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Full text of "Paléontologie française; description zoologique et géologique de tous les animaux mollusques et rayonnés fossiles de France"

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 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE 


DESCRIPTION 


DES FOSSILES DE LA FRANCE 


: continuée 
PAR UNE RÉUNION DE PALÉONTOLOGISTES 


SOUS 


” LA DIRECTION D'UN COMITÉ SPÉCIAL 


2° Série. — VÉGÉTAUX 


PLANTES JURASSIQUES 


PAR 


LE COMTE DE SAPORTA 


TOME II 
Cycadées 
14 
ue 
aq 
PARIS 


G. MASSON, ÉDITEUR «+ 


LIBRAIRE DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 
Place de l'École-de-Médecine, 17. 


1875 


e AT104 ë 34 


=PALÉONTOLOGIE 


FRANÇAISE 


DEUXIÈME SÉRIE. — VÉGÉTAUX. 


TERRAIN JURASSIQUE 


CYCADÉES 


Les Cycadées, qu’on les considère simplement comme 
un ordre, qu’on les élève au rang de classe ou qu'on les 


: regarde, ce qui nous paraît plus voisin de la vérité, comme 


constituant un groupe d’une valeur toute spéciale, se lient 
incontestablement aux Conifères par la nature de leurs 
fibres ligneuses, la nervation de leurs frondes et la struc- 
ture de leurs organes reproducteurs. Elles rappellent en 
même temps les Palmiers par le port et à certains égards 
les Fougères. Plus que les autres Phanérogames, elles sem- 
blent opérer une transition vers les Cryptogames; peut- 
être même cette transition s’opérait-elle autrefois par l’in- 


- termédiaire des Sigillariées dont la tige, selon M. Bron- 
_ gniart (1), présentepar sa disposition intérieure une grande 


analogie avec celle des Cycadées, 


(1) Tab. des genres de vég. foss., p. 55. 
VÉGÉTAUX, — J. 1 
+ 


2 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


. Les premières Cycadées probables, quoique encore bien 
éloignées de celles que nous connaissons, sont les Nœgge- 
rathiées qui se montrent dans le Carbonifère moyen et 
continuent dans le Permien. Les Nœggerathia proprement 
dits, dont le N. fokosa (1), Sternb., est le type, présentent 
‘des feuilles pinnées, garnies de folioles en coin à la base, 
dont les nervures divergent vers un sommet générale- 
ment denté ou fimbrié. On avait jusqu'ici rangé dans la 
même tribu, sous le nom de Pychnophyllum ou Cordaites, 
d’autres folioles éparses, plus ou moins longuement atté- 
nuées inférieurement, parcourues par des nervures longi- 
tudinales aboutissant à une terminaison supérieure arron- 
die ou tronguée. Ges organes paraissaient avoir appartenu 
à une fronde dont elles se seraient détachées, et effeclive- 
ment cette provenance ne saurait être contestable pour 
certaines d’entre elles, dont nos figures 4-7, pl. 78, repré- 
sentent de beaux spécimens ; mais les observations ré- 
centes de M. Grand’Eury, appuyées de l’assentiment de 
M. Brongniart, ont démontré qu’une grande portion des em- 
preintes désignées sousle nom de Cordaites devaient être con- 
sidérées comme réprésentant des feuilles simples et avaient 
appartenu à un type de Conifère paléozoïque, dont la vraie 
place serait intermédiaire aux Dammarées et aux Taxinées, 
et dont les Dadoxylon représenteraient le bois. La ressem- 
blance qui a porté à confondre jusqu'ici, sous-le nom com- 
mun de Cordaites, des feuilles de Conifères et des folioles 
de Nœggerathiées, s’expliquerait pourtant par cette par- 
ticularité que les Cordaites de M. Grand’Eury, à tiges plu: : 
sieurs fois ramifiées-dichotomes, à rameaux terminés 
chacun par un bouquet de longues feuilles rappelant par 


(1) Sternberg, F£. d. Vorw., 1, tab. ) 


TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 


leur forme celles des Yueca et des Dracæna (1), s’écartent 
beaucoup en réalité de toutes les Conifères connues, et 
comblaient peut-être en partie l’intervalle qui sépare cette 
classe de celle des Cycadées. A partir du Trias, de nouvelles 
formes de Cycadées se montrent successivement; moins 
douteuses que les précédentes, elles se caractérisent de 
plus en plus et se multiplient durant le Keuper et surtout 
pendant la période jurassique qui marque l’époque de l’ex- 
tension maximum du groupe sur notre sol et probablement 
aussi sur le globe tout entier. Dans l'intervalle qui s’étend 
entre leur premier développement et leur déclin définitif, 
c’est-à-dire du Keuper au Cénomanien, les Cycadées ont été 
représentées en Europe par des genres plus nombreux, 
plus variés et plus riches en espèces que ceux qu’elles 
comprennent de nos jours ; leur rôle était aussi bien plus 
considérable, quelquefois même tout à fait prépondérant. 
Éliminées peu à peu, elles n’ont dû leur éloignement du 
sol européen, ni à l’abaissement de la température, comme 
les Palmiers et plusieurs autres essences tropicales, ni à 
un renouvellement tolal de la végétation ni à une invasion 
de plantes plus jeunes et plus vigoureuses, mais à une 
lente et inévitable décadence, due sans doute au peu de 
tendance de ces plantes à se modifier et peut-être aussi à 
leur propagation difficile. Les Cycadées une fois frappées 
de déclin ont toujours reculé jusqu’au moment, peut-être 
plus rapproché de nous que nous ne le supposons, où la 
dernière à quitté notre sol. L’obseurité où elles étaient 
tombées peu à peu était alors si grande que, pendant une 
longue suite de siècles, elles ont eu rarement l'occasion 


(1) Voy. Rapport sur un mémoire de M. Grand’Eury, intitulé : Flore 
carbonifère de la Loire. — Ext. des Compt. rendus de l’Ac. des sc., 
t. Lxxv, séance du 12 août 1872. 


4 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


de laisser des indices de leur présence. Cependant nous 
possédons maintenant des preuves de l'existence des 
Cycadées en Europe jusque dans le Tértiaire moyen. Le 
Cycadites Escheri, Heer (1), découvert dans la partie supé- 
rieure de la Mollasse suisse, présente un tronc conformé 
‘extérieurement comme ceux de nos Cycas. Les fragments 
de fronde nommés par le même auteur Zamites terliarius 
dénoteraient, selon lui, un Dioon à folioles très-rappro- 
chées, imbriquées par les bords et décurrentes inférieure- 
ment le long du rachis. Le Zamites epibius, Sap., de Bon- 
nieux (environs d’Apt, Vaucluse) consiste en une fronde 
de très-petite dimension, accompagnée d’une empreinte de 
_ cône ovoïde, probablement femelle, à ce qu’il semble im- 
parfaitement développé : les caractères visibles de l’un et 
l’autre organe reportent l’esprit vers les Macrozamia. Enfin, 
un cône de très-petite taille, muni de son pédoncule et 
d’une conservation parfaite, trouvé dernièrement à Armis- 
san, ne diffère pas extérieurement de ceux des Zamia 
(voyez ce cône figuré comme terme de comparaison, pl. 77, 
fig. 5). Il n’y aurait donc que de faibles divergences, si 
l’on s’en tenaitaux vestiges laissés par les espèces tertiaires, 
entre les Cycadées fossiles et celles de nos jours. Maïs il en 
est tout autrement lorsque l’on aborde celles des temps 
secondaires ; les dissonnances sont telles que l’on est alors 
bien forcé d’admettre l’existence de genres entièrement 
perdus, tandis que celle de quelques-uns des genres actuels 
devient au contraire plus ou moins problématique ; de Ià 
des difficultés que les auteurs ont vainement cherché à . 
résoudre. L’isoléement respectif des frondes, des tiges et 
des organes reproducteurs accroît sans aucun doute la 


(1) FL Tert. Helv., 1, p.46, tab. 15. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 5 


confusion jusqu’à la rendre inextricable. Aussi, les ma- 
nières de voir, les méthodes de classement et l’interpréta- 
tion méme des caractères ont-elles varié à plusieurs re- 
prises ; chaque savant a eu son système, or, c’est justement 


- l'esprit de système dont il est nécessaire de se dépouiller, 


en abordant un pareil sujet; les faits doivent être examinés 
avant {out pour les exposer d’abord, pour en tirer ensuite 
les conséquences qu’ils comportent, sans vouloir en forcer la 
signification, ni s’obstiner à vouloir tout éclaircir, entre- 
prise impossible dans-l’état actuel des connaissances. C’est 
dans le but d'adopter cette marche et de partir d’une base 
fixe et incontestable que nous commencerons par nous 
rendre compte, en premier lieu, de ce que sont les Cyca- 
dées vivantes, ce qui n’est pas toujours aisé, ces plantes, 
malgré leur importance, n’ayant jamais été décrites que 
d’une façon partielle et incomplète. 

Les Cycadées, Cycadinées où Cycadacées (4) sont des vé- 


(1) Le premier de ces trois noms est le plus usité et doit être par 
conséquent préféré; le second, employé par M. Schimper dans son 
Traité de paléontologie végétale, exprime l’idée de classe et admet im- 
plicitement la subdivision du groupe en deux ordres distincts ; le dernier 
est dû à Lindley ; Endlicher et dernièrement M. A. de Candolle (Prodr., 
t. XVI, p. 522) l’ont adopté ; il entraine la signification d’un ordre égal 
en valeur à celui des Conifères, partagé en deux tribus : Cycadées 
proprement dites et Zamiées. Ce sont là évidemment des appiications 
d'idées toutes conventionnelles, dont la portée absolue ne saurait être 
admise sans restriction, surtout lorsque l’on voit dans le même volume 
l’ordre des Résédacées suivre celui des Cycadacées et présenter en ap- 
parence la même importance que ce dernier. C’est par la valeur rela- 
tive des caractères et plus encore par le rôle historique que nous de- 
vons assigner, à notre point de vue particulier, leur rang aux différents 
groupes que nous passons en revue. À l’époque jurassique, les Cycadées 
tenaient, dans l'ensemble des végétaux contemporains la place morpho- 
logique que les Monocotylédones ont acquise ensuite; elles correspon- 
daient aux Conifères et leur servaient de contrepoids et de terme pa- 
rallèle. Quant à leur subdivision en familles ou tribus, elle nous pa- 
raît beaucoup moins fondée et surtout établie sur des caractèrés moins 


6 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


gétaux ligneux, de taille faible ou médiocre qui. vivent dis- 
persés par petits groupes et à travers de grands espaces, 
chacun de leurs genres ou de leurs espèces étant générale- 
ment cantonné dans une région particulière, depuis l’A- 
mérique centrale et la partie sud des États-Unis jusqu’en 
Australie et au Japon, dans l'Afrique austro-orientale, 
dans les archipels et le long des côtes de l’océan Indien. 
Les Cycadées s’écartent assez peu des tropiques dans l’une 
ou l’autre direction; cependant elles sont loin d’y être 
exclusivement confinées ; elles s’avancent en Amérique 
jusqu’en Floride; en Asie jusqu’au Japon; en Australie 
jusqu’au 38° degré lat. sud. Elles habitent de préférence les 
îles ou certaines régions écartées et intérieures où elles 
semblent se plaire comme dans un lieu de refuge ; elles 
y croissentsur des pentes montagneuses ou dans des sables 
humides, souvent à l'abri d'autres végétaux qui les proté- 


évidents que chez les Conifères, dont les sections se trouvent basées sur 
un développement successif dént on suit la filière jusque dans un passé 
très-reculé. Les Cycadées diffèrent des Conifères et leur sont certaine- 
ment inférieures par uue moindre abondance de types. Moins ramifiées 
dans tous les sens, elles n’ont jamais donné lieu qu’à des combinaisons 
d'organes et de formes assez peu variées soit pour les feuilles, soit pour 
les parties de la fructification. Entre l'appareil reproducteur des Cycas 
et celui des Zamia et Macrozamia la distance est fort appréciable, mais 
lorsque l’on compare les Taxinées, elles-mêmes si diverses, à l’ensem- 
ble des Abiétinées et, dans l’intérieur de ces dernières, les Cupressées, 
les Taxodices, les Pinées, les Araucariées, avec les complexités de forme, 
de nombre, de consistance des parties auxquelles leurs organes don- 
nent lieu, on.est bien forcé de se dire qu’en présence d’une pareille 
profusion les Cycadées, dans une direction évidemment parallèle, sont 
toujours demeurées .indigentes, mesquines dénuées de ressource et 
offrant le tableau d’une grande monotonie relative. Ajoutons une moin- 
dre fécondité absolue et.des moyens'de propagation moins sûrs et plus 
péniblement exercés, et nous aurons saisi avec le caractère propre au 
groupe lui-même une partie au moins des.causes qui, après lavoir main- 
tenu dans un état presque constamment stationnaire, ont rendu plus 
tard sa ruine inévitable. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 7 


gent et favorisent la venue des jeunes plants, dont l’enfance 
est très-longue. Le tronc des Cycadées est court, épais en 
proportion de son élévation, d’une croissance très-lente, 
simple ou très-rarement ramifié par dichotomie. La tige 
-ou les divisions de la tige sont terminées, comme chez les 
Palmiers et les 2racæna, par un faisceau de feuilles pin- 
nées, beaucoup plus rarement bipinnées, provenant d’un 
bourgeon unique. 
* La forme des tiges adultes est tantôt cylindrique, tantôt 
fusiforme, plus ou moins ovoïde ou même bulboïde. Cette 
forme bulboïde est celle de la plupart des tiges jeunes ; 
en grandissant, elles s’allongent plus ou moins et devien- 
nent cylindriques, comme il arrive aux Cycas âgés el aux 
Macrozamia ; mais chez d’autres les tiges demeurent plus 
ou moins renflées vers le milieu ou même subarrondies et 
ellipsoïdes; c’est ce que l’on observe particulièrement 
chez les Encephalartos et les Zamia (voy. pl. 75, fig. 1, le 
port d’un £ncephalartos âgé). Les espèces débiles du der- 
nier de ces genres possèdent au lieu de tige un bulbe 
sphéroïdal qui s’élève peu ou même reste caché sous terre. 
La structure intérieure est la même dans tous les cas: elle 
consiste en une large moelle (1) dont les cellules sont su- 
jettes à acceumuler une riche provision de fécule (2) et que 
parcourent assez souvent quelques faisceaux fibreux épars. 
La partie médullaire se trouve entourée d’un étui ligneux 
comparativement étroit, formé non pas de strates an- 
nuelles, mais de zones concentriques d’accroissement, obs- 
cures et inégales, traversées par de nombreuses lames 
rayonnantes de tissu médullaire prolongé. 


(1) Brongniart, Tab. des genres de vég. foss., p. 58. 
(?) Les Cycas sont cultivés dans la zone torride à l'effet d'extraire de 
l’intérieur de leur tronc une sorte de sagou, - 


8 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


Les faisceaux vasculaires comprennent, comme chez les 
Conifères, des fibres identiques ou cellules allongées, 


rayées ou ponctuées, réticulées ou scalariformes, suivant 


la place qu’ils occupent dans le cylindre ou les espèces que 


lPon étudie (1). L'épaisseur relative du cylindre ligneux, 


généralement peu considérable par rapport au diamètre de 
la tige, est sujette à beaucoup de variations, aussi bien que 
ceile de la moelle, et ces variations existent dans les es- 
pèces vivantes comme danses fossiles, et: dans celles-ci 
comparées aux premières. Ces deux parties sont toujours 
enveloppées extérieurement par une large couche corti- 
cale, parcourue par de nombreux canaux gorgés de sucs 
résineux et pourvue de faisceaux fibreux non-seulement 
transverses et se rendant aux feuilles, mais épars dans le 
sens longitudinal, et divisés enfin dans les deux sens par 
de minces lames cellulaires. M. Schimper signale encore 
d’autres faisceaux ligneux qui partent.de la base des 
frondes et descendent verticalement ; on les prendrait à 
première vue, selon cet auteur, pour des racines adven- 
tives intercorticales. En dehors, la base des pétioles, ainsi 
que l'intervalle qui les sépare se trouvent recouverts par 
un épiderme mince, mais résistant et tenace, formé de 
plusieurs couches de cellules très-fermes. On sait qu’à 
l'extérieur les troncs de la plupart des Cycadées (2) sont 
recouverts, sur les parties 18 anciennes, d’un fourreau 

(1) Brongniart, Ann. sc. nat., t. XNI. 

(2) 1 faut en excepter le Stangerià paradoxza dont le trone est en- 
tièrement lisse et la zone corticale probablement toute cellulaire. Il est 
remarquable que les tiges tronçonnées et bouturées de ce type singu- 
lier aient produit, sous les yeux de M.'Houlet, jardinier en chef des serres 
du muséum, des bourgeons adventifs exclusivement situés à la face in- 
terne du cylindre ligneux, sur la périphérie de l’étui médullaire. Cette 


disposition semblerait indiquer que la zone corticale des Sfangeria ne 
constitue qu’une enveloppe inerte, qui ne reste, après la chute des feuil- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 9 


continu ou armure, dont les pièces se composent des bases 
de pétioles accrues et persistantes, demeurées distinctes, 
mais contiguës et serrées, adhérant inférieurement à la 
tige, bien que s’en détachant facilement lorsque ces par 
‘ties sont déjà anciennes. Elles se montrent sous forme de 
lamelles plus ou moins épaisses et rhomboïdales par la 
face externe, mais toujours comprimées dans le sens hori- 
zontal, quelquefois remarquablement minces, comme dans 
les Dion : elles prennent alors l’apparence d’écailles em- 
boitées, atténuées en biseau et presque membraneuses la- 
téralement. La vraie nature de ce fourreau cortical des 
Cycadées a été peu étudiée et peu éclaircie jusqu’à présent; 
on s’est contenté d'indiquer la persistance des bases de pé- 
tioles ei leur accrescence dans certains genres,comme celui 
des Encephalartos, où effectivement ces parties acquièrent 
à la longue plus d'extension et de saillie que chez les autres 
Cycadées. Cependant on remarque aussi leur présence 
chez les Cycas, les Dioon, les Macrozamia et même chez 
certains Zamia. La plupart des tiges fossiles présentent 
cette même organisation plus prononcée encore que dans 
les Cycadées vivantes. Il est donc nécessaire de s’y arrêter 
quelque peu. 

- Les bases de pétiole des frondes de Cycadées ne sont 
pas engaînantes, mais plus ou moins dilatées et occupant 
par la portion adhérente une certaine aire en forme d’é- 
cusson limité par une structure semblable du pétiole voi- 
sin. Cette disposition devient de plus en plus sensible à 
mesure que par suite de l’évolution de la tige les feuilles se 
trouvent rejetées du centre vers la périphérie; mais la 


les, le siége d’aucune fonction végétale active, susceptible de revivifier 
la plante par des bourgeons. 


10 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


phyllotaxie des Cycadées ne comprend pas seulement des 
bases de feuilles normales; dans l’immense majorité des 
cas (nous examinerons plus loin les exceptions), elle com- 
prend aussi des écailles qui enveloppent et protégent le 
bourgeon, presque-toujours solitaire, et qui ne sont en réa- 
lité que des bases de frondes avortées. Ces écailles jouent 
du reste le même rôle que les frondes; elles en tiennent 
la place sur la tige, entrent en ligne de compte dans les 
rangées de spires et se prêtent au même genre d’accrois- 
sement ; seulement, l'aire qu’elles occupent étant plus 
petite, l’organe accru et saillant auquel elles donnent lieu 
est aussi-généralement moins étendu, et il se trouve, dans 
beaucoup de cas, que les zones d’érailles gemmaires entre- 
mêlées aux zones foliaires, demeurent visibles sur les par- 
ties anciennes des tiges (voy. pl. 75, fig. 2, une disposition 
semblable très-nettement visible sur une tige de Zamia 
calocoma, observée dans les serres du muséum de Paris). 
Cependant, on peut dire qu’il n’y a là aucune règle, mais 
beaucoup de diversités, même individuelles, et sur les 
parties anciennes des tiges des ƣ'ncephalartos et du Cycas 
revoluta, il est souvent difficile de distinguer l'emplacement 
des écailles de celui des frondes elles-mêmes; les écailles 
étant à la fois plus largement développées et moins nom- 
breuses, dans les Æncephalartos, que dans les autres 
genres, il est tout simple effectivement qu’elles tiennent à 
peu près le même emplacement que les frondes et engen- 
drent à la longue le même phénomène. 

On peut affirmer d’une façon générale que, sauf laine 
plus ou moins étendue occupée originairement par la par- 
tie adhérente des organes qui persistent, soit écailles, soit 
pétioles, tout le reste appartient au phénomène de J'ac- 
crescence dont les effels se prolongent durant des années, 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 11 


et ne cessent que lorsque la partie accrue abandonnée à 
la fin par la vie el n’adhérant qu’à peine à la périphérie 
-corticale, s’use et se détruit peu à peu. Maïs à ce moment 
la tige elle-même, après avoir acquis le diamètre dont 
elle est susceptible, cesse de croître en épaisseur ; elle ne 
fait plus que se prolonger ou même elle se ramifie, ce qui 
arrive parfois naturellement aux Cycas âgés.— Au bout d’un 
temps plus ou moins court, la partie libre de l’écaille 
se dessèche et tombe ; la fronde se désarticule à la base ou 
devient marcessante. Dans les deux cas, et nous verrons 
que les deux cas se présentent aussi chez les Cycadées fos- 
siles, le coussinet qui persiste et devient le siége d’une 
vie organique très-active ne consiste qu’en une surface dis- 
coïde plus ou moins bombée, marquée au centre d’une ci- 
catrice d'insertion de la partie tombée. Mais dès lors s’o- 
père un phénomène pareil à celui qui, chez les autres 
Dicotylédones, pousse vers l'extérieur les anciennes la- 
melles corticales et les couches subéreuses, en en produi- 
sant de nouvelles à l’intérieur, qui chassent les premières. 
_ Seulement ici, par une particularité des plus singulières 
et liée sans doute au mode d’accroissement du cylindre 
ligneux, dont les zones concentriques ne sont pas an- 
nuelles mais vagues et irrégulières, l’enveloppe épider- 
mique ne se crevasse, ni se fracture ; elle cède peu à peu 
en devenant extensible sur cerlains points déterminés, et 
ces points sont justement ceux qui correspondent à l’empla- 
cement des anciens pétioles ou des écailles qui en tiennent 
morphologiquement lieu. Les faisceaux qui se rendaient 
_ aux feuilles, loin de mourir immédiatement après la chute 
de celles-ci, continuent à fonctionner de la manière la 
plus active ; les canaux résineux affluent et les cellules se 
multiplient. C’est ainsi que se déterminent successivement 


12 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


de nouvelles zones dont les plus récentes, toujours plus 
profondes, repoussent les anciennes vers l'extérieur, de 
manière à produire une saillie régulière, en rapport avec 
la base de l’organe foliacé et contenue dans le même étui 
épidermique. Chacune de ces zones d’accroissement est 
‘limitée fort nettement à l’intérieur par ure lame mince de 
tissu cortical cellulaire, continue latéralement avec les pa- 
rois de l’épiderme et qui a dû visiblement séparer chaque 
fois les parties abandonnées par la vie et rejetées définitive- 
menten dehors, de celles qui continuent à s’accroitre. Lors- 
que l’on détache d’une tige de Cycas revoluta ou de Dioon 
edule, soit des frondes, soit des écailles, un peu anciennes, 
on obtient, après un certain effort, une scission fort nette 
de l’organe ainsi arraché, et cette sorte de désarticulation 
s'opère suivant un plan occupé par une lame cellulaire, 
absolument pareille à celles qui partagent en zones suc- 
cessives les excroissances corticales. Dans celles-ci, cha- 
cune des zones peut se détacher de celle qui lui est conti- 
guë, moyennant un certain effort, dans le sens des lames 
cellulaires qui les unissent. Il semble donc qu'après la 
chute des organes foliaires le même tissu organique se re- 
produise dans le même ordre et à plusieurs reprises, jus- 
qu’au moment où l’action vitale se trouve entièrement 
épuisée. Les dernières lamelles cellulaires, au lieu de s’é- 
tendre dans la direction des appendices corticaux et de 
favoriser leur accroissement en repoussant les parties an- 
ciennes, finissent par séparer celles-ci à leur base du cy- 
lindre cortical proprement dit et à provoquer leur chute 
qui s'effectue plus ou moins tôt, selon les circonstances, 
car les appendices corticaux devenus inertes peuvent per- 
sister, pour ainsi dire, indéfiniment autour des tiges, 
Mais dans ce cas ils n’adhèrent plus aux parois du tronc 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 13 


que d’une façon mécanique et aussi par suite de l’em- 
boîtement qui retient ces parlies mutuellement serrées, 
et, sauf Ja forme, ils ne diffèrent pas en réalité des plaques 
corticales et des excroissances subéreuses qui hérissent 
le tronc de la plupart des Dicotylédones arborescentes, 
spécialement des pins et des chênes. 

Selon Miquel (1) et d’autres observateurs, il faut distin- 
guer chez les Cycadées trois sortes de bourgeons : les er- 
minaux qui continuent la tige principale et donnent lieu 
à des évolutions successives de feuilles plus ou moins nom- 
breuses, les axillaires ou adventifs qui se montrent rare- 
ment-et servent, soit à ramifier la plante, soit à la repro- 
duire, lorsque se détachant naturellement ou par accident, 
ils viennent à s’enraciner, et enfin les radicaux (voy. un de 
ceux-ci représenté, d’après une figure de Miquel, pl. 3, 
fig. 1) ou-hypogés qui naissent à l’aisselle des résidus de pé- 
tiole, -sur la partie souterraine ou vers la base des tiges et 
qui représentent de véritables bulbilles. Ces organes, de 
forme ovoïde, formés d’écailles charnues imbriquées, de- 
meurent plusieurs années dans une sorte de torpeur, puis 
développent des radicules et enfin donnent lieu à une 
feuille, d’abord unique et réduite à un petit nombre de fo- 
lioles. La nouvelle plante acquiert ensuite en multipliant 
ses organes une vie propre, et revêt des caractères sem- 
blables à ceux de la souche mère dont elle émane. Ilen 
existe des exemples à l’état fossile (voy. pl: 76, fig.2, 3 et 4). 
: Les organes foliaires ou frondes des Cycadées ne sont 
jamais simples, mais toujours composés de pinnules ou 
folioles, tantôt adhérentes au rachis, tantôt arliculées à la 
base et insérées soit sur les côtés, dans une rainure laté- 


(1) Monog. Cycad , ps 3. 


14 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


rale (pl. 71, fig. 2), soit sur la face supérieure, plane ou 
canaliculée, du rachis (pl. 73, fig. 4, et pl. 74, fig. 4 et 3). 
Ce dernier organe est généralement large, bombé ou angu- 
leux inférieurement,. Il est plus étroit et sillonné ou caréné 
sur la face supérieure. Sa coupe est plus ou moins rhom- 
‘boïdale. Les frondes diffèrent beaucoup d’un genre à 
l’autre au triple point de vue de l'évolution, du mode de 
nervation et enfin de la forme des folioles jointe à-la nature 
de leur insertion. Ces divergences, assez étendues pour 
qu’il fût impossible d’en soupçonner la portée avant la dé- 
couverte qui a été faite dernièrement de certains types 
anormaux, permettent de conjecturer qu’il a dû exister au- 
trefois chez les Cycadées fossiles des particularités sem- 
blables, difficiles à déterminer & priori, maïs dont la possi- 
bilité doit être admise par analogie. Il faut observer en- 
core que les caractères différentiels les plus faibles sont 
remarquablement fixes dans l’intérieur de chaque genre. 
La vernation est circinée à la façon de celle des Fou- 
gères dans les Cycas, où chaque foliole est roulée sur 
elle-même et le sommet du rachis lui-même recourbé 
au sortir du bourgeon. Dans les Zamia et Ceratozamua le 
sommet seul du rachis est incliné, tandis que les folioles 
demeurent droites et appliquées l’une contre l’autre par la 
face supérieure. La vernation est érigée pour le rachis, 
aussi bien que pour les folioles étroitement appliquées et 
imbriquées, dansles Æ'ncephalartos et les Dioon, tandis 
que les frondes des Séangeria ont le sommet brusquement 
réfléchi sur le rachis, les segments opposés, appliqués l’un 
sur l’autre et repliés en long. La vernation des frondes de 
Macrozamia ne s’écarte pas beaucoup de celle qui est 
propre aux Æ£ncephalartos : le rachis est érigé, mais légè- 
rement tordu en spirale, ainsi que les folioles qui sont 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 15 


étroitement imbriquées et appliquées contre lui. Le mode 
d'évolution est au contraire bien différent chez les Ma- 
crozamia comparés aux autres groupes de Cycadées. Les 
frondes de toutes les autres Cycadées sortent par une seule 
émission annuelle ou bisannuelle d’un bourgeon unique et 
terminal, formé d’écailles gemmaires ordonnées en spirale, 
qui s’écartent pour leur donner accès, après quoi la végéta- 
tion de la plante subit un arrêt plus ou moins long, employé 
à l'élaboration d’un nouveau bourgeon. Les seuls Wacroza- 
mia développent leurs frondes une à une, sans interruption, 
dans un ordre spiral régulier et par un mouvement continu, 
analogue à celui qui préside à ce même acte chez le Dat- 
tier, la fronde la plus récente et la moins avancée oceupant 
le centre du faisceau de feuilles ordonnées en spirale, qui 
termine la tige. Il n’existe donc pas de bourgeons propre- 
ment dits chez les Macrozamia, et par conséquent pas d’é- 
cailles gemmaires; mais les frondes, à mesure qu'elles se 
développent, ont les bases dilatées de leur pétiole accom- 
pagnées d’une bourre mêlée de filasse qui garnit l’inters- 
tice de ces organes et persiste très-longtemps. Cette filasse 
doit être regardée comme tenant lieu des écailles. 

Les écailles gemmaires affectent par elles-mêmes des 
formes assez variées. Plus ou moins dilatées à la base et 
appliquées par cette portion dilatée, elles se prolongent 
plus ou moins par leur sommet libre. Étroitement lan- 
céolées, aiguës à la pointe, chez les C'ycas, elles se montrent 
plus élargies, plus amincies vers les bords et plus étroite- 
ment appliquées sur la tige, dans les Æncephalartos et les 
Ceratozamia. Celles des Dioon sont, au contraire, érigées, 
divariquées-tordues; elles n’adhèrent que par la base 
épaissie et se terminent par une longue pointe; revêtues 
sur le dos d’un tomentum épais, elles sont glabres et lisses 


& PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


à la face interne. Ces mêmes organes, chez les Stangeria, 
se montrent ovales, lancéolés-aigus et ciliés sur les bords. 
— Ces détails trouveront leur application lors de l’examen 
que nous ferons des restes de Gycadées fossiles. 

Les frondes, dont la longueur peut approcher de deux 
‘mètres pour les plus grandes, qui sont celles des Ceratoza- 
mia et des Æncephalartos; atteignent ou dépassent très- 
souvent un mêtre; mais il en est aussi de bien plus petites, 
et les frondes fossiles doivent être généralement classées 
parmi celles-ci. Il existe toujours à la partie inférieure du 
support ou rachis un espace plus ou moins étendu, dé- 
pourvu de folioles; le rachis, dans cette partie, est tantôt 
nu, tantôt garni d’épines, comme chez la plupart des 
Cycas. Ces épines pétiolaires (voy. pl. 2, fig. 4) sont ran- 
gées deux par deux, le plus souvent inexactement oppo- 
sées, insérées sur les côtés du rachis, droites ou légère- 
ment recourbées, acérées au sommet et décurrentes entre 
elles à la base. Elles représentent visiblement des folioles 
avortées et en tiennent exactement la place. Nous en trou- 
verons un exemple à l’état fossile. 

L'insertion des frondes sur la tige s'opère par une partie 
dilatée ayant la forme d’un disque plus ou moins rhom- 
boïdal qui se renfle et devient conique pour donner-nais- 
sance au pétiole. Après un an, deux ans ou même davan- 
tage, la fronde pâlit, puis se dessèche; la vie l’abandonne : 
peu à peu ; une lame mince de tissu cellulaire interposé 
au point de jonction de la base contre les parois de la tige 


tend à provoquer une solution de continuité danslestissus. 


Cette rupture est plus ou moins nette selon les genres; 
les résidus persistent plus ou moins après la chute de l’or- 
gane, mais finissent toujours par disparaître en laissant une 
cicatrice sur laquelle Ja trace des faisceaux vasculaires 


TERRAIN. JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, + 


se trouve marquée. Gette facilité, inégale selon les types, 
de désarticulation a dû influer beaucoup sur les chances de 
conservation des ahciennes frondes, en favorisant leur 
passage à l’état fossile ou le rendant précaire ou même 
exceptionnel. Mais nous constaterons, d'autre part, que 
dans un assezbon nombre d’espèces jurassiques les frondes 
étaient nettement caduques, circonstance qui explique 
leur fréquence dans les anciens lits, aussi bien que l’ab- 
sence ou la rareté de celles qui ne l’étaient pas. 

Les parties de la fronde, folioles ou pinnules peuvent 
différer beaucoup d’un genre à l’autre, au contraire d’au- 
tres fois se distinguer à peine. Il faut considérer leur dis- 
position générale, leur mode d'insertion, la, forme de leur 
contour etenfin leur .nervation. De l’étude combinée de ces 
divers éléments dépend en grande partie le classement 
rationnel des types fossiles, auxquels les mêmes règles 
deviennent nécessairement applicables. 

Il n'existe de frondes bipinnées ou plutôt bipinnati- 
sèques que dans le genre Bowenia réduit au seul Z. spec- 
tabilis, Hook.,dela Nouvelle-Hollande, chez qui les segments 
primaires sont ternés ou même quinés à la base des fron- 
des,.epsuite opposés, tandis que les segments de second 
ordre sont planes, lancéolés, atténués-inférieurement et 
retrécis en pétiole, mais décurrents et non articulés à la 
base, le long du rachis qui les porte. 

Les frondes du Sfangeria paradoxa dont nous avons 
montré la-xernation anomale sont pinnées à segments op- 
posés ou sub-opposés, oblongs ou lancéolés-linéaires, dé- 
currents dans le haut, pétiolulés dans le bas de l'organe. 
Chaque segment est parcouru de la base au sommet par 
une côte médiane, saillante sur la page inférieure, qui 
émet, sous un angle irès-ouvert, des nervures une ou deux 


VÉGÉTAUX. — J. 2 


 _ © PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


fois bifurquées, plus rarement simples, aboutissant à une 
marge calleuse et dentée-épineuse de distance en distance. 
Non-seulement les Séangeria différent des autres Cycadées 
par la conformalion singulière qui donne à leurs frondes 
une étroite analogie apparente avec celles des Fougères, 


‘mais la structure sinueuse des parois de leurs cellules 


épidermiques, sans parler des tiges lisses extérieurement 
que nous avons déjà mentionnées, dénotent un type entiè- 
rement isolé et qui cependant diffère peu des Macrozamia 
par les organes de la reproduction. 

En dehors du genre Stangeria, les folioles des Cycadées 
actuelles ne présentent que deux types de nervation, très- 
distincts, il est vrai. Le limbe est parcouru de Ja base au 
sommet par une médiane unique chez les Cycas, par plu- 
sieurs nervures longitudinales, plus ou moins parallèles, 
plus ou moins divergentes, simples ou ramifiées par di- 
chotomie, chez les autres. M. Schimper mentionne des 
anastomoses entre Îes nervures plusieurs fois divisées des 
folioles de Bowenia; mais nous n’avons pu vérifier l’exis- 
tence de ce caractère dont l'importance serait très-grande, 
s’il n’était pas accidentel. 

Les nervures longitudinales des Dioon et des Macrozamia 
(pl. 73, fig. 3) sont simples égales, paralièles. Un rebord 
calleux, très-mince chez les Macrozamia, cerne les folioles, 
et les nervures les plus extérieures s’y arrêtent à mesure 
que le limbe s’atténue pour se terminer en pointe; les 
médianes seules atteignent le sommet. — Dans les Æ'nce- 
phalartos (pl. 74, fig. 1-3), les nervures se bifurquent aneou 
plusieurs fois et divergent plus ou moins au-dessus de la 
base ; elles donnent souvent lieu, mais non pas toujours, ni 
dans toutes les espèces, à des dents ou à des lobes épineux 
qui découpent la marge constamment cernée d’un rebord 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 19 


cartilagineux très-apparent. — Les nervures des Zamia 
une ou plusieurs fois ramifiées par dichotomie, à partir de 
la base, mais toujours pafallèles entre elles se prolongent 
en atteignant, à diverses hauteurs successives, le rebord 
calleux de la foliole et y produisent des saillies et des dents 
le long de la partie atténuée ou tronquée obliquement de 
la terminaison supérieure (voy. pl. 73, fig. 4, et comp. 
avec pl. 74, fig. 1-3). 

Le mode de dentelure des £ncephalartos diffère de’ celui 
des Zamia en ce que, chez les premiers, une partie des 
nervures seulement aboutit à une dent ou à un lobe, tandis 
que dans les folioles de Zamia chaque nervure donne lieu 
individuellement à une saillie épineuse en atleignant la 

. marge. — La nervation des Ceratozamia ne s'écarte de 
celle des Zamia que par l’absence de dentelures sur le . 
pourtour des folioles. Chez le Microcycas, type des plus 
intéressants au point de vue de la comparaison avec les 
Zamites fossiles, les nervures longitudinales, généralement 
simples et parallèles, parcourent une foliole étroite et 
longue cernée d’une bordure calleuse, parfaitement entière 
et insensiblement atiénuée en pointe au sommet. — On 
voit que les différences de nervalion sont faibles d’un genre 
à l’autre, bien que constantes. Entre les Æncephalartos 
elongata, Lehm., brachyphylla, Vrièse, Lehmanni, Vrièse, et 
le Zamia Brongniartü, Wedd. (Z. boliviana, D. C., Prodr., 
t. XVI, p. 540). la distance, à ce point de vue, est évidem- 
ment peu nfarquée ; elle l’est encore moins entre les fo- 
lioles du Microcycas calocoma, D. C., et celles du Macrozamia 
eriolepis, Brongn., qui, suivant Miquel, n’est autre que le 

 Lepidozamia Peroffskiana, Reg.; il est vrai que les deux 
dernières formes constituent des types ambigus, encore 
imparfailtement connus. Dans tous les cas, c’est au mode 


20 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


d'insertion des folioles qu’il faut avoir recours pour con- 
trôler les caractères fournis par la nervation, lorsque 
celle-ci cesse d’être vraiment caractéristique. 

Les folioles des Cycas (pl. 71, fig. 2), sont insérées le long 
des côtés du rachis, légèrement rétrécies, puis décurrentes 
‘inférieurement ; les supérieures sont même plus ou moins 
confluentes dans le C. caledonica, Hort. par. — Les folioles 
des Dioon, distinctes par la nervation de celles des Cycas, 
présentent un mode de nervation presque semblable; elles 
sont implantées le long du rachis, dans une rainure laté- 
rale, par une base élargie, décurrente dans les deux sens, 
mais qui, dans l’un, empiète sur la base voisine, immédia- 
- tement antérieure, et dans l’autre passe derrière la base de 
la foliole suivante, c’est-à-dire que toutes les bases se suc-, 
. cèdent en se recouvrant mutuellement par l’une de leurs 
extrémités. — Les folioles des Macrozamia sont insérées 
obliquement par une callosité (ce qui les rend persistantes) 
sur les côtés du rachis (voy. pl. 73, fig. 3). A côté des 
Macrozamia proprement dits, le M. eriolepis, Brngt. 
(Macrozamia Peroffskiana, Miq.) (1), dont M. A. de Candolle 
a fait le type d’un genre douteux, Lepidozamia (2), pré- 
sente des folioles dont l'insertion diffère notablement, 
puisqu'elles sont attachées par une base non calleuse et 
décurrente, sur une double rangée étroitement contiguë, 
dans une rainure située à la face supérieure du rachis. 
C’est là un mode d'insertion que nous devons noter avec 
d’autant plus de raison que les espèces fossiles nous en 
offriront de nombreux exemples. À 

Le mode d'insertion propre aux folioles des genres ou 


(1) Nouv. mat. pour servir à la conn. des Cycadées, Adansonia, 
t. IX, p. 71. 
(2) Prodr., t. XVI, p. 547. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 1 


types que nous venons de citer s'oppose à ce qu’elles puis- 
sent se détacher naturellement : ce sont des folioles . 
persistanies. Il n’en est pas ainsi de celles des Zncephalar- 
tos et encore plus des Zamia qui toutes sont plus ou moins 
articulées. Les folioles des premiers, d’abord retrécies plus 
ou moins, se dilatent légèrement pour donner lieu à une 
base discoïde, étroitement elliptique, nettement délimitée, 
qui s’applique sur les côtés du rachis et quelquefois le 
long d'un double sillon à la face supérieure de l’organe 
(voy. pl. 74, fig. 4 et 3). L’adhérence du disque d’inser- 
tion sur la fossette où il est implanté est assez forte et ne 
cède que très-incomplétement, dans beaucoup de cas ; 
cependant, lorsqu'elle se produit, elle donne toujours lieu 
à une cicatrice fort nette. L’articulation des folioles est 
plus évidente chez les Zamia, où elle a été signalée depuis 
fort longtemps par tous les auteurs. Les folioles de ce 
genre, ainsi que celles des Ceratozamis, sont implantées 
par une base amincie, puis légèrement dilatée en un disque 
plus ou moins ellipsoïde, délimité par un bourrelet fort net, 
sur les côtés de la rigole, faiblement ou nettement pro- 
noncée, qui occupe la face supérieure du rachis, le côlé 
opposé étant toujours arrondi en demi-cylindre (voy. 
pl. 73, fig. 4). 

Les organes reproducteurs des Cycadées, dont nous 
allons aborder l’examen, ne sont pas, comme l’on pourrait 
le supposer, les équivalents d’une fronde, mais d’un ra- 
Mmeau ou axe secondaire, chargé de feuilles plus ou moins 
modifiées pour servir de support, les unes aux sacs polli- 
niques, les autres aux ovules. Ce sont là, en d’autres ter- 
mes, les Androphylles et les Carpophylles dont le groupe- 
ment autour d’un axe constitue des appareils unisexués 
toujours séparés sur des pieds différents. Ainsi, chaque 


. 


22 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


écaille de l’un ou l’autre appareil correspond à une fronde 
avortée, et il ne saurait être question pour ces organes 
considérés en particulier, ni de bractées, ni de parties 
accessoires, en dehors de celles que comporte une feuille 
pinnée qui perd sa forme avec son rôle ordinaire pour 
‘concourir à l’accomplissement des fonctions reproduc- 
trices. 

Les appareils soit mâles, soit femelles, se comportent 
dans leur évolution à la façon d’un bourgeon, et effective- 
ment il existe parfois une grande analogie d'aspect et même 
de structure entre les écailles gemmaires etles androphylles 
ou carpophylles. C’est bien ce que laissent voir les car- 

_ pophylles des Dioon et les androphylles des Cycas comparés 
aux écailles gemmaires de chacun de ces genres ; des deux 
parts, en effet, ce sont toujours des feuilles avortées. 
L'appareil reproducteur est le plus souvent pédonculé, 
quelquefois très-longuement; il est tantôt nu, tantôt muni 
vers la base de quelques bractées éparses, comme chez 
les Zamia. Le cône mâle du Cycas ruminiana (voy. pl. 74, 
fig. 1), que nous avons observé dans les serres du muséum 
de Paris, s'élève du milieu de nombreuses séries d’écailles 
gemmaires, disposées sur plusieurs rangs, imbriquées et 
longuement acuminées. Toutes ces observations de détail 
ne manquent pas d'importance pour l'appréciation des 
formes fossiles. | 

Dans l'étude des organes sexuels des Cycadées on doit 
faire deux remarques préliminaires : la première c’est qu’à 


l’exemple de ce qui à lieu chez les Conifères, les appareïls 


mâles sont plus uniformément et plus généralement trans- | 
formés que les femelles, puisque les premiers consistent tous 
dans des écailles surmontées d'un appendice assez court, peu 
varié de genre en genre et dont la face inférieure porte inva- 


2 . 
TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 23 


riablement les sacs polliniques. La seconde c’est que les 
sexes se comportent avec une parfaite indépendance res- 
pective ; en sorte que les combinaisons de forme et de 
structure propres à l’un des deux n’impliquent nullement 
pour l’autre l'existence de combinaisons corrélalives 
daos l’intérieur du même groupe. Il en est ainsi des Cy- 
cas dont les androphylles ressemblent fort à ceux des 
autres Cycadées, tandis qu’ils s’en écartent beaucoup par 
l'apparence de leurs carpophylles. Les carpophylles peltés 
des ÆZncephalartos(voy. fig. 2, pl.3), rappellent ceux des Za- 
mia (voy. fig. 5, 6 et 7, pl. 72), tandis que leurs andro- 
phylles seraient plutôt assimilables à ceux des Macrozamia. 
Nous insistons sur ce point de vue parce qu’il met en lu- 
mière la plus grande des difficultés qui s'opposent aux 
rapprochements que l’on serait disposé de faire en basant 
la détermination des organes reproducteurs des Cycadées 
fossiles sur. leur ressemblance soit entre eux, soit avec ceux 
des espèces vivantes, tandis qu’il a pu exister autrefois des 
combinaisons toutes spéciales, confinant à celles qui carac- 
térisent les groupes actuels, à certains égards, et s’en écar- 
tant totalement à d’autres. 

Au fond, nous l’avons déjà dit, tous ces organes ne sont 
que des feuilles à des degrés plus ou moins avancés de 
transformation ; mais on ne saurait, à notre sens, découvrir 
dans la façon dont cette transformation s’est opérée les élé- 
ments d’un classement précis en deux ou plusieurs tribus 
ou familles. L’intervalle qui sépare chaque groupe du 
groupe voisin est plus ou moins marqué, le contact mutuel 
plus ou moins intime, c’est tout ce qu’il est possible d’af- 
firmer. Lasituation érigée ou réfléchie des ovules n’est elle - 
même qu’un effet de l'avortement plus ou moins prononcé 
de la partie limbaire du carpophylle, et elle ne devient tout 


24 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


à fait évidente que dans les types, comme les £ncephalar- 
tes, Zamia et Ceratozamia, où la partie extérieure de l’écaille 
femelle se change en un pelta qui recouvre entièrement les 
ovules. Ceux-ci affectent plutôt une position sub-oblique 
, Chez les WMacrozamia et surtout chez les Dioon, qui tendent 
visiblément à se rapprocher des C'ycas. Chez ces derniers, 
enfin, il existe des carpophylles de plusieurs sortes qui 
amènent par degrés des spadices laciniés au sommet du C. 
revoluta (pl. 72, fig. 3), dont les folioles raccourcies et sou- 
dées sont encore visibles, aux spadices simplement dilatés 
en une expansion lobéeoucrénelée(pl. 72, fig. 2) des C. ru- 
miniana, circinalis et media. On arrive de cette façon à une 
chaîne presque continue, dontl’une des extrémités se trouve 
occupée par le C. revoluta, ensuite par les autres Cycas, 
dont les Dioon et les Macrozamia tiennent le milieu et qui 
aboutit enfin aux Zara, placés à l’autre extrémité de la 
chaîne et chez qui les organes de l’un et l’autre sexe se 
trouvent également convertis en écailles peltoïdes, à peu 
près pareilles entre elles. Si au lieu de considérer princi- 
palement les carpophylles, nous nous arrêtions aux 
androphylles, l’ordre sériel, quoique plus difficile à préci- 
ser et plus irrégulier serait totalement différent, puisque 
ce seraient évidemment les Ceratozamia et après eux les 
Macrozamia qui fourniraient les organes les moins modi- 
fiés ; les Cycas et Dioon tiendraient celte fois le milieu et 
les Zamia seuls garderaient leur place. 

Quelle que soit la conformation de l’androphylile, ‘c’est 
toujours sur sa face inférieure que se développent les sacs 
ou logeltes à pollen. Ils en occupent indifféremment tous 
les points ou bien, comme chezles Macrozomia et quelques 
Encephalartos, ces organes se trouvent divisés en deuxgrou- 
pes par un intervalle médian. Ils ne sont pas disséminés 


TERRAIN JURASSIQUE, =— VÉGÉTAUX. 95 


sans ordre, mais disposés par trois et par quatre autour 
d’un point insertionnel commun. Chaque logette a la forme 
d’une coque à parois dures ou d’un cornet plus ou moins 
arrondi ou évasé, d’abord fermé, bientôt ouvert par une 
fente apicale qui demeure béante et se prolonge jusqu’à la 
base sur le côté de l'organe dont il découvre l’intérieur 
creux et vide. La forme en coque ou cornet arrondi est la 
plus commune, mais non pas la seule ; les logettes des £n- 
cephalartos vues de côté ont une tendance à s’allonger en 
un tube à parois plus ou moins comprimées. Dans les Cycas 
(voy: pl. 72, fig. 4) les logettes se montrent comme des sacs 
tubulés-cylindriques, implantés au milieu d’an fomentum 
ras et serré, dans des fossettes qui se groupent autour d’un 
point central légèrement saillant qui sert d’axe à leur grou- 
pement. Les logettes des Sfangeria sont carrées et briève- 
ment stipitées. Tous ces détails serviront plus tard aux 
rapprochements que nous établirons entre les types fossi- 
les et ceux que nous venons de décrire. 

Les carpophylles par suite de leur configuration et de 
leur mode de groupement sur de l’axe qui les porte 
donnent lieu à des appareils variés, mais toujours plus ou 
moinsstrobiliformes. Chez les Cycas (pl. 72, fig. 2et 3), ce 
sont des spadices érigés, dilatés en lame laciniée ou eréne- 
lée au sommet, dont les lobes représentent des pinnules 
avortées, tandis que le prolongement inférieur, affectant la 
forme d’un pétiole, porte des ovules insérés sur ses bords, 
par paires, de distance en distance, contenus dans les fos- 
settes, au nombre total de 2 à 6. Ces organes, d’abord 
étroitement appliqués les uns contre les autres le long de 
l’axe qui les porte, s’écartent lors de l’anthèse, divergent 
plus ou moins et le détachent,ainsi que les fruits, à la ma- 
turité. — Les carpophylles des Dioon sont des écailles pla- 


26 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. : 


nes, lancéolées, entières, laineuses à l'extérieur, lisses in- 
térieurement, érigées et imbriquées dans le cône, pédicel- 
lées et portant à la base de l’écaille deux ovules penchés et 
libres. Seulement icil’appendice terminalseredresse en fai- 
sant un angle sur le pédicelle qui s’insère horizontalement 
‘sur l’axe. — L'écaille ovulifère des Macrozamia ressemble à 
celle des Dioon par sa forme du pédicelle et la position des 
ovules à la base de l’appendice; mais dans le premier de 
ces genres l'appendice s’épaissit inférieurement pour enve- 
lopper la base des deux ovules réfléchis, dont l’un avorte 
le plus ordinairement. Les écailles sont encore imbriquées 
dans lecône, mais leur épaississement constitue déjà une 
_apophyse qui manifeste de la tendance vers la forme déci- 
dément peltée des écailles fertiles des Æncephalartos. Cei- 
les-ci (voy. pl. 73, fig. 2) ne sont plus imbriquées, mais 
terminées par un sommet peltoïde, subrhomboïdal, taillé 
à facettes, exactement contigu par les bords avec les ap- 
pendices voisins et recouvrant les deux ovules réfléchis. — 
Les Ceratozamia présentent des écailles ovulifères peltées, 
transversalement hexagones, pourvues de deux umbo à la 
face. supérieure (voy. pl. 75, fig. 5). Les écailles entière- 
ment peltées des Zanua (voy. pl. 72, fig, à, 6et 7) n’of- 
reat plus même de traces d’un umbo ou prolongement ter- 
minal. Elles sont disposées en calotte déprimée ou ridée 
au centre, repliées par-dessous, étroitement contiguës et 
comprimées sur les bords par le contact réciproque. Ici la 
transformation a atteint ses dernières limites ; et il n'existe 
plus aucun vestige de l’organe primitif. 

Il faut maintenant appliquer les notions qui précèdent 
et dont beaucoup étaient ignorées, il y a un assez petit 
nombre d'années, à la détermination des Cycadées fossi- 
les. Leurs restes sont de plusieurs sortes et presque tou- 


TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 27 


jours épars. Nous possédons d’elles des tiges converties 
en silice ou moulées en relief par un sédiment très-fin, 
des frondes entières, des rachis et des pinnules isolés, 
des écailles gemmaires, des bourgeons détachés, plus ra- 
rement des appareils de l’un et l’autre sexe et en dernier 
lieu des semences ou fruits détachés. La difficulté consiste 
non-seulement à définir la vraie nature de chacune de ces 
parties, mais à préciser leurs relations avec les parties cor- 
respondantes des Cycadées actuelles et enfin à reconnai- 
tre la liaison possible de ces organes entre eux, en réu- 
nissant ceux qui ont dù faire partie de la même espèce ou 
tout au moins du même genre. Malheureusement, des obs- 
tacles insurmontables dans l’immense majorité des cas 
s'opposent jusqu'ici à ce que la dernière de ces tentatives 
puisse réussir. Le principal résulte évidemment de cette 
circonslance qu’il n’est ni sûr, ni même vraisemblable que 
les débris de diverse nature associés dans les mêmes lits, 
ou si l'on veut dans les mêmes blocs, soient provenus né- 
cessairement des mêmes plantes, puisque le degré de ca- 
ducité de ces organes, cause principale de leur conser- 
vation, a pu varier dans de larges limites. On conçoit 
très-bien en effet que des Cycadées jurassiques aient 
possédé à la fois des frondes et des pinnules très-tena- 
ces et des cônes sujets à se désagréger, de même que 
le contraire est également admissible. En second lieu, les 
combinaisons de genres auxquelles les Cycadées ancien- 
nes ont donné lieu jadis ont pu être teiles que ces plantes, 
comparables à l’un des groupes actuels par les frondes, à 
un autre par les organes mâles, à un troisième par les 
fruits, aient été en réalité intermédiaires aux catégories 
de l’ordre vivant ou même entièrement différentes de cel- 
les-ci. Ce sont là des hypothèses que justifie presque l’é- 


mn  : PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


tude des types anormaux assez fréquents chez les Cycadées 
vivantes, si l’on a égard à leur petit nombre, en sorte que 
l’analogie, sans perdre ses droits, inspire des défiances et 
devient du moins un guide assez incertain pour que l’on 
soit détourné de l’idée d’affirmer rien sans un commentce- 
ment de preuve. Du reste, lorsque l’on constate les progrès 
accomplis peu à peu dans l’étude des Cycadées secondaires, 
les découvertes et les observations successives, non pas 
nombreuses ni subites, mais amenées une à une par la pa- 
tience et le temps, on demeure convaincu que ces plantes 
finiront par nous livrer le secret de leur organisation et 
nous permeltre de les décrire avec certitude. Il ne ser- 
virait de rien de vouloir hâter ce moment à tout prix, 
en insistant sur des conclusions dénuées de vraisemblance 
et en tout cas prématurées, 

Les premiers essais relatifs au classement die Cycadées 
fossiles remontent à Sternberg, dont le grand ouvrage (1) 
mentionne les genres Cycadites et Bucklandia, le premier 
comprenant des frondes de Hôr en Scanie, le second les ti- 
ges de Tilgate désignées sous le nom de Clathraria par 
Mantell et Brongniart. La seule espèce authentique de Cy- 
cadites, citée par Sternberg, C. Milssoni, est identique au 
Nilssonia elongata de Brongniart et n’a par conséquent rien 
de commun avec les Cycas actuels. Le Prodrome de M. 
Brongaiart, publié en septembre 1828, marque de très- 
grands progrès : les frondes y sont distribuées, d’après le 
mode de nervation de leurs pinnules, entre les genres Cy- 
cadites, Zamia, Zamites, Pterophyllum et Nilssonia. Les tiges, - 
se réduisant à deux, sont appelées Mantellia; mais il con- 
vient d’y joindre 1e Clathraria Lyelli, englobé par Pauteur, 


(1) Vers, FI, d. Vorw., I, fasc. 4, p. 32. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 29 


quoique avec doute, dans les Monocotylédones. Presque au 
même moment {juin 1828), Buckland publiait son mémoire 
sur les troncs de Cycadées fossiles trouvés dans l'Oolithe de 
l'ile de Portland, dont il figura deux espèces sous les noms 
de Cycadeoidea megalophylla ei microphylla. Depuis, l’exis- 
tence de Cycadées européennes, à l’état fossile, n’a plus été 
contestée; toutefois, c'était là, non pas une solution, mais 
plutôt le point de départ d’une série de confusions et de dif- 
ficultés sans cesse renaissantes, contre lesquelles les au- 
teurs se sont en vain débattus depuis près de quarante ans. 

. Ence qui concerneles frondes cependant, lesgenres C'yca- 
dites et Nilssonia très-nettement caractérisés, l’un par la ner- 
vure médiane unique de ses folioles, l’autre par des lobes 
irrégulièrement soudés entre eux el occupés par des ner- 
vures longitudinales plus fortes et plus fines entremélées, 
sont demeurés tels que les avait établis M. Brongniart à 
l’origine, sauf l'attribution du second de ces genres au 
groupe des Fougères, proposé dernièrement par Schenk, 
opinion basée par lui sur l’observation prétendue des 
sores, mais controversable, si l’on songe à la: texture co- 
riace et à la physionomie même de ces plantes. : 

Les Zamia du prodrome de M. Brongniart que cet au- 
teur identifiait à tort avec le genre américain actuel, ma- 
nière de, voir qu’il modifia plus.tard, se rapportaient les 
uns aux Zamutes proprement dits, comme le Z. Feneonis, 
les autres, plus nombreux, comme les Z. Goldiei, Yungü, 
lœvis, etc.,-au type des Otozamites. Les Zamites de leur 
côté (Z. Bechei, Bucklandi, lagotis) appartenaient presque 
tous à ce même groupe des Otozamites. Le genre Ptero- 
phyllum, parfaitement défini par ses pinnules adhérentes 
par toute la largeur de leur base, tronquées ou arrondies 
au sommet et munies de nervures longitudinales simples 


30 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


et parallèles, constituaient dès lors un type des plus natu- 
rels, que l’on aurait dû respecter. Il n’en fat pas ainsi, et, 
au lieu d'améliorer cet ordre de classernent très-sagement 
ébauché, les changements que l’on y introduisit n’eurent 
rien d’heureux par eux-mêmes, puisque leur résultat fut 
” de jeter à la fin le groupe entier dans un véritable cahos. 
Dans le Fossil Flora de Lindley et Hutton (1), qui date 
de 1835, le genre Ctenis fut fondé pour un type spécial de 
l’Oolithe inférieure, le Ctenis falcata, Lindi. et Hutt., que 
son facies rapproche, à ce qu’il nous semble, des Dioon 
plus que de tout autre genre actuel. Les Zamites, et no- 
tamment le Zamites gigas, continuent à être désignés sous 
le nom de Zamiu, de même que les cônes douteux assimi- 
lés à ce genre, mais les Ofozamites ou Z'amites à folioles 
auriculées à la base et à nervures divergentes sont distin- 
gués pour la première fois sous le nom d’Oopteris , et par 
conséquent considérés à tort comme des Fougères. Les 
Pterophyllum à larges folioles conservent leur nom. 
3. Morris, dans un travaii d'ensemble publié en Angle- 
terre en 4841, engloba parmi les Zamites, non-seulement 
les Zamiostrobus ou cônes supposés de Zamia, mais en- 
core le Ctenis ; de plus, il créa le genre Ptilophyllum dans 
lequel il fit rentrer pêle- mêle des Otozamutes (O0. Bucklandi, 
Bechei), des Zamites de plus d’un type (Z. lanceolatus, 
Z. Schmiedeli, Z. taxinus), le Pterophyllum pecten, Lindl. 
et Hutt., le P£. Jægeri, Brongn., etc., qui tous ont cessé 
depuis d’être congénères. Cependant, M. Schimper a con- 
servé la dénomination générique de Pétilophyllum, en la res- . 
treignant à un groupe d'espèces fossiles de l’Indeanglaise. 
A peu près à la même époque, Endlicher dans son Ge- 
(1) The foss, Flora of Great Britain, or fig. and descr. of the veg. 
remains found in a foss. strate in thiscountry. London, 1531. 


2 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 31 


nera plantarum substituait à la dénomination de Zamua celle 
de Palæozamia, sans déterminer cependant la nature des 
espèces qui devaient être rangées dans le nouveau genre, 
c’est-à-dire en y laissant toutes celles que M. Brongniart y 
avait placées. Il établit aussi le genre Zamiostrobus pour y 
comprendre des cônes plus ou moins semblables à ceux 
des Zamia, recueillis dans divers terrains, mais ne conte- 
nant, d’après la diagnose de l’auteur, qu’un ovule unique 
sous chaque écaille, caractère incompatible avec la struc- 
lure connue de toutes les Cycadées et qui tendrait à faire 
admettre qu'il s’agit en réalité de cônes d’Araucariées. 

Miquel, dans sa monographie des Cycadées, en 1842 (1), 
réunit arbitrairement aux Cycadites de Brongniart le Cy- 
cadeoidea microphylla de Buckland, qu'il confond à tort 
avec le Mantellia cylindrica. Les Zamia fossiles, Palæozamia 
pour Endlicher, entre auires les Z. gigas, Lindl., taxina, 
Lindl., pectinata, Brongn., auxquels il faut ajouter le Cyca- 
deoida megalophylla, Buckl., deviennent des £ncephalartos 
à ses yeux; il distrait des Vilssonia qu'il conserve le Milsso- 
nia Brongniarti, dont il fait le type du nouveau genre Æ1- 
singera ; ensuite viennent les Pterophyllum à folioles étroi- 
tes et à folioles larges, et enfin les Zamiostrebus d'End- 
licher. 

La classification propesée par F. Braun, dans la sixième 
partiede l'ouvrage du comte Münster(2),constituait le genre 
Otozamites qui depuis a été conservé, mais en mélant aux 
. vrais Otozamites ( Otopteris de Lindley et Hutton) des Za- 
 maites comme les Z. Schmiedelii, Sternb., et falcatus, Sternb. 


(1) Monog. Cycadearum. scrips. L. À. G. Miquel, Trajecti ad Rhe- 
num, 1842. 184 

(2) Beitr, z. petrenfact. mit nacht. d. Naturgez. taf. Bayreuth, 1839- 
43, G liv. 4. 


32 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


Le même savant proposait encore d'appliquer la dénomi- 
nation de Podozamites aux espèces à pinnules lancéolées, 
insensiblement contractées à la base, à nervures longitu- 
dinales parallèles et convergentes vers le sommet atténué 
de la pinnule. Ce type qui rappelle vaguement les Cerato- 
* zamia, certains Zamia et mieux encore peut-être les Zowe- 
nia a été adopté dernièrement par M. Schimper. Il est 
surtout représentékpar les Zamites distans, Presl (1), et lan- 
ceolatus, Morr. (Zamia lanceolata, Lindl. et Hutt., Koss. F1., 
tab. 194). Mais, à côté de ces améliorations, l'établissement 
sous le nom de Pterozamiles d’un groupe discordant com- 
prenant à la fois les Péerophyllum, Nilssonia et jusqu'aux 


Tœniopteris, qui sont des Fougères , ne faisait qu’accroître 


la difficulté de s’entendre au sujet de la vraie signification 
- et des limites à assigner aux Cycadées secondaires. 

Le mémoire de Gæppert sur les Cycadées fossiles (2), pu- 
blié en 4844, marque un nouvel effort en vue de résoudre 
le problème ; mais cette fois encore les mêmes défauts de 
méthode entraînèrent les mêmes erreurs dans les résultats. 
M. Gœppert continue à composer ses genres Cycadites et 
Z'amites de frondes et de tiges arbitrairement réunies. Ses 
Z'amites comprennent indistinctement des Podozamites, 
des Otozamites et des Zamites proprement dits, ces -der- 
niers entièrement confondus. Enfin, le cadre, si nette- 
ment limité des Pterophyllum se trouve modifié de ma- 
nière à mêler les espèces à pinnules pointues ou atténuées 
au sommet à celles dont les folioles sont étalées à angle 


droit et tronquées à l’extrémité supérieure. Cette manière 


de voir altère singulièrement la signification du groupe et 


(1) In rnb, Vers, IL, tab. 41, fig. 1. 


(2) Ueb. d. foss. Cycadeen. Uberhaupt. mit Rucks. auf a. in Schles. 
vorkom. Art. Breslau, 1844, ! 


A ON ENT CRE. TNT 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 33 


à permis depuis à divers auteurs d'appliquer lé nom de 
Pterophillum à des formes tout à fait étrangères à celles que 
M. Brongniart avait désignées primilisement sous celle 
appellation. C’est avec raison, au contraire, que M. Schim- 
per a distrail tout récemment des Pterophyllum de Gæppert 
les espèces ainsi englobées dans ce genre après coup et 
a proposé le terme de Ctenophyllum pour désigner celles 
dont les frondés présentent des folioles linéaires , grêles, 
étalées, pourvues d’un petit nombre de nervures longilu< 

dinales et décurrentes à la base, telles que les Péeropkyl- 
 lumangustissiium, Münost.; Œynhausenianum, Gæpp., Dun- 
herianum, Gæ@pp., etc. Le même auteur a adopté le terme 
de Divonites pour des frondes à pinnules non rétrécies à 

la base, longiement lancéolées et aiguës au sommet, 
_ telles que les Péerophyllum rigilum, Andr., Carnallianum, 
… Gœpp., acutifolium, Kurr (1), Humboldtianum, Duvk., Bu- 
 chianum, EU., ête. Ce sont à des lypes que l'on doit effec- 
tivement considérer comme rès-distincts des Pterophyllum 
proprement dits. On doit même séparer du groupe normal, 
en majorité keupérien, les formes à lobes larges et courlis, 
trorquées au sommet, dont les Péerophyllum inconstans, 
. Gæpp., et comptum Lindl., et Hult., sont le type et qui ont 
donné lieu aux Anomozamites et aux Pterozamites de 
M. Schimper. Il est cependant possible et même probable 
que ces {ypes, qui ne sont pas sans manifester une anä- 
logie éloignée avec les Dioon actuels, aient formé jadis 
une sorle de tribu, à laquelle le nom de Ptérozamiées 
ou Piérophyliées pourrait êlre appliqué sans inconvé- 
nient. 


M. Pomel, dans un mémoire communiqué à la réunion 


(4) Beitri %. foss. Fl. d. Juraform. Wurtemb., p. 12. tab. 1, fig: €: 
VEGÉtaux. — J, 3 


34 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


des naturalistes allemands, tenue à Aïx-la-Chapelle en 
1847, mais inséré seulement dans le compte rendu en 1849 
et demeuré presque inaperçu én France, avait passé en 
revue les Cycadées jurassiques et proposé divers change- 
ments. L'auteur sépare avec raison les troncs des feuilles 
” et des parties de la fructification. Il essaye de définir avec 
plus de précision qu’on ne l’avail encore fait les Bucklandia, 
les Mantellia et les Clathraria. Le terme de Cycadeoidea 
est remplacé par celui d'Æchinostipes. Le nom de C{a- 

thraria désigne toujours la plante arborescente de la forêt 
de Tilgate. Mais il est difficile de saisir en quoi consiste la 
différence qui sépare les Bucklandia cylindriques des Man- 
tellia non moins cylindriques, sauf, pour ceux-ci, de pré- 
senter des cicatrices péliolaires plus larges et plus écar- 
iées. Les tiges examinées par l’auteur étaient du reste trop 
peu nombreuses pour que ces caraclères eussent beau- 
coup de valeur. Le sous-genre T'æniophyllum de M. Pomel 
semble basé sur des empreintes imparfailes ou mal com- 
prises, car la description du Taœniophyllum Terquemi, Pom., 

s'applique très-exaclement à des échantillons de Hettan. 
ges, longlemps regardés comme des Mulssonia, mais qui ré- 
vèlent en réalité un Cycadites à pinnules uninerviées, pres- 
que contiguës. Le nom d’U//ospermum désigne, dans la pen- 
sée de M. Pomel, des fruits plus ou moins semblables aux 
amandes des Cycas. — En dehors de ce qui précède, 
M. Pomel essaya de remanier les Zamia et Zamites des 
savants antérieurs à lui; il voulut constituer avec une 
partie de leurs espèces un genre nouveau, Crossozamia, basé E 
principalement sur l’observation d'organes en forme d’é- 
cailles frangées sur les bords, soutenues par un support 
aminci et réunies à des frondes rencontrées dans les mê- 
mes lits, soit dans le Corallien de Saint-Mihiel, soit à Het- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 35 


tanges. Les écailles frangées de M. Pomel sont les mêmes 
organes que M. Schimper a décrits dernièrement sous le 
nom générique de Cycadospadix. Ils marquent l'existence 
d’un type trop ressemblant aux carpophylles des Cycas ac- 
tuels pour ne pas leur être assimilé. Il est donc probable, 
mais non encore certain, que ce sont là les parties fructi- 
liées du genre dont les frondes de Cycadites représentent 
les feuiiles, et l’observation répétée dans les mêmes cou- 
ches des Zamites ou des Otozamites ne prouve rien en fa- 
veur de l’affinité générique ou spécifique de ces derniers 
avec les Cycadospadix en question. D'ailleurs, le Zamites 
Moreaui, Brngt., de Saint-Mihiel, qui, dans l'hypothèse 
de M. Pomel, prenait le nom de Crossozamia Moræana, est 
un Zamites proprement dit, très-voisin et certainement 
congénère du Z. Feneonis, landis que le Zamites Hennoquer 
(Crossozamia Hennoquei, Pom.) est certainement un Oloza- 
mites (Otoz. Terquemi, Schimp.), d’après l’échantillon ori- 
ginal que nous avons reçu en communication de M. Pomel 
lui-même. L’aitribution exacte des Cycadospadir, plus ré- 
pandus dans l’/nfralias de Heltanges que dans le Corallien 
de la Meuse, demeure donc sujette à la controverse, 
M. Schimper remarque, il est vrai, que ces organes se 
trouvent souvent dans le voisinage des Ofozamites et sur 
les mêmes plaques que les frondes de ces derniers. 
Mais les Cycadites, bien que moins fréquents, sans doute 
à raison du manque de caducité de leurs feuilles, se 
rencontrent aussi dans les mêmes lits. Il nous parait 
plus naturel d'admettre, en invoquant pour cela l’ana- 
logie, que les Cycadospadix sont effectivement les car- 
 pophylles des Cycadites. — M. Pomel, tout en fondant 
ainsi son genre Crossozamia sur un rapprochement bypo- 
thétique, et sans établir aucune différence radicale entre 


36 PALÉONTOLOGIÉ FRANÇAISE. 


les Otozamites à pinrules allongéés et les Zamites propre- 
ment dits, plaçait pourtant dans sa section Palæozamia ceux 
des premiers dont les folioles, auticulées à la base, étaient 
insérées de manière à recouvrir le rachis. Quant aux 
formes à foliolés larges, obluses ou mêines tronquées au 
sommet, dont l’Otozamites Beani estle type, M. Pomel les 
réunissait dañs un sous-genre nommé par lui  Cycloz amia, 
auprès duquel il rangeail également un groupe de Spheno- 
zamia (Zamites undulatus, Presb (1). Ces Cyclozamia et. 
Sphenozamia réunis correspondent assez bien aux Spheno- 
gamites de M, Brongniart (2); ils corréspondent en partie 
seulement aux Sphenozamites de M. Schimper ct en partie 
aux sous-genres Cyclozamites et Rhombozamites qui, dans lé 
pian de ce dernier auteur, comprennent les Ofozamites à 
folioles arrondies, subcordées ou largèement rhombuïdales, 
=— On voit en définitive que les appréciätions de M. Pomel, 
bien que formulées d’uné manière confuse, ne manquaient 
ni de juslesse ni de portée, si l'on a ÉESR au lemps où 
elles ont élé firmulées. | 
Le Genera de M. Unger (3) qui date de la même elodie 
ne marque aucun progrès. Les Olopteris de Lindley et 
Hutton sont même séparés de leurs congénères, toujours 
confondus avec les autres Zamites, et relégués parmi les 
Fougères. Mais dans le Tableau des genres de végétaux fos- 
siles, que- M. Brongniart fit paraître en 1849, les Cycadées 
se trouvent examinées avec un soin particulier : les feuil- 
les, les parties de la fructification, les troncs sont passés 
en revue successivement, sans réunion arbitraire de ces 
divers organes; el soumis à une révision “re 


{1)la S'ernb., H, alu: 26, fe. diz pic 
(2) Tub. des genres de véy. fuss., p. 51, 
(3) Gen. et sp. pl. fôss., Auct, Unger, Nindebonæ, 1850: 


TERRAIN JURASSIQUE, —— VÉGÉTAUX, 37 


. Le savant français admet les genres Cycadites, Otozami- 
tes, Zamites, Ctenis, Pterophyllum et Nilssonia, pour les 
frondes ; il place à côté des Ofozamites proprement. dits 
une seclion pour les espèces à folioles larges, à nervures 
divergentes, et non auriculées, sous le nom de Sphenoza- 
mites. 11 est fâcheux qu'après cette définition fort exacte 
d’un genre qui depuis:a élé adopté avec pleine raison, 
M. Brongniart ait cilé, comme en étant le Lype, le Cyclop- 
teris Beani dont les folioles obtuses, mais assez nettement 
auriculées, présentent le caractère distinctif de celles des 
Otozamites. M. Brongniart distingue dans les Zamites deux 
sections, . dont la première comprend les Podozamites de 
F. Braun qui forment maintenant un genre séparé. Cepen- 
dant, les Zamites gigas, Schmiedelii et Moreaui que l'é- 
minent professeur rapporle à celte même section sont 
certainement congénères et peu éloignés du Zamites Fe- 
neonis qui figure pourtant dans une autre (Pterozamites), 
Ainsi, sous la dénomination commune de Zamites plusieurs 
types, selon nous très-distinets, demeurent encore confon- 
dus. — Les fructifications des Cycadées fossiles, formant 
les genres Zamiostrobus et Microzamia n'étaient encore 
connues que par des exemples obscurs et contradictoires, 
M. Brongniart parle cependant d’un appareil mâle de 
Cycadée, trouvé aux environs du Mans, dont les anthères 
globuleuses se trouvent groupées à la face inférieure des 
écailles et dont l'attribution lui paraît fort légitime; c’est 
le Zamiostrobus (Androstrobus) Guerangeri, Brngt.,que nous 
reproduisons pl. 78, fig. 4-3, d’après un dessin original 
que nous devons à la bienveillance de l’auteur. C’est là, il 
faut le dire, le point de départ d’une série d'observations 
plus récentes qui tendent à démontrer, contrairement à 
Popinion généralement admise, que les organes reproduc- 


38 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


teurs des Cycadées secondaires ne s’écartaient pas beau- 
coup par leur structure de ceux des Cycadées vivantes. 
Pour ce qui est des tiges, M. Brongniart, qui range encore 
le Clathraria Lyelk et le Bucklandia squamosa parmi les 


types douteux, en comptait six espèces des lerrains secon- 


daires, les unes cylindriques, les autres nidiformes, aux- 
quelles il appliquait uniformément le nom de C'ycadeoidea 
emprunté à Buckland, en abandonnant celui de Mantellia 
qu'il avait d’abord proposé. 

Il existe un mémoire important de Bornemann sur les 
Cycadées fossiles, à propos des restes organiques recueillis 
dans le groupe de la Lettenkohle thuringienne, Ce travail 
qui date de 1856 est par conséquent postérieur à ceux que 
nous venons d’analyser, mais il s'appuie sur un mémoire 
de Miquel (1), relatif à la classification des Cycadées fossiles 
dont il vise la plupart des conclusions. L'auteur essaye 
d'utiliser l'étude de la structure épidermique et principa- 
- lement les caractères tirés de la disposition et de la forme 
dés cellules et stomates, pour le classement des Cycadées 
anciennes comparées à celles de nos jours. Il se base sur la 
difficulté de saisir, dans beaucoup de cas, le mode d’in- 
sertion des folioles pour ne s'attacher qu'à leur forme et 
à leur nervation, Mais c’est là un principe dangereux propre 
à égarer l’observateur ; et les caractères tirés uniquement 
de la configuration du tissu cellulaire ne sont rien moins 
que sûrs, comme nous le verrons bientôt. Quoi qu'ilen soit, 
M. Bornemann admet les genres Vilssonia, Cycadites, Qto- 
zamites, F.Br., ce dernier avec des réserves dont quelques 
‘unes sont parfaitement fondées ; il admet encore le genre 
Z'amites, tout en lui donnant une signification particulière, 


(1) Over de rangsch. d. foss. Cycad, 


TERRAIN JURASSIQUE, —— VÉGÉTAUX. 39 


puisqu'il y réunit une partie des Sphenozamites et des Po- 
dozamites de Brongniart, entre autres le Zamites undulatus, 
Presl, et le Zamites distans, Sternb. Les Podozamites chan- 
gent pour lui de signification et, s'appuyant sur l'opinion 
dé Miquel, il y range, non-seulement les Zamites propre- 
ment dits (Z. gigas, Morr., Z. schmiedelii, Brngt., et Z. Mo- 
reaui, Bengt.), mais le Zamia lanceolata, Lindl. et Hutt., 
si voisin pourtant du Z. distans. Il y a là une confusion des 
plus regrettables, Le genre Dioonites, adopté d'après Mi- 
quel et conservé depuis par M. Schimper, mais avec un 
autre sens, est tout aussi mal limité, puisqu'il comprend à 
eôté du Zamites Feneonis, Brngt., les Pterophyllum Oeyn- 
hiausianum, Gæpp., carnallianum, Gœpp., Humboldtionum, 
Dunk., dont l’un est devenu le type des Cfenophyllum de 
Schimper, tandis que le second seul est resté parmi les 
Dioonites et que le troisième paraît être un vrai Pferophyl- 
lum. Bornemann ne laisse dans ce dernier genre que des 
formes pour la plupart assez mal définies, il prend pour 
types du groupe les Pferophyllum majus et minus, Brngt., 
qui en ont élé justement distraits dernièrement par 
Schimper pour former le nouveau genre Anomozamites ; au 
contraire, les Péerophyllum les moins contestables, comme 
le Pterophyllum Jægeri, Brngt., constituent aux yeux de 
Bornemann le genre Pterozamites, qui a élé depuis, il est 
vrai, adopté par Schimper, mais en l’établissant sur d’au- 
ires bases, puisque les espèces qu’il y comprend sont jus- 
tement des Pterophyllum aux yeux de Bornemann. Quant 
à son genre Séangerites, il ne serait basé, suivant M. Schenk, 
que sur des fragments de Zæniopteris. On peut donc 
affirmer que l’auteur, dont nous venons d’analyser l'ou- 
rage, a ajouté à ce qui s’élait fait avant lui une confusion 
réellement inextricable et hérissé de difficullés la synony- 


40 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


mie des principales espèces, décrites d’après leurs feuilles 
seulement. De plus les tiges, mentionnées par lui, se trou- 
vent assignées: de la manière la plus arbitraire, l’une, le 
Cycadeoidra megalophylla, aux Pédozamites; l'autre, le 
C, microphylla; aux Dioonites. 

- La publication de la belle flore du Rhétien-de Franconie 
par M, Schenk (1) a fait faire un grand pas à la connais- 
sance des Cycadées de la partie inférieure du terrain ju- 
rassique, Les figures et les réflexions dont l’auteur a 
accompagné ses diagnoses sont des plus précieuses et. 
nous serviront de guide sur bien des points. Il apprécie 
fort-justement, dans ses généralités, les exagérations aux- 
quelles ont élé entraînés Miquel et Bornemann dans l'ap- 
plication de leur système; toutefois ilse renferme dans 
l'examen des seules Cycadées infraliasiques, parmi les- 
quelles les Zamites proprement dits du type des Z> gigas, 
Schmiedeli et: Feneonis n’ont pas été encore signalés. Pour 
M. Schenk, le Zamites distans, Presl, demeure le type des 
vrais Zamites, landis que pour M. F, Braun, suivi en cela 
par M. Schimper et par nous, le Zamites distans forme 
avec d’autres formes qui lui sont alliées le genre 
Podozamites. M. Schenk a eu le tort, à l'exemple de 
M, Bornemann, d’altacher une importance exagérée à la 
structure des cellules de l’épiderme qu'il a pu étudier 
dans beaucoup de cas. Se fiant outre mesure à ce caractère 
qui varie d’un genre à l’autre, comme le prouvent les 
sinuosités des cellules épidermiques des Séangeria com- 
parées à celles des autres Cycadées ; s'appuyant encore de. 
l'observation d’une fronde d’Otozamites dont les pinnules 
semblent cernées par un repli marginal, il a rendu à ce 


(1) Foss. FI. der Grenzchicht.des. keupers und Lias frankens, von 
Dr Aug. Schenk, Wiesbaden, 1865. Éd 


TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. A 


genre la dénomination primitive d'Otopteris et l’a replacé 
parmi les Fougères, tandis qu’il est bien certain par des 
exemples réitérés (voy. deux de ces exemples, d’après des 
dessins communiqués par M. de Zigno, pl. 76, fig. 3-4) que 
la vernation des fronudes des Otozamiles était érigée imbri- 
cative et que ce genre faisait réellement partie des Cyca- 
dées. M. Schenk a agi de même au sujet des ANéssonia, 
rangés par lui dans les Fougères, à cause des ponctuations 
en forme-de sûres arrondis, disposés en série dans l’inter- 
valle des nervures, observés quelquefois chez eux et de leur 
nérvalion certainement enroulée. Mais il serait possible 
qu'au lieu de fruclificätion on eût sous les yeux des traces | 
de champignons épiphylles, analogues à nos grandes spliæ- 
riées qui sont assez souvent disposées en rangées presque 
régulières le long des nervures. L’aspect des frondes de 
Nilssonia militerait en faveur de leur attribution au groupe 
des Cycadées, au sein des queiles cè genre, sans analogie 
direcle avec aucun de ceux de l’ordre actuel, semblerait 
devoir se placer non loin des Cycadites, dont le rapproche 
la disposition enroulée de ses fronées au moment de leur 
évolution. — M. Schenk a cherché longuement par l’ana- 
lyse microscopique des tissus à déterminer le degré d’af- 
finité qui pouvait exister entre les diverses frondes de Pte- 
rophyllum et celles des genres actuels de Cycadées ; mais 
cette étude le conduit à formuler des conclusions contra- 
dicloires, Seit au point de vue des affinités supposées des 
_ formes de l’ancien monde avec les nôtres, soit en’ vue du 
classement de ces formes comparées entre elles, On aurait 
_ pu prévoir d'avance ce résultat négatif, et l’on doit remar- 
quer aussi combien on se crée d'’inutiles obstacles en vou- 
lant à tout prix opérer une liaison entre les Cycadées an- 
ciennes et les nôtres. Les différences qui les séparent sont 


42 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


visibles, mais les liens qui peuvent les unir ncus échappent 
inévitablement, parce qu’il faudrait pour les analyser pos- 
séder la série complète de leurs organes, et celte réunion, 
que le temps permettra peut-être d'effectuer, est encore 
, maintenant, il faut l'avouer, complétement irréalisable. — 
C’est bien là ce qu’a compris M. Schimper, dans son Traité 
de paléontologie végétale. À l'exemple de ce qu'avait fait 
autrefois M. Brongniart, il énumère les divers genres de 
Cycadées fossiles, en commençant par ceux qui sont basés 
uniquement sur la connaissance des frondes, pour arriver 
aux tiges et passer ensuile aux Organes reproducteurs, 
chacun de ceux-ci donnant lieu à autant de genres qu’ils 
représentent de parties et de iypes distincts, susceptibles 


de définition particulière. Nous allons à notre tour passer 


celle revue. 


Genres de Cycadées jurassiques basés sur la 
considération des frondes. 


Nous DES GENRES. DÉFINITION DES PRINCIPAUX CARACTÈRES, 


Cycadites* (1), Brngt. — Frondes probablement persislantes 
ou sub-persistantes. — Vernation circinée. 
— Pinnules adhérentes par toute leur base, 
étroites, insérées sur les côtés du rachis, 
uninerviées. 
- Type : Cycadites rectangularis, Brauns. 


Nilssonv, . Brngt. — Frondes probablement caduques, 


simples ou pinnatipartiles, souvent poly- : 
morphes. — Vernation circinée. — Seg- 


ments obtus et larges, tronqués au sommet, 


(1) Les genres marqués d’un astérisque ont été observés dans le ter- 
rain jurassique de la France; les autres n'y ont pas été signalés 
jusqu'ici. ; ; 


La 


ont Re, DS et dd 


TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 43 


plus ou moins soudés entre eux, munis de 

nervures simples, longitudinales, plus fortes 

et plus faibles entremêlées, une d'elles 

aboutissant à l’angle interne des inci- 

sures. : 
Type : Nilssonia polymorpha, Schenk. — 
(PL.79, fig. 1-2). . 

Anomozamites, arrurct — Frondes médiocres ou petites, 
probablement caduques, allongées, irrégu- 
lièrement pinuatipartites, souvent polymor- 
phes. — Segments plus ou moins soudés entre 
eux, larges et courts, oblus ou tronqués. — 
Nervures dichotomes dès la base, égales, 
émises à angle droit le long de la côte mé- 
diape. 

Type : Anomozamites inconstans, Schimp, 
— (PI. 79, fig. 3.) 

Pterozumites,  Schimp. — Frondes pinnatipartites à segments 
larges et courts, obliquement tronqués, 
obtus au sommet, adhérents par toute leur 
base, mais non soudés entre eux, bien que 
contigus. — Nervures longitudinales, sim- 
ples, nombreuses, parallèles entre elles. 


Type : Pterozamites comptus, Schimp. 


. Pterophyllum, Brngt. — Frondes probablement caduques, 
pinnées à segments allongés, linéaires, 
insérés à angle droit par toute leur base sur 
les côlés du rachis, mais distincts entre eux 
et tronqués au sommet. — Nervures égales, 
simples parallèles, aboutissant au sommet 
tronqué des pinnules. 

z Type : Pterophyllum por Brogt. —. 

(PI. 80, fig. 1.) 


Cienophyllum,  Schimp. — Frondes pinnées à segments grè- 
les, étroits, longuement linéaires, insérés 
latéralement par toute leur base légèrement 
élargie et décurrente, atténués obtus au 
sommet. — Nervures simples, égales, peu 


nombreuses, parallèles entre elles, faible- 


44 


Dioonites, 


Podozamites, * 


Zamites, * 


Otozamites, * 


PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


ment convergentes vers le sommet de la pin- 
nule. 
Type : Cienophyllum Braunianum (Gæpp.), 
Schimp. — (PI. 80, fig, 2.) 

Pornem. — Frondes probablement persistan- 
tes, 'pinnées, à pinnulés insérées latéralement 
par toute leur base étroitement décurrente, 
allongées, lancéolées-aiguës au sommet, — 
Nervuressimples, parallèles. 

Type : Dioonites Kurrü, Schimp. — (PI, 84, 
fig. 2.) 

Fr. Braun {emend.). — Frondes pinnées. — 
Vernation érigée-imbricative. — Folioles 
espacées, obliquement insérées par une base 
alténuée, articulées sur le rachis, et par 
conséquent caduques. — Nervures égales, 
longitudinales, convergentes vers les deux 
extrémités de la pinnule toujours entière 
sur les bords. 

Type : Podozamites distans (Presl), Schimp. 
— (PI. 76, fig. 2.) 

Brngt. (emend.). — Frondes généralement ca- 
duques, pinnées. — Vernalion érigée-im- 
bricalive. — Pinnules insérées sur la face 
supérieure du rachis par une callosité, con- 


tractées et équilatérales à la base, — Ner- - 


vures simples ou ramifiées-dichotomes, pa- 

rallèles entre elles; les extérieures diver- 

geant légèrement et s’arrêtant à diverses 

hauteurs le long d’une marge toujours en- 

tière et cernéc d’un rebord cartilagineux, 
Type : Zamiles Feneonis, Brngt. 


Fr. Braun (emend.). — Frondes généralement 
caduques et probablement articulées sur 
la tige, pinntes. — Vernation érigée-im- 
bricative, — Pinnules insérées sur la face 
supérieure du rachis, par une base arti- 
culée et calleuse, inégalement arrondies 
ou cordiformes, plus ou moins dilatées-auri- 
culées sur le côté antérieur de la base, — 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 45 


#1 Nervures ramifiées-dichotomes, divergeant 
du point d'attache vers Ja marge toujours 
erlière des pinnules, 
Type : O'ozamiles Bucklandi, Brngt.” 
Glossozamites, Schinip. — Frondes pinnées à pinnules liegai- 
is#133 formes, eliipsoïdes, obtuses au sommet, insé- 
rées.à la face supérieure du rachis par une 
base contractée, équilatérale. — Nervures 
 4{ines, ramifiées-dichotomes, divergeant fai- 
l'a blaaedt du point é’attache-wers les bords 
int 20: {oujours entiers de la pinnule. 
Lo TIPe : Glossozamites Re dr (Kurr), 
Schimp. 
rm Brogt (emend.). — Frondes généralement ca- 
n£b 33 . duques et probablement articulées sur la 
tige, pinnées. — Folioles insérées sur les 
_ côtés du rachis par une base articulée, or- 


EE Es 


rt Le? 


#sbbéat) vol 


I SIHRE 


sn  dinairement larges arrondies ou rhomboïda- 
#98 5 _ les, équilatérales, entières ou dentées épi- 
neuses, sur les bords. — Nervures rami- 
fiées-dichotomes, divergeant du point d'at- 

- tache vers les bords de la pinnu!e. 


M Lei 0 l'Typé : Syhenozamites Rossii, Zign. 


 Onvoit que suronzegenres de Cycadéesjurassiques, basés 
sur lés frondes, nôn compris les Prilophyllum de l'Inde qui 
n’ent pas encore été observés ‘en Europe, la flore française 
- n'en coniple que cinq. Deux d’entre eux, les Zamites et Oto- 
zanites ont sculs de l'importance, Le second domine ex- 
clusivement dans l'Iafralias, le Lias et jusque vers l’Orfor- 
 dien; il se montré alors associéaux premiers Sphenoza- 
iniles, puis il” décline rapidement et cède la place aux 
Zünites qui dominent à leur tour dans le Corallien et le 
Kimmeridgien, en société’des Sphenozamites. — Si l'on 
essaye uné assimilation de ces genres el de ceux de nos 
jours, on reconnaîtique les Cycadites se rapprochent réelle- 
ment dés Cycas; parliculièrement du Cycas revoluta: Les 


A6 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, - 


autres ressemblances paraissent bien plus éloignées ; ce- 

pendant les Céenophyllum rappellent les Dioon, auxquels ils 

semblent confiner, et les P{erophyllum ont aussi quelque 

rapport avec ceux-ci, quoique d’une façon déjà très-indi- 
recte. Les Podozamites reproduisent l’aspect de certains 

Zamia et aussi du Bowenia. Les Zamites rappelleraient 
plutôt les Macrozamia : mais les Sphenozamites semblent, 

par leurs principaux caractères, tenir le milieu entre les 

Encephalartos et les Zamia. Les autres types s’écartent 
encore davantage par les frondes de toutes les Cycadées 
actuelles. | S 

L'affinité mutuelle de ces divers genres, recherchée dans 

le but d'opérer leur groupement én tribus, ne saurait 
donner lieu qu’à des résultats purement conjecluraux. 

Cependant, si l’on consulte la physionomie de chacun 

d’eux, en s’aidant de certaines parlicularilés, on arrive à 
formuler les données suivantes : les Cycadites seraient 
isolés, comme les Cycas, leurs représentants actuels ; leurs 

frondes ont du être enroulées avant leur développement, 

et si les C'ycadospadix répondent à leurs organes fructifica- 

teurs, le groupe aurait élé presque identique à celui des 

Cycas actuels. — Les Milssonia, si toutefois ce genre a fait 

réellement partie des Cycadées, possédaient des frondes 

enroulées, comme celles des Cycadites ; ils semblent servir 

de transition entre ces derniers et la tribu des Ptérophyl- 

lées ou Pterozamiées. Le mode de vernation de celles-ci . 
n’est pas bien connu; les frondes de Pterozamites, selon 

M. Schimper, ne seraient pourtant pas enroulées dans leur 
jeunesse, comme celles des Mülsonia. — Les Podozamites 

formaient vraisemblablement une section à part, à la- 

quelle se rapportent peut-être les appareils fructifica< 

teurs observés dans les couches du Rhétien de Franconie, 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 47 


Leur vernation a dû être érigée-imbricative, pareille à 
celle des Macrozamia et Bowenia ; on ne doit pas oublier 
que les Podozamites rappellent surtout le dernier de ces 
genres. Les Zamites, Otozamites, Glossozamites et probable- 
ment aussi Sphenozamites sont reliés par des caractères 
communs d'aspect, de structure et de nervation. Leurs 
frondes n'étaient pas enroulées, avant leur développement, 
mais érigées, ainsi que les folioles (voy. deux exemples de 
frondes imparfaitement développées pl. 76, fig. 3-4); leur 
pétiole neltement terminé à la base et l'articulation fré- 
quente ainsi que le mode d'insertion des folioles sur le 
rachis fournissent autant d'indices de l'existence d’une 
tribu à laquelle le nom de Paléozamiées pourrait être ap- 
pliqué sans inconvénient. 

. Les bases de pétioles et les écailles gemmaires détachées 
donneront lieu aux deux genres : Cycadorachis et Cycado- 
lepis. La présence des écailles gemmaires est certaine chez 
les Otozamites et les Zamites, ainsi que cela ressort, pour . 
le dernier de ses genres, d’une sommilé de lige du Zamites 
gigas, dont il est question ci-après. On observe aussi 
parfois des écailles isolées et par -Conséquent caduques. 
L'existence de ces organes est d'ailleurs attestée par l’é- 
tude des résidus dont les troncs âgés sont généralement 
recouverts. 

_Les tiges, tronçons ou sommités de tige, comptent au 
moins douze espèces dans la flore jurassique française et 
doivent être de notre part l’objet d’un examen tout par- 
ticulier. Il est impossible de confondre dans un même 

genre, sous une formule vague, des types caulinaires évi- 
demment très-divers par leur aspect, leur structure et leur 
mode de croissance. Les tiges bulboïdes ne sauraient être 
associées à celles qui élaient cylindriques ou faiblement 


48 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


ellipsoïdes, les tiges hérissées d’appendices accrescents à 
celles qui en étaient dépourvues ou n’en aÿaïent que de 
très-peu saillants. Enfin, parmi les tiges entourées d’un 
fourreau de pièces régulièrement disposées, il en est qui 
reproduisent le facies de celles des Cycadées actuelles et 
d’autres qui l’en écartent trop pour ne pas être séparées 
des premières : de là des différences que nous traäuirons 
par l'adoption d’un certain nombre de termes génériques 
destinés à les exprimer. | 

Les tiges pelites ou médiocres, bulboïdes, hérissées de 
bases de pélioles d’abord érigées, puisétalées, régulièrement 
disposées, comme les écailies d’un cône, plus où moins 
rapprechées et même db prendront le nom de 
Bolbopodium. 


Les tiges cylindriques-allongées, minces relativement à 


leur diamètre, plus ou moins hérissées dans leur jeuvesse 
de résidus de pétioles, d’abord distincts et érigés, trans- 
formés plus tard en écussons rhomboïdaux, régulièrement 
disposées en rangées spirales ascendantes, prendront le 
nom de Cylindropodium. Le Mantellia cylindricu de Bron- 
gniart (Clathraria liasina, Schimp., Traité de pal. vég., U, 
p. 483) deviendra le lype de ce genre que l’on ne saurait 
confondre avec les Cycadeoidea nidiformes de Bruckland, 
encore moins avec les Clathraria de Mantell qui consli- 
tuent un genre à part, à cause de leur structure ramifiée 
et de la forme même des écussons qui composent l’enve- 
loppe corticale externe. 


Les liges ellipsoïdes, subnidiformes, ovo-cylindtiques 


* où largement cylindriques, épaisses, à croissance évidem: 
ment lente, montrant par les coupes transversale et lon- 
gitudinale des bases de pétioles accreécentes;, nombreuses 
et serrées, très-développées par rapport au diämètre in- 


tué hdd, à dd 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 49 


térieur et donnant lieu sur le pourtour extérieur à des 
écussonstransversalementrhomboïdaux, contiguset comme 
soudés, ces tiges plus ou moins pareilles à celles que 
Buckland avait nommées Cycadeoidea, dans un sens évi- 
demment trop général pour que ce terme puisse être 
conservé avec avantage, auxquelles M. Brongniart avait 
appliqué originairement la dénomination de Mantellia re- 
prise dernièrement par M. Carruthers, seront appelés par 
nous Clathropodium. C’est à ces mêmes tiges que l’on doit, 
croyons-nous, réunir les Bennenites du mémoire récent 
de M. Carruthers (1), qui, selon l’auteur lui-même, ne 
diffèrent des Mantellia que par leur forme essentiellement 
ellipsoïde. Cette forme peut être plus ou moins prononcée 
avec l’âge et passer à la cylindrique dans les limites de la 
même espèce. Les troncs des Clathropodium, dont la crois- 
sance a dû être fort lente et dont la ressemblance avec 
ceux des Encephalartos actuels (voyez l’aspect d’une plante 
adulte de ce dernier genre, dessinée d’après nature, pl. 75, 
fig. 1) est vraiment frappante, montrent un mélange 
visible d’appendices accrescents plus épais et plus minces 
qui dénotent, chez ces plantes, l'existence d’écailles gem- 
maires et par conséquent l’évolution des frondes par 
séries successives. On distingue aussi quelquefois sur ces 
sortes de tiges des cicalrices éparses, disposées en ro- 
sette (voy. pl. 76, fig. 1, un exemplaire de Cycadeoidea, 
dont la figure est empruntée à l’ouvrage de notre ami 
M. Schimper), qui se rapportent sans doute aux bour- 
_geons adventifs que les vieilles parties des tiges produi- 
sent chez les Cycadées et qui constituent pour ces plantes 


(1) Onthe fossil Cycadean stems, extr. fr. the trans. nf the linn. 
. soc. of London, vol. XXI, p. 694. 


VÉGÉTaux. — J. 4 


50 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


un moyen de propagation ou même de ramification. 
M. Gœppert a observé la même particularité chez ses Rau- 
meria, dont la structure diffère peu, sinon par l’écartement 
des bases de pétioles, entremêlées d’une bourre épaisse, de 
ce que montrent nos Clathropodium. 

D'autres tiges, voisines des précédentes, paraissent pour- 
tant ne pas devoir être confondues avec elles. Elles sont éga- 
lement recouvertes d’une épaisse enveloppe d’appendices 
äcerescents, contigus et serrés ; mais ici, au lieu de présen- 
ter dans une coupe transverse, une surface rhom- 
boïdale et un diamètre vertical presque aussi grand que 
l’autre, ces organes consistent en lames minces, étroite- 
ment appliquées, un peu recourbées vers le haut et en tout 
fort ressemblant aux parties correspondantes des Dioon. 
La zone corlicale proprement dite de ces troncs est toujours ; 
très-mince et l’étendue de la moelle très-variable. Il est 
vrai que l’épaisseur de l’étui médullaire chez les Cycadées 
dépend beaucoup de l’endroit de la tige que l’on examine, 
lerenflement médian correspondant à l’accumulation, dans 
les cellules de la moelle dilatée, d’une provision plus ou 
moins considérable de fécule. Les tiges dont nous venons de 
parler paraissent propres au Lias ; nousen décrirons deux es- 
pèces, l’une de Hettanges, l’autre rencontrée en Normandie, 
sous le nom générique de Platylepis. 

Les tiges, non plus simples, ou largement cliniques ou 
sphéroïdéo-cylindriques, : mais allongées irrégulièrement, 
dilatées ou rétrécies et ramifiées par dichotomie de distance 
en distance, couvertes extérieurement d’un fourreau de 
résidus accreseents, en formes d’écailles épaisses, en écus- 
sons rhomboïdaux larges et contigus, avec une zone corti- 
cale mince et, à l'intérieur, un étui médullaire large, en-. 
voyant des rayons dans le cylindre ligreux relativements 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 51 


étroit qui sert d’enveloppe à la moelle, ont reçu depuis long- 
temps la dénomination de Clathraria, et leur attribution 
au groupe des Cycadées n’est nullement douteuse. Mais on 
doit, selon nous, restreindre ce nom aux tiges observées pri- 
mitivement dans le Wéaldien de Tilgate et à celles qui 
présenteraient une structure identique. 

L'étui médullaire des Clathraria et de plusieurs autres 
tiges Cycadées fossiles, moulé par un sédiment, après la 
destruction plus ou moins rapide de la partie celluleuse, 
se rencontre assez souvent isolé du reste de la tige, por- 
tant sur le pourtour extérieur la trace des faisceaux li- 
gneux imprimés, avec les prolongements en saillie de la 
moelle elle-même. Nous donnerons à ces moules internes, 
dans les cas où leur attribution à une tige déterminée pa- 
raît impossible, le nom de Cycadomyelon qui a l’avantage 
de ne rien affirmer au sujet de leur affinité présumée. 

C’est à la suite des Clathraria qu'il faut placer un ma- 
gnifique genre de Cycadées, dont les tiges cylindriques, 
pourvues à l’intérieur d’une large moelle, probablement 
simples, annoncent par leur aspect vigoureux des végétaux 
d'assez haute taille, dans lesquels on reconnaîtra peut-être 
un jour les parties caulinaires des espèces dont les Sphenoza- 
mites représentent les frondes. Ces tiges ont été rencontrées 
dans l’Oxfordien de l’ouest de la France, ainsi que dans le 
Wéaldien de l’île de Wight. L'espèce anglaise a été décrite 
-par M. Carruthers, sous le nom de Fittonia que nous adop- 
tons, après avoir reconnu la parfaite conformité d’aspect et 
decaractères de nos spécimens avec les siens. Les Fittonia 
diffèrent entre eux suivant l’endroit de leur tige que l’on 
examine. Les parties anciennes se montrent revêtues d’un 
épais fourreau de bases pétiolaires, accrues et serrées, 
sous forme d’écussons épais et saillants, irrégulièrement 


52 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


rhomboïdaux, insérés à angle droit ou même repliés vers 
la base. Ces écussons montrent sur leur face les vestiges des 
faisceaux vasculaires et des conduits résineux, Les parties 
jeunes laissent voir des bases de pétioles semi-érigées, im- 
briquées, épaisses et dilatées inférieurement, tronquées au 
sommet et marquées sur ce point de cicatrices visibles, d’au- 
tant plus nettes qu’elles sont moins anciennes et provenant 
de la désarticulation des frondes. lei, la partie persistante 
des rachis, après la chutes des frondes, présentait une lon- 
gueur notable, et l’accrescence de cette partie est visible, 
puisqu’il est possible d’en suivre les progrès et de consta- 
ter la transformation graduelle des résidus, tronqués 
uniformément vers cinq à six centimètres, de hauteur, en 
écussons d’autant plus épaissis et contigus qu'ils sont 
plus anciens. FR | 
Cependant, si nous adoptons le genre Fittonia de 
M. Carruthers, nous sommes loin d’admettre également 
tout le système de cet auteur, Dans son essai de groupement 
en genres et en tribus, des Cycadées fossiles, par la combi- 
naison des tiges et des organes reproducteurs, M. Carru- 
thers nous paraît avoir mis de côté ces règles de prudence 
et de sage réserve que le botaniste paléontologue doit ob- 
server plus que tout autre. L'ordre qu’il suit ne saurait être 
dans aucun cas l’expression réelle des faits, puisqu’ilrompt, 
au moyen de rapprochements hypothétiques, les liaisons | 
les plus évidentes et les: plus naturelles. Qu'est-ce qui 
prouve effectivement que les tiges fossiles, nommées Buc- : 
klandia par Presl, aient appartenu à la tribu des Cycas pro- | 
 prement dits et possédé -comme eux des carpophylles en 
forme de spadice, aplatis et laciniés au sommet, tandis | 
que les Crossozamia de Pomel, auxquels ces mêmes car- 
pophylles (Cycadospadix, Schimp.) sont attribués;'se trou- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 53 


vent rangés avec le Yatesia et les Fiftonia, ont les organes 
reproducteurs sont totalement inconnus, dans la tribu 
des Zamiées. D’autre part, les frondes du Crossozamia Mo- 
reauti de Pomel sont évidemment congénères de celles du 
Z'amites gigas, et malgré cela le Zamites gigas se trouve, sous 
le nom de Williamsonia gigas, transporté non-seulement 
dans un genre, mais dans une tribu séparée, celle des 
Williamsoniées, caractérisée par des organes qui ne présen- 
tent d’analogie avec ceux d’aucune Cycadée actuelle et. 
contredisent par cela même ce que nous révèle l’étude de 
toutes les séries végétales connues jusqu’à présent, même 
les plusreculées vers l’origine des choses. La tribu suivante, 
celle des Bennénitées, est encore plus étrange, si c’est 
possible, puisqu’elle nosséderait, d’après M.Carruthers, des 
fruits inclus, situés àl’intérieur des bases accrues des pétio- 
les. Malgré l’apparente précision des détails de structure 
anatomique, figurés par le savant anglais, il est difficile d’ad- 
-meltre la réalité de semblables combinaisons organiques. 
Les organes attribués au Zamites gigas et sur lesquels 
legenre Williamsonia, Carruth., a été établi, doivent attirer 
particulièrement notre attention. Non-seulement ils ont été 
mentionnés par M. Brongniart (1), mais,en4868,M. William- 
‘son en a fait l’objet d’un mémoire important, inséré dans 
les Transactions de la Société linnéenne de Londres (2). 
Une Cycadée dont les androphylles consisteraient en un 
_spadice ou -réceptacle pyriforme, recouvert à la péri- 
phérie d’une multitude de sacs polliniques, entouré à la 
base d’une involucre de bractées linéaires disposées sur 


(1) Tab. des genres de vég. foss., p. 62. 

(2) Contrib. tow. the Hist. of Zamia gigas Lindl. et Hutt., By W. 
€. Williamson, prof. of nat. hist, in Owens college, extr. fr. the 
Trans. of the Linn. soc. of London, vol. XXVYI, p. 663, tab. 52 et 53, 


54 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


plusieurs rangs et supporté par un long pédoncule garni 
de bractées larges et demi-amplexicaules, une pareille 
Cycadée serait déjà bien étrange ; mais si cette même plante 
présentait des carpophylles configurés en forme de coupe 
ou d’entonnoir évasé, divisé vers les bords de manière à 
donner lieu à quinze segments en languette, munis à la face 
supérieure, le long d’une carène médiane, d’une double 
rangée d’ovules, alignés deux par deux et nichés dans des 
alvéoles, il serait naturel de s’écrier que ces organes sor- 
tent complétement du plan sur lequel le groupe des 
Cycadées a été construit. Ce sont là pourtant les conclu- 
sions du mémoire de M. Williamson, et en leur présence 
on se demande s’il s’agit réellement d’un végétal sans 
lien d’aucune sorte avec ceux qui nous sont connus ou 
bien si .ce végétal n’est pas le DR d’une imagination 
égarée par l'erreur. 

En réalité, nous ne contestons l’existence ni du Zamites 
_gigas ni des organes en question fidèlement décrits et 
figurés par M. Williamson; leur provenance des grès ooli- 
thiques du Yorkshire et la parfaite authenticité de tous ces 
restes fossiles sont également incontestables; mais la 
question, -en ce qui les concerne, doit être posée autrement 
qu’elle ne l’a été jusqu'ici, et au lieu de s’épuiser à la 
recherche de la vraie signification de parties dont la nature 
demeure . encore énigmatique, il aurait fallu s’assurer 
d’abord de leur continuité avec les frondes et les tiges du 
Zamites gigas. La fréquence des deux catégories d’em- 
preintes dans les mêmes lits ou, si l’on veut, côte à côte 
sur les mêmes plaques, est loin de suffire pour démon- 
trer cette connexion, tellement un argument pareil, “si 
souvent démenti, soutient peu la discussion. La preuve 
qu'il s'agirait de fournir est celle qui résulte d’une liaison 


TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. BE 


matérielle, et M. Williamson, qui n’hésite pas à l'admettre, 
se contente pourtant d’une affirmation basée sur l’opinion 
de ceux qui ont exploré la localité et enfin sur la série 
d'échantillons recueillis par M. James Yates et dont le. 
principal, actuellement en possession du muséum de Paris, 
serait de nature à trancher toutes les difficultés, de l’aveu 
de M. Brongniart lui-même. Le savant français, moins 
explicite cependant que M. Williamson, a toujours reculé 
devant l'expression d’une opinion catégorique au sujet d’un. 
végétal qualifié par lui de problématique (1). Enfin, l’examen 
que nous avons fait, grâce à sa bienveillance, de celui des 
blocs de grès sur lequel est basée toute la démonsiration 
nous permet d’en contester la portée et de dégager le 
Zamites gigas de toute liaison directe avec les organes sin- 
guliers, considérés à tort comme représentant son inflo- 
rescence. Nous n’avons pas à déterminer ici ce que sont en 
réalité ces organes, et à quel groupe il est naturel de les 
rapporter, mais nous affirmons que tout se réduit à une 
coïncidence fortuite, qui a permis aux parties décrites par 
M. Williamson et figurées pl. 52 et 53 de son mémoire, 
ainsi qu'à une tige de Z. gigas, accompagnée de ses 
frondes, de réunir leurs empreintes péle-mêle dans la 
même assise en voie de formation. La confusion qui s’est 
établie entre deux catégories de débris végétaux n’ayant 
rien de commun ensemble tient cependant à une circons- 
lance que nous devons expliquer. Elle tient à une certaine 
conformité apparente entre les appareils floraux aux- - 
quels on peut laisser le nom de Wälliamsonia et le Zamites 
gigas, tel que le fait voir la remarquable empreinte de la 
collection du muséum de Paris (voy. pl. 84, fig. 4). Nous 


(1) Tab, des genres de vég. foss. p., 62. 


56 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


avons tout lieu de considérer les Walliamsonia comme 
représentant l’inflorescence d’une Monocotylédone pri- 
mitive, révélant un type de Pandanées plus ou moins 
analogue aux Yuccites, aux Podocarya, aux Eolirion de An- 
dræ, etc. Ces Williamsonia présentent un axe ou support 
épais et feuillu ; les feuilles sont charnues ou coriaces, cana- 
liculées, longitudinalement striées-nervuleuses, et dilatées 
inférieurement de manière à embrasser l’axe qui se ter- 
mine invariablement par un involucre de bractées allongées- . 
linéaires, carénées légèrement sur la face dorsale, pres- 
sées sur plusieurs rangs contigus, mais distinctes jusqu’à 
la base, conniventes et repliées de manière à recouvrir 
entièrement un organe central en forme de toupie ou de 
poire, que M. Williamson a parfaitement décrit, après 
avoir moulé le creux auquelil adonné lieu. Des vestiges deces 
mêmes organes existent aussi, à l’état d’empreinte, dans les 
spécimens de Paris; la structure propre aux fruits agrégés 
des Pandanées s’y laisse aisément reconnaître (1). Or, sur 
l’une des faces du bloc qui comprend ces vestiges, dans la 
collection du muséum français, on observe une tige de 
Zamites gigas(pl. 81, fig. 1)à laquelle adhèrent encore plu- 
sieurs frondes et dont l'extrémité supérieure (pl. 81, fig. 4°) 
donne lieu à un prolongement confus, garni en appa- 
(1) Un spécimen isolé, de forme sphéroïde, pédonculé, conservé à 
l’aide d’un procédé naturel de moulage, qui a permis à une pâte calcaire 
des plus fines de reproduire le relief extérieur de l’ancien organe, et se 
rapportant à un fruit agrégé, visiblement congénère de ceux du 
Yorkshire, a été recueilli dernièrement dans la Vienne par madame la 
comtesse de Bouillé. Cette découverte jette le jour le plus précieux sur 
une question que nous examinons ici, uniquement au point de vue des. 
Cycadées ; reprise plus tard, lorsque nous aborderons l'étude des Mono- 
cotylédones jurassiques, elle sera exposée et résolue dans un sens favo- 
rable à l’opinion que nous ne faisons que mentionner ici en passant, 


nous réservant d’y insister plus tard. 
(Note ajoutée au moment de Pigeon: ) 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 57 


rence de bractées serrées, allongées et nombreuses qui, 
prises dans leur ensemble, ne manquent pas d’une certaine 
analogie extérieure avec l’involucre terminal des Wäliam- 
*_ sonia. Un examen attentif fait disparaître cette fausse appré- 
ciation. On reconnaît alors qu’il ne s'agit pas en réalité 
d’une collerette de feuilles bractéales pressées et disposées 
régulièrement sur plusieurs rangs, mais uniquement d’un 
bourgeon en voie d’évolution. Au moyen de ce spécimen 
mal compris par M. Yattes, nous avons donc sous les yeux, 
à l’état fossile, une tige de Zamites vue au moment où son 
bourgeon terminal, après avoir écarté les nombreuses 
écailles acuminées-aiguës dont il était formé, achevait de 
développer, soit un faisceau de feuilles nouvelles, soit une 
inflorescence. Les organes eux-mêmes, encore tendres et 
comprimés par la fossilisation, n’ont laissé dans le grès 
qu’une empreinte confuse; mais la cicatrice d'insertion 
d’un certain nombre de segments sur leur rachis et, vers les 
bords du faisceau, le contour des folioles, dans le bas celui 
de quelques écailles, sont parfaitement saisissables. Cette 
tige, la seule jusqu'ici qui nous traduise l’aspect d'ensemble 
des anciennes Cycadées, se rapporte, à ce qu’il semble, à la 
catégorie de celles que nous désignons sous le nom de 
Cylindropodium. Elle était effectivement longuement cylin- 
droïde, un peu oblique et bosselée çà et là, large au plus 
de sept centimètres à l’endroit le plus épais.Cetendroit épais 
correspondà la base et paraît détaché d’une souche plus 
considérable dont il aurait fait partie. On y distingue des 
vestiges d'écailles et, à gauche, le long du bord, les bases 
de deux pétioles accompagnés chacun d’une écaille; à 
_- droite, sur le bord aussi, on aperçoit trois grandes frondes 
en place et, au-dessus, une quatrième en rapport de direc- 
tion avec les précédentes. Ces frondes sont étalées et 


d8 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


paraissent déjà anciennes. La tige s’amincit à cet endroit ; 
l'épaisseur de son diamètre se réduit à 3 { centimètres; 
elle se prolonge sur une étendue de plusieurs centimètres 
et paraît entièrement dégarnie, probablement à la suite des 
_frottements qu’elle a subis avant de devenir fossile. Au- 
dessus, on distingue sur le côté gauche une écaille gem- 
maire étroite qui accompagne deux pétioles érigés, cette 
fois, mais se rapportant aux frondes entièrement déve- 
loppées de l’année précédente ; les autres frondes, s’il en 
a exsité, ont complétement disparu. Immédiatement au- 
dessus est placé le bourgeon en voie d’évolution dont nous 
avons parlé. Ce qui distingue surtout cette tige, c’est son 
allongement qui a dû se faire par un mouvement plus 
rapide et peut-être avec moins de régularité que dans la plu- 
part des Cycadées actuelles. Il faut dire pourtant que l’on 
doit éviter de généraliser ce caractère et que parmi les Cyca- 
dées fossiles il en est dans le mode d’aceroïissement cauli- 
naire a dû ressembler tout à fait à ce qui se passe mainte- 
nant. Rien n’empêche d’ailleurs d'admettre une plus 
grande diversité qu'aujourd'hui, dans un groupe sans doute 
amoindri depuis les temps anciens. 

Conformément à la manière de voir qui vient d'être 
exposée, les organes reproducteurs des Cycadées jurassi- 
ques que nous aurons à signaler, et dont l'attribution aux 
frondes ou aux tiges ne sera donnée que sous toute ré- 
serve, seront décrits sous des dénominations particulières. 
Le genre Androstrobus, créé par M. Schimper, comprendra 
les androphylles. La principale espèce, l’A. zamiodes, 
d’Etrochey, rappelle trop les Cycas par la forme et la dispo- | 
sition des sacs à pollen, pour que l’on ne soit pas tenté de 
le considérer comme représentant l’inflorescence mâle 
d’un C'ycadites. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 59 


Les carpophylles des Cycadées jurassiques se partagent 
en deux types bien distincts. Les uns sont des feuilles 
imparfaitement modifiées et consistent en un axe sur les 
bords duquel les ovules sont implantés et que termine une 
expansion frangée ou crénelée. Ce sont là vraisemblable- 
ment les organes fructificateurs des Cycadites. M. Schim- 
per applique à ces organes la dénomination de Cycados- 
padiz que nous leur conserverons. 

Les autres carpophylles, dont il existe plus d’un exem- 
ple, paraissent construits d’après un type analogue à celui 
des Zamia actuels, c’est-à-dire qu’ils consistent en une 
écaille peltée supportant en dessous du disque terminal 
deux ovules réfléchis et recouverts par le pelta. D’après 
plusieurs indices, ces fruits représenteraient ceux des Zami- 
tes et Otozamites, et il faudrait leur adjoindre une partie au 
moins des Zamiostrobus d’'Endlicher et de Brongniart, mais 
en retranchant toutes les espèces où l’on constate la pré- 
sence d’un seul ovule sous chaque écaille et qu’il est plus 
vraisemblable d'attribuer à des Araucariées. Le genre 
Beania, fondé par M. Carruthers sur une empreinte remar- 
quable de l’Oolithe de Gristhorpe (voy. pl. 77, fig. 3), ne 
diffère en réalité des Zamiostrobus que par l’écartement des 
écailles ovulifères ; mais on remarque un écartement tout 
à fait analogue si l’on considère un cône ouvert de certains 
Z'amia, comme le Z. Brongniartü, Wedd., la chute de quel- 
ques-unes des écailles faisant paraître plus grande la dis- 
tance qui sépare celles qui persistent. Il n’y a pas là, selon 
nous, des caractères différentiels suffisant pour autoriser 
une coupe générique distincte. 

Les fruits isolés de Cycadées ne sont pas rares dans les 
terrains où la présence des frondes avertit de l’existence 
de cette famille; nous en figurerons quelques-uns en adop- 


60 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


tant pour les désigner le terme de Cycadocarpus pro- 
posé par M. Schimper. M. Pomel avait appliqué le nom 
d’Ulospermum à des fruits du Corallien de Châteauroux, 
dont la forme rappelle trop celle des fruits de Cycas, ainsi 
_que du reste cet auteur l'avait remarqué, pour qu’ils ne 
viennent pas se ranger auprès des premiers. 

Notre conclusion dernière à la fin de cet exposé sera que 
les Cycadées jurassiques ne s’écartent guère plus de celles 
de nos jours que celles-ci ne diffèrent entre elles. L'écart 
relatif est resté à peu près le même, mais le groupe pris 
dans son exemple a perdu en variété et surtout en puis- 

sance. Les Cycadées vivantes ne sont que des restes et un 
_ prolongement fort amoindri des Cycadées secondaires, et 
celles-ci, sans combler tous les vides, sans doute à cause 
de l'imperfection de nos connaissances, se rangent assez 
naturellement à côté des vivantes, soit à leur suite, soit de 
façon à servir de lien entre plusieurs genres. Quant aux 
anomalies et aux structures problématiques, elles dispa- 
raissent, lorsque, au lieu d’un examen superficiel, on les 
soumet à l'épreuve d’une révision critique. 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 71, fig. 4, sommité d’une 
tige adulte de C'ycas ruminiana, Reg., surmontée d’un cône 
mâle ea voie de développement et montranten même temps 
lä disposition, ainsi que le mode d'insertion des frondes 
et des écailles gemmaires et plus bas une partie des tégu- 
ments corticaux, d’après un spécimen cultivé dans les ser- 
res du muséum de Paris, réduit à + environ de sa grandeur 
naturelle ; fig. 1*, plusieurs écailles du cône mâle légère- . 
ment grossies. Fig. 2, fragment de fronde du Cycas revo- 
luta, Thb., grandeur naturelle, pour montrer le mode d’in- 
sertion des pinnules surle rachis commun.— PI, 72, fig. 4, 
parlie inférieure d’une fronde de Cycas revoluta, gran- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 61 


deur naturelle, pour montrer la forme et la disposition des 
aiguillons qui garnissent latéralement le rachis, ainsi que 
la dilatation de celui-ci à la base. Fig. 2, spadice femelle 
(carpophylle) de Cycas ruminiana avec des fruits récem- 
ment fécondés, d’après une figure empruntée au 7raité de 
paléontologie végétale de M. Schimper, £ grandeur natu- 
relle. Fig. 3, spadice femelle (carpophylle) du Cycas revo- 
luta, d’après une reproduction photographique prise sur 
Je vivant, 4 grandeur naturelle. Fig. 4, écaille pollinifère 
(androphylle) d'un Cycas, détachée de linflorescence et 
vue par dessous pour montrer la disposition et le mode 
de groupement des sacs polliniques, grandeur naturelle. 
Fig. 4, même organe grossi ; 4, 4° et 4% sacs ou loges à 
pollen grossis, vus par côté. Fig. 5, cône femelle d’un Zamia 
grandeur naturelle. Fig. 6, écaille détachée du cône d’une 
autre espèce de Zamia, grandeur naturelle. Fig. 7, autre 
écaille détachée d’un cône femelle de Zamia (carpophylle), 
avec deux ovules réfléchis, vue par côté, grandeur natu- 
relle. — PI. 73, fig. 1, bulbe souterrain adventif ou pro- 
pagule d’un Æncephalartos, d’après une figure empruntée 
à la Monographie de Miquel, grandeur naturelle. Fig. 2, 
cône femelle d’'Encephalartos, d’après une figure du même 
auteur, grandeur naturelle, Fig. 3, pinnule d’une fronde 
de Macrozamia spiralis, avec le mode d’insertion sur les 
rachis commun et la nervation, grandeur naturelle, Fig. 4, 
sommité d’une fronde de Zamia, pour montrer la ner- 
vation des pinnules et leur mode d'insertion sur le rachis 
commun, grandeur naturelle. — PI. 74, fig. 4, portion 
. médiane d’une fronde de l'Encephalartos Lehmani, pour 
montrer le mode d'insertion des pinnules sur le rachis 
commun. Fig. 1*, même organe réduit de moilié pour 
montrer la forme et la terminaison supérieure des pinnu- 


62 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


les. Fig. 2, pinnule isolée d’un Æncephalartos originaire 
de la côte orientale d’Afrique (Zanzibar), Æ. Barteri, Miq., 
d’après un exemplaire de l’herbier du muséum de Paris, 
grandeur naturelle. Fig. 3, portion médiane d’une fronde 
de l’Enceph. Altensteini, pour montrer la configuration, le 
” mode de nervation et d’insertion des pinnules, grandeur 
naturelle. — PI. 75, fig. 1, port d’un £ncephalartos adulte, 
dessiné d’après nature, et réduit à £ environ de la gran- 
deur naturelle. Fig.2, portion médiane d’un tronc de Za- 
mia calocoma, Miq. (Microcycas calocoma, A. D. C.) d’après 
un spécimen des serres du muséum de Paris, pour mon- 
trer les-zones distinctes et successives de plaques cortica- 
les provenant des bases de pétioles et des écailles gem- 
maires, ? environ de grandeur naturelle. Fig. 3, plaques 
corticales observées sur un vieux tronc de Cycas ruminiana, 
1'environ de grandeur naturelle. Fig. 4, bases de pétioles 
accrues et persistantes, en forme d’écussons accolés, obser- 
vés sur la partie ancienne d’une tige de Dioon édule, : en- 
viron de grandeur naturelle. Fig. 5, écaille détachée d’un 
cône femelle de Ceratozamia (carpophylle), vue par la face 
externe, ? environ de grandeur naturelle. — PI. 76, fig. 1, 
tronc d’une Cycadée fossile (Cycadeoidea Microphylla 
Buckl.) réduite à !, d’après ure figure empruntée au Traité 
de paléontologie végétale de M. Schimser. Fig. 2, plante 
jeune ou bulbe adventif (propagule) de Podozamites distans 
Presl, surmonté d’une fronde en voie de développement, 
d’après une figure empruntée à l’ouvrage de M. Schenk sur 
la flore du Rhétien de Franconie, grandeur naturelle. Fig. 3 
et 4, plantes jeunes ou plutôt bourgeons adventifs d’Oto- 
zamites ; chacun d’eux est pourvu de deux écailles entre 
lesquelles s'élève une fronde en voie de développement, 
d’après des dessins communiqués par M. le baron de Zigno, 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 63 


grandeur naturelle. — PI. 77, fig. 4 et 2, spadices femelles 
(carpophylle) ou C'ycadospadix, probablement stériles, et 
se rapportant aux C'ycadites, d’après des échantillons prove- 
nant de l’Oolithe des Alpes vénitiennes, dessinés par 
M. le baron de Zigno, grandeur naturelle. Fig. 3, Beania 
gracilis, Carruth., appareil fructificateur d’une Cycadée 
fossile, voisine des Zamia actuels, d’après une figure 
de M. Carruthers (Geolog. Magaz., Marsch 1869, tab. 4). 
Fig. 4, Zamiostrobus crassus, Schimp. (Zamia crassa, 
L., et H.), d’après une figure empruntée au Foss, Flora 
de Lindley et Hutton, II, tab. 136. M. Schimper a fait ob- 
server que cette espèce du Wéaldien de Yarenland, île de 
Wight, se rencontrait toujours associée aux troncs des 
Clathraria, en sorte qu’il était permis de conjecturer que 
ces organes fructificateurs avaient appartenu au même 
genre de Cycadées que les tiges elles-mêmes. Fig. 5, 
Zamiostrobus Saportanus, Schimp., cône femelle d’une Cy- 
-cadée tertiaire, probablement d'une Zamiée, trouvé, il y 
a peu d’années à Armissan (Aude), grandeur naturelle. 
Fig. 5°, plusieurs écailles grossies du même organe pour 
montrer leur structure externe. — PI. 78, fig. 4, Andros- 
trobus(Zamiostrobus) Guerangueri, Brongn., cône mâle d’une 
-Cycadée fossile, recueilli dans le grès vert (Cénomanien) 
des environs du Mans par M. Guéranguer, d’après un des- 
sin original communiqué par M. Brongniart, grandeur na- 
turelle. Fig. 2, même organe vu d’après une coupe trans- 
“ersale, grandeur vaturelle. Fig. 3, une écaille isolée, légè- 
rement grossie pour montrer la disposition et le mode de 
. groupement des loges à pollen; fig. 3*, 3°, 3°, pusieurs lo- 
ges de forme globuleuse assez fortement grossies. Fig. 4-7, 
fragments de pinnuies détachées du rachis commun de 
Nœggerathia, provenant du Permiean des environs d’Autun 


64 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


(Saône-et-Loire): les figures 4 et5 montrent les bases; les 
figures 6 et 7 la terminaison supérieure de ces organes ; 
les figures 7°, 7° et 7” montrent les détails de la nervation 
et les cellules réticulées du tissu épidermique ? sous di- 
vers grossissements. — PI, 79, fig. 4, fronde du Missonia 
’ brevis, Brongn., vue par-dessus, d’après une empreinte 
moulée provenant du grès de Hôr en Scanie, et commu- 
niquée par M. le professeur Hébert, grandeur naturelle. 
Fig.2, autre fronde de la même espèce, vue par-dessous, 
même provenance. Cette espèce paraît constituer une sim- 
ple variété du N. polymorpha, Schenk. Fig. 3, Anomozamites 
( Pterophyllum) inconstans, Schimp., d’après une figure 
- empruntée à l’ouvrage de M. Schenk, sur la flore du Rhé- 
tien de Franconie, grandeur naturelle. — PI. 80, fig. 1, 
Pterophyllum Jœgeri, Brongn., d’après une figure emprun- 
tée à l’ouvrage de Schænlein (Abbüld. v. foss. Pflanz. aus d. 
Keuper franck., tab. 43, fig. 2). Fig. 2, Ctenophyllum Brau- 
nianum (Gæpp.}), Schimp., d’après une figure empruntée à. 
M. Schenk (1. d. Grenzsch., tab. 38), grandeur naturelle; 
fig. 2*, plusieurs pinnules grossies d’après une figure du 
même auteur, pour montrer la disposition caractéristique 
de la nervation. — PI. 81, figure 4, tronc adulte de Zamites 
gigas, Morr., garni de ses frondes et terminé par un bour- 
geon en voie de développement, d’après un spécimen dé- 
couvert par M. Yates dans l’Oolithe inférieure du Yorkshire 
et faisant partie de la collection du muséum de Paris; la 
figure 4° représente la sommité du bourgeon en voie d’évo- 


lution réduit à 1/2 grandeur naturelle. Fig. 2, Dioonites 4 
Brongniartii, Schenk, d’après une figure empruntée à l’ou- 


vrage de M. Schenk sur la flore wéaldienne , grandeur na- 
turelle; fig. 2, détails de la nervation grossis. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 6 


* Frondes frondiumque partes, pinnulæ distractæ rachidesque 
et petioli; squamæ gemmarum e truncis solutæ. 


PREMIER GENRE. — CYCADITES. 


Cycadites, Slernb., Vers., IV, xxxnr. 
— Brongn., Prodr., p. 93 ; Tab. des genres de vég. foss., 
p. 60. 
— Endl., Gen. plant., p. 72. 
— Gœpp., Uebers. z. Arb. v. 1844, p. 119. 
—.. Hising., Lethæa suec., p. 108. 
— . . Miquel, Monog. Cycad., p. 34. 
—— Bornem., Org. rest. d. Lettenkohl. Turing., p. 51. 
_ Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 279. 
— Oldh., Foss. fl. of the Rajmahal Hills, p. 15. 
| Presl, in Sternb., Vers., p. 194. 
— Dunk, Monog. d. Nordeutsch. Wealdenbild., p. 16, 
—  Schenk, Foss. F1. d. Grenzsch., p. 157 ; Foss. F1. d. 
| Nordwestdeutsch. Wealdenform., p. 27. 
— Schimp., Traité de pal. vég., I, p. 178. 


DIAGNOSE. — Frons coriacea, pinnata, pinnis plus minusve 
linearibus lanceolatoque linearibus supra basin paullulum an- 
gustatis, infra tota basi plus minusve subito dilatata lateraliter 
affizis decurrentibusque, uninerviüs integerrimisque. 


HiSsTOIRE ET DÉFINITION. — Le nom du genre est dû à 
Sternberg qui s’en est servi dans la 4° livraison de son qu- 
vrage, en 1825, trois ans avant la publication du Prodrome 
de M. Brongniart. Cependant, la définition donnée par 
Sternberg est confuse, et des trois espèces que l’auteur y 
avait rangées, l'une est entièrement douteuse de son aveu 
(Cycadites palmatus, Sternb.), et les deux autres se rappor- 
tent au Vi/ssonia brevis, Brongn. (N. Sternbergü, Gæpp.), de 
Hôr en Scanie. En réalité, M. Brongniart est le premier qui 
ait compris le genre Cycadites dans le sens que tous les au- 


teurs lui ont depuis conservé, en le considérant comme 
VÉGÉTAUX. — J, 5 


66 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


destiné à comprendre des frondes fossiles ressemblant à 
celles des Cycas proprement dits, c’est-à-dire présentant 
des pinnules uninerviées, soudées latéralement au rachis 
par toute leur base et plus ou moins décurrentes sur ce 
même rachis. L'absence de synonymie démontre que, dans 


_ Ja suite, ce genre, bien qu'il ait toujours été composé d’un 


petit nombre d'espèces, n’a jamais été confondu avec au- 
- cun autre, et que par conséquent ses caractères sont aisés 
à saisir. Les Cycadites sont effectivement rares partout; 
on ne possède d’eux généralement que des fragments plus 
ou moins incomplets, çà et là assez considérables pour 
donner une juste idée de l'aspect général de leurs frondes. 
Ces frondes paraissent avoir été construites à peu près 
comme celles des Cycas actuels; on ne saurait du moins, 
dans l’état actuel des connaissances, marquer entre les or- 
ganes fossiles et ceux qui leur correspondent dans l’ordre 
vivant aucun caractère différentiel un peu précis. Malgré 
. cette ressemblance, il serait téméraire d’affirmer qu'il 
puisse être ici question de plantes tout à fait congénères; 
mais il est infiniment probable que les Cycadites, s'ils 
étaient mieux connus, viendraient se placer sans effort 
dans la section des Cycadées proprement dites et à côté 
des Cycas. On peut même ajouter qu’ils touchent de plus. 
près au type du Cycas revoluta qu’à celui dont le C. crci- 
nalis est le représentant. | 
Les frondes des Cycadites étaient roides, coriaces, pour- 
vues d’un rachis épais, plus ou moins convexe arrondi- 
anguleux ou semi-cylindrique à la face inférieure, plus 
. mince sur l’autre face. Les pinnules généralement étroites, : 
linéaires ou lancéolées-linéaires, étaient insérées le long“ 
des côtés du rachis et s’étalaient plus ou moins selon les. 
espèces. Leur décurrence, c’est-à-dire leur soudure mu-» 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 67 


tuelle, est visible dans beaucoup de cas. Il est de même 
certain que ces pinnules, insérées par toute leur base, ne 
se détachaient naturellement dans aucun cas, ce qui ex- 
plique leur absence ou leur extrême rareté à l’état d’or- 
gane isolé. Une nervure ou côte médiane unique, saillante 
et visible sur la face inférieure, beaucoup moins sur l’autre 
face, s'étend d’un bout à l’autre de ces pinnules et ne se 
trouve accompagnée que d’une bordure parenchymateuse 
des plus étroites, comme dans le Cycas revoluta, ou même 
moins développée encore que dans celui-ci. 

RaPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cette dernière structure 
écarte surtout les Cycadites du C. circinalis et encore plus 
du C°: ruminiana, dont les folioles larges et planes sont 
munies d’une côte médiane assez mince, relativement à 
l’étendue de la bordure parenchymateuse. Du reste, il est 
facile de constater que les Cycadites, malgré leur petit 
nombre et la faible étendue des empreintes qui nous tra- 
duisent leurs caractères , différaient sensiblement d’une 
espèce à l’autre et annonçent l’existence de formes relali- 
vement variées, au sein d’un groupe très-imparfaitement 
connu. 

Si l’analogie des organes foliaires des Cycadites avec 
ceux de nos Cycas nous porte à considérer les premiers 
comme alliés de près à ceux-ci, il est naturel d’admetire 
que cette ressemblance se complétait par celle des organes 
reproducteurs-respectifs. Il est infiniment probable effec- 
tivement, à notre sens au moins, qu’il en a été autrefois 
ainsi et que les spadices fructifères, aplatis et frangés ou 
laciniés au sommet, auxquels nous conservons le nom.de 
Cycadospadix, représentent les earpophylles des Cycadites. 
Il est à remarquer que les localités d’où proviennent ces or- 
ganes possèdent généralement aussi des frondes de Cyca- 


68 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. 


dites, c'est ce qui existe notamment à Hettanges (Moselle). 
Le cône mâle d’Étrochey (Côte-d'Or), que M. Schimper a 
nommé Androstrobus zamioides pourrait bien, à cause de 
la structure caractéristique des écailles qui le composent 
. et des loges à pollen qui garnissent ces écailles, avoir été 
celui d’un Cycadites dont les frondes resteraient inconnues. 

Si ces conjectures, que nous formulons sous toutes réser- 
ves, venaient à se vérifier plus tard, les Cycadites auraient 
fait arriver jusqu’à nous leurs frondes et leurs organes re- 
producteurs mâle et femelle, et ces divers organes s’écar- 
teraient trop peu de ceux des Cycas actuels pour ne pas 
légitimer une assimilation à ce groupe, dans lequel les 
formes fossiles continueraient pourtant à former une sec- 
tion particulière, à cause de leurs ovules réduits, à ce qu'il 
semble, à une paire unique, située vers la base de Ja por- 
tion dilatée du spadice, comme chez les Dioon, au lieu de 
quatre à huit paires espacées à des distances égales, comme 
cela a lieu dans les C'ycas actuels. 

L'existence d’une nervure médiane unique dans chaque 
pinnule sert à distinguer les Cycadites de tous les autres 
genres de Cycadées fossiles. Ces pinnules sont parfois tel- 
lement voisines qu’elles paraissent soudées et constituent 
en apparence des segments irrégulièrement découpés, 
comme ceux des /Vilssonia avec lesquels certaines emprein- 
tes de Cycadites, spécialement celles de Hettanges, ont été | 
parfois confondues. | 

Le genre C'ycadites commence à se montrer. dans le Keu- 
per, sitoutefois le C. Æumpfü (1), Schenk, appartient réel- 
Jement à ce genre. Les Cycadites se multiplient dans le. 
Rhétien et le Lias inférieur qui constituent un de leurs 


(1) Beitr. z F1. d, keuper, tab. 6, fig. 1. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 69 


horizons successifs. Le deuxième de ces niveaux doit être 
placé dans l'Oolithe, en Europe, aussi bien que dans les 
Indes (1) et le troisième dans le Wéaldien et le Néocomien 
où plusieurs espèces remarquables ont été -signalées, soit 
dans le Wéaldien da Nord de l'Allemagne (C. Roemeri, 
Schenk), soit dans les couches de Wernsdorf (C'. Heerü, 
Scheuk). On voit que ces plantes occupent d’une extrémité 
à Pautre toute la série jurassique et se prolongent encore | 
au delà. On ignore à quel moment elles se sont retirées de 
notre continent. 


| N: 1. — Cycadites rectangularis. 
PI. 83, fig. 1-4. 


Cycadites réctangularis, Brauns, Paléontog., IX, p. 56, tab. 14, 
si fig. 7. 
— — Schenk, Foss. FI. d. Grenzseh., p. 157, 
tab. 35, fig. 11. 
— — Schimp., Traité de pal. vég., Il, p. 178. 


DrAGNOSE. — C. frondibus coriaceis rachi valida subtus 
Conveza instructis pinnatis, pinnis sub angulo recto lateraliter 
secus rachin insertis patentibus approzimatis anguste lineari- 
bus uninervüs, basi sessihibus connatisque apice acutis. 


Cycadites pectinatus, Schimp., Traité: de pal. vég., L. c. 


*_ Il paraît ifnpossible de ne pas réunir au Cycadites rectan- 

gularis des grès de Seinstedtles empreintes du même genre 

trouvées à Hettanges et rattachées par M. Schimper au Cy- 

cadites pectinatus, Berg. (2) Les caractères visibles sont 
(1) Foss. fl. of the Raÿmahal Hills, p. 15. 


(2) Voy. Berger, Verst. d. Coburg. geg., p. 23 et 29, tab. 3, 
fig. 4. 


70 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


semblables des deux parts, et nous serions plutôt disposés 
à admettre que la plante de Hettanges, celle de Seinstedt 
et celle de Coburg ont fait partie d’une seule et même es- 
pèce à laquelle il vaut mieux laisser la dénomination 
fort exacte appliquée par Brauns, tandis que ceiïle de pecti- 
ñatus fait double emploi avec le Zamites pectinatus, Lindl. et 
Hutt., et prête par conséquent à une sorte de confusion. 

Les pinnules de cette espèce curieuse sont effectivement 
insérées sous un angle droit ou presque droit le long d’un 
rachis épais et convexe à la face inférieure des frondes, 
ainsi que le montrent nos figures 4 et3, mais qui s’amincis- 
sait insensiblement en approchant de la terminaison supé- 
rieure ou demeurait mince dans les frondes jeunes ou 
faibles, comme le fait voir la figure 4. L'’échantillon repro- 
duit par cette figure se rapporte effectivement à une fronde 
de petite taille, dont les pinnules ne mesurent guère plus 
de deux centimètres de longueur ; elles sont intactes et se 
terminent par une pointe plus ou moins acérée. La ner- 
vure médiane unique qui les parcourt est fort mince et le 
parenchyme un peu plus large proportionnellement que 
dans les autres exemplaires dont les pinnules sont à ja fois 
plus rapprochées, plus longues et plus étroites relative- 
ment. — La figure grossie 2° fait voir la disposition exacte 
de ces pinnules ou segments qui adhèrent par toute leur 
base légèrement élargie et décurrente, de manière à opé- 
rer leur soudure mutuelle. Leur forme, à parlir de la base, 
estétroitementlinéaire,à bords exactement parallèles. Elles 
sont séparées l’une de l’autre par un intervalle moindre | 
que leur propre largeur et munies d’une nervure ou côte 
médiane unique, bien prononcée, mais assez mince. 

Les figures 1 et 3 représentent des lambeaux médians 
de frondes dont les segments plus ou moins mutilés sont 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 71 


tellement rapprochés qu'ils se touchent presque. La plus 
longue pinnule de l’exemplaire, fig. 3, mesure 4 centimè- 
tres, mais toutes sont plus ou moins mutilées, et l’on peut 
admettre que dans leur intégrité elles atteignaient une di- 
mension de 5 à 6 centimètres, sur une largeur moyenne de 
4 millimètre ? au plus. La figure donnée par Brauns, dans 
son Mémoire sur la flore des grès de Seinsted (1), s’éloi- 
gne des nôtres par des dimensions plus fortes, des pinnules 
plus courtes et plus obtuses au sommet. Mais l’exemplaire 
de la même localité que M. Schenk a figuré dans sa flore 
du Rhétien de Franconie (2) est tellement conforme à ceux 
que reproduisent nos figures 4 et 2 que nous n’hésitons 
pas à les ranger ensemble, comme ayant appartenu à une 
même espèce, caractéristique de l’Infralias. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Cycadites rectangularis, en 
admettant sa réunion au Cycad. pectinatus, Berg., nous pa- 
raît bien distinct de toutes les espèces du même groupe, 
signalées jusqu’à présent. Il diffère notamment des C'ycadi- 
tes de l’Oolithe du Bengale, dont les frondes sont plus ro- 
bustes, les pinnules plus fortes et plus larges, bien que 
coutiguës et insérées à angle droit sur le rachis, comme 
dans l'espèce que nous décrivons. Nous verrons que celle- 
ci s'écarte également des formes oolithiques signalées ci- 
après, soit par l'aspect soit par les proportions plus étroites 
de ses pinnules, [1 aurait été fort naturel de rapprocher 
le Cycadites rectangularis des Cycadites Brongniartii et Mor- 
risianus, Dunk., dont les frondes, sous de plus fortes dimen- 
sions, affectent la même physionomie ; mais M. Schenk, 
dans son récent ouvrage sur la flore fossile du terrain wé- 


(1) Palæentog., IX, tab. 19, fig. 7. 
(2) Foss. FI. v. Grenzsch., tab. 35, fig, 11. 


72 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. : 


aldien (1), vient de ranger ces deux espèces parmi les 
Dioonites, comme de simples synonymes du Dioonites 
Dunkerianus, Miq. Le seul Cycadites qu’il signale dans cette 
flore, sous le nomde €. Ræmeri (2), présente des rapports 


avec le Cycadites de Hettanges, mais outre que les frondes 


de l’espèce wéaldienne sont évidemment plus grandes, 
leurs pinnules sont plus obliquement insérées. M. Schenk 
compare celte forme fossile à un Cycas cultivé dans les 
serres, C. Siamensis, Miq. Quant au Cycadites rectangularis 
il diffère trop de ses analogues les moins éloignés de l’or- 
dre actuel pour que nous puissions signaler à son égard 
quelque affinité tant soit peu directe 

LocaLiTÉS. — Grès de Hettanges (Moselle), Lias inférieur, 
zone à Ammonites angulatus (M. Terquem). En dehors de 
France l’espèce a été signalée par MM. Brauns et Schenk 
dans les Grès rhétien de Fallstein, près de Seinstedt. Le 
Cycadites pectinatus, Berg., que nous proposons de réunir 
- au C’. rectangularis a été observé dans le Lias inférieur de 
Coburg. ti 

EXPLICATION DES FIGURES, — Pl, 83, fig. 1, fragment mu- 
tilé se rapportant à la portion médiane d’une fronde 
adulte de C'ycadites rectangularis, vue par la face inférieure, 
grandeur naturelle. Fig. 2, portion moyenne et latérale 
d’une autre fronde de la même espèce, garnie de pinnules 
inégalement mutilées au sommet, grandeur naturelle; 
fig. 2, trois pinnules grossiés pour montrer la forme et 
le mode d'insertion de ces organes sur le rachis. Fig. 3, 
autre fragment d’une fronde de la même espèce, mutilée 
‘aux deux extrémités, grandeur naturelle. Fig. 4, portion 


(1) Monogr. norddeutsch. Wéaldenform., tab. 2, fig. 4 et tab. 7, 
fig. 1. 
(2) Die foss. FL. d. nordwestdeutsch. Wéaldenform., p. 81. 


TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 13 


latérale d’une autre fronde de la même espèce, garnie de 
pinnules complètes, grandeur naturelle. 


N°2, — Cycadites Pelessei. 
PI. 83, fig. 5-7. 


DraGNosE. — C’. frondibus validiusculis coriaceis pinnatis, 
pinnis patentibus linearibus vel lineari-lanceolatis apice acu- 
tiusculis basi connatis, sinu obtusiore ab alterutra separatis, 
uninervüs, costa media crassa. 

Nous signalons sous ce nom une espèce qui nous paraît 
nouvelle et que nous dédions à M. le professeur Delesse. 
Bien que le grain oolithique de la roche qui a reçu les em- 
preintes nous les ait transmises dans un état de conserva- 
tion des plus médiocres, cependant il nous a semblé, 
après les avoir étudiées et dessinées avec le plus grand 
soin, que ces empreintes étaient celles d’un Cycadites dont 
l’analogie avec le C. rectangularis saute aux yeux, par 
suite de l’état sensiblement pareil dans lequel les frag- 
ments ont été réduits de part et d'autre. C’est ainsi que 
la figure 7 répond à la figure 4, et la figure 5 à la figure 2, 
tandis que la figure 6 se rapporte à un lambeau de 
fronde, mutilé à peu près comme le sont les spécimens 
des figures 1 et 3 du C. rectangularis. 

Les frondes du C. Delessei à en' juger par les spécimens 
si incomplets que nous avons sous les yeux étaient ro- 
bustes, munies d’un rachis épais et de pinnules plus cour- 
tes ou plus allongées, suivant les parties de la fronde que 
l’on examinerait; leur longueur variant depuis 18 jusqu’à 
40 millim. sur 3 à 6 millim. de largeur. Ces pinnules sont 
insérées à angle droit, séparées les unes des autres par un 
intervalle notable, linéaires-lancéolées, terminées en pointe 


74 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


obtuse, soudées entre elles à la base, peu ou pas rétrécies 
inférieurement et occupées par une côte médiane épaisse 
et saillante, au moins dans les deux échantillons princi- 
paux. La figure 7 présente des pinnules plus courtes, plus 
rapprochées et plus larges, qui se rapportent, soit à l’ex- 
trémité supérieure d’une fronde, soit à la fronde d’une 
plante non encore adulte. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L'espèce dont nous venons 
de signaler quelques vestiges informes , et qui appartient 
au niveau de la grande Oolithe, rappelle évidemment le 
faciès des C'ycadites jurassiques du Bengale, notamment du 
Cycadités confertus, Morr. (1). Nous ne pouvons même si- 
gnaler entre celui-ci et le nôtre aucune différence essen- 
tielle, sauf un écartement plus considérable des pinnules 
dans l’espèce française. Une espèce peut-être encore plus 
rapprochée, autant que le petit nombre des termes de 
comparaison permet d’en juger, c’est le Cycadites Heert, 
Schenk (2), espèce du Nécomien inférieur de Wernsdorf, 
dans les Carpathes, dont les pinnules, insérées sur le rachis 
comme celles du C. Delessei, et affectant la même forme 
sont cependant un peu plus serrées les unes contre les au- 
tres. On a remarqué déjà bien souvent cette récurrence de 
certaines formes qui reparaissent successivement d'étage 
en étage sans autre changement appréciable que de fai- 
bles modifications de détail. Il est difficile de ne pas ad- 
mettre un lien de filiation entre ces espèces, mais l’imper- 
fection des documents dont nous disposons nous dispense 
d’insister sur ce point de vue. 

LOcaLITÉ. — Daurigny, environs de Mamers (Orne?); 


(1) Oldh., Foss. f1. of the Raÿmahal Hills, p. 14, tab. 8, fig. 2. 
(2) Foss. pfl. d. Wernsdorf. Schicht., p. 7, tab. 3, fig. 4 


TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 75 


élage de la grande Oolithe ; collection de l’École normale 
de Paris ; communiqué par M. Delesse. 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 83, fig. à, portion laté- 
rale d’une fronde de C'ycadites Delesser, garnie de pinnules, 
les unes entières, les autres mutilées au sommet, grandeur 
naturelle. Fig. 6, lambeau d’une autre fronde de la même 
espèce, grandeur naturelle. Fig. 7, fragment d’une autre 
fronde de la même espèce, montrant plusieurs pinnules 
le long d’un des côtés du rachis, grandeur naturelle. 


N°3. — Cycaäites Lorteti. 
PI. 82, fig. 1-3. 


Di4AGNosE. — C. frondibus elatis robustis rachi lata subtus 
converiuscula præditis, pinnatis, pinnis oblique insertis linea- 
ribus latiusculis apice acuminatis, deorsum sensim paulisper 
attenuañis, postea basi dilataia decurrentibus connatisque, 
costa media unica lata planiuscula, limbo autem parenchyma- 
toso angustissimo. 


Nous devons à M. le docteur Lortet, directeur du Mu- 
séum d'histoire naturelle de la ville de Lyon, la découverte 
et la communication de cette espèce, une des plus remar- 
quables de ia flore jurassique française, parce qu’elle nous 
introduit un peu plus avant qu’on ne l'avait encore fait au 
sein de la végétation secondaire ; dont les types rares, 
ceux que leur situation à l’écart des autres ou les détails 
de leur organisation empêchaient de passer aisément à 
l’état fossile , nous demeurent forcément en majorité in- 
connus. Les pinnules adhérentes des Cycadites n’ont pu 
venir isolément s’enfouir dans les sédiments en voie de 
formation. Les frondes de ce même genre n’étaient pas 
articulées sur la tige comme celles des Zamites et Otoza- 


76 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


mites. Cette dernière circonstance explique non-seulement 
l’état généralement fragmentaire des empreintes de Cyca- 
dites, mais aussi l’absence probable d’une foule de végé- 
taux que le hasard seul aurait pu faire arriver dans les 
eaux à l’état de débris. Nous verrons par la suite que tel a 
été notamment le cas des Monocotylédones pandaniformes 
des temps secondaires, encore aujourd'hui à peu près in- 
connues. Il en à été vraisemblement de même des plus an- 
ciennes Dicotylédones , avant le développement de cette 
classe, d’abord faible et subordonnée relativement aux 
Gymnospermes et aux Cryptogames. La fronde de Cyca- 
dites'que nous allons décrire sert elle-même de confir- 
mation à toutes les assertions précédentes. — Elle repré- 
sente seulement la partie supérieure de cet organe, dont 
la terminaison manque par une cassure du bord de la 
pierre, tandis que dans la direction opposée une brisure 
naturelle se laisse voir. Nous n’aurions donc sous les yeux, 
quand même l’empreinte aurait été recueillie dans son in- 
tégrité, qu’une portion détachée d’une fronde évidemment 
de grande taille, dont rien jusqu'ici n’avait fait soupçon- 
ner l'existence dans la flore kimméridgienne de l’Ain et 
de l'Isère. k 

Le rachis commun est large et plat ou faiblement con- 
vexe; il diminue insensiblement vers le sommet de l’em- 
preinte et devait s’atténuer encore davantage jusqu’à de- 
venir très-mince. On peut évaluer à plusieurs centimètres 
la portion qui manque pour compléter la sommité de l’or- 
gane qui montre visiblement sa face inférieure. Les pin- 
-nules, tronquées sur l’un des côtés par le bord de la 
pierre, sont généralement froissées et mutilées sur l’autre 
côté; quelques-unes seulement sont entières, c’est-à-dire 
conservées dans toute leur longueur. Elles mesurent alors 


TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 71 


plus d’un décimètre. Le format des planches nous a seul 
empêché de placer ces dernières ; mais la figure2 montre 
leur terminaison qui s’atténue en une pointe acérée. La 
figure 2° fait voir cette même pointe sous un faible gros- 
sissement. La forme des pinnules est linéaire ; les bords 
sont parallèles entre eux dans la plus grande partie de leur 
étendue, et leur plus grande largeur ne dépasse guère 
4 millimètres, 5 millimètres au plus. Pointues au sommet, 
linéaires vers leur milieu, ces pinnules s’amincissent légè- 
rement et insensiblement en approchant de la base ; mais 
après ce rétrécissement, elles s’élargissent de nouveau et 
deviennent décurrentes, plus ou moins contiguës et sou- 
dées entre elles par leur base, insérée sur les côtes du ra- 
chis,-probablement le lang d’une rainure. C’est ce que 
montre la figure 3, dessinée d’après un moule qui restitue 
leur relief aux diverses parties de l’empreinte. Chaque 
pinnule est parcourue de la base au sommet par une ner- 
vure médiane unique, non pas mince, ni saillanie, mais 
large et plate, comme le rachis lui-même, et ne laissant à 
la bordure parenchymateuse qu’une bande étroite des deux 
côtés. Au premier coup d'œil, on dirait en considérant 
l'empreinte que les pinnules se trouvent occupées par 
deux nervures longitudinales assez espacées et séparées 
du bord par un plus petit intervalle, Mais il suffit d’un 
moulage pour faire évanouir cette, fausse apparence , et la 
côte médiane se dessine alors telle que la reproduit notre 
figure 3, c'est-à-dire cernée par un double sillon qui des- 
sine son relief, tandis que l'empreinte fait voir ce même 
. détail en sens inverse, lorsqu'elle montre la côte médiane 
en creux et les sillons qui l’accompagnent en relief. 
Rapports ET DIFFÉRENCES. — Les pinnules du Cycadites 
Lorteti ne sont pas insérées, le long du rachis, dans une 


78 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


direction perpendiculaire ni même sous un angle très- 
ouvert, comme dans les deux espèces précédentes et la 
plupart des espèces fossiles de Cycadites signalées jusqu’à 
présent. Leur insertion est oblique; leur forme linéaire; 
leur terminaison-aiguë ; leur base faiblement rétrécie, puis 
"élargie pour devenir décurrente à l’endroit même de leur 
insertion. Tous ces caractères se retrouvent chez les Cycas 
actuels et notamment chez le C. revoluta dont cette espèce 
se rapproche, tout en ayant des traits communs avec les 
Cycas circinalis et media. Cependant la largeur et la faible 
convexité du rachis, ainsi que de la côte médiane, séparent 
cette forme fossile des vivantes et la rapprochent de celles 
qui ont été signalées à l’état fossile dans le Wéaldien du 
nord de l'Allemagne , particulièrement du Cycadites Rœ- 
meri, Schenk. 

LocatITÉ. — Gisement du lac d’Armaille, nids de Belley 
(Ain), étage kimméridgien inférieur; collection du mu- 
séum de la ville de Lyon. 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 82, fig. 4, partie moyenne 
d’une fronde de Cycadites Lorteti, montrant sa face infé- 
rieure et garnie de pinnules repliées en désordre sur l’un 
des côtés, tronquées, sur l’autre, par le bord de la pierre, 
grandeur naturelle. Fig. 2, deux pinnules accolées mon- 
trant la terminaison supérieure de l’une d’elles, grandeur 
naturelle ; fig. 2°, même terminaison grossie. Fig. 3, por- 
tion de la même fronde dessinée d’après un moule destiné 
à rendre le relief originaire, pour montrer la forme exacte 
du rachis, des côtes médianes, ainsi que le mode d’inser-. 
tion des pinnules, grandeur naturelle. | 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 79 


DEUXIÈME GENRE. — PODOZAMITES. 


Podozamites, Fr. Braun (emend.), in Münst. Beitr., 
: fasc. vi, p. 28. 
— Brongn. (ex parte), Tab. des genres de vég. 
foss., p. 62, 
— Schimp., Traité de pal. vég., LL, p. 158. 
(Non Podozamites, Schenk, F1. fl. d. Norkarp., p. 12.) 


DrAGNOSE. — Frondes statura mediocres rachi tenui donatæ 
pinnatæ, foliola distantia oblonga ovatove oblonga lanceo- 
lata basin versus plus minusve angustata sæpius decidua, ner- 
vulis € basi prodeuntibus mox dichotomis dein parallelis, ad 
apicem autem convergentibus. 


Zamites (ex parie), Presl, in Sterob. F1. d. Vorw., Il, p. 196. 
— — Gœpp., Foss. Cycad. (Ueb. d. Arb. d. Schles.), 
p. 123. 
— — Fr. Braun, Vers, p. 100. 
— — Schenk, Foss. FI. d. Grenzsch., p. 159 ; 
Foss. FI. d. Nordkarp., p. 12. 
Zamia, Lindi. et Hutt., Foss. Fl., III, tab. 194. 


HISTOIRE ET DÉFINITION. — Ce genre est resté d’abord 
confondu avec les Zamia et Zamites, bien que les deux 
espèces qui lui servent de type aient été figurées depuis 
longues années, l’une, sons le nom de Zamites distans, par 
Presl, l’autre sous celui de Zamia lanceolata, par Lindley et 
Hutton. Frédéric Braun est le premier qui ait proposé la 
dénomination de Podozamites pour désigner ce groupe de 
Cycadées, qui ne ressemble effectivement ni aux Zamia 
_ actuels ni aux Zamites secondaires, encore moins aux Ü0- 
zamites, mais que l’on pourrait avec plus de raison com- 
parer aux Macrozamia et aux Bowenia d'Australie. 

M. Schenk, dans sa belle flore du Rhétien de Franconie, 


80 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


où il décrit longuement le Podozamites distans avait con- 
servé le terme générique de Zamites, comme plus géné- 
ral; mais M. Schimper, tout dernièrement, a fait préva- 
loir avec raison, selon nous,la manière de voir de Fr. Braun. 
Les Cycadées dont le Podozamites distans est le représentant 
‘ le mieux connuonteneffet formé autrefois, d’après toutesles 
apparences, un genre fort naturel. Leurs frondes, de taille 
médiocre, élancées, portent, le long d’un rachis relativement 
mince et cylindrique, des folioles éparses, étalées, plus ou 
moins oblongues ou lancéolées. Ces folioles, entières 
sur les bords, atténuées supérieurement en pointe, sont tou- 
jours amincies, parfois très-longuement, dans la direction 
opposée et se terminent tantôt par une base sessile, tantôt 
par un pédicelle court et assez peu distinct; mais, dans 
tous les cas, cetle base est certainement articulée sur le 
rachis, au point d’insertion, ainsi que le prouve la cadu- 
cité des folioles que l’on rencontre le plus souvent éparses, 
plus rarement encore adhérentes au rachis commun qui 
lui-même se montre dans beaucoup de cas partiellement 
dégarni. Dans les espèces les mieux caractérisées, ces 
folioles paraissent un peu inégales et légèrement falci- 
formes; mais ce caractère n’est pas assez constant pour 
servir de règle. Ils’atténue ou disparaît dans des empreintes 
que l’on est en droit d’aitribuer légitimement aux Podoza- 
mites, et dans ce cas c’est surtout à la nervation qu’il faut 
avoir recours pour éviter de confondre les organes que l'on 
examine avec ceux des Zamites proprement dits. Dans tous 
les Podozamites, les nervures après avoir émergé de la base . 
plus ou moins longuement atténuée, mais non contractée 
brusquement en un point calleux, comme chez les Zamites, 
s'étendent en se subdivisant promptement par dichotomie, 
de manière à ce que les veines ainsi produites, parfaite- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 8t 


ment égales entre elles, demeurent longitudinales et paral- 
lèles, sans s'arrêter à diverses hauteurs, le long de la marge, 
ni diverger de leur direction qui reste la même jusqu’au 
point où la foliole commence à diminuer de largeur en 
approchant du sommet; les nervures des Podozamites sui- 
vent alors ce mouvement et convergent régulièremnet, de 
manière à se confondre vers l’extrémité supérieure, ter- 
minée par une pointe calleuse, tantôt obtuse, tantôt aiguë 
et mucronée, selon les espèces. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le rachis mince, les folioles 
distantes, insérées par une base plus ou moins amincie, 
sessile ou pétiolulée, mais non contractée; les nervures 
égales, fines, longitudinales, nullement divergentes, mais 
rapprochées et réunies au sommet; une texture un peu 
moins coriace ; l'absence de rebord cartilagineux, cernant 
la marge des folioles, constituent autant de caractères 
différentiels, qui servent à distinguer les Podozamites des 
Zamites proprement dits. L'absence d’auricule, linser- 
tion des folioles non implantées sur la face supérieure 
du rachis, la disposition longitudinale des veines ne 
les distinguent pas moins des Ofozamites. Il est bien plus 
difficile de déterminer quel était ce genre considéré en 
lui-même et en quoi il se rapprochait ou s’écartait de 
ceux de la nature vivante. Le contour assez souvent iné- 
gal et un peu recourbé en faux des folioles de Poduza- 
mites, leur disposition sur le rachis, apparence de celui-ci 
et l’ensemble de la nervation ramènent l'esprit vers les 
Macrozama, qui offrent les mêmes particularités, mais 
. dont les folioles adhérentes par une base calleuse ne sont 
nullement articulées, ni aisément caduques, comme celles 
des espèces fossiles. On pourrait encore comparer les 


Podozamites à quelques rares Zamia à feuilles entières; 
VÉGÉTAUx. — J. 6 


82 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


mais il est plus vraisemblable d'admettre que ce groupe 
secondaire conslituait un genre à part, plus ou moins dis- 
tinct de ceux que nous connaissons et montrant une cer- 
taine analogie d’aspect avec les Bowenia, dont les feuilles 
sont cependant décomposées. M. Schimper a pensé que 
les singulières inflorescences strobiliformes, nommées par 
lui ZLepidantium microrhombeum, et que l’on rencontre fré- 
quemment dans les mêmes lits que le Podozamites distans, 
représentaient peut-être le cône mâle de cette espèce. 
Cette conjecture ingénieuse n’est pourtant accompagnée 
d’aucune preuve décisive et la structure même de ces or- 
ganes-est par irop problématique pour que leur parenté 
avec le groupe des Cycadées puisse être admise comme 
probable, sinon comme prouvée. 

Le genre Podozamites, quelles que soient ses affinités, 
paraît avoir eu une durée fort longue. La présence du 
Podozamites distans caractérise l’Infralias, et le P. lanceola- 
_tus répète le même type dans l’Oolithe inférieure. Nous en 
signalons deux espèces dans le Kimméridgien et, en con- 
tinuant la série des terrains, on en observe d’autres dans 
le Wéaldien et le Néocomien. A partir de ce dernier ni- 
veau, on perd la trace du genre, dont l'existence s’est pro- 
longée plus ou moins longtemps à travers la Craie. 


N. 1. — Podozamites parvulus. 
PI. 83, fig. 8. 


DraGNosE. — P. frondibus pinnatis, pinnis parvulis parum 
inæqualibus, basi apiceque obtuse attenuatis, brevissime te- 
nuiterque pedicellatis, venis longitudinalibus plurimis yra- 
cillimis, a basi dichotomis, ad apicem convergentibus. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 83 


Les dimensions très-réduites de cette espèce, dont nous 
ne connaissons qu’une foliole isolée, la distinguent aisé- 
ment de toutes celles du même genre, qui ont été signalées 
jusqu'ici. Le contour est oblong, linéaire-ellipsoïde, atté- 
nué obtusément vers les deux extrémités. Le sommet de 
la foliole n’a rien d’aigu et ne montre aucune callosité 
terminale. Le bord est parfaitement entier ; la base un peu 
inégale, rétrécie par degrés, aboutit à un court pétiolule, 
menu, mais distinct. Les nervures longitudinales, toutes 
_ égales, sont d’une extrême finesse. Divisées par dichoto- 
mie un peu au-dessus de la base, elles parcourent le limbe 
en demeurant parallèles entre elles et convergent en ap- 
prochant du sommet, La consistance a dû être ferme, 
sinon coriace. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Notre Podozamites parvulus 
. ressemble en très-petit aux P. distans, Presl, et lanceolatus, 
Lindl. et Hutt.; mais, outre que sa taille empêche de le 
confondre avec aucun d’eux, il s’en écarte encore par la 
_ présence d’un court pédicelle à l’extrême base de la foliole. 

LOCALITÉS. — Gisement du lac d’Armaille, étage kim- 
méridgien inférieur; communiqué par M. Falsan. 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 83, fig. 8, foliole déta- 
chée d’une fronde de Podozamites parvulus, grandeur na- 
turelle ; fig. 83, même organe grossi pour montrer la dis- 
position des nervures et la base rétrécie en forme de 
pédicelle. -, 


N. 2. — Podozamites cuspidatus,. 


PI. 92, fig. 3. 


DIAGNOSE. — P. pinnis coriaceis integerrimis e basi æquali 
parum restricta sursum lineari-lanceolatis apice breviter atte- 


84 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


nuato argute mucronatis, nervulis longitudinalibus plurimis 
immersis ad apicem convergentibus. 


Voici encore une pinnule détachée que l’on serait tenté 
de prendre pour celle d’un Zamites, mais qu’un examen 
attentif engage à rattacher au groupe des Podozamites, à 
moins qu’il ne s’agisse d’un type spécial imparfaitement 
connu. L’organe est coriace, largement linéaire ; il repose 
sur une base à peine rétrécie, munie d’un bourrelet 
calleux qui correspond à l’endroit de l’insertion; il esL 
parfaitement entier sur les bords, qui ne sont pas cernés 
cependant d’une marge cartilagineuse, et atténué supé- 
rieurement en une pointe lancéolée-aiguë, visiblement 
piquante. Les veines sont très-nombreuses, fines, perdues 
dans l’épaisseur du parenchyme et nettement convergentes 
vers le sommet. Ce dernier caractère concorde avec l’at- 
tribution générique que nous proposons. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La convergence des veines 
vers le sommet de la pinnule sépare cette espèce des 
Z'amites ; sa base égale et non atténuée la distingue des 
Podozamites qui servent de iype au groupe. Il est difficile, 
en l’absence de la fronde, de se prononcer au sujet de ses 
caractères véritables. 

LOCALITÉ. — Gisement du lac d’Armaille, près de 
Belley (Ain); étage Kimméridgien inférieur; communiqué 
par M. Falsan. 

_ ExPLIGATION DES FIGURES. — PI. 92, fig. 3, pinnule isolée 
de Podozamites cuspidatus, Sap., grandeur naturelle. 


TROISIÈME GENRE. — ZAMITES. 


Zamites, Brongn., Tab, des genres de ‘À foss., p. 61 (non 
Prodr., p. 94). 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 85 


Zamites, Morris, Cat., p. 25. 
—  Endl.(ex parte), Gen. pl., p. 72. 
—  Gœpp. (ex parte), Foss. Cycad. in Uebers. d, Arb., 
v. 1844, p. 122. 
©— Ung. (emend.), Gen. et sp. pl. foss., p. 281; Chl. pro- 
{0g., LXIT. 
—  Ettingsh., Lias und Obolith. Fl. (in Abhandl. d. K.) 
K. géol. Reichsant, 1, 3, p. 9. 
— ‘ Bornem., Lettenk Thüring., p. 56. 
—  Schimp., Traité de pal. vég., ll, p. 151. 
—  Zigno, FI. foss. oolith., Il, p. 28. 


DrAGNOSE. — Frons pinnata ad basin petioli scissione natu- 
rali e caudice distracta et ideo normaliter caduca, pinnæ plu- 
rimæ oblongæ linearique lanceolatæ, basi æquilaterali subito 
contracta callosaque racheos lateri superiori affiræ, persis- 
tentes vel tandem ab azxi solutæ integerrimæ coriaceæ, nervu- 
lis e parte callosa basilari emergentibus mox dichotome divisis, 
exterioribus leniter divergentibus ad marginem cartilagineo- 
cinctum decurrentibus, mediis longitudinalibus iterum iterum- 
que furcatis ad apicem pinnarum minime convergentibus, sed 
… abrupte ubi marginem secant desinentibus. 


Zamia, Brongn., Prodr., p. 94. 
_ Lindl. et Hutt (ex parte), Fossil fl. 
of great Brit. 
Palæozamia, Endl., Gen. plant., p. 72. 
— Oldh. (ex parte), Foss. fl. of the Raj- 
_ mahal Hills, p. 21. 
… Odontopteris, -, Sternb., Vers., 11, p. 78. 
. Ptilophyllum (ex parte), Morr., in Ann. nat. hist., 1841. 
É Crossosamia (ex parte), Lo. PI. jur. de la France, i in Amt. 
Ber. Deutsch. naturf. in Aachen, 
1847, p. 343. 


HISTOIRE ET DÉFINITION. — Il est peu de genres de Cyca- 
_ dées fossiles dont la synonymie soit plus enchevétrée et 


86 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


dont la signification ait été plus entachée d’équivoque et 
de confusion que celles du groupe que nous allons aborder. 
Nous en avons exposé les raisons dans nos généralités ; 
la principale résulte du sens vague attribué originairement 
au terme de Zamites, comme comprenant toutes les for- 
mes plus ou moins alliées à nos Zamia, sans que le degré 
de cette affinité pût être mesuré avec certitude. Mais de- 
puis que M. A. Brongniart, et après lui M. Schimper et 
nous-même, se sont attachés à restreindre la portée du. 
genre Zamites en n’y laissant qu’un certain nombre de 
Cycadées secondaires, formant un groupe dont les Zamites 
gigas,. Morr., et Feneonis, Brongn., sont les types, ce groupe 
présente au contraire des caractères parfaitement saisissa- 
bles. Il comprend des espèces douées d’une physionomie 
commune, pourvues d’une nervation spéciale et qui ont 
été certainement congénères. Nous ne connaissons pas, il 
est vrai, les organes reproducteurs des Cycadées dont les 
_ Zamites constituaient les frondes, et ce serait en vain qu’à 
l'exemple de quelques auteurs, entre autres de M. Pomel, 
nous chercherions à les deviner; nous ne saurions pas da- 
vantage démèler les liens de parenté relative de ces Za- 
mites avec nos Zamia où tout autre genre moderne; trop 
de distance les sépare les uns des autres au point de vue 
de la nervation comparée et des autres caractères pour 
autoriser aucune conjecture à cet égard, Par contre, nous 
serions porté à considérer les Zamites, tels que nous les 
circonsérivons, comme alliés d’assez près aux Ofozamites 
auxquels leurs débris se trouvent fréquemment associés 
dans les couches du terrain secondaire, bien que dans 
l’ordre successif de leur développement tous deux soient 
loin d’avoir sui, i la même marche." 

Les frondes des Zamites sont de taille petite ou médiocre, 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 87 


rarement elles excèdent 2 décimètres, 3 décimètres au 
plus, et le Zamites gigas, Morr., dont notre planche :81 
reproduit une tige garnie de ses feuilles, ne mérite ce nom 
que si on le compare à ses congénères, plus petits encore 
que lui. Pour trouver, dans l’ordre actuel, des frondes de 
Cycadées aussi courtes, il faudrait recourir aux plus hum- 
bles Zamia, à tige bulboïde et rampante. Il est vrai que, 
malgré leurs proportions réduites, les frondes des Zamites 
sont trapues et leurs folioles, très-rapprochées, assises sur 
un rachis commun relativement épais. Elles surmontaient 
sans doute des tiges hautes au plus de quelques pieds, 
assez peu épaisses, plus irrégulières d'aspect et plus élan- 
cées de contour que celles des Encephalartos et des Zamia, 
à en juger du moins par le seul exemple que nous puis- 
sions invoquer, celui du Zamites gigas (pl. 84, fig. 4). Ce 
quiest certain, c’est que ces frondes, après une vie plus 
ou moins longue, se détachaient presque toujours d’elles- 
mêmes, par une désarticulation de la base des pétioles, et 
jonchaient le sol jurassique. Cette particularité résulte 
non-seulement du grand nombre d’empreintes que les 
principales espèces du genre ont laissées, mais encore de 
la terminaison nette des pétioles, tronqués carrément et 
un peu dilatés à la base. L’étendue de ces pétioles est 
toujours sensiblement la même pour tous les échantillons 
dans les limites d’une même espèce. Il faut donc admettre 
que ces organes, au bout d’un certain temps et à un mo- 
ment donné, qui probablement coïncidait avec l’apparition 
d’une nouvelle série de feuilles, devenaient caducs, et ce 
_ caractère leur était commun avec d’autres Cycadées se- 
condaires, comme les Ofozamites et Glossozamites, tandis 
que les Cycadites, comme nous venons de le voir, ont dû 
posséder des frondes adhérentes, se détruisant peu à peu, 


88 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


ainsi qu’il arrive de nos jours à celles des Cycas, des En- 
cephalartos et des Dioon. 

La partie pétiolaire, variable selon les-espèces, mais 
généralement assez courte, se prolonge supérieurement 
chez les Zamites, en un rachis commun, large, bombé et 


 semi-cylindrique en dessous, plus étroit, plat ou faiblement 


relevé en biseau à la face supérieure, sur laquelle les 
pinnules, généralement nombreuses et alternes, souvent 


rapprochées ou même contiguës, se trouvent implantées. 
En effet cette insertion n’a pas lieu latéralement, le long 


des bords du rachis, mais sur deux lignes, parfois assez 
voisines pour se confondre, en sorte que dans ce cas la 
base de chaque foliole de l’une des deux rangées vient se 
placer dans l'intervalle qui sépare deux folioles contiguës 


de la rangée opposée. Les pinnules des Zamites n'étaient 


généralement pas insérées à plat, c’est-à-dire sur le même 
plan que la face du rachis commun, mais dans une direc- 
tion plus ou moins oblique par rapport à celle-ci, quelque- 
fois presque redressées à angle droit, ainsi que le montre 
le spécimen de Zamites gigas que nous figurons. Il est ré- 
sulté de celte disposition que les sédiments marneux et 
sableux, au sein desquels les frondes de Zamites ont laissé 
leurs empreintes, n’ont réussi à comprimer qu’en partie 
des organes visiblement érigés et résistants, et ceux-ci 
ayant conservé leur direction normale, la matière vaseuse à 
demi liquide a pu s’introduire entre le rachis et les fo- 
lioles, de manière à isoler celui-là de celles-ci. Il est donc 


parfois difficile d’entrevoir le rachis sous les folioles qui : 
le recouvrent, lorsque l’empreinte est celle de la face : 


supérieure, tandis que, si l’on a sous les yeux l’empreinte 
. de la face inférieure, le rachis cache au regard l’emplace- 
ment de la base des folioles. C’est à la difficulté d'observer 


D D CP OR 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 89 


dans beaucoup de cas ces derniers organes dans ce qu'ils 
ont de caractéristique qu’il faut attribuer les confusions 
et transpositions dont les Zamites ont été l’objet de la part 
des divers auteurs. — Les folioles des Zamites sont géné- 
ralement persistantes, c’est-à-dire que le point calleux par 
lequel elles adhéraient au rachis se prêtait difficilement à 
une désarticulation. Les frondes adultes sont ordinaire- 
ment garnies de toutes leurs folioles, et celles-ci quelquefois 
tordues ou lacérées montrent leur partie inférieure encore 
_ en place. Cependant on ne peut douter que sur les frondes 
âgées, en partie desséchées ou brisées, à force de vétusté, 
les pinnules qui manquent n’aient laissé en tombant une 
cicatrice fort nette au point où elles étaient fixées sur le 
rachis. Il doit y avoir eu à cet égard des divergences d’es- 
pèce à espèce que nous indiquerons chaque fois en les 
passant en revue. 

Considérons maintenant les folioles en elles-mêmes. 
Leur forme est oblongue, arrondie ou obtusément atténuée 
à la base, lancéolée au sommet. Leur base, toujours parfai- 
tement égale, se contracte en une callosité, de manière à 
dessiner un contour légèrement cordiforme ou simplement 
arrondi, selon les espèces ; le bord est constamment cerné 
d’une marge cartilagineuse continue et parfaitement en- 
tière. La nervation, au sujet de laquelle il faut consulter la 
figure 2, pl. 87, qui la représente grossie, est très-caracté- 
ristique. Les veines partent toutes du point d’attache ; 
elles se bifurquent et rayonnent de ce point; mais, avant 
de rayonner, les latérales se replient, en suivant le contour 
arrondi de la base, puis elles divergent faiblement, de 
manière à ce qu’une partie d’entre elles gagne succes- 
sivement le bord, pour s’y arrêter à différentes hauteurs, 
tandis que les médianes s’allongent, se subdivisent çà et là 


90 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


demeurant parallèles entre elles et s'étendant longitudina- 
lement jusque vers le sommet de l’organe. Dans ce trajet, 
comme les nervures du milieu se ramifient toujours plus 
ou moins, ellesrejettent vers le bord quelques-unes des plus 
extérieures, de sorte que les médianes seules parviennent 
jusqu’à l’extrémité supérieure de la foliole. Là, elles se 
subdivisent de nouveau, s’étalent et viennent enfin se perdre 
le long de la marge. Ainsi, dans les Zamites, les nervures, 


au lieu de converger vers le haut des pinnules, divergent 


toujours plus ou moins en se rapprochant du sommet. | 
C’est ce mode de nervation qui les caractérise et sert à les 
distinguer des autres Cycadées, soit vivantes, soit fossiles. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les Zamites ainsi limités se 
séparent aisément des autres genres de Cycadées secondai- 
res, des Pterophyllum par le mode d'insertion de leurs 
pinnules, la terminaison non tronquée au sommet de 
celles-ci et la divergence des veines, des Podozamites par 
la non-convergence des nervures vers l’extrémité supé- 
rieure des folioles, jamais amincies, encore moins pédi- 
cellées ou subpédicellées à la base, des Ofozamites enfin 
par l’absence de toute auricule au côté basilaire antérieur 
des folioles. Cependant nous verrons qu’il existe des 
Otozamites dont les folioles sont si peu auriculées et si 
oblongues qu’il faut une attention soutenue pour ne pas 
voir des Zamites dans ces espèces, surtout lorsque leurs 
frondes montrent la face inférieure. Même dans ce dernier 
cas cependant, pour peu que la nervation soit visible, il est 
possible de distinguer un Zamites d’un Otozamites, puisque 
les veines du dernier de ces genres divergent du point « 
d'attache vers tous les points de la périphérie des folioles, 
tandis que dans le premier la divergence n’existe que pour 
les veines extérieures de chaque foliole, les médianes de- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 91 


meurant jusque vers le sommet longitudinales et parallèles. 
Il est plus difficile de distinguer les Zamites des Glossoza- 
mütes qui semblent servir de lien entre ceux-là et les Oto- 
zamites. Les Glossozamites présentent des frondes configu- 
rées comme celles des Otozamites, mais non pas auriculées, 
comme celles de ce dernier genre, bien que les veines di- 
vergent du point d'attache, à peu près comme le font celles 
des Otozamites. Dans les espèces à folioles oblongues chez 
qui la divergence est naturellement moins prononcée que 
chez les autres, la différence entre les deux groupes semble 
difficile à saisir; elle devient du moins obscure et faible. 

Le genre Zamites a eu une vie fort longue; il date du 
Lias, peut-être du Lias inférieur, si le Zamites Schmiedelir, 
Andr., remonte réellement jusqu’à cette date. Mais ce 
genre demeure rare et subordonné, à côté des Otozamites 
prépondérants. Les Zamites ne prennent leur essor qu'à 
partir de l’Oolithe inférieure ; ils augmentent en nombre et 
en importance dans l’Oolithe moyenne et surtout dans le 
Corallien et le Kimméridgien, tandis que les Otozamites 
par ‘une marche inverse deviennent clairsemés ou tout à 
fait absents. On observe encore des Zamites dans le Wéal- 
dien et dans le Néocomien. Le genre se serait même pro- 
longé jusque vers le milieu du Tertiaire, où deux Zamites, 
Z. tertiarius, Heer, et Z. epibius (1), Sap, ont été signalés. 
Le premier est probablement un Drioon; le second paraît 
congénère des Zamites jurassiques et ressemble au Zamites 
Feneonis. Malheureusement, sa provenance ne laisse pas 
que d’inspirer quelque doute, bien que la présence dans 
les lits schisteux tertiaires de la localité en question 


(1) Voy. Bull. Soc. géol. de France, © série, t. XXI, p. 322, pl. 5,et 
Et. sur la rég.tert., II, p. 10, pl. 1. 


92 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


(Bonnieux, Vaucluse), d’une empreinte de cône analogue à 
ceux des Macrozamia soit de nature à confirmer l’authen- 
ticité de la fronde ; celle-ci n’a cependant été recueillie 
sur les lieux, ni par nous ni par notre confrère M. E. Ar- 
naud, d’Apt ; elle s’est trouvée entre les mains d’une per- 
sonne qui l'avait reçue comme provenant de Bonnieux. 
Les schistes rubannés et bitumineux de ce gisement ter- 
tiaire offrent malheureusement avec ceux du lac d’Armaille 


une conformité d’aspect, qui ne permet pas même de tirer . 
des conclusions tout à fait nettes de l'examen des carac- 


tères de la roche. 


N° 1. — Zamites Moreaui. 
PI. 84, fig. 1-3 et 85, fig. 1-2. 


Zamites Moreaui,  Brongn., Tab. des genres de vég. foss., p. 2 
et 106. 


DiAGNose. — Z. frondibus valide petiolatis, ambitu late 
oblongis vel potius elongato-lanceolatis coriaceis pinnatis, 
pinnis oltuse plerumque lanceolatis quandoque leniter ‘sub- 
falcatis, basi subito constricta cordatoque emarginata puncto 
calloso racheos parti superiori affiæis, pinnulis inferioribus 
sensim abbreviatis latioribusque, mediis æqualiter productis, 
supremis angustioribus. 


Zamia Moræana, Brongn., ms. (teste Pomel). 
Crossozamia Moreana,  Pomel, 1. c., p. 343 (ex parte quoad 
frondes). as 
Zamites Moræanus, Schimp., Traité de pal. vég. M, . 
p. 154. 


Crossozamia Buvignieri, Pom: L. c. 


Nous laissons à cette espèce la dénomination que lui a 
donnée M. Brongniart dans son Tableau des genres de végé- 


Ses dd ee de dE à ed a ds de es ie): de à ” - 


dihéesi nantes. ei. nn - 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 93 


taux fossiles, publié en 1849. C'est à cette dénomination 
faiblement altérée par lui que se référait M. Pomel dans 
son mémoire Sur La flore jurassique française, imprimé 
presque à la même époque dans les Comptes rendus de 
la 25° réunion de la Société des naturalistes allemands. 
M. Schimper a mentionné dernièrement la même espèce 
en l'appelant Zamites Moræanus ; mais il nous semble que 
la désignation du texte imprimé de M. Brongniart doit 
nécessairement prévaloir. Quoi qu'il en soit, il est certain 
que les Zamites Moreaui, Moreanus et Moræanus, ainsi que 
le Crossozamia Moreana (en ce qui concerne les frondes) 
constituent une seule et même espèce, particulière au Co- 
rallien de la Meuse, alliée de près au Zamites Feneonis, 
distincte pourtant à quelques égards et qui ne doit pas être 
confondue avec celui-ci, malgré l’étroite parenté quiles unit. 

Les frondes du Zamites Moreaui varient beaucoup d’as- 
pect et de dimension, mais leurs caractères essentiels 
trahissent toujours la même espèce. Elles étaient roides, 
robustes, coriaces, pourvues d’un rachis relativement 
épais, mais souvent caché par suite du mode d'insertion 
des pinnules, attachées dans une direction oblique, et 
alternant de manière à ce que la base de l’une, sur l’un 
des côtés, venait butter contre les bases de celles du côté 
opposé, en se plaçant dans l’étroit intervalle qui les sépare. 
De cette sorte, les deux rangées d’insertions se confon- 
daient presque sur la même ligne. Ces frondes étaient 
certainement pétiolées, comme le montrent les figures 3, 
pl. 84, et 2, pl. 85; mais leur pétiole n’est pas toujours 
visible, et d’ailleurs ses dimensions paraissent avoir varié, 
comme tendraient à le prouver les figures 1 et 2, pl. 84, et 
1, pl. 85. Il se peut que cette variation ait tenu au mode 
d’articulation des frondes sur la tige et à leur façon de s’en 


94 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


détacher, circonstances qui ne nous sont encore qu’impar- 
faitement connues, bien qu’elles résultent de l'observation 
des faits. 

Les frondes sont rarement entières, mais les plus gran- 
des mesuraient certainement 30 centimètres. C’est la lon- 
” gueur de celles dont la figure 2, pl. 85, ne reproduit qu’une 
faible partie, d’après un dessin dû à M. Moreau lui-même, 
L’exemplaire, fig. 3, pl. 84, qui provient d'Urufle (Meurthe) 
et appartient à la collection du muséum de Paris, mesure 


seulement 20 centimètres dans son intégrité, mais il n’est 


pas terminé au sommet, et la figure 4, même planche, re- 
produit la moitié inférieure d’une fronde qui, lorsqu'elle 
était entière, devait avoir les mêmes dimensions, La fronde, 


tig. 4, pl. 85, est bien plus petite; elle est entière et n’ex- 


cède pas en longueur 13 centimètres sur 4 centimètres 4/2 
dans sa plus grande largeur. Cette dernière fronde permet 
de saisir les caractères de l’espèce : le contour général est 
oblong, linéaire sur le milieu, atténué vers les deux extré- 
mités ; les pinnules inférieures et supérieures sont plus 
courtes que les médianes ; leur forme est constante dans 
tous les spécimens grands ou petits. Cette forme est lan- 
céolée-obtuse, plus ou moins atténuée, plus ou moins 
élargie vers le sommet qui se termine toujours par une 
pointe obtuse, un peu aiguë, mais nullement acuminée, 
comme. dans le Zamites Feneonis. La base des pinnules 
n’est pas ou n’est que peu rétrécie; elle se contracte de ma- 
nière à donner lieu à une échancrure qui répond au point 


calleux par lequel s’opérait l’insertion de la pinnule. Ea “4 


consistance de ces pinnules devait être coriace ; le rebord 
cartilagineux qui les cerne et les nervures longitudinales 
qui les parcourent sont visibles malgré le grain oolithique 
de la roche, Ces nervures parallèles dans la moitié infé- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 95 


rieure des pinnules divergent un peu vers le haut, et les 
plus extérieures s'arrêtent à diverses hauteurs, le long de 
la marge, à partir du point où les pinnules commencent à 
se rétrécir. La fronde, fig. 1, pl. 84, présente des pinnules 
lancéolées-linéaires, celles de la fronde, fig. 2, même plan- 
che, paraissent contractées par les bords ; elles s’écartent 
du rachis sous un angle droit et appartiennent probable- 
ment à une fronde vieillie et desséchée. Les pinnules de 
la fronde, fig. 3, pl. 84, sont, au contraire, plus larges et 
affectent un contour en lame de sabre; celles de la fronde, 
fig. 2, pl. 85, sont plus atténuées au sommet et un peu 
recourbées en faux. On reconnaît par la petite fronde, 
fig. 1, pl. 85, la seule qui soit intacte, ainsi que par d’au- 
tres empreintes que nous n’avons pu reproduire, que les 
pinnules voisines du sommet de la fronde étaient à la fois 
plus courtes et plus étroites que les autres. Il semble aussi 
que le rachis, en se terminant, donnait lieu à une.sorte de 
mucron (fig. 2, pl. 84, et fig. 1, pl. 85), comme dans les 
frondes du Cycas revoluta actuel. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le contour général des 
frondes plus oblong, plus atténué vers les deux extrémités, 
les pinnules lancéolées, aiguës-obtuses, mais nullement 
acuminées, distinguent le Z. Moreaui du Z. Feneonis, dont 
il est évidemment très-voisin. Il se rapproche égale- 
ment beaucoup du Z. formosus, Heer (1), qui n’en diffère 
qu’à peine par une plus grande largeur proportionnelle 
de sa fronde..Il s’éloigne aussi très-peu du Zamites 
Schmiedeli, Presl, espèce du Lias inférieur de Steierdorf, 
dont les pinnules paraissent pourtant un peu plus atté- 
nuées en pointe au sommet. Cependant il est impossible 


(1) Urw. d. Schweiz, p. 144. fig. 94. 


96 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


de ne pas considérer le Zamites Moreaui, du Corallien, 
comme un prolongement du Z. Schmüiedehi liasique, qu'il 
représente, pour ainsi dire, dans l'Oolithe supérieure. 

Le Zamites Moreau doit être enfin comparé au Zamites 
gigas (1), Morr., de l’Oolithe de Scarborough (vide supra, 


"pl. 84) dont il est visiblement congénère, et dont les fron- 


des révèlent un type des plus analogues à celui de l’espèce 
de la Meuse. Cependant un examen attentif fait découvrir 
une petite différence dans la forme des pinnules qui sont 
moins linéaires et plus atténuées-aiguës au sommet dans 
l'espèce anglaise que dans la nôtre. Il ressort du reste de 
cette élude comparative la conviction que les Zamites 
constituaient dans la flore jurassique un groupe très-com- 
pacte de formes revêtues d’une physionomie commune, sen- 
siblement la même pour toutes, et chez lesquelles de faibles 
différences suffisaient pour motiver des distinctions spé- 
cifiques. | 

LocaLiTés. — Environs de Verdun et de Saint-Mihiel 
(Meuse), Gibbomeix, Burey-en-Vaux, Urufle (Meurthe), 
étage corallien ; coll. du Muséum de Paris et de Stras- 
bourg, de M. Moreau, de M. Buvignier et la nôtre, 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 84, fig. 4, partie infé- 
rieure d’une fronde de Zamites Moreaui, Brongn., vue par 
la face supérieure, avec une portion du pétiole, pour 
montrer le mode d'insertion des pinnules sur le rachis, 
d’après un échantillon de Saint-Mibhiel, faisant partie de . 
notre collection, grandeur naturelle. Fig. 2, fronde mu- 
tilée au sommet de la même espèce, montrant le rachis et. 
l'origine du pétiole, dont les pinnules paraissent dessé- . 
chées et repliées sur elles-mêmes le long des bords. Cette | 


(1) Lindel. et Hutt., Foss. fl., IL, tab, 165. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 97 
L 


empreinte, qui provient de Burey-en-Vaux et fait partie de 
la collection de M. Moreau, se rapporte probablement à une 
fronde âgée et flétrie ; grandeur naturelle, Fig. 3, partie 
inférieure d’une autre fronde de la même espèce, vue par 
la face supérieure et munie de son péliole, d’après un exem- 
plaire d'Urufle (Meurthe), faisant partie de la collection 
du Muséum de Paris; grandeur naturelle. — PI. 85, fig. 1, 
 fronde complète de la même espèce ayant apparlenu pro- 
bablement à un jeune individu, vue par la face supérieure, 
grandeur naturelle, d’après un exemplaire de Gibbomeix 
communiqué par M. Moreau ; grandeur naturelle, Fig. 2, 
partie inférieure, y compris le pétiole, d’une fronde de la 
même espèce, vue par la face supérieure, d’après un exem- 
plaire de Verdun, dessiné par M. Moreau en 1835 et com- 
muniqué par lui à M. Brongniart; grandeur natureke, 


N° 2. — Zamites acerosus. 
PI. 86. 


DrAGNOSE. — Z. frondibus lato-lineari-elongatis pinnatis, . 
pinnis ad faciem racheos medium sensu horizontal puncto 
"calloso basilari adplicatis regulariter alternis, e basi rotundata 
cordatove emarginata sursum lineari-lanceolatis, in apicem 
longe sensim acerosum attenuatis. 


 L'empreinte sur laquelie nous nous basons pour établir 
cette nouvelle espèce est incomplèle dans le haut. Dans le 
bas elle se termine vers l’origine du pétiole et se rapporte 
à la face supérieure d’une fronde dénotant une forme 
très-voisine du Z. Feneonis et que nous croyons pourtant 
“devoir en distinguer. Les limites du rachis sont bien vi- 
“sibles; on aperçoit cet organe dans l'intervalle qui sépare 
VéGérTaux. — 1. 7 


98 : PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


les unes des autres les pinnules. Il est plat où faiblement 
relevé en biseau, large de 3 à 3 1/2 millimètres, et porte 
vers son milieu les pinnules disposées dans un ordre al- 
ternalif, de manière à entreméler leurs bases, non pas sur 
une double rangée ; mais sur une seule ligne commune, 
correspondant à la partie médiane du rachis. Ces pinnules 
ne sont pas attachées dans un sens oblique, mais posées à 
plat, et elles s’écartent sous un angle tout à fait droit du. 

rachis auquel elles adhèrent par un point calleux, corres- : 
pondant à la partie contractée et émarginée en cœur de | 
leur base. Cette base est arrondie; au-dessus d’elle, la 
pinnule d’abord un peu élargie s’atténue ensuite insensi- 
blement en une pointe droite ou un peu recourbée. On : 
distingue sur chaque pinnule une douzaine de nervures. 
qui partent du point d'attache pour s’élendre dans la partie 

large de la pinnule en divergeant légèrement, de manière à 

s'arrêter successivement à diverses hauteurs, le long des: 
bords de la partie décroissante. Les médianes seules, tan- 
tôt simples, tantôt bifurquées, mais toujours parallèles. 
entre elles, atteignent le sommet de la pinnule qui se ter- 


mine par une pointe aussi fine qu'acérée. 
_ RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — C'est au Zamites Feneons. 
qu’il convient surtout de comparer le Zamites acerosus qui 
n’en est peut-êire qu’une variété locale, particulière à. 
l’ouest de la France. Cependant par laterminaison plus fine- 
ment aiguë de ses pinnules, par leur disposition plus espa- 
cée et leur mode d'insertion qui fait qu’elles chevauchen 
entre elles et se trouvent fixées tout à plat sur la ligne 
médiane du rachis, le Zamites de Chateauroux nous a parü 
s’écarter assez de celui de Cirin et de Morestel pour mé 
riter une dénomination parliculière, au moins à titre pr 
visoire. Nous avons lieu de croire que la collection d 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 99 


l’École des mines possède d’autres échantillons, provenant 
de Chateauroux, dont l'étude permettra de décider si la 
forme que nous décrivons sous toutes réserves doit être 
définitivement élevée au rang d’espèce. 

Locazrré.— Environs de Chateauroux (Indre), (M.Meillet, 
1841), collection du Muséum de Paris, ancienne collection 
Michelin; étage corallien supérieur. 

EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 86, fronde de Zamites 
acerosus, vue par la face supérieure, d’après une empreinte 


- moulée, grandeur naturelle. 


N° 3. — Zamites Feneonis. 
PI, 87, 88, 89, 90, 91 et 92, fig. 1. 


Zamites Feneonis, Brongn., Tab. des genres de vég. foss., p. 106, 

— — Ung., Gen. eë sp. pl. foss., p. 286 ; Chl. pro- 
tog., LXIL. 

— — Ettingsh., Lias und volith. FI. (Abhanld. 

d. K. K. geol. Reichs., 1, 3, p. 9, tab. 3). 


_ — Schimp., Traité de pal. vég., I, p. 152, 
, pl. Lxxi, fig. 2. 
_ — Zigno, FI. foss. form. oolith., LI, p. 29. 


DIAGNOSE. — Z. frondibus petiolatis ombitu lato-oblongis 
vel abbreviato-cblongis plus minusve late expansis basi apice- 
que obtusis, pinnatis, pinnis sæpius junioribus dense confertis 
adultioribus approximatis numerosis basi rotundata vel pau- 
lisper ad insértionis locum emarginato-cordata sursum lan- 
ceolato-linearibus plus minusve acuminatis, inferis paullo 


_abbreviatis, mediüs patentissimis, superioribus erectiusculis 
_anguste linearibus, omnibus superficiei racheos affixis ple: 


rumque persistentibus, in varietate autem « articulatis sæ- 
peque caducis et tunc cicatricem oblongo-linearem loco in- 
sertionis linquentibus. 


100 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


Var. « Articulatus. 


PI. 90, fig. 3; 91 et 92, fig. 4. 


Zamites articulatus, Sap., PI. jur, ms. 
— — Schimp., Traité de pal. vég., I, p. 153. 
-DiAGNose. — Z. fronde fræquenter ad apicem obtruncalum 
semidestructa, petiolo brevi sponte e caudice distracto, pinnis 
rigidis apice acerosis patentibus, superfiviei racheos basi arti- 
culata puncto calloso basilari horizontaliter affixis sæpeque 


caducis. 

Zamia Feneonis, Brongn., Prodr. p.94. 

Crossosiama (Palæosamia) Feneonis, Pomel, 2. c., p. 344. 

Dioonites Feneonis, Miq., Prodr. Cycad., p. 31. 
_ _ Bornem., Lettenk. Thüring., 


p. 156. 


Li 


Le Zamites Feneonis est, parmi les Cycadées fossiles de 
la France, une des plus répandues dans les collections et 
une des plus souvent citées par les géologues, comme ca- 
raciérisant un niveau constant vers l’Oolithe supérieure, 
Aussi, M: Brongniart l’avait-il signalé sous le nom qu’il a 
gardé depuis, dans le plus ancien de ses ouvrages sur la flore 
fossile; cependant, cette espèce souvent confondue avec 
d’autres, entre autres avec le Zamites Moreaui, n'avait ja- 
mais été décrite ni figurée, jusqu’au moment où M. d’Et- 
uüngshausen l’a insérée dans son mémoire sur la flore fossile 
du Lias et de l’Oolithe, en 1852, en accompagnant sa diag- 
nose d’une figure fort exacte. Le Zamites Feneonis est une | 
plante plus particulièrement caractéristique du Corallien : 
supérieur et du Kimméridgien dans le sud et l’est de la : 
France. Plus loin, à l'orient, il devient rare et n’a élé, à ce | 
qu'il semble, observé, ni en Ilalie, ni en Autriche, ni | 


| 
| 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 101 


dans la plus grande partie de l'Allemagne, mais seule- 
ment en Suisse et peut-être aussi dans le Wurtem- 
bebe 07 

- Les frondes sont ordinairement bien reconnaissables. 
Supportées par un pétiole nettement terminé, dans les 
échantillons intacts, et long de 2 à 4 centimètres, selon les 
exemplaires, elles s’étalent en dessinant un contour oblong 
ou largement oblong, sans se prolonger autant que celles 
du Zamites Moreaui, car leur hauteur moyenne n’excède 
pas 20 centimètres et leur hauteur maximum %5 centi- 
mètres, sur une largeur ordinaire de 1 décimètre qui peut 
aller jusqu’à 43 et 16 centimètres, pour les plus grandes. 
Ces dernières sont rarement complètes, et notre figure 2, 
pl. 88, en reproduit un fort beau spécimen auquel il ne 
manque que la terminaison supérieure. 

D'autres frondes sont beaucoup plus petites, et nos 
figures 4, pl. 87, et 1, pl. 88, en représentent deux, aux- 
quelles aucune partie ne fait défaut. — L’empreinte, fig. 4, 
pl. 87, se rapporte sans doule à une fronde jeune, dont le 
développement n’est pas achevé ou bien encore provenant 
d’une tige non adulte. Les pinnules sont longues relative- 
ment à la dimension totale, qui est tout au plus de 41 cen- 
timètres, en y comprenant le pétiole, lui-même très-court, 
bien qu’il paraisse nettement terminé. La plus grande 
largeur de cette fronde est d'environ 7 centimètres; elle 
est donc courte et large ; elle montre sa face supérieure, et 
les pinnules, contiguës ou même empiétant les unes sur 
les autres, sont disposées de telle façon que les paires in- 
férieures diminuent assez rapidement, ainsi que les trois 
ou quatre paires les plus supérieures, tandis que toutes 

les autres sont à peu près égales, en sorte que la fronde, 
dans son ensemble, dessine une sorte d’ellipsoïde. La 
| 
. 


102 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


fronde, fig. 1, pl. 88, n’est guère plus grande que la pré- 
cédente; un peu moins large proportionnellement, elle 
présente un pétiole fort nettement tronqué à la base et des 
folioles moins serrées, mais presque aussi nombreuses. 
Les plus inférieures de celles-ci diminuent rapidement de 
longueur; celles du sommet sont érigées et étroitement 
linéaires, tandis que toutes les autres, plus ou moins diva- 
riquées et presque contiguës, sont arrondies à la base au 
point par où elles adhèrent au rachis, puis lancéolées- 
linéaires et plus ou moins acuminées à leur sommet qui 
se termine par une pointe visiblement acérée. Les deux 
exemplaires que nous venons de décrire proviennent 
d’Orbagnoux (Ain) et représentent les formes les plus or- 
dinaires, parmi celles dont la taille est médiocre ou petite. 
Les frondes de dimension moyenne (pl. 89, pl. 88, fig. 3 
et 99, fig. 1) mesurent environ 20 centimètres, y compris 
le pétiole. Ce dernier organe est intact, ainsi que le reste 
de la fronde, dans le spécimen, fig. 4, pl. 90, qui provient 
de Cirin;ilest nettement terminé à la base, ce qui prouve 
qu'il se détachait de la tige à l’aide d’une scission natu- 
relle, par suite d’une articulation quelconque de cette base 
sur le coussinet; sa longueur totale est de 4 centimètres. 
Les pinnules, exactement contiguës, un peu plus larges, | 
moins étalées et plus obtuses au sommet que dans les au- 
tres spécimens, affectent la même disposition, soit par la 
façon dont les paires inférieures deviennent décroissantes, | 
soit par le mode de terminaison supérieure. Il semble | 
pourtant que cette fronde provienne, ainsi que toutes | 
celles qui lui ressemblent, d'individus moins âgés ou: 
qu’elle représente des organes plus voisins du moment de 
leur développement que les spécimens chez lesquels les 
pinnules, plus ou moins espacées, s’étalent à angle droit, 


née pets den Sd 


TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 103 


IL est positif que certaines frondes, plus hâtivement tom- 
bées que les autres ou accidentellement détachées de leur 
tige, semblent avoir à peine achevé leur développement, 
opération du reste fort longue chez la plupart des Cycadées. 
La figure 9, pl. 90, en fournit un exemple ; elle montre une 
sommité de fronde dont les dernières pinnules, outre que 
leur empreinte offre plus de délicatesse, sont toutes éri- 
gées, étroitement pressées et bien moins longues que dans 
les frondes qui paraissent tout à fait adultes (comp. avec 
la fig. 2, pl. 88), où ces parties sont plus largement étalées 
en éventail. 

Dans les frondes âgées, au contraire, un mouvement 
inverse se fait sentir. C’est ce que montre la planche 89, 
qui reproduit une belle empreinte de Morestel. Ici, les 
pinnules ont atteint leur maximum de longueur. Elles 
sont étalées ou même réfléchies; quelques-unes se sont 
détachées, d’autres sont lacérées, comme il arrive fré- 
quemment à un organe ancien et desséché; enfin la por- 
tion terminale se trouve mutilée. La grande fronde, 
fig. 2, pl. 88, est exactement dans le même cas ; ses pin- 
nules sont plus ou moins espacées, les supérieures man- 
quent, ainsi que deux de celles qui sont voisines dela base, 
La figure 3, pl. 88, reproduit un spécimen très-bien con- 
servé qui offre les mêmes caractères que celui de Morestel 
(pl. 89), sauf que celui-ci montre la-face supérieure, tandis 
que l’autre.laisse voir l’inférieure; mais des deux parts la 
forme, la dimensionet la disposition des pinnules, leur nom - 
bre, leur mode de décroissance se ressemblent tout à fait. 
Cependant, l'empreinte, fig. 3, pl.88, provient de la montagne 
- Noire, au-dessus de Narbonne (Aude), et sert à démontrer 
que le Zamites Feneonis occupait dans l’est de la France 
une aire très-vasle, au moment de sa plus grande extension. 


104 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


Là nervauon des pinnules du Zamites Feneonis estpresque 
toujours parfaitement visible, de même que leur mode 
d'insertion, mais ces détails nous ont paru plus particuliè- 
rement nets dans une empreinte du lac d’Armaille que la 
figure 2, pl. 87, reproduit légèrement grossie. En exami- 
nant notre dessin, scrupuleusement rendu, on aperçoit un 
rachis où pétiole commun assez mince, sur lequel viennent 
s’insérer de part et d’autre des pinnules, dont deux seule- 
ment sont entières et contiguës dans une partie de leur. 
étendue. On voit très-clairement le mode d'insertion de ces 
pinnules dont la base est arrondie et qui offrent à l’endroit 
de cette base qui se trouve en contact avec le rachis une 
zone ou point discoïde calleux servant à les fixer, De ce 
point partent les nervures qui s'étendent ensuite d’an 
bout à l’autre de la pinnule, dont la marge est cernée par 
un rebord cartilagineux fort mince, mais bien visible, Les 
nervures dont la finesse est grande sont au nombre de 18 
à 20; elles suivent d’abord le côntour de la pinnule en se 
recourbant légèrement, puis divergent quelque peu et se 
prolongent en demeurant, du moins celles du milieu, 
parallèles entre elles ; les plus extérieures se terminent les 
premières, en s’arrêtant à diverses hauteurs, le long de la 
marge ; les médianes, devenues moins nombreuses par 
suile de cette disposition, se bifurquent çà et là de manière 
à rejeter vers les bords celles qui les encadrent et enfin, 
vers le quart supérieur de la pinnule, à l’endroit où elle 
commence à s’atténuer en pointe, ces bifurcations devien- 
nent plus fréquentes jusqu’à ce que, par l’effet naturel de 
l’atténuation de l'organe, toutes les ramifications soient 
venues se perdre le long des bords de la pinnuie terminée 
en pointe. Cette nervalion est celle de tous les Zamites ; 
elle varie plus ou moins d’après le nombre, la force et le 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 103 


degré de ramification des veines, mais elle demeure sensi- 
blement la même dans toutes les espèces qui font légiti- 
mement partie de ce groupe. Elle révèle une combinaison 
qui n’existé dans aucun des genres actuels de Cycadées, 
mais que l’on peut comparer de loin au mode de nervation 
propre aux Zamia vivants. 


Zamites Feneonis, Var, Articulatus. 


La description qui précède, déjà fort longue, n’a pas 
épuisé la série des formes qui se rattachent au type du 
Z. Feneonis. Nous croyons devoir lui rejoindre encore une 
variété, remarquable à quelques égards, que nous avions 
d’abord considérée comme constituant une espèce séparée. 
La figure 3, pl. 90, celle de la planche 91 et la fig. 4, pl. 92, 


en donnent une idée suffisante. Ce sont des frondes dont 


le pétiole assez court est généralement intact et nettement 
terminé, ce qui marque qu’il se détachait à l’aide d’une 
base articulée sur la tige qui le supportait,mais ces frondes, 
dont il existe plusieurs exemplaires de Cirin et d’Armaille, 
sont toujours mulilées supérieurement, ce qui indiquerait 
qu'elles ne se délachaient que déjà âgées et à moitié des- 
séchées. La partie conservée montre dans les trois exem- 
plaires figurés la face supérieure d’un rachis épais qui con- 
tinue le pétiole et porte à sa superficie deux rangées de 
pienules fixées à plat, alternativement disposées et adhé- 


| rant par un point calleux à une cicatrice en forme de rai- 


nure oblongue, qui devient visible, lorsque les pinnules se 
sont détachées, comme dans le spécimen, fig. 4, pl. 92. Ces 


organes sont toujours insérés à angle droit et à plat. Ils 


sont plus espacés, peut-être aussi plus acérés au sommet 
et plus atiénués inférieurement que dans le type normal, 


106 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


ce sont là autant de points qui nous avaient engagé à consi- 
| dérer ces empreintes, comme se rapportant à une espèce 
distincte. Mais il nous semble plutôt reconnaître en elles 
des frondes âgées, détachées peut-être de pieds très- 
anciens, chez lesquelles ces organes auraient persisté plus 
longtemps que sur de jeunes pieds. Dans tous les cas, cette 
variété mérite d'attirer l'attention; elle ne sera bien con- 
nue que Jorsque nous aurons obtenu d'elle des frondes 
intégralement conservées, au lieu des exemplaires en 
partie mutilés que nous reproduisons ici. 

RappORTS ET DIFFÉRENCES. — L'exposé précédent permet 
de juger en toute sûreté des caractères différentiels du Za- 
mites Feneonis, la mieux connue, jusqu’à présent, de toutes 
les Cycadées jurassiques, recueillies sur le sol français. La 


terminaison acuminée des pinnules, des frondes pluslarges 


proportionnellement, moins atténuées vers le bas et moins 


allongées la séparent du Zamites Moreaui son-proche voisin. 


Le Zamites acerosus présente au contraire des pinnules : 


encore plus atténuées en une pointe fine et spinescente. 


Le Zamites gigas, Mor., a des folioles plus larges et moins | 
aiguës; mais il nons semble probable que certaines formes … 


* 


et, entre autres, les spécimens coralliens du Zamites : 


Schmiedelii, peut-être aussi le Zamites formosus, Heer, de- : 


vront être réunis un jour au Zamites Feneonis. Le Zamites 
acerosus lui-même en est à peine distinct, et nous avons pu 
juger par la présence d’un échantillon de l’Aude de Pex- : 
tension qu'avait le Zamites Feneonis dans la seconde moitié | 
des temps oolithiques. 4 

LocaziTÉs, — Morestel (Isère); Cirin, lac d'Armaille près: 
de Belley, Orbagnoux, Seyssel (Ain); Montagne-Noire près ! 
de Narbonne (Aude). En dehors de France, Suisse et peut- 
être aussi Wurtemberg. 


4 
L 
! 
à 


TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX, 107 


EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 87, fig. 4, fronde de 
Zamites Feneonis complète et de petite dimension, d’après 
un spécimen d’Orbagnoux moulé, communiqué par M. le 
professeur Hébert et faisant partie de la collection de la 
Sorbonne, grandeur naturelle. Fig. 2, plusieurs pinnules 
de la même espèce faiblement grossies, pour montrer la 
disposition des nervures et le mode d'insertion des pinnu- 
*_ les à la face supérieure du rachis, — PI. 88, fig. 4, fronde : 
complète, de dimension médiocre, de la même espèce, 
vue par la face supérieure, d’après un exemplaire d’Orba- 
gnoux, communiqué par M. J. Itier et faisant partie de sa 
collection, grandeur naturelle. Fig. 2, autre fronde de la 
même espèce, de grande dimension ét presque entière, 
vue par la face inférieure, d’après un exemplaire Gu gise- 
ment d'Armaille communiqué var M. Falsan, grandeur na- 
turelle. Fig. 3, fronde presque complète de la même espè- 
ce, vue par la face inférieure, d’après un exemplaire pro- 

venant de la montagne noire, au-dessus de Narbonne 
(Aude), communiqué par M. Tournal, grandeur natu- 
relle. — PI. 89, fronde de la même espèce, vue par la face 
supérieure, d’après un exemplaire de Morestel faisant par- 
tie de notre collection, — PI. 90, fig. 1, fronde complète 
de la même espèce, d’après un exemplaire de Cirin faisant 
partie de notre collection. Fig. 2, partie supérieure d’une 
fronde jeune de la même espèce, vue par la face infé- 
rieure, d’après un exemplaire d’Armaille, communiqué 
par M. Falsan, Fig. 3, fronde de Z. Feneonis, var. articu- 
latus, mutilée naturellement à la partie supérieure, d’après 
un exemplaire de Cirin, communiqué par M. Lortet et fai- 
sant partie de la collection du Muséum de Lyon, grandeur 
naturelle. — Pi. 91, fig. 1, fronde de Z. Feneonis, var. 
articulatus, mutilée naturellement à la partie supérieure, 


108 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


d’après un exemplaire du lac d’Armaille, communiqué 
par M. Locard, grandeur naturelle. — PI]. 92, tig. 4, autre 
fronde, en partie dégarnie de ses folioles et vue par la face 
supérieure, de Z. Feneonis, var. articulatus, d’après un 
exemplaire du läc d’Armäille, communiqué par M, Fal- 
san, grandeur naturelle. 


N° 4. —_ Zamites claravallensis, 
PI. 93, fig. 1. 


DIAGNOSE. — Z. frondibus statura humilibus À dec. circiter 
longis, rachide a facie superiori viso compresso, pinnis alter- 
ne horizontaliterque puncto calloso ad basin paulisper contrac- 
tam sito insertis fere contiguis e basi obtusa sursum lineari- 
lanceolatis sensim imminutis in apicem obtusiusculum tandem 
desinentibus, nervulis longitudinalibus e basi ortis 5-6 postea 
dichotome ramosis, exterioribus secus marginem leviter carti- 
lagineo-cinctum gradatim ex ordine terminatis. 


Nous distingaons spécifiquement du Zamites Feneonis, 
dont elle est cependant plus ou moins voisine, une fronde, 
représentant une forme curieuse, dont M. le profes- 
seur Hébert nous a communiqué un moule en fort bon 
état. L’organe mesure en tout un décimètre au plus; le 
pétiole, long de2 centimètres, n’est pas terminé; il est 
mince et plat; il présente évidemment la face supérieure, 
celle sur laquelle les pinnules étaient implantées, Celles- 
ci sont toutes visibles et en place, sauf une seule dont la 
place est vide. Elles sont insérées dans un ordre alterne, 
au nombre de 14 sur l’un des côtés, de 13 seulement sur 
l’autre, fixées par la base dans une direction horizontale 
et étalées à angle droit. Elles sont atténuées-obtuses, sub- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 109 


arrondies Ou'un peu émarginées inférieurement, lancéo- 
lées-linéaires dans le reste de leur contour ; elles se rétré- 
cissent peu à peu et deviennent linéaires vers le sommet 
qui se termine enfin d’une façon obtuse. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le mode de terminaison 
des pinnules, qui sert à distinguer cette espèce du Zamites 
Feneonis, n’est visible que dans deux de ces organes sur 
l’empreinte que nous décrivons, toutes les autres se trou- 
vant interrompues par le bord de la plaque. La forme des 
_ pinnules et la disposition des nervures fournissent aussi 
quelques indices différenliels qui ne sont cependant pas 
assez saillants pour nous auloriser à décrire à part ce Za- 
mites, autrement que sous toutes réserves. 

LocaziTÉ. — Clervaux (Aube), calcaire à Astarte(?), étage 
kimmeridgien inférieur, selon les indications de M. Hé- 
bert; collection de la Sorbonne. 

EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 93, fig. 4, fronde presque 
complète de Zamites claravallensis, grandeur naturelle ; 
d’après un moule de l’échantillon original, communiqué 
par M. le professeur Hébert. 


N°5, = Zamites pumilio. 
PI, 92, fig. 4. 


- Diacnose. — Z. frondibus parvulis À cent. in longit. me: 
tientibus petiolatis, pinnis secus rachin alterne affixis erectius- 
culis linearibus obtuse acutis subcontiguis ; infimis cœteris 
brevioribus, medis superioribusque cum terminali impari 
æqualiter productis. 


Il serait possible qu’il ne s’agit ici que d’un organe im- 
parfaitement développé ou provenant d’un sujet encore 


110 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


très-jeune de Zamites Feneonis; cependant l'extrême pet. 
tesse de celte fronde, terminée dans foutes ses parties, 
pourvue d’un pétiole intact et de pinnules au nombre de 
10, avec une impaire terminale et les inférieures plus cour- 


. tes que celles qui les suivent, constitue des caractères 


qui suffisent à notre sens pour motiver l'établissement 
d’une espèce distincte. 

La fronde entière du Zamites pumilio mesure une lon- 
gueur de 4 centimètres, y compris le pétiole qui est propor- 
tionrellement épais à la base. Les pinnules serrées et à peu 
près contiguës sont à demi érigées ; les inférieures sont tou- 
jours ‘dépassées par celles qui les précèdent jusqu'aux 
plus élevées, qui égalent en longueur les médianes et s'éta- | 
lent davantage. Il existe 10 folioles de chaque côté et une 
onzième impaire qui termine la fronde. La forme de ces 
pinnules, qui paraissent solidement fixées par la base, est 
linéaire ; leur sommet se termine par une pointe assez peu 

aiguë. La nervalion et le point d’attache ne se distinguent 
pas à cause du grain de la roche, mais iln’est pas douteux 
selon nous que cette forme n'ait fait réellement partie du 
groupe des Zamites. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La petitesse de la fronde 
du Zamites pumilio empêche de la confondre avec aucune 
des espèces signalées jusqu'ici; mais sa forme la rappro- 
che de celles du Z, Feneonis, dont elle diffère puurtant 
par le contour plus régulièrement linéaire des pinnules. 

LocaLiTÉ. — Cirin (Ain), étage kimmeridgien inférieur ; . 
collection du muséum de la ville de Lyon. 

_ EXPLICATION DES FIGURES. pt. 92, fig. 4, fronde entière 
de Zamites pumilio, Sap.; grandeur naturelle. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 111 


N°6. — Zamites procerus. 
PI. 92, fig. 2. 
Zamites procerus (Sap.), Schimp., Traité de pal. vég., I, p. 153. 


DiaGNose. — Z. frondibus robustis, rachi valida instruc- 
ts, pinnis e basi lata ad insertionis locum emarginata sursum 
lato-linearibus apice obtuse attenuatis. 


Une empreinte vague, colorée en rouge vif sur le fond 
jaunâtre de la roche, maïs sans autre détail visible que 
le contour extérieur des folioles, constitue le seul indice 
que nous possédions de ce Zamites, dont la frondé présen- 
lait sans doute des dimensions supérieures à celles des 
espèces les plus ordinaires. Le rachis est large et se pro- 
longe inférieurement en un pétiole dont la terminaison 
est cachée par le bord de la plaque, après une étendue de 
trois centimètres. Sa partie ‘supérieure paraît avoir été 
brisée; elle laisse voir trois pinnules entières sur l’un des 
côtés et trois autres qui leur correspondent sur le côté op- 
posé, mais d’une manière plus confuse. Les trois pinnules 
distinctes sont complètes, insérées par une base élargie et 
contiguës à leur point d'insertion; largement linéaires 
dans le reste de leur contour, elles s’attéauent plus ou 
moins et seterminent par une pointe des plus obluses. La 
trace des nervures longitudinales est à peine sé 
et sur quelques points seulement. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L’élat de mutilation de 
l'empreinte ne permet pas de juger des affinités de l’espèce 
qu’elle représente avec les autres Zamites signalés jusqu’à 
présent. Le Zamites procerus ressemble plus qu’à tout autre 
au Zamites Renevreri Heer, dont il diffère, à ce qu’il nous 


112 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


«paraît, par des folioles plus courtes, moins longuement li- 
néaires. 
LoGALITÉ. — Cirin (Ain), étage kimmeridgien inférieur: 
coll. de M. Faisan. 
© EXPLICATION DES FIGURES. — PJ, 92, fig. 2, fragment 
” d’unc fronde de Zamites procerus, Sap.; grandeur naturelle. 


N°7. — Zamites Renevieri. 


P1.°93, fig. 2. 


Zamites Renevieri, Heer, Urwelt d. Schweiz, p. 144, fig. 95; Le 


monde primit. de la Suisse (Trad. par J. De- 
mole), p. 177, fig. 95. 
_—  — Schimp., Traité de pal. vég., NH, p.153. 
DiAGNOSE. — 7, frondibus magnis bipedalibus, pinnis ra- 
cheos vaiidæ faciei superiori horizontaliter confertimque al- 
terne insertis, basi late emarginato-cordata contiquis subim- 
bricatisque , sursum elongato-linearibus apicemque versus 


| sensim angustatis. 


M. Heer a fait connaître cette espèce dans son ouvrage 
intitulé : Le monde primitif de la Suisse, récemment traduit 
en français, mais il n’en a figuré qu’un échantillon incom- 
plet et de petite taille. M. le professeur Renevier, à qui 
l'espèce a été dédiée, en a découvert dans le canton de 
Vaud une fronde longue de deux pieds et non terminée, 
dont nous reproduisons une partie, d’après un dessin que 
nous tenons de M. Heer lui-même. Le rachis est fort, mais 


presque partout recouvert par les folioles qui sont atta- 


chées horizontalement sur: la face supérieure, dans un 
ordre alterne, et se touchent presque par leurs bases exac- 
tement contiguës. Cette base est large et largement émar- 
ginée-cordiforme. Elle se prolonge supérieurement en 


idées ài 


TERRAIN JURASSIQUE.! = VÉGÉTAUX. 113 


une pinnule linéaire, dont le diamètre transverse mesure 
dans le bas 12à 13 millim. et qui s’atténue insensiblement 
en approchant du sommet. La terminaison n’est visible nulle 
part, tous ces organes se trouvant mutilés plus ou moins, 
sauf une seule foliole, à laquelle il ne manque que l'extré- 
mité. Les pinnules, dans leur partie conservée, sont ser- 
rées les unes contre les autres, de manière à ne laisser entre 
elles qu’un intervalle nul ou très-faible. Elles sont par- 
courues par des veines longitudinales fines et multipliées, 
mais à cause de l'imperfection de l'empreinte on ne sau- 
rait ajouter aucun autre détail. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Il est visible que cette re- 
marquable espèce a dû faire partie du groupe des Zamites 
proprement dits, bien qu” elle offre au premier aspect une 

| certaine analogie avec les Pterophyllum. Le mode d’inser- 
| tion des folioles par un point contracté de leur base, arron- 
die sur les côtés et échancrée dans le milieu, témoigne en 
faveur de l'attribution au groupe des Zamites, Le con- 
tour > remédier linéaire et insensiblement atténué, vers 
‘le haut; des folioles, l'éloigne beaucoup des autres espèces 
"décrites ou figurées jusqu'ici. On peut cependant la com- 
“parer! au Zamites Gœpperti, Sch. (1), Zamites Schenkt, 
‘Schimp. (2), dont les folioles, il est vrai, sont beau- 
‘coup plus écartées. L'échantillon d’Armaille que nous 
avions räpproché avec doute de cette espèce ne lui appar- 
tient réellement pas. Il présente des pinnules plus cour- 


tes, lancéolées-aiguës au sommel et non pas + DRGeS 
Jinéaires. 


»  LOcaALITÉS. — Environs de Vuargnez, sur la route de 


LE 


1: 


D à (1) Schenk, Foss. F1, d. Nordkarp.;.p. 11, tab. 3, fig. 6 et.6a. 
» (2) Schimper, Traité de pal. vég., Il,  P- 156. 
{ VÉGÉTAUX. — J. 8 


AAA PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE: 
Sépey (Canton de Vaud); étage coraliien; Vonnaz (Ain), 
d’après M. Schimper, sur le même horizon, 

DESCRIPTION DES FIGURES. — Pl. 93, fig. 2, portion mé- 
diane d’une fronde de Zamites Renevreri, correspondant à 
une partie de l'échantillon original de M. Renevier, d'a- 
près un dessin communiqué par M. le professeur Heer, 
grandeur naturelle. | 


N°8. — Zamites fallax. 


PI, 93, fig. 3. | 


DiAGNose. — Z. frondibus longe valideque petiolatis, pinnis 
saltem inferioribus fere contiquis subfalcatis lanceolatis acutis, : 
venus secus marginem una post aliam desinentibus. | 


Zamites Renevieri ? Sap., Not. sur les pl. foss. du niveau de Cirin. 


L’échantillon que nous représentons est celui qui nous 
vait d’abord paru devoir être identifié au Z. Renevieri. 
de Heer. Il en diffère en réalité par plusieurs caractères 
qu’une observation attentive laisse apercevoir. L'empreinte. 
d’Armaille, malheureusement très-incomplète, est celle de 
la base d’une fronde comprenant un péliole long et fort, 
dont la terminaison n’est pas visible et qui, dans le haut, 
montre, sur un côté seulement, quatre folioles successives 
lancéolées-oblongues, élargies vers la base dont l'insertion 
ne se distingue pas, terminées par un sommet aigu et spi- 
_nescent et se touchant presque par les bords. L'organe 
laisse voir sa face inférieure. La nervation se compose de 
veines fines et multipliées, disposées comme dans les Za- 
mites, c'est-à-dire longitudinales, non convergentes yers 


TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 115 


le sommet, mais se terminant à diverses hauteurs le long 
des bords de la partie atténuée, cernée par une marge car- 
tilagineuse étroite et peu distincte. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L'aspect et la dimension 
du rachis, les pinnules presque conliguës rapprochent 
cette espèce du Zamites Renevieri, maïs la forme lancéolée 
de leur contour et leur moindre développement les en 
écartent. La longueur du pétiole sépare tout à fait le Zamites 
fallaz du Z. Feneonis, si répandu dans le gisement d’Ar- 
maille, et la terminaison aiguë des folioles, ainsi que leur 
disposition, obligent de reconnaître en lui une forme dis- 
tincte de celle que nous allons décrire sous le nom de 
Z. distractus. M. Kurr (1) a figuré, sous le nom de Pterophyl- 
lum acutifolium (Dioonites Kurrü, Schimp., Traité de pal. 
vég.; I, p. 449), une forme qui se rapprocherait de notre 
Zamites fallax, mais que M. Schimper range sans hésiter 
parmi les Dioonites, tandis que la nervation que nous dé- 
crivons ici est bien conforme à celle des Zamaites propre- 
. ment dits. 

: LocatTÉ. — Gisement du lac d’Armaille (Ain); étage 
| kimméridgien inférieur ; coll. de M. Falsan. 

+  ExPLICATION DES FIGURES. — PI. 93, fig. 3, partie infé- 
rieure d’une fronde de Zamites fallax, grandeur naturelle. 


N° 9, — mire distractus. 


# PI, 93, fig. 4-5. 


- DIAGNOSE. — Z. frondibus verosimiliter plus minusve pro- 
ceris, pinnis racheos lateribus affixis distantibus ovato-lanceo- 
latis basi rotundatis sursum obtuse attenuatis, nervulis pluri- 


… (1) Beitr. z. foss. Fi. d, Jura form. Wurtemberg., pl. 1, fig. 6. 


116 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


mas exinsertione emergentibus,postea leniter divergentibus et 
secus marginem abrupte desinentibus. | 

L’espèce a d’abord consisté en une seule foliole (fig. 5), 
provenant du gisement d’Armaille ; mais nous avonsensuite 
découvert dans la même localité, grâce à M. Falsan, un 
fragment de fronde (fig.4)quimontre plusieurs pinnules en- 
core adhérentes au rachis commun, surun côté seulement. 
La partie conservée mesure en tout 12 centimètres de lon- 
gueur, mais la fronde s’étendait sans doute bien au delà 
et atteignait une taille considérable, bien que son rachis 
fût relativement mince, sa plus grande largeur n’excédant 
nulle part 4-à 5 millimètres au plus, Le long de ce rachis, 
et non pas, à ce qu’il semble, sur sa face supérieure, les 
folioles se trouvent, distribuées de manière à être d'autant 
plus écartées qu’elles sont plusinférieures. On peut même 
admettre que la foliole la plus basse était latdernière de 
_ toute la fronde et qu’au-dessous d’elle commençait le pé- 
tiole. Les folioles inférieures sont aussi les plus larges, 
mais toutes affectent à peu près la même forme ; elles sont 
ovales-lancéolées, arrondies à la base qui adhère au rachis 
par une partie calleuse, bien visible dans la foliole isolée 
(fig. 5). Leur sommet est atténué en une pointe obtuse, et 
les nervures, que l’on aperçoit assez difficilement, après 
être sorties du point d'attache, divergent légèrement de ma- 
nière à s'arrêter le long des bords à diverses hauteurs suc- . 
cessives. L’exemplaire figure 5 démontre que ces organes | 
étaient plus ou moins articulés à la base et pouvaient, dans 
“Certains cas au moins, se détacher naturellement du rachis 
commun, RS 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES.— C’est au Zamites Schmiedeliï, ! 
Presl, qu'il est naturel de comparer l'espèce que nous dé- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 117 


crivons. Les différences qui les séparent l’un de Pautre 
sont cependant trop sensibles pour que nous cherchions à 
à yinsister. Notre Zamites distractus présente des frondes 
dont les proportions sont plus élevées, les folioles plus 
larges et surtout plus écartées, 

LOcaziTÉ. — Gisement du lac d’Armaille (Aïn) ; étage 
kimméridgien inférieur. 

EXxPLICATION DES FIGURES. — PI. 93, fig. 4, portion d’une 
fronde de Zamites distractus, montrant le rachis commun 
muni de six folioles sur un côté seulement, grandeur natu- 
relle ; fig. 3, foliole isolée, détachée naturellement et mon- 
trant à sa base la zone calleuse correspondant à l’inser- 
tion; grandeur naturelle. 


N° 10. — Zamites confusus. 


PI. 94, fig. 1-2. 


 DraGnose. — Z. frondibus breviter petiolatis ambitu elon- 
gatis, pinnise basi lata sursum breviter linearibus apice ob- 
tuse lanceolatis contiguis, confertim faciei racheos superiori 
eztrema basi paulisper emarginato-cordata puncto calloso ho- 
vizontaliter affixis articulatisque, inferis latioribus sensimque 
brevioribus, supremis angustioribus et erectiusculis, nervulis 
ex insertionis loco ortis longitudinaliter decurrentibus plus mi- 
R nusve divergentibus. - 
4 Otozamites serotinus (Sap.), Schimp., Traité de pal. vég., UE, p.174. 


- L’empreinte qui sert de base à cetle espèce provient du 
Corallien de la Meuse; elle représente une fronde à la- 
. quelle ne manquent ni le pétiole ni la terminaison du som- 
- met et dans laquelle, malgré l’état de dégradation de la 


118 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. . 


plupart des détails, nous avons cru reconnaître une forme 
spécifiquement distincte du Zamites Moreaui. avec lequel 
M. Moreau lui-même l'avait confondu, L’empreinte cor- 
respond à la face supérieure d’une fronde dont le rachis 


. est plat, sillonné longitudinalement, relativement mince et 


visible seulement vers le bas. Partout ailleurs, il se trouve 
entièrement recouvert par les bases conniventes des pin- 
nules posées à plat, alternant d’un côté à l’autre et insé- 
rées sur une double rangée, contiguë l’une à l’autre, 
à l’aide d’une callosité basilaire. 

Le pétiole proprement dit, nettement ironqué et par 
conséquent nettement caduc, n’a pas plus de 2 centimè- 
tres de longueur. Au-dessus, on distingue les cicatrices 


correspondant aux points d'insertion de plusieurs folioles 


absentes ; puis viennent 18 paires de folioles en place, cha- 
cune d’elles s’insérant exactement dans l'intervalle de deux 
autres de la série opposée. Les plus inférieures sontles plus 
courtes et aussi les plus larges ; les médianes sont les plus 
longues, sans excéder 4 centimètres; les supérieures sont 
plus étroites et un peu plus courtes, leur direction est un 
peu obliqué, leur forme est linéaire-lancéolée, obtuse au 


sommet; elles se touchent presque par les bords; quel- : 
ques-unes même empièlent les unes sur les autres, La ner- 


vation se devine plutôt qu’elle ne se voit. 


RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Zamütes confusus, mal- : 
gré la difficulté que l’on éprouve à le décrire exactement, : 


diffère du Z. Moreaui par la forme plus allongée de son | 
contour, ses pinnules plus courtes, plus linéaires. Le mode : 


d'insertion de célles-ci, par suite de l’exacte connivence des 
bases et de leur articulation à la face supérieure d’un rachis 


plat, fournit aussi des caractères qui empêchent de con- | 


fondre les deux espèces. Le Zamites confusus ressemble- 


4 


À 


TERRAIN JURASSIQUE. =—— VÉGÉTAUX. ‘ 119 


_rait peut-être plus à certains Ofozamites à folioles étroites 
etrapprochées ; il rappelle aussi les Glossozamites de Schim- 
per, parmi lesquels nous aurions été tenté de le ranger, si 
sa place ne nous avait paru mieux marquée auprès ne Za- 
rites proprement dits. 

LocaALITÉ. — Gibbomeix, près de Saint-Mihiel (eme); 
élage corallien ; coll. de M. Moreau. 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 94, fig. 4, fronde de 
Zamiites confusus, Sap., vue par la face supérieure, avec le 
pétiole complet, grandeur naturelle; fig. 2, terminaison 
supérieure de la même fronde. 


= 


QUATRIÈME GENRE. — OTOZAMITES. 


Otosamites; Fr. Braun (emend.), in Münst. Beitr., VI, p. 36. 
— Brongn. Tab. des genres de vég. foss., p. 104. 
_ Bornem, Letienk. Thüring., p. 51. 
—_ Zigno, Deser. d. alc. Cicad. (Att. de Istit. venet., 
jé XII, ser. m1). 


_— 1 Sébirogs ., Traité de pal. à: > I, p. 167. 


DiAGNOSE. — Frondes magnitudine mediocres vel etiam 
parvæ rarius majores regulariter alterne pinnatæ, petivlatæ 
petiolo ad basin articulato pro tempore deciduo, rachide com- 
muni subtus latiore conveziusculo, supra pinnarum hort- 
zontaliter puncto calloso basilari affixarum insertione plus 
minusve tecto, pinnis diversiformibus tum elongatis. strictis-, 
que tum latioribus rhombæis orbicularique expansis, basi cor- 
dato-emarginata .semper plus minusve antice auriculatis, ner- 
vulis e puncto insertional progressis postea divergentibus di- 
chotome furcatis, undique ad marginem cartilagineo-cinctum 
radiantibus hicque abrupte tandem desinentibus ; fructificatio 
_caulesque ignotæ. 


120 6 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


Otopteris, Lindl. et Hutt., Foss. fl. of Great 
Brit. | 
_ Schenk, Foss, F1. d. Grenzsch., p. 135. 
_— Schimp., Traité de pal. vég., 1, p. 483. 
Cyclopteris (ex parte), Sternb., Vers., II, p. 133. 
— — Lindl. et Hutt., 1. c., tab. 44. 
Odontopteris (ex parte), Gœpp. Syst. fil. foss., p. 211. 
-— — Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 88. 
Zamites (ex parte), Ung., 1. c., p. 281. 
— _ Pomel, L.c.,p. 345. 
— — Gœpp., Uebers. d. Arb., p.121. 
Filicites (ex parte), Brongn., Ann. se. nat., 1° série, IV, 
p. 421 ; Hist. des vég. foss., 1, p. 365. 


HISTOIRE ET DÉFINITION. — Le genre Ofozamites, malgré la 
netteté de ses caractères, a été longtemps méconnu, con- 
fondu avec les Zamites ou même rejeté en dehors des Cyca- 
dées parmi les Fougères, sous le nom d’Ofopteris, comme 
l'ont proposé en premier lieu les auteurs du Æossi/ flora et 
dernièrement Schenk et même M. Schimper qui cependant 

_a abandonné cette opinion dans la deuxième partie de son 
Traitéde paléontologie végétale. Considérés dans les espèces 
quileur servent detype, les Ofozamites frappent l'esprit par 
la disposition, la forme et Ja nervation toutes particulières de 
leurs folioles que l’on ne saurait confondre avec rien de ce 
qui existe dans les autres Cycadées fossiles; mais, si l’on 
s'éloigne de la partie centrale du groupe, on rencontre des 
espèces chez lesquelles ces mêmes caractères s’amoin- 
drissent et s’effacent et dont le classement par suile sou- 
lève de vraies difficultés. C’est là ce qui explique pourquoi 
certains Otozamites à folioles peu ou point auriculées ont été 
décrits séparément des autres, sous d’autres noms : Cyclo- 
pteris, Odontopteris, C'yclozamites, Sphenozamites. C'est aussi 
pour comprendre ces espèces que M. Schimper a proposé 

ernièrement les sous-genres Cyclozamites et Rhombozami- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 121 


tes : mais tant qu’un examen attentif permet de découvrir, 
à défaut de l’auricule distinctive, un développement tant 
soit peu inégal de la base des folioles, joint à la divergence 
des nervures, on est fondé à reconnaître des Ofozamites 
. dans les espèces que l’on examine, et la présence de fo- 
lioles parfaitement égales à la base, comme le sont celles 
des Sphenozamites, autoriserait seule une exclusion. Il est 
donc naturel d’insister sur la définition du genre. 
Les frondes sont généralement de taille médiocre ou pe- 
tite. Cependant, il n’est pas rare d’en rencontrer dont la 
longueur à dû atteindre ou dépasser 30 centimètres, et l'O. 
Beanii (Lindl. et Hutt.) éxcédait sans doute cette dimen- 
sion (voy. pl. 95, fig. 2). Le pétiole, lorsqu'il est visible, 
n’est jamais très-long ; il était plus ou moins cylindrique ; 
il ne s’épaissit que vers la base ; ses bords demeurent pa- 
rallèles,et sa terminaison inférieure est toujours très-nette, 
ce qui donne à supposer qu'il était articulé et se détachait 
naturellement par une scission qui devait s’opérer au- 
dessus du coussinet ou partie renflée et conique par la- 
quelle les frondes de Cycadées sont implantées sur la tige. 
Le rachis commun, sur lequel étaient fixées les folioles, 
n’est qu’un prolongement de la partie pétiolaire, continu 
_ avec’elle et diminuant graduellement d'épaisseur jusqu’au 

sommet de la fronde qui est malheureusement difficile à 
_ observer dans la plupart des cas, soit par la cassure de la 
roche, soit -par suite des mutilations naturelles qui sont 
fréquentes à cet endroit. — Le rachis commun est large et 
. faiblement convexe à la face inférieure des frondes, plus 

étroit et presque entièrement recouvert, par suite du mode 
- d'insertion des folioles, sur la face opposée. Rien ne dif- 
. fère plus sous ce rapport que les deux faces d’une même 
- fronde : non-seulement l'aspect n'est pas semblable de 


122 : PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


part et d’autre, mais l’épaisseur du rachis dérobe encore, 
dans les empreintes correspondant à la face inférieure, la 
base des folioles et avec elle la trace de l’auricule carac- 
téristique, en sorte que dans les espèces à folioles faible- 
ment auriculées il faut une atlention particulière pour en 
constater l'existence, C’est ainsi que les Ofozamites à fo- 
lioles étroites et longues peuvent être confondues avec les 
Zamites vrais, auxquels dans ce cas ils ressemblent effecti- 
vement beaucoup. La face supérieure du rachis commun 
n’est pas souvent visible; presque toujours elle disparaît 
sous les folioles dont les bases conniventes la recouvrent 
presque tolalement. Lorsque la chute accidentelle de ces 
organes ou, dans cerlaines espèces, leur écartement laisse 
cette partie à découvert, on constate qu’elle était plane ou 
marquée d’un sillon longitudinal, et l’on aperçoit sur les 
côtés de la ligne médiane une double rangée de cicatrices 
rhomboïdales-oblongues, alternant régulièrement. d’une 
rangée à l’autre et marquant la place insertionnelle des 
folioles. — Examinons ces derniers organes: les folioles 
ou pinnules des Olozamites sont donc insérées, non pas sur 
ies côtés, mais à la face supérieure du rachis; elles sont 
posées à plat, c’est-à-dire appliquées sur lui dans le même 
plan, et leur insertion se contrarie de façon que chaque 
foliole d’une rangée se trouve placée exactement dans l’in- 
tervalle des deux folioles de la rangée contiguë., Le point, 
d’attache est un peu oblique par rapport à l’ensemble de 
la foliole ; il correspond à une callosité qui occupe la base 
contractée et plus ou moins émarginée en cœur (voyez 
pl. 95, fig. 2, et pl. 96, fig. 1). Les côtés de cette base, aulien | 
d’être égaux, se dilatent antérieurement en une auricule 
plus ou moins prononcée, quelquefois à peine sensible, 
ou se révélant par une saillie plus marquée dans celle di- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 123 


rection, devenant à peu près nulle dans les espèces naines 
du groupe; dont M. Schimper a composé sa section Cyclo- 
zamites..La  convexité de l’aurieule coïncide toujours avec 
l’échancrure de la base d'insertion, elle s’étale de manière 
à remplir tout l’interslice ou s'avance même au delà, de 
manière à empiéter plus ou moins sur les bords de la fo- 
liole voisine. Il existe du reste à cet égard de notables va- 
riations, lorsque l’on considère l’ensemble des Otozamites, 
groupe considérable qui ne compte pas moins de 25 à 
30 espèces connues. Dans quelques-uns (Ofozamites Mok- 
mianus, Zigno (1); Of. Mattellianus, Zigno, voy. pl. 96, fig. 3), 
les folioles se recouvrent mutuellement par les bords. Dans 
les formes les mieux caractérisées et les plus normales, du 
Lias comme de l’Oolithe, larges ou étroites, ovales ou lan- 
céolées-linéaires, les folioles exactement contiguës par la 
base comme par les bords; dans une partie au moins de 
leur étendue, se touchent de tous côtés, sauf par la por- 
tion atténuée de leur sommet. Le rachis disparaît alors 
complétement à la face supérieure, et les bases des folioles, 
tout à fait conniventes, se distinguent seulement par une 
ligne sinueuse qui marque la limite de leur contour res- 
pectif. Dans d’autres espèces, les folioles cessant d’être 
contiguës, s’écartent plus ou moins les unes des autres, de 
manière à laisser entre elles un intervalle assez marqué 
(voy. pl. 95, fig. 4, et pl. 96, fig. 4). Enfin, dans les formes 
qui s’éloignent le plus du type normal, les folioles sont à 
la fois arrondies au sommet, obscurément auriculées à la 
base et plus ou moins distantes les unes des autres, de ma- 
-nière à découvrir le rachis. Quelquefois pourtant les Oéo- 


(1) Voy. Descr. d, alc. Cicad. foss. rinven. n. ool, d. Alp. ven., p. 14, 
fig.: 8. 


124 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


zamites de ce dernier type présentent des folioles étroite- 
ment imbriquées par les bords, et l’on observe tous les 
passages qui mènent de. l’une à l’autre de ces deux dispo- 
sitions dans les limites d’une seule et même espèce. Les 
. diversités ne sont pas moindres, si l’on s’attache à la forme 
des folioles. Il en est d’ovales, de largement ovales, d’o- 
vales trapézoïdes ou rhomboïdales. Celles de l’O. Bean 
sont orbiculaires, tandis que ces mêmes organes s’allon- 
gent, deviennent étroitement lancéolés ou même tout à 
fait linéaires dans les Ofozamites Goldiæi, Brongn. (pl. 95, 
fig. 1, fig. 2, et pl. 104, 105-108 et 110, fig. 3), ee 
loides, Brongn., et plusieurs autres. 

La nervation, très-caractéristique, se compose de veines 
nombreuses, partant toutes également du point d’attache 
basilaire (voy. pl. 96, fig. 2). Ces veines s'étendent ensuite 
en divergeant ; el'es se subdivisent par dichotomie et s’é- 
talent en rayonnant de toutes parts, soit dans l’auricule, 
soit dans le reste de la foliole, jusqu’à ce qu’elles attei- 
gnent la marge et s’y terminent brusquement dans un re- 
bord cartilagineux, plus ou moins visible, parfois très- 
mince. Les bords ne sunt jamais dentés, ni frangés, mais 
dans certains cas et surtout dans les espèces à folioles ar- 
rondies de la section Cyclozamia, ils se replient en dessous 
de manière à constituer un ourlet que certains auteurs, 
entre autres, M. Schenk, ont considéré à tort comme re- 
présentant une partie fructifiée, de même nature que celle 
des Ptéridées et des Cheilanthées, el autorisant l’attribu- 


tion des Ofozamites à la famille des Fougères. Les Ofoza- 1 


mites Mandelshoï, Reglei,marginatus, Nob.,et quelques autres 


présentent cette particularité de structure fort concevable . 


en soi, mais qui n’entraîne aucune des conséquences exa- 
gérées que M. Schenk-en a tirées lorsqu'il a voulu assimi- 


TERRAIN, JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 125 


ler aux Fougères le groupe entier des Otozamites. Si les 
Otozamites ont fait partie des Fougères, il faut à leur suite 
inscrire également dans cet ordre les Zamites, Glossoza- 
imites- et Sphenozamites qui ne sauraient être séparés des 
premiers, mais alors où s’arrêler dans une pareille voie, 
dès que l’on néglige les lois de l’analogie les plus évi- 
dentes pour s’atlacher à un détail, auquel on prête gra- 
tuitement une signification qu’il ne saurait avoir par lui- 
même. | pis soie 

- Non-seulemént les frondes des Otozamites se détachaient 
sans effort de leur tige, lorsqu'elles étaient anciennes, mais 
les folioles elles-mêmes, articulées par la base sur le rachis, 
le quittaient assez fréquemment, au moins lorsqu'il s’agis- 
sait d'organes déjà âgés. Là encore, comme nous l’avons 
observé pour les Zamites, il devait exister des diversités 
selon les espèces. Il est certain que les folioles isolées, et 
par conséquent caduques, sont bien plus fréquentes dans 
certains Cas que dans d’autres. 

… Les Ofozamites, tels que nous venons de les défiair, se 
montrent pour la première fois à la base du Rhétien. Ils 
se multiplient dans l’Infralias, dansle Lias moyen et le Lias 
supérieur. Ils sont surtout mullipliés et très-variés de 
forme dans l’Oolithe inférieure, dans le Bathonien, le Corn- 
brash et l’Oxfordien. Les flores les plus riches en Otoza- 
mites, soit par la fréquence des spécimens, soit par la di- 
versité des formes, sont celles du Rhétien de Franconie, 
de Hettanges près de Metz, du Lias moyen d’Axminster 
. (Angleterre), du Lias supérieur de Ohmden (Wurtemberg), 
du Bathonien du Yorkshire (Scarborough et Witby), de 
Mamers et de Valogne (Sarthe), du Cornbrash d’Étrochey, 
près de Châtillon-sur-Seine, de l’Oxfordien inférieur de la 
Vienne (environs de Poitiers) et des Alpes vénitiennes (Vi- 


426 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


centin). Au-dessus de ce dernier niveau, les Ofozamites 
disparaissent d’une façon assez brusque. On n’en observe 
aucune espèce ni dans le Corallien de la Meuse (Verdun, 
Saint-Mihiel), ni dans celui de Chateauroux (Indre), ni 
dans ie Kimmeridgien de l'horizon de Girin ; cette même 
absence se remarque dans le Wéaldier et le Néocomien, 
en sorte que jusqu'ici l’effacement des Ofozamites coïn- 
cide justement dans l’Europe secondaire avec l’établisse- 
ment de la mer corallienne, et qu’aucune de leurs espèces, 
sauf les erreurs commises, n’a encore été signalée au-des- 
sus de l’Oxfordien. Il est curieux de constater que la pré- : 
pondérance des Zamites date de ce même déclin; les Za- 
mites s'étendent et se multiplient au moment même où les 
Otozamites sont éliminés de notre.sol,'et la cause qui a en- 
traîné la perte des uns a dû contribuer à favoriser l’exten- 
sion des autres. Peut-être faudrait-il voir cette cause dans 
une moindre humidité de l’atmosphère. Les Ofozamates 
sont effectivement multipliés surtout dans les ‘dépôts qui 
dénotent des localités humides et inondées, comme! le 
Rhétien de Franconie et la formation à lignites du York- 
shire. Les Otozamites, dans ces localités privilégiées, sont 
surtout associées à des Fougères, tandis que dans le Coral- 
lien les Conifères dominent et se rencontrent pêle-mêle 
avec les Zamites dans le calcaire de Verdun, aussi bien que 
-dans les schistes bitumineux d’Armaille, d’Orbagnoux et 
dans les plaques lithographiques de Cirin. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Malgré les caractères diffé- 
rentiels, parfaitement saisissables, que nous venons d’expo- 
ser, les Ofozamites ont été originairement confondus avee 
les Zamites, et cette confusion a été longtemps maintenue 
par un ensemble de malentendus résultant surtout dela 
synonymie des principales espèces, dont il existait très- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 197 


peu de bonnes figures. M. Lindley en décrivant à part cer- 
tains Ofozamites, sous le nom d'Otopteris et même de Cy- 
clopteris, donna raison à une équivoque, longtemps per- 
sistante, qui permit à plusieurs auteurs, entre autres à Un- 
ger, de disjoindre les espèces de ce groupe, en rejetant 
les unes parmi les Fougères, tandis que d’autres demeu- 
raient réunies aux Zamites. M. Schenk et M. Schimper, 
celui-ci dans le tome I de son 7raité de paléontologie végé- 
tale, ont encore cru à la possibilité de séparer des Cyca- 
dées une partie au moins des Otozamites. Ces auteurs con- 
servaient dans un sens plus ou moins étendu le genre 
-Otopteris de Lindley qui devra disparaître avec l'erreur qui 
‘ui avait donné lieu. Aucune Fougère ne saurait en réalité 
être assimilée aux Ofozamites, dont les caractères essen- 
tiels révèlent au contraire un type de Cycadées, allié de 
“prés à celui des Zamites, puisque leur fronde ne diffère en 
somme. de celle de ces derniers que par la divergence 
plus régulière des nervures et l’existence d’une auricule 
plus ou moins développée sur le côté antérieur des folioles. 
-L'absence d’auricule, la base égale et généralement atté- 
nuée en coin obtus, le bord fréquemment sinué ou même 
denté-épineux distinguent les folioles des Sphenozamites 
de celles des Otozamites. Dans les Glossozamites les folioles 
sont courtes, un peu atténuées à la base qui est équilaté- 
rale, arrondies-linguiformes supérieurement. Il existe, 
malgré tout, des formes ambiguës, servant de transition 
entre ces divers groupes, et dont le classement se heurte 
à des difficultés véritables. 
1 ExPLICATION DES FIGURES. — PI. 94, fig. 3, Otozamites læ- 
vis, Brongn. (Zamites lœvis, Brongn., Prodr/, p.94), portion 
de fronde vue par la face supérieure, grandeur naturelle ; 
- d’après un spécimen du Bathonien de Whitby (Yorkshire) 


128 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, ; 


appartenant au musée de la Société philosophique d'York, 
dessiné par M. Bronganiart en 1825; notre figure est une 
reproduction du dessin original, demeuré inédit, que J’au- 
teur a bien voulu nous communiquer.— PI. 95, fig. 4, 
Otozamites Goldiæi, Brongn. (Zamia  Goldiæi, Brongn., 
* Prod., p. 94; Cycadites gramineus, Phill,, teste Brongn.), 
portion de fronde, vue par la face supérieure, grandeur 
naturelle ; fig. 4°, une foliole isolée grossie avec les dé- 
tails de la nervation. Cette figure est, comme la, précé- 
dente, la reproduction d’un dessin inédit de M. Brongniart 
datant de 4825; elle donne l’exemple d’un Ofozamites à 
folioles allongées, étroitement linéaires et faiblement au- 
riculées à la base. L'Ofozamites Goldiæi, forme remarquable 
du Bathonien de Whitby avait été seulement mentionné 
dans le Tableau des genres de végétaux fossiles ; mais il n’a- 
vait été jusqu'ici ni décrit ni figuré. Fig. 9, Otozamites 
Beani, Brongn. (Cyclopteris Beani, Lind. et Hutt.), portion 
de fronde vue par la face supérieure, pour montrer Ja 
forme et le mode d'insertion des folioles, d’après un exem- 
plaire original du Yorkshire ; communiqué par M. Schim- 
per, grandeur naturelle. Fig. 3, Otozamites Bunburyanus, 
Zigno, extrémité d’une fronde adulte, grandeur naturelle, 
d’après une figure empruntée à la notice de M. de Ligno 
sur les Cycadées fossiles de l’Oolithe des Alpes vénitiennes. 
Fig. 4, fronde jeune de la même espèce, d’après M. de 
Zigno, grandeur naturelle. Cette espèce appartient à, la 
section Cyclozamites. — PI, 96, fig. 4, Otozamites Young 
Brongn.(Zamia Youngü, Brongn., Prodr., p.94 ; Cycadites - 
latifolius, Phill., teste Brongn.), portion de fronde vue par . 
la face supérieure, grandeur naturelle. Cette figure donne: 
l'exemple d’un Otozamites à folioles largement arrondies et 
non contiguës par leurs bases qui laissent le rachis à .dé- 


È TERRAIN JURASSIQUE. + VÉGÉTAUX. 129 


couvert; elle reproduit un dessin original de M. Bron- 
gniart, demeuré inédit et communiqué par lui. Fig. 2, 
Otozamites Bucklandi Brongn. (Zamites, Bucklandi, Brongn., 
ex parte, Prodr., p. 94), folioles grossies, d’après le dessin 
original de M. Brongniart, qui s’applique à une espèce du 
Lias d’Axminster appartenant au musée d'Oxford. Cette 
figure est reproduite pour servir de terme de comparaison 
entre cette espèce et les formes du Lias et de l’Oolithe qui 
ont'été confondues à tort avec elle. Fig. 3, Otozamites Mat- 
tellianus, Zigno, fronde complète, vue parla face supérieure, 
grandeur naturelle ; d’après une figure empruntée à M. de 
Zigno, comme exemple d’un Otozamites à folioles étroite- 
ment insérées, de manière à se recouvrir mutuellement 
par les bords. Fig. 4, Otozamites Trevisani, Zigno, fronde 
vue par la face supérieure, grandeur naturelle, d'après une 
figure empruntée à M. de Zigno, comme exemple d’un 
| Otozamites de la section Cyclozamites, à folioles petites, ar- 
rondiés, échancrées en cœur et presque égales à la base. 


1 groupe : — Type de l’Ofozamites brevifolius, Fr. Br. 


Ce premier groupe, dont l'O. brevifolius de Fr. Braun est 
le type, domine surtout dans le Rhétien et l’Infralias, mais il 
se prolonge jusque dans l’Olithe, où il se trouve représenté 
ar des formes tellement voisines de celles du Lias infé- 
ieur, que celles-ci ont prêté à de fréquentes confusions, 
qi e nous nous efforcerons de faire cesser. Les espèces de 
Ce groupe, généralement alliées de très-près, sont difficiles 
| distinguer l’une de l’autre et offrent de plus des passages 
e nature à jeter l'esprit dans le doute au sujet de leurs 
mites réciproques. Après une étude attentive, nous dé- 


irons à part toutes celles dont les folioles offrent par la 
VÉGÉTAUX. — J. 9 


130 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


configuration de leur contour des différences saisissables. 
Ce caractère nous a paru le seul qui fût susceptible d'être 
employé avec succès. La nervation, à cause de son uni- 
formité dans tous les Ofozamites, n'étant à cet égard pres- 
que d’aucun secours et les folioles étant sujettes à varier 
de taille, à se montrer plus rapprochées ou plus distantes, 
selon l’âge et la vigueur des frondes, dans les limites d’une 
seule et même espèce. À nos yeux, plusieurs des Otoza- 
mites, que nous allons signaler ne sont que des formes ou 
sous-espèces d’un type dont les variations ont toujours 
oscillé autour d’une certaine moyenne, sans donner lieu à 
des écarts bien considérables. Les frondes sont générale- 
ment minces, élancées, à folioles nombreuses, étroites, 
ovales-oblongues, lancéolées ou linéaires-falciformes, con- 
tiguës par leurs bases dont l’auricule est arrondie, peu 
saillante, mais bien distincte. Les folioles ne sont jamais 
ni très-larges, ni arrondies, ni tronquées au sommet et li- 
néaires dans le reste de leur contour, elles diminuent in 
sensiblement vers la base comme vers le côté opposé de 
l’organe. Les plus anciens Ofozamites connus font partie de. 
ce groupe. | | èr3 de | 
7 


N° 1. — otozamites latior. 


PI. 97, fig. 4, et pl. 98, fig. 4-3. 


DIAGNOSE. — 0. frondibus petiolatis, ambitu Lato- lineari 
“oblongis basin apicemque versus sensim angustàtis, foliolis mul 
tiplicibus lanceolatis linearique lanceolatis patentibus api 
breviter acutis, basibus exacte inter se conniventibus obtu: 
auriculatis. | FE 


Otozamites brevifolius (ex parte), Fr. Braun, in Münst., Beitre 


* TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. - 434 


VI, p. 23 (quoad .specimina 
latiora). 
Otozamites brevifolius (ex parte), Schimp., Traité de pal. vég., 
| tab. 45, fig. 10-12. £ 
Olopteris Bucklandi, Schenk, Foss. FI. d. Grenzch., 
p. 139, tab. 33, fig. 2 et 3; 
tab. 34, fig. 2 et 5 (quoad speci- 
mina laticra). 


-Sous le nom d’Otuzamites brevifolius, appliqué en pre- 
mier lieu par Fr. Braun à une plante du Rhétien des en- 
virons de Bayreuth, bien des espèces ont été successive- 
ment confondues. Nous allons décrire certaines d’entre elles 
et faire voir que les Otozamites infraliasiques de Hettanges 
et ceux de l’Oolithe inférieure de Normandie, diffèrent à 
plusieurs égards du type rhétien, ainsi que l’on aurait pu 
le prévoir à priori; mais l’Otozamites brevifolius de Braun 
comprend-il lui-même une forme unique, et surtout les 
spécimens du Rhétien de Franconie, que M. Schenk a ré- | 
cemment décrits et figurés sous la dénomination d'Ofopte- 
ris Bucklandi et auxquels M. Schimper restitue l’appella- 
tion de Braun (1), répondent-ils à une seule espèce ? Nous 
ne le pensons pas et, après un long examen, bien qu'il 
- s'agisse de plantes évidemment très-voisines, constiluant 
peut-être des sous-espèces, plutôt que des types franche- 
ment distincts, nous croyons pourtant ne pas devoir réunir 
les frondes étroites et longues, à folioles courtes et propor- 
tionnellement plus larges et plus obtuses, qui constituent 
pour nous le véritable Oozamites brevifolius. de Braun, aux 
frondes plus grandes, plus fortes, plus larges, composées 
de folioles plus étroites, plus longuement lancéolées-linéai- 

_res et pointues au sommet, auxquelles nous appliquons le 


- (1) Voy. Traité de pal. vég., t. II, p. 169, tab. 45, fig. 10-13. 


1325 . PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


nom d’Ofozamites latior pour les distinguer des premières. 
{i est évident que le nom spécifique de brevifolius, appliqué 
par Braun, aurait très-mal convenu à cette seconde espèce, 
dont lés folioles sont plutôt élancées que courtes : mais, 
ainsi que le fait très-justement observer M. Schenk, l’écar- 
tement plus ou moins prononcé des folioles, qui tantôt se 
touchent ou même se recouvrent par. les bords, et tantôt 
sont séparées par un intervalle appréciable, correspond 
seulement à des différences d’âge et ne saurait être pris en 
considération pour diviser ou réunir les frondes fossiles 
que l’on observe. C’est au contour des organes eux-mêmes, | 
à leur forme, qu'il faut s’attacher, plutôt qu’à leur dispo- 
sition relative. Les plus grandes et les plus larges frondes 
figurées par M. Schenk, celle entre autres qu'il a placée 
presque en entier sur la planche 33 (fig. 2-3) et l'échantil- 
lon pl. 34 (fig. 5), appartiennent, selon nous, à notre Oto- 
zamites latior, Nous reproduisons même, pour plus de 
facilité, une portion de ces deux exemplaires : la base de 
lun, y compris le pétiole (pl. 98, fig. 1)et le milieu de 
l’autre (pl. 98, fig. 3). Nous avons eu soin encore de dessi- 
ner nous-même la sommité d’une fronde, d’après un échan- 
tillon original de-Braun, dont nous devons communication 
à notre ami M. Schimper. C’est celui que représente la 
figure 2, pl. 98. Enfin, notre figure 2° donne une foliole 
isolée, grossie, dessinée soigneusement et montrant avec 
les détails de la nervation les contours exacts de cetorgane. 
On voit qu'il existe une différence assez marquée, quoique 
faible, entre la foliole du rhétien de Bayreuth et celle de - 
l’'Otozamites Bucklandi, Bronga., qui est plus large, plus ob- 
tuse au sommet et qui était probablement plus grande. Dans 
les trois exemplaires que nous figurons la forme de ces fo- 
lioles est toujours la mêine. Lancéolées ou lancéolées-li- . 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 133 


néaires, elles se retrécissent légèrement au-dessus de l’auri- 
cule qui est arrondie, peu développée et cependant visible. 
Elles s’allongent ensuite et se terminent par un sommet 
plus ou moins pointu, parfois un peu falciforme. La fronde 
dans. son intégrilé mesurait 35 à 40 centimètres, ÿ com- 
pris Je péliole qui est assez court, peu épais et netiement 
terminé inférieurement. A partir du pétiole, les folioles se 
succèdent, d’abord très-courtes, puis s'allongeant par de- 
grés, jusqu'à ce qu’elles atteignent leur longueur normale 
qui peut être évaluée à 3 ou 3 centimètres et demi. Elles 
conservent cette dimension daus le milieu de la fronde, 
dont les bords extérieurs sont parallèles entre eux, puis di- 
minuent de nouveau par un mouvement insensible en ap- 
prochant du sommet. Les folioles se touchent ou même se 
superposent, elles sont aussi plus obliquement dirigées 
dans les frondes jeunes. Elles s’écartent et s’étalent davan- 
iage dans les ,frondes âgées. Cependant, dans la plupart 
des cas, leurs bases, insérées sur la face supérieure du ra- 
- chis qui est généralement assez mince, sont emboîtées de 
façon à demeurer contiguës ou presque contiguës. Les 
folioles les plus voisines de la terminaison supérieure s’a- 
mincissent et s’alténuent en pointe,en même temps qu’elles 
perdent de leur longueur, ainsi que le montre notre figure 2, 
pl. 98. Tels sont les caractères exacts de l’espèce rhétienne 
de Franconie. Ces mêmes caractères reparaissent trop fidè- 
lement pour n’être que des indices trompeurs, dans des 
empreintes de l’exirême base infraliasique,'de Chirac, près 
de Marvéjols (Lozère), qui nous ont été communiquées par 
M: l'abbé Boissonnade. D’après M. Favre, garde général 
des forêts, à qui nous devons de précieux renseignements 
sur la constitution de la zone infraliasique, dans la Lozère, 
les grès ou arkoses des environs de Mende (vallon de Rieu- 


134 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


menou et de Chirac), généralement grossiers, reposent di- 
rectement sur des schistes azoïques et marquent par con- 
séquent une période d’invasion de Ja mer sur le sol primitif 
de la Lozère, jusque-là émergé. Ces arkoses alternent, dans 
une élendue verticale de 23 mètres, avec des calcaires 
gréseux, bruns, contenant de très-rares plaquettes à Myti- 


dus minutus, Gervilia præcursor et autres fossiles de la zone 


à Avicula contorta. I à été en outre rencontré dans ces grès 
un spécimen bien authentique de C/athropteris phatyphylla, 


en sorte que leur attribution à l’horizon du Rhétien ne 


saurait être révoquée en doute et qu’ils doivent être, selon 
. toute apparence, placés sur le même niveau que ceux de 
Couches-les-Mines. Les empreintes végétales de Chirac sont 


fort grossières; elles laissent voir cependant le contour 


des folioles, dans quelques cas très-rares leur nervation ; 
dessinées avec soin, elles présentent un aspect qui permet 
de les ranger sans aucun doute parmi les Ofozamites, Nos 


figures 4 à 6, pl. 97, reproduisent des fragments qui pro- 


viennent tous des grès de Chirac et se rapportent à diverses 


parties des anciens organes. La figure 3 correspond à la. 
face supérieure d’une fronde dont les folioles sont serrées 


les unes contre les autres et exactement conniventes par 
leurs bases ; l’auricule arrondie est très-visible. Au-dessus 
de l’auricule, les folioles, après un léger rétrécissement, 
deviennent lancéolées-linéaires et se terminent en pointe. 


Les plus longues mesurent 3 centimètres et demi, comme 


celles de l’espèce d'Allemagne. La figure 2 représente un 


autre spécimen conforme au précédent, dont les folioles 4 


ont un rapport visible, encore plus étroit, avec celles de 
notre Otozamites latior. Ièi encore la fronde montre sa face 
supérieure, et les bases des folioles, quoique très-rappro- 
chées, ne sont cependant pas exactement contiguës. La 


TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 135 


figure 1 offre des caractères semblables; les folioles de la 
figure 6 qui se rapportent à un fragment détaché d’une 
fronde de plus grande taille ne sauraient pourtant être 
distinguées desprécédentes ; elles laissent voir des auricules 
un peu plus saillantes; leur nervalion est visible; leur ter- 
minaison plus acuminée et un peu repliée en faux. Les 
figures 4 et 5, montrent des sommités de frondes dont les 
pinnules étroites et amincies au sommet ont bien l'appa- 
rence de celles des spécimens de Franconie, en sorte que, 
tout considéré, nous n’hésitons pas à admettre qu’il ne 
s'agisse dans les environs de Mende, aussi bien qu'aux alen- 
tours de Bayreuth et de Wurzbourg, d’une espèce caracté- 
rislique de la zone infraliasique, alliée de très près à l’Oto- 
zamites brevifolius de Braun, mais susceptible de ne pas 
être confondu avec celui-ci. 

RappoRTS ET DIiFFÉRENCES. — L’Otozamites latior, tel que 
nous le comprenons, diffère de l'O. brevifolius proprement 
dit par des frondes plus grandes, plus larges, plus robustes, 
par des folioles plus longues, plus étroites, plus atténuées 
au sommet ; il diffère également, à ce qu’il semble, des 
divers Otozamites du Lias d’Axminster, et spécialement du 
Z. Bucklandi, par des folioles plus élancées et moins obtu- 
ses supérieurement. Il existe dans l’Oolithe inférieure plu- 
sieurs formes qui se rattachent au même type que l'O. La- 
tior ; mais nous verrons que toutes s’en écartent plus ou 
moins, soit. par des proportions plus faibles, soil par des 
folioles autrement configurées. 

LocaziTÉs. — Chirac, près de Marvéjols (Lozère), étage 
_rhétien; en dehors de France, localités rhétiennes de Fran- 
_ conie : environs de Wurzbourg et de Bayreuth, où cette 
espèce se trouve associé à l’Otozamites brevifolius propre- 
ment dit, 


136 -__ PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. « 


EXPLICATION DES FIGURES, — Pl. 97, fig. 4, portion mé- 
diane d’une fronde d’Otozamites lator, Sap., vue par la face 
inférieure, grandeur naturelle, d’après un échantillon de 
Chirac communiqué par M. l’abbé Boissonnade. Fig. 2 et 3, 
autres fragments. de fronde de la même espèce, provenant 
de Ja même localité, vus par la face supérieure, grandeur 
naturelle. Fig. 4 et 5, fragments de fronde de la même 
espèce, se rapportant à des parties voisines du. sommet, 
grandeur naturelle. — PI. 98, fig: 4, partie inférieure d’une 
fronde d'Otozamites latior, y compris.lepétiole, grandear 
naturelle, d’après une figure empruntée à l’ouvrage de 
M. Schenk sur la flore rhétienne de Franconie. Fig, 2, 
partie supérieure d’une fronde de la même-espèce, prove- 
nant des environs de Bayreuth, d’après un exemplaire ori- 
ginal faisant partie de la collection de M. Braun et appar- 
tenant actuellement au muséum d'histoire naturelle de la 
ville de Strasbourg, grandeur naturelle; fig. 2*,. foliole 
isolée, légèrement grossie, Fig. 3, portion médiane d’une 
fronde de grande taille de la même espèce, d’après une 
figure empruntée à l'ouvrage de M. Schenk, grandeur na- 
turelle. 


N° 2. — Otozamites brevifolius. 


PI. 99, fig. 1-3. 


Olozamites brevifolius (ex parte), Fr. Braun, in Münst., Beitr., 
VI, p. 29. 4 
pre — Brongn., Tab. des genres de 
| vég. foss., p. 104 (ex parte). 
-— — Bornem., Lettenkohl.  Thü- 
ring, P. 53. 
— — Miq., Prodr., p. 32.. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 137 


Otozamites brevifolius (ex parte), Schimp., Traité de pal.vég., I, 
p.169 (ex parte, excl. fig). 


DIAGNOSE. — 0. frondibus petiolatis ambitu longe linearé: 
bus, utrinque sensim decrescentibus, apice autem obtuse atte- 
nuatis, foliolis multiplicibus superficiei racheos arcte adpressis, 
basibus contiquis obtusissime antice auriculatis, breviter oblon- 
gis ovatoque lanceolatis apice obtusis, quandoque subfalcatis. 


Zamites brevifolius,. Braun, in Müost. Beïtr. VI, p. 23, tab. 3, 


va fig. 13. 
_ se" Gœpp., Jahresb. d. Schles. Gesellsch. f. 
FES NE 1843, p. 126. 
_— . — Ung:, Gen. et sp. pl. foss., p. 284. 
— — Ettingsh., Lias F1., p:9, tab. 2, fig. 6. 
Otopteris obtusa,,. Lindl. et Hutt., Foss. F1., 11, 128. 


Olozamites obtusus,  ‘Brongn., Tab. des genres de vég. foss. 
Otopteris! Bucklandi,  Scheuk, Fl: d: Grenzseh,.p. 139, tab. 34, 
fig. 1, 3, 4, 6 (Excel. fig. aliis). 
(Excel. synonym. aliis, præsertim Filicites, Odontopleris, Zamites 
et Cozamites Bucklandi, Brongn.) 


Le véritable Otozamites brevifolius de F. Braun (Otopteris 
Bucklandi, ex parte, Schenk, Z. c.), espèce caractéristique, 
en compagnie de l’O.. latior, des localités rhétiennes de 
Franconie, en Allemagne, et de celle de Steierdorf, dans 
le Bannat, n’a pas été encore rencontré en France à ce 
même niveau. Mais comme, plusieurs formes soit du Lias, 
- soit de l'Oolithe, ont été assimilées à tort à cette espèce, 
que de plus.elle devient pour nous le type d’un des grou- 
pes entre lesquels nous divisons les Otozamites, il nousa 
. paru important de la faire connaître afin d’éviter tout ma- 
- Jentendu, Nous appliquons la dénomination d’O. brevi- 

_ folius à des frondes fossiles signalées originairement par 
“ Fr. Braun et dont les folioles sont effectivement courtes, 
- bien qu’elles s’allongent parfois, lorsqu'elles ont appartenu 


138 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


à des spécimens vigoureux; mais dans ce cas leur dimen- 
sion proportionnelle reste à peu près la même. Le con- 
tour général des frondes est toujours longuement linéaire, 
insensiblement atténué vers les deux extrémités, mais plus 
. ou moins obtus supérieurement, ainsi que l’on peut en juger 
-par notre figure 4, pl. 99, dessinée sur un échantillon de 
Kulmbach, parfaitement conforme à celui de la planche 34, 
figure 3, del’onvrage deM.Schenk. Notre figure 3, pl. 99, qui 


reproduit un échantillon de Bayreuthserapporteàunefronde . 


plus robuste et plus large, mais sans doute aussi bien plas … 


longue. Les folioles de ce dernier échantillon mesurent plus 
de 2 centimètres de longueur, mais la forme du contour est 
toujours à peu près la même, c’est-à-dire ovale-oblongue 
ouovale-lancéolée, avec une terminaison obtuse etune légère 
courbure en faux. Les folioles les plus courtes (fig. 1)sonten 
même tempsles plus obtuses, et leur ressemblance avec les 


empreintes du Lias d'Axminsier, figurées autrefois par Lin- 


-dley et Hutton sous le nom d’Ofopteris obtusa, est si frap- 
pante, qu’ilnous a paru impossible, à l'exemple deM.Schenk, 
de ne pas réunir l’espèce anglaise à celle de Franconie. Nos 


figures grossies 3°, qui représentent plusieurs folioles . 
choisies parmi les mieux développées, permettent de juger « 


dé la divergence de forme, évidente quoique assez faible, 


qui autorise à distinguer l’un de l’autre les Ofozamites « 


brevifolius et latior. Cette différence serait encore mieux 


marquée, si nous nous attachions à des formes extrêmes. 


De toute façon elle est définissable, et les mêmes caractè- 


res, encore mieux accentués, se montrent dans la figure 
donnée par M. d’Ettingshausen, dans son mémoire sur la 
flore du Lias et de l’Oolithe (1). — Comparées avec la figure « 


(1) Lias und Oolith. — FL, tab. 2 fig. 6 et 6b. 


Létèbes és né Se 


TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 139 


de l’Otozamites Bucklandi, due à M. Brongniart (voy. pl. 96, 
fig. 2, et comp. avec la figure 3°, pl. 99), les folioles de 
l'O. brevifolius témoignent d’une étroite analogie dans la 
forme de l’auricule, mais la terminaison supérieure n’est 
pas semblable des deux parts. Du reste, il faudrait pour 
résoudre une question de ce genre posséder des échan- 
tillons entiers de l'O. Bucklandi, au lieu de l’unique foliole 
grossie, figurée par M. Brongniart. Notre but est surtout 
de profiter des éléments dont nous disposons pour décrire 
fidèlement l’espèce typique de Frédéric Braun. Les frondes 
de celle-ci, dans leur intégrité, mesuraient sans doute de 
20 à 25 et jusqu’à 30 centimètres pour les plus allongées. 
Les folioles, relativement courtes et obtuses, assises à la 
face supérieure d’un rachis mince et élancé, étaient étroi- 
tement conniventes par leurs bases dont les auricules ar- 
rondies empiétaient un peu les unes sur les autres au point 
de contact. Ces folioles les plus élevées (voy. fig. 4), au 
lieu de s’amincir, conservaient la même forme que les 
autres, mais elles diminuaient graduellement d’étendue 
en approchant du sommet, couronné d’une foliole termi- 
nale plus courte et plus obtuse que les autres. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L'Otozamites brevifolius, tel 
que nous venons de le limiter, caractérise par sa présence 
les couches rhétiennes de la Franconie, où il se trouve 
associé à l'O. latior, Sap., son proche voisin. Nous verrons 
qu'il diffère de l'O. Terquemi, Sap. (non Schimp.), de Het- 
tanges, par ses folioles moins courtes et moins larges que 
chez ce dernier. L'Otozamites Hennoquei, Pom., également 
de Hettanges, offre, avec des proportions plus grandes, des 
tolioles plus oblongues et surtout tronquées-obtuses ou 
même loul à fait arrondies à leur sommet. On ne-peut nier 
cependant que ce ne soient là des formes alliées entre elles 


140 PALÉONTOLOGIE. FRANÇAISE, 


de fort près, difficiles parfois à distinguer et se rattachant 
à un même type. — Une des espèces de la grande Oolithe. 
de Normandie, l'O. recurrens, Sap., semble faire revivre: 
l’Otozamites brevifolius à un niveau plus élevé et constituer 
pour lui une sorte de récurrence. Mais ici.les frondes sont | 
visiblement plus courtes, l’auricule moins arrondie et le | 
sommet des folioles atténué en une pointe plus fine. Il se. 
pourrait cependant que les formes oolithiques qui répètent . 
ainsi celles du Lias inférieur ne fussent en réalité que 4 
des prolongements de ces dernières, et nous nous confor-. 
merons à celle pensée en les rangeant toutes dans le. | 
groupe dont l’Otozamites brevifolius estle type. | 
LocaLITÉS.— Theta, près de Bayreuth ; environs de Bam- | 
berg, Forchheim, Kulmbach en Franconie ; étage rhétien.: 
Steierdorf dans le Bannat (Hongrie), étage rhétien. Mem= : 
bury près d’Axminster (Angleterre), calcaire du Lias in-« 
férieur. 
EXPLICATION DES FIGURES. — PJ. 99, fig. 4, partie supé- - 
rieure, y compris la terminaison, d’une fronde. d'Otoza- | 
mites brevifolius, Fr. Br,, grandeur naturelle, d’après um « 
échantillon de Veitlahm près Kulmbach, communiqué par ” 
M. Schimper et faisant partie de la collection du muséum 
de la ville de Strasbourg. Fig. 2, base d’une autre fronde 
de la même espèce, vue par la face inférieure, grandeur | 
naturelle,- d’après un échantillon ayant la même prove, 
nance. Fig. 3, portion voisine du sommet d’une autre 
fronde de la même espèce, grandeur naturelle, d’après uns 
échantillon d'Oberwais près de Bayreuth, provenant de la 
collection de Fr. - Braun et faisant partie de la collection 
de la ville de Strasbourg; fig. 3, plusieurs folioles gros-. 
sies. 1 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 141 


. N° 8, — Otozamites Terquemi. 


| PI. 99, fig. 4. 

DraGNosE. — 0. fronde ambitu lineari, foliolis faciei supe- 
riori racheos insertis brevibus ovato-cordatis, sursum obtuse 
paulisper attenuatis, basi emarginata dimidiato-cordatis, 
antice rotundato-auriculatis, basibus plus minusve exacte 
conniventibus. 


Otozarnites brevifolius, Brongn., m.s. | 
Non Otozamites Terquemi, .. Schimp., Traité de pal. vég., ll, 
p. 170. 


L'Otozamites de Hetianges auquel M. Schimper, dans 
son Traité de paléontologie végétale, avait donné le nom 
de M. Terquem doit être identifié, ainsi que nous allons le 
voir, avec l'O. Hennoquei de M. Pomel, auquel il est juste 
de conserver sa première dénomination. Cette circonstance 
nous engage à dédier à M. Terquem une autre espèce de 
Hettanges, dont la découverte est due à ce savant, et que 
M. Brongniart, d’après une note manuscrite jointe. à 
l’échantillon réunissait à l’O. brewifolius de Fr. Braun. Il 
nous paraît impossible, malgré lévidente parenté des deux 
formes, d'opérer cette réunion; pour s’en convaincre, il 
suffit de rapprocher la plante d'Allemagne de celle de Het- 
tanges, exactement reproduite par notre fig. 4, pl. 99, et 

surtout de comparer la foliole grossie, figure 4°, avec celles 
de l'O. brevifolius qui figurent sur la même planche (pl. 99, 
fig. 3°). 2 

Il ne nous reste malheureusement de VO. Terquemi 
qu’un fragment assez considérable, mutilé aux deux extré- 
mités, mais dont le contour linéaire est bien visible, L’em- 


142 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


preinte correspond à la face supérieure; le rachis disparaît 
sous les folioles qui le recouvrent et dont les bases se 
touchent à leur insertion, de manière à se montrer conti- 
guës, partout où la substance gréseuse ne dérobe pas les 
linéaments des-contours. Ces folioles ont partout à peu 


‘ près la même dimension et la même figure; elles sont 


larges et courtes et se recouvrent un peu par les bords qui 
sont rarement entiers. La figure 4 qui représente une 
d'elles légèrement grossie fait voir leur forme véritable. 
qui est ovale-cordiforme, avec un sommet très-obtus, une | 
base échancrée, inégalement arrondie sur les côtés, l’an-° 
térieur donnant lieu à une auricule peu saillante, mais. 
bien visible. Le mode de nervation est celui qui distingue | 
tous les Otozamites, groupe auquel on ne saurait douter a 
cette espèce n’ait appartenu. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L'’Ofozamites Terquemi, Sap. 
(non Schimp.), constitue une forme alliée de près aux va- 
_ riétés les plus étroites de l'O. #rewfolius, se rapprochant“ 

surtout de l’Otopteris obtusa, Lindl. et Hutt., qu’à l'exemple 
dé M. Schimper, nous avons réuni au premier. Mais le 
contour élargi à la base, court et obtusément atténué au 
sommet, des folioles permet de ranger à part cette espèce 
qui rappelle par sa physionomie les Ofozamites du groupe 
des Cylozamites, et spécialement l'O. Reglei, Brongn., avec 
lequel cependant on ne saurait la confondre. Nous regar=. 
dons cette espèce de Hettanges comme réellement dis- 
tincte de toutes celles qui ont été encore publiées. : 

LocarrÉ.— Grès de Hettanges (Moselle); Lias inférieur, 
zone à Ammonites angulatus ; coll. de M. Terquem. 

EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 99, fig. 4, portion mé-, 
diane d’une fronde d’Otozamites Terquemi, Sap., vue par la 
face supérieure, grandeur naturelle, d’après un exemplaire 


des bij 


su 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 143 


appartenant à la collection de M. Terquem et communiqué 
par lui; fig. 4°, foliole isolée, grossie. 


N° 4. — Otozamites Hennoquei. 
PI, 100, fig. 1-3, et pl. 104, fig. 1. 


DrAGNOSE. — Q. frondibus lato-lineari-lanceolatis pinnatis, 
pinnis racheos superficiem fere omnino tegentibus approæi- 
matis imbricatisque, basibus exacte conniventibus latioribus, 
dehinc breviter oblongis subfalcatis, apice oblique obtusissime 
truncato plerumque rotundatis. 


Zamites Hennoquei, Pom., Mat. pour la flore foss. 
jur. de la France, p. 345 
(Amil. Ber. üb. d. fün- 
fundz, Vers. d. Gessels. 
Deutsch. naturf, etc.). 

Otozamites Bucklandi (ex parte), Brongn., Tub. des genres de 


- vég. foss., p. 104. 
Otozamites Terquemi, Schimp. (non Sap.), Traité de 


pal. vég., Il, p. 170. 


Cette espèce signalée en premier lieu par M. Pomel sous 
le nom de Zamites Hennoquei, confondue par M. Ad. Bron- 
gniart avec son Ofozamites Bucklandi, a été dédiée plus tard 
à M. Terquem par notre ami M. Schimper, qui soupçon- 
nait pourtant son identité avec le Z. Hennoquei, que 
M. Pomel n'avait jamais figuré. Ce dernier savant ayant 
bien voulu hous confier son échantillon type, nous ayons 
pu établir sûrement cette identité, dont nos figures 1 et 2, 
pl. 100, comparées à la figure 3, même planche, qui re- 
présente le spécimen de M. Pomel, fournissent la preuve 
évidente. En conséquence, il nous a paru légitime de 
rendre à celle espèce le nom qu'elle avait reçu orginaire- 


144 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. 


ment, èn appliquant celui de M. Terquem à un autre 
Otozamites de Hettanges, plus voisin encore du type de 
l’Otozamites brevifolius, Fr. Br., que celui que nous décri- 
vons ici. Nous ne pénsons pas non plus que l'O. Hennoquet, 
. doive être confondu avec l'O, Bucklandi,, mal connu il est 
vrai ; mais il lui ressemble effectivement beaucoup et se 
range sans effort parmi les espèces dont l'Otozamites brevi- 
folius est le type. à \41 
Les frondes sont largement linéaires, grandes et MEN 
comparativement, composées de foliolés nombreuses, 
serrées, conniventes par leurs bases, souvent imbriquées, 
c’est-à-dire se recouvrant mutuellement par les bords. Les | 
- exemplaires que nous connaissons correspondent tous à la 
face supérieure, et aucun d’eux n’est complet, de sorte que 
ous ignorons le mode de terminaison inférieure. Mais 
nous voyons par un de nos spécimens, fig. 4, pl. 100, que 
la fronde diminuaït de largeur, en approchant de son 
sommet, par un mouvement égal et insensible, pour se 
terminer en pointe obtuse, tandis que les parties médianes 
de la fronde (voy. fig. 4, pl. 104) affectent un contour lar- 
gement linéaire. Les folioles, étroitement appliquées par 
leur base et mutuellement conniventes, câchent presque 
entièrement le rachis à la face supérieure des frondes. 
Elles s’écartent un peu dans les spécimens âgés, de manière 
à le laisser apercevoir dans les intervalles; c’est ce que 
montre la figure 4, pl. 401. Ces folioles sont larges et 
courtes par rapport à leur étendue, pourvues à la base 
d’une auricule arrondie et un peu émarginées à leur point ; 
d'insertion; elles demeurentlargement linéaires-elliptiques, | 
un peu recourbées en faux et se terminent constamment par 
un sommet oblus et court, obliquement tronqué, à angles 
émoussés, faiblement atténué, plus ordinairement arrondi, 


t gel tee 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 145 


ainsi que le montre la figure grossie 3*, pl. 100. — La 
grande empreinte, fig. 1, pl. 4101, mesure 15 centimètres 
de long sur une largeur de 6 centimètres. Les folioles s’y 
montrent étroitement serrées, et, comme elles se recouvrent 
mutuellement, il est rare et difficile d'en observer d’en- 
tières ; mais dans ce cas elles font voir une base large et un 
somme des plus obtus ou même arrondi. Cette disposition 
est encore plus visible sur les figures 1 et 2, pl. 100, et 
d’autant plus prononcée que l’on se rapproche du sommet 
de la fronde, direction dans laquelle les folioles se rac- 
| courcissent, tout en augmentant proportionnellement de 
| largeur. L’auricule, toujours obtuse et arrondie, est cepen- 
dant plus ou moins saillante, selon les échantillons que 
_ l’on examine. Les nervures s’étalent à partir du point 
_ d’insertion et rayonnent vers le bord des folioles en donnant 
lieu à des ramifications successives. Elles sont fines, très- 
nombreuses et faciles à saisir, malgré le grain toujours 
- grossier du grès infra-liasique. 
RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le mode de terminaison, 
- toujours très-obtus, ou tout à fait arrondi, distingue bien 
1 celte espèce de ses congénères, et notamment des OÜfozamites 


LR. De +1 


< 


3 brevifolius et Bucklandi, ses plus proches voisins. Elle 
à parait avoir occupé une place considérable dans la végéta- 
. tion de Hettanges, et c’est à elle que M. Pomel avait voulu 
Ë rapporter les organes frangés sur lesquels il s'était basé 
: pour établir son genre Crossozamia. Ces organes, que nous 
» décrirons sous Le nom de Cycadospadixz et qui sont vraisem- 
: blablement ceux des Cycadites, n’ont rien de commun, selon 
- nous, avec les Otozamites, sinon la coïncidence fortuite 
qui les a réunis dans les mêmes lits. On pourrait encore 
» étre tenté de confondre l’Ofozamites Hennoquei avec l'O. ma- 


s jor, que M. Schimper a décrit séparément avec pleine 
VÉGÉTAUX. — J, 10 


146 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


raison. Ce dernier est plus gran dans toutes ses propor- 
tions, et ses folioles falciformes, larges à la base, ne sont 
jamais arrondies au sommet, mais plutôt atténuées en une 
pointe obtuse. à 

LocALITÉ. — Heltanges, près de Metz (Moselle); étage 
infraliasique, zone à Ammonites angulatus ; coll. de M. Ter- 
quem, de l’École normale, du Muséum de Paris et de. 
M. Pomel. | 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 400, fig. 1, moitié supé- 
rieure d’une fronde d’Otozamites Hennoquei, Pom. , vue par 
la face supérieure, graudeur naturelle, d’après un échan- 
tillon communiqué par M. Terquem et faisant partie de sa 
coliection, Fig. 2, portion de fronde de la même espèce, 
vue par la face supérieure, grandeur naturelle, d’après un 
échantillon communiqué par M. Delesse et faisant partie 
de la collection de l’École normale de Paris. Fig. 3, autre 
fragment de fronde de la même espèce, vu par la face su- 
périeure, grandeur naturelle ; d’après l’échantillon type de 
M. Pomel, reçu de lui en communication. — PI. 101, fig. 4, 
portion médiane d’une fronde de grande taille de ia même 
espèce, vue par Ja face supérieure, grandeur naturelle ; 
d’après un spécimen faisant partie de la collection du 
Muséum de Paris, envoyé par M. Terquem (n° 48 de l’en- 
voi). 


N° 5. — Otozamites recurrens, 


PI. 404, fig. 2-3. 


DrAGNOSE, — 0. frondibus oblongis brevibus, basin versus 
attenuatis pinnatis, pinnis racheos superficiem fere omnino 
tegentibus, basibus inter se conniventibus, e basi obtusa latius- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 4147 


cula obtuseque auriculata sursum lanceolatis, subfalcatis, bre- 
viter acuminatis. 


Otozamites brevifolius, Brongn., m. s. 


. Une forme voisine de l’O. brewifolius, Fr. Br., mais que 
l'on aurait tort de confondre avec lui, se montre dans 
l’Oolithe inférieure de l’ouest de la France et existe pro- 
bablement au même niveau en Anglelerre. Nous figurons 
deux spécimens de cet Ofozamites qui donne l’exemple, 
déjà plusieurs fois signalé, d’une sorte de répétition des 
formes du Lias dans la période de l’Oolithe. L'un de ces 
spécimens, pl. 104, fig. 2, nous est connu seulement par 
un dessin de M. Brongaiart ; il provient de Valognes, en 
Normandie, et faisait partie de la collection de M. de Ger- 
ville, à l’époque où le savant professeur du Muséum à pu 
l’observer. L'autre, pl. 101, fig. 3, dessiné par nous avec 
le plus grand soin, appartient à la collection du Muséum 
de Paris. Le dessin de M. Brongniart était un simple ero- 
quis destiné à rendre plutôt l’aspect de l’ensemble que le 
contour exact de chaque foliole; mais la figure 3%, qui re- 
présente deux folioles isolées, rendues avec précision, et 
dont la parfaite similitude avec celles de l’exemplaire de 
Croix n’a pas besoin d’être démontrée prouve qu'il s’agit 
bien d’une seule et même espèce. Les deux échantillons se 
rapportent à des frondes de petite taille, étroites et allon- 
gées, mais visiblement plus courtes que celles de l'O. brevi- 
folius, et vues également par la face supérieure. Les folioles, 
nombreuses et contiguës, peut-être même imbriquées 
par les bords dans l'échantillon figure 2, sont médiocre- 
ment développées, arrondies ou même émarginées à leur 
_ base, qui laisse voirune auricule peu prononcée, lancéolées 
dans le reste de leur contour et alténuées en une pointé 


148 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


assez courte recourbée en faux, mais moins obtuse que 
dans l'O. brevifolius. | 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Des frondes plus petites, 
plus courtes, des folioles amincies au sommet en une 
pointe moins obtuse ; telles sont les seules différences que 
” lon puisse signaler entre l'O. recurrens et l'O. brevifolius. 
Les dimensions paraissent plus petites que dans l’Otoza- 
mites graphacus (Bean), Schimp., dont les folioles sont plus 
amincies et plus recourbées vers le haut que celles de 
notre O. recurrens. 

LocaLiTÉS. — Environs de Valognes (Manche), ancienne 
collect. de M. de Gerville; Croix, collect. du Muséum de 
Paris, n° 1602; grès de l’Oolithe, étage bathonien. 

EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 1014, fig. 2, portion de 
fronde d’Ofozamites decurrens, vue par la face supérieure, 
grandeur naturelle, d’après le calque d’an ancien croquis 
communiqué par M. Brongniart; fig. 2, deux folioles re- 
présentées séparément, grandeur naturelle, même prove- 
nance. Fig. 3, autre fronde de la même espèce, vue par la 
face supérieure, mutilée aux deux extrémités, grandeur 
naturelle, d’après un échantillon de Croix, appartenant à 
la collection du Muséum de Paris; fig. 3*, foliole isolée lé- 
gèrement grossie. | 45 


2° Groupe. — Type de l’Ofozamites major, Schimp. 


Nous groupons autour de l'Otozamites major de Het- 
tange des Ofozamites assez peu éloignés des précédents, . 
mais dont les frondes, généralement construites sur de 
plus grandes proportions, présentent des folioles, tantôt 
serrées et conniventes, tantôt plus ou moins distantes, 
larges à la base, pourvues antérieurement d’une auricule 


TERRAIN JURASSIQUE. — YÉGÉTAUX. 149 


bien prononcée, diminuant ensuite de largeur de la base 
au sommet, en décrivant une courbure plus ou moins 
prononcée selon les espèces. La consistance de ces folioles 
paraît avoir été non-seulement coriace, mais épaisse, à en 
juger par la profondeur de certaines empreintes et la 
couche de substance végétale que l’on observe quelque- 
fois. 


N°6. — Otozamites major. 


PI. 102. 
Otczamites major, Schimp., Traité de pal.-vég., IL, p. 170. 


DIAGNOSE. — O0. frondibus speciosis, 30 centim. circiter 
longis, ambitu lato-linearibus, ad medium æœquilatis, foliolis 
paulisper distantibus, erpansis, crasse coriaceis, margine leniter 
recurvis, lingulato-lanceolatis antice, basi rotundata auricu- 
las, 4 1/2 centim. longis, nervis crebris, mediis parallelis, 
lateralibus ad margines decurrentibus. 


Olozamites Bucklandi, var. major, Brongn., m. s. 


Cette espèce, une des plus grandes du genre, a été éta- 
blie par M. Schimper sur une empreinte de la collection 
de M. Terquem dont notre planche 101 reproduit la 
Majeure partie. Elle est mutilée aux deux extrémités 
et mesurait sans doute dans son intégrité 30 centimè- 
tres de longueur, peut-être davantage. Le contour gé- 
néral est largement linéaire, et les folioies, longues en 
moyenne de 4 1/2 centimètres, conservent à peu près par- 
tout la même dimension. Ces folioles ne sont qu’à demi 
conniventes ; elles sont séparées les unes des autres par 
un intervalle assez marqué; mais leur auricule, bien dé- 


150 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


veloppée, recouvre presque partout le rachis, dont au- 
cune partie n’est visible dans l'empreinte qui correspond 
à la face supérieure de la fronde. La base des folioles est 
largement dilatée; au-dessus de cette base, ces organes 
* s’amincissent en une pointe lancéolée et généralement re- 
courbée, qui leur donne l’apparence d’une lame de faux, 
peu prolongée au sommet, qui est cependant plus ou moins 
aigu. La consistance de ces folioles a dû être non-seule- 
ment coriace, mais épaisse. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L’Ofozamites major, que 
nous figurons ici pour la première fois, se distingue par 
sa taille de la plupart des espèces connues. La forme 
de ses folioles le rapproche évidemment des Olozamites 
disjunctus, Sap., et graphicus, Schimp., que nous rangeons 
dans le même groupe. Ce sont là des formes sensible- 
ment affines. Cependant les folioles de l 0. graphicus sont 
recourbées au sommet d’une façon caractéristiqué et 
celles de l'O. disjunctus moins distinctement aüriculées et 
autrement insérées sur le rachis commun. Les dimensions 
de l’O. major, plus considérables d’un tiers environ, ser- 
vent d’ailleurs à le faire reconnaître. 

LOCALITÉ. — Hettange, près de Metz {Moselle), grès 
infraliasique, zone à Ammonites angulatus; coll. de M. Ter- 
-quem et du Musée de la ville de Strasbourg. 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 402, fig. 4, portion mé- 
diane d’une fronde d’Otozamites major, vue par la face su- 
périeure, d’après le moule d’une empreinte faisant partie . 
de la collection de M. Terquem, grandeur naturelle; 
fig. 1°, foliole isolée avec la nervation. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 451 


N° 7. — Otozamites disjunctus. 


PI. 103, fig. 1. 


 DIAGNOSE. — 0. fronde mediocri ambitu lato-lineari, pinnis 
crasse coriaceis distantibus, ovato-conoideis, basi ovato-rotun- 
data obtusissime auriculatis, dehinc sursum lanceolatis, subfal- 
catis, sensim acuminaks. 


La fronde que nous désignons ainsi appartient à un ni- 
veau liasique bien plus élevé que celui à la hauteur duquel 
se montre l'O. major; sa taille est médiocre; ses folioles 
sont autrement disposées et configurées que celles de l'es- 
pèce précédente, et quoique l'aspect général dénote une 
forme alliée de près à celle-ci, nous croyons pourtant de- 
voir la décrire séparément. Voici ses principaux carac- 
tères : le rachis est mince, en partie caché dans l’épais- 
seur de la roche qui est un calcaire enfumé des plus durs, 
avec traces d’ammonites. Les bases des folioles ne recou- 
yrent pas ce rachis; elles paraissent insérées sur ses côtés 
par une sorte de court pédicule. Arrondies latéralement, 
elles se contractent en une échancrure calleuse, et leur au- 
ricule ne se manifeste que par une assez faible dilatation 
de leur côté antérieur, limité comme l’autre par un con- 
tour arrondi. Au-dessus de cette base, la foliole se rétrécit 
peu à peu et se termine par un sommet graduellement 
atténué en un bec pointu. La quantité considérable de 
_ substance végétale pulvérulente qui recouvrait l'empreinte 
montre que ces folioles étaient non-seulement coriaces, 
mais épaisses, particulièrement vers la base. Les bords 
paraissent avoir été cernés d’ane marge cartilagineuse ; 
ils sont le plus souvent repliés en dessous; leur nerva- 


152 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


tion est celle des Ofozamites ; elle est visible malgré l’é- 
paisseur du parenchyme et consiste en veines assez dis- 
tantes, longitudinales et parallèles dans le milieu des 
folioles, divergentes vers les bords dans la partie dilatée. 
Le mode de terminaison de la fronde dans les deux direc- 
tions demeure forcément inconnu. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES, —  L’Ofozamites disjunctus 
diffère de l’Ofozamites major par sa fronde plus petite, ses 
folioles écartées, nullement conniventes, insérées, à ce 
qu'il semble, sur les côtés et non pas à la face supé- 
rieure du rachis. La forme des folioles diffère également 
des deux parts. Celles de l’O. disjunctus sont arrondies 
inférieurement : leur base est à peine dilatée en une auri- 
Cale peu saillante; leur sommet est aminci en une pointe 
plus fine. On peut encore comparer l'O. disjunctus à VO. gra- 
phicus que nous allons décrire. Mais dans celui-ci les fo- 
lioles, conniventes par leurs bases, cachent entièrement 
. le rachis; elles sont plus obtuses au sommet et plus re- 
courbées vers le haut. D'ailleurs, l'O. graphicus est une 
plante bathonienne, tandis que l’O. disjunctus représente 
une des rares espèces du Lias supérieur qui ait élé encore 
signalée en France. L'identité spécifique est possible, 
mais non probable, et ne peut donc pas être admise sans 
_ preuve directe, à une distance verticale aussi marquée. 

LocauITÉ. — Environs de Metz (Moselle), extrême base 
du Lias supérieur, zone à Ammonites Hollandrei; coll. de 
M. Terquem. 

EXxPLICATION DES FIGURES. — PI. 103, fig. 4, portion mé- 
diane d’une fronde d’Otozamites disjunctus, Sap., d’après 
un échantillon trouvé par M. Terquem et communiqué par 
lui, grandeur naturelle, 


oué doi mule si die: ml it é dt di que Le 


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TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 453 


N° 8. — Otozamites graphicus. 


PI. 103, fig. 2-3. 


Otozamites graphicus, Schimper, Traité de pal. vég., Il, p. 170. 

DIAGNOSE. — 0. frondibus ambitu lato-linearibus, rachi 
crassa subtus donatis, foliolis basibus rotundatis anticeque late 
auriculatis racheos superficiem tegentibus, dein lanceolatis 
arcuatisque obtuse sursum apiculalis. 


Otopteris graphica, Bean, in Leckenby, Oolitic.PI.: 
Proceed. geol. Soc., XX, p. 78, 
pl. 5. 

Filicites Bucklandi, var. gallica, Brongn., Ann. se. nat., 1° sé- 
rie, L IV, D #22, pl. 19, 
fig. 3. 


M. Schimper a réuni avec raison à l’Otozamites graphicus, 


. espèce curieuse de Scarborough, les fragments de Mamers 
. signalés autrefois par M. Brongniart sous le nom de F'ik4- 
. cites Bucklandi, var. gallica. Les quelques folicles du dépôt 


normand (fig. 3, pl. 403) sont largement auriculées à la 


. base; elles s’atténuent ensuite et se terminent assez vite 


par une pointe obtuse légèrement recourbée en faux. 


> Cet échantillon ne diffère qué par des dimensions un peu 
plus fortes de l'échantillon type figuré par Leckenby et que 
| nous reproduisons comme terme de comparaison (pl. 103, 
… fig. 2). Celui-ci, quoique peu étendu, est bien conservé. 
On voit que ses folioles, largement auriculées et arrondies 
i inférieurement, se terminent par une pointe obtuse, re- 
… courbée vers le haut et courte relativement. 

M_  RapronTs ET DIFFÉRENCES. —L'Olozamites graphicus appar- 
. tient par ses caractères visibles à la section dont l'O. major 


154 __ PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


est le type; mais il en diffère au premier coup d'œil par 
la forme, le mode de terminaison et d'insertion de ses fo- 


lioles. Cette terminaison et la connivence des bases dont . 


l'insertion cache le rachis ne distinguent pas moins cette 
espèce de l’Otozamites disjunctus. 

LocaTÉs. — Environs de Mamers et de Valognes, en 
France; Scarborough dans le Yorkshire, en Angleterre; 
étage bathonien. 


EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 103, fig. 2, fragment 
d’une fronde d’Otozamites graphiçus, grandeur naturelle, 


d’après une figure empruntée au Mémoire de M. Leckenby 
sur les plantes fossiles de l'Oolithe du Yorkshire. Fig. 3, 
fragment de fronde de la même espèce, d’après un échan- 


tillon de Mamers, recueilli en 1825 par M. Desnoyers et. 


figuré par M. Brongniart, grandeur naturelle. 


3° Greupe, — Type de l’Otozamites pterophylloides Brongn. 


Les espèces de ce groupe sont très-distinctes; elles ont 
des frondes rigides à rachis épais et des folioles nom- 
breuses, serrées, contiguës inférieurement, étroites et 


longues dans le reste de leur contour, tronquées oblique- . 


ment ou même arrondies au sommet, faiblement auricu- 


lées à la base. Quelquefois même une attention soutenue . 


est nécessaire pour permettre de distinguer l’auricule, tel- 
lement elle est peu prononcée. Par leur physionomie exté- 


rieure, ces espèces ressemblent à des Zamiteset à des Pte- : 
rophyllum, avec lesquels on serait tenté de les confondré ! 
si l’on ne tenait.pas compte de la nervation, surtout lorsque 


l’on a sous les yeux des empreintes se rapportant à la face 
inférieure des frondes. Les espèces de ce groupe sont plus 
particulièrement oolithiques,. Il est naturel d’y adjoindre 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 455 


l'Otozamites Goldiæi, Brongn. (pl. 95, fig. 4), et une partie 
au moins des échantillons du Yorkshire, signalés sous le 
nom d’Ofozamites acuminatus. Du moins un exemplaire de 
Scarborough, ainsi dénommé par M. Williamson et fai- 
sant parlie de la collection du Muséum de Paris (n° 4962), 
en présente les caractères et se distingue à peine de l’Oto- 
zamites pterophylloides lui-même. 


N° 9, — Otozamites Brongniartii. 
© PI. 403, fig. 4. 


Otozamites Brongniartü, Schimp., Traité de pal. vég., IL, p. 132. 


DiaGNose. — 0. frondibus rachi crassa instructis, foliolis 
dense confertis, basi contiquis, lneari-lanceolatis, oblique sur- 
sum acuminatis, basi subæqualibus, patentibus, 3 centim. cirer- 
ter longis, 6 millim. latis. 

Otozamites Bechei, Brongn., Tab. des genres, p. 105. 


Filicites Beché, Brongn., Ann. sc. nat., 17° re t. IV, p. 422, 
pl. 19, fig. 4. 


» M. Schimper a proposé de séparer de l’Otozamites Be- 
chei, espèce liasique d’Angleterre, imparfaitement connue, 
un échantillon de Mamers, figuré sous ce nom par M. Ad. 
Brongniart, et d'appliquer à la forme bathonienne fran- 
çaise le nom même du savant qui l’a fait connaître. Nous 
adoptons ce point de vue qui nous paraît le plus sûr, et 
nous décrirons l’Ofozamites Brongniartii tel que nous le 
montre la planche insérée en 1824 dans le tome IV des 
Annales des sciences naturelles. Grâce à la bienveillance de 
M. Desnoyers, membre de l’Institut, nous avons eu entre 
les mains les dessins originaux de cette planche, à défaut 


_ 


156 PALÉUNTOLOGIE FRANÇAISE. 


des fossiles eux-mêmes dont la plupart ont péri dans 1 
sac des collections du savant bibliothécaire du Muséum, pa 
suite de la dernière guerre. Notre figure, fidèlement cal 
quée, représente l’extrémité supérieure d’une fronde dé. 
garnie au sommet, mutilée à la base, dont le rachis, relati: 
vem ent épais, laisse voir la face inférieure ; il est pourvu di 
folioles serrées, contiguës à la base et se recouvrant mêm 
par les bords. L'auricule, peu développée, disparaît en par 
tie sous le rachis qui la cache ; la foliole se prolonge en des 
sinant un contour lancéolé-linéaire ; elle se recourbe légè 
rement et se termine par un sommet atténué en pointe ob 
tuse. Les détails de la nervation ne sont guère visibles, ot 
bien ils ont été imparfaitement rendus par le dessin ains 
que par la figure de M. Brongnian, qui dt attags exacte: 
ment celui-ci. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cette forme bathonienn 
diffère de l’Ofozamites pterophylloides, également batho 
nien, par des proportions plus faibles, des folioles plu 
courtes, moins linéaires, plus longuement atténuées et plu 
arquées vers le haut; mais il est naturel de Ja ranger dan 
le même groupe. 

LocaLiTÉ. — Mamers (Sarthe), étage bathonien, ancienn: 
collection de M. Desnoyers. 

EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 113, fig. 4, fragmen 
d’une fronde de l’Otozamites Brongniarti, Schimp., vue pa 
la face inférieure, d’après un dessin original comrauniqu 
par M. Desnoyers, grandeur naturelle. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 157 


N° 10. — Otozamites pterophyilloides, 


PI. 104, fig. 1-2, 105 ; 106, fig. 1-2; 107; 108, fig. 1 ; et 110, 
fig. 3. 
Otozamites pterophylloides, Brongn.,m.s. (in Coll. du Mus. d'hist. 
; nat. de Paris, n° 4920). 
— _— Schimp., Traité de pal. vég., IL, 
p. 173. 


 DiaGnose. — 0. frondibus magnitudine variantibus, sæpius 
robustis, rigidis, rachi crassa instructis, ambitu lato-linearibus, 
elongatis, basin versus decrescentibus, foliolis multiplicibus 
arcte racheos super ficiet insertis, basibus exacte conniventibus, 
viz obtusissimeque antice auriculatis, dein expansis vel pa- 
rum obliquis, linearibus, margine plerumque contiguis subcon- 
diguisque aut in junioribus imbricatis, apice autem subobli- 
que truncatis rotundatisque, nervulis plerisque longitudina- 
libus parallelisque, basilaribus autem exterioribusque ad mar- 
gines pro more divergentibus. 


Otozamites icaunensis (Sap.), Schimp., Traité de pal. vég., NH, 
E p. 174. 


È Cette espèce, figurée ici pour la première fois, caracté- 
rise très-bien en France le sommet de la grande Opolithe, 
c’est-à-dire le Bathonien supérieur, le Cornbrash et 
même l’Oxfordien inférieur. Nous en avons réuni ou des- 
iné successivément un nombre d'exemplaires assez con- 
sidérable pour nous permettre de l’examiner et de la dé- 
crire à coup sûr. 

Le nom spécifique de pterophylloides à été appliqué par 
Brongniart au spécimen d’Etrochey qui se trouve re- 
F oduit sur notre planche 105; il convient parfaitement à 


158 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


une forme qui présente, avec les caractères distinctifs des 
Otozamites, une partie de la physionomie extérieure pro- 
pre aux Plerophyllum, surtout si l'on s'attache aux em- 
preintes correspondant à la face inférieure des frondes. — 
Ces organes, qu’il est rare de posséder dans leur intégrité, 
sont grands, robustes, rigides, pourvus d’un rachis de 6 à 
7 millimètres dans sa partie moyenne, mais diminuant peu 
à peu vers le haut, et terminés inférieurement en un court 
pétiole, épais et cylindrique, tronqué nettement et par 
conséquent articulé et caduc. Cette dernière circonstance 
explique très-naturellement l’affluence des frondes dans 
certains lits. La forme de leur contour est allongée, large- 
ment linéaire vers le milieu de lear étendue, graduelle- 
ment rétrécie dans les deux directions, maïs par un mou- | 
vement assez rapide. Le mode de terminaison supérieure 
ne nous est connu que par un seul exemplaire, pl. 107, 
fig. 4, qui est notre ancien Ofozamites Icaunensis. En con-* 
sultant cette empreinte, qui constitue au plus uñe variété. 
du type ordinaire, à cause de ses folioles plus atténuées* 
au sommet, on reconnaît que le rachis commun, large. 
vers la base de 5 à 6 millimètres, s’amincit dans le haut 
jusqu’à ne plus mesurer qu’un seul millimètre de largeur 
_et, bien que mutilé, se termine à un point évidemment | 
voisin de l’extrémité supérieure. Les folioles suivent le’ 
mouvement du rachis; comme lui elles s’atténuent et di- 
minuent de longueur ; les plus élevées ne mesurent plust 
que 4centimètres au lieu de 3, sur une largeur de 5 à 
6 millimètres au lieu de 7. Il est probable par cet exemple” 
que la terminaison supérieure était plus obtuse et moins 
prolongée en pointe que l’inférieure. Celle-ci se laisse voir 
dans plus d’un cas. La figure 4, pl. 407, représente la! 
base d’une fronde d’Etrochey dont les folioles imbriquées: | 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 159 


et obliques se recouvrent mutuellement par les bords et 
dont le développement ne semble pas achevé. L’organe 
montre la face inférieure; les folioles qui le garnissent 
sont courtes, obtuses ou arrondies au sommet ; elles dimi- 
nuent insensiblement de longueur, depuis les plus élevées 
jusqu'aux dernières qui n’ont pas même 1 centimètre de 
long. L’échantillon figuré pl. 5 et celui de la pl. 406 sont 
spécifiquement identiques; il est impossible d’en douter ; 
tous deux représentent des portions moyennes de frondes 
dont la dimension devait être considérable et montrent la 


. face inférieure. L’un (pl. 405) a servi de type à M. Bron- 


éme 2 te us ak cé dt sé Dé AE ge is ane ESS 


À 
LA 


gniart pour l'établissement de l’espèce; il provient du 
Cornbrash d’Etrochey ; c’est un fragment dont le rachis est 
épais, dont les folioles, larges et courtes proportionnelle- 
ment, sont un peu obliques, généralement contiguës, et con- 
servent presque la même largeur de la base au sommet 
qui est tronqué-arrondi. Le spécimen de la planche 106 a 
été recueilli dans l’Oxfordien inférieur des environs de 
Poitiers, il est plus complet et mesure dans son intégrité 
25 centimètres environ. La fronde laisse entrevoir dans le 
bas l’origine du pétiole (pl. 106, fig. 2), partie que la di- 


. mension restreinte des planches nous a obligé de figurer 


à part. On voit que les folioles diminuent graduellement 
de longueur dans cette direction et se trouvent disposées 


comme dans les échantillons d’Eirochey. L’empreinte de 


Poitiers se trouve mutlilée au sommet sur un point vers 
lequel le rachis mesure encore 4 millimètres de largeur 


et où les folioles sont encore longues de 4 1/2 centimè- 
tres. Cette fronde, lorsqu'elle était complète, atteignait au 


moins 35, peut-être même 40 centimètres de longueur, y 
compris le pétiole. Les folioles ont la même forme que 
celles de l’échantillon type d’Etrochey (pl. 105), quoique 


160 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


un peu moins larges relativement ; elles sont un peu obli- 
ques, contiguës, longuement linéaires, à peine rétrécies et 
tronquées-arrondies au sommet. Les plus longues mesu- 
rent un peu plus de 5 centimètres; cette longueur di- 


, . minue très-insensiblement à mesure que l’on s’écarte de 


la portion médiane. — Un autre exemplaire de Poitiers, 
que nous avons recueilli nous-même dans la carrière des 
Lourdines, sous la direction de M. de Longuemar, consiste 
dans un lambeau dont les folioles un peu écartées et lon- 
gues de 4 1/2 centimètres environ sont moins obtuses que: 
dans le cas précédent, quelquefois même atténuées en une 
sorte de pointe lancéolée. Il s’agit cependant toujours de 
la même espèce et cette disposition constitue un passage 
vers la belle empreinte du Bathonien d’Ancy-le-Franc | 
(Yonne), pl. 108, fig. 1, que nous avons déjà citée et dont 
les folioles sont à la fois plus étroites, plus écartées, plus 
longues et plus pointues au sommet. C’est là notre Ofoza- 
miles icaunensis qui doit disparaître; de telles nuances 
en effet ne sont ni assez Constanies, ni assez marquées 
pour autoriser l’établissement d’une espèce distincte. 
— Si dans l’Ofozamites pterophylloides icaunensis les fo- 
lioles s’allongent et s’atténuent au sommet, il existe en 
revanche des exemplaires recueillis à Etrochey qui se 
font remarquer par des caractères opposés. Nos figures 1 
et 2, pl. 104, reproduisent les deux côtés d’une même 
empreinte que nous avons été tenté un moment de con- 
sidérer comme dénotant une espèce, Nous y reconnais- 
sons seulement une fronde âgée, brisée au sommet el dé- 
pouillée, par l'effet de la vétusté, d’une partie de ses folioles 
qui se sont désarticulées. Par suite de cette dernière cir- 
constance, la structure de l’ancienne fronde est très-nette- 
ment visible : le rachis, large et légèrement convexe à la 


rs. d'à 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 161 


face inférieure (fig. 2), se montre plus étroit, en partie 
caché par l'insertion des folioles, exactement contiguës à 
leur base, en partie découvert aux endroits d’où elles se 


sont détachées, sur l’autre face (fig. 1). Les folioles sont 


plus courtes que dans les exemplaires précédemment dé- 
crils; ellesmesurent 4centimètres au lieu de à ou de 4 1/2; 
elles sont aussi plus étalées; elles se touchent presque par 
les bords et se terminent par un sommet obliquement 
tronqué en une pointe obtuse. On voit par cet exemplaire 
(pl. 104, fig. 1),le seul qui corresponde à la face supérieure 
d’une fronde, que les bases des folioles, exactement em- 
boîtées, étaient à peine dilatées en auricule, bien que 
l'existence même de cette auricule ne puisse être mise en 
doute et que les nervures soient disposées absolument 
comme dans les autres Otozumites. C’est ce que montre en 
effet la figure 4°, pl. 104, qui représente deux folioles faible- 


. ment grossies, ainsi que la figure 3, pl. 119, qui fait voir 


la base d’une jeune fronde de l’Otozamites pterophylloides, 


. dont la figure 3: représente plusieurs folioles grossies, avec 
_ la nervation. 


Cette dernière figure prouve en même temps qu'à 


. l'exemple des Macrozamia actuels, les Ofozamites avaient 


une vernation érigée-imbricative et que les folioles de 
leurs frondes se recouvraient mutuellement par les bords 
avant l’entier développement de l’organe. Les figures com- 


» muniquées par M. de Zigno et que nous avons placées 
: sur notre planche 76 concordent sous ce rapport avec 
+ les indices fournis par les exemplaires recueillis en 
France. 


RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L’Ofozamites pterophylloides 


- ainsi décrit et limité, en lui réunissant l’O. icaunensis à titre 
de diversité individuelle , a dû recouvrir à un moment 


VÉGÉTAUX. — J. 11 


162 _ PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


donné, vers le milieu de la période oolithique, l’étendue 
entière du sol émergé de la France, depuis la Côte-d'Or 
jusqu'aux confins de la Vendée et de la Bretagne. Nous 
trouvons à cette espèce une très-grande similitude avec l'O. 
acuminatus, Brôngn. (Otopteris acuminata, Lindl. et Hutt.), 
sinor par la figure, probablement fautive, insérée par Lindley 
dansle Fossil Flora, du moins avec un exemplaire du York- 
shire, donné sous ce nom par M. Williamson et faisant 
partie de la collection du Muséum de Paris, Nous figurons 
(pl. 107, fig. 3) une partie de cet échantillon comme terme 
de comparaison entre la forme anglaise et la nôtre, dont 
elle ne constitue peut-être qu’une race. L’empreinte du 
Yorkshire montre la face supérieure d’une fronde dont le 
développement n’est pas encore achevé. On reconnaît effec- 
tivement que les folioles étroitement serrées et imbriquées : 
se recouvrent mutuellement par les bords, particularité 
qui empêche de bien saisir leur véritable largeur. 
LocaLITÉs. — Ancy-le-Franc (Yonne), étage bathonien ; 
Etrochey près de Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or), Corn- 
brash; coll. du Muséum de Paris, de M. Jules Beaudoin 
et la nôtre; environs de Poitiers (Vienne); carrière des 
Lourdines, étage oxfordien inférieur. 
EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 104, fig. 1, fronde d’Oto- 
zamites pterophylloides, probablement âgée, vue par la face 
supérieure, d’après un spécimen de notre collection, pro- 
venant d’Etrochey (Côte-d'Or), grandeur naturelle ; fig. 4°, | 
deux folioles faiblement grossies avec la nervation. Fig. 2, 
face inférieure de la même fronde avec le pétiole complet, 
grandeur naturelle. — Pi. 105, portion médiane d’une. 
autre fronde de la même espèce, vue par la face inférieure, 
grandeur naturelle, d’après un exemplaire recueilli à 
Etrochey par M. le colonel Moret, en 1848, et faisant par- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 163 


tie de la collection du Muséum de Paris (n° 4920). — 
PI. 106, fig. 4, portion médiane d’une autre fronde de la 
même espèce, vue par la face inférieure, d’après un échan- 
tillon provenant de l’Oxfordien inférieur des environs de 
Poitiers (Vienne) et faisant partie dela collection de M. le 
docteur Constantin, grandeur naturelle; fig. 2, continua- 
tion inférieure de la même fronde jusqu’à la naissance du 
pétiole, grandeur naturelle. — P1. 107, fig. 4, partie infé- 
rieure d’une fronde jeune de la même espèce, vue par la 
. face inférieure, grandeur naturelle, d’après un échantillon 
d’Rtrochey faisant partie de la collection de M. Jules 
Beaudoin et dessiné sur un moule. Fig. 2, autre fragment 
d’une grande fronde de la même espèce, d’après un échan- 
tillon recueilli dans la carrière des Lourdines, près de 
Poitiers, grandeur naturelle. Fig. 3, fragment d’une fronde 
» d'Otozamites acuminatus, Brongn. (Otopteris acuminata, Lindi. 
. et Huitt.), vue par la face supérieure, grandeur naturelle, 
. d’après un exemplaire de Scarborough, donné par M. Wil- 
» liamson à la collection du Muséum de Paris, communi- 
. qué par M. Brongniart et étiqueté par lui, grandeur natu- 
 reile. — PI. 408, fig. 4, partie supérieure d’une fronde 
… d’Otozamites pterophylloides, var. icaunensis (Otozamites 
4 icaunensis, (Sap.) Schimp.), vue par la face inférieure et 
à munie de folioles plus allongées, plus étroites et plus at- 
È ténuées au sommet que dans le type le plus ordinaire, 
… d'après un exemplaire recueilli à Ancy-le-Franc (Yonne) 
_ par M. Cotteau et communiqué par lui, grandeur naturelle. 
1 — PI, 110, fig. 3, base d’une jeune fronde d’Ofozamites 
ê pterophylloides, vue par la face supérieure (contre-em- 
 preinte de la fig. 4, pl. 107), grandeur naturelle ; fig. 3, 
ñ plusieurs folioles grossies avec les détails de la nervation . 


164 PALÉONTOLOGIE: FRANÇAISE. 


4° Groupe. — Type de l’Otozamites Reglei, Brongn. (Cycloza- 
mites, Pom.). 


Les espèces qui viennent se ranger dans le quatrième 
groupe possèdent une physionomie commune, qui les fait 
aisément reconnaître, et forment une sorte de sous-genre 
pour lequel M. Pomel avait proposé le nom de C'yclozamites. 
Leurs frondes sont de dimension médiocre ou même tout à 
fait débiles. Ces dernières s’écartent de l’idée que nous nous 
faisons actuellement des Cycadées et témoignent de l’exis- 
tence ancienne, dans cette famille, de plantes herbacées, 
comparables aux plus petites Fougères. Plusieurs de 
ces espèces ont été effectivement rangées à plusieurs re- 
prises parmi les Fougères, à côté des Neuropteris et des. 
Cyclopteris dont elles reproduisent l'aspect par la forme et 
la nervation de leurs pinnules. Cependant, lorsque l’on 
examine de près les frondes de cette catégorie, on est bien 
forcé de convenir qu’elles ne diffèrent des Ofozamites pro- 
prement dits par aucun caractère différentiel de quelque 
valeur, sauf la taille qui ne peut pas évidemment, à elle 
seule, faire obstacle à leur réunion à ce genre. 

. Le rachis, dans ce groupe, est généralement mince, le 
contour des frondes étroitement linéaire ; les folioles sont 
nombreuses, courtes, ovales ou arrondies-oblongues, obs- 
curément auriculées à Ja base sur le côté antérieur ; sou- 
vent même cetle auricule caractéristique ne se trouve 
accusée que par une sinuosité peu marquée ou, dans d’au- 
tres cas, elle disparaît pour faire place à une simple iné- 
-_ galité dans la direction des nervures qui divergent du point 
d’attache vers le bord des folioles. Ces organes sont tantôt 
contigus, tantôt plus ou moins écartés ; mais, comme l’on 
distingue Lous les passages de l’une à l’autre de ces dispo- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 165 


sitions, dans les limites d’une même espèce, on est bien 
forcé de convenir que l'age contribuait à les produire et 
que les folioles, d’abord serrées et imbriquées de manière 
à se recouvrir mutuellement par les bords, s'éloignaient 
ensuite les unes des autres, à mesure que la fronde ache- 
vait son évolution. Ce mouvement est justement celui que 
nous avons observé dans tous les Ofozamites, comine ca- 
ractéristique et dénotant la vernation érigée-imbricalive 
de leurs frondes. C’est là une disposition entièrement in- 
connue chez les Fougères, normale au contraire chez un 
grand nombre de Cycadées et qui justifie entièrement le 
classement des Otozamites du quatrième groupe. 
En revanche, nous ne devons attacher aucune impor- 
tance à une particularité que l’on observe chez un certain 
nombre de ces Otozamites et sur laquelle M. Schenk s'était 
| basé pour les reporter tous parmi les Fougères, en réta- 
blissant le genre Ofopteris de Lindley. Nous voulons parler 
du repli marginal souvent visible à la page inférieure des 
_ folioles. Les espèces françaises nous offriront des exemples 
. de ce repli qui se montre aussi dans l'Otozamites Mandelslohi, 
. Kurr, chez certaines formes des Alpes vénitiennes, et qui 
. semble autotalcaractériser les espèces du quatrième groupe. 
. Cette particularité est purement accidentelle etrésulte sans 
. doute de la contraction des folioles, coriaces malgré leur 
; petite taille et dont la face supérieure était plus ou moins - 
i convexe, l’inférieure devenant concave, tandis que la marge 
_se repliait en dessous sur elle-même. Il n’y a rien là qui 
-autorise à supposer l’existence d’un mode de früctification 
_hypophylle de la nature de celui des Pteris et des Cheilan- 
_ches. Ainsi, en résumé, l'aspect des frondes, malgré leur 
* pelitesse, leur vernation, la forme, la disposition, la con- 
: sistance, la nervation des folioles et la présence chez elles 


3 
5 


166 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


d’une inégalité basilaire, qui répond à l’auricule caracté- 
ristique, rangent très-nalurellement les Cyclozamites à la 
suite des Ofozamites, dont ils ne se distinguent réellement 
que par la faible dimension de leurs frondes. Ils ne cons- 


, . tituent pas même un sous-genre, mais simplement un 


groupe un peu plus accentué que les précédents dans le 
sein d’un genre plus diversifié et plus nombreux qu'aucun 
autre, parmi les Cycadées de l’ancien monde. 


N°11. — Otozamites microphyllus. 


P1. 108, fig. 2. 


Otozamites microphyllus, Brongn., Tab. des genres de vég. foss., 
p. 106. 


DIAGNOSE. — 0. frondibus gracilibus, ambitu longe linea- 
ribus, elongatissimis basin versus, sensim angustatis,rachi tenui 
* donatis, foliolis laxe insertis, breviter ovatis, basi rotundatis, 
antice vix obtusissime auriculatis, nervulis ex insertionis loco 
undique ad marginem divergentibus. 


Cette élégante espèce, figurée ici pour la première fois, 
pe nous est connue que par un dessin de M. Brongniart, 
exécuté en 1845 d’après l’échantillon original déposé au 
-Musée du Mans. La fronde, mutilée au sommeil, se prolonge 
quelque peu au-dessus du point où s’arrêle notre figure ; 
elle est longue d'environ 18 centimètres, étroitement li 
néaire, avec des folioles insensiblement décroissantes vers » 
Je bas de l'organe, et adhérentes à un rachis très-mince. « 
L’empreinte correspond à la face supérieure. Les folioles 
sont éparses, un peu obliques, assez dislantes, obscuré- 
ment, mais visiblement auriculées à leur base antérieure, 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 167 


ainsi que le montre la figure 2* qui représente deux folioles 
grossies avec les détails de la nervation. Les plus grandes 
de ces folioles, qui sont en même temps les plus élevées, 
mesurent seulement 14 millimètres de longueur ; elles 
sont ovales, arrondies aux deux extrémités, élargies et iné- 
gales à la base qui se contracte à l’endroit de l'insertion et 
se dilate antérieurement pour donner lieu à l’auricule. Ces 
folioles diminuent insensiblement en approchant de la 
base; elles deviennent en même temps moins sensible- 
ment inégales ; leur contour se montre ovale-cordiforme, 
puis tout à fait rond ; les dernières se recouvrent mutluel- 
lement et touchent sans doute à l’origine du pétiole qui 
n’est cependant pas conservé. 

- RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L'Ofozamites microphyllus, 
Brongn., ressemble surtout aux Ofozamites Bunburyanus, 
Zigno (voy. pl. 95, fig. 3-4), et Trevisani, Zigno (voy. pl. 96, 
fig. 4), de l’Oolithe des Alpes vénitiennes. Il diffère pour- 
tant du premier par des folioles plus ovales et plus distinc- 
tement auriculées et du second parce que ces mêmes fo- 
lioles sont plus obliques et moins arrondies au sommet. Ce 
sont là pourtant, il faut le reconnaître des formes dont 
l’affinité mutuelle est visible. 

LOcauITÉ. —-Saint-Paler, près Alençon (Orne); étage 
bathonien ; coll. de la ville du Mans... 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 108, fig. 2, partie infé- 
rieure d'une fronde d’Otozamites microphyllus, Brongn., vue 
par la face supérieure, grandeur naturelle, d’après un 
croquis original communiqué par M. Brongniart ; fig. 2, 
“deux folioies grossies pour montrer le mode d’insertion et 
les nervures, d’après le même auteur. 


168 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


N° 12. — Otozramites marginatus. 


PI. 109, fig. 1. 


DrAGNOSE. — 0. frondibus deorsum sensim angustatis, rachi 
tereti strictoque donatis, foliolis coriaceis racheos super ficiem 
tegentibus, arcte contiquis imbricatisque, ambitu late ovatis, 
basi subinæqualiter rotundatis, marginibus subtus revolutis, . 
nervulis ex insertionis loco ad margines undique divergentibus, 
pluries dichotome furcatis. | 


Nous ne connaissons qu’un fragment, très-peu élendu, 
de celte espèce curieuse à plus d’un titre. Ce fragment, in- 
crusté dans un grès très-dur, se rapporte à la partie infé- … 
rieure d’une fronde dont le rachis est demeuré caché dans 
l’intérieur de la roche, tandis que les folioles qui le recou- 
vrent sont seules visibles. Notre figure reproduit exäcte- 
ment l’aspect de l’échantillon original ; on dirait une fronde 
laissant voir sa face supérieure, mais comme il s’agit | 
d’une empreinte et que le tube correspondant au rachis 
existe par-dessous, il en résulte que nous avons en réalité 
sous les yeux un moulage de la page inférieure des folioles 
qui sont distinctement marginées par suite d’un repli con- 
tinu de leurs bords; ainsi que le font voir nos figures 4* 
et 4 qui restituent à deux de ces folioles leur apparence 
véritable. En examinant attentivement l'empreinte en … 
question on reconnaît donc que les folioles de la fronde : 
fossile, étroitement serrées les unes contre les autres, 
-adhéraient à un rachis de forme cylindrique par un pédi- | 
cule assez long pour que le sable fin, plus tard consolidé, 
ait pu s’introduire entre les rachis et les folioles de manière 
à opérer le moulage de la page inférieure de celles-ci, tout . 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 169 


en recouvrant celui-là. Peut-être s'agit-il ici d’une fronde 
jeune dont les felioles, d’abord pressées et même imbri- 
quées se seraient ensuite écartées en se développant; mais 
l'échantillon unique sur lequel nous sommes bien obligé 
de nous baser, et qui n’est lui-même qu’un fragment, nous 
ôtela possibilité d'émettre une opinion de ce genre, sinon 
à titre d’hypothèse. Nous sommes forcément réduits à la 
description d’un petit nombre de folioles. Les plus rap- 
prochées de la base sont fort petites, érigées et ovales ; 
elles grandissent par une gradation assez rapide et les 
supérieures se montrent plus largement ovales ou sub- 
orbiculaires, toujours obliques, contiguës ou même se 
recouvrant mutuellement par les bords, dont le repli fort 
net conslitue, ainsi que le font voir les figures grossies 1* 
et 4°, un ourlet continu qui-cerne entièrement la foliole. La 
base est arrondie, cordiforme, un peu inégale, c’est-à-dire 
légèrement dilatée sur le côté antérieur. Cette inégalité 
est le seul indice de l’auricule caractéristique qui se pro- 
nonçait peut-être davantage dans les folioles de la partie 
médiane, que nous ne connaissons pas. Ces folioles, à en 
juger par le rapide accroissement de celles qui sont situées 
vers le haut du fragment, acquéraient sans doute des di- 
mensions considérables. ]I nous paraît impossible de pré- 
juger de la forme générale de la fronûe eile-même, ni de 
ses proportions. — Les nervures, visibles à la loupe sur les 
plus petite$ folioles, partaient du point d'attache pour di- 
verger vers les bords, en se bifurquant une ou deux fois 
par dichotomie. Nos figures grossies donnent une idée fort 
exacte de cette disposition. 
RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — D’après une étiquette de 
M. Brongniar!t, jointe à l’échantillon, ce savant aurait été 
tenté de reconnaître l’Ofozamites Bean dans cette espèce, 


170 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


mais trop de différence existe entre la forme et la disposi- 
tion des folioles dans les deux espèces pour que l’on 
adopte cette idée (voy. pl. 95, fig. 2, une figure exacte de 
l'O. Beanü). L’Otozamites marginatus ressemble bien davan- 
* tage aux Ofozamites Bunburyanus et Trevisani, Ligno, dont 
nous avons déjà parlé à propos de la précédente espèce. Il 
se rapproche également de cette dernière, mais ses pro- 
portions plus fortes, la forme largement ovale de sesfolioles, 
leur repli marginal si prononcé, empêchent de le confondre 
avec aucun d’eux, tout en le rangeant très-naturellement 
à leur suite dans le même groupe. 

LOcALTÉ. — Orne, grès jurassique; étage bathonien (?). 
— Coll. du Muséum de Paris, envoi de M. Hérault en 1845 
(n° 2379 du catalogue). | 

EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 109, fig. 4, empreinte de 
la partie inférieure d’une fronde d’Ofozamites marginatus, 
vue par-dessous et déposée sur un grès siliceux d’un grain 
très-dur, grandeur naturelle; fig. 1° et 4», deux folioles 
isolées grossies pour montrer le repli marginal et la dis- 
position des nervures. 


N° 13. — Otozamites Reglei. 


PI. 109, fig. 2-7. 


Otozamites Reglei, Sap., PI. jur. ms. | 
— — Schimper, Traité de Pal. vég., HE, p. 172. 


DIAGNOSE. — 0. frondibus valide petiolatis, rachi subtus 
crassiore, supra tenui foliolorumque insertione plerumque 
tecta, foliolis tum distantioribus tum contiguis imbricatisque, 
sæpe margine sublus revoluto cinctis, breviter ovatis, apice 
rotundatis, basi subcordatis obtusissimeque ad latus anticum 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 171 


sinuato-auriculatis, nervulis tenuissimis ex insertione folio- 
lorum ad margines undique divergentibus. 


Filicites Reglei,  Brongn., Ann. sc. nat., 1r° série, t. IV, p.421, 
pl. 19, fig. 2. 
— — Sternb., Vers., IL, p. 174. 
_— — Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 158. 
Pecopteris Regiei, Brongn., Hist. des vég. foss., 1, p. 365, 
pl. 130, fig. 2; Tab. des genres de véy. 
foss., p. 105. 


L'ancien Filicites Reglei de M. Brongniart (fig. 2, pl. 109), 
publié par ce savant en 1824, n'était qu’un fragment 
trouvé aux environs d'Alençon dans un calcaire oolithique 
d’un grain trop grossier pour laisser voir d’autres détails 
que le contour extérieur des folioles et la saillie du ra- 
chis auquel elles paraissent adhérer par toute leur base. 
L’empreinte se rapportait visiblement à la face inférieure 
d’une fronde, et la figure, d’ailleurs fortexacte, de M. Bron- 
gniart ne fournissait aucun caractère qui pût servir de 
guide pour son attribution à un genre déterminé. La dé- 
couverte postérieure d’une série d'échantillons identiques 
à celui d'Alençon, près de Baume-les-Dames (Doubs), vers 
le même niveau géognostique, a fait disparaîiire tous les 
doutes et permet de ranger sûrement celte espèce parmi 
les Otozamites. Il suffit pour s’en convaincre de jeter les 
yeux sur ceux des spécimens de Baume-les-Dames qui cor- 
respondent exactement à la face inférieure d’une fronde 
(fig. 3 et 4, pl. 109). Leur ressemblance avec l’exemplaire 
primitif de M. Brongniart est évidente, et comme dans 

celui-ci, les folioles arrondies au sommet et presque con- 
tiguës latéralement, ont l’air d’être soudées au rachis par 
toute leur base. Ici, cependant, la nervation est appa- 
rente, et la disposilion caractéristique des veines, qui : 


172 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


partent du point d’altache pour diverger vers les bords et 
plus particulièrement vers le bord antérieur, oblige de re- 
connaître la structure distinctive des Ofozamites. Ainsi 
que cela a lieu chez ces derniers, les pinnules ne sont nul- 


,. . lement soudées au rachis par leur base, mais cet organe 


vu par-dessous recouvre leur point d'insertion. Au con- 
traire, dans les trois exemplaires qui correspondent à la 
face supérieure, les folioles sont intégralement visibles, 
ovales et ellipsoïdes, arrondies au sommet, légèrement 
cordiformes et obscurément auriculées à la base. Insérées : 
par un point contracté et calleux situé au milieu de cette 
base, elles ne diffèrent pas de celles des divers Ofozamites 
que nous venons de décrire et ressemblent particulière- 
ment aux O. Bunburyanus, Ligno, et microphyllus, Brongn. 
Grâce aux divers échantillons que nous réproduisons et 
qui tous proviennent de la même localité, nous pouvons 
reconstruire intégralement les frondes de cette élégante 
“espèce. Le rachis, assez épais à la face inférieure, est 
mince et en grande partie recouvert par les folioles sur 
l’autre face. Le contour général est étroitement linéaire, 
atténué aux deux extrémités, mais plus insensiblement 
vers le sommet qu’à la base. La figure 3 montre la sommité 
d’une fronde, vue par la face inférieure, dont les folioles 
se touchent ou même se recouvrent par les bords et dimi- 
nuent peu à peu jusqu’à la plus élevée. L’extrémité seule 
semble accidentellement tronquée. Les figures 5 et 6 se 
rapportent à des portions de frondes voisines du milieu où 
rapprochées de la base et qui correspondent à la face su- 
périeure. Les fololes sont un peu plus écartées, mais leur 
forme et leur nervation sont toujours les mêmes. La figure 
4 est celle de toutes dont la ressemblance avec l’exem- 
plaire primitif d'Alençon est le plus frappante; elle mon- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 473 


tre, comme lui, la face inférieure. Le rachis est assezlarge, 


sillonné longitudinalement, garni de folioles arrondies au 


sommet, presque contiguës par les bords, diminuant in- 
sensiblement jusqu’à la dernière qui est arrondie, plus 
petite que les autres et qui marque sans doute l’endroit 
où commence le pétiole. Celui-ci est complet dans l’é- 
chantillon de la figure 7 : il est long de 2 1/2 à 3 centi- 
mètres, un peu tordu, sillonné longitudinalement, dilaté 
vers la base et nettement tronqué à l’extrémité. Vers son 
sommet on aperçoit une première foliole avortée, puis 
les autres se succèdent à des distances assez rapprochées, 
d’abord ovales, puis ellipsoïdes et finalement pareilles à 
celles qui occupent la partie médiane des frondes. L’or- 
gane entier, y compris le pétiole, atteignait probable- 
ment une longueur de 12 à 15 centimètres. La figure 7° 
reproduit une foliole isolée, grossie, choisie, non parmi 
les plus caractéristiques par leur forme, mais parmi celles 
dont la nervation est la plus visible, On voit que l’auricule 
ne consiste qu’en une sorte de dilatation plus prononcée 
sur le côté antérieur que sur l’autre et qui rend la base 
inégale. Cite base, arrondie sur les côlés, se trouve légè- 
rement émarginée-cordiforme à l’endroit de l'insertion, et 
de ce point partent des veines plusieurs fois bifurquées- 
dichotomes qui divergent vers le bord de la foliole. Ces 
veines sont très-fines, mais elles paraissent moins: serrées 
et moins nombreuses que dans d’autres Ofozamites. — Les 
folioles des empreintes qui répondent à la face inférieure 
(fig.3 et 4) paraissent légèrement marginées par un mince 


repli le long des bords; mais ce caractère qui se montre 


dans la plupart des Ofozamites du quatrième groupe est bien 
moins prononcé dans l’O. Reglei que dans l'O. marginatus. 
Il se retrouve plus marqué encore dans l’Otozamites Man- 


174 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


delsloh:i, du Lias supérieur de Ohmden, espèce visiblement 
alliée de près à l’0. Reglei et faisant certainement partie 
de la même section. 

Rapports ET DirrÉRENCEs. — Les folioles brièvement 


. . oblongues, arrondies au sommet, parallèles par les côtés, 


inégales et sub-cordiformes à la base, suffisent pour faire 
distinguer l'O. Reglei de l'O. Bunburyanus, dont les folioles 
sont plus arrondies et plus petites. Il se sépare plus 
difficilement peut-être de l'O. microphyllus, Brongn., dé- 
crit plus haut, dont les folioles sont cependant plus courtes, | 
plus distinctement auriculées, le rachis plus grêle et la 
forme plus élancée. 

Nous constatons une affinité plus étroite encore entre 
l'O. Reglei et l'O. Mandelslohi (Kurr), Schimp., que nous 
venons de citer. Cependant en rapprochant des exem- 
plaires de Baume-les-Dames un très-bel échantillon de 
Ohmden, dont nous devons la communication à M. Schim- 
per et qui a été donné en 1831 par le comte de Mandels- 
lohe lui-même, nous observons que le rachis vu par la 
face inférieure est plus épais, la fronde plus robuste, que 
les folioles sont plus élargies inférieurement et au total 
plus rondes que dans aucun spécimen de l’O. Reglei, Au 
reste, celui-ci est une forme caractéristique du Bathonien, 
aussi bien dans l’est que dans l’ouest de la France, tandis 
que l’O. Mandelslohi a été trouvé dans les schistes à posi- 
donies du Liàs supérieur. La distance verticale qui sépare 
les deux niveaux est assez grande pour motivér les diver- 
gences plus ou moins sensibles qui empêchent de confon- | 
dre des espèces, alliées cependant de fort près. 1 

LOGALITÉS. — Environs d'Alençon (Orne), étage batho- 
nien; Pont-les-Moulins près de Baume-les-Dames (Doubs); 
calcaire de l’Oolithe inférieure vers la basé de la formation, 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 175 


étage probablement bathonien, — Coll. du Muséum de 
Paris et la nôtre. 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 109, fig. 2, Ofozamites 
Reglei, fragment de fronde, vu par la face inférieure, gran- 
deur naturelle, d’après une figure empruntée à la Notice 
de M. Brongniart sur les végétaux fossiles de Mamers et 
représentant une empreinte trouvée aux environs d’Alen- 
çon par M. Regley. Fig. 3, sommité d’une fronde de la 
même espèce, vue par la face inférieure, grandeur natu- 
relle; d’après un échantillon recueilli à Pont-les-Moulins, 
près de Baume-les-Dames (Doubs), par M. Ebelmen, en 
1850, et faisant partie de la collection du Muséum de Pa- 
ris. Fig. 4, autre fragment de fronde de la même espèce, 
vu par la face inférieure, grandeur naturelle, même pro- 
venance que pour l'échantillon précédent. Fig. 5, por- 
tion médiane d’une autre fronde de la même espèce, vue 
par la face supérieure, grandeur naturelle; d’après un 
échantillon de la collection du Muséum de Paris, recueilli 
dans la même localité que les précédentes par le docteur 
Le Faivre d’Esnac, en 1846. Fig. 6, aulre fragment de 
fronde de la même espèce, même provenance. Fig. 7, 
partie inférieure d’une autre fronde d’Otozamites Regler, 
y compris le pétiole, recueillie par M. le professeur Co- 
quand à Baume-les-Dames et faisant partie de notre col-. 
lection, grandeur naturelle; fig. 7°, foliole isolée, 
grossie. 


La 


5° Groupe. — Type de l’Ofozamiles Beanii (Lindl. et Hutt.), 
- Brongn. (Rhombozamites, Schimp. — Spheno- 
zamites, ex parte, Brongn.). 


Les Otozamites de ce cinquième groupe ménagent une 
… sorte de transition vers les Sphenozamites que nous aborde- 


176 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


rons après eux. Ce sont des espèces élégantes dont les 
frondes présentent des folioles plus ou moins larges, mais 
généralement courtes proportionnellement à leur largeur et 
dont les bases dilatées antérieurement, arrondies où tron- 


,  quées postérieurement, sont toujours plus ou moins conni- 


ventes, posées à plat, et recouvrant en totalité ou en partie 
la superficie du rachis. Ces folioles articulées à leur point 
d'insertion, se détachaient aisément des frondes âgées dont 
les rachis se montrent souvent plus ou moins dégarnis. Les 
Otozamites de cette section se trouvent dans le Bathonien; 
ils disparaissent ensuite rapidement, et l’on peut dire que 
leur présence coïncide avec l’apogée des Otozamites, alors 
dans l'éclat de leur dernier et suprême épanouissement. Par 
l'ampleur du limbe, l’auricule peu développée en saillie, 
ces sortes d’Otozamites pourraient être confondus avec les 
Sphenozamites, au nombre desquels Brongniart avait 
d’abord proposé d'inscrire l'O. Beanü. Cependant, mal- 
-_ gré l’ampleur du feuillage, rien dans la forme des folioles, 
ni dans leur insertion et dans la disposition des nervures, 
n’aulorise une pareille assimilation. L’O. Bean et les 
espèces qui se groupent autour de lui sont bien réelle- 
ment des Otozamites, mais des Otozamites plus ressemblants 
que les autres aux Sphenozamites. La distance entre les 
deux genres s’amoindrit par leur moyen; elle disparai- 
trait pour peu que l’on rencontrât quelque forme encore 
inconnue, dont la liaison avec les Sphenozamites fût encore 
plus étroite et plus intime que chez les suivantes. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 477 


N° 14. — Otozamites decorus. 


PI. 140, fig. 4, et 444, fig. 1-2. 


DIAGNOSE. — 0. frondibus valide petiolatis, ambitu late 
oblongis, rächi subtus crassa instructis, foliolis racheos super- 
ficiei insertis articulatis, tendemque sæpe caducis, basibus in- 
ter se exacte conniventibus rachinque tegentibus, antice obtu- 
sissime auriculatis ovato-lanceolatis, apice breviter sensim 
acutis. 
 Otozsamites elegans Sap. (non Brongn.), PI. jur. ms. 
| - — Schimp., Traité de pal: vég., M, p. 174. 


M .Brongniart ayant autrefois donné le nom d’Otozamites 
elegans (Tab. des genres de vég. foss., p. 106.) à une espèce 
de Witby, demeurée inédite, nous remplaçons le terme 
que nous avions d’abord appliqué au remarquable Oto- 
-zomites d'Etrochey que nous allons décrire par celui de 
| decorus ; nous éviterons ainsi une confusion toujours re- 
“grettable, même lorsqu'il s’agit d’une forme condamnée 
“depuis longtemps à l'oubli, faute d’une publicité suffisante. 
Celle duCornbrash dela Côte-d'Or nousest connue par deux 
spécimens que nous figurons l’un et l’autre. Le premier, 
plus petit (pl. 410, fig. 1) et plus incomplet, fait partie de 
Ma collection de M. Jules Beaudoin, qui a bien voulu nous le 
“communiquer: Il représente une fronde sans doute âgée, 
|mutilée au sommet : ra se trouve pri de MONS: mais 


Pmanquent les folioles, disparaît entièrement sous ces 
+ VÉGÉTAUX. — J. 12 


178 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


organes insérés à plat, exactement connivents par leurs 
bases. Leur contour est ovale-arrondi et également cor- 
diforme à la base, lancéolé au sommet qui se termine par 
une pointe obtuse et peu prolongée. L’auricule caracté- 
ristique est visible, mais largement arrondie et peu sail- 
lante. La figure 1°, pl. 119, représente trois de ces folioles 
grossies et laisse juger de tous les détails de la nervation. 
— Le second spécimen, mutilé au sommet comme le pre- 
mier (pl. 111, fig. 1), est intact dans le sens opposé, y 
compris le pétiole (fig. 2) qui est épais, cylindrique, long 
de 6 centimètres et neltement tronqué à la base, La 
fronde montre la face supérieure dans Pexemplaire que 
nous figurons; les folioles les plus inférieures sont à peine 
plus courtes que les suivantes qui mesurent un peu plus 
de 4 centimètres de long : elles sont plus grandes que 
celles du premier exemplaire, mais leur forme ovale-lan- 
céolée est la même, La plupart des folioles situées vers 
le haut de la fronde se irouvent mutilées naturellement ou 
même rongées; leur consistance ne semble avoir rien eu 
de tout à fait coriace. L’empreinte correspondante à la 
face inférieure de la même fronde existe dans notre col- 
lection ; le rachis s’y montre épais et saillant, marqué de 
stries longitudinales, interrompu au sommet par une 
cassure naturelle, Sa largeur à cet endroit se trouve ré- 
duite à 2 4/2 millimètres, au lieu de 4 millimètres qu’il 
mesure dans le bas. La fronde, en admettant qu’elle se 
prolongeait encore de plusieurs centimètres, n’excédait 
2 décimètres dans aucun cas; elle était donc de taille mé- 
- diocre, surtout si l’on a‘égard à la proportion des fo-w 
lioles. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L’Ofozamites decorus diffère 
beaucoup de l'O. Beant (voy. pl. 95, fig. 2), dont les fo- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 179 


lioles sont largement arrondies-ellipsoïdes. Il se rapproche 
davantage de l'O. Molinianus Zigno, de l'Oolithe du Vicen- 
tin : mais les folioles de celui-ci sont tout à fait obtuses et 
ne sauraient être confondues avec celles de l'espèce 
d’Etrochey. 

LocauiTÉ. — Etrochey, près deChâtillon-sur-Seine (Côte- 
d'Or), étage bathonien supérieur ou Cornbrash; coll. de 
M. Jules Beaudoin et la nôtre. 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 410, fig. 4, fronde d’Oto- 

_ zamites decorus, vue par la face supérieure, grandeur na- 
turelle d’après le moule d’un échantillon appartenant à 
M. Jules Beaudoin et communiqué par lui, grandeur natu- 
relle ; fig. 4*, plusieurs folioles grossies du même échan- 

- tillon. — PI. 444, fig. 4, autre fronde de la même espèce, 

. vue par la face supérieure, d’après un échantillon de no- 

» tre collection, grandeur naturelle; fig. 2, pétiole complet 

| du même échantillon, grandeur naturelle. 


N° 15. — Otoramites lagotis. 
| PI. 440, fig. 2. 


| Otozamites lagotis  Brongn., Tabl. des genres de vég. foss., p.106. 
DrAGNOSE. — 0. frondibus validis, rachi crassa cylindrica 
pr instructis, pinnis remotiusculis patentibus late 
S » oblongo-ovatis; apice vix attenuato rotundatis, basi insertionis 
» loco contractis, subæqualiter lunato-cordatis, nervulis multi- 


_plicibus undique divergentibus fere imperspicuis. 


“Filicites lagotis, Brongn., Ann. sc. nat., t. IV, p. 422, pl. 19, 
£ fig. 5. 

“Lamites lagotis,  Brongn., Prodr., p. 94. 

 — — Ung., Gen, et sp. pl. foss., p. 284. 


180 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


L'attribution de celte espèce demeure entachée de 
quelque doute à cause du mauvais état de l'empreinte sur 
laquelle elle a été fondée et du grain oolithique de la ro- 
che de Mamers. On distingue sur la figure de M. Bron- 


, gniart, que nous reproduisons d’après un calque du 


dessin original (4), un rachis épais, probablement cy- 
lindrique, légèrement flexueux, conservé dans une par- 
tie de son étendue seulement, car la fronde à laquelle il se 
rapportait était vraisemblablement de grande taille. Le 
long de ce rachis sont rangées, dans un ordre alterne, 
plusieurs folioles la plupart mutilées au sommet ou sur 
les bords, mais dont le mode d'insertion à l’aide d’une 
base arrondie latéralement, contractée et échancrée en 
cœur sur le milieu, est parfaitement visible. La plus infé-. 
rieure de ces folioles, peut-être à demi-conniventes par 
leurs bases, est la seule dont le contour soit entier; elle est 
largement ovale et faiblement atténuée à la partie supé- 
- rieure qui se termine par un sommet court et nettement 
arrondi. Les nervures, à peine visibles, fines et multiples, 
divergent de la base contractée et calleuse, largement 
émarginée en cœur, pour courir vers les bords de la fo- 
liole. Celle-ci n’est pas auriculée, mais inégalement 
arrondie et un peu plus convexe sur le côté antérieur que 
sur l’autre, Cette espèce curieuse, malgré son état frag- 
mentaire, se range naturellement auprès des Oéozamites 
du 5e groupe. si 

: RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — C’est surtout de l’Ofozamites 
decorus que l’O. lagotis doit être rapproché. La disposition, 

(1) Nous devons !& communication de ce dessin et de plusieurs autres 
à M. Desnoyers, en la possession de qui ils sont restés, et qui a bien voulu 
nous fournir en outre plusieurs renseignements précieux au sujet des 


piantes fossiles de Mamers, dont le gisement est actuellement comblé et 
inaccessible, 


TERRAIN JURASSIQUE — VÉGÉTAUX. 184 


la forme, la dimension des folioles sont à peu près les 
mêmes des deux parts, mais la terminaison arrondie du 
sommet de celles de l'O. Zagotis, à moins qu’elle ne soit 
. accidentelle, ainsi que l’écartement des bases, qui n'étaient 
pas exactement conniventes, empêchent que l’on ne songe 
à la réunion de l’espèce de Mamers et de celle d’Etrochey. 
LocaLiTÉ. — Mamers (Sarthe), étage balhonien. L’es- 
pèce, découverte originairement par M. Desnoyers et dé- 
crite par M. Brongniart, n’a plus été observée depuis, ni 
dans le gisement primitif ni dans aucun autre. 
* EXPLICATION DES FIGURES, — PI. 410, fig. 2, portion de 
 fronde d’Otozamites lagotis Brongn., grandeur naturelle ; 
d’après un dessin ayant servi de modèle à la figure publiée 
dans les Annales, communiqué par M. Desnoyers. 


CINQUIÈME GENRE. — SPHENOZAMITES. 


Sphenozamites (ex parte), Brongn., Tab. des genres de vég. foss , 
p. 61. 
— — Schimp., Traité de pal. vég., IL, p. 70. 
— — Zigno, Descr. di alc. Cicad. foss., etc., 
p. 2et 14. 


TE di me af here tre ut d et 7. Mn é Did Dé LES 


DiaGxose. — Frondes plerumque rachi valida tereti in- 
structæ pinnatæ, pinneæ vel foliola latiores majuscule basi plus 
» minusve angustata subpedicellatæ æquilaterales cartilagineo- 
… cinclæ integræ aut apice sinuatæ dentatæque spinosæ, racheos 
H lateribus ordine alterno insertæ nec unguam buasibus inter se 
; _ Connezis racheos superficiem tegentes, nervulis e loco inser- 
… fionis radiantibus numerosis dichotome pluries divisis. 


EE Shenozamis (ex parte), Pom., Z. c., p. 345. 
… Cyclozamia — Pom., oi +» P. 345. 


182 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


Odontopteris — Sternb., Vers. F1, d. Vorw., I, tab. 25, 
fig. 1. 
Otopteris — Schimp., Traité de pal. vég., I, p. 484. 


HISTOIRE ET DÉFINITION. — Les Sphenozamites forment un . 
7 genre remarquable de Cycadées secondaires, rare partout 
et encore imparfaitement connu. M. Brongniart a proposé 
le premier la dénomination fort juste de Sphenozamites 
pour désigner les Otozamites à folioles larges et dépourvues 
d’auricule, mais il désignait en même temps, comme 
type de cette section, l'O. Beantü, qui selon nous doit être 

considéré comme un véritable Otozamites, et il y rangeait 

le Pterophyllum oblongifolium de Kurr (1), qui rentre très- 

naturellement parmi les Glossozamites de Schimper. Le 

Zamites undulatus Presl. (Odontopteris undulata Sternb .) de 

Witby, que M. Brongniart fait entrer en dernier lieu dans 

son nouveau genre, constitue lui-même un spécimen dou- 

.teux dont les folioles paraissent tronquées sur les bords et 

qui n’est peut-être qu’un exemplaire imparfait de l’Oto- 

zamites Beanü. Les espèces trouvées depuis lors par M. de 

Zigno dans l’Oolithe du Vicentin et celles même que nous 
allons signaler sont bien plus concluantes, quoique peu 
nombreuses ; elles dénotent évidemment un groupe spécial 

de Cycadées jurassiques, distinct à plusieurs égards des 

Otozamites, auxquels il confine, et dont les caractères mé- 

ritent d’êlre précisés avec soin. 

Les frondes étaient robustes et d'assez grande taille, 
bien que plutôt courtes et trapues eu égard à la largeur 
des folioles et à l'épaisseur du rachis commun. Ce dernier 
organe est ordinairement large ; il a dû être plus ou moins 
bombé à la face inférieure, plutôt aplati sur l'autre face. 


(1) Beitr. z, foss. FL. d. Jura'form., tab. 1, fig.-5: 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 183 


_ L'insertion des folioles avait lieu le long des côtés du 
rachis sur une partie légèrement saillante en forme de 
cran, bien visible sur une des empreintes que nous figu- 
rons (pl. 412, fig. 1). On constate par cet exemple que 
l'insertion n’avait pas lieu à la superficie de l'organe, 
comme chez les Otozamites, mais vers les bords et à des inter- 
valles assez éloignés, en sorte que les folioles de Sphenoza- 
mites n'étaient ni posées à plat, ni régulièrement conni- 
ventes par les bases, comme celles des Otozamites et qu’elles 
ne recouvraient jamais entièrement le rachis. Ces folioles 
étaient certainement articulées à leur base sur le rachis 
commun, circonstance qui explique leur fréquence à l’état 
isolé et l’apparence des frondes toujours partiellement dé- 
garnies. La forme des folioles était ovale ou largement 
ovale, rhomboïdale, cunéiforme ou orbiculaire, mais pres- 
que toujours atténuée en coin oblus ou même tout à fait 
arrondie inférieurement. Il n’existe aucun vestige d'auri- 
cule. L’atténuation inférieure, quelque peu prononcée 
qu’elle soit, aboutit à une partie basilaire, non pas con- 
tractée ni échancrée en cœur, mais donnant lieu à un 
onglet ou même à un pédicelle, vraisemblablement épais 
et calleux, articulé sur le rachis dont il se détachait aisé- 
ment, lorsque la foliole était ancienne et la fronde elle- 
même devenue âgée. 
Les folioles des Sphenozamites paraissent cernées d’une 
mince bordüre cartilagineuse, ainsi que cela a lieu dans 
la plupart des Cycadées. Cette bordure est tantôt entière, 
tantôt dentée-épineuse, irrégulièrement incisée ou même 
sinuée, disposition jusqu’à présent unique dans les Cyca- 
| dées secondaires, mais que l’on retrouve parmi les vivantes 
chez les Zamia et les Encephalartos. 
La nervation des Sphenozamites diffère peu, sauf l’ab- 


184 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


sence de toute auricule, de celle qui distingue les Ofoza- 
mites de notre 5° groupe. Les veines, très-nombreuses et 
toutes égales, partent ensemble de l’onglet de la base pour 
s'étendre et diverger de toutes parts vers les bords de la 


, … foliole, en se subdivisant à l’aide de dichotomiessuccessives. 


Parvenues à la marge, les veinules s’y perdent ou donnent 
lieu, en se prolongeant, aux saillies épineuses. et aux den- 
telures irrégulières dont nous avons parlé. 

Les Sphenzoamites correspondent à l’âge du développe- 
ment le plus complet des Cycadées secondaires dont ils 
représentent, pour ainsi dire, l’expression la plus élevée et 
le type le plus achevé, Leurs frondes, plus grandes, plus 
élégantes, plus parfaites que celles des autres genres, 
signalés jusqu'ici, tiennent le premier rang et ont dû servir 
de couronnement à des tiges plus puissantes, à des plantes 
plus gracieuses que celles des Zamites et des Otozamites. 
Leurs organes foliaires, justement à cause de leur dimen- 
“sion considérable, sont rarement venus jusqu'à nous un 
peu entiers. Nous ignorons le mode de terminaison infé- 
rieure des rachis; celui de l’une des espèces que nous 
allons décrire mesure un centimètre de largeur et n’est pas 
terminé. Les pétioles étaient-ils articulés sur la tige, 
comme paraissent l’avoir été les folioles sur le rachis? 
comment s’en détachaient-ils et à quelle sorte de résidu 
et de cicatrice donnait lieu cette chute? c’est ce que nous 
ignorons; mais, en considérant l'épaisseur de ces rachis 
et celle des coussinets persistants, sur les tiges fossiles 
nommées Fittonia par M. Carruthers, on ne peut s’empé- 
cher de penser que ce sont là peut-être les plantes dont 
les Sphenozamites représentent les frondes. On pourrait re- 
marquer à l'appui de cette conjecture que les Fétonia 
commencent à se montrer vers l’époque où apparaissent 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 185 


les premiers Sphenozamites pour se continuer jusque dans le 
Wéaldien. Les plus anciens Sphenozamites appartiennent 
à l'Oolithe inférieure; le Bathonien de Mamers en renferme 
des traces; le Sphenozamites undulatus Sternb. en est un 
autre exemple dans celui de Witby. Les vestiges certains 
d’une autre espèce existent dans le Cornbrash d’Etrochey. 
L'Oxfordien des Alpes vénitiennes est riche en Spheno- 
zamites et des empreintes de ce même genre, toujours 
assez clair-semées, il est vrai, ont été recueillies dans le Kim- 
méridgien inférieur du niveau de Cirin, tandis qu’on n’en 
a point rencontré jusqu'ici dans le Corallien de la Meuse, 
ni dans celui de Châteauroux. Peut-être le mode de dis- 
tribution géographique propre à ce genre l’a-t-il exclu de 
certaines contrées jurassiques pour le confiner dans d’au- 
tres. Mais les faits sont encore en trop petit nombre pour 
permettre de retirer de leur observation quelque consé- 
quence générale. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les Sphenozamites, alliés de 
près aux Otozamites à folioles larges qui composent notre 
5° groupe, s’en séparent pourtant assez nettement par 


._ l'absence de toute auricule sur le côté basilaire antérieur 


des folioles, le mode d'insertion de celles-ci le long des 
bords et non à la superficie du rachis, la divergence des 
nervules rayonnant également de la. base vers tous les points 
de la périphérie du limbe, enfin par les dentelures ou 
sinuosités fréquentes de la marge, particularité absolument 
.- inconnue chez les Ofozamites. Comparés aux genres actuels 
! de Cycadées, les Sphenozamites manifestent une certaine 
. affinité avec les Æncephalartos et même avec quelques 
4 Zamia, mais c’est là une parenté trop lointaine et reposant 
sur des indices trop faibles pour que l’on ait la pensée d’y 
insister beaucoup. 


186 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


N° 1. — Sphenozamites Brongniartii, 


PI. 119, fig. 2-4. 


DiAGNosE. — S. foliolis late ovatis basi subrotundatis sur- 
sum repando-sinuatis corrugatisve, marginibus irregulariter 
incisis lobulos quandoque mentientibus, nervulis tenuibus mul 
tiplicibus e basi undique divergentibus. 


Filicites hastatus, Brongn., Ann. Sc. nat, 
t. IV,p. 422, pl. 19, fig.6. 
ZLamites hastatus, Brongn., Prodr., p. 94. 
— _ Ung., Gen. et sp. pl. foss., 
p. 285. 
Otozamites hastatus, Brongn., Tab. des genres de 


vég. foss., p. 106. 
Sphenozamites latifolius (ex parte), Sap., PL. jur. foss. ms. 
(quoad specimina ad 
Etrochey spectantia). 

— — _ Schimp., Traité de pal. vég., 
c Il, p. 162 (ex parte etiam 
et tantum modo ad illa 
ipsa specimina compre- 

hendendum). - 


Il existe dans le Cornbrash d’Etrochey (Côte-d'Or) d’as- 
sez rares empreintes de folioles éparses qui dénotent sû- 
rement la présence d’une forme de Sphenozamites, plus 
ovale-oblongue, plus arrondie inférieurement, autant que 
l’on peut en juger par les spécimens incomplets que nous 
figurons (pl. 412, fig. 3 et 4), que celle d'Orbagnoux, à la- . 
quelle nous l’avions d’abord réunie. La figure 3 représente 
la base, la figure 4 le prolongement supérieur de deux | 
de ces folioles. Leur base (fig. 3) est largement arrondie 
latéralement et marquée d’une légère échancrure à l’en- 
droit de l'insertion. De cette base partent une multitude 


 béf n à 


EE 
ni 


oui CRE 


TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 187 


de fines nervures qui divergent en s’étalant de toules 
parts. La marge paraît cernée d’une mince bordure car- 
tilagineuse ; l’empreinte se trouve malheureusement tron- 
quée dans le haut ; maïs la figure 4 fait voir le prolonge- 
ment d’une autre foliole, pareille à la précédente, dont 
le limbe, largement ovale, présente des bords sinueux, 
cernés d’une nervure cartilagineuse fort nette, sur l’un 
des côlés, tandis que l’autre se trouve mutilé. Il est ce- 
pendant facile de restaurer la ligne du bord, là où elle 
manque, et l’on obtient alors une foliole largement ovale, 
latéralement sinneuse, probablement arrondie au sommet, 
réellement très-différente de celles dx Sphenozamites la- 
tifolius d'Orbagnoux. — L’affinité de l’organe ainsi restauré 
avec le Zamites hastatus Brongn., de Mamers, nous paraît 
évidente. Nous avons pu, grâce à M. Brongniart, faire une 
étude particulière de l'échantillon original, découvert en 
1824 et demeuré unique; nous l’avons dessiné de nouveau 
avec le plus grand soin (voy. pl. 42, fig. 2), et il nous a 
paru que les lobes latéraux qui avaient attiré l’attention de 
M. Brongniart étaient le résultat d’une sorte d’irrégularité 
du limbe corrugé accidentellement, ainsi qu’il arrive fré- 
quemment aux folioles des Sphenozamites. En faisant abs- 
traction de cette irrégularité, on reconnaît une parenté 
assez étroite de forme par le contour arrondi de la base 
et le prolongement supérieur du limbe pour se croire au- 
torisé à réunir l'espèce de Mamers à celle d’Etrochey. Le 


nom de hastatus ne convenant pas à l'espèce ainsi com- 
prise, nous l’avons remplacé par celui de M. Brongniart, 


à qui est due, non-seulement la connaissance de l’échan- 
tillon primitif de Mamers, mais la création même du 
genre Sphenozimites, 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Sphenozamites Bron- 


188 | PALÉONTOLOGIE FRANÇAL:E. 


gnarti, tel que nous le comprenons, est une des plus an- 
ciennes formes da groupe. Il diffère du S. Zatifolius, son 
plus proche voisin, par des folioles, aussi amples, mais 
plus oblongues,- plus arrondies à la base, marquées le 


"long des bords de sinuosités plus larges et autrement dis- 


posées. Les nervures paraissent aussi avoir été re fines et 
plus nombreuses. 

LOCALITÉS. — Mamers (Sarthe), étage bathonien; coll. 
du Muséum de Paris. Etrochey (Côte-d'Or), près de Châ- 
tillon-sur-Seine, Cornbresh ou Bathonien supérieur ; Coll. 
de M.-Jules Beaudoin. 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 112, fig. 2, foliole pro- 
bablement mutilée au sommet et rongée le long des bords, 
de manière à simuler des lobes latéraux, de Sphenozamites 
Brongniart Sap. (Zamites hastatus Brngt.), d’après un 
nouveau dessin de l’échantillon original, faisant partie de la 
collection du Muséum de Paris, grandeur naturelle, Fig. 3, 
base d’une foliole de Sphenozamites Brongniartii, d'après 
un échantillon d’Etrochey, découvert par M. Beaudoin et 
communiqué par lui, grandeur naturelle, Fig. 4, autre fo- 
liole de la même espèce, restaurée au sommet et sur l’un 
des bords, l’autre étant intact, d’après un échantillon 
ayant la même provenance que le ess grandeur 
naturelle. 


N° 2. Sphenozamites latifolius. 


PI. 412 et 143, fig. 1-3. 


Sphenozamites latifôlius,  Sap., PI. jur. ms. 
— — Schimp., Traité de pal. vég., If, p.162, 


DIAGNOSE,— S, frondibus rachi valida cylindrica vel leviter 
desuper compressa instructis, pinnis alternis brevissime pedirel- 


ERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 189 


latis subsessilibusve late ovatis suborbiculatisque obtusissime ad 
basin in cuneum attenuatis, margine superiori nerviformi 
plus minusve sinuatis, sæpe autem corrugatis, nervulis multi- 
plicibus pluries dichotome furcatis e basi exeuntibus, postea 
undique æqualiter divergentibus. 


Olozamites latifolius, Brongn., Tub. des genres de vég. foss., 
p. 106. 


Les figures que nous publions feront bien connaître 

_ cette remarquable espèce. La figure 1, pl. 4112, montre 
plusieurs folioles adhérant encore au rachis qui les portait, 
bien que déjà en partie détachées et groupées un peu en 
désordre. Le support commun, épais à la base de un cen- 
timètre, ne diminue pas sensiblement vers le haut et donne 

_ à supposer que la fronde dans son intégrité mesurait une 
longueur de plus d’un pied. Trois folioles se trouvent en 
contact avec ce rachis : une d'elles, à gauche, est en place, 
une autre, à droite, est détachée, mais voisine du point 
de son insertion marquée sur le bord du rachis par une 
saillie encore visible; la troisième foliole, plus grande 
j que les deux autres, se trouve renversée et comme sus- 
pendue à l’endroil où elleétait attachée, Toutes ces folioles 
affectent la même forme largement ovale-orbiculaire obtu- 

- sément arrondie ou un peu atténuée en coin à la base; la 
\ marge est obscurément sinuée; les nervures, bien visibles, 
+ émergent de la base et s’étendent en divergeant à travers 
… le limbe jusqu'aux bords cernés d’une fine ceinture car- 
è tilagineuse. Ce beau spécimen n’est pas le seul qui tre- 
« duise l’aspect et les caractères de l’ancienne espèce; la 
- figure 1, pl. 113, représente une plaque, sur laquelle 
« s'étale une foliole intacte de Sphenozamites latifoius, plus 
: large et plus orbiculaire que les précédentes, mais repro- 


190 . PALÉONTOLOGIE FRANUAISE. 


duisant absolument le même type. Les bords supérieurs 
des folioles, dont la nervation est très-nelle, ne sont pas 
entiers, ni régulièrement sinués, mais comme rongés par 
un effet naturel, peut-être par la dent d’un insecte, plus 
probablement par un avortement partiel du limbe, dont 
les Cycadées vivantes offrent assez souvent des exemples. 
Une autre foliole (pl. 113, fig. 2), tout à fait intacte, plus 
petite, mais que l’on ne saurait séparer des précédentes, 


présente un contour obovale, atténué en coin obtus à la 
base sur une sorte de court pédicelle calleux; elle est 
marquée vers le haut, le long des bords, de sinuosités 


anguleuses obtuses. Enfin, les figures 3 et 4 reproduisent 
deux autres spécimens qui, comparés à ceux que nous 
venons de décrire, n’offrent que des variations sans impor- 
tance. Les sinuosités marginales sont tout à fait irrégulières 
dans Ja figure 4. La figure 3 montre au contraire une fo- 
liole, terminée en coin à*la base, élargie à la partie supé- 
rieure et, sinon entière, du moins très-vaguement sinuée 
au sommet. Tous ces échantillons, recueillis autrefois par 
M. Jules Itier, proviennent du gisement d’Orbagnoux. L'’es- 
pèce n’a pas été observée jusqu'ici dans les autres localités 
du niveau de CGirin. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La forme largement ovale ou 
suborbiculaire des folioles, les sinuosités de la marge non 
dentée-épineuse, la dimension probable des frondes sépa- 
rent cette espèce de tous ses congénères, jusqu’à présent 
peu nombreux. Nous avons fait ressortir les différences qui 


l’éloignent du Sphenozamites Brongniartü Sap. d'Etrochey. 


: LocALITÉ. — Orbagnoux (Ain), étage kimméridgien infé- 
rieur ; coll. de M. Jules Itier, à qui est due la décou- 
verte de l’espèce. 

EXPLICATION DES FIGURES. — PJ. 112, portion d’une 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 191 


fronde de Sphenozamites latifolius montrant plusieurs fo- 
lioles encore à demi-adhérentes au rachis commun, gran- 
deur naturelle; d’après un spécimen d’Orbagnoux appar- 
tenant à M. Jules Itier. La figure est la reproduction d’un 
dessin original de M. Brongniart, — PI. 443, @ig. 4, foliole 
isolée de la même espèce surune plaque bitumineuse, à la 
surface de laquelle on remarque également deux folioles 


._ isolées de Zamites Feneonis, grandeur naturelle, d’après un 


ï 


é 


échantillon de la collection de M. Itier. Fig. 2, autre fo- 
liole isolée de la même espèce, grandeur naturelle; même 
provenance, d’après un dessin communiqué par M. Bron- 
gniart. Fig. 3 et 4, deux autres folioles de la même espèce, 
grandeur naturelle; même provenance. 


N° 3. — Sphenozamites Rossii. 
PI. 1144, fig. 1-2. 


“Sphenozamites Rossü, Zigno., Descr. d. alc. Cicad. foss. rinven. 
nell Oolit. d. Alpi venet. (Estr. d. vol. 
XIII, ser. ur, d. at. d. instit. venet.), p.14, 
fig. 9. 
— — Schimp. Traité de pal. vég. Il, p. 162. 


_DraGnose. — S. frondibus ambitu lato-linearibus, rachi 
crassa tereti striata instructis, valideque petiolatis, pinnis 
remotis alternis erecto-patulis oblique lanceolato-rhombæis basi 
obtuse attenuata cuneatis, sursum irrequlariter spinuloso-den- 
tatis, nervulis creberrimis Ͼqualibus flabellatim e basi versus 
marginem superiorem divergentibus pluriesque furcato-divisis. 


Une foliole isolée, trouvée à Morestel, atteste l’existence 
dans le Kimméridgien des environs de Lyon, de cette 
remarquable espèce de l’Oolithe des Alpes vénitiennes ou 
du moins d’une forme trop voisine de celle-ci pour pouvoir 


192 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


en être légitimement distinguée. La foliole de Morestel 
(fig. 1) est mutilée sur un des bords et au sommet; elle 
est atténuée en coin obtus à la base, élargie supérieure- 
ment et denticulée-épineuse dans le haut. On distingue 
, inférieurement le point calleux, correspondant au point 
d'attache et d’où partent, pour s'étendre en s’irradiant 
vers les bords, les nervures multiples et plusieurs fois ra- 
mifiées-dichotomes qui parcourent la foliole. Sa consis- 
tance a dû être coriace et la marge, là où elle est intacte, 
se trouve cernée d’un mince ourlet cartilagineux. 

Notre figure 2, pl. 114, reproduit, pour compléter la no- 
tion de l’espèce, une fronde presque complète, empruntée 
à l'ouvrage de M. de Zigno; elle est trapue, munie d’un 
épais rachis et pourvue de folioles obliquement alternes, 
espacées, rhomboïdales, lancéolées au sommet, épineuses 
le long des bords, atténuées en coin à la base et parcou- 
rues par des nervures fines et nombreuses qui partent du 
point d’attache pour s’étaler vers les bords supérieurs de : 
la foliole. Ce spécimen a l'aspect vieilli et mutilé d’une 
fronde déjà âgée qui semble avoir été brisée à la base, vers 
l’origine du pétiole. 

RAPPORTS et DIFFÉRENCES. — La terminaison inférieure en 
coin, le bord épineux des folioles, leur contour rhomboïi- 
dal, distinguent suffisamment le Sphenozamites Rossi du 
Sph. latifolius ; mais il n’est pas bien certain, à notre sens, 
que l’exemplaire de Morestel soit spécifiquement identique 
avec ceux des Alpes vénitiennes. Il constitue au moins une 


formé dont l’analogie avec celle que M. de Zigno a si bien Ç 


décrite ne saurait être révoquée en doute. 

LocaLiTÉ. — Morestel (Isère), rare ; étage kimmeridgien 
inférieur; coll. du Muséum de Paris. Rotzo, formation 
aolithique du Vicentin (M. de Zigno). 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 193 


EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 114, fig. 1, foliole isolée 
de Sphenozamites Rossü Lign., provenant d’un exemplaire 
recueilli à Morestel, grandeur naturelle. Fig. 2, fronde 
presque entière de la même espèce, d’après une figure em- 
pruntée au Mémoire de M. de Zigno sur les Cycadées fos- 
siles de l’Oolithe des Alpes vénitiennes. 


SIXIÈME GENRE. — CYCADORACHIS. 


DraGnos&. — Rachides frondium foliolis destitutæ vel etiam 
frondium partes inferæ, petioi dictæ, sive nudæ sint, sive 
aculeis armatæ, aut ad basin insertionis causa paullo dila- 
latam squamulis e tomento piloso constantibus ad utrumque 
latus prœdibæ videantur. 


HISTOIRE ET DÉFINITION. — Nous proposons de réunir sous 
la dénomination générique de Cycadorachis les rachis 
dépouillés de leurs folioles et surtout les bases de frondes 
plus ou moins complètes des Cycadées fossiles, toutes les 
fois. que ces parties, recueillies isolément, ne se prêtent 
pas à un rapprochement basé sur leurs affinités véritables 
avec un genre déjà connu. C’est donc là un cadre purement 
conventionnel, susceptible de comprendre des organes 
appartenant en réalité à des groupes très-divers. L’essen- 
tiel est de s’assurer que l’on possède bien réellement l’axe 
ou support d’une fronde ancienne, dont les folioles de- 
meurent inconnues, mais dont les caractères appréciables 
ramènent l’esprit vers les Cycadées, La portion de l’axe la 
plus intéressante est celle qui se prolonge au-dessous des 
folioles, jusqu’à l'endroit de l'insertion sur le coussinet. 
Elle est nue et lisse dans beaucoup de Cycadées, cylin- 
drique, mais plus ordinairement convexe sur le côté dorsal, 


| | VÉGÉTaux. — J, 13 
1 


194 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


plus ou moins plane ou canaliculée sur l’autre face, Dans 
les Ceratozamia et les Encephalartos, on disiingue souvent 
des aiguillons épars sur cette partie; dans les Cycas el 
aussi dans les Dioon, ainsi que nous l’avons remarqué pré- 


* . cédemment (p. 16), aux dernières folioles succèdent des 


épines (1) acérées qui en tiennent visiblement la place et, 
comme elles, sont disposées dans un ordre alterne ou 
inexactement opposé. 

Lespétioles des frondes de Cycadées, dont l'étendue varie 
selonles genres et les espèces, sont toujours plus ou moins 
dilatés à leur extrême base, bien que celle-ci ne soit jamais 
amplexicaule; mais ce renflement donne lieu à un onglet 
épais, à section plus ou moins rhomboïdale, aminci et un 
peu prolongé dans le sens transversal, qui s'implante sur 
le coussinet. L’onglel, immédiatement au-dessus de sa base 
d'insertion, donne lieu à une parlié charnue à l'état frais 
et jeune, convexe surle dos, plus ou moins concave et appli- 
_ quée par la face interne, qui s’amincit vers les bords jus- 
qu’à devenir membraneuse et se rétrécit vers le haut plus 
ou moins rapidement pour donner naissance au pétiole pro- 
prement dit. La base que nous venons de décrire se retrouve 


avec des variations secondaires chez toutes les Cycadées. . 


N'oublions pas non plus ceite circonstance que la face ap- 
pliquée el concave des bases de pétiole est toujours nue et 
lisse, tandis que la face dorsale et convexe de ces mêmes 
bases se trouve occupée le plus souvent par des poils en- 
tremélés qui composent un fomentum roux chez les Cycas, 
une bourre épaisse chez les Dioon et une sorte de filasse ! 
chez les Macrosamia. Les écailles gemmaires et les bases de « 
pétiole se ressemblent à cet égard, comme d’ailleurs à : 


(1) Consulter la planche 72, fig. 1, pl. 2 du tome I. 


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| 
. 
à 
# 


| 


|: 
4 


TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 195 


tous les autres, ainsi que nous l’avons observé dans l’Intro- 
duction. Tels sont les caractèresles plus saillants du support 
de la fronde chez les Cycadées actuelles ; la même struc- 
ture ou du moins une structure sensiblement analogue 
devait exister chez les fossiles et, nous croyons effective- 
ment la retrouver dans les deux échantillons que nous 
allons décrire. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Dans la nature actuelle, 
lorsque les frondes des Cycadées ont atteint le terme de 
leur existence, les rachis persistent plus ou moins long- 
temps, dépouillés totalement ou en partie deleurs folioles ; 
leur base se dessèche après tout le reste, La partie dilatée 
et charnue perd ses sucs; elle se rideetse contracte; 
enfin, une scission s’opère entre le coussinet où la séve 
continue à affluer et qui doit devenir accrescent et le pétiole 
proprement dit qui se détruit et tombe par fragments, 
lorsqu'il ne s’opère pas une désarticulation nette et com- 
plète des résidus vieillis. On conçoit donc que les bases 
des pétioles ont dû rarement venir jusqu’à nous ou, si elles 
Pont fait, c’est à l’état de fragment plus ou moins mutilé 
qu’il leur aura été donné de passer à l’état fossile. D'autre 
part, lorsque nous avons décrit les frondes des Zamites et 
des Otozamites, nous avons remarqué que ces organes, ter- 
minés le plus souvent à la base d’une manière fort nette, 
accusaient un mode de désarticulation plus rapide et plus 
net que celui qui existe chez la plupart des Cycadées du 

monde actuel. Non-seulement le pétiole des frondes de ces 
deux genres est généralement court, mais la base ne pré- 
sente pas de dilatation proportionnelle semblable à celle 
de la partie correspondante des frondes vivantes, lorsque 
l’on parvient à détacher celles-ci du coussinet sur lequel 
elles sont implantées. De là nous est venue la pensée que 


196 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


certaines frondes fossiles avaient dû abandonner leur tige 
par suite d’une désarticulation des pétioles, s’opérant au- 
dessus de la partie renflée de leur base. Cette partie aurait 
ensuite séjourné plus ou moins longtemps et se serait déta- 
chée elle-même à la fin après avoir achevé de se dessécher ; 
dans d’autres cas elle aurait pu persisier et continuer à 
s’accroître en diamètre. 
L'examen des tigesnous confirmera dans cette hypothèse 
et dès lors, sans vouloir généraliser un mode de structure 
qui sans doute n’a été propre qu’à une catégorie de Cycadées 
| secondaires, nous ne saurions nous étonner de rencontrer 
_ à l'état fossile des résidus correspondant à l’extrême base 
des anciennes frondes et présentant comme de nos jours 
une partie dilatée, recouverte de poils ou dfailles le long 
du côté dorsal et convexe. 


N° 1. — Cycadorachis armata. 
PI. 447, fig. 1. 


DrAGNOSE. — C'. rachivalida secus utrumque latus aculeis 
prϾdita, aculeis magnis distantibus per par ia approzimatis 
suboppositis acerosis apice leviter incurvis. 


Le rachis épineux qui sert de base à celte curieuse espèce 
n’est malheureusement terminé dans aucun sens. Il est de 
grande taille et a dû servir de support à une fronde puis- 
sante. Si l’on tient compte de la dimension proportionnelle 
des aiguillons, la fronde dans son intégrité aurait été double . 
de celles du Cycas revoluta ; mais l’écartement des épines 
pourrait bien être l’indice d’une étendue triple ou qua- 
druple ; il est facile d’en juger en rapprochant notre figure 
de la figure 1, pl. 72, qui représente la base d’une fronde 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 197 


de C. revoluta, d’une dimension ordinaire, L’empreinte 
fossile est remarquable surtout par cet écartement des 
aiguillons disposés sur les côtés du rachis. Les aiguillons 
eux-mêmes sont implantés par une base conique, évasée, 
discoïde au point d'insertion, et dont le diamètre longitu- 
dinal mesure environ 1 centimètre et demi; ils se ter- 
minentdans l’autre sens par une pointe acéréeetlégèrement 
recourbée : on en distingue deux paires seulement, inexac- 
tement opposées. Le rachis qui les porte est lisse, finement 
strié, faiblement caréné sur le milieu et épais à la base de 
1 centimètre ou de 11 millimètres au plus, largeur qui se 
réduit dans le haut à 9 millimètres et demi. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — El est difficile de ne pas re- 
connaître dans cette empreinte le rachis d’une fronde de 
Cycadée, puisque dans ce groupe la partie pétiolaire des 
frondes, nue dans certains genres, est armée chez d’autres, 

entre autres chezles Dioon etles Cycas, d'épines absolument 
conformes par leur disposition et leur aspect à celles de 
l'organe fossile. Seulement dans celui-ci les aiguillons, 
disposés par paires, sont bien plus écartés que dans aucune 
Cycadée actuelle. En l’absence de tout rapport du frag- 
mentancien avec des folioles, il est inutile d’en rechercher 
les affinités possibles avec l’un des genres précédemment 
signalés. Cependant la ressemblance que ce fragment mani- 
feste plus particulièrement avecles pétioles de Cycas serait 
de nature à faire admettre que nous avons sous les yeux la 
base d’une fronde de Cycadites, peut-être même celle du 
Cycadites Lorteti, recueilli dans le même gisement et qui 
. semble annoncer une fronde de très-grande taille, comme 
- l'était certainement celle à laquelle le Cycadorachis armata 
servait de support. 
_LocauiTÉ. — Gisement du lac d’Armaille, près de 


198 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


Belley (Aïn), étage kimméridgien inférieur. Coll. de 
M. Falsan. Ta 

EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 117, fig. 4, Cycadorachis 
armata Sap., portion de pétiole muni de deux paires d’ai- 
* guillons latéraux, grandeur naturelle. | 


N°2. — Cycadorachis abscisa. 
PI, 114, fig. 3. 


DIAGNOSE. — C. cylindrica tenuissime longitudinaliter 
striatula, sursum truncata, deorsum basin versus sensim dila- 
tata, dorso convexiuscula, secus margines utriusque lateris 
tomento rigido hirta. 


L'organe que nous figurons sous ce nom provient des 
mêmes lits que les écailles gemmaires nommées ci-après 
Cycadolepis hirta, et peut-être a-t-il fait partie de la même 
“espèce de Cycadée fossile. Ses caractères ne sont pas dou- . 
teux, selon nous, et nous n’hésitons pas à voir en lui la base 
extrême d’une fronde déjà ancienne, demeurée d’abord 
sur la tige à l’état de résidu, puis détachée et ayant passé à 
l'état d’empreinte dans ce dernier étai. Notre figure est 
dessinée d’après ün moule qui restitue au péliole fossile 
son aspect et son relief originaires. Il est long en tout d’un 
peu plus’de 5 centimètres, cylindrique et tronqué nette- 
ment dans le haut, insensiblement dilaté dans la direction 
opposée et terminé, à ce. qu’il semble, inférieurement par 
une section oblique, plus ou moins rhomboïdale, qui laisse 
voir sa face dorsale et convexe. Cette convexité est d'autant . 
moins prononcée que l’on se rapproche de la base; le 
sommet au contraire s’alténue peu à peu en un cylindre 
étroit, dont la terminaison tronquée est fort nette. La sur- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 199 


face est marquée dans la partie cylindrique de stries longi- 
tudinales rugueuses et irrégulières, finement chagrinées, 
comme s’il s’agissait d’un organe desséché. Vers le bas, les 
stries continuent, mais elles parcourent une surface unie. . 
Les bords de la partie dilatée sont occupés par d’épaisses 
villosités, raides et irrégulièrement fimbriées, qui garnis- 
sent la base du pétiole et occupaient peut-être aussi sa face 
dorsale tout entière. La troncature terminale est fort nette; 
elle semble correspondre à une scission naturelle plutôt 
qu’à une cassure. Au contraire, la base, avec les villosités 
en forme de bourre qui la garnissent, correspondait sans 
doute au dos de l’onglet par lequel, chez les Cycadées, les 
frondes adhèrentinférieurement au coussinet qui les porte. 
Il est donc probable que nous avons sous les yeux la partie 
inférieure et persistante d’une fronde de Zamites ou de 
quelque autre Cycadée ayant une structure analogue. Cette 
partie, comprenant l’extrême base du pétiole, c’est-à-dire 
l'onglet surmonté de la région épaissie et appliquée de 
l'organe jusqu’à l’origine du pétiole proprement dit, serait 
demeuré fixée au coussinet, même après Ja chute de la 
fronde. Nous avons remarqué effectivement que les pélioles 
des Zamites, tels que nous les observons, étaient générale- 
ment courts et n’étaient ni dilatés inférieurement ni garnis 
à la base de villosités, comme cela aurait eu lieu si ces or- 
ganes s'étaient détachés dans leur intégrité. Nous admet- 
trions ainsi, conformément à ce que nous avons déjà 
avancé à plusieurs reprises, que les frondes des Zamites se 
_ désarticulaient à une certaine distance et bien au-dessus de 
leur extrémité inférieure. L'observation du Cycadorachs 
- abscisa confirme certainement cette manière de voir. 
__ RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Si la structure caractéris- 
tique sur laquelle nous venons d'’insister a réellement 


200 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


existé, elle distingue très-nettement les Cycadées qui la 
possédaient de celles de nos jours. Les frondes de ces der- 
nières, loin d’être articulées sur un point de leur pétiole 
et à un endroit déterminé, ne tombent, lorsqu'elles vieil- 


 … lissent, que par suite du desséchement du rachis qui cède 


et se détache finalement par le fait d’une cassure irrégu- 
lière. C’est là une différence essentielle, sur laquelle nous 


ne manquerons .pas de revenir, lorsque nous aborderons 


l'étude des tiges. 


LOCALITÉ. — Gisement du lac d’Armaille près de Bel-- 


ley (Ain); étage kimméridgien inférieur ; notre collection. 

DESCRIPTION DES FIGURES. — PI. 114, fig. 3, Cycadorachis 
abscisa Sap., base de pétiole avec l’onglet, vu par la face 
dorsale, d’après un moule, grandeur naturelle. 


SEPTIÈME GENRE. — CYCADOLEPIS. 


DIAGNOSE. — Squameæ coriaceæ basi dilatatæ loco insertionis 


crassæ facie interiori plus minusve concavæ nudæque, facie 
autem dorsali convexiusculæ, sursum elongatæ lanceolato- 
acuminatæ, .extus ad utrumque latus tomento piloso donatæ. 


HISTOIRE ET DÉFINITION. — Ce genre est destiné à com- . 


prendre les écailles gemmaiïres des Cycadées fossiles : 
détachés isolément de leur tige, ces organes ont pu laisser 
des empreintes reconnaissables, quoique toujours fort 
rares, Les écailles gemmaires des Cycadées actuelles dif- 


fèrent d’un genre à l’autre. Conforméegénéralementcomme 


les bases de pétioles, dilatée inférieurement en un onglet 


dont le creux s'applique sur la convexité du coussinet, lisse | 
et plus ou moins concave sur sa face interne, garnie exlé- . 


rieurement de villosités ou d’un duvet tomenteux plus ou 
moins persistant, l’écaille gemmaire s’amincit toujours vers 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 201 


les bords, le plus souvent membraneux, et se prolonge 
supérieurement enune expansion plus ou moins développée, 
étroite ou large, lancéolée, linguiforme ou largement ovale, 
plus ou moins acuminée ou même piquante au sommet, 
‘qui représente visiblement un axe de fronde avortée. 
Les écailles gemmaires, comme nous l’avons dit précé- 
_demment (1), n'existent que chez les Cycadées pourvues de 
bourgeons, dont les frondes se développent par émissions 
périodiques. Les Wacrozamia, dont les frondes surgissent 
une à une par l'effet d’une évolution spirale continue en 
-sont naturellement dépourvus. Leur existence est au moins 
certaine parmi les fossiles, chez les Zamites, ainsi que l’at- 
teste l'échantillon du Zamites gigas, de Scarborough, 
représenté par notre figure1, pl. 81. A différenteshauteurs, 
sur plusieurs points de cette plante curieuse, on distingue 
très-bien des écailles courtes et acuminées, entremélées 
aux pétioles. Cette existence ressort encore de l’examen de 
certaines tiges dont l’armature extérieure se compose de 
coussinets accrescenis plus gros et plus petits entremélés, 
sur les parties déjà anciennes. Une pareille différence de 
dimension proportionnelle n’est explicable que par la pré- 
sence des écailles gemmaires, dans les coussinets, ne 
donnant jamais lieu à des excroissances corticales aussi 
épaisses ni aussi saillantes que celles qui proviennent des 
coussinets foliaires. 


N° 1. — Cycadolepis villosa. 
PI. 114 fig. 4. 


DiaGNOSE. — C’. basi latiore truncata, sursum lanceolata sen- 
simque acuminata,marginibus pilis erectis multiplicibus vestita. 


(1) Voy. ci-dessus, p. 15. 


202 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


C’est une écaille, sans doute épaisse et coriace, longue 
de 3 centimètres et demi, tronquée à la base, diminuant de 
largeur vers le haut quise termine par une pointe finement 
acuminée. Les bords fimbriés sont garnis de poils fins, 
érigés, très-nombreux, distincts cependant. L'écaille elle- 
même se trouve changée en une substance charbonneuse 
mêlée de bitume, qui n’a gardé aucune trace d'organisation. 

RAPPORTS ET DIKFÉRENCES. — Nous aurions voulu pouvoir 
comparer cette écaille fossile à celles des Sfangeriaqui sont, 
d’après le Prodrome, lancéolées-aiguës et ciliées le long 

des bords. Il ne nous a pas été possible, vu l’absence d’é- 

chantillons, de tenter ce rapprochement. Le Cycadolepis 
villosa diffère par sa base tronquée carrément, sa forme 
conique, enfin par la nature de ses villosités plus fines, 
plus courtes et moins touffues de l’espèce suivante. 

LocariTÉ. — Orbagnoux (Ain); étage kimméridgien infé- 
rieur; coll. de M. Jules Itier. 

= EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 114, fig. 4, Cycadolepis 
villosa Sap., écaille gemmaire garnie sur les bords de vil- 
losités en forme de poils fins et érigés; grandeur naturelle. 


No 2. — Cycadolepis hirta. 
PI, 414, fig. 3-6. 


DIAGNOSE. — C. basi subito dilatata insertionis loco cras- « 
siore sursum in appendicem longe linearem sensimque attenua- 
tum producta, facie ventrali glabra longitudinaliter tenuissime . 
sulcata, lateribus utrinque tomento piloso dense congesto vesti- 
tis, apice autem nudo. 


Il existe, à notre connaissance, deux exemplaires de 
celle espèce recueillis tous deux dans le même gisement, 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 203 


tous deux représentant une écaille coriace, linéaire, insen- 
 siblement atténuée au sommet ; mais l’une (fig. 6) n’est pas 
terminée à la base et se trouve dans un médiocre état de 
conservation; l’autre (fig. 5) au contraire est intacte à l’ex- 
trémité inférieure aussi bien qu’au sommet. Cette dernière 
empreinte est celle d’une écaille gemmaire, pourvue de 
son onglet ou point insertionnel bien visible à la-base de 
l'organe. Cette base est arquée et brusquement dilatée; 
elle donne lieu supérieurement à une languette étroite et 
linéaire, insensiblement atténuée en pointe. La pointe est 
nue dans les deux spécimens, tandis que les côtés et sur- 
tont la base sont hérissés de poils fins et serrés, entremèê- 
lés de manière à former un fomentum épais. L’écaille 
tourne sa face ventrale ; elle paraît lisse, nue et marquée 
de stries longitudinales dont la finesse est extrême. La 
longueur totale de l’organe est de 3 centimètres et demi. 
RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La forme et la dimension de 
celte écaille gemmaire lui donnent de {a ressemblance 
avec celles des Cycas et en plus petit avec celles des Dioon 
qui sont plutôt couvertes sur la face dorsale d’une bourre 
épaisse que de poils allongés et entremélés. La forme 
étroite de l’écaille et la nature des villosités empêchent de 
la confondre avec la précédente espèce. Toutes deux ce- 
pendant ont pu très-bien être congénères et se rapporter 
égalément à des Zamites. 
-  LocauTÉ. — Gisement du lac d’Armaille, près de Belley 
(Ain); étage kimméridgien inférieur ; notre collection. 
> EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 114, fig. 5, Cycadolepis 
‘hirta Sap., écaille entière avec l’onglet de la base, garnie 
ie long des bords d’un épais tomentum, grandeur naturelle ; 


fig. 6, autre empreinte de la même espèce, grandeur na- 
lurelle. 


204 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


** Partes fructificationis sive strobili utriusque seœus sive squama 
polliniferæ (androphylla) aut seminiferæ (Carpophylla), tanden 
semina matura e carpophyllis distracta et in strata pervagantia. 


HUITIÈME GENRE. — ANDROSTROBUS. 
Androstrobus Schimp., Traité de pal. véy., I, p. 199. 


DIAGNOSE. — Sfrobili cycadeacei cylindrici e Squamis imbri- 
catis latere inferiort sacculos polliniferos dense canfertos sessi: 
lesque gerentibus, secus axim spiraliter insertis plus minusve 
sursum appendiculatis, constantes. 


HISTOIRE ET DÉFINITION. — Ce genre a été établi dernière- 
ment par M. Schimper d’après un échantillon que nous 
lui avions communiqué et qui sera décrit ci-après. Il doit 
comprendre non-seulement cet échantillon, mais tous les 
cônes mâles ou même toutes les écailles pollinifères isolées 
ou androphylles de Cycadées fossiles qui ne peuvent être 
rapportées à aucune espèce en particulier, dont les frondes 
et les parties de la fructification seraient également con- 
nues, Cette circonstance heureuse ne s'étant pas encore 
réalisée, nous sommes bien forcé de décrire séparément 
les frondes, les organes sexuels, enfin les tiges ; nous nous 
sommes du reste longuement expliqué sur la nécessité 
d’adopter cette marche, afin d’éviter les erreurs inévitables 
qui résultent du procédé contraire. Il serait d’ailleurs d’au- 
tant plus difficile d'opérer la répartition des organes mâles 
des Cycadées fossiles découverts ou à découvrir que, si 
l’on en juge par l’état actuel du groupe, on remarque dans 
ces organes une uniformifé de structure bien plus grande 
que dans les appareils femelles. La divergence d’un genre 
à l’autre est évidemment moins tranchée dans le premier 
cas que dans le second; on n’a qu’à comparer sous ce 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. | 205 


double rapport les Cycas et les Dioon aux Encephalartos 
et aux Macrozamia pour en être frappé; la ressemblance 
des androphylles de ces divers genres est visible, tandis 
que les carpophylles respectifs affectent dans chacun d’eux 
une conformation tout à fait spéciale et caractéristique. 
L’obscurité s'accroît encore de celte considération que les 
affinités réelles des genres de Cycadées fossiles, basés sur 
l'observation seule des frondes, soit entre eux, soit avec 
ceux de l’ordre actuel, nous sont très-imparfaitement 
connues et que les genres anciens ont pu différer des nô- 
tres au moins autant que ceux-ci ne différent entre eux. 
‘out nous commande donc la plus grande réserve à l’égarä 
d'organes isolés que rien ne nous assure avoir appartenu 
aux mêmes espèces que les frondes recueillies au sein des 
mêmes lits. Nous verrons pourtant par la description de 
l'espèce unique d’Androstrobus rencontrée encore dans la 
série jurassique française que toute conjecture n’est pas 
interdite au sujet de son attribution à un type déterminé 
et qu’il exisie chez elle certains caractères différentiels 
assez prononcés pour servir à cet égard de guide à l’ana- 
hogie. 

3 Les cônes mâles des Cycadées sont bien supérieurs en 
é imension aux chatons du même sexe chez les Conifères. 
Ceux-ci excèdent rarement un demi-décimètre ; ordinaire- 
ment ils sont beaucoup plus petits. Leur consistance est 
: arieuse; presque toujours ils se flétrissent et tombent 
in médiatement après l’anthèse. Les premiers au contraire 
ont grands, cylindriques, érigés, pourvus d’un axe solide; 
sont de vrais cônes qui s’allongent plus ou moins, sans 
atteindre généralement la dimension des cônes femelles, 
qu’ils égalent pourtant dans beaucoup de Zamia et dépas- 
‘Sent même chez les Ceratozamia. Ils sont formés d’une 


206 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


multitude d’écailles coriaces (Androphylles), disposés | 
sur plusieurs rangées de spires, appendiculées antérieure- | 
ment, plus ou moins imbriquées et toujours anthérifères 
vers la base de la partie dorsale. Les androphylles se déta- 
chent de l’axe qui les porte lorsque les loges ou sacs ont 
mis en liberté le pollen, ils laissent sur cet axe en tombant 
une cicatrice fort nette de leur insertion et jonchent le | 
sol, tandis que le support dépouillé demeure adhérent à | 
la tige, se dessèche et se détruit peu à peu. Chaque an-. 
drophylle se compose d’un corps plus ou moins épais et. 
coriace, élargi ou oblong, aminci en biseau sur les bords, « 
rétréci à la base, qui supporte les loges à pollen sur sa. 
face externe ou inférieure. Ce corps se termine supérieu-\ 
rement par un appendice qui correspond morphologique 
ment au limbe foliaire avorté et en conserve parfois l’ap-« 
parence. Tantôt cet appendice est court et redressé, tantôt . 
il se prolonge en une pointe subu:ée-épineuse, d’autres“ 
fois il se divise en deux lobes (Ceratozamia) ou enfin il ses 
renfle en pelta (Z'amia). Ge sont là autant de variations cor-* 
respondantes à celles que présentent les carpophylles, 
quoique bien moins accentuées. : 

Dans les Zamia et les Macrozamia les logettes à pollen ; 
paraissent distribuées en deux groupes assez confus ou» 
amas contigus, séparés par une ligne médiane un peu en: 
carène,. Dans tous les autres genres on ne distingue qu’un: 
seul groupe de logettes ou sacs polliniques. «Les nom-4 
breux sacs polliniques, dit M. le professeur Sachs à qui 
nous empruntons plusieurs détails pleins d’intérêt (4), les 
_ nombreux sacs polliniqués qui couvrent la face inférieures 


3 (1) Traité de Botanique conforme à l’état présent de la scrence, trad. 
et annoté par Ph. Van Tieghem. — Paris, Savy, 1873, — p. 581 et 
suiv. î 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 207 


des étamines (androphylles) des Cycadées y sont le plus 
couvent rapprochés en petits groupes de deux à cinq, ana- 
logues aux sores des Fougères ; et ces groupes, à leur tour, 
s’accumulent en amas plus considérable sur le bord droit 
et le bord gauche de la feuille sezuée. Chacun de ces petits 
organes se trouve inséré par une base étroite; d’après 


_ M. Karsten, les sacs polliniques du Macrozamia spiralis se- 


raient même pédicellés. Sous tous les rapports, ils ressem- 
blent beaucoup plus aux sporanges des Fougères qu'aux 
sacs polliniques des autres Phanérogames, dont ils se dis- 
tinguent encore par la solidité et la dureté de leur paroi. » 


| Ils s'ouvrent par une fente longitudinale intérieure par 


rapport au point d’attache qui les porte, et, une fois ou- 
verts, ils offrent l’aspect d’autant de coques ou de cornets 
évasés et arrondis par les bords. Dans les C'ycas cependant, 
ainsi que nous avons eu soin de le montrer par la fi- 
gure 4, pl. 72 (pl. 2 du présent tome), les logettes conser- 
vent une forme oblongue ou même cylindroïde, assez 
différente de celle qui existe dans'les autres genres pour 
attirer notre attention. 

Voici à propos du développement des sacs polliniques 


_et des grains de pollen des Cycadées, qui naguère encore 


était inconnu, des observations toutes récentes dues à 
M. Juranyi et que nous empruntons à l’ouvrage de M. Sachs: 
les sacs polliniques naissent à l’origine sous forme de peli- 


. tes papilles-sous-épidermiques. Le tissu intérieur de cette 
- papille rappelle par son mode de formation les sporanges 
+ des Lycopodiacées, Équisétées et Ophioglossées; il com- 
porte une couche externe de cellules plus petites et un 


noyau interne formé de grandes cellules. Ces grandes cel- 
lules, en continuant de grandir et de se diviser, produisent 
enfin les cellules mères du pollen, dont la disposition est 


208 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


conforme à ce qui existe dans les Dicotylédones, tandis que 
la division des cellules mères s'opère plutôt comme chez 
les Monocotylédones. Les grains de pollen devenus libres 
de leurs cellules mères sont d’aberd unicellulaires et sphé- 
, riques ; mais par ‘suite de leur accroissement ultérieur la 
membrane qui les enveloppe se dédouble et le contenu se 
partage en deux cellules, une grande et une petite; celle- 
ci subit une nouvelle division et devient un corps bicellu- 
laire ou tricellulaire qui cependant demeure inactif, 


tandis que la grande cellule, issue de la première réparti- . : 


tion du grain tout entier, s’allonge en un tube pollinique 
destiné à pénétrer à travers le tissu du nucelle jusque dans 
le sac embryonnaire et à opérer la fécondation. Chez les 


Cycadées, comme chez les Conifères, le grain de pollen est 


mis en communication avec le sommet du nucelle par le 
moyen de l’exostome ou ouverture micropylaire, tube 
béant qui surmonte l'ovule et sécrète un liquide auque 
les grains de pollen demeurent attachés. La pollinisation 
ou transport des grains de pollen paraît ici devoir s’opérer 
par l'intermédiaire des insectes (1). Toutefois cette intro- 
duction s’explique difficilement pour les Cycadées dont 
les écailles, supportant des ovules inverses et dilatées au 
sommet en un écusson largement peltoïde, sont étroite- 
ment conniventes dans le cône et recouvrent entièrement 
les ovules, comme on le voit dansles Ceratozamia. L'im- 
prégnation directe qui seule peut amener le développe- 


ment de l'embryon doit être cependant admise.comme un 
fait et sans doute qu’il suffise, pour qu'elle ait lieu, d'un 


imperceptible écartement des écussons dont la réunion 
forme le strobile. Les organes fossiles susceptibles de 


(1) Ibid., p. 582 et passim. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 209 


prendre place dans le genre Androstrobus se réduisent à 
un très-petit nombre, puisqu'il n’est pas même certain que 
le Lepidanthium microrhombeum Schimp. (4) représente une 
inflorescence mâle de Cycadée. Il ne resterait donc à clas- 
ser parmi les Androstrobus que l'A. Guerangeri (Brongn.) 
Sap., qui n’appartient pas à la série jurassique et que nous 
avons cependant figuré (pl. 78, fig. 1-3), et l'espèce sui- 
vante. 


_ Ne 1, — Androstrobus Baldaini. 
PI. 115, fig. 1-2. 


… DIAGNOSE. — À. amento strobilaceo 20 centim. circiter longe 
3 centim. vel parum ultra crasso, squamis polliniferis (andro- 
phyllis) axi valido spiraliter affixis coriaceis in appendicem 
transversim rhombeum sursumque breviter recurrum antice 
terminatis, loculis sub appendice squameæ partem inferam totam 
« tegentibus, breviter tubulosis, compressione mutua hexagono- 
Androstrobus zamioides, Schimp., Traité de pal. vég., I, p. 199, 

ap: “g : À 


… Nous remplaçons la dénomination de zamioides, appli- 
quée à cetteremarquable espèce par notre ami M. Schimper, 
- par celle de Balduini, et nous la dédions ainsi à M, Jules 
* Beaudouin qui l’a découverte, il y a plusieurs années. Le 
terme de zamioides nous paraît impropre, parce qu’il im- 
plique une sorte d'affinilé de structure entre l’ancien or- 
 gane el les cônes mâles des Zamia actuels, ce qui n’existe 
pas, selon nous; l'empreinte, ainsi que nous allons le mon- 
trer, offrant plutôt une certaine analogie d'aspect avec 


- (1) Traité de pal. vég., I, p. 200,,pl. 72. 
VÉGÉTauUx, — J, 14 


210 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


les parties correspondantes des Cycas proprement dits. 
Il est impossible de méconnaître, au premier examen du 
spécimen d'’Etrochey, qui est cependant mutilé sur lun 
des bords, ainsi que dans le bas, l'empreinte d’un cône 
mâle dont les écailles contiguëset plus ou moins imbriquées 
laissent apercevoir dans l’interstice qui les sépare une ou 
plusieurs rangées pressées de logettes à pollen. Cependant, 
comme l’organe fossile n’est terminé dans aucun sens etque 
la nécessité de restituer des reliefs à tout ce qui paraît en : 
creux est de nature à jeter l’esprit dans une sorte de confu- 
sion, notre premier objet doit être de fixer la vraie direction 
de l’empreinte et la signification des parlies dont elle est 
composée. Cette empreinte, ainsi qu’il arrive le plus sou- 
vent, n’est qu’un moule des parties extérieures plus ou | 
moins aplaties et imprimées en creux dans le sédiment. 
Il suffit pour s’en assurer de consulter la figure 2, pl. 115, 
qui restitue l’aspect primitif à l’aide d’un nouveau moulage. 
- L’axe sur lequel étaient implantées les écailles et le prolon- 
gement inférieur de ces écailles se sontdétruits sans laisser 
de vestiges, dans la partie au moins que nous considérons 
comme se rapportant à la base du cône. La face externe 
de chaque écaille dessine une série d’écussons rhomboï- 
daux, faiblement convexes et presque contigus. Cette conti- . 
guïté n’est cependant pas absolue, et dans le faible intervalle | 
qui sépare l’une de l'autre chaque écaille, on aperçoit très- 
distinctement, soit sur l'empreinte, soit encore mieux sur 
le moule de grandeur naturelle (fig. 2), la trace des loges à 
pollen qui garnissent tout le revers inférieur des écailles et. 
se montrent plus-ou moins à découvert, selon queles écailles - 
sont plus ou moins écartées. | 
Vers le haut de l’empreinte, l’aspect des écailles change . 
peu à peu; elles se rapprochent, se recouvrent mutuelle- « 


€ 


TERRAIN JURASSIQUE. == VÉGÉTAUX. 211 


ment par les bords et deviennent imbriquées. La termi- 
naison supérieure du spécimen laisse voir enfin un bourrelet 
cylindrique qui s’élargit et s’épate à son extrémité. Ce bour- 
relet tient évidemment la place de l’axe et, dans le premier 
moment, il semblerait naturel de renverser l'empreinte en 
la plaçant dans une direction inverse de celle que lui prête 
la figure. Il faudrait alors considérer le bourrelet comme 
représentant la base de l’ancien organe. En réalité, il n’en 
est pas ainsi : les écailles se trouveraient renversées, si 
lempreinte était disposée de cette façon, elles porteraient 
les logettes appliquées sur leur face supérieure, ce qu'il 
est impossible d'admettre ; et de plus; si l’on tient compte 
du mode de développement propre au cône mâle des Cyca- 


_ dées, on voit que leur évolution est progressive et que les 


écailles inférieures commencent à se développer et à dé- 
couvrir les logeltes, alors que les supérieures, encore 


- tendres et étroitement imbriquées, n'ont pas cessé de se 
recouvrir muluellement. De plus, l'extrémité non encore 
à consolidée est sujette à se briser bien plus facilement que 
l’autre, et, comme dans l’empreinte fossile toutes les par- 
| ties conservées sont imprimées en creux, à l’exception du 
» bourrelet cylindrique qui tient la place de l’axe, il est à 
4 présumer que sur ce point il y a eu cassure ou destruction 
Ë plus ou moins rapide et que l’organe n’étant pas demeuré 
… intact au sein des lits en voie de formation, le limon cal- 
È caire se sera introduit dans le vide ainsi formé et en aura 
1 . opéré le remplissage. En admettant cette explication, des 
d plus naturelles, et à laquelle on est souvent forcé de recourir 
: pour les végétaux fossiles, toute anomalie disparaît, et il se 
… trouve que nous avons sous les yeux l’empreinte d’un cône 
… mâle en voie de développement, consolidé et intact dans 
Ë sa moitié inférieure, incomplétement évolué dans le haut. 


212 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


garni dans toute son étendue‘d’écailles coriaces pourvues 
antérieurement d’un court appendice redressé, de forme 
rhomboïdale, supportant des sacs polliniques pressés sur 
la face dorsale inférieure. 

L’appendice ou partie terminale de chaque écaille offreau 
premier abord l’appparence peltoïde de celui des Zamia. 
Un examen attentif el le moulage répété de cette partie 
nous à convaincu qu’il s’agit plutôt d’un repli érigé, épais 


et court, aminci sur les bords, mutique au sommet et en 
réalité analogue à ce qui existe dans les parties correspon- 


dantes des Dioon et des C'ycas proprement dits. La struc- 
ture des logettes, très-nettement visible, va nous fournir 
un nouvel élément de comparaison, Ces logelies ne sont 


pas arrondies ni ovales, en forme de coques, mais confi- : 


gurées comme des sacs cylindriques; réunies en phalange 
pressée, ellesaffectent, par suite de la compression mutuelle 
de leurs parois, une forme prismatique hexagonale bien 
visible lorsqu'on les observe, non plus de côté, mais par 
dessus (voy. les figures 22 et 2 grossies, pl. 1143). Or, cette 
structure en sac allongé est justement celle qui caractérise 
les logettes des Cycas, ainsi que l’on peut en juger par un 
androphylle de ce genre, provenant de la collection du 


muséum de Paris, que nous avons reproduit précédemment : 


comme terme de comparaison (voy. pl. 72, fig. 4 et 4°). 


Les logettes fossiles de notre Androstrobus, autant que l’on . 
peut en juger, sont encore closes ou commencent à peine | 
à s'ouvrir par une fente apicale, circonstance en rapport. 
avec la structure du cône lui-même, encore imparfaitement 


développé, à ce qu'il semble. 


RappoRTS ET DIFFÉRENCES. — Il existe une différence des . 


plus sensibles entre l'Androstrobus que nous venons de dé- 


crire et l'A. Guerangeri Brongn. que nous avons figuré pré- . 


di ice monts shit ls: 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 213 


cédemment (voy. pl. 78, fig. 1-3). Les logeties de cette 
- dernière espèce sont grandes et arrondies, tandis qu’elles 
sont petites, multipliées et cylindroïdes dans le premier. 
Les androphylles del’ A, Geangeri rappellent ceux des Dioon 
par leur conformationet celle des logettes qu’ilssupportent, 
Les écailles de l’Androstrobus Balduini se rapprochent bien 
plutôt de celles des Cycas par la structure de ces mêmes 
_ logettes. Il serait donc vraisemblable d’en conclure que 
l'organe d’Etrochey est celui de quelques Cycadites, sup- 
_ posilion qui serait d’ailleurs confirmée par l’examen des 
Cycadospadix qui représentent pour nous les carpophylles 
de ces mêmes Cycadites. Ceux-ci formeraient ainsi un 
groupe allié de très-près à nos Cycas, bien que séparés d’eux 

- par cerlaines nuances. Aucun vestige de Cycadites, en fait 
_ de fronde, n’ayant encore été recueilli dans le Corn rash 
. d’Etrochey, il est difficile de formuler quelque conjecture 
| au sujet de la réunion possible de l’Androstrobus Balduin: 
: avec quelqu’une des espèces de Cycadites déjà décrites. 
| Les frondes des Cycadites, sans doute persistantes et peut- 
| être aussi provenant de pieds situés plus à l’écart des an- 
 ciennes eaux que ceux des Zamites et Otozamites, sont 
toujours rares dans les dépôts jurassiques. S’il fallait citer 
des noms, ce serait le Cycadites Delessei, des environs de 
Mamers, ou le C. Lorteti, au Kimméridgien inférieur d’Ar- 
: maille, qui pourraient être, avec le moins d’invraisem- 
: blance, mis én connexion avec l’organe mâle d’Etrochey. 
È Lan est plus rapproché par le temps, l’autre plus voisin 
par la position du gisement. 

: LocaziTÉ. — La Grange-au-Clere, aux environs d’Etro- 
_chey, près de Châtillon-sur-Seine ; étage bathonien supé- 
t rieur ou Cornbrash; collection de M. Jules Beaudoin, à qui 
- est due la découverte de l'échantillon jusqu’à présentunique. 


214 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


DESCRIPTION DES FIGURES. — PI. 115, fig. 4, Androstrobus 
Balduini Sap., empreinte des parties extérieures d’une in- 
florescence mâle presque entière, mutilée cependant par 
une cassure longitudinale de la pierre sur l’un des côtés et 


à la base, l'extrémité supérieure se trouvant brisée natu- 


rellement et ouverte à l’endroit de l’axe, grandeur réduite 
d’un quart. Fig. 2, portion du même cône vu par dehors, 
avec le relief et l’aspect originaires, restitués à l’aide d’un 


moulage, grandeur naturelle; fig. 2%, plusieurs andro- 
phylles ou écailles anthérifères vues de face et grossies, : 


pour montrer la disposition des logettes à pollen; fig. 2, 
logettes à pollen accumulées vues par-dessus, sous un plus 
fort grossissement. 


NEUVIÈME GENRE. — CYCADOSPADIX. 
Cycadospadix Schimp., Traité de pal. vég., IE, p. 207. 


DIAGNOSE. — Squame coriaceæ pedicillatæ, quandoque basi 
truncata sessiles, in discum ovato-lanceolatum vel late ovatum 
triangularemve expansæ margine inciso-dentatæ au laciniatæ 
laciniis plerumque rigidis, pedicelli lateribus præcipue superts, 
ad basin disci, insertionis ovulorum seminumve cicatricibus 
utrinque nolatis, rarius cicatricibus insertionum plurimis secus 
pedicelli laltera deorsum sparsis. 


Crossozamia (ex parte), Pom., Mat. pour servir à la fl. foss, du | 


terr. jur. de la France (in aml. 


Ber. d. Vers deutsch. naturf. 
Aachen, 1849), p. 342 et 343. 


HISTOIRE ET DÉFINITION, — M. Pomel a fait connaître le 
premier les organes curieux que nous allons décrire, en 
proposant pour eux le nom générique de Crossozamia. Il 


data ru déttitis ml tt) 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 215 


leur attribuait alors avec les Zamites et Olozamites, trouvés 
dans les mêmes localités que ces organes, une connexion 
que rien ne justifie en réalité. Le Zamites Moreaui Brongn., 
le Zamites Feneonis Brongn., même l’Otozamites Hennoquei 
(Pom.)Sap., celui-ci avec plus de réserves, devenaient pour 
M. Pomel des Crossozamia, genre auquel il attribuait un 
tronc analogue à ceux de ses Æchinostipes (Clathropodium 
Nob.), mais plus allongé, avec des bases de pétioles plus 
courtes, un peu imbriquées, donnant lieu à des disques 
rhomboïdaux presque réguliers et regardant un peu en 
haut. Les frondes des Crossozamia auraient été celles des 
Zamites, et les écailles frangées et pédicellées, recueillies 
à Heltange et à Saint-Mihiel, auraient corstitué leurs car- 
pophyiles. Nous avons exposé précédemment (voy. p. 34 
et 35) les raisons qui s’opposent à ce que l’on adopte la 
manière de voir de M. Pomel : la principale est basée sur 
l’évidente ressemblance des carpophylles supposés de ses 
Crossozamia avec ceux des Cycas actuels, affinité qui paraît 
n’avoir été qu’imparfaitement saisie par M. Pomel, qui 
compare surtout ces organes fossiles aux écailles femelles 
des Dioon. Ainsi, le nom de Crossozamia, même restreint 
aux seuls appareils laciniés, à l'exclusion des frondes, se 
trouvait impropre, et M. Schimper qui a eu d’ailleurs l’avan- 
tage de disposer d’un plus grand nombre de matériaux a 
adopté avec raison celui de Cycadospadix comme révélant 
mieux l’affinité présumée de ces appareils avec ceux des 
- Cycas. Notre savant ami semble pourtant supposer qu’il 
_ serait possible d'admettre que nous eussions rencontré en 
eux les organes fructifères d’une Cycadée ancienne, dont 
1 les Otozamites représenteraient les frondes. Cette vue con- 
jecturale ne saurait être acceptée. La coïncidence purement 
fortuite qui réunit à Heltange, dans le même lit, les Cyca- 


“ 


216 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


dospadix elles Otozamites, ne doit pas même être invoquée, 
puisque dans le grès de la localité infraliasique, à côté 
des Cycadospadix, se montrent les débris reconnaissa- 
bles d’un Cycadites (C. rectangularis Brauns, C. pectina- 
tus Schimp.), auquel il est encore plus naturel de rapporter 
ces organes. Les frondes et les carpophylles accusent res- 
peclivement ici la même liaison vis-à-vis du type des Cycas 
proprement dits. Les C'ycadospadix consistent en écailles 
coriaces ou spadices conformés pour servir de support à 
des graines que l’on n’a pas encore rencontrées adhérant à 
Pappareil lui-même, mais dont on observe le point d’inser- 
tion marqué par une cicatrice bien visible, tandis que dans 
les mêmes lits, à Hettange, il existe fréquemment des se- 
menses isolées (voy. fig.6, pl.116) qu'ilest vraisemblable de 
rapporter à ces mêmes appareils. Ceux-ci varient beaucoup 
d’aspect et de dimension, bien; que leur structure soit tou- 
jours à peu près la même : ils comprennent dansle hautune 
| partie dilatée en forme de lame amincie vers les bords, 
ovale lancéolée ou ovale élargie, subtriangulaire, incisée 
plus ou moins profondément, selon Les espèces, tantôt.fran- 
gée, tantôt laciniée ou même découpée en lanières, celles-ci 
entières et linéaires ou bien sinuées et parlagées en-dents 
secondaires, Le sommet est tantôt pareil au reste des bords, 
tantôt surmonté d’une terminaison tronquée, plus ou moins 
large. On distingue parfois à la surface de l’expansion. de 
légers linéaments qui se partagent à l’aide de bifurcations 
successiveset s’étalent vers les bords, aprèsavoir pris nais- - 
sance très-obliquement le long d’une crête ou carène mé- 
diane faiblement prononcée, d’autres fois nulle ou presque 
nulle. L'expansion se rétrécit plus ou moins vers-la base 
et donne lieu dans cette direction à un support ou rachis 
plus ou moins long, plus ou moins développé (pl. 416, 


à 
À 


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DA due ds ait dE 16 0 di hé VS LAS de Le à 


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TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 217 


fig. 4 et 7), qui n’exisie cependant pas toujours. Dans ce 
dernier cas, l'organe se trouve réduit à la partie laminaire, 
ordinairement plus courte, plus irrégulière et tronquée 
inférieurement, de manière à figurer une écaille dont l’in- 
sertion donnerait lieu à une ligne semi-circulaire autour de 
l’axe sur lequel elle serait implantée. Il est probable effec- 
tivement que les Cycadospadix, comme les carpophylles 
des Cycas, étaient disposés autour d’un axe central en une 
inflorescence strobiliforme. On sait que, dans les Cycas 
femelles, l’axe de la tige en se prolongeant continue celui 
de l’inflorescence, tandis que dans les pieds mâles de ce 
même genre les cônes constituent des-appareils axillaires, 
comme chez toutes les autres Cycadées. Une structure 
analogue existait sans doule chez les plantes fossiles dont 
les Cycadospadix constituaient les organes fructifères. — 
Ces organes d’abord appliqués l’un contre l’autre et étroi- 
tement imbriqués avant l’anthèse s’écartaient ensuite plus 
ou moins, les fertiles situés vers le haut et longuement pé- 
dicellés ; tandis que dans le bas ils passaient graduellement 
à des appareils pourvus seulement d’ovules avortés et fina- 
lement à de simples écailles frangées et stériles, placées à 


. la base même de linflorescence. La situation des ovules 


sur le support, visible seulement par la cicatrice qu’ils ont 
laissée, indique, relativement à leur nombre et à leur di- 
reclion, des variations qui ne sont pas sans analogie avec 
ce qui existé chez les Cycas actuels. Les cicatrices d’inser- 
tion consistent en deux fossetles, toujours placées dans 


. l'espèce de Hettange, la mieux conservée des deux, à la 


base même de lappendice frangé et par conséquent au 


CN TM) Paie Ne 
Ve SET us à La 


- sommet du pédicelle. Il semble que dans ce premier cas. 


il n’y ait eu que deux ovules et que leur direction n’ait été 
niinverse, ni tout à fait érigée, mais plutèt oblique, comme 


218 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


dans les Dioon. L'espèce de Saint-Mihiel, qui ne nous est 
connue, il est vrai, que par un dessin de M. Moreau et la 
description de M. Pomel, semble avoir présenté six ovules 
insérés dans un ordre alterne, sur les côtés d’un long pédi- 
” celle, les deux premiersoccupant, comme dansla première 
espèce, la base même de l’appendice frangé. 

De même que les frondes de Cycadites, bien que très- 
analogues à celles des Cycas, en diffèrent pourtant quelque 


peu, de manière à faire admettre l'existence d’un genre 
éteint, similaire de celui de nos jours, mais non absolument : 


identique avec lui, de même les Cycadospadix nous pa- 
raissent représenter avec des affinités et des divergences 
semblables les carpophylles de ces mêmes Cycadites. 
RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les rapports des Cycados- 
padix ou carpophylles probables des Cycadites avec ceux 
des Cycas ressortent de l’examen de tous les caractères 
visibles. La structure et l’aspect sontpareiis des deux parts. 
Les carpophylles des C'ycas (voy. pl. 72, fig. 2 et 3) sont 


formés, comme les Cycadospadix, d’un support ou pédicelle 


terminé supérieurement par une expansion plane et lan- 
céolée, plus ou moins frangée ou laciniée sur les bords. 
Dans les Cycas actuels, les ovules sont implantés dans des 
crans creusés en fossetle et toujours au nombre de plus de 
deux sur les côtés du rachis; leur nombre varie de 6 à 8, et 
ces ovules sont tanlôt disposés par paires, tanlôt alternant 
d’une rangée à l’autre.et plus ou moins épars. Il existe à 


cet égard des différences entre les deux groupes inégaux 


qui se partagent les C'ycas et dont les C. rumeniana et 


revoluta sont les types. Nous avons eu soin de figurer les . 


carpophylles de ces deux espèces afin de permettre de 


juger de ces différences. Les carpophylles du C. ruminiana « 
(pl. 72, fig. 1) soni surmontés d’une expansion moinslarge, . 


tan eu ES te Se de Le. 


TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 219 


moins laciniée sur les bords, plus pointue au sommet et 
pourvue de franges à segments plus aigus. Le rachis est 
plus fort, il présente sur les bords descrans plus prononcés, 
sur lesquels les ovules sont plus profondément insérés. 
Les carpophylles du C. revoluta (pl. 72, fig. 3, très-di- 
minuée) offrent une expansion plus large, plus profondé- 
ment incisée en lacinies irrégulières. Le support est rela- 
tivement plus mince; les alvéoles de l’ovule sont moins 
saillantes, les ovules eux-mêmes disposés par paires et la 
paire supérieure plus écartée de la base de l’appendice, ce 
qui constitueune divergence sensibleavec les Cycadospadix. 
Au total cependant, les appareils fossiles se rapprochent 
davantage de ceux de la section dont le €. revoluta est le 
type que de l’autre, et comme la même analogie se révèle 
dans l'observation des frondes des Cycadites, il est permis 
d’en conclure que le rapprochement entre ce genre et les 
Cycadospadix repose sur de grandes probabilités. 


N°1.— Cycadospadix Hennoquei. 
PI. 416, fig. 1-5. 


Cycadospadix Hennoquei, Schimp., Traité de pal. vég., H, p. 207, 
pl. 72, fig. 18. 

- DiAGNOSE. — C. lamina crassa tum sessili subsessilique tum 

pedicellata ovato-triangularive-lanceolata, acumine terminali 

plus minusvêé producto latioreque plerumque truncato, margi- 

nibus laciniatis, lacinüs arrectis anguste acutis integris aut 


. irregulariterincisis laminæ carina media plus minusve expressa 


nervulos obscure notatos vageque furcato-divisos in lacinias 
. emittente; cicatricibus ovulorum insertione provenientibus binis 
ad basin laminæ utrinque insidentibus, in speciminibus autem 
sessilibus sæpius evanidis vel abortu minimis. 


220 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, 


Crossozamia Hennoquei, Pom., 1. c., p. 353. 


M. Pomel a signalé le premier, sous le nom de Crosso- 
zamia Hennoquei, des spadices frangés sur les bords, pro- 
» venant du Lias de Hettange. Il a reconnu leur nature et les 
a considérés comme représentant les carpophylles d'une 
_ Cycadée, dont les Zamites auraient été les frondes. La ma- 
nière de voir de ce savant ne s’est confirmée qu’en partie; 
il est juste pourtant de faire remarquer qu’il avait su ap- 
précier dès 1847 des organes dont la signification avait : 
échappé à bien d’autres et que M. Brongniart lui-même ne 
mentionne pas dans son Zableau des genres de végétaux 
fossiles, publié en 1849. Plus tard, M. Scheuk, dans sa flore 
des couches rhétiennes de Franconie, a signalé et figuré 
un exemplaire de ces mêmes organes, qui lui avait été com- 
muniqué par M. Schlumberger et dont l’analogie avec les 
spadices femelles des Cycas ne luia pas échappé. M. Schenk 
conjecturait avec raison qu'il s’agissait sans doute de 
l'appareil fructificateur d’un Cycadites et peut-être du 
C, pectinatus qui se trouve effectivement à Heltange et que 
nous avons décrit précédemment sous le nom de C. rectan- 
gularis Brauns. 

Le Cycadospadixz Hennoquei est basé sur une assez nom- 
breuse réunion d’empreintes qui varient de forme, de di- 
mension etde structure et se rapportent pourtant toutes au 
même type spécifique. Nos figures 1 à 3, pl. 416, repro- 
duisent tous les exemplaires que nous avons pu nous pro- . 
curer et offrent tous les passages depuis le spadice fertile . 
muni d’un suppoit (fig. 1), jusqu’à l’écaille ou bractée 
stérile et tronquée inférieurement (fig. 4 et 5). Ces sortes 
d'écailles devaient être situées à la base même de Pinflo- 
rescence, en dessous el en dehors des carpophylles pro- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 221 


prement dits. Leur base sessile est terminée par une échan- 
crure faiblement concave, comme si dans leur iasertion 
elles avaient embrassé une partie de l’axe sur lequel elles 
étaient implantées. L'une de ces écailles (fig. 5) est irrégu- 
lièrement laciniée sur les bords; les lacinies sont plus 
prononcées sur un côlé que sur l’autre, le sommet se pro- 
longe en une pointe incisée le long de sa marge et dont 
l'extrémité supérieure est tronquée. On aperçoit de légers 
linéaments qui rayonnent de la base et vont se perdre dans 
les lacinies. L’autre écaille (Gg. 4) est plus grande, plus 
élargie, plus régulière ; les lacinies sont linéaires, entières 
ou dentelées, au nombre de 5 à 6 de chaque côté; elles 
accompagnent un segment médian large et court, à bords 
parallèles, et nettement tronqué au sommet, Cette tronca- 
ture, caractéristique, bien que plus ou moins prononcée 
selon les spécimens, semble distinguer le Cycadospadix 
Hennoquei. L’écaille reproduite (fig. 3) paraît avoir été sté- 
rile, comme les précédentes ; elle est échancrée à la base 
et laciniée sur les bords de la même façon; elle présente 
également des traces de nervures flabellées, mais ces ner- 
vures partent, dans une direclion très-oblique, d’une côte 
ou carène médiane, assez prononcée inférieurement, qui se 
prolonge en s’effaçant de plus en plus, jusque vers lesommet 
de l'organe; sur la base, on distingue les cicatrices inser- 
tionnelles de deux ovules probablement avortés. Le spa- 
dice (fig. 2) à bien puêtre fertileet pédicellé, mais l’origine 
. seule du pédicelleest visible. Cette origine est accompagnée 
des cicatrices d'insertion de deux ovules; peut-être même, 
ces ovules avortés et disposés comme ceux des Dioon, sont- 
- ilsencore en place. Au-dessus s’élale une expansion coriace, 
 ovale-lancéolée, laciniée sur les bords et terminée supé- 
_ rieurement par un prolongement finalement tronqué. 


222 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


Le bel exemplaire reproduit par la figure 4, d’après 
un dessin qui nous a été communiqué par M. Schimper, 
existe à Lyon, dans la collection de M. Schlumberger. 
Il représente un spadice fertile, plus grand que les pré- 
; Cédents, distinctement pédicellé et montrant vers le som- 
met de ce pédicelle les cicatrices d’insertion de deux 
ovules ou plutôt de deux graines détachées après leur 
entier développement. Le pédicelle ou rachis est relati- 


vement mince, un peu caréné sur le milieu; il se prolonge : 
supérieurement en une crête qui partage l’expansion 


laminaire, dont la forme est ovale-l ancéolée, subdeltoïde ; 
les bords sont incisés à lacinies étroites, longues et éri- 
gées; la pointe terminale est assez étroite, plus courte 
que les franges du bord, mais distinctement tronquée. On 
observe des deux côtés de la carène médiane des vestiges 
de linéaments en forme de nervures, qui se bifurquent et 
courent aux lacinies. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le sommet pourvu d’un 
segment plus court et plus large que les lacinies latéraleset 
généralement tronqué, les cicatrices d’insertion des ovules 
réduites à deux, les expansions laminaires tantôt sessiles, 
tantôt pédicellées, fournissent des caractères distinctifs suf- 
fisants pour ne pas confondre cette espèce avec celle du 
Corallien de Saint-Mihiel beaucoup moins connue, il est vrai. 
Si, comme il semble que l’on puisse le constater à l’aide de 
la figure 2, les ovules de C. Hennoquei se trouvaient attachés 


dans une direction oblique et non pas nettement érigée, ce 
genre servirait d’intermédiaire aux Dioon et aux Cycas. Il « 


se rapprocherait-du premier par l'insertion inclinée des 
ovules et du second par l’aspect et la configuration du spa- 
dice. Dans les Dioon, comme dans l'espèce de Hettange, on 


observe des carpophylles fertiles et longuement pédicellés : 


mhécuts imabaei nû Ai: 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 223 


et d’autres stériles ou ne portant que des ovules avortés, 
dont le pédicelle est court ou nul ; ces derniers occupent la 

. base de l’inflorescence. Le même fait doit exister chez les 
Cycas, où cependant il ne nous a pas été donné de l’ob- 
sérver. 

LOCALITÉ. — Grès infraliasique de Hettange (Moselle); 
zone à Ammonites angulatus ; coll. de M. Terquem, du Mu- 
séum de Paris et de M. Schlumberger, ingénieur de la 
marine à Lyon. 

EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 116, fig. 4, Cycadospadix 
Hennoquei Schimp., spadice fertile pédicellé, d’après un 
dessin communiqué par M. Schimper, grandeur naturelle. 
Fig. 2, autre spadice de la même espèce avec la trace de 
l'insertion de deux ovules probablement avortés, grandeur 
naturelle, d’après un échantillon faisant partie de ja collec- 
tion de M. Terquem. Fig. 3, autre spadice sessile, pro- 
bablement stérile, provenant de la même colleclion, gran- 
deur naturelle. Fig. 4, écaille coriace, non pédicellée et 

. stérile, terminée par un apezx large et ironqué, d’après un 
- échantillon recueilli par M. Terquem en 1843, et faisant 
_ partie de la collection du Muséum de Paris, grandeur natu- 
relle. Fig. 5, autre écaille sessile et stérile, analogue à la 
précédente, d’après un exemplaire de la collection de 
M. Terquem (cette collection fait actuellement partie de 
È celle de l’École des mines), grandeur naturelle. 


N°2, — Cycadospadix Moræanus. 


PI. 416, fig. 7-8. 


: 


+ Cycadospadix Moræanus, Schimp., Traité de pal. vég., Il, p. 207. 


DIAGNOSE. — C. lamina minore ovato-lanceolata vel irregu- 
… lariter expansa marginibus inciso-laciniata, laciniis linearibus 


224 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


arrectis, pedicello sursum paulisper dilatato deorsum longius- 
culo gracili, cicatricibus plurimis ex ovulorum insertione pro- 
venientibus sparsim secus latera notato. 


Crossozamia Moræana, Pom., I. c., p. 343, 


Cette seconde espèce ne nous est connue que par deux 
dessins, l’un de M. Brongniart (lig. 7), l’autre de M. Po- 
mel (fig. 8), et encore ce dernier n’est peut-être qu’un 
simple croquis dont on ne saurait garantir l'exactitude : 
absolue. Il nous a été impossible de retrouver lesoriginaux 
qui servirent autrefois à la diagnose de M. Pomel ; mais la 
figure 7, dont nous devons la communication à M. Bron- 
gniart, paraît être la reproduction fidèle d’un échantillon; 
depuis égaré, qui faisait partie en 4841 de la collection de 
M. Moreau et provenait de Sommedieue, près de Saint- 
Mihiel, Elle montre un spadice analogue aux précédents, : 
mais qui dénote l’existence d’une espèce totalement diffé- : 
rente. Les dimensions sont plus faibles, l’expansionlaminaire | 
est plus courte, plus large; elle manque de prolongement | 
terminal. Les bords sont plus profondément et plus irré- . 
gulièrement incisés, les lacinies plus fines, plus érigées et | 
plus pointues. La base de l’expansion présente deux cica- 
trices insertionnelles d’ovules fort nettes; elle se rétrécit 
ensuite insensiblement et se continue en un pédicelle long | 
et grèle qui présente le long de ses bords les vestiges étroits 
et allongés du lieu d’insertion de quatre autres ovules dis- : 
posés dans un ordre alterne, c’est-à-dire ne se correspon- . 
dant pas d’un bord à l'autre, ce qui arrive souvent aussi « 
dans les parties semblables des Cycas actuels. La figure 8, 
tracée d’après un dessin extrait de la correspondence de 
M. Pomel avec M. Moreau offre à peu près le même aspect 
elle ne laisse voir que l’origine du rachis ou support. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 225 


RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les ovules implantés au 
nombre de trois paires lelong du pédicelle du carpophylle 
fournissent un caractère différentiel important, quiéloigne 
le Cycadospadiz Moræanus du C. Hennoguei et le rapproche 
en même temps des Cycas actuels. Cependant, on observe 
toujours entre l’appareil fossile et les carpophylles des 
Cycas celte divergence que chez ces derniers les ovules sont 
fixées dans des alvéoles, tandis que dans le spadice juras- 
sique les cicatrices d’insertion ont laissé leur empreinte 

marquée en creux; il en résulte que si l’on restitue leur 
relief à ces empreintes les ovules et les graines ont dû ad- 
hérerà des points relevés en saillie, ainsi qu’on le remarque 

chez les Dioon. Les Cycadées dont les Cycadospadix repré- 
sentent les carpophylles atténuaient donc la distance qui 
sépare aujourd’hui les C'ycas des Dioon. 

..  Locazrré. — Sommedieue, près de Saint-Mihiel (Meuse), 

observé par M. Moreau en 184 ; étage corallien: calcaire 

blanc. 

DESCRIPTION DES FIGURES. — PI. 416, fig. 7, C'ycadospadix 
 Moræanus Schimp., empreinte de spadice complet avec 
son pédicelle, sur un morceau de calcaire corallien, d’après 
un dessin communiqué par M. Brongniart et exécuté en 

sut sur l'échantillon original, recueilli par M. Moreau, 

grandeur naturelle. Fig. 8, autre échantillon de la même 

“espèce, d'après un croquis dû à M. Pomel, grandeur natu- 

relle. z 


; : DIXIÈME GENRE. — ZAMIOSTROBUS. 


| Zamiostrobus, Endl., Gen. pl., p. 73. 

— Gp: .» Uebers, d. Arb. v., 1844, p. 129. 

— Brongn., Tab. des genres dé vég. foss., p. 63. 
Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 298. 

: —_ Schimp., Traité de pal. vég., IH, p. 201. 

: VÉGÉTAUX. — J. : 15 


y 


296 PALÉONTOLOGIE FRANUAISE. 


DIAGNOSE. — Sfrobili ovati ovoidei vel plus minusve oblongr 
axt crasso suffulti, sive integri clausique, sive aperti squamis- 
que abazxi solutis in particulas secessi; squamæ 1n peltam 
apice dilatatæ pediculo perpendiculari axi insertæ, peltis in 
*_ strobilo contigquis infra biovulatis, tandem semina 1nversa ex 
utroque latere gerentibus. | 


Zamia, Lindi. et Hutt., Foss. F/., Il et HI. 

—  Mantell, Trans. geol. soc., 1843. 
Zamites (ex parte), Corda, in Reuss. Verst., p. 86. 

— — Moriss, Cat. brit. foss., p. 25. 
Cacsisestrains, Carruth., Journ. of. bot., janv. 1869, D. 9. 


HISTOIRE ET DÉFINITION, — Ce genre est loin d’avoir la 
signification qu’Endlicher lui avait attribuée, en se basant 
pour l’établir sur la structure supposée du Z'amia macroce- “ 
phala de Lindley et Hutton, Cycadée plus que probléma- 
tique, considérée par M. Brongniart (1) comme très-peu 
différente du Zamiostrobus sussexiensis Gæpp. Les carac- “ 
tères de celte espèce, suivant le savant français, offriraient 
plutôt par la direction des écailles et la position des grai- « 
nes une certaine analogie avec les cônes des pins. La dia- 
gnose d’Endlicher indique effectivement l'existence d’une 
seule graine vers la base et sur la face supérieure de chaque » 
écaille; il aurait donc été plus naturel de reconnaître une 
Araucariée qu’une Cycadée plus ou moins voisine des Za- 
mia dans le cône trouvé aux environs de Canterbury. IL 

aurait fallu surtout éviter, comme l’a fait Unger dans son 
Genera, d’insister sur ce caractère générique d’une se- 
mence solitaire, en l’inscrivant en tête d’un groupe destinés 
à comprendre, dans la pensée de l’auteur, les divers cô- 
nes de Cycadées fossiles que leur ressemblance avec ceux 


(1) Tab, des genres, p. 63. 


Nr — 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 297 


des Zamia porte à considérer comme ayant possédé une 
structure plus ou moins conforme à celle de ces derniers. 
M. Brongniart a eu soin, tout en conservant le genre Za- 
miostrobus comme un cadre destiné aux organes fossiles 
que leur apparence rapproche des cônes de Zamia, de 
faire ressortir les incertitudes et les invraisemblances qui 
s’attachent à l'attribution des espèces que l’on y a rap- 
portées jusqu’ici et dont la plupart ne paraissent pas même 
être de vraies Gycadées. M. Carruthers, dans une publica- 
_ tion récente, a distrait avec raison des Cycadées pour les 
restituer aux Conifères les Zamiostrobus macrocephalus et 
sussexiensis. Il considère le premier comme constituant un 

type nouveau, voisin des Dammara, et le second comme 
_ devant prendre place parmi les Pinus de la section Sfrobus. 
._ L'auteur anglais propose en même temps la dénomination. 
. générique de Cycadeostrobus comme plus convenable que 
. celle de Zamiostrobus pour exprimer les affinités présu- 
E mées du groupe avec les Cycadées en général. À ses yeux 
. ceux des cônes fossiles ‘qu’il continue à ranger dans cette 
famille se rapprocheraient plus particulièrement des Zn- 
 cephalartos et auraient été en connexion, à ce qu’il con- 
. jecture, avec. les troncs nommés Clathraria par Mantell, 
1 les uns et les autres se trouvant réunis dans les lits de la 
_ formation wéaldienne de l'ile de Wight. Les espèces énu- 
| mérées par M. Carruthers sont au nombre de neuf, parmi 
» lesquelles on ‘remarque le Zamiostrobus crassus (Lindl. et 
| Huit.) Schimper, que nous avons figuré comme terme de 
4 comparaison (voy. pl. 77, fig. 4), et le Zamiostrobus pri- 
É mœvus Schimp. (Pinites primævus Lind]. et Hutt.). L’attri- 
: bution de ce dernier aux Cycadées est fort douteuse. Les 


(1) On Gymnospermatous fruits from tñe second. roks of Brit, — 
“Journ. of Botany Brit. and for. — Jan. 1867, p. 8. re 


298 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


espèces nouvelles décrites et figurées par M. Carruthers, 
sous le nom de C'ycadeostrobus, sont les C'ycadeostrobus ova- 
tus, tumidus, elegans, Walkeri et sphærieus (4). Celui-ci 
provient de l’Oxfordien de Wiltshire; tous les autres du 
” "Wéaldien, L’exacte attribution de ces espèces ne laïsse pas 
que d’inspirer beaucoup de doutes ; leur forme ovoïde, la 
structure et l'agencement de leurs écailles pourraient por- 


ter à reconnaître en elles des cônes de Dammarées et 1 


d’Araucariées, plutôt que des strobiles plus ou moins 
analogues à ceux des Zamia et des Encephalartos: 

Pour nous, malgré toutes ces incertitudes, il nous sem- 
ble que le terme de Zamiostrobus, adopté par la plupart 
des savants et dernièrement par M. Schimper, doit être | 
conservé. Si l’on a soin d’avoir égard seulement à ceux des 
cônes fossiles dont l'attribution au groupe des Cycadées 
est la moins contestable, on reconnaît sans peine que leur 
structure intime les range naturellement parmi les Zamiées 
et à proximité des Zamia; c’est ce que va nous démon- | 
trer l'examen de l’une de nos espèces, qui laisse voir l'a- | 
gencement des écailles et la situation même des ovules,. 
Dans ce cas au moins, on observe deux graines réfléchies : 
sous le pelta qui les recouvre, et les rangées contiguës de 
ces pella, disposées dans un ordre formé de plusieurs sé- | 
ries de spires, très-obliquement dirigées, donnent au stro- . 
bile l'apparence extérieure présentée par le Zamiostro- 
bus crassus (2). Chez les Zamia actuels, le cône femelle 
s'ouvre à la maturité ; les écailles peltoïdes, pourvues d'un. 
support inséré à angle droit sur l’axe et de deux graines, 
inverses dont l’une avorte assez souvent, s’écartent, se. 
‘divariquent et se détachent en partie. C’est à ce dernier. 


> (1) ; Ce; pl. 57, fig. 1-2 et 6-9. 
62} Voy: DL: 77, DEP 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 229 : 


état que paraît être parvenu le remarquable appareil fruc- 
tificateur décrit par M. Carruthers sous le nom de Beania 
gracilis et dont notre figure 3, pl. 77, offre une reproduc- 
tion. Les caractères propres aux Zamia se montrent ici 
avec évidence. On distingue très-nettement des pédicelles 
implantés perpendiculairement sur un axe, il est vrai, fort 
grêle relativement; ces pédicelles sont terminés à leur 
sommet par un écusson peltoïde qui supporte inférieure- 
ment deux graines réfléchies, dont l’une se montre assez 
souvent avortée. Cette organisation, qui mérite peut-être 
une dénomination générique particulière à cause de l’axe 
long et grêle et du nombre restreint des écailles ovulifères, 
ne diffère réellement de celle qui est propre aux cônes 
femelles des Zamia. par aucun côté essentiel. Il ne résulte 
pas cependant de cette similitude que les Zamuiostrobus 
aient été nécessairement de vrais Zamia. Le groupe amé- 
ricain des Zamia n’a peut-être jamais existé dans l’an- 
cienne Europe; mais notre continent renfermait sans 
doute autrefois des Cycadées qui s’écartaient assez peu des 
Z'amia vivants par la structure intime de leurs principaux 
organes reproducteurs, bien que l'identité générique entre 
les deux calégories ne fût pas absolue et que les frondes 
pussent différer plus ou moins des deux parts. C’est là ce 
qui explique, selon nous, pourquoi les strobiles des Cyca- 
dées européennes fossiles ont. toujours quelque chose 
d’ambigu dans l’aspect, et pourquoi en particulier les ran- 
gées d’écailles sont disposées sur eux en spires plus ou 
- moins obliques et non pas en séries perpendiculaires, 
comme on le remarque dans les Zamia vivants. : 
= LRAPPORTS ET DIFFÉRENGES. — On voit par ce qui précède 
que les Zamiostrobus ont une analogie manifeste avec les 
strobiles des Zamia et des Encephalartos actuels et qu’ils 


‘230 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


se rangent certainement dans la section des Zamiées pro- 
‘prement dites, sans que la nature et le degré de cette aff- 
-nité puissent être fixés avec précision, sans qu’il soitmême 
certain que plusieurs types dissemblables, ou même étran- 
” ‘gers aux Cycadées, n’aient été compris dans un cadre jus- 
qu'ici fort élastique. Une des espèces que nous décrivons 
provient du Lias inférieur, l’autre du Corallien ; la plupart 
“des Zamiostrobus signalés en Angleterre ont été recueillis | 
dans le Wéaldien. Le Zamiostrobus gibbus (Reuss) Schimp. 
‘appartient au Grès vert inférieur de Bohême, et le Zamios- 4 
trobus Saportanus Schimp., que nous avons découvert dans 
le Miocène inférieur d’Armissan (voir celte espèce figurée 
comme terme de comparaison, pl. 77, fig. 5), rappelle 
plutôt par son facies les Zamiostrobus jurassiques que les 
organes des modernes Zamia. On voit qu’il serait fort possi- 
ble que le genre de Cycadées dont les Zamiostrobus repré- 
-sentent les cônes femelles eussent eu une durée des plus 
longues. Mais les frondes de ce même type demeurent in- 
connues, ou plutôt il est difficile de conjecturer ce qu’elles . 
étaient et de faire un choix à ce point de vue parmi celles 
que l’on observe dans les terrains secondaires. ] 


N° 1. — Zamiostrobus Ponceleti. 
PI. 417, fig. 2-6. 


DrAGNosE. — Z. strobilo fructifero elongato ‘cylindraceo, | 
carpophyllis numerosis azxi crasso pedicello gracili perpendi- \ 
culariter insertis, sursum in pèltam medio desupra convexio- | 
rem expansis, semina bina sæpe inæqualiter evoluta inversaque : 
subtus gerentibus, seminibus parvis lepido-testaceis ovatis la- u 
tere apicali plus minusve attenuatis. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 231 


Nous devons la connaissance de celle espèce curieuse à 
M. Terquem. M. Poncelet, ingénieur à Namur, à qui nous 
la dédions, l’avait découverte dans le grès d’Arlon, simple 
prolongement de celui de Hettange. Il a bien voulu nous 
remeitre tous les fragments demeurés en sa possession. Il 
s’agit malheureusement d’un strobile enseveli autrefois 
dans le sédiment gréseux qui a pénétré dans tous les in- 
terstices des écailles, avant que ce sédiment eût acquis le 
grain d’une roche dont la dureté et la compacité sont ex- 
trêmes. Les parties molles ou simplement ligneuses du 
cône ont été détruites presque entièrement ; il ne reste 
d’elles que des linéaments assez peu nels et des creux ta- 
pissés de sucs ferrugineux. Les graines, encore en place, 
ont mieux résisté. Non-seulement elles ont laissé un moule 
exact de leur périphérie, mais le corps même de la 
graine, converti en une substance calcaire semi-cristalline, 
a conservé sa forme et se détache aisément des parois de 
la cavité qui le renferme et le circonscrit (voy. pl. 417 


fig. 3, 3 et 6). 


Il est possible de constater, malgré l’état fragmentaire 
et, pour ainsi dire, informe des deux échantillons, dont 
l’up se rapporte à la partie moyenne (fig. 4), l’autre (fig. 2) 


_ à l’extrémité supérieure du même organe, que la forme 


générale du strobile était allongée et cylindrique. OL 


. constate également que l’axe était épais relativement à la 


dimension des écailles et des graines. Autour de cet axe 


- et jusqu’à la partie terminale du cône, bien visible par la 
figure 2, sont implantés des carpophylles sous forme d’é- 


Cailles peltées, supportées par des pédicelles assez grêles, 


- insérés perpendiculairement à l’axe et longs de 6 à 8 mil- 


( 
| 


. limètres envircn. Il est impossible, vu le mauvais état de 
l'échantillon, de distinguer du pelfa d'autres détails que 


232 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


son profil exactement reproduit par la figure 7, qui repré- 
sente un diagramme légèrement grossi de l’organe fossile. 
La forme générale a dû être en capuchon, avec une saillie 
plus ou moins prononcée et d’autres fois une légère dé- 
pression vers le centre. Au-dessous, sont suspendues deux 
graines, bien nettement délimitées à cause de leur mode 
de conservation. Ces graines dont nous reproduisons plu- 
sieurs exemplaires détachés de la cavité qui les renferme 
et qui correspond peut-être à leur £esta ? sont petites, sur- 
tout comparées à celles des Zamiées actuelles ; leur lon- | 
gueur n’a jamais dû excéder 3 à 4 millimètres; elles sont 
ovoïdes, plus arrondies à leur extrémité d’insertion qu’à 
l’autre extrémité qui correspond au micropyle et se trouve 
-plus ou moins atténuée en une pointe toujours obtuse. La 
cicatrice du point d'insertion est quelquefois visible : 
(fig. 3°); lear surface est lisse, rayée de stries longitudi- 
nales d’une extrême finesse. Les figures 5° et 6° qui repré- ; 
sentent deux de ces graines grossies en reproduisent fidè- 
lement l'aspect ainsi que la configuration en amande assez | 
faiblement convexe sur les deux faces. | : 
RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le strobile que noùs venons 
de décrire a la structure essentielle de ceux des Zamia. Il 
s’en rapproche par la forme cylindrique, les écailles nom-. 
breuses, peltoïdes, la nature, la direction et la dimension « 
proportionnelle des pédicelles, enfin par la situation des“ 
ovules. Il en diffère par la forme en amande et la surface” 
lisse des graines, peut-être réduites à l’endotesta, l’enve-" 
loppe externe s’étant, à ce qu’il semble, incorporée à la. 
‘roche; enfin, la configuration même de l'expansion pél- 
toïde de l’écaille paraît avoir affecté une forme un peu dif-* 
férente de celle que l’on remarque chez les Zamia, ainsi 
que l’on peut s’en assurer en comparant les figures 5 à 7,1 


pd 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 233 


pl. 72, avec celles de de la planche 117. Malgré ces diver- 
gences, il s’agit évidemment de deux types alliés de très- 
près. 

. Locaztré. — Arlon, Belgique, près du Luxembourg ; 
Lias inférieur, zone à Ammonites angulatus; coll. de 
M. Terquem et la nôtre. 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 117, fig. 9, Zéniéetiébes 
Ponceleti Sap., sommité du strobile montrant l’axe encore 
garni d’une partie des carpophylles vus de profil et munis 
pour la plupart de leurs graines, d’après un exemplaire de 
la collection de M. Terquem, communiqué par lai ; l’or- 
gane a été dessiné en faisant abstraction de la roche. 
Fig. 3, plusieurs graines isolées, grandeur naturelle ; 
fig. 3°, l’une d’elles grossie pour montrer la cicatrice de 

“son insertion, visible à l’une des extrémités. Fig. 4, autre 
fragment du même cône montrant son empreinte sur un 
morceau de grès ; d’après un exemplaire communiqué par 
M. Poncelet, grandeur naturelle. Fig. 5 et 6, deux graines 
extraites de l'échantillon précédent, figurées isolément, 
grandeur naturelle; fig. 5* et 6*, les mêmes grossies. 
Fig. 7, diagramme légèrement amplifié, montrant la dis- 
position des carpophylles par rapport à l’axe et le mode 
d'insertion des ovules. 


N° 2. — Zamiostrobus index. 
PI. 417, fig. 8. 
Zamiostrobus index (ex parte), Sap., pl. foss. jur. ms. 
— — Schimp., Traité de pal. vég., U, 
p. 202. é 


DIAGNOSE. — Z. strobili squamis peltatis, peltis arcte con - 
_ tiquis spiraliter dispositis, lateribus pressione mutua rhom- 


2 34 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


beis hexagonisve, facie convexiusculis leviterqüe striatulis, 
medio autem puncto depresso umbilicatis. 


L'espèce ne correspond qu’en partie à celle que 
, M. Schimper a mentionnée sous le nom de Zamiostrobus 
index, d’après nos indications. L’empreinte que nous dé- 
crivons ici est celle d’un fragment de cône, comprenant 
un assez petit nombre d'écailles visiblement peltées, 
vues par leur face extérieure et exactement contiguës par 
les bords. L’échantillon original (fig. 8), dont nous devons 
la communication à M. Moreau, est un moule dont notre 
figure 8° restitue l'aspect et le relief. On voit que les 
écailles qui composent l’ancien organe sont disposées dans 


un ordre spiral, que le pelta ou écusson auquel elles don- 


nent lieu est tantôt rhomboïdal, tantôt plus ou moins he- 
xagone ; la face est un peu convexe, marquée de légères 
stries rayonnantes et de ponctuations. Au centre de cha- 
que écusson on remarque un ombilic ou point déprimé 
arrondi, qui correspond sans doute à l'insertion du pédi- 
celle. Il es impossible: d’insister à l'égard de cet organe 
sur aucun autre détail, la structure intérieure demeurant 
forcément inconnue; cependant la physionomie est bien 
celle qu’offrirait une portion de cône de Zamia, vue par 
dehors, 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Il suffit de comparer l’em- 
preinte fig. 8, pl. AAT, avec le cône de Zamia représenté 
pl. 72, fig. 5, pour remarquer une réelle analogie entre 


l'organe ancien, quelque fragmentaire qu'il soit, et celui . 


de nos jours. Il existe également une ressemblance assez 
grande entre les écailles des Encephalartos et les nôtres, 
comme l’on peut en juger en consultant notre figure 2, 
pl. 73. Ce sont là pourtant de simples indices de rappro- 


CPP ET PEN EE EP QE 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 235 


chement, et nous manquons d'éléments pour établir une 
appréciation un peu approfondie. 

LocALITÉ. — Creue, près de Saint-Mihiel (Meuse) ; 
étage corallien supérieur; coll. de M. Moreau à qui nous 
devons la communication de l'échantillon original. 

EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 417, fig. 8, Zamiostrobus 
index Sap., fragment de cône à l’état d’empreinte; fig. &, 
même fragment moulé pour montrer l’aspectet le relief des 
écailles de l’ancien organe, vues de face et extérieurement, 

grandeur naturelle. 


ONZIÈME GENRE. — CYCADEOSPERMUM. 


DIAGNOSE. — Semina e carpophyllis distracta post matura- 
tionem in strata pervagata nunc majora nunc plus minusve 
parvula, plerumque ovata ovatoque-oblonga haud raro com- 
pressione mutua angulosa extus lœvia vel longitudinaliter 
striata costataque, basi semper rotundiore insertionis cicatrice 
notata apice autem plus minusve attenuata. 


- Cycadinocarpus, Schimp., Traité de pal. vég., , p. 208. 
Cycadocarpus, Sap., vide antea, p. 60. 
Carpolithes, Schenk, F1. d. Grenzsch., p.151, 
— Auct., passim. 
Ulospermum, Pom., !. c., p. 346. 


HISTOIRE ET DÉFINITION. — Nous substituons au dernier 
moment le terme générique de Cycadeospermum à celui 
de Cycadinocarpus adopté par M. Schimper pour désigner 
les graines ou ovules mûrs des Cycadées secondaires, lors- 

qu’on les rencontre épars et isolés de Jeurs carpophylles 
_ au sein des couches, La dénomination choisie par notre 
savant ami a le tort, selon nous, de prêter à l’équivoque 
en s’appliquant aussi bien à l’inflorescence ovulifère et stro- 


236 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


-biliforme des Cycadées, qui constitue un fruit agrégé, équi- 
valent de celuides Conifères, qu'aux semences développées 
des premières. Il est vrai que les botanistes opposés à la 
théorie de la Gymnospermie considèrent ces semences 


*. comme autant de fruits pourvus seulement d’une enveloppe 


ovarienne simplifiée, et surmontésavantle contact du pollen 
d’un exostome béant au lieu d’un stigmate proprement 
dit. Que l’on partage ou non cette dernière opinion, iln’en 


est pas moins certain que les Cycadées et les Conifères réu- 
nies dans une classe à part, non-seulement à cause de leur 


affinité réciproque, mais encore par l'effet du rôle qui leur 


a été longtemps dévolu dans l'histoire du développement . 


du monde végétal, se distinguent des autres phanérogames 
par plusieurs caractèresimportants etsurtout parl’extrême 
simplicité de leur appareil reproducteur. Les plantes de 
celte section portent leurs ovules sur des appendices diver- 
sement combinés, dépendant d’un axe commun, et qui, 
 morphologiquement, peuvent toujours être ramenés à des 
feuilles plus ou moins avortées. Chacun de ces ovules 
renferme un nucelle dont le sac embryonnaire, enve- 
loppé d’un endosperme copieux, donne naissance, dans 
la plupart des cas, à plusieurs embryons dont un seul 
pourtant se développe avec vigueur, tandis que les autres 
s’atrophient (1). Suivant M. J. Sachs, dont nous reprodui- 
sons les indications, l’ovule toujours droit ou orthotrope 
des Cycadées consiste en un nucelle massif, recouvert par 


un épais tégument, traversé dans sa zone interne, aussi. 


bien que dans la zone externe de nombreux faisceaux vas- 


culaires. A l'extrémité supérieure, c’est-à-dire opposée au 


point d’attache de l’ovule, s'élève le micropyle, petit tube 


(1) Voy. le Traité de Botanique déjà cité par J. Sachs, trad. par 
M, Ph. Van Tieghem, p. 568 et 569, 


- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 937 


étroit, résultant du prolongement et du resserrement de 
l'orifice du tégument qui déborde au-dessus du sommet du 
nucelle, après l’avoir enveloppé. L’endosperme, de nature 
charnue, puissamment développé avant la fécondation, 
entoure un sac embryonnaire où prennent naissance un 
assez grand nombre d’embryons rudimentaires, dont un 
seul se développe finalement en un embryon parfait. L’em- 
bryon des Cycadées est droit, axile par rapport au nucelle, 
Enfermé dans lendosperme, il est attaché par un suspen- 
seur au sommet de l’ovule du côté de l'extrémité micro- 
pylaire; il tourne vers l’extrémité opposée, c’est-à-dire vers 
le point d’attache du nucelle ses feuilles cotylédonaires, 
ordinairement opposées, d’inégale dimension, appliquées 
lune contre l’autre par la face intérieure et soudées l’une 
à l’autre vers le sommet. Ces cotylédons, suivant l’obser- 
vation de M. Van Tieghem, varient en nombre et en dimen- 


sion chezles Zamia et les Ceratozamia ; réduits parfois à un 


seul ou à deux très-inégaux, ils sont dans d’autres cas au 
nombre de trois verticillés. A près la fécondation, dont nous 
avons décrit plus haut le procédé, les ovules des Cycadées 
se développent avec rapidité ; la couche extérieure de l’en- 
veloppe de la graine devient généralement charnue à la 
maturité, tandis que la couche intérieure ou endotesia 
durcit au contraire, et la graine mûre, avec son enveloppe 
charnue et vivement colorée, ressemble à une prune; mais 
ceci est surtout vrai pour les Cycas ; dans les Dioon et les 
Macrozamia l'enveloppe extérieure, beaucoup plus mince, 
se dessèche promptement ou même reste dure, polie et 


résistante; elle est marquée de stries et de côtes longitu- 


_ dinales, souvent comprimée et comme taillée obscurément 


à facettes. Dans les graines fécondées, l'ouverture micropy- 
laire s’est promptement soudée et, à la place de l’exostome, 


238 PALÉUNTOLOGIE FRANÇAISE. 


on distingue presque constamment une petite protubérance 
obtuse, en forme de mamelon. C’est par céfoint que lors 
de la germination, qui met un temps fort long à se pro- 
noncer, l'enveloppe se fend pour donner passage à l’extré- 
. mité radiculaire et ensuite à la gemmule: 

Les graines des Cycadées, grâce à leurconsistance solide, 
ont dû laisser des traces de leur existence, à l’état fossile. 
Leur enveloppe extérieure, toujours plus ou moins dure, 
crustacée ou même ligneuse, a pu se mouler dans les sédi- 


ments en voie de formation. Lorsque l’on ouvre cette enve- 


loppe, on trouve à l'intérieur le nucelle massif en forme 
d'amande; l’endosperme, qui le compose et renferme 
l'embryon, est d’abord charnu ; il prend en se desséchant 


une apparence cornée; sa surface est sillonnée de rides 


costulées, marquées dans l’un et l’autre sens; sa base porte 


une cicatrice correspondant au point d’attaché, tandis que; 


à l’autre extrémité, l'embryon, par un développement hâtif, 
a percé le sommet du nucelle à l’endroit du suspenseur, 
en allongeant sa radicule. La structure de cette partie serait 
très-reconnaissable. à l’état fossile; si le nucelle dépouillé 
du testa était devenu fossile, mais les graines des Cycadées 
ont dû plus généralement se conserver à l’état de moule, 
après la destruction des parties intérieures. Cependant une 
des espèces que nous allons décrire a dû se pétrifier de 
telle façon que le nucelle, à l’état de noyau distinct, paraît 
exister dans l’endotesta crustacé dont la conservation est 
parfaite. 


N°1. — Cycadeospermum Hettangense, 


PI. 116, fig. 6. 


DiIAGNOSE. — C. semine 15-17 millim. longo ovato basi 
paullo obtusiore insertionis causa leviter cicatrisato, testa super- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 239 


ficie tenuiter rugulosa sinuatoque-punctulata, carina longitu- 
dinali parum expressa ex utroque latere instructa. 


Cycadinocarpus Hettangensis, Schimp., Traité de pal. vég., 
p. 209, pl 72, fig. 22-23. 


Il est fort probable, ainsi que l’a annoncé M. Schimper, 
que cette graine est celle du C'ycadospadix Hennoguei, qui 
lui-même représente sans doute les carpophylles du Cyca- 
dites rectangularis, dansla localité infraliasique de Hettange. 
Nous avons cependant préféré éviter toute confusion en 
décrivant à part cet organe dessiné avec soin et représenté 
sous sa grandeur naturelle (fig. 6,-pl. 116) et grossi 
(fig. 6*), afin d’en préciser exactement tous les caractères, 
Le spécimen fossile que nous reproduisons n’est pas une 
empreinte, mais bien un moule naturel, résultant de l’in- 
troduction du sédiment gréseux dans la cavité laissée par : 
l'organe lui-même après sa destruction, au milieu du sable 
qui Pavait recouvert. Ce n’est donc pas l’amande interne . 
_ que ce moulage a reproduit, mais bien l’aspect de la coque 

ou enveloppe extérieure. Cette coque monte à la superficie 
des fentes et des brisures bien visibles ; l’une de ces fentes 
dessine un sillon longitudinal qui paraît correspondre à une 
crête ou carène des plus minces qui se serait étendue dans 
le même sens; du moins M. Schimper, dans sa diagnose, 
signale ce caractère dont nous n’avons pu vérifier la 
parfaite exattitude. La superficie de l'organe est parsemée, 
comme le montre la figure grossie 6° de ponctuations et de 
sinuosités rugueuses fort légères, qui ne sont pas sans 
analogie avec celles que l’on observe à lasurface des graines 
de Dionn, lorfqu’on lés dépouille de la partie la plus exté- 
rieure de lear enveloppe. L'un des côtés du Cycadeospermum 
- de Hettange est plus arrondi que l'extrémité opposée, bien 


240 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


que la forme générale dessine une sorte d’ellipsoïde. On 
distingue sur le côté qui correspond à la basede l'organe 
les vestiges d’une cicatrice assez peu marquée du point 
d’attache. L’extrémité opposée s’atténue légèrement; elle 
’ est occupée par une brisure à laquelle vient aboutir la 
fente qui partage longitudinalement le tégumentde l’échan- 
tillon que nous figurons. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — C’est aux Dioon et aux Cycas 
que nous sommes tenté de comparer cette espèce. Les 


graines de ces deux genres présentent de grands rapports 


avec celle que nous venons de décrire ; elles sont seule- 
ment plus grandes et celles des Droon en particulier sont 
plus arrondies. 


LocALITÉ. — Grès de Hettange (Moselle); Lias inférieur, 


zone à Ammonites angulatus; coll. du Muséum de la ville de 
Strasbourg. | 

EXPLICATION DES FIGURES.— Pl. 41, fig. 6, Cycadeospermum 
Hettangense (Schimp.) Sap., graine entière vue par dehors, 
grandeur naturelle ; fig. 6°, même organe grossi. 


N° 9, — Cycadeospermum Wimillense 
PI. 447, fig. 10, : 


DIAGNOSE. — C', semine ovali basi obtusicre, apice autem 
breviter attenuato, compresso carina laterali cireumdato, 
pruni dainasceni putamen forma magnitudineque subæquante, 
superficie lævi, basi insertionrs loco vix notata. | 


Le Cycadeospe“mum Wimüllense, ainsi dénommé parce 
qu’il a été découvert près de Wimille (Pas-de-Calais), par 
M. Pellat, est visiblement allié de fort près au Cycadeos- 


permum (Cycadinocarpus) Mantelli St. et W., figuré autre- » 


| 
| 
| 
À 
1 


LJERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 241 


fois par Mantell dans son Mémoire sur la forêt de Tilgate (1) 

et que M. Schimper a reproduit dans son grand ou- 
vrage (pl. 72) sur la paléoniologie végétale. Une. forme 
comprimée amygdaloïde, un contour ovale, l'existence 
d’une carène latérale se montrent à la fois dans les deux 
espèces, et ces caractères indiquent sans doute qu'il s’agit 
bien de graines se rapportant à un même type de Cycadées. 
Le rapprochement est rendu plus vraisemblable encore 
par le voisinage des formations d’où proviennent les spé- 

_ cimens en question, ceux d’Anglelerre du Wéaldien, ceux 
du Pas-de-Calais du Portlandien. 

Le Cycadeospermum wimillense mesvre sur son grand 
axe une longueur de 46 à 17 millimètres ; son petit diamètre 
est de 12 à 13 millimètres. Le corps de la graine est com- 
primé en amande, son épaisseur n'excède pas 7 à 8 mil- 

_ limètres, Les bords sont terminés en biseau et entourés 
. d’un léger rebord en forme de carène. Le côté supérieur 
. s’atténue en pointe; la base est obtuse et marquée d’une 
. cicatrice d’insertion à peine sensible, La surface est lisse 
ë où parcourue de stries longitudinales très-fines et faible- 
_ ment prononcées. 

-  RapporTs ET DIFFÉRENCES. — La dimension plus grande, 
. Ja forme en amande avec une faible convexité distinguent 
: cette espèce du C. Manteili ; elle ressemble également aux 
graines du Zamiostrobus Ponceleti, décrites plus haut, mais 
_ ces graines sont des plus petites et le Cycadeospermum 

- wimillense a fait partie d’une espèce certainement très- 
_ distincte, mais peut-être congénère de celle des grès du 
. Luxembourg, c’est-à-dire possédant des strobiles confor- 
. més comme ceux des Zamiostrobus. 


| (1) Organ. Rem. Tilgate-forest, tab. 3, fig. 1-4. 
“_O  Vécéraux. — J. 16 


242 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


LoCALITÉS. — Maninghen, près de Wimille (Pas-de-Calais) ; 
étage portlandien inférieur. Coll. de M. Pellat. 

EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 4117, fig. 10, C'ycadeosper- 
mum wimillense Sap., graine entière moulée naturellement, 
vue par dehors, grandeur naturelle, 


N°3. — Cycadeospermum Pomelii. 
PI. 417, fig. 9. 


DIAGNOSE. — C. semine ovoideo 5 1/2 centim, longo, 
3 1/2 circiter lato, facie una convexo, postersori autem fossili- 
sationis saltem causa secundum aream ellipsoideam longitudi- 


naliter truncato. 
Ulospermum lucumæforme, Pom., 1. c., p. 346. 


M. Pomel, à qui nous devons de précieux renseignements | 
au sujet des végétaux jurassiques qu’il avait décrits sans les | 
figurer et dont les échantillons se trouvaient épars dans | 

plusieurs collections, à eu l’extrême obligeance de nous | 
communiquer le dessin d’une graine de Cycadée qu’il avait 
autrefois signalée soûs le nom d'Ulospermum lucumæforme. 
Nous reproduisons ce dessin qui suffit pour donner une . 
idée de la forme et de l'aspect de l’ancien organe. Il repré- 
sente une graine notablement plus grande que celles dont : 
nous avons parlé jusqu'ici, et qui se rapproche par son 
contour ovoïde de celles des Cycas et des Dioon. Elle est 
convexe, lisse ou marquée à la surface de stries longitudi- Ç 
nales très-légères. La base est arrondie, l’extrémité supé- 
rieure aliénuée obtusement et comme carénée. M. Pomel, : 
en décrivant celle graine, avait apporté une importance | 
exagérée, selon nous, à un caractère en apparence lrès-, 
singulier, mais purement accidentel, à ce que nous pensons. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 343 


L’organe fossile présente en dessous, c’est-à-dire sur la face 
opposée à celle que nous figurons, une partie tronquée, 
elliptique par son contour, relevée en disque et pourvue à 
la surface de plusieurs points tuberculeux épars. Ces points 
sont probablement constitués par des grains ou concrétions 
oolithiques de nature ferrugineuse ; il est également pro- 
bable que le fruit, incomplétement conservé dans le sédi- 
ment, aura contracté en passant à l’état fossile une adhérence 
à son point de contact avec le lit de sédiment en voie de 
formation. Telle est sans doute l’explication d’une struc- 
ture trop singulière par elle-même pour être admise sans 
un nouvel examen. 
RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — M. Dal admetlait une 
certaine ressemblance entre son Ulospermum lucumæforme 
et les fruits des Lucuma, genre de Sapotacées, voisin des 
| Achras. I] nous a été impossible de retrouver l'échantillon 
. sur lequel il avait établi sa diagnose, mais le dessin de la 
face principale de l’ancien organe que nous reprodui- 
sons suffit pour faire reconnaître en lui une graine de 
Cycadées fort analogue par son faciés à celles des Cycas 
_ proprement dits. 
… LocaziTÉ. — Châteauroux (Indre); étage corallien supé- 
rieur, calcaire à:Asfarte. Ancienne collection Michelin, 
_ectuellement au Muséum de Paris, d après une note com- 
_muniquée par M. Pomel. 
: EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 417, fig. 9, C'ycadeosper- 
mum Pomelii Sap., graine entière vue par une des faces, 
grandeur naturelle. La partie tronquée, signalée par 
M. Pomel, et considérée par lui comme une large cicatrice 
‘se rapportant au point d’attache, est placée en dessous de 
a partie figurée parallèlement à son grand axe. 
x 


244 | PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


N°4. — Cycadeospermum Schilumbergeri 
PI. 417, fig. 11-12, 


DIAGNOSE. — C. semine ovato-conoideo, intus putamine 
unico vel proprie nucello farcto, basi truncato insertionisque 
causa cicatrisato, 4 carinato-carinis costulatis ad apicem conni- 
ventibus, sulcis yræterea longitudinalibus plurimis costulas 
totidem delineantibus. 


Nous devons la connaissance de cette graine remarquable 
à M. Charles Schlumberger, ingénieur de la marine en 
résidence à Lyon, à qui nous la dédions. Elle est conique- 
ovale, arrondie et tronquée à l’extrémité large qui présente 
une cicatrice insertionnelle des plus visibles, atténuée à. 
l’autre extrémité en une pointe légèrementsaillante, formée 
par la réunion de quatre carènes, émoussées sur le dos et 
un peu sinueuses, qui donnent à l’organe une apparence 
anguleuse. D’assez nombreux sillons séparent autant de. 
costules, bien prononcées, mais irrégulièrement saillantes 
et arrondies sur le dos, qui partent de la base et se dirigent. 
vers le sommet, en se confondant de manière à ne laisser 
aboutir à ce sommet que les quatre earènes mentionnées 
d’abord. L'intérieur de l'organe est visible parune ouverture 
latérale que représente notre figure 41 ; on y découvre un. 
nucleus central qui remplit à lui seul toute la cavité. Cette: 
structure si nettement caractérisée justifie l'attribution de 
cette graine au groupe des Cycadées. Notre figure 12 la 
représente vue par-dessus et montrant la terminaison s | 
| périeure avec les quatre carènes qui y aboutissent, 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les graines des Cycadées, 
vivantes sont généralement marquées de stries et de côtes 
beaucoup moins prononcées que dans celle qui vient d’être 


‘ TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 245 


_ décrite. Cependant, chezles Zamia, on observe des graines 
_ ridées et silonnées longitudinalement et dont l’aspect se 
| rapprocheraît de celui qui distingue l’organe fossile. L'at- 
_ tribution de ce dernier au groupe des Cycadées nous pa- 
 raît fort probable; peut-être les rides et les sillons qui le 
| parcourent proviennent-ils du desséchement d’une pulpe 
 charnue qui l’aurait entouré à la maturité. On peut dire 
_ aussi que son aspect extérieur le rapproche des Rabdocarpus 
si répandus dans le Permien et que M. Schimper range avec 
_ raison à la suite des Cycadées. 

__ Locatrré.— Villiers-sur-Mer (Calvados); étage oxfordien, 
| partie moyenne. = 

 ExPuicaTiON Des FIGURES. — PI. 417, fig. 41, Cycadeo- 
. spermum Schlumbergeri Sap., graine complète, revètue de 
_ son enveloppe extérieure, vue de côlé, avec une ouverture 
. sur le milieu, qui permet de constater Fexistence d’un 
. nucleus intérieur unique, grandeur naturelle. Figure 12, 
. même organe vu par la face supérieure correspondant à 
l'extrémité micropylaire, grandeur naturelle. 


_** Trunci truncorumve partes. 


. * L'importance et la difficulté du sujet que nous allons 
traiter nous engagent à revenir, pour les mieux préciser, 
sur certains détails relatifs à la structure des tiges de 
1 Cycadées. — Ces sortes de tiges sont généralement simples 
et trapues. Plus ou moins semblables à l’origine à un tu- 
- bercule arrondi, elles demeurent bulboïdes ou s’allongent 
| peu à peu en une colonne dressée el massive, terminée 
F par une couronne de feuilles qui naissent une à une 
(Macrozamia), ou qui entourent un bourgeon dont les 
. écailles renferment les feuilles futures et s’ouvriront lors 


FE 


246 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


du développement d’un nouveau cycle de ces organes 
(Zamia, Encephalartos, Dioon, Cycas). Ce second mode est 
donc le plus répandu, et sur les tiges qui le présentent les 
écailles et les feuilles alternent périodiquement. M. le pro- 
fesseur Sachs considère le très-lent allongement et le 
notable épaississement de la tige des Cycadées comme 
étant en relation avec l'absence de ramification de l’axe. 
Les tiges de ces plantes sont en effet normalement simples 
et leur extrémité supérieure constitue une région limitée, 
où se concentre la presque totalité de leur activité végé- 
tative. Il existe pourtant des exemples de ramificalion ; le 
bourgeon principal peut se dédoubler et opérer la division 
en branches d’égale grosseur des tiges déjà âgées. La 
destruction de ce même bourgeon produit un effet ana- 
logue et provoque la naissance d’une foule de bourgeons 
adventifs, enforme de bulbes écailleux, au moyen desquels 
Ja plante se revivifie ; mais chacun de ces bourgeons se 
‘comporte comme l’aurait fait une jeune plante à laquelle 
la plante mère servirait de sol et de support. Les Cycas, 
chez lesquels le cas est fréquent, perdent alors leur aspect 
ordinaire ; leur tronc se couvre de gemmules qui se pa- 
rent chacun d’un bouquet de feuilles ei s’accroissent plus 
ou moins sans jamais acquérir pourtant l’apparence de vé- 
rilables rameaux. Les appareils floraux constituent cepen- 
dant, au point de vue morphologique, des axes secondai- 
res, distincts de celui qui forme la tige et qui la prolonge, 
Il n’y a à cet égard d’exception qu’en ce qui concerne l’ap- .: 
pareil femelle des Cycas, dont les carpophylles tiennent la : 
place des feuillés ordinaires et s’insèrent sur le même . 
axe que celles-ci, tandis que cet axe continue à donner 
lieu au-dessus à un nouveau bourgeon foliacé. L'appareil 
mâle de ce même genre que nous avons précédemment 


TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 247 


figuré (voy. pl. 71, fig. 1), par un contraste digne de re- 
marque, ne suit pas la même marche et demeure un or- 
gane axillaire. 

La structure ramifiée-dichotome des tiges de Cycadées, 
exceptionnelle, mais non pas inconnue, dans les types de 
la nature actuelle, se montre certainement chez les 
* Bucklandia du Wéaldien de Tilgate-forest (Sussex). Le 

B. anomala (Pres].) Carruth. (Clathraria Lyelli Mant.) avait 
un ironc allongé, tantôt simple, tantôt ramifié par dicho- 
tomie, cylindrique, mais plus élancé relalivement que celui 
des Cycadées ordinaires; ce tronc était recouvert d’écus- 
sons saillants, rhomboïdaux, accolés, provenant des bases 
accrues des anciens pétioles (voy. notre pl. 418, fig. 4, et 
le mémoire de Maniell sur la forêt de Tilgate); il atteste 
l’ancienne existence d’un type de Cycadées dont les tiges 
se partagaient régulièrement en branche et en rameaux. 

Une tige adulle de Cycadée, observée à l’aide d’une 
coupe soit transversale, soit longitudinale, présente quatre 
parties ou régions qui forment autant de cylindres em- 
boîtés les uns des autres et qui sont, en procédant de l’in- 

térieur au dehors : 4° la moelle ou étui médullaire cen- 
tral ; 2° le ligneux, composé d’un certain nombre de zo- 
nes concentriques ; 3° la région libérienne ou zone paren- 
chymateuse externe ; 4° l’enveloppe extérieure ou région 
corticale proprement dite. Ces différentes parties se re- 
trouvent plus ou moins conservées, mais généralement vi- 
sibles, dans les tiges fossiles que nous passerons en revue. 

La moelle est plus ou moins volumineuse, et nous verrons 
que ses dimensions proportionnelles varient encore plus 
- dans les Cycadées fossiles que dans les vivantes. Mais sa 
largeur est toujours supérieure à ce qui existe chez les au- 
tres Gymnospermes, ainsi que dans la plupart des tiges 


248 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


ligneuses dicotylédones. Sur un tronçon de tige âgée d’En- 
cephalartos Altensteini Lehm., qui mesure un diamèire de 
25 centimètres, en dedans des appendices corticaux, la 
moelle à elle seule occupe une largeur de 9 centimètres, 
, plus d’un tiers. Sur une tige de Cycas, épaisse sans la tu- 
nique corticale de 16 centimètres, la moelle s’est trouvée | 
mesurer un diamètre de 4 centimètres, soit un quart ; enfin, 

une tige de Dioon, épaisse de 9 centimètres seulement nous 

a donné pour la moelle 3 centimètres et demi, soit plus 

d’un tiers, à peu près comme dans l’Encephalartos. 

Il existe toujours dans la moelle des Cycadées un certain 
nombre de petits faisceaux fibro-vasculaires épars; ils doi- 
vent leur origine à la ramification de ceux qui descendent 
des pétioles, mais dont le développémént ultérieur s’est 
opéré dans une complète indépendance à l'égard de ceux- 
ci (1). Les cellules du parenchyme médullaire sont gor- 
gées de sacs gommeux et souvent remplies de grains de 
fécule; elles comprennent, ainsi que celles de la zone li- 
bérienne, de nombreux canaux sécréleurs qui reuferment 
exclusivement de la gomme. Ces canaux, généralement 
simples et plus ou moins sinueux, traversent tous les orga- 
nes dans le sens de leur longueur; la racine des Cycadées 
en est dépourvue ; dans la tige, on ne les rencontre ni dans 
le bois, ni dans les faisceaux libéro-ligneux (2). 

La moelle présentelatéralement des prolongements larges 
et multipliés qui s'étendent à travers le ligneux et donnent 
lieu aux rayons médullaires, Le parenchyme médullaire, à . 
cause de sa consistance plus lâche, ayant été détruit le 
premier, il est souvent arrivé, à l'état fossile, que celte 


(1) Traité de botanigue, par M. le -professeur Sachs. trad. par M. Van 
Tieghem, p. 571. 
(2) Ibid, p. 515. 


La bats Ar surtt 77 ail - Dir DE 


TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 249 


partie, après s'être évidée, a été moulée à part au moyen 
d’un remplissage. La matière plastique du sédiment, une 
fois introduite, a pu s’appliquer exactement contre les pa- 
rois internes de l’étui et en combler tous les creux. Il en 
est résulié dans bien des cas une empreinte qui montre en 
saillie les prolongements de la moelle et garde les vestiges 
des faisceaux ligneux les plus intérieurs. Cette particu- 
larité se remarque surtout dans le cas où les anciennes 
tiges ont élé ensevelies dans un sédiment plastique qui, 
après les avoir pénétrées, a pu ensuite se consolider gra- 
duellement, tandis que les parties dures disparaissaient à 
leur tour après les parties molles. Dans les cas, au con- 
traire, où les anciennes tiges ont été converties en silice, ce 
phénomène qui exige un lemps assez long n’a commencé 
à produire ses effets qu'après la destruction partielle au 
moins de la moelle, qui se trouve alors remplacée par un 
vide ou par de la substance minérale amorphe. 

Autour de la moelle, dans les tiges de Cycadées, s'étend 
le ligneux qui la circonscrit et se compose d’une série 
d’anneaux concentriques assez peu nombreux et assez va- 
guement limités. Ces zones ne correspondent pas cer- 


| tainement à l’accroissement annuel de la tige, comme 


chez les Conifères. Les tiges de Cycadées s’épaississent 
peu et insensiblement, lorsqu'elles ont alteint un cer- 


» {ain diamètre ; le parenchyme fondamental, c'est-à-dire la 


moelle centrale et la zone cellulaire libérienne, demeure 


. seul le siége de fonctions actives, à cause des canaux sé- 
4 créteurs qui y font affluer les sucs gommeux et de la fécule 
4 qui s’y emmagasine. Il est donc probable que les anneaux 
4 ligneux que laissent voir les coupes transversales des 
Ë troncs de Cycadées, prises à différentes hauteurs, corres- 
* pondent à aulant d’évolulions de cycles foliaires, opérées 


250 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


au moment où chacune de ces portions caulinaires, encore 
jeunes et plus ou moins voisines du point végétatif termi- 
nal, tendaient à s’accroîlre pour égaler en dimension les 
parties plus anciennes, dont le développement était achevé. 
* Ainsi, les faisceaux ligneux descendant des feuilles à cha- 
que. évolution, d’abord isolés, puis soudés entre eux par 
la production du bois secondaire, ne donneraient lieu à un 
anneau cylindrique extérieur et concentrique au précé- 
dent, que dans une étendue limitée dans le sens vertical ; 
la nouvelle couche ne se produirait que dans les parties 
jeunes, encore susceplibles d’une extension notable en 
. diamètre. Au-dessous, les faisceaux fibro-ligneux de- 
viendraient épars ou isolés, ils iraient se perdre dans le 


parenchyme libérien ou dans la moelle, Cette siruc- 


ture expliquerait comment il arrive que des tiges de Cy- 
cadées, transplantées d’un sol maigre dans nos serres d’a- 
grément, y acquièrent, après un point d’arrêt plus ou moins 
long, un développement en épaisseur visible à la partie 
supérieure de leur tronc, partie correspondant aux condi- 
tions nouvelles et plus favorables d'existence qui leur ont 
été faites, la partie ancienne et inférieure conservant sa 
dimension originaire. | 

Les anneaux d’accroissement de la zone ligneuse va- 
rient en nombre : on en compte généralement de quatre à 
six. Dans chacun d’eux le bois formé ou bois secondaire se 


compose exclusivement de cellules prosenchymateuses, : 
fibres ou trachéides, d'une seule forme, toujours ponctuées- 
aréolées, principalement sur la face tangentielle aux : 


rayons médullaires. Toutefois le mode de ponetualtion que 
l'on observe dans les Cycadées s’écarle sensiblement de 
celui qui distingue si bien les Conifères ; non-seulement, 
les aréoles sont plus petites, moins isolées et non groupées 


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TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 251 


en file longitudinale, tantôt unique, tantôt sur plusieurs 
rangs, comme chez ies Araucariées, mais elles se touchent, 
se croisent et offrent tous les passages vers les ponctua- 
tions en forme de fente et la structure scalariforme. On 
observe sous ce rapport, dans les trachéides des Cycadées, 
une liaison plus ou moins marquée avec ce qui existe chez 
les Cryptogames vasculaires et surtout chez les Fougères. 

Les prolongements médullaires qui divisent les bois des 
Cycadées en lamelles rayonnantes sont plus larges que chez 
les Conifères; leur tissu ressemble au tissu parenchyma- 
teux de la moelle et de l'écorce; il résulte de cette particu- 
larité pour l’ensemble du bois une eünsistance générale- 
ment plus lâche ; il arrive même assez souvent que chaque 
zonule ligneuse se trouve séparée de la suivante par une : 
zone interstitielle, entièrement parenchymateuse, et les 
tiges fossiles, quel que soit le procédé qui nous les a 
conservées, offrent l'apparence encore visible de celte suc- 
cession d’anneaux plus denses et moins fermes entre- 
mêlés, même lorsqu’un sédiment purement amorphe a sim- 
plement remplacé les éléments organisés de l’ancienne 
tige, au fur et à mesure qu’ils se détruisaient. 

En dehors du cylindre ligneux s'étend, dans toutes les 
Cycadées, une zone plus ou moinslarge, mais toujours re- 
lativement épaisse, de parenchyme libérien. Le paren- 
chyme de cette région, destiné à s’accroître en même 
temps que fa tige même, est semblable par sa structure à ce- 
lui de la moelle, composé des mêmes cellules et parcouru 


« également par de nombreux canaux sécréleurs, pourvu 


en outre de tout un système d’épais faisceaux, qui, selon 
M. le professeur Sachs (1), peuvent arriver à former un ou 


(1) Traité de botanique, déjà cité, p. 574. 


2592 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


plusieurs anneaux ligneux en dehors du cercle normal. 

Enfin, extérieurement à la région libérienne ou région 
corticale primaire, s’étend vers la périphérie des tiges de- 
venues adulies une région corticale secondaire, véritable 
‘rÿtidome présentant de l’intérieur à l'extérieur des zones 
d’accroissement parfaitement limitées, engendrées par la 
production répétée de nouvelles lames de phellogène dans 
les tissus corticaux rejetés successivement au dehors, tan- 
dis qu’ils continuent à s’accroître vers l’intérieur. C’est à 
ce phénomène, jusqu'ici peu ou point remarqué, qu’est 
uniquement dû le développement, sur l’emplacement ré- 
_ pondant aux bases des anciens pétioles et des écailles gem- 
maires, d'appendices corticaux, d'abord accrescents et 
bombés, bientôt contigus et étroitement emboîlés, finale- 
ment composés entièrement de parlies inerles, rejetées 
vers le dehors et analogues, par leur structure comme par 
leur rôle, aux compartiments entre lesquels se partage l’é- 
corce crevassée des vieux pins. — Les zones d’accroisse- 
ment, visibles lorsque l’on opère la section des appendices 
corticaux (voy. pl. 121, fig. 2 à 4), et se recouvrant mutuel- 
lement à l’intérieur de ces appendices, comme autant de 
calottes emboîlées et plus ou moins convexes, sont au 
nombre de 3 à 4 et jusqu’à 6. 

Chacune d’elles correspond sans doute à autant de pé- 
riodes végétalives, au bout desquelles la tige cesse fina- 
lement de grossir ou n’acquiert plus qu’un accroissement … 
peu sensible, l‘étui extérieur cessant de se prêter à la - 
poussée des parties intérieures. Chaque zone en particu- 
lier (voy. pl. 124, fig. 3 et 4) se compose d’un tissu pa- 
renchymateux pénétré de canaux gummifères et traversé 
par les résidus des faisceaux fibreux qui se rendaient aux 
feuilles ; elle est limitée vers l'extérieur par une lame étroite 


RE LS RS 


ANT 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 253 


et dense de cellules à paroïs épaisses et sinueuses qui fait 
corps latéralement avec la couche sous-épidermique, et 
qui a dû chaque fois servir de limite entre la partie corti- 
cale d’où la vie se retire et la partie accrescente où l’af- 


flux continue à se manifester par l'accumulation de nou- 


velles séries de cellules. 

Les appendices corticaux, que nous allons retrouver sur 
les tiges fossiles, sont plus ou moins développés suivant 
les Cycadées que l’on examine. — Sur une section de tige 
adulte du Dioonedule, dont le demi-diamètre mesure 43 mil- 
limètres, les appendices corticaux offrent un développe- 
ment en longueur de 23 millimètres, soit la moitié an 
moins du rayon de la tige proprement dite. — Dans l’£n- 
cephalartos Altensteini, une tige adulte, mesurant du centre 
à la circonférence 13 centimètres de rayon, a présenté des 
appendices corticaux longs de 3 centimètres, soit dépas- 
sant le quart du rayon. — Les appendices corticaux des 


. Cycas sont un peu moins saillants proportionnellement. 


Nous verrons que ces organes atteignent dans les espèces 
fossiles des dimensions supérieures à tout ce que nous con- 
naissons aujourd’hui ; mais peut-être le point sur lequel 
s’opérait parfois la désarticulation des anciens pétioles, 
point situé, dans certains cas au moins, bien au-dessus de 
la base proprement dite, contribuait à cette étendue propor- 
tionnelle, qui étonne dans quelques-unes des tiges que 
nous examinerons, bien que la structure visible et même 
la présence des zones d’'accroissement témoignent de la 


\ . . 
parfaite analogie, sous ce rapport comme sous tous les au- 


tres, des Cycadées secondaires avec celles que nous avons 
maintenant sous les yeux. 


Les appendices corticaux, chez les Æncephalartos 


- (voy. pl. 121, fig. 2), affectent généralement, vus de face 


254 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


et étroitement emboîtés par les côtés, une forme rhom- 
boïdale allongée dans le sens transversal. Plus petits ou 
plus grands suivant qu’ils correspondent à des pétioles ou 
à des écailles gemmaires, ils présentent sur le milieu de 
la face externe des ponctuations correspondant aux cica- 
trices d'insertion des faisceaux vasculaires qui se rendaient 
dans le pétiole. Ceux des appendices qui correspondent 
aux écailles sont à peu près dépourvus de ces sortes de 
cicatrices, et l’on conçoit que leur dimension inférieure 
aussi bien que l’absence ou la rareté des ponctuations puis- 
sent permettre de les signaler à l’état fossile et de distin- 
_ guer ainsi les tiges qui autrefois étaient pourvues de bour- 
geons écailleux de celles qui, à l’exemple des Macrozamia, 
développaient leurs frondes une à une. 

C’est surtout chez les £'ncephalartos que l’on observe les 
appendices à face extérieurement rhomboïdale et bombée 
en écusson, dont nous venons de parler. Sur une tige de 


Cycas dont nous reproduisons un fragment (pl. 198, fig. 2) . 


chaque appendice a la forme d’une écaille épaisse, amincie 
vers les bords, légèrement convexe et recourbée dans le 
haut par la face extérieure, faiblement concave sur la face 
interne. La surface de l’organe est marquée d’une série de 
bourrelets qui correspondent aux zones d’accroissement, 
visibles ainsi à l’extérieur et au nombre de 6. Ces écailles 
s’emboîtent l’une dans l’autre et recouvrent entièrement 
la tige, qui ne se dénude que lorsqu'elle est devenue très- 
âgée. ; 

Dans les Dioon, les appendices, très-développés propor- 
tionnellement, sont-amincis sur les bords, plans ou faible- 
ment convexes et comme recourbés à leur extrémité supé- 
rieure. Ils sont revêtus au dehors d’un tomentum roux, 


lisses à l’intérieur, insérés à angle droit sur la tige et étroi- : 


dut mt dés do ie ue dubai en D de ou ni ii 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 255 


tement pressés les uns contre les autres. La partie termi- 
nale, recourbée et épaissie en écusson pour ceux de ces 
appendices qui correspondent à des pétioles, amincie en 
pointe pour ceux qui représentent de simples écailles, re- 
produit bien évidemment l’aspect des coussinets primitifs 
dont la forme est encore très-reconnaissable ; mais il faut 
admettre nécessairement alors que les lamelles plus ou 
moins planes et presque foliacées vers les bords qui sup- 
portent l’écusson terminal sont entièrement dues au phé- 
nomène de l’accrescence, et rien ne serait plus curieux 
que de suivre le développement de chacune de ces lamel- 
les. Ce développement est postérieur certainement de 
beaucoup à la chute des résidus d’écailles et de pétioles, 
puisque chez les Dioon les zones d'accroissement se trou- 
vent disposées vers la partie renflée et terminale des ap- 
pendices, où l’on en compte toujours deux ou trois. 

Les détails qui précèdent et dont plusieurs résultent de 
nolions éparses ou même lout à fait nouvelles, aideront 
dans l'appréciation que nous allons entreprendre des tiges 
de Cycadées jurassiques rencontrées en France. Nous les 
diviserons, ainsi que nous l’avons annoncé précédemment, 
en plusieurs genres d’après leur aspect et les caractères 
apparents qui les distinguent. Il ne saurait être question 
ici de genres définitifs, basés sur des affinités réelles et 
décisives, mais de simples sections destinées à comprendre 


… des catégories de tiges qui ne sauraient, vu les différences 


qu’elles présentent, demeurer confondues pêle-mêle dans 
un seul et même groupe. 

EXPLICATION DES FIGURES. — Pl]. 121, fig. 2, appendice 
- cortical d’une tige âgée de l’£ncephalartos Altensteini Lehm., 
isolé et vu de face, grandeur naturelle. Fig. 3, même or- 
gane vu à lintérieur, d’après une coùpe longitudinale, 


256 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


opérée dans le sens vertical, grandeur nalurelle. Fig: 4, 


même organe vu à l’intérieur, d’après une coupe pratiquée 
| horizontalement et dans le sens de la longueur, grandeur 
naturelle. Ces deux coupes permettent de juger du nombre 
, et de la disposition des zones d’accroissement, limitées 
chacune vers l’extérieur par une lame tégumentaire de 
même nature que l'hypoderme et continue latéralement 
avec ce dernier. — PI. 128, fig. 2, bande d'écorce prise sur 
le tronc âgé d’un Cycas (C. revoluta) pour montrer la dis- 


position des appendices, dont les zones d’accroissement 


forment des bourrelets successifs, visibles et saillants à 
l'extérieur. A côté des appendices, on aperçoit plusieurs 
vestiges de bourgeons adventifs plus ou moins développés ; 


un d’eux porte encore à son centre un résidu de pétiole 


entouré d’une rosette d’écailles gemmaires imbriquées. 


DOUZIÈME GENRE. — BOLBOPODIUM. 


DraGNOsE. — Caudices parvuli aut mediocres quoad altitudi- 
nem, crassi ovato-sphærici bulboide: vel strobiliformes, petio- 
lorum basibus plus minusve adauctis in appendices facie antica 
transversim rhombeos evolutis denseque congestis undique 
vestiti. 


Echinostipes (ex parte), Pom., L. c., p. 346, 


HISTOIRE ET DÉFINITION. — Les tiges que nous nommons . 
Bolbopodium et parmi lesquelles doit être rangé le Cyca- 
doidea pygmæa Lindl. et Hutt. (1), du Lias de Lyme-Re- 


gis, ressemblent à celles de plusieurs Z'amia actuels qui 


possèdent normalement une forme ovoïde ou subconique 


(1) Foss. F1, tab. 143. 


TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 257 


et ne s'élèvent jamais au-dessus de quelques pouces, au 
milieu du gazon où elles se cachent. Ces espèces, comme 
les Zamia angustifolia Jacq., Yatesiü Miq. et stricta Miq. 
sont pourvues en même temps de frondes débiles et peu 
- nombreusés, sur chaque pied. Leurs bases de pélioles 
donnent lieu, après la chute de ces organes, à des appen- 
dices corticaux régulièrement disposés en séries spirales 
multipliées et terminés par une face rhomboïdale fort 
nette. Ces mêmes caractères se montrent dans les tiges 
jurassiques que nous allons décrire et qui, de toutes celles 
que l’on observe à l’état fossile, paraissent le mieux repro- 
duire l'aspect des Zamia vivants, non-seulement par leur 
contour ovoïde, mais aussi par la disposition des bases de 
pétioles accrues, qui les recouvrent de la base au sommet. 

Les deux spécimens français que nous inserivons dans 
le nouveau genre offrent cette particularité d’être tous les 
deux intacts à leur extrémité supérieure qui est arrondie, 
nettement terminée, et comparables, par l’agencement des 
appendices dont ils sont entourés, à de véritables cônes. 
On serait presque tenté au premier abord de les confondre 
avec ces sortes d'organes, mais la forme des appendices 
et l’organisation tout entière dénotent bien réellement des 
Cycadées. Il résulle cependant de l’examen de ces petites 
tiges que lors de leur passage à l’état fossile elles avaient 
achevé le cycle entier de leur existence. Ce n’est qu'après 
la chute de leur dernière fronde, qu’elles ont été balayées 
. du sol jurassique et qu'elles sont venues s’enfouir dans le 
- sédiment en voie de formation, l’une pour y laisser son 
= moule, l’autre pour être convertie en silice. 

RaPPoRTS ET DIFFÉRENCES. — La forme ovoïde, subconi- 
que, la dimension, les appendices corticaux, nombreux, 
serrés, épaissis, régulièrement disposés, mais assez peu 

VÉGÉTAUX. — J. 17 


258 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


développés en longueur, constituent autant de caractères 
distinctifs qui séparent les Bolbopodium des genres sui- 
vants, particulièrement des Cylindropodium et des Clathro- 
podium. Cependant les plus petites espèces de Clathropo- 
, dium, lorsqu’elles sont renflées en œuf ou conformées en 
nid, pourraient être aisément confondues avec les Zolbo- 
podium et l'étude des diverses catégories des tiges n’est pas 
assez avancée ou même ne repose pas sur des principes 
assez fixes pour permettre de tracer entre elles des limites : 

parfaitement rigoureuses, 


N° 1. — Bolbopodium pictaviense, 
PI. 118, fig. 2. 


DIAGNOSE. — B, caudice humili ovoideo-subconico strobili- 
formi apice nbtusissimo centim. 6/2 alto, 6 centim. circiter 
_crasso, petiolorum basibus adauctis exacte contiquis antice 
truncato-rhombeis obtecto. Ë 


Cycadoidea pictaviensis,  Sap., PI. jur. ms. : 
— | _— Schimp., Traité de pal. vég., U, p.188, : 

…4 pl Luxe, Mg, 12. 

Araucaria pictaviensis, Le Touzé de Longuemar, Et. géol. - 
et agr.sur le D. de la Vienne, 1, p. 491. 


La découverte de l'échantillon fossile sur lequel l'espèce . 
a été établie est due à M. de Visien qui l’a recueilli aux . 
environs de Poiliers dans un terrain rouge superficiel, . 
situé sur une lisière un peu vague, qu’il est cependant na-" 
turel de rapporter à l'Oxfordien. M. le Touzé de Longue-. 
mar, auteur d’une Monographie géologique du départe= 
ment de la Vienne, a bien voulu nous la faire connaître et 
nous en procurer un moule très-babilement exécuté, dont 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 259 


la figure 2, pl. 118, est une exacte reproduction. L’originai, 
- dont la conservation extérieure est parfaite, est converti en 
une silice cornée noirâtre qui paraît amorphe. Du reste il 
n’a été fait sur lui aucun essai d'analyse, et la structure 
intérieure, si Lant est qu’elle existe, nous demeure absolu- 
ment inconnue. 
Extérieurement, on croirait voir un cône largement 
ovoïde, assez analogue à ceux des Araucaria, dont les 
écailles seraient tronquées à la naissance de l’appareil 
subulé qui les termine dans ce genre. Mais un examen 
un peu attentif de l’échantillon fossile fait reconnaître en 
lui une base irrégulièrement étendue-et creusée au milieu 
d’une fosseite qui correspond peut-être à l’inserlion des 
racines; mais qui ne saurait dans aucun Cas se rapporter à 
un cône. Les appendices étroitement accolés qui recou- 
vrent la surface entière de l'organe, au lieu d'être des 
- écailles, représentent en réalité les bases de pélioles 
* . accrues dont la présence caractérise si bien les tiges de 
Cycadées. C’est ce que montre avec évidence la figure 2, 
- pl. 118, qui représente plusieurs de ces appendices pétio- 
laires vus de face et légèrement grossis ; la coupe rhom- 
boïdale, un peu allongée et amincie dans la direction trans- 
verse, y est bien visible ; les parois protégées par un tégu- 
ment des plus résistants se sont conservées et ont élé chan- 
. gées en silice ; la zone intérieure immédiatement contiguë 
aux parois-et formée d’un parenchyme lâche s’est détruite 
- partiellement et a été remplacée par un vide, tandis que 
| vers le centre la région vasculaire a persisié et constitue 
-: une saillie cylindrique plus ou moins prononcée. 
«. Les appendices corticaux résullant des bases accrues 
… paraissent, dans celle espèce, disposés en séries spirales 
= assez régulières, mais ces organes sont inégalement sail- 


260 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


lants et en partie détruits dans le bas. Leur direction est 
d’autant plus divariquée qu’ils sont plus inférieurs, quel- 
ques-uns de ces derniers paraissent diverger à angle droit. 
Les supérieurs, moins âgés, sont au contraire plus érigés et 


en même temps moins dégradés. Plus neltement contigus 


par les côtés, ils constituent par leur face des aires rhom- 
boïdales, planes et lisses ou même légèrement concaves, 
alignées en spires presque régulières. Leurs angles sont 
fort nettement accusés et leurs flancs paraissent prismali- 
ques. Il est fort difficile de distinguer si, parmi ces appen- 
dices provenant originairement de bases de pétio!es, il n’en 
existe pas que l’on puisse rapporter à des écailles gemmai- 
res. Tous, il est vrai, n’ont pas exactement les mêmes 
dimensions, et on en remarque çà et là de plus ou moius 
minces auxquels il serait naturel d’attribuer cette prove- 
nance, La terminaison supérieure de la tige doit à ce point 
de vue attirer notre attention : on y distingue, tout à fait au 
sommet, un dernier appendice pétiolaire, tronqué comme 
les autres et entouré, à ce qu’il semble, d’appendices plus 
menus qui se rapporteraient à autant d'écailles gemmaires. 
S'il en est ainsi, noire tige jurassique, après avoir atteint le 
terme de son développement normal, aurait émis une der- 
nière fronde isolée et serait morte ensuile. C’est dans ‘ce 
dernier état et dépouillée de toutes ses feuilles qu’elle aurait 
été entraînée par les eaux jurassiques et ensuile silicifiée. 
Ce qui est certain c’est qu’elle n’a subi presque aucune. 
“compression ; elle mesure près de 7 centimètres dans sa 
plus grande épaisseur, mesurée à la base, et 5 seulement. 
dans le sens opposé. Ceite base était naturellement irrégu-" 
lière, les résidus qui l’accompagnent ont plus de saillie. 
dans une direction que dans l’autre, et leur aspect est aussi, 
plus confus, mais il se pourrait que des frottements subsé- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 261 


quents eussent amené ce résultat. La plus grande hauteur 
de la tige n’excédait pas 7 centimètres en tout. 

Si l’on tient compte du phénomène de l’accrescence qui 
transforme peu à peu les bases de nélioles, les frondes du 
Bolbopodium pictaviense ont dû être petites et grêles. Elles 
atteignaient probablement les dimensions de celles de 
l’Otozamites Reglei ou de l'O. Trevisani Zign. qui vivaient à 
peu près à la même époque. La première de ces espèces 
a été peut-être en connexion directe avec la tige oxfordienne 
de Poitiers. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L'espèce la plus voisine de 
notre Bolbopodium pictaviense est le Cycadeoidea pygmæa 
Lindi. et Hult. qui lui ressemble par sa forme, ses dimen- 
sions, l’aspect de sa base et la configuration des appendi- 
dices corticaux. Le spécimen de Poitiers est seulement 
plus conique, moins sphérique, et comme l'intervalle qui 
sépare les formations d’où ils proviennent respectivement 
comprend le Lias tout entier et la base de lOo!i.he, il ne 
saurait êlre question de les identifier d’une manitre abso- 
lue, mais l’attribution de l’une et l’autre tige au même 
genre nous semble par contre des plus vraisemblables. 

 LocarTÉ. — Montanaise, près de Poitiers (Vienne); 
élage oxfordien supérieur ? — Collection de M. de Visien à 
Poitiers. ; ; 

EXPLICATIONS DES FIGURES. — P]. 118, fig. 2, Bolbopodium 
pictaviense Sap., tige complète dessinée d’après un moule 
de l’échantillon original, grandeur naturelle ; fig. 22, plu- 
sieurs appendices corticaux vus de face, légèrement grossis, 
: pour montrer la disposition des parties converties en silice, 
d’après un dessin de l’échantillon original, 


262 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


N° 2. — Bolbopodium micromerum . 
PI. 118, fig. 4, 


© DIAGNOSE, — 2, caudice pusillo e basi breviter cylindrica 
Sursum ovato-strobiliformi apice obtusato, 3 centim. vix alto, : 
2 centim. crasso, appendicibus e petiolorum basibus ortis mul- 
tiplicibus in series spiraliter ordinatis parvulis contiquis im- 
bricatisque, obscure antice rhombeis, undique echinato. 


Le premier aspect de celte tige, remarquable par ses 
faibles dimensions, semble.indiquer un bourgeon ou un 
cône, mais en l’examinant de près on découvre dans 5 
les écailles qui la couvrent entièrement les caractères dis- : 
tinctifs des appendices accrescents des Cycadées, sous des 
proportions extrêmement réduites, il est vrai. 

. La découverte de l’espèce est-due à M. Rathier, député de 
l'Yonne, qui a recueilli l’échantillon figuré par nous dans 
une carrière de calcaire corallien des environs de Tounerre, 
en même temps que le Ctenopteris grandis Sap. (1) et une Cu- 
pressinée qui sera décrite subséquemment. Cel échautillon 
n’est qu’un moule de l’ancien organe, le sédiment corallien 
à pâte fine et d’un blanc pur s'étant glissé dans le creux 
laissé par sa destruction et l’ayant exactement rempli. Il 
est fort possible cependant, à cause de la base tronquée, 
que nous ayons sous les yeux une gemmule ou bourgeon 
adventif développé, plutôt qu’une tige mère; mais dans 
tous les cas il s’agit d’une plante de très-petite taille, munie 
de frondes longues à peine de quelques pouces et pourvues 
de rachis très-grêles, circonstances qui résultent nécessai- 


(1) Voy. précédemment, t. I, p. 363, pl. 54, fig. 4. 


"È A Ge E Ne 
sé d s ay De - 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 263 


rement de la structure des bases de pétioles, qui malgré 
leur épaississement mesurent au plus 3 millimètres sur leur 
plus grand diamètre. 

La tige est cylindrique à sa base el épaisse de 12 à 15 mil- 
limètres; elle s’élargit ensuite et donne lieu à un renfle- 
ment irrégulièrement ovoïde, très-obtus au sommet. La 
face latérale, opposée à celie que reproduit notre figure, est 
entaillée, comme si, après avoir subi une blessure ou avoir 
été rongée par quelque insecte, l’ancienne tige avait pu 
continuer à végéter, postérieurement à la cicatrisation de 
la plaie. 

La surface est entièrement recouverte de bases de pétio- 
les que le phénomène de l’accrescence a transformées en 
autant de mamelons écailleux, renflés en écusson, plus 
ou moins redressés au sommet, étroitement serrés et même 
imbriqués. Chacun de ces écussons tourne au dehors sa 
partie dorsale et convexe dont le contour donne lieu à un : 
rhomboïde irrégulier. Nous avons essayé de donneruneidée 
de celte structure par notre figure 4°, pl. 118, qui repro- 
duit l'aspect de quelques-uns de ces appendices, faible- 
ment grossis. Il est facile de discerner que certains d'en- 
tre eux sont plus minces et plus petits que les autres. 
Ceux-là se rapportent sans doute à des écailles gem- 
maires, et l’ensemble offre un rapport évident avec les 
mêmes parties considérées sur les tiges âgées des C'ycas, si 
l’on veut bien tenir compte de l’énorme disproportion de 


_ Ja taille. 


Les appendices que nous venons de décrire s'étendent 
jusqu’à l’extrême sommet de la tige. Il est à croire qu'à 
l'exemple de l’espèce précédente, celle-ci avait atteint le 
terme de son existence lorsqu'elle passa à l’état fossile. Il 
est possible de reconnaître, en l’examinant de près, que sa 


264 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE: 


position naturelle n’était pas tout à fait érigée, mais plus au 
moins réclinée, le côté cicatricé s’appuyant sur le sol ou 
s’adossant contre une tige-mère, si l’on admet qu’il s'agisse 
d’un bourgeon adventif; les bases de pétiole se redressent 
visiblement de ce côté comme pour prendre la direction 
de ceux que représente notre figure vers le point de sa ter- 
minaison supérieure. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — ]l existe d'assez grands rap- 
ports de structure entre le Bolbopodium micromerum et les 
Cycas, mais il demeure incertain pour nous si nous avons 


sous les yeux une tige complète ou la ramification bul-. 


. boïde d’une tige mère. Les troncs âgés des Cycas produi- 
sent souvent des bourgeons adventifs (voy. pl. 198, fig. 2) 


qui peuvent, en se développant, donner lieu à des ramifica- 


tions susceptibles de végéter plusieurs années, sans s’allon- 
ger beaucoup. Des organes de celte nature se montrent à 
l'état de roseltes et vraisemblement avortés sur plusieurs 
des tiges de Cycadées pbservés dans le Wéaldien (Cyca- 
deoïdea microphylla (Buckl.) Schimp.) (1). On les remarque 
aussi dans le Pennettites portlandicus Carr. (4). Il ne serait 
pas absolument contraire à l’organisation des Cycadées, 
telle que nous la connaissons, que de ces rosettes d’écailles 
visibles-sur les anciens troncs, il ait pu sortir autrefois non 
pas seulement des bourgeons couronnés de feuilles, mais 
parfois aussi des appareils sexués strobiliformes, Les ob- 


servations de M. Carrutbers, si singulières au premier 


abord, trouveraient dans cette hypothèse une confirmation 


partielle. Mais en ce qui concerne le Bolbopodium micro- 


merum, il est inutile de nous arrêler à une conjecture de ce 


(1) Voy. Gœpp., Uebers. d. Arb., tab. 10, fig. 2. 
(2) Voy. Carruthers, On foss. Cycad. stems from the second. Rocks of 
Brit, p. 109, tab. 61 ; fr. the Trans. Linn. Soc., t. XXVI, 1810. 


an tdtitéect 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 265 


genre, puisque la cicatrice qu’il montre et qui n’a pu se 
fermer qu’à l’aide du temps, prouve bien qu’il représente 
une tige principale ou axillaire, et non pas un cône de l’un 
ou l’autre sexe. 
 LocaziTé. — Environs de Tonnerre (Yonne), dans une 
_ carrière de calcaire blanc corallien; communiqué par 
M. Rathier, député de Yonne, d’après les indications de 
M. Cotteau. 
- ExpuicaTion DES FIGURES. — PI, 118, fig. 1, Bolbopodium 
| micromerum Sap., tige entière ou bourgeon adventif axil- 
. laire développé, grandeur naturelle avec une très-légère 
amplification due au dessinateur; fig, t*, plusieurs bases 
de pétioles grossis. 
d 


TREIZIÈME GENRE. — CYLINDROPODIUM. 


.  Dragnose. — Caudices arborei plus minusve elati erecti 
. stratura mediocres, busibus petiolorum in appendices corti- 
_ cales brevius longiusve provectis vestiti, appendicibus facie an- 
_ tica plerumque rhombeis tumidisque exacte inter se contiquis. 


« Mantellia (ex parte), | Brongn., Prodr., p. 96. 


— Pom., L. c., p. 340. 
 Bucklandia, Pom. (non (arruth.), 
. ‘ Le., p. 24 et 346. 
… Cycadoïdea (ex parte), Brongn., Tab. des genres 
+ . de vég. foss., p. 59 et 
104. 
— (ex parle ad calcem generis), Ung., Gen. etsp. pl. foss., 

S | p- 300. 

— Cycadites (ex parte), Sternb., Vers., II, p. 194. 
3 — Goepp., Uebers. d. Arb., 
& p. 119. 

… Encephalartos (ex parte), Miqg., Monogr. Cycad., 


P- 68; 


266 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


Clathraria (ex parte), Schimp., Traité de pal. 
vég., IL, p. 152. 


HISTOIRE ET DÉFINITION. — Ainsi que leur nom l’indique, 
” les tiges fossiles que nous plaçons dans ce genre affectent 
une forme cylindrique, plus mince et plus élancée relati- 
vement que la plupart de celles qui font partie des groupes 
suivants. Que ce soit l'effet de leur allongement, par une 
croissance plus rapide que celle des types actuels de Cyca- 
dées, ou que cette forme cylindrique les ait caractérisées: 
à tout âge, ces sortes de tiges lui doivent la physionomie 
que l’on remarque en elles et qui leur a valu de notre 
part une dénomination spéciale destinée à la faire ressor- 
tir. Il est certain que les Cycadées vivantes présentent gé- 
néralement des troncs bien plus trapus que ceux de nos 
Cylindropodium et emploient un tem ps plus long à grandir 
et à s'élever. Il n’en existe pas qui, avec des rangées spi- 
rales, composées de quatre écussons pétiolaires au plus sur 
l’un des côtés, mesure une épaisseur de 3 centimètres seu- 
lement, comme où le voit dans l’un des Cylindropodium 
que nous décrivons. Remarquons en même temps ici que 
le seul tronc de Cycadée jurassique dont on connaisse les 
frondes, celui du Zamites gigas Morr. (voy. pl. 81, fig. 4), 
affecte également cette configuration en cylindre étroit et 
long, qui se trouve ainsi l’apanage commun d’un assez bon 
nombre de tiges fossiles. Dans les Cylindropodium, cet as- 
pect ne résulte pas uniquement des dimensions proporlion- . * 
nelles de la tige proprement dite, mais encore de la struc- . 
ture des appendices accrescents, correspondant aux bases 
de pétioles, qui dans le groupe que nous avons en vue de- 
meureut généralement plus courts ou même n’acquièrent . 
qu'une saillie très-faible, tandis que nous verrons ces 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 267 


mêmes organes composer un épais fourreau autour des 
parties ligneuses de la plupart des Clathropodium. Bien que 
demeurant relativement courts, les appendices corticaux 
des Cylindropodium n'en sont pas moins distincts, pas 
moins nettement terminés sur les bords, et la forme en 
losange de leur contour est toujours très-caractérisque. 
Cette forme se manifeste surtout à l’aide de cassures trans- 
versales, accident qui sert à démontrer que chaque base de 
pétiole était étroitement serrée contre ses voisines, et 
comme les écussons prismatiques ou du moins renflés et 
saillants auxquels les appendices donnent lieu affectent 
partout une égale et constante dimensiun, il est naturel de 
conclure de leur examen qu'aucun d’eux ne correspond à 
lemplacement d’une écaille gemmaire et que, par consé- 
quent, les frondes de ces tiges opéraient leur évolution une 
à une, comme dans les Macrozamia, au lieu de sortir à la 
fois d’un bourgeon d’abord clos, à l’exemple de ce qui a 
lieu chez les Cycas, Encephalartos et Zamia. D'autre part, 
comme la tige du Zamites gigas présente des écailles gem- 
maires visiblement associées aux pétioles de ses frondes, il 
ï faut croire que nos Cylindropodium ou du moins les prin- 
. cipaux d’entre eux, n’appartenaient pas au même genre 
que les Zamites, mais à un genre dont il est encore impos- 
sible de déterminer les organes foliacés. - 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — D’après les considérations 
… précédentes; les Cylindropodium, par les particularités inhé- 
à rentes à leur mode de développement, par l’absence pro- 
- bable d’écailles gemmaires et aussi par la présence, chez 
ë certains d’entre eux, d’une filasse entremélée aux bases 
. de pétioles et même par leur conformation cylindrique, se 
+ rapprochaient des WMacrozamia actuels de l’Australie, plus 
+ que des autres Cycadées vivantes. . 


268 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


N°1, — Cylindropodium liasinum. 
PI. 118, fig. 3; pl. 119, fig. 1-2, et pl. 124, fig. 3-4. 


DIAGNOSE. — C. érunco cylindraceo 6 centim. circiter 
crasso, petiolorum basibus adauctis sectione transversa rhom- 
beis 1/2 centim. latis dense congestis undique vestito, medulla 
centrali sat copiosa annulisque lignosis 2-3 concentricis in la- 
mellas multiplices radiorum medullosorum trajectu manifeste 
partitis intus prædito. 


Clathraria liasina, Schimp., Traité de pal. vég., LI, p. 183. 
Mantellia cylindrica, Brongn., Prodr., p. 93 et 96. 
— — Pom., /. c., p. 340. 
Cycadeoidea cylindrica,  Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 301. — 
Chl. protog., p. LxY. 


Cycadoidea cylindrica,  Brongn., Tab. des genres de vég. foss.. 


p. 104. 
Cycadites cylindricus,  Morr., Ann. mag. nat. 
— — CR pp , Uebers d. Arb., p. 119. 
Cycadites Bucklandit (ex parte), Mig. -, Monog. Cycad., p. 34. 


Cette espèce, enr signalée par M. Bror- 
gniart, n’a jamais été décrite, ni figurée par lui. Elle pro- 
vient, non pas du Conchylien, mais du calcaire à Gryphées 
des environs de quaeville. La substance végétale de l’an- 

-cienne tige a fait place à un calcaire en partie amorphe et 
en partie cristallin dont la disposition imparfaile et con- 
fuse laisse pourtant entrevoir encore de précieux détails de 


structure, soit à l’extérieur, soit intérieurement. L’échan- 
tillon, long en tout de 9 centimètres environ, consiste 


en un tronçon irrégulièrement terminé aux deux extrémi- 
tés ; maïs, tandis que la sommité (voy. pl. 119, fig. 2), vue de 
face, semble usée, comme si elle avait subi longtemps les 
effets de l’air ou des eaux, la base (pl. 118, fig. 3), se 


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sn dd: ‘Haudis 


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à die una inédate à (ee 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 269 


montre visiblement tranchée par le fait d’une cassure plus 
oblique et moins netle que ne le fait voir la figure de la 
planche 418, dessinée surtout dans le but de faire ressortir 
les détails de l’organisation. Le dessin dont cette figure 


est une reproduction nous a été communiqué par M. Bron- 


gniart et sa parfaite conformité, sauf en ce qui concerne la 
direction de la cassure, avec l’exemplaire en nature que 
nous avons sous les yeux, nous donne la certitude que cet 
exemplaire (pl. 419, fig. 1) est bien celui que M. Bron- 
gniart avait en. vue, lorsque ce savant l’inséra dans son 
Prodrome en 1828, sous le nom de Mantellia cylindrica. La 
dénomination de cylindrica, s'appliquant avec autant et 
plus de raisons à d’autres tiges d’abord confondues avec 
celle du Lias de la Meurthe, nous adoptons pour celle-ci 
l’épithète de Lasina proposée par M. Schimper, en la ran- 
geant parmi nos C'ylindropodium dont elle devient le type. 
. L’épaisseur de la tige proprement dite, en ne tenant pas | 
compte du fourreau extérieur, en partie intact, en partie 
détruit, qui comprend les appendices accrescents, est : 


_de 4 centimètres 1/2 mesurés à la base et de 4 centimètres 


seulement à l'extrémité opposée, ce qui implique une di- 
minution de diamètre assez sensible dans une étendue 
longitudinale de moins de 4 décimètre. Sur cette épaisseur 
maximum il faut compter 4 1/2 centimètre au plus pour 
létui médullaire dont la figure 3; pl. 118, exagère un peu 
les porportions. Autour de cette moelle, dont le tissu con- 
verti en un calcaire compacte paraît entièrement homo- 


- gène s’étend une zone ligneuse disposée en 2 ou 3, peut- 
_ … être jusqu’à 4 anneaux concentriques de lamelles fibreuses 


rayonnantes, les intérieures en partie détruites et séparées 
par des vides qui correspondent aux prolongements mé- 


…dullaires, les extérieures plus nettes, mieux limitées et 


270 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


changées en un calcaire spathique plus ou moins cristal- 
lin. La zone parenchymateuse externe est large de 3 
à 4 millimètres au plus et s'étend jusqu’à l’origine des 
appendices corticaux qui la recouvrent d’un épais fourreau, 
partout où ils n’ont pas été détruits. Notre figure princi- 
pale (pl. 149, fig. 1) représente une des faces latérales de 
l’ancienne tige encore recouverte de ces appendices. Sur 
la face opposée ils ont au contraire disparu en grande 
partie par l'effet des efforts qui ont détaché l’échantillon 
de la roche encaissante et mis à nu le cylindre sous-corti- 
cal ou tige proprement dite, très-ressemblant alors aux 
deux -autres spécimens que nous allons décrire. Sur la 
convexité de celte partie (voy. pl. 124, fig. 3 et 4) se trou- 
vent dessinées des aires rhombuïdales, colorées d’une 
teinte obscure, disposées en séries spirales et séparées | 
l’une de l’autre par un interstice plus clair, qui marquent 
l'emplacement des anciennes bases de pétioles. Sur cha- 
. cune de ces aires (fig. 3), s'élèvent des appendices accres- 
cents qui affectent la forme de mamelons prismatiques (fig. 4) 
un peu plus étendus dans le sens transversal que dans 
l’autre. Ces. mamelons, emboîtés les uns dans les autres 
par les côtés (fig. 4), se terminent par une face dorsaie lé- 
gèrement convexe et un peu repliée vers le Haut. Leur as- 
pect tessellé, à compartiments épais et étroitement accolés 
est.exactement rendu par la figure 1, pl. 419, qui repré- 
sente le côté de l'échantillon fossile sur lequel les appen- 
dices corlicaux sont demeurés intacis. Sur l’autre face, 
quelques-uns d’entre eux seulement sont en place (fig. 3, 
pl. 124), et en mesurant leur saillie on voit que chacun 
d'eux avait une élévation de 6 à 7 millimètres au-dessus 
du plan de la surface caulinaire proprement dite. . 

La forme de ces appendices et leur mode d’agencement 


TERRAIN nain ut — VÉGÉTAUX. 271 


rappellent beaucoup ce qui existe chez les. Cycas etles £n- 
cephalartos. Nous n’avons pu les comparer avec ceux des 
Macrozamia ; mais l’absence probable d’écailles gemmaires 
rapproche évidemment celte tige fossile, de même que les 


‘autres Cylindropodium, du type actuel d'Australie. De plus, 


en examinant à la loupe l’interstice fort étroit qui sépare 
l’un de l’autre les appendices,, on reconnaît que l’espace 
interstitiel, toujours coloré par une teinte plus claire, 
ainsi que le monte la figure 1, pl. 119, est occupé par les 


débris d’une substance tomento-filamenteuse, analogue à 


la filasse qui abonde entre les bases des pétioles, sur les 
tiges du Macrozamia spiralis. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Cylnropodivsi liasinum 
diffère spécifiquement du C. gracile (Bucklandia gracilis 
Pom.), par des proportions notablement supérieures, par 
des appendices corticaux plus épais, plus saillants, plus 
étendus et plus amincis en biseau dans le sens transversal. 
Tous deux offrent du reste une structure très-analogue et 
ont fait sans nul doute partie du même genre. Comparé 
au Cylindropodium Deshayesi Sap., le C. liasinum présente 
une épaisseur proportionnelle plus considérable et des 
appendices corticaux moins larges, pius saillants et bien 
plus nombreux. | 

LocaLiTÉs. — Environs de Lunéville (Meurthe) ; Lias in- 
férieur, zone à Gryphæa arcuata.' Coll. âu muséum de la 
ville de Strasbourg. 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 118, fig. 3, Cylindropo- 
dium liasinum Sap. (Mantellia cylindrica Brongn.), coupe 


“ transversale de la tige vue par son extrémité inférieure, 


d’après un dessin original communiqué par M. Brongniart, 
grandeur naturelle. On distingue sur cette figure à partir 
du centre : 1° le parenchyme médullaire dont la largeur a 


272 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


été un peu exagérée et qui se confond sur les bords avec 
un premier anneau ligneux, 2° deux anneaux ligneux qui 
sont plus confus et peut-être subdivisés en deux ou trois 
assez peu distincts, sur l’échantillon original, 3° une zone 
parenchymateuse extérieure, 4° une bordure formée par les 
ni appendices corlicaux étroitement serrés et interrompue 
en haut, comme en bas, par une cassure. — PI. 119, 
fig. 1, tige du Cylindropodium liasinum, vue par une face 
latérale, revêtue d’appendices corlicaux, grandeur natu- 
relle. Fig. 2, extrémité supérieure de la même tige vue de 
face et montrant d’une manière plus confuse la même suc- 
cession de zones ligneuses et parenchymateuses que l’autre 
exlrémité, avec un entourage d’appendices accrescents, 
pour montrer l’extension de ceux-ci par rapport au cylin- 
dre caulinaire proprement dit, grandeur naturelle, — 
PI. 124, fig. 3, plusieurs appendices corticaux de la même 
tige vus presque de face pour montrer la forme de leur 
. face dorsale, leur mode d’agencement et d'implantation 
sur la tige, grandeur naturelle. Fig. 4, deux autres appen- 
dices vus par côlé pour montrer la forme prismatique de 
leur fût et leur mode d'insertion, grandeur naturelle. 


N° 2. — Cylindropodium gracile. 
PI, 119, fig. 3. 


DIAGNOSE. — C. trunco humili cylindraceo, diametro vix 
3 1/2 centim. metiente, petiolorum basibus incrassatis dense | 
congestis in appendices dorso convezos plus minusve erectos | 
fereque imbricatos mulatis, tomento filamcntoso appendicibus 1 
interjecto > 


Bucklandia gracilis, Pom., Mat. pour servir à la fl. foss. jur. de | 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 273 


la France (in Amtl. Ber. d. Gesells. 
Deutsch. naturf., Aachen, 1849), p. 346. 


M. Pomel a fait connaître cette tige sous le nom de 
 Bucklandia gracihs, dans son mémoire sur la flore jurassi- 
que de la France; il la tenait de M. Nérée-Boubée qui lui- 
même altestait sa provenance d’une localité jurassique du 
sud-ouest de notre pays, demeurée malheureusement 
inconnue. Par son aspect extérieur et son mode de fossi- 
lisation le Cylindropodium gracile rappelle singulièrement 
le C. liasinum, sans que l’on puisse songer un instant à 
réunir les deux espèces. Celle de M. Pomel nous montre 
une tige plus mince, plus élancée, plus débile par toutes 
ses proporlions ; la longueur du tronçon est de 8 centi- 
mètres; son épaisseur maximum, en y comprenant l’enve- 
loppe extérieure formée par les appendices accrescents, 
n’excède pas 3 centimètres 4/2. En faisant absiraction de 
ces derniers organes, on constate que la tige seule mesu- 
rait au plus, en diamètre, 146 à 148 millimètres. Les parties 
intérieures sont confuses; on reconnaît pourtant que la 
moelle centrale était large, l’étui médullaire occupant un 
espace de 6 millimètres d'ouverture, soit un tiers du dia- 
mètre total de la tige proprement dite. La zone ligneuse 
entoure la précédente d’un anneau dont l’épaisseur peut 
êlre évaluée à 5 ou 6 millimètres, qui ne laisse au paren- 
chyme extérieur, presque entièrement détruit dans l’échan- 
tillon, qu’une place excessivement restreinte. Les appen- 
dices corticaux composent à la tige une enveloppe con- 
tinue, formée d’écussons saillants, convexes sur le côté 
dorsal et étroitement appliqués par l’autre côlé les uns sur 
les autres, ou même imbriqués par le prolongement de 


leur sommet toujours plus ou moins érigé. La plupart de 
VÉGÉTAUX. — J. 18 


274 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


ces appendices paraissent avoir subi des frottements qui 
ont déprimé les saillies et excorié la surface des principaux 
d’entre eux. Quelques-uns ont été cependant épargnés et se 
distinguent par leur convexité. Disposés en rangées spi- 
, rales et à peu près égaux, comme dans l'espèce précédente, 
ces organes donnent lieu à-des aires rhomboïdales plus 
émoussées sur les angles que ceux du Cylindropodium 
hiasinum. On distingue sur certains d’entre eux les traces 
de linsertion des faisceaux vasculaires, Des résidus de 
filasse, encore plus visibles que dans l’espèce précédente 
et tranchant par la coloration blanc-jaunâtre dont ils sont 
revêtus, paraissent garnir l'intervalle qui sépare les bases 
de pétioles. Celles-ci affectent une teinte brune foneée pa- 
reille à celle du reste de la tige. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Celte espèce nous paraît par- 
faitement distincte de celle de Lunéville, aussi bien que de 
ja suivante ; elle marque l’existence d’une Cycadée frutes- 
cente de petite taille, plus ou moins voisine des Macro- 
zamia par la structure apparente de sa tige, mais dont les 
frondes nous demeurent parfaitement inconnues. 

LocaLITÉ. — Terrain jurassique du sud-ouest de la 
France, localité indéterminée; coll. de M. Pomel et de la 
ville d'Oran. 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 119, fig. 3, Cylindropo- 
dium gracile (Pom.) Sap., tronçon de tige vu par une des 
faces latérales, grandeur naturelle, 


N° 3. — Cylindropodium Deshayesi. 


PI. 419, fig. 4. 


DIAGNOSE. — C. trunco elongato-cylindraceo, basibus petio- 
lorum incrassatis in areas antice convexas. lateribus exacte 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 275 


rhombeis delineatas mutatis, magnis, in series oblique spirales 
_ordinatis. 


Mantellia cylindrica, Brongn., Ms. in Coll. mus. par. 
. Cycadoïdea cylindrica,  Brongn., Ms. in Coll. mus. par. 


M. Brongniart paraît avoir confondu sous la dénomina- 
tion commune de Cycadoidea cylindrica une seconde tige 
spécifiquement distincte de celle de Lias de la Meurthe. Le 
Cycadoidea cylindrica de Lunéville étant devenu le Cl- 
thraria liasina, de Schimper, et pour nous le Cylindropo- 
dium liasinum, nous choisissons pour désigner la seconde 
des tiges qu'avait en vue M. Brongniart, le nom du natura- 
liste éminent à qui la découverte en est due. L'original 
recueilli par M. le professeur Deshayes, en 1837, dans le 
département de l'Orne, existe dans la riche collection du 
Muséum de Paris, où nous avons pu l’examiner à loisir. Il 
consiste en un tronçon de forme cylindrique, à peine 
comprimé par la fossilisation, long d’environ un déci- 
mètre. La plus grande épaisseur est de 4 centimètres envi- 
ron et de 3 centimètres seulement pour le plus petit 
des deux axes. Cette épaisseur ne diminue pas vers le 
sommel de la tige. L’étui médullaire, proportionnellement 
large, mesure à peu près 2 centimètres de diamètre. Les 
appendices accrescents affectent sur celte tige un aspect 
tout. à fait spécial ; ils sont irès-grands par rapport au dia- 
. mètre de la lige, rhomboïdaux, contigus par les bords, ap- 
; _.pliqués l’an contre l’autre, avec le sommet un peu ascen- 
dant. Ils donnent lieu à des écussons en losange, presque 
» aussi larges que haut, aplatis ou plutôt faiblement con- 
vexes, tantôt lisses, tantôt fibreux, et ponctués, surtout 
à la partie supérieure, comme s'ils présentaient les cica- 
trices des faisceaux vasculaires qui se rendaient aux feuilles. 


276 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


Ces écussons, dont l’analogie avec ceux que montrent 
plusieurs Cycadées actuelles est évidente, mais qui se dis- 
tinguent par leur peu de saillie et leur faible extension de 
la plupart de ceux qui ont élé signalés jusqu'ici, sont 
* distribués par rangées spirales fort régulières, mais des 
plus obliques, en sorte que l’on peut conclure de leur 
examen que la tige à laquelle ils appartenaient, contraire- 
ment à ce qui se passe ordinairement chez les Cycadées, 
croissait rapidement en hauteur. Les écussons sont exac- | 
tement contigus, et on n’aperçoit parmi eux aucun veslige 
d’écussons plus petits susceptibles de dénoter l'existence 
d’écailles gemmaires, associées aux bases de pélioles. 

LOCALITÉ. — Calcaire oolithique supérieur du départe- 
ment de l'Orne; coll. du Muséum de Paris, n° 1634 du ca- 
talogue. | 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 419, fig. 4, Cylindropo- 
dium Deshayesi Sap., tronçon de tige vu par une des faces 
latérales, muni de larges écussons rhomboïdaux, corres- 
pondant à l'emplacement des bases de pétioles ; grandeur 
naturelle, | 


QUATORZIÈME GENRE. — PLATYLEPIS. 


DiAGNosE. — Caudex plus minusve elatus quoad longitudi- 
nem mediocriter crassus, petiolorum basibus adauctis in ap- 
pendices corticales tandem mutatis dense vestitus, appendicibus 
autem laminas longe lateque extensas efformantibus, diametro 
transverso, ut videtur, diametrum verticalem multo superante: 


Cycadoidea (ex parte), Morière, Note sur deux vég. foss., trouvés 
” dans le Calvados, p. 4 et 5. 


HISTOIRE ET DÉFINITION. — Nous ne connaissons que 


de ltd dl éuillsi dé a ist 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 971 


très-imparfaitement les tiges auxquelles nous appliquons 
le terme générique de Platylepis. Ce n’est pas sur l’examen 
des échantillons originaux que notre jugement est basé, 
mais uniquement sur des dessins et des figures, en sorte 


que nous hésitons beaucoup à nous prononcer au sujet des 


caractères que ces tiges possèdent réellement. C’est donc 
plutôt d'après des apparences que nous allons essayer de 
décrire un type qui nous paraît pourtant devoir être séparé 
des Cylindropodium qui précèdent ei des Clathropodium 
qui vont suivre, tout en avouant que les Platylepis ne 
constituent peut-être qu’une section alliée de près à ces 
derniers. = 
Le cylindre ligneux et la moelle elle-même paraissent 
très-peu développés en épaisseur, relativement à la lon- 
gueur proportionvelle de la tige et surtout eu égard à 
l’extension des organes accrescents qui lui composent un 
épais fourreau de lamelles serrées et imbriquées. Les ap- 
pendices corticaux, provenant des bases transformées des 
pétioles, sont effectivement, autant que l’on peut en juger, 
plus étendus dans tous les sens et plus minces, c’est-à- 
dire plus dilatés en largeur que sur les autres tiges de 
Cycadées fossiles. Ils paraissent par leur aspect et leur 
disposition rappeler beaucoup ce que l’on voit chez les 
Dioon dont les bases de pétioles accrues constituent de 
véritables écailles, à peine épaissies et redressées au som- 
met, larges et minces, presque scarieuses sur les bords. 
Les deux espèces que nous rapportons à ce type, la se- 
conde avec quelques doutes, proviennent également du 


 Lias. 


278: PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


N° 1. — Platylepis mieroisels 
PI. 420, fig. 4-3, 


DIAGNOSE. — P: caule tenui intus medullam exiguam cor- 
_ pore lignoso mediocri circumductam inéludente, extus appen- 
dicibus basibus petiolorum adauctis provenientibus multiplicibus 
in laminas longe lateque extensas apice paulisper incrassatas 
productis dense vestito. : 


Cycadoidea micromyela, (Brongn.), Morière, Note sur deux vég. 
foss. trouvés dans le Départ. du Cal- 
vados (Mém. de la soc. linn. de Nor- 
mandie, t. XIV), p. 4-5, pl. 1, fig. 1-3. 

— — Schimp., Traité de pal. vég., IL, p. 188. 


M. Hippolyte Bunel, membre distingué de la Société 
linnéenne de Normandie, découvrit en 4837, à Tournay- 
sur-Odon, le fossile remarquable sur lequel est basée l’es- 
pèce que nous allons décrire. Il le signala dans le VI vo- 
lume des mémoires de cette société, comme dénotant 
peut-être le fruit d’un Conifère. M. J. Morière, professeur 
à la faculté des sciences dé Caen, après avoir soumis l’é- 
chantillon original à l’examen de M. Brongaiart, a publié 
sur lui, en 1866, une notice intéressante, accompagnée 
d’une planche que la nôtre reproduit intégralement. L’au- 
teur reconnaît dans le fossile une tige de Cycadée qu’il 
propose de nommer Cycadoidea micromyela, conformément 
aux indications de l’éminent professeur du Muséum de 
Paris. La dénomination spécifique de Micromyela vise une 
des particularilés de la tige fossile, nous voulons parler 
de la faible dimension de la moelle centrale et de la zone 
ligneuse, bien reconnaissable, qui l’entoure. Ces parties 
sont très-distinctes malgré leur peu de développement. 


TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 279 


L’'étui médullaire se trouve limité sur la coupe transversale, 
fig. 3, pl. 120, par une ligne circulaire fort nette dont le 
plus grand diamètre intérieur est moindre de 4 centi- 
mètre. La zone ligneuse concentrique à la moelle, dont 
les lamelles rayonnantes sont bien visibles, est large de 7 
millimètres environ; la zone parenchymateuse externe à 
dû être des plus minces. La tige proprement dite n’était 
donc épaisse au plus que de 25 millimètres, tandis que, 
grâce aux appendices corticaux étroitement serrés dont 
elle était revêtue, prise dans son ensemble, elle mesurait 
très-près de 1 décimètre sur son plus grand axe transver- 
sal et 8 centimètres sur le petit. L'ensemble effectivement 
n’a été que faiblement comprimé par la fossilisation; et 
bien que l'extrémité antérieure des appendices paraisse un 
peu émoussée, on distingue la forme véritable et le mode 
d’agencement de ces organes en examinant le spécimen 
par sa base, endroit où les appendices montrent leur face 
dorsale, ou mieux encore en le considérant vers le haut, 
où la disparition des parties tendres et jeunes (PI. 420, 
fig. 2) a produit un creux, un peu semblable à l’intérieur 
d’un nid, qui laisse voir clairement la face supérieure des 
appendices les moins anciens. La figare 2, pl. 120, montre 
ce côté considéré de face et l’on peut dès lors constater 
que chaque appendice, à la fois dilaté en largeur et assez 
faiblement épaissi à l’extrémité antérieure, était à la fois 
plus long et plus mince que dans les parties correspon- 
dantes des Encephalartos actuels (voyez pour la comparai- 
son fig. 2 à 4, pl. 121). Le sommet épaissi des appendices 
_paraîl avoir été obscurément divisé en trois lobes ou du 
_ moins échancré dans le milieu à l’aide de sinuosités très- 
| peu prononcées et de manière à produire des mamelons 
dont la saillie est visible sur la face principale de la tige 


280 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE.: 


(fig. 1); celle-ci paraît s’être conservée presque dans son 
intégrité; la sommité, sauf la perle des parties jeunes, est 
entière ; à la base, les derniers appendices se sont détachés 
et ont mis à découvert le pied de la tige qui se contourne, 
. soit pour donner lieu à la souche qui portait les racines, 
soit pour marquer l’endroit par où elle se rattachait à 
quelque pied mère, en consliluant alors une ramification 
axillaire. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Platylepis micromyela 


diffère des Cylindropodium, par l'extension et l’amincisse- 


ment en largeur de ses appendices corticaux, ainsi que 
par le faible développement proportionnel de la moelle 


centrale et de la tige elle-même. Il se rapproche bien plus 
des Clathropodium chez lesquels nous allons observer des 


tiges réduites parfois à un faible diamètre relativement à 
l'étendue des appendices. Mais, dans ce genre, les bases 
accrescentes ont un autre aspect ; leur section est presque 
‘toujours rhomboïdale ; elles ne sont ni amincies latérale- 
ment ni dilatées insensiblement au sommet comme celles 
du Platylepis. Ge sont là les différences qui nous ont porté 
à proposer ce genre nouveau pour des liges probablement 
aussi distinctes par la nature de leurs frondes qu’elles pa- 
raissent l’être par les détails de leur structure. Parmi les 
types actuels, le P. micromyela semble tenir à la fois des 
Encephalartos et des Dioon, de ceux-ci par la forme géné- 
rale et la consistance plate et mince des appendices corti- 


caux, des premiers par la terminaison de ces organes en 


une apophyse ou renflement peu prononcé et non redressé 


ascendant ni imbriqué, à la façon de ce qui existe chez les 


Dioon. 
Il nous paraît impossible, à cause de la présence du cy- 
lindre ligneux, traversé par de nombreux rayons médullai- 


GE EE D Me A EP 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 281 


res, que présente la tige de cette espèce, d’y reconnaître, 
non pas un axe caulinaire, mince, il est vrai, par l'étendue 
proportionnelle de ses diverses parties, mais un appareil 
strobiliforme, semblable au cône d’une Zamiée, ainsi que 
M. Schimper serait disposé à le croire (1). 

Locazrré. — Tournay-sur-Odon (Calvados); Lias moyen 
ou la Mälière. 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 120, fig. 4, Platylepis 
micromyela Sap., tige presque entière, sauf au sommet qui 
est évidé par suite de la disparition du cycle des feuilles 
vertes, grandeur naturelle. Fig. 2, la même tige vu par- 
dessus, grandeur naturelle. Fig. 3, même échantillon vu 
par-dessous pour montrer la coupe transversale du cylindre 
ligneux et de la moelle, grandeur naturelle. 


N°2, — Platylepis impressa. 
PE 121, fig. 1. 


DIAGNOSE. — P. caudice parvulo cylindrico, petiolorum 
pulvinulis super ficiei impressis rhombeïis in series obliquas or- 
dinatis, appendicibus e basi rhombea sursum longe provectis 
in laminas leviter incurvas imbricatasque dilatatis. 


Cette seconde espèce ne laisse pas que d’être douteuse. 
Nous ne la connaissons que par un dessin que M. Bron- 
gniart a bien voulu nous communiquer, et qui semble dé- 
noter l'existence d’une Lige de Cycadée de petite taille dans 
le grès de Hettange, près de Metz. Cette tige, tronquée ou 
plutôt lacérée au sommet, serait entière vers la base qui 
paraît aboutir à la souche même d’où partaient les racines. 
Longue en tout de 4 décimèlre, atteignant au plus l’épais- 


(1) Traité de pal. vég., II, p. 189. 


282 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


seur du doigt, elle a laissé dans le sédiment une empreinte 
de la surface entièrement occupée, comme dans le Cylin- 
dropodium liasinum par des aires rhomboïdales, disposées 
en séries spirales et se rapportant à l'emplacement des 
, bases de pétioles. Ces coussinets sont fort réguliers par la 
forme de leur contour et leur ordonnance à la périphérie 
de l’ancienne tige dont la face principale se montre ainsi 
dépouillée de ses appendices corticaux. Mais vers les côtés 
on voit que sur chacun des écussons en losange qui corres- 
pondent aux bases des pétioles s'élève un appendice qui 
s’amincit et s’élale en une lamelle un peu recourbée et 
comme fibreuse vers le sommet. Toutes ces lamelles se 
réunissent en une masse confuse dont les détails sont dif: 
ficiles à préciser. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Platylepis impressa ne 
ressemble que d’une façon très-éloignée à son congénère 
supposé du Calvados. N'ayant pas eu l’occasion d’examiner 
lempreinte originale représentée par le dessin exécuté 
en 1834 sous les yeux de M. Brongniart, nous nous Con- 
tentons d’une reproduction exacte de celui-ci, sans cher- 
cher à insister sur des caractères impossibles à contrôler. 

LOCALITÉ. — Grès de Hettange, près de Metz (Moselle); 
Lias inférieur, zone à Ammonites angulatus; envoi de 
M. Terquem au Muséum de Paris en 1854. 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 121, fig. 4, Platylepis 
impressa Sap., partie inférieure d’une tige garnie sur les 
côtés de résidus accrescents de pétioles, grandeur natu- . 
relle, 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 283 


QUINZIÈME GENRE. — CLATHROPODIUM. 


DiAGNosE. — Caules plus minusve elati longævi subcylin- 
drici aut ovato-conordei ellipticique petiolorum basibus adauc- 
tis in appendices plus minusve provectos dense congestes areas- 
que rhombeas trigonasve arcte contiguas minores majoribus 
interpositas antice proferentes vi vegetationis tandem mutatis 
prædhti, medulla centralis plus minusve ampla annulis ligno- 
sis pluribus concentricis ductibus medullaribus numerosis dis- 
tincte radiatim trajectis circumcincta. 

Mantellia (ex parte),  Brongn., Prodr., p. 96. 
— Endl., Gen. plant:-p. 72. 
_— Carruth., On foss. Cycad. Stems from the 


second. Rocks of Brit. (Trans. Linn. soc., 
t. XXVI, p. 701). 


Cycadoilea, Buckl., Procéd. Géol. soc., p. 80 (1829). 
Trans. Géol. soc., série 2°, vol. I, 
p. 395. 

— Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 300. 

Cycadoidea, Brongn., Tab. des genres de vég. foss., 
p- 59. 

— (ex parte), Schimp., Traité de pal. vég., t. Il, p. 186. 
Cycadites, Buckl., Géol. et Minéral., p. 496. 
Zamites, Pres. in Slernb. Vers., Il, p. 196. 

— Gœpp., Uebers., p. 221. 


Echinostipes, Pom., 2. c., in Amtl. Bericht, Aachen, 
1847, p. 346. 
Bennettites (ex parte), Carruth., /. c.,.p. 695. 


HISTOIRE ET DÉFINITION. — Les Clathropodium, tels que 
nous allons les définir, ne correspondent pas aux vrais 
€lathraria de Mantell, auxquels on doit, ainsi que l’a fait 
récemment M. Carruthers, restituer la dénomination de 
 Bucklandia qui leur avait été originairement appliquée par 
Presl (1); ils se rattachent directement au contraire aux 


- (1) Tentam. F1. primord., p. 38, in Sternb., F1, d. vorwelt. 


284 PA LÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


Cycadoidea de Buckland, devenu par un très-léger chan- 
gement euphonique les Cycadoidea de M. Brongniart et 
de Unger. Après eux, M. Schimper s’est servi de ce même 
terme générique, tandis que M. Carruthers est revenu 
dernièrement à celui de Mantellia qui date du Prodrome 
de M. Brougniart, mais que ce dernier savant avaïl ensuite 
donné. Ce sont ces mêmes tiges pour lesquelles M. Pomel 
proposait le nom d’Æchinostipes qui, outre sa composition 
peu correcte, impliquerait l’existence de caractères diffé- 
rents de ceux qui distinguent réellement les tiges en ques- 
tion. Effectivement, elles ne sont pas hérissées, mais revê- 
tues d’une armure d’appendices corticaux, pressés les uns 
contre les autres, qui présentent à la périphérie l’aspect 
d'autant de compartiments rhomboïdaux, régulièrement 
accolés et disposés en séries spirales ordinairement peu 
obliques. De là l'apparence d'un grillage, d’un treillis ou 
d’une réunion de compartiments dont nos Clathropodium 
“seraient recouverts extérieurement. 

Ils atteignent généralement des proportions supérieures 
à celle des types que nous venons de décrire; ils retra- 
cent aussi plus fidèlement l'aspect et le mode de crois- 
sance des Cycadées de nos jours. Ge sont des tiges massives, 
trapues, tanlôt cylindriques, tantôt ovo-cylindriques, pres- 
que constamment converlies en silice, circonstance qui 
a permis de scier et de polir quelques-unes d’entre elles 
et de saisir les détails de leur structure intérieure. 

Le type le plus anciennement signalé de cette catégorie 
de tiges est le Cycadoidea microphylla de Buckland, dont 
le trouc intégralement conservé, à peu de choses près, 
mesure vers la base une épaisseur de 40.centimètres au 
moins, sur une étendue verticale d’environ 36 centimè- 
tres. La forme est largement ovoïde ou ovoïdo-cylindrique. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 285 


La croissance n’a pu s’opérer qu'avec une très-grande len- 
teur, par suite de la multitude et de la petitesse relative 
des appendices étroitement serrés qui garnissent extérieu- 
rement la tige. Il n’est pas du tout certain que les tiges de 
la même localité (Oolithe supérieure de l'île de Portland), 
identifiées par plusieurs auteurs avec le spécimen primi- 
tif, figuré par Buckland, aient fait réellement partie de la 
même espèce. Les divers spécimens successivement dé- 
couverts encore en place dans l’humus du sol jurassique 
présentent bien des variations secondaires qui pourraient 
être l'indice de l’existence d’autant de formes particu- 
lières ; mais leur étude n’a pas été encore entreprise, et 
nous avons figuré nous-même, en l’empruntant à M. Schim- | 
per, le tronc réduit au quart d’une Cycadée portlandienne 
qui s’écarte beaucoup en réalité des exemplaires décrits 
autrefois par Buckland (1). 

Le célèbre Lyell, dans son Manuel de géologie (2), a 
donné des détails pleins d'intérêt sur les troncs fossiles de 
Cycadées encore en place dans la couche de boue noire de 
V'ile de Portland, qui n’est autre que l’ancien humus recou- 
vert par un sédiment d’eau douce qui a enseveli les tiges 
secondaires, en leur conservant leur position naturelle. 
L’épaisseur du lit de terre végétale primitif est de 30 à 45 
centimètres ; sa couleur est d’un brun noirâtre ou plutôt 
nôire; il contient une forte proportion de lignite terreux. 
« À travers la masse, ajoute le géologue anglais, sont dis- 
séminés des fragments de pierre arrondis, de 75 à 225 
millimètres de diamètre, en assez grand nombre pour 


(1) Voy. pl. 76, fig. 1, en observant que la légende contient par 
erreur l'indication de Cycadoidea microphylla, au lieu de C. megalo- 
phylla de Lyell ; mais il n’est pas certain que ce C. megalophylla soit 
le même que celui ainsi nommé par Buckland. 

(2) T.L, p. 458, trad. franc. par M. Hugard, 5° édit., Paris, 1856. 


286 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


constituer une espèce de gravier. Dans Ja couche, on trouve 
enfouis des troncs silicifiés de Conifères et de Cycadées. 
Ces plantes ont dû être fossilisées sur l’emplacement 
même où elles ont végélé. » A l'intérieur, observés au 
, moyen d’une coupe transversale, les Clathropodium présen- 
tent autour d’une moelle plus ou moins volumineuse, or- 
dinairement large, dans certains eas au contraire très-ré- 
duite, une zone ligneuse formée de plusieurs anneaux 
concentriques. Getie zone est plus ou moins épaisse; elle 
est entourée par la zone cellulaire extérieure, généralement 
mince, et enfin par le fourreau que constituent les bases 
de pélioles accrues et changées par l'effet du temps en ap- 
pendices corticaux. Ici, ces appendices (rès-serrés et 
peut-être entremêlés d’une bourre épaisse, quicontribuait 
à leur adhérence mutuelle, ne composaient, pour ainsi 
dire, qu’une seule masse, au sein de laquelle on distingue 
dans plus d’un cas les zones d’accroissewent très-nette- 
ment visibles, L’allongement définitif des appendices varie 
d’une espèce à l’autre : dans l’une de nos espèces la tige 
proprement dite ne compte que pour un tiers de l’étendue 
en diamètre de l’énsemble; presque toujours la région 
-des appendices égale ou dépasse en étendue le demi-dia- 
mètre de la tige elle-même. Les appendices, en venant 
aboutir à la périphérie, y dessinent, vus de face, des aires 
ou écussons rhomboïdaux, plus ou moins réguliers, mais 
toujours disposés en rangées spirales d'autant moins obli- 
ques que la tige est plus épaisse et que son accroissément 
a dû s’opérer avec plus de lenteur. Les écussons paraissent 
inégaux entre eux, c’est-à-dire que ceux d’une dimension 
normale se trouvent entremélés d’écussons d’une moindre 
étendue, et que cà et là au contraire on en remarque d’au- 
tres qui dépassent leurs voisins, en largeur et en saillie. : 


TERRAIN JURASSIQUE. —- VÉGÉTAUX. 287 


Enfin, dans d’autres cas, on observe intercalés aux appen- 
dices des roseltes plus ou moins intactes qui marquent 
évidemment la présence de bourgeons adventifs et en 
tiennent la place, soit que ces bourgeons n'aient laissé 
qu’une cicatrice après leur chute, soit que leur forme et 
leurs.écailles soient encore visibles. L’inégalité des com- 
partiments corlicaux démontre que chez les Clatkropodium 
les frondessortaient d’un bourgeon terminal par cycles suc- 
cessifs et que les écailles de ce bourgeon étaient par con- 
séquent entremêlées aux bases de pétioles; les. écussons 
-plus grands ou plus saillants que les antres se rapportent 
peut-être aux résidus des axes secondaires qui supportaient 
les appareils reproducteurs. 

. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Si l’on scrae les princi- 
-paux caractères des. Clathropodium, on reconnaît qu’ils vé- 
gétaient lentement, que leur tige, d’abord semi-globuleuse, 
s’allongeait peu à peu et demeurait massive en devenant 
plus ou moins cylindrique, que leurs feuilles sortaient par 
émissions successives d’un bourgeon terminal garni d’é- 
cailles gemmaires, qu’ils produisaient en outre des bour- 
geons adventifs et que leurs appendices corticaux, géné- 
ralement développés en longueur, épaissis et serrés, 
composaient autour d'eux une tunique très-dense, mar- 
 quée à la périphérie de compartiments en losange, limités 
avec plus ou moins de régularité. La présence d’écailles 
gemmaires et par suite le mode d'émission présumée des 
frondes les distingueraient des Cylindropodium chez lesquels 
nous n'avons pas remarqué de vesliges de ces organes. 
Leur structure serait à peu près celle des Æncephalartos de 
nos jours ; mais le développement parfois excessif des ap- 
pendices corlicaux les distinguerait de tous les types ac- 
tuels. 


288 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


N° 1. — Ciathropodium Trigeri. 


PI. 199, fig. 1-3. 


DIAGNOSE. — C. caule late ovato-cylindraceo 14-15 centim. 
circiler crasso, medulla centrali copiosa corporeque lignoso e 
zonis concentricis, sin minus duobus, radiatim partitis, interiore 
præserlim distincta, constante intus farcto, extus appendicibus 
corticahbus 3 1/2 vel 4 centim. circiter longis dense vestito, ad. 
peripheriam autem, appendicum faciem anticam præbentium 
exacteque conniventium causa, areis seu scutellis convexiusculis 
secus latera marginatis irregulariter rhombeïis vel transversim 
ovato-rhombeis in series leniter spirales multiplices ordinatis, 
majoribus minoribus depressioribus prominulisque intermixtis 
undique notato, gemmarum organorumve aliorum cicatricibus 
aliquibus hinc et hinc quandoque interpositis. 


Cycadites Trigeri,  Brongn., Ms. 
Cycadoidea. . ..,., Brongn., Tab. des genres de vég. foss., p. 59. 
Echinostipes. ...., Pom.,l. c., p.341. 


M. Brongniart, dans son Tableau des végétaux fossiles, 
publié en 1849, a simplement signalé cette remarquable 
-espèce comme ayant été trouvée près du Mans, sans la dé- 
crire autrement. Nous ne la connaissons nous-même que | 
par une fort belle planche exécutée en 1858 par les soins 
de M. Triger à qui en est-due la découverte. M. Triger est ! 
mort depuis cette époque, sans jamais joindre à sa plan- . 
che, demeurée inédile, aucun texte, ni même aucune. 
légende susceptible de diriger notre appréciation, La dé-. 
nomination manuscrite de Cycadites Trigeri, placée par“ 
M. Brongniart au bas des deux figures principales, est la. 
seule indication que nous ayons recueillie, etnous sommes s 


TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 289 


beureux de consacrer en l’adoptant, le souvenir d’un sa- 
vant aussi distingué que laborieux, enlevé trop tôt à la 
science. 

Les figures très-soignées de M. Triger, exactement re- 


produites sur notre planche 122, dispensent par bonheur, 


à cause de la nettelé de tous les détails de structure 
qu’elles présentent, de l’examen de la tige elle-même. Le 
Clathropodium Trigeri (fig. 4) consiste en un tronc presque 
complet, à peine mulilé aux deux extrémités. La partie 
conservée est haute de 15 centimètres environ sur une 
épaisseur maximum de 14 centimètres qui se trouve pla- 
cée vers le milieu, l’ensemble de la tige, n'étant pas pré- 
cisément cylindrique, mais plutôt ovoïde, c’est-à-dire un 
peu renflée dans la partie médiane; la base effectivement 
ne mesure guère plus d’un décimètre de largeur et le som- 
met 41 à 12 centimètres au plus, suivant le plus grand des 
deux axes. La figure 2, qui donne une coupe horizontale 
prise, à ce qu’il semble, sur un point voisin de la base, fait 
voir que la tige fossile n’a été que peu comprimée, avant 
d’être convertie en silice, son plus grand diamètre étant 
de 12 centimètres et le petit de 9 seulement, Au sommet, 
la tige se trouve occupée par un creux irrégulier qui cor- 
respond sans doute à l’enlèvement des parlies tendres, 
comprenant le bourgeon et les frondes que leur consis- 
tance n’a pu préserver d’une destruction plus ou moins 
prompte, tandis que les parties anciennes plus dures se 


_ fossilisaient lentement. 


La moelle centrale (voy. pl. 122, fig. 2) est relativement 


! large, plus comprimée par le poids des couches que le cy- 
. lindre extérieur; elle mesure un diamètre de 5 centimètres 


1 


| 
| 
| 
L 


et demi dans un sens et de 2 centimètres seulement dans 


le sens opposé; un vide provenant de la rupture des tissus 
VÉGÉTAUX. — J. 19 


290 PALÉONTOLOGIE FRANEAISE, 


se détache même en noir vers le milieu de cette moelle, 
reconnaissable à la texture uniforme de la substance sili- 
ceuse qui en occupe la place. Autour de la moelle s'étend 
un premier anneau ligneux qui en suit exactement le con- 
, tour et dont les caractères sont parfaitement visibles. Cette 
première zone est limitée extérieurement, aussi bien qu’à 
sa parlie interne qui constitue l’étui médullaire; elle est 
large de 6 millimètres. et partagée en lames minces et 
rayonnantes par des prolongements médullaires nombreux . 
et disposés en lignes droites. Quelques-uns de ces prolon- 
gements plus larges et plus prononcés se détachent en noir 
sur le fond généralement clair de la zone ligneuse. Le pre- 
mier anneau ligneux est sans doute entouré d’un second et, 
* à ce qu’il semble, d’un troisième anneau de même nature; 
mais cette deuxième zone, peut-être moins ferme et cer- 
tainement plus mince que l’autre, est aussi beaucoup plus 
confuse. Elle paraît traversée par des prolongementis cellu- 
“laires plus larges et moins réguliers, qui s’incurvent et dont 
quelques-uns indiquent peut-être la direction des faisceaux 
fibro-vasculaires qui se rendaient dans les pétioles. La 
zone parenchymateuse externe est évidemment des plus 
étroites. Tout autour se place une ceinture d’appendices 
corticaux, dont la figure 2, de même que la figure 3 qui 
donne une coupe longitudinale de la même tige, font voir 
l'étendue. Cette étendue varie assez notablement selon la 
partie que l'on examine. Dans le bas, région à laquelle se 
rattache la coupe horizontale, fig. 2, la tige à ce moment 
moins âgée et sans doute aussi moins vigoureuse, présente . 
des appendices corticaux longs de 2 centimètres environ ; 
les zones d’accroissement de ces organes sont visibles sur © 
quelques points et rappellent ce qui existe à cet égard dans Ë 
les Zncephalartos. Conformément à ce que l’on observe « | 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 294 


chez ces derniers, les faisceaux fibro-vasculaires épars sont 
visibles et se détachent en clair sur le fond obscur de la 
substance cellulaire. Vers le milieu et même près du som- 
met de l’ancienne tige, telle que la figure 3 nous lamontre à 
Vétat de coupe longitudinale, la moelle centrale perd de 
son étendue; la zone ligneuse paraît aussi plus mince, tan- 
dis que les appendices corticaux mesurent une longueur de 
3 centimètres et demi et jusqu’à 4 centimètres. Extérieu- 
rement et considéré sur la face principale reproduite par 
notre figure 1, le Clathropodium Trigeri présente des carac- 
tères d'ensemble et de détail remarquables par leur par- 
faite conformité avec ceux des Cycadées actuelles et en 
particulier des Encephalartos. Il est facile de s’en assurer 
en comparant les principaux écussons de l’exemplaire fos- 
sile avec la figure 2 de notre planche 121, qui représente 
le même organe de l’Encephalartos Altensteinü ; le rapport 
de part et d’autre est évident. Il n’est pas moins certain 
que parmi les nombreux compartiments dont la tige juras- 
sique est couverte, il en est de plus petits qui correspon- 
dent sans doute à des écailles gemmaires, tandis que les 
plus grands correspondent à de vrais pétioles, et que 
d’autres enfin se rapportent soit à des bourgeons en forme 


_ de roseltes, disposés çà et là (on en distingue un vers le 


milieu du tronc), soit à des cicatrices qui marquent le point 
insertionnel de ces organes, soit enfin aux résidus des axes 


_ secondaires qui supportaient les appareils reproducteurs. 


La trace des faisceaux fibreux, indiquée par des ponctua- 


. tions éparses à la surface bombée des écussons, est visible 
sur un grand nombre d’entre eux. La tige que nous venons 


de décrire avait mis au moins 23 à 30 ans à atteindre la 
dimension qu’elle présente, et durant cet intervalle, elle a 
dû produire 46 ou 18 émissions successives de cycles fo- 


292 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. 


liaires, entremélés d'autant de rangées d'’écailles gem- 
maires. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L’analogie est étroite entre 
le Clathropodium Trigeri et les troncs actuels des Encepha- 
, lartos africains; la stature est la même, ainsi que la forme 
sub-ovoïde de la tige. Notre espèce se rapproche certaine- 
ment du C'ycadeoidea microphytlla Buckl., qui est beaucoup 
plus grand, plus conique, plus épaissi à la base, et qui ce- 
pendant a dû faire partie du même groupe; elle est aussi 
congénère de l’espèce suivante, dont elle se distingue par . 
un moindre développement des appendices corticaux et un 
parenchyme médullaire beaucoup plus large relativement 
à l’épaisseur de la partie caulinaire proprement dite. 

LOcaLITÉ. — Environs du Mans (Sarthe); coll. de la ville 
du Mans. L’échantillon a été trouvé hors place, mais il pro- 
vient vraisemblabiement de la partie supérieure du terrain 
jurassique. $ : dx 

EXPLICATION DES FIGURES. — Pl, 199, fig. 4, Clathropodium 
Trigeri (Brongn.) Sap., tige adulte presque entière, creusée 
au sommet d’une cavité correspondant à la destruction des 
parties jeunes et tendres, grandeur naturelle. Fig. 2, coupe 
transversale de la même tige pratiquée vers la base, gran- 
déur naturelle. Fig. 3, coupe longitudinale de la même : 
tige à partir de son sommet, grandeur naturelle. Ces trois 
figures sont la reproduction d’une planche demeurée iné- 
dite, exécutée en 1858 pour M. Triger. Les figures 2 et 3 
n’ont été insérées que partiellement, faute d'espace. 


* TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 293 


N° 2, — Clathropodium sarlatense. 
PI. 193, fig. 1-2. 


DraGnose. — C, caule cylindrico utrinque truncato 17 cen- 
tim. secundum diametrum majorem crasso, sed exclusa corti- 
cis regione caudice proprie dicto solummodo 6 centim. trans- 
versim metiente, medulla central parvula cylindroque lignoso 
in annulos plurimos radiatim partitos prædito, appendicibus 
autem corticalibus circum appensis horizontaliter affixis longe 
provectis dense congestis caulem ipsum extensione æquantibus, 
Dlures accretionis zonulas includentibus, ad peripheriam facie 
rhombea antice terminatis, areis majoribus minoribusque in- 
termixtis, depressioribus prominulisque fasciculorum impres- 
Sionibus punctulatis exacte contiquis sed margine interstitiali 
pulvinato cinctis. 


Cycadoidea, Brongn., Tab. des genres de vég. foss., p. 59 et 60. 


-. Cette espèce signalée, mais non décrite, par M. Bron- 
gaiart, repose sur un tronçon trouvé hors place près de 
Sarlat (Dordogne), et que notre planche 123 représente di- 


_ minué d’un quart, sous deux aspects : vu par une des faces 


latérales principales (fig. 1) et par-dessus (fig. 2) à l’aide 
d’ane coupe transversale polie. L’échantillon original, con- 
verti en silice et dans un bel état de conservation, fait par- 
tie de la collection du muséum de Paris, où nous avons pu 
l’examiner et le dessiner. 1l est de forme cylindrique, fai- 
blement comprimé par la fossilisation, haut de 4 décimètre 


environ, tronqué accidentellement aux deux extrémilés,. 
È Son plus grand diamètre mesure 17 centimètres et son plus 


, 
: 
j 


| 
: 


an) - de si Een Ed) LOU SE di, 


petit 12 ou 12 et demi seulement, La tige donne donc 
lieu, dans son état actuel, à une section transversale ellip - 


294 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


soïde, mais elle était certainement cylindrique originaire- 
ment. La matière agatisée, semi-translucidé, quia remplacé 
dans l’échantillon la substance végétale, permet d’en saisir 
avec nettelé tous les détails de structure intérieure, au 
* moyen de la coupe transversale, fig. 2. Notre dessin, exé- 
cuté un peu à la hâte, n’a pu rendre ces détails qu’en 
masse et assez grossièrement, quoique pourtant avec exac- 
titude, On reconnaît aisément par l’examen de la figure 2 
que la tige proprement dite du C’. sarlatense n'occupe au 


centre de la coupe qu’une région des plus limitées, égale à 


un tiers environ du diamètre de l’ensemble. Tout le reste, 
c’est-à-dire le pourtour sur une largeur à peine inférieure 


a l'épaisseur du cylindre caulinaire, se trouve occupé par 


les appendices corticaux, implantés verticalement sur la 
périphérie, étroitement connivents, peut-être même sou- 
dés et laissant voir à l’intérieur de ceux d’entre eux sur 
lesquels le polissage a opéré une coupe longitudinale, pas- 
sant par le milieu de l'organe, des zones d’accroissement 
successives, aussi nettement visibles que dans les parties 
correspondantes des Æncephalartos actuels; il est facile de 
le vérifier en consultant la figure 4, pl. 124, qui représente 
un de ces organes coupés en long, suivant la même direc- 
tion que dans le spécimen fossile. La forme seule difière, 
les appendices corticaux du C. Sarlatense étant plus déve- 
loppés en longueur et moins en largeur que ceux des En- 
cephalartos. 


La moelle centrale forme une masse ellipsoïde, sinueuse, . 


mais très-neltement limitée sur le bord, longue de 22 mil- 
limètres sur ane largeur maximum de 8 à 9 millimètres, 
Autour de la moelles’étendent concentriquement plusieurs 
zones ligneuses, vaguement limitées, au nombre de 4 au 


moins, de 6 au plus, séparées, à ce qu’il semble, par d'é- 


PTE PTE AO VO 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 295 


troites bandes purement cellulaires et traversées par des 
rayons médullaires minces et multipliés. La région paren- 
chymateuse externe a dù être étroite ; elle se termine par 
ün contour des plus vagues et se perd dans les prolonge- 
ments corticaux qui la continuent au dehors. Ceux-ci se 
trouvent disposés de manière à remplir exactement l’espace 
qui va de la tige proprement dite à la périphérie dont la 
“figure 1 représente une des faces larges. La coupe fig. 2 
traverse longitudinalement les appendices dans le sens de 
leur largeur, c’est-à-dire dans le sens horizontal par rap- 
port à l’ensemble de la tige. On reconnaît ainsi que ces 
organes, disposés perpendiculairement à l’axe caulinaire, 
étaient étroits relativement à leur longueur (4 centimètres 
et demi à 5 centimètres), leur plus grande largeur hori- 
zontale n’excédant pas 2 centimètres et demi; tandis que 
dans l’Encephalartos Altensteinti les mêmes organes, longs 
au plus de 3 centimètres et demi, atteignent une extension 
en largeur qui n’est pas moindre de 6 centimètres et demi, 
La proportion de part et d’autre se trouve donc entière- 
ment renversée et l’on peut dire que notre Clathropodium 
était muni d’appendices corticaux à la fois étroits et longs, 
en les comparant à ceux des Æncephalartos. Les zones 
accroissement sont parfaitement visibles sur plusieurs 
points de la figure 2, surtout à droite, vers les bords; ces 
zones, dont il existe jusqu’à 4 dans l’intérieur dù même. 
appendice, ‘se distinguent par une coloration différente de 
la substance minérale; elles sont séparées l’une de l’autre 
par une bande ou plutôt par un filet teinté en clair, dont 
la convexité est tournée vers le dehors et dont l'aspect est 
absolument pareil à ce que l’on observe sur le vivant (voy. 
pour la comparaison fig. 2 et 4, pl. 124). La face périphé- 
rique de la tige fossile (pl. 423, fig. 1) montre les mêmes 


296 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. 


appendices vus par dehors, terminés par un sommet en lo- 
sange, disposés en ‘séries spirales contiguës et. donnant 
lieu à des rangées de compartiments rhomboïdaux. Cha- 
cun des losanges auxquels donne.lieu le sommet de l’ap- 
, pendice constitue un écusson généralement bosselé, fai- 
blement convexe ou même déprimé vers le centre, parse- 
mé de ponctuations qui provienneut de la, cicatrice 
d'insertion des faisceaux vasculaires qui se rendaient dans. 
les pétioles. Les côtés de ces écussons sont cernés d’une 
bordure saillante en forme de bourrelet, qui semble résul- 
ter de la soudure réciproque de tous les compartiments et 
correspondre aux téguments épidermiques de chacun 
d’eux, de nature résistante et crustacée, étroitement serrés 
et devenus. connivents ; c’est ce que l’on remarque chez 
ies £ncephalartos, où celte partie devient à la fin distincte 
de la substance même qui remplit l'intérieur des appen- 
dices, Chacun des compartiments de la 1ige fossile affecte 
la forme d’un losange, mais cette forme n’est pas exacte- 
ment la même pour tous et les dimensions varient dans de 
telles proportions que l’on est amené à admettre que cette 
tige, comme la précédente, comprenait des appendices 
provenant des bases de pétioles transformées et d’autres 
devant leur origine à des écailles gemmaires. Gette asso- 
ciation de pétioles et d'écailles serait ainsi le caractère 
distinctif des vrais Clathropodium et servirait à les distin- 
guer, car On ne saurait admettre que dans l’intérieur d'un 
même genre, il y ait eu des espèces pourvues-et d’autres 
privées de ces écailles, dont la présence implique un mode 
de végétation d’une nature spéciale. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La faible étendue de la 
moelle et la petitesse de la tige comparée à l’extension des 
appendices corticaux distinguent aisément celte espèce de 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 297 


Ja précédente ; comme celle-ci, sa structure la rapproche 
des Æncephalartos actuels, sans que l’on puisse rien con- 
jecturer au sujet des frondes qu’elle possédait et dont on 
ignore totalement l’aspect. 

= LocauTÉé. — Sarlat (Dordogne); dans une position erra- 
tique qui empêche de désigner l’étage, probablement ju- 
rassique supérieur, d’où pruvient l’espèce ; coll. du muséum 
de Paris, n° 1635 du catalogue. 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 423, fig, 1, Clathropo- 
dium sarlatense Sap., tronçon de tige vu par la face laté- 
rale principale, trois quarts de grandeur naturelle. Fig. 2, 
coupe transversale et horizontale de la même tige, pour 
montrer la disposition des parties intérieures ; trois quarts 
de grandeur naturelle, Ces deux figures reproduisent des 
dessins exécutés par nous d’après les échantillons origi- 
Daux. 


N°3. — Clathropodium foratum. 
PI. 124, fig. 1-2. 


DiAGNose. — C. caule magno (fragmento 2 decim. lato) 
appendicibus e petiolorum basibus adauctis provenientibus longe 
provectis arcteque inter se connexis involuto, appendicibus 
spiraliter ordinatis intus medio fossilisatione excavatis, par- 
tibus vacuis sectione antica trigonis aut obscure rhombeis dis- 
tantibus dissepimentis crassis plenis ab alterutra separatis. 


Nous ne connaissons cette espèce que par une planche 
fort belle, exécutée en 1858 par M. Triger, en vue d’une 
publication relative aux plantes fossiles de la Sarthe, dont 
le texte n’a jamais été rédigé. Nos figures ne sont qu’une. 
représentation exacle de celles de M. Triger ; seulement la 


298 © PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


Ja figure 1, pl. 124, qui représente l’ensemble du spécimen 
original est réduite d’un quart, tandis que la figure 2 qui 
représente une coupe opérée dans le sens de la longueur 
restitue à l’ancien organe sa grandeur naturelle. 
* : Ce n’est pas une tige complète, ni même un tronçon li- 
mité sur les côtés que nous avons sous les yeux, mais un 
fragment de forme irrégulière, sorte de tranche qui montre 
une portion de la périphérie avec les appendices corticaux 
et s'étend en diminuant d’épaisseur jusqu'au cœur de la 
tige proprement dite, dont le cylindre ligneux, ainsi que 
la moelle, paraissent détruits. Nous ne pouvons donc ap- 
précier cetle tige que par son apparence extérieure et 
aussi par l’élendue proportionnelle des appendices cor- 
ticaux qui formaient autour d’elle une épaisse enveloppe. 
Cette région corticale compose en définitive la masse pres- 
que entière du fragment venu jusqu’à nous ; il a été-visi- 
blement converti en silice, mais avec une particularité qui 
se montre dans un nombre assez considérable de tiges de 
Cycadées fossiles et qui dépend peut-être de la structure 
qui leur était propre. Il faut remarquer que la plupart sont 
liées par une physionomie commune et dès lors ont pu 
faire partie, au moins en majorité, d’un même groupe. 
Une inspection rapide de notre figure 4 démontre effec- 
tivement que les appendices provenant des bases äe pé- 
tioles accrues et qui sont disposés en spirale, comme tous 
ceux que nous avons observés jusqu'ici, se trouvent ici 
remplacés par des cavités triangulaires ou sub-rhomboï- 


dales qui tiennent lieu de l’ancien organe ou du moins . 


correspondent à sôn contenu intérieur; il est évident que 
celui-ci, moins résistant que les téguments extérieurs, s’est 
détruit avant le moment où ces derniers ont été pénétrés 


par les sucs minéraux fossilisateurs. Les appendices corli- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 299 


caux de celte espèce étaient fort étendus ; ils mesuraient 
au moins 8 centimètres de long, ainsi que le montre la 
figure 2 qui donne leur coupe longitudinale. Cette coupe 
. fait voir en même temps que la partie vide ne comprend 
que les zones d’accroissement les plus anciennes ; le vide 
s'arrête à une certaine profondeur au-dessous de la sur- 
face, et les appendices exactement contigus par leurs pa- 
rois ne se distinguent l’un de l’autre que par une ligne 
très-fine qui délimite leur point de contact. Ces organes 
étaient donc étroitement serrés, sinon soudés, les uns con- 
tre les autres. Ils mesuraient vers le point de leur termi- 
naison extérieure un diamètre verti£al de 3 centimètres 
environ, le diamètre transversal étant de 4 centimètres au 
moins. Il faut en conclure que ces appendices donnaient 
lieu par leur face antérieure à une aire rhomboïdale, 
comme les autres Clathropodium, et que l’apparence trian- 
gulaire des excavations est due à la conformation des par- 
ties détruites, mais qu’elle n’exprime nullement celle des 
appendices eux-mêmes, bien plus étendus que les vides 
compris dans leur intérieur et se touchant mutuellement 
par les côtés. Il est difficile de rechercher si parmi les cavi- 
tés, dont la dimension varie dans une assez grande mesure, 
ilen est qui puissent se rapporter à des écailles gemmaires. 
Les rangées spirales plus obliques que dans les deux es- 
pèces précédentes dénotent une essence vigoureuse, d’une 
croissance rapide et probablement de grande taille. Vers 
_ le haut du spécimen, un seul écusson paraît n’être pas 
_ évidé; sa surface est parsemée de ponciualions qui ré- 
_-pondent évidemment à l’insertion des faisceaux vasculaires. 
. + RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Il existe un rapport plus ou 
moins direct entre le Clatkropodium foratum et d’autres 
tiges déjà décrites qui offrent en partie le même aspect. 


300 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


Nous citerons d’abord le Raumeria Schulziana Gæpp. (4). 
Le tronc de cette espèce, dont le savant de Breslau a fait le 
type d’un genre à part, est plus petit dans toutes ses pro- 
portions que celui de la Sarthe. Les parties excavées ne 
, sont pas triangulaires, mais en losange irrégulier; elles 
sont en outre accompagnées, dans l'intervalle qui les sé- 
pare de résidus qui donnent lieu à des aires plus petites, 
associées aux principales et qui proviennent, soit d’écailles 
gemmaires très-nombreuses réunies par des villosités, soit 
de bourgeons avortés. On ne remarque rien de pareil dans 
la tige de la Sarthe. Une affinité d’aspect plus intime nous 
est offert par une des espèces récemment décrites par 
M. Carruthers (2), le Bennettites Saxbyanus (Cycadeoidea 
Saxzbyana Morr., Cat. Brit. foss., p. 1). Cette espèce du 
Wéaldien de l'ile de Wight est constituée par un tronc 
ovoïde, terminé au sommet, tronqué à la base, pourvu à 
l'intérieur d’une large moelle entourée d’un anneau ligneux 
cylindrique interrompu par des prolongements médul- 
laires et des faisceaux vasculaires épars disposés circulai- 
rement en avant de la zone ligneuse proprement dite. Ces 
faisceaux sont probablement ceux qui se rendaient aux 
feuilles dont les pétioles étaient insérés très-obliquement, 
surtout les plus élevés. Les résidus pétiolaires devenus ac- 
crescents ou demeurés en place après la chute de la partie 
supérieure des frondes entourent la tige anglaise d’une 
enveloppe épaisse et serrée et donnent lieu à une termi- 
_naison antérieure sub-triangulaire, généralement excavée, 4 
comme dans notre spécimen. Cependant les cavités de la. 


(1) Voy. Ueb. d, Gegenwart. Verhalt. d. Palæontol. in Schlesien, 
von prof. Gœppert, tab. 7, fig. 1-5, et tab. 8, fig. 1-3. 

(2) On the foss. Cycad. stems from the scond. Rocks of Britain (Fr. 
the Trans. Linn. Soc., vol, XXVI, 1870, p. 698, pl. Lxvur, fig. 1-8). 


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Liu di À 


TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 301 


tige wéaldienne sont séparées l’une de l’autre par des in- 
tervalles. plus étroits et leur forme ressemble bien da- 
vantage à un rhomboïde qu’à une ouverture triangulaire. 
Le spécimen de l’île de Wight mesurait, dans son ensemble, 
une épaisseur de 2 décimètres; chaque excavation, corres- 
pondant à l'emplacement des appendices, avait une étendue 
horizontale de 2 centimètres au moins, dimension qui se 
rapproche sensiblement de celle des aires triangulaires de 
noire tige. Ilexiste certainement des deux parts des indices 
de parenté, dont nous ne pouvons cependant mesurer le de- 
gré ni même apprécier la réalité, faute d’éléments directs de 
comparaison. Nous ne parlons pas des singulières particu- 
larités de structure qui ont porté M. Carruthers à proposer 
son genre Bennettites et à y ranger le Cycadoidea Saxbyana 
Morr., à côté du Bennettites Gibsonianus dont les organes 
problématiques, inelus, selon l’auteur, dans la région cor- 
ticale extérieure ou mieux peut-être tenant la place des 
bourgeons adventifs, si fréquemment développés entre les 
appendices accrescents chez les Cycadées, servent à carac- 
tériser le nouveau type. 11 ne nous paraît nullement certain 
cependant que les Bennettites Saxbyanus et Gibsomanus 
aient été nécessairement congénères. L'aspect des troncs 
respectifs est loin d’être le même et les interruptions que 
remarque M. Carruthers dans l'anneau ligneux qui cerne 
la moelle du 2. Saxbyanus pourraient bien provenir, non 
pas d’une structure caractéristique, inhérente à ce végétal, 
mais simplement de ce que la zone ligneuse, rapprochée 
sur ce point du sommet de la tige, n’aurait pas eu le temps 


de se développer entièrement par la réunion en un anneau 


fermé des faisceaux ligneux primitivement isolés. Le Ben- 
nettites maxzimus que M. Carruthers décrit sans le figurer 
et qui provient du nouveau Grès vert de l'ile de Wight est 


302 .: PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


peut-être encore plus voisin de notre espèce que le Z. Saz- 
byanus, dont il s’écarte seulement par des dimensions plus 
fortes. 

LOCALITÉ. — Probablement les environs du Mans (Sar- 
* the). Provenance et formations impossibles à préciser. 

DESCRIPTION DES FIGURES. — P]. 124, fig. 1, Clathropodium 
foratum Sap., fragment d’une tige réduite d’un quart. 
Fig. 2, coupe longitudinale du même échantillon, gran- 
deur vaturelle. Ces deux figures ont été exécutées d’après 
une planche due à M. Triger et signé : Jumbert, 1858. 


SEIZIÈME GENRE. — FITTONIA. 


Filtonia,  Carruth., On the fuss. Cycad. Stems from the second. 
Rocks of Brit. (from. the Trans. Linn. soc., vol. XXVI. 
1870), p. 690. 


DIAGNOSE. — Jrunci plerumque elati cylindrici plus mi- 
nusve elongati vel crassi ovatoque-cylindrici, mox crescentes, 
medulla centrali copiosa zonaque lignosa tenui radis medul- 
laribus latioribus spatiatisque (fasciculos etiam in annulum 
interruptum dividentibus) trajecta præditi; regio corticalis 
externa e basibus petiolorum infra articulationis locum mox 
tumefactis squamisque gemmarum persistentibus valde in- 
crassatis constans, basibus cum squamis tandem in appendices 
primum erectos demum reflexos sectione antica plus minusve 
rhombeos sensim mutatis. 


Clathraria (ex parte), Schimp., Traité de pal. vég., Il, p. 182. | 


Ph — Schenk, Die foss. F1. d. Nordwest- 


deutsch Wealdenform., p. 25. 


HISTOIRE ET DÉFINITION. — Le genre que nous abordons 
est le plus intéressant, on peut le dire, de tous ceux que 


dd EME he LS 


. 


ide à dé tit dr débe 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 303 


pous avons eu à décrire jusqu'ici, en poursuivant l’étude 
des tiges fossiles de Cycadées. On serait tenté au premier 
abord de le confondre avec les Clathraria proprement dits, 
auxquels nous préférons restituer, à l’exemple de M. Car- 


 ruthers, la désignation de Pucklandia, comme plus légi- 
time et prêtant moins à la confusion. Les Pucklandia (voy. 


pl. 128, fig. 1), type plus particulièrement wéaldien des 
sables de Hastings (Tilgate-Forest, Sussex), ont des tiges 
allongées, souvent irrégulièrement renflées en massue ou 
rétrécies comme par suite de mouvements divers de vi- 
gueur et de ralentissement dans leur croissance ; ces tiges : 
sont fréquemment ramifiées par dichotomie, structure non 
inconnue, ni précisément anormale chez les Cycadées, 
mais qui semble avoir été habituelle chez les Bucklandia, 
tandis que nul indice ne fait présumer que les Fittonia 
aient offert la même tendance. La tige de ceux-ci dont la 
croissance a dû s'effectuer avec une certaine rapidité s’est 
rencontrée dans plus d’un cas érigée verticalement, sans 
rien montrer de tortueux, ni d’inégalement épais. — Les 
Bucklandia (4), pl. 128, lg. 1, sont revêtus extérieurement 
d’appendices corticaux formés d’écailles plus ou moins sail- 
lantes marquées à leur sommet d’une cicatrice d'insertion 
des anciens pétioles. Les zones d’accroissement se montrent 
xisibles au dehors, comme dans les organes correspondants 
des Cycas, à en juger du moins par la Sgure du Bucklandia 
anomala que nous empruntons au mémoire de M. Carru- 


thers. Sur les parties âgées de ces tiges, les appendices pren- 


nent généralement l’apparence d’écussons étroitement ac- 


_ colés, plus ou moins épais et saillants, constituant autant de 


compartiments irrégulièrement hexagones ou rhomboïdaux, 


(1) Voy. Mantell, Z//. of Geol. of Sussex, pl. 1, fig. 1-2 et pl. u, fig. 1-3. 


304 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


séparés l’un de l’autre par d’étroits sillons. — Dans les Fir- 
tonia on observe souvent, il est vrai, la même apparence 
des appendices corticaux conformés en écussons épais et 
rhomboïdaux, lorsque l’on examine des tronçons de tiges 
” déjà adultes et comprimées par la fossilisation; mais si l’on 
a recours à ceux de ces organes qui n’ont pas été défor- 
més, soit parce qu'ils ont échappé au poids des couches, 
soit par suite de leur plus grande jeunesse, on constate en 
eux une organisation tout à fait à part, qui justifie l’éta- 
blissement du genre Fif{onia proposé par M. Carruthers : 
pour une seule espèce du wéaldien de l’île de Wight, mais 
qui doit s’étendre à tout un groupe de tiges évidemment 
douées d’un caractère commun des plus saillants. 

Ce caractère consiste dans l’accrescence, non pas seule- 
ment du coussinet sur lequel se trouvait implanté le pétiole 
ou l’écaille gemmaire, ainsi que cela a lieu dans les Cyca- 
dées à nous connues, mais d’une partie notable de la base 
même des pétioles jusqu’à une certaine hauteur et de 
l’écaille gemmaire presque entière, en sorte que la tumé- 
faction plus ou moins rapide, sur une longueur de plu- 
sieurs centimètres, de la partie accrescente provoquait la 
chute par voie de désarticulation de la partie des frondes 
qui demeurait étrangère à ce développement. Un regard jeté 
sur lebel échantillon de Poitiers (pl. 123, fig. 4), aussi bien 
que la vue du spécimen typique d’Angleterre dont nous 
reproduisons un péliole grossi (pl. 195, fig. 4), em- 


prunté à la figure de l’auteur anglais, perineltent de . | 


s'assurer de la réalité de cette particularité curieuse et de. 
la façon dont elle se produisait. 

Les autres caractères généraux des Æitlonia paraissent 
être les suivants : la moelle centrale est volumineuse, elle 
occupe la plus grande partie de l’intérieur du cylindre 


TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX, 305 


€aulinaire ; l’étui formé autour d’elle par la zone ligneuse 


est au contraire pen épais ou même remarquablement 
mince. Cette zone constitue un anneau étroit, traversé par 


de larges prolongements médullaires. Dans tous les cas 


venus à notre connaissance, la moelle a été détruite et 
remplacée par une pâte amorphe qui s’est exactement 
moulée sur les pourtours de l’étui et a pénétré dans les 
creux dus aux prolongements de cette moelle. Les prolon- 


_gements ainsi moulés ont donné lieu sur la périphérie 


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du cylindre à des saillies étroites en forme de crête ou de 
cannelures allongées dans le sens vertical, plus ou moins 
larges, et amincies en fuseau aux deux extrémités. Ces pro- 
longements, dont l'existence n’exclut pas celle de lamelles 
cellulaires plus minces, devaient percer et interrompre çà 
et là l’anneau ligneux el le diviser en segments discon- 
tinus dans une coupe transversale, à peu près comme J’a 
montré M. Carruthers pour une des tiges qu’il a décrites, 
placée, il est vrai, dans un autre genre : le Bennettites 
Sazbyanus (1), 

Le mode de conservation propre aux tiges de Fittonia 
signalées jusqu'ici consiste en un remplissage du vide 
laissé par elles après la destruction des diverses parties, 
les plus tendres: disparaissant les premières ; c’est là une 
sorte de moulage opéré graduellement, d’une merveil- 
leuse exactitude, mais qui s’oppose à ce que l’on puisse 


rigoureusement constater la nalure et l’étendue pro- 


portionnelles des différents tissus. L’anneau ligneux a 
disparu en laissant un vide étroit ; il ne reste de lui que 
l'empreinte de ses parois intérieures. La zone parenchy- 
mateuse externe est relativement épaisse, au moins dans 


(1) Voy. Z. e., pl. 57. fig. 3. 
VÉGÉTAUX. — J. 20 


306 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


le Fittonia squamata Carruih., où celte partie est assez 
visible (4). 
Les appendices corticaux sont toujours saillants ; ils ne 
- s’allongaient pas, comme dans les autres Cycadées, après 
"la chute de la partie non persistante des pétioles, mais la 
partie persistante s’épaississait, gardant à son sommet la 
cicatrice d’inserlion de la partie tombée. D’abord recour- 
-bées-ascendantes, bientôt contiguës et serrées étroitement 


par suile de l’épaississement graduel de leurs parois, les 
bases se transformaient en écussons étroitement accolés, 


rhomboïdaux par leur face visible et finalement dirigés 
-à angle droit, par ns à l’axe de la tige, ou même 
réfléchis. 


L'entremêlement des bases de pétioles et des écailles 


gemmaires paraît visible chez les Fittonia. Ges écailles 
étaient d’abord minces et garnies de filasse, à ce qu'il 
paraît par un des échantillons de Poitiers (pl. 125, fig. 4); 
| elles s’épaississaient ensuite et se transformaient comme 
les bases de pétioles, sans donner lieu cependant à des 
écussons aussi larges ni aussi gros. 


Les Fittonia étaient des Cycadées d’assez grande taille | 


dont le tronc s’élevait verticalement et atteignait certai- 
nément plus d’un mètre de hauteur. Dans l'espèce la 
-mieux connue, le Æittonia insignis Sap., la croissance a 
dû être relativement rapide à en juger par l’abondance de 
la moelle, la faible épaisseur du ligneux, enfin par l’éten- 
due considérable des parties jeunes et récentes dans l’un 


de nos spécimens. Le même fait résulte de l'allongement 
évidemment obtenu dans un temps très-court de l’une 
des tiges que nous incrivons dans le genre (pl. 123, fig. 8) « 


(1) Zbid., pl. 56, fig. 2. 


Es Ne Miss 


2 


: 


’ 


TERRAIN JURASSIQUE. —= VÉGÉTAUX. 307 


et qui rappelle au premier abord par son faciès celui des 
pieds arborescents des Fougères. 

Les Fittonia ont commencé à se montrer, à ce qu'il 
paraît, vers la base de l’Oxfordien ; leur existence s’est 
ensuite prolongée dans toute la partie supérieure de 
lOolithe jusque dans le Wéaldien. M. Schenk a dernière- 
ment figuré sous le nom de Clathraria Lyelli (1) une tige 
provenant du Wéaldien de Bantorf, près de Hanovre, qui doit 
selon nous être rangée parmi les Fittonia, sous le nom de 
F. Schenkii. Cependant, les caractères de cette dernière es- 
pèce et de celle que nous décrirons plus loin sous le nom de 
F. Brongniarti sont moins nets que ceux qui ressortent 
de l’examen du F, squamata de M. Carruthers et de notre 
F, insignis. Ces deux formes, l’une wéaldienne, l’autre 
oxfordienne, alliées de près, malgré la distance et certai- 
nement congénères, doivent servir de type au nouveau 
genre si heureusement découvert par l’auteur anglais. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le mode de désarticulation 
des pétioles, qui s’opérait chez les Fiftonia bien au-dessus 
du coussinet proprement dit, les sépare de toutes les 
Cycadées de l’ordre actuel. Parmi les fossiles, c’est sur- 
tout avec les Pucklandia qu'il faut les comparer, Nous 
avons exposé plus haut comment Ja ramification fréquente 
de ces derniers, leur conformation irrégulièrement renflée 
par place, enfin le mode d’accrescence de leurs appendi- 
ces, dont Faspect diffère en outre de ce qui existe chez les 
Fittonia, empêchaient de confondre les deux genres. Nous 
renvoyons aux figures que noùs donnons pour tous les 
_ détails que nos explications n’auraiént pas fait suffisamment 
saisir. 


(1) Foss. FL. d. Nordwestdentsch. Weaïdform., p. 25, tab. 14; fig. 2. 


308 ‘| PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


EXPLICATION DES FIGURES. — PJ, 198, fig. 4, Bucklandia 
anomala Presl, portion d’une tige, d’après une figure em« 
pruntée à M. Carruthers et à laquelle on a eu soin de res- 
tituer sa grandeur naturelle. Il est à remarquer que les 
* parois des appendices paraissent présenter des zones ou 
bourrelets d’accroissement, analogues à ceux qui se mon- 
trent chez les Cycas (voy. fig. 2, même planche), bien que 
moins prononcés. 


N° 1. — Fittonia insignis. 
Pl. 195, fig. 1-3, et 196, fig. 1-4. 


DIAGNOSE. — F. trunco elato cylindrico medulla etc 
ampla radios latiores in annulum lignosum. tenuem verosi- 
militer hine et hinc interruptum emittente prædito, appendi- 
cibus corticalibus crassis € basibus petiolorum residuis squa- 
misque gemmarun tumefactis in spirasregulares dispositis pri- 
‘mum adscendentibus postea divaricatis defleæisque facie antica 
plus minusve rhombeis vasorumque impressione inordinatim 
punctulatis undique dense vestito, præterea gemmarum axil- 
larium strobilorumve insertionis cicatricibus ad peripheriam 
inter appendices sparsim notato, basibus petiolorum in parte 
juvenili conspectis semi-erectis imbricatis mox incrassatis 
rhombeo-prismaticis, 3-17 centim. altis, laps folii (articulationis 
effectu) cicatricem ad apicem truncato-convexiusculum pro- 
ferentibus. hu 


Clathraria insignis, Sap., Pl, foss. jurass., Ms. 
_— _ Schimp., Traité de pal. vég., Il, p.183. 
Cycadoïidea pictaviehsis, Le Touzé de Longuemar (non Sap.), 
Et. géol. et agron. sur le départ. de la 
. Vienne, 1, p. 194, 195 et 491. 


- Les vestiges de cette espèce, une des plus remarquables 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 309 


qui ait été encore signalée parmi les tiges de Cycadées 
fossiles, proviennent des carrières de calcaire blanc, 
crayeux, plus ou moins compacte et à pâte égale et fine, 
. Qui fournissent, sur plusieurs points du département de la 
Vienne, notamment au Grand-Pont et au vallon des 
Lourdines, à quelques kilomètres au nord de Poitiers, des 
blocs activement exploités pour la construction des grands 
monuments ou- même pour la statuaire. Ces carrières 
sont ouvertes en plein Oxfordien inférieur ; l’assise à la- 
quelle elles correspondent se trouve souvent pétrie à la 
base et vers le sommet, généralement couronné par la 
zone à Ammonites biplex, de fossiles caractéristiques du 
Callovien. On y recueille notamment les Ammonites anceps, 
coronatus, plicatilis, macrocephalus, etc., V'Astarte Achilles, 
les Lima proboscidea el obscura, l’Ostrea dilatata, les Trigo- 
nia duplicata, perlata et major, les Terebratula intermedia, 
bullata, ete., des ossements dé grands sauriens apparte- 
nant aux genres Mesosaurus et Teleosaurus et dont plusieurs 
étaient de taille gigantesque, enfin des écailles du Zepi- 
dotus Fittonti (1). 
- La puissance maximum de l'étage est évaluée à 35 mè- 
tres par M. de Longuemar; il constitue une zone étroite, 
appuyée au sud sur l'isthme jurassique inférieur (Oolithe 
. inférieure et Lias), au moyen duquel la région centrale a 
été primitivement soudée au massif granitique vendéen, 
Cet étage ‘répoñd ainsi à un ancien littoral de la mer 
» oxfordienne, silué le long des bords du bassin anglo-pa- 


 .. (1). Ces détails et plusieurs autres sont empruntés à la belle étude 
monographique sur la Vienne publiée en 1870 par M. Le Touzé de 
Longuemar, à qui nous devons en outre des communications et indica- 
tions au sujet des fossiles végétaux de la région doit Poitiers est le 
centre. — Voy. EE. géol. et agron. sur le départ. de la Vienne, 1, p. 192 
et suiv. ‘ 


310 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


risien fermé depuis la fin du Lias, et formant un enfonce- 
ment ou petit golfe dépendant de la partie sud-ouest de ce 
même bassin. Le sol émergé à l’époque de la mer oxfor- 
dienne, le long de cette plage, appartenait à l’Oolithe infé- 
* rieure (zones à Ammonites arbustigerus et Humphresianus) et 
au Lias. Il était formé de calcaires tantôt blancs et com- 
pactes, tantôt gris ou jaunâtres et plus ou moins mêlés 
de marnes à la hauteur du Toarcien à A. bifrons. Les si- 
nuosités de la plage, de Poitiers à Challandray et un peu 
plus loin jusqu’à Thénezay, dans les Deux-Sèvres, sont 
encore visibles sur la carte de M. de Longuemar ; elles se 
composent d’une suile de petites baies ou criques dans les- 
quelles une mer profonde, aidée par des courants, mais en 
dehors de l’action d’aucune rivière un peu considérable 
venue directement de la côte, et la faible étendue de cette 
côte constituant un seuil étroit entre les bassins anglo- 
parisien et girondin justifie cette circonstance, accumu- 
lait une vase blanche, fine, crayeuse, très-pure et très- 
homogène, provenant sans doute de débris impalpables 
de madrépores et de coquilles broyés. 

C’est au fond de cette vase, plus tard consolidée, que 
sont venus s’enfouir des bois flottés de toute nature et de 
toute grandeur. Dans la principale carrière du vallon des 
Lourdines, où l’assise exploitée est disposée en un banc 
horizontal des plus réguliers, l’excavation soutenue par 
des piliers naturels, ménagés de distance en distanée, | 
montre son plafond, qui répond à la base de l’assise supé- . | 
rieure, entièrement couvert de ces empreintes de boiset 
de tiges qui se rencontrent aussi de temps à autre au milieu 3 
même des blocs et au point de contact des subdivisions 
plus ou moins nettes qui partagent l’assise en un certain 
nombre de lits, On assiste, pour ainsi dire, de cette façon, 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 314 


à ce qui a dû se passer autrefois au sein de la mer oxfor- 
dienne, lorsque les bois, après avoir flotté plus ou moins 
à la surface et avoir encombré les sinuosités des baies vers 
lesquelles la vague les poussait, s’enfonçaient ensuite un à 
un dans la vase molle. Ces bois sont toujours à l'état d’em- 
preinte; leur substance ligneuse a été détruite, et dans le 
vide ainsi formé la pâte sédimentaire amorphe a été intro- 
duite postérieurement et s'est moulée exactement sur les 
parois des cavités, en reproduisant toute l’apparence exté- 
rieure des parties organisées dont elle tient la place. On 
reconnaît des bois de Conifères plus ou moins frustes et 
rongés à la surface. On rencontre aussi, quoique plus rare- 
ment, des frondes éparses d’Otozamites (O0. pterophylloides 
Brongn.) et enfin des troncs de Cycadées. Mais ces derniers, 
composés de plusieurs zones emboîtées, de siructure et de 
densité très-diverses, n’ont pas été moulés en une fois. 
Leurs parties molles ont cédé les premières, et l’étui cons- 
titué par la moelle a été rempli par le sédiment, tandis 
que le cylindre ligneux et l’enveloppe corticale, avec les 
appendices extérieurs, plus résistants, disparaissaient peu 
à peu pour être remplacés à leur tour par le sédiment. 
L’anneau ligneux, plus tenace que tout le reste, a donné 
lieu le plus souvent à un vide qui sépare la région de l'é- 
eorce de celle de la moelle changée en un cylindre plein. 
Ce cylindre se détache facilement et, dans beaucoup de 
cas, il cobslitue la seule partie conservée. Nous avons vu 
_ ainsi des moules médullaires longs de plusieurs pieds, 
isolés et parfaitement droits, attestant la hauteur des an- 
_ ciennes tiges que nous décrivons, car ces moules ne 
différaient pas de ceux qui ont gardé leur revêtement 
eortical et qui se rapportent à notre Fittonia insignis. 
- L'un des échantillons de cette espèce a été découvert 


312 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


dans la carrière du Grand-Pont, ouverte au niveau de la 
route de Poitiers à Paris; il est en assez mauvais état, mais 
non comprimé ; les bases de pétioles, au nombre de 20, 
encore intactes et adhérentes à Paxe ou accidentellement 
, détachées, sont longues de 6 à 6 centimètres 4/2, arquées, 
sub-érigées, larges de 2 centimètres à la base, un peu plus 
étroites et amincies au sommet. Ces appendices, qui sem- 
blent loin d’avoir acquisledéveloppement en grosseur dont 
ils étaient susceptibles, donneraient lieu à une section 
rhomboïdale émoussée sur les angles, s'ils étaienttranchés à 
une certaine distance de leur base. L’échantillon se rap- 
porte, à ce qu'il semble, à une portion de tige plus ou 
moins rapprochée de la terminaison supérieure ; il fait 
partie de la belle collection de M. le docteur Constantin, 
à Poitiers, ainsi que l’un de ceux que nous figurons (pl. 126, 
fig. 1-4); mais ce dernier, qui provient des Lourdines, 
l'emporte de beaucoup sur le premier par sa beauté et son 
étendue. — C'est un fragment ou tronçon mutilé aux deux 
extrémités qui se rapporte par conséquent à la partie 
moyenne d’une tige hautecertainement de plusieurs pieds: 
Tel qu'il est, il mesure en toutune longueur de 40 centi- 
mètres au moins, et sur cette étendue, la moitié inférieure, 
privée de son revêlement corlical par la maladresse des 
ouvriers, se trouve réduite à un noyau cylindrique qui cor- 
respond à la moelle, Les bases persistantes des pélioles, 
encore en place, garnissent le haut sur un espace longitu- 
dinal de 20 centimètres environ. Bien que la pâte calcaire 
qui compose actuellement la tige soit entièrement amorphe, . 
cependant l'extérieur revêlusuperficiellement d’une légère 
teinte de rouille provenant de l'oxyde de fer dont elle est 
pénétréé, offre avec une remarquable fidélité toute l'appa= 
rence du modelé et jusqu'aux moindres reliefs épider- 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 313 


miques de l’ancien organe. Tout l’ensemble a subi par le 
fait de la fossilisation une compression, en sorte que le 
grand diamètre du cylindre intérieur mesure 9 centimètres 
et le petit seulement1 centimètre 4/2. Un léger vide encore 
| aujourd’hui appréciable sépare cette partie, qui correspond 
à la moelle, dela région externe et corticale. Ce vide équi- 
vaut à la zone ligneuse qui par conséquent était fort peu 
épaisse, tandis que la moelle était évidemment large et | 
copieuse. Le parenchyme médullaire a été entièrement 
remplacé par du sédiment amorphe, mais la surface du 
cylindre auquel ce moulage a donné lieu reproduit en 
relief tous les creux et en creux toutes les saillies de l’étui. 
C’est ainsi quel’on distingue très-nettement sur le spécimen 
original (voy. pl. 125, fig. 4, ce cylindre représenté avec 
sa grandeur naturelle), vivement coloré par de l’oxyde de 
fer, des crêtes séparées par autant de creux ou cannelures 
qui, considérées dans leur ensemble, affectent une dispo- 
sition en files longitudinales, légèrement contournées en 
spirales; mais lorsque l’on considère ces files de près, on 
voit qu’elles sont interrompues de distance en distance et 
se composent plutôt d’une série d'’ilots allongés et fusi- 
formes, relevés en bourrelet et amincis aux deux bouts, 
qui correspondent évidemment à chacun des prolonge- 
ments médullaires qui partageaient le cylindre ligneux en 
le perçant comme un réseau par autant d'ouvertures rayon- 
nantes, allongées dans le sens vertical, étroites dans l’autre 
sens, larges cependant d’une façon relative, puisque cette 
structure des rayons médullaires devait produire des in- 
_ terruptions dans la continuité de l’anneau ligneux, observé 
Suivant une coupe transversale. 
- Autour de la moelle et du ligneux nécessairement réduit 
à un anneau plus ou moins étroit s’étendait la couche cel- 


314 :: PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


lulaire extérieure, qui parait avoir eu une certaine épais- 
seur, et sur cette dernière étaient attachés les appendices 
corticaux ou plulôt les bases accrues des pétioles, moulés 
dans les plus petits détails de leur apparence superficielle. 
, par le sédiment qui s’est substitué graduellement à eux; 

quelques fibres éparses, quelques résidus sans importance 
sont les seules traces qui témoignent de l’ancienne exis- 
tence de la substance végétale organisée. Notre figure 4 

(pl. 126) représente cette partie de l’ancienne tige, réduite 

d’un quart, mais la figure 2 de la même planche donne 

plusieurs appendices avec leur grandeur naturelle. Ces. 
appendices forment des rangées spiralesassez obliques dont 

la formule phyllotaxique parait être 8/21 et qui marquent 

pour l’ancien végétal un accroissementassez rapide. Chaque 
rangée, en allant de gauche à droite sur la face principale 
que représente notre figure, comprend 8 à 9 appendices 
ayant la forme d’autant d’écussons épais et saillants, dessi- 
nant des losanges étroitement contigus et plus ou moins 
inégaux. Ces organes sont fortement comprimés et pour 
ainsi dire aplatis par la fossilisation, mais vers les bords 

extérieurs de l'échantillon, celte compression est bien 
moins sensible, ainsi que le montre la figure 2 (pl. 126), 

prise sur la droite, et l’on distingue alors les appendices 
sous la forme d’épais cylindres plus ou moins prismatiques 

par suite de la pression mutuelle de leurs flancs, tronqués 
au sommet et présentant sur ce point une cicatrice fort 
netle provenant de l'insertion des pétioles tombés. Cette 
cicatrice, plus ou moins large, plus ou moins limitée vers 
les bords, est marquée de nombreuses poncluations dis- 
posées sans ordre ou peut-être en séries concentriques et 
se rapportant aux vestiges des faisceaux fibreux qui se ren- 
daient aux feuilles, 


TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 315 


Les appendices paraissent allachés à laxe suivant un 

angle droit, vers le haut de l’échantillon; à sa partie infé- 
rieure, au contraire, ils sont divariqués ou même réclinés; 
_ les plus grands mesurés à cette placeatteignentune étendue 
en longueur de 4 centimètres 1/2 environ. La petitesse de 
quelques-uns d’entre eux, entremélés à d’autres visiblement 
plus larges et provenant certainement de bases péliolaires, 
semblerait indiquer l’existence d’écailles gemmaires, sup- 
position dans laquelle l’étude de l’échantillon suivant va 
nous confirmer. C’est surtout vers le haüt de la figure 1, 
sur le bord de la partie tronquée qui la termine, que l’on 
peut observer la réunion de quatre- appendices que leur 
dimension médiocre permet d'attribuer à des écailles, sans 
invraisemblance. Çà et là, et sans ordre apparent, on peut 
apercevoir la trace de cicatrices fort nelles entremêlées 
aux bases de pétioles, mais disposées hors série, à ce 
qu’il semble, et qui doivent nécessairement répondre au 
lieu d’insertion de quelque organe axillaire qui se serait 
détaché. 
- La figure À montre au moins trois de ces cicatrices et les 
figures 2, en a, et 3 (pl. 126) reproduisent les deux princi- 
pales dans leur grandeur naturelle. Elles ont la forme 
d’une cavité ovale, cernée d’une marge, marquée de linéa- 
ments ou de ponctuations concentriques et pourvue au 
fond d’anombilic. Les vieilles tiges des Cycas (voy. pl. 128, 
fig. 2) offrent des résidus d’une apparence assez analogue, 
qui proviennent de bourgeons adventifs desséchés et tom- 
bés. 11 est probable que les cicatrices dont nous venons de 
parler ont eu la même origine. 

Le tronçon représenté fig. 4, pl. 198, quel que soit son 
bel état de conservation, ne nous aurait fourni cependant 
que des lumières incomplètes au sujet de l’espèce dont il 


316 _ ‘ PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE! 


faisait partie, si un heureux hasard n’avait permis à l’un 
des professeurs du muséum de Paris, M. Paul Gervais, 
d'extraire à Paris même, du milieu d’un bloc provenant 
des Lourdines et que l’on avait ouvert sous ses yeux, la 
’ sommité d’une autre tige, visiblement identique spécifi- 
quement avec la précédente, mais faisant voir quelle était 
Ja conformation du Fittonia insignis dans une région cauli- 
naire immédiatement inférieure au bouquet de frondes 
vertes qui lui servait de couronnement à l’état vivant, Ce 
magnifique spécimen se trouve reproduit en entier par la 
figure 4, pl. 195, avec une réduction d’un quart, mais les 
figures 2 et 3 de la même planche représentent plusieurs 
parties de ce même échantillon avec leur dimension natu- 
relle et permettent d’en apprécier tous les caractères. 

Le spécimen pris dans son ensemble paraît correspondre 
à une pousse vigoureuse, rapidement développée et qui 
surmonterait une tige déjà âgée, épaisse dans la direction 
de la base de 40 à 12 centimètres, épaisseur qui doit ex- 
primer à peu près le diamètre réel, la compression subie 
par l’ancien organe étant à peu près nulle. Le mode de 
fossilisation par un moulage exact de toutes les parties, 
après leur destruction successive, au moyen d’un sédiment 
amorphe, est absolument celui que nous avons signalé plus 
haut, nons n’y reviendrons pas; nous ferons remarquer 
seulement que l’élui médullaire est visible et semblable à 
celui de l’autre exemplaire par l’aspect des crêtes longitu- 


dinales qui le parcourent etquela zone ligneuse, également 4 


réduite ici à une épaisseur très-faible, se trouve remplacée : 
par un vide étroit. Au-dessus de la cassure irrégulière qui 
sert de base à l’échantillon, celui-ci se montre entouré 
d’appendices coniques el renflés, faiblement érigés et par- 
faitement conformes à ceux qui garnissent le sommet de 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 317 


l’exemiplaire de Poitiers. La tige du muséum de Paris pré- 
sente à cet endroit une sorte d’étranglement, puis elle 
s'élève vigoureuse, partant comme d’un seul jet, sur une 
hauteur verticale de 12 centimètres environ, toute chargée 
_de bases de pétioles plus ou moins épaissies, insérées à 
angle droit parune base exactement rhomboïdale qui se re- 
dresse ensuite et devient promptement ascendante. Ces 
organes ne sont pas tous égaux, ni intacis; quelques-uns 
sont brisés, d’autres entremêlés aux plus épais offrent une 
terminaison légèrement amincie, tandis qu’il en existe dont 
lé sommet est arrondi ou même tronqué et le fût à peu 
près prismatique. Leur réunion forme un assemblage un 
peu confus dans lequel on distingue pourtant des rangées 
spirales assez régulièrement ordonnées. Le sommet se ter- 
mine par une masse de calcaire amorphe sur les parois de 
laquelle sont empreints des vestiges d’écailles accompa- 
‘gnés de filaments pressés, constituant une sorte de filasse. Il 
est visible qu’un amas de matière amorphe a remplacé sur 
ce point les organes de la végétation encore tendres, soit le 
cycle de feuilles vertes entourant le bourgeon central et 
accompagnées d’écailles et de filaments, soit un appareil 
de l’un ou l’autre sexe, encore jeune et facile à détacher. 
Dans tous les cas, la destruction de ces parties a dû donner 
naissance à un creux que le sédiment aura comblé, en re- 
cevant l’empreinte des pétioles et des écailles les plus voi- 
sins de son orifice. 

Bien que la tige proprement dite soit invisible sous les 
appendices qui la recouvrent de toutes parts, on ne peut 
guère dans le haut, vers la naissance des derniers pétioles, 
lui attribuer une épaisseur supérieure à 5 centimètres 1/2. 
Le diamètre de la tige a donc diminué de plus de la moitié 
sur un espace vertical de 15 centimètres seulement. Il est 


318 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


visible que l’on touche à un point rapproché dé la termi- 
naison supérieure, s’il ne s’agit pas de la terminaison elle- 
même. Les appendices n’ont pas tous également la même 
apparence; il en est, surtout verslehaut et contre lesparois 
. dela masse calcaire qui paraissent plus minces et plus 
atténués dans le haut, non pas tronqués, mais rétrécis en 
languette. Ce sont ceux principalement que reproduit la 
figure 3, pl. 125, sous leurgrandeur naturelle. Ces derniers 
appendices résultent sans doute d’écailles gemmaires déjà 


épaissies età demi-transformées, mais bien reconnaissables, 


surtout les plus élevées du groupe. Ces écailles auraient été 
assez peu nombreuses, à ce qu’il semble, autour du bour- 
geon foliaire, larges à la base, lancéolées au sommet et de 


consistance charnue. Les appendices provenant des bases 


de pétioles, persistantes et épaissies, sontbien distincts des 
premiers. D'abord minces, prismatiques, légèrement ar- 
qués, ainsi qu’ils se montrent çà et là, vers le haut ou sur 
les flancs du spécimen, fig. 4, ils paraissent un peu plus bas 
déjà épaissis, groupés en files, mais toujours associés, à ce 
qu’il semble, à des écailles pareillement tuméfées. La 
figure 2, pl. 495, représente, avec leur grandeur naturelle, 
la principaleréunion de ces bases de pétioles. Elles s'élèvent 
sur une aire rhomboïdale, se recourbent ensuite et se re- 
dressent pour devenir érigées ; leur face dorsale est con- 
vexe, carénée sur le milieu; larges à la base, ces organes 
atteignent, en diminuant légèrement d’épaisseur, une hau- 


teur de 5 à5 centimètres 1/2 et seterminent par un sommet 


tronqué qui donne lieu à une face rhomboïdale convexe. 
La marge de la partie tronquée, un peu sinueuseet comme 
émoussée, correspond bien évidemment à l’articalation du 
pétiole tombé. Le milieu de la convexité, sur un espace 
qui varie d’étendue, est occupé par plusieurs rangées circu- 


M SD ste 
nyrprsate 


GA ne MSN MS à RE ed ds ds 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 319 


laires et irrégulièrement concentriques de ponctuations qui 
répondent à l’orifice des faisceaux vasculaires. La longueur 
de ces bases, mésurée dans le haut duspécimen est, comme 

nous l’avons:dit, de 5 à 6 centimètres, sur un diamètre de 
4 à 2 centimètres; dans les rangs inférieurs, la longueur 
des bases reste la même, mais l’épaisseur atteint 2 à 3 cen- 
timètres. Le phénomène de l’accrescence est donc visible; 
mais il est également visible que, contrairement à ce qui 
existe chez la plupart des Cycadées, les appendices ne s’al- 
longeaient pas; ils s’épaississaient seulement. Il en résulte 
que les pétioles, en se détachant, se désarticulaient à la 
hauteur indiquée par la dimensien- des appendices eux- 
mêmes, c'est-à-dire à 5 ou 6 centimètres au-dessus de leur 
point d’attache sur la tige. Nous avons vu effectivement que 
ce caractère singulier était celui qui distinguail plus parti- 
culièrement les Fittonia et qu’il était d'accord en même 
temps avec ce que l’on peut conjecturer de la structure 
probable des frondes de certaines Cycadées fossiles, entre 
autres des Zamites et Otozamites. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L’espèce la plus voisine du 
- Fittonia insignis nous paraît être le F. squamata Carr., du 
MWéaldien de l'île de Wight, qui a servi de type au genre 
lui-même. Le fragment de tige représenté par M. Carru- 
thers (2. c., tab. 56, fig. 1) a le même aspect que celui de 
notre planche125; il a dû sa conservation au même procédé 
de moulage et, comme lui, il semble se rapporter à une 
partie voisine de la sommité. Les bases de pétioles sont 
éparses et accompagnées de nombreuses écailles. Celles-ei 
sont oblongues avec un sommet arrondi, les premières sont 
‘épaisses, rhomboïdales; elles se recourbent pour devenir 
-ascendantes, et leur sommet est tronqué à l'endroit de l’ar- 
ticulation de la partie caduque. Pour faire ressortir à la fois 


320 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, 


les analogies et les différences qui réunissent ou séparent 
les deux espèces, nous reproduisons, pl. 195, fig. 4, une 
base de pétiole du Fiftonia squamata, d’après une figure 
de grandeur naturelle de l’auteur anglais, comme terme 
, de comparaison avec les nôtres. La dimension en hau- 
teur est à peu près pareille des deux parts, mais dans 
le Fittonia Squamata \’épaississement produit son effet, 
sans que cet effet se communique également à toutes les 
parlies de l’organe, dont le sommet se trouve contracté en 
dessous du plan de Particulation. À cette première diffé- 
rence, il faut ajouter la disposition des ponctuations, cor- 
respondant aux cicatrices des faisceaux vasculaires, qui 
paraissent disposées en une ligne sinueuse, parallèle au 
bord et repliée ensuite sur elle-même, tandis que dans le 
F, insignis les ponctuations forment plutôt des rangées 
concentriques irrégulières. M. Carruthers rapproche son 
espèce des Æncephalartos africains, mais il est facile de 
s'assurer, par l'inspection des figures que nous donnons 
(pl. 121, fig. 2-4), que ce rapprochement ne saurait être 
que fort éloigné. Les appendices corticaux des Æncepha- 
lurtos se développent. par un procédé d'accrescence qui 
s’écarte beaucoup de l’épaississement graduel des bases de 
pétioles, persistantes et notablement allongées. dès l’ori- 
gine, que l’on observe chez les Fittonia. La désarticulation 
des frondes.vieillies sur un point assez distant de leur base 
et l’intumescence rapide de celle-ci dans toute l’étendue 
de la partie conservée constituent un phénomène inconnu, 
à ce que nous croyons, où du moins non encore signalé 
chez les Cycadées de nos jours, tandis que l’examen des 
frondes fossiles conduit à penser qu'il était fréquent chez 
les Cycadées secondaires. Celte même structure ressort 
invinciblement de l'étude que nous venons de faire des 


TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 321 


Fittonia; de là à rejoindre celles-ci à quelques-uns des 
genres uniquement basés sur les feuilles, que nous avons 
passés en revue, il n’y aurait qu’un pas; mais ce pas, nous 
avons d’autant moins osé le franchir, que l’examen des 
frondes qui accompagnent les tiges de Fiftonia dans le 
principal gisement où elles ont été rencontrées, celui de la 
Vienne, n'offre rien de bien concluant. Les frondes qui 
accompagnent le 7, insignis dans l’oxfordien des environs 
de Poitierssont celles de l’Otozamites pterophylloides Brongn. 
Plus haut dans la série, et principalement lors du Wéal- 
dien, formation à laquelle appartiennent le F. squamata 
Carr. et l'espèce allemande figurée- par M. Schenk, les 
Otozamites disparaissent entièrement ; la question doit donc 
forcément demeurer douteuse, jusqu’à plus ample in- 
formé. 
LocaLiTÉs. — Environs de Poitiers (Vienne); carrière du 
_ Grand-Pont et du vallon des Lourdines. Coll. de M. le doc- 
teur Constantin, à Poitiers, et du muséum de Paris, 
EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 125, fig. 1, Fittonia insi- 
gris Sap., sommité de tige offrant un moule naturel de 
l'original, d’après un échantillon appartenant à la collection 
du muséum de Paris, 3/4 grandeur naturelle. Fig. 2, plu- 
sieurs bases de pétioles à demi épaissies, observées vers la 
à base de l’échantillon précédent, grandeur naturelle. Fig. 3, 
. groupe comprenant plusieurs écailles gemmaires légère- 
: ment transformées, observées dans Le haut de l’échantillon, 
» grandeur naturelle. Figure 4, Füftonia squamata Carruth., 
| base de pétiole épaissie, d’après une figure empruntée au 
Mémoire de l’auteuranglais, grandeur naturelle ; pour servir . 
> decomparaison avec l'espèce oxfordienne de Poitiers, — 
» Pl. 126, fig. 1, Fittona insignis Sap., tronçon de tige adulte, 


* couvert sur la plus grande partie de son étendue de bases 
VÉGÉTAUX. — J. 21 


329 | PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


de pétioles accrues, d’après un dessin de l'échantillon ori- 
ginal appartenant à M. le docteur Constantin, 3/4 grandeur 
naturelle. Fig. 2, plusieurs appendices ou écussons corti- 
caux, vus de face et par côté, grandeur naturelle. On dis- 


” tingue en a ia trace d’unecicatrice provenant de l'insertion 


d’un organe axillaire détaché, probablement d’un bourgeon 
adventif. Fig. 3, autre cicatrice de même nature observée 
sur une autre partie du même échantillon, grandeur natu- 


relle. Fig. 4, étui médullaire du même échantillon, moulé 
en relief à l’aide d’une pâte sédimentaire amorphe, pour 


montrer la disposition des prolongements de la moelle 
dans le cylindre ligneux, grandeur naturelle. 


N°9. — Fittonia Rigauxi. 
PI, 127, fig. 1-8. 


DIAGNOSE. — #, érunco crasso late cylindrico medulla cen- 


trali ampla ductus numerosos latioresque in cylindrum ligno- . 


sum verosimiliter tenuem emittente intus farcto, squamis gem- 
maris basibusque petiolorum vegetationis effectu sensim 
incrassatis undique dense vestito, appendicibus basi transver- 
sim rhombea peripheriæ caulis affixis mox reflexo-ascenden- 
tibus plus minusve crassis dorso convexis facie adpressa con- 
caviusculs imbricatisque, squamis gemmarüs incrassatis mar- 
gine  Ssuperiori rotundatis attenuatisque, basibus autem 
petiolorum squamis majoribus late transversim rhombeis, late- 
_ribus utrinque in laminam margine attenuatis, apice paulis- 


per incrassato iapsu frondis verosimiliter articulatæ leviter 


cicatrisatis. 


Nous dédions cette espèce, découverte à la base du, 


A ee 


LM iles à 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 323 


Portlandien, dans les environs de Boulogne-sur-Mer, à 
M. Rigaux, directeur du musée de cette ville, qui a bien 
voulu nous la faire connaître. Bien qu’elle s’écarte un peu 
plus que l’espèce oxfordienne de Poitiers de celle de l’ile 
de Wight, Fittonia squamata, sur laquelle le genre lui- 
même a été fondé, il nous paraît cependant impossible de 
ne pas l’inscrire non loin de ces deux formes ; et les traits 
essentiels de son organisation justifient pleinement cette 
manière de voir. 

Le mode de conservation est exactement le même. L’é- 
chantillon original est un moule parfait, opéré par le 
moyen d’une vase argilo-sableuse, mêlée de grains quart- 
zeux et de paillettes micacées, de toutes les parties exté- 
rieures de la tige. A l'intérieur, la matière amorphe a 
rempli tous les vides amenés par la destruction des tissus 
organisés les moins tenaces et surtout de la moelle, qui 
a disparu évidemment la première. L'ensemble de la tige 
a subi une forte compression qui l’a aplati. La forme 
primitive était celle d’un cylindre assez épais. Actuelle- 
ment l’échantillon mesure 14 centimètres sur le plus grand 
des deux axes et 5 seulement sur le petit, ce qui.suppose 
une épaisseur normale originaire de 41 à 12 centimètres 

_ environ. Cette épaisseur est prise au sommet qui est tron- 
| qué ou plutôt mutilé. La base est moins large : légèrement 
| contractée, elle présente une suite de bourrelets circu- 
» aires irrégulièrement sinués, ramenés par la compression 
» et circonscrivant une cavité intérieure qui correspond visi- 

blement au cylindre médullaire. Cette partie de la tige n’a 
» subi, à ce qu’il semble, aucune altération grave ; au-dessus 
_ d'elle, les appendices corticaux s’insèrent en s’imbriquant, 
dans un ordre constant. Il est à croire que nous avons sous 
* les yeux la base même de l’ancienne tige, le colet d’où 


324 PALÉONTOLOGTE FRANÇAISE. 


partaient ses racines et par où elle adhérait au sol, avant 
d’en avoir été détachée et de passer à l’état fossile. Cette 
“base mesure environ 9 centimètres sur son grand axe, 
3 seulement sur le petit; la tige aurait donc offert une 
épaisseur transversale de 7 centimètres environ à son ori- 
gine, si l’on tient compte des effets de la compression. La 
hauteur actuelle n’excède pas 13 centimètres, la tige s’é- 
paississait donc assez rapidement de bas en haut, donnant 
lieu sans doute à une forme faiblement ellipsoïde, 
comme dans les Æncephalartos. T1 est à présumer en même 

temps que le {ronçon venu jusqu’à nous se rapporte à une 
partie déjà âgée sur laquelle par conséquent les appen- 

dices corlicaux se montrent transformés et ayant acquis à 

peu près tout l’épaississement dont ils étaient suscepti- 
bles. La moelle est large, comme celle de tousles Fiftonia, 
ainsi que le fait voir la figure 2, pl. 497, qui représente 
une région où l’étui médullaire moulé et mis à nu offre 
l’aspect d’un cylindre comprimé dans le même sens que 
toute la tige, avec une dimension de 6 centimètres pour le 
plus grand. des deux diamètres et de 2 centimètres pour 
le petit. Le diamètre primitif de l’étui médullaire, en te- 
nant compte des effets de la compression, devait être de 
5 centimètres environ dans tous les sens. La périphérie 
du cylindre actuel, dont l’intérieur se compose d’une ma- 
tière amorphe, est occupée par un réseau dont les ouver-. 
tures en forme de maille, oblongues, plus courtes et plus 
nombreuses que dans le F. énsignis, mais disposées avec. 
régularité, correspondent comme toujours aux prolonge-w 
ments de la moelle à travers la zone ligneuse. Les lamelles 
rayonnantes dont celle-ci était formée sont visibles p r 
l'empreinte qu’elles ont laissée sur les côtés du cylindre 
Une coupe transversale aurait sans doute fait voir un an» 


dE es Là ns | à 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 325: 


neau ligneux, mince et fréquemment interrompu par le 
passage de larges canaux médullaires; mais cette partie 
n’a laissé d’autre trace qu’un léger interstice, visible sur 
les côtés seulement du cylindre, la compression l'ayant 
fait disparaître sur les points où son action s’est exercée 
avec le plus d’énergie. 

Autour du cylindre ligneux s’étendait la zone parenchy- 
mateuse externe, qui devait être relativement épaisse et 
enfin, à la périphérie de cette dernière, les appendices 
accrescents étaient implantés sur des bases rhomboïdales, 
plus étendues dans le sens transversal que dans la direc- 
tion opposée et bien visibles sur la figure 2 qui montre 
l’ancienne tige dépouillée en partie de son revêtement ex- 
térieur, dont les pièces existent seulement le long du bord 
et vues de profil ou par leur face inférieure. Sur des bases 
ainsi délimitées en losange, s’élevaient les appendices ; 
la figure 3, pl. 127, nous en montre plusieurs réunis et 
emboîtés, vus en partie de flanc, en partie de face, afin 
de faire mieux comprendre leur conformation et leur 
mode d’agencement. D'abord élevés sur une base à parois 
massives, étroitement conniventes, à section rhomboïdale, 
ils se redressent et donnent lieu à des prolongements con- 
vexes sur la face dorsale, concave sur l’autre,amincis vers les 
bords supérieurs, qui s’imbriquent et s’appliquent les uns 
contre les autres, en donnant lieu extérieurement à des 
séries d’écales disposées en rangées spirales, dont la 
formule phyllotaxique pourrait bien être, comme dans le 

| cas précédent, 8/21. : 

_ La distinction entre les appendices provenant d’écailles 
gemmaires ou de bases de pétioles transformées est facile 
à faire dans cette espèce, et le nombre des premières est 
considérable, par rapport à celui des secondes, La fig. 1, 


| 


326 PALÉONTOLOGIE FRANUAISE, 


pl. 127, qui représente la face principale de l'échantillon 
fossile, permet effectivement de reconnaître sans trop de 
peine que le tronçon, à la partie supérieure, était entière- 
ment garni d’écailles pressées et imbriquées sur plusieurs 
, rangs. Cette région correspond donc à tout un cycle d’é- 
cailles. En dessous, à droite et à gauche, on distingue à 
leur largeur et aux cicatrices qu’elles portent vers leur 
sommet, deux bases de pétioles et au-dessous encore la 
même association se manifeste jusqu’à l’extrême base de 


la tige, la distinction entre les deux catégories d’organes 


devenant cependant toujours plus difficile à mesure qu’il 
s’agit de parties plus âgées. La figure 3, pl. 127, qui se rap- 
porte à la face opposée de l'échantillon montre évidemment 


une base de pétiole accrue, entourée de plusieurs écailles 


gemmaires. Celles-ci sont reconnaissables à leur moindre 
dimension, à leur sommet atténué en pointe, enfin à l’ab- 
sence des cicatrices d'insertion des parties désarticulées. 
La base de pétiole accrue et transformée montre de son 
côté plus de saillie à son sommet, ainsi que les vestiges 
assez nets de l’emplacement sur lequel la fronde s’insérait 
avant sa chute. Cet emplacement est du reste arrondi et 
assez limité. Il semble donc qu'à l’exemple de ce qui se 
passait chez le Fitlonia squamata l’épaississement de la 
partie persistante eut lieu ici bien en dessous du plan d’ar- 
ticulation. Celui-ci demeurait plus ou moins saillant et 
conique. Les effets de la compression expliquent comment 


il ne s'élève pas davantage dans le spécimen figuré par | 


nous. 


RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — CoMme nous ne possédons 


pas les parties jeunes de cette espèce, il nous est assez 
difficile, malgré le parfait état de conservation de l’exem- 
plaire boulonnais, de préciser ses véritables affinités. La 


lag à At ARE dé. à, 


Le 


TERRAIN JURASSIQUE. — YÉGÉTAUX. 327 


forme des appendices relevés et amincis vers les bords et 
étroitement appliqués, l’écarte du Fiftonia insigrus ; il est 
bien plus voisin du Fiftonia squamata par la conformation 
d’abord défléchie, puis redressée et convexe sur le dos des 


 appendices. Cependant chez l'espèce wéaldienne les 


écailles et les bases épaissies sont toujours moins éten- 
dues dans le sens transversal ; elles sont plutôt accolées 
que réellement imbriquées. Mais le Clathraria Lyelli 
Schenk (Fittonia Schenki Nob.), qui est un vrai Fittonia 
et qui provient du Wéaldien du nord de l'Allemagne (1), 
se rapproche bien davantage, selon nous, de l’espèce du 
Portlandien de Boulogne, par son aspect et ses caractères 
visibles. Du reste le spécimen de M. Schenk ne se rap- 
porte pas, comme le nôtre, à la base d’une tige, mais plu- 
tôt à une partie voisine de la sommité. On y distingue 
confusément des bases accrues et pressées, quelques- 
unes encore chargées de résidus à demi consumés. Les plus 
anciennes de ces bases se replient et se pressent par un 
mouvement qui ressemble beaucoup à celui que l’on re- 
marque dans nos appendices. En tout cependant les com- 
partiments de l’espèce hanovrienne sont plus étroits, 
moins dilatés en largeur et moins amincis supérieure- 
ment.On voit bien qu’il ne saurait être question d’une iden- 
tité d’espèces, au moins en s’en rapportant à la figure de 
l’auteur allemand, qui paraît être fort exacte. 

LocaALIZÉ. — Châtillon, près de Boulogne-sur-Mer, base 
du Portlandien, poudingues à 7rigonia Pellati ; coll, de la 
ville de Boulogne. 

EXPLICATION LES FIGURES. — Pl. 427, fig. 4, Fittonia Ri- 
gauxi Sap., tronçon de tige, terminé naturellement dans 


(1) Voy. Foss. FI. d: Nordwestdeutsch. Wealdenform., tab. xv, fig. 2. 


328 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


le bas, mutilé dans le haut par la face latérale fortement 
comprimée, grandeur naturelle, Fig. 2, face opposée de 
la même tige montrant à nu l’étui médullaire moulé et 
vers les bords les appendices corticaux vus de profil, 
, pour faire voir le mode d'insertion de ces organes et la 
conformation de leur face intérieure, grandeur naturelle. 
Fig. 3, plusieurs appendices corticaux vus un peu latéra- 
lement et de face, pour montrer la conformation de leur 
base et leur mode de terminaison et d’agencement; gran- 
deur naturelle. 


N. 3. — Fittonia Brongniartii. 


PI. 193, fig. 3-3. 


DrAGNOSE, — F, trunco quoad altitudinem gracili cylin- 
draceo intus medulla copiosa annuloque lignoso tenui cireum- 
ducta prædito, extus appendicibus incrassatis dorso convexis 
ad apicem loco articulationis petiolorum cicatrisatis, laxe 
imbricatim adpressis erectoque-ascendentibus, in spiras obli- 
quissime ordinatis undique vestito. 


Zamia Brongniartii, Morière, Note sur deux végét. foss. 
(Mém. de la Soc. linn. de Normandie, 

t. XIV), pl. 2, fig. 1-3, excl. fig. 4. 

Clathraria Brongniarti, Schimp., Traité de pal. vég., I, p. 184. 


C’est encore au groupe des Fiftonia que nous rapportons 
sans trop d’hésitation une fort belle tige que nous n’avons 
pas examinée en nature, mais sur laquelle M. le professeur 
Morière, de la Faculté des sciences de Caen, a publié 
en 1866 une notice accompagnée d’une planche dont nous 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 329 


reproduisons les figures. L’échantillon original recueilli 
dans lOxfordien moyen du Calvados par M. Morière, s’est 
promptement altéré à l’air par suite de sa composition 
pyriteuse. Les dessins publiés par l’auteur de la notice 
n’en sont que plus précieux; ils montrent un tronçon 
cylindrique, aplati sur l’une des faces par la fossilisation, 
ayant par conséquent un grand et un petit axe diamétral, 
le premier mesurant 6 à 7 centimètres, le second 5 à 5 1/2. 
L’épaisseur primitive était donc de 5 à 6 centimètres 
dans les deux directions, sur une longueur totale de 14 
à 15. Il s'agissait ainsi d’une tige mince, relativement 
aux proportions trapues et à la croissance lente qui carac- 
térisent la plupart de celles des Cycadées. Les rangées 
- spirales d’appendices qui la recouvrent et dont la direc- 
tion est des plus obliques, en même temps que fort régu- 
lière, démontrent bien que l’ancienne espèce a dû se dé- 
velopper avec rapidité. C’est au reste ce que nous avons 
eru remarquer chez tous les Fitlonia examinés jusqu'ici, 
à un degré plus ou moins marqué. 

La figure 5 donne une coupe transversale qui démontre 
que dans cette espècé, comme dans les autres Fiftomia, la 
moelle centrale était volumineuse et le cylindre ligneux 
très-mince. Il n’est ici indiqué que par une ligne concen- 
trique, correspondant à un vide étroit, qui entoure le pa- 
renchyme médullaire converti, comme le reste de la tige, 
en une Substance pyriteuse amorphe. 

Les appendices corticaux (fig. 3 et 4) sont grands par 
rapport au diamètre de la tige, mais beaucoup plus allon- 
gés et moins dilatés en largeur que dans les espèces pré- 
cédentes ; ils ont une assez grande ressemblance avec les 
pétioles qui recouvrent les tiges des Fougères aborescen- 
tes ; cependant cette ressemblance, comme l’a très-bien 


330 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 


remarqué M. Morière @), n’est qu'apparente. Rien ne 
rappelle réellement les Fougères, ni l'aspect des résidus, 
ni la présence des radicules, ni les aspérités de la surface, 
ni les cicatrices caractéristiques des faisceaux fibreux. 
, Tout, au contraire, dans la structure des diverses parties, se 
trouve conforme à ce qui existe chez les Cycadées. Parmi 
les appendices, accrescenis et tuméfiés surtout vers la 
base et au milieu, mais qui s’atténuent plus ou moins 
vers le sommet, les uns se rapportent à des bases de pé- 
tioles, chez lesquels le phénomène de l’épaississement se 
serait opéré, comme dans le #. squamata, un peu au- 
dessous du plan d’articulation, tandis que les autres, moins 
_ larges, moins convexes sur le dos et non tronqués au som- 
met, seraient des écailles gemmaires transformées, Les . 
zones mêmes d’accroissement sembleraient être visibles à 
l'extérieur sur quelques-uns de ces appendices, fortement 
convexes sur la face dorsale, et qui doivent avoir été fixés 
à la surface de la tige sur une base rhomboïdale, plus al- 
longée dans le sens vertical que dans le sens opposé. 
RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Fittonia Brongniarti Sap. 
par son aspect tout entier et la structure de ses appendices 
rappelle des échantillons de Zucklandia cnomala Presi que 
M. Carruthers a dernièrement figurés (1). Cependant chez 
celui-ci (voy.pl. 128, fig. 1) les appendices sont plus courts, 
plutôt arrondis et larges qu’atténués vers le sommet, dont 
les cicatrices de pétioles n’occupent qu'une partie. Nous 
trouvons une affinité bien plus étroite entre l’espèce que. 
nous décrivons et l'échantillon (PI. 123) du Fiftonia insignis 
de Poitiers. Le spécimen du Calvados, comme ce der- 
nier, a sans doute appartenu à une portion de tige plus 


(1) Mémoire précité, p. 5. 


TERRAIN JURASSIQUE, —— VÉGÉTAUX. 331 


ou moins voisine de l’extrémité supérieure. Les bases 
persistantes des pétioles n’ont sans doute pas encore 
acquis la dimension qu’elles auront plus tard ; elles ne 
sont transformées qu’à moitié ; leurs sommités encore 
minces et subeylindriques présentent une cicatrice fort 
nette de l’endroit par où la fronde, avant sa désarticula- 
tion, adhérait à la partie inférieure. Vers la base des tiges, 
les appendices plus épais et plus étroitement connexes, 
devaient prendre à la fin un aspect différent, que nous 
connaissons en ce qui concerne l’espèce des Lourdines, 
grâce au second des deux échantillons figurés. Malgré 
cette parenté et la commune provenance de l’étage oxfor- 
dien, nous croyons le Fittonia Brongniarti spécifiquement 
distinct du 7. énsignis. La tige du premier est évidemment 
plus grêle ; les rangées spirales de ses appendices sont 
bien plus obliques et paraissent dépendre d’une formule 
phyllotaxique différente (15/18 au lieu de 8/21). 

LocALITÉ. — Oxfordien moyen; sur un point situé entre 
Villers-sur-Mer et Auberville (Calvados); Coll. du Musée 
de la ville de Caen. 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 123, fig. 3, Fittonia 
Brongniartii (Mor.) Sap., tronçon de tige vu par sa face 
latérale large, grandeur naturelle. Fig. 4, même échantil- 
lon vu par sa face latérale étroite, grandeur naturelle. 
Fig. 5, coupe transversale, grandeur nalurelle. Ces trois 
figures sont empruntées au mémoire de M. Morière. 


DIX-SEPTIÈME GENRE. — CYCADEOMYELON. 


DiAGNOSE. — Medulla centralis primum substantiæ cellu- 
laris disperditione evanida, dein sedimento cylindrum lignosum 
intus vacuum cumulante substituta et tunc post ligni circumfusi 


332 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


abolitionem cylindrum plenum plus minusve compressum 
fasciculorum meatuumque impressionibus super ficialiter nota- 
tum efformans. 


HISTOIRE ET DÉFINITION. — Lorsque les tiges des ancien- 
nes Cycadées ont été poussées au fond des sédiments en 
voie de formation, leur passage à l’état fossile s’est souvent 
opéré, comme nous l’avons déjà vu, par voie de remplis- 
sage. L’étui, par suite de la destruction plus ou moins 
prompte du parenchyme médullaire, est devenu un cylindre 
creux dans lequel s’est introduite la pâte sédimentaire 
amorphe. Cette substance, sable, limon ou vase calcaire, 
argileuse ou marneuse, s’est alors moulée sur les parois de 
l’étui, de manière à en reproduire les moindres accidents 
et les inégalités. Dans le cas assez fréquent où les parties 
extérieures ont ensuite disparu, le cylindre intérieur est 
resté ordinairement comprimé, c’est-à-dire aplati sur 
l’une des faces et donnant lieu à une coupe transversale, 
non pas circulaire, mais ellipsoïde. A la surface de ce 
cylindre, on distingue généralement une sorte de réseau 
plus ou moins net, formé par des sillons qui circonscrivent 
des aires saillantes fusiformes ou rhomboïdales, allongées 
de bas en haut. Les parties saillantes correspondent évi- 
demment ici à l'embouchure des prolongements médul- 
laires, et les sillons à l’empreinte des faisceaux ligneux qui 
circonscrivent la moelle. Il est.facile de se convaincre de 
l’exactitude du rapprochement en comparant les parties 
fossiles avec l’intérieur évidé du cylindre ligneux d’une 
Cycadée actuelle. Ces sortes de moules ne sont pas rares 
dans les divers dépôts jurassiques, Il serait à souhaiter 
qu'ils fussent recherchés avec plus de soin. 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 333 


N °1.— Cycadeomyelon hettangense, 
- PI, 419, fig. 3. 


DrAGNOSE. — C. cylindro medullari satis amplo fossilisatione 
compresso 5 1/2 centim. diametro majore metiente intus amor- 
pho, extus reticulato, sulcis longitudinalibus ex impressionibus 
vasorum provententibus areas multiplices fusiformes aut cris- 
tulas circumscriptione elongato-rhombeas includentibus. 


Mantellia liasina (ex parte), Schimp., Traité de pal. vég., I, 
p. 183 (Quoad medullas hettan- 
genses). 


Il nous paraît impossible d'admettre, ainsi que M. Schim- 
per semble disposé à le croire, que les étuis médullaires 
moulés, recueillis à Hettange et dont notre figure représente 
un beau spécimen, soient ceux du C'ylindropodium liasinum, 
trouvé dans le calcaire à Gryphées de la Meurthe et par 
conséquent à un niveau supérieur à celui de la zone 
à Ammonites angulatus. Rien n'indique non plus que cette 
moelle soit celle des troncs de l’un des Ofozamites du 
dépôt infraliasique, plutôt que des tiges du Cycadites qua- 
drangularis qui lui est associé dans la localité des environs 
de Metz. Il est plus naturel d’avouer à cet égard notre 
ignorance absolue, en décrivant exactement le moule inté- 
rieur en question, que l’on finira sans doute par rencontrer 
occupant sa place normale et encore recouvert des parties 
extérieures qui lui font défaut. | 

Tel qu’il se montre à nous, le C'ycadeomyelon hettangense 
constitue un cylindre fortement comprimé sur l’une des 
faces, dont le grand axe mesure 5 1/2 centimètres et le petit 
18 millimètres seulement. L'intérieur est un grès jaunâtre, 
pareil à celui de la roche encaissante. La surface-extérieure, 


334 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 


surtout vers le milieu, peut-être par suite de la compres- 
sion dont l’effet a été de communiquer aux parties moulées 
des contours plus vifs, est occupée par un réseau formé de 
linéaments longitudinaux tracés à l’aide de légers sillons 
‘réunis entre eux par des branches obliques, de manière à 
délimiter une foule de compartiments oblongs, semblables 
à des fuseaux ou à des rhomboïdes étroits, atlénués aux 
deux extrémités dans le sens de la longueur. Ces comparti- 
ments correspondent à l'embouchure, moulée en saillie, 
des conduits médullaires à travers les faisceaux ligneux, le 
sédiment s'étant substitué partout au parenchyme, dans le 
vide produit par la destruction de celui-ci. Chacun des 
prolongements partant de la moelle pour traverser les parois 
ligneuses a reçu ainsi une certaine quantité de sédiment et 
a constitué autant de crêtes minces, plus tard aplaties 
par la compression. C'est dans ce dernier état qu'ils se 
présentent à nous sur la face principale, tandis que sur les 
côtés ils ne sont marqués que par de faibles linéaments, 
sans aucune saillie intermédiaire. 

Tous les compartiments qui recouvrent la surface du 
cylindre fossile ne proviennent cependant pas indistincte- 
ment des conduits médullaires ; la plus grande dimension 
de ceux-ci atteint à peine À millimètre dans le sens trans- 
versal; les plus larges et les plus saillants, parsemés irré- 
gulièrement au milieu des autres, et en forme de larmes ou 
de gouttelettes ovales, ont vraisemblablement une tout 
autre origine. Ils se rapportent selon nous à des amas gom- 
meux sécrétés à l’intérieur des tiges et dont il existe de 
nombreux exemples dans les parties correspondantes des 
Cycadées actuelles. 5 48 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Tous les étuis médullaires, 
moulés et convertis en un cylindre solide, des anciennes 


TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. - 335 


tiges de Cycadées se ressemblent entre eux. L’impression 
des fibres ligneuses et les compartiments en saillie prove- 
nant des rayons médullaires produisent un réseau dont 
l’aspect est bien reconnaissable. Cependant, il existe, d’une 
tige à une autre, des différences appréciables et, sous ce 
rapport, l’étui cylindrique du Fittonia insignis nous a pré- 
senté des conduits à la fois larges, prolongés dans le sens 
longitudinal et espacés, très-distincts par leur disposition 
de ceux que vient de nous montrer le Cycadeomyelon het- 
tangense. Il y aurait plus d’analogie entre cette dernière 
espèce et le Fittonia Rigauri : dans celui-ci toutefois l’étui 
médullaire paraît offrir des prolongements plus larges et 
plus courts dans le sens de la hauteur. Ge n’est du reste 
qu’à l’aide d’une longue étude comparative dont les élé- 
menis sont encore épars que l’on arrivera à introduire une 
certaine précision dans l'examen des caractères des cylin- 
dres intérieurs dont le spécimen de Hettange vient de nous 
offrir un exemple. Tout est à entreprendre dans cette di- 
rection ; nous nous bornons ici à la signaler. 

LocALITÉ. — Hettange près de Metz (Moselle) ; étage in- 
fraliasique, zone à Ammonites angulatus ; coll. de M. Ter- 
quem, actuellement à l’école des Mines. 

EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 119, fig. 5, Cycadeo- 
myleon hettangense Sap., étui médullaire moulé portant à la 
_ surface l’impression des faisceaux fibreux et çà et là des 
amas de‘sucs gommeux coagulés, grandeur naturelle. 


APPENDICE 


Au moment où s'achève l'impression de ce volume, 
M. Gorceix, ancien élève de l’École normale, au retour 
d’une mission scientifique qu'il vient de remplir dans le 
Levant, nous remet une Cycadée fossile, recueillie par lui 
dans le dépôt miocène de Koumi (Eubée). Bien qu’il 
s’agisse d’une plante tertiaire, étrangère par conséquent à 
notre sujet, il nous a paru essentiel de mentionner ici 
cette découverte, tant à cause des conséquences qu’elle 
entraîne nécessairement que de la signification de l’es- 
pèce ‘elle-même. L’échantillon consiste en un fragment 
assez considérable de la partie moyenne d’une fronde, de 
grande taille, surtout si on la compare à la plupart de 
celles que avons figurées. 

L’organe dans son intégrité mesurait environ un mèé- 
tre de longueur, Sur les côtés d’un rachis épais et con- 
vexe, qui montre, à ce qu’il semble, sa face dorsale, 
s’insérait une double série de folioles, au nombre d’une 
soixantaine au moins pour chaque rangée. Chaque foliole, 
longue d’un décimètre à peu près, fixée au rachis par - 
une base d’abord un peu resserrée, puis légèrement dé- 
currente et cernée au point d'insertion d’un anneau carti- 
lagineux, est lancéolée-linéaire, entière sur les bords, 


(1) Voy. Foss, Pfl, d. Wernsdorfer Schicht, in d, nord Karpath., 
v. prof. Schenk, tab .3, fig. 6. 


APPENDICE. 331 


insensiblement atténuée en pointe au sommet et faible- - 
ment falciforme. Cette espèce se range très-naturellement 
par tous ses caractèress visibles dans le genre Æ£'ncephalar- 

 tos, auprès des £. longifolius Lehm. et Lehmani Eckl. Il 
ue s’agit donc plus d’aucun des types de Cycadées secon- 
daires, bien que l'espèce de Koumi, que nous nommons 
Encephalartos Gorceixianus, rappelle un peu au premier 
abord le Zar rites  Goepperti Schenk, des sphérosidérites de 
Wernsdorf, dpi … 2e dont la nervation, d’après 
la description de l’auteur allemand, serait pourtant celle 
d’un vrai Zamites, les nervures longitudinales s’arrêtant à 
diverses hauteurs successives, le long du bord supérieur 
des segments. 

Si la Cycadée miocène de Koumi, comme tout porte à 
le croire, a réellement appartenu au groupe africain des 
ÆEncephalartos, sa présence démontre qu'aux Cycadées 
qu’elle possédait à l’époque jurassique et qui déclinè- 

rent dans l’âge postérieur, pour s’éteindre ensuite tota- 
lement, l’Europe vit succéder plus tard d’autres Cycadées, 
non plus distinctes, mais congénères de celles qui vivent 
encore, et qu’à l’exemple d’une foule de types et de for- 
‘mes particuliers à l'Afrique du sud, qui s’étendaient alors 
jusqu’en Europe, les Encepharlatos habitèrent ce dernier 
continent. Une semblable communauté de formes a été 
effectivement établie à l’égard d’un nombre consi- 
- dérable de végétaux, comme’ les Widdringtonia, Podo- 
carpus, Dracæna, plusieurs Myrica, Myrsine, Pittosporum, 
Araliacées, Rhammées, Anacaïdiacées, Mimosées, elc. ; il 
n’est rien de surprenant à la constater une fois de plusen ce 
qui concerne le groupe aujourd’hui exclusivement africain 
des Encephalartos. Mais il reste à rechercher et à décou- 


vrir, et en ceci nous nous écartons un peu moins de notre 
VÉGÉTAUX. — J. 22 


338 APPENDICE. 


domaine jurassiqne, si celte introduction en Europe de 
Cycadées relativement récentes s’est faite alors que celles 
des âges antérieurs avaient complétement et depuis long- 
temps disparu ou si les plus récentes ont pu se relier 
. aux dernières formes survivantes des âges secondaires, en 
supposant que celles-ci aient longtemps persisté sur quel- 
ques points de notre sol et y aient prolongé leur existence 
obseure el menacée de finir, ainsi que nous avons été 
porté à le conjecturer (voy. plus haut, p. 3). Enfin, 
n’existe-t-il aucun lien de parenté entre ces Cycadées 
primitives de l’ancienne Europe et celles qui habitent de 
nos jours les continents voisins du nôtre, et la certitude 
maintenant acquise que l’un de ces types au moins, celui 
des Æncephalartos, a été jadis indigène en Europe, ne donne 
t-elle pas de la vraisemblance à cette opinion? — Les 
éléments d’une étude dirigée dans ce sens manquent abso- 
lument ; il est cependant curieux de constater, grâce aux 
travaux les plus récents de l’infatigable M. Heer, qu’à une 
époque rapportée par cet auteur à l’horizon de l’Urgonien 
les Cycadées peuplaient encore le Groënland et rentraient 
sans difficulté dans les genres Zamites, Dioonites et Glossoza- 
mites qui s’observent également en Europe à ce mêmeniveau. : 
Il est vrai qu’à ce moment, pas plus en Europe que dans 
les régions polaires, les Dicotylédones angiospermes ne se 
laissent encore voir. Dans le Cénomanien de Bohème, 
immédiatement au-dessous dans la zone à Ostrea columba, 
ces mêmes Dicolylédones abondent au contraire; c’est 
donc à un espace vertical relativement étroit, correspon- 
dant à l’Aptien et au Gaulf réunis, que se trouve cir- 
conscrit le temps de la plus grande des évolutions végé- 
tales, celle qui consista dans l'apparition et la diffusion 
rapides des premières Dicotylédones. De ce moment 


APPENDICE. 339 


aussi date le déclin des Cycadées jusqu'alors répan- 
dues partout et partout abondantes. Alors seulement elles 
perdent leur place qu’elles ne retrouveront jamais plus, 
alors seulement commence pour elles; en Europe surtout, 
cette longue période de décadence, suivie d’une profonde 
obscurité, qui nous dérobe jusqu’à présent la connaissance 
de ce qu’elles devinrent et s’oppose à ce que nous puis- 
sions savoir s’il existe ou non un lien, même éloigné, un 
enchaînement de filiation quelconque entre les dernières 
Cycadées européennes des temps secondaires et celles que 
nous rencontrons, en très-petit nombre, sur notre sol, à 
l'époque tertiaire. £ 

L’Encephalartos Gorceixianus Sap., dans l’état actuel des 
connaissances, est, non pas le seul, mais le plus remar- 
quable et le mieux caractérisé des rares représentants de 
la seconde de ces deux catégories. 


TABLE 


ALPHABÉTIQUE & SYNONYMIQUE 


ANDROSTROBUS, Schimp....... ses stone A 
Balduini, Sap.............. es ET SE à 
Guerangeri (Brongn.), Sap........ ET 

CRD: do ssidtes 
D... 5. ducs 

Araucaria pictaviensis, Le Thouzé de Longuem..... 


PSE a Re er 
RTS RC A TR SES RP 
BENNETTITES (ex parte), Carruth............... 
1. ils site. 
OS SUR cr dE 
D 2 RS I JE 
BucxLanpra, Presl................. SÉITEAETT ER S 
anomala, Presl.......... RC LATE STONE ur A 
IA ; Pom... 2/50 D je 
PO... 5107.55 2 SP OR ES 


PAF OLITHES,. Schonk......:...... 4 
CLATHRARIA (ex parle), Schimp................ 
Clathraria Brongniartü, Schimp................... 


256 
262 


303 
303 
265 
272 


235 
266 
328 


‘342 TABLE ANALYTIQUE ET SYNONYMIQUE. 


Clathraria insignis (Sap.), Schimp.................. 
Clathraria liasinæ, Schimp........... FORT Re 
CLATHROPODIUX, SAP..:...,..,..:. TN nas 
foratum, Sap........6..1i. #4 Re NN, 124 
*. sarlatense, Sap:.:7......... RE et 123 
“Prigeri, Sep... 0424 NE 122 
CROSSOZAMIA, Pom. :.:...1,..., HEIN Lu h 
CROSSOZAMIA (ex parte), Pom................... : 
Crossozamia Buvignieri, Pom................. .... 
Crossozamia Feneonis, Pom. ......:.....3:%20% 
Crossozamia Hennoquei, Porn........... 2408 
Crossozamia Moræana, Pom................. PAT UUS 
Crossozamia Moræana, Pom....................... 
CrenoratiLux, Schimp....:.....:...…amx.. 
:‘Brauaïanurn, Schimp.........:..... 10 80 
CYCADEOIDEA, Buckl.....:..:/5:4:1:1208088RRR 
Cycadeoidea cylindrica, Ung....................... : 
CYCADEOÜMYELON, SAP. ......:::::.:: 80. NN ee 
hettangense, Sap..:.:..:.::1:12%50 FEVER TS 119 
CYCADEOSPERMUM, Sap....... ges e cames : 
hettangense, Sap............ Serres UT ISERE 116 
+ POMBR DD ones Sn 3e Te PUS 117 
Schlumbergeri, Sap...:....4n...:.:::: 000000 00 
CYCADEOSTROBUS, Carruth......:....:. 0094 
CYCADINOCARPUS, Schimp..... RE 
Cycadinocarpus hettangensis, Schimp............... 
Greaprres Stern...........4240s 1.00 1vinns SR 
Delessei,:SaD:. 00 es SE TAU Au, 83 
Lori, San: 500 tete CRE _ 82 
rectangularis, Brauns............ 544 SNS 83 
GYCADITES; Buckl....::....::. 4.220200 EN 
CYCADITES (ex parte), Sternb....:.............. 
Cycadites Bucklandi (ex parte), Mig.........:....... 
Cycadites cylindricus, Morr....................... J 
Cycadites gramineus, Phill.......4,.:..7.41323%e2 
Cycadites pectinatus, Schimp..:.................. 
CYCADOCARPUS'Sap.... Messe siei te 
CYCADEOIDEA (ex parte), Brongn............ AR 
CYCADEOIDEA (ex parte), Schimp..... HÉREE 
CYCADEOIDEA (ex parte), Morr.....:.......... se 
Cytadevidea cylindrica, Brongn............. SU 


. Pag. 


308 
268 


. 283 


297 
293 
288 
214 
85 
92 
100 
220 
224 
92 
43 
4% 
283 
268. 
331 
333 
235 
238 
242 
244 
226 
235 
239 
65 
73 
75 
69 
283 
265 
268 


268 
125 4 


69 
60 
265 
283 
276 
268 


TABLE ANALYTIQUE ET SYNONYMIQUE. 


Sp...  iscdta css: 116 
OR. sis sr ils ete 116 
CYCLOPTERIS (ex parte), Ung.................... 
Cyclopteris Beani, Lindl. et Hutt.............. ARE 
CYCLOZAMIA, Pom.........:..... ee 
D... 2 Fa ds 7e 
I OI NL 110 
re se VON LI PS 119 
Du HET 118,119 et 124 


PO... us 
ECHINOSTIPES (ex parte), Pom.................. 
ECHINOSTIPES, Pom........... pe pr Pal Mr Be 
ENCEPHALARTOS (ex parte), Miq............... 


FILICITES (ex parte), Brongn..................... 
mes Dechei, Brongn..:.::.....:..114u8) 10. 
Filicites Bucklandi var. gallica, Brongn............. 
Filicites hastatus, Brongn. dre ne 1000 


344 TABLE ANALYTIQUE ET SYNONYMIQUE. 


Beani, Brongu......:..4. 052 0 0e dei aa 95 


Planch. Pag, 
Füicites lagotis, Brongn.. .:.1 14.11) Hate. 179 
Filicites Reglei, Brongn..::.::.:.1..:1. 40e, 171 
Firronia, Carruth......... DR es 302 
Brongnartii, Sap..….......::..,.2 00/00 123 328 
insignis, Sap....:e..:...::.. Se 125 et 126 308 
"+HRiganti, SAP... ee ss SC OR 127 322 
squamats,: Carruih....,........ Sent 21861021 
G 
GLOSSOZANITES, SCHÉMP:. : 0 +... :.. Te 45 
oblongifolius, Schimp.................. AN Se 45 
M 
MANTELLIA (ex parte), Brongn........ eo LR 652 
Mantellia cylindrica, Brongn..................... Ê 268 
Mantellia cylindrica, Brongn. (ms)....... à AU | 275 
Mantellia liasina (ex parte), Schimp................. . 333 
.N 
NizssoniA, Brongn............ TT EEE 42 
brevis, Brongn::.:..1::1:..,:264051 SR 19 64 
polymorpha, Schenk..... RC PA | 43 
Oo 
ODONTOPTERIS (ex parte), Morr.................. 85 
ODONTOPTERIS (ex parte), Stern.............. . 120 et 182 
OTOPTERIS, Lindl. et Hutt....................... 120 
OTOPTERIS, Schimp.......... ésseeeseseseesse 182 
Otopteris acuminata, Lindl. et Hutt.............. S 163 
Otopteris Bucklandi (ex parte), Schenk............ 131 et137 
Otopteris Bucklandi (ex parte), Schimp............. 137 
Otopteris graphica, -Bean............:............. 153 
Otopteris obtusa, Lindl. et Hutt..................... 137 
Orozaurres, Fr. Braun.......:....1.....%,104030 400 L3S ES 
acuminatus, Brongn...................... ls 107 163 
128 : 


TABLE ALPHABÉTIQUE ET SYNONYMIQUE. 345 


Planch. pag. 
OR. ds. ut du : 155 
nn Fr. Daud.. ::....:...1. site 99 136 
NS, 5, ad 147 
brevifolius (ex parte), Schimp................... 131 
Moonsnarlii, SChimp......,,,.,,....-v+ed.ces 103 155 
OT ET PR 96 129 
Bucklandi var. major, Brongn................... 149 
vider: 95 128 
nu 110 et 114 177 
0 ou os 103 153 
clagens, Sap............ EL IS Se RE 177 
CT Re RES ET 95 128 
TL PR Er 103 155 
Dong... tes AU 186 
icaunensis, Sap..................: —" Hal ives 157 
Di: cdi 100 et 101 143 
is sa di + 4 Pau a 80 2 94 127 
lagotis, Brongn................ ES PRET 110 179 
RS MON... vies cs axlo ed 389 
nr aus trees 97et98 130 
2 102 149 
LT SSP PE 96 129 
SE RS 109 168 
D ee 108 166 
2... au nn 137 
pterophyiloides, Brongn. 104, 105, 106, 107, 108 et 110 157 
pterophylloides var. icaunensis, Sap............. 108 158 
CL CRE PO LE 101 146 
LT SE PE RER ei 109 170 
D nn te ll do ls 99 141 
nd, Shimp. 24. Gounves 183 
DE, ABUS cie ait gs cer 96 129 
SCC PRE I RE 96 128 
à 
D ADOZANIA, Endl.:.:..:.5..::,.;,.4. mice 85 
Pecopteris Reglei, Brongn........ Rs Les des 171 
DIR. SD... at dun terne à di 1:870 
OS, MD. Un ue 121 281 


micromyela, Sap....... énorme: INNEMSS 120 278 


346 TABLE ALPHABÉTIQUE ET SYNONYMIQUE. 
; - Planch. Pag. 


Pepozaurres, Fr: Braun:.::.::-.:..:.::5/2600 00 79 
distihs, SChimbis its sis PVO SES 16 44 
parvulus, Sap..::,:,..:. 5:54: 10008 +3 FAT. G 83 82 
? cuspitatus, Sap....:....,..: 14 Hem, 92 83 

PTEROPHYLLUM, Brongn............ PRE LE 43 

"sJœgeri, Brongn.,:.....….....:,.0:44 5800 80 43 

Prenozaurres, Schimp. ....:::.:. SSSR 43 
Comptus, Schimp:......:....:.4: 54000000 Hs 43 

PTILOPHY LLUM (ex parte), Morr................. 85 

S 
SPHENOZAMIA (ex parte), Pom.................,. 181 
. SeuenozauiTes, Brongn......:...,.,.......4488 181 
Brongniartii,:Sap....:.............,..:004084 112 186 
Jaflqiius, :SAD.....:.: 4 RNA 112 et 113 188 
latifolius (eœ parte), Sap.................3 Mont. 186 
Rossil, Zign.......::..,..:...:.%2:30 OS 114 191 
U 
ULOSPERMUM, Pom...........:... ARE SE" jean | 235 
Ulospermum lucumeæforme, Pom................... 242 
A 

ZAMTIA) Brongn. :...... css. votre s tre 85 

ZAMDE, Eindl. et Hutt.i,,,..<:s,,:.,, RU 70 et 226 

Zamia Brongniartit, Morière...................... 328 

Zamia crassa, Lindl. et Hutt.:.................... 63 

Zamia Feneonis, Brongn.................... EUR 100 

Zamia Goidiæi, Brongn. 2.344514 cames « 128 

Zamia Moræana, Brongn.. (ms).................... 92 

Zamia Youngii, Brongn......... NET RAT 128 

ZawiosrroBus, Endl............................... 225 
Crassus, SCRIMP: 05400 PT PER O1 a + 0768 
Index, SA... 5-40 eV Rte eLE 117 233 
Ponceleli, San... 444 eserimi en di 117 230 


Saportanus, Schimp...........44.,.....1tMe sis: ri 


TABLE ANALYTIQUE ET SYNONYMIQUE. 347 


. Pianch. Pag 
ÉRIC ES 84 
ni mer gear des 86 97 
LR SE ne TM PR EE 100 
En Pre. 125. 1 Et di 131 
Bucklandi (ex parte), Brongn.................... 129 
0 ie re 93 108 
NP PO RENE” SR 94 117 
ET es 0 0 MP 93 4115 
SRE TR FR ot 93 114 
Feneonis, Brongn............ 87, 88, 89, 90,91 et 92 99 
Feneonis var. Articulatus, Sap.......... 90,91 et92 100 
gigas, Morr........ Re D CEE Te de 81 56-64 
ml 186 
OÙ Ra DORE TT nn UD LIÉE 143 
in Nr rei dd 127 
Un OS RSP Aee 7e 179 
ne av gene 92 
ns POUSSE En TRE 8ket 85 92 
a RS RS nt 92 111 
amiens ro osies 92 109 
OR LR PE 93 112 
LS PORT RE A 114 
ZAMITES (ex parte), Corda....................... 226 
NT (er perte), Presl..............:........ 19 et 283 
PO (eu port}, Ung..................:....: 120 


FIN DE LA TABLE ALPHABÉTIQUE ET SYNONYMIQUE. 


su 
. 
\ : 
: cr se he 
à e GNT dE ER * 
ch Fatettihk RE at 
> RE PE TT à ; 
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. * 7 3 hs 


é mt  étitt atie, mtontit:. st sun 


TA 
CADRE — GÉNÉRALITÉS ......./:....1 00 1 
Section 1. — Frondes, pétioles, me gemmaires...... 65 
nn Codes... LE PRÉ NU 65 
iles: 1. 2 Re 79 
TS de TE 84 
1 EN 119 
LT RSR 181 
SES 193 
Genre Cycadolepis........:....... me dune de sie ER ere ES 200 
Section 2. — Organes de lafructification, mâles et femelles. 204 
JS  ÉFRSt  R 204 
OO: de coca cet 214 
UT LT es PORTE UP IP EP PT 225 
Poe: Cucodenenerah  ;..:... 0... 7e. 235 
Section 3. — Tiges et parties de tiges................... 245 
D ODOMR. 2 ue. iditecc sc. 256 
Gone Cylindropodium …....….,;:...:....1.1.:..:... sr: 08: 
Genre. Platylepis............... MM ares 6 MES SE Den: 276 
D Clathropou nn er rie cie 283 
Genre Füitlonia............... PRIOR Os Do ren te à ‘ 302 
Genre Cycadeomyelon....................... Re 331 
te OR ECTS SRE 336 
Table alphabétique et synonymique................... 341 


FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. 


du s'obtient. 1) dt 


ERRATA ET ADDENDA 


Page 49,ligne 10, au lieu de : Bennenites, lisez: Bennettites. se + 
— 51, — 17, Cest à la suite des C/afhraria, ajoutez: nommés 


originairement Blucklandia par 
Presl et dernièrement aussi par, 
M. Carruthers qui leur a restitué 

cette appellation. 


— 53, — 13, au lieu de: Benneneties, lisez: Bennettilées. 
— 58, — 17, — _ilen est dans le mode, Zsez: il en 
À ; est dont le mode. 

264: 28, - — Lehmari, lisez: Lehmanni. 

— 62, — 22, —  mäicrophylla, —  megalophylla. 
— 62, — 24, — Schimser, —  Schimper. 

— 81, — 6, —  régulièremnet, — régulièrement. 
— 100, première ligne de la diagnose, au lieu de: fræquenter, lisez: 

frequenter. 


— 109, ligne 15, selon Les indications de M. Hébert, ajoutez: M. Hébert 
consulté tout dernièrement serait porté à reculer d’un étage 
au moins le niveau des couches d’où provient le Zamites 
claravallensis, circonstance à justifier la distinction de cette 
espèce d'avec le Zamites Feneonis. 

— 119, ligne dérnière, au lieu de : ignotæ, lisez: ignoti. 


— 120, — — ernièrement, — dernièrement. 
— 129, ligne 23, au lieu de: Olithe, Zisez : Oolithe. 
— 133, — 29, _— Favre, — Fabre. 


— 133, ligne dernière et 134, ligne 1 (Vallon de Rieumenou et de 
Chirac) fermez la parenthèse après Rieumenou. 
— 134,liÿne 9, au lieu de: phatyphylla, lisez : platyphylla. 


— 136, — 2, — lator, —  latior. 

— 149, — 12, après ces mots: lingulato-lanceolatis antice, repor- 
ter la virgule après le mot Zan- 

ceolatis. 

— 158, — 16, au lieu de: pl. 107, lisez: pl. 108. 

— 166, — 11, après ces mots: basin versus, supprimez la virgule. 

— 1178, — 2, au lieu de : également, lisez : inégalement. 

— 184, — 9, —  Sphenzoamites, lisez: Sphenozamites. 


— 189, — 10, — de un, — d'un, 


352 


Page 190, 
— 201, 


7 à 
“HE 21, 


— 226, 
— 239, 


Id. 
— 293, 


— 307, 


1308; 


ne, 
— 18, 


ER RATA. 


au lieu de : des tolé: lisez : : de la foliole. 


dans les coussinets, ne donnant ja- 
mais lieu, Zsez: dont les coussi- 
nets ne donnent jamais lieu. 

Cornrash, lisez : Cornbrash, 

les ovules eux-mêmes disposés par 
paires et la paire supérieure plus 
écartée, lisez: les ovules eux- 
mêmes sont disposés par paires 
et la paire supérieure se trouve 
plus écartée, 

abaxi, lisez: ab axi. 

monte à la superficie, Asez: montre 
à la superficie. 


2H ne dernière, ‘ajoutez ce qui suit : il serait encore possible 


que cette graine eût appartenu, 
non pas à une Cycadée, mais à 
* une Conifère voisine des Salisbu- 
rya ou bien encore à ce genre 
- lui-même, dont il existe des ves- 
tiges reconnaissables dans le Ju- 
rassique des régions arctiques, 
ainsi que dans le Wéaldien d’Eu- 
rope.. Nous reviendrons, à propos 
des Conifères, sur la présence 
constatée des Salisburya ou Gincko 
dès la seconde moitié des temps 
jurassiques. L'honneur de cette 
découverte doit revenir entière- 
ment à M. le professeur Heer qui 
_ vient de nous la signaler. 


au lieu de : Cycadoidea de Buckland, Æsez : 


—: en note, 


= 45, 


Cycadeoidea de Buckland. 

donné, lisez : abandonné. 

radiatim partitos prædito, lisez : 
radiatim partitos aistrneee es 
dito. 

Nordwestdentsch., isor + Nordvest- s 
deutsch. ve 


._gemmarun, lisez : gemmarum. 


Conpeiz, typ. et stér. de CRÉTÉ ris. 


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UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY 


2 Orbigny, Alcide Dessalines d',. 
755 Paléontologie française 

Frs 4 

07 

sSect.B 

2.5er. 

t.2 

Physical & 

Applied Sci. 


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