , mais moins expressive
j>eut-rtre que celle de la Cai'erne
tCKole dans le Phaéton de TiCsueur.
Une tradition plus vraisemblable ,
reçue à l'hôtel Lambert , était que
Lebrun, avant accompagne le nonce
dans la galerie, doublait le pas en
traversant les pièces peintes ])ar Le-
sueur , et qu'alors le nonce l'arrêta ,
en lui disant : a Voilà pourtant de
» bien belles peintures î » Quoi qu'il
en soit , une prëfe'rence quelconque
de la part d'un grand, dut choquer
celui qui cherchait à fixer l'atten-
tion delà cour, et à s'attirer exclusi-
vement, par l'allégorie de ses louan-
ges , les bienfaits de l^ouis XIV ,
auxquels on sait qu'en effet Lesueur,
comme le bon La Fontaine, n'eut
point de part. Le caractère noble et
simple , spirituel et na'if qui distin-
guait Lesueur dans ses ouvrages
comme dans sa personne , excitait
contre lui l'envie , et le laissait sans
défense. Modeste et sans ambition ,
mais sensible à l'injustice, il se
permit une seule allégorie, où il
s'est représenté triomphant de ses
rivaux , comme le Poussin, a J'ai
») toujours tout fait , disait-il , et je
» ferai tout encore pour en être
» aimé. » En effet , il fallait être bien
fortement prévenu pour ne pas ai-
mer l'auteur en voyant ses ouvrages.
Mais les compositions qui l'occu-
paient à l'hôtel Lambert , quoique
dans le genre gracieux, fatiguaient
SCS organes , épuisaient ses forces.
Persécuté , resté veuf et seul , une
maladie de langueur détermina sa
u retraite chez les Chartreux , oîi la
et reconnaissance l'avait souvent ac-
1$ cueilli. Ce fut dans ce pieux asile
Il qu'il mourut eu i655 , à Tàgc de
LKS 37.7
trente-huit ans. S'il est vrai que
Lebrun , l'étant venu voir à ses der-
niers moments , ail dit avec une joie
secrète, après avoir fermé les yeux
à Lesueur, que la mon venait de
lui uter une grande épine du pied ,
ce trait ainsi raconté par un char-
treux même ( Bonaventurc d'Ar-
gonne), témoignerait à quel point l'a-
mour-propre cl l'envie peuvent met-
tre un homme honnête en 02)j)osilioii
avec ses sentiments. Lesueurfutinhu-
mé à Saiut-Elienne-du-Mont , où la
simple épitaphe qui fut gravée sur
sa tombe , est aujourd'hui effacée( i \
tandis qu'un plus digne monument a
reçu la cendre de Lebrun à Saint-
Nicolas -du- Chardonnet, et qu'un
autre a été érigé au Poussin dans le
Panthéon romain, à côté de Raphaël.
Mort sans enfants, Lesueur n'a laissé
que des neveux, dont un des descen-
dants directs est aujourd'hui célèbre
dans la composition musicale. (Voyez
Lesueur , BiograpJUe des Hommes
vivants. ) Secondé par ses frères
Pierre , Philippe et x4ntoine , cl par
son beau-frère Goulay , il ne forma
point d'école. Laurent Colombel et
Claude Lefèvre, furent ses seuls élèves
tandis que l'école de Lebrun complaît
de nombreux disciples. C'est ce qui
peut expliquer comment Lesueur ne
fut point épargné , même après sa
mort , et comment une main jalouse
ayant endommagé plusieurs peintures
du cloître desChartreux, les religieux
furent obligés de les couvrir de vo-
lets fermant à clef. Ses figures d'une
(1) Le rôublUtemcnt cli* cette épitapbe t$X
iiigénitutemont iiinpoté tla.ni un tableau r«»pr*-
• enlant l'inleriear df cett" rpli»e , e«po«^ au «n*
Ion 4» Louvre, eu iSv^ (par mAiiamr «le Manne).
Cepenilant, puisqu'on a rétabli en iftiS à Saint-
Kiienne, le» picrrci tnmulaire» de Racine tt de
Patcal , on devrait placer la tombe de Lesueur
à côté do celle de Racine, coirme on eut Jù
reporter pr*i de Pa«cal celle de Detcailc», (*o»it
une r^e roiùiie gaxdv encore le nom.
32»
LES
expression si vraie et en même temps
si gracieuse , opposées aux figures
de Lebrun , faisaient paraître celles-
ci dures et moins naturelles , quoi-
que expressives. Les talr-lcaux de Le-
sueur inspiraient, ainsi que ceux du
Poussin , la vertu , mais une vertu
' douce , et de plus une aimable me'-
lancolie , qui rappelait trop un ar-
tiste mort comme Raphaël au milieu
de sa carrière. Pour achever défaire
connaître l'homme aussi-bien que le
peintre , nous allons indiquer , en y
joignant quelques remarques , ceux
de ses ouvrages dont le caractère
exprime le mieux l'esprit qui les a
produits. L Saint-Paul guérissant
les malades , et délmant un pos-
sédé , devant Vempereur Néron.
C'est le tableau d'admission de l'au-
teur à l'académie de Saint-Luc. On
yvoit dès-lors cette unité d'intention
qui fait concourir diversement les
traits , les gestes , les attitudes des
différents personnages , à l'action et
à l'expression générale. Dès avant
la révolution qui , en i -^qS , a dis-
persé les tableaux des églises et des
établissements particuliers , plusieurs
des ouvrages de Lesueur ont été ,
comme lui, méconnus ou peu res-
pectés. Celui-ci fut acquis par un
particulier. Depuis , il a fait partie
! du Musée du Louvre , et ensuite de
la collection de Lucien Buonaparte.
On le trouve gravé par Massard
père , dans le Musée français de
Robillard. IL La Salutation angé-
lique , ou V Annonciation. A la dif-
férence de la Vierge du Guide , qui ,
saluée par l'ange, joint ses belles
mains , et plaît par la douceur
attachante de ses regards, la Vierge
modeste de Lesueur baisse les yeux ,
en croisant les mains sur sa poi-
trine, signe expressif de l'humilité
et du recueillement. L'artiste a ré-
LES
pété ce geste dans le Saint Bruno en
prières , et dans la Sainte Scolasti-
que peinte pour Marmouticr , où
d'Argenville dit qu'il existait une
Annonciation de Lesueur, ainsi qu'à
Paris , dans la chapelle du président
Turgot. La Salutation angélique est
annoncée dans la notice du Musée du
Louvre comme gravée par Bosse j
cependant Landon la donne comme
inédite , et la distingue d'une autre
Salutation , gravée , en effet , par
Bosse , pour un office de la Vierge,
ainsi qu'on l'a dit plus haut. IIL La
F^ie de saint Bruno , en vingt-deux
tableaux , peints sur bois , et ter-
minés en 1 648. Le petit cloître des
Chartreux où fut retracée cette his-
toire, avait déjà été peint en i35o ,
à fresque, et sur toile en i5o8. Le
prieur de cette maison , ayant fait
l'offre, en 1 7-^6, des tableaux de Le-
sueur pour la galerie du Louvre , ils
furent enlevés , mis sur toile et re-
touchés dans les parties dégradées.
Mais ils n*ont été pleinement restau-
rés que plusieurs années après , au
palais du Luxembourg , d'où ils ont
passé , suivant leur destination , au
MuiSée du Louvre. Cette collection a
été gravée par Chauveau, ou d'après,
ses dessins , en un volume in-fol. ,
avec des vers latins et français , les
mêmes qui avaient été tracés sur les
murs du cloître ( Voyez François
Jarry). a. Villerey a publié, en petit,,
la gravure de la même galerie avec
des explications, Paris , Didot , 1 808.
Parmi cette suite de tableaux que
Lesueur appelait modestement des
esquisses , moins parce qu'il avait été
aidé dans Fexécution de quelques-
uns , que parce qu'il voyait la per-
fection au-delà , on remarque prin-
cipalement : 1 '^. le Saint Bruno ,
prosterné devant un crucifix. Cette
figure, profondément recueillie , ex-
LES
prime , sous les replis du vêtement
3ui l'enveloppe, le seiitiineiit intime
ont eile paraît jHMietree. C'est ici
que coninience véritablement l'his-
toire du saint; caria résurrection du
chanoine damne qui opère la cou-
version de saint Bruno , est une
fable : mais à l'époque de la contro-
verse clevce à ce sujet , l'artiste n'a-
vait pu que se conformer aux join-
tures consacrées par la tradition et les
chroniques de l'ordre. — *2". Saint
Bnino distribuant ses biens aux
pauvres. Dans l'esquisse qui avait
appartenu à d'Argenville et qui se
trouve au Musée , la ligne de compo-
sition paraît sous un angle plus aigu
que dans le tableau , où, moins res-
serrée , elle est plus favorable au
mouvement des figures , qui se pres-
>-'.nt sans se confondre. Au reste,
cette disposition du plan semble
retracer une fabrique du Poussin.
3^. Saint Bruno lisant une missive
du pape, La physionomie du saint
et celle de ses religieux , son air de
piéle et d'attention , leur contenance
humble et respectueuse , expriment
et produisent ce calme de l'ame qui
att.iche et qui prête des charmes
à la solitude simple du lieu. Le ton
de la couleur, et la disposition
des ligues , concourent à l'effet
paisible de la composition. Elle
a ete gravée par Sebastien Le-
clcrc , dans la collection de Chau-
vcau.— 40. La Mort de saint Bruno,
entouré de ses religieux. On a repro-
ché au pinceau de Lesueur de man-
quer d'énergie , parce que son ton est
assorti au caractère de ses composi-
tions, presque toujours gracieuses.
La vigueur du clair-obscur est ici en
harmonie avec le pathétique du su-
jet : mais ce sont les diverses expres-
sions répandues sur tous ces visages,
dans toutes ces attitudes ; et sous ces
LES 32f)
vêlements uniformes et sans cou-
leur, qui , rapportées à une même in-
tention, à un même objet , frappent
le plus vivement .parleur ensemble,
les spectateurs de cette scène. Des
études faites d'après nature sur les
religieux eux-mêmes , ont dû seules
contribuer à produire cette vérité
d'effets , que des raanequins et les
modèles de l'école n'eussent jamais
pu rendre. — 5°. UApotJiéose de
saint Bruno excite un autre senti-
ment , celui de l'admiration, i^c
groupe d'anges qui porte le saint ,
peut bien rappeler le RavissenienC
de saint Paul du Dominiquin ; mais
la pose hardie et gracieuse de la
figure principale s'élcvant douce-
ment dans les airs sur un plan in-
cliné, appartient à Lesueur. Cette
dernière pièce de la collection est
gravée par Leclerc , sur les dessins
de Chauveau; elle l'a aussi été par
François Poilly. IV. Prédication de
saint Paul à Ephèse. Le style
animé de la composition, le ton lu-
mineux de la couleur , tout tend à
rendre plus frappante l'action de l'é-
loquence de l'Apôtre, dont le front
élevé ( os sublime ) semble porter
l'empreinte du Ciel que ses yeux ont
vu j disposition que Raphaël a sou-
vent cherché à exprimer. Les audi-
teurs admirent, recueillent les paro-
les de saint Paul. Dans leur enthou-
siasme , les jeunes gens , les femmes ,
les vieillards , apportent les livres:
profanes, les déchirent et les brûlent.
Ce tableau, le premier de l'école
française par la dignité de la com-
position et du sujet , a passé de l'é-
glise de Notre-Dame au Musée du
Louvre : il est gravé par Picart le
Romain. Un autre tableau de Saint
Paul prêchant à Ephèse était une
pande et première conception de
l'auteur, La gravure qu'en a faite
33o
LES
Benoît Audran, y montre plusieurs
circonstances accessoires , tirées du
récit des Actes des Apôtres ; mais ces
épisodes compliquent et partagent
l'action principale. Fëlibien, qui avait
vu ce tableau chez M. le Normand ,
secrétaire du roi , l'a décrit et en par-
le avec ëloge : on ignore ce qu'il est
devenu. V. Tableaux de V histoire de
saint Martin , et de celle de saint
Benoit, peints pour le monastère de
Marmoulier: i^.La Messe de Saint-
Martin. Une hostie rayonnante pa-
raît sur la tête du prêtre qui officie,
et fait éprouver par degré^fi plusieurs
des assistants, divers sentiments de
surprise, d'ëtonnement et d'admira-
tion. Les différentes nuances de la
même expression générale y sont
rendues par le trait le plus simple, et
les figures y semblent faites au pre-
mier coup. Maigre l'impression pro-
duite sur une partie des fidèles, un
caractère de recueillement et de paix,
fait le charme de cette scène reli-
gieuse des premiers siècles. Lors de
la révolution , le cabinet de M. d'An-
givilliers recueillit cette pièce, qui
passa ensuite au Musée. Landon ne
l'a point comprise dans l'œuvre de
Lesueur , quoiqu'il l'eût publiée dans
ses Annales: mais elle a ëtë gravée
depuis par Laurent, dans le Musée
Français, — •2<*. La Vision de saint
Benoît, auquel apparaît Sainte-Sco-
laslique , accompagnée de deux vier-
ges couronnées de fleurs , etc. Les
Annales du Musée avaient donné
comme une apparition de la Vierge
à saint Martin, celle de la sœur de
saint Benoît à son frère : l'erreur ,
rectifiée dans l' Oeuvre, annonce qu'il
existait un autre tableau de saint
Martin à Marmoutier ; celui - ci ne
s'est pas retrouvé , et aura péri avec
une Gène du même auteur , que la
ïëvolution a détruite, suivant la Vie
LES
qui est en tête de son œuvre. La Fh
sien de saint Benoît , conservée au
Musée de Tours , d'où elle a passé à
celui de Paris , a été gravée par Guë-
rin. Celte composition mystique ,
mais d'une exécution gracieuse, réu-
nit la suavité et l'harmonie de la
couleur à la vivacité et à la finesse de
l'expression. Le svelte des figures des
deux vierges y est favorable à la
légèreté; mais la proportion en est
un peu alongëe. Au reste, l'artiste
n'a guère employé ce mode qu'en
cherchant l'idéal de l'antique , dans
les figures auxquelles il voulait don-
ner une grâce plus élégante ou plus
délicate. — "i^. Un tableau de UMojt
de saint Benoît, où le saint , debout ,
appuyé sur ses religieux , rend l'es-
prit , et dont le dernier souffle est indi-
qué par un trait lumineux qui se di-
rige vers le ciel : ce tableau se trouve
dans lecabinetdeM.de L** à Paris. Il
n'a été ni mentionné ni gravé. VL Le
Martyre de saint Laurent , et Jésus
chez Marthe et Marie, peints pour
l'église de Saint-Germain l' Auxerrois.
Dès avant 1 75o, ces tableaux , qui ne
le cédaient point aux plus beaux du
même maître , avaient été vendus
et remplacés par des copies. Le
premier fut vu dans le cabinet de
M. Pasquier , et ensuite dans celui
de M. de Lalive ; mais on croit qu'il
périt depuis par un incendie. Gérard
Audran en a reproduit le caractère
et l'expression. La composition du
second , qui a aussi disparu , nous
est conservée dans les gravures de
Leclerc , de Benoît Audran , de Pi-
cart-le-Romain et de Drevet. VIL
La Mort de Tabithe , peinte pour
la chapelle de Saint-Pierre à Saint-
Etienne-du-Mont : elle fut , malgré
le respect dû aux cendres de Lesueur,
vendue par les marguilliers à un
marchand de tableaux, suivant ce
LES
rytic nipporle Papillon de U Fcrtc
M 177(1 ; et cil circt ou ne l'a pas
I < viir dqniis. 11 nous en reste une
gravure faite par Duflos. VllI.
Saint Geivûis et saint Protais ,
nduits dtvant le consul Astase ,
jioiir sacrifier aux idoles. C'est le
Srincipal des six grands tableaux
e l'histoire de leur martyre , qui
dccoraîcnt la nef de l'église Saint-
GeiTais , et dont deux furent peints,
le premier en totalité par Lesueur ,
et le second , eu partie par sou
beau-frère. La grandeur et la sim-
plicité de la composition , la vcrire'
des caractères et des attitudes , et
smtout l'expression touchante des
deux frères , la fermeté du, plus âge ,
qui baisse la vue , la candeur du plus
jeune qui détourne la léte , con-
trastant avec l'audace et la violence
des licteurs , laissent à peine aper-
< cvoir quelques parties moins ter-
minées de cette composition , l'une
des plus capitales du Musée du
T^ouvre. Elle avait été gravée en
forme de thèse ; et M. Baquoy l'a
reproduile avec beaucoup de succès.
Le deuxième tableau , représentant
le Martyre de saint Gervais et de
saint Protais . avait été composé
ir Lcsuciu*; mais la mort empêcha
ce grand peintre de le terminer. Il a
passé au Musée de Versailles. Deux
MartjrresAt chacun des mêmes saints,
ont été graves , l'un par Picart-le-
Romain, l'autre par Gérard Audran.
Deux autres sujets semblables, peints
«ur les vitraux de la même église , par
PerriUjSur les dessins de Lesueur, ont
«té conservés au Musée des monu-
ments franç<'iis. Enfin , une Descente
de croix , qui était dans cette église ,
composition remarquable parlasim-
plicitéde l'ordonnance et le caractère
touchant et divers des expressions,
î au Musée de Paris , cl a été gravée
LES
33 1
par Duflos. IX. La Confiance d'Â'
lexandre, prônant un breuvage des
mains de son médecin Philippe ,
auquel il fait lire une lettre où on
l'accuse d'avoir voulu l'empoison-
ner. Ce tableau de chevalet , comme
le précédent , et distingué de même
par la variété et la délicatesse des
expressions, appartenait à la galerie
d'Orléans : il a passé en Angleterre.
Benoît Audran l'a gravé. X. Sujets
mythologiques. Galerie de l'hôtel
Lambert, composée de dix-neuf ta-
bleaux , dont sept décoraient le Sa'
Ion de l'Amour ; sept , le Cabinet
des Muses : les cinq autres avaient
été peints en camaïeux dans V Appar-
tement des bains. L'artiste , sage et
fécond , a su , sans s'écarter de la
mythologie , créer des allégories in-
génieuses et toujours claires , telles
que y Amour réprimande par sa
mère , et se réfugiant dans les bra^
de Cérès ; V Amour dérobant le feu
du ciel à Jupiter y pour venir ani-
mer la terre , etc. On a déjà parlé
du Phaéton demandant à conduire
le char d'Afwllon , composition de
la plus grande richesse , 011 la force
et la grâce se trouvent réunies , et
où, comme dans les autres ouvrages
de l'auteur , toutes les parties , tous
les détails concourent à l'intelli-
gence de l'ensemble , ainsi qu'à l'ex-
pression et au développement du
sujet. Elle n'a pu être terminée par
Lesueur , qui fut aidé dans ce travail
par son beau-frère. La marquisp du
Châtelet ayant acquis l'hôtel Lam-
bert en 1 7 39 , le cabinet de V Apollon
et des Muses , dont les figures
sont si agréablement disposées et
d'une harmonie si douce , devint
celui de Voltaire, de 1745 à I749'
M. d'Angivillicrs acheta , pour le
Roi , en 1777, les tableaux de ce
cabiuet et ceux du salon de l'Amour;
:î3^
LES
et ils ornent aujourd'hui le Mase'e. lia
galerie de l'hôtel Lambert a e'të gra-
ve'e par Desplaces , Diipuis , Beau-
Tais et Duchange , sous la direction
de Bernard Picart , en un vol. in-
fo!. XL Plusieurs autres tableaux et
dessins , dignes de remarque, se trou-
vent indiques dans V OEuvre de Le-
sueur, grave' au trait et publie par
M. Laudon , Paris , i8i i , en 2 vol.
in-4**. , comprenant cent dix pièces ;
mais comme la collection , quoique
nombreuse , contient seulement les
pièces qu'on a pu connaître pour les
graver , il faut y joindre celles qui
ont été désignées dans les Voyages
pittoresques , comme existantes à
l'ancien cabinet du Roi , à la troi-
sième chambre de la Cour des aides,
dans la chapelle du président Turgot,
et à l'ancien hôtel de Bouillon , parmi
lesquelles il en est qui formaient des
collections plus ou moins remarqua-
bles. On a attribué à Lesiieur une sui te
dessins, au nombre de dix-huit , la-
vés à l'encre de la Chine , et qu'on
voyait dans la salle des marguilliers
à Saint-Etienne-du-Mont : mais ils
ont été reconnus pour être de La
Hyre. Un des frères de Lesueur les
avait seulement peints en grand pour
être exécutés en tapisseries. Les des-
sins de Lesueur sont la plupart à la
pierre noire avec un léger lavis re-
haussé de blanc : les contours en
sont purs, élégants , et la touche lé-
gère. Il a fait aussi des esquisses à
la gouache ou à l'huile , où l'on re-
trouve ces airs de tête fins et gra-
cieux, ces expressions douces et
naïves , ce jet de draperies élégant et
naturel, qui le font partout aisément
reconnaître. Lesueur a fait lui-même
son portrait, qui a été gravé par
Van-Schuppen, en 1696 , et depuis
par Cochin , pour sa réception à l'a-
cadémie. Sou buste, sculpté par Rô-
les
land , décore la galerie française du
Musée. Enfin, dans un tableau du
cabinet de M. de L*"*"., et qui mérite-
rait d'être gravé, Lesueur s'est peint
tranquillement assis, demi-couché,
sur un lit de repos , tandis que son
seul génie terrasse la calomnie , et
met en fuite l'envie. Le fond repré-
sente un vaste jardin d'une perspec-
tive riante : image paisible de l'ave-
nir, qui a rendu enfin une justice
éclatante au génie modeste , en réu-
nissant dans le palais de nos Rois qua-
rante de ses productions les plus
belles, échappées à l'injure des hom-
mes et aux révolutions. G-ce.
LESUEUR (Jean), historien,
naquit en France , dans le xvii^.
siècle , de parents réformés. x4près
avoir terminé ses études à l'acadé-
mie de Genève,il fut nommé pasteur
de l'église de la Ferté-sous-Jouarre.
Il employait tous ses loisirs à l'étu-
de; et il entreprit une histoire ecclé-
siastique dont les premières parties
reçurent un accueil très-favorable des
différents synodes de France, et
lui méritèrent des encouragements.
Les infirmités dont il fut accable'
l'obligèrent de suspendre son tra-
vail; mais il le reprit avec beaucoup
d'ardeur, et il venait de terminer
le dixième siècle, lors qu'il mourut
en 1681. L'ouvrage de Lesueur est
intitulé: Histoire de l^ Eglise et de
V Empire, depuis la naissance de
Jésus - Christ y Genève, 1672, et
ann. suiv., 6 vol. in-4*^., ou 8 vol.
in-i2;ibid. 1714,111-4°.; nouvelle
édition , revue , corrigée , augmentée
de quantité de remarques et des au-
torités, Amsterdam, 1780 , 8 tomes
formant 4vol. in-4°. On doity joindre
la Continuation]usc[iik la fin du xii®.
siècle , par Bénédict Pictet , pas-
teur de Genève, Amsterdam, lySs,
3 vol. iii-4°. JJ Histoire de Lesueur
rs! rVrito avec candrurcf siinplicito;
Irs faits y sont rapporfes d'niir ma-
nière . en gênerai, assez impartiale.
On eile encore de lui nn Traité de la
dwinité de V Ecriture sainte. W-s.
LESUEUR (Pierre) , ne à Rouen,
en i()36 , se distingna dans la gra-
vure en bois par la hardiesse de sa
manière , et mourut , en 1 7 iG , lais-
saut deux fils , qui cultivèrent le
même art. — L'aine , Pierre , ne' en
i663 , se serait fait un nom dans la
gravure, s'il ncfiit mort prémature'-
ment , en 1 698. — Le second ,
Vincent , reçut les premières le-
çons de son père, et vint se per-
fectionner à Paris , sous la direc-
tion de Papillon, qu'il surpassa bien-
tôt dans la pratique des entre-tail-
les. Il fut marie trois foisj et le
dernier de ces mariages lui donna
beaucoup de chagrin , sa femme
étant déjà mariée sans qu'il pût le sa-
voir lorsquclle l'épousa. Il mourut
en 1743. — Nicolas Lesueur, neveu
des deux précédents , naquit à Paris ,
en 1690. Quelque talent que ses on-
cles aient manifeste' dans la gravure ,
il les a surpasses en prenant une
autre route. Il porta à sa perfec-
tion le genre dit en camaïeu ^ et
ses ouvrages en ce genre sont nom-
breux; ils imitent les dessins au
lavis , rehausses de blanc. L'ancien-
ne édition du Recueil de Crozat
«n renferme im certain nombre d'a-
près plusieurs grands maîtres. On
peut voir une description de seize
de ces gravures, dans le Manuel
des amateurs de l'art , par Huber
et Rost. Lesueur gravait également
au burin ; et l'édition in-f». des Fa-
bles de La Fontaine, d'après les des-
sins de Bachelier , est enrichie de
vignettes et de fleurons , qu'il a gra-
ves avec autant de goût que de deii-
catciise. il mourut à Paris ^ en 17O4.
LES
333
— Sa sœur, Elisabeth, cultiva avec
succès la gravure en bois. Ln ville
de Rouen la chargea de graver le»
estanij)iiles ou manpies des toiles
pour les halles ; Elisabeth s'acquitta
de cette commission avec un tel suc-
cès , que le corps municipal lui fit
une pension de u,ooo livres. P-s.
LESUIRE ( RoBEnT - Martin ) ,
littérateur, naquit à Rouen en 1737.
Après avoir termine ses éludes , il
vint à Paris , et obtint la place de
lecteur de l'Infant duc de Parme :
il profita de celte circonstanco
pour visiter l'Italie ; et il paraît ,
d'après différents passages de ses
ouvrages _, qu'il fit plusieurs voyages
en Angleterre. De retour à Paris , il
se mit aux gages des libraires , et
publia , chaque année , de nouvelles
productions , dont quelques-unes eu-
rent du succèsdansuuecertaineclass©
de lecteurs. Pendant la révolution ,
il fut nommé professeur de législa-
tion à l'école centrale de Moulins ;
il perdit cette place à l'organisatioa
des lycées,et revint à Paris , oij ilmou-
rut le ti7 avril 1 8 1 5. Lesuire avait de
l'esprit et de l'imagination; mais il
manquait de goût etde jugement. Sou
style est incorrect et trivial , rempli
d'expressions choquantes et de mau-
vais ton. Plein d'une vanité insup-
portable , il parle souvent de lui
dans ses ouvrages , et il avoue qu'il
se regardait comme un homme d*un
génie extraordinaire. On a de lui :
I. Epitre à Voltaire y Paris, 1761,
in-8". ; elle lui valut une réponse
anonyme très-spiriluelle , et dans
laquelle Voltaire lui donna des.
conseils dont il aurait dû profiter.
IL La Festale Clodia à Titus f
hérdide y iXnà. 1767, in-S». 111.
Coup d'œil sur le Salon de 177^,
par un aveugle, ibid. in -8°. IV.
Eloge du maréchal de Câlinât, de-
334
LES
dié à lui-même , ibid. 1775, in-S^.
Ce discours n'avait point cte envoyé
au concours de l'académie française.
V. Isaac et Rehecca , ou les Noces
patriarcales , poème en prose e t
en cinq chants , Paris , 1 7 7 7 , in- 1 2 j
ibid. 1780. La simplicité des récits
de l'Histoire sainte y est défigurée
par des épisodes qui ne tiennent que
de loin au sujet ; et , pour le style ,
comme pour l'invention , Lesuire
est resté à une distance infinie de
Gesner qu'il avait pris pour modèle.
\ L Lettre de M. Camille Trillo ,
fausset de la cathédrale d' Auch , sur
la musique dramatiq ue , ibid. 1777,
in-r2. Yiï. Histoire de la Bépubli-
que des lettres et arts en France ,
pour les années 1779,1780, 1781 et
1 782, quatre parties in- 1 1. C'est une
gazette que l'auteur semble n'avoir
entreprise que pour louer ses propres
ouvrages. VIIL Les Amants fran-
çais à Londres y ou les Délices
de l'Angleterre , Londres , 1780 ,
in- 12" mauvais roman. IX. Aux
Mdnes de J. J. Rousseau , poème ,
Paris, i78o,in-8o. X. Le Nou-
veau Monde y poème en vingt-six
chants, ibid. 1782, 1 vol. in-12;
nouvelle édition refondue et cor-
rigée, ibid. 1800 , '1 vol. in-8". Il
est impossible de rien imaginer de
plus bizarre et de plus extravagant
que la conception de ce poème ,
dont le sujet est la découverte de l'A-
mérique. XI. V Aventurier fran-
çais, ou Mémoires de Grégoire Mer-
veil , Paris , 1782, 2 vol. in- 12. —
Première suite , ou Mémoires de Gré-
goire Merveil, marquis d'Erbeuil ,
ibid. 1783 , 1 vol. in- 12. — Se-
conde suite ^ contenant les Mémoires
de Cataudin , prince de Rosamine ,
fds de Grégoire Merveil , ibid. 1 784,
2 vol. in- 12. — Dernière suite ^ con-
tenant les Mémoires de Ninettc, fille
LES
de Merveil , ibid. 1788, 2 vol. in-
12. Ce roman est de tous les ou-
vrages de Lesuire , celui qui a eu
le plus de vogue ; il a été traduit en
anglais et en allemand. C'est un amas
de folies incohérentes ; mais il y a
de l'imagination , et Ton n'est pas
étonné qu'il ait fait quelque temps les
délices des lecteurs frivoles. Le-
suire a essayé, au bout de quinze
ans , de ranimer le goût du public
pour cet ouvrage, en donnant la
Courtisane amoureuse et vierge ,
ou Mémoires de hucrhcG .pour servir
de suite à l'Aventurier français ,
Paris , 1802 , 2 vol. in- 12. Mais le
froid accueil que reçut ce roman , lui
prouva que le bon sens et la correc-
tion du style sont absolument néces-
saires au succès d'un livre, et peuvent
seuls le rendre durable. XII. LaMor-
te de mille ans au salon de 1 788 ,
1783, in-8«. XIII. Le Philosophe
parvenu , ou Lettres et Pièces origi-
nales contenant les Aventures d'Eu-
gène sans pair, Paris, 1788, 6 vol. in-
1 2 ; trad. en allemand. Il a fait pré-
céder cet ouvrage d'une Lettre (vraie
ou supposée) de J. J. Rousseau, qui lui
donne les plus grands éloges. XI V. Le
Crime, ou Lettres originales de César
de Perlencourt, ibid. 1789, 4 vol.
in- 12. — Le Repentir ou suite du
Crime, ibid., 1789, 4 vol. in- 12.
XV. Les Confessions de Rabelais ;
— de Marot ; — de Mich. de Mon-
taigne , ibid. 1 796-98 , 3 vol. in-18.
XVI. Le Secret d'être heureux, ou
Mémoires d'un Philosophe , ibid.
1797 , 2 vol. in-18. Ce roman de-
vait avoir une suite qui n'a point
paru. XVII. Charmansage, ou Mé-
moires d'un jeune citoyen faisant
l'éducation d'un ci -devant noble,
Paris , 1 792 , 4 vol. in-i 2. XVIIl. Le
Législateur des chrétiens, oul'évan-
giltr des déicoles ^ 1 798^ in- 18. XIX,
/ rï Quatre yiventures /ihid. , 1 799 ,
4 vol. iu-ii, XX. Artf</me/rt /'/««-
Crt*i^ ou Lettres d'une jeune pay.sanu(%
etc. ibiil., i8o3,4 vol. in- iJi. Parmi
les manuscrits que Lesuirc a laisses,
on a remarque celui qui est intitule :
^fcs Confessions, W-s.
LESZCZINSKI. ro>. Stanislas.
LETA]NDUERP:(Henri-Fran<^ois
Desherbiers , marquis de ), l'un des
olUcicrsqui ontlepius rontribueàla
réputation de notre marine, dans le
dix-huitième siècle, naquit à Angers,
en i68'2, d'une famille ancienne,
originaire du Poitou. Son père , ca-
pitaine de vaisseau , lui fit faire sa
première campagne en qualité de
mousse, dès l'âge de dix ans : l'année
suivante il servit en qualité' de volon-
taire , sous les ordres de M. de Mon-
beault , son oncle , qui prit un soin
particulier de son éducation. En
1703 il fut embarqué comme ensei-
gne sous hs ordres de M.d'Osraont,
connu par son extrême sévérité dans
le service , et mérita sa bienveillance
au point que le comte de Toulouse,
à la recommandation de ce capi-
taine , n'hésita pas à lui confier
une expédition aussi importante que
périlleuse : c'était d'aller secourir le
Saint-Michel, qui se perdait. Létan-
duère manœuvra avec tant d'habi-
leté et de courage, qu'il sauva le vais-
seau du péril le plus imminent : on
demanda pour lui le grade de lieute-
nant , auquel il ne fut cependant éle-
vé qu'eu 170.5. Blessé au siège de
Malaga , par un éclat de bombe qui
lui fracassa la mâchoire , il était à
peine rétabli qu'il s'embarqua sur la
frégate V Etrille, destinée à faire
partie de l'expédition contre Gibral-
tar. Ayant été chargé de s'approcher
de la côte de Garthagène pour re-
connaître les dispositions de l'eune-
iui,il se trouva tel I emwil engagé eu-
LET 335
tre la flotte anglaise et la terre , qu'il
ne pouvait échapjwr. Il fit alors dé-
barquer tout son équipage. Resté seul
à bord avec son maître canonnier, il
mit le feu à la frégate, et s'éloigna
dans sou canot. Mais s'ajKircevant
que le feu ne faisait aucun progrès;
et craignant qu'il ne fût éteint , il &e
rapprochait pour le rallumer lorsque
la frégate sauta en l'air. A son re-
tour de cette expédition, se trou-
vant à bord de W^ragon, comman-
dé pfir M. Desherbiers , son oncle ,
il tomba au pouvoir des Anglais,
et fut conduit prisonnier à Lisbonne
où il resta plusieurs mois sur parole.
Il profita de cette occasion pour
prendre connaissance des forces na-
vales anglaises et hollandaises qui de-
vaient porter l'archiduc à Barcelone ,
et il en envoya au ministère un
compte très-exact. Revenu en Fran-
ce , après un échange , il fut de-
mandé pour lieutenant par divers ca-
pitaines, et fit sous leurs ordres-plu-
sieuis campagnes, notamment celle
de 1709 dans l'escadre de Dugay-
Trouin. En 1 7 1 8 , il fit le voyage des
Grandes-Indes, leva la carte de l'era-
l)ouchure du Gange , et revint en
1721, rapportant d'utiles renseigne-
ments pour la navigation. Nommé ca-
pitaine de vaisseau en 17 27, il fut en-
voyé eni 730 au Canada , remonta le
fleuve St.-Laurent jusqu'à Québec, et
rectifia, par ses observations, les car-
tes dont on s'était servi jusqu'alors.
Il fut récompensé de ses services , en
1736, par la charge de commis-
saire-général de l'artillerie de Roche-
fort. Il fit partie, en 1740, d'une
expédition pour les Antilles , sous
les ordres de M. d'Espinay. Dans les
parages de Saint-Domingue il fut
attaqué par six vaisseaux anglais ,
qui feignirent de le prendre pour une
escadre espagnole : le combat ayant
336
LET
cté à Tavantage des Français , et \e
commandant anglais étant venu le
lendemain s'excuser de sa prétendue
méprise, Lëlanduère lui demanda
s'il voulait recommencer. Il passa ,
en 174'-* 7 à la place de directeur de
l'artillerie de Dunkerque, et com-
manda les batteries de la marine au
siège de Furnes. Nomme' chef d'es-
cadre en 1745 , il mit aussitôt à la
voile pour l'Amérique , et s'empara
de quatre frégates anglaises, à la vue
du port de Brest. Il fut chargé , en
1747? d'escorter, avec huit vais-
seaux, un convoi de 25o bâtiments
destine pour les Colonies : arrivé le
îi5 octobre, à la hauteur de Belle-
Ile , il signala une flotte ennemie
de dix-neuf vaisseaux ; fît aussitôt
des dispositions pour garantir le
convoi, et attendit le combat: il sou-
tint , pendant le reste de la journée,
les efforts de toute l'escadre anglaise.
Le Tonnant qu'il montait combattit
successivement contre quatorze vais-
seaux, et eut affaire à cinq à-la-fois :
il perdit sa voilure , et son artil-
lerie fut démontée ; mais avec le
secours de Vaudreuil , qui s'avança
pour le dégager , il parvint à gagner
le port de Brest , à la faveur de la
nuit. Cette action d'éclat , désignée
sous le nom de Combat du Ton-
nant , valut à Létanduère le titre de
commandeur de Saint-Louis. Il fut
nommé , l'année suivante, comman-
dant de la marine , à Rocliefort, où il
mourut en 1750. H-q-n et W-s.
LETELLIER, peintre, naquit à
R.ouen , en 1 6 1 4. Il était neveu du cé-
lèbre Poussin, qui le nomma son lé-
gataire. C'est aux leçons d'un maî-
tre aussi habile, qu'il dut la belle imi-
tation de la nature , la simplicité de
style, et la noblesse que l'on remar-
que dans ses tableaux. Les ouvrages
de Letellier sont faibles de couleur j
LET
mais ils se distinguent par la perspec-
tive linéaire, et surtout par l'expres-
sion : les accessoires sont bien choi-
sis ; mais le dessin est quelquefois
mou , et les formesdes figures rondes
et sans fermeté. Il peignait de pré-
dilection les sujets de dévotion. Ses
têtes de vierge sont pleines de can-
deur, et d'une grâce qui n'est jamais
dépourvue de noblesse. Avant la ré-
volution , il y avait peu de couvents
ou d'églises à Rouen , qui ne fussent
ornés de ses tableaux. Le Musée
de cette ville en possède dix-sept ,
parmi lesquels on doit citer Les
adieux de saint Paul et de Si-
las , allant au martyre : toutes
les parties de l'art s'y font remar-
quer. On distingue encore une
Sainte-Famille , d'un fini précieux ,
et d'une vérité de coulsur qui prouve
que Letellier aurait pu se signaler
dans cette partie de l'art. Parmi
SCS autres tableaux , on remarque
encore deux Ascensions , deux As-
somptions^ une Annonciation, et
une Punficalion,à'\m excellent style
et du plus beau fini; enfin saint
Joseph portant V Enfant- Jésus dans
ses bras, tableau de grandeur natu-
relle , remarquable par l'entente de
la perspective , et la pureté du style.
Vers la fin de sa vie , Letellier chan-
gea de manière , et peignit avec une
mollesse , un fini que l'on ne trouve
pas dans ses premiers ouvrages. Il
mourut en 1676. P-s.
LETELLIER (Michel), chan-
celier de France, néle 19 avril i6o3,
d'un conseillera la cour des aides, sei-
gn(^ur de Châville , fut d'abord con-
seiller au grand-conseil , puis procu-
reur du Roi au châtelet de Paris , eu
t63i. Il fut nommé ensuite maître
des requêtes , et eut l'avantage de tra-
vailler, avec le chancelier Séguier et
M. Talon, aux procédures instruites
t.CT
contre les séditieux de Normandie.
l/liaMlele qu'il montra dans celte
alïaire lui valut sa nomination à Tin-
Icniiaui'e de Pic'mont en i64o. Ce
lui alors (|u'il eut occasion d'ctrc
connu du cardinal iNfazarin , qui
le prcscnta à Louis XIII, et le fit
nommer secrétaire d'état an de])ar-
lemenl delà guerre, lors de Teloi-
pnenicnt de M. Desnoyers. i\(tachcà
la fortune de ce cardinal,! il snivit
fidèlement son parti dans les troubles
de la fronde. Tout ce qui fut ne^^ocie'
avec le duc d'Orléans et M. le Prince,
passa par ses mains. Il eut la plus
pande part au traite de Ruel , par-
tagea la première disgrâce , vraie ou
supposée, de IMazarin, et s'e'tablit à
la campagne pendant l'absenccde son
protecteur. Mais, lorsque le cardinal
se retira pour la seconde fois et
sortit du royaume , la régente retint
auprès d'elle Letellier, qui fut charge'
du ministère dans ces occasions dif-
ficiles. C'est k cela que Bossuct fait
allusion dans son oraison funèbre ,
en ces termes ; « Deux fois , en grand
» politique, ce judicieux favori (Ma-
» zarin ) sut céder au temps , et
. » s'éloigner de la cour. Mais , il le
»' faut avouer, toujours il voulait y
î> revenir trop lot. Letellier s'op-
» posait à ses impatiences jusqu'à se
» rendre suspect, et, sans craindre
» ni ses envieux , ni les me'fiances
» d'un ministre également sonpçon-
- neux et ennuyé' ueson état, il allait
l'un pas intrépide où la raison
» d'état le déterminait, w Letellier
\ contribua puissamment à l'extinction
*-; troubles et au re'tablissement de
ivtorilé royale. Le co-adjutcur en
lie Meuvent dans ses Mémoires ,'
lis sans former aucune plainte
. contre lui , quoiqu'il fût constam-
ment attaché au paiti de la cour ;
. ijui prouve que LctcUicr mçttàit
LET 337
dans SCS proccklcs autant de mode-
ration a\w de franchise. En i()54,
il fut chargé de pleins-pouvoirs , et
envoyé pour enijurher (pie IVronnç
ne tombât entre les mains des eiuie-
mis. Pendant les négociations rela-
tives au mariage du Roi, il eut U
correspondance du cardinal , qui
l'instruisait exactement de tout ce
qui se passait entre lui et Don
Louis de Haro. Après la mort de
Mazarin , il continua d'exercer sa
( harge de secrélaire-d'éfat , dont il
lui fut permis , en iGG(i , de donner
la survivance au marquis de Louvois,
son fds. Louis XIV , qui voulait
récompenser ses services, lui cou»
ser\'a le titre et les fonctions de mi-
nistre , et le fit , en 1077 , chance-
lier et garde des sceaflx , après la.
mort de d'Aligrc. Letellier , dans
cette dignité suprême , donna des
règlements utiles et pleins de sages-
se. Il exigea ])lus de régularité et
d'instruction de la part des jeunes^
magistrats , qui se pressaient eii!
foule pour entrer au conseil. Chef
intègre de la justice, politirpie ])ru-
dent, ami invariable , sujet fidèle ^
père de famille vénérable , il est di-
gne de prendre place parmi les grands
hommes du siècle oii il a vécu.
Sa vie eût été exempte de tous re-
proches , si la révocation de l'édit
de ISanlcs n'eût pas tiouvéen lui uu
de ses plus zélés ])arlisans. Egaré par
des opinions que l'ambition de Lou-
vois et le despotisme consciencieux
du Père Lachaisc fortifiaient de
tout leur ascendant sur l'esprit da
monanpie, il partagea le blâme de
ces opérations aussi violentes qu'im-
politi<|ues. Il scella lui-même le fatal
édil , cl remercia le Ciel, en répé-
tant le cantique de Saint-Siméon,
de lui avoir conservé encore assez
de force pour' sau'ctionucr cet acte
338 T.ET
nu'il regardait comme la dernicre
vicloire remportée sur l'hërésie. Le-
tellier eut l'honneur d'être ccle'brc
Sar les deux plus grands oratcui's
e son temps , Bossuet ( i ) et Flo-
chier. Il mourut en 1 685 , âge de 83
ans. Sa fin e'diliante est peinte d'une
manière admirable par l'ëvêque de
Meaux; et c'est un des plus beaux
traits de son discours. D-s.
LETELLIER ( Charles - Mau-
rice ) , archevè(pie de Reiras , fiJs
du pre'ce'dent, et frère puîné deLou-
vois , naquit, à Turin, en 1642.
Après avoir fait d'excellentes études ,
il prit ses grades en Sorbonne , et
voyagea en Italie, cnHollande, en An-
gleterre, d'où il rapporta un grand
nombre de livr,isprëcieuxparlenr ra-
reté', Ou par la»corrcction et la beauté
des éditions. François Barberini , ar-
chevêque de Reims ,lc nomma son co-
adjiîteiir en 1668; et Leteïlier lui
succéda , en 1671. Le nouveau pré-
lat prit part à presque toutes les af-
faires de l'égUse de son temps. Ce
fut lui q^Liifit le rapport dans l'assem-
blée du clergé, le i*^^. mai 1681 ,
sur la régale et sur les autres sujets
de contestation entre Injiocent XI
et Louis XIV j et il conclut à de-
(1) Beaucoup d'ccriïaiiis du dix-liiiitièiiie »iè-
tle , et de celui-ci, ont blâmé Bossuet, d'av^oi»
fait dans son oraisoa funôbre , rélojîe d^ la révo-
cation de redit do Nantes. Un historien judi-
cieux , RuUiiereg , dans ses Eclaîreissernfnis sur
leseauses de cette révocation, a essayé de justi-
ftei Tévèque de M«aux, de ce ïeprochej et son opl-
iiion mérite d'âlie examinée. Il pite les propres
mots de l'orateur sacré, et les voici ; o Comment
»> pouvous-nousincorporer/o«/ à-fait k l'éjj,lisede
« J. C. taut de peuples iiouTcl!«tiM:nl convertis, et
» porter avec contiance un si giaaiK accroissemuut
» de notre fardeau?... IS« laissdn» pas icepeudaiit
» de publier ce miracle de nos jours; faisoii', en
• passer le récit au» »iècle» iiiturs. » Pou/" Appré-
cier toute la mesure de ces expressions, il n'est
pas inutile de mettr» en parallèle cUes de Flé-
çhier,8url« ;mfen:o sujet; « Il »e lejitait, du
» l'ev^qiie de .Niuie», qu'à porterie dernier coup
n à cette secte mourauta i qui méritait mieux que
• ce sage chancelier d'acliever Toeuvre du prince ,
w ou pour mieux dire , l'oeuvro do Dieu , eu scel-
m lant la révocation de ce fameux édi», qui avait
• c»âl« taut 4« sang et d» Urines à uos père»"? a
LET
mander au roi la convocation d'un
concile national ou d'une assemblée
générale du clergé. Celte assemblée
fut en eirct convoquée peu après , et
M. Leteïlier en fut aussi membre.
On voit, par quelques détails rap-
portés dans les Opuscules de Fleu-
i\Y ^ 1808, iii-i'J,pag. 2i3, qu'il
n'y était pas toujours pour les avis
modérés^ et que Bossuet empêcha
qu'on ne; poussât les choses plus loin.
L'archevêque de Reims signa la dé-
claration des évêques ,du 3o sepîem-
tcmbre i688 , sur les diiréreuds d«
Louis XIV avec Rome. On crut qu'il
avait éié,excilé dans ces diverses cir-
constances , par l'abbé Faure, doc-
teur de Sorbonne , son commensal
et son grand-vicaire , sur lequel il se
reposait de presque tout le gouver-
nement du diocèse. Cet abbé, qui de-
vint doyen de l'église de Reims , é-
tait d'un caractère un peu vif et fort
prononcé contre les doctrines ultra-
montaines. Il n'était pas favorable
aux religieux et surtout aux jésuites,
et il entraîna l'archevêque dans quel-
ques démarches qui n'eurent pas l'ap-
probation générale. La sentence ren-
due par le prélat^ le 9.2 mars 1687,
sur la confession pascale , parut peu
mesurée pour la forme et pour le
fond ; son ordonnance, du i5 juil-
let 1(^97 , contre deux thèses soute-
nues chez les jésuites , fut attaquée
dai\s quelques écrits , et faillit don-
ner lieu à un procès : on peut voir
sur cela les Mémoires chronologiques
et dogmatiques du P d'Avrigny ,
tora. IV, pag. 3i. Une autre ordon-
nance, du ^4 "ïi^i ^^ ^^ même an-
née , sur les réguliers , ne lit pas
Fioins d,c bruit, et fut à peu près ré-
formée par l'assemblée du clergé,
de 1700 , sur le rapport de Bossuet.
M, Leteïlier présida cette assemblée :
il ue paraît pas s'être acquitté de
relie fonriion avec la prudence cl
l'adrrvso (le.siral)les , cl on l'arciisa
d'aircrU'i' les manières absolues et
Iranelianles du niarqiiis de Louvois
sonfivre, sans les racheter par ses ta-
lents. D'Aj^uesseau , dans ses Mé-
moires sur les ajjuuvs de l'église
de son temps , et M. le eardinal de
Baussel dans V Histoire de Bossuet ,
lom. IV , pag. () , donnent à ce sujet
quelcpies dét:»ils. L'arehcveque de
Reims souscrivit la lettre écrite h
Innocent XI, le 'iZ février i(h)'j,
contre le livre du cardinal Sfondratc,
lettre qui ])araîl avoir été rédij^ée
par Bossuet. Il e'tablit des sémi-
naires dans son diocèse, et puljlia
un uoiivcau catéchisme. Fils d'un
chancelier de France , il possédait
plusieurs bénéfices et aimait assez la
ma{];nilicence ( i ). On cite dans les
Lettres de M™*^. de Sévigné (i), plu-
sieurs traits de caractère de ce pré-
lat , qui s'était fait exempter du paie-
ment des décimes dans l'assemblée du
clergé, de 1680, et qui ne fut point
favora]>leà Fénélon lors delà dispute
du quiélisme. Le roi l'avait nommé
i conseiller-d'étal. Il mourut d'une at-
taque d'apoplexie , à Paris , le 'ii
février 1 7 i o , et fut inhumé dans le
(i) On r»pporto , dan* le Boîœana, que Dos-
^éaiiz ditait que l'archevêque de Reims l'arait
une foi* plu* eitiiuo , depiiia qu'il lu «jvait
riche : mai» qui pourra croire , «ar le témoi-
ftia^>? de Lefebvre- de - Saint - iVlarc, que Le-
Icllier ditHit ne pa* conceroir comment on
poutait vivre tan* avoir cent mille écus de reo-
te 1 Le» aut'Min du Dictionnaire histotique la
font moina exigeant; suivant eux, Lelcllier
ptéteodait qu'on ne pouvait dire honnête homme,
•i on n'avait d'x mille litfrej de r«nle. Ce fut,
•joutent-ils , d'après un tarif «i oeu apostolique,
3u^ Despreaux, questionné par lui sur la probité
e quelqu'un, lui rvpondît : Monseigneur, il
• «n faut Je quatre raille liTr<;s de renie qu'il
•oit littanète hanime. Ce mot est plaisant; maia
4. coup st.», il est invanté.
(») y<»7«*# P»» «xeniple dans sa lettre du 5
réTriertG74. l'anecdote de riiomme n-aversé par
U voiture de l'archevêque de Reims. Madame
•• Is Fayrtte, dans «es Mémoires de la «tour de
France . présente aus«i ce prélat so-.s un jour
f«a UvotabU. H-k.
LET 339
tombeau de son père , en l'église
vSaint-Gerv.iis. 11 avait défendu qu'on
fit son oraison funèbre. Il lé^ua &
l'abbaye de Sainte-Geneviève sa bi-
bliothèque , composée de cinquan-
te mille volumes , dont il avait
fait dresser le catalogue par Ni-
colas Clément , bibliographe fort
instruit. Ce catalogue a paru sous
ce titre : Bihliotheca Tellenana,
Paris , im])rimerie royale, î^mj3^
in-folio. L'avertissement rédigé j)ar
Lelellier, renferme quelques détails
intéressants sur les soins qu'il s'étnij
donnés pour rassembler une si grande
quantité de livres. On y remarque
l'éloge qu'il fait d'Antoine Faure, sou
précepteur , et son vicaire-génér.d ,
qui lui avait légué en mourant une
partie de ses livres pour les ajouter
à sa collecliou déjà si considéraldc.
W-s et P-c-T.
LETELLIER. roj.BARBEsiEux,
COURTANVAUX , EsTRLES ( Xïlï ,
4i3 ) et Louvois.
LETELLIER( Micni: l ) , jésuite,
dernier confesseur de Louis XIV ,
et chargé de la feuille des bénéfi-
ces , naquit auprès de Vire eu Basse-
Normandie , le i6 décembre kG43.
11 fît ses études chez les Jésuites
à Gaen , et entra dans leur £Ociétc
en iGGi. Après avoir enseigné les
humanités et la philosophie, il fut
chargé de donner une édition de
Quinte-Curce , pour l'usage du Dau-
phin.Son travail, qui parut en if>7H,
in-4". , et qui est estimé, le fit choi-
sir, avec quelques autres jésuites dis-
tingués par leur mérite, pour former,
dans le collège de Louis-le-Grand à
Paris, une société de savants qui suc-
cédât aux Sirmoudet aux Pétau. Mais
Letcllicr se consacra bientôt à un au-
tre genre d'écrits. Il fut un des prin-
cipaux adversaires de la version du
Nouveau-Testament^ dite de Mens
'11.,
et il l'attaqua dans trois oiivi^ages
diflerents, en i6']'2-'j5 et t684. H
prit ensuite beaucoup de part à la
controverse sur les cérémonies chi-
noises. Sa Défense des nouveaux
chrétiens j et des missionnaires de
la Chine, du Japon et des Indes ^
qui parut en 1687 , 'i vol. in-iJ, fut
vivement attaquée par Arnauld et du
Vaucel , et de'iérëe à Rome , où elle
lie fut point condamnée j Letellier y
donna depuis une suite, et répondit
à ses ennemis. Il contribua , avec le
P> Besnier,à la traduction du Nou-
veau-Testament de Boubours, qui
parut en 1697 et en i7o3. {Voyez
ËounouRS.) Ayant cte' choisi pour
continuer les Dogmes théologiques
du P. Petau, il s'attacha au traite de
la pénitence, qu'il acheva j mais qui
n'a pas e'te' imprime. Dans la querelle
faite aux Jésuites sur ce qu'on appe-
lait le pëcbé philosophique, il publia
quelques petits écrits , en i G9 1 ,
pour la iustification de ses confrères,
il fut un des premiers coopérateurs
des Mémoires de Trévoux. Letellier
est encore auteur de quelques ou-
vrages contre ceux qui prenaient le
nom de disciples de Saint-Augustin,
comme : Recueil de bulles sur les
erreurs des deux derniers siècles ,
1697J "^ Histoire des cinq proposi-
tions de Jansénius ( sous le nom de
Dumas ) , Liège , 1 699 , in- 1 'i. — Le
F, Quesnel séditieux et hérétique,
1705, in-i'i, etc. Ces écrits cxpo'
sèrent Letellier à l'aniraadversion
d'un parti nombreux et puissant,
qiri l'a peint ensuite comiine ayant
horriblement abuse de la confiance de
Louis XIV. Ce fut après la mortduP.
Lachaise, en 1 7 09, que Letellier, alors
provincial dans sa compagnie, fut
nommé confesseur du roi ; place d'au-
tant plus importante , que la présen-
tation des sujets pour les Jjénélices
LET
y était alors attachée. On assure,
dans beaucoup de libelles et même
dans quelques histoires, que le jé-
suite fut dès-lors l'ame de toutes les
affaires , et qu'il se montra violent et
persécuteur. Mais LouisXIV ne sui-
vit pas, depuis 1709, une conduite
différente de celle qu'il avait tenue
jusque-là; il regardait les jansénistes
comme dangereux , et il les contint
arec fermeté. L'acte le plus sévère de
cette partie de sou règne fut la des-
truction de Port-Royal-des-Ghamps,
en 1709; mesure qui fut accompa-
gnée de circonstances propres à la
faire paraître plus rigoureuse encore.
Un historien récent , dit que le P. Le-
tellier neut point de repos quil ne se
fût assuré de la condamnation du
livre de Quesnel : le simple rappro-
chement des dates démontre la faus-
seté de cette allégation. Letellier ne
devint confesseur du roi qu'en 1 709,
et les Réjlexions morales avaient
été condamnées à Rome par un dé-
cret du i3 juillet 1708. D'Alerabert
est tombé dans un anachronisme plu?
choquant encore : dans ses notes sui
l'Eloge de Bossuet, il accuse Letellie
d'avoir donné à LouisXIV le consei
perfide et punissable d'écrire au pap
une lettre oil il promettait de fair
rétracter les évéques de la sanctio
solennelle qu ils avaient donnée au
quatre articles; et là-dessus l'aca
démicien s' échauffant déplore , dar
une tirade véhémente , la faibles^
du roi ,et V audacieuse impudence 0
V imposteur qui dirige ail sa conscie
ce. Cette bouffée de colère annom
autant d'ignorance que de passioi
la lettre dont d'Alembert veut pa
1er , ne peut être que celle que Loii
XÏV écrivit, le iX^ej^tcmhvc 169
à Innocent XII, et Letellier ne f
confesseur que seize ans plus tai
Un e^j^amea des faits dissiperait aii
1,1 plupart flos reproches que des
écrivains j)assioiines ou inaltentifs
ont adresses au P. Letellier. Ceux nui
l'ont le jilus maltraite, sont , le duc
de St. -Simon , dans ses Aféjiwires ;
Dorsannedansson./ir)M/7i<î/,etdcVil-
lefore dans ses Anecdotes sur la
coTistilution i^uigcnitus. Tous trois
favorisaient nn parti que LelcUicr
avait combattu : tous trois ramas-
saient avec soin, et citent comme des
aut 0 rites , de petites anecdotes, des
propos, et des conversations. Saint-
Simon, caiLslique et haineux, comme
l'avouent ses éditeurs, dit du mal de
tout ic monde, et n'épargne pas Le-
tellier. îl 2'arlc aussi du bruit qui
courut que ce jésuite avait fait faire
au roi mourant les vœux de sa so-
ciélé ; mais il ajoute que le chirur-
gien du roi , Maréchal, qui n'aimait
pas non plus Letellier, lui a certifie
que le fait c'iait faux : ce conte ridi-
cule n'en est pas moins répété dans
d'autres recueils. Si l'on en croit
Dorsanne et Villefore , c'est le père
Letellier qui a tout fait dans l'affaire
de la bulle Unigenitiis : il a fatigué
Louis XI V'^ de ses sollicitations; il a
forcé la main au pape ; les cardi-
naux comme les évêques étaient ses
agents serviles, et sacrifiaient leur
devoir à la politique. Fénélon lui-
même n'a pas été à l'abri de cette
•uitation aussi ridicule en elle-
ine qu'elle est outrageante pour
;)rélats qui en étaient l'objet. C'est
l'autorité des mêmes écrivains
Duclos a rédigé ses Mémoi-
sec cts , et il y a peint Letellier
ime un homme dur, orgueilleux ,
lont , qui dirigeait tout et dont les
(ues suivaient aveuglément les
Tes. A l'entendre, le cardinal de
uan était un de ses instruments les
s dociles, quoiipu' le nom de ce
lat , son rang dans l'église et à la
LET 341
cour ,€l ses qualités aimables et gé-
néreuses , repoussent la supposition
d'un rôle si peu fait pour lui. Le
cardinal deBissy , évêque de Meaux,
n'est pas mieux traité. Au reste, Du-
clos reconnaît qu'il suit, pour guides,
les auteurs déjà cités : dans un seul
endroit il paraît rougir de les copier.
On avait produit une lettre que l'on
attribuait au père Letellier , et dans
laquelle il exposait , à M. de Chau-
velin , le plan de la persécution qu'il
se proposait de faire essuyer au
cardinal de Noailles. Il est à croire
(pie si Letellier eût été capable d«
ce procédé, il était du moins assez
adroit pour ne j)as s'afficher , en
écrivant à un magistrat. Aussi Du-
clos convient qu'ayant confronté
la lettre avec d'autres de ce jésuite ,
la signature ne lui a point paru la
même; et il soupçonne, avec beau-
coup de fondement, que c'est une
fraude du parti contraire. Il est pos-
sible qu'avec de bonnes vues , dans
le fond, Letellier ait été, ei> quelques
Occasions, entraîné trop loin par l'ar-
deur de son zèle ; mais il y a loin de
là au caractère odieux qu'on lui prêle
et au rôle violent qu'on lui fait jouei .
Des écrivains non suspects citent de
lui des traits honorables. Louis XIV,
dit Duclos lui-même , lui ayant de-
mandé s'il était parent des Letellier
de Louvois, il répondit, comme
l'avait fait, en pareille occasion,
saint Vincent de Paul, qu'il n'était
que le fils d'un paysan. Le chance-
lier d'Aguesseau rapporte, dans le
Discours sur la vie et la mort ds
M. d*Aguesseau , son père , que le
roi ayant demandé un jour au pèro
Letellier pourquoi il ne se servait
pas, pour ses voyages, d'un carrosse
à six chevaux , comme son prédé-
cesseur ; le confesseur répondit que
cela ne convenait point à son
34^
LET
état , et qu'il aurait été encore
plus honteux de le faire depuis
quil avait rencontré, dans une
chaise à deux chevaux , sur le che-
min de Versailles , un homme de
Vdge , des services et de la dignité
de M. d\4guesseau. On voit , dans
le Dictionnaire de Moiëri à Tar-
ticlc Fahre , que Lclcllier rendit des
services à cet oratorien , et qu'il lui
envoya de l'argent dans un moment
où celui-ci en avait un très-grand be-
soin. Après la mort de Louis XIV ,
le jésuite se trouva en butte à toute
la haine du parti triomphant. Il
était particulièrement odieux au car-
dinal de Noailles : il fut exile' à
Amiens , puis à La Flèche, où il
mourut le i septembre 1 7 1 9 , à l'âge
de 76 ans. P-c-t.
LETI ( Gregorio ) , historien ,
que son inexactitude et son goût
pour le merveilleux , ont fait sur-
nommer le Varillas italien , naquit
à Milan , le 29 mai i63o, d'une
famille originaire de Bologne. Il fit
ses premières e'iudes à Cosenza , et
fut appelé' ensuite à Rome, par son
oncle, qui , étant pre'lat, voulait l'a-
vancer dans la magistrature, ou
dans l'ëtat eccle'siastique; maisLeti,
d'un naturel dissipe' et de mœurs
très-libres , rejeta bien loin ces pro-
positions , et revint à Milan attendre
l'âge de sa majorité'. Une fois maître
de sa petite fortune, il se hâta de sa-
tisfaire son goût pour les voyages , et
consuma rapidement son patrimoine.
Son oncle , nommé depuis peu évé-
que d' Aquapendente , le rappela près
de bii ; et songea , par ses sages con-
seils, à le faire changer de conduite*
mais le voyant sonrd à ses remon-
trances , il le chassa de sa présence.
Leti quitta Aquapendenfe , très-mé-
content de son oncle, dont il avait
espéré tirer de l'axgent , et continua
LET
de se livrer à toute sorte de dissipa-
tions. Il parvint à se procurer quel -
ques ouvrages dont la lecture lui ins-
pira du goût pour la réforme ; et il
fut confirmé dans ses sentiments par
les conversations qu'il eut avec un
gentilhomme protestant. Il se rendit
donc à Genève, et s'y arrêta quelques
mois pour s'instruire à fond des prin-
cipes des réformés ; de là il vint à Lau-
sanne, où il fît profession de calvinis-
me, et épousa la fille de J. A. Guérin,
habile médecin chez lequel il était
logé. Retourné à Genève, en 16G0,
il y ouvrit une école pour l'en-
seignement de l'italien. Il commen-
ça, vers le même temps, à publier
quelques écrits satiriques contre l'E-
glise romaine , et mérita ainsi la
protection des magistrats. Il ob-
tint , en 167.4 , des lettres de bour-
geoisie qui lui furent expédiées gra-
tuitement ; et l'on a remarqué que
cette faveur n'avait été accordée à
personne avant lui. Quelques désa-
gréments que lui attira son penchant
pour la satire , l'obligèrent de quit-
ter Genève en 1679 ( i ). Il vint à
Paris ; et il eut l'honneur de présenter
à Louis XIV , un panégyrique , dé-
coré de ce titre pompeux: La Fama
gelosa délia Fortuna , etc. , Gex ,
1 680 , in-4^. ; mais il ne crut pas
devoir prolonger son séjour en
France , où les protestants étaient
déjà inquiétés , et il passa en Angle-
terre. Charles II l'accueillit avec
bonté, lui fit don d'une somme de
mille écus, et lui permit d'écrire
(1) I/intcmpérance de sa langue et de sa plu-
me, son goût pour l'iiivention, lui firent accuser
iit;iislenient plusieurs lainiMes Genevoises j son
JAvtllo polilico , VIlinerario, et le Vaticano
langvenLe , furent condamnés an f*^»» conirn»
contenant d's propobitions cojffi'res a 1 iitat, à
la Teiigion et aux itioeur*.... I«;ti lut en outre
cendainné à nne amende de cent éciis , etroMé
de Ja bouru-oisîe. Scnebier, HiSl. hH. de Ge»
nêpe, toiu. ii, f ag. o'io.
LET
l'histoire d'Angleterre : il se li/lta de
profiterdccette]>erini.s.si()n; maisson
ouvragecontenaildcstraitssaliriqiics
3ui dcpliuenl / et il revul l'onlre
e sortir du royaume. 11 se réfugia
' eu i()8*2, à Amsterdam ; et il obtint
I dans la suite le titre d'iiistoriogra plie
i de cette ville, où il mourut subife-
h ment, le 9 juin i-^oi. C'était un ceri-
^ vain infatigable; il travaillait douze
Retires par jour, et à plusieurs ou-
I iges à-la-fois (i) : il ii*est donc
j»as étonnant que ses productions
se ressentent de la précipitation
avec laquelle il les composait. Il
avait l'esprit vif et une imagina-
tion ardente ; cependant son style
est dilbis et si traînant, que Tira-
boschi conseille la lecture de ses
écrits aux personnes tourmentées
d'insomnie. On ne doit point y cher-
cher d'ailleurs la sincérité' ni Texac-
titudc ; les traits satiriques qu'il s'est
permis contre la cour de Rome et la
religion , sont la seule cause du prix
que quelques amateurs mettent encore
a des écrits si dignes de l'oubli ( Ti-
rahoschi Istor, letter, , tora. viii ,
f>age 387 ). Bayle , qui a beaucoup
oué Leti dans son Journal (2) , ne
le ménage pas dans sa corres2)on-
dance ; il le représente comme un
nouvel Arétin , cherchant à se rendre
redoutable par ses satires , et trafi-
qtiantdu blâme et de la louange (3).
(1) • J'ai toujours, dit-U Ini niême, troitou-
» »f«e»-» "fn ni*me tempa aiir le tp«tier 5 Je Ira-
a raiilu à un oiirra^a d<*ii> joiira Je suit'* , et
n j'emploie le trni»ièiiie à deux autiea prodiic-
n tien*. Lorcqiie ju manque de Méaioirei (>oiir
n UN oiiTtage, je troure d«:i» le* aiilret Je quoi
• m'otcuper en attendant. » Faut-il ôtre aur-
f ria , J'«pr>^f cela , qu'il ait mia au jour plua de
cent Toluniti'}
(a) Bayle le rroyait oblif;*^ Je minapeT Leti,
nomme tri^a-Jnnot teiix , il eit tout «inipl • aiiiti
^ti'il ait eu dea é^aida pour lui À U tonaidc-
»*iion de «on griidre , Leclrrc.
>>M Leii , dit Baylf, fit pliiticura Toyagea en
m»piie, dont il ne retint pat xaiia a»oir
•iimc qiielqu"a priniea ( L<tlr.n MluuloU )
À' raaaeuWt* daJ piécM inutile* j il ne aoMge
tRT 3|3
lia liste de ses ouvrages remplirait
plusieurs colonne» ; on la trouvera
dans les MéinoircsiViNiceronA^tis I©
])ict. de Cliaufepié,dans la llibl. script
toi\Medi()lanens. d'Argelati, et dans
Vllist, liUéraire de Genève. Notis
citerons seulement : 1. La rie de
Sixte- Quint , Lausanne , i (Àk) , i
loin, in-i'j; Amslcrd. 1O93, 17111 ,
3 vol. in- 1*2 : elle a été traduite en
français par l'abbé L. A. Lepelletier,
Paris, i685, 'i vol. in- 12. C'est le
plus répandu des ouvrages de Leti;
mais il y a inséré beaucoup d'anec-
dotes suspectes. ( rojez Sixte V. )
Leti rapporte lui-même, dans une
de ses letties, que madame la Dau-
phiiie lui ayant demandé, lorsqu'il
était en France, si tout ce qu'il
avait écrit dans ce livre , était vrai ,
il lui avait répondn qu'une chose
bien imaginée faisait beaucoup plus
de plaisir que la vérité quand ello
n'était pas mise dans un beau jour.
IL Vltalia régnante overo Descrit-
tione dello stuto présente di tutti
principaii e republiche d^Italia,
Genève, 1675, 4 vol. in-iii. III. La
Plta, etc. ( La vie de Philippe II, roi
d'Espagne, ) Cologne, 1679, 2 voL
in "4". ; traduite en français par de
Chevrières , Amstei'dam, 1734, &
vol. in-i'2. Elle est curieuse : mai»
on ne doit pas compter sur la vé-
racité de l'auteur, et il entremêla
ses récils de digressions fatigan-
tes. IV. Teatro Britannico overo
qit'i groifir l«a «nlume* , et A multiplier le*
F pitres drdicaioir^s Au MiAme ). luf Teatro Oal-
lico de I^eti parlât dcpuia quelque tenip*. J«
ne l'ai point pu encore parcourir : mai* je «aia,
par *e» autre* ouvrai;ea ,quecVal un rapsodfiur
et une plume tant Jicli prai>t<fue tenar , çnàrm
nwitia vert, à l'iiiattr du la Renommée II •
bi Ml eu tc<-our.ige, danaiou Teatro Br/gt'ro, d*
dira que rkiscaut et le Rhin p«M*ut par Rnttur
dam. {Lttire au uitiine. ) • Co darnitr trait aufTit
pour luire juger le >I«git> du cnoiiarice que l'«n
doit à t.iti : il ^tait aiir le* lieui ; il habtait l«
Uollandi quand il publiait uno beru ■ géograplii-
qme , que M U)*»i>dr« euLutt aurait ^m* uii<-v«r«
344
LET
Jstorla délia grande Britannla, Lon-
dres, 1682, 12 vol. in-4". ; Amstcrd.
3684, 5 vol. in- 12. L'édition de Lon-
dres est très-rare par la sévère sup-
pression qui en fut ordonnée. Bayle
dit que le style de cet ouvrage est
aise et sans affectation j et que les
choses y sont racontées avec une si
grande naivete', qu'on aura peut-être
de la peine à s'imaginer un jour que
l'auteur a fait imprimer cet ouvrage
pendant sa vie ( Now. de la Rép.
des lettres , avril iG84). V. // cere-
monlale historico et polit ico : opéra
utilissima à tutti gli amhasciatori,
Amsterd. i685 , 6 vol. in-12. L'in-
troduction contient des réflexions sar
les e'crits satiriques , et sur la ma-
nière dont les ambassadeurs doivent
les appre'cier. L'ouvrage commence
par un abrège d'histoire universelle ,
suivi de remarques sur les états mo-
dernes de l'Europe , leur population ,
leurs revenus , et enfin sur le ce'ré-
monial des diiïe'rentes cours. Bayle
en a donné une analyse très-piquante
dans son Journal, mars iG85. YL
Historia Genevrina , o sia historia
délia città e repuhlica di Ginevra,
Amsterd. 1686 , 5 vol. in-12. Sene-
Lier lui reproche de fabriquer des
pièces , et d'avoir supposé un ma-
nuscrit qu'il nomme de Frangins ,
qui sert de base à cette histoire pleine
de Irails satiriques. YII. La Monar-
chia universale del Re Luigi XIV,
ibid., 1689, '-* vol. in-12; trad. en
français la même année, 2 vol. in-i 2.
Il y exagère les forces et les dispo-
sitions de Louis XIV,qu'il représente
prct à envahir l'Europe ; c'était un
tort commun aux réfugiés. Un ano-
nyme lui répondit par : V Europe
ressuscitée du tombeau de M. Leii,
Utrecht, 1G90, in-12. VITL Teatro
Belgico^ overo Ritratti historici, po-
liticie geografici delîe setteProvin-
LET
cie unité, Amsterd. 1690^2 v. in-4°',
fi^.; ouvrage inexact et superficiel.
JX. Teatro Gallico^overo la Monar-
chia délia Real casa di Borhone in
Francia,dal 1 57 2 , Amsterd. 1691-
97 , 7 vol. iii-4". Cette histoire ne
mérite pas d'être lue; mais elle est
ornée de belles gravures qui la font
rechercher des curieux. X. La vie
d' Olivier Cromuell , ibid. , 1G92 ,
2 tom. in-8^. ; trad. en français, 1 694,
2 tom. in-12 : elle est pleine de faus-
setés. XL fie d' Elizaheth , reine
d'Angleterre, ib. i (393, 2 vol. in- 1 2 ;
traduiteenfrançais,ib., 1696, 1703.
XII. Vie de Pierre Giron, duc d Os~
sonne , PiMisi. , 1699, 3 vol. in-12 ;
traduite en français , Paris , 1 7 00 ,
3 vol. in-12 : elle est surchargée de
digressions inutiles. XIII. Vie de
V empereur Charles- Quint , Amster-
dam , 1700 , 4 tom. in-12 ; trad.
en français par les filles de Leti,
Amsterdam, 1 702; Bruxelles, 1 740,
4 vol. in-12, et en allemand par
Kabener, avec des notes intéressantes,
Leipzig , 1 7 1 2 , 3 vol. in-8". Pour
compléter cet article, on ne peut se
dispenser de faire connaître encore
quelques-unes des productions sati-
riques ou purementlittéraires de Leti ;
nous commencerons par les,satires:
I. Roma piangente, overo Dialogi
trà il Tevere e Roma Jjejde, i66(>,
in-i 2 ; traduit en français , Avignon ,
( GenèA^e ) , 1 666 , in- 1 2. II. Vita di
donna Olympia Maldachini, Raguse
( Genève ), 166G , in-12 : il publia ,
sous le nom supposédel'abbéGualdi,
cette satire écrite avec un emporte-
ment inexcusable;, lors même que les
faits qu'il raconte seraient authenti-
ques. Elle a été traduite en français,
par Renoult,Leyde, 16GG, in'i2, et
par Jourdan , avec des notes, Paris,
1770, 2 vol. in- 1 2. III. Il Nipotismo
di Roma ( Amsterd. ) 16G7 , in-12 ;
traduit en français , 1669 , a tom.
Uïri'x ; vt en laliii,wSln|n;.«r(l , i^>(m) ,
il»- l".l\ . UCivdinalismodiS. Chic-
i(i<>H,3voI. 'n\-\'}.. \.llSuuH-
", etc. , ou !<• SMulicat d'Alexan-
dre Vil, avec son voyage dansl'autre
nu Mille, i()(>8,in-i-j ; traduit enfran-
^ I ()()(), in- 1 '2. \\. Il putani mo
nano , con il nuovo parlutorin
c nwnac/ie, satîracomicadi Bal-
Sidianim, Bresciano, Londres
uève ), 1G75, in-i'i; rare. VII.
. imbasciata , etc. ( li'ainbassadc de
Ronudus aux Romains j)endant les
inccs du siège ), Bruxelles ( Gc-
), 1(371, 167(5, in- 1 '2. C'est un
'il de dillérentes pièces satiri-
> publiées pendant la tenue du
conclave qui suivit la mort de Clé-
ment IX. Ch. Grvphe attribue en-
core à Leti la continuation du Divor-
tio céleste de Ferrante Pallavicino.
( Foyez Pallavicino. ) Parmi ses
productions purement litte'raircs, on
citera : I. R. Bandila , Bologne, 1 653,
in-i'.i. C'est un discours présente à
racadcniic des humoristes à Rome,
et dans lequel il n'a point liiit en-
i Irer la lettre R. Deux Italiens s'e-
[ taient de'jà exerce's sur le même jeu
i d'esprit , l'un en i6i4 ( Voy. Car-
I Dom: ), l'autre en i633 ( Voyez
! Fidèle ). L'ouvrage de ce deruierest
en vers. II. Stragge di Riformati
innoceTit i,Gcnc\c, 166 1 ,in-4°. III.
// prodigio délia natura e délia gra-
' lia, poèma eroïco , Amsterdam ,
; 169 >, iu-fol. Ce poème, compose'
i en l'honneur du prince d'Orange ,
I est orne de cinquante gravures , qui
en font le principal mérite. W, Gli
amori, etc. ( Les amours de Charles
de Gonzague duc de Mantouc, et de
Marguerite, comtesse de Rovere ),
Raguse, i6(36, in- 1*2. Il a publié ce
roman licencieux , sous le nom de
Giulio Gapocada; traduit eu français
LKT 34s
C Hollande ) , iei()6, in-ic». V. Cii-
tifpte historitpir , ptdititpie , morale^
économitpic cl cnviiqin' sur les lote-
ries anciennes et niod^^rncs , spiri-
tuelles et temporelles des FAuts et
des Eglises. Amstcrd., i()97, 2 v«)l.
in-i'jt. Ol ouvrage a d'abord paru
en italien ; mais la traduction frafi-
çaise est plus recherchée que l'origi-
nal, [jcti , en traitant un sujet qui
paraît être purement spéculatif , a
trouvé le moyen de distribuer des
injures à un grand nombre de per-
sonnes et d'accroître encore ses enne-
mis. Ricotier ])ublia une réfuta-
tion de cet ouvrage sous le titre de
Considérations sur la Critirpie des
loteries^ etc. ( Voy. Ricotier. ) Elle
fut réimprimée à la suite de l'ouvrage
de Leti , auquel on ajouta un por-
trait de l'auteur , habillé en moine ;
])laisaiiterie qui l'affligea beaucouj>.
Vl. Lettere sopra dijjcrente matericy
Amsterd. 1700 , 9. loin. in-8^. ("/est
un recueil de lettres qui lui avaient
été écrites par plusieurs persomics
de distinction , et qu'd publia en y
joignant une préface dans laquelle il
s'efforce de se justifier des reprocln*5
que Ricotier lui avait faits. CA'lui-ci
lui répliqua à son t(»ur par des Rè-
jlexions sur la dernière Préface de
Leti, etc. On peut consulter, pour
plus de détails, V Eloge de Leti ,
par J. Leclerc , sou gendre , dans
le Dictionn. de Moréri, édition de
Hollande; les Mémoires de Niceron,
tomes '2 et 10, ou le Dictionn. de
Chanfepié. W-s.
LRÏO ( GiuuoPoMPONio. ) Foy,
PoMPONIUS.
LÉTOÎLE. Foyez Eron^E.
LETOURNEUR( Pierre). Foy.
Tourneur ( Le )
LETOURxNEUR CHARLEs-Louir-
François-Hongré ).néà (iranville,
eu Basse - Normandie , eu 1731 ,
346 LET
dans une famille bourgeoise, fit de
bonnes études, surtout dans les scien-
ces mathématiques , et entra , en
1768, dans le génie militaire. Il y
avait obtenu le grade de capitaine
avec la croix de Saint - Louis , et
était employé à Cherbourg , lors-
que la révolution commença : il s'en
déclara partisan , et fut député , en
1791, à l'assemblée législative, et
en ï 792 , à la Convention , par le
département de la Manche. On le
remarqua peu dans la première de
ces assemblées, où il fit quelques rap-
ports sur la marine. Après le 10
août, on le chargea des travaux du
camp sous Paris. Il s'occupa ensuite,
dansles comités dontil était membre,
de divers rappoi-ts et projets de lois
militaires ; et fut regardé dans cette
partie comme l'auxiliaire de Garnot ,
son camarade et son collègue. En-
voyé en mission à l'armée des Py-
rénées, au commencement de la
guerre , il parvint à la réorganiser ,
et Ini fit reprendre l'offensive. Dans
le procès de Louis XVI , il vota
avec les Girondins ( /^o/.Guadet ),
pour l'appel au peuple, pour la
mort , et contre le sursis. Il est per-
mis de croire , d'après son caractère
connu , que la crainte eut beaucoup
de part à ces deux derniers vo-
tes. On n'a reproché à Letourneur
dans ses missions, aucune des cruau-
tés dont un si grand nombre de ses
collègues se rendirent coupables. Il
carda le silence pendant la tyrannie
de Robespierre ; et , après le 9
thermidor, il reprit ses travaux, et
fit adopter, au mois de janvier 1795,
un nouveau système pour l'arme du
génie militaire. Il paraissait suivre
alors des principes modérés: mais
la réaction qui poursuivait les con-
ventionnels, le rejeta dans le parti
de cette assemblée. Lors de l'iusur-
LET
rection des habitants de Paris, à
l'époque du i3 vendémiaire ( 4 oc-
tobre 1795 ), il fit décréter que qui-
conque sortirait de sa commune
avec un passeport des sections , se-
rait considéré comme un de leurs
agents , et puni de mort. Au mois
d'octobre suivant, il fut nomme-
membre du directoire exécutif • et
sur ce nouveau théâtre , il ne fit
guère parler de lui qu'au momeni
où il s'en éloigna, en 1797. On a
dit que, séduit par les dédommage-
ments que ses collègues lui offrirent,
il voulut bien consentir à ce que h
sort qui devait faire rentrer l'un d'eu^i
dans la vie privée portât sur lui
telle fut, au moins alors , l'opinioi
générale. Ses collègues le nomme
rent inspecteur- général de l'artil
lerie, et, plus tard, l'un des pléni
potentiaires , pour négocier la pal:
avec l'Angleterre. Après la révo
lution du 18 fructidor ( 4 septem
bre 1 797 ) , ses liaisons avec Carno
le firent rappeler ; et , comme mili
taire , il cessa d'être en activité. Ei
t8oo, lors de l'établissement de
préfectures , le gouvernement consu
laire le nomma à celle de la Loire
Inférieure; mais Buonaparte,deven
empereur, l'éloigna de cette plac
à la suite de quelques discussion
d'intérêt particulier. En 1810, il d(
vint maître des comptes, et en reml
plit les fonctions jusqu'à la premier |
restauration. Il fut destitué à cetlj;
époque; mais le Roi lui fit une peiiji
sion de 8000 fr. Au retour de Buci
naparte, il s'empressa de reprendi»
sa place de maître des comptes , <|
fut banni , en 1 8 1 6 , comme régicid j;
Letourneur est mort à Lncken, prcl
Bruxelles, le 4 octobre 181 7. B-i
LETOURJN EUX ( Nicolas )
prieur de Villers-sur-Fère , naquit «
Rouen ^le 3o avril i64o , de pareui
Î.ET
pauvres , et dut le bienfait de son
' itiuiià M. Dufossr, inailrc des
ptcs à Rouen ,(jui l'envoya e'iu-
.1 Paris au eollege des Jésuites,
s avoir aelieve sa pliilosopliic
uuv (irassins , il retourna à Rouen ,
où il fut oi*donne pritre à wà ans,
nuis employé dans le niinisli re de
M prédication , dont il s'acquitta
succès. On lui i)rocura deux
s bénéfices , et il obtint une
ion du roi. Au bout de quel-
années, il quitta la place de
ne , qu'il occupait dans une
j-didisse de Rouen, et vint vivre à
Paris dans la retraite. 11 paraît qu'il
uissi à Port-Royal, où il avait
oites liaisons. Son dessein était
r condamner pour toujours au
c : mais Lemaistre de Sacy
. igca à reparaître dans la chaire,
urneux prêcha donc dans plu-
s églises, où il fut très-suivi.
uût de la retraite le conduisit
- le Maine, et enfin à son prieuré
illers, où il passa ses dernières
os : il mourut à Paris, en iG8().
iirneui avait composé entre
s ouvrages : Le Catéchisme de
riitence^ 1 676, in-i 2; — Princi-
t règles de la vie chrétienne y
S, in-i 2 ; -Explication littéraire
>rale de V Epitre de Saint-Paul
Romains , 1 (V) j , in- 1 u ; — La
de Jésus-Christ ; — La meil-
Manière d'entendre la Mes-
, et une Traduction du Bre-
\viaire : cette traduction fut censurée
'^"- une sentence de l'ofRcial de Pa-
in 10 avril i088,et Arnauld en
M'iiL la défense. Mais le principal
I ouvTage de Letourneux est son Jkn-
cltrétienne, qu'il faisait impri-
lorsqu'il momut , et dont le»
iors volumes sont du flamand
il d'Ans. Ce livre a été condamné
ë Komç sous InooocntXII, le 17
III 3ii
septembre iGpi , et par plusieurs
évècpirs français ; et les amis de l'au-
teur (onviennenl «jue sa doctrine est
la même (pie celle d<'(hiesnel. On a
de Lelourneux une lettre pour sa
justification, datée du 19 mai ^i\H(\,
Il y disait qu'il n'était |)oint re-
tourné à Port-Royal depuis sa sortie
de cette mais{;n, et qu'il ne s'était
point servi , dans son y/nnée chré-
tienne , de I.T \ersion du Missel d©
Voisin , ni de relie du Nouveau-
Testament de Mons. Toutefois son
ouvrage renferme beaucoup de cho-
ses inexactes; et c'est pour le faire
oublier que Griflet a composé sou
Année du ch-étim. P-c-t.
LETOURNOIS ( Nicolas ) , bé-
nédictin , naquit au Havre , le 11
février 1677. vSon goût pour la navi-
gation le détermina d'abt)rd à em-
brasser cet état; mais à l'âge de
vingt-cinq ans, il s'en dégoûta , d'a-
près les dangers imminents auxquels
il fut exposé dans son dernier voya-
ge. A son retour, ayant repris ses
humanités , il réalisa le vœu qu'il
avait formé de se faire religieux de
la congrégation de St.-Manr, et se
rendit à l'abbaye de Lire. Ses progrès
furent si rapidcs^ dans l'étude des
langues , qu'il forma le projet d'un
Dictionnaire des langues hébraïque,
chaldaique , syriaque, ^rabe , grec-
que, latine eWrançaise, qu'il n'a pas
terminé, et qui est resté manuscrit ,
peut-être par une obéissance trop
illimitée envers ses supérieurs , qui
désirèrent qu'il achevât le Lexicon
hehrdicum et chaldœo - biblicum ,
commencé par dom Pierre Guarin,
et qui n'était encore qu'à la lettie
Meni inclusivement. D. liCtournois
termina ce savant ouvrage, qui for-
me 2 vol. 'ïu-\". ; mais il ne put
en voir la publication ( r, Gibab-
DET ) , élant mort à l'abbaye de St.-
345
LET
Denis, le 3i dëceinLre 174 t. La
connaissance des langues anciennes
avait mis ce religienx en état d'ex-
pliquer d'une manière satisfaisante
Jes deux versets du psaume G"]
Ejcurgat Deas , sur lesquels les
interprètes se sont tant exercés. Z.
LETROSNE ( Glill a itme-Fr an-
cois ), ancien avocat du roi, et son
conseiller honoraire au bailliage et
pre'sidial d'Orléans, membre de la
société d'agriculture de la même
ville, et honoraire de celle de Berne,
îiaquit à Orléans le 1 3 octobre j'j'iS.
Son père , homme recommandable ,
était conseiller à la même cour. Le
jeune Letrosne manifesta de bonne
heure beaucoup de justesse d'esprit ,
un penchant naturel à la bienfai-
sance et à l'équité, Poîhier fut le
modèle qu'il se proposa ; et l 'exem-
ple, plus encore que les leçons de ce
«avant jurisconsulte , l'enflamma
d'ime noble émulation. Il fut instal-
lé, en 1753 , dans l'office d'avocat
du roi; magistrature qu'il exerça
d'une manière brillante pendant
vijigt-deux années. Parmi plusieurs
de ses ouvrages , où l'on remarque
«ne connaissance très -étendue du
droit naturel , du droit civil et du
droit public, on distingue surtout
un Discours publié en 1777, qui a
nn rapport pUis intime avec les de-
voirs de sa charge : fl y faisait
voir les inconvénients de la juris-
prudence alors existante sur la pu-
nition des crimes , et il indiquait
les moyens de corriger cette partie
importante de notre législation. A-
vant lui , Servan avait démontré la
nécessité de cette réforme ; et l'on
sait que plus tard l'usage barbare
de la question fut aboli par Louis
XVI, ainsi que la loi portant peine
de mort contre les déserteurs. Les
administrations provinciales étaijlies
LET
ou plutôt essayées avec succjîs clans
quelques provinces , avant que l'ou-
vrage de M. Letrosne sur ce sujet
eut paru, n'avaient pas été conçues
sur un plan aussi vaste que le sien.
Ilfait un tableau séduisant de ces
conseils d'administration , « qui
» trouveraient, dit-il, leur intérêt
» particulier dans l'intérêt jmblic et
» commun. » Quoiqu'on ait accusé
les économistes de dédaigner les ta-
lents agréables et les beaux-arts,
le style élégant et fleuri de M. Le-
trosne prouve qu'il avait aimé et
cultivé les lettres. Lié avec Turgot
et Gondillac, dont il a quelquefois
combattu les opinions; avec Ger-
bier , l'abbé Beaudeau , etc. , il
avait conçu pour l'abbé de Reyrac ,
son compatriote , une amitié parti-
culière ; et l'auteur de V Hymne au
Soleil venait souvent consulter le
magistrat sur ses compositions lit-
téraires. Letrosne mourut à Paris, le
26 mai 1 780. On a de lui : I. Me-
thodica juris naturalis cum jure
civilicMatio, 1700, in-4^. IL Dis-
cours sur le droit des gens et sur
Vétat politique de V Euroj)e , Ams-
terdam ( Paris ) , 1 762 , in- 1 1, III.
Discours sur l'état actuel de la ma-
gistrature , Paris ( Orléans ), 1 764 ,
in-i'2. IV. Mémoire sur les va-
gabonds et sur les mendiants ,
Soissons (Paris), 1764, in-S**. Y.
La liberté du commerce des grains,
toujours utile et jamais nuisible ,
Paris, i764;ibid., 1765, in-12. VI.
Suite de la dispute sur la concur-
rence de la navigation étrangère
pour la voiture de nos grains, Paris ,
1765, in- 12. VIL Recueil de plu-
sieurs morceaux économiques , etc.
Amsterdam ( Paris ) , 1 768 , in-i 2.
On y trouve une Leltve à M. Roux^-
lin , sur l'utilité des discussions écor
nomiques. VUI. Lettre à un ami
LET
snr hs avantages de la liberté du
des grains , et le Jauger
itions^ Anislml. (Paris),
». iii-ri. ly^. Df! l' Ordre so-
l*aris, 1777, iii-8^. — De l'in-
socmly suile du mcnie ouvrnp;c,
, i(>l il est ordinaireiiu'iit rciiiii :
rautnir y (iisrutc qiiolquos principes
de Coiuliilac. X. Mémoire contre la
caisse de Poi.ji/, ( Paris ) 1770,
iu-i!2. XI. Eloge Idstnriqiœ de M.
Pot hier, 1773, in- 1 '2. XII. f^ues sur
' Ktice criminelle , Paris, 1777,
. XIII. Les Effets de l'im-
indirect prouvés par les deux
iples de la. gabelle et du tabac,
yParis) 1770, in-i7.; reimprinjc
en 1777 sous co titre: E.iamen de
ce que coûtent an roi et à la nation
la iiabelle et le tabac. XIV. Hé-
ins politiques sur la guerre ac-
.' de V Angleterre avec ses co-
V , et sur l'état de la Russie ,
iiis, 1777, in-8°. XV. lAitti^
les laboureiues de Noisj près
ailles , ( Paris ) 1777 , in-B'^.
I. De V Administration provin-
, et de la Héforme de l'impôt,
I d'une Dissertation sur la Jéo-
'é, Bàle, 1779, in-4".; ouvrage
ortant, composé en 1775, cou-
ironiié par l'académie de Toulouse ,
'et lunt l'iiuteur avait publié ie Dis-
s préliminaire à Orléans, 1777,
'. : il y donna ensuite des addi-
> . XV i I. Mémoires , consulta-
^ , actes de notoriété et délibé-
>n sur la question du jeu de
et le sens tfc, l'article 7 de la
lime d'Orléans, Orléans, 1780,
' Letrosnc fut avec Roubaud,
illion, etc., un des coUabora-
> du Journal d'ugiicuiture, com-
<c et fuuniccs , Paris, 1779,
vol. iu-r>,. l\ a fourni beaii-
i> d'articles aux Ephéméridcs du
^^/l(V.B4U0EAL . D-l J.
LErrSOMf .Tr AN Coaklf.y), mé-
decin anglais , d'une famille de qua-
kers , onp;inaire du (llirshire , qui
émip;ra j)endant \os gueriTs rivilcs ,
naquit vers 17/17 f^^"s une pelilc îlo
située près de la Tortola, dans le»
parap;es de Saint - Domiiic;ue. De»
i'àgc de six ans, il fut envoyé' en
Angleterre , pour son éducation,
La mort de son père le força de se
rendre dans son ])aysnatTl, afin d'y
régler les affaires d'une succession ,
qui lui devint onéreuse par son ex-
cessif désintéressement. Firièle aux
généreux principes des quakers , il
donna la liberté à totîs sf»s nègres-,
revint en Europe à I \ingt-
troisans, etcompléf- ^dans
les universités d'Ediml)our^ , de
Paris et de Leyde. Reçu doct/?nr daris
cette dernière ville, il voyagea danis
une grande jwrfie de l'Europe , et
revint , en 1 7fk) , s'e'lablir à Lond rrs,
où ses talents , l'appui du doc'our
Fothergill , et son attachement aux
quakers , avec lesquels cepèttda.it il
se brouilla vers la fin de sa vie, Uii
firent obtenir une ])ratique nom-
breuse. Il fut reçu . à celle <^])Oquo ,
membre delà Société des antiquaires,
et admis , en 1771,3 la Soriélé
royale. Il devint , dans la suite ,
mcmbie honoraire de ])resque toute*
les Sociétés de médecine anglaises
ou étrangères. L'étude de la mé-
decine , de la botanique et de la
chimie , occupait tour-à-tour les
moments qu'il ne consacrait pas à U
pratique. Aussi acquit -il , en peu
de temps , une grande résiliation et
une fortune cou ' ' • , qu'il em-
ployait au soûl. (Sjnalheu-
reux , soit en ks traitant gratuite»
ment, et en Uv> secourant même de
sa bourse, soit en formant des ins-
titutions de charité. Hélait eu cor-
icspoudauce avec les snviiuti lc<
35o
LET
plus distingués d'Europe et d'Amé-
rique , et reçut , en 1 8 1 5 , de la cour
dé chancellerie , des domaines consi-
dérables situés dans l'île de Tortola ,
et évalués à un revenu de vingt mille
Iivressterling.il mourut, à Londres,
le i^"^. novembre de la même année.
Onadelui : I. Obseivalionesadhisto-
riamtheœ pertinentes. Leyde, 1769,
in-4". Il- Histoire naturelle de V ar-
bre à thé, avec des observations sur
les qualités médicales du thé , et sur
les eZ/ef^; Londres, 177*2 , in-4".,
fig. , en Angl, , tr. en français , Paris ,
1773, in- 1 '2. Cet ouvrage est estimé ;
l'auteur s'y élève avec force contre
l'usage du thé. La dernière édition
est accompagnée de gravures colo-
riées, in. Le Compagnon du natu-
raliste et du voyageur ; contenant
des instructions pour recueillir et
conserver les objets d'histoire na-
turelle, in-8**. , 1772; il en a été
publié une troisième édition en 1 800 ,
et une trad. française intitulée : Le
P^ojageur naturaliste. {F. Lezay. )
IV. Réflexions surletî'aitement géné-
ral et la guérison des fièvres, in-8^. ,
1772. V. Mémoires sur la médecine
du dispensaire général de Londres ,
in-8<*. , 1 7 7 4 ; trad. en français, Haris,
1787 ,in-8o. VI. Améliorations de
la médecine à Londres , basée sur
le bien public, in-8<^. , 1 775.VII. Ob^
servations préparatoires à l'usage
des remèdes du docteur Mayerbach,
in-8^. , 1 776. Ce docteur eut de vio-
lentes discussions avec Lettsora , sur
la manière de traiter certaines ma-
ladies. VIII. Lettre à sir Robert
Barker et à George Stackpoole sur
V inoculation générale, in-8^. ,1778.
ÏX, Histoire de V Origine de la mé-
decine , et de son état avant la
guerre de Troie: Discours prononcé
devant la Sociétéroyale de Londres,
in-4**., 17 78. X. Observations sur
LET
les Remarques faites par le baron
Dimsdale suri inoculation, in-8'\ ,
1779. XL Réponse à l'Examen des
Observations du docteur Lettsom ,
p^r M. le ba^on Dimsdale , in-8^.
l'j'jg.Wl.ConsidérationsurleFlari
proposé pour inoculer chez eux la
pauv 'es de Londres , in-8''., 1779
XIII. Observations sur le Plan p^o
posé pour établir une société du dis
pensai^e , et une société médicale
et des formules de médicaments par
ticulièrement appropriés à l'usagi
des pauvres, in-S**. , 1779. XIV
Hortus W/tommsis, ou Catalogue de
plantes du docteur Fotlicrgill , in-8'\
1780. XV. Lettre au Roi, ausuje
de la proposition d'une nouvell
Institution dans le départemen
médical, in-4*'. , 1 78 1 . XVI. Nolic
biograpldque sur le capitaine J. Cai
ver, in-8«. , 1781. XVII. Wotic
sur le docteur j. Fotherglll, in-8^.
1783. XVIII. Défense de la cor
duite du docteur Lettsom, relative
ment à V administration élective d
dispensaire de Finsburg , in-S**.
1786. XIX. Sur la culture i
l'usage de la racine de diseti
( Mangel JVurzel ) , traduit du frar
çais de l'abbé Commerell , in-8'*.
1787. XX . Observations sur les di.
sections humaines , in-S^. , 178^
XXL Histoire de quelques-uns di
effets de l'ivrognerie J m-/\^. , 178^
XXII. Essai sur' les malheurs d
pauvre , in-8<*. , i794- XXIIL E
sai sur la jaunisse des écoles
in-80. , 1795. XXIV. Essai poL
la Fondation d'une Société de biei
faisance, in-S**. , 1 796. XXV. Essi
ou Projet pour répandre la bier\
faisance, la tempérance et lasciena
médicale, in-8'^. j, de 1797 à i8oij
XXVI. Observations sur la Pers
cation religieuse , in-8^. , iSod
XXVII. La Société de village ^ E
ir»i
bns
T.Frr
,iu^^, 1800. XXVIII. Ohser-
">ns SU' la petite vérole. 'ii\-S*\ ,
. Lcttsoiua fail, en outre, iu-
|>liisiciirs morceaux nirieux
les Tr.insaclioiis |)hiloM)jihi-
(l dans les Recueils des sociétés
Iccine , de Londres , de Bat h ,
afin , il a publie une Echelle
i(é(on singulière, pour faire
itre les elfets des liquides sur
lie de riionnne, et les suites
[ui résultent des excès de boisson.
I rc>.iilait une partie de l'année
>a cliarmautc terre de Grove-
près Camberwcll , «pli a été
'hante'c par M. Maurice dans un
^ lequi porte ce nom. Les beau-
ce lieu , et les vertus du pro-
i re, ont encore été' célébrées par
^cot et Joncs Boswell. D-z-s,
LEU (Thomas de ), dcssîjiateur
■t 2;raveur au burin , né à Paris vers
.a gravé une quantité considé-
dc portraits des personnages
: l'S de son temps , exécutés
ie goût de Wicrix. Ils sont en
le partie d'après ses dessins;
I es sont d'après les peintres de
laps , tels que Bunel , Garon ,
. Quenel , etc. Tous les acces-
sonl exécutés avec une extrême
1 ii(^>e et une ])ropreté exquise. La
l'lu^>art de ses pièces sont marquées
tas ou Thom. de Leu fec. et
i'irmiles portraits qu'il a gra-
après ses propres dessins, on
;j,ue Henri de Bourbon , prince
;idéj âgé de 9 ans , 1 59 j ; Ce-
^lonsieur^ âgé de 5 ans ; Hen-
l ; Marie Stuari ; Charles de
''on , comte de Soissons ; Fran-
/<? Bourbon , prince de Conli ;
, duc de Jojeuse^ 1087 ;
cois de Lesdi^uières f 159O;
lesde Biron; Charles de Gon-
' , duc de Nivernois ; Charles
^^e Lorraine , duc de Maicnne ; le
T.ET 35 1
connétable Henri de Mnntmorenci,
<;t Louise de Biules, sa femme; J.
Passerat, représenté de profil, parce
qu'il était borgne ; Marie de Médicis,
etc. 11 a gravé, d'après Bunel , un
buste de Henri IT; et d'après! Lio-
nel , un buste accouple de Henri IK
et de Marie de Médicis, etc. Kn-
(in, on lui doit une f'ie de Sainl-
Francois, en vingt-cinq pièces. P-s.
LEU ( Jean-Jacques ) , né à Zu-
ricjle 'M) janvier 1G89, y mourut
le I o novembre 1 768. Il fit ses éludes
dans sa patrie, et ensuite à Mar-
bourg. Après avoir accompagne le
célèbre Schcuchzer dans son qua-
trième voyage de Suisse , il voya-
gea en France, en Allemagne et
dans les Pays-Bas. De retour dans
sa patrie, il fut nommé chancelier ,
en 1729. Ayant parcouru les dilïé-
rents degrés de magistrature, et scr\ i
l'état, dans SCS relations fédérales non
moins que dans différentes négocia-
tions avec les états voisins , U fut
nommé, en 1759, bourguemestre de
Zurich. Pendant son séjour à Mar-
bourg , il publia sa Dissertation De
pluralitate su/fragiorum in cousis
religionis, 1708, in-4"^. En 17'2'Jt,
il fit paraître un Commentaire
sur la Hèpublique des SiUsses , de
Simler , le meilleur abrégé qu'on
ait eu sur les constitutions de l'an-
cienne confédération helvétique. De
17U7 à I7'|6, parut son ouvrage (en
4 vol. in-4^.) jSur les loi$ desdijfé-
rents cantons suisses, rangées dljns
l'ordre des Institutcs de Justinien.
L'ouvrage le plus considérable et
le plus im])ortant qu'il ait donné,
est son Dictionnaire uni\>ersel de
la Suisse y publié en 20 vol. in-
4**., depuis 174^ juscpi'en 17(33.
(>etle collçction renferme les ?naté-
riaux les plus riches sur l'histoire
civile, eccUsiastique, naturelle , to-
;j2
LET
pographique , littéraire , généalo-
gique, etc. des différentes parties de
cette contrée. Elle a ëtc augmentée ,
depuis , de cinq volumes de supplé-
ment, rédiges par Holsbak, qui se
terminent à la lettre S, et qui ont
paru à Zurich, en allemand, comme
le grand ouvrage lui-même, de 1 786 a
1791. Leu a encore laissé un nom-
bre considérable de manuscrits re-
latifs à riiistoire de sa patrie. Cette
collection a été' conliniiëe et augmen-
tée par son fils , Jean Leu, qui l'a lé-
guée à la bibliothèque de la ville de
Zurich. Ce dernier fut conseiller et
mourut en 178'^. U-i.
LEUCHT ( Christian (i) -LÉo-
WARD ) , jurisconsulte , né en i645 ,
à Arnstadt , dans la Thuringe , fré-
quenta successivement les universités
de Leipzig , de Giessen et de léna ,
et reçut ses degrés avec beaucoup de
distinction. 11 se fixa ensuite à Dresde ,
où il acquit bientôt une grande répu-
tation dans la pratique du droit. Il
devint, en 1 683, conseiller ducomte
do Reus ; et , cinq ans après , il ob-
tint le même titre de l'ortlre éques-
tre de Franconic et du comte de Lim-
bourg.L'empereurLéopoldrhonora^,
en 1690 , delà dignité de comte pa-
latin , pour le récompenser de la
description qu'il avait faite de la cé-
rémonie de son couronnement ; et ,
peu de temps après , Leucht fut ap-
jielé à Nuremberg , pour y remplir
les fonctions de conseiller et d'asses-
seur au tribunal civil. Il se démit de
cet emploi , en i G99 , à raison de sa
mauvaise santé : mais il continua de
se livrer avec beaucoup d'ardeur au
travail du cabinet, et moment à
Nuremberg, le 24 novembre 17 16.
C'était un homme instruit et
laborieux j on lui doit de bonnes
(i) Quelques bioç>r«plies le nomment Cbisto-
pbe; mais il paraît que c'est une erreur occa-
ftiouéeparla resseuibUnce de l'abrévialion.
LEÎ
éditions de plusieurs ouvrages de ju-
risprudence, et des recueils très-inté-
ressants pour l'histoire du droit pu
blic de l'Allemagne. On se conteiUen
de citer ; I. Electio jiiris publid
curiosa, Francfort, 1694, in-4<*
Il a publié ce volume sous le nom di
Cassandre Thucelius, anagrammedi
Leuchîius. 11. Europœïsche Staais
canzley , c'est-à-dire, Chancollerii
des états européens. C'est une coUcc
tion de tous les actes importants pu
bliésparles ditFérentes cours. Leuch
en lit paraître le premier volume
à Nuremberg , en 1697 , in-S*'. sou
le nom di Antoine Faber; et elle ,
été continuée jusqu'en 1760, pa
Paul - Laurent Widmann et Jean
Charles Kœnig , prolesseurs à Mai
bourg. Cette première coUectio
forme ii5 vohimcs in-8°.,dont le
1 6 premiers seulementapparlienner
a Leucht. Le sénateur Gritsch ,
Ratisljonnc , à donné , en 55 vol.
une première continuation, jusqn'
1782 • la deuxième suite , publiée
Ulm , par J.-A. Reuss , depuis 1 78"
a déjà plus de 5o volumes. III. Al
dorjina consilia sive responsa ji
ris y Nuremberg , 1 704 , /-i volum<
in-fol. C'est le recueil des consult;
lions des plus fameux jurisconsult<
de l'académie d'Altdorf : Conré
Riltershus , André Dinner , Hen
Linckens , etc. IV. Des heil. Roi
Reichs Staatsacta, etc., c'est-à-di
les Actes publics du Saint- Empi
romain pendant le dix-huitième si
cle , Francfort, 1715-17, 3 vc
in-fol. , sous le nom de Cass. Thi
celius. Leucht mourut pendant l'ii
pression du troisième volume , q
fut terminé par Bielck , de qui l't
attendait une continuation. W-s.
LEUCIPPE , fameux philosopl
grec , était né à Abdère ( i ) vers 1'
(1) Un ue s'accord&it pas sur le U«;u d«
LRTÎ
Vo nvnnt Jrsiis-rjirisl. Il avait
suivant l.mil»li(iHr , mtoiulrc,
^ S.1 jonnrssc , les leçons do Py-
iha^orr: il fut le disriplcdo Mclisse
♦ t (le Zenon (l'F.lcV ; mais il se rle-
t bientôt des sopliisnies de ses
I es , et il s'appli<jua entièrement
idede la nature. ()nlerep;arde,
i;eneralement, comme l'inven-
lii système des atomes , qui fut
jxMicrlionne' par Dc'mocrite , sou
dis( iple, el ensuite parEjùcnre. Pos-
lius s'cfi'orça de lui ravir cette
< pour en faire honneur à Mos-
. philosophe phénicien , qui
it, dit-on, avant le siège de
•; et E])icure, bien loin d'a-
r qu'il avait profite de ses idées ,
liait que Leiicippe était nu per-
iÇ!;e imaginaire. Les livres que
' i ilosophe avait composés ne sont
|;m,,iI parvenus jusqu'à nous ; et leur
perte empêchera qu'on puisse jamais
bien connaître rensembic de son sys-
tème : ce que nous en savons , nous
aéfé transmis parDiogènedcLaercc,
et peut se réduire à un petit nom-
bre de propositions : Le monde est
infini , et sujet à des modifications
continuelles. — L'Univers est vide ,
c\ les globes sont formés par les
ics ou corpuscules qui s accro-
!... lenten tombant dans l'espace. —
Le soleil parcourt le plus grand cer-
' ' lutour de la lune. — La terre ,
M-e comme dans un charriot ,
Moiirne autour du centre (i),etc.
mce Diogi'n* de Lierc* dit que Leucippe
i hiée, d'Abdère ou de Milet.
Moiitncla a été frappé do cette idée de
;ipc qui lemble atoir deviné le monvem-nt
t!ire autour de «on axe. A la vérité, ajoute-
» il «Mit dei leotimenti austi abiurdet que
;u'on lui impute (iir d'autre* point* attro-
q'ie» , c'e«t un •uftraf'e dont le «ratéme py-
■ricien doit peti «'honorer; car ou lui fait
',ue la terre arait la forme d'un tambour,
■ «oleil était le plu* éloigné du* a*trc*, etc.
• û nous avion* le* ouvrage* de Le pliili>*o-
, non* trouverion* pi-ut-étre ce récit peu fi-
( Hist dei Mathtmat. toia. ler. paj;. i47- ;
X*IV.
LEU 3J3
Lactance a réfuté, avec benuroup
de ft»rce l'hypothèse de Leucippe
sur la formation des globes au
moyen des atomes (Institut. (Inûrinr,
Vu), m , ch. xvii ). Fi'abbé Halteux.
en a fait sentir les incoiiséipiences
et l'absurdité dans un Mémoire sur
le j)iincipe actif de l'univers ( Re-
cueil (le l\'1cad. des inscript. Tom.
XXIX ), qu'il a refondu ensuite dans
son Histoire des causes premières.
Bayle , suivant sa méthode , a re-
cueilli les arguments pour et contre
le système de Leucippe, cl en propose
de nouveaux en sa faveur. ( Voy. le
Dict. de Bayle. ) W— s.
LEUCKFELD ( Jean-Gkoroe ) ,
historien allemand , né en i(>(J8 , à
Hcringen dans la Thuringe, de cul-
tivateurs aisés, mais qui n'attachaient
aucun prix à l'instruction , savait à
peine lire à l'agc de quinze ans. Son
père étant mort , il obtint , à force
d'instaurés , la permission de com-
mencer ses études. Il apprit en foit
peu de temps le latin; et il fréquenta
ensuite les cours des académies de
Quedlinbourg et de Leipzig, où il ga-
gnait sa vie en corrigeant des épreu-
ves pour les imprimeurs. Il prit,
enfin , ses degrés en théologie. L'ab-
besse de Gandersheim le choisit pour
son chapelain en i7oo,et le chargea
de mettre en ordre les archives de
l'abbaye. Son goût naturel le por-
tait à l'étude de l'histoire du moyen
âge; et il s'estima très-heureux d'être
obligé de déchilïrer et d'analyser
de vieilles chartes , échapj)ées aux:
recherches de tous les compilateurs.
Il fut appelé, en 170.4 , au pastoral
de (ïrœningen , dans la principauté
de Halberstadt ; et dès-lors il parta-
gea son temps entre les devoirs de sa
charge et l'élude des monuments his-
tori(pies. Il mourut le '2^ avril 1 7'i6.
Lcuckfcld a beaucoup contribué, par
.*3
3'->4 LEU
ses reclierclies , à ëclaircir l'Histoire
«cclësiastique d'Allemagne; mais ses
ouvrages ne sont guère connus dans
les autres pays , parce qu'ils sont
écrits en allemand. On a de lui :
I. Les Antiquités de Walckenred ,
du monastère de Poëld , de rab]3aye
de Gandersheim , d'IIseburg, de Mi-
di aelstein , de Grœningen, de Burs-
felden, de Ringelheimen , de Nor-
tlifiimen , de Katelenbourg , Kalten-
born et Wienhus , de Halbcrstadt ,
de Blankenbourg , etc. , en i5 vol.
in-4^. , publies de 1705 à 1721.
II. Les Fies de Tileman Hesbus ,
de Cyriaque et de Jean Spangen-
berg, de Henri Meibom, savants
tbe'ologiens allemands. in. La Notice
de cinquante-cinq théologiens, morts
dans la cinquante-cinquième année
de leur âge ; et de soixante dix-neuf
autres qui ont vécu de quatre-vingt à
quatre-vingt-dix ans. IV. Les Antiqui-
tés numismatiques , Leipzig, 1721-
Si3 , 3 vol. in-^**. Cet ouvrage n'est
relatif qu'aux anciennes monnaies de
l'Allemagne. Leuckfeld a c'tëen outre
l'ëditeur de Y Itinéraire de l'Ecriture
SMinte ( en allemand ) , par Henri
Bunting,Magdebourg, 1 7 18, in-fol.;
d'une Chronique de Hcnr. Meibom,
etc. 11 a eu part à la collection des
Scriptores rerumgermanicarum, pu-
bliée par J. Micb. Heineccius, Franc
fort , 1707, in-fol.; enfin , il a laisse
plusieurs ouvrages manuscrits qu'on
trouve cites dans les Acta eruditor.
lips., àim. 1728, pag. 437., et à la
suite de sa Fie, écrite en allemand,
parïobie Eckard, recteur de l'aca-
dëmie de Quedbnbourg. Leuckfeld
«tait de la Sociëtë royale de Berlin.
W— s.
LEULTETTE ( Jean-Jacques )
naquit le 3o novembre 1 767, à Bou-
logne sur mer, de parents pauvres.
Sutt wlucatiou fut flëgligëe , et il tra-
LEU
vailla même quelque temps de î'ëta
de serrurier ; mais il surmonta tou
les obstacles , et apprit seul le latii
et l'anglais. Il vint ensuite à Paris, 01
il se lia avec Mercier , qui lui procur
une place subalterne dans les bureau:
d'une administration. Il avait adopt
tous les principes de la rëvolutioi
avec leurs conséquences les plus ri
goureuses , puisqu'à une époque 01
les passions commençaient à s'a
paiser , il osa mettre son nom à ui
ëcrit destine à atténuer l'effet qu'avai
produit l'ëloquent plaidoyer de M
de Lally - Toilendal en faveur de
ëmigrës. Il travailla ensuite à la rë
daction de quelques journaux, entr
autres , de la Sentinelle ( Voye
LouvET ) , et fut récompense de soi
dévouement par une place de pro
fesseur de littérature à l'ëcole ccn
traledudëpartement de Seineet Ois(
Il mourut à Versailles, d'un acciden
le 2 3 décembre 1808. On a de lui
I. Des Emigrés français ou rëponji
auMëmoiredeM. deLally-Tollenda
Paris, 1 797, in-8<* ( i ). II. Réjlexioi
sur la journée du iS fructidor, e
réponse à Richer Serisy,ibid. 179!
in-8°. Ces deux ouvrages furent ëcri
sous l'influence de la police. III. E
sai sur les causes de la supériorité d '
Grecs dans les arts de V imaginât io :
ibid. , 1 8o5 , in-8^. IV. Discours s |
V abolit ion de la seri'itude j'in-H^. '
Discours sur cette question: Que 1
a ëtc l'influence de Luther sur
lumières et la situation politique dj
diifëreuts ctats de l'Europe? Parii
1804 , in-8». Ce discours obtint uj
mention honorable au concours
rinstitut; celui de Villers fut c(j
(1) Jos. Rosiiy tlit que cette Réponse esj
Mercier le dramaturge i que Leiiliette consejt
à la laisser paraître sous son nom, luoyeuilt
quelques avantages pécuniaires. Voy. le TV/j
wa7 /{'Apollon, Pans, an viii ( 1800 ), "
LEU
^onnc. ( Foyez Cli. Villers. ) L'ou-
vrage de Lculiclte est divise eu deux
p.Trties ; laseroudrcst intituler : Coup-
d'œil sur l'état del'Eurofw juscju'au
seizième siècle , cl sur les chaugc-
mcnts qui y sont survenus depuis celle
e'poque. I/auleur annonce dans la pré-
face qu'il reserve , pour supplément
d'une nouvelle édition , une Histoire
impartiale de V Edit de Nantes , de
sa revocation et des suites qu'elle en-
traîna. VI. Fie de Richardson , tra-
duite de l'anglais de mad. A. L. Bar-
bauld ( F. la Bios^r. des hom. im\
t.I,p. 189), ibi'd., 1808, in-8».
Lculiette a revu et corrige' V Histoire
i de la Grèce, traduite deVanglais (de
Hillies , Goldsmitli elGast, par Mad.
\ illcroy ) , Paris , 1808, 2 vol.
I., S^>. W-s.
LEUNCLAVIUS (Jean), gen-
til ! 1 o mmc allemand , plus connu sous
' ' Mojn latinise , que sous son vrai
1 qui était Loewenklaa,\\di(\m\. en
) , à Amelbeuern en Westphalie.
■ )yagea beaucoup et avec fruit,
tant le séjour qu'il fit en Turquie,
il apprit la langue de cet empire ,
et recueillit des matériaux, précieux
pour l'Histoire ottomane , que pcr-
ionnene connut mieux et ne fit mieux
:onnaître avant lui. Il savait à fond
e grec et le latin , la jurisprudence
!t le droit public. La pureté de son
' était égale à l'étendue et à la
litédeson érudition. De Thou ,
iqcr, Bayle, Huet , Baillct, lui
lonné de grands éloges comme
icteur et comme jurisconsulte,
unclavius , disent-ils , est un des
meilleurs traducteurs que l'Allema-
laone ait produits. Son latin répond
' nt au grec , mot pour mot ;
rde la même construction et le
c arrangement que l'original ,
. <ii ^urte qu'on retrouve son auteur
|jvu Cûtitr daos une autre langue.
LEU
35J
Outre cela , on remarque dans son
style beaucoup de netteté , et cel air
naturel qui est si rare dans les autres
traducteurs. » Il passa une partie de
sa vie à la suite des grands ou à la
cour des souverains , notamment à
celle du duc de Savoie , pour 'des
affaires dont ses prolecteurs le char-
geaient. Il fut nommé, par le prince
Casimir , professeur de grec a Hci-
delberg;mais il n'occupa jamais cette
chaire. Il mourut à Vienne en 1593,
Ses ouvrages ont trouvé des censeurs,
et ses mœurs n'ont pas été sans re»
proche. Nous avons de lui : I, Jpo~
masaris apotele smala, sive de signi-
ficatis et euentisinsomniorum, ex In-
dorum, Fersarum, yEgyptionimquQ
disciplina, ex hihliothecd J, Sam^
buci; Francfort, 1577, iw-B"*. ; ou-
vrage rare et singulier , suivant la
Serna Santander. II. Fersioet notce
ad Sjnopsiin lx librorum hasili-
cou , seii umversijuris Romani, et ad
Novellas imperatorum, Bàle ,1575,
in-fol. ; Leyde, 161 7, in-S». ( Fuj.
Fabroï , et LÉON VI, suprà p. 1 43. )
Charles Labbé donna, en 160G, des
observations et des corrections sur
l'édition de Leunclavius. III. Ze-
gatio imperaloris Manuelis Corn-
nenl ad Armenos, gr. et lat. Bàle
1 578 , in-8". IV. Jus Grœco-Roma^
num , tam canonicum quàm civile^
latine redditum , Francfort, 1596,
2 vol. in-fol. V. Zosimi , Procopii,
Agathiœ et Jornandis historiœ , gr.
et lat. cum notis, Bàle , 1 579, in-8°.
VI. Manuelis Palœologi imperato-
ris prœcepta educationis regiœ , ad
Joannem filium , gr. et lat. Bàle,
1.578 , in-8". VIL Dioms Cassii his-
toria Romana , gr. et lat. , Hanau ,
1606, in-fol. C'est la version de Xy-
lander , revue et annotée par Leun-
clavius : on avait publié séparément
U versivB latiue et les notes sous cç
33..
355 LEU
titre : VIII. Nolœ in Dionem Cas-
siuni , latine , Francfort , i Sgci ,
iii-8*'. IX. Xenopliontis opéra ^ gr.
et lat. cum notis et appendice, Baie,
1 569 ; Paris , 1 6'2 2 , 1 62 5 , in-f ol . ,
tjpis regiis ; cette édition de ï6'z5
est très-estimee. Au sujet de cette
traduction , Leunclavius eut , avec
Henri Estienne,de vifs démêlés, dont
on peut voir l'histoire dans Baillet.
M. Gail, dans son édition des OEu-
vres de Xénophon, en grec, latin et
français, s'est servi de la version
de Leunclavius , qu'il a corrigée.
X. Xenopliontis prœcept a Bei eques-
tris, gr. et lat. , iSgS , in-S'^. , avec
des notes et des améliorations. XI.
Micliaelis Gljcœ annales, gr. et lat.
i572,in-8**. XII. Joannis Damas-
ceni dialogus inter orthodoxinn et
ManicluBum de duohus rerum prin-
cipiis, gr. et lat., Baie, 1578, in-8°.'
dans l'édition de St.-Jean Damascène
du P. Lequien , et dans la Bibliothè-
que des Pères. XIII. Cœsarii ( Gre-
gorii Nazianzeni fratris ) dialogi
quatuor , seu quœstionum quamm-
dam gravissimarum explicationes ;
dans la Bibliothèque des Pères de
1 6 ï o et ailleurs :1a publication de ces
dialogues mit fort en colère Jacques
de Billi. Lambecius prit le parti de
l^eunclavius contre lui. XTV. Gre~
gorii Nysseni opus de hominis opi~
ficio , cum notis , gr. et lat. , Baie ,
ï567 , in-8^. , et dans la collection
des œuvres de ce Père. XV. Gregorii
Nazianzeni definitianes rerum sim-
plices, gr. et lat. ; dans le Voyage
d'Italie de Jacques Tollius et ailleurs.
XVI. Gregorii Nazianzeni oratio
in laudem martyrum et adversùs
Arianos, 167 1, in-S». Cette traduc-
tion n'a point été mise dans la col-
lection des œuvres de St.-Grégoire ;
Tabbé de Billi en a fait une. XVII.
■Notes adparalitla seu ad Constiîu-
I.EU
tionum ecclesiaslicarwn Collrciio-
nem , Francfort, i JCjo, in-S^. X\ HT.
F oelli Notât arum libri duo , quibus
nomina, locajurisCivilis restituun-
tur et illustrantur ; dans la Biblio-
thèque du droit canonique ancien.
XIX. Constanlini Manassis an-
nales , grœcè et latine , Paris ,
tjpis regiisy i655, in-fol. XX. Com-
mentatio de Moscorum hellis adver-
sus Jinitimos gestis ; dans le Recueil
des Historiens polonais de Pistoriiis,
Baie, i58i , 3 vol. fol. XXI. Musul-
manicœ Idstoriœ libri xviii , Franc-
fort, iSgS, in-fol. XXII. ^/z/ifitZe^iSzfZ-
tanorum Othomanidarum , Franc-
fort , 1 596, in-fol. , et dans l'histoire
des Sultans par Chalcondyle. Leun-
clavius traduisit de l'allemand en
latin , ces annales que Jean Gaudier
( Spiegel ) avait traduites du turc en
a\\emaii\à.^W\\.Pandectœhistoria
Turcicœ , suite de l'ouvrage précé-
dent , jusqu'à 1 588 ; à la fin du Ghal
condyle du Louvre. XXIV. Com
mentarii duo , prior est libitinariu.
index Othmanidarum,posteriorcon
tinet epistolas de rébus Turcicis
Leunclavius a composé encore quel
ques opuscules, traduit quelques ou
vrages des Pères , et quelques partie
de l'Histoire byzantine. Mais il m
faut pas s'en rapporter uniquemer
là-dessus aux faiseurs de catalogue-
qui se copient les uns les autres , <
qui ne consultent jamais les livrt
dont ils parlent : il leur est arrivé (
multiplier les ouvrages de Leuncl;
vins en donnant le même , plusieu
fois, sous différents titres. Ou trouv
sur Leunclavius , une Notice ass
mal faite dans Melchior Adam, P^ii
germanorumphilosophorum, et d
Taisand {Fies des plus célèbres «
risconsultes). Bayle n'est guère pljl
instructif. ( / ojr^z Marq. Freher^
HarmENOPULE ). L-E-E.
LEU
TEUPOLD ( Jacques ) , ingénieux
mécanicien saxon , naquit en 1674 >
à PlanitA pivs de Zwickau. II mon-
tra «le bonne licure un goîiî remar-
quable pour le dessin des machines.
Mis en apprentissage chez, un menui-
sier et un tourneur, il ne fut pas juge'
assez, robuste pour suivre avec fruit
ces ])rofessions mecanitpies. S'ctant
I donc détermine' à embrasser la car-
rière ecclésiastique, il étudia la the'o-
' logie à lena , puis à VVittenberg , et
I pourvoyait a son cntretie.'i eu fabri-
" Mit des instruments de géométrie,
lie ses professeurs lui ayant donne'
i\iilre'cdesabibliothèque,il y trouva
i de bous livres de mathématiques , et
finit par faire de celte science son
! «nique occupation. Il imagina une
mite, plus simple que celle de
.lin, et pouvant la remplacer avan-
i.i censément; il perfectionna la pom-
p( pneumatique de Hauksbce , et il
a fciit beaucoup d'expériences iuge'-
nieuses sur les miroirs ; il excellait
dans la fabrication des instruments
de physique et de mathématiques.
L'électeur de Saxe le nomma con-
!!cr aux mines; et plusieurs socié-
saviutes d'Allemagne s'cmpres-
ut d'ajouter son nom à la bste
. leurs membres. Il mourut le 12
ier 1727. On lui doit: I. Deut-
Beschreibung der sogenannten
' Tt-pompe, c'est-à-dire la Pompe
, umatique expliquée, etc. Leipzig,
1707-12 et 1715 , trois parties
in-4**. Cet ouvrage contient la des-
cription de l'appareil pneumatique,
inventé par Otto de Guericke ,
et des perfcctioimemcnts qu'y ont
«cessivement ajoutés Boyie et dif-
nts physiciens hollandais ; Tau-
1 indique ensuite la manière de se
vir de cet appareil ,et rend compte
lie dillcrentes ex|)ériences curieuses.
U. Theatrum mac/Unarum oder
LEU 357
Schauplatz , etc. , c'est - à - dire ,
Théâtre universel de» machines et
des Sciences mécaniques , Leipzig,
1723-27 , 7 vol. in-fol. , fig. Le pre-
mier volume de cet important ou-
vrage contient la description des
machines (jui servent à élever ou à
transporter des fardeaux ; le second
traite de la statique miiverselle , de
l'équilibre , des j)oids et des contre-
poids , etc. ; le troisième de l'hydros-
tatique ; le quatrième , de l'aérosta-
tique et des instruments qui servent
à calculerla pesanteur de l'air ; le cin-
quième de la statique universelle ; le
sixième , de la construction des
ponts; et enfin, le septième, des
machines arithmétiques et des ins-
truments de géométrie. Un volume
de supplément fut publié en 1739J
et Scheftler ( J. E. ) donna , en 1 74 »,
un nouveau supplément avec une
table gé^iérale de tout l'ouvrage. Jean
Math. Beyer a publié (en allemand)
le Théâtre de l'architecture des mou-
lins, Leipzig, 1735, 2. vol. in-fol. ,
fig. ; reproduit avec un nouveau titre,
à Dresde, en 17G7. Ce livre fait
suite à l'ouvrage de Lcupold , qu'on
regrette qu'il n'ait pu terminer. W-s.
LEUSDEN (Jean ) , célèbre phi-
lologue hollandais , né à Utrecht ea
1 624, étudia d'abord , dans sa patrie,
les langues orientales et les mathé-
matiques, et se rendit à Amsterdam
pour s*y perfectionner. La société
des rabbins et des savants, autant
que la faculté de se procurer toutes
sortes de livres et des manuscrits
fnécieux , servirent à le fortifier dans
a connaissance de la langue et des
cérémonies de la nation juive. En
i64ç) ,il obtint à Utrecht la chaire
d'hébreu , qu'il occupa jusqu'à sa
mort, avec beaucoup de distinction.
Pendant qu'il professait les antiquités
hébraïques daju» sa \iUe natale, il fit
558 LEU
le voyage de France et d'Angle-
terre, pour consulter les savants qui
habitaient ces royaumes , et pour
recueillir des renseignements indis-
pensables pour ses ouvrages : il
mourut en 1699. Nous avons de
lui : I. Prœcepta hehrdica et chai-
dàica, i655, in-8<*.; 1667 , in-12.
ÎI. Jonas illustratus , tltrecht ,
i6j6, in-8°. III. Jo'él explicatus ,
etc., cum Obadia f ibid. , 1657,
in-8°. IV. Schola syriaca^ i658 et
1672, in-8°. y. Onomasticum sa-
truni, i665 , in-80. YI. Pfdlologus
hebrœus, continens quœstiones he-
hrdicas quœ circa Fétus Testa-
tnentum hebrœumferè inoveri so-
ient, 37 dissert. , Utreclit , i656,
1672, 1695; Amsterdam, 1686,
10-4°. VII. Fhilologus hchrœo-mix-
tus, m quo quœstiones mixtœ, scili-
cet de Fersione vulgatd, de Fer-
sione 70 interpretum^de Paraphra-
sihus chalddicis, de variis Judœo-
rum sectis , et de aliis multis rébus
proponuntur, 44 dissert. , Utrecht ,
i663, in-40. . Leyde, i68'2 et 1699,
în-4*'. VIII. Philulogus hebrœo-
^rœcus , in quo quœstiones hebrœo-
gracœ, circa Nonim Testamentum
grœcum moveri solitœ enodantur,
24 dissert. , Utrecht, 1670 ; Leyde,
i685 et 1695, in-40. : ces trois der-
niers ouvrages forment une série de
réponses aux questions les plus cu-
rieuses sur toute la Bible , d'après
les hommes instruits dans les lan-
gues originales, et principalement
d'après l'autoitëde Buxtorf, dans
ses Dissertations^ et de Hottinger ,
dans son Trésor philologique, aux-
quels Leusden a soin de renvoyer :
lis ont ëtë rèimprime's ensemble en
3 volumes in-40., Baie, 1739. IX.
Pirke abhoth , sive Tract atus tal-
mudicus cum versione hebrdicd
àuorum capitum chalddicorum Da-
LEU
nielis , Utrecht, i665, in-4*^. ; 1^.
édition , augmentée de plusieurs au-
tres chapitres chaldaiques de Daniel
et d'Esdras , traduits en hébreu , et
de six cents treize Chapitres , ou
Préceptes négatifs et affirmatifs ,
Utrecht, 1675,10-4^. ^. Manuale
hebrœo -latino- helgicum , Utrecht ,
1668, in-12. XL Grammatica he-
brœo-belgica, Utrecht , 1668, in-12.
XII. Joannis Buxtorfd Epitome
grammaticœ hebrœœ , breviter et
methodicè ad publicum schoîarum
usum proposita, Utrecht, 1673;
Leyde, 1701 , in-8<'. XIII. Clavis
hehrdica et philologica Feteris
Testamenti, Utrecht, i683,in-8°.
XIV. Clavis grœca Novi Testa-
menti , in qud et themata Novi
Testamenti secundàm ordinem li-
brorum referuntur, et ejusdem dia-
lecti, hebrdismi ac rariores cons-
trucliones explicantur , necnon va-
riœ observationesphilologicœ , anti-
quitates item sacrœ ac profanée
annotantur , Utrecht, 1672. XV.
Libellus de dialectis Noi>i Testa-
menti, singulatim hebraïsmis ; ce
n'est qu'une dissertation détachée du
Philologus hebrœo-grœcus , par J.
F. Fischer , Leipzig, 1754 et 1792
in-S'*. XVI. Compendium grœcum^
Novi Testamenti , in quo 1 829 ver-
siculi qui continent omnes et singu
las totius Novi Testamenti voces
astericis sunt annotati , et à cœteris
versiculis distincti, Utrecht, 1674
in-8<*. 5 1677, in-12
l'édition de 1762
pour la plus correcte. XVII. Com-i
pendium biblicum , in quo ex verd-
culis 23202 totius Feteris Test
menti, circiter bis nulle tantiim
Dersiculi hebraïcè et latine sum
annotati et allegati , in quibus om
nés universi Feteris Testament
voces primitivœ et derivatœ , tàn
et i682,in-8o.:
, in-8°. , pas»
LKU
: ràicœ qitàm chaUîàicœ , occur-
mut ; qw>s omnex , suh I.eusdcm
prœsidio et ductu , maono et inde-
u) lahme collerait oniatissimus
Daniel fan rianen ultrajccli-
. UtiTrht, 1(374; Halle, I73(>,
S\ XV m. Psalterium liebraï-
1 Jicbrœo-latinum, hchrœo-brlgi-
n , Uirecht , i()G7,in-i2. XIX.
^utn Testamenium f;rœcuni y
i iiocht, 1675, iri-'24. XX. Biblia
}i hraïcacuni prœfatione, Arastcr-
I II , chez Jos. Atïi ias, 1 66 1 , iii-8'*. ;
édition , ibid. , cum lemmatibus
nis, 1667. Le juif Athias reçut,
la part des Etats de Hollande,
une chaîne d'or avec une belle rae-
diille, en reconnaissance desontra-
\ail et du soin qu'il avait mis dans
MO réimpression. Leusden acquit
ucoup de réputation, par la pré-
i.i. e latine et par les sommaires la-
tins dont il l'enrichit ; cependant ces
deux éditions sont tombées dans le
discrédit, depuis qu'Everard Van der
Hooght a donné la sienne sur le
même plan , mais avec des correc-
tions et des améliorations considé-
rables, 170.5, 1 vol. in-80. XXI.
Samuelis Bocharti Opéra omnia ,
de concert avec Pierre Villemandi;
Leyde ,1675 , 2 vol. in-fol. et 1692,
3 vol. in - fol. Ces éditions sont
belles; mais elles ne valent pas celle
de 1712, à laquelle Leusden n'a
pas présidé. XXII. Synopsis cri-
ticorum, etc. 1684 > ^ vol. in - fol.
Quoique l'édition de Londres soit
plus belle que celle d'Utrecht , celle
dernière est préférable à cause des
corrections et des augmentations
faites par Leusden. XXIII. Joannis
Lightfoot opéra omnia, Utrecht ,
i6t)9 , 3 vol. in-fol. Leusden ajouta
à l'édition de 1686 , un assez j:;rand
nombre de pièces et une savante pré-
£acc. XXIV. No^um Tesiainenlum
LEU y>iy
Syriacum,aimversione latind Tre-
mellii paululum recofçnitd , Leyde,
1708, in-4". Leusden avait corn*
mencé cet ouvrage : Charles Srhaaf
le continua et le mit au jour,
Leusden est Irès-estimé comme phi-
lologue ; cependant Richard Siinoa
ne s'exprime pas favorablement sur
son compte , et lui reproche de n'a-
voir guère fait que reproduire les tra-
vaux des Buxlorf. Dans d'autres en-
droits , il le taxe d'une grande igno-
rance dans le discernement des bons
manuscrits. ( I/ist. crit. du V. T.
pag. 122. ) — Rodolphe Leusden,
fils du précédent , lui succéda dan«
la chaire d'hébreu, à Ulrecht. On lui
doit : Nouum Testamentumgrœcum^
in que non tantàni selecti versicuU
1900 continentes omnes vocesN. T,
astericis notanlur , sed etiam om^
nés et singulcp voces semel vel sœ*
piùsoccurrentes,peculiaribiis in tex^
tu signisdistinguuntur^et in margina
latine transfenintur , Francfort >
1692 , in-8'^. L — B — E.
LEUTINGER ( Nicolas ), histo
rien estimable, né en i547,a Pollich,
dans la Moyenne-Marche de Bran-
debourg , fit ses premières éludes
sous les plus habiles maîtres que put
trouver son père , préleur de cette
ville , et , à l'âge de quatorze ans ,
fut admis gratuitement à l'école de
Meissen , dirigée alors par le savant
George Fabricius. Il profita si bien
de ses leçons, qu'au bout de quelque
temps il suppléa son maître dans
l'enseignement de la langue grec-
que. àSon père l'envoya continuer
ses cours à Witteraberg ; mais l'é-
lecleur de Brandebourg ayant dé-
fendu à ses sujets de fréquenter des
académies étrangères , il >e rendit à
Francfort sur l'Oder, et y pi il ses de-
grés. Il se chargea ensriite de l'éduca-
iiou de quelques jeunes gens jet, eu
SGo LEO
3 57 I , fut nomme rerteur de IV'coîe
dcCrossen. Il sedej:;oiita bientôt d'mi
emploi qu'il n'avait accepte que par
deTercnce pour son père. Cependant
il ne put refuser la direction de Te'-
colc de Spandau : mais il l'abandonna
au bout de quel(jues mois; et entraî-
ne' par un goût très-vif pour les
voyages , il partit à l'insu de ses pa-
rents , visita une partie de l'Allema-
gne et de l'Italie , et revint à Wit-
temberg, en i58o. L'électeur de
Brandebourg, dont il s'était attire la
bienveillance par quelques pièces de
vers , le nomma pasteur du vieux
Xandsberg : il se démit aii bout de
trois ans de ce bcne'fice, dont le reve-
nu e'tait considérable ; et sans autre
but que de satisfaire sa curiosité, il
parcourut l'Italie , la France , l'An-
gleterre, les Pays-Bas, et les dif-
férents Etats du Nord. Le roi de Da-
nemark, à son passage à Copen-
liague, lui décerna publiquement la
couronne poétique, et le créa cheva-
lier; mais il eût échangé volontiers
ces stériles honneurs contre une mo-
dique somme dont il avait le plus
pressant besoin. Il était de retour ,
en 1 587 , à Wittemberg ; et la né-
cessité de couvrir les dépenses que
lui avait occasionnées son humeur
vagabonde, lui inspira le dessein d'é-
crire l'histoire cle Brandebourg :i! en
publia séparément quelques livres ,
X> récédés chacun de plusieurs épî très
dédicatoires , adressées à autant de
seigneurs dont il implorait les bontés
avec une bassesse qui devait bien fai-
re souffrir sa vanité. Il fit, en i5g'i,
nn troisième voyage en Italie : pen-
dant qu'il était à Si^ije, il apprit
que sa bibliothèque ^ait été pillée
par les religionnaires. Il se hâta
de regagner Wittemberg; et il y
passa plusieurs années , occupé de
la continuation de son histoire : mais
LEU
la passion des voyages le reprit , et,
malgré son âge avancé, il parcourut
encore mie fois la France , la Prusse,
le duché de Juliers et le Danemark.
Enfin , il tomba malade à Osterburg,
dans la Vieille-Marche de Brande-
bourg , et il y mourut , en avril 1 0 1 u .
Leulinger est un historien instruit
et judicieux , et son style est assez
agréable ; mais sa vanité perce dans
toutes ses productions. On a de lui ,
des Harangues ; cinq livres de Poé-
sies ; et une Histoire de la Marche
de Brandebourg , en trente livres ,
imprimés en différents temps et en
divers lieux , de format in-8". L'édi-
tion originale de cette histoire est ex-
trêmement rare. Ern. Martin Plac-
cius , conseiller du roi de Prusse ,
était parvenu à en réunir les diffé-
rentes parties , et il se proposait de
les faire réimprimer, lorsqu'il reçu»
la défense de donner suite à ce pro
jet ( Voy. V Histoire des ombrages
des Savants , septembre 1706 ) ;
mais enfin, il en a paru deux édi
tions dans la même année. Jeai
Gottlieb Kraus a publié les ouvra
ges de Leutinger, avec une savante
préface , sous ce titre : Scriptoruiu
historiœ Marchiœ Brandenburgen
sis voîumen, Francfort, 1 7^9, in-4".;
et George-Godefroi Kuster les a
reproduits dans la même ville ,
ï 7 29-30 , '2 vol in-4^. ( I ) L'édition
de Kuster contient : De Marchid
Brandeburgensi ejusque statu corn-
mentarii; cette histoire s'étend de-
puis l'an 1499 7 jusqu'en 1694 ; les
Epures dédicatoires ou préfaces des
différentes parties de l'histoire ; Qua-
tre Harangues ;\3i première renferme
l'éloge de son père; la seconde est
(1) Voici le titre Je cette édition : Nie. Leu-
tingeri Opéra O'nnia quotquot reperiri poiue-
rii.nl. Creorg Golihafred. Kuster recerisuh ,
epilomen singulis lihris et lemrnata uhi d«e-
rant , addidit, indiceiiujue adjecH.
• raison funèbre de la princesse
Anne , opouvsc «l' Auguste, électeur de
Srtxc ; la troisième est une fèlieita-
tion à <'e prince siu' sun mariage
:jv<'i lledvigc, princesse d'Anhalt,
l.( quatrième est adressée à Jua-
t iani-Fredèric , nomme administra-
teur de rarcbcvcchcde Magdebourg;
— enfin, lescinq livresdc Poésies. On
1>eul consulter pour plus de détails
es Dissertations des deux éditeurs
sur la vie et les écrits de Leutinger.
On trouve l'éloge de cet écrivain
dans les Icônes et Elo^ia de Mart.
Fred. Seidels, dans la Biblioth. Ger-
rnan, , toni. xxi , et dans les Ménioi-
N de Niceron , tom. xlii. W-s.
LEUVIGILDE , XVK roi des
Visigoths , fut d'abord associe au
trône, en 5G7 , par son frère Liuva,
I ni de la Gaule Gothique , et chargé
de gouverner seul l'Espagne , alors
déchirée par les factions : il l'eut
bientôt pacifiée, et, pour aUbrmir la
couronne sur sa tète, il épousa Go-
suinthe , veuve d'Alhanagilde son
prédécesseur. Le premier exploit de
Leuvigilde fut de reprendre aux
empereurs de Constantinople , Mé-
dina - Sidonia, Cordoue, et toutes
les villes dont les Grecs s'étaient em-
parés à la faveur des troubles. Ce
prince avait eu deux fils de sa pre-
mière épouse, Hermenegilde et Re-
carède , qu'il associa au trône et dé-
clara héritiers , du consentement de
la nation, en 07 3, afin de perpétuer
la couronne dans sa famille. Les lia-
it! tants de la Biscaye et de l' Aragon
>'t'tant soulevés, Leuvigilde, à force
• le persévérance et de courage, par-
\int à les soumettre. II s'appliquait
faire jouir ses sujets des avanta-
> de la paix , à rétablir des villes
iinées, à en fonder de nouvelles,
1 usquc les divisions des catholiques
rî des ariens lui suscitèrent dcnou-
LEU 36 1
veaux embarras. Leuvigilde clait
arien : il assembla un comité d*cvê-
ques , afin de réunir les deux par-
tis ; mais ce fut inutilement. Le roi
voulut alors réduire les catholiques
})ar la force, et il alluma le feu de
a persécution. Les Vascons , habi-
tants de la Navarre , se soulevèrent
par zèle pour la religion orthodoxe :
Leuvigilde les soumit en moins de
deux mois , et bàlit la ville de Vit-
toria poiu- les contenir. Il eut ensuite
à combattre Hermenegilde, son pro-
pre fils, ligué contre lui avec les ca-
tholiques ; il le vainquit devant Me-
rida , et, l'ayant fait prisonnier , il
lui donna l'alternative de renoncer
à la religion catholique, ou de se ré-
soudre à la mort. Le jeune prince
n'hésita point , et présenta sa tctc
aux bourreaux, qui reçurent ordre
de le décapiter. 11 paraît que dans
cette circonstance Leuvigilde, entraî-
né parles sollicitations d'ujie épouse
cruelle, belle-mère d'Hcrmenegilde,
sacrifia son fils à son repos et à ce-
lui de l'Eltat. Peu de temps après , il
défit, dans une grande bataille, le roi
des Suèves , et réunit à la monar-
chie des Visigoths toute la Galice ,
qui , pendant 1 46 ans , était restée
sous la domination des Suèves.
Leuvigilde, accablé d'amiées , parut
revenir de sa haine contre les catho-
liques; il rappela les éveques, et ren-
dit les biens à ceux qu'il en avait
dépouillés. Il mourut à Tolède , en
58'j , réconcilié , dit-on , avec l'é-
glise orthodoxe. Quoi qu'il en soit ,
ce prince ne mérite pas moins d'é-
loges pour son administration politi-
que , que pour ses talents guerriers.
Il fonda plusieurs villes , et travailla
pendant la paix à faire fleurir ses
états , introduisit la discipline dans
ses armées , mit de l'ordre dans ses
finances , révisa les lois, rpii, depuis
362
LEU
la mort d'Alaric, avaient été négli-
gées, et veilla soigneusement à ce que
la dignité' royale ne reçût aucune at-
teinte. Il fut le premier des rois Vi-
sigoths qui se para des attributs de
la royauté. Sa fermeté', son courage,
SA politique supérieure , et le succès
de toutes ses entreprises , le placent
au premier rang parmi les rois de
son siècle ; mais l'e'clat de son règne
fut terni par son avarice, sa dure-
té, et surtout par le supplice de son
fils. ( Fojez Hermenegilde. ) B-p.
LEUW ou LEEUW (Guil-
laume DE ) , graveur à l'eau-forte ,
naquit à Anvers, en 1600. Il fut ëlcve
de Soutman ; mais il n'adopta point
la manière pointille'e de son maître ;
il remplaça les points par des tailles
courtes et méplates qui donnent à
ses gravures Teffet le plus pittores-
que , avec une force et une couleur
propres à reproduire les peintres co-
loristes ; aussi a - 1 - il consacre' en
grande partie son burin àRubens et
à Rembrandt. Cependant il savait
changer de procédé suivant l'artiste
qu'il avait à traduire ; ainsi , quand
il voulut graver une suite de grands
paysages d'après Adrien Nieulant,
il grava les fonds et les ciels d'une
pointe si fine , que sa gravure imite
le lavis. Il marquait ses estampes des
lettres initiales de son nom , ou de
son chiffre composé d'un W et d'une
L entrelacés. Les pièces qu'il a gra-
vées, d'après Rubens, sont : I. Loth
et ses filles. II. Daniel dans la fosse
aux lions. Les belles épreuves cle ces
deux estampes , grand in-folio , en
travers , sont avant le nom de
Daniel. III. La Vierge de dou-
leurs. TV. Le martyre de sainte
Catherine , deux belles gravures in-
folio , très-rares. V. Les quatre gran-
des chasses de Rubens , les mêmes
qu'a gravées Soutman ; savoir : La
LETJ
Chasse au lion ^ au loup , au
sanglier , au crocodile et à Vhip-
popotame , très-grand in-folio. Il a
gravé , d'après Rembrandt , le vieux
Tobie et sa femme, morceau d'un
très-bon goût et d'un grand effet ; les
premières épreuves ne portent pas
l'adresse de Clément de Jongh; — Da-
vid jouant de la harpe devant Saûl;
les premières épreuves sont sous
l'adresse de F. de Wit. — Portrait
de la femme de Rembrandt , etc.
Tous ces morceaux sont très-recher-
chés, et de la plus grande rareté.
Les quatre grands paysages qu'il a
gravés, d'après Nieulant, représen-
tent des vues du Tyrol : ils sont
également rares et se font remarquer
par leur savante exécution. — Jean
de Leeuw , graveur à la pointe et
au burin, né à la Haye , vers 1660 ,
grava , de concert avec Jean Lams-
welt, les portraits qui se trouvent
dans l'histoire de Louis XIII , par
Levassor. On ne croit pas qu'il
ait gravé autre chose que des por-
traits. On cite de lui en ce genre
ceux de Ch. Nieïlius , docteur en
théologie, remarquable parla finesse
du burin j de Jacques- Guillaume
Himhof , sénateur de Nuremberg ,
de Joseph - Jules Scaliger , et du
duc de Marlhorough, avec la devise :
Veni, vidi , vici ; grand in-folio.
— Deux peintres hollandais , du
même nom , acquirent quelque cé-
lébrité vers la fin du dix-septièmp
siècle P-s
LEUWENHOECK , ( Antoine ),
ou LEEUWENHOECK , comme
l'écrivent les Hollandais , natu -
raliste célèbre , naquit à Delft , ca
i632 , et mourut le 2(3 août 1723.
Le talent , tout particulier , qu'il
avait pour tailler des verres propres
à la fabrication des microscopes
et des limettes , lui fit d'abord uue
LFXT
putalion parla supc'rioritc iIm ins-
iiicnts qu'il conslrnisait : il en
|iiil ensuite inicpliLsgrandrcomnie
plivsiologiste et comme anatomisle,
M la variété de ses recherches sur
structure intime des diverses par-
> du corps humain. Ses travaux et
nervations microscopiques sont en
^rand nombre qu'il serait impos-
Ic d'en donner un détail exact :
nous ne ferons mention que de ses
principales recherches. Les antago-
uistes de Harvey , auteur de la dé-
couverte de la circulation du sang ,
opposaient à la doctrine de ce grand
homme, que si ce fluide passait direc-
tement des artères dans les veines ,
il ne pouvait nourrir les parties qu'il
traverse. La question e'iait indëcisej
et Leuwenhocck, communiqua, en
i68G,à la société royale de Lon-
dres , un mémoire dans lequel il
croyait avoir découvert , contre
l'opinion de Harvey , que le pas-
sage du sang n'était pas immédiat
des artères aux veines. Cependant ,
en 1 (x)o , ayant scrupuleusement exa-
miné les parties avec son microscope
perfectionné, il découvrit et démon-
tra , jusqu'à l'évidence, la continuité
'Vs artères avec les veines ; il se re-
a même d'admettre aucune divi-
sion entre les vaisseaux capillaires ,
parce que, disait-il, il est impos-
sible de déterminer où finissent les
artères, et où commencent les veines.
A cette époque , la théorie chimique
qui dominait en médecine , établis-
sait comme certaine la fermentation
du sang : Leuwenhoeck combattit
victorieusement cette hypothèse, en
lui opposant ses expériences micros-
copiques , d'où il résultait qu'il
n'existe point de bulles d'air dans
les vaisseaux sanguins , phénomène
qui devrait avoir lieu , si le sang fer-
tacnl.iit.Cct expériiaentatcur dirigea
LEU 3(53
anssi .ses recherches sur la forme des
globules sanguins 'que Malpighi avait
déjà aperçus ; Lcuwenlioeck cons-
tata que ces globules sont ovales,
aplatis, composés de six petits cones
qui nagent dans le sérum y et qui ,
pris sé])aiément , ne réfléchissent
f>as la couleur rouge ; mais qui , par
eur réimion , communiquent au
sang les qualités physiques qu'on
lui connaît. Cette découverte servit
de base à la théorie de Boerhaave
sur l'inflammation. Leuwenhoeck
établissait, pour justifier son système,
que les vaisseaux capillaires rouges
partent d'autres vaisseaux , ou la
circulation du sang a lieu hors de
l'influence du cœur, et où ce liquide
paraît blanc, parce que ses globules
sont divisés , pour s'accommoder à
la ténuité des canaux dont il s'agit.
L'expérience ultérieure a fait justice
de ses idées sur la composition phy-
sique du sang; mais ses observations
sur la structure des vaisseaux capil-
laires ont été reconnues exactes par
les analomistes les plus éclairés. Le
cerveau et les nerfs furent aussi le
sujet des recherchcsde Leuwenhoeck;
il prélendit que la substance corti-
cale est entièrement vasculaire , qu«
les vaisseaux qui la composent, sont
cinq cent douze fois plus petits qu«
les vaisseaux capillaires les plus de'-
liés ; et que les globules qui compo-
sent le fluide contenu dans les vais-
seaux de la substance corticale, sont
trente-six fois plus petits que ceux
dont le saug rouge est formé. Enfin ,
il crut voir, dans ses recherches
microscopiques , que chacun de ces
globules est entouré d'un réseau très-
fin de vaisseaux et défibres. De nou-
velles expériences lui firent modifier
ses idées , en 1 7 1 "j ; et il prétendit
alors que le cerveau est d'une struc-
tJU-c Gbiciibc, et que les vaisseau*
m LEU
sanguins serpentent entre les fibres
qui composent cet organe. La science
ïi'a tire aucun profit de ces derniers
travaux , plus propres à l'embrouil-
ler iju'à Tëclairer. Leuwenlioeck étu-
dia la structure du cristallin , et de'-
crivit , avec exactitude, la disposi-
tion des lames qui composent cette
partie de l'organe de la vue ; il joi-
gnit d'assez bonnes figures à sa des-
cription. On a beaucoup parle de sa
découverte des animalcules qu'il
aperçut dans le sperme. Il décrivit
longuement ces petits corps , et sup-
posa que, parvenus dans l'utérus, ils
irritent cet organe , attirent l'œuf, et
communiquent la vie à l'embrion
qu'il renferme. Benj. Martin a con-
testé ces observations , dont on peut
voir le détail dans V Histoire natu-
relle de BufTon. Leuwenhoeck em-
ploya toute sa vie , qui fut fort lon-
gue , à faire des observations et des
expériences anatomiques ; et il ne
lui manqua , pour en obtenir des ré-
sultats plus nombreux , que cette éru-
dition et cette sagacité convenables ,
pour discerner ce qui est vrai de
ce qui n'est qu'apparent. C'est ainsi
que souvent il crut voir ce qui n'exis-
tait point, et qu'il persista dans son
erreur. On peut citer , parmi ses pa-
radoxes , l'opinion qu'il a soutenue
que la tunique des intestins , que les
anatomistes de son temps nommaient
villosa, est musculeuse. Il a aussi
soutenu que la pulsation était due
aux veines et non pas aux artères.
Le czar Pierre-le-Grand se montra
l'admirateur de Leuwenhoeck. Ce
prince , passant devant Delft en
1698, lui envoya deux de ses gen-
tiishommes le prier de venir le visi-
ter, et d'apporter ses admirables
microscopes. Il lui fit même dire
qu'il serait allé le voir dans sa de-
meure, s'il n'avait voulu se dérober
LEU
à la foule. Le physicien , après avoir
montréses instruments à l'empereur,
lui fît voir le phénomène curieux de
la circulation du sang, dans la queue
d'une anguille. Leuwenhoeck com-
muniquait tous ses Mémoires à 1^
société royale de Londres , qui ea
enrichisssait les Transactions philo-
sophiques. Ils ont aussi été impri-
més , pour la plupart , séparément,
en hollandais , à Delft et à Leyde.
Une main étrangère a traduit en la-
tin toutes les compositions de cet
homme célèbre , sous le titre d'^r-
cana naturœ détecta , Delft , 1 695-
96-97 et 99, 4 vol. in-4^. ; réim-
primés à Leyde, en 1719, et avec
les épîtres de l'auteur, 1722. F-r.
LEUZE ( De ). Foy. Fraxinis.
LEVACHER ( Gilles ) , chirur-
gien distingué , naquit , le 29 mars
1693 , au château de Ghaseules , en
Bourbonnais. Il fut interrompu dans
ses éludes par une ophtalmie ; mais
ayant recouvré la vue au bout de
trois ans , il alla suivre à Montpellier
les cours des plus fameux profes-
seurs. Il eut bientôt épuisé ses faibles
revenus , et fut obligé de revenir
dans sa famille , sans avoir pris ses
grades. L'abbé Pouget , prieur de
St.-Germain-des-Fossés , s'intéres-
sa pour ce jeune homme modeste et
laborieux, et fit les frais de son voya-
ge à Paris, où il obtint, bientôt après,
une place d'élève en chirurgie à l'hô-
pital de la Charité. Il suivit les le-
çons de Duverney , de Morand et de
La Peyronie , et fit de rapides pro-
grès sous ces habiles maîtres. Le duc
de Levis, ayant été nommé, en 171 9,
commandant delà province de Fran-
che-Comté, demanda à La Peyronie
un chirurgien de confiance ; et ce-
lui-ci n'hésita pas à lui donner Le-
vacher. Sur la demande de l'univer-
sité, Levacher ouvrit , en 17'^'^,
Î.EV
nn murs puMir (ranatoniic à Rosnn-
'•'>M;ct raiince suivante il fut nomme
rur};ipn-major do l'Iiùpilal Saiiit-
|ucs de cette ville. Les talents
1 développa dans cette place,
portèrent bientôt sa réputation au-
delà des bornes de la province; et le
roi lui accorda , en i •j/jo , le titre de
chirurgien consultant de l'armée du
Rhin. Il joignait à des connaissances
très-ctendues dans son art, une rare
probité et beaucoup de desinleresse-
iiunt. 11 moin-ut subitement le i8
)bre 1760, dans sa maison de
npapjnc , près de Besançon. Leva-
( lier avait forme' un beau cabinet
d liistoire naturelle, qu'il légua à un
de ses confrères digne d'apprécier
uu pareil présent. Il était corres-
pondant de l'académie des sciences
et de celle de chirurgie de Pari^ • et
il fut désigne', en 1 7,52 , l'un des pre-
i micrs membres de l'académie de
Besançon. Il était en correspondance
avecRëaumur , Mauperluis, Ciairaut,
I Winslow , Jussieu , etc. On a de lui :
', I. Observation de Cliirurgie sur une
espèce detnpyème au bas-ventre. Pa-
I ris, 1 737,in-i 2. Petit l'a insérée dans
son Mémoire sur les Epandiements.
II. Dissertation sur le cancer des
mamelles , Besançon , l'^jf^o/in-i'x.
Il V prouve (pie le seul moyen cura-
tif est l'extraction de la partie ma-
lade, m. Histoire de frère Jacques,
lithotomiste de Franche - Comté ^
ibid. , in5(i , in-i5t. Elle est inlëres-
*ante,mais moins exacte ( i ) que celle
qu'a publiée Morand dans le tome 11
de ses Opuscules. ÏV. Des Observa-
tions de Chinir^ie, inscrc'es dans les
,^i) CeftJ°apr^•LeTacller, que l'on dcyait croire
bi -n inatruit de toiile* le* parti) ulari tôt qui coti-
t«ruaieiit le Cr^re Jncqiio* , qii'nn n «lit À l'art.
B»ri.OT ( III, pae '«ôô), qu'il était mort <^ii 1730.
Mai» il teaiilte «le vt-rtiicHtioiia fsitef p«ntéri»-n-
remcel ilaiic I » re^iatrct de la par<n««e M .-Ji-H'>-
Baptitte rie Ueia iit nn, que ret liabile iitboloiuitt«
«>«( luort le 7 décembre 17 14-
LEV
Mémoires del'acad. des sciences et d«
cellcde Cliirurfrie; on en trouvela lis-
te dans r /notoire de l'anatome, par
M. Portai , tom. v, pag. i>.3. V. Plu-
sieurs Dissertations dans les recueil»
manuscrits de l'acad. de Besançon.
Il a eu outre laisse un Corps d'obser^
valions pratiques , en 8 vol. in-/|.
etc. Levacher avait e'pousë une sœur
du fameux chinngien Morand , et il
en eut un fils qui s'est distingue' dans
la même profession, h' Elofre de Le-
vacher , par Lebas de Cle'rcncc , a
etc lu à l'acad. de Besançon, et il est
conserA'c dans les Registres de cette
compagnie , tom. n. W-s.
LEV ASSOR ( MiCHKL ) historien,
ne'a Orléans dans le dix-septième siè-
cle, entradansla congrëgationdel'O-
ratoire, et publia, en 1(788, un Traité
de la véritable religion, dans lequel
on trouve quelques opinions singuliè-
res, qui lui attirèrent des reproches
de la part de ses supérieurs. Il quit-
ta la congrégation , deux ans après ,
et sollicita un bénéfice dont les re-
venus le missent à même de s'appli-
quer entièrement à la culture des let-
tres : fâché de n'avoir pu réussir dans
ses démarches , il sortit de France ,
en 1675, et se relira en Hollande,
où il se lia étroitement avec B.ivle,
Basnage , Jaquelot et les autres chefs
du parti protestant. Il passa ensuite
en Angleterre, et il y fit profession
de la réforme, en iG<)7. Il obtint ime
pension du prince d'Orange à la de-
mande du docteur Burnet; et lord
Portiand lui donna un logement dans
son hôtel , et le combla de marques
d'amitié : mais la publication de soa
Histoire de Louis XTII lui fit per-
dre tous ses amis et ses protecteurs;
lord Portiand, indigné, le chassa de
chez. lui. Levassor eut depuis ce rao*
nient une existence malheureuse: il
mourut à Londres, en 1-^18, àgô
366 LEV
de soixante-dix ans. C'était un hom-
me laborieux , d'un commerce sûr ^
d'une conversation agréable et ins-
tructive; mais les injustices dont il
croyait avoir à se plaindre , l'avaient
aigri, a II est fâclieux, dit Laliarpe,
» que Levassor , fait pour valoir
» mieux que cette foule de libell istes,
» aujourd'hui confondus dans le
» même oubli , les ait imite's dans
» leurs emportements , et qu'il ait
» cru faire assez de ne pas les imi-
» ter dans leurs mensonges. » On a
de lui : I. De la véritable Religion ,
Paris, i688,in-4°. II. Paraphrase
sur V Evangile de Saint - Mathieu ,
avec des Réflexions sur l'Histoire
critique du Nouveau-Testament par
Ricli. Simon, ibid., 1688, in- 12. Les
Réflexions annonce'es sur le titre ne
«e trouvent pas dans le volume. III.
Paraphrase sur V Evangile de St.-
Jean, sur Vépître de St. -Paul aux
Romains, sur celle aux Galates, et
sur Vépître catholique de Saint-
Jacques, ibid., i689,in-i2. Levas-
sor se montre, dans tous ces ouvrages,
très-zèle' pour la religion catholique,
et ne ménage pas les e'crivains pro-
testants. IV. Traité de la manière
d'examiner les différends de reli-
gion, Amsterdam, 1697, in- 12.
C'est une apologie des principes de
l'église anglicane. V. Histoire géné-
rale de V Europe sous le règne de
Louis XIII f Amsterdam , 1 700-1 1 ,
10 tomes relie's ordinairement en 10
vol. in- 1 2; nouvelle ëdit., Amsterdam
(Paris), 1757,7 vol. in-40. « Cettehis-
» toire, dit Voltaire, diffuse, pesante
» et satirique , a e'të recherchée pour
» beaucoup de faits singuliers qui
» s'y trouvent ; mais Levassor est
» un déclamateur odieux , qui, dans
» l'histoire de Louis XIII , ne cher-
» che qu'à décrier Louis XIV ; qui
» attaque le* mort* et les vivants :
LEV
» il ne se trompe que sur peu de
» faits, et passe pour s'être trompé
» dans presque tous ses jugements. »
Le père Griffet a réfuté Levassor
dans la préface de son Histoire de
Louis XIII. On a encore de lui une
traduction de l'espagnol des Lettres
et Mémoires touchant le concile de
Trente , par Fr. de Vargas , avec des
remarques , Amsterdam , 1 700 , in-
8°. On trouve un Eloge de Levassor
dans les Nouvelles littéraires , de
la Haye, tom. viii, p. 3q'2. W — s.
LEV AU ( Louis ), architecte, né
en 16 1 2 , n'est connu que par ses ou-
vrages , dont le premier fut le Châ-
teau de Vaux y qu'il construisit , en
1 653, pour le surintendant Fouquet.
Celui de Livry, nommé depuis le
Rainci j fut élevé à peu près dans
le même temps pour Bordier, inten-
dant des finances. Il a été démoli au
commencement de la révolution. En
1 655, Levau fut chargé de continuer
V Eglise de St.-Sulpice, et donna les
dessins de la Chapelle de la Vierge ,
qu'il éleva jusqu'à la corniche. Après
ces travaux , il construisit , dans l'île
Saint-Louis, V Hôtel Lambert , que
les chefs-d'œuvre de Lesueur et de
Lebrun ont rendu si célèbre : il fut
ensuite chargé de la construction des
Hôtels de Pons j de Colbert , et de
Lionne ( devenu depuis Hôtel de
Pontchartrain ). En 1 660 , le cardi-
nal Mazarin lui confia l'exécution
des changements qu'il voulait faire
au château de Vincennes, des an-
ciennes constructions duquel il ne
voulait conserver que huit tours et
le Donjon. Levau éleva deux ai-
les nouvelles et le portique du châ^-
teau qui regarde le parc. Quatre ans
après , Louis XIV ordonna jîlusieurs
travaux pour l'embellissement du
Château des Tuileries. Le pavillon
du milieu n'avait été jusqu'alors d«-
LEV
r(^ff«jc des deux ordres , ionique et
liiithicn; Levaii y ajouta le corn-
site et un atti(jiic surmonte' du
ine quadrangulairp. Les deux
inds corps de bâtiments, nommes
. ui'illons de Flore et de Marsan ,
tjiii terminent cette façade, et qu'il
' ajouta, sont de'corcs de pilastres
iiiieles, d'ordre composite, sur-
I Miute's d'un altique. La manière
ilont l'artiste a restaure' le pavillon
I milieu, et les deux ailes qui vont
iidre les deux grands pavillons
Mines aux extrémités de la façade ,
ist ingénieuse et en harmonie avec
le dessin primitif; mais la décora-
tion des deux grands pavillons est
lourde et gigantesque , et forme une
disparate sans goût et sans mesure
avec le reste de l'édifice. C'est sur
ses dessins que,quelques années après
*a mort, François d'Orbay, son élève,
dirigea la construction du Collège
des Qitatre-Nations. Levau fut pre-
ujier architecte de Louis XIV, et
conserva la direction des bâtiments
du Roi, depuis l'année iG53 jus-
ou'en 1670 , époque de sa mort.
Éoileau, dans ses démêlés avec Per-
rault , prétendit enlever à ce dernier
l'invention de la fameuse colonnade
du Louvre , en disant qu'elle se trou-
vait dans les dessins de Levau et de
Ratabon ; mais il n'a pu en fournir
aucune preuve. P — s.
LEVAYER. Fojez Boutigivy et
MOTUE.
LEVE ou LEYVA (Antoine duc
De ) , le plus habile des généraux de
Charles - Quint, était né vers 1 480 ,
dans la Navarre, d'une famille obs-
cure (i). Enrôle dans les milices
qu'on envoyaitauroyaumedeNaples,
il ne parvint au commandement qu'a-
(t) Aucun* le dicoient fîia d'un cordonnier;
■ «i« cVtai«nt «!•• iiSPOJturef «( calomaioj.
LET 3C7
près avoir passé par tons les grade»
inférieurs. Il assistait à la balaillcdc
Ravenne ,en 1 5 1 j ; et si l'on en croit
Brantôme, « il n'y fit ])as moins qiie
» les autres qui s'enfuirent ; mais il
» se peina , travailla , et mania si
» bien les armes depuis en tous lieux,
» combats , rencontres et sièges ,
» qu'oncqucs on ne lui sut reprocher
» sa faute passée. » 11 chassa , en
i523 , l'amiral Bonnivet de devant
Milan , et reprit Valence sur le Pô ,
dont Galéas s'était emparé par sur^
prise. Il se distingua l'année suivante
à la bataille de Rebec ; il se jeta eu-
suite dans Pavie , avec six mille vieux
soldats , résolu de s'ensevelir sous les
ruines de cette place , assiégée par
François P'". Les Suisses qu'il avait
sous ses ordres s'étant mutinés, parce
que l'argent manquait , il fit porter
à la monnaie les ornements et les re-
liquaires des églises , promettant de
leur rendre plus qu'il n'enlevait ;
mais il s'en excusa , disant que ce
qu'il avait pris, c'était pour le ser-
vice de l'empereur Charles - Quint ,
et que c'était à lui de le rendre. Lève
retardait les approches des assié-
geants par des sorties fréquentes et
vigoureuses ; il élevait de nouveaux
ouvrages derrière les brèches que fai-
saitleur artillerie, les repoussait dans
tous les assauts , et donnait l'exemple
du courage et de la patience à sup-
porter les privations. Sa résistance
opiniâtre amena la fameuse batadie
de Pavie , si funeste à la France.
Pendant l'action , Lève fit une sortie
avec l'élite de la garnison , et loni-
bantàl'improvistesnrl'arrière-garde
des Français, la mit dans un désordre
qui détermina la perle de la journée.
Il fut nommé gouverneur du Mila-
nez , et maintint le pays sous la do-
mination espagnole. « Il était , dit
» Brautômc, goutteux^ maladif , tOM^
;g8
LEV
» jours en douleurs et langueurs ;
5) mais il combattait porte en chaise,
V comme s'il eût e'te' à cheval. » En
1,527, il chassa de Marignan le duc
Franc. Sforce, et prit sur Jacques de
Me'dicis la forte place de Casai , dont
la garnison fut egorge'e. Il repoussa ,
en 15^9 , avec une poigne'e d'hom-
mes, les attaques du comte de Saint-
Pol , jeune officier très-brave mais
sans expérience , le surprit par une
marche forcc'e , le fit prisonnier ^ et
acheva de chasser tous les Français
du Milanez. Il fut nomme' , en 1 532 ,
généralissime de la ligue formée
contre la France , et suivit Charles-
Quint dans son expédition d'Afrique.
Il fut, dit-on, le seul des généraux
de l'empereur qui lui conseillât de
pénétrer dans la Provence, disant
qu'il espérait le mener à Paris ( i ) ,
et ne demandant , pour toute récom-
pense, que l'honneur d'être enterré à
Saint-Denis. Quoi qu'il en soit , Lève
fut victime de la fièvre qui ravageait
l'armée espagnole ( 1 536). Son corps
fut rapporté à Milan , et inhumé
dans une église dédiée à Saint-Denis.
Il avait étécréé successivement prince
d'Ascoli,duc de Terra-Nova, primat
des Iles Canaries , etc. Mais on as-
sure que sa plus grande ambition
était d'obtenir le privilège d'avoir la
tête couverte devant l'empereur. On
raconte à ce sujet , qu'un jour à l'au-
dience de Charles-Quint , quelqu'un
lui demandant comment se portaient
ses jambes : Hélas , répondit - il, ce
ne sont pas les jambes qui me font
mal, c'est la tête (2). W-s.
(1) D'autres au contraire assurent que L^yva
fut entiùreraent opposé à ce dessein, jusque-là
gu'il se jiîtaaux pieds de l'empereur, et le con-
jura de ne point pass-.r les Alpes , mais de re-
Vûuvrer les places que les Français occupaient
dans le Piémont. ( Ferreras , trad.'de d'Hermilly,
tom. IX, pag. iSq. )
(2)Xes auteurs du Dictionnaire universel rap-
portent uue anecdote qui démentirait celle-là :
LEV
LEVEN ( Joseph de Templert ,
seigneur de ) , grammairien et littéra-
teur provençal^ naquit à Aix, vers le
milieu du dix-septième siècle. Fils
d'un receveur-général des finances , il
étudia en droit, et fut pourvu, vers
1 680 , d'une charge d'auditeur à la
chambre des comptes. C'était un des
beaux-esprits de la Provence. Il cul-
tiva la poésie, et s'apjiliqua particu-
lièrement à l'étude de la langue fran-
çaise, peu familière alors au plus
grand nombre de ses compatriotes :
on peut le regarder comme le Fau-
gelas de la Proveuce et le précur-
seur de Dumarsais. II savait éga-
lement bien l'histoire; et Pitton lui
ayant adressé, en 1682, ses Sen-*
timents sur les historiens Proi^en-
caux, Leven retoucha cet ouvrage,
et le mit en état d'être lu avec plaisir.
On a de lui : I. Jephté, ou la mort
de Seïla , Paris, 1676. Bcauchamp,
dans ses recherches sur les théâtres
de France , semble attribuer cette
pièce à Vend , parce que l'auteur Fa
dédiée à la femuie de ce dernier.
II. Relation des réjouissances faites
à Aix ^par le parlement , la cham-
h^e des comptes , les trésoriers de
France j etc., pour la santé de Louis
XIF, 17 février 1G87. Ï^I- Des
« Charles-Quint , «'étant rendu eu Italie . iit a
» seoir Lève à côté de lui , et , le voyant obstin
» à ne pas se couvrir, lui mit lui-même le ch
» peau sur la tête, en disant , qu'un capital]
» qui avait fait soixante cainpagijes, niérit;
» bien d être assis et couvert devant un emperei;
•) de trente ans.» C'est en i5''>o , que celte stèm
a dû Se passer : Lcyva avait alors environ cin
q liante ans, et il était tlifiicile qu'il compi
déjà cinquante campa<^nes Cette anecdote e
cependant beaucoup plus vraisemblable que
suivante, racontée parles mêmes auteurs : « \.th
« entretenant un jour l'empereur des aft'air
1) d'Italie, il osa lui proposer de se détaire, pi
» des assassinats , tie tous les princes qui avai
» des possessions dans ce pays. Eh ' que devi
» diait mon anie 1 lui dît Cliarles-Quint
vous avez une anie, repartit"
Lt^ve , abandonne
» l'empire.» On croirait faire injure à la péiiéi
tration du lecteur , si Ton s'attaclu.it A r:! 'ver
1 absurdité de cette historiette , destinée cepen-
dant à se perpétuer dan» toutes les compilation»
historiques.
LEV
Ma.iirfKrs galantes , i6t)0. IV.
i' honneur y le Jeu et l'eau ^ fable,
idem. V. Satire morale , sur ce que
personne n'est exempt d'imperfec-
tions ^ i(k)i ; et un gnud nombre
d*aulres poésies , sur divers sujets ,
insérées dans le Mercure. Les vers
de eel aule\ir sont corrects , mais
froids en gênerai, et dépourvus d'i-
maj^ination.Les suivants qu'il adressa
À madame Gaufridi, ont ete cites ,
apparemment comme les meilleurs :
Vou» et Totre m »t\ , •! ili^nci de mémoire ,
('ontFiltiiet ég.tlemeiit
A parer U Frnvrnce , k relever •« eloire i
Vntte ^prttix rii a fait DiiKoire,
Et ton» en ète« l'ornement.
VI. Entretiens sur la langue fran-
eoi^e, in-1'2, 1697. VII. Nouvelles
remarques sur la langue française ^
Paris, i()i)8 , in-i2; réimprimées en
1703 , Paris , in-isi , sous ce titre :
Le ^énie , la politesse , V esprit et la
délicatesse de la langue française.
C'était l'ouvrage de prédilection de
Leven de Templcri, qui s'en occupa
exclusivement pendant ses dernières
années. Quoique ce livre , très-peu
connu, renferme quelques paradoxes,
auxquels Fontc'.icllc n'a pas souscrit
dans son approbation comme censeur,
il est écrit d'un style agréable et pi-
quant ; et il peut avoir fourni à l'abbé
Girard le premier canevas de ses
Synonymes français , et à Demous-
lier , l'idée et le plan de ses Lettres
à Emilie. Les auteurs du Diction-
naire de Provence attribuent encore
à Leven de Templeri trois ouvrages
dont ils ne doujient pas les dates :
Rhétorique française; A malhonte;
Grammaire française. Pitton parle
de ce dernier , qui n'était pas encore
publié eu i68vi. Nous pensons en
t qu écrivant pour Tinstruclion
- Provençaux , Templeri dut leur
iiner les éléments et les règles
notre langue, avant de Ic:ir eu
XXIV,
LEV 369
faire connaître les finesses. Il mou-
rut à Aix , en 1 70G, dans un âge peu
avancé. Les savants dont il empnrt.i
les regrets, honorèrent sa mémoire
])ar une épitapbe qu'on lisait sur sou
tombeau , dans l'église des Grands-
Augustins. A- T.
LÉVÉQUE (DoM Prosper ), ne
à Besançon, vers 171 3, après avoir
tenninc ses études , embrassa la vie
religieuse dans l'ordre de Saint -
benoît , et fut chargé par ses supé-
rieurs de l'enseignement des novices.
Nommé ensuite conservateur de la
Bibliothèque de Saint- Vincent , il
profita de celte circonstance pour
lire et extraire les manuscrits de
Granvclle , rassemblés par l'abbe'
Boisot. Il publia le fruit de ses re-
cherches sous le titre : Mémoires
pour seivir à l'histoire du cadinal
de Granvelle y premier ministre de
Philippe II y Paris, 1753, 'i vol.
in-i'2. C'est moins l'histoire que l'a-
pologie du cardinal , que l'auteur
cherche à justifier , même du repro-
che d'ambition. L'introduction qui
fait bien connaître les principaux
personnages de la cour d'Espagjie ,
est très -intéressante; mais ce mor-
ceau appartient en entier à l'abbé
Boisot, et il est extrait presque litté-
ralement de sa lettre à Pclisson, im-
primée dans le iv*-". vol. de la Con-
tinuation des Mémoires de littéra-
ture. (Voyez Boisot et Desmolets.)
Le second volume renferme un grand
nombre de pièces originales, fpii
peuvent être consultées avec fruit.
D. Lévêque a laissé en manuscrit:
Vhistoire du siècle de Charles -
Quint, avec des pièces justificati-
ves, eu ieuses et originales , 3 vol.
in-fol. Cet ouvrage , pour l'impres-
sion duquel l'auteur avait déjà ob-
tenu un privilège , a été acquis par
la bIbliolhèquedeBesauçon. n.Prog-
370 LEV
Î)er mourut à Luxeuil, le i5 decern-
)re 1781. W-s.
LÉVÊQUE (Pierre), mathéma-
ticien, ne à Nantes, le 3 septembre
174^, y fit ses études chez les jé-
suites , et annonça de bonne heure
ce qu'il devait être un jour. Des pro-
grès rapides dans les langues an-
ciennes et dans les belles-lettres, ne
furent que le prélude d'un penchant
décidé qui l'entraîna vers les mathé-
matiques. Voulant aprofondir tout
ce qui concerne la navigation , et
joindre la pratique à la théorie , il
s'embarqua sur un vaisseau de l'État ,
à l'âge de dix-huit ans , avec un titre
et des fonctions qui ne pouvaient
flatter son amour-propre ni éveiller
son ambition j et il acquit , en moins
de deux ans , cette parfaite connais-
sance de la construction et de la
manœuvre navale, qui ne s'obtient
ordinairement que par une longue
expérience. Il enseigna les mal)- Ai/zia-
tiques d'abord à Mortagne, puis à Bre-
teuil , ensuite à Nantes, et s'en acquitta
d'une manière si distinguée qu'il ob-
tint, en 1772, la chaire royale d'hy-
drographie. Il donna le premier ,
dans celte ville, le spectacle d'un
aérostat; et Nantes lui doit aussi une
machine à vapeur , l'une des premiè-
res qui aient été exécutées en France.
Lévêque fut nommé , en 1786 ,
examinateur de la marine. La sa-
gesse de ses principes dans la révolu-
tion , l'exposa souvent à la haine des
démagogues ; et il ne dut son salut
qu'à la vénération qu'il inspirait
même à ses ennemis. A un jugemeut
sûr et profond , à des vues saines et
justes , il joignait l'érudition la plus
vaste et les connaissances les plus
variées. Langues anciennes et mo-
dernes, histoire, sciences naturelles;,
manufactures, commerce, aduiinis-
tratiou , il parlait de tout avec aulaat
LEV
de facilité que s'il ne se fût occupé
toute sa vie que d'un seul de ces
objets. Lévêque fut député à la lé-
gislature de 1797: proscrit au 18
fructidor , il fut encore réduit à se
cacher, jusqu'à ce que son mérite
reconnu lui eût fait obtenir la place
d'examinateur de l'école polytechni-
que, à laquelle il renonça cinq ans
après , pour se borner à celle qu'il
occupait déjà. Il s'était ûxé à Pa-
ris, lorsque sa réputation comme
savant , et les ouvrages qu'il avait
trouvé le temps de composer au
milieu de ses pénibles fonctions ,
lui ouvrirent les portes de l'Institut ^
dont il fut élu membre en 1801, à la
place de Cousin , et lui méritèrent la
décoration de la Légion-d'honneur.
La perte de son fils, mort à l'âge de
vingt-sept ans , et que le génie mili-
taire comptait déjà au rang de ses
meilleurs ofiicicrs, lui causa la plus
vive douleur. La santé de Leveque,
altérée par ce coup funeste , reçut
une nouvelle atteinte par l'émotion
qne lui fiî éprouver le retour du Roi.
iï se trouvait au Havre, et venait
d'achever l'examen des élèves de la
marine, lorsqu'il fut frappé d'une
apoplexie foudroyante, le 16 octûbrei.
181 4. On a de lui : I. Tables géné-
rales de la hauteur et de la longi-
tude du nonagésîme, Avignon, 1770,
'2 vol. in-8*^., imprimés en partie aux
frais du gouvernement. Lalande y a
ajouté des tables de hauteur et d'azi-
mut , calculées parTrébuchet. Lévêi
que a étendu à tout le globe l'usaj^
desTablesquePtoléméen'avaitcalci
lées que pour 7 climats j et elles oifrei
quelques avantages sur celles de La^
grange. IL Le Guide du navigateui
Nantes, 1779, i voLin-S». fig.CetouJ
vrage, au jugement de Lalande, est I<
plus étendu, le plus complet et le plus
commode qu'on ait doané jusqii'ici
LEV
^nr los méthodes des longitudes en
mer et les autres objets rel.itifs aux
I vations.Ouy trouvcaussi toutes
il)les dont l'astronome a besoin
sur la mer. III. Examen maritime ^
ou Traité de la mécanique appliquée
à la construction et à la manœuvre
des vaisseaux ylSantes, 1782, a vol.
in-4*\ C'est une traduction entreprise
ordre du ministre de la marine,
os la première édition de l'on-
vr.i^e espagnol de Don George Juan.
( r. Juan y Santacilia ,t. XXII,
8G. ) Levêque l'a enrichie de
^ , y a fait des additions impor-
^, et en a donne une 2*=. édition
ce titre : De la construction et
de la manœuvre des vaisseaux, etc.
ou Examen maritime théorique et
pratique, Paris, 179** , 2 vol. in-4**.
IV, Rapport à l'Institut sur les
Observations astronomiques et nau-
li.iu^s de Don Joseph Joachim de
i'r, 1798. V. Mémoire lu à
I institut, à V occasion d'un ouvrage
de Maingon , ajant pour titre : Më-
'le contenant des explications
riques et pratiques sur une carte
iiométrique, servant à re'duirela
îice apparente de la lune au so-
til ou à une étoile, en dislance vraie,
•t à re'soudre d'autres questions de
Pilotage. Ce rapport, suivant Lalande,
ontient une grande érudition et des
éflexionsimporlantessurla méthode
ije'nieuse, exacte et facile, proposée
i auteur du Mémoire, pour faire
• d'une seule carte , au lieu du
• 1 nombre de celles qui ont été
lees par Margelts , 1798. VI.
'>rf à l'Institut sur un nouveau
me de mats d'assemblage pour
aisseaux, 1799. VII. Mémoire
usage quonpeut faire des cartes
lires de M argett s, \)our résoudre
problèmes que l'auteur n'avait
» «^us eu vue, et qui les rendent plus
Î.EV 371
intéressantes qu'on ne croyait, Ct
Mémoire, loué par Lalande , est in-
séré dans la Connaissanrcdcs temps ,
i8o'A. VIII. Mémoire sur les obseï'
valions qu'il est important de faire
sur les marées dans les divers ports
de France , i8o3. IX. Description
nautique des cotes orientales de la
Grande-Bretagne, et des côtes de
Hollande, du Jutland et de Nor-
wège, extraite et traduite de l'an-
glais,et publiée par le dépôt général
(le la marine, Paris, an xii (i8o4),
in-4**. Cet ouvrage, moins fait pour
être lu que pour être consulté , et
demandé par le ministre de la ma-
rine, se dislingue par l'exactitude et
la clarté. Lévcque travaillait depuis
1801 à une nouvelle édition de son
Guide du navigateur^àont le mérite
et l'utilité reconnue ont assuré le suc-
cès; mais ses diverses occupations
l'empêchèrent d'y mettre la dernière
main : elle doit être publiée par un de
ses amis. Il a laissé presque achevés,
un Traité théorique et pratique de la
constmction et de l'usage de tous
les instniments nautiques , qui de-
vait former 2 volumes, et un Abrégé
historique de l'origine ct des pro-
grès de la navigation, en i volume.
Il avait conçu le plan et rassemblé
les matériaux d'un Dictionnaire
polyglotte de tous les termes de
marine} il préparait aussi un Traité
pratique de la manœuvre, auquel il
avait joint ce qu'ofTre de plus inté-
ressant la tactique de Mazzaredo ,
de Clarke et autres auteurs peu
connus en France. Enfin il a laissé
beaucoup de notes pour un ouvrage
sur les Marées , et un grand travail
sur le Jaugeage des vaisseaux , de-
mandé en 178(3 par le ministre de
la marine. LaJande, dans son As-
tronomie, t. IV, p. 761 , 2®. édil. ,
attribue encore à Lé\eque, un Traité
3-2
LEV
de la perspective , par Fergusson ,
trad. de l'anglais, et des Opuscules
nautiques, que, selon lui , on impri-
mait en i8o3. Levêque a 'ite' rem-
))lacc en i8i5, à l'Institut, par M.
Girard. Son éloge a été lu par M.
Pelambre , à la première classe de
l'Institut ( académie des sciences ) ,
le B janvier i8i5; il est imprimé
dans le volume de 1 8 1 6 des il/éf-
moires de cette classe de l'Institut ,
publié en i8i 8. A — t.
LÉVESQUE (Louise Cavelier,
dame ), née à Rouen , le aS novembre
i-yoS , fille d'un. procureur au par-
lement de Normandie , reçut une
éducation très-soignée, et, à l'âge de
vingt ans, épousa M. Lévesque, gen-
darme de la garde du Roi. Elle vint
«lors habiter Paris, où elle ne tarda
pas à se faire remarquer par la
vivacité de son esprit et les char-
mes de sa figure. Elle préférait
AUX plaisirs de son âge , la société
de quelques littérateurs , et con-
sacrait tous ses loisirs à la lec-
ture , ou à* la culture de la poé-
sie. Cette dame mourut à Paris ,
le i8 mai 174^ ; on cite d'elle quel-
ques ouvrages qui ne lui ont pas
survécu : I. Lettres et chansons de
Céphise et d'un ami, Paris , 1731,
in-8^.II. Célénie^\o\nsin allégorique,
ibid. 1733,4 part. in- 112. lll. Minet,
poème, Paris , 1736 , in-isi. IV, le
Siècle ou les Mémoires du comte de
Solimille^ la Haye (Paris), 1736^
1741 , in-ia. V. Lilia , histoire de
Carthage, Amsterd. ( Paris ), 1736,
in-1'2, et dans le tome iv des Amu-
sements du cœur et de V esprit.
VI. Sancho Pansa, gouverneur ,
]»oème burlesque, Amsterd. 1738,
jn-8^. VII. Le Prince des Aiguës
marines et le Prince invisible, contes,
Paris , 1 744» in- 12 , et dans le tome
xrjv an CaJunet des F des. VI ïî»
LEV
U Augustin, poème sérieux ; et plu-
sieurs pièces devers dans les Amu-
sements du cœur et de V esprit , re-
cueil dont PhilippedePrétot est l'édi-
teur. Lorsque le recueil des poésies
de Louise Cavelier parut , en 1 737 ,
cette dame avait déjà donné , une
année auparavant , Judith , opéra en
cinq actes. Il n'a jamais été joué,
parce que la faiblesse du style et les
vices (lu plan rebutèrent tellement
les compositeurs, qu'aucun ne voulut
en faille la musique. Cette disgrâce ne
put convaincre madame Lévesque
qu'elle n'avait pas assez de force
de tête pour concevoir le plan
d'un ouvrage dramatique. Elle essaya
d'écrire une comédie , qui n'a pas
été jouée, mais qu'on a fait imprimeij
en 1740, sous ce titre : VAmoui
fortuné. C'est une pièce à tiroir
composée de treize scènes , sans in-
trigue et sans comique , dans les-
quelles on trouve cependant quelque; j
idées ingénieuses. M. Mayer lui attri |
bue une comédie intitulée, Z'^(?ifr^Mj j
Auteur; msiis on croit que cette pièci
n'a point été imprimée. ( Fojez\i\
Notice sur les auteurs des Contes dij
Fées.)Titon du Tillet,àqui elle avaii
adressé quelques compliments su!
ridée de son Parnasse français , \\\
a consacré un article dans le Sujrpl
mefit. Son portrait a été gravé
Audran le fils. W — s.
LEVESQUE (Pierre-CuarleI
historien et traducteur, naquit
Paris, en 1736. Les auteurs de se
jours, trompés sur ses véritables dis
positions , lui firent apprendre I
dessin et la gravure • mais , à lag
de douze ans, il les sollicita ave;
tant d'instance, qu'ils consentirpn
à le placer dans une école pou
y apprendre le latin : ses progrc
dans cette langue furent très-rapi}
des , et il Acheva se» études au col
.lui
il
LEV
Irgr M.i7.nrin, d'une manière bril-
lante. L'n revers de fortune obli^ca
ses parents de quitter Paris , pour
aller sVtahlir dans une des provinces
méridionales de la France ; mais il
olitint de ne pas les suivre dans cette
espèce d'e\il commande par la ne'-
cessitc ; et il vécut quelques années
du produit de son talent dans la
gravure. Au milieu de ses travaux ,
Il savait se ménager les loisirs né-
cessaires ]>our continuer ses études
et perfectionner ses connaissances
dans les arts. Quoiqu'il n'eût pas un
goAt décide pour les doctrines phi-
losophiques, Levesque ne put cepen-
dant échapper à l'influence de la
mode ; et ses premiers ouvrages lui
concilièrent l'estime de Diderot, qui
le recominanda si puissamment à
l'impératrice de Russie , qu'elle le
nomma, en 1773, professeur de
belles - lettres à l'e'cole des cadets
I nobles. A peine arrive à Saint-Pe'-
lersbourg , Levesque prit la résolu-
tion d'écrire l'histoire de l'empire
des Czars : il consacra , en consé-
' quence , tout le temps que lui lais-
' saient ses fonctions , à apprendre le
' russe , et l'ancien dialecte slavon ,
dans lequel sont écrites toutes les
i chroniques nationales. Muni de ces
' connaissances qu'il avait acquises
• assez promptement , il commença à
débrouiller les documents historiques
mis à sa disposition , et surmonta ,
non sans peine, toiis les dégoûts d'un
pareil travail. Après sept années d'une
élude opiniâtre , il eut terminé son
ouvrage ; et , fermant l'oreille aux
propositions honorables qu'on lui
faisait pour le retenir , il revint en
France , en 1780, pressé du désir
' de raetire son histoire en état de
' paraître. Tandis qu'il en surveillait
f Timprcssion , il fut engagé de fournir
( quelques morceaux à la Collection
LEV 373
des moralistes anciens ( foyez'^ki-
Gi:opï ) ; et ses traductions de Xéno-
phon et de Plutarque annoncèrent
à la France un nouvel helléniste, ijv-
pendant le succès de son Histoire de
Russie lui ouvrit les portes de l'aca-
dte'mic des inscriptions ; et quelques
années après, il fut nommé profes-
seur au Collège royal. La révolution ,
qui le priva ae son traitement d'aca-
démicien, nelui ôta pasdu moins une
chaire qu'il remplissait avec autant
de zèle que d'exactitude. Dans les
moments d'orage , les lettres qui
avaient occupé sa vie, deviurenl sa
consolation • et ce fut pour se dis-
traire du spectacle des calamités pu-
bliques, qu'il entreprit la traduction
de Thucydide, l'un de ses premiers
titres à l'estime de la postérité. Dé-
signé l'un des membres de l'Institut
en 1795 , il se montra fort assidu à
ses séances où il lut un grand nombre
de mémoires. Ce fut au milieu de ces
douces occupations qui partageaient
son temps avec l'éducation ae son
petit-lils , qu'il parvint au terme de
sa carrière. Levesque mourut à Paris,
le \'i mai 181 '2. Son Eloge a été
prononcé à l'Institut , par M. Da-
cier. On peut diviser ses ouvrages en
trois classes : morale , traductions
et histoire ; et c'est dans cet ordre
qu'on les indiquera successivement.
Morale : 1. Les Rêves d'Aristobule^
phi'osophe grec , suivis d'un abrégé
de la vie de Formo.se , philosophe
français , Paris , 1761 , iu-r.>. ; Ir.»-
duils en italien , par la comtesse
Guillelmiue d' Anhalt , B<*rlin , 1 768.
On y reconnaît , dit M. Dacier , mi
homme nourri des préceptes des an-
ciens philosophes et de leurs théories.
La solidité des pensées et la facilité
du style tirent distinguer cet ouvrage
de la foule des productions littérai-
res qui papureut à la même époque.
374 Lf^V
11. If Homme moral , ou l'Homme
considéré tant dans l'ëlat de pure
nature que dans la société , Ams-
terdam , 177.5 , in- 12 ; quatrième
édition corrigée , Paris, 1 784 , in- 1 2 ;
traduit en allemand, Nuremberg ,
1776, in-8**. îll. L'Homme pensant^
ou Essai sur l'histoire de l'esprit
Jiumain , Amsterdam , 1779, in-12.
J V. Considérations sur i homme ,
observé dans la vie sauvage, dans la
vie pastorale et dans la vie policée; —
Considérations sur les obstacles que
les anciens philosophes ont apportés
aux progrès de la saine philosophie^
— Sur quelques acceptions du mot
Nature: dans le tom. i^"". des Mé-
moires de l'Institut , classe des
sciences morales. Traductions : I.
Choix de poésies de Pétrarque, tra-
duit de l'italien. Levesque n'avait
guère que vingt-cinq ans , lorsqu'il
publia cette traduction qui a été réim-
})rimée plusieurs fois, mais qui n'est
guère supportable poiu' quiconque
peut lire l'original. L'auteur en a
donné une nouvelle édition en fran-
çais et en italien, Paris, 1787, 1 vol.
in- 18. IL Les Pensées morales
de Gonfucius et des auteurs chi-
nois, traduites du latin, d'après la
paraphrase des pères jésuites ( Fojez
Gonfucius) ; — les Entretiens mé-
vwrables deSocrate, traduits du grec
de Xénophon ; — les Caractères de
Théophraste j — les Pensées mo-
rales de Menandre ; — les Sentences
de Theognjs , de PJiocylide , de Py-
thagore et des sages de la Grèce ^ —
les Pensées morales extraites des
ouvrages de Cicéron ; — les ^ipo-
phfdgmes des Lacédémoniens ; — les
l'ensées morales de Plularque j — les
Vies et les Apophtegmes des philo-
sophes grecs. Ges différents ouvrages
font partie de la Collection des an^
i;iens moralistes. \\\. L'Histoire de
!
LEV
Thucydide , traduite du grec, Paris,
1 795 — 97 , 4 vol. in-8*\ ou iu-4^
c'est la seule traduction de cet hist
rien, qui ait été distinguée parle ju
institué pour les prix décennaux": el
est écrite avec facilité et élégance
les notes qui l'accompagnent so
d'un excellent choix j maisM.Daci
la juge moins exacte que celle de IV!
(iail , qui convient au surplus que
travail de Levesque lui a été fort util
— Histoire : I. Histoire de Russie}
tirée des chroniques originales et des
meilleurs historiens de la nation j
suivie de V Histoire des différente
peuples soumis à la domination des
Russes j Yverdun , 1 782-88 , 8 vol,
in- 12. — Nouvelle édition cor-
rigée , et conduite jusqu'à la fin de
Gatherine II , Hambourg et Paris ,
1800 , 8 vol. in-8^. — Quatrième
édition continuée jusqu'à la mort de
Paul \^^. , et publiée avec des notes
parMM.MalteBrunetDepping,Paris,
1812 , 8 vol. in-8^. , et atlas de 60
pi. La composition de cette histoire,
dit M. Dacier , est sage et savante ;
le style en est facile et naturel ; les
faits y sont bien enchaînés et racontés
avec tant d'exactitude, que l'ouvrage
est resté classique en Russie. IL La
France sous les cinq premiers Va->
lois, ou Histoire de France , depuis
la mort de Philippe de Valois jus"
qu'à celle de Gharles VII , Paris ,
1787 , 4 V0^« in-i'^ : on y remarqua,
dit le même critique , une touche
plus ferme, un pinceau plus brillant,
et une ordonnance plus régulière que
dans l'histoire de Piussie ; et elle n'est
pas moins recommandable que celle-
ci par l'exactitude et la solidité des
recherches. III. 1/ Histoire critique
de la République liomaine , Paris ,
1807 , 3 vol. in-8«. : c'est , comme
l'indique le titre , un examen des his-
toriens latins; mais eu signalant les
erreurs dans lesquelles ils sont tom-
bes, on trouvcqncLevesque est tombe'
lui-même dans une espèce de sccpti-
inc bistorique, non moins ennemi
1.1 veritc qu'une confiance trop
aveugU\ On savait déjà tout ce qu'il
repète de l'incertitude des premiers
siècles de Rome ; mais personne avant
lui n'avait ose révoquer en doute la
vertu , le courage et les autres qua-
lités qui font des Romains un peuple
à part. IV. Etudes de Vhistoire an-
cienne et de l'h stoire de la Grèce,
Paris , 1 8 1 1 , 5 vol. in-8°. ; c'est un
tableau moins brillant que fidèle des
mœurs des anciens peuples , de leurs
usages , de leurs institutions et de
leurs arts. On doit regarder cet ou-
vrage comme une bonne introduction
à l'étude de l'histoire. On a encore
de Levesque : Un Eloge de Vahbé
Mably , qui partagea le prix extraor-
dinaire proposé par l'académie des
inscriptions ( F. Brizard et Mably ),
Paris , 1 787 , in - 8". , et qui a été
réimprimé par M. Bérenger à la tête
de V Esprit de Mablj et de Con-
dillac , relativement à la morale et
à la politique , Grenoble ( Paris) ,
1789, 2 vol. in-8°. — La Continua-
tion du Dictionnaire des arts de
|>einture , sculpture et gravure , par
Walelet( ^o/ez Watelet ). — Des
Extraits dans le Journal des Sa-
vants.— U Eloge de Lcgrand d'Aus-
sy, et différents Mémoires dans le
recueil de l'Institut. — Des Analjses
dans les Notices des manuscrits de
U bibliothèque du Roi. Enfin , Le-
vesque était un des collaborateurs de
la Biographie universelle ^ et il y a
fourni l'arlicle de Catherine V^. ,
impératrice de Russie , et quelques
Autres. W-s.
f EVESQUE DE BURIGNYCJ.)
yez BuRiGWY.
LEV 37 j
LEVESQUE DE LA RAVA-
LIÈRE ( PiKRRK Alfxandre ) (i) ,
savant littérateur, naquit à Troyes ,
le 6 janvier 1097. Destiné à rem-
placer son père , greflier en chef do
l'élection de cette ville, il alla faire
soncoursdedroit à Orléans. De retour
dans ses foyers , en 1 7'2(i, il ne tarda
pas à éprouver de la répugnance
pour le tiavail du grc(Té. Une passion
naissante et dont les suites pouvaient
troubler la trancpiillité de sa vie ,
acheva de le déterminer à s'établira
Paris , où il espérait trouver plus de
motifs d'émulation , et plus de se-
cours pour s'instruire. Il se montra
d'abord fort assidu aux spectacles ;
et il publia un Essai sur la Poésie
dramatique , qu'il critiqua lui-même
dans le Mercure (2) , irrité du silence
que les journalistes gardaient sur
cette production. Mais il renonça,
bientôt aux succès de société , pour
s'appliquer entièrement à l'étude de
l'histoire. Ses premiers travaux eu
ce genre lui méritèrent l'estime des
savants ; et l'académie des inscrip-
tions lui ouvrit ses portes en 1743.
Il lut , dans les séances de cette rom-
pagnip, un grand nombre de Mé-
moires qui ajoutèrent encore à l'opi-
nion qu'il avait déjà donnée de son
érudition. Un tempérameui robuste
semblait lui promettre une vieilles.se
exempte d'infirmités , lorsqu'il fut
enlevé par un rhume négligé , le 4
février 1 762. II avait épousé la fille
d'un conseiller au parlement de Metz;
et c'est d'un fief qu'elle lui apporta en
mariage , qu'il prit le surnom de
La Havalière. II était doué des
qualités les plus estimables ; et il eut
(i) Oft par erreor qii'U est nommé J.ou'n
Alexandre, Jant le lyirjionnaire unipersel.
(ï) Du rooit lie mai 173». h^ Essai df eompo'
raison mire la drc/nmaiion rt ta poési* dru-
matiçu» , avait été impiim* , Tari*, i'^';]
ia-is I d« Sa pages.
376 LEV
heaucoiip d'amis , parmi lesquels on
doit citer LebeufjLancelot, Sainte-
Palaye, Bouhier , d'Olivet, Fonce-
magiie, etc. Levesqiieest particuliè-
rement connu par l'excellente édition
qu'il a donnée des Poésies du roi
de Naif.irre ( Thibault , comte de
Champagne), Paris, 174^5 21 vol.
in- 1 2. L'examen de ces poésies ap-
J)artient à l'art. Ïhicaulï ; mais on
doit faire connaître les pièces vrai-
ment intéressantes dont le savant édi-
teur les a accompagnées: I. Lettre
dans laquelle on examine s'il est vrai
que Thibault ait composé ses chan-
sons pour la reine Blanche, mère de
St.-Louis. Letesque y démontre que
les éloges donnés par Thibault à sa
clame ne peuvent convenir à Blan-
che , plus âgée que lui de quinze ans ;
et que toutes les conjectures prouvent
que cette dame inconnue était la fille
de Perron ou Pierre, chambellan de
wSaint-Louis. 11 réfute aussi la fable
des amours de Blanche et de Thi-
bault, dont l'inventeur paraît être
Mathieu Paris , grand ennemi de la
maison de France. Le père Lepelle-
ticr , chanoine régulier de la congré-
gation de Sainte -Geneviève , com-
battit l'opinion de Levesque par deux
lettres qu'il réunit à la sienne avec
l's réponses. IL Précis des ré\>olu-
tions delà languefrancaise , depuis
Charlemagne jusqu'à Saint -Louis.
Cette dissertation donna lieu à de
longues controverses entre La Rava-
Hère et les Bénédictins, auteurs de
V Histoire littéraire de France. Il
cherche à y établir que, sousCharle-
magne on parlait, en France, unelan-
gue différente du latin et que les au-
teurs contemporains nomment Jmn-
coise, francisque ou romance rusti-
t]ue. Charlemagne ayant donné la pré-
férence a u latin , la langue vulgaire fut
prcsqu'entièremeat anéantie ^ et ne
LEV
f
reparut que sous les règnes deHugues-
Capet et de Robert , mais tellement
changée, dit-il, qu'on a peineà recon-
naître son origine. Celte deuxième
langue , qu'il regarde comme la
mère de celle que nous parlons , a
été employée par quelques auteurs
dès le règne de Louis VII ; cependant
elle n'a été d'un usage presque général
que sous saint Louis. Amené natu-
rellement à parler de l'origine de lai
poésie , Levesque reconnaît , avec j
Fauchet , que le premier poème écril
en langue romance est le livre des \
Bretons, composé en 1 155
Wistace ou Euslache , auquel suc
céda Wasse ou Gace, auteur du Rc
des Normands. Il en tire la con*
quence que la poésie fut cultivée ei
Normandie avant de l'être en France
où elle ne commença à briller d'uu
certain éclat que sous Philippe-Au-
guste. III. Discours surf ancienneté
de la chanson française : il y prouve
que le genre de la chanson était cul-
tivé en France « avant qu'on ait eu
» commerce avec les poètes proven-
"î> çaux ; qu'ainsi la rime ni les chan-
» sons ne leur doivent point leur
p établissement parmi nous j que
w nous leur sommes seulement rede-
» vables de nous avoir montré une
» forme de chansons , plus agréable
» et plus régulière que celle des lais »
( pag. 218 ). Mais il ne croit cepen-
dant pas que les chansons en langue
française soient aussi anciennes qu'on
se l'était persuadé. Il estime que « les
» premières qu'on entendit à Paris y
» parurent, au plutôt , vers lecom-
1) mencement du règne de Philippe-
« Auguste » ( p. 2'23 ). Il donne en-
suite quelques détails sur les instru-
ments de musique avec lesquels s'ac-
compagnaient alors les poètes , tels
que la harpe , le violon , la gui •
Ui e , etc. Levesque a fait suivre les
LEV
li.iiisoiKs du roitlc Navarre, do notes
N(*i étendues , d'un {glossaire pour
(itellip;en(c des mots les plus aiffi-
it's, et rnlin de quelques airs notés
pour faire connaître l'clat de noire
musique dans le \iii^-. siècle. Ou
citera encore de lui : I. Doute pro-
posé sur les auteurs des Annales de
St. J5erf m , Paris , lySO, in-12; et
dans le Mercure du mois de dé-
cembre, même année. L'abbc Le-
beuf en a porte un jugement avanta-
geux. II. Remarques sur la langue
'vulgaire de la Gaule, depuis J.
César jusqu'à Philippe • Auguste,
(Mém. de l'Acad. des Inscriptions,
tom. XXIII.) Il y établit que le lan-
gage celtique des Gaulois s'est con-
serve jusqu'à nous ; que le français
i'.i rien emprunté du latin ; et que
il existe quelques rapports entre les
deux langues , c'est que les Romains
ont enrichi la leur d'une foule de
mots dérobés au celtique. Ce système
fut viAcment attaqué par plusieurs
des confrères de Levesque: mais rien
ne put le lui faire abandonner; et il
conserve encore quelques partisans.
Maisles Iravauxdc M. Rayiiouard ont
!(• un bien plus grand jour sur l'ori-
gine de notre lan";ue cl de notre poé-
sie, ill. La Fie de saint Grégoire de
Tours ; celle du sire de Joinville; —
d'Etienne, comte de Sancerrc; — des
Pithou; et un grand nombre de Mé-
moires dans les Recueils de l'acadé-
mie ou dans les journaux. Levesque .1
publié, avec une préface, V Histoire
des comtes de Champatçieet de Brie^
parRob. Mart. Lepelletier,chanoiue
.,'ulier. Enfin il a laissé lui-même,
Il manuscrit, une Histoire des corn-
v de Champagne, qui pourrait for-
iacr 3 vol. in-4". U Eloge de Leves-
que, par Le Beau, est imprimé dans le
^oine XXXI des Mémoires de VAcad.
inscriptions.
W-«.
LEV 377
LEVESQUE DE POUILLY
(Loi'is-.TEAN),néà Reims,en 1691 ,
d'une famille dont l'origine est com-
mune avec celle de Colbcrt, fit ses
premières études à l'université de
cette ville, et cJit j)Oiir condisciple
l'abbé Plucbe, qui resta son ami. Le
dcsir d'étendre le cercle de sescon
naissances le conduisit à Paris , où
il étudia la philosophie et les bellcs-
leltres. Newton venait de publier son
immortel ouvrage des Princiies de
la philosophie naturelle ( Foyez
Jacquier, t. XXI, p. 573); et per-
sonne en France n'avait encore es-
sayé d'éclaircir les dillicullés dont
cet admirable génie semblait avoir
voulu s'entourer comme pour déro -
bcr sa marche au vulgaire. Ce fut
Levesque , âgé de vingt-deux ans ,
qui entreprit le premier d'expliquer
ce livre; et ses elTorts lui méritèrent
l'estime du savant Fréret.Mais l'excès
du travail altéra sa santé, et les mé-
decins l'envoyèrent se rétablir dans
sa famille. Il revint l'année suivante
à Paris; il renonça cejiendant a l'é-
tude des mathématiques pour s'ap-
pliquer entièrement à la littérature.
L'académie des inscriptions lui ou -
vrit ses portes en 1 7'22 ,el il fut très-
assidu à ses séances , où il lut diflfé
rents mémoires ( i ). Il éprouva bien-
tôlde nouveaux accidents occasionnés
par une apj)lication trop soutenue ,
et les médecins lui conseillèrent de
voyager. Après avoir parcouru les
provinces méri lionales de la France,
il passa en Angleterre, où il reçut un
accueil distinguédc lord Bolingbrokc,
qu'il avait connu à Paris. Newton, à
qui il tut présenté, lui donna dès la
première visite le nom de son ami ;
(1) On n« trotife point l'élA^a Je L«Tiqii« il«
PoitiUj,Ji«n(lM R«cii«Ud« l'ncatltrniie Je* iii«cri|>-
tiurit, parce qu'il c«t«a Je fair- pi«Tti« au c«tl«
•cAilémi* «n t-97, •irsa dtclar*tioa qui! «tui
:\ny.
LEV
et il n'eut pas moins à se louer des
plus illustres Anglais. Apres un an
d'absence, il revint dans sa patrie,
re'solu de passer le reste de ses jours
dans une maison de campagne qu'il
possédait près de Reims, et où il se
proposaitde partager ses loisirs entre
la lecture et les soins qu'il devait
à sa famille : mais le vœu ge'ne'ral
de ses concitoyens vint l'arracher
de sa retraite j il fut eiu lieute-
nant-ge'ne'ral de Reims. Aide d'un
respectab'e citoyen, le chanoine Go-
dinot, il procura à cette ville, des
fontaines publiques, et des écoles spé-
ciales pour l'enseignement des ma-
thématiques et du dessin. ( Foj-,
André Ferry , et Jean Godinot. ) Il
établit une promenade, l'une des
plus belles du royaume; et il médi-
tait encore d'autres projets non moins
utiles, lorsqu'il fut enlevé à sa patrie,
le 4 mars 1760, par une fièvre vio-
lente, suite d'une travail excessif*
laissant un fils très-jeune et qui a
marché depuis sur ses traces. Leves-
que était en correspondance avec un
grand nombre de savants, le P. Har-
douin , Longuerue , d'Olivet , Fon-
leneile. Voltaire, etc. Bolingbrokc
lui écrivait : a Je n'ai encore vu que
trois hommes qui m'aient paru di-
gnes qu'on leur confiât le gouverne-
ment des nations... Ces trois hommes
sont vous , Pope et moi. » Comme
littérateur, Levesque de Pouilly est
principalement connu par sa Théorie
des sentiments agréables. Cet ou-
vrage n'était dans l'origine qu'une
lettre à milord Bolingbroke , qui fut
imprimée dans un Becueil de divers
écrits sur l'Amour et l'Amitié, etc. ,
Paris, 1736, in- 12. ( Fbjr ^5 Saint-
Hyacinthe. ) Gauffecourt, qui avait
à Montbrillant, dans sa maison de
campagne près de Genève, une im-
primerie doiîl il faisait son amuse-
LEV
ment , en donna une assez belle
édition, en 174^, in-8°. , sous ce
titre ; Béjlexions sur les sentiments
agréables, et sur le plaisir attaché
à la vertu ( 1 ). Levesque, pressé par
ses amis, revit enfin son livre, y
fit de nombreuses additions, et le
publia sous le titre qu'il a conservé
depuis, Genève, 1747, in-8*'. ; il en
donna une seconde édition, Paris,
1748, et une troisième , revue et
augmentée, ibid. , i749,in-8°. Le
dessein de Levesque est de prouver
que le bonheur est dans ia pratique
des devoirs. On a encore de lui : L
Deux Discours , prononcés pendant
l'exercice de sa magistrature; le pre-
mier à l'inauguration des écoles pu-
bliques, et le second aux obsèques
du chanoine Godinot. IL Descrip-
tion d'un monument découvert à
Reims, en 1788, avec deux planch.
Ces trois pièces ont été réimprimées
à la suite de la Théorie des senti-
ments agréables , édition de 1 774 >
in-8^. , en tête de laquelle on trouve
V Eloge historique de l'auteur, par
le chanoine De Saulx, pièce qui
avait déjà paru, in-4°. , Reims,
17.51. Il légua à son frère, Levesque
de Burigny, plusieurs volumes in-
fol. , de notes et d'extraits de ses lec-
tures. W — s.
LEVI, patriarche, troisième fils
de Jacob et de Lia, naquit en Méso-
potamie, l'an 1748 avant J. C. Pen-
dant que les habitants de Sichem,
trop confiants sur la foi d'un traité,
étaient le plus accablés de douleur par
suite de la circoncision à laquelle ils
s'étaient soumis , Levi, d'accord avec
Siméon, entra hardiment dans la
ville , l'épée à la main , tua tous les
mâles, massacra Hémor et son père
(1) Tout les exemplaires de cette édition fureut
distribués en présent, et il est très-rare d'clî
voir passer daii» les ventes.
Sifhcm , délivra Dina , sa sœur , et
donna le signal de la dévastation et
du pillage. Jacob mourant reproelia
ret abomina Me massacre à Levi , et
)ui prédit qu'en punition de sa cruau-
té, ses descendants n'auraient point
^c partage fixe, et seraient disperses
dans Israël. I^t j)rëdiclion de Jacob
«'accomplit ; et les lévites n'eurent
point d'autre lot que des villes au
milieu des tribus. Quand Levi alla
en Egypte avec ses frères , pour ha-
biter la terre de Gessen, il avait de'jà
ses trois fils, Gerson, Caath et Me-
rari, dont le second fut l'aïeul de
Moise. Il y mourut, l'an i6i2avant
J.C. Dans le testament qui porte son
nom, Levi cherche à excuser le
meurtre desSichemites, par son ex-
trême jeunesse, par l'horreur que
lui inspirait le rapt de Dina, et par
des visions chimc'riques. Il prophé-
tise que le Messie naîtra de lui et de
Juda , et que les prêtres , ses descen-
dants, le feront mettre à mort. Le
scandale du sanctuaire y est montre'
dans toutes ses horreurs. Le sacer-
doce de Jesus-Christ y est représente'
avec tous ses attributs. Ce morceau
est fort beau. L-b-e.
LEVI BEN GERSON. Fqy. Ger-
•ON, tom. XVII, pag. 223, col. i.
LEVIEIL (Pierre) naquit à Pa^
ris, en l'y 08. Son père, nommé Guil-
laume, habile peintre sur verre, était
Bé à Rouen, d'une famille qui de-
puis plus de deux siècles s'était dis^
tinguée dans la peinture sur verre.
Il vint à Paris, où Jouvenet, sou
compatriote, le présenta à Mansard,
qui lui confia la peinture des frises
des vitraux de la Chapelle de Ver-r
sailles et du dôme des Invalides. Le
jeune artiste épousa, en i^oi, Hen-
, rjette Favier , fille d'un hatile vi-
trier, de laquelle il eut onze enfants,
4pQt l'aîné, Pierre, fait l'objet de
LEV 3,9
cet article. Celui-ci annonça de bonne
heure d'heureuses dispositions pour
les lettres: au sortir du collège de U
Marche, où il avait fait de brillan-
tes études, il se rendit à l'abbaye de
Saint- Vaiidrille, où il voulait pren-
dre l'habit de Saint-Benoit; mais le
besoin de veiller à l'éducation de ses
frères, et de remplacer son pire et
sa mère, que l'âge et les infirmités
empêchaient de se livrera cessoins ,
le détourna de son projet; et il
revint à Paris, où il se mit à la tête
des ateliers que dirigeait son père. Il
n'avait point appris le dessin ; aus-
si n'a-t-il jamais peint sur verre :
mais les conseils de son père, et l'ha-
bitude de voir peindre Jean Levieil,
un de ses plus jeunes frères, lui don-
nèrent une connaissance aprofoiidie
de ce genre de peinture. C'était lui
qui avait le soin de préparer et de
calciner les émaux pour les couleurs.
En 1734, il fut chargé de rétablir
les vitrages du charnier de Saiut-
Etienne-du-Mont ; il exécuta ces tra-
vaux avec autant d'habileté que de
goût. Il restaura , quelques années
après, les vitraux de l'église de
Notre-Dame; et l'on a long-temps
admiré la manière dont il avait
refait le rond du haut du principal
vitrail du sanctuaire. Il montra
le même talent dans l'église de
Saint-Victor. Non content d'avoir
maintenu l'art de la peinture sur
verre par ses travaux , il voulut en
prouver l'excellence par ses écrits.
Jusque-là on n'avait que des notions
incertaines sur les procédéj» em-
ployés dans ce genre; on le croyait
même perdu. On n'avait que quelques
notions éparses sur la manière de
composer les couleurs et de les em-
plo\cr, et sur la recuisson du verrt
p<iut. Levieil résolut d'aprofondir
toutes ces parties de Tari, et4l« rcuuir
38o LEV
dans un traite riiistoire et la prati-
que de la peinture sur verre. Il em-
ploya quinze anne'es entières à ras-
sembler les matériaux nécessaires
pour la composition de son ouvrage.
Il crut voir dans la mosaïque, l'ori-
gine de la peinture sur verre ; et il
développa ses idées dans un traité
particulier qu'il publia sous le litre
d'Essai sur la peinture en mosaïque,
Paris, 17O8, in- 12. Ce traité est
suivi d'une savante Dissertation
sur la pierre spéculaire des an-
ciens. Ayant terminé, en 177*^;, son
grand traité, et se sentant proche
de sa fin , il l'adressa à l'académie
des sciences, pour qu'il fût im-
primé à la suite des Descriptions
des Arts et Métiers , que cette com-
pagnie avait commencé à meltre au
jour. L'académie s'empressa d'ac-
cueillir cette demande ; et l'ouvrage
de Levieil fait partie du tome xi de
l'édition in-4^. de ce recueil , impri-
mée à Y Verdun. Cet ouvrage est in-
titulé: Traité historique et pratique
de la peinture sur verre. Il est dis-
tribué en deux parties. Dans la pre-
mière , l'auteur n'oublie rien de ce
qui est essentiel ou même accessoire
à l'histoire de l'art. Dans la seconde,
il présente les procédés et les détails
les plus circonstanciés de la pratique,
tels que la cuisson du verre, la pré-
paration des émaux, et leur emploi
dans les couleurs. Ce traité est suivi
d'une troisième partie , intitulée :
\Art du Fitrier. C'est un livre
absolument technique , et qui con-
tient la description de tous les pro-
cédés usités par les vitriers. Quel-
ques recherches que la composition
de ces divers ouvrages exigeât de
Levieil, elles n'avaient pu le détour-
ner delà culture des lettres. Il com-
posa , pour les Ursulines de Crespi ,
eu deux de ses nièces e'taient pen-
LEV
sionnaires, une tragédie en trois ac-
tes et en prose, dont le sujet était le
Martyre de Saint-Romain , et qui
f'it représentée avec succès. Enfin J
Levieil a laissé en manuscrit : 1. Urt^
Essai sur la peinture , divisé en
deux parties. La première traite de
l'histoire et des révolutions de cet
art : la seconde renferme la descrip-
tion des divers genres de peinture ,
et lenrs rapports avec celle sur ver-
re. II. Des Recherches sur l'art de
la Verrerie: elles ont pour objet de
faire connaître l'époque à laquelle
les grandes verreries ont été établies
en France ; l'état actuel de la fabri-
que du verre, les règlements faits
pour la vente du verre à vitres. III.
Enfin un Mémoire sur la conj'réne
des peintres-vitriers. Ces ouvrages
ont été légués par Levieil, à son ne-
veu Louis, fils de Jean Levieil, pein-
tre sur verre du roi. Levieil ne s'é-
tait point marié^ il mourut le '^3 fé-
vrier 1772. P — s.
LEVIEUX (Renaud ), fils d'un
orfèvre de Nîmes , floriss.iit comme
peintre d'histoire , dans les beaux
jours du règne de Louis XIV. Il fit
un long séjour à Rome , et y perfec-
tionna son talent par l'étude apro-
fondie des chefs - d'œuvre des plus
grands maîtres de l'Italie. Sans s'être
élevé au premier rang des peintres
français, il doit tenir une place dis-
tinguée parmi ceux du second , par
la correction du dessin , la vérité et
l'éclat du coloris. Il rendait surtout
les chairs avec un art admirable. Ses
principaux ouvrages sont une suite
de tableaux faits pour l'église des
Pénitents d'Avignon, et représentant
l'histoire de saint Jean-Baptiste. Ils
ji'ont pas tous un égal degré de mé-
rite j mais quelques-uns d'entre eux se
recommandent par de grandes beau-
lis d'eUvSemWe et de deîail. Le* deux
LEV
unllours furent envoyé» à Paris en
', par les commissaires de la
ilionrIiarges(lerecucillir,(lans
Ici églises (les (IcpartemenLs^les ol)jets
d*art dignes d'être conserves. Deux
autres , donnés à l'école centrale du
département du Gard , décorent la
SaUe de l'académie royale de Nîmes:
le surplus est resté au musée d'Avi-
gnon. D'autres productions , moins
importantes, du pinceau de Lcvieux,
trouvent à Uzès , dans sa famille,
jui habite cette ville. V. S. L.
LEVIS (François duc de ), ma-
réchal de France , né en }'jio , au
château d'Ajac , en Languedoc , de
Tune des plus anciennes maisons de
France ( Foy. Mi repoix ) , entra de
bonne heure au service, sous le nom
de chevalier de Levis , s'y fit remar-
quer par une bravoure calme et un
sang-froid qui contrastaient singuliè-
rement avec la vivacité de son carac-
tire. Il était aide-de-camj) du maré-
hal de Levis-Mirepoix , son cousin,
t , seul avec lui , lit deux bataillons
prisonniers. Ce général ayant im-
prudemment devancé ses troupes
«juigravissaientla raontagnede Mon-
talban , se trouva , en arrivant sur le
plateau, à cent pas de deux bataillons
ennerais;aulieudechercherà s'échap-
per, les deux olliciers français courent
a eux en criant : « Bas les armes, vous
» êtes entourés. » On les crut sans
discussion, et l'on se rendit. Dans la
suite , la fortune sembla demander
compte auchevaher de Levis de cette
faveur inespérée : elle fit manquer ,
})ar le contre-temps le moins vrai-
semblable, une expédition qu'il avait
concertée avec autant de prudence
que de hardiesse. C'était en Canada •
iJ avait succédéau malheureux Mont-
' ilm : la perte de Québec , qui était
me conséquence de la bataille où
colui-ci fut tué, avait oblijié le* Fraa-
J.EV 38^
çais de se retirer à Montréal, capitale
du Haut - Canada. Le chevalier de
Levis y passa l'hiver. Au commcfi-
ceraent au printemps , ayant a])pris
que les Anglais se cardaient mal dans
Queljec,il résolutde les y surprendre.
Ses préparatifs se font dans le plus
grand secret ; et dès que le dégel le
permet , il embarque son artillerie
sur le fleuve St.-Laurent , et côtoie
la rivière avec l'élite de ses troupes.
11 parvient ainsi, sans être découvert,
jusqu'à peu de distance de Québec.
Là, im des glaçons que le fleuve cha-
riait encore , fait chavirer l'un des
bateaux qui portait les canons. Tout
l'équipage se noie, à l'exception d'un
sergent qui s'accroche au glaçon , et
qui arrive transi de froid sous les murs
delà place. La sentinelle du quai re-
connaît avec étonnement l'uniforme
français , appelle du secours ; on
amène sur le rivage cet homme mou-
rant; on lui demande d'où il vient :
il ne peut répondre que par quelques
mots entrecoupés. Enfin , il reprend
assez de force pour dire qu'il appar-
tient au corps du chevalier de Levis
que l'on croyait tranquille dans ses
quartiers d'hiver, et qui marche sui*
Québec dont il n'est plus qu'à quel-
ques lieues. A peine le sergent a-t-il
achevé, qu'il expire. Le gouverneur
anglais renforce aussitôt ses postes,
se met en défense, et envoie à la dé-
couverte. L'expédition du chevalier
de Levis est manquée ; mais le sort
luU réservait d'autres tribulations.
Ses troupes s'étaient emparées de
deux navires marchands , qui étaient
chargés de rhum et d'eau-dc-vie. Le
soldat venait de faire une marche
forcée de plusieurs jours en suppor-
tant des privations de tout genre ; il
ne put être contenu : les bar ri «pies
furent enfoncées, et , en moins d'une
keure, toute celte petite armiée était
382 LEV
ivre à ne pas bouger : elle e'tait perdue
si remiemi eût été' instruit de cet
accident. Dans cette terrible position,
le général français ordonne à tous les
ofticiers de prendre les armes , de
faire des patrouilles autour du camp,
et de ne laisser approcher qui que
ce soit ; il écrit en même temps au
gouverneur de Quebec,que , se voyant
de'couvert , il va se retirer , mais
qu'il recommande à son humanité'
deux cents malades qu'il ne peut em-
mener, et qu'il laisse à l'hôpital établi
par les Anglais à quelque distance de
la ville , et dont il avait pris posses-
sion. Le gouverneur ne doutant point
que les Français ne fussent sur leurs
gardes, ne songe point à les attaquer j
et, bientôt après , ils se retirent sans
perte , grâce à l'inge'nieux expédient
de leur chef. Le chevalier de Levis
réussit à défendre encore long-temps
l'importante colonie qui lui était con-
fiée, llbattit même complètement les
Anglaisdansunebataillerangéejmais
eet événement glorieux ne put sauver
le Canada. Le dénuement total de
munitions toujours interceptées, tan-
dis que l'ennemi recevait continuel-
lement des renforts , obligea enfin le
chevalier de Levis de se rendre aux
vaincus. Il partit , emportant les re-
grets des colons et même des tribus
sauvages. A son retour en Europe ,
il fut employé en Allemagne comme
lieutenant - général , et se distingua
en plusieurs occasions. Il comman-
dait l'avant-garde du prince deCondc
au combat de Johannisberg;et ce fut
luiqui prit les canons que l'on voyait
avant la révolution , à Chantilly. La
paix de Versailles termina sa carrière
militaire, mais non pas ses services.
Promu au gouvernement de la pro-
vince d'Artois , il sut se concilier
l'alFection des troupes et celle des
citoyens. Toujours juste, toujours
I
LEV
a ffable , et empressé à rendre service , j
il eut la première qualité de l'homme ■
public; partout il se fit aimer. Lors* i
que l'on forma , en 1 77 1 , la maison
militaire de Monsieur , ( aujourd'hui ,
Louis XVill ) , le chevalier de Levis
eut le commandement d'une compa-
gnie de ses gardes. En i-jSS , il fut
créé maréchal de France , et duc eu
1784. Il mourut en 1787, à Arras,
où il s'était rendu , quoique malade ,
pour tenir les états d'Artois. Cette
assemblée , organe fidèle de la pro^
vince où il était respecté et chéri 1
depuis tant d'années , lui décerna de
magnifiques obsèques, et lui fit ériger
un monument dans la cathédrale
d' Arras. Les fureurs révolutionnaires
ont détruit l'église et le monument j
sa mémoire leur a survécu ( i ). L-p-e.
LEVITA. To/. Elias, tom. XÏII,
pag. 1*2.
LEVIZAG ( Jean-Pons -Victor
Lecoutz de), d'une famille noble,
d' Alby en Languedoc , fut destiné à
l'état ecclésiasti({ue , et pourvu d'un
canonicat du chapitre de Vabres.
Faisant de la poésie un délasse-
ment à des études plus sérieuses,
il obtint , en 1776, le prix de
l'idylle à l'académie des jeux flo-
raux , par une pièce intitulée : Le
Bienfait rendu. Obligé, par suite de
la révolution , de quitter la France ,
il se réfugia d'abord en Hollande ,
puis en Angleterre , où il se livra
avec beaucoup de succès à l'ensei-
gnement de la langue française. Il
est mort à Londres , en 181 3. On
connaît de lui : I. Discours sur V ar-
ticle,honàres, 1 797, in-8«.II. VJrt
de parler et d'écrire correctement
la langue française , ou Grammaire
(i) Cet article est en partie extrait <l'iin livra
intitulé Souvenirs et Portraits , (\\i\ a été pu-
blic en i8i3 , in-8°. , par le duc île Levis , pair
de Frauce «t ministre d état , fil» du luaréchaL
LEV
|)hilosophiqiie et Iillfr.iirc de cette
' . /à l'usngc des Français et des
•rs , ibid. 1797 , u vol.,
1 .^'•. ; sixième édition revue par
\ . DiTvet , censeur adjoint du collège
a.' Henri IV, Paris, 1818, u vol.
i 11-8**. iiCltc grammaire , ditG. Henry
Hist. de la lansçiie française , tom.
i , p. 36 ) j est extrêmement utile
pour la connaissancede notre langue,
par le soin que l'auteur a pris d'y
insérer tout ce qui pouvait faire
difficulté pour les personnes qui ne
lit pas nées en France. L'ouvrage
-t terminé par trois lettres à une
uie dame anglaise : sur l'applica-
iion des principes de la grammaire
au récit de la mort d'HippoIyte; sur
les tropes et les figures; et enfin, sur
la versification française. III. abrégé
''' la grammaire, etc. , Londres ,
798 , in-i'j. ; réimprimé plusieurs
fois. IV. Traité des sons de la lan-
gue française j suivi du Traité de
rorthographe et de la ponctuation ;
ibid. 1800 , in-8*'. V. ( Avec Moy-
sant ) Bibliothèque portative des
'''<^rii>ains français y ou Choix des
ailleurs morceaux extraits de
urs ouvrages, Londres, 1800, 3
Lin-8'*. ; a®, édition considéra-
Nment augmentée, ibid., i8o3,
vol. in-S^. : il a eu la principale
S art à cette seconde édition, à cause
e l'absence de Moysant, qui était
■Mtré en France. C'est un choix,
vcellent : quatre volumes sont cou-
res à la prose, et deux à la poé-
H'. Cet ouvrage imprimé à deux co-
ionues et à très-longue justification ,
contient la matière de plus de 20
lûmes in-8°., tels qu'on les im-
ime eu France; aussi n'est-ce
une petite portion de cette Bi-
nhèque qui a été imprimée en
ince, sous le titre de Cous de
i-itiéruture, etc. , 1 8 1 1 , 4 vol. iu-8<*. ,
LEV
383
puis sous celui kV Etudes de littéra-
ture, d* histoire et de philosopfUe ,
i8ri, 1 vol. in-8°. , qui, sans avoir
été réimprimés , ont été reproduits
sous le titre de Cours de littérature,
1814, u vol. in-8«. VI. Theoretical
and practical Grammar nf i/i^
French Tongue, réimj)rimé à Paris
en 181') et encore en 181G, par
les soins de M. G. Ilamonière,
qui y a fait des améliorations.
VII. Dictionnaire français et an-
glais, 1808, in-8". VlIL Dic-
tionnaire des sjnonjmes , 1809,
In- 12. On doit encore à l'abbé da
Lcvizac , une édition des Fables de
La Fontaine , Londres , 1 798 , 'i
vol. in-8«.; — des Lettres choisies
de madame deSévigné et de madame
de Maintenon , avec une préface et
des notes, ibid., 1798, 1801, in-i'i;
— des Leçons de Fénélon; ^— des
Poé.ies de Boileau , avec des notes
historiques et grammaticales ^ et
un Essai sur sa vie et ses écrits
réimprimes en 1809, in-i-ï; —
des Pièces choisies de l'Ami des
Enfants , 181 1, in- 12; — des
OEuvres de Bacine , avec les juge-
ments de Laharpe et de nouvelles
notes grammaticales 181 1,
3 vol. in-i'i. W — s.
LEVRET ( André ) , cbinirgien-
accoucbeur , né à Paris, en i7o3,
moiurut dans cette ville, le 22 janvier
1780. Sa haute renomméelefitappe-
1er à la cour,en qualité d'accoucheur
de Madame la Dauphine , mère de
Louis XVI. Il était membre de l'a-
cadémie royale de chirurgie de
Paris. Il a fait, pendant long-temps,
des cours d'accouchement , que sui-
vait un nombreux concoars d'é-
lèves. Quoique appelé par les femmes
les plus considérables delà capital»',
il exerçait les autres branches de la
chirurgieavecunegrandedistinctiun.
384 l'EV
Le fameux Samuel Bernard lui donna
100,000 fr., pour les soins qu'il en
avait reçus. Les principauxouvrages
de Lcvret sont : I. Obse.vations sur
les causes et les accidents de plu
sieurs accouchements laborieux ,
in-8''.^ Paris, i747« I^^ quatrième
édition de cet ouvrage , qui eut lieu
en 1770 , contient des remarques
fort judicieuses sur le levier deRoon-
huizenz. On a joint à cette édition ,
un opuscule intitulé , Suite des Ob-
servations sur les causes et les acci-
dents des accouchements laborieux ^
etc. , et qui avait été publié en 1751,
in-8<*. C'est une réponse péremptoire
à la critique qui avait été faite en
1749, du premier ouvrage de l'au-
teur, dans le Journal des savants.
IL Observations sur la cure radicale
de plusieurs polypes de la matrice,
de la gorge et du nez, opérée par
de nouveaux moyens , m-^^. , fig.
Paris, 1749- III* Explication de
plusieurs figures , sur le mécani me
delà grossesse et de V accouche ment,
in-8<*., Paris, 1752. Dans ces figures,
l'auteur représente , avec autant
d'exactitude qu'il est possible, les
différents degrés de dilatation de
l'utérus. lY. L'Art des accouche-
ments démontré par des principes
de physique et de mécanique, in-8*'.,
l]g., Paris, 1753, 1761, 1766. Cet
.excellent livre qui, avant celui de
Baudeloque , était le meilleur que
l'on possédât sur l'art des accouche-
ments, a eu plusieurs éditions , et a
été traduit en différentes langues. V.
Essai sur V abus des règles générales
et contre les préjugés qui s'opposent
aux progrès de l'art des accouche-
ment s, m-S^.,l?iiris^ 176G.VL Trai-
té des accouchements laborieux,
in-8^., Paris, 1770. G' estdans ce trai-
té que Levret a exposé une doctrine
iaiifiiBient judicieuse , relative à la
iditi
'4
LEV
forme du forceps , et aux occurrences
où il convient d'appliquer cet instru-
ment, qu'il a perfectionné. Celui-ci,
qui est encore fort usité , porte le
titre de forceps de Levret. VIL Ob-
servations sur V allaitement des en-
fants, Paris, 1781 , in-80. ; trad. en
a!lcmand, Leipzig, 1785, in-80.
de 56 pages. F — r.
LEWE.NHAUPÏ ( Adam-Louis,
comte DE ) , général suédois , qui
partagea les exploits et les revers de
Charles XIT , naquit', en 1659 ? ^^"S
le camp de Charles-Gustave, qui as-
siégeait alors Copenhague. II perdit |
de lonne heure son père, général
cavalerie, et sa mère comtesse d'e _
pire , de la maison de Hohenlohe»
Mais le grand sénéchal de Suède ,
Pierre Brahé , allié à sa famille ,
donna les plus grands soins à son édu-
cation, et lui fit suivre un cours d'étu-
des nonseulemenlà Upsal,mais dans
plusieurs universités d'Allemagne.
Lewenliaupt fit ses premières armes
au service d'Autriche, et comLaltit
contre les Turcs en Hongrie. Il servit,
peu aprè'S, sous Guillaume ÎII, dans
un corps auxiliaire envoyé par la
Suède en Hollande. Charles XII
étant monté sur le trône , Lewen-
haupt fut bientôt distingue par ce
prince , qui le nomma généi al , et
lui confia des expéditions impor-
tantes. Lorsque l'armée suédoise eut
passé en Courlande pour aller à la
rencontre des Russes , ce général
livra plusieurs combats , où il dé-
ploya autant de courage que de tac-
tique ; et , en 1706 , U fut nomme
gouverneur de la forteresse de Riga,
ainsi que de toutes les places voi-
sines, i^amème année, Charles fit la
paix avec Auguste , roi de Pologne ,
et enl reprit cette marche fameuse
qui devait le conduire à Moscou.
Pierre l'attendait , et ne négligeait
M>\V
anrnn moyen de dofense. ïj^arméc
. qui devait pe'iietrer au
M SCS étals , ayant hosoin de
renforts , le roi ordonna à Lcvscn-
haupt de le joindre avec un corps de
dou/.e mille hommes, et de lui ame-
ner , en nu^me temps, des munitions
et de5 vivres. En attendant, il s'avan-
ça dans la Pologne , repoussant les
Russes, et, après avoir remporté une
victoire à Holofziu , il arriva à Mo-
hilow,oùil s'arrêta pour attendre
Lewenhaupt. Celui-ci fut attaquédans
sa marche par le czar , à Liesna , le
ig septembre 1708. Le combat fut
sanglant ; et quoique les Suédois
restassent vainqueurs , ils perdirent
quatre à cinq mille hommes , et une
grande partie des vivres. Ou prétend
que les ennemis du général , qui crai-
gnaient son influence auprès du roi ,
retardèrent sa marche par de faux
avis , et entravèrent sa correspon-
dance. Il arriva enQn avec un corps
de six mille hommes, et une faible
partie des vivres qu'il avait eus à sa
suite. Peu après, Charles résolut de
livrer, près de Pultava , celte bataille
qui eut des suites si désastreuses 2)our
la 'Suède. Blessé dès le commence-
ment de l'action , il fut obligé de
>er le commandement à ses géné-
ra. Lewenhaupt et son corps firent
^ prodiges de bravoure; mais ils
turent point secondés par le gé-
d Reinschild; et les Russes rem-
itèrent une victoire complète. Il
resta que seize mille Suédois ,
lit Lewenhaupt prit le comman-
dent, pendant que le roi cherchait
asile chez les Tartares de l'U-
'ine. Il tenta les plus grands efibrts
ir ranimer le courage des soldats;
M s ne voyant plus le héros qu'ils
.ardaient comme leur génie tuté-
c , ne pouvant espérer aucun
ours de leur palrie,el se trouvant
XXiV.
LEW 385
épuisés parla fatigue et lafaim, ils de-
mandèrent à cauitider. Lewenhaupt
signa la capitulation sur \cs bords
du Borysthèuc , le 2() juin i70(). Il
fut conduit comme prisonnier de
guerre dans l'intérieur de la Russie,
et ne revit plus sa |>atric , étant mort
en 1719, deux ans avant la conclu-
sion de la paix. Pendant sa capti-
vité, il rédigea, en suédois, des Mé-
moires qui ont été imprimés à Stoc-
kholm ( 1757 ) , et qui contiennent
un grand nombre d'anecdotes sur
Charles XII , et donnent la clef de
plusieurs événements de sou règne.
LEWENHAUPT (Charles-Emile
comte DE ) , général suédois , de la
même famille que le précédent, na-
quit le 28 mars iGg^ : il n'avait que
onze ans , lorsqu'il perdit son père ,
et fut élevé avec beaucoup de soin
par sa mère , née comtesse de
Kœnigsmark, tante du maréchal de
Saxe. Il se distingua dans la carrière
des armes , en Norvège et en Pomé-
ranie, sous les ordres du comte de
Steinbock , son parent. Il accom-
pagna Charles XII en Norvège , et
se trouvait au siège de Friderikshall
où ce monarque fut tué. Sous les
règnes suivants, il fit preuve de ta-
lents et de dévouement patriotique.
Nommé lieutenant-général en 173-2,
il fut choisi à une grande majorité
pour maréchal de la diète eu 173/1. ,
et le même honneur lui fut encore
déféré en 174^; mais là devaient
commencer ses malheurs. La Suède
était alors en proie aux factions :
un parti , croyant avoir trouvé le
moment favorable d'attaquer la Rus-
sie, et de réparer les pertes qu'a-
vaient entrainées les malheurs de
Charles XII, opinait pour la guerre
contre la Russie ; Lewenhaupt con-
tribua beaucoup à la faire déclarer.
2S
386
LEW
11 fut nommé j en 1742, général en
chef de l'armée suédoise envoyée
en Finlande. L'armée arriva avant
le général ; et quand celui - ci la
joignit , elle était déjà en pleine re-
traite , à la suite d'un échec qu'elle
avait éprouvé à Wilmanstrandt. Ce-
pendant Lewenhaupt la fit avancer
de nouveau, et ordonna une inva-
sion en Russie. Une révolution se
préparait dans le même temps à
Pétersbourg, et le général suédois
déclara qu'il était venu pour ap-
puyer l'élection d'Elisabeth. Une
espèce d'armistice eut lieu* mais
aussitôt qu'EUsabeth eût été assurée
du trône par un parti puissant , elle
fit recommencer la guerre. L'armée
suédoise mal dirigée par des officiers
d'opinions différentes en tactique et
en politique, et dont Lewenhaupt
ne put contenir la rivalité, se retira,
et fut poursuivie si vivement jiar les
Russes, que n'ayant plus d'autre
ressource, elle capitula le 4 septem-
bre 1742 a Helsingfors. Les auteurs
de cette guerre malheureuse devin-
rent l'objet de l'animosité générale.
Les états , où dominait le parti qui
l'avait désapprouvée , firent arrêter
le comte de Lewenhaupt et le général
Budderabrock, qui partageait ses
torts et ses revers. Ils furent tra-
duits devant une commision établie
par les états , et condamnés à perdre
la tête. La veille du jour fixé pour
leur exécution, Lewenhaupt parvint
à s'échapper de sa prison. Déjà il
s'était embarqué sur un yacht pour
Dantzig; mais l'yacht retenu par un
vent contraire , fut atteint à deux
lieues des côtes , et Lewenhaupt fut
*ti"ouvé caché sous un chargement de
planches , et ramené à Stockholm ,
où il fut décapité le i5 août 174^.
Victime plus iftalheureuse que cou-
pable des dissenisions civiles et des
LEW
chances de la guerre , il périt sur
l'échafaud, sans que son supplice
ait flétri sa mémoire, ni terni l'illus-
tration de sa race. Il laissa un fils
et deux filles. D — z — s.
LEWIS ( John ) , théologien an-
glican , et antiquaire , né à Bristol ,
en 1675 , se livra d'abord à l'ensei- j
gnement , et devint successivement î
ministre de plusieurs paroisses, où sa \
modération, au milieu de la violence >
des partis, exposa fréquemment son j
repos. Il était très-savant et surtout |
très-laborieux : outre ceux de ses ou- j
vrages qui sont restes ,. il avait , dit-
on, écrit plus de mille sermons;
et comme il pensait qu'un sermon-
naire doit composer lui-même ses
discours, il ordonna à son exécuteur
testamentaire de détruire tous les
siens, de peur de favoriser la paresse
des autres prédicateurs. Il eut de
vives controverses, particulièrement
avec le docteur Galamy, qu'il avait
accusé de mauvaise foi comme his-
torien des non-conformistes. Lewis
était , depuis 3o ans , vicaire de
Margate, lorsqu'il mourut, le 16
janvier 174^- Voici les titres de ses
principaux ouvrages : I. Catéchisme
de VégUse , expliqué , 1700 , in-12 ,
rédigé pour l'usage des écoles de cha-
rité , à l'invitation de la société in
tituée pour propager la connaissan
du christianisme ; très-souvent réi
primé. IL Histoire de J. Wicli
1720 , in-8^. III. Histoire et Jln\
quités de Vile de Thanet , dans
comté de Kent, 1728, in-4°.,
avec des additions, 1786. IV. His
toire et Antiquités de l'église abba-
tiale de Faversham. V. Le Nou-
veau-Testament , traduit de la vul-
gate latine, par J. Wicliffe, précédé
d'une Histoire des différentes tra-
ductions de la Bible , 1781, in-fol. ;
réimprimé par M. Barber, in-4'''
' ■ Mc Jc\> J itiiiin iii)ns a fie
(C aussi separifinciU , 1789,
lU-^". VI. rie de Caxton , 173^,
' iii-8**. VII. Précis (le la naissance
H des progrès de l'anabaptismc ^
1738. VIII. Dissertation sur l'an-
tiquité et V usage des sceaux en An-
gleterre ^ •74^« ^^' ^ '^ ^l^ /?^.>-
I nolà Pocnck , évèque de St.-Asaph
! el de Chicliester , 1744, iii-8". Le-
I yns a laissé beaucoup de manuscrits
'['il ont été conservés. L.
LEWIS ( Matuieu-Gregoire ) ,
tour de romans et de pièces de
r.itre , souvent désigné eu Angle-
terre sous le nom de Monk-Lcwis ,
à cause de son principal ouvra<^e ,
était fils d'un sous-secrélaire au dé-
partement de la guerre , et naquit en
-73. Après avoir fait ses premières
iides à l'école de Westminster , il
iiit envoyé en Allemagne, pour y élu-
! dier la langue du pays , et se rendre
propre à un emploi diplomatique;
mais le séjour qu'il fit dans cette
ntrée, donna à son esprit une di-
( tion opposée à l'intention de ses
irents. Au lieu d'étudier à l'uni-
versité où il avair été envoyé , il
prit un goût si vif pour les romans
' ' jour , qu'il n'écrivit dans la suite
.e des romans et des pièces de
théâtre. Le bourg de Hindou l'élut
pour son représentant au parlement ;
' e wis ne s'y fit pas entendre une
tuis. La fortune que lui avait
laissée S9n père, le dispensait de sol-
îitit.T un emploi. Ses productions
Msques et dramatiques se suc-
*ticut rapidement: la première ,
t celle qui fit sa réputation , fut le
^foine [ 1795,3 vol. in- 1*2), roman
I les sombres horreurs et les pein-
voluptueuses forment un en-
monstrueux. Ce mélange bi-
iire eut une vogue extraordinaire ,
'Ui-tout daiu les classes dç la soçiité
LEW
I
dont h', goût n*cst pa.s ioimi-. Lu
conte d'Addison , intitulé liarsida ,
en avait fourni le sujet à l'auteur.
La publication du Moine fit un grand
scandale à Londres ; il fut qucstiua
de citer l'auteur eu justice, comme
corrupteur de la morale publique. Te-
nant à une famille considérée, Lewis
<hcrclia à prévenir une poursuite qui
aurait flétri sou nom , et engagea sa
parole de faire retirer les exem-
plaires qui avaient été distribués , et
de refondre l'ouvrage dans une nou-
velle édition. Il crut devoir se justi-
fier aussi auprès de son père parun«
lettre qui n'a été publiée qu'après sa
mort, et dans laquelle il proteste de
sou respect pour la religion et la
morale, en ajoutant qu'à l'âge de
vingt ans il s'était imaginé qu'eu
chargeant les couleurs il augmente-
rait l'etlèt de son tableau , et que la
punition définitive du vice ferait
toujours plus d'impression que la
peinture de ses excès. Le Moine fut
réimprimé plusieurs fois, et traduit
en français ( sous le titre du Moine;
et avec des altérations sous celui du
Jacobin espagnol), et dans d'autres
langues du continent; il donna lieu
aussi à plusieurs imitations , où la
licence n'est pas rachetée par la
verve et l'imagination. Lewis publia
encore des Contes d'hiver ( Taies
of fi^inter ) , 1801 , 2 vol. in-8°. j
— le Bandit de Fenise ( Tlie bravo
of Fenice), 1804,111-8^, traduit
de l'allemand ; il a été réimprimé
six fois; — les Tjrrans féodaux.
{Feudal Tarants), t8o6 , 4 voL
in-i'2. ; les Contes effrayants { Ta-
lcs ofterror), 3 vol. ; — et les Con-
tes romanesques {Bornant ic Taies),
4 vol. in-i!2, qui n'eurent pas le
succès du Moine, Un de ces dernier»
ouvrages vient d'être traduit en
françaii^ sg^s- le litre de Mj stères
3BS
LEW
de la Tour Saint-Jean. Lewis avait
débuté dans la carrière dramatique,
en 1*^96 , par un drame intitulé , les
Fertus de village , auquel il fit suc-
céder , l'année suivante , le Minisire ,
tragédie imitée de Schiller , et le
Spectre du château y opéra ou drame
en musique: dans cette pièce, l'au-
teur était sur son terrain ; aussi
de toutes ses pièces de théâtre, est-ce
celle qui a eu le plus de vogue; elle
s'est conservée au répertoire de Dru-
rylane , et s'y joue assez fréquem-
ment, (c Dépourvue de poésie, et
» même de style , dit un critique an-
» glais, cette production porte néan-
» moins l'empreinte d'une imagina-
» tion forte et originale ; et Lewis a
» eu le talent si rare de rendre les
» spectres intéressants sur la scène. »
La pièce qui , après celle-ci, eut le plus
de succès , et qui s'est pareillement
maintenue sur la scène de Drurylaue,
est sa tragédie à'Adelgitha, publiée
en 1806. En France un sujet comme
celui-là paraîtrait le comble de l'ex-
travagance. Qu'on imagine une prin-
cesse, modèle de toutes Us vertus, et
femme de Guiscard, duc d'Apulie,
tuant de sa main Michel Ducas, empe-
reur grec, qui, après son expulsion de
I3yzance,a trouvé un asile en Apulie,
et a forcé la femme de son bienfaiteur
à lui accorder un rendez-vous : qu'on
se figure ensuite cette femme recon-
naissant dans un inconnu , qu'on a
saisi comme meurtrier de Michel, un
fils qu'elle a eu autrefois à\m fidèle
amant, et enfin, cette même Adelgi-
tha se donnant la tfiort pour se tirer
d'embarras , et sauver la délicatesse
de son mari prêt à la reprendre. Voici
les titres des autres pièces de Lewis :
i?oZZ«f, tragédie imitée de l'allemand,
^199 7^' ^^^'^^^{East-Indian), iSoo;
Adelmorn, drame, 1801 ; Mfonzo,
lragé<^e ; 1801 ; PiU^antiiio) melo
LEY
drame , i8o5 ; P^enoni , drame ,
1 809 ; Une Heure , ou le CJievalier
et le Démondes bois, pièce roman-
tique , avec de la musique , 181 1 ;
Timour le Tartare , mélodrame,
1812; Riche et Pauvre ^ opéra-co-
mique, t8i2. Lewis a encore publié
le poème de V Amour du gain, i -ygQ,
in-4^.,ct un recueil de Poe^/e^, 1812,
in- 12. Depuis 1812, il fit quelques
voyages , entre autres un aux Indes-
Occidentales, où était située une par-
tie de ses propriétés; ce fut en reve-
nant delà Jamaïque, qu'il mourut et
raer,dans l'été de i8i8.Parsontes
tament il laissa sa collection de cari-
catures à lord Holland, et légua cent]
livres sterling à une jeune actrice
condition d'employer cette somme
un bijou et de le porter à son cou
comme souvenir. D-g.
LEYBURN ( George ) descen-
dait d'une ancienne famille du nord
de l'Angleterre , qui avait été ruinée
sous le règne d'Elisabeth, par la
saisie des biens de Jacques Leyburn,
mort sur l'échafaud , à cause de son
opposition à la suprématie royale.
George naquit en iSgS , dans la
Westmoreland : il fut d'abord élève,
puis professeur d'humanités dans le
collège anglais de Douai ; il alla en-
suite prendre le bonnet de doc-
teur à Reiras , et de là se rendit à
Paris, dans le collège d'Arras , ouj
plusieurs de ses compatriotes s'é-
taient réunis pour composer des ou-
vrages polémiques contre les angli-
cans. Son zèle pour les fonctions de
missionnaire l'ayant ramené dans
sa patrie, il fut arrêté en débarquant
à Douvres, renfermé dans le château
de cette ville, mais bientôt après re-
lâché à la recommandation de la
reine Henriette , qui le nomma un de
ses chapelains , et l'admit dans son
intiraité. Un ordre du conseil-privéj^
I.KV
alarnir du nombre des ratholiqucs
I ^i formaient la maison de cette
princesse , l'ayant force de s'e'loi-
j gncr,ilfnt arrête de nouvean , et
confine dans une prison, où l'on se
disposait à lui faire son procès, lors-
, qu'Henriette ohlint encore sa liberté ,
; tous la condition (pi'il sortirait du
-nanme. 8'etant relire à Douai , il
professa pendant queNpies années
irf philosophie et la théologie , et
repassa ensuite en Angleterre ;
mais il ne tarda pas à être dëcou-
rert, et renferme à la Tour de Lon-
dres. Il se lia dans cette prison avec
le célèbre Monk, alors simple officier
de l'arme'e royale , et détenu pour
la même cause que lui. Gumbie , dans
la vie de ce général , rapporte une
conversation curieuse qu'ils eurent
ensemble , d'où il résulte que le doc-
teur crut apercevoir dans la figure,
dans les discours et dans les senti-
ments de son com j)agnon d'infortune
des traits qui lui firent pressentir
qu'il deviendrait un jour l'instru-
ment de la Providence pour rétablir
le fils du malheureux Charles I«i".
sur le trône de ses pères, et qu'il lui
fit part de ce pressentiment, dont
ils se rappelèrent les circonstanceg
après l'événement. Leyburn , étant
sorti de la Tour,se rendit en France
où il servit efficacement la cause
royale d' Anj-leterre. En i G47, le prin-
cede Galles l'envoya en Irlande, pour
rattacher à son parti les trois ar-
mées catholiques de ce pays , qui ne
voulaient se déclarer qu'après qu*on
leur aurait fait certaines concessions
en faveur de leur religion. Cette né-
gociation n'eut point le succès qu'on
s'en était promis. Peu de temps après,
Richard Smith , évcque de Calcé-
doine, qui résidait à Paris, le nomma
son vicaire- général en Angleterre,
emploi que Leyburn quitta depuis
Ll'.V 3fto
pour la place de président du collège
anglais de Douai. Après avoir gou-
verné ce collège penibint 18 ans , i(
se rendit à Rome, d'où, après un sé-
jour d'un an , il fut rappelé dans sa
patrie par $cs alTaires particulièrcii.
i)ès qti'elles furent terminées, il vint
à Chàlons-sur- Marne, où il termina
sa carrière , en 1677. C'était un
homme plein de zèle, de bonnes in-
tentions, et menant une vie très-régu.
licre; mais on lui reproche d'avoir
manqué de prudence en quelques oc-
casions. On a de lui: 1. Iléponseen-
cjclique à la Lettre cncj clique du
doyen et du chapitre, Douai , iu-4*'.
iCiGi : elle regarde les disputes qui
existaient dans le clergé catholique
d'Angleterre. II. Le Saint caractère,
Douai, in-8^, i(J62. III. rindiciœ
censurœ Duacenœ , sous le nom
de Jonas ïhamon , contre Thomas
Withe, in^''. i65i : cet ouvrage a
été attribué à Jean Warner. IV. Re-
lation de son agence en Irlande
composée en i G48, publiée en 1 7 '^2 ,
Londres, in-8^. Elle contient tous
les détails de sa mission auprès du
duc d'Ormond , chef des armées ca-
tholiques d'Irlande. — Jean Ley-
burn, neveu du précédent, succéda
en 1670 , à son oncle , dans la plac<
de président du collège de Douai.
Attiré six ans après à nome, j)ar le
cardinal Howard , ])our être son se-
crétaire et son auditeur, il s'y fit es-
timer par ses talents, et par les con-
naissances variées que lui avaient
procurées ses voyages dans tonte
l'Europe avec le fils aîné de lord
Montaigu. L'église catholique d'An-
gleterre , privée du gouvernement
episcopal depuis la mort de Richard
Smith eu i(ij7 , le désigna pour en
remplir les fonctions ; et il y fut
envoyé, en i685,en qualité de vicaire
apostolique , ayoc le titre d'cvcqui;
3c|o LEY
d'Adruraet. ( in partibus. ) Jacques
II le logea dans le palais de Saint-
James, et lui assura un traitement
annuel de mille livres sterling. La
révolution de t688, qui précipita ce
prince de son trône, causa quelques
changements dans la position de
Leyburn ; il fut même mis à la Tour
de Londres : mais les ministres de
Guillaume III , rassure's sur son
caractère , lui rendirent bientôt la li-
berté, et le laissèrent exercer paisible-
ment les fonctions de son e'iat , jus-
qu'à sa mort arrivée en i-joS. Outre
«ne Lettre pastorale y adresse'e aux
catholiques d'Angleterre, on a de ce
prélat une élégante traduction latine
du Traité de la nature des coiys ^
et de Vimmortalité de Vame , com-
pose en anglais, parKcnelm Digby,
Paris, i65i, in-fol. Ou conservait
au collège de Douai, un manuscrit
in-4'*. , de ses Lettres, faites pour ser-
vir de modèles dans ce genre d'é-
crire en latin. — Nicolas LEYBurxW,
autre neveu de George , et dernier
frère de Jean , après s'être acquis
l'estime de ses compatriotes catho-
liques^. comme missionnaire, comme
procureur et vice-président du col-
lège de Douai, mourut en i-joj. Il
est auteur d'une traduction anglaise
des histructions pour la jeunesse ,
par Gobi net , si vol. in-8^'. T-d.
LEYDE( Jeani>e). ï\y. Eyck.
LEYDE (Jean de ) , roi des Ana-
baptistes, naquit vers la fin du xv*^.
siècle. Le véritable nom de cet
bomme extraordinaire , qui , né de
parents obscurs, sut secréeruntrônC;,
était Bockels ou Bockelson. FiUd'im
bailli de la Haye, mais ayant perdu
.ses parents dans son enfance , il fut
élevé à Leyde, et forcé d'apprendre
le métier de tailleur. Cependant ses
dispositions naturelles suppléèrent
au défaut d'instruction^ il se dé-
LEY
goûta d'un état pour lequel il ne se
sentait pas né, entra dans le corn- |
merce , passa quatre ans en Angle-
terre , visita la Flandre , Lisbonne ,
Lubeck , revint à Leyde , y épousa
la veuve d'un batelier , et établit une
petite auberge. Ses goûts continuè-
rent de rcntraîncr vers une carrière
plus élevée. Tout en faisant le métier
d'aubergiste , il se livrait à la litté-
rature, composait des pièces devers
et de théâtre , tenait école de poésie ,
jouait la comédie , et disputait sur
la Bible avec une érudition et une fa-
cilité surprenantes. Sa petite auberge
fut le rendez-vous des poètes et d'une
société fort joyeuse. On y jouait
riait , dansait et disputait sans cesse.
Ce fut une école de plaisirs et peut-
êti:e d'instruction; mais elle n'enri-
chit pas le maître de la maison , qui ,
portait ses vues plus loin , et voulait
jouer un rôle plus sérieux. L'espri'
de la réformation avait fait fermen-^
ter les tètes en Allemagne et en Hol-
lande: le vertige réformateur s'était
emparé de la secte des Anabaptistes,
qui , non contents de propager leur
doctrine, décriaient celle des autres
cul les , et déclamaient en fanatiques
contre les dogmes des catholiques et
des protestants. Ils soulevèrent plu-
sj'3urs villes de la Hollande, etcora-îj
mencèrent à gagner de l'influenc*
dans la Westphalie. A Munster , o^
les autorités municipales , depuis
long-temps en querelle avec leur évt
que, s'étaient déclarées en faveur di
protestantisme, quelques prédicateurs
anabaptistes , d'abord réduits au
silence à cause de leur hardiesse ,
finiront par l'emporter sur les prédi-
cateurs protestants , et par entraîner
plusieurs magistrats. Bockels, ayant
entendu vanter leurs talents comme
orateurs , voulut les entendre : la
curiosité et U mobilité naturelle de
LKY
5on esprit furent probablement les
!ils inotirsijni lui firent abandonner
I iVinme et son auberf;e , pour se
, rcndreà Mimstor. 11 yarriva en i )33,
écouta les pmlicn leurs anabaptistes ;
leur fanatisme le gagna ; il étudia
îi^nr doctrine, cl la prêcha ensuite
^ ce toute la chaleur d'un fervent
iÉ< ophite. Il ne revint en Hollande
■■ que pour prêcher et disputer ; et dès
lecommencenientde l'année suivante,
ii reparut à Munster avec l'anabap-
tiste Mathison. Tous deux revêtus
d'un costume étrange, furent annon-
' CCS par les prédicateurs de leur secte
• comme des prophètes envoyés de
Dieu pour déjouer les projets des
iiifidèles. Quelques jours après, Jean
de Lcyde et Tanabapliste Knipper-
dolling parcoururent les rues , en
criant : Faites pénitence ! la ven-
f^eance du pc^re céleste approche !
EtîVaye de ces cris lugubres , le peu-
ple accourut en foule pour se faire
nebaptiscrrle nombre des fanatiques
augmenta de jour en jour; il y etit
des inspirations , des visions , des
scènes convnlsionnaires. Les catho-
liques et les prolestants , voyant la
frénésie de la secte rivale, se tinrent
sur leurs gardes , et se fortifièrent
dans un quartier de la ville. Le
prince-evêque, de son côte , ayant
perdu toute son autorité, rassera-
nlait des troupes pour assiéger les
habitants et réduire les protestants
cl les anabaptistes. Les prédicalions
Ainislres redoublèrent dans la ville
à mesure que le danger croissait • les
femmes prêchèrent la pénitence
avec plus de fanatisme encore que
les hommes : tous les cerveaux
étaient ébranles , et l'autorité de Jean
d« Leyde, qui se distinguait par une
eloeuliou facile , et imposait par
'ni maintien théâtral , augmentait
tque jour. Le priuc« de Waldeck ,
Ll'Y 3g I
evéque de Munster, yint mettre le si^-
ge devant la ville, après avoir enrôU
des troupesau\quelles il avait promis
la moitiédubutin lorsdu sacdeMuns-
ter, en se réservant l'autre moitié.
Ceux des habitants qui lui étaient le
plus dévoués , quittèrent la ville.
Les anabaptistes étant alors maîtres
de la place, se préparèrent à une vi-
goureuse résistance. Dans la première
fureur, ils pillèrent les églises, et brû-
lèrent tous les livres et manuscrits
qu'ils purent saisir. Apri s ces actes de
violence, ils préparèrent les moyens
de défense , formèrent un gouverne-
ment composé de douze vieillards,
qu'ils nommèrent les anciens du nou-
vel Israël, et d'un prophète charge'
d'annoncer leurs ordres au peuple. Ce
rôle échut à Jean de Leyde. Les douze
anciens publièrent une sorte de cons-
titution. Les vivres furent tous dépo-
sés dans des magasins communs , les
habitants furent armés , les fortifi-
cations furent reparées et améliorées;
et quelques-uns de ceux qui désap'
prouvèrent les mesures prises par ces
fanatiques , furent mis à mort. Les
assiégeants, de leur côté, ne firent
grâce à aucun des anabaptistes qui
tombèrent en leur pouvoir. Tout en
se défendant avec courage , Jean
et ses collègues prêchaient la péni-
tence; ils prescrivaient la plus grande
sobriété , et en même temps ils auto-
risaient la polygamie , au grand scan-
dale des vrais fidèles. Bientôt un
prophète anabaptiste annonça que
Dieu avait élu Jean poiur roi du
nouvel Israël ; et le fils de Bockels
fut oint, et proclamé roi des Ana-
}>aptistes. Le nouveau souverain se
forma une garde de vingt-huit tra-
bans , une cour , et même un sérail.
Après la mort de sa première femme,
oui avait été exécutée dans une émeute
de la nouvelle secte à Leyde, il arait
Sgct
LEY
épouse la veuve du prophète Matlii-
son. Celle-ci fut proclamée reine • et
douze à quinze autres femmes lui fu-
rent subordonnées. Un téméraire,
ayant osé blâmer cette polygamie ,
eutaussitôtlatête tranchée. Les armes
du nouveau roi étaient un globe percé
par deux glaives, et surmonté d'une
croix. On frappa plusieurs médailles ;
Tune représentant le roi en grand
costume ; une autre avec celte légende:
Un seul Dieu , une seule foi , un seul
hapttme ; 1 534;, ^ Munster. En vain
le prince-évcque chercha-t-il à sou-
lever le peuple contre ce nouveau maî-
tre : vigilant et actif, Jean de Leyde
déjoua tous ses efforts. Au milieu des
plaisirs auxquels il se livrait , il sut
contenir, par la terreur, le peuple que
la famine commençait à pousser au
désespoir; le moindre signe de défec-
tion était puni de mort : on prétend
qu'il fit même subir le dernier sup-
plice à une de ses femmes pour s'être
refusée à cohabiter plus long-temps
avec lui. Il envoya des missionnaires
dans les autres villes de l'évêché afin
de les gagner pour la nouvelle secte;
maisWaldeck les fit saisir et exécuter
avec tous ceux qui s'étaient fait reba-
tiser. Jean de Leyde envoya enfin
des émissaires en Hollande pour ob-
tenir des secours. Plusieurs tentatives
furent faites parles anabaptistes hol-
landais afin de saisir Tautorité et de
faire cause commune avec leurs frères
de Munster ; mais elles échouèrent
entièrement. Depuis plus de six mois
le siège traînait en longueur , lorsque
dans une nuit orageuse du mois de
juin 1 5 35, une partie des troupes
épiscopales fut introduite par trahi-
son dans la ville. Les anabaptistes se
retranchèrent derrière des poutres
et des chariots dans la place publi-
que , et périrent la plupart en com-
battant. Jean de Levdefut arrêtédans
LEY
une tour. Deux de ses compagnons,
furent également pris \ivants,et con-
duits dans un des forts de Tévêché. La
ville fut abandonnée au pillage ; et
pendant huit jours , les soldats s'y li-
vrèrent aux plus affreux excès : tous
les habitants que l'on soupçonnait
d'avoir penché pour la nouvelle doc-
trine , furent massacrés ; et comme
les anabaptistes passaient pour avoir
généralement le teint blême, il suffi-
sait d'être pâle pour devenir victime
de la soldatesque. La vengeance de
Waldeck fut si cruelle , que la diète
de Worms s'intéressa pour les mal-
heureux habitants de Munster, et prit
des mesures pour mettre fin aux exé-
cutions. Au mois de janvier i536 ,
Jean de Leyde et ses deux complices
furent tirés de la prison, et conduits
sur la place publique : après avoir
été tenaillés , pendant plus d'une
heure , avec des tenailles ardentes ,
on leur plongea un poignard dans le
cœurjensuite on suspendit leurs corps
dans des cages de fer au clocher de
l'église Saiut-Lambert. Ces cages y
sont encore; jctlcs instruments du sup-
plice sont demeurés suspendus de-
vant l'hôtel-dc-ville. Telle fut la fin
d'une révolution qui , chez un peuple
d'un caractère plus enthousiaste que
les habitants de la Westphalie , au-
rait pu changer la face de l'Allema-
gne , et fonder l'empire d'une secte
qui depuis est tombée dans l'obs-
curité. Jean de Leyde avait proba-
blement, comme Ma homet, commen-
cé à se faire illusion à lui-même
avant de séduire les autres : il croyait
à l'inspiration divine , et en vertu de sa
mission, il voulut s'élever un trône.
Dévot et voluptueux, humble et rem-
pli d'ambition , ce fut par le fana-
tisme, pins que par ses talents, qu'il
s'empara du pouvoir : cependarit il
fit preuve d'un caractère peu com-
I.EY
muii en parvenant à dirij^cr ainsi
ce fanatisme dans son intérêt, et à
s'ëriger en despote sur une secte qui
était née dans le républicanisme. On
montre encore à Munster le lieu où
était son harem : son portrait est à
la bibliothèque du chapitre de la ca-
thédrale ; il y a aussi deux portraits
de Jean de Leyde et de sa femme ,
peints par Floris. Tous les ans une
procession du clergé de la cathé-
drale rappelle à celte ville la chute
de Tanabaptisme et le triomphe de
l'autorité épiscopale. On joue, de
temps à autre , sur le théâtre de
^fullster , une mauvaise tragédie dont
Jean est le héros. Ses aventures font
aussi le fonds d'un roman médiocre,
im])riraé à Leip/ig. Kcrsscnbroick a
écrit en latin, et Catrou en français,
l'histoire des troubles de l'auabap-
tisme. D-G.
LEYDE (Lucas Dammesz, dit
Lucas de ) , célèbre graveur et pein-
tre , né à Leyde, en i494 , reçut les
premières leçons de dessin , de son
S ère Hugues Jacobs, peintre assez raé-
iorre, et passa dans l'école de Cor-
neille Engelbrechtsen. Mais Lucas
était né pour ne rien devoir qu'à lui-
même. 11 n'avait que neuf ans , et il
s'était rendu familiers tous les genres
de peinture , sur verre , en détrempe
et a l'huile. Il peignait avec un égal
talent le paysage et le portrait. En
vain sa mère , craignant pour sa
santé, voulait le détourner du tra-
vail; il passait les nuits entières à
étudier. Il ne faisait rien sans co-
pier la nature, et ne fréquentait, des
jeunes gens de son âge, que ceux
qui avaient les mêmes goûts que lui.
A douze ans , il peignit, en détrempe,
y IlisUire de Saint- Hubert ; et ce
tableau eut un succès universel.
Ne se bornant pas à la peinture ,
il apprit la gravure à la pointe cbei
LEY
3î)J
un armurier qui faisait mordre à
l'eau-forte des ornements sur des
cuirasses ; et c'est chez un orfèvre
qu'il se perfectionna dans la gravure
au burin. Bientôt il surpassa tous les
artistes en ce genre, et rivalisa avec
Albert Durer lui-même. A l'âge de
quatorze ans , il grava une estampe
représentant Mahomet dans un étal
d'ivresse , égorgeant le moine Ser-
fr»//^. Cette estampe, datée de 1 5 08, est
la première pièce de Lucas dont l'é-
poque soit déterminée; mais comme
elle est très-bien gravée, et que le
dessin même en est assez correct, il
y a lieu de croire qu'il en avait gravé
beaucoup d'autres avant d'en venir
à ce point. L'art de la gravure lui
doit une de ses parties les plus essen-
tielles , la magie du clair-obscur, H
est vrai qu'il a depuis été surpassé
dans cette même partie ; mais d lui
reste le mérite d'avoir conçu le pre-
mier l'idée d'affaiblir les teintes re-
lativement aux distances. C'est une
époque remarquable dans l'art ; et
Vasari a dit: « Ses sujets historiques
» sont d'une grande variété , et il a
» su éviter la confusion ; il a sur-
» passé Albert Durer dans la compo
» sition ; il a plus aprofoudi que ce
1) dernier toutes les règles qui tien-
» nent à celte partie de l'art. A peine
» la peinture pourrait-elle , par ses
» couleurs , faire mieux seutir la
» perspective aérienne. Les peintres
» mêmes ontpuisé,dans sesgravures,
» les principes de leur art. » Lu-
cas prenait un soin particulier de ses
épreuves, et la tache la plus légère
suffisait |>our les lui faire détruire.
I^ réputation de cet artiste s'étendit
surtout en Italie. A peine Albert
Durer eut-il vu les premières pro-
ductions du graveur hollaiid.iis ,
qu'il conçut pour lui la plus haute es-
time : il lit le vuyagt de Le) de pour
3ç)4 LEY
le connaître ; et , dès qu'ils se furent
vus , ces deux artistes se lièrent d'une
amitié qui ne fut interrompue que par
la mort. Animes d'une noble e'mula-
tion , Albert et Lucas se communi-
quaient leurs lumières, choisissaient
quelquefois les mêmes sujets , et les
traitaient chacun à leur manière.
Pendant qu'Albert était à Leyde ,
les deux amis , en te'moignage de Ta-
niitië et de l'estime qu'ils s'étaient
vouées , se peignirent réciproque-
ment sur un même panneau. Tou-
jours jaloux d'acquérir de nouvelles
connaissances , Lucas conçut le pro-
jet de visiter les artistes les plus re-
nommés des Pays-Bas. Il fît ce voyage
à grands frais, donnant des fêtes aux
peintres dans toutes les villes qu'il
traversait. Il avait fait équiper un
vaisseau à ses dépens ; et attiré par
la réputation dont jouissait alors
Jean de Mabnse , il se rendit à Mid-
delbourg, où résidait ce peintre , et
se lia avec lui d'une étroite amitié.
Ils visitèrent ensemble les villes
de Gand , de Malines , d'Anvers ;
et tous deux rivalisèrent de dépense
et de générosité. Mais ce voyage fut
loin d'être heureux pour Lucas. Il
revint malade à Leyde , non sans
soupçon d'avoir été empoisonné par
des rivaux jaloux. Frappé de cette
idée, il ne jouit plus d'un seul ins-
tant de repos; toujours accablé de
son mfl , il ne quitta presque point
le lit pendant les dernières années de
sa vie. Toutefois , il avait trouvé le
moyen d'y peindre et d'y graver ,♦ et
c'est dans ce travail seulement qu'il
trouvait quelque distraction à ses
maux. Cependant, l'opinion la plus
générale n'attribue les infirmités et
la mort prématurée de Lucas, qu'à la
délicatesse de son tempérament , en-
core augmentée par son extrême ap-
plication au travail. Quelques heures
LEY
avant sa mort il travaillait encore à
sa dernière planche qui représente une
P allas. Sentant approcher sa fin , il
voulut jouir encore une fois de la
vue du soleil , se fît transporter à
l'air, et mourut en i533, âgé de 89
ans. Il s'était marié fort jeune, et n'eut
de son mariage qu'une fdie. Quand on
réfléchit au peu de temps qu'a vécu
cet artiste , et à la maladie qui le ré-
duisit à garder le lit pendant les der-
niers temps de sa vie , on est étonné
de la quantité de tableaux qu'il a
laissés en tout genre , sur verre , en
détrempe , à l'huile; et l'étonnement
redouble, lorsque l'on considère que
le nombre de planches qu'il a gra-
vées , soit au burin , soit àl'eau-forte,
monte à cent soixante-douze , sans
compter une vingtaine de tailles de
bois, gravées sur ses dessins, et qui
portent son chiffre. Comme pein-
tre , Lucas de Leyde , peut passer
pour le plus grand artiste que la
Flandre ait eu de son temps. Ses ta-
bleaux sont bien peints, et d'une tou-
che large, quoique finie ; la couleur
en est d'une extrême fraîcheur. C'est
surtout dans la peinture des femmes
qu'il déploie toute la délicatesse de
son pinceau. Dans le paysage, les
arbres , les ciels et les fabriques sont
peints avec finesse et légèreté. En
général, ses compositions sont bel-
les , riches , variées et sans confu-
sion. Cependant son dessin, quoique
correct , manque de moelleux , et
pèche par une imitation trop mi-
nutieuse de la nature. D'un autre
côté, ses figures se détachent trop
sèchement sur les fonds ; ce qui
leur donne un air un peu dur. Les
teintes ne se fondant pas d'un ton
assez dégradé , les couleurs sem-
blent parfois trop crues; mais ce
défaut doit être plutôt attribué a
la manière dont on peignait du
LEY
temps (Ir Lucas, qu'à la nalurrtnomp
de son talent. Le Musée du liouvrc
possède deux tableaux de ce maître :
l'un représente la Descente de Croix,
j Composition de neuf figures , l'autre
une Saint atlon An^èlujue. 11 possé-
dait aussi un Portrait de Lucas de
Le^de, peint par lui-même ; — Saint
Jén'fmc dans le disert; — Hérodiade
portant dans un bassin la tête de
Saint -Jean- Baptiste ; — un Po'. trait
de Femme en prière ; — un Por-
trait d'Homme dans la même at-
titude, tous deux peints sur bois;
» •~- la Fontaine de Jouvence, pay-
! sage avec figures. Les deux, pre-
miers ont e'të rendus à la Prusse , eu
l8i4; les quatre autres ont été rc-
• pris en i8i5, par le duc de Bruns-
1 wiclL, ainsi que les trois dessins sui-
vants : le Dévouement de Curtius ;
]a Femme adultère; un Homme
armé d'un arc et d'une flèche. Les
dessins de Lucas de Leyde sont ter-
' tninés à la plume : le travail en est
fin et délicat ; les hachuressont croi-
sées en ditïérents sens. Il y en a quel-
ques-uns laves au bistre , relevés avec
j ou blanc au pinceau , hachés de la
î^ème manière que s'ils étaient faits
ia plumée. On les reconnaît facile-
ment au caraclèredcs draperies , aux
' airs de tête, à l'art et à l'esprit de la
; touche. Ses estampes , déjà payées
fort cher de son vivant, n'ont fait
qu'augmenter de valeur. Il est très-
rare d'eu rencontrer de bonnes épreu-
ves; et elles sont encore plusdifïiciles
à réunir, que celles d'Albert Durer.
M.Bartsch, garde de la bibliothèque
impériale de'^Yicnne , a publié un
talogiic raisonné des centsoixiinte-
-'»u7,f- pi< ces dont se compose l'œu-
vre de Lucas de Leyde. On peut y
'^>ir le détail et le prix des divers
ivrages de cet artiste. Le Manuel
ff^s amateurs de l'art y de Uuber et
LEY 395
Rosi, en contient une nomenclature
assc7. étendue : on se bornera ici à
parlerdes pièces qui, par la perfection
du travail,oules anecdotes auxquelles
elles ont donné lieu, méritent une
attention particulière. I. Abraham
renvoyant Agar, in-fol. Celte pièce,
une des premières de l'artiste, est
d'une extrême rareté; on la croit
gravée en i5o8. IL ]J Adoration
des Mages , grand in-fol. Cette es-
lampe , une des plus considérable»
de l'œuvre de Lucas , est datée de
1 5 1 3 ; elle a été regravée par H. Golt-
zius , avec peu de diflTérencc ; et on
la met au nombre des six chefs-d'œu-
vre de ce dernier graveur. III. Jé-
sus-Christ présenté au peuple , oir
le grand Ecce homo , grand in-fol.
en travers. Cette riche composition
contient plus de cent figures. C'est
une des pièces capitales de Lucas ;
on y admire la convenance des ca-
ractères, l'ordonnance de la compo-
sition , et surtout rinlelligcncc avec
laquelle les diOerents plans sont dé-
gradés : elle porte la date de i5io ;
l'artiste n'avait alors que seize ans,
IV. Jésus-Christ entr^ les deux lar^
Tons; très-belle estampe grand in-
fol. en travers , presque aussi riche
de composition que la précédente,
puisqu'elle coulieîit quatre-vingt-dix
figures. Les bonnes épreuves de cette
pièce, une des plus parfaites de l'œu-
vre de Lucas , sont excessivement
rares; elle est datée de iSi-y. V. /.«
Betour de l'Enfant prodigue : cette
pièce, que l'on croit gravée en i5io,
est admirable par riutelligence avec
laquelle les lointains sont exécutés.
VI. Saint-Christophe dans Veau ,
portant l'Enfant- Jésus sur ses épau-
les , en s' appuyant avec force sur
une grosse branche d'arbre. Celle
{)elilr estampe in- 12 , une des meil-
eures de l'arlLste, paraît avoir «le
3o6
LEY
gravée en 1 5*21. La même année Al-
bert Durer avait exe'cuté \e même su-
jet ; et Ton présume que les deux
estampes ont été faites en concur-
rence. VII. Marie-Madelène se li-
vrant aux plaisirs du monde : cette
estampe est célèbre sous le nom de
la Danse de la Madelène. La scène
se passe dans un riche paysage, et
l'action cnesttriple. Au milieu est la
Madelène, la tête ceinte de l'auréole,
donnant la main à un homme avec
lequel elle danse au son d'une flûte
et d'un tambourin j elle est environ-
née de plusieurs groupes des deux
sexes. Vers le fond, la Madelène,
la tête toujours ceinte de l'auréole,
poursuit un cerf à la tête d'une troupe
de chasseurs à pied et à cheval : en-
fin, vers le sommet d'un roc élevé,
on voit l'ame de la Madelène ravie
au ciel par quatre anges. Celte belle
pièce, qui date de 1 5 19, est une des
F lus recherchées et des plus rares de
œuvre de Lucas. VIII. Le poète
Virgile suspendu ' dans un panier
hors d'une fenêtre, par une courti-
sanne, qui, pour se venger de quel-
ques propos quil avait tenus sur
son compte , V expose ainsi à la ri-
sée des passants. Ce sujet est tiré
d'une vie apocryphe de Virgile, fort
goûtée du temps de Lucas. L'estampe
est gravée avec le plus grand art ; la
manière en est plus vive et plus bril-
lante que dans les autres ouvrages
de l'artiste. Albert Durer fut telle-
ment frappé de sa perfection, qu'il
conçut le dessein d'en publier une
qui pût rivaliser avec celle de Lucas;
et c'est à cette concurrence que l'on
doit sa fameuse estam|>e connue
sous le nom du Ches^al de la Mort.
IX. Ujlenspiegel ou V Espiègle ;
estampe fameuse, dont on ne connaît
que cinq ou six éprem^es X. Por-
trait de V empereur Maximilien
LEY
P»". à mi-corps. 11 est ajusté à la
mode du temps , en cheveux plats,
et coiffé d'un grand chapeau. Lucas
le peignit , lorsque cet empereur
vint à Leyde ; mais il ne grava ce
portrait qu'en 1 5'io , un an après la
mort du prince. C'est la pièce la plus
considérable qu'il ait gravée de la
sorte; c'est aussi undeses plus beaux
ouvrages et un des plus rares. Lucas
marquait ses estampes de la lettre L,
quelquefois à rebours , et les datait
le plus souvent de l'année de leur
composition. La galerie de Florence
possède le Portrait de cet Artiste,
peint par lui-même ; il l'a gravé à
î'eau-forle, et on lit au bas : Effigies
Lucae Leidensis , proprid manu
incid. P-s.
LEYDECKER ( Melchior ) , théo-
logieu calviniste , né à Middelbourg ,
le 3 mars 164^, f"t établi pasteur
dans la province deZélande en 1662,
et occupa, en 1678, une chaire
de professeur à Ulrecht : quelque
temps après , il prit le degré de
docteur à Leyde , et se prononça, sui-
vant Moreri,d'une manière Irès-A^ve
contre les systèmes de Cocceius et
de Descartes, qu'il regardait comme
des innovations dangereuses , quoi-
qu'il n'eu eût qu'une connaissance in-
suffisante pour les condamner. Celte
vivacité de caractère et cette légèreté
de jugement lui firent commettre
beaucoup d'imprudences et defautes,
durant le cours de sa vie. On le vit
s'opposer à la réimpression des
Grands critiques; et il ne tint pas
à lui que l'excellente édition d'Ams-
terdam n'eût pas beu. On le vit
aussi se déchaîner , avec fureur ,
contre les ouvrages de Drusius, et
contre celui de Spencer , intitulé De
legihus ritualibus hehrœorum , qu'il
croyait n'avoir été entrepris que pour
favoriser le sociniànisme. Ccpen-
LEY
dant , totit intolérant quVtail Lcy-
deckcr, il desirait beaucoun un rap-
firochemcnt entre les calvinislesel les
iithëriens : il fit même qiiehjncs ef-
forts pour l'opérer. Du reste, il était
savant dans le rabbinisme , dans la
théologie et dans l'histoire ecelc-
siastique. Ses nombreux écrits abon-
dent en recherehes curieuses et in-
téressantes ; et s'ils manquent de cri-
tique et de modération , ils sont
utiles par le savoir. Il mourut en
1711. Nous avons de lui : I. De
Idstorid jansenismi libri sex , quibus
de Cornelii Jansenii vitd et morte
necnon de ipsius et sequacium dog-
matibus disseritur, Utrecht, 169:),
inS^. Cet ouvrage, où l'on trouve
des faits curieux, a été reTuté par
le père Quesnel , sous ce titre : La
souveraineté des rois défendue ,
contre l'histoire latine de Melchior
Lefdecker,etc.,P3ins, 1704 et 17 12,
I vol. in- 12. La réfutation renferme
quelques principes excellents. On
y lit , page 4 : Le mépris de la puis-
sance souveraine et la révolte contre
l'Eglise ne marchent guère Vune
sans Vautre. Jean Ylack , ministre
protestant, attaqua aussi V Histoire
du jansénisme : Leydecker répondit
par une Lettre datée de 1696, et par
un Livre où étaient relevées les er-
reurs de Vlack, Utrecht, 1698,
in-8<». IL De republicd hebrœorum ,
libri XII ; subjicitur archatologia
sacra qud historia creationis el dilu-
vii mosaica contra Burneti profa-
nam telluris theoriam asseritur.
Amsterdam , 1704, in-fol. IlL De
varia reipuhlicœ hehrœorum statu
libri lï, thenlogico-politico-historici,
formant le tome deuxième de l'ou-
vrage précédent , Amsterdam, 1 7 1 o,
in-fol. Ce volume renferme des anec-
dotes singulières, et un grand nom-
de traits curieux sur le judai5.7ic,
LEY 3t)7
depuis la captivité de Babylonc jus-
qu'à Jésus-Ci hrisl. IV. rcrsioacno-
tœ in Màimonidis libnim de regibtis
hebrœonim eurunupiejuribuSy Rotcr-
dam, 1^)9, in-B".; inséré ensuite
dans le tome dernierde la République
des HébreiLX. Leydecker avait com-
posé un troisième tome, qui com-
mençait à la naissance de Jésus-
Christ ; mais il demeura manuscrit
entre les mains de Charles Thuin-
man, élève de Leydecker, et pasteur
de Middelbourg : il est encore inédit,
V. Continuatio historiée eccleùas*
ticœ G. Horniiy Francfort , 1 704 ,
in-8«. ( Foj. Georg. Hon>,) VI. Jna-
Ijsis Scripturœ et de ejus interprcta-
tione in concionibus , ac de me-
thodo concionandi , Utrecht, i683 ,
iu-8». VIL Historia Ecclesiœ Afri-
canœ illustrata , Utrecht et Leijûig ,
1690 , in-40. VIII. Fax veritatis ,
seu exercilationes adnonnullas con-
troversias , etc. Leyde, 1677 ' •"-4***
IX. Fisverilatis,seu disquisitionian
ad nonnullas conti oversias , etc. ,
Utrecht, 1679, in-4°. Ces deux ou-
vrages sont dirigés dans le même
sens contre la philosophie de Des-
cartes. X. Dissertatio historico-thec-
logica de vulgato nuper Cl. Bekkerl
volumiue, et Sciipturarum autho-
ritate ac veritate pro christiand re»
ligione apologctica y Utrecht, 1692^
in-B®. Cette dissertation contre le
Monde enchanté de Bekker , est un
des meilleurs ouvrages qui aient pani
à cette occasion. Bayle approuve l'au-
teur d'avoir fait voir qu'il n'y aurait
point de principe plus pernicieux
à la religion chrétienne que de pré-
tendre qu'il ne faut pas croire ce
qui surpasse la comprélieusion de
notre esprit , ou ce qui n'est point
conforme aux notions de la raison
humaine ( Béponse ttiLt questions
d'un provincial ). Comme dacs sa
398
LEY
dissertation, Leydecter avait alla*
que Louis de Wolzogue , Yzarii , mi-
nistre réfugié d'Amsterdam , publia
contre lui : uépologiaparentalis Lu'
dovici ffolzogenii , 1 69*2 . XI. Exer-
citationes selectœ historico-theolo-
gicœ , quibiis antiqua christiance
ecclesiœ doctrina ex monument is
Patnim, etc. exponitur, Amsterdam ,
171^2, in-4**? 2 vol. On attribue à
Leydecker : Oratio de usa linguœ
hehraicœ et de utilitatehumaniorum.
litterarum in studio theologico. Ce
laborieux écrivain a donné un grand
nombre d'autres ouvrages tant en latin
qu'en hollandais. On en trouve la
liste dans le Trajectum eruditum de
Burmann , pag. i -j 5- 1 83. Leydecker
a été placé au rang des savants pré-
coces par Klefeker j et ce n'est pas
sans litre , puisqu'il avait lu les écrits
des rabbins à dix-sept ans. Ce théolo-
gien avait refusé la chaire de Gro-
ningue, en 1689. La ville d'Utrecht
le dédommagea de ce sacrifice en aug-
mentant son traitement. L-b-e.
LEYSER (Polycarpe), en latin
Lj seras , théologien de la confes-
sion d'Augsbourg , naquit en i552 ,
à Wynenden dans le Wurtemberg.
Ses dispositions lui méritèrent la
protection d'Auguste , duc de Saxe ,
qui le fit élever dans l'université de
Tubingue. En 1578 , il fut appelé à
GoUersdorf , pour remjDlir les fonc-
tions de ministre. En 1576, il obtint
le degré de docteur et le titre de pro-
fesseur en théologie à l'université de
Wittemberg, et ensuite celui de sur-
intendant. II travailla, eu 1579 , à
la rédaction du Formula concordiœ
entre les luthériens cl les calvinistes ,
et en devint le plus zélé défenseur.
Député , avec le ministre Jacques
André , pour obtenir l'adhésion des
théologiens et des ministres de l'élec-
torat de Saxe , il s'acquitta de §a
LEY
ne vig
il assista , dit Bayle , à toutes les
assemblées qui furent tenues à l'oc-
casion de ce livre , et pour la réunion
des calvinistes et des luthériens , qui
était négociée par les agents du roi
de Navarre. En j 588, il fut nommé
coadjuteur de Brunswick, et obligé
d'accepter cette charge, au grand re-
gret de ses partisans saxons. Peu
après , il devint surintendant des
éghses du même pays. On le rappela ,
en 1 593 , à Wittemberg ; et l'année
suivante , il fut nommé à la charge
de premier prtjdicateur de la cour
de Dresde , qu'il occupa le reste de
sa vie , avec celle de précepteur des
jeunes princes : il mourut a Wittem-
berg , en 1601 , laissant , par testa-
ment , une somme pour être distri-
buée , tous les ans , le jour de Saint-
Polycarpe et de Sainte - Elisabeth ,
aux élèves de la communauté de cette
ville. On porte à treize le nombre
de ses enfants. Les longues et vives
querelles qu'il eut à soutenir contre
le jésuite Gretser , le ministre suisse
Samuel Huber et le poète Jean Ma-
jor,nerempêchèrent pasde composer
beaucoup d'ouvrages : on peut voir
les titres de quelques-uns dans Moréri •
nous indiquerons seulement : I. Co-.
lossus Babjlonicus , quatuor mundl
monarchias reprœ sent ans ;, seu Ex-
positio secundi capitis Danielis ,
Darmstadt, 1607 et 1609J Leipzig,
1608 et 161 0 ; Francfort , 1609 et
1 6 1 0 , in-4^. II. Schola Bahjlonica,
seu Commentarius in primum caput
Danielis , Darmstadt , 1609, in-4'*.
III. Expositio primœ partis Gene-
seos , seu Historia Adami , Leipzig ,
ï6o4, in-4^. ] il a traité de même
le reste de la Genèse , en cinq autres
ouvrages. IV. Chrisiianismus , Pa-
pismus _, Calvinismus , Wittemberg,
1608 et J620 , in-8^. j eu allemand ,
M V
l6oa ; Wiltenibcrg , i()i3 , in-S*.,
tn latin. V. Hannuma CK'anç^lka à
Martini) Chemnitio inchoata , à
J*oljcarfto l/ysero contimiaia , et
à Joanne Gherardo absolut a , iii-
4**.; irapriracc un crand nombre de
fois. ( Voyez Bibliot. sacr. du P.
Lelong. ) VI. Historia ordinis jesiii-
tici ( auctore HaseninuUer ) , cum
duplici Poljc. Lj^seri prœj'atione,
Francfort, i5()4 et iGo5. Le P.
Grelser réfuta cette histoire ; et
Lcyscr répliqua , Leipzig , 1607 ,
iu-8^. Les ouvrages que Leyser a
laisses en allemand , ne sont guère
moins nombreux : ce sont des dis-
coirs, des sermons, des apologies
des dissertations , etc. On peut en
voir la liste dans le Dictionnaire des
savants, par Jœcher, et dans Spize-
lius : Templum honoris reseratum ,
jiag. i(3. Melchior Adam a joint sa
Notice biographique à celles destheo-
logiens. Bjyle bii a consacre un ar-
ticle. — Trois autres Leyser , por-
tant le même prénom , se sont fait
connaître par divers ouvrages. Poly-
carpe II , fils du précèdent , ne' à
Wittemberg , en i586, fut aussi
professeur de théologie à Leipzig et
à Wittemberg , et mourut le i îj
janvier i (533. — Son neveu , Poly-
carpc III , ne à Halle , en 1(356, fut
pasteur à Magdcbourg, surintendant
de la principauté de Galeuberg , et,
en 1708 , surintendant général à
ZcU : il mourut le 1 1 octobre i ^'^5 ,
après avoir publié divers ouvrages
ihéologiques. — Polycarpc IV , lils
dePolycarpe 111, naquit àWunstorp,
en 1690, fut nommé professeur de
philosophie en 17 18, de poésie en
1 7 1 9 , et d'histoire en 1 7*26 , à l'uni-
Yersitéde Hclrastadt ; il avait aussi
reçu le bonnet de docteur en droit
et en médecine , à Strasbourg, et
codant il utait l«i circulatiou du
LEY
sang : il mourut .1 llelmstadt , le 7
avril i-jiS. Parmi ses nombreux
ouvrages ou opuscules , nous indi-
querons : I. iJe Cautionibus circa
bibliothecas , Wittemberg , 1714 ,
in-4". 11. Meditationes de genuind
historia literarià, ibid. 1713, in-4".
III. f'^indiciœ générales scriptorum
(pli vulgo supposititii habentur ,
ibid. 1715, in4o. IV. Selecta île
vitd et scriptis Joh. Bodini , ibid.
1715, in-4'*. ( réimprimé dans Y^p-
paratus, n». 10 ci-après. ) V. Dis-
sert atio de origine eruditionis non
ad Judœos setl ad Indos referendd,
ibid. 1716, in-4*'. VI. Animadver-
siones criticœinEpfiemeridum lite-
rat arum inprimis hodiernarum me-
thodum, ibid. 17 16, in-4". VIL
Dissertatio de fictd medii œvi bar-
barie inprimis circà poësin latinani,
Helmstadt , 1719 , in-40. MIL De
po'ési disciplinariim principe , ibid.
1720 , in - 4**. IX. Historia poëta-
rum et poëmatum medii œi^i, Halle,
1721 , in-8". ; ouvrage curieux , mais
bien incomplet : on y trouve pliitàt
la liste des productions des poètes
du moyen âge ( du quatrième au
quatorzième siècle ) que des notices
Inographiques sur leur vie. Quelques
petits poèmes y sont insérés en en-
tier. A. u4pparatus litterarius socie-
tatis Colligentium , Wittemberg ,
1717, in-S*^. j reproduit en 1 7 -2 2 ,
sous le titre d'/con omnis generis
doctrinœ , et en 1729, sous celui
à\4mœnitates litterariœ. XL De
salute Augusti ex numis, Helmstadt,
I7'23 , in-4**. XII. De principum
profëctione et adventu ex munis ,
ibicl. in-fol. XlII. De primis Juris
gennanici scriuti incunabulis , ibid.
1 7*23 , in-4'* aIV. De verd geogra-
phiœ methodo , cum specimine ai-
lantis , ibid. i7'26, in - 4**. XV.
Historia comitum fVunstorpien-
/lOO
LEY
sium y ibid. 1716, in - 4*^- XVÏ.
Observata diplomatico - historica
de iis quœ Justiniano imperatori
in proœmio Institutionum imperitè
supposita sunt , îbid. 17^27 , iii-4^.
XVII. De jwe Justinianeo à Lo-
thario imperatore in Germaniam
minime introducto , ibid. 17^27 ,
in-4^. Leyser avait donné lui-même
un aperçu de ses travaux , sous ce
titre : Conspectus script orum edito-
rum et edendorum, Ilelmstadt, 1 7 1 9,
in-4''. L-B-E.
LEYSER ( Jean ) , fils de Poly-
carpe II, naquit à Leipzig en i63i,
e'tudia dans l'université de cette
ville , et y fut reçu bachelier , vers
1 G54 y dix ans plus tard, on le nomma
pasteur d'une paroisse, à quelques
lieues de Leipzig. Dans ce temps-là ,
il lit connaissance avec un comte sué-
dois, qui lui persuada <ywg7îo/2-5ez/Ze-
jnent il était permis à un homme
d'épouser plusieurs femmes à - la-
fois , mais encore que cela lui était
ordonné dans certains cas , par les
lois divines et humaines , pour son
intérêt ici-bas , et pour son salut
éternel. L'entêtement de Leyser pour
cette opinion extravagante lui fit per-
dre son emploi. Obligé de s'expatrier,
ce théologien porta son système
dans les villes voisines de Leipzig, et
partout il excita l'indignation. Tant
que le comte suédois vécut , Leyser
.eut de quoi subsister par la pension
qu'il en recevait; mais, après la mort
de son protecteur, l'apôtre de la po-
lygamie se réfugia en Danemark, où
il devint aumônier d'un régiment.
Ses opinions ne furent pas plutôt
connues, qu'il fut destitué et con-
traint de prendre la fuite. Il dirigea
ses pas vers la Suède , où le même
sort l'attendait. Repoussé des états
du Nord , Leyser voyagea en Italie,
en Angleterre , en Hollande. Fortifié
LEY
dans sa manie parla persécution,
il ne s'occupait que de la commu-
niquer aux autres , et du soin d'aug-
menter l'illusion par toute sorte de
raisons et d'autorités. A la fin , il
vint se fixer en France. Le docteur
Masius, ministre de l'envoyé de Da-
nemark à Paris, lui donna quelques
secours sans le connaître; mais étant
tombé malade, Leyser fut réduit à la
plus affreuse misère. « Quand il fut
» un peu guéri ( i684) , il s'en alla à
» pied à Versailles, pour yvoirquel-
î) ques patrons qu'il avait eus autre-
» fois à la cour. A tout le moins il
» espérait quelque chose par le jeu
» des échecs , qu'il entendait , à ce
» qu'on dit , mieux qu'homme du
» monde et d'une manière étonnante,
î) Il se trompa : ses amis l'abandon-
w nèrent et se moquèrent de lui. Se
» trouvant malade et dépourvu de
w tout , il voulut regagner Paris ; mais
w les forces lui manquèrent en che-
» min , et son mal s'augmenta de telle
» sorte , qu'il ne put achever son
» voyage. On le porta dans une mai-
» son voisine , où il rendit l'ame. »
( Lettre de Masius au ministre
Allix.) Leyser n'a jamais été marié;
et il était bâti de telle sorte , dit
Masius , que, loin d'avoir besoin de
plusieurs femmes , il lui eût été im-
possible d'en épouser une seule. « G'é-
w tait , dit Bayle , un petit homme
» bossu , maigre , pâle , inquiet et
» rêveur, w Nous connaissons de lui:
I. Court dialogue sur la Polj garnie,
en allemand; Tauteur s'est caché sous
le faux nom de Sincerus Wahren-
berg. IL Moelle rojale de tous les
pays , 1676, in-4'^. , en allemand.
IIÏ. Discursus politicus de Polyga-
inid , 1676 , in-8^., sous le nom de
Theophilus Alethœus. Cet ouvrage
fut brûlé par la main du bourreau à
Stockholm et à Copenhague. Leyser
LEY
\c fit reimprimer à Lima , 16B1 ,
in-i*^. , avec nn roinincntairc bcan-
toup plus ample que le texte , sons
ce titre : Polrf^amia triiimphatrix .
On trouve à l.i (in du volume, en
forme d'appendirc , dos thèses en
i4o articles, contre le sentiment do
Luther, sur Zrt Diç^amiedes Ei'èques,
cl des notes marj:;inak's de ce refor-
mateur. Ce traité, le p'us considé-
rable de Lcvser , a etc réfute par
Louis Jean Diecmanu , Scliediasma
de NtUuralismo, lena , 1 700 , in-4".
et pa r Brausmaun , ministre dcGopcn-
haj^uc, Monos^amia victrix, Franc-
fort , 1679 , in-8*'. , et Pol/gamia
triumphata , 28 Dissertât. 1689,
iu-4°. Le docteur Masius , qui avait
en son pouvoir les papiers et les re-
cueilsde Leyseï* assure que cepaiwie
homme s'était étranjijement fati|:i;ué
lur celte matière ; qu'il avait fouillé
dans les meilleures bibliothèques ,
avec un travail incroyable , pour en
tirer tout ce qui pourrait être propre
à son sujet , et qu'il avait encore en
tète un nouvel ouvrage subtil et per-
nicieux. Baylc dit avoir appris d'un
espagnol , nommé Carrera , qu'on
avait trouvé dans les paj)iersde Ley-
scr , un livre contenant les noms de
tous les polygames de son siècle,
et la narration des maux et des coups
qu'il avait soufTerts à cause de son
opinion. ( Nouvelles de la Répuh.
des Lett.^an. i68j.)Lcyser se plai-
gnait souvent avec amertume des
persécutions qu'onlui faisait éprouver
pour ses sentiments; et il ne craignait
pas de dire , qu'on aurait dû plutôt
le p u-ter en triomphe pour avoir
cherché à de'barrasser les hommes
de la tyrannie des femmes , en leur
indiquant la ressource de la poly, . -
mie. Au reste , cet homme y si porté
a se plaindre des contradictions qu'il
:ontrait , n'était guère tolérant
XJLIV.
LKY 401
h regard de ses adversaire* : on en
jugera par une épitaphc, qu'il com-
posa pour un d'entre eux, et qti'on
peut lire à la fin de la préface du
Poly^amia triumpfiatrix ; on ▼
remarque ces expressions : Sub hoc
lapide diaholns incamatus , homi-
num nudtiplicationiinvidcns... Hor-
rendum raonstrum ac ingens , ciii lu-
men adcmptum , asini sepultiwà
dignissiinum , et si vi^eret , in asi-
nariam aut Utopiam relegandum.
L'analyse du traité , intitulé : Polj-
famia triiimphatiix , que Bayle a
onnée dans les Nouvelles de la Ré-
publique des Lettres, année iG8j ,
ne nous paraît pas exacte. L-b-e.
LEYSER ( Augustin ), célèbre
jurisconsulte allemand , naquit a
Wittenberg , en i663. Après avoir
fait ses études de la manière la plus
brillante, voyagé en Hollande , va
Angleterre et en Italie , et servi
comme volontaire dans l'armée au-
trichienne (contre les Turcs ), il re-
vint dans sa patrie en 1 70G, y exerça
divers emplois, fut nomméprofesseur
de droit à Wittenberg , eu 1 708 , et
à Helmstadt , en 1 7 1 2. Il remplit en-
core d'autres charges importantes,
et la place de président Ju consis-
toire ecclésiastique de la principauté.
Ces diverses fonctions,etla rédaction
de ses ouvrages, remplirent sa vie.
Il mourut à Wittenberg, le 3 mai
1752. On citera de lui : ï. De logo^
machiis injure Dissertatio, Wit-
tenberg, 1707, in-4**. ; ibid. , 1724.
Leyser se proposait d'en donner une
troisième édition fort augmentée , et
l'impression même en était déjà com-
mencée; mais l'afFaiblisscmcnt de
ses forces l'empêcha de la terminer.
IL De asscntatinnibus jurisconsul
torum , Dissertatio, ibid. , 171a,
in-4**. ; Helmstadt, iniG'^ct Leij>fig;
1741 , in 4®' Celte dernière éditiou
u6
40-2 LEY
a été puLliée par Henri - Giittlob
Franck, qui y a joint des notes ;, lïn
Index très-ample et dilïercntes piè-
ces inte'ressantes. Quelques expres-
sions e'chappees à Leyser, blessèrent
les professeurs de Wittcnbcrg ; ils se
reunirent contre l'ouvrage, et ^isci-
tcrenl à l'auteur des tracasseries si
violentes, que Gotllob- Auguste lëni-
cben a cru devoir lui donner une
place parmi les martyrs du droit,
dans son édition de la Biblioth. jari-
dica de Lipenius. Leyser a rendu un
compte Irès-detaillé de cette persé-
cution , dans une lettre à ses amis ,
insérée dans la dernière édition de
son ouvrage. ÏII. Jurisconsuliorum
variationesetretractalionesjlclms'
tadt, 1 7 1 3, in-4^. ; nouvelle édition,
augmentée et publiée avec une sa-
vante préface, par Gottlob- Auguste
léniclien, Leipzig, 1737 , in-4*'. IV.
De Feuclis Brunsvicensibus et Lu-
neburgensibus, ihià. 1720; nouvelle
édit. augmentée , 1735. V. De jure-^
Jurando purgatorio , ibidem, l'j'i^.
VL Dissertatio de mutatione mo-
netœ , ibid. 17 '^9, in-4*'. VIL Z>e
lus qui ex mentis imbecillitate de-
linquunt, Dissert., ibid. 1 73si, in-4^.
VIII. De inculpât d tuteldy 1737,
in-4^. IX. De discrimine jurisju-
randi affeclionis in infmitum ac
immensum, ibid. 1737, in-4'*. X.
De sahoconducto , i74f*. XL Dis-
sertatio de pugnis jurisconsulio-
rum, Wittenberg , 1 749. XII. Medi-
tationes ad Pandectas ^ quibus prœ-
cipua juris capita ex antiquitate
explicantur, etc. Leipzig ,171 7-47 ,
1 1 vol. in-4°.; nouvelle édition, aug-
mentée d'une table générale par lé-
niclien , Wolffenbutel , 1 7 4 ï -62 , 1 1
vol. in-4*'.; réimprimée à Hall, 1 772-
Î5 , 1 2 vol. in-B°. Les décisions de
jcyser sur les Pandectes sont re-
gardées couime d«s oracles par les
1
LEZ
jurisconsultes allemands. ( Camus,
Bibl. d'un a^focat.) Plusieurs d'entre
eux , parmi lesquels on citera le pro-
fesseur Hartleben , Louis-Jul. Fred,
Hoëpfker , Ernest-Juste MuUer , ont
commenté, éclairci, expliqué, abrégé
cet ouvrage , resté classique dans
toutes les universités d'au delà du
Rhin, et qui est cependant à peine
connu en France. W-s.
LEZAY-MARNESIA ( Claude-
François- Adrien, marquis de ) , na-
quit à Metz, le i/{ août 1735. Il eut
pour précepteur, C. M. Giraud , qui
aimait les vers et qui en inspira 1
goût à son élève. ( /^.Giraud, XVI
459. ) Destiné par sa naissance à
profession des armes , à peine ses et
des étaient-elles terminées, qu'il entra
dans le régiment du Roi ( i ) , où il
obtint , quelque temps après , un»
compagnie. Les nouveaux règlements
sur le service lui déplurent , et il
donna sa démission. Ayant époustf
une demoiselle de l'ancienne famill*
de Nettancourt,eu Lorraine, il se re-
tira avec elle dans sa terre de Saint-
Julien , près de Lons-le-Saunier; et
il partagea dès-lors ses loisirs entre
l'embellissement de ses jardins et
la culture des lettres. Il s'occupa
d'adoucir le sort de ses vassaux; et
long -temps avant qu'il fût question
de réforme , il avait aboli la main-
morte et la corvée dans ses domaines.
Il habitait Paris pendant l'hiver ,
pendant l'été , la campagne , où
faisait sans cesse de nouvelles exp
riences qui tournaient à l'avantai
de l'agriculture. Il recevait , à Sain
Julien , les hommes les plus disti
gués par leur naissance ou par leu:
talents • il avait pour amis , Saint-
/i) On ne ce*»s de répéter que JLezay imit
lié avec Vaiivenargitcs , capitaine dang le tnèin*
régiment; mais ctt ing^nicuK nior»liste était
mort plusieurs ann-^es aT«.ut qui; L.eaay fût e«
fige d'evtier au «ervice.
tambcrt , Cliamfort , ï^oulïlcrs , Dii-
pUv , M. de Fontaiics , clc. Ce fut
lui qui fit imprimer , en 1788 , le
Mémoire pour le Peiijde français ,
compose dans son château par l'ahhe
Ccnitti; et il fut l'un des membres de
la noblesse de Franche-Comte, qui se
Srononcèrent pour rcgalereparlition
e l'impôt, et la suppression des re-
devances féodales. Elu députe au\
ctats-gcncraux parle bailliage d'Aval,
il se réunit aux députes du tiers , et
siégea d'abord avec le cote gauche de
rassemblée constituante : mais il ne
tarda pas à s'apercevoir qu'il deve-
nait impossible de diriger le mouve-
ment révolutionnaire ; et il ne parut
qu'une seidc fois à la tribune pour
combattre la proposition tendant à
^rrorderauxcomedienslesdroitsdes
vens actifs. Prévoyant les maux
.£ut allaient fondre sur sa patrie , il
sortit de France vers la fin de l'année
- )0 , emmenant avec lui des ou-
rs , des cultivateurs et des artistes,
pour former un établissement dans
l'Amérique septentrionale. Il avait
acquis de la compagnie du Scioto un
vaste terrain qu'il se proposait de
mettre en culture ; mais la compagnie
ne put pas remplir les conditions de
son marché : ses compagnons se dis-
T^Tsèrent ; et, après avoir demeuré
an dans la Pensylvanie , il se dé-
i à repasser en Europe. 11 s'ar-
i quelques mois en Angleterre ,
Cl revit la France en i '](^i. II se hâta
de regagner sa terre de St.-Julien ,où
il espérait vivre tranquille et ignoré
au milieu d'habitants dont il avait
été constamment l'ami et le bienfai-
teur : mais son asile fut découvert
pendant le régime odieux de la ter-
reur. Arrêté et conduit dans les
' prisons de Besançon , il y languit
\ pendant onze mois , ne subsistant
que des faibles secours qu'il recevait
LEZ 4o3
d'amis presque aussi malhenreux que
lui. La chute de Robespierre le sauva
d'une mort inévitable, et il retourna
à la campagne reprendre ses an-
ciennes et douces habitudes; mais,
après la journée du 18 fructidor
({septembre 1797 ), voyant son fils
aîné proscrit, et craignant d'être ar-
rêté de nouveau , il se réfugia dan»
le pays de Vaud , où il reçut beau-
coupdepreuvesd'amitiédeM.Necker
et de sa famille. Il habita Lau-
sanne jusqu'au moment où il crut
pouvoir rentrer dans sa patrie sans
danger. Il s'établit alors à Besançon ,
où il comptait trouver des secours
pour un grand ouvrage qu'il médi-
tait sur \ accord des principes de la
Religion et de la véritable philo So-
phie ; il venait d'en arrêter le plan ,
lorsqu'il mourut le 9 novembre 1 800.
Il était membre des académies de
Nanci , de Lyon et de Besançon, où
M. Grappin a \\\ son Eloge ev\ 181 !X.
On a du marquis de Lezay : I. Essai
sur la minéralogie dubailliage d' Or-
gelet en Franche - Comté , Besan-
çon, 1778, in-8<>. Il y rend compte
des différentes espèces de terres qu'il
a reconnues et analysées , et dont
quelques-unes lui paraissent propres
à la fabrication des briques , et d'au-
tres à être converties en faïence d'une
quaUté , sinon supérieure , du moins
égale à celle qu'on tirait alors d'An-
gleterre. Il indique ensuite plusieurs
carrières de beau marbre, et ter-
mine par une notice des pierres , des
cristaux et des fossiles qu'il a recueil-
lis dans ses excursions. IL Le bon-
heur dans les campagnes, Neufcha-
tel , 1784 , in-8'*.; nouv. édit. aug-
mentée, ibid. , 1788 , 1790 , iM-8'*.
Il y réclame avec force la suppres-
sion des corvées , l'établissement des
états provinciaux, et le partage des
bicus des communes, moyennant ud«
4o4 LEZ
redevance dont le produit annuel
serait employé à donner des secours
aux familles pauvres. Il engage aussi
les grands seigneurs à séjourner dans
leurs terres , persuade qu'ils s'em-
presseront de soulager les mauxdont
ils seront les témoins. III. Plan de
lecture pour une jeune dame, Paris,
in84, in-i2 ; nouv. édit. Lausanne,
1800 , in-8°. La seconde édition est
augmentée: i^.d'un Foyageaupays
de Faud, en 1 797 ; •^°. d'une Lettre
surla Bresse; 3^. de Pensées Uttérai-
res,morales et religieuses; 4**. d'une
nouvelle intitulée: V Héroïsme de la
Charité ; d'une Lettre à M. Audrain,
négociant à Pittsbourg , contenant des
détails intéressants sursonséjourau
Scioto ; d'un Dialogue enti^ Buffon
^t Baillf; et enfin du Discours de
réception de l'auteur à l'académie de
Nanci ( I ). IV. Essais sur la nature
champêtre , poème en cinq chants ,
suivi de notes, Paris, 1^87 , in-8*^.;
traduit en allemand , par J. God.
Grohmann , Leipzig , 1 79 i , in 8<*. ;
réimprimé sous ce titre : Les pay-
sages ou Essais sur la nature, etc.
Paris ,1800 ,'in-8«. Le style de ce
poème, un peu faible, est toujours
naturel et quelquefois élégant : mais
le défaut de coloris est bien ra-
cheté par des vers que le cœur seul
a pu inspirer , et par ces tableaux de
sentiment qui semblent être réservés
plus particulièrement pour les ou-
vrages destinés , comme "celui-ci, à
faire aimer la nature. Le discours
préliminaire contient des détails in-
téressants sur les progrès de l'art des
jardins , sur les poètes qui les ont
célébrés , et enfin sur les écrivains
qui en ont traité particulièrement.
M. Marron,aujourd'hui pasteurd'une
LEZ
des églises réformées de Paris , sc
plaignit par une Lettre, insérée clans
l'Année littéraire, 1787 (tom. vi ,
pag. 1 1 2 et suiv. ) , que le poète eût j
parlé trop superficiellement des jar- j
dins hollandais ; Lezay - Marnesia a
réparé ce tort dans la seconde édition,
à laquelle il a joint les morceaux sui-
vants : Apelle et Campaspe , ballet
héroïque en trois actes ; la destinée
de cet opéra mérite d'être remarquée :
entrepris à la prière de Chamfort, il
a été mis en musique , successive-
ment , par Laborde , Piccini et M.
de Lacépède , et il n'a jamais été re- ;
présenté. — Pièces fugitive s ; on doit j
distinguer dans le nombre , VEpitre\
à mon curé , imprimée dans l'Aima- 1
nach des Muses , et dont tous 1"^
amateurs ont retenu ce vers :
L'Age d'or était l'âge où Vax ne régnait pa».
— V Heureuse Famille, conte moral;
et les Lampes, allégorie en rhouncur!
de Montesquieu, Voltaire, Rousseau}
clBufTon. V. Lettres écrites des rives\
de Z'O/iio, Paris , 1792 , in-8^. Ces!
lettres , ayant été arrêtées par la po-j
lice, sont très-rares. La première est
adressée à Boufflers j la seconde à
Bernardin de St.-Pierre, auquel il an-,
nonce son projet de lui dédier la ville j
qu'il se propose de bâtir ; et enfin la;
troisième, à son fils Adrien, do^
l'article est ci-après. On lui att|
bue encore la Traduction de V
vrage de John CoakleyLetlsom,
titulé : Le Foyageur naturaliste.
Instructions sur les moyens de
masser les objets d'histoire nati
relie et de les bien conserver, Ams-:
lerdam ( Paris ) , 1775 , in-12 , et
les Lettres pubbées sous le nom de
Sherbck , Londres ( Paris ), 1779»
1 780, 2 vol. in-80. ( I ) Voy. les Mé-
(t) Ce dtscoiii» fut imprimé en 1757, et Fréroa
ea pa.i'ieaTeo«l«i£o «Ua*rauué« litteiair».
(t) Qiielquas personne» lui attribuent encore
ua Discours vou.X9uaé ^u l'académie de Besan
ITZ
moires de Varadêmie tîê Besançon^
( année t8iu , page ^5 ). Lozay a
fntirni quelques morceaux à l'Ency-
• "die , entre autres l'art. Marait-
W-s.
! LEZAY-MARNESIA (Char-
I^TTK - AnTOINFTTK DE IÎRKSSFY ,
marquise de ) , mère du preVédent ,
était lille d'un cliambcll.in ûe Lëo-
pold , duc de Lorraine. Elle habitait
Nanci , où sa maison était le rendez-
vous des personnes les plus aimal)les
et les plus spirituelles. Saiiit-Lam-
l>ert , Boufllers , Ccrutti , alors je-
" , le père Leslic , son confrère ,
irae de génie, mais sans i»out et
^ grâce ( Voy. Flan de lecture
une jeune dame , deuxième
ion, page io'2 ), formaient sa
1 téla plus habituelle. Elle culti-
vait en secret la littérature; età l'ex-
'f^ntion de deux ou trois amis in-
^ , personne ne la soupçonnait
vi viie l'auteur des Lettres de Julie
à Oi*ide, Paris, 17.53; ibid., 1774 y
in-i i, (pii ont e'te insérées dans divers
recueils. Le succès de ces lettres ,
attribuées dans le temps à Marmou-
tH , ne put pas la déterminer a
if.T son ouvrage. C'est son (ils
* re'vclë ce secret , plusieurs au-
après la mort de l'auteur. La
juise de Lezay-Marncsia mourut
fu 1 785 , au cnàteau de Conde ,
-n i^-S.fur catte question : Cammrnt î'é-
a "-iiion d'S fnnnies peut-elle lontrlb'ufr à
rendre les hommes meilleurs ? iniptim- aont
!' rnm (lu comte Co»ia , et dédie ati marquia ila
.-tia , liii-niiine. On aiippoterait qiia c* der-
, ocaità du coiicoiiri par ■« qualité d'acade-
n , pT<>*enta son oiiTTa;>e aoiia un nom
.'ir, et*» le lit dediur pour mieux éloij{net
iprona Quoi qu'il «rn toit, il eit certain qi!)*
d<- Mjruéiia était eu liaiion tré* intima
M'.K, aujoiiril'iiui matqiiit, Joaepli»
< de Btauregaid , counii anttunt par
lit* wi^im^e» Mt'moires historiques
■ "1,11 tnn royale de Savoi» , 1816. i »ol.
, et Mélanges tir/ f d'un porie feuille mi~
", fil?, a »ol. in-li'*. ) , et qu'il allait «ou-
palier dc« moi* piitiara, clirs cet Aiui, Ait
'*u deBaauiagatd pr*« da Gcuif «.
maison de campagne de IVvêmie d'K-
vreux , son beau-frère ( i ). W-s.
LEZAY-MARNEZIA ( AoRiKit
comte de) , publiciste distingue', né
en 1770, à Saint Julien, bailliage
d'Orgelet, annonça de bonne heure un
goût très-vif pour l'histoire naturelle
et la littérature. Apres avoir termine
ses études classiques , il entra dans le
régiment du Roi, où son père, le
marquis de Marnesia, avait servi. Il
alla ensuite étudier la diplomatie à
l'école de Brunswick , la seule de ce
genre qu'il y eût alors en Europe.
La révolution l'empêcha de rentrer
en France; et en attendant des mo-
ments plus calmes , il visita l'Alle-
magne et l'Angleterre. Après la ré-
volution du 9 thermidor, il vint à
Paris , et publia quelques écrits dans
lesquels il attaquait avec énergie les
démagogues qui s'cfrorçaicut Je res-
saisir le pouvoir; il inséra aussi de
nombreux articles dans le Journal de
Paris , dont M. Rœderer était un des
{)ropriétaires , et fut du nombre des
lommes de lettres proscrits au mois
de vendémiaire an iv ( 1 795 ), comme
opposés au gouvernement d'alors. Il
se tint caché quelque temps à Bret-
tcville, dans la Normandie, et y em-
ploya ses loisirs à la traductiou de
la tragédie de Don Carlos, de Schil-
ler , dout •] était l'admirateur. De
retour à Paris , il osa prédire haute-
ment que la constitution directoriale
ne larderait pas à éprouver le sort
detoutescellesqui l'avaient précédée:
celte franchise imprudente lui attira
la haine de Chéuier,qui chercha à l«
(1) Louit-Mbert da Laxay-Maniétia , doyen
dit cliapitredu Saint-Jean de Ljon ,éTéque d'K-
Treux , mourut « Loat'U-Saulniar , le 4 !■•'<*
1790 , à l'<)ga d'euvitou A3 ana. Son tombaau •
ete violé pendaat la ié>oUitton ; et il aert ani.or*
aiijounrhui (iHiy; da baatku A la funtaine cona-
triii'.a dau« la cour du couvant dat Capucina d«
Lont-le<2>aulniar. ( Note rommuniqu<><> par M.
Pionnier, cenaerTAttut 4u Alu*4« 4u «lapait*»
meut du JJMia. )
4o6 LEZ
tourner en ridicule dans une satire
où it le fait l'interlocuteur de M. Rœ-
derer, qui est désigne' par le nom de
docteur Pancrace. Proscrit une se-
conde fois au 1 8 fructidor, le comte
Lezay-Marnesia fut oblige' de cher-
cher un asile hors de France , et il
se réfugia dans le pays de Vaud avec
son pèrej ils y reçurent , tous les
deux, un accueil très-distingué' de
M. Necker et de Madame de Staël.
Kentré en France, après la chute du
directoire, il trouva une protection
Î)uissante dans madame de Beau-
larnais , depuis madame Buona-
parle , dont sa sœur e'tait allic'e ,
ayant e'pousë M. Claude de Beauhar-
nais , père de la princesse de Bade ,
et cousin d'Alexandre de Beauhar-
harnais. Il fut envoyé ambassadeur
près de l'électeur de Saltzbourg , au-
jourd'hui grand-duc de Toscane , et
passa ensuite dans le Valais, avec la
mission de préparer la réunion de ce
pays à la France. Il fut nommé , en
ï 806 , à la préfecture de Rhin-et-
Moselle (Coblentz), et transféré, en
181 G , à celle du Bas-Rhin. Il se fit
chérir de ses administrés par sa dou-
ceur et son intégrité , et contribua
beaucoup à la prospéritéde la ville de
Strasbourg. Maintenu par le roi dans
ses fonctions , il était allé au devant
de monseigneur le duc de Berri
pour raccompagner dans la visite
que le prince devait faire de ce dé-
partement ; les chevaux effrayés du
bruit de la mousqueterie ne purent
être retenus par celui qui les guidait :
le comte de Lezay fut précipité de sa
voiture , et rapporté à Strasbourg,
où il expira, le 9 octobre 181 4. On
connaît de lui : I. Les Ruines^ ou
Voyage en France pour servir de
suite à celui de la Grèce , Paris ,
1794 , in-8°. C'est une peinture
énergique des épouvaatables excès
LEZ
de cette faction qui détruisit , eai
quelques mois , tout ce que la sagesse
et l'expérience avaient créé durant
quatorze siècles. Il se fit quatre édi-
tions de ce petit ouvrage , en moins
d'un an jet il en parut des traductions
en allemand et en anglais. II. Qu est-
ce que la constitution de 1 798 ? ibid.
1 795, in-8^. Ce livre fut arrêté par la
police • mais l'auteur le fit reparaître
sous ce titre : Considérations sur les
états de Massachuset et de Pensylva-
nie , ou Parallèle de deux constitu-
tions, dont l'une est fondée sur la di-
vision, et l'autre sur l'Mmïedelalé-j
gislature, ibid., in-S». III. De U
constitution de 1 796; ibid. in-B». IVJ
De la faiblesse d'un gouvernemej
qui commence j et de la nécessité oJ
il est de se raUier à la majorité nati(
nale, ibid. 1796, in-S'*.; traduit e^
allemand dans le Journal nomi
Klio, C'est la réfutation de
vrage de M. Benjamin Constant : D\
la force d'un gouvernement qi
commence , etc. V. Des causes
la révolution et de ses résultats'
ibidem, 1797, in-B". YI, PenséeT'
choisies du cardinal de Retz, ibid. ,
1 797 , in- 1 8. Le choix de ces pensées,
au nombre de cent dix-neuf , est bien
fait. La préface est un des meilleui*s
morceaux sortis de la plume di
comte de Lezay. VII. Lettrées à
Suisse, sur la nouvelle constitutic
helvétique, Neufchâtel, 1797 , iu-8j
VIII. Don Carlos, infant d'Espt
gne, tragédie , traduite de l'allem^
de Schiller , Paris , 1 799 , in-B"^.
392 pag. Cette traduction est trc
estimée: l'auteury a joint des not«
critiques , et l'a fait précéder par des
observations intéressantes sur la
langue et le théâtre français ; mais
on doit avouer qu'il s'y montre trop
favorable au genre romantique. —
Son frère, le comte Albert Ljkzay D£
LEZ
Mar^ïf.sia est préfet tlii Rhonc ft
membre de la Chambre des députes.
— Lezay-Mabnksia ( Claude Gas-
i»ar), son oncle, chanoine cl comte
le Lyon, mort en 1818, dans un
ige très - avance' , se distingua
dans les assemblées provinciales qui
précédèrent les états - généraux de
1789. lia public: 1. Réflexions sur
. l'Histoire de France , Paris , 1 760 :
Kl les ne concernent que les rois de
première race. Cet ouvrage devait
oir une suite , qui u'a point paru.
11. Oraison funèbre de Louis XF,
\ \on, \nj^\\n-^°. W — s.
[.EZCZINSKI (Stanislas), ^o^.
.^i AMSLAS,
LHÉRITIER DE BRUTELLE
(Chaules-Louis), savant botaniste,
né à Paris , en 174^, d'une famille
qui tenait un rang distingue dans
le commerce , et jouissait d'une
fortune assez considérable, aclieta
, une charge de secrétaire, et fut reçu,
en 1772 , procureur du roi à la
maîtrise des eaux-et-forêts de la gé-
néralité de Paris. Piqué de n'avoir
pu nommer un des arbres exotiques ,
• cultivés en pleine terre au jardin des
Plantes ( c'était un micocoulier ) , il
I commença aussitôt un cours de bo-
, tanique , se lia avec les naturalistes
les plus célèbres , et devint , en peu
de temps , un excellent nomcncla*
teur. Il entra , en 1775 , à la cour
des aides ; et ses rapports avec l'il-
lustre Malesherbes accrurent encore
sa passion pour l'histoire naturelle:
il ne tarda pas à publier quelques
essais sur les espèces de plantes dont
il avait fait une étude plus paiticu-
Hère ; et ces essais lui firent asser
d'honneur pour lui inspirer le désir
i d'attacher son nom à des ouvrage»
( plus considérables.Informé que Dora-
, Dey sollicitait vainement les avances
^ Bécessaires pour publier les ob&ei va-
LHE 407
tions qu'il avait recueillies pendant
son voyage au Pérou et au Chili, il of-
frit de rédiger et imprimer à ses frais
la partie bot.uiique. On lui remit cj
conséquence l'herbier de Dombey ;
et son travail c'tait déjà fort avance',
lorsque, sur les instances de l'ambas-
sadeur d'Espagne , on lui enjoignit
de suspendre la publication de la
Flore du Pérou , jusqu'à ce que Ici
naturalistes espagnols qui avaient
exploré la même contrée, eussent
fait paraître le résultat de leurs re-
cherches. Oa ordonna en mcnie>
temps à Lhériticr de remettre à M.
de liuffon l'herbier de Dombey. Au
lieu d'obéir, il se hâte d'emballer le
précieux herbier , part , avec sou
trésor , pour Calais , et n'est tran-
quille que lorsqu'il est arrive en An-
gleterre. ( rOjeZ DOMBFT, t. XI,
p. 5o3 et suiv. ) Il passa quinze mois
à Londres , vivant dans la retraite
la plus absolue , et uniquement oc-
cupé d'un travail pour lequel il
trouva des ressources importante»
dans la riche bibliothèque de AL
Banks. Il ne rentra en France, qu'à
l'époque ûij la révolution lui assurait
Ja possession tranquUle de ce trésor,
qui ne devait pourtant jamais èlr«
publié. Il était en octobre 1 78c) l'un
des commandants de la garde natio-
nale de Paris : se trouvant à Ver-
sailles à la tcte de son bataillon
( celui des Lombards ) à la fatalç
journée du 6 octobre, il eut le bon-
heur d'arracher d'entre les mains
d'une populace effrénée onze gardes-
du-corps qu'elle allait mettre eu
pièces , se les fit livrer sous sa res-
ponsabilité pour les conduire à Pa^
ris, et leur procura des habits bour-
geois à la faveur desquels ils purent
s'évader. I>a diminution desa fortune
l'obligea d'accepter, comme une res-
source, les places qu'on s'empressa
4o8 LHE
de !ui offiir : il fut employé quelque
temps au ministère de la justice , et
nomme deux fois juge au tribunal
civil de Paris j il en remplit les fonc-
tions avec cette droiture qui avait
cte' toute sa vie la règle de ses ac-
tions. Lherilier partageait ses loisirs
entre les soins qu'il devait à ses en-
fants , l'histoire naturelle, et les li-
vres, dont il avait forme , en peu de
temps, une collection beaucoup plus
considérable que ne devait le lui per-
mettre sa fortune. 11 se proposait
d'ejîiployer à régler ses affaires et à
terminer ses ouvrages , les années
que lui promettaient encore sa vi-
gueur et sa tempérance , lorsqu'il
fut assassine à coups de sabre , à
quelques pas de son domicile, le i6
avril 1800. « Les motifs et les au-
î) teurs de ce crime sont restés
» couverts d'un voile impëne'trable.))
Lliéritier , naturellement bon, était
d'un caractère difficile et impatient;
il eut des discussions très-vives avec
Gavanilles sur l'antériorité de la dé-
couverte de quelques plantes, et il ne
paraît pas que le droit fût de son côté.
{Foyez Gavanilles, t. VI, p. 447-)
11 était membre de l'académie des
sciences, et il fit partie de l'Institut,
dès l'organisation de ce corps sa-
vant. Son Éloge, par M. Guvier, est
imprimé dans le tome iv des Mé'
moires de la classe des sciences
physiques et mathématiques. « Les
» ouvrages de botanique de Lliéri-
» lier , dit son éloquent panégyriste,
» sont estimés de toute l'Europe ,
» pour l'exactitude des descriptions ,
j» la minutieuse recherche des ca-
» ractères , la grandeur et le fini des
if planches. » On ne doit pas oublier
que MM. Redouté et Sellier , qui ont
acquis une si grande célébrité par la
perfection à laquelle ils ont porté
fart de peindre les plantes , doivent
LHE ^
en partie à Lhéritier le développe-
ment de leurs talents. Les ouvrage*
qu'on a de lui, sont : I Stiiyes navœ
€iut minas cognitœ, descripiionihiis
illuslratœ , Paris , 1 784 , et années
suivantes , in-fol. , contenant sept
fascicules ou cahiers et quatre-vingt-,
seize planches, a II publia , en 1 787,
» quarante - quatre autres planches
» qui devaient faire suite aux pre-
» mières,et qui représentent des ge-
» ranium; mais le texte, quoiqu'im-
» primédepuis long-temps, n'a point
» été mis en vente. » ( Eloge de
Lhéritier.) IL Cornus, spécimen bo-
ianicum sj stens descriptiones et icô-
nes specieium corni minus eogniia-
rum , Paris , 1788, in-fol, avec six
planches : c'est l'histoire parti cidière
des cornouillers. III. Sertum angli-
cwn (le bouquet anglais ) seuplantœ
rariores quœ inhortis juxtà Londi-^
numimprimii inhorto reg'o Kewensi
excoZ«wfMr,Paris,i788,infol.max.,
avec trente-quatre planches • c'est le
plus beau et le dernier des ouvrages
qu'il ail mis au jour; il a donné aux
nouvelles plantes qui y sont décrites,
les noms des botanistes anglais ,
pour leur témoigner sa reconnais-
sance de l'accueil qu'il en avait reçu,_
IV. Sept Plssertations latines: Ka-
kile, 1 788, in-fol., avec une planche;
on n'en conuait qu'un seul exemplai-
re;— Hymenopappus ; — Oxjba-
phusj — Firgilia; — Michauxia ;
Buchoziaii), in-fol. : il ne lésa
fait imprimei
exemplaires ,
mérite d'une excessive rareté ; et il
les a distribuées à des personnes
diîïérentes , de manière que nul n'eu
pût posséder la collection complète.
r chacune qu'à cinq
pour leur donner le
1) J.liAiillcr tl iiiia ce iiOMi à nue pUiif^J'imo
iir iiifVcl'- pour i Xprim-r son inépvis lies coui-
de i iuf.'itinahle But'lioz, contre Uqiiel
il avait peiit-Ctre alorg quelque motif particuiiej;
de resteiitimeut.
o.le
pilatioii
LHE
î«a sq^tirmr , inlitulcc Cadia, a cte
insc'ic»^ tlau-s le Magasin encj dopé-
JiifU€ , et on en a liro , à part , qucl-
MMPs exemplaires in-8". La rollcclion
iplèlc tics ouvrages de Llicriticr ,
ornpris le texte des géranium,
inplaire grand papier, planches
nulles et coloriées, a cte' vendue 5 aOf,
Outre la Flore du Pérou ^ il a lais-
ru manuscrit , la Flore de la
• ce f'erulôme ; c'est le catalogue
plusieurs centaines d'espèces de
lies herbes ou plantes qu'il avait
.sorvees en entrant ou en sortant
ik' son bureau. Le Catalogue de sa
bibliothèque a cte public par M.
Drbnre l'aîné , Paris, 1802, in-8'\
I lit , suivant M. Cuvier, la plus
nplèle qui existât en Europe,
iV la botanique , sans en excepter
\- de M. Banks. W-s.
I/HÉRITIER DE VILLANDON ,
t -Mari e-Je ANNE ), fille de Nicolas
Lhériticr, poète tragique, historio-
graphe de France , et traducteur des
Amuilesàe Grotius, naquit à Paris en
novcmbie , 1GG4. Mademoiselle de
Vi landon hérita du goût de son
père j)our la poésie. L'académie
dis jeux floraux se l'associa en 1696,
f'ile des Ricovrali de Padoue en
. >ip. Elle mourut, à Paris, le if^
février 1734. Ses ouvrages , la plu-
rrl mêlés de prose et de vers, sont:
OEuvres mêlées , contenant V In-
nocente tromperie , V Avare puni^ les
Enchantements de l'élofjuence , les
Aventures de Finette , nouvelle; et
autres ouvrages en vers et en prose,
1695, in- 12. IL Bigarrures in-
^^nieuses, ou recueil de dillcrentes
fs eu prose et en vers , Paris ,
)(i , in- 1-2 ; on y trouve le triom-
de madame Deshoulières , reçue
lème Muse du Parnasse. IIL VA-
'téuse de mademoiselle de Scu-
' , Paiis, i"02 , in-i'2. IV. £n*-
LHE
W
âition enjouée, Paris, i-o3 , 3 vol.
in-ia. V. La Tour ténébreuse ^ trad.
de l'anglais, conte , Paris , i-joS ,
in-ix VL La Pompe dauphine^en
vers, 171 1, in-1'2, faite pour la
mort du premier dauphin, fds de
Louis XIV. VII. Caprices du Des-
(in, Paris, 1718, in- 1 '2. VIII. Les
Epi très héroïques d'Ovide , Paris ,
1 73-2 , in-i a ; il y en a seize eu vers.
C'est le seul de ses ouvrages ou elle
ait mis son nom. La vcrsilicalion en
est coulante et aisée; maisles endroits
trop libres de l'auteur latin y sont
gazés et adoucis. M^^'^. Lhérilier
avait été fort aimée de la duchesse
de Longucville : celte princesse lui
laissa ses MJicoires qu'elle publia
avec des notes, Cologne , 1709, in-
I '2 ; réimprimés bien des fois depuis,
à la suite des IMémoircs de Retz et de
Joly. Voyez sou Eloge dans le
Journal des savants , décembre
1734. C. T— T.
LHERMINIER ( Nicolas ), né
en 1G57, à Saint-Ulphacc, diocèse
du Mans, commença ses études dans
celte ville, et vint les terminer à
Paris. Il prit les ordres sacrés, et
fut reçu , en 1689, docteur de Sor-
bonne ; livré par goût à l'étude de
la théologie, il ouvrit dans sa mai-
son, un cours pid)!ic de cette science,
qu'il enseigna pendar.t i5 ans avec
succès. Lherminicr fut rap|)elé au
Mans, en 1707, par l'évèquc Mon-
tenard de Tressao , qui le nomma
chanoine théologal et archidiacre de
son église. Il y exerça , en 17*23 ,
les fonctions de vicaire-général da
diocèse , pendant la vacance du
siège épiscof^al. Ce docteur revint ,
eu I7'2j, à Paris, où il mourut, le
6 mai 1735. Il a laissé: I. Summa
theologiœ ad usum scholarum ac-
commodala, Paris, 1701-11 , 7 V.
iu-8 *.; plusieurs fuis réimprimée : le
r^
4io
LHE
traite de la grâce , qui en fait partie,
fît beaucoup de bruit , dans un temps
où l'Eglise gallicane e'tait agitée par
les querelles du jansénisme. Un ano-
nyme le dénonça aux ëvêques de
France, et le je'suiteColonia l'inscri-
vit dans son Dictionnaire des livres
janse'nistes. II. Tractatus de sacra-
mentis, Paris , 1736, 3 vol. in- 12.
L'e'diteur a inséré, en lête de cette
œuvre posthume, une vie abrégée
de l'auteur. Lherminier avait des
mœurs douces et de l'érudition; ses
ouvrages sont méthodiques; mais
on y chercherait en vain l'élégance
et la précision du style. L-u.
LHERMIÏE ( Jacques ) , navi-
gateur hollandais , commandait la
flotte de onze vaisseaux expédiés
par les Etats-Généraux, le 29 avril
i6'i3, pour attaquer le Pérou. La
traversée fut longue et pénible : le
séjour que l'on fit dans une baie de
la Terre-du-Feu, donna occasion de
reconnaître que cette terre est cou-
pée par un grand nombre de canaux.
Lhermite, épuisé par une maladie
de langueur , qui depuis plusieurs
mois le mettait hors d'état d'agir ,
mourut devant le Gallao, le 2 juil-
let i6'2^. On avait donné son nom
à une petite île du sud de la Terre-
du-Feu , et dont le fameux Gip
Horn forme la pointe la plus méri-
dionale. ( Foj. Adolphe Decker ,
lora. X , pag. 637 ), E — s.
L'HEUREUX ( Jean ) , suivant un
usage assez ordinaire de son temps ,
traduisit son nom en grec , et prit
celui de Macarius, sous lequel il est
beaucoup plus souvent désigné. Il
naquit à Gravelines , vers le milieu
du xvi«. siècle , fit ses études à Berg-
Saint-Winoc, sous Paul Leopardus ,
et se rendit très-habile dans les lan-
gues grecque et latine. Il alla étudier
la philosophie à Louvain, embrassa
LHE -
l'état ecclésiastique, et se rendit k
Rome, où il demeura plus de vingt
années , occupé de la recherche des
anciens monuments , et principale-
ment des antiquités chrétiennes. A la
recommandation de plusieurs pro-
tecteurs distingués que lui avaient
mérités ses travaux, il fut nommé,
par le pape , chanoine d'Aire en
Artois. Il mourut dans cette ville, le
1 1 juin 161 4, âgé de soixante trois
ans. Il avait composé plusieurs ou-
vrages savants ; mais sa modestie
l'empêcha de les publier. En mou-
rant , il légua ses manuscrits à la bi-
bliothèque d'un des collèges de Lou-
vain. Une seule de ses productions
a vu le jour après sa mort , par les
soins de Jean Ghifflet , chanoine de
Tournai. G'est une dissertation qui
a pour litre: Joan, Macarii canonici
Ariensis Abraxas seu Apistopistus ^
quœ est antiquaria de gemmis Ba-
silidianis disquisitio. L'auteur dé-
signe, sous le nom d'Apistopistus
{infidelisfidelis; infidèle qui usurpe
le titre de fidèle ) , ces divers sec-
taires qui s'élevèrent dans les pre-
miers siècles du christianisme, et qui,
par l'alliance la plus monstrueuse ,
mêlèrent dans leur croyance, à quel-
ques dogmes chrétiens , les supers-
titions des Egyptiens , le sabéïsme
des Perses , les rêveries de l'astro-
logie et de la magie , etc. Il fait con-
naître leur dieu Abraxas et unefoul^"
de monuments sur lesquels cette di-j
vinité est représentée sous les forme
les plus bizarres. A k suite de cett
dissertation, l'éditeur, Jean Ghifflet i
en a placé une autre sur le mêra<
sujet ; elle est intitulée : Ahraxi
Proteus, seu muliifarmis gemme
Basilidianœ varietas. Il y a joini
vingt-deux planches , représentant
environ cent vingt pierres gravées ,
qu'il a expliquées dans un commen-
LHE
tairrqtii tfrrainc l'ouvra gf, imprimé
Anvers, iCij^ , in-4". ïihnireux
ut été chargé d'achever le* Ila-
L i:l'*pt(i, ouvrage sur les pein-
tiK V 1 1 sculptures des monuments
I liions, commencé par Alphonse
iicon, et continué par Philippe
nghiusdc Louvain. La mort vint
noter dans cette eatrcprisc. L'ou-
* I .<j;e n*a point paru ; on en trouve
U's fragments cians diverses disser-
tations (le Jean-Jacques et, de Jean
Chilflet , De linteis sepidcralibits Do-
mini , ch. ^28, et dans VJnasiasis
fhilperici I. Il est encore cité dans
lies de Jean Ghifflct DeSocrate,et
lie veteri imagine Deiparœ, Les
autres ouvrages qu'il laissa en ma-
uuscrit, sont : De antiqud scribendi
ratione. — De nalurd verbi medii
ac ferè de totd naturd verborum
grœcorum. — Inscriptiones grœcœ
cum interpret. et notis. — Emen-
datio Bibliorum romana. — BasiUus
Seleuciœ episcopus de vitd Sanctœ
Tlieclœ , interprète Macario ; et
quelques autres traductions du même
genre. Z.
LHOMOND(Charles-Frinçois),
professeur émérite de l'université de
Paris , né en 1727 , à Chaulnes ,
diocèse de Noyon , fit ses études au
collège d'Invillc , en qualité de
boursier , et en devint principal.
Nommé professeur au collège du
cardinal Lemoiue , il interrompit sa
licence, et renonça à tout projet d'a-
yancement. 11 s'attacha , de préfé-
rence , aux plus jeunes enfants ; on
eut beau lui offrir des places et des
chaires plus honorables , il répondit
constamment qu'il n'abandonnerait
jamais ses sixièmes. Pendant plus de
▼ingt ans qu'il enseigna , le désir
qu'il avait de se rendre utile à l'en-
fance, lit le bonheur de sa vie, et lui
inspira ce^ livres cléoieutaijre^ ou
LHO \ I r
brillent tout ensemble , une saini»
littérature , un bon jugement et une
piété solide. Arrêté au commenco-
ment d'août 179s», et enfermé à
Saint -Firmin avec une multitude
d'ecclésiastiques insermentés , il fui
mis m liberté , peu de jours après ,
par la protection de Tallicn, dont il
avait été le maître, et qui avait con-
servé pour lui une profonde vénéra-
tion. Quelques mois s'étaient à peine
écoulés, qu'il crut devoir sortir de
Paris pour mettre sa vie en sûreté. Il
était déjà sur le boulevard de la Sal-
pétrièrc, quand il fut attaqué par deux
militaires,qui le laissèrent pour mort,
et lui enlevèrent une partie de l'argent
dont il avait pu se munir. L'un des
deux voleursayant été pris, Lhomond
recouvra son argent par les bon»
offices de M. Guyot ; et comme on
le pressait de ne pas laisser le crimt
impuni, et d'en poursuivre la ven-
geance devant les tribunaux , il ré-
pondit : Je n'en ferai rien ; si vous
vouliez lui faire tenir lu moitié dm
la somme qu'il m'a laissée y vous
m obligeriez ; il peut en avoir be-
soin. Il mourut le 3 1 décembre 1 794.
Lhomond était très-habile dans la
botanique, qu'il cultiva toujours avec
beaucoup de soin , et dont il inspira
le goût à quelques-uns de ses a mis.
C'est lui qui donna les premières le-
çons de cette science à M. Haiiy, et
qui l'encouragea dans des études aux-
quelles ce savant doit sa cele'brité. Sa
conversation étaitaimablc, spirituelle
et assaisonnée de bons mots, que
ceux qui l'ont connu se plaisent à
répéter encore. 11 était dans l'usage
de faire , tous les jours , une pro-
menade jusqu'à Sceaux , quelque
temps qu'il fît; et c'est à cet exer-
cice qu'il fut redevable de sa
sajité. Nous avons de lui : I. />•
viris illusiribtu urbis Koms, mi^.
ii^ LHO
II. Eléments de la Grammaire la-
tine , in-i'x. III. Eléments de la
Grammaire française , in- 12.
IV. Efiiome historiée sacrœ, in-12.
V. Doctrine chrétienne y en forme
de lectures de piété , où Von expose
les pjeuves de la religion , les dog-
mes de la foi, les règles de la mO'
raie , ce qui concerne les sacrements
^t la prière , in- 12. VI. Histoire
abrégée de V Eglise, où Von expose
ses combats et ses victoires dans
les temps de persécutions , d'héré-
sies et de scandales , et où Von
montre que sa conservation est une
œuvre divine , ainsi que son établis-
sement , in- 1 1. VII. Histoire abrégée
de la Religion , avant la vejuie de
Jésus -Christ ; où Von expose les
promesses que Dieu a faites d'un
rédempteur, les figures qui Vont
représenté , les prophéties qui Vont
annoncé y et la suite des événements
temporels qui lui ont préparé les
voies ; et où Von démontre V anti-
quité et la divinité de la Religion
chrétienne , i^e. e'dit., 1 791, in- 12.
Ces ouvrages, qui sontentreles mains
de tout le monde, ont eu un grand
nombre d'éditions , à Paris et ail-
leurs. Les additions que l'on a faites
dans quelques-unes, ne sont pas
toutes heureuses. L — b — e.
LHOPITAL ( Michel de), chan-
celier de France, est un des magis-
trats les plus illustres des temps
modernes. Montaigne et Brantôme
le placèrent , de son vivant même , à
côté des sages les plus renommés
de V antiquité ; et Etienne Pasquier
desirait que tous les chanceliers et
gardes des sceaux moulassent leur
vie sur la sienne. La postérité a
confirmé ce jugement des contem-
porains de Lhopital ; cependant on
ne l'a encore jugé que confusément
et d'après ses actions publiques, que
LHO
la malignité a cherché quelquefois k
dénigrer. Pour le faire connaître tel
qu'il était, nous puiserons ce que
nous avons à en dire, dans ses Epî-
tres , source précieuse , mais négli-
gée par la plupart de ceux qui se
sont occupés de ce grand homme, et
dans son Testament, où il a retracé
lui-même les principaux événements
de sa vie. Michel de Lhopital na-
quit à Aigueperse en Auvergne , en
i5o5,de Jean de Lhopital, médecin,
et de Marguerite de Ladiot : c'est
sans fondement que quelques auteurs
ont supposé qu'il était le petit-fils
d'un juif d'Avignon. Son aïeul, Char-
les de Lhopital, seigneur de Bellebat
et de Laroche, avait épousé Margue-
rite Duprat. Jean de Lhopital son
père, s'attacha en qualité de médecii
au connétable de Bourbon, qui se ser-
vait de lui plus de conseiller que dt
médecin , n ayant affaire de si
grande importance, quil ne la lui
communiquât , et ne la passât par
son avis,{ Testament ) « Il était, an
» témoignage de son fils , constant
i) dans ses affections, inébranlablci
» dans ses desseins, et prêt à les
» soutenir au péril de sa vie. L'hon-
)> nête l'emporta toujours en lui sur
» l'utile : il ne s'occupa jamais de
» sa fortune, w Lorsque le connéta-
ble , chassé de France par envie et
privé de tous ses biens , se retira
auprès de Charles- Quint , Jean de
Lhopital ne l'abandonna point dans
sa disgrâce; il le suivit, laissant en
France sa famille et le peu de biens
qu'il y possédait. Michel de Lhopi-
tal, son fils, étudiait alors en droit à
Toulouse : il fut arrêté et jeté en
prison par l'ordre des commissaires
qui instruisaient le procès du conné-
table; mais le roi lui-même ordonna
de le mettre en liberté ; on lui per-
mit, deux ou trois aas après, d'aller
LHO
trouTcr son p^^e en Italie. François
l«f. , revenu de saranlivile, et li;;ue
avec les orinnvs d'Italie, faisait alors
le $iej;c lie Milan. Jean de Lhopil^i,
voyant que ce siège traînerait m
lun{;ueur, et que son fils qui était
enfermé avec lui dans cette ville y
perdrait ini temps qu'il pouvait
mieux emplover ailleurs pour son
, instruction , l'en Ht sortir dégiiisé
eo muletier, et l'envoya continuer,
, à Padoue , ses études de droit.
L'école de cette ville jouissait d'une
grande célébrité : on y accourait
de toutes les parties de l'Europe.
La jurisprudence était dans ce
siècle la science principale : on ne
pouvait aspirer à aucun emploi, sans
en avoir fait une étude aprofondie.
Quoique Lhopital eu eût déjà appris
les premiers éléments en France, il
employa encore six ans à Padoue
pour s'y perfectionner. Il est vrai
qu'il s'appliqua aussi aux belles-
lettres : le grec et le latin lui devin-
rent trcs-famdiers. Lorsqu'il eut fini
SCS études , Lhopital alla joindre
son père , qui s'était rendu à Rome
après la mort du connétable. Son
mérite ne tarda pas à se fiiire
connaître dans cette ville ; et , quoi-
que étranger et jeune encore, il y
obtint une place d'auditeur de rote.
Cependant le souvenir de sa patrie
n'était point efiacé de son cœur ; et
il ne balança pas à renoncer à de
grandes espérances de fortune ,
quand le cardinal de Grammont
l'engagea ( en i'534 ) à revenir en
France , où il lui promit de l'avan-
cer par son crédit : mais ce prélat
mourut, et Lhopital, dénué de toute
ressource, fut obligé de suivre le
barreau de Paris. La modique for-
' tune de son père avait été confisquée
lors de i'aliaire du connétable ; et
elle ne fut rendue à son ùls que long-
LHO
4i5
temps après l'cpomie dout nous par-
lons. La vertu et le mérite avaient
alors quelque prix en France , et
Lho])ital y fut bientôt apprécié.
Au bout de trois ans , Jean Morin,
lieutenant criminel, lui donna sa
fille, avec une charge de conseil-
ler au parlement , pour dot. Ce
Jean Morin est très -fameux dans
le martyrologe des protestants , par
la sévérité qu il mettait dans l'exécu-
tion des lois rendues contre eux ; et
elle forme un contraste remarquable
avec la tolérance que le gendre mon-
tra dans la suite à leur égard. Lors-
que Lliopital entra au parlement ,
celte illustre compagnie avait beau-
coup dégénéré de son ancien éclat ,
par l'effet de la vénalité que les
malheurs des temps avaient force'
François V^. d'y introduire. Lho-
pital , témoin de cette innovation ,
en déplore les suites , dans une épître
au cardinal de Tounion. De concert
avec quelques anciens magistrats qui
existaient encore , il tachait de don-
ner l'exemple de l'assiduité et de
l'application à cette foule de jeunes
gens sans expérience , auxquels la vé-
nalité avait ouvert l'accès du parle-
ment, et qui n'avaient d'autre titre
à cet honneur , comme il le dit lui-
même , que l'argent qu'ils avaient
donné. Lhopital fut long-temps cite
comme un modèle dans la magis-
trature. Les vacances ne changeaient
pas beaucoup sa manière de vivre :
il mettait à l'écart toute affaire liti-
gieuse ; et la lecture des grands écri-
vains de l'antiquité , de l'histoire de
France et de l'Ecriture sainte, occu-
pait alternativement ses loisirs. Ce-
pendant la carrière de la magistra-
ture lui devenait insupportable : soa
génie se trouvait à l'étroit dans les
fonctions minutieuses et monotones
d'uD juge ; il avait eu aversion les
4^4
LHO
débats des plaideurs et les ciiaillenes
des avocats. « Cette pierre qu'd était
» oblige', disait-il, de rouler, comme
j» un autre Sisyphe , depuis le lever
» du soleil jusqu'à son coucher , et
)» que le lendemain il retrouvait en-
>» core au bas de son rocher , Tac-
» câblait de sa pesanteur. » Mais un
obstacle invincible s'opposait à son
avancement , tant que re'gna Fran-
çois P''. Quoique ce prince, dans
un traite avec Charles-Quint , se fût
engage' à faire grâce à tous les par-
tisans du connétable , il fut inexora-
ble à l'égard de ses principaux con-
fidents : le père de Lhopital était de
ce nombre ; il avait été nommément
compris dans l'arrêt rendu contre
ce prince : il ne put jamais obtenir
la restitution de ses biens , ni même
la permission de rentrer en France.
La défaveur du père s'étendit jusque
sur le fils , qui s'en plaint amèrement
dans une épître adressée à Pierre
Duchatel, son ami : le crédit de Du-
chatel ne put calmer le ressentiment
du roi. D'autres causes rendaient en-
core difficile pour Lhopital le che-
min de la fortune : il était craintif et
timide ; sa grande arae ne savait ni
.se plier aux sollicitations , ni s'élever
'à ce ton de hardiesse et d'impudence
qui , dès-lors comme aujourd'hui ,
était un des moyens les plus sûrs de
parvenir. Cependant la vertu , dans
le siècle de Lhopital , n'était pas
dépourvue de toute ressource : il y
avait , parmi les grands mêmes, beau-
coup d'hommes capables de la dis-
cerner , et qui se faisaient une gloire
de la protéger. Lorsque Lhopital
n'était encore que simple particulier ,
on le vit en relation avec les person-
nages les plus distingués par leur rang
ou par leur mérite: dans ce nombre,
on comptaitbeaucoup de femmes. Le
i6^. siècle, si fertile en grands hom^
LHO
mes, ne le fut pas moins en femmes il-
lustres : elles valaient même en géné-
ral mieux que les hommes. La protec-
tion de quelques-unes d'entre elles , fut
très-utile à Lhopital. Mais les premiè-
res faveurs delà fortune qu'il éprouva j
lui vinrent du chancelier Olivier. Cet'
illustre magistrat , que , pour la suffi-
sance et la 'Vertu non commune ,
Montaigne met sur la même ligne j
que Lhopital, était parvenu, par son j
seul mérite à la haute dignité qu'il
occupait : il avait connu Lhopital au
parlement. La conformité de leurs
principes et de leur caractère les unit
l3ient6t de la plus étroite amitié. Tant
que François I^^. vécut , les bonnes
intentions d'Olivier pour Lhopital
furent impuissantes : mais à peine ce
prince fut-il moi^ , qu'il songea à tirer
son ami de l'état obscur où il lan-
guissait. Il le fit elivoyer, en qualité
d'ambassadeur, au concile de Trente:
le pape venait de transférer ce concile
à Bologne; mais les évêquesd'Italiefu-
rent les seuls qui consentirent à cette
translation : les autres s'obstinèrent
à rester à Trente. La France reconnut
le concile de Bologne , par la raison
que Charles-Quint, son ennemi, était
resté attaché â celui de Trente. Lho-
pital sortit de Paris vers la fin d'août
1547. Les eVêques, réunis à Bologne^
ne tinrent qu'une seule session, êtres»
tèrent ensuite dans une inaction abso-
lue. Ceux de Trente n'en faisaient pas
davantage. Lhopital éprouvait beau-
coup d'ennui de l'oisiveté où il était
réduit à Bologne. lia décrit le genre de
vie qu'd y menait , dans deux épîtres
adressées, l'une au chancelier Olivier,
et l'autre au cardinal du Bellay. Pour
employer son temps d'une manière
utile, ilreprit un ouvrage sur le droit,
qu'il avait commencé dans sa jeu-
nesse , et où il voulait ranger toutes
les matières dans ua ordre métlio-
(liqiie. Malheureusement «a santé ne
lui peruiit pas de se livrer à ce travail.
Dans son épître à Olivier y il fait une
lungnc description drt maux qu'il
éprouvait; mais celui qu'il paraissait
rcflouler davantage , c'était d'être
<»bligé, à son retour en France, de
reprendre les fonctions de juge, pour
lesquelles il avait plus d'aversiou que
jamais. Il prie instamment Olivier
de lui épargner ce tourment. Cepen-
dant le pape Paid III , n'ayant pu
réunir les évêqucs de Trente à ceux
de Bolocne , prit le parti de suspendre
le concile. La mission de Lhopital
devenait par-là inutile ; il retourna
en France , après un séjour de seize
mois en Italie. La cour avait bien
changé pendant sou absence : Diane
de Poitiers, maîtresse de Henri II ,
y exerçait un pouvoir absolu. Elle
fit renvoyer le chancelier Olivier ,
et donner les sceaux à Bertrandi ,
président au parlement, et depuis
cardinal et archevêque de Sens. Lho-
pital perdit, dans Olivier , un ami
»ûr, un protecteur éclairé. Ou lui fit à
la cour beaucoup de promesses ,
dont on ne tint aucune. Il se voyait
réduiwà reprendre les fonctions de
juge , pour lesquelles il avait tant de
dégoijt , lorsqu'une protection à la-
quelle il ne s'attendait pas , vint lui
ouvrir une plus noble carrière. Sa
réputation avait pénétré jusqu'à Mar-
guerite de Valois, duchesse de Bcrri.
François I^'"., pèrede dette princesse ,
l'avait chargée en mourant, de conti-
nuer aux cens de lettres , la protec-
tion qu'il leur avait accordée. Il ne
pouvait mieux choisir pour remplir
cette disposition : Marguerite con-
naissait à fond la littérature ancienne,
dont les écrits faisaient sa lecture ha-
bituelle; et elle ne quittait les poètes
et les orateurs , que pour se livrer à
des études plus sérieuses , telles que
Lno 4i5
celle des philosophes ou des livres
saints. Cette j)r incesse désira de con-
naître Lhopital, sur le bien qu'elle
en entendait dire; et quand elle eut
vu que la renommée ne lui en avait
f)oint imposé, elle se l'attacha , eu
e faisant son chancelier particulier,
et en lui donnant, sur sa maison, une
autorité souveraine. L'iutimilé qui
s'établit entre eux, dura autant que
leur vie. Lhopital forma aussi à cette
époque', avec la maison de Lorraine,
des liaisons qui subsistèrent trè.s-
long-temps. Le cardinal , qui jouis-
sait à la cour d'un grand crédit ,
chercha à le justifier aux yeux du
public en prenant sous sa protec-
tion un homme de ce mérite. De
concert avec la duchesse de Berri ,
il le fit ordonner chef et surinten-
dant des finances du roi en la
chambre des Comptes. ( Testament. )
Les finances avaient besoin d'un gar-
dien aussi fidèle. Des abus intoléra-
bles régnaient dans leur administra-
tion. D'un côté , des dissipations
sans bornes ; de l'autre des malver-
sations sans pudeur. A peine, dit -il
lui-même, le tiers ou le quart de ce
qu'on percevait entrait-ildans le tré-
sor public. Pour mettre au terme
à ces désordres, Lhopital fit revivre
les anciennes lois tombées en désué-
tude : il contint les prévaricateurs,
par des exemples de sévérité; et il
refusa d'acquitter les dépenses qui ne
tournaient point au profit de l'état.
On peut imaginer combien de pas-
sions une telle conduite dut soulever.
Ces passions trouvèrent l'occasion
de se satisfaire dans une affaire étran-
gère à ses fonctions, et à laquelle il
eut l'imprudence de prendre part.
On n'a jamais bien su les motifs qui
portèrent les ministres de Henri II
à bouleverser la constitution du par-
leuicotj et à le diviser eo deux sec-
4i6
Lto
lions, qui devaient servir alternati-
vement pendant six mois : c'est ce
qu'on appela les semestres. Pour lé-
gitimer cette mesure aux yeux du pu-
blic , on employa un leurre , dont
l'usage s'est renouvelé depuis plu-
sieurs fois. On voulut que la justice
fût rendue gratuitement j et Ton sup-
prima les épices , en augmentant les
gages des juges. Lhopital, qui avait
été choqué pendant qu'il était au
parlement , de la cupidité de quel-
ques magistrats , crut voir le remède
à cet abus dans le nouvel édit ; et
quoiqu'il n'en fût pas l'auteur, il
s'en montra hautement le défenseur ,
et se chargea même de répisndre aux
remontrances du parlement , que le
premier président Lemaître avait
présentées. Ceux qui, irrités de sa
sévérité dans l'administration des fi-
nances , n'osaient lui en faire ouver-
tement un reproche, saisirent cette
occasion d'éclater contre lui. Ce fut
un déchaînement général; et il en
éprouva un chagrin très-vif, comme
on peut en juger par une épître qu'il
adressa au chancelier Olivier. Celui-
ci, dans sa réponse, garde le plus
profond silence sur l'affaire des se-
mestres, qu'il n'approuvait pas. Il
loue beaucoup la beauté des vers de
son ami, et il cherche à le consoler du
chagrin que lui causaient les traits
de l'envie. Mais Lhopital était ré-
servé à des épreuves encore plus dif-
ficiles. La France se trouvait dans la
situation la plus critique, après l'ac-
cident funeste qui lui enleva Henri II.
Des factions s'étaient formées, et
s'agitaient en tout sens sous son fai-
ble successeur. Les nouvelles héré-
sies avaient fait de grands progrès ;
et les rigueurs exercées sous Fran-
çois pr. , et sous Henri II , con-
tre les calvinistes , n'avaient servi,
comme il arrive pour l'ordinaire ,
qu'à en accroître le nomWe. Les
mécontents n'attendaient que des
chefs pour devenir formidables. Le»
princes lorrains , appuyés du cr^
dit de la reine Marie Stuart , leur
nièce, se mirent à la tête du gouver-
nement, et se déclarèrent les protec-
teurs de l'ancienne religion; et pourî
gagner encore mieux l'opinion publiJ
que, ils n'appelèrent à l'administra-!
lion que des hommes qu'elle hono*
rait. Le chancelier Olivier reprit les
fonctions dont il était dépouillé de-
f)uis si longtemps. D'un autre côte',
es princes de la maison de Bourbon,
le roi de Navarre et le prince dei
Condé, indignés de voir, dans des!
mains étrangères , une autorité qu'ils'
croyaient leur appartenir par le
droit de la naissance , se mirent à la
tête du parti protestant : mais la con-
juration d'Amboise, dont ils pas-
saient pour être les principaux au-
teurs, échoua complètement ; et cet
événement offrit un prétexte pour les
perdre. Cependant, le cardinal de
Lorraine avait fait entrer Lhopital
au conseil-privé. Mais par un des ar-
ticles du traité de Cateau-Cambrésis,
la duchesse de Berri, sa bienfaitrice,
devant épouser Emanuel Philibert,
duc de Savoie, il fut chargé d'aller
conduire cette princesse en Piémont
Il a tracé la description de ce voya-
ge, depuis Blois jusqu'à Nice ,dans
une longue épître à Jacques Dufaur.
Pendant l'absence de Lhopital , le
chancelier Olivier , désolé de n'être
que l'instrument dont les Guises se
servaient pour perdre ceux qui leur
faisaient ombrage, fut saisi d'une
maladie qui le conduisit au tombeau.
Lorsqu'il fut question de lui donner
un successeur, Catherine de Médicis
se trouva dans une grande perplexi*
té. Les anciennes liaisons de Lho
tal avec la maison de Lorraine le lui
hopi-
le lui
i.n(f
uUient suspect: mais ia duchesse
de Montnfiisier, IViniiie (i'uu rarac-
^e et d un esprit aiiHlcssus de son
\<' , qui l'avait connu chez la du-
isse de Cerri , dissipa toutes les
àuccrtitiidi's , en peignant Lliopital
couiuic un homme en qui l'amour
de son pays doinnuait toutes les au-
tres a llections. A son arri vcfc à la cour,
ce magistrat trouva qu'on y agi-
tait les projets \cb plus Junestes. La
perte des protestants était jurée : on
lie devait leur laisser que l'alterna-
tive de l'abjuration ou de la mort.
I II était même ([uestion d'établir en
! France le redoutable tribunal de l'in-
quisition. Le nouveau chancelier ne
pouvait attaquer de front un tel pro-
jet, sans se compromettre avec ceux
qui gouvernaient. Il chercha à l'é-
carter par des voies détournées , en
taisant rendre un édit qui ôtait aux
tribunaux laies la connaissance du
(rime d'hérésie, et l'attribuait aux
s ecclésiastiques : il décida ainsi
.^ V lergé à repousser l'établissement
de l'inquisition. Ceux qui ne péné-
traient pas les vues de Lhopital , ne
, pouvaient concevoir qu'un magistrat
qui avait montré tant de zèle pour
le maiutien de nos maximes, s'en
fut écarté à ce point : mais on trouva
le moyen d'éluder l'exécution de
lit , et l'ou ne parla plus de l'in-
ilioD. Il n'aurait pu lutter long-
[is tout seul contre la faction clo-
uinte : pour la combattre avec
> d'avantage, il réunit autour de
. -. tous ceux qui partageaient ses
principes de modération et de jus-
♦■'^^; ainsi , il se forma un tiers par-
lai se montrant, sous sa direc-
iiuu, étranger a toutes les factions, ne
voulut reconnaître d'autres ennemis
bien public, que ceux qui trou-
ut le repos de l'état et eu vio-
i.t les lois et la coostitutiou. On
x\iv.
LHO 4,7
vit c\\ peu de temps s'attacher k r«
parti des prélats célèbres par leur
savoir et leur pieté , de sages théo-
logiens et de vertueux magi.str.it-;.
Lhopital voulut s'appuyer en«ore
de l'opinion de la nation entière.
Dans nue assemblée de notables tr-
n'je en ij(io, à Fontainebleau, et
où il avait eu le soin de n'appeler
que des hommes dont les intentions
et la sagesse lui étaient connues , il
fit ordonner la convocation des états
généraux, celle d'un concile national,
et la suppression des poursuites
contre les protestants. Mais ceux-ci ,
liers d'un avantage qu'ils n'auraient
osé se promettre quelques mois au-
paravant, dérangèrent tous les plans
du chancelier, en levant l'étendard de
la révolte. On attira à la cour, sous un
prétexte spécieux, le roi de Navarre
et le prince de Gondé, qui avaient eu
l'imprudence d'y exciter les protes-
tants : ils furent arrêtés à leur arri-
vée- et un arrêt de mort rendu con-
tre le prince de Gondé, dont on re-
doutait le caractère énergique, allait
être exécuté, si Lhopital ne l'avait
empêché , en en retardant la signa-
ture. La mort de François II chan-
gea l'état des choses. La puissance
des Guises tomba avec lui; mais les
factions n'en devinrent que plus har-
dies sous un roi mineur. La France,
suivant les expressions de Lhopital ,
se trouva avoir autant de rois, pour
ne pas dire de tyrans, qu'elle renfer-
mait d'hommes puissants. Le chan-
celier poursuivait toujours son sys-
tème de rapprochement et de conci-
liation. Le colloque de Poissy,où les
catholiques et les protestants s'attri-
buèrent également la victoire, n'a-
vait fait qu'aigrir les esprits , et les
rendre ])lus fermes dans leurs opi-
nions. La guerre civile était sur le
point d'éclatei*. (ibopital aut qu'il
4.8
LHO
n'y avait plus (l'autre moyen de cal-
mer les protestants , que de leur ac-
corder une tolérance qu'il n'était
plus possible de leur refuser. L'edit
de janvier , ainsi nomme du mois où
il fut publie, permit, sous certaines
restrictions , la profession publique
de la religion protestante. Mais- cet
e'dit aigrit les catholiques et enhar-
dit les protestants, qui, de persécutes
devenus persécuteurs , se soulevèrent
dans plusieurs endroits et se livrèrent
aux plus coupables excès. Le désir
de la vengeance s'était emparé de
tous les cœurs j ou attendait avec
impatiencele signal de la guerre : mais
Lhopital indigné tonnait con're tous
ces furieux ; et sa présence au con-
seil suspendit toules les délibérations.
Le connétable de Montmorency lui
dit im jour , qu'un homme de robe
ne devait pas se mêler de ce qui
concerne la guerre : Si je ne sais pas
la faire , lui répondit-il , au moins
sais-je quand elle est nécessaire. Il
fut exclus du conseil, et les hostilités
commencèrent. La France fut en
proie aux plus horribles dévastations;
et Lhopital en fut pénétré de la plus
vive affliction : il a fait dans ses épî-
tres les descriptions les plus tou-
chantes de ces calamités. Euiîn la
mort du duc de Guise , assassiné au
siège d'Orléans, amena la paix, dont
Lhopital régla les conditions. Cette
paix ayant mécontenté ies deux par-
tis;,le chancelier pensa qu'une guerre
étrangère , en les réunissant contre
un ennemi commun, était le seul
moyen de faire diversion à leurs fu-
reurs 'j et il fit déclarer la guerre aux
Anglais , qui avaient profité de nos
troubles pour s'emparer du Havre.
Charles IX avait atteint sa qua-
torzième année : le chancelier fit
revivre une ancienrie loi, qui fixait à
cet âge U m;^juriîé du roi. 11 voulut
LHO
ôter par-là aux chefs de parti , toute
prétention au pouvoir suprême.
Mais Charles IX,quoique majeur, n'eu
était pas plus capable de tenir les
rênes du gouvernement ; et de nou-
veaux orages menaçaient la France.
Malgré la fermeté avec laquelle Lho-
pital faisait exécuter les édits de
pacification, les protestants autant
que les catholiques traversaient sans
cesse ses intentions pacifiques. Pour
imposer aux factieux par la pré-
sence de la majesté royale , il en-
gagea le roi à parcourir tout le
royaume. Mais ce dessein , dont lefl
résultats furent d'abord très - heu
reux , eut des suites auxquelles oi
ne s'était pas attendu. Dans une coi
férence que le duc d'Albe eut
Baionne avec Catherine de Médici
il parvint à réveiller l'ambition
cette princesse , à lui rendre suî
pects tous ceux qui voulaient rétabli
la tranquillité par une sage toléranc(
il lui persuada qu'elle ne régne
rait paisiblement que par la destrui
tion entière du parti protestant, 0
croit que c'est de cette époque qi
datent ces complots sanguinaires
dont on ne différa l'exécution qi
pour attendre une occasion fav(
rable. Le chancelier ne tarda pas a"
s'apercevoir qu'il avait perdu la,
confiance de la reine. Ses avis
furent plus écoutés ; et l'on finit p
I
'exclure des conseils oii l'on dé
bérait si l'on ferait ou non la guer;
aux protestants. La reine et le roij
s'étant absentés , il ne fut point de ce
voyage ; et il se retira , pendant ce
temps, dans sa terre de Vignay , près
d'Etampes. Ce fut alors qu'il se répan-
dit contre lui beaucoup de bruits ,
dont il fut très-affecté , et dont il se
plaint amèrement dans une invective
adressée aux habitants de Paris. Ce-
pendant, après.le retour du roi, il rc-
LÎIO
|>ri lies fonctions de sa place: mais ce
uc fnl pas pour lonp;-lcinps. Il rtail
assez, évident , que l iiit qu'il l'orru-
pcr.iil,oniic pourrait violer les lois ,
tlissi|)cr les liiiances et inrllre le
rojauuie (Ml roiubustion : on redou-
bla donc les intrigues pour le rendre
suspect et pour lui donner des de'-
goûts ; de sorte que voyant que sa
présence n'était plus agréable , et
que le roi , oI)sc(lé de toutes parts ,
n'avait réellement pi us de puissance et
n'osait même dire ce qu'il pensait, il
jugea />/«.« expédient de céder volon-
laiivment à la nécessité de la ré.>u-
blique , et au i nouveaux gouverneurs
que de débattre avec eux (Testa-
ment). Lhopitai alla donc de nou-
veau se fi\er à Vignay. Nous avons
de lui plusieurs épitrcs , écrites pen-
dant sa retraite. On y remarque la
même fermeté d'ame, la même vi-
gueur, que lorsqu'il occupait la pre-
[ micre dignité de l'état. On y voit
aussi que ce digne magistrat sentit
alors, dans les douceurs du repos, un
charme qu'il neconiiaissait point en-
core. L'étude, la prière, l'éducation de
' t sespelils-fds,lacultnredescschamps,
la société d'une femme qui se mon-
^ Irait en tout point digne de lui , par-
I tageaient sa journée. Le seul regret
) qu'il éprouvât, était de ne pouvoir
plus donner au roi des preuves ('«e sa
îidélité , ni contribuer à détourner
• les nouveaux malheurs dont il
voyait la France menacée. Il con -
naissait trop bien la cour et les chefs
des partis qui la divisaient , pour
croirequ'ils vécussent jamais en paix.
Leurs rapprochements momentanés
lui étaient suspects; et personne ne
fut moins que lui trompé par cette
perfide paix qui précéda la Saint
!emi. Il s'aperçut qu'elle ne
>\i qu'un piège, ainsi qu'il ré-
crivait à Arnoul Ferricr. On sait qu'il
LliO 419
faillit être une des TÎctimes de cette
terrible journée. Les habitants de la
campagne s'ameutèrent : ih df'V is-
tèrcnt ses champs, et tr I »
ville ses fermiers enchaiiM 1 i,i
rcino , inquiète sur son sort, envoya ,
pour le protéger, un détachement
de cavalerie. L'apjiarition de cette
troupe, dont on ignorait la destina-
lion , causa de l'effroi dans sa maison
ouverte de toutes paris. On lui de-
manda , s'il voulait qu'on fermât la
porte : Non, non , dit-il ; si la petite
n'est Instante pour les faire entrer,
que Von ouvre la grande. Mais ce
qui afiecta le plus Lhopitai , dans
ces tristes circonstances , fut le dan-
ger qjic courut sa (ille , que le hasard
avaitconduiteà Paris. Ellefut sauvée
par Anne d'Esté, duchesse de Guise.
Lhopitai remercia de ceserviçe si gna-
1 é sa bienfaitrice par une épître où res-
pire la plus vive sensibilité. Ces cruels
événements pénétrèrent Lhopitai d'uu
chagrin qu'il ne lui fut plus possible
de dissiper. Il mourut à Vignay, le
i3 mars i573, et fut enterré dans
l'église deChampmoteux, sa paroisse,
où on lui éleva un mausolée dans la
chapelle seigneuriale. Ses cendres
ont été violées par les factieux de
notre temps, comme sa vie avait été
troublée par ceux du seizième siècle.
Son mausolée a été transporté au
Musée des Pelits-Auguslins. Lhopitai
ne s'était occupé en aucun temps du
soin de sa fortune : après avoir
passé neuf ans au parlement , et six
dans l'administration des finances,
on le voit réduit à demander des ali-
ments pour lui ( ce sont ses termes ),
et une dot pour sa fille unique. Lcl
roi promit la dot; mais cette pro-
messe tarda long-temps à s'ellectuer.
Cette dot, si long-temps attendue et
sollicitée , vint enfin : il paraît que
ce fut une charge de maître des rc-
^7-
420
LHO
quêtes , dont on pourvut Robert Hu-
rault, seigneur de Belesbat, conseil-
ler au grand-conseil , qui devint son
gendre. Lhopital avait aussi obtenu ,
on ne sait à quelle époque ^ la terre
deVignay, près d'Etampes , qui dé-
pendait du domaine , et qui fut sou-
mise à une forte redevance. C'était
un cbamp stérile , dont il fait lui-
même une bien triste peinture : une
inscription qu'on voyait dans le châ-
teau , indiquait qu'il avait ëtc bâti
par Lhopital et sa femme , en 1 562 ,
au milieu des désordres auxquels la
France était en proie. On lui rendit
aussi les biens qui avaient été confis-
qués sur son pbre : mais c'était peu
de chose. Ses mœurs furent toujours
austères et ses goûts simples. Sa so-
briété était extrême. Branlome ra-
conte qu'étant allé lui faire une visite
avec le maréchal Strozzi, Lhopital
les fit dîner dans sa chambre avec du
bouilli seulement; car c'était, ajoute
l'historien , son ordinaire pour le dî-
ner. Il était cependant alors chance-
lier. Sa vaisselle consistait en une
salière d'argent , qui servait à la
ville et à la campagne. Il regardait
le luxe qui s'était introduit de son
temps , comme une des plaies les
plus funestes qui affligeaient la
France. Il y voyait la source de
cette cupidité , qui , en détruisant
les mœurs anciennes, portait ceux
dont elle s'était emparée, à boule-
verser le royaume , pour se satis-
faire. Il nous reste de lui une satire
contre le luxe , adressée au président
deThou, et qui estune des pièces les
plus énergiques et les plus éloquentes
qui soient sorties de sa plume. Il
s'irritait surtout contre les vices des
grands , dont l'exemple a tant d'in-
fluence sur la multitude. Il n'oublia
rien pour ramener les magistrats
à la pureté primitive de leur prG-
LHO
fcssion. On voit avec quelle force
il s'exprime sur les désordres qui
s'étaient introduits parmi eux , dans
les discoursqu'ii eut occasion d'adreS"
ser à différentes cours souveraines.
Brantôme rapporte un exemple de
la sévérité que mettait Lhopital dans
l'examen de ceux qui se présentaient
pour remplir une place de magis-
trature. Pendant qu'il exerçait les
fonctions de juge , il avait vu tant
de contestations injustes et de mau-
vaise foi , qu'il en prit les procès en
horreur. Il exprime toute son in-
dignation à ce sujet , dans une satire
qu'il publia en i549, ^^"^ y lîiettre
son nom. Des savants de son temps ^
tels que Barthius et Boxhornius , la
])rirent pour l'ouvrage d'un ancien ,
nouvellement découvert , et s'em-
pressèrent d'y faire des notes et des
scolies. Leur méprise était d'autant
plus inexcusable , qu'on trouve dans
cette satire des indices qu'elle avait
été récemment composée en France ,
et même à Paris. Lhopital ne voyait
de remède , aux maux de la nation\^
que dans la réformation des mœurs.
Il tenta d'arrêter le torrent de la
corruption
en
faisant parler le^
lois , qui se taisent d'ordinaire dans
les temps d'orages et de tempêtes.
D'Aguesseau regarde les lois dont
nous- sommes redevables à Lhopital,
comme le fond d^s plus utiles]
qui aient été faites dans la suite
par nos rois, et qui ne sont guèr^
que des conséquences de ces h
fondamentales. Malgré les secours'
que Lhopital aurait pu trouver dans
les lumières de soii siècle , il fut le
seul auteur des ordonnances qui
parurent sous son ministère , et qui ,
suivant les expressions de Pasquier ,
passent, d'un long entre jet , celles
qui les avaient précédées. Lhopital
était très-savant dans le droit ; il
i.no
^l'uLiit rimport.mre de rrltC5cirnrc,
il s'a|ij)liqna à en faire fleurir
Unie. IVmiant qtril était cliaiice-
r (le la (lnchessr de Herri , il sc-
Mida avcr z.Me le projet qu'avait
ire prineesse, de faire de l'erolcde
droit de lîourj^cs, la plus florissante
1 qui eût existe. 11 y appela les phis
célèbres professeurs, et entre autres
j le fameux Cnjas. dont il découvrit le
i mérite délaisse au fond d'une pro-
' viucc, et qu'il protc}:;e.l consfam-
• ment. Aussi instruit dans le droit
public que dans le droit prive , il
gardait le gouvernement monar-
.liiquc comme le plus parfait de
tous : mais il ne prétendait pas pour
^•»la que l'autorité du monarque dût
vc absolue. Ses principes politi-
los sont consigncsdans deux poèmes
Mus, dont l'un fut fait à roccasion
1 sacre de François II , et l'autre
;it comme un tableau des quatre
ils de la France. Le premier poème
'. un traité com])let de l'art de p;ou-
•rncr. Il produisit une ^raixlc sen-
uion dans le temps ; et il contribua
iH?aucoup à la fortune de son auteur.
François II l'apprit par cœur , pour
; avoir toujours les maximes pre'-
Mtcs à la mémoire. Joachim du
ilay le traduisit en vers français.
• second roule à-pcu-près sur les
•mes idées que l'autre, avec cette
fercnce, qu'outre les devoirs du
i , l'auteur trace aussi les devoirs
>; quatre ordres de l'état : la magis-
iture commençait alors à être con-
Ic'rée commcforra.uitun quatrième
<lre. Du Bellay traduisit aussi, ou,
MU- mieux dire, paraphrasa ce der-
r poème en vers français: on ne le
uiaît m«*rae que par celte traduc-'
u, l'original n'ayant point étéim-
nné. Lliopital regardait la divisioa
tr ordres , comme iidiércntc à la
onarcliie;mais pour que ces ordres
UIO
fussent les appuis du trône. *, .,e
pussent le combattre, il acheva d'a-
battre la puissance dc5 grands , et
il leur enleva de» droits et des pré-
rogatives dont ils abusaient souvent ,
et qu'il rendit à l'autorité royale. Il
assigna des bornes à la puissance de»
j)arlements,et fut le premier qui fixa
le poini où leur résistance devait s'ar-
rêter. Ainsi l'on |)cut dire que Char-
lemagne , Saint - Louis et Lhoj)ital
ont été les principaux législateurs de
la France. Il montra , à l'exemple
de ces deux souverains , un grand
zèle pour le maintien de nos maxi-
mes , contre les entreprises de la
puissance ecclésiastique ; cl il /il pour-
suivre avec sévérité ceux qui ten-
tèrent d'y porter atteinte. Son projet
était de diviser les ordres religieux
en quatre classes, et de les employer
à des occupations d'un intérrt public.
Dans le procès que l'université in-
tenta contre les jésuites , en 1 504 ^ d
les appuya de son crédit , parce qu'il
les regardait comme plus propres
que les aiitres religieux à l'éducation
delà jeunesse. On a voulu cependant
faire suspecter ses senlimeiïts en ma-
tière de religion. Les uns ont pré-
tendu qu'il était protestant dans le
cœur j d'autres ont été jusqu'à l'ac-
cuser d'athéisme. Lhopital était émi-
nemment religieux , comme on en
voit la preuve à chaque page de ses
épîircs. Lorsque le (ardinal d'Kstc
vint en France, en ij(i-2, il était
spécialement chargé par le p.âpc de
faire renvoyer Lhupital,quc le pon-
tife suspectarid'bcrcsie. ptrce qu'aux
étals d'Orléans, il av.ii ire
abolir le concordat etrtt , ' «g-
matique, loi long-temps m chère aux
Français. Tfule accusation tt'hêré-
sie conti'e le cluincelier, écrivait au
conlraire ce légat au cardinal Boi»-
romée, serait mal fondée, puis<]u'ou
4?/A LHO
le voit ordinairement aller à la
messe, se corifesser et communier.
Lhopital n'était pas seulement un ju-
risconsulte profond et un homme
d'ëtat du premier rang j les belles-
leltrcs faisaient encore ses délices.
Nous avons vu plus haut avec quel
plaisir il savourait les écrits des an-
ciens, quand ses occupations lui en
laissaient le loisir. Il avait surtout un
talent particulier pour la poésie ; et
telle était sa facilité à faire des vers,
qu'il n'employait pas d'autre langage
dans sa correspondance familière,
ou quand il voulait discuter quelque
question soit de morale soit de poli-
tique. Ou a beaucoup varié dans les
jugements qiie l'on a portés sur son
talent poétique 5 les uns l'ont extrê-
mement déprécié 5 d'autres l'ont
exalté outre mesure, et ont voulu le
placer même à coté d'Horace : mais
pour le bien apprécier, il ne faut re-
courir qu'à lui-même ; sa candeur
et sa franchise étaient telles , qu'il
indique les défauts de ses vers ,,
comme aurait pu le faire le censeur
le plus sévère. Il ne faut pas néan-
moins prendre à la lettre le jugement
rigoureux qu'il en porte : il est vrai
que l'extrême facilité avec laquelle il
les composait, et le peu de soin qu'il
mettait à les corriger, font qu'il est
quelquefois diffus , traînant , qu'il
revient souvent sur la même idée, et
ne voit pas toujours où il faudrait
s'arrêter j mais son style est cons-
tamment pur, élégant , quelquefois
gracieux, noble, énergique. Son ame
s'agrandit et s'élève avec le sujet qu'il
traite. On a prétendu que le manus-
crit des poésies de Lhopital avait été
recouvré par Pierre Pithou , chez un
passementier , qui s'en servait pour
envelopper sa marchandise. Le pré-
sident de Thou dit cependant, dans
ses Mémoires, que Pibrac en était
LHO
lpdépositaire:celni-cilcsmitau jour
avec le secours de ï)e Thou et de Scé-
volc de Sainte-Marthe. Cette pre-
mière édition, qui est de i584 , fut
dédiée à Henri III ,par Michel Hu-
rault de Lhopital, petit-fils du chan-
celier. De Thou convient qu'elle était
ti ès-incomplète : il se proposait d'en
donner une plus étendue , et où les
épîtres seraient rangées par ordre de
date ; mais les circonstances ne lui
permirent pas d'exécuter ce projet.
On fit plusieurs éditions des poésies
de Lhopital, d'après celle de i584 ,-
en France et même chez l'étranger "
Le manuscrit de PiLrac passa , on n
sait comment , au pouvoir du célè
bre Jean de Witt, grand-pensionair
de Hollande; et un de ses petits-fil
le communiqua à Pierre \lamiug
qui donna, en i73ti, à Amsterdam,
une édition in-S*'. de ces poésies,
plus complète et plus correcte que
celles qui l'avaient précédée, mais
où les épi très ne sont pas rangées
dans un meilleur ordre. Il y a
quelques pièces nouvelles qui ne
sont la plupart que des fragments.
Outre ses poésies , il nous reste de
Lhopital des discours qu'il pronon-
ça en diverses occasions, et qui n'ont
jamais été recueillis : ils sont forts de
pensée et d'expression; mais il
tombe souvent dans la familiarité
vice ordinaire de son temps. So
Testament , qu'on trouve dans l
Bibliothèque choisie de Colomiès
dans la Bibliothèque du droit fran
çais de Bouchel , dans Castelnau , et
dans Brantôme ( article du conné-
table de Montmorenci ) , est curieux
par les particularités qu'il renferme.
On lui attribue des Mémoires, conte-
nant plusieurs traités depaix ,apj)a-
nages , mariages , reconnaissances ,
foi et hommages ( de 1 55 1 à 1 556 );
Gqlogne, 16']'^ ^ ia-i2. L'ouvrage
le
i
LHO
jii'il avait entrepris sur le droit s'est
juitlii : on pn'trnd qu'il avait eu le
ItrojctdVcriiTriiisloircdosontpmjj.s,
iir le niodMc des anciens hisloriens;
nisil no rcxmita point. Lacroix du
Maine avait promis une Vie de Llio-
pital , cl Secousse en ]>reparail une ;
!!cs n'ont paru ni l'une ni l'autre.
I (vestpie de Pouilly en publia une
1 1 704 , Londres [ Paris ), iu- 12,
vcc un portrait du chancelier, gra-
( par Tiiliard d'après un portrait
1 i^inal ( par Zucclicro ) , conserve
lus le cabinet de Maupeou. Cette
\ ic est écrite avec le ton de no-
blesse et de dignité qui convenait
lU sujet; mais l'homme public y
irhe un ]x;u trop l'homme pri-
vt> : dans Jjhopital , le dernier est
le plus curieux à connaître. L'aca-
. demie de Toulouse mit , en 1776 ,
i au concours, l'éloge de Lhopil'al ;
' l'académie française , jugeant sans
' doute qu'un pareil sujet lui appar-
iiait plutôt qu'à une académie de
!0vince,le proposa aussi de sou
>lé. Ou voulut , à cette occasion ,
lire du plus religieux des hommes
! du magistrat le plus attache aux
i(»is deson pays, l'un des coriphccs de
l'impiété et de l'anarchie. Ce con-
( ours (il éclore un grand nombre
'i'ouvragcs presque tous écrits dans
' sens , et où le caractère de ce
^land homme fut entièrement déna-
tiué. Le discours de l'abbé Pami ,
(jui remporta le prix, est un des plus
mauvais qui ait jamais été présenté à
un concours académique. Voltaire
ougissaitdu jugement qui l'avait cou-
luné. L'intention des Quarante au-
lit étédcdonuer le prix à un dis-
< ours de Condorcet, qui , à cause des
jM'incipes qu'il renfermait , n'avait
pu être soumis à la censure ; l'aradé-
niic en témoigna ses regrets par une
uicntion particulière . et elle ex-
LHO ii^
horla Pautour à le faire imprimer.
iSelon Laharpe , cet éloge est sec et
ennuyeux , à une ou deux pages
près. Un autre discours dont on
parla dans le temps, est relui de
Guibcrt. La doctrine que les jeunes
magistrats firent adopter , onze ans
j)lus tard , dans le parlement, cl qui
amena la destruction de la monar*
chie , y est mise dans tout son jour.
L'auteur va jusqu'à dire que les états-
généraux étaient le \éritable conseil
de la nation , le palladium de ses
droits , la ressout-ce qui pouvait un
jour tout réparer , en tout boule-
versant. Ce discours est en outre
rempli de bévues et d'erreurs sur les
faits. Un auteur anonyme publia ,
en 1778, un Essai de traduction des
poésies de Lhopital, 9. vol. in-8°. ;
mais cet auteur que l'on sait être
J. M. L. Coupé , avec des intentions
plus pures que celles des auteurs des
Eloges , ne se tira pas bien de son
entreprise ; il tombe dans des con-
tresens continuels , et manque d'ail-
leurs de goût et d'élégance. M. de
Langeac a fait paraître, en 181 7 ,
un livre intitulé : Du bonheur que
procure l'étude , par le chancelier
de Lhopital, in-o^. de 240 p. ; ce
recueil , dont 3o iwges seulement
appartiennent au chancelier, paraît
être le fruit des études et des recher-
ches que Péditeur avait faites pour
traiter le sujet proposé par l'acadé-
mie. Le reste de ce volume , fort
intéressant d'ailleurs, est extrait avec
beaucoup de goût , d'un grand nom-
bre d'écrivains tant anciens que mo-
dernes. L'auteur de cet article fit
insérer dans les Archives littéraires,
un Essai sw la vie , les écrits et les
lois de Michel de Lhopital ; ce mor-
ceau fut réimprimé à part, en 1807,
in-8*^. M. G. H aller a fait imprimer
en anglais ^ à Loudics ^ uu Essai sur
4^4
I.HO
la vie de Michel de Lhopiial, 1 8 1 4;
I vol. in-i'i, dedië à M. G. Canning.
C'est un abrégé , très-inexact et sans
ordre, des ouvrages français qui con-
cernent Lliopital. B-i.
LHOPITAL ( Guillaume-Fran-
çois-Antotne ) , inarqiiis de Sainte-
Mesrae et comte d'Entremont, con-
nu sous le nom de marquis de Llio-
pital , et fils d'Anne de Lliopital ,
Jieutcnant-géne'ral des arme'es d u roi ,
naquit à Paris, en i66i. ïl annonça,
dans sa jeunesse, peu de dispositions
pour le latin ; mais il était appelé à
des succès d'un autre genre. Ayant
aperçu un livre de géométrie entre
les mains de son précepteur , sa cu-
riosité fut vivement es^citée à la vue
des figures singulières qu'offre cette
science; il voulut l'étudier, et bientôt
il eut besoin d'un maître pkis habile.
Celui-ci ne tarda pas encore à être
surpassé par son élève ; et Lliopital
ne dut plus ses progrès qu'à lui-ra ême.
On rapporte qu'un jour, se trouvant
chez le duc de Roannès , dans une
société de savants , au nombre des-
quels était le grand Arnauld, on par-
la , avec admiration , de la solution
donnée par Pascal, d'un problème re-
latif à la cycloïde : Lhopital seul ne
s'en étonna pas, et dit qu'il se croyait
capable de le résoudre. Si l'on fut
surpris de cette étrange prétention
d'un jeune homme de quinze ans , on
le fut bien davant/jge , lorsqu'au
bout de deux jours, il apporta la so-
lution qu'il avait promise. A l'exem-
ple de ses ancêtres, il embrassa la
profession des armes, et servit, eu
qu dite de capitaine de cavalerie ,
dans lerégiment Colonel-général. Là,
îe goût des mathématiques ne l'a-
bandonna point. Solitaire au milieu
des camps , il se retirait sous la tente
pour y étudier la géométrie. Cepen-
ilaut il s'efforçait d'allier lesdevoii's
LHO
de sa place à la culture de cette
science. Mais il tenta vainement de>
surmonter les obstacles qu'opposait
à ses fonctions militaires une vue
extrêmement basse, et il se trouva
forcé d'abandonner le service à la
fleur de l'âge. Dès-lors, rien ne con-
traignit plus son rnclinalion pour les
mathématiques. Le livre de la Be ■
cherche de la Véité étant tombé
entre ses mains , il jugea que Maîe-
branche devait être un grand mathé-
maticien j et il n'en fallut pas da-
vantage pour qu'il se liât d'amitié
avec cet homme célèbre. Il apprit
bientôt qu'il existait une nouvelle
géométrie avec laquelle on résolvait,
en se jouant , les problèmes les plus
difficiles. Lcibnitz en avait publié
les éléments dans les Actes de Leip-
zig, mais d'une manière si obscure,
qu'a peine les premiers savants pou-
vaient l'entendre. Jean Bernoulli ,
par la force de son génie , en avait
déjà pénétré toute la profondeur.
Quelle fut donc la satisfaction
du marquis de Lhopital, lorsqu'en
i(>9'i il vit arriver cet illustre
géomètre à Paris î II le reçut avec
l'accued le plus flatteur, l'emmena
dans sa terre d'Oucques ( près de
Vendôme ) ; et pendant quatre mois
il étudia, sous lui, la nouvelle géo-
métrie , cette géométrie si extraordi-
naire et si sublime, que Fontenelle
s'écriait : Là , furent dévoilés tous
les secrets de l'infini î^éorn étriqué ,
en un mot de tous ces différents
ordres d'infinis qui s^ élèvent les uns
au-dessus des autres , et forment
Védlfice le plus étonnant que l es-
prit humain ait jamais osé imagi-
ner. Lhopital ne tarda pas de mettre
en usage les hautes connaissances qu'il
venait d'acquérir. Bernoulli , de re-
tour à Groningîie, où il professait les
mathématiques, proposa, eu 1693.,
i.no
r^nns les journ.mx de Leipzig, de dr-
iiior la n.iturc et de donnrr l.i
îriirtion d'une r()nrl)e lelle ,
,que la partie de l'.ixe des ahsei.sses
Vnîiijiri.se entre le point d'infersee-
e'I la tangente, soit toujours
^ un ra|>port donne avec celte
i-nte. Lliopital résolut ce pro-
ue, mèmedaus riiypothèse où le
Morl coi'Mant serait incommen-
!>le; el il n'y eut que trois gco-
os en Europe qui purent joindre
s solutions à la sienne. Ces ge'o-
I es étaient Jacques Bernoulli ,
iiitz et Huyghens. C'est dans
année que le marquis de Lho-
I l'ut reçu à l'académie des sciences
memembrchouoraire. Jean Bcr-
i;i lit, en 1G96, un nouveau défi
u;ëomèlres de l'Europe , el leur
Mjsa le problème de la bracliys-
lone, ou ligne de la plus vite
rnte, problème si singulier qu'on
rendrait pour un paradoxe ; car
::;it de trouver la ligne que doit
•jirir un corps pour aller d'un
t à un autre dans le temps le
^ court , en supposant que ces
:s ne soient pas situes sur la
!e vcrlicale. Ou croirait que c'est
ligne droite; mais la nouvelle
le'trie a découvert que celte ligne
jue courbe ( la cycloide ). Jean
oiilli n'avait d'abord accorde
géomètres de l'Europe, que six
> , pour résoudre ce j)roblème :
')longea ensuite le délai jusqu'à
mois , au bout desquels on ne vit
itre que quatre solutions, dont
• iteurs étaient Newton eu An-
rre, Leihnitz, en Allemagne,
;'ies Bcrnotdii , en Siisse, et
pital, en France : ce dernier
.:ra encoi-e une grande sagacité'
Ifilerminant la forme qu'il faut
1er à un corj)s plongé dans un
a- ^ pour qu'il éprouve la moindre
résistance. Newton , Anni son livre
des Prineij^es , avait déterminé la
forme de ce corps, sans faire con-
naître le procédé qui l'avait conduit
à ce résultat. Fatio , géomètre de
(ienèvc, le trouva ; et à ce sujet,
ayant envoyé au marquis de Lliopi-
tal , cinq pages cbnrgées de calculs ,
celui-ci trouva ces calculs si com-
plicpiés , qu'au lieu de les vérifier ,
il aima mieux clierclier à priori la
so'ulion du problème : il réussit
complètement , et il oarvint , en deux
jours, aune solution aussi simple
qu'élégante. Nous remarquerons que
liliopital ne fit que satisfaire à l'énon-
cé de Newton, modifie par l'hypo-
thèse que le solide soit de révolu-
tion-, et se meuve imiformémenf.
Bouguer et d'autres géomètres ont
donné depuis plus de généralité à
ce problème ; mais ce que Lho-
piLal ne partagea certainement avec
personne , ce fut la gloire d'avoir ré-
solu , dans le temps prescrit par
Jean Bernoulli , le problème que ce
géoraètrcavait proposé, de détermi-
ner la courbe d'égale pression, ('c
problème oflVait d'autant plus de dif-
ficultés, que Lhopital , pour le ré-
soudre, se vit obligé de trouver pré-
liminairement une théorie complète
de la force centrifuge de lacpielle il
dépend. En 1696, il mit au jour
son winalyse des infiniment-petits ,
de l'imprimerie royale, in-4*^. Ja-
mais ouvrage ne fut reçu des sa-
vants avec autant d'empressement.
Il renfermait cette géométrie mysté-
rieuse qui promettait tant de mer-
veilles aux modernes , et avec la-
quelle on obtenait la solution de pro-
blèmes qui, dans toute l'antiquité ,
avaient fait le tourment des giomè-
trcs. Ce livre marqua donc l'époque
d'iuie grande révolution dans U
science. Les mathénaticieiis >
i-iCy
LHO
pressèrent de s'initier dans le calcul
de l'infini : quelques-uns seulement ,
trop attaclics à leurs anciennes habi-
tudes , élevèrent des douces sur la
justesse de la nouvelle géométrie.
Elle avait cela de propre , que tout
paraissait marqué du sceau de l'évi-
dence , pourvu qu'on s'astreignît à
suivre un certain cercle d'idées ; mais
si l'on s'en écartait , une foule de
contradictions semblaient se pré-
senter à l'esprit. C'est de ce côté-là
que les détracteurs des nouvelles
méthodes dirigèrent leurs attaques.
Ils s'introduisirent jusque dansle sein
de l'académie des sciences. L'abbé
Gallois, qui avait étélong-temps l'un
des rédacteurs du Journaldes savants,
et qui était ennemi des nouveautés et
passionné pour les discussions polé-
miques , se déclara contre les Infini-
ment-petits ; mais trop faible pour
attaquer ;, seul , une doctrine fondée
sur des considérations très-subtiles ,
il eut rcv^ours au géomètre Rolle ,
qui jouissait d'une certaine réputa^
lion. Rolle lui fournissait des objec-
tions contre les nouvelles méthodes:
l'abbé Gallois les proposait comme
des doutes dans les séances acadé-
miques; et ces doutes étaient appuyés
sur des démonstrations préparées à
dessein. Varignon défendit avec cha-
leur la cause de la nouvelle géomé-
trie. Accoutumé dès l'enfance à dis-
puter dans les écoles , et doué d'une
grande facilité à s'énoncer , Vari-
gnon était l'homme qui pouvait le
mieux soutenir cette lutte. Quant à
Lhopital, il se contentait d'observer,
attendant toujours que du choc des
opinions il sortît des traits de lu-
mière don! la science pourrait pro-
fiter. Mais loin de s'éclairer mutuel-
lement , les deux partis s'irritèrent
de plus en plus j et ils en vinrent
même aux personnalités. L'académie
LHO
se vit forcée de mettre un terme à
ces discussions ; elle nomma des
commissaires pour juger la question,
et défendit à ses membres de s'en
occuper clans les séances. Depuis ce
temps le prestige attaché à des idéef
qui paraissaient au-dessus de la na-
ture humaine , s'est évanoui. D'Alem-
bert , dans l'Encyclopédie , d'après
Newton, et Lagrange dans sa Théo-
rie et dans son Calcul des fonctions
analytiques, ontéclairci la métaphy-
sique du calcul de l'infini , et l'ont
fait rentrer dans le domaine des
sciences naturelles. Lhopital survé-'
eut peu à la publication de son ou-
vrage. Jean Bernoulli , qui en avait vu
le succès avec une jalousie secrète ,
cessa de dissimuler à la mort de l'au-
teur, et commença par critiquer une
des méthodes les plus imporlantesde
l'ouvrage: celle oùil est parlé (sect. 9)
des fractions dont les deux termes
s'évanouissent par la substitution
d'une même valeur de la variable.
Il prouva que cette méthode, qu'ilij
appelait sa propriété, était insuffi- 1
santé ; et il en donna une autre beau- ^
coup plus générale. Il ne fit pas en-î|
suite difficulté de revendiquer suc-;
cessivement toutes les autres décou-i
vertes importantes , renfermées dans
VJtnalfse des Infiniment-petits. Les
géomètres français repoussèrent des
récriminations d'autant plus dépla-
cées , qu'elles étaient faites après la
mort d'im homme auquel Bernoulli
avait toujours prodigué publique-
ment toute sorte d'adulations. Ce
n'est pas ])Ourtant ce que dit Mon-
tucla; car il prétend que Lhopital
ne fit pas assez connaître les obliga-
tions qiiil avait à Bernoulli; et il
ajoute: a M. Bernoulli en fut un
» peu indisposé, lorsque parut l'ou-
» vrage de M. de Lhopital ; et ce ne
» furenî auc des motifs de reconnais-
ÎJIO
Mrf»(1o II manière dont il av.iir
; ;i l\iris,({t)i otouOrront srs
>. Il so conlrnt.i i\c les faire
nliiiciitirllcmnit à Lribnil/.. »
; 'luiaul on |ipiil ']n'^cr si elles
'iunt bien fondées, lorsque î^lio-
! il , d.ins sa pr-'ïiec de l'Analyse
infiniment petits , s'exprime en
. > (ormes : « Je reeonnais devoir
" Ix.inroup anx lumières de M. Ber-
l'illi , surtout à relies du jeune,
csentement professeur à Oronin-
u\ Je me suis servi, sans façon,
leurs découvertes et de celles
M. de Leibnitz. C'est pourquoi
consens qu'ils en revendiquent
ut ce qu'il leur plaira , me con-
ntant de ce qu'ils voudront bien
(' laisser. » La seconde ediîiou
Injïniment petits parut en i -y 1 5.
s quoiqu'elle ait été' imprimée
> les yeux de l'auteur, elle est
plie de fautes typoç;raphiques.
isaz.en i^^i , mit au jour des
rvations sur le livre du mar-
- de lihopilal , et envova son
imcntaire à Jean Bernoulli : ce
id géomètre y trouva des fautes
n ne pardonnerait pas à un cco-
iii, et le renvoya à l'auteur, au-
<;!'! il aurait pu, lui écrivail-il ,
muniquer des choses utiles,
tant qu'il craignait bien que ce
imentairc ne donnât aux enne-
de la nouvelle géométrie occa-
! de la décrier. D'un autre côté,
I in , dans les Mémoires de l'aca-
nie, attaqua le commentaire de
v>!ousaz, et fit voir, entre autres
clioses, que, dans la délicate question
de maximis et minimis, croyant rec-
tifier une règle donnée parGuisnée,
il était toral>é dans des erreurs fort
graves. Un autre commenta i re trouvé
parmi lesœuvres posthumes de Vari-
' pnon , a été imprimé sous le titre
' à* EclaircissemaHs sur VAnil^se
LHO <i7
des tnfniment'pftits. Paulian , ju-
geant ce commentaire liopsavant,eii
publia un nouveau à la suite delà troi-
sième édition de l'Analyse des Infini-
ment-petits , imprimée à Avignon ,
en i'j(J8,in-8''. ; maisce (ommenla-
teur est tombé lui-mcmc dans des
méprises inconcevables. Lcfî-^re a
donné, en i7Bi,in-4'*. , uneétlilion
de W^nnlyse des Infiniment -jKlil^,
avec des augmentations. î.hopital
se proposait de faire succéder à ctt
ouvrage nu traité de calcul in-
tégral; mais Leibnilz lui ayant écrit
qu'il s'occupait d'un ouvrage inti-
tulé De la Science de V infini, \c géo-
raclre français abandonna son ])rn-
jet , étant jK-rsuadé qu'un si grand
céomètre s'acquitterait mieux que
bii d'une tache aussi importante; et
il se hâta, d'après l'invitation par
écrit de Leibnitz , d'annoncer au pu-
blic cet ouvrage, qui n'a jamais paru.
Stone , géomètre anglais , voulut
Y suppléer ( Vojez Stoîve ) en pn-
l'Iiant un traité de Calcul intégral,
qui a été traduit en 1735, par Ron-
dct. Stonc fait un usage fn^iuent des
séries ; mais dans les nombrcr.x
exemples d'intégration qu'il donne .
il ne parle pas des constantes qui
doivent compléter les intégrales; ce
qui est une source d'erreurs. Sans
cela il n'eût pas dit que l'intégrale
du rapport de la diflérenlielle à la
variable est infinie. Bernoulli avait
déjà relevé plusieurs méprises de
cet auteur. Un ouvrage posthume
du marquis dcLhopital a joui d'une
grande réputation; c'est son Trai-
té analytique des sections coniques ^
publié en 1 707 , in-4**. On ignorait
alors l'art de déduire immédiate-
ment toutes les propriétés des sec-
tions coniques de Téquation géné-
rale des courbes du second ordre;
et Ton ne connaissait pas ces for-
4^8 lilO
milles dégantes de la j^eome'lrîe
analytique, à l'aide desquelles on
démontre d'une manière si satis-
faisante tontes les propriétés de
res courbes. Le Traité des sections
coniques du marquis de Lhopital
ne peut donc être considéré com-
me un ouvrage excellent que pour
le temps où il écrivait. Quoique
Lbopital eût reçu de la nature une
constitution robuste, tant de travaux
finirent par altérer sa santé. Il es-
saya de renoncer aux mathémati-
ques : mais, sans cesse ramené à ses
idées favorites , il ne put jamais les
abandonner pendant ])lus de quatre
jours. Lorsqu'en 1704, il mettait la
dernière main à son Traité des sec-
lions coniques , il fut atteint d'une
(lèvre que l'on crut d'abord peu dan-
fi^ereuse , le mal ayant augmenté ,
il se prépara c\ la mort avec les sen-
timents de la plus grande piété , et
fut enlevé aux sciences, le 'i février
i';o4, à l'âge de 43 ans, par une at-
irique d'ajioplexie. Il s'était marié à
Charlotte de Romilley de la Chenc-
iaye, à laquelle il inspira son goût
pour les mathématiques. B-l-t.
I.HWYD. Voyez Llwyd.
LIAISGOURT (Jeanne de Schom-
BERG, duchesse de ), dame célèbre
par son esprit et par sa piété, était
lilic de Henri de Schomberg, maré-
chal deFrance. ( /^^Of. ScnOMBERC.)
Elle naquit en 1600 , et fut élevée
par son père, qui prit un soin parti-
culier de son éducation. Douée des
dispositions les plus heureuses , elle
apprit avec une égale facilité tout
ce qu'on voulut lui enseigner. Elle
possédait plusieurs langues, chantait
et dessinait agréablement, et compo-
sait des vers français pleins de natu-
rel : à des connaissances très-éten-
dues en littérature et en histoire ,
elle joignait celle des mathématiques
LIA '^
et de la géométrie; et son père l'a-
vait initiée lui-même dans les secrets
de la diplomatie. A l'âge de vingt
ans , elle épousa le duc de Liancourt ,
jeune seigneur fort aimable, mais
livré entièrement aux plaisirs et à
la dissipation. PJIe avait trop de
prudence pour lui faire le moindre
reproche sur sa conduite; mais elle
profitait adroitement de toutes les
circonstances pour lui rendre sa mai-
son agréable.De temps en temps elle
se permettait quelques observations
pleines de douceur, et qui ne lais-
saient pas de faire impression s
son mari; enfin elle eut la satisf
tion de le voir revenir franchement
à ses devoirs. Elle avait • embelli
son château d'après ses propres
plans, et elle était parvenue à en
faire une habitation qui ne le cédait
qu'aux maisons royales : elle y attira
une société choisie de personnes
pieuses et éclairées, et en fit l'asile
de tous le^ plaisirs honnêtes. Le doc-
teur Arnauld , Pascal , et les solitaires
de Port-Royal, venaient souvent auj
château de Liancourt; et c'était suri
leurs avis que la duchesse et son!
mari régiaiient leur conduite. Ellej
]>erdit successivement son iils uni-;
que, tué à la tranchée devant une
place de Flandre; sa fille, mariée au
prince de Marcillac, et enfin le mar
réchal de Schomberg , son frère ,
qu'elle aimaittendrement. Au chagrin
de l'avoir perdu se joignit pour elle
celui d'être obUgée de soutenir , con-
tre sa veuve , un procès qu'e'le ne
vit pas terminer. Madame de Lian-
court mourut le i4 juin 1674, deux
mois avant son mari. Elle conserva
jusqu'au dernier moment, cette dou-
ceur inaltérable et cette angélique
bonté qui l'avaient distinguée pen-
dant tout le cours de sa vie. On
trouva dans ses papiers plusieurs
LIA
(S lie vers qii'cM'.- avait roinpo-
siir (les .siijpls pieux ,ct a(i\(|iiL'l-
(lit Vnhhc Jacques Huileaii , les
res lie I art ne j>iacii Ire fuser leur
iiralion. C'est ce dernier qui lut
iir (l'un des ouvrages de inada-
i.Iii.incourl, intitule: Bellement
:r une dame de haute qua-
"'. *** sa petite fille, pmr
te et pour celle de sa mai-
s, i(h)8, in- 1-2; réimprimé
in-i'2. I/editenr y a joint
ment qu'elle avait compo-
uir elle-même, et a fait pre'cc-
( et écrit d'un A\>ertissement ,
( onticnt la vie de madame de
i-iuiicourt. L'abbé Leclerc a inséré
me autre Fie de cette dame dans le
nier volume des Fies intéres-
i v et édifiantes des religieuses
l'ort-Rojal,{ CologHC ) 1750,
1. in- 12. W-s.
l.IBAMUS, l'un des plus fameux
sophistes de ranli({uilé, naquit à
)che, l'an 3 14. Il était d'une
lilc distinguée : Suidas dit que
>on père se nommait Phasgamus ;
mais Libanius nous apprend, lui-
ic, que c'était le nom de son
'. Son bisaicul avait acquis la
lation d'un des hommes les plus
ilt'S de son temj>s ])our prédire
(lir , et avait composé quelques
^ en latin; ce qui a fait coujec-
qu il était né en Italie. Son
! paternel , qui avait rempli
remicrs emplois de sa province,
lis à mort avec Brasidas , son
, par ordre de Dioclétien , après
ia révolte d'Eugène ( 3o3). Libanius
ivait deux frères plus âgés que lui :
a l'âge de quinze ans , il entra dans
'"<• école de sophistes ; mais il s'a-
it bientôt (pi'il perdait un temps
leux à écouter des hommes qui
(iaienln'cuiplover leur éloquence
i * a obscurcir la vérité ; il choisit
LIB
429
tlonc un meilleur maître, et, aidé de
ses leçons, il commença à étudier les
ouvrages des anciens. Il partit en-
suite jniur Athènes, où il passa quatre
ans , partageant ses loisirs entre les
leçons d« Diophante et la société de
Crispin d'iléraclée . qui lui procura
la lecture de plusieurs livres pré-
cieux. Au bout de ce temps, il se
rendit à ConslantinoiJe , et il s'y lia
d'une étroite amitié avec le sophiste
Bemarchus et le grammairien Nico-
iilès, qui devint l'un des instituteurs
de l'empereur Julien. Rappelé dans
Athènes , sur l'invitation du pro-
consul , pour y remplir une chaire
d'éloquence , il eut le ciiagrin de se
voir préférer un habitant de la
Cappadoce. Il revint a Constanti-
nople , et encouragé par Dionysius ,
préfet de Syrie , il y ouvrit une
école , qui compta bientôt plus de
quatre-vingts élèves. Deux sophistes,
jaloux de ses succès , osèrent lui
proposer un défi; et, vaincus dans
cette lulîe publique, ils n'eurent pas
honte de recourir à l'accusation de
magie contre un rival dont ils étaient
forcés d'avouer la supériorité. Li-
banius, banni de Conslantiuople , se
relira d'abordàNicéect à Nicomédie;
mais Athènes bii parut un thé^lrc
plus convenable à ses talents, et il y
ouvrit un cours d'éloquence qui
ajouta )>eaucoup à la réputation dont
il jouissait déjà. Il passa, dans cette
ville , cinq années qui furent les plus
heureuse» de sa vie , par les soin.s
que prit Arislcnèle d'écarter de lui
jusqu'à l'apparence d'un chagrin. U
retourna ensuite à Constantino]>le ,
Suis à Nicomédie ; mais la crainte
es sophistes l'empêcha de donner
des cours publics dans ces deux villes;
et ce fut par la même raison qu'il
refusa les o lires honorables que lui
iiixïxX Ui Athcnie]is. il obtint de
43o
LIB
l'empercùr Gai lus , la permission
d'aller passer quatre mois à Antioche,
d'où ses ennemis le tenaient éloigné ;
et la mort de Galkis, arrivée dans le
même temps (354), Un laissa la liber-
té' de rester dans sa patrie, où il ëta-
Llit une école, qui devint bientôt cé-
lèbre cbns tout l'Orient. L'empereur
Julien n'avait ])u suivre les leçons
deLibanius; mais il s'était procuré
ses écrits , qui lui avaient inspiré la
plus grande estime pour l'auteur.
Ce prince, en montant sur le trône ,
parut très-empressé d'embrasser et
de récompenser le sophiste de Syrie,
qui , dans un siècle dégénéré , avait
maintenu la pureté du goût , des
mœurs et de la religion des Grecs.
Mais Libanius , loin de se rendre à
Constantin ople avec la foule , atten-
dit l'empereur dans Antioclie. Il ne
profita de l'ascendant qu'il avait sur
Julien que pour ses concitoyens ; il
refusa la place de préfet du prétoire,
préférant , à ce titre , celui de so-
pliiste , auquel il devait son illustra-
tion : mais il paraît cependant qu'il
accepta la charge de questeur. Julien
le consultait de loin comme de près;
et l'on conserve la lettre que ce prince
lui écrivit pendant sa dernière expé-
dition contre les Perses. Sous le
règne de Yalcns , l'accusation de
magie se renouvela contre Libanius;
et ce ne fut pas sans peine qu'il par-
vint à en démontrer l'absurdité. Ses
ennemis, toujours acharnés à sa perte,
l'accusèrent ensuite d'avoir composé
l'éloge du tyran Procope ; mais il
réussit encore à prouver son inno-
cence. Aussi Libanius ne fut pas en-
tièrement privé des bonnes grâces
de Valens; il fit le panégyrique de ce
prince, et lui adressa une harangue
dans la quelle il bù demandela confir-
mation de la loi qui accordait aux en»
fa nts naturels une part dans la succes-
LIB
sion de leur père. Cette loi l'intérr
sait, puisqu'il vivait avec une cou(
bine, el qu'il n'avait jamais été mai :
Libanius , sur la fin de sa vie , ei
beaucoup à soufirir de l'inJHsl
agression des sophistes , et même <
ses concitoyens auxquels il av
pourtant rendu des services signah'
il avait résolu , malgré son grau
âge , d'aller chercher un autre asili
pour ses derniers jours ; mais il c
paraît pas qu'il ait exécuté ce proje
On sait que Libanius parviiit à Tâ^
de soixante-seize ans; etconséquem!
ment on peut placer sa mort vci^
l'année 3go. Ce que quelques autcui
ont rapporté de son baptême et c
son attachement au christianisme
n'a d'autre fondement que le térao
gnage de Vincent de Beauvais , coDJ
pila leur d'une crédulité excessivj
Parmi les disciples de ce fameux scj
phiste, on se contentera de citer S
Basile et St. Jean Chrysostônie
deux des plus éloquents défen!
seurs des vérités que leur maîtij
eut le malheurde méconnaître : mal
cette différence d'opinions n'altéi!
point les sentiments de reconnaii
sauce qu'ils lui devaient ; et Lib;i
nius , de son côté , eut toujours poij
eux le plus tendre attachement ( Foj '
S. Basile et S. Chrysostôme ). Li;
ouvrages de Libanius ont été coij
serves. « La plupart , dit Gibbor;
ofïrent les vaines compositions d'uj
orateur qui cultivait la science d(!
mots, ouïes productions d'un pei;
seur solitaire , qui , au lieu d'étudi(i
ses contemporains, avait les yeu'
toujours fixés sur la guerre de Tro i
oula république d'Athènes. » Cejugi
ment est trop sévère ; et tout e
convenant que Libanius est resté foi'
au-dessous des grands modèles è
l'antiquité , on doit reconnaître qu'
a une imagination brillante , que so
LIB
style a tlu nombre et tic Teclat, et
iu'il fait souvent un rinplui hrurrux
es images rcsorvccs au\ poètes. Les
^ oratoiivs de Libanius ont
s , j)our la première fois ,
ce , avec une préface de vSole-
1 s Ca ps a 1 i s , Fe r ra re , i '> 1 7 ,
. Fred. Mori'l en a donne une
()n plus coniplèle, avec une tra-
lou latine , sous ce lilre : l.ibanii
'ustœ prceludia oratoria , decla-
mationeset dissertationes morales,
gr. et lai. ; adjeclœ sunt notœ et
varip leciones, Paris, lOoG -
-. a vol. in-fol. Celte édition est
:iefe; mais la traduction de Morel
! rail cire meilleure ( f^oj. Fred.
KL ). Le premier vol urne contient
, r'. les Progrinnasmnta , c'est-à-
-dire les exercices compose's pour les
jeunes rlietoriciens. Joach. Camera-
rius en avait déjà publié une partie ,
à la suite de ceux de Théon , Baie ,
1 54 1 , in-8**. ; et Morel a conserve
sa version , à laquelle il s'est contenté
de faire de lcp;ers changements.
Erasme en a traduit aussi quelques-
uns en latin ; et Morel avait déjà
, donné avec une double version latine
et française, les Eloges d'Ulysse, de
l'agriculture, de la justice , elc. 11
avait aussi publié LibaniiPara itis
ob cœnam occisam se ipsum defe-
?S gr. lat. , 1601. — '1^. Qua-
le-quatre Déclamation", — 3°.
lire Dissertations morales. — 4°*
enfin des Progrmnasmata que
manuscrits altribucnt à Nicolas ,
pliiste, qu'on croit être le disciple
* ' ProclèsetdeLacharès. Le second
lume renferme trente -sept Dis-
irs de Libanius , précédés de sa
', qu'il avait composée lui-même
îge de soixante ans. Celte érli-
I est loin d'être complète. Léon
imi en promettait une en 171^ ,
1 devait former six vol. in-ful. ,
TJB
4SI
et qui .aurait e'ié augmentée de plu-
sieurs discours, déclamations rt
lettres inédites, ri enrielue de noUn
cl d'une version latine plus corrcrfe
et plus exacte (jue les précédente*.
J. .). Keiske en a doimé une édition
grecque , très-eslimée , Allenbourjj,
1791-1)7 , 4 vol. in-H^\ (i) Fabri-
cius a inséré quatre discours de
Libanius , avec ^i version latine
d'Oleariur. , dans le tome vu de sa
fiibl. gra'ca. Ant. "Bongiovanni en
a publié dix-buit d'après d'anciens
manuscrits delà bibliothèque de Sî.-
Marc, avec une version latine eldcs
notes , Venise , 1 751 , in-4**. Enfin ,
le savant J. Chr. Wolf a donné une
excellente édition des lettres de
Libanius , sous ce litre : Epistnl^
quas nufic piimàm maximam par-
tem e codicihus manu cxaratis
edidit , lat. convertit et notis illus-
trât J. Chr. IFolf, Amst. , 1 788 ,
in-fol. Ce volume contient plus de
1 (ioo lettres , dont à peine trois cents
avaient déjà été imprimées (2) : il
est terminé par cinq tables d'un
usage très -commode. On trouve
k la suite les corrections faites sur
les manuscrits envoyés à l'éditeur
pendant l'impression , cl les obser-
vations critiques de D'Orvillc , sa-
vant professeur d'Amsterdam. Ce
recueil est très-précieiix pour les
lumières qu'il répartd sur plusieurs
points de l'antiquité. Outre la Fie de
Libanius écrite par lui-même et im-
primée , comme on l'a dit , en tète
du second vol. de ses œuvres ( Paris ,
iG'27 ), on peut consulter la fie de
ce sophiste par Ennape, qui ne le
juge pas favorablement, cl la !h-
(i''Reiikea ajouta à ••n éditi«n |pt ili*r«Mr«
|iiibli«t par A . Boogiovanni , rt c.i vulra %t^t au»
trct diiO'iterti pitta râcamm^nt.
(j) Quelque* •tinra aTaient M Amftntt» *^
ftifr ««T crlle* <le^ Il«iil« , «U. , Viiiiae,
Aide , 1499» '"•4'-
432
LIB
hlloth. grecq. deFabriciiis, lom. vir,
qui y a rassemble beaucoup de de'-
tails pleins d'intéiél. La Dissert atio
devitd Lihanii, par God. Olearius,
n'est ])as imprimée. W-s.
LIBARID , célèbre gênerai géor-
gien , de la puissante famille des Or-
pelians , originaire de la Chine ,
était fils de Rliad , et petit-fils d'un
autre Libarid , qui étaient morts tous
deux en combattant contre l'empe-
reur Basile II , en l'an 1 02 1 . Libarid
eut , comme héritage de ses ancêtres,
la plus grande partie de la Géorgie
méridionale , et la dignité de conné-
table. Ainsi qu'eux, il se rendit cé-
lèbre par sa valeur. La Géorgie
était alors gouvernée par Bagrat ou
Pakarad IV, de la race des Pagra-
tides , prince sans courage et généra-
lement détesté de ses sujets , à cause
de sa tyrannie et de la dissolution
de §es mœurs. Libarid avait une
femme dont la beauté fit impression
sur le roi, qui parvint à la ra\ir à
son époux , et lui fit un outrage que
les Orientaux pardonnent rarement.
Le prince Orpélian, trauspoité du
désir de se venger, prit les armes
et se révolta, vainquit Bagrat, s'em-
para de sa capitale , où il trouva la
mère du roi, qu'il viola. Bagrat,
n'osant plus venir le combattre, fut
réduit à fuir à travers le Caucase,
jusque chez les Abkhaz : ce qui eut
lieu vers l'an io45. Quand Libarid
fut maître de toute la Géorgie, il en-
voya une ambassade à Constantino-
pie , demanda et obtint l'alliance de
l'empereur. Dans le même temps ,
Bagrat vint par le pays des Souanes
et la Colchide^ puis descendit le
Phase, pour se retirer à Trébisonde ,
d'où il envoya un message à Cons-
tantinople , pour se plaindre de ce
qu'on avait traité avec son sujet re-
belle. Coiistaiitiii Moiioiuaqucy qui
LÎB
régnait alors, lui ofTrit sa médiation
pour rentrer dans ses états. Bagrat
l'accepta , et consentit à céder à Li-
barid , toute la partie de la Géorgie,
située au sud et au sud-ouest, qui est!
connue sous le nomdeMeschie. Liba"!
rid,au prix de cette cession, consentit'
à le considérer comme son suzerain. |
Peu après il trouva une occasion!
d'augmenter sa célébrité : les Turcs |
Seldjoukides , qui avaient fait ré-i
cemment la conquête de la Perse ^|
voulurent y joindre celle de l'Armé-'
nie. IbL-ahim-Inal et Koutoulmisch ,
frères du sultan Thoghroul-Begh ,
vinrent , avec une puissante armée ,
fondre sur le Vasbouragan , qu'ils
traversèrent en vainqueurs. Ardzen,
ville grande et commerçante , voi-
sine de ïhéodosiopolis, fut prise et
détruite : i5o mille de ses habitants!
furent passés au fil de l'épée , après j
une opiniâtre résistance, sans que|
les gouverneurs et les généraux!
grecs en Arménie eussent rien tenté
pour les sauver. Aaron Vestes , duc
'du Vasbouragan , et Catacalon , duc
d'Ani, s'étaient retirés dans les plai-
nes de Vanant, au nord d'Ani , atten-
dant du renfort et épiant une occasion
favorable pour attaquer les ennemis,
l^empereur , informé du péril qui
menaçait l'Arménie, écrivit aussitôt
à Libarid pour l'engager à se join
avec ses troupes à l'armée impéria
il y exhorta aussi Grégoire Arsaci
fils de Vasag , qui était duc de
sopotamic j et il fit partir en même
temps Isaac Comnène, maître de la
milice d'Orient, avec les troupes de
Trébizonde et de la Chaldée. Toutes
ces forces se réunirent à Cabou-
drou , dans le pays d'Ardchovid. Li-
barid vint les y joindre avec ses j)ro-
pres troupes, et celles de Bagrat , roi
de Géorgie, et de Kakig,roi de Kars.
Les généraux grecs voulurent iinmé-
sitût..
ndfll
iall
m
LIB
«lîitf» ment en venir aux main» ; mai»
il! rerusa do conihaltre ce jour-
iiTcqucc'elaituii samedi, le 18
libre 10 5(), el qu'il ne voulait pas
;udrc l'usage «le sa nation. Pen-
dant la nuit, son neveu Tchordova-
ncl, qui f.iisait la garde du camp,
se laissa emporter par son courage
rt attaqua les Turcs. H fut tue au mo-
ment où il obtenait Tavautage. Li-
b irid fut trcs-sensible à cette perte ,
cl il se prépara aussitôt à comliattrc.
la bataille il déploya le plus
l.int courage ; la victoire fut
temps disputée ; mais enfin elle
rcida pour les chrétiens. Les
> étaient en pleine déroute, et
. ecs se retiraient dans leur camp :
I id combattait encore. Se lais-
emporler par son ardeur , il
De s'aperçut pas que les guerriers
TÎ l'accompagnaient étaient en trop
■ nombre: sou cheval fut tue, et
nba entre les mains des ennemis,
lim-lual l'emmena en Perse,
ju il le présenta au snlthan Tho-
jhroul-Begh, qui traita le prince
r^ien avec les plus grands hon-
s. Quelque temps après, en i o5o,
ithan se brouilla avec son frère,
' ilexigeait la cession deHamadan
i^s forteresses que celui-ci pos-
it dans le Courdistan. Ibrahim
volta , et se retira, dans le fort de
indj : pour mettre son prisou-
en lien de sûrele' , il le couda à
!-Eddaulah, fils de Merwaa,
'e musulman qui régnait dans
Diarbelo*, et de'pendait de l'em-
tvur grec. Bientôt après, le sul-
1 envoya sommer le roi du Diar-
r, de faire faire les prières pii-
1 son nom,etdereconnaitre
ire. Pour lui prouver sa
:ic volonté , Nasir- Eddaulah
lit Libarid à ïhoghroul : vers le
ne temps , TcmjKîreur Cooslan-
XXJV.
MB
433
tin ëiprivit an roi du Diarbekr, pour
obtenir, par sa medi ition , la déli-
vrance de Libarid. Abou-Abdallah ,
docteur de la loi , fut charge de né-
gocier cette afl'aire; le sulthan y
parut dispose' : alors George Dro-
sus partit au nom de rempcrenr,
pour la conclure. Les deux princes
rivalisèrent de générosité. Le sul-
than renvoya Libarid , sans rançon
et sans échange, et lui fit encore
de grands présents. L'empereur,
f>our lui marquer sa gratitude, releva
es ruines de la mosquée que les mu-
sulmans avaient eue autrefois à Cons-
tanlinople , y fit faire les prières pu-
bliques, auiuom de Thoghroul-Begh ,
et paya même les hommes qui la des-
servaient. Libarid avait été deux an$
prisonnier; il s'empressa de venir i
Constantinople , remercier l'empe-
reur, qui le renvoya dans sa pa-
trie avec honneur. Nous ignorons
les circonstances du reste de S4
vie. Il paraît seulement qu'il con-
tinua de servir les empereurs; car
on voit, par le témoignage d'un
historien , qu'il était attaché au parti
de Michel Stratiotiquc, et il lui resta
fidèle jusqu'à la dernière extrêrailé.
Et quand ce prince eut <îté forcé d'al)-
diqucr , le 8 juin loS-y , son compé-
titeur Isaac Comnène traita les gé-
néraux qui lui étaient restés fidèles ,
avec la plus grande distinction, et Li-
barid eut, à ce titre, part à ses bontés.
Ppu apès , quand il fut de retour ea
Géorgie , Libarid fut assassiné par
des émissaires du roi Bagrat. On l'en-
terra à Bcthania , auprès de Teflis ,
dans la sépulture dosa famille. Son
fils, Ivané, chercha vainement k se
rendre indépendant, (/^o/tfc Ivane,
tora.XXI,pag.3o3.) S. M-n.
LIBAVIUS (André) , docteur on
médecine, naquit à Halle en Saxe : il
professa l'histoire de Li poésie , à
08
434 LIB
lena, en 1 588, et fut nomme en
i6o5, recteur du gymnase de Co-
bourg , dans la Franconie , où il
mourut, en 1616. Ce médecin est
le premier qui ait parlé de la trans-
fusion du sang. On prétend que la
fable du rajeunissement d'Eson lui
en donna l'idée, « Ayez , dit-il , un
» homme sain et vigoureux , et un
» homme sec et décharné, qui pos-
» sède à peine un souffle de vie. Ou-
» vrez l'artère de l'homme en par-
» faite santé j insinuez-y un tuyau
» d'argent; ouvrez ensuite une artère
» de l'homme malade , placez un
» autre tuyau dans ce vaisseau , et
» bouchez si exactement les deux tu-
» bes que le sang de l'homme sain
» s'introduise dans le corps malade:
» il y portera la source de la vie , et
» toute infirmité disparaîtra. » Une
expérience annoncée avec tant d'assu-
rance ne pouvait manquer de séduire.
Un bénédictin l'essaya sur un de ses
amis ( Fojez Desgabets ). Lower,
anatomiste anglais, la perfectionna;
et Denis , médecin français , qui mar-
cha sur ses traces ;, publia en 1668 ,
deux lettres relatives à plusieurs ex-
périences curieuses de la transfusion
du sang. On regardait alors cette
opération comme une ressource con-
tre les maladies et comme un moyen
de rajeunir les vieillards ; mais elle
fut défendue par un arrêt du parle-
jnent , informé des mauvais effets
qu'elle avait produits. Libavius se
fit une réputation par ses ouvrages
de chimie , dans lesquels il s'ef-
força de réfuter les rêveries de Pa-
racelse et de ses sectateurs. On con-
serve dans les pharmacopées , sous
le nom de Liqueur fumante de Li-
bavius, la composition d'un puissant
caustique , qui n'est autre chose que
du n]uriate suroxigéné d'étain. Son
Histoire des métaux le fit placer sur
LIB
la même ligne que George Agricola ;
mais la métallurgie et la chimie ont
fait tant de progrès depuis Libavius,
que ses ouvrages ne sont plus esti-
més. Sur une vingtaine qu'il a com
posés , nous ne citerons que : I Epis-
tolarum chjmicarum libri très,
Francfort, iSqo et iSgg, in-S^., 3
vol. IL Alchjmia, Francfort, 1 606 ,
in-fol.,f]g. m. Sjntagma selecto-
rum alchjmiœ arcanonim , ii id. .
161 3 j 1 tom. in-fol. en i vol. IV.
Appendix Sjntagniatis arcanoruin
chjmicorum , ibid. , i G 1 5 , in-fol. ^
Comment. Alchjmiœ et varia opi
cula, ac ejusdem Anal/ sis confe,
sionis j'raterrdtatis de Eosed-Crui
ibid. , 1 6 T 5 , 1 vol. in-fol. D-v-l^
LIBERALE , peintre de l'écc
vénitienne , né à Vérone , en i45]
fut élève d'Etienne de Zevio , el
plaça, de bonne heure, au premii
rc.ng des artistes de son pays,
s'appropria la manière de Jacqi
Bellin , qui avait enrichi de
peintures la chapelle du dôme
Vérone. Vasari prétend qu'il -
reçut même des leçons ; mais il
trompe , puisque les peintures doi
il s'agit, ont été faites en i43f
comme le prouve l'inscriptioi
Libérale avait peint un grant
nombre de tableaux : parmi cei
qui existent encore , on fait un ci
particulier d'une Epiphanie , ai
l'église du Dôme à Vérone. Ce ta
bleau,de proportion plus petite qu
nature, contient un nombre immens'
de figures, de chevaux et d'animaux
on y admire surtout un groupe d
séraphins qui entourent la Vierge
et dont les draperies et la pose son
tellement dans la manière de Man
tégna, qu'on croirait ce tableau de ej
maître. Ainsi que Jacques Bel lin j
Libérale réussit à rendre avec vérit
les divers seiUiments de l'amc. L
MB
\ illc de Sicuue l'appela pour lui con-
licr la |>einture îles livres tic cliœur
du Doinc. De retour dans sa patrie ,
et déjà allaibli par l'âge, il réclama
les soins d'une de ^cs fdles, mariée à
Vérone; mais il eut tellemonl à souf-
frir de SCS procèdes , ipi'il l'abandon-
na pour se refup;ier chez François
Torcido , surnommé il Moro, son
clcve,qni eut pour lui les plus grands
égards. Libérale , pour l en récom-
penser, le fil héritier d'une maison et
d'un jardin qu'il possédait à San Gio-
v.uuii in Valle. Il mourut quelques
jours après, le 1 2 août 1 530. — Gen-
lio ou Gennesio Libi.uale, peintre
de genre, né à Udine,dans le Frioul ,
vers le milieu du seizième siècle ,
fut élève de PellegrLno da San Da-
niello, condisciple et émule de Jean
Bellin, et s'adonna surtout à peindre
des poissons. Sa manière se rappro-
che beaucoup de celle des Bassans.
P-s.
LIBERALIS ( Antomus ). roj.
\ntoiMkus , tom. 11, pag. '293.
LIBERE ( Saint ) , élu pape le
24 mai 35-2 , succéda à saint Jules.
11 était Romain de naissance; et la
fidélité avec laquelle il avait rempli
tous les ministères qui lui avaient
été successivement confiés , le fit
nommer à la papauté , d'une com-
mune voix, malgré la résistance qu'il
y opposa. Les temps étaient diflici-
les : on avait vu, sous le pontificat de
saint Jules , toutes les persécutions
(les sectateurs d'Arius contre saint
Athanase : elles se renouvelèrent sous
celui de Libère. Les évêques orien-
taux, tant Ariens que semi-Ariens,
écrivirent au nouveau pape, pour
l'engager à refuser sa communion à
saint Athanase. Libère convo(pia un
concile à Rome : soixante-cinq évê-
ques d'Italie se déclarèrent en faveur
du saint patriarcale, et approuvé-
LIB
43:
rent sa doctrine. Le pape en rendit
compte àrempereurConstanre, et te
pria d'assembler un concile général ,
qui se tint dans la ville d'Arles; mais
les Ariens y triomphe rent. Le légat
du pape, Vincent de Capoue, céda
à leurs violence^, et signa la condam-
nation du saint Athanase. Libère, pé-
nétré de douleur , porta de nouveau
ses plaintes aux pieds du trône. Un
autre concile fiit assemblé à Milan
( 355 ). Les Ariens, quoiqu'on nom-
bre inférieur, y furent encore yicto-
rieux. Ils engagèrent même l'empe-
reur à forcer Libère de souscrire à
leurs sentiments et a leurs résolu-
tions ; mais le pape ne put être ga-
gné par des présents, ni intimidé par
des menaces. Appelé à Milan, il eut
une longue conférence avec l'empe-
reur, auquel il résista avec fermeté,
et qui l'exila à Bcrée en Thrace. Il y
resta deux ans, exposé à des persécu-
tions de la part de l'évêque, qui était
Arien. Pendant ce temps , l'empereur
avait forcé les Romains de placer
sur le Saint-Siège un intrus ( f^o/.
Félix II ) , qui avait la complaisance
de communiquer avec les Ariens ,
quoiqu'U gardât la foi de Nicée.Cons-
tantius vint à Rome (357), ^^ ^"^ ^^^^
de juger quelle aversion l'on avait
conçue pour cet anti-pape. Le peuple
redemandait Libère; les dames ro-
maines firent entendre elles-mêmes
leurs supplications pour son retour.
Libère, de son côté, fatigué de son
exil, ou peut-être cédant à des solli-
citations dont il espérait plusde fruit
par la suite, pour le bien de la paix ,
démentit sa fermeté , en adoptant la
formuledeSirmium qui était unecon-
séquence de la doctrine d'Arius. On
sait que celte hérésie consistait à
nier la divinité de Jésus-Christ, et à
n'envisager en lui qu'un homme doué
de talents extraordinaires, qui na
28..
436
tIB
pouvait être appelé Dieu que par
une espèce de participation. ( Voyez
Arius. ) Cette he'rësie occasionna la
tenue du concile de Nicëe, qui reta-
h\il le dogme de la consuLstantialité
du Verbe, dans toute la force du ter^
ïne. Arius mit ensuite quelques restric-
tions à sa doctrine j et ses disciples,
jge partageant en diverses nuances( i )^
prirent le nom d'Ariens outres ,
ou Anoméens , et de semi-Ariens. Ce
fut l'une de ces modifications de
dogmes , qui servit de base à la for-
mule de Sirmium , dans laquelle on
évita le mot de substance, mais
dont il re'sultait ne'ammoins que le
fils était d'une nature différente de
celle du père; ce qui était bien éloi^
gué de la foi de Nicée. Ce fut cette
formule que Libère eut la faiblesse
de signer; et celte condescendance
lui fit obtenir son raj)pel à Rome
( 358 ). Cependant son retour fut un
triomplie. L'anti-pape fut cliassé:
Libère fit une espèce de protestation
en excommuniant les Anoméens , et
en déclarant anatbèmes ceux qui
disaient que le fils n'était pas sem-
blable au père en substance , et en
toutes clioses. Cette profession de
foi était encore insuffisante, parce
que, suivant le concile de Nicée , il ne
s'agit point de substance semblable,
mais de la même substance. Dans un
concile assemblé à Rimini (359) ? ^^
agita de nouveau celte question; mai$
à force de subtilités et d'inlrigues ,
les Ariens l'emportèrent encore , et
firent triompher le principe d'affi-
nité ou de ressemblance , et rejeter
celui de l'identité. Constantius, qui
les protégeait, força presque tous les
évêques d'adhérer aux actes de Ri-
mini. Les uns cédèrent par la crainte
(i)0n compte jusqu'à sei/s piofts^rï on s <în Hù
ditl'érentes des Aiiôn». ( /-'<?/. yoti*;»», trihit
Atiiaause •» Fleui 7. )
LTB
de perdre leurs places ; d'autres n'a^
perçurent point le piège dans lequel
on les avait attirés, c'est-à-dire , les
termes qui contenaient l'erreur. Li-
bère refusa de souscrire cette for-
mule. Cependant, saint Athanase
exilé dans le désert , et conservant
toujours la pureté de la doctrine ,
écrivait sans cesse pour combattre
les hérétiques ; mais, en distinguant
la perversité des principes et des in-
tentions , il fut d'avis que l'on par-
donnât à ceux qui reviendraient de
leurs erreurs en professant la foi de
Nicée, et en anathémalisant les héré-
tiques , qui faisaient du fils de Diei^
une créature. Ce fut en conséquence
de cet avis, que Libère ordonna de re
cevoir les évêques tombés à Rimini À
qui ajouteraient à la profession de foij
de Nicée la condamnation des chef!
de parti. Les Ariens se divisèrent.
Ceux qui avaient adopté une doctrine'
mitigée se séparèrent enfin des parti-
sans outrés de l'hérésie primitive
(366). Les Orientaux, qui compo*
saient le plus grand nombre, se réu-
nirent à l'église romaine, et vinrent
trouver Libère, auquel ils déclarèrent
qu'ils se séparaient de la créance des
Anoméens , en confessant que le fils
était semblable au père en toutes cho-
ses, et qu'il n'y avait point de différent
ce entre le semblable et le consubstan-
tiel. Libère mourut le 24 septembre
366 y après un pontificat de qua-
torze ans et quelques mois. Sa chuta
a toujours servi d'argument contre
l'infaillibilité , telle qu'elle a été sou-
tenue par quelques ultramontaius ; ce
qui n'a pas empêché que sa mémoire
n'ait été en vénération. Les évêques
les plus illustres de ces temps-là, tels
que saint Epiphane, saint Basile et
saint Ambroise, l'ont nommé avec
les marques ordinaires de respect.
Yoy, Dissertation ciitiqiie et histo-
MB
nV/7/r sur U pape Libère , dans la-
mtellc on lait voir qu il n'est jamais
tombe , |).»r l'abbc Corgiic , P.iris ,
1 Tit), et le Commentaire critique et
^islorh|nc sur S. Libère, pape, par
le P. Stilliug , dans les Acta sanc-
torum ( des Bollaiidistes ) au 'iS sep-
♦'•mbre. Ou trouve un Dialogue de
hère avec Constautio ou Conslan-
< , et douze Lettres de ce pape , iu*
ees dans le tome II de la Collec-
tion des conciles. Libère cul pour
•uccesseur saint Damase I. D-s.
LIBERGE( Marin ), savant ju-
M ensuite, naquit à Belon-ie-ïri-
cliard , village près du Mans, pro-
fessa le droit à Poitiers, et ensuite à
Angers. Il avait tellenienl gap;ue la
confiance des halDitanlsde cette der-
nière ville , qu'il y apaisa deux fois
f^fs séditions populaires , au com-
ncementdc la Ligue. Sa présence
I lisait pour calmer le peuple ré-
Ité.Le maréchal d'Aumont, après
oir réduit la ville sous l'obéissance
roi, le nomma échevin perpétuel ,
'>iqu'il changeât tous les autres
liciers municipaux. En cette qua-
>, Liberge harangua Henri ÏV,en
> )S , lorsque ce prince passa par
. Le roi fut si content du dis-
1 1 des belles manières de l'o-
tcur, qu'il l'embrassa, le loua pu-
iquement , répondit à tous les
ints de la harangue, et donna à
Miiversité d'Angers le droit d'rt-
lissement des pintes , pour servir
• gages aux professeurs en droit;
livilége dont elle a joui jusqu'à la
I volution. Liberge fut député aux
«ut s de Biois, et y composa les ca-
'* la province d'Anjou. Il y
ppait à peu près les mêmes
\f celles qu'il proposa depuis
i ÏV, pour subvenir aux gages
fcsscurs en droit. Il mourut
^ is, en i^)()(). Ou a de lui : 1.
un 437
Vm\f:r5œ juri^ histnrir Descriptio ,
ex variis mithoribus collecta , et in
Pictaviensi ^ymnasio et pus it a, Poi-
liers , i5()7 , in-4*». II. De prœsen-
lis t empestât is et sœculi calamitate
Orarzo, Poitiers, 1567, in-4". III.
De calamitatum Galliœcausis Ora-
(10, iSGq , iji-4". IV. Ample dis-
cours de ce qui s'est fait et passé
nu siège de Poitiers , écrit durant
icelui, par un homme qui était de^
*irtn5, Rouen, le 1 1 septembre i569^
in-S»*. ; réimprime, "avec quelques
augmentations , la même anuée à Pa-
ris, in-8'*.;à Poitiers, i57o,iu-4**. ;
cl avec les Epitaphes latines et fran-
çaises de qiwlques uns des occis ,
îloucn, i6'25, in- 12. V. De justitik
et jure Oratio, inAndegavensi juris
auditorio habita, anno 1 574» Paris,
I 574 , in-4**. VI. De artihus et dis-
ciplinis quihus juris studiosum i/w-
tructum et omatum esse oporlet;
Oratio habita in schnld Andegaven"
si, i59i,in-8".VII.Unelonguc Épt^
tr^ latine à Gui Delesrat, lieute^
nant-géneral d'Angers: elle est im-
primée en tcte des harangues de ce
magistrat. D-c.
LIBERGIER ou LE BERGER
(Hugues) , architecte de Reims , né
vers le commencement du treizièmo
siècle, s'illustra par la constructioa
du portail , des deux tours , de 1^
nef el des deux ailes de la belle cfgli-
se, aujourd'hui détruite, de Saint-
Nicaise de Reims , à laquelle il tra-
vailla depuis 1219, jusqu'à sa mort,
arrivée 1 an riôS. Robert de Coucy
acheva cet édifice. Libergier fut eu-
terré devant l'église qu'il avait ba-
lie , sous une pierre blanche qui fut
mise ensuite à l'entrée de la nef de la
cathédrale. On y voyait sa figure ci-
selée en plomb; ii portail dans sa
main gauche la moitié de l'église do
Saiol-Nicai&e,ct tcu^iit duiis i^ droite
438
LÎB
une règle et un compas : autour de
celte pierre, on Usait son cpita-
phe. « C'est la preuve d'une intel-
» ligence peu commune dans Hugue
» Liljergier , dit l'aLbë Pluche , d'a-
î) voir risque avec succès, sur des ap-
» puis aussi délicats que l'étaient les
» deux tours de celte magnifique
» e'glise, dix pyramides en pierres,
î) dont les deux grandes avaient
» cinquante pieds de hauteur sur une
î) base de seize pieds ; comme c'est
» une sage réserve dans l'architecte
» de la cathédrale , Robert de Cou-
» cy , de n'avoir pas chargé ses deux
» tours du fardeau fort supérieur des
» deux pyramides qui auraient pu les
» terminer. Ce que Libergier a fait
» de plus beau n'était peut-être pas
» son portail , où les ornements a-
» vaient été jetés à pleines mains:
» l'ordonnance, également simple
» et majestueuse des dehors de son
» église, attachait bien autrement
» les yeux attenlifs; la justesse des
» proportions , la hardiesse du des-
» sin et de l'exécution , la délicatesse
» et la noble simplicité , étaient les
» principales beautés qu'on y admi-
» rail. Les deux architectes avaient
» employé tout ce que l'art j»int à
» l'expérience leur avait appris de
» plus délicat et de plus achevé pour
» en faire un des plus beaux monu-
» ments de France et peut-être de
y> l'Europe. » Y.
LIBERI ( Le chevalier Pierre ),
peintre d'histoire , né à Padoue, en
i6o5 , fut élève d'Alexandre Vora-
tori, surnommé le Padovaiiino.
Grand peintre , et regardé comme le
plus savant dessinateur de l'école
vénitienne, Liberi succéda à son
maître dans l'honneiu* de maintenir
la gloire de cette école. Il parcourut
successivement les villes de l'Italie :
à Rome; il étudia l'antique , Michel-
LtB
Ange et Raphaël; à Parme, le Corré-
ge; à Bologne,lesCarrache,età Veni-
se, les habiiescoloristesquecelleville
a produits. De toutes ses études , il
se forma un slylequi tienl de chaque
école , qui ne fr.t pas aprécié en
Italie , maisqui charma l'Allemagne ,
où il fut appelé, et d'où il retint
avec les titres de comte et de cheva-
lier, et des biens considérables qui
lui permirent de vivre à Venise ,
d'une manière brillante. Quant à sa
manière de peindre , on pourrait di-
re qu'il a un style varié. Lorsqu'il
travaillait pour des connaisseurs , il
employait un pinceau expéditif et
plein de franchise. Pour les autres ,
au contraire , il terminait chaque
partie de ses tableaux avec le plus
grand soin; les cheveux mêmes sont
exécutés avec tant d'exactitude ,
qu'on pourrait presque les compter.
Il peignait ordinairement les ta-
bleaux de ce genre sur du bois de
cyprès. Il semble , cependant , que
cette manière si exacte ait refroidi
son imagination ; car les ouvrages
qu'il a exécutés ainsi , n'ont pas
la perfection de ceux qu'il peignait
d'une manière plus libre. Il est
tanlôt grandiose, et tantôt gracieux ••
et quoiqu'il ait produit peu de ta-
bleaux dans la première manière, on
en connaît pourtant quelques-uns d'un
grand mérite , tels que le Massacre
des Innocents , à Venise; Noé sor-
tant de l'Arche , à Venise ; le Dé-
luge uni^rsel , à Bergame. Ce sont
des tableaux d'église d'un dessin vi-
goureux, remplis des plus beaux
raccourcis , pleins de mouvement,
et dont les nus d'un grand caractère
rappellent cependant bien plus les
Carra che que Michel -Ange. Il abusa
surtout dei'imitaliondes premiers de
ces maîtres, en paignant, contre l'u-
sage le Père Eternel entièrement nu,
I
LIB
'église de S«intc-ratîicrine de
(•; erreur de jugement qui di-
Ic mérite de cette peinture,
irs très-belle dans toutes ses
-. Mais ce sont les tableaux de
t de liiberi qui ont fonde sa
tion. Tantôt ses sujets sont ti-
la fable, tantôt ce sont des ca-
lices ou des allégories e'nigmatiqnes.
• plus souvent, à l'imitation du Ti-
' n , il a peint des remis nues y que
1 on peut regarder comme des chefs-
d'œuvre , et qui lui ont mérité le
surnom de libertin. II existe peu de
galeries où l'on n'en trouve ; et lors-
l'on en a vu une, il est facile de les
i onnaître toutes, soit aux airs de
'e, qu'il répète souvent, soit au
M général de ses tableaux , et aux
intes rosées de ses chairs. Du reste,
M coloris est suave et bien empâté,
^ ombres délicates , et dans le
^uiit du Corrége: ses profils sont
tirés en général de l'antique, et le
maniement de son pinceau est plein
de franchise et de liberté. Le che-
valier Liberi mourut à Venise, en
1687. — Marc Liberi, son fils,
reçut des leçons de Iui;maisilnepeut
lui être comparé dans les ouvrages
de son invention , ni pour le gran-
diose, ni par la beauté. Cependant,
il montre de l'habileté dans les co-
pies qu'il a exécutées d'après les ta-
bleaux de son père. Les connaisseurs
même les plus exercés ont peine à
discerner la copie de l'original. On
connaît de lui plusieurs tableaux si-
gnés Per ilji^lio ciel Liberi. P-s.
LIBERTAT( Pierre), né à
Marseille vers le milieu du seizième
siècle, dans l'obscurité, suivant les
uns , descendait, selon d'autres , de
la famille de Bayon , originaire de
Corse, où l'un de ses ancêtres , Jean
de Bayon , avait obtenu le surnom
de Libertat , à cause de ses exploits
I m
4^0
en Sicile et en (Glabre. Ce qui pa-
raît certain, c'est qu'en 1 39^, An-
toine de Bayon de Libertaf riait ju(»c
du palais à Marseille, chargr qui
n'était accordée qu'à la noblesse.
Pierre, dont il s'agit ici , se sij;naU
long-temnsdans le parti de la Ligue;
mais l'abjuration de Henri IV lui fit
désirer de rentrer sous les lois du
légitime souverain. Depuis cinq ans,
Charles Casaulx , oflicier et agent
de la comtesse de Sault , qui s'était
unie ail duc de Savoie pour attiser
en Provence les feux de la discorde,
avait usurpé le consulat à Mar-'^^ille,
où il secondait les derniers eflbrts
de la rébellion, soutenu par un se-
cours de quatre galères et de 1200
Espagnols , que Philippe II avait
envoyés. Cependant le duc de Guise
marchait pour réduire Marseille, la
seule ville de Provence qui résistât
encore. Casaulx avait confié la garde
de la Porte-Royale à Libertat : ce ca-
pitaine, plein ae courage et d'ambi-
tion , brûlait de s'illustrer par quel-
que action d'éclat ; les brillantes
promesses du duc de Guise lui en
fournirent l'occasion : il s'obligea de
donner la mort à Casaulx, et de
soumettre Marseille. L'entreprise
était périlleuse; mais le dcsir de la
gloire, et surtout l'espoir des ré-
compenses, déterminèrent Libertat.
Il se concerte a\ec le duc, qui fait
avancer ses troupes. Casaulx , in-
formé de leur approche , charge
Louis Daix , son collègue , d'ob-
server leurs mouvements autour des
remparts , et se rend lui-même à la
Porte-Royale, avec une nombreuse
escorte j mais, en arrivant ,. il est
renversé d'un coup d'épée par Li-
bertat, dont un des frères achève
de le tuer. Aussitôt les cris de /^<»e
le Hoi se font entendre : les soldats
ligueurs se dispersent après une lé-
44o
LIB
gère résistance ; leurs chefs se sau-
vent sur les galères espagnoles ,
qui lèvent l'ancre : les troupes du
duc de Guise entrent dans la ville ,
et Libertat, à leur tête, affranchit
ses concitoyens, dont la terreur avait
seule retarde la soumission. Ce coup
hardi eut lieu le 17 février iSgG.
Henri IV, en apprenant la reddition
de Marseille, s'écria : Cest mainte-
nant que je suis roi ! Il écrivit à
Libertat pour lui témoigner sa re-
connaissance , le nomma viguier
perpétuel de sa patrie , lui fit comp-
ter 5o mille écus, et lui accorda ,
tant pour lui que pour ses frères ,
d'autres distinctions. La ville de
Marseille fit ériger à son libérateur
une statue décorée d'une inscription
latine ; et l'on grava sur la Porlc-
Royale ces deux vers latins :
Occisiis juslè Libéria Casahis armis ;
Xaiif Chriato^ urbs régi, Liber tas sic datur urbi,
Libertat mourut sans enfants, le 1 1
avril 1697 •> empoisonné, dit-on ,
avec des bas de soie ; et ses frères ,
Barthelerai et Antoine , héritèrent
de ses biens et de ses emplois :
c'est du dernier que descend la
famille de Libertat , qui existe en-
core en Provence. ( Voy. Guise , t.
XIX, p. 198 , et Henri iv , t. XX,
p. 94. ) A-T.
LIBICKI (Jean), poète polo-
nais du dix-septième siècle , a laissé
une Traduction des Odes d^ Horace
en vers polonais , qui fut imprimée
à Gracovie , 16,47, iii-4^' de 128 p.
On a du même, en latin et en polo-
nais : Somnium de vino et aqud in-
terse litigantibus pro prœcedentid^
1647 ^^ 1684, ^^^^^ heu d'impres-
sion et sans nom d'auteur ; — Bac-
€hus mîraculosus, poème en polo-
nais , imprimé plusieurs fois , mais
es:ça!ement sans indication du nom
de l'auteur. G-iu.
IIB
LIBON, architecte grec, ne' dan»;
l'Elide, florissaitvers la quatre-ving-
tième olympiade, 4^^ ^^^^ av. J. G.
Il construisit auprès dePise, ce- tem-
ple de Jupiter olympien , si célèbre
par les cérémonies des jeux olym-
piques , et oi^i s'accumulèrent , pen-
dant tant de siècles, les chefs-d'œu-
vre des arts et les offrandes de tous
les peuples. Le temple était d'ordre
dorique- il était entièrement entouré
de colonnes, construit en pierres de
l'Elide, et couvert avec ces espèces
de tuiles de marbre pcntelique, ii
ventées par Bysès de Naxos , vers
55°. olympiade(56o ans avant J. G.
sa hauteur étaitdesoixante-hfîitpiec
et sa largeur de quatre-vingt-quinze
sa longueur de deux cent-trente: les^^
sculptures du fronton antérieur é-
taient l'ouvrage de Pœonius de Mcn-
de ( en Thrace ), et celles du fron-
ton postérieur étaient d'x4.1camenes.
G'élait dans le sanctuaire que s'éle-
vait la fameuse statue d'or et d'ivoi-
re, chef-d'œuvre de Phidias, et la
merveille de la sculpture chrysele-
phantine. On peut voir dans Pausa-
nias , la description qu'il donne de
ce superbe édifice , dont il ne reste
pas la moindre trace. On croit qu'il
fut détruit vers la fin du quatrième
siècle. M. Quatremère de Quiiicy a
donné, dans son Jupiter Olympie\
une excellente hypothèse sur ce te
pie et ses ornements, L-s-e,
LIBRI ( François Dai ) , dit
Vieux, peintre en miniature , né
Vérone, vers le milieu du xv**. siècle^
se rendit célèbre par le talent avec
lequel il peignait les livres de chœur
et d'office. L'imprimerie était encore
à sou berceau ^ et les plus riches
chapitres mettaient leur honneur a
posséder les plus beaux livres de
chœur. François en peignit un grand
«ombre, dont plusieurs sont encore
I
MB
conserves ivcc soin à V<froncctdanf
itros villes d'Italie; mais le plui
te lie ses ouvrages est un petit
. où il peignit , avec une extrême
.n^ualessc , <ieux miniatures , dont
l'une représente saint jW'ume , et
l'autre saint Jean dans ViU de Pa-
thmo^y écrivant VApocalyjjse. C'est
Il talent dans ce genre , qu'il dut
irnom Dai Lib'i, qu'il transmit,
~ i que SCS talents, à son fds Jérôme,
( Vérone, en 147^. — Jérôme ne
iu)rna pas à la peinture des livres
.lise ; il reçut des leçons de Domi-
ic Moronc,ct devint un des pcin-
les plus habiles de son temps. A
.' de seize ans, il j)cignitune Dépo-
nde croi i; et lorsqu'on découvrit
.ibleau, tous les spectateurs cou-
. .u ont en foule chez le père du jeune
artiste, pour le féliciter d'avoir un fds
aussi habile. Toutes les figures en
sont remarquables ; mais les artistes
î un cas particulier d'une Vierge
i'un Saint-Benoît que Jérôme a
uilroduits dans sa composition. On
conserve encore à Vérone , dans l'c'-
<' de Saint - George , un tableau
lia peint en 1 5*29; c'est uno Vierge
entre deux saints Evéques et trois
ytn^es. Ce tableau , de petite di-
iision , réunit tous les suffrages.
Jise de Saint -George en con-
it un grand nombre de ce genre ;
is celui de Jérôme peut en être
,ardé comme le chef-d'œuvre, tant
^ippe par la grâce, le brillant et
lini. Après avoir exécute ce ta-
lu , Libri se livra exclusivement
'ï peinture des livres de chœur:
IX que l'on connait de lui, sont
« ieux par la perfection du travail;
IS VAdam et Eve chassés du Pa-
lis terrestre, qu'il fit encore pour
^lise de Saint - George , snq>a.sse
s les autres: cette belle miniature
depub été trausporice à Rome.
itc
«I
Ost en allant {)eindre des livres de
chœur dans le couvent des chanoines
de Saint - Sauveur , que Dai Libri
connut D. Giulio Clovio ( Voyez
Ci.ovio ), auquel il eut la gloire de
donner les premières leçons de son
art. 11 mourut en i555, à Vérone,
laissant deux fils, dont l'aîné, nom-
mé François Dai Libri le jeune,
hérita de son talent pour la peinture
des livres d'église ; mais un de ses
oncles, riche et sans enfants, l'atti-
ra près de lui, et lui confia la direc-
tion d'une manufacture de verrerie ,
où il perdit les années les plus pré-
cieuses de sa jeunesse : son oncle ,
étant devenu veuf, se remaria , eut
des enfants , et lui ôta tout espoir
d'être son héritier. François reprit
donc le pinceau , et entreprit, soui
la direction de Fracastor et de Be-
raldi , médecins fameux et géogra-
phes, un globe terrestre, dont Na-
vagero voulait faire hommage à
François P*". ; mais ce poète étant
mort à son arrivée en France , le
globe , commencé par François Li-
bri, demeura imparfait. Cet artiste
étudia aussi la peinture à l'huile et
l'architecture; mais il vécut pu de
temps. Son frère s'était fait prêtre;
et ce fut en lui que s'éteignit la fa-
mille Dai Libri, qui a fourni trois ar-
tistes d'un talent remarquable. P-s.
LIÇARRAGUE ( Jeaw dl } , mi-
nistre de la religion réformée, était
né dans !e seizième siècle , à Bris-
cons , petit village de Béani , et y
remplissait les fonctions du pastoral.
Il fut arrêté à l'époque des premiers
troubles qui éclatèrent dans cette
province, et j^'té dans un cachot
d'où il ne sortit que sur les instances
de Jeanne d'Albret , reine de Na-
varre, mère de Henri IV. Cette prin-
cesse le retint à sou service , et le
chargea de traduire le i\ouved»'
442 Liç
Testament , dans la langue basque
que parlait le plus grand nombre
de ses sujets. Il fut ensuite nomme
Fasteur de la Bastide de Clarence ; et
illustre de Thou, qui alla lui rendre
visite en iSS'i, rapporte comme
ime preuve de l'esprit de charité' qui
unissait les habitants de ce village ,
que les catholiques et les protestants
y faisaient l'office dans la même
église, mais à des heures différentes.
On ignore les autres particularite's de
la vie de Liçarrague* et Prosper Mar-
chand , qui lui a consacre' un curieux
article , dans son Dictionnaire, avait
fait d'inutiles recherches sur i'e'po-
que de sa mort. Le seul ouvrage
que Ton connaisse de lui , est le Nou-
veau-Testament, traduit en langue
basque, La Rochelle, 1571 , in-S**.
Cette traduction est très-rare , et si
bien imprimée , qu'on la regarde
comme un chef-d'œuvre de typogra-
phie. Elle est précédée d'une épître,
en français , adressée à Jeanne d'Al-
bret. W-s.
LIGETI ( FoRTUNio ) ;, fameux
péripatéticien , et l'un des plus cé-
lèbres professeurs de son temps ,
naquit le 3 octobre 1577, à Rapallo
dans l'état de Gènes. Sa mère, dans
un voyage qu'elle fit de Rcco à Ra-
pallo , par mer, fut tellement incom-
modée qu'elle accoucha avant terme:
ce ne fut qu'en prenant des précau-
tions extrêmes ( i ) , qu'on parvint à
(i) Vigneul-Maryille ( D. Bonav. d'Argonn« )
se contente de dire «• qu'il fallut l'élever dans du
» coton, o ( Mélanges de Httérat. ii , »46.) Mais
Baillet, d'après Michel GiustiniaRi , «jou-
te des circonstances si mervt'illeug«8 , qu'il est
bien étonnant qu'un critique aussi judicieux
que Lauionnoye n'en ait pas fait sentir le ri-
dicule. « Le fœtus, dit Baillet , n'était pas plus
» grand que la paume de la main. Son père cn-
» treprit d'achever l'ouvrage de la nature , et d«
» travailler à la formation de l'enfant avec l»
» même artifice que celui dont on se sert pour
» faire élever les poulets en Egypte. Il fit donc
» mettre son fils dan» un four, proprement accom-
» mode ; il réussit à l'élever et à lui faire pren-
» «lie tes accroissements uécetsaires par l'unie
Lie
sauver Tenfant; et on lui donna I^
nom de Fortunio, pour lui rappelé»
qu'il devait la vie à un bonheur ines»
péré. Il montra dès son enfance d<
dispositions extraordinaires que si
père prit soin de cultiver ; il a
ensuite continuer ses études à BqÎ
logne , et il y suivit pendant qua
ans les cours de médecine et de p
losophie. Il n'avait pas encore di"
neuf ans, lorsqu'il publia un tra
De Ortu animœ humanœ , réimpi
mé à Francfort, 1600, in-8^., qui
trouve si beau qu'on refusa de l
croire auteur. Le père de Liccti et
tombé malade, le fils se hâta de re
nir à Gènes en 1 Sgg ; mais il eut
chagrin de n'y arriver qu'apr
l'enterrement de l'auteur de
jours ( I ). L'année suivante , il pi
le doctorat en philosophie et en
decine; et il alla prendre possessi
de la chaire de logique , à Pise; î
la remplit pendant cinq ans , et fu
ensuite chargé d'expliquer la phii
losophie d'Aristote. En 1609, ij
fut nommé professeur de philoso
phie à l'université de Padoue : s;
réputation y attira un grand nombn
d'élèves jet son traitement fut succès
sivemcnt porté jusqu'à mille florins
Il se mit sur les rangs pour la placi
de premier professeur , après la mor
de Crémonini ; mais ayant échou(
deux fois dans sa demande , il quitt;
Padoue, où il demeurait depuis vingt-
quatre ans , et passa à Bologne, oî
on lui offrit des appointements con-
sidérables. L'université de Padoue n«
» formité d'une chaleur étrangère mesurée exac
•» tement sur les degrés d'un thermomètre. » ( J«
^e/n. rfe.î 5a»/. VI , i3b. )
(i) Joseph LiCBTi , père de Fortunio, était ui
habile médecin. On a de lui = La Nobiltà de
principale niembri dell'uomo , dialogo ne
auaîe si traita dcll'ufo ed ecce.llenza di et.<
membri , Bologne , .599 . i°-f , f «" *"*%'7"
teurs sont le cœur, le cerveau , le foie , etc. ¥ortu
riio pari» encore d'un autre dialogue de son p^re
intitulé, Ctva, sut le même sujet.
MC
,1 pas à rcçrc'ttcr un s'ijet si dis-
»jguc. On sollicita Liceti d'arcoplcr
' |>l.iro de premier prolcsseur de
, alors vacanlc, et il en
-siou en i(>45. 11 mourut
e à Padoue, le 17 mai
' ^'. gj"^^' Patasf.y 1, 1G8. )
11 elail un homme d'une erudi-
jjrodigiensc ; mais son entèlc-
' pour la doctrine d'Arislote,
vénérait à l'e-^al d'un dieu, fut
qu'il ne lit faire aucun prop;rès
!,i iiitdrcine, ni à la philosophie.
i- iiilcM onlestationstrès-vivcsavec
n^^ucz de Castro, sur la possihi-
!cs diètes prolongées au-rlelà des
es ordinaires; avec Glorioso,
\\ formation des comètes; et
Ant. Ponce Santacruz, sur les
rations spontanées : dans toutes
> querelles, à défaut de raisons ,
' rodigiiait les injures à ses ad-
irés. On a de lui un très-grand
Ijre d'ouvrages (i);raais com-
I a plupart sont justement tom-
lans l'oubli, on se contentera
iter ceux qui peuvent encore
i quelque intérêt : I. De his qui
U'untsine aliment o lihri ir; in
us diutumœ inediœ observatio-
opiniones et causœ , summd
(UUgentid explicantur, Padoue ,
- i-i, in-fol. Il composa cet ouvra-
ge à l'occasion d'une jeune fille de
lorence , dont les diètes excessives
nt fixé Ta ttenti on des médecins :
" ) soutient la possibilité de vivre
plusieurs mois sans prendre aucune
'liture, et cite plusic»;rs faits à
;iiii de ce sentiment. Etienne Ro-
lez de Castro combattit celte
ion par un traité De asitid, Flo-
rence, iG3o,in-8°. II. De mofis-
tromm couds , natwd et dijjeren-
(»; N'iceroQ en compte il, el la luui b'»»I »«•
•aipUu. r •»• r
LÎC 443
tiîSy /•*n//,Padouc, 1616, in-4«.;
réimprimé, ibid., i()34,in-4<».,avec
des additions, et des j;ravures: maii
l'cnlition la plus complète est celle
qu'a donnée Gérard Blasins , avec
un supplément, Amsterdam, iG()5,
in - 4'*. , lig. Jean Palfjn a tra-
duit cet ouvrage en français, à la
suite de sa Description anatomi'
fftte, etc., Leyde, 1708, petit in-
4'\ , fig. , trî^s-recherché. 111. De
spontaneo viventium ortu , libii
7/',Yicence, i() 18, in-fol. Liceti
traite , dans cet ouvrage , de la gé-
nération spontanécde j)lu.sieurs sortes
d'insectes, que l'on supposait alors
engendrés de la putréfaction; des
fungus, des champignons , des zoo-
phites, dont la reproduction mysté-
rieuse était encore un secret , et dont
on n'a reconnu les fleurs el les graines
que près d'un siècle plus tard. IV.
De liicenùs antiquoinm reconditis
lihri VI y Verise , \('ri\ , in - 4". ;
Dine, i659. , in-fol. , fig. Cette se-
conde édition est recherchée. Liceti
se proposait de prouver dans cet
ouvrage que les anciens plaçaient
dans leurs sépulcres des hirajjcs
inextinguibles ; mais Ottavio Fer-
rari a fait voir dans son traité ,
De 'vet^rum litcernis sepiilchrali-
hus , Pador.e , 1686 , in - 4°. , q"C
ces prétendues lampes qu*on a cru
trouver allumées en découvrantd'au-
ciens tombeaux , n'étaient autre
chose que des phosphores qui bril-
laient quelques instants, exposés à
l'air, el s'éteignaient aussitôt. Ce
traité est inséré presque en entier
dans les anciennes écfitions des Ré-
créations mat hém ati(ptes d 'Ozana ni .
Il y a beaucoup d'érudition dans-
l'ouvrage de Liceti ; et le sixième
livre contient des reman|ues curieu-
ses sur les anciens rits reUgicux. V.
De proptiorum operum histund, lU-
444 Lie
hri 11 f Padoue, i634, in-4^. Cet
ouvrage est adressé au savant Gabr.
îsaudë; Liceti y donne le catalogue
raisonné des différents écrits qu'il
avait déjà publiés, avec l'iiisloiredes
disputes qu'ils avaient occasionnées,
et la liste de ceux qu'il se proposait
de mettre au jour. VI. De quœsilis
per epistolas à clarissimis vins res-
ponsa f Bologne , i64o , in-40. Ce
volume renferme trente-sept lettres
de plusieurs savants^ et autant de ré-
ponses de Liceti ; il publia successi-
vement à Udine, de 1646a i653, six
autres recueils de ses réponses aux
questions qui lui avaient étéadressées
sur des sujets de médecine, de phy-
sique , d'histoire naturelle , de ])hi-
losophie et d'érudition. Cette collec-
tion , assez curieuse , est fort rare.
Gaudence Roberti en a inséré des
extraits dans le tom. 11 des Miscel-
lanea italicaerudita. VII. Litheos-
phorus , sive de lapide Bononiensi ,
lucem in se conceptani ab ambienU
claro , mox in tenebris mire con-
servante, liber, Udine, 1620, in-4^.
C'est une expbcation du phénomène
de la pierre àt Bologne, qui a la pro-
priété de luire dans l'obscurité au
moyen de quelques préparations.
VÏII. De annulis antiquis, liber
singidaris, ibid. , i64> ,in-4*'.; rare
et plein d'érudition. IX. Hieroglf-
phica, sivs antiqua schemata gem-
marum annulariiun, avec figures ,
ï()53, in-fol. On peut consulter,
pour plus de détails, Mich. Gius-
tiniani , Scrittor. Ligur.; les Mémoi-
res de Niceron , tom. xxvii , et le
Dictionnaire de Chaufepié. W-s.
LICHTENAÛ. Fojez Conrad ,
tom. IX, p. 434.
LICHTENAU ( Comtesse de ) ,
Voyez ce nom dans la Biographie
des honunes vivants , tome IV y
pag. 2'i8.
[OU
1
Lie
LÎCHTENBERG(Georgk-Chri i
tophe), célèbre physicien et mort
liste, naquit le i*^"". juillet \'](\'i^
Ober-Ramstaedt, près deDarrastad
Il était le dix-huitième enfant d,
pasteur de ce village , qui fut ensuit
envoyé dans la capitale du land
graviat pour y remplir les fonctioc
de premier prédicateur de la ville e
celles de surintendant-général du clei
gé. Les soins et l'instruction varie
de ce digne ecclésiastique , la dou
ceur , les vertus et la piété de si
épouse, exercèrent une heureuse
fluence sur les facultés et le car
tère de leur fils. « Le souvenir
» ma mère ( dit Lichtcnberg , d
» une espèce de journal de ses pens
^) les plus secrètes, OEuvres poslhu
» mes, vol. II , pag. 4 ), est un préser
» vatifquejen'aijamais employésaii;
» succès dans les moments de ten
» tations dangereuses. » — « J'invo-
» que souvent ( dit-il ailleurs , vol. i
» pag. Il), l'assistance de ma mèr(
» que j'adore comme une sainte. '
On ne peut vraiment pas douter que
ce ne soit à l'influence de l'éduca-i
tion que sont dus ces sentiments re-|
ligieux, qui font, dans quelques unsj
des écrits de Lichtenberg , un véri-
table contraste avec le tour d'es-
prit sceptique qui y règne générale-
ment. Il avait du penchant à la
superstition , il interrogeait les astres J
et tâchait de se mettre en com-|
munication avec les intelligences cé-i
lestes. Il raconte ( vol. 1 , pag. 26),'
qu'un soir il déposa sous le toit
de la maison de son père , un bil-
let qu'il adressait à un des esprits
dont il se croyait environné , et où
il avait écrit cette question : Qa est-
ce que V aurore boréale ? Etant en
bas âge , il fit une chute, qui en lui
courbant l'épine du dos, devint la
cause d'une difformité à laquelle on
Lie
.ittrilnicr en pr.indc partie, le
\ lie Tctat qu'il embrassa, ainsi
>ùt pour la solitude. Bien
! cUsposcde lui-même à rire
, et que dans ladcscriptiou
; ii'il a laissée de sa pcrsouue
diverses f toI. i, pag. a ),
MU qu'un mauvais dcssiuatcur
. ourrait manquer sou portrait
l'obscurité ; il se montra si vi-
'iit aftecte d'une plaisanterie de
lucr, son ancien maître, qu'il en
t.t presque une brouillcrie avec
li qu'il vénérait autant qu'il lui
attacbë par la reconnaissance,
liblcsse de sa constitution l'é-
mt de toute carrière qui exige
saute robuste, Licbtenberg se
na dès l'enfance à la culture
sciences. Etant encore écolier
imait des leçons de malhé-
|ues à quelques-uns de ses con-
fies. Il aimait à se rappeler ces
iers essais de son talent pour
eiiitii;nomeut,et l'attacbement que
•li téiiiuignaient s^s jeunes audi-
>. Un discours en vers alle-
Is sur la véritable philoso-
ct le fanatisme pïiilosophique ,
j^rononça en quittant le gym-
le Darmstadt, et qui semblait
--^iier l'objet des recherches de
oute sa vie , ayant fait une grande
"""'^tion et attiré sur lui les regards
Tsonnes éclairées , sou souve-
^iu,lc landgrave Louis VIII, lui ac-
corda sa protection particulière, et
es secours qui lui étaient nécessaires
)our se vouer entièrement à l'étude
les sciences. En 17G3, il se rendit
i Gocttingue , et suivit les cours des
>rofesscurs HoUmanu, Heyne, Gat-
Tcr, Kœstner et Meister , qui démé-
J bientôt ses heureuses disposi-
f't l'admirent dans leur intimité.
♦ oici le jugement qu'il porte dans
--' !"urn«d sur l'emploi de son temps
Lie 445
i runircrsilé , et qu'il peut elrr ulilo
de faire connaître aux esprits de la
trempe de Lichlcnbcrg : « Je com-
* mis imt grande erreur en for-
» mant le plan de mes études sur
t fine trop vaste échelle.... Entraiiiii
» par mon avidité de connaître, à
» me laisser successivement domi-
• ner par tous les objets de rccher-
» ches incideulelles que le hasard
» offrait sur ma roule , et qui m'é-
» carlèreut souvent de mon véritable
» but , je me voyais sans cesse dans
» la nécessité de revenir sur me»
» pas. J'ai fait le chemin qui mène
» à la science, comme les chiens
» qui accompagnent leur maître à la
» promenade ; je l'ai fait et refait
» cent fois dans toutes les directions,
» et, lorsque j'arrivai enfin, je me
» sentis excédé de fatigue. » ( Vol.
I , pag. 34 et 89. ) Il ne resta donc
étranger à aucune partie du domaine
des sciences : revenant toutefois avec
prédilection à la physique et aux ob-
servations astronomiques , il se fit
tellement remarquer des juges com-
pétents, que le célèbre baron d«
Mùnchhausen , curateur éclairé de
l'université de Goetlingue, lui ofl'rit
une chaire de professeur extraordi-
naire dans la faculté consacrée aux *
sciences exactes et philosophiques.
Il était à Londres lorsqu'il reçut cette
nomination , qu'il ne voulut accepter
que du consentement de son souve-
rain et bienfaiteur , le landgrave de
Hesse-Darmstadt. Pendant son séjour
en Angleterre, où il avait conduit le
lilsde l'amiral Swanson, et M. Yrby,
(ils de lord Boston, il fut traite avec
distinction par la famille royale. Le
roi George III, auquel l'astronome
Demainbray , inspecteur de son ob-
servatoire prive', avait communique
]çs observations de Lichlcnbcrg sur
le passage de \ ému du nj juiu 1 7(59,
446 Lie
prit beaucoup de goût à sa conver-
sation , et lui doiuia par la suite
des preuves nombreuses de son es-
time. De retour à Goellingue , en
1770 , il annonça l'ouverture de ses
cours par un programme offrant
des CGnsidévations sur quelques mé-
thodes appliquées à la solution des
difficultés que présente le calcul des
probabilités dans les chances des
jeux de hasard. Il parut aux savants
avoir, dans ce mémoire , simplifié et
suffisamment éclairci des queslions
que d'Alembert et Beguelin avaient
inutilement compliquées et mal réso-
lues. Dans les années 1 772-7,5, il fat
occupé à déterminer, par ordre du
roi d'Angleterre , la latitude des villes
principales de l'électorat d'Hanovre ,
et à mettre en ordre les papiers du
célèbre Tobie Mayer, dont il donna
un premier volume en 1775. {T.
M, opéra inedita, vol. i, Gœtt., in-
4*^. ) La suite n'a point paru. Un se-
cond voyage en Angleterre vint ajou-
ter à sa prédilection pour ce pays :
il en rapporta une connaissance de
la langue , des mœurs et de la litté-
rature de ses habitants, j)lus pro-
tonde qu'aucun étranger n'a peut-
cire acquise , et que la plupart des
indigènes eux-mêmes ne possèdent.
En 1 777 , il succéda à son ami Erx-
Jeben dans la chaire de physique ex-
périmentale : par déférence pour la
mémoire de ce savant, il conserva
son Traité élémentaire de physique,
pour servir de texte à ses leçons ,
quoique ce manuel fût très-défec-
tueux , et que les augmentations dont
l'enrichit Lichtcnberg dans quatre
éditions successives, en eussent fait
un ouvrage très-supérieur à ce qu'il
était dans sa forme primitive. Depuis
son entrée dans ses nouvelles fonc-
tions , il ne sortit plus de Goettingue
«t quitta bien rarement sa chambre ,
Lie
où son goût pour le travail , la f,
blesse de sa santé et une susceptil
lité née de sa conformation physiq
et fortifiée par l'hypocondrie, le co
fmèrent de plus en plus. Sa conver
tion enjouée, et pleine de traits au
gais que spirituels , faisait ,non moi
qaesonenseignement académique(
étincelait de saillies origiuales et
quantes , un singulier contraste a\
la tristesse qui régnait au fond
son ame sans en troubler la se
nité ou en aiïaiblir l'énergie. Oi;
lieu d'être surpris de la vigueur
raie et de la fécondité littéraire
esprit habitant une aussi frêle
chine , et rongé par tant de so
La collection de l'académie ro
des sciences de Goettingue n
de lui qu'un petit nombre de Mém»
res , parmi lesquels ceux que co
tiennent les tomes viii des JYoi^. coi
mentarii, et i des Commentât.
cette compagnie, sont les seuls vr;
ment remarquables : il y expose
découverte des figures que forme
poussière répandue sur la surfa
des corps électrisés et qu'on a apf
lées de son nom. Ces figures , à c
ractère diiFérent, et rayonnantes v
nuageuses , selon qu'elles sont pr
duites par réleclricité positive -
négative, servent à montrer à 1
ces deux modifications du raêra^i
gent : elles sont représentées en dfl
dans les gravures jointes aux toni|;
des Mémoires de Goettingue, qi|
nous avons cités. Lichtenberg s'i
tait intimement lié avec De Lu<
et son amitié pour ce physicien 1
fit embrasser avec trop de chaleui
et défendre, avec une opiniâtre j
étrangère à son caractère , les thé|
ries de ce dernier sur l'hjgrom'
tre et sur la pluie. Oi: doit attribut'
à la même cause , ses préventioi
contre les principes de la nouvel
Lie ^
iiiic, qu'il ne cessa de comhatlre
• 'ms d'esprit et d'aigreur que
11 et d'impartialité. Son Ex-
■unn apologétique des idées de
Deluc sur la formation de la
.,'(', rédigée eu 179G, n'a paru
iprcs sa mort , en 1800 , par les
is de son frère et de M. Kriès
ott.,in-8o.,deau8pag. )Ce me-
né est un chef-d'œuvre de dia-
1 ique, et sera probablement encore
(p.iand les meilleurs ouvrages des
liseurs de la doctrine que Lich-
i erg y a combattue sans succès,
Mit entièrement oubliés : tant il
vrai que l'agrément des formes ,
itiiu plus que la solidité' du fonds ,
fait vivre les productions de l'es-
it humain. Le même charme de
:e se fait remarquer dans les nom-
breux articles consacrés aux décou-
vertes astronomiques et physiques ,
qu'il inséra dans deux ouvrages pé-
j riodiques qui durent principalement
à sa plume leur prodigieux succès,
le Magasin de Goettingue pour les
sâences et la littérature , rédigés
par lui conjointement avec le célè-
> Dre voyageur G. Forster ( il en a paru
depuis 1780 jusqu'en 1785, dix-huit
parties en sept volumes ) , et la série
des Almanachs publiés dans la
même ville, de 1778 à 1799. Ces
articles contribuèrent beaucoup à ré-
pandre le goût des sciences les plus
élevées", et des notions exactes sur
leurs patties les moins accessi -
blés à l'intelligence commune. On
peut dire qu'ils furent pour l'Alle-
magne, ce que les écrits de Fonte-
nelle, de D'Alembert, de Bailly , ont
été pour la bonne compagnie en
France , un moyen d'acquérir , avec
• un médiocre degré d'application ,
» des idées justes et assez étendues sur
, les objets les plus ardus des hautes
sciences. Ou trouve dans ces résumé*
Lie
<47
d'un genre lout-àfait partiiriilier , un
mélange d'analyse lumineuse cl quel-
quefois profonde , de rapprochr-
ments aussi instructifs qu'iii.(ti<i '
de malice gaie et souvent tn
tique , mais toujours d'une tciul.iiu c
parfaitement morale, qu'il serait dif-
ficile de caractériser , et à laquelle il
ne suffirait pas de comparer la ma-
nière des humoristes anglais, tels que
Swift, Fielding, Sterne, etc. , pour en
faire concevoir la nature et t'effèl à
ceux qui ne peuvent lire Lichtenbcrg
dans sa langue. Mais c'est surtout
quand il est directement et, pour ainsi
àxra, ex-prof esso moraliste, que Lich-
tenbcrg fait classe à part. Il est enjoué
et jamais grotesque, neuf sans ef-
fort , gai sans la moindre trace de
légèreté , varié et profond sans ces-
ser d'être solide et clair. Ce n'est
qu'une justice d'ajouter , qu'excepte
quelques parties de son commen-
taire sur Hogarth , où il abuse de
sa facilité à trouver des combinai-
sons ingénieuses , des rapproche-
ments comiques , il tombe moins
dans la recherche , il est plus natu-
rellement gai et original que la plu-
part des humoristes anglais. On n'est
pas d'accord sur l'idée précise qu'où
doit se faire de cette disposition d'es-
prit qui, dans l'expression des pen-
sées et des sentiments, se manifesta
par un mélange piquant et tout par-
ticulier d'enjouement, et que les
Anglais désignent par humour , \ci
Allemands par laune. Nous osons
afllrmer que la lecture attentive des
ouvrages de Lichtenberg , par la
variété des matières traitées avec U
même verve iatarissable de plaisan-
terie amusante et instructive, est
singulièrement propre à fournir les
données des solutions d'un grand
nombre de diflicultés qui ont désuni
ou embarrasse des critiques tels que
44B Lie
Suker, Lessingj lord Monboddo ,
Campbell et Eberhard. Les impres-
sions qu'il recevait du spectacle delà
nature , des affaires humaines^ de ses
lectures, de ses propres pensées et
qu'il rendait dans un langage pitto-
resque avec l'empreinte de yues
neuves, de contrastes plaisants , de
rapprochements instructifs, subis-
saient, en entrant dans sou ame, des
combinaisons , et se coloraient de
teintes qui n'altéraient ni la pureté'
du trait, ni le fonds de données ma-
térielles qu'elles offraient au sévère
observateur. Sa manière de recevoir
et de rendre l'impression des choses
extérieures, qui lui faisait considérer
le monde physique et visible comme
une grande allégorie des mystères
de l'ordre moral, suppose sans doigte
beaucoup d'originalité dans les cok-
ceptions. d'indépendance dans l'exer-
cice des facultés intellectuelles et un
penchant à se placer dans les points
de vue de l'idéaliste et du pyrrho-
nien. Mais on ne saurait sans injus-
tice, au moins dans l'écrivain dont
il s'agit et qu'on peut regarder com-
pie le modèle des humoristes, sépa-
rer de ces qualités de l'esprit une
parfaite vérité d'observation et de
pinceau, une rectitude de jugement
égale à sa finesse, un goût sûr qui évite
les contrastes révoltants ou infruc-
tueusement bizarres, et surtout un res-
pect pour les grandes fins de la des-
tinée humaine ,qui se garde de faire
de la vie une farce ignoble , et de la
scène du monde un jeu sans but, une
énigme dépourvue de sens. Aussi ,
bien loin d'éprouver le vide du cœur
et l'ennui qui succèdent aux accès
d'une folle gaieté; tandis que le sou-
rire quise place involontairement sur
ïès lèvres du lecteur de Candide et
des Mémoires de Gr amont, n'era-
pêche pas que l'indignation , le dé-
go^t- le mépris ne s'emparent de lui
presque aussitôt, les saillies de Lich- !
tenberg, ses comparaisons ingénieu- :
ses et plaisantes , réveillent des idées
non moins consolantes qu'agréables,
remontent les ressorts de l'ame au
lieu de la dégrader ou de l'engourdir.
Nous allons indiquer ses principaux
écrits; ils portent tous, dans l'ensem-
ble comme dans les détails, le cacliet
de cette tournure d'esprit originale
et piquante que nous avons cherché
à caractériser. Les premiers eurent
une tendance toute polémique. Lar
vater avait dédié sa traduction d(
Recherches de Ch. Bonnet sur It^
preuves du christianisme au célèbi
juif Moïse Mendelssohn , en le soi
mant de se convertir à la religion Ai
Christ , ou de réfuter publiquement
les arguments de Bonnet. Cette dé-
marche indiscrète de Lavater donna
naissance à une satire de Lichten-
berg , intitulée Timorus , i']73 , qui
a été réimprimée dans le troisième
volume de ses œuvres. Peu de temps
après , il s'occupa encore du célèbre
din\.e\\vàc\APhYsio^nomoni(fue.Y\^i-
lant redresseur de torts scientifiques
et d'opinions hasardées qui portaient
préjudice à la saine philosophie,
Liclitenberg ne put voir , sans indi-
gnation , l'abus que les admirateurs
enthousiastes des règles physiogno-
miques du théologien Zuricois fa
saient de son système au détrirae^
de la morale et en dépit de la chi
rite chrétienne. Il prit la plume
plutôt le fouet , et publia en tête'
de l'Almanach de Goettingue pour
l'an 1778, un traité de la Phfsio-
gnosique contre les Phfisiognomei
( ibid. , pag. 4oi ? ss. ) , où il établit,
par des réflexions et des observations
d'une vérité frappante , qu'on peut
bien concevoir une patho^nomiqiie ,
une séméiotique des passions, q\x lui
MC
corps de principes q<ti nous serront
à reconnu ilre à des Mgues visiî>les
les mouvcuieiits àv l'ame , mais que
l'art de jui^er des qualités de l'esprit
! et du cœur par la foruîe et la dis-
position des parlirs extérieures du
corps et surtout des parties solides
delà fip;ure,est cliiuierique; que c'est
l'eusemblcde l'expression, le rcgaixl,
les modifications fuj;itivcs de nos
traits, qui peuvent oflnr,à l'oljserva-
teur exerce des lionimes , quelques
moyens, toujours peu sûrs à la vé-
rité', de se former une idée de leur
caractère et de leurs habitudes, mais
que ce talent est le fruit d'une longue
expeViencc et d'un tact qu'il est im-
possible d'acquérir par l'élude d'une
prétendue iheoric pliysiognoniique.
. « J'ai vu , dit Lichtenberg qui, lui-
» même , possédait ce tact à un haut
1» degré, des exemples extraordi-
f naires de dissimulation dans les
I V cours , surtout dans celle d'Angle-
' » terre , où le spleen semble élen-
» dre un voile sur tous les visages.
Les muscles de la face, chez les
.. « ourlisans et chez les grands;, sont
» comme une gelée dans laquelle on
» chercherait aussi vainement une
» empreinte durable, que des si-
» cnes d'organisation dans un verre
» a'eau. » Lavater répondit faible-
ment et eu professant une admiration
sincère pour la sagacité de son anta-
goniste , dans le quatrième volume
de ses Essais phjsiogn. Lichteidierg
eut le tort, très-grave, après un
procédé aussi noble, de publier une
parodie de l'ouvrage de Lavater,
sous le titre de Phjsiognomie des
queues , où des cadenettes de diffé-
rentes formes, copiées iur des por-
traits d'écrivains allemands célcDres,
cl des queues de diverses espèces d'a-
nimaux, étaient soumises à une pro-
'»de analyse physiognomique en
XMV.
I.IC 449
terme» ridiculement bounoufflcs ,
empruntes au langage ncologiquedq
Lavater. Ce qui explique , mais ne
justifie pas cette inderente atta«pie d«
Lichtenberg,est une salire pleine de
personnalités que puiijia l'un des
amis et des apologi>.te.s 1rs pins /niés
de Lavalor, et dans laquelle le doc-
teur Zimmermann, en faisant dlu-
sion à la difformité du professeur de
Gocllingue, avait dit qu'il n'était
pas surj)renanl que Lichlenbcrg fût
l'adversaire d'une doctrine qui éta-
blissait dc6 rapports intimes entre la
beauté du corps et la vertu. — Les ex-
plications de quelques planches de
Hogarth,que Lichlenberg avait don-
nées dans ralmanach de (joetlingue
ayant eu beaucoup de succès , il en-
treprit de faire regraver, sous ses
yeux, l'œuvre de ce grand peintre ,
et de l'accompagner d'un commen-
taire. Cet ouvrage a paru en neuf li-
vraisons de 1794- '^"7 1 in-fol. et
in-8\ Malheureusement ia mort surr
prit le commentateur, en 1799, pen-
dant rimj)ression de la 5". livrai-
son ; les suivantes sont d'une au-
tre plume: mais tel qu'il est , le tra-
vail de Lichtenberg vivra aussi long-
temps que la langue allemande. On
a dit que Fielding, Garrick et Ho-
garth, unis par les liens de la plus
tendre amitié, avaient réussi à pein-
dre avec le plus de fidélité la nature
humaine sous ses divers aspects, avec
la plume, la pantomime et lecrayon.
Lichtenberg a contiibué, j)ar ses let-
tres sur Garrick dont il avait éludicf
le jeu pendant ses deux séjours à
Londres , et par son explication de
liogarlh , à transmettre à la post«-
rité une appréciation de leur talent,
plus juste et plus détaillée qu'elle ne
lui serait parvenue sans le secours de
sa plume. Mais, indépendamment du
mérite du travail de Li'^hteiiberg siir
?9
45o
Lie
Hogartli, comme texte descriptif,
c'est un véritable cours pratique de
connaissance des hommes dans tous
les états et à tous les échelons de la
culture ou de la dégradation morale:
les excellents conseils et les remar-
ques fines dont il abonde , produi-
sent un effet d'autant plus grand,
que c'est en se jouant ( quasi aliud
agendo) , que le commentateur sem-
ble les offrir. Le seul défaut de ces
tableaux de mœurs est un luxe d'al-
lusions spirituelles et malignes qui
ne sont pas suffisamment motivées
par la matière. L'écrivain prête visi-
blement des vues trop prof^?»des, des
aperçus trop ingénieux , à l'artiste j
et l'on ne peut nier qu'd ne tombe
fréquemment dans la recherche, sur-
tout dans les dernières livraisons.
L'originalité est un écueil pour celui
qui en est doué. L'accueil extraordi-
nairement flatteur que toutes les
classes du public allemand firent aux
premières parties de ce commentaire ,
parut imposer à l'auteur l'obliga-
tion de ne pas y ajouter une ligne
qui n'offrît quelque trait piquant : sa
plaisanterie en perd parfois ce na-
turel , cette grâce qu'elle a dans se*
autres écrits j là elle jaillit, comme
un trait , d'un espl'it animé par la
gaîté, passe comme un éclair sur les
objets qu'elle colore d'un jour parti-
culier, réveille une foule d'idées, et
lie fait qu'effleurer des rapproche-
ments imprévus, piquants^ féconds
en résultats , sur lesquels on désire-
rait s'arrêter, et qu'il dédaigne d'ex-
ploiter. Le dernier des ouvrages de
Lichtenberg , dont nous parlerons ,
a été publié après sa mort , par son
frère : ce sont des observations sur
lui-même , des aveux d'une naïveté
rare , des vues paradoxales , extraits
d'un journal où il écrivait toutes ses
pensées avec plus d'abandon et de
Lie
bonne foi que J.-J. Rousseau n'en a
mis dans ses Confessions. Il s'y rend
compte non-seulement de ses projets
et des réflexions nées de ses obser-
vations sur les phénomènes du sens
intérieur ; mais encore des rêves les
plus étranges , lorsqu'ils lui promet-
tent quelque révélation sur le prin-
cipe de ses défauts , et sur les causes
secrètes de ses penchants, ou qu'ils lui {
offrent un moyen de découvrir un
commencement de mauvaise habi-
tude et d'en prévenir le développe-
ment ou d'étouffer le germe d'illu-
sions nuisibles : il prend note des mo
vements fugitifs qui n'ont fait que tri
verser son ame, des idées qui ont
repoussées aussitôt qu'admises ,
qu'un homme supérieurpeut seul osi
s'avouera lui-même. Jamais homme,
doué d'une imagination aussi vive
et d'une sensibilité aussi profonde ,
ne s'est jugé avec autant de calme et
de sévérité; il se voit passer , pour
ainsi dire j il s'écoute sentir, penser,
désirer , espérer. Il n'existe pas de
recueil plus riche en observations
psychologiques , en données égale-
ment importantes pour le moraliste
et le littérateur. On assiste au comba!
que se livrent l'esprit scrutateur du
savant et le penchant de l'hommî
pour le merveilleux ; on voit aux
prises les deux inoi , le moi-sujet et
le moi-objet. L'éducation de Lichten
berg s'était faite dans des circonst
ces très-défavorables au sentiment
ligicux, sous le règne du grand F;
déric : un scepticisme moral , fr
et dédaigneux , un besoin excl
d'analyse sèche et rigoureuse ,
laient emparés des meilleurs esprits
On voit Lichtenberg, dans la plupar;
de ses écrits, dominé par cette ten
dance de son siècle , et n'apercevani
]c danger ou l'erreur que dans le zeh
imprudent de La vater y ou dans l'ei
ten-
tafll
i
Lie
> de visionnaires te!$ que
le Ziehcn( I ).Mais dans srs
lussions l'homme, observateur
....j.irlialde la nature morale, repa-
raît avec tout le sentiment des besoins
•rjucls les sciences exactes nesau-
it satisfaire. « Quelle difîerencc,
aii-il( p. i55du i**". t. de ses œuvres
posthumes), lorsque c'est dans ma
libre que je recite le verset du Ps.
i\^antque les mont agnes fussent
, , et que tu eusses formé la
.' et l'unhers, tu es le Dieu fort
d'étermté en éternité ; ou lorsque
c'est sous les voûtes de l'abbaye de
Westminster , que je le redis, envi-
ronné des trophe'es de la mort, éclaire
de ce demi-jour dont la sainte et
faible clarté guide les pas qui foulent
' la poussière des rois I Je l'ai répété
partout et à toutes les époques de
ma vie , jamais sans être profondé-
ment louché : mais à Westminster ,
j'éprouvais , en le prononçant , un
' frisson ineffable , plein d'épouvante
et de douceur. Je sentais la présence
du juge auquel les ailes de V aurore
ne peuvent me dérober; je versais
des larmes , non de douleur , non
' de joie , mais d'une confiance inex-
primable en ce juge. » Ou trouvera
de pareils aveux, tirés du journal de
' Lien Icnberg, dans un article des Ar-
-^ vesliltér. (tom. i , p. 29.8-2,5 1 );
iteur l'y peint d'après lui-même ,
et entremêle ses extraits d'obser-
vations très-fines. Voici quelques
! liions de cette auto-biographie
plus sincère et la plus piquante
qui ait été jamais écrite. « Je me plai-
^ Ziieh'în , •urinteii Jant «ccli^Mattique h 'Z.9\'
'■\à , «Tait ttitmyé J«a peuple* <lu N«rd de
«n-«»iie , p»r de» préciictioti» iViine ^ponv«a-
• trophe qni devait caiiter la ruine pro-
i» grande purtie de ceUe eoairéc.
;iamphleti ila Lichtenberf^ , pitrtnt d«
iiioii , coniribiiérent principalement à
ite turreur p«Ki<iur. On lei lrou»e
i'« daa* la qMatriim* voluM* <U M*
Lie
.^aîs( œuvres, 1,9)1
45i
i ' om-
ment je pourrai», san , içu ,
mettre le f«Mi «pjolquc )>art , ou tuer
telle ou tel le personne. Je cherchais à
m'idcntificr avec un athéc(ib. p. 28),
et j'en jouais le rôle en société, cxer-
citii gratid; j'adoptais parfois celui
d'un homme que les idées d'une su-
perstition puérile tourmentent ; j'ai-
mais à me livrer aux suppositions les
plus téméraires. (Dans ce nombre , il
faut sans doute ranger celte prédic-
tion, p. iGG : « Il deviendra un jour,
sous l'empire des derniers progrès de
notre raiHnemcnt social , aussi ridi-
cule de croire en Dieu , qu'il l'est
maintenant de croire aux spectres).»
tt Je pense qu'il serait instructif d'é-
crire l'histoire d'un professeur de
philosophie ( selon Platon, Locke,
Kant , etc. ) qui demanderait à Dieu ,
avec instance , de créer un homme
d'après l'image de sa psychologie :
il est exaucé , et dès le premier
jour , on est obligé de conduire cette
créature aux petites - maisons. »
« Dans l'enfance des lâlonnemcnts
d'explications pliysiqucs, on avait
recours à l'hypothèse d'esprits dont
on peuplait la nature; l'ame hu-
maine est un reliquat de celte opi-
nion ; c'est le spectre qui hante
encore les ruines de notre habi-
tation corporelle, p. i56. — Il me
semble que le monde entier soit un
appareil uniquement destiné à me
faire sentir mes maux de toutes les
manières possibles, p. 29.5) — «Undes
traits les plus remarquables de moii
caractère , est la manie de voir des
pronostics partout; je lis mon sort
dans le mouvement d'un iasecte. »
«Unelumière,presqucaussitôtélcinte
qu'allumée , m'a fait désespérer de
monvoyaged'Italie,p.'26.»-«J'aiété
souvent douloureusement affecte' de
ii'avoir pu élçfuuer trois fois de
ai;.
45-i Lie
i5uite depuis 'io ans, p. 27.)) — «Lors-
que j'crit'once un clou , je ne puis
ïn'crnpccher de chercher ce qui ar-
rivera jusqu'à ce que ]e le relire. En
novembre, j'attachai à mon lit un
nouveau carton ( i ) : lorsque j'ôtai
le clou j'avais perdu l'un de
mes eiifants , et mon excellent
ami Schernliageri d'Hanovre , ( p.
5 du second volume. ) » Lichleji-
berg était sans doute pre'ocupe' de
l'idée de cette correspondance mu-
tuclie de toute chose avec toute
chose , qui, dans l'esprit d'un Leib-
liitz , produit îe système de l'h r-
monie préétablie, mais qui, dans les
hommes d'une imagination mal gou-
vernée , dégénère en superstition ri-
dicule.-» Que ne puis-je creuser dans
ma tcte des canaux de communica-
tion qui établissent entre mes idées ,
stérilement disséminées par cen -
taines , un commerce intérieur qui
les féconde mutuellement, p. 4^ ! »
«Le chagrin causé parla découverte
d'un défaut en moi , a souvent été
plus que compensé par le plaisir que
me procure l'accroissement de con-
naissances qui en résulte ; tant
l'homme est emporté par le pro-
fesseur.» a- Je ne puis me débarrasser
de l'idée que j'ai passé par la mort
avant de naître , et qu'une seconde
mort doit me rendre à mon ancien
état, p. 16 du second volume. »-«Le
«pinosisme et le déisme conduisent
«n esprit pénétrant nécessairement
au même résultat. Le point de vue du
théiste sert à s'orienter dans la doc-
trine du panthéisme, comme on se
sert quelquefois du coup-d'œil, com-
me moyen de mettre à l'épreuve les
opérations de mesurage les plus
exactes , tome II , page 32. —
(1) Pci.r y itrrro tvf ié(2«xiet]| ,«iTWnd il il«
Lie
« Eulerdit, daas ses lettres à une
» princesse d'Allemagne ( vol. n ,
» page '2'iS ) , qu'il y aurait des
» orages, et que la foudre tombe- 1
)) rail, lors même qu'il n'exisleraiti
» pas d'hommes qu'elle pût écraser.!
» J'avoue qu'il ne m'a jamais étéj
» possible d'attacher un véritable:
» sens à l'opinion reçue qu'Euleri
» exprime ici. Il m'a toujours paru ,
» que la notion d'exister était eiu-
» pruntée à notre activité intellec-i
» tuclle , et qu'en anéantissant les:
» êtres qui sentent et qui pensent
» on anéantit par-là l'exislence eli
» même. Ce que j'éprouve , lorsc
» je réfléchis à cette dépendance n
» tuelle de la pensée humaine et
» l'être eu général , a si peu d'ai
» logie avec les principes qui
)) présidéàla fonnationdu langai
» qu'il m'est impossible de renc
» clairement mes idées là - dessii
» Dieu veuille que je n'en deviei
» pas fou I » ( Pages i3 et i4
second volume. ) « Je crois
» fond de mon ame et par suite
» plus mûres réflexions, que la de
» triiic de l'Evangile est le moyen
» plus sûr et le plus efficace de
» pandre un re[)OS et un bonh(
» durables sur la terre. Combien^
w aurait été facile à un être comi
» Jésus , d'imaginer un système ij
» tionnel qui aurait satisfait les pf
» losophes les plus exigeants I Mi
» des siècles se seraient écouh
» avant qu'il eût été bien compri
» le beau profit qu'en auraient retî
)) les hommes faibles et souffrants
» dans le trouble des passions et î
» l'heure de la mort, sans parler d(
» tout ce qu'en auraient fait les je
» suites de tous les temps et de tou
» tes les nations! ( Ibid. , p. 33. ) >;
En voilà assez sur la lutte pénible
dans laquelle cet esprit vaste et pro
Lie
fond, »c vii cnç;a<;;«' toute $n vif, par
If5 aperçus ilivcr^cuts que lui of-
iit les besoins de la spcVuKitiun
ii\ du cœur, des nerfs malades et
une raison forte, les intérêts de la
science et les méditations du specta-
teur impartial des alfaires humaines.
î^s suites désastreuses de la révolu-
tion française, et les craintes qu'elle
lui inspirait pour T^ivenir de l'Eu-
rope , ne furent pas les moins péni-
bles sujets de ses pensées, vers la (in
de sa vie. La mort ne parait jamais
il ëtc pour Lichtenijer}» , autre
(' qu'un objet de méditation
:al;ue et de curiosité , ou même de
Jesir. « Que n'ai-jc, s'ecrie-l-il ( ibid.
0.8, second volume ) , déjà franchi
a bgne de séparation I Mon Dieu,
'ombicn il me tarde de toucher
m moment où le temps cessera
>our moi d'être le temps, où je
}«rai reçu dans le sein maternel où
e dormais , lorsque le Hcinberg ( i )
tait battu par l'Océan , lorsque
"^picure , César , Lucrèce , écri-
raient, et que Spinosa concevait
'a plus grande pensée qui jamais
oit entrée dans la tête d'un hom-
ncT » Ce vœu fut exaucé le 9.4
?mer 1 •^()9 , après six jours d'une
laladie inflammatoire. La coljcc-
on des œuvres de Lichtenbcrgaété
iihhée , au profit de sa veuve et de
jnatre enfants , par les soins de
'u Irère et de M. Kries, à Gôttingue,
800-1806, 9 vol. in-8<>. Klteren-
!rmc le journal dont nous avons
arlé, et tous les écrits qu'il avait
■s dans les Almanachs et dans
igasinde Gdltingue,a l'excep-
' le deux morceaux (2) un peu
,vO ^loatagn* pr^t (la Gâttingne.
(a) Il •'■|(it««it Ja la manière de Tif^iirar en
i-m» ,,l I, .(,,1 de l'ela ercc; !M V.ia» «criraic
r aoat Uioi , Heré ( Juiioa ) , et
t JélenJu *on orthographe. La tatira
:g, ptaina d'ciuditieu ctdcnjoua*
UC.
i>î
pais, où il avait fait rire Ir 11
allemand aux dc|)ens de l'illu h •
traducteur d'IIomrre, et que les nli-
teurs du recueil n'ont pa» réiin-
juimés par égard pour M. \ ous.
Le premier volume offre son por-
trait. Il avait conçu Tidée de plu-
sieurs romans, entre autres, d'un
ouvrage où il aurait fait figurer,
comme héros , un prince double ,
c'est-à-dire un monstre composé
de deux individus réunis dos-à-dog.
V. son £loge par Ka^stner (Mémoi-
res de l'académie de doitingue ,
1799 , in-4''. ); et sa rie, par un
anonyme, dans le IVecrologe de
Schlichtegroll ( .>/. vol. de la 10*.
année, tome 1 , Gotha , i8o5,
in-ia. ) S-R.
LlCHTENStEÎN (Josepo-Wei^-
CESLAS prince de ) , feld - maréchal
des armées autrichiennes , naquit à
Vienne, le 10 août i6c)C^ : destiné
par sa naissance à la carrière des
armes , il y entra dès l'âge de 18
ans , après avoir fait de bonnes
études j sous un gouverneur fort ins-
truit, et parvint , eu i-jîS , au
grade do colonel ; il justifia cette
laveur , pendant les campagnes de
1733 et 1734 y par des actions
d'éclat , qpie récompensèrent succes-
sivement le brevet de général-major
etcelui de lieutenant-général. Ambas-
sadeur en France, depuis 1738 jus-
qu'en 1 74 1 , il y fit aditirer ses con-
naissances variées-**l'^crir ses quali-
tés aimables. Nomrîrê feld-maréchal,
il alla prendre le commandement de
l'armée d'Italie , en 1746, et rem-
porta une victoire , le 10 juin , à
ment, ét*it intiltilre i De I* ptononciatioo 4#«
nw>tilont da ranrirnne Gti «a, < otnpatea • caU« tl«
laiin n9iiTr4it« fi^rat dra boiJa da l'Blba.rt
poilaitcellr cpicraphe parodier du monnlojl«i« d«
Haralet; To lirh or noi to b<rh, ihai i$ iht
ÇU€sUon (Troi»itnianun»<»'o de la •I»iiw«-ii4« a«
iiaa, cl piiOiur nMH«(e d« la ttaitiènia.)
454
LÎC
Plaisance. Depuis il partagea son
temps entre les affaires diplomatiques
et les fonctions de directeur-général
de l'artillerie, et conduisit avec beau-
coup d'habileté l'élection du roi des
Romains, à Francfort , en 1 764. Le
prince de Lichtcnstein mourut à
Vienne, le 9 février 1772. Marie-
Thérèse, qui le décora de la Toison-
d'or et de la grande croix du nouvel
ordre de son nom, le regardant com-
me un des plus dignes soutiens de son
trônC;, lui confia la direction d'une
école d'artillerie qu'il porta à six ba-
taillons j c'est à lui qu'est dû le per-
fectionnement de cette arme dans
l'armée autrichienne : il dépensa ,
pour cet objet, au-delà de cent mille
c'cus de son propre bien. Cette prm-
cesse lui fit élever un monument en
bronze dans l'arsenal de Vienne. Le
prince de Lichtcnstein aimait les arts;
il est , pour ainsi dire , le créateur
de la belle galerie de tableaux qui
porte son nom, et qui est devenue ,
dans sa famille , comme un fidéi-
commis , ou un majorât. St-t.
LÏCHTWER ( Magnus - Gode-
FROi), né à Wurzen dans le Brande-
bourg, le I fév. 17 19, fit ses études à
Leipzig, et tenta ensuite la fortune à
Dresde ; mais les espérances dont il
«'était flatté ne se réalisant pas , il
prit le bonnet de docteur en droit à
Wittenberg ^n 1744 ? et y fut pro-
fesseur de lo^vgt^e , de philosophie
morale et de jjpioit civil : sa santé
ne pouvant résister aux fatigues de
l'enseignement public , il alla se fixer
à Quedlinbourg , puis à Halberstadt,
où ses amis lui procurèrent un cano-
nicat, et peu de temps après une place
de conseiller à la régence de cette
ville. Il partagea dès-lors tous ses
moments entre les afTaires et l'étude.
Ses Fables^ qui parurent pour la pre-
^lïière fois, non pas en 1740? comme
Lie
le prétend l'abbé Denina , maiseï
1 7 48 , n'obtinrent d'abord qu'un suc '
ces médiocre : la 2®. édition, publié'
en 1 758, fut mieux reçue du public 1
Ramier en donna, trois ans après, un'
édition abrégée et réduite aux 6.i
meilleures fables, avec des corrccj
lions. L'auteur, mécontent de cj
procédé, désavoua ces prétendue!
améliorations, et donna une édiîioj
revue et augmentée de quatre noij
velles fables ( Berlin, 1762, in-8o.|
Les critiques allemands placeul}
aujourd'hui Lichtwer sur la mêrej
ligne que Gellert et Lessing , cons'
dérés comme fabulistes ; s'il leur c
inférieur sous le rapport du goût
du jugement , il les surpasse par
talent de la narration, par des tou
mires plus piquantes et par des ap(
Çus plus philosophiques. Il y a u
traduction libre de ses Fables ,
français, Strasbourg, 1763, in-6
Lichtwer mourut à HaiJjerstadt ,
6 juillet 1 78.3. Son poème du Dr*
wrtfî<7'eZ( Leipzig, 1758, in-4''.
sur lequel il paraissait compter bcc
coup pour sa réputation, n'a [
réussi j c'est un ouvrage médiocre
totalement dépourvu de verve. St
LÏCINIUS (Caius), surnom
Slolo (i) , de l'une des familles
béieunes de Rome les plus c
dcrables , était gendre de M. F
Anibustus, patricien. Ce dernier
marié l'aînée de ses filles à Ser
Sulpicius , noble Romain , tril 1
militaire, l'an de Rome 379. Un j( '
que les deux sœurs s'entretenait
ensemble dans la maison de Sul •
(i) Ce mot latin signifia ordinairement ce! ■
jetons qui sortent <ie8 racines ou qui crois-
ait pieJ des aibies , et qui dérobent une pa «
de la s{ve. Varron, liv. tv, De Re rusli >
rapporte que los soins et l'attention de Lien •
h taire énionder ses arbres , lui fit donner le
nom de Stolo. Pline, Jiv. xvn , prétend qu «
surnom fut affecté à cpnx de la famille Lr »
parce qii'nu Liciniiu arait trouvé l'art debi -
geonuer le» vigntr..
Lie
tins , les licteurs de ce magi.strat ,
I qiii se retirait chez lui , frappèrent k
sa î>orlc avec leurs faisceaux , sui-
: vant la coutume. La jeune Fabia ,
surprise de ce bruit nouveau pour
; elle, ayant témoigne quelque frayeur,
, sa sœur étonnée de son ignorance se
mit à rire, l^es moindres choses font
"'^♦•Iqucfois impression sur l'esprit
iiilc des femmes ; l'ëpousc de Li-
nmiis fut vivement piquée de ce
, sourire, qui lui parut ironique. Il est
pre'sumable aussi que la foule d'offi-
ciers qui accompagnaient le tribun
i militaii^ et qui venaient recevoir ses
ordres , lui fit paraître le mariage de
sa soeur plus considérable que le sien.
Celte femme fière et amltilieuse ne
put supporter cette comparaison
humiliante , qui lui donna du dé-
goût pour son état , et la plongea
dam» une sombre mélancolie. Sou
père et son mari, en ayant connu la
I cause , la consolèrent en lui promet-
tant qu'avant peu elle verrait dans sa
maison les mêmes honneurs. Leur
première démarche , pour parvenir
a ce but, fut de faire nommer tri-
' buns du peuple ( l'an 38 1 de Rome,
C. Licinius et Sextius , jeune plé-
béien , d'un rare mérite , afin qu'à
, l'aide de cette magistrature , ils
{lussent ouvrir aux membres de
eur ordre l'entrée à toutes les au-
♦tps dignités. Les deux tribuns dé-
terenten proposant plusieurs lois
ites favorables au peuple et con-
lires au sénat. La première concer-
it les débiteurs, et portait quon
f ranc lierait de la somme princi-
pale de la dette les intérêts (jui
auraient déjà été pajés , et qu on
irait trois ans pour acquitter le
sle , en trois paiements éf^aux. La
onde défendait à tout particulier
/<•/ qu'il fut , de posséder plus de
oo journaux de terre, et or-
Lie 455
donnait que ce qui te trouverait
excéder cette quantité serait été
aux riches , et distribué à ceux qu
n'avaient aucune propriété. La troi-
sième staiuail qu'on ne nomme-
rait plus à l'avenir de tribuns mi-
litaires ; mais qu'on procéderait ,
comme autrefois , à Vélection tle
consuls , dont un serait nécessaire-
ment tiré du corps des plébéiens. Ces
projets de loi produisirent une vive
sensation p.;rmi les sénateurs. Oa
en voulait a-la-fois à leurs rentes , a
leurs domaines et à leurs dignités ;
aussi employèrent - ils toui leurs
elTorls pour les faire repousser. lU
y pary'inrent en cagnant quelques-
uns des tribuns qui , par leur veto,
arrêtèrent toute délibération. Sex-
tius et Licinius, de leur côté, em-
pêchèrent , l'année suivante , qu'on
n'élût des tribuns militaires et autres
magistratures curules , et ne laissè-
rent nommer que des tribuns da
peuple au nombre desquels ils s»
trouvèrent compris. Cet état d'anar-
chie dura cinq ans, pendant lesquels
Liciîiius et Sextius furent continués
dans le tribunat du peuple, et se
trouvèrent ainsi à la tête de la répu-
blique , puisqu'elle était privée des
charges supérieures. La sixième an-
née, les habitants de Vélitres s'étanl
déclarés contre Rome , et ayant mis
le siège devant Tusculum , il devint
indispensable de lever des troupes
pour les combattre ; alors Liciniiis
et Sextius, réélus tribuns du peuple,
furent forcés de se départir de leur
opposition, et de laisser noduner
des tribuns militaires. Le |)euplc
continua d'accorder ses faveurs a ses
tribuns , et les choisit pendant dix
ans de suite , quoiqu'ils feignissent^
Slusicurs fois, de vouloir s'éloigner
e ces fonctions , sous prétexte que
leur dcvouemenl ii sa cau>« deyenait
456
LÎG
Lld
inutile puisqu'il s'opposait lui-même
aux succès de leurs efibrls. Loin de
renoncer cependant aux premiers
projets qu'ils avaient conçus , ils
mirent , au contraire , une audace
et une perseVe'rance incroyables
à les soutenir , profitant , avec
adresse , de toutes les occasions
qui se présentaient d'enflammer la
haine du peuple contre les patriciens,
et de reproduire leurs lois , qu'ils
"Voulaient faire accepter toutes en-
semble. Ces tentatives furent long-
temps rendues vaines par les menées
des patriciens *. néanmoins l'an 36-^
avant J. C. , les comices acceptèrent
l'une des trois lois qui réglait que
nul citoyen ne pourrait posséder
plus de cinq cents journaux de terre ;
et l'anne'e suivante , ils firent passer
la loi pour décharger les débiteurs
de l'obligation de payer les intérêts
de leurs emprunts , et obtinrent
également que le soin des livres si-
byllins , confie à dei;x commissaires
choisis parmi les patriciens , le se-
rait à l'avenir à dix commissaires
moitié de l'ordre de la noblesse et
moitié de l'ordre des plébéiens. L'a-
doption de cette dernière loi , sur-
tout , leur parut l'annonce prochaine
d'une victoire complète. En effet ,
l'an 365 avant notre ère , les deux
fougueux tribuns , déterminés à vain-
cre ou à périr , appellent les tribus
pour porter leurs suffrages sur le
dernier de leurs projets de loi. Le
dictateur Camille, environné de tout
le sénat, s'oppose envain à la déli-
bération, et veut empêcher qu'on
n'aille aux voix. Sextius et Licinius,
he respectant plus ni les lois , ni la
première dignité de la république ,
envoient un huissier pour le saisir
sur son tribunal. Un bruit et im tu-
multe horrible s'élèvent dans la place,
où tout semble annoncer qu'on va
À
en vêiiit aux mains. Ce fut dans c
circonstances , que le sénat crut de-
voir céder au peuple , en consentant
qu'on piit choisir un consul parmi les
plébéiens. Sextius occupa le premier
Fune des places de consul accordées
à son ordre , l'an 363 avant J, C.
Licinius y parvint deux ans après,
et fut nommé pour la deuxième foii
en36i . Aucun événement remarqua-
ble n'eut lieu pendant son premiei»
consulat, si l'on exceptela cérémonie
du lectisternium (i) ordonnée pou
apaiser les dieux , et qu'on n'avai
vue encore que deux fois depuis 1
fondation de Rome. Sous son deuxi
me consulat, Rome eut à soutenir l
guerre contre les Berniques et 1
Tiburtins , et nomma un dictatev
pour s'opposer aux Gaulois qui s'é*
taient approchés de leur ville : mais
il n'y eut point de combat , les Gau-
lois s'étant retirés , effrayés de l'ac-
tion hardie du jeune ManliusTor-
quatus ( P'^oy. ce nom ). Ce fut l'an
356 avant Jésus-Christ, que C. Lici-
nius Stolofutcondamnéàuneamende
de I o,ooo asses ( environ 6,700 fr. )
pour avoir transgressé l'une des lois
dont il avait été le provocateur , en
possédant jusqu'à mille journaux de
terre , tant en son nom , que sous
celui de son fds qu'il avait fait éman-
ciper pour colorer sa contraventio
Ce jugement d'un homme flétri po
avoir enfreint sa propre loi , par
si extraordinaire aux Romains , qu
tous leurs historiens l'ont rapporté
comme un événement insolite et d'un
exemple pernicieux^ Moréri et le
(1) .Elle consistait en repa» faits dans les tem-
ple» , sur d«§ lits placés pi*-» <l«s aIlt<^J» , et pa-
ie» il? ffciiiHagt! et il'lierbes odoriférantes. Let
statues tl« Jtipiltir et dos antres dieux étaient
également «teuduts sur des lits autour desmé*
mes tabifs, comme si «ll>s» eussent dit pr«ndr4
part an fostin. Pour-les déesses tomme Jimon,
Ivi iiierve, on le» mettait sur des siège» A la ma-
nière des dames romaines j cette po«tut« pa-
Téti«9ait plut décente pour leur suse.
i
nouveau Dictionnaire historique
ont dit que C. Licinius Stolo fut
choisi par lo dictateur Manlius pour
' comuiaiider la cavalerie; c'est une
erreur. Titc-Livc( liv. (> , ^i)) parle
dans le uièinc paragraphe de deux
Licinius, et appelle celui qui fut mis
à Ja tctc de la cavalerie y C. IJcinius
Cal vus. D-z-s.
' LICINIUS ( Flavius Valf.rius
LiciMAWUs ) , empereur, naquit vers
Tan •j()3,dans nu village de Dacic ,
d'une famille de paysans : il fut en-
levé à la charrue pour être conduit à
l'armée , avec les jeunes gens de son
âge , et il parvint assez rapidement
aux premiers emplois militaires. L'af-
fection de l'empereur Galerius , son
compatriote, favorisa beaucoup son
avancement. Licinius se distingua ,
d'aillenrs , dans la guerre contre
Narscs , roi des Perses; et l'on con-
' vient qu'il joignait à beaucoup de
xourage les talents d'un général , et
qu'il savait maintenir la discipline
oans les troupes : mais c'cHait son
seul mérite. Une certaine conformité
d'humeur et de caractère le rendit
de plus en plus cher à Galerius , qui
le déclara auguste , le 1 1 novembre
Sc] , à Carnonte , en présence de
Dioclétien et de Maxiraien , et lui
abandonna la Pannonie et la Rhélie.
Galerius mourant (3i i ) lui recom-
manda son épouse et son fils ; et l'on
< croit que l'intention de ce prince
était de désigner Licinius pour son
successeur. Maximien , craignant
qu'il n'eût fait des dispositions pré'
jndicia})les à ses intérêts , entra aus-
sitôt dans l'Asie miDeure,et s'avança
jusque dans la Bithynic , aux aecla-
; mations des peuples dont il captivait
' la bienveillance par l'abolition des
impôts et la remise des sommes dues
* au fisc. Licinius, sortantjenfiu de l'in-
î acUou ou il était resté juscpi'alors ,
i.io 457
marcha an devant de son ri val; mais
arrivé au Bosphore deThrace, il
conclut le traité que Maximien lui
proposa, et ])ar lequel les deux prin-
ces se cédaient réciproquement les
pro vlnces occupes par leurs trou |>e$.
Ainsi Licinius joignit à ses deux pro-
vinces rillyrie, à laquelle la Thrace,
la Macédoine et la Grèce clairnt
comme annexées. Pour airerrair son
autorité , il rechercha l'alliance de
Constantin , qui lui donna en ma-
riage sa sœur Constantia : la céré-
monie eut lieu à Milan , en 3i3; et
Constantin , voulant que le peuple
prît part à la joie que lui- causait
cette union , rendit , de concert avec
Licinius , un édit favorable aux chré-
tiens. Taudis que les deux princes
étaient retenus à Milan par les fêtes
qui se succédaient , l'ambitieux Maxi-
mien pénètre à l'improviste dans la
Thrace à la tête de soixante-dix mille
hommes ; il s'empare de Byzance ,
après un siège d'onze jours , enlève
Héraclée , et poursuit ses rapides
conquêtes. Licinius , averti enfin du
danger , court à Andrinople , ras-
semble à la hâte quelques troupes ,
et marche au-devant de son ennemi,
moins pour le combattre que pour
arrêter ses progrès. Il rencontre dans
la plaine de Sésène(près d'Héraclée),
Maximien , qui s'avançait plein de
coniiance ; et forcé d'accepter le
combat , il remporte une victoire si
f)eu espérée , que tous les hi.storiens
a regardent comme un prodige. Li-
cinius, étonné lui-même, ne songe»
pas à en profiter : lorsqu'il passa
dans la Bitnynie , Maximien avait
déjà une nouvelle armée. Cepen-
dant le sort le favorisa une se-
conde (ois; et son rival qui comp-
tait peu sur sa clémence , se voyant
abandonné de ses soldats , s'ôta la
vie, Licinius , vaiûqucur , lit mettre
458 Lie
à mort la femme et les enfants de
Maximien , restes en son pouvoir :
la veuve cleGalerius qu'il av?-it for-
cée par ses indignes traitements de
clierclier un asile dans le camp de
sou rival , périt par l'ordre de ce
même Licinius à qui son époux mou-
rant l'avait confiée. L'empire ne re-
connaissait plus que deux maîtres.
Constantin se crut fondé à demander
à Licinius un nouveau partage : mais
celui-ci dont les succès avaient accru
l'ambition , rejeta fièrement celte
demande. Toujours lent dans ses
expéditions, il se laissa prévenir par
Constantin, qui entra dans la Pan-
nonie avec une puissante armée. Un
combat, dont l'issue paraissait de-
voir être décisive , fut donné entre
la DravG et la Save près de Giljalis.
Licinius vaincu s'enfuit à Sirraiura ,
et , ayant fait couper les ponts der-
rière lui pour relarder la marche
de Constantin , il se dirigea sur
Adrianople , et se hâta d'y rassem-
bler de nouvelles forces , résolu de
tenter encore le sort des armes. Un
second combat fut livré près de
Mardio ( 3 1 3 ) ; le résultat en fut
incertain : mais Licinius , qui avait
appris à ne plus compter sur la for-
tune, accepta le traité fort onéreux
que lui offrait Constantin. La paix
fut plus durable qu'on ne devait
l'espérer. Ce fut vers 3^ i , que Li-
cinius commença de persécuter les
chrétiens dont il se croyait haï ; il
défendit aux évèqucs toute commu-
nication entre eux,leur interdit toutes
assemblées publiques ou secrètes, et
chassa de son palais toutes les per-
sonnes qu'il soupçonnait de profes-
ser le christianisme. Il défendit en
même-temps aux femmes d'assister
aux exercices du cul te dans les mêmes
lieux que les hommes ; et la moindre
infraction à ces ordonnances fut pii-
LIC
i
nie de la confiscation des biens
l'exil et de la mort.Constantin avertit
plusieurs fois Licinius d'user de plus
de modération envers les chrétiens :
mais voyant qu'il méprisait ses avis ,
il se décida enfin à prendre leur dé-
fense , et lui déclara la guerre en
3.i3. Licinius vint camper, avec son
armée ^ sur les bords de l'Hébre qui
le séparait de son ennemi; mais Cons-
tantin ayant découvert un gué , tra-
versa le fleuve , et attaqua Licinius.
Celui-ci courut s'enfermer dans By-
zance : il y fut bloqué aussitôt par
terre et par mer ; ne s'y croyant p
en sûreté, il parvint à s'échapper ,
se rendit à Chalcédoine, où Con
tantin le suivit. Une bataille que livr,
Licinius sous les murs de Chryso
polis, acheva la destruction de soQi
armée épuisée par les fatigues ; dt
il s'enfuit à Nicomédie , sans autre
espoir que celui de fléchir son
vainqueur. Constantin lui accordaki
la vie , en le reléguant à Thessa-
lonique ; mais il le fit étrangler
l'année suivante ( 324 )> ^ous le
prétexte qu'il tramait une conspira-
tion. Il annula toutes les ordon-
nances de ce persécuteur et flétrit sa
mémoire. Licinius , habitué dans son
enfance aux travaux de la campagne ,
avait toujours conservé de l'ailéctio
pour les cultivateurs qu'il favori:
en différentes occasions : mais il éta
avare , cruel et livré à la débauch
il baissait tous les hommes instruit
et souvent il condamna des philos^
phes , qui n'avaient d'autre tort q
leur profession , à des supplices r
serves aux esclaves. Les médailles de
ce prince, en moyen et petit bronze ,
sont communes; mais celles en or
sont très-rares. — Licinius (F/mw^
Falerius Licinianus ) , fils du pré-
cédent et de Constantia sœur de
Constantin, naquit en 3
rhrr césav Ip i*""". innrs i^i^, dans
( ville de vSanliquc , et honore
1 consulat par Constantin, qui le
tmma son collègue, en 3 19. Après
1 défaite de son père , il suivit sa
(Te à Ryzancc , et partagea les
ins qu'on donnait aux fi\s de Cons-
ntin ; mais ce prince, alarme des
I ililps qu'annonçait le jeune I^ici-
lus, le fit étrangler en 3*26, et, par
^ crime, assura l'empire à ses deux
Is. Il y a des médailles en or du
tuic Licinius ; elles sont de la plus
landc rareté. W-s.
LICINIUS -CALVUS ( Caius ) ,
t un des plus célèbres oralcurs de son
t inps, naquit l'an de Rome 680(1)
7 \ avant Jesus-Cbrist. Il était fils
de Licinius-Macer , qui avait laisse'
des annales, citées par Titc-Live et
y:\r Denis d'Halicarnasse. Macer fut
cusc d'une action infâme; mais,
, (Tsuadéde son innocence, il sortit
Ml tribunal, pendant que les juges
•l'aient aux opinions ; et ayant mis
"ne robe blanche , il revint sur la
place publique se mêler à la foule
«les citoyens. Un de ses amis lui
nant annonce qu'il venait d'être
ondamnë, il se hâta de retourner
chez lui , et mourut sur-Ie-charap de
douleur. Calvus , par les conseils de
^on père , s'était appliqué à l'étude
de l'éloquence , et il y avait fait de
très -grands progrès. Il était fort
jeune lorsqu'il accusa Vatinius de
s'être rendu coupable de brigue dans
les dernières élections. Il porta deux
fois la parole dans cette occasion, et
avec une telle véhémence, que Vati-
nius , voyant l'effet de ses discours ,
^'écria , en s'adressant aux juges :
« Eh quoi î citoyens , serai - je con-
damné parce que mon accusateur est
' 1 (Mine l'ancien remarque que C«l»ii» *int an
rr r, '- te même jour que C«ctliii« Kufu«, il»«t
Il cl. ttiaee fut ai dilféirate. ( LU. tu, p. 4f- )
l.V
»9
un homme éloquent! » ilrnrru^riurr.t
pour Vatinius , iJ avait des protec-
teurs puissants, et il fut renvoyé ab-
sous. Calms cultivait la poésie avec
non moins de succès. Cicéron parle
d'une satire qu'il avait composée
contre Tigellius Herraogènes ( Lettre
à F ah. G allus, vu, a ^ ) ; et Suétone
a rapporté le commencement d'une
pièce satirique que CaKus avait
faite contre César ( P'ie de César,
ch. XLix ). Ce n'élait pourtant pas
un méchant homme; il était a un
naturel fort gai, et aimait beaucoup
les plaisirs. Il déplora la mort de
Quintilie , sa maîtresse , dans des
élégies , citées par Properce , ( liv.
II, nC^ ); et il fut moissonné lui-même,
à la fleur de l'âge , l'an 44 avant
Jésus-Christ. Cahnis comme orateur
a été diversement apprécié. Cicéron
convient qu'il avait de l'esprit , des
mots heureux , du jugement et beau-
coup d'érudition; mais il lui repro-
che de trop soigner son style , et de
perdre à arrondir ses phrases un
temps qu'il aurait du employer *
porter l'émotion dans l'ame de ses
auditeurs. ( Fojez Brutis , seu de
clans oratoribuSf lxxxii ; epist. ad
Trebonium xi v ,21). Dans le Dialo-
gue sur les orateurs ( i ) , Apcr , uu
des interlocuteurs , admet la vérité
des reproches que Cicéron fait à Cal-
vus ( ch. XXI ) ; mais , Messala , qui
prend la parole après lui, place Gal-
vns comme orateur peu au-dessous
de Cicéron , cl trouve son style plus
plein , plus serré ( ch. xxv ). Sui-
vant Pline le jeune, on s'apercevait
aisément que Gilvus avait pris le»
Grec» pour modèles, et il s'était ap-
proché de Démosthène , plus que
('icéron n'en aurait voulu convenir.
(1; L'atttenr de r.m aieUgU* «•« ••c««a«. «»•
«na l'«Ufiba«atè Tm»!», et datnr«« * Q"'»-
ttilM.
4Ga LIG
Enfin Qulntilien le cite souvent , et
toiijours avec ëloge : « J'en ai vu ,
» dit-il, qui p'eferaient Culvus à tous
î> les orateurs ; et d'autres qui , le
» jugeant d'après les critiques, étaient
» persuadés qu'il n'avait pas de ve'ri-
» table chaleur : quant à moi je
» trouve que son style est grave ,
» châtie' et souvent aussi très-vëhé-
» ment. » ( Institut, orator. x , i )
Nous ne pouvons, malheureusement,
nous faire une opinion des talents
oratoires de Galvus , d'après ses ou-
vrages : de vingt et un discours qu'il
avait composes , il ne reste pas îe
moindre fragment. Comme poète ,
Horace le met a côte de Catulle , et
personne n'oserait re'cuser un pareil
juge. Calvus était lié avec ce dernier
poète ; et nous a vous la preuve de l'in-
timité qui régnait entre eux, dans trois
petites pièces que Catulle lui a adres-
sées. Dans la première , il se plaint
amicalement de ce que Galviis lui
avait envoyé un recueil de mauvais
vers; dans la seconde, il lui témoi-
gne le regret d'avoir vu s'écouler si
rapidement une journée qu'ils avaient
passée ensemble au milieu des plai-
sirs; et dans la troisième, il l'invite
à chercher dans le commerce des
Muses , des consolations au chagrin
que lui causait la mort de la belle
Quinlilie. Catulle fait encore mention
de Calvus dans une épigramme oii il
le nomme Salaputiiis disertus ( i ) ,
par olx l'on apprend qu'il était d'une
petite taille. On trouve quelques^mg^-
ments des poésies de Calvus, dans
les recueils publiés par les Es tienne,
i564,in-8o., parPilhou, i59o,par
Almeloveen, 1686; dans VAppendix
du Pétrone des Farioruin, et enfin
dans le Corpus poétarum, édition de
(1) Oh peut voir l'ezpUcation que M. No«l
donne du mot salaputius dans 8«s acte» sur les
poésies do Caiulls.
LIG
Genève , ou dans la belle édition dt
Maittaire. Funck a réuni des détails
intéressants sur Calvus, dans son
ouvrage De viiili œtate linguce la-
tinœ, W-s.
LICINIUS-TEGULA (PuBLius),
poète latin , fiorissait l'an de Rome
55'2 , deux siècles avant J. G. Tite-
liivc rapporte que cette année diffé-
rents prodiges ayant jeté l'effroi dans
Rome, les décemvirs , après avoir
consulté les livres des sibylles, or-
donnèrent une fête expiatoire. Li-
ciniiis composa pour cette cérémonie
une hymne qui fut chantée par trois
chœurs de jeunes filles , chargées
de porter les offrandes au temple de
Junon , invoquée sous le nom de
reine (Liv. xxxi , ch. \i). On croit
que ce poète est le même que Lici-
Nius Lmbrex ; et la ressemblance de
leurs stirnoms ( i ) semble autoriser
cette conjecture. Aulu-Gelle cite une
comédie de ce poète intitulée: Aerea^
et il en rapporte deux vers, les seuls
qu'on ait de [ni{Noct. attic. lib. xiii,
cap. 9 ). H paraît qu'il jouissait, de
son temps, d'une très-grande répu-
tation. Vulcatius Sedigitius, dans un
fragment que nous a conservé Aulu-
Gelle ( Lib. XV, cap. 24 ), lui assigne
le quatrième rang parmi les poètes
dramatiques :
Si quid quart» detiir, dabitnr Licinlo.
Ainsi il lui donne la préférence non-
seulement sur Attilius et Ennius ,
mais encore sur Turpilius et Térence.
Quels regrets ne doit donc pas exci-
ter la perte ^d ses ouvrages! W-s.
LIGïNIUS DE SAINTE -SCO-
LASTIQUE. Fofez YiRBov.
LIGIO (Robert de) r.GARAcciou.
> ' ~
(i) Te;^ula «t iti'brex sont deux mots synony-
me! , et qui df^îsignent un habillement onfr-
la pluie. Mais Tite-Live doune à Tegtila le «ur-
nom de PubUus, et Fausius nomme tmorex,
Caïuf;de sorte quil deriftiit impossible d«détet-
ciiutr t'ï c'est le mime perjonuags.
I
LID
MDKN (Ji:a?i-Henri), litlcra-
Icur suédois , vivait an milieu du
dmiier siècle. Une forliiue asser.
cou.si<lerablc lui donna le movcn de
parro(»rir rAllema^nc , la France ,
rAu^IcleiTc et l'Italie. Revenu eu
Suède , il fut frappe , à la fleur de
50U âj;e , d'une paralysie qui lui
ôta enlièreinent rusaf;e de ses mem-
bres , et le réduisit à un e'ial de souf-
france cantinuel. Il n'en conserva
pas moins une grande activité d'es-
prit , rassembla une bibliothèqic
considérable , cl dicta plusieurs ou-
' vrages , résultats des recherches
! qu'il faisait faire sous ses yeux. On
a de lui une Histoire des poètes sué-
dois , et des poètes latins nés en
Suède , pbisieurs Mémoires histo-
riques et littéraires , et une éditicm
du Journal de la diète de i (iSi ^
par Diiros , précédée d'une Intro-
duction relative aux événements de
celte diète, qui changea entièrement
la constitution de la Suède , et fit
obtenir à Charles XI un pouvoir
illimité. Liden mourut à Norkoe-
ping , lieu de sa naissance , après
avoir disposé de sa bibliothèque et
d'une partie de sa fortune , en fa-
▼cur de l'université d'Upsal. C-AU.
LIDNER ( Bengt ) , poète sué-
dois , mort à l'âge de trente-quatre
ans, le 4 )i*»vier 1793, avait résidé
quelque temps à Paris, et s'était fdt
connaître de l'ambassadeur de Suèilc,
le comte de Gentz, qui lui doima des
encouragements et des conseils utiles.
Il aurait pu fournir une carrière
brillante; mais des moeurs peu
réglées , et une fougue de carac-
tère, qu'il ne put jamais domp-
ter, nuisirent à sa fortune, lui at-
tirèrent des chagrins, et abrégèrent
ses jours II a composé plusieurs poè-
nies , qui décèlent une imagination
f ^rte et kardic . ime amc profonde-
LIE
|(M
ment sensible , mais aiii pèrhetit
p-ir le plan, et dont plusieurs dclailj
sont contraires au bon grult. Non$
inditpierons : I. lA //!/><-<• 1783,011 le
poète chante la rév(»lution d'Améri-
que , le siège de Gibraltar , la sup-
pression des couvents par Jose|)hIi ,
la découverte des ballons aérostati-
que. II. La Comtesse Spastara,^^\v:{^.
d'œuvrc de l'auteur, où il peint avec
l'abandon le plus touchant et l'élo-
quence la plus pathétique le sort
de cette femme intéressante, qui fut
victime de l'amour maternel pendant
le tremblement de terre de la Cala-
bre. L'édition complète des œuvre»
de Lidner a paru à Stockholm , ca
1789. 1 vol. in-H*». C-AU.
LÏEBAULT ( Jean ) , méderin et
agronome, né à Dijon dans le sei-
zième siècle, vint fort jeune à Paris,
et , après avoir suivi quelque temps
les cours du savant L. Durct , prit
ses grades en médecine. Il pratiqua
son art avec bcaucouj) de succès , et
se conciUa cependant l'amitié de ses
confrères. Ayant épousé Nicole ( i ) ,
fille de Ch. Estiennc, fameux impri-
meur, qui le préféra à Jacques Gre-
vin , il compléta le Théâtre d'ugri-
cidture de son beau - père , et le
traduisit en français. Cette spécula-
tion ne put qu'être très-avantageuse
à Liébault; mais le revers de fortune
qu'éprouva Charles Estie/me, rejaillit
sur lui : il ])assa sa vie dans un éliil
voisin de l'indigence , et mourut le
9. 1 juin 1 5()f),à Paris, sur une pierre
où il avait été contraint de s'asseoir
dans la rue Gervais-Laurent. ( f^ojez
(1) A r<«ri N cols bina* «a, < - t<^«
Lacrois «l4t M^in* . «qu'aucun 't y'«
n'avait «lé imprimr. On trourc < r •>.<
le C4lalof<ia Je U llibl. <Im Koi .- /.rj M.>ejtt
de lu Jemme mari^f , mise$ en f-rm« é€
//a/X-^f f«r Mail4me Lt>ii 41 ir, Piiii.,P. AIe«-
niwr.lii-fi".; ti Ji.l> l*
B«)l« ) ,«u cÏM, J >n
d IIoli«iiUurtt , uae . ,;,
462
LIE
L'Estoile,3fe7/i. de ffennlF.)On a
lui : I. L'agriculture et maison
rustique de Charles Estienne , pa-
rachevée premièrement , puis aug-
mentée par Jean Liébault , Paris ,
1570 , in-4". (O- Cet ouvrage est
divisé en sept livres , qui traitent
de la ferme et de ses dépendances j
des jardins à fleurs et parterres ;
des vercers ; des prés et prai -
I
ries
vergers j
; des terres
labourables ; des
vignes ; et enfin des garennes et des
oiseaux. Il s'en fit une foule d'édi-
tions successivement augmentées et
perfectionnées {'2)'^ et cet ouvrage a
servi de modèle à toutes les compo-
sitions françaises du même genre.
( Foyez Liger. ) II. Quatre livres
des secrets de médecine et de la
vhilosophie chymique , èsquels sont
décrits plusieurs remèdes singuliers
pour toutes maladies, etc. , traduits
du latin ( de Gasp. Wolf ) , Paris ,
1573, 1579, i58si, in-S*». ; Lyon,
iSgS ; Rouen , i6'i8, i645, même
format. Les dernières éditions sont
encore recherchées. III. Thésaurus
sanitatis paratufacilis , selectusex
'variis auctoribus, etc. , Paris, ï ^77,
in- 16 ; seconde édition revue et aug-
mentée, par A. Scribonius , Franc-
fort, 1578, in-S''. IV. Scholia
m Jac. Hallerii connnentaria in
libr. VII Aphorismorum Hippo -
Gratis , Paris , 1 679 , 1 583 , in-8'^. ;
il y a plusieurs autres éditions. V. De
sanitate , fœcujiditate et morbis mu-
lierum, ibid. i582 , in-8^\ , traduit
(i) La trad. Je V^gricitlture , etc., avait paru
di's i56.i, année de la mort <Ie Cli- Estir-nne; et
elle avait eu plusieurs éditions avant 1670. Mais
ceUe de cette année est meilleure qn« les prect
dentés , quoiqu'elle contienne beaucoup d'absur-
dité». ( V/)y. la Bibliogr. agronom. n". a5.)
(2) L'édition de Lunévill^, iS-;, in-8». , fui
augmentés par Tiiebault , d'un Bfrf recueil des
chasses du cerf y du sanglUr , du Viè-re, du
renard^ du blaireau, du cor: il et du loup.hn
Chasse au loup avait déjà paru dan» l'éditioa de
1S66. ^f^oyet Ci.iLMoivoAir.)
LIE
en français : Trois livres de la santé,
Jécondité et maladies des fem*^
mes , Paris , même année , in-8*^. :
ce livre n'est point une traduction
de celui de Marinello , comme on l'a
prétendu ; mais il n'est pas extraor-
dinaire que Liébault se soit souvent
rencontré avec le médecin italien ,
puisqu'il traitait le même sujet. Le
traducteur français de l'ouvrage de
Liébault , en a retranché plusieurs
détails que la décence ne permet pas
d'exprimer en notre langue. En 1er
minant cet ouvrage , Liébault en
promettait un autre, qui n'a pas vu
le jour , Sur la manière de noun
et élever les enfants ( Joly , Re
sur le Dictionnaire de Bayle ). V
De cosmeticd seu ornât u et décor
tione , etc. , Paris , 1 58^ , in-8o.
traduit eu français , sous ce titr
Trois livres de V embellissement
ornement du coiys humain, ibii
i58.i , in-S*'. ; la traduction est rc
cherchée des curieux. Duverdier atf
Iribue encore à Liébault : Le trésm{
et remède de la 'vraie guéris on de i
peste , avec plusieurs déclaraiioi
dont elle procède , Lyon, i54v^
in-8**. ; et Bayle : De prœcaven
curandisque venenis. W-s.
LIEBE ( Ghristian-Sigismondj
savant numismate, né en 1687,
Frauenstein , petite ville de la Ml
nie, commença ses études à F
berg , où son oncle Thomas Li(
était recteur, et alla fréquenter
suite les cours de l'académie de Leij
zig ; il y reçut le doctorat , en 1 7 1 41
et publia, à ce sujet , une dissertation '
De Romd Babjlone ex nununis
Il prit , en 1 7 1 7, ses degrés en théo
logie , et fut nommé au double eml
ploi de prédicateur à l'église St.-Paalj
et de bibliothécaire adjoint de l'acaj
demie. Le duc de Saxe-Gotha lui fi ;
offrir uû traitement honorable ; e
ME
tn I7'2î , il visita , par ort\re de ce
priiuT , les Pay-B.ts , rAi»j»ielcrrc
et la Fraïue, pour acheter (le.s livres
rares cl des médailles. De retour à
Gotha, il l'ut noniinc à la place de
conservateur du cabinet des antitpies,
Tarante par la mortde Chr.Sclilegel,
lia remplit d'une manière très-
in«;Mee. 11 mourut d'une maladie
uisemeut , causée par l'excès du
.ùl , le 7 avril 173G, âgé seulc-
t de quarante - neuf ans. LieLe
r brancoup d'esprit; il écrivait
uice en latin et en allemand:
: la poésie , et il a publié ,
'50US le titre de Canninajuveuilia,
lin recmil d'élégies , dont quelques-
^ rappellent la douceur et la sen-
. iiité de Tibulle. On a de lui : I.
l-u'ina Bahylon ex nummis adversàs
Hardidnuin y Leipzig, 1714,
I \ ; nouvelle édition sous ce titre:
nmi Ludovici XII G ail. régis
raphe : Perdam Babylonis no-
^ vel PERDAM Babylonem , insî-
i , illustrati ac contra Hardui ■>
num defensi , ibid. 17 17 , in - 8".
Il y soutient , contre le P. Hardouin,
que ces médailles turent frappées par
niilre de Louis XII , eu i5r2 ,
lant la guerre avec le pape
0 ios II ; et que Rome y est désignée
1 ir le nom de Babylone : mais il ne
tend pas , comme d'autres écri-
is , eu tirer la conséquence que
I I ui était favorable aux. principes
1' la réforme , puisqu'elles sont an-
! -ures de plusieurs années au sys-
i'' de Luther. IL Epistola ad D.
tnonem Dejling ijud consilium
lovd Bibliothecàlut/ierand cons-
ndd aperit, ibid., i7iG,in-8°.
De pseudonomid J. Calvini ,
^lerdam, i7'23,in-8°. L'auteur
iscule ce que Bayle, Baillet et
I es ont écrit à cet égard. lY. Les
' -tii des principaux Oieologiens ré-
MË
463
formes et cathtUiijucs , qui assis»
tirent , en 1 13o , à l assemblée
d'.'Iugsbourg , Gotha , 17'Jo. Gel
ouvrage est écrit en allemand, ainsi
que le suivant : V. ^ie abrégée de
J/enri l'illustre f Altenhourg, 1731.
VI. Gotha mimmaiia sistens The-
sauri Fiidericiani numismata anti^
ijua , ed ratione descripta , ut gê-
nerait eorum notitiœ singularia
suhjimgantnr ; accedunt ex /tmlr.
Monllii specimine univers, rei nuni-
mariœ antiquœ excerpta ; et Epis^
tolœ très Ez. Spanhemii quibus fa-
riores ejusdem The sauri numnii il-
lustrantur, cuni iconibuSy Amsterd.
1730 , in-fol. C'est le plus connu de
tous les ouvrages de Liebe : il cou •
tient, comme on voit , la description
des médailles du cabinet du dur de
Saxe-Gotha , et différentes pièces in-
téressantes pour la science numisma-
tique. L'auteur se plaint dans la pré-
face d'avoir été obligé de faire paraî-
tre son travail avant de l'avoir revu
avec assez d'attention ; et il promet
de réparer les fautes qui lui seraient
échappées, dans une seconde édilior,
qu'il n'eut pas le loisir de préparer.
Il travaillait dans le même temps à
une édition des Césars de Julien; et
son manuscrit passa , après sa mort ,
à Jean-Michel Heusinger, qui publia
cet ouvrage , Gotha , I73t>, in-8**.
Enfin , Liebe a été , pendant trente
ans, l'un des collaborateurs des ^cta
eruditor. Lipsensium , et il y a in-
séré un grand nombre d'extraits et
d'analyses très-bien faites. W-s.
LIÊBERKLHN ( Jea5-Natua-
NAEL ) , anatomi&te , né à Berlin le
5 septembre 171 1 , après avoir fait
de bonnes éludes , se fit recevoir
docteur en médecine à Leyde, et re-
vint à Berlin , où il fut admis dans
le collège des médecins. 11 se livra
p«rticidièr«aieDt à l'étud« de l'a-
464 LIE
natomie. Entre autres recliercîies ,
il tacha de constater par des expe'-
riencc'^ faites sur des chiens, dont il
ouvrait le thorax sous l'eau, qu'il
n'existe pas d'air entre la plèvre et
le poumon. Personne n'a peut-être
déployé autant d'habileté que lui,
dans l'art de préparer et d'injeeter
les diverses parties du corps humain,
lia porté ses observations microsco-
piques au plus haut degré de perfec-
tion ; et il a surtout complètement
réussi à démontrer la structure vas-
culaire de tous nos organes , jus-
qu'aux ramifications les plus tenues.
Il fit exécuter un microscope solaire,
perfectionné , qui lui servit à démon-
trer aux yeux , la circulation du
sang , et qui ouvrit la voie à un plus
grand nombre de découvertes. Il de-
vint membre de la société royale de
Berlin , de celle de Londres , de l'a-
cadémie des curieux de la nature; et
il mourut le 7 décembre 1756, lais-
sant un cabinet anatomique compo-
sé de phis de quatre cents pièces très-
bien préparées. Les plus belles ont
été achetées par le professeur Bereis
( F. Bereis ). On a de Lieberkuhn,
plusieurs Mémoires qui sont insérés
dans le recueil de l'académie de
Berlin, et deux Dissertations impri-
mées à Leyde , la première ayant
pour titre , Disputatio de valvuld
coli, 1739, in^"*. , et la deuxième,
Dissertatio de fahricd et actione
villorum inteslinorum teiiuium ho-
minis, 1744^ in-4°. C'est surtout
dans cette dissertation que l'auteur a
fait preuve du plus rare talent dans
Tart des injections. P. et L.
LIEBKNEGHï ( Jean George ) ,
mathématicien et antiquaire , na-
quit à Wassungen , dans le land-
graviat de Hesse, vers 1680 : après
avoir terminé ses études classiques,
il prit ses grades en théologie j
LIE
mais il préféra aux fonctions du
pastorat celles de l'enseignemeut ,
et fut nommé , en 1 7 i o , professeur
de mathématiques à l'académie de
Giessen. Il s'acquitta de cet emploi
d'une manière distinguée, et encou-
ragea surtout la culture de l'astro-
nomie , science alors assez négligée.
En 17'23 , il crut découvrir une nou-
velle étoile dans la grande Ourse , cl
il la nomma sidiis Ludovlcianum, ci:
l'honneur du prince Louis de Hesse-
Darmstadt,son souverain. "Weidler i.
publié des réflexions (Comme«/«fto
sur cette étoile. (Voy. la Biblingi
astronomique, p. 877. )Liebknec"
après une vie entièrement pas:
dans des travaux utiles , mourut
Giessen^ le 17 septembre l'J'^g
était membre des sociétés royales
Londres , de Berlin , de la soci
des curieux de la nature, et de l'a
demie de Pélersbourg. On citera
lui : I. Elementa geographiœ ge
ralisy Francfort, 171*2, in-8°. G
un ouvrage destiné à ses élèves :
partie mathématique et astronomique
est assez estimable ; mais les autre;
sont traitées trop superficiellement
II. Dissertatio cosmographica di
harmonid corporum mundi tota
liiim y^ novd ratione in numeri.
perjectis generatim defmitd , Gies
sen , 17 18, in-4°. lïl. Luculœ h(^
realis die'iônowembr. 1 7 10, Giesi
Hassorum ohservatœ ; dans les Ai
enulitor. Lips. ann. 1 7 1 1 , p. 3î
IV. Jccurata Descriptio Luci
horealis in observatorio Giessœ
februar. et i inartis 1721 obsi
vatœ , ibid. ann. 1724, p. i
avec une planche. V. Mira met
morphoùs ligiii in mineram fi
per expérimenta comprobat a, ihil
ann. 1710, p. 4^5. VI. Viscursu.
de Diluvio maximo , occasione in
venti nuper in comitatu Laubacens
Ï.IR
f ex mird mrlnmorpfiosi in mine-
mt f.rri nuilutl ligtli , CUm obsCV-
HiciSytic. Accessit
>.i,lfusii de terra sigil-
lœnsi , Francfort , 1 70.^ ,
; Mussen , i7i.>> l'i
•80. licl).
it y rend compte de la de-
rte d'un morceau de bois
alise, trouve à une profondeur
vautc-<lou/.e pietls , en creusant
ils près de Laubach ; il en tire
1 net ions en faveur de la ve'rité
• luge universel , opinion que
Iward et Sclieuchzer ( /^. ces
^ ) avaient déjà établie et sou-
par des preuves du même
. VI ï. De nonnullis bracteatis
V Ilassiacis ; deque istorum
/ locis ftheno et Franconiœ vi-
ibus, Dissertatio epistolica ad
I. Schmid , abbatem Mariœ
n em cum ejusdem responso.
^tadt, 1716, m-4". Celte dis-
lion est fort curieuse. VIII. Gb-
it iories de antiqidtaiibus qid-
im Solmensibus , f^eteraviam
rraneam illiistrantibus , dans
' taeriid. Lipsens. , ann. 1727,
373, avec une planche. Il y
nce son projet de publier l'his-
minéralogique de la Hesse ;
ige dont il était occupé depuis
rurs années. IX. Hassiœ siib-
ifieœ spécimen, clarissima testi-
i(i diliivii univers ali s , h'c et in
vicinioribus occurrentia , ex
'ici re^no, minerali, vegetabili,
ninerali petit a , figurisque
^ exposita, etc. Gicssen, 1730,
. Cet ouvrage est très-intéres-
; on en trouve une analyse assez
inlue dans les Acta eruditor.{Prc-
r supplément, tora. x. )X. Bina
l'Mzabetharum , veluti illus-
imariim sœc. \ii et xiii testium
uitis evangelicœ in Hassid.me-
LU y momimentis ac numis de-
X5HV.
ME 465
e/rtrrtfrt. Gicssen , i7i<), in-4". Ou
a encore «le liiebknerht un grand
nombre de Dissertations insérées
dans les mémoires ^des différentes
académies dont il était membre.
Gab. Guill. Goctten a publié la Fie
de ce savant professeur dans la
Gelehrte lùiropa , ]yairt, 11". W-».
LIEBLE ( Pu I Li PPE-Louis ), bé-
nédictin , né à Paris, en 1784 , fit
profession, le 'i8 octobre 1752,
dans Tabbaye de St. Faron de
Meaux. En 1 n6^ il remporta le prix
proposé par ratadémic des inscrip*
tions et belles-lettres. II était biblio-
thécaire de l'abbaye de Sainl-Ger-
main-des-Prés ; et après la destruc-
tion des couvents, il resta à son poste
jusqu'à l'incendie du ui août 17^4»
qui dévora l'établissement confié à
ses soins. Lieble y perdit le maiius-
crit d'un ouvrage sur les Gaules du
moyen dge, qui lui avait coûté trente
ans de travail. Il était sans fortune ;
et la Convention le comprit parmi
les gens de lettres à qui elle accorda
des secours en 1 795. Il est mort à
Paris, à la fin de 181 3. Les béné-
dictins envoyèrent aux derniers édi-
teurs d'Alcuin (V. Alcuin, 1, 4^7» et
FoRSTER,XV,28i ) les notes qu'ils
avaient recueillies relativement k
cet auteur : elles étaient principale-
ment le travail de D. Lieble. Le
même service fut rendu à Cliiniac
de la Bastide, pour son édition des
Capitulait es de Baluze ( V. Baluze
III, 297 ) ; et Lieble a encore ici sa
part à réclamer. Il a aussi coopéré au
Dictionnaite raisonné de diploma-
tique de son confrère D. de Vaines ,
et a donné, en outre : I. Observa-
tions sur les deux litres adressées
à un supérieur général à l'occasion
de la reformedes réguliers. II. Suite
des Observations. lïl. Mémoire {tl
non Dissertation) sur Us limites de
4^ LIE
l'empire de Charlemagne , 1765,
in- 19.. C'est le mémoire qui avait
remporté le prix en 1764. IV. jYou-
"velle Rhétorique française à V usage
des jeunes personnes de l'un et de
Vautre sexe avec des exemples tirés
des meilleurs auteurs latins et
français , i8o3, in- 12. A. B-t.
LIENHARÏ ( George ), abbë
de Roggenburgh , ordre de Prémon-
tre', et, en cette qualité, prélat du
collège impérial des abbés deSouabe,
naquit en 1717,3 Uberliughen ,
d'une famille sénatoriale. Il fit pro-
fession en 1741 , et, après avoir en-
seigné la philosophie et la théologie,
occupa différents offices, et fut élu
abbé en 1753. Il favorisa et en-
couragea les études , maintint la
discipline régulière, se fit aimer
des siens , et honorer du public par
ses vertus. Il a laissé différents ou-
vrages , dont les principaux sont : I.
JSxhortator domesticus religiosam,
animam ad perfectionem excitans,
II. Ephemerides hagiologicœ ordi-
nis Prœmonstratensis f Augsbourg ,
1764. L'auteur y donna un Supplé-
ment, en 1767. III. Des Sermons,
des Panégyriques , des Oraisons
funèbres et autres Discours d'appa-
rat. IW.Spiritus litterarius Norber-
tinus à scabiosis Casimiri Oudini
calumniis vindicatus, seu Syïloge w-
ros ex ordine prœmonstratensi scrip-
tis et doctrine célèbres necnon eo-
rumdem vit as, res gestas , opéra
et scripta tum édita tum inedita
perspicuè exhibens , Augsbourg ,
i77i,in-4°. On voit, par le titre de
cet ouvrage , que le but de Lienhart
n'est pas seulement de donner un
catalogue d'écrivains de son ordre.
Casimir Oudin, prémontré de l'ob-
servance réformée , après avoir
quitté l'habit de sa profession, et
abjuré la religion catholique en Hol-
LIE
lande , avait ajouté l'outrage à ;
défection : il avait insulté, dans s*
écrits , Golbert , son abbé-généra
qui pourtant avait été son Méccn
Il imputait une profonde ignorani
et l'abandon des bonnes études,
une société dans laquelle il avait é
nourri, et où lui-même avait pui;
ce qu'il avait de connaissances. Ce
pour répondre à ces calomnies , q-
l'abbé de Roggenburgh prit
plume. Il ne se borna point à iv
liste, ni à de simples récits et à ui
nomenclature; plusieurs Disserti
lions critiques, presque toutes d
rigées contre Oudin, forment ui
partie notable du Spiritus litter
rius. On y trouve aussi l'hisloi
de beaucoup de chroniqueurs, (
biographes, numismates et généal
gistes,etc. L'auteur mourut en 1 78
L-y.
LIEOU-PANG, empereur cl
nois , chef et fondateur de la dyna
tie des Han, né vers Tan aSo, avai
l'ère chrétienne , dans le Kian
nan , était chef du village de Pe
Un jour qu'il conduisait des ci
minels à la montagne de Léchai
lieu d'exil déterminé par l'empereu
plusieurs d'entre eux parvinrent
s'échapper. «Si cela continue^ dit-i
» je serai bientôt tout seul. » Lor;
qu'il fut arrivé à l'ouest du pays
Furg , il chercha à dissiper ses
quiétudes en buvant quelques vei
de vin j puis il commanda aux
des de délier les criminels qui
talent, et les renvoya, en leurdisj
« Vous n'êtes pas de pire condif
que ceux qui se sont sauvés; p^
quoi vous retenir? Allez, retirez-voi
de votre côté , et moi du mien.
Il y en eut quelques-uns qui s'éloj
gnèrent , mais les plus détermine,
ne voulurent point l'abandonner j <
Lieou-pang les emmena dans 1<
LIE
montagnes Maiig - cban et T.ing«
n, où il se proposait de rester
c,'pour se detolier au\ poiirsiii-
• liroii ne pouvait manquer de
or eonirc lui. Cependant legow-
<'ur, ne voyant pas revenir liieou-
; , et redoutant les cil'ets de la
rtî de l'empereur £ui-chi , se
la à entrer dans Je parti de
iii-chinç, son rival : il rappela
les exiles en leur promettant
tjràce et des emplois ; et il en-
chercher Licou-pan^!; , dans les
îagncs. Mais lorsqu'il le sut
0 près de la ville, il en fit fer-
les portes , et ne voulut plus le,
parce qu'il craignait sa trop
; opularitë. Lieou-pang , ir-
le ce manque de foi, écrivit une
t sur une pièce de soie blanche^
lyant attachée à une flèche ,1a
1 par-dessus les remparts. La
iielle l'ayant lue la'communiqua
1 sieurs habitants. Ceux-ci cou-
>ur le champ aux armes, for-
la maison du gouverneur, le
' , et ouvrent les portes de la
.1 Lieou-pang, qui est proclame'
e de Pev. 11 profita habile-
! des troubles qui agitaient l'em-
. et du mécontentement presque
al des peuples, pour se faire
) artisans. Il joignit successive-
i ses troupes à celles des diiïe-
> chefs de révolte , et parvint
il>lir une telle discipline dans
irmce, qu'elle ne causait pas
I oindre désordre, même dans
vdles dont elle s'emparait de
force. Lorsqu'Eul-chi fut mort,
inier prince de la famille des
11, prévoyant qu'il ne pourrait
e maintenir sur le trône, et
|)tantsur la générosité de Lieou-
, , vint lui offrir les marques de
K;nilé impériale, à son passage
chi-^ao ( Tan :io6 ayant l'ère
ME HGj
chrctteiine ). Lieou - panjj r»»rtit le
j>rince avec bonté, inipo
aux courtisans qui lui rm
de le faire mourir, et prit U route
de Hien-yang, capitale de l'empire ,
3u'il abandonna au pillage, en or-
onn.int toutefois d'énargncr la vie
des habitants. 11 alla loger au palais
irn|>ériai ; et tandis que les autres ofli-
ciers s'emparaient des bijoux et des
autres objets précieux qu'ils trou-
vaient dans les maisons abandonnées ,
il s'assura des registres pour l'his-
toire, des cartes géographiques, et
de ce qu'on peut nommer les archi-
ves du gouvernement. La beauté du
palais le séduisit au point qu'il ne
voulait plus en sortir: mais les con-
seils du sage Tchang- leang, Tarra-
chèrcnt à cette vie oisive ; et il se
rendit avec son armée à Pa-chang ,
où il réunit les vieillards les plus con-
sidérables, pour leur faire part des in-
tentions qu'il avait pour le bonheur
du pays. Bientôt après , il reçut la
nouvelle que Hiang-yu , le premier
des généraux de l'empereur Y-ty ,
s'avançait pour lui disputer la pos-
session du trône : il dépêcha un
homme de confiance près du général
fiour lui demander un accord; mais
liang-yu le renvoya avec ces mots:
«Dites à votre maître, que je suis son
ennemi, et qu'il me trouvera partout
sur son chemin, avec une armée de
quatre cent mille hommes. » Lieou-
pang prit le parti de se rendre lui-
même au camp de Hiang-yu , pour
lui faire des propositions de paix;
mais voyant que sa vie éUiit. mena-
cée, il regagna Pa-chang pendant U
nuit. Hiang-yu furieux d'avoir laisse
échapper cette occasion de faire pé-
rir le seul concurrent qu'il eût à re-
douter, livra au pillage la ville de
Hien-yang, capitale du pays, et en
lit massacrer tous les habitants. Il
3o-
468 LIE
partagea ensuite l'empire à ses lieu-
tenants; mais il n'osa pas exclure
du partage Lieou-pang , et il con-
sentit à lui laisser les provinces
dont il e'tait en possession , sous le
titre de royaume de Han. Lieou
pang , quoique mécontent d'un par-
tage fait sans qu'il eût e'te' consulte',
accepta les conditions de Hiang-yu,
par le conseil de Siao-ho, qu'il
nomma son premier ministre. Ce fut
ce sage conseiller qui retint à son
service Han-sin, officier d'un rare
me'rite , dont Lieou-pang avait mé-
connu les talents, et qui contribua
plus que personne à lui assurer l'em-
pire. Cependant la sagesse de Lieou-
pang continuait à lui gagner l'affec-
tion des peuples : il lui avait suffi
de se présenter en armes sur leurs
frontières , pour obliger les princes
voisins à se reconnaître ses tributai-
res jet d'autres plus éloignes , d'après
sa réputation, lui avaient envoyé
offrir leurs états et leurs personnes.
Il s'attachait ses officiers par sa li-
béralité j et il maintenait une exacte
discipline dans son armée, qui pre-
nait chaque jour un nouvel accrois-
sement. Enfin Lieou-pang n'atten-
dait plus qu'une occasion favorable
pour attaquer Hiang-yu : elle ne
tarda pas à se présenter. Ce général,
après avoir cliassé du trône l'empe-
reur Y-ti , son maître , le fît assas-
siner. Lieou-pang, à cette nouvelle,
fit prendre des habits de deuil à
toute sa cour, et déclara qu'il ne
poserait pas les armes , avant d'avoir
puni le meurtrier de son souverain.
La guerre fut longue et sanglante;
tuais elle se termina enfin par la
mort de Hiang-yu , qui se tua lui-
même pour échapper à son rival
( l'an 101 avant l'ère chrétienne ).
Lieou-pang fut aussitôt proclamé
empereur* Il ordanna des obsèques
LIE
magnifiques pour Hiang-yu , et crr
prince son père , sous le titre d
Hiang-pé; il récompensa magnifi
quement tous ses officiers, 'et cl
va au rang de princes les trois ^
néraux qui lui avaient rendu !
plus de services dans la deniici
guerre. Il accorda une amnistie gt
nérale à tous ceux qui avaient por
les armes contre lui , et une enliè
remise de leurs peines, même ai
criminels qui avaient mérité la moî
voulant, disait-il, que tout le raoïK
participât aux avantages que la pa
devait ramener. Il abandonna ;
peuple tout ce qui restait dû sur l
anciens tributs, exempta les ma
chandises de tout droit, et décla
qu'il ne serait levé aucun impo
avant que les laboureurs fussent
état de le payer sans se gêner. T
règne commencé sous de tels aus]
ces, semblait devoir être heurei
mais le nouvel empereur était d'
caractère violent et emporté: ri
ne l'obligeant plus à se contraiud
il fit périr successivement les ti
généraux auxquels il devait la ce
ronne , dans la crainte qu'ils ne s(
geassent à la lui ravir. La premi»
victime de ses injustes soupçons
le brave et malheureux Han- s
Après l'avoir dépouillé du titre
roi , et retenu quelque-temps à
cour pour éclairer sa conduite, il
fit assassiner. Pong-youci éproi.
bientôt après le même sort ; et Ki
pou , effrayé de la mort de ses d( :
amis , leva l'étendard de la révo .
Vers l'an lào ( av. l'ère chrét. ) •
Tartares firent une irruption d. •
l'empire; Lieou-pang marcha au -
tôt à leur rencontre , et trompé i
une ruse de Mété leur chef, qui a^ t
mis en avant des vieillards et >
soldats infirmes ou estropiés , il ; -
vaiîçait avec un détaçheincut de . ^
av.mt-^r.irdc contre un ennemi ou'il
prisable. Mdi.s investi dans
1^ |wr deux cent raille ca-
' s, il fut obligt' de souscrire aux
liions que lui imposa le prince
1 e ; et , peu Je temps après , il
.)nna sa fîllc eu mariage pour
inir la paix. Lieou-pang, cpidse'
ligues, était convalescent, lors-
jj>|)iit la révolte de Kiug-pou :
1 son fils aiuë,r héritier de
de marcher contre ce re-
; mais rimpéralrice s'opposa
i( part d'un jeune homme sans
rieuce , et Lieou-pang, cédant à
lisons, se mit à la tête de son
i*. Il livra une bataille géné-
i King-pou ; et ce malheureux
e , trahi par la fortune, fut as-
iié par un de ses officiers, qui
ta son pardon par cette lâche-
in i86 ( avant l'ère chrétienne).
!-pang avait reçu dans la mêlée
i)lessure qu'il négligea d'abord:
ju'on voulut l'examiner, il n'é-
j>lus temps , et il mourut, l'an
. à l'âge de cinquante trois ans.
; incc n'avait aucune instruction;
> il y suppléait par une grande
ité d'esprit et une pénétration
• oraraune. Quoique d'un naturel
f't affable, il commit des crimes
>cs emportements et ses soup-
. Il avait ordonné à Siao-ho , de
ii^er un code de lois j à Han-sin ,
1 1 raité de lactique ; à Tchang-tsang,
'laité de musique, et à Sun-tong,
* cucil des cérémonies et usages:
I ivres enfermés dans une cassette
furent déposés , par ses ordres,
la salle des ancêtres. Le titre sous
I en prince est compris dans la
inpereurs de sa dynastie ,
I (»u-kao-hoang-li , c'est - à-
: V Empereur élevé , fondateur
cl race. La dynastie des Han sub-
- jusqu'à Tan th. W — s.
LÎESGANIG ( JostPa ), astro-
nome , naquit à Gralz en Slirie , le
a4 jui" 1718. Apres avoir termine
ses éludes , il entra chez, les jésuites »
cl fut charge de l'enseignement des
mathématiques dans diftérenls col-
lèges. A la suppression de celte so-
ciclc, ses talents le firent employer
par la cour d'Autriche. Il avait fait,
en 1765 , le voyai^e de Venise, pour
voir à son passage dans celle ville ,
le célèbre LalanJc, qui admira son
esprit et son zèle. ( Histoire de l'as
ironomie , pag. 8'26. ) Liesganig fut
nommé directeur des bâtiments et
de la navigation, dans la province
de Gallicie; et il mourut à Lemberg,
le 4 mars 1 799. On a de lui : Dimen-
sio graduum meridiani F'iennensis
et Ilungarici, Vienne, 1770, in-4**.
Cet ouvrage contient les détails dt
la mesure d'un degré du méridien ,
qu'il avait exécutée sur les froiilières
de la Hongrie et de l'Autriche (1).
Le P. Liesganig avait déjà rendu
compte de sa méthode, dans un raé-
moiie dont le Journal des savants ^
année 1 767 , a donné l'analyse. Le
baron de Zach a publié les Obser*
valions faites à Vienne , par Liesga-
nig, depuis 1755 jusqu'en 1774»
dans son Journal d'astrouomie, ann.
1801. On doit encore à ce savant
religieux une bonne Carte de la Gal-
licie orientale. W-s
IJEUTAUD ( Jacques ) astro-
nome , né à Arles , vers i6(5o , était
fils d'un armurier; il vint à Paris, où
il enseigna les mathcmali(jues avec
succès. Lors du renouvellement de l'a-
cadémie des sciences en i6<)*), il fut
adjoint à la classe d'astronomie , et
(1) L« P. LiatKaaif «sécuU 4«ax meiiir<:t •!■•
m^riilien , l'un* en Hoogtic, ilppiii* U lâ^ui i •
K. 4j» S-'i il trouTB U Secré Am S6,8*4, , I .u...
ro Atiiricha , p«r 48* 4^' , «t •« tlrgir , •
:»;.o86 (aiMS, t'élMgavpaM 4m Ia mvii c ti.i*
• M Fl|IM««.
470 LIE
charge de la rc'dactiondek Connais-
sance des temps, ouvrage utile, dont
il a publié de 1708 à 17 '-^Q, 27 vol.
in- ri. Il succc'da, pour la rédaction
des Ephémérides , «i Lahirc le fds ,
et en donna huit années, de 1704 à
i7ii,in-4**. Il avait pour coopé-
rateurs dans ce travail , Desplaces ,
Bomie , et Cbarles Desforges , vi-
caire de la paroisse de Saint-Ger-
rais , mort en 17 14 > q"i prenait le
nom de Beaulicu , connu par des
calculs du même genre. ( Voyez la
JBibliogr. astronomique de Lalandc ,
page 349. ) Lieutaud , parvenu à un
âge avancé, et ne pouvant plus con-
tinuer ses observations , demanda la
véterance. Il mourut à Paris, en 1 733.
On a remarqué que FontcncUe s'est
dispensé de prononcer son Eloge à
l'académip. W-s.
LIEUTAUD ( Joseph ) , né à Aix
en Provence, en 1703, était le plus
jeune de douze frères. Formé par les
conseils de son oncle Garidcl, cé-
lèbre botaniste, il étudia la méde-
cine à Montpellier , et se fit une ré-
putation en province , avant de se
produire dans la capitale. Appelé à
Versailles, en i']^Ç)y]}0\^ry remplir
la place de médecin de l'infirmerie
royale , il fut reçu à l'académie des
sciences, en \']5'i. Ayant été nommé
médecin des enfants de France en
1 755 , il devint premier médecin du
roi^ à l'avènement de Louis XVI.
Gît habile praticien mourut à Ver-
sailles, le G décembre 1 780. Des con-
frères rassemblés autour de son lit ,
lui proposaient dilFérents remèdes...
^h ! leur dit-il , je mourrai bien
sans tout cela. Cependant le mou-
rant croyait à la médecine j mais il
ne pensait pas qu'elle pût faire des
miracles: sage et prudent, il ne se
passionnait pour aucun système ; et
Quoique sou coup-d'œil fût aussi
LIE
pénélranl que juste, il savait atten-
dre, et disait souy eut :J\'atur a mer-
borum medicatrix. Plus attaché ,
l'observationde la nature qu'à l'étude
des livres , il n'aimait pas à cher-
cher dans les ouvrages des autres cj
que la pratique pouvait lui apprcn
are. Le nombre des corps qu'il avai
disséqués avant l'âge de quarante an
était si grand, que dans une critiqu
de son Exposition anatomique , 01
calcule que ce nombre exigeait à
peu-près cent quatre ans de dis-
sections. On ignorait sans doute_
dit l'Histoire de l'académie ,
le secret de ne point perdre
temps , est plus que le secret de
doubler. Lieutaud trouva des ai
zélés dans ceux-mêmes dont il ni
dopta pas les idées , ou même d(
il critiqua les opinions , tels que
nac et Winslow j et c'est une preuj
que la bonté de son caractère égali
ses luniicres.On a de lui : I. ElemenU
physiologiœ , 1749? in-8". L'autein
y a recueilli les expériences et le;
observations nouvelles des physi
ciens et des anatomistes les plus h
biles. II. Anatomie lùstorique <
pratique^ Paris, 1750, in-8'\ 1
meilleure édition est celle qui rcii
ferme les notes et les observations de
M. Portai , Paris , 1776/2 volumAi
in-8". Wl.Synopsis universœpiax^jX
medicœ, 1765 et 1770,9. vol. in-4"
Cet ouvrage est remarquable par
l'exactitude , l'ordre et la clarté.
IV. Précis de la matière médicale,
1770, 1781 , li vol. in-S»^. C'est une
ttaduction du second vol. de la Sj>-
Tiopsis: elle peut suilire aux médecii
qui veulent se borner à des idées su(
cinctes, mais claires et justes , sur 1rs
vertus et les doses des médicamcnis.
V. Précis de la médecine prali(fue ,
1776, 2 vol. in-S**. Cet abrégé,
justement critiqué par Gillen, cou-
ME
ient rhistoirc des maladies , dans
m ordre lire de leur sirçc. Ce
.'^t .'lire qu'une traduction du
le la Sxrwpsis. VI. ffisto-
rùco-medicayPàriSy 1767,
So. Yll. Un grand nom
issertations séparées , im-
i Aix; cl des Mémoires ^
' ' l'acad, Ai
_%parV;
ires de la société de
79,Hist. p. 94), el
•rcet ( Acad. des sciences,
t. p.46. ) D-V-L.
N ( Jein-Heî»ri comte
. y. ..eral et sénateur suédois,
it en Livonie , en 1670, lorsque
province faisait partie du ler-
: e suédois ; il entra très-jeune
' trrière militaire, et s'étant
u fortune de Charles XII,
m 1700 à la bataille de
passa ensuite avec l'armée
• , où il eut part à plusieurs
iporlantcs. Le roi aimait
^a société , et se plaisait à
1 avec lui en bas allemand
ploLt deulsch), dialecte prêtant
1 un çenre de plaisanterie qui ne
d'ailleurs guère avoir lieu en-
;i souverain et un sujet. Lors
rès la malheureuse bataille de
wa , le conseil de régence,
nt le royaume menace de tout
eut engagé la princesse Ulrique,
Ju roi, a prendre part au gou-
lenl, et que les états eurent été
lés, Lieven , qui se îro:n lit
iolm,fut envoyé •
rendre compte à <
prises en Suède. Le député
de sa familiarité 3L\ec le mo-
;, pour lui faire entendre des
assez dures , et que nul autre
it osé mettre en avant. II
invraisemblable qu'il ait dit
, que si sa Majesté ne se \\à-
ME ^-t
tait de PPtOUrnrr fî.iii< <n« rnvinm-
il pourrait 1
ncr un suce* ^. * , , , c-u , „ , ... t
le dessein d'un certain parti : mais
î' • '-'it pas croyable que le roi ait
lu, qu*il enverrait sa botte
présider le ^ '" '
surc.el In
'■ li ^ .. - .:
lÀlle anecdote =.
mise sur son < ; ,
n'est rapportée que par Voltaire;
el l'on voit par le récit que fait cet
historien de ce qui se passait dans
ce moment, qu'il n'était pas bien
instruit , et que la mission dont le
comte Lieven fut charc •- ' ■ était
pas connue. Le rési A' de
cette mission fut,qucCn^i ic- , ayant
pris de l'humeur, ordonna de dis-
soudre l'assemblée des états, et n'ac-
corda d'antre prérogative à sa «o^r
que (î dans le -
voix " .\e. En i l
Lieven en Suéde, il le nomma lieu-
tenant-général, et lui donna la
direction de l'amirauté à Carlscrona.
Pendant le se'jour que bt Charles ,
après son retour dans le royaume ,
à Lund en Scanie, il appela Lieven
auprès de lui,et le ût loger dans une
maison voisine de celle qu'il occu-
pait lui-même. L'hôte du général ,
qui savait le bas allemand , et qui
était une es|)èce de bouffon , fut ad-
mis à parler au roi, et V t
tîr lui dire en plaisantant
qu'on était bien aiM? de lui
onnaltre. l^e roi ne s'offensa
point des propos du bourgeois de
Lund, el conserva sa faveur a Lie-
ven. Les aÛ'aires de Suède ayant en-
tièrement changé de face après la
mort de Charles XII , Lieven entra
(\ 1 . »| mourut en 1733:
>. encore en Li^onic.
472 LIE
( V, Lagerbring , Abrégé de Vhist.
de Suède, tora. 2, p. 70; Gezelius?
Dict. des hommes illustres de Suè-
de, art. LiEVENy etc. ) G- au.
LIEVENS ou LIVENS ou LY-
VYNS ( Jean ), peintre et graveur,
né à Leyde,en lôon , fut successive-
ment élève de George Van Scliooten
et de Pierre Lustman : à douze ans ,
il copia si parfaitement deux ta-
bleaux de Corn. Van Harlem, re-
présentant Heraclite et Démocrite ,
qu'on eut de la peine à distinguer les
copies des originaux. A l'âge de
20 ans, il fît un tableau de gran-
deur naturelle , représentant un Eco-
lier qui lit a la clarté d'un feu
de tourbes. Ce tableau fut admiré.
Le prince d'Orange l'acheta , et en
fit don à l'ambassadeur d'Angle-
terre , qui le présenta au Roi. Lievens
ayant appris le cas qu'on faisait de
ses talents en Angleterre , s'y rendit
vers l'année i63o, et ,'y fut chargé
de peindre toute la famille royale.
A son retour sur le continent, il s'é-
tablit à Anvers , oi^i il épousa la fille
de Michel Collins, habile sculpteur.
Alors il s'adonna entièrement au
genre historique j composa un nom-
bre considérable de grands tableaux,
et réussit également dans le portrait.
Parmi les tableaux de ce dernier
genre qu'on lui doit, on cite ceux de
Mujteret de Troinp, qu'il avait faits
pour la maison de ville d'Amster-
dam. On voit dans le Musée du Lou-
vre , un tableau de Lievens , repré-
sentant la Visitation de la Vierge,
qui est un des plus précieux mor-
ceaux de cette belle collection. Ce
Musée possédait encore du même
maître une Tête de Vieillard à lon-
gue barbe; le Sacrifice d'Abraham^
tableau vraiment admirable, d'un
eifet et d'une vérité magiques , qui ,
ainsi que le précédent, avait été tiré
LIE
de la galerie de Brunswick ; et un<
autre Tête de Vieillard portant ut
longue barbe, une toque noire, eti
mains appuyées sur un bâton : c||
dernier provenait du Piémont. Toi
trois ontété repris en t 8 1 5. Tl y ava
dans la galerie de Saint-Cloud, ui
seconde Visitation de Lievens , qui,
été volée à la même époque. Lievej
ne s'est pas moins distingué dans
gravure au burin, et dans celle
l'eau-forte , où il s'est montré le di^
émule de Rembrandt , son contei
porain. Sa manière de graver obtiei
par des procédés différents que cen
de ce maître, des effets égaleme
pittoresques ; il sait ménager ave?'
tant d'habileté le clair-obscur, qu'il
en résulte toujours TefFet le plus pi-
quant. Lievens dessine plus correc
tement que Rembrandt , mais ce der-
nier a une manière de graver qui a
plus de couleur. Les hachures de
Lievens sont ordinairement si ser-
rées , quel'eau-forte en confond quel-
quefois les traits, comme on peut
le remarquer dans les devants de sa
gravure représentant la Résurrec-
tion du Lazare. Il ne paraît pas
s'être jamais servi de la pointe sèche;]
mais il faisait un fréquent usage duj
burin , pour donner plus de force àj
ses gravures. C'est avec le burin qu'il!
a entièrement retouché sa planche |
de Saint -Jérôme y nu., assis dans\
une grotte, dont on connaît trois |
épreuves , qui diffèrent entre elles,!
soit par la grandeur , soit par les re-i
touches. Deux de ses plus belles piè-|
ces , les Portraits de Daniel Hein-
sius,elàe Jacques Goûter, musi-
cien anglais, sont presque entière-
ment gravées au burin. La manière
dont elles sont exécutées est pleine
d'effet , et parfaitement dans le goût
de l'eau-forte. M. Adam BarLsch, à
la îiu de son Catalogue raisonné de
l OEuiTc de Rembrandt f a donni^
lai ilr l'œuvre de Licvcns. Il porte
iioiiil»re fl(\s pièces à GG , iloiit G
ut douteuses. P — s.
lilGARIO (PiETRo), peintre iu-
ti.uaquità Sondrio, dans la Valte-
c, en iGvSG, de ranriennc famille
Li^ario , ainsi appelée d'un vil-
j,e voisin qui porte ce nom. Comme
(iiOMlrait un génie vif et du goût
nr les beaux-arts , il fut envoyé à
'>uie, dans sa première jeunesse,
ur étudier sous Laxaro Baldi : il
acquit cette exactitude de dessin
iiii caracteVise l'e'cole de Rome. Dc-
l.( il se rendit à Venise , où il passa
(juelquc temps à apprendre, sous les
maîtres de cette école , l'art de pra-
ti(iuer le coloris , par lequel ils sont
principalement distingués. Il se fit
connaître d'abord à Milan , où il
trouva quelque encouragement, et re-
tourna , en 1 727 , dans la Valteline ,
jusqu'à ce que le comte de Sabs ,
envoyé de la Grande-Bretagne vers
l'T république des Grisons , l'honora
sa protection. Sa réputation s'é-
iidant de jour en jour , tout le
onde voulait avoir de ses tableaux ;
1 fis , comme il fut toujours pauvre,
< nécessité l'empêcha souvent de
)nner à ses ouvrages le degré de
rfection dont ils étaient suscepti-
cs. Apeincy a-t-il dans la Valteline
le seule église où il ne s'en trouve
1 moins un. Ses chefs-d'œuvre sont
Martjre de St. Grégoire, que l'on
^ oit dans une des églises de Sondrio,
* t un Saint Benoit dans la chapelle
un couvent près de la ville. Quel-
les jours après avoir fini son Saint
■l'noii , il fut saisi d'un fièvre vio-
LIO
473
uute, et mourut en itS'a.
Z.
LIGAIUUS (QuiNTUs), lieute-
int de Gains Cousidius, proconsul
Vfrique , s'était rendu si agréable
ix habitants de cette province^
qirà leur sollicitation , Connidius
lui en confia le gouvernement , lors-
qu'il revint à Uome solliciter le
consulat. La guerre ayant ëclal<$
quelque temps après entre César cl
Pompée, Ligarius refusa de prendre
aucun parti j mais l'arrivée de P. At-
tiusVarus, nomme préleurd'Afriquc,
Tempècha de suivre le dessein qu'il
avait de repasser en Italie : il se
trouva donc engagé malgré lui dans
le parti de Pompée ; mais il le servit
ensuite avec beaucoup de zèle , et il
fut un de ceux qui renouvelèrent la
guerre en Afrique pour la cause que
Pompée avait soutenue. Après la
bataille de Thapsus où César acheva
d'anéantir le parti républicain , Li-
garius obtint la vie de la clémence
du vainqueur; mais il lui fut défendu
de rentrer en Italie. Cependant ses
deux frères et ses amis faisaient des
démarches pour obtenir son rappel,
lorsque Q. TiJjeron , appuyé de G.
Pansa j se porta publiquement Tac*
cusateur de Ligarius. L'examen de
sa conduite fut renvoyé a un tribunal
présidé par César lui-même; et ce fut
dans cette circonstance que Cicéron
prononça cet admirable Discours
pour Ligarius j dont le dictateur fut
tellement ému que toutes ses réso-
lutions s'évanouirent , et qu'il par-
donna à Ligarius. Celui-ci n'en resta
pas moins l'eunerai de César : il
entra dans la conjuration de Brutus
etdeCassius contre lui; mais comme
il était retenu dans son lit par une
maladie lors de l'assassinat an dicta-
teur, il paraît qu'il n'y eut aucune
part , et qu'il ne survécut pas long-
temps à ce grand événement (f^ox-
PïuUrqxw^yiedeBrutus.) W-s.
LIGER ( Louis ) , agronome , né
à Auxcrre,cn i658, et mortàGuer-
chi , près de cette ville en 1 7 1 7 , a
publié un grand nombre d'ouvrages
4:4
LIG
miles , quoique médiocres , sur les
différentes parties de l'agriculture
et de l'économie domestique. L'abbé
Papillon et l'abbé Lebeuf en ont
donné la liste ( Bibliothèque de
Bourgogne^ et Histoire d'Auxerre )
qu'on retrouve encore dans le grand
Dictionn. de Morerij on se conten-
tera d'indiquer ici les principaux :
I. Economie générale de la cam-
pagne ,Vaiis^ 1700, 2 vol. in-4^.
Liger a refondu dans cet ouvrage
la Maison rustique de Ch. Estienne
( F. Cil. Estienne et J. Liebault),
en y ajoutant beaucoup d'articles et
de réflexions. La Bretonnière a ra-
jeuni à son tour l'ouvrage de Liger ,
Et l'a publié sous ce titre : La nouvelle
Maison lustique onl^cowovaiQ géné-
rale des biens delà campagne, 7^^.
cdit. Paris, 1 7-55 , 'i vol. in-4^. , dont
il s'est fait plusieurs éditions , aug-
mentées et améliorées : celle de Pa-
ris, 1 790, est la onzième. Enfin M. J.
F. Baslien a donné la JVoui>elle Mai^
son rustique, Paris , 1 798 - i8o4 ,
3 vol. in 4^ 7 dans laquelle il a re-
fondu entièrement le travail de Liger
et de ses continuateurs : de tout
cela il résulte encore aujourd'hui un
ouvrage fort incomplet , souvent
inexact, et bien éloigné d'être au ni-
veau des découvertes qui ont été faites
dans cette scien-e importante. IL
Dictionnaire général des termes pro-
pres à V agriculture, avec leurs difi-
nitions et étymologies, ibid., 1708,
in-i'2. IIL Le jardinier Jleuriste et
historiographe , Paris, 1703, in- 12 j
réimprimé plusieurs fois. IV. Le
jardinier Jleuriste y ou Culture univer-
selle des fleurs , arbres , arbustes et
arbrisseaux servant à l'embellisse-
ment des jardins, ibid., 1704, in- 12.
Cet ouvrage qui a eu beaucoup de
succès, est oublié depuis long-temps.
V. La culture parfaite des jardins
LIG
fruitiers et potagers, avec un traité
facile pour apprendre à élever des
figuiers, in-i2j souvent réimprimé.
VI. Mojens faciles pour rétablir
en peu de temps l'abondance de
toutes sortes de grains et de fruits
dans le royaume et de Vy maintenir
toujours , par le secours de l'agri-
culture ,^ains , j'jog y i-i2. VIL
Les amusements de la campagne
ou Nouvelles ruses innocentes qui
enseignent la manière de prendre
aux pièges toutes sortes d'oiseaux ,
quadrupèdes , etc. Paris , 1709 , '2
vol. in-i2, fîg. ; augmenté d'un cin-
quième livre, ibid. , 1734 , i74<^ >
1753, '2 vol. in-i2, fig. VIII. La
connaissance parfaite des chevaux ,
suivie de Mémoires inédits de Del-
campes sur la même matière , Paris ,
17 12, in- 12. IX. Nouveau théâtre
d'agriculture et ménage des champs,
Paris , 1 7 1 2 , in-8**. ; 1713,2 vol.
in-12; 1721 , in-4*'. Liger y a re-
fondu les préceptes qu'il avait don-
nés dans ses ouvrages précédents : il
y a, de plus, ajouté un traité de la
pêche; et un de la chasse, tiré de
la fauconnerie de Du Fouilloux et
de Morais. X. Dictionnaire pra-
tique du bon ménager de cam-
pagne et de ville, Paris, 1715,
2 vol. in-4^. La Chesnaye Uesbois
en a donné une édition considérable-
ment augmentée sous le litre de Dic-
tionnaire universel d'agriculture et
de jardinage , etc. Paris , i75i ,
2 vol. in-4". On a remarqué que le
titre d'universel ne convient nulle-
ment à ce dictionnaire , puisque l'on
y chercherait en vain beaucoup
d'articles essentiels. ( Voy. la Biblio-
graphie agronomique, n*'.454.) Les
ouvrages de Liger ne peuvent plus
servir qu'à faire connaître l'état de
la culture en France au commence-
ment du dix - huitième siècle. —
I
I
Lîf.
fharlr^ Louis Licer , RK^dccin , de
f<irnillc , ne à Aiixrrre vers
. ^ t SCS éluder à runiversilë de
;Paris, « t y reçut le doctorat en 1 74'i.
TJ obtint , peu après, le litre houori-
,(• de médecin du roi , cl se retira
!s sa patrie, où l'on croit qu'il
iirul vers 17G0, dans un âge peu
ncc. On â de lui : Traité de la
ilte , dans lequel , après avoir
connaître le caractère propre et
vraies causes de cette maladie ,
il inditpie les moyens de lu bien
traiter et de la guérir raMcalement.
is, 1753, iu-r2, de 387 pag.
yr pense que la véritable cause de
.' maladie est l'usage immodéré'
boissons et des aliments qui con-
iieut beaucoup de parties de mu-
-e. Quant aux moyens curalifs , il
dique que l'emploi à petites doses
au savon médicinal , dont on trouve
' la romposiîiojj dans le Traité de
niie de r3oerhaave. W-s.
iJGHTFOOT ( Jean ), célèbre
litbraisant, ne à Stoke, dans le comte'
dcStafford, en 1602, fit ses premiè-
, res éludes à Morton-Green , et passa,
en 161 7, à Gimbridge, au collège
de Christ. Dès qu'il eut pris le degré
de bachelier, il devint collaborateur
de Whilchcad son premier maître,
qui tenait l'école de Rapton, dans
le comté de Derby , et il y enseigna
pendant deux ans , la langue grec-
que. Au bout de ce temps , il rc
çut les ordres sacres , et fut placé
à Norton. Le chevalier Rolland Got-
Ion, qui demeurait dans les envi-
rons, le prit en amitié, et se l'attacha
en qu.iiité de chapelain. Ce fut par
les conseils et sous la direction de
> ce lurd ,qiie Lighifoot se mil à l'clu-
, de de l'hébreu , qu'il apprit à fond.
En ir)>,(i,il accepta la cure de Stone:
deux 6u trois ans après, Rolland Cot-
ton lui doima une meilleure place ,
MO 475
tout près de Londres; et fn ifij 1 ,
il obtint dans rrtte ville m^'uir ta
cure de Saint-Barthèlcmi. Celait le
temps où se réunissaient à Westmins-
ter les théologiens de redise angli-
cane, pour réformer les anus : Lighi-
foot fut nommé membre de celte as-
semblée, et s'y distingua par sa noble
franchise et par son eru(iition. On le
vit conslamment s'oj)poser aux il-
lusions fanatiques de quelques pres-
bytériens, et les combattre avec le»
armes du savoir et de la raison. Ku
1G43, il devint curé de Much-Muu-
den dans le Hcrtfordshire , docteur
en théologie en i(ija, et chanceUer
de l'université de Cambridge m
i655. Il mourut à Ëly,dont il était
chanoine, le 0 décembre 167.5. H-
a laissé sur la Bible , un assez grand
nombred'ouvrages, où l'on remarque
des connaissanccs^profondes, surtout
dans le talmud, dans les écrits des
rabbins , et dans les usages et céré-
monies hébraïques. La plupart ont
clé d'abord recueillis eu deux volu'
mesin-fol. Rolteulam , 1O8O. Leus-
den en donna une édition plus am-
ple, en 1G99 , à Utrecht. Dans ces
diflercntes éditions , les ouvrages
éciits en anglais par l'auleur, ont
été traduits eu lalin. Enfin J. Slrypc
donna une collection dequeiqucs piè-
ces inédites, sous ce titre : Some ge-
jiidne leinains ofthelatepioiis and
leanied dr, John Liglitjoot , 1700,
in-8°. Celte collection renferme des
j)artiadarilés fort curieuses sur la vie
de ce docteur. Ses principaux ou-
vrages sont: 1. Haunonia , chro-
nica et ordu feteris Teslamenti.
II. Paucœac ri< vellœ ohscn'atioiws
super lihrum CeneiCos. 111. Mani-
pulas s/ncilegiorum è lihro JCjtifdi.
\y .Krabhim,si%'e Miscellanea chris-
tiana et judaica.\ . flarmonia (fiui-
tuor Ei'an^clistantm tàm interse,
476 LîG
tîim cum Veteri Testamento , en v'5
parties. VI. Descriftio templi Hiero-
soljmitani, prœseriim quale erat
tempore Servaloris nostri. VII. Mi-
nisterium templi quale erat tem-
pore Servatoris. VIII. Dissert atio
in articulum symholi apostolici :
Descendit in infernum. IX. Harmo-
nia , chronica et orclo Novi Testa-
mentij quihus subjungiîur Disser-
tatio de Hierosolymoriim excidio et
sequente Judaeorum statu. X. Ilorœ
liebrdicce et thalmudicœ in Evan-
gelium S, Matthœi , Cambridge ,
i658,in-4^. Quand ce livre parut,
quelques moines ignorants le prirent
pour le bréviaire donne aux carmes
par le propliëte Elie. Liglitfoot a
iait le même travail sur presque tous
les livres du Nouveau Testament.
Ces commentaires sont généralement
estimés des protestants, et même des
catholiques , quoiqu'ils y aient re-
marqué de grandes préventions
contre la doctrine de l'Eglise. {Foj.
Richard Simon, Hist. des comment,
du N. T. ) Lightfoot a eu beaucoup
de part à quelques entreprises utiles,
et notamment à la polyglotte de
Londres, et au Lexicon hepta^lot-
ton d'Edmond Castel. La vie de ce
docteur se trouve à la tête de la col-
lection de ses œuvres de 1686 et
1689: outre Nicéron et Chauffepié,
on peut consulter les Nouvelles de la
rép. des Lettres , 3iimée 1686 , mois
d'avril , art. iv. L-b-e et W-s.
LIGHTFOOT ( Jean ) , botaniste ,
né en 1785 , dans le comté de Glo-
cester , lit ses études à Oxford , et
s'étant consacré à l'état ecclésiasti-
que , fut nommé chapelain de la du-
chesse de Portland, et obtint plu-
sieurs bénéfices. Il consacra beau-
coup de soins à l'arrangement des
magnifiques collections de coquilles
et de plantes de sa bienfaitrice j mais
LIG
il s'adonna plus spécialement à la
botanique. Fort lié avec le célèbre
zoologiste Pennant, il entreprit , en
1772, avec lui, un voyage dans les
Hébiides ou Hébrides , dont l'his-
toire naturelle n'était encore connue
qu'imparfaitement ; et , pendant que
Pennant y faisait de nombreuses ob-
servations sur le règne animal, Light-
foot y recueillit une ample moisson
de plantes. C'est surtout de ce voyage
et de ses nombreuses excursions dans
l'Ecosse , que résulta le bel ouvrage
intitulé Flora Scotica, qui parut e;
1777, à Londres, 'i vol. in-8<»
ornés de figures : les 66 première
pages sont une esquisse de Zoo
logie calédonienne y par Pennant
à l'usage des naturalistes qui de
sirent connaître les animaux du
nord de l'Angleterre. Cette Flore est
rédigée selon le système de Linné :
mais on n'y trouve point de synony-
mie, excepté pour les algues et un
petit nombre d'autres cryptogames.
Il est vrai que Lightfoot destinait
son ouvrage principalement à ses
compatriotes. Aussi ne donne-t-il en
latin que la phrase botanique, tan-
dis que la description est en anglais.
Elle est en général fort claire , et
souvent très-étendue. L'auteur y a
joint les noms vulgaires en an-
glais et en erse j et il ne néglig(
jamais de faire mention des usagei
indiqués par Linné , Haller ou d'au-
tres grands botanistes, et de ceux au
quels la plante est employée par les
Ecossais en particulier. La Flore d'E-
cosse ne peut être regardée comme
très-riche; elle ne contient pas i3oo
plantes, dont 45*0 environ appar-
tiennent à la cryptogamie. On re-
proche à l'auteur de n'avoir pas
assez souvent indiqué les sources
auxquelles il a puisé , et , ce q-ii est
beaucoup plus grave, d'avoir rap-
IS
1
1 "*,
proche (V^ synonymies qui ne se M]v
»>'Mtpiit point au nicme objet. C'est
i que dans la cryptogamic il cite
ir une seule plante des synonymes
Dilleu et de Limic qui ne con-
lUUMilqu'àdeuxplanlesdiflrifrenles,
; ouvrage, maigre ses défauts, a
fort utile, lors de sa publication ,
(Ut encore être consulte avec fruit,
lout pour les algues , et les genres
lix et Carex. Les fimires sont ,
;;e'ncral , remarquables par leur
!< tilude et la finesse deTexécution.
Jitfoot mourut à Uxi)ridge, en
;S8: il était de la socie'tc royale,et
lut un des premiers membres de la
lociëté liunéenne. Son riche herbier
fut acheté par le roi d'Angleterre ,
qui en fit présent à la reine : confie
au bout de quelques années aux soins
d(^ sir J. Ed. Smith, il a etë consulte'
jvec fruit par cet auteur et pard'au-
s botanistes , notamment par
odenough , qui en a profite pour
*ou excellente dissertation sur les
Carex d'Angleterre , insérée dans le
deuxième volume des Transactions
de la société Unnéenne. Le nom de
\;htfootia a été donné à plusieurs
iules : mais ce genre ne paraît pas
oir été établi , dans aucun cas ,
« une manière solide. D — u.
LIGNAG ( Joseph - Adrien le
Large de ) , d'une famille noble de
Poitiers , passa quelque temps chez
les jésuites , qu'il quitta pour entrer
dans la congrégation de l'Oratoire ,
où il s'attacha aux principes philo-
sophiques de Descartes et de Male-
branche. Dans un voyage qu'il fit à
Rome, il reçut de Benoit XIV, et du
cardinal Passionei , un accueil distin-
cué. Il mourutâ Paris, en juin i76'Jt.
C'était uo homme honnête , aimable
et intéressant dans la société. Tous
les ouvrages annoncent un craud
xèle pour la religion, des connausau-
ces yariécs, cl un talent peu commun
pour traiter les sujets de inétapîivri
quc.Nousavousdelui:I.Unex«rl|, lit
Mémoire pour servir à corn m
VfUstoire des araignées aijunti
i748,in-8«>. ; i7()f), in-ia ( puUj«
par Licutand de Trois villes ). II.
Lettres à un .américain stirVhistmre
naturelle de M, de Bujfm , Ham-
bourg , 1751 , itSG, <> vol. in-ia.
Elles roulent sur les principes hvpo-
théliqucsde cet auteur; sur sa méta-
physique ; sur la configuration et la
cause du mouvement des planètes ;
sur la constitution animale et sur
celle de la terre; sur l'histoire natu-
relle de l'homme, et la manière de
traiter l'histoire naturelle en général;
sur la description du cabinet du roi ,
par d'Aubentou ; sur les observa-
tions de BufTon et de Needhara ;
enfin , sur la métaphysique de ce
dernier. Ces Lettres , écrites avec
beaucoup d'imagination , d'un style
clair , et où les matières sont bien
discutées, furent assez bien accueil lie»
du public. III. Eléments de méta-
physique tirés de l'expérience. Fa ris,
1753, in- 19.. ly. Possibilité de la
présence corporelle de V homme en
plusieurs lieux , 1 7 54 , in- 1 2 ; contre
Boullier ( ministre protestant et
auteur d'un Essai sur Vame des
bêtes ) , qui avait fait un défi à l'au-
teur dans un journal hollandais. Cet
ouvrage profond a pour objet de
faire voir que , si la raison toute
seule peut montrer une manière sui-
vant laquelle le mystère de la pre'-
sence réelle est possible, à plus forte
raison l'entendement divin doit-il
avoir dans les ressources de sa sa-
gesse et de sa fécondité , une infinité
d'autres moyens pour eftéctner ce
qui ne nous parait impossible , au
premier coup-d'œil, que par de'-
faut de couuaissauces et de lu-
47S LÎG
mières. V. Examen sérieux et co-
mique du livre De V Esprit , 1759,
SI vol. in-ri. YI. Le Témoignage
du sens intime et de V expérience
opposé à la foi profane et ridicule
des fatalistes modernes, 1760, 3
vol. in- 1 2. VII. yivis paternels d'un
militaire à son (ils, jésuite, 1760;,
.in-i!2. L'abbe de Lig-nac laissa en
manuscrit une Analyse des sensa-
tions; et Ton pre'tend que la mort a
empêche' cet auteur de remplir le
plan des preuves de la religion trace'
dans les pensées de Pascal. T — d.
LIGNE (Charles-Joseph prince
de), né à Bruxelles, en 1 785, d'une fa-
railledes Pays-Bas, dont l'illustration
remonte au quinzième siècle ( t ) , et
qui depuis ce temps n'a pas cesse de
se distinguer dans les armes , eut
pour père et pour aieul deux feld-
maréchaux au service d'Autriche.
Son goût , autant que l'exemple de
ses ancêtres , l'entraîna dès sa plus
tendre jeunesse dans la même car-
rière. Il rapporte qu'à huit ans il
avait déjà été témoin d'une bataille,
qu'il s'était trouvé dans une ville as-
siégée , et que , des fenêtres du châ-
teau de Belœil, il avait vu trois
sièges. A un âge encore plus tendre,
les vieux dragons du régiment de
son père, le portant sur leurs genoux,
lui avaient raconté les campagnes du
prince Eugène; et leurs récits ne
s'effacèrent jamais de sa mémoire.
A quinze ans , il était convenu avec
un capitaine du régiment français
de Royal-Vaisseau, en garnison à
Condé, que si la guerre éclatait, il
s'échapperait delà maison paternelle
et s'enrôlerait dans sa compagnie
LIG
sous un nom supposé, ne voulant
devoir sa fortune qu'a son propre
mérite; et dans son impatience il
répétait sans cesse ce vers de Vol-
taire :
Rose et Fabert ont ainsi commencé.
Enfin on lui permit d'entrer au ser-
vice, en 1 75,* : il obtint un drapeau
dans le régiment de son père, et le
brevet de capitaine au bout de qua-
tre ans. Ce fut en cette qualité qu'il fit
sa première campagne, en 1 757. Son
enthousiasme militaire était alors au
plus haut degré. Il se distingua dai
plusieurs occasions , notamment
Breslau et à Leuthen , rù il prit U
commandement de son bataillon, ei
l'absence du major, quoiqu'il fût
plus jeune cajùtaine. Il se trouva ei
1 768, à la victoire de Hochkirchen,
s'empara d'un poste important , et
reçut pour récompense le grade de
colonel : ce fut en celte qualité que le
jeune prince de Ligne déploya la va-
leur la plus brillante dans les derniè-
res campagnes de cette guerre de sept
ans, dont il a peint les principaux évé-
nements à sa manière avec des cou-
leurs toujours piquantes et origina-
les ( 1 ). Devenu général-major à l'épo-
que du couronnement de Joseph II,
il inspira une grande confiance à ce
prince aimable et spirituel ; et il eut
l'honneur de l'accompagner à son
entrevue avec Frédéric II, en 1770.
On trouve dans sa Correspondance
des détails très-curieux sur le carac-
tère des deux souverains , et sur les
différentes circonstances de cette en-
trevue. L'année suivante, il devint
lieutenant - général et propriétaire
(i) ,Te;«n de Ligne fut reçu cli«valier de la Toi-
son d'or avec flii lippe d'Autriche , en 1481. Il
était chamLeUan deCliarles, duc de Bonrgo£»ne,
seigneur de Barbfcnçon , et maréchal difllai-
naut. Sa famille a conservé ces dernicTS titre»
jusqu'à l'époqu* d« la tévolution.
(l) Le courage du prince de Ligne allait ju»-
qu'à la témérité; c'est ce qui fit dire un jour à
Marie-Therése, qui lui annonçait «a nomma-
tion à un nouveau grade : « En prodiguant votre
« vie vous ni'avez lait tuer une biigade la cara-
» pagne dernièrej n'allez pas , pendant celle-et
» m'en faire tuer deux. Coiiiervez-vwu» pour l e-
» tat et poui moi. n
Mr.
d'un rrj;imfnt d'infanlcrir. Dans la
\ guerre ilo la succession de Bavière ,
I en 177B, il commaiula Tavaiil-gar-
! de de Laudon ; et cette campagne
I qiioitjirellc n'ait pas ctc' marquée
par de grands événements , ajouta
t)eaucoup à sa réputation militaire :
: mais la pai\ qui devint ensuite
! presque générale , ne lui pcrmct-
î plus de se livrer à son hu-
ir guerrière, il tourna d'un au-
tre côté l'activité de son esprit , et
' Vrrfcclionna ses études parlalcclu-
ct par des voyages en Italie, en
nsc, et surtout en France. Son
ictère aimable et chevaleresque
venait parfaitement aux mœurs
c dernier pays; et il eut de grands
es à Versailles, où il avait déjà
i avec beaucoup d'éclat , en
i<) , lorsqu'il y fut envoyé pour
( part à Louis XV de la victoire
de Maxeu. Dans ce dernier voyage,
■ la reine Marie- Antoinette l'accueillit
■■r beaucoup de bonté; et, dans
rieurs passages de ses écrits ,
il a rendu nommage, de la manière
la plus louchante aux vertus de
cette princesse. Ce fut à cette cour qu'il
connut la marquise de Coigny, l'une
femmes les plus spirituelles de
t mps-là ; et il lui adressa ensuite ,
rives du Borysthène , des lettres
forment une des parties les plus
arquables de la Correspondance
j) limée dans ses OEuvres. On y
iive a chaque ligne l'expression
du regret qu'il éprouve de vivre
loin des Français; et lorsque les pre-
mières nouvelles de leurs désordres
politiques lui parviennent, il s'en
afflige sincèrement , et redoute pour
eux des malheurs plus grands, avec
une prévoyance que l'avenir n'a que
trop justifiée. Le prince de Ligne
était alors chargé d'une mission im-
portante en Russie. Dès l'aimée 1 78a ,
LÎG 479
il avait <^té envoyé auprès de Cathe-
rine; cl le» grâces d<- •^<.i> '-^Lrii ....
tant (lue sa belle et 1
mie, lui avaientfail *.. ,, ,1,. ,,, -. ^u, -
ces de plus d'un genre auprès de
celte souveraine. ?'lle le nomma
feld-maréchal , lui donna une terre
en Kriméc, et lui permit de l'ac-
compagner , lorsqu'elle se rendit
dans celle contrée avec Joseph II
( Fojez Catueriwe ). La descrip-
tion de ce fameux voyage, qu'il a
consignée dans sa Correspondan-
ce , les portraits qu'il y a tracés des
grands personnages qu'il vit alors
de si près, sont d'une originalité aus-
si ingénieuse que piquante. En 1 788,
Joseph II lui donna le grade de gé-
néral d'artillerie , et l'envoya, muni
d'instructions militaires et diploma-
tiques , auprès du prince Potemkiu ,
qui faisait le siège d'Oczakov\'. Il eut
une grande part aux périls de cette
difficile opération; et les rapports
qu'il en transmit à son souverain , le
portrait du général russe qu'il traça
dans sa correspondance, sont re-
gardés comme une des parties les
plus curieuses de ses écrits. L'année
suivante , il vint prendre le com-
mandement d'un corps de l'armec
autrichienne , et partager avec Lau-
don la gloire delà prise de Belgrade.
Ce ful-là le terme de ses travaux
militaires : la mort de Joseph II
l'éloigna pour toujours du com-
mandement, auquel l'appelaient son
rang , son expérience, autant que sa
valeur. Ce monarque l'avait traité
avec une confiance extrême , et dont
il se montra fort reconnaissant. Per-
sonne n'a répandu sur la tombe de
Joseph II , plus de larmes que le
prince de Ligne : il ne se dissiinula
pas la perle qu'il avait faite ; et
les regrets qu'il témoigna , ne durent
pas contribuer à le rendie agréable
4Bo LÎG
à Leopold, dont le système e'tait
d'écarter tous ceux que son prédé-
cesseur avait le plus estimes et fa-
vorise's. La révolte des Pays - Bas
servit encore de motif ou de prétexte
pour éloigner de plus en plus le
prince de Ligne. Toute sa fortune et
toutes ses afreclions devaient le lier
à cette contrée , où l'un de ses fils
s'était rangé du parti des rebelles.
Joseph II , qui l'avait d'abord fort
injustement soupçonné , appréciait
si bien son généreux dévouement ,
€t sentait tellement les motifs qu'il
aurait eus pour abandonner sa cause ,
qu'il lui dit , à son lit de mort : a Je
» vous remercie de votre fidélité ;
» allez aux Pays-Bas ; faites-les re-
» venir à leur souverain , et si vous
» ne le pouvez , restez-y : ne me sacri-
» fiez pas vos intérêts j vous avez des
» enfants. »Le prince de Ligne n'était
nullement disposé à suivre un pareil
avis; car aucun grand seigneur de la
Belgique ne montra plus d'éloigne-
mentpourlcparti delà rébellion, dont
on sait d'ailleurs que les opinions re-
ligieuses furent un des principaux
motifs : sa ferveur , sous ce rapport,
n'était pas assez grande pour lui met-
tre les armes à la main, et d'un autre
côté son caractère connu eût inspiré
peu de confiance aux Flamands.
Cependant leur chef Vandernoot lui
écrivit pour le déterminer à se réu-
nir à eux. La réponse du prince ne
fut pas équivoque; il lui conseilla de
se soumettre à l'instant, pour évi-
ter une mauvaise fin ; et lorsqu'il
se rendit dans cette contrée, après
la répression des troubles , pour
y présider les états du Hainaut ,
il parla encore plus clairement à
cette assemblée, dans une séance qu'il
a ainsi racontée lui - même : « Je
» trouvai encore un reste d'aigreur
» et d'indépendance qui me donna
LIG
» de l'humeur : j'en témoignai u
» jour plus qu'à l'ordinaire dans uni
» assemblée de mes pères conscrits
» et voyant qu'on me la rendait
w leur dis que si je n'avais pas et
» enKrimée avec l'empereur Joseplf
» et l'impératrice de Russie , lorsque
» leur sotte rébellion éclata , je l'au-
» rais arrêtée , d'abord en leur par-
» lant en concitoyen fidèle, zélé et
)) raisonnable , et ensuite, si je n'avais
» pas réussi, en général autrichien,
» à coups de canon sans boulet j, mais
» qui les eussent fait mourir d
» peur. » Le prince de Ligne m
i
rentra pas alors pour long-temp
dans la jouissanee de ses biens e
Belgique: l'invasion des Français vint
presque aussitôt l'en priver encore ;
et cette perte de la plus grande partie
de sa fortune , que ses prodigalités
avaient déjà fort altérée , fut précé-
dée d'un chagrin encore plus cuisant,
occasionné par la mort de son fils
aîné , jeune homme si distingué par
sa valeur et par son noble caractère;
qu'il aimait si tendrement , et qui
périt sur le champ de bataille , dans
la fameuse expédition des Prussiens
en Champagne, le i4 septembre
1792. Rien ne put consoler le
prince de Ligne de cette perte cruel-
le ; et on l'y voit revenir à chaque
page de ses écrits. Depuis cette ft
taie époque , où il perdit en mêmi
temps sa fortune et l'objet de s
plus tendres affections , il reçut d'à:
leurs bien peu de consolations
de dédommagements. Après la mo
de Laudon et de Lascy, il se tro
vait , sans aucun doute , au pre
mier rang de l'armée autrichienne :
aucun de ceux qui l'ont commandée
après lui , n'avait autant de droits à j
la confiance du souverain; et les |
revers qu'elle a éprouvés, n'ont j
pas justifié l'oubli dans lequel il fut j
LIQ
laissa. Cet oubli empoisonna les
Heiniircs «luiiccs de sa vie; et il
n*a pas pu dissimuler le cliagriu
qu'il en ressentit : u Je suis mort
!» avec Joseph II , » disait -il sou-
vent. Cependant l'empereur Fran-
çois le nomma , en \Son , capitaine
des trahans de sa garde, et feld-
mareVhal en 1808. On le consulta
qucliiucfois sur les opérations mili-
taires ; et il ne cessa pas de présider
le conseilde Tordre de Marie-Tlicrèse
dont il avait été nomme' commandeur
après la prise de Belgrade. Il reçut
-^^ nrc, vers la même époque , qucl-
> dédommagements de fortune;
u Ks dut surtout à son mérite per-
sonnel et à l'intervention de la Fran-
ce, qu'il affectionna toujours avec
•tant de prédilection ( 1 )• Ne pou-
?anl plus mettre à profit, dans le
:oniniandement des armées , ses
longues observations sur l'art de
a guerre, il s'était mis à compo-
îcr des livres où se peint admi-
rablement sa passion pour les ar-
mes. On y trouve , comme dans
:outes ses productions , un mai]({ue
ibsolu d'ordre et de méthode ; car ,
linsi qu'il le dit lui-même, « il
•» écrit les choses à mesure qu'elles
• lui viennent dans la pensée » :
nais ses pensées lui viennent sou-
vent d'une manière fort irrégulière,
Iccousue, incohérente ; et il les rend
ivcc une excessive prolixité , sans
(t)L4tei^eurie (la FagnoUei prèi de Philip-
•evilU , araitëtéériftéc en 1770, en comté d'em-
)tT« , coui le nom de Liene , en faveur du prince
:harUt.Joieph i ^t «•fie arait rté «grécée an
;86,aucoi:égc dua comt** Je Wettp'iahe. Lot»
lu r«f;leineiit dct ind^^uinitca germanique! , an
<o3, !• priricB d • Lijti» obtint pour indemnité
i- ce comte, l'abbaye d'KdaIttetten . et un rota
'".' ^ !* "^ ^"^ coliép* A"* princea de l'empire;
laaia il rendit eu iH«4, mojraunanl 1, 4^^0,000
lorini , ton nouveau cntnté, au prince d £«ter>
"'>Ti *'<c le droit da tiéger dana le collrga det
tiacaa^ui j «•tait attaclié.^FagnoUea na pro-
uitait que S'ko florina da revenu { «t £del.
teUaa eu rapportait pltu d« |6,09*.
XklY,
LIG
48i
même se donner la peine d'élrc cor-
rect et d'éviter les Unies de langue.
Si l'on ne consulte que ses écrits ,
ses princi{)es de tactique ne parais-
sent pas fort positifs , ni bien déier-
niinés : mais il avait fail la guerre si
long-temps et dans tant de |)ays , il
avait été témoin d'un si grand nom-
bre d'événements, que les militaires
f)cuvcnt puiser dans ses ouvraj^cs des
eçons très-utiles ; ces leçons leur
sont d'ailleurs présentées sous une
forme toujours piquante et originale.
Aucun général en Autriche n'a su
inspirer plus d'enthousiasme à ses
troupes ; et il dut surtout cet avan-
tage à son humeur chevaleresque, à
sa valeur brillante, à ses libéralités,
et à ses bons mots qui étaient répé-
tés de rang en rang , et qui le ren-
daient l'idole du peuple et des sol-
dats. Ces avantages eussent été bien
précieux dans les dernières guerres ;
et la cour de Vienne avait enfin paru
le comprendre, lorsqu'U fut question,
en i-^ijG, delui donner le commande-
ment de l'armée d'ItaUe; mais le res-
sentiment de Thuguf parvint encore
à l'en éloigner. Ce ministre avait été
souvent l'objet de ses épigrammcs ;
et cette manie des beaux-esprits fut
plus d'une fois nuisible au prince de
Ligne. On rencontre dans \a col-
lection trop volumineuse de ses
œuvres , beaucoup de traits pi-
quants , et d'anecdotes curieuses ;
mais tout cela est noyé dans un dé-
luge de réflexions inutiles. Il n'a pas
prétendu écrire sa rie ni ses mémoi-
res: cependant ce n'estguèrequesous
ce rapport que l'on peut trouver de
l'intérêt dans ses écrits ; et l'on ne
doit pas y chercher autre chose
que des anecdotes relatives aux évé-
nements dont il fut le témoin , et à
tant de grands personnages qu'il a
vus de si près. Quel homme aurait pu
3i
48i LTG
dire comme lui? « Les bonte's pa-
» tefnelles du bon , du respectable
» empereur François P'. , raater-
yt nelles de la grande Marie-Thërcse ,
» et quelquefois presque fraternelles
» de l'immortel Joseph II ; la con-
» fiance entière du maréchal Lascy ,
» et presque entière du maréchal
» Laudon ; la société intime de l'a-
* dorable reine de France j l'intimitë
» de Catherine le grand, mon accès
» chez elle presque à toutes les heu-
» res ; les bontés distinguées du
» grand Frédéric , rendraient mes më-
» moires bien inte'ressants. » Ainsi
le prince de Ligne ne croyait pas
avoir écrit des mémoires; et cepen-
dant la collection de ses œuvres
militaires et senti ment aires, comme
il les appelle , ne peut guère être con-
sidérée comme autre chose. Il a fait
des vers dans beaucoup de circons-
tances de sa vie , et surtout pour ses
nombreuses aventures de galanterie
qui se prolongèrent bien au-delà du
terme ordinaire, et portèrent quel-
quefois atteinte à sa dignité. Ses poé-
sies , tout au plus supportables ( i )
dans les circonstances où elles furent
composées , n'auraient pas du être
(H Four donner une idéa de la poe<ie du
tirioce de Ligne, aaui citerons des vers qu'il
i^dresxA huit )ours avant ta mort à M. le buton
Ha Statsart , ancien piéiut de Vaiiclu^a , «on
•;oir)patr't>te » po'T l*^ r<;nii(;rci<"r de 1 envoi de»
pensées de Circd^ chiçnne célèbre. Ce sont d«s
moins mauvais. quUl ail composés :
» O'unBel^e la IMuse
• Fit légère et profonde , aimable comme lui ,
n  la. Sambre apovté la belle eau de Va;iclus«.
» Jel>ri félicita , aujourd'hui.
9 D&iHicetheuieiix pays les v«rsroul<;ut de spurc» :
» Tiojibadours , improvisateurs,
• Dans letir cceur , pour l'esprit, tiouvaicnt de la
» ressDiiroe;
» Dire amants , c'était dire auteurs,
a De Pétrarque liériiier, ave«-vous une Laure ?
ft Bn cela vous pourriez lui rf^tstnibler encore.
wCircé, moins prude, a bien plus de raison ;
^ Se» écrits , que jai lus , g»nt d'un excellent too,
« Le bou Jean Lafontaine a fait parler les b^loj ;
• Vauâles faites éciire ; et p:ir von» et par lui ,
» Ou leur voit d'excellente» tètes ,
• Qui jamais u'entaut&«t l'ejuuù.
> LIO *•
publiées. Son Essai sur les jardini^
et sur sa terre de Bel-œil, est une
des parties les plus soignées de ses
écrits. Le caractère du prince de
Ligne devait être moins apprécié ea
Allemagne, et surtout en Autriche,
que dans tout autre pays : cependant,
il s'y était fait de nombreux amis ,
et il y eut des admirateurs enthou-
siastes. Les étrangers les plus dis-
tingués par leur rang et leur esprit ^
ne manquèrent jamais de le visiter;
et tous le quittaient pénétrés d'à
miralion pour la grâce , Tesprit
la politesse qui donnaient tant
charme à sa société. Les Franc,
surtout lerecherchaientavec empr
sèment , séduits par l'aimable p
vention qu'il montra toujours po
eux. Il vivait encore à la finde 18 r
dans le moment où Vienne vit se réu
nir dans ses murs le congrès des rois
de l'Europe : tous se firent un devoir
de lui rendre hommage; et quoiqu'il
fût arrivé près du terme de sa vie ,
quoique dès-lors sa santé parût très-
chancelante , on retrouvait encore en
lui celte vivacité d'esprit , cette in-
tarissable gaîté qui n'avaient pas
cessé de le distinguer ; et à cette
époque , comme autrefois , ses sail-
lies et ses bons mots furent partout
répétés. Vovant les souverains oc-
cupés de bals et de fêtes de tous le^i
genres, il disait : a Le congrès danse, \
» il ne marche pas ; quand il aura
» épuisétouslcs genres de spectacles,
» je lui donnerai celui de l'enterre-
» ment d'un feld-maréchal. w CeVUi
promesse ne fut que trop fidèlement
accomplie ; et le prince de Ligne
termina sa longue carrière le 1 3 dé-
cembre 1 8 1 4. Mourant sans fortune^
et voulant néanmoins, selon l'usage
laisser un legs à sa compagnie de tra-
bans , il lui donna la collection de ses
aoauuscrits, qu'il évaluait à cent mille
ÎJG
lori!»!*.Scshrri!iers,(ï»in*ymcttaient
rnt-nic prl\ , la voiuliinit à un
te pour une somme modique;
le comte de Collorcdo , son
>sciir dans !c commandement
I .ibans , réclama contre celte
. dans les inlercts de sa com-
1 '. On crut d'abord que cet inci-
\ lierait la publicalionde ces
> ; cependant les OKuvrcs
imios du prince de Licne ont
en 1817 , à Vienne et à Dresde,
» vol. in-8". La colleclion de ses
eiivres avait cle' publiée par lui dans
es mêmes villes , en 1807 , 3o vol.
n-ia , divisés en deux pirties, dont
\ première comprend le Coup-d'œil
"•• fiel-œil et sur une grande par lie
I dins de l'Europe; — Dialogues
o iiwrls; — Lettres à Eutalie surle
hédtre; — Mes Ecarts ou Ma tète
" herté ; — Mélange de poésies ,
s de tliédtre; — Mémdlres sur
,; comte de Boniieval, sur la cor-
•.spoiidance de Laharpe , etc. La
?conde partie sous le titre d' OEu-
res militaires et sentimenlaires ,
amprend : Préjugés et fantaisies
Ulitaires; — Mémoires sur lescam-
agnes du prince Louis de Bade ;
tr les campagnes du comte de
iussy-Rabutin ; sur la guerre des
'urcs ; sur les deux maréchaux de
ascjr; sur Frédéric II; — Instruc-
on du roi de Prusse à ses officiers;
-Journal de la guerre de sept ans;
e sept mois en 1778, et de sqn
furs aux Pays- Bas en 1784 ;
- Mémoire sur les généraux de la
lierre de trente ans; — Relation de
wa campagne de 1788 à 1789; —
'atalogue raisonné des libres mili-
lires de ma bibliothèque. Les deux
emiers volumes coutiennent des
^WUvres mêlées en prose et en vers.
^'espèce de culte que le prince de
igné avait voue à la ine'raoirc da
priuro Eugène, lui fit publier, en
iHoy , un ouvrage de sa compo-
sition , wus le litre de Fie du
prince Eugène de Savoie , écrite
par lui - même. Ceux des lecteurs
qui connaissaient la manière du
prince de Ligne , ne j)urent se mé-
prendre à celte petite fraude : mais
ils admirèrent I esprit et l'art avec
lesquels il avait su se mettre à la
place d'un grand homme. Impri-
mé d'abord en Allemagne , cet ou-
vrage le fut deux fois à I*aris ,
dans la même année. On a beau-
coup écrit sur le prince de Li-
gne , même de son vivant. M"»«.
de Staél , qui avait été singulièrement
frappée des grâces de son esprit, pu-
blia , en 1809 : Lettres et Pensées
du maréchal prince de Ligne , i vol.
in-8**. Ce recueil est princip.ilcmeni
extrait de la Correspondanrc , où
M™^. de Staël a irouvé facilemc.it
de quoi justifier son admiration. Ou
peut seulement lui reprocher d'y
avoir placé des opinions et des ju-
gements que l'auteur avait dès-lors
retractés. MM. de Propiac et Malte-
Brun outaussi donnédes extraits des
ouvrages du prince de Ligne. Il fut
si mécontent de tous ces recueils ou
extraits, qu'il s'en plaignit haute-
ment, et qu'il voulait en faire impri-
mer un autre lui-racme; mais \i
mort ne lui donna pas le temps d(f
réaliser ce projet. M — d j.
LIGNY ( François de ) , ne 4
Amiens , le 4 mai 1709, la mcme
année que Gresset , son compatriote,
entra comme lui ,à l'âge de lOans,
dans la société des jésuites, mais pour
s'y fixer tout-à-fail. 11 professa d'a-
bord les humanités , el se livra en-
suite au ministère de la prédication.
Quoique son extérieur ne prévînt pas
en sa faveur , un Ion de candeur cl de
persuasion^ joint à unccloquenceawi-
3i..
484
LIG
mëe , soutenue par l'instruction , lui
Talutdes succès , même dans les chai-
res de la capitale ; ce qui le fit appe-
ler à la maison professe de Paris.
Il avait cte nomme' pour prêcher à
la cour, et il aurait pu dcyenir un
orateur distingué ; mais la suppres-
sion de la Société' lui fit quitter la
France ; et Avignon , où il se relira ,
le vit , malgré son âge et une santé
délicate, s'occuper tour-à-tour de
la prédication, du soin des âmes , et
d'études littéraires. Il ne manquait
pas de connaissances historiques ; et
il avait été chargé d'écrire l'histoire
de la province du Nivernais. Ou a de
lui : I La V^ie de saint Ferdi land,
roi de Castille et de Léon , dédiée à
Ferdinand , prince de Parme , Paris ,
1 759, in- 1*2. Celte Vie, citée par
Albau Butler , donne des détails sur
les relations de la France et de l'Es-
pagne , occasionnées par les liens de
parenté qui unissaient saint Ferdi-
nand à saint Louis. IL Histoire de
la vie ce J é sus- Christ , oh l'on a
conservé et distingué les paroles du
texte sacré selon la Vulgate , Avi-
gnon, i774)3vol. in-8''. ; i77G,in-
4**. ; Paris , i8o4 , 1 vol. in-4**. fig.
Cet ouvrage est une ample Concorde,
à-la-fois historique et ascétique, où
Fauteur a formé , du texte des évan-
gélistes , une seule histoire suivie, en
y mêlant , sans les confondre , les
explications ou les réflexions qui s'y
lient naturellement. Celles qui ser-
vent à éclaircir les difficultés , ou a
développer le sens prophétique, dog-
matique ou moral, sont répanduef
dans des notes , « oi!i les choses ex-
» cellentes , dit le père Daire , font
» passer quelques saillies d'un zèle
» parfois un peu ardent, qu'on a cru
» pouvoir reprocher à l'auteur. » Le
pcixj de Ligny mourut en 1788.
G — CE.
LIG
LIGORIO (PiRRo), peintre e
antiquaire du seizième siècle , ni
à Naples , de l'une des familles ins
cri tes au Sedile di porta nova
reçut une belle éducation , dont i
profita moins cependant que de l'é,
tude des arts du dessin. Il devin
peintre, architecte, ingénieur , et sur
tout patient et laborieux investiga
teur des chefs-d'œuvre de l'antiquitél
Comme peintre on cite de lui plusieurj
tableaux à fresque, qu'il exécut
dans l'oratoire de la compagnie
la Miséricorde à Rome , et un grs
nombre d'ouvrages de clair-obs
en couleur jaune imitant le broi
Ce sont des frises et des trophj
dont on ornait pour lors les faça<
des maisons ; il en reste encore
traces dans le quartier de Camp\
Marzo, à la montée de S. Silvestr
et à Campa di Fiore. Ligorio donn
de plus grandes preuves de taleUj
comme architecte : le palais Laci
cellotfi situé sur la place Navone|
le joli Casin du pape dans les jardin
du Belvédère , sont considérés comm
des modèles d'élégance et de bon goû
Paul IV ;<vail nommé Ligorio arcb
tecte du Vatican et de la fabrique d
S, -Pierre : Michel Ange, âgé di
quatrevingt-un ans, qui avait occupj
jusqu'alors et si honorablement celt
place, ne voulut point la partagerj
quitta Rome. Ligorio donna ai
des dégoûts à Salviati, et le foj
d'abandonner les peintures qu'il ai
commencées au Vatican. Après 1
mort de Michel Ange, Vignole 1
remplaça , et fut adjoint à Ligoric
On leur ordonna de ne s'écarter e
rien des dessins de leur célèbre de
vancier : le présomptueux Ligori
n'ayant pas obéi à cette injonction
perdit son emploi. C'est alors, ei
1 568 , qu'il passa au service d'A!
phouse II , duc de Ferrare. Nom
LIG
)n4 son architecte avec un traite-
hicnt de vingt -cinq cens d'or par
mois , il 5c maria dans cette ville ,
5*y fi\a pour le reste de ses jours, et
V mourut en i583 , aime et estime
^c$ princes de la maison d'Esté, qui
lui avaient fourni souvent l'occasiou
iie faire briller ses talents. Il avait
'"-irc les dommages que la ville
irit dans uue inondation du Pô ,
p[ donné le plan de plusieurs édifices;
mais il s'était livré, surtout, comme
îl l'avait déjà fait à Naples, à Rome
!ct dans le reste de l'Italie , à la re-
therche des monuments antiques ,
«t avait formé de ces objets uue ri-
che collection qu'on voyait encore
vers la fin du xvii®. siècle chez ses
ux. Il leur avait aussi laissé
manuscrits sur l'architecture et
les antiquités , ornés d'tme grande
'^"-'iitité de beaux dessins , qui
-orent successivement dans les
ijuiliolhcques des Sig, Gardellini et
Crispi de Ferra re , et furent en uile
achetés, pour le prix de 18,000 du-
cats , par Gharlcs-Emanuel I , duc
de Savoie : le sort des armes les
ayant fait tomber entre nos mains ,
ils y restèrent jusqu'en 181 5. Les
artistes et les aixhéolcgues y pui-
iit des éclaircissements sur divers
tsd'antiquité; et quoiqu'on ne dût
as accorder une grande confiance à
érudition et à la véracité de Ligorio ,
cependant comme il paHe d'objets
qui n'existent déjà i>lus , ou qui de-
puis deux siècles ont beaucoup souf-
tert des outrages du temps et de
l'incurie des hommes, on trouve dans
ses manuscrits des faits précieux ,
des rapprochements , des analogies
ingénieuses , et le dessin d'objets
qui, pour être inexactement copiés,
n'en sont pas moins dans le goût
antique , et ont toujours pour motif
de belles idées puisées à uue source
I;
MG \n-i
dont la p<irft«? nV^t pas enfi. re-
nient corrompue. On ne po»jt mer
cependant que dans un au!>«i vaste
recueil il n'y ait b<>ahcoupd'erretirt;
car Pirro Ligorio n'était pan fort
savant , et Ant. Agostino , «pioiqut
son ami, aiUrme , dans son ouvrage
De antiq. dial. 4 , qti'il "c savait
pas même le latin : d'où il résulte
que souvent IJgorio n'a pas compris
les inscriptions tracées sur les mo-
numents , et qu'il a donné de bonne
foi des inscriptions supposées. Néan-
moins plusieurs antiquaires ,$pan*
heim [ De prœstarUidct usu nnniism.)
Maft'ei( Giorn. d'Ital. ),et Muratori
( Tliesaitr. y et. inscr. ) ont loué ces
manuscrits sans en dissimuler les de*
fauts ; et le dernier absout Ligorio de
l'imputation d'avoir sciemment fal-
sifié les inscriptions et les médailles.
Nous pouvons joindre à ces témoi-
gnages l'autorité deTiraboschi (Slor.
lett. ) et celle dcT.tfuri ( Scrittoiidel
Regrw di Nap. ) Knfin Gio-Malteo
Toscauo , qui se glorifiait d'avoir
connu Pirro Ligorio à Rome , le
désigne comme un homme totius
anlif^uitalis peritfssimn^ nuUiu^que
borifu a'ts igriarus. ( Fejtlus liai, )
Ces manuscrits sont au nombre de
3o vol imes in-fol., dont plusieurs
étaient dédiés au duc Alnhonse de
Ferrare. On peut en voir la descrip-
tion dans le CatàL des Manuscrits de
la hiblioth. de Turin, yo\. 1. Suivant
quelques Toyageurs , le nombre de
ces manuscrits s'élevait à 4^ vol.j
et les 10 qui inan«iuaicnt à Tuiin se
trouvaient à la biljliothcque rovafe
de Naples : on en conserve 1 x oan»
celle du Vatican ; mais ce sont des
copies f.iit«»s sur les originaux par
ordre de Christine de Sucdc. Les 18
Sremiers volumes contiennent U
esci iption des royaumes , provinces,
villes , mers , fleuves , nwiiUgncs^,
486
LIG
connus des anciens ; les autres traitent
des héros et ries hommes illustres ,
des familles romaines , des thermes,
de la navigation , des médailles , des
arts libéraux, des poids et mesures ,
des statues, des funérailles^ et autres
sujets relatifs aux arts et aux usages
des anciens. On n'a imprimé qu'une
légère portion de cet imiuense re-
cueil : I. Un vol. sur les antiquités
de Rome, Délie antichitàdi Roma
nel quale si traita de^ circhi, teatri
€ anfUeatri con le par adosse , Ve-
nise, i553, in-B*'. II. Un opuscule
De Fehlculis, traduit en latin, et
publié par SchefTer, avec des notes,
dans son traité De re vehiculari ,
Francfort, 1671 , in4"., et dans le
tome V du Thesaur. anliq. Rom. III.
Unfragment de l'histoire de Fcrrare,
imprimé en 1676, traduit enlatin (par
Bernardin Morct), inséréautom. vii
du TJies. antiq. Roman, de Graevins;
mal à propos attribué à Cagnaccini,
car l'original de Pirro Ligorio existe
encore à Ferrare. ( Poj. BarufTaldi ,
Apolog. etc. chnslaRaccoltad'opus-
coli scientijici ( de Calogerà ) , tom.
VII, pag. 489-517. ) On dit aussi
que le bel ouvrage de Fulvio Orsini,
Délie famigUe Romane, eu médail-
les , a été fait d'après les recherches
de Pirro Ligorio. — Tous les artistes
connaissent son grand plan de Rome
antique dont on a fait plusieurs co-
pies et réductions. Franc. Contini a
fait graver le plan de la villa Adriana ,
levé par Pirro Ligorio ( Rome, 1 76 1 ,
in-fol. ) La description imprimée est
succincte et par lettres de renvoi ,
tandis que celle de l'habile anti-
quaire napolitain est fort étendue et
pleine de recherches et de faits cu-
rieux : on doit regretter qu'elle
n'ait pas été publiée ainsi que plu-
sieirs autres de ses manuscrits. On
«oiiiiaît encore de lui une carte du
LIG
royaume de Naples , insérée dani
recueil d'Ortelius. G — w.
LIGOZZI ( Jacques ), peinti
d'histoire , né à Vérone en i543
fut élève de Paul Véronèse. Aprî
avoir exécuté , dans sa patrie , que
qiîes ouvrages pleins de mérite,
étendit saréputationdans toute Tlta
lie ; et le grand duc Ferdinand II 1
nomma peintre de la cour et sur-ii
tendant de la galerie de Florence. C
choix fut justitié parles travaux qu
Ligozzi exécuta. On estime surtout le
dix-sept lunettes qu'il peignit dans 1
cloître (V Ognissa/iti y entre autre
celle qui représente la CoTifér^rajÊ
des deux saints fondateurs , Fr^^
cois et Dominique. Il a beaucou]
travaillé à l'huile. Le Saint Raj
juond ressuscitant un enfant , qu
l'on voit à Sainte-Marie-Nouvelle
et les Quatre Saints couronnés qu'i
peignit pour le couvent des Carme
déchaussés , à Imola , sont deu:
grandes machines du plus bel effet
et où l'on reconnaît un élève de Pau
Véronèse. Au couvent de Pe«cii
l'on admire son Martyre de sainb
Dorothée. L'échafaiid,le bourreau
le préfet , qui du haut de son cheva.,
donne l'ordre de frapper , la fouit i
des spectateurs qui témoignent leur* 1
sentiments par des expressions dif-
férentes , l'appareil d'un supplice
blic , tout , dans ce tableau , fraj
également les ignorants et les col
naisseurs. L'artiste s'est surtout sui*-!
passé dans la figure de la Sainte, qui,!
agenouillée et les mainsliées derrière'
le dos, attend, avec un calme céleste,
la couronne du martyre qu'un chœur
d'anges lui apporte. Tous les ou-
vrages de Ligoz/i ne présentent pas
la même force d'imagination; mais
dans tous ii émeut le spectateur , et
fait voir qu'il sent ce qu'il a peint. II
avait le talent le plus distingué ponr
LIG
, la miniaturr. Ses prtits ubicanx à
'linilc 5ont d'un fini prcricux. Aug.
I rArhc,cl d'aulrcs habiles artistes^
I grnvp plusieurs de ses produc-
iis. Le Musce du Louvre possédait
or ce maître : Jésus an jardin dt's
Oliviers. Ce tableau, qui provenait de
calorie de Florence , a ctc cn-
<• eu septembre i8i5. Le même
sec renferme encore , dans la
rie d'Apollon, les cinq dessins
vanls de Ligozzi : L L*£n-
Jtt Jésus sur les genoux de la
I lerge , donnant l'anneau nuptial
mainte Catlierine. Ce dessin est
(Ute' à la plume, lavé et re-
issé d'or , ainsi qu'un autre frag-
iit de dessin représentant : II.
Martyre de sainte Catlierine
Uexandrie. III. Le Dante y ac-
compagné de Béatrix, rencontre ,
dans la planète de Fénas , Cunizza
nrd'Eccelino , tyran de Fadoue ,
/c troubadour Foulques de Mar-
lle ( Paradis , chant ix ) ; dessin
! I plume, lave, rehaussé de blanc,
que quelques personnes ont cru
(■ d'André Solari. — Deux allé-
:ies , dessinées à la plume , lavées
bistre et rehaussées d'or , repré-
!itant, la première , une Femme
^ ne-bout , vue par le dos; et l'autre
nne Femme assise, légèrement voi-
; Ue par une gaze transparente, se
peignant les cheveux, etc. LicozLi
mourut à Florence, en 16:^7. P-s.
LÏGUORÏ ( Alphokse-Marie de ),
('que et fondateur d'une congréga-
11 de missionnaires , naquit à Na-
"S , le 26 septembre 1(396. Son
le était noble, et capitaine dans
> galères du royaume; sa mère se
mmaitCaA'alieri. Liguori annonça
bonne heure un esprit vif, un ca-
ractère aimable , et d'Iieurcuses dis-
; positions pour l'étude et la piété.
Ayant uni son coucs d'humanités à
XIG 487
l'igc de dix-scni «ru, il entra dans
la carrière du barreau. Son r' « t
à Naples eut beaucoup de i>i
mais un accident désagréable (t im-
prévu , qui lui arriva en 1722. dans
une cause, le déconcerta, et 1."
Icllcment, que renonçant à la p(
tive brillante qu'on lui oflrait , il put
l'haLil ecclésiastique Ie3i août i7'J«'»,
et se livra sur-le-champ aux <
et aux exercicesdc cette nouvel 1
rière. Quand il eut reçu le sacerdoce,
il s'unit à la congrégation pour U
propagation de la foi, érigée àN*»
pics , et à d'autres associations pieu^
ses. Il annonça la parole divine dans
plusieurs villes et campagnes du
royaume,âvec le titre de missionnaire
apostolique. Affligédc l'ignoram c drs
gens de campagne , il résolut d'i (.1-
blir une congrégatioa destinée spé-
cialement à les instruire, et se retira
avec quelques missionnaires , dans
l'ermilage de Sainte- Marie, de la
ville de Scala , dans la Principauté
citérieurej là il jeta, en i73'.i , les
fondements de son institut sous le ti-
tre du Très-Saint Rédempteur. Il eut
dans cet établissement quelques obs-
tacles à vaincre; mais sa congréga-
tion obtint l'approbation du che£
de l'Eglise , et se répandit dans le
royaume de Naples , eu Sicile et dans
l'état pontifical. L(> osnMtt-
sons furent établies liocèsfli
de Saleme , de Cou/a , de ÎNocera «1
de Bovino ; et plusieurs évêquc*
sollicitèrent de pareilles foudationf
pour leius diocèses. L'ordre a com-
mcucé il y a peu d'a&ooes à s'éteil»
drc hors de l'Italie; et une ce»*
lonie de ces rcli^eux s'établit en
181 1, à la Foi -Sainte y aacieuM
chartreuse du cautou de Fribourg,
occupée i>endanl la révolution par
d€,s trapistes, qui furrul forces d«
l'abandonBer eu 1810. Au milieu
488 ÎJG
de ces soins et de l'exercice continuel
du ministère, Liguori trouvait en-
core le temy)s de composer des livres
de théologie et de piété 5 l'âge et les
maladies semblaient ne rien dimi-
mier de son zèle. Clément XIII le
fit évêque de Sainte - Agathe des
Golhs , dans la Principauté ulté-
rieure , entre Bénévent et Capoue.
Liguori refusa plusieurs fois une di-
gnité dont il connaissait tous les de-
voirs, et ne se rendit qu'au com-
mandement exprès du pape. Il y fut
promu le i4 juin 1762. Le soin de
la discipline ecclésiastique , l'instruc-
tion de son troupeau , les visites pas-
torales , les bons exemples, la fonda-
tion d'établissements pieux et chari-
tables, signalèrent son épiscopat. Au
bout de treize ans de gouvernement,
affaibli par les travaux , les péniten-
ces et les maladies , devenu sourd et
presque aveugle , incommodé d'une
courbuie de l'épine dorsale qui le
gênait beaucoup pour toutes ses fonc-
tions , il obtint de Pie VI , en juillet
1775, la permission de se démettre j
et à l'âge de 79 ans, il se retira, au
milieu de sa chère congrégation , à
Nocera-de'-Pagani , où il passa le
reste de ses jours dans la méditation
et les exercices de la péuilence. Il y
mourut saintement le i^^ août 1787,
âgé de go ans. Ses vertus furent re-
tracées dans plusieurs oraisons fu-
nèbres ; et l'on a rapporté des choses
étonnantes sur sa vie et sur sa mort.
Ses principaux ouvrages sont : I.
Dissertation sur l'usage modéré
de V opinion probable ( en italien ),
Naples, 1754. II. Théologie morale
rédigée par appendice à celle de Bu-
sembaum ( en latin ), Naples, 1 755,
1 vol. in- 40.; elle est dédiée à Be-
noît XIV, qui répondit à l'auteur par
une lettre flatteuse : cet ouvrage a été
réimprimé plusieurs fois; la onzième
LIG
édition a paru à Bassano , en 1816, j
3 vol. in-4^. G'est-la que Liguori
développe son système sur le pro-
babilismej opinion qu'il soutenait
avec quelques modifications , et sur
laquelle il a beaucoup écrit. Il fut
attaqué sur ce sujet par le père Pa-
tuzzi, dominicain, qui publia , en
1764, sous le nom cî' Adelphe Do^
siihée : La cause du probabilisme
reproduite par M. Liguori, et con-
vaincue de fausseté ; celui-ci y ré-
pondit par une Apologie de sa Dis-
sertation , qui fut depuis refondue
dans sa Théologie morale. Le senti'
ment de Liguori peut être invraisem-
blable et même faux; mais il n'ai
point été censuré. Dans l'examen d
ses écrits qui a eu lieu avant de pro-
céder à sa béatification, on n'y a
rien trouvé qui fût un obstacle au
jugement du Saint-Siège en son hon-
neur. III. Le guide des ordinands,
en latin , 1758. IV. Instruction au
peuple, en forme de catéchisme, sur
les préceptes du décalogue,en latin,
1 768. V. OEuvres dogmatiques con-
tre les prétendus réformés ( en ita-
lien), Venise, 1770. VI. Histoire de
toutes les hérésies avec leur réfuta-
tion , Venise, 1773, 3 vol. in-80.
VII. Victoire des martyrs, ou Fie
de plusieurs saints martyrs, Venise,
1777,2 vol. in- 12. VIII. Becueil de,
prédications et d'instructions , Ve
nise, 1 779, 2 vol.in-8^. IX. Instruc-\
tionet pratique pour les confesseurs^
(en italien ainsi que les précédents ),
Bassano, 1 780, 3 v. in- 1 2 ; c'est l'an-
tidote de V Instruction des confes-
seurs et des pénitents , imprimée à
Venise , chez Occhi , en 1753. De-
puis , Liguori la publia en latin sous
le litre de Pratique du confesseur,
Venise, 1781. X. La vraie éjouse
de J. C. , vu la sainte religieuse,
Venise, 1781 , 3 vol. in-i2.XI. Dis-
ï
-y
1
sm
LtG
smfs sacrés et moraux pour tous
es dimancfies de Vannée y Venise ,
1781 , 111-4°. XII. ré:ité (le la foi
M réfutation des matérialistes , des
iéistes et des sectaires, Venise,
i-jSi ,aTol. in-8''. ( Ces trois ouvra-
ges sont en italien. ) XIII. L'homme
tpost clique dirigé pour entendre les
:onf estions ( en la lin ) , Venise ,
178U, 3 vol. in-40. XIV.La Gloire
ie Marie y Venise, 1784, a vol. in-
6*.; cet ouvrage fut attaque dans
anc Lettre qui parut sous le nom de
Laminde Prilaniiis ressuscité, (i)
tori se défendit par une courte
^•nie , publiée à Naplcs. XV.
OEui^res spirituelles , ou Vam^ur de
de Vaine et la visite au SaintSa-
vrement , Venise , 1 788 , '2 vol. in- 1 2;
trad. en français , Rouen , 1 792 ,in-
la. (2) Il e:dstc encore, deLiguori,
plusieurs livres de piélc fort cstirac's.
On lui a reproche' de favoriser le re-
lâchement ; mais sa vie si pure et si
sainte plaide en faveur de sa doc-
trine. Loin d'être attaché obstiné-
ment à son sentiment, il n'hésita pas
PD plusieurs occasions à rétracter
publiquement ce qui lui était échappé
de peu exact. Dans les controverses
qu'il eut à soutenir avec Patuzzi ,
et avec quelques anonymes , il mon-
tra toujours une extrême modéra-
lion. Ou en voit uue preuve dans
an petit écrit intitulé , Expiatio ,
qu'il publia en 1767, pour se justi-
her, lui et sa congrégation , contre
une lettre où l'on rendait leur doc-
trine suspecte. Dans les dernières
éditions cle sa Théologie mx)ralc,'\\
Jl) lAiTtinde Pritaniut. ««t le nom ({u'aTait
fns âutrrfoi* le c*Ulire Mnrat*ri . daat ua «n-
vra|;« tnutr" !'« prrtett^at LccUic.
(j' Non» ne citons prci<}<i« dan» c«tte Iittoqii«
Utioii* ilnnnért a VeuÏM . Y*x K «monditii,
• t -u relation ilc l.-llm« avrc lu •-«! I pié-
[. ndaat il e»t prob-ibl* qn^ la plupart J«
r^t 4ii«ra«i»tfitr*ni iuiprimét d'al
*■ dans Iv rayaucBC.
ibord ji Naplea,
Lit i%
n*a pas craint de revenir wr \m n!i-
scz grand nombre <!•• I
avait données dans 1". ,
pies, et il le fait avec une simj»! wr-
qui ne cherche aucune exruse : si i <
pulation de sainteté était tellrment
établie, que l'on commença, peu après
sa mort , des informations sur ses
vertus. Elles ont eu le résultat le
jJus satisfaisant; et, le i5 septembre
1816, Pie VII a public un décret
de béatification en l'honneur du pré-
lat. La cérémonie a eu lieu le mcme
jour dans la basilique du Vatican ; et
le pape, accompagné des cardinaux >
Y a offert le prcauer culte au bien-
ncureux. Le recueil imprimé des
procès-verbaux et autres pièces re-
latives à celle béatification , forme
5 vol. in-fol. P — c — T.
LILBURNE ( Jean ), républi-
cain an«»lais du temps de Charles 1*^.,
descendait d'une ancienne famille
du comté de Durham, où il naqiut
en 1618. Destiné au commerce, il
entra, à l'âge de 12 ans , chez un fa-
bricant de draps de Londres, q»ii
était très-opposé à la hiérarchie ec-
clésiastique. D'une imagination ar-
dente et d'un caractère inquiet et en-
nemi de toute espèce de pouvoir , il
puisa chez ce fabricant des idées de
liberté ou plutôt de licence qui s'aug-
mentèrent encore par la leclure des
écritsqui paraissaient \ cette époque.
Le livre oes Martyrs en particulier
Ini inspira un grand rnlhtmsiasmc.
Encore jeune et apprenli , il se vit
consulté par tous les cnnenais de la
hiérarchie. Sa vanité fut flattée de
cette déférence; et il crut q»ic la
profession qu'il avait embrasser é-
tait au - des:>ous de lui. En iG'^C,
il Ht connaissance avec le do» leur
RjslNvirk , alors enferme comme
auteur d'écrits séditieux , et se char-
gea d'aller Caû« imprimer en Hul-
490
LÎL
lande , im ouvrage que celui-ci ve-
nait de terminer contre les evêques.
Après avoir rempli cette mission ,
il revint en Angleterre avec ce pam-
phlet et quelques autres du même
genre , qu'il répandit dans le public.
Trahi par un de ses associes , il fut
arrête et condamne' en février 1687 ,
par la chambre étoilëe , à la prison,
au pilori et à une amende de 5ooliv.
sterl. II subit sa peine avec une au-
dace incroyable, jetant des pamphlets
au peuple, et proférant pendant son
exposition des invectives tellement
violentes contre les e'vêques , qu'on
fut obligé de lui mettre un bâillon ;
ce qui ne l'empêcha pas de gesticu-
ler avec une sorte de rage, jusqu'à ce
qu'on le détachât du pilori. Il reçut
à cette occasion le surnom de Free-
horn John ( Jean V Indépendant ) ,
qui lui fut donné par les amis du
gouvernement , tandis que ses parti-
sans le regardèrent comme un saint
persécuté. Pour punir les nouveaux
effets de sa frénésie, ses juges le firent
enfermer dans un cachot étroit avec
les fers aux pieds et aux mains. On
avait une telle opinion de son carac-
tère audacieux , qu'il fut soupçonné
d'avoir mis le feu à sa prison pour
s'évader; et à la sollicitation des
détenus, on le transféra dans une au-
tre , où il fut moins resserré, et où il
put écrire encore diverses brochures
contre l'épiscopat. En 1640, le long
parlement lui accorda sa liberté, dont
ilabusa en demandant, à la tête d'une
populace furieuse , que le comte de
Sîralï'ord fîit mis en accusation. Le
jour suivant , il fut arrête et con-
duit devant la chambre des lords ;
mais , par suite de l'esprit du temps,
il fut déclaré non coupable, et la
chambre des communes décida que
la sentence rendue contre hii par
la chambre étoilée était illégale
LIL
et tyran ni que , et que l'on devaîi
lui allouer un dédommagement
Ce dédommagement fut fixé pai
la chambre des lords à deux mii
le livres sterling , à prendre sui
les biens de ses adversaires. Grom
well , à son retour d'Irlaiide , cr
mai i65o , lui fit encore accor-
der une autre somme. Lorsque U
parlement eut voté une armée à op
poser au roi, Lilburne y entra com-
me volontaire. Il était capitaine
d'infanterie à la bataille d'Edgc
Hill , et se distingua à celle de Bre
ford , où il fut fait prisonnier. Co]
damné comme coupable de hai
trahison , il eût subi la peine ca
taie , si le parlement n'eut décl
qu'il userait de représailles. Il fi
bientôt après , échangé et reçu
triomphe par son parti, qui lui
présent d'une bourse de trois cents
livres sterling. Il abandonna son gé
néral, le comte d'Essex , lorsqu'ils
vit s'opposer aux indépendants, el,
fut fait lieutenant-colonel de dragousl
dans la nouvelle armée, levée parle
comte de Manchester : il devait à
Cromwcll le grade de major , qu'il
avait obtenu quelques mois aupara-
vant ( octobre i643 ). Lilburne se
conduisit avec bravoure pendant le
cours de sa carrière militaire , qu'il
quitta lorsqu'il eut acquis la cerl
tude que les principes de l'ég
presbytérienne qu'il abhorrait ,
minaient dans l'armée. Son es
irascible et querelleur lui fit aci
ser tour-à-tour ses divers cLefs ,
contre lesquels il écrivait des pam-
phlets furibonds. Le comte de Man-
chester et Cromwell , quoique ses
protecteurs , ne purent échapper
à ses attaques. La chambre des
lords , elle-même , fut souvent trai-
tée par lui avec un extrême mé-
pris ; aussi fut-il mis plusieurs foi»
u'il
LIL
prison. Se voyaut ab.indonn(^ y il
tcuU de faire déclarer l'armec eu
M faveur , et accusa CromNvcII de
TOuloiruMirperlo pouvoir souverain,
et Irelou, de l'aider dans ce dessein.
Traduit devant la clianibre des com-
munes en lOfS, comme coupable
de manœuvres séditieuses, il avait
tant d'amis parmi la populace, que la
chambre crut devoir le renvoyer de
ra«cusation portée contre lui. A la
mort du roi , il s'opposa avec beau-
coup de violence à ce que les chefs de
rarniee concentrassent le pouvoir
dans leurs mains, et soutint que le peu-
ple avait seul le droit de se donner
une constitution. Enfin, cet enthou-
siaste parut si dangereux à Crom-
v?cli lui-mcmc, qu'd le fit enfermer
de nouveau à la Tour, et traduire de-
vant une commission; mais il fut en-
core acquitte par le jury , au grand
contentement de la populace. Ou
frappa même, à celte occasion, une
médaille qui le représentait avec cette
'"^riptiou; « Jean Lilburney sauvé
ir le pouvoir de Dieu et l'inté-
» grité de ses jurés qui sont juges
• aussi bien t u droit que du fait ; »
et de l'autre côte' le iToni des jures.
Knfin une nouvelle insulte qu'il fit
parlement , détermina ce corps
1 0 condamner à une amende et
i'anuissemcnt. Avant que le ju-
iicnt pût être mis li exécution ,
il s'était retiré à Amsterdam , d'où
il écnvait contre Cromvall, qu'il
accusait d'être son persécuteur. U
eut en Hollamle des conférences avec
les royalistes , et propo.«'a de rétablir
' 'nries II , sur son troue, moycii-
if dix mi!le livres sterling ; mai*
on ne jugea pas à propos descfici'à
un tel homme. Il resta dan* l'exil
jusqu'à la dis^olulion du Xon^ paric-
»nf>nl ; puis il rentra en Angleterre,
i> autorisation. Arrête et Uudait
deranl un jury, iJ fat acquitté pour
la troisième fois ; ce oui irrita virc-
mrnt Cronnvrll , qui le fil de noti-
vrau arrêter , et voulut mcmr le fair*
déporter : mais un frère de Ijlbnnie,
alors major-général . obtint la lil)ertt
du prisonnier, qui se retira à KIthem ,
dans le comté de Kent, où il passa
le reste de sa vie dans le repos.
Lilburne prouva cependant de nou-
veau la versatilité de son caractère,
en adoptant la religion des qua-
kers , *aont il devint un des prédi-
cateurs jusqu'à sa mort, arrivée le
ag août i(»57. Jean Wood le peint
(( comme un homme habitué des
» sa jeunesse , aux disputes , aux
)) nouveautés, à l'opposition envers
» le gouvernement , et aux exprrs-
» sions les plus violentes et 1<> j>Iu5
» amèrcs ; idole d'un peuple fac-
» ticux, disposé à troubler tontgou-
» vernement régulier , faisant un
» mélange de toutes les religions,
» chef de niveleurs, faiseur de pro-
» jets de toute espèce, et auteur de
» pamphlets séditieux, ayant unca-
» ractèrc tellement qucrcilcur , cpic
» le jugeJcnkins disait de lui , »////<?
s* il était le seul être vivant sur la
terre , Lilburne serait en dispute
avec Jean , et Jean avec Lilburne.
Clarendon et Hume n'en font pas un
portrait plus ilalteur. Les biogra-
j)hes anglais citent de lui une vir:;;
taille de pamphlets, tous ex?
ment virulents, écrits d'une m
très-commune, mais quclq>iefoi$ in-
génieuse, et où l'on trouve les mo-
dèles de tous les projets extra va-
gantsdontlcs hommes du même ca-
ractère ont fatigue l'attention pu-
Uiq '" nies ér»oques. D-r-s.
1, , M. k orez Villu.rv.
suédois, nccn lÛJi,
U d'abord le nom de Â^vfnt^crf i^nd
492
LIL
changea en celui de Lilieblad , quand
il eut obtenu des lettres de noblesse.
Il voyagea pendant dix années ;, et
profita de ses voyages pour augmen-
ter ses connaissances , et surtout
pour se perfectionner dans les lan-
gues orientales. Il apprit à fond
rhëbreu , le chalde'en , le syriaque,
l'arabe , le turc , l'e'tliiopien. En
1681 , il retourna en Suède , et fut
nomme professeur des langues orien-
tales à Upsal. Quelque temps. après,
Charles XI l'envoya en Pologne pour
s'instruire de la doctrine , des ce'ré-
monies et des usages de la secte des
Karaites ; il rendit compte au roi de
son voyage , et publia peu après :
Epistola de Karditis Lithuaniœ
ad Johan. Ludolphuin ( 1691 ).
Après avoir professe long-temps les
langues orientales à Upsal , Lilieblad
fut nomme censeur des livres , et
bibliothécaire de la cour. Il mourut
en 1710. Outre la lettre sur les Ca-
raites que nous venons d'indiquer ,
on a de lui : Concio laudibus nohi-
lium in orbe Eoo idiomatum dicta,
Stockholm, 1674' — Duo codices
Talmudici avoda sacra et Tainid
cum paraphrasi latind, Altdorf ,
1680. — Mos. Maimonidœ tractât,
de primitiis, cum vers. Anal. Upsal,
1694-95. — Delemplo Herculis Ga-
ditano, Stockholm, 1695. — ffis-
toria rerum jEgyptiacarum ah ini-
tiis cultœ religionis ad ann. Hegirœ
953, Stockholm, 1698. C — AU.
LILIEGRANTZ ( Jean comte
DE ), ministre des finances en Suède,
sous le règne de Gustave III , était
né dans ce pays vers l'année 1730,
d'une condition obscure, sous le nom
de Westerman. Ayant montré de
bonne heure des dispositions pour les
sciences économiques , il obtint des
états du royaume une somme pour
voyager dans les principaux pays de
LIL
l'Europe , et recueillir des rcr
seigneraents sur les manufactures
le commerce. Il parcourut l'Ailemî
gne, l'Angleterre, la France, l'Italie
et revint avec un recueil d'observs
tions importantes, qu'il fit paraître en
suédois dans une suite de mémoires.
Gustave III étant monté sur le trô-
ne , et voulant régénérer les finan-
ces , jetables yeux sur Westerman , et
lui confia l'exécution de son plan.
Anobli sous le nom de Liliecrantz,
il fut nommé secrétaire d'état poi
les finances. Il sut profiter habih
ment des circonstances de la gueri
d'Amérique , pendant laquelle
Suède , sous les auspices de la nei
tralité armée, fit un commerce trèi
lucratif, pour procurer au gouvei
nement les matières d'or et d'argent
et il vint à bout d'opérer la réali-
sation au moyen de laquelle les an-
ciens papiers furent retirés de la cir-
culation. Le crédit des nouveaux
billets de la banque de Stockholm
obtint une base solide, qui n'a été
depuis eljranlce que par les guer-
res dispendieuses survenues dans
les derniers temps. S'élant retiré
du ministère des finances, le comte
de Liliecrantz fut revêtu de la di-
gnité de sénateur ; et quand le sénat
eut été supprimé, il devint prési-
dent au conseil de commerce,
conservant néanmoins le litre
sénateur et le rang attaché à ce titi
Il fut aussi nommé commandeur
chancelier des ordres du roi. L'ac^
demie des sciences de Stockholm
comptait parmi ses membres ; et
a fourni ]>lusieurs mémoires à cetfl
société savante. Une physionomie j
pleine de douceur , des manièrei \
agréables , une mémoire richement i
meuldée , et une grande coanaissauce
des hommes , rendaient la société du
comte de Liliecrantz aussi intéres-
LIL
santc qirinstrurlive. Il parlait avec
une grande facilite le fraiiyais,
l'anglais et rallcmaiid. Ce ne fut que
dans les dernières années de sa vie,
(qu'il se retira des atiaires. II est mort
en iBiT), laissant des fils engages
dans la carrière militaire. C — au.
LILIENBERG ( JtAN-OEOROK
comte ue), ne en Finlande, et mort
dans sa terre de Herreslad , vers la
■fin du di\-liuitième siècle , à l'âge de
qualre-vingt-cinq ans , fut cham-
bellan du roi de Suède Frédéric V^.y
puis uomme' successivement gouver-
neur d'Abo et d'Upsal , et enfin prë-
Isident au conseil des mines. Ce fut
en celte qualité qu'il porta la parole
dans une circonstance critique , au
nom de tout le corps des présidents.
En 1768, le roi AdoIpLe-Frédéric
ayant résolu de se démettre du gou-
vernement, et refusant de le repren-
dre si le sénat ue consentait à la con-
vocation de la diète, ce corps fit des
difficultés; et il y eut dans les affaires
une stagnation qui pouvait avoir
des suites fâcheuses. Quelques jours
s'étaut écoulés en pourparlers et
en négociations , les présidents ou
chefs des départements se concer-
tèrent pour faire une démarche
auprès du sénat. Le président Li-
iienberg, en qualité de doyen, se mit
à la tète de la députation , et pro-
nonça devant l'assemblée du sénat
un discours, où il déclara que l'ordre
et la sûreté de l'état demandaient une
prompte décision, et que le trône ne
pouvait rester vacant , parce que le
sénat n'était point autorisé par les
lois à gouverner sans le roi , et que
les autorités se trouveraient dissou-
tes. Cette démarche hardie produisit
l'effet désiré; le sénat consentit à la
convocation des états, et le roi reprit
les rênes du gouvernement. Le comte
de Lilieobcrg aimait les sciraccs et
UL 493
les arU; il perfectionna Tagriculiurt
dans ses domaines , et donna des
soins à l'administration des mines
et des forges. Les améliorations qui
ont eu lieu pendant le dernier siè-
cle, dans celte branche im])ort.intc ,
sont le sujet d'un discours qu'il lut
dans une assemblée publique de l'a-
cadémie des sciences de Stockholm,
dont il était membre. On trouve dans
ce discours des notions exactes et
complètes sur le produit des mines
de fer et de cuivre de la Suède. — Li-
lienberg( Eric-Gustave baron de ),
frère du précédent , colonel en France,
él lieutenant-général en Suède, com-
mença sa carrière militaire sous le
maréchal de Saxe , dont il fut aide-
de-camp pendant la guerre de 1 740.
Il prit une part glorieuse aux ba-
tailles de Raucoux et Laufeld , ainsi
qu'aux sièges de Tournay , d'Aude-
narde et d'Ath , et mérita une pen-
sion de 1200 liv. Retournéen Suède,
il fit plusieurs campagnes en Pomé-
ranie pendant la guerre de sept ans.
Il mourut en 1770, sans avoir été'
marié; et son frère n'ayant point eu
de fils, la famille Lilienberg est
éteinte. C — au.
LILIENTHAL ( Michel), sa-
vant philologue allemand , était ne'
en 1O86, à Liebstadt, en Prusse.
Après avoir fait ses études avec beau-
coup de distinction , il fut promu au
saint ministère. Quelque temps après
il reçut une vocation pour Kœnigs-
berg : il fut ensuite nommé profes-
seur de théoloi^ie à l'université de
cette ville , et il en cumula les fonc-
tions avec celles du pastoral jusqu'à
sa mort arrivée en 1750. Lilienlhal
était membre de la société royale de
Berlin et de l'académie de Pcters-
bourg. Il fut le principal rédacteur
de X Erleuterte PreusseUf jounial
littéraire fort estimé, publié a K'P"
494
LIL
lùcjsberg (le 17*^4 ^ '7^^? 4 vol.
iA-B**. Il avait pour collaborateurs
Th. Bayer, J.-J. Rbod, Volbreclit,
Arnold et Seyler. On y joignit, en
i^j/\'2j un cinquième volume, qui
contient des suppléments et des
corrections pour les premières par-
ties. Ce journal attira quelques en-
nemis à Lilientlial parmi les écri-
vains que chagrinait sa critique fran-
che et parfois maligne j mais il lui
mérita l'estime de tous les littéra-
teurs impartiaux. Il en a publié une
espèce de continuation sous ce litre:
u^cta B oints sica ( en allemand ) ,
Kœnigsberg, i73o-3*2, 3 vol. iu-S*^.
Chaque volume est divisé en six par-
ties , avec autant de portraits d'au-
teurs prussiens. Ce recueil contient
d'excellents articles sur l'histoire ec-
clésiastique et civile de la Prusse ,
les vies de plusieurs savants , l'in-
dication d'ouvrages manuscrits ou
imprimés peu connus, les nouvelles
littéraires, et différents opuscules
rares. Outre plusieurs Dissertations
insérées dans les Mémoires des aca-
démies de Berlin et de Pétersbourg ,
on a encore de Lilienthal : I. De his-
torid litterandcertœcujusdam sen-
tis scribendd consultatio , Leipzig ,
1710, in-8**. Cest le plan d'une his-
toire littéraire de la Prusse qu'il avait
le projet de publier* mais il l'avait
conçue d'une manière trop vaste , et
l'exécution en eût été difficile. II.
De machiavelismo litterario, Kœ-
nigsberg , 1 7 1 3 , in-8^. : il y dévoile
les manœuvres et les intrigues em-
ployées par quelques littérateurs,
pour usurper une réputation non
méritée. III. Selecta historica et
litterariay ibid. , 1 715-19, 1 vol.
iu-S'*. C'est un recueil de pièces la
plupart inédites et intéressantes ; le
premier volume contient : Fita
Èalth, Beckeri, — JdeaenuUlimo-
LIL
desti, — Catalogus Codicum raris'
simorum hiblioth. Mediceœ ex Mss.
Holstenii , avec des corrections et
des additions. — De libris in ana.
— De Biblioiaphis. — De H alloue
à muribus corroso. — De vocalis ab
Adamo aninialibuSj et enfin De So-
lecismis litterariis. Le second : De
usuel abasu philolhecarum. — De
renim Punicarum scriptoribus ma-
nuscriptis et euulgalis. — De Helend
Menelai ejusque amatoribus. Les
trois autres pièces renfermées danj
ce volume ont pour auteurs Th|
Bayer , Rhode et G.-H. Rastius. F
Auserlesenes Thalercabinet , etc.
Kœnigsberg, 1 7^26, in-8^. ; quatrièin
édition^, 1 747 ^ in-8^. C'est une des
cription des principales médaill
modernes et des thalers ou écu
d'empire frappés depuis Charles-
Quint. Sa collection de pièces de ce
genre s'élevaità 800.V. Lilienthalis-
che bibliotliek, 1739-43 , 3 pari, iu-
8^^. C'est le catalogue raisonné de
sa nombreuse bibliothèque : l'ou-
vrage devait former dix petits vo-
lumes; mais l'auteur n'eut le temps de
publier que les trois premiers , qui
ne donnent pas même en entier la
partie théologique. YI. Preussischs
Bibliolhek, ibid., 1 74ij in-S*'. C'est
une notice de tous les auteurs qui
ont écrit sur la Prusse. VII. Bibli
cher Archiifarius , ibid. , 1745-4
'X vol, in-4*'. C'est l'indication
tous les commentateurs de la Bib
classés suivant l'ordre des passages,
verset par verset. On avait déjà pu-
blié en ce genre , en 1 694 , un tra-
vail fort étendu. ( Voyez Dorsgiie.)
YIII. Theologisch-homiletischer U-
bliolJiek, ibid. , 1749 , in'4^- : tra-
vail du même genre sur toutes les
parties de la théologie, à l'usage des
protestants. Tous ces ouvrages soni
ctt allemand. IX. Des Additions à U
pu
i
Uhîiotheca historiœ litterariiw de
I is. ; V. Ji GLKR et Strivius. )
.a a publie la vie de Mioh. Li-
culhal dans sa Gelerte Euopa.
'- T.ii.if îfTUAL ( Théodore -Cliris-
, tlicologicn , fils du prece-
uc À Kœnigsljcrg , en 1717,
lie: T. Une Hisloii-e critique
. .unie Dorot/iee , protectrice de
ji Prusse, Daulzig, 1743, in-4®.
enalernand. ) II. Deux Disserta-
on^ latines , sur lu lutte de Jacob
ontre un ange, Kœnigsbcrg, 1 744.
H. Des Leçons sur ha Biuls ( en aU
ul ), 1756-72. Cet ouvrage se
i)uait par cahier à des époques
rminécs ; l'auteur y refuie soli-
iit les objections des déistes con-
T l'ancien elle nouyeau Testament.
V. Comment atio criticasistensduo-
um codicum Mss. biblia hebraïc i
ontinerUium bibliotliecœ Regio -
lontanœnotitiamcumprœcipuanim
'oriantium lectionum sylloge, Kœ-
igsberg, 1770, in-S''. ; et environ
oixante autres dissertations ou opiis-
ules académiques dont on peut voir
î détail dans Meusel. Litientbal a
•ncore fourni de nombreux articles
la plupart des journaux de l'Alle-
aagne. W — s.
LILTO ; Louis) , en latin Aloysius
aUus^ est devenu fameux par la
»art qu'il eut à la réforme du ca-
eudrier Grégorien ( F oyez Gré-
.oiRE XIII ). Il était né, non à
Vérone , comme le dit Montucla ,
jais à Ciro , village de la Calabre.
1 pratiquoit la médecine , et culti-
aiten même temps l'astronomie,
cience pour laquelle il avait un
;oôt liés-vif. On ignore les autres
larticularités de sa vie ; et Lilio
crait toul-à-fail inconnu , s'il n'eût
ws attaché son nom à l'importante
no'ration dont ou vient de parler,
ca sentait k nécessité depuis
I.ir. 4r>0
long-tempt. Le véncraMn BM« , d(f
le huilièmc sièr.Ic , avait remarqua
ranticipation des ffquinoxcs; et Ro-
ger Bacon , cinq siècles plus tard ,
siCTiala les iiniK'rfection.s toujours
plus sensibles du calendiier Julieu
dont on continuait à se servir. Le
projet de le reformer fut encore re-
nouvelé dans le quinzième siècle par
Pierre d'Ailly et le cardinal de Cu»a,
qui présentèrent au concile de Cons-
tance, des Mémoires auxquels il ne
fut pas donné de suite. Cependant It
besoin d'y mettre la main devenait
de jour en jour plus pressant. Un
grand nombre d'astronomes du siè-
cle suivant s'en occupèrent avec
ardeur ; mais il était réservé à Lilio
d'exécuter seul un projet que tant
d'autres auraient essayé inutile-
ment ( I ). Il n'inventa pas les épac-
tes, dont l'usage était connu depuis
long-temps. ( Fojez Ximenès, In-
trod. ad gnomon. Florent. ) : il lei
appliqua au cycle de dix-neuf ans, et,
eu y ajoutant un jour à la (in de
chaque cycle, il parvint à une équa-
tion approximative des années so»
laire et lunaire. Lilio venait de ter-
miner son travail, lorsqu'il mou-
rut en 157G. Son frère ( Antoine
Lilio ) présenta son projet au pape
Grégoire, qui l'adjoignit a la com-
mission chargée de l'examen des
mémoires présentés par les diffé-
rents mathématiciens. Celui de Lilio
obtint la préférence ; et le pape s'é-
tant assuré du consentement des
souverains, donna, en i58i, Ui fa-
meuse bulle qui abrogea l'ancien ca-
lendrier et lui substitua le nouveau.
Les Tables des epic tes dressées par
Lilio, ont été insérées, avec des ex-
plications, dans le Calfndariuni Ro-
(0 -^otut (Al. tlrti.» )perj.cii foJ .»«''•
pi: ■ iLa»»i PtuacAt'twc'^. >
496 LIL
manum de Clavius , pag. 5 .et suiv.
( F. Chr, Clavius.) J. Yitt. Rossi a
consacré im article dans sa Pinaco-
thecUy à Lilio, qu'il nomme un méde-
cin et pliiloso])lie très-docte. W-s.
LILIO GIRA LDI , Foj. Giraldi.
LILLE (Christian Everard de),
né à la Haye, en 1 724 , étudia la mé-
decine à Leyde, où il fut reçu docteur
en 17.56. Il remplaça Camper dans
la chaire de médecine et de chirur-
gie à Groningue, et s'y distingua par
son instruction et ses talents. Ou a
de lui : Tractatus de palpitatione
cordis, fjuem p'^œcedit prœcLa cor-
dis historia physiologica ; cuique
pro coronide addita sunt monita
qvœdam generalla de arteriaruin
pulsûs intennissione , ZwoU, 1755 ,
in-S**. II a joint aux remarques phy-
siologiques des oi)seiTation« intéres-
santes sur les maladies du cœur.
Voy. , sur cet ouvrage , V Ilist. pragm.
de la médecine , par Curt Sprengel ,
5^ part. ,no. iio. P et L.
LILLO ( George ) , auteur dra-
matique, né à Londres en 1693,
e'iait joaillier de profession, et d'une
secte de dissenters. On ne sait rien
sur sa vie et sur sa personne, sinon
qu'il était d'une figure agréable ,
bien qu'il fût privé d'un œil. Il
mourut en 1789. Fielding a dit ,
dans le Champion , que Lillo avait
une connaissance profonde de la
nature humaine, quoique son mé-
pris pour tous les moyens vils de
faire sa cour, qui sont iiiidispensablcs
pour se répandre dans le grand
monde, eût renfermé ses liaisons
dans d'étroites limites. « Son ame
» était, ajoute Fielding, celle d'un
i) Romain, jointe à l'innocence d'un
» Chrétien des premiers temps. »
En elFet , ses ouvrages, remarquables
par l'art d'émouvoir et d'inté-
resser au sort de simples particu-
LIL
Hers autant qu'au destin des ro
et des héros , ont tous un but mori
et religieux. Ses sujets, toujours pr
dans les malheurs domestiques et h
maux qui résultent du désordre d(
mœurs, sont bien choisis; ses plai
bien combinés : son style est énerg
que et touchant, quoiqu'on lui ait r(
proche quelquefois trop d'élévalio
relativement au rang de ses ])ersoii
nages. Ses drames ou tragédies, qi
ont eu le plus de succès , sont , I
Négociant de Londres, ou V Hi^
toi'-e de George Barnwell, 1731
imitée en français pir Saurin, c
dont le sujet est tiré d'une ancien ~
ballade, célèbre en Angleterre j
Curiosité fatale , 1787 , et Arc^
de Feversham , 1702. Le succès|
ces pièces prouve peut-être, qui
qu'en ait dit Voltai e , qu'on '
s'intéresser sur le théâtre au soi
d'un bourgeois. Les autres pièce
de Lillo sont : Sylvie , ou les Fum
railles de campagne, 1780 ; le .^c
ros chrétien, 1784; Marina, 1788
Elmerick , ou la Justice tnaji
phante , représentée après la moi
de l'auteur, et imprimée en 174C1
Ses œuvres ont été publiées par T
Davies, en 1775, 2 vol. in- 12. Il
mérité les éloges de Pope; et il peu
être placé au premier rang parmi
les auteurs dramatiques anglais
second ordre. Lj
LILY(GuiLLAUME),né en i4(
à Odyham, dans le Hampshire,
ses études à Oxford , et alla apprenc
la langue d'Homère et de Démosthè]
ne, sur les lieux mêmes que ces grand.-;
hommesavaientillustrés.Sacuriositij
religieusele conduisit plus tarden Pa .
lestine pour visiter Jérusalem. Animii
par un motif semblable à celui qu^
lui avait fait entreprendre le voy ag<
de la Grèce , il se rendit à Rome
pour étudier la langue latine^ dans V
âlrie de Virgile et de Ciccfron. Dii-
jour dans cclto capitale,
louons de Sulpicius et de
Sabimis, tous deux pro-
iioinmcs de j^raminaire et
iUt'uce. De retour à Londres,
lia des leçons de grammaire ,
•sie, de rhétorivque, et devint,
>r2,lc premier maître de la
se école de Saint-Paul , à l'ë-
de sa fondation. ( Fojrez Co-
On en vit bientôt sortir des
^ qui se rendirent très-célèbres,
^titutcurfut enlevé parla peste
' 3. On a de lui : I. Introduction
\ in*^, partie du Discours, (que
iies-uus attribuent au docteur
.et d'autres à David Tolley.) II.
ruction d^ la viii'^. partie du
urs. [II. Monitapœdagogica ,
iinnen de moribus ad suos dis-
•>. IV^ Breuissinia institutio ,
Uio grammatices cognoscen-
(d omnium puerorum utilita-
rœ script œ , etc. ; revue et pu-
, en i53o, par Jean Rilewise.
Inti-Bossicon. C'est un poème
. contre Robert Wittington, qui
attaqué l'auteur sous le nom
'tssus, Londres, i52i , in-4**.
Omnium nominum in regulis
^ntoruni , tum Iieteroclitorum ,
t'rhorum , interpretalio aliqua,
- ces traités de grammaire furent
s et publiés à Oxford, en 1673,
des additions par Jean Ritewise
iiomas Robertson. Ils sont eu-
OQ usage dans les écoles d'An-
I rre. VIL Poémata varia , im-
iinc's après la mort de l'auteur,
l'Anti-Bossicon. VIII. De lau-
V Deiparœ virginis. IX. Apolo-
(ul Johannem Skeltonum. X.
logia ad Bobertum fVittingîf>-
I. — George Lily, fds du pré-
nt, fut élevé comme lui dans le
j;e de la Madelcne d'Oxford.
x\iv.
BUBt ntnë sur le contitirnt, il •'in-
<iiuua aan.H In confiance du cardinal
LIL 497
EuBt
siuua
Polus, dont il devint le rbape!ain.
Le rétablissement <le la religion ca-
tlioli((ue en Angleterre, à l'avéne-
inenl de la reine Marie, le ramena
(iaus son pays , où il obtint une pré-
bende à (iaulorbéry , et un cauoni-
cat à Saint-Paul dfe Londres. Sou
premier soin fut de faire élever un
monument sur la tombe de son père
dont les cendres reposaient dans celte
cathédrale. 11 mourut eu i559. ^^^X
avait des comiaissances étendues en
histoire et en géographie, comme
l'attestent les ouvrages qui nous res-
tent de lui ; savoir : I. Angloninh
regum chron. Epitome,\emsc^\ 5^H;
Francfort, i565;Bâle, 1577. II.
Lancast. et Eborac. de régna Cun-
tentiones. III. Regum Angliœ ge-
nealogia.Ccs trois écrits, imprimés
d'abord séparément, ont été depuis
réunis dans un même volume. IV.
Elogia virorum illustrium. V. Co-
talogus sive séries pontijicum , et
cœsarum romanorum. VI. f^ie de
Vévtque Fislier, en anglais. VII.
Carte géographique de la Grande-
Bretagne, On la regarde comme la
première carte imprimée de et
pays. — LiLY ou plutôt Lilly (Wil-
liam ) , astrologue du dix-septième
siècle, né dans une classe obscure ,
fut d'abord domestique, et com-
mença à se faire une réputation de
divination , en publiant l'horos-
cope du malheureux Charles l*^,
au moment où ce prince fut cou-
ronné roi d'Ecosse, en iG33. Co
])rince le fit consulter encore dans
plusieurs occasions; et le rusé ma<|:i-
eien tira grand parti de la crr•^ ''
du monarque. Il (ît beaucoup
ti :rie fortune « oii-
* une terre à
Hursbam, uù il ntouru? en 1G81.
3i
498 LIM
Parmi un grand nombre d'écrits ri-
dicules , dont k titre indique assez
le sujet, nous citerons : I. Merlinus
nn^licus junior , Londres, i644>
in-8«.(ro/. Gadbury, XVI, 233.)
II. Le Messager des étoiles , i645.
m. Recueil de prophéties^ 1646.
T— D.
LTMBORCH (Philippe Van),
îlie'ologien hollandais de la coramu-
i^ion des remontrants , c'est-à-dire ,
des partisans de la doctrine d'Ar-
minins, proscrite au synode de Dor-
djrecht en 1619, naquit à Amster-
dam , le 19 juin iG33 , et y fit ses
premières études sous d'excellents
maîtres , tels que Ge'rard-Jean Vos-
sius , Gaspar Barlaeus, Arnold Sen-
gLierd et Etienne de Courcelles. II
les perfectionna pendant un séjour
de deux ans ( de i652 à i(3.'>4 ; à
l'académie d'Utreclit, et n'accepta
une cliaire de pasteur qu'en 1657
à Gouda , d'où il fut appelé en 1668
à l'église des remontrants d'Amster-
dam. L'année suivante , il réunit
aux fonctions pastorales celles de
professeur en théologie au séminaire
des remontrants , et il remplit avec
distinction les unes et les autres jus-
qu'à sa mort, arrivée le 3o avril 17 12.
On a de lui : I. Pr(Bstantium ac
eruditorum vironim epistolœ ec-
clesiasticœ et theologicœ , Amster-
dam , 1660, in-8".; recueil consi-
dérablement augmenté dans les deux
éditions de 1684, et de 1704, in-fol.
Ces lettres ont trait en grande par-
tie à l'histoire de l'Arminianisrae;
et elles sont sorties r!ela plume d'Ar-
miuius et de ses principaux parti-
sans,tels que, Uitenbogaerd,Vossius,
Grotius , Episcopius. II. Theolo-
gia christ iana , ad praxin pie-
tatis ac promotionem pacis chris-
tianœ unicè directa , Amsterdam ,
1ÔB6, m-4^.jla cinquième éditioû
LIM
est d'Amsterdam , 1 73o , in-fol. Ce?;
le premier système complet qui ai
paru de la théologie des remontrants
Episcopius et Courcelles n'ayant pi
acnever les leurs. La bonne-foi c!
l'amour de la paix ne recomman-
dent pas moins cet ouvrage que l'or
dre et la clarté- L'auteur s'excuse d«j
l'étendue des détails qu'il a consa-'
crés à la doctrine de la prédestina-
tion , sur le désir qu'un grand nom
bre d'étrangers lui avaient téraoignci
de connaître à fond le système desa|
communion à ce sujet. C'est bien àj
tort que Paquot reproche à cette'
théologie d'être presque toute spécu
lative. La morale chrétienne en fait;
une partie intégrante : elle occupcj
tout le cinquième livre, intitulé, Dé^
prœceptis Novi Fœderis. Il a 85
chapitres , et va de la page 870 à h\
page 686. III. De veritate T^eligionii\
christianœ arnica collatio cum eru-
dito judœo. Gouda, 1687, in-4''
Le juif espagnol Orobio , qui , é
chappé à l'inquisition , s'était établ
médecin à Amsterdam , est , dan;
cet ouvrage , l'antagoniste de Lim
borch, qui ne le convertit pas , mai;
le réduisit au silence. On trouve à h
suite : Urielis Acosta exemptât
vitœ humanœ, cum brevi réfuta
tione argumentorum quibus Acos
ta omnem religionem revelatair
impugnat. ( Voyez Acosta. ) Um,
jeune personne qui voulait apprïjBj
dre l'hébreu , ayant suivi les leçoSB
d'un juif d'Amsterdam , fut sur h
point de se laisser convertir par sor
maître, à la religion de Moïse ; mai;
Limborch, consuUé à temps paj
la mère désolée , réussit , non san;
peine, à prévenir ce scandale. I
rend compte de celle particularit(
dans une lettre à Locke , dont Jeai
de Gœde a donné le précis dani
la préface de la traducûou hollau-
MM
Aàsc (le Touvrage d'Acosta , 17^3.
*' liistoria intfuiàitioms , cui stib-
Mur liber scnlentianun inqui-
JUS TholosaniB têb an. i3o'] ad
^, Ainstcrd.iin , iG<)'i , iii-fol.
Le manuscrit original des sentences
rapportées dans le titre, étant tom-
bé entre les mains de Limborch, il
en prit occasion de rechercher To-
ic et la jurisprndence de Tiuqni-
....un. Paquot ne lui pardonne pas
d'avoir voulu rendre odieux ce tri-
bunal redoute. Marsollier n'a fait que
donner la quintessence de l'ouvrage
de Limborch dans son fîistoire de
il'inquisition et de sonorigine y i vol.
in-i2, 1693. M. Llorentc vient de
laisser, sur cette matière, tous ses de-
vanciers bien en arrière de lui. V.
Defensio contra Joannis Fander
ff 4lSj'en iiùqiiam criminatlonem ,
Amst. 1699. Limborch prouve qu'il
n'a pas eu tort d'accuser François
Burman d'avoir , sans jugement,
pillé Spinosa ; et, pour se justifier,
il imprime en colonnes les paroles
de l'un et de l'autre. VL Instructions
à l'usage des mourants , ou Guide
pour les préparer à la mort (en hol-
landais), Amsterdam, 1700, in- 12.
VIL Comment arius inActa aposto-
lorum et in Epistolas ad Romanos
et //ei»r^05, Rotterd. , 17 1 1 , in-fol.
VIIL Courte Réfutation d'un petit
livre publié par Jean Scepenis sur
la tolérance mutuelle , en forme
d'entretien entre un remontrant et
un contre-remontrant (en hollan-
dais ), 16G1 , in- 12. Cette produc-
tion a été la première de celles de
Limborch. D'un bout de sa carrière
à l'autre , il s'est montré l'avocat de
la tolérance. Locke , qui , proscrit
»de son pays , et réfugié à Amster-
dam en 1G87, y ^"^ particulièrc-
nipntlié avec Limborch , lui adressa
1G89, *^^ Epistola de toleran-
un 4a>
fi^j qwi fit une grandi* sensaiiofi ,
excita une vive rrclam.iliou , m
suivie de deux autres lettres jus;,,
tivcs. L'intitulé de la prcmiire poil<-:
Epistola adclarissimum virum T.
A. B. P. T. O. L A. script a a P, a\
P. O. J. /. A,, c'est -à -Il ire, Théo,
logiœ apud remonstrantcsprojesso"
rem y t^runnidis osorem , Limbur-
gum, Amstelodamenscm , sctipta
a pacis amicOy persecutivnis omre,
Johanne l.ocKiu , Angle, Gouda,
1689 ' i'i-i.*. I^c recueil iWs Lt fîi.
familières de Locke en ollre
qucs-uncs de Limborch , entre autres
sur la matière de la liberté, que, se-
lon Chaufepié, ce philosophe anglais
n a jamais bien comprise. IX. Lim-
borch a été de plus éditeur : De trois
vol. de sermons de Simon Kpiscopius
( en hollandais ) , lesquels ont été re-
cueillis dans la collection complet*
de ses Sermons^ publiée à Arasterd.
lOgS , in-fol. ; l'un de ces volumes ,
ainsi que la collection complète, est
précédé d'une Vie d* Episcopiiis ,
par Limborch , qui était son neveu
du coté maternel : cette vie , traduite
en latin sous les yeux de l'auteur,
a été enrichie par lui d'additions in-
téressantes , Amsterdam , 1701 , in-
8°. — Dudeuxièmc volume des Simo-
nis Episcopii opéra theologica. Gou-
da , iGGi , in-fol. Etienne deCour-
celles avait donné le premier en
iG5o : ce volume est précédé d'une
apologie de la doctrine et de la con-
duite des remontrants. — D'un traite'
polémique du même , intitulé £'/n-
faillibilité de V Eglise romaine et /'
droit qu elle s'attribue de pro:i - **
dans les corUrouerses de la fi .
cutés entre Simon Episeojiui <^t
GuVlaume Bom, prêtre cutholi mie
( en hollandais ) . Rotterdnm .1
in-8*». — Enfin de Stepluini Ci.' >
lad opéra theologîca omma, Ami-
32..
5oo
LÏM
terdara , 1675 , in-fol. Plusieurs àes
oiîvrages de Liraborcli ont ëte tra-
didts Cil hollandais, en anglais , en
allemand. M — ois.
LIMBORCH(Hendbtck.ou Henri
Van ) , peintre de genre , ne à la
Haye, en i()8o,fut éleA^e de Vander
Werir. Il peignait dans le goût de
son m aï ire, et dessinait correcte-
ment ; mais son ton de couleur est
plus noir et moins suave. Cet artiste
«st connu par deux, tableaux qu'a
possèdes le Musée du Louvre, dont
l'un représente le Repos de la Ste-
Famille à la porte (Vun -palais ,
dont le maître , richement vêtu ,
adresse la parole à la Plerge ; et
l'autre, les Plaisirs de l'âge d'or.
Un troisième tableau représentant
les Sept œm^resde miséricorde , que
l'on attribuait à ce maître, et qui
provenait delà galeriedeGassel,a été
rendu, en î8i5, aux commissaires
du landgrave. Limborcli est connu ,
comme graveur , par une grande
estampe in-folio , gravée au burin ,
en 1706, dont le sujet est Hercule
jetant Lychas à la mer. Ce peintre
mourut en 1758. P — s.
LIMIERS (Henri-Philippe de ),
l'un des plus infatigables écrivains
de son temps, était né en Hollande ,
vers la fin du dix-septième siècle, de
parents français réfugiés pour cause
de religion. On ignore les particu-
larités de sa vie; il mourut en
I7'25, à Utrecht, dans un âge peu
avancé. Il rédigeait depuis quelque
temps la Gazette de cette ville, la
plus mauvaise de toutes celles qui
paraissaient en Hollande; et , dit
f abbé Lenglet, il reçut, plus d'une fois
des réprimandes des Etats-généraux,
jjour quelques impertinences qu'il y
avait insérées. On connaît de lui :
ï. V Histoire du règne de Loids
Xir^ où Von troui'e uns vecherclie
LIM
exacte des intrigues de cette cour ^
dans les principaux étais de l'Eu-
rope ^ Amsterdam, 1717, 7 vol. in-
i'2; nouv. édit., revue, corrigée et
augmentée, ibid. 1719, i'2 vol. in-
i'2 • ( Rouen ) , 17120, 1 vol. in-4^
Ce n'est qu'une mauvaise compila-
tion d'articles de gazettes. Limiers
se vantait de n'avoir mis que sept
mois à composer cet ouvrage : cela ne
m'étoime pas, dit Lenglet ,il faudrait
encore moins de temps pour en faire
un pareil. II. Annales de l'histoire
de la monarchie de France y depuis
sonétablissement,A.msteràam, 1 7*2 ]
in-foL, fig. III. Abrégé chronoloi
que de V Histoire de France , poi
les règnes de Louis XIII et
Louis XIV, Amsterdam, 1720
vol. in-i2; ibid., 17^4, in-fol
( Trévoux ), 1727, 2 vol.; ibl(
1 728, 3 vol. in- 12, ou un vol. in-4
C'est une suite de l'abrégé de
l'Histoire de France, par Mezeray ;
et le "à^^^. volume contient la Fie
de cet historien, par Larroque. IV.
Histoire de Charles XII , roi de
Suède j Amsterdam , 1721 , 6 vol.
in- 12. V. Histoire de l'Institut des
sciences et des arts établi à Bologne
en 1 7 1 2 , Amsterdam , 1728, in-8".
fig. ^LUnaTraduction des comédies
de Plaute , Amsterdam , 1 7 1 9 , 10
vol. in- 12. Il a eu le bon esprit
conserver la traduction de VAmpk
trion, de V Epidicus et du Buden
par madame Dacier, et celle des Ca^
tifs, par Cosle. La version d^s seize
autres pièces du comique latin, est de
Limiers: quoique plus supportable
que celle de Gueudeville ( Voyez
ce nom ) , elle n'en est pas moins
très-défectueuse, et ne peut que faire
sentir la nécessité d'une nouvelle
version , promise et attendue depuis
si long-temps: chnque pièce est pré-
cédée d'un examen et accompagnée
les
I
notes. Le dixième volume con-
iit les frajjjmnits de Plante. VII.
• trad. de l'ouvrage lalin de Phi-
i>.scl» , iutilulc; Pierres an-
j,ra\fèes , sur lesquelles les
s ont mis leurs noms , etc.
lam, 17^4, petit in -fol. fi g.
ie est pleine de contre-sens et
\plicationsal)surdcs.Prosj)erMar-
nd en a relevé' quelques-unes
•1 Dictionnaire critique , art.
iits, tom. l<^^ p. 5î). VIII.
^ y^tcs et des remarques pour
f'elligcnce du poème de Téléma-
aui^, dans les cdilious d'Ainslerdani,
Hofhout, 1719, 17*25, in- r2(i).«Ges
! (Muarques sont satiriques , et par
elle raison elles ont été réimpri-
mées fort souvent, quoiqu'il soit
crtain que Fénclon n'a jamais eu
: idée de faire des portraits sati-
riques dans Tciémaque. » ( Voyez
Y Histoire de Fénélon , par M. de
I Baussct,tora.ii,p. 1 83-84.) M. Bar-
bier dit que Limiers eut part à la
grande Bibliothèque ecclésiastique
{Ma^na Bibliotlieca ecclesiastica) ^
dont il n'a paru qu'un volume, cora-
' prenant la lettre A, Cologne, 1734,
• in-fol. ( Voy. le Dict, des anony-
mes, n». 1 2355. ) Enfin il a laissé
inscrit: Histoire du temps , ou
-moires de diverses Cours , sur
! Us matières les plus importantes de
la politique, 0 vol. in-4°. Il annon-
, çait cet ouvrage comme terminé, en
•-v"i. W— s.
LIMN^ECJS (Jeaw ), historien et
pjiilicisle allemand , né à léna , le
<) janvier 1591, alla continuer ses
études à Weitnar , et , de retour dans
*a puric, y suivit les leçons des plus
L .....<' i attiibiitnt c** mto* à J*an
'«niiiii Boiif dieu , niiiiittr* prulf «tant , qui
' .»ct« liant une «Jition ilw TèlémaQue ,
< Loiii'.ivs rn 1718. ( Voy. U BiOgrapàt*
hommtt pip«ntt , art. A*aT )
LtM 5oi
célèbres nrofcsscurs. Ajunt eii It
malheur de perdre son père , habile
malhéinalicitn,dpftrlilen \('t\\\ni\\T
Altdorf, où il remplit, trois ans, les
fonctionsdcrepefileur.il se chargea,
en 1G17, d'accompagner en It«ilie
deux jeunes cens de famille : mais
la crainte de l'inquisition IV rapècha
d'aller jusqu'à Rome ; et il passa
avec ses élèves en France où il de-
meura deux années. Il visita <
l'Angleterre et les Pays-Iks, e;
eu Allemagne en i Cyio. Leduc • i
l'ayant nommé, en iOu3, ai
d'un régiment , il jKîrdil cet cniplci
au bout de quelque temps , et il ac-
cepta la charge d'instituteur du fiU
du chancelier de Gulcrabach. Après
avoir terminé cette éducation , il fil
celle du margrave d'Anspach. Il
revint en France , en 1 63v» , avec leS
jeunes princes de Brandebourg : l'aî-
né, Allx'rt,lui témoigna la reconnais-
sance de ses soins eu l'attachant à sa
personne ; il le nomma dans la suite
chancelier et membre du conseil
privé. Limnœus mourut le i3 mai
i()(i5 , sans avoir été marié. On a
de lui : 1. Tractatus de acatlemiis,
Ahorf, i6'2i ,in-4''. II. De jure pu-
hlico imperii Romano -Germanici ,
Strasbourg, i62()etann.suiv.,5vol.
in-4". La meilleure édition dé cet im-
portant ouvrage est celle qu'à donnée
Scliilter. Oldenbourg eu a publié un
abrégé sous ce litre ; Limnœus enu-
cleatus , Genève , 1 67 o ; Nuremberg ,
167*2 , in-fol. III. Les Capitulations
desempereurs d'^llemafçnedc Char-
les-Quint à Ferdinand III , avec des
notes ( en allemand ); S'
i(35i , in-4**.; avec de^ ,
Leipzig, iCxji'y trad. en lalm, Stras-
bourg, i058, iu-4°. IV. Observa-
tiones in Builam auream CaroU 7/^,
Strasbourg, 1CG2 , i(3(»G, in-4'*.
V . J^'oliUa rtgni Gallia,libri riiix
561 Liivr
ibid., i655, Ci vol. iu-4**- H y traite
de l'origine des Français , de leurs
jaugae , mœurs et coutumes; de la
succession à la couronne; de l'église
gallicane ; de la noblesse , du tiers-
étal , des universités; et enfin des
états-gcnéraux , parlements et cours
souveraines. Il y a beaucoup de re-
cherches dans cet ouvrage ; mais
Limnajus n'a pas toujours pu re-
moiiter aux sources , et il cite quel-
quefois comme autorités des auteurs
peu estimc's. On a encore de lui des
Notes sur la Dissertation de Daniel
Otton : De jure piihlico imperii ro-
mani, Witlemberg, i658, in-8^.
W—s.
LIMOJON ( Alexandre - Tous-
saint DE ) , naquit à Avignon , vers
i63o, d'une famille noble originaire
du Daupliine. Quoique son aïeul eût
embrassé le commerce , l'un de ses
fils , pbre de celui qui fait le sujet de
cet article , épousa la fille d'Esprit
des Blancs , co-seigneur de Venasque
et de Saint Didier. Limojon, second
fruit de ce mariage , fut écuyer de
Jean - Antoine de Mesrae , comte
d'Avaux , dont il devint l'homme
de confiance par ses talents et sa pro-
bité. Il l'accompagna au congrès de
Nimègue en 1672 , puis dans son
ambassade de Hollande en 1684.
( F". AvAUx. ) Le comte ayant été
nommé ambassadeur auprès du roi
Jacques II qui se trouvait alors en Ir-
lande, Limojon partit encore avec lui
en 1689. Chargé de venir rendre
compte a Louis XIV, de la situation
des affaires du roi Jacques, il périt
la même année dans la traversée. Il
e'tait chevalier du Mont-Garmel , et
de St.-Lazare de Jérusalem. On a de
lui des écrits qui annoncent une pro-
fonde connaissance de la politique :
I. Histoire des négociations de Nl-
mègue, Parisj i68o;^in-i2. IL Lit
UM
ville et la république de Venise ,
Amsterdam, ( Elzevir ), i68o;
Paris, i685, 4*'. édition; la Haye,
i685 , in- 12. III. Le Triomphe her-
métique, ou la Pierre philosophais
victorieuse, Amsterdam , i685 et
et 1690, in- 12. Ce petit livre de
1 53 pages, curieux et assez esti-
mé à une époque où la chimie était
dans son enfance , est devenu ra*
re ; mais on doit peu le regretter.
— Limojon ( Ignace-François de ),
co - seigneur de Venasque et à
Saint - Didier , hérita de ces ti'
très par son père , Jean - Pier
Splendien , frère aîné du précédent
et fut, comme son oncle, cheval
de N. D. du Mont-Carmel et de St.'
Lazare. Né à Avignon, en 1669,
cultiva les muses provençales av
succès. La nouveauté de ses expre
sionslui acquitta réputation d'un des
plus beaux-esprits du comtat Vénais-
sin. Il avait de l'ijnagination; et avec
un peu plus de goût , il aurait pu se fai-
re un nom dans la poésie française. 11
avait remporté dans sa jeunesse trois
prix à l'académie des jeux floraux ,
lorsqu'il publia son Vofage au Par-
nasse , imprimé à Chartres, sous le
nom de Rotterdam, 17 16, in- 12.
C'est une satire en prose contre les
partisans des modernes. On y trouve
au moins une pièce de chaque gen
de poésie , et même un chant et d
mi du poème de Clovis. Fontcnell
Saurin et surtout La Motte y so
fort maltraités, ainsi que dans une
tragi-comédie en trois actes, en vers ,
intitulée V Iliade^ qui termine cet
ouvrage assez insipide , et dont la
prose est aussi froide que les vers de
La Motte. Limojon de Saint-Didioi'
fut couronné par l'académie françaist?
en 17 '20 et 1721. Enhardi par ce>
triomphes , il crut pouvoir s'élever
ve
I
jusqu a la poésie épique; mais
il n'a
LIM
lonné qiic les huit premier» chant*
fe Ciwis , Paris , 1 725 , in-^*. Ce
^)èmc , dont le plan et l'ensemble
;ont vicieux , fut accueilli froide-
nent y et il est oublie aujourd'hui.
)n y trouve cependant des beautés
\f détail , des vers heureux, et des
riptions poétiques, telles que
. s des Alpes , du trône de Dieu ,
Je l'FLufer , etc. C'est à tort que
ubatier de Castres accuse Voltaire
ravoir , dans sa lleuriade , copie'
iimojou , puisque le poème de la
jiguc parut deux ans avant celui de
!llovis. Mécontent du silence que les
lotirnaux gardaient snr son poème ,
jmojon s'avisa d'en publier une cs-
>èced'^/oge,qui donna lieu à cinq
ettres critiques , imprimées peu de
cmps après. Le Sage, dans l'opcra-
;omique du Temple de Mémoire,
•pprcsente la même année , désigne
t-Didier, par le nom de poète
i-wù. Limojon, et son frère
)utuè , capitaine d'infanterie et che-
valier de Saint-Louis , furent tous
Icux réhabilités dans leur noblesse ,
;u 1738, par le pape Clément XÏI.
Le premier, marié eu 1702, mourut
"'^ postérité, le i3 mai 1789,
lit plusieurs poésies macus-
iiu;s , entre autres, cinq chants de
a seconde partie de Clovis , dont on
gnore le sort. A — t.
LIMON' Geoffroi marquis de ),
liant des finances du duc d'Or-
, a joué dans la révolution un
qui n'est pas généralement
iii, mais qui fut d'une assez gran-
ie importance. Lors des élections
lux états-généraux , en 1 789 , il se
rendit dans la petite ville de Crépy,
wcc le prétexte apparent de visiter
imcnt où les électeurs se trou-
t réunis , afin d'y ordonner des
(tions au nom au prince à qui
ic uutimeQt appartenait. Ce fut en-
un 5oS
vain qu'on lut fit obserrer que le»
électeurs du tiers-état y ctairtit î il
voulut à l'instant mérac y pénétrer;
et après s'être occupe un instant d«
l'objet apparent de sa visite, il parlt
aux électeurs de l'importance de leurs
fonction» , leur vanta les vertus du
duc d'Orléans, et finit par les déri-
der à le nommer député. Le marquis
de Limon resta encore quelque tcnTj>s
attaché à ce prince, dans les pre-
miers temps de la révolution. On a
prétendu qu'il avait compté, en 1790,
cent mille francs, à un certain abbé
Dubois, qui s'était, dit-on, charge
d'aller a Turin, pour cmpoLsonner le
comte d'Artois. Ce fait n'a pas été
frouvé : seulement il est sûr que
abbé Dubois mourut empoisonne
à Chambéri ; et l'on publia dans le
temps , que ceux qui l'avaient charge'
de cette terrible mission s'en défirent
de cette manière, voyant qu'il hési-
tait et qu'il allait tout révéler. I^c
marquis de Limon parut ensuitca voir
change d'opinion politique; il émi-
gra en 1 791, et se fit remarquer
au milieu des royalistes les plus ar^
dents. On a de lui une Oraison fw
nèbre de Louis XFI. Il mourut eu
Allemagne, en 1799. B — u.
LIN ( Saint ), pape, fut le suc-
cesseur immédiat de Saint-Pierre ,
l'an GT». Il était fils d'HercuJanus ,
et né à Volterra en Toscane. On croit
qu'il gouverna l'Eglise conjointe-
ment avec saint Clet, ou .4naclet ,
et saint Clément. D'autres prétendent
qu'il avait été ordonné par saint
Pierre, soit pour gouverner TEglise
en sou absence , soit pour bii suc-
céder. On croit qu'il exerça son mi-
nistère pendant douze ans, qu'il
mourut eu 78, et reçut la couronne du
martyre , sous l'enipereiir Néron ,
qui persécutait alors les chrétiens.
L'Eglise reud cet hooncur à --•"•
5o4 UN
Lin, dans le canon de la messe, où
elle le met au nombre de ceux qui
ont souffert pour le maintien de la
foi. Les actions particulières de ce
pape sont d'ailleurs ignorées. Ce fut
de son temps, en -jo , que Jérusalem
fut prise et détruite par les Romains.
Guill. Malechaut a publié: D. Lini
■pontificum secundi,de suiprœdeces-
soris, D. Pétri apostoli...passione
lihelliis ; item de passions D. Pauli
Ubellus aller, Paris , Chaudière ,
1 566; et cet ouvrage apocryphe a
été inse'rë dans la ïiihlioiheca Pa-
trum maxima, tom. '-i, pag. 1-67.
Saint Lin eut pour successeur, saint
Glet ou Anaclet , suivant Fleury et
VArt de vérifier les t^^fe^.LcP.Pagi
et Lenglet Dufresnoy, placent saint
Clément avant saint Clet. D-s.
LIN ( Hans Van ) , peintre de
genre, surnomme Stilheid, né en
Hollande, florissait vers le milieu
du xvii*^, siècle. 11 excellait dans les
tableaux de batailles; et aucun pein-
tre hollandais , Wouwermans excep-
te, ne peut lui être compare' pour le
talent de peindre les cbevaux. Le
seul historien qui ait parle de Van
Lin , est Houbraken. Jl en fait un
gi.-and ëloge ; mais il se trompe en
l'appelant Jan Van Lint. Toils les
t ibieaux connus de cet artiste por-
tciit le nom de HansVan Lin. Le
Musée du Louvre a possédé un
de ses tableaux , représentant une
ISataille dans des rochers y qui
était un des plus beaux ornements
de la galerie de Brunswick : il a
été repris en i8i5. C. F. Boétius a
gravé en 1 766, d'après Van Lin, une
estampe représentant un bâliment
devant lequel sont trois mulets et
plusieurs liomraes. P — s.
LINACRE ( Thomas ), en latin
Linacer ou Ljnacriis , médecin an-
glais , naquit à Gantorbery, en 1 460.
LIN
Au sortir de l'université d'Oxford ;
il alla voyager sur le continent, (
prit le degré de docteur en médecin 1
dans plusieurs universités. Il s'ai
rêta quelque temps à Rome ; ma
son plus long séjour fut à Florenc(
où il suivit les leçons de Demetriu
Chalcondylc , d'Ange Pohtien , (
d'Hermolaiis Barbaro. Il fut trait
avec beaucoup de distinction pa
Laurent de Médicis, qui l'associa au
études de ses enfants , afin d'excitc
leur émulation. A son retour en Aa
gleterre , il donna pendant plusie
années des leçons gratuites de méi
ciao dans la ville d'Oxford. H
VII le fit venir à sa cour pour ei
gner l'italien au prince Arthus,
fils aîné. Henri VIII le nomma
médecin ordinaire. Linacre eut 1
principale part à la fondation du co
iége des médecins de Londres , don
il fut nommé président. A l'exem
pie des anciens médecins , il voulu
joindre le sacerdoce à l'art de guéj
rir; et, quoique dans un âge avancé]
il entra dans les ordres , reçut Ij
prêtrise , fut pourvu de la dignitéd^
chantre dans l'église d'York, et di
plusieurs autres bénéfices. Il mouru
en i5'24. Linacre possédait bien le:
langues grecque et latine , et écri
vait cette dernière dans toute sa pu-
reté. Les savants les plus distingués
tels que Thomas More, Erasme!
Latimer , Tunstal , etc. , se firen 1
gloire d'être en correspondance aveci
lui. Voici la liste de ses ouvrages ;
I. Les éléments de la grammai-
re, traduits en latin par George Ru-
çlianan, sous ce titre: Rudiniento
grammatices, Paris, ï533 et i55o
in-B*^*. IL De emendatd structura
lalini sermonis, lib. vi , in-8*. .
Paris, i532-i55o; Leipzig, i545;
et Cologne, i555; revus par Joa-
çhim Camerarius, Leipzig;, i^gi
LÎN
ht-B". lit. I^ régime de la dihe
santé; ouvrage estime tics
. l\^ De temfwratiwrito , et
temperie , lib. m, Venise,
ijiiil du grec de Galien. V.
)n latine de ditreicnts autres
- du mcrac auteur. VI. Pro-
laclù spfiœra , traduit du
, \tuise, i5oo, iu-fol. Tontes
traductions sont écrilcs d'un
' • ■ s-rlega;it. T — d.
\\T ( Michel ) , littcTateur ,
i ut a Louvicrs (i), en 1708, fil
vers au sortir du collège, et vint à
is, avec des lettres derecomman-
ion du marquis de Cide^ille, pour
\ oltaire , qui le fit nommer prccep-
I teur du fils de M"^^, du Châtelct, et
I l'engagea fortement à mettre à profit
SCS loisirs pour sa propre instruction.
Itairc écrivait à M. de Cideville ,
1733 : « Je ne sais pas encore si
Liuant sera un grand poète; mais
\c crois qu'il sera un très-honnêlc
■' trcs-aimable homme.... Il n'est
pas bien sûr qu'il ait un de ces ta-
lents marques, sans quoi la poe-
-t un bien méchant métier....
rtez-le à travailler et à s'ins-
'> liuire de choses qui puissent lui
' «'tre utiles , quelque parti qu'il em-
brasse; il voulait être précepteur,
< t à peine sait-il le latin. » Linant ,
lurcllement insouciant , et préfé-
:it son indépendance à la forlunc,
a la gloire même, ne profita point
ces sages conseils. » Je ne suis
nas trop content de Linant , écri-
vait encore Voltaire à Cideville ;
il ne travaille point, il ne fait
rien; il se couche à sept heu-
r«^ du soir, pour se lever à mi-
li (a)... Plein de goût , d'esprit et
' ) Titoa dn Tillct le fait naîtr* ^r erreur , A
trn.
) Tnluire lui dtiait J4111 nne épîire:
*oniai«ilc«tperaii*,raaiie'Mt*ur JetUurîtrc.
Lm
5o!
» (Uimaninalion , il nU rifT» Ae ce
» qu'il tant, ni pour brilt
» faire fortune; il a la s<n
» qui convient à un homme qui au-
» rait TÏngl mille livres de rcn-
» te. » ( Lett. du 7 avril 1784. ) Li-
nant ne tarda pas à se lasser dm
plaintes et des remontrances conti*
nueiles de son mccëne : il témoigna
assez durement que le séjour de Girey
l'ennuyait; et il revint à Paris ,
où il fut gouverneur du fils de M.
He'bert, introducteur des ambassa-
deurs. Cet emploi modeste suflisait
à ses besoins , et il nréférail un lo-
gement peu commode, qu'il part.i-
geait avec !*a mère , et une table mal
serne , à celle des grands seigneur»
qui l'invitaient. Sur la fin de sa
vie , il éprouva des regrets de n'a-
voir pas suivi une carrière plus lu-
crative. Il mourut à Paris, le 1 1 dé-
cembre 1749* Linant a reroporti
trois fois le prix de poésie à l'aca-
démie française , et obtenu un ar^
cessit ( 1 ) en concurrence avec Mar»
montel , qui fut couronné. On a , eu
outre , de lui , deux tragédies : y//-
zàide , représentée en 174 5, oft'n»
quelques beaux endroits, et eut plu-
sieurs représentations; randa, reine
de Pologne, pièce romanesque et
mal écrite, ne fut jouée qu'une seul»
fois, en 1747? ^^'* elle a été impri-
mée , Paris, 1751 ,in-i2. On lui at-
tribue : V/frmen augure delà paix,
scènes héroïques en un acte, en Tcrs,
à l'occasion du mariage du Dauphio,
Paris , 1745 , in-8". Linant a donné
l'édition des OEuwres de M. de FoU
(r> Voici Ire i5er»« H«e
couionnes far l'ar-) ' — -
^w<"i<v» , tout Ir
• n »-3o- — ^•** ■■■
thti "
d« I.inasl,
/,
■>-
p0tp0Uié* émné /• Jim* «•» tmme0*9w»
5o6
LÏN
taire f Amsterdam, 1738-39 , 3 vo-
lumes in-S*^. : en tête du premier
est une Préface y dans laquelle il
témoigne sa reconnaissance pour
l'illustre auteur. On a encore de
lui des Odes, des Epîtres , et des
pièces fugitives , parmi lesquelles on
cite ce madiigal qu'il composa pen-
dant qu'il habitait le château de M™«.
du Châlelet :
Un voyageur qui ne raentait iamaïi ,
l'as.»'- à Cirey, ratlmirc, le contemple;
Il oroit d'aboiilqiie ce n'est qu'un palais';
Mais voyant Emilie , ali! Jît il , c'est uu temple.
On peut consulter la Notice que
Titon duïillet a consacre'e à Linant,
dans le Second supplément du Par-
nasse français; et une Lettre de
Tabbë Yart, en réponse à l'article des
Trois siècles de la littérature ^ in-
se're'e dans le Journal Encyclopédi-
que, mois de juin 1773. — Un au-
tre Linant fut pre'ccptcur du fils de
madame d'Epinay; et c'est à lui que
sont adressées quelques lettres |qui
-i'ont parlie de la Correspondance
générale de Voltaire. W-s.
LIND ( Jacques ) , me'decin an-
glais , mort le 18 juillet 1794 > à
Gosport , a publie' : I. Dissertation
sur les maladies vénériennes lo -
cales , Edimbourg , 1748 , in - 4**.
IL Traité sur le scorbut , Edim-
bourg , 1757, in-8^. ; traduit de
de l'anglais, Paris, 17^6, 2 vol.
in- 1 'i : c'est dans cet ouvrage , plu-
sieurs fois reimprime' , que Lind
combat victorieusement les ide'es
errone'es que Severin Eugalen , mé-
decin hollandais, avait consignées
dans son ouvrage sur la maladie
scorbutique. II L Essai sur les
lï^oyens de conserver la santé des
marins , 1707 , in - 8*^. ; plusieurs
fois réimprimé. IV. Deux Mémoires
?:ir les fièvres et les maladies conta-
'^jicHses, 1763, iti-S^„ y. Essai sur
LIN I'
les maladies auxquelles les Euro-
péens sont exposés dans les pays
chauds^ i768,in-8'^. Lind a cher-
ché à déterminer dans cet essai , qui
a eu plusieurs éditions , et qui a été
traduit en plusieurs langues , com-
bien de temps les émanations maré-
cageuses pouvaient rester cachées
dans le corps humain, sans manifes-
ter leur existence par le développe-
ment de la fièvre. VI. Mémoire sur
l'efficacité de Véthersulfurique^pour
déplacer la goutte de V estomac ; in-
séré dans le Magasin unis^ersel de
Londres , tom. vi. VIL Remarqi
sur la prétendue influence de
lune sur les fièi^res , ibid. vol. in-8*
VIIL Sur l'efficacité du mercm
dans le traitement des maladies il
Jlammatolres , et de la djssenterit
ibid. vol. in-S'*. IX. Observation si
des hjdatides traitées avec suça
par le mercure, ibid. vol. in-12.
Proposition pour remédier à
privation de Veau douce en mer ,
ibid. nov. 1768. P. et L.
LINDANUS ( Guillaume -Da-
MASE ), l'un des plus savants contro-
versistes du seizième siècle , naquit
en i5'25, à Dordrecht , d'une fa-
mille très-distinguée, qui avait pos-
sédé la seigneurie de Linda , bourg
submergé en i4'i2. Il fit ses étu-
des à l'université de Louvain,
désirant se perfectionner dans
connaissance du grec et de l'hé-
breu , il se rendit à Paris , po
suivre les leçons de Mercier et
Turncbe ; il retourna ensuite à Lou'
vain , embrassa l'état ecclésiasti-
que , et reçut ses degrés en théo-
logie en i552. Appelé la même an-
née à Dillingen , il y expliqua l'E- 1
criture sainte pendant trois ans , p
obtint différents emplois , et fut
enfin nommé inquisiteur de la foi ,
pour la proviace de Frise ; charge l
MIT
nTfrça y dit-on , avec une gran»
\cvHc. Lp roi d'Espaj^np, Plii-
11 , IVlcv.» a l'cvèchc de Ru-
itlp , lors (le la crcalion des
< m\ siècles dans les Pays -
i5(rJi ); mais Liiulamis ne
Il prendre possession que sept
|)rps. Les intprèts de la religion
gèrent défaire deux voyages à
r ; et il y reçut un accueil dis-
< du pape Grégoire XIII ,
•s cardinaux. Transfère , en
i , sur le siège de Gand , il
it le 4 novembre de la même
, et fut inhume dans le lom-
ilc Corncl. Jansc'nius, son pre-
neur et son ami. La f^ie de
mus a ete jiubliëe en latin , par
1. Arnold Havensius , à la suite du
vimentanns de erectione novo-
um in Belgio episcopatuum , Co-
'^iif^, 1609, in-4". Baronius faisait
I ^ particulier de ce prélat ; et ce
.V .i lui seul qu'il communiqua ses
■oies sur le Martrrolûgc^ , avant de
:s publier. Lindanus a laissé un
rand nombre d'ouvrages , remplis
iditiou, et d'un style assez pur ,
déparés par les défauts com-
- aux auteurs de ce siècle. On se
iilera de citer: I. Deoptimo ne-
mterpretandi Scripturas, Coio-
1 558, in-8'\ II. PanopUa evan-
z , ibid. i5G3, in-fol.; Paris ,
-'4 ,et réimprimé plusieurs fois :
•'est le plus estimé de ses écrits ; les
tonlrovcrsistcs modernes y ont puisé
plusieurs arguments. III. Fsalte-
ium vêtus à mendis DC. repur-
:;atum, et de grœco atqiie liebraico
*ontibus illustratum , Anvers, 1 5G7.
iV.Missa apustolca seu lilurgia S.
■'• , annotation, et apologià il-
. , Anvers , 1 588 , in-8<». ; Paris ,
' , et insérée dans la Maxim.
LOth. P<itni//i , lora. 2. La prc-
nierc cditioo est U plus recherclKC
Mît 507
des cnricint : c'est un oxsfT»ffi lop-
posc , et toutes les raisons de Lin-
danus pour en démontrer Pautlicnli-
cilé, n'ont pu persua»ler les critiques.
On a publiera Dois-le-Duc , i584 •
in-8'\ , le Catalogue des ouvrages
imprimés et manuscrits de ce prélat;
et on en trouve U liste dansFoppens,
Biblioth. Belgica, L-b-e et VV-s.
LINDBLOM ( Axel ), archevê-
que d'Upsal, né en 17/47, dan» U
province d'Ostrogothie , reçut de
son père, pasteur et archidiarre,une
éducation soignée, et fit ensuite do
très-bonnes éludes à Upsal. Le sa-
vant Jean Ihre fut un de ses maî-
tres, cl lui donna le goût de la criti-
que et des langues anciennes. Après
avoir achevé ses cours à l'université,
Axel Lindblom passa en Livonie, où
il fut chargé d'une éducation parti-
culière. Revenu en wS'iède , il obtint
à Upsal la chaire de belles - lettres
et de politique, long-temps occupée
par Jean Ihre, et épousa la fille de
Berge Frondin , bibliothécaire de
l'université. ( Foyez Frondiw. ) Ses
cours furent très-suivis , et il s'an-
pliqua surtout à faire connaître la
littérature latine. Un Dictionnaire
latin et suédois , qu'il publia dans
ce même temps , fut le fniit de plu-
sieurs années de recherches cl de
méditations. Vers l'année 1789, le
professeur Lindblom prit les ordres
ecclésiastiques ; et peu après il fut
nommé , par Gustave III . évêque de
Linkoeping, dignité qui bii donnait
le premier rang parmi les prélats de
Suède, après rarchevcquc d'Upsal.
Ce siège était alors occupé par Uno
Troil, connu dans le monde savant
par la Relation de sou voyage eu
Islande. L'archevêque s'étant aJ»-
.senlé pour quelque temps de la dièu-
asseiuLlée a l'époque orageuse de
1789, Pévwpiç de Liukocpiug l<»
5oô
UN
remplaça comme orateur de l'ordrf
du cierge', et sigoa ea cette qualité'
L'acte d'union et de sûreté qui
augmentait sous plusieurs rapports
la prérogative royale. Quelque temps
après, le siège archiépiscopal d'Up-
sal étant devenu vacant , l'évêque
de Linkoeping obtint la première
dignité' ecclésiastique du royaume.
Pendant son séjour à Linkoeping,
Lindblom avait fait imprimer sous
ses auspices un Journal théolo-
gique , fort remarquable par ses
principes de tolérance. Ce fut lui
qui reçut à Elscneur, où il s'était
rendu par ordre du roi Charles
XllI , la profession de foi luthé-
rienne du généi-al Bcrnadotte , main-
tenant roi sous le nom de Charles-
Jean, qui venait d'être élu prince
royal par les Etats. C'est aussi l'ar-
chevêque Lindblom qui a fait le sa-
cre de Charles- Jean , à Stockholm,
au mois de mai 1 8 1 {^. Ce prélat avait
épousé en secondes' noces une per-
sonne de beaucoup d'esprit, qui avait
été attachée à la cour de la reine de
iSiiède. Ses enfants ont été anoblis
sous le nom de Linderskoeld. Il est
mort au commencement de l'année
i8ig. — Un de ses frères, long-
temps secrétaire interprète du roi
de France , et maintenant vicc-sécre-
taire de l'académie de Stockholm , a
traduit en français le Fojage de
Troïl, en Islande, G — au.
LLSDEBROG (ERPOLD),en latin
Lindenhrogius , compilateur estima-
ble , né à Brème vers 1 54o , embrassa
l'étatecclésiastique, et fut pourvud'un
canonicat au chapitre luthérien de
Hambourg. Il s'appliqua surtout à la
recherche des ouvrages historiques ,
et en publia plusieurs, alors inédits,
avec des préfaces et des additions.
II mourut le 20 juin 1616, laissant
4eux fils qui ont acquis une réputa-
LIN
tlon assez étendue par leur crur'itloi
On a de lui : 1. Chronique des gesti
de Charleinagne ( en allemand ]
Hambourg , 1 5g3 , in-4"'. Ce n'e
qu'un extrait des historiens qui avaiei
déjà écrit le même règne; mais 0
reproche à l'éditeur d'avoir adopl
les fables de l'archevêque Turpii
II. Historia compendiosa I/ani>
regum , ah incerto aucAore com
cnpia, Leyde, 1 Sç)^, in-4^. Lindebro
a continué cette histoire juscju'au rî
gne de Christian iv. III. Historia a^
chiepiscoporum Bremensium
1 59.5, in-4°. C'est l'histoire ec«
siastique d'Adam de Brème. IV.
tores rerum germanicarum sept
trionalium, nempe Saxonum,
vonun , Fandalorum , Danorui
Norwegiorum , Suedoruni , Ham
bourg , 1 595 , in-fol. Cette collcctio
est utile, particulièrement pour l'hi.'
toire de Danemark; on trouverai
liste des auteurs dont elle se compos
dans le catalogue à la suite de la Mt
thode^owY étudier l'histoire par Ler
glet Dufresnoy : cette collection aét|
réimprimée par les soins de J. Alb
Fabricius,avec les Origine s hambur
genses,àt P. Lambecius,ibid. 17061
in-fol. — Frédéric Lindecrog , fil
cadet du précédent , naquit à Ham
bourg, le 28 décembre 1578 : il ail.
faire ses études en Hollande, où il s
lia particulièrement avec le fameui
Scaliger, quilui conseilla de se livre
à la critique des anciens auteurs. I
visita ensuite la France , et , rcveni
dans sa patrie, étudia la iurispru
dence,fut pourvu de différents em-
plois , et mourut en 1647. On a d(
lui : I. Des Editions de VJppendii
de Virgile ( Fof. Jos. Scaliger) ; —
de M. ValeriusProbus, De Notis an-
tiquorwn , sous le nom latinisé de
C. N. F. Tdiobroga; — des Comédiet
de ïérence; et de V Histoire d'Am-
I.LV
jen Marccllin , avec dr» foinmcn-
îri's (lu- H. Valois a conserves dans
1 !, 1 1. Des Sûtes sur Tcrcn-
inméntaii-e de Donat ; —
r, le Ci ris ylcs Ctitalectes
; — sur les Priapees, et
r> Elégies de l^edo Albi-
is. Les notes sur les élégies
te imprimées avec celles de
ali<;cr cl de Nicolas Heiii-
. Ainslerdani , 17^3, in-8o.
II. Commentarius de ludis vête-
'■im, Paris, iGoj, iu-4*^. IV. Coin-
irius in legem unicam C. Si
imperatori maledi.verit , cum
brevioribus , etc. Hambourg,
I. i II -8**. ; inséré dans le tom.
.1 Thésaurus juris Romani,
: -verard Ottou. V. Diversaiim
uni historiée antiquje scripiores
vi , Uamboiu'g , iGii, in-4®. Ce
olume contient les chroniques de
I ndès , d'Isidore de SevUlc et de
Diacre ( ou Waruefrid ), avec
marques (; ). V I. Codex legum
uarum , m quo continentur
fFisigothorum , Burgundio-
. Alamannorum ^ etc. Franc-
»6i3, in-fol. Celte collection
-.v^ cl estimée contient des mor-
eaux Irès-inléressants, mais dont
l'iusieurs ont élé réimprimés plus
orreclemenl par Baluze, D. Kouquet,
' ot dans le Corpus juris germa-
iTitiqui. ( Voyez Georgiscu ).
t élé , en outre , insérée par Paul
ini, dans les Barbarorum /<?-
intiquœ, Venise, 1781-9'i, 5
!n-iol. VII. P^ariarum quTs-
'.m centuria ; dans la Biblioth.
i, de Fabricius, tom. xiii ,
I -< •< Biocrapf^es lui atiribuanl cncor* i
. 9f />«'«•/«<•, Lu bel k, 1611. in 4")
auiqite, A,^t\l la pr«miéi* é'Iitioo
. l'j^i, in-4'. , ■ pour «iit--Mr Piarr*
rt r t catte rilU , en 1S9U, «vaut
••>i «iiTras- < S"! f"» piilili<* par
..» (Foy.aa P» -iJni !•• A'i/« ft.M-
^n*)
T.ÎIf
p. 580-f5oo. — Tii<«nEiRoc
frère aiuédc Frcdcrir,naquti .^ u.im.
bourg ,fn iS-^o : après avoir Icrmi.
né ses études , il visita les Pays-Bas, U
France et l'Italie, pour lii-r connais-
sauce avec les savants cl iccurillir
des manuscrits. Pendant qu'il rtait à
Paris, il lui arriva une aventure fort
désagréable, ra pporlée p.i r Ci )!u rniès,
qui cite pour parant Vossius:« H.FJn.
» debrop , dit-il , allait sotivent à U
» bibliothèque de Saint-Victor, sous
» prétexte d'y étudier, cl y dérobait
» toujours quelques manuscrits. Qiiel-
» qu'un s'élant aperçu de ses lar-
» cius, on alla le prendre un matin
1) en bonnet de nuit et en pantoufles,
» et on le mena ainsi en prison ; mais
» il en sortit quelques jours après,
» par le crédit du savant Dupiiy. »
( Voy. Colomesii opuscula , p, l'ii.)
Il retourna en Allemaj;ne , et fut
nommé conservateur de la bibliothè-
que fondée à Gottorp, par le duc de
Holstein , Jean-Adolphe. On a de lui :
JVotœ in Censorinum de die nntali,
Hambourg; , iGij , m-\°. ; Leyde ,
i64'2, in-8'*.; — une édil. du ^n/j-
craticus, deJ.de Salisbury, Leyde,
i5t)5, in-8**.,elc. ^o^r. sur cette fa-
mille, Leben tler heruhmten Linden-
brogiontm (Vies des fameux Linde»
brop; ). Hambourg, i723,in-8^. W-s.
LINDEN ( Jea:«-Antonide Viiif
DER ) , savant professeur en raéde-
ciue , naquit à Ënckhuisen, ville de
la Nord-Hollande , le 1 3 janner i G09.
Il était fils d'un médecin estimé, rec-
teur du collège d'Enrkhuisen ( 1 \ qui
prit soin de sa première éducation. II
(i) Anini«« Hendriekoii Hrnrici P^OM-dfr TJf
J,n . w «cri .S-^.Jji.t lO-I-Ff.». . -.«Alt à
> > I M«
!.. .,.t
,,., . I.l-
• util* «1 1 :r.» .»« 1-.
/)<• X ri r !- •••I ♦•'».
' oirti / . -4 Pâf •«(, •! >i^ .
5io
LIN
alla ensuite étudier à Leyde , et , après
avoir termine ses cours de philoso-
pliie, s'appliqua à la médecine avec
beaucoup d'ardeur. De Leyde il se
rendit à Franeker , où il reçut le doc-
torat en 1 6^9. Son père , que sa ré-
putation avait fait appeler à Ams-
terdam, voulut l'avoir auprès de iui ;
et ce fut sous ses yeux qu'Anfonide
commença l'exercice de son art. Les
succès qu'il obtint dans la pratique,
furent si grands qu'on lui olFrit la
chaire de médecine de Franeker, et
il la remplit pendant l'i ans d'une
manière très-distinguëe. Le jardin bo-
tanique et la bibliothèque de l'acâdé-
mie,dont il e'tait le conservateur, du-
rent à ses soins beaucoup d'ameiio-
rations. Les universités de Leyde e4;
d'Utrecht se disputèrent l'avantage
de posséder ce professeur : Yander
Lindcn donna la préférence à celle de
Leyde, et il mouru en cette ville le 5
mars 1G64. Jean Cocceius, son collè-
gue, prononça son oraison funèbre ;
cettepièce a été imprimée. Le fameux
Gui Patin, ami de Van der Linden ,
le regardait comme un homme tiès-
instruit , mais mauvais praticien, et
le soupçonnait d'être entèîé de l'al-
chimie et de la pierre phil «sophale
{ Voyez les Lettres de Patin , 3 1 '2
et 397 ). On a de ce professeur un
assez grand nombre d'ouvrages, par-
mi lesquels on distingue : L JJescrip-
tis medicis libri duo y Amsterdam,
1637 , i65i et 1662 , in-B**. C'est
mie Bibliographie médicale, très-in-
complète , même pour le temps oii
éileaparu,et qui n'est point exempte
d'erreurs ( Voyez Ernst, t. Xïll,
p. 1269 ) ; mais elle n'en a pas moins
été forï utile à ceux qui ont travail-
lé depuis sur le même sujet. A. Merc-
klin l'a publiée avec des additions
considérables sous ce titre : Linde-
nius renovatus , sWe de seriptis me-
LIN
dldSj etc. , Nuremberg , 168G, \t
4°.; et J.-J. Manget a inséré cet ci!
vrage, avec de nouvelles addiliori
dans sa Bihliotheca, scriptor. med
cor. (Voyez Manget et Mercrlin
II. Medicîna physiologica, novdcu
jatdquemethodo , ex o-iliinis (fuihu.
que auctoribus contracta, et proprii
o servationibiis locupletata , Aras
lerdara, i653 , in-4^. Suivant Elo_
( Dictionnaire de médecine ) , Vai
der Linden a suivi Vesale, quoiqu'i
le contredise assez souvent; il faitre
monter la découverte de la circnh
tion du sang jusqu'à llippocrate; e|
soutient que la substance ducerve
est insensible. La description qu|
fait de l'oreille et des muscles est,
scz étendue ; il rend compte aussi
ses observations particulières
l'organe de la vue. III. Selectame^
dicaet adea exercitaliones Batavœ
Leyde, i656,in-4**. C'est un recud
de seize dissertations dont quelques-
unes sont assez curieuses. IV. Mêle-
ternata medicinœ Hippocraticœ , ib.
1660, in-4'^ Vander Linden y entre
dans de grands détails sur les con-
naissances physiologiques des an-j
cieus. J.-J. Dôbel a donné un abrégéj
de cet ouvrage, Francfort, 1672,}
iu-4'*. V. Hippocrates de circuitw
san^uinis , Leyde, 1661 , in-4^. HI
veut prouverdans cet ouvragequ'Hip- j
pocrate a connu la circulation; et]
cependant aucun moderne, avant!
Harvey, n'avait soupçonné que Ici
médecin grec en eût parlé. On doit
encore à Van der Linden de bonnes
éditions des OEuvres d'Adrien Spi-
gel , Amsterd. , i645, 3 vol. in-fol. ;
— du traité de Cardan : De utiîitate
ex adversis capiendd ; — des œuvres
de Celse, Leyde, 1607 , i^^5 , in-
19. (i), et enfin des œuvres d'Hip-
(i) Gtii-Patin lui avait communiqué des exem-
plaires tlo Celse, corrige» d« la nia,iu de Fenitl
pofratf fn grec, avec la rcrsion U-
aine de Coniarins , Lcydc , Hifi"», a
Yol. in-8". Cette l)cllc édition d'IIi|)-
jpocratc, qui fait partie delà collec-
tion dcîi yarionimy a long-temps
passe pour nne des plus correctes ;
elle a d'ailleurs cet avantage qu'elle
répond au\ meilleures éditions pré-
cédentes par le moyen des chitlres
^ui sont à la marge et qui montrent
àquellcpage chaque chose s'y trouve.
. le Journal des savants y février
•(). ) On reproche cependant à
Vân der Linden d'avoir , en voulant
les corriger , altéré des passages
dont le sens était fort clair.On peut
consulter, pour plus de détails , le
Dictionnaire de I3ayle et les Mémoi-
r'»c (le Niceron , tora. m. W — s.
i INDENER (N.), hollandaise,
v.Miiiuc sous le nom de ZoiUeland,
<(ui était celui de son premier mari ,
usa en secondes noces Boisson,
iiieur du roi. Après avoir ipiitté
le calvinisme pour embrasser la
rcUgion calholipic , elle puLlia un
ouvrage intitulé : La Bahylone dé-
masquée^ 1 727 , in-i 2. C'est un dia-
(• entre deux dames sur les mo-
|ui doivent engager à renoncer
aux sectes séparées de la commu-
nion romaine. M™*. Lindener a aussi
lit les Mémoires de Jean de
■' - f , 1 7 09 ; — les Mémoires de la
fatnille et de madame de *** , sur
la république de Hollande, 17 10 ;
— la P^ie et la mort des deux frères
de IFitt ; — les Foyages du nou-
veau Monde; — V Introduction aux
' caments de Hollande, de Jean
'•ivcrvyck. T — d.
LINDEAN'François-Balthasar
DE } , botaniste allemand , naquit en
• -'• ^«lifer. Oi» reproche à V«« tl»rLiH()«n
^lénoa moiRt hanii <)an< la rcTiiien <!«•
-^ ,-pat.ral«.
UN 5ii
i^'i , il Buxweiler, en AlsMe. Après
avoir étudié la m^ecine et les
sciences naturrllos aux unÎTersitët
de Strasbourg et de léna , il Toyigeft
en Allemagne, revint en r^o8ii Stras-
bourg , où il fut reçu aocteur eo
médecine , et s'y consacra à la via-
tique de cet art , jusqu'à l'époque de
sa mort, qui eut lieu en ij5j. 5e«
principaux ouvrages sont : 1. Disser-
tatio inauguraJis quœ thcoremata
quœdam medica miscellanea sistit ,
Strasbourg , 1708, in-4". II. Sf}€-
cuhim !'enerisnoviteri<ditum , etc.
ou Tableau de la pluvart des mala-
dies vénériennes, ibidem, 1732,
in-80. : ce tableau eut 4 éditions , et
fut traduit en plusieurs lanj^urs. III.
Medicinischer Pas.^epartout,e\c. ou
Caractères des différentes mala^
dies du corps fmmain , en allemand,
1 vol. in-80. , ibid,, 1 739. IV. Tcur-
nefortius alsaticus cis et transrke-
nanus , etc. c'est-à-dire , Tableau
des plantes d'Alsace , d'après la
méthode de Tournefort , un petit
vol. in-8<». , ibid. , lyiS. Il en ]:aiut
en 1747 une deuxième édition,
augmentée , sous le nom de Hortns
alsaticus. Cet ouvrage n'est point
une Flore proprement dite, comme
le titre semble l'annoncer , mais un
simple catalogue des plantes qui
croissent en Alsace , disposées par
mois , selon l'époque de leur florai-
son , avec les noms de Gaspar Bau-
hin et les phrases de Tourncfoit,
ainsi que l'indication des figures de
Tabernaemontauus, L'Écluse, Mori-
son , etc. Le tableau s}'noptique dont
il est accompagné, ne présente même
pas toutes les classes de Tournefort.
Ce catalogue ne peut donc être , par
lui-même , d'aucun usage pour l'c-
tudc. Il est d'ailleurs fort incomplet
maintenant ; les ouvrages de Nec-
k«r et PoiUch^ et U Flore française
5 19. Lm
de M. de Candolle, contenant un
plus grand nombre de plantes de
cette contrée , et offrant des rae'-
lliodes faciles et de bonnes descrip-
tions. Allioni a consacre' à la mé-
moire de Lindern le genre Linder-
nia y de la famille des Personées,
dont la plante de'crite , pour la pre-
mière fois, dans le Tournefortiiis
alsaticus , sous le nom de Pyxi-
daria , forme la première espèce
sous le nom de Lindernia Pyxi-
daria. D — u.
LINDSAY ou LY^^DSAY ( Sir
David), poète e'cossais, naquit en
1 490, d'une famille noble,à Garmyl-
ton dans le Hadingtonshire. Après
avoir termine son éducation à Fu-
niversitë de Saint- André , il fut page
d'honneur de Jacques V, alors en-
fant. En i524, les intrigues de la
reine - mère forcèrent - Bellenden ,
Lindsay et d'autres serviteurs du
jsune roi, à se retirer, maigre l'at-
tachement que ce souverain leur
portait, et qu'il leur conserva toute
sa vie : il le leur témoigna , autant
qu'il était en son pouvoir, en leur
accordant une pension. Lindsay fut
ensuite témoin de la confusion qui
régnait dans l'état , et de l'oppres-
sion que les Douglas faisaient peser
sur le prince et sur le peuple. En
1 528 , le roi , parvenu à l'âge de seize
ans, s'échappa de leurs mains, par
son adresse et sa vigueur ; et Lindsay
eut la liberté d'e£prit nécessaire pour
se livrer au cuite dc3 Muses. Vers la
fin de cette même année , il fit pa-
raître son Rêve ; l'année suivante sa
Complainte aoi roi ; et enlin , en dé-
cembre 1 53o , sa Satire sur le clergé ,
intitulée, la Complainte duFapijigo.
Lindsay, ayant été nommé roi d'ar-
mes , fut envoyé, en avril i53i,
avec Campbel et Panter à Anvers ,
pour renouveler l'ancien traité de
LIN
commerce avec les Pays-Bas. Le$
trois négociateurs furent parfaitemciit i
accueilhs par Charles-Quint, et ter^
minèrent heureusement leur mission.
Peu de temps après , Lindsay retour-
na en Ecosse , et s'y maria : il paraît
que l'union qu'il avait contractée ne
fut pas heureuse, et qu'on doit at-
tribuer à cette circonstance la
manière peu flatteuse dont il parle
des femmes , surtout dans sa satire
des Trois Etats , espèce de drame
assez bizarre. Quelques biographes
ont affecté de considérer Lindsai
comme le premier auteur de dram<
en Ecosse ; mais avant qu'il fût né
des ouvrages de ce genre 5 étaies
très-commims dans ce pays, sous
titre de moralités {Moralities. ) Ce
probablement en i536 , qu'il fit pâ
raître sa Réponse to the kin^'sfy
ting , et sa complainte de Basche ,
où se montre toute la tristesse de
son caractère. Dans le même temps ,
i535 , il fut envoyé comme hérault
d'armes y avec sir John Campbel de
Laudon , vers l'empereur , pour de-
mander en mariage une des prin-
cesses de sa maison : mais le roi , peu
satisfait des portraits de ces prin-
cesses , qui lui avaient été adressés , ;
ou peut-être ayant pensé qu'il luiserait
plus utile dese lier avec la France, en-
voya Lindsay , en 1 536, dans ce der^
nier pays , où cet envové parut av^
beaucoup d'éclat par son esprit et
courtoisie. Le roi Jacques y vint aus^
et il lit choix de la princesse Mac'
lène, qui mourut après deux mois
de mariage : cette perte fut le sujet !
d'un nouveau poème de Lindsay. Le
roi se remaria en 1 538 ; et les talents |
de Lindsay furent employés de non- |
veau à cette occasion , ainsi que pour
la naissance du prince. Il épousa
la cause des réformés sous la ré-
gence y et, après l'assassinat du
ier^
aois 1
LÎN
I , il publi.i une Ir.i.
.- a au^îucniiT les piv-
iis rentre ce prélat. En i54B,
,v rendit auprès de rdiristian, roi
te Danemark. , pour demander des
aisseaux destines à protéger les
ites d'Ecosse contre les Anglais ,
ur négocier un traite de coni-
relatif au\ grains : ce dernier
fut seul obtenu. Lindsay re-
.1 dans sa patrie , où il publia
plus agréable de ses poèmes, in-
lulc : Histoire et Testament de
ècujer Meldrum. Eu i5")3 , il
4iit son grand ouvrage , intitule,
|. Monarchie. INI. Chalmers , son
eruier biographe , pense qu'on
?ul placer Tcpoque de sa raort
îrs 1557 ; d'autres pre'tendeut qu'il
Ifcut jusqu'en 1567. Lindsay entra ,
^cc beaucoup de zèle et d ardeur ,
ms les disputes religieuses de so!i
mps; on pense qu'il penchait plutôt
DUT les principes de Luther : ses
tires produisirent un grand effet
ir l'esprit des peuples , eu exage'rant
$ vices du cierge'. « Dans ses ou-
vrages , dit M. Èllis, on ne trouve
ni la diction brillante de Dunbar ,
ni l'imagination fertile de Gawin
Douglas. Le Rêve ( Dream ) est la
seule composition qu'on peut citer
comme uuiforrae'ment poétique :
mais son savoir varié , sa parfaite
connaissance des cours et du mon-
de, la facilité de sa versification ,
son talent pour adapter ce qu'il
écrivait au caractère de ses divers
lecteurs , contribuèrent beaucoup
à sa popularité , qu'il dut , au
reste , à ses opinions plus qu'à son
mérite poétique. » Une édition de
s œuvres a été publiée en 1 806 ,
,ir George Chalmers, 3 vol. in-S". ;
Glossaire mis en tcte, est fort cs-
né. Lindsay a laissé une histoire
'' osse, en 3 vol. , dont I3 mamus-
XXIV.
r.m
5i3
^< î infla hiblioth^tif
tl<^"» ■•• •■ ■• *-«l»mbourj;. — Liî«o-
SAY (Robert ) de PeLscollie , contem-
porain de sir David, est réputé l'au-
teur ou l'éditeur de l'ouvrace qui a
paru depuis , sous le litre d'histoire
d'Ecosse , de i43G a i565 : nn«
édition récente et très-correcte de cet
ouvrage , a été donnée par Jean
Graham Dal yell , 'X vol. in 8". , avec
son vrai titre de Chronique d' Ecosse,
— LiMDSAY ( Jean ) , savant théolo-
gien de Saint-Mary-Hall, à Oxford,
fut pendant plusieurs années minis-
tre de la société des Non- Jurcurs
qui se tenait à F^ondres , dans la
chapelle de la Trinité. Il travailla
quelque temps comme correcteur
d'imprimerie , chez Bowyer , et
mourut à l'âge de quatre-vingt-deux
ans , le l'i juin 17O8. Lindsay a pu-
blié : L Histoire abréf;ée de la suC"
cession royale ( Short history ) etc. ,
a\fec des Remarques sur les écrits
politiques de fVhiston , 1710, in-
8**. : elle se trouve indiqiiée dans le
catalogue Bodiéien. IL Une traduc-
tion de la Défense de l'église d'An-
gleterre , par Mason ; publiée en
1726, et réimprimée en 17U7 et
1728. En tête de l'édition de 1727 ,
se trouve une longue préface conte-
nant des détails sur tous les évéquei
d'Angleterre, depuis la réforme.
D — z — s,
LINDSEY ( TutoPHiLE ) , pre-
mier ministre des unitaires à Lon-
dres, né à Middiewhich , dans I9
Cheshire , en 17^3, fit ses éftide»
et prit ses grades au ^ lint-
Jean , à Cambridge. D mi-
nistère évangélique, il ne l'embrassa
néanmoins , comme il en a fait l'a-
veu , que de sa libre volonté , et
accepta successivement des bénéfices
à Londres , dans les comtés d'York
et de Dorset. L'amitié et des liens
33
i4
UN
de parenté l'engagèrent à e'cliangcr
le dernier, quoique Irès-avantageux ,
contre celui de Catterick , dans
l'Yorkshire , où il ne pensait qu'à
finir ses jours au milieu de ses pa-
roissiens qu'il édifiait par ses vertus,
lorsque îa doctrine et les cëre'monies
de l'église anglicane lui ayant fait
naître des scrupules, il se joignit , en
i-jn^i, à une reunion d'ecclësiasti-
ques de difFërcnts cultes pour re'cla-
mer auprès du parlement, contre la
signature des trente-neuf articles.
Dès-lors, il se sentit oblige par sa
conscience, ainsi qu'il le dit ^ pag.
239 de son Apologie, et par son
respect pour le culte du seul Dieu et
père de tous , de résigner son bëné-
iice, quelque sacrifice qui lui en cou-
lât j il craignait , ajoute-t-il , « de
» perdre la paix intérieure et l'es-
» poir de la misëiicorde de Dieu. »
Alors Lindsey remercia la duchesse
de Norlhnniberland qui vou'ait lui
procurer rem])loi de cliapelain du
duc , son mari , devenu vice -roi
d'Irlande ; ce qui eût ëtë pour lui un
acheminement à un évêclië. Il poussa
le désintéressement jusqu'à refuser
une pension qu'elle lui 0 lirait sur les
revenus de l'Irlande , et vint à Lon-
dres , où il fonda une congrégation
d'Unitaires, qui, selon ses pieux de-
£irs, devait professer le culte du seul
Dieu vërita])lc. Cette congrégation ,
qui se rëunit d'abord dans un local
provisoire en 1774? et qui fit cons-
truire, en 1778, sa chapelle actuelle
d'Essex -Street, adopta la liturgie
de l'ëglise anglicane, telle qu'elle a
ctë reformée par le docteur Glarke.
Lindsey remplit pendant vingt ans ,
ses nouvelles fonctions , estime et
chéri d'un auditoire respectable et
d'un grand nombre d'amis du pre-
mier rang. Arrivé à sa soixante-
dixiimw> année , il quitta son minis-
LIN
tère pour vivre dans la retraite. L
docteur Disney, son beau-frère, qt'
avait ëtë long-lemps son coUègm
lui succéda immédiatement. Un ci
ses amis en mourant lui abandons
sa fortune , dont il fit le plus nobl
usage, secandé dans la distriLutio
de ses bienfaits par sa femme, helh
lilie du docteur Blackburn, auteur d
Confessionnal. Il mourut âgé de f
ans, en 1808. Les Sociniens (
nouveaux Unitaires, dont Priestie
fut l'un des plus ardents défenseur;
fondent leur croyance « sur un sei
V Dieu ; sur la mission divine d
» Christ, dont l'authenticité est dt
» montrée par les signes et les
» veilles que Dieu a manifestés
» son intermédiaire ; sur la ré
» reclion de Jésus j sur un état fi
» dans lequel s'exercera une jusfîf
» distribulive. » l^es principaux
crits de Lindsey , tous en anglais
sont : L Apologie pour résigner \
cure de Catterick, 1774? i"-8'
avec une Suite , 177^), in-8°. j 01
vrage plein de recherches sur la ph
lologie sacrée , mais qui a été réfu
d'une manière solide par J. Burg
( P'of. J. BURGH et G. BlNGUAM.
II. Liçre de prières réformé seU
le plan du docteur S. Clarke ,
Vusage de la chapelle d'Esse.
Street , auec des hj mîtes , 1774
in-8^. lïl. Adresse d'adieu aux pi
rois sien s de Catterick^ ^ll'^ •> i^^"^
IV. Deux Dissertations sur Véva\
gile St. -Jean et sur les prières adrt
sées à Jésus-Christ , 1 779 ? in-8
V. Le Catéchiste , ou liecherch
concernant le seul vrai Dieu
l'objet du culte , 1781 , in-8°. ^
Essai historique suri' état de la dû
trine et du culte des Unitaire.
1783 , in - 8". Lindsey, dans c
écrit, répond aux attaques de l'év
que Newton, et donne des notices s
LIN
lUisicurs unitaires. VII. Examen
nrenves alléguées par M. Ho-
'i , en fas>eur tic la divinité de
Christ, 178I, in-80. VIlî.
iciie PriestUanœ , ou deux
s ses aux ètiulians d'Oxford
• Can bridge^ 1788 et 1*790,
\ part., i:i-8o. IX. Liste de leçons
'f d'interprétations fausses des
'lires. X. Considérations sur la
rLc^sité de réviser la Liturgie , par
in protestant d'accord avec lui-
'. W. Conversations sur Vido'
chrétienne^ IVO'-*, in-S".
^11. Conversations sur le gouveme-
'^ent divin , montrant que toutes
hases viennent de Dieu et sont
our Dieu en faveur de tous , 1 8o'2 ,
1-8'*. XîII. Sermons, publics peu
'C temps après la mort de l'auteur,
yol. in-8^. La doctrine des Uui-
iire"î a donne' lieu à un grand nom-
Ire d'écrits depuis la fin du xvIlI^
|ècle. M. T. Bols h a ?n , frère de
hbtorien, a ])uLlie' des Mémoires
ir la vie et les écrits de Lindsej ^
812, in- 1 SX. B. j.
LINGELBACK (Jean), peintre
'c genre et de paysage, ne' à Franc-
)rl en 16*2.5, passa en Hollande à
âge de quinze ans, pour se perfec-
onner, et y acquit beaucoup de re-
itation rilvinten France, en \Q^i.
titensuite pour Rome, ouïes an-
ju.ies, les fontaines, les foires, les
larlatans , furent les sujets de ses
" aj^es. De retour en Hollande , en
, on reconnut facilement les
u^rf s qu'il avait faits en France et
i Italie. Ses tableaux, d'un bon ton
î couleur, offraient des mines anli-
ies,des animaux, des chariots rem-
is de jolies figures , et si vraies, que
' nature semblait les avoir formées ;
les embellissaient un paysage ai-
AAe et très-frais. Ses lointains d'un
^lair, SCS ciels Ic'gèrement nua-
ItN 5i5
gës, inspiraient la gatt^, et faisaient
valoir les plans du devant ; enfin
rien nVlait mieux entendu pour U
Sra«lation des couleurs. Le Miisce
u Louvre possède de ce maître un
Marché aux herbes , dont le fond
est orné de monuments de sculpture
et d'architecture; — un Port de mer
enrichi d'un s^ani nombre de figu-
res, dont queïijues-unes dans le cos-
tume grec moderne. Le m.' . ^^
sée a posscfdé six autres t.i!
même , savoir : VJrrivcc de la
Jlotte hollandaise aux Dunes ; un»
Fête publique ; les Trois Juifs ; une
Sainte-Famille; un Port de mer ;
des Paysans ramassant du foin.
Les deux premiers provenaient de
la collection du stathouder; les trois
suivants, de la galerie de Vienne, et
le dernier, de la collection de Meck-
lenbourg-Schwerin : ils ont été en-
leve's, en 181 5, par les Pays-Bas ,
l'Autriche et la Prusse. Il y avait ,'
dans la galerie de Saiut-Cloud, ua
autre tableau de Lingelback, repré-
sentant V Arrivée des voyageurs à
l'hôtellerie, dont la gravure fait
partie du Musée-royal, publié par
M. H. Laurent: ce tableau a été volé
de nuit, en juillet 181 5. On a aussi
de lui quelques Marines et des Pa^^
sages gravés à la pointe, d'un goût
très-spirituel. Il mourut à Amster-
dam en 1687. ijf — s.
LINGELSHEIM ( George -Mi-
CHEL ) , littérateur, né à Strasbourg
dans le sci/.ième siècle , fut précep-
teur et ensuite conseiller de l'élec-
teur Palatin. C'était un homme de
beaucoup de mérite , et d'un com-
merce sur. Baudius le nomme vit
gravis et sapiens. Lingelsheim était
fort lié avec de Tbou , qui lui confia
le manuscrit de son Histoire pour
la revoir cl y faire les corrections
conveuableS; avant de la livrer à
33..
5i6
LÎN
J 'impression. L'édition revue de
cette histoire esl celle de Genève ,
1620, 4 vol. in-fol. Il entretenait
xme correspondance avec Goldast et
Bongars; et l'on a publie, long-
temps après sa mort , dont on ne
peut fixer l'époque , un recueil de
ses lettres et de celles de Bongars :
Bongarsii et Lingelshemii epistolœ ,
vStrasbourg, 1660, in-ri. On regarda
Lingelsheim comme l'auteur d'une
critique de l'histoire de N. D. de
Halle , par Juste Lipse , publiée
sous ce litre : Dissert aiio de idolo
Hallensi Justi Lipsii mangonio et
phaleris ornato , Heidelberg, ï6o5,
in-4°. Scaliger lui en fit compliment;
mais Lingelsheim lui apprit par sa
réponse, que le véritable auteur était
Pierre Denaisius , assesseur de la
chambre impériale, lequel ne voulait
pas être connu , par la crainte des
jésuites. Goldast avait été l'éditeur
<^e cette satire , et les soupçons se
dirigèrent sur lui; Bongars lui-même
n'en fut pas à l'abri. Le P. Anastase
Cochlet , religieux carme , ne les
ménagea guère dans un livre qu'il
publia pour la défense de Juste Lipse:
Falœstra honoris D. virginis HaU
lensis , pro Justo Lipsio ; mais ils
gardèrent le silence, et l'affaire s'a-
paisa. V. le Dict. de BajU. W — s.
LINGENDES ( Jean de ), poète
français , né à Moulins vers 1 58o ,
se fit d'autant plus facilement une ré-
putation , qu'il n'existait encore de
modèle dans aucun genre. Il fut Tarai
d'Hon. d'Urfé , de Davity , de Ber-
thelot , etc., qui lui rendirent am-
plement les éloges qu'il leur prodi-
guait : il mourut jeune, en 1616.
M^^^. Scudery dit que Lingendes a,
dans ses vers , un air amoureux et
passionné, qui plaira à tous ceux qui
auront le cœur tendre. On a de lui des
Stances^ genre de poésie dans lequel
LIN }
il réusîit mieux que la plupart de
ses contemporains, mais dont il a
été mal à propos regardé comme l'in
venteur; — des Sonnets; — une Ode ,.
la reine mère de Louis XIII ; — uv
Elégie pour d'idem imprimée au-
devant de la tradnction des Méta-
morphoses , par Reuouard ; cette
pièce est imitée du latin de Politicn :
Golletet la trouvait supérieure à l'o-
riginal ; — les Changements de la
bergère Iris , à la princesse de
Conti , Paris , 1618 , in- 12 ; c'est
la seconde édition. Lingendes man-
que d'invention ; mais ses vers 01
de l'élégance et de l'harmonie,
cite quelquefois les suivants :
Si c'est lin crîme de l'aimer ,
On n'en doit justeinent blâmer
Que les bf^autés qui sont cxi dit
La faute en est aiix dieux
Qui la firent si belle , n
Ù.I non pas à m«s yeux.
On a encore de Lingendes une traiînr
tion en prose des Epîtres d'Ovide
qu'il entreprit , dit-il , pour obéir
à deux princesses à qui il lui eût ét«
difficile de la refuser : il la publia ,
en 161 5 , in - 8°. Des 21 épître*
que renferment ce vol. , il n'y eu a
que i3 traduites par Lingendes; les
autres l'ont été par Duperron , Des-
porles, La Brosse, Hédelin et Golle-
tet, dont il préféra le travail au sien.
Cette traduction, quoique médioc
fut réimprimée en 1618, et pour,
troisième fois, en 16-2 1. Les vers'
Lingendes sont insérés dans la pi
part des Recueils du tem])s. ïiton
ïillet lui a donné une place sur it
Parnasse français. — Linge-ndi
(Jean de ) , évêque de Mâcou , n
en 159.5 à ?vïoulins, fut choisi ^ ei.
16 19, pour précepteur du comte tit
Moret , fils naturel de Henri IV : il
perdit cette place par quelques in-
trigues ; mais il y fut rétabli. I'
s'acquit beaucoup de réputation pat
leii.
I
LIN
,nii inlent pour la chaire , cl doxiiil
iiunônierdc Louis XIII, ({i>i le iiuni-
eu iir\'À, à rcvcchc de Sarlal :
; transféré , en i65o , à Màron ,
jl s ap})li<fua au gouvernement de
<ondi(»rt'se, avec beaucoup de zMe ,
> statuts synodaux , et (it
> fondations pieuses. Il fut
,1c, en i()55, à rasscmblée-
iale du clergé , et mourut à
•n, le 1 mai i665. Ce prélat
...:t prononcé, en lôjS , 1* Oraison
funèbre de Louis XIII, à Paris, et en
■' } (>17, celle de Victor-Amédée duc
I voie : ces deux pièces sont impri-
iiit (■>. Son portrait a été gravé par de
Loisy, in-4**. — Li>-gendes( Claude
. cousin des précédents , né à
lins eu i^qi , entra dans la
lé de Jésus , fut recteur du col-
de cette ville , et se distingua
>on talent pour la chaire , d'où
'Utribua beaucoup à bannir le
ivais goût, les pointes et les tri-
iités. Ses sermons ont été publiés
en iGG6, 3 vol. in-4°. et in-8<». : il
I. s ^'omposait, dit-dn, en latin, quoi-
i les prononçât en français ; et
assure que ceux qui ont paru en
çais, sous son nom, en 'i vol.
'., n'eu sont qu'une imitation
irfaite. M. Vauquelin eu a fait
'iiire quelques-uns pour les insé-
■ lans la nouvelle collection in-
li'C: Les orateurs chrétiens. On a
rc du P. de Lingendes : L Con-
^ pour la conduite de la vie. IL
timm monunientum ah urbe Afo-
linensi Delphino ohlatum, in-4°. H
ninnrutle i6avril ifiGo. W — s.
1 IN GUET ( Simon -Nicolas -
■ »r,>.Ri ) , néà Reims en 17^6, était
> petit-fils d'un fermier des bords de
' rivière d'Aisne. Son père, qu'on
it envoyé à Paris pour y suivre
'f's, y devint professeur de
, et ensuite sou»-priiicipal au
collège de Beanvais ; 1 1
dans les querelles dn j 1 m I
perdit sa place par suite d'une lettre
de cachet qui TexiLiit à 3o lieue* de
la capitale, et vint dès ce in
fixera Reims. Après y av< ,
la (ille d'un procureur, il fui uouiuié
creilier de l'élection ; ce qui fil dire à
liinguet fils, qu'il était né sous les
auspices d'une lettre de cachet. Son
père l'envoya aussi faire ses humani-
tés dans le collège de Paris où lui-
même avait professé. Le jeune Liu-
guet s'y distingua de la manière la
plus éclatante, en remportant les
troispremiers prix de l'université, au
concours de i^Si. Un début si bril-
lant fut remarqué par le duc de Deux-
Ponts, quis'altacha le jeune homme ,
et l'emmena en Pologne , dans le
dessein de lui procurer de Tavance-
ment. Des raisons particulières sé-
parèrent Linguet de ce protecteur;
et , à son retour en France , la culture
^cs lettres fixa toute son attention.
Il ne songeait point alors à suivre
la carrière du barreau. A l'époque où
la Fiance entreprit la guerre de Por-
tugal , le prince de Beauvau , à qui l«
commandement de l'armée fut confie,
détermina Linguet à le suivre en qua-
lité de secrétaire ou d'aide-<le-camp
pour la partiedu génie. Le i ' l
iVuit que le jeune auteur r.
ce voyage,fut d'apprendrcl c.^pa^nol
pendant son séjour à Madrid , où il
publia une traduction française des
principales pièces de Caldéron cl d«
Lopez de f e^a. Peu de temps après
sou retour, il avait dédié au roi de
Pologne ( Stanislas ) , son Ilistoin:
dn siècle d* Alexandre y par lanmll-
il débuta dans la carrière histo
Parvenu à l'içc de a8 ans, et n'.it. ..>
point d'état, il sentit la nécessité de
s'en r ■' - ''^
vœui .
5i8
LIN
LIN
le barreau ( t ). Il fut d'abord lie avec
d'Alembert, qui ouvrait et fermait à
son gre' les portes de l'acadëmie
française. On lui demanda une place
pour Liiiguet. Il exigea quelques con-
ditions , dont ce dernier ne s'accom-
moda point ; et dès-lors il déclara la
guerre à d'Alembert, à l'acadëmie et
aux philosophes. On sent combien
cet événement dut changer la direc-
tion des idées et des vues de Linguet.
Académicien, il eût pu cultiver la
littérature en paix, mûrir ses écrits
dans le silence du cabinet, mener
une vie douce et paisible au milieu
d'hommes de lettres, tous prêts à
encourager ses succès. Refusé à l'a-
cadémie , il se crut obligé de com-
battre les hommes qui l'avaient re-
poussé de leur compagnie. Ses ou-
vrages trouvèrent partout des cen-
seurs. Son humeur commença dès-
lors à s'aigrir ; et il sacrifia bientôt
à des discussions polémiques une
partie des talents qu'il aurait pu em-
ployer à des productions plus dura-
bles. Au lieu de mettre de l'adresse
et des ménagements dans sa conduite
envers ceux qui disposaient de la
fortune et des honneurs , Linguet ,
doué d'un géiiie vif , impétueux ,
d'une imagination ardente et fécon-
de, et plein du sentiment de sa su-
périorité, brava toutes les traverses,
toutes les intrigues; et seul, sans
appui , sans preneurs , il osa entrer
dans la lice , et mesurer ses forces et
ses talents avec les premiers écri-
vains de son temps. On conçoit que
cette présomption dut lui faire une
multitude d'ennemis. Cependant il
débuta avec le plus grand éclat de-
vant les tribunaux. Mais bientôt en
1
(i) Ployez l'Annnair» du départ»-nietit de la
Marne, ChAlons, 18,1, iu-ii , et la Notice in-
■érée dan» le Journal de ce département, du i3
«yril i8ie , article Lingutt ^ par M. G. (Geri*zez).
butte aux contradictions, et peut-4
à l'envie, les revers balancèrent s
renommée ; il s'attira des disgrâce
sans nombre par la hardiesse de so
caractère , par un esprit novatei
et dominant , par des connaissance
littéraires plus étendues que celk
de beaucoup d'autres avocats , enfu
par une diction pleine de feu et d
saillies, qui indisposa plus d'espril
contre lui^ qu'elle ne lui valut d'ad
mirateurs. Alliant toujours aux de
voirs de son état, la culture des le
très, en moins de quatre ans il pubh
successivement \ Histoire des liéé^
luttons de V Empire Bomain
du seizième siècle, et sa Théorie
lois civiles, ouvrage qui a fait
de bruit, et qui a excité tant de cla
meurs. Ce fut à peu près dans c
temps-là que le duc d'Aigiiillon 1
choisit pour son défenseur. li puLliô
pour cet ancien commandant de 1
Bretagne, un mémoire qui eut 1
plus grand succès. S'il ne justifia pa
entièrement son client , il eut l'c
dresse de lier sa cause avec les inU
rets du gouvernement ; et il par vin j
ainsi, non-seulement à le sauver!
mais encore à lui ouvrir la route d
ministère , auquel la faveur de M™*
Dubarry le fit appeler quelques moi
après. Depuis cette époque, il
plaida peu de causes importai
sans qu'on y vît figurer Linguet. 1
fut surtout dans l'afTaire crimini
du comte de Morangiés , contre
Verrou , qu'il développa toutes lej
ressources de son éloquence. L
plaidait toujours de vive voix, ets<|
vantait de n'avoir jamais perdu qu«|
deux procès. « Encore, disait-il, ai;
» je bien voulu les perdre. » Si Lin-'
guet eût été assez sage et assez pru-|
dent pour ne pas éveiller l'amour- ,
propre de ses rivaux, s'il ne les eul
pas provoqués par des sarcasmes ré
lUOl
i
LIN
^les , por de violentes diatribes , il
ke $c scr.iit pas vu force de lutter
rtil contre une foule d'ennemis. Les
ïLs le rayèrent de leur tableau ;
i fut interdit de se5 fonctions par
ju arrèl du parlomcnt. Ling'iet lit
•VlattT les plaintes les ]dus amères;
> SCS emportements et ses vocife-
ins injurieuses fmirent par lui
lier des torts réels. Oblige de re-
. eraux honoraires du barreau, il
cha un dédommagement danslcs
(ices d'un Journal politique ,
ont un grand nombre de Icc-
>; mais il ne fut pas long-temps
> indisposer M. de Maurepas, alors
!iier ministre , et son journal fut
[)rim?. Craignant pour sa liberté,
il se retira en Suisse , passa en
Hollande , et ensuite en Angleterre ,
ou son séjour ne fut pas de lon-
'-"• durée; car n'ayant pas reçu
Mieil qu'il croyait mériter , il
se rendit à Bruxelles , et d ne pa-
raissait pas éloigne de vouloir s'y
: : mais après la mort de M. de
1 repas , il obtint du comte de
Vcrgennes la permission de rentrer
en France.. Son esprit inquiet et re-
int lui suscita encore des dis-
ses ; et bientôt , sur de nouvelles
îites , il fut enfermé à la Bastille,
il resta plus de deux ans. Ayant
promis d'être plus circonspect, il
sortit de cette prison en 178'i , et
j fut exilé à Rethel. Craignant de vc-
. gcter dans une longue retraite, il re-
tourna à Londres; et y publia, dès
son arrivée , un Mémoire contre le
pouvoir arbitraire, comme })our se
; justifierd'enavoirfait l'apologie dans
sa Théorie! de.; Ins. En quittant les
bords de la Tamise , Linguet se retira
{jour la seconde fois à Bruxelles,avec
e projfl de se livrer entièrement a la
rédaclion de ses Annales poUli'jiies ;
et ayaat su adresser , avec beaucoup
d*art et de talent , det loiiao|i;n trrs.
délicates k l'empereur Jo^rph , rc
nrincc, qui avait goûte récrit sur la
liberté de la navigation dr rK>raul ,
permit à l'auteur de venir à Vienne,
et lui accorda des lettres de oobles.se
avec une gratiiiratioD de mille ducali.
Mais Linguet, pousse sans cc»<c par
son mauvais génie, ne sut pas conser-
ver cette faveur; il prit la defcn.se «le
Van-der Noot et des insurgés du Bra-
bant, contre l'empereur, qui lui fit
signifier l'ordre de quitter ses Ktits.
Il reparut à Paris, en 1791 , et se
présenta à la barre de l'a.v.'semblrc
constituante , pour y défendre les
droits de l'assemblée coloniale d S:.-
Domingue, et attaquer ce qu'on .ij»i)p-
lait alors la tyrannie des blancs.
Lorsqu'il vit le règne de la terreur se
manifester , il voulut y échapper en
se retirant au fond d'une campagne ;
mais il fut bientôt découvert et con-
duit en prison : il y resta jnsqn^au
9 messidor ( 27 juin 1794 ), où il
fut mis en jugement , à sa propre
sollicitation , et , sans avoir été
admis à se défendre, condamne à
mort par le tribunal révolutionnaire
pour avoir encensé les despotes de
rienne et de Londres. Il subit
la mort avec courage. On doit
regretter que cet homme, doué de
talents su|>éiieurs dans yliis d'un
genre , n'ait jamais su maîtriser
la fougue de 5e,s passions. I^es re-
proches auxquels sa mémoire ne peut
échapper , sont d'avoir répandu
trop d'aigreur dans ses ccrits,d*avoir
alternativement servi et coml)attu
les partis opposes , de s'être permis
de tout fromler sans aucune retenue,
enfin d'avoir quelipicfois poussé le
paradoxe à un tel point qu'on eàt
dit qu'il ne le cherrhail que comme
uiic occasion de faire briller son
esprit. Linguet était d'une taille né-
530
LIN
diocre , Irès-maigre , marque de la
petite ve'role : sa physionomie n'an-
nonçait nullement ce qu'il était ;
mais, lorsque la tribune donnait
l'essor à ses moyens oratoires , sa fi-
gure s'animait tout-à-coup, son or-
gane se développait , et bientôt l'élo-
quent orateur entraînait tout l'audi-
toire.Méfiant et soupçonneux, il avait
toujours des pistolets sur sa table, ne
sortait jamais sans être armé , et
enfermait ses domestiques sous clef:
il était de plus intéressé , et même
avare. Personne ne l'aidait dans ses
travaux. 11 faisait seul ses journaux,
et il eut quelque temps une presse
chez lui. ISous ignorons ce qu'est de-
venue sa bibliothèque qu'on dit avoir
été très - considérable. Ses écrits
aussi nombreux que variés sont : I.
royale au labyrinthe du Jardin
du Roi , 1755, in- 12. II. Les
JFemmes-Filles , parodie d' Hyper-
vinestre , 1759, in- 1*2. HT. Fros-
•pcctus d'un nouveau spectacle de
musique, i76'2 , in-i'i. IV. His-
toire du siècle d Alexandre , Amst.
(Paris), 1762, in- 12. Il était dif-
cile de renfermer plus d'érudition et
de vraies connaissances dans un plus
court espace. Le style en est élégant
et pur, mais trop épigrammalique.
V. Mémoire sur un objet inté-
ressant pour la province de Picar-
die , ou Projet d^un Canal et d'un
Port sur ses côtes, 1 764 , in-S*^. —
VI. Le Fanatisme des I^hiloso-
fhes y 1 764 , in-8<*. ; ouvrage un
peu réchauffé du discours de Jean-
Jacques Rousseau sur le danger des
sciences , mais assez plein de force
€t de chaleur pour être lu avec in-
térêt, môme après celui du célèbre
Genevois. VII. Nécessité d'une
réforme dans l'administration de
la justice et dans les lois civiles de
Fiance, 1764, iu-8^. Ce livre est
LIN
bien écrit , et estimé pour les vuf
judicieuses et utiles qu'il renfermi
L'auteur l'a fondu depuis en grand
partie dans ses Annales. VIII. L
Dime royale avec tous ses avari
tages , 1764; nouvelle édition
Londres et Paris 1787, in-S». I)s
Lettre du mandarin Hoeitchin
à son ami Hoeit-chajig , 1 76J
Cette brochure a rapport aux affaire
des Jésuites. X. Epitre en ver,
d'un G. de D. à un de ses amîs\
supplément aux Mémoires d'une f à
meuse académie, Lié^e, i764,in-r
Celte épître, adressée au P. Bertieï
et d'autres petites pièces de versai
prouvent qucLinguet avait du taie
pour la poésie. XI. Socratt
tragédie en 5 actes , 1 764 , in-|
Cette pièce, où il y a des vers h(
reux , n'eut aucun succès. XI
Supplément, ou Troisième lettre
Î7G5, in-8<'. XIIL Histoire de
Révolutions de l' Empire romain
depuis Auguste jusqu'à Constantin
17GÔ, deux volumes in-12 : e!l<;
ne s'étend que jusqu'à Trajan in-!
clusivement, quoique suivant leplari
de l'auteur elle dût compléter leîj
Révolutions romaines de l'abbé df!
Vertot. Ou a prétendu que Linguet '
dans cet ouvrage , s'attachait à jus-l
tifier les tyrans , et à déprécier les
plus grands hommes de l'antiquité:
mais pour avoir révoqué en doute
les récits dramatiques de Tacite et
les anecdotes suspectes de Suétone ,
il ne méritait pas d'être regardé
comme l'apologiste de la tyrannie.
Dureau de Lamalle , dans son excel-
lent discours préliminaire de la tra-
duction de Tacite, développant avec-
une sagacité peu commune tes prin-
cipes de la constitution des Romains
sous les empereurs, a, bien mieux
que Linguet, justifié ces tyrans, et n'a
Ifouve aucun contradicteur. XIV»
LIN
C/trorfinnatU , histoire politi-
. traduite de Vallr-
K'ur Pan^loss par le
'ii-meme depuis son retour
tant utopie, 1766, i 11-12;
voile dtliliou augniculée d'une
ledii même auteur, 1767,111-1:1.
a le quatrième chapitre de Can-
r de Voltaire, qui fit naître cet
(.XV. Théorie des lois civiles,
7 , in-i2, et 1774 , 3 vol.
: i. Ce livre r<5uuit au coloris
I style brillant, des métaphores
lies , et quelques opinions ha-
Ices sur le despotisme et la ser-
Je ; mais elles ont e'te prises
à la lettre par ses détracteurs.
1, Histoire impartiale des Je-
' V , 1768, in-8^. Ce livre, con-
iiie' à être brûlé, ne satisfit ni les
ites , ni les magistrats, quoiqu'il
«rme ce qu'on a pu dire de mieux
: iveur du cor])s célèbre qu'il dé-
L XVII. L'aveu suicère , ou
ire à une mère sur les dangers
court la jeunesse en se livrant
•i goût trop vif pour la littéra-
, Paris, 1768, in-ii. XVIII.
t re sur la nouvelle traduction de
ite par M. L. D. L. B., 17G8,
2. Cette lettre , remplie d'une
;ie critique , lit tort à la réputa-
dont commençait à jouir la tra-
ion de la Blelteric. XIX. La
rre philo sophale , 1768, in-12.
Tliedtre espagnol, 17G8 ,
ol. in-isi; assez estimé. aXî.
canaux navi'^ables pour la Pi-
iie et pour la France , 1769 ,
>.. XXÏÏ. Continuation de ihis'
universelle de Hardion , for-
l les tomes xix et xx, 1769,
•• XXI II. Mémoire pour le duc
iguillon , 1770, in-4°. XXIV.
'res sur la Théorie des lois
c \î i^trrdam , 1770, in-ise.
>^ aux docteurs mo-
demes, ou ^polûgiadêtmttmirdê
la Tftéoric des lois civiles , Londres,
1771, in-ia. XXVL Tfuforie du
liMle , ou VAn de calomnier avec
fruit , en réponse à la T/iéorie du
Paradoxe de Vàhhc Morcllct , Ams-
tenlam , I77.'>, in-iu. La rén.; ,
de Linguet est bien inférieure à I • '
polémique où l'abbé Morrllel rov \
ses opinions par des raisonnrii: ;
plcinsdeforceelparrironic.XXN 11.
Mémoire pour le comte de Moran
giéi, 1772 , in-4". Ce plaidoyer es*
le triomphe de Linguel au barreau ,
et sans contredit lo meilleur de ses
écrits judiciaires. Dignité, raison,
mesure , style noble cl sans enflure,
élégance soutenue , tout s'y ren-
contre dans l'accord le plus itarfait.
( Essai sur la vie et les ouvrages
de Linguet , par M. Gardaz , av<»-
cat. ) XXVÏII. Du plus heureux
gouvernement j ou Parallèle des
constitutions politiques de l'.^.sitt
avec celles de l'Europe, 1774 i- '*
yo\.'\n-\'i.\XW.RéJl€xionspourla
comtesse de Bétluine, et Supplément,
i775,in-4'*. et in- 15». I^e célèbre avo-
cat Gerbicr, et quelques-uns de ses
confrères , y furent traités sans mé-
nagement; ce qui provoqua l'an et
du II février 1774, par lequel Lin-
guet fut rayé du tableau des avocate.
XXX. Requête au conseil du Roi
contre les arrêts des 29 mars 1771
et ^février 1775. On trouve dans
quelques exemplaires deux lettres
de Linguet au auc d'Aiguillon , qui
sont remarquables par l'énergie et
la vivacité du style. XXXL Plai-
doyers divers et Discours réunis
dans le recueil de se3 mémoircN ju-
dirinircs,7vol.in-i2.XXX!l.y'///-
nal politique et littéraire, co nun n 1 -
ce eu octobre 1774» «t continué
i'usquVn 1776. La suite est de î»-
:arjie, qui a repris cr journal d(
5'2i
LIN
le 1^ aoLit 1777 jusqu'en mai 1778.
XXXilï. Piéjiexions des six coips
de la ville de Paris sur la suppres-
sion des jurandes , 1776. XX\1V.
Essai philosophique sur le inona-
chisme, 1777, in-S». XXXV. An-
nales polit i(pies, civiles et littéraires
du dix-huitième siècle , commencées
en 1 777,inteiTompues pendant quel-
que temps, reprises à Paris en 1790
et terminées en 179a : elles sont
composées de 179 numéros qui for-
ment 19 vol. in-S". On y trouve des
morceaux de littérature d'un bon
choix : elles sont, en général , écrites
avec clialeur , et souvent avec goût ;
mais l'auteur , toujours tranchant ,
décide de tout et fronde tout sans
mesure : plusieurs cahiers excitèrent
de vives réclamations.(Voyez , De la
foi publique envers les créanciers de
l'Etat; Lettre à M. Linguet sur le
1 16". numéro de ses annales ^in-S'^.'
Arrêt de la Cour du parlement qui
condamne ce i\(j^. numéro à être
brûlé, et Protestation de M. Lin-
guet contre les arrêts du Parlement
de Paris, des 2,5 et 'l'j septembre
1778.) XXXVI. Lettre au comte
de Fergennes, Londres, 1777, in- 18.
XXXVII. Aiguilloniana, Londres,
1 777, in-S*^. ( Voy. le Journal de la
librairie, 1S16, pag. 54.)XXXVIII.
Appel à la postérité , 1779 , in-
8«. XXXIX. Mémoires sur la Bas-
tille y Londres, 1783, in-S**. Lin-
guet s'y étend principalement sur ce
qui lui est personnel , sur ses espé-
rances futures , et sur la crainte pué-
rile qu'il avaitd'êtreempoisonnéaans
cette prison d'état. XL. Mémoire
au Roi, contenant sa réclamation
actuollem3nt pendante au Parle-
ment de Paris , 1 786 , in-8<*. XLI.
Réflexions sur la lumière, 1787 ,
in-8^. , où l'on trouve des aperçus et
des idées très-remarquables. XLII.
LIN
Considé ations sur Vom'*rtu'e d.
l'Escaut, 1787 , '2 vol. in-80
XLIIL Discours sur l'utilité et h
prééminence de la chirurgie sur le
médecine, Bruxelles et Paris, 1787
in-8''. XLI V. La France plus qu'an
glaise, Bruxelles, 1788, in-80
XLV. Onguent pour la brûlure
1788, 'm-S^,XL\I. Examen de,
ouvrages de Voltaire , considén
comme poète , comme prosateur
comme philosophe , Bruxelles, 1788
in-8''. C'est une des bonnes prodiic
lions littéraires de l'auteur : san;
être tout-à-fail exempt de partialité
il s'y montre un critique exercé dan:
les divers genres de littérature. Il er
a paru , en 1817 , une nouvelle édi
tion , augmentée de courtes notes, 1 si
XLVII. Poiîit de banque route, pluà
d'emprunt, et , si Von veut , bientôt
plus de dettes, en réduisant les impôts
à un seul, 1789, in-8«. XLYIIl
Lettre à Vempe eur Joseph lï
surla révolution du Brabant, 1 789^
in-8''. IL. I^ettre au comité pa^
triotiqiie de Bruxelles, 1789, in-
8°. L. Légitimité du divorce J
1789, in-8'^. LI. Code crim'nel\
de Joseph II, 1790, in 8°. LII.j
La Prophétie vérijiée , ou Lettresl
au comte de Trautmansdorjf, Gand,
1790 , in-8'\ LÎIL Collection des
ouvrages relatifs à la révolution du
Brabant , 1791 , in-8'*. Linguet eslj
encore auteur d'un Mémoire ma^l
nuscrit, pour le département de la^
marins, sur les moyens d'établir
des signaux par la lumière. Ce Mé-
moire a été composé en 1782,61
envoyé au ministre de la marine : il
en existe des copies manuscrites.
M. Gardaz , avocat à Lyon , a pu-
blié un Essai historique sur ht vie et
les ouvrages de Linguet, hy on, 1 808,
in-8^. , et M. L. Alexandre Devérité
une Notice pour servir à l'histoire ds
LIN
î,t i>ûf et iUis écrits de S.-N.-H. Lin-
i , ainsi que quelques paniphlet.H
(|ue ceux-ci : Qu'est-ce que
^net? 1790, in -8". Qu'est-ce
H. '/le que ce train-là ? Il règne dans
tous ces écrits une praiule partialité.
On a encore Linguetiana,ou Recueil
ides rcyarties ingènieusi'S et bons
mots de cet auteur , in- 18. J — d.
1 MNIl^.RE( François Payot ot),
le satirique, ne a Paris, en i();i8,
le famille de robe, entra fort jeune
rvice.Donëd'unefignrcagreahle,
1 esprit vif, avec des manières sc'-
intes, il eut beaucoup de succès
1 es des femmes, et ne se piqua pas
' instance. De retour à Paris, il rcus-
lans la société par son enjoue-
it. Les éditeurs des Annales poe-
:es ( tome xxvii ) disent qu'il
il madame Deshoulicres dans les
' cts de la poésie ; mais cet hon-
r est ordinairement attribué à
ii iiaut. Qiioi qu'il en soit, Linière
iiaii des amis de cette dame; et elle
a fait de lui un portrait qui ne pa-
raît pas flatté ( I ). Elle cherche ce-
pendant à le justifier du reproche
n irréligion. Linière était en effet ce
on nommait déjà un aimable
Voiri quelque* mn de cetlo pifc» compo-
<n i658. Liuière n'avait alortqiie tcent« an*!
irait ingénu, bon et (Ant artiGce;
« «on air e»l trompeur , il a <i« la malîce;
urne la «aliio , et croit qu'il fit permis
i' TxiiUr (oTtement de let meilleurf <iini«,
1 ^ nier en il i»cri lien» , de faire dci pro "»«••';§ ,
• gncrdeicODtratspour iourbei tes mattr-isei.
:t ftn« tout éroulét, depuli qui Luxenihonrg
y- \itpour Ini I.t mort rriomp'ier •!<• rnnjoii'.
1 vit Pari» a Hien ki celle tragique liiiloire t
0 I m aditqu'elleeatvraie.elneTaus paala croirt.
m demande maintenant •! madame l>«altO«-
-% fait iMi gland élog<* de Liniire, al •'il con-
\\t de dire , comme ra f«it Saint-Marc
11» •»• Contmen/air"' «wr Boileaii ), q«>7*
7jV avoir rl^ drslmt'e à prendra parti pour
' mwv<ii* poètes Kîlo a cherche * l'cacnaer
.J in reproche o.iiaii» quelle n«cro»ait ^aa f»»i.
J. ; et Saint -Marc lui en fait un crime ! Il
' prend occaiion de {eUr daa doutea «ur aea
ripra relif;!eus IC^tat agir «fM aa« Icgérvié
. ardeanakU.
LÎTf
5i(3
débauché, léger, inconsi^iifoit , et
trop occupé de se» pUisim pour
avoir un systèrac arrêté; mais quel-
ques couplets trop libres sur des ob-
jets respectables , ne paraissent pas
sudLsants pour lui mériter le litre
odieux d'athée. Il composait ses ou-
vrages avec une {grande facilité, et
ne retouchait jamais ses vers: il vint
cej>cndant un jour , dit-on, consulter
(ihapelain, sur quelques-unes de se»
dernières productions. Chapelain,
après en avoir écouté la lecture, lui
dit: «M.lechevalier,vous ave/, beau-
coup d'esprit, et de bonnes rentes ;
c'en est assez , croyez-moi , ne faites
point de vers : le titre de poète est
méprisable d^us mi homme de qua-
lité comme vous. » Linière sevenp;ea
par l'ingénicrsç parodie de quelques
scènes du Cid (i), et par des épi -
grammes qui couvrirent de ridimle
le malheureux autr^ur de îa Pucllr.
Boileau a cité lanière dans sa ix*".
satire, comme un critique judicieux;
mais quelques observations dépla-
cées qu'il se permit contre la fa-
meuse épître sur le passage du Rhin,
excitèrent la l)ile de Boileau, qui
depuis n'en parla plus qu'avec mé-
pris. Linière dépensa toute sa for-
tune dans des parties de plaisir; et,
sur la fin de sa vie, il fut réduit k
emprunter de l'argent à ses amis.
Boileau continua toujours de lui en
prêter; et Linière allait souvent du
même pas, au premier cabaret, faire
une chanson contre son crejincier.
Il habitait une maison de campagne
près de Senlis ; et c'est pour cette
raison qu'on l'a quelquefois ncmnir
l'athée ou l'idiot de Senlis. Il luou-
tOUtr
Uibu' ■
l»-nt:rt q-u la r^'clame piur L-
Çurpmtûritits t
524
LIN
rut en 1704. Ses chansons et ses
epigrammes sont éparses dans les
recueils du temps. On cite encore de
lui : Poésies diverses , ou Dialogues
en forme de satire, du docteur Mé-
taphraste, et du seigneur Albert,
sur le fait du mariage, vol. in-ioi
de 46 pag. , sans date et sans indica-
tion du lieu de l'impression. W-s.
LINIERS BREMONT (Don San-
tiago), chef d'escadre espagnol, ne
à Niort vers 1760 , servit d'abord
dans l'ordre de Malte , entra au ser-
vice d'Espagne, avant la révolution ,
et parvint au grade de capitaine de
vaisseau. Envoyé' en mission auprès
du dey d'Alger, il reçut en présent
VAX damas de grand prix , que ce
prince poriait lui-mcrae à son cote.
Ds retour en Espagne , la cour lui
confia une mission plus importante
sur le continent de l'Amérique méri-
dionale. Le roi d'Espagne , alors
allie de la France et en guerre avec
l'Angleterre , crut, pour la sûreté' de
ses colonies , devoir e'tablir sur
leurs côtes, vers l'embouchure de la
Piata , un certain nombre de cha-
loupes canonnières, dont il donna le
commandement au chevalier de Li-
niers , avec le grade de contre-ami-
ral : mais ses etForls et ceux du ca-
pitaine-gënëral ne purent empêcher
B'-ienos-Ayres de tomber, en 1806 ,
au pouvoir des Anglais. Retire' à la
colonie du Saint-Sacrement, Liniers
t'ornia le projet de reconque'rir Bue-
nos-Ayres. Il se rendit d'abord à
Montevideo, et de là se mit en mar-
che à la tête de 600 hommes, s'em-
barqua ensuite sur sa flottille , de'-
barqua ses troupes , lut renforce' par
d'autres colonnes d'attaque, et, s'a-
vançant vers Buenos-Ayres , somma
le général Beresford de lui remettre
cette capitale: sur son refus , le com-
bat s'engagea d'abord hors de la
LIN
ville , puis dans la ville même. Eni
fin, à la suite d'une capitulation, Li
niers resta maître de Buenos-Ayres
La cour d'Espagne lui confe'ra, e:
récompense , le grade de capitaine
ge'ne'ral de Rio de la Plata. En 180!
Taltention de l'empereur Napole'on
se porta , dès Baïonne, sur le défen-
seur de Buenos-Ayres , qui était Fran-
çais de naissance et qui avait d'ail-
leurs consenti à recevoir les décora-
tions du nouvel empire français, pour
la défense d'une colonie espagnolcyj
On ne douta point que son influen
ne garantît à l'usurpateur de la co
ronne d'Espagne , la possession
l'Amérique méridionale espagnol
Napoléon lui envoya , le ig mai ,
sieur Jeassenet, à bord de la co
vette la Consolation, avec des dép
ches qui lui annoncèrent la révolu-
lion de Baionne. Peu de jours aupa-
ravant, Liniers avait reçu d'Espagne
l'avis officiel de la révolution qui a-
vait eu lieu à Aranjuez au mois de
mars. Se trouvant ainsi placé dans
une situation embarrassante, il adop-
ta une marche ambiguë qui déplut aux
Espagnols d'Amérique ; et il publia,
le i5 août 1808 , une proclamation
équivoque. Toutefois sa popularité
et son influence étaient telles , que "
commandement provisoire lui fi
conféré par le tribunal de l'audien
royale qui s'empara de l'autorité
nom de Ferdinand VIL Cependant
la junte de Montevideo, accusant Li-
niers d'être dévoué à Napoléon , se
déclara en insurrection, et réussit à
soulever, contre lui, trois provinces:
celles de la Paz , de Chuquisaca et
de Guzco. Mais le grand plan d'in-
surrection qui devait éclater à Bue-
nos-Ayres, le i^^. janvier 1809,
échoua, Liniers l'ayant fait avorter
en arrêtant et en exilant les chefs du
complot. Il avait rendu au gouver-
ité
I
LIN
.uulcc<|iii s'rl.iit |i.i —
il recevoir l'aj>|)roljaUoii Je sa con-
Huttc , quand il \it arriver un uuu-
^eaii vice-roi , don Cisneros , en-
voyé' par la junte centrale qui gou-
vernail alors l'Espagne. Linicrs ne
!.iul donner aucun ombrageuse
ilducommandemcnt provisoire,
:l lui le premier à faire reconnaître
le nouveau vice-roi ,qui lui commu-
niqua l'ordre de la junte de retour-
ner en Europe. Il (il des représen-
tations , et oblint l'autorisation de se
iretirer à Cordova , à i Go lieues de
Ja capitale , en attendant la réponse
d'Espagne. Il vivait paisiblement
dans cette retraite , lorsque le bruit
,dcs nouvelles insurrections de Bue-
fnos-Ayres arriva jusqu'à lui : les indé-
pendants venaient de chasseï* le vice-
roi, et de secouer le joug de la mé-
tropole. Liniers embrassa aussitôt la
cause royale, rassembla un corps de
troupes , et crut pouvoir opposer le
drapeau royal à celui des indépen-
dants. Ceux-ci firent marcher des
forces contre lui ; son parti , trop
faible, fut dissipé : lui-même prit
la fuite, et fut arrêté le 6 août, à 5o
lieues de Cordova, ainsi que les
principaux chefs du parti appelé
. anti-américain. On saisit toute la
' correspondance de Liniers , où l'on
; de'couvrit, dit-on, un plan combiné
tendant a renverser l'autorité des
indépendants , et à perj>étuer celle
^ anti-américains. Le capilaine-
Tal,et cinq de ses compagnons
d infortune, furent condamnés à
mort. Une commission, présidée par
i un membre de la junte de Buenos-
Ayres , alla au-devant de lui à Co
, lieues de cette capitale , dans laquelle
on ne crut pas prudent de faire exé-
■V la sentence. Il ne lui fut ac-
Jéque trois heures pour se pré-
LIN 595
r. Les «oldaf^ rh.<r-
^ r, le mancpiircîit a
cause de leur exlrêun- a^il.ilitJii ,rt
de leur répugnance à mettre a uiort
leur ancien général. Liniers leur
cria d'une voix ferme : a Au nom
t) de Dieu , ayez pitié de moi ; j«
» souffre des douleurs atroces : ap-
» prochez-vous , et ne me manquez
» pas. M On assure que les chefs de
l'insurrection se jetèrent à l'instant
sur ce malheureux , et lui tirrreni
dix coups de pistolet à bout por-
tant. Ainsi périt Liniers , victime
d'une faction révolutionnaire, le iô
août 1809. Cette cruelle exc( ulion a-
vait surtout pour but de frapper d«
terreur les adversaires de rindéi>en-
dance. La procédure ne fut pas ren-
due publique. Liniers était très-po-
pulaire parmi les militaires et la
basse classe du jwuple. Sa mort re-
pandit la tristessedansBuii
où l'on rendait la plus et i
lice à ses vertus. B — 1\
LINNÉ ( Charles Linhaus , à
qui, suivant l'usage de Suède, on
donna lors de son anoblissement, le
nom DE ) , de tous les naturalistes
du xviii*^. siècle , celui dont l'in-
fluence a été la plus univc;
naquit à Roeshult, village de >ji'
lande , en Suède , de N ils ou Nicolas
Linnxus , curé de ce lieu , le u4 mai
1707. Comme tant d'autres grand»
hommes , il reçut d'abord les dure»
leçons de l'adversité ; et sa vie est
même l'une de celles qui oHVentà la
jeunesse les exemples les plus mé-
morables de ce que peuvent le cou-
rage et une volonté ferme. Envoyé
à l'.îge de dix ans dans l.i ! ?
de Vexioc , pour y snivr»-
tine, il était déjà lellenientcntrrtlué
par la passion des plantes , qu'il né-
gligeait ses classes pour courir dan>
la t.'JMMi."'i>»' • et syii iK'i'e put uut
5^6 LIN
idée si fausse de ses dispositions ,
qu'en 17.^4 il ^^ mit en apprenlis-
sase cliez un cordonnier. Heuieuse-
meut pour Linné, et, l'on peut le
dire , pour toutes les sciences natu-
relles, un médecin nommé Rolli-
man , ayant eu occasion de converser
avec ce jeune homme , s'aperçut
qu'il e'iail digne d'une aulre destinée.
11 lui prêta un Tournefoit , clierclia
à le réconcilier avec son père , et le
plaça chez Kilian Stobaeus , profes-
seur d'histoire naturelle , à l'uni-
versité de Luhd. Stobaeus , pendant
quelque temps , l'employa comme
copiste, sans se douter de tout ce
qu'il valait; mais l'ayant surpris à
étudier pendant la nuit , il lui donna
plus d'attention , et lui permit de se
servr de sa biljliothcque. Quelques
libéralités de ce maître mirent le
jeuue Linnaeus en état de se rendre
à l'université d'Upsal , où il devait
trouver plus de secours pour ses
études que dans celle de Lund. Ce-
pendaut il y vécut encore dans un
état voisin de l'indigence j il ne sub-
sistait q'î'en donnant des leçons de
latin à d'autres écoliers, bien qu'il
ne le sût guère lui - même ; et l'on
assure qu'il était réduit à raccom-
moder pour son usage les vieux
souliers de ses camarades. Ce fut
encore un de ses maîtres qui le tira
de cette misérable situation. Olaiis
Celsius , professeur de théologie ,
travaillait alors à son Hiero-Bota-
7MC071. Jugeant qu'un jeune homme
déjà instruit eu botanique , pourrait
l'aider utilement dans ses recherches,
il donna pendant quelques mois à
Linnœus la nourriture et le loge-
ment ; il le recommanda ensuite au
vieux Olaiis Rudbeck , qui professait
alors la botanique à Upsal. Celui-ci
confia la direction du jardin à Lin-
ii.mis, et se fit quelquefois rem-
LÎN
placer par lui dans ses cours. Dè»l
qu'il ne lutta plus avec la misère , I0
génie du jeune naturaliste pritTessor}]
et ce fut à l'âge de vingt-trois ans ,1
et en travaillant pour Rudbeck etj
pour Celsius, que fa igné du désordr<
et de l'irrégularité qui régnaient aloi
dans les méthodes de botanique ,
surtout dans la nomenclature desij
végétaux , il conçut les premièrei
idées delà grande réforme qu'il opéra
par la suite. On voit même dans un
catalogue qu'il donna en i^Si , du
jardin d'Upsal , les premières indi
cations de la méthode sexuelle. Il
fit assez connaître dès-lors , poi
être envoyé en Laponie , aux frai
de la Société royale des science
d'Upsal , à l'efTet d'en recueillir
d'en décrire les plantes. Celsius
père avait déjà fait un voyage bota-^
nique dans ce pays , en 1 695 , par
ordre du roi Charles XI ; mais il
n'avait publié que le premier volume
de ses observations : les six autres ,
tous rédigés , avaient été consumé»
lors du grand incendie d'Upsal,
en 1702. Linnœus , chargé de re-
prendre ce travail, parcourut, pen-
782
avec
fatigues incrovables
dant l'été de
peines et des
les cantons les plus remarquables
cette alfreuse contrée : il en sur
la prhicipale chaîne de montagne!
descendit jusqu'au bord de la mi
dans la Laponie norvégienne, el
après avoir fait le tour du golfe
Bothnie , revint à Upsal par la Fil
lande et les îles d'Aland. 11 vouli
alors donner des leçons à Upsa
mais un professeur nommé Rosèn,
à qui sa renommée inspirait de la
jalousie , lui fit éprouver des désa-
gréments qui l'engagèrent à se retirer
à Fahlun , ville de Dalécarlie , célè-
bre par ses mines : il chercha , par
quelque pratique de la médecine et
LIN
par (îes leçons de minéralogie , à y
' sistcr chclivemcnt ; cl |Hnit-èlrc
it-il demeure dans cette position
lire , si une jeune personne dont
.dirait obtenir la main , cl qui
pressentait mieux que lui tout ce
qu'il pouvait devenir , n'eîil e\i^e*
qu'il remît leur mariapje à trois ans.
J.iniia^ns résolut d'era])loyer cet in-
len-alle à voyager et à s'instruire ;
mais à peine était-il arrive à Ham-
bourg , qu'il trouva ses ressour-
ces ]>écuuiaires épuisées : cepen-
dant il réussit encore à gagner la
Hollande , et à se présenter devant
rilliistre Boerhaave. C'est de ce
moment que la fortune commença
véritablement à changer pour lui.
Boerhaave ne fut pas moins géné-
reux, pour Linna}us que pour tant
d'autres jeunes gens auxtjuels ce
grand médecin ouvrit les routes de
la célébrité ; il le fit connaître à un
Iriche propriétaire , nommé George
ClitTort , qui avait la passion de This-
toire naturelle, et qui possédait à Ha r-
tecamp , entre Leyde et Harlem , un
jardin , un cabinet et une bibliothè-
.que magnifiques. Linnœus demeura
pendant trois ans dans la maison
de cet excellent homme, jouissant
abondamment de tous les secours
qui pouvaient étendre ses connais-
sance et favoriser le développement
de ses idées : aussi n'a-t-il manqué
aucune occasion de publier tout ce
qu'il devait à GlifTort ; et l'on peut
dire qu'il a immortalisé ce bienfai-
teur, par les ouvrages qu'il a publiés
chez lui ( Voyez Cliffop.t ) , VHor-
tus CUffortiamis surtout , Leyde ,
1736, in-^"., ouvrage considérable
et orné de trente-deux planches qui
' n'avaieut point alors d'égales dans
T genre. La dissertation intitulée ,
îrt CUjD'ortiana fConXxe'uX la des-
V ipiiou d'au banafiicr qui avait
LIN 5^7
fleuri dans les serres de ClifTort ,
par les soins et les procédés »!
nieux de Linna^iis. (.est aussi . ^
CUlfort que Linn«cus comniGiiça à
donner de Tensemblc à ses vues
et à en faire les premières applira-
ca lions générales, l/histoirr naturelle
avait été traitée dès-lors dans des
ouvrages nombreux et savants : mais
les espèces qui font l'objet dénnitif
de celte science , nVlaient point dis-
tinguées nettement les unes des au-
tres ; on n'avait point essaye d'en
donner un catalogue complet ; leurs
descriptions n'étaient point rédigées
sur un plan uniforme , ni rendues
par des termes d'une m n
précise^ les méthodes seluj s
on les avait distribuées, n'étaient pas
rigoureuses , ni tellement assujéties
dans toutes leurs subdivisions à i\cs
caractères comparables, que l'on
ne put jamais hésiter sur la place
qui devait être donnée à l'être que
l'on étudiait : enfin les noms que
l'on assignait aux espèces variaient
au gré de chaque auteur; et l'on
était souvent réduit à se servir de
phrases descriptives qu'aucune mé-
moire ne pouvait retenir. Tels fu-
rent les inconvénients qui frappèrent
Linnaeus , et auxquels il jugea qu'il
était nécessaire de remédier avant
de s'occuper des progrès de la
science. Pour cet effet, il f.ilî.iii
imaginer des méthodes de di-
lion capables d'embrasser t^
êtres , fondées sur des car.,
tranchés, et dont les subdi\
du même ordre fussent pris*
des organes semblables , aiin uc
pouvoir toujours être mises en op-
position; il fallait encore iin
des termes assez nombreux |
diquer les prodigieuses vanclo Oc
conformation (fu'oii observe dans
le» êtres , et d«liuii ces (eroics avec
5i8 UN
assez «le précision pour que l'em-
ploi n'en Fût jamais équivoque : en-
fin il était nécessaire de faire une
revue générale de tous les êtres dé-
crits dans les auteurs précédents , et
de tous ceux que l'on pourrait re-
cueillir dans des voyages ou ras-
sembler dans des cabinets ; d'en
dresser un catalogue complet, rangé
d'après la méthode convenue; de
les décrire d'après la terminologie
établie ,et de leur imposer des noms
commodes, lesquels, au movcn des
précautions indiquées, deviendraient
invariables. La première ébauche
de cette immense entreprise fut
consignée dans deux petits écrits,
qui ont été les germes de tout ce
que Linnseus a fait depuis : son
System A Nature , seu Régna
tria naturœ sjstematlcè proposita ,
per classes , ordines , gênera et
species , publié en 1^35 , à Leyde ,
par les soins de Jean-François Gro-
novius et d'Isaac Lawson , en trois
tableaux d'une feuille chacun; et ses
FUNDAMENTA B OTAN ICA qilCC ma-
jorum operuni prodromi instar
theoriojn scientiœ hotanicce per
brèves aphorismos tradunt , impri-
més à Amsterdam en 1736, un petit
volume iii-8*^. de Si6 pages. Ce se-
cond écrit , qui aurait pu précéder
l'autre , puisqu'il en est en quelque
sorte la théorie^ était, selon l'au-
teur, le résultat de sept années d'é"
tudcs et de l'examen de huit mille
plantes. Il contient, en trois cent
soixante-cinq aphorismes, toutes les
règles qui devaient conduire à une
botanique plus régulière qu'il n'en
avait existé jusque-là. L'esprit émi-
nemment méthodique de Linnseus
s'y applique à classer les auteurs ,
les systèmes, toutes les parties des
plantes , et surtout celles de leur
fructification; à y faire connaître
i
LIN
leurs sexes et le mode de leur fécoi
dation ; à tracer les règles à suivi
dans la détermination de leurs c,
ractères , l'imposition de leurs nom
l'examen de leurs différences , le
rappel des variétés à leurs espèces
primitives , le choix de leurs syno-
nymes , la manière de les décrire ,
et la recherche de leurs vertus. L'au-
teur étendit la première partie de
celte espèce de programme dans un
ouvrage intitulé Bibliotheca Bo-
TAMCA recensens Ubros plus mille
de plantis hue usque editos secui
dùîn Systema auctoris naturalt
Amsterdam, i^Sô. La seconde pai
tie de ce même programme , ou cel
qui regarde l'histoire des système
fut développée dans les Classi
Plantarum^ seu Sjstemata pic
tarum umnia à fructifie atione
sumpta, Leyde, 1738, in-S**. Tout
ce qui a rapport aux règles à suivre
dans le clioix et la création des noms
fut expliqué en détail dans la Cri-
tica BoTANiCA in qud nomina
plantarum generica specifica et va-
rianlia examini subjiciuntur , etc. ,
Leyde, 1737, in-8°. Ces trois ou-
vrages commencèrent la grande ré-
forme de la botanique ; mais quinze
ans après, toute la doctrine deLiu-
nœus, sur ces différents sujets, fut
reproduitedans son ensemble, cooi^
donnée dans ses parties , et appui
d'exemples dans la Philosoph\
Bot ATS ICA in qud explicantur fu
damentabotamca, Stockholm, 17^
in- 8*^. Cet ouvrage oii, à travel
les difficultés d'un langage fort d|
férent du latin ordinaire, quelquefd
obscur par sou extrême concision
autant que par les allusions et les
métaphores dont il est rempli , I'ob
trouve à chaque page des preuves de
la finesse d'esprit la plus rare , et de
la profondeur d'observation la plus
MX
^tonnanté , a joui d'un succès dont
|.<Mit dire qu'il n'y A\n\l point eu
(inplc auparavant. Il est devenu
;a quchpie sorte une loi fondamen-
Ule, reconnue de tous les holanis-
et à lajjuelle ils se conforment
soin , pour leurs drscrip-
> , pour remploi de leurs ler-
> , et juscpic dans le choix des
Moms qu'ils sont sans cesse ohlij:;ès
4c créer pour tlesii^uer les plantes
\ne Linnœus n'a point connues. L'au-
'^nfe de ce livre est encore en pleine
cur sur tous les points , maigre
indequantitede végétaux que de
ii»reux voyapjcs ont procures de-
nus sa publication , et quoique des
observateurs habiles aient ajouté
jiie infinité de faits à ceux qui étaient
'îonnus à cette époque , principale-
nent sur l'anatomic végétale, et sur
ia structure intérieure des fruits et
les semences. On Ta réimprimé une
jnultilude de fois , et il en existe un
tombre prodigieux de conimentai-
ics ; car on peut dire que les ouvra-
ges élémentaires de botanique n'ont
;uère été que des abrégés ou des ex-
i)Ucations du Philosophia Botanica,
usqu'au moment où les travaux de
fl.deJussieu ont commencé à intro-
luire dans ces sortes d'écrits les
«rincipes de la méthode naturelle. Au
'«", la doctrine établie dans les
uiamenta Botanica , et dans les
rages quileur servent de dévclop-
i«nt, n'était pas applicable seu-
cnt au règne végétal ; et en effet ,
HiEus a été guidé par les mêmes
hs dans tout ce qu'il a écrit sur
loire naturelle : peut-être même
tpplicatipns qu'il en a faites au
' imal, ont elles été les plus
^. Les trois feuilles sur lés-
iez turent d'aboixl imprimés, en
>>, les premiers iinéauieuts du
lema nalurœ , ont encore plu»
xviv.
fructifié que Im FumUm^ta hotn-
mV'a. îiinn.^u.H y diitli <
SCS principes, les tr. , ,
natun*. Le règne minerai . pi.irr In
premier , se divisait en |.i. n ,s .
comprenant les sels, les -
blés et les métaux, et vu
dans lesquels se rangeaient les terres^
les concrétions et les p-lrificalions.
Le règne végétal y était divisé d'a-
près celte autre méthode devenue si
célèbre sous le nom de système
sexuel , et fondée sur la position re-
lalive , sur la proportion , sur U
connexion ou ia distinction , et enfin
sur le nombre des étamines et de»
pislils. Enfin , le fc \ t\u\
terminait cette prenji i . se
divisait en quadrupèdes , oiseaux ,
reptiles , poissons, insectes et vers.
Les cétacés se trouvaient encore par-
mi les poissons. Les genres des ani-
maux étaient déjà distingués par des
caractères , mais les espèces n'y
étaient que nommées ; et , pour les
végétaux, il n'y avait encore que
des noms de genres. L'auteur tra-
vailla constamment , depuis lors , à
perfectionner et à étendre ce pre-
mier plan, en appli r de-
grés à tous les genn- s les
espèces qu'il put coniuilic , il(s r <
ractères et des synonymes ex ut*;.
L'ouvrage, dans sa r <t en
tantqu'd offrait l'eus^ frnjs
règnes, eut, pendant la ^
naeus , on/.c autres cditioi>
vcs : mais dans ce nombre , il n'en
est que quatre, toutes imprimées à
Stockholm, qui aient éprouvé des
changements; les autres ne sont que
des réimpressions. Ces quatre éili-
tions origii: ' * I <, - i ] -
1740, in-^'
me de 174^. iii-b'\ de
1.1 dixième de 1 757, en 3 ^
un pour chaque r^ne; et la duuîiw-
3i
53a LIN
me de t 766,611 quatre volumes, dont
deux pour les animaux. La quator-
zième et dernière c'dition , donnée
par Gmelin , est de dix forts volu-
mes in-8". , dont sept pour les ani-
maux, et deux pour les plantes. On
Ta réimprimée à Lyon et ailleurs.
Tel a été l'accroissement prodigieux
d'un livre compris originairement eu
trois feuilles. Cependant la partie bo-
tanique du Sfstema naturœ a été en-
core particulièrement développée
dans des ouvrages spéciaux. Dès
1787, Linnaeus donna les caractères
des genres avec étendue, sous le ti-
tre de Gênera Plant 4rum se-
ciindwn numemm , figuram ^ sitiim
et proportioiiem omnium fruclifica-
tionis partium , Leyde , 1737, in
8°. ; livre qui a été réimprimé cinq
fois de son vivant. La huitième édi-
tion , par Scbreber , est en deux vo-
lumes , Francfort, 1789 et 1791.
Mais cène fut qu'en 17.53, qu'il
donna l'énumération des espèces ,
avec les synonymies, dans ses Spe-
ciesplantanim, 'i vol. in-S^. , Stock-
holm, 1753; ouvrage qu'il n'a réim-
primé qu'une fois, en 1763, mais
auquel il a donné deux suppléments
intitulés Mantissa. La dernière édi-
tion , par Wildenow, a déjà huit vo-
lumes , sans être terminée. La for-
tune des diverses parties du Syste-
ma naturœ n'a pas été la même à
beaucoup près. Tout le monde sait
que c'est en botanique que Linnœus a
obtenu le plus de succès et de gloire.
Sa nomenclature fut promptement
adoptée ; et encore aujourd'liui c'est
la seule que l'on suive généralement.
Dans quelque pays , si éloigné qu'il
soit , où il existe des botanistes ou
même des jardiniers un peu instruits,
il suffit pour se faire entendre de dé-
signer une plante par son nom Lin-
mm, Pwidaut un çrand nombre
LIN
d'années la méthode sexuelle a paf*
tagé la vogue de celte nomencla-
ture j et même de nos jours on n'eu
suit pas d'autres dans divers jar-
dins , et dans beaucoup d'ouvrages.
Cependant , bien qu'elle soit d'une
application facile , elle ne surpasse
point sous ce rapport les méthodes
qui l'avaient précédée ; et à d'autres
égards, elle a des vices que l'on
peut méconnaître , particulièreme
celui de rapprocher souvent les pla
tes, contre toutes les analogies
leur structure. L'auteur n'avait p
même le mérite de l'invention : no!
seulement il n'avait pas découvert
le sexe des plantes , comme une sor-
te d'opinion ])opulaire le lui attri-
bue ; cette graude découverte due k
Millington, professeur d'Oxford, fut
prouvée d'après l'expérience, par
Bobart,en 1681 ; soutenue en 1682,
par Grew ; en i686j par Rai; et
Vaillant en lit , en 1718 , l'objet
d'une dissertation particulière, oiiil
eut le tort de ne mentionner aucun
de ses prédécesseurs. Il y a plus;
un médecin de Wolfenbuttel , no
mé Burckhard , avait montré , d
1702, dans une lettre à Leibnitî
qu'il serait possible de fonder ui
méthode botanique sur les organ(
sexuels , et il avait indiqué dès-loi
presque toutes les considérations don
Linnasus a fait usage ( F^oyez J.-H.
Burckhard, tom. VI , pag. 290).
Ainsi l'on ne doit point placer la mé-
thode sexuelle au nombre des services
que Linné a rendus à la science, ni
même parmi les causes qui ont con-
tribué à l'empire que cet homme cé-
lèbre a obtenu en botanique. C'est,
nous le répétons , à l'étude distincte
qu'il a faite de chaque espèce , à la
régularité et au détail de ses carac-
tères de genres , au soin qu'il prit
d'en écarter toutes les circonstances
LIN
Tanables, telles que la grandeur et
la couleur , à la prerision cuergique
de son langage lc(*hiiiqiie,el surtout
à la commodité do sa nomenclature,
qu'il adûcetavantagc. Cette «lernière
prérogative tint surtout à l'idée heu-
reuse qu'il eut , dans ses Speciesplan'
tanuiiy et ensuite dans la dixième
édition du S;}stcma naturœ , de dé-
signer chaque espèce par un seul nom
ordinairement adjectif, qu'il appe-
lait nom trivial, et qui, s'ajoutant
au nom du genre, tenait lieu de ces
longues phrases usitées auparavant.
La mémoire se trouva tellement sou-
lagée par cet artifice si simple, qu'on
ne voulut plus suivre d'autre auteur j
et l'on peut dire que c'est à dater de
celte époque , et principalement par
ce moyen , que Linnaeus parvint a é-
clipser les autres botanistes. Dans le
règne animal, Linnaeus avait, outre
cet avantage général , des mérites
particuliers qui auraient pu lui don-
ner, dès le commencement, une préé-
minence non moins grande que celle
dont il jouit en botanique. Ses divi-
sions de tous les ordres étaient beau-
coup plus conformes aux rapports
naturels : il classait pour la première
fois un grand nombre d'espèces ; et,
pour les insectes surtout , il était le
premier qui fût descendu jusqu'à ca-
ractériser et à nommer les espèces
particulières : mais il eut dans Buflfon,
pour les quadrupèdes et pour les oi-
seaux, un rival doué de trop de ta-
, lents, et dont les ouvrages étaient
trop étendus et trop parfaits , pour
que ceux de Linnaeus ne tombassent
pas eu seconde ligne. D'ailleurs la
zoologie , beaucouj) moins cultivée
alors que la botanique , ne pouvait
• lui procurer autant de sectateurs ni
une célébrité aussi prompte. Ce n*est
i donc que petit à petit que le mérite
àt SCS travaux, dans cette partie, a
LIN 53i
ptJ se faire jour , et qu'il m est de-
venu aussi pour quelque temps le mo-
dèle et le législateur : mais les ou-
vrages de Pallas et de Fabririus , et
ceux de Quelques zoologistes vivants,
vinrent bieutôi donner k rhisloirc
des animaux une extension telle, que
Linnwjs resta prompteraeni en ar-
rière. Son règne minéral, comme il
en convient lui-même, ncluia point
donné de sujet de se glorifier : quoi-
qu'il ail eu le mérite, dans sa sixième
édition , de faire connaître l'impor-
tance des formes cristallines , il ne
conréut pas les caractères essentiels de
ces formes; il leur soumit si despo«
tiquement les minéraux figurés, qu'il
rangea dans les mêmes genres lou5
ceux qui avaient à-pcu-près la mêm«
forme , quelle que fût leur composi-
tion chimique. Aucun minéralogiste
ne voulut se soumettreà une méthode
si arbitraire; et son contemporain
et compatriote, Wallcrius , di)mina
dans cette partie , même en Suède.
LeSj.stema naturœ a été, aussi bien
que le PfUlosophia botanica , réim -
primé en plusieurs pays , traduit
en diverses langues, et commenté par
un grand nombre de naturalistes.
On a fait des livres cl des recucili
de gravures , uniquement dans la vue
d'en faciliter l'étude. Il nous serait
impossible de parler en détail de
tous ces ouvrages : c'est même asse«
nous occuper de Fourrage primitif
auquel ils se rapportent , et il est
temps que nous revenions à l'.i
Nous l'avons laissé en Hol
chez Cliffbrt. Outre tous les cirils
dont nous venons de parler, il y mit
au jour les résultats botaniques de
son voyage en Laponie. din^ sa
Flora Laponira , Ai
i'j37, in-8o., l'undes pi
écrits de ce genre qui exL<tenl. C«
fat encore dans ce icmps-là , qu'il
34..
532 LIN*
rendit à la mémoire de son ami et
compatriote Pierre Artedi , qui ve-
nait de se noyer dans im des canaux
d'Amsterdam , le service de racheter
des mains de sou liote le manus-
crit de son Ichtj'ologie , et d'en
donner l'édition en un vol. in-8*'. ,
Leyde , 1738, ouvrage où la main
de l'éditeur se fait aisément recon-
naître, et qui contribua, de son cote',
à perfectionner la partie du Sjstema
natww qui concerne les poissons.
Linnasus profita de son séjour en
Hollande , pour se faire recevoir doc-
teur en médecine dans la petite uni-
versité de Harderwick, en Gueldre,
qui jusqu'à sa suppression a compte
cet événement comme un de ceux
dont elle se glorifiait le plus. Il se
rendit ensuite en Angleterre , ou la
réputation de ses ouvrages aurait dû
le précéder , et oi^i les recommanda-
tions empressées de Boerliaave au-
raient pu suiiire pour le faire bien
traiter. Cependant Sloane et Dille-
nius , alors les plus fameux natura-
listes du pays , le reçurent plus que
froidement : aussi les qnitta-t-il bien-
tôt pour venir à Paris , où il éprouva
un accueil plus aimable , et se lia
pour la vie d'une amitié tendre avec
Bernard de Jussieu. 11 aurait pu alors
obtenir de l'emploi à Leyde j mais
Adrien Van Roy en, qui avait succédé
à Boerliaave , et qui baissait son pré-
décesseur , y mettait pour condition
de ranger , d'après la méthode
sexuelle , les plantes du jardin ;, qui
l'étaient d'après celle de Boerhaave.
liinnœus ne voulut pas agir avec
cette ingratitude envers la mémoire
de son iDienfaiteur , et retourna en
Suède. Sa patrie ne le reçut pas non
plus d'abord , comme il semblait
qu'elle aurait dû le faire ; et il au-
rait peut-être abandonné les sciences
pour la pratique de la médecine, s'il
LÎN
avait trouve des malades : mais cette
ressource même lui manqua. Cepen-
dant il obtint enfin de l'appui, et il
l'obtint d'hommes dignes de l'ap-
précier , le baron Charles de Geer ,
maréchal de la cour de la reine, à
qui nous devons sept vohunes d'ex-
cellents mémoires sur l'Histoire des
Insectes , et le comte de ïessin , sé-
nateur du royaume et gouverneur
du prince royal. Ce dernier , sur-
tout , se montra pendant touSe sa vie
un mécène affectueux pour Linné
qui lui témoigna une reconnaissance
constante , en lui dédiant , avec les
expressions du plus tendre attache •
ment , les éditions successives du
Sjstema naturœ. Il fut nomme par
la protection de ce seigneur , en
1 738 , à une place de médecin de la
flotte , et fut chargé d'enseigner la
botanique dans la capitalej emplois
auxquels il joignit, en 173g, le titre
de médecin du roi, et celui de prési-
dent de l'académie des sciences qui
venait de se former à Stockholm.
Enfin, en 1 741, il fut promu à la
chaire de botanique de l'université,
d'Upsal. C'était-là le dernier terra
de ses désirs. Les chaires d'Upsal
aussi honorées que bien reniées
sont les places les plus considérable
auxquels un homme de lettres puiss<
prétendre en Suède Linné a occupé
cette chaire pendant trente-sept ans ,
sans cesse entouré d'élèves dont il
se faisait autant d'amis zélés, voyant
de jour en jour s'accroître sa consi-
dération , et profitant sans relâche
de tous les moyens qu'elle lui don-
nait pour perfectionner ses ouvrages
et pour étendre son influence. 11 lit,
par ordre des états du royaume, des
voyages en diverses provinces de
Suède , afin d'en recueillir les pro-
ductions naturelles , et il en a pu-
blié des relations en suédois : celui
a
\
LIN
irOElaiid et de Gotland, fait en
174» > parut en 1745 j celui de
! .Vcstrogothic , fait en 174^, f»»t
irapriinë rannce suivante, et celui
de Scanic de 1749, le fut en 1751.
Ou trouve dans ces voyages, outre
les observations d'histoire naturei-
i le, des remarques inleressajiles sur
I les antiquités, les mœurs des ha-
! bitauts et leur agriculture. Les ob-
jets que Linné y rassembla , joints
A ceux que lui avaient déjà fournis
ses voyages en Laponie et en Dalé-
I carlie , le mirent en état de publier ,
en 1 7 46 , son Fauna suecica , ou
Histoire générale des animaux de
Suède, qu'il réimpriina, augmentée du
I douille , en 1701; et de donner, en
! 1755 , une Flore générale du même
pays. Mais il était nécessaire, pour
1 oinplir entièrement ses vues, qu'il se
îMOcuràt aussi la connaissante des
odiictions étrangères; et c'est pour
il qu'il prit la peine d'ordonner
(le décrire les grandes collections
qui se trouvaient à sa portée. Trois
'■ de ces cabinets ont été publiés p.ir
■ i avec étendue : le cabinet du roi
' Suède ( Musœuni AdolyJù Fre-
ilcrici ) , dont le premier volume
y nul in-folio, avec de belles figures
iiîimaux, en 1764 ( le second est
>i6 manuscrit ) ; celui de la rci/i«
''fusceuni Ludovicx Udalricx ) , i
•l. in-8^. , Stockholm , 1 7G4 ; celui
1 comte de Tessin( Musœiim Tes-
laianum ), i vol. in-folio, Stock-
iiolm , 1753. Il a donné aussi des
) lices de ceux de l'académie de
ockholm , de l'université d'Up>al
et de quelques particuliers. Il dé-
couvrit et acheta un herbier, rc-
îcilli autrefois à C-jylan , par Jean
î.irmau, et le publia sons le litre
de Flora Zejlanica , Stockholm ,
1747 , in-8". : mais toutes ces res-
sources uc lui i>uûirciit poiol ; et
tm 533
Sont les dtendre, il tronra movrn
e faire placer ses élèves «
aumôniers ou comme chirui
sur des vaisseaux , ou même de leur
faire doincr des missions comme
naturalistes , pour des pays lointains,
comptant assez sur leur reconnais*
sance pour être assuré qu'ils lui en-
verraient , de tous côtés , ce qu'iU
recueilleraient de plus intéressant.
Les noms de quelques-uns d'entre
eux sont devenus célèbres par les
relations qu'ils ont rédigées. Kalm
voyagea en Amérique ; Hassel-
quist en Palestine et en Egvplc;
l'orén aux Indes; Osbeck en Chine;
Lœiling en Espagne; Thnnberg au
Japon ; Forskal en Arabie ; Solander
dans la mer du Sud ; Sparrmann au
cap de B)nne- Espérance. On peut
dire que c'est en grande partie à
leur maître qu'on doit les nombreux
matériaux dont leurs voyages ont
enrichi la science. Les autres , tclt
cpieRohnder, Ternstrœra, Koehler,
etc. , n'ont point laissé de relation ;
mais Liunaeus a eu soin de consigner
leurs noms dans ses ouvrages , de
manière qu'ils ne périront p<ji«t. Il
avait encore un aulrc moyen d'em-
ployer les talents de ses élèves : au
moment où ils devaient soutenir
leurs thèses, il les faisait travailler,
sous son inspection , àdes ixrcherches
dont il leur traçait le plan , et aui
doim lient lieu . prc^ffue toutes, à des
dissertations pleines d'intérêt ; il en
a rédigé lui-même un nombre sufli-
sant pour remplir six volumes , qui
ont été jMibliés sous le titre d* -/mi»-
Tiitates acadeinicœ , Slockholm ,
1749 à 17 03 ; et Schrebcr qui les a
fait réimpnmcr à Erlaug, eu 17H5,
y a réuni troi^i volumes composée de
cellesquionl ' !.<.élcvc»
de Liiiné et v ^es par
lui. U exista cerUiiwaicnt dans l«s
534
LIN
sciences bien peu de recueils aussi
riches en idées neuves ; la phy»-
siologie végétale , l'économie des
plantes , celle des animaux , la phi-
losophie générale de l'histoire na-
turelle , y trouvent les matériaux les
plus précieux , toujours présentés
d'une manière ingénieuse , dans un
langage singulier, mais attachant par
sa singularité même : jusqu'à ses titres
offrent des locutions figurées , mais or-
dinairement très-expressives. Veut-il
Î)arlerdes moyens divers par lesquels
a nature assure la fécondation des
végétaux, ce sont les Noces des plan-
tes; les changements de position de
leurs parties pendant la nuit , cons-
tituent le sommeil des plantes; les
époques où elles fleurissent dans l'an-
née, forment le calendrier de Flore;
Vhorloge de Flore consiste dans les
heures où s'ouvrent où se ferment
leurs fleurs. Celles de ses disserta-
lions qui ont pour litres , Prolepsis
plantarum , Metamorphosis plan-
tarum , présentent des considéra-
tions profondes sur les phénomènes
les plus obscurs de la végétation , et
sur la facilité de toutes les parties
végétales a se changer les unes dans
les autres. Dans celles qu'il intitule ,
OEconomia naturœ, Politia naiurœ,
se trouvent des vues élevées sur les
rapports mutuels de tous les êtres
et sur leur concours au but géné-
ral de l'univers. L'espace ne nous
permet pas de rapporter les litres
de tous ces petits écrits , ni même
de choisir parmi eux ceux qui mé-
riteront toujours d'être lus. Cepen-
dant , tous les naturalistes de l'Eu-
rope et de l'Amérique s'empres-
saient de se mettre en rapport avec
Linnaeus , et de lui offrir ce qu'ils
croyaient digne de lui : ses collec-
tions s'enrichissaient, et enrichis-
saient ses ouvrages 3 ses systè -
LIN
mes, sa nomenclature^ devenaient
d'un usage générai; et la facilité que
cette nomenclature donnait à l'his-
toire naturelle , en rendait le goût
presque universel. Des gouverne-
ments , de riches particuliers de tous
les pays , établissaient des cabinets ,
des jardins à grands frais , et yj
faisaient venir des plantes de toutesi
parts ; l'Autriche , la Russie , le]
Danemark , à l'imitation de la Suède ,
faisaient recueillir les productions de|
leurs provinces , ou envoyaient des]
naturalistes dans les pays éloi:
La science prenait un essor inouï:
Linnaeus sentait qu'il en était la prin-
cipale cause ; et ce sentiment était
pour lui une ample récompense de
ses immenses travaux. Toutefois les
honneurs ne lui manquèrent point.
Il se vit associé à toutes les acadé-
mies de l'Europe; les princes même
lui donnaient des marques éclatantes
de considération. Anol)li , décoré
de l'ordre de l'étoile polaire (i) par
son souverain , il fut demandé par
le roi d'Espagne , par le roi d'An-
gleterre ; Louis XV lui envoyait des
graines recueillies de sa main : mais ,
dans la simplicité de sa vie , il était
peu accessible aux honneurs du
monde. Vivant avec ses élèves qu'il
traitait comme ses enfants , quelque
plante singulière , quelque animal
d'une forme peu ordinaire , avaient
seuls le droit de lui procurer de
vraies jouissances : il n'était nulle-
ment troublé par les attaques de ses
antagonistes ; et bien qu'il en ait eu
de fort célèbres , tels que Haller ,
Buffon elAdanson, et qu'ils l'aient
I
(0 C'est depuis \c
qu
on lui donna le titre
de Che()aHer von TLinnè. An reste , «es lettre^
de noblesse ne lui furent pas accordées en consi-
deiatioii de ses nombreux travaux eu botanique,
mais pour avoir découvert u-a moyen de fair*
grossir les perle» que produlseat certaine» mou-
le» de Suède.
SOUTcnt traite avec injustice , il ne
prit jamais la pf>inc de leur repond rc ,
suivant en cela un conseil que Bocr-
haave lui avait donne dans sa prc-
! mière jeunesse. Il avait épousé, vers
i'j4o, mademoiselle More, cette
' jeune personne de Fahlun , dont
nous avons parlé ; et il en a eu
, quatre filles ( i ) , et un fils , Charles
Linné , qui lui a succède dans sa
chaire , et qui est mort sans enfants ,
peu de temps après lui ( en i-^SJ ).
Il était petit de taille; sou visage
, e'tait ouvert , son œil vif et gai. Sa
société était pleine de charmes ; et
tous ceux qui l'approchaient, conce-
vaient pour lui ufi tendre attache-
ment. Sa seule faiblesse paraît avoir
été un grand amour de la louange.
Fort attache à la religion, il ne par-
lait de la Divinité qu'avec respect ,
et saisissait avec un plaisir marqué les
occasions nombreuses que lui ottrait
l'histoire naturelle de faire connaître
la sagesse de la Providence. Malgré
son infatigable activité , sa santé
s'était assez bien soutenue jusques
en 1773, où un affaiblissement de sa
mémoire lui fit prévoir d'autres
accidents. Il fut, en ellct, frappé
d'apoplexie , en faisant une leçon au
commencement de mai i774' Une
seconde attaque, en juin 1776, Ic
priva de la plus grande partie de ses
fa- ultés. Il mourut enfin d'une hy-
dropisie,le 10 janvier 17 78, âgé de
soixante-onze ans. Il est inhumé daus
la cathédrale d'Upsal. Gustave III
marqua les regrets de la Suède sur
cette perte , dans un discours pro-
noncé devant les états du royaume.
Ce prince composa lui-même l'orai-
(i)C'e.tàr.ine d« «e. fill.-» ( KUwb«lh-rJinM
lin»), qii« l'on doit 1 obier»iiti»n i n ler*»»* r. I«
a. l'ioflaramabilile d« U »*p»i»r irân»pité« p«r
aueique* plaiiua, ei dv» ctiiic«ile« «l'Cinqu»»
tirée» ds U CApucine , l« wir , p»i »» ««"»P«
LW
5S5
son funèbre de Linné , qu*il fit lire
pulliquemcnt à Upsal : on lui a fait
depuis ériger, dans le jardin de cette
université, un monument avant la
forme de temple , dans lequel on
doit réunir les productions de la na-
ture. Deux médailles ont été frap-
})ées en son honneur. On trouve sa
Vie et le catalogue raisonné de se»
ouvrages, dans u Revue générale
des écrits de Linné , par Richard
Pultenejr , dont on a une traduc-
tion française par Millin , a vol.
in-8**. Gilibcrl a donné aussi sa Vie
en latin , dans le troisième volume
d'un choix de ses ouvrages qu'il a
publié en 1 787 , à Lyon , sous ce
titre : Car. Linnœi Fundainenta bo-
tanica. Condorcel , Vicq-d'Aiyr et
Broussonnet ont inséré son éloge
dans les mémoires des soaiélés dont
ils étaient secrétaires. Ses herbiers et
ses manuscrits ont été transportés
en Angleterre par le docteur Smith ,
botaniste célèbre , qui les avait ac-
quis après la mort de Linné le fil».
J. F. Gronovius a donné le nom de
Linnœa^en l'honneur de cet illustre
botaniste , à un genre de plantes de
la famille des chevrc-feuilles.
C— v~«.
LINSCHOTEN (Jeaî* -Huci/e»
Van ) , voyageur hollandais , né k
Harlem en i5(i3, s'eml»arqua an
Texel le 6 décembre 1579, pour
aller à Sévillc , où deux de ses frères
étaient établis. Il se rendit ensuite à
Lisbonneavccun V " '''^;
entra au service «i '*"-
scca, nomm' II' ! ' '^^
partit,cu i5s ). y ... . *<«♦
ou il resta plusieurs auuf«!.s , cl où il
observa les mœurs des habitants
et les protluctions du pays. Aprrs
la mort de l'archcvccpie, en iUSt}.
il retourna en Portugal . ptùs «•"
Hollande. A peine y avi«it-il iche-
136
LÎN
Te la relation de son voyage , et
commencé à jouir de l'entrelien do
ses amis, qu'oti le choisit pour faire
partie de l'expédition que les Hol-
landais envoyaient pour découvrir un
passage à la Chine parle nord-est. Il
fut nomme , deia part du stathouder
et des directeurs de l'en treprise, com-
mis général de la flotte. « Le projet
» était démon goût, dit-il lui-même,
5> et conforme à mon inclination :
» ainsi , sans faire attention au pë-
» ril auquel on s'expose dans cette
ty navigation parmi les glaces , je l'cn-
» trcpris pour le bien de ma patrie
5) et pour ma propre satisfaction.
> Ma fonction était de tenir un jour-
■» nal de tout j et je m'en suis acquit-
î) te aussi exactement qu'il se ])uisse,
-a ecrivant,jour par jour et heure par
7> heure, tout ce qui nous arrivait ,
5) et tout ce qui s'est passe dans le
» voyage , sans preudre parti ni pour
5) ni contre. » La flotte de trois vais-
seaux, sous les oi'dres de Nay,
Brandt et Barentz , partit du Texel
le 5 juin i594; et le 22 juillet , on
était au détroit de, Waygats. Ou
navigua le long de la nouvelle
Zemble, sans trouver ni havre ni
passe : les glaces qui empêchaient
d'avancer, s'élant dispersées, on fit
quarante lieues dans la nier de Tar-
tarie jusqu'à l'embouchure de l'Oby.
Les Hollandais^ ayant vu la mer
à - peu - près ouverte , ])ensèrent
qu'elle devait s'étendre jusqu'à la
Chine , au Japon et aux pays circon-
voisins ; la vue de la côte qui fuyait
au sud-est , les confirma dans celle
îde'e. (( Cependant , ajoute Liuscho-
» ten , nous n'avancions pas que cela
î) fût avec la dernière certitude , le
y> vent contraire qui nous fit prendi e le
» large, nous ayant empêche de nous
» c'ciaircir cl avantagea) Enfin, les gros
temps, les brumesplesglaces forcèrent
LIN
à rebrousser chemin le 11 août; et
le i5 septembre, Linschoten revit
Enckhuysen. Il fut un de ceux que
l'on chargea d'aller à la Haye pré-
senter au stalhouder et à Barne-
veldt, grand pensionnaire, le rap-
port du voyage. En remettant cette
relation avec les dessins et les cartes ,
il fit entendre qu'eu e'gard à de si
heui-eux commencements , le pas-
sage lui paraissait très-possi])le. Exa^
meiï fait de son rapport , on deci'
une nouvelle j expédition, forte
sept bâtiments; les mêmes chefs
commandèrent, et Hcemskerk leii
fut adjoint. On quitta le Texel
'2 juillet 1595 ; le 19 août, l
Hollandais étaient devant le de'lro:
de Waygatz, encore obstrue' par les
glaces. Ayant reconnu l'impossibi-
lilë de les franchir , ils firent voile
le 1 5 septembre, pour la Hollande,
linschoten fixa son se'jour à Enck-
huysen, et mourut en i633. On a
de lui, en hollandais : I. Itinéraire,
Forage ou Navigalion aux Indes-
Orientales du Portugal, compre-
nant une Kelalion abrégée de ces
paj'S, et des cotes maritimes , etc.
Amst. , 1 596 , in-fol. cart. et fig,
ibid. , 1614, 1623 , in-fol. j trad
en latin par l'auteur , la Hay
1099, in-fol. j Amsterdam, 161
in-fol. ) traduit en anglais , Lo
dres , 1 598 , in-fol. ; et en fra
çais , sous ce litre ; Histoire de la
navigation de J.-H. de Linschoten,
Hollandais^ aus; Indes- OricntaleSy
contenant diverses descriptions des
lieux jusques à présent découverts
par les Portugais ; Observations
des. coutumes et singularités de de-
là et autres déclarations ^ avec an-
notations de B. Paludanus , doc-
teur en médeciîie , sur la matier.^
des plantes et épiceries , etc., Ams-
terdam , 1610 p iii-fol. ] ibid., 1G19-
LIN
^. in-fol. Toutes ces traductions
; «lomcnt enrichies de cartes
-jires copiées sur Tcdilion ori-
(\'Hc-ci ronticul de plus : 1°.
j'tion de la côte de Guinée,
'ri go , Angola et autres pays ma-
imes d'Afrique y etc. , suivie d'une
■ rscriptiondes Indes- Orientales. —
■\ Le grand T{(utier de mer ^ con-
nant une instruction des routes et
urs qu'il convient tenir en la navi-
lion des Imles- Orientales , et au
'\yage de la côte du Brésil ^ des
'milles, etc. — 3". Extrait autJien-
jue et Somme de toutes les rentes
mairies , impôts , tributs, di i ièmeSy
r. , des rois d'Espagne , par tous
> rojaumes ; avec une bricve dé-
iration de la puissance et origine
v rois de Portugal. Le long se'-
ur de Linscholcn à Goa, et ses
pports avec des hommes en place ,
ec des savants et des voyageurs ,
avaient rais à portée de se pro-
irer des renseignements exacts Sur
s mœurs et les productions des In-
.-Oricntales. Quoique son livre soit
rien, il peut encore être utile; il
"^Ve le tableau fidèle des possessions
)rtugaises dans les Indes à la fin
i seizième siècle. On y voit les
iiises de la décadence de leur
ipire dans l'Orient. Quoiqu'il n'ait
iru qu'après le de'part de la pre-
ière e\[>edition des Hollandais
iir les Indes ( Fojez Houtmaw ,
m. XX , }>ag. 6'i3 ) , on ne peut
uterque sa lecture n'ait contrihue
leurcfi faire entreprendre de nou-
lles; et il est très-possible que pen-
n»t que l'auteur mettait ses niaté-
! lux en ordre, il ait , par ses cntrc-
•ns, favorisé l'cxécntion du projet
Houtman. Le Routier des Indes a,
ndant long-temps , joui du plu*
and crédit parmi les marins; et
s ont reconnu que j pour aller de
LtN 557
Firando , dann le .T.mr^n U Hatâria ,
c'était un guide cxt sûr. Il
coniient beaucoup il , noTî^et
des extraits de voyages ini- 1. - ,iiis.
Ces divers morceaux , à iVxrrpdon
de la description de la Guinée , ne se
trouvent pas dans la prennère ëdi-
Irançaise , aiii
est souvent inexarle : en revanche
tion delà traduction française , qiii
elle offre les notes de Palud.iniis,que
l'on voit aussi dans toutes les édi-
tions subséquentes, soit de Toriginal,
soit des traductions. La traduction
latine contient encore un abrégé de»
Voyages de Linscholcn au Nord. II.
Forage , ou Navigation au IS'ord,
le long de la Norvège ^ du Cap-
Nord , de la Laponie, du Finn-
land , de la Russie, de la Mer Blan^
du; y etc. , par le détroit de Nassau^
jusque devant le fleuve Ohjr , dans
les années i 'ï()4 cl i Sqî , Frane-
ker, 1601 , in-fol. avec fig. Cette
relation n'offre que le journal dit
navire sur lequel Linscholen était
embarqué. Gérard de Veer, qui
était du second vovnî;e, publia le
journal *des autn >. Lins-
chotcn donne des (1 lessanL*
sur les mœurs des iSaraoiedcs, sur la
Nouvelle Zemble, et la côte du con-
tinent qui lui est opposée. On Irourt
son journal dans le premier yolume
du Recueil des Foyages au Nord,
Les frères l)e Hry ont insère' la tota-
lité de l'ouvrage de Linschoten sur
les Indes, d»; ! ' la troi-
sième Pt U qi de» Pe-
tit^ r ••gé
ct('. -ni
fms le sit'H. lis ont tn»
eur recueil , un r\' ;|»-
tion de ' ' ur
eût mis! tiu,
ih en ont fait faire une nouvelle ver-
sion, à laquelle ils ont employé drut
traducteurs qui ont qiid']uefois mal
538 LIN
compris le texte, et d'antres fois s'en
sont trop écartes. De plus l'édition
des De Bry , est, suivant l'observa-
tion de Gimus, gâtée par de nom-
breuses fautes (l'impression. E — s.
LINSEISBAHRDÏ. Foy. Lenti-
LIUS.
LINT ( Pierre - Van ) , peintre
d'iiistoire , né à Anvers, en 1609,
vs'adonna de bonne heure à la pein-
ture , et se rendit fort jeune en Italie.
Après avoir visité Venise , où il
étudia les ouvrages de Paul Veronsse,
il vint à Rome , et s'y livra à son
art avec une nouvelle ardeur. Il se
fit d'abord connaître par quelques
beaux portraits j et bientôt son talent
lui fit confier la peinture de la cha-
pelle de Sainte-Croix , dans l'église
de la Madona del Popolo. Il y re-
présenta Vlni^ention et V Exaltation
de la Croix. Ces deux tableaux ont
été graA^^és par P. de Baillu. Le car- .
dinal Ginnasi, évêque d'Ostie , prit
Van Lint sous sa protection , lui
accorda une pension considérable, et
voulut qu'il ne travaillât que pour
lui. Cet artiste resta pendent sept
ans attaché au prélat : mais , après
une absence de dix ans , il ne put
résister au désir de revoir sa patrie ;
et , en 1639, '^ revint à Anvers , où sa
réputation l'avait devancé. Elle s'é-
tendit bientôt jusqu'en Danemark, où
le roi Christian IV , charmé de la
beauté de ses ouvrages , lui en com-
manda quelques-autres. Quoique ce
peintre fût très - laborieux , ses ta-
bleaux sont rares , même dans son
pays : il en existe quelques-uns à An-
vers. Ceux qu'il a peints pour la ville
d'Ostie , passent pour les meilleurs.
Il peignait l'histoire avec un égal
succès , en grand et en petit : son
dessin est correct, son coloris ferme
et vrai 5 ses compositions sont une
lieureuse imitation des grands maî-
LÏO
très d'Italie. P. de Baillu a grave* ,
d'après lui , deux estampes , dont
l'une représente le Combat du vice
et de la vertu , in-4^. ; et l'autre
la Fierté assise ^ avec l'Enfant
Jésus sur ses genoux, auquel un
ange présente la croix , tandis quun
autre ange lui offre des fruits. On
croit que Van Lint mourut à Anvers.
— Henri Van Lînt , peintre flamand,
se rendit en Italie, vers 1710,
reçut le surnom de Studio dans
bande académique de Rome
peignait le paysage et les intérieurj
ses ouvra g(3S , en général , sentent '
palette. Le Musée du Louvre poss<
dait de ce maître un Intérieur d'
glise, qui a été enlevé par la Prusse
en 181 5. Van Lint a aussi gravé a
l'eau-forte avec talent. On connaitde
lui une très-belle estampe in-folio ,
représentant le Temple de la Sjbills
à Tivoli ; le paysage , qui offre un
site montagneux et boisé, est d'une
composition très riche. P — s.
LIONNE ( Artus de ) , évêque
de Gap, né en cette ville vers la
fin du seizième siècle , s'est éga-
lement distingué par les vertus d'm
prélat , et par les talents d'un bol
géomètre. Après avoir terminé s<
études d'une manière brillante,
fut pourvu d'une charge de coi
seiller au parlement de Grenobh
et épousa Isabelle, sœurd'Abel Sei
vien, sur-intendant des finances,
eut de ce mariage un fils ( Hugue"
de Lionne ), qui s'est acquis une
juste célébrité dans les négocia -
lions. Après quelques années de
mariage , il perdit son épouse , et ,
malgré les avantages qu'on lui of-
frait, il refusa de contracter un nou-
vel engagement. L'amour de la re-
traite lui fit embrasser l état ec-
clésiastique; et il fut nommé, en
1637, à l'évcché de Gap. Il visita son
MO
(èse, malgré la difiicultë des
luins et la rigueur des saisons ,
cura des pasleurs, à ses frais,
V paroisses qui en étaient privées ,
Il reconstruire son église cathe-
le, ruinée par les protesta nls.
a attachement pour le troupeau
qui lui était confié , le détermina à
refuser le riche archevêché d'Em-
II ; mais raffaiblissement de sa
:o l'obligea de se démeltrc , en
il. Il se retira à Paris, ne conscr-
t d'autres bénéfices que l'abbaye
Solignac , et il y mourut le i8
iii.u i6(i3. L'oraison funèbre de ce
prélat fut prononcée à Gap , par le
prieur de Charmes; et elle a été im-
primée à Grenoble, 1675, in-4*».
' Al lard nous apprend ( Bibl. du
iphiné) que ]Aoniie avait laissé
11 manuscrit une Histoire des évè-
/'> de Gap , ses prédécesseurs. Ou
ucore de lui : Amœnior curvili-
uni contemplatio, Lyon, i654,
I '. Le P. Leotaud, son compa-
ii lole et son ami , fut l'éditeur de cet
ouvrage, où l'auteur considère prin-
lemcnt la lunule d'Hippocrate,
mtres formées à son imitation ,
les cercles de rapports différents
'lui de deux à un; ainsi que di-
espaces circulaires dont il dé-
lineles quadratures absolues. Il
!o premier qui ait remarqué la
irabililé absolue des deux pai*-
Ic la lunule d'Hippocrate, cou-
par une ligne parlant du centre
lus grand cercle; remarque dont
'ï.îiiis fait, mal à propos, honneur à
PerLs ou Caswel. ( f^. Montucla Hist.
des mathémaliques jtom. 11, p. 76.)
VV— s.
LIONNE ( Hugues de ), ministre
»*Tretaire d'état, fils du précédent,
iit à Grenoble, en i()ii. Son
, prit soin lui-même de sa pre-
aûcre éducation, cl l'envoya ensuite
à Abel de Servie n , »oii oncle , iiii , lui
trouvant bc^nuoup de nialtiniéje
nomma son premier commis , cl
l'initia dans tous les scrrcls de U
politique. Scrvien ayant cir di^cr.irié
( ^'OJ. A. DE ShRViEM ), le r.i
de Richelieu odril à Lionne u- i...
conserver son emploi ; mais celui-ci
le remercia, et partit pour ritaiic^cn
i636. Pendant qu'il cuit à Rome ,
il eut de fréquentes occa.Niuns de voir
le cardinal Mazariu, dont il ne pou*
vait cependant pas prévoir la pro-
chaine élévation : Mazarin, appelé aa
ministère, se souvint de Lionne et le
recommanda si instamment à la reine
mère, qu'elle le (il son secrétaire. La
reconnaissance qu'il devait au pre-
mier ministre, ne l'erapcchait pas de
combattre son avis dans le cor.scil ,
quand il le jugeait nécessaire. Il
n'en partagea pas moins sa dis-
grâce ; la reine fut obligée de l'éloi-
gner. On reconnut bicnlol le tort
qu'on avait eu de se priver de ses
lumières ; il fut rap])clé, et parvint à
imposer silence à ses ennemis. Lion-
ne , pendant son voyage en Italie ,
avait été chargé de terminer les dif-
férends qui existaient entre le pajie
et le duc de Parme; ef il s'était
acquitté de cette n
beaucoup de succès. I '^
qu'il avait acquise des ji >
})rinces italiens cl du car c
eurs ministres , fit juger que per-
sonne n'était plus propre à remplir
les fonctions a 'ambassadeur e\trat»r-
dinaire à Rome : il assista en cette
qualité, en i6â5 , au conclave dont
le résultat fut l'élection d'Alex.u. *i >■
VII , et parvint, malgré les n
gués du cardiiul de Rtt/. , à l.u.i
prononcer le nouveau pap<* jv^nr !«^
uitércts de la France. Il I
envoyé à Madrid, i)our 1
paix entre les deux puis*-- «:
54 o LÎO
le mariage de Louis XîV avec une
infanie : mais' il ne put réussir dans
cette double négociation* et ce ne
fut qu'en déterminant les princes
allemands à s'allier à la France,
qu'il parvint à faire craindre à
l'Espagne une guerre funeste ;, et à
Famener ainsi à conclure une paix
TJvemcnt désirée par le cardinal
Mazarin, dont elle accroissait la
réputation. ( Foy. Louis de Haro
et Mazaiîtn. ) Lionne succéda , en
1661 , à Mazarin , dans la place
de ministre des affaires étrangères :
îe cardinal mourant l'avait désigné
au roi comme l'homme le plus ca-
pable de la bien remplir ; il montra
beaucor.p de fermeté dans la discus-
^ion qui s'éleva au sujet de la pré-
tenîiou de Wateville , ambassadeur
crEspagne,pour la préséance ( Foy.
d'Estrades ) , et amena le cabinet des
de Madrid à déclarer publiquement
qu'il désavouait la conduite de son
ambassadeur. Il obtint aussi du pape
ime réparation de l'insulte faite au
due de Créqui par les gardes-corses.
Le roi le récompensa de ses ser-
vices ;, en le nommant à la place de
secrétaire d'état , vacante par la
démission de M. de Brienne. Ce
Ait Lionne qui ménagea l'acquisi-
tion de la ville do Dunkerque. Il
mourut à Paris , le i«r. septembre
167 1 : son oraison fnncbre fut
prononcée par Froraenlières , évê-
que d'Aire. Ce ministre, dit Voltaire,
était un homme aussi laborieux qu'ai-
iTîable. St.-Simon, qui paraît avoir
eu en vue d'écrire la satire plutôt que
Fliistoire de ses contemporains ,
en parle néanmoins d'une manière
-avantageuse : « Lionne , dit-il , était
» très-instruit des intérêts des prin-
» ces, adroit négociateur, mais trop
» connu pour tel par les ministres
se dcTiaient de
LIO
y> lui et le craignaient. Il ne tra
» vaillait ordinairement que press-i
» par les circonstances , et faiàai!
» tout lui-même avec une habileti
» et une supériorité sans égale ; d'ailj
leurs , sacrifiant ^ sans ménage!
ment , sa fortune , sa santé , e|
» jusqu'à sa paresse , au jeu
» bonne chère et aux autres plaisirs
On a de Lionne des Mémoires l
roi , inlerceptés en 1667 , far C(
de la garnison de Lille. Ils ont
imprimés ( en Hollande )
in-i'i , avec quelques autres pièci
et àcs remarques qu'on attribu
Lisola : ce volume , assez rare
partie de la collection des elzevir
français : ils ont reparu dans ui
Recueil de pièces jwur sentira VUs
toire , Cologne, 1668, in-i2;e
enfin , ils ont été réimprimés ave
additions , sous ce titre : Mè
moires et Instructions pour servi
dans les négociations et aj[faire\
concernant la France, Paris, i68g|
in-i2. « Rien n'est si beau , dit d'Arj
» genson, que les réponses de M. d
» Lionne au comte d'Estrades , qu
)) ont été imprimées avec les dépê-
» ches de cet ambassadeur en Hol
» lande; c'est là le livre que les g
» qui se destinent à la politiq
» doivent lire , pour se former
» affaires et aux négociations. »
peut consulter la Fie de Lionm
dans les Mélanges curieux , faisan
suite aux œuvres de St,-Evremon(j
( à qui elle avait été faussemen
attribuée), tom. i^^'. , pag. 161
et les Fies des hommes illustre,
de France, par d'Auvigny, tom. v|
Le portrait de Lionne a été gravij
par Larmessin , Poilly , etc. W — s|
LIONNE ( Artus de ), évêquedi'
Rosalie^ fils du précédent, naquit i
Rome, en i655, pendant que sori
pèi'c y remplissait les fonctionij
Hol
)nnd
isanl
MO
uloiir. Dt'siinc à la {'.irricre
s, il fiU fi«il chcvaliiT »lc
le; mais une passion niallicu-
( lui inspira toul-à-coup une
aversion pour le niondo, qu'il
^ita pas à y renoncer. Il se tint
lie quelque temps dans une mai-
rcligieusc , d'où il fit connaître
;i père sa résolution d'embrasser
(I ecclésiastique. Il fut pourvu de
!)ayedc Fecamp; mais après l'a-
re'signcc à Jules de Lionne, son
(• , il partit pour lesmissions.de
ient, où il se distingua par son
pour les progrès de la foi , et
truisit de la langue et des usa-
des Indiens. Il accompagna ,
iG86, les ambassadeurs que le
de Siam envoyait à Louis XIV j
issa dans les Indes avec eu\ ,
M les diffe'renles provinces du
;e empire de la Chine, et revint
ime,en 1708, pour les intérêts
il religion. Les fatigues avaient
: bli sa santé ; et les supc'rieurs-
raux des missions Tenvoycrent
a Paris , où sa présence ne pouvait
qu'être fort utile à la prospérité de
cet e'tablissement. Il y passa les
dernières années de sa vie , et mou-
rut dans la maison du séminaire des
missions étrangères, le 2 août 1 7 1 3.
\èque de Rosalie a eu part aux
' rents Ecrits des missionnaires ,
les superstitions des Chinois,
*c ( iilte des ancêtres f etc. W — s.
LÏOTARD (Jean-Etiewne), sur-
nommé le Peintre turc ,, né à Ge-
nève en 1702, était habile dans la
miniature , le dessin , la perspective
tt la peinture en émail. Il réussit
à un tel point dans ce dernier
genre, que le célèbre Petitot, lui
ayant permis de copier un beau por-
trait qu'il venait de terminer , ne
sut plus distinguer sou ouvrage ,
«t prit la copie pour Toriginal. tu
uo 541
» 715, Lit- dit à Paris, ri
sylilconii es paMeU, aeft
rmau\ et .ses miniaiures. Il se Ita
avec Lcinoinc ; niaii il ne put résis-
ter au désir de visiter Tltalic, rt bt
ce voyage a la suite du marquis
de Puysicux y ambassadeur de Fian-
ce près la cour de Napics. Après un
sc)o)u- de quelques mois dans cetU
ville il se rendit à Home, où se.s por-
traits lui acquirent beaucoup de ré-
putation. Quelques Anglais do sa
connaissance ayant formé le proj t
de se rendre a Goustantinople, le
déterminèrent à les 5«iivre;ct il arri-
va dans celte ville au mois de juiii
173s. Il y resta quatre ans, ocniju-
à p{ iudie les costumes et les u.s,i^.*s
des habitants. Il adopta l'habit le-
vantin; et dans un sé)our de diK
mois qu'il Ht en Moldavie , il se lais-
sa croître entièrement la barl)e. Il s»
rendit alors à Vienne , où l'erapcreur
François V^. lui fit l'accueil le pltis
distingué. Il fit leportraitdecc prince
et celui de Marie-Thérèse dont il ob-
tint une protection toute particulière;
et l'empereur lui demanda sou pro-
pre portrait, pour le placer dans la.
galerie de Florence , parmi ceux des
peintres célèbres. Après un sepiiir de
quelques mois en Autriche , Liotard
vint à Paris, où il fit les portraits
de toute la famille royale ; de là il
passa eu Angleterre , où il |>oiguit U
princesse de Galles. A son retour sur
le continent , il débanjua en Hol-
lande, où il peignit le stalhouJer et
sa sœur : de la llayc il envoya deux
de ses plus beaux ouvrages â l'inipc-
ratrice. La princesse, charmée de ce
présent, lui adressa les plus vive*
instances pour qu'il revînt à Vienne ;
la guerre qui éclata vers celte e'po-
que, et te mariage qu'il contrarJA
avec Maiic Fargues , fille d'uu négo-
ciant franraii établi à AiostaJam,
5ti LIO
rempèchèrent de se rendre à cette in-
vitation. Cen'esl que depuis son ma-
riage qu'il se rasa ; mais il conser-
va toujours l'IiaLit levantin qu'il trou-
vait pUis commode que le notre. Il
existe dans la galerie de Dresde plu-
sieurs pastels de ce peintre, no-
tamment un Portrait du maréchal
de Saxe , remarquable par une
force de coloris , et surtout par
une précision de contours et de tou-
che , que l'on rencontre bien rare-
ment dans les peintures de ce genre.
Il a tenté de donner à ses portraits
en émail des dimensions inusitées
jusqu'alors; et l'on connaît de lui
des éma^ix hauts de près d'un pied
et demi sur plus d'un pied de large.
Sur la fin de sa vie Liotard s'était re-
tiré à Genève ; il y peiguit un assez
grand nom])re de portraits , et mou-
rut vers 1776. Plusieurs artistes ont
gravé d'après lui; entre autres, Faldo-
ni , Gaillard , Petit, Liltret , Ardell ,
Wiile , etc. Lui-même a gravé à l'eau-
forle : I. /. Et, Liotard, avec une
lons^ue barbe, in-4". II. /?. Hérault ,
lieutenant-s,énéral de police , in-f».
III. Une dame Franque de Fera,
recevant une visite. Cette gravure ,
dont le burin est de Camerata , repré-
sente les portraits de Marie-Thérèse
ctde l'archiduchesse Marie-Christine
sa fille. IV. Une dame Franque
de Galata , accompagnée de son
esclave. C'est un portrait de l'archi-
duchesse Marie. V. Le Chat malade,
avec seize vers français au bas , in-
fol. — Jean-Michel Liotard , frère
jumeau du précédent , fut un des
meilleurs élèves de Benoît Audran.
31 cultivait avec succès la gravure à
Paris, lorsque Jos. Smith, consul an-
dais à Venise, amateur distingué,
1 appela en Italie pour graver les
sept grands carîons que Car. Cigna-
ni avait exécutés pour le duc de
LIO
Parme , ainsi que sept grands ta-
bleaux tirés de l'histoire Sainte
peints à Venise par Seb. Ricci. Ci
gravures ont été publiées à Venise
sous ce titre : Opus Sebast. Rica
Bellunensis absolutissimum ; ab
Joan. Mich. Liotard , Genevens.
œre expressum , 1743, grand in-f^\
— Car. Cignani Monochromata
septem, 1 743, in-fol. Liotard , de re-
tour à Paris, continua de graver av^
succès d'après différents maître"
Vers 1760 , il revint dans sa p|
trie , où il est mort. On connaît ei
core delui, les Comédiens fane
in-fol. , d'après Watlcau; et le^So
meil dangereux , grand in-fol. d""!
près le même. P — s,
LIOTARD ( Pierre ) , botaniste
né à Saint-Etienne de Crossey près
de Grenoble, en 1 7'.i9, d'une famille
de paysans , travailla à la terre dans
sajeuncsse, s'engagea ensuite dans un
régiment d'infanterie , et fit les cam-
pagnes de Porl-Mahon , en 1756 ,
et de Corse, en 17O4 : ayant été
blessé au bras , dans celte dernière
guerre, il eut sa retraite en 1765 ,
avec la paie d'invalide. Ce fut alors
qu'il vint aider un de ses oncl
herboriste à Grenoble , et qu'il fi
dans les montagnes du Dauphii
différentes courses , qui lui inspi
rent un goût très-vif pour la bota
que. Sachant à peine sa langue
n'ayant fait aucune espèce d'études,"
il connut bientôt toutes les plantes
des Alpes, et parvint même , sans se-
cours étranger, à entendre le latin de
Linné. Bientôt il fut indiqué aux voya-
geurs comme le meilleur Cicérone des
montagnes ; il accompagna Rousseau,
Guettard , Villa rs , MM. Faujas de
Saint.-Fond , Desfontaines, Toscan ,
enfin , tous les naturalistes et ama-
teurs qui visitèrent ces contrées :
il deviut l'ami de j^iusieurs , et quel-
i
LK)
tpifs-iins se souviennent encore de
lui avec attendrissement. Ses rela-
tions avec J.-J. Rousseau méritent
une attention particuliîrc. Celui-ci
Tint le trouver , en i-jOS , sous le
nom de Renou , et le pria de lui
(apprendre à connaître les plantes.
« Vous êtes bien vieux, lui dit Lio-
,» lartl. Je travaillerai d'autant plus ,
» répondit Rousseau. ».Liotard , sim-
ple , franc et même un peu grossier,
convenait beaucoup à Rousseau ; ils
le li rent intimement, et, après leur
léparation , ils restèrent en corres-
pondance. Plusieurs personnes ont
TU les lettres de Rousseau: quelques-
unes étaient relatives à des commis-
sions de plantes ; mais d'autres of-
fraient , sur les beautés de la nature
•t sur la Providence, des pages d'une
éloquence comparable à tout ce qu'il
a écrit de plus remarquable (i).
G?lles de Liotard étaient simples
comme lui. Un jour , poussé par un
mauvais démon , il emprunta une
plume plus exercée pour écrire à
Rousseau ; celui-ci n'ayant pas ré-
pondu , Liotard , piqué , bu en fit
des reproches dans son ancien style.
« Puisque vous êtes redevenu vous-
» même , mon cher Liotard , lui
» écrivit Rousseau , je m'empresse
» de vous répondre. » Ses rapports
avec Villars ne furent pas aussi sa-
tbfaisants ; ce dernier lui eut beau-
coup d'obligations , et il faut con-
venir qu'il ne lui rendit pns la justice
convenable : il en parle légèrement
dans la préface de V Histoire des
plantes du Dauphiné , et le cite
rarement dans le cours de l'ouvra-
ge. Un jardin botanique ayant été
établi à Grenoble en ir83 , Liotard
fut charge de sa culture. 11 passait
i.ioUnl )e« confiait <)a«1q>i«roit • •(•••m*-
■ , «IIfi tomb^rvnt Jtug A:» BMliu* iuit4l>i*«,
LIP
rhiver h meHrern onlre ]c% pbnirs
recueillies pendant IVtc; il en com-
posait des colleriions iwur In u-
vants de la capitale cl les amateurs.
Il avait de la rudesse dans les mi«
nières ; mais il était bon et obli-
Seant. Etranger h tout autre gnire
'instruction qu'à la botanique , il
était toutefois susceptible d'un grand
enthousiasme, quand il se trouvait au
milieu des scènes magnifiques des
Alpes, et il savait l'inspirer à ses
compagnons. Un décret de la Con-
vention nationale lui accorda une
gratification de i5oo fr. , en 1795;
et il mourut en avril 1 796 , par la
chute d'un globe de pierre à la porte
de son jardin. M. Bcrriat Saint-Prix
a donné une Notice historique sur
P. Liotard , dans le Magas. encycL,
4*. ann., 11, 5o4. D — u.
LIPENIUS (Martipt), savant
bibliographe allemand , naquit à
Gortze dans le Brandebourg, en 1 G3o,
le 1 1 novembre , jour de la fOle de
Saint-Martin, dont il reçut le nom
au baptême. Après avoir fait 5cs
premières études dans diflercntcj
écoles de la Marche et de la Poméra-
nie, il alla, en 1 65 1, suivre un cours
de théologie, à l'aradcraic de VVii-
temberg ; il y acquit en fort j^u de
temps l'eslime des professeurs, par
son application, et par les thcM^
qu'il soutint sur plusieurs ques-
tions de pliilosophie. Dès qu'il eut
pris ses grades, on lui oftiit drt
emplois assez avantagei - î
les refusa tous , voulant >
meurer à VViltemberj; potii riniiier.
Il accepta enfin, en l'iîç). la plue
de co-recteur du gymnase de Malle,
et il la remplit pendant treize ans.
Il passa casuite a Stettin , pour y oc»
cuper la double charge de recfenr,
et de professeur d'i j^ymnase Ciro-
liji; et en 1C7O; il fut uoouiié co-
544 i^ïP
recteur de Pacademie de Lubeck.
L'excès du travail altéra sa saiitë;
et il mourut en cette ville, e'puisé
de fatigues , le 6 novembre i Ôç)'?..
On a de Lipenius, un grand nombre
de thèses, de programmes, d'éloges
funèbres , dont on trouvera les litres
dans les Mémoires de Niceron, tome
XIX. Nous citerons seulement : I. jVa-
^Igatio Saloinonis Ophiriiica illus-
trât a j'Wiltemhcr^ ou Halle, 1660,
in-i2. Celte dissertation, pleine de
recherches curieuses , a été' insérée
par B. Ugolini, dans le tome vu du
Thesaur. antiquitat. hehràlcaruin,
II. Integra Strenarum cwilium his~
toria à prima origine ad nostra us~
que t empara deducta, Leipzig ,
1670, in-4".; insérée par Graevius,
dans le tom. xii du Thesaur. anti-
quitat. Bomanar. Lipenius a réuni
sous le titre de Strenœ ecclesiasticœ,
les recherches qu'avaient publiées à
cet égard Jacq. Hessenschmidt et Jo-
seph Stegman, Leipzig, 1677, "^■4°«
L'objet des Etrennes a été traité de-
puis par Spon ( F. ce nom ) , et par
Je P. Tournemine, dans une petite
dissertation imprimée dans \esMém.
de Trévoux ( janvier 1704 ). IIL
jBibliotheca realis theologica^ Franc-
fort, i685, a tom. in-fol. — juri-
dica, ibid. 1679 , in-fol. — philo-
sophica, ibid. i68'i, 2 tom. in-fol.
— me die a /ûiià, 1679, in-fol. Celte
bibliothèque est appellée Réelle ,
parce que les livres y sont rangés
dans l'ordre alphabétique des matiè-
res^ et non sous celui des noms des
auteurs ; elle a du coûter des recher-
ches immenses , et cependant elle est
très-incomplète : on y trouve les ti-
tres d'une foule d'ouvrages inconnus
en France* et les noms des auteurs
français y sont presque tous défi-
gurés. La Bibliotheca philosophica
jpasse pour la moins mauvaise de ces
nt
I
LIP
compilations. La Bibliotheca juri-
dica a successivement reçu diffé-
rentes améliora lions. ( Foy, Ieni-
cnE?f,XXI, 168.) W— s.
LÎPPERT ( Philippe -Damel ) ,
glyptographe , naquit à Dresde eu
1703 de parents pauvres , et exerça
d'abord la profession de vitrier : il
s'appliqua ensuite aux arts du dessin;
et ayant résolu d'acquérir, à quelque
prix que ce fût , rinstruclion dont
il sentait le besoin , il étudia le gn
et le latin, et vint à bout d'apprend
ces deux langues, en assez peu
temj)s. Il fut nommé professeur
dessin des pages de l'électeur de Sax
roi de Pologne ; et cette place l'ayan'
mis en rapport avec plusieurs hom-
mes en crédit , il profita de leur
bienveillance pour augmenter la col-
lection d'antiques dont il s'occupait
depuis longtemps. Il était parvenu,
en 1753 , à réunir un millier d'em-
preintes de verre des plus belles
})ierres gravées des différents cabi-
nets de l'Europe. Il en offrit aux ama-
teurs des copies d'une composition j
blanche et brillante , dont il avait '
trouvé le secret , et en publia le ca-
talogue sous ce litre : Gemmamm
anaglyphicarum et diagljphicamml
ex prœcipuis Europœ musœis seU
tarum ectfpa M. ex vitro obsidiar
et massd quddam, studio P. D. Li
pert fusa et efficta, Dresde, ï7r
in-4^. Ce catalogue divisé en deux]
parties, l'une pour les pierres my-j
thologiques, l'autre pour les pierres |
historiques, est imprimé sur quatre,
colonnes , lesquelles indiquent le
sujet , la qualité de la pierre, le
possesseur actuel , ^t enfin l'auteur i
ou l'ouvrage qui en a traité. Lipperti
se trouva bientôt en état d'offrir aux |
amateurs un second millier de sesj
empreintes. La publication du pre-
mier l'avait fait connaître de plu-
LIP
jtieurs antiquaires ; et Jean-Frëd.
Clirist, professeur des beaux-arts à
I.cip/.ig , lui olîril de rédiger ses ca-
talogues. Christ publia donc une nou-
velle description du premier millier,
qui fut intitulée : Dactjliotftecœ
un'n'ersalis chilias sive scrinium
liarium primum , etc. , Leipzig ,
) "» , in-4°. La seconde chiliade
ut eu 1756 ; et Christ e'iant mort
la même année ( Voyez J. Fred.
! Cbrist ) , Lippert la fit suivre en
17G3 , d'une troisième, dont le
catalogue explicatif fut rédige par
le célèbre Heyne. Lippert forma ,
bientôt après , le projet de faire
lui-même uu choix dans sa col-
lection , afin de procurer aux ar-
tistes et aux savants un moyen facile
*^ peu dispendieux de s'instruire
I l'étude des restes précieux de
i .tiitiquitéj il accompagna ce choix
d'une explication en langue alle-
mande , sous ce titre : Dactyliothè-
que, ou Collection de deux mille em-
preintes de pierres gavées antiques y
etc. , Leipzig , 1 767 , in-4°. La pré-
face de ce recueil contient des re-
marques excellentes sur les arts du
sin et de la gravure, et tout l'ou-
r ige en est parsemé : chaque ex-
plication , exacte , claire et précise ,
est appuyée de citations des auteurs
grecs et latins. Oberlin regrettait que
' ' livre , vraiment classique , n'eût
> été répandu par des traductions
d'autres langues , et surtout en
• nçais. Encouragé par les éloges
ûounés à son ouvrage, Lippert con-
tinua de recueillir de nouvelles era-
' In tes ; et les amateurs les plus
lingues , les princes eux-mêmes ,
tnpressèrent à Tenvi de lui pro-
irer tout ce qu'ils possédaient de
plus parfait en ce genre. Lippert
fît un choix dans ces divers objets ,
le publia sous le titrt à% Sup-
LIP 545
pUinent à Ut Dactjrliothèqnê , etc.
(en allemand), Lripiig , 1-76,
in-4*'. Une attaque d'apoplexie l'en-
leva , à Dresde, le iH mars 178J, k
l'âge de 8'i ans. Il laissa une fille,
qtii continua son commerce d'em-
preintes. Outre les difTcrentcs coller,
lions déjà citées, on a deLippri
des empreintes de plusieurs suiIca de
médailles , entre autres de celles de
V Histoire Romaine et de {'Histoire
de France , par les Dassier , père et
fds, de VOEuvreàu chevalier Hed-
linger, etc. C'était un homme d'un
caractère vif, mais modeste, bon,
franc et loyal ; il entretenait une
correspondance suivie avec plusieurs
savants, parmi lesquels on se conten-
tera de citer Oberlin , qui a publie'
une .Vo/ice intéressante sur sa uacty-
lioihhque dans le Magasin encyclo-
pédique ^àcu-Lieme année^an v, 1 706),
tom. IV , p. 61 et suiv. W — s.
LIPPI ( Fra-Filippo ) , peintre ,
naquit à Florence vers Tan 14»^ :
resté orphelin dès l'âge de deux ans,
il fut recueilli , comme par charité ,
chez les Carmes de Florence. Ma-
saccio venait de terminer la chapelle
de ce couvent. Le jeune Lippi , sé-
duit par la beauté de cette pemture ,
venait chaque jour la contempler; et
encouragé par les bontés du prieur ,
il se joignit aux nombreux jeunet
cens qui venaient la copier : en pc»
de temps , il surpassa tous ses
émules, et sut tellement s'approprier
la manière de Masaccio, qu'on le
regardait , universellement , comme
le successeur cl le rival de ce
maître. Encouragé par ses succès ,
Lippi , qui n'était encore que norice,
résolut d'abandonner son couvent et
de rentrer daas le monde ; il a%ait
alors dix-sept ans : mais il fut sur
le point d'être perdu pour les «rtt.
Uo jour que , monté sur un bateau
35
546
LIP
avec plusieurs de ses amis , il s'était
trop avance' en mer , il fut pris par des
corsaires barbarcsques et conduit en
Africpie, où il devint esclave, et tomba
en partage à un maître qui le traitait
avec quelque douceur : il lui prit fan-
taisie d'en faire le portrait, et;, saisis-
sant le moment où cet homme était
absent , il le dessina au charbon sur
un mur qui venait d'être blanchi.
Les autres esclaves , e'merveilles de
cet ouvrage , car la peinture e'tait
ignorée dans ce pays , coururent en
instruire leur maître, qui , charmé à
son tour du talent de son esclave, lui
accorda la liberté dont il était privé
depuis dix-huit mois : Lippi, recon-
naissant d'un tel bienfait , com-
posa encore quelques tableaux pour
son maître , qui le fît conduire en
sûreté à Naples. Arrivé dans cette
ville , il peignit un tableau en dé-
trempe dans la chapelle du châ-
teau ( I ),et résolut alors de retourner
à Florence, où il fit , pour le maître-
autel de l'église de Saint-Ambroise ,
le Couronnement de la Kierge ,
belle composition enrichie d'un grand
nombre de figures : l'auteur s'y est re-
présenté sous le personnage d'un ado-
rateur- devant lui est un agneau sou-
tenant celte inscription : Is perfecit
opus. Ce tableau frappa tellement
Cosme de Médicis , qu'il conçut pour
Lippi une estime et une amitié dont
il ne cessa de lui donner des preuves.
Extrêmement adonné aux femmes ,
rien ne pouvait retenir Li^ipi lorsque
sa passion l'entraînait. Cosme lui
avait ordonné un ouvrage : craignant
qu'il n'en fût détourné par son pen-
chant ordinaire , il prit le parti de
l'enfermer , et le peintre resta deux
jours privé de sa liberté ; mais nepou-
(l) Vaiari dit qiia ce fut à la demaiule du roi
Alphon»elu Magnanime , alors duc de Calabre ,
que Lifpit;nuci.m cetabla»», r«t« raaaa* «4^4.
Tant plus résister à ses habitudes , il |
déchira en lambeaux les draps de soa
lit, et les ayant attachés à la fenêtre, il I
descendit dans la rue, au risque de se |
tuer. Cosme ne le trouvant plus, le fit
chercher partout , et l'ayant enfin
ramené au travail , prit le parti de
lui laisser désormais toute sa hberte'.
Lippi avait été chargé par les reli-
gieuses de Sainte - Marguerite de
Prato , près Florence , de peind
le maître -autel de leur éehse ; pe
dant qu il était occupe a cet ouvragi
il aperçut la fille d'un nommé Bu
de Florence , que l'on amenait a
couvent pour y faire profession ; la
beauté de Lucrèce , c'était le nom
la jeune fille , le frappa tellemeu
qu'il ne cessa de solliciter les reli-
gieuses jusqu'à ce qu'il eût obtenu
de pouvoir la peindre sous les traits
de la Vierge qu'il faisait pour leur
monastère : son amour ne fit qu'aug-
menter; il sut le faire partager à
Lucrèce , et , il l'enleva. Obligés de
prendre la fruité , les deux amants
errèrent long-temps en Italie ; et ce
ne fut qu'après plusieurs années de
continuelles alarmes , qu'ils obtin
rent une dispense du pape po
s'épouser : mais, par une suite
l'inconstance déplorable de son
ractère, Lippi déclara alors qu
renonçait au mariage ; et Lucr
s'estima fort heureuse de pouvo:
retourner dans son couvent. Il était
né de cette intrigue un fils , que Lip-
pi nomma comme lui. Cependant la
père delà jeune personne ne put ja-
mais pardonner au peintre l'injure
qu'i len avait reçue, et, pour se ven-
ger, on prétend qu'il l'empoisonna;
d'autres disent que Lippi fut victime
d'une nouvelle aventure que lui fit
tenter le dérèglement de ses mœurs.
Il avait alors cinquante- sept ans ,
et il e'tait occupé à peindre la tha-
lie du (lomc (le Notre -ï)amc
tic Spolete , conjointrincnl aver Frà
T)i.nuaiite, carme avec lp(|iiel il av.nt
clevc, et auquel , il avait inspire
.. goût de la peinture. La mort
l'empccha de terminer cet ouvrage.
I Parmi les productions de cet ar-
tiste , on doit remarquer deux An-
na atioiis qu'il (it , l'une pour
:lise de Sainte-Marie Primerano ,
a t iesole , et l'autre pour les reli-
gieuses dellc Muratc, que l'on y voit
encore de nos jours , et dont les
figures ont quelque chose de céleste.
Marsuppini, poète illustre, et se-
crétaire de la république de Floren-
ce , ayant demandé un tableau pour
la chapelle de Saint - Bernard de
Monte - Oliveto , l'artiste peignit
im Couronnement de la Fierté ,
d'une composition riche et variée ,
ou il a introduit le portrait de
Marsuppiui , et qui est placé aujour-
d'hui dans le réfectoire du couvent.
11 est peint avec tant de vigueur,
' d'éclat et de franchise , qu'il sem-
ble encore sorti récemment de la
main du peintre. Lippi a aussi en-
richi de ses productions les églises
de Padoue , de Spolète , de Florence
et des environs de cette ville. Les
intures qu'il exécuta pour la cure
Prato, sont dignes des plus grands
>ges ; on y distingue surtout une
il te de tableaux tirés de la Fie de
lint Etienne, dont les airs de tête ,
rssion , la couleur et les dra-
étonnent pour le temps où ces
Lilcaux ont été peints. C'est Lippi
li, le premier, en introduisant la
anière de peindre les figures plus
andes que nature , agrandit en
icme temps le style de la peinture,
f ouvrit ainsi la route dans laquelle
s artistes, venus après lui , se sont
illustrés. Il serait trop long d'entrer
dans le détail de tous ses auUes la-
Weaitx : on ritrrn ^mlrmrnt nnr 5fi»-
donr 'r
IVgl,. ...
et qui tait partie du Musée du Loit*
vre ; Vasariet Horghini en font le phM
grand éloge. Le Musée du Louvre
possède un tableau du m<^mc artiste ,
peint sur bois , et placé dans la ga-
lerie d'Apollon: il représente IcSl.-
Esprit présidant à la naissance i!<r
Jésus-Christ» Lippi , n'avant jamais
eu d'autre maître que lui - même et
d'autre guide (jue quelques ouvra'»cf
de Masaccio , s'est fait une maiurr»
quiluiestprojv ^ ru»
grâce et uneliiK nt
pas la beauté. Son coloris est frais
et plein d'éclat : dans ses draj>eries, il
adopte des plis qui tiennent encore
de la roideur de l'enfance de l'art ,
mais qui ne laissent pas d'accuser le
nu. Le défaut de preraicrcs études
se fait surtout sentir dans les extré-
mités ; les mains de ses j>crsoiinage«
sont rarement dessinées d'une ma-
nière heureuse : aussi prit-il le parti
de les dérober assez généralement k
la vue , sous les vêtements de s<»s
ligures. Quoiqu'il ait donné plus de
grandiose à ses compositions dans
ses tableaux d'histoire et dans ses
fresques , c'est surtout dans les suiels
de petite proportion , qu'il s est
surpassé. CetartistemouruteR i^^Oî
les habitants de Spolète le fir«it en-
terrer dans l'église qu'il avait ornée
de ses ouvrages. Sa mort fut très-sen-
sible à Cosme de Médiris; et l^urent
le Magnifique ayant été nomme, à
cette époque, ambassadeur de Flo-
rence auprès du pape , vint à Spo-
lète pour demanîler qu'on lui ac-
cordât lecori ■ T ' ' \o*-
lait faire inh àm
Sainte-Marie dcl liorc, a Florence.
Cette demande lui fut refusa; et
Laurent lui fit élever un toi
35..
548
LIP
en marbre, sur lequel fut gravée
une ëpitaphe par Ange Politien.
— Filippino ou Filippo Lippi ,
$0n fils , naquit à Florence en
i46o : Lippi père, en mourant,
l'avait, par son testament, confie'
aux soins de Frà Diamante, son
condisciple et son ami ; il lui avait
laisse en outre une somme de trois
cents ducats d'or pour acheter une
petite propriété' au jeune Filippo
à peine âge' de dix ans. Frà Dia-
mante,loin de répondreà la confiance
de sou ami , acheta bien une terre
dans les environs de Florence, mais
la garda pour lui. Alors Sandro Botti-
celii , peintre renommé qui avait ete
lié avec Lippi le père , eut pitié du
fils, et voulut lui enseigner la pein-
ture. Lippi ne tarda pas à manifes-
ter les dispositions les plus extraor-
dinaires. Quoique doué d'une imagi-
nation extraordinairement vive et
féconde , il fut le premier parmi les
peintres modernes qui ramena dans
ses tableaux, l'exactitude des cos-
tumes , des usages et des ornements,
ïl avait appris la science des antiqui-
tés, à Rome, en étudiant les monu-
ments que renferme cette ville. Il
dessinait lout avec la plus grande
exactitude ; et il avait formé de cette
manière deux recueils d'antiquités
romaines exécutées avec un rare ta-
lent , et que Benvenuto Cellini , qui
les avait vus dans la maison d'un
des fds de Philippe , ne pouvait se
lasser d'admirer. Lippi était encore
très-jeune lorsqu'il fut chargé de
terminer la chapelle des Bran-
cacci, chez les Carmes de Florence ;
il peignit encore Saint Pierre et
Saint Paul ressuscitant le neveu
de Vempermir, et y fit entrer les
portraits des hommes les plus cé-
lèbres de son temps, tels que Tho-
mas Sadenni, Pierre Guicciardiiii ,
LIP
père de l'historien, le Pulci, poète,
Antoine Pollajuolo , Sandro Bolticel-
li , son maître , le Baggio (i) , etc.
Il s'est aussi représenté dans ce la -
bleau; et son portrait ne se trouve
même que là. Il avait peint, dans uu
couvent près de Florence , un ta-
bleau représentant : La Fierge en-
tourée (V Anges apparaissant à saint
Bernard qui écrit dans un bois. Lor»
du siège de Florence, les habitan
de cette ville firent transporter
tableau dans leurs murs ; et il or
ne encore aujourd'hui l'une d
chapelles de l'abbaye de Florence
il passe pour un des plus précieu
que renferme celte ville , et il est
de la conservation la plus parfaite.
Les ouvrages de Fiiippo Lippi
avaient tellement étendu sa réputa-
tion, que le roi de Hongrie, Ma-
thiasCorvin, voulut l'attirer dans ses
états : l'artiste ne \)\\t se résoudre à
quitter sa patrie ; mais il fit pour 1«
roi deux très-beaux tableaux qui lui
furent envoyés. Bientôt , à la prière
de Laurent le Magnifique , il se ren-
dit à Rome , et y peignit , dans l'é-
glise de la Minerve , pour le cardinal,
Garaffa , une chapelle où il repré-^
senta la Fie de saint Thomas d'A-
quin. Ces peintures qui ont le mérit
de l'invention etdel'exécution , ayan
souffert par l'injure du temps, furen
retouchées par unartiste ignorant qui
lésa gâtées. Après plusieurs absences,
Lippi se fixa à Florence, où il peignit
la chapelle des Strozzi. Cette pein-
ture est de la conservation la plus
parfaite, et le talent de l'artiste y
brille de tout son éclat. La variété et
(i) lie Rftggio est connu pour avoir sculpté ea
relief , »ur une coquille , tous les cercles et lc«
(tirisions de l'£nfer du Dante, conformément A
la description qu'en fait le poète. Il y avait ri"
présenté dans le plus grand détail les divers siip'
plices imaginés par le poète; et cet OHvrag* pa»*
sait pour uu« m«i veiiiu de l'art.
xM\
LIP
If naturel des expressions , la grâce
'il dessin, IVdat du coloris, tout y
>t également remarquable. Parmi
A nombreux ouvrages que l'on doit
irore à Lipni , on se contentera de
i itcr un double tableau peint surbois,
qu'il avait fait pour l'eglisc suppri
mec de Sainl-Thcodore, à (icnes.
Le premier compartiment , de forme
ntréc, représente La Vierge of-
(int l'Enfant Jésus à l'adoration
'• deux An^es; le second, Saint
Sébastien y nu, percé de jlèches et
attaché à une colonne au milieu de
-'lines désertes. Ce tableau , dont
isari fait un éloge mérité, fut
pnicvé du Musée du Louvre , en
i8i5, par les commissaires du roi
de Sardaigne. Lippi ne peignait
pas moins bien le paysage; mais
c'est dans les sujets de petite di-
mension qu'il était supérieur. Fidèle
imitateur de la nature , il laisse dési-
rer dans ses ouvrages un choix de for-
rs plus relevé; et son père l'em-
iiorte sur lui par l'idéal et la grâce.
Il mourut à Florence, le i3 avril
i5o5, âgé de 4^ ans. Lorsqu'il
fut conduit au lieu de sa sépulture,
toutes les boutiques furent fermées
dans les rues oîi passa le convoi , en
signe de deuil, et comme si la
république eût perdu un de ses
premiers magistrats. Lippi eut plu-
sieurs disciples dont le seul qui se
soit rendu célèbre est RafTaellino
del Garbo. — Jacques Lippi , élc-
▼e de Louis Carra che né à Bu -
drio, château voisin de Bologne,
dans le seizième siècle , reçut du
lieu de sa naissance le surnom de
Giacomone da Budrio. 11 cultiva
tous les genres de peinture; mais
ce fut surtout dans les fresques du
portique de TAnnonciade , à Bo-
logne , qu'il se montra digne de son
naître. Ce^iendant, on reconnaît
dans cet omrrage rbabiiude d'un*
grande pratique plutôt qu'un go^f
sûr et uu véritable Calent. P %,
LIPPI ( LoREifzo ) . peintre et
jioctc célèbre , naquit i Florenre.en
1606. Sa jeunesse fut consacrée aux
belles-lettres , dans lesquelles il fit
des progrès extraordinaires. Il réus-
sit également dans tous les exercices
du corps , tels que Tescrime, la danse
et le manège. Mais après avoir ter-
miné ses études , il ne put rc:&ister
au i)enchant qui rentrainair vers U
peinture , et se mit sous la direction
de Mathieu Hoselli. Il surpassa bica-
tôt tous ses condisciples ; et les des-
sins qu'il exécuta dcs-lors méritent
d*élrc comparés à ceux des plus habi-
les maîtres. S'il ne s'était pas attache'
à une imitation trop ex. cv et trop
minutieuse de la nature, s'il avait un
peu plus recherché l'idéal , il aurait
occupé paruii les grands |)einties
le m(^ine rang qu'il tient parmi le&
dessinateurs. Santi di-Tito fut It
modèle qu'il se proposa. Il joignit à
l'habileté dans l'expression , et à U
pureté de dessin de ce maître , un
coloris un peu plus vigoureux; et ,
dans l'imitation des draperies, il
suivit l'exemple de quelques artis-
tes lombards, et particulièrement d«
Baroche , en modelant les plis avee
du papier , ce qui tev doMM ua air
de carton ; mais U fincwt da taa
inceau, le ton vaporeux, raccord #1
e })on goût qui régnent dans ses ou-
vrages , démontrent a^ez qu'il avait
le sentiment du beau à nu aussi haut
degré qu'aucun de ses contempo-
rains. Roselli , son maître, fui disait
souvent: fAturent , tu dessines mieux
que moi. Il lui confu l'exécution do
deux tableaux qui lui atlisBC éttf
demandés pour l'église de St-BC-
cheUlegli-Anlcnori. L'un représente
Vjénnoncialion ; Vêvln U FùU^
l
5.5o
TA?
iion. Tous deux sont remarquables
par la beauté du dessin , quoiqu'assez
faiblement colories. Il fit encore un
grand nombre de tableaux pour les
églises elles particuliers de Florence.
Un des plus considérables est le beau
Saint-André j qu'il peignit en 1689,
pour la chapelle degli Eschini à San
Friano. Ce fut quelques années après
qu'il épousa la fille de Jean-François
Susini , sculpteur et fondeur habile.
11 fut alors appelé auprès de la prin-
cesse Claude, archiduchesse de Ba-
vière, qui le reçut avec une extrême
bienveillance etFadmit dans son inti-
mité. San esprit facétieux amusait la
princesse , à laquelle il lisait la pre-
mière esquisse de son poème du Mal-
manlile racquistato , dont le titre, à
cette époque , était : Histoire des
Deux Reines, Il profita duloisir dont
il jouissait à la cour, pour terminer
cet ouvrage , et le dédia à l'archidu-
chesse. Cette princesse étant morte
RU bout de six mois, lippi se hâta
^e retourner à Florence, et reprit
$es travaux avec une nouvelle ar-
deur. Parmi les nombreux tableaux
qu'il exécuta , on cite un Crucifix
entouré de la Fierge, de la Ma-
deUme et de saint Jean , qu'il
donna, en 1647 > ^ ^^ confrérie de
de l'Archange Raphaël , dont il était
membre, et un Martyre de saint
Sébastien , dont l'expression et la
composition étaient de la plus grande
beauté. Mais celui de ses ouvrages
qui jouit de la plus grande réputation
est le Triomphe de David , qu'il pei-
gnit pour Ange Galli, florentin. Celui-
ci voulut que le peintix; représentât
son fds aîné sous la figure de David,
et seize autres de ses enfants sous
les traits des jeunes gens et des jeunes
filles qui viennent féliciter le libérar
teur d'ïsraèl. Lippi , dans ce tableau ,
put se U vrer à sou çare talent pour Iç
y
it '
ia
I
portrait, et y mettre celte simplicité'
de style toujours voisine de la na-
ture, et qui dédaigne les embellisse-
ments de l'art ; il avait pour maxime
qu'il faut faire les vers comme on par-
le, et peindre comme on voit. Parvenu
a l'âge de 58 ans , Lippi fut attaqué
d'une pleurésie, qui le conduisit au
tombeau, en 1664. Son portrait, peint
,'par lui-même , se voit dans la ga
lerie de Florence; il a servi demodèl
à tous ceux qui se trouvent en têt
du poème de cet artiste. Lippi avait
reçu delà nature un esprit vif et plein
d'originalité. AlphonseParis ,célèb
architecte , son parent , avait uni
maison de campagne près de Fi
rence , et à un mille d'un ancien châ
teau ruiné, nommé Malmantile. La
vue de ces débris fournit à Lippi l'i-
dée de son poème. Il en fait la capi-
tale d'un royaume , dont la reine est
détrônée par une courtisane de
Florence. La guerre qui éclate pour
remettre sur le troue la légitime
souveraine, forme le fonds de l'ou-
vrage. L'auteur y fait entrer plu-
sieurs traditions populaires qu'il con-
te avec une grâce singulière dans l'i
diome florentin le plus pur. Mais 0
que les italiens prisent davantage en
coredansce poème, c'est l'originali
delà composition, la variété des ép
sodés , le sel des plaisanteries et 1
facilité de la versilication. On y ad
mire surtout une description de l'En-
fer , qui passe pour un chef-d'œuvre
de comique et de plaisanterie. Le
seul reproche qu'on puisse faire à
Fauteur, est d'avoir employé un dia-
lecte dont les italiens eux-mêmes n'enr
tendent pas toutes les finesses. Il re-
çut les conseils et les encouragement*
d'Antoine Malatesta, poète estimé; el;
Salvator Rosa ne lui fut pas moins
utile, enluifaisant connaître unliyrç
intitulé ; Lo Cunto dç li Cunte o
LIP
Trattenimenti de U PiccerelU; ou-
vrage cil dialecte napolitain , d*où
Jjppi lira plusieurs do ses épiso-
des. Cet ouvrage ne fut imprime
qu'après sa mort. Voici Tindicalion
des principales éditions : // Mal-
' mantile racqidstato , pnema di
Pierlone Zipoli ( Lorcnzo Lippi ) ,
con note di Puccio Lamoni ( Paolo
Minucci ) , Florence, 1G7G , in-4°.
— con note del Lamoni ed altri ,
ihiilem, 1G88, in-4*'' — f^gg^"^-
*' t'/ le note del Salvini e Biscioni ,
idem, 1731, 1 vol. in-4**. —
c olle note di varj , scelte da
Luigi Porlirelli, Milan , édition des
classiques italiens , i vol. in - 8".
— La nouvelle édition de Prato ,
1814, 4 vol.in-4°., est la plus com-
plèle. — Un autre Laurent Lippi
îluisit du grec en latin les livres
' )ppien de Piscatu et de Fena-
le , Venise , Aide , 1 5 1 7 , in-80, ,
Paris, Morel, i555, in-4*'. P-s.
LIPPOMANI ( Louis ), l'un des
^lus savants prélats du seizième siè-
cle, naquit à Venise , vers Tan 1 5oo,
d'une ancienne famille. Il s'appliqua
de bonne heure à l'étude des lettres
et de la philosophie, et y fit de grands
progrès. Ayant embrassé l'état ec-
clésiastique, son seul mérite lui ou-
Trit le chemin des honneurs ; il fut
pourvu successivement des évêchés
de Modon , de Vérone et enfin de
Bcrgarae. Sa capacité et son expé-
rience des affaires le firent charger
de différentes négociations en Portu-
gal , en Allemagne ( 1 548) , en Polo-
gne ( 1 558) , et il s'acquitta de toutes
avec beaucoup d'habileté. Il fut l'un
des trois prélats chargés de présider
le concile de Trente, et il se montra
dans cette assemblée l'un des plus
éloquents défenseurs de la foi chré-
tienne. U devint, en 1 556, secrétaire
de Jules III j et mourut à Rome le i5
aoAt 1 559. De Thou dit que ce prdâC
a fut illustre par m doctrine et par
y> riHnoccncc de m vi#». ■ On lui a ce-
pendant rcprochcl» - vrrMÏve
dont il usa envers I : les hé-
rétiques pendant sa nouti.tturc de
Pologne. Ses ouvrages les plus con-
nus sont : I. Dos Commentaires en
latin sur la Genèse , l'Exode et les
psaumes: il y étale une grande éru-
dition, mais il manque de critique
et de méthode. II. FitteSanctoium,
Venise, i55i-58, 6 vol. in-4°. Lci
deux derniers volumes contiennent
la traduction latine des Vies des
Saints écrites par Siméon Méta-
phraste (/''o/ffz Métapiiraste}.!!!.
Espositione soprà il Simbolo apos*
tolico , il Pâtre wistro, e sopra iduë
precelti délia carità , Venise , 1 554 ,
in-8«. IV. Des Statuts synodaux,
des Sermons pour les fêtes dts
Saints , etc. Tous ces ouvrages sont
rares , mais peu recherchés. Maflci a
consacré un article à Lippomanidans
sa Ferona illustrata , part. 2, pag.
i35. L-B-E. et W — s.
LÎPSE (Juste), célèbre philo-
logue et savant polygraphe , naquit
à Isque ( Overyssche ) , village k
égale distance de Bruxelles et de
Louvain , le 18 octobre i547* Ses
admirateurs enthousiastes ont en-
vironné son berceau de présaçrs et
de prodiges, à régal de celui des
héros et des sages dcr antiquité (/'or.
BaïWct y Jugem. des sav. , tom. v de
l'éd. in-40., pàg. 58 }. Des Tige de
six ans il fut mis a l'étude du latiA
à Bruxelles ; à dix ans au collège
d'Alh , deux ans plus tard à celui de
Cologne. Kn changeant de maîtres, il
changeait de méthode ,et il ne fit ainsi
qu'apprendre et oublier. Il regrette
dans ses Lettres (cent, i ,ep.94;quey
depuis 8 ans jusqu'à i3, il n'ait rien
ajoute a ses cwmihbcw, A €ala«
552
LIP
gne, outre le latin et le grec, il étu-
dia l'histoire et la philosophie, dans
le collège des Jésuites. H fut tente'
d^entrer dans leur compagnie ; mais
ses parents , qui avaient d'autres
vues , se hâtèrent de l'envoyer à
Louvain, oii , en continuant ses e'tu-
des , il prit quelque teinture du droit.
Peu de temps après , ayant successi-
vement perdu son père et sa mère ,
et se voyant , à 1 8 ans , libre de sui-
vre ses inclinations , il songea d'abord
à voyager en Italie , pour y étendre
ses connaissances par le commerce
des savants : toutefois , il voulut
auparavant fonder sa réputation lit-
téraire ; et, à l'âge de 19 ans, il
publia ses Farianim lectionum li-
bri ni , dédiés au cardinal de Gran-
velle , Anvers , 1 569 , in-S». Ce
sont principalement des remarques
sur Cicéron , Varron et Properce.
Elles eurent un succès mérité j et
Granvelle , flatté du patronat de
cette savante production , emmena
l'auteur à Rome , 011 l'appelait le
conclave qui nomma Pie V , et se
rattacha comme secrétaire pour les
lettres latines. Lipse passa deux ans
auprès du prélat, et profita de ce
temps pour y prendre connaissance
des bibliothèques et des manuscrits.
Il ne demeura pas étranger aux sa-
vants que cette grande cité renfer-
mait ; et il suivit particulièrement
Marc -Antoine Muret , qui y ensei-
gnait alors. Un an après son retour
à Louvain (année qu'il passa, comme
il s'en accuse lui-même , dans les
plaisirs et la frivolité ) , il entre-
prit un voyage en Allemagne , en
passant par la Franche - Comté.
A Dole , il assista à la promo-
tion de Victor Giselin au doctorat;
cette cérémonie fut suivie, selon
l'usage du temps, d'une orgie qui
pensa devenir funeste à Lipse , par
s
I
LIP
la maladie grave qu*elle lui occa-
sionna. Rétabli, il se rendit à Vienne
en Autriche , où il se lia avec Bus-
becq , Craton , Sambucus , Pighius
et d'autres érudits qui auraient bien
'V'^ulu le retenir : mais sa patrie
lui tenait à cœur ; en y retour-
nant par la Thuringe , il apprit la
fâcheuse nouvelle des troubles qui
agitaient les Pays-Bas , et des pertes
qui en étaient déjà résultées pour lui.
S'étant arrêté à léna , il y accepta
une chaire d'éloquence et d'histoire
qu'il conserva de 1572 à i574- Ses
succès excitèrent la jalousie de ses^
collègues : on lui disputa le droil
d'être élu , à son tour , doyen'
de la faculté des sciences ; il fut
nommé d'autorité : mais ces tracas-
series l'engagèrent à solliciter sa
démission , et la cour de Saxe-
Cobourglalui accorda de la manière
la plus honorable. Il n'est donc pas
vrai , comme l'ont avance ses enne-
mis , qu'il quitta clandestinement
léna , et que son nom y fut rayé de
la matricule de l'université. Nous
avons tiré ces détails d'une lettre de
Lipse à Abraham Ortelius , et de la
note qui l'accompagne dans la Sjll.
Epist. Burm. , tom. i , pag. 161 et
i63. De léna , Lipse vint à Cologne
où il se maria ; et neuf mois après,
il emmena sa femme à Isque , lie
sa naissance. Il nourrissait le pro
jet de s'y dérober aux embarras''
des affaires et à la célébrité : les
nouveaux troubles survenus dans la
Belgique le forcèrent à changer de
résolution. Il se relira d'abord à
Louvain; et, en 1679, il accepta
une chaire de professeur d'histoire
dans l'université de Leyde , déjà si
illustrée à sa naissance , et où il eut
pour collègues Joseph-Juste Scaliger
et tant d'autres coryphées de la
science. Il y resta treize ans , pro-
i
LIP
I fessant la religion rdformëe , comme
Ic'na on l'avait vu suivre la con-
>sion d'Augsbourg. Il se racla beau-
ip , à Leyde , d'affaires ecclcsias
[lies , et y montra même assez
peu de tolérance. Ses liaisons avec
le parti du duc de Leicester con-
ibucrcnt à lui alie'ner les hommes
> plus distingues. Burman , dans les
tes qui accompagnent sa Sj^Uoge
i.l)istolaniJn y lom. i ,pag. iSoetail-
liiirs, lui reproche avec amertume
la duplicité et la mauvaise foi qu'il
mit dans sa conduite; et il pose en
' it que, dès i584, *ï avait formé
projet de quitter Leyde et de re-
tourner à la religion catholique.
Lipsc ayant publié à Anvers , en
1 589 , ses Politicorum lihri vi , où
il se déclare partisan d'une religion
exclusive , et conseille contre les
dissidents l'horrible remède du fer
et du feu : ure et seca ; Cornhert
' y. Cornhert ) attaqua cette doc-
i lie avec une juste indignation. Il
dédia son ouvrage aux magistrats
do Leyde , qui , par une pusillanime
déférence pour Lipse , déclarèrent
qu'ils n'acceptaient point cette dé-
dicace , et qu'ils exhortaient les
lecteurs de Cornhert à lire aussi la
réponse de Lipse, l'objet de leur
haute considération. Celte réponse
avait paru en 1 590, à Leyde , in-S**.,
s<Mis ce titre : De und religione ,
I versus dialogistam , Liber. L i pse
v pallie de son mieux son intolérant
système. Ure et seca ne devait pas
être pris à la lettre ; c'était une
mhrase empruntée de la médecine où
l'on désigne ainsi certains remèdes
qui , dans des cas urgents, sont sa
dernière ressource. La {)cinc de mort
ne doit être employée, contre les
hérétiques , que rarement et secrè-
tement : les confiscations , l'exil , la
dcgradâtion civique, l'iufamic su£&-
sent dans les c^t ordinaires, f^ po-
sition de Lipse dcrenait de jour rn
jour plus fausse et plus dcta^rcaUe
à Leyde. Ayant obtenu, co 1 586 ^
un congé de six mois , sous reogl-
gemcnt de revenir , il se dirigea veff
Cologne, et traita dans ce voyage
avec ses amis de la Belgique, et spé-
cialement avec l'archevêque d\\a-
vers, Lxvinus Torrcntiuk, par l'in-
termédiaire du chanoine Nicolas
Oudart , pour être nommé à nom
chaire à Louvaiu. ( SjU. Epist,
Burm.y t. 1, p. 'àSô^I'Ji et 558.)
Quelle qu'ait été l'issue de celte né-
gociation , Lipse prétexta derechef,
en iSgi , un voyage pour raison de
santé , aux eaux de 5pa y méditant
secrètement de s'éloigner de I^yde
pour toujours. Il ne tarda pas à no-
tifier aux magistrats et aux cura-
teurs , le parti qu'il avait pris , cl ii
solliciter sa démission , qu'il n'obtint
qu'après d'itératives instances pour
le dissuader , tant on était jaloux de
conserver à l'académie un homme
de sa céle'brité. {SjU. Epist. Burni,
t. 1, p. 557. ) Pour aller à Spa,
Lipse, accompagné de quelques amii
distingués par leur amour pour les
lettres , tels que Pierre Bcrlius, les
deux Ganter, Roch Honcrl , etc.,
passa par Maicnce; et là il se récon-
cilia, par le ministère des jésiùles,
avec l église catholique. 11 demeura
ensuite près de deux ans à Spa et à
Liège , où il reçut les propositions
les plus flatteuses de la part de plu-
sieurs princes, qui voulurent l'attirer
chez eux. Gémcnt Y 111 à Borne, !•
sénat de Venise, Ferdinand de Médicu
à Florence , Henri 1 V en France ,
se mireut sur les rangs , avec un asset
grand nombrcd'aulrescompétiteun î
mais les Eutsdc Brabant et l'amour
de la patrie rera|)ortèrenl ; Lipi*
accepta une chaire d'histoire
554 T.TP
lîC) à Lonvain, et la remplit jusqu'à
sa mort avec non moins de distinc-
tion que celle de Leyde. Philippe II,
roi d'Espagne , lui conféra le litre
de son historiographe. L'archiduc
Albert le nomma membre du con-
seil des aiïaires d'état. Rentré dans
le sein de l'église catholique , Lipse
prit la plume pour juslilîer la dé-
votion aux images appelées mi -
raculeuses , et publia : I. Diva
mrgo Ilallensis; bénéficia ejus et
miracula fide atque ordine des-
cripta, Anvers, i6o4, in-8^ II.
Diva virgo Sichemiensis sive As-
pricolUs ; noi^j, ejus bénéficia et
admiranda, ibid. i6o5, in - 4^.J
ouvrages qui non-seulement lui fu-
rent reprochés par les protestants
avec amertume et dérision ( Fo^yez
LiNGESLUEiM ) , mais dans lesquels ,
selon les Mémoires du P. Nice-
ron , t. XXIV , p. i3i, beaucoup
de catholiques même le virent avec
peine adopter les traditions les plus
incertaines , et les contes les plus
puérils. Le 24 mars 1G06 termina
la carrière de Juste Lipse. Deux ans
auparavant il avait fait en neuf vers
hendécasyllabes , plus sentencieux
qu'historiques, son épitaphe latine,
inscrite sur sa tombe dans l'église de
Saint-François à Louvain. Lipse ,
d'une taille moyenne, bien prise mais
peu forte, surtout vers le déclin de
ses jours, où il fut très-affligé d'une
maladie de foie, devenue la cause de
f>dL mort, avait le front large et élevé,
l'œil vif: il ne manquait pas d'une
certaine dignité, et pourtant, à tout
prendre , ni sa tenue , ni son entre-
tien ne répondaient à l'idée que , sur
sa réputation, l'on se faisait de lui.
Doué d'une mémoire prodigieuse, il
en étalait peu les richesses dans sa
conversation. Ses cours étaient tres-
sai vis, et les pins grands personnages
LIP
les honoraient quelquefois de leuf
présence. Il avait le talent de s'atta-
cher singulièrement ses disciples , et
se montra toujours du plus facile
accès pour eux. Les Fariœ Lee-
tiojies , par lesquelles il débuta dans
la littérature, se ressentent de l'é-
lude de Cicéron , qu'il se proposait
alors pour modèle. Plus tard Tacit*
et Sc'nèque gâtèrent sa latinité. On
peut voir à ce sujet Baillet , Jugent»^
des Sav. t. 2 de réd.in-4°. p. 198 el
sui V. , et Morhof, Poljhist. 1,6, 3 rt.j
Il ne passe pas pour avoir été fort sur]
le grec, mais il affectait de coupei
de grec sa phrase latine , pour don-]
nerle change à cet égard. Ses admi-j
râleurs outrés lui font composer un
triumvirat littéraire, avec Scaliger
et Gasaubon j mais , pour le grec sur-
tout, il était bien loin d'eux. Parmi
les singularités de son caractère, on
doit placer son goût pour les chiens:
à Louvain , il en avait trois pour
ses compagnons habituels , Saphir ,
Mopsule et Mopse ; il les a fait
peindre , il les a chaulés : dans ses
vers en l'honneur du premier, dont
il nous a aussi laisse l'épilaphe
( Deliciœ Po'ét, Belg. tom. 3 ), iîdi '
que ce qui rapproche Saphir dç
l'homme , c'est qu'il aime le viaj
et qu'il est sujet à la goutte. UneJ
autre passion le dominait encore
c'était celle des fleurs , dont il prit le'
goût chez un illustre fliorimane de
son temps , Charles Langius , cha-
noine de St-Lambert à Liège , qui lui
donna un asile, lorsqu'en 1570,1!
fuyait les troubles des Pays-Bas ( F.
Lange , XXIII , 349 ). Les tulipes
étaient surtout ses fleurs favorites j et
c'est pour cela que Rubens en a placé
derrière son portrait , dans son fa-
meux tableau des cpialre Philoso^
phes , gravé plusieurs fois , où l'oa
voit aussi le chien Saphir aux pied^
LIP
son maître. Lipse avait nn<*
iide aiuipalhie pour la musique ;
l 'est pour cela , sans doute , que
la poésie ne fut pas la partie brillante
^v son talent : il paraît l'avoir senti ;
c'est contre son intention que
Il a recueilli ses poésies latines ;
v déclare positivement son inap-
ir.dc pour la poésie flamande ou
hollandaise. Lipse a écrit un grand
lubre d'ouvrages sur diflerentes
.tières, mais principalement de
liiquc , d'histoire, d'archéologie ,
philosophie morale, de politique :
presque tous ont eu une grande vo-
irie en leur temps , et ont ëtc re'im-
iinés plusieurs fois , et traduits en
iércntes langues. L'e'numëration
iipuleuse en serait trop longue ;
11' se compose de 5i articles dans
> Mémoires de Niceron. Balllia-
i Moret en impnma la collec-
)U complète avec les beaux carac-
res de Planlin , 6 vol. in - fol. ,
ivers , 1G37. Il en a paru une nou-
lle ëdilion à Wesel , 4 volumes
. - 8". , 1G7 j : Niceron la dit
filuj ample que les précédentes ;
nous nous bornerons à indiquer ,
iTaprî-s l'ëdilion d'Anvers , les prin-
cipaux articles de chacun des six
lûmes : le premier a trait à la cri-
[ue, et contient Farianun lectio-
iim libri m ; — Antiquarum lec-
iiomim libri v ; — Epistolicarum
(jiiœstionum libri y ; — Electorum
lihri II ; — Notes sur Valère Maxime,
sur Sënèque le tragique ; — Jiidicium
nr Consolât ione Ciceronis ;i\ déclare
pocryphe ce traite nouvellement
découvert ; — Satjra Menippœa ,
somnium ; il y tourne en ridicule
rtains littérateurs de son temps ,
f surtout les poètes lauréats; — Cn
Ualogue sur la bonne prononciation
û(' la lanque latine. = l.e second vo-
lume offre la correspondance de
IIP 55 î
Juste -Lipse : Ceniwim y mUe^
laneop ; — Centuria sinjatUfis md
halos et Hispanos ; — Centuria ad
Gcrmanos et Gallos ; — CerUurim
m ad fk'lgas ; — EpisloUca InS'
titutio. Nous observerons rfue P. Bur-
man a consacré le premier vobime,
et une bonne partie du second de
sa Srlloge epistolantm ( 5 ^^lumen
iu-4'^« ) t ^ Ia correspondance, es
partie inédite , de Juste-Lipsc : dans
une des lettres de ce recueil , datée da
10 octobre 1587 , Lipse donne à en-
tendre qu'il gardait rarement copie
de ses lettres; sur quoi Burman le
dément dans la note , et assure que
deptiis i58o, il n'y manqua point.
Antoine Brun a donné , à Lyon
iG5o,iu-i'j : Choix des/ép'.tres dû
Juste-Lipse^ trad. en franc. = Le
troisième volume roule sur rhistoire
sacrée et profane et les antiquité
romaines : De Militid romand libri
V ; — Poliorcetieùt'» , sive De ma-
chinis , tormcntis , telis , libri v j
— Admiranda, sive de magnitu-
dine romand, libri iv; — Sattima'
Hum sennonum , sive de ç^ladiatori'
bus , libri 11 ; — De Amphitheatro ;
— De Amphitheatris extra Romam:
— De F esta et f'estalibus ; — De
Bibliothecis sjntagma. M. Pcignol
a traduit ce petit traité dans son
Manuel bibliographique. — De Cnice
libri III ; — Diva virgo HaUensis ;—
Diva virgo Sic/temiensis ; — A'H'tf-
nium sive oppidi et academiœ des»
criptio. = Î/C tome 1 v , consacre k la
philosophie morale et a la |>olitique,
contient priiici|Kileinent : Politico»
rum , sive civilis doctrimr , libri iv.
(Hiclques inoU contre l'inquisition
espagnole , qui se trouvaient daa«
les premières éditions , ont dispani
dans les suivantes. />e und relipotte^
adversus dialogistam. Il faii suite
j^u précédent. V oyei plus haut Oi
556
LIP
ouvrage a etë traduit en français par
Le Ber, sieur de Malassis, Larochelle,
iSgo , in-8^. — Monita et exempla
jfolitica y lihri ii ; traduits en fran-
çais , par Nicolas Pavillon , Paris ,
1606 , in-8^. — De constantid , li-
hri II. François Raulenghien (^«^Ad?-
lengius ) , bon juge en cette matière ,
dit que dans la supposition qu'elle
leur eût survécu, cette production de
Juste-Lipse . inspirée par les mal-
heurs dont il voyait sa patrie être
l'affligeant théâtre, l'aurait consolé de
la perte de toutes les autres: c'est une
espèce d'entretien entre Lipse et
Charles Langius ; il y célèbre , entre
autres , la culture des Jardins , comme
un précieux remède à la mélancolie.
Delà Grange, avocat au parlement, en
a publié une traduction,àParis,i 741^
in- 12 : il en existait une antérieure.
Nous connaissons un exemplaire ex-
trêmement curieux de ce petit traité.
Guillaume Barclay ( Fofez Bar-
clay ) l'avait fait intercaler de
papier blanc , et il l'avait converti
en son Album ainicorum. Une cin-
quantaine d'hommes distingués ,
de son temps , ont honoré cet Album
de leur signature ; nous ne nomme-
rons que Gasaubon ( Isaac) , Delrio
( Martin ), Dousa ( François ), Lipse
(Juste), Lemire {Auhert) , Pute anus
(Ericius), Rubens (Philippe) , f^ou-
weren (Jean de), Moret (Balthasar).
Guillaume Barclay lui - même rend
compte de sa détermination en tête
du volume. M. Barbier possède cette
curiosité littéraire. — Manuductio ad
philosophiam stoïcam , libri m. —
Physiologiœ stoïcœ libri m. La Mo-
rale des stoïciens , que Lipse avait
projetée, n'a pointparu.=:Letom. v
contient , le Tacite avec le commen-
taire de Juste-Lipse , qui passe pour
être son chef-d'œuvre ; il savait cet
Mstoiien par cœur , et lui avait cou-
UP
sacré une grande partie de son temps
pour l'étudier à fond. — Notes sur
Felleius Paterculus. =?=ï=Le tom. vi
renferme les œuvres de Sénèque le
philosophe, dont il avait fait aussi
une étude spéciale. Plusieurs des 5i
articles mentionnés par Niceron ,
ne se trouvent point dans le recueil
de ses œuvres que nous avons sous
les yeux ; tels que De magistj'atibus
populi romani,^et Deveteriscriptur
romanorum , Amberg , 1 608 , in- 1 2
— De re nummarid breviarium
publié par Jean Rbodius , Padouc
1 648 , in-8". — Ses notes sur Martial
sur Florus , sur Suétone , sur Catulle,
Tibulle et Properce , sur le Pervigi-
lium Feneris. — Sa Laus elephantis;
son Auctarium ad Smetii Inscrip-
tiones antiquas ; son Episiola de^
libéralisa au bellum , pax vel in-
duciœ Hispano in Belgio prœs -
tent, Francfort, 1609, in-8°. , et
Leyde, Elzcvier, i634, in-i6;ses
poésies latines posthumes , recueil-
lies contre ses ordres , par François
Sweertius , sous le titre de Muscs
errantes, xAnvers , 161 o , se trou
vent aussi dans les Deliciœ po'é"^
tarum Belgicorum , tom. 3 , p. 3o
368. Lipse a désavoué les Orationei
VIII, publiées sous son nom à léna
en 1607 , et en particulier celle Di
duplici concordid litterarum atq^
religionis. Voyez, Miscell. Epist,
centuria iv , cp. 68. Il n'est guère
possible d'écrire sur tant de sujets ,
et de ne pas se rencontrer quel-
quefois avec ceux qui nous ont de-
vancés dans la carrière , ou qui la
parcourent avec nous. Saint Jérôme,
sur cet endroit del'Ecclésiaste , Nihil
sub sole noi^um , cite ce mot , plus
plaisant que charitable , de Douât ;
Pereant qui anle nos nostra dixe-
/^MMf .^ Lipse a été accusé de pi agiat par
Muret, par Pierre Fabcr, etc. U faut
LS
Si ,
>u-
ia«
i
LIP
ir à ce sujel Thomasius dans son
tiailc De Pla^io litterario ; el Cre
nius , Animadv.pfùlol. el hiitoricœ ^
fascic. VII. P. Burma M .S)//, epist.
t. I , p 03 1. Lipse orclohiia par son
testament , que , hors une partie de
sa correspondance , on n'imprimât
aucun de ses manuscrits ; et en effet,
à l'exception de ses poésies latines ,
on n'a guère publié de ses œuvres
posthumes. Son traité De re tium-
marid se garde en manuscrit à la
bibliothèque de Besançon. — Nous
ignorons quel rapport a pu avoir
Juste-Lipi>e avec David Lipse qui
était d'Isque , comme lui , et qui
nous a laissé un traité latin sur
l'hydropisie , imprimé à léna en
i6'25 , in - 8°. , et réimprimé en
16-78. — Uû grand oncle de Lipse ,
nommé Martin Lipse , iiéà BriixcUcs,
fut chanoine de Saint-Augustin , et
supérieur d'un couvent de religieuses
près d'Huy , dans le pays de Liège :
il s'occupa beaucoup de littérature
tl spécialement de littérature sa-
crée ; et l'on croit qu'il se rendit
fort utile, parla collation des manus-
crits, aux éditions de Saint-Hilaire et
de Saint- Augustin, qui se firent de son
temps. On lui attribue l'édition des
Srmjnachi Epistolœ , publiée chez
Froben, Baie, 1549, i»-^°-; ^on
nom n'y paraît cependant que dans
la dédicace , qui est de Sicismond
Gelenius , et où ce savant dit avoir
tenu ces Lettres de lui. On le cite
également comme ayant travaillé sur
Macrobe , comme avant publié Chro-
mât ii homiliœ , et retouché la gram-
maire de Jean Custos. Il était en
correspondance avec Erasme ; et
dans le recueil des lettres de celui-ci,
il y en a cinq qui lui sont adressées.
Erasme le loue de son zèle pour la
littérature sacrée. Martin Lipse mou-
rut en i555. Soaépitaplie, rappor-
léc dans Fop|)ciis , détaille
faslucuscracut ses titres littcraires.
LÏRIS ( LeP. UORABDDU ),
religieux récollet, né k Eynioufîrr«
en Pcrigord, est connu p.ir i .
pute qu'il eut avec J. B. M
touchant la manière de détn
les longitudes en mer. Ayant «
ployé dans les missions du Cjh i i . .
il prétendit qfue , durant le trajri, il
était parvenu à déterminer les longi>
Indes, au moyen d'un globoqu'il nom-
mait Globe hauturier. Cette préten-
tion était très-mal fondée ; mais il
disait , en passant , quelques réritës
dures à Morin , qu'il rangeait dans
la classe des astronomes pap^racès,
c'est-à-dire, qui ne font de l'astrono-
mie que sur le papier. Après s'être iji-
juriés l'un et l'autre dans des ouvra*
ges qu'on ne lit plus. Du Liris el
Morin finirent par se réconcilier.
( Voyez VHist. des mathématiques,
t. II, p. 337. ) On connaît du P. Du
Liris : L Le secret ou la théorie des
longitudes y etc. Paris , 1647 , in-4**.
Morin publia la réfutation de cet ou-
vrage, et n'eut pas de peine à prou-
ver que le P. Du Liris éuit un peu
neuf dans les sciences mathémati-
ques. ( /^q^'. J. B. MoRipf. ) Dti Liris
lui répondit par son Apologie , etc.
1G4B, où il raisonne un peuplas
exactement que dans son premier
ouvrage. Cette apologie mit Morin
eu fureur , et il y fit une réponse
remplie d'invectives si grossières
qu'on serait tenté de croire une le tort
était de son côté. H. Ejméméndm
maritime, pour obser>cr en mer U
longitude et la latitude; avec un nou-
veau moyen de perpétuer l'éphémé-
ride du soleil , |>our avoir toujours
sa déclin ' '«)55,in-fol.
Il s'y ati . ment à ont
méthode graphique de déterminer
5^$
IJPv
la longilude du lieu par des observa-
tions de la lune, sans connaîlre ni la
parallaxe ni la réfraction de cet as-
tre. Cette me'tliode est inj^enicuse;
mais la pratique en est diilicile sur
mer, et elle a le défaut de toutes hs
méthodes grapl]ic[ues, qui ne sontsus-
ceptibles de précision qu'en the'orie.
( F. le F'ojage de Courtanvaux, p.
i3. ) On ignore l'époque de la mort
du P. Du Liris ; on sait seulement
qu'après avoir prêché pendant quel-
que temps , il devint gardien du cou-
vent de Saiut-Amand , en Limousin.
W— s.
LIRON ( DoM Jean ) , savant be'-
nédictin de la congrégation de S.-
Maur, né à Chartres en i665 ;
embrassa la vie religieuse à l'âge
d€ vingt ans , et fut appelé à Pa-
ris , où il connut D. Lenourry , qu'il
aida à terminer son Apparatus ad
Biblioth. SS. Patriim. ( Voy. Le-
nourry. ) Il obtint ensuite la per-
mission de fixer sa résidence à la
célèbre abbaye de Marmoutier, dont
il mit en ordre les archives , précieu-
ses par la quantité de pièces origi-
nales qu'elles renfermaient sur no-
tre histoire. Il passa ensuite au
Mans , et mourut en cette ville , le
ï^'\ juillet 1748. On a de lui : L
Apologie pour les Armoricains et
pour les églises des Gaules ^ Paris,
I70(S, in-i^2. Il y soutient , contre
l'opinion de D. Lobineau, que les
Armoricains ont reçu les lumières
de l'Evangile avant la descente
des Bretons dans leur pays ; mais
D. Lobineau, à qui il communiqua
son ouvrage avant de le publier,
fit disparaître de son Histoire de
Bretagne les passages critiqués par
D. Liron , et l'accusa de mauvaise
foi dans ses citations. La ruse de
D. Lobineau fut enfin découverte ; et
I'qh conserve encore, dans quelques
LTH
bibliothèques, des exemplaires dcsou
histoire, non cartonnés ( f^oj. Lo-
bineau ). IL Dissertation sur le
temps de V établissement des Juifs
en France ) où l'on examine ce que
Basnage a écrit sur cette matière,
ibid. , 1708, in-8^. Basnage lui ré-
pondit dans la préface de la seconde
édition de son Histoire des juifs ;
mais D. Liron ne se tint pas pour
battu , et il lui répliqua par ui
nouvel écrit , inséré dans le tome
des Singularités historiques , doiî
on parlera tout à l'heure. III. Disi
sertation sur Victor de Vite , ave.
une nouvelle vie de cet évéquei
Paris, 1708, in-80. IV. Questii
curieuse , si l'Histoire des deu*
Conquêtes d'Espagne ^ par Abul-
cacim Tassis Abentarique est un
roman, ibid. , 1708, in-S*^. : il y
soutient l'affirmative. V. Les Amé-
nités de la critique , ou Disserta-
tions et Remarques nouvelles sur
divers points de l'antiquité ecclé-
siastique et profane ^ Paris , 1 7 1 7 ,
'2 vol. in- 1*2. Cet ouvrage estime
paraît avoir été entrepris pour i*ele-
ver les erreurs échappées à Tilie-.
mont dans ses Mémoires. VI. Singu
larités historiques et littéraire s\
Paris, 1734-40 , 4 vol. in-i2. C'ei
encore un recueil de remarques
d'observations critiques sur un granj
nombre de points de l'histoire civill
ecclésiastique et littéraire : il y réfuf
successivement , D. Lenourry , qt
voulait enlever à Lactance le fameu^
traité De la mort des Persécuteui\
Larrey , D. Calmet , Sirmond , Ba
luze , Leclerc , Basnage, Lacrozc,
D. Martène, etc. On trouve aussi
dans cet ouvrage des renseigne-
ments curieux sur des savants peu
connus , du moyen âge. VIL La
Bibliothèque chartraine ou Traité
des auteurs et des hommes illustres
Lia
de V ancien MncèS de Chartres, etc.
! I*aris, 1711), in-4**. U avait ir.jbord
iulilule cel ouvrage : Bibliothapie
générale des auteurs de Fratwe ,
ont la Hibliothèfjue chartraine [or-
mail le livre i«r. ; et il en promet-
tait une suite, qui n'a point paru.
Ce volume , rédige sur un plan nul
conçu , contient beaucoup de dé-
tails inutiles ; et la plupart des ar-
ticles sont superficiels et inexacts :
. été critiqué p.ir D. Lecerf , dans
Bibliothèque des Ecrivains de
Congrég. de St. Maur. On at-
i.iljue encore à D. Liron : Disser-
tation sur un passage du second
livre de St. Jérôme contre Jovinien,
édtéédans toutes Us éditions, et
(jui est rétabli dans sa pureté ori-
ginale y Paris , 1700 , in-8^.; nouv.
édit. augmentée d'une Béponse aux
objections de D. Martianay, ibid. ,
1707, même format. On croit que
D. Liron est un des principaux
auteurs des premiers volumes de
, ï Histoire littéraire de la France ,
Paris, 1738 et années suiv. W — s.
LIRUTI( Jean-Josepu ), anti-
quaire , né à Villafreda , dans le
Frioul, au commencement du iviii*^.
siècle, avait de la fortune, et em-
ploya la plus grande partie de ses
revenus à se former un cabinet,
l'un des plus considérables qu'un
particulier ait possédé en Italie.
La société Colombaire de Florenc»
lui ouvrit ses portes; et cet exemple
fut suivi par les autres académies. L'é-
tude des monuments , des médailles ,
«t les recherches littéraires, partagè-
rent tous les moments de sa vie. Il
mouruten 1780 dans un âge avancé.
Onadelui; 1. Délia moneta propria
e forestière ch'ebbe corso nel diuato
ai Friuli dalla decadenza delV irn-
perio romane sino al secolo Xf^,
Dissertazione , Veuist , vi-4°' ûg- /
1749. Arj»rlali l'a iits<frë dan» U
Collect. dissertat.de mnneti s Itnlur^
tom. Il, pag. 7i-iH:>. II. De u-rvfj
medii œvi in foro Julii tJisseï 1
Rome, 17 5i, in 8". Ilyabr.ii
d'érudition dans crtle pièrc. (ion l'a
insérée dans les Srmbol. litterar.
opuscul. varia, tom. iv de la se-
conde décade. III. Notizie délie
vite ed opère scritte da litterati
del Friuli, \cmsc, i^f>o-8o, 3 voL
in-4°. On y trouve lieaucoup d'a-
necdotes et de recherches curi< n . ,.
IV. Notizie di Gemona antica . ;
del Friuli , Venise, 1771 , lu-^o.
Le Diction, historique de Rassano
lui attribue une Histoire du Frioul,
eu italien , 5 vol. in-S**. W — s.
LISCOV ( CoRÉTiErf- Louis ) ,
satirique allemand , naquit dans le
Mecklenbourg, au commencement
du dix-huitième siècle. Après avoir
étudié le droit, il dirigea 1 éducalioa
des enfants d'un riche habitant de
Lubcck, et fut placé, en 1738, dans
une autre maison , en qualité de se-
crétaire. Il vécut aussi à Dresde ;
mais quelques épigrammes contre
des f;ens en place, l'eu firent exi-
ler. Il passa en Sdxe ses dcrnièrcJ
années, et y mourut en 1760 , dans
une prison , où il était détenu pour
dettes. Liscov n'est guère connu qut
f)ar ses satires : elles panircnt , pour
a première fois, en 1739, à Franc-
fort, sous le titre de Becueil d'écrits
satiriques et sérieux , dont Muchlcr
publia une secoode édition avec
quelques changements. Ces satires
sont dirigées contre des ëcrivains
fort ridicules, surtout contre Sievcrs
et Philippi, et contre les sols dt
tous les genres et de toutes les classes.
L'auteur excellait dans l'ironie ; et
quelquefois il écrase M TÏctiroe sous
le poids de son sarcasme. Ou n'en
peut rien inférer contre la bont« d«
56o
LIS
son caractère , qui était suffisam-
ment connue ; et parmi les témoi-
gnages qui en ont été recueillis , ou
doit citer sa générosité à l'égard de
Philippi , qui avait éprouvé des mal-
heurs , et auquel il fit parvenir des
secours. Liscov a été souvent com-
paré à Rabener. Mais plus fécond et
plus original , il est aussi plus mor-
dant , et a un esprit plus philoso-
pLique. Pour avoir une idée juste du
mérite de Liscov , comme écrivain ,
il faut se reporter à l'époque à la-
quelle il commença sa carrière lit-
téraire. La langue allemande était
loin d'être fixée j et l'on ne connais-
sait même pas sa richesse et l'étendue
de ses ressources. Le latin était en-
core le principal moyen de commu-
nication entre les savants. L'école
de Gottsched commençait , et avec
elle le progrès de la langue alle-
mande , mais en même temps l'in-
fluence trop absolue de la littérature
française. Liscov, dès 1730, sut
donner à sa langue une pureté et
une correction dont on n'avait pas
encore l'idée , et qui a été à peine
surpassée par les écrivains de la
brillante époque. Il fut pourtant
bientôt négligé , et son nom main-
tenant n'est prononcé que rarement
dans sa patrie ; ce qui ne peut s'ex-
pliquer que par la nature de ses tra-
vaux , tous en prose, et roulant sur
des sujets qui ont perdu leur plus
grand intérêt. D — u.
LISLE ( JeanTroins de ) , aven-
turier provençal , était natif de
Sylassez, près de Barjaumont. On
prétend que , dans sa jeunesse , il
«uivit , en qualité de domestique ^ un
alchimiste qui , fuyant la persécu-
tion , se retirait en Suisse , et qu'il
assassina son maître dans les mon-
tagnes de la Savoie. Ce fut vers
Tau 1690; et DeLisle pouvait avoir
la
i
LIS
vingt-huit ans. if s'empara de la
cassette du pliilosophe, dans laquelle
était sa poudre transmutatoire , et
rentra en France, déguisé en ermite.
Il passa quelques années dans un
commerce illicite avec une femme
de Sisteron, donl-il eut un fils, et
commença, verslafinde 1 70.5, à fixer
l'attention publique , par les projec-
tions qu'il faisait assez indiscrète-
ment. Il demeurait alors au château
de la Palu. On trouvera , dans le
second volume de V Histoire de la
■philosophie hermétique , de Lengl
Dufresnoy , les nombreux certificaj
qui constatent la réalité de ses trar
mutations. C'étaient du mercure ,
plomb , des clous changés en or ou
en argent , des clous , des couteaux
moitié argent , moitié fer. De Lisle
ne pouvait travailler, disait-il, que
pendant quatre mois de l'été ; et \
quand on les lui otait, on lui faisait
tort d'une année entière. Quant aux
prétendues recettes que l'on trouve
dans le même ouvrage , et aux vertus
merveilleuses de la Lunaria, il suffit
d'avoir les plus légères connais-
sauces en chimie pour en voir
futilité. Le bruit de ses opératio:
étant parvenu à la cour , il reçi
ordre de venir à Versailles j e
comme il différait de s'y rend
sous différents prétextes , l'évê
de Senez ( Soanen ) le fit enlever
lettre de cachet, en 171 1. Les
chers qui le conduisaient, persuad
qu'il portait de grandes richess
résolurent de le tuer : pour cet effè
ils lui donnèrent occasion de s'évi
der, puis tirèrent sur lui ; mais ils I
cassèrent seulement une cuisse. Il fi
conduit en cet état à la Bastille,
l'on voulut en vain le faire opéri
Il avoua qu'il ne possédait pas le sj
cret de la poudre transmutatoire
mourut le 16 janvier 1 7 12^ des suit
1,1*5
<,a Mcssnrc, qu'il avait lui m^mc
xeiiiniëc. LVvèquc de Scne/. qui
vait accompagne à Paris , rt qui
\liorta inutilement à recevoir les
ours de la reiij^ion et à dévoiler
6on procède , était persuade qu'il
, avait réellement le secret tic faire de
Ter , et que s'il ne réussit pas à la
Bastille , c'est parce qu'il ne voulut
^ réussir. ( P^ic de Jean Sounen ,
. "io, in-8° , pag. 60-C4. ) D. L.
LISLE(De). Foy. DELISLE.
LISLE ( Jean-Baptiste Isoard
) , connu aussi sous le nom de
DcUsle de Sales ^\\\n des écrivainsles
plus féconds du dix-luiiticmc siècle,
(juit à Lyon, en 1743. Entre fort
me dans la congrégation de l'Ora-
luire , il eu sortit au bout de quel-
ques années, et vint à Paris, cultiver
\ j la littérature : il avait déjà pu])lié
î plusieurs ouvrages, qui , malgré son
désir ardent de célébrité , l'avaient
fut à peine connaître hors du cercle
ses amis, lorsqu'une circonstance
;>révue fixa tout-à-coup sur lui
itention publique. Son livre inti-
' : La Philosophie de la nature ,
1 ulait obscurément depuis plu-
i iirs années , lorsqu'un magistrat
/lé avant eu occasion de le lire,
l'ayant trouvé aussi irreligieux
1 mmoral , le dénonça au Chàtelet ,
liime renfermant des principes
iigcreux. L'auteur, l'abbé Chré-
1 censeur de l'ouvrage) , l'im-
iineur et le libraire, furent aussitôt
rétés d'accusation. De Lisle futar-
• et condamné au bannissement
péluel : il se rendit appelant de ce
L'mcut, dont ses adversaires eux-
uics blâmaient la sévérité (i) , et
lit la permission de recevoir dans
"iiver» d«i patt'riil»ril'-i int''iri»"«tit"i
» , liant lc( Méi' oirfs ti-i fi . . •'• '«
\t% l'iirc», «t Jan< le* A'.>.^h$ lu-
XXIV.
LIS ';.;,
»a prison la visite d«t |)enf.r.i,f<
qu'intéressait sa discrlrc. (
pour lui roccasion d*un tr
triomphe: %^ chambre rfut . .,1 v
tamment remplif d«'5 [M-rsoi.iuN 1. .
plusdistir I leur nai.v%an'r
ou par l< is; el comme il
n'était pas riche, on ouvrit m >:i
faveur une souscription (1) : m^i^ il
^e piqua de désintéressement, 1 - 1 1 ,
les secours qu'on lui offrit, et di lu
bua aux prisonniers l'argent qui lui
fut adressé sous le voile de l'anoi.y-
me. G?pendant le Parlemcfit cassa la
sentence du Ch^tcfet, sur les cmm ! 1
sions de l'avocat du roi, qui v.
tenta d'inviter De J,isle an
plus de circons|>ection. Il (1
aussitôt à Ferney remercier \ ol-
laire de l'intérct qu'il lui avait té-
moigné; et le philosojdic lui pro-
posa de se retirer à la cour du
roi de Prusse, où il pourrait écrire
avec plus de liberté. De Lisle. a pris
avoir visité l'Allemagne , se r. liii
eflcctivement à Berlin; mais il pjr.*lt
qu'il n'y fut pas accueilli comme il
l'avait espéré ; car il revint bientôt a
Paris, essayer de ramener sur lui
l'attention du public. Il entrait dans
sa destinée de ne devoir cette cc1<
brite qu'il ambitionnait si vivement,
qu'à des circonstances très - iiub
irite m
u'à a( .
pendantes de son talent. Ainsi ,
pendant près de qiiinn* année* .
il eut la facilité d-
obstacle , mais sans
dre intérêt , des r«
des romans . des 1
pièces de '
pour iiini
àdev
au fil...:. , .^. ...--.
1) VoJ<«ii» «Tait «euvctit
fr.. ,,è
• •« : «K'.uii
36
^'6î
LIS
Vauteur de la Philosophie de la
nature ; ou s'obstinait à ne point les
lire. Il mit au jour , en 1791 ,
Ma République , conception dont il
avait sans doute une très-haute idée ,
puisqu'il en fit les honneurs à Pla-
ton, se contentant modestement du
titre d'éditeur ; mais le nom même
du philosophe grec ne put fixer un
instant le public. De Lisle de Sales
voulut faire reimprimer , en i -^93 ,
cette nouvelle Utopie, dont il avait
change' le titre en celui à!Eponine :
il n'était pas alors sans danger de
débiter des lieux communs de tolé-
rance, puisque c'était faire la criti-
que des hommes qui venaient d'u-
surper l'autorité. Cette considéra-
tion ne l'arrêta point j et il fut en-
fermé à Sainte-Pélagie , ou il eut
tout le loisir , pendant onze mois ,
de regretter le temps de sa prison
au Châtelet. La i-évolution du 9 ther-
midor lui rendit la liberté; et il se
lia ta de publier la Philosopliie du
bonheur j ouvrage qu'il avait composé
pendant sa détention. Il fut nommé
membre de l'Institut, lors de sa for-
mation^ et il communiqua un grand
nombre de mémoires à la classe de
morale dont il faisait partie : ils fu-
rent écoutés par ses confrères avec
l'indulgence que commandaient son
âge et le choix des sujets (i). De
liisle osa seul , après le 1 8 fructidor,
prendre la défense de quatre de ses
collègues (MM.de Fontanes, Pasto-
ret,Garnot et Sicard) exclus de l'Ins-
titut par une décision du directoire,
et il réclama, dans plusieurs écrits ,
1 indépendance des corps savants :
cet acte de courage lui fait honneur;
et il faut ajouter à sa louange , que
(i) Les mémoires his par De Lisle, à rinstit.it,
«e sont iiiséié» dans les recueils tlela classe que
par extraits , qu'on l'avuit chargé de faire lui-
«lome , aiiu de ménager sa susceptibilité.
LIS
malgré les aberrations , quelquefofî»
un peu fortes , dans lesquelles il est
tombé, il manifesta souvent son pen-
chant pour le gouvernement monar-
chique, qu'd regardait comme le seul
qui pût assurer le bonheur de la PVaii-
ce. Retiré dans sa famille , il vivait
entouré de livres dont il avait for-
mé une collection plus considérable
que ne le permettait l'état de s*
fortune ( i ). La lecture , et la socié-
té de quelques amis de choix ,
étaient ses seules distractions. A
l'âge de soixante-douze ans , il s'a-
visa de se remarier , et épousa la fille
de l'espagnol Badia , connu par ses
voyages publiés sous le nom à'Jfli-^
Bej. Il écrivit jusqu'au dernier mo-
ment, et mourut à Paris , le 22 sep-
tembre 1816. Contre l'usage, aucuq
membre de l'Institut n'a prononcé
d'éloge sur sa tombe. De Lisle de
Sales n'était dépourvu ni d'esprit ,
ni d'instruction; mais il fut égaré
par la manie des systèmes et par unç
imagination trop vive : aucun de ses
nombreux ouvrages ne paraît des-
tiné à lui survivre. Il avait de ses
talents l'opinion la plus exagérée , et
il en parlait souvent, ainsi que de$
qualités , plus réelles , de son cœur ;
aimant à répéter : Ma douce phi-
lantropie Mes folies du bier^
public à la Saint - Pierre. . . , Ma
boidiomie. . . . Mes innocentes cari
(i) Sa bibliothèque, composé'» d'environ 36,009
Tolnmes, occupait quinïe ou seize pièces d'u
maison, dont «es revenus ne suffisaient pa
dit-on , pour payer les loyers. Il se flattait df
la vendre çn masse à quelque prince étranger
et avait pour cela fait paraître en i8io et iSii
sous le titre A^^nalyse du Catalogne: , etc. , ui
aperçu de cette collection inestimable , dont il
portait modestement la valeur à environ deul
cent mille francs. Il avait f.iit imprimer uji
grand nombre de titres p.articulicrs, pour se fair^
des exemplairet uniques, et réimprimer quel
ques numéros intronvables de certains journaux
Cette collection , dont il faisait d'ailleurs ne
^rand mystère, et qu'il ne montrait qu'à
intimes amis, ne produisit à sa rente, en iSl^^
qu'euviron trente mille francs.
catures. Celait de la rafilleiire fi)l
du monde qu'il se playait sur U
même lijïne que les plus grands
philosophes de rantiquifc. On sait
qu'il avait dans son ap])artemenl son
buste en marbre blanc , avec celle
inscription :
Dieu, riiomnic^U mtiire ,îl a tont expliqué.
t.*un de SCS collèj^ucs à l'Institut (on
croit que c'est M. Andricux ), ayant
découvert cette espèce d'apotlieose ,
y ajouta ce second vers :
Mai» personne aTsiit lui ne IVrail remarqué.
De L.sle lut rcpigramme,eî, au lieu
d'en rire, y repondit très-sc'rieuse-
ment : sa colère amusa un instant ;
mais plusieurs années après, il es-
saya de repousser le ridicule auquel il
s'était exposé , en déclarant « que
» son buste était relégué dans le
» fond de sa bibliothèque , drapé à
» l'antique , n'otliant à l'œil qui
« n'est pas inilié , que l'image un
» peu fantastique d'un Zenon ou
» d'un Anaxagore. » ( Essai sur le
Journalisme , p. 2o5. ) M. Beuchot
a donné , avec son exactitude ordi-
naire , la liste des ouvrages de De
Lisle,dansle journal de la Librairie,
année iSi'],j). 'ii^et 2i8, et 1818,
p. 543. ) Ou y renvoie les personnes
qui voudraient connaître toutes les
productions de ce fécond écrivain ;
et l'on se contentera de citer ici
celles qui présentent le plus d'in-
térêt, ou qui peuvent donner lieu
à quelques remarques critiques :
I. La Bardinade ou les noces de
la stupidité y poème en dix chants ,
Paris , 17G5 , in-8«. De Lisle a dé-
savoué ce poème ; mais il en est
Certainement l'auteur : il déclare
qu'avant de le commencer , il ne
connaissait pas la Dmiciade de Pope,
i«t que de tous les écrivains vivants,
fl n'a nommé que Fréron , qu'il rc-
.,JJ
gnidaii comme t - ^ •,
la société. Otoin
dans des ititenliuis 1
point eu de sucrés. II.
historique de chasse
ibid. i7(k), '2 vol.in-î
des articles instrurfifs e\
mais un Lien plus rrrand ,
d'inutiles ; et l'ouvrage est crrii de
ce style emplntiqne , qtic De Li.sic a
conservé dan-j toutes ses produc-
tions. III. La Philosophie de la
nature , ou Traité de morale pour
l'espèce h.-maine, tiré de la philoso-
phie , et fondé sur la nature. Cet
ouvrage , le seul dont l'auteur fût
fier , et le seul aussi qui ait eu une
vogue passagère, n'était dans le prin-
cipe qu'un embrj'on , (pii par des
améliorations successives s'est accru
d'une manière étonnante : la dernière
édition , Paris , 1804, est de 10 vol.
in - 8". Linguet , qui a apprécie
cet ouvrage avec impartialité , dit ,
« qu'on y reconnaît partout une
» ame exaltée , mais honnête ; im
» style vif , mais peu formé; des ré-
^) miuiscences , des idées délayées,
y> et trop d' dmiration pour ce li-
» bertinage d'esprit , f[\\c l'on appelle
» aujourd'hui philosophie. n[.4nnal,
littèrair, , tora. i •••. ) ( i ;. Si l'on en
croit De Lisle, cet ouvrage a e'tc tra-
duit en espagnol par Nunez de Ta-
boada , et imprimé à la barl>e du
Saint-Office , par Ibarra, en 180O,
au nombre de huit mille trois ccnti
exemplaires qui ont été distribués
en trèr-peu de mois. IV. //iitoire des
douze Césars, de Suétone, trad, en
franc. par H. Opheliot de la P aj«,
suivie de M élancée 5 philosophiques ,
1771 ,4 vol. in-S*. Le rédacteur d«
(|)L« rni a« P:
iui...
» ••m iIrnT» ém
36.
564 I^ÎS
Y Année littéraire met cette traduc-
tion au-dessus de celle de Laharpe.
( f^. ce nom. ) Cependant , il repro-
che à De Lisle d'avoir mulilë l'histo-
rien des Césars , et rejeté' dans les
notes les passages qui lui paraissaient
nuire à la rapidité de la narration.
Quant aux Mélanges, « c'est, de Ta-
» veu de De Lisle , l'imagination de-
» pourvue de goût qui les caractérise.
Puis , il ajoute : « je les effacerais de
» mon sang, si je ne prenais pas le
» parti plus sage de les effacer avec
» ma plume. » ( Hist. dujourn. p.
S1187 . ) V. Essai sur la tragédie, par
un philosophe , 1772 , in-S''. ; on y
trouve des idées singulières , présen-
tées avec celte emphase si naturelle
à l'auteur , et quelques vues judicieu-
ses sur la réforme du théâtre, etc. VI.
Paradoxes^ par un citoyen, Amst.
17 75,*?. parl.in-8°.;cerecueil est pré-
cédé d'une dédicace à M*"®, la com-
tesse de Vidampierre, dont plu-
sieurs passages, peu faits pour flatter
cette dame, annoncent un homme
étranger aux bienséances. Le volume
contient trois pièces publiées anté-
rieurement : la Défense de la philo-
sophie de la nature , un Essai sur
la liberté de la presse , où l'on ne
trouve que des idées vagues sur un
objet qui a occupé depuis , un grand
nombre de publicistes ; et enfin , la
Lettre de Brutussurles chars anciens
et modernes , que l'auteur aurait dû
intituler : Requête au lieutenant de
police , contre les cabriolets. VIL
Histoire philosophique du monde
primitif , quatrième édition, Paris,
'79^ > 7 vol. in-B*». , avec un atlas
de trente planches. Cet ouvrage qui
servait d'introduction à l'Histoire
des hommes, en a été détaché par
l'auteur, et augmenté successivement
de plusieurs chapitres : c'est un
•ystèiîi«.sur la formation du globe,
LIS
fondé sur les faits physiques , et in«
dépendamment de la révélation,
VÏII. Ma Bépuhlique , auteur Fla~
ton , éditeur J. de Sales , ouvrage
destiné à être publié en 1800, Paris ,
1791 , 12 vol. in-18; réimprimé
sous le titre à'Eponine, 1 798, 6 vo!.
in-80. IX. Mémoire en faveur de
Dieu , Paris , 1 802 , in-8°. : il se
proposait d'y réfuter la doctrine fu-
neste de l'athéisme : mais la sin-
gularité du titre parut une impiété ;
et plusieurs de ses propositions ,
contraires à la divinité de J.-Ch
ont été réfutées par Lecoz. X. Diffés
rentes Biographies spéciales : Ma
lesherhes, i8o3, iu-8^. — Histoire
d' Homère et d' Orjjhée, 1808, in-S".
— Les Eloges de Lafontaine , de Ca-
mus , de Montalembert , de Forbon*
nais et de Bailly.XI. OEuvres drama-
tiques et littéraires, Paris, i8o4-
1009 , 18 V. in-8". : il y a rassemblé
V Essai sur la tragédie , dont on a
parlé ; le Théâtre d'un sybarite , le*
Eloges, et le Fieux de la Montagne,
roman oriental , dont il changea le
titre en celui de Tige de myrthe et 13
Bouton de rose. XII. Essai sur U
journalisme, Paris , 181 1 , in-8«.;—
Défense de cet essai, ibid. 181 3^
in - 8**. Ce n'est pas , comme ou
pourrait le croire d'après le titre,
une histoire des journaux littéraires,
mais une défense de la Philosophie
de la nature , son ouvrage de prêt
dilection , contre les attaques des
écrivains périodiques : il place sur
la même ligne Laharpe , Grirara ,
Geoffroy et les principaux rédac-
teurs du journal des Débats. Sa mau-
vaise humeur perce malgré lui ; et
quoiqu'il ne le dise pas , on voit
qu'il regrette vivement de n'avoir pas
obtenu la plus légère mention dans
le rapport de l'Institut pour les prix
décennaux : il recapitule ses nom-
us
breux ouvrages, et il lespassf enrrme
aivec une complaisance inexprimable:
^ J'ai travaille , s'ecrie-t-il , non pour
mon siècle, mais pour les siècles. »
pendant, il n'y a aucun de ses écrits,
iiit , qui n'ait trouve beaucoup de
leurs ; Epomne a cte traduite en
i verses langues et même en fla-
mand ; le Fieux de la Montagne a eu ,
selon lui, le plus brillant des succès,
r!(\ Oncitera cncoredecet infatigable
< rivain : V Histoire des hommes^
f» 2 vol. in-i 1 , avec trois atlas iu-4".;
<leuxième édition , 53 vol. in-8°. ,
avec cent onze gravures: les quarante-
\d\ premiers volumes sont de De
j.isle, et comprennent r///5toirean-
aenne ; les autres ont été rédigés par
M. Mayer et L. S. Mercier. ( Foyez
«ussi LoAisEL de Tréogate.)De Lisle
a continué les Eléments de Vhis-
i nre de France, àeV Histoire d*An-
_ et erre , et de V Histoire générale ,
I>ir l'abbé Millot. Le Supplément à
L histoire de France, fut saisi en
1 8o4 , et tous les exemplaires res-
I ints eu magasin furent brûlés. Il
d également continué VHistçire de
I I révolution de France , par de Ber-
trand-Molcville, depuis le onzième
volume; et cette continuation, pu-
' iée sous le nom de l'auteur pri-
Uiitif , sans sa participation, a été dé-
savouée. Il est l'éditeur des Mélanges
di poésie et de prose , par M"»^. de
\ ida m pierre ; et du Recueil des
meilleures pièces de théâtre, faites
en France , depuis Jiotrou , Lyon ,
i78o,8vol.in-8". W-^s.
LISOLA ( Fbançois-Paul baron
DE ) , publiciste et négociateur célè-
bre, était né à Salins, en iOi3,
d'iuic famille noble i ). Après avoir
f,i) Le i>*r« d« 1 îiola -eiii qii*lifi* é<uyrr «■
iit^.tie aiir ce point, pire» qu« !"• Iil»cllulc»
(«4iir..n te •ont iittdch*»* I. i-p»»»»"»»' ••"•'*'•
• I» û»ri-ne l.» ba»-» »'«lr«ct. on. I/i»>it«'ir d* I A-
pii «M piéfdpotmrUi0ir« étUti/ùêr, i9a aM<*^'
US
565
termine set étuàm et prif Mt de-
grés à l'université de Dole , il
s'établit à Besançon , où il parUgra
ses loisirs entre la culture des lettres
et la profession d'avocat ( i ).II par-
vint, en i638, à se faire élire mem-
bre du conseil annuel , chargé du
gouvernement de la ville : mais son
élection fut cassée , parce qu'elle
n'avait point été faite librement ; ef
il s'enfuit en AH'^magne pour «hap-
)er aux poursuites dirigées contre
ui. Ses talents ne tardèrent pa5 à le
faire connaître d'ime manière avan-
tageuse. H n'avait que trente ans ,
lorsque l'empereur Ferdinand UI
le nomma son résident à la cour
d'Angleterre ; et il se conduisit dans
ce poste difficile, avec une prudence
qu'on aurait à peine attendue d'an
bomme consommé dans les affaires.
Il fut ensuite envoyé en Polocne , et
il signa, en i(i6o,le traité d'CMi¥a( 2):
Irtice iMtola { e'«âi oti« t^ruUlîon d« U
au verjuj) f ta fait daatanilra •\'\i> c»bir«n«r,
cl ajoula : • Quoi qu« voua r l>o«*
' B tlé|»'iia^r Tolia uem , et t». *•»•
• un mot italian , an *oua * '•»
• voua demeurare» Liaola on ".*«%
> i|iroti ae soii«i''i)<liâ Ja la p'* **
m la baaii nom qua prraonna n «< ^»»fil
• Toii». • ( fmg 8. Va daa ft^r.i d» l..io;« •tail
c).«ao<aa da la catha.lr.la da Baaaa^an . digailé
qui ,f »m ccnférait alora qu'à la «•l>UaM.
( ) Dana aa iaulMaaa, I.ia^U rampoaaU 4««
Tar» lian^ie Ou irauTa daa jltrtcn d« UI ••
d<rTaiit da la Sytiutnirr de J Mâu «t , »t «« tam»
nri k la louangr du f^nwd !-•• -f <•
\ Entrée de la rrinr-mére éa fl*i'
Il a «n outra putlié un Jh'f ' »•'
la mort de la prjnreae Clair< t.-g*'^', â»-
i&3i . »•-••.
faute d'Eipagne, X«»aa(«« , i434
^•1 L)>irant la nmiioii «n T^\
d- I
J.l,>
loi
fa.'.
!• ^araa
•I aue ce i">.c« i»»- tf.x'ii » > •' "> ' ■* '"V
d- ••courrr la roi .IK«p-«"». •"' **^"^'î*
Fra.M.rUh .,.|f«»t.a »» ?•"••;« "'^^V* *^
a«ita J»a«-C»a»-
Ut. t. Oxitlaawa .
566
LIS
mais ses intn;:^ues ne tardèrent pas à
le faire éloigner. L'empereur Lëo-
pold l'ayant nommé son ambassa-
deur en Espagne, il y conclut le ma-
riage de son souverain avec une des
infantes, et détermina Philippe IV à
envoyer en Flandre une armée desti-
née à s'opposer aux projets d'agran-
dissement de la France. Il joua un
rôle dans les discussions qui s'élevè-
rent au sujet des prétentions de Louis
XIV sur les Pays-Bas et le comté de
Bourgogne, et mit au jour, à cette oc-
casion, différents écrits qui eurent un
grand succès. Tous les écrivains aux
gages du ministère récurant l'ordre
de le réfuter. Le marquis deLouvois,
naturellement violent , était si fort
irrité contre Lisola, qu'il manda au
comte d'Estrades de le faire arrêter
à son départ de Liège , et de l'en-
voyer pieds et poings liés à Paris ,
ou de le tuer s'il faisait résistance.
(Voy. VAnn. litiér., 1760 , tom. i ,
pag. i85. ) Lisola signa, en 1668, le
traité avec le Portugal; et il eut part
à la paix d'Aix-la-Chapelle, qui fut
conclue la même année. Il fut accusé
d'avoir conseillé les mesures vio-
lentes prises à l'égard du cardinal de
Furstemberg , connu par son atta-
chement à la France ( Vojez Furs-
temberg , XVI, 167 ); et Tonne
voit pas qu'il ait songé à se discul])er
de ce reproche très-grave. Ce n'était
pas le seul que lui fissent les écri-
vains français ; ils le représentaient
comme un artisan d'intrigues , habile
à semer des défiances , et plus propre
a reculer la conclusion d'un traité
qu'à l'avancer ; d'ailleurs homme
vénal , n'écrivant ou n'agissant que
U'-Olivn, sons iirétexte que, par la mort (le Cliar-
les-Gustav , airi.ce 1p ati février lb6o , les
pleins pouvoirs des ministres Suedoisetaiei.tex-
çiies, mais les envoyés piouvèrentqiie c<ùs pou-
Tnirs étaient donné» iion-seiilement au nom du
ïloi, mais ciicoïe au uoiu du loy^uiuc, ij-»-^— ».
LIS
par jalousie , et ne se conduisant
que d'après les calculs d'un vil inté-
rêt. Lisola se détermina enfin à re-
pousser ces injures dans le Dénoue^
ment des intrigues du temps ^ ou-
vrage dans lequel il parle de lui à
la troisième personne , et avec une
modération qui prévient en sa faveur»
Il y soutient qu'il s'est toujours
exprimé dans des termes convenables
sur le compte du roi , et qu'il a cons-
tamment rendu justice aux qualités et
aux vertus de la nation française ; -
que c'est malgré lui qu'il a pris la
plume , pour répondre à des libelles-
injurieux à son souverain; qu'il n'a
jamais été guidé par des motifs de
haine ni de jalousie, et moins encore
par son intérêt personnel , puisque,
malgré les hautes fonctions qu'il
remplit depuis si long-temps , sa
fortune est si médiocre, qu'il se voit
obligé de solliciter une petite retraite
où il puisse passer en repos le reste
de ses jours , loin du tracas des
affaires. Lisola avait été créé baron
de l'Empire, et il aurait sans doute
été désigné pour assister au congrès
de Nimègue ; mais il mourut avant
l'ouverture des conférences. 11 est
bien étonnant qu'on ne sache point
d'une manière ])récise l'époque de l
mort d'un personnage aussi distin-
gué (t). Aujourd'hui qu'il n'existe
plus de préventions contre Lisola ,
on doit convenir qu'il avait beau-
coup d'esprit , de facilité , de péné-
tration et d'adresse. Pelisson a dit :
(1) M. Grappin fixe la mort de Lisola à l'an^
née ibrH. {^Hisl. abrégée du comté de Bourg.)-,
les auteurs de la hiblioLhèinu historique du
France , en 1G73, 1676 ou iG;?- La plupart de»
lexicographes ont adopté cette deriiièie époqin.'}
mais il paraît certain que Lisola était mort dans
les premiers iours de l'année ,675 (Voy. la Lellre
de Bayle À Minutoli , du ler. mai de tett»
même année), ou à la fin de décembre 16,4. Som
testament , (pi' il fit à son lit de mort , est dalé
de Vienne, le -zb décembre 1674. L« P. iJ»lt(it a
publié ce Teslameut , i(''i^ , iu-ia«
!
1
us
m qii*il avait seul conserve dans %ti
» ouvrages l.i vigueur de l'Espagne,
V morte el éteinte partout ailleurs. »
( Histoire de la Couqiœte de la
Franche-Comté. ) Baylc lui a rendu
plus de justice que ses autres con-
temporains ( I ) ; enfin l'ablie d'O-
livct l'appelle un homme illustre ,
et propose son exemple à ses compa-
triotes. ( Voy. Vllist. de l'acad.
anc. , page 867 ^ tome i , édition
-12. ) On lui a attribue un grand
nombre de libelles ('2); « mais ou
» lui en a donne plusieurs qu'il n'a-
>♦ vait pas faits ; artifice de libraire
»> pour donner cours à une méchante
» pièce. » ( Bayle , art. Lisola. )
Vos seuls ouvrages qu'on croie véri-
l)lement de lui, sont : I. Bouclier
liétat et de justice contre le des-
sein manifestement décom>ert de
la monarchie universelle , sous le
timin prétexte des prétentions de la
ine de France , 1667 , in- 12. Il y
iitientque cette princesse, ense ma-
int, n'a pu conserver aucun droit
ir les états de la maison d'Autriche;
cet ouvrage a eu une foule d'e'di-
nons , et il a été' traduit en espa-
lol , en italien , en allemand et en
iglais. 11 fut défendu de l'introduire
1 France sous les peines les plus
M-vcres (3) j et l'arrêt rendu cou-
(0 Bayle «'cil cependant égayé an •xi]«i de
la plume it LitoU, qu'il propoa** d"appendr« à
la Toùte d'un temple; •• ou de la poier arec
• grande cérémonie dam le trèinr pour la inoii-
• trer aux curieux , i peu pr*» comme l'oii mon-
» tre le miroir de Virgile et l'ép'^e de RoUad ,
• dunt le trésor de St.-lleaia. • ( LtUre à Xiau.
toli , déjà cité». ;
^a) • Ila'ettdonnéla joie darépai' ' '
• 1 Europe, loui lei nom» cmpriu.
» de BcAoraÉ , de l'ahbé nF.K!<rixi.
m de WoLpHAVo I «le» lib> '.;
■ toitt«* langues, pour dt
« ( rempriaoïiaement du c^-
berg ) . {R/filali' '
r> autres ont cru qur 1
• '!« 1" nam de WA»i
»« la Bihliolhrqtie hi.fur.>,-r „■ , «.>»i
^3,Laa Jùpagnala »• preuaiesl f •• Je«lM»«»*t p»*» <
US 'iG'J
tre le Mvant Ch/ Paiin , fui «i
partie fonde sur rr qu'il en avait
reçu un rxem?' ■i'^'- ''" |î,.m....i-
U. Suite du /A
de la reine trt y-t mrmunr . itKj-
iu-ia ; avec des addil. , iGfîB. C'est
une réfutation du Dialnmie sur les
dntits de la reine , elc, ifïl. I.e Pth-
litique du * ' //•
sur les m .
pour servir d'introducl ion à lu InpU
alliance, Charleville, lO^iJu-ia;
Coloçne, 1672, in-12; il id. franc.
et allemand, 1674. in \^. IV. Le
Dénouement des in temps,
167'!, in- ri II a pi... ., ... aient ea
vue , dans cet ouvrage, de se justifier
des reproches dont ses cni)emt<i ne
cessaient de l'accabler; il y parle
avec éloge de Louis XIV et ac ses
ministres. V. La Sauce au i^rjus
(souslenomdcFR.WAiu ';>-
logne, i674,in-i2 (i);î >ïS
réimprimée séparément ou daui des
recueils. C'est une réponse l^^•-vive à
M. de Verjus, ambassadeur français.
Parmi les autres ouvrages attribtir* à
Lisola on se contenlcra (1<
Lettre d'un gentiUi<nntn>- A
à MM, de Liège , M lut
vendue par ordre des n:..^..... de
celte ville: — La Sucd^ redressée
dans son véritable intérêt ; — V Eu-
rope esclave ; — V Empereur et
l Empire trahis y tic. W — ».
moins acr^rra «aur e*<(
llbaMaa fiartrala. On a
taii.' — ■'" ' .. .. '
de<
$m
us
LISSOIR (Remacle ), aLbë de
1 .1 Valdicu , ordre de Pre'montrc ,
naquit à Bouillon , le 1 2 février 1780,
et fut ëlevë par les soins du prési-
dent de la cour souveraine de cette
^ ille , qui l'avait pris en amitié. Ses
éludes finies , il entra à Tabbaye de
la Valdieu , au diocèse de Reiras , et
y fil profession en 1749. I^ès qu'il
fit prêtre , on le fit maître des no-
■\iccs, et successivement professeur
de théologie, prieur et enfin abbé en
I 766. Son premier soin fut d'aug-
laenter la bibliothèque du couvent.
31 mil au concours les cures à sa
Piomination, et établit une phar-
macie pour distribuer des remèdes
aux pauvres du voisinage. Dans la
même année qu'il devint abbé , il
])ublia un livre intitulé : De Vétat
lie V Eglise et de la puissance lé-
gitime du Pontife romain , Wurtz-
i)ourg (Bouillon), 1766, 1 vol.
iu-i "2. C'est un abrégé du Fehronius
de Févêque Honthciin , que Lissoir
dans son Avertissement qualifie de
second Gerson , aussi orthodoxe ,
(tus i savant ^ mais peut-être plus
hardi que le premier. Lissoir s'ap
propria l'ouvrage, le refondit, et le
rendit sien, comme il le dit lui-
même. Il assure qu'il a adouci des
c ipressions trop dures et qu'iU omt^
enticrement des sorties trop vives
contre la cour de Rome; mais il n'a
pas porté assez loin les corrections
cl les suppressions. Ainsi il soutient
avec Hontheim , contre nos auteurs
Lançais , que le pape n'a point une
juidiction proprement dite sur
toutes les églises; que la convocalion
des conciles généraux ne lui est
3 -oint réservée ; qu'un décret du
pape accepté par le plus grand nom-
bre des éveques dispersés ne forme
point un jugement irréfragable et
Idnah II essaie de répondre sur ce
LIS
diîrnier point aux arguments deBos-^
5uet , et ne voit pas quelle porte il
ouvre par - là aux disputes et aux
erreurs. Dans les deux derniers cha-,
pitres , il expose sérieusement les
moyens les plus propres à produire
un schisme dans l'Eglise : le tout est
accompagné d'expressions aigres et
offensantes pour la cour de Rome. Je
le dis sérieusement , dit - il , dans
son Avertissement, si fêtais théo-
logien ultra-mont ain , je n oserais
seulement sourciller en présence de
l'auteur d'Emile. Lissoir ne man-
quait d'ailleurs ni de connaissances,,
ni de talent. Il fut utile à son ordre ,
dont les chapitres nationaux l'a-
vaient nommé visiteur; il refondit les
livres liturgiques des Prémontrés ,
en surveilla la réimpression, et com-
posa, entre autres, l'office de la
translation de saint Norbert. Privé
de son abbaye lors de la révolution ,
il desservit la cure de Charleville,
sous l'évêque constitutionnel des Ar-
dennes , fut enfermé pendant la ter-
reur , et, après ces temps funestes,
vint dans la capitale , où il s'attacha
au Journal de Paris, comme rédac-
teur. Il assista au concile des cons -
titulionuels , en 1797; et l'on y
voit son nom comme député du
presbytère des Ar dennes. On lui fit.
même l'honneur de l'élire évêque de
Samana , dans l'île de Saint-Do-'
minguc : mais, soit qu'il sentît le
ridicule de cette élection , soit qu'il
prévît les dangers d'une telle mis-
sion, il ne fut point sacré; et l'on ne
voit point son nom dans la liste des
membres du second concile des cons-
titutionnels , en 1801. Après le con-
cordat , il obtint une place d'aumo-
nicr des Invalides, et il en exerça les
fonctions jusqu'à sa mort, qui eut
lieu le i3 mai 1806. C'était un
homme instruit , laborieux j attaché
1
t
I
s devoirs , et auquel il n*a man-
pcul-clrc que des idées plus
t tes sur 1rs règles du gouver-
ueuieat ecclésiastique. — Son frère
aUié (Théodore), bénédictin, a
donné une Tiil>le géographique du
^fdîijwloge romain, Pa is, 1776,
1 2. P— C— T.
LISTER ( MAnTI^ ) , médecin et
iiraliste , naquit à KadcliOc, dans
comté de Buckingham , vers
\S. Son grand oncle sir Martin
:er, médecin ordinaire deChar-
^ h'»", ^ commença son éducation ,
qui fut achevée au collège de Saint-
Jean à Cambridge. Il devint membre
o • ce collège, en 1660, par une
. I lonnauce de Charles II , et voya-
. ensuite en France , pour se per-
îionner dans les sciences médica-
. De retour dans sa patrie, eu
70, il se fixadans lecoratéd'York,
, ratiqua la médecine avec succès,
CL employa ses loisirs à l'étude de
l'histoire naturelle et à celle des
iquilés. Afin de poursuivre ses
licrches dans ces deux, branches
^ connaissances humaines , il en-
pr'a plusieurs voyages dans di-
>es parties de l'Angleterre, et
tout dans le nord. Ses travaux le
eut en relation avec M. Lloyd ,
ibcrvateur du Muséum Asbmo-
i à Oxford; et il curichit celte col-
: ( lion , de médailles , d'autels an-
"i jiics, et d'un grand nombre d'ob-
- d'histoire naturelle. Des mé-
ircs et des observations qu'il fit
venir à Lloyd , furent envoyés
. celui-ci à la société royale de
! »ndres , q«ù reçut Lister au nombre
ses membres. En 1G84 , il s'cta-
i dans cette capitale , et ifut bientôt
' membre du collège des médecins,
iiivit le comte de Poilland , qni,
I ^v >8 , fut envoyé comme ani-
i4r a la cour de France ,
US w.,
par le roi Gutllaume. En 1709 , il
fut nommé mr«lc(in rn ji^oiid dria
reine Aune, ri il mourut U* 1 fcvrirr
171 1. Il a public : I. Htstonà sive
Sjnapsis conchjiinrum Uhn 1 v ,
•À vol. in - folio , iG85 - 93 ; ou-
vrage iniporlant et souvent cité \utT
Linné , qui le proclame le plus ri-
che ( ditissimus ) des concnyli '
gistes de son temps : cet oin
contient les figures exactes ci nu
grand nombre de coquillr^, qui
toutes furent dessinées son \
de l'auteur par sesd«i\
sanne et Anne : celti
lion est très-rare et 1 1 «
elle esl complète. M. Bruuct .
son Manuel du Libraire^ a li
un très-long détail de toulcN 1, >.
planches qu'elle doit renfermai 1 .
M. Huddesford , conservateur du
Muséum Ashmolécn d'Oxfonl , en
publia en 1770 une seconde éditiMii.
qui est moins recherchée , quoique
Ton y ait joint la Synonymie de
Linné. II. Ilislonœ arùmaUum An-
^Uœtres traclalus , in-4"., 1078.
Ces trois traités sont: i®. sur les
araignées , 2°. sur les coquilles ter-
restres et fluvialiles , 3°. sur les
coquilles marines qu'on trouve eu
Angleterre, avec un quatrième traité
sur les picrrres ay.int la forme
de coquilles ; ils sonl excellents , et
raoulrenl dans leur auteur le génie
de l'observation porte ii un très-
haut degré: il y en a un extrait
dans les Transactions plùlosophi'
auc's, N«. 139. Ou peut hre, p. ix
de la pj éface du TabUau d€s Jra-
ncn/<?A' ( Parb , in 8*». , 1' " '•
jugcincul que l'auteur d( -
a porté sur le Traite des
Gujic a donne de ce 1
(t^ L« «•lu«>« a*4t atr* (••«»• •
57* LIS
bonne traduction allemande ( in-8<*.
Quedlinburg, 1778; — .ibid. 1792;
le titre seul a été change' , et il n'y a
pas eu de seconde édition ) : il a
aussi été traduit en anglais dans
i'ouvrage de Th. Martyn , intitulé
Ai^aneï y in-4^. , 1793, et a été in-
séré presque en entier dans leTraité
de Rai sur les insectes ( Voy.^ki).
Lister a fait des corrections et des
additions importantes à ces trois
traités y dans l'ouvrage suivant. III.
jT. Goedartiits de Insectis in Me-
ihodum redactus , etc. , in-8^.,
i685 ( Voy. GoEDARï ); c*est une
seconde édition du même ouvrage,
publié en anglais , in-4^. , en 1682.
\S .Exercitatio anatomica inqud de
Cochleis agitur, 1 694 , in-8''. V. Co-
chlearumlimacum Exercitatio ana-
tomica ; accedit de Fariolis exer-
citatio, 1695, '1 vol. in-8^. YI.
Conchjliorum hivalvium utriusque
aqitce exercitatio anatomica tertia;
hiiic accedit Dis sert atio medicina-
lis de Calculo humano , 1 695 , 1
vol. in-S*^. VII. De Fontibus medi-
catis Angliœ j York, 1682; Leyde ,
1686 , in - l'i j édition augmentée.
( Voy. des extraits de cet ouvrage
dans les Transactions philosophi-
rfues , nos. j 3^ ^ 1/^3^ j /^/^ et i GG ) ;
réimprimé en 1G84 , avec une au-
tre Dissertation. VIII. De morhis
chronicis tractatus, avec les œuvres
de Richard Morton , Leyde , i GgG ,
in-40. IX. Exercitationes médicina-
les y 1697, in-8<'. X. Notœ in Api-
cium Cœlium de Arte coquinarid ,
1705, in-8*^. ; Amst., 1709, in-8^.
XI. Un grand nombre de Mémoires
insérés dans les Transactions phi-
losophiques. XII. Voyage à Paris
en 1698, in-80.; 1699, en anglais ;
cet ouvrage est accompagné de six.
plarches. Les détails minutieux qu'il
renferme, donucrcut lieu au docteur
Lit
King de tourner l'auteur en ridicule,]
en publiant une sorte de parodie
intitulé Voyage à Londres : mail
ces détails , qu'on critiquait à tort
celte époque , sont précisément ce
qui rend aujourdliui le Voyage de"
Lister très-intéressant , parce qu'on
ne les retrouve point ailleurs , et
qu'ils font connaître les hommes
et les choses de ce temps-là. Ainsi,
sans Lister, nous eussions ignoré
qu'il existait de son temps une ma-
nufacture de porcelaine à Saiiit-
Gloud ( Voy. p. 1 39) ; et que c'est à
tort que des hommes de nos jours
se sont vantés d'avoir trouvé le se-
cret de cette fabrication. Un éléphant'
qu'il vit à Paris, et qu'il compara'
avec un autre qu'il avait vu treize
ans auparavant, lui donna occasion
de distinguer par des caractères bien
tranchés les deux espèces de ce
genre d'animaux. Lister a montré ,
dans ses écrits sur la médecine, trop
de penchant pour les hypothèses ,
et trop de prédilection pour des)'
doctrines anciennes et erronées :
mais ses travaux en histoire natu-
relle et en anatomie comparée, sont
avec raison très-estimés , parce qu'il
s'est montré observateur exact, plein
de sagacité , et qu'il a indiqué avec
précision les rapports naturels des
animaux qu'il a décrits. W — R.
LITHGOW (Guillaume) , voya-
geur écossais , du dix-septième siècle,
parcourut une partie de l'Europe,
de l'Asie et de l'Afrique : il revenait
en Angleterre , lorsqu'il fut arrêté à |
Malaga , comme espion et hérétique,]
appliqué à la torture, et condamné
par l'inquisition. Après avoir beau- j
coup souffert , il fut relâché : il était !
dans un si triste état en arrivant à
Londres , qu'on fut obligé de le
transporter sur un lit d€ plumes ,
pour le présenter à Jacques l*"".,
I.TT
fui cfiie ce prince put voir combien
irps de Litht^ow avait élc toiir-
li: ; ce n'et.iit plus qu'un s<|«c-
mulile. Toute la cour accourut
I contempler ce sjHîctaclede mi-
t ir. Le roi ordonna que l'on prit
,;i de lui , et paya deux fois les
N de son voyage aux eaux <lc
I. Il lui avait recoraraaudc de
; mer de Gondemar, ambassadeur
.()aç;!ie, la restitution de l'argent
t des autres objets dont le gouver-
•deMalai^a l'aAMit dépouille, et
indemuilc de mille livres ster-
L'ambassadeur promit de faire
t aux demandes de Lithgow; mais
ni sur le point de quitter l'Angle-
■ sans avoir rempli sa promesse,
[lie le voyageur guéri de ses
\ , le rencontrant dans l'appar-
ut du roi, l'accusa , devant plu-
1 s personnes de la cour , d'avoir
[ue'à sa parole. Gondemar lui
iidit, et la querelle s'enflamma
ment, qu'ils se battirent à coups
liinp;. Tout en donnant des élo-
1 Lilhgovv pour sa conduite cou-
use, on l'envoya en prison , où
-la neuf mois. Il a public : Voya-
aits par terre . pendant neuf
. iV Ecosse en Europe , Asie et
que, Londres, i(ii4, ' v^'- ^'*"
ivec fig.;ce livre fut réimprime
jues années après : la nouvelle
>n était dédiée à Charles I*'''.; il
larut )Hie trad. en hollandais ,
f. , \Ci^i , I vol. in - 4**. , b*g.
relation est assez amusante; on
iive beaucoup de détails sur les
PS et les usages. Quelquefois
»nne dans le inervcilleux : il
ine son livre en disant, qu'indé-
i.un ment des mers et des rivières
! a traversées , ses pieds souf-
is ont parcouru plus de trente-
uille railles ; ce qui , ajoute-t-il ,
rcs de trois fois la circonfcreace
ITT 571
dnç^nlie. Sadrtrriptioo d« ririaad*
•igi^MifaiiMTenct;
«> daosdhrcrsrecwilt,
avec le récit de sesfoo&anca. L'oiH
▼rage de Lithguw a été réimprimé M
commencement de rc siècle. On a
encore de lui une Hclation du ti^
deBreda.en 1637. E— #.
LH HOV ( Gustave ) , poète la-
tin , né en Suède , co 1692 , avait
f.iit de très-bonnes études é Ûpsal ,
rt se proposait d'entrer dans la car-
rière de.s emplois civils , lorsque
l'enthouMasmc qu'inspiraient les ex-
ploits de Charles XII, lui fit pren-
dre le parli de suivre ce héros. Il
eut pari à j)lusicurs actions brillantes,
mais en relira \\n\ de fruit pour son
avancement , et quilta le service à la
mort du roi. Il se livra dans sa re-
traite à la littérature , cl cultiva sur-
tout la poésie latine. Une partie de
ses poésies parut à Stockholm , en
1734 , in-4°. , sous le titre de Poë-
mata herdico-tniscellanea. Il de-
vait en publier un second recueil ;
mais il ne j)ut exécuter ce projet ,
et remit son manuscrit a un ami ,
qui ne trouva pas non plus l'occa-
sion d'en faire part an public. I.i-
thov mourut en x^Wà. On a encore
de lui : Panc^yricus erscquialis in
obitiwi ia:oli x\\ , Stockholm ,
i7'io,in-4".dc 3a p., et réimprimé
quelque temps après. Ce panégyri-
que fit une grande sensation ru Sui-de;
on en trouve des extraits dans les
Acta Ulleraria Stieciœ , lom. 1 , p.
145. Cs^hV,
LITTLETON ( Thomas ).célèbr«
magistrat anglais , d' lenn<*
famille, était le (ils < mas
WesTote et d'Eliwb ion ,
dont il prit If nom . i vo-
lonté ' jMii" nuuniel.
Il na»! . dans le corolé
de W"! Il vers le
572 LIT
ment du xv^ siècle , suivit là car-
rière du barreau , et s'y distingua.
Henri VI le créa juge de la cour du
palais, ou maréchal de la maison du
roi, et en i455, sergent duroi {king's
àer/efl/?t), charge des assises du nord.
A l'époque de la révolution qui
iit passer la couronne de la maison
<ie Lancasler, à celle d'York, dans
la personne d'Edouard IV, Litlleton,
alors sheriiï'du comté de Worcester,
fat continué dans ses fonctions par
ce souverain, qui le nomma, en 1 466,
l'un des juges des plaids communs.
La même année , il obtint un writ
adressé aux comjnissaires des doua-
nes ( Customs) de Londres, Bristol ,
et Kingston sur Hull, pour leur
enjoindre de lui payer annuellement
110 marcs, afm qu'il put soutenir
avec honneur sa dignité, i o6 shelings
II sols, pour la lourniture d'une
robe fourrée , et 6 shelings 6 sols ,
pour une autre robe appelée Linura.
Ijfut fait chevalier du Bain, en i475,
et continua de jouir de l'estime de
son souverain et de la nation , par
hi profonde connaissance des lois
anglaises, jusqu'au moment de sa
mort, arrivée le 23 août i48i. Il
fut enterré dans l'église cathédrale
de W^orcester , où on lui érigea un
tombeau de marbre blanc , décoré de
sa statue. Son portrait fut placé dans
les églises de Franckley et de Hales-
Owcn. Thomas Littleton est surtout
connu par son traité des Mouvances
de fief s ( Tenures ) , qu'il avait com-
posé pour l'usage de Richard son se-
cond fils. Cet ouvrage a eu un grand
nombre d'éditions : suivant Midd-
li3lon , la première fut imprimée à
Londres , en français , en 1 48 1 : mais
lord Coke suppose que l'édition fran-
çaise in-fol. , imprimée sans date , à
Rouen, par W. Letailleur, a été la
première. La composiliou originale
LIT
de ce célèbre ouvrage est regardée
comme la base principale sur laque!
le repose tout l'édifice des lois sur h
propiiété dans le royaume-uni ; e
l'excellent commentaire delord Cok(
est considéré comme le résumé ei
le dépôt de ses vastes connaissance;
sur ce sujet. Une réimpression faiti
en 1788 , in-fol. , iudépendammen
des annotations précieuses de lort
Haie et du lord chancelier Nottin
gham , a été considérablement araé
iiorée par les travaux infatigable;
de M. Hargrane et de M. Butler. I
existait, sous Edouard III, un Hvri
appelé Anciennes tenures, qui don
nait une notice des différentes mou
vances ou tenures dont la terre étai
tenue , de la nature des propriétés
et de quelques autres objets rela
tifs à la possession des terres. Ce pe
tit livre, fort sec et fort aride, n';
guère d'autre mérite que d'avoi
donné l'idée des Tenures de Little
ton , ouvrage qui fut , suivant Garni
den , aussi utile au droit coutumie
anglais, que le code de Justinien l'a
vait été au droit civil. La subs
tance de ce grand travail a été re
donnée en français sous ce titre
Anciennes Lois des Français , con
se vées dans les coutumes anglai
ses , recueillies par Littleton , avet
des observations historiques et cri
tiques par D. Houard, Rouen, 1779
2 vol. in-4<*. D — z — s.
LITTLETON ou LYTTELTO?
( Edouard , lord ) , garde du gran(
sceau d'Angleterre , sous le règn
de Charles I*^*". , de la même fa mil 1
que le précédent , était fils d'Edouar»
Lii tleton , juge du pays de Galles
nommé au parlement , en i(>'.i8
après avoir exercé la professio)
d'avocat , il fut chargé , avec Edwan
Coke et sir Dudley Digges, de pré
sciitcA' la pétiliou des droits ( ih
Î.ÎT
ition nf rioftis ) , à la rlambre
lords. On lui confia aussi le rap-
1 1 à faire sur l'arcusation purtce
itrc le duc de Buckingham , rc-
vement à la mort du roi Jar-
S et il s*ea acquitta avec tant
liesse , qu'il fut loue par tous les
lis , quoiqu'il eût à racuager à la
- la jalousie du peuple et l'hon-
ir de la cour. Liltleton succéda à
1 père dans les fonctions déjuge
pays de Galles ; il fut ensuite élu
sseur à Londres , et dans le
nie temps, conseiller de l'univcr-
d'Oxford. En i()39. , il fut nom-
premier lecteur d'inner-temple;
^ solliciteur général , lord prési-
t des plaids communs , et enlin ,
i64o , lord garde du sceau à la
• e de lord Finch , qui s*était évadé
ir se soustraire au ressentiment
parlement. A cette dignité le roi
irles I®»". ajouta celle de pair
\iigleterre, avec le titre de lord
Litdeton, baron de Mounslow. Dans
l'emploi difficile de garde du sceau ,
il sut conserver quelque temps l'es-
time de tous les partis; et les deux
chambres le chargèrent de présenter
en leur nom , des remercîments au
roi , pour le bill triennal et pour
' 'li des subsides : mais comme il
it concouru, eu i64i , à faire vo-
it r la levée d'une armée et l'emploi
actif des milices, mesures évidem-
ment hostiles pour la cause rovale ,
le roi envoya d'York l'ordre de lui
retirer le sceau, après s'être concerté
pour le choix d'un successeur avec
Hyde , depuis comte de Clarendon.
Hyde qui avait toujours eu une
cramle considération pour le garde
du sceau , crut devoir auparavant
lui faire une visite , et se convainquit,
Î>ar la conversation qu'il eut a?ec
ui , du peu de fondement des craintes
^u'ou avait suggérées au roi, Littlo-
ton bii prouva qiie son birt ioni-
que , m |>arai.^Mrit agir roiil^ la
cour , avait été d'ohlmir U con-
fiance du parti qui lui ft«il op|H>!(é,
pour pouvoir conserver le scvah ri
le remettre au roi . V
désirerait ; il ajouta '. <
joindre S. M. , avec I" ' t
où elle l'ordouner.iii. !
truisit lord Falkland dr
férence ; per«iuadé que \i u
sceau tiendrait sa promesse, il pen^A
qu'il serait bon que le roi lui écrivît
d'une manière flatteuse, pour Tnij;.!-
geràserendreaYork: l'avis fut a«l(»p-
té; Littleton envoya lesceau à York, le
2'Jt mai i(>4'i,etiesuivitle lendemain.
Malgré ce service important . il ne put
jamais regagner entièrement la con-
fiance de Charles l'=^, ou plutôt les
sutlragesdu parli de la cour. 11 con-
tinua cependant de remplir ses fonr-
tioiis, accompagna le roi à Oxford ,
où il fut reçu docteur ès-lois, fut fait
membre du conseil privé, et enfin, co-
lonel d'un régiment d'infanterie. Il
mourut à Oxford le a^ août iG4'».
En iG83 un monument fut érige a
sa mémoire, par sa fille et unique
héritière lady Anne Littleton ; et
la même année parurent ses Hap-
ports. Opndant , M. Steven^ , dans
son introduction aux lettres de lonl
Bacon ( édition de 170'!, page il ,
pense qu'ils ne sont pas de lui; beau-
coup de questions étant les mômes
que dans les rapports deHrthy. Lord
Clarendon dit, en parUiil de Mf
Edouanl Littleton , « qnr rViait un
» homme tition
» dans la 1 pour
» \c s.i\"ii <■( M- .ni' > rfV^nt.<;:r«
» qui (ii>tui;4'iriit i. s iM.uimos 1rs
» pliu» éini lient.*. ■ Il avaif fait ,
dans la partie la plu» diliirile et l«
moins connue de» lois , cWs fe-
cbercbei •""-i nmfpnd»* . que dâOl
574 I-IT
celles cVun usage liabituel. Wite-
locke le présente comme un homme
plein «le courage , de savoir et de
sens. Il est cependant difficile d'ex-
cuser sa faiLlcsse et son irrésolution
dans quelques circonstances; quoi-
Cfu'on doive avouer qu'il rendit lui-
Kiêrae le sceau à sou infortune sou-
verain dès l'instant ou il s'aperçut
qu'il ne pouvait plus le retenir d'une
manière utile, et qu'il mourût fer-
mement attache à sa cause. D-z-s.
LITÏLETON (Adam), savant
anglais, ne en 1627, àHales-Owen,
dans le Shropshire, exerça les fonc-
tions de ministre del'ëgliseet de maî-
tre d'école. On luiconfèra, en 1670, le
degré de docteur en théologie , sans
qu'il eût pris les degrés de bachelier
et de maître ès-arts, en considération
de son mérite extraordinaire. Il pos-
sédait, en effet, des connaissances
très-étendues en différents genres , et
contribua particulièrement à mettre
J'étude de la langue latine en hon-
neur dans son pays. Il mourut à
Chelsea, dont il était pasteur, le i*^"^.
juillet 1694, après avoir été maître
de l'école de Westminster , prében-
dierdela cathédrale de cette ville,
et chapelain de Charles II. On a de
lui , entre autres ouvrages : I. Un
Dictionnaire latin , grec y hébreu ^
anglais , très - estimé , Londres ,
1679 , in-4**. II. Elementa re-
îigionis , sive quatuor capita cate-
chetica totidem linguis descripta ,
in usum scholarum , 1 658 , in-8°.
m. Soixante-un Sermons , 1 680 ,
in-8<*. lY. Préface des OEuvres de
Cicéron^ Londres, 1681 , 2 vol.
in-folio. V. La traduction de l'ou-
vrage de Sclden , Jani Anglorum
faciès altéra , avec des notes , pu-
bliée sous le nom de Redman West-
lote, i683, in-folio. — Edouard
LiTTLEToi», sous-maître de l'é-
LIT
coîe d'Eton , ministre de Ma
Derham , dans le comté d'Oxfo
et chapelain de leurs majestés ,
publié quelques petits poèmes pa;
lesquels on cite celui qu'il compi
surune araignée. Il mourut en 1 73^
Un recueil de ses sermons fut i
primé après sa mort. L.
LITTLEÏON. Fojez LYT
TELTON.
LITïPiE (Alexis), médecin,
membre de l'académie des scienceî
de Paris , né en i658 , à Cordes, ei
Albigeois , mourut à Paris , le 3 fé
vrier 179.5. Il manifesta dès l'eit
fance un goût passionné pour l'étude;
et s'y livrait avec une très-vive appU<
cation. Sa fortune était médiocre ; eJ
tandis qu'il faisait ses humanités ao
collège de Villefranche, il répétait
moyennant une légère rétribution, ,
d'autres écoliers plus riches et moins
laborieux , ce qu'on venait de leui
enseigner. Dès cette époque, il se sen-
tit pour l'art de guérir cette voca-'
tion qui devait un jour lui faire ob-
tenir les plus brillants succès ; et il
employait le temps des récréations
et des ])romenades à suivre un mé-
decin chez ses maladesj au retour,
il s'enfermait pour écrire sur ce qu'iî
avait entendu. Après avoir achevé |
ses humanités, il alla étudier Ia|
médecine à Montpellier , y fit
encore des répétitions aux élèves ,
et économisa de quoi se rendre à
Paris. De toutes les parties de la
science , l'anatomie était celle dont
l'élude avait le plus d'attraits pour
lui. A cette époque, ce sentiment qui
faisait regarder comme une sorte de
profanation , la mutilation des cada-
vres, apportait encore de grands
obstacles aux travaux anatomiques.
Littre éprouva des difficultés infinies^
pour satisfaire son goût. Heureuse-
ment pour la science ; il se lia avec
i.ir
1 tlo la Silprtriere, mii
^position tous les cada-
s de l hôpilal. Ils s'eufermrrenl
Hinblc pendant l'hiver tic i(>8j ,
i 11 fut fort long et très-froid ; et ils
<séquèrent plus de aoo cadavres.
iitôt sa rcHommëe s'eteiidil parmi
étudiants; et un très-j:;rand nom-
• d'entre eux s'adressèrent à lui
ir eu recevoir des leçons. A cette
>>quc, il fallait appartenir à une
tporation pour avoir le droit de
rodes cours publics, et Litlren'e-
î pas docteur : les chirurgiens de
is lui suscitèrent un procès par-
vant le lieutenant de police. Il fut
Mtraint,pour se soustraire à cette
ti acasscrie,de se réfugierdans l'asyle
Il Temple. Le grand-prieur de Yen-
iiie l'accueillit, et lui donna la per-
ssiou de disséquer et d'enseigner.
tis un officier subalterne du palais
rmit à ses ennemis de venir le
iibler dans ses travaux. Ilsenle-
cnt les cadavres qui servaient à
démonstrations, et il fallut qu'il
rabattît sur les animaux etprinci-
I ement sur les chiens. Tant de con-
I iétés ne firent qu'exciter son zèle,
iccroître sa réputation , comme le
ubre de ses écoliers. Tous ses ins-
its étaient occupes par l'étude j
n'allait pas même à la pronie-
le; et ne fréquentait aucune so-
!é privée. Il assistait aux panse-
iits des hôpitaux ; il en suivait les
lecins dans leurs visites , et aug-
ritait incessamment ses connais-
ses. Enlin il fut reçu docteur rc-
if de la faculté de médecine de
! is. Doué d'une grande sagacité,
tait privé de cette élw|ucnce [>er-
sive si nécessaire au médecin
!S l'exercice de ses fonctions, cl il
fallut pas moins que son extrême
l)ileté pour qu'il réussît dans U
ti-iiw. Fm t''>;>o, il fut nomme,
Lit «75
selon V»%3tp de ctt H»^ 4è?t à
racadémitte fcîtMti; et il 4tfMt
successiveouBt «itociéfli numlwiéi
celte compagnie. Nommé méàmÀiàéê
(piàlelct , cette pbct 1«
l'occ^siou d'obscnrcr des a(
rares, et de se livrer aux rechartlMt
anatoniiques. I.ittre n'a paspuUié
d'ouvrages particuliers; mai» il a en-
richi le Hccucil de l'acadëmie des
sciences d'un grand nombre de Mé^
moires , presque tous rdatifi à l'a-
uatomie pathologique; les phis re-
marquables sont : I. Observatimn
sur une nouvelle espèce tU kêrnim t
Mém. de Tacad. des sciences, 1700.
II. Description de l'urètre deVhmn-
me, ib. III. Observations sur 11
tus humain monstrueu r, 1701, ii>èti.
IV. Observation sur les ovaires et
les trompes d'une femme, et sttrum
fœtus trouvé dans l'un de ses ovairet ,
1701, ibid. V. Obserpmion mr
un fœtus humain trouvé àai%s Im
t rompe gauclie de la mntrice , 1 7 o^
ibid. Ces deux observations sont du
plus haut intérêt; la »
d'ime manière incoiii r
la première fois , la pos^ 1*
grossesse fa^/ï/d. VI. /// un
fœtus humcùn , tiré du ventre de sm
mère, par le fondement^ 17»^,
ibid. Littre fut un des hommes les
pins laborieux qui aient cultivé les
sciences; leur étude absorba toute
sa vie : il y avait quinze ans qu*fl
cuit à Paris , et qu'il n'arail |>a$ e«
le temps d'écrire à ses parents. Il
u'assista jamais à aucun spectacle, cl
il III. ire, uniquement
parr :riais le loisir <lc
ftuime. f^oyez $01
; 'riirllr. F — T..
,575
LÎU
la tutèle d'Ausprand, (J^oy. ce rom.)
Raginbert , cousin de Cimibert ,
profita de la jeunesse de Liutbert
pour lui disputer le trône; il rem-
porta, en 701, une victoire sur Aus-
praud, et mourut peu de temps
après. Ausprand s'enfuit avec son
pupille , et bientôt il trouva le
moyen de rassembler une nouvelle
armée, avec laquelle il vint attaquer
Aribert II , fds de Raginbert. Il fut
défait une seconde fois près de Pa-
vie, et Liutbert tomba entre les
mains du vainqueur, qui le fit mou-
rir dans le bain , en lui ouvrant les
yeines. S. S — 1.
IJUVA I, roi des Visigoths, était
en 56o , gouverneur de la Septima-
nie ou Gaule narbonnaise; il joignait
à une grande valeur, des qualite's
pbis rares encore , et qui lui frayè-
rent le chemin du trône. Après la
mort d'Athanagilde , il fut désigne'
son successeur , dans une assemblée
des grands du royaume; et son élec-
tion reçut l'assentiment des Visi-
goths d'Espagne. Il avait eu d'un
premier mariage avec Théodosie ,
fille de Severien,duc ou gouverneur
de Gartliagène, deux fils : saint Her-
ménigilde et Recarède. Sa femme
étant morte, il épousa Gosuintlie,
veuve d'Athanagilde, et cette union
contribua beaucoup à affermir son
autorité. Cependant Liuva avait à
redouter la haine de quelques sei
gneurs , dont les droits au trône
étaient les mêmes que les siens , et
qui , trompés dans leurs espérances,
pouvaient essayer de le renverser.
Loin de paraître craindre leurs pro-
jets , il les rapprocha de sa personne
par de noiivelles dignités , et les
combla de ses faveurs. Il fixa sa ré-
sidence à Narbonne, ville qu'il affec-
tionnait ; mais celte préférence ac-
cordée à une ville de îa Septimauie,
LIV
servit de prétexte aux Visigothf
d'Espagne pour se révolter. Il en-^
voya aussitôt contre eux, son frère
Leuvigilde; et en 569 , il l'associai
au trône, lui abandonnant toute la*
partie située au-delà des Pyrénées.
Liiiva fit fleurir dans ses états l'agri-
culture et l'industrie: quoiqu'élevé
dans les principes de l'arianisme, i^
traita toujours avec une égale bonté
tous ses sujets, et veilla à ce que \çs
sièges catholiques ne fussent occupés*
que par des évêques pieux et tolc-'
rants. Cet excellent prince mourut à
IVarbonne , Tan 5^2. Leuvigilde réu-
nit alors la Scptimanie à l'Espagne.
— Liuva II , roi des Visigoths ,
était petit-fils de Leuvigilde ; il n'a-
vait que vingt ans, lorsque son père,
Recarède, mourut, et il lui succéda'
sans obstacle, en 601. Mais Wileric^
oubliant qu'il devait la vie à Reca-
rède, ne tarda pas d'exciter une ré-,
volte contre son fils ; et profitant de
l'inexpérience de ce prince , il l'at-
tira dans un piège , et se saisit de sa
personne. Le barbare lui coupa la
main droite, et le fit mourir, l'an
Go3. Liuva , pendant un règne si
court et si déplorable, ne put rien
entreprendre qui méritât de fix(
l'attention de la postérité. Mais to
les historiens espagnols s'accord
à louer les belles qualités de ce ma
heureux prince. W — s
LIVE ( La) . Foyez Epinay
Lalive.
LIVERPOOL ( Gharle
Jeivrinson, baron Hawkesbury
et 1 <^i'. comte de ) , fik du colonel
Charles Jenkinson , naquit le 10
mai 1727 , dans le comté d'Oxford.
Il commença ses études à l'école de
Burford , et vint les terminer à
Oxford , où il reçut les premières
influences de ses opinions politi-
ques. Ce fut pendant son séjour
LIV
l'université ((ii'il se fit connaître
oiir la première fois pnr des vers sur
mort (lu prince de Galles. En i ■-53
quitta Oxford ; et bientôt après il
Mira dans la carrière littéraire, en
tirnissaiit des articles au Monthljr
nc^iew. Il parut ensuite comme
écrivain politique, et pidjlia , en
1 ;56, une Dissertation sur l'éta-
lissement d'urie force nationale
t constitutionnelle indépendante
une armée permanente ; cette
loductiou remplie de sentiments
ilriotiques a ëtésouveut citée contre
i-même dans la chambre des pairs.
' iiis ces occasions lord Lirerpool ,
!ors connu sous le nom de Jen-
inson , sans désavouer son ouvrage,
justifiait par son extrême jeunesse.
Il 1 7^8 il donna au public un Dis-
ours sur la conduite du gouveme-
: lient de la Grande-Bretagne à
l'égard des puissances neutres pen-
dant la guerre présente ( i ). C'est à
<■ pamphlet que plusieurs personnes
ntatiribuérélëvationdeJenkinson:
!i le cita, il est vrai, comme un e'crlt
estimable , et qui annonçait un
homme éclairé; mais il ne produisit
is pour cela un grand changement
: ms la position de l'auteur \'i). Il
irait que ce fut à une autre cause
ne Jenkinson dut ses premiers suc-
*s politiques. On les a surtout attri-
bués à la protection de sir Edward
(H Cet onvrage traduit d^nt touioi let Unf u«f
l'Europe , avait pour but de jnitifier lat matu-
I arbitraire* du t>uuTeriiement «uKlaif enrera
ic* puitiancei neuiiei , et les droits qu'il rarro-
feait sur le dom;iin*de la mer. Il fut publié en
a7SS,rpoque où un grand nombre J« «aiiteaux
liolland.<it furent iniiia par l'ordre du j(ouTerne-
«lient britannique. M. Gérard de R*^n-»«l l'a
r«f«t« dans aon ouTra{{« intitulé De la liberté
des wers , Paria, iSii .
(a) L'édition anf^laiae de 1779 cnnlient n'en»
■loin* une note qui ferait crnira que ce pamphlet
^m<Tietiça A le fnire connaître du mioietère ,
Ïuiaqii'nn aiaure qu'ik «on occasion le duc de
lewcastle, alors premier ministre, lui atn^aa^
d'aprvt \a recomruandalien de Utd llArcwiUl t
tna penaion de aoo lir. «terlisg.
XXIV.
I.IV -,;7
Turner , qui fut t^îfemrrti uiisfajt de
quelques cou; (»v«i en %on
lionnrur pir.î "i l'orr.isi, ,i
des
sa !!■ ■ ■ ■■■ , ^ .
leur a lord Bute, ctforç.i, en quelque
façon , celui-ci de le prendre pour
son secrétaire particulier. D'autrrt
éci'vains assurent que ce fut le pre-
mier comte d'Harcourt , gouverneur
de George III , alors prince de
Galles, qui présenta Jenkinson au
roi. Quoi «pi'il en soit , lord Bute lui
accorda toute sa confiance : et lors-
qu'il devint secrétaire d'étal , eu
mars 17G1 , il le choisit pour
sous-secrélaire, emploi qui suppose
upe connaissance parfaite des af-
faires et des secrets du gouverne-
ment (1). Jenkinson devint alors
un champion déclaré du parti de
l'hôtel de Leicester , et ce fut par l'in-
fluence de ce parti qu'à l'élection géné-
rale de 176 1 , il entra au parlement ,
où il représenta le bourg de Cocker-
moulh, à la recommandation de sir
James Lowthcr, comte de Lonsdale,
gendre de son protecteur. Jenkinson
ne resta pas long-temps soiis-scrré-
taire d'état; car environ quatorze
mois après , il fut nommé trésorier
de l'artillerie, place qu'il al>andunna
bientôt pour celle de secrétaire-ad-
joint de la trésorerie. Il perdit tous
ses emplois en 1 7O5 ,. lorsque le
marquis de Rockingham fut mis à la
tête (les affaires. Néanmoins . dans le
courant de cette même année, la mère
du roi se l'attacha , malgré l'oppo*
(. T • T
de.<
lorl
Lor.,
dal...- .:
nliavr-
..a •
f
e,
• i»
ptfur -
■ .*«
p«r lai M«»réOT Mat*
M Kmukmmtm.
5:8 LIV
sition du ministère^ en îe nommant
«on auditeur des comptes. Cette
circonstance augmenta encore son
intimité' avec le ministre disgracié ,
et éveilla la jalousie de ceux qui
«'appelaient les patriotes : il était
devenu , suivant eux, Teulremet-
teur( The go-between )de celte prin-
cesse auprès du trône. Lorsque Icrd
Bute, pour s'éloigner tout-à-fait des
îiffaires publiques , se fut relire à la
campagne, Jenkinson, que le roi
avait toujours distingué, se trouva le
chef du parti qu'on appelait les Jtinis
du roi, composant le cabinet secret ,
qui , selon l'expression de lord Clia-
tham , était un personnage derrière
le trône plus élevé que le trône mé-
me{\). Les honneurs et les emplois
l'accablèrent à cctie époque : lord
de l'arniraulé en 1767, il avait élé
îiommé en i-jOG secrétaire de la
trésorerie , place qu'il occupa sous
les ministères de Grenville et de
Graflou. Elevé en 177.* à l'emploi
de vice-trésorier d'irlande qui don-
nait entrée au conseil privé, il ache-
ta, de Fox , en 177^, la place de clerc
des rôles ( clerk oj'pells ) en Irlande,
qui formait une partie du patrimoine
'de celui-ci : l'année suivante il fut
nommé grand-maître de la monnaie,
à la place de lord Gadogan. En 1-^78,
il fut appelé au poste de secrétaire de
la guerre , dans lequel il se trouvait
encore en l'^Si , défendant avec ta-
lent les intérêts de l'armée à la
chambre des communes. Le débat
devint alors fort vif entre les amis
de Jenkinson et les membres de l'op-
position : la majorité qui avait jus-
que-là voté avec le ministère, se
partagea , et finit par l'abandonner ;
ce qui amena sa chute en 1782. Jen-
(i) 0.1 disait ct/in» le public qit,: Je mante^iu
politiauii du comte de Brte était fait fttiir
eousirir lus t'iia.ultt ds M, Jen^cinton.
LIV
kinson, rentré dans la viepriyée, con-
sacra tous ses moments à compléter
sa Collection de traités faits depuis
I G 48. Mais bientôt un aîitre change-
ment politique le ravit à ses travaux
littéraires ; Pitt qui venait de repren-
dre les rênes du gouvernement, n'a-
vait pas oublié que Jenkinson avait
fortement appuyé ses projets. Il lui
en témoigna sa reconnaissance en lui
faisant donner, en 1786, l'emploi de
chancelier du duché de Lancastre:
peu après Jenkinson fut créé baron
Hawkesbury, et président du conseil
de commerce , place que son grand
âge et ses infirmités le forcèrent de ré-
signer en 1801 , pour se retirer tout-
à-fait des affaires publiques. Dans
l'intervalle , il devint baron héré-
ditaire par la mort de son parent ,
sir Banks Jenkiii son, et il fut pourvu
de la riche sinécure de receveur dea
douanes que celui-ci occupait. Ele-
vé à la dignité de pair d'Angleler"*
re , avec le titre de comte de Li-
verpool,en 1796, Jenkinson fut
autorisé par le roi à écartcler les
armes de celte ville avec celles
de sa famille. Tous ces honneurs
étaient sans doute bien grands ;
et la devise qu'il prit pour son écus-
son : Palma non sinepuh'ej'e,]wouve
qu'il s'en croyait digne. Lord Liver-
pool est mort à Londres le 17 dé-
cembre 1808, laiisanl un fils déjà,
parvenu aux premiers emplois , et
qui a succédé à ses dignités. Ce mi-
nistre partagea long-temps la haino
qui s'attachait aux amis de lord Bute,
qu'on accusait de gouverner le roi,
et de disposer de toutes les places.
L'animosité du peuple fut excessive^
et le célèbre pamphlet de Burke suf
les mécontentements populaires,
encouragea la nation. Les membre^
supposés du conseil secret devinrent
les objets continuel des clameuis de
1 !V
luuiîo, (|iii if.sarcMsaitiie ia se-
iiatioii des colonies amrricaiiics,
toutes les fausses n lises
le
rouverneinciit.
r'UX
>uhats qui en furent la suile.Lord
verpool était souple, adroit; quel-
cs-uns disent même, artificieux cl
;iij;ant. II est juste d'ajouter que
< derniers reJ)roclics vinrent de
^position. La posleriié qui ne le
>li(iera pas sur toutes ces accu-
lions, n'oubliera cependant point
t? c'est à lui que l'Angleterre a dû
i traité 4^ commerce avec l'A-
rique, et qu'il ne se borna pas
indiquer, mais qu'il créa la pêche
la baleine dans les mers du Sud*
mt sou élévation , le comle de
verpool parlait fréquemment à
chambre des communes , et tou-
iva avec un grand sens; mais il
ne se leva que rarement lorsqu'il
fut parvenu aux premiers emplois.
Cependant on l'écoutait toujours
avec une grande attention. On a
de lui : I. Collection des Traités
de i648 à 1783, 3 vol., ic^'».
1785. Eu tête de cet ouvrage on
a réimprimé son discours sur la
condidle de la Grande-Bretagrie
à Vé^ard des Puissances neutres,
etc. II. Traité sur les Monnaies
du royaume j dans une lettre au roi,
i8o5 , in-4°. D-z-s.
LIVIE-DRUSÎLLE (Livia Dru-
8ILLA AUGUSTA ,0U JuUA AuGUSTA),
de l'illustre famille Claudia , na-
2uit l'an de Rome C)C)5 ; elle était
Ile de Livius Drusillus Claudianus,
^i défendit la cause de Brutus et
Cassius,etse donna la mort après Ja
Itataillc de Philippes. Livie épotlsa
Tibère Claudius Néron , d'abord pré-
t«ur et ensuite pontife , qui se décla-
ra contre les triumvirs; elleraccom-
[lagna dans sa fuite, et fut accueillie
"^~ les Lacédéiaouieus , qu'elle r«-
MV
comj>rnsa depuis <!
avaient acror'Ir. \
Livie joignait
cl toutes les 1
relever l'éclat. A »on rei
Auguste en devint p 1
amoureux, el ladcni 1 il
•n inin,
qui n*osa pas la lui rclu;. i ; il répth*
liia sa femme Scribonie , et épousa
Livie , déjà mère d'un fils cl eoceinte
de six mois (1). I^s pontifes con-
sultés par Auguste ne pensèrent pas
3ue la grossesse de Livie dût retar-
er son mariage. Elle avait vingt
ans loi-squ'ellelut appelée a partager
l'empire du monde; et profitant ha-
bilement de l'ascendant qu'elle av.iit
pris sur Auguste , elle s'
lot à assurer le troue à 1
bère. Elle fut ^ d'avoir eu
part à la mort i m us, qui pou-
vait être un obstacle a ses vues amli-
lieuses ; mais on doit dire que nm
ne parait justifier cet odieip
çon. ( royez Marcellus. ) L... . ..i
bientôt à pleurer elle-même la mort
de son second fds ( Drusus Gernia-
nicus ) ; mais elle n'imita point Oc*
tavie, qui avait fatigué Auguste par
l'excès de sa douleur : elle prêta l'o-
reille aux cons« ' ■
à lui donner ! ,
cl elle parut MiiiiLlc aux h* j
qu'Auguste lui drrernn potjr !
traire de sa ti
empêcher son i
r ictcre sombre coramen
nifesler, de se retirer d
Rhodes, dont le séjour lui av. /
mais elle continua de veiller s ..
intérêts. Après la mort prématurée
Augiifl* «U* ■"•Ml ^«Hm ««U»*. ^•i ■•■•■•
58o LIV
des deux fils de Julie, elle se hâta de
le faire revenir à Rome , et le fît a-
dopter par Auguste, en même temps
qu'Agrippa Posthume^ ïe dernier re-
jeton de la famille des Césars, Elle
songea pour lors à écarter Agrippa,
et le peignit à Auguste sous des cou-
leurs tellement odieuses qu'il se déter-
mina enfin à l'exclure de sa succession.
Après avoir comblé tout l'intervalle
qui séparait son fils du trône , il ne
lui restait plus qu'à l'y faire monter;
et quelques historiens l'accusent d'a-
voir hâté la mort d'Auguste , en lui
faisant manger des figues empoison-
nées ( I ). Mais ce qui est plus certain,
c'est qu'elle se rendit maîtresse des
derniers moments de l'empereur, et
qu'elle tint sa mort cachée jusqu'à
l'arrivée de son fils alors absent, Au-
guste expira doucement entre ses
braS; en lui disant : « Livie, conser-
» vez le souvenir d'un époux qui
» vous a tendrement aimée; adieu
» pour jamais. » Livie était la confi-
dente des plus secrètes pensées de
cet empereur; il la consultait souvent,
et se trouvait bien de ses avis : ce fut
elle qui lui conseilla d'user de clé-
mence envers Ginna ; et Auguste a-
vouait qu'il lui devait une partie de
l'éclat de son règne. Par une dispo-
sition singulière de son testament ,
il adopta Livie , lui ordonna de pren-
dre le nom de Jiilia Augusta , et
l'institua son héritière avec Tibère.
Livie témoigna la plus grande dou-
ieur de la mort d'Auguste : elle pré-
sida elle-même à la cérémonie de son
apothéose, et voulut être la prétresse
du temple érigé au nouveau dieu,
(i) Aucun de» crimes reprocha* à Livie n'es»
prouvé: quant à raccusation d'cmpoisonnemcHt
renouvelle contre elle à la mort tl'A.uguste , il
eut assez simple , dit Dureau de L-amalle , qu'ott
meure à «oixante e» seize an», sans qu'il soit
wecessaire.pour expliquer cetto mort, 4e rçcfurif
a d.e« cause» eitraordiaiiirM.
LIV
dans son propre palais. Tibèr» se
montra peu reconnaissant envers sa
mère ; il s'opposa à ce que le sénat
lui décernât de nouveaux honneurs;
et ne la consulta point sur les affaires
publiques : mais ce prince dissimulé
conservait les apparences , et cachait
son ingratitude sous les formes du
respect. Un jour Livie lui ayant de-
mandé une place de juge pour un de
ses protégés , Tibère lui répondit
qu'il l'accorderait à condition qu'on
inscrirait au registre que c'était une
faveur qui lui avait été extorquée par
sa mère. Cette réponse indigna Livie,
et s'étant fait apporter sa cassette ,
elle en tira un billet d'Auguste, qui se
plaignait déjà de la dureté et de l'hu-
meur intraitable de Tibère. Dès ce
moment il ne crut plus 'devoir user
d'aucun ménagement , et , rompant
avec sa mère , il s'éloigna d'elle
pour toujours. Livie mourut l'an
de Rome 782, 29 [de Jésus-Christ
à l'âge de 86 ans. Ses funérailles
se firent sans aucune espèce de pom
pe. Son arrière-petit-fils , C. Ga-
ligula , prononça son oraison funè-
bre, et ce fut à-peu-près le seul hon-
neur rendu à sa mémoire. Son tes-
tament ne fut point exécuté. Claude,
qu'elle n'avait jamais aimé, parve
nu à l'empire , lui fit décerner les
honneurs divins. Livie, que Caligula
nommait un Ulysse en jupe ( Foy,
Suétone ) , avait de grandes qua-
lités. Dion-Cassius raconte que quel-
qu'un lui ayant demandé par quels
moyens elle avait acquis tant de cré-
dit sur Auguste , elle répondit
« Mon secret est bien simple. J'
» toujours vécu sage; j'ai étudié to
» ce qui pouvait lui plaire; je n',
» jamais témoigné de curiosité in
» discrète , ni par rapport à ses af-
» faires , ni par rapport à ses galan
» t«ries , que j'ai même affecté d'i
'fl » giiorcr ( I ). » Tacite , qui a àceré-
ilité, ou (lu moins qui n'a pas chcr-
lic à dissimuler tous les reproches
qu'on a faits à Livie , reproches uni-
(]nemenl fondes sur ses vues ambi-
♦uMjses, et dont aucun n'est prouve,
* fait d'elle ce portrait:» Elle avait
iiie vertu digne des premiers temps,
ivcc plus d'enjouement qu'alors on
n'en permettait au\ femmes, mère
ii;ipërieuse , épouse complaisante,
vaut un peu de la dissimulation de
'»n fils, combinée avec toute l'û-
iressc de son mari. » ( annales,
liv. , V, I , traduction de Bureau de
Lamalle. ) W— s.
LIVIE -LIVILLE ( Livia -Li-
viLLA ), petite-fille de l'impératrice
Livie et sœur de Germanicus , fut
mariée fort jeune à Drusus , son
cousin , fils de Tibère. Dans le
temps que la mort de Germanicus
])longeait dans le deuil tous les ci-
toyens , elle accoucha de deux en-
f;mls mâles. Cet événement causa à
Tibère une joie qui ne fut point
partagée par le peuple , livré à la
tristesse. Livie se laissa corrom-
])re par cet infâme Séjan , dont
le nom, justement flétri, rappelle
le souvenir de tous les crimes. Il
ut lui persuader qu'épris de ses
iiarmes, il n'avait d'autre ambition
l'ic de l'épouser pour partager avec
' ile le trône du monde ; et la nièce
l'Auguste, la belle-fille de Tibère ,
consentit à échanger une grandeur
assurée contre une élévation future,
}>leine de risques , et qui devait être
c fruit d'un crime odieux. A quel-
l'ie temps de là, son mari Drusus
' lournt d'un poison lent ( f^orez
DBUsus.t. XII, p. 5o);et Livie
i)Su^tone ditquVIl* poii«i«il U •nmplaitaura
p«inl 4« httiu A>igii*le , pTi« d* •"• ■!••••
• 9 Liavrn qut Dion incrl Jam* la boiuiM ii«
UV 5«i
s'abffiftSA an point de derenir ta com-
pli' Il dans rcxdctition de
se> , ititff If^ C\U de Germa-
niciu, Uoitt I |)f.
tacle à son * ,,^9
osa bien ..^e
son con- I j.
vie. Ce prince 'li nu
son refus tous les m, ...,^. .... .. jti'il
mit propres à l'adoucir; mais il
commença dès-lors à pcnirp de la
confiance qu'il avait dans Sejan , et
il finit par l'abandonner à ses enne-
mis ( Foy. SÉJAPr ). Alors seule-
ment Tibère apprit que Dnisns était
mort empoisonné : il fil appliquer à
la question tous ceux qui furent
soupçonnés d'avoir pn< p?rl h ce
crime, et ils pér- ip-
plices(ran de Koi , uis
J. Ch. ). On dit que Livie, 1 1^ • «
sa mère la vertueuse Anto'ii 1 , lut
enfermée par ses ordres dans un
cachot , où elle mourut de faim. I>e
sénat rendit un décret qui ordonnait
d'abolir ses images. — Livic-Ore»*
TiLhE{ Livia- Oreslilla ) ,dame ro-
maine d'une illustre famille, eut le
malheiur de plaire à l'empereur Ga-
ligula , qui la ravit à Galpiimins*
Pison,lc jour même de la cérémonie
de son man i.inporte
queCj»H?ul;i . > facétie
dn
p,
roeiiaçaiil : « pi-
mon épouse »;e»
il força cette infoi ^ re.
Le lendemain, il , pi'il
s'ctail marie à la manière de Honiu-
lus et d'Auguste, (^elques jour»
après , il répudia Oreslille ; et avant
appris qu'elle s'élait réunie à sou
nremicr mari , il les exila l'un ec
l'autre dans des lieux séparée . pour
leur ôter U consoUtion d*«-irr tm-
Miuble. VN — *.
53a
LIV
LIVIUS-ANDRONIGUS. roj^ez
Andhoivicus.
LIVIUS (Titus). r.TiiE-LivE.
Ll VON , roi d'Armeuie. ( Vojez
LÉON. )
LIVONIERE ( Claude Poqueï
DE ), hibile jurisconsulte , conseiller
au presidial d'Angers , sa patrie ,
professeur en droit français dans la
même ville , mourut à Paris , où il
poursuivait un procès , en 17^.6,
dans la soixante-quatorzième année
de son âge. Une ex])Ci'iencc de plus
de cinquante ans , jointe à une
etudo assidue de la coutume , le
faisaient regarder comme l'oracle
de sa province. 11 e'iait d'une grande
modestie , redoutant la qualité d'au-
teur ; et il ne se servit de son crédit
«pie pour être le paci(i<-ateur des fa-
milles. On a de lui : I. Un hon Be-
cueildes ccmmentaires sur la coutu-
me d'Anjou , Paris, 1 7.15, '2 vol. in-
fol. II. Traité des fief s, \yx%'m-l\'^.^
spécialement destine' à expliquer ce
qui se pratiquait pour les fiefs dans
l'Anjou et le Maine. III. Règles du
droit français , 1780, et i7()8,
in - 12 ; cet ouvrage , qu'il regar-
dait comme le plus clie'ri de ses en-
fants , n*a pour objet que le droit
commun des pays coutumiers. On
reproche à l'auteur d'avoir donné
trop d'étendue à certaines règles qui
n'ont d'applicatioug^tic dans des cas
Î)articuli(jis ; de n'avoir pas marque'
a din'crcuce entre les usages du par-
lement de Paris et ceux des autres
ressorts , et de n'avoir pas averti du
partage de sentiments pirmi les ju-
risconsultes sur ccrt.iins articles. IV.
Dissertation sur l'a iciennelé de
V université d'Angers , i^SG , in-4'',
T— D.
LIVOY ( Le P. TiMOTUEE de ),
lillcratcur, né vers 1 7 1 5 , à Pithi-
"viers , prit l'habit religieux dans la
LIV
congrégation des Barnabites , et
fut chargé d'enseigner les huma-
nités dans différents collèges. Il
visita ensuite l'Italie , oii il reçut
un accueil distingué des savants , et
fut agrégé à plusieurs sociétés litté-
raires. De retour en France, il fixa son
séjour à Paris, où il mourut le 27
septembre 1777 , après avoir publié
différents ouvrages dont la rédaction
occupa ses dernières années, savoir:
\. Dictionnaire des Sjnonjmesjran-
çais , Paris , 1 767 , in-8". Beauzée en
a donné une édition plus complète ,
cl corrigée , ibid. , 1 7(S8 , in-B". C'est
un ouvrage utile, particulièrement
aux versificateurs ; le plan en est
tout -à -fait dilïérent de celui des
Synonymes de Girard ou de Rou-
baud, dont le but est d'analyser la
signification précise des mots , et
d'exposer les nuances délicates qui
distinguent ceux qu'on serait tenté
d'employer indifFércmment l'un pour
l'autre. Le P. de Livoy, au contraire,
écartant toute discussion, fournit, à
chaque mot, un ou plusieurs termes
à-peu-prc^ équivalents pour l'écri-
vain qui ne tient pas beaucoup k
n'employer que le mot propre, mais
qui craint surtout de répéter un mot
déjà employé. IL Lettre à M. de
S. /?. sur les Jiéjlexions morales
d'Amelot de la Houssaye, ib. 17G9,
in-iQi. III. Le P. de Livoy a traduit
de l'italien de Denina , Le Tableau
des révolutions de la littérature an-
cienne et moderne j Paris, 1767,
in- ri ; — du P. Bartoli , L'homme
de lettres j avec une préface et des
notes du traducteur,ibid. 1 768,2 vol.
in- 1 2 ; — du P. Gerdil ( depuis car-
dinal ), Exposition abrégée des ca-
r artère s de lai)) aie religion, ibid.
1 7 7 o , in- 1 2 j — de Muratori , Traité
du bonheur public, ibid. 1772, 2
vol. in- 1 2 j — et enfin du P. Norbert
MV
Ciyrae, Fo^a^c d'Espace, fait
en 1 7:)5 , avec tics notes lu.Hturi<{ucs ,
jjeoj^iMpliiquos et criti<|ues , et uue
ti" l(St ible.nixelaulrc»
j lrid,dc l'Kseuri.jlcl
d<' SiUit-IKIei'ouse, Paris , 177^, a
roi. iii-i'2. Le voyage du P. Cayme
tv.ùl paru à SaiiU-PelerNbourg, 1 765,
4 v>l. in-8^. Le traducteur en a re-
tranche beaucoup de longueurs et
d'inutilités , et y a joint des notes
qui prouvent son goût et son juge-
ment ; mais son style est deponrvii
dVle^ance. C'est sur la version du P.
de Livoy, que le Fnyage de Cayme
t elë triduit en allemand, Leipzig,
1774 , in-80. W— s.
LÎZKT ( Pierre ), ne dans les
montagnes d'Auvergne, au diocèse de
Saint-Flour,e\'Tça , vers Tan 1 4B» ,
)a profession d'avocat au parlement
de Paris, où il devint conseiller en
1 5 1 > , avocat-gëueral en 1 5 1 7 , et
premier piesitlent en i5?,«> Ce ma-
gistrat eut le malheur d'indisposer
contre lui toute la maison de Lor-
raine , pour avoir fait refuser au\
Guises, dans une plaidoirie , le ti-
tre de princes , réserve alors ex-
clusivement aux princes du san^^.
Le cardinal de fi )rraiue présidant
nn jour au conseil , Li/et qui s'y
trouvait , prétendit , nonobstant la
remontrance de l'impérieux ministre,
être en droit d'opiner assis et rou-
Tert. FjC cardinal saisit celle occasion
pour venger sa maison de l'outrage
qu'il prétendait en «voir reçu : il
intéressa la duchesse de Valenlinois
dans sa querelle , et acctisa Li/et
d'avoir parlé insolemment du roi. Ce
malheureux vieillard, etlrayé des me-
■nres du cardinal ministre, et mal
frondé p^ir son corps , <pii n'était
pas fâché d'avoir un autre chef ,
alla se jeter aux pieds de son en-
nemi Cette démarche, q«ti)eTh««
II/,
581
II'**!»!
appelle vifiêpùoj'di
aucun sucrèii;rt l
avoir un uremier ,
votion. I,ir.ct fut
de sed<^mettre pi.i
don. Ou lui donna . m
de sa pauvreté, l'abbi
Victor, où il reçut la pictnse en
i553. Il mourut le 7 juin iS.î^.
C'était un magistrat éclairé , oc-
cupé tout entier de se» fonctions ,
.0,
»r-
lon
luc-
df.
lui
dtt
U
!é.
ut
VCC
et fti det»in(éres9é , qu'en ne
pouillant de sa rbar};;e, iJ ne
serait pas resté de quoi avoir
pain , sans le l)cncTif . ' •
pourvut par commiséi.i
fauts étairnl un niélani;c' cl»
et de faiiilesse , nue lofpt.i
le rendait i'
ridicule , et n
les protestants, qu
une excessive sév« i ■ 1 tnt'
bre ardente, dont il fut le rrenieur,
et qu'il présida presque toujoiirf*
Cependant , il ne faut |>as adopter,
à cet ëgard, tout ce qu'en rappor»
tent les historiens de la nouvelle
secte , qui ont eiagéré les cniantri
de Lizct.II s'occupa , dan* sa retraite,
à comp<jscr des livm<
ouIJiés aujourd'hui, d <
reraarq ;
cipes, Y
sonnemt'iii. I
culo , par iwi
séré dans l<
viro'wn ( V
suppose qu'"
Pasiavanùu
Tauiciir , pour «
dirait de s« ou. ,, '
compte de sa commuMon. C> *«»ttl
de» traités sur diverses matières ,
qu'il lit imprimer en i%5i. 1 voL
in-4'*- ; ^"" *^vl^ ^** afn|NHilé, «f il
se sctit du xèlé ankat dont l'aMc*»
étaU aoÛM coMiv li»b«rélifiit. Oi
■'ent
nftk
in*
ni.
58'
IJZ
peul j'.ig^r fîe son rlisccrnement par
oc cfu'il dit contre les versions de
l'Ecriture eu langue vulgaire : il pré-
tend que quand la Bible fut traduite
en latin , dans les premiers siècles ,
il y avait deux sortes de latin , l'un
pour les savants , et l'autre pour le
peuple , et qu'ainsi la version de
l'Ecriture ayant ëte' faite dans le
premier latin , ce n'était pas pro-
prement une traduction en kngue
vulgaire. Lizet entendait mieux les
matières de jurisprudence , comme
on peut en juger par son traite' post-
hume de la Manière dç procéder
dans les causes criminelles et ci-
viles y où l'on trouve d'excellents
préceptes , et où l'on voit comment
nos ancêtres instruisaient les proce'-
dures. L — b — e et T — d.
LLHWYD ou LLOYD. Voyez
Llwyd.
LLOYD (Nicolas), biographe an-
glais, naquit en 1634 1 à Holton dans
le Flintshire. Après avoir fait ses
premières études à Wykeham, près
de Wincliester, il fut reçu maître ès-
arts à Oxford, en i658. Il devint
ensuite chapelain du docteur Bland-
ford, qui ayant été nommé évêqiie
d'Oxford , lui donna , en 1G71 , la
cure de Newiuglon dans le comté de
Surrey. Il y mourut en ï68o , lais-
sant la réputation d'un ecclésiasti-
que également pieux et instruit. On
a de lui : Diclionnarium historicum,
geographicimi , poëticum, gentiiim,
hominum y deorum gentilium ^ re-
giomwiy etc. Oxford, 1670, in-fol.
83o pages. C'est une réimpression
du dictionnaire de Charles Es^enne,
mais avec des corrections et des ad-
ditions qui en font . pour ainsi dire,.
xui ouvrage nouveau : il en parut
xme seconde édition après la mort
deLloyd, Londres, 1686, in-fol.,
avec denouyelles acldinons; ctquoi-
LLO
que ce dictionnaire ne soit pas.
exempt de fautes, il conserve encore
des partisans en Angleterre , et il
n'est pas sans utilité pour l'intelli-
gence des noms qui se trouvent dans
Homère, dans Hérodote et dans
Strabon. W — s.
LLOYD ( David ), biographe et
historien anglais , né dans le Merio-
nethshire , en 162.5 , occupa succes-
sivement divers emplois dans le mi-
nistère de l'église, et mourut le 16
février i G9 1 , dans le lieu de sa nais-
sance. On a de lui , en anglais : I.
Politique moderne achevée, ou Les
actions et les conseils publics du gé-
néral Monk y Londres , 1 660 , in-8^.
IL Portrait de S. M. le roi Char-
les //,ibid., 1660, in-80. lU.r Om-
bre de la comtesse de Bridgewater,
ibid. , i663, in-8*^. Le but de l'auteur
avait été de présenter son héroïne
comme exemple à toutes les femmes ;
mais on prétend que le comte, cho-
qué de ce que ce panégyrique était
publié sous un titre si bizarre, et
par un homme obscur qui ne ren-
dait pas à son épouse la justice à la-
quelle elle avait des droits , intenta
im procès à Lloyd , qui fut con-
damné à six mois de prison. Si cet
auteur , dont les intentions étaient
Î)ures , eût composé un lilielle contre
a comtesse, il n'eût pas été puni
plus sévèrement. IV. Sur les Com-
plots , etc. , ibid. , 1 664 , in-4°. ;
publié sous le nom d'Olivier Foulis.
V. Fies des HoTumes illustres , ib.,
i655 , in-8°. C'est un abrégé de Plu-
tarqne. VI. Paroles de vie des mou-
rants et des mots , ou u-ivis chari-
table à un monde étourdi, ib. , 1 6G5
et iQS'i , in- 13. VIL Les Prestiges
ne sont pas des Miracles ,'\h. , i665,
in-4°. ( Foyez Greatrakes , tome
XVIII, page 367.) VIIL Les Homr
mes d'état et les Fas'o is anglais ,
LÎ.O
r Us la rè formation f ibitl. , i665 ,
)'*. ; réimprime en iG^o. Il en a
public une nouvelle édition par
irlcsWitluvorth , eu 1 7GC, 'i vol.
S ". ,avecdcs additions tirées d'au-
> auteurs , pour mieux faire res-
I tir le caractère des personnages.
. Mémoires de la Fie des />e'-
iies qui ont soitffert pour UUr
alisnie durant La rébellion , ib. ,
' 18, in-fol. Gcsdeux ouvragcs,amè-
icnt criliqués par quelques ccri-
iiis contemporains , contiennent
■ les personnages dont il est ques-
n , des particularités qui ne se
i.ivcnt pas ailleurs. On doit ne'an-
.ins convenir que Lloyd est trop
"lin à louer sans restriction les
lumes qui partageaient sa façon
penser. Charles Wilhworth a ,
is son édition, publie'e en 17 06,
vol. in-S**. , mis à ces éloges des
odiGcations d'après les auteurs ré-
.l)licains. E — s.
LLOYD ( Guillaume ), prélat
j^lais, était né dans le Berkshire,
lôi'j. Après avoir occupé di-
ts emplois dans l'église, il fut
ramé curé de Saint-Martin-des-
lamps, à Londres. Déjà il avait
Il preuve de zèle contre le calholi-
-ine, par plusieurs écrits, lors-
on 1O77 , il publia des Considé-
■ lions sur le véritable mojrende dé-
idre le papisme dans ce lOfaume^
ce une notice sur l'histoire de la
formation en Angleterre. Il y pre-
ssait de tolérer les catholiques qui
nient rinfaillibihté du pape et son
•uvoir de déposer les rois , méthode
iiployée par Elisabeth et Jacques
>n successeur : il fut soupçonné de
ivoriserlesdesseinsde la cour. Cette
ée ayant acquis une nouvelle force
rsqii'on le vit élevé k l'évèché dt
> tint-Asaph, en 1680, Lloyd jugea
qu'il devait se justilier : mais les èvé-
LLO W'î
nemenu le scr%'in»nt enrore m\nî\ 4
ce! égard sous le règne de Jacqn
car il fut un de» six preniicr>
lats emprisonné» àla Tour , rn i()HH,
pour avoirrésisiéàronlrcduroiqiii
enjoignait de distribuer et de publier
dans toutes leurs églises la déc l.ira-
tion rclativeàla libcrlédeconsrirnre.
( Foyez Jacques II, xxi, 3<i4. )
Vers la fin de l'année , la part arlive
qu'il prit à la révolution , lui ' *
la place de lonl aumônier. En
il fut transféré au siège de Lirl
et Coventry , et en i(K)f) , à « >
Worcester. S'étant mêle , ainsi oui-
son fds , avec trop de chaleur , de»
élections du comté de Worroîer, il
fut dénoncé à la chambr^^ drs r»ri-
munes , qui prit une •'
tendant à supplier la rti ,
ver l'évêquc de Worcester de sa
place d'aumônier de S. M. Anne fit
droit à cetteadressc. Cependant Llo\ d
continua de venir à la cour : mais
l'âge aflaiblit ses facultés iiUelIcc-
tuelles: car Swift raconte qu'un jour
ce prélat , plus qu'octogénaire, se
présenta devant la reine pour lui
prouver , d'apri*s le texte précis du
prophète Daniel et de l'Apocalypfte,
que dans quatre ans il y aurait une
guerre de religion, que le roi de
France se ferait protr'^lant. et que U
apauté serait ab' imt U
^o août IJ17. Ton iienpo-
rains ont tait l'éloge de ses bonne»
qualités et de son vaste savoir. Sa
conduite envers les disudeot» de aon
diocèse fut constammeot aflectueude
et chariublc ; il fournit d'exoeUCBU
matériaux à Biunet pour son His-
toire de la Ité/orme, et rooprr%
à plusieurs ouvrage» importanu.
On a de lui : I. titstoirt du gou-
vernement de VEglUe tel cm */
existait dans la Grande- Bretagne
et f Irlande , au moment oàUtc
ï
586
LLO
ligion chrétienne y fut introduite.
Cet ouvrage, publie en 1O84, ren-
ferme des docuiuenls précieux sur
l'histoire de l'Eglise dans les îles
Britanniques ; il dut son ©rigine
aux disputes qui venaient d'avoir
lieu sur l'épiscopat , et surtout
au traité de Blondel , sur le même
sujet. Lloyd avance dans cet écrit
que l'on doit retrancher de l'his-
toire d'Ecosse 48 ''^is qu'il re-
garde comme fabuleux; ce qui lui-
attira une attaque violente de la
part de George Mackenzie de Ro-
sehaugh , avocat de Jacques II ,
dans sa Défense de Vant'quité de la
ligne royale d'Ecosse, etc. , i685 ,
iu-B". Cette pièce ayant été vue en-
core en manuscrit par le docteur
Stillingfleet, il fil une réponse dé-
taillée en forme de préface à ses
Origines Brilannicœ, II. P^isieiirs
Opuscules , les uns eu faveur de
l'église anglicane contre l'église ro-
maine, les autres destinés à dé-
fendre les catholiques , ont été réu-
nis en I vol. in-4**., Londres, i()3i).
III. Abrégé chronologique de la rie
dePjthagore, 1699. DaJwell,dont
il avait attaqué l'opinion sur le
temps 011 vivait ce philosophe, y
répondit par une dissertation , en
1706. IV. Des Ouvrages ascéliqies.
V, Des Recherches sur divers points
d'histoire et de chronologie. Sa Sé-
ries chronologica oljmpiad im , etc.
a été insérée à la tête du Pindare de
West , 1697, iri-fo^- ' <2t réimprimée
plus correctement en 1700, Otford,
in-fol. D — z — s et FI— s.
LLOYD ( Robert ) , littérateur
anglais du xvin«. siècle , se fit re-
marquer dès sa première jeunesse
autant par son inconduite que par
son talent pour la poésie. Ce fut à
l'école de Westminster , où il était
instituteur, qu'il composa le plus
LLO
eonnu de ses ouvrages , V Acteur ,
imprimé en 1768. La publication
de ce poème donna à Churchill l'idée
de sa Rosciade, d'abord attribuée à
Lloyd , honneur trop dangereux pour
lui : mais l'auteur véritable , en se
nommant bientôt , se présenta cou-
rageusement aux traits de la criti-
que qu'il avait provoquée. Lloyd ,
ayant quitté son. emploi d'institu-
teur , et continuant à être fort dissi-
pé , contracta des dettes , pour les-
quelles il fut mis en prison. Heureu-
sement, il trouva un bienfaiteur
dans Churchill, mauvais époux et
mauvais citoyen , mais qui fut ce-
pendant capable de sentir et d'ins-
pirer une amitié véritable et cons-
tante. Celte amitié fut telle, que
Churchill étintmort au mois de 1.0-
vembre 1764, Lloyd en conçut un
chagrin qui le mil au tombeau un mois
après. ( f^oy. Charles Churchill. )
Ou a de lui ànq pièces de théâtre,
médiocres, enlre autres la Nouvelle
école des femmes , comédie , impri-
mée dans le Saint- James" s maga-
zine , 1 763, la Aïort d'Adam , tra-
gédie , 1 753 , les Amants capricieux,
opéra-comi-pie , 1 764 , et des poé-
sies , dont la plupart ont été impri-
mées ensemble par le D. Keurick,
1774, '-i vol. iu-B''. lloyd est re-
g irdé comme un versificateur har-
monie ;x , dont le talent était de
donner à de vieilles idées une tour-
nure Meuve et élégante. L.
LLOYD ( Henri ) , tacticien , ne
en 17*9, dans la principauté de
G dles, était lils d'un ptsteur de vil-
lage , qui lui enseigna les belles-
lettres , les mathématiques et \es
diiFérentes langues. Doue d'un esprit
supérieur , il fit dans toutes ces ])ar-
ties des progrès sapiles, et dirigea
surtout ses études vers la guerre et
la politique. La carrière des armes
LLO
lissait la plus capable cle flatter
■iinhition : mais irétait sans for-
; et la vtMialite des einpluisdans
lise, ne lui pcrmettaut
!cr de l'avancement ,
t j les yeux sur le service des au-
puissanccs. Dès l'âge de dix-sept
, il accompagna les deux jeunes
iimund qui se rendaient dans
Pays-Bas , et il assista avec eux
bataille de Fonlcnoy. Il voya-
ensuite en Allemagne , et y ob-
i surtout la tenue et l'orgauisa-
I des dilîiérentcs arme'es. On croit
1 était dès-lors cbargé secrète-
itde missions politiques; et il se-
en eflbt diilicile, sans cette sup-
ition , d'expliquer comment il
pu sulFire à la dépense de pareils
) ij^es. Après un séjour de quelques
innées en Autriche, il réussit à se
(aire nommer aide-de-cam'p du gé-
aeral Lascy, qui était alors marc-
hai-général des logis ; et ce fut en
:c;te qualité qu'il fit ses premières
irmes, en i -^S^, dans cette guerre de
îept ans , si féconde en événements ,
l si remarquable par le talent des
liommcs qui la conduisirent de part
ît d'autre. Cet emploi , en le met-
tant à portée d'être bien instruit , lui
laissait tout le temps d'observer, et
le préparer les écrits qui l'ont rendu
«lèbre. Il obtint bientôt le grade de
^pitaine , ])uis celui de lieutenaut-
îolonel; et dans la campagne de
t^6o , il eut le commandement d'un
jTos détachement de cavalerie et
l'infanterie, avec lequel il fut charge
l'observer les mouvements de l'ar-
nse prussienne. Lloyd s'acquitta de
tHie mission avec l)eaucoup d'habi-
le^ et de succès ; mais la fierté ua-
Hl|"clle de son caractère , ou piutôt
Ml esprit inquiet et turbulent qui ne
siKa point de le diriger dans tout le
MMirs de sa yie , lui fit beaucoup
LÎ.0 mi
dVonemii , et mtt dei nhrtifki à
sou aviinr rite de «jnd^Mt
injustices , i.n avec .lierrur,
et donna •>
ccptéc , à <
pas au service de I*rus5e. « .!
» né Anglais, répondit -il ; mu. . , ^^
» suis libre de donner 4 qui je vou-
» drai , mon cpée et mon ca'ur. Ce-
» pendant , je veux bien vous «vcticr
» que mon intention n*est |^s de scr-
» vir le roi. » Maigre celle dédari-
tion , Lloyd alla se rannr anssitôc
sous les drapeaux de la ProMe;
et il fit les deux dernières «
pagnes de cette guerre, coinî!
doHle-camp-géncral du | ^
dinand de Brunswick. Ai
de Hubcrlsbourg , il se remit a voya-
ger, s'occupanl toujours dr zn.-ne
et de diplomatie. Il conti
coup à la conclusion du i: ^ .c
la sœur de George 111 avec le pi incc
héréditaire de Brunswck ; et i! re-
çut, pour le succès de ses n&'^oi \\~
lions à cet égard , une pension de
cinq cents livres sterling. Voyant la
guerre allumée entre la Rus^e et U
Porte, il se rendit à Péterai •oui^ ,
et y fut très-bien accueilli par Ciihc-
rine II , qui lui donna le grade dt
général-major, et un commaudemeut
dans son armée; il s'y diiliugua
dans plusieurs occasions, uol.unitifut
au siège de Silistria , en i-^î I *
plans qu'il fournit pour 1 r
de cette guerre , eurent un
ces; et on le destinait au
dément d'une armée de i! e
hommes en Fiidaude , ' «
paix , qui fui conclue ave
vint le priver d'une oc< ù
ployer se-. ' '
fhélfre. C
t«re ; le deleiuuaèiciit ci^wrc ià ^l
5BS
LLO
ter !e service de Russie, et à s'éloi-
gner de cet empire où il avait été si
bien accueilli , et où les étrangers
ont tant de moyens de succès ! 11 se
retira , sans pension ni retraite , ni
aucune marque d'honneur. Il avait
désiré l'ordre de Sainte- Anne ; le
Î)cu d'élévation de sa naissance fut
c prétexte dont on se servit pour le
lui refuser : mais il paraît que dès-
lors on avait connaissance du rôle
méprisable qu'il joua longtemps j et
il est probable que c'est à cette cause
qu'il faut attribuer la variation de ses
services , l'inconstance apparente de
sa conduite y et surtout l'espèce de
voile dont semble encore être cou-
verte une partie de son existence ( i ).
En quittant la Russie, Lloyd reprit
le cours de ses voyages , et il par-
courut successivement l'Italie , l'Es-
pagne et le Portugal. A Gibraltar , il
eut de longues conversations avec le
célèbre Eliot ; et il lui donna des avis
utiles pour le plan de défense qui de-
vait bientôt illustrer ce gouverneur.
On a dit que, dans l'admiration où il
fut de son savoir , Eliot voulut le
rendre à sa patrie. Ce qu'il y a de sûr ,
c'est que ce fut vers ce temps-là que
Lloyd retourna en Angleterre; mais
on croit que ce fut sans l'aveu du mi-
nistère. Il est vrai qu'il parcourut les
côtes, elqu'il examina soigneusement
les points d'attaque et les moyens de
défense ; mais on dit que ce fut en
secret et à la faveur d'un déguise-
ment. Cependant il rédigea un mé-
moire qui fut imprimé, et que le mi-
nistère acheta cinq cents livres ster-
ling, en défendant à l'auteur de le
publier. On ne sait pas pourquoi
(i) Il est à remarquer que les nuteurs anglais
roiUemporHJns , et iiiJnia ceux qui ont écrit ni>rèî
Isoyà , OUI à peine fait nieiuiou <Ib lui. AiiLim
des biographes de cette nalicin que non» avoua
•»i>»ultti» , 119 lui a consaor» dariiclc.
LLO l
Lloyd s'eloign.i encore une fois alors
de sa patrie, ni pourquoi, renon-i
çant tout-à-coup à ses voyages ctàj
ses projets de fortune, il vint se con-i
fîner dans une modeste retraite près!
de Huy, sur les bords de la Meuse. j
Il y paraissait uniquement occupe'
de la publication de ses écrits, lors-
qu'il mourut subitement, le 19 juin.,
1783. Dès qu'il eut fermé les yeux |
un émissaire anglaisse présenta danî'
sa demeure , sous prétexte de quel-
ques dettes ; et il enleva divers pa
piers. Cet empressement a doniK
lieu de soupçonner que ce fut h
ministère anglais lui-même qui fi
ainsi retirer jusqu'au dernier exem-
])laire du mémoire où se trouvaien
indiqués les moyens d'envahir l'An
gleterre; et il est probable que c'es
à celte circonstance qu'il faut at
tribuer non - seulement la dispari
tion de ce mémoire, mais encor
celle de beaucoup d'autres écrits an
nonces par Lloyd, et dont la rédac
tion devait être fort avancée , tels qu
la suite de la guerre de sept ans , €
tuie histoire complète des guerres d
Flandre. La perte de tels ouvrage
est sans doute fort regrettable pou
les militaires : Lloyd avait beaucou
vuiBt beaucoup observé; ses principe
de tactique sont en général vrais, <
souvent établis sur des preuves m;
thématiques. Il a fait école parn
nos tacticiens modernes ; et l'on
adopté dans beaucoup de nouveau i
écrits jusqu'à son ton dogmatique (j
tranchant, si repoussant lorsqu'j
s'agit des vérités les mieux étc'j
blies , si ridicule lorsqu'il est foEJ
dé sur des erreurs î On ne pei
nier que celles de Lloyd ne soieii
nombreuses; et il les aurait sari
doute reconnues lui-même , s'il ei
vécu plus longtemps. L'espèce f
charlatanisme dont il les a envelo|
1,L0
rs , a fait plus de dupes tpi'on ue
j ciisc. Qui sait, par exemple, l'in-
Ihicuccque peut avoir eue sur le plus
aiul événement de la dernière
i rrc , cette assertion si ëvidem-
iiicut fausse , que l'on trouve dans
•^(Hi chapitre des fronlièresde la Kus-
: a Moscou étant pris , l'empire
Ivusseest renverse. » Ses ouvrages
ïinussont: l.Inlroductionà VlUs-
•e de la, guerre en Allemagne y
i re le roi de Prusse et Vimpéra-
u-e reine, etc., Londres, 1781,
vol. in-4**. ; traduit eu français
I le chevalier d'Estinianville , in-
iiicur au service de Prusse, Lon-
s , 1784 , in-4". Le gênerai prus-
II Tempclhof en a publie une tra-
iv lion allemande avec une suite et
s notes de sa composition , Ber-
1,1 783-94 , 5 vol. in-4'*. Le mar-
is de Mesmon a aussi traduit en
mçais , et fait imprimer à Bruxel-
, en 1 784 , le premier volume de
t ouvrage ; dont Tëdition resta
.- ms son château, jusqu'en 1793,
époque à laquelle le comité révolu-
tionnaire de Rhe'lel l'envoya au co-
mité de salut public , qui la fit dis-
tribuer aux généraux de ce temps-là.
Les cuivres sont encore au dépôt de
la guerre, et le manuscrit du reste
de l'ouvrage n'a pu être retrouvé. Ce
premier volume a été réimprimé en
1801, à Paris , sous le titre de Mé-
moirds politiques et milita' res du
général Llojd, servant d'introduc-
tion , etc. On a encore publié à Bdlc
(Cassel , ïourncisen ), 1798, in-S".
Mémoires politiques et militaires ,
ou Histoire de la guêtre en Alle-
magne, etc. Enfin, le général Jo-
mini s'est servi du texte de Lloyd,
et de Tempelhof , pour son Traité
des grandes opérations militaires.
IL De la composition des différentes
armées anciennes et modernes, Ira-
LLW ÙSq
duit en fran< des notes,
par un uilicii 1 t ' ...
»^, Paris, iH i 11 >.
litique et militaire ^ui l iuii:iioi\
et la défense de la grandr fi'rin
gne y traduit sur la liii'?
tion , par (i. Iinbrj f . vi !
ris, 180 . !
dans la iii
lions sur ce dernier uuvra{;e , qui fut
souvent consulté à l'occasiou de l'in-
vasion de r Angleterre que piojetait
alors le gouvernement français ; mats
on croit qu'il y manque la |>artie la
plus importante, c'esl-à-<liic celle
qui est relative à la pc^sibilitë de
cette invasion. Lloyd a encore pu-
blié des Essais politi<pies, des Es-
sais suv les passions et sur les finan-
ces, qui n'ont pas été traduits. On a
publié en allemand des exlrails de
ses ouvrages militaires sous diflc-
reuts titres. M — o. i.
LL\VYD,LHm'D,LLlIWYD on
LHOYD ( HuMPUREY ) , antiquaire
anglais , né à Denbigh , mort vers
1570, avait étudié à runîversitë
d'Oxford. Camden le représente com-
me un des meilburs antiquaires de
son temps, et Daines Barringtou loue
son exactitude sur tout ce qui con-
cerne l'histoire du jwvs de Galles. Il
avait du goût pour les beaux-arts ,
particulièrement pour la musique;
c'est lui qui a cxérulé la carte de
l'Angleterre pour l'ouvrage iuliliJe'
Tfieatrum Orbis. Il avait rassemblé
un grand nombre de livres curieux et
utiles pour lonl Luiulrv . d-nt il
avait épousé la sanir. ' > ,
achetés ensuite par Jac«i
vinrent le fondt-inent de la
thèque royale , et forment "• 1
une partie irès-eslimabb
britannique. Voici les i
principaux ouvrages : I. '
rioU iritannitœ detcnfnn^rtnj'uf^-
1
%»
LLW
mentum , Cologne, 1572 ; réimpri-
mé par Moses Williams , sous ce
tîLre : II. Lhwyd , armigen , Bri-
tannicœ descriplionis comment ario-
îitm, arec les deux, ouvrages sui-
vants , Londres ,1731, in-4°. } trad,
en anglais par Twyne , sous ce titre :
The Bre^iaiy of Bntain, Londres,
1 7G8 , in-8^. II. De Monci Druidum
insuld antiquitati suce restitutd ,
et une lettre à Abraham Ortelius , 5
avril i568. III. De Armamentaiio
romano , imprime' ainsi que Tecrit
pre'ce'dent, à la fin de Hist. Brit.
Dej'ensio , par sir John Priée, Lon-
dres , 1673, in-4'^. IV. Chronicon
ïValliœ , à rege Cadwalladero ,
usqiie iidann. Dom. 1 294; Mss. dans
la biblioth. Goltonienne. V. Histoire
de Camhrie y maintenant appelée
pays de Galles , d'après Caradoc
de Lancaivan , les registres de
Conway et de Stratjleur , avec une
continuation tirée principalement de
Mathieu Paris, Nie. Trivet , etc.
Lhuyd étant mort avant d'avoir ter-
miné cet ouvrage , le docteur Dav.
Powel y mit ses soins, et le publia à
Londres, i584, in-40. YI. Le Tré-
sor de la Santé , traduit de P. His-
panus, etc., Londres, i585. VIL La
Conhaissance des urines , Londres,
i55i,in-8«. L.
LLWYD ou LHUYD ( Edouard ),
antiquaire, ne en 1660, dans le midi
du pays de Galles, devint , en 1690 ,
conservateur du Muséum ashmoléen,
se livra à l'étude des antiquités de son
pays, par ses lectures et voyages dans
diverses parties de l'Angleterre , et
mourut en 1 709, après avoir publié :
I. Archœologïa Britannica , où l'on
trouve des détails sur les langues ,
l'histoire et les coutumes des premiers
habitants de la Grande-Bretagne ,etc.
i^-^'. vol. Glossographie j Oxford,
1707^ in-fol. On y trouve nn ample
LLY
dictionnaire du dialecte de Gornwa?L
une réimpression de la Grammaire
et du Dictionnaire armoricain
père Maunoir , etc. IL Lrthophj
lacii Britannicilconographia, i6c
in-8". Cet ouvrage , qui est un cat«
logue méthodique des fossiles figuré
du Muséum d'Ashmole , et composé
de T 766 articles , fut imprimé aux
frais de Newton , de sir H. Sîoane ,
et de quelques autres savants, amis
de l'auteur. Comme on n'en tira que
I '10 exemplaires , M. Huddesford en
donna, en 1760, une nouvelle édi-
tion , augmentée de quelques lettres
de Lhuyd, et d'une introduction. III.
Rapport sur du papier fait avec de
V amiante trouvée dansV lie d' Angle-
sey , et seize autres notices ou petits
Mémoires insérés dans les Transac^
tions philosophiques ( u9^. 1 66-3 3ô).
Lhuyd communiqua des observa-
tions à l'évêque Gibson , dont l'édi-
tion de la Britannia fut revue par
lui. Il a laissé plusieurs ouvrages
manuscrits , dont M. Carte , entre
autres , a fait des extraits historiques.
( F. les Mémoires sur la Vie d'Ed.
Lhuyd, à la fin du British remains,
Londres, 1777, in-8".) L.
LLYWELIN , LHEWELIN ou
LEWELYN , seizième prince sou-
verain du pays de Galles , descen-
dait , par sa mère , des anciens rois
de ce pays. Il épousa , en 998 ,
Angharat , fille unique de Méredith ,
qui avait régné sur le pays de Galles
méridional j et il attaqua en ioi5 ,
à la tète d'une armée , Aedan, qui ,
en ioo3 , s'était emparé du trône du
pays de Galles septentrional. Il le
battit , le tua , ainsi que ses quatre
fils , et prit le titre et l'autorité de
roi de Galles. Les habitants furent
heureux pendant son règne , quoi-
qu'il eût à soutenir plusieurs guerres
contre les princes voisins. Il fut as-
me en loii , et laissa un fils
inc GrulîVth , qui ne parvint à la
; i)niio(|uVii io38. D — 1 — 8.
LYWEF.YN, piiucc souverain
pays de Galles , que Mathieu
i> appelle Leon-lc-Grand , elail
f (ils d'Ow'eu Gwncth qui atait
e sur ce pays. Jo7.welh Drwyn-
1 , ou Edouard au nez cassé,
de IJywelyu , quoique l'aîné
(Mifanls d'Owon Gwuelh , ne lui
(da pas à cause de sa dillormilé ;
fut Divid son frère cadet , d'un
e lit , qui prit les rênes du gou-
crncKt en 1194 : Lly welyn ,
r s'opposer à cette usurpation,
aibla des troupes , et entra dans
lys de Galles septentrional , dont
li'empara sans etiusion de sang,
ion oncle David n'ayant point fait
le résistance , et les habitants s'é-
lant volontairement soumis à son
ibéissance. Cependant , trois ans
iprès , David, qui avait conservé son
lutorité sur une partie du pays de
^lles , vint attaquer son neveu , à
â tctc d'uue armée composée d'An-
glais et de Gallois; mais il fut battu et
•it prisonnier. D'après l'ordonnance
Rodeiick-le-Grand , et les lois
le Hohvel Dlia, prédécesseurs de
iJywelyn , tous les princes et sei-
^eurs gallois étaient tenus de rc-
tonnaitrc pour leur souTeraiu celui
(ui régnait sur le pays de Galles
eptentrional , et de lui prêter foi et
lommâ^e : cependant ces lois fon-
iameulales étaient tombées depuis
lODg-temps dans une telle désuétude,
î la plupart de ces seigneurs se
onnaissaient vassaux du roi d'An-
{leterre , tandis que les autres agis-
saient en souverains tout - à - fait
odépcndunts. Lîywelyn conciât le
•rojel de faire disparaître ces abus ;
l cohvoqua un parlement de tous
|cs geigueurs da jiays de Galles ;
IXT 5y,
pour qu'ils eussent k lui pr^er It
serment d" " o ; pretoac Ions
obéirent : 1 l.s irbellet à tt
sou met Ire par la lorrc des amcs.
En r>o4 , David ,son nnric . nnitid
Llywrlyn avait acn :
ayant essayé de nouT n ,
l'auturilé, avec le secours des An-
glais , fui encore défait par lui , et
obligé de se réfugier en Angleterre où
il mourut bientôt après. Le roi Jean
(sans Terre) qui déjà avait eu quel,
ques démêlés avec Llynelyn , quoi-
qu'il lui eût donne en mariage ta
liLe Jeanne, prit , en tai 1 , la dé-
fense de plusieurs seigneurs gallois ,
qui avaient à se plaindre de ce
prince , et joignit k leurs f-Trei une
armée considérable, avec I
entra dans le pays de G. .»
I.ly welyn , après avoir appru\i-
sionné ses châteaux - forts et ses
F laces de guerre, se replia dans
intérieur du pays , détnusant loi^t
derrière lui; ce qui força Jean à se
retirer en Angleterre. Ce prince fut
plus heureux Tannée suivante; car
il obligea Lly welyn à lui prêter foi
et hommage, et à souffrir des prui
sons anglaises dans plusieur> (le ses
châteaux : le prince gallois se délivra
néanmoins de ses hôtes iurora modes,
après avoir mis tous les seigneur»
dans ses intérêts , et avoir ctc deîié
par le pajw des serments qu'il avait
prêtés à Jean. Ce priure s'elant ar-
rangé avec le pape, Lly welyn et les
autres ennemis du roi d'.-^ngleterre
furent â leur tour excommui iA: <c
qui n*em pécha pas le $01.'
lois de lever des troupes, i.... :_..«
une invasion en Angleterre, en 1 ^ 1 5 :
il ne rentra dans ses états qu'après
s'être empare de plusieurs villo rt
avoir levé de T * ■ .
Cependant , L'
France, appelé pAi iu baroju aA^
^9'^
LLY
glais opposes à Jean, ayant débarque'
en Angleterre , demanda l'amitië de
Llywelyn: celui-ci ne répondit rien ,
et résista e'galement aux attaques de
ce prince. Llywelyn eut à combattre
en I '2 1 7 , Reynal de Bruce et quelques
autres barons qui s'e'taient arrangés ,
sans l'en prévenir , avec Henri III ,
qui venait d'être reconnu roi d'An-
gleterre j il les battit j et les contrai-
gnit à se soumettre et à lui payer
des sommes considérables. En i'2'ii,
il eut des discussions avec Grut-
fytb , son second fils , auquel il par-
donna, après l'avoir vaincu • il lui
confia même , en i223 , une armée
avec laquelle il s'opposa aux progrès
de William Marshall , qui, venu d'Ir-
lande, était entré sur ses terres avec
une troupe considérable. Llywelyn
combattit, en 1228, Henri ÎII, roi
d'Angleterre : après quelques escar-
mouches insignifiantes , la paix fut
conclue, et il eut une entrevue avec
le roi auquel il rendit des honneurs,
mais sans se reconnaître son vassal.
En I Si3o , Llywelyn ayant surpris sa
femme en adliltère avec WiUiam
^ruce, fit pendre ce dernier. Henri
III qui avait plusieurs fois provoqué
Llywelyn, envoya vers lui, en i^Si,
l'archevêque de Cantorbery et les
évêques de Rochester et de Chester ,
pour traiter de la paix; mais ils s'en
retournèrent sans avoir lien conclu.
En 1^37 , Llywelyn appela auprès
de lui les seigneurs et barons du pays
de Galles , et leur fit prêter serment
de fidélité à David son fils. Vers ce
temps , se sentant vieux et infirme ,
et tourmenté par la conduite de son
fils Gruffyth , il envoya des ambas-
sadeurs à Henri III , pour lui faire
connaître son désir de passer le
reste de ses jours en paix , en lui
offrant de se soumettre à lui , et
promettant d'être prêt à le secourir
LLY
toutes les fois qu'il aurait beso
de son aide. Un traité fut conci
en conséquence , parl'intermédiaji
des évêques d'Hereford et de Ghestc.
Après avoir cédé une partie de so
états à son fils David , qu'il av.;
eu de Jeanne fille du roi Jean d'Ai
gleterre, Llywelyn mourut en 1 si4o
et fut enterré dans Tabbaye d(
Gonwcy. C'est un des princes les plu
vaillants qui aient régné sur le pay,
de Galles , qu'il parvint à réduin
tout entier sous son obéissance: peD
dant cinquante-cinq ans de règne , i
tut presque toujours en guerre contre
ses vassaux , ou contre les roi
d'Angleterre. D — z — s.
LLYWELYN, dernier prince sou
verain du pays de Galles, petit-fils di
précédent , eut pour père Gruffyth
que David , son frère aîné , tint long
temps dans une dure captivité. Al
mort de son oncle , arrivée en 1 246
selon Powel , ou en 1263 , selon Hu
me, Llywelyn fut reconnu princ
souverain du pays de Galles , ave
son frère Owen Goch , par tous le
seigneurs et barons assemblés, quoi
que Roger Mortimer eût , suivan
l'ordre légal , plus de droit à l
succession. Llywelyn divisa en deu:
parties le pays de Galles , et se ré
serva le Nord , laissant le Midi à so;
frère Owen. Ce dernier , peu satisfai
de ce partage, prit les armes en 1 254
mais il fut vaincu et fait prisonnier
ce qui laissa Llywelyn sans compé
titeur. Pour établir et assurer soj
indépendance (i) contre les entre
prises d'Henri III, il crut devoir fc
monter des discordes dans le royau
me de son ennemi; et il entra dan
(0 Hume dit qu'en montant sur ^le ti
Llywelyn fut obligé de renouveler au roi d
gleterre Henri lll , l'hommage arrache
faiblesse d» son grand-père, et que l«s An
réclamaient comme un droit établi. Le JJ. Powi
historien du pays de Galles, ae pari» pas de
«!r<.-ouit»uc« itoportaiite.
owS
LLY
( onfcdrration avec le comte de
ester. Ayant réuni toutes les
- s de sa priutipaule, il (il une
^ion en Anglelcire, à la tèle de
00 honnncs, et eomnienva par
'rava«;er les terres de Rof;er de Mor-
linier et de tous les barons du parti
[ide la couronne. Il marcha ensuite
'.dans le Chesliire, et commit de
(Semblables rav^tgcs sur les terres du
iprinee Edouard. Ses troupes indis-
iciplinees mirent tout à feu et à sanj;;
let quoique Mortinicr fît une vigou-
ircuse résistance , il fallut cependant
<que le prince Edouard vînt à son
secours , à la tête d'une armée. Lly-
("Welyn fut repousse , et oblige de se
icéfugier dans les montagnes du nord
idu pays de Galles : les troubles sur-
venus en Angleterre empêchèrent
Edouard de l'y poursuivre. Cette in-
vasion des Gallois fut , pour les ba-
rons mécontents, le signal de courir
aux armes ; Lly welyii leur prêta son
appui, et entra dans toutes leurs
conspirations contre la couronne ,
jusqu'à la bataille d'Evesham ( 4
août iuG5), si funeste au parti des
rebelles. Lors de raccommodement
géne'ral qui eut lieu avec les vaincus,
jlywelyn obtint aussi son pardon( \ );
mais comme il était le vassal le plus
Ôuissant, et par conséquent le pJus
aangereux, il craignit })our l'avenir
|iÈS elfets de la jalousie du monarque
tnglais, et crut devoir, pour sa sû-
CCtcf, conserver une correspondance
^j lebrctc avec ses anciens associés, et
^ iemander en mariage une (il le du
:, eimtc de Lcicester : elle lui fut
Powel ne fait connaître ni l« lî-« i»!
- la bataille 5 il .lit .eulemout qu.. p«r
llaira J'OHohooua , léj»*l «J«« P"P« ; '■
...u Ine f.n ia6H , entre' le lol llei.tl et
. au château Ue Montpo.tiniery.C» Jrr-
i.lÏRoao paver aii roi 3o.o3o warc» , «t
ir dr lui une chattr qui imp»i4if foi et
>m..ge, non »eulem«nt ■ Llrwelyri |.ii-m*«e,
.1* entere à ton» <•* b*ron» , uu âeul «ftCeft*.
XXIV.
accordée ; mais , arrêtée à non pi-
sage près des Wrs *\r .Villy, «rt»#»
dame ne put rejoindre* I.I\u«I\ii rt
fut retenue à lacouni
Cet incident angmrni.i
luclle de Llywplyn <i :
quiavoitsucrcfdéâ soiipù. x, ■ -.
CiC dernier exigea que le nrinn- «1 •
Galles vint en Angleterre lui prrtrr
foi et hommage : LIv^Hvn qui
craignait de se mettre airiM
mains de son ennemi . iiru !
lui fût délivré 'n
le (ils du roi et
gueurslui fussent rt-nns < ;
avant tout qu'on rendit la I
femme. Edouard n'ayant nrn ^
douter de ses barons, ne fut p ,
elle de cette occasion pour ^
guer entièrement la principau:. _
Galles. U se refusa donc a toutes
les demandes du prince gallois . ex-
cepté à celle d'im sauf-conduit , lui
enjoignit de nouveau de remplir son
devoir de vassal, leva une armrr
considérable, et marcha contre lui.
Outre la grande disproportion dr
forces, les circonstances r.\ t
encore Edouard; car les i
sensions intestines qui .r
affaibli l'Angleterre, c\l^•
dans le |>ays de Galles , ] >
la famille royale, l)a^id .1 ; ,
frères de Llywclyn, dépouille» par
lui de leurs héritages , s'élaieot ren»
dus auprès d'EdouanI, dont ils se-
condèrent la vengeauccBieutôl Llv-
>velyu n'eut d'autre ressource que ^
se réfugier dans les monlagoes ne
Snowduu , qui , pendant tant de
siècles , avaient déTeudu ses ancêtres
contre les Saxons et les Normands.
Edouard , entrant par le nord , pé-
nétra dans le cœur du pays, et vint
(1) L« D. P«»«l ptar» c«l *»»•■—» *• ••:!»
594 LLY
bloquer l'armëe galloise dans sa
dernière retraite. Prives de leurs
magasins , et resserres dans un coin
e'troit avec leurs troupeaux, les Gal-
lois souffrirent bientôt toutes les hor-
reurs de la disette; et Llywelyn fut
contraint de se rendre à. discrétion.
Il s'obligea de payer au roi cin-
quante mil'e livres sterling pour les
frais de la guerre, de faire hommage
de sa principauté à la couronne
d'Angleterre, de permettre que tous
les barons du pays de Galles juras-
sent lîdëlité à Edouard j de lui aban-
donner le pays situé entre le Ghes-
hire et la rivière Gonway; de payer
une forte pension, à chacun de ses
frères , et enlin de donner dix otages.
Edouard , d'après l'exécution des
autres articles , fit remise au prince
de Galles des 5o,ooo livres ster-
ling , que la piuvreté du pays ne
lui aurait pas permis de payer ,
et lui rendit Elianor , fille de Simon-
de Montfort, comte de Leicester,
que Llywelyn épousa en 1278. Le
roi et la reine d'Angleterre assis-
tèrent à son mariage , avec l'élite
de leur noblesse. Cependant les vio-
lences commises journellement par
les Anglais , leurs vexations conti-
nuelles exaspérèrent les Gallois ; et
des conditions plus dures furent im-
posées à Llywelyn lui-même ^ qui
s'engagea formellement à ne souffrir
dans sa principauté aucune personne
suspecte au roi d'Angleterre. D'au-
tres injures encore enflammèrent
l'indignation des Gallois, qui aimè-
rent mieux essayer de nouveau le
sort des armes contre un ennemi for-
midable , que de supporter l'oppres-
sion de leurs orgueilleux vainqueurs.
Le prince David, rempli de cet esprit
national , fit la paix avec son frère ,
et promit de concourir à la défense
ÛQ la liberté commune. Les Gid-
LOA
lois coururent tous aux armes; <!t
Edouard , satisfait de l'occasion
qu'ils lui présentaient de faire la
conquête définitive de leur pays ,
assembla son armée, et y pénétra.
Les Gallois obtinrent d'abord quel-
ques avantages sur Luke de Tany,
l'un des capitaines d'Edouard , qui
avait passé le Menau avec un déta-
chement j mais bientôt Llywelyn ,
surpris par Mortimer , fut défait ,
et tué dans une action qui eut lieu
en 1277 , suivant Hume, et en
1282, suivant le D. Powel; deux
mille de ses partisans y furent
passés au fil de l'épée. David , son
frère, lui succéda dans sa princi-
pauté : mais il ne put rassembler une
armée capable de faire face aux An-
glais , qui le poursuivirent de mon-
tagnes en montagnes ; et , après l'a-
voir contraint de se cacher sous di-
vers déguisements , s'emparèrent df
sa personne par trahison. Edouard
le fit traduire devant la chambre de;
paii's d'Angleterre, et ordonna en
suite qu'il fût pendu et écartelé com
me un traître. Toute la noblesse gai
loise se soumit alors au vainqueur
qui établit dans ce pays les lois an-
glaises , et parvint ainsi, après un<
lutte de huit siècles, à affermir cett(
importante conquête. ( /^. Edouari
p»-. , tom. XII, p. 492. ) D— z— s
LOAISEL DE TRÉOGATE ( Jo
sepii-Marie), néau château de Beau
vel dans la Basse-Bretagne, le i^
août 1752, fut gendarme de la gardi
du roi, et consacra ses loisirs à la lit
térature. Il n'y acquit ni gloire, n
fortune : la Convention nationale l
comprit au nombre des gens de let
très à qui elle accorda des secours
en 1 795 , et il mourut dans l'obs
curité, en octobre 18 12. On a d(
lui : I. Des romans ou nouvelles
savoir : Falmore, 1776, ia-8^
orello , 1776, 1 vol. inS*. : ces
i\ oiivr.»p;c.s ont cte roi m primes en
1)5, et traduits en russe , Moscou,
M) i , i n- 1 'j ; — les Soirées (U la me-
iiolie, 1777, iii-80. ; — la Comtes-
d'Ali^re ou le Cri du sentiment y
I 78 , in-80. ; réimprimé , sous le
II ire de Louise et Milcourt ou le
/ du sentiment , 1 793 , in- 1 2 ; —
Ibreuse , ou V Homme du siècle
nené à la vérité par le senti-
rit et par la raison, 1788, 2
!. iii-8*^. ; 170'2, 2 vol. in- 18; —
nsi finissent les grandes passions,
les Dernières Amours du cheva-
r de .... , 1 781) , 2 vol. in- 1 2 ;
— ralrose , ou les Oracles de VA-
">ur, 1790' ^ vol. in- 12; — Hé-
eet Abeilard, ouïes Victimes de
jiiour , i8o3, 3 vol. in-12. Loai-
! n'est qu'un imilaleur d'Arnaud
ulard, auteur des Epreuves du
ttiment. Cependant , quelques-
> de ces ouvrages ont été tra-
its en allemand , etc. II. Des
\ rages dramatiques , dont la plu-
1 1 n'ont été représentés que sur
théâtres du Boulevard. 111. Vflis-
/v de Philippe II , roi d'Espar-
'' , et de Louis le Débonnaire ;
;is V Histoire des hommes , mr
lisle de Sales et autres. IV. Des
articles, soit en prose soit en vers ,
'dans le Journal encyclopédique , le
^Mercure français , etc. V. Aux
âmes sensibles , élégies. Ce recueil ,
cité par plusieurs bibliographes,
mais dont aucun ne donne la date ,
doit être rare , s'il existe. Z.
LOAYSA ( Garcias ) , cardinal
çl)[>agnol , né vers l'an i470 > ^ ^^-
^«rera dans la Castille neuve , d'une
ille illustre et qui a produit plu-
rs hommes distingués , entra
jeune dans la maison des Domi-
ins de Salamanquc ; mais la dé-
Hàtesse de sou lempcrament ayant
I.OA V/,
fait craindrf qu'il nr MÔt »iit>, ,,..#._
les austérités rjni v
ses su|)érieurs ren\.., ; .,,,,, vrr
son noviciat a Pcnafirl. Il y prit
l'habit religieux m • ' " cl »e
rendit ensuite au « Sainl-
Grégoirc à ValladoliM, "u ii termina
ses étudc5 de la manière la phn
brillante : il fut d* , rt-rn-
plir la chaire dr dans
ce même collf. temps
après , il en d- < I,rs ta-
lents qu'il montra dans lexercire de
cette charge , accrurent sa réputa •
tion ; il fut nomme définitcur des
maisons de son ouïr»- m T'^pi-
gne , assista, en c . ,\
chapitres tenus à >..j... . t., i.>i3,
à Rome en i5i8, et fut élu, dans
ce dernier , supérieur général. Il fil'
la visite des maisons de l'ordre
établies dans le royaume de Napics
et en Sicile; et ayant obtenu du pape^
la permission d'ajourner à deux ans
la visite des autres provinces , il re-
vint en Espagne. 11 indiqua
semblée des supérieurs de l'» -
Valladolid, en i523 , et y porta la
parole avec tant d'< Icaix-îK c . nwc
l'empereur Charle>
désiré assister à c .. .^
choisit pour son < Il se
démit quelques moi> .| - - iJi gcD^
ralat , et fut nommé à l'cvèch^
d'Osma , qu'il pouvait admir • —
sans s'eloicner de la cour. Il
le ju .
la ni
etfuld'.r,
pire : m.u
point. L' , , ^
Onint à Holo^ue , avii^lu au cuiir* n-
iienirv»
de I.
.1,.
rf f;,!
.rc
%6 LOA
VII, en 1 53o. L'empereur le laissa à
Rome, pour veilierauxintérêls de ses
peuples ; mais l'attache ment de Loay-
sa pour sa patrie, lui fit désirer de re-
voir l'Espagne, et il y revint en 1 587.
Il fut transfe'rë , en i538, sur le
siège de Séville, et fut nommé grand-
inquisiteur , président du conseil
royal des Indes et de la croisade. Il
mourut à Madrid ,\e 11 avril 1 546 :
*on corps fut transporte' à Taîavera ,
et inliumë dans l'église des Domini-
cains , qu'il y avait fondée , et où
l'on voit encore son épitaplie. On
peut consulter , pour le^ détails ,
le P. Echard , Bibl script. FF.
Prœdicator. et les Fies des hommes
illustres de l'ordre de S aiiit- Domi-
nique, par le P. Touron , tom. iv.
Ceux qui ont attribué au cardinal
Loaysa le Recueil des conciles d' Es-
pagjie , l'ont confondu avec Garcias
de Loaysa , arclievequc de Tolède.
( Voyez Giron. ) W — s.
LOBEL (Maïhias de ), botaniste
et médecin, né à Lille, en i538,
étudia la médecine à Monipellier,
60US Rondelet, et profita de son sé-
jour dans le midi , pour faire des
excursions botaniques , dans l'une
desquelles il connut Pena , qui de-
vint par la suite son collaborateur.
Il voyagea aussi en Suisse, en Alle-
magne et dans le nord de l'Italie.
Après avoir pratiqué la médecine à
Anvers et à Dcift, il fut nommé mé-
d^ecin du prince d'Oraugc; et à la
mort du stathouder , il passa au ser-
vice des états-généraux. Il se rendit
çnsuile en Angleterre , et visita plu -
sieurs comtés , accompagné de sa
femme , avec laquelle il recueillit un
grand nombre de plantes. Attaché à
J acques Y^\ , en qualité de botaniste,
il était chargé de la direction du beau
jardin de lord Zouche , et il fit avec
<ie prince un voyage en Danemark. Il
lOB
mourut à Highgate, près de Londre*^
le 3 mars 161 6. Son premier ou-
vrage botanique parut à Londres ^
en 1570, sous le tilre de Stirpum
adversaria jiova, perfacilis investi-
gatio luculentaque accessio ad pris-
corum,prœsertimDioscoridis et re-
centiorum j materiam mediccnn ,
authoribus P, Pena et M. de L(-
hel^ medicis ^ in-4'^. , avec une dé-,
dicace à Elisabeth et un privilège de
Charles IX. Il est probable qu'on
en avait tiré un grand nombre,
d'exemplaires; car il reparut sans la
dédicace , et sans autre changement
que celui du frontispice, d'aliord à
Anvers en 1076, puis à Londres
en i6o5 , sous le tilre de Dilucidœ
simplicium medicamcntorum ex-
plicationes et siirpium ad^ersaria,
portant les noms de Pena et Lobcl ;
— précédés des Fharmaceuiices
officina et Diariuni pharmaceuti^
cum de Rondelet , avec des correc-
tions et augmentations , et de l'essai
sur les Succédanées f imprimé déjà
dans les éditions latine et flamande
de son Histoire des Fiantes; — ^
et suivis de V Adversarionim altéra
pars , cum prions illustrationibus ,
casligaiionibus , auctariis , etc. ^
contenant quelques Graminées et
Liliacées j — d'Observations sur la
bière et d'autres boissons , et sur
des remèdes; — de Balsami^ Opo-
balsami , Carpobalsami , et Xj lo~
balsanii, cum suo corlice explana*
iiones et collectanea y adressés à
Lécluse; — Enfin, d'un petit Traité
inédit sur Vhjdropisie , par Ronde-
let. Tous ces ouvrages portent le
nom seuldeLobel. Les ^ divers aria,
tilre qui répond à celui de Me^
moires , donnent la description dis.
douze ou treize cents plantes , dont
un grand nombre avaient été déç.0U7
Yertes par Lobel dans ses voyages^,
T.OB
-» pHcs sont acrompaçiipcs de (Ir-iv
lit soixaiitCHlouzc figures , qui ,
iir la plupart, sont fort pplilcs :
(iilcur y discute quehpiefdis la sy-
nymic des anciens et des mo-
ines, et relève plusieurs erreurs
tic commentateurs de Dioscoride,
surtout de Mattioli , qu'il traite
^ez durement. Il emhrassc les
itres rapports des plantes , com-
• leurs formes, leurs vertus me-
uinales , leurs dirtercnts usages,
î lis il faut convenir qu'il est loin
(•puiser son sujet ,et qu'il est moins
rit lie que Dalechamps, Dodonee et
! ''cluse, pour les dernières parties ,
surtout fort inférieur au troisième
•ur le style et pour l'exactitude des
scriplions. Comme les Adversaria
atent dans toutes les éditions les
ins de Pena et de Lobcl, il est im-
ssible d'assigner à chacun de ces
; leurs la part qui lui revient; et Ton
t surpris avec raison que Lobel n'ait
^ (S lui-même rendu à son collabora-
teur toiite la justice qui lui apparle-
nait. Haller et quelques autres trou-
vent dans cet ouvrage des éléments
de familles naturelles ; mais il est
clair qu'il n'a réuni que les plan-
tes dont l'analogie se présente à l'es-
prit le moins clairvoyant; et plusieurs
de ces réunions avaient été déjà opé-
rées par quelques-uns de ses prédé-
cesseurs. Toutefois il est juste de
dire qu'aucun d'eux n'avait encore
séparé d'une manière aussi tranchée
les m onocotylédoues d'avec les dyco-
tylédoncs ; les premières, parlesqucl-
les commence son ouvrage, étant pla-
cées toutes ensemble. Les diflercntes
sections sont précédées chacune
d'un tableau synoptique, tel qu'il
n'en avait point encore paru. Celui
des Graminées y placé en Ictc de
VAdversarionim altéra pars , est le
f>\^ii complet q^u'gu eût aion. Yuij;t-
I.OB
M
MX .^n^ .Tpir$ U pITinirrr fdltlOO
dos •IdvfirsnriaSi' Baiihin , lun* a-
ter LoIh'I , suivit le mérac or«T >
son Phytnpinax , et pl»!i U\
son Pitiajc ; cl l'on n en connut pas
d'antre jusqu'à Tourneforl. Criui de»
OrclUdres , qu'il tenait de son ami
Cornélius Gemma , mérite cgalemciit
des éloges ; enfin , d'autres lanilles,
telles que les Labiées , les Pentmées,
les OinhelUfères , plus lices dans
Casn. BaiiKin, présentent de suite
la plus grande partie de leurs genres.
Mais le Sceau de Salomortf le
Convallaria bifolia , la Sagittaire,
les Flûte aiLx , VOphrys bifolia et
d'autres sont rejelés hors de la pre-
mière section, dans laqii- *' • kI-
rais la Nielle^ deut M f,
et V/folosteum umbellatuin. \\ uy
a aucune famille , excepté celles que
nous venons de citer , dont les diffé-
rents genres ne soient épars. Lubfl
trouve des rapports entre sa pre-
mière section , etquclques Crucifères
qni viennent ensuite , et surtout les
Trèfles et d'autres légumineuses, mie
Doàonée et Léclusc avaient égale-
ment rapprochées des Graminées,
Il est donc diflicile de penser qu'il
ait été conduit aux rapprochements
naturels par un autre sentiment mie
celui de l'analogie des principuct
formes extérieures. Il est accnstf
pr Ray d'avoir commis plu5ietirs
erreurs / pour s'en ctre trop rap-
f>orté à sa mémoire , surtout dans
es localités, indiquant, roraracrroii-
sanl en Angleterre, des plante* qu'on
ne trouve ni «Lm». < <• iti\>. ni d.ins
aucun autre, f nuiiet
Plantarittnsi'i. .. • ... etc.
cm atlnexum est r. ■ >-
liimen, Anvers, i V i...llcr
en cite unedeùxièin - 1 5<>5.
Cf : • ' ■•
598
LOB
cédanées, lire presque enenlier des
cours et noies de Rondelet ; un ap-
pendix donnant la description et les
figures de trente-quatre plantes ; quel-
ques formules de Rondelet; enfin les
Jtdversaria qui avaient déjà paru
en 1570. On trouve dans le Planta-
rum historia, environ quatorze cent
cinquante figures, avec un petit
nombre de descriptions , mais plus
souvent l'exposé des vertus et usages
des plantes, tiré des auteurs anciens.
Souvent l'auteur ne donne que la
figure , renvoyant pour la descrip-
tion 3ii\^Adv ers aria, dont celivre est
comme le complément. Ces figures
sont , pour la plupart , empruntées de
Dodonée , et surtout de Lécluse ( F,
ces noms), \J Histoire des Plantes et
les Adversaria sont peu cités mainte-
nant, élant inférieurs, sous plusieurs
rapports, aux ouvrages des contem-
porains de Lohel. La lecture en est
d'ailleurs très-fatigante, les descrip-
tions étant peu caractéristiques, et
le latin dur , sans élégance ni cor-
rection, défauts rares à cette époque
bvillante de la latinité moderne. Lo-
bel publia lui-même une traduction
flamande de ces deux ouvrages, sous
le titre Knij'dtsboeck, etc. , Anvers,
1 58 1 , 2 vol. ih-fol. , à laquelle il ajou-
ta quelques plantes trouvées en Hol-
lande. L'imprimeur Plantin les ac-
compagna d'un nombre de figures
plus considérable qu'aucun ouvrage
I)0tanique n'en avait encore contenu.
L'ouvrage de Lobel le plus cité main-
tenant, est ï Icônes Stirpium, seii
Plantarum tam exoticarum quain
indigenarunij Anvers , 1 58 1 et i Sg i
in - 4^. , avec un index en sept
langues. Ce n'est qu'un recueil des
figures connues jusqu'alors, au nom-
bre d'environ deux mille, et qui a-
vaient déjà paru dans les différents
ouvrages imprimés par Plantin. Elles
LOD
sont désignées par les noms latins j,
et renvoient, pour les descriptions,
aux pages des Adversaria , et des
éditions latine ou flamande del'^i^-
toite. Cet ouvrage, qui est consulté
souvent , est d'un usage fort com-
mode, en ce qu'il comprend à-peu-
près toutes les figures connues à
cette époque. 11 paraît que Lobel
avait conçu le projet d'un plus grand
ouvrage qui eût porté le titre de Stir-
pium illustratione.. Peu de temps
après sa mort , W. How en a pu-
blié un fragment sous le litre de Sur
pium illustrationes , plurimas éla-
borantes plantas, siibreptitiis Par-
kinsonii rapsodiis ( ex codice ms. in-
salutato)sparsiin gravatœ, Londres,
i655 , in-4°. sans lig. , contenant en-
viron deux cent quatre-vingts plantes
presque toutes inédites, et dont quel-
ques-unes étaient fort rares. L'é-
diteur revendique pour Lobel la.
découverte de plusieurs plantes, que-
Parkinson s'était attribuée. Plumier
a donné le nom de Lobelia à un;
genre de plantes de la famille des
Campanulacées. D — u.
LOBI^^EAU ( Gui - Alexis ) ,
savant religieux de la congrégation*
de Saint- Maur , né à Rennes en i QQQ^
fit profession dans l'abbaye deSaint-
Meîaine de cette ville , à l'âge de dix-
sept ans : ses supérieurs lui ayant
reconnu de l'application au travail ,
l'engagèrent à terminer V Histoire de
Bretagne , commencée par D. Le^
gallois , et il en publia 2 volumes ea
1707. Il cherche à y établir que le»
ducs de Bretagne étaient indépen*
dants : cette opinion fut réfutée vie»
torieusement par l'abbé de Vertol
et Claude Dumolinet, dans plusieuK
écrits (i), où l'on voit que cett©
(1) Lahbé de Vertot publia : Traité historîf
que de la mouvance de Bretagne, Pari*, i?'**
ia.-i2} Hiiloire critique de l'éiablisiemf^
LOB
province relevait de la couronne »
!> s les premiers tciups de la mo-
rchie. Maigre l'cvidcucc des prcu-
^ , D. Lonineau essaya de fai-
prevaloir le sentiment qu'il avait
'ptc ; mais D. Liron , ayant rc-
vo l'erreur dans laqurllc il était
iiilx» au sujet de Icpoque où la
I fut prcchéc en Bretagne , il se
iitcnta de supprimer le passage
I I sure, et soutint que D. Liron citait
i.uix. ( FcQ-ez LiRON. ) Il avait le
•jet de continuer son //wZotre de
ctagne; et il publia même lepros-
(7m^ de deuxnouveaux volumes qui
\ aient contenir la généalogie des
is illustres maisons : mais il aban-
nua cette entreprise. D. Lobincau
I hargca de continuer V Histoire de
(ris y laissée imparfaite par D.
< bel Felibicn , et il la publia en
" >.j (i). Il revint ensuite dans sa
»vince , et mourut à l'abbaye de
iut-Jagut près de Saint- IVIalo , le
il lin 172-^ : c'était un bomme très-
oricux , et versé dans la conuais-
icc des langues et des usages de
!)liquité. On a de lui: I. \jHis-
e de Bretaç^ne , composée sur
actes et auteurs originaux ,
lis ( Rennes ), 1707, 2 vol. in-
1 0. Le tome premier contient l'bis-
■ vc (le celte province , depuis 458
[u'à i53'2 , divisée eu xx livres :
x'cond renferme les preuves , et ii
fort estimé ; on trouve à la fin un
ssaire pour l'intelligence des mots
liciles. Cette bistoire a été sur-
^ I ^6ce par celle de D. Morice. ( Foy,
B refont dans tes Gaules , et de leur dé-
* tnce det roi» de France et des due' de
-'rtartd/'e, etc. , Paria, 1710, in I» ; «t C.
noliiiel, . tlr>i« ) Ditserta/iont sur la ntou-
'' de Bretagne , par rapport au droit qua
duei de Nomanilie jr prèlentHrent , «U.,
)•, 1711, in-ia.
I C'est par un* erreur tjrp©gr«j»lii^o«, ^*4
ici. D. Michel FfUbien ( XIV , «61 ) ••
'( ^e c«U« liUt*ir« avait p«t««a 17S6.
LOI ^
ce nom. ) II. Plusiaus KeriH m ré-
ponse aux rriùqties de W\hé dt
Verlut , du P. Dumolind , de 1). li-
ron , etc. IIL HiAioirt des Saints de
la province de bretonne , n des
persontirs qui s'jr iont distincuees
par une éminente piété , Pnrii
{ Rennes ), r-^-jt/^, in-folio : ce re-
cueil a son utilitff< IV. Histoirt de
la ville lie Paris , ibid. 17^5,5
vol. in-folio; les deux premiers <»onl
de D. Felibien ; les trois autres , qui
renferment les prcnvet , ont été mis
en ordre par D. Lobincau. Il a tra-
duit de l'espagnol de Michel de l^nâ,
V Histoire des deux compséut dé
l'Espagne par les Maures , Paris ,
1708, in-ia : c'est im tissu de fa-
bles et d'événements romaiiesques. 11
a laissé en manuscrit : une Histoire
de la ville de Nantes y de la Cham-
bre des comptes de Bretmgne , dès
Barons et des dfoits seignettrimix dé
cette province ; — la Traduction des
Ruses de guerre de Polyen , et celle
du Théâtre d'Aristophane. La tra-
duction des Ruses de Polven a éxé
publiée par le P. Dcsraoîets , atec
celle des Stratagèmes àc FrontÎB nr
Perrot d'Ablanrourt, Paris , 174^1
2 vol. in- 12; elle est uèiéitimëe,
et les notes y ajetileut w nottrean
prix. M. Renouard pawklc «ne copie
du texte d'Aristophane , par D. I..0-
bineau , et le manuscrit onginal de la
Traduction du méflM antcur ( 1 ). l^a
copie est partaKët ta da«s toImms
(0 C« fol r.bW Metcice
■aava c»t <' "•» •"• " • '
ia.:«iMkle. f
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M. Il«»«warj — r.'..
la Prt/mce da la »
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•a Mr«i»aia0, «u
Ctui.dtu Mai. d^
6oo
LOB
111-4". 7 "on chiffres. « L'argument
» de chaque pièce , les noms des
» auteurs , et la plus grande partie
)) des noies marginales sont enfran-
» çais ; le reste des notes est en latin
î> et quelquefois en italien ; le grec
» est assez bien peint , et le tout est
» très-proprement et très-nettement
r> e'crit. » ( Mélanges de critique ,
tom. III, pag. 178. ) La souscription
nous apprend queD. Lobineau n'avait
mis que deux mois à transcrire cet
ouvrage ; elle est datée de l'an 1693,
et suivie de son monogramme et de
cette double anagramme l'une latine
et l'autre française : Lux Dei vas
nohile; Beau lion ( i ). La traduction
forme trois volumes in - 8^. , et est
intitulée : V Ancienne comédie grec-
que ou le Théâtre athénien d^ Aris-
tophane , avec des notes et une
Préface historique et critique , ser-
vant de commentaire général. Cette
I^réface, qui est très-curieuse , a ete'
publiée presque en entier, par Char-
don de la Rochcttc, dans le Magasin
encyclopédique , deuxième année ,
tome premier , et dans ses Mélanges
de critique et de philologie , tome
ïiï , p. 178-260. M. Renouard , de-
venu possesseur de celte traduction ,
avait d'abord pense à la mettre au
jour ; mais il en a été detoinnë par
ia raison que les passages graveleux
y sont rendus d'une manière peu
de'cente ; et que le tour suranné' d'un
assez grand nombre de locutions
aurait nécessite' des corrections qui
l'auraient dénaturée. ( V. Catal. de
la hihliothèq. d'un amateur, tom.
II , p. 217. ) C'est à tort qu'on a at-
tribue à D. Lobineau, les Aventures
de Pomponius _, chevalier romain ;
ce roman licencieux , est de D. La-
i..
(i) On trouve dans ces mots: AtEXino» Lo-
y.iMf'U», Lux dei vas nçhile ^ cl (Iau» Ltdti
LOB
badie : il a été' publié en 179.4 ; et
avec des additions , par l'abbé Pré-
vost , en 1 7 '28 , in- 1 2 , sous la rubri-
que de Rome. Suivant les auteurs de
\di Bibliijthaque historique de Fran-
ce , D. Lobineau a eu part à la
nouvelle édition du CAossuire àe\
Ducange. W — s.
LOBKOWITZ. roj. Caramuel
et Hassenstein.
LOBKOWITZ ( George - Cure-
tien, prince de), général autri-
chien , né en 1 702 , conclut en i 789
la capitulation de Messine , et fut en-
suitenommé gouverneur-général delà
Transylvanie. Il repoussa les Turcs
sur la frontière de cette province;
mais bientôt il fut obligé de céder au
nombre. En 1741 , la reine de Hon-
grie lui donna le commandement de
son armée dans la Haute-Autriche.
Les maréchaux de Broglie et de
Belle-Isie lui firent essuyer ,en 1 742,
un échec à Sahay. Frédéric II dit
malignement à ce sujet : « La ba-
)) taille de Pharsale ne fit pas plus
» de bruit à Rome, que ce petit com-
» bat n'en fil à Paris. » Le prince
de Lobkov^'itz opéra ensuite sa jonc-
tion avec le prince Charles de Lor-
raine; et ils attaquèrent le maréchal
de Broglie, qui fut forcé de se retirer!
à Braunau. A la fin de la même année
1742, Lobkowitz dirigea le blocus
de Prague, où le maréchal de Belle-
Isle était renfermé avec seize mille
hommes. ( r, Belle-Isle. )Le géné-
ral autrichien n'ayant pas assez de
monde pour serrer la place, le ma-
réchal en sortit, et exécuta, au mi-
lieu d'un hiver rigoureux, cette re-
traite qui , jusqu'à ces dernières an-
nées , avait été citée comme une des
plus désastreuses de l'histoire mo-
derne. Piqué de la sortie de Belle-
Isle, Lobko^^'itz voulait que les
Français restés dans la citadelle se
Lon
rendissent à discrétion ; mai» la fcr-
':Mc (le Chevcrt, ([ui les coninian-
it, le (il renoncer à celte préten-
tion ( roj.Cuhvr.m \Lol»ko>vil7.fnl
]A\\s heureux en Italie , où , en i "43,
il chassa de Ri mini les Es|w^noIs.
T ".ninëc suivante, il fit surprendre,
nuit, dans Vellelri, le roi de Na-
i'S ( don Carlos ) et le duc de Mo-
iie , qui, sans l'alerte qui leur fut
nnëe par l'ambassadeur de Fran-
• , auraient été faits prisonniers.
niTS celte entreprise, Lobkowit/.,
li voyait ses troupes s'aflaiblir
I irnellement par le mauvais air
s marais Pontins, fit sa retraite.
> loique serre de près par une armée
- ipérieure , il parvint, sans perte , à
Jiimini. Il continua de comman-
der, avec des succès balmcés en Ita-
lie ( P^oj. Gagls), jusqu'au mois
d'août 174G, qu'il partit pour pren-
dre le commandement de l'armée
d'allemagne. Il ne paraît pas qu'il
8'y soit signalé par aucun fait im-
poitaut. H mourut à Vienne le t) oc-
tobre i-jSS. Cet ofticier était remar-
quable par beaucoup de résolution et
un esprit entreprenant. — Son fils, le
prince Joseph de Lobkowitz, né le
D janvier 1 -^'ij, devint général-major
en 1 7 58, se signala dans la guerre de
sept ans , et fut ambassadeur à Pé-
tersbourg, depuis 1704 jusqu'en
1777 : il s'y trouvait lors du pre-
mier démembrement de la Pologne,
et contribua beaucoup à faire adju-
ger à la maison d'Autriche la Galli-
cie et la Lodomérie. Joseph II le
nomma commandant des archers de
ia girde impériale et général feld-
maréchal. Il mourut à Vienue le G
mars i8o'2. H— ry.
LOBO (Jérôme), missionnaire
portugais , naquit à Lisbonne , en
l5r)3, et entra dans la société de
icsus en iGo^. U «tait prof«Mtur
i.on
rt/>i
au collège de Coimbrr en i()ii,
lor.vpi'il recul l'ordre d'aller «ttx
Indes. La Itolte sur laquelle il
s'cuibarcpia, fui obligée de revenir
à Lisbonne aprè» une navigjitioo
trcs-pcnible; et Lobo ne put re-
mettre en nier qu'au mois de mjrs
de l'année suivante. Après des pé-
rils sans nombre, il anÎTa enfin
devant Goa au mois de dëoemlnv,
et resta un an d^us celle ville, où
il acheva sa théologie. En janvier
\Crx\^ il voulut {tasser en Abi&sinie.
Débarqué avec tm aulre J ensuite sur
l'île de Paie près de Moralwze, il ca-
sa va de gagner par terre le lieu de sa
destination. Kn ayant reconnu l'im-
possibilité , il j)artit pour Diu. Le 3
avril iG>.5, il sortit de ce port avec
Alpli. Mendès^patriarche d'Kthio-
pie,ethuit missionnaires; ilsdelitaF-
quèrentdaiLsIeport de Baylour, sur
la mer Ronge , et , le 17 juin , arrirè-
rent à Maigoga, lieu de leur résidence.
Lobo fut nommé vicaire - général
dans le royaume deTigré. Craignant
avec raison les embûches du vice-
roi , il ))assa dans une autre pro-
vince , se rendit ensuite à b cour ,
et allant dans le royaume de Damot,
traversa le Nil à deux journées de sa
source , puis fut rcu\ le
Tigré. L'empereur qui t le»
cathulitpies, mourut; et une violente
prsccution éclata contre eux. Ixîs
Portugais qui se trouvaient dan« le
pays, furent livrés aux Turc», qui kà
emmenèrent prisonniers k Massom.
Quant a Lo1k> , comme il avait U
réputation d'un homme détennioéf
l'empereur avait donne Tordre d«
le saisir et de l'envofcr à la ca-
jùtale mort ou vif. Il fut obligé
de rejoindre ses com|ieguoiis d'in-
fortune par un diemin dëtooffntf.
Echappe a ce danger ,el enprisinné
à Massoua , puis ii SonaUn , ii f^
0O*J
LOB
LOB
çliargë d'aller dans les Indes exjioser
le Irisle état de ses confrères , et
demander qu'on payât la rançon
exigée par le bâcha. Il s'acquitta de
ce devoir, et en même temps enga-
gea fortement le vice-roi à eypëdier
une flotte dans la mer R.ongc , et à
former un e't iLlissement à Massoua.
Le vice-roi n'avait ni assez de forces,
ni un pouvoir assez e'tendu pour
exe'cnter ce projet. Il fut donc con-
venu que Lobo passerait en Europe.
En conséquence il s'embarqua pour
Lisbonne; mais jamais navigation ne
fut plus malheureuse que la sienne.
Le bâtiment qui le portait, toucha
en sortant de Goa , et ensuite se brisa
sur la cote de Natal. On resta sept
mois dans ce désert, où l'on construi-
sit deux chaloupes. Une d'elles fut
bientôt engloutie par les flots : celle
où e'tait Lobo , doubla le cap de
Bonne-Espérance , et attérit devant
Angole , après quarante jours de na-
vigation. Lobo monta sur un vais-
seau destiné pour le Brésil. Enani-
vanl sur la cote , ce bâtiment fut
pris par un corsaire hollandais, qui
mit tout l'équipage dans une île dé-
serte. Heureusement des barques
vinrent de terre , et passèrent Lobo
sur le continent. Accablé de faim
et de fatigue , il gagna Carlhagène
à pied. Après un repos de quinze
joîu's , il profita de l'occasion de la
flotteqiipartait pour l'Europe: en ap-
prochant du Gap Saint-Vincent, elle
fut assaillie par une tempête, qui la
niit à deux doigts de sa perte. Lobo
se tira encore de ce péril , descendit à
Cadix , et se rendit à Séville , puis
à Lisbonne. La vice-reine l'écouta
favorablement, mais le renvoya au
roi d'Espagne. De Madrid , il fallut
qu'il fit le voyage de Rome, où il
essuya beaucoup de contrariétés de
la part du pape et des cardinaux
prévenus contre les Jésuites de
mission d'Ethiopie. Son zèle n'en
fut pas abattu : il repassa aux Indes
en 1(340, fut recteur de la maison
professe de Goa , puis provincial.
Enfin , il revint à Lisbonne vers
i656 , et y mourut en 1678. Il
publia en portugais la relation de
son voyage en Abissinie, sous ce
litre : Histoire de V Ethiopie ^ Coïm-
bre, 1659, I vol. iu-fol. L'abbé Joa-
chim Lci^rand la traduisit en fran-
çais , non d après cette édition , mais
d'après un manuscrit de Lobo , et la
fit paraître avec d'autres pièces ,
sous le titre de Relation historique
ctAhissinie, Paris, i7'^>8, i voh
in-4**. aA^ec 1 cartes; Amsterdam-,
1728,2 vol. in-ia. ( F. Legrand,
XX m ,576. ) Cette traduction mise
en anglais , et abrégée par Samuel
Johnson, parut en 1784, et a plu-
sieurs fois été réimprimée. L'auteur
décrit les sources du Nil , de la même
manière que Bruce ; mais il ne dit
pas qu'il les ait visitées , commdî
l'aflirment quelques écrivains. Bruce
s'est quelquefois exprimé un peu
durement sur le compte de Lobo ,
et a mérité ensuite lui-même qu'on
lui adressât les mêmes reproches.
On trouve dans le tome 11 du re-
cueil de Thevenot , une Belation du
P. Jeronjmo Lobo , de l'empire des
Ahissins , des sources du iVil , de
la Licorne , etc. Ce morceau , dit
Legrand , n'est que le fruit de quel-
ques conversations que M. Sotwell ,
ambassadeur d'Angleterre , et M.
Toynard , avaient eues avec Lobo ,
en t666 et 1667. A cet extrait est
jointe une petite carte, qui offre le
plan de trois ports de la côte ceci*
dentale de la mer Rouge. Quoi qu'en
dise Legrand , il paraît que cette re-
lation , donnée par Thevenot , a été
traduiie sur un manuscrit portugaisf
ui
?
LOB
r c'est comme telle qu'elle parut en
^lais a Lnudivs , précédée d'une <lc-
oratiou de la Société royale, qui or-
«I onnait qu'elleserail publiée jwr son
• M primeur, en 1G88. Cet opuscule fut
mpriraé sous ce titre : Relation
lincte du fleuve du Nil, de sa
irce et de son cours y de son dèbor-
nent dans les plaines d'Egypte
Mfu'à son embouchure dans la
' tlitenanee , et d'autes curio-
ns ; écrite par un témoin ocu-
•e, qui a demeuré plusieurs an-
■'S dans le royaume principal de
nipire d'Ahissinie , Londres ,
-<)8 , I vol. in -8". Les éditeurs
••nt , dans leur préface , que l'au-
II- de celte relation est le P. Lobo ,
ie justifient des imputations calom-
uscs de Brure. M. Sait , le voya-
ur européen qui a le plus recem-
"ut visité l'Abissinie, rend justice
!>obo : « Quoique M. Bruce, dit-il,
») eût l'habitude de maltraiter les jé-
» suites , il ne dédaignait pas de leur
faire des emprunts assez considé-
rables ; ce dont le lecteur peut ju-
» ger en comparant ses écrits avec
ceux de Tellez et de Lobo. w The-
iiol a rais à la suite de la relation
Lobo, un morceau intitulé: Dé-
•iverte de quelques pays qui sont
i.re l'emjiire des Abissins et la
te de Melinde; c'est le récit du
yage du P. Antoine Fernandez.
/'o^tfc FérnaiNDez , tora. XIV,
.^. 383. ) E— s.
LOBO ( Gerirdo ) , poète espa-
ol , né dans la vieille Castille ,
(Ut sous les règnes de Philippe III
et de Philippe IV. Issu d'une famille
illustre dans les armes , il suivit
i-même cette canière,où il se dis-
igua, et mérita la croix de Tonlre
Saint- Jacques. Il avait fait de
lunncs études à l'université d'Al-
calà • et son talent pour la poésie le
LOB
f,o)
fil connaître de Philippe ÎV . 1 . tr
lui-même , qui le nnromii
homme de la rbambre. I^.l
alors au nombre des beani-r^j 1. .
comme Calderon , Rufo de MuIum ,
Juan de la No/., etr. , qui form;iinit
la société de Philippe IV. Ce mo-
narque , tandis qu il perdait le Por-
tugal , le,s Pavs-Ba» et la Fr.inrlic-
Comté, se plais..it a rompo^r des
comédies, et à en faire jouer d'auliYS
à sa cour , en impromptu , et sur un
sujet qu'il proposait. O» pièces de-
vaient être déclamées en vers de
dinérents mètres, parles arleurs,
tors poètes , et parmi lesquels le roi
re déd lignait {)as de jouer un rôle.
Dans ce nombre, Gerardo Lol>o se
dis inguait le plus par sa fartiilé i
improviser des vers ; et en plusieurs
occasions il se chargeait de La dé-
clamation d'une pièce entièreen trois
actes , qu'il imaginait el romn«isait
s»u'-le-champ. Philip|>e IV obligeait
souvent ses poètes favoris a bii
parler en vers , même dans la
conversation la plus familière. Lobo
s'acquittait avec un tel succès de
cette tache , qu'il se séparait rare-
ment du roi , l'accompagnait à la
chasse , assistait à ses repas , à soa
coucher, et le rassasiait , pour aifisi
dire , de poésie. Quand Philippe en-
voyait quelque présent à la reine ,
c'était presque toujours Lobo qu'il
choisissait pour remplir ce message,
afin qu'il lui présentit ses compli-
ments dans des vers dont il loi
prescrivait la '
contracté une
1er en vers, qui lantn»
jour entier , s.. mol •
prose, qu'il prétend jil niciue «voir
oubliée. Il mourut Ters l'an iCidO.
Lobo n*a pas écrit d'ouvriflei oe wn»
gue haleine ; et on n'a de lui que dc^.
Odes, des Swnets , des Dixaint,
poète «Tiit
'idedepar-
6o4
LOB
des Redondilles ( strophes de quatpe
ou cinq vers de huit syllabes ) , qu'on
trouve dans les recueils ou Cancio-
neras espagnols du xvii^. siècle.
Son. slyle est correct, et sa versifica-
tion harmonieuse. Il excellait sur-
tout dans le genre burlescfue. B — s.
LOBRA (GuiLL. DE ). F. Camo.
LOBSTEIN ( Jean-Frédéric ) ,
anatoniiste et chirurgie^i , naquit à
Lampelheim , près de Strasbourg ,
en 1736. Après s'être livre' à une
étude aprofoudie de Tanatomie , et
de la chirurgie, il se fit recevoir
docteur, et choisit pour sujet de
sa dissertation , la description du
nerf de l'ëpinc. JI partit ensuite
pour visiter les écoles de méde-
cine les plus célèbres , et revint à
Strasbourg , où il ouvrit des cours
de chirurgie et de pathologie. Il
fut nommé, en 1764? premier dé-
monstrateur d'anatomie;et en 1768,
il occupa la chaire d'anatomie et de
cliirurgie, devenue vacante par la
mort du professeur Eisemann. 11 pra-
tiqua la htliotomie et l'extracùon de
la cataracte avec succès ; et il inventa
môme pour cette dernière maladie ,
un couteau dont nous devons la des-
cription à J. F. Hcnkel. Aussi patient
dans ses recherches, que scrupuleux
dans l'exposition de ses découvertes,
Lobstein ne pouvait souffrir qu'on éle-
vât le moindre doute sur leur réalité;
mais s'il était sévère pour lui , il re-
poussait aussi sans ménagement chez
les autres ce qui n'avait pas le cachet
de l'expérience et de la vérité. « Je
» sais, disait-il avec humeur, lors-
» qu'on lui reprochait sa dureté ,
» qu'un anatoniiste doit être exact
» et vrai ; mais il n'est pas aussi né-
» cessaire qu'il soit doux et poli ; et
» lorsque je prends la peine de l'être,
» ce n'est jamais pour des menteurs. »
II refusa les places lucratives que lui
LOG
offrirenf plusieurs souverains de l'Ai*
lemagne , et préféra rester à Stras-
bourg , où il mourut le 1 1 octobre
1784» avant d'avoir pu terminer
ses Anatomicœ Ijistitut iones ^ elsei
Comment aiiiphjsiologici^àemearés
manuscrits. Se^ ouvrages imprimés
sont : I. Dissertatio inau^i^uralis de
nejvo spinale ad par vagum ( cces^
sorio , in-4'^. , Strasbourg ;, 1760.
II. Un grand aombre de thèses sou-
tenues sous sa présidence. Nous a-
vons deux éloges de Lobstein; !«
premier en latin par le docteur J. L.
Schurer , in-fol. , Strasbourg , 1 785,
et le second par Vicq-d'Azir, Paris,
i786,in-4o. P. et L.
LOCAÏELLI ( Louis ) , né à Ber-
game, se fitimegiande réputation k
Milan, dans le xvii^. siècle, comme
médeciu-chimiste, et donna son nom
à un baume , dont on trouve la com-
position dans son ouvrage , p. iio4»
Il parcourut toute l'Italie ; et il
avait formé le projet de visiter la
France et l'Allemagne, pour voir
opérer les médecins- chimistes de
celte époque, lorsque la guerre vint
y mettre obstacle. Appelé a Gènes
pour y traiter une maladie conta-
gieuse qui faisait de grands ravages,
il o])tint d'abord beaucoup de succè^l
mais il ne put en éviter les atteinte™
et il y succomba en 1687 , étant
encore à la fleur de son âge. Il a
laissé : Theatrum arcanorum clvy-
micorum , sive de Ane chemicO'^
medicd Tract atus exquisitissimus ,
Francfort , iG36, in-8**. : traduit en
italien , sous le litre de Teatro d'ar-
cani del medico L. Locatelli , Ve-
nise , 1 644, ï ^67 , in-B». P. et L.
LOCAÏELLI ( Pierre ). Fojez
LUCATELLI.
LOGATO ( Humbert ) , chroni-
queur du seizième siècle , né de pa-
rents obscurs J dans un bourg du
LOC
isAnlin, oiiira, eu i5ao, dans
.lie (le S.«inl-Doininiquc à Plai-
re, et acquit eu peu de temps une
iLiissance aprotoiidie du l.itiu et
l'italien : il suivait cependant les
rs de philosophie et de the'ulo-
, et il ne faisait pas de moindres
.;rès dans la vie spirituelle que
is les sciences. Sa réputation ne
la pas à franchir les niui*sde sou
vent : il fut uommë inquisiteur
la foi à Pavic ; et quelques an-
iH (S après il revint exercer les me-
nus fonctions à Plaisance. Eu ijGfJ,
papePieV lenoinniacomraissairc-
u rai de l'inquisition à Rome, et le
'isiten mcuic teni])s pour son con-
teur. Iluuibcrt fut eleve, en i568,
: le siège cpiscopal de Bagnarea;ct
Il assure que le souverain pontife
Avait l'intention de l'honorer de la
n iin-pre, mais qu'il en fut détourne
I le cardinal Alexandre Farnèse.
it)i qu'il en soit, Humbcrt gouvcr-
son diocèse avec Lcaucoupde sa-
-se. Etant tombe uialadc à Home
< royant sa fin procbaiuc , il se fit
ver un tombeau dans l'ëglise de
intc-Sabine , avec une inscription
it modeste. Il recouvra cepeu-
nt la santë; mais ue se sentant pas
c'tat de continuer ses fonctions
^torales, il se démit de son cvcchc,
se relira en i58i au couvent de
!i ordre à Plaisance, où il passa ses
ruières années dans la retraite et
prière. Il y mourut le 1 7 octobre
mS-j. On a âe ce prélat: l.DePla-
ntinœ urbis origine, succcssu et
ndibiis seriosa narratioy Crémone,
>(i|, in-4•^; ibid. , i(ii4. ^»ra^-
is a insère cet ouvrage dans le Tiie-
iirus anliquitatum Italiœ , t. m.
niteur l'avait traduit lui-même en
ilien. Sa Chronique commence à
'U 70, sous le règne de Vesjwsieu :
•lie Cet remplie de fables , «l de dc-
tails i^i peu intërcsMiitf , qtiVllc m
nuMiIc plus d'rlrr rouAullec defNti*
qu'on al //ofoirc de PbiMuce par
Poggiali. II. ItaUatravafiUala,rtc.
Venise, i57(), iu-4«. C'wl une his-
toire des guerres dont l'Italie a cté
le théâtre depuis la descente d'Koëe
dans le Lalium , jusqu'au seizième
siècle. Cette rompilatiun , dit Tira-
boschi, a ])eude lecteurs, et n'eu mé-
rite aucun ( Islor. litter. , lom. \ it ,
pag. 8<)() ). III. Opus jutiiciale tn-
quisitoium ex dii'ersis theoUtgis rt
jiiris doctoribus extructum , Borne ,
iSto; Venise, i583,in-4". W-4.
LOCCÉMUS ( Jeaw ), historien
et pubiiciste,nceu l 'ÎQf), à Ytichoe,
eu Ilolstein . commenta ses cttidrs
au collège de Hambourg, et Ir^
va à Relmslad , Kostock et I
Eu i6'25,il fut ap|)elèen Suer
Gustave- Adolphe , |K)ur prii.
Upsal, l'histoire et la
Christine le nomma bi!
de Stockholm , et hisloi 1
royaume. En 1671, s<h;^ ic
de Charles XI, il fut pli. < 1 l.< uie
d'une institution nouvel I
dce,qui avait pour but i*
les monuments de l'hisluii c dt 5ucU«
et de les faire connaître. Il rem-
plit les fonctions de cet t
qu'à sa mort, qui arri\
Son fils aine fut an>>l !i
de Tigerklou. LordnuiN «».
latin une Histoire de Suéde, de|nuf
l'origine de la monu» hi.- iuvin'au
règne de Charles X ' j ,
in-80.: ellca été iujjM....»' |-. rs
fois; et Tëdilion la plus c<»i;i|l :.-
est celle de 1O7G, Franrf. et Uip-
7.ig. I/auteur rounai^sait les sources,
et se trouvait à portée d'y rccminr^
mais il n'eu a fus fait usAfre AVii
dis-
vir '
Daliu, L.
lUtîfOiAléaiUur
6oÛ LOC
le même sujet. Loccënius a puLlie Je
plus : Sjnopsis juris Siieco-gothici ,
Stockholm, 1648. — Lexicon jwis
Sueco-gothici , i65o, in-t'i ^ iLid.
i65i. Heiiiecciiis en a donne' une
bonne édition, Halle, l 'j/^o, in-40. —
J)e jure maritimo /ihià. i653. —
Erici Olai historia Suecica ciun no-
us, Stockholm, 1654. — Antujui-
tatum Sueco-goth. lihri très , ibid.
1647, in- 12. — Sueciœ leges pro-
vinciales et civiles latine ve'sœ , ib.
1672, in-fol. Lnnd, i675,in-8°^ —
Synopsis juris puhl. Sueco-goth. Go-
theborg, 1673, in-B*^. — Sjniagma
dis sert ationiini politicaîWn, Ams-
terdam , 164 4 7 iu-r^. — De Mi-
gra! ionihus gentiicTUy in specie Go-
thonim iieonumque , Stockholm ,
i6'28,in-8''. — Epigrammata saci a
et mornlia , etc. — Des e'dilions de
Cornélius Nepos, de Quinte-Curcc ,
des Epîtres de Ciceron. C — au.
LOGHER (Jacques ), surnommé
Philomusus f né en 1470 .à Ehin-
gen , en Souabe , fit une partie de
ses études en Italie, et, enseigna la
poésie et la rhétorique à Fribourg
( en BrJsp;au ), à Baie et à Ingolstadt.
George Zingcl, théologien d'Ingol-
stadt, le tracassa pour quelques opi-
nions qu'il avait manifestées, et par-
vint à le faire condamner, et même
destituer de ses fonctions. Locher
eut encore d'autres querelles avec
Erasme et Wimpfeling. Ce ne fut
qu'après la mort de Ziugel , arrivée
en i5o8, qu'il jouit d'une existence
plus tranquille, et qu'il se vit rétabli
dans son ancienne chaire. Il mourut
à Ingolstadt, en 15^8. L'empereur
Maximilien l^^. l'avait couronné
poète lauréat. Conrad Celtes l'avait
a<!fenis dans sa société Rhénane.
( Fofez Celtes. ) Le conseiller
Zapf a pul^lié en allemand , k
Nuremberg, 1802, in-8'\ : Locher
LOC
considéré sous les rapports hio -
graphique et littéraire; et l'on
trouve dans une lettre de Fischer à
Zapf , insérée dans les Curiosités
typographiques, cm({mhne\\VY3ihonj
Nuremberg , i8o4 , un compte dé-
tai'lé d'un poème dramatique de
Locher , entremêlé de chœurs en
musique , et noté , sous ce titre :
Historia de regeFrantie (Franciae) ,
cum, nonnullis aliis verAbu: et
elegiis. Rotermund énumère jusqu'à
42 productions de ce poète, et il en
a oublié plus d'une. Nous ne croyons
pas qu'il soit nécessaire de les rap-
porter toutes. Ce sont , en grande
partie, des pièces détachées et de cir-
constance. L'abJjé de Saint-Léger ,
dans ses noticesinédiles sur les poètes
latins du moyen âge, dont nous possé-
dons le manuscrit , fait mention d'un
poème de Locher , qui a échappé à
Jœcher et à Rotermund. En voici le
titre : I. Jac. Locher , Philomusi,
heroïcum carmen de Sanctd Kathe-
rind, in-4*'. de six feuillets , caractè-
res ronds; impr. à Baie, chez Jean
Bergman de Olpe , i49^. Locher
qualifie ce poème lahorum primitiœ.
lia fiction en est basée sur la mytho-
logie païenne : la versification en est
estimable pour le temps. 11 est
précédé d'une cpître dédicatoire
sans date à Christophe de Schro-
vestein. 11 n'a pas été connu de
Maittaire. IL Une autre production
de Locher , également passée sous
silence par ces lexicographes , est sa
traduction du poème moral de Pho-
cylide , sous le titre de Poèma Nou-
theiicon Phocjlidis , grœci poétœ
chrisiianissimi , à Jacoho Locher ,
Fhilomuso ^ ad latinos elegos tra-
ductum, in quo morum saluberrima
documenta , adversus septem mor- 1
taliavicia, cœterasque vitœ sordes^^
ad instar prœceptorum Decalogi
LOC
itinentur , ReinHngcn , Mirlifl
ylloii , i5o4 , iu-/|0. de 8 fcuil-
s , caraclcres {^ollii(inrs. Aide
iv.dl accompagiuf d'une traduction
' itiue , de mol à mol , l'cdilion de
ocylide ; et le volume que nous
^ons connaître offre une pu'ce de
I s de Locher à la louange de ce
libre imprimeur , piôce qui a
iiappe à SCS biographes. Locher
: "imprime Son Phocyiide à Tu-
ij;uc , en 1 5 1 3 , in-j»! II i. J^apj^-
theca , Augsbourg, Miljcr, iSi^ ,
\^. Cesl un recueil de différentes
es. \\ , Théologien emphasis ,
.c' dialogus super emineiilid qua-
tuor doclorum ecclesiœ, Gregorii,
Ifieronymi , Augustini et Ambro-
, Bàe, J.Bergman de Olpe, 149C,
fO. Les interioculeurs de ce dia-
^ lie en prose , sont Locher et son
.iiui Ulrich Zasius , célèbre juris-
consulte fribourgcois. V. Libri Pfd-
nusi. Panegjrici ad regem. Tra-
diade Thurcis et Suldano. Dia-
:us de lleresiarchis ^SlrAshour^,
(iriininger, 1497 > iïi-4°' — î^^*
legyriques, en prose et en vers,
rbrent Maxirailien I , roi des Ro-
ins. La trage'die de Thurcis et
ldano,']oucc au collège de Fri-
ng,enmai i497, est en 5 actes,
ose et vers , avec argument pour
tquc acte, et des chœurs; elle est
tout point digne de ces temps-là
ir le plan et rexëcution, — Le
dogue en prose sur les he're'-
iqties est encore entre l'auteur
Ulrich Zasius. Une des gra-
ves en bois représente Locher,
ironnë de lauriers , et travaillant
>n bureau. VI. Ludicrum drama
(lutino more ficlum , desene ama-
'' ,filio corruptore et dotatd mu-
re , in-4*'. sans date , ni noms de
lie et d'imprimeur; cite par Mail-
if, Annal, tjpog. , lom. a , pag.
O07
53a. Vil ,im Pariais de
porno aur.'0 cl iriuUct hominum
vità , dii tribus draius , yi/rt» natis
vilam contempUui\'am , aciivam ci
voluptuariam reprœscniattt .r'
illa wn iii mcUor tutivnpu .
sans date; deux pi".
guise de comcdic.N
golstatit en i5oi. \iii. i o 1.
de Lazao memiico , Di%nte /
rato et injemo Charente, 1
sans date , avec fig. IX. On
Locher une édition d'Horare , |m-
blie'e à Strasbourg , i4i>B, in fol. ,
sous ce titre : IforalU Flacci fe-
nusini , poëtœ Ijrici , opéra , cum,
(juibusdam amwtationibus , ima-
ginibusque pulcherrimis , af'f'^'*"r
ad odarum concentus et m
tias. X. Il est également cdii
Pane'gyriquc de Pline sur 1 1
Nuremberg, i5'2o, in-^«. ; d<' i u.
ratio Ciceronis pro Milone;àc 8. ho-
liessur la même h.ir ' '
cours pro Aulo Lit
cello ; de la Mythologie de .
Fulgenlius Pianciudes , a\-
scholics de sa façon , AugNliuu:- ,
i5'ii, in -fol. XL CompctuLum
Bhetorices ex TulUano thjstiuro ;
Sjntaxis de componendd oratione
funebri ; Grammatica nova ^ miu
lieu d'impression, i495, in -4*.
XII. II a mis en vers latins Icporjut
allemand de Scbai^icu Brao*lt >
nu sous le nom de Navis stul
Il Ta inf ■
fectionis
navis , etc. y i4^-î * y-
I 't8« , ( per JaroN» /
tom. V .
< Locher, j
meut eu tête ou a la
«crits, «tait : DU bene
M-0:t.
6o8 LOC
LOCHNER (Migiiel-Frederic),
médecin et naturaliste , ne à Furtli ,
près de Nuremberg, en 1 6G^i , fit ses
premières études dans celte ville avec
j3eaucoup de succès , et alla ensuite
ëludierlamédecineàl'universitéd'Al-
tdorf; mais avant de prendre ses gra-
des, ilvisita les principales contrées de
l'Europe, dans l'unique dessein d'ac-
quérir de nouvelles connaissances. De
retour à Altdorf , il reçut le docto-
rat en ï684 ; et l'année suivante il
fut agrégé au collège des médecins
de Nuremberg. Il obtint , en 1712,
la place de médecin de l'hôpital de
cette ville ; et il la remplit avec la
plus grande réputation jusqu'à sa
mort , arrivée le i5 octobre 1720.
Lochner avait été admis à la société
des curieux de la nature sous le nom
de Penander, et il en fut élu direc-
teur en 1 7 1 1 . Cet habile médecin ,
que ses compatriotes ont surnommé
VEsculape de Nuremberg , avait des
connaissances très-étendues en his-
toire naturelle et dans la science des
antiquités. On a de lui : I. Papaver
ex omni aniiquitate erutum, gem-
mis, munis , statuts et marniorihus
œri incisis illustratum ^'^nremhcr^,
1718, in-4°. Lochner , atteint d'une
maladie qui avait résisté à tous les
remèdes , éprouva enfin du soulage-
ment d'une émulsion de pavot; et ce
fut par reconnaissance qu'il entreprit
la description de cette plante dont
il exalte l'utilité. II. Mungos ani-
rnalculum et radix , ibid., i7i5,
in-4°. III. Comment atio de ana-
iiasd sive nuce pined indicd, iml-
go VIN H AS , ibid. , 1 7 16 , in-4°. IV.
Nerium swe lihododaphne vete-
nim et receiitionini ^ qud Nerei et
JYereïdum mythologia , Amyci lau-
rus , sacxharum al - haschar , et
Q)cntus ac planta Badsamur, aJia-
cfiie explicanlur ^ ac diversis S,
LOC
Scripturœ lacis lux ajjunditur ,
etc. , Nuremberg, 171G, in-4*^. Oiii
trouve, dans le même volume, une
dissertation intitulée : Daphne Cons-
tantiniana , où Lochner cherche à
expliquer une médaille portant ces
deux mots, et que Patin avait décla-
rée inexphcable. Il la croit frap])ée
pour perpétuer le souvenir de la vic-
toire remportée sur les Golhs par
Constantin. V. Bellili iiidicum/ihid .^
1 7 1 7 , in-4*'. VI. De novis et exoti-
cis thee et cafesuccedaneis, etc.,ib.,
1 7 1 7 , in-4*'. Ces six opuscules ont été
réunis sous ce litre : Jleptas Pisser^
taiionum variarwn ad historiam
naturalem conscriptarum , ibid. ,
1 7 1 7 , in-4"^. VII. De Pareird Bra-
va, ibid. , ï 7 1 gj, in-4**. Lochner avait
un fds , nommé Jean-Henri , jeune
homme de la plus grande espérance,
qui mourut à Wittemberg , le 2 jan-
vier 1715, laissant en manuscrit la
description du cabinet de Besler : le
père mit en ordre cet ouvrage , et le
publia sous ce titre: Bariora musei
Besleriani quœ olim Basilius et Mi-
chael Besleri colle gérant , œueisque
tahulis ad vivum incisa evulgarunt)
nunc commentariolo illustmta à
Joli. Henr. Lochnero, Nuremberg ,
1716, in-fol. avec quarante planch
de médailles. — Jean-Jérôme Loc
NER, professeur à Nuremberg, né prÀ
de cette ville en 1700 , mçrt le i
avril 1769, se fît connaître surto
par sa riche collection de médaill
modernes , dont il publia le catalo*
gue raisonné avec figures , en 8 vol,
in-4^., de 1787 à 1744- ^^ ^^ tête de
chaque volume se trouve la Vie de
quelque graveur en médailles. On
a encore de ce professeur plusieurs
ouvrages sur l'orthographe et la lan-
gue allemande, et une Notice sur la
Corse ancienne et moderne , Nurem-
berg, 1736, in-40. W— i.
Î.OCKE ( jEAijr ), l'un des prc-
aiicrs meta |)li y siriciis (le rAiiglelcrre
dix - scpiicmc siècle , uaquil à
Wrington (I.U1S le comte de Bristol,
le ^9 août i()'Vi, et eut pour père
n Locke , (le Pensford , qui , de
gl^flier d'une justice de paix, devint ,
mr le crédit du colonel Alexandre
POpham , capitaine dans l'armée
parlementaire. Sous les mêmes aus-
pices , le jeune Locke fut reçu au
CoUcgedeWeslminster ,d'où il passa,
en i6')2,à l'université d'Oxford.
Il y prit ses degrés de bachelier et
de maîlre-ès-arts , et y obtint un
bcnélicc dans le collège du Christ.
Malgré les brillants progrès qu'il (it
dans ses études , la philosophie sco-
kstique n'était pas de son goût. Ce
fut eu lisant les écrits de Descaries ,
que son esprit philosophique se dé-
▼elopj)a , quoique porté à suivre une
roule bien diftérente. Ne avec une
complexion faible , il fit ses cours
de médecine, moins pour en exercer
la profession , que pour en tirer des
règles de santé. Cependant les con-
naissances qu'il acquit dans cet art,
«eussent pu lui faire une réputation
^s'il s'y fût livré. Svdenham , dans
son traité des maladies aiguës , se
félicite de l'approbation donnée par
JiOcke, à sa méthode, d'après un
examen aprofondi , et s'avoue re-
devaUc en grande partie à ses entre-
liens du talent de l'observation qu'il
portait auprès des malades. L'ana-
tomic , l'histoire naturelle, la chi-
mie , étaient, pour l'obsenateur-
philosophe , un cours d'analyse et
de méthode. Ses connaissances s*é-
tendirent par les voyages qu'il fil
eo accompagnant , comme secre'-
taire, en iC)i)\ , William Swao, à
la cour de Berlin, et il v prit des
notions de diplomatie et a'adminis-
tion. De retour en Angleterre , il
XXIV.
LOC 6(19
rcviui suivre à Oxfonl set cour» de
philosophie naturelle. C« fut Cfi
i<)G<) qu'il y fit la coaiudiiaM» d«i
lord Ashiey , qui , au lieu de» r • .
luiuér des qu'il venait prendre < :.
un miMiccin , reçut la visite et lc«
conseils du philosophe, goûu son
en Ire lien , dut a se» soins une euro
dilVicilc , et se l'attacha pour la TÎe.
Ses liaisons avec lord Ashiey l'in-
troduisirent dans la société' des uer-
sonnages le.s plus distineués, auprès
desquels la douceur et Vf^fn i» »«•■ 1-
vaient seuls faire excuser II
des procédés. Un jour qut j. .. , ., >
d'entre eux ( lord Hahfax, Huckinç-
hain, etc. ) s'étaient rasseinll ^ ,
on ap|)orta des cartes , avant <| r
eût échangé un seul mot d'entrr (11 .
î^ocke ayant regarde le jeu queiqii*^
instants , prit ses tablettes , sur les-
quelles il se mil à écrire , avec U
plus grande attention. L'np s
lui ayant demandé ce qu 1 . :
«Pour répondre , dit-il , 4 i hon-
» ueurque me fait votre société, je
» m'occupe de consigner sur mes ta-
v blettes la substance de tout ce
» qu'elle dit depuis une heure. »
Chacun rit de ce mot : on quitta les
cartes , et l'on conversa le reste de
la soirée. En iGOS, Locke accom-
pagna en France le comte ella corn»
tesse de Northuinbcrlaud ; mais il
ne put y prolonger son sr'jour : U
mort du comte le ramena dan^ Lon-
dres, d'où il faLsait de fréquents
voyages à Oxford , pour s'y livrer
plus paisiblement à l'f ntdo rr rf^-
pirer unair plus sal
du fils aine de lord ^
losophe fut encore charge de lut
choisir une épouse. I*e fruit de ce
mariage fui le lord Shaftesbun,
Tauleurdes Caraclères, dont Lock-
dirigea ëgaJemeniréducaiion. ri qui,
malgré la rtcoooaissance qu'il cou-
3y
Gio
LOC
ferva toujours pour son maître, pre-
fîta trop Ijien de ses leçons , et ap-
prit à traiter un peu sévèrement sa
philosophie. Ce fut vers 1670 que
Locke jeta les fondements de l'ou-
vrage qui l'a rendu célèbre. Il assis-
tait un jour à une discussion très-
vive, élevée entre plusieurs savants à
Oxford. Il ne se mêla point à leur
contestation j mais il observa leurs
opinions et leur langage ; et il s'a-
perçut que cette dispute dont l'ob-
jet leur paraissait très -important,
n'était qu'une dispute de mots.
Cette réflexion fut le germe de son
livre sur l'entendement humain.
Sa réputation de philosophe , qui
avait engagé les propriétaires de
la Caroline à lui demander une
constitution pour cette colonie ( i ) ,
l'avait fait recevoir , en 1668 ,
membre de la Société royale. Mais
les affaires et les emplois vinrent
interrompre le cours de ses occupa-
tions littéraires. Lord Ashley , créé
comte de Shaftcsbury et grand chan-
celier d'Angleterre en 1672, lui don-
na l'emploi de secrétaire des présen-
tations aux bénéfices, place qui lui
fut retirée, lorsque ce lord quitta
les sceaux, en 1673. Ami par prin-
cipe et par goût d'une tolérance sa-
ge et réglée, Locke avait secondé
ce ministre dans ses mesures oppo-
(1) Lord Ashley était Tun ilts liuit seign^nr»qui,
•n i663, obtinrent de Clmiles II la pro|iriétéde ce
beau pays, Voltairu vante, en pliisieur» endroits,
l'esprit de tolérance de cette co.istitution , dont
I» texte «e lit dans les State Tracts , i6f'g ,
tona. t , et plus exactement au tome i de VHi.t-
torical Accouvt of Ihe rixe and progress oj
Ihe Colonies oj south Catolina and George i,
IjOndres. 1779, a vol. in-S". Ce code, purenit>at
aristocratique, fut loin néanmoins de répondre
«ux espérances de» fondateurs : pendant If s
cinquante auncoa que dura le gouverneuient pro-
priétaire , les colon» furent constamment déchi-
ré» de dissensions intestines et di; querelles de
»-Bligion. Fatigués de ces trouble» sans cesse re-
naissants, ils rétablirent en 17IÇ l'autorité royal»
(Picti-t, Tableau dtis Etats-Unis, d'aprè»J«U.
.«Um.c, i^yi», in-S?. , t»JM. a, p. a3;).
LOC
sées à l'intolérance et au pouvoir tCi
bitraire. En 1674, il entreprit, pouf
sa santé , un voyage à Montpellier ,
où il connut lord Herbert , depuis
comte de Perabroke, auquel il dédia
dans la suite son Essai sur l'entende-
ment humain. De là , il vint à Paris ,
011 des savants et des médecins de dis-
tinction accueillirent le philosophe.
En 1679 , le comte de Shaftcsbury,
ayant été nommé président du con-
seil , rappela Locke auprès de lui
Mais l'opposition du comte aux me-
sures despotiques de la cour , lui fil
perdre sa place ; il se retira en Hol-
lande, où Locke suivit son patror.
malheureux , qu'il eut la douleur d(
perdre eu i683. Dans son séjour er
Hollande , il se lia particulièremen
avec Limborch et Leclerc; et ces
liaisons purent le rendre suspect i
son gouvernement. On l'accusa d'a-
voir composé des libelles, qu'on re
connut plus tard n'être point son ou
vrage : mais ils lui firent ôter sj
chaire d'Oxford , et elle ne lui fu
point restituée. La manœuvre don
on se servit pour épier sa conduite c
provoquer sa destitution est remar
quable : « J'ai depuis plusieurs an
» nées l'œil sur lui, dit le doyen me
» me du collège d'Oxford ( le doc
» teur Fell ) au secrétaire-d'état j
» mais il s'observe tellement , qui
w je puisaffirmerqu'iln'estpersonn
» dans le collège qui ait entendu d
» lui un seul mot relatif aux affai
» rcs du gouvernement.... J'ajouî
» qu'ayant , soit en public , soit e
» particulier, tenu et fait tenir de
» vaut lui des propos contre l'hon
» neur de son patron et de ses par
» tisans , il n'a laissé échapper 1
» parole , ni geste qui marquât ]
» moindre accord.... Il possède i<
» une place qui ne l'oblige point
» résidence. Je l'ai néanmoins son-
LOC
■ me de revenir daus un dëlii pro-
•> clidiii. S'il refuse, nous l'expulsc-
> rons : s'il «bcil, il sera la pourrc-
noudre de sa cuiiduile. 11 est pro-
Lalilc que, s'il raonlrcdcla réserve
> eu un lieu ou il soupçonne d'être
' surveille, il se livrera aiséineut k
> plus d'abandon à Londres , où l'on
^ jouit de U liberté de tout dire. »
' Ite mesure , employée par un
omme honnête, mais qui l'élail si
j)cu elle - mèiac , n'ayant pas paru
.issc7. nroraptc, min'arrant, au nom
de Charles II, fut expédié, sous
il date du ijl novembre iG84; et
L' sajçe Locke fut, comme factieux,
f \pulsé dii collège royal , sans ju^e-
lent , ni enquête. Après la luorl de
iiarles II , le célèbre qu kcr Wil-
iin Pcnn , qui l'avait connu a l'uni-
iTsilé d'0\ford, lui lit offrir d'ob-
nir sa j;ràce du roi Jacques. Mais le
; iiiiosophe répondit que, «comme
on n'avait ea aucun motif pour le
) croire cojipable, on n'en avait au-
cun pour lui pardonner. » Celte
•ponse qui parut être de l'orgueil,
■A qui n'éîait que le noble sentiment
de sa dignité , fut uu nouveau pré-
texte pour l'envelopper dans la cons-
iralion du duc de Montraoulh ; et
li fut compri,-, dans la demande d'ei-
traditiond un grand nombre de per-
<nnes suspectes à la maison des
Mnarts , quoique le caractère loyal
u pliilosophe , et sa timidité natu-
' f'lle,le rendissent étranger aux inlri-
_iies comme au\ agitations politi-
jiies. L'estime de ses savants a.nis
r des magistrats hollandais eux-
iiêmes lui ménagea une retraite sû-
', jusqu'à ce que, son innocence
mt reconnue, il lui fût permis de
• paraître en public. I.<es amis de
l.ocke formèrent alors avec lui une
'ciélé académique, dont il rédigea
ii:s statuts j et qui s'ouvrit »ous U
LpC 6,1
pr^HÎdeiice de Ijmborrk. Lé, m dit»
entaient les matières pkilotopiMfaig.
L<^ priuripcs de U lolërWM!» «f fg
haine de la tvraniiie.
, . iMtDif
.imborrh , riaient proM((éiptr Lt»
derr. Une lettre sur fa tolé-mnet,
en latin , «dreWe a Liiulx»rrh ( Foj,
ce nom ),fiit le premier écrit pq.
Llié par Locke. Poppic W Ir.i lutte
en anglais. L'auteur pari d'i p.inrt*
pe , nue le choix de lun!.- rr i jq^
est libre ; qji'cn rons«fjii jij^
se composant d'hommi . j... ^i n-a-
nissent volontairement pour rendre
à Dieu un culte , le pouvoir de cha-
que éciise ne conM^te qiie dans le
droit d'exhorter et de reprendre tel
membres , mais ne s'éteM à •ocdD»
autre église. 11 fait ainsi de la tolë-
rance le caractère de r<-i;lisc chr^
tienne : cependant elle peut être re-
fusée aux intolérants , jiarmi lesquels
sa sévérité comprend les catholique!
qui excluent les autres communions.
Des théologiens du collège de là
Heine , à Oxford , qui se crurent in-
culpés, attaquèrent la doctrine de
Locke. Il la défendit par de non-
veaux motifs. V Essai sur l'entende-
ment humain fào*J\ Locke avait tra*
ce le pi m en Angleterre, et com-
mencé l'exccuion en HolLndc, fut
enfin achevé après vingt années, en
1687; m.iis it »e contenta dVn don-
ner aal>ord comme le;^ ospectts on
l'extrait abrégé , que son ami l«e-
clerc tradui«it , et qi'il ir»*frs d»ns
fiA UiblioJi'que un »
de janvier 1O88. 1' at»
sur divers objets d utiuU' p-niiq it
parurent s.irccsMTcment dans It
même journal. L« révolution qui mit
(•uillaumrlll sur le trône . en ibtiQ,
rétablit Locke dans st\ droit* poli-
tiques , et le ramena dnt«- «^» '^ '''•e,
sur le vaisseau qui Ir « <«
Augletorra la priiiccÂ>c xyi.^u^t,
3»..
6l2
LOG
Il songea d'abord à recouvrer son
benëtice de Glirist-Chiirch , pour
riioniieur de la justice , et pour le
sien ; mais réfléchis saut que la dd-
possessian du titulaire actuel ne se-
rait utile qu'a lui-même , il sacrifia
son intérêt à celui d'autrui et à l'a-
mour de la paix. Libre de tout soin ,
il publia son Essai sur l'entende-
ment humain f eu i6:)o. La marche
i^e'ne'alogique des idées , la clarté',
la finesse des analyses , la simpli-
cité, la netteté des expressions, mai-
gre la longueur et la prolixité des dé-
tails , annoncèrent non-seulement un
art d'e'crire sur les matières abstraites
avec la méthode et le style propres
au sujet, mais une philosophie , si-
non neuve dans le principe, du moins
nouvelle dans les développements.
Bacon , regardant avec les stoïciens
l'entendement comme une table ra-
se, avait fondé la connaissance sur
l'observation. Gassendi, substituant
la méthode analytique à la marche
synthétique de Descartes , et partant
de i'axiomcdes péripatéticieus,iV/7«7
est in intelleclu quod prias nonfuerit
in sensu, avait même déterminé pour
bases principales des opérations in-
tellectuelles , le sens et la réjlexion.
( Voyez Gassendi. ) Mais la théo-
rie de la génération et de la iiîia-
tion des idées , n'en appartient pas
moins à Locke dans son ensemble
et dans ses deïails. Il montre com-
ment les idées se forment dans i'e'i-
tendement; comment les sensations
deviennent des notions simples par
la perception ; comment , par l'at-
tention et la réflexion, les notions
se composent et deviennent des idées
complexes, et comment enfin, par
l'abstraction, les noiions répétées et
comparées jiroduisent les idées dis-
tinctes ou collectives de mode , de
substance ; les idées relatives d'exis-
LOC
tence , de temps , de lieu , et même
les relations morales. Les rapports
logiques et grammaticaux qu'il en
déduit avec Gassendi, sont devenus
les bases des grammaires générales,
telles que celles de Port-Royal et de
D:imarsais , de Harris , et de Horne-
Tooke qui voit dans l'ouvrage de
Locke un traité de grammaire, tant
l'auteur détermine avec exactitude
les sig-nes aussi bien que les idées.
Quant aux notions des vérités de
l'ordreintellecluel et moral, peut-cire
Locke va t-il trop loin lorsqu'il don-
ne la même origine à toutes les no-
tions, lorsqu'il les fait toutes dériver
de la convenance des idées considé-
rées en elles-mêmes, en admettant
néanmoins l'accord des idées avecles
choses; ce qui lui a fait dire, malgré
ce qu'il nomme la connaissance in-
tuitive, qu'il n'y a point de Jiotions
innées , et supposer qu'il ne serait pas
impossible que la matière pensât, en
la dépouillant toutefois deLé'endue.
Leibnilz, dans ses nouveaux Essais
sur l'entendement , releva l'espèce de
contradiction que la première propo-
sition lui paraissait offrir; et le doc-
teur Slillingfleel attaqua vivement
en chaire la seconde proposition ,
que le philosophe modifia en l'ex-
pliquant dans SCS Lettres à Vévéque
de f y orcester. On vit même l'élève
de Locke, lord Shaftesbury, dans
ses Recherches sur la veHu , faire à
la doctrine de son maître le reproche
de fonder les principes , en morale
comme en métaphysique, non sur des
sentiments innés ou naturels , mais
sur des notions plus ou moins varia-
bles suivant les opinions que les peu-
ples s'en forment d'après les progrès
de leur expérience. C'est cepeiîdant
sur des liolious de droit ou de mo-
rale naturelle , que Locke pose les
principes de sa politique. Dans le
Î.OC
irniirant de la iiumiic aiiiicV qu'il don-
!i i V Essai sur Venlcndeiiwnt ha-
uiin, parut son Essai sur le f^oti-
rncment c/V/7. L'aulcnr avait en
irlidilier pour objet de jusliiicr la
)nvclle révolution, en établissant
I Ici^itiraite sur la sanction donnée
la constitution actuelle par la na-
I »n anf;laise. C'est en généralisant
« t objet , et en prenant un milieu
< lire la doctrine de Sidneyetcellede
I lajjbcs, qu'il admet en principe que
pouvoir administratif et judiciaire
^t dclcguc par la socicle', el denieu-
! : à celui qui en est en possession ,
tint que la société subsiste telle
qu'elle a e'ie constituée. Ainsi , fon-
i uit le gouvernement légitime sur
' s droits naturels des peuples , on
;i "Ut dire que c'est en partie dans ce
livre , qu'ont été puises les principes
de ce Contrat social dont on a vu
l'inflnence sur la révolution françai-
se. La considération qu'acquirent à
Locke ces deux productions, pouvait
le conduire à un poste aussi hono-
rable que lucratif. Il se contenta de
la place de commissaire aux appels
avec un traitement de 200 bvres
sterling. Des missions diplomatiques
dont on lui laissa le choix, lui fu-
rcîit proposées ; il les refusa en
s*excusant sur sa santé; mais il pu-
blia plusieurs écrits d'une utilité re-
lative aux circonstances. Les mon-
naies en Angleterre avaient éprouve
mie altération d'un tiers. U présenta
au gouvernement des Considérations
sur les moyens d'élever la valeur des
espèces, et de diminuer le taux des
intérêts. 11 répondit aux objections
auxquelles elles donurreut lien; ce
qui le mit en relation intime avec le
comte de Pélerborough. Le séjour
de Londres étant devenu contraire à
sa santé , il se rendait fréquemment
dans le voisinage , à la maison de
TiOC 6i3
rnmpap;np du comte. Miif ce fol à
O.itr» , «lans I'^m^x , cliei le rheva-
lier MaNham, aii'il f«irm« le projet
de se retirer. Il y lrouv;«ii un aT«ii-
tagc précieux dans ramiiiê tendre et
la religion éclairée de lady M.i«hamy
fille du docteur Ciidworth , son ami.
Elle (it di.>|>user pour lui wn npp.ir-
tement où il pût être tout-a-l r i'*
maître; el ce qui le toucha d.i>an-
tage, c'est qu'elle éleva son UU uni-
que d'après les Pemea surl'educO'
tion , que Locke avait ri'digce» en
forme de lettres adressées à uo ami.
Le succès sanctionna sa uétho^lc. Il
la piUii en lôf)?^ et l'aiigmeolA
beaucoup p.ir la suite. O^^H"** eet
ouvrage pratique soit .<] ux
enfants que laulcur av. • , lie-
rement en vue dans sa nation , il
concerne en général rédiiration des
enfants de tous les pays. Il les elère
d'après des règles et des principes
qui découlent partout de l'obserTi-
tion et de la raison , et qu'il déve-
loppe par degrés , soit au physique
soit au moral , appuyant ses ieçow
simples et claires d'exemples eoa-
muns et familiers , et donnant sans
analyse abstraite , ce qui est remar-
quable , de premières notions de U
verui et de Dieu , déduites des idées
d'ordre et de famille le plus à U.
portée de l'enfant. (Vc>l encore une
source où a pui.sé l'aiiletir tï Emile ^
dans ce que sa théorie ollVr dr vrai-
ment utile et applicalle. Locke fut
])ersonnellemcut un philosophe chnv
tien. Guillaume \\\ ayant renouYelé
le plan de Jacques II . relatif a U
réunion des sectes dissidentes, Ixicke
composa dans celle Yue, et mil sa
jour, en i(><}5.son Christiamsmerm'
^o' . -iclie à montrer qat
1.. i nne, telle que !'€••
s. n*oflre rtendccoa-
U... laquelle s'socord»
6i4
LOG
avec la foi dnns ce qu'elle explique ,
on s'y soumet dans ce qui lui est su-
pe'rieur. En conséquence, il permet à
chaque coinuiunion une créance libre
et praîique , et réduit la foi néces-
saire , pour tout mcinbre des églises
cbretiennes , à ce dogme essentiel :
Jésus est le Messie. Mais comme il
ne déterminait pas jDrecisémeut ,
afin de ne point s'aliéner les soci-
niens , si celte foi avait pour objet
l'homme-Dieu, ou simplement ie fils
adoplif de Dieu , sou plan ne fut
point goûte, quoique , selon Bayle,
il n'y eût aucun socinien qui n'y
souscrix îl : aussi In doctrine de l'au-
teur fut-elle taxée de sociuianisme.
Il se défendit de cette inculpation.
Mais Toland , ayant emprunte des
écrits de Locke, quelques argiments
à l'appui de son Chrisdanisme sans
mystère , l'évêque de Worcestcr , en
le combattant , attaqua en même
temps les principes de Locke favo-
rables à ce système; ce qui occision-
na entre eux une nouvelle contro-
verse où les réponses et les répliques
de part et d'autre, montrèrent auîant
de vivacité qae de science dans le
pre'lat , et beaucoup de inodéialian
et de raison chez le philosophe. Mai-
gre la faiblesse de sa poitrine, outre
ses occupations littéraires, Locke,
nommé à une place de commissaire
du cominerce et des colonies, avec
mille livres sterling d'appointements,
en remplit durant six années les
fonctions , qui l'oljligeaient fréquem-
ment à des séjours a Londres ; et il
publia même de nouvelles Considé-
rations sur la monnaie et le com-
merce. Mais les progrès de Tasthme
dont il était affecté, le forcèrent de
donner la démission de sa place, en
l 'y oo. Le roi voulut la lui conserver,
en le déchargeant de tout travail , et
en le dispensant d'assister au con-
LOG
seil. Locke représenta que sa cons-
cience ne lui permettait pas de tou-
cher le traitement d'un emploi qu'il
ne pouvait remplir. Sa démission
fut acceptée ; et il ne quitta plus la
retraite paisible d'Oates. En conti-
nuant de se distraire dans la société
de madame Masham , il s'appliqua
surtout a l'étude de l'Ecrilure-Sainte.
Sa Paaphrase des Epitres de Saint-
Paul , qui parut aprv^s sa mort , en
fut le fruit. Eu i-yoS , les attaques
de son asthme devenant plus fré-
quentes et plus douloureuses , et se
sentant dépérir par degré , sans que
ses facultés en fussent altérées, il se
prépara par des actes d'une piété
réfléchie, à sa fin prochaine, dont
il s'entretenait avec calme. En se li-
vrant à ses sentiments religieux , il
cherchait à les répandre dans le
cœur de ses amis ; et en leur faisant
SCS aveux sincères, il leur donnait
encore une leçon de philosophie. Il
écrivit d uis ces derniers moments à
son ami Collins , « qu'il ne trouvait
» de consolation que dans le bien
» qu'il avait fait; que deux choses
» en ce monde pouvaient seules don-
» ner une véritable satisfaction ; le
» témoignage d'une bonne conscicn-
» ce, et l'espoir d'une autre vie. »
N'ayant pu dans ses souffrances!
trouver de repos sur son lit, il se]
fit porter dans son cabinet ; et ce fut
sur son fauteuil, après avoir goûte'
un peu de sommeil , et prêté une
oreille attentive à la lecture des
Psaumes, par M*"®. Masham, qu'il
expira, le '28 octobre 1704, dans
sa soixante-treizième année. Nous
allons récapituler la liste de ses ouvra-
ges : I. Adversariown methodus :
méthode nouvelle pour dresser des
recueils , ou ce que les anglais appel-
lent Common-place Book; inséré en
juillet 1686, dans le tome 11 ( pag.
LOG
Si5-54o ) <1<^ Ia Bibliothèque um-
•selle et Idstorique de J. Lecltrc.
lA't opuscule, qui n'est , au fond ,
que la manière de tracer un rc-
jicrtoire alphabétique , a été repro-
duit , abrégé et perfectionne par
1 11. P. Berlin, à la suilc de son »Svi-
ine de sténographie , sous le titre
lio Tables d'aihcrsaria ou recueil
littéraire. II. Epistola de Toleran-
tid, etc., Gouda, 1G89, in-ia; sui-
vie de deux autres Lettres , i(>90 ,
}6()i. III. Essai concernant l'en-
tendement humain, Londres, 1690,
fol. (en angl.) Outre l'abrcgé, public
par Lcclerc en 1688, Wyuwe, depuis
f vèqiic de Saint-Asaph , en fit un au-
tre abrégée en anglais, qui fut trad.
Il français par Bossel , Londres ,
i -'io. Le grand ouvrage a été trad.
en français par Coste ( in-4**. , 1 700,
1739, 174'^; et 4 vol. in-ia ), et en
latin par Burridg, 1701. IV. Traité
sur le gouvernement civil, Londres,
1(390, in-S**., souvent réimprimé, et
traduit en français. V. Some consi-
dérations, etc., sur les suites de la
diminution de l'intérêt et de l'aug-
mentation de la valeur des monnaies,
ibid., i6()i, in-8«. ; traduit en ita-
lien , Florence, 1751 , in-4**. Locke
donna encore deux autres brochures
sur le même sujet. VI. Observations
météorologiques ( faites à Oxford,
en 1666 et 1667 ); dans Vl/istoire
de l'air, de R. Boyle, Londres,
1692. VII. Pensées sur l'éducation
des enfants, ibid., 1693, in-8*».
Dans Tédition de Londres ( Paris,
Servicrcs ) , 1783, 2 voL in-ii , de
la traduction française, parCoste, on
a ajouté les méthodes obser\é^5 pour
l'élucalion' des enfants de France.
VIII. Le Christianisme raisonna-
ble, 1695 , in-8<».; la première édi-
tion de la traduction française,
donnée par Coste , la même année.
LOC
r,i5
â pour lilre ; Qtte la rrlirinn rh*^
titnne est très - raii> lU
quelle est représentée «.... ^ . i.inf-
ture-Sainte. IX. Paraphrase et nth
tes sur les Epitres de Sa^nt-Pûtd
aux Galates, aux Hvmains et aux
Ephésiens , Londres, 1701 , publié
par P. Kingct AnI. Coiiuis, »r»fié-
culeurs testamentaires. X. Œuvres
posthumes f Londres, 1706, in-fi»,,
contenant, t°. Direction de l mteit'
dctnent ; c'est prnbnHrmrnt la Ma-
nière de se f rf.
che de la vci 1 ^1 on-
çait ( Bibl, chois. , tome \t ) coiume
prête à voir le jour; — 'i®. Examen
de l'opinion du P. ^falebranche , que
nous voyons tout en Dieu ; — 3». Dis-
cours sur les miracles; — 4*. Frag-
ment de la 4*' /'^"'^ sitr la toE^
rance ; — 5<». Fie tt^ini, comte da
Shaftesbuy; — 6*. Àdversariomm
me'thodus ( n». 1 , ci-desM». ) f<«clcre
traduisit en français 1« ' nde
partie de ces Œuvres | ^ , j
joignit V Eloge de Locke, tiu'il avait
donné dans le tome vi ne sa Bi'
blioth, choisie, et publia le tout sous
le titre à' OEuvres diverses de /.
Locke, Rolerdam, 1710, in- 11. J.
Fr. Bernard en fit paraître une édi-
tion plus ample, Amsterdam, 173»,
1 vol. in-i:i. XI. Uttres familières,
anglaises et latines, Londres, I7f»8,
in-8«. XII. m tri- :'- ' r naviga-
tion , trad . en fr.« 1 > , 1 7 aa ,
îivoLin-ia(i). Xlii. nemenUdê
(0 1-
î
om Jomtf
trau«* •
CI-
• '■
d'
c .
r: -■
6i6
LOÎ
physique^ etc. , liaduils en français ,
ibid. , 1757, in- 12. ( /^. Gastillon,
VII , 342. ) XIV. Les OEuvres de
Locke ont été' recueillies en 3 vol.
in-foJ. , Londres, 1714? ^7*^^ ?
1762; en 4 vol.in-4**. , 1768, 1777,
1784, par les soins du doct. Law ,
ëvêque de Garlile , qui y a joint une
vie de l'auteur j en 10 vol. in-8". ,
3 80 1 , 1 o^. ëdil., c est la plus estimée.
On a mal à propos attribué à Locke
un traite de V Amour do Dioii , en
anglais, trad. en français, par Gostej
il est de Mn^^. Masham. ( Fojez
CUDWORTII. ) G CE.
LOGKMAN. F. Lokman.
LOGQUES ( Nicolas de ), clii-
misledu xyii»^. siècle, publia les Bu-
diments de la Philosophie natu-
relle , Paris, i6G5 , in-80. , ouvrage
extrêmement rare , où l'on trouve
d'assez bonnes observations à côte'
des rêveries de l'alchimie. Après la
mort de l'auteur, on fit circuler un
ouvrage qui n'a jamais été imprime,
mais dont il existe quelques co-
pies dans les bibliothèques des
curieux. G'est une sidte de travaux
et d'expériences , la plupart sur le
zinc , et presque tous dans les
viiés de l'alchimie. Il y a cepen-
dant un assez grand nombre de faits
positifs , aussi curieux qu'intéres-
sants. Get ouvrage passe pour ap-
partenir en commun à Nicolas de
Locques , qui possédait alors la
charge de médecin spagirique du roi,
et à Lebreton , médecin de la faculté
de Paris. ' T— d.
LOGUSTE, fameuse empoison-
somleuse , vivait sous- le règne de
sente ce te collection de Voyae;e!i à ^université
t!'0\ford. Nous voyons dans Nicliols {Bo2i'jrer'sa-
rerdotes,!. i5i) que le libraire Awusliam Cliiir-
cliiil , éditeur de cette collection, ét.ïit ami sie
Locke , dont il avait fait imprimerie» premiers
cents théologique»; et que ce plnlosoplie lui
composa la préface de aa colicclion.
LOD
Néron. Elle avait d'abord été coii-
damnée pour des empoisonnements :
mais ou la garda coiiime un instru-
ment dont on pourrait avoir besoiny
et ce fut à elle qu'Agrippine eut re-
cours pour faire mourir Giaude,
afin d'assurer le trône à Néron. Quel-
ques années après , Néron , devenu
empereur , conçut de la jalousie
contre Britannicus, fils de Claude,
qui était eu âge de régner. Gomme
il n'osait pas le faire tuer publique-
ment, il donna ordre à Polliun Julius,
tribun d'une cohorte prétorienne,
de le faire périr par le poison. Gelui-
ci, qui avait sous sa garde celle hor-
rible femme, la chargea de préparer
le poison qui devait enlever à l'empire
Britannicus, jeune prince de si grande
espérance. Le breuvage mortel n'a-
gissant point assez promptement au
gié de Néron , il menaça le tribun ,
frappa Locuste , et ordonna même
son supplice, lui reprochant de n'a-
voir donné qu'un remède à Britan-
nicus. Locuste s'excusa , en disant
qu'elle avait affaibli la dose pour
éviter l'éclat. Eh I penses - tu , lui
répliqua Néron , que je craigne la loi
contre les empoisonnements ? Il la
força de répéter son opération de-
vant lui dans son appartement. Le
breuvage fut ainsi rendu plus actif;
et le malheureux prince l'eut à peine
avalé , qu'il tomba mort. Néron, vou-
lant reconnaître les services du même
genre que Locuste lui avait rendus
en plusieurs circonstances la combla
de bienfaits , et lui donna des élèves
afin qu'elle les instruisît dans son
horrible métier. Z.
LODOLÏ (Le Père Gharles Gonti
DE ) , de l'ordre de S lint-François,
né à Venise, en i(>90 , parcourut
avec des succès brillants le cours
d'études en usage dans son ordre ,
d'abord comme disciple , ensuite
r.oT)
unmc maîlrp , cl rUiMil vlans sa ville
aal<;uneccule nalririeniu'd'oii sont
rlis'lessujclsd I pULSj»raiul raciilc.
i se distin;;ua aussi dans Tcniplui
roviscur , en coiuposant, pour
iisapjedcs réformateurs , tr-iis »aU-
^;ues raisonnes des livres suspects
; de leurs difTercnlcs Cilitiuns et
1 r.iduclions. Ses plans juJicien\ ser-
\ lient beaucoup à faire fleurir les
.|>rimcrics de Venise; mais c'est
itout par son amour sinj;ulier
• iir les beaux-arts qu'il s est rendu
lèbre. 11 avait fait une collection
i rieuse des divers morceaux d'ar-
litecture, de peinture , sculpture et
ivuie , dont la suite mettait sous
-. yeux les progrès successifs de
iicun de ces arts, depuis l'époque
leur renaissance jusqu'à celle des
raudes écoles. Un accident a fait
jjeïir tous ces manuscrits et tous ces
dessins. Les principes de Lodoli ont
cte développés dans un ouvrage ita-
lien, intitulé : Eléments de Varchi-
lecture lodjlienne ^Qlc. Rome, 178G,
in-4'^.ll attaque tous les édifices an-
ciens et modernes, et dit de ceux des
Grecs et des Romains, d'après les
monuments qui nous en restent, que,
soit pour la solidité et la commodité,
soit pour la proportion des ordres ,
en y trouve trop de caprices et d'ir-
régularités; d'où il conclut que l'é-
tude de ces monuments ne peut pres-
que rien nous donner de certain con-
cernant les vrais principes et les fon-
dements de l'art. 11 regardait , en
conséquence , la tliéorie de l'archi-
tecture comme ayant été jusqu'à pré-
sent incertaine et sans consistance,
et l'art comme étant encore dans
son enfance. Ces asseyions hardies
furent vivement réfutées dans un
écrit publié à Bissano , en 1 787 , sous
ce titre : Apologhi imniOfineUi tfi-
temporancamente , etc. T — d.
1,0D
LODOVÎCÎ (DoMiwiQi'r.; . j . .r
latin, né a Napics en i&jfi, fil se»
études au cullrge des jc»ui'r^ àe cdle
ville, et . après les avoir Irrmioëet ,
fut • ' I uii ses maîtres , chargé
de i iient l\t^ \\r\\r*..\rUf^
et enNUih: iiumnié | i
<piilta df rp{ rm;
tn-
nid,;
cices de pietc et la <
sic. Il mourut eu i ^ | '
de Loduvici ont cte publiées par se*
confrères, Naples, 1746» î» Tol.
in-^**. , sous ce titre : D. Ludwiei
soc. Jesu carmina et inscriptiones.
On y trouve des odes, des épitres,
et un grand nombre de fietites piè-
ces sur des sujets pieux. Ce pôète
ne manque ni de facilite, ni d iiiu>
gination;et l'on voit aisément qu*il
s'était formé par l'étude des bon*
modèles de l'antiquité grecque cl ro-
maine. W-— ».
LODOVISI ou LuDovisi (Louis),
cardinal, naquit à Bologne en 157S.
Après avoir terminé ses études , il
embrassa l'état ecclésiastique , cl alla
joindre à Rdme, son oncle, le car-
dinal Alexandre , qui l'aimait uni*
quement. Ce prélat fut élu pajie , au
commencement de l'amiec liyii ,
sous le nom de Grégoire XV ; il ré-
signa aussitôt à son neveu Tarrhe
vèclié de Bologne , et le créa cardi-
nal , quelques jours après. I^uvili
eut la plu* grand** i «-
tes les décidions cpu n-
dant le court puntiiii.*l di m>;j . l- .
il se retira ensuite dans son li --
où il passa les dernière* anat^.\ d*»
sa vie , parlageanl ses loi>irs entre
ses devoirs et l'élude : il av.iil dr*
revenus très - considérables ; m jus d
en consacrait la plus grande |varlie
au soulagement des p.iuvrrM il f < îk! «
en i6'i8, et dou nchcmeui
6i8
LOD
Icge des Irlandais (i) à Rome. Il fit
aussi construire , dans cette ville, la
première église dëdie'e à St.-Ignace ,
que son oncle avait canonisé • mais
il ne la vit pas terminer: il mourut
à Bologne, le i8 novembre i63'i ,
âgé seulement de trente-sept ans. Son
corps fut transporté dans l'église de
Saint-Ignace, oii les jésuites firent
élever un tombeau à leur bienfaiteur.
Ce prélat a publié en italien des Ré~
Jlexions spirituelles ; — des Instruc-
tions, adressées aux pasteurs de son
diocèse j — des Sermons ^ et un Pa-
négyrique de saint Ignace, etc. Il a
laissé, manuscrits, plusieurs volumes
de Lettres sur des matières de poli-
tique. Michel Giustiniani en a inséré
quelques-unes dans les Lettere me-
morabili. ( Voy. Giustiniani, tom.
XVIÏ,p. 484.) W— s.
LOEFLING ( Pierre ), botaniste
du roi d'Espagne, né à ToUfors-
bruch, le 3i janvier 17*29, fut un
des élèves de Linné. Ce grand homme,
qui en faisait beaucoup de cas , di-
rigea ses études avec la sollicitude
d'un père , et le logea même dans sa
maison , pendant plusieurs années.
En 1749? le jeune botaniste soutint
une thèse de Gemmis arborum.
Peu de temps après , le marquis de
Grimaldi, ambassadeur d'Espagne
à Stockholm , fut chargé de deman-
der à Linné un botaniste, pour être
engagé au service du roi d'Espagne.
Le choix du professeur tomba sur
Lœfling, qu'il regardait comme le
plus propre à remplir 1 intention des
Espagnols , et à tirer parti de cette
circonstance pour les progrès de la
botanique. Lœfling partit de Stock-
holm, en 1701 , et s'étant rendu en
Portugal , il eut occasion de voir ce
(1) Et non pas d?8 Espagnols, comme oh 1«
dit dan» le JDieiio /inaire uiiiptisel.
LOE
pays avant d'arriver à Madrid, et d'y
observer des plantes rares, dont il en-
voya la description à Linné. Il trouva
en Espagne plusieurs botanistes qui
l'associèrent à leurs travaux. Après
avoir étudié la nature pendant deux
années, et observé 1400 plantes
aux environs de Madrid , il fut
nommé pour accompagner dans la
nouvelle Andalousie, les savants que
le roi envoyait en Amérique. Charge
de toute la partie de l'histoire natu-
relle,il eut pour adjoints deux jeunes
médecins espagnols. L'expédition
partit de Cadix au mois de février
1754 , et arriva le 1 1 avril. Le na-
turaliste suédois parcourut aussi-
tôt les districts de Cumana et de la
nouvelle Barcelone , et se rendit à
San-Thomé de Guyana. Il avait her-
borisé pendant trois mois aux envi-
rons de cette ville , lors qu'il fut
atteint d'une maladie assez grave. Il
se remit cependant , et reprit ses
voyages ; mais une nouvelle attaque
lui survint, et il mourut dans la
mission de Murerecuri , le 'l'i février
1756, à l'âge de 27 ans. La mort de
cet homme savant et laborieux fut
une très-grande perte pour l'histoire
naturelle en général , et pour la bota-
nique en particulier. Linné en fut
vivement affecté , et il exprima ses
regrets avec cette franchise et celle 1
candeur qui caractérisaient son ame.
Rendant justice ta son élève , il dit
que l'occasion ne se retrouverait
peut-être jamais de voir la science
enrichie d'autant de découvertes
qu'eût pu en faire ce génie extraor-
dinaire , conduit sur un des plus
grands théâtres de la nature, et jouis-
sant de tous les secours nécessaires.
Lœfling lui avait envoyé d'Espagne
la description de plusieurs plantes
et autres productions de ce pays.
Les manuscrits qu'on trouva à sa
LOÊ
>rt , furent conserves par les deux
idjoints que lui avait donnes le gou-
vernement espagnol. On a de lui :
L Geinrnœ arboium, Upsal, 1749,
iil-4*'. ; inséré par Linné dans ses
AmœnitateSy tora. *i, et par Gdi-
bert, dans le tome i du \yslema
plant arum , de Linuc. 11. Descrip-
tion de deux coraux ( Acad. de
Slockliolm , lom. xiii, i^^'i ). 111.
Descriptiù monoculi cauddfoUaccd
( Acla acad. , U nsal , i •;44-5o , pag.
^^ ). IV. Itcr hispaiiicum , Slork-
ioîni, 17.58, in-8**. , publie eu sué-
dois par Linné; traduit en allemand,
par Al. Bern. Rolpin, Berlin, 1706,
1776, in-S*^., fig.; enanglais, par J.
V. Forster, 1771 , in-S». Linné a
ne le nom de LœjUngia à une
j îiitc plante, de la familie des Ca-
' ophyilées, dont une espce croît
Espagne et l'autre aux Indes,
C — AU.
Ï.OESCHER ( Valentin - Er-
T ) , philologue saxon , né a Son-
shauscn, en 1G72 , a mérité une
e parmi les érudits précoces. A-
^ avoir terminé ses études de la
îiièrc la plus brillante, il fut promu
>aint ministère et chargé de i'en-
:nement de la théologie à l'acadé-
dc Willemberg. Il s'acquitta de
emploi avec une rare distinction,
dant plusieurs années ; mais il
: démit alin de pouvoir se livrer
^ librement à l'étude, et à la ré-
ion des ouvrages qu'il se propo-
de publier. Nommé pasteur de
rbourg et de Delitsch , il fui
Il élevé à la place de surintendant
églises de la Misnic,et mourut à
>ae, le 8 février i74î)' Locschcr
it de Tesprit, du jugement et
iicoup d'érudition. Il commença,
1 701 , à Wiltemberg, un journal
littérature théologiqtie , en alle-
ad, sur un plan ircs-éleudu. Cette
feuille publivc tous U% t • .
bord, sous le tifrr dr ^
ciennes et nou^ ,,
celui de Noti« (V 1 ^ ,_ .j,
chultU^e Aachnchit ) , obtint tm
grand sucrés; m«iis Tautetir a>ant
eu quelques dillicullrs avec son im-
primeur, il lit paraître »on journal
l'année suivante, à I^iprig , ri maÛ
crc ses nombreuses ocmp lions ,
n le continua jus<ju'en 1 710 , qu'il
en abandonna la airectinn a Mi* («l-
Henri Reinhard. G'Iui (i elaiti un it
d'apoplexie, en i^3a. Locs<h(r re-
prit alors la direction du journal sous
le titre de Continuation; /o/Y^r^/zM
Sammlung ) , el uc la quitta qu'cB
1746, qu'il la céda à Jcau-Kinrst
Kappius, professeur déloqtipprc à
Leipzig. Parmi les ouvrages de hors-
cher , on se contentera d'indiquer :
I. Exercitatiodenumnrum vetcrum
in ikeologid explicalione , S, Scrip-
turœ et eccle.ioituœ antiquitaiis
usa , lena , iOc)4 , in-4'*« ï'- J^is>cr'
tatio de nwnariœ lei u uinîù^torid
eccleAasticd , Wilteiubcrg. iC^j't ,
iu-4**. III. Disseriado rei tmm viœ
mils in exvîicatiotu: sacrœ antiqui'
tatiSj ibid. i(xp , in - 4**- IV. /?#-
blictheca purpurnta^ seu de Se ipiis
principum pro'serlim Gerviani>rum
Dissertatio /\\i\à. iG<)8, in 4". V.
Aicana lilte utia iivc triginta li-
brorum edendorum speàmen , ibid.
1700 , in-4'*. ; c'est le plan et l'an-
uoQCcdes nomLrrtix ouvrages qu'il
se proposait de publi-rr. VI. la theo-
logie m > stiqtie orifuJise ( proliai-
tante), Francfort et î rlj i ,
in 8". ( en allematul ) : il \ \
vraie et de la fausse (\c\ ■ r
combat les arguiueuls iU> li-- I »-
gicus de l'ep isc romaine , foi.lr ; U
mysticité. VII. Jon.sit^e vrifinuim
Grœciœ resl aurai antm Idri duo ,
Leiprig, 1705 , iu-8».: I^vcsclicr
620
LOE
veut prouver, dans cet ouvrage, que
les Grecs descendent de Javan , l'un
des tils de Japbelj qu'ils ont d'abord
été nommes Ion ou Ioniens , et ont
eu leur premier établissement dans
l'Asie ; enfin , qu'ils étaient déjà très-
puissants lorsqu'ils sont venus ha-
biter la partie orientale de l'Europe
que l'on regarde comme leur ber-
ceau. VIII. De caiisis linguœ ehreœ
lib.i t es y ibid. i7o() , in-4*^. , ou-
vrage estimé et plein d'érudition ;
mais on y trouve bien des opinions
liasardées. IX. Prœnoliones theo-
logicce , Wittemberg , 1708 , in-4^.
X. Initia academica quibus prO"
gram.na et oralio inauguralis , etc.
continentur y ibid. 1708, in - 8°.
XI. Recueil Aq p èces intéressantes
pour servir à l'histoire de la réforme
évangélique ( en allemand ),*Leipzig ,
1 7'2o, tom. I®". XII. Stromateus seu
Dissertaliones sacri et litte-arii ar-
^unienti, Wittemberg, i7'24,in-4^.
On y trouve des remarques sur les
premières productions de l'impri-
merie, et un supplément aux Jtn-
ndes de Mailtaire. On a encore de
Loescher plusieurs Disseitations phi-
losophiques dans les Miscellanea
Groningana , et dans d'autres re-
cueils. Parmi ses manuscrits , on
cite : De modo dignoscendi genuina
"veteris œvi nwiiismata à suppo-
sititiiSy in-4*^.; — Historia triginta ,
quos vocant, et cœterorum Romani
orhis tyrannorum ex nwnis prœser-
iim et marmovibus illustrât a, in- ^^.-^
cet ouvrage a passé de la bibliothè-
que du comte de Briihl dans la bi-
bliothèque électorale de Dresde. Le
Catalogue des médailles du cabinet
de Loescher a été imprimé à Dresde,
1752, in - 8«. G. Willi. Goetten a
publié sa Vie dans la Qelehrte Eu-
ropa , part. II. — Martin-Gotthelf
Loescher, frère du précédent , pro-
LOE
fesseur de médecine et d'histoire n*
turelle , se fit conmnlre par une asseii
grand nombredcdissertationslalines
peu consultées aujourd'hui , et mou
rut à Wittemberg, en 1 735. — Leui
père , Gaspar Loescher , né en 1 636
à Werda dans le Vogtland , fii
surintendant à Zwickau , puis pro-
fesseur de théologie à Wittemberg
et eut de vifs démêlés avec les pié
tistes et autres novateurs: il mourii>
en 1718, après avoir publié ut
grand nombre d'écrits polémiques
presque tous en latin, et dont pei
lui ont survécu : son fils Valentin-
Ernest en a donné la liste dans soi
Conspectus vit ce literatce et labo-
rum literariorum D, Casparis Loes-
chéri. W — s.
LOESEL ( Jean ) , médecin el
botaniste , né en 1607 , à Brande-
bourg, fit ses études à Wittemberg el
à Kœnigsberg, visita la France, l'An-
gleterre et la Hollande , se fit rece-
voir docteur en médecine à Kœnigs
berg , où il fut nommé professeui
d'anatomie et de botanique , et y
mourut en i656. Il mit beaucoup de
soin à recueillir les plantes indigènes
de la Prusse , et il avait le projet de
publier un ouvrage sur ce sujet. Mais
sa mauvaise santé rempêcha de l'exé-
cuter ; et il en chargea son fils, qui
fit paraître Catalogus plautaruni in
Borussid nascentium , Kœnigsberg ,
1654, iii-4**-En 1703,1. Gottsched,
qui avait acquis les manuscrits et les
dessins de Loesel père , les publia
sous le titre de Flora Frussica, seu
plantes in regno Prussice sponte
nascentes, etc. , Kœnigsberg, in-4**.
Cette Flore , une des premières qui
aient paru, contient 761 plantes,
dont quelques-unes étaient alors fort
rares, avec les noms ou la phrase de
Casp. Bauhin ou de quelque antre, et
une synonymie assez complète des
Î.OE
irs anricns cl modernes , dans
."lie on est surpris de ne point
ivcr la nomenclature de Tourne-
, connue alors depuis dix ans.
lieur y a joint souvent l'indica-
dc l'usage de la plante en mc-
iiic , quelquefois même des cita-
is de vers latins qui y ont quelque
port. C'est dans cette partie sur-
quc Goltsched a le plus ajoutd
i availdc Loesel. Mais les dcscrip-
,s y sont rares , et les pl.mtes sont
.;ees dans Tordre alpliabcliquc.
; ouvrage, d'une faible utilité' pour
( icnce , puisqu'il n'y a point de
>sirication, n'est donc guère plus
ce qu'il était sous sa première
me , un catalogue qu'on peut con-
ter pour la synonymie et les lo-
itc's. 11 est accompagne de 85
iuhcs en cuivre, d'une exécution
•7, remarquable pour l'époque.
Iwiga publie un supplément à la
>ra Pmssica. ( Voy. Helwig. )
:iie a donne' le nom de Loeselia
ne plante placée entre les Lise-
is et les Polemoines. D — u.
LOEWENDAHL. Vojez Lo-
LOEWENHIELM ( Gharles-
sTAVE comte DE ) , sénateur de
I de, fut chef du parÉdes bonnets,
, lit la révolution de ï77'^. Son
ili ayant triomphé à la dièle de
- ' ) ), il fut placéà la tête des afl'nres
res, et acquit une grande
c dans le sénat. Parvenu au
liât dont il jouissait, par ses
iinissauces et ses talents , il eut
s un goût décidé pour les
> et les letlrcs. L'académie
des sciences de Stockholm le comj>-
tait parmi ses membres les plus zé-
lés ; et les recueils de cette sociéfé
contiennent pliLsieurs discours et mé-
moires de cet homme d'é.al éclairé.
11 fut aussi associe étranger de l'ins-
l.n(; (ht
titut de G<rttingpn , arec leqnrl il
entretint une corr •'•"'•■■' ■••"• ...- —
liC comte de I '
en 17(58. On a suu i
par SchocnlM»rg , lu •
Stockholm , et qui tut u 1
1773. — Le fds du comte •
hielm fut employé dans ùi
ambassades : ses petite fil», les r<.
Gustave et Charles, sont mim
plénipotentitirr^df SuMc, Tuji . • .
ris,raulr- 'W*^» C— au.
LOEVl V. yoxcz Lr.u-
WEWnOECR.
LOEWENKLAU. /Vn .
CLAVIUS. )
LOGAN ( Je AW ) , litlératear écos-
sais , né en 1748, à Soutra , dans
laprovince de Mid-Î ''*••■" '••• «'-vë
à runiversitéd'Edini '
à lacarnèreecclésiasiij'M-; n imniuA
de bonne heure pour la poésie un
goiît très-vif, et qui se fortifia eiirort
par ses liaisons avec Michel Bruce ,
poète écossais. Après la mort pré-
maturée de ce dernier, ses ouvrages
furent publiés en 1770, par I^gan,
qui fut ensuite précepteur de sir
John Sinclair , prit les ordres , sui-
vant les rites écossais , en 1773, et
se rendît bientôt cé'èbrc par son élo-
quence. Des leçons sur la philoso-
phie de l'histoire, ou'il donna, d«
1779 a 1781 , à Edimboun;, ajou-
tèrent à sa réputation. Il publia , en
17H1 , la substance de celles de cei
leçons qui avaient l'histoire anrteoiM
pour objet, sous le litre A* HUmmts
de la piùlosophie de l'hiitniix, vol.
in-80.: il fil imprii " léç boh
vante , une de sc^ sur l«i
moeurs et le guuveruemcui de TAne,
ainsi qu'mi volume de ses poëtks ,
qui eut, )>cu de temps après, une
seconde étiilion. 1^ suppression ,
par ordre supérieur, d'une tragédie
intitulée : Huimumede , qu'il avili
6.1'i
LOG
présentée au théâtre , en 1783 , et
qui paraissait offrir quelques allu-
sions politiques , jointe à d'autres
de'goûls , le plongèrent dans une
profonde mélancolie , qui influa sur
sa conduite d'une manière très-fà-
cheuse : il s'attira la haine de ses
paroissiens , et se vit obligé d'aban-
donner sa cure , pour leur échapper.
Cependant celte même tragédie fut
jouée avec succès à Edimbourg. Il
se rendit alors à Londics, où il tra-
vailla à un journal, et mourut le 28
décembre 1788. Ses poésies sont
principalement dans le genre lyrique
et élégiaque. On y trouve de la force,
de l'élégance et de la simplicité. L.
LOGAU ( Frédéric , baron de ) ,
poêle allemand , né en Silcsie en
1604, passa là dernière partie de
sa vie au service d'un duc de Lig-
nitz , et mourut dans cette ville en
i655. On ne connaît de lui que des
épigrammes , dont il parut un pre-
mier recueil à Breslau , en iG38,
sous le nom de Salomon de Golaw.
Cet essai ayant été bien accueilli ,
Logau publia également à Breslau ,
en 1654 j sous le même nom , une
e'dilion complète , contenant 3.553
épigrammes. Il paraît qu'elle eut
peu de succès; car plus tard Morhof
ne connaissait l'auteur que sous le
nom de Golan , et Wernike ne con-
naissait même que ses épigrammes.
Un anonyme les fît imprimer de
nouveau, en 1702, à Francfort et
Leipzig, sous le lilre de Poésies
ressuscitées de Salomon de Golau.
"Cette édition , pleine de change-
ments dictés par le ]>lus mauvais
^oût , ne fit que nuire à la réputa-
tion de Logau. Mais Ramier et Les-
sing publièrent les épigrammes de
Logau en 1 1 livres , avec des re-
marques, etc. , Leipzig , 1759. Ces
éditeurs, voulant montrer Logau sous
LOG
le jour le plus favorable , réduisirca
à 1284 les 3553 épigrammes d)
deuxième recueil. Ramier s'étai:
chargé de faire au slyle les change
ments les plus nécessaires , en cote
servant la couleur de l'original; €
Lessing y joignit une Fie de Logau
et une espèce de glossaire des mot
surannés. Enfin, Ramier en donm
une nouvelle édition , augmenté
de 3 livres , avec des remarques
Leipzig, 1791. II conserva la vi
de Logau par Lessing; mais il pens;
que le glossaire devait faire par
tie des œuvres de ce dernier. Le
épigrammes de Logau ne sont pa
toujours ce que les modernes cora
prennent par ce mot , dans un sen.
trop restreint. C'est souvent, commi
dans l'Anthologie grecque et àa.m
Martial , une idée morale ou un<
image poétique , etc. , en un mot
tout autre chosequ'un trait satirique
Dans ce nombre prodigieux d'épi-
grammes, il y en a sans doute beau-
COU]) de médiocres, pour la pensé»
ou l'expression , ou même de répre'-
heijsi: les sous le rapport dos mœurs
mais !a plus grande partie se dis-
tingue par l'irouie, le pathétique ei
la naiveté. C'est cette grande variété
de ton qui l'a/ait comparer par Les
sing à Martial , Catulle et Dionysiu
Cal on. Des critiques postérieurs ont
modifié cet éloge exagéré. Si Logai]
a souvent la concision et l'éucrcie de
Caton , la finesse et le mordant de!
Martial , il est loin d'avoir le moel-j
leux de Catulle : mais il gagne beau-l
coup à être comparé aux auteurs!
allemands du même genre. D — u.j
LOGES ( Marie Bruine au , damei
DES ) , née à Sedan , vers i584 ■> ^^^
élevée dans la religion calviniste. Ses
parents la marièrent, en 1599 ' a^'^c
Charles de Rechigncvois'n , seigneur
des Loges ; dont le père avait été
I.OG
' iniMlin du duc d'Alcnçon, cl qui
vint , en iGo3, çcntilhunune or-
l'iiiùre de la ( liainbre du roi. M"*'.
i! vs Lo^os demeura })cudaut vingt-six
s a Paris et à la cour , et , durant
ut ce temps, fut en rapport de so-
le avec les personnes les plus
^tinguccs par leur naissance et par
ir esprit. Malherbe ne manquait
s de lui rendre visite de deux
irs l'un. Gaston, duc d'Anjou,
Im portait une estime toute parti-
' ulière , et allait souvent chez elle,
paraît que madame des Loges ,
iite entiire aux intérêts du prince
qui l'honorait de son amitié, entra
dans ce qu'on appelait alors le parti
lies mécontents , car il lui fut fait
•l'fense de tenir des assemblées chez
le : prévoyant sans doute qu'un
l'iiis long séjour à Paris , compro-
mettrait sa tranquillité , elle quitta
Il capitale, en 1629. Sa maison
jvait été, jusque-là, une sorte d'aca-
' -mie ouverte à tous les beaux-
f ^prits; et un manuscritdu temps ( i )
nous apprend que l'on conservait
dans sa famille un volume qui ren-
rmail un grand nombre de pièces
sa louange , à la tète duquel ou li-
ât ces vers de Malherbe, que ce
:and poète y avait écrits lui-mcme:
Co lirre e*C comme un «acre tempi*
Où chacun doit k mon ►•x«m|.l«
Otirir quelque cl'Oio d» pril;
C«tit: odranil» r«t due à U kIoîi*
D une dame que Ton doit croire
L'ornement des plut beaux eipriu.
"ladame des Loges était en corres-
>ndance avec beaucoup d'hommes
' lèbres ; on voit dans B dzac plu-
lours lettres que celui-ci lui avait
adressées , et dans l'une desquelles il
lui disait ; « Dieu vous a élevée au-
» dessus de votre sexe et du notre ,
' et n'a rien épargné pour achever
» son ouvrage : vous êtes admirée
r) ._ _
iF" le >ui«nii«crit<;oi, in-lol , ton».- «, p l l>
» fit ta mcillcurr iMrlioderEitfore;
» en ce point »'accorcltfil let Am\
» religions , et le» catholiqiiet n'oi<|
» point de dispute «vec le» ku|;iM>«
» nots. » Dans une autre lettre . il
l'engage à renoncer aux erreur» àm
Calvin : « U e»t tri*»>Trai , lui dil-il,
» an'un si beau chaa^enent ot wm
» uc
mes plus TtoUsts
» et que pour vous voir dire votre
0 chapelet , je voudrab de bon cortir
» vous en avoir donné un de dia*
» niants. » On regrette qu'auctai
écrit de Mn«. des Loges n*«it M
conservé : a Son style aussi bien «pM
u son langage ordinaire, dit l'autciir
» du manuscrit déjà cite , était dct
» plus poUs,saus aneclatioo aucimey
* et accompagné d'autant «l** i"^'»-
» lité que d'art; mais surtout
» estimer son humeur agi<.ii>i< ^
» discrète et oflicieuse envers an
u chacun , sa conversation ravis-
» santé et sa dextérité à acquérir des
» amis et à les servir et conserver ,
» etc. » Depuis qu*elle eut pri« )•
parti de la retraite , elle ne rmnt k
Paris qu'en if)3(j, pour solliciler
dans un procès important ; et ella
mourut le l*^ juin 1641, cher sa
fille aînée, au château de U Piéaa en
Limousin. Ou avait attribua à M'**'.
des Loges des vers en réponse à um
épigramme de Malherbe, 'fui aa*
raient été dépbces dans U MoiadM
d'une femme; mais il est aujoar-
d'hui reconnu que répigramae art
de Racan , et la réponse de Go»*
baud. ( f . les ObservaiUms de Më-
nagc sur Malherbe, pag. 557, ^^
de 1 66(5. ) M—, des Lo«f pwdit m
(ils en i6io, à U bataille de Prag»»»
et un autre en H»W. au si^da
Dréda. Son Gis alnë sa laariae» Ba?*
lande, et par\ inl an crade de î;i*neri»»
major au ser\
il ,/,,...;..{ ;. .
LOGOTHÈTP] ( George le ).
Voyez AcROPOLiTE , t. I, p. 16.4.
LOHxil A ( Ibis ) , ou , comme ïbii-
Khilcan prononce ce nom , Ibn-La-
hia , docteur d'une grande autorité ,
en fait de traditions , parmi les
Egyptiens , se nommait ALou-Abd-
Alrahman Abd-Allah , fils d'Okba.
Lobaia était le nom de son aïeul. On
lui donne les surnoms de Hadhrami
et Misri , parce qu'il tirait son ori-
gine de la province de Hadhramaut ,
et que sa famille était établie en
Egypte. Il fut nomme kadbi d'E-
gypte au commencement do l'anne'e
1 55 (771 ),par le khalife Abou-Dja-
far Almansour. Ce fut la première
fois que le khalife nomma directe-
ment à cette place : jusque-là les
kadliis ne tenaient leur nomination
que du gouverneur de celte pro-
vince. Ibn-Lohaïa fut aussi le pre-
mier kadhi qui reçut du fisc un trai-
tement: Almansour lui assigna trente
pièces d'or par mois. Eiilin il fut le
premier kadhi d'Egypte qui observa
par lui-même l'appa* ition de la nou-
velle lune du mois de ramadhan ,
pour fixer le commencement du
jeûne. Depuis lui les kadhis ont tou-
jours pris part à cette observation.
Les traditions qui ont ètc tnjnsmises
sous le nom d'Ibn-Lohaïa sont d'une
grande autorite: ce docteur les tenait
principalement d' Abd-Allah , fils de
Hobaïra, surnomme ALou-Hobaïra
Sëbai , et oria;inaire du Hadhramaut,
qui mourut en l'année i^G (743-4),
et d'Abd Alrahman , fils de Ziad et
petit-fils d'Anam , surnommé iSc/i<?£-
bani et Aj'riki , qui fut kadhi de la
province d'Afrique, et néanmoins est
compté parmi les mohaddithts ou
auteurs de traditions , Egyptiens.
Ce dernier mourut en l'année i5G
(772-3). Ibn-Lohaïa fut destitué
ett l'année 1O4 ( 7B0-1 ) , et mourut
LOH
en l'année T74 ( 790-1 ), ou, selort"
un autre récit, en l'année 170 (786^
7 ) étant âgé de 81 ans. Il était néua
an ou deux avant Lcith , (ils de
Saad ( Voyez Leitu ). On prétend
que Yézid , fds d'A'.ou-H ibib , mort
en l'an 127 ou 1*28, lui avait prédit
qu'il serait élevé à la dignité de
kadhi. Ibn-Lohaïa, ainsi qucLcilli ,
fds de Saad , et quelqties-uns de leurs
contemporains, sont les canaux par
lesquels les faits relatifs à la con-
quête de l'Egyple par les Arabes,
ont été transmi) aux historiens qui
nous en ont coriservé la ménic.ire :
car ce n'est guère qu'au milieu du
second siècle de 1 hégire que les Ara-
bes Musulmans ont commencé à ré-
diger l'histoire , et en général à re-^
cueillir les traditions, et à écrire sur
les divers genres de connaissances
dont ils s'occupaient. C'est un fait
qui prouve l'importance des tradi-
tions historiques du premier siècle ,
et qui montre en même temps la né-
cessité de connaître et d'aj)précicr
les personnages par qui ces traditions
s'étaient transuiises et conservées
jusqu'à cette époque. S. de S — y.
LOHENSTEÏN ( Damel - Gas-
PAR DE ) , auteur allemand , né à
Nimptsch , petite ville de Silésie ,
en i635 , après avoir fait ses pre-
mières études à Breslau , se rendit
successivement aux universités de
Leipzig et de Tubingue , pas visiia
les ditïërentes parties de rAllemagne
et plusieurs autres pays de l'Europe:
eu 1666, il fut nommé conseiller
irapéj'ial et premier syndic de la
ville de Breslau , et occupa cetta
place jusqu'à sa mort, qui eut lieu
en i683. Opitzet ses contemporains
avaient tiré la langue allemande de
son chaos ; mais Hofmanswalkiau
lui avait depuis fait faire quelques
pas rétrogrades. Lohenstein alla
I>OU
s loin encore : ayant eu le nial-
r tir s'attacher de prcfeinif (
I que , ainsi qu'au Marini v\
^ autres auteurs italiens de
0, il iiuila leurs (leTauls ,
\iï 6011 style manière, ampoule ,
ivent trivial et toujours inej;al , il
lui - mùnc le fondateur d'une
io qui arrêta les progrès de la
;iic allemande. H composa d'a-
l dos tragédies: Ibrahim /iassa,
Mcmièie de toutes , (pu* Ijolien-
II lui-nicme jugea trop faible pour
• insérée dans l'édition de ses
> rcs ; Ag^rippine , Epicharis »
>pdlre , Sopliomshe , IbraJiim
tan. Les ditrérents personnages
es pièces y parlent toujours Je
me langage que celui de l'auteur;
V signale d'autres défauts égale-
nt graves : aussi , quoique les tra-
lies de Lohenstein fussent ses
meilleurs ouvrages , il ne put en
faire jouer aucune. Ses autres poé-
sies sont sur des sujets tirés du Nou-
veau Testament , des liéroides , des
chants funèbres ; et chacune de ces
divisions porte le nom d'une fleur.
Lohenstein publia ses poésies à Bres-
]au , en iGBo ; il y en a eu plusieurs
«ditions , dont la dernière est de
1^33. Parmi ses ouvrages en pro-
*e., on distingue son roman hé-
loique à' Arminius et Thusnelda ,
qui ne parut qu'après sa mort , à
Leipzig , en 1689 ^^ '^9^ > '^ ^*°''
in-4°.; mais cet ouvrage, comme les
autres en prose , offre les mêmes
défauts que ses poésies. Moses Men-
delssohn traite son Arminius avec
moins de sévérité, et trouve, à côté
de ses défauts , de la concision , de
la vigueur et une éloquence qui tient
ijuelquefois du sublime. Ensouscri-
▼ant à une partie de ce jugement »
flous pensons que d'autres critiques
i*«iit loué avec eiagéralion , surtout
XXIV.
en prctendAnt que quelquet-um dcf
' ^ alleinaïKia, et aine
à l«oketistein le nrv-
' do leur lalfTjt
I Ml*.'' T> — f.
L()1IUA6.", qu.. ,!
Perse de la dvnnfir
était arrit .
fondateur <.
ce nom, tora. XXll , |..i|».
Kai-khosrou qui en fui le Iroi.;. ..,c
monarqiu-, n'ayant point d'enfants,
déclara Lnhrasp son successeur , et
abdiqua solennellement en stk faveur.
Les autres piincesdu sanu - ' , t
la plupart des grands , fn:
de celte préférence; mats la r..:
de Lohrasp justifia d'abord \c
de Kai-khosrou. Sa piété, sa ferme te
cl son zèle pour la ju^tire , impt-ir-
rent silence à l'envie. Il mena,
grands vassaux, et surtout la f..
de Zal , qui s'était le plus opposée .1
son élévation : mais il ne put erapr-
cher qu'une défiance rériproqtie en-
tre les deux maisons ne dégénér.ît en
guerre ouverte soiis le règne suivant.
Cependant Ardjasp, nouveau f' ^ •
Tourân , loin d'imiter les sent 1
pacifiques de son père, anniiii- it
l'intention de secouer 'e joug d« If.
ràn et de venger la mort de son aicul
Afracyab. ( f'o^. KAi-KAor<i . lom.
XXll, pag. aie. ) Afin <i «
couvert ses frontières ori 1
trc les dispositions hostili-:^ i\e ce
prince , Lohrasp quitta PaHrimn*»
résidence d'Lstakhar, et lran>t'
coura Baikhdans leKh>»raçaii.
dis qu'il prodiguait ses trésor» \Hiur
agrandir et décorer sa nouve le ca-
pitale, des troubles s'élevaient dans
les provinces d'Ocrilenl. Lohru»|»
déplovautuneju^leseverilr contre le»
factieux , confirma , d.*ns le gouver-
nement de l'Irak- Adjrm , Roharo.
fils et tucceweur de Gowlcrt , Uà
40
6'iô
LOH
domia plein pouvoir de re'priracr les
àe'ditions des contre'es voisines, et lui
ce'da , sous le titre de vasselage et
d'iicreditéjtoutes les conquêtes qu'il
l'autorisait à faire sur les états limi-
trophes. Roham, déjà célèbre par
ses exploits, donna carrière à son
ambition , subjugua la Ghalde'e et la
Syrie , et y reçut le surnom de Nebu-
Bel - Azar ( Mercure , Jupiter et
Mars ) (i). Ces concessions impo-
litiques eurent des suites funestes
en reveillant la jalousie et l'ambition
des grands. Gusclitasb,ou Kisclitasp,
son fds aîné , osa même demander
une partie du royaume : mais bien-
tôt , alarme des mesures de rigueur
que le roi exerçait contre tous ceux
qui lui portaient ombrage , il sortit
du palais , sous prétexte d'une par-
tie de chasse ; et prit la route de
rindoustan. Atteint sur le terri-
toire de Kaboul , par son frère
Zerir , et ramené' à Balkh , il se
fie moins aux conseils paternels , à
un pardon ge'nc'reux^ qu'aux pre'dic-
tions de ses devins , et s'évade une
seconde fois. Sous lenom de Ferokli-
zad , il se dirige vers l'Occident ,
échappe à toutes les recherches des
émissaires de son père , et arrive à
Sarran ( Sardes), où il cache soi-
gneusement son rang et sa naissance.
Le hasard et mie coutume singulière
du pays hii ayant fait obtenir la main
de la fille du roi de Lydie malgré
ce prince , ce ne fut que par sa va-
leur et au bout de plusieurs années
qu'il parvint à fléchir son beau -père,
à gagner sa confiance et à recouvrer
les droits d'un gendre. Placé à la tête
(i) Le nom de ce personnage, ses actions , l'é-
poque où il a vécu coriespouileiit avec les règnes
tl« Nabopolassar et de Nabiichodouosor; ce qui
sumble prouver que ces rois de Babyloiie , si ta-
TtiPiix dans la Bible, n'étaient que des princes
feuJataires du grand roi de- l'Iran, inconnu aux
Occidentaux, parce qu'il résidait dans l«s par-
ties orieiiUU» da la fcrao.
LOH
du conseil et des armées , il réprima il
les brigandages des Turcs Khozars ,
établis vers le Caucase , et conquit
leur pays à la suite d'une grande vic-
toire qui mit leur prince en son pou-
voir. Le bruit de ses exploits péné-
tra jusqu'à Balkh et troubla Lohrasp.
Depuis vingt-cinq ans , ce monarque
pleurait Guschtasb , qu'il croyait
mort de désespoir et de misère. Dans
cet intervalle ses états avaient été dé-
chirés par des dissensions intestines;
et le roi de Tourân, secondé par un
essaim de Scythes, qui, vers ce temps-
là , poussèrent leurs ravages jusqucs
aufond de la Syrie, venait de secouer
le joug de l'Iran, et de dicter la loi
à Lohrasp. La conjoncture parut fa-
vorable à Ferokhzad pour engager
le roi de Lydie à s'affranchir de tout
tribut, et même à exiger des subsides
du chah de Perse. Un ambassadeui
arrive à Balkh , expose la demandt
de son maître, et fait entendre qu'ui
refus allumera la guerre entre le;
deux puissances. Cependant Lohras|
réfléchissant sur l'agrandissemerj
subit de la Lydie et sur la hardiess(
de ses prétentions, questionne l'am
baséadeur sur ce Ferokhzad, dont li
génie supérieur avait seul opéré celli
révolution. Quel fut son étonnerac]!
et son effroi en apprenant que le h(
ros lydien avait une ressemblanc
frappante avec le prince Zerir I ^
doutant plus alors que Ferokhzad u
soit son fils aîné , il implore les lu
mières célestes , consulte ses astre
logues, et son ministre Djamasp, 1
plus grand philosophe de l'empire
et il se détermine enfin à sacrifier s
gloire et son ressentiment aux be
soin de l'état. Son fils Zerir , raiiii
d'instructions secrètes , marche à I
tête d'une armée jusqu'aux frontière
de Syrie, d'oti il se rend à Sarde
avec une suite peu nombreuse, sou
LOfI
prétexte de traiter de la pai-
plutôt pour s'assurer si Verokh?.{,d
est son frère. Il le reconnaît crtccli-
veincnt , rompt les ue'i^ociations , cl
rejoint son armrie près d'Halep. Les
Lydiens le suiveiil de près et viennent
camper en face de Tennemi. Une ac-
tion allait s*enga{»er , lorsque Zerir
$*avançanl vers Fcrokhzad , le pro-
clame souverain de l'Iran, sous son
vrai nom de Gusclitasb, et lui rend
le premier ses hommages. Le roi de
Lydie vient partager l'aK^'j^rcsse des
deux armées , et complimenter son
gendre, qui, après lui avoir jure une
paix, éternelle , emmène son épouse
en traversant la Perse au milieu des
acclamations publiques. Lohrasp,
suivi de toute sa cour , sort à la
rencontre de son fds , l'embrasse ,
en pleurant de joie, lui pose le tadj
sur la tète , le bénit , et se renferme
ensuite dans un monastère conligu
au grand temple qu'il avait fondé
à Balkh. Là, vctu d'un habit gros-
sier , il consacra le reste de ses
jours aux bonnes œuvres et aux
exercices de piété. Long - temps
après, lesTouraniens ayant ravagé le
Khoraçan et pénétré jusqu'à Balkh ,
Lohrasp , en l'absence de son (ils
qui avait choisi Istakhar pour sa rcf-
sidence, sortit de sa retraite; et, mal-
gré son grand âge, il se mil à la tête
de la garnison, et périt glorieusement
en défendant ses anciens sujets. Ce
5 rince , à qui les annales fabuleuses
e la Perse donnent un règne de cent
vingt ans, est regardé, malgré ses
fautes et ses malheurs , comme un
des plus vertueux monarques de J'O-
ricnt. On lui attribue plusieurs rè-
glements sages sur la justice , les fi-
nances et la discipline militaire. Nous
avons négligé quelques dilTérences
le'^ères dans les écrits des auteurs
orientaux sur l'histoire de Lohrasp;
LOI (h7
' nous n*cnlreprcndron< »*'>•» -!#.
cnncilivT le» divers:^ - ,.
plusieurs savants sur -« ■ »
remarquerons »cul< t
bien diifirilc de retomi i.rr m liii je
Cimbysc des Grec* , avec lequel il
nous parait n'avoir auct: ; ,
tant par le nom , le car.i
actions , que pour IVpoquc et U du-
rée de son règne. A — t.
LOIR ( Nicolas I
tre , ne à Paris en .
dr Bourdon , et préféra
la manière du Poussin , ■ ■ > •
son maître. Il parvint même à co-
pier avec une rare exadiiiide les
tableaux de ce célèbre aili.>te ; mais
il nes'assujétit parlitulièreaicut a au-
cune manière. 11 se rendit k Ronie,eo
i(î47,y '•^ quelques ouvrages esti-
mables , revint en France , fut reçu
académicien en iG(i3, et obtint de
Louis XIV , dont il pci;;nit a Ver-
sailles l'histoire nV
l'emblème du Sob i
de 4ooo fr. Son table
tion représentait Z^.v pr-
peinture et de la sculptuiv hm* le
r'gne de Louis A'If. Il inounit eu
1G79, laissant dcujt fils qui ne pu-
rent suivre ses traces. Loir avait de
Iafacilité( 1 ),une sorte de gràrc et de
correction : aucune di-s parties de
l'art ne lui était étrangère; mais son
talent n'était point de ce;» •••• •■'!!-
cent un artiste au pr^
Parmi ses nombreuses pruu
fais ••• «■
• •fit q-i'....
tatrf.
p.. .
d •»«' ■
taau, puu
t. M.rnt la
cvavvfMtUa.
6.i8 LOI
on remarquait Saint-Paul devant
Sergius. Le laLlcau de Cléohis et
Blton, tirant le char de leur mère,
passe pour son ciief - d'auvre. Il
a grave à l'eau-forte environ i5o
pièces de divers formais. — Loir
( Alexis ) , orfèvre et graveur , frère
du précèdent, acquit une grande ré-
putation comme graveur, snrtout par
ses deux os lampes, du Massacre des
Innocents , d'après Lebrun , et de la
Vescenie de C:-oix , d'après Jouve-
net: on fait cas aussi, de son Moïse
saiifé des eaux , d'après le Poussin ;
de la Chute des Anges , d'après Le-
brun 5 de Y Education de Marie de
Médicis j de la galerie de Rubens ;
d'une Adoration des rois, et d'une
Présentation au temple , d'après
Jouvenet , ainsi que d'une Fierté
contemplant le Christ zjiorf, d'après
P. Mignard. On a encore de lui des
eaux-iortes, dans lesquelles on dési-
rerait plus de goût et de légèreté. Il
mourut à Paris, en 1 7 1 3. D^ — t.
LOISEL ( Antoine ), avocat au
parlement de Paris, ne' à Beauvais
en i536, fit ses études à Paris, au
collège de Prêles , dont le fameux
ïlamus était principal. Il s'attira tel-
lement son amitié , que celui-ci le
nomma son exécuteur testamentaire,
et lui légua le quart de son mobilier.
En sortant du collège, Loisel suivit
les cours de langues grecque et la-
tine. Il voulait étudier la médecine;
mais son père l'en détourna , en lui
disant quun médecin ne pouvait
jamais être quun médecin , tandis
qu'un avocat pouvait devenir prési-
dent et chancelier. A l'âge de dix-
liuit ans , il fut envoyé à Toulouse ,
pour y étudier en droit ; et il y fit
connaissance avec Gujas, qui l'en-
gagea à ne point quitter l'étude du
droit , dont les autres professeurs le
dégoûtaient par leur lûaftière bar-
LOT
bare d'enseigner. Loisel suivit Cujas
à Caliors , à Bourges, où il se lia
avec Pierre Pilhou, puis à Paris et
à Valence, oii Pithou, Gujas et lui
se réunissaient après leur souper
dans la bibliothèque, et y travail-
laient jusqu'à trois heures du matin.
De \alence, Loisel alla prendre ses
degrés à Bourges, et il revint à
Beauvais, puis à Paris, où il fut
reçu avocat; mais personne ne l'em-
ployait , quoiqu'il lui semblât, di-
sait-il, quil eût aussi bien fait que
beaucoup d'autres. Il se mit chez
un procureur, à condition que celui-
ci lui donnerait des causes. A peine
en ent-il plaidé quelques-unes , que
l'avocat du roi, Dumesnil, l'ayant re-
marqué, lui donna la main de sa
nièce, dont il était tuteur. En i564,
Loisel fut nommé substitut du pro-
cureur-général; et un de ses beaux-
frères , ayant voulu se défaire de sa
charge de conseiller au trésor, il
la prit, et la garda quatre ans, par
le seul désir qu'il avait de s'instruire.
En 1575, il fut nommé avocat de
Monsieur frère du roi, et bientôt
après de Catherine de Médicis, de
la maison de Montmorenci , du
chapitre de Notre-Dame de Paris ,
et du duc d'Anjou. Lorsqu'il fut ques-
tion du mariage de ce prince avec
Elisabeth d'Angleterre , Loisel fut
chargé d'examiner les articles du
contrat. Ne les ayant pas trouvés
avantageux à la France, il conseilla
de ne point conclure. Etant à Poi-
tiers en qualité de substitut, il com-
posa son petit poème intitulé Pulex
pictonicus , en l'honneur de la fa-
meuse puce de madame Desroches.
Lorsque Gujas ajouta au Gode Théo-
dosien , les novelles de quelques
empereurs Romains , Loisel lui four-
nit celles de l'empereur Majoriu.
En i58o,la peste ravag^cant Paris ^
LOt
il se relira ilans une maison qii'il
avait à Ponloisc , où il fil des re-
cherches sur les auliquite.s de cette
Tille, el il y composa un rerucii ,
qu'il intitula Ponloise, Henri lU ,
avaut accorde aux protestants une
chambre de justice en Guiennc,
Loiscl y fut nomme' avocat du roi.
Il lit imprimer alors un vieux poème
français ( Fojr. Hélinand ). Il pu-
blia aussi un écrit inlifulc : Amiiis-
iie^ ou De V Ouhliaiice des uuiux
faits et reçus pendant les trouldes,
Paris, iSgS, iu-S»*. Dans un âge
très-avance, il fut nommé procureur-
général en la chanrfjre de justice que
le roi envoyait à Limoges; mais les
alTaires publiques n'ayant point per-
mis que cette chambre exerçât ses
fonctions , la nomination demeura
sans effet. Loiscl mourut, en 1G17,
âgé de 8 1 ans. On a de lui : L Homo-
lioce ou De l'accord et union des
iujets du roi, sous son obéissance,
Paris , i5g5 , i vol. in-12 , avec le
Féiigueuv, ou continuation de VJ/o-
monoce. Ce dernier ouvrage contient
deux remontrances , prononcées à
Périgucux, Tune à l'ouverture de la
chambre de justice le 4 juillet i583,
et l'autre à la clôture le i o janvier
I ■)84. IL La Gujenne , composée de
liait harangues, choisies parmi un
grand nombre, qu'il avait pronon-
cées, étant avocat du roi, à la cham-
bre de justice de celte province, avec
celle du rétablissement du parlement,
et un extrait du plaidoyer de l'univer-
sité , Paris, i6o5, i vol. iu-8^ 111.
Mémoires dts pays , villes , comtés ,
év>cchés et évéques de Beau\^ais et
i?ea//i'<w5«,Paris,i6i7, 1 vol.in-4°.
Ces mémoires sont pleins de recher-
ches très - curieuses. IV. Institutes
coutumières , ou Manuel de plu-
sieurs et dii^ersi'S règles , sentences
€t provarhei du droit coutumier et
LOI (ho
plui ordinaire de In Fmnce, C/rt
ouvrage a été imprini<< pour U pir-
micrc fois, à U fin dr V Institution
ati droit francdU de dm (kHruilIr,
en 1607, I vol. in-4'*. Loisel f*fn
était occupe pondant quarante an.i :
il y a rassemblé et distribué sous dn
titres diOérens, toutes lc^ rr;;lr^ ;;r-
uéraies du droit français. t
répandues et dispersées <i
deUnances de nos rois, dans nos cou-
tumes, dans les arn'ts, dans le» an-
ciens praticiens et dans nos histoires ;
l'on y trouve la décision des que»-
lions les plus douteuses et les plus
controversées du droit français. Cet
ouvrage a eu plusieurs éditions :
Challine en a aonué une avec des
observations , Paris, iGjC, în-8*». ;
Launay, avec un coin <-. 1688,
in-8^. ; Eusèbe de 1, «ver un
commentaire, 1710, 17
'2 vol. in- 12. Le chancel.
seau recommande la lecture «i
tilutes de Loiscl , dans sa qu.
instruction, ainsi que dont M.ibiU
Ion , dans son Traité des éludes
monastiques. V. Livre d'observa-
tions ecclésiasiiques.W. livre d'où-
servations mêlées ^ et particuitè'
rement de quc^ues droits du roi
et de la couronne, 11 s*y trouve un
traité sur la loi salique. VU. Livre
d'observations du dnnt rù'ii rotmmn
et français. MIL /^s ries de Bit'
fus, jurisconsulte stoïcien, de DU'
mcsnil , avocat du roi, et d^ Pitktm,
avocat au parlement. IX. Pttstpti^r,
ou Dialogue des mvocats du
ment dû Paris, Ce dialocur .
la liste des arocals
et iSgcj, avec un 1
que de chacun d'eux , e! le* pnno-
pauxtrailsdeleurvie.M.Dtipi'i >f*'<
réimprimer ce dialogtie . d.
édition des lelIreideCamu*,!^ -.
1818, a ToL in-8». Toi» co ou*
3
63o
LOI
vrages , depuis le n**. V , avaient ëte'
réunis en un vol. in-4<*. , sous le tilre
d' Opuscules divers, par Claude Joly,
ancien avocat au parlement et clia-
noine de l'église de Paris, qui a
mis en tête la vie de l'auteur , Paris ,
i652 et i650. C'est la même e'di-
tion avec un nouveau frontispice.
Il existe lui abrège en latin, de la vie
de Loisel, Paris , i643, in~8''. X.
Des Poésies latines , recueillies en
I vol. , Paris, iGio, in-8o. Ou lui
attribue un Traité de V Université
de Paris , et quelle est plus ec-
clésiastique que séculière, Paris ,
1587, in-80. Un de ses descen-
dants, membre de la Convention na-
tionale, ayant demande, en 1798,
que ses restes fussent places au Pan-
théon, un autre députe fit observer
que Loisel avait, le premier, publié
cette maxime despotique , si veut le
roi, si veut la loi, et la proposition
fut unanimement rejelêe. — Charles
LoiSEL , son fils, a laissële Trésor de
V Histoire générale de notre temps,
depuis 1610 , jusqu'en 1628, Paris,
i63G, I vol. in-80. L-B-E etD-c.
LOISY , ou Ve Loisy , famille
de graveurs , a subsiste honorable-
ment à Besançon , pendant plus d'un
siècle. — Pierre de Loisy , dit le
n)ieux , est le premier qui ait exerce'
son art avec quelque distinction dans
le comte' de Bourgogne. Il fut nom-
me'graveur des monnaies à Besançon,
charge qu'il transmit à son fils j on
ne connaît de lui qu'une estampe
représentant l'arc de triomphe , et
quelques petites pièces dans le Fe-
sontio civitas imperialis. (Voyez J.J.
CîiîFFLET. ) — Jean de Loisy ;, son
fils , a gravé les estampes de l'ou-
vrage de Jean Terrier , intitulé :
Portraits des S. S. vertus de la
Fierge , Paris , i635 , in-4^. ; Be-
sançon, 1668; et quelques autres su-
LOI
jets de dévotion. — Pierre de Loisy,
dit le jeune, s'appliqua particulière-
ment à la gravure des médailles ;il ob-
tint,en i658, des gouverneurs de Be-
sançon, le privilège exclusif pour en
frapper et en vendre dans l'étendue
de leur juridiction. On a de cet artiste
un Lii^re d'emblèmes , in- 4°. ( 1 ) J
les armoiries des chevaliers de l'il-
lustre confrérie de Saint - George ;
des portraits, des sujets pieux , etc.
— Claude- Joseph de Loisy, son
fils , a gravé les estampes pour le
Bréviaire de l'archevêque de Besan-
çon, et quelques portraits d'une belle
exécution. W — s.
LOIZEROLLES (Jean-Simow
AvED de) , ancien conseiller du roi et
lieutenant -général du bailliage de
l'artillerie à l'arsenal de Paris, était
né dans cette ville en 1733. Arrêlé
en 1 793 , il fut conduit avec son
fils à Saint-Lazare. Le 7 thermidor
an 2«. ( juillet 1 794 ) , deux jours
avant la chute de Robespierre ,
l'huissier du tribunal révolution-
naire vient à cette prison avec une
liste de victimes ; et il appelle Loi-
zerolles fils. Le jeune homme dor-
mait : son père , n'hésitant pas à
faire le sacrifice de sa vie pour le
sauver, se présente, est conduit à
la conciergerie , et paraît le lende-
main à l'audience. Le greffier ne
voyant qu'une erreur dans la diffé-
rence d'âge , substitue soixante à
vingt-deux ans , change les prénoms ,
et ajoute à l'acte d'accusation les
anciennes qualités du père, qui est
ainsi conduit à l'échafaud, où il
consomme , sans rien dire, son hé-
roïque sacrifice, et son fils est sauvé.
Z.
(i) Le seul exemplaire que roii'connaisse de c«
Livre d'emblèmex, paraît être défei-tiieux; il r*
contient que quatre-vingt» estampes , et cepea
daiit In dernière est chiffré» io5.
LOJ
LO J ARDI KRE , voyapieur f raiiç.i is
^tilta sa patrie pour cause de reli-
|ion, eu î(>86, à l'aj^c de quatorze
s. Ses parents le firent embarquer
à Bordeaux , pour l'île de Madère,
où il monta en seeret sur un na-
TÎre anglais qui allait dans l'Inde.
Lorsqu'il eut passe la Ligne, des cve'-
uemcnts forcèrent le bâliment às'ap-
procber de la cote occidentale d'A-
frique, et d'envoyer à terre un canot
avec un détachement dont il faisait
partie : après une absence de trois
jours", Lojardière et ses compagnons
n'ayant pas retrouvé le navire , cher-
chèrent un refuge sur la côte in-
uuequi s'olï'rait à eux. Les Ga-
- les accueillirent ; mais bientôt un
mal-entendu coûta laVie aux Euro-
péens. Lojardière , échappé seul
comme par miracle , fut l'objet des
soins de ce peuple barbare. Il ren-
contra dans cette contrée des Anglais
et un Hollandais que le hasard y
avait conduits. Après deux tentati-
ves infructueuses pour arriver par
terre au Cap, une cnaloupe expédiée
par le gouverneur de cette colonie ,
vint les chercher. Lojardière quitta
les Macosses, le lo février 1G88,
et il réjoignit sa famdle à Dessau, en
i6i)o. Il entra comme capitaine dans
les troupes de l'électeur de Brande-
bourg, et parvint au grade de colo-
nel. Il avait écrit en français la rela-
tion de SCS aventures , qui n'a jamais
paru dans cette langue ; elle fut tra-
duite en allemand sur le manuscrit
original, et publiée sous ce titre :
Foja^e en Afrique , traduit ai'ec
des observations et des notes rela-
tives à la géofrraphie et à VhiUoire
naturelle , Francfort - sur - l'Oder ,
1748 , I vol. in^>^. Lojardière est
le seul Européen qui ait écrit comme
témoin oculaire , sur le pays situe
le lonî; de la côte occideDlalc d'-Afri-
LOK dSi
que , par io«. de lalittide Mitnlc t
il était si iciinc lorsqu'il fut jeté sut
cette terre , que «ta remarqnca iit
sont pas profondes; elles ne
nent mie les mœurs des
et de ieiu*s Toisios , qui
aux Cafrcs ,tels que noua les conoai*-
sons A l'est du Gip. E — s.
LOKMAN, célèbre dans l'histoire
ancienne de l'Arabie , ^tait dr la
tribu «rAd.On dit qu'euToyëà la Mec-
que avec quelques autres de set com-
patriotes , pour obtenir de Dica de
la pluie , dans une année de sccbr-
resse, il échappa à la fcngeanee
céleste, qui extermina toutt la triba
d'Ad. Apris la destruction àt M
tribu, Dieu donna le chuii à I^lunan
de vivre aussi Ions- temps qnese con*
serveraient sent tientrs de gaxellcs ,
dans le sein a'une montagne de dif-
ficile accès , où elles seraient à Tabri
de la pluie; ou bien autant de tempe
que durerait la vie de sept vautours
qui se succéderaient sans inlermp*
tion. Lokman choisit ce denier pÂr-
ti. On distingue ordinainaait et
personnage d'avec IjOKM an somoBi-
mé le sas,c , dont il est parié dans
l'Alcoran , et que sa s^çesse a reada
très-célèbre dans rOneaC : forraBl
l'opinion la plus commune, ce der-
nier vivait vers le temps de David.
Beaucoup de traits de soa biilMft
semblent évidemment enipnalét dt
la vie d'Esope; et les FabUt fM
les Arabes lui attribuent , m smC
autre chose qu'une imitation de qjiMl-
ques-ons des apologues dont oe der-
nier passe pour être Tauiear : nm
dans ces Fables ne porte le earac-
icre d'une invention artbe (1); **
le style dans lequel ellct MBt écri-
tes, ne permet pis BêoM de l(»
1«V-»l«ré«»Mra«
MU«àlti«w4»NailiM
4ii*k
63:3
LOK
faire remonter au premier siècle de
l'he'gire. Si elles ont cte' mises sous
le nom de Ijokraan c'est donc uni-
quement , parce que Lokman était
très-renomme' par sa sagesse. Mais
ce Lokman surnomme le sa^e , et
dont il est fait mention dans l'Alco-
ran , est-il véritablement un person-
nage di fièrent de Lokman l'ancien?
c'est ce qu'il est difficile de détermi-
ner. Les Orientaux attribuent à Lok-
man le sa^e une grande longévité, et
quelques - uns lui donnent jusqu'à
trois cents et même jusqu'à mille ans
de vie ; cette circonstance pourrait
donner lieu de penser que les deux
Lokman ne sont qu'un seul et même
personnage, qui a]q)ar tient aux temps
anciens de l'Arabie , mais dont on
ne saurait fixer Tagc d'une manière
])robable. Rien ne s'accorde mieux
avec une grande réputation de sa-
gesse dans l'enfance des sociétés ,
qu'une vie poussée au-delà des bornes
ordinaires , et accompagnée d'une
longue expérience. Les Fables que
nous avons sous le nom de Lok-
man , sont moins répandues dans
l'Orient qu'en Europe , où depuis
Erpenius qui les fit imprimer pour
la première fois en i6i5, on en a
donné une multitude d'éditions. Les
manuscrits en sont peu communs ;
et cela vient sans doute de ce que
ces apologues très-courts et sans au
cun ornement , ne sont pas du goût
des Orientaux. Ces Fables, au reste ,
méritent peu , par leur rédaction et
leur style , la faveur dont elles ont
joui* et il faut ajouter que, malgré le
grand nombre d'éditions qu'elles ont
eues , il n'en existe encore aucune
dont le texte soit exempt de fautes.
Celle que M. Marcel a pu})liée au
Caire , sous ce titre : Les fables de
Lokman , etc. , avec une traduction
française et uue notice sur ce fabu-
LOL
liste , an viii ( 1799 ), in-4^. , a élé.
réimprimée à Paris , i8o3 , in- 1*2,
augmentée de quatre nouvelles fa-
bles. La meilleure édition est celle
que M. Caussin a mise au jour à Paris,
en 1818, pour l'usage des élèves du'
collège royal de France. On ne sait
pourquoi l'éditeur de la Iraduclion
faite par M. Galland ài\ Ilomajoun-
Naméli, ou Fables de Bidpai, a inti-
tulé cet ouvrage les Contes et fables
indiennes de Bidpai et de Lokman^
Jamais aucune partie de ces apo-
logues n'a été attribuée à Lokman.
S. DE s Y.
LOLLABD ( Walther ) , héré-
siarque , né vers la fin du trei-
zième, siècle eu Angleterre, commen-
çaàprêcher ses erreurs en Allemagne,'
l'an i3i5j enseignant que les an-
ges rebelles avaient été injustement
cliassés du ciel , et que leurs adver-
saires seraient damnés éternellement
avec tous les hommes qui oseraient
prendre leur défense. Il méprisait
les cérémonies de l'Eglise, rejetait
l'intervention des saints , l'utilité des
sacrements , et tournait en ridicule
les prêtres et les évêques. Le mariage ,
selon lui , n'était qu'une prostitution
jurée • et il accordait d'ailleurs la
plus grande liberté aux deux sexes.
Suivant ïrithème , le nombre de ses
disciples , en Allemagne , était de
plus de quatre -vingt mille : il en
choisit douze , qu'il nomma ses a])6-
tres, et qu'il chargea de parcourir la
Bohème et l'Autriche pour annoncer
sa doctrine. Lollard fut arrêté à
Cologne en iZ'i'jf. , par ordre des in-
quisiteurs , et condamné à mort : il
alla au bûcher, sans témoigner de
frayeur ni de repentir. La rigueur
que l'on mit à poureuivre ses disci-
ples, loin d'en diminuer le nombi-c,
ne fit que l'accroître : les uns s'en-
fuirent en Anglelerve, oîi ils se rcu*
LOL
iil aux ^^iclefîslcs , et prrparcrcnl
peuple à se séparer de la comiiiii-
II rumaine; tandis que ceux qui
l'Ut restes en Bohème, disposi!-
! les esprits à recevoir les erreurs
ioau lluss. ( f^oy. Huss.) W — s.
LOLLIA-PAULINA , impératrice
i)aitie,pelite-filledecc M. Loliius
abusa de son crédit et de ses
jilois pour amasser d'immenses
i esses , fut mariée à Memmius
ulus , pcrsonna{];c consulaire et
vcrncur de la Macédoine ; mais
ii^nla, ayant entendu vanter ses
cliarraes, rappela Memmius à Home,
et l'obi i;j;ca de répudier sa femme ,
qu'il épousa lui - même solennelle-
""•nt^ l'an -^89, 38 de Jesus-Ohrist ).
vlrènie beauté de LoUia ne put
rCaligula: il ne larda pas à la ren-
; er sans motifs , et lui défendit
(30 retourner avec Memmius, comme
aussi de contracter aucun nouvel en-
gagement. Lollia soutint cette dis-
grâce avec une apparente fermeté,
parut chercher à s'étourdir par
^ fêtes continuelles où elle étalait
un luxe et une magnificence jusques
alors inconnus, u Je l'ai vue , dit
» Pliue l'ancien , nou pas dans
» une cérémonie publique, mais à
» im souper de famille; je l'ai vue,
» dis-je , couverte d'émcraudes et de
» perles que leur mélange rendait
( ucore plus brillantes; sa tête,
^cs cheveux, sa gorge, ses oreilles,
» son cou , ses bras , ses doigts en
» étaient chargés ; il y en avait pour
» quarante millions de sesterces ( en-
•)) viron neuf millions de notre mon-
naie ) : elle n'aïuait point été cm-
l)arrassée de justifier que ces ri-
< hesses lui appartenaient ; elles ne
les devait point à la prodigalité
» de l'empereur ; c'étaient les biens
de son aïeul , ou plutôt les dé-
pouilles des proviuccs. » ( Uist,
î.or mj
nnl, liv. 1^ , rh. w > ,. ,| "- 'r
mort de Messiline , I.ollia o
guer le dangereux V -
venir lV|>ousc de (.1
l'emporta par le%inii
et ne pardonna p< 1
elle recourut .î •;
Lollia d'avoir < 1
moyens pour .scdiuic i
C'.laudc Ini-nu^mc fit le ;
cette affaire au sétut; rt ! %
avoir été entendue , fui v\
pouillée de la plus grande parti** lio
sa fortune : mais A::rii)i<ii: • . <| l'cn
tel jugement ne sati . f . -
voya un Iriijun dan.-> i 1
de Lollia , avec ordre de la lur.
800, 4î) de Jésus-(Jhrisl ): et ^
fait apporter sa léte, ellercxaiKii < ,
dit-on , curieusement , pour s'a'* ; i ' »
quec'élaitbien celle de son eni.. ::.i .
ISéron , dix ans après , permit qtic
les cendres de Lollia fuvscnt rap-
portées dans le tombeau de ses an-
cêtres , et qu'on lui rri^r^t un mo-
nument : la co:
été extrèmcra* I
très remarquable dans uu m* rlc «iti^oi
corrompu. VV— ».
LOLLIKN. rcyez LAEUti».
LOLME ( JtAw-Loti» MX ^.
ccrivaiu politique, ne à Gt
eu I7'|0, reçut une cducaliui.
gnée, et embrassa la prufcs^ioii d'a-
vocat, au 'il n'exerça que |>eu de
temps dans sa ïwlrie. U y joua
néanmoii:' * " "
bic, et 1(
intitulé:
de drvil .
De I>olrac cuii^u; Ucuiui le piuî<t
de quitter Genève |>our aller oli»ef •
ver les routantes et les cooftliliiUoai
d'étals plii> |.1ii^N^pts. \jC |(MilUM-
met ' *f*W|^W*î
il n X . f yttitiiBlift»
et le» priiia|ic9 âfcc «œ AtlciilMm
634 LOL
particulière. H essaya même, dans les
ouvrages qu'il mit au jour, après
son arrivée en Angleterre , de faire
croire à ses lecteurs qu'il, était né
dans ce pays. L'un , écrit en anglais,
parut en 1772 , sous le titre de Pa-
rallèle du gouvernement anglais et
de V ancien gouvernement de Suède,
contenant quelques observations sur
la dernière révolution anivée dans
ce royaume, et un examen des cau-
ses qui mettent les Anglais en sûreté
contre l'aristocratie et la monarchie
absolue, A cette époque, plusieurs
Anglais craignaient que la constitu-
tion de leur pays pût être détruite
comme celle de Suède; mais de
Lolrae , en opposant la politique de
l'Angleterre au gouvernement que
Gustave III avait renversé , démon-
tra, d'une manière plausible, que ces
craintes étaient mal fondées. Son au-
tre ouvrage, qui établit sa réputa-
tion littéraire et politique, est intitulé
la Constitution de V Angleterre , ou
Etat du gouvernement anglais ,
dans lequel il est comparé à la fois
Avec la forme républicaine de gou-
vernement , et avec les autres mo-
narchies de V Europe. Lorsqu'il pa-
rut pour la première fois, en fran-
çais ( Amsterdam , 1 77 1 , in-8''. ) ,
ce livre fut loué comme une pro-
duction très-ingénieuse , réunissant
l'originalité des pensées et Xa justesse
des remarques , à la finesse de l'ex-
pression. L'auteur agrandit ensuite ,
améliora le plan qu'il avait d'abord
conçu, et publia la première édi-
tion anglaise, en octobre 1775,
in-S^. On supposa qu'il avait tra-
duit lui-même du français son propre
ouvrage; et sa connaissance apro-
fondie de la langue anglaise devint
le sujet de grands éloges. Mais si le
style général de cette production re-
marquable est comparé avec celui
l
LOL
de la dédicace, qui sort, sans con-
tredit, d'une pkime étrangère, on en
conclura facilement que le corps de
l'ouvrage a été traduit par un Anglais
sous les yeux de l'auteur. Il paraît
que celui-ci revint à Genève vers
cette époque , car Senebier dit qu'il
y fut reçu membre du conseil des
Deux - cents , en 1775. Il fit pa-
raître , peu de temps après , son
Histoire des Flagellants , ou Mé-
moires sur la Superstition humaine,
777, in-4'*. ( en anglais); c'est une
araphrase du livre de l'abbé Boi-
eau ; le style n'en est pas estimé ;
et l'on reproche à de Lolme de n'a-
voir pas gardé la mesure convena-
ble. Son attention fut ensuite ap-
pelée d'une manière plus utile sur
l'union législative de l'Angleterre et
de l'Ecosse : il forma le projet de
donner une seconde édition de l'his-
toire de cette mémorable union ; et
il écrivit, en 1787 ,un essai fort ju-
dicieux destiné à servir d'introduc-
tion à l'ouvrage. L'année suivante il
publia des Observations relatives
aux taxes sur les fenêtres , les bou-
tiques ^ et à Vimpot sur les merciers
ambulants, etc. ; elles sont pleines de
sens et de jugement. Lorsque la
question de la régence agita les es-
prits , il écrivit en 1 789 , des Obser-
vations sur l'embarras national et
sur la manière dont le parlement a
procédé à ce sujet. Il émit , dans
ce pamphlet, la même opinion que
Pitt; opinion qui fut adoptée par le
parlement , et partagée par la grande
majorité de la nation. On croit que
ce sont-là tous les écrits avoués par
de Lolme; mais il a publié dans les
journaux plusieurs lettres , parmi
lesquelles nous citerons celle qu'il
écrivit sur la question de savoir si
l'accusation ( impeachment) confre
M. Ilastings était annulée par la
I.OL
lution du parlement. Dans l'a-
ivsomeiit qui |)recr<le sa Coristi"
■a de V ^In^U'tcrre , il a dit qu'il
loposait de faire paraître une
iHie ue George lU ; mais cet
\^Q n'a pas ete publie. On igno-
I I époque précise à laquelle il
fjiitta l'Angleterre; mais il e>t cer-
qu'il mourut en juillet 180G, à
n sur le Uuftibcrg, canton de
rSchwilz, six semaines avant l'ébou-
lemcnt qui détruisit ce village. Peu
satisfait d'un aperçu rapide et su-
perficiel du caractère des hommes
et des affaires des états , De Loi me
examinait avec un esprit philo-
lique et un œil scrutateur et pe-
ut irant. Son ouvrage sur la Consti-
tulion d'Angleterre ( i ) lut d'abord
/. froidement accueilli des An-
, et n'acquit que par degrés la
rite qui l'a placé dans les mains
us ceux qui veulent étudier la
politique : son importance s'est en-
core accrue par la pente de l'esprit
de ce siècle vers le droit public. Son
objet était de faire connaître une for-
me de gouvernement alors unique, qui
fixait depuis long- temps l'attention
de l'Europe , et sur laquelle on avait
des idées peu précises. D<i Lolmc re-
recherche d'abord les causes de la
liberté britannique ; et pour les faire
ressortir avec plus de force dans le
tab'eau qu'il en trace , il compare
le gouvernement des Anglais avec
celui des Français aux principales
époques de leur histoire : il établit
ainsi l'excellence relative du gou-
vernement britannique. Après une
analyse rapide des changeratnts que
de longues guerres civiles, les riva-
lités des rois , des hauts barons et
1 oiiTr-ise *\ir\» conti'wvùon A' Angleterre^
t. .. trct-ioiiTent réimprimé l«nt en Fr«nc«
^u'vii Angleterre et en Holl^^nHv. Il a ili Vt%AmXl
•n hollanja.'f , Oordrtciitf *''*t in-S'.
LOL 535
du |>euplc , et la confusion drs droiu
des uns et des autres , «fairnl f^it
subir à la forme du gouvrrnrmrnt ,
il s'arrête à la révolution dr lOHH
3uifixalar. riil traite
«•la ïlivisi ; en le^;i».
latif et cxcfuiif, de huj* rappgrts
entre eux , de la formation de l'un ,
de l'étendue et des limites tic l'autre,
de la lil>crlé individuelle quant aux
droits de propriété, de sûreté et de
locomotion; enfin delà justice. Dam
l'examen de son administration m
matière civile il fait entrer celui de
l'oiganisalien des tribunaux, et par-
ticulièrement de la cour d'équité. I«a
procédure criminelle amène le de-
veloppcment du jury , de son ori-
gine , de son existence actuelle , de
la faculté qu'ont les accusés d'exercer
un çrand nombre de récusations ,
des lois sur l'emprisonnement , el
enfin des princijies qui serrent de
base à l'acte llabcns coqnu. Ton»
ces objets sont clairement discutés
par de Lolme; mais i^cut-èire n'a-
t-il pas assez fait sentir les imper-
fections qu'on reproche encore au
jury y et que M. liubicbon a relevés
d'une manière si piquante et si ori-
ginale. Après avoir ainsi décrit les
diverses parties de la constitution ,
la manière dont elles se balancent ,
et comment la liberté générale^ U
stabilité de l'état et le bonheur des
sujets résultent de leur réaction réci-
proque el continuelle » l'auteur exa-
mine les avantages qui lui sont par-
ticuliers ; et il les trouve dans U
divi.sion des trois |>o»ivoirs , dans le
droit qu'a le |K>uple de proposer le»
lois qu'il juge convenables , dans U
nécessité qu d intervienne i' "~
qu'il ne propose pas ,
même intenrcntioii pir it_
plutôt qu'en iiiasae , et à et MJiA il
traite des dectioM et àm dfoU 4t
636 LOL
résistance. Il les trouve encore dans
la liberté illimitée de tout dire et de
tout écrire , dans celle des débats du
corps législatif, dans celle qu'ont
tous les citoyens de prendre une part
active au gouvernement ; dans l'obli-
gation où est le pouvoir exe'cutif de
suivre la lettre de la loi, et enfin dans
l'inutilité d'une armc'e permanente.
Lorsqu'il examine le gouvernement
anglais successivement sous sa triple
forme monarchique, aristocratique
et populaire, il le compare toujours
aux autres gouvernements anciens
et modernes connus et constilue's
selon ces diverses formes. Il semble
vouloir faire re'sulter de ces paral-
lèles, non-seulement que la supério-
rité relative de la constitution qu'il
examine est incontestable , mais
encore qu'elle possède tous les avan-
tages des autres sans en avoir les
vices. Tels sont les objets et l'ordre
dans lequel de Lolme les discute et
les expose avec une haute supe'riorite'
d'idées et de vues nouvelles. Son
ouvrage séduit d'abord • et il semble
qu'il est complet et irréprochable.
Mais on sent bientôt que l'auteur
s'est plus attaché à démontrer les
avantages que les inconvéniens de
la constitution dont il admirait l'ex-
cellence théorique. On chercherait
envain dans son écrit , les obstacles
qu'elle rencontre dans les mœurs et
l'esprit de la nation, et les moyens
illicites , mais cachés , qui sont em-
ployés pour en éluder l'exécution
dans beaucoup d'occasions impor-
tantes , tels, par exemple , que dans
l'institution des jurys , dans les
élections toujours influencées par la
corruption ; et enfin , dans la véna-
lité trop notoire qui , en assurant
au ministère une majorité constante
dans le parlement , semble aussi
pouvoir seule assurer la stabilité de
LOL
l'édifice politique. Quoi qu'il en soit,
l'ouvrage de De Lolme est très-
estimé des Anglais. Cependant lei
Whigs lui reprochent de prendre ce
qui devrait être , ou ce qui est censé
être, pour ce qui est. Plusieurs juris-
consultes anglais très-versés dans la
connaissance des lois de leur pays ,
sont loin d'ailleurs de partager toutes
SCS opinions. L'éditeur du Tableau
de la Constitution dur ojaumecV An
gletâire, par Gustance, après avoir
cité De Lolme comme l'un des écri-
vains qui ont développé , avec non
moins de lumières que de raison,
les principes généraux du gouverne-
ment , et embrassé dans son ensem-
ble l'économie entière de la consti-
tution britannique, ne le croit pas
cependant propre à rendre populaire
la connaissance de ces matières (i).
De Lolme montrait en société un es-
prit gai , hardi, d'une fécondité iné-
puisable. Peu d'hommes étaient aussi
favorisés de la nature; mais il avait
tout fait contre lui-même. Sa vie pri-
vée est rem])lie de singularités , par^-
mi lesquelles on peut citer celle de|
n'avoir jamais voulu assister à au-
cune séance du parlement , pendant |
son long séjour à Londres: lui-même |
en fait l'aveu. Il était presque sans j
moyens d'existence; et sa fierté l'em-j
pécha toujours de solliciter pour en j
obtenir. Lorsqu'enfin des personna-
ges éminents tirent des récherches ,
dont le but était probablement de le
secourir, il fut impossible de décou-
vrir son domicile , parce qu'il en
changeait fréquemment, et qu'il chan-
geait aussi souvent de nom. Il vivait
(i) De Lolme a été vivement critiqué parTau-
tisur (le rEïamen «lu gouvernement d'Angl<J-
terre comparé aux Coistitutiotis des Etats-Unis,
qu'on croit être M. Livin<î<;toii , et surtout dans,
lus tiofa ajoutées par ixJiteur. Oii ne peut s»
dissimuler que plusieurs des reproche» (\\\'il lu»
t".:!t ne saient foodé».
î.or.
Mi; cl son exlerinir , ainsi que
ii.ibitudcs, étaient devenus pres-
repoussants. Un amour extrc-
1.1. trindopcndance , une passion
(liK ;;lee pour le plaisir cl le )eu, un
t décide pour une sociele infc'-
(î , où il avait le plaisir de dotui-
lA i . rarrètcrent dans sa carrière lil-
î 'lire, et lui firent passer une vie
(lise entre la pénurie et des Ira-
\ peu digues de lui. Il avait tra-
vaille pour les papiers publics : c'e-
! ; sa ressource ordinaire, surtout
|u'il était poursuivi par les bail-
. et condamne a garder la eham-
. Avant de quitter l'Angleterre,
ssurc qu'il reçut quelques secours
! i société des fonds littéraires
rary fund). M. d'Israeli a paye'
I ibut d'éloges plein de sentiment
mémoire de De Lolme dans ses
- dinités des auteurs. D — z — s.
LO-LOOZ ( Le chevalier Robert
DE ) , né dans le pays de Liège , vers
i'j3o,fit ses premières armes au
service de Suède , où il devint colo-
nel ; passa ensuite à celui de France ,
et se fixa dans ce pays, malgré les
offres qui lui furent faites jiar d'au-
V - puissances. Après avoir été
^é grièvement au siège de Berg-
oji-Zoom , il fut presque enseveli
avec une grande partie de son dé-
tacbement, dans une fougasse au
chemin couvert de Maestrichl; fut
tlessé de nouveau à l'expédiliou
de Ham , en Westphalic , et reçut
la croix de Saint-Louis, au siège
de Mcppen. La guerre terminée, il
•'occupa de recherches sur la tac-
tique ancienne et moderne : mais
les désagréments qu'il essuya l'ayant
fait renoncer à toute idée de se dis-
tinguer dans Tart de la guerre , il se
livra tout entier à l'étude de la phi-
losophie. Lolooz mourut à Paris, le
lOavril i786.0ttad€lui:l.-Rec/i^r-
ches sur V^n miUi.
17O7, in-S". II. Ui M^,:
delà du Garif^f, 11*^0 ^•i\
111. Recherches d anliquan mm •
taires, avec une défense du chcr^tii r
de Folard , Parii , 1 ^70, in-^'». IV.
Défense du chevalier de Fulanî ^
15ouil!on,i77G,in.8".(r. I
(jliscMMrnT. > V. Prrh.
les in '
explii|M
contre les syslèii
Newton; — surli , ^
du magnétisme universel , et sur le
magnétisme animal, que l'auteur
trouve pratique de temps immémo-
rial à la Chine; — sur C instrument
dit héliopt, inventé par de Soniav
f)our donner astronomiquement'la
ongilude en mer , p.ir le soleil , au
méridien, contre les» ^• I.a-
lande; — enfin , sur . ■ rns,
déduits de faits historiques et d'ana-
logies physiques pour puiser, en
pleine mer, de l'eau douce et pota-
ble, 4 parties en un vol. in-8<»., 1 783.
Lesdeux dernières parties sont moinf
systématiques par leur oh)«f (in.- 1rs
deux premières , traitées I
quement et conçues dans i, *
d'une métaphysique qui fait tort aux
notions de piiysique, mcices aui
idées de cosmologie ancienne dont
l'auteur s'appuie. M — d j.
LOMAZZO ( Jeatï-Piui. \ pein-
tre, et savant iulien , ne* .1 *' ' * -
36 avril i538, d'une fan 1
gucedubt» '
Cômc, np;
telicr
deG.i
et G AUDE ^
tudedes b< i
imagination vire et i
tivait en même tem;
b peinture: mais p^i -
véritc si bito mise en \n,u^^ •. — ^
63S LOM
Tëcole lombarde par Léonard de
Vinci , que la connaissance de l'iiis-
toife, des mœurs et des costumes de
tous les peuples anciens et modernes
est nécessaire aux peintres , il F étu-
dia avec une sorte de profondeur ,
et joignit à celte étude celle de la
géométrie et de la physique , prin-
cipalement en ce qui concerne Top-
tiquc. Pour compléter ses études
dans tout ce qui appartient à un vé-
ritable artiste, il parcourut l'Italie,
et en rapporta une grande connais-
sance de la manière des différents
maîtres , avec un accroissement d'é-
rudition , et un goût encore plus
décidé pour les belles-lettres. Tantôt
on le voyait peindre à Milan j et
tantôt il présidait une académie de
savants et de beaux-esprits , qui s'é-
tait formée dans le Val de Bregno ,
près du lac de Come. Il fut un de
ceux qui , par leurs compositions
poétiques , donnèrent le plus de cé-
lébrité à cette académie. Ses talents
en peinture, et la justesse avec la-
quelle il aj^préciait les productions
des autres artistes, le firent appeler
à Florence par Gosme de Médicis,
qui l'établit gardien d'une galerie
dans laquelle il y avait plus de qua-
tre mille tableaux , suivant le témoi-
gnage de Lomazzo lui-même ; ce
qui contribua beaucoup à lui proci-
rer cette vaste connaissance des ou-
vrages de tous les peintres , qui ca-
ractérise ses écrits. Jérôme Cardan
avait cru voir , dans ses calculs d'as-
trologie, que Lomazzo deviendrait
aveugle : et pour cette fois les pré-
dictions de l'astrologue ne furent
point en défaut; car Lomazzo perdit
réellement la vue k l'âge de 33 ans^
si l'on en croit Argelati ( De Script.
Mediol. ) , Bianconi ( Guida di Mi-
îano ) , et Tabbé Lanzi, qui n'a parlé
que d'après eux. Cependant Orlandi
LOM
( Ahscsdario pittorico ) , dans Tédit
même de 1763, corrigée et aiigmeiii
léc par P. Guaricnti , prétend qut
Lomaz/.o ne devint aveugle qu'à lu
âge très-avance , et peu d'années a*
vaut sa mort. Mais comme Orland
s'est trompé d'ailleurs sur l'époqui
de la naissance de Lomazzo , qu'i
fixe à ) 558 , on est fondé à le croin
aussi peu exact sur celle de la cécit(
de cet artiste. Lue médaille frappét
en son honneur, en i56o, et qu'Ar
gelati a vue dans !e Musée du collég(
de Créra de Milan , portait que Lo-
mazzo avait alors 23 ans : Mtati.
ann. xxiii , MDLX. Sur le reverj
on voyait une colonne que les flotî
d'une mer orageuse ne pouvaient
ébranler , et cette légende : FirtUi
fulmina avaritiœ coniemnit. Il ve-
nait de peindre à fresque dans le re*
fectoire des religieux observantins
de i5. Maria délia Pace, à Milan
une copie de la cène de Léonard
de Vinci ; et la devise avec l'emblè-
me semblerait indiquer des persé-
cutions occasionnées par l'avarice
de ceux pour lesquels il avait fait
cette peinture. On pourrait encore
penser que son père, nommé An-
toine , désapprouvant le parti qu'il
avait pris , et , se montrant plus que
parcimonieux à son égard , lui sus-
citP.it de fâcheuses tracasseries. Au
surplus, Lomazzo en était dédom-
magé par l'estime publique. Une au-
tre médaille lui fut décernée; et on la
voyait encore , en 1 ^45 , thez le sa-
vant biographe Mazzuchelli. Enfin
il reçut de ses contemporains des té-
moignages d'estime et d'admiration
de tous les genres. Les plus illustres
poètes le célébrèrent dans leurs vers.
Sigismond Foîiani fit en son honneur
un poème latin; Bernard Rainoldi
et J. B. Visconti lui en consacrèrent
chacun un en italien; Laurent Tos-
LOM
i can y Loui5 Gandini , Françoix Biit«
tinoiii, J. F. Visconti , Bernard Bal-
dini , Scipion All^mi , etc. , de. , Je
^hanl^rcnl également dans leurs poé-
sies. Ces éloges étaient si peu le rc-
I sultat d'un entliousiasmcdc circons-
, tance, que, dans les siècles suivants,
I ils furent renouvelés par des écri-
I vains trcs-judicicux, tels que Fonta-
, mm{DelVeloquen^aitaliana)yCres-
I cirabeni ( Délia volgar Poesia, vol.
I VII , 1. 2 , c. 3i ) , Moriggia ( De
I Nobil. Mediol. ), Gl.il i no ( Teatro ,
; part. // ) , P. Bosca ( De Ori^. et
statu Biblioth. Jmhros. ) , Pinelli
( Athenœiim), et par tous les Ita-
liens qui ont publié des Vies de pein-
tres. La brillante imagination , cette
admirable perspicacité , ce charme
de langage , que Baldini trouvait
dans Lomazzo déjà aveugle , attes-
tent qu'il était alors dans tjule la
vigueur de son génie , et par consé-
quent à la fleur de l'âge. Il supporta
son infirmité avec résignation , et la
rendit même plus utile ^u^ progrès
de l'art que ne l'aurait été son pin-
ceau. Recueillant en son esjnit tout
ce qu'il avait acquis de lumières par
l'étude de l'histoire et des sciences
relatives à son art, et par l'examen
réfléchi et comparé des œuvres de
tous les peintres, il dicta le Traité
de Peinture le plus important et le
plus complet qui ait paru jusqu'à ce
jour, sans en excepter ce recueil de
fragments de Léonard de Vinci que
Trichet du Fresne publia le pre-
mier à Paris, en i65i, in-fol., com-
me un véritable traité de ce grand
maître ( Voyez Vinci ). Celui de Lo-
mazzo, protégé dans toute la chré-
tienté par un bref de Grégoire XIII,
et par un privilège du roi d'Espa-
gne, se compose de sept livres. Le
Sremicr traite des proportions consi*
crées Don seulement dans les hom-
LOM
«3o
MM, Mats Wirorrdi»n< l*»4 rh^rattt,
cl dans les
cUitecturr.
tcur s*o«
comme r\i >>
l'amc; la dilln «•
manifestent, n
suivant les
est déliiilliv: ..,,,.
cisiou. Les coul(:ur>
trc elles sous le rap|«>ii • imi, <| .^
et dans leur emploi 5nu5un rdip;Nir(
moral et i' ' ' ' !-
sujet du II
ses eflèts du et Is ou kIIi
diflcrents corps, ri U m
elle doit être «li
sont exjïosés n
Iructive, au quatrième \\\
quième, consacre à la {)
fait admirablement sentir (
gagnent ou perdent les ray<
suels, suivant les distances cl 1
férents points de vue. Là, cxpi
son indignation contrecctixq :
positaires de quelques t"^-
d'autnii , s'attribuent c<
sent, il publie comme étani ir
mante ceux qu'il a de lui s
trois modes de jKTsjjective. 1 ■
sixième il examine l'art d»* 1*
position en peinture, cl "
donuance des choses : n- -»
riche en excellentes dorini.«'>. An
septième, entrant dan» le drtail <icf
compositions historiques et aytli**
logiques, et considcrant tout Ici lli«i
qui peuvent entrer d
sition , il indique d*i
comment chacun d'eux doit éUne re-
présenté. Partout les eienpIetTMi-
nent à l'appui des préceptes; et tm
exemples sont tires des uvviifp <k
4i5 artistes en tout mre,ciléicl
jugés dans le cours de l'oomiJ^eOl
» y trouve, dit Laii£i,d*cs
» théories, des notices ^'
64o LOM
» fort intéressantes, de jutlicienses
» observations sur la pratique des
» meilleurs maîtres, beaucoup d'éru-
î) diîion sur la mythologie, sur l'his-
•>■) toire, les mœurs, les costumes. »
Comme cet ouvrage, trop sa vaut, trop
substantiel pour de jeunes élèves ,
pourrait les de'courager , Lanzi ne
leur en conseiiie pas la lecture. « IMais,
î> conlinue-l-i] , les maîtres avancés
» dans l'art ne peuvent se dispenser
■» de le méditer ; et ils doivent en
» faire lire les meilleurs chapitres à
» ceux de letirs disciples qui ont le
» ])his de pratique et qui paraissent
» véritablement inspirés par le gé-
» nie de la peinture, parce qu'il n'est
î) pas de livre plus propre à fécon-
» der l'esprit des jeunes gens en idées
To de peinture pour chaque sujet, à
» les inspirer plus heureusement,
» à les instruire de ce qu'ils doivent
)) savoir » Loin de ressembler
aux maîtres qui mettent une si ridi-
cule imj)ortance à se faire copier
par- leurs élèves, Lomazzo avait pour
maxime qu'un jeune artiste court le
risque de perdre ou de détériorer
son talent en imitant les peintures
d'autrui, soit par des copies, soit par
des calques. Il veut que le peintre
vise à être original, en créant, à lui
seul, dans son esprit, toutes ses com-
positions, et qu'il ne se permette de
copier que les objets de détail. Il
avait senti le prix de l'originalité, dès
l'âge de vingt-deux ans, lors même
qu'il peignait sa copie de la Gène de
Léonard j car en respectant les per-
sonnages, il s'était permis des varian-
tes singulières dans tout le reste ( i).
Ses co?iipositions, bien conçues, at-
taclieiit par la nouveauté même bi-
(i) La (k'soiiption (îe c-'ttu copie comparée à
l'original 03 ii; n II page 19^1 de VFs.scr/ histo-
rique , /'SycoIogig//f!, sur le cénaclf. rie Léo-
nard de Vinci) Milan , ùhi, vol. iii-!j".
LOM 1]
zarre de ses idées. Telle est sa g'rancîo
fresque , représentant un Repas en
maigre, dans le réfectoire des Augus-
tius a Parme, et 1' Ojfrande de Mel-
chisedech chezles chanoines réguliers
de Santa Maria délia Passione, a Mi-
lan : la beauté de ce dernier morceau
avait décidé ces religieux à conver-
tir le réfectoire en bibliothèque ;
mais , depuis leur suj^pression , ce
local est devenu un collège de danse
et de musique. Les autres tableaux
du môme artiste les mieux conser-
vés, sont le Christ au jardin des OU-
ncrs , dans l'église paroissiale de S.
Maria de' Servi, à Milan ; et, dans
celle de St.-Marc de la même vil'e ,
ime Vierge tenant sur son sein
V Enfant-Jésus qui tend les clefs à
saint Pierre. Les autres peintures de
Lomazzo nesont plus connues que par
la notice qu'il en a donnée dans ses
poésies intitulées: Groteschi. Sa vie
qu'il écrivit lui-même en vers .yc/oZit/,
autoriserait à croire qu'il parvint à
un âge avancé ; mais on ne connaît
pas l'époque de sa mort. On voit ])ar
une édition de ses écrits dirigée par
lui-même, qu'il vivait en i5r)i; et
tout indique qu'il mourut à la lin du
seizième siècle : il était encore en
réputation vers le milieu du dix-hui-
tième , dans la galerie des grands
ducs de Toscane, oii l'on montrait
un très-beau portrait de lui , peint
par lui-même. Ses productions litté-
raires sont : I. Trattato délia Pittu-
ra diviso in sette Z/Z/n, Milan, i584,
in-4*^. • réimprimé, en i585, en
iSgo , dans la même ville , avec ce
titre : Trattato delV arte délia pit-
tura^ scultura ed architettura libri
VII, volume in-4^. de 700 pages : les
deux dernières éditions contiennent
quelques augmentations • et l'on
trouve, dans un manuscrit de la bi-
bliothèque de Smith , à YcnisCy ua
tliapitre de plus, qui n'exUttâàiiê
aiu une des éditions connues. L'ou-
vrage a ctc traduit en anglais |)ar
Ha) dock, Londres, iSqS, in-fol. Le
premier livre a été trad. en français ,
et publie par Hilaire Pader , sous ce
litre : Traité d<' la proportion na-
turelle et artificielle des cfioses ,
Toulouse, 1649, in-fol. avec figures:
les autres livres n'ont jamais été
traduits ; et , à mesure que la pein*
ture a dégénère , les peintres , par
intérêt d'amour-propre, ont repousse
de plus en plus dans l'oubli le traite'
de Loraazzo. Cependant , tout ce qui
a été dit de mieux, sur le moral de
l'art , par Lairesse et autres artistes
qui ont écrit sur la peinture , est un
emprunt clandestinement fait à cet
ouvrage. IL Rime varie dinse in
sette libri , Milan , 1687 » ^^'^°' >
c'est là que l'auleur , imitant dans sa
poésie ce que les peintres appellent
groteschi y a peint en vers beau-
coup de choses en l'honneur de Dieu ,
des objets sacrés , des princes , des
littérateurs , des peintres , des sculp-
teurs et des architectes. IIL Fita di
lui stesso scritia in versi sciolti ,
réunie avec les Bime varie, etc.
IV. Délia forma délie Muse , Mi-
lan , iSgi , in-4**. ; ouvrage tiré des
auteurs grecs et latins , et dédié à
Ferdinand de Médicis. V. Idea del
tempio delta pittura , Milan , 1 584,
în-4°. ; réimprimée dans la même
ville , en 1 591 , même format. VI.
Balnsch , rime in Ungua milanese ,
«ous le nom de Compà Zavargna
Nabat dra val de Bregn ( par le
compère Zavargna Nabat près du val
de Bregno ) , divisé en deux parties,
dédié au comte Visconti - Borro-
raée , in-4°. , Milan, 1 585 et 1 589 :
réimprimé in-ia , dans la même
ville , en 1627. VIT. Jccademia
'délia valle di Bregno , oii soûl
Lu>l
plosîeuri po^tQf^ en .tlalerfr
nais usité d.in^
Ion que l'aMur^ . . ..
connaitre cet ouvr.igc ri i
sans dire ni le lieu , ni l
leur impression. Vlll. / ;
sopra il trattato (^■'•' <,
pittura. hAijkTe'K\\^\ 1 >.
CoTTA ) , dans ses .iiini
tées manuscrites, à sc'it i
NfHfariense, dit qu'il possédait un
cahier de pocnios de LomajLto , en
latin et en italien , également inr-
dits. G— M.
LOMBARD : PiKUBE), lurnommé
le Maître des sentences , était né
au douzième siècle, de parents pau-
vres et obscurs, dans an bour? il.*
la Lombardie près de Novar'
heureuses dispositions lui ineni
un protecteur , et on l'envoya faire
ses premières études k Bologne : il
passa oisuite en France , avec une
lettre de recommandation de IVv^
que de Lucques. Place à l'école de
Reims , par saint Bernard ,1'
de grands progrès dans les >•
qu'on cultivait à cette époque. De J4 ,
il se rendit à Paris , attiré par U
célébrité des professeurs de l'univer-
sité : il se pro(>osait d'y passer quel-
ques mois seule :ncnt ; mais le plai»ir
qu'il goûtait avec des condiiiiplrt ,
animes de la même ardrur p<»ur
l'étude, le déterrai n.i j s'\ fi\rr. Ou
croit qu'il est le pr. t rrvu,
à rumversitc da 1'.*.. . n--^^^^ ^^
docteur. H fut pourvu d'une chaire
de théologie, ou'il r-"--'-' "'."■"•-*
années, avec beau'
enfin , il succéda , eu 1 1 mj . j i m-
baut , évéque de Paris ; et , pendant
le peu de temps qu'il occupa ce
siège important, il se conduisit jtcc
l)eaucoup de sagesse cl de modestie
11 mourut le y juillet 1 160 , et fat
inhuoié dans It ohonir dt l^'é^/^ éê
4>
^i1
LOM
Saint-Marcel , où l'on voyait , il y a
quelques années, son tombeau de'core'
d'une ëpitaphe très-honorable (i).
La faculté de théologie a toujours eu
en vénération la mémoire de ce sa-
vant prélat ; et chaque année elle
faisait célébrer une messe le jour
anniversaire de sa mort. On a de
lui : I. Un Cours de théologie sous
le titre de Sententiai^m libri iv ,
Nuremberg, i474 (^)j Venise, i^'j'],
1 480 , 1 4B6 , in-folio : les premières
éditions sont encore recherchées.
Malgré les erreurs qu'il contient (3),
cet ouvrage a joui long-temps de la
plus grande vogue dans les écoles j
il serait impossible de citer toutes les
éditions qui en ont paru dans le xvi®.
siècle (4) : le nombre des commenta-
teurs qu'il a eus est immense. J. Pits
ouPitseus en comptait cent soixante,
parmi les Anglais seuls ; l'abbéRacine,
deux cent quarante-quatre, en tout, et
le comte San-Raphaëlpresqueuuefois
autant. T^es deux plus célèbres sont
(i) Cette épitAphe porte que P. Lombard mou-
rut le XIII lies kalende& d',ioùt ( 20 iiiillet) 1164 }
mais ou sait que Muiiricfî de Sully l'ut élu évoque
de Pari» , en 1160 • et la plupart dp« critiques en
ont conclu que la date de 11G4 avait été ajoutée
h l'épitaphf. Cependant les rédacteurs de» Mé-
moires de Trévoux fournissent un autre moyen
de résoudre cette difficulté. « Ne pourvait-il pas
» être, disent-ils, que P. Lombar<l eût quitté
» l'episcopat , en n6o ; qu'alors Maurice de SuL
» ly lui eût succédé, et que Pierre s'étant retiié
•> au faubourg Saint-TMarcel, y soit mort en 1164?
n Ne serait-ce point même par cette raison qu'il
» a été enterré dans l'église de Saint-Marcel 7 «
{Mémoires de Tréuoiix , nov. ir^i, p- 124».)
(2) Cette édition est citée nonseultroent par
Maittaire , mais par Sauherl même, Historia
Bibliothecœ Noi-îlerg^nsis , Nuremberg,
4643, in-24, pag. ia&.
{Vj L'abbéRacine, dans son abrégé de î' his-
toire eccléfiaslique ( lom. v ) , lui reprodi»
jusqu'à vingt-six erreurs; Jean de Cornouailles,
«on disciple , ni l'abbé Joachira, n'en avaient pas
tant reniarqui^. Dans un endroit , P. Lombard
«xaininesi Jéa.-Chr. , comme hvmme, était une
personne ou quelque chose , et il décide qTio ce
n'était pas quelque chose ( non est aliquid).
Cette singulière conclusion fut condamnée par
je concile de Tour», en ii63, et par le pape
AUxaudre lll.
(4) Cet ouvrage fut encore réimprimé plusieurs
foi» dans le dix-septième siècle. La dernière éUi-
tion parait être 4«lUd« r.sueD , iG'»;, iii.4^.
LOM
Saint-Thomas d'Aquin et Estîus. On
trouvera une analyse très- étendue de
cet ouvrage dans Vffist. littér. dg
France^ tom. xii , et dans Vffist. des
auteurs ecclésiasticf,, i^arD. Ceillier,
tom. XXIII. Pierre Baudin ou Bau-
dintis , contemporain de P. Lombard ,
en avait fait un Abrégé , qui est
resté long-temps inconnu ^ Chélido-
niiis , abbé des bénédictins écossais
à Vienne , en ayant retrouvé un«?
ancienne copie , fit imprimer cet
ouvrage en 1 5 1 9 , in-folio , avec une
dédicace à l'empereur Maxi milieu ,
dans laquelle il accuse P. Lombard
de plagiat ; mais l'erreur où était
Chélidonius a été reconnue depuis,
et P. Lombard justifié. IL Glossa
in psalterium Dwidis, Nuremberg ,
1478, in - folio , première édition
très-rare; Paris, i533, iSSy, i54i,
in-folio : l'auteur a inséré dans ce
commentaire la Glose interlinéaire
d'Anselme de Laon. IlI. Commen-
taire sur la Concorde évangélique ,
1 4B3 et 1 56 1 , deux éditions citées
dans Vffist. littéraire de France,
IV. Collectanea in omnes D. Pauli
epistolas f etc., Vsiris y i535, i537 ,
in-fol. _, et réimprimé plusieurs fois
in - 8". Les ouvrages suivants sont
restes manuscrits: Glose sur le livre
de Job ; Sermons pour les di-
manches '- les fêtes de Vannée ;
— Deux Lettres ; — une Méthode
de théologie ; — et enfin , son ApO"'
logie, pour se justifier de l'accusation
de nihilisme , portée contre lui par
Jean de Cornouailles , l'un de ses
disciples, qui parvint à le faire con-
damner par le concile de Tours. On
peut consulter, pour plus de détails,
Tiraboschi Istor. letter. , tom. in ,^
p. 3oi et suiv. , et les Piémont esi
illustri, tom. i^r. W—s.
LOMBARD ( Jean- Louis ) , sa-
vant professeur d'artillerie^ naquit
A Strasbourg en 1 7 i3. Avide de toute
espèce de connaissances, il fut, à 18
ans , reçu docteur en philosophie à
I l'université de Strasbourg : il réunis-
sait à la cullure des sciences inathé-
maticfiies et physiques , celle de la
SInpart des langues anciennes et mo-
crues, de l'archéologie même et de
la jurisprudence. Reçu , vers 174^ ,
avocat au conseil souverain d'Al-
, sace, il partit pour Paris, où il em-
I ploya quatre années à se perfection-
! ner dans les connaissances qu'il
j avait acquises : ce fut au bout de ce
terme, en 1747» qu'il se fit rece-
voir avocat au parlement de Metz ,
devant lequel il plaida plusieurs
I causes avec quelque distinction. Il
I avait fait à Metz connaissance avec
I Robillard, savant professeur à l'é-
j cole d'artillerie de cette ville; il
obtint la main de sa fille, et la rési-
gnation de sa place , à laquelle il
fut nomme ec 1748. Ce fut alors
qu'il entreprit la traduction des Nou-
veaux Principes d* artillerie de Ben-
jamin Robins, bon ouvrage que Léo-
nard E'iler avait commenté , et qui
n'était pas connu en France ( i ).
Cet ouvrage parut en 1783, sous ce
titre: Nouveaux Principes d' artille-
rie, etc., traduits de l'allemand, avec
des notes, Dijon et Paris, Jombert,
in-8°. , fig. Cette traduction parut si
bonne à Keralio , qui avait aussi en-
trepris de faire passer dans notre
langue le travail de Robins et d'Eu-
ler, qu'il abandonna son ouvrage.
Au surplus , Lombard ajouta au
«ien la traduction des Nouvelles ex-
-périences faites à fVolwich {1)
pour connaître les vitesses initiales
(t) Leroy, et «a 17x1 , Diipiii* (ilt, a*ai«*t d«ià
donné chacun une tiaJiiition de l'uuTraf* <!•
Kobtnt; mai* CM traJiiciiont n't-iaient pa* ac»
Otmpagnéei du commentaira U'^iilrr.
(«) Tirée* d«s TfSsMCtioiu pbiU«opbiqaf« ,
LOM 6{3
des boulets , et rHIe d'un ntraic d«
la Dissertation tV EuUr sur l'ex U'
cation des phénomènes del'eir' i )/
il y joiçnit auMÏ d'etcrlltnle» notai.
En 1 7 K). lors" li«Mnetild«
l'école d'artilli ««one, IjO»«
bardyfut cnvuvo |H>ur y occuperMOt
chaire de profoseur; pfjre(|« itreon
plit avec distinction, jusqu'il.) im ir.
arrivée le r^. avril 1794. <.'t*il
pour donner à ces écoles un f oum d«
mathématiques , supérieur à relui de
Camus, que, d'après lcde!^ir du gou-
vernemenl , Lombard .»• "• • «n-
^Oiéxxn Traité tle f^éom, ,|
restéinédil, lecours'' ! ,t
été agréé. Il fut chu >.
tère de se réunir, en 1 7» »* >
frère Brackenhull'er . de >
pour substituer au <
en ce qui conceru
applications relalivo a V^t\
Quoiqu'un tel livre fût fort
Ëezout intervint pour proté^
ouvrage; et Loml>ard, après
vail infructueux de plus d'un an,
eut le désagrément d'avoir mn .»n-
tenté Bezout, et d'être al' i
ministre. Revenu ,1 >.i .1 .. ...it
à profit son e\ s con-
naissances prol;>..... • , .. |....mm , etk
1 787 , en un vol. iinS». , det TabUi
du tir des canons et des ohmn§rt t
on trouve dans cet ouvra|{0 artilé
le résultat des épreuves failei k !*#•
cole d' Auionne , en 1786. sur 1«
tir des bombes ave< '
les portées desmo;
professeur, ayant twXa^Mc U jurti
de la révolution, vonltif 1^ werfxt
pr un ouvrage q "^ tri».
utde: il fil imphno .i.poor
le service des caocmuers'
une Instruction sur la
(t Fttrad Jm M^«i*ir»t4* i'
4'.
644 i^OM
le tir du canon de bataille ^ Dole ,
in-B'*. lig. Ce fut au milieu de ses
travaux que Lombard termina sa
carrière, à Auxomie, occupe' de l'im-
pression de son Traité dumouvement
des projectiles ^ applifjué au tir des
bouches à feu; cet ouvrage ne parut
qu'en Tan V, à Dijon, i vol. in-S^. ,
fis;. Lombard , très - savant dans les
mathématiques et dans tout ce qui
concernait son ëtat , réunissait plu-
sieurs connaissances très - variées ,
parlait plusieurs langues , écrivait
elégammentjs'exprimaitavec facilite',
et n'était étranger ni «à la littérature,
ni au dessin, ni à la musique. M. A-
manton, membre de l'académie de
Dijon, publia, en 1802, des Recher-
ches biographiques sur Lombard,
in-8". , de 48 pages. D — b — s.
LOMBARD ( Cl AUDE- Antoine ),
chirurgien, naquit à Dole en Fran-
che-Comté, en i74i' Ses parents,
quoique peu riches , lui firent faire
quelques études , après lesquelles ils
le mirent chez un chirurgien de la
ville , pour apprendre un art qu'il
devait un jour exercer avec tant de
distinction. Il fut bientôt en état de
se présenter pour faire partie de la
communauté des maîtres de Dole ;
mais ceux-ci , effrayés peut-être de
l'ascendant qu'il ne manquerait pas
de prendre sur eux par des talents et
par une activité qu'ils ne pourraient
égaler, mirent à sa réception tant
d'obstacles , et lui suscitèrent dans
le cours de ses épreuves tant de dif-
ficultés , qu'il les récusa tous, et alla
se faire examiner à Besançon , oii il
trouva des juges éclairés , exempts
de passion et d'intérêt , qui , après
des actes publics sévères, l'admirent
à l'unanimité. Il devint ensiùte chi-
rurgien eu chef de l'hospice civil de
Dole. Lombard concourut, en 1776,
À l'académie royale de chirurgie, et
LOM
obtint l'accessit. La question était
celle-ci : a Comment Vair par ses
» diverses qualités , peut-il injluer
» dans les maladies chirurgicales ,
» et quels sont les mojens de le
» rendre salutaire dans leur traite-
V ment ? » En 1779, il remporta le
premier prix sur ce sujet : a Expo-
» ser les effets du mouvement et du
» repos, et les indications suivant
» lesquelles on doit en prescrire l'u-
» sage dans la cure des maladies
» chirurgicales. » Cette savante com-
pagnie le nomma , en 1 780 , l'un de
ses correspondants ^ et il en devint
associé regnicole peu d'années après.
Des troupes ayant été rassemblées
sur les côtes de Normandie, Lom-
bard fut nommé chirurgien en chef
de cette petite armée; et , après sa
dislocation, on lui conféra le titre d«
chirurgien-major de l'hôpital mili-
taire de Strasbourg. Il y débuta par
sa Dissertation sur {'Importance des
évacuants dans la cure des plaies ré-
centes, suivie d' Observations sur la
complication du vice vénérien et
scorbutique , in-S". , Strasbourg,
1 782. Cet écrit, le premier qu'eût fait
imprimer Lombard, fut censuré par
le docteur Dehorne , rédacteur du
journal de médecine militaire , le-
quel, vain et prétentieux lui-même,,
iît; sut pas assez ménager celte dou-
ble faiblesse chez l'auteur , qui lui
déclara la guerre , et ne lui épargna
ni les reproches de toute espèce,
ni même les personnalités ; car Lom-
bard était violent, irascible, et ne
convenait jamais de ses torts ;, ni de
ses erreurs. Cette critique hâta la
publication d'une autre dissertation
faisant suite à la première, sur l'U-
tilité de s évacuants dans la cure des
tumeurs , plaies anciennes, ulcères ,
etc., Strasbourg, 1783, in-8^. de
a4o pages. Ce second ouvrage échap-
LOM
pi n\\\ «tt.iqiics de Dcïiornr, qiioi-
I qu'il uc fût pas exempt de défauts;
i mais ce critique craignit de renouve-
ler une lulte dans laquelle son irré-
. conciliablc adversaire l'eût de nou-
veau réduit au silence. Lombard,
I dans ce genre d'escrime , e'tait re-
I doutable par son opiniâtreté, son
I scepticisme, et la fertilité de sa
plume. Il eut de longues et de vives
querelles littéraires, judiciaires et
autres , avec les médecins et les chi-
rurgiens les plus estimés de Stras-
bourg; et son animosité était exci-
tée et entretenue par un médecin ap-
pelé Laurent , encore plus irritable
et plus intolérant que lui. Ce scan-
dale dura plusieurs années, et fut
cause que Lombard, aux talents du-
?[uel ou rendit toutefois justice, ne
ut que rarement appelé par les Al-
saciens pour les traiter , et qu'il
resta confiné dans son hôpital , et
parmi les militaires de la garnison.
Il publia, en 1786, in-8°., un écrit
sur V Utilité et Vabus de la com-
pression et les propriétés de Veaii
froide et chaude dans les maladies
chimrgicales. En 1 790 , il mit au
jour son Cours de chirurgie pratique
sur la maladie vénérienne , 1 vol.
in-8<>. C'est dans cet ouvrage qu'on
peut voir avec quelle âpreté il trai-
tait ceux qui n'étaient pas de son
avis. Mais il faut convenir qu'il avait
à faire à des hommes qui n'avaient
ni sa franchise ni ses lumières. Cet
ouvrage est peu connu , et il en est de
même de ceux qui le suivirent, quoi-
que dans tous il y ail des choses
utiles. En i-^cp, Lombard fut nom-
mé chirurgien en chef de l'armée du
Rhin , où il ne fit que peu de cam-
pagnes, à cause de sa santé devenue
très-chancelante. Il rentra dans son
hôpital; et rendu à sa bibliothèque
et à SCS occupations favorites , il se
LOM
'797 ' '" ^ ' ' ' ^'"n/ntttr**
sur l (Url di*s pans* n,, nl^, ,1 imn;:0
drs étufiinnfs en rhn /' ,• // h 'p-
tant
ctl'ii
(jue chirurç^icnlc rd
pour faire suite au 1:
in-8°. Les productions d- î
sont remarquables par I.1 i
pographique. Elles n'ont point .!
recherchées avec a«î" • '"
ment; et à peine quri
rains les connaivsent-ns .1
quoiqu'on ne puisse leur
mérite de preV" ' '
ves, et de rrj i <
saines et limiincuscs. Api
suyé plusieurs attamies d' •
il ne fit plus aue languir muji mé-
moire et sans idées, et mounil le i5
avril 181 1 , dans une maison de
campagne près de Paris. P. et L.
LOMBARD (jEAN-GuiLLAUiir. ).
conseiller de cabinet prussien , né
à Berlin vers 1 767 , d'une famille de
réfugiés français , pauvre et obs-
cure , reçut néanmoins une éduca-
tion assez soignée. Il cultiva la poé-
sie française , et fil , dans sa jeu-
nesse, des traductions assez heti-
reusos de quelques morceaux d'Os-
sian et de Virgile. Ce faible mé-
rite lui valut un emploi MiK4ltrm«
dans le cabinet par*! '
déric-lr-Craiid , aïKju
se quelques épîlrc*. Si 1« > iiiu.t^lir^
furent yen de chose sou* ce priiire,
on doit j>enser (pi'un r«»raini*. dont
toute l'occupation fiait dr Iranvnr^
des lettres et drs piccr* de rbanrrl-
Icrie, ne pouvait êlrr un p<T»on-
nage iniiH)rtanl. OprndanI rr fut
dan* celte place que LomUinl pnf !e
goût cl la connaissance àr^ "tmwUx
anjire-i.Aprè-^b morldeFretl^-r- "
un esprit agréable cl unr gra».
646 LOM
cil i le de mœurs , joints à des con-
naissances en politique, qu'il avait
le talent de faire Lien valoir , atti-
rèrent sur lui l'attention de Frëdë-
ric-Guillaume II , prince ennemi
du travail , et qui aimait pardessus
tout à recevoir des opinions toutes
faites. Lombard devint, corrîme il
le dit lui-même dans un de ses
ouvrages, un demi-fuvori , et fut
nomme' secrétaire du cabinet. Dans
ce poste important, loin de se péné-
trer des obligations nouvelles qui
lui étaient imposées , il ne cessa pas
de faire des vers qui couraient les
salons, et d'écrire des lettres rimées
au roi et aux ministres. x\dmis aux
plaisirs et aux intrigues de Rietz et
de la comtesse de Lichlenau , il en
contracta les goûts et les habitudes.
Enfin la mort de Frédéric -Guil-
laume II, et la disgrâce de la com-
tesse , vinrent renverser sa fortune.
Le nouveau roi l'éloig^na des affaires ,
et le soumit a des épreuves sévères ;
mais celte disgrâce dura peu : la dis-
crétion de Lombard, son dé oue-
ment, et plus encore peut-être ses rap-
ports avec Haugwitz (i), triomphè-
rent de tout, et il finit par obtenir la
confiance entière de son jeune maître
(le roi actuel), qui Téleva à la place
de conseiller-privé. Lombard avait,
dans le cabinet , la partie des affaires
étrangères , c'est-à-dire qu'il était
chargéde mettre sous les yeux du mo-
narque tout ce qui tient à la politique
extérieure. Elevé dans la doctrine
que la Prusse ne doit jamais combat-
tre sous des drapeaux opposés à la
France , il subordonna toute sa poli-
tique à ce système- et c'est ce qui l'a
fait considérer comme un des plus
ardents jrromoteurs de la longue
(i) Lombard prouva sa retoanaissance à
Ilaiigwitz , en le faisant rappeler de sa retraite
en i8o5, pour loppos»! au prince de Hardenberg,
LOM
neutralité dans laquelle la Piiisse
persista jusqu'à la fin de i8o6, mal-
gré le parti des femmes et de la jeu-
nesse qui voulait la guerre. Ses en-
nemis ont poussé l'animosité jusqu'à
dire qu'il s'était vendu à la France.
Quoi qu'il en soit , la guerre fut ré-
solue malgré les conseils de Lom-
bard. Lorsque les désastres de l'ar-
mée Prussienne l'obligèrent à s'éloi-
gner , il se vit en butte à la fureur
populaire, dans plusieurs villes où il
passa: à Stettin, la populace lecouvrit
de boue , et on le traîna en prison
par ordre de la reine ; mais le roi le
fit mettre en liberté. Depuis cette épo-
que il n'eut pins aucune part aux
affaires : après la paix de ïilsitt , il
fut nommé secrétaire-perpétuel de
l'académie de Berlin , dont il était
membre depuis plusieurs années. Né
avec une constitution faible qu'il ne
ménageait , ni dans le travail , ni dans
les plaisirs, il atteignit de bonne
heure le terme de sa vie. L'affection
de poitrine dont il était attaqué , fit ,
dans l'année i8ii, des progrès si
rapides, que les médecins lui con-
seillèrent de quitter le ciel rigoureux
de Berlin. Après avoir séjourné quel-
que temps à Montpellier, il vint à
Nice, où il mourut le 28 avril 181 2.
L'auteur de la Galerie des carac-
tères prussiens (vol. in- 12, Paris,
1808 ) trace de lui le portrait sui-
vant qu'il dit extrait d'un mémoire
particulier. « Le conseiller du cabi-
» net. Lombard, est physiquement
» et moralement énervé. Ses connais-
» sauces se bornent a la littérature
» française ; les sciences plus solides
)) étudiées par l'homme d'état et par
» le savant, n'ont jamais occupé cet
» homme frivole. Initié de bonne
» heure aux orgies de Rietz et de la
» comtesse de Lichtenau , il prit
» part à leurs dél^auches, qui étouf-
LOM
» fërent sa moralité , à la place de
» laquelle elles mirent une parfaite
» indiflercnc.e pour le bien et pour
» le mal. C'est dans les mains faibles
» et iiupures d'un bel-esprit tic basse
» extraction , dont le père fut perni-
» quier; d'un roue, qui joint à la
» perversion morale, le délabrement
» physique; d'un hebéîc, qui perd
V son temps au jeu, dans des socic-
» tes insipides et insignifiantes: c'est
» dans les mains d'un homme pareil
» que se trouve le maniement des af-
» faires étrangères de la Prusse , dans
» une période qui est sans exemple
» dans l'histoire moderne. » Ce por-
trait , sans doute exagère , doit être
attribue à l'irritation qu'avait pro-
duite en Prusse , à l'époque oîi il pa-
rut, la position pénible de ce pays;
position dont on croyait que les mau-
vais conseils de Lombard étaient une
des principales causes. D'Entraigues
a aussi parlé fort mal de lui , dans son
Fragment d'un chapitre de Polybe
trouvé sur le mont Athos , i8o5.
Lu seul auteur l'a traité avec égard ,
c'est celui d'un ouvrage intitulé :
Matériaux pour servir à l'his-
toire des années i8o5, 1806 et
1807 , dédiés aux Prussiens par un
ancien compatriote , Paris, 1808,
in - I i. Mais , malheureusement
pour la mémoire du conseiller prus-
sien , on croit, avec beaucoup de
raison , que cet ouvrage est de Lom-
bard lui-même. Ce qu'il y a de sûr,
c'est qu'il fut imprimé à Paris par
les ordres et aux frais du gouvernc-
raent de ce temps-là. D — 7. — s.
LOiMBARDI ( JÉRÔME ) , philolo-
gue italien, né à Vérone en 1^07,
fut admis chez les jésuites , et pro-
fessa les humanités dans diUcrents
collèges. Ses talents lui uiérit»r(nl
l'estime de la ]>lupart des hommes
éclairés de l'Italie, arec lesqucb il
entreteoait om tùrfft^mAmf tmt
des objet* de littiTétlurf et dVm*
dation. Il eut aussi l'âTâoUfie d'être
remarque du jmm Bcaoll XIV ; et
ce poniifc , qui cwiinût lui-ttiéaie \m
lettres d'une naiiièft li brinaait ,«
plut à rcnconranr. Aprfs U t«p-
pression de la Sxâ^, Lombnftli
coBtiniM d'habiter 11 ■âitoiijprofHM
d«B jéniitet à Veoise, doM U ¥lMlb
bibliothécaire ; et il y moiirvt le 9
mars 179:1. On lui attrihae: 1. Aofi*
zie spettanti al capitolo di f^ertmm,
Rome , inSi. II. f «/« delU B.
yingela Merici di BreicUk , fomàm
triée dcUacompafiniadiSUL OrsoU^
Venise, 1781. III. Hta detU B,
Giovanna Bonomo, monaca Bme-
dittina , Rassano , i^83. Oo doit
encore au P. Lombardi des éditions ,
i®. de deux Dissertations du P. J.
Luc Zuzzeri , l'une sur une médaille
d'Atule Philadelphe. et l'autre sur
une médaille de F' ' '',
i74T,in-4«».;— ie
ad diverses f ynT ijcui
évêque de Ijanbarh , V-
— . 3'\ de la r
Louis Alamai
du Can'inedu p« ;
1764;— 5«. et .
tions^ extraites (!•
noîlXIV,Pr('ci
<oru/n. Le P.Lonil
nuscril des correct, i,^ .
tiens iraportintes pour le graad Dic-
tionnaire de la Crusca, W — -
LOMBART(PiEWiE),f.
né k Paris en i6i!i, élm^ ir ur»-
sin à VécoU de Vonef : apria a^v^
exercé ' capiuli le U\mA
de la ^ ! «e reiMfit à La-
dres, ou àl U4\ ailla d*a]iotil |>0W
les libraires ; mais U a surtout tfè*-
bien çc^^é le portraÎL S<Mi baffilf fit
vigoureux, et son dcaiin eorrect. Sa»
portrait éqoaitrt da ChsirUs l*-.
ib.
deBe.
rfima-
648
LOM
d'après Van Dyck, est fort rare, et se
vend fert cher, l'artiste ayant subs-
titué, lors de la fm tragique de ce
prince , la tête de Cromwell à celle
du roi. On a de Lombart une Suite
de 19. Portraits, d'après Van Dyck,
assez estimes , dont deux d'hommes ,
et dix de femmes , connus sous le
nom des comtesses de Van Dyck; un
second Portrait du F roteeteiir^ avec
son page , d'après Walker , ainsi que
le Portrait de ce peintre , celui de
Lajond, gazelier de Hollande , ceux
de la duchesse à\Yorh et 'de Samuel
3ïoreland, tous, deux d'après Lely.
Cet artiste a gravé aussi plusieurs su-
jets d'histoire, parmi lesquels nous
citerons , la Cène, et la Natunté ,
d'après le Poussin, le Saint Michel,
d'après Raphaël, la Fierté assise
sur un trône , d'après Ann. Carra-
che, etc. Après un long séjour en
Angleterre, il revint à Paris , où il
mourut en 1683. P — s.
LOMBERT(Pierre), traducteur,
né à Paris, s'était appliqué à Tctude
delà jurisprudence, et avait été reçu
avocat au parlement ; mais il ne fre-
queutapoiut le barreau, et se contenta
d'aider de ses avis les personnes qui le
consultaient. Son goûtpourla retraite
se fortifia encore par ses liaisons avec
les pieux soUtaires de Port-Royal.
Il renonça aux sciences profanes ,
pour se livrer entièrement à l'étude
des Saints-Pères ; et il entreprit de
donner de meilleures traductions de
leurs principaux ouvrages. Ce fut
dans celte utile occupation qu'il passa
le reste de sa vie ; il mourut à
Paris vers 1710. Les traductions
qu'on acie lui sont: I. U Explication
des premiers chapitres du Cantique
des Cantiques., par saint Bernard^
Paris, i67o,in-8o. II. Les OEwres
de sa i ht Cyprien, ibid., 1673, 2 vol.
in-4'^..j Rouen, 1716, même for-
LOM
mat. Lombert y a joint une vie du
saint martyr , assez exacte , et des \
remarques instructives. La chrono-
logie des lettres est due en partie à
Ant. Lemaitre.TII. LaCite^e Dieu,
de saint Augustin, Paris, 1675,
1693 , '1 vol. in-8°. , avec des notes.
L'abbé Goujeten a donné une édition
avec des remarques et la vie du tra-
ducteur , Paris , 1787,4 vol. in-i -2.
IV. Les Principes de la vie chré-
tienne, par le cardinal Bona , Paris ,
168 1 . V. Les Commentaires de St.-
Augustin, sur le sermon de la Mon-
tagne , Paris, i683 ; ibid. , 1701 ,
in- 18. Toutes ces traductions sont
estimées. Cependant Baillet (Jugem,
des savants ) reproche à Lombert
d'être tombé dans le défaut d' Ablan-
court, qui prête quelquefois ses pen-
sées aux auteurs qu'il traduit, et
s'applique seulement à les faire par-
ler français. W — s.
. LOMEIER ( Jean ) , philologue
hollandais , né en i636 à Zutphen,
où son père remplissait les fonctions
du saint ministère , suivit les leçons
des plus célèbres professeurs d'Al-
lemag^ne et de Hollande, et se dis-
tingua dans tous ces cours par son
assiduité et sa pénétration. H reçut
, ensuite les ordres sacrés , exerça le
pastorat à Deutschan , et fut rappelé
en 1674 à Zutphen, pour en diriger
l'égUse. Les curateurs de l'académie
de cette ville le nommèrent, en 1686,
à la chaire de belles -lettres et de
philosophie, qu'il occupa avec beau-
coup de distinction , et sans cesser
de veiller aux intérêts de son trou-
peau. Lomeier mourut à Zutphen ,
le 2 déc. 1699. On a de lui : I. De
Bibliothecis liber singularis , Zut-
phen, i6(>9; 2«. édition augmentée,
Utrecht, 1G80, i vol. in-8". Jean-
André Schraidt l'a réimprimé à la
suite du livre de Mader : De Bi-
LOM
thécis atqite archwis, (Voy. J. J.
DER. ) Ccl ouvrage est divise en
n/.c chapitres, dans lesquels l'au-
! traite de l'origine des biblio>
ijues; des moyens cmploye'savant
se pour conserver la mémoire
faits importants; des biblio-
liitijucsdes Hébreux, des Cbaldcens,
> Arabes , des Phéniciens et des
\ ptiens ; de celles des Grecs, des
nains ; des Chrétiens , avant ,
liant et après les siècles de bar-
le ; des bibliothèques les plus cc-
I es de l'Europe , et des autres
lies du monde ; de certains ou-
.i;es dont ou ne connaît qu'un seul
iiiplaire ; des talents et des de-
is d'un bibliothécaire ; de la si-
tion , de la disposition et des or-
fients d'une bibliotlicque ; et enfin
- insectes qui rongent les livres et
manuscrits. La partie de cet ou-
i;^equi concerne les bibliothèques
anciens , est la plus curieuse.
Gallois a tire' du livre de Lomeier
Traité des plus belles hiblio-
(jues de l'Europe , mais sans le
iiimer une seule fois. ( Voyez
LLois. ) II. Epimenides sive de
crum gentilium lustralionibus
ftagma , Utrecht, i(i8i , in^^ ;
ixièmc édition , corrigée et aug-
iitée , Zutphen , 1700, in-4°. ,
Cet ouvrage est plein de re-
iches curieuses et intéressantes.
i . Dierum f^erdaliuni she disser-
^ philologicarum décades duœ ,
venter, 1694 et iG()6, a vol.
S**. Les trois premiers chapitres
' premier volume contiennent des
>sertations sur la philosophie des
' iens Scjlhes; — sur les qjiatrc
mdes monarchies : Lomeier s'é-
iguc de l'opinion commune àf%
ologiens , des historiens et des
. 1 onologistes ; — sur une |)elilc
,ure d'Harpocrate, conservée dan»
LOM ^^
1^ r^binH de J. Smetius ; — Mr
I <e du nom de TévMt Cl
I ^ '.iges les plus c^tiirci q«i
l'ont |)ortë chex les Romains ; —
sur les sept sages de la Grèce ; — sur
les diverses manières de prier , indi-
quées par *•* in» P.nl rfi . L« qiia>
iricrae cIi . des re-
nia ri pies ci
Il l« .' u
u veau Tes-
tament grec d'Etienne Gourcelles.
Dans le cinquième, Lomeifi ' * '^
à concilier les pssages des
de saint Marc et de v
l'heure à laquelle \o .s
et , dans 1-
passage di
où les apôtres sont .ij
la terre. Les Divserf
ferme le second voh i : U
première, sur la vil' '"îi :
la seconde intitulée , i^hil*
l'amour de la patrie, et li . . s
qui se sont honores par leur dévoïK-
ment pour leur pays : l'auteur y
examine différentes (jiiestions q i •
rattachent à son sujet, telles , <•
l'ingratitude des anciennes rr|H.: !
ques, l'ostraci^i
J.-C, que nul 1
son pays, etc. La s<
des rorhrrrhM sur '
juifs '
fîtes
des stigmates, et la w
scribes. On doit encore .. 1
une édition AtVJ^om t* '' »"' ''
Jacqiv- î^.ï-"'^ 7,!,I-.n. i;-",
in-r W— s.
L(>u^>.i. »- '^^ ' ■^••-
gncurde U Villeauv i
," 'T ,1 de I^mt
li fui tu^ .4
Lométue »'ac<iuitu iou|oui* arw
65 o
LOM
zcle et talent des missions qui lui
furent confiées , et il mourut , en
i638, à l'âge de 78 ans. Il légua à
la bibliotlièque du Roi 34o volumes
de manuscrits , qui forment nu re-
cueil précieux de pièces historiques ,
connu sous le nom de Manuscrits
de Brienne. Tj.
LOMÉNIE (Henrt-Auguste de),
comte de Brienne , fds du précé-
dent, naquit à Paris en iSg^: il
obtint , dès l'âge de vingt ans , la
survivance de la charge de secrétaire
d'état , que remplissait son père. En
ib'i'i, il fut nommé par Louis XIIT ,
capitaine du château des Tuileries ;
et , deux ans après , il fut envoyé en
Angleterre, pour dresser les articles
du mariage de Henriette de France
avec le prince de Galles. Il accompa-
gna ensuite le roi au siège de la Ro-
chelle , et dans ses voyages d'Italie
et de Languedoc. Après la fameuse
journée des dupes, en i63o , il fut
chargé de persuader à la reine mère
( Marie de Médicis ) de ne point
s'abandonner à son ressentiment ; et
elle se repentit , mais trop tard , de
n'avoir pas écouté ce sage conseil.
Le comte de Brienne , cédant à ses
ennemis , se démit , en i643 , de sa
charge-de secrétaire-d'élat ; mais il
ne tarda pas d'être replacé avec le
même titre à la tête du département
des affaires étrangères. Il se con-
duisit avec prudence et fermeté pen-
dant les troubles de la minorité;
obtint , en 1661 , la permission de
résigner sa charge à son fds aîné
( Louis-Henri de Loménie ) , et mou-
rut en 1666. Son Oraison funeb e ,
prononcée parleP. Sénault de l'Ora-
toire, a été imprimée. Le comte de
Brienne a laisse des Mémoires conte-
nant les événements les plus remar-
quables des règnes de Louis XIII et
de Louis XIV, jusqu'à la mort du
LOM
cardinal Mazariu ( i6(îi ) , in-fol.j
c'est de ce recueil qu'on a extrait lei
Mémoires du comte de Brienne ,
pour servir à l'instruction de set
enfants, Amsterdam, 17 19, 17^3..
3 vol. in-12. On y trouve un gran^
nombre d'anecdotes et de faits cu-
rieux , racontés avec beaucoup d(
franchise. L'éditeur y a fait des ad-
ditions qui remplissent le troisième
volume, et l'étendent jusqu'à l'année
168 T. On a encore du comte de
Brienne ; Béponse aux Mémoires
du comte de la Châtre ; elle a été
insérée dans le Recueil de diverse,
pièces curieuses , etc. , Cologne
( Elzevir), 1664 , in- 12 , et dans \(l
Conservateur , juillet 1760 : c'esi
une apologie de la reine-mère , el
la justification de plusieurs repro-
ches que la Châtre avait adressés au
comte de Brienne. On conserve à la
bibliothèque du Roi , ses Lettres ei
Négociations. W — s.
LOMENIE (Louis-Henri de ).
comte de Brienne , fils aîné du précé-
dent , né en i635 , eut , à l'âge de
seize ans, la survivance delà charge
de secrétaire d'état au département
des affaires étrangères que possédait
son père , et fut fait conseiller d'état
la même année. Désirant connaître
les mœurs des peuples et le caractère
des ministres avec lesquels il aurait
un jour à traiter , il se mit à voya-
ger dans les différentes cours de
l'Europe. Il apprit la langue alle-
mande à Maïence , et parcourut la
Hollande , le Danemark et la Suède.
Il fut chargé, dans ce dernier pays,
de complimenter, au nom du roi de
France , Charles Gustave , sur son
mariage avec la princesse de Hol-
stein. 11 poussa ses courses jusqu'en
Laponic et en Finlande , d'où il se
rendit en Pologne, et alla visiter
plusiem^s souverains de l'AUemagne
LOM
^ ritalic. De retour dans sa pa-
apiTS «me ahscnrc de plus de
ans , il reparut à la cour de
is XIV , avec une grande variété
lonnaissances très-propres à le
lire intéressant. Le roi l'emmena
r lui à Fontarabie, où il remplit
l\>nctions de secrétaire d'état au
iage de ce prince. ].e comte de
une, son porc , accablé d'années
inlirnii les, obtint, trois ans a près,
Mormission de se diMucltre de sa
>^e de secrétaire d'état , en fa-
: du jeune Lonionic qui ne l'exer-
ça ipie queUpies mois. Sur la (in de la
même année, toute la cour fut exlrê-
inement étonnée de le voir descendre
4'un si haut rang, pour se retirer
dans la congrégation de l'Oratoire.
Cet événement fut diversement in-
terprété dans le monde. Les uns
l'attribuèrent à la profonde douleur
qu'il ressentit de la mort de sa
femme, fille de M. de Ghavigny,
secrétaire d'état sOus Louis XIIÎ , et
qu'il aimait éperduraent; les autres,
à quelques aventures de jeu , où sa
délicatesse s'était trouvée compro-
mise , ce qui avait porté le roi à lui
faire dire secrètement de se dé-
mettre de sa charge. C'est à quoi il
fait allusion dans ses Mémoires où
il dit , (i que M. de Péréûxc, raau-
» vais joueur jusqu'à briser tous les
» meubles quand il perdait, l'avait
• accusé, lui comte de Bricnne,
» d'être un ipe.n filou. » Quoi qu'il en
Spit de la vérité de cette anecdote ,
on peut regarder la vie édifiante
qu'il mena dans l'Oratoire, depuis
l663 jusqu'en 1670, comme une
expiation de sa faute. U reçut le
9ous-diaconat , s'appliqua sériouse-
ment à l'étude de l'Éx riture-Sauïtc ,
et de toutes les parties de la science '
ecclésiastique, sous les habiles pro- '
fesscurs du «cminaire de Saint-Ma- apré» ton
gloire , où il avait dxi u 1
Sa ferveur, rpii s'etail
dant plusieurs améM, M Yeirôidtt
enfin ; et elle fut remplacée par UM
passion toute profane dont il m sm-
tit épris pour une certaim- dame qot,
dans l'histoire ^p"^*» • '■ • tn»rniaai^
il appelle ii/i« tli ,S4^ , ^Umi
Hélait fou, et finiif ,.. ' ^019^
des vers de galanîen , swm
le jeta dans un tel •! '*t
commettre tant d'pxî
le régime de l'Oratoin m' vii fu «c,
au commencement de 1O70, de lui
signifier l'ordre de sortir de la con-
grégation, à cause de sa mauvaise
conduite. Peu de temps aprè*, il re-
prit le goût des voyages, et se !aivia
entraîner à de nouvelles folie%. Il
s'enflamma, dit on, pour la prinrr^^e
de Mecklembourg, et eut la témrrilé
de lui déclarer .sa passion. !.<"i\
XIV ,à qui cette princesse en [ ?i
ses plaintes, enjoignit à Xa^v '^
de revenir à Paris. Ou l'enfermi
bord dans deux maisons de \\*vr-
dictins, successivement, sans qu'il
devint plus sage. U fallut alors le
confiner a Saint-F^awre. Pen<lant son
séjour dans celte prison , l'anlnir
avec laquelle il se livra aux fiur^iinnt
du jansénisme , acheva de lui
perdre la Ictc. La raison ne b > 1
vint qu'au bout d'un grand nombre
d'années, d- ii i.iî.liss( nirni «iiii con-
trariait le^ '^
le rendit j» ' ' >
paraissait ii( i *
jours parmi !*•-'> Umi^ .1. ■ . ;
mais ayant recouvré sa li ^
dix-1.' ' • - •
usap' **
au roi Cl
dr MK p , t
^il airac,
(55a LOM
l'obligea de vivre dans la retraite. Il
finit par se retirer, en 1696, dans
l'abbaye deGhâteau-Landon,dont un
de ses parents e'iait abbe, pour y
passer chre'tiennement le reste de ses
jours j et il y mourut le 17 avril
1698. Les ouvrages imprime's du
comte de Lomenie , sont : I. Ludo-
mci Henrici Lomenii Briennœ co-
mitis régi à consiliis, actis et epis-
tolis itinerarium ; Paris , 1 660 ,
in- 1 2. ; I ijÇt'i , in-S". , e'dition revue
par Charles Patin, augmente'e , et
ornée d'une carte gëograpliique faite
par Sanson. Cette relation de son
premier voyage est e'crite d'un style
vif, laconique, pur et élégant. II. De
Pinacothecd sud, Paris, 1662,
in-80. C'est une description en vers
et en prose de sa galerie de tableaux,
adressée en forme de lettres à l'am-
bassadeur du prince d'Orange. Le
style de cette description a les mê-
mes qualités que celui de l'ouvrage
précédent. lïl. Recueil de Poésies
chrétiennes et diverses ( de divers
auteurs ) , Paris , 167 1 , 3 vol. in-12.
Ce recueil formé par M. de Lomenie
fut attribué à Lafontaine qui en avait
fait l'épître dédicatoire au prince de
Conti, à la prière duquel Brienne en
composa aussi l'avertissement. IV.
Les Institutions de Tanière , tra-
duites en français, Paris, i665,
in.i2 ; 1608, in-8«. V. La Fie et
les Révélations de Sainte Gertrude,
etc., Paris, 1673, in-8**. , sous le
nom du P. Mege. La préface et le
cinquième livre sont deBulteau. VI.
Poésies diverses, latines et françai-
ses. Ce recueil, publié par Gomber-
ville, contient quelques pièces d'un
très-bon goût. C'est sans fondement
que Chapelain avance que Benjamin
Priolo et le P. Cossart y avaient la
meilleure part. Yll. Remarques sur
les règles de Id Poésie française ,
LOM
qu*on trouve à la suite de k Now^
velle Méthode latine de PoH-Ro^àfy
septième édition in-8°. Châlon a in-
séré ces remarques presque entières
dans son Traité des règles de la
Poésie française , sans dire où il
les avait puisées. On a conserve
quelques-uns des manuscrits deM.de
Brienne : i ^. Relation de ce qui se
■passa au mariage de Louis XIV ^ à
Fontarabie , in-folio, annoncée dans
le catalogue des livres de Bois-
sier. 'i*^. Commentaires sur le N. T,,
avec des Explications morales en
français, 2 vol. in-fol. , qui étaient
dans le cabinet de Martin Billet
de Panières. 3«. Vie de N. S. J.-C. ,
tirée du Nouveau Testament , ibid.
4**. Remarques sur l'Histoire critique
du vieux Testament de R, Simon,
ibid. Ces trois ouvrages furent le
fruit de sa retraite à Saint-Magloire.
5^^. Mémoires de L, If. de Lomenie,
comte de Rrienne , ci-devant pri-
sonnier d'état , et maintejiajit pri-»
sonnierà Saint-Lazare , contenant
plusieurs particularités import antes
et curieuses , tant des affaires et
négociations étrangères que dans le
royaume , qui ont passé par ses
mains , aussi bien que des intrigues
secrètes du cabinet dont il a eu con-
naissance depuis Van i643 juS'
qu en j 681 inclusivement, in-fol,
6°. Poème sur les fous qui étaient
enfermés à Saint-Lazare ( dans le-
quel il ne s'est pas oublié lui-même)i
Pendant le séjour que le comte de
Brienne fit à Saint-Magloire et à
Saint-Lazare, ce qui comprend un
espace de vingt-cinq ans , il s'était
occupé à ^'ecueillir des extraits rai-
sonnés des anciens Pères , des Anna-
les de Baronius et du Corps du droit
canon, à traduire en français divers
poètes et historiens latins , et à con: -
poser des traités sur différentes ma-
LOM
(S. Tous ses manuscrits furrnt
'(■i-$e« à sa mort. 11 ne s'en est
mtvc que des fragracnLs plus ou
us étendus dans les cabinets des
"ux. Le plus singulier est V His-
■ '' secrète du jansénisme , qu'il
it entreprise avec l'abbé (.assagnc,
camarade de prison à Saint-
ire. Cet abbé étant mort lors-
rette histoire n'en était encore
i la fin du troisième livre , M. de
luie la refondit , la continua en
le de dialogue, sur un ton plai-
' et satirique , afin , disait-il ,
. lyer ses lecteurs que la séclie-
■ des matières aurait pu dégoû-
Le dialogue entre le duc de
lies qui veut se retirer à Port-
d , et Lancelol qui l'instruit sur
•uduite qu'il doit y tenir , est le
piquant. Il est bien écrit ; la
luire en est très-délicate. C'est
tnl endroit de l'ouvrage qui ait
ii suite; les caractères y sont
-parfaitement soutenus ; tout le reste
Dorte l'empreinte d'une imagination
déréglée. On y trouve quelques anec-
dotes curieuses sur les chefs de cette
école célèbre, avec lesquels il avait
eu beaucoup de liaisons. On voit
dans tout ce qu'il a écrit , qu'il avait
beaucoup d'esprit et de talent; mais
que la bizarrerie cl l'inconstance de
•on caractère lui rendirent ces dons
funestes. T — d.
LOMÉNIE DE BRIENNE
(Etienne-Cuarles de ), cardinal ,
f à Paris , en l'^'J^'j , fit ses études
AU' collège d'Harcourt. Ayant cédé
son frère son droit d'aînesse ,
il embrassa l'état ecclésiastique , et
loutint, en Sorbonne , le 3o octobre
i^5i , une thèse que celle de l'abbé
àe Prades fit oublier , mais dans la-
quelle l'abbé Mey signala plusieurs
propositions hasardées. Toutefois
l'abbé de Briciiûc fut fait prêtre,
LOM 6S3
et il reçut Ir bonnet de docteur
le 8 mars 17'ii ; rarchrvrvpir d«
Uouen lui donna des Irttrn lU
grand-vicaire. On croit -,
f;ea , avec Turgol, qui p<>i
e petit collet, récrit iniiuk La
Conciliateur ou Lettres d'un ec»
clésiaslique à un magistral, 1744»
écrit qui roulait sur Ir^ diffriends
entre le clergé et Ir ' , et
dont Naigeou , Condo; 1 ipoot
de Nemours ont donne sacccssirc*
ment des éditions. L'abbé de Bneno*
était aussi fort lié avec Morellet , et
même avec d'Alembcrl. En 1758,
il fit le voyage de Rome , et fut con-
claviste du cardinal de Luvnes , lor»
de l'élection de Clément XllL Le 17
août 1760 , il fut nommé évcque de
Condom. Il occupi }>eu de trmj» ce
siège, et remplaça M. DUlun . a f ou-
louse, le 2 février 1 7G3. M. de Hrirn-
ne avait la réputation <i"
trateur,eton loue sor-
sous le r.i) cpi-
zootie arri\ . en
1774
lui donna occ.i
sa générosité, et en iiK .^ ^"^^
soins pour exciter les largesses de»
personnes opulentes. En 1776, il
ouvrit à Lévignac une maison oii
les filles de parents noM"" •" ti-
rent une éducation C(
Ce fut à lui que T' •■'' ., „<•
profiter, pour le ti > m»
marchandises , du can.ii r 1 i.in .
auquel il réunit la Garoniic .i\ <i t 1
sortie de la ville, p-n
conserve encore le ne
Par lui tous les
ressource assure
de coton qu'il avait 1
direction des sœwrs
L'hôpital fut do:
fondés par ses la r.
l'école militaire, les ;
cation d'iui grand uli.
65i LOM
Son administration spirituelle fut
mêie'e de bien et de mal. Il rétablit
dans son diocèse, en l'jôS l'usage
des conférences ecclési.isques; on n'en
put tenir, il est vrai, qu'un petit nom-
tre, et l'arclicvêque n'y parut pas. Il
condam a par un mandement du 'lô
août 1770 , un livre publié à Tou-
louse par l'abbé Audras , sous le
titre d'Histoire générale à V usage
des collèges , livre qai n'était guère
qu'un abrégé de V Es ai sur V His-
toire générale de Voltaire. On voit
par sa Correspondance combien ce
dernier fut mécontent' de cette con-
damnation : mais d'Alembert prit,
auprès de lui , le parti du prélat ; et
dans ses lettres des 4 et '2 1 décembre
1770 , il dit que l'arcbevêque a fait
tout ce qui était en lui pour éviter
cet éclat, mais qu'on lui a forcé la
main , et que dans sa place il nesi
pas le maître de s' abandonner tout-
à-fait à son caractère et à ses prin-
cipes. M. de Briennç établit à Tou-
louse un petit séminaire; le 5 no-
vembre T78'i, il tint son synode
diocésain, où l'on s'occupa principa-
lement des portions congrues , et
des secours à accorder aux ecclé-
siastiques vieux et infirmes. On prit
sur ces deux objets des mesures qui
paraissent bien entendues. L'arche-
vêque fit aussi des règlements sur
quelques autres matières. Si de son
diocèse nous le suivons sur un plus
grand théâtre , nous le trouvons
employé dans les affaires les plus
importantes de son temps. Il eut le
secret de se faire nommer de toutes
les assemblées du clergé , y acquit
même de l'influence , et fut, dans
celles dei7G5, de 1770 et de 1775,
chef du bureau de juridiction. Char-
gé , en conséquence , des mesures à
prendre ou à solliciter pour le sou-
tien de la religion contre des atta-
LOM
ques sans cesse renaissantes , il parut
plus occupé d'arrêter le zèle de sel
collègues que de provoquer de sages
règlements. C'est sans doute à son
sujet que d'Alembert écrivait à Vol-
taire , le 1 5 août 1775 : Ze clergé
ferait bien des sottises si quelques
éi>éques raisonnables ne l'empê-
chaient. On eut un exemple de la
légèreté avec laquelle ce prélat trai-
tait les affaires , dans le rapport qu'il
fît le 25 mai 1766, sur le concile
d'Utrecht; rapport plein d'inexac-
titudes manifestes sur les faits , et
qui donna lieu aux partisans du
concile d'attaquer l'auteur avec avan-
tage. En 1770 , il fut reçu à l'Aca-
démie française; et Voltaire écrivait
à cette occasion le 1 1 juin à d'A-
lembert : On dit qm vous nous don-
nez pour covfrère l'archevêque de
Toulouse, qui passe pour une bête
de votre façon , très-bien disci linée
par vous. A la mort de M. de Beau-
mont , archevêque de Paris , il fut,
question de lui donner M. de Brienne
pour successeur: un parti nombreux
le portait à cette place; mais les
répugna]ices du roi et les représen-
tations des personnes pieuses de la
cour prévinrent ce coup. ( i ) Un ar-
rêt du conseil l'ayant nommé , eii
1766, membre d'une commission
pour la réforme des ordres religieux,
il en devint bientôt le principal /kî-
seur. On l'accuse d'avoir excité des
divisions dans les monastères, d'y
avoir souflé l'esprit d'insubordina-
tion , et d'avoir contribué à dé-''
goûter de leur état des hommes que
l'espàt du siècle en éloignait de plus
en plus. Beaucoup de monastères
(\) Voyez, les Tjetlrrs scrrèlp.t sur Vètal actuel
de la reUgi'on et dit clergé de France, aitribuée*
aux al)b(^s de Boismont et Maiiry, 1781 .• l'arche-
rêque de Toulouse y est Uésigné sou» le nom Jt
LOM
furent supprimes successiTcracnl , cl
If des corps entiers disparurent,
hevètpic avait le secret du ini-
uiilt re et celui de la philosophie ;
il suivait son plan avec persevc-
fance ; les religieux les plus ze'lcs
étaient fatigues par des changements
Dultiphes; les plus reh^chcs étaient
favorisés de grâces et d'emplois, et
me foule de lettres de cachet étaient
iistribuées pour autoriser des règle-
ments arbitraires , et pour saper à
>ctit bruit l'état monastique. Les
issemblées du clergé de 1772, de
1775 et de 1780 , se plaignirent de
;es elTorts sourds j et quelques par-
lements même reprochèrent à la
commission de s'arroger une auto-
rité excessive , et de n'avoir su que
iétruire , tandis qu'elle avait été
créée pour conserver. On peut voir
i cet égard les remontrances du
parlement de Paris , du 10 février
1784, et le réquisitoire de M. Du-
iun , procureur- général au parle-
ment de Bordeaux , du premier mars
1780. L'archevêque de Toulouse
wépara ainsi insensiblement le coup
iéfinilif porté aux ordres religieux
aar la révolution. Sa (pialité de
nembre de la commission était pour
ui une sorte de ministère qu'il re-
gardait comme un échelon pour
irriver plus haut. Mais tout en
âctruisant les abbayes , il s'en ré-
«rvait pour lui-même , et se fit dou-
ter successivement celles de Basse-
'ontaine , de Moissac , de Moreilles,
le Saint-Vandrille , de Saint- Ouen
t de Corbie. La première était con-
uc à son parc ; il la fit supprimer,
l'enclos servit à augmenter les
iépendances de sou château. Cepen-
Uîit mille bouches célel^raicnt les
Alents du prélat. Son esprit , sa
îOnversation facile et brillante, son
QÛt pour les lettre» , ses manières
LOM
6:j
t n«
nobles et ^encreuses , les Ibiftooi
avei^dcsamis prompts à l'exallrr, Itii
avaient donné une grande rcIcLnté,
On le citait comme nncvcquc admi-
nistrateur , sorte de mérite doni on
commençait à f.iire nlu^ de ras que
des verlus propres tl'un rvr .ur. Oti
vantait l'ordre qu'il a \
son diocèse où il ne r< ^ ^
rigoureusement. A chaque chauge-
racnt de ministère, un parti uum-
brcux lepoussait a la lêtcdcs affaire».
L'assemblée des notables lui foiirLÎt
l'occasion de satisfaire son ambition.
Il y siégeait dans le bureau de BIoo-
sieur , et fut un des plus ardeots à se
plaindre des dissipations et !
et à crier contre radraini !
Caloime. Ce contrôh'
congédié; el^près (j
tions du roi, qui pcrs<
goûtait pas l'archcN. , I .i-ci
fut déclaré chef du conseil des
finances. Son frère, le comte de
Brienne , fut fait ministre de la
guerre. C'était au commencement dt
mai 1 787. On aurait pu croire qu'un
homme qui aspirait .!•"■- • ' -
temps au ministère,
à s'y préparer , et qu n %
des plans , des vues et J'
L'archevêque , >
bientôt voir sa I
sance et son emlwri..
grave vint ajouter
de sa position ;
se guérir à des 1
vifs , et bien d>
sa tête en avait •
est certain , c'est qu'il 1
point, pendant son mit>:
talents qu'on avait cru m;
lui. Indécis et pusillanime
tait sans dessein , avançait sans pr»-
fau^^ti Utuiartho. cl ciui^n •»utn
656
LOM
la fermentation des esprits. Aux
débats de l'assemblée des notables
succédèrent ceux du parlement.
Les magistrats demandent la com-
munication des comptes du trésor
et les étals - généraux ; les esprits
s'échauffent; le 6 août 1787 , le
roi lient un lit de justice pour l'en-
registrement des édits du timbre et
de la subvention territoriale : le
parlement proteste ; le i3 août il
s'oublie , dit M. Sallier ( i ) , et dé-
clare que les édits ne sauraient priver
la nation de ses droits. Dans la nuit
du i4 au i5, les magistrats sont
exilés à Troyes. Les autres cours
montraient le même esprit dans leurs
délibérations ; la même fermentation
les environnait au dehors. Le 27
août , le parlement, réuni à Troyes,
réitéra la demande àés étals-géné-
raux , en déclarant que la conduite
du ministère tendait à réduire la
monarchie en despotisme. Ce mi-
nistère taxé de despotisme recula
bientôt ; il abandonna ses édits , et
le parlement revint avec les hon-
neurs du triomphe. La séance royale
du 24 novembre 1787 ne fut pas
moins funeste aux intérêts de la
cour. Le roi y porta deux édits ,
l'un qui créait un emprunt de 4^0
millions , l'autre qui réglait l'état
civil des protestants. La dignité
royale reçut plus d'une atteinte dans
cette séance. Le duc d'Orléans pro-
testa , et fut exilé ; les conseillers
Fréteau etSabbatier furent mis dans
une prison d'état. Le parlement pro-
testa contre l'enregistrement forcé j
cependant il accueillit l'édit sur les
protestants , qui leur accordait l'exer-
cice des droits communs à tous les
autres sujets , et qui prescrivait les
(1) ^imalcx françaises depuis le côntwenre-
mnnt du règne de Loriis XVI jusqu'aux
Eiats-Génèraux , i!Ji3 , in »•*.
LOM
formes à suivre pour constater lcur|l
décès. Le 4 janvier 1 788 , le par-
lement prit un arrêté hardi: son
exil fut décidé , mais les lettres de
cachet furent révoquées. Trois re-
montrances, présentées successive-
ment , ne furent que le prélude de
la séance et de l'arrêté du 3 mai ,
où le parlement rappelait ce qu'il
appelait les principes fondamen-
taux de la monarchie , ou plutôt des
prétentions aussi nouvelles qu'exa-
gérées. L'exaltation des magistrats
était extrême; deux d'entre eux sont
arrêtés dans le palais même. Le 8
mai , lit de justice pour publier six
lois différentes. On créait de grands
bailliages , et l'on réduisait le parle-
ment à une grand' chambre et à une
chambre des enquêtes. Une cour
plénière était établie , et tint , dès
le lendemain , sa première séance*
Mais les protestations se succédè-
rent > la justice n'était plus rendue,
les parlements de provinces imi-
taient celui de la capitale, la no-
blesse les secondait , Xfs gentils-
hommes bretons dénonçaient les
ministres , des émeutes éclataient
en plusieurs endroits , le soulève-
ment des esprits était extrême. Dsns
cet état universel d'agitation , l'ar-j
chevêque de Toulouse s'était fait
donner le titre de ministre principal
comme pour suppléer par un nom im- j
posant à la faiblesse de ses moyens.
Il fut nommé dans le même temps à
l'archevêché de Sens , vacant par la
mort du cardinal de Luynes ( i ). Le
i5 juillet 1788, il fit rendre un ar-
(i) n obtint pour' coadjiiteur , son neveu,
Pierre-François-Marcel de Loniénie île Brieiiii«,
jic en 176'i , préconisé à Rome, le i5 déceiTilira
ir88, »oiis le titre darclievêqiie de Trajanoplc,
anêlé avec son oncle sous la terreur, et eonJa"!!*
né A mort par le tribunal révolutionnaire do
Paris, le lo mai i7';4 » 1^ môme jour que Ma-
dame Elisabeth. l,e comte de Uriunne , fi^ie d«
l'^ichevèque, deux autres de ses fils, et Mad. «i*
Cauisy ta. iiUe , pei'ireut eu uièiue temps*
LOM
rét du conseil, par lequel, «prrs
il annonce les e'iats - ^encraux
le mois de mai suivant, il invi
!i\s corps et les particuliers à pre-
■V des rcnscij];ncmcnts sur leur
alion. Cet appel imprudent ne
r provoqucrde nombreux c'crils,
plans, des systèmes et des déli-
rions. Le 8 août, un nouvel
.iii(t du conseil abandonna la cour
pliiiièrc , en maintenant les grands
Lailliages , et annonça de rechef
les états - généraux. Le i(3, l'état
du trésor obligea de suspendre les
paiements. Le principal ministre ne
put tenir plus long-temps contre les
plaintes qui s'élevaient de toutes
parts ; il fut renvoyé le ^4 août , et
céda la place à Neeker. La joie po-
aire éclata dans la capitale par
es démonstrations les plus morti-
tantcs pour l'archevêque. Afin de
c consoler , la cour le combla de
'races : on lui donna des abbayes; le
oi demanda pour lui le chapeau de
•ordinal. Pie VI réjMignait à revêtir
le la pourpre im homme dont la re-
igion n'avait pas eu beaucoup à se
ouer. Louis XVI insista par un sen-
ment de générosité conforme à la
•onté de son caractère; et le i5 dé-
embre, l'archevêque de Sens obtint
e chapeau. Il en apprit la nouvelle
Nice où il se trouvait , ayant pris
i route d'Italie à sa sortie du rai-
istère. Il voyagea dans ce pays;
lais il s'abstint d'aller à Rome. Il
e revint en France que vers le mi-
en de 1 790 , et s'occupa de payer
s dettes qui étaient considérables,
lalgré le nombre de ses bénéfices,
sacrifia pour cela une partie de la
elle bibliothèque qu'il avait formée
grands frais (/^oj. Laire ). La
institution civile du clergé , publiée
cette époque, aurait ])u fournir au
trdiual de Lomcaic l'occasion de
XXIV.
Lo^r
«'7
i.'ii.! .it
reparer un pni ^n rrptttitlnn
il se sr'para dan
ses collègues, I I
ne prit plus nur ic ii'
département de l'Yoi
refusé l'évêrhé mcli
Haute-Garonne , qui
par les électeurs de <
Cependant deu\ '
quesconslitutioi;
à lui pour avoir 1 n
nique , il ne voulut ;
à cet acte de schisme. 11
pape le i3 novembre 1 -
3o janvier suivant, afin d*. . .
justifier sa conduite; son n
ment du carême de IJ91 ,
au même but. Pie VI lui »! im I ,
conseils salutaires dans li 1
Si3 février 1791 , dont la 1
tion blessa beaucoup le cardinal. \^
•j>(3 mars suivant il écrivit a» souve-
rain pontife pour donner sa drmi^
siou du cardinalat ; et il annonça
cette résolution |)ar une lettre publi-
que à M. de Montmorin , un dcK
ministres du roi. \j* pap*» arrepii
sa démission dans l<- <
26 septembre, le d(
sa dignité, et de plus
de sou serment et «i<
avait prise au schisme /
locution du pape à ce suj. '
collection de ses brefs ) :
duile de M. de Brienne ne
point des fureurs révolu:
Il fut arrêté à S - '• -
1-^93, cl mis <
cette ville; il obi un
ter cher. lui. Un | »
on vint l'arrêter de
lendemain on I*» «r..
son lit; ce 1;
hâté lui-ni.
en prenant du pu^M>B. Mai» cet
cvcncraent s'explupie suffiManest
par le détail dtJ cuxuiUtiMM l^$
{u'davûit
.et jouri
658
LOM
soldats qui vinrent pour l'arrêter,
lui ayant donne' jusqu'au lendemain
pour le conduire en prison , passè-
rent la nuit chez lui à boire : ecliauf-
fës par le vin , il leur prit envie d'al-
ler réveiller le cardinal , et de le
forcer à manger avec eux. Il leur
repre'senta vainement qu'il ne sou-
pait point; ils le contraignirent à
prendre son repas , puis le maltrai-
tèrent. La peur et les coups qu'il
avait reçus, joints au travail d'une
digestion pénible , lui occasionnè-
rent une attaque d'apoplexie fou-
droyante. C'était le 1 6 février 1794.
Telle fut la fin d'un prélat qui avait
reçu en partage de l'esprit , des ta-
lents et des qualités. Son malheur
fut d'être entré dans un état pour
lequel il n'était pas fait, et de s'être
lié avec des hommes dçnt les prin-
cipes devaient lui être suspects. Ou-
tre ses rapports et discours insérés
dans les procès-verbaux des assem-
blées du clergé , il a publié une
Oraisonfunèbre du Dauphin^ 1 7^6^
in- 4^. — Son frère cadet Alha-
nase - Louis - Marie de Lomejvie,
comte de Brienne , lieutenant-géné-
ral , devint ministre de la guerre en
1787. C'était un militaire sans
expérience et un administrateur mé-
diocre. Il forma cependant un con-
seil composé d'officiers distingués,
et d'où il sortit d'assez bons règle-
ments. Le crédit de son frère qui l'a -
tait porté au ministère ayant cessé ,
il fat remplacé par M. de la Tour-
du-Pin, resta en France après la
chute du trône, et périt en 1 79.4 sous
le fer des bourreaux révolutionnai-
res , à l'âge de soixante-quatre ans.
— Un autre frère, le marquis de
B:ii£]NNE , colonel du régiment d'Ar-
tois, avait été tué à l'attaque du Col
de l'Assiète, le 19 juillet 1747. ( ^.
BsiLLÏÏ-lSLE, IV, 107. ) P G — ï.
LOM
LOMI ( Baccio ) , peintre , né à
Pisc , vers le milieu du seizième
siècle , fut le chef d'une école dont
sa famille a produit les maîtres les
plus distingués. C'est à Rome et dans
l'école de ïaddée Zuccheri, qu'il
apprit la peinture : il fut chargé de
terminer V Histoire d'Esther , que
Augustin Ghirlando avait commen-
cée dans le Campo-Santo de Pise. Le
Couronnement de la Vierge que
l'on voit chez les chanoines de la
primatiale , est peint avec un peu
de sécheresse. C'est le tableau du
maître -autel de Saint - Laurent de
Pise , qui l'a mis au rang des meil-
leurs artistes. On reconnaît, dans tout
ce qui reste de lui , la manière de son
maître , et celle de Santi di Tito
dont il avait beaucoup étudié les
ouvrages. — Aurelio Lomï , neveu
du précédent , et son élève , naquit
à Pise, en i556 : s'étant rendi
fort jeune à Florence , il suivi
les leçons du Bronzino , et peignit
à la manière de ce maître , deu^
grands tableaux qui se trouven
encore dans la primatiale de Pise
et qui représentent, l'un, la Nati
vite de Jésus - Christ , l'autre
V Adoration des Mages. Quoiqm
Gènes ne manquât pas de peintre
habiles à cette époque, Lomi fu
appelé dans cette ville, et charg
de plusieurs travaux importants
parmi lesquels on cite la Descent
de Croix qu'il lit pour le maître
autel de Sainte-Marie de la Passion
ainsi que la Résurrection et le Jugt
gemeiit dernier, pour Notre-Dam
de Carignan. Après son retour à R(
me , il y peignit les-fresques de I
chapelle de Sainte-Marie m Fallicei
la, ainsi qu'un fort beau tableau d
V Assomption. A Bologne, à Lucquei
à Florence , il laissa de nouvelle
preuves de $on habileté ; mais c'ei
LOM
lit dans sa ville natale, quM
la son talent. 11 peignit à frcs-
ians le (lampo-Sanlo , une partie
ffistoire d\-issnériis , avec des
iicnts et des bas-reliefs en clair-
ir. Dans l'église du Dôme , il
il trois tableaux à l'builc : celui
lailre autel , représentant la
iun rison de Vavcu^le-né, une Cir-
concision, et un autre trait de la vie
de Jésus -Christ. Le Saint-Jérôme
qu'il a peint au Campo-Santo , est
nnc de ses meilleures productions.
On le regarde comme un des chefs
de l'école de Pisc. Il mourut dans
celte ville , en 162*2. — Orazio
Lo MI , frère du précédent, fut surnom-
mé Gentileschi (i). ( Foyez ce
nom , tom. XVII, pag. io3. ) — Ar-
tcinise Lomi , fille d'Horace Genti-
lcsrhi,naqaitàPise,en iSqo, et fut
d'abord élève de son père. C'est sur-
tout dans le portrait qu'elle se distin-
gua : elle y a même surpassé Gentiles-
ch i ; mais elle ne négligea point l'his-
loiic, et l'on a d'elle plusieurs très-
bons morceaux en ce genre. Elle re-
çut des leçons du Guide , et fit une
étude particulière du Dominiquin.
Ou reconnaît dans tous ses ouvrages
me heureuse imitation de ces deux
grands maîtres : on estime surtout
beaucoup un Saint-Jean-Baptiste en-
dormi , qu'elle composa pour le duc
lella-Torre, à Naples, et un Mar-
'yre de saint Jam^ier exposé aux bé-
'es , qu'elle peignit pour la cathédrale
ic Pouzzoles. On voit dans la galerie
le Florence un
de ses tableaux, qui
,
(iiQuoiqua iréredc Loroi, Horace
prit lie la
amille (Icta mère,
• nom Je Gentil
esclii, qui
Uhtc. Li
ni c<t rr»t.- p >Mr le
.littlnt; .n >Ir ....
!o artiste.
ar Befte-
loi.
,', publié
mr M M l.a„rer.t
: ce t,.bleiu , rr
rnarqiiable
>at la gricc de la compoaitinn , le charma et la
Uuc -iir tlu coloria ,
lait Je U Toscane
la liii'-aae du dos
lin . proTe-
, il a ét4 eaUvé c
•««•mraiiaajrcf da
jraud-duc.
lOM 659
représente la Mort d'/folo^htmê t
i\ est remanjiiiblc p;ir Ir n^litrrt
de la composition, t.i fni.r .Ir I'. i.
pression ,et la bcaui.
Enfin, r. /arontf qu'il 1 ; j.,.,.^
pour la famille Arrighrfti, dr Flo-
rence, est un de • • ' T
vrages. Elle pn
tion les fleurs » 1 1
n'était pas moitl^ '
charmes de s-» li
épousa P. An t. >
conserva le nom .nou
tait fait connaître, tt
pies , vers lOi >. P — 4.
LOMMIUS ( Jossr ) , l'un dr«
plus habiles méderiii.s du seizirme
siècle, était né à Buren, Im.mfj du
duché de Gueldre. Son 1
Lomm(car le nom de Loju ; t
une latinisation f selon l'usage de
ces temps ), était grefli"- *" •-
bourg ; il fit faire d'r
études à Josse, qui devii- i
dans la connaissance du „ 1
latin , et qui alla étudier la i:
à Paris, où il se fit reni.ir;, r i»
son maître, le grand K< 1
devint son ami. Il alla <
tablir à Tournai , où il .s^^cput
une haute renommée mrntn'- priti-
cien, et fut nommé ]
cette ville; maisapp' '
par les malades , et ne p"
lire aux v..v.j -es mw L
Subli([ue 1
'entrcprci. . <
Bruxelles, vers i557. ^'^ '
aussi remarquable* sous i
des principes , que sous
style élégant et précis, el d un.
ni lé dont la pureté l'a bit comj
à Celse. 1. Cof»
de turntta.
utn de Re
samtaf*' . m ;•'
medii '
66o LOM
Anvers, i5Go. On ne trouve nulle
part de'crit avec autant de laco-
nisme et d'exactitude , un [aussi
grand nombre de maladies : ce talent
rare a valu à Lommius le surnom de
Peintre des maladies. Il excellait
sous le rapport du diagnostic. Ce
dernier ouvrage a eu plus de douze
éditions , soit en Hollande , soit
€n Allemagne ;, soit eu France, soit
en Angleterre. Il a ëte' traduit eu
français sous le titre de Tableau
des maladies y oii Von découvre
leurs signes et leurs événements ^
Paris, 171'^, in-Ki , par J. B. Le
Berthou. Cette traduction , fort bien
écrite, est estimée et recherchée.
( F. aussi Lemascrier. ) III. De
curandis fehrihus cojitinuis, liber ,
Anvers , 1 563 , in-8'\ On a réuni
tous les ouvrages de Lommius sous
le titre à' Opéra omnla , Amster-
dam, 1745, '1 vol. in- 12. F-R.
LOMONOSOFF ( Micuel-Vassi-
LTEViTCu ) , célèbre poète russe ,
professeur de belles-lettres , mem-
I)re de l'académie de Saint-Péters-
bourg, honoraire de celle de Stock-
bolm et de l'institut de Bologne, na-
quit eu 1 7 1 1 , d'un simple pécheur,
à Kolmogory. Il passa les prejnières
années de son enfance â aider son
père dans son métier , qui seul four-
nissait à l'entretien de toute la fa-
mille. Dès qu'il sut lire et écrire,
avantage qu'il n'acquit pas sans d'as-
sez grandes diiïicultés, il prit un goût
vif pour les livres : à peine eut-il en-
tendu chanter dans une église les
psaumes de David , qu'il fut saisi de
la plus vive admiration pour les
grandes images dont ils sont rem-
plis ; leur poésie , si souvent sublime,
iui fit découvrir qu'il était né poète
lui-même. Il lut la Bible plusieurs
fois avec enthousiasme, et conçut
la désir de pouvoir célébrer , k àoii
LOM
tour, les merveilles delà création.
Il voulait aussi retracer les hauts
faits de Pierre-le-Grand , qui avaient ,
dans ce même temps , produit sur
lui une très-forte impression: il cher-
cha donc à connaître les règles de
l'art des vers. Ayant appris qu'il
existait à Moscou un établissement
oii l'on enseignait les langues grecque,
latine, allemande, française , et les
belles-lettres, il déserta la maison pa-
ternelle , résolu d'aller demander
dans cette ville l'instruction dont il
éprouvait un besoin impérieux. En
1734, on le fît sortir de l'école de
Zaikonospask , pour le placer plus
avantageusement à l'académie des
belles-lettres* et deux ans après, on
l'envoya en Allemagne achever ses
éludes. De Marbourg, ville considé-
rable de la He"ssc,où il avait, pendant
quatre ans, travaillé- avec ardeur,
chez le baron deWolff, à la chimie,
à la lithologie, à la minéralogie
etc. , il passa en Saxe; et là, sous la
direction de Henckel, il vit les fouil-
les qu'on faisait dans les mines du
Ilartz , et du pays de Brunswick
etc. En 1 741, il se rendit à Saint-
Pétersbourg. Quoique livré essentiel
lement à son goût pour les sciences i
et les langues , il ne négligeait pas U\
poésie. Ce fut à cette époque qu'il
composa sa première ode sur la vie-
toiredePultava : quelque temps après
il en publia plusieurs autres avec ur
égal succès. Admis à partager les tra-
vaux de l'académie , il fut nomms
directeur du cabinet minéralogiquc
et , l'année suivante , adjoint de l'aca
dén^ie pour les sciences chimiques ei
minéralogiques. En 1745 , il fut ap-
pelé , par un oukase du sénat , au!!
fonctions de professeur de chimie
six ans après , l'impératrice Elisa-
beth lui donna le rang de conseillei
de collège. En 1752 , il reçut le pri-
T.OM
^f exclusif de monter une fnbri-
ile verreries en tout genre, mais
j)i iiu ipalemenl en grains de verre et
ob)( t> scmlilahlcs. Lumunosofinyant
eto !(' premier à faire dans son pays
des figures en mosaïque, on le cliar-
gea d'exécuter un grand tal)lenu des-
tine à rappeler les actions célèbres
de Picrre-lc-Graud. Il n'y employa
]uc des matériaux et des ouvriers
russes, inventant, pour mettre à exé-
cution ce tableau , des compositions
chimiques, ainsi que dilTercntes ma-
chines d'une si énorme dimension ,
qu'on n'en avait jamais vu de sem-
lilables. Le 1 3 février 175 1, l'aca-
démie lui ouvrit ses portes avec ac-
clamation : le i4 février 17O0, il
fut rlu directeur général du gymnase
et de l'université. Sans naissance ,
sans fortune et sans appui, Lomo-
nosoirne dut qu'à son génie et à son
savoir, les distinctions et les hon-
neurs de toute espèce qui lui furent
dévolus. Sa passion pour les scien-
ces lui avait fait éprouver , en Alle-
magne , toutes sortes de privations :
pris par des enrôlcurs sur les fron-
lii res de la Saxe, il était devenu
soldat malgré lui, avait couru plus
l'une fois le risque d'être fusillé ,
ît uc s'était sauvé qu'à travers mille
langers. Il finit par être créé con-
5?"iller d'état, en 17O4 , et mourut
i'Kj mois après, le 4 avril 1765. Son
ouvoi funèbre se lit avec la plus
grande magnificence, et il fut enterré
iu couvent de St.- Alexandre Newsky,
iu\. frais de Catherine II. Ajou-
aut à toutes ses connaissances celle
les langues mortes et vivantes , il
radiiisit en russe divers ouvrages ,
'litre autres, plusieurs sur la physique
^xj>érimentale: il entreprit aussi d é-
riro l'histoire ancienne de sa na-
iou ; et le volume qu'il ; "
isultat de recherches proi
lui fît 1- t'^'" ••' '" '
regai.f
un g<-iii. .
de la poi^
mier la r.ji rn ir , 1,
luie langue qui p.it.
ingrates pour I
rendit cPltf* \.v
plus richr 1
de l'éclat 1
lui deux \
profanes , <;
estime , mais où il parail qu'il «
quelquefois outré les qualt- . ... L .
défauts du genre. Il a coi
cantiques, H-- ;--..■■«- ■
et d'aulro
de la Pctreidc , vu (kux
un de ses plus beaux titre
11 a encore publié une '
Grammaire russe ; un
rhétorique à Viisa^e de^
un Essai ahrèç^r dcph
viétaUiir^e ; c\ /
mireetSélifii,
duites par Pa;
Théâtre de Su .^
qu'on appelle le Racine tîu A
ciait j-.» -v-t.. 1. .....m .1, ..,,
mon<
le; il tiici ( ji.Mt it>nir> i« > '•' '
de le rabaisser, cl ce fut un l
trionii ' ' ' '
faire 1
A
parti-
sa C'
gt^ede Hii
la aramlear de Pieu , ot
662
LOM
se , fut traduit par lui-lïiême en latin.
Lomonosoff était en correspondance
avec presque tous les savants de
l'Europe , ses contemporains. Sa bi-
bliothèque et ses manuscrits furent
achetés , à sa mort , par le prince
Gre'goire Orloff. L'amiral SchichkofT
a écrit un précis de la \'ie de cet
homme extraordinaire ; qui suffirait
lui seul ( dit Lévêque ) pour illustrer
un siècle entier. L — p — e.
LONG ( Thomas) , théologien an-
glican , né à Exeler en i6'2i , après
avoir été pasteur de village, obtint, à
la restauration, une prébende dans la
cathédrale , et la perdit à la révolu-
tion de 1688 , parce qu'il refusa de
prêter serment au nouveau gouver-
nement. Il mourut en 1 700. On a de
lui grand nombre d'ouvrages de con-
troverse théologique , et quelques li-
vres historiques; voici les principaux :
I, Essai surVusage de V Oraison do-
minicale , dans le culte public ,
Londres , i658, in-8°. IL Défense
des premiers chrétiens relati\>ement
à V obéissance à leur prince ^ contre
les calomnies d'un livre intitulé Fie
de Julien V apostat, Londres , 1 683,
in-8". III. Histoire de tous les com-
plots papistes et fanatiques , etc.
contre la religion établie et le gou-
vernement, ibid. 1684, in-8°. IV.
Recherches exactes , modestes et
fidèles du docteur ffalker , sur
l'auteur de Z^Eikon Basiliké , etc. ,
prouvant que cet ouvrage est sorti
de la plume de Charles 1®^. E — s.
LONG ( Roger ), astronome an-
glais, né le 1 février i68o, mort le
16 décembre 1770,^11 maître du
collège de Pembroke , professeur
d'astronomie à l'université de Cam-
bridge , et recteur de Cherryhinton
et de Bradwell. C'était un homme
d'esprit, de savoir , et singulièrement
industrieux. Il avait construit, eu
LON
1 765 , dans une des salles du collég<
de Pembroke , une sphère ou plu-
tôt un globe céleste de dix-huit pieds
de diamètre,, dans lequel plus de
trente personnes pouvaient être as-
sises commodément. Il a donné lui-
même la description decette machiu(
011 les constellations visibles à l'ho-
rizon de Cambridge sont dessinée:
dans l'intérieur; on y voit le zodia
que, les orbites des planètes, etc.
le tout se meut au moyen d'une ma-
nivelle. Il paraît que c'est la plu;
grande machine de ce genre qu'oi
ait exécutée en Europe : les globes d^
Gottorp n'avaient que onze pieds e
ceux de Coroneili douze. ( Foje.
Lalande, Bibliogr. astr.. p. 35 o.
On lui doit aussi im gros traité d'as
tronomie et quelques opuscules. L.
LONG ( Edouard) , historien an
glais, naquit en 1 734, à Saint-Biaise
en Cornouailles. Etant allé à la Je
maique , en 1757 , pour recueillir 1
succession de son père , le gouver
neur de cette colonie , qui était so
beau-frère , le prit pour secrétaire
Il fut ensuite nommé juge de la cou
d'amirauté : sa mauvaise santé 1
força de quitter l'île eu 1769; et
mourut le 1 3 mars 1 8 1 3 , au châtea
d'Arundel Park en Sussex. On a d
lui : I. Histoire de la Jamaïqm
Londres, 1774? 3 vol. in-4^. I
séjour de l'auteur dans cette colc
nie , et les emplois qu'il y ava
occupés , l'avaient mis à même c
se procurer des matériaux abor
dants. IL Des Romajis et autre
écrits d'un genre léger. III. Lettn
sur les Colonies , 1775, in - 8°.
et autres brochures politiques si
l'esclavage des nègres et le coni
merce du sucre. Il fut éditeur d(
Mémoires du règne de Bassa-Ahad
roi de Dahomey , avec une notic
succincte sur la traite des nègres, p^
LON
iris, Lomlros, 1789, i vol. in-
. , traduit en français. — Jean
ofG , voyageur anglais , s'cmbiàr-
» , en 17(^8 , pour le Canada , et
-ta sept ans chez un marchand
Montréal pour y apprendre le
tiiçais et la langue des sauvages,
connaissance indispensable à cpii-
conque entreprend la traite i\es
j)clleteries. Au commencement des
îiostilitas avec les Américains des
l^lats-Unis , eu 17^5 , il entra com-
me volontaire dans un parti d'In-
diens , et passa ensuite dans un régi-
ment anglais. Cette situation l'ennuya
bientôt ; il partit pour la traite au-
delà des lacs, en i77'],etfut adopte'
comme frère par une tribu de Tcliij)-
piouans , qui lui donna le nom de Cas-
tor. Après avoir passe, à différentes
re})rises , six ans dans les pays si-
tués autour du lac supçriem- , il re-
vint en Angleterre en 17 83. L'année
suivante , il retourna au Canada ,
échoua dans ses entreprises , et après
beaucoup d'aventures revit sa patrie
en 1787, n'ayant rapporté de ses
longues courses que le souvenir qu'il
en consigna dans ses Voyages d'un
interprète et commerçant indien ^
décrivant les mœurs et les coutumes
des Indiens de V Amérique septen-
trionale^ Londres, 1791 , 1 vol in-
4"- Zimmermann les traduisit en al-
lemand , et y ajouta une inlroduclion
relative au Canada , Brunswick ,
1791 , I vol. in 8«. , cartes. M. Bil-
lecuq eu a donné une traduction
sous ce titre ; Vojages cliez fli/Jé-
renîes nations sauvages de V Amé-
rique septentrionale , Paris, an 2
('794)> ï voLin-8**. avec une c^rtc.
^ ^-y détails donnes par Long sur les
I plades indiennes ne sont pas aussi
t uijiplels que ceu\ des voyageurs
I français; ses courses ne se sont pas
I étendues aussi loin; mais sa rcla-
lion, <^fan! asset nfcroK» , fAÎt con-
naître l'éf *• n "«mcdcm peunlj.
de», biei. , de ce qu'elles
étaient «..iniu.s. |«et Tocâlwlâirri
qu'il donne de leurs dÎTer» dùilectct
sont pré<ieu\, et il rsi k Ttf/ttUtf
qu'on ne 1rs .lit p.i% inseri^ <{||fH U
traduction fi . 1
LONCiJv
LONGCIIA .R;,d,
Tacadéniie di iMMuif
f)robabteinent dan^ - ^ ireri
e milieu du di\-ii «le : il
embrassa l'état c» c , oa
prit du moins le i..;. '" ••
vécut toujours dans l*
lé. Pendant la révolu li
étranger aux affaires j-
mourut â Paris , le au aM,i
On a de lui : I. Mala^rida^ n
en trois actes , 1 7(33 , in - i u ; ce
drame , assez mal ourdi . r^t a**#^-
bien versifié : l'auteur ■
mis son nom à sa pièrr .
parce qu'il portait I
tique ; car il n'y ..
danger à déclamer
tes qui venaient Ùl.:.
France. IL Aventures d'un jeune
homme , pour sentir à Vhistoi - '-
V Amour y 1768, in -12. III
moires d'une religieuse , 1
2 vol. in- ri. IV. Tableau
rique des gens de Ltlns , on
chrurwlou^iqiie cl nitiquf lî
toire de la lit ter i'
considérée dans .\-
lutions , ''
dix-luiiti'
G vol. in-ia. Ce n -
de V Histoire Ullén:
par les 1»
clic n'y < ]
Long' 'i :;.'i - r >i'
d*iodiqt<'i , I'
ces ou autorii
il a pour cela co^tio i •
6G4
LON
faites dans l'ouvrap;e des bénédic-
tins j et comme ces savants religieux
ne sont pas allés au-delà du trei-
zième siècle , c'est aussi là que s'ar-
rête Longcharaps. Son travail ne
convient pas aux gens du monde , et
ne suffit pas aux gens de lettres, V.
Elégies de Properce, traduites, 1772,
in-S*^.; cette traduction du plus pas-
sionne' des e'iegiaques latins , est en
prose : dans le temps que l'ahbe'
Longchamps travaillait à Paris à
la traduction de Projierce , son frère
s'en occupait ailleurs. Le sort les
ayant réunis , leur surprise fut ex-
trême de voir que, sans s'être corn
munique leurs projets , ils avaient
forme' la même entreprise : ils mi-
rent leur travail en commun , et
convinrent ce})endant de ne nommer
qu'un traducteur. L'abbë Long-
champs avait laisse en blanc quel-
ques passages qu'il de'sespe'rait de
pouvoir rendre , entre autres , le
commencement de l'ëlégie xv du 11^.
livre ( O me felicem! nox 6 mihi
candida! etc. ) Encourage' par le
succès de son travail , il traduisit
tout sans exception , dans la nou-
velle e'dition qa'il donna sous ce
litre : Elégies de Properce , tra-
duites dans toute leur intégîiié,
avec des notes interprétatives du
texte et de la mrthologie de V au-
teur^ 1802, 2 vol. in-8^. Cet ouvrage
est sans contredit le plus beau titre
litte'raire de l'auteur : les additions ,
notes et corrections nécessaires au
comple'ment de la seconde édition ,
sont de l'abbc Longchamps seul ;
mais dans plusieurs endroits il faut
convenir que Properce est loin d'a-
voir été rendu. VL Elégies de Ti~
huile , traduites en prose, 1776,
ia-8<». VIL Histoire impartiale des
éi^énéments rnUitaii^es et politiques
de la deniière guerre dana les t^ua-
LON
tre parties du monde , 1 785, 3 voL
in- 12 , réimprimés en 1786, et en-
core en 1787 , si toutefois les exem--
plaires , sous ces trois dates , ne sont
pas la même édition avec des fron-
tispices différents. Ce livre est oublié
depuis long temps. Longcharaps a
aussi travaillé à la Nouvelle biblio-
thèque de campagne, — Un autre
Longchamps , son contemporain ,
fut secrétaire de Voltaire , avant
1752, et mourut vers 1792. Il a
laissé des notes ou mémoires sur la
vie littéraire et privée de l'auteur
à'Alzire. Ces notes , mises en ordre
et rédigées par M. Dccroix , n'ont
point encore été publiées , mais le
seront prochainement. — Moulier
DE Longchamps, mit en vers la
Cénie de Madame de Graffigny ,
1751, in- 12. A. B — T.
LONGEPIERRE ( Hilaire-Ber-
NARD DE Requeleyne , baron de ) ,
né à Dijon en 1659 •> ^^^ ^^ bonne
heure , pour l'étude , une passion
très-vive, que son père se plut à
seconder; ce fut lui , dit - on , qui
l'engagea à traduire en vers fran-
çais quelques - uns de ces poètes
grecs qu'il s'était rendus familiers.
Très - jeune encore , il publia des
traductioJiS d'Anacréon , de Sapho ,
de Théocrite , de Rion et de Mos-
ch:!S , qui prouvaient plus d'amour
pour les anciens que de talent pour
imiter leurs beautés , et attirèrent
à l'auteur une épigramme de J.-B.
Rousseau ^ 011 il était coroparé à ces
premiers fidèles ,
Qui combattaient jusqu'au trépas
Pour des vériiéa immortelles
Qu'eux-niêinej ne côoipréuaieiit pas.
L'épigramme est injuste : les notes
dont ces traductions sont accompa-
gnées ^ prouvent que Longepicrre
comprenait et sentait assez bien ses
auteurs. Obi en trouve une nouvelle
I.ON
preuve dans ini Discours qu'il pu-
l.lia sur les Ancietis , Paris, 1O87,
iii-i'Ji. Ayant traduit les bucoli-
q'.îos ç^rccs, il voulut composer lui-
jiu'nic dans ce p;cnre , et donna en
i()()o, un Recueil d'idylles j (pu eut
iMcorc moins de succès que ses inii-
tJtions. De là il passa au genre dra-
ina tique, ce qui fit dire encore à J.-B.
Rousseau :
Sî le «tyle bttroliqn*
Il veut, par le dramatique,
Etre tiré
Dura
tuteur* abject*.
Viîcnt le» Gicci.
Il donna au théâtre Médée , Sésos-
tris et Electre : Médée seule y est
restée maigre ses nombreux défauts ,
jiaicequc le rôle principal est bril-
la ut , et propre à faire valoir les
moyens naturels d'une actrice eu re*-
putation. Sésostris tom])adès la pre-
mière représentation , comme le té-
moigne une cpigramrae de Racine ,
qui devait peut-être plus de racnage-
mcnt à l'auteur , pour avoir e'te mis
par lui au-dessus de Corneille, dans
nu Parallèle entre ces deux îragiqucs.
« Lon'j;epierre , dit Voltaire , imita
» les poètes grecs dans ses tragédies,
>» eu ne mêlant point l'amour à ses
» sujets sévères et terribles ; mais
» aussi , il les imita dans la prolixité
» des lieux communs , et dans le
» vide d'action et d'intrigue , et ne
>» les égala point dans la beauté
» de l'élocution , qui fait le grand
y méiite des poètes. » Longcpierrc
mourut à Paris , le 3i mars i']'i\ ,
ayant joui d'une assez grande fortune
et d'une considération personnelle
j»lus grande encore : il avait été
proVcpieur du comte de Toulouse,
et du duc de Charires , depiis ré-
gent , enfin secrétaire des comman-
dements et gentilhomme ordinaire
de ce dernier prince;, aprèf avoir
rcmpliU prwnicredt c« plar*
Jcdn ,. A— o-^
l \'Vr ^ , printrr . nr \
Ravt'uiH-
porlrnil. '
<liri.
n'ait \^ .
aurait p'i
venir un .«. .i.-i, u
On Voit par les ou\
qu'il a faits p. '
ne, ou «ju'il .1 -
de S :■
l'alu
sitiou a ciiCuic (pit i
manière an!i'»T»e ; <
rapp
den:!
attribue ces progrès a '
rien n'y ressemble au 1
maître. Dans tous ou trouve une
Vierge et i'Enfanf-.T' •^"^ i< • ..m., ..
gués de plusieurs
Ange d'une l)eauté » i mm,, h
le \x août i58o. — Harb*» I,
sa fille, eî r '
de celte t'
lement à la
moins de suce <
d'une autre fauiiilu, i<
en i''o'>, , U\\ rV^vT' fl'-
do (
takh: ,
de Mascanides et dr
lions ^ et dans les /'rr
il a orné la nlupart dt^
Venise. — Alexaufl- • •
fils, né en 1-33, s
le p ' '
fort
fut emp!
bics de '■
traits. Il cuiliva 411
gravure : et . rn i ' '
volir
des , . L
Véuitîenae àm ftou
66(5
LON
portraits graves à Teau-forte. Les
notices sont rédigées avec séclie-
resse; et on l'accuse même d'avoir,
par un motif de jalousie , omis
celles de plusieurs artistes distin-
gués : il n'a point oublié d'y mettre
son propre portrait , ni d'y parler
de lui d'une manière fort avanta-
geuse. Longhi a gravé d'après son
père quelques sujets de genre. P-s.
LONGIN , nommé par les anciens
auteurs Cassius Longinus, et Lon-
gimis Cassius , était neveu du rhé-
teur Phronton d' Eraèse , que quelques
critiques ont mal à propos confondu
avec Cornélius Fronton, célèbre ora-
teur latin , et l'un des précepteurs
de l'empereur Marc-Aurèle. On ne
sait ni en quelle ville , ni en quelle
année Longin vit le jour. Les uns ont
cru qu'il était syrien , parce que son
oncle était syrien ; les autres , qu'il
était né dans Athènes, parce que son
oncle y enseignait la rhétorique et la
grammaire. Ces deux opinions sont
incertaines : s'il fallait opter , nous
choisirions la première. Quant à
l'époque à laquelle il appartient, les
circonstances de sa vie la déterminent
clairement; et l'on peut, sans craindre
de se tromper , placer sa naissance
vers le commencement du troisième
siècle. Il nous apprend lui-même que,
dans sa première jeunesse , il accom-
pagna ses parents dans de longs
voyages , ou il trouva l'occasion
de visiter tous les hommes qui s'é-
taient fait un nom dans la philoso-
phie. Il s'attacha particulièrement à
Origène et Ammonius Saccas , qui
étaient alors les chefs du platonisme,
et il écouta long -temps kurs leçons.
Quand il crut son éducation achevée ,
il partit pour Athènes , où il ouvrit
une école de philosophie , selon les
uns , et c'est le sentiment le plus pro-
bable; d'autres disent de grammaire^
LON
et ce root alors comprenait les belles-
lettres et la critique. Jean de Sicile ,
dans ses notes sur Hermogène , dit
que Longin , tout entier à ses élèves,
n'avait pas le loisir de perfectionner
ses ouvrages; qu'habile juge des
formes du style, il avait lui-même
peu de talent pour bien écrire ; et il
le compare à cet oiseau, dont il est
parlé dans l'Iliade , qui ,
« Pour se» petits encore sans p1umag;e ,
« Va cliercher la pâture, et supporte la faim. «
Cette assertion manque peut-être
d'exactitude. Les titres nombreux
des écrits de Lgngin prouvent
au moins que ce n'est pas le temps
qui lui manquait. Dominé sans doute
par une extrême facilité, et pressé du
besoin de produire, il ne pouvait
s'assujétir au travail lent , pénible
etfroidde la correction. Cependant,
si le Traité du Sublime est sorti de
sa plume , on voit qu'il savait
quelquefois se soumettre au soin de
perfectionner un écrit dont le sujet
le charmait. Mais Jean de Sicile ,
ainsi que toute l'antiquité , paraît
avoir ignoré que Longin fût l'auteur
de cette brillante production. On lui
attribue généralement , et sans con- !
testation ,les Philologues, vaste re- i
cueil d'observations mêlées de litté- |
rature et de critique; — des Problè- I
mes et solutions homériques en deux
livres ; — quatre Livres des mois qui ^
dans Homère , ont plusieurs signifi-
cations; — deux Recueils alphabéti-
ques des mots du dialecte atlique;—
un Lexique des mots d' Antimaque et
d'Héracléon ( cet Héracléon était
sans doute quelque poète difficile et
obscur ); — des Scholies sur le ma-
nuel métrique d'Héphestion; — une
Rhétorique; — des Remarques sur la
rhétorique d'Hermogène; — une Col-
lection des noms des peuples; —
des Observations sur le discours de
LON
Dv'inostlirncs contre Mûlias; — une
Di>>«Mlalion sur celle mu\sliou :
<( llomcTc est-il pliilosoplie ? » —
dos (A)nnncntnircs sur la préface
du Timëe de Platon et sur le Phc-
don j — diflerents Traites sur les
principes , la fin des biens et des
maux, la justice selon Platon , l'amc ,
les idées , riuslinct naturel ; — une
longue Lettre à Amelius sur la plii-
losopliic de Plotin ; — un Discours
intitule Odénat , et qui , probable-
ment contenait ou la vie ou IVIoge
d'Odënat , roi de Palrayrc , et mari
de la célèbre Ze'nobie. De tant d'é-
crits et de plusieurs autres, sans
doute , dont les titres ne nous ont
pas etë conser\ es , il ne nous reste
que quelques fragments des Scholies
sur Hëpheslion ; la pre'face du traite
des Fins ; quelques endroits de la
Rhétorique enfouis dans celle d'Ap-
sine ; un passage du livre de l'ame ,
et une portion de lettre à Porphyre.
C'est aujouid'hui une question de
savoir s'il faut ajouter à celte liste
le Traite' du Sublime oratoire, que
les éditeurs modernes ont publié
sous le nom de Venys Loiigin :
« chef-d'œuvre de bon sens, d'cru-
)) dition et d'éloquence » , selon
l'expression de Boilcau , qui en a fait
une traduction, excellente en quel-
ques parties , et le plus souvent fort
négligée. « Longin , dil-il , ne s'est
» pas contenté de noit^' donner des
» préceptes tout secs et dépouilles
» d'ornements. En traitant des l)cau-
» tés de l'élocution , il a employé
w toutes les finesses de l'cloc iiîion,
M et, en parlant du sublime, il est
» lui - même très-sublime Ca-
» saubou appelle ce livre un livre
» d'or. » Les meilleures éditions
de ce livre précieux sont celles de
Tollius ( 1694 ) , de Pearce ( 1 724 ) ,
de Morus( 1 769), de Toup ( 177B),
1 ' , s
avec d'cxrell'
kcni
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de IMu. .,
tioude I
de celles - l«i .
diocre),quelii
de M. Bast, des '
utile collection i]
mi ces variantes. 1
l'importance est c\ii. ..i,. i,
manuscrit de Parts, qui, t!
ceux que Ton connaît , * '
coup le plus anrirn , .
manuscrit du Vatican ,
nettement ces mot< ;
AorriNov, c*<
deLon^w;Q{\
par le manuscrit n
porte ni l'un ni 1
ANnNVMOr HEPI ïHOTi
Du Sufjlime, par un a
premiers éditeurs ont -
ment par une néglip'^'"
le petit mot inlcrn
fait ralliance peu .
noms propres , D"
Dans une not( '
ke, M. Ami:
variante cl de lu \n,
ce nom , veut qu(
blime soit, ou «i
c^irnasse , ou de 1,
plutôt que de L'
pas qu'au si ccled
avec tant de goût
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'que Quiutiiien utc «uiiveuî ew
,«aU«
668
LON
Geci'ius etDenys; queTaïUeiir n'em-
ploie le lemoignage craiicun écrivain
postérieur au siècle d'Auguste. Il
insiste beaucoup sur ce que , vers la
fia de l'ouvrage , l'auteur a introduit
un philosoplie rëel ou imaginaire
qui regrette la liberté' perdue, avec
une sensibilité' si profonde, que ce
morceau n'a pu être écrit que par un
liomme qui avait vécu dans un état
libre , ou qui au moins avait vu quel-
que ombre de liberté : circonstances
qui ne conviennent en aucune façon
à Longin, contemporain d'Aurelien,
mais qui peuvent convenir à Denys
contera porain d'Auguste. Il dit encore
que Suidas , dans sa liste des pro-
ductions de Longin, ne parle pas du
traite du Sublime; que l'auteur cite
deux livres de sa façon sur la com-
position des mots , et que nous en
avons un sous ce titre parmi les œu-
vres de Denys ; que cette disjonctive
ou indique peut-être que Longin fit
un abrège de l'ouvrage de Denys ,
et que c'est ainsi que l'on trouve
dans les manuscrits , par un ano-
njme ou par Zosime , par Dion
ou par Xiphilln , par Cornélius Né~
pos ou par Frohus. M. Weiske est
fort ébranlé par ces arguments. En
cdet , il ne conçoit pas que l'auteur
capable d'écrire un si noble traite,
ait pu s'abaisser à faire des scholies
surHéphesîion,ou à recueillir s-che-
ment des noms de peuples , ni ad-
mirer, comme il le fait quelque part ,
le style et la gravité de Plolin. Pour-
tant il ne peut croire avec M. Amati
que Denys d'Halicarnasse soit l'au-
teur de ce livre : son style , sa ma-
nière de composer, n'ont rien de la
verve , de l'éclat qui brille dans le
Traité du sublime. 11 aime mieux
l'attribuer à un Denys de Pergame ,
contemporain d'Auguste , et dont
Strabon a loué le talent conime
LON
rbéteur et comme écrivain. Nous ^
devons convenir qu'il est désormais
absolument impossible d'affirmer ^
que le Traité du sublime soit de Lon-
gin : toutefois il semble peu naturel
de le donner à Denys d'Halicarnasse,
ou à Denys de Pergame, ou à tout autre
écrivain du siècle d'Auguste. On
trouve dans le chapitre septième ce
passage fort remarquable , que nous
transcrirons d'après la traduction
très-fidèle de Boileau : « Le législa-
» teur des Juifs , qui n'était pas un
y> liomme ordinaire , ayant fort bien
» conçu la grandeur et la puissance
» de Dieu , l'a exprimée dans toute
» sa dignité, au commencement de
» ses lois , par ces paroles : Dieu
» dit : Que la lumière se fasse , et
» la lumière fut faite : Que la terre
» se fasse , et la terre fut faite. »
Boiicau a soutenu la sublimité de ce
passage contre Huel et Leclerc: mais
ce n'est pas ici ce qui nous intéresse.
Nous demanderons à M. Amati s'il
croit sérieusement que les livres juifs
fussent , au temps de Denys , assez
connus , assez répandus, pour qu'un
rhéteur gre<" y allât puiser des exem-
ples. Mais Longin, au siècle d'Auré-
lien, a pu citer Moisc : il vivait dans
un temps où les philosophes païens ,
fréquemment aux prises avec les
docteurs du christianisme , étaient
forcés de lire et d'étudier les li-
vres de cette religion nouvelle dont
les progrès devenaient, de jour en
jour , plus alarmants pour eux. On
pourra objecter que ce passage a été
interpolé : mais il l'aurait été sans
doute par un chrétien ; et un cliré-
tien n'eût-il donné à Moïse que le
faible éloge de n'être pas un homme
ordinaire? Il n'eût pas, non plus , dé-
signé la Genèse par le titre inexact de
lois de Moïse. Leclerc a pensé que
le passage a été ajouté après coup ,
I/)N
mais par î-on<j;ln lui-ra<*nir ^ qui ,
s'clant allache vers la fin tle sa \-ie
à la rcincile Palinyre, voulut , pour
lui être aj;rcable,ciler un passage de
Moise : car Zënobic était juive ( i ) ,
s'il faut admettre le témoignage de
quelques Pères , qui pourraient bien
n'avoir pas été très-éclairés , et que
l'on a même accusés d'avoir en ceci
manqué de sincérité. Au reste , cette
réponse ne satisfait pas à toutes I es dif-
ficultés , ne répond pas à toutes les
objections ; il en est une qui nous
jtaraît de la plus grande force : c'est
qu'on ne trouve dans ce traité le nom
d'aucun écrivain postérieur à Au-
guste. Comment concevoir que Lon-
gin, ce grand littérateur, ce philo-
logue éminent , dont Eunape a dit
livperboliquement , qu'il était une
hihliotlièque vivante et un musée
ambulant , ait négligé do montrer
un peu d'érudition et de lecture
dans un sujet si fécond ? Peut-être
que la sévérité excessive de son goût
ne lui offrait pas un seul exemple
de véritable sublime hors des pages
classiques de la haute littérature:
mais parmi les poètes et les orateurs
mal inspirés des écoles récentes de la
Grèce et de l'Asie, ne pouvait-il pas
trouver des modèles frappants d'en-
flure, de recherche et d'aflectation ?
Cette dilTiculté nous semble considé-
rable.Quoi qu'il en puisse être , main-
tenant que les manuscrits , lus avec
plus d'attention, nous ont jetés dans
urje complète incertitude sur le vé-
ritable nom de l'auteur , on pourra
disputer pour Dcnys ou pour Lon-
gin , sans jamais arriver à un résultat
positif, à moins que d'autres ma-
nuscrits ou quelques témoignages ne
\iennent éclairer et fixer la question.
) V«y lA;clerc, Bibt. artc.,X. Xllll, P W»
Jf.iïe. Hiu. de Zinotlr, i<. ai4i KithukcD,
J^^if. d» I.tngwig , pat H
D'ici là 1
ront le I
eu boni).
dans Iciii ..<.,. ^
lAtngin. Au reste . '
ccrtiludf '
gin à r.(r
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sa vie poliiifji; .
nuage ne s'élève , ^
sacrer sa mémoirr.
de longues am
publié les nnn
nous avons indiques , il I
en Orient, oi» il était aj^., .. ,.... ..
nobie , reine de Palmvrc , qui , cu-
rieuse d'apprendre la littérature
grecque , voulut avoir pour maître
le premier critique de ^
l'homme qui , de l'aveu
sait pour l'oracle infaillilj'c
Après la mort d'Odenat , i
devint le principal mi' ■ "
reine, et l'aida (le ses (
la lutte glorieuse qu'« 1 <it
contre les armées d'An . >
de longs eflorts, c
vint à se rendre mûiii- . :.:: ,
et il déshonora sa victoire par le
supplice de Longin , qu'il .ir- ".i;»
d'avoir dicté k la reine une 1'
solente. Celle lettre que l'on |)t
dans Vopiscus, ou dans la
de Boilcau , est noble , (
d'une reine. Si Aiirtli» i
ennemi généreux, bien loin il
nir, il aurait dû admirer \r i
courageux qui avar
souveraine ce l.mc
té. Longin si
grande iutré}!.:
tne ses amis qui ]
destinée si lri>tc i
Rien ne parut abat!
pas même l ingrat r
(pli , pour se cou
du vainqueur, et taire
670
LON
innocence , avait rejeté sur ses plus
fidèles serviteurs , et particulière-
ment sur Longiii , tout l'odieux de
la guerre qu'elle avait ose soutenir
contre les armes romaines. Ainsi
périt ce grand homme, en l'an 278
de J. G. B — ss.
LONGÏN (Flavius Longinus) ,
d'une famille patricienne, fut envoyé
par l'empereur Justin le jeune , pour
remplacer INarsès dans le gouverne-
ment de l'Italie. Ayant débarque' à Ra-
venne, au commencement de l'année
5(38 , il fixa sa résidence en cette
ville ;, pour être plus à portée de
recevoir des secours de Constanti-
nople, en cas d'invasion des Bar-
bares. Il affecta de s'éloigner en tout
de la conduite de son prédécesseur ,
prit le tilre à'cxarque , réservé
ju.squ'alors aux gouverneurs d'Afri-
que, supprima les anciennes charges,
et en créa de correspondantes avec
des titres différents , éloigna des af-
faires publiques tous ceux qui avaient
eu part à la conliance de Narscs, en
un mot n'épargna rien pour élendre
et affermir son autorité ( i ). Longin ,
à peine arrivé, eut à se garantir des
attaques des Lombards ; en consé-
quence , il fit fortifier Ravenne et
quelques autres villes de la Vénétie,
où il plaça des garnisons : mais Al-
bo'in , chef des Lombards , traverse
les Alpes , dont Longin n'avait pu
faire garder les déiilés , pénètre dans
l'Italie , s'empare d'Aquiîée , de
(1) Elle était presque illimitée, et ses siuccs-
«eiirs raccriirent encore. La condition des exar-
que», dit Saint-Blaïc, fut celle des salrnpes
sens le» rois de Perse : mais ils étaient triliutai-
Ves
de
LON
Vicence, et de plusieurs autres places
laissées à la garde de leurs habitants;
il partage à ses soldats le pays qu'ils
venaient de conquérir , et met à leur
tête son neveu Gisulf , qui prend le
titre de duc de Frioul. Longin ,
enfermé dans Ravenne avec quelques
soldats, se bornait à garantir cette
province et le duché de Rome,
d'une invasion. Gependant le roi
des Lombards , au milieu de ses
conquêtes , tombe sous les coups
d'un assassin , que sa femme Ros-
monde avait elle-même armé. ( Voy.
Alboïn. ) Rosmonde , craignant la
vengeance des Lombards, deman-
de un asile à Longin , et se retire
auprès de lui , emmenant Almi-
childe, son nouvel époux , et tous
les trésors d'Alboin. Longin , épris
des charmes de Rosmonde , lui pro-
pose sa ipain et le tronc de l'Italie :
cette femme ambitieuse et perfide
présente à Almichilde une coupe
empoisonnée ; mais celui-ci , ayant
ressenti aussitôt les effets du poison ,
force Rosmonde d'avaler le reste de
la liqueur, et ils expirent tous deux.
Longin s'empare des trésors d'Al-
boin, et les envoie à l'empereur, qui
lui témoigna sa reconnaissance en
augmentant ses revenus et son au-
torité. Cependant l'exarque, ne rece-
vant point de secours de Conslanti-
nople , ne pouvait s'opposer aux
Lombards, dont la puissance s'affer-
missait chaque jour. L'empereur
Maurice le rappela en 584, ^^ nom-
ma en sa place Sibaragde, qui avait
la réputation d'être plus guerrier.
Depuis cette époque l'histoire cesse
, Ft T>ouT-aieiitôtre révoqués. ( Abr, chron. i i i t • iir
î'Uist, dHaUe,i,^.bà.) déparier de Longin. W — s
FIN DU VINGT-QUATRIEME VOLUME.
0 '
r
CT Biographie universelle^
H3 ancienne et nodeme
M5
t. 2^
PLEASE DO NOT REMOVE
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