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MÉMOIRES
SERGENT BOURGOGNE
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SERGENT BOURGOGNE
(1812-1813)
PUBLIES D'APBÉS LE MANUSCRIT Olil GIN AL
PAUL COTTIN
Directeur de h Ntuetlle Jlnae rilmpntm
UAOBICE BÉHADLT
SIXIEME ÉDITION
PARIS
LIBRAIRIE HACHETTE ET C"
■W, BOULEVARD BAI NI-HEK HAJM , TS
1*14
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AVANT-PROPOS
Fi II d'un marchand de toile de Condé-sur-Ki cnot (Nord),
■— à une époque où le r(ve
que lurent
nemi (wiitire). A la Bn de la Révolution, eu l'on XII, dam corps
de veliles, de W hommes chacun, furent attaché» am grena-
dier? s pied et aui grenadiers « cheval de la garde des Consuls.
Un décret dn IS avril iSM décida nue 2 000 nouveau! vélifs
drons. atlar.hés à. chacune des armes dont la Garde se composait,
ils furent répartis dans les corps des grenadiers et des chea-
diers, dea dragons de l'Impératrice, pour la cavalerie.
Bn temps de paii, chaque régiment de cavalerie avait, a sa
anite. un eacsilrrir. ili- vélitts enant Jeux r.o mp avilie s r.lc
125 hommes clliif ', el i->iil|ilh rfgiiiier.: .! mt.iilisTi.- Mn b«taill-:;[i
comprenant deux compagnies de 130 vélttes. En temps de guerre.
! se trouvaient ainsi perlées au nombre de
1 !S hommes. Chacune d'elle! laissait en dépôt, à Pari», 30 vieu.
soldats et, 15 Télites. Le costume de ses derniers était, nalonule-
meut, celui du corps dans lequel ils avalent été versés.
Uarik imjiM-inlc 111 : (:S .;;<::: ;Mpa-s dj iVjssjiî cl Je Sw, et. fu
■i-t-i-l' iT 14' |[|: l.gi..:. en ii'.l. I.'.j; vi-lil-s '.if* :1fla l'usiljii:'-
jTf-.uliL:-; fir.ra: mi-si athi.-.l.i'-s an ir;v...'s rtu prince It,:r^:i6.-i',
i' Tliii:, a di; iirLini; hi-ivip, à Mil a::.
Hi Jr.rraa .i'^arrd \j: '■■.■'il.'.i .': !-.nu\ i' . il i L.i ] i ■ i! H-i. iiye , puiï :'■
duit en Pologne oii il passe caporal 11807). Preux ans après,
prend pan ii la siiii-l:L::ir n-ivii r (i np. ou il est deux ro:
Liesse 1. Dr ISffl! a IB1I, il combat en Autriche, en lispague, e
l'ortugal; 1812 la retrouve a Wilna, où l'Kmpcreur rcunil ;
':»ru»,nv(i]it 4 ■ j|-.,ir;!icr c.uli .■ [ïs llu ; :. /.. !;,..]L-:.-;.-i]i- ; la:t ;li:v-.--i
Ou doit à M. de Ségur une releLiun rie la campagne de B
son «loge n'est plus S. dira. Seulement, pour nous servir
Kipreisi™ ;iii]raaH' : e.l.! nVst piin! w-::- . et M!e ne pouvait
Mtsebe i un étf.l-a jj j-..M. cr Sc^u- n'avait point a endn
souffrances des soldais ni des oMcicrs de troupe, colles
font le grand ir.^rfi Ja .w.w™ d'i Bourgogne, car e'i
■i-jjriint -sn-lK-.nl v:i:. !■! r«-_". .J :' A'nne ij iiii' v.' sai*'»-Lii'-' . ■
voit. 11 ne le cède point, sous ce rapport, au capitaine C
que Loredan Larche» a tait revivre : sel tMUn, devenu:
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ie snut pas moins précieux pour la psychologie
— -^ f ...jo par uns Mtrt.; di: re.m ; lus wraDSIlanls de
'.m? n-lmstpruri! une : in d ijrs miserci. ? est au..' li vrai
-il:nr:-» uV ia hiiiu. '. i-'i-tL-;.- r.-ii.n 1 , ; 1 .1 iil iv.n ... 1 ri [,; : r^L h ! 0 [1 aù.ii
di' la |-amv;i:i ifn Wi'.nj fuyant à l'aspeel , jfî
s::i.i'.r.j. pri-ts à tant dévorer. El, pourtant, on m; peut refuser
... P ui :r-oï-i:e le. piailles d'un -homme de cœur : ses araes
J'f^.si if suul tellement roulis sa nature, que le ieir.ur:is ~r.il
■ ■■ •■ ■■■ ■ '■■ ■ ■ ii 1 ■ 1 ■ ■ nu. : ,.
rf«"> ' - ■<■■ '» iléltelrcat : il ,. vu des soldais
1res (des Croates) n
Il a Vu, faute de lr
mains suppliantes, ..... .
landis que CCL..1 :.<ii hi.iiI eii ■:' rir'::ont |.is-;...|t muets, devant
eu*, en songeant que pareil s-
N.eiuon. Bourgogne "
1) relirai des flammes le? cadavres et les dévorer,
e transporta, alMr.rt'nrisr (rs biossis tendant leurs
tes, se traînant sur la. uei^e rougie de leur sang,
t oui aonl encore debout liassent mneis Hatmii
implore vainenn-L'. lu: aut- , soldats qui (lassent. Seal, Uli
vieui grenadier s'approche.
> Je n'en ai plus! - dit-il en levant ses m 01 pions pour mon-
trer qu'il n'a pas une main a offrir.
Prea des villes oii les troupes croient trouver la fin de leurs
n.iini. le rf île- di-. l'ispi-ri-,.-.» /-:t -îT.altre 1*5 =en'in»n:. lin
pili*. Les laupues ■<-. i!rli.>:il., ,1, s'mr.i-inc. des camarades, un
porte les ylus amlades :. jr d.-s li , 's. Eà.-jrjHiET.e r- vu des sol
dats garder, pendant de-, liaiis, leurs ofaeieri Musses sur leur-
iîjianJiM. N'nsihli.irs If.:- .'t, ik-ssois .:.]■ carar.-.^v 1,1. leur jeufa
lirijlie coiitru vjn.-MiLit d. de ;mL:1. ::a.s,sul .me ni.it sarréi
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nira, encore récents: il prend des notas. Avec les lettres écrites
| s» mire, elles serviront, plus lard, a, rédiger nés tfiauùra. El
alors il se deraaude si c'est bleu Wi o-.iL n (Sit.i toa! ci!j, Iint le
'a pu été le jouet de son iroeginaCan. »
nusaitot', sous le préteite fin - partager, avec
la fardeau de leur travail, pour le soutien
ramille .. Il pensait à un mariage, qui suivit de prés sa lettre au
Ministre.
La Vie de famille aussi a ses épreuves : Bourgogne le sentit
nprsa la perle ds sa femme, laissant deu> tlllea « élever. 11 con-
tracta un second mariage et eut encore deui enfants
Rtabli marchand mercier, iwimo sur. pflre, il quitta bientôt le
magasin pour s'occuper d'oltojres industrielles où il perdit une
partie de son bien. Ses hsriitudes simples, ton tieureui naturel
j'.lH'lreir à SU'.i-li-.rllT lill I1H l'rtril [.( ih -rHIll. |,.-.illi IL . 1
donner nue instruction convenable a ses lllles. Il les adorait ?:
m:i leur inspirer l'amour des arts dont il «tell épris : l'une s'adon-
nait à la peinture, l'autre a le musique, Doua lui-même d'une
jolie hjix, il chantait s la Un des repas de famille, selon la
coutume sujourd-bui presque partout délaissée. Il avait réuni.
retrouvait aussi quotidienu
au eafé où ils Musaient i
rèiinr-sr. '. le nui LïCMr-irs £e l'entrée des Frinisii i Moscou,
ils;isiï;i-.Bnt. a ttr.ir do rClc, daiiiiin gobelet rapport* du Kremlin :
les >iaux solda» de le Garde avalent le culte dupasse.
1. . L'Bmpsrwu uW.nl fias sa France. dit-Il lil-nene oses nue nota
ai « Mtsuilrtt, je donnai n> damiasino. •
1. Bcorgogo» épousa, » fanai, ta 31 aoSi IEI4, TiiSriio-Fonoiléo
dura. Aptes » mon, ,rriv.-, ,-.„ H-.-;. ,1 ,e romiria ivac Pbillppi».
Oodin, orltfnnlra de Timwl.
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MÉMOIRES
SERGENT' BOURGOGNE
Ce Tut au mois de mars 1BI3, lorsque tiuus «lions i
Almeida, en Portugal, à nous battre contre l'armée anglaise,
commandée par Wellington, que nous reçûmes Varia de
partir pour 1» Bussia.
Nous traversâmes l'Espagne, où chaque jour de marche
fut marqué par' un combat, et quelquefois deui. Ca fntdo
celle manière que nous arrivâmes à Rayonne, première
ville de France. »
vâme6 à, Paris -où nous pensions noue reposer. Mais, après
un séjour de quarante tiui: iieurcs, l'Empereur nous' passa
en revue, et jugeant que le repos était indigne de nous, nous
fit I aire demi- tour et marcher en colonnes, par pelotons, le
long des boulevards, ensuite tourner 1 gauche dans la rue
Saiut-llariin, traverser la Villette, où nous trouvâmes plu-
sieurs centaines de fiacres Et autres'voitures qui nous atleo
{1812-1813)
1
D'Almeida à
1
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3 nKucihrs du sbrgbnt boumoobe.
riaient L'un oui i- iii un» t.ilu\ . ntmU mnnlcr quatre Jaoi
la même voilure ei. ('je te cndnr ■ iLsua'à Meaui, puis rar
des chariots jusqu'au Rh-D.eo marchant jour cl nuit
Nom fimea «éjonr a lle/ence, poia nous passftmes le
Rhin; ensuite nous irarcrsimes à pied le «raod ducbè de
rraiicfort". la rY:iocoiie, la -aie, la Ctj»»-'. la Pnln.ne
Nous pesâmes la Vistnlc a Maitenaerder. nous entrlmes
en Poméraole, et, le SS juin ag malin, par un beau temps,
non pas par uu mu; «flif n '»;.,mi je Jil H. do Sègur,
que l'on venait de jeter, et non» soif ira efl en Ltthuauie,
première province de Russie.
i i- :riu)i:. • <|< I i -t> n..ii( p; -iii.frt ^..w:".'. I
de remarquable , mais, dans la noïi du îà au 30, uu brflU
sourd «e Ht enleudm - t'était le tonnerre qu'un veot furieux
00os t;ipnria'l Hw n!"" 4e nn-r-. i in.iu liaient our uns
■êtes et Unirent par morer. Le loooerre el le veul durèrent
plus de deui heures. Eu quelque» minutes, nos foui lurent
d'un village où élait lugê le quartier général. Je n'avais,
pour me guider, que la lueur des éclairs. Tout 1 coup, h la
lueur d'un éclair, je aui- 14*1 :'cvi;ir un chemin, mais c'était
un canal qui cnuduisail à un moulin que les pluies avaient
enflé, eL dont les eaux étaient au niveau du sol. Pensant
marcher sur quelque chose de solide, je m'enfonce et dispa-
rais. Hais, menu au-dessus de l'eau, je gagne l'autre bnrd
à la nage. En Du, j'arrive au village, j'entre dans la première
maison que je rencontre et où je trouve la première chambra
D.;.;i.:i".T V"' 1 ' i':ii;t.'.iiic i.i']:-iirim:-;. ullkkT.i a ili.i ii^ti-
rjues, endormis. Je gagne le mieui possible un banc qui
était place autour d'un grand poêle bien chaud, je me désha-
bille, je m'empresse de tordre ma chemise et mes habils,
pour en faire sortir l'eau, et je m'accroupis sur le banc, en
attendant que tout loit uo; au jour, je m'arrange la mieuï
1. Francfort Mail él* t'igi ou B rMd-dMh«. « 18». pv Ntpolton. —
«■H 4* I'iIkulu di M.jcS™.
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D'UMBUl A IlO&COO. 3
possible, et : r. sors de Is rnaiion pour allti chercher me*
armes et mc.i ,a, . Je reirouic d*:;< la boue.
Le lendemain 30, il fit un tes* soleil qui sécha tout, et,
le même jour, nous amvÀmf à Wii [ia , capitale de la
. Lithuanic, ou iïjiis.îre-ur ut-ait iu-: ; V o, Jiïpnis l;i viillu,' rivcc.
une partis de la Carde.
Pendant le lemps que nous y restlmcs, je reçus une lettre
de ma mère, qui en contenait une autre à l'adresse 4e
M. Constant, premier valet do chambre de VEmpav^r, :jui
était de Péruweli', Belgique. Cette lettre était de ta mère,
logi Hta '* m ' enna conEa ^ sant 5- '« fus où était
que Houstam, le mameluek de l'Empereur, qui mo dit que
M. Lims:.-,[]_ vouait ,u].ir iï,.,.. S,i Uaj^lv II n,' J
attendre son retour, mais je ne le pouvais pas, j'étais de
service. Je lui donnai la lettre pour la remettre à son
adresse, et je me promis de revenir voir H. Constant. Mais
ii lendemain, 16 juillet, nous partîmes de cette ville.
Nous en sortîmes à dii heures du soir, en marchant dans
la direction de Borisow, et nous arrivar.ii;.-, |i >7. à Whdwi..
où nous reucoiitrimes les Hu^ses. Nous nous mimes eu
bataille sor une hauteur qui dominait la ville et les envi-
rjns. L'snutrii ■':lnit en posilinu mis hauteur à droite eL
à gaoche de la ville. Déjà la cavalerie, commandée par le
roi Mura:, avait l'ait phisinurs charges. En arrivant, nona
vime. iijij M-.Uifjtur; .lu ;'.«■ .]■■ IVu-, vi. loua Pu.i-isi,:j,K, ij,;l,
«'étant trop engagés, furent rencontrés par une parue de- la
cavalerie russe que l'en venait de repousser.
Nous les regardions comme perdui, si l'on n'arrivait asseï
lot pour les secourir, à cause des ravins et de la ri.it.iv u, ai
empêchait d'aller directement o. eus. Mais ils sont com-
mandés par des brave» ofuciers qui jurent, ainsi que les
soldats, de 5e faire tuer plutôt que de ne pas en sortir avec-
honneur: Ils gagnent, en se battant, un terrain qui leur était
avantageni. Alors ils sa forment en carré, et comme ils n'es
étaient pas à leur coup d'essai, le nombre d'ennemis qui
leurétaii opposé ne les intimide pas; et cependant ils étaient
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4 MÉMOIRES DU SEBGENT BOURGOGNE,
i uloi.-.rts J*ud régiment de lanciers et par J'ouires cavaliers
irui cherchaient à les en lancer, sans pouvoir y parvenir, de
manière qu'au bout d'un moment, ils Unirent par avoir,
autour d'eni, un rempart d'hommes et de chevau* tués et
..leîics. Iji fut un obstacle de plus pour les Russes qui,
Épouvantés, se sauvèrent en désordre, lui cris de joie de
■ Les nôtres revinrent tranquillement, vainqueurs, s'arrè-
lant par moments cl taisant face a l'ennemi. L'Empereur
cnvnje de suite l'ordre de la Légion d'honneur aus plus
braves. Les Russes, en bataille- sur une hauteur opposée a
celle où noua étions, ont vu, comme nous, le combat et la
fuite de leur cavalerie.
Après celte échauffe urée, nous formâmes nos bivouacs.
Un instant après, je reçus la visite de douiB jeunes soldats
de mou pays, ds Cu:idé; Jii étaic-nl. tauiouv.!!, il:, lunbour-
maille, et le douzième élait caporal des voltigeurs, et tous '
dans le même régiment. Ils avaient tous, à leur cùlé, des
demi-espadons. Cela signifiait qu'ils étaient tous maîtres' ou
prévèts d'ormes, enfin des vrais spa'lassius. Je leur témoï-
i;-::r. ton' lu [plaisir 4^; j Tuais Ici en leur ili.-.Li.L ipn
ji! ' , ^n.-uais d: n'avoir rien à leur offrir. Le tambour-maître
prit la parole et me dit :
« Mon pays, nous ne sommes pas venus pour cela; tout
11 dus prendre votre part de ce que nous avons à vous offrir:
vin, genièvre el autres liquides fort restaurants. Nous avons
eulijvù Km c:l:i, liic-r au soir, au encrai ii; = sj. c'e^-i-dire
cela parce qu'elle est sous ma protection, en tout bien tout
honneur! > Et en ùisai.l cela, il frappait de la main droite
sur la garde de sa longue rapière. « Et puis, reprit-il, c'est
une bravo femme; demandet aui amis, personne n'oserait
lui manquer. Ello.avait un caprice pour un sergent avec qui
elle devait se marier. Mais il a été assassiné par un Espagnol
de la ville de Bilbao. En attendant qu'elle en ait choisi un
autre, il faut la protéger. Ainsi, mon pays, c'est entendu,
vous allei venir avec quelques-uns de vos amis, parce que,
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lorsqu'il y en a pour trois, il y en a pour quatre. Allons!
i\[L SLWLil', lllH"rllC[ D Ht "HUIS li-jllï •îlilIli'S CT: milli', iljtU- S.l
Je leur i;n-;i5 .Varmêi-. i|.n uirmait l'a™): -iinic.
Mous arrivâmes au camp des enfants de Condé; nous
ment une jolie Espagnole, qui nous reçut ayee joie, parce
que nous arrivions de son paye, et que nous parlions assez,
bien sa langue, surtout le rtrafrim Fla:ïi?::t, tic sorte que
nous passâmes la nuft a boire la vin du général russe et 1 .
causer du pays.
Il commençait à faire jour, lorsqu'un coup rte canon mit
lin à notre conversation. Nous rentrâmes chacun chez nous,
en attendant l'occasion de nous revoir. Los pauvres garçons
ne pensaient pas que, quelques jours plus tard, onzn d'entre
eus auraient Uni d'exister
C'était le 2B; nous nous attendions a une bataille, mais
l'armée russe se relira et, le même jour, nous entrâmes h
Witetsk, où nous restâmes quinie jours. Notre régiment
ivvi:;-jil un ilr. fan lourds Ji la Ville.
J'éMis logé chez un juif qui avait une jolie femme et iIpui
filins i-li iriuanini, av;c di-s %im:s uvales. le trouvai, dons
i.i.l. :■ maison, m ». petite L-fi.iur.irrc à l'aire le la Ijlùiî, 'le
l'orge, ainsi qu'un moulin à bras pour le moudre; mais le
houblon noua manquait. Je domiai douze francs au juif
pas, nous gardâmes, pour plus de sûreté, Ilachel, sa femme,
et sc-s deUi filles en otage. Nais, vingt-quatre heures après
son départ, Jacob le juifétait de retour avec du houblon. Il
se trouvait, dans ta compagnie, un Flamand, brasseur de
son état, qui nous El cinq tonnes de bière excellente.
Le 13 août, lorsque nous parûmes de cette ville, il nous
ratait encore deux tonnes de bière que nous mimes sur la
voiture de la mère Dubois, notre canlinicre, qui eut le bon
esprit de rester en arriére et de la vendre, à. son profit, à
ccui qui marchaient après nous, tandis que nous, mat-chant
par la grande chaleur, nous mourions Ue.soir.
Le Ifl, de grand matin, nous arrivâmes devant Smolensk.
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8 HÏHOIHES DO SE AGENT BOUHGDCIM.
[/ennemi venait de s'y renfermer; nous primas position sur
le Champ sacré, ainsi appelé par les habitant» du pays. Cette
vll-ii e-1 . -il I . .1: i r- - (',. ■■nurdiile! tr'.s [orle- -t rie vieiil.^ tijirs,
dont le hnut r,st en hoii; k' Bcrisihèai! (Diniqicr) coule de
l'entre c-i;c et 3'.; p.ed île la viUe. Aussitôt .in en Ht le siège;
et l'on battit en brèche, et, le il au matin, lorsque l'on se
disposait & la prendre d'assaut, on fut tout surpris de la
r.viient coupé .e pont st. .'■!■ l'autre ; -.ô:;. sur uns hmilenr
qui dominait !» ville, ils non» lançaient des bombes et des
houlets.
Pendant le jour du siège, -je fus, avec un de mes amis,
aux avant-postes où étaient les batteries de tiègs irai
tiraient nir la ville. C'était la position du corps d'armée du"
- iTia^cluil Uiiïrnis;.; en nous voyant, et reconnaissant que
nous étions tie la flarde, le maréchal vint k noos et nous
demanda où était la darde impériale. Ensuite il se mit 4
pointer des obusiers qui tiraient sur une tour qui était
rlrv,.nt non*, lin in-tant après, l'on vint le premiir qo; b.»
Russes sortaient de h ville, et s'avançaient riens h riireelio'i
eu nou- Lli.Ti?. De -mie, ii --oi rnsiaiida à un bataillon ti'irt-
tiinviii- l'^.-.» li'a'li'r nrenilr- |ioi : l en svsnt. en cisun k
celui qui le commandait : ■ Si l'ennemi s'avance', vous le
Je me rappelle qu'un officier déjà vieux, faisant partie
do ce bataillon, chantait, en allant au combat, la "chanson
do Roland :
Comhiso tonl-lli! Combien utt-ibt
C'en le cri du soldai uns jluirel ■
Cinq minutes après, ils marchaient * la baïonnette sur la
colonne des Husscs, qui fut forcée do rentrer en ville.
En revenant à notre camp, nous faillîmes être tués par tm
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d'alugidà a boscoo. ". . .[ T
obus. Un autre alla tomber sur une grande ou était loge le
maréchal Mortier, et y mit la feu; parmi les hommes qui
portaient do l'eau pour l'éleindre. je rencontrai un jeune
i.j! !^: do mr.n adroit; il liis:iiL f iar; ■? dur. réfamenl de I»
Jeune Garda »,
1' lan! noir': «éjimr sutoiii' il? teJ.ii viïl-v je lus »i-i:?r lu
cathédrale, aù une grande partie des habitants s'étaient
retirés, les maisons ajant été toutes éoraiée». . .1
La Si, nous partimes de cette position. Lo même jour,
nous traversâmes le plateau de Valoulina où, dcui jours
avant, une affaire sanglante venait d'avair lieu, et où le
brave général (iudin avait été tué.
Noua continuâmes notre route et non» arrivimea, à mar-
ches forcées, 4 une ville nommée Dorogobouî; non» en
parûmes le 24, «n poursuivant les Russes jusqn'a. Viaima,
qui. déjà, était tonte en feu. Nous y trouvâmes do l'eau-de-
i"i.> ■■: ii: [i.'ii l'.r vvrPî. M:ju^ i 'iril.n.ii'jmr::. Jfj rn.'ir di-r jus-
qu'à Gl.jat, où nous arrivâmes le )" de septembre Nous y
1,1.10- .vjdiir. Ensuite, ou fit, citn; tuute l'année, la récapi-
tulation des coups de canon et de lusil qu'il y avait a tirer
pouV le jour où une grs,nde bataille aurait lieg. Le 4, nous
-mi- ] LU ::U. '[:;■ on lUjr.'l'.'; k n. nous r>.'TIC'-"!rAl7ie= l'armé
russe en position. Le de ligne lui enleva la première
redoute-
Le 6, bous nous préparâmes pour la grande bataille qui
devait se donner le lendemain : l'nn prépare ses armas,
d'autres du linge en cas de blçssure, d'autres Font leur tes-
lamuiil, e: d'aUics, [:i=oui:inr.tf . i;hi;>;eul "il dorment.
Toute la Carde impériale eut l'ordre de se mettre en grande
Le lendemain, à cinq heures du matin, nous étions nous
Ii-- arrnoi, eu lionne sec rie psr l.:i. :i II.,.-,-. L'Empereur
passa près de nous en parcourant toute la ligne, car déjà,
ùopi i- plus d'une o.oxi- ii-k. il était s die-rd.
A sept heures, la bataille commença; il me sera l impos-
sible d'en donner le détail, mais ce fut, dans toute l'armée,
une giande joie en entendant le bruit du canon car l'on
élail 'certain que les Russes, comme les autres fois, n'avaient
■ L Dirawilia, p.»r.a < liflivr S (.Mo!con.(\iiH <fe r«*«n>
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S MÉMOlTtES DU SEROEST BOURGOGNE.
pas décampé, et qu'on allait se battre. La Teille an soir et
une partie de la :-.nii, il r^i! i„ml,i une fina e - f TC irte,
mu?. [Hii.il- je,,:-. ,] -: ll!h - : un !fi ,. , :| ^..^
magnifiques.
Cette bataille la:, ccm-mn io::tes no, K raur[ss haiai'te, a
-" UD - ■■ "' lr - 111 :lli ' f ' ^ n.:n,: i -,v.,.r, canl --ir^t mii],.
coups furent tirés par nous. Les Russes eurent au moins
cinquante mille hommes, tant tués qui In,-,-,. x ( uv r f E
lut te dix-sept raille hommes; noua eûmes queranl- t«— . j-
*..:,™,y [,„,■- ..!., ,, l ,nh., l , ,-lon; lr;:i. : , ,„., f ,,„„;, i= s . a .„..e,
forent tuas 5 ur le coup. Co sont : Montbrun; Huard, Cau-
!*inc:mrl (.,. Irf-ro du ; r a^„l i-; LH :r do 1' Empereur), Corn
ykee, M.ii.i.n, Plau.'.ii: !.,:[,■-. , t i.HiMifrt. ( (■ l'.'ra'Vi L
comme d ^" h ^ Bial e nl [ ' lo [ c J, 0S5euca s Pfe* ^ Garde, et
< Sire, un tel général est 'tué ou blessé ., il fallait'ir' l m,
placer de soi;:. Ci; lut de ti tta manière que le colonel Ana
hfirl fut œu,-,;!. J„ n. r.-u r! , r] -„ r [:,'. ■r.i i '[,i..r:.
i 1-..113, ,m ™ moment, à quatre pas de l'Kmpereur q,'i lui
d,l : . Cult n.-l, je vans ,,,,1,11, .:;■.„,„,]; rJI,:, rouf J 1; ,„ ;,
li :<■■<: lr- d:v]fior q.;i ]fl ,.,,,,,1,, l ,,,l,, rl |A. CL
Le général partit au galop, aveo son adjudantn
le s::;ïil i;omrn« aide ;b ciciuij:.
Cn quart il'h^im après, ["ni !i ite ; vmi:i était de
s munir.- it j l'Lraficrr ir qui li r(-i]. : .; :o"i't;ii' f: de
-|iu: te sfi-npi-al ?; f .it l.tessè. il niO:i:ul !:uit jcu.s "a,
l'on a assuré que les Russes avaient perdu cinquante
généraux, tant tués q<ie blessés.
lV,nla„t!m,l i! laH 1 taii;,,,c,i,i: m ,,eQ 1 ^r,e. d.n^re
liJjTisinn commandée par te général Priant : les boulets
■ iraiteritl.u-.ni-. V l ;i ■„n i:,,. ,l ti s, j'e,,,,,:,;'^
. .„..or le champ de bala.lle, i ri=-.c e: épouvantable tableau
avoir. J'élûiB avec. (iisn t -;Vr. Xous a;i;:,i„.= ji),qna,i :■„,:,.,
position qui avait été tant disputée pendant la bataille.
Le roi Morat y avait fait dresser ses lentes. Au moment
□ù nous arrivions, nous le vimes faisant faire, par son chi-
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rurgien, l'amputation de la cuisse droite à dora
de là Garde impériale rosse.
Lorsque l'opération fut terminée, il leur
fit donner a
qu'il commandait et des coups de e abre h ecui qui le com-
brlni./ai. On ivaiL la..'ilviue:i: le ■Jiiii.r^u.^r à sa torjiif.', i
*nn aigrette hlane.î'.e et à iiin manteau flottant.
Le 9 an malin, nous quittâmes le champ de liataille ot
nous arrivâmes, dans la journée, à Mojaîsh. L'arrière-flarde
..les Russes (itait en bataille sur une hauteur, de l'autre coté
de la ville occupée par les nôtres. Une compagnie de volti-
geurs ut de gr-e:i a.Uers, forto au plus de cent hommes du
de ligne, qui faisait (initie de fanant carde, mentait ta
uùtc sans s : Ltniu:i':[!:riLii iiuTn lire d'ennemis qui l'attendaient.
Une partie de l'armée, qui était encore arrêtée dans la Tille,
- les regardait avec surprise, quand plusieurs escadrons de
cuirassiers et de cosaques s'avancent et enveloppent nos
voltigeurs et mu iuermiliers. Mais, suis f'étunr.er et comme
s'ils avaient prévu cela, ils se réunissent, se forment par
pelotons, ensuite en carré, cl font feu des quatre face; kilt
le; [tusses ijji les entourant.
Vu la distance qui les sépare de l'année, ou les croit
perdus, car l'on ne pouvait pa» arriver jn-q'.; a eus pour les
secourir. Un cfILcL.!i- supérieur Je; liesses a'étaut avancé
pour leur dire do se rendra, l'officier qui eommancait les
l/ançsis îéjioiidil relie ,umrne tien en tuant e.jliiiqui lui
parlait. La cavalerie, épou-antee, se. sauva et laissa les vol-
tigeurs et grenadiers maîtres du champ de lia [aille '.
Le 10, nous suivons l'ennemi jusqu'au soir, cl, lorsque
UC.U5 nous arrête!.-, je siii. rumei.-.rice de cr.ntc (lits d'un
château où est ;oi,é l'Empereur. Je venu.:- dïilaolir mon
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10 MÉMOIRES DP SERGENT BODRGOfiSB.
poste sur un chomin qni conduisait au château, lorsqu'un
i! -li ■ml'::,!:-, 1 1 . 1:1 I.' mjltrc ctail rr.tr>..; lu' î IV':,;-
mnjorde l'Empereur. passa pris fit mon posle, conduiront
un cheval chargé de bagages. Ce cheval, fatigué, s'abattit et
db voulut plus se relever. Le domeslique prit la charga et
partit. A peine nous avait-il quittés, que les hommes du
poste, qui avaient faim, tuèrent le cheval, de sorte que toute
la nuit, noua nous occupâmes a en manger et a en faire
euire pour ie lendemain.
Un instant après, l'Empereur vint * passer à pied, n était
accompagné du roi Mural et d'un auditeur au conseil d'État.
Ils allaient joindre la grand'roule. Je fis' prendre les armes
È mon posle. L'Empereur s'arrêta devant nous et pris du
cheval qui barrait le chemin. 11 me demanda si c'était nous
qui l'avions mangé. Je lui répondis que oui. H se mit à sou-
rire, en nous disant : ■ Patience! Dans quatre jours nous
sermin à Mosiiuu, aù vous aurei du repos et de la bonne
nourriture, quoique d'ailleurs le cheval soit bon. •
La prédiction ne manqua pas de s'accomplir, cur, quatre
jours après, nous arrivions dans cette capitale.
Le lendemain 11 et les jours suivants, nous marchâmes par
un beau temps. Le 13, nous couchâmes ou il ; avait une
grandeabhayeet d'autres bâtiments d'une en nstruction asseï
belle. On voyailoien que l'on était près d'une grande Capitale,
Le lendemain (4, nous partîmes de grand matin; nous
passâmes près d'nn ravin où les Russes avaient commenr/:
des redoules pour s'y défendre. Un instant après, nous
entrâmes dans une grande forêt de sapins et de bouleaux,
où se trouve une route très large (route royale). Nm.s
n'étions pins loin de Moscou.
Ce jour-lit, j'étais d'avant-garde avec quinie hommes.
Après une heure de marche, la colonne impériale (H halle.
Dans ce mouinil, j':i|.!'ivi, - un rniliiaire de la tigre ayanl le
bras gauche en écharpe. Il était eppuyé sor son fusil et
semblait attendre quelqu'un Je le reconnus de suite pour
un des enfants de Con dé dont j'avais reçu la visile pris i!c
Wltebsf, 11 était là, espérant me voir. Jé'm'approchni rit lr,i
en lui 'demandant comment se perlaient les amis : i Très
bien, me répondit-il, en frappant la lent de la crosse de
aon fusil. Us sont lous morts, comme on dit. an eli.mip
B'ALMEIDA A MOSCOU. il
d'honneur, et enterrés dans la grande redoute. Ile oui loua
été tués par la mitraille, en battant le. charge. Ahl mon
sergent, continuât -il, jamais je n'oublierai cette bataille!
Quelle iiiiiicheriet — Et, vous, lui dis-je, qu'evez-vuus* —
Ah bahl rien, nna balle entre le coude et ripante ! Àssejun»-
nove na Insisnt, noua causerons de nos pauvres camarade»
el de la jeune Espaannle. nr.ire cantinièra. »
Voici oe qu'il me raconta :
• Depuis sept heures du matin nous nous battions, lorsque
le général Campans, qui nous commandait, lut blessé. Celoi
qu'on envoya pour le remplacer le fut aussi; ainsi d'un
truisième. Un quatrième arrive : il venait de la Garde.
Aussitôt, il prit le commandement el lit battre la charge.
C'est là que notre régiment, le 61", acheva d'être ablmi par
la muraille, CVcl 1» aussi <;iii le» amis fnreot tués, "la
rctium; prise et k ^Vi-..! h!-;..!, r.y.an ! i i^ml .VunLurt.
Pendant l'action, j'avais reçu une halle dans le bras, sans
• [In instant après, ma blessure me faisant souffrir, je me
tirai pour aller a l'ambulance me faire extraire la halle.
: n'avais pas fait cent pas que je rencontrai la jeune
ment, et d'autres que l'on portait sur des brancard?.
» Lorsque nous fumes arrivés près de la grande redoute
qu'elle vîL ce champ de carnage, elle se mit à jeler des ci
lamentables. Mais cefut bien ' " '
leur adressant de deur.-.:!. |i;ir:>lcs. Mais aucun ne l'en tendait.'
Cependant, quelques-uns donnaient encore signe de ' '
tambour- maître, celui qu'elle appelait son père, i
le de vie. Le
:re, était du
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• Élis s'arrêta à celui-là, cl, se mettant à genoux, elle 1 ni
souleva la fête afin rie lui introduire quelques gouttes d'eau-
de-vie dans la. bouche. Dans ce moment, les Busïes firent un
t pour reprenilre la redoute qu'on leor avait
:.C5 la i'ilriill.io:: .:l la taî;OllliiltJc jv
p, li jeune Espagnole jeta un cri
mourant qu'elle soutenait, nie tomba si
Voyant le danger, je voulus la siii,l::\iir, Min ii= la conduira
en lieu de sûreté, où étaient les bagages, sa voiture el les
ïnujuliuktiP. Mais, (lv.h: le siiul bras :|iu; jVais de libre, je
■:■ ii (i3= ! a force, l'm-l Seurco'emciH, eu ;uir;-.s3 tr qui
tprés dix minutes de marche,
>u petit bols où était l'ambulance de
l'artillerie, de la liante. La, Florencia repni ne» sens.
• H. Larrei, lo chirurgien de l'Empereur, lui lit l'nmpii-
:-.,mil le ni; ( ^jc» il : rr.m il meiurpi (cri .i<!:niin.: i.i
la balle que j'avais dans le bras, el a preseul je me trouve
Voilà ce que me riconia l'entent de Coode.0 aoiont, caporal
des voltigeurs du SI' de ligne. Je loi Us promettre de vraie
me voir e Mo'^cu. » Uitiefor? rijjs j restions; mais plut
jamais jo n'ai cnleoilo parler de lut
Ainsi périrent douze jeunes gens de Condé, dans la
mêin irib> ta'.anh- de Ij Ki^oira. le *! <C|iiriuSiv 1ft1ï
Pin dt t abrigè de «env mareht dfpua le Portuyal jav/u i
JJ<Mro*.
BOnn0O3«,
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Le 14 seplejiiLirT, à uisc heure de l'après-midi, après avoir
traversé une grande foret, nous aperçûmes, rie loin, une
éminence. Une demi-heure après, nous y arrivâmes. Les
ui.i qui étaient ; I - ■ j ."= r j j- 1 : point h j:lus fji'iieir.
dai rigng.ni a ceu* qui étalent encore en arrière, en leur
criant : < Moscou! Moscou! ■ En effet, c'était la grande ville
que l'on apercevait : c'était ii lui :ina» pc osions nous reposer
de nos fatigues, car nous, la Garde impériale, nous venions
de faire plus de dm.-.e cents li<uiis s an s nous reposer.
■ C'était par une belle journée l'éio; le soleil rcflèr^ssit
sim' ]-~ .lùr.-.es, las ckic'n-r- .u 1rs painiL- dui-if. Plusieurs
capitales que j'avais vu-.s, telles que Paris, Berlin, Varsovie
Vienne et Madrid, n'avaient preduit en jvr uik: des senti-
ment? ordinaires, mi:< ici la chti-iH était. Jii'ëiCfile ; il y
avait pour moi, ainsi que pour tout le monde, quelque
chose de magique. ' - ■■■ -
toul fut oublié, pour :ie plus pensée lu'au plaisir J'onlrer
dans Moscou, y prendre des bons quartiers d'hiver et faire
■:ks con.pi; tes d'un autre genre, car lel est le caractti-t: du
militai™ français : du combat î l'amour, el de l'amour an
Pendant que nous étions à contempler cette vill , l'ordre
de se mettre eu grande tenue arrive. '
Ce jour-la, j etais d'avanl-garde avec quinze bo nues.el
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H MÉMOIRES DU SBilDgNT BOURGOGNE.
i[i : .ii-6ii , ; :iin;': yai-uVr plQsio.liJ Li|';ii'[i:r> prison-
- :.ieri tir l.i ,:rmd': Mail],: ,],■ ]., y,,- iii,.^
uns parlaient français, il se troLvait aussi, parmi eui, un
j»ps iprétre do la religion grecque), probablement aumônier
J'iiij ii iiMHit/ qui, iiu«L. ]hlvUu: tira uio.i IVilii. i«
paraissant plus triste et plus occupé que ses cofi:p;t_'u-..-iij
d'Infortune. J'avais remarqué, ainsi que bien d'autre, qiri.ii
arrivant sur la :olUrn où nous étions, iùub 1m pr[s -jtui.i-rs
s'étaient inclines o- (iiiïaii-., i plu -sieurs reprises, le «un» :1c
Ij -:-:Tiiv. Jo uiiij.i-.rH-s.n.i ..lu pr,'.;,-,:, f - j, : lu: Jr.iunuil.ii ,,uiir-
quoi cette manifestation : < Monsieur, me dit-il, la montagne
sur laquelle nous sommes s'appelle k Jfs^-Ju-s-uV."
tout bon Moscovite, a la vue de 1b ville sainte, doit s'incliner
et se signer! >
Un instant après, nous descendions Je Mont-du-Salul et,
•PrtjOB auart i'beure de marche, noua étions à la porte de
L'Empereur v était déjà avec son état-major. Nous finie»
halle; pendant ce temps, je remarquai que, près de la ville
ut Pur noli-f. jaur.li.:, i, PB trouvai' un imiuiniu .;i !:■„:■
Après un moment d'attente, Je maréchal Duroe qui, depuis
un instant, était entré en ville, se présenta a l'Empereur
avec quelques habitants qui parlaient français. L'Empereur
leur fit plusieurs questions; ensuite le maréchal dit à Sa
Majesté, qu'il y avait, dans Je Kremlin, une quantité il'imli
vidus armés dont la majeure partie étaient des nia: l'ail e ma
qnu I on avait bit -.)t-.ir cr.i prions, u: qui licaicnL iIl's.
coups de fusil sur la cavalerie de Murât, qui formait l'avanl-
garde, Malgré plusieurs snmmations, ils s'obstinaient a ne
pua ouvrir les portes : « Tous ces malheurcui, dit le mare-
chai, sont ivres, et refusent d'éntendré raison. — Que l'on
ouvre lés porles a coups do eanoal répondit l'Empereur, el
que l'on en chasse tout ce qui s> trouve! >
La chose était déjà faite, le roi Murât s'était chargé de la
. besogne : deux coups de canon, et toute celle canaille se
I dispersa dans la ville. Alors la roi Unrat avait continué de
1» traverser, en serrant de près l'arrière-garde des Basses
Uo roulement de tons les tambours de la Garde se fait
entendre, suivi du -commandement de Garde i uoms ' C'est H
lignai d'entrer en ville. 11 élait trois heures après midi; nous
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
l'wcewdik de Moscou, i i»
faisons notre entrée en marehant en colonne serrée par
pelotons, musique en tête. L 'avant-gaule, dont je faisait
partie, était composée de trente hommes : M. Serraris,
lieutenant de notre compagnie, la commandait.
A peins étions-nous dans le faubourg, que nous vîmes
venir a nous plusieurs de ces misérables que l'on avait
chasses du Kremlin; ils avaient tons des ligures atroces, ils
étaient armés de fusils, de lances et de tourelles. A peine
avions-nous passé an pont qui sépare le faubourg de 1»
villu, qu'i.i. .M'.liiiùu. sji'ii de deîscu-ï lï \h>'ï., s'ivum'a
au-devant du régiment : il était affublé d'une capote do
peau de mouton, une ceinture de cuir lui serrait les reins,
des longs cheveux gris lui tombaient sur les épaules, une
barbe blanche et épaisse lui descendait jusqu'à la ceintura.
[J était armé d'une fourche à trois dents, enfin tel que l'on
dépeint Neptune sortant des eaus. Dans cet équipage, il
marcha fièrement sur le tambour- major, faisant mine do le
frapper le premier : le voyant bien équipé, galonné, il le
prenait peut-être pour un général. Il lui porta un coup de sa
fourche que, iorl heureusement, le tambour- major évita, et,
lui avant arradié Bon arme meurtrière, il le prit par les
épaules et, d'un grand coup de pied dans le derrière, il le
fit sauter en bas du pont et rentrer dans tes eaux d'où il
fiait sorti un instant avant, mais pour ne plus reparaître,
car, entraiué par le courant, on ne le voyait plus que faible-
ment et par intervalles; ensuite, on ne le vit plus.
Nous en vîmes venir d'autres, qui faisaient feu sur nous
den ariHjs diiu-sA--^ : il y tu ■iv.iil i!:,imî qui u'iivnituL
que des pierres en bois à leurs fusils. Comme ils ne bles-
sèrent personne, l'on se contenta de leur arracher leurs
armes et de tes briser, et, lorsqu'ils revenaient, l'on s'en
débarrassait par un grand coup de crosse de fusil dans les
reins. Une partie de ces armes avaient été prises dana
l'arsenal qui le trouvait au Kremlin; de là venaient le»
fusils avec des pierres eu bois, que L'on met toujours, lors-
qu'ils sont'ueufs et au râtelier. Nous s'ùmes que ces misé-
rables avaient voulu assassiner un officier de l'ëtuVinajor
, du roi Moral.
Après «.voir passé le pont, nous continuâmes noire marche
dans une grmue et belle rue. Nous tûmes étonnés de ne
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18 HÊHOlflES DU SEBGKST
voir personne, pas mémo une dai
musique qui jouait l'air Lu uieloij
nous fil tourner L.r-ti^.; L:L-.rir.
dans une rue plus belle et
venions de quitter, et qai c-
ïimea trois dames 1 une croisée du rci-de-chaussée.
qui me prcsrrili mi ïm.ireea.i iie. pain aussi noir que du
cl!-.irrj-j[i et r'. l! -1 -1 1 île l.illyue paile. F,-- Li i emereiai i;t. à
mon tour, je lui en présentai un morceau de blanc que la
cantinière de netre r.^'i aient, >, truire Dubois, venait de me
< initier. La dan.- se aiit \ mii^r et mm à rir ï; .il.;.-» ,.|le
tin: /oucha li.' b;'as, je -i: .■.■h.-. [,,.■ mqijoi, c; je c;.;_U!_iiai k
marcher.
Enfin, nous arrÎTémes sur la place du Gouretnémeat'
Roslopehlu, gouverneur de la ville, celui quf la^îf Tnoeo-
Bier. Ensuite l'on nous annonça que toul le régiment était
de piquet, et qu j , h p «,^ [p qne oe
so,l. ,1,.,-aU -V:..;r: nier. Cela u\mr:^±:, pa- qu'une la ure
"("■-■-': (!) ' : '-"' h > l-'-ace 'Hf.it .a-nvei-r de Ical ,:e qur L'un peut
désirer, vins de toutes espèces, liqueurs, fruits confits, et
line quantité prodigieuse de pains de sucre, un peu de
tanne, mais pas de pain. On entrait dans les maisons qui
-'' I 1 ■ l"!"-'.d..M boire..,, à manuiT, c!
.Nous aiLOr.i i-.aM: ti.,1,..- r:e-:e feu- b, -, ;,n j'v, r ,i l.. lu
palais, où, à droite, se truuvai: une eiiamhre asseï grande
pour y i;niu,:n.r Uni; le- b. n nu-- .1 . c: audqi;e'i ul li-
ciers russes prisonniers que l'on venait de nous cou, luire , i
que l'on avait trouvés dans la ville. Pour les premiers que
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non! avions ^omluLts ji^.-.ii'ririjiA- rte Moscou, nom les
liions laissés, par ordre, a l'entrée do la Yille.
Lapilui, ,1.. :■,,■■.-,.,.„.„,■(:-'. n.«,v , TÎI -,:i ; , a oojip li u l" I '■"■[!
LUIi: = -■"'■■..pû..'".;. iJr„;> I» I |„ k or.,,,*',,,..,
In.i: veut i n [ .1 «s.-p.ljors tïf'i kr;-: .:. fjuî >ri]]t pi,..-,",
à droite et finissent par sa réunir an premier où se trouve
un grand salon avec une grande table ovale dans 1 0 milieu
ainsi qu'un tableau de grands dimension dans te fond,'
ifpi-H-rniant Alexandre, empereur de Russie, à cheval. Dor-
aperoMt sur la droite, une.épaisso fumée, ensuite des tour-
h:.er,H .1" ik-mi-s, fïn . ; r«j,c=[i i,-r,i. ,!',-„ c( .], ,, r(: , v ,-,.
r.J-lt. .Mb -lji : ■ : r U . s :,,„. I- fi-.i diU .t.. q„i cst !e
qusirl|.;r ,1 . 5 m;i:-,-hiv...!< : u l'robFih L..:rr..mt, .tisa-1 on, que M
sont dei maraudeuiu de l'armée qui ont mis le feu par
'™V™™<M,^ a enl,*Miwh s ma B lsi " a Pour- chercher
■ beaucoup d'autres, nous avons pensé le
■sonnes qm u ont pas fait celte campag
'' •'"■ | 111 ■■" M^oin ni i, |,,ric r fril i.w. . la
1 ~oau. ■■:■.»:> .I n,
. » r-""-'^ ™u île pas incen-
dia h vi.Ip, m. li; emporter ou jeter dans la Moskowa In
vivres, ravage. )e psïs k iix | ii?ueg 4 j,, r0Bdei oaose qlj(
" I" 1 " ■ 1 lh -' une p- ni'.' Jn p.\cï r:M rtpsertr,
et, au bout de quinze jours, il aurait fallu née essai reroenl
partir. Après l'incendie, il restait encore asseï d'habitations
pour loger toute l'armée, et, en supposant qu'elles foasenl
Imites tir" !.;,■„, les ™ vi . s é:aicnt ],,.
A sept heures, le feu prit derrière le palais du gouver-
neur : aussitôt le colonel vint au poste et commanda que
Ion fil partir de suite nue patrouille de quinie hommes,
dont je lis partie : M. Serrans vint avec nous et en prit le
..•ùi.i mm, ,],„>.„'. „',,,,= ■.-.„. ,r.im,v= ,>„ -,],, d;ms |., , Jir „,.
t.ion du li.-u, muiH, [Hn,- „i ln . .. |u
qu. il,-, i;. i.,,. J r I . . ~ i I ^ t.i. :■ -■ r i:, (,,. - .. „| ,| ,.'.|'. .
direction, vinrent nous saluer Pour le moment nous n'v
fîmes pas grande attention, croyant toujours que c'étaient
des soJdMa d« l'année qui étaient ivres. Mai,, cinquante pas
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dangereuse, puisqu'elle ne L'empêcha pas île marcher. 11 fut
décidé que nous rciinnii-riims de := ■ i Lto où était le régiment;
mais, a peine avions-nous tourné, qns deuï autre» coups de
'ijmI. lire- ili ]ii rrii]L..-r- (!]].l:ï:il. iicn- !in."L .■iKintfi ds réso-
lution. Ile suite ii tut liociilé du viiir la chose de plus près ;
noos avançons contre la maison d'où nous croyons que l'an
Tenait de 1 tirer; arrivés a la porte, nous l'enfonçons, mais
alors noms rencontrons neuf grands coquins armés de lances
at.de (Mils, qui se présentent et veulent nous empêcher
d'entrer. .
Aussitôt, on combat s'engagea daos la cour : là punie
n'était pas égale, nous étioos dii-oeuf contre neuf, mais,
croyint qu'il s'en trouvait davantage, nous avions com-
mencé par coucher à terre les trois premiers qui s'offrirent
à no* coups, lin caporal fut atteint d'un coup de lance
entre ses liuffleleries et ses habits : ne se sentant pas blesse,
il s.iisit la lauu' de son adversaire qui se trouvait intlnimeat
plus fort, car ic caporal n'avait qu'une main libre, éLaot
'.ib.i^c île [l'iii: flivil île l'uulic; l.llil jû:e avec
force coolrc la porte d'une cave, sam cependant avoir lici-
te bois de la lance. Dans le i-omcn'., U> lluçsc tomba blessé
de deuï cinips ';n li.û v;n('tlC. r.\)IIL;i 1Y1V -un fP.L:v,
venait de couper le poiguet à un autre, afin de lui l'aire
ladin- sa ;ûticc, nuiis, comirc il mi"i,[.;;iit iiii^ic. il l'v.t
aussitôt atteint d'une balle dans le cité", qui l'envoya chez
Pendant ce temps, je tenais, avec cinq hommes, les
quatre autres nui nous restaient, car trois s'étaient sauvés,
tellement serrés contre un mac, qu'ils ne pouvaient se servir
prrix" de lit '.- bai'Jiincll'!? qui r s'; m croispp- sur leur"
poitrines sur lesquelles ils se frappaient à coups de
p.iin:. comme | ■ mus braver. Il ijut I i iiu : m, nue
malheureux étaient ivres d'avoir bu de l'eau-de-vie qu'on
leur avait abandonnée avec profusion, de manière qu'ils
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hommes qui s étaient sauvés : ru nous voyant, ils furent
tellement saisis qu'ils n'eurent pas. le temps de prendre leurs
aimes, sur lesquelles nous nous jetâmes; pendant te temps,
Mon Dieu' . Nous ne lui finies aucun mal, mais nous le
réservâmes pour nous servir de guide. 11 était, comme tes
outres, affreux et diisoùtaot. îurgai (.umiiio eui, et habillé
rie peau de mouton, avec une. ceinture de cuir qui lui ser-
rait les reins. Nous sortîmes rie la maison. Lorsque nous
fûmes dans la rue, nous y trouvâmes les deui forçats qui
avaient sauté par la fenêtre - un était mort, ayant eu la
tête brisée sur le pavé ; l'autre avait les deui jambes
Nous les laissâmes comme ils étaient, et nous nous dis-
posâmes à retourner sur la place du Gouvernement, Mais
quelle fut notre surprise lorsque nous vimes qu'il était
■ ■ : - "ails le fou : de la droite
plutôt l'air d'un ours que d'un homme.
Apres avoir marché deui cents pas, nous trouvâmes u
tr no Ira droite
a y engager, n
;r la maison aux cours du fusil,
qui paraissait de très belle apparence. Nous y fîmes entrer
notre prisonnier, en le suivant de pris; mais à peine avions-
nonspris ces précautions, qu'un cri d'alarme se fit enten-
dre, et nous vîmes plusieurs hommes se sauvant avec des
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
tO MÉMOIRES DU SEHGENT BOURGOGNE.
torches allumées & la main; après avoir traversé une grande
magnjfiquo. Aib.h1 d'y entrer, nous y laissimos iIrux
hommes en sentinelle' à la première porte, afin de nous pré-
venir, s'il arrivai! que nous fussions surpris. Comme nous
avions des bougies, nous en allumâmes plusieurs, et nous
entrâmes : de ma vie, je n'avais vu d'haljilation nu un
ameublement aussi riche et aussi somptueux que celui qui
s'offrit à notre vue, surtout uns collection de labfcau* des
Écoles flamande et italienne. Parmi toutes ces richesses, la
chose qui attira le plus notre attention, fui une grande
caisse remplie d'armes de la plus grande beauté, que nous
mimes en pièces. Je m'emparai d'une paire de pistolets
d'arçon dont les étuis étaient jurais ds perles et do pierres
précieuses; je pris aussi un. objet servant à connaître la
torce de lu |:u- ■■:itj h> prouvât).
Il y avait près d'une heure que nous parcourions les
vestes et riches appartements dlun genre tout nouveau pour
nous, qu'une détonation terrible se flt entendre : ee bruit
parlait d'une place au dessous de l'endroit où nous étions.
La commotion fut tellement forte, que nous crûmes que
qous allions être anéantis sous les débris du palais. Nous
descendîmes au plus vite et avec précaution, mais nous
fûmes saisis eu ne voyant plus les deui hommes que nous
avions placés en faction. Nous les cherchâmes asseï long-
temps; enltn nous les retrouvâmes dans la rue : ils nous
dirent qu'au moment de l'explosion, ils s'étaient sauvés au
plus vile, croyant que taule l'habitation allait s'écrouler sur
nous. Avant do partir, uous voulûmes connaître la cause de
ce qui nous n.vait tsnt épouvantés; nous vimes L dans une
grande plaça a manger, que le plafond était tombé, qu'un
grand lustre en cristal était brisé en milliers de moreeaui,
el tout cela venait de ce quo des obus avalent été placés, à
dessein, dans un grand poêle en faïence. Les Rosses
avaient jugé que, pour nous détruire, tous les moyens
étaient bons.
Tandis que nous éLions encore dans les appartements, a
foire dea réflexions sur des choies que nous ne comprenions
pas encore, nous entendîmes crier : Au fiu! C'élaient nos
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I i-Jii.ijc lut tout en feu. Au bout d'un quart d'heure, le toit
en tôle oolorié el verni s'écrouia avec un bruit elfroyable et
entrain» avec loi les trois quarts do l'édifice.
Après avoir fait plusieurs détours, noua entrâmes dans
une rue assez largo et longue, où se trouvaient, à droite et
à gauche, des palais superbes. Elle devait noue conduire
dans la direction d'où nnus étions partis, mais le forçat qui
nous servait d« guide no pouvait rien nnus e.aieïjwr'. il ne .
nous était utile que pour portef quelquefois notre blessé,
car.il commençait à marcher avec peine. Pendant notre
marche, nous vîmes passer, prés de nous, plusieurs homme»
avec de longues barbes et des ligures sinistres, et que la
lueur des torches a incendie, qu'ils portaient à la main,
rendait encore plus terribles; ignorant leurs desseins, nous
les laissons passer. - ■■ i
Nous rencontrantes plusieurs chasseurs de la Garde, qui
laient la ville, et que les hommes que nous avions rencon-
trés étaient chargés de celte mission. Un instant après, nous
surprimes trois de ces misérables qui mettaient le feu ftun
temple grec. En nous voyant, deux jetèrent leurs torches et
s* HU-VIY Lit. nous ?.]i;>:-(Kl;,iii]'> (il: ([■.jisM-ino, qui no v.n.iK.L
pas jeter la sienne, et qui, au contrai r:, l:.l i.iIol! .i m. i:rn
son projet à exécution; mais ùn coup de crosse de fusil
derrière la tète nous lit raison de son obstination.
Au même Instant, nous rencontrâmes une patrouille de
fusi liera- chasseurs qui, comme nous, se trouvaient égarés,
Le sergent qui la commandait me conta qu'ils avaient ren-
qu'il s'en était trouvé un à qui il avait été oblige d'abattre
le poignet d'un coup de sabre, afin dejui faire lâcher prise,
gauche, pour continuer de ine|tre le "feu : ils furent obligés
de le tuer.
Un peu plui loin, lions entendîmes les cris de plusieurs
femmes qui appelaient au secours en français : nous
entrâmes dans la maison d'où partaient les cris, croyant
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leurs effets, parmi lesquels se trouvait la rohe do César, le
casque Je Brutus et la cuirasse de Jeanne d'Arc, car ces
daines noua apprirent qn'iTvs s: mm; ix-..-néiiiL'-T]es, et Fran-
çaises, mais que leura maris étaient partis de force avec les
. Russes. Nous empêchâmes que, pour te moment, la maison
no fui brûlée; nous nous emparâmes de la police russe, ils
cirant niMiri!, ru. us filniii: i«iiin;s :'i nuire réduniut qui
était toujours sur la place du Gouvernement, ou nous arri-
vâmes aprCE bien des pc'iies, i dc.u heures du malin, pré-
cisément du coté opposé à celui d'où nous étions partis.
Lorsque le culuiiel mt q:;-; nous étions (Je retour, il vint
nous trouver pour nous témoigner son mécontentement, et
nous demanda compte du temps que nous avion; patsé.
depuis la veille à sept heu:n= lin soir. Mais i-.irsqu'il vit nos
prisonniers et notre' homme blessé, et que nous lui eûmes
conté les dangers que nous avions courus depuis l'instant
uù nous .-tions pm-.is, il nous ii.t qu'il étui: salifiait de nous
revoir, car nous lui avions donné beaucoup d'inquiétude.
En jetant un regard sur la place où clail bîvaqué le tV>'i-
ment, il me sein bis it v.iir une réunion de- tous les peuples
du monde, car nos soldats étaient vélus en Kalinool^, en
Chinois, en Cosaques, en Tartares, en Persans, en Turcs, cl
um L-.ulie puj.-i.iu tuiiu-rlc t'.c ridie.-; L<:-.i-rnrf;s . Il ri, ai.ul
iniin; qui étaient Inihillr-' r.ver. dps habita de cour a la frail-
du vin el de; liqueur-; un ■ni.iji'.iiL', peu d:. viande fraiche,
beaucoup de jambons et de gros [lisams, un peu de farine,
mais pas de pain.
liu jiuu'Fi, I'.. Iï 1 ■ - : i ! o.in i.lt no-.ro arrivé:, le ri^nr-n:
quitta ia place du Gouvernement à 9 heures du malin, pour
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se porter d an ~ le? iinvi™? ju Kremlin, où l'Empereur Venait
de se loger, et, roui:™: il n'y rivait pas vingt-quatre Ircur:::.
que j'étais de sortir,.:, je fis lai™': svn: i|i,in/e hommes, bu
j-.il; i= du pni»e:':i!'Lir.
Sur les dix heures, je yis venir un général à cheval; je
Crois q.if c'étiiil li: (.-.': [[.''j'fj lVii:My Il (lorjJuis8.it; Joviirji
W'i) cIi jv.lI, un iuJiv.Ju jeune ■ '.eriir, ■.■.v.u il'ii.-.n f.f.y.n::. i l.i
pr.'.iu .lu ins-.ltiin, lïiii: un.; :■ 1 1- rh; UiiiJ.J vuuffi. Le
f;.' nii :■ [il me demanda si j'étais le chef du poste, fit, sur ma
réponse affirmative, il me dit : < C'est bien ! Vous allai faire
]ir.:l).lrc, un.': ■.crr.lj:: h I i j-j.iiu, inr'.iiirt h l'.-i .111 v.iî.iis 01
^Auss^'e'com dai tre h V ' ti
do l'ordre du général. Mais le soldai français est peu propre
pour des exécutions semblables, de sang-froid : les coups
qu'ils lui portèrent ne traversèrent pas sa capote; nous lui
y,uif il u'.-,Y5i[ pis l'.\i: d'un urçat-. nids [1; pjriLT.li, Lu u jours
présent, *li:i dr. roir yi l'on cïéiiutail ses ordres, ne partit
qu: |.jr:. : .;..'il vu Ir Jiinllieiu s I ■ . 1 11 ti- -r- il'ui-. o.ujp jie i'us.l
dans le eùlé. qu'un soldat lui lira, plutôt que d« le faire
■ (ju:l:ir par r.o.pE lie Ijai'emiru-:. y.au* ',e laissilmes sur
Un instant après, arriva un autre 'individu, habitant de
Moscou, Français d'oiiMinc. e! l'arisiia. se disant propriétaire
de l'établissement des bains. Il venait me demander une
Quelques heures après notre malheureuse exécution, les
hommes du poste vinrent me dire qu'uni: foin un.', passant
sur la place, s'était jetée sur le corps inanimé du malheu-
reux j™ne homme. Je fus la voir; elle cherchait à nous faire
euiupremlre ij.ie i-'wait son mari, ou un parent. Elle était
assise à terre, tenant la téte du mort sur ses genoux, lui
1 t pied d. la GarJ. inptridi. W'« * l'awuff.)
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passant lu main sur la «pure, l'embrassant quelquefois, et
sans verser une larme. Enlln. fatigué de voir une scène qui
me saillait le oœur,je la ils entrer où était le poste; je lui
;>[■■.;. i;u lai il-, verre de l^qimur quelle avola lu -.iai'ii', et
puis un aecond, ensuite un troisième, et tant que l'un viniluL
lui -u donner. KIL: liait |nr nous k-.ii.- ctniiprernir-! pi"i I t
. renierait pendant trois jours où elle était, eu attendant que
l'Lidmd» mon soit rc^u^ilé; on eela, elt: p.;:„„iL (ra rr.
laTulgiir» des Rusées, qn'au bout de trois jouri l'on revient;
elle Unit par s'endormir sur un canapé,
A cinq heures, notre compagnie revint sur la plate; elle
elalt de nouveau commaudéo de piquel, de manière que,
croyant me reposer, je fus encore de service pour vingt-
quatre hatirsa. Le resta du régiment, ainsi qu'une partie du
reste île la Garde, était occupé à maîtriser le feu qui était
dans le» environs du Kremlin: l'on en vint à bout pour un
moment, mais pour recommencer ensuite plus fort que
ilanl après, et le caporal qui la commandait
moment où il arrivait, l'Olabli s sèment
a bruit épouvantable, et que les étincelles,
'n par un vent d'ouest, avaient mis le feu
cûté; mais le second, qui était un J
indépendamment de son sabre, avait enedre une ceinture
remplie de carlouob.es, ne voulait pas se laisser rlsfi,rraer,
et . COni!i:o n li^ N,;, |iv,ii,;,K ,1 ,:,,i ; JimIi ,,,ri
Hlpit Ho la mill™ ,w,i,.:,.t,i I* — : __■ .
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
recommença dans les tariront du Itrcm-
ncore à le maîtriser. Main le 10, à trois
il recommença avec plus do violence, cl
avions envie de visiter les demeuras fit les caves des sei-
ynuurs [nus ■.iv.-cf, non- ('■Iin;:s l'.:jt ai'i , 'irapncncr,
chacun, par un homme de la compagnie, muni de bougies.
Mes camarades connais s aient déjà un peu le chemin,
pour l'avoir fait deux [ois, mais comme tout changeait s
fumes
synagogue, temple
allemand, il nous (
et d'autres de sa ra:
d'un pareil désastre, nous demanda si nous n'avions rien a
vendre, ou à changer. Je pense que c'est par habitude qu'il
. nous fit cette question, car, pour le moment, il n'y aval! pas
A('n.-' ■l'iji:' l'.v.fi:-.} '.i|uïi:i!is o.iAilii:]-.. rlrnlt tliij i.T..in.t:
■ ur.il; «tait en feu, et avoir remarque beaucoup de belle!
rues encore intactes, nous arrivâmes sur une petite place un
peu élevée, pas loin de la Moskowa, d'où le juif nous fil
remarquer les tours du Kremlin que l'on distinguait comme
en plein jour, à cause de lj Sueur îles Ibmmes; nous cous
Iti-HiirniIS lui L.sl.iul .lilii- ;e nn.irlier. paiiï visi:;!r mit- tw
; ; .'ul. i[iif[i[i;i'i lanoo.'ï .I i Ij. ijv.:h t... riaient. Non; y
primes du vin et du sucre, beaucoup de fruits conXH»; nous
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
j:a ■.^ar gl :im<« ].: juif, q„i p ,. 1rti1 loul S0I1S u p-,^^,,..
II ilail jour , orsque „ ou , arpiv4lne5 pré5 dc b L ., c
^-.•mte d» Kremlin : dc-os passâmes soa 5 ,,,,0 porv b:« «
en pierre gnae, surmonice duc r.niit. ;le-chcr où il v ; lïa i-
une docie, en l'I.-nruuir .,,,,,,1 =a[:U Nicolas qui ^
il '7 i "" ! ''""^ P^o, cl a s^A» ,r,
h ilhIÎ , Bal . m ' ql " ï,ail au moins BÎï f' eàa - **
désordre qu'il
canlinièrea de
coolie une nau
dislaooe en dis
no os trouvante
bwKMp. .
H étail près de midi que noos étions encore S table avec
llu:- a:i]|; : | t ,|:,, m,. ,.;.:,!;,, J £ . s j.^ r .-.^ . ■ ,, Cj ,.,,„
monslre, qui som c h-.. r ,r, tût,; UC! | a IU , r . (e IV,,,.. ni
t.- tu ..in p;,Ui.. l,„., V vn U ,;r.- : , lu , ;i[ . mr ,| ,
, feu èl!lit au Kremlin. En icslanl après, des brandons de
■ eo lombaoMil dans la cour où se trouvaient de l'artillerie de
la Wde, avec lous les csiSBona; à coté ne trouvai! uns
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grands quantité d'étuupes, qui! les Russes avaient laissée, et
dont déjà une partie était en flammes. La crainte d'une
esplosion occasionna un peu lia désordre, surtout par lu
prendre une direction par où, nous disait-il, noua aurions
p'.u~. ;■;>'.: ri, uiiiis il tuiih r.t i]j,|nssi!i]i; d'v [jéu'jlirr; nous
en tûmes repoussés par les flammes, il mus fallut attendre
coup d'hommes étaient. Mous y restâmes asseï longtemps,
et, lorsque nous en sortîmes, nous ren contrâmes les régi-
ments de la Garde qui allaient s'établir dans les environs
.lu diStiiU'.i Je È'iHtîrT!:!!!;. un l'Uuipcwiur iillait loger. Un
seul bataillon, le premier au 2° régiment de chasseurs, resta'
s.-: Ki'oiuli:: : iL ;)f-:s5rva h> palais de l'incendie, puisqtw
l'Empereur j rentra le 18 au malin. J'oubliais de dire que
était libre : c'était celui par où L'Empereur venait de sortir.
sur les bords d.: în Mnskmva. Nuls ulrmHiiids le long des
ijiiiLi.-, :y.i': non.: ■ i '. '■' : me 3 |UL : 'iLi n .ii mem;nt où nous, trou-
vâmes ht»! inu mci:;s enflai'.', m w;, nu une. autre tout à fait
wnsumée, car, par celle que l'Empereur venait de traverser,
plusi;j-s uiai. ..lus wuaicut <]<: ..::'uultir apiis -un [las-siijjC,
cl i(-.i: uu! péchaient d'v pénétrer.
Enlin, nous nous :rUwVàmi:s dans un quartier tout à fait
en cendres, où notre juif tacha de reconnaître une rue qui
&;.:-ÀI [iiivrs olldu'iv sur l:i :d. du i.if.i: ïuriifiiital: il cul
beaucoup de peine d'en retrouver les traces.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
18 BÊMOm&g DU SKHGEKT DOURCOGBE.
Dans lu nouvelle direction que bous venions de prendre,
nous laissions la Kremlin sur noire gauche. Pendent que
nom marchions, le veut noue envoyait ries cendres chaudes
d*n* L,] t ycaï, c[ nous ii::;|ii-i;.tini! j'y voir; nou j n " ous 8n ron-
Olnics dans les ruo«, sar.= ïllIiv u... ,: i d -. u L que d'svuir U:s
pieds un peu brûlés, car il fallait marcher sur lés plaques
dai toits, ainsi que sur les cendres qui étaient encore brû-
lâmes, et qui couvraient luulea les rues.
Nous avions déjà parcouru un grand espace, quand, tout
a coup, noui trouions notre droite à découvert; c'était le
quartier des juifs, où les maisons, bâties toutes an bols, et
petites, avaient été consumées jusqu'au pied : à cette vue,
notre guida jette un cri et tombe sans connaissance Nous '
nous empreSBimes de le débarrasser do la charge lj ■ : i E por-
tait : nous en tirâmes une bouteille de liqueur et nous lui
en fîmes avaler quelques gouttes; ensuite, nous lui en ver-
sâmes sur la figura. Un instant «près, il ouvrit les veux.
Nous lui demandâmes pourquoi il s'était trouvé malade. 11
nous lit comprendre que sa maison était la proie des
liamutei, et que probablement sa famille avait péri, et, en
nous fûmes obligés de l'abandonner, malgré nous, car nous
ne savions que devenir sans guide, au milieu d'un pareil
labyrinthe, Il fallut, cependant, se décider à quelque ohfisa :
110 ils nmm prr.v.lU' vAf charge par u-i r.:; no- |j.::.:]iiti?f. ,>:
nous continuâmes 4 marcher; mats, au bout d'an instant,
nous fûmes forcés d'arrêter, ayant des obstacles t franchir.
La -distance à parconrir pour atteindre une autre rue était
au moins de trois cents pas : nous n'osions franchir cet
espace, à cauae des cendres chaudes qui allaient nous
aveugler. Pendant que noue étions a délibérer, un de mes
amis me propose de ne faire qu'une course; je conciliai
d'attendre encore; les autres étaient de mon avis, mais
celui qui m'avait fait celte proposition, voyant que nous
étions irrésolus, et sans nous donner le temps de la réfleiion,
se mit à crier : . Qui m'aime me suitl . Et il s'élance an
pas de tourne; l'autre le suit avec deux de nos hommes, et
moi je reste avec celui qui avait la charge, qui consistait
encore en trois bouteilles de vin, cinq de liqueurs, et des
fruits conllts.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
l'incendib de boscod. n
Hais 4 peine ont-ils l'ait trente pas, que noue les vimeB
disparaître à nos yeux : le premier était tombé de tout son
long; celui qui l'avait suivi le releva de suite. Les deux
derniers s'é taie ni caché !a llj; ilau<. lours mains, et avaient
Évité d'être aveuglés par les cendres, somme le premier, qui
n'y voyait plus, r.nr n'clail par un tourbillon de celte pous-
sière qu'ils avaient élé enveloppés. Le premier, ne pouvant
plus voir, criait et jurait comme un diable : les autres
étaient obligés de le conduire, mais ils ne purent le ramener,
ni revenir à l'endrcil où j'étais iivîc i'humme et la charge.
. Et moi, je n'osais risquer de les juiudre, car le passas?
devenait de plus en plus dangereux. Il fallut attendre plus
d'une heure, avant que je pusse aller a eui. Pendant ce
temps, celui qui êtaitdevenu presque aveugle, pour se laver
les yeui, Fut obligé d'urinar sur un mouchoir, en attendant
qu'il puisse se les laver avec le via que nous avion» : pro-
visoirement, avec l'hommi qui élait resté aveu moi, nous en
vidâmes une bouleillo.
Lorsque nous fumes réunis, noua vîmes qu'il y avait
impossibilité d'aller plu» avant sans danger. Nous décidâmes
de retourner sur nos pas, mais, au moment de retourner,
nous eûmes l'idée de prendra chacun une grande plaqua en
épaules gauches, en les lenant dei deux mains, de manière
que nous avions la tête et la partie gauche garanties. Apré6
nous être serrés les uns contre les autres, et en prenant
toutes les précautions possibles pour no pas être écrasés,
noua nous mtmes en marche, un soldat en tête, ensuite moi
tenant celui qui ne voyait presque pas, par la main, et les
autres suivaient. Enfin nous traversâmes avec beaucoup de
peine, et non 6ans avoir failli elro renversés plusieurs fois.
Lorsque nous eûmes traversé, nous nous trouvâmes dans
une nouvelle me, où nous aperçûmes plusieurs (a mil las
juives et quelques Chinois accroupis dans des coins, gae
■ !n.i:t li.' [Mi (Ici.B ..:li"ÎI- itïf.i-:;! ïiiiLVÉ? pris i;h*j les
autres. Ils paraissaient surpris de nous voir : probablement
qnila n'avaient paa encore vu de Français dans ce quartier.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
30 vtïoniEs ijL" :r:;'.u ;::ci- isriMiiirjssr;.
Nous approchâmes d'un juif, nous lui finies comprendre
qu'il fallait nous conduire aur la place du Gouvernement.
Un pire y vint avec son fils, et comme, dans ce labyrintlie
île '.i'L , lus rut!5 ctal.-vi' coupées i:i:i'~.qii«:oLs pur dp s mii-uui
cra-.ilÉL'S (jU par d'iutii" !■ r. Ht ;:i nivci, ce [ut .ju'apn's des
détours el de gritTi.iis dinLc-lt»? d- lr;i;ives- des :ssucs. cl
aprâj nous cire riposrs plinii:ur5 fo.s, . j 1 l . ■ nous arrivâmes,
à on;c heures de la nuit, à l'endroit d'où noua étions parti»
la veiUe.
Depuis que nous étions arrivés à Moscou, je u'avais pas,
pour aïn*i dire, pris de r-epus; aussi je me couchai sur de
belles fourrures que nos soldaLs avaient rapportées en
quanlili', et je dormi; ji^iu'i =cpt h.mres du matin.
La. compatir; Jj'iLV-iLt ];ilf <::u:nr. i'.i rcl=v;e de servi,-.', vu
que tous régiments, ainsi que les fusiliers, et même la.
venail d'être nommé gouverneur de la ville, étaient occupés,
il3|!Li5 treuil si.v hêtres, à ™ m primer l'inoendir: qui, !jr--
que l'on avait fini d'un coté, recommençai! d'un autre.
Cependant l'on conserva assez d'habitations, et même
au delà de ce qu'il fallait, pour se loger, mais ce ne fut pas
sans mal, car Rostopchin avait fait emmener toutes les
pompes. Il s'en trouva encore quelques-unes, mais hors de
Pendant la journée du 18, l'ordre avait été donné de
fusiller tous ceux qui seraient, pris mettant le feu. (.et
■ jr.'re .1V3-I, auîs/.St, été mis ;'i eié;ution. l'.js l.iiu Je L.
où quelques incendiaires avaient été fusilléa'at pendus
ensuite à des ararcs : «i endroit s'appela toujours la pUtce
des Pendus.
l'ordre au maréchal Horlier d'empêcher le pillage. Cet ordr»
■ (..■ lu:. - ■■ u il .■■(!:.■ u l>,i,.|,l |... :, ,, . |, ..il., i. ,
l'ut plus possible de retenir .0 solcat : chacun ?iiL ce qui .ci
était nécessaire, et même des choses dont il n'avait pas
Dana la nuit du 17, le capitaine me permit de prendre dii
hommes de corvée, avec leurs sabres, pour aller chercher
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,tfS vivvtf. I. eu ev.ï.ija vin,;' autre c.Mé, par"? que n
o-.: le pa-la;;e : , r. .usine en voudra, é:ai; prrmls,
r-u i- -1' n' ■ - 0 1 r L Lt i -! 1 1 . ! . 1. 1 L L d\ !IL' II. '; ! .■ :.':is ■l'.ij-'lr: possible-.
Me voilà donc encore parti pour la troisième course de nuit.
nous étions. Quoique Se l'eu y avait <iié mis deus fois, l'on
suit pa.veny à s'en ri:r..l v La.-,..:.-. :■!, d.-pi;is :r.(>meul,
l'on avait été- assez heureux de la presû.-i'or. Aussi plusieurs
nfl'ua./rs supmcjrs, ain-i qn'i;n ^eiail nombre d'L-m filoj-cs
du "armée, aïdscl pris li:ur Jonni~i Le. riuus en Inver-
sâmes eue .;:■( r.'e.ulre^ où For. u- vuyai pais qn; lu place,
maujiiii; par 1"- plaques ea -nie il:-s ai.ls, le vee: de la
journée pié-.-éd. nie en avai: bahiW: les cendre?.
flous arrivâmes dans un quartier où tout était encore
debout : l'on n'y voyait que quelques wiaires dïa)uipa:;e.
sans chevaus. Le plus grand silence y règuiut. Koiis visi-
tâmes les vu !'.:res : il na s'y ViuvniL lien, unis, a peine les
■m., as a.iii- i 1 pj.s.i'Ci. .iii'ini im-L féroce se 11: a::(.;-alie ■ ■.ar-
rière nous et fui répété rtcus fois el à. deui distances dillc-
rentes. Nous écoutâmes quelque emps, et nous n'enten-
dues plus rien. Alors nous nous décidâmes 1 enlrer dans
,lov.v uiuls.ns, iv. >. ave. eiuo bonuai-, dans la première. et
on caporal avec les cinq autres, dans l'autre. Nous allu-
mâmes des lanternes dont anus élites manis, e:, le sabre
en main, nous nous disposâmes h enlrer dans celles qui
nous paraissaient devoir renfermer des choses qui pouvaient
nous être utiles.
Celle où js valais or.lrer i.!:.u l'.-iaa.-i:, cl lu porte jjoruie
de grandes plaques de fer; :;da nous contraria tin peu, vu
que nous no voulions pas l'aire de bruit en l'enfonçant. Hais,
•■■Mil renia-, né que le. cave, dont Ja porte donnait sur la
rie était ouverte deui hommes y descendirent. Ils y trotv
v.'-rr'u: une irepi.e oui ::oiaiir.i-iif;u;ni ila-s la maison, ce
ment, dans une chambre ù manger, i;
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3! MÊMOifiEf ni' èehgeut bootgocnb.
désordre. De la viande cuite «tait encore snr la Unie: plu-
sieurs Na-:a rempli .lu- m-,,- i-.ii,- ,.t..«ii, m »,.,■„„ ,i,n^ ■
peut-être que Pue a avait pas voulu, ou que l'on n'avait pu
les emporter.
Après avoir vielle toute la maison, noua nous disposâmes
h faire nos provision», car nous y trouvâmes de la farina,
du beurre, du sucre en quantité et du cafe, ainsi qu'un
. grand tonneau rempli d'œufs ranges par couches, dans de
la paille d avoine. Pendant que nous étions h faire notre
choit, sans disputer sur le prix, car II nous semblait que
nous pouvions disposer de tout, puisqu'on l'avait abandonné
et que, d un moment s. l'autre, cela pouvait devenir la proie
des flammes, le caporal, qui était entré d'un autre ooH
m envoya dire que la maison oû il était, était celle d'un
carrossier où te trouvaient plu* de trente petites voitures
firaiiil^ que 1 (S H„ f , l; , ,, r |,..;> , l!ChhL j, m0 ,.,
dire aussi que, dans une chambre, il y avait plusieurs sol-
dats russes de couchés sur de- rmi'.es ci .~ j -- - -i u. mais qu'avant
élf surpris do voir de- F :\i -.. il- sVLai -,v ,m- à seront
. le- niaii y .-.■rrjisîcs Pur b. poitrine, i.-.l h fio;u contre lerr,--'
P'Hr d''m .lur pv':,.i. in.ik (;,:,., v.ivnnr q„'|i..
liU'vM'5. il' If- ht Hï!ii,--i po:\y îles il«,IH-i . [, l, i, r , !,.„■, |_- ,
de l'eau, tu l'Impossibilité ou ils étaient de s'en procurer
UrotoT raison' ihne p^TaUit''' 1 ' 6 ' 1 ' M qUS ' p "
Je fus de suite ehei le carrossier, faire elinlx de deut
jel.... petr.f. l.jj-t c.(iiv, [rlu t, ; ,, r , : ; L d - v [11| , Ul . | , w
vivres que nous trouvions, et de pouvoir les transporter plus
a notre aise. Je vis les blessés : parmi eux se trouvaient
cinq canonniers de la Garde, avec le? ir.mbf. bri«o>« ■ il.
étaient au nombre de dix -sept; beaucoup étalent Asiatiques
faciles à reconnaître a leur manière de saluer.
Comme je sortais de la maison avec mes voiture*
j aperçus trois hommes, dont un armé d'une lance le
w-m1 d'un s.lh-e et le li-i.ij-,- l'une l„iebe m ,v m(L .
la- i::ieu a l.l m«; C , n de l'er.iri.r, =a„H rv, h,„nnes
que j avais laissés dedans s'en fus.enl aperçus, tant ils
e-a„iK o.:f. T .^ embnll.ir et ù hi,,- Hioix de. b.ur.e,
chose» qui s'y trouvaient. En les voyant, nous jetâmes un
grand cri pour épouvanter ces trois coquins, mais, 6 noir»
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surprise, pas un ne bougea; ils nous regard ère a t venir tran-
quillement, et celui qui était armé d'une lance se mil fière-
ment en posture de ..mlnir ;e déCem're, :.i nous Kupiucliinns.
Cela nous était risse*, ('ii'fieiie, vu que nous n'avions que
t les bras.
un Breton, qui se trouvait parmi nos
it d'un petit timon d'une des petites toi-
ct-up :»:le:Tie:;t violon; !:.:r la tête, qu'un boulet de canon
n'aurai: p.; mien- h ira II allj]l eu f.iïrn aulu.M Je; deu.,
autres, si nous ne l'avions arrêté. Celui qui avait une torche
à la main ne voulait pas s'en dessaisir i il se sauva, avec
son brandon enflammé, dans l'intérieur de la maison de
l'épicier, où déni hommes le poursuivirent. Il ue rallut pas
Tant qu'au troisième, il se •ummi:. de bonne Mià.-e. al fut
aussitôt attelé a la voilure la plus chargée, avec on autre
individu ijiie l'un venait de .saisir dans la rnn.
>ou< dijpefiu.es tout pour notre djiiarl. Mus Jeux voi-
lures étaient ;ln:-i;ns de tout te que renfermait le magasin :
sur la première, où nous avions attelé nos deui Russes, et
qui était la plus chargée, nous avions mis le tonneau rempli
d'eeufs, ot, pour ne pas que'.nns oondncleurs puissent se
sauver, nous avions eu In sage précaution de les attacher
par le milieu dn corps avec une forte corde et & double
nœud; la seconde devait être conduite par quatre hommes
de cheï nous, eu attendant que no'ïS paissions trouver on
is voilà qu'an moment où nous allions partir, Dons
:evons le feu à la maison du carrossier! L'idée qoe les
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34 KÉMOÏBES DIT BBBGEHT BOURGOGNE.
malheureux allaient périr riaas des douleurs atroces nous
força, de nous arrêter el de leur porter des secours. Nous y
fûmes de suite, ne laissant que trois hommes peur garder
nos voilures. Nous transportâmes les pauvres blessés sous
une remise séparée du corps des bâtiments. C'est tout ce que
doub pûmes faire. Après avoir rempli cet acte d'humanité,
nous partîmes au plus vité afin d'éviter que- notre marche
ne soit interceptée par l'incendie, car on voyait le feu à
plusieurs endroits, et dans la direction que noua devions
parcourir.
Hais à peine ations-nons fait vingt-cinq pas, que le»
malheureux Messes que nous venions de transporter, jetè-
rent des cris oiïnuyants. Nous nous arrêtâmes encore, afin .
de voirdequoiil était question. L&caporal y fut avec quatre
hommes. C'était le feu qui avait pris à la paille qui était en
quantité dans la ennr, et qui gagnait l'endroit où étaient cas
Noue coolïnnàmas notre route, et, dans la crainte d'être
surpris par 1* feu, nous faisions trotter noire premier atte-
lage à coups de plats de sabre. Cependant oous ne pûmes
l'évier, .'ii 1 Nu-'Mi* ii'-iiH liimn; Mail* 1: ou:irl:er --le Ih ;.ln.-e
du Gouvernement, nous nous aperçûmes que la grand'rue,
nû beaucoup d'officiers supérieurs et des employés de
J'euii;É <>ltiii;i>l Lj^é-, wtw.il. Imil en 11 iLiii-rii's. i.'.'élisit. pour
!s truihiè::n; c\:ie l'on y mettait "la feu. Mais aossl ce fut
la. dernière, .
■ Lorsque nous filmés a l'entrée, nous «marquâmes que le
feu n'était "mis que par intervalles et que l'on pouvait, en
courant, franchir les eapaoos_ où il faisait sas ravages. Les
premières maison» de la rue ne brûlaient pas. Arrivés à
celles qui étaient en l'eu, nous sicm arrima*, ulin de voir
ù l'on pouvait, sans s'eipo^r, las franchir, tféjl plusieurs
étaient nronléee; celles sous lesquelles ou devant lesquelles
jioua devions passsr, menaçaient aussi de s'abîmer sur nom
et i> MHS eij.-l.ultir- Jiins L.s IJ'.ir'iljlrf. OqifiIuVil. i^o us ne
,piiwi:± rester I^il.mmii[h ilana million, car nous
.venions de nous apercevoir que la partie des maisons que
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L>CBVDH OB XOSOOT. II
non* avions pa>«rn. en eo-jant dans la -ne. «Mil aussi «,
CM.
Ainsi nous étions prie, non seulement devaut et derrière,
. mais aussi à droite ci a gauche, et, au bout d'un instant.
i.!'.rt..irt. i:? u'ilait plus qu'un.; vnïilc .le Imt «ouï 13 .•[;..■ il
fallait passer. Il fut décidé que las voilures passeraient en
avant; nous voulûmes que celle à laquelle étaient attelés les
Busses passât la première, et malgré quelques coups de
plais de labre, ils firent des difficultés. L'autre, qui était
conduite par nos soldais, te porta en avant et, s'eioitant
l'un et l'antre, ils franchirent le plus beureu sèment possible
l'endroit le plus dangereu*. Voyant cela, nous redoublâmes
de coups sur les épaules de nos Busses qui, craignent
quelque chose de pire, s'élancèrent an criant : • Uoural 1 >
et passèrent au plus vite, non sans avoir senli la chalenr,
et Eouru de grands dangers, à cause qu'il se trouvait diffé-
rents meuble: qui venaient de rouler dans la rue.
A peine la dernière voiture fut-elle passés, que nous tra-
versâmes la même distança au pas de course : alors nous-
nous trouvâmes 'dans un endroit qui formait quatre coins,
et quatre rues larges et longues, que noua apercevions tout
en fou. El. quoiqnu, pour le moment, il tombal de l'eau, en
abondance, l'incendie n'en allait pas moins son train, car A
f.-fmqiiLï mslun! l'un mjail 'l j . hribiliiti'-n s et mémo iln?
ruesentières disparaître dans la fumée et dans les décombres.
11 fallait cependant avancer et gagner a» plus vile l'endroit
chose était impraticable, et qu'il fallait attendra que toute la
rue fût réduite en cendres pour avoir un passage libre. 11
lut décidé de reiouiper sur nos pas : c'est ce que nous finies
de suite. Arrivés à l'endroit dù nous avions passé, les
Russes, natte fois, dans la crainlo de recevoir une correc-
lion. c 'limitèrent pas à passer les premiers, mais, a peine
ont-ils parcouru la moitié de l'espace qu'il fallait pour
arriver au lieu de ti)rete,.ct au moment où nous allions Jes
suivre dans ce dangereux passage, qu'un bruit épouvantable-
se fait enleudic : i: ..imit le craquement des voûtes ét la cliute
des poutres brûlantes et des toits da fer qui' croulaient sur
1. Ben inri *•« 4if • ■ «™.n (/(:>.,. M d, : «.,„,.) i
MirolRns i>- îr.Btr.sr BwmeoniB.
En un ionisât, tout fut anéanti, jusqu'au! «jo-
ue nom oe cherchâmes plu* à remit, mais nous
)S pTOlisiOQS, BUrtOUl DOS (pufl
ie wni; mip.wsible de dépeindre 1» oiluauoo critique
ou pour nous trouvions Mou» éliooe bloque* pu le feu et
.Mi^eiKUO mnveude retiaite Ueureu-ieiiieiiip^or nous qu'a
]>o<!ron on etajtui les qualra coins des me*, .1 " trouvait
liai- distance graiiln pour *tre a l'abri dos uaromes,
m i u tendre qu'une rue l it entièrement
rendant que ouos attendions un inutE.ci propice pour
faisaient le cmn d'uoe rue était In bi.uùquc d'un cuulleeiir
italien, et, quoique sur le point d'é-je [due, noue pensâmes
qo'il serait bon de sauver qaelqne» pots de« boooea tlio»ea
qui palliaient s'y trouver, si toutefois il y assit possibilité :
la porte était fermée; an premier .jtage, une croisée était
ouverte; le hasard nous procura une échelle, mais elle était
trop courte; on la posa sur un tonneau qui se trouvait contre
U maison : aJors elle fut longue asseï pour que nos soldats
Quoiqu'une partie fût déjà on flammes, rien ne les arrêta.
Ils ouvrirent ta porte, et nous remarquâmes, a noire grande
surprise et satisfaction, que rien n'avait été enlevé. Nous y
trouvâmes toutes sorte» de fruits confits et beaucoup de
liqueurs, du sucre en quantité, mais ce qui nous fit le plus
grand plaisir, el qui nous étonna le plus, fut trois grands
sacs de farine. Notre surprise redoubla eu trouvant des pots
de moutarde de la rue Saïnl-André-des-Arls, o° 13, à Paris-
Noos nous empressâmes de vider toute la boutique, et
nuus eo fîmes un magasin an milieu de la place où nous
étions, en attendant qu'il nous fût possible de faire trans-
porter le tout où était notre compagnie.
-' -■si tomber de l'eau, nous
imes un abri avec les portes de la n
dîmes notre btvac, où nous restâmes plus de quatre heures,
sd attendant qu'un passage fût libre.
Pendant ce lemps, nous rimes des beignets a la confiture,
it, lorsque nous pûmes partir, nous emportâmes, sur nos
ipaules, tout ce qu'il fut possible de prendre. Nous Uis-
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
aimes notre autre Toiture et nos sacs de farine sons la
garde de cinq hommes, pour Tenir ensuite, avec d'autres,
les chercher.
Pour la Toiture, il était de toute impossibilité de s'en
servir, tu que le milieu de la rue où il fallait passnr était
embarrassé par quantité de beau* meubles brisés et a dami
brûlés, des pianos, des lustres en ii-i.t.nl .:t une mlin^
d'autres choses de la plus grande richesse.
Enfin, après avoir passé la place des Pendus, nous arri-
vâmes on était la compagnie, k 10 heures du matin : nous
eii étions partis la Teille a 10 heures. itussitit noire arrivée,
nons ne perdîmes pas de temps pour envoyer chercher tout
ce que nous avioos laissé en arrière : dii hommes partîreot
de suite; ils revinrent, une heure après, avec chacun une
charge, et malgré tous les obstacles, ils ramenèrent la voi-
ture que nous y avions laissée. Ils nous contèrent qu'ils
avaient été obligés de débarrasser la place où îa première
voiture avait été écrasée avec les Russes, et que ces der-
niers étaient tous brûlés, calcinés et raccounis.
Le même jour 18, nous fûmes relevés du service de la
pla.ee, et nous fûmes prendre possession de nos logements,-
pas loin de la première enceinLe du Kremlin, dans une belle
me ilen! une grande partie avait été préservée du feu. L'on
désigna, pour notre compagnie, un grand café, car dans
une des salles il y avait dem billards, et, pour nous autres
s dus- officier!, la maison d'un boyard tenant a la première.
Nos soldats démontèrent les billards pour avoir plus de
place; quelques-uns, avec le drap, se tirent des capotes.
Nous trouvâmes, dans les caves de l'habitation de la com-
pagnie, une grande quantité de viu, de rhum de la Jamaïque,
ainsi qu'une grande cave remplie de tonnes d'eicellente
Lièrc recouvertes de glace pour la tenir fraîche pendant
l'été. Chez notre boyard, quinso grandes caisses de vin de
Champagne mousseux, et beaucoup de vin d'I£spafjne.
Nos soldats, le même jour, découvrirent un grand
magasin de sucre dont nous eûmes soin de faire une
P'itmli! iini vision qui nous servit à faire du punch, pendant
tout le temps que nous restâmes à Hoscou, ce que nous
n'avons jamais manqué un seul jour de faire en grande
récréation. Tous Us soirs, daoa un grand vase en argent
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M «ÉHOIHSS DU SÏHOïHl JOURCOCSB.
que le boyard russe avait oublié d'emporter, et qui «me-
nait au moins aii bouteilles, nous en faisions pour le moins
trois ou quatre fois. Ajoutai à. cela une belle collection de
pipes dana lesquelles noua fumions ■d'eicellent tabac.
Le 11), nous passâmes la revue de l'Empereur, au Kremlin,
commando pour fairo partie d'un détachement composé de
fusiliers-chasseurs fit gienidiers, et d'uo escadron de lan-
ciers polonais, eu tout deui cents hommeB; notre mission
était de préservai- do l'Incendie le Pelais d'été de l'Impéra-
trice, situé à l'une des eïtrémités de Moscou. Ce détache:
ment était commandé par un générai que je pense être le
général Kellarmanu.
Nous partîmes à huit heures du soir; il en était neuf et
demie lorsque nous y arrivâmes. Nous vlmaa une habitation
spacieuse, qui me parut aussi grande que le château des
Tuileries, mais hltia en bois et recouverte d'un stuc qui
faisait le même effet que le marbre. Aussitôt, l'on disposa
des gardes à. l'oitérieur, et l'on établit un grand poste en
face du palais où se trouvait un grand corps de garde. L'on
fit partir des patrouilles pour la plus grande sûreté. Je fus
chargé, avec quelques hommes, de visiter l'intérieur, alîn
et, cependant, en moins d'une heure, elle fut entièrement
était disposé pour empêcher que l'on j mette la feu, qu'un
instant après il fut mis. malgré toutes tes précautions que
l'on avait prises, devant, derrière, * droite el à gauche, et
sans voir qui le mettait; enfin, il se fit voir en plus de douic
endroits à la fois. On le voyait sortir par toutes les fenêtres
des greniers. '
Aussitôt, le général demande des sapeurs pour «cher
d'isoler le [eu, mais c'était impossible : noua n'avions pas
de pompes, ni même d'eau. Un instant après, cous vîmes
sortir de dessous les grands 'escaliers, par un souterrain du
château, el s'en aller tranquillement, plusieurs hommes
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t quelques-uns avaient encore des torches eu partie
mées; l'on courut sur eui et on les arrêta.. C'étaient
i qui venaient de mettre le feu eu palais; il» étaient
tableaux, et d'autres ob.j-j:s i ■ lO c i o 1.1 v , lesquels se
trouvaient des ornements impériaux, comme manteaux en
velours, doublés en peau d'hermine, ainsi que beaucoup
d'autres choses ocra inoins précieuses qu'il fallut ensuite
blessés par des pièces de bois enflammées, que la force du
vent chassai! avec un bruit épouvantable. Noos ne pûmes
sortir de cet enfer qu'à deus heures du matin, et, alors,
plus d'une demi-lieue de terrain avait été la proie des
flammes, car tout ce quartier était bâti en bois, et avec la.
j'avais été chargé de la garde de police pendant la nuit, je
f ui aussi annexé de ['«mère-garde et de l'escorte des pri-
sonniers, avec ordre de faire tuer à coups de baïonnette
caui qui voudraient se sauver ou qui oe voudraient pas
Parmi ces malheureux, il se trouvait au moins les déni
tiers de forçats, avec des flgm-es sinistres: les autres étaient
des bourgeois de la moyenne classe et de la police russe,
faciles à reconnaître à leur uniforme.
Pendent que nous marchions, je remarquai, parmi les
linsijiiiiiera. individu n:Ti;bie d'une maulu verte £«i
propre, pleurant comme an enfant, et répétant à chaque
instant, eu bon français : « Mon Dieu! j'ai perdu dans
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l'incendie ma femme et mon Dis! . Je remarquai qu'il
regreltait davantage son 111s que aa femme ; je lui demandai
'l'Ji il fiait It rqmndi' qu'il .■«[ Sui^e * ,les cmivns
de Zurich, instituteur des langues allemande et française à
Moscou, depuis dii-sept ans. Alors il continua à pleurer et
ii m- ili'.iv;. t,t, r./r.f- [ii-t touiii^r? ; . Mnn sh'T ûl' 1 m -m
pauvre (ils!... ,
J'eus pitié de ce malheureui, je le consolai en lui disant
devait mourir comme les autres, je résolus de le sauver. A
côte de lui marchaient de.ux hommes qui se tenaient forte-
ment par le bras, l'un jeune «t l'autre déjà Agéi je demandai
il.! S.-lS.iS .,„, .l-.H: ,: „ 1C ,i| ,,,„. ,;,. [[lknl le p,',,.. ,,; ,„
"ts, tous dcui tailleurs d'habits t < Mais, me rapondit-i] le
[,;..-■ ,wt plus Ua-jr,:^ que moi, il n'est pas séparé de son
Ils U'.iiiriKuL ui„ ..ir PiiTmlJ»! , | ..,..■,„( le =„1'L qui
l'attendait, eer. comprenant le français, il avait «ntendii
l'ordre que l'on avait donné poureui.
Au moment où il me parlait, je le vis s'arrêter tout à coup
«•t re,a.-J r .,.( . ,],- jv NI ■irur.:s: je lui dcmaii./lai m qu'il
avait ; il ne me répondit pas. Un instant après, un gros
soupir sortit de sa poitrine, et il se mit de nouveau à pleurer
.en mcli-nt qu'il i:l,.:i-.'ii,iit l>rn : y renient ■]<• --on : ni, il j-
■ tion, que c'était bien là, qu'il le reconnaissait au grand
poêle qui était encore debout, car il est bon de dire que l'on
y voyait toujours comme en plein jour, non seulement dans
la Ville, mais loin encore.
Dans ce moment, la tété de la colonne, qui marchait pré-
cédée du détachement de lanciers polonais, était arrêtée et
ne savait où passer, à cause d'un K rand encombrement qui
se trouvait dans une rue plus étroite et par suite lac abou-
lemenis. Je profitai de ce moment pour satisfaire au désir
qu avait ce malheureui do voir si, dans les cendres de son
habitation, il ne retrouverait pas lea .cadarreB de sou lils et
da sa femme. Je lui proposai de raccompagner; nous enlrone
sur l'emplacement de la maison : -d'abord nous ne voyons
non i,n: puih.w confirmer su,: malti™, et dtj:. jiîlc con™.
Ibis en lui diss.nl que, suns d.iuic. il, Paient sauvés, quand
tout à coup, à l'entrée de la porte de la cave, j'aperçus
quelque chose de gros et informe, noir et raccourci. J'avan-
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
homme ou une femme : d'abord je n'eu «us pas le temps,
iv.r l'ruliyi.lii. que. la clm-e inl^ressait et qui était a coté de
moi comme un stupide, jeta uo cri effroyable et tomba sur
le pavé. Aidé par un soldat qui était près de moi, nous le
relevâmes. Revenu un peu à lui-même, il parcourut, en se
nier cri, il nopimK son fi',s. <:t se [. ne.ipi \i tint:' 'Mis on
je l'entendis tomber comme une masse.
L'envie de le suivre ne me prit pas : je m'empressai de
rejoindre la détachement, en faisant de tristes inflexions
sur ce que je venais île voir. Un de mes amis me demanda
ce que j'avais fait de l'homme qui parlait français ; je lui
contai la scène tragique que je venais de voir, et, comme
l'on était toujours arrêté, je lui proposai de venir voir, l'en-
droit. IN ii us allâmes jusqu'à la porte de la cave; lè, nous
fn'.cr:dimes des gémissements; mou camarade me proposa
d'y descendre «lin de le secourir, mais, comme je savais
qu'en le tirant de cet endroit, c'était le conduire k une mort
rerl.,i.ii;r. :>nisu,<u:s devaient ions être l'ii-illé. ni ,i rriï-.nl.,
jj lui ijWrvn que <:\-:.-:i: r.omrufd'.rn une ifrindc in piu-
dence que de s'engager dans un lieu sombre et sans lumière.
Fort heureusement, le cri: • Aux armes! > se fit entendre;
<;Yil:ul fiwr ti: icmel :r c:\ inaidie, mai-, eonuut i' i'ii'.lai:
encore quelque temps avant que la gauche fit son mouve-
et, comme nets allions u:ms relire:, uous euteudimes quel-
qu'un marcher; je me retournai. Jugei quelle fut ma sur-
prise en voyant paraître ce malheureux, ajant l'air d'un
disait-il, il voulait ensevelir son fils et sa femme, car, pour
I.ï Miiavi-c qui était ;, la porte e-lnil t.e'en celui je sa femme;
je lui conseillai du re-ilrrr dans la cave, de s'i cacher jus-
qu'après notre départ, et qu'il pourrait ensuite remplir son
|>éni:.|e ilen:ir; ji- ne - il r.nnqirit, ir.'ii-' nous parûmes.
Kous arrivâmes prés du Kremlin à cinq heures du malin;
cous mimes nos prisonniers dans un lieu de sûreté; mais
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séjour 1 Moscou. ■< ■' i
Le ta, l'inoendie s'était un peu ralenti ; le maréchal Mor-
tier, gouverneur de la ville, avec Je général Milbaud, nommé
uiser une administration de police. L'on choisit, à cet effet,
dos Italiens, des Allemands et Français habitant Moscou,
qui s'étaient soustraits, en se cachant, eu; mesures de
rigueur de Rastopchine, qui, avant notre arrivée, faisait
partir las habitants malgré eux.
A midi, en regardant par la fenêtre de notre logement, je
vis fusiller un forçai; il ne mulot pas se mettre à gcnoui;
il reçut la mort avec courage et, frappant sur sa poitrine, il
semblait délier celui qui 1s lui donnait. Quelqoea heures
après, ceuï que nous avions conduits Bl"
sort.
Je passai le reste de la journée asse
dire jusqu'à sept heures du soir,
Delattra me aiguilla de me tendre a
endroit qn'il nie désigna, pour avoir, di
par trois prisonniers que l'on avail confiés à ma gardé; je
l'on m'avait indiqué; d'autres soaa-offloiers y étaient' déjà.
14, après avoir réfléchi, je fus satisfait d'aioir sauvé trots
homme*, dont j'étais persuadé qu'ils étaient innocents.
La chambre dans laquelle j'étais donnait sur me grande
galerie étroite qui servait de passage pour aller dans un
autre corps de bâtiment, dont une partfe'aiaii été incendiée,
de manière qae personne n'y allait, et je remarquai que la
partie qui était conservée n'avait pas encore été eiplorée.
a parcourir la galerie. Lorsque je fus au bout, il me sembla
entendre do bruit dans une chambre dont la porte était
u laogége que
je ne comprenais pas. Voulant savoir ce qu'elle renfermait,
je frappai. L'on ne me répondit pas, et le silence le plus
profond Buccèda au bruit. Alors, regardant par le trou de
la ierrnra, j'aperçus un homme cuuché sur ua canapé, et
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
i/taccors de hoscqo. M
deui femmes debout 401 --emblaieol J-ji imposer tileocej
somme je cnmprenai? qj«l.;i.fs mow inh langue >di.oii*.-.
qui a beaucoup de rapport avec la langue russe, je frappai
une seconde fois, et je demandai de l'eau; pas de réponse.
Mais, h. la seconde Je m mu II-, >|ie j'accompagnai d'un grand
coup de pied dans la porte, l'on vint m'ouTrlr. '
Alors j'entrai; las deux femmes, en me vojant, se sauvè-
rent dans une autre chambre, Je commençai par fermer I»
porte par où j'étais entré; l'individu couché sur le canapé
lit' tu i;;i:ui- [vu; jii In? rmimiii:-. <lc mi:.', pijiir un [<>n;<U
la. figure la plus ignoble et la plua sale, ainsi que sa barbe
et toul son .accoutrement, composé d'une capote de peau de
mouton serrée avec une ceinture de cuir. Il avait, à coté de
lui, une lance et deui torches à incendie, plus deui pisto-
lels à sa ceinture, objets donlje commentai par ci'ïmjwrer.
Ensuite, prenant-une des tnrehes qui était grasse comme
mon bras, je lui en appliquai un coup sur le côté, qui lui
fit ouvrir, les jeux. L'individu, en ma voyant, fit «a bond
comme pour sauter après moi, mais il tomha de toul son
loog. Alors je lui présentai le bout d'un des pistolets que je
lui avais pris; il me regarda encore d'un air stupide, et,
TOulant se relever, il retomba. A la fin, il parvint à se tenir
debout. Vojant qu'il était ivre, je le pris par un bras et,
l'ejeut Tait sortir de la. chambre, je le conduisis au boul de
la Wl.vlc qui sqi.-irail les chambres, et lorsqu'il fut sur lé
bord de l'escalier qui était droit comme une i«i huile, je I?
poussai : il roula jusqu'en bas comme un tonneau, et presque
contre la porte du corps de garde dé la police, qui étail en
face de l'escalier. Les hommes de garde le traînèrent dans
une chambre destinée puur y enfermer tous ceui de son
espèce que l'on arrêtait i chèque instant; enfin, je n'eu
Ën me voyant, a
parlèrent toutes deux à la fois ; je ne pus jamais rien corn
prendre. Je voulus savoir si elles avaient quelque chose i
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
i* HiMOIlUa tl tHtBIt SOUHS06.1B.
ji* flpnin*ni V* oonri.-n! . -s. deî uu:u«io^ i>t ri ^ros mûr.
ttna de poiaaoo sale avec un poa de bien, mai» pa« de
pain Un muant après, lu plu« jeune m'apporta uue bou-
Lt \.e qn*ellcr appela Kosaiii . ta tn go.iuùi, je I- nwvnnoa
pi.nr da geoicvrc de Uanu.i;. cl. ce roniimd'une demi heu s,
noue eûmes vidé la bouteille, re: ;e mepc.-çus que mes
deui Hoseotiles buiaieot mien» nue moi. Je restai encore
quelque temps avec les deui amers, car elles m'avaient fa»
comprendre qu'elles l'étaient, alurs je retournai dam ma,
birulrc.
lin eoirani, je iruu.ai on sous otïkrer de la compagui-
qt» t vsnu pour roe voir, el qui depjif looi^eiiips m'ar-
leulait l; i-io demis la d'où je venais, hrsque je lui eus
. cun'e mon butoire. il ne fui plus surpris tic mou nWufp,
niH;f il paru; ebcbauté. a rame, mt fit il, que l'oa ne tecu
voit personne puur blanchir le linge; puisque le hasard nous
procurait deui dames moscovites, certainement elles bb
trouveraient très honorées de blanchir et de raccommoder
celui des militaires français. A dii heures, lorsque tout le
monde Tut couché, comme nous ne voulions pas que per-
sonne sache que nous avions des femmes, le sous-ni'lkier
revint, avec le sergent-major, chercher nos deux belles. Elles
firent d'alwrd quelques difflcoltés, ne sachant où on les
conduisait; mais, ayant fait comprendre qu'elles désiraient
que je les accompagnasse, j'allai jusqu'au logement, où
elles nous suivirent de bonne grâce, en riant. Un cabinet se
trouvant disponible, nous les y installâmes, après l'avoir
miruhlr iMiiveuablemenl avec ce que nous trouvâmes dans
leur chambre; bien mieux, avec tout ce que nous trou-
vâmes de beau et d'élégant crue les dames nnbles moscovites
n'avaient pu emporter, de manière que, de grosses servanles
qu'elles paraissaient être, elles furent de suite transformées
en baronnes, mais blanchissant et raccommodant notre
linge.
Le lendemain au malin, tu, j'entendis ube ferle détona-
tion d'amies à feu; j'apprisque l'nn venait encore de Tusillei
plusieurs forçats et hommes de la police, que l'on avait pris
menant le feu àl'bospice des Enfants -Trouvés et à Itipltsl
où étaient nos blessés; un instant après, le serge ut -major
accourut me dire que j'étais libre.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
l'incendie de H05COU. M
Ea rentrant dans notre logement, j'aperçus nos tailleurs,
les ileui hommes que j'avais sauvés, déjà en train de tra-
vailler; ils faisaient des grands collets avec les draps des
billards qui ttaient dans lu grande salle du calé où était
logée la compagnie, et qnc l'on avait démontés pour avoir
plus de place. J'entrai dans la chambre où étaient en fermées
nos femmes; elles étaient occupées a faire la lessive, et
Hais il fallait prendre patience, faute de mieux. Le reste de
la journée fut consacré à organiser notre local et à faire des
provisions, comme ai nous devions rester longtemps dans
cette viUe. Nous avions en magasin, pour- passer l'hiver,
sept grandes caisses de vin de Champagne moussera, beau- '
coup de vin d'Espagne, du porto; noua étions possesseurs
de cinq cents bouteilles de rhum de la Jamaïque, et nous
avions à notre disposition plus de cent gros pains de sucre,
et tout Cela pour sii sous-otariers, deux femmes et un eni.
La viande était rare ; ce soir-là, notts eûmes une vache :
je ne sais d'où elle venait, probablement d'nn endroit où il
n'était pas permis de la prendre, car nous la luîmes pen-
dant la nuit, pour ne pas être vus.
Nous avions aussi beaucoup de jambons, car l'on en
avait trouvé un grand magasin; sjoulcz a cela du poisson
salé en quantité, quelques sacs de farine, déni grands ton-
neaux remplis de suif que nous avions pris pour du beurre;
la hiêre ne manquait pas; enlin, voilà quelles étaientnos
provisions, pour le moment, si toutefois nous venions k
passer l'hiver à Moscou;
Le soir, noi:* me.?. lVirdrî de l'aire un contre- appe 1 ; il
fut fait à dis heures; 11 manquait dii-huit hommes. Le
reste dû la compagnie dormait tranquillement dans la salis
des billards; ils étaient couchés sur des riches fourrures
de martes-iibelines, des peaui de lions, dfl renards et
d'ours; une partie avait la léle enveloppée de riches cache-
mires et formant un grand turban, de aorte que, dans cette
situation, ils ressemblaient à des sultans plutût qu'à des
grenadiers de la Garde : il ne leur manquait plus que des
houris.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
*» MEMOIRES DU SERGENT BOURGOGNE.
J'atels prolongé mon appel jusqu'à onie henni, à. caBse
des absents, pour ne pas les porter manquants;, effective,
ment, ils rentrèrent un instant après, ployant sons leur
charge. Parmi les objets remaj-quables qu'Us rapportèrent,
il se trouvait plusieurs plaques eh argent, avec des dessins
en relief; ils apportaient aussi chacun un lingot du même
mêlai, le la grosseur et de la l'orme d'una brique. Le reste
consistait en fourrures, ctiiles des Indes, des étoffes en soie
tissée d'or et d'argent. Ils me demandèrent encore la per-
mission de faira, de suite, deui antres voyages, pour aller
chercher du vin et des fruits confits, qu'ils avaient laissés
dans une cave : je la leur accordai, un caporal les aceom-
pagua. Il est bon de savoir que, sur loua les objets qui
avaient échappé à l'Incendie, nons autres noua officiera pré-
le'ions toujours un droit au moins de vingt pour cent.
Le ïî fut consacré au repos, h augmenter nos provisions,
à chanter, fumer, rire et boire, o, nous promener. I.e même
jour, je fie une visite k un Italien, marchand d'estampes,
qui restait dans notre quartier; et dont la maison n'avait
pas été brûlée,
Le 23 au matin, un forçat fut fusillé dan» la eonr du
café. Le même jour, l'ordre fut donna de nous tenir prêts,
pour le lendemain matin, à passer la revue de l'Empereur.
Le 24, il huit hnnres du matin, nous noua mimes en
marche pour la -Kremlin. Lorsque noue y arrivâmes, plu.
sieurs régiments de l'armée y étaient déjà réunis pour la
mime cause; il y eut, ce jour-là, beauenup de promotions
et beaucoup de décorations données. Ceui qui, dans cett*
rerue, reçurent des réeompenaes, avaient bien mérité da la
patrie, car plus d'une fois ils avaient versé leur sang au
Je prolHai decette circonstance pour visiter en détail tes
choses remarquables que renfermait le Kremlin. Pendant
que plusieurs régiments étaient occupés a. passer la revu»,
le visitai l'église Saint-Michel, destinée à la sépulture des
empereurs de Russie. Ce fut dans cette église que, les pre-
miers jours de notre arrivée, croyant y tronver des grands
trésors qûe l'on disait y être cachée, des militaires da la
Oerde, du t" de chasseurs, qui étaient restés de piquet an
Kremlin, s'y étaient introduits, avaient parcouru des canaux
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
immenses, mais, au lieu d'y trouver des trésors, ila n'y
trouvèrent que des tombeaux en plana, reconwrts M
velours, avec des inscriptions sur des plaques eu argent.
On y rencontra aussi quelques personnes de la ville
qui s'; étaient retirées sons la protection des morte,
croyant y être en sftrelé, parmi lesquelles se trouvait une
jeune et jMlie personne que l'on disait appartenir à une dea
premières familles de Moscou, et qui fit la folie de l'atta-
cher à un officier supérieur de l'année. Elle Ht la folie,
plus grande encore, de le suivra dans la retraite. Aussi,
comme tant d'autre», elle périt de froid, de faim et de
Sortant des caveaux de l'église Saint-Michel, je fus voir
le. fameuse cloche, que j'eiaminai dan« tous ses détails. Sa
hauteur est de dix -neuf pieds; une bonne partie est enterrée,
probablement par son propre poids, depuis le temps qu'elle
est à te rre, par suite de l'incendia qui brflla la tour ai elle
était suspendue et dont on voit encore les fondations. Les
grosses pièces de bois auxquelles elle était suspendue y sont
encore attachées, mais cassées par le milieu.
monstres; un- peu plus loin et sur la droite, c'est la cathé-
drale, avec ses neuf tours ou clochers couverts en cuivre
doré. Sur la plus haute des tours, l'on y voyait la croix du
grand Ivan, qui domine le tout; elle avait trente pieds de
haut, elle était eu bois, recouverte de fortes lames d'argent
doré -. plusieurs «haines aussi durées la tenaient de laus les
cotés.
(Jnelquee jours après, des hommes de corvée, charpentiers
.et antres, furent commandée pour la descendre, afin de la
transporter à Paris comme trophée, e.u la lî^tscliimt,
elle fut emportée par son poids ; elle faillit tuer et entrainer
.avec elle tous les hommes qui la tenaient par les chaînes;
il eu fut de même des grands aigi es qui dominaient les hautes
toiiio, autour IVuieeink du kivnhu.
. Il était midi lorsque nous eûmes lini de passer la revu»;
en partant, nous passâmes aous la fausse porte où. ae trou»
je grand Saint Nii^lu- dont j'i-j p;rté plus bmt. Nous y
•Unes beaucoup d'eselaies russes oscupéa à prier,.*, fais*
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
♦ S »t»,ilBSS Ofc WBf.rsi B:.i Bf.fii;ïE.
Je, courbatut et cet sijuc s lu erou nu grand Saiot ; pro-
bft^lemrni n.riii I'iiimi :edsienl t»..i i
Le 3S, avec plusieurs de me; amis, nous parcourûmes les
ruines de la ville. Nous passâmes dans plusieurs quartiers
que nous n'avions pas encore vus: partout l'on "rencontrait,
au milieu des décombres, des paysans russes, des femmes
sales et dégoûtantes, juives el autres, confondues avec des
soldats de l'armée, cherchant, dans les caves que l'on décou-
vrait, les objets cachés qni -avareot pu échapper à l'incendie.
Indépendamment du vin et du sucre qu'ils y trouvaient, l'on
en voyait chargés de châles, de cachemires, de fourrures
magnifiques do Sibérie, et aussi d'étoffes lissées de soie, .
d'or el d'argent, et d'autres avec des plais d'argent ut d'au-
tres choses précieuses. Aussi vojail-on les juifs, avec leurs
R^ur.es ctkiiis ii.k's, faite nos =old:i'.s LouLe c-fiè.v ,ie
propositions pour eu obtenir quelques pièces, que souvent
d'autres soldats de l'armée reprenaient.
Le même jour, au snir, le feu tut mis à un temple rVcli,
en face de notre logement, et tenant au palais où.élait logé
le maréchal Mortier. Malgré les secours que" nos soldats
piirlértnl, l'on ne put p.- r-enir i. I'é:emdre. Ce I»mpl2. qui
avait été conservé dans son entier et où rien n'avait été
dérangé, fat, dans un rien de temps, réduit en cendres. Cet
accident fut d'autant plus déplorable, que beaucoup de
malheureux s"y étaient retirés avec le peu d'effets qui leur
restaient, et même, depuis quelques jours, l'on y ofa-
cla».
Le 38, je fus de garde aui équipages de l'Empereur, que '
l'on avait placés dans des remises situées a une des entrè-
mités de la ville et vis-à-vis une grande caserne que l'in-
cendie avait épargnéa et où une partie du premier corps
d'armée était logée. Pour y arriver avec mon poste, il
m'avait fallu parcourir plus d'une lieue de lorrain eo
ruine; cl si:uc presque sur la rive gauche de la M.wkowH,
où l'on n'apercevait plus que, çà et là, quelques pipions
d'églises; le reste élait réduit en cendres. Sur la rire droite,
ou voyait eoroie quelques jolies maison? de campagne i«o-
^ lées. donl une pa-tie aussi était brfilée.
- Prés de l eûdru:l où j'avais établi non povr-, w trouvait
«aie maison qui avait échappe a Hi.ceuu.e. je fus la voir par
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
curiosité. La hasard m'y fit rénconLrer un individu parlant
tris bien le français, qui me dit être de Strasbourg, et
qu'une fatalité avait amené à Moscou quelques jours avant
» il n» 1. I- il -nui tuiiflnj-i'1 .I- Mjir. »i
de Champagne mousseux, et quo, par suilo de malheureuses
tir-cû^sU il [.(-idail jil.is il : ui.i million. Umi; par ca qu'on
lui devait que par les vins qu'il avait en magasin et qui
avaient été brûlés, cl aussi par ce que nous avion» bu et
que nous buvions encore tous les jours. Il s'avait paa un
morceau de pain à manger. Je lui offris de venir manger
avec moi sa part d'une soupe au riz, qu'il accepta avec
En attendant la paii, que l'on croyait prochaine, l'Em-
pereur donnait des prdi«s afin de tout organiser dan»
Moscou, comme si l'on devait y pasier l'hiver. L'on cora-
flionnements de tous genres qui se trouvaient dans différents
c:nNuils ij.j '.a viiie. Optiques temples qui avaient écbajipé à
J'ir.cnniiie furrn! om-pru st. rpnrtus au culte. Pas loin de
notre habitation, et dans la même rue, il existai! lu,: église
p l i " ■ ii. Li ; J i 1 L i_f '.i ■_ . : - '.n j'i 'jr 1 1.- lion ai:., '/mi^r.' y disait la
messe. L'église portait le nom de Saint-Louis. L'on parvint
m ■]] ■■ .1 n'iliihiir un théMre. cl l'un iTi'a assuré que l'on y
avait joué la comédie avec ùt« acteurs français et italien!.
Qui! l'ori y ail joué ou non, une chose dont je suis certain,
c'est qu'ils furent payés pour su nmiv. c. cela jlîn de faire
équipages, je fus surpris agréablement en trouvant deux de
mes pays qui venaient me voir. C'étaient Flamant, natif de
Miuweli, vélite dans les dragons de la Garde, et Melet.
dragon dans le même régiment; ce dernier était de Coudé.
Il* l^inliaienl lien, ce jour-la, car nous étions eu d!tn!isilin!i
pour rire. Noua invitâmes nos dragons a dîner al à paaser U
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
:s d'hommes et de femmes de toutes [es nations, même
soslumes français du temps de Louis XV], el tous ces
nt de la plus grande richesse. C'est pour-
quoi, le soir, après avoir dîné, nous proposâmes de donner
un bal et de uous revêtir de tons les costumes que nous
avions. J'ouf.lid? A: dire qu'ivi r'.mif-.n-, Fiamr.nl eau s iu-uit
appris une nouvelle qui nous fil beaucoup de peine, c'était
la catastrophe du brave lieu tenant- colonel Martod, com-
mandant le régiment de dragons dont Flament et Melet
□e savaient somment s'y prendre, c'est Flament et moi qui
furent chargés de présider à leur toilette. Nos deu* tailleurs
russes étaient en Chinais, moi en boyard russe, Flament en
marquis, enlln chacun de nous prit un costume différent,
même notre cautinière, la mère Dubois, qui survint dans le
/avions Sara p iiir.li. que Melet, le vicui dragon, avait soin
li'ilimeciler. fit que no» marquises, ainsi que la canliniùie,
quoique supportant très bien la boisson, avaient déjè le cer-
veau troublé, par suite des grands verres de punch qu'elles
avalaient de lemps en temps, avec délices.
HûnB avions, pour musique, une flûte qu
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
L'INCENDIE DE MOSCOU.
Mais à peine la musique avait-elle comment, bI la mère
Dubois allait-elle on aranlavecle fourrier de la compagnie,
avec qui elle faisait vis-à-vis, que voilà nos marquises, à qni
probablement notre musique sauvage allait, qui se meLtenl
à sauter comme des Tartares, allant à droite et à gauche,
écartant les jambes, les bras, tombant sur cul, se relevant
diable'daus le corps. Cela n'aurait été que très ordinaire
pour nous, si elles avaient été habillées avec leurs habits a
la russe, mais voir des marquises françaises qui, générale-
ment, sont si graves, sauter comme des enragées, cela nous
faisait pâmer de rire, de manière qu'il fut impossible, au
joueur de flûte, de continuer; mais noire tambour y sup-
pléa en battant la charge. Cest alors que nos marquises
recommencèrent de plus belle, jusqu'au moment où elles
tombèrent de lassitude sur le plancher. Nous les relevâmes
pour les applaudir, ensuite nous recommençâmes, à boire
et à danser jusqu'à quatre heures du malin.
La mère Dubois, en vraie canlinière, cl qui savait appré-
cier la valeur des habits qu'elle avait sur elle, car c'était
en soie lissée d'or et d'argent, partit sans rien dire. Hais,
en sor la ni, le sergent de garde à la police, voyant une dame
étrangère dans la rue, aussi matin, et pensant faire une
le bras pour la conduire dans sa chambre. Hais la mère
Dubois, qui avait son mari, el du punch dans le corps,
appliqua sur la figure du sergent un vigoureux soufflet qui
le renversa à terre. Il crin : t A la gardel > Le poste prit
les armes, el comme nous n'étions pas encore conchés,
nous descendîmes pour la débarrasser. Mais le sergent était
tellement furieux que nous eûmes toutes les peines du
moude à lui faire comprendre qu'il avail eu tort de vouloir
arrêter une femme comme la mère Dubois.
Le 38 et le 29 forent encore consacrés à nous occuper île
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
MÉMOIRES DU SEJMEKT BOWGOGNB.
sions; pour cela, noua allions faire des
Lo 30, nous passâmes k revue de 1 i i ; = yn : iï L-. ir lmi.
rue, pu face de notre logement. Lorsqu'elle fut terminée
|iri: tiivic au c-.Sorn'l d« fuir* voir à l'inspectai comiv.
le régiment était logé. Lgrsque ce fut au lour de notre c<
pagnie, le colonel se lit accompagner par ie capitaine, l\
riar et k sergent de semaine, et l'adjudant. major Houst
dant-major Bouslan. F.t, aussitôt, il as met en train d'ouvrir
les portes de nos chamhres '. Mais, par malheur, nous
n'avions pas oté la clef de k porte du cabinet où nos Dulci-
née! se tenaient, et que nous avions toujours lait passer
pour une armoire. Alik-iIÙI, il l'ouvre, mais, surpris d'y voir
un espace, il regarde et aperçoit les oiseaux. Il ne dit rien,
referme la porte et met la clef dans sa poche.
LorsqVil fut descendu dans k rue, e: d'aussi loin qu'il
m'aperçut, il me montra la clef, et, n'approchant de moi en
biais que diable faites-vous de ces drolesses-k, et où les
avoî-voas péehéesî On n'eu voit nulle parti > Alors je lui
contai comment et quand je les avais trouvées, et qu'elles
nous servaient h blanchir notre linge : • Dans ce cas, nous '
dit-il, en n'adressant au sergent-major et à moi, vous vou-
drai bien me les prêter pour quelrjues jours, atin de bkn-
j'espère qu'on bons camarades, vous ne me refuserez pa6
tek. > Le même soir, il les emmena; il est probable qu'elles
blanchirent toutes les chemises des officiers, car elks ne
revinrent que sept jours après,
te i" octobre, un fort détachement du régiment fut
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
lommandi pour aller, fourrager h quelques Hases de Moscou,
dans un grand chàloau nonsiru.il ea bois. Nous y trouvâmes
Torl fieu de chose : une voilure chargée do foin fui tout*
noire captura. A noire retour, nous rencontrâmes la cava-
lerie russe qui «El c.aî-rt.-nl.-:- autour do nous, saris cfpeu-
dam oser ifous attaquer sérieusement. Il esl vrai de" dire
qne nous marchions d'uno manière a leur faire voir qu'ils
n'auraient pas eu l'avaulage, car, quolqu'étaut inllniraent
cavaliers hors de combat. Ils noua suivirent jusqu'à un
quart de liane de Slosoou.
Le 3, nous- apprîmes que l'Empereur tenait de donner
■ l'ordre d'arme.- 1; Kremlin; Iren'.e -.noces canon el obu- -
siars de différents calibres doraient être plaoés sur toutes
les tours tenant à la muraille qui forme l'enceinte du
Le 3, des hommes de corvée de chaque régiment de la
Barde furent commandés pour piocher la lerre al trans-
porter des matériau* provenant do vieilles murailles que
des sapeurs du génie abattaient autour du Kremlin,' el des
l'uii-.ùliriji» qin; l'on luisait sruiiu,- p.ir 11 mire.
I.e i, j'rK-.uiTDpr.^ap.i a mr-.c luur Vs K>ra;iie3 corvée
■ lire l'on tvjii: :;..n:i]i.,n.:.:s dioi la ce.u|]« ;: riie. Lp 1 indi-maiLI
an malin, un colonel du génie fut lué, à mes cotés (l'une
brique qui lui tomba sur la iéle, provenant [l'une mine que
l'on venait île faire sauter. Le même jour, jo vis, pi js d'aae
i-L'!i=e, plusieurs .vLduTcs <q u L .Lv.iien:. les jam.:es i't Ses
bras mangés, probablement par des loups ou par des
allions; ces derniers se rrsi jvîù-'iLt en i;ra:idp quantité.
Les jours où nous n'étions pas de service, nous les pas-
siooa a boire, fumer et rire, cl h muser de la France et de
la distance dont nous oticus séparés, et n ils =,[ de is nossilii-
lite de nous en éloigner encore davantage. Quand venait le
soir, nous admettions dans notre réunion uns deux esclaves
jiio-03ty.es, je dirai pk.té,: nos deai lu,, i qaises, ce.!, depuis
notre bal, nous ne leur disions plus d'autres noms, qui
nous l.euauujl I -Li; il boire I : j.uncli :lii lnn., 4e l:i lar:a.'upii;.
I.e rn-tn Le nuire sé/Liur dans iy:-r ville se passa eu levucs
et parades, jusqu'au jour où un courrier vint auiuincer à
l'Empereur, au moment où il était à passer la revue de plu.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
54 MÉMOIRES DU SERGENT BOURGOGNE.
sieurs réfçimeqls, que les Russes avaient rompu l'armistice
cl avaient allaqué a l'improvinte la cavalerie de Mural, au
moment où il ne s'j attendait pas.
Aussitôt la revue passée, l'ordre du départ tut donné, et,
ta un instant, toute l'armée fut en mouvement; mais ce ne
fut que le soir que notre régiment eut connaissance de
l'ordre de se tenir prêt h parlïr pour le lendemain.
Avant de partir, noua finies, à nos déni femmes mosco-
vites, ainsi qu'à nos deci ta/lirnrs, leur part du butin que
nous ne pouvions emportai vingt fois ils ea jetèrent à lerre
pour nous remercier en nous baisant les pieds : jamais ils
ne Vêlaient v.is si riches]
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
La retraita. — Rotuo de mon sue. — L'Empereur
en danger. — De MojaTak s Slavrkowo.
Le 18 octobre au soir, lorsque dous étions, comme lous
les jours, pliifi'.'urî sinii--c.rfiijii.r~ réijr.is, étctlilin, unirai;
des pachas, sur des peaux d'hermine, de maria- îibeline,
de lion et d'ours, et sur d'autres fourrures non moiaa pré-
des Iud'es, et qu'un punch monstre eu rhum de la Jamaïque
flamboyait au milieu de nous, dans le grand vase en argent
du boyard russe, et faisait fondre un éuorme pain de sucre
soutenu en travers du vase par deux baïonnettes russes; au
moment où nous parlions de la France et du plaisir qu'il y
aurait d'y retourner en vainqueurs, après une absence de
plusieurs années; où nous faisions nos adieui ei nos pro-
messes de fidélité aui Mogolesses, Chinoises et Indiennes,
nous entendîmes un grand bruit dans un grand salon où
étaient couchés les soldats de la compagnie. An même ins-
tant, le fourrier de semaine cnlra pour nous annoncer que,
d'après l'ordre, il fallait nous tenir prêts à partir.
Le lendemain 19, de grand malin, la ville se rempli! de
juifs et de paysans russes; les premiers, pour acheter aui
soldats ce qu'ils ne pouvaient emporter, et les autres pour
ramasser ce que nous jetions dans les rues. Nous apprîmes
,quc le maréchal Mortier restait au Kremlin avec dii mille
tommes, svec ordre de s'y détendre au besoin.
Dans l'après-midi, nous nous mimes en marche, non sans
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
58 XÉMOmES BIP SERGEWT BOnHflOOIOt.
avoir fait, comme nous pûmes, quelques provisions de
liquides que nous mimes sur la voilure de notre cantiniére,
la mère Dubois, ainsi que notre grand rase en arRent; il
était presque nuit bi'arte nous c-it.,^ hors de la ville. Un
instant après, non- :mii< trûiivimes nu milieu d'un* grande
quantité de voitures, conduites par des hommes de diffé-
rentes nations, marchant sur trois ou quatre rangs, sur une
étendue de plus d'une lieue. L'on entendait parler français,
allemand, espagnol, italien, portugais, et d'autres langues
encore, car des paysans mnsnovites suivaient aussi, ainsi
que beaucoup de juits : tous ces peuples, avec leurs cos-
tumes at leurs langages différents, les enntiniers avec leurs
femmes et leurs enfants pleurant, se pressant en lumulle et
en un désordre dont on ne peut ire faire une idée. Quelques-
uns avaient déjà leurs voilures brisées: ceui-|à criaient et
juraient, de manière que c'était un tintamarre avons casser
laWte.Kous finîmes, non sans peine, a dépasser cet immense
convoi, qui était celui de toute l'armée. Nous avançâmes
sur la route de Kalouga (là, dous étions en AsieJiOn instant
après, nous arrêtâmes pour bi»aquer dans un bois, le reste
de la nuit, el comme elle était déjà très avancée, notre repos
ie lut pas long.
A peine s'il faisait jour, qoe nons nous remîmes en
marche. Nous n'avions pas encore fait une lieue, qtie nous
rencontrâmes encore une grande partie du fatal convoi, qui
nous avait dépassés pendant le peu do fepos que nous
avions pris. Déjà, une grande partie des voitures étalent
brisées et d'autres ne pouvaient plus avancer, a cause qne
le chemin était de sable et que les roues enfonçaient beau-
coup. L'on entendait crier en fraucais, jnrer en allemand,
réclamer le bon Dieu en italien, et la Sainte Vierge en espa-
gnol et en portugais.
Après avoir passé toute cette bagarre, nons fflmés obligé
d'arrêter pour attendre la gauche de la colonne. Je profilai
de celte circonstance pour faire une revue d« mon sac, qui
me semblait trou lourd, et voir s'il n'j avait rien à meltrr
ae cété afin de m'alléger. II était asseï bien garni : j'avai-.
Ulusienrs livres de sacre, rln rii, un pr™ de biscuit. ui;r
demi-bouteille de liqueur, le costume d'une femme chinoise
rin étoffe de soie, Hssue d'or el d'argent, plusieurs objets de
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
BSïïB oit «r>« MC S?
fantaisie en or el srçeot. notre antrei un morceau de fa
Croli du grand Ivan 1 , cest-à-dtre oorooKea,u de l'eo»el. ppf
qui la recouvrait, qui était d'argent doré el qui m'avaii ele
donné par un homme de la compagnie qui avait ete com-
mandé de corvée avec d'autres hommes du même état, cou-
ir -t et cli.ir|ii-riïi ti. jviur la ibïlnclieî-.
J'avais aussi mon grand uniforme, une grande capote de
femme servant a monter à chwai (celle capote était de cou-
leur noisette, doublée en velours vert, et, comme jo n'en
connslssaia pas l'usage, je me figurais qn« la femme qui
l'avait 'perlée- avait plus de sii pieds); plue deux tableaux
en argent d'un pied Je long sur huil pouces 1 de hauteur,
dont le* personnages étaient en relief : l'un de ces tableaux
s-cprr!.waiait 1" jugement de Paris, sur le mont Ida. L'autre
représentait Kcptune, lur on char terme d'une coquille et
trainé par des chevaux marins. Tout cela était d'un travail
fini. J'avais, en outra, plusieurs médaillons et un crachat ' >
d'un prince russe enrichi de brillants. Tous ces objets,
étaient destinée pour des cadeaux el avaient été trouvés
dans des caves où les maisons avaient croule par suile de
l'incendie.
Gomme l'on volt, mon sac devait peser, mais, pour quil
no soit plus aussi lourd, je laissai sur le terrain ma culotte
blanche, prévoyant bien que je n'en aurais pas besoin de
sitôt. Sur moi, j'avais, sur ma chemise, un gilet de soie
jaune piqné et ouaté que j'avais fait moi-même avec la
jupon d'une (emma, et, par-dessus tout, un grand collet
doublé en peau d'hermine, plus une carnassière suspendue
a mon coté et sous mon collet, par un large galon en
argent, contenant plusieurs objets parmi lesquels était un
Christ fii 'il- i-t intPiil- -■« i --.=-= i tjt'oii vaïi; .!ii |K..rc daine
ije Chine. Ce- de us -.iin'os :.at appê au naufrage comme
par miracle; je les possède encore el les conserve comme
des reliques. Ensuite, mon fourniment, mes armes et
soixante cartouches dans ma giberne; ajoutai à cela delà
vu Ki, de la gaieté, de |a bonne volonté et l'espoir de pré- .
senter mes hommages aui dames mogoles, chinoises el
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
68
iodiennet, et »om ioki ou« idée dg sergeoi veY« de la
tiarie iujpérjile
A peine nvaisje passé ]« revue de moo bglio, que noua
.-MiifM.li mes, devant nous, quelques coupa de. fusil; l'on
nous Et prendre les armes ni doubler le pas. Uns demi-
heure après, nous unièmes sur l'emplacement où un
convoi, escorté par un détachement de lanciers rouges do
la Garde, avait été attaqué par des partisans.
Plusieurs lanciers étaient luéi, et aussi des Busses et
quelques «hevaui. Prés d'une voilure, l'on voyait étendue
à terra et sur le dos, une jolie femme, morte de saisisse-
ment. Nous continuâmes a marcher sur une route asseï
helle. Le soir, nous arrêtâmes et nous formâmes notre bivao
dans un bois, afin d'y passer la nuit.
Le lendemain 31, de grand matin, nous nous remimes
en marche, et, dans le milieu du jour, nous rencontrâmes
un parti de Cosaques réguliers, que l'on chassa a coups de
canon, après avoir marché une parlîe de cette journée a
travers les champs, nous arrêtâmes près d'une prairie, au
bord d'un ruisseau, ou nous passâmes la nuit.
Le 32, nous eûmes de la pluie. L'on marcha lentement et
avec peine jusqu'au soir, où nous arrêtâmes et primes posi-
eiplosion : nous sûmes, après, que c'était le Kremlin que
le maréchal Hortier venait de Taire sauter, par le moyeu
d'une grande quantité de poudra que l'on avait misé dans
les aaves. Le maréchal était parti de Moscou trois jours
après nous, le 32, avec ses dit mille hommes, dont deui
régiments de Jeune Garde que nous rejoigalmes quelques
jours après, sur la route de Mojaisk. Le reste' do celte
journée, nous finies peu de chemin, quoique marchant tou-
Le 24, nous n'étions pas loio de Kalonga. Le même jour,
l'armée d'Ilalic, commandée par le prince Eugène, aiusi
que d'autres corps que le général Corbineau commandait
, se battaient, à Kalo-Jaroslawelz, eontre l'armée russe qui
roulait nous disputer le passage. Dans cette lutte, qui fat
n> .Use eu Moogslie M i
i«M- [.V,r, d, r«MrO
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L'EMPEREUR EN rUNCER. 5Î
sanglante, 1801)0 hommes des nôtres 8e hnttirerit contre
70 UNI lîn "SilP, '1 :i perdirent S WJ tmir.m.is. rj. nrilis y 000.
Nous eûmes plusieurs o r'î.;L.-rs supériaurs lues et blessés,
entre antres le général Délions, frappé d'una balle au front.
-,in irè.A. qui éi'.iiL i.niund, voulut le secourir; a son tour,
il [■:! i\ll.;ihl d'un" ■-. .'.'u : - 1 ; If"' iIi'ua -.tf ircrrllt .1 1s
même place.
Le 25, au matin, j'étais de garde depuis la veille au soir,
près d'une petite maison isolée où l'Empereur était InfÉ et
d'un épais brouillard, comme il en fait souvent au mois
d'octobre, quand, tout à coup et sans prévenir personne, il
monta à cheval, suivi seulement de quelques officiera
d'ordonnance. A peine étaii-il parti, que nous entendîmes
un grand bruit; un moment, nous crûmes que c'étaient des
cris de • Vive l'Empereur! > mais nous entendîmes crier :
i Aui srmes! > C'étaient plus de 6 000 Cosaques commandés
par .Platoff, qui, à la faveur du brouillard et des ravins,
étaient venus faire un Aourrafc, Aussilét lés escadrons de
service de la Garde s'élancèrent dans la plaine; noua les
summes, et, pour raccourcir notre chemin, nous traver-
sâmes on ravin. Dans un instant, nous fûmes devant-cette
nuée de sauvages qui hurlaient comme des loups et qui sa
i,o;:-i'rer,t. !!(cs"eai::irirnG5 Knimit par les atteindre et leur
reprendre tout ca qu'ils avaient enlevé de bagages, de cais-
sons, en leur faisant essuyer beaucoup de pertes.
Lorsque nous entrlraes dans la plaine, nous vîmes l'Em-
pereur presque au milieu des Cosaques, entouré des géné-
oii les escadrons entraient dans la plaine, plusieurs de ses
officiers avaient été obligés, pour se déreodre, et ponr
dérendre l'Empereur, qui était au milieu d'eux et qui avait
failli être pris, de faire le coup de sabre avec les Cosaques.
Un des officiers d'ordonnance, après avoir tué un Cosaque
et en avoir hlessé plusieurs autres, perdit, dans la mêlée,
«on chapeau, et laissa tomber son sabre. Se trouvant sans
armes, il courut sur un Cosaque, lui arracha sa lance cl se
d.H'":i' J it avili'. "' : ni.,!i::-n. il fol iper..:ii par un gr,>
nadicr à cheval de la Carde qui, à cause da sa capote verte
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et de sa lance, le prit pour un Cosaque, courut deasua et
lui passa son sabre au travers du rnrps
Le malheureux grenadier, désespéré en voyant ta méprise
veut se taire tuer; il s'élance a u m ili cu a 6 l' enn e m j, lr*p.
paut à droite et a pauche; tout fuit devant mi. Après en
avoir tue plusieurs, n'ayant pu fa faire tuer, il revint seul
el couvert de sang demander des nouvelles de l'oifli'i"]- qu'il
avait si malheureusement blessé. Celui-ci goérit al revint eu
France sur un Iraineau .
Je me rappelle qu'un instant après celle échauftenre*
l'Empereur, étant à cau.er avec le roi Mural, riait de ce
qu'il avait failli siro pris, .«r il s'«o est fallu de bien peu.
Le grenadier-véliie Monfort, de Yalencicnnes, avait encore
an l'occasion do se distinguer, an tuant al en mettant hors
de combat plusieurs Cosaques. 1
Nous restâmes encore quelque temps dans cette position,
et nous nous mimes en marohe, laissant Kalouoa snr notre
gauche. Nous traversâmes, sur «nmamnispmu w rivi.'- re
fangeuse al fort escarpée, et primes la direction de MoiUsk
Le îfl, nous fîmes encore uns petite étape, et, le ST, après
avoir marché sans interruption jusqu'au soir, nous allâmes
coucher près de MojsÏBls; cette nuit, il commença à gel»
La 28, nous partîmes de grand, matin et, dans la journée
après avoir traversé une petite rivière, nous nous trouvâmes
sur I emplacement du fameux champ de bataille -encore
tout eoavart de morts et de déhria de toute espèce. On votait
aorur de terre des jambes, des bras- et des tétas: presque
tous ces cadavres étaient des Russes, car les nôtres,- autant
que possible, nous leur avions donné la sépulture Mais
-«""-le tout cela avait été taii à lahate, les plaies qui élaieni
Bien de plus triste à vi
conservaient une forme humaii
jours que la bataille avai
Noua allâmes établir notre bivac un peu plus avant el
nous passâmes près de ta grande redonie eu le aénéral
1 " * M tut e, enterré. Lorsque nous Km™
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passer la nuit l: mit'u.t [nissihli 1 . Nous fîmes du feu avec les
débris d'armes, de caissoos, d'affûts Je canon; mais, pour
l'eau, nous fûmes embarrassés, car la petite rivière qui
coulait près de noire camp et où il se trouvait peu d'eau,
t'btiL [:.:iil:Ih: Je ea^.ivroa c:i pirr.'.';.i;:.in': : i 1 M'nl. îi-mi'Utir
a plus d'un quart de lieue pour en avoir de potable. Lorsque
le champ de bataille; 110115 rdUmps jtîiju'ati ravin, à la
plan; j ii-i 1 ii uti, lu kii'.lt'iiiiiiii de la b;'.t;iii>, le rui Mura'.
Lemëmejoor, ls bruit courut qu'un jjivu.dier l'rflu.-fLiri
ivjil li-'TOVi' 1 suj' 1'! 1; h a in p d.-; liii'..ii'..>. vivant eio.n-r : il
avait les deux jambes r,o«pèes, et, pour abri, la oKiisst
d'un cheval dont d s'iiait nourri de la ohaii', et, pour bois-
son, l'eau d'un ruisseau rempli de cadavres. I.'on a dit qu'il
fut sauvé ■ pour le moment, je le pense bien, mais, par la
Miit-i. il rmrn Pilln l'.i niîidii;iuec, mn.s tint d'iiiilres. Le
butin qu'ils emportaient de Moscou et dont leurs voitures
Étaient chargés, Colle uuiL, «uni couoliàmes dans un bois
en arrière de Ghjat, où l'Empereur logea; pendant la nuit,
puur lu [ircmiOi-e :\iis, il luinli;. lie la ridj.;.
Le lendemain, 30. la roule était déjà mauvaise; baaocoup
de voilures, chargées de bulin, avaient peine à se traîner,
1. Orugier, «ugHit. [Abu <ja InuurA
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63 MÉ1I01RBS DU SERGENT BOURG0GKE.
beaucoup déjà, se trouvaient brisées, et d'autres, craignant
le même sort, s'aLlÉgceient en se débarrassant d'objets inu-
tiles. Ce jour-là, j'étais d'arrière-garde, et, comme je me
trouvais tout à Tait en arrière de la colonne, à même de
voir le commencement du désordre. La roule était joochée
d'objets prccieui, comme tableau.*, candélabres et beaucoup
de livres, car, pondant plus d'une heure, je ramassai des
volumes que je parcourais un instant, et qui: je rejjuLs
les abandonnaient. ^ ' '
C'étaient des éditions de Voltaire, de Jean-Jacques Rous-
seau et de l'Hfsloire naturelle par Buflbn, reliées en maro-
quin rouge et dorées sur tranche.
dsiis relis jn-irnic que. j'eus le bonheur du faire
l'acquisition d'une peau d'ours, qu'un soldat de la corn pa-
iLi]][:lic .le r-:nimijc-,. !.(• mOtm; jour. inl-( fi.uliiiior^ perdit
son équipage arec nos vivres et notre grand vase en
argent, dans lequel nous avions fait tant de punch.
Le 30, nous arrivâmes à Wiasma, ville au sc/inojm, ainsi
nommée, par nos soldats, a cause de t'eau-de-vîe que l'on
y trouva en allant à Moscou. L'Empereur lit séjour; notre
régiment alla plus avant.
J'oubliais de dire qu'avant d'arriver i cette ville, uous
lïmes une grande halle et que, m'étant retiré sur la'drolte
de la route, près d'un bois de sapins, je rencontrai un
.-oiwit Je? chasseur» di! !s Gardo. ,|oe j ■ ermnaissai. i. u
■wail |iroiil.,; d'un ion qui su trouvai; tout fait, pimr faire
cuire nne marmite de riz, dont il m'invita à prendre part.
Hongroise aie::- qui I Ih niions du mondent qui avait
encore sa voiture a'.telc: do deu.i chevaui et "bien garnie de
vivres, de fourrures cl d'argent. Jo restai avec eux tout le
temps de la halte, plus d'une heure. Pendant ce temps, un
sous-officier portugais s'approcha de nous pour se chauffer;
0 loi domain.!, i où ét.-dt son royii-ior:!: il mo répondit . t n'il
jiait dispersé, mais que lui, il élait chargé, avec un déla-.
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BE HOJAÏSI A SLÀWEOWO.
il s'offrit de me le faire voir; je refusai. Cette scène se
passait ii cent pis de rs-dmil n ù nous éuons ; nous sûmes,
quelques jours après, que l'on avait été obligé d'abandonner
le reste, ne pouvant les nourrir.
Le sergent des chasseurs, dont je viens de parler, Un il
Le 1" novembre, nous avions, comme la nuit précédente,
couché prés d'un bois, sur le bord de la. roule: depuis plu-
sieurs jours, nous avions déjà commencé à vivre de viande
de cheval. Le peu de vivres que nous avions pu emporler
de Moscou était consommé, et nos misères commençaient
ave-:: le froid qui. déj.î, se fais.ai: seiT.il avec force. Pour
mun compte, j'avais encore un peu de riz que je conservais
pour les derniers moments, car je prévoyais, pour la suite,
des mis'n-rs plus grandes encore-
Ce jour-la, je -jLi ■=■!!= e-icore parti; de l'ai ri ère garde, qui
était composé,: du scus-ofllciers, à cause que déjfi tniiiin-nnp
de soldais ~i?=t.;-.iciM :j.r:-;.'.-re 5j.-j.Li i rcpoïur 0: ci'-îolfer
k des fem qui! ■ ï .jni olrieil dic.vmt h Hiaieul mIjili.-
donnéa en partant. En mirchmt, j'apanjua, sur ma droite,
pj l. sio ors llomn^s de ■ lilTéieiil.s )V;L'iini:i!^, i!or:l -.pii-lqi;:-:-
uns étaient de 1s Garde, autour d'un grand feu. Je fus
envoyé par l'adjudant-major, alin de te* engager à suivre:
étant près d'eux, je reconnus Flament, dragon yélite. Je le
sabre, dont il m'inviia dp prendra part; je l'engageai à
-.oivr..' ta colonie; il me :ép,::i:]ii .[i: , ii-;s.ii >:. qu'i, jurait
fait son repas, il se remettrait en route, mais qu'il était
nialliciiir'n. p-..i'']u :: .l tiL'.it for-.'é d- tain, la r-..i\\. : h pied,
avec ses bottes à l'éenyère, a cause que, lo jour avant, dans
un i-omliat CiiuIil; le-; Ko-iuy:-.. ini il .:n ivnil ;nii trois, son
cheval avait attrapé un écart, de sorte qu'il était obligé de
le conduire par la bride. Heureusement que l'homme qui
me suivait, dans ce momin.t, était rien ! ion: ras de cou-
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Dotogobout. — Lavfermine. — Unecantinièra.— La faim.
donné, h cause dp la grande quantité de clioui que nous y
iriiiji'àEic» en «Slaui à Moscou. C'est aussi de cutie villi;
que, le 25 août, l'Empereur lit faire, dans toute l'armée, le
il("::::iiiii:rcn-_ent des coups de canon et de fusil que l'armée
avait à tirer pour la grande bataille. A 7 heures du soir,
nous en étions encore éloignés de deui li-
l'on battit la marche
es sur l'empla-
prés, elle arait
é-e bril.-n ..nirji::itî i-caucoup d'autres.
11 élail bien II heures lorsque notre bivouac fut formé,
et, avec les débri.- let n i ; i i s ■ i t-- ^. . nous trouvâmes encore
assi-y. de bois pnur ;'aire du l'eu et bien nous chauffer. Maia
déjà tout nous manquai:, i:: nous i/liuiis tellement fatigués,
que l'on n'avait pas la forre de chercher un cheval pour le
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
M C MO 111 ES DU SES a eut bourgogne.
voler et le maoger ensuite, de manière que nous primes le
parti de nous reposer. Un soldat de la compagnie m'avait
apporté des nattes de jonc, pour me coucher : les ayant
mises devant le feu, je m'étendis dessus et, lu tétc sac mon
sac, les pieds an feu, je m'endormis.
Il y avait, peut-être une heure que je reposais, lorsque je
impossible de résister. Je passai machinalement la main sur
fut mon effroi lorsque je m'aperçus que j'étais couvert de
vermine ! Je me levai, et en moins de deui minutes j'étais
nu comme la main, jetant au feu chemise et pantalon.
C'était comme un feu de deux rangs, tant cela pétillait dans
les flammes, et, quoi^u'l l.im'ja'. la iie:'i;e par gms llo-
cons Eur mon corp-, je ne me iippelle pas avoir eu froid,
tant j'étais occupé de ce qui venait de m'arriver ! Bnlin, Je
secouai au-dessus du feu le reste de mes vêlements dont je
ne pouvais me défaire, et je remis la seule chemise et le
seul pantalon qui me restaient. Alors, triste et ayant presque
envie lin pleura, jr pris II: parti lit: m'aï-eiiir -ur mi:::
et, la tète dans mes mains, couvert de ma peau d'ours,
éloigné des maudites nattes sur lesquelles j'avais dormi, je
pissai le reste de la nuit. Csoi qui prirent ma place n'at-
trapèrent rien : il parait 'pie j'avais luut pris.
Le jour snivant, 5 novembre, nous partimes de grand
matin. Avant le départ, l'on fit, dans chaque régiment de
la Garde, une distribution de moulins à bras pour moudre
liles, l'on s'en débarrassa dans les vingt-qualrs heures.
Cette journée fut triste, car une partie des malades et des
hlessi'is ïiici'.umlièreiit; ïh ayai-iii!, jnsijirr: r.r. jour, l'.iil lies
efforts surnaturels, espérant atteindre Smolensk, où l'on
croyait trouver des vivres et prendre des cantonnements.
Le soir, nous arrêtâmes près d'un bois où l'on aonna
l'ardre de Tunner des abris, un» de passer la nuit. Un ins-
tant après, notre cantinière, Mme Dubois, la femme du
barbier dï notre compagnie, se irouva malade, et, au bout
d'an instant, pendant que la neige tombait, et par nu (roi*
de vingt degrés, elle accoucha d'un grus garçon : position
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
ONE CANTiMÈRB. g T
[luiliiiiireusc puur mie f,viu]::(,. Je dirai que, dans cette tir-
constance, le colonel tindel, qui commandait uo Ira régiment,
lit tout ce qu'il était possible de faire pour la soulagement
de cette femme, prêtant son manteau pour couvrir l'abri
sous lequel était l,i mire- LUù'jif, mi supporta son mal avec
coorage. Le chiruryieu .-Lu n^imei!-. n'épargna rien, de son
coté; enflu le tout finit heureusement. La même nuit, nos
Après avoir passé la nuit la plus pénible, à caufe du
gland rroid, noua nous mimes eu roule. Le colonel prêta
son cheval à la mère Dubois, qui tenait sou nouveau-né
dans les bras, enveloppé dans une peau de mouton; tant
de la compagnie, morts dans la nuit.
Ce jour-là, qui était ie i! iiov.'mLrc, il disait un brouillard
à ne ]ias y voir, et un froid de plus de vingt-dr.ni degrés;
nos lèvres se collaient, l'intérieur du ne*, ou plutôt le car-
reau se glaçait; il semblait que l'on marchait au milieu
d'une atmosphère de glace. La neige, pendant tout le jour,
et par un veut extraordinaire, tomba par flocons, gros
comme personne ne le* avait jamais vus; non seulement
l'on ne voyait plus le ciel, mais ceux qui marchaient devant
Lorsque nous fûmes près d'uu mauvais village nous
vimes une estafette arriver à franc étrier, demandant après
!'Km Tireur. Nous sû.:^, un irisfnr.l après, qui; refait un
général apportant la nouvelle de la conspiration de Malet,
qui venait d'avoir lieu à Paris.
Gomme l'endroit où nous étions arrêtés était près d'un
hois, et que, pour se remcltre en route, il fallait beaucoup
attendre i i:,u» lu ,:!„;, utilil i;ln:i[. l\m ic Lv.-uvjit
beaucoup de monde en masse, et comme nous étions plu-
sieurs amis réunis sur le bord de la route, frappant des
pieds pour ne pas être saisis du froid, causant de uos
malheurs et de la faim qui nous dévorait, je sentis tout à
coup, l'odeur du pain chaud. Aussitôt je me retourne, et
derrière et près de moi, je vois un individu enveloppé d'une
grande pelisse garnie de fourrures, sous laquelle sortait
-fa,
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08 MÉMOIRES DU SEHGBÏiT BOURGOGNE,
L'odeur du pain qui m'avait monté au nei. Aussitôt je lui
adresse brusquement la parole, eu lui disant : « Monsieur,
tous avez du pain; vous allei m'en vendre' ■ Comme il
allait se retirer, je le saisis par le bras. Alors, voyant qu'il
n'y avait plus moyen ds -e débarrasser de moi, il lira de
dessous sa pelisse, une galette encore toute chaude que je
saisis avec avidilé d'une main, taudis que de l'autre, je lui
présentai une pièce de cinq francs pour la lui payer. Mais, a
peine t'avais-je dans la main, que mes amis, qui étaient
auprès da moi, tombèrent dessus comme des enragés, et
me l'arraché renl. H tic me resta, pour ma part, que le mor-
ceau que je tenais sous le pouce et les deux premiers doigts
de la main droite.
Pendant ce temps, le chimrgien-majnr de l'armée, car
c'en était un, disparut. Il lit bien, car on l'aurait peut-être
des premiers dans le petit village dont j'ai parlé, il aura eu
le bonheur de trouver de la farine, et, en attendant que
nous fussions arrivés, il aura fait de la galette.
Depuis plus d'une demi-heure que nous étions dans celte
position, plusieurs homme- avaic:it «u :eombé à l'endroit où
Tunis Hinns. lv:r.iiiii)ii)i il'aiitrrs étaicjiL ;;jiii1hî* dans la
en recueillait le sang dans une marmite, on le faisait cuire
et on le mangeait. Mais il arrivait souvent qu'au moment
où l'on venait de le mettre au feu, l'on était obligé de le
manger, soit que l'ordre du départ arrivai, ou que les Busses
marmite, et chacun, en marchant, puisait à pleines mairs
et mangeait ; aussi avait-on la figure barbouillée de sang.
Souvent, lorsque l'on était obligé d'abandonner des chc-
raui, parce que l'on n'avait pas le temps de les découper,
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
soit qu'ils fussent pris par reaa=;r.i, ou (inuis de froid.
Celte journée de marche ue fui pas aussi longue que la
précédente, car, lorsque nous arrêtâmes, il faisait encore
,.;iir. C'était sur Vi.iay'.in;:nii!,\. d'un v ihure iiLCHiii][- mi il
ne restait plus que quelques pignons de maisons contre
lesquels les officiers supérieurs établirent leur bivac pour
te mettre à l'abri du vent et pisser la nuit. Indépendamment
îles douleurs que non- avion-, [ni:- suit.! îles .-ru nies fatigues
effroyable. Ceux a qui il restait encore un peu de vivres,
comme du ris ou du gruau, se cachaient pour le manger.
Drji-. il n'y avait phis rl'iiinJs, l'iin r-jijjinlsil d'un air ■ : ■ ■
méfiance, l'on devenait même ingrat envers ses meilleurs
tarirmiiluî. 11 m'est arrivé, ri rar,:, île -.nmm.v.tre, envers
mes véritables amis, un trait d'ingratitude que je ne veui
pas passer sous silence.
J'étais, ce jour-là, comme tous mes amis, dévoré par la
faim, mais j'avais, plus qu'eux, le malheur de l'étra aussi
par la vermine que j'avais attrapée l'avant- veille. Nous
lions sur l'arrivée de quelques hommes de la compagnie,
qui étaient restés en arriére, afin d'en couper aut chevaui
qui tombaient. Tourmenté lie n'avoir rien à manger, j'éprou-
vais ùf.i sensations qu'il me serait difficile d'eiprimer.
J'étais près d'un de mes meilleurs amis, Poumot, sergent,
qui était debout près d'un feu que l'on venait de faire, en
regardant de l.ims etV.e- s'il n'arrivait rien. Tout à coup, je
A peine avais-jc lâché la parole, que je me mis k mercier
a grands pas dans 1a direction du bois, comme si je devais
rencontrer l'homme et le pain. Y étant arrivé, je le côtoyai
pendant un quart d'heure, et, tournant brusquement a.
TO MÉMOIRES DU SEBGENT BODHCOGNB.
Entiche ilnn- me dirfcik
presque à la lisièm du h
qu'il avait, devant
laquelle il laissil. tuire i[
couteau, il le plongea d(
je vis qn'il en retirait uni
peu et qu'il remit auss
aussitôt, probflt
J'allais m'élancer et courir dessus, mais, dans la crainte
qu'il ne m'éebappat, je rentrai dans le bois, et, faisant un
polit circuit, j'arrivai à quelques pas derrière l'individu,
sans qu'il m'ait aperçu. Mais, en cet endroit, comme il y
avait beaucoup de broussailles, je fis du bruit en avançai».
11 se retourna, mais j'étais déjà a cote de la marmite et,
sans lui donner le temps de me parler, je lui adressai la
parole : > Camarade, vous avei des pommes de terre, vous
allei m'en vendre ou m'en ik.r.ner, ou ]'eu!ève la marmite! •
Un peu surpris de mite resti'intini!, H. comme je m'appro-
chais avec mon sabre pour pêcher dedans, il me dit que
cela ne lui appartenait pas, et que c'était à un général
polonais qui biv&queit pas loin de la et dont il était le
domestique; qu'il lui avait ordonné de se eacher où il était
pour les faire cuire, alln d'en avoir pour le lendemain.
Comme, sans lui répondre, j>' me nei i ais en devoir d'en
prendre, non sans lui pré-ente:- ce i'ai^nt, il médit qu'elles
n'étaient pas encore cuites, et, comme je n'avais pas l'air
d'y croire, il en tira une qu'il me présenta pour me la faire
.palper; je la lui airacliai et, telle qu'elle élait, je la dévo-
rai : « Vons soyez, me Oil-il, qu'elles dù sont pas mangea-
ble»; caehei-vous on iostanl, ayes de la palience, tachei
surtout que l'on ne voua voie pas jusqu'au moment où elles
seront bonnes a manger; alors je vous en donnerai. >
Je lis ce qu'il me dit; je me cachai derrière un petit
buisson, mais si près d» lui .-rm-je i„; (juu vais le perdre de vue.
Au bout de cinq à sii minutes, je ne sais s'il me croyait
bien loin, il 6e leva et, regardant à droits et à gauche, il
prend la marmite Bt se sauve avec, mais pas loiu, car je
l'arrêtai de suite en le menaçant de lout prendre s'il ne
voulait pas m'en donner la moitié. Il me répondit encore
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LA FAIM. 71
qu'l'm'en faut, Mdis-je, dur je meurs de faim] . Voyau'l
quinze francs et je le quittai. Il me rappela et m'en donna,
ileui autres; elles étaient loin d'être bien cuites, maisj»
o'y pris pas grande attention, j'en mangeai une et je mi»
les autres dans ma carnassière. Je complais qu'arec cela,
je pouvais vivre trois jours en mangeant, avec un morceao
de viande (la cheval, rleui par jour.
Tout en marchant et en pensant à mes pommée de terre,
je me trompai de chemin ; je ne m'en aperçus qu'nui cris et
aui jurements que faisaient cinq hommes qui se battaient
comme des chien» ; J r-olf: d'ein était une cuisse de cheval
qui faisait l'ohjetde leurs discussions. L'un de ces hommes,
en me voyant, Tint jusqu'à moi en me disant que lui et son
camarade, tous deus soldats du train, avaient, avec d'autres,
été tuer un cheval derrière le hois, et que, revenant avee
leur part qu'ils portaient au hivac, ils avaient été attaqués
prendra, mais que, si je voulais^lcs aider à la défendre, ils
sort four mes pommes de terre, je lui répondis que ja ne
pouvais inari-iilcr, mais qu'ils navaicut nu',1 tenir bon un
butant, que je leur enverrais quelqu'un pour les aider. Je
poursuivis mon chemin.
Pas loin de là, je rencontrai deux hommes de notre régi-
ment à qui je contai l'affaire; ils marchèrent de ce cûté.
homme mortqui venait d'être assommé avec uûgroa bâton de
sapin qu'ils avaient trouvé k coté, et rouge de sang. Proha^
blement que les trois agresseurs avaient prulilé du moment
où l'autre implorait mon assistance pour se défaire de celui
i [ ui utai'. :e?li seul.
A mon arrivée à l'endroit où était le régiment, plusieurs
■ le nies iiamai-iiita. nie Ji.'iii.mdMer.t s: n'avais rien lièeej-
vert ; je leur répondis que non. Ensuite, prenant m» place
près du feu, je fis comme tous les jours; je creusai nia
place, c'est-à-dire mou lit de nti^:. et, comme nous n'avions
paa de paille, j'étendis ma peau d'ours pour me coucher,
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s m; smwîkt i;i-,L-i;r,ii:,:-y..
la tele sur mon collet doublé en peau d'hermine étendu
sur moi. Je me disposais à passer la nuit, mai- vont
dormir, j'avais encore une pomme de terre à manger ■ c'est
ce que je lia, caché par mon collet, faisant le moins de
'"ijii'.'inn.Tit- possible, il., crainte qu- r,;„ „„ .',],(.,. . ( , v ..
que je mangeais quelque chose, et, prenant un.: oi-i.-V
"- l r: ,: I r m* <l'^.l-,.w, je linismu:, ro :J: , s ci j : ,'„ 1Hl![r
mis, ajant bien soin de tenir dans mes bras ma carnassière
dans laquelle claie-:! me. vi, [1;< . Pl„,j... .-.n-, ta
nuit. ! „-,,,),;,; tl „; éveillais, j-ea.s -.in de pas-e- la u^u
dedans, et de compter mes pommes rte terre C'est arsi
qae je la uass:,i, sans :L uri ;i:irt l mes amis, .pi ,1 ■ V i" ■ , , t
il" :ain, .lu ,„;, .ru.. ],-. |,j,arrt ,,'jvr,,,. pi:)(: - lri . ,.,,. ( (] „
ma part, un trait d'égoisme que je ue me suis jamais par-
La diane n'était pas encore hattuc que, déjà, j'étais éveillé
et assis sur mon sac, pi-.v,.-,vj-.|. que i, >amêe serait terrible,
il Cause Jl. veill |J1 III. .n. : :,it ■, ., , „ | ;].., . J,. f |„ „., | [|IN ■
ma |,eiu d'ours e: je passai ma .[,..h,„s. ]„„-■;,,.,,
k peaulo ^ ''r™ ^ ,0mb11 T h P0i ' rine;1 "
la diane, ensuite la B renadiere, e[ quoiqu'il ne fût pïT&core
jmir, unus iims m rues tn marïluj. le r.oiuliro de morts et
de mourants que nous laissâmes dans nos hlvacs, en par-
tant, fut prodigieui. Plus loin, c'était pire encore, car, sur
lu roii-.e, u..es .I;i„,n ,,1,1,;,,^ .l'enji^tiur sur les' nula^es
Tin: les corps .. ,] ,,. e,|„ieiii ,.„■
eui : nuis tel. ut lue,, plu? Lri-le er.f.n-e ;i.m- ,,■„■
marchaient après non*. Ceux-là voyaient les misères de
tous cens qui marchaient er. uvarA. les derniers étaient
fes corps des maréchaux Sny h. l.i,i-,-eusl, ensuite l'armée
d'Halie commandée par le prince Ku^ène.
Il y avait environ une heure que nous marchions, quand
le joui' f.i.n.t, e. : cou e,,is avions ;l tir-i:it k ,. C!) , 1; , ^
nous précédaient, nous ïu-ies un» petite, halte. la mère
Dubois. notas oa\ti:::, : re, niulu: proliter J<; e:
/ repos pour donner le sein à son ni
cou]), elle jette un ::ri de douleur i .....
aussi dur que du bois. Cuui qui claient aulour d'elle la
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arracba son enlant qu'elle pressait contre soa sein. On le
remit entre les main- sapï.;r qui s'éloi^nn à quelques
pas de Su niiiui, avnc le jiiif .ti: l'enfant. La sapeur creusa,
avec sa hache, un trou flans la neige : le père, pendant ce
temps, était à genoux, tenant son enfant dans ses bras.
Lorsque la trou lui - ■ ■->■■=- ■-■ ■:- il I cm! i ..-.i cl le déposa dans
A une lieue pins loin, et près d'un grand bois, nous arrê-
tâmes pour faire la grande halte. C'était l'endroit où avait
couché une partie de l'artillerie el de la cavalerie; là ae
trouvaient heaae-niiiï i'.e dis vans morts et dépecés, et une
pins grande quantité que l'on avait été obligé d'abandonner
sans bouger, car cein qi:e !V< avait i.:!ijs pendant la nuit ou
qui étaient morts de lY.lisn ■ on d' junni: L;.':i étaient tellement
gelés, qu'il était impossible d'en couper. J'ai remarqué,
pendant cette marc':ic dé.snsi.rL'us.e. que l'on nous faisait
(:mjj,!i'S ]ii^i:-cli a:; Lan!. i|iit; )m-s:bli: den-lére la e.avalerie
et l'artillerie, et que, le lendemain, l'on nous faisait arrêter
où ils avaient passé la nuit, afin que nous puissions nous
nourrir avec les cberau:; q.: ils liissaieril. en partant.
Pendant que le régimeul était h se reposer et que chaque
linui:::e éltit 'Jl"i;i: m : .1 ■■iiuii ics!!i- un mauvais reTXis, :.lj
m'ait vu, dana le plus épais du bois, pour dévorer seul
uuu et s pe-imim; :1e le m; tu: j'avais i enjoins dm-: lu i lui
iw.ati c et que je cachais le plus ~n immense ment possible.
Mais quel fut mon désapiireiiien-.Ln'. en voulant mordre
dedans! Ce n'était plus que de la glace! Je voulus mordre :
mes deuts glissaient jouue, sans pouvoir en détacher un
morceau. C'est alors que je regrettai de ne les avoir pas
partagées, la veille, a.e:: mes amis, que je vins rejoindre.
iui:.L , i- 1
Sans leur répondre, je
main, ainsi que celles que j'avais dans ma carnassière;
ra.^s -, prii:e les avais -je nmulréei qu'elles , nc Fiivont enle-
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74 MÉMOIRES DU SERGENT BOURGOGNE,
vées. Eux aussi furent trompés en roulant y mordre ; on les
vit courir près du feu pour les faire dégeler, nuis elles fou
dirent comme Je la gls.ee. Pendant ce temps-là, d'autres
v.nrent me demander où je les avais eues , je leur montrai
le bois, ils y coururent, el, après avoir cherché, ils revin-
rent me dira qu'ilfl n'avaient rien trouvé. Eui furent bons
pour moi, car ils avaient fait cuire plein une marmite de
™.f! dp cliçvaj, ci ni i in i [(:■■!.' ut à y prcErii-f! nia part. C'est
ce que je As sans me faire prier. Aussi, me suis-je toujours
reproché d'avoir agi de cette maniera. Ils ont toujours cru
que je les avais trouvées dans le bois; jamais je ne les ai
désabusés. Huis cela n'est qu'un échantillon de ce que nous
verrons plus lard.
Après une heure de repos, la colonne se remit en marche
pour traverser le bois où, par intervalles, l'on rencontrait
des espaces où se trouvaient quelques maisons habitées
par des juifs. Quelquefois ces hahitaiions sont grandes
comme nos granges et construites de même avec celle
différence qu'elles sonl bâties en bois et couvertes de même.
Une grande porte se trouvait à chaque extrémité; elles scr-
une, après avoir changé de chevaui, sort par Pautre; il s'en
trouve presque ton jour; à trois li eu .«s de distance, mais la
plus grande partie déjà n'existait plus; elles avaient été
brûlées à notre premier pswage.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
V
Mortier. — Vingt-sept degrés de froid. — Arrivée à
Smolenslt. — On coupe-gorge.
Arrivés a la sottie du bois, al comme nous approchions
de Gara, mauvais hameau de quelques maisons, j'aperçus,
à une courte distance, une de ces maisons de posle dont
j'ai parlé. Aussitôt, je la fis remarquer à un sergent de la
compagnie, qui était ia Alsacien nommé Mather, à qui je
proposai d'y passer lu nuit, si toutefois il y avait possibilité
d'y arriver des premiers, afin d'avoir chacun une place.
Nous nous mimée à courir, niais lorsque nous y arrivâmes,
elle était tellement ivmfili? .l'ofii'-ir-i-s pupririeurs, de soldats
il il.; -licvni]-., qu'il nous fui inijlil^.bl.-, iïis.i)(fi .Dut ce
que nous rimes, d'y avoir une place, car l'on prétendait
qu'il y avait plue de Iluit cents personnes.
Pendant que nous étions occupés à aller de droite el de
gauche, afin de voir si noua ne p:i orrions pas y pénétrer, la.
dépassés. Alors nous primes la résolution de passer la nuit
sous le ventre des cli jv?t:v qui Miaiont attachés nn< portes.
PluBienrs l'ois, ceui qui étaient bivaqués autour vinrent
pour la démolir, afin d'avoir le bois avec lequel elle était
construite, pour se chauffer et se faire des abris, et de la
paille qui se trouvait dans une séparation qu'il faut consi-
dérer comme un grenier. u v Hïfli[ aussj ae bois
de sapin sec et résineui.
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-,(, MÉMOIRES DU KBRSENT BOUHSOGCB.
Une partie île la paille servit à ceux qui étaient dedans
pour se coucher, et, quoiqu'ils fussent les uns sur les
autres, il: avaient fait des peLils leux pour se chauffer et
faire cuire du cheval. Loin de laisser démolir leur habita-
tioo, ils menacèrent ceux qui vinrent pour en arracher des
plauches, de leur tirer des coups de fusil. Mémo quelques-
uns, qui avaient monté sur le toit pour en arracher et qui,
déjà, eu avaient pris, furent forcés d'en destendre pour ne
pas èlre tués.
11 pouvait être ouïe heures de la nuit. Une partie de ces
malheureux étaient endormis; d'autres, près des fan,
réch nu iraient leurs membres. Un bruit confus se fit
entendre : c'était le feu qui avait pris dans deux endroits
de la grange, dans le milieu et à une des extrémités, contre
la porte opposée où nous étions couchés. Lorsque l'on
voulut l'ouvrir, les chevaux attachés en dedans, effrayés par
les flammes, étouffés par la fumée, se cabrèrent, de sorte
que les hommes, malgré leurs efforts, ne parent, de ce coté,
se faire un passage. Alors ils voulurent revenir sur l'autre
porte, mais impossible de traverser les flammes et la fumée.
la grange qui n'avaient le feu que d'un coté, s'étaient jetés
en masse sur la ports contre laquelle nous étions couchés
en dehors et, par ce moyen, empêchèrent de l'ouvrir plus
encore. De crainte que d'aiiires pussent y entrer, ils l'avaient
fortement fermée avec une pièce de bois mise eu travers j
en moins de deux minutes, tout était en flammes ; le feu,
qui avait commencé par In paille sur laquelle les hommes
dormaient, s'était vite communiqué au bois sec qui était
au-dessus de leurs têtes; quelques hommes qui, comme
nous, étaient couches prés <le la porto, voulurent l'ouvrir,
ryiai- ne lui lUiitiliTiifrit. rir elle ; : ujvn:i en :!ed:i:u. Abv;
nous fumes témoins d'uo tableau qu'il serait difficile de
l'eindr-, Ce ii'ét.iii-ii'. i;liii des liarlrmi-Lth sounk et i:T:-,iy;iT]ti
qn.' l'on l'nk'ii.l.ii'; h' m al h ï arc n, que le l'i.'u iJrjvo-.'iJL
jetaient des cris épouvantables; ils montaient les uns sur
lorsqu'il y eut de l'air, les flammes commencèrent a se
Faire jour, de sorte que, lorsqu'il y en avait qui paraissaient
à demi brûlés, les habits eu feu et les têtes sans cheveux,
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
se balançaient par la force du vent, Ie9 refoulaient dan? le
fond de l'abîme.
Alors l'on n'entendait plus que des cris de rage, le feu
n'était plus qu'un feu mouvant, p;;r les cilcris convulsirs
que tous ces iu:l11icl.i\' j\- tV:sah:T]l en se déballant contre la
mort : c'était un Trai tableau de l'enfer.
Du coté de la porte où nous étions, sept hommes purent
être, sauvés en ~i: faisi::! tirer par un tiii.lrfiii mi w.u: plaujLe
avilit été -irradiée. Le- T..r:. ! ri , [im- n'.ai: un cifjiciiu- île i orrr- r-j -
meut. Ene;ir-.' ,iv:i.il-i: les :iiams br in'i'i elle; hiirr.ls .l.'-r.tiirés ;
les fit autres élaienl plus maltraités encore : il fut impos-
ai: ■ • ,[en Hauvor Li-iv.uH.,-,->. P n-ii.Mir" s:: ji:t>vnt en bav :li.i
toit, mais a moitié brûlés, priant qu'on les achevât à coups
■ de fusil, Pour /om pii , > ren: après, à l'endroit où
ctaie:il pla-é. eu 1i avers ut <!e.|â é-.^iifl'.îs par la fumée- et p:-.r
le poids des autres hommes qui étaient sur eui ; il fallut les
laisser brûler arec les autres.
A i.i daric- e'e eu sirur-tre. le; soldas isolés .le ■l:ir, , ::-;in>
corps qui bivaquaient autour de là, et mourant de froid
autour de leurs feux présente morts comme euï, accouru-
rent, non pour porter îles seoriurs — il était trop iartl f.t
même il avait presque toujours été impossible, — mais pour
de cheval au bout de leurs baïonnettes ou de leurs sabres.
11 semblait, à les voir, me r.c sinistre était une permission
■i-r; Mien, i-ar l'upuiifia -o-uir.ile f.U'.t nu:', (un. Sîux qd
s'étaital mis rin.s n::lt prar.se é:aien'. les plus riches de
rai née, i-fih qui, 11 .Vo-e.r.u, avaie.nl trouvé le plus de dia-
mants, d'or et d'argent. L'on en voyait, malgré leur misère
et leur failikss-:, se réunir à c aiiTe* plus forts, et s'sipcssr
a élre rôtis, à leur tour, pour en retirer des cadavres, afin
de voir s'ils ne trouveraient pas de quoi se dédommager de
leurs peines. D'autres disaient : < C'est bien fait, car s'ils
avaient voulu nous laisser prendre le toil, cela ne serait pas
arrivé! • Et d'autres encore, eu étendant leurs mains vers
le feu, comme s'ils n'avaient pas »ii que plusieurs centaines
àa leurs camarades, et peut-êlre des parents, las chauf-
faient de leurs cadavres, disaient : « Quel bon fou 1 . Et on
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
ait trembler, non plus .la froid, mais de plaisir.
l .lail pas encore jour, lorsque je me mis en roule
un camarade pour rejoindre le régiment.
„ ^„. vu . UU a, ™. huuï parrer, par un iroia pius ION
encore que la veille, sur des morts et des mourants, eu
i:';li'«liiss.int sur ce que nous venions de Toir, lorsque nous
joignîmes deux soldais de la ligne, occupés à mordre chacun
attendaient plus longtemps, il serait tellemenrdurci par U
gelée qu'ils ne sauraient plus le manger. Ils noua assurèreut
qu'ils araient va des soldats étrangers (des Croales| faisant
;j. : :Lii- ik> :n,;[.- ; 'i[[nr-?, :v:rrant du l'eu à 1 :- L;l lt.-I ii.l
..■■jJav.v tout ruii, <>n mii]H * i m, manger. Je cr.-,i^ nue cela
est arrivé plusieurs fois, dans le cours de cette fatale cam-
pagne, sans cependant jamais l'avoir vu. Quel intérêt ces
hommes presque mourants avaient-ils a nous le dire, si
notait pas vraiï Ce n'était pas Le moment de mentir.
Après cela, moi-même, si je n'avais pas trouvé du cheval
pour me nourrir, il m'aurait bien lal.u m.t^or .le l'homme
car U faut avoir sanli la rage de la faim, pour pouvoir
apprécier cette position : faute d'homme, l'on mangerait le
diable, s'il était cuit. '
Depuis notra départ de Moscou, l'on voyait, chaque jour
a la suite de la colonne de la Garde, une jolie f oiture russe'
attelée de qnalre chevaux; mais, depuis deu* jours, il ne
-en Innjïsit Jim* qnr. ;iJ lt qu/j- |,. s l:M , iuiij im V|lk ._
pour les manger, on qu'ils eussent succombé. Dans cette
voiture était une dame jeune encore, probablement veuve,
il vue 5CF deiiï cr:ir.:-l.!- : ijr.i étaient iliin JeiTid -■„.■: Ici. l'une
àgee de qninie ans, et l'autre de dii-sept. Cette famille, qui
habitait Hoseou el que l'on disait d'origine française, avait
cède auï instances d'un officier supérieur de la Garde, à se
laisser conduire en France.
Peut-être avait-il l'intention d'épouser La dame, car déjà
cet f.o'l:ci.-.T était ea(\n, celle malheureuse el mtéres-
farn,: i„.nille «tait, comme uous, exposée au froid le plus
Le jour commençait à paraJlre, lorsque nous arri-
L'endroit on notre régiment avait couché; déjà la
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
ment général de l'r.rm.':; 0:ait iimmfiift; depuis deu* jours
il était facile de voir que les. régiments étaient diminués
d'un tiers, et qu'une partie des hommes que l'on voyait
marcher avec peine, 51if.1H1111lwrii.il ein'.orc dans la journée
gooient, ainsi qn 1 l'-.-î'ti.-.iftr : =ij]i: t i .-m r-, paraissait très
aSViiUi; avj-irw fur la roule, elle fit halte à l'endroit même
on j'étais arrêté; alors j'entendis des plaintes et des gémis-
sements; l'officier supérieur ouvrit la portière, j entra,
parla quelque temps et, un instant après, il présenta a. deui
sapeurs qu'il avait fait mettre contre la toiture, un cadavre :
était veine d'une robe de soie grise et, par-dessus, une
pelisse de la même étoffe garnie de peau d'hermine. Celte
personne, quoique muni:, elni:. hell« encore, mais maigre.
Malgré notre imliilVieiie.^ pour les nv.aet tragiques, nous
fûmes sensibles en voyant celle-ci; pour mon compte, j'en
fns touché jusqu'au* larmes, surtout en voyant pleurer
l'officier.
Au moment où les 5n|>eiirs emportèrent wttr. jeune per-
sonne qu'ils placèrent sur un caisson, ma curiosité me porta
k regarder dans la voilure : je vis la mère et l'autre demoi-
selle toutes deux tombées l'une sur l'aulre. Elles paraissaient
être sans connaissait ce; enlln, le soir de la même journée,
elles avaient fini île sr; offrir, Ldrs furent, je crois, enterrées
toutes irois dans le même trou que Hrent les sapeurs, pas
loin do Valootina. Ponr en Bnir, je dirai que le lieutenant-
colonel, ayant peut-être à se reprocher ce malheur, chercha
ii se faire tuer dans différents combats que nous eûmes, à
Krasrroé et ailleurs. Quelques jours après notre arrivée a
Klbingen, an mois de janvier, il moorut de chagrin.
Uelte journée, qui était celle du 8 novembre, fut terrible,
car nous arrivâmes tard à la position et comme, le lende-
main, nous devions arriver h Smolensk, l'espoir de trouver
des vivres et du repos — on disait que l'on devait y prendre
■ — f;i^f,;i rpu braeruiin d'hommes, rnïifcTÙ
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
80 HÉÏ1UIPES DU SERGENT BOURGOGNE.
le froid eicessif et la privation de toutes choses, faisaient
des efforts surnaturels pour ne pus rester en arrière, où ils
hh-j/.vi: ;u!^iimi:è.
Avant d'arriver a l'endroit où nous devions bivaquer, il
fallait traverser un ravin profond et gravir une cote. Nous
reruarquimci crue qu-^.r ...^ is-.acur-- de la (.larde étaiwl
arrêtés dans ce ravin avec leurs pièces do canon, n'ajant pu
nomt-r la cùte. T;iiis le-; ctieï<u.x c'.a.crr. finis force et le;
hommes sans vigueur. Des cancaniers de la garde du roi de
la campagne ; ils étaient attachés à, notre artillerie comme
i:uTithi(ie::t ;le la I'ruîsc. Ils .ïvd.vl. I, viV.i: i-.:(nv.\ : j.ia-e et
k ;;«;,! (le Ic-.irn |>ié;:e', l'uriné luurs j.lv.ic= rt .'i '. I u [::i'î ].j'.:r<
feux comme ils avaient pu, afin d'y passer la nuit, dans
l'espérance de pouvoir, le lendemain, continuer leur chfnnin.
Notre régiment, ainsi que les chasseurs, fut placé 4 droite
de la roule, et je crois que c'était sur les hauteurs de Valait-
tins, où s'Était donnés une hataille et où avait été tué le
brave général Gudlu, le iQ août de la même année.
Je fus commandé de garde chez le maréchal Mortier; son
habitation était une grange sans toit. Cependant on lui avait
fait un abri pour le préserver, autant que possible, de la
ri ::ii'e i'l iliL fr.iM. "vtr.: un et ,;l ] 1 1 : 1 i l n t - in a | ri j Mui^rl
aussi pris leur place a.: nifinie «droit. L'on arracha quel-
ques pièces de hoir qui fnrnuinit ii ■■■If.ïure de Ir, t-rinse.
et on alluma pour le maréchal un feu auquel nous nous
chauffâmes tous. A peine étions-nous installés, et occupés
que je souffre! ■ Le colonel, w [vu-jr:: jnt, lui demanda qui
il était, d'où il venait, et ce qu'il avait : ■ Ah! mon colonel»
répondit l'autre, j'ai tout perdu et je suis brûlé! > Le colonel-
l'ayant reconnu, lui répondit; < Tant pis pour vous, vous
n'aviez qu'à rester au régiment; ihpniâ plusieurs jours voas
n'avez pas paru : qu'avez-vous fait, vous qui deviez montrer
l'exemple et mourir, comme nom, à votre pnsleï Eutcndez-
voti-, mi'.ni-iecr: . Vm : ,: le pauvre di.-.bl» n'cn-.cnda.l (mis: ce
n'était pas le moment de faire de la. morale; cet individu
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
était l'officier que nous avions sauté du feu rie le Jirange,
li cuit d'avant, et qui passait pntir avoir beaucoup d'objets
pnv.ieux r-l. il: ]' t ir qu'i. avf.it pris Mfis.-uu , par ilrc-l Je
conquête. Mais tout était perdu : sou cheval et son porte-
Mtiînmss avec ].>ori Ir.r. L'-li-nii'F i-I cv.i v c.v.mcnl :>i:ti. et
J-- ili'-i:.:!::, ..■;![■ I'r.fi:.-;.;r fj'.i:: uniis avions sauvé ne savait
rien dire; il était trop affecté.
11 pouvait être neuf heures, la nuit était eitraordinaira-
i:u:iii soinlire, et déjà une partis de nous, ainsi que le resta
de notre malheureuse armée qui tlivaquait autour de Ten-
journio du Icndimai:! qui lUiiail «;jus uiiLduire il Smolensk,
où, disail-on. nos misères devaient finir, puisque nom
devions j trouver dos vivres et prendre des cantonnements.
Je venais de finir mon triste repas composé d'un morceau
malheureuses où nous cous Irouvionï
était debout à l'e
pourquoi il était là. Le soldat lui répondit qi
faction : « Pour qui, répond le maréchal, et pourquoi taint
Cela n'empêchera pas le froid d'entrer el la misère de nons
accabler] Ainsi, rentiei et venez prendre place au feu. . On
instant après, il uViniirLil:'. 11 n l'hose pour reposer sa
'.'■!■■: SOB i J .i'lli ■■■!,. T.. ■ li.ii .-,| |,. il ii jn.ivtc m;;, li s,, , : . H'fll-
vcloppaut dans son manteau, il se coucha
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
82 MÉMOIRES DU SKRKENT BOURGOGNE.
d'ours, nous rùmcs filmés par un bruit extraordinaire :
c'était un vent du nord qui arrivait brusquement bu Ira-
vers dea forets, et qui amenait avei'. lui u ne neige des plus
épaisses et un froid de vingt-sept degrés, de manière qu'il
fui impossible aus hommes de rester en place. On les
ne bougeaient pin', on. .'il> . n ikk.ii: i: in[inuer, ils faisaient
un faui pas el tombaient pour ne plus se relever. Plusieurs
centaines périrent de celle manière, mais plusieurs milliers
moururent à leur place, n'espérant rien de mieui. Tant
ir.ih ne.;-, nniis rïjrnrs hetrjj.v (|.-.'.:n uôté ij .j ;:i :rr.l]i_-(: ï.'r.
a l'abri du vent; plusieurs I unes vinrent se réfugier chez
armée, avee son contingent qu'il fournissait » la France.
Son petit corps d'arméo était composé de plusieurs ré.gi-
sur la gauche de la route, avec le reste de ses malheureui
soldats, réduits à cinq ou sis cents hommes, parmi lesquels
Ces braves soldais, L : uo:i-mf..:i.r. il- linid, et ne pouvant
rester en place par une nuit et un temps aussi abominables,
pour le garantir du vont et du froid. Enveloppés de leurs
grands mauteaus blancs, ils restèrent debout tonte la nuit,
serrés les uns contre les autres; le lendemain au matin, les
trois quarts étaient morts et ensevelis sous la neige, avee
plus de dix mille .-iiilrcs i.h; oiiTirenls corps.
An jour, lorsque nous regagnâmes la roule, nous fûmes
obligés, avec le maréchal, de descendre près du ravin, où,
la veille, nous avions vu de l'artillerie furmer son bivac :
plus un n'existait; homme?, dizain, tous étaient couchés
et couverts de neige, les hommes autour de leurs feui, et
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
83
épuisée de noua avoir frappés et qu'elle voulait respirer
pour nous frapper encore.
Cependant, loul ce qui respirait se mit cd marche. L'oa
voyait, i droite et à gauche de la route, des hommes à
péri. Nous jetions machinalement un coup d'osil sur cette
terre de malheur. Par places, l'eu voyait encore îles Tais-
ceau.i d'armes formés, et d'autres renversés, mais plus per-
sonne pour les prendre. Cbui qui gagnaient la route avec
les aigles de leurs régiments, après s'être réunis à d'autres,
se incitaient en marche..
avf.ir rassemblé If! micj.i [jusiLiite tout w qu'il y
avait sur la roule, le mouvement de marche commença :
qui ne pouvaient plus marcher, et que nous étions obligés
de prendre sous les liras, afin de les iii.ltr i -u traincr et 'île
les sauver, si l'on pouvait, en les conduisant jusqu'à
Smulensk.
Avaul d'arriver a cette ville, il faut traverser un petit
bois; c'est Là où nous atteignîmes toute l'artillerie réunie.
ainsi T|ue lc S cids.,.:Li-. étaient cliai^'s .le soldats malades
et mourant de froid. Je su fus iju'iin il.; mes amis d'enfance,
du même endroit que moi, nommé Fier), était, depuis deuï
jours, traîné de cette manière. Je m'informai de lui à des
chasseurs de la Garde du régiment dont il faisait partie, et
j'appris qu'il n'y avait qu'un moment qu'il élaittombé mort
sur la route, et qu'en cet endroit, le chemin étant creui et
rétréci, l'on c'avait pu le mettre sur le célc de la roule, et
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
dèlre joint par uti de mes amis, sergent du mtau régi-
ment que moi, lersq^e, 5m nui™ chemin, nous trouvâmes
un csuonnier de la Garde couché an travers du sentier, et
qui nnas empêchait de passer. A côte était un aulnj canon-
aperçûmes que ect homme n'était pas mort, car il faisait
aller les jambes et frappait, par m-im-ri;. L,i terre avec les
rien dire, un grand c.mp fi» croF«e ..le fusil dans le dos de
ce misérable, qui se retourna. Haie sans lui donner le
1..;m;n Or ililn- pjirl.-, ni- k lin rimr;s ces reproches violeGis
sur son acte de barbarie. Il noua répondit que., s'il n'était
[n- 1111,1-, il h,, i-ii-.loroit pas .1 iY-Ire puisque, lur.:q Ami
l'avait déposé a L'endroit où il était, pour ne pas le laisser
sur le chemin et broyer par L'artillerie, il ne donnait plus
lit, qu'il valait mieoi que ce fut lui qui ait sa dépouille
au lieu de les aider à se relever, il y eu avait qui 'restaient
près de ceuj nui tombaient, non pour les soulager, mais
peur laii-f m m me k tarnijiriiiir.
Je n'aurais pas ili'i, pour l'honneur île l'i -pi'.v.i humaine,
écrire toutes ces scènes d'Iiorreur, mais je me sois LUI un
devoir de dire tout ce que j'ai vo. lime serait impossible
tête, il me semhln qu'une fois que je l'aurai mis sur le
i, car j'ai vu des soldats porter, pendant phnieui-'
îr leurs épaules, un oflfcier blessé.
e nous allions sortir du bois, nous rencontrâmes
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AHBIVÉE i
venaient de Kmolonsli qu'ils n'a™eril jamais qulllé, on les
trivoïîit ï noir': srwif-f». di: ; il? <:l,iini .jpuLn.'inu:" il:
nous voir si malheureux, al, de notre cillé, nous étions sur-
pris de les voir aussi bien. Beaucoup de soldats couraient
après eux comme des mendiants, en leur demandant s'ils
n'avaient pu un morceau de pain ou de biscuit à leur
donner.
Lorsque nous fûmes sortis du bois, nous Ames halte pour
a:tcndre 'cm qui < im.LuUiLif-it ie- rnakidos. Il n'y r-.™t rhn
de plus pénible à soir, car, de tnm ce que l'on pouvait leur
dire de l'espoir des vivres et d'un bon logement, ils n'enten-
daient plue rieu : c'étaient comme des automates, mar-
laissait. Les plus ioiI; pu riaient tcur i tour leurs armes et
leurs saon, car ces mallieureut, indépeiidammcul des forces
Enfin, c'est de celle maudire, eue rmus revîmes le Uniépar
6ur nuire gauche, et que nous aperçûmes, sur l'autre rive,
des millier» d'hommes qui «voient traversé le fleuve sur la
glace : il J en avait de tous les corps, fantassins et cava-
l'.-rie-, (Durant autant qu'ils, le pouvaient, en aperr.;:\*:-.i au
Lui « quelque viLa^t;, -i\h: n'y trouvée des vivres et d'y passer
fatigue et mourants, sur les bords du fatal Goristhène, que
Ik'ji 06 s miil'.jfâ de ioldats :k luu- ii - : coru- ci ds louL.if
les nation», qui composaient notre armée, étaient, depuis
' longtemps, aui portes et autour des remparls, en attendant
qu'on lal laissât entrer. Ou les en avait empêchée de
craiole que tous ces hommes, marchant saus ordre et sans
chefs, mourants de faim, ne se portassent auï magasins
pour y piller le peu de vivras qu'il pouvait y avoir, et dont
on voulait faire la dis tri bu lion avec le plu» d'ordre possible.
I'Iu.l-u^ CÈuUiiiï* il-- tes lieimii,:* ùl-ueui d.ij,-. uiiirlï t i
Lorsque nous fûmes arrivés, ainsi que les antres corps
de ia tiarde, marchant avec le plus d'ordre possihle, et
«ïifjs Ul-uir pris :uiill:s 1(s pivr.iiii'tinni pe'.tr faire luiL'ei tus
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86 MKK01HKS Dli SERtiE^T EOURCOCSE.
malades cl nos blessés, l'on ouvrit la porta et l'on entra. La
plu? grands partie se rqiMulr Je mus cotés, et en désordre,
afin de trouver un endroit pour passer la nuit bous un toil
et de pouvoir manger le peo de Titres que l'on avait promis,
et dont oïl iH une petite distribution.
Pour obtenir un peu d'ordre, l'on fit connaître que les
hnmmes isolés n'auraient rieu. De ce moment, l'on villes
plus forts se réunir par numéros de régiment et se choisir
un cbef pour les représenter, car il y avait des régiments
qui n'existaient plus. Tandis que noùs, la Garde impériale,
fatigue comme uobs l'étions, et devant gravir le bord
escarpé qui existe à partir du Borislhène jusqu'à l'autre
arrivé le iâ du mois il'uil dei 1 1 i .- : . ISous. y primes position .
et non- lions y .i -i.-.ll.:in:.'s cjmiLV.v non.-: pi.m.-s. di i- I ■
reste des maisons que le feu n'avait pas tout à fait détruites.
Nous y plaçâmes le mieux possible nos malades et nos
presque mourant, que nous avions trainé jusque-là, espé-
rant y trouver un hôpital et lui luire donner des soins, car
ce qui, jusque-là, avait soutenu notre courage, était l'espoir,
qUe l'on avait toujours eu, de s'arrêter dans cette ville et
les environs poUr y a; tendre- le printemps, mais il en fut
tout autrement. D'ailleurs la chose n'était pas possible, car
une pcitie des villa-es é-.olei.t brùl-js mines, et la ville- où
nous étiens n'eiiflMt j . . 1 1 1 r ainsi di.-e plus que lie non.
Partout l'on ne voyait plus que les murailles dos maisons
qui étaient bâties en pierre, car celles qui l'étaient en bois,
et qui funmi.'ijl. lii ji'ns (jvacdï partie ils !;i ville, aiaufiil
disparu; enfin la ville a'etai- plus qu'un vrai squelette.
Si l'on s'éloignait dans l'obscurité, on rencontrait des
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pièges, c'est-à-dire que, sur l'emplacement des mais
biliesen bois, où aucune trace ne se taisait plus voir,
rencontrait les caves reco^ierli^ de neige, et le soldai ei:
malheureuï pour s'y r.iw^:; ilisp.iv.i.sfail :out ii coup ( i
chant ou arrêtés : les vivants se partageaient les dépouilles
des morts, et souvent, ;l leur !uur, succomhaîent quelques
heures après et Buissaienl par sat.r le mime sori.
Une heure après notre arrivée, l'on nous lit une petite
marmites liront île lu h..:- II:.:. I»h ;,inr-. firent des galettes
I. i ni ': .lu H 'I" ■ ' '' ■
leur être funeste, car plusieurs furent dangereusement
malaâes et manquèrent étouffer. Tant qu'a moi, quoique je
>mme de la boue,
Depuis le moment on nous étions arrivés, plusieurs
I M !,'< Il, 'il | ■ .. Ml '1' ' .'I I I '' ■ I
',i h... ;- - i ,i ■ . i,. ii, in ut .li: un i ri". i'I M.i i. ■ i ■■ '
iIihiii.'i le; i-|..'i!...!i:^-.-. place* ■!.!■:.■ I.'-, riin-.:Tu:se^ ni '['■'-
l'on nous avait désignés!, |inn; lercmeiïis, l'un sY.mprci-sa
dp les porter l.:i::, ailu de ;.r;;::lr; leur place.
Après que je lui r -ptur, ma^ré fe froid et la neige qui
leiiiL'di:, je me dispusui f. :.di,-rrli:T pi t;r- m: de mes arr.is.
celui avec qui j'étais le plus intimement lié, celui aven qui
je n'avais jamais «impie; nos bourses ne l'iiisaien» qu'une,
"il su uL.:i:iii:i;t iM.-.i^iei- -. 11 y avs il. sc|,! ans -)ue r.inis èliuus
eiiseir. Ji: ;n: l'avais pis mi depuis Vinsma. ou il ilail
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Si MÉMOIRES DU SBIGENT BOURGOGNE.
|1UTV. ,ui avant Mtr un (1c1:li;Il.']!i.':;1. l-u rL.nil. jii .■.aissmi
appartenant au maréchal Bessières. L'on m'avait assuré
qu'il était arrivédepuis déni jours et logé dans uufaubourg.
Le plaisir de le revoir, l'espoir aussi d'.ivoir quelques vivres
qu'il avait pu, sans doute, se procurer avant notre arrivée,
«L aussi de partager son logement, lit que je ne balançai pas
à le chercher de suite-
Ayant pris mes armes et mon sac, sans rien dire à per-
sonne, je rentrai en ville par la même roule que nous étions
venus, M, après avoir tombé plusieurs ibis en descendant
cette penle rapide et glissante que nous avions montée en
arrivant, j'arrivai près de la porte par où nous étions entrés.
J'arrêtai pour voir dans quel étal étaient les hommes que
nous avions laissés prés du poste qui était à la porte, com-
posé de soldats badois dont une partie formait la garnison.
Hais quelle fut ma surprise! (Jet ami que nous avions laissé
avec d'autres malades, en attendant de venir les chercher,
je le trouvai à l'entrée de la baraque et n'ayant plus sur lui
que son pantalon, car en lui avait été jusqu'à sa chaussure.
Les soldats badois me dirent que des soldats du régiment
étaient venus chercher les autres, et qu'ayant trouvé celui-là
privé de la vie, ils l'avaient eux-mêmes dépouillé, et qu'en-
suite ils avaient tourné la villa le long dn rempart, avec les
deux malades qu'il; avaient enlevés, espérant avoir le chemin
meilleor.
Pendant que j'étais la, plusieurs malheureut soldai* de
différents régiments arrivaient encore, se traînant avec
peuu/. f [.f.lv.-s sur l:ur : iLi iu*:-F. ll'iuir,^., qui fuient fuc„:v
sur I'miI.iv. bord ,|u li.,ri-:-.l,r.u;:, n'y voyant pjs mi tiomp.-;.
par les feui, étaient tombés dans la neige, pleuraient,
criaient en implorant des secours. Mais ceon qui étaient là,
bien portants, étaient des Allemands ne comprenant rien ou
ne voulant rien comprendre. Heureusement qu'un jeune
officier commandant le poste parlait français. Je le priai,
au nom de l'humatii \e. d'envoyer des secours au! hommes
de l'autre coté du pont. [1 me répondit que, depuis notre
arrivée, plus de la moitié de snn poste n'avait été oceupéj
qu'à cela, ni qu'il n'avit l presq-..,-. pli;. ■i'I'.ominrr, ; <jue »cn
corpsde garde éUiii ret-pli de soldat- malades el blessés,
au point qu'il n'avait plus de place.
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ARRIVÉE i SHOLENSK. tt
Cependant, d'après mes instances, il envoya encore trois
hommes qui, un insuiut après, revinrent avec un vieux
chasseur à cheval de la Garde, qu'ils soutenaient aous les
bras, ils nous dirent qu'il' en avaient isissé beaucoup
d'autres qu'il faudrait porter, mais que, ne le pouvant pas,
ils les avaient déposés pria d'un grand feu, en attendant que
l'on puisse les aller chercher. Le vieux chasseur avait, a ce
qu'il me dit, presque tous les doigta des pieds gelés, D les
avait enveloppes dans des morceau* de peaui de mouton.
Sa barbe, ses favoris et ses moustaches étaient chargés de
glaçons. On le conduisit près du feu, où on le Ht asseoir.
Alors il se mit à jorer contre Alexandre, l'empereur de
Hiissie, contre le pays et contre le bon Dien de la Hussie.
Ensuite il me demanda si l'on avait (ait une distribution
d'ean-de-vie. Je lui ripondis que non, et que, jusqu'à pré-
sent, je n'en avais pas entendu parler; qu'il n'j avait pas
apparence d'en avoir : . Alors, dit-il, il faut mnurirl .
Le jeune nflicier allemand ne put résister plus longtemps
en voyant un vieux guerrier souffrir de la sorte; il leva son
manteau, et, lirant une bouteille de aa poche avec de l'eau-
de-vie, il la lui, présenta : • Merci, dit-il, vous m'empëchei
iio niMir.r: si une ';<:(. Jisieii j.i:\M:iu,l de rçijj sjuviji La
vie aux dépens de la mienne, vous pouvez être assuré que
Roland, ohasseuA cheval de la Vieille Carie impériale. à
pied, ou, pour ainsi dire, sans pieds, pour le moment. 11 y
a lr,.i. jcu-i i|in: 'ai du ahancmnei m;iu ■ïhsvsl, et, pmu
ne pas le laisser souffrir plus longtemps, je loi ai brûlé la
cervelle. Ensuite, je lui ai coupé un murceau de la cuisse
dont je vais manger un peu. >
En disant la parole (sic), il tourna sou portemanteau qu'il
avait sur sou dos, et en lira de la viande de cheval qu'il
offrit d'aburd à l'officier qui lui avait donné de l'oau-de-vie.
et ensuite a mni. L'officier lui présenta encore sa bouteille
et le pria de la garder. Le vieux chaaseur ne savait pins
comment lui témoigner sa reçu ira ai ssa née. Il lui répéta
rinvnr-.', soit tu noi'L;-g:i, <,■/ 0:1 tampiiei.r-, i:a s? rappeler il?
lui, et finit par dire : 1 Les l.nins pillants ne périront jamais! >
Hais il reprit aussitôt qu'il venait de dire une grosse bêtise,
■ car, dit-il, que de milliers d'hommes morts depuis trois
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Su JiÉiioiUES m: sëhce\t Boun.GOG.1E.
jours i>: (gui l-rlrL:iO:ïit::it mr valaient bic.l; qu» vous fl. P
vofi-i, j'ai été en li^dc e! je vousf... mon billet que j'en ni
va des grises; j» no -nis pas s i mus j e sav( .; mais „ d
l>... il r-j ,i |, f ^ ,I L . ,: U : :; , 1 ;. ril i 5 r >11 a ¥ec celle-ci. Il fn.it
espérer que hors sommes au bout de nos painc3, el que
cela va finir, car l'on .lit une nous niions prendre des citn-
■oui'^onn.iir. qni; nous
Il était bien ouïe lieurcs, que l'espoir de rencontrer Gran-
gier, même pendant lu. nuit. u- m'avo:: p-. -. ;.|iinionni':. Jo
ino Jl ^ indiqua', [ ,ir ,'o:iii:i.t[- |.j-i::. ■ 1iro l , rj.,n >i'i 1
supposai', «us le iu.in';.::.sl lii-s-ii'iras êiar. li. mais, ;oi:
que je lue mal informe, ou que j'eus mal compris, je' pris
l'un des elu:mi-i= jinnr l'airre ; je mit trouvai nv-Lnl. !.. ,rni.
liait il m;. (!:■«; Ir:, an-.:.:— nu-- ilii.j-.iel onnl.'.il lr liuri - Ui.'-] ■ i
Le chemin que j'avais pris était tellement mauvais, je me
trouvai si fatigué, après un instant de marcha, que Je
regrettai de m'èlre hasardé seul. Je me disposais à retour-
ner sur mes pas et de remettre au lendemain ma rodi-n Aw.
tendis marcher derrière moi et, aussitôt, j'aperçus, n quel-
que un .ndiv, in tj-jc je [Yr<. :i:u:s jotr un H-.l.hi! i
l'OHiitit sur -mi quuja ui'.e Tjutilo liaivi.juit .-jue je ijppùa;.i
el-il l'iiiu-ic-vic .1:' l'i[l|:elJ. il n : ill.: rq:.ini.li: [:;:■■
voulus le suivre, il doubla le pas : j'en lis autant. II des-
eendiL une petite petite un peu rapide; je voulus liire
cumins: lui, mai- :iu.\. jai:i!ji:s i: Otar.i dus aussi J'srniiis que
les siennes, je tombai et, roulant du haut jusqu'en b?«
j'arrivai aussi vite que im cintre la porte d'une cave que
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ON COUPE-GORGE. Bj
Je r- avais pas encore r-s.i If: teiin:? <;e me i-rei.mnsî'.re e' :e
tavoir où j'étais, que je îuf Lu >'c rr.on élourdissement par
des cris confus de diiïeivn:,^ 1.ï::^--.il;s d'une douzaine d'indi-
vidu couchés sur de la paille, autour d'uu feu : Français,
Allemands, Italiens, que je reconnus, de suite, pour être de&
lieux séparés. Lorsque l'armée arrivait, la nuit, bien fatiguée,
il? snrtflien: es leur eaehette, r''ii1ai;:iit a:: tnur des :iL™.;s,
enlevaient lestement les clievaui el les portemanteau): des
officiers, et se rtinertjiev. en rouli: (le ti-iind matin, qnel-
n."irri.?;\iit '.n -l- 1j -j i'_ ;.ya:il 'i : :ii'e .i-. il i .^|hl. Ii.ni. en'il
avait soin de faire voir avec afieclation, répéta que je devais
A la portel > Un Allemand vint pour mcî'.ra la mn fur
moi, mais, d'une poussée que je lui donnai dans la poitrine,
j-J f envoya.: liiml;-::r de li>i.l -un lou; -.m JV.l'.ev- qui eUlunl
encore couchés, et mis la main sur la poignée de mon
sabre, car mon fusil, lorsque je roulai en bas de la rampe,
était resté derrière. L'homme au demi-espadon applaudit a
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sa
U culbute que je venais de faire faire â colui qui voulait
nie mettre à la porte, eu lui disant qu'il n'appartenait pas à
un Allemand, a une teta de choucroute, de mettre la main
sur un Français.
Voyant que 1'bomme au demi-espadon m'avait donné
raison, je répondis que j'étais décidé S ne sortir qu'au jour,
■ I 'l".: je mu l,;r,1:M plutôt '.lut par uns mie Je m.nuKr <is
froid sur le chemin. Une femme, car il s'en trouvait déni,
1 ' mni, mais elle recul l'ordre de ae
la main sur moi, perce que, s'il s'en mêlait, la chose serai!
hieulùl faite, et qu'il m'enverrait coucher où élail mon régi-
ment. Je lui demaudai pourquoi lui et les siens n'y étaient
pas. 11 rue répondit qua cela ne me regardait pas, qu'il
n'avait pas de comptes à me rendre, qu'il élait chez bi et
que je ne pourrais pas rester la uuit avec tm, parce que je
les gênais pour aller feue leur; courses en ville et profiter
Je den
rajuster ma chaussure, et aloi
sonne ne m'ayaut répondu, j<
l'homme au demi-espadon me
dition que je sortirais dans u
tambour, qui paraissait suu
r-;;-..jucda <j:i, n.jiis il u:arilti I.iu. y il- :.,,n : .r .
Cependant la barrique que j'avais vu porter par le Badois,
était quelque chose de semblable, car j'avsia compris qu'il
avait dit, en sa langue, qu'il l'avait prise à une cantinié«
de son régiment, qui l'avait cachée lorsque l'armée étail
arrivée en ville. D'après ce langage, je compris que l'indi-
vidu était un nouveau v-im, dilua, de lu. aarnison, et associé
avec les autres seulement depuis la veiile et, comme eui,
décidé à quitter son régiment pour faire la guerre au butin.
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si j'avais de l'or pour dos pièces de cinq francs et pour
acheter de le au -de-vie : « Non. lui rtia-js, mais j'ai tic-
piéces de cinq francs ». La Ifimmc qui clait h. cote de moi,
la même- qui avait voulu prendre ma défense, lit semblant,
tri sr Itaïssant, de îlwrchcr quelque chose à terre, du côté
de [hij-Iu. Alnr-, ■.'n;i[i:.u-!i;ij]t île Tiiui, elle me dit, de
manière à ne pas être entendue : t Sauvez-vous, erojei-moi,
ils voua tueront! Je suis arec eui depuis Viasma^ et j'y suis
malgré moi. Revenez en force, je vous en prie, demain
matin, pour me sauver! i Je lui demandai quelle élaiL
l'autre femme qui était la; ello me dit que c'était une juive.
J'allais lui faire d'autres questions, lorsqu'une voii, partant
du fond de la cave, lui ordonna de se (aire et lui demanda
!■■ tr.iVIk ::>■: K.l ' ri'[::.ridi: iruVllr. il l 'o 1 1 - c i lj u ; i ; t c.ij
pouvais rester jusqu'au jour et dormir. Mais, sans leur
réf un. Ire. je ■■;tmJ,H'.i -T.nn l'..-il ijne Irûnvm pré- In
porte, et cherchai une issue aQn de pouvoir sortir do l'en-
foncement où je me trouvais; je ne pus en Irouver. Alors,
craignant de rester liinçtemjw ti.i.-.s cette position, j'allais
m TU' lit! Li: .unie ■ Inii.'.ij i ■ ■■ ■ ■ <:n r .
il monta des escaliers. Je le suivis et, lorsque je fus arrivé
sur le rempart et sur le chemin, il me Ht faire quelques
tours sous prétexte de me montrer par où je devais aller;
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94 MÉMOIRES DU SERGENT XQUKGOGMf .
iBlilll
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VI
l'ui* je me rappelai que je .i
à madroile. Après quelques n
la place où J'ai '
Sur rnrt ir.lilr.h:. j'.i;>.:[C,:wu.-, t : i i ■ l_ i]o feux, niai? if n'iôais
pas me diriger de ce coie, !e crainte de me détruire en
tombant dans des trons cachés par la neige. Je marchai,
toujours en tâtonnant, et la i.é.te baissée, nlin de voir où je
posais les pieds. Ilepuis un moment, je m'apercerais que
la roate descendait, cl, on peu plus avant, je la trouvais
embarrassée par des affûts de canon qui;, probablement, un
avait voulu conduire sur lu rem|i.iK. Lorsque je fut dans le
lias, il me fui inipnn;-.tdc de re:eui: litre la direction, Uni il
pour mon malheur, m 'endormir probablement pour tou-
jours, j'entendis des sons ex Iraurdjn lires. Je me relevai,
tant saisi en pensant au danger que je venais de courir en
me laissant aller au sommeil. Ensuite, je prêtai mon atlen -
■-iun (.lin lit: io;r ilt: i] i : nll f .liiv,-- k.h venaient les gens, mv.y
je n'entendis plus rien. Alors je crus avoir rêvé, ou que
c'élait un avertissement du Ciel pour me sauver. Aussitôt,
reprenant courage, je me mis a marcher à tâtons et à
enjamber au hasard les obstacles sanî nombre qui sa trou-
vaient sur mon passage.
Enfin étant parvenu, non sans risquer plusieurs fois rie
me casser les jambes, à laisser derrière moi tout oe qui
s'opposait à mon passage, je me reposais un instant pour
reprendre haleine, afin rie pouvoir gravir la pento opposée,
lorsque le même bruit qui m'avait éveillé, me fit de nouveau
lever la tels. Mais ce que j'entends, c'est de l'harmonie 1 Ce
sont les sons graves <:■■: l'ur^ue, l'unoc; éloignés et qui font,
sur moi, a celte heure de la nuit, seul et dans un pareil
endroit, une impression que je ne saurais définir. Aussitôt
je marche, doublant le pas, dans la direction d'otl viennent
ces sons. Eo un moment, je suis sorti du fond où j'étais
réte; il était tcmpsl Encore quelques pas et c'était fini de
moi! Je tombais du haut en bas du rempart, a plus de
cinquante pieds de hauteur, sur le bord du Boristhène où,
fort heureusement, j'avais aperçu le feu d'un hivouac qui
Épouvanté du danger que je ratais de oourir, je reculai
de quelques pas et j'arrêtai encore pour écouter, mais je
n'entendis plus rien. Je me remis à marcher et, tournant à
gauche, en un instanlj'ens le bonheur de retrouver le chemin
frayé. Je continuai â avancer, mais lentement et avec pré-
caution, la tète haute, toujours en prêtant l'oreille, mais,
n'entendant plus rien, je finis par me persuader qué c'était
l'effet dï mon imagination frappée, car, dans la position
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rjnE SUIT Miilivr in-MÉF.
Toul en avançante' en fais m: îleis réllesions, mon pied
droit, qui commençai! déjà à être gelé cl à me faire souffrir,
ren :.,n ci f_ q .11 1 1 [ri i> elu.oe .ie dur qui me lit peasser un cri
de douleur et tomber de mou long sur un cadavre, ma
lîjur: presque sur 11 sienne. Je me relevai péniblement.
lbl,;-é l'uhs-urihi, j,- :vr-.,,:,;ii is que (•■ij:ai: un dragon, car il
ai-ail .:n.:o. -eu ,mv|uc .la trt« : ;itir=.- ::>• ...ee Iîk
I in ii:'! > i''': i ■!«:> 1 r 1 : ■. -il t;t qui m-: ■ 1 ii L d .d
de son- coté, m: me faisant comprendre .jn'il ;- avait long-
temps qu'il m'altcndnit. Surpris et content de triuvor quel-
qu'un dans un endroit oii je me u't,yn\s seul, j'avançai dans
lj direolio:) d'où partai: Il vnii. Imip y m';p|j:oe]]ais. plus
il me semblait la reconnailre. Je lui criai ; 1 U'cst loi,
Helcoi:- ■■■>— (>J.i! 1 me rt-;.uiiul3 l-J 1, b:. nous sy:,nl renonnuq
l'un Ptl'autre, d fut aus=.i =1 rprii 1) ir rruii II' nous troever,
i: pareille heure, dans un lieu aussi triste et ne sachant pas
plus que moi où il était. 11 m'avait primitivement [iris poui
un caporal qui était allé chercher des hommes de corvée
pour transporter dis maladea de sa compagnie que l'on
a-mii. lai-sès à la porte de la ville, lorsque l'on é ; a : t. av;ii'!|
et q.;i. ensuite, av:!.; quej^ve, ::unn:Lcs pour porter et ailler
à marcher ces malades, avait pris le chemin du rempart
pcm éviter de monter la rampe de glu:,-, liais, ar::vé? ici,
étant trop faillie; pour marelier, et les hommes de corvée
ne pouvant plus les porter, ils étaient lombes à la place où
je les voyais. Le premier qu'il avait envoyé au camp n'étant
pas revenu, il avait euvuyj fu:r.f.p!,ivrjii:ui: le- lieux aiili-os.
de manière qu'il se trouvait seul. C'étaient précisément les
hommes que nous avions laissés i notre arrivée dans la
baraque, où ensuite j'm avais trouvé un de mort.
Je lui ecn'.o.i eoi::inent je r.-.'iilr-.s fndi,; ;e lui pris L.l i de
c'était bien m» |
pourquoi j'avais
ma. culbute sur 1
sur le dragon, et
fleure avait touché
la sienne : • 1m lia ilo'io sui tu nr. rn i:! pauvre ami! — Son,
lui répondisje, mais j'ai eu bien mal! — Ce»! très heu-
reux, me dit' il, que tu te sois lait assez de mal pour le l'aire
crier, sans cela tu aurais passé sans que j'eusse [tu le voir! »
Tout en. causant, nous marchions h droite et a gauche
pour nous réchauffer, en attendant que les hommes hissent
arrivés pour transporter les malades qui, couchés l'un
contre l'autre sur une peau de mouton, et couverts de la
capote et do l'habit de celui que l'on avait dépouillé a la
liieu. me dit IVIhi[mi', que mou* n'i.ycns (n.s la. peins ce le*
faire transporter! . En effet, l'on entendait par moments
qu'ils voulaient parlur ou respirer, mais il était facile de
comprendre que leur Ifi-itirii!-:! i:'.ni: i';:Lil des agonisants.
Tandis que le rate ne la mort sa laisait entendre prés de
nous, la musique aérienne, que je croyais n'exister que
dans mon imagination, recommença de nouveau, mais
beaucoup plus rapprochée, j'en fis la remarque à Boloque,
el ]:' lui rcntr.i re ip.\ m'était arrivé à la première et à lit
seconde fois que j'avais entendu ces sons harmonieux. Alors
il me conta que, depuis qu'il était arrêté, il avait entendu,
par intervalles, cette musique, et. qu'il n'y pouvait rien
comprendre ; qu'il y avait des moments que cola faisait un
saieut à cela, il fallait qu'ils eussent le diahle au corps.
de crainte que las deui hommes qui se mouraient à nos
pieds l'entendent : . Hou cher ami, ces sons que nous
entendons ressemblent beaucoup à U musique de la mort!
que, sous peu de jours, je serai mort! > Puis il ajouta :
< Que ia ï..fi.[ i-,.': de Dieu soi-, h il'.-! Mitif s: 1 1 ■ . |. : -li u flrij-
pour mourir. Regarde ces malheureuxl > en montrant les
deui hommes couchés dans la neige. A cela je ne répondis
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UNE NUIT MOUVEMENTÉE.
Il avait cessa de parier, et nous écoulions toujours san
riuusricri di-r», im.,.u .■i.imf.uï sci.LCLïtcnt nnr I.l i!i;-fî.-i:tli- ]
respirer d'un dos homme* mourants, lorsque, rompant d
nous entendons semblent arriver d'en haut .. Nous écou
timea encore arec attention; effectivement cela paraissai
'venir d'au-dessus de notre tète. Tout à coup, le brait cesîa
alors un silence affreui réfraa autour de ooui. Ce ailenc.
d'un des hommes que nous gardions.
caporal qui arrivait avec huil hommes, pour enlever 1er
11 m'avait donné
car des hommes di
li'nii'. Kisiïon ét.ii; l- t m-mvliv . ,\
nous descendions la rampe du rempart, .
direction du camp où était le régiment,
convoi funèbre, et je me décidai à suivre 1
que l'on venait de i
but de mes recherches.
Il n'y avait qu'un i: h s:u!iL t|ib 5 je niarrbïiî -cul. lonpie la
maudite mujiqnc pc :.| en, ,..-c i.j :c. Ai.--pit.it ii';;c
de marcher, je lève la letc peur mieux écouler, et j'apercoi6
île la clarté devint moi. Je m- ùi'ï; fit! |u,ir:" [nminjus.
mais le chemin va en descendant et la lumière disparaît. Je
pas; je tourne à droite, & gauche; je me trouve, cnûn, dans
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tOO MÉMOIRES DU SERGENT BOURGOGNE.
marcher à grands pas, toujours guidé par la musique. Arrivé
à l'cutrémité de la rue, je vois un édifice éclairé ; c'est de la
nue viennent les sona graves qui continuent toujours. Je
marche directement dessus, et, après avoir tourné plusieurs
Tois, je me trouve arrélé par une petile muraille tjui semble
servir d'enceinte à l'édifice que je reconnais pour une église.
Ne voulant pas me fatiguer davantage a chercher l'entrée,
qu'elle n'est pas assez haute, je sonde de l'autre cité avec
mou fusil. Voyant qu'il n'y avait pas plus de trois A quatre
pieds de haut, je monte dessus et je saute da l'autre celé.
Hes pieds avant rencontré quelque chose do bomhé, je
tombe sur mes gcnoui;je me relève sans m'ètre Fait mal,
je tais encore quelques pas et je sens que le terrain n'est pas
égal. Pour ne pas tomber, je m'appuie sur mon fusil. Je
cents cadavres a peine recouverts de neige. Pendant que
et les bras de ceus sur lesquels je marche, et qui semblent
a:-:-:i.:t:i:^ :inT. t;i:n:l[io, ;i!!n lie l'aire place B d'autres, des
chants lugubres se font entendre. Il ma semble que c'est
l'office des morts. Les paroles de Beloque me reviennent * ■
la mémuira; une sueur me prend, je ne sais plus ce que je
fais, ni où je vais. Je me trouve, je ne sais comment,
a.ji]!iiyé cent] ,i ]ij ,i«i !- ltc ou u itul' de l'içlisc.
Revenu un peu à moi en dépit du tintamarre diabolique
qui continue, je marche, appuyé d'une main contre le mur,
et je me trouve à la porte que je vois ouverte et par où une
fumée ép.iisse sort. J'entre et je me trouve an milieu d'indi-
vidus que je prends pour des ombres, tant 11 y a de fumée.
Ces individus continent n ohan'.er et d'autres à jouer dr:*
orauss. l'eut i. coup, iqc pi-and: t'-imin^ -ï'rfiapjie, la
fumée se dissipe; je regarde où je suis et avec qui; un
des chanteurs s'approche de moi et s'écrie : i C'est mon
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UNE NUIT MOUVEMENTÉE. 10i
qui l'était moins que les autres
afin de voir s'ils n'y trouvsraiaat rien il muger, 61 eqBvita
passer la auit dans celle enlise, qu'ils avaient remarquée;
qu'en effet ils étaient revenus et avaient Irouvé, dans la cave,
une barrique d'eau-de-vie, un sac de rïi ol un peu ds bis-
cuit, ainsi que J;s i_- v | - . t ■ ■ - :>u |n.:> ■. - ^ai n i -■ -in S-, .jtu
el ilts lioiiiietsi, eil-c ; es celui .in rahlji: . CiiniTHd ils
f'Olnienl «ITii l.li'-s d:' Ion', cela, je les .nais \y:.s. en ce.lrr.nl,
pour ce qu'ils n'élaicnt pas. Avec eux se trouvaient plusieurs
musiciens du rsyiotut qui, un peu en train, s'élaieni mis à
jouer des orgues; ainsi appliquaient le» tons barman i, ni ï
qui m'avaient si fort intrigué.
II.- me d'"nn:: L eiit du riz. '~uea"|ues petits morceaux de
biscuit et le bonne! du rabbin, garni d'une superbe four-
rure le renare v.'iir. Ji: ::iih '.<•. r i,- l'inei.-enuai: d.lli:- aieei
sac. Tant qu'au la.nsnet. . c le mis =.ur la tète cl, voulant me
reposer, je mis, devant le feu, une planche sur laquelle je
la lerre étant trop dure pour y faire des trous, ci la indéc
les ecni.Tïant p-i ii-uireiiie-it. Ilb wni ■aireet que. cela
continuait, l'on ne saurait plus où les placer, car louics les
enlises sci ■.'aïeul il' I ni: , i L,tu \ el ée.ii rit [■■:■: nlies de malades
à qui il i-iaii imjwsiifck de demie: de h Miias; qu'il n'y avait
plus que telle (ni nuus éti<;as où il n'y avait personne et où,
depuis quelques jours, ils déposaient les morts; que, depuis
le moment où la teie de colonne de la Grande Armée avait
commencé à paraître, ils ne pouvaient suflire aux U
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MÉMOIRES DU SERGENT BOUHSOÛNÇ.
charge auprès ries auu^s; ils dt.dérenl leur cheval et le'
firent entrer dans l'église.
Je dormis asseï bien le reste de la suit, quoique réveillé
souvent par le picotement de la Termine. Depuis que j'étais
infecté, je ne l'avais pas encore sentie comme dans ce
jambe eu descendant les escaliers qui conduisaient aux
orgues, où il avait dormi. Ceux qui étaient en bas avaient,
pendent la nuit, enlevé uue partie des marches pour faire
du teu et ae chantier, de manière que le pauvre diable, en
descendant, fit une chute qui le mit dans un'élat a ne pou-
voir marcher de sitôt; il est probable qu'il ne sera jamais
Lorsque je fus réveillé, je trouvai presque tous les sol-
dats occupés de faire rôtir do la viande au bout de la lame
de leur sabre. En attendant que la soupe fut cuite, je leur
demandai où ils avaient eu de la viande, ou si l'on avait fait
une distribution. Ils me répondirent que uun, que c'était la
-viande du cheval de la voilure des morts, qu'ils avaient tué,
pendant que les infirmiers étaient en train de dormir: ils
avaient h:en fa il, i. lAUi: -ivre.
Une heure après, lorsque déjà un bon quart du cheval
était mangé, un des croque-morts en prévint ses camarades
qui tempêtèrent contre nous et noua menacèrent de porter
leurs plaintes au directeur ou chef du hôpitaux. Nous
continuâmes à manger en leur répondant que c'était
fâcheux qu'il fût si maigre ou qu'il n'y en eût pas une demi-
douiaine pour en lai r j nue Ji-iLi'iliuMin au régiment. Ils par-
tirent en nous menaçant, et, pour se venger, ils versèrent
les sept cadavres du-i: ieur voiiuie ùtait diai-gée, a l'euiréc
du la porte, de manière que nous no pouvions sortir ai ren-
trer tans marcher dessus.
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ie prévenir
dos le fan où ils (.valent en'l.rarÉ leurs s-'vanjfîs p»li9s(!3 de
juifs, nous surlimes de l'église qui commençait déjà â se
remplir de nouveau* venus, malheureux et autres, qui
avaient passé la nuit nomme ils avaient pu, et de Leaucoup
d'iuircs e-.™re ijiii qiii^lfiioiit >i:rs ré^menrs , espérant
trouver mieux. La faim les faisail roder dans tous les
coins. Eu entrant, ils ne prenaient pas garde aux oadavres
pu obsr ruaient le pas^atre; il* [ifissiiciit dessus cumtiie sur
des pièces de bois, ils étaient aussi durs.
Lorsque Je fus sur le chemin, je proposais mes hommes,
a qui je contai mon aventure de la cave, d'y venir fair e une
ï.ïite : riv.t [inuin-itini fur ■i.'r.»;-.>i\ Ni m s en ■.iiiuv'nii.'- :'ai:i-
lemenl. le chemin, car nous avions, pour premier gi-iiie,
l'homme que Beloque avait laissé mort, ensuite le dragon
-or lequel j'étais to'aaé. e'. que nous relruuvSrue- avee .ou
manteau et 5a chaussure de moins. Après avoir passé le
Tond où étaient les affûts de canon, et où j'avais failli
m'endormir, noua «rrivâmea à l'androtl où j'avais fait mes
reru.i'ii'ii s d.i'.;: la ;i c i L"e . .V.'iiat dese U r.irnv.e iiiuii;-.
vite que la veille, j'arrivai à la porte que nous trouvâmes
fermée. Nous frappsmc-;, me pt-rs-emie ne répondit. Elle
M enfoncée :1l> sni:«, mais les nlseaa, élai.:.:! i;:m^; iiiv.is
n'y trouvâmes r'u'uu seul individu, tellement ivre qu'il ne
pt-ivai: parler. Je lt reconnus pour l'Allemand qui avait
viailn ni- iru'llre \ lu ; i >l 1 1 . Il élait 'mvilieipc d'eue ::iu; : .-e
capote de peau de mouleu qn'c.r. musicien du régiment lui
sillon, maigre lo.t ce qu'il put taire pour 11 de- le te Ins.
Hons j irouvimes piu-ieur.-. nor',:man!ea-.:x et une malle;
toal cela avsi' i'-'..; vile [■!■' ■!-■ 1 la ::uit, niais fuit était vide,
ainsi que la Larri.ioe qae a: - ..lilal Ijad.uiv ava; L aiq:c:'a.e
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
BÉMOUSS DU StMEST BOURGOGMf.
piusii-iii's hi.irilii:^ dj [■■^irr.crd. .. lr >: j» ri\_
étaient avec moi. Un instant après, j'aperçus de loin un
■-II- -..I.1. I..T du i.viuiem, que je reconnus de suite à son
qiia.i e^in, ir.ï .i ■-.-.n-L, :li iJL j js . n , i;l ,■ „,,„„:„.,,
Un matant après, Grangier me fil =iene ; je le suivis il
; ui sac mm lira m, i:i,h-.:,îuh ,1« >ii,-'di; dp ijoml -ni
qu'il h'.tliI.. m: r^-.uvé p-.iirnu.i. (ii nt j |LlV , mi.,r,-t,iii
de pain de munition
Il y avait vingt trois jours que je n'en avais mangé, aussi
j'- II; llcvûr.li. Eli: .il,- I ,1„. ,. ,1,! .,, , ■.„,, I,, , ,|„
ses pa JS qu'on lui avait dit Mre d an j;,; nui m- m,: m ,r,al ; ,,!(..
tout,:, ou, ,|, ,„ - I „ ,!i,v, ,;„' I „:,,:, 5nL[ ..-, cn , iJk .;
irMiif|u:' : pui-.u'il n; l-iïjii vu ,-.i i le n .i„.- : - n
nous fallait aller voir à la porte de la fille par où nous
Hion-- .;;;(iv;; q„.. Ji, , K .._r: | , ,„ ,. K , ... , . I r'.l .■ iv ,iv u,.| .
reii>,::i^i„Ti:,:i-.l,, ,i, ,„ u!;, , Y a ..- lrit ,' Q
monter la ramji; t'1-n::: iiuur sdler oii s:sil le réaimeut
n'y avait qu un instant que noua marchions, lorsque
nous arrivâmes au dragon; pW cette fois, od l'avait mis
presque nu, pru La Lomé rit peur s'apurer s'il n'avait pas
uai: iiiinîinre jveu ,],: l'sr^m. j 0 lu. rruinlr.ii la cave, et nous
arrivâmes à la porte ou nous fûmes saisis par la quantité
■tua iL-ineù saisis par ta quantité
a; près du poste du Bsdoie étaient
JE RETROUVE DES AMIS. 10»
quatre hommes de la Garde, morts pendant la nnit, et dont
l'ofllcier do poste avait empêché qu'un les dépouillai; il
nous dit aussi que, dans son corps de garde, il y en avait
encore dcui qu'il croyait de la Garde; cous y entrâmes pour
les voir; ils étaient sans connaissance : le premier était un
chasseur, le second, qui avait I» ligure cachée avec un mou-
choir, i lait de notre lï^imit. Griiugier, lui ayant déeou-
veri la ligure, fut on ne peut plus surpris en reconnaissant
celui qn'il cherchait. Hous nous empressâmes, comme nous
pùui?a, île je £c;oi'.v:r ; nous lui ■V.:iii:i:- :-oil Mitre lit sa
giberne qu'il avait euo.no sur lui, ait-i que son col, el nous
tachâmes de lui l'aire avaler quelques gouttes d'eau-de-vie;
il ouvrit les yeui sans nous reconnaître et, un instant après,
il cipira (ian--. mes t. ris, Kons ouvriiui'6 s-i;u 6(ie; nous Y
trauvlnies une ai::si que oilïiTMils p;lil6 cll.if.l6
que Grangier renfcjir.- afin ils les iirinner comme souvenir
à sa famille, s'il avait le bonheur de revoir la France, car il
l'avoir mis dans la meilleure p-.'i,il-i,n p^-l/r, tk us laL::-
faire?
lut relevé par les chasseurs; avant de partir, nous n'oo-
1 1 i : 1 1 ■ . - r- | h- de leur ii - iisitu Sur l'hfiinuif de leur régi
ment que nous veiii>::i:> ie i: ai; Iqi-. Le sergent envoya de
suite quatre hommes pour le prendre ; il sera probablement
mon en arrivant, car tous ceui qui se trouvaient dans
cette position mouraient de suite, cunime s'ils eussent été
chauffer et a causer. Pendant la journée, nuus tuâmes plu-
sieurs chevaus que nos hommes nous amenèrent el que
nous partageâmes; l'on lit aussi une petite distribution de
farine de seigle etd'un peu de gruau, dans lequel se trou-
vai.;:!: prssque mtsi't [ ni. If: r". '1.: g:\iiij = lie ^ei^le.
Le lendemain, à quatre heures du matin, l'on nous lit
prendre les armes pour nous porter en avant à un quart de
lieue de la ville, où, malgré un froid rigoureux, nous res-
tantes en bataille jusqu'au grand jour. Les jours suivants,
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Il 3 avait clejk trois jours que nous étions a Smolcnsk,
quo noua ne savions pas si nous devions rosier dans celle
position, ou si noua devions continuer notre retraita. Flesler,
disait-on, c'est impossible. Alors pourquoi no pas partir,
[il-i^i i|iifc Je res.-r dann vil!,' où il t,j avait psa de ■
nourrir? Le quatrième jour, en revenant, eommetai jours
[i!-jc-:d.-iUf, .te la |!..,;!i,in dti matin, et tomme aous étions
i>r«* .rii-river à cotre hivae, j'aperçus un officier d'un régi-
ment de ligna, couché devant un feu ; près de lui étaient
quelques soldats; nous nous regardâmes, quelque temps,
comme dem hommes qui s'étaient quelquefois vus et qui
i; vivifient ,'. se l'eL:o_:.cii!e s oiiH If- dont non?
étions couverts et la crasse de ma figure. Je m'arrête, lui se
lève et, s 'approchant de moi, il me dit : • Je ne me trompe
pas! — Non ., lui dis-je. Nous nous étions reconnus, et
C'était Benulieu \ mon camarade de lit aux Veilles, lors-
v.lmes changés, et misérables! Je ne l'avais pas vu depuis
la bataille de Wagraiii, époque où il avait quitté la Garde
pour passer officier dans la ligne, avec d'autres Votites Je
ini ■.!em;n).. : ...ii i:ii r., l: t fou ■■é < in>:ni : j.Oiii- lent'. ii-:o.-e. il
me montra l'aigle au milieu d'un faisceau d'armes; ils
étaient cm™.: i-ïnte- trois ; il était le s.îh! officier, avec le
chirurgien-major; des autres, la plus grande partie avait
[lOii CJiQiles ooml, mai. plus d? la liiuitk; ét.li-ni l'iyru
de misère et de froid ; quelque-nus é:aienl égarés.
Lui, Beanlieu, était rapit.iin.- : il m- .'.il f.|u d avait l'ordre
de f.&.-rt- la l,îidp.. Je ,-ciUd cnxxv que. que :umps nvei lui,
et, comme il n'avait pas de vivres, lions partageâmes en
frères le rii que j'avais reçu dea hommes rencontrés dan»
l'église, la nuit de notre arrivée. C'était la plus grande preuve
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
départ ne noumx. " 107
d'amitié que l'on puisse donner a un camarade dans une
situation oïl, pour de l'or, l'on na pouvait rien trouver.
Le 1* au matin, l'Empereur partit de Smolensk avec les
régiments de grenadiers et do chasseurs; nous les suivîmes,
quelque temps après, en faisant l'arrière -garde, laissant
et Ney réduits a peu de monde; en sortant de la ville, nuuî
IraversimeB le Champ sacré, appelé ainsi par les Husaes.
Un peu plus loin de Korouftnia 1 se trouve un ravin aeseï
profond et encaissé; étant obligés de noue arrêter afin de
donner le temps k l'artillerie de le traverser, je cherchai
«rangier, ainsi qu'un aulre de mes amis, k qui je proposai
de le traverser et de noua porter en avant pour ne pas nous
geler" a attendre; étant, de l'autre cùlé, forcés de nous
arrêter encore, nous remarquante» trois hommes autour
d'un cheval mort; deux de ces hommc9 étaient debout cl
semblaient ivres, tant ils chancelaient. Le troisième, qui
était un Allemand, était couché sur io cheval. Ge malheu-
reux, mourant de faim et ne pouvant en couper, cherchait
à, mordre dedans; IL ûnit par expirer dans cette position, de
froid et da faim. Les deux autres, qui étalent deux hussards,
avaient la bouobe et les mains ensanglantées; nous leur
adressâmes la parole, maie nous ne pâmai en obtenir
aucune réponse : ils nous regardèrent avec un rire k faire
peur, et, se tenant le bras, ils allèrent s'asseoir près de celui
qui venait de mourir, où, probablement, ils finirent par
s'endormir pour toujours.
Nous continuâmes a marcher snr le coté de la route, afin
île gagner la droite de la colonne et, de là, attendre notre
régiment près d'un feu abandonné, si toutefois nous avions
le Jjorihîur d'en U'lv.iïit. X.ïuè «.itonirrimc; un hiis^iiil, ]■:■
crois qu'il était du S" régiment, luttant contre la mort, se
relevant el tombant aussitôt. Malgré le peu de moyens que
nous avions de donner des secours, nous avançâmes pour
le secourir, mais il venait de tomber pour ne plus se relever.
Ainsi, k chaque instant, l'on était obligé d'enjamber au-
dessus des morte et des mourants.
Comme nous continuions toujours, quoique avec beaucoup
1. Koriwtu.it, ptlit vUlig». (*.« dt fournir.)
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(OS MÉMOIRES DU SERGENT DO [,'tlCOCrîB.
A': difficulté, a marcher sur la droite de la route, pour
dépasser les convins, naits viims un soldai de Is ligne assis
c " lr "- u -' J "-' 11 y avait Mt r- 1 : il 1 1 r 1 1 ■ 1 1 ji ij
faire fondre de te neige dans une marmite, afin d'y faire cuire,
le fuie et le cœur d'un cheval qu'il avait éventré. Il nous dit
que, n'ayant pu en couper de la. viande, il avait, avec sa
baïonnette, fait un trou au ventre, d'où il avait tiré ce qu'il
allait faire cuire.
Comme nous avions du riz et du gruau, nous lui propo-
sâmes de nous prêter sa marmite pour en faire cuire, et que
nous le mangerions ensemble. Il accepta avec plaisLr. Ainsi,
avut du rizetdu gruau où il y avait autant de paille, nous
lime? mie s-.i.lf.r 1:1:1; riûlli iL<.Mi-,iiLj!iiiii.-- ivnr. n r niorf.H.iLi
de eucre que Grangier avait dans son sac, ne voulant pas
la saler avec de la poudre, car nous n'avions pas de sel.
P.'inljLi.t (jUH noire sriupe fui, .lit, nous uoi.s u.j(;i:[i,'.rncs h
faire cuire, au bout de nos sabres, des morceau* de foie
et les rognons du cheval, que nous trouvâmes délicieui.
Lorsque notre rii fut i: moitié cuit, nnu.5 te m.irij{eim:s, e<
nous rejoiRnimes le régiment qui nous avait déjà dépassés.
Le même jour, l'Empereur coucha à Korouïtnia, et nous un
Le lendemain, l'on se mil en route de grand malin, pour
atteindre Krasnoé, mais, avant d'arriver à celte ville, la tête
de la colonne impériale fut arrêtée par vingt-cinq mille
Russes qni barraient la roule. Les premier- de Urmee qui
les aperçurent étaient des hommes isolés qui, aussitôt, se
replièrent sur les premier» régiments de la Garde, mais la
plus grande partie, moins intimidée ou plus valide se
réunit et fit face a l'ennemi. Il y eut quelques hommes
insouciants ou malheureux qui, sans s'en apercevoir, furent
ae jeter au milieu d'eu*.
Les grenadiers et les chasseurs de la Garde s'élant formés
en colonnes serrées par division, s'avancèrent de suite sur
la masse des Russes qui, n'osant pas les attendre, se reti-
rèrent et laissèrent le passage libre; mais ils prirent posi-
tion soi les hauteurs à gauche de la route et tirèrent quel-
ques volées de coups de canon. Au bruit du canon, et comme
nous étions en arriére, nous doublâmes le pas et nous arri-
»*mes an moment où l'on moUail quelques pièces eu
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aToir entendu parier,
premiers régiments de la Garde se
l'élal-major, autour de l'Empereur, e
l'on marcha comme si l'ennemi ne
que la musique joua- l'air :
j'en ai entendu parler.
Le prince de Neufchàlel, alors mir,
voyant que l'Empereur ne donnait pas
i' inci i-iiij l iiLc ik' hirn-.fe ;. cuL <-£v.
de rester dans une aussi Iriste positi
niiisicicas et leur ordonna de jouer, 30'
maison oiï l'Empereur était logé, l'air:
débitèrent Lanl bien que mal, malgré
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58 DU SERGENT BOrjRQOGKE.
n n auiifuaam même qu'ils se Sussent trouvés a la
dr.::i:i: régiment, chose que l'on ne voyait plus Jqrjis le
commencement de nos désastres, eussent été capables de
souder dans leurs instruments ou de faire aller leur.- ..i.jiiris,
dont une partis les avaient gelés? Mais, i Smolensk, là
chose était plutôt possible, parce qu'il y avait du feu m que
l'on se chauffait.
Deux lieuree après la rencontre des Russes, l'Empereur
arrive S. Krasnoé, avec les iin-iiiiei-, do la iiirde,
ri-i'r- ri fi ; i; ,i.,ii et les l'u-i icra-ctias-cur,. Nnus ".iivi i:.;;,,!,-.
en arrière de 1» ville; en arrivant, je fus eoiiimatiilt- .le
tiïcie av.:,: iiuin-.j linmrn^:, ,■],,,■, \ s ^:„i:ii R.h,'t< qui
était logé en ville, dans une mauvais ma:; in convoi- en
chaume. J'établis mon poste dsns une iv.m-io, m'- tim/ni
très heureux de passer U nuit à couvert et près d'un feu
que lions venions d'allumer; mais il en fut tout autrement.
Pendant que li;.u* étions L\n-<. Kia-inié et au: nu-, IViî.ïiéè
ru— e, forts, (ii!- jii, ti; r|inlre-v.;:L:l dix :u i : l*j horaïues, u , i-
entourait, car devant nous, ù droile, à gauche et derrière,
ce n'était que Russes qui croyaient, probablement, faire bon
marché de noui. Mr.is l'Empereur muiut leur fuir: sentir
qus li :-t, ,.e n'était p.is a issi facile if.r'il, le j-ea-d,;!,!,
si nous étions malheurcus, mourants de faim et de froid, il
nous restait ^iceie quille ,:li<ne qui nous soutenait :
l'honneur et le courage. Aussi l'Empereur, fatigué de *s voir
suivre par cette nuée de barbares et de sauvages, résolot de
Le soir de notre arrivée, le geoéral Hoguet recul l'ordre
rtVtsquer, pendant la nuit, avec une partie de 1s Garde, les
régiments de fusil iera-chas s eurs, grenadiers, i '
détachements, afin de faire une reconneissanoi
a ijmmI Tue
!v.-.li\e ijn'il ni ijnini ,| N .-I,| _ L tlm'r:. rir, Un-- n;v •■ I nus
l'attaquer, une ( iartie r iait e:l m,-=iîre ,lo nous recevoir.
11 pouvait être une heure du malin lorsque le eénéral vint
me dire, avec son accent gascon : « Sergent, vous allez
laisser ici un caporal et quatre hommes pour garder mon
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c'.iiiu! !i peine que j'avais de perdra quelques moments de
repos, dont j'avais tant basoln.
Lorsque j'mrivaï au camp, chacun était déjà occupé à
[ -H-jL-Lii :l- ..t ,h ih .i;ju I '■ ■■ 1 va. diîr.ùsO; à iie!) in bal'.re:
plusieurs me dirent qu'ili t'i|iira-.srit imuTOr une lin à leurs
souffrances, car il leur était impossible de résister davan-
tage.
it commença;
lijri iHvnadiers. ili:ntjn -Ki-nis pa;liiï. et Ici fu-iiiori-chas-
seurs fv. i- 1 1 1 i i ■- ■:.:.At: du i;i:j,trc; ir:s :iraiil;ars et voltigeurs
celles Je droite et île gauchis. Il faisait un froid comme les
jours précédeats;nous marchions avec- peine, au milieu des
terres, dans la nui^c ;i. qu'aux genoux. Après une demi-
heure de marche, nous nous trouvâmes au milieu des
Iïn--es ■.: -ut Lu.; /.il- io .-.vait pris le.- armes, car mu' -rjuc.;
ligne d'infanterie était sur notre droite, et à moins de
centre, tirent à mitraille. Cela n'arrêta pas notre marcha,
car, m:il|;n; léni',- li'iiv !t lt i:.::n':>K d'L:::nm.:s ijd Miuljik'al
chei nous, miiis lss abordiiHtï au [jus de rliarge et nous
entrâmes dans leur camp, où nous finies un carnaga affreux
battre à la lueur de l'incendie. Les colonnes de droite el ds
ji-mi-.hù J1CU5 aviiieut déparés et >n-.put cnuves dans le.
■ Milip l'r.r.emi [i.n l^s rMK'iiii.''^, tanili- qui; ijuLitt ciîllJJJue
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• 1 "'-IP--, pl'isi-ur-; J.jii-H (1.1S iil.SïfS ■■]!!<.■ I on
cru! morts Ou dangereu sèment blessés.. Kous les dépas-
sâmes, mais, il [iciue lïiciies-Tir.iis au dessns, qu'ils se rele-
vèrent nvec leurs armes; ils tirent feu, de manière que
nous fûmes obligés de faire demi-lour pour hous défendre.
Malheureusement pour eut, un bataillon qui faisait l'arrière
garde et qu'ils n'avaient pu apercevoir, arriva. Ils furent
pris entre déni fera; en moins ■ 1 ■ = einq minâtes, plu? uu
n'existait : c'est une ru<e de guerre dont les Russes Be ser-
ïe:i: sentent, mais l«. eue tk' réu<s:t pas.
Le premier qui tomba chez nous, lorsque nous mirjLi^ns
en colonne, fut le malheureux lleloque, celni qui, h Srmi-
lurifii, m'avait prédit sa mort. Il fut atteint d'une balle à la
Iclc et tué sur li' ci.nq.i; il c:ai: i'ami dr- tans efu* ipri !e
it, et, malgré rindilï"iev:c que nous avioni pou:-
te pour. noua, Beloque fut généralement regretté
Lorsque nous eiime. traversé le r.imp des Russes, et
abordé I» villiïc. après le- avoir loreé; i j.n.'r une pu-.. if
de i-.'iir iti-:ilî.-:ri« dans iirt lae, un grand nombre de leurs
i'iin'.K-.iiis s "éîïiett retirés dans les maisons, dont une partie
était en flammes. C'est là où nous nous baltimes avec
acharnement et corps i corps. Le carnage fut terrible ; nous
étions divisé-; c: l::uu -i' battait pour -Lin compte. Je ni.:
trouvais près de noirs colonel, le plus ancien colonel de
l-a-c,-, qui aviil. iîit I ■■ ivjiripii^neï dl\„';.pf. il éli.it. dans
ce moment, conduit par un sapeur qui le soutenait en le
tenant par le bras; près de lui était aussi l'a djud eut-major
;a barrière, et ne lui laissaient ai
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UATAILLU !>K KIÎASNftÉ. H3
do se sauver. Il jijiii r.epenrlant fuir se rendra mailri- du
li.issngri, mais, nu awnnn: ov. :! .-ilii.t sn-;l,:r flr, ! autre cété.
eiiii cheval lat atteint d'une balle et tomba snus lui, de
manière que l<i passade deiint dil'ltdlc. Abri leb soldats
lusses lurent tui-d-B cv'er'-ire. liés ce incluent, le
combat devint plu* acharné. A la luetir des llammas, ce
n'était plus qu'une vraie buucherie. Russes, Français étaient
les uns siir les uulivs, dans la neige, se tuant à bout portant.
Je voulus courir sur S'ullLdur russe qui s'é lait dégagé de
dessous son cheval, et qui cberehail, aidé de deuï soldais,
ii su suuver eu [ assaut la barrière; mais un soldat russe
n lV.lt.": ta k ;leua pis du bout du canon de son fusil, et fit
■'■■H ; ;i I '«!■!■■] 41/1. n'y ■ .:U'.: l'.llllnri^ i|. i !>] ir.
n'étais pas blessé, je me retirai à quelques pas de mon
adversaire qui, pensant que j'étais dangereusement Me ssé,
rechargeait tranquillement son arme. L'adjudant -major
Bouslan, qui se trouvait près du r.oKiiud et m'avait vu en
danger, courut sur moi et, me prenant dans 6ea bras, me
dit ; t Mon pauvre Bourgogne, D'êles-vous pas blessé? —
Non, lui il' pondisse. — Alors ne le manque! pas! > C'était
bien ma pensée. Eu supputant que mon fusil manquât
(chose qui arrivait souvent, à cause de la neige), j'aurais
1 ■ 1 ■ '•■ '. I. ■ 1 11 m.' P'.ssr Mil ! ir .m
menaçant, sans lâcher Sun arme, et alla tomber sur la
,:l]MILldu l';i:':ii-:i-!' qui se trouvait hg.m' in bnrnér,'. L'adju
' - m -uiJ.I'Ji-, j.Litsiuit lui. lui |,oiU un itin du ■-nl.r.;
dans le côlè qui accéléra sa chute; au même instant, je
icv.ns puis du colonel que je trouvai abîme de fatigue,
ensanglanté, 11 en nous disant que,'' pour traverser la mêlée et
rejoindre le colonel, il avait été obligé de se faire jour à
Mups de s.ibïo, u;ai> ipi'i"; arrivait wc. v.r. cnup de baïon
'■[■Ile .I;-.;jk r-.iir:-.' flrr.iite. i'ans ce m.-.mrnl, le -ui :>i.-ur qui
soutenait lu colonel fut atteint d'une balle dans la poitrine.
"Le colonel, s'en étant aperçu, lui dit : • Sapeur, voit! Mm
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SKGEKT BOURGOGNE.
blesséT — Oui, mun colonel >, répond le
la main du colonel, il lui lit sentir sa. blc
son doigl dan* le irnu et en lui disant :
Lll'cclivsman:, nous niions lir.-.l. j l'a'! déni ientés, à cause
(I.; la lueur Je : iuroi.ilie: le rei/iuiiuit -e lu; M3.i1 sur plusieurs
points et par peloloua.
■■ Geyser .e l'en:' me rq-'iaiii'. ■ _ l l m.I e.u no n: rijuuent,
qui était blessé; cessera qui voudra, mais, puisque je suis
tirer que lor.qn: je ]. 'mirai ulus de :Tarl.nu ;.lies 1
En clïet. blessé' oeMïi:ne iUV.u.t d'un :oup de I alie i r .ii lui
3vail eassé 1« eujsse, et 3s<i^ fer la jieisw ou'il rougirait
de 'ou s..ug, i! :ie ci::-:.;\ de .iirr «1 ru de Je;-f.u:bv des
cartouches eux antres. L'adjudant- major, voyant que ses
ordres n'étaient pas eséeir.és, vi:i'. lui-même, disait-il, de la
part du colonel. Mais noa soldats, qui se battaient en déses-
pérés, ".(; l'OLlMiiiliintit )i;is et oon tin lièrent. Les Bosses,
voyant qu'il n'y avait plus pour eus aucun espoir de salut,
ev e'aynnt plus, probahlement.de munitions pour se défendre,
essayèrent de rurtir eu n.as.:' eu corps :ls bi'iL'meill uù ils
s'étaient retirés et où ils commençaient S rôtir, mais nos
hommes les forcèrent d'y rentrer, lin instant après, n'y
pouvant plus tenir, ils firent une nouvelle tentative, mais k
peine quelques hommes furent-ils duus la cuur, que le bâti-
ment s'eoiMula sur le reste. 0,', pont-Ctrc plus de qjs.ia.nte
pêrirant dans les llammes; ceux qui étaient sortis ne furent
pas plus heureux.
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Après celle scène, nous ramassâmes nos blessés et nous
nous réunîmes autour du colonel avec nos armes shargees,
en al'indant lo jour. Pendant ce temps, ce n'était qu'un
bruit, autour fie nous, de coups de fusil de ceus qui com-
ité ; à cela étaient mêlés les
combat : tout l'espace
jnnr.lni lia milrls f. de lilr.-si'^. J,; reiiouniis celui qui nwi 1 .
voulu me luer : il n'était pas mort; la balle lui avait traversé
le côté, indépendamment du coup rte sulue qui: nuljuiaot-
major lui avait donné. Je le lie mettre di os une position
meilleure q:u; tialle où il était, car le cbcral blanc de l'offi-
cier russe, près duquel il avail élé tomber, et qui se débat-
L'intérieur des maisons du village ou iiuus étions, je ne
sais si c'est Kircova ou Malierva, ainsi que le camp dos
Russes et les environs, ctniaai ii:mvciis dis cadavres dont
une partie étant à <iei-ii lirîl.is. yi>trv. nlieF de butai llun,
M. Gilet, eut la cuisse cassée d'une balle, dont il mourut
plus de monde que nous; dans la matinée, je rencontrai lo
capitaine Dénonces, qui était du même endroit que moi, cl
qui c(iii)iiiii:iili;it i.uc muni a^ti.c ni;- n.liijiiuiii de li. G, ut. :;
il venait s'informer s'il ne m'était rien arrivé; il me conta
qu'il avait perdu le tiers de sa ^uiiipiiiinie, jjlus son sous-
lieut.inant i]'j i limil. i Véliii. ut su 11 ,r: i -.m l-iniij qui l'-jniul
lues des premiers.
Par suite de ce combat meurtrier, les Russes se retirèrent
Lémes sur le dia~i]i île iuiiuiL.! juiiMiaul. l-julu la journée ut
la nuit du 16 au IT, p? ■;■!-. ut le?q j"s nnns lYijnnq toujours
en mouvement. A chaque instant, pour nous tenir en haleine,
l'un iiuiifi iaisii.t p:\iiidr: le;: ai'ine^; ii'uu. eti'i.v.i loujours
sur le qni-vive, sana pouvoir naus rwwf, ni mtitii- nous
chauffer.
A la suite d'une de ces prises d's -mes, et au moment où
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119 MÉMOIRES DU SE RUENT BOURGOGNE.
tous lea aous-of liciers, nous liions réunis, eau
misî'iM ei du cfiiiihjL u. ],i ir.iii prrivàsiite,
major Dalaltre, l'homme le plus méchant el 1
Il semblait regretter le mal qu'il avail fait a tous eau. qui
élaient suus ses ordres et principalement à nom, les sous-
offlciers; il n'j en avait pas «n dans le régiment qui n'eût
Le 17 ai
■, qui'
par division, nous nui; s mimes eu ni a relie pour aller prendre
position sur le bord de la roule, du coté opposé au champ
de bataille que noua venions de quitter.
En arrivant, nous aperçûmes une partie de l'armée russe
devant noua, sur une éminence, et adussée a un boia. Aus-
sitôt, nous nous déploylroes en ligne pour leur faire face.
((araiitir du feu de l'ennemi ceui qui y étaient. Notre droite
était formée par lea fusil iera-cliasseurs, ayant la léle de leur
résinier* à une jinr-j-n Je ftisii de "la vilh. Devant iiuus, à
deui cent cinquante pas, était un régiment de la Jeune
Garde, premier voltigeur, en colonne serrée par division,
noire droite, étaient les vieui grenadiers et chasseurs, dans
le même ordre, c'est-à-dire, ainsi que le reste de la Garde
i ■ . 1 1 ■ ■> l- j h 1 ■ ■ , t.v'dilin: r.l ii lill.jji..., i|,i. n'.nviiii.iu pa.- tiris jim I
m combat de la nuit du lb au 18. La tout était commandé
par nimpereur en personne, qui était à pied. S'arançant
d'un pas ferme, comme au jour d'une grande parade, il alla
se placer au milieu du champ de bataille, en face des bal-
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BATAILLE PE KHAS.NOÊ.
je marchais avec deui de mes amis, Gracier cl Lcbou .!:.
deniere l'.i-.L .iu I. rtLai or lleljiln:. au r::uu,->! fin I--
Russes commençaient à nous apcictvoir. leur .irtillurii', qui
n'était oa^ lilfji-n.'ic n i. £! I-v.ut'IOl'. [mus :àdia s,i [-ni.
tir.f.ri: i.o:'dte. Le ['"'.■! ir.;! 1 qui tnu!:;i l'j.lj'[d/'.rit-]-.i;i : . i-
Oclaitre : un boule! iui eoupa [es coin j,uuW~. juste au
.1 :■;:.■.!= des -jr-inn. ,■: prin les buti °; a jY.'uv'i.-r; il
tiunim Jf.Nijft.rr :i- m, ni [ii.'-iiif. |-m: w une plai:i::. Dan»
fut-il tombé, que nous arrêtâmes, paire (itu-
Jonl il otiit tomji, i. barrait lu uelil dir.m'iîi
mf.rubioras. I! fallait, [inur continuer à man
au-dessus, et, comme je marchais après lui, je fus obligé
de faire ce mouvement.
prie, prenez ir.es pistiilc-ts dans ici arçons de la celle de
]!]■:;:: eaev.il et ::.rûlo;-[Iiii] la :.t-v k- . V! r. i = ji Tsiirine n'usa
lui rendre ce service, car, dans une semblable position, c'en
Htr.it il-.. San? lui U'peiidr:! : a. ils passâmes ;::\ riLlnai:'
nul.:': .:!:eLti.n, l'[:: t lieu eiisi-rneiat, >:a: i::r.:s n'avons r»a-'.
[ai: sis pus, qu'une seeende ili t .: :r^:'. p"ijbabhi::.r:t de la
même batterie, vint abattre trois antres liommes parmi
ceux qui nous suivaient et que l'on (il emporter de suite,
Depuis la pointe du jour, l'on voysii l'armée russe rjui, de
trois eûtes, devant nous, à droite et derrière, avec son artil-
lerie, faisait iniae de vouloir ne: s c:it':>r.'cr. P-n? rr m .mont,
un iu.t'Liit ;i;iri's que l'ad plda".l [lil' :r vuial: d'ùre tué,
l'Empereur arriva: nous venions de terminer notre monve.
ment : alors la bataille commença.
, tnrribles qui, k chaque rois, portaient la inurt da - nos
rangs. Nous n'avions, de notre cité, pour leur riposter, que
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IIS MÉMOIRES DU SERGENT BOURGOGNE.
quelques pièces qui, s chaque coup, faisaient aussi, chez
eux, des brèches profondes; mais une partie des noires fui
bientôt démoulée. Peod3.nl ce lemps, nos soldais recevaient
la iruirL sa:is tuilier: r-)i:< f.rirjî drj.DS ûetlc triste pùsiJ.H:
j::;o,l.',i dnu hnitrs .-.| •• - n-i- i.
Pendant le. bataille, les Russes avaient envoyé une partie
de leur armée prendre position- sur la roule au delà de
Krasnoé et nous couper la retraite, mais l'Empereur les
arrêta en y envoyant un bataillon de la Vieille Garde.
Pendant que nous étions exposés au feu de l'ennemi et
que uos forces diminuaient par la quantité d'hommes que
l'on nous tuait, nous n |n:ro unies, denirre nous et un peu
sur notre gauche, les débris du corps d'armée du maréchal
Davoust, au milieu d'une nuée de Cosaques, qui n'osaient
les aborder, et qu eui dissipai™! tr.iu. nullement, en mar-
chant de notre coté. Je remarquai au milieu d'eux, lorsqu'ils
étaient derrière nous et sur la route, la voiture du caulinier
uù étaient sa femme et ses enfants. Elle fut traversée' par uo
I iiu.i L uni [mus était (.tsti:^ : ru: mémo okiiint, nous r-nLon-
ili-ne-i de, cris de do.si:-|ir:ir jt-ùf par U fourmi; ,:Lli;- --.imiU.
mais nous ne pûmes savoir s'il y avait eu quelqu'un de tué
ou de blessé.
Au moment où les débris du maréchal Davoust pansaient,
les grenadiers hollandais de la Garde vonaienl d'abandonner
une position impnrt... n in qm ][;■:, Russes avaient aussitôt
couverte d'artillerie, qui fut dirigée contre nous. De ce
moment, notre position ne fut plus tenable. Uu régiment, je
ne me rappelle plus ic.|u.;l, lut tnvuïé contre, mais il fut
peu sur la gauche les ^ait^ies cl pi - , 10 en face de noire
régiment, et se forment eu carré; à peine élaient-ils formés,
que la cavalerie voulut les enfoncer, mais ils furent reçus,
ii bout portant, par une déeliargs que firent les voltigeurs,
ip 11 en iil luiiilii " un mi;.|..! Qomhic. [.r- rusl.c rit un dt'ini-
lour et se retira. Une seconde charge eut lieu; elle eut le
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BATAILLE DE KRASNOÉ. ("19
même sort, de manière que les faces du cuitè où les cui-
rassiers s'élaient présentés étaient couvertes d'hommes et
de chevaux; mais ils réussirent a. m limsième fois avec deux
pièces de canon chargées à miiraille, qui écrasèrent le régi-
ment. Alors ils on:r,Trnl. Maris lu tijrè -i iJie.é.rBtit le ros:o
à coups de sabre : ces malheureux, presque tous jeunes
soldats, ayant en partie les pieds et les mains gelés, ne
pouvant plus faire uEago de leurs armes pour se défendre,
fuient jn'i-quc tous massacrés.
Celte scène se passait devant nous, sons pouvoir leur
ssi-.our.s; onze liurrmies rcuti -nv.r.\ : le n'S'.e in: tué,
blessé on prisonnier, et conduit à coups de sabre dans un
petit bois qui était on face de nous; le colonel loi-même \
couvert de blessures, ainsi que plusieurs officiers, furent
prisonniers.
.J'uubliais de dire qu'au mument ort nous nous mettions
généraux sur la ligne! . que je me portai fjuide général de
Jrci:-: île noire rf^men:; nuis l'on rjiiuln ut- ni.-us faire
rentrer et, comme j'avais lii.-mc- principe de rester à mon
poste, tel qu'il fol, je restai dans cette position, la crosse du
fusil en l'air, pendant près d'une heure, et malgré les bou-
lets a qui je pouvais servir de point de mire, je ne bougeais
'"pendant ce temps, et au moment où l'artillerie russe fai-
sait li! pin! '.II! rr.iv use dans nos i'; iii-s le . :i].mh-1 eut nu pres-
sant besoin (besoin naturel]; la. position et le lieu ne conve-
cnmme la chose pressait, il prit son parti et, se "retirant
a environ soixante pas du réyinieni, el le derrière tourné à
l'ennemi, il acheva trerquillemerït son affaire. Si quelque
cIujsi; le iiéiiiit, o'èlai: le i'.-oirl, mars pour i.-s finies i'. qui
il servait de point de mire, cela ne l'inquiétait pas, quoiqu'il
pouvait bien les voir, et c'est en se relevant de celle posi-
tion qu'il commanda : ■ Drapcanï et guides généraux à y 0 s
places! .
11 pouvait être uVm liemes. et Jéj.'. nous avions perdu le
tiers de notre tror le. mais ie- fi-iliars-clrasscurs avaient élé
1. Calom] Luron. [NM ilt router.)
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110
pli. maître que nous : olant plus rapprochés de (avili*,
ils «aient a.posés à an feu plus meurtrier. h, ; ,,,i, nu-
,l lM - ; K - ni ".'liV^-lili r- ir:. 1,,, .„,.„!,■.. , 0 ,,
L * ll " i! ' ™ I., :-:::u, I, rouis; il „, ICflfli :
['lUi.-j'.ll rifJd "1,1- I ■ ,|.. |,; |;,n|,.. ( ,. , IIN ,|., U , S .,.
.Ni',. Tunis rnmt A.,.- >. j? .. .
mouvement, en noua reiirant cl an pM> oomme 4 un5
parada, al .obi. de l'artillerie mm, qui no us iai„«lt par
m T^a.l],. f .„ n0[15 relira,;!. -,„„, entraînions aveo nous
ceui de nos camarade a qui étaient le moins blessés.
- Le moment où nous quittâmes le champ do bataille fut
terrible et triste, car lorsque nos pin™ i,[ e -si. virent ors
nous le* abandonnions au milieu d'un champ de mort et
partie avait les jambes brisées par la m:'i-,i i : ] n,,,,!. vil! .'...
Jt la il.
IW-.ujrtic; nous nouf h-
Apres avoir passé L'en
et comme cou;; étiuM à
notre gauche, h iis pas
r leurs genoux, ro
it les mains au ci
faisaient feu sur les Riisws qui s avancent; elles étaien.1
soutenues et suivies par environ quarante hommes, 'im
canonnière que voltigeurs! c'était le reste d'une Iritade
commandée par le général Longohamps; il sortait de la
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BATMLLE DE KHASt<06. |(1
Garde impériale ; il ctail là avec lout ce qui lui restait, pour
les sauver ou mourir avec eux.
Aussitôt qu'il aperçut notre colonel, il vint a lui les bras
ouverts; ils s'embrassèrent comme deux hommes qui ue
s'élaient pas vus depuis longtemps et qui, peut-ëlre, se
revoyaient pour la dernière fois. Le général, les yeux rem-
plis de larmes, dit 4 notre colonel, on lui montrant les
deux pièces de canon et le peu d'hommes qui lui restaient :
< Tiens, regarde! Voilà ce qui me reste! » Ils avaient l'ait
ensemble les campagnes d'Égypte.
Celle bataille flt dire a Kutusow, général en chef de
l'armée russe, que les Français, loin de se laisser abattre
par la cruelle extrémité ou ils se trouvaient réduits, n'en
étaient que plus enragés a courir sur les pièces de canon
tj.ii les ér.rasa-.eut.
Le général anglais Wilson ', présent à cette bataille, la
r< o m me la Ijaliiilp A?s hiw ; n ti'-'iI.ù! .■..viaiiiotiinui pas
parce qu'il y était, car ce mol n'est applicable, qu'à nous
qui, avec quelques millr- hommes, r.ous battions contre
touta l'année russe, forte de 90 000 hommes.
Le général Longchamps, avec le reste de ses hommes, dut
vaux étaient tués, et suivre notre mouvement de retraite en
profitant dits accidents de terrain et des maisons, pour se
retirer en se défendant.
les Busses, avec leurs pièces montées sur des traîneaux,
vinrent se placer aux premières maisons, nous lâchèrent
plusieurs coups de canon chargés à mitrailla. Trois hommes
de notre compagnie furent atteints. Un biscaien qui toucha
mon fusil, et qui en abîma le bois eu me rasant l'épaule,
atteignit à la téte un .jeune tambour qui marchait deiaut
moi, le tua sans qu'il fit le moindre mouvement.
Krasuoé est partagée par un ravin qu'il faut traverser.
un troupeau de bœufs morts de faim et de froid; ils étaient
tellement durcis par la gelée, que nos sapeurs ne purent eu
couper i coups de hache. Les têtes seules se voyaient, et
1. Ca ci 0 *'" 1 anglais servait 3ani lOrmio rava.
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m atMoiaes do wwnrr bocboosbï.
ils avaient les jeun ouvert» Mimmf s'ds eussent étâ eoeoro
«n ne; leurs coq» étaient couverts Je neige. Ces bitufs
appartenaient a l'armée et n'avaient pu nous joindre; le
grand Froid et le manque de vivres les avaient fait périr.
donner k la brutalité d'un ennemi sauvage et sans piliè,
qui dépouillait ces malheureux blessés, sans avoir égard ni
à leur position, ni à leurs blessures.
Les tinsses nous suivaient encore, maïs mollement;
quelques pièces tiraient encore sur la gauche d e i a route,
Lorsque nous fûmes à un quart de lieue de l'autre côté
de la ville, nous fumes un peu plus tranquilles; nous mar-
chions tristes et sileneieui su pTL-tfnt ri noire posilion et a.
nos malheureux camarades que nous avions été forcés
[ïi'iiii?i.t ; l'on s'empressa de leur donner ce que l'on put
pour les couvrir.
Le soir, l'Empereur coucha à Liadoni, village bâti en bois;
notre régiment alla établir son bivac un peu plus loin. En
passant dans le village où était l'Empereur, je m'arrêtai
Tirts ■l'une m.iiivai^ |i.n.ir r>.; if 11 llVr s. vu feu qui
?'y trouvait; jeu; le bùntf-iir Ai vc.ae :.:j:r-f;r iiiduv h ser-
gent Guiguard, mon pays, ainsi que sa canliniére hongroise,
a«o qui je mangeai un peu de soupe de gruau el un mor-
ceau de cheval qui me rendit un peu de force. J'en avais
bien besoin, car j'étais faible, n'ayant, pour ainsi dire, rien
mangé depuis deux jours. 11 me conta que, pendant la
bataille, leur régiment avail beaucoup souffert et qu'ils
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étaient considérablement diminues, mais que ce n'était rien
en comparaison do nous, car il savait combien nous avions
perdu de monde dans le combat da la nuit du 16 au IC et
mutiné; du )fi. Ji: le qr.itrai r.rv'.r rr-;iiir.n.:r 1: réjiiment, déjà
établi prés du la mute; cette nuit fut encore bsùu pénible,
car il tomba une neige fondue qui nous mouilla, aven cela
nn grmd vent et pas beaucoup de feu; mais tout cela n'est
rien encore auprès ic or qu'iin mrrj pur la suite.
Pendant cette mauvaise nuit, plusieurs soldats des tirail-
oi'flcicrs dans ce régiment. C'était M. Alexandre Lcgrand,
des Quatre fils Aymon, de Valanciennes. l'autre M. Laporle,
r.'.i-H.-l \r.-i-f Ai: l.ilh; ,1iT.it ù'.c tué d'un coup
il ' milmi-Jc: lin livail. forl lli'iiifi ■(■ni,.|i1, trouvé un? peUle
voilure avec un cliaval que l'on avait enlevé dans le camp
niiiiv.her ■!<! ïuir.c. i.i.i ■![.:' I- f.irr.v.l pn":- Ai: :lf)iis. le oublier
se tlt'eonnaitre : c'était un dragon de la Garui; qui, pour se
[nM.-rer des vivres pour lui et Sun cheval, s'èljut introduit
■A::.:.* !...' vm-.f de- Itu:.^, 1 1 . ■ . 1 1 1 I.l iiiiil. ni, ;>;jiir qu'-'j" ne
fit pas attention à lui, s'était coiiïû du copque d'un cuiras-
sier russe qu'il avail tué le même jour; il avt.it, de cette
iii.Uiij'C, pareouru une [nr ! ■ du '-rnir i nn-uii, iLï.iil (•['., <-.vi\
une boite de paille, un peu de farine, et blessé d'un couf
de sabre une sentinelle avancée et culbuté une autre qu'il
amenait prisonnière. Ce brave dragon se nommait Mclet; Il
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tï» MÉMOIRES DIT SERGENT BOURGOGNE.
était de Condè; il rosis avec nous le reste de la nuit. Il me
disait que ce n'était pas pour lui qu'il s'nï P o F .jit. un.-, estait
pour son ohevol, pour le pauvre Cadet, comme il l'appelait
Il voulait, disait il, a quelque pri* que ce «oit, L.i urccm.-r
de quoi le nourrir, • car si je sauve mon cheval, â son tour
il me sauvera >. C'était la seconde fois, depuis Smolensk,
qu'il s'introduisait dans le camp des Busses. La première
Fois, il avait enlevé un cheval tout harnacha.
Ileotle bonheur de rentrer en France avec son cheval, avec
lequel 11 avait déjà fait les campantes de 1800 18m eu Pn-^e
en Pologne, 1808 en Espagne, 1809 en Allemagne, 1810-1811
en Espagne, etlSiaeiiBussie, ensuite 1813 eu Saie et 1814eu
France. Son pauvre cheval tut lue i Waterloo, après avoir
assls^i dans plus <k doiiie grandes batailles commandées
cour» do cette malheureuse campagne, j c lo réunirai
encore, une fois, Taisant un trou dans la place avec une
hache, au milieu d'un lac, afin de procurer de l'eau, à son
■■h.vïl. Un j.inr. je r. 1( . ( . r , ;„» 1,-,, h i',,.,., «ra,,^ ql;i , Llil
toute en f :;u . eu ri^-.e- .i'ètn- .!:ïv,iv r, P .r l.;s hVi-rne.'. m
cela toujours pour s.™ chevil, olin i'imer un p. !:j A- p-,\ : ],<
du toit pour le nourrir, car il n'y avait pas plus i manger
pour les chevaux que pour nous. Les pauvres bétes, indé-
pendamment de ce qu'elles souiïraîent par la rigueur du
frriiri, eiaient ohlL'i'^s île t en . s a ,.[i : ., , r , (); . r ,,,-,uiTir
un attendant qu'a leur tour elles nous servent de nourriture!
Après cela, Melet n'était pas le seul qui s'eiposa en e'in-
iLvduifai.t ilsns le camp de; liii-.^.jî pcer r<: p:tnvirer dci
■ ivres, bsaucoiiji furent pris f périrent d.i mte minière,
?oit par les paysans, en s'intronnisant dans les vllUp.es à
une lieue ou deui sur la droite on sur la gauche de la
route, ou par des partisans de l'année russe, car toutes les
calions soumises à cet empire so levaient en masse et
icnsicnt r?jiHiiih-.: le «r.,s Jo ïw.; \ EriJi n . h r.mire éu.it
tellement grande qu'on voyait les soldats quitter leur régi-
>■'■ -o"i!!'hi' i.M.oa d'un cbemin, et cela dans l'espoir
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
paysans se nourrissaient, et ceux qui s'exposaient a faire de
pareilles «ourst'-s s'en rvv./uni-i]: qn.'l .j-i l? !'■ ii i j'.'lc jn mor-
ceau de pain noir connue de l-WL ...u, rempli de morceaux
ic paille Iuiirs comme le dc.ipt, et do grains ti'.irge, (il puis
tellement dur 411'il était impossible de mordre dedans, d'au-
pagne, je n'ai jamais vu que, du ls ^c.~ courses, il y en ait
ci ::si qui ni! j-.ineri-ii-.vi- lui -ni: uni «w.lic, ;.u u:i mouLcn ;
aussi je ne tais de quoi rivent ces sauvages, et il faut bien
qu'ils aient peu de bétail, pour que l'un ne puisse pas eu
trouver un peu; enlin c'est le poïs du diafcle, car l'enfer est
partout.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
VII
[émeut — Je perdi de vue mes oamaradea. — Scènes
Le 18 novembre, qui était le lendemain de la balaille de
Krasnoé, nous partîmes de grand malin do notre bivac.
Dans cette journée, noire marche fui encore bien fatigante
el triste; il avait décelé, nrm^ avions les pieds mouilles et,
jusqu'au soir, il lit un brouillard à ne pas s'y voir. Nos
*rl l;,:; ju-rduieiv. e-.i;ore ;n 0"i1l,:. ï était Luùl.: \
voir que les combats des jours précédents les avaient démo
i-uiïOï, (■: siirl-ji.it ralj,L]]..;ijii tLir--,.. ,1,- \-„ r ~ ,,..-],. ,,,,,
>:<: j'tu.iï ni-, f.iiijrjé; a- soldat de la compagnie,
nommé Labbê, qui m'était très attaché, et qui, la veille,
ava.iL perdu son sac, voyant que je marchait avec t>f:au::,m r
Jf pnr.e, me demanda le mien a porter. Comme je le con-
pour l:i ,-ri-,i: tv.r.'-.jn, je 1? lui m.dasi, et, cerlai-
rioiu.'r.t, .-Vl'ii! lui ..lunliLT m\ vi.;. car il y j-.vaii il, ; ,.k,„. r'.-.is
d'une livre de rii eldu gruau que le hasard m'avai; procuré
■i Si-.-. 1,-iisk. ( ;t car. ji -.en;: n'ai s p nu h . municui» K-s plu»
critiques, que je prévoyais arriver bientôt, lorsqu'il n'y
aurait plus de chevaus à manger. Ce jour-là. l'Empereur
marchait à pied, un bétoa à la main.
Le soir, la golée ayant repris, il fit un verglas à no pas se
lenir, les hommes tombaient i chaque instant, plusieurs
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
furent grièvement blessés, Je marchais derrière la compa-
gnie, ayant toujours, autant que possible, les yeux sur mon
imi-lrur .lr- ~:<:. ni. m iTiirî ji* re^H'.'nf* -.ii'j'i il.; k- lui ivc.ir
coolie; aussi je me |1!-o|jl-.-^ ■ : ik le lui reprendre le soir
il était tombé, mais que, probablement, il suivait derrière
le ràjimaMi. Je ne m'en iriquiélai K a= beaucoup, car nous
r!e.i,--iî, dans p,:i. nr-éler si. r.?-.;i<>.<? posilinn. Kn effet, l'on
fil halte sur la route où l'on nous annonça que nous allions
i-. ;;i i- iLi-.' i : b n. j q.ii ?
jyait perdu. ^
■.li-i-urs sous-olliciers ré
d'une grange, car nous ét
s'aliriler, firent ne que lï..i ïnisai: i^i pareille circonstance :
ils moulèrent sur le toit, sans que nous pussions nous y
opposer, et, en un inslant, nous fûmes aussi bien qu'en
plein champ. D;ms lu m .(, l'on vint nous dire que, plus
loin sur la roule, il y avait une église — c'était on temple
grec — que l'on avait désignée pour noire régiment, mais
çu'elk se pouvait occuçve psr iUw v>lrl;il» île dURi-en^.
régimeuls, marchant k volonté, el qu'ils ne voulaient pas
qu'on y entrât.
Lorsque r.ou- l'.'.nn.'s bien i rLV.i:nit-p où ce lempla jkil
silué, nous nous rvuni;ui.- .' : uni' ■.'n-umine de sous-officiers
et cuporain, et nous [■ai'.i:i'.:s pour y alkr. Nous cimes
bientôt trouvé l'endroit, puisque c'était sur 1» route; lorsque
l'opposition Je la part de ceux qui s'en étaient emparés.
C'était -..iio réunion il'Allemands, d'Italien?, et aussi quel-
ques Français, qui ^miirrh.'ïii'èr-'i;'. par vouloir nous in-.it- iilur
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
en roeiiaal la baïonnette au boni du fusil, et i> nous eigojtlei
île ne pai entrer; pou; leur répondîmes sur le même inii, «i
faisant de même, ct'nous forçâmes feutrée. Alors ils si
mur s'abriter. Noua passâmes
noua communiquer. Que de
'aire sur ce tableau dont nous
; tragiques dous devenaient
oos le» cadavres des hommes
il n'y niiiv.il plu? de cherau!
S Doubrowna, petite .il!.; [m M -^r- ] .v-lie par des Juifs, et
où Unîtes tes maison aaiii bàtica !:n ln,is, cl eu l'Empereur
avait couciiè avec ies sicuauVr;; cl chasseurs île la Garda
et une parlie de l'artillerie. Nous les trouvâmes sous les
aijii'ï: il-; :,,.r.i-j (ipyiiiniy. .pie. I.i ir.iit, ni":!' laiisno ali.ima
lus avi.il fumés dV-tie f 111,:= lo m rurri 1 1 Unï 1 position où nous
les trouvions, que c'étai! ce qui pouvait leur arriver de plus
malheureui, car ils avaient espéré passer la nuit dans des
maisons bien chaullées et habitées; mais le sort sn avait
Mous trarersâmea cette ville de bois pour' aller à Oreïi».
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
LA HEÎBAlTIi CONTINUE. JSfl
Apcvs une lietLT-u il,: marche, nous passâmes un ravin où les
Images euronl encore beaucoup de pc-i-.c '.raverser, cl du
beaucoup Ai dievaui irtîii- . ErSm, drus l'gpréf-nïiili,
i:i;-.[s r,i[iv,'Li„c~..[i.ri. .-?:■.« vilTe :|ne nous ;ioi:vi mt; f. > [■ ti H i- c: !
■! ' "■ ni' ■ <'■
ut qui étaient venus hit. rlc-i iHucnemenIs, pour rejoindra
les ponts, afin du fairo servir les chevaux , ! i ' r: ,i |„.', j,'.,
cvurii. Mr.i: :u)ii.. [:.; avenus ..ui.Tiri- :iml ,
dut à la t{ .-,^ii)„, ou le- i/.o'its puiivai!];: :»nr nous servir.
Mous n'étions plus que 7 lunjm.is ,]„ ] a Garde
■vsie de 35 LiUil. Hnr..:o, Kun;i ,-.■„, r .-Mr u .MiL, quoique
liJiirullilii: tnuji.ul]? hc: i:ivii. .;.|(; ; r,.;i,,-| cl , U'ii i; it
c._n.i:.i.t. Comtr.f .> l';J dit.' ]Ec:: :><-i--ur ,-i ni, ■ ,, ■,,,[,- j ', "j.
(riifc i-tail .!-,n- l.i ville |„ r , ; . i: ', : . |, h , tl -, ,|.„., ^j'.
i-:-tai' !:«,»■ ,:n,ii.„ j ;!;.(,„ comii.-.ilicls, i,-Lo .J,.-
7': >:n. f api/rirnes, au nui mu instant, que lu joie lie
l'Empereur fut i son ci.cn.jl..;. lnr«i:i'-l sut ri;e le ctcjre-
«talétsitsauvé.
Le 20, nous fîmes séjour, pendant lequel je cherchai mou
porteur de sac, mais inutil.., ceci. Le "l, :id -main il '.eus
partîmes sans avoir pu le joindre; cependant l'on m'avait
assuré l'avoir vu, ruais je coin :n>;- jais à désespérer.
: Vi;!:.j- :'c cp:..:,|.c : i di^;,iu:e tl'IJi i:hft. nous
loups de t s-il; nous riryélinics un instruit
vîmes arriver quelques traînards que des Cosaques
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
130 MÉMOIRES l>C SBKCEtiT BOUBCOG.VB.
je îiiKTChru Encore mon homme el mon sac, mais ce tut
comme la première fois; je n'aperçus rira, Nous fûmes
coucher dans un village où il ne restait plus qu'une grange
qui servait de maison de poste, et deui ou trois maisons.
Ce village s'appelle Kokanow.
Le 3Ï, après avoir paw,r. mw. nui: Lieu triste, nous nous '
remimes en route de grand matin; nous marchions avec
rendu langeui. Ayant midi, noua avions^atteini Tokierin'
C'était l'endroit où l'Empereur avait couché ; lorsque nous
fûmes de l'autre coté, l'on noua Al faire une halte ; tous les
la droite de la route, en colonne serrée par division. Un
instant après, M. Serraris, officier de notre compagnie,
vînl me dire qu'il venait de voir Labbé, celui qui aiait mon
sac, occupé prés d'un feu à frire do la galette, cl qu'il toi
avait ordonné de joimbj la crunpaHnie. 11 lui avait répondu
qu'il allait vsriLr de -uitj, i:;;ii< une une.' iiii Uixaque» étant
arrivée, avait lomhé sur les traiuards, cl, comme il était du
ijcuilH.i, il avait ino.aLlL'LLiEiit été pris. Adieu nuu --ai: et
tout ce qu'il contenaill Moi qni avais tant k cœur de rappor-
ter en France mon petit trophéel Gomme j'aurais été flerda
dire : ■ J'ai rapporté cela ,ïe Mcsc-ou: .
Non content de ce que M, Serraris venait de me dire, je
voulus voir par moi-même, et je retournai' en arriére jus-
qu'au bout du village, que je trouvai rempli de soldats de
tous les régimenls, marchant isolés, n'obéissant plus a
personne. Lorsque je fus à l'extrémité du village, j'en réu-
nit de loin qui s'éloignaient, emmenant avec eus. les pri-
sonniers qu'ils venaient de faire, ainsi que mou pauvre sac,
car mes recherches furent inutiles.
J'étais daDs le milieu du village, et je revenais ou regar-
dant da droite et de gauche, lorsque je vis uue femme,
couverte d'une capote de soldat, qui me regardait altenti-
vemjuit, et, l>\a:it kiijnjiijOi! .1 rin.ni l.our, il me seinljlB
l'avoir quelquefois vue. Comme j'étais retonnaisiable à ma
peau d'ours, elle me parla la première eu me disant qu'elle:
m'avait vu à Smolensk. Je la reconnus de toile pour le
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
femme de la cave. Elle me cornu que lcg bii^ands avec <iii
ïï.p été jJillj.-Oc il.: ii.Ilt |.:::il:i[iul:\ r.us, r i-.-ir.ll.-
pris L Krasnoé, avant noire arrivée ; qu'élanl dans une mai-
son où ils venaient de lui donner des r,o«jis paiv.r i|ii'ellc
n'f.-.-ni: pas voulu Ks.riijhir lcui's cii'un:., .., L ..ll.. ;orae
■ Filin île chercher do l'eau pour laver; elle atait upr-u les
idijsij» qui venaient Je son cïilé, et, ssrii les privenir. eile
s'était suivie; que, pour eux, ils s'élaient ballus en déses-
pîréa, prirent iam nr INiïeut qu'il, nv.-,i ::: ■ . .:-jr. liif ll;|.
H!,:, il. 0:1 „viie'il :,:.-.ijr.:i-.i]i, surin:;! le ; or f! [ Jes pi;™,
;ni:-. 1!. iv.UL.ni uni j:Hr .■ r" .'.1 jiru lue.; u;l lihjsses et
'e.'v.il li:î , (|;:„. i M: JN ■ , 1: u i,- :iV fiit et* sauvé* « 7 ■ j -3
Elle me dit aussi qu'à SmolensL cl pendant une partie
de la nuil aprii que je 1rs eu; quittés, ils firent une sorlie
et rei'iiireni »-y Je. puilenniii^aux, mais que, dan» la ■
cni::i--: d e:re vrailns pu nni, ili avaienl chauffé de
!:<:■'-;. .;,■[::.! ^inr.len^ ju^uî: Kr-nal, iU an Wa- mr.--
qui ë;r.> ],r,i Lui. ,];■!,-, L;i ,1 ; , „ ,,, |y is q Q .|,
rencontré des Cosaques, ils en avaienl surpris cinq al,
après les avoir fa.il déshabiller, les avaienl fusillés, et cela
pour avoir leurs habillements ; ear leur projet était île s'ha-
biller en Cosaques pour micui piller leurs camarade* qni
restaient en arrière, cl aussi pour ne pas élrc reconnus par
les Russes. Comme ils avaient déjà six clievaux, ils devaient
Enfin elle m'en eol dit davantage, si j'avais
do l'écouler, Je lui demandai avec qui elle (
répondit qu'elle n'élart avec personne; que, I
que sou mari avait été lué, elle avait été avec c,
je l'avais vue, et qu'elle marchait seule, mat
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
332 MÉÏI01TIES DO SKRCBNT BOURGOGNE.
voulais la prendre sous ma protection, elle aurait soin de
moi, et .me je lui rendrais un grand service, le consentis
de suite 11 ce qu'elle me demandait, sans penser à la figure
4:;! j'allais faire. ]<,r-!|.ii; .i'aL;i«ra : s 111 [éianicnt ivsr. un
femme.
Ti.ii: er. nnnv.liair.. r.lli; il. tu. m. la OÙ était mon îib , .:. : <; '
lui contai mon histoire, et comment je l'avais perdu; elle
me repondit que je n'avais pas besoin de m 'inquiéter, qu'elle
se ava.it un bien n,a<r.':. KTci/'.U'iuin'al.. elle irai; un sac sur
son dos et un panier on bras; elle ajouta que, si je voulais
entrer dons une maison «m éar.s une écurie, elle me ferait
changer de linge. Je çonsfiilis tle mi h' h 1 - lie préposition,
nable, l'on cria Aur m-mis.' et j'entendis battre le rappel.
Je dis à ma femme de me suivre. Arrivé à peu de dislauca
du ruL'iiueiit, ir.ie je ti-suvai sou; li's ur-ies, je Ini recom-
mendai.de m'altendre sur la route.
Arrivé a la comi:i;m:i:. le aeia^iJ major me demanda ai
j'avais eu des nouvelles de Labbé et de mon sac. Je lui dis
que non et qu'il n'y fallait pins penser, mais qu'à la place,
.l'avais franc une femme : ■ Une .Vu, nie ! :r.ù répondit il, et
pourquoi faire) Ce l'hs; uas |>iur bliuehir ton linge, tu n'en
as plusl — Elle m'en donnera! — Ah! me dit-il, c'est diflë-
de Jeune Garde, en firent autant. Au même instant, l'Empe-
reur passa avec le rni Murât et le prince Eugène. L'Empereur
alla se placer au milieu des grenadiers et chasseurs, e" Ih,
il leur lit une allocution en rapport sus circonstances, en
k-.i; an:' mu; lut eue 1rs tînmes Tiens rLlrimiiinnt lu ]ia"Jge
rie la Béréiina, et qu'ils avaient juré que pas un de nous ne
la repasserait. Alors, tirant son epée et élevant la voii, il
Et, aussitôt, le serment dé mourir fut juré. Au même ins-
tant, l'on vit les bonne:- à poil el les c1;.i|icauï au bout des
fusils et îles Eebres, et le er! .Le : . Vite '.'F. i-pereur! . se fit
entendre. Se notre coté, c'était le maréchal Mortier qui
sous faisait on discours -.nuisible, et auquel l'on réponui'.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
JE PRENDS FEiniE. 133
avec le mime enthousiasme ; il eu était de même dans les
autres régiments.
' (.',■: memizni, vu les eirconstances malheureuses où nous
nous trouvions, fut sublime et, pour uu instant, nous Ht
oublier noa misères : si les Russes se Tassent trouves à.
nnli-e pnrlse, e-.i^eul iL K «li! six fois plus rnruhrcnï que
nous, l'affaire n'eût pas été douteuse, nous les aurions
anéantis. Nous restâmes dans cette position jusqu'au moment
i.ù '.a droite do la -.'cliiLiLi-: iMin >!-..;.;, ,j. a * ali mouvement.
Je n]avais pas oublié ma femme, et, en attendant que
notre régiment se mil en m:.r:be, je lus sur la route pour la
chercher, mais je ne la retrouvai plus. Elle avait été entraînée
par le torrent Je plusieurs miiliei-a d'hommes des corps
d'armée du prince Kuj;i>i ili s nan'iijin Ney et Davoust,
de la roule où quelques-uns des tralnears allaient encore,
on passant, se réunir autour de leurs aigles.
C'est dans ce moment que je vis la maréchal Lefcbvre,
auprès duquel je me limitais m;s lu savoir. Il était seul et
a pied, un bâton à la main, et dans le milieu du chemin,
s'écrient (l'une vois forte, avec son accent allemand :
, Allons, mes amis, réunissons-nous! Il vaut mieuï des
bataillons nomhrcuï que des brigands et des lâches! » Le
maréchal s'adressait à ceux qui, sans prétexte, ne mar-
l'jiaiiint j,-.:uaiî au-a: leurs L-orps, :i qui étaient An arriére ou
en avant, suivant les circonstances.
Je !ii 1:1. .Mr,; qiud.pic:. reelii:r.::j.e- i4.1v- nia fointns. :i
cause du linge qu'elle m'avait promis eL dont j'avais uu
ex rè:i:e Ijesnin :1« e::an : ;»r; m.LÏs, :>«in« inutile, e ne lu
J'avais, en marchair À:-,:-.- I .. :eh..i ■. dépassé de beaucoup
le régiment : je me reposai prés d'un (eu de bivac de ceuï
q.-.i vrn.iinnt Je partir.
Jusqu'à Krasnoé, j'avais toujours été d'un caractère assez
jai, (il mi '.li! ;:.'.;= .le Imites rni^èi.i: ijui nous acciiblaionl ;
il me semblait que, plus il y avait de danger et de peiue,
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
iSl HÉMOiriES DU SERGENT . HOLTOGOCMfi.
plus il dcrait j aroir do gloire at d'honneur. J'aTaiii tout
supporté avec une patience qui étonnait mes camarades.
Mais, depuis les affaires sanglantes de Krasnoé, et surtout
depuis que je Tenais d'approndre que deus do mus amis,
-deuivelitcs, indépendamment de [Moque el de Capon que
j'avais vus étendus morte mr la neige, avaient Ali l'un tué
et l'autre mortellement blessé (fie). Pour compliquer mes
peines; un Iraineau rint S passer 0t. ne pouvant, pour la
moment, aller plus loin, [es hommes qui en étaient chargés
«'arrêtèrent prés de moi. Je leur demandai quel était le
jdeasé qu'ils conduisais. Ils me dirait que c'était un offi-
cier de leur régiment; c'était le pauvre Legrand, qui me
conta comment il avait été blessé : Leporie. son camarade,
de Cassai, près de Lille, oflieier dans la même régiment que
Logrnnd, était resté malade dans Krainué, mais, apprenant
que le régiment dont il faisait partie se battait, et n'écou-
lent que son courage, il alla le rejoindre; mais, a peina
était-il dans les rang», qu'un coup da cspon lui brisa les
jambes. I.egrand qui, en voyant arriver Lapone, s'était
Laporle resta mort sur le champ de bataille, et iui fut
transporté 4 la ville; un le mit dans une mauvaise voiture
russe attelée d'un mauvais cheval, mais, le premier jour, la
voiture se brisa cl l'jrt hcui iv.i.-i:mcsni. pour lui que, près de
lé, se truuv'ait un [raliieau dont le chctul était, tmv.he et lui
servit, sans cela il aurait fallu le laisser sur la route. Il
était accompogqé par quatre hommes do son régiment; il
souhaitai mi lieureuivoyagc; il ma répondit qu'il comptait
soldats qui raccompagnaient. Alors un des soldats prit le
cheval par la bride, un autre le frappa, et les deus autres
poussèrent derrière. De celle manière, et avec beaucoup de
peine, le. traîneau su mit en rtioitïumcat; on le voyant partir,
je pensais qu'il -n'irait pas loin, avec un pareil équipage.
Depuis ce moment, je n'étais plus le même ; j'étais triste,
des pressentiments sinistres vinrent m 'assaillir; ma tête
devint brillante; je. m'aperçus que j'avais la (lèvre; je ne
DÉCOUBSOEBENT. 133
sais el la fatigue y avait contribué, car depuis que les débris
des corps d'armée nous aviLiint rejoints, nous étions obligés
de pâlir de grand matin, et nous marchions fort tard sans
!.■ il'.- l.'Cmi: .1 71 lu i- 'r-iniu. Le? iiMir : él;iil:ril -ouilv
qu'il ne faisait clair qu'à huit heures, el nuit liant quatre.
entendait des hommes qui, à chaque instant de la nuit,
arrivaient, crier d'une voix faible; ■ Quatrième corps!...
Premier corps!... Troisième corps!... ii.tr ûiî impériale!. .. »
et d'autre! couché et. suis ifcnï:, |'.0"..-iltlt avriir dm -tsanir..
■:1e ceux qui .tr-A-.iirml. s'i'fl'ori'li^Ilt 'Ji: | ; h-i,
camarades! > car ce n'était plus son régiment que l'on
r.lieif.hait, mais le corps d'armée auquel m «.vri.it iifij-irti
.:l qM! -n-.'.iL e n -i 1 u -ou- «.v l« lim-r .if lenï résinions
où, quinte jour» avant, il y en avait trente.
Personne ne pouvait plus su nv.(,:i naître, ni indiquer In
régiment auquel on appartenait. Il y en avait beaucoup qui,
îipitn ivoir mariai? u nu jour l'i- ■■n'irvi'. i':l«i»:il oblijés
d'errer une partie de 1s nuit pour retrouver le corps auquel
ils appartenaient. Rarement ils y parvenaient; alors, ne
connaissant plus l'heure du départ, ils se livraient trop lard
□ il -c.[V.mi:!i el, en se- ii:;.nt. : i's se -.rouvait'i; air milieu
■ les' Kii--'_'=. i.'uf de millïisrs (-'huilion s inreoi pris et i).::;-i!Tlil
de celte manière!
J'étais toujours pri» du f:Mi. dribout et tremblant, appuyé
sur mon fusil. Trois hommes étaient assis autour, ne disant
rien, regardant macliiualemenl passer ceux qui étaient sur
la route, et ne paraissant pas disposé- «. pyl r, p«n ■ qu'ils
v.iir priisci- le ràir'ri-.^:, lorsque ;"e me sentis tirer
(.Lir mu ]):-.iu li'niirî. i:\v.i.'. i.riin :-.c-'.' q:i, m'jvi-ot. njprr,;u ,
ïenaLl me dire de ne pas rester davantage, que le régiment
passait. Mais j'avais tellement les yeux abattus, qu'en reger-
jririt je ne If vnyr.is p«s ; • Kt Ti:itre i'piiimi''; me dit-il. - -
Qui l'a dit que j'avais une femmeî— Le sergonl-major;
, mais où est-elle? — /a n'en sais rien, mais je sais qu'elle a,
sur le dos, un sac dans lequel il y a du linge el dont j'ai
grand besoin, et si, quelquefois, tu la rencontres, tu m'en
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
*39
avertiras. Bile est vêtue d'une- capote grise de solde,!; un
bonnet de peau de mouton lui Lient lion de coUTurc; d'e s
dos guêtres Boires an i jambes et un panier au bras. >
Grangier, pensant que j'étais malade, et comme, il me la
dit depuis, que j'étais dan? itéli-c mi: nril par le bras
me lit descendre enrôla rouLe on me disant : ^Marchunsl
d'hommes de loule arme qui se traînaient avec beaucoup
ili; pfiinr tt .-piii : - i : i -i r-u'/.iiTt pi-i'v.,::- . :p ,. ;., jncru-i! .■■■ajt
n:«";el C:, pyu: p.;:, , r :, ; h marrjhi; fil: Injji,,'
Elle le fut en elïct : u ou5 traversâmes un endroit don! je
n ai pu lavoir le nom et où l'on rtisa[i que l'Empereur
iliivai: l'O.i i, (quoique I l'eu :lq,a.s=é ,i,],,,i t Uni -[li ru|: sj .
Fine qis.ni: li! il'hoiri'nes de tonte aime s'y arrétérr-ni - a r il
i-Ml tl,!j,\ tard, i- IVin itisait r„„ "- Lv .,[i (tl , u(
li.iuts i fïirc l.oaj- arrivf [■ :i '. eT]::r.:.it ,ii!=i fiu i ou l'oc rit:™-!
bivaquer, qui était une grande forêt.
La route, en cet endroit, est large cl bordée, de chaque
do voilures et de chevaux eïpiranti^ même des attelages
entiers sucoomluni. nux IMii-nss, ainsi que des nommes
n ' pc,ilia;i: --. 1 1. :t- jiliK h, in. -'a-r-ilsi.,- !.. jorm-J/: S le.i:.
bivir.5 Si, |,:,:J if:F ^i i- ml- a.lirir», pur,;,: qiif. ùj-aienl ili,
il: avisent prrs ù'em ce q i'.h :n- Mvj..:v.?rai 1 !nl pai, ;,l!îcu-i ■
du bois pour faire .lu !.;■-, | f; = mit,,,,* briiees leur en four-
nirai»:,'., ,y ,1, : a vis.nl,! avec ,:h::n>\\\ ■nnt la riuili;
eliit encombrée el qui ::ora mentaient k emrarrasii'r lu
marche.
Il v avait ,1,-j', l,;„L;:nn;>!, ju-: j„ nurdiais seul su mi
de In t;o:.. lS f; et !]lL r ;,; „,'i;ITurr,.Lii ilarrivi-i- à l'endroit ,.ui
ntiii ,'.c,-i;u;y j.-iiscr 1:1 uni , ; ihi (iti [ ■;,. s.:r d:>
mirer.a psv.iblc qui le devenait pnror? davantage par le
verglas qu'il faisait depuis qu'il recommençât i geler sur
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une neige fondue qui, à chaque instant, me faisait tomber;
la nuit me surprit au milieu de toutes ces miseras.
Le vent du nord avait ladiiMiilii Jn tarie: j'avais, dc;si:i,
on moment, perdu de via: mes cam.u-.ides ; plusieurs soldai?,
ii'i-:iiisii]n-i il-ui- In rvi::-. - ,iiiv :l k.ii ; ;,!,-[■ < il li,l -.it m'i./Tir 1er
de nouveau.
Lfl lune, ou une lueur boréale comme on en voit souvent
dans le nord, se montrait par .moments; lorsqu'elle n'était
pas nlîn: lirait: :1e- v.:>-<J:i ..eus ."ju. mu ,:h d'i::;e
vitesse effrayante, elle me mettait à mime de distinguer les
nbjets : j'aperçus, mais bien loin eneori.\ une massa noire
que je supposai cire cette immense forêt que nous devions
traverser avant d'arriver à la. Béréiioa, car nous étious alors
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
138 UBKQBXBB DU flEriGSNT EOURCOGKB.
en Lilhutujie; solvant moi, cette forêt pouvait encore su
trouver à une lieue du point où j'étais.
Malheureusement le sommeil qui, dans celle circonstance,
était presque toujours l'avant -coureur de la mort, commença
à me gagner; mes jaml.es ne pouvaient plus mo soutenir!
mos forçai étaient épuisées; déjà j'étais tombé plusieurs
lait, je me serais laissé aller; c'en était lait île moi si j'avais
eu le malheur de succomber 4 l'envia de dormir.
L'endroit où je me trouvai» était eouvert d'horamas et de
ehmax morts qui me berroient la route et m'empêchaient
de me traiuer, car je n'avais plus la force de lever les
jambes. Lorsque je tombais, il me semblait que c'était un
de us malheureui étendus sur la neige qui venait de
et mourant* au milieu du chemin cherchaient a attraper
par les jambes ceui qui marchaient prés d'eus, afin d'im-
plorer leur secours, et souvent il esl arrivé que ceui qui se
baissaient pour secourir leurs camarades tombaient sur
eu* pour no plus se relever.
Je marchai environ dii minutes sans direction; j'allais
comme un homme ivre; mes genou* fléchissaient sous le
poids de mon faible corps; enfin je voyais ma dernière heure,
quand tout a coup, cliopant contro le sabre d'un cavalier
qui ta trouvait a terre, je tombai de tout mon long, de
manière que mon menton alla porter sur ta crosse de son
fusil, et je restai étourdi à ne pouvoir me relever. Je sentais
une grande douleur à l'épaule droite contre laquelle mon
.'u-.il ivui: t'rappA en loir bs ut : mni:, un peu ivwsh h ir.ni
me mettre debout, mais, m'apercevaut que le sang me'sor-
tait par la bouche, je jetai un cri de désespoir cl Je me
relevai, tremblant de froid et de terreur.
Lo cri qtie j'avais jelé fui eulendu d'un malheureui qui
gisait n quelques pas de moi, à droite, de l'autre coté' de la
r.,utc: unit ïoiï faible et jiliiTiliic foipp:* mon oreill.s et
j'entendis très distinctement que l'on implorait mon secours,
& moi qui en avais tant besoin ! par ces paroles : . Arrétet-
vous! Secourei nonsl > Ensuite l'on cessa de se plaindre.
Pendant ce temps, je restais Immobile pour écouter et Je
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
SCÈNES D n A H , (3|
cherchai» des yeui alin de voir si je' n'apercevrais pas
l'individu qui se pbi^iait. Mais :i'en rendant plus rien, jo
commençais a croire que je m'omis trompé. Pour «l'en
assurer, je me mi* à crisr de toutes mes forças : < Où étos-
vous donc? ■ L'i'!.; :■.■.> :-i.|ii'-t« .1,'iu fois : . On éies-vous doncî'>
entendre, main plna Iriçlc que la première fuis : < Vene! a
Au même Instant, la lune vint a paraître el mo iit voir, *
dii pu de moi, deai hommes, dont un étendu de tout ton
long el l'autre assis. Aussitôt, je mo dirigeai do ca cote, cl
j'arrivai près d'eux avec, peine, h cause d'un fossé comblé
de. neige qui séparait la routa. J'adressai la parole à celui
qui était assia; il se mit a rire comme un insensé, en mo
disant ; • Mon ami, sai6-lu, no l'oublie pas! > Et de nou-
veau 11 se mit à rire. Se vit quo c'élall le rira do la pnri:
Le second, que je croyais sans mouvement, vivait encore,
et, tournant un peu laléle, me dit ces dernières paroles que
je n'oublierai jamais : ■ Sauve: mon onde, «ecoureî-le;
Jo redoiinii^, ijans colui qui venall de me parler, la voii
par le bras, je vis qu'il avait .les qniileii,'- ■■i'oflidcr supé-
rieur. 11 me parla encore un peu de revue, de parade, et
linii. pur lum'er sut k> .-été. In Usure snr la neige. Enfin, je
dus !'«'.; niulr,: ^(.r, V. -n'A ri. impoli Ijl'.i de relier plus
longtemps eans m'eiposer à parlager in sort de ces deui
Infortunés. Je passai la main sur la ligure du premier; elle
élaiUroide comme la glace. ][ avail cessé de T i rPe . A cotr
te trouvait une e.spwt de l'amasser" que je ramassai, espé-
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
140 MÉMOIRES DU SEBGE.VT BOURGOGNE.
rnnt y trouver riiielijm: ,:; .hh. Mai. j-; ! v j;.rra- ]'ul n'y
iiv.-.iL (.!]■■: des i'Iiil'fL]:, il.: ; ;.. .1 '■■il, |>t>rti: I.: Iim..
Ayant regagné la roule, jo me remis i marcher, mais
lentement, écoulant souvent, car il me semblait toujours
etilimirv. i]iid(|ii'mi si; ;/.Li[iilro.
L"espoir de rencontrer quelque bivae me fit, autant que
ji; lu [i-ijuviis, iloiiiii.1i- le pris. J'urira: ■:;= n-; m limlltit lu
route que jo trouvai presqu : terme J .: chevaux mort! et de
luiturii? 1i[ist':t:s. Tout ,i ciinn, j.: me lli-sii nltcr malgré moi
et je tombe assis sur le cou d'un chev.il mmi i|ii. barrait
morts en voulant dépecer le cheval poar le manger, m
qu'ils n'en avaient pas eu la force et qu'ils avaient sr
co;ï!bé du fn.:id i:l :.e îaim, eoiame te.Ui arrivai! tous
ymr~. Dans ;ct:o '.rii'.e siti.itiim, mu voiaiil seul ho mil
d'un immense cimetière et d'un silence épouvantable,
pensées les plus sinistres vinrent m'assaillir : je pensa
versai me soulagèrent et ma rendirent le courage que j'avais
Je trouvai sous nia main, contre la tète du cheval sur
li!iju(!l j'élais l'si'. uni! peiim Iuiij.'l^, aaniiir nous en for-
ions Ijninms dan. clif.inii! i ■■: î ■ : i ; i :■. f ri 1 i :i,ri:ri.ie ii:m-
en campagne. Je voulus m'en ssit.i- (unir en reuner un mor-
ceau, mais je n'en pus venir à. bout, car il était tellement
durci par la gelée que j'aurais plutôt coupé du bois. Enfin,
j : è[:iiissi le nisLc de mes L'unies ■ ■mitre l'animal, et je tombai
de lassitude, mais je m'étais rocliaufié un peu;
En ramassant la hache qu; m'hait .itlujinée des mains,
|ni i:'i:!aient autre ebose que du sang du cheval que, pro-
bahlcme:.!, l'on avait saigne jiou,- Lier. J'en ramassai le [dus
possible, que je mis précieusement dans ma carnassière;
ensuite j'en mangeai quelques morceaux qui me rendirent
un peu de Force, et je me reniis à continuer mon chemin, t
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SCÈ.11ÎS DRAMATIQUES. 141
la garda de Dieu, ayant toujours soin de passer i droite et
ii 'js.Mf.hc. aiîn tl'ûïi-:T la reni'ori-.re dos i/n.i.ivrss. JjilI la
■ ,'■! il ;, ir.hr . m :.n, ' ml 'I I. mi ■ I 'M
allant le plus- vile possible dans la direction dti bois, lors-
qi-.Vilr :-q:arai»sail.
Après avoir u,*:chè rp:=: T .iP lîm r .i, japoMpi? à peu <li
dislance, et devan; ni.'., ■[ i : c I rj 1 1 . ■ -Loin je pris d'abord
c'était la voilure d'une .'aii limon: li'un régiment de la Jeune
Cav.li' ipi-- j'avai' ro::>jO!: i-i:.- plusieurs i'uiv liop-ji- Ki-.nmn' .
conduisant deui bits--- îles f:isili:. : rs ohjsseurs de la Garde.
Les chevaux qui !a euaduifaicni. éniienL morts et en
carli: -inii^s eu i:ou [:-;■!■■ t =n" «■■■r-™ ix, :r:(..'ii' i.le la
j: crois piul'il qi:r .:'éla:l pour 1t. t;fic imL'.c er.pote. A peint
m'étais -je baissé pour regarder, que je reconnus une femme.
K 1 1 ! ' j ■! I [-1.UL1 pillii-".:ii: l'h MJ-t: ■ |„ i. |l| Il i.' SI*! S dû '.'iî I T^ 1 ] 1 1 Il
nviat été forcé de l'abandonner, el c'était à cela que celle
voulant l'aire la même chose. Je pris donc ma hache à deu*
mains et j'atlaquei le cheval qui était dans les brancards de
la voilure, mais; ce fut, comme lu première fois, peine inu-
tile. Alors l'idée ms vint de passer mnn bras dans le corps
du cheval el de voir si, avec la main, je ne pourrai.' pas en
retirer le cecur, le foie ou quelque autre chose; mais je
failli; lavoir gMc: : "'.'ii f-.:s qui-Le pour u:i Joipl. de la miia
droite qui n'élait pas encore guéri en arrivant à Paris, au
iii;j;s !■<•■ mars IHILi.
Enlin, ne pouvant arracher un lambeau de chair que
j'aurais manger crue, je nre décidai à passer la nuit dans
la voiture qui Olait couverle, el dans laquelle je n'avais pas
encore regardé, élant ceriain qu'il n'y avail rieu à manger :
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
jo m'avSnçai pris da la femme morte afin d'sisater de lu
oler la capote lie peau de mouton pour m'en couvrir mai
il fui impossible de lui faire faire un mouvement. Opcn.
dant je n'avais pas perdu tout et --- " "
sanglé avec uns courroie de sac ou
pour la lui oter, il fallait que je lui
parce que la boucle qui la serrait é
cela.je pris mou fusil à dem main!
d'un lèïier, sous le corps. Mais a p
qu'un cri déchirant sortit de la toi
ma a auanuonne» naos qutis le sachent. Ce notait que trop
brancard,, je m'appuyai sur le bord de la voiture"' tirant
demande ce que l'on voulait, l'on me répondit avec bien da
la peint : i a boire 1 >
Tout a coup, pensant à la glace da sang que j'avais dans
ma carnassière, je voulus descendre pour en prendre mais
la lune, qui n'éclairait depuis assez de temps, disparail
tout à coup sous un gros nuage noir, ei, pensant poser le
sur quMrj>;e ïhusi; soiijo, js'lii mets i je
J'avais le» jambes plus hautes queTwie," fe'^seTpU-
oée. sur k Tentre d'un mort el la figure sdr une do sej
ma.ii,.. l'étais lL-.!. l 1 - L nnlitr, :1e;.- lie un mi:», aj milieu
' . .miniTOie semblable, mais je ne sais si c'est parce que
j'étais seul, quelque chose île plus terrible que la peur
je restai quelque temps, tant parole; j'étaia t
i nacnsé, et je me mis à crier comme si l'on me tenait sans
vouloir ma lâcher. Malgré les efforta que je laisaii pour me
relever, je ne pouvais eu venir 1 bout, EnHn je lem m aidei
de met-bras, mais je pose, sans le vouloir, ma main droite
sur une figure, et mes pouce entre dans la bouche.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
BCÊNU? DKAHiTIQUES. Uï
d'appui et je retombe encore. Mais alors lout change. Jo 'suis
houleux do mu faiblesse et, eu lieu de la peur, une espèce
de frénésie s'empare de moi. Je me «lève en jurant' et en
mettant mes maius, roi- s pieds sur les ligures, les bras, les
jambes, n'importe où Je rs^urdo b ciel en jurant, et semble
le défier. Je prends mon fusil, je (rappe contra la voiture,
je ne sais même pas si je n'ai pas frappé sur les pauvres
diables qui étaient à mes pieds.
Devenu [il us calme et décidé à passer la nuit dans la voi-
i ire, près des blesses, pour me mettre à l'abri du mauvais
nassière et je montai :l.!ihniM, cherchant, en litonnant, celui
qui m'aviiit ilniTiiiiiJc : . :>Lj,i't et qui ne c-3s*ait :1e crier, mais
faiblement. En m'approebant, je m'aperçus qu'il était
ampute de la cuisse gauche.
Je lut demandai de quel régiment il était, il ne me répondit
pis. Alors, cherchant sa tële, je lui introduisis avec peine
mon morceau de sang glacé dans la bout lie. Celui qui était
le jour et partir ensuite avec ceux que je supposais être
pas la force de le bouger et, le bord de la voilure étant trop
haut, je ne pouvais la pousser à terre. Voyant que le pre-
mier n'avait plus qu'un instant à vivre, je le couvris avec
deux capotes que le mort avait sur lui, et, restant encore
un instant assis sur les jambes de ce dernier, je cherchai
iLnnfi la '.inluri- • n'y avait rie :i qui [.in m' Un: utiliv N'ayant
rien trouvé, j'adressai encore In parole au premier, mais
inutilement. Je lui passai la main sur la ligure : elle était
IV.jide, et, à la bosit! e. il ivaii uiseore le morceau fie place
i|'ic 'je lui avais introduit. 11 avait c^sé de vivre et <W. wiuffrir.
Ne pouvant, sans m'exposerà périr, rester plus longtemps,
je me disposai à partir, mais, avant, je voulus encore
regarder la femme qui était a terre, pensant que c'était
Marie, la cantinicre, que je connaissais particulièrement
comme étant du même pays que moi, et, profitant dt la
clarté que la lune donnait dans ce moment, je l'examinai
ut, s la taille et a la fwnre, je fus eertain que c'était ont
autre personne
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
I.e r«sii sons le bras droit, comme un chasseur, deul
'.■n: n:?:-i ;']■■■ i, uai ^ :::.u.i:]iiii! -o;:^ et j'itlre en Inile prise
que j iv.us lr:-.-:vci un inslnut avant, ma hache au côté, un
rno~c;ai] de -an;; ;;'.ii:é dans la bouche el les deux mains ''
dans mon pantalon, je me remis en route:, tl ponvf.it être
neuf heures, l ;l nui-eavai:. ccfs-j du -.millier, le vint scuftl.iit
avec mc;ii. de lijr.-e e: fi.,M ava.l per^ii 11:1 ; ,nu île s.:n
intensité. Je me mis it marcher trmjfjLirs dan? la direction
Cependant mes yeui commencèrent a s'habituer a l'obs-
-.13 ï-î-tl- (Ir; maniée- a y voie .issca pour me conduire. Tout à
-ni.;-,, j.; sm, th":!;,îivi voir q:is je r.n marchai!' plus dans h
nouvelle direction, peut-être une demiheure, lorsque je
m'f.pcifjii.. mais Irr.p lard, que j'.il sur le bord d'un prrj-
eliilf.'!!, où; - niiilji à plus fie quarante pieds de profondeur.
■I cs,l vrai d.î d'.n quf je partuiiruâ ccUc ihfU'.r.ce à pli:si;:!r=
reprises; que trois fois je lus arrêté par des broussaillea.
Alors, pendant que c'en était l'ail de moi. je fermai les vnn
et je me laissai aller 4 la volonté de Dieu, Il fallut "aller
j::--|u'a:i l'un i. ou l'r.n-i'.Mi ii.ir qn-ique rli.Hv: 1I1, a >m;„- qui
i quelque temps
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
S DDMMTIOl'BS. tU
■ bjet sur lequel j'étais tombé et qui
1 était uii caisson dont je cherchai
do deux carcasses de eheYaui que
droit convenable afin de passer le
:elai pour écouler et voir; au bout
la chaleur ans pieds. Ajanl baissé
e j'clais arrêté sur remplacement
AiiFfilôi, je m...! i, i t- ro e:. m. : -.(A:i : \<-', mains ihiris
le* cendres pour les rcchaniï'tr, je [.nr^-ins à retrouver
•; il::- idliit linn.: q'.M ,e r.:.: nir, o.'. L.mii.v. ni ■]<: pvii.i: "I de
piTCaulroii. F.o.uilc je me mis à souiller cl l'eu fis jaillir
cruelques ■_■ L : ri . : . .L.::, ([■.:.! j.' r-.= ■_■ 11 -i mv. v -.i.e:ue-i: s.r if. n^irn
nt dan* li!5 m ai us. lin !i:i's pour rmi .idller [-1 r, n l'eu, cù
en trouver? Je n'osais l'abandonner, car ce fou (icvn.it me
saurer In. ide. e:, pendant q.ie je :71c sr-ri.. l'doii'ne pmir eu
chercher, il pouvait s'éteindre.
f.Lraintu c'f.cridrnl, j;: .! .V li 1 r,- mi mirée,!.: ,ie ma cheniide
qui tumbait en lambeaus, j'en lais une mèche et je l'allume.
En e U s n
ment, se trouvent à 111 portén, et, avec Je la p.-.tience, j'j
parviens, non sans beaucoup de difficulté, a le rallumer.
Bientôt lu llaiiiine pélillc. et lamas-ont l'iut le huis que 'a
trouve, mt boni d'un ius!i>ut j'ai un i;rrod ien il? manière "s
me faire distinguer tous les objets qui ae trouvent à cinq ou
pouva.s voir, il: 'Ctr .m fiait r.-nivi. J.; ..■.(.(: 5. .le slliikos.
de satires, de ..-.lire., ses, de colïre- nnlonces, de pc::einaii-
teaui vides, rt'luiliil'cmci.ts ijpar: cl 'icchi de seile;, n>
sehabruques de Iiiïp. et d'une infinité il' autre; clinsus. Mai-,
s peine avi,is j (i jeié tir. cn.qi il'o.-il p.ir (fj.it ;e oui m 'envi-
rouuail. i'ulso lie vi:i- que l'cndroi: ni j ' ne irouvai. v-.mr
rait"bien être à portés du bivac d'un porli de Cossques et,
susaiWt, voila que la peur me prend e! que je n'ose plus
BDlrejenir mon feu. Il n'y a pas île doute, dis-je en nici-
10
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
\±fr MÉMOIRES Dl' SÈRCKriT BOi. KGOÛÎfR.
même, que cet endroit est occupé par des Basses, car si
c'étaient des Français, l'on y verrai! des grands feux; nos sol-
dais, à défaut de nuiir:-:n;i:. i;l muaient 1res bien lors-
Je ne concevais pas qu'un endroit comme celui où je me
Pendant qui je faisais ces réflexions, mon leu avait con-
sidérablement diminué, et je n'usais y remettre du bois.
Mais l'envie de me réchauffer et de me reposer quelques
me Tut possible, j'en lis un hon las que je mis près de moi,
de manière à le pouvoir prendre sans me bouger, et me
chauffer ainsi jusqu'au jour. Je ramassai aussi plusieurs
trouvait, parmi les morceaux, une cote de cheval, et, quoi,
qu'on l'eut déjà rongée, il y rosirui encore asseï de viande
pour apaiser la faim qui oommengait à me dévorer, et,
quoique couverte de neige et de cendres, c'était, pour le
moment, beaucoup plus que je n'aurais osé espérer. Depuis
la veille, je n'avais mangé que la moitié d'un corbeau que
j'avais trouvé mort, et, le u,a:\ii ;,vent mon départ, quelques
cuillerées de soupe de gruau mélangée de morceaux de
paille d'avoine et do grains de seigle, et talée avec de ia
• A peine ma cûlelella élail-elle chaude, que je commençai
a mordre, malgré les cendres qui servaient d'assaiaonue-
daol de temps i autie, it drciti; et .i enuche, si jo ne voyais
ment fatigué que jo m'endormis en mangeant, mais d'un
sommeil agité par la crainte, et interrompu par les douleurs
que j'avais dans les cuisses : il. semblait que l'on m'avait
roué de coups. Je ne sais combien de temps je me reposai,
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
JE pOllSClS fjlJO si IIV.W jus;;;,-;, prédit, [1 L' Hl'.lV.lii allilB
MK'.IIU léi^r : 'm:nt, c'^t-à-oiire (;|icï(|l],;s p.t.nilill,-, de
U:isaqucs, r.',:s! | :an: : qu'il ,:- s it ;:,. ;;! ;t da:is ,r; fo:::J, ma'»
que le contraire pourrait fort bien arriver lorsque le caisson
sersit. tout en feu.
l.iL II. mine i~ -J i ii m ■ 1 i I. j. éclairer e| à mg meUrc j memc
de voir tout ce qui était autour do moi. Je via venir, sur ma
iî.-uoliii. quelque -J'AIM: q-.:e.jc pris il'.iPun! pou: uii' anima!,
■'I comme il y ,1 ll(:a::ocv.p ilnii:, tu l!:r a si\ et. surtout dans
Celle n,u -vii'.-e p<:iisa : s e! j'élais pr^uiie ueriai:.. n '„,
nure rie l'individu, que c'ou était un. civil marchait à quatre
:.a:tes. II pouvait ..[:■,: ', -::iv ou ,l:m?c p;,s, rl je ut pouvais
encore Lieu ].■ i.liiiiii^j.ir. i. m =. ; . : iu! ne :ul ; iii ls .pt'i,. : ±vj ou
su pis, je reconnus que c'était un homme, et de suite je
pcu,ai !|iic Ce jFLKbvo it tire mi l.ii-ssr- ,-.„i, :t Ll:: i par ..; feu,
venait en prendre si part. fJi jinle dp surprise, je me mis
fur mes ,;'.udcs : et. -prcniiiil iTu.n salirc qui Osait ptvs de
moi et Lors di; l'iiurmii], j ':.■,- m r:.i -.1 -,l .\ pas .1 la rencontre
En même temps, je lui mettais [3 coi:. le île mon sabre sur
Aiii;-.lu:, il lr:v.-i le tôt,; et se mi: o-i pisitim] il'î-Have, ou
voulant me taiser les pied? et en me disant : . Babrny fVanf;
soui! > ' et d'autres nids qi.'tje coin:™ mi s mi peu et que
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
143 MÉMOIRES DU SERGENT lOUPCOGNE.
l'on dît lorsqu'on S peur. S'il ava.it pu deviner, il aurait vu
que j'avais, pour le moins, aussi peur que lui- Il se mit sur
m- : ]„v.ir un; m,'lili'ei ■Ti:"il sa ai: in .m m;, il.' ïibiv
sur la ligure- Jo remarquai que, dans cette position, sa tète
jilln.it ju-ijij'ii mar. i''|i:mlc, île. anrte qu'il devait avoir plus de
sii pieds. Je lui lis sigEie de s'approcher du feu. Aloi = il ma
fit comprendre qu'il avait une autre blessure, C'était une
balle qui lui était entrée dans le bas-vtutre; tant qu'a son
coup do sabre, il était effrayant. 11 lui prenait sur le haut
de la tète, descendant le long de la ligure jusqu'au menton,
et allait se perdre dans la barbe, preuve oertaina que celui
qui le lui avait appliqué n'allait pas de main morte, 11 se
coucha sur le dos pour mo mimlrer sou coup de feu; la
balle avait traversé. Dstis cïttii position, je m'assurai qu'il
n'avait pas d'armes. Ensuite il se mit sur le colé sans plus
plus m'endormir, car je voulais, avant le jour, exécuter
mon projet du meure le feu au caisson et de partir ensuite.
Vni- vui.'i i|- ut à rcup, u:i'.' mitre tari'nur me prend en
pensant qu'il pouvait bien contenir de la poudre!
A peine ai je fait celte réflexion, que, tout fatinué que je
suis, je me lève et, ne faisant qu'un 9flut nu-deisus du feu
et in pauvre diable qui était devant moi, je me mis à
courir h plus de vingt pas sur la gaunbe, mail, eiopont i
une cuirasse qui se trouvait sur mon passage, j'allai
mesurer la terre de tout mou long. J'eus encore le bonheur,
dans celle chute, de ne pas me blesser, car j'aurais pu ren-
çonlrer, en lomhant, quelques déliris d'armes, et il y en
avait beaucoup d'éparses daua cet endroit; j'ai pu m'en
apurer SiJiiqu'i: aiiiniieiici 0 taire jour. M'iitnnt rolerc.ji'
me mis & marcher eu résidant, el toujours les jaui (liés
sur l'endroit que je venais d'abandonner, comme ni vrai-
eaisson el qu'il' allai faire esploeion. Heu -& peu revenu de
n-n |.eur, je j-i.-i;.iiii.i.i I i;ii,|im I i|ue j'avais qaittii suUom..-i:.l.
çax je n'étais pas plus on sûreté h vingt pas que contre le
teu,
le pri;; I;-' - :i iM-inn de Un- etT'.'.iinvi., je le= pnvtai i>;,-
. précaulion i. l'endroit oii j'éUiis tombé; ensuite je pris la
cuirasse à laquelle j'avais çAope, afin de m'en servir à
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
vu le Uisaque laver la lùie. Je cherchai, on I
attentivement, a lire sur sa physionomie quelle était oa
pensée, car le feu éclairait encore assez pour distinguer cas
traits. II semblait-vouloir aussi lire aur ma figure l'impres-
sion que ce bruit inattendu, avait produit sur moi. C'eut
ainsi quej'ai pu toir comme cet homme était hideux : uoe
carrure d'Hercule, des yeux louches se renfonçaient joub
un front bas et saillant; sa chevelure et sa Barba, rousses
et drues comme un crin, donnaient a ses traits un caractère
sauvage. Dans ce moment, je cru» voir qu'il souffrait horri-
blement da sa blessure, car il Taisait des mouvements
coma» quelqu'un qui a une forte eoliquo et, par moments,
il M'ini'-iil 'les- 'l.'u^, r'-'-^riU.'-i-lil j ilir- 'A'ol'i-
J'svah interrompu mon ouvrage, et, ne sachant plus que
lairs. .j'écoutais iiujiiJenii-ai -ct'.û musique sauvage, quand,
tout à coup, un autre bruit se fait entendre derrière moi. Je
me retourne; juger, de ma frayeur : c'est le caisson qui
s'ouvre comme un tombeau, et je vois se lever, du fond, un
f.oips dune grandeur extraordinaire, blanc comme neige,
depuis les pied* .psqu'a ia ii'-ti:. rvisembiîut hu fantôme du
Commandeur dans le Festin de Plerrt, tenant le dessus du
caisson d'une main et un sabre nu de l'autre. A i'appari-
tii.u d'un pnri.il ii],Li«i,iu. ju loi" quelques lus au a-rii;ri> et
je lire mon sabre. Je le regarde sans rien dire, en attendant
qu'il parle le premier; mais je vols que mon fantôme est
LinLarusïL:, eu cicridw. i. ce. l' él ...i [C d'i.li ^rvoid '\iiWl
l'ipi :;■.'!■ j air; retomber sur lui le dessus du caisson
■nait de la main gauche.
i, rumpanl la silence je lui demandai d'une voix mal
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
— Eb, oui, otrumemvol, j 0 suis Praoçals, la bulle sacrét
demande 1 Vont tus I», inc dil II, comme nue thaodellf
bénits I Vous ma voyez embarrassé et vous ne m'aidez pas
à sortir de mon cercueil ! Je vois, mon camarade, que vous
livez eu peur]
tt" Oui. o'est vrai, mais parce que vous auriez pu èlrc au
vivant semblable a celui qui se Irnuve dans ce moment
couclie prés du feu! » -
T™ . : i i: <■< y- livuis aidé à sorlir, A peiue fut-ii
à (erre, qu'il se débarrassa de son grand manteau. Jugez de
■ ■ i Si;rp:-:se cl de nu J i : i . ■ en r-_'co:iLai.-<:j:.it, iiii:;s ce U.n
lôme, un des plus vieux p^ihi-:h i'.iv- nenadiers de la
v icilie n i -Ui r.jcs ^.l'.ç.eri» C!L]]].u..idf.- qui si; m: h: il
Picart, Picart de nom cl Picard de nation, que je n'avais pas
vu depuis notre dernière revue de l'Empereur au Kremlin,
mon vieuï camarade avec qui .j'imiis fait mes premières
armes, car, en entrant au* Vélitcs, j'étais ,le la compagnie
d'Kilsberg et Friedland. Je h
de Tilsitt, pour le relrouvei
frontières d'Espagne, an car
Picart cul de la peine à me reconnaître, tant j'étais
c!'.a::^c cl niisjraljli. cL à cause de ma peau d'ûurs, do resio
de mon accoutrement et de la nuit. Nous nous rcjjai'dîi-.ns
a vie (■l:n:::rmeii\. ,\ !t ii- voir ;i!-r.i p' u|irc i:l ■jiuu [>;n f.lilt,
et lui de me ■.rouvre ,i muL'ir. a:mme il me : e disait,
rossciolilant a Ucbius : :-,,;]:|]lrit li: sili-ncc :
• lïile~ii:<:i dune, me ili.-]l, rnnr. r iy.s. mo:i -ier^jQ'.. comme
vous vo'J'.irei, par quel hasard m: jicr quel malheur j'ai le
tcnh;.ii[- c;c vni:? Iroi vit ,t i ii:r.iL.int l:i [mil. ;eul en com-
pagnie de co vilain Kalmouck, car c'en esl
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
bien: voyeî ees j-eux! 11 est i
mais quelque temps après, il i
suis surpris rte le revoir. >
Je contai a Picarl comment j
un peut n-.r.rauiu Je- .:u..:..|u.- ..-.[mj;:;; h au: donner fi manger.
~ Si, incr, sr." S ™t, un peli; m..,-.-.!., de biscuit I = Ausii-.it
il ouvrit son sac el en lira 1111 morceau de biscuil grand
comme la main, qu'il me donna cl que je dévorai de suile,
i;nr, depuis le a 7 oetn^re, je ii'avjis pu mf.nn Je p*in '.
En dévorant le bi-cuit, je lui dis : ■ Pïûflrt, vous avei de
l'eau-de-vie' — Non, mon pays. — Cependant il me semble
de savoir la place. ]l me la montra; alors je ramassai de la
noiif ;i r.;.u i:.: lie. ccrnir.i- i'n\;t:s fjr ;iu sau,; I : cl:. vJ ."i
la glace : « Pas si bétel dit Picarl. Je n'y pensais pas. Dans ■
.n.H.:s <:,. mut:. IV., .,i>ïi, . „ ; u.vt.l . .vu, rjj ,ie
1er, je lui contai ton! ce qui m'était arrivé, depuis la
u soir. Picarl m'écoutait et avait de la peine à nie
unis ce Tut bien pire lorsque je lui Us un détail de
rc et rte la situation de l'armée, de son répmont et
e la Garde impériale eu {-ém-iMi. Ceux qui lironl ce
icroir. s-jip:':s -if: en que ]'::.„rt n; -av.tit rie:: Je lu ut
ai v-i-.tr i rai.tm.
imbro. [Pfotl tUraUm.}
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
vm
Je tain toute me Pioart. - Lee Cosaques. - Pioaw
en bleue. — Un oonvoi de prisonniers fiançai», —
Halle danenne fort* - Hospitalité polonaise. - Accè»
de folle. - Nous rejoignons l'armée. - L'Empereur
et le bataillon sacre. — Passage de la Béréziaa.
Api - la !..,,, ai, Mj:o-i.m=.wli. Pjuitl na.iÉ plus
vu le régiment dont il Faisait partie, avant été commandé
détacbemeui qu'il escortait avait toujours marché en avant
de l'armée de deui ou trois journées, de sorte qu'il n'avait
pas ca, ù beaucoup près, autant de misera que l'armée.
N'étant que 400 hommes, ils trouvaient quelquefois des
vivres. Ils avaient aussi les moyens de transport. A Smo-
lensk, ils avaient pu rb procurer du biscuit et de la farine
pour plusieurs jours. A Kri-n.:*, ils avaient eu ie hasard
d'arriver el do repartir ii: nt-ijualiw heures avant que les
Busses, qui nous coupèrent la retraite, fussent arrivés, el à
Orclia, ils purent encore se procurer de la farine. Dans un
village, il se trouvait toujours assez d'habitations pour sa
mettre à l'abri, ne fût-ce que les maisons de poste établies
de trois lieues en trois lieues, tandis que nous qui avions
commencé par marcher plus de 150 000 hommes ensemble,
dont il ne nous restait plus la moilié, nous n'avions, pour
toute habitation., que les forêts et les marais, pour nour-
riture qu'un morceau de cheval, encore pas autant que l'on
aurait voulu, et, pour hoisson, de l'eau, et pas toujours.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
JE FAI 9 BOUTE AVEC PICAHT.
Enfin, la misère de mon viaui camarade ne commençait à
■ ro m plirr- 'jin; i'.ll i]ii>:i:m. lv'l jVb.ii a. lu..
l'icsrt :11e Jil qui: l'[;ii![>-idu qui *e [ruinait cnu-he S noire
feu, avait été blessé, hier, par des lanciers polonais, dans
pour attaquer noire convoi, mais ils furent mal reçus, car
autour de nous, sur la route qui est très large en cet
endroit, nous les laissâmes avancer asseï près, de sorte qu'à
la première iIh'-Iisi on, ori/e rwijTvil :i*i>r'li= Tir !,i iii-iiir!. I :i
plus grand nombre fut blessé et emporté par leurs cheveu*.
Ils se sauvèrent, mais furent rencontrés par des lanciers
polonais faisant partie du corps que commandai! le générai
Uombrowski qui achevèrent de les mettra en déroute;
celui qui est là, couché, el qui a un coup de sabre sur la
frimousse, a élû ramené prisonnier par eux, ainsi que plu-
sieurs autres, mate je ne sais pas pourquoi ils l'ont aban-
donné. > Jelui disque c'était probablement parcs qu'il avait
une balle qui lui traversait le corps, el puis, que faire des
< Après le hiuns dont je viens de vous parler, continua
Picarl, il j a eu un peu do confusion. Tous ceux qui con-
nu peu avant d'arriver à la forêt, voulaient passer les pre-
miers pour arriver le plus vite p(,-s:!ile dans le bois, afin
d'être à l'abri d'un coup de main. Une partie des équipages
i[Oe j'accompagnais, pensant bien faire, espérant trouver
plus haut un p-.iï.-ijji: hubJLjnei:!. ntïisli: pas, prit
sur la gauche en marchant sur le bord du fond où nous
sommes, mais la neigé cachait une crevasse qui se trouvait
sur notre passage, de manière que le premier caisson fit la
culbute, et roula en faisant un demi-tour, avec les deux
coonins', dans l'endroit où nous sommes. Le reste des équi-
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
tU MÉMOIRES DU SERONT hoÙhOOcSl.
pages a évité le même sort eu faisant un demi-tour à gau-
che, insu ja ne s;,ii s'il c't arrivé a bon port. Tant qu'à
moi l'on 1113 hisné ici avnn deui chasseurs pour garder le
.IiluIc ■!.:■ .m. ,.|] :icii. ,i; ?; .„t ql:! ,. ,];,„, ,,,, mi „ r . ;J1 -,
. enverra]: c;j liorrmc-s ;'l ..ic = ciievailï peur le retirer,
:!■! eulevi.r .-s ,|..' : | .., „.,.,. iL i|. .,,„, ; f: .. r ,, =p) . i:f .,,, iumc
.lal.aiU' fl ire-,:it. r.nf l,., [mi -,.,. ees Ir.-.incrs le duTnvut.
corps, passant justement de ce côté, ayant vu le caisson
renverse et ne nous voyant qu? trois pour le garder, Tem
:ur]c,uc::l so-.:i [irete\lc qu'il ,:ori .il dea vivres, malgré
'ou', se que m ils pu:ues l'.iirs s: dire puer 1er cil empêcher.
■ Lorsque noui vi:nes que :e mal était saris reinéds, nous
i'iuica e'jmuiK eiu, ei. prenant et mettent de enté tout c>
qui pouvait nous tomber sous la main, pour le remettre
eioiii-c h qui ça appartenait. Hais il filait déjà trop lard,
sur lo'ct se qu'il y avait convenaU: slait v .ri, et le.
chevaui coupés en vingt morceaux. Tai pourtant ce man-
1f:.ii: ;)1l'.ih:, i.[-„. ni.; M'r;im. Ce qu<> je n'si pu coin :)]■.! -n.lrr,
u est que e* let.v. chasseur* qui étroit:, il avec moi soient
bien fait'd'eiii purin- ■■< de ivulir 'nie 'tout ca qui leur tom-
taut mettre nos armes en ;■(*[. "-"'il ' f'à ut' ' VaborTqnTje
-elruuve m;.-. 1.^,1. Jis.j.i ■ Pcait. r -,..,. |„
fois que nous nous quittons. Il y a sis ans crue je le porte,
et je le connais si bien, qu'à louie heure de la nuit, au
milieu d.:s faUc.Pa-iï d'ni-u ■., ,.u 1,1 tondant, eu au ;„uil.
eo'll fait su limitant, 'a Is rerunnais. . Comme il n'était
pas tombé de neige pendant la nuit, j'eus le bonheur de le
retrouver. Il est vrai que Picart me suivait en m'éclairan;
a?ec un morceau de bois résineux.
Après avoir arrangé notre chaussure, chose qu'il fallait
«oigner, afin da mieux marcher et de ne pas avoir les pieds
fêlés, ne;, s f: m e= riiir un morreau dé viande de cheval,
dont Picart avait eu soin de Faire une ample provision, et,
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
après avoir mangé
i l'eau-de-vie, nous
viando que Picarl m
( Ahl çà, dit lu vieux brave, vo«ms, de quel coté allons-
nous tirer nos guttnsl — Mais, lui dis-je, j'ai toujours cotte
infernal: in l ; Ji | .1, ;iiri = ]■:.- ci'ili:;^ ; X-.ms itini. :.:.:i:in : .<
peut-être trompe... Cela pourrait bien être la dimie, ou le
réveil ce; n;idisj-s à i/hoi-a! ■!■:■ ■•ti':/. m,-, s [ Vous eoiinai
bien l'air :
J'interrompis Picarl en lui disant que, depuis plus de
morte, que nous n'avions plus de cavalerie, et qu'avec ce
qui restait, l'on avait formé un escadron, que l'on appelail-
l'o-i-aciran atii. (|ii'il elai: :ommariiie :iar ie phn, ii::Heii
maréchal de France, que le- généraui y étaient comme
Capitaines et que le- culraicls,. iuusi ijui: .les jutres officiers,
servaient comme soldats; qu'il en était de même d'un
bataillon que l'on appelait le b:!t:tl!!oi: s-Krt, enfin que, de
40 000 hommes de eai-airrii:, :l n'en n-stait plus 10(10.
Et, sans lui donner le temps de nie répondre, je lui dis
que ce qu'il avait entendu cuit bien le signal de départ de
la cavalerie russe, el que n'était cela oui l'avait fait sorlir
du caisson : « Oh! c'est pas tout à fait ça, mon pays, qui
m';' ïirl ;lécan|i;r. rtinih ki'r.i que, di inti. ijLid'jiie temps,
je voviùs ves ili.]-ii-iliiTLi s y il:, 'h :! le leu ! i
I I Co heAoHs! .
Aussitôt, je me jette i terni. It i-.r, "ait amant, et, prenant la
cuirasse que j'avais apportée, il en couvre le. feu ; je regarde
et j'aperçois la cavalerie russt! défiler au-dessus do nous,
dans le plus grand silence. Cela dura un bon quart d'heure.
Aussitôt qu'ils furent parlk : . Suive/ moi! ■ me dit-il, et,
nous tenant par le bras, sinus lldu» mimes à marcher dam
Il direction d'où venait la cavalerie.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
IBS MÉMOIRE! LU SfiKQKKI BOURGOGNE.
Apres quelque temps, Picart a'arrtta en ma allant tout
hns : i Hospirons, nous sommes «eûtes, ou moins pour le
moment. Nous avons ou du bonheur, car si l'Ours, en par-
lant du Cosaque blessé, s'était aperçu que tes siens pas.
saioDt si près de lui, il n'y a pis a douter qu'il n'eût beuglé
comme un taureau, pour se Caire entendre, et Dieu sait ce
qui sérail arrivé I A propos, j'ai oublie quelque chose, et
c'est lo principal; il faut retourner d'où nous renom, il se
oublié de prendre, et qui faut mieux, pour nous, que tout
oo qu'il y avait dedans! » Comme il voyait que je n'étais
pas trop de son avis : < Allons! marchons! me dit-il, ou
Nous arrivâmes à notre bivac; nous trouvâmes notre feu
presque élciut, e! le pauvre diable de Cosaque, que nous y
avions laisse dans des souffrances terribles, se roulant dans
la neige, ayant la tèle presque dans le feu. Nous ne pouvions
rien faire pour le Soulager, cependant nous le mimes sur
îles Echabrsqucs de peans de moutons, afin qu'il pût. mourir
plus commodément : « U n'est pas encore prés de mourir,
mo dit Piearll car voyei comme il nous renarde! Ses yeui
brillent comme deux chandelles! > Nous l'avions presque
feu. Nous n'eûmes que le temps de le retirer, afin qu'il' ne
f fil pas brûlé. Ne pouvant mieux l'aire, nous le laissâmes
pour nous dépêcher de chercher la marmife, que nous
pécha pas Plcart de me l'attacher sur le dos.
Ensuite, nous essayâmes de monter la cote, afin de gagner,
avant qu'il fit jour, le buis, où nous pourrions être à l'abri
du froid et de l'ennemi. Après avoir roulé deuï fols du
haut *u bas, nous pilmes parvenir à nous frayer un ohemîn
dans la neige. Nous arrivâmes en haut précisément en fioe
île l'endroit on j !• v;'J s ,.|p pri.-qiité la vaille, r;t où. riiHis
avions vu la cavalerie russe nier un instant avant. Nous
nous arrêtâmes pour respirer et voir la direction que nous
devions prendre : « Tout droit! me dit Picart. 8uftei-moi ' .
En disant la parole, il allonge lo pas, je le suis, mais a
peine a-t-il lait trente pas, que je le vois disparaître dans
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
IB MIS HOl'TB tVÈC MfJlt, (S7
OU Ma qui avait plot de tii pieds de prnftindeor 11 te
releva «an» tieo dire, ai, ma»iD(SOl ton fusil. Je l'aidai à
sortir. Mais lorsqu'il fui relire, il mil à jurer contre le
bon Dieu de la Rutile et. contre l'Empereur Napoléon qu'il
s'il étoil lé, je lui dirais que oc nW ps.» comme cela que
l'on conduit dus lio:r.rTnja- ! r,:>;\i.n:: di: 11ic:î; mer, a-t-i! déj.i
fa.iL voir des grises, depuis sui/e au» que ju suis avec liul
En Egypte, dans les subies il': lu Syrie, noua avons souffert,
mais 'ne n'est rien, mon pays, en comparaison des déserti
de neige quo nous parcourons, et ce n'est pas tout encore!
regarder : < Allons, lui dis- je, mon pauvre Picarl, ce n'est
jie.8 le moment de dis luter! Il faut prendre un parti. Voyons
plue à gauche, si nous ne trouveroul pas un meilleur pas,
sage! • Pioarl avail tiré la baguette de son fusil. 11 allait
toujours en-anndanl, mais partout, h droite et à gauche,
c'était la même chose. Nous linimes, cependant, par opérer
lir-l.re jjfsM ;. I'imi -mi!, m.' 'iii il l; rni: li.iUM. I.ui-sque.
ncu; l v :niex sur l'autre bord, nou6 marchâmes toujours en
sondant devant nous. Lorsque nous eûmes fait la moitié du
chemin pour arriver au bois, nous fumes an-Aléa par un
fond asseî semblable à celui où nous avions passé la nuit
Sans trop calculer le danger, nous le traversâmes, et ce fut
avec beaucoup de peine que nous arrivâmes de l'autre côté.
P Un peu sur notre droite, l'on vojoil arriver, d'une vitesse
cruelle journée! Le vent déjà se faisait entendre dans la.
foret, à trovera les sapins el les boulcaui, avec un brufl
em-ijaul, et nous poussait dii cùté opposé 4. celui où noua
voulions aller. Quelquefois, nous tombions dans des ln>ua
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
us
tachés par k neige. Enfin, après une petite lieure, nous
r-.rnv,jni»s .]■: ; . 1 1 i j t liui. i^-irv. d an moment ■.-.■ù la
( ismiiicnçail i le par 1,'us fine.
L'ouragan était ieitwiunl vioii?al, qu';- cliaque instant de=
arbres tombaient, cussos ou déracinés, menaçant de nous
i rr:iMX et ijr:o rii.au fîmes .Vu Jù 'surLir .le la
rorcl et do suivre la lisière do' bois, ayant le vent à noirs
gauche. Nous filmes arrêtés dans notre marche par un
J.Ti:iil t;,;' |i)e iinu. ai -ions pii L'.Ih- i I .-m c-n I. !]■:■■.■ ,•[:■■!?. p-.:
était gelé. Mais ce n'était pas nDlre direction. Enlin, ne
pouvant plus mandier j CiLiiii ili; ]i q .. i .t. : l . ! ; :■ :le. nei^ qui
nous em|!i!i:!iaH J'y voir, nniiî [irises I.; part; rte -tm<
abriter contre dem bouleani assez gros pour nous garantir
et attendre mieux.
Il y irait déjà, longtemps, que nous hatlions la semelle
pour ne- pas avoir le, pie:! s ( ;v.:uiJ uraper-n? e/uo
!■: vent ijti.il '.uujtnj un pru. .IVn fi- rolwrvatioii à Picart
\0jCi viiii.v [.le la iumi.'ï, tn liva:;.! t rjT-c--Lv.::n -ti-.. je
■. une idée me vint. Je dis i Picarl : ■ Si, par hasard, le feo
'i'" V!, i lins 1,1,111 l'en-l>l-L( i-rneiit du ijii-.u: M la cuvait™
russe que nous avons vue ce matin? — Je pense comme
vous, me dit-il, il «..us ;'auL agir comme s'ils etak-nt Là. Ce
matin, avant notre déport, nous avons commis une grande
faute eu ne chargeant pas no» armes, lorsque nons étions
près du feu. A présent -rue r.nu- avons les mains engourdie*
et que les canons (ii; nui fusils sui.L rrrnpas de i.rïirjc, nous
ne saurions 1e l'aire, mais avançons toujours avec pru.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
m
devenu plus doit. Tout à coup, j'aperçus, sur le bord du
lac et derrière un buisson, un chenal uni rongeait Pecorce
d'un bouleau, [/avant fait remarquer à Picart, il pensa
encore que ce pouvait être là que la cavalerie russe avait
passé la nuit, et, comme lu choral n'avait pas de harnaclie--
ment, c'était, disait, il, |irobaliieiiii;i', un e.lie.nl lik&st: que
l'on avait abandonne.
situation, ni bouger, ni parler. Le diable de cheval restait
toujours contre nous, la léte haute contre la bonnet à poil
de Picart qui n'osait respirer, dans la crainte que ceux il
qui il appartenait ne viennent le- obeivlier. Mais, ayant
l'iin- fl sim; <]"- V ■■<■■ <U<™ •-<:' " *<-■■<»"■■- Ï
avaient passé la nuit : < Ce sont cm! dit Fioart, eu mettant
las o-ains dans les sandre.- pour ics ré.di Lrjlïcr. 11 -a . a plu*
de doi:u\ ijr voilà clievd jamie que ]:: .;:■::(, rina:s. Il
était de la fêle, et m'a servi de point de mire. Je crois ne
pas me tromper en vous diiant que : 'ai envoyé k son maiïrs
i;ne commission pour Vjv.:-:<; imiii.le. . Aj.iis avoir regardé
si riiîT-: r.e pniivait r.-.ius iiiqoi"l(!f. r.ou- nous occupâmes de
ravitailler un lion Ccu placé devant un abri fort épais, qui
nn-.Li^.-.it 'iviii:' tte i:-.:iiii 1 1 u chef de la troupe, car il avait
é 'é s.;i;; -.'. eu . mnpaiLii-:::: des au:res.
La ue.ee aiaii ti.nl .i r e-it eessé de loiiil'er, et. au grand
vrai, avait ;ueee,l<: ..u f.u-aui CLi.rrm. Nùlis nous prer.arair.es
à taire la ;smipe. Sens aviens mi'ae v.iovisiiin de viande d?
chev.il, i|uc nous avii)::. cur.srlà: la matin, mais nous
jugeâmes convenable de la gauler, p.iisque nous en avions
autour de nous. Piaart se mit de suite c:l besogne, et, avec
ma petite bacbo, il en coupa de la fraîche pour faire la
soupe, et une autre provision pour emporter. Nous essayâmes
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
160 -. MÉMOIRES DU SERGENT S0UBG0OHE.
d'enfoncer la glaco pour avuir de l'eu, mais noua n'en
nu mes ni la force, ni la patience.
Nous étions bien réchauffés, et l'espoir de manger une
bonne soupe me donnait de la joie, tant il est vrai que,
lorsque l'on est dans la peine, il faut peu de chose pour
nous rendre heureux I
Cependant notre marmite, dans l'état où elle était, ne
pouvait nous servir, mais Picart, qui était très adroit et q U o
rien n'embarrassait, se disposa à la mettre en État de nous
être utile. Ayant tuupo un sapin gros comme le bras, 1 un
pied eL demi de terre, pour lui servir d'enclume, et un autre
ni'ii-M.uu de la mime [1:01:1; en-, pour servir (le: ]],:.r:,;au,
tji.'i, nnvu.oppa d'un ■.dii'ou eiflu ;\ r p aa faire ele bruit eu
frappant, il se mit bravement a. faire le chaudronnier et à
chanter-, en frappant en mesure sur la marmite, ces paroles
qu'il chantait toujours à la téle <le la compagnie, dnna les
marches de nuit :
En entendant c«:'<: presse vuii qui scmldait sortir d'un
tonneau, je nu pus «l'e.mpidjer de lui dire : • Mon vieux
camarade, vous n'y pensci nos; ce n'est pas le moment de
chanterl > l'icart, levant la letc, me regarda en souriant et,
sans me répondre, il continua :
i«e iiion'.r;. I,i mr.: niile eimil il." j.'- [■■ 1s un- .inlr.; lui «je;
elle était en état de service ;
i Vous vous rappelés, me dit-il, le jour de la bataille
d'Evlau, lorsque nous étions en colonne serrée par division,
sur la droite de l'ègliseT — Cortaiaeinent, lui dis-je, il fai-
sait nn temps comme aujourd h: .Lis d'autan nln-
m'en souvenir qu'un brutal de boulet russe m'enleva, de
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
dessin i!i ri ■ .Le. i: iiiarmil:- [il,: je p< i - : i [ ~ ce -■ l " J1 '" 1 '''' !"";'
aussiî — Par la sacrebicu, si je m'en souviens! répond
Picarl. C'est pour cela que je vous en parle, el pour vous
demander -i l'industrie et le be.e-iFi 5i;niie-t pu r.icr,o~,morki
vi Ire : — Vu <■ . : ;iî m- :j i_- li . |.;-..- ; 1...- ni 1.:.- diiux
ma dit Picart, comme vous vous rappelés leurs nomsl —
Je ne les oublierai jamais, ear I.irr.irmrc ÛLail Vélite comme
moi, el, île plus, un nui ultime. J'avais, ce jour-là, dans la
marmite, du biscuit el des haricots. Oui, répond Pi cari,
qui firent mitraille sur nos frimoussBsl Coquin de Die»!
quelle jour:) ruinée Tllr-U. ! « ^
Nous y mimes do la viande tant que nous pûmes, afin
qu'ai, rés llvll ' r mau^è. :1 f\: nous. ,--n ivslê.r i^sez de
mite pour la roule que nous avions â faire.
Ma curiosité me pnrij à toir ou ijne enntenait la carnas-
sière en toile que j'ao^ îa.ne.isée. la veille, auprès des deui
malheureuï que j'avais trouvés mourants sur le bord de la
[finie. Je u\e '.itjjv.vi eue t:j: J mouchoir; îles laies, deux
i ■-. 'I. ;■■ . ■ - 1 -- 1 1 1- -. I ■! ■! . i en ■: eu 1 1 ; 1 1 1 ■ - . i ■ el 'i ...
Assis devant le feu, à l'entrée de l'abri que nous avions
choisi, le dos tourné au nord, Pieart ouvrit son soc. Il en
tira un mouchoir où, dans l'un des coins, il y avait du sel,
el. cli-.Tis l'au-ec, .lu ;riiaii. 11 v avait longtemps que je n'en
avais vu autant; ausii je faisais de? grands youi, en pen-
sant que j'allais mineur une. snape salée au sel, moi qui,
|iui=. un niais, en :v.,'.t.^;,-iif , ajar.: 'y.jur (cet ,isi:ison:ii>
ment de la poudre. Il présida avec ordre à la cuisine, en
metlanl à part une partie du gruau pour la soupe, lorsque
la viande serait cuite.
Connue ji: uu tr.iu.uis i:\'.rai..rdLuani.[ 1 faliaui:, el
l'envie .!r. ,.',.umii j:.e,il :'r,i.: ■ ( lée. : ai cticleur
d'un bon feu, je témoignai le désir de me reposer : ■ Eh
bien, ma dit Picarl, rer,c.se7,voii s. enfoncez-vous sous l'abri,
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
163 MfiMOIBÏS DU SEPGENT BOUjtSDGHE.
et moi, pendant ce temps, je soignerai la soupe. Cela at
inVn,[!er.h'ra. pif rie vi'ill-::' .lu \ï:-.ï.:: |i<iur rn.-ti-fî MÏrvr.i, cil
commonçant par nettoyer nos armes, et ensuite les charger.
C.juibirn av;7-v(r.;i< il,.- ./art iirs! — Trois paquets de
(juiiun. — CV-t tiien, ■•■ mt, : o:-.tn;. o'jl.i S'ait cerl i.ioir. F.-.i
voila plus qu'il n'.:-i l.iiil i.:.m- Je^ndi':: vingt-cinq Cosa-
me le fis plus dire une >::enuilii Je m'uiiveloppai dans
réveilla en me di
mangé. A présent,
je pris lu marmite entra les jambes; je me mis à manger la
tiliip-î avec un ii]>;i»UL iir.vmviit. Je :.[■ .i- :pie, île 111s vie, je
n'avais mangé el ne mangerai avec autant de plaisir.
Mon vieui gre-guard m'avait donné on morceau de biscuit
gros comme mon pouce, pour, disait il, me dégraisser loi
iuOM après av U ,r maflgé ma viande.
Après mon repas, ,re kvu ,cil>r k ,t„„, ini.r. Il
j'entendis le cheval blessé, que nous avions Irouvè'en arri-
jusqu'au milieu du lac. Li, s'arrctaiit, il en fil encore
autant. Aussitôt, j'entendis d'autres chetani lui répondre.
Alors il prit sa course du coté où on lui avait répondu. A
peine est-il parti, que je me place derrière un massif de
petits sapiiis, et. Oc là, = '.uvuiit s), course Je l'csil, ju le vuis
qui joint un détaeheiné.Eil du eivalerie qui traversait 1o lac.
Ils étaient au nombre de vingt-trois. J'appelle Picart qui,
déjà., dormait tellement fort qu'il ne m'entendit pas, de
manière quejis fus oMifîé Je Le tirer par !*h jambes, Enfln
il ouvri: les yeu* : t Eh bien, quoi! Qu'j a-t-il? — Aux
armes! Pleut. Vite! Debout! La cavalerie russe sur le lael
En retraite dans le bois! — 11 fallait me laisser dormir, car,
nom d'un chien, je faisais diji bonne charel — J'en suis
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
JB FAIS HOUIE AVEC PICAKT. (fiï
fiché, mon vienv, mais vous m'avea dit fie voua prévenir,
::! il pourrait ut l'aire i[ini d'autre -, L f : u n ■ : n L do ce ciV.i. —
G'eat vrai, dît-il. Oh! scélérat ..le métier ! Ùù sont-ils? — Ua
peu sur la droite et hors île portée! . Un instant après, cinq
par la brida, firent un cercle autour d'un endroit où, pro-
bablement, ils avaient, la vaille ou pendant la nuit, cassé la
çlacc, afin de faire alu euver leur* chevaux, car on las vojait
frapper avec le bois de leurs lances pour casser la glace
[niuvelknicnt. iiirmi'is.
Nam décidâmes do lover le camp et de plier bagage le
plna promptement possible et tacher ensuite, par des ma-
nœuvres pour ne pas être vus, de rejoindre la route et
l'armée, si nous pouvions.
Il pouvait être finie heures; ainsi, jusqu'à quatre, uù la
ii-.iil. r.ijdiiii) entai: a v»iiir, s'il nv nii* iii rii.iil pas d'aetitk'ni,
nous pouvions faire encore du chemin. Je ne pensais pas
que l'armée tilt bien loin, puisque les Russes nous allen-
l.iii-iil. au pansat-i; ih; la Béréiina., ci '.oas ïts liebiis é'.aient
l'oivé» .le se réunir.
Nous nous dépêchâmes. Picart mit dans non sao force
provisions de viande. Tic mmi m'ilé. je lis comme je pus, on
remplissant ma ouruaBsi.'-rc de tuile. Picart voulut rejoindre
la [■ir.il.i: par li- flumin nu mils étions venus, en stiiviiTiT
toutefois la lisière de la furet, car, disait-il, si nous sommes
surpris par les [lusses, nous avons toujours, pour nous
garantir, les daui eûtes de la forêt, et, dans le cas on nous
ne rencontrerions rien, nous avons un chemin qui nous
empêchera de nous perdre.
Mo«6 voiliï en route, '.î.i, lu sar. sur h: d:is : avec plus de
qiiinre livres de viande fr.iiohe. d»ns l'étui de son bonnet i
poil; moi ponaïit la raarjii: :e jfu.i'OLSul. la viande i.ui-iï. Il
me dit, en marchant, qu'il avait toujours eu pour habitude,
Lurscj.i'il y avait pluiienr. i;lii-i's k porter dans l'escouade,
de se charger de préférence des vivrez, quelle que fui la
quantité, parce que, en se chargeant des vivres, au bout de
quelques jours, on Unit par être le moins chargé; et, à
l'tppni de ca qu'il ma disait, il allait me citer Esope, lorsque
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
plusieurs Cuu[.j (II- fusil se iirett entendre, paraissant venir
de l'autre CÛ16 du lac : < En arrière! Dans le bois! . me dit
Picart. Le bruit ayant cessé, voyant que personne ne noua
L'ouragan, qui avait cessé le matin, pendant que nous
do prendre, nous entendîmes de nouveau* coups de fusil,
mais beaucoup plus rapprochés que lu première fois. Nous
vîmes dens pelotons île Cosaques clicrda.nt i envelopper
s-;ii fantissiua de notre arniûc, qui de.-'/.Mi.lai-it la ;..Vc et
paraissaient venir d'un pelil hameau que nous aperçûmes
ils l'a u '.ré i;;'dé . 1 ti '.se, adosse h -.-i prtit Mis qui doiriinaii
r.;:;-lr:.i:l mi u.v.is ..v. ion s e: où. p?objble:ïi:n: ils aiai-L
passé une nuit meilleure que la nôtre. Nous pouvions les
voir facilement se porter en avant et taire le coup de feu
avec l'ennemi, se réunir ensuite, puis battre en retraite ilu
tôti; du lac, aliii ils gagner Li fora où nous (itions et où ils
auraient pu tenir h tous les Cosaques qui les poursui-
11s avaient affaire à plus de trente cavaliers qui, tout à
coup, =k jirLrlriiii-rivit .']: i1i:i;a pe.xuiiS, dont un lit demi- ■
tour et vint descendre sur le lac en face de nous, aiin de
leur couper la retraite.
Nos armes étaient chargées, et trer.te curtouchos prépa-
rées dans ir a cariit-si.'-v, nliu il: les 1 1 i ■. ■ 1 1 r<:i.f viiir, -ils
venaient ilt; notre iv'Af... et, par 1b, de délivrer ces pajtres
malles qui .;;>itin-..Tii;ai:!M à so trouver jans n?. position
difficile. Picart, qui ne perdait pas de vue les combattants,
me dit: < Mon pays, \cr.f uhnrsrmv. le- armes, pl moi je me
charge de les descendre, comme des canards. Cependant,
continua-t-il, pour faire diversion, nous allons l'aire ensemble
la première décharge! *
Cependant nus suidais battaient toujours en retraita.
Pieart les reconnut pour eeui qui, la veille, avaient pille le
c.rsson qo'il oaroVi, mais, au liuu d'Otiv neuf, ils n'éiaicnt
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
is:
plus que sept, Ilans ce moment, le peloton de cavaliers qui
Les Cosaques car n'en était, en voyant tomber un des
leurs, s'étaient éparpilles. Deux seulement étaient restés
pour se courir celui qui c:,-iil lombi: asfis sur la «lace, appuyé
sur la main gauche, l'ii'srt, ne voulant pas perdre de temps,
leur envoya une secoi..: ; .t; b.ill.:, ipii Mcssa un cheval. Aus-
sitôt ils se mirent à fuir en abandonnant leur blessé et en
se faisant un bouclier de leurs chevaux qu'ils tenaient par
la bride. Au evr.r.i ;cu- , sur a:r.iù
soldats entourés par tout ce q.i'il y avait de Cosaques. A
ïijjiii!! 1 nue ;.-!s ileiiï ininiiies qui f.vfCTit ;-.]>a:itloiiné leur
blessé étaient revenus pour le prendre et, n'ayant pu le faire
marcher, l'entrainaient par les jambes, sur la glace.
■ Nous observions u- Cosaqu: qui avait ùlé placé en obser-
nuellement du côté où juj-js iiViuiis plus, par suite d'un
mouvement que nous avions fait après notre première
décharge. [Vous pouvions facilement le voir sans être vus.
Aussi Picart ne pouvait plus se contenir; son coup de fusil
part, et l'observateur est atteint à la tète, car, au même
instant, nous voyons qu'il cho^cull?, penche la tète en avant,
ouvre les liras comme pour se retenir, et tombe de sou
cheval. 11 était mort'.
Au (jf.'U[: ■.!!.' I U -L I . v en ourjient :u:s mnil.ci.iv :ï
soldats se retournent, élenoés. Ils font un mouvement en
eux, pour ainsi dire k bout piirlanl, et quatre Cosaques
tombent du même cou;). Alors île- cri= de rage s'élèvent de
part et d'aulr. . La m-:'.é;: 'l'.'v^rr. uénOrals. et uc comea;
opiniâtre s'engage entre le deux partis. Au même moment,
1. l'iiii:! .1.1.. i.ii u.v ..l-nri. ...i.:u:j ij Lljrlj: a;, l |i. ...r.ô ;nu
,cn lirai! 1 la tit>, il avaiL Lt.-.ijj-jrs Los pris. ;.V).'j ,u lï. -a.- . 1
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
nniia noua [iohuih à dix ou douie pas en avant, sur la
place;. là, nous apercevons quatre des fantassins entourés
pit quiiue Coasquo». Mous les entendonn crier et se débeltre
trouvons, pendant plus de sis ir.iDiLlis, lu
«t obligés de nous tenir fortement l'un fi
pas être enlevés par le vent. Tout a 00
«ndifi 11 Liment, ttr.it inclurait, ot, fi qualn
l'ennemi qui, en nous apercevait, f si-,
Ko» maint, engourdies par le froid, nous i
□sage de nos armes. Néanmoins, ils n'ose
et, tout en leur faisant face, la baïonnette a'
et croisse contre eux, i
cassé la glace pour faim abreuver leurs c
recouverte d'une autre glace non encore a.
supporter le poids de plusieurs hommes, n
verte, à son tour, par la neige.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
LES COBAOUBS.
suivaient de près s'étaient arrêté* sur le bord du gouffre
f «nsuik ssuvéH sur ,li;".;i-iM.l.^ f ;iiLiil5. ;ir. Vendrai où nnu-
étions, qous cotendlme» quelque- -vl- déchirants sortir du
coudre Son* acwi-'im-s |-luM»ur^ f.iiï la tête des chevaux,
.Adieu le tabac. . .m: d,:. i'K-iir.. Vc- ju.-^ "J^ 1 ^™;
Kaener'la. route'î dans la crainte qu'ils nu vinssent visiter la
bivae où ils auraient [mi peusvi que nous étions encore.
Hous fîmes halte a l'i-strémité île la lorél qui longeait la
lac Là aussi sa trouvait uu abri, probablement le bivac-
d'un poste de la «.lie : il servit à nous caeher et à observer
les Uniques qui liaient Je s'amilar à la place ou étaient
r „■(,, u-j-: m,!;;..'-. -[;i inr^i". J^uuilJe* en |>art,..î pil-
les ureinitfs «! ^"'i'-' » - P* rlei fays* 11!i -
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
■me qm était bien mon el, lors,
«lui qiio Picjjt avait lué : ■ Ah!
iils de son allaire! . Eflectiremen
ncitre en marche. Il faisait
postule île la ::. i. .] , .. ... j ,
■ --■ liL z A :z
plus.eurs jr:,,,:. I,-, tflII| .;..,- : ,] : |tv(|j| ^ t(j
.'l qui NriMiiTt u.i-j-e a, :ri ,i::. >,„:= fw.Oi ,:Ui^ s .i-^
puyer a droite, pour tourner. En faisan, cetH contre
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
mardis, fions rei.iiid.'r.v.e:. :::,-. u.' e:i a:\-iare : natis a;:er-
i'i,ri;es nos dem i :i t L : ■. i ■. 1 m t, .iiT_<::e .'.ir. de l'suiie de puis
.il. i, :■■ ■■■ir il ilni ni i i |i..' ■ mi .111:1 . uni h' | 1 n ■
Ht i. li.Li-c celui iji.i l:' -i:i--.i'. >Vi * l'.iii'.lcn, h.'i vnir «nus
être vus, car nous étions rentrés pn/cspiLamment dans le
tjds. >':itre lr.:1. .S.- in. Rl-.mri- le (dus lnin possible, aMl.
que ueu.i qui ,:-.ii:i;nt ;"i la pédu: iie leurs ::,Luunntk.s ne pus-
sent venii à Ioei saeour?. si un eoinliat s'engageait. Pour
cela, nous marchions le plus vile possible, mais difficile-
ment, quelquefois dans le bois, ensuite dehors, suivant le
Il y avait déjà uoe demi-heure que nous étions à taire
cette manœuvre, lorsque nous fumes arrêtés par un banc
de neige qui allait se perdre durs nu r;,vin sur notre drnile
Nous fumes forcés de faire <[nfi(|uci pas en arrière, alin de
chercher une issue pour entrer dans la forêt et noua y
i-.iu::i.:r. lu instant ap:és. les '.Iiisil^uo? OiatiTit prés de n'.".l=.
et nous aurions pu les descendre facilement, maia Picart,
qui saTait faire la guerre, me dit : . C'est de l'autre coté du
banc de ueige que je veux les avoir; il ne sera pas facile aui
aciresiif 'n:ur pnrlar =emurs! ■
Lorsqu'ils virent qu'il n'y avait pas possibilité de franchir
ne:, ohslai:!:'. ils prireni. la i^ii;. al. iiuu-. V* li.'iies ..!,•„'.■'::■ I ci:
il.i-is \*. ravin et eaarafer à 1 1> . 1 r ci : ■ 1 ■ le iw. de nei^e. lie
noire cùié, nous avions trouvé un passée qui nruis fil
arriver, presque en même temps, de l'autre côté. De l'endroit
où nous étions, nous pcuvi.jui la-- apercevoir sans être vus.
Nous profitâmes di! iminieul .[..'ils i-nt tlfuK in l'uni : rii.i
sortir de la forêt el marcher plus k notre aise, mais, au
incluant où nous peusiUiis en fl't .[ali.iiT.LS.es pou:- 1.1:
pendant que nous les pensions en avant, Aussitôt nous ren-
trons dans la forêt. Nous faisons plusieurs détours, nous
retenons a : ejilroe. >:' n;>us les vnyuns jiù marchent eiu'a-r
à distante l'un de l'antre, 111:11s donetineiil. Sous reuiuuii
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
s de us i ge et de petite
quarante pas. Picart me dit tout bas : c A vous, mon ser-
avaocel • Pondant qu'il me parlait, le flusaque faisait signe
aïec sa lança, a son camarade d'avancer. Il avance encore,
et s'arrête pour la seconde l'ois, en regardant les traces de
nos pas. Il pousse son cheval un peu sur la droite et en face
do boisson derrière kqiwi nnus cibiii cachés. Là. il regarde
saisi le cheval par la bride, d'une maia, et, de l'autre, lui
f:,Klit vmlir il p.iinic il.; ;;vï',;ii,c.lc. <■!. criant : • A :r.L.i.
mon pays! Voilà l'autre I Garda à vous' ■ Effectivement il
u'i, iv.il. pi:.? 1 m i - L i ■ '.a | ii;nl». q ic i'ant-c arrive, le pis t CJ 1 c t 1
la main, et le décharge à un pied de distance sur la tête de
Picart. qui tombe du même coup sous les pieds du cheval
dont il tenait toujours la bride. A mou tour, je cours sur
celui qui venait de faire feu, mais, me voyant, il jette l'arme
qu'il vient de dëclist ! î. , J . L'ail il ilmir. part au grand galop
et va se placer à plus de cent pas dc'nous, dans la plaine.
Je n'avais pu tirer une seconde lois mr lui, |iû.ree que mou
arme n'était pas rechargée; avec les mains engourdies
comme nous 1rs ai ions, ce n'Était y.us r.lmsri facile. Picart,
que je croyais mort ou dangereusement blesse, s'était
relevé. Le Cosaque que j'avais atteint et qui s'était toujours
tenu à cheval, venait de tomber si faisait le mort.
Picart ne perd pas de temps : il me donne la bride du
obérai à tenir, et, sortant île la forêt, se porte de suite à
vingt pas en avant, ajav.e celui qui avait fui et lui envoie
aux oreilles une balle que l'antre évite en se couchant sur
sou cheval. Ensuite il pari au jyilop; Picart le voit qui des-
cend le ravin. Il recharge son arme; ensuite il revient prés
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
KCARI EST BLESSÉ. 171
du moi en me disant : . La victoire est à nous, mais dépé-
ehons-nous; commençons par user du droit du vainqueur!
Voyons si notre homme n'a rien qui nous va, el partons
avec le cheval! ■
Je m'empressai de demander a Picart s'il n'était pas
blesse. Il me répondit que ce n'était rien, que nous parle-
rions de cela plus tard. Il commença la visite par la cein-
qu'il n'en est rien, car, par moments, il ouvre les joui
[Vndsut que Picart parlait, j'avais attache le cheval à un
arbre. J'fjtai à son cavalier son sabre et une jolie petite
d'urchirur^n'de ûXe'armee! e je™a passai 1 mon cou. Le
cher. Ensuite, il avait, sur :
filets ployés en quatre qui 1
manière que, s'il eût été atlei
pas que la bâllo eût traversé ; i
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
et, sons la première enveloppe, je lirai aie bouteille qui
contenait quelque chose nui ressemblait a du genièvre, tant
quà la couleur, Nbïs ncn, t;i uus p ^ trompés, car
Pieart, sans se donner la peine d", jnetti le nez, en aval,
île suite une gorgée, en me disant : . A tous, mon ser-
vent! • Lorsque j'en eus uuV.è, fu sentis, à mon estomac
un bien qu'il est plu- facile de sentir que'd'eiprimer' nous
fûmes d'accurd j u - - coi-.c ironv.-iill,: vjhiii. m ; e „, a ' U e le
delà quantité d
ontim.nit s„r no-,,, , lroi: ,; [1[toistin , ant d5ns lit
■■]■■'.■ iniiî- 'lovrui^ | ' l ... 1 1- ■ ],..>,ir rr-j,- lu --jnd' route «n
unti.-o (icvii: avoir „. qui, M.ivj.i.i .„i NSj n . ; ,l,: V ;i t
|)^ -I .i-irn^ 1,. ,(,, .. tri -,j, ::,.., |: ^
Me trouvai-.', pl-.s s r.i. e , j„ [ Sï!i ; [fl ^-.^ f ^ ^r,^^.,
)" Vl ; f <"' ,; ' r '' aa l!L "S"™ M^M.nliLr.!^. Le sang
.iti.n-. iui-ji...- o.i diL.jmp i-.-.,i>Lii..:::-,-s e = t r =,-.
barbe. Je lui dis qu'il était blessÉ à la tète. Il me répondit
qu il vetmi: d, s en aper^v,;.- a „ morncLV. ci son bonnet k
1 ^ ' U.t. J^r^,:e à une branche, et qu'en le rem c-;i
1'* s:illli avait Il; sur ■ C^i.ir-; |[.| L ., ,-,.,(,. ji ,,-, lv , j,
r "i" " ' ; Jl ' 1 i''" l,; cr,|l r tl1 -' i' li; -
qui I ivai* Lu i.onbr r. -...■i.- i. ,,;.,„( ] :; [„,]..],.
i:l'f.-.il. ;i!i nn:.,-.rr. mi i. vi)v,.it vetur l'aulr;; LfjSjqui:, il
naitïoulu se saisir du son arme pour en faire usoyi-, mai.;
"■ 1 ■ " ■. ,.,
;.l.-.-...r. V lj r l s.v.,,-. ;.|. ,,, ..,„,- ; . . ,
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
PICAHT EST BLESSÉ.
olàmes la selle de hois qu'il a
it laissé qu'une couusrts q
le cheval, Pi cari s
hout de quelques minu
avions tué son mailre ; ■ Diable . me diL-il, parait, mon ser-
ijént, qu-; la petite çoutlii ;i bi - et! cl a'. <ji:e vous ;in;i
le pfttiL jtj'j: p.Hic lir'-! AUn:,s. '-l.lt mi-us, j'aiiTii! a voua
Pour ne plus souffrir autant de son derrière, Pioart
arrangea les pans de son manteau bl un; sur le dos du
cheva:, cl r.nus p.".iTic=, nc:i [ïln? en lc,:;l:iv-.l, mais en iiinr-
clianL le pas ordinaire, aller encore pendant un quart
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
d'heure. 11 y avait des moments ou le cheval avait de I»
neige jusqu'au ventre. Enfin, nous aperçûmes un chemin
ijiii Iraie-'f.il .-.'lu: sur : fqu?l :i:jh:-. uiiiithi, us ,..| t;u ,. : .. IMJ
luuucs i,: - LriL.i.J .o,.!,-. Muis, avant :i'v ,.i,:r:r. :l j,il. : i;
agir avec prudence.
Nous mimes pied a terre, et, prenant le cheval par la
bride, nous nous retirâmes dans la [orét, k maone dd
chemin que nous venions de parcourir, afin de pouvoir,
l'armée avait parcourue et qui conduisait à le Béretint, lar
le quiruilu .1:: .■.a,lii»-:9 i:..M clie ..fu! jr.ri-.h-v et que l, L
neige rer..r..vra[: à demi, nous lit ,„ir q,.= nous „ e il0 ,is
eliiui. trompé. ]),.■> Lraci-s i;,n, v ,-ll,,.- ,i,j L:r , [j,.„ nl
l'"" l5tr '' >' v ; ' v; -it f'- ^uiUein:- .i,: ]■, ., ri r- .-
l'HilMic-ie y !ivi uent passe : la trace ries pas venant du
cule ov. anw, ( i.;,iu,iH ..lier, n:r ,si que 1,: ri'f l'un vovii-
m.i- la ni-i-.. ,it,u = <i"eut croire qu'i.u .:„i,vi,i :ïr ,iri... [1 r, ■„
"livre. Comment faire* 11 fallait suivre la route. C'était le
seul pKi-ti .-: |.:-.'[i;lie. C'élcii j,i ÏH i Vri|.i:ii,ni 1,. l'ion- ■ , Il
me vient, dît-il, une i-sccle.r.e ddén. Vous allez faire l'arrière-
'■■ l'^'Uit-vllite: moi iifiviml. ilor.'.llliFtrit l, s (I,,,,]
en avant si je ne vois rien venir, et vous, mon pays, der-
rière, ayant 1s téta tournée dn cote de la queue, pourfajre
de même. >
Nous eûmes un peu de peine, moi surtout, à mettre à
BiécuSon l'idée de Picaft, «^pous mettant dos a doi et
in sF.nl. icnnr," 1 le d»„it, le ■lou:,li nv.ni ,!,;„, v ..;,<
iiorin-iM et iléus devant. Nous primes encore chacun un
l'eut verre de genièvre, en nous prorrnf.tuiteric.iirs ,lc k . fI vi t;r
le r.;<e pour des moment plus :.rw=. et non- mimes
nr.'re c .itval au pas, au milieu de cette triste at silencieuse
ibrét.
Le vent du nord commençait a devenir piquant, et l'ar-
ncro .ai-dé en souflrait à ne pouvoir tenir longtemps la
position; mais, fort heureusement, le temps était aaseï clair
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
pour distinguer les objets d'a;=ei loin, et le chemin qui
tra>erae cette immense lorSl était pr^nc dvf.it. de m.nr'.-iv
que nous n'avions pas à craindre d'être surpris dans les
sinuosités.
Noua marchions environ ■]■■(■" demi-henre, quand
nous rencontrâmes, sur la lisière du bois, sept paysans qui
«embl aient nous attendre.
Ils étaient sur deux rangs. Le septième, qui nous parut
déjà âgé, semblait las commun^,. Ils étaient vêtus chacun
polonais, et, ayant recouun ou: i.ai: Fi^atB, cela
ôu'll .'[illsii «il il- s,! (■-.■; but ilinA, 'in l'omit I .11 m !.! ill-^',
■ v] ,is tu^ioiM psrtiB la milite, «.u la iai-ait ma.vhr.r
eiimaseo contre nous, à coups de knnut, et pailoul, I:l:i= les
villascK. il ï UtifiiqiiiiF- pour les iairo pu-ti- N01.S
poursuivîmes notre route; lorsque nous les eûmes perdus
I.' r .11 m ' 11 I" ' -
nos grands ev.li >p du la. I.il!:ii:ui:;i. ' ; ■■ hviiiii; -
I Vi'iv -t-it sh 1,1 iiv;. Il 1110 j-iipuii.iiL qa';l rivai: mis «b:i.
r.n.pr^, l't que, m ocla etaii v:-ai, r.'e;'. «rua F'P" d-^--
nous avait joué un mauvais tour. Comme je ne le compre-
in,..V p.is l.ii 11, il m'- C'-Pélii que, si c'aiso. n.rainr flela., c'est
,| ,,. les .V.r.inhiei.- r:i,,i- :i-.!i:.>u' lu us. Ji: ;in pou ,-;u:; -on:
prendre ce qu'd pnuva.it y avoir de commun entre les Autri-
chiens et MiTl.-ik '. 11 allait, i.i.ail-r, .u-ipliqu.:. la ii.crn.,
lorsque, tout à coup, il ralentit le pas du cheval en me
disant : ■ Voyez, si l'on ne dirait pas là, d>:vn::i non., nus
.mIoiitm d: ti it-i-ï - .l'apïiçi^ .pi ■loi.:: r,h<--r d.> noii. mais
qui disparut tom à ooup. Un instant après, la tète de cette
colonne reparut cjinm: snr'.;,ui. d"u:i l'unJ.
Nous pûmes bien voir que c'étaient des Russes. Plusieurs
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
U SERGENT BOURGOGNE.
< I -f-.;-'- l | l 'Y" 1Vi: | 1 -' 11 ^ <^mes beaucoup de pci,
Té, mais it nous ... ,,, ,. ,
fitàmes pu...
eûmes fait vingt pa
pûmes aller plus i
" ' '■' ■"■ > i I' l>l S il :1
al nd 1 ' En
[■■LTd.li. :.iF?.':e. i". , r .". l.i-.L]l'l]-L'[[]--,l il n> I ''
■ Alurf. dit il, chicuil mi pclil v-:-.: : . l^-i,!;,,.
débouchais la hnoU'ille. il -'m^iinait ■■. ,.jrilier les .ij,™!
dû (103 fusils, ;. k.iro ; ; ,, u 1; L ,'n.j^,, -mi,.,,.. ,
îiùas bftmes chacun uu petit verre; nous en avions besoin"
Après une attente de cinq à sis minutes, nous voyons
..i'I^lU* In t,<te d- ; a h . ml| :o, ;),■;.<■, Ur,. du dix !, dul,,.- i,,r-
FH A a ; nil ,,,-Ls i,»:::-., _,. , d fl l.l.l^t. i„, ÎUHT-
- 1 ' "- ■ et de .!<■.■,:,.:, i dii.ik, ït :, . tlIi d,„ h, rl)llLf .
:-,aj S an, a 11;1 e„ de t„,1, 5 K3pi ; =f! ,- n , 11( „ . lu ^j,^ f]s
deus cents pr.sunnicrs de notre année, malheureuj et se
traînant arec peine. Beaucoup étaient blessés • nous en
«mes avec ua l„ t = <::, d'au:,,:» ave; le, pieds
■''y 'il'".)^ -7'J5 LLL.m;. l'I.i.i.,..:,- ve],:,i, : . ;. 1„
!" ;'"" r CI l'-'ï colins de l:ui .j Ï.. r. Ji: : -, m. i i ; d^s
larlares, ils ne bougeaient pas. Je laisse à penser dans
q.i'-l.e do;:ln';r nrms dcvmiii imus -.[■:, i: V u\ ... yijïinl i oi
li-..ici ,U:.i,(s m:.:. hihMicu t-uï: I' car; m: d^;Ji rien mai-
à ses mouvements, on aurait pensé qu'il allait sortir dû bnis
|>our renverser ceux qui les escortaient. Dans ce moment
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UN C0.NV01 DE PRISO.IMEEia. (77
arriva an galop un officier qui fil faire halte; ensuite,
8'adressanl rus prisonniers, il leur dit en bon français :
< Pourquoi ne marchta-TonB pal plus vilef — Noos ne pou-
vons pus, dît un soUiil. étendu sur la neige, et tant qu'à
raii, y Min:: iuil.iiit iriiiMiir ir.i ipiii plus loin* >
L'officier répondit ru'il failli; pieriJv<i patience, t;i;.i It.h
voilures allaient arriver et que, s'il y avait place pour j
prisonniers I — Allons, dit l'olL.uei ,
Aussitôt nous aperçûmes deux fourgon
i:\cg-'. ■:iar f -i ; i, df hl-i?:,-:-- .il de iii.iloli::.
l w ru rci m il» !: : .:.it';r.iiUi.'.ilt pas .lis-::-. jï s (:i.isn:rHi: qu'il
venait de leur dire, il leur appliqua à ehocun plusieurs
ii[ r dis ff.ij.n, et il l'.r ;ibïi Jin.-v.itc u;-.i;s entend qu'il
.Ii--iii h qiA-'.i:i.::- aiii::rits qui le reiiicrci nient : ■ Hoi aussi,
ji! sois Français; il y a vingt ans que je suis en Hussie; mon
père y est mort, [unis j'a. 'wra : • mm. Aussi j'rspiïit:
fij-.cii»';^]-:-'-» 1101.- IVli.n! l>ir;.!,",l ivvijir !.. ['rame
et rentrer dans nos Imbus, .(il i-n;s que ce n'est pas la force
des urnies qui vijiis a vjiiiu-us, jui.is In Ir-iiijiéralure insup-
|ici li!ilo de la. Riisi.Ic. - rt le manque de vitres, répond uu
blessé; sans cela, niius serions i Saini-Péteraboucg! — C'est
peut-être vrai ., dit l'officier. Le cuuvoi se remit i marcher
Lorsque nous les eiimes perdus de vue, nous allâmes à
notre cheval, que nous trouvâmes la léte dans la neige,
cherchant des herbes pour se nourrir. Le hasard nous lit
er l'emplacement d'un (eu que nous pûmes rallumer,
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(78 MÉMOIRES DO SERGENT BOURGOGNE.
et où nous pûmes réchauffer nos membres engourdis. A
chaque instant nous allions, chacun à notre tour, voir si
l'on ne voyait rien vnnir suit ri [Imite, «oit à gauche, lorsque
lot! i> coup nui:,-, c;::or.J.ra:s quelqu'un se plaindre et vîmes
venir à nous un nialheureui presque nu. Il n'avait, sur son
corps, qu'une capote dont la rr.r. iitr.it brûlée: sursatéte,
«a mauvais bonnet tic pulice; ses pieds étaient enveloppes
de ir.ot. i-a-.i* .";<■ diill'un;. i: t a-anii-':- ;ivec :'.js cordons au-
dessus d'un mauvais p:in talon do 5:0- drap troué. Il avait le
ne; ni. prt-Mi'ji: iniuV : sflïtireL'.lfs ir-.l lr:::t en pis i»».
autres doigts étaient 1 : . = • 1 j ls ~ juv;ii';L l:i rlnrr.i./ic pha^.n^e.
Cotait un ilci ([nd:..o;!vn, qoe I.jj Kusa-s avaient aban-
donnés; il nous fut iiupîiisiiilr dfl comprendre un mot de ce
qu'il disait. En voyant notre [eu, il se précipita dessus avec
avidité; o- eût dit qn';i niait le dévorer; il s'agcnmiilla
devant la flamme sans dire un mot; nous lui Cimes avec
peine avaler un peu de genièvre : plus de moitié fut perdue,
dents ne claquaient presque pliisf lorsque nous tevtalCJ de
qu'un mot, sans qu'une plainte se tussent échappés de
ses lèvres, l'ieart voulut le relever; ce n'était plus qu'un
cadavre. Cette sceui: aV.a.L pass-eH en :::.iiri- de ,,is minutes.
Tout ce que venait de voir et d'entendre mon vieux
bride, et, l'ayant rejoint, je lui dis de monter dessus. C'est
ce qu'il fit sans me parler, j'en fis autanl, et nous nous
remîmes en marche, espérant sortir de la forêt «Tant la
Après avoir trotté près d'une lieure, sans rencontrer autre
chose que quelques cadavres, comme sur toute la route,
nous arrivâmes dans un endroit que nous primes pour la
tin de la forêt; nui 1 - ce n'élai: cn'ic: ;;c,ini.l vide d'un quart
de lieue, qui s'étendait en decii-cci-dc. Au milieu se Irou-
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HALTE DANS UNE F0J1ÈT.
lion assez grande el, aulour, quelques
it une station ou lieu de poste, Msi
spercevons des chevaux attachés .lux
vt.lA, hsiiriïi:siiin(:!it piiur tims, du c.f,:i: i:| ;Hi: à n:ki
-.■.■ni' voulions primer:-. Nous supi'js[iiii', avec raison, t;uo
c'était un poste qui venait d'ijlru ii/lové par un autre.
Lorsque nous enlrùmes ians la fnrci, il nous fut impos-
dchors, au risque d'être vus. Notre pauvre cheval s'enfon-
çait, !i chaque instant, dans la neige jusqu'au ventre. Mais
curiucc il n'en éla I p:is A sou ;oup rl\:~^^i , quoique avant
deux cavaliers sur le il™, il s'en [irait nssei bien.
Il était presque nuit et nous n'avions pas encore fait la
moitié de la roule. Nous primes, sur notre droite, un chemin
qui entrait dans la forêt, alln de nous y reposer un instant.
Etant descendus de cheval, la première clu>.e que nous
line.; lut rte boire la j.-.ulM. L'i-.vùi. |.onr la cinquième fois
que nous caressions notre bouteille, et l'on commençait & y
voir la place. Ensuite nous nous concertâmes.
Comme, dans l'endroit où nous étions, se trouvait beau-
coup da bois coupé, nous décidâmes de nous établir un
peu plus avant, pour nous tenir à une certaine distance des
maisons qui étaient sur la route. Nous nous arrêtâmes contre
demi. Après que Picarl se [ut débarrassé de son sac, et moi
de la marmite, il me dit : • Allons, pensons au principal!
Du feu, vite un viens morceau de linge! ■ 11 n'y en avait
pas qui prenait riiieox le .'ju q;:o le; débris de ma chemise.
J'en déchirai un morceau quo je remit à Picart; il en Ht
one mèche qu'il me dit de tenir, ouvrit le bassinet de la
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180 ■ MÉMOIRES BU SEHGENT BOUBCOGHE.
batterie de son fusil, y mit un peu da poudre et. y ayant
iiiiîle morceau de linge, lâcha la détente : l'amorce brûla
cl le liufre s'enflamma, mais une détonatiou terrible se nt
mtendre et, répétée, par les échos, nous Ht craindre d'être
découverts.
Le pauvre Pïcart, depuis la scène des prisonniers, et ce
qu'il avait entendu dire par l'officier touchant la position
de l'Empereur et de l'armée, n'était plus le même. Cela
avait influencé sur son caractère et même, par moments, il
nie disait qu'il avait fort mal à la tète ; que ce n'était pas la
suite du coup de pistolet reçu du Cosaque, mais une chose
qu'il ne pouvait pas m'expliquer. Toul cela lui avait fait
oublier que son arme était chargée. Après le coup, il resta
quelque temps sans, rien dire et n'ouvrit [a houchc que pour
se traiter de conscrit et de vieille panache. Nous entendîmes
plusieurs chiens répondre au bruit de l'arme. Alors il me
dit qu'il ne serait pas 'surpris que l'on vienne, dans un iu»-
tant, nous traquer comme des loups ; quoique, de mon eétè,
j'étais encore moins tranquille que lui, je lui dis, pour le
rassurer, que je ne craignais rion à l'heure qu'il était el par
Une découverte qui nous lit plaisir, c'est de la paille que
nous trouvâmes derrière un tas de bois où, probablement,
des paysans l'avaient cachée. H semblait, par celte trouvaille,
que la Providence pensait encore à nous, car Picart, qui
l'avait découverte, vint me dire : < Courage! mon pays,
voilà ce qui nous sauve, du moins pour cette nuit. Demain
Dieu fera' Je reste, et si, comine je n'en doute pas, nous
avons le bonheur de rejoindre l'Empereur, tont sera fini! ■
Picart pensait, comme tous las vieuj soldats idolâtres de
l'Empereur, qu'une fois qu'ils étaient avec lui, rien ne
devait plus manquer, que tout devait-réussir, enfin, qu'avec
lui il n'y avait rien d'impossible.
Nous approchâmes notre cheval; nous lui fîmes une
bonne litière avec quelques bottes do paille. Sous lui en
mimes aussi pour manger, en le tenant toujours bridé et le
portemanteau, que nous n'avions pas encore visité, sur le
doi afin d'être prêts à partir à la première alerte. Le reste
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
HALTE D*NS UNE rOBÊT. , g,
de la paille, nous le mimes autour de noua, en attendant de
faire notre abri.
Picart, en prenant un morceau de viande euilc qui était
dan* la marmite, pour le taire dégeler, me dit : < Savez-
voua que je pen^ souvint it oe qu« d:™t cet olflcier russeï
- Quoi» lui riis-je. _ Eh! me répondit-il, que l'Kmpereur
était prisonnier avec la Garde ! Je sais bien, nom d'une pipe,
que cela n'ést pas, que cela ne se peut pas. Hais {a no peut
M-i m? «'i l Y df ma liiaïi'j (h i:'e-: plus i, !r : ,.;m>
moi, cl je nn serai content que lorsque j— terni nu r^lmsai!
En attendant, pensons à manger un morceau et a noui
reposer un peu. Et puis, dit-il, en patois picard, nous lioi-
dil : . Halte: :i)f„,r.mm>, i.ne ;i oire pour la sois'! . Ii un; .iit
si.' ei à L ne ut qu'il siTaii à lU-in.-r que quelque Tartare on
ii. lu; pn-i'iil île -ic:re eétt': ni in .le leur i s ii.-;r h m: com-
mission pour l'autre monde, comme à celui du matin, afin
de renouveler notre bouteille, car « il parait, dit-il, que
Iouî .-fis sr.uvaues ii en mu] > Il ii'cl.ivem.jTi: nnus ïi'uuei,
]iiu la yiiite, qu'on leur faisait des fortes distributions d'eau-
il était dur. Picart, eu mangeant, parlait seul el jurait de
même : > J'ai quarante napoléons en or dans ma ceinture,
me lit-il, et sep: ni. ici'- russes aus-i en or, «s le; plée-s
de cinq francs. Je ki< domiiiraïi toute; de bun cœur pour
iiifui .le il' Par la même raison, mon vieux, je fais le mien.
J'ai huit cents francs, laitt en pièces d'or, qu'en billets de
banque et en pièces de cent francs. Yous pouves en disposer,
e'il plaît à Dieu que je meure avant de rejoindre le régiment ! »
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183 MÉMOIHRS IIU SEBGE.NT BOCRSOCKE.
dans le ])>!1:l de mile que ''avais rainée, la lei'.le,
mi|:n''s des ilcui [ili r.i:T:: l.;i:-.i)L;- ji'ti i:ritltF, iïujli-avs
bord ilu chemin. J'en relirai quelque chose de dur comme
iii'.r ;:!îl pie t;.!^, un nLiciiiii:;!, dit i-. Je fumer, car il
lie 5Bve.il pas si i,a pipe était dans son sac, dans Bon bonnet
a poil ou dans une de s. s poches. Et, comme ce n'élait pas
ne pas pr.iler. Allii-s, J «m ili 1 . tout bas que deux fi
venaient de passer sur le olicmin, a deux pas d'oii i
portent, l'une nn paquet, et l'autre une espèce de se;
probablement, il y avait quelque cliuse, car elles s'
a [■[■;• s que:.[_c te::ir.s pui_r in repij-er, a chic un ;
de lui : • Elles ont été cause, rac dit-il, que, quoiqui
dans une position à avoir le derrière gelé, je n'ai osé bougei
tant qu'elles ont été près de moi, à bavarder comme des
pies. Noua allons suivre leurs traces, et nous arriter
pe u 1 titre dans un village ou dans une baraque où n
serons à l'abri des mauvais :ernjis el plus en sûreté,
HOSPITALITÉ POIONSISE,
Nous voilà encore marchant
au milieu d'une furet, sans sa
seule indication de quatre pied:
Ficarl me disait être peux des f
pis se trouvaient te';l<:i:i> r.'. i u - *i: i-: ■ par les arbres, que
nous ne pouvions plus y vuir.II fallait que Picart se couchât
sur la neige ut ehcrdiit avec ses mains les traces que
nous oe pouvions plus voir avec nos jeux.
Picart conduisait le dtrval par la bride, moi je marchais
l'empêchaient de passer. Lorsqu'elles furent tombées, il put
se dégager el année:-. Je ramji^ii lu ;>;:ilie, ti dji prikicase
pour noua, je la liai;i;.i jusqu'En mnnient ou nous trou-
Vaines le chemin pliîs large. \\ : no:l* la reililmr.3 sur lo
cheval et nous pûmes avancer plus à notre aise. TJn peu
plus loin, nous trouvâmes deu* chemins, on l'on avait ega-
arrêter, ne sachant lequel prendre. A la tin, nuua primes le
parti de taire marchei le cheval devant nous, espérant
qu'il pourrait nous guider ; pour ne pas qu'il nous échappe,
nous le tenions de chaque cfiic de la croupière. A la lin,
Dieu eut pilié de nus mi^iT,;; un cliien se fil entendre et,
un peu plus avant, nous aperçûmes une masure assoi
Imaginez-vous le toit d'une de uos granges posé a lirre,
cl vous aure; une kl o n de l'habitation que nous avions
devant nous. Non? en finies trois lois le tour avant de pou-
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Ifli WÉMOtKES DU SERGEÏT BOURGOGNE.
bois et frappa d'ahnrd doucement; personne ne répondit.
Une seconde iï..h, mime silice. Alnrs, a' imaginant qu'il a'y
avait pas d'habitants, il se disposa A enfoncer la parle avec
la crosse de son fusil, mais une voin. faible sa fit entendre,
la porte s'ouvrit et une vieille femme se présenta, tenant a
la maiii, p-m; s'e;:i;i:n:r. 1.:: ririican île hi'ii r-_'f.L:iO'. .v : .mt
Picart, et ee'sauvatout épouvantée! 6 ™ lovallt
Mon camarade ramassa le morceau de hois encore allumé
et avança encore quelques pas. Comme j'avais fini d'atta.
char le cheval sons l'avant- '.oit |ni risquait la porte, j'en-
trai et je l'aperçus avec sa lumière à la main, au milieu
d'un nuage de fumée. Avec son manteau blanc, il ressem-
pant de faire une von douce, il souhaits le mieui qu'il put
le bonjour en langue polonaise. Je le répétai, mais d'une
vols faible. Notre honjour, quoique mal eiprlmé, fui
entendu, car nous vîmes venir à nous un vieillard qui,
auïîitût qu'il aperçut Picart, se mit à crier : ■ Ah' ce sont
des Français; c'est hon! . n le dit en polonais et le répéta
autres femmes plus jeunes sortir d'une espèce de cachette,
l[ui s'approchèrent de nous en manifestant do la joie. Picart
Je* reconnut pour celles qu'il avait vues dans la forêt cl
dont nous avions suivi los traces.
11 n'y avait pas cinq minutes que nous étions chez ces
braves gens, que je liilli? i.in- suilcque par la dmlfur à
laquelle je n'étais plus habitué, ce qui me força a me
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HOSPITALITÉ POLONAISE.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
[rois pouces de long. Au;si ail
ii'ii'j]'. ps; h-.ini depuis S"i:'->
Loraqoe nos pieds furent la
do"i""':. P '^l "i, ' "l >■ .'.■..''':.iï"..m.v. :^ï|.t: i:- ■:
rouhles, plus mi pantalon en toile mené de sang. J'espci ■
trouver une diem.sc, »"<'■ s 1 u =vi.r-c:i- ;a: il s'en trou
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188 MÉMOIRES On SERGENT 'BOURGOGNE.
pa> ; c itait I» choae dont j'avais le pi ua besoin, cïr eh
1™ i™r. r,,v, ; „,t, l^ïnmnc njd ,„, j,-., „„ : it '
Lee jeunes ni!,:, fi ,; s .:, Ll , r i, :le ,,,„ rllk y! ,,. s tei , ajr , nt d
IH MU. » que no„s leur avions donné, ne p„ u , an[ cfoi „
■|l.:,.1u.t |„ nll - >|., if ,,,...,.„ „ m [l . _
pla,s,r fui les bouton, dorés T ,, „«.„. leur donB4m ^ aiQai
quune bague en or que je pri , p!dsir , , Mr mcllre ailI
doigta. Celle un. m'ava.t lavé les pieds ne fut pas sans
que les Cosaques coupaient les doigts aui hommes morts
pour les prendre.
fions finies présent su vieillard d'une Brosse m
anglaise et do deui rasoirs, ainsi que de toute la monnaie
wîï 11 ? 1 ?'. 1 ? UES1 dSn f ' e P orlcmRlll *au- îîous remarquâmes
1 " - v ' ■ vi -' 1 -'- ï • "M! iîrand'cvniï de
wnmunoeur, h cs.ii-,.: « J . j rot-trait (lu l'Empereur. Nous la
in Kti'iji,!,^. sa s:.tifi ,,:i.„. , „„.;,:■! ,];;«,...„ .-. ,| :■:„.:.,,!,
Il la porta plusiaurs fois ï sa bouche et sur .,-,„ ' , ... ,
finit par se l'attacher au cou avec un cordon en cuir en
Sous deinilndA:]!!^ [In ';.*::]. r.' n -,' loil-.^'j'ain'o ta""^'
ipi'iJi nVivn.ipiit pas, disai-il-il,. ,, „,, |V ï ; ,,''i , .'^ j""
était manvais. Effectivement, nous ne pûmes en ™ OT u
l*» cnl ^tJ'^rpàlu noir, mnpli d, ,,,i,„ ,Y,Ï- ...
gosier. Il nous n comprendre que ce pain provenu! ..? es
'l' 1 ' 1 -'<>'- '■■■■•^ \\ le; [,., v . kT ,
battu;. In ,m ]„ „ a -,ii--,1 -.ri- un j^nd ounvni i ■' „„ .'
s- Ji'il- 01. i I.;,. uvni:-r,l ,.!,„.. ,| U , : -. ,; | ■ ,-. .... , ] | !
snnaiiMit riiU-e.-; | ;l r[i .. l( . \ ]jn ] f
avaient vendu ce pain, ,„i n'était p*. man^ble. Ei.fi: ,
- -:.<:is. je zTin.a™*^ „,*.,.,, \
me fut impossible de mordre dedans, tant il était dur D'ài
mniTH, |;our Doua couper la ra
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HOSPITALITÉ POLONAISE.
leurs i'.iï,,in, ■.:■■.[■■■ i\~ hmç (m|!., [us lèvres ereni--.ses et qui
saignaient h chaune instant. s
Lorsqu'ils virent que nous ne pouvions pas en mange-,
ils nous apportèrent un morceau de mouton, quelques
pommée de lerre, des oignons et des concombres marines.
Enfin, ils nous donu-^vir. Um: ce qu'ils avaient, en nous
disant qu'ils liraient leur possible pour nous procurer
quelque chose de mieux. En attendant, nous mlmea le
s ce qu'il uous donne jusqu';. [>r,-
>s lui donner de l'argent. 11 le refusa en
un peu de pommes de lerre cl uae
ie de seigle qu'elles avaient pu avoir 4
pour île l'eau-de-vie, mima/ 1 Le peu
"■■"■I '■' ■ "\ ' ! ■ " I" 1 1 1 I
et surtout dans ce moment, car ils abandonnaient les autres
loréts que nous brûlions dans notre inan.lii:, ptui ic retirer
dans d'autres qui leur oflraient plus do sûreté et de quoi
mani-cr, par la qua:iùie de ctic-.-ujy ei d'hummes qui mou-
raient chaque jour.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
tflÛ MÉMOIRES DU SËRGÉNT BOURGOGNE.
Nous fîmes une soupe que nous dévorâmes de suite.
Al-.rfi ;,.v.:: r:isn<;->, ;,e me trouvai bea.:;oiL|i rniiun. Cet:.:
soupe ao lait m'avait restauré l'estomac. Ensuite je me mis
à réfléchir, la téte appuyée dans les deux mains. Pieart me
demanda ce que je pensais : < le pense, lui dis-je, que,
par l'honneur et mon serment, je pesterais ici,' dans cette
cabane, au milieu Je celle forél ci :tvec ces lionnes, gens. _
Scjei tranquille, me dit-il. j'ai fait un rêve qui m'est de
bon augure. J'ai nivi; que j'étais b \& caserne de Courbevoie,
que je manneais un morceau de boudin de la Mere aux
Tendant quePicad me pa. -U/., je remarquai qu'il toit fort
rouge et qu'il portait ïiiuvwt la main limite sur son front,
et quelquefois k la place au il avait reçu son coup de halle,
le lui demandai s'il avait mal à la tête. H me répondit que
uui, mais que c'était probablement occasionné par la cha-
nuor mon rêve, dit-il, et tâcher de rejoindre, la Mére aux
bom. Donne nuit! . Deus minutes après, il était endormi.
Je voulus me repj;er, mais ir.-.m sommeil fut souvent
interrompu par des douleurs que j'avais dans les Suisses,
sv.itj (ici cfof..- iji;» j'avais fails en mai , ban t. Il n'y avait
pas longtemps que Picart dormait, lorsque la chien se mit
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
HOSPITALITÉ POLONAIS t.
lard ayant demandé qui était
l.'i, une uni n,isil lïir-:: i- se
Samuel! « Alors la le m me
uif du village oi'i elle avait
(.liL'ijMl («-.ijiiurf iL";;n ^r-.n.; :iril de l,";lf, [in: suite, probïi
t:lf:n;.v;, Je = es rvtxi, ej:- ii i;n: Ii: qi.il n'avai' fii; que river
Paris et Oiirbcvoic, cl, pans ■ 4,1 'i! iuvi: avait déjà,
conté une partie, ii me dit que, duns son rêve, il avait, été
danser à la barrière du Munie ' où, me dit-il, il avait bu avec
des grenadiers ijn : m-.i.i h;. ,:l ■ ; Ii, Inertie d'Ejlau.
bouteille de genièvre que Firjirt a'e::i]::'.;-sa de prendre.
Alors il lui demanda qui il était et d'où il Tenait; il lui par-
lait en allemand. Ensuite il goûta ce que contenait la bou-
teille, et, pour remercier, Huit par lui dire que cela De valait
:. i.ii ,™
ion idée, qu'il
"YV^e
it, nous enten-
autour de la
baraque et même contre la porte. C'était à notre cheval
qu'ils en ïiiuhieut. l'Lr.iir: fuit s.::i l'esil peur leur faire lu
chasse, mais notre hiie lui lit i-iimprciulii! qu'il ne serait
pas prudent, à cause des Russes. Alors il se contenta de
prendre son sabre d'une main et un morceau de hniç de
sapin tmit .vi feu de l'autre, -e lit eimir ia poêle :t se mit '::
courir sur lus loups qu'il mil 111 fuite. Un instant après, i!
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
MÉMOIRES DU SERGENT BOURGOGNE.
était temps de lui faire lù-s prnposOiins pour qu'il puisse
. nous conduire jusqu'à lioiisoï. (ni jusqu'au premier poste
franjais. Je lui ileNiainlai cnmi:iru it y avait de l'endroit où
l.cai iîlio::s i la [!i;iù/.iua. Il muip rtb julil qui:, par la ^iaui.1'
nus lie laiilr, ijt un bilict <;r ; banque .!!■
d'une voleur île cinq cents francs. Hais
indition quu les qrsu .«tes 1* itérai put
r.ntrc hiîlr., [|..i l;:s lui remettrait à Sun
':i l'eu pr(;m:[i;,'ik. K:i iimeh dii
a vieille l:jlb:bari-: ai!i-.i:l]..'.n ...
resta Inngiemps sur le point )e plus élevé, nous suivant des ■
.jeux et nous faisant des signes d'adieu avec leurs mains.
Notre guide marchaJl dei ant, ieoant notre cheial par la
bride, Picart parlait seul, s'arrétani quelquefois, faisant le
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maniement d'armes. Tout » coup, je ne l'entend! plus mar-
cher. Je me retourna, je Jt vois ini [nubile «t au port d'armes,
n:.-Hvha:it au pas nrdinîiirn, c.-im:-,-. i -a parade. Ensuite il
bris, en lui disent ; . Eh bien', Picart, qu'avei-vous donc? .
Je craignais quil r In It .nu i moi ( me répondit. il
revue d; l'Empereur? ■ Je fus saisi en l'entendant parler de
la sorte. Je lui répondis que ce n'olail pas aujourd'hui,
mais demain, et, le prenant par le bras, je lui fis allonger
1; pas, alin de :'a:'.ra:Kr le j u :f. J.- vis de grosses liirriiïs
fouler le long de ses joues : • Eh qutii ! lui dis-je, un visu*
soldat qui pleure! — Laissei-mol pleurer, me dit-il, cela
rnp l'ait liu i'ien ! Je suis l.-sle. ,:: -i, dijviain, je ne suis pas
.111 1-éciment, c'est fini I — Soyez, tranquille, nous y serons
aujourd'hui, j'espère, a:, ■.-.er.-.ain ma'.in au plus tard. Com-
ment, mon vieux, voilà que vous vous affectez comme une
ler.-.mc ! — C'est vrai, me ::pùii. J .j il. ;r- ne fais pas :ûC!ii ::I
cet. est venu. Je iluniuii- un Je [Tv.ïi-, mais cela va mien*.
— \ i-A hcuii:! lït-iinî. 1 1. : :■ : i vii:u\: Ce n'est rien, l.a liante
chose m'est arrivée plusieurs fois, el le soir même que je
vous ai rencontré. Mais j'ai le cœur plein d'espérance depuis
la . iuir. ci ij- -ut- ni u. iI-:j ■]"!] ... ■..,]■, ! ■ l ■ i .- = . | = . . :. S i [ i- 1 1 : ■ > ; : .
■ Pour le coup, dis je en moi-même, c'est finil Mon vieui
camarade est fou ! Que vais je devenir? • Je le regardais, saisi
d'étonnement; il se lève et se met à crier, mais d'une toIi
moins forte que la première fois : • Vive l'Empereur! Le
canon! Écoute;! Nous sommes sauvés! — Comment? lui
dis-je. — Oui, continua-t-il, écoute*! . Effectivement, le
bruit du canon se faisait entendre : < Ah! je respire, dit-il,
l'Empereur n'est pas prisonnier, comme le coquin d'émigré
le disait hier. N'est-j] pus vrai, mon pavsï Cela m"avait tel-
lement brouille la cervelle, eu.; j'en dirais mort de rege et
de e'n^riu. M:ii = . ,i p:cHCi.l, iri.in heus dans oette direction :
c'est un (îiiide certain. - I. Vi.IV.nl d'Israël n.:.ui = assurait qui
il
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191 . MÉMOIRES BU SEHGEBT COU 8 GO G NE.
c'était dans la direction de la Béréiina que l'on enteuda.il lu
cannn. Enfin mon vieux compagnon était Ici le m ent coulent
qu'il se mit à chauler :
Une demi-heure après, notre marche devint tellement
i ]lj [ii. l'I r - .- .1; ::. u/l'i- i;l^]t llll|j'i';siti[.: iu.;._,r |h[ L ■- :- 1 ■ : -
temps. Notre guide croyait 3'é;i-u [rompe, (l est pourquoi,
roL ■fjiili-.uil ii h ;S|jï,jL' asseï islcvii pour y marcher plus a
l'aise, nons n'hésitAmcs pas un instant à noua y jeter, espé-
rant y rencontrer un chemin où nous puissions marcher
avec plua de facilité. Nous entendions toujours le bruit du
pris cette nouvelle direction; il pouvait être alors midi.
Tout à coup, le canon cessa de se faire entendre, le veut
recommença et la neige le suivit de. près, mais en si grande
(|.;,i;Liitij qij 3 noui mv |niuvio:ia plue nous voir, de sorte que
pauvre énfau: d lsrsjl tixt pu;- i : ii-:-.::.vr !• eo'iduin le.
. iitj-.itl. S un 3 lu: fonsdlliniis >ic lujj :l : i r d. -;ils. C::.sl ta
qu'il tît. .le ;'.cii Lin.;: rais ■
i être eïtrêinemcnt fatigué et
inquiet. Je ne disais rien,
mais Picart jmrait comme un
enragé après le canon qu'
il [iViir.eiiJaït plus, et après la
aorte dans un oh r
chaque instant, nous étïon
! arrêtés par d'autres obstacles,
nous allions mesurer la le
rrc de tout notre long et nuus
enterrer d»ua la neige. En
lin, après une marche pénible.
nous eûmes 1k ctia^-in de
nous retrouver au point où nous
ut.
étions partis, une heure are
Voyant cela, nous arrêtâmes un instant; nous bûmes un
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SOUS BEJOIGKONS l'ARMÉE. t9S
roup rln mnuvf.il Sfi-nicvrc que > jii:f nous avait ifcruiii.
ensuite nous tlÉlIhérinifts. Il fut Jiiwdé que nous irions
'oindre .a Lï^r.d'rur.':. Je ,'i m.jil.j _'L.iib >i, d:*ni
le cas où nous ne pourrions pas ga.gn.er la route, il pourrait
nous reconduire où nous avions candie. 11 m'assura que
eni, niniï (ju'il faudra:": i'ai.-f il.;-, rf rriiirq;:fj5 où r.fjuî pas-
sions. Picart se chargea de cela (n coupant, de distance en
distance, des jeunes arbres, ij&ùhuuï ou sapins, qne nous
laissions derrière nous.
Sous pouvions 'avoir l'ail une demi-lieue, dans ce nouveau
chemin, lorsque nous rencontrâmes une cabane. 11 ûLait
pi-e-qU!: temps, cm- les lo:-.:c- ::i,i::ui:nvai,:-: ! n nie i u ii ii q :i .
il fut décidé que nous j forions une halle d'une demi-heure
pour y faire manger le cheval, tins! que nous. Le bonheur
voulut qu'en y entrant, nous trouvâmes beaucoup de bois
sec à brûler, deu* bane. lurmés de deux grossos pièces de
ii:r.< brut et in .ii.ï de il ou, r)u':l fui décidé que l'on
emporterait pour nous en servir si nous étions obligés de
passer la nuit dans la forêt.
Nous nous chauffâmes en mangeant un morceau de
viande de cheval. Notre guide n'en voulut pas toucher, mais
il tira de dessous sa capole de peau de mouton une mau-
vaise galelle de farine d'orge, avec autant de paille, que nous
nous empressâmes de partager avec lui. Il nous jura pej-
fimes quatre parts. lien eut deuï, et nous chacun une. Nous
bûmes chacun un pr.'.i; verre de tr.mvhis genièvre. Je lui en
présentai un qu'il refusa., et cela pour ne pas boire dans le
ri- e vase (pi» nous. Mais il non:. aynujo. h: creui de sa
inain, et nous lui en versâmes, qu'il avala.
11 nous (lit iiicirs ()i;e, t)ir_r amv.fr î. nue a-.;lre eabine. il
étroit, ou plutôt l'on aurait dit qu'il n'y eu avait plus.
Cependant Samuel, notre guide, qui avait vraiment du cou-
rage, nous rassura en nous disant que, bientôt, nous le
retrouverions plus large.
Pour comble de malhsnr, la neige recommença a tomber
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avec tant de foret, que nous ne sûmes plus où nous diriger.
Cet état de choses dura jusqu'au moment où notre guide se
mil à pleurer, en nous disant qu'il ne savait plus où nous
Nous voulûmes retourner sur nos pas, mais ce fui bien
pis, h cause de la vci'j: qui nous initiait en pleine ligure;
contre un massif de gros sapins, en attendant qu'il plût a
Dieu de Taire cesser le mauvais temps. Cela dura encore
plus d'une demi-heure. Nous commencions à Être transis de
froid. Picart jurait par miurmils; quelquefois il fredonnait :
Le juif ne [lisait que répéter : < Mon Dieu 1 mon Dieu ! i
Tant qu'à moi, je ne disais l ien, mais je faisais des réflexions
lien sinistres. Sans ma peau d'ours et le bonnet du rabbin
que je portais seus mon schako, je pense que j'aurais suc-
combé do froid.
Lorsque le temps (ut devenu meilleur, nous cherchâmes
a nous orienter de nouveau, mais à la tempête avait succédé
un grand calme, dp. manière [It! jihis savoir distinguer le
nord avec le midi. Nous étions tout à fait désorientés. Nous
marchions toujours au hasard, et je m'apercevais que nous
tournions toujours sur nous-mêmes, revenant continuelle-
ment à la même place.
Pi cari continuait à jurer, mais c'était contre le juif.
Cependant, après avoir^ marché encore quelque temps,
nous nous trouvâmes dans un espace d'environ quatre
cents mètres de. circonférence, qui nous donna l'espoir de
trouver un chemin. Mais, après en avoir fait plusieurs fois
le tour, cous ce décousrLmcis riîa. Nous nous regardions,
car chacun de nous attendait un avis de son camarade.
Tout a. coup, je vis mon viens grognard poser son fusil
contre un arbre, et, regardtnt de tous côtés comme s'il
cherchait quelque chose, tirer son sabre du fourreau. A
peine avait-il fait ce rinjutenieEit, que le sauvre juif, croyant
que celait pour le tuer, se mit à jeter des cris épouvan-
tables cl à abandonner le cheval pour fuir. Mais, les force»
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Sous Rejoignons l'*iimée. loi
lui manquant, il tomba a genoui d'un air suppliant, pour
implorer la miséricorde de Dieu et de celui qui ne lui vou-
lait pas de mal, car Picart n'avait tiré son sabre que pour
couper un bouleau gros tomme mon bras el le consulter
sur la direction que nous avions s prendre. Il coupa l'arbre
par le milieu et, ayant examine la partie qui restait attachée
au sol, me dit d'un p-and sang-froid : ■ Vuila la direction
que nous devons prendre! L'ëcorce de l'arbre, de ce côté,
de l'autre coté, qui est celui du midi, elle esl blanche et
bien conservée. Marchons an midi t »
."Vous n'avions plus de Lernps à perdre, car noire plus
grande crainte était que la nuit nous surprit. Nous cber-
1 1 ■ .'ï J ]:■:".".; Inv-" un iuifliui:i. ayaiil uni :.u , .nui de ne
pas perdre de vue la direction de notre point de départ.
Dan- ce moment, le juif, qui ^■■:r;h;ji: derrière nous. jeta
un cri. Nous le vîmes étendu ds sm: long. Il était tombé en
tirariL le cheval qu'il voulait Taire passer entre deux arbres
trop serrés l'un contre l'autre, de manière que le pauvre
coonia ne savait plus ni avancer, ni reculer. Nous fûmes
obligés da débarrasser et l'homme et la cheval, dout la
charge ainsi que le harnachement étaient tombés sur les
J euruiic-DLS cussi de voir que nous perdions un lemps
volontiers abandonné le cheval, el
la si, au bout d'une demi-heure
uns tombés dans un chemin asses
large, que le juif reconnut pour cire la continuation da
celui dont nous avions perdu ..i direction; pour preuve, il
nous montre plusieurs 1:1 mf arl;:e? qu'il M'i-nn naissait, pî.rsi!
qu'ils contenaient des r uelles qu'il nous lit voir cl qui, mal-
l.ii-.ir.uis^niKnt, iitd 'nL pr>r.-.hi'es 1..-up haut pour notre Dec '.
Picart, ayant regardé à sa montre, vit qu'il était près de
quatre heures. Nous n'avions pas de Lemps à perdre. Nous
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198 MÉMOIRES DU SERGENT lOUHGOGNE.
nous Irouvâines en fane d'un lac gelé que noire guida
reconnut. Noua le traversâmes sans difficulté, et, tou/nsnl
un peu à gauche, nuus reprîmes notre chemin,
A peine y étions-nous entrés, quo nous vîmes venir à
non* quatre inrt.vidu -jui i'arrMii-enl eu uocb voyant, lie
notre coté, nous nous mimes en mesure de noua défendre.
Mais nous vîmes qu'il» avaient plus peur que nous, car ils
se consultaient afin do voir s'ils devaient avancée ou reculer
en se jetant dans le buis. Ils vinrent à nous en nous souhai-
tant le bonjour. C'étaient quatre juifs que notre guida con-
naissait. Ils venaient d'un village 'ai lué sur la grand'route.
Ce village étant occupé par l'armée française, il leur était
impossible d'y rester sans mourir de raim et de froid, car,
pour des vivres, il n'y on avait plus, et il ne restait pae nue
maison pour se mettre k l'abri, pas même pour l'Empe-
reur. Nous apprîmes avec plaisir que nous n'allons plus
qu'à, deux lieues dq l'armée française, mais qus nous ferions
bien de ne pas aller plus loin aujourd'hui, parce que nous
pourrions nous tromper de chemin. Ils nous conseillaient
de passer la nuit dans la première baraque, qui u'éleit plus
bien loin. Ils nous quillérent en nous souhaitanL le Uonsoit.
Noos continuâmes à marcher, et l'on n'y voyait déjà plus,
lorsque, heureusement, uuus arrivâmes à l'endroit où nous
devions passer la nuit.
Nous y trou VA m es de la paille et du bois en quantité.
Nous allumâmes de suite :\- bon feu au puéle en terre qui
s'y trouvait, et, comme il sursit fallu trop de temps pour
Taire la soupe, nuus nous contentAmes d'un morceau de
viande rétie, et, poor noire sûreté, nous résolûmes de veiller
chacun notre toui-, toutes les deu* heures, avec nos armes
chargées à côté de noue.
mais, lorsque je fus réveillé par le bruit que faisait le
la baraque. Picarl prit une perche, et, ayant attaché, au
bout, uu gros bouchon de paille et plusieurs morceaui de
bois résineux qu'il alluma, il courut sur ces animai]*,
tenant la perche enflammée d'une main et aou sabre de
l'autre, de sorte qu'il s'en débarrassa pour le montant. 11
rentra un instant après, tout lier de sa victoire. Hais à peins
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
élatt-it étendu sur aa paille, qu'il» revinrent aven plus de
jet» à une don/aine rie p-.= '"l commanda au juif de porler
beaucoup de bois sec pour entretenir le feu. Après ce)
eiploit, nous n'entendîmes presque plus les hurle m en le.
îl n'était p.is plus d" qmiliv fip.ur.>>., lof-que Picart flic
rien dire, fa.it do la. soupe avec du gruau et de I» farine qui
lui restaient, 11 avait fait rôtir ce qu'il appelait du frigni,
un bon morceau de cheval. Nous mangeâmes l'un et l'autre
aviiv < iiii".l;.-ii:.--.ii[-. ■],< ■■■] ■:■.! allumé. Eli.: l..f ■ I •> s-.- rl ■
boisson et pour faire la aoupe, et aussi pour donner à hoir.;
à. notre cheval qui n'avait pas bu depuis la veille. Après
avoir bien arrangé notre chaussure, je pris un cliarbon, et,
me fa -'sari: èï'.Jiinjr [in '■ I'- juif. jV: Tivia sur nue plun-h,', ml
grands caractères, l'inscription suivante :
Deux uhikadiebs de la Garde de l'empereur Napoléon,
égares dans cette kohèt, ont passé la nl'it du si au
ES NOVEMBRE 1812, DANS CETTE CABANE. Là VEILLE, ILS ONT
DU l'hospitalité a UNE BRAVE FAMILLE polonmsb.
Et jo signai.
A peine aviont-n vus fait cinquante pas, que notre chaval
no voulut plus mai 'cher. Notre guide nous di! qu'il voy.-.il
r| .: . l(jii fl cfir.i'fi sur \r .-beTiiin. Il -v.irinrui; que. c'étaient deui
Ir. ips rifris f.;i> !i; Is'i i i,':r.- Aapsi!'V. l'iiT.it l-Viiie S'Ti ï:oh;-
de fusil. Les ;n-.livi,:iis disparaissant, et nous continuons.
près de leur feu, pour leur demander des nouvelle;. Ils
nous reg arrière ni sans nous répondre, mais parlèrent
ensemble pour si; ™i:Bi;itu-. il-, i' ; :airiil (iniis \a plus «ràculis
Jo; misères. Nous remarquâmes qu'il y en avait trois do
morts. Comme noire guide avait rempli ses conditions,
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
100 M6ll«(ltS 00 SkfeCKHT BUUBUOOFIK.
nous lui dooûime* r* que anus lui avion» promis, si, *|hA«
lui avoir recommandé de remercier encore de imite pari la
brave famille polonaise, nous lui dîmes adieu en lut sou-
haitant un bon voyage. II disparut à grands pas.
Nous nous disposions à gagner la grand' roule, qui n'était
Éloignée que de dit minutes de marche, lorsque nous fûmes
8iirii-.il!! .min; ji;, r i. ]),.,,, ■ | prirc ut par la bride, mais Picart,
qui n'entendait pas do celle oreille, leur dit en mauvais
allemand que. s'ils ne lâchaient la bride, il leur coupait ta
figure d'un coup de sabre. 11 le lira du fourreau. Les Alle-
mands n'en firent rien. Il le leur dit c.-icun; mm fois. Pas
plus de réponse. Alors il appliqua, aux deux qui tenaient la
hrid'3, un viK!>ur.!<iï t >:jj. :W l-o'.LH qui le ur lit
et les étendit sur la neige. 11 me donna le cheval a lenir
et dit aux ileiK mitres : < Avance/., si vous avei de l'âme! >
Mais voyant que plus un ne bougeait, il lira de la marmite,
qui était sur le cheval, trois morceaui de viande qu'il leur
donna. Aussitôt, ceui qui étaient à terre se relevèrent pour
[■sur le: ■) -\c j^i d'avoir •■[:: n::ilti\ii j-- N- 1. j- .l.mrui
["n |ieu [.lus liitl, r.:u-i r :rnili inc. minuit; den. F- : : i y
presque éteints, autour desquels étaient plusieurs hommes
sans vigueur. Deui seulement nous parlèrent; un nous
i:i iiiimliL ï'ii était vi Ai qui; l'im :i i.:i. j -.r :; cm te imm-
inents, cl un autre nous cria : • Camiii-adcs, allei-vous tuer
le cheval T Je ne demande qu'un peu do --.111;! > A tout cela,
nous no répondîmes pas, Nous étions encore a une portée
de fusil de |n grand'roulo, et nous n'apercevions encure
aucun mouvement de départ. Lorsque nous fûmes sur le
chemin, je dis assez haut à Picart : • Nous sommes
«in: vis; > Un iruiivhiu (ji.i su ;iouvaii pré- de mus, enve-
loppé dans un manteau h moitié brûlé, répéla, en élevant la
_ voii : t Pas encorel > Il se retira en me regardant et en
levant les épaules. Il en savait plu que mol sur ce qui se
NOUS REJOIGNONS l'aHMÉE. Î01
On instant après, nous ïSme
trente hommes, composé de sapeurs il.i Biinic ù: pnnto=-
niers. Je les liipcms (jour cent que nous avions pris à
<}r<'.h;,. où il:- H.'ion- en uarr.i-.in '. Ce .l.ilp.ri-nirii'i :. cau-
mri:.di p.r Ir.ii-- nlli.ïierii, el qui ji jtoil. ;lv;c nous Joiniis
quatii: jours, ivitrai: ]iB.K sonll.-:l. An'-i l-nrrii-ï iieul-il-
yi peureux. Ils maxobaient dans la direc'.iou do la Loti- '111:1.
Je .n-aiiitPf ni il un olfioier r-o'-ir savoir cr.i 'luit le i|mHȕ
liii.srïal. Il nv rq-.-.-'ilil qu'il BU.il. oro-oie eu arrière, mais
lit iiiiii vi.uuuit allai: cj-iini ■acer 'jiie 11.11- al.iou-,
dans un instant, voir la l«e HP lu colo-nue. Il nous dit aussi
de prendre garde s notre cheval; que l'ordre de "Ëmperci t
était de s'emparer do tous ceux que l'on trouverait, pour
servir ,i l'artillerie ■_>: à la ccmiiiiL,: Je;, t!..-s?<!s. E:i .attend™*,
*Je° ne 'saura: -'■ :l v„-i- .lu mute- les peines, les misères et
le, pcèuos Je J.isu.a'.k.l! que j'ai vies OL auxquelles j'ai J.ris
pari, ainsi qu:: relie;: i"e j'.'-ta^ e;.i:-.l.uiin ■ a von- cl a
endurer encore, et qui m'ont laissé d'ineffaçables et lent-
blés souvenirs.
Citait le 25 novembre : il pouvait être sept heures du
matini il no faisait pas encore grand jour. J'élaia dans mes
réfleiions, lorsque j'aperçus la léle de la. colonne. Je la fis
étaient des' fio'.ioi , :i , :\. dont i;-.;i''qiie-i]iis éiauut .un..:.i.: à
.--OTi" mfi* -;:- pl'if iJr.m :■: j-:-:i.: à picJ. ainïi qo- l.rnj
■ ,1- ■■ nii Ii'h:--s de l'Esoidrmi et
r',u ll-.iiaillrn iaon'--. l'ini "vaii i'.irr - 1-: i:'-. qui, mi
bout de trois jours, n'existaient pour ainsi dire plus. Ceux
q j. elaieu: j, v.iud se traînaient péiiibiexeu:, ayao;, prosquij
tous, les pieds pelés et enveloppes de chiffons ou de mor-
ceaux de peaux de m un 1011, et mc-urini Je faim. L'on voyait,
noria, quelques débris de la cavalerie de la Garrie. L'Empe-
reur venait ensuite, à pied et un b.ilon â la mai... 11 était
r'ine.opr.é ;l'o-.e -rauJe car.oli: Jmil.lse de fi)u:-:urc, avari".
-m- la lole un IkmiiieI Je «Joui? couleur amarante, ^ver.
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nu tour de peau de renard noip. À si droite, marchait éga-
lement, h pl.d la roi iHnr.it; ii sa B i,i r .hn, 1» prince Eugène,
vki: roi d'Italie iTi'iii u 'cf: ii'..îTi.'onîiiix jjpnhier, [.■rince (1.;
NcelctiKi : fc, M;,; :;t, I.-.- h VI -- : dnsi il ; HiUrns inaré
cbaui et généraui dont les corps étaient an partie anéantis,
A peine l'Emper;
,1 psi
les trois quarts i
Tout cola était suivi Je sept à huit cents officiers, sous-offi-
ciers, marchant en ordre et portant, dans Le plat grand
silence, tes aigle» des régiments auxquels ils avaient
appartenu et qui les avaient tant de fois* conduits à la vie-
;o:re. estaient lea ilt-hi'i-s Je iilns ils fr.iiantu mille hommes.
Venait ensuite la Garde imprime à pied, rm.rchanl toujours
en ordre. Les premiers étaient les chasseurs s pied. Mon
pauvre Picart, qui n'avait pas vu l'armée depuia un mois
regardait tout cela sans rien dire, mais ses mouvements
cunvulsifsne faisaient que trop voir ee qu'il éprouvait. Plu-
sieurs fuis, il frappa la crosse de son fusil centre la terre,
et de son poing sa poitrine et son front. Je voyais de grosses
l.irmrB rouler sur ses joues et retomber sur ses moustaches
uil ]-ornl.ii.Ti'. th-i ïlaçona. Alors, ae retournant de mon cûté;
. En vérité, mon pays, je ne sais pas si je dors ou si je
. veille. Je pleure d'avoir vu notre Empereur marcher à piad,
un bâton J la main, lui si grand, lui qui nous fait si iiers! .
Kn disent ce» uà\-M=, l'icart rdevn la tète et frappa sur son
. Fusil. 11 semblait vouloir, par oe mouvement, donner pins
d'eipression à ses parolet.
Il continua ; . Avei-vnus remarqué comme II nous a
regardés» • Ell'oclivement, en passant, l'Empereur avait
tourné la tétc de notre coté. 11 noua avait reyardéa comme
il regardait toujours les soldats do sa Garde, lorsqu'il les
rcicu-trii: Kinrol Mil i- iliV iont. cl sur oui. Jih ce ]I]iir->,;n!
:!« aif.llmnr. ail il st i[n;.lf.it. pur son ri>L-.-,ri: : vuï.h itispit - :-
la confiance et du courane. Picart prétendait que l'Empe-
reur l'avait reconnu, chose hier, possible. ; ■ "' '
Mon vïeui emnarade, duns la crainte de paraître ridicule,
, a*»i; ùte ion mniiViL. l,:..m:: qu'il tenair. «uns son lira-',
gauche. 11 arai; ansii.. qnjiq .c souillant de la tète,
son bonnet h poil, ne voulant pas paraiire avec celui en
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
peau de moulcm que le Polonais lai avait donné. Le pauvre
PtcECl oubliai! sa triste position pour ne plus penser qu'il
celle do l'Empereur et de ses camarades qu'il lui tardait de
it par
a pour joindre st
">.;:■ h-.Ô! Loi'. etlleHil : ■ Ti.jns, l'.iiï fliriûtPiourl. - Uni.
répond Picari, c'est moi, mes amis, me voila et je ne ions
4ui-.l1' [.lu» qu'a, la mon I ' Aussilôt In compagnie s'empara
de lui ;-.joi t le cheval, bien l'nlBiidu}. I t::::'impa;! m
encore qu.'l.jin: tcruiiS four ïniif un mor^'au ■In J'ar-inm 1 .,
si on le tuait, mais un cri, parlant de In droiie de la com-
pagnie, se fit entendre : i Le cheval appartient a la com-
l ;im':'. puisque l'homme en fait partiel — C'est vrai, dit
Picarc, que j'appartiens à la compagnie, mais le sergent qui
en demande sa part a descendu ie cavalier qui le montait-
— Alors, dit un sergent qui me connaissait, il en aurai i
. . -ni r.sUiLLl,- LOiit-.iOlHJu- 'l-MLt-lIlLli'-'' m .".ïi'llli-.
l! vi irr f[f,nt irriliif. ii'i l'ïiicier , .ti i iii ;l HcbiI
i-.'i ;il"in;, s^o te rrompant à chaque instant pour demander
np^i plusieurs de ses camarades qu'il :u- sojait plus dan-
Icf iv. 'i: ils i.vijitui ïiidaimbé. Il u'^ait doniati.lei- ai" i -
son camarade de lit, qui était en même temps son para. A
ii lin, ii 1b do'.iviniliL: < P- lluu^au. i.ù (-st-il.' - A Krasuoc,
■ l'aiv"-! p> dil
lf.i-ij di> i.b di:>
lui, tu aiais I
; pas revoir la France, de vouloir bieu a
térenis objets. En me les remettant, il
que lu les remeltes à sa mère, el si, comme lui, lu avais le
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MÉHOlBES IjU sfcRGEKÎ BllL'BOOaNÈ.
!. ■■r.-iii: la enmpi — io. h Umbour, qui se nom
i(;fi, lira de soi-, sae tous lus oiij»!j, en dise.nl â
Je te les re-i,p; fj m ei, vicu.ï. 1:1; que je les ai
M main ; lui r| ii lof lira Je peu que noi:s
J'iUendis, sur je coté du chemin, que noire régimenl
pass.;!, -m. for, m'avait .lit .jii'i liiiiiJl :-„,,.[,■. : ,|,;
Après les grenades , sv.ivai = r:t. plus do {■'■ îiiH.i ■
hommes, aviiut r..-e?q-.;e -.-, Jr l, ; s pis-ls .m. |. L - S niair.s ^:;.„ ,,ir
coup marchaient appuyés sur dea bâtons. Généraui, colonels
officiers, soldats, csieliers. fantassins de Pute, los ,,,u,
■:;ui Louaient noi.v a-nu-;, mare, -aiii'il .-iiiiLi rudu .-, nivivurl-i
de mantoaui et de pelisses brQléea ci taraces, -n-- , Lu | .[
■ I.l-is oes nii.irocaiil iie ilra;>. îles peaux dr. u:oi|(o^, ejli.
!■ m oe <]uc L'im [uuvak se procurer pour se préserver du
iroid. Ils marchaient sans se plaindre, s'appreiani meure
eorl: :nr, ils :c : r.:vaion:, pour-la ]:;l!o, fi l'!-nno:r.i suppôt-
;i notre passage. L'Empereur, au milieu de nous, nous inspi-
rait de la eoiiliauo.e cl trous r 1 r L
rmu.tiirv de ce mauvais p:i=. (V.Heit l.:i;;o:i^ 1,. !.,-;. i„l
et, tout malheureux que l'on éiait, pai-iout. ii.veo i'.ii. .:-n V-iaii
Celle masse d'hommes 1,
après die, des m,,,-. s rie* ,ii„n,-,,h. r „::■ la!:,
•ni, toujou
je fût passée. A pris,
i. y ealoueere u;,e ].v.-.uiu< Usinée dus plu? lui^/ables qo. 1
seivahr;: niael.ir,ai:u:enl de ,Ti, i.N i ;: i,:rva l,'.. ■
e ir'i.nt M-rivés re.t oi-rnh.r dr-'re d; 1/. luisjre el i: ; -.'u^uiuil
pas même passer la Béré;ina dont nous é-lion? fi pri«
Ja;,e:eus. in inslanl eprûs. le reste de l.a Jeune i.ani.. :irar.
ieurs, llanqueura et quelques ïolliyeurs qui aveioat échappe
à Xrasnoé, lorsque le régiment, commandé par !o colonel
l.iiiMii, lui, devant acii-, éerasé par la mitraille et saliré par
les cuirassiers russes. Ces régiments, confomluf, rïi;reha:cti .
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806 MÉMOIRE» DU 9ERCBNT BOURGOGNE.
pelle pas, a aucune époque de m» vie, avoir jamais eu autant
u::ïic de aermii., [■: cependant il fallait suivre. Mes amis ma
pi ireat encore sous les bras eu me recommandant de dormir
ebose que nous fûmes obligés de faire chacun notre tour
■:ar le scmmeL s'empara aussi d'eus. Il nous est arrivé ,:lu-
M-ursiijjs Je nous trouver arrêtes et endormis tous les trois.
Heure i^eir.ctu qiif lS iVûid, ne jui.rli. a.j.ii i-aiictuip
']'»■ ■ ne. ur le isinmcil nous lt ir;i; hihiilihle m
duils à la mort.
Hous arrivâmes, au milieu de la nuit, dans les environs de
Borisow. L'Empereur se logea dans un chàlesu situé s dnsito
de la route, et toute la Garde bivaqua autour. Le général
Roguet, qui nous commnudait, s'empara do la serre àv châ-
teau pour y passer la nuit. Mes amis et mui loua nous
établîmes derrière. Pendant la cuit, le froid augmenta con-
sidérablement. Le lendemain Î6, dans la journée nous
allâmes prendre position sur les hords de la Béréiiiia L'Em-
pereur était, depuis le matin, à Sludianka, peut villeas situé
-a.:iiii(ii.::il leur u.: y ■ i'ariiKe. f.'vj dr ihi'j amis
m'a assuré avoir vu l'Ëfl.|k'reur leur 'ni.nt du viu.
A deui heures de l'apiès-midi, :e premier pool fut fait
La r.>iifïri]pl;iiii lu: piiniliLi; et i.l.lli ■:,)■■. .-,-(. ],.,, ,Mi .-.ai.' ^
s'enfonçaient toujours dans la vase. Aussitôt, le corps du
maréchal Oudinot la traversa pour attaquer les Russes qui
auraient voulu s'opposer ù notre passage Déjà avant que
le pont fût fini, de la eavalerie do deum™, CQrps avait
].a=î, le Meuve à la nage; chaque cavalier portait en croupe
un fantassin. Le second pont, pour l'artillerie et ia cavalerie,
fut terminé à quatre heures
Un instant après notre arrivée sur le bord de la Bèreiina,
je m'étais couché, enveloppé dans ma peau d'ours et, aus
pi après çu'J
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PASSAGE DE LA BÉBÉZINA. £07
■lUt, je [remblai de la fièvre. Je fus longtemps dans la
1.:! [i L . | .p crovji- elle; mon pére. i n.Mii-t.'i i '. 'ies peines
il; irrrê et mu* tf.rtirie \ la flamande, et isuvaul Je b iiiére.
la nu sais combien de temps je tus dans celte situation,
Tvr-.i- je me 3 ■-> [" L"' 1 - ,! T-° r;ps * IIL ^ m'apportèrent, dans oaa
gamelle, du biiuill '!:! (iisval très chaud que je pris avec
plaisir et qui, maigre, le froid, me lit transpirer, car, indé-
pendamment de la peau d'ours qui m'enveloppait, mes
amis, peiidn.nl «lue je tremblais, m'avaient couvert aïoe une f
ip-j-de l.nlû c:cii: qu'ils «ïsisnt anackée d'un diissu:. de
caisson de l'élal-major, sans chevaux. Ja passai la reste de
la. ]oarjiés et de la nv.il «ans bouger.
Le lendemain 27, j'étais un peu mieux, mai s ex tmordinaî-
remenl faible, ile jour Lj, l'ILmpereur ptssi la Iîcréiiua avec
une partie de lu G irdi; et aviron mille hommes appartenant
ae n,rps .lu uiiLiuclia iiey. (l'i.tai: un; p.ulie de reste- il,' ^ ju
r],[,j , ['armée. Nntris i-iskîjhqti: rtsla su- h; ;i:nd. Ja m'ai-
teu:lis appel,::- ;ut 1:1011 nuiu : je levai la tète et je recuiwus
M. PiniiLus, directeur An pc-.es st :ies relais «le ITit.peivu.-,
qui, en vovant lu légirr.eut mi il Mïitit que jetais. ,'ét.iù
informé d: moi. On lui avait dit que j'étais malade. 11 venait,
[inn pour i: ,f j ur îlot sro'j'.ir-, r.uiS'Ti-.'il u'.,v.ii: rieii puer
lui-même, mais pour m 'eD courser. Je le remerciai de l'in-
l.i'ét q.i li me té::ioiu:i;ut. ajoutai que je [i^isiis que ;a
!„■: passerais pas la lîl'i r'.iua, que je :ie reverra:? pli.- i,i
V.auce, mai* que lui, si, plus heureui que :::"i, ii i.vai: la
bonheur de riileuriie:- ai, pays, je le priai? il,; jiris à mes
parent» dans quelle triste situation il in 'avait vu. Il m iJlm
hm-ii-.s [raues que j'aurai. ,.i'.e.nliers do:. m- [u:-.ir la larliue,
les pommes de terre que j'avais cru manger chei moi.
Avant de me quitter, il me montra de la main la maison
e-.i l Lui ( i::n:ur avait iopi. en me disant qu'il :iv:,i! joué de
• malheur, car cette maison était un magasin de farine, mais
que les [lusses avaient tout emporté, de sorte qu'il n'avait
rien k m'ufirir. 11 me donna une poignée de main, et me
quitta pour passer le pont.
Lorsqu'il l.:l (.ait. je m:: rappelai qu'i I m'ai ail parlé d'un
ma^sin de r.iri:ie Jsn-s la maison m": avait luge l'Kniprreiir.
Aussitôt je nie lève, et, quoique bien faible, je me Haine d«
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ce cijh;. Il n'y s.vaii pas lun^icmps que l'Empereur en était
sorti, el déjà l'on y avait enlevé toutes les portes. En j
entrant, j'aperçus plusieurs chambres que je parcourus ;
dans toutes il était facile de voir qu'il y a/ait eu do la farino.
J'entrai dans une où je iTmai-iriai que les planches étaient
mal jointes; il y avait plus d"un pouce d'intervalle. Je m'as-
sis et, arec 1* lame de mou sabre, je. fis sortir autant de
I/tim que de luriue, <;ue je msUriis nrr-^uteiuetit dans r.r,
mouchoir. Après un travail de plus d'une heure, j'en.
un huitième de terre, de paille et de petits morceau* de
l!i,is. N'importe ! ne, ce moment je n'v Ils pas attanl.:m. Je
^Ire* J? 0ren V conlent - £<>•"•<•<• je prenais la direction de
Carde se chauffaient. Parmi eu* était un musicien de notre
régiment qui avait sur seu sac ;:m: ^nielle de fer-blanc. Je
lui fis signe de venir me parler, mais, comme il ue se sou-
eiail t'.-se beaucoup de quitter sa place, ne sachaut pis pour-
'1 !" l-' 1 "'^ j> : :i;cnlTiii ni<.[i [j-iqi.ict en l'.:i fai^uu
i: n:ip:-eii J;-c qu il j nivaL'. quelque chose dedans. Il se leva,
rj-ii-itie i.v:>- |„:i i«. el, I, ,- ;,L il |jt |t,!ï do mai. j,; lui .l: S
ae manière que les autres ne puissent l'entendre, que, s'il
voulait me prêter sa gamelle, nous ferions des galeltes que
nous partagerions. Il consentit de suite à ma proposition.
Comme il y avait beaucoup do feui abandonnés, nous en
cherchâmes un à l'écart. Je fis ma pale el quatre galettes;
j'en . J -. :■ : . c l m i lu mokij à n.un nu.HiciL'u je rariiMai avec
les bras et, comme elles étaient encore chaudes, ils les trou-
vèrent bonnes. Après avoir bu un peu d'eau bourbeuse de la
Bérétma, nous nous cha.ul.ames en attendant l'ordre de
passer les ponts.
Auprès de notre feu était un soldat de la compagnie qui
se mettait en grande tenue : je lui en demandai la raison.
Sans me répondre, il se mil a rire en me regardant. Cet
homme èlait malade; sourire était le rire delà mort, car il
succomba pendant la nuit.
Un peu plus loin, c était un vieui soJriai ajaut deux che-
vrons ou, si l'on veut, quinie ans de service. Safemmc était
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PASSAGE PS LA BÉRfiziN*. ÎOÎ
cantinière; ils avaient lout perdu : voitures, chevaui,
bagages, ainsi que doux enfants morts dans h neigo. 11 ne
rcsiail plus, à cotte pauvre (emme, que le désespoir et son
sur la. neige, tenant sur ses genoux la léle de son mari
chez elle, la douleur Était lrof> grande. Derrière elle et
appuyée sur son épaula, était une jeune fille de treize à qua-
torjc eus, belle comme lui i:u-, m:ijI:- 'nal qui (uni- rustait.
I..::lr |:aLvic irl'j- I [.Ifiir-ui: fin sa.riLrt.it.nl t . liHiiii-- lii-i-
I . ; 1 1 r r 1 1 el. iiilrri!" ; m- L'clir.- 'il- îa iirrnre i: ol.Lr; r'o snii | ■ ■. . .
Elle avait, pour tout vêtement, une capote de soldat sur une
le. préserver du froid Plus personne du régiment auquel ils
famille avait été secourue. De quelque célé que l'on se
tournai, c'était tableaux semblables.
Les voitures et le» caissons abandonnés nous fournis-
saient du bon bois sec pour nous chauffer; aussi, nous eu
profitâmes.
trois jours d'absence. Ils me coulèrent à leur tour que,
la forêt, ils aperçurent le 9" corps rangé en bataille sur la
roule et qui criait ; • Vive l'Empereur! ■ • qu'il* n'avaient
pas vu depuis cinq mois. Go corps d'armée, qui n'avait
presque pas souffert et qui n'avait jamais manqué de vivres,
lui saisi en nous vovanl. r»i îiiallinurooi, da même que
nous, nous le filmée en les voyant si bien. Ils ne pouvaient
pas croire que c'était là l'armée de Moscou, cette année
■: ]■ : ■■
» d!A«riiio. «V
ncv.iii.,:! pa; èii Mus-ou; ils e'.i[
Iflus (te-. ca^L'u:i--m.:Tit=. ;il.-irs. rlci
su battaient contre les Russes, les a
Ai:.-n;aui1s,
ClLTenfan
pleuraient. On a remarqué que les liai
certains hommes, qui ne savaient pan supporter l'adversité
avec coiira-B s: ivsrenaiiiicr. Lier, peu .].: ces femmes suc-
combèrent, moins celles qui tombèrent dans la Béréîitia on
passant le pont, ou qui furent étouffées.
l'entrée de la nuit, uous fiimes assez tranquilles. Chacun
Lorsque je fus de l'autre coté, j'aperçus sur ma
me amiiil:' liurti;iLi! |::-.r:(.he>. C, '-.lii i; if-. M
avait couché et où il était encore. Gomme j'avais t
cause de ma iièvre, je me présentai à. un l'eu uù
|ilinif i[]> nifj. nemipés i îr.jider sur une carte, t
fus si mal reçu, que je dus me relirer. Pendant cé temps
lin soldat du ré s in:eat : qui ,,,'rn ait a^u-cu, vint me dire que
le régiment venait de traverser le pont et qu'il était allé su
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mctlrc en balaille e.
maréchal Oudinol, q
la compagnie, il y irait un feu : comme il tremblait beau-
;rap (le lu tièviv. jr le r.r,Tirt[i.'sis au:):.!-. A peine y L-iir.ii-
nous qu'un boulet de quatre atteint mon pauvre camarade
i lu poii.iii.c et l'i .rrnl rai de mort au milieu de nous. Le
boulet n'avait pas traversé, il était resté dans son corps.
Lorsque je le vis iiinrl, je ne pus m'aii.à-iHi- de il.,.. ,, 7 ^ r
':,'...( : ; l'.v.ivre Mure. II:.: îsl'uivuï ! ■ Au même
inslaut, le bruit courut que le maréchal Oudinot Tenait
d'être blessé.
En voyant tomber cet bomme du régiment, le colonel était
accouru prés du feu et, voyant que j'étais fort malade, il
m'ordonna de retourner près de- [a tè;e du pont, d'y attendre
Wus les hommes qui se trouvai':]]' ru arrière et de les réunir
■ ■ '■ 'H ■ .■ H '. . lit ll.'l.l. I.i. I .11.1 II , IMi.TI | ,1 MinIii
profiter de la nuit ou d'une partie de la matinée venaient,
depuis qu'île entendaient le canon, se jeler en foule sur les
!;o:dâ de le [',(:■}:::,: ,;. .Min de Irim--'-]' ..-s y.im'.s.
J'y étais arrivé, lorsqu'un eaporal de la compagnie, nommé
Gros-Jean, qui était de l'aiis et dmit je iiiiuriaissais la famille,
vint à moi, tout en pleurant, me demander si je n'avais pas
vu son frère. Je lui répondis que non. Alors il me conta
que, depuis la bataille :1e Krassioé, il ne l'avait pas quitté,
à cause qu'il était malade de la lièvre, mais que, ee matin,
au moment de passer le pont, par une fatalité dont il ne
[i.-.n-.ait .w rendre compit, il e:i avait été séparé: que, le
croyant en avant, il a>:iit été de tous calés pour le retrouver,
le demandant à ses camarades; nue, ne le trouvant pas à la
position où était le régiment, il allait repasser le pont, et
qi:M Faillit ■jir.l !:■ retrouve ou eu 1 :] ;i:\r:-îc. .
Voulant le détourner d'une résolution aussi funeste, je
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L'oTissfi'- à :^l"J' prés rie moi il la li:e du pont où, probo-
' s son frère lorsqu'il se présenterait,
w débarrasse de ses armes et de son
ut que, puisque jaunis perdu le mien, il me
i ensemnie o.aus la Bereiina, po:n- vp..rjar;
ien dos glaçons, et disparaître aussitôt pour
l'autres. Gros-Jean ne m'entendait pas. Les
le scène d .........
Itéra sur le pour, qui se déliai au milieu de la Iduie pour se
tn.ya;- un i'.hi'mir. A .}n u'iuiu' in; que son iIim ■-[:.(. il
monte sur les cadavres d'hommes et de chenal qui
obstruaient la sortie du pont', et s'élance. Les premiers le
iqniuiFiTit, m: t:uui\iiit un 11./., vol ol:va.-l? ,i leur fias-aj;;.
Il ne se rebute pas; Gros-Jean était fort et robuste; il est
repoussé jusqu'il Lois luis. A. la fin, il atteint le iiidiieur^jy
qu'il croyait euh trère, mais ce n'est pas lui; je voyais tous.
méprise, il n'en est que plus ardent s vouloir atteindre
l'autre bord, mais il est renversé sur la dos, sur le bord du
pout, et prêt a être predpi!.; es lias. Un lui marche sur le
ventre, sur la tète; rien ne peut l'abattre. Il reimuve dr
nouvelles forces et se relève en saisissant par uue jambe un
cuirassier qui, a son tour, pour se retenir, saisit un autre
jiidî-L pir n u bras mais la cuirassier, qui avait uu manteau
sur les épaules, s'embarrassa dedans, chancalle, tombe al
roula dans la Béréiiua, entraînant avec lui Gras-feu et relui
qui le tenait par le bras. Ile vont grossir le nombre des
cadavres qu'il y avait au-dessous, et dos deui eûtes du pont.
Le cuirassier et l'autre avaient disparu sous les glaçons,
ibeTSm i'safousar.at, AUtMmt «'no pouvU.nl plu. ko
J' , .'L[., ,| : |.::. u ,, . :,i;-.= i „, -h llcii:. -:Ui-.£ la ]ii.i*k* i,
K la p„t, oais, dtnflMa au mornon. ou Us q'aaisoi plu. »
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PASSAGE DE LA BERÉZLYA. al J
mais Gros-Jean, plus heureux, avait saisi un chevalet où il
J ' L "-' r '-»:! |...iiiiiir cl i.Minlri; ldpid S f tivmuit, CE Ir'vtr;,
ud cheval sur lequel il se mit à genoux. 11 implorait le
secours de ceux qui ne l'é coûtai eut pas. Mais des sapeurs iu
Bénie et des pontonniers qui avaient fait les ponts, lui jelé-
de chevalet eu chevalet, sur los cadavres qui èlaient^ans
li'E.U Cl .ci lss a,"».!:: le r-îiiTCI:: à
l'autre hord. Mais je ne le revis plus; j'ai su, le lendemain,
qu'il avait retrouvé son frère e une deml-lieue de là, mais
expirant, at que lui-même était dans un état désespéré.
Ainsi priimu .e- Jcus lien? Irvi-cs cl i. il Iroiîii'.m.ï qui èlait
' i retour a Paris, j'ai r,
Pendant ce désastre, des grenadiers de la Garde parcou-
raient le- liivacs. .Is Pir ! i-.::t nccorr.;..LL;r,;'- a an oïlL-ir--: ils
demandaient du bois sec pour chaullV l'i: iu [:crc-.ir- chacun
scfuîjr-ssaitde donner ce qu'il avait de ju^lleur; a<Ame des
«ré les cris du maréchal
. 1 1 n>. u- |:;ir le ■;.■)! f I I s; ..,:..V.j ■. i.ivcc Unis i"H" '[ni I k,. ( ,i:i
pagnaient, pour éviter d'être écrasé ou étoulTé, de traverser
J'avais déjà réuni cinq hommes dti rcgimenl, "Joui trois
avaient perdu leurs armes dans la bagarre. Je leur avais fait
faire du feu. J'ïysis ■.oujnur; jeu.-; Usés sur le pont; j'en
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îi» HiHOIRES W SESCE1T KCOIÛOOSE
::i 'C.M.. !. . I -■- 1:'. ' Cl.Cfl Jfifi 0 'I* T.H.K1J L.I0C ! pOUW
par ceoi qui le «une Ait. i ails tomber sur uo cheval
abattu, sur la gauche du pont 11 es releva avec beaucoup
de peine, Ht encore quelques pas, tomba de nouveau, es
sergentl quel malheur! J'ai lout perdu, chevaux, voilures,
liîiL'uls, ['ouiTuri'KL,!! ma encore un mulet que j'avais
amené d'Espagne. Je viens d'être obligé de l'abandonner. Il
passe le pont sans loucher les planches, car j'ai été porlé, .
m:ii~ j'ai liKiiiiiu-.: Je muuiirl ■ Jo lui dis qu'il élail encore
très heurcu* et qu'il devait remercier la Providence s'il
arrivait en France, pauvre, mais avec la vie.
nous força de l'abandonner et d'en recommencer un autre,
quelques pas eu arrière. La désordre allait toujours crois-
sant, mais ce fut bien pis, un instant après, lorsque te
maréchal Victor fut atlaqué par les Musses et que les bou-
lets el les obus commençaient à tomber dans la foule. Pour
comble de malheur, la neige recommença avec força,
ï.'xtimpaanée l'un vj:it i'ru (J. Le iéicnii e ocilmuj lonia
ji:ijrut;i: al Ulula lu unit ni. : :jrl .:« Inii].-, h. lii-:yïi:is
charriait, avec les glaçuns, les cadavres d'hommes et de
chevau.ï, et des voitures chargées de blessés qui obstruaient
Ii. 1 1 1 ._ ni et li.-u' l>:i^ Le ilc^orJi':: il / vin: |il . •■ xi
encore lorsque, enlre huit el neuf heures du noir, le maré-
chal Victor commença sa retraite. Ce fut sur un mont de
cadavres qu'il put, avec aa troupe, traverser le pont. Une
arrière-garde faisant partie du 9* corps était encore resléo
de l'autre coté et ne devait quitter qu'au dernier moment.
La nuit du 3H au 29 offrait encore à tous ces malhcureui,
sur la rive opposée, la possibilité de gagner l'autre bord; .
mais, engourdis par le froid, ils restèrent à se chauffera
les voilures que l'on avait al
pour les en faire partir.
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JMS3AC.E DE LA bEBÉUNA. 31 3
Je m'étais nsliré en arrière avec dii-sepl hommes du régi-
ment et un sergent nommé Rossièra. Un soldat dn régiment
la continuait. Il i'.ilît devenu. p™ r ili"si dir», a vende, fl il
avait la :i.:iv.o -. Par ;y.:.i, je lui ;>!v:;ii m> pe:ui n'aura four
se couvrir, mois il tomba beaucoup de neise pendant ia
nuit, elle se fondait sur la peau d'ours par suite de la cha-
leur du grand feu et. par la même raison, se séchait. Le
matin, lorsque je fus pour la reprendre, ella-étflit détenue
tellement dure, qu'il me fut impossible de m'en servir : je
dus Tabac donner- Mais, voulant qu'elle fût encore utile, j'en
Nous avions passé une mauvaise nuit. Beaucoup d'hommes
de la Garde impériale avaient succombé : il poi"Bit être
sept h£
Ces malheureux, qui n'avaient pas vnulo pro-
it pour se sauver, venaient, depuis qu'il faisait
■op tard, se jeter en masse sur le pont. Déjà
çus, sur le pont, un ccatiTi i l- |iirlan' un enfant sur sa télé.
Sa femme était devant lai. jetsn: las cris je d^espoir. Je
ne pus en voir davantage; a'iV.nit aû-dcssus de mes forces.
Au moment où je me retirais, une voiture dans laquelle
■était un ofllcier Messe, tomba en bas du pont avec le ahcval
qui la conduisait, ainsi :juc piusieura !imnm,es qui accom-
pagnaient ». linlln, je me retirai. On mit le feu au pont;
c'est alors, dit-on, que des scènes impossibles à peindre se
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MÉMOIBM DU BERBINT BOURGOGNE,
ses. Lea détails que je Tiens de raconl
Noué éUoas en marche : il poUTeit are neuf heures. Noua
traWHime» un terrain boisé et coupé par dea marais q„ a
noua passâmes sur des pont* consulta :-i lois de sai.i i
résinera de dem mille pieds de longueur, quo les Riisana
n'avaient pas eu, heurenaernanl pour noua, le bonheur de
brûler. L'on s'arrêta pour attendre chliï ,;ui 6[:lî-iL
derrière, il taisait un peu de soleil. Je in'aaais sur le aac do
Gros-Jean et jt m'endormis, mais un officier, M. Favin, s'en
eUM aperçu, Tint me tirer parles oreilles, par les Otenei:
d autres me donnaient des coupa de pied dan; le derrière
sans pouToir m'éreiller. Enfin il fallut q, le „\ uaie „ e prcn .
nent !e parti de me lever, car c'en était fai, fmon sommeil
était celui de la mon et, Cependant, j'élii. ftofaé q Ue l'on
meûtrtïeillé.
Beaucoup d'hommes, que Ton orojait perdus, arri7Qie.il
encore des horda de la BéréMû». 11 , BQ sïai i au[ 9 . flmbr4s .
saient, se félicitaient, comme ai l'on Tenait de passer le
Rhin dont noua étions encore éloigne, de quatre cents
lieues I On se croyait tellement sauvés que, revenna a des
arment, moin: indifférents, on plaignait, on regrettait
.-■sui qui iLvsiem eu le malheur de rester en arriéic. P„„
ne plua m endormir, or ■" '
avant. C'est ce que je fis.
De la Bôcéïina à Wilna. - Le» juifs.
sibcî content (chose excessivement rare), je lui demandai
s'il avait qnelquo chose à manger : .1 J'ai, me dit-il, trouvé
quelques pommes do terra dans le village où nous sommes ».
Mor:- j:; N viii | iL îiilu et u 1]'. : iliin. .'■Liui... ill'Mli-
vetnent, dans un village. Je ne l'avais pas encore remarqué,
An nom de pommes cis terre, je l'arrêtai pour lui demander
dans quelle maison du village il les avait trouvées. Je
m'empressai d'y courir, autant que mes jambes ino le per-
mettaient, et j'eus le bonheur, après bien des recherches
et dn mal, de trouver, sous un four, (mis petites pommes
de terre, un peu plus grosses que des noii, que je Ils cuire
à moitié dans un feu abandonné et un peu ùcartê de lu
roule, dans la crainte d'être vu. lorsqu'elles furent cuites
sans goût, car la lièvre que j'avais depuis plusieurs jours
m'avait cassé l'appétit; aussi je jup.-a.LG 1711e, fi cela devait
durer encore quelques jours, j'étais perdu.
Le rèuirncnl vsi;-iiit ; passer, je r..-j -is mon rang, et nous
marchâmes jusqu'à. Zicmbin, où l'Empereur éleil déjà
arrive avec une partie de la Garde. Nous le vîmes qui re>far-
ikit du coté de la roule de Boiizuw, sur notre gaucho, où l'on
218 MÉMOIRES DU SKflGENT BOUHGOSNE,
disait que les Busses venaient. Quelques cavaliers de la.
Garde s'étaient portés en avant, mais les Russes ne se mon-
trèrent pas, ce jour-là. L'Empereur alla, coucher à Kamen,
avec la moitié de la Garde, el nous, les fusil iera-grcnadicrs
0 l i il i ji ti t, qui i'sUit le-.ire = < i.- e-ilrtiit après avoir Été
llessé, le SS, ft la Bèrézina, avait Failli être pris; que le.
Russes, au .nombre de deui mille, avec deux pièces de
canon, y étaient entrés, mais que le maréchal, quoique
blessa, s'était défendu avr:c vingt-cir.q hommes, tant ofil-
s;-.iil : elh ..■-.ait iicio-i île plusieurs coups L i . 1. 1 i- ! ~ ; nais
nous ne pûmes comprendre comment deux mille Co.-aipits
n'avaient pas eu assez, de courage pour prendre ti ssa it
uno baraque on bois, oii vju^i-.ui o 1 une. s'élaienl ml, ris
pour se détendre, il est vrai, jusqu'à la mort.
Le lendemain 1" décembre, nous partîmes de grand
matin. Apre* une heure .!( maidie, nous îirriv.imns dans
u.i village cù le-. fi.^L-rscbusseurs avaient ccuctio; il;
nous attendaient, alin de partir avec nous. En y arnvou"., je
irj'inlunrjOL Hi I'oi, uV r.l i-,. n .' :uln:hT : ll i -i.i.'.-.l-
major des chasseurs me-dit que, chez le juif où il avait
logé, se trouvait du genièvre. Je le priai de m'y conduire.
Étant dans la maison, j'aperçus le juif avec une longue.
'.-v.li-:. et, m'a.lri'ssanl o II.: ■'-.ici ]n i ■ ■ - r ■ i ■ .■]. ;M'.\, :.ul. je
lui demandai s'il avait du genièvre il me vendre. II me
répondit d'un ton brusque i • Je n'en ai plus, les Français
me l'ont priai > A cela je n'avais rien à répondra, mais,
comme je connaissais 1 ,:0!to rj-:-n :l'::oinr.;oi, je- n'ajoutai fi:n
foi aui paroles qu'il me disait, car ce n'était que la crainta
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de ne pas être payé qui lui faisait dire qu'ir*nVn aïai
Tout i coup, une jeûna fille de qnatorie i quinie an
I.-- I !_ J VU LTilll<i Ft'L'le i'" ■ |, '" H : '"'I' 1 1 ' ,: ' ! " L
pn^ai e:: iln;.i3iil, fa:is li; ru ]■<■!■. e'. js coi.™» jn^nau
linl.mi .lu i-Ouimiîut, cti l:.i-j;il i:i !ïlÉ-::ie i-.tiuse. Jet::; mioux,
j'allai prendre de me* cnmai^es V ' r l[rs Dra! > en chantant
cl ci: vonltnt '.es fii-e .liiiji.:'. Piimecc- do :nes ..nu. : et
uisu.e je. ii!ï:i::i;i , 5, se r-;ii:;jiT;at au'.'iur île jiuu. i>:i rae
■■ ■ ■ 1 I 1 1 i ■ " I
aergent-major dfi In cuo-.ii.-^iLÎe. me conduisant à quelques
pas du régiment, me demanda d'où je tenais. Je lui dis
que j'avais bu la goutte : ■ Ht où! — Viens aveu moi lui
dis-je. 11 me suivit, non; passâmes sur l'arbre, en iiuus
:n:iaiit par U main. A peir.c ri ions-nu ii: do i'ii:;lr.- ri,\v., q.;o
je me sentis saisir par un bras ; c'éloil. v.u :ie mes nmis
1 if'veoi.' I, s:r L .eril iii.Ljin . ;;oi v. : -|,i.l ïfivoircc que j av.iiï.
Lorsque nous fûmes chez le juif, je leur dis que, s'ils
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rri|k;;iiiA Ils cluier.l lixtfmiil's Je i'ii ;,■!.■:■ O; j 1". i-'ï : is
finies une forte journée; aussi nous laiisSmes encora beau-
coup d'hommes en arriére, et nous allâmes coucher dans
un village abandonné où nous ironv.itrira de la paille prmr
fr.ru,.- ciir.src réduits, comme les jour? l
manger un morceau de viande relie, mais noi
dans des maisons on '.'dus punies faire du le
nuit, je fus obligé de snrtir plusieurs fois de
j'étais couché, car la chaleur, à laquelle ji
li;:bii.i\ m'inceiutnijdait.
Le lendemain, nous partîmes de grand ma
2 décembre; la lièvre me reprit, j'éprouvai
lassttudea dans les cuisse», de sorte qu'au boi
Quelque temps après, je traversai un petit
trouvaient beaucoup de traineurs, mais je L
m'arrëler. On peu plus loin, j'en rencontrai j
lie rs, arrêtés autour de quelques maisons, oc
■ h; rln ■■;■!. Le Bénin' M;. lion rmii, >"airr-
rçu'aprés avoir mangé, et beaucoup se préparaient a défendre,
Je continuai h marcher. Plus ivanl, je rencontrai plusieurs
'.al-; dp h coin fami ic. nut: j: priai de ne pas un- ipiiltcr.
Ils me le promirent, en disant qu'ils me suivraient partout,
' Le soir, nous arrêtâmes prés d'un bois pour y pasfer la
unit. Viù]\ bt-auco-ji ■.■.'iir.mmr = d;' dil'.V'nu.ls co?\n y étai-.'-i:
i.M,-lés s-.Lil'inl il,' l'svyr.i-i! ■.'.'[! die, id quelques jjre«îl:lier3
du i r - lif/iiiiL'id.il,! la Carde, à qui >■ .lemrjïirln; des nouvelles
de Vient!, fin me i-cpr-ndil qu'on l'avait vu !a veille, mais
que l'on pensait qu'il avait le cerveau attaqué, qu'il mit
l'air d'un fou.
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Depuis le moment où, prés du pont de ia Eéréiina le
pauvre Gros-Jean m'avait laissé son sac, je n'avaispas encore
pensé de l'ouvrir, atln de vnir ce qu'il pouvait contenir.
^'.■nriLC :V::ais i;tr:i.il rn'il ne i^-vie- ,[,ail .,]„ s j., r ■ i ri j ij ^
.-. compagniî qui ijtu.L-;:: t avec moi SL qui, iiréc's. im'n''
do.it j'agis lanl be^in ; le nistc m'.;'.ajt tout à fait 'inutile.
Heureusement, dans l'endroit où nous étions aireies se
trouvai! beaucoup de bois eoupé; nous fîmes grand feu La.
nuit, lo iVofiJ i"uL 5ii ( :jii:r-5l,k., mais. u 1)llj]|t ' m ,
jour (journée du '3), un veut du nord s'éleva qui nous
amena un froid de vingt osurés. Il fallut se'mettre en
marche, car la position n'était pas «niable. Après avoir
mangé un morceau de cheval, nous partîmes, suivant
machinalement ceui qui marchaient devant tiuus, et qui
pas plus que nous, ne savaient où ils étaient, ni où ils
allaient. Le froid cessa un peu dans la journée, le soleil fut
brillant, aussi nous fîmes beaucoup de chemin nous arrê-
tât dans des maisons isolées ou a des feux de Livac aban-
donnés. Autant que je puis me le rappeler, nous couchâmes
dans une maison de poste.
Le soleil, qui s'était numtrè la val,-:-, n'élail nue l'avànt-
'■;'•■<■■ j'émis :b,i. l.c ir..i l d
t les pruniers chemins qu'il
de trouver des habitations ; enll
nous Unîmes, comme beaucoup, par nous perdre, en su;
rant des Polonais qui prenaient un chemin pour aller su
Viir..!,vie, Rr Ulila.. [jn l'cb::^:: qui purUlt l raii :a i„
sura que nous étions a plus d'une lieue de la'rouie d
Wilna. Nous voulûmes revenir sur nos pas; nous nous per
'lî.o..^ ilv n.j.'ova i, ut, .|v ,■ -,u.r:iitu't tu i-, ■ - rv
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DE LA BÉHÉZTKA A WIUiA.
d'un bâton. Le repas achevé, unus nous formâmes en
cercle autour de plusieurs feus, el il fut convenu qu'un
vr-ilVrai-, r.ar l'on . -.11:7:1;. it il ohaqnô i : 1 ^ : n. ■! 1. ;l\4re
[ri- ji.lv ]{-.;ssi:s ijLiL savaient l'u-inir. [:r'.-^|t](> Unijour.,
sur les colcs de la route. Uue heure après, la neige nous
arriva, avec un grand vent qui nous força rin non- ni, i:rc
touF les q 1 .; mlijs oviiois L,i :::vea.l.on dz- faire. L'i:
peu pins Uni, 1.: .eut devint :dk:!in':it H 1 r : y 1 : v , que la ueiire
y entrait et nous empêchait de prendre un peu de repos,
]li:iL'i '■ .pic le SUJ1] 1 nei I [ion- ai'cililni!. (Lepei,;litut jt: rn'en-
dorniis sur mon sac, mit lequel j'étais assis; pour me pré-
server Je la 11. â-o, j'a.a.s rjis sur ma tète mon coilst iioubié
en peau d'hermine, Combien de fois, dans cette triste nuit,
je regrettai mi peau d'ours!
Mon somme;', ne fui pas de longue durée, car an coup de
X ■ ï 111 ■ ibr: :.v le ■ ' ■■ :c< ir ■■> ' en mouve-
ment, pour 00 pus TiniLn Le jn::r [: a:\il, unas ïiDus
mimes en nnrcli':, on '.i.i—n.i.l dr.us le bivuc ;cpl lior. 1 :i>e. : .
dont trois étaient déjà morts, et quatre sans connaissance,
qu'il lallut abandonner.
11 pouvait être huit heurs*. Inr-que unus eûmes rejoint
la grand'route, et, après hien des peines, nous arrivâmes,
le-: Nuis licuiv- iipii'.-; midi. 1 Hj ■: .Le:si::lu(i. ,iii mi'
il'nne l'idiu? d'::i:inme-; .le Mas les loi ps, sur:antije l'iir! née
d'Italie, lin arrivant dans le village, où l'Empereur avait
couché la veille, nous cherchâmes [1 nous introduire pour
passer la nuit dans une grange ou djns une écurie, mais
nous étions arrivés trop tard. Nous fûmes obligés .le nous
(■îal::;r a:: mi: : .\. d'i::ie Lrùlcc, san; toi:, et où
trois quarts des places étaient déjà prises, maïs nous nous
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rr^ardùs.îH ?m-tm minime Ui~ beurrnu Je po'jïoii
nnrttre un peu à l'abri d'un froid excessif qui alla to
en aupjmentanl, jusqu'à notre arrivée à Wiina.
onfusémenl st sans savoir où ils allaient. Noua
beaucoup d'endroits marécageux, où nous
iBblement tons péri, sans les fortes gelées qui
l'Empereur avait couché; il en éuil parti d. M la mtlînée.
Nous fûmes plus heureux que le jour précédent : je trouvai
ua ;.sn .le jari;ic à acheter: mu? Mines de- lr; bouilli,-,
n.Hl:' ■n iiiTi-î |„,ii|,,.,jr ,j c -.rouver un?
toit; nous fûmes forcés de coucher dans la rue. Après avoir
froid, nous t „ irt .i,ne« p:uir non-, r.n.irt ,' L Smor
ny. En
rieurs îles Jiiïeieio- : :.!„„ qll(i ..i-^.;, ..,„
I E--< -.U.I r;,!i du li.iMir. ii n-'niH. ,„n,..r.- Je nrmviKes
fourrures, de manteaux brillé, mémo d'aunes qui n'en
avaient pas 1» moitié, l'ayant partagé av*- c un ami, pent-étre
i-.viv un rr.ëre. Line gr.n de ïijitii- mareli'.it *;>r.;;yéj mr un
bâton de sapin ; ils avaient la barbe ot les cheveu* couverts
de glaçons; on en voyait qui, ne pouvant plus marcher
ivi'.n-Juie,,-., parmi les inalh^reux qui r.)uv;ai,::i |, L '
s'il ne p'en ii iiuvc.it |,:i, , e- i^mienté q:i l[- .■■-■riiiundrr i.t
i:i:irjje jours avant, afin d'en obtenir un secours, eu le:.i
donnant le bras on autrement; celui qui n'avait pas la
force de marcher élait un homme perdu.
Il en était des routes comme des bivacs, ressemblant a.
un champ de bataille, tant il j avait de cadavres; mais
comme, prewjue toujours, il tombait beaucoup de neige, le
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DE LA BERÉZWA * WMA. 225
tableau était moins sinistre à voir; d'ailleurs on était devenu
sans pitié; on était, devenu insensible pour soi-même, h
!■ U' forte i ;.(■;, ,u lus f.utres; l'humilie qui totllljri.it et
implorait uiro main sccourable n'était pas écoulé. (Teat de
En entrant dans cette ville, nous apprimv; que l'F.nq.—eur
ni rluil in;:, h i .-. , -, j. .(i, HI ,i r . ip0Q .. !a |-
laissant le commandement de l'armée au roi Uurat. Beau-
coup ; . r,.i i : r-:v m. o;;le r,e.vi5inn | . a, j,. -r de
la délaver su,' IT.:i:h.'[v..c ;1 .„. iî)1)3 i '..- li! démarche qui
ii'elarî que nat:ir, lit. apv.'s v. ain..i.i. a t;ou d- Un'c-I.. t a
pires™..; .jev-^it uere^aire eu r'ra-.t,-, non seulement
pour la p.irl-c ad^mi-lullie, niais ...m,r j- organiser une
,1L '""-""- i '"' "™ ■ '-"> ■■■".vii', n ■ rm;i.-: <Jer : lu"' iq,:.'. e 'liuuuur's
n. demi illuit:. qu: M'i'ivaieut, dr.ul.ic-: individus qui parai-
saient tout a fait ctrau-er.i et à part des malhcureui, car
il" rlak'iil li.::i ï^tiis et vi^„Lir::::i- -h rriaieui e:):Llre la
démar,;lie J IJ njp-j: ,1 u i-. I J ■ . ll J k s j : ai K.umurs [l'usé que
Au rnli-.'ii de mr.li.i: Je. je perdis un des :gmc'î
qijl 1:1 :ut in;i.'_'ij.- .;. mai-. ;.ir:.'-i- de I — ■ - il ■«■ *î ■ - un ;nle [101: r
■■ j 1 ' "e pouvais pa- iu t-erch^r. Voyant y.ssscr
.11; ef:ii:i.'r Ijail..:- l'ni.a'i! ps.rlie de la .-arriKi;]- de la ville,
■c le sui'.-is avec, l'autre homme, qui me restait, pensant bieh
qu'il avait un logement on n:.u. poumons n;:i.i .dre nos s
introduire. Effectivement, il entra chez un juif où il était
h: { v : et. s'apercevau: qus rmus le sun'lm.-, nous en latiLta
t'ealre,;. Lorsque nous 1 i'.'.mes. nous nom invalh»].->j , 1 ,
d'un pùSle bien chaud li faut nw été sr.nfTrant et malheu-
rcus ■-iiiii:;n: 11. .-as IV: un-, pinr «■,;„ .i, i, : - le iiceiheur d'aioi:-
une habitation chaude, où l'on puisse passer une bonne
Dans ls mémo chambre était un jeune officier d'état-
major, malade de la fièvre et couché sur un mauvais
canapé. 11 n:e i fju'f I .'dait iiii.ia.Je depuis Orelia mais
que, ne pouvani aïkr- pi;, s kvi: , il allai' probablement finir
s ^ «rriére r il sciait pris ; H . Jii:s;es. ; < tt Dieu -nit,
continua : ii. ce qu'il eu ■■['■La! Pauvre mérii, qi:e di-a-
t-elle lorsqu'elle le saura) .
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SI» MÉMOIRES OV SIKSBNT BOUHCQG.*!:.
tait un. cheval pour sou traîneau, puisque celui qui lavai!
conduit était mort. A nous, il nous promit de la soupe et
de la viande, mais, pendant la unit, il partit avec tons ceus
des tiens qui étaient 14 en garnison. Quant au pauvre offi-
ciel, laficvre augmenta pendant la nuit, il fut continuelle-
ment dans le délice, el nous, nous n'eûmes pas la soupe ni
la viande sur lesquels noua «.lions tant compté. Hous
u'eùnies que quelques oignons et quelques noisettes que le
U1
bruit possible, afin que le jeune oMcier ne pût nous entendre,
vu l'impossibilité où nous étions de lui rendre aueon ser-
vice. Peu d'hommes étaient sur le chemin. Lorsque nous
eûmes fait une lieue, nous nous reposâmes près d'una grange
j'avais trouvé des vivres. Sur ma réponse que je n'avais
Wen, on me tourna le dos en jurant et eo frappant la terre
avec la crosae du fusil.
On sc'remit en route, et nous arrivâmes très tard à Jou-
ntîUKWï : presque toutes les maisons étaient brûlées, les
mitres abaadjuuéeô. aan= toits a ijn; :-.o--<. ?v,us tious
totales comme nous pûmes, les uns sur les autres. Le cheval
ne manquant pas, j'en fis cuire pour le lendemain.
Le lendemain 8, il faisa.il grand jour lorsque nous par-
tîmes, mais le froid était tellement rigoureux, qne les soldats
[nouaient le ieu nui maison- pour se clinu:Y-r. I>an tonus
ces maisons, il j avait des malheureux soldats : beaucoup
périrent dans les flammes, n'ajaul pas la force de se sauver.
Dans le milieu de la journée, uous airivàmus dans un*
petite ville dont je ne me rappelle plus le nom. On disait
4 i ii l'un devait îuirK 'les Jiitiiliuliins. mais nous app-lines
que les partisans avaient pillé les magasins avant noire
DE LA BÉHÉZINÀ A WILHA. gj-
arrlvée, ot qne ccm qui étaient charges des distributions,
ainsi que les commissaires des guerres, s'étaient sautés.
-Nous continuâmes noire route, enjambant sur les morli
et les mourants. Loin. ut mms finies halle prés d'un lois
où un soldat da la compagnie aperçut un cheval abandonné,
rs pour le tuer «1 en prendre
unie personne n'avait plus de
iper, nous I- tii.'.ni"- :iui][ on
'il - ■ : ■ I I ■■- U- I.'- [>nu. ■]■,: pu-, , m..;. . :,::„,: ,-| ■ , f ... i,.
Ul: ^ ■ V '" ;s «'""OS erpendanl, L,î temps de le înanjftr
tel qu'il était et h plein;, „„„„,, ,ie manière que ,„,. iioires
et mi. vêtement, liaient j^irhi.Tii ce sans. Vins ,-vm
L'ii..,:.iviLi,tjb,î3 a vnir, ,., JU i miiiii-.s f i:ic.
Celle halle, causée par uu embarras occasionné par J'ar-
•Jlcue. rpie de- cli.-vain à usini mi „. ts | ra . il(jlm[ fl „. llrCi
av-Hi- rni:i; jilnf de (rente mille humilie, di: Imites arme, t.L
de toutes les nations, uni offraient un tableau impossible à
■ t'.iTirc. l-.u:in. eu.ls cunliiiuiums à marcher, el nous arri-
vâmes .uns un grand village à trois ou quatra-lieues de
Comme j'allais me disposer à passer la nuit dans une
eosneui. te'::: In. renipiLuim: .-a:- lo-ie. Ion ire ci" ni ai:, la
de garde de police. Je partis avec les hommes que l'on put
ramasser et qui vinrent de bon nspé'anl. otre miens,
m.:? I ou n:e dosi.un. ..-.ii-pj l c -au],-. o\e e.^uee de
liaïaipie qui se l'ouvail i.; milimi de la ]d:n.c, .ur ■ .i.:- éle-
.. . . . le tou3 cS|és . n^jj^j j e p. and
™is fui impossible de leposer
Ifi pour o
, riant de Wilna pour aller i. Mn-cmi.
et où j avais perdu lui trophée, e'e.-l-s di--e une pente Imite
dans laquelle il j avait, des bagues, des colliers en cheveux
et- des portraits provenant des maîtresses que j'avais eues
,1,,::s - I'-/* où j'avais été. Jai beau., ■■[. ,-,.,elle ma
petite collection.
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238 IdÊHOiRES. DU SERGENT BOURGOGNE.
1 Ii:i I. ihvjs pirtiiiit? fniur Wiliiii. fiïu' un froid Je
vingt-huit degrés De deui divisions, fortes encore de plus
de dis mille homme=. l-ratçai* et Vi],oli tains, qui, depuis
deui jours, s'étaient joiuts à nous, ainsi que d'autres qui
nous attendaient, échelonnés sur la route, h peine, dcui
nmlf rLriivviviil ,i W:L:ia. L>: ivh'.c H:t iiili'iim; dans cette ter-
rible i mimes, t.: i- - ;.. .- j i c L .1 : , t i.i)s l.orn;r.i:s cl aient bien vé l'.i e ,
et rien ne leur avait manqué en fait que de nourriture, car
ils n'avaient quitté le* bous cantonnements où ils étaient,
en l'oméranie et en Liihuanio. nue depuis quelques jours.
Lorsque nous les rencontrâmes, nous leur Times pitié, mais,
deui jours après, ils é'uen-. pl.; s malheureux que nous.
Moins démoralisés que nous, :,n les voyait se secourir les
uns les autres; mai- lorsqu'ils virent qu'ils étaient aussi les
victimes de leur dévoue m en:, i.s devinrent aussi égoïstes que
les autres, les officiers supérieurs comme les simples soldais.
L'espoir d'arriver, dans quelques heures, à Wilna, où
nous devions avoir des vîires en abondance, m'avait rendu
au milieu d'une atmosphère de glace. Combien de fois,
déjà, dans des froids semblables, m'avait" sauvé la vie! Je
n'avais plus de respii-altuii. des flaires s'étaient formées
dans mon nez; mes lèvres se collaient; mes yeui, éblouis
par la neige et par la faiblesse, pleuraient, les larmes se
gelaient et je n'y voyais plus. Alors j'étais forcé de m'arrèler
et de me couvrir la figure avec la peau d'hermine de mon
collet, pour en taira fondre la glace. C'est de cette manière
que j'armai prùn d'uni: ^miiît k [a(;ne]l» ou avait mis le
feu pour se chauffer. Alors je [jus respirer un peu : il en
était de même de presque lo,.ile< la habitations que l'on
rencontrait. Dans presque toutes, il y avait des malbeureui
soldats qui, ne pouvant aller pins loin, s'y étaient retirés
Nous aperçûmes les clochers de Wilna : je voulus presser
DE LA BftBÉMA A W1LKA. 229
le pa? fldii il'arriïsr .les p.-iuiiiors, mais les vi-:il\ sssiurs
de 1b (larde que je rencontrai m'en empêchèrent. Ils mer-
citaient fin colonne et sur deux rangs, de manière « barrer
'a roule, alin que personne ne passât sans marcher en
ordre. Ou ïny.jil il,;- vifijï yumieif r-.;.-,i:j: îles d'.r'orii oui
leur pendaient à la barbe et aui moustaches, comprimant
leurs souffrances pour marcher en ordre, mais cet ordre
que l'on TOulait maintenir fut impossible. On se jeta en
confusion dans le faubourg : en y entrant, j'anorvus à la
grenadiers, étendu mort; les grenadiers étaient arrivés une
heure avant tous. ftei.-.moii 1 : il'aulres wmi^renL su vi-
vant, d'épuisement et de froid; le faubourg élait déjà par-
semé de cadavres. On désigna une maison pour notre
bataillon et, quoique ilrjâ il s'j i-o'.iva : t dos Badois qui fai-
saient partie de la garnison, le logement ne fut pas trop
petit. Il est vrai qu'un instant après, ils évacuèrent la
maison, Unt ils avaient peur d'être dévorés par nous.
Un nous fit une. distribution de viande de bœuf ; nous ne
filmes pas assez raisonnable de la n'unir pour on faire une
soupe. On tombait dessus comme dea alTamés que nous
étions, chacun la fit cuire ou chauffer comme il put, quel-
ques-uns la mangèrent crue. Un de mes ami? nommé Polou,
gentilhomme breton, «nie i-l. ..rrji'nl. J.j h. rn:w r [.u-
gnie que moi, attendait avec une impatience marquée qu'on
lui donnât son morceau, qui pouvait être d'une demi-livre.
Gomme il était séparé d'environ deux pas de celui qui cou-
pait, on le lui jeta. Il l'attrapa au vol de ses déni mains,
i-omnifi un chat sura.it fait île iei. pailes, le porta ; i sa
bouche et le dévora avec des mouvements oouvulsifs, malgré
louL ce que nous pûmes faim pour l'en empêcher : il ne
Vûcsi- |>lvs rie:, ((lie le mur, '.eau cui. (lèverait.
11 pouvait être midi lorsque nous arrivâmes, line heure
après, j'entrais en ville atin de voir si je ne trouverais pas
les portes étaient fermées; les habitants, quoique nos amis)
avaient été épouvanté- en voyant nui;.-, jnle à soixante mille
dévorants, comme nous étions, dont une partie avait l'air
fou et imbécile ; et d'autres, comme des enragés, couraient
eu frappant k toutes les portes et m magasins, où l'on ne
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130 MÉMOIRES DU SERflENT BOUB BOGUE.
voulait rien leur donner ni distribuer, parce que les four-
nit seing voulaient que tout se fit eu ordre, chose impossible,
puisque l'ordre n'existait plus.
Ce™ me je voyais (rii il r i " ■"■ l ï i pa? p« 5 ::de J- st: |;iv<:iiii r
;c il mit j'avais bt-oin. jr rr.e i!n:i.lais à revenir au faubourg,
lorsque je m'entendis appeler par mon nom; je me retourne
pl. à. mi i;r:mrl-- -•ni |-ri-.>. j ' :.p..T..-ni> l'icurt qui ni; ?nir.; au
cou et m'embrasse eu pleurant de plaisir. Depuis le pas-
sage de la Bérczina, deu* fois il avait rencontré le régi-
ment, mais on lui avait assuré que j'étais mort ou prison-
nier. 11 me dit qu'il avait de la farine et qu'il allait la par-
tager avec moi; que, pour de l'eau. de-vie, il me conduirait
chez son juif, où ils; fuisHii fur- de m'en avoir, et probable-
ment du pain. Je le priai de m'y conduire en attendant que
moi l:i vi e .i'u;i ■ r: n liai. . il [, : | v
avait des années que je n'en avals vu. Pieart me Ht prendre
un peu d'eau-de-vie, que j'eus bien de la ptine a avaler :
ensuite, j'en achetai une bouteille pour vingt francs, que je
mii iMVli' ii-CJiiclit .lîliis nia l'.'Lrnu-'i.Ti.i. Muis, p-iur .lu
pain, il fallait attendre jusqu'au soir; il y avait cinquante
malin avaient tout (lcv,,rv : -.1 nnu» . nv.s-.-i': la do ne pas sortir
de chez lui, d'attendre et d'y coneher, qu'il chargeait de
nous procurer tout ce dent nous aurions besoin, et d'erupé-
oher que d'autres n'entrent chez lui. D'après son avis, je me
décidai 4 me reposer sur un banc contre le poêle.
fait passer pour le fils d'une juive : qu'il svi.it. pendant les'
qiu:>ïc jours que nous avions resié ■ians celle ville, au mois
dejuillet, toujours été aveu eui à la synagogue, parce qu'à
la suite de cela, il y ilv.uI loujn'.ir? i".u;::]iu^ cou^js de
tehnapps 1 n boire, et des noisettes à croquer.
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Picart allai! continuer à me couler ces fariboles, quand,
voir arriver des soldats bavarois suicis par des Cosaques,
K.ITectivement', la garnison lie la ville battait la générale.
A ce bruit, Picart saisit ses armes et, ^'avançant près de
moi qui n'étais pas [ris disposé à Longer : i Allons, mon
difficile! •
Sk suivis Picart. Quelques hommes couraient p
réunir sans savoir où, mais un plus grand nombre
rail du coté opposé où l'on devait se baltre, et i
grand nombre encore, insouciants de tout, ne faisai
attention a. ce qui se passait.
Lorsque nous fûmes prés de la porte qui condni
t-t cl'ï.-Sl'UT 1 * If! J l ! =1 -.!■=_ Ph-irl. ;u|-tj prinv ],r:-T. : .Ji'
son raiiit p.ii'j.ii les sicis. et comme, k lu gsnelie. il s'en
trouvait qii:'ii; nés -uns de chei nous et une vingtaine d'offi-
ciers qui avaient des fusils, je les suivis en marchanl
.:i:irme nu. sans smoir qui nous commandait el oïl nnoi
allions. L'on gravit la montagne sans ordre, chacun comirn
i/liuiis .'T-'ivts aui deus tiers de la montagne, que je m'èlon
nuis -.l'av-jîr |iu jl'.-ir j u« iq-.ie-li-. , lur-ciif je Inmhai k mtn
tuuf ut, quiiiqn: .îi.l:- par un ptj-san lilliut..ii(;:i, jeilF bien
:■: \:i pi'im: ii un! iri iver. prini cri fnr.-f t:nm»,t le ne pis
m'alandsoner, et, pour l'engager k rester avec moi, je lui
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
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n'étions pan encore sur la place que l'un rompit les raugs,
cl chacun s'en alla, persuadé que nous ne serions pas long-
temps tranquilles. Je nnurns .1 la droil'j jiour retrouver
l'icart, mais, à ma grande surprise, l'on me dit qu'il avait
pris la pn;ir:i.ire * ^iiuclis .lï.' ■ dix ,url;'es tJ cnadiirs el
chasseurs commandés par un officier, pour èlre de garde
dies le roi Murât, qui venait de quitter la ville pour aller
se loger dans le faubourg, sur la roule de Kowno.
Je pvis le pf.lti ili: lu ,:i:.rvhrr ;it; \ :.<-rn- en: du roi Murât.
Chemin faisant, je passai devant la maison où était logé le
r::.M-é ->i;,S V; : devant !'. [.. : r 1. . p usieur? ^LWiai.icrs d.; la
ligne, ue garde, se chauffaient à un bon feu qui me donna
Ojiuiii' j" eu:- eu li-[iLui_-Li:i:y ma sii.-|>i isi?, ils me dirent
qu'ils n'avaieui ps i;ti; ■ u squ'd Mù=i; ai ; qu'avant Été blessas
an ilège de Smolensk, on les avait évacués sur WUna, où
au faubonrg oé élail le bataillon, je promis à ces grenadiers
q«e ,;e reviendrais le fp:r, ,« q^c chaque pain de munitinii
leur serait pavé cinq francs. Avant de les quitler, ils me
ijur.Llirer.it qu'on instant avant qnc je n'arrive près d'eus, un
peu après que les Russes s'ëtaieir inui.n ■■: - ;.(■■> ..ni la vil e,
r-icisciilant df; parlir, s'il ne voulait [.as être surpris par les
r.iiiîe? ; ni l; le .MaiV.clia. .ai arail il'imi. h. nnmli-anl
un.' .■.«nUiriH d : - i;re i',di.'r- .-pii -, iillaiti.t dans 1:1 l'iir.r,
qu'avec cela il s-i- moquait de inus l::s iàisuques (le la
Russie, et qu'il coucherait dans la ville.
Je leur demandai combien Us élaient pour la garde du
llarjchal ; ■ Environ r.oi.iauL-, nie repondi 1 . un tambour
assis sur sa caisse, el autant que nous avons trouvés ici
bien portants, Depuis le passai lu Dnieper, je mis avec le
Maréchal el, avec lui, nous iavons comment l'on arrange
ce.= ch.cns Lie Uu-iqne;.. i] ,q..in m.-i 1 cutil.nua-t il. s'il
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ne faisait pas ni froid et ai je n'mis pas uni: patte gelée, je
voudrais battre la charge demain, tonte la journée! .
Je retournai au faubourg; eu entrant dans !a maiBon où
noua étions logés, je trouvai 10115 mes camarades entichés
sur le plancher; l'on avait fait du bon feu, il faisait chaud;
j'ètaU plus que faliiaio, je lis comme eux ; je me couchai.
Il pouvait «re deux heures du malin lorsque je m'éveillai
et, comme j'avais manqué le rendez-vous donné eux gre-
nadiers do la garde du Maréchal, j'annonçai a mes cama-
rades qne j'allais entrer en ville ponr j chercher du pain,
i\n>. (-"itaït le bon moment, perce qne taule la troupe était
couchée et que,' d'ailleurs, j'avais des billets do banque
ruases. On m'avait assuré que, plus loin, l'on n'en voudrait
plus, et qu'a l'heure qu'il était, je trouverais facilement des
juifs ne demandant pas mieux que de Taire des échanges.
Plusieurs lâchèrent de so lever pour venir avec moi, mais
ne le purent. Va seulement, Bailly, sergent vélite, sa leva,
et les anires nous chargèrent d'e leurs billets, comptant
d'.j- avoir duquel -.le fronts. Nous le" avions rceus, h
Moscou, pour cent, qui était leur valeur : ceut roubles.
Il faisait un beau clair de luue, mais, lorsque nous
filmes aur la rue, il ne s'en fallut paï de beaucoup que
nous ne rentrâmes dans la maison, tant le froid était excessif
Jusqu'à la porte de la ville, nous ne rencontrâmes per-
sonne. Arrivés à la porte, nous ne vîmes personne pour ta
garder, pas une seulinclle : les Russes pouvaient y entrer
aussi facilement que nous. Lorsque nous fûmes en face de
la première maison sur notre gauche, j'aperçus de la
lumière par le soupirail ,1e la eave et, me baissant, je vis
que e était une boulangerie, et que l'on venait d'y cuire au
[Uni. I(,.|,ui- que n.,us 1 : H:;:- ■! ;;. ; ,r, de la mn.i^ri.
1 odeur nous en montait fortement au aei. Mon camarade
frappa; aussitôt l'on vint demander ce que uous voubora.
Nous répondîmes ; . Ouvre/, nous sommes des généraux! >
De suite l'un ouvrit, et nous entrâmes. On nous Ht passer
dans une grande chambre où nous vîmes beaucoup d'offi-
ciers supérieurs étendus à terre. On ne s'inquiéta pas de
savoir si nous étions ce que nous nous étions annoncés, car
depuis longtemps, l'on avait peine à reconnaîtra un officier
supérieur d'avec an soldat.
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DE LA UKREZl*» A W1LSA.
(■:«;, nous lui demandâmes si elle avait dn pain à nom
«Milir. lilli- i:.jus r - ■ [ . t., r i . i : : que «en. qu'i n'y rn avai: n:i=
de cuit, el, en même temps, elle noue offrit de descendre
nf:î-ie~ il-tiu: F.intlie, 111c:. -ii>:- vfliic, alnr* artjnilan'.-oitjor
(lnns 1:11 n^'imi'nl ils l.iJeiiiii! Hai'ilr. actii.iilfiliii't mtrtehn.l
de camp. Nous sortîmes de 1b cave : la fommo était encore
ilrlimi: h In ]i«rl.ij; inins :1i:th-.î que nons reviendrions le
malin, lorsqu'il y aurait du pain de cuit. Pour dire débar-
rassée de nous, ne s'apercevanl pas de ce que nous empor-
lit.iii. i.-l L c nous i.uvri: 1,l f ùi:,i. r.t iif-v. - ïï.mes iîns la rue >.
Une foi; lîlirf-s. laiï-ni; M:::!:rT T] i : .s fn-il. il n i : h la [U'ist,
ne pouvais ouvrir la bouche pour mordre comme je l'aurais
Dans ce moment, nous aperçûmes dauï individus qui
nous demandèrent si nous n'avions rien lu vendre ou a.
changer : nous rei'uivii'inu^ il - jnifs. Je commençai par
leur dire que non* avions rie- hilU-ls iIh liniiquit russes,
£36 MÉMOIRES nu SERGENT BOURGOGNE.
l u i'.-, étaient le -cru rmolr-, et comliieu ils voulaient en
donner : ■ Cinquante! i uni... ili: le premier en allemand.
■ Ci nouante- cinq! > dit l'autre.- ' Soiianle! > reprend le
premier. Enfin il finit par nous en offrir soixante -dix-sept,
cl mis enraie cuti.! 'lien qu i; n,-, 1: . : |,| VÎ -, | ^ .-..f,;
au lait. 11 y consentit. I.e second vint derrière mol, en
me disant : ■ Quatre-vingts! . Mais le marche était arrêté
et, comme on nous avait promis du café au lait, nous
11'ïurioas pas voulu, pour vingt francs de plus au billet,
Le juif avec qui nous venions de faire affaire nous con-
duisit chez un banquier, c::r lui n VI ait qu'un agent d'affaires.
Le banquier était aussi juif. Lorsque nous y fûmes, on
nous demanda nos billels; nous en avions neuf. Pour mon
compte, j'en avais trois. Après les avoir donnés, on les
regarda m iiiutieu sèment comme les juifs regardent. Ensuite,
ils passèrent dans une autre chambre, et nous, en attendant
nous nous assîmes sor ua banc où nous pûmes, provisoire-
ment, caresser notre pain. Le juif qui uous avait conduits
était n.s'é ave; nous, mais, un ius-.iii'. après, un le lit
passer dans une chambre où était le banquier. Alors nous
pensâmes que c'était pour cous remettre noire argent, et
L'envie que nous avions de boire du café nous fit perdra
patience; nous appelâmes le patron, mais personne ne
parut. L'idée que l'on voulait nous voler me vint de suite;
j'en fis part à mon camarade, çui pensa comme moi. Alors,
crosse de fusil contre une espèce de comptoir. Gomme
personne ne paraissait encore, il redoubla contre une
chambre où étaient nos lt-i|ir»ns. Nous les vîmes qui avaient
Lair île se renier ter, Aya;i: demandé noire argent, on nous
présence de toute la bande, et moi je sautai an cou de celui
qui nous avait conduits, en lui demandant nos billels.
I.urup'il:. virer:; que nous e'iaiiM ceteri:: ut':* h faire qcelîjue
scèoe qui n'aurait pas tourné è leur avantage, ils s'em-
pressèrent de nous compter notre argent dont les deus tiers
eu or. Prenant celui qui nous avait conduits, nous le flme<
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DE 1A BÊÈÈnBA A WILBA. 237
Miitir avec lur.qua. nui..* ['mea diii. !,i rue, il [>ro-
testa que lotit ce qui Tenait de se passer n'était pas de sa
faute. Nous voulûmes bien le croire, en considération du
(■:..fà n r:.~ nvrt.it j: r-::-iT:is . Il riinis nmi'.ui-il. dit; lui, on
il tint parole.
Lorsque nous eûmes aianad-, mon Miuarule voulut
retourner au faubourg, mais, tant qu'a moi, me trinivanl
trop fatigué ot même malade, je me décidai d'attendre le
11 n'y avait pas mu: rl.;nii-I>cure que je reposais, lursque
des coliques msu)iv,fir;rir.l.: : ; [:riran!. je f.'S forcé du ma
îevar; ariris, sunirsut de? niiii.x de !:-.>-:.r. fit je randis leut
i :: ,jut j'aiTiii dn::- la rn: i-; ( ;!is.:iti: j'tus -„n i!ài J-.U(_'Pii]i!:it
qui ne me donna pas un moment de repos, de sorte uue je
mou pied droit était gelé et ma plate s'était ouverte. La '
lira m [bit [li^iA'jf, >ln dm;;: du 'îiilien de la ma.ii] droite
i-i..-iit prête i torniîar. lu rnuuat; <i<: yà'.h, 'ivee le froid
i: : iLi-.^l luul :1ni;r. >. iiva I lelleinent envenimé iikiii |iieil,
qu'il me fut impossible de remettre ma botte. Je me vis
l'urcé de l'envelopivar de chiffons, après l'avoir graissé avec
la pommade que l'on m'avait donnée chei le Polonais, et,
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SÏ8 MÉMOIRES DU SËHGErtT BOURGOGNE.
vLcI.il lv.!: jiiiii; ,n, [:,:r:-i:iil. i] ni; esta mr' sirrail !>ui] jiiiur
Arrêter le niai, je ,o priai d... m,; procurer un y.ise pour le
faire cuire; il alla, me chercher nue pe.nl; bouilloire en
roiiiT ijuc jVtadiai îur UIOJ ïi.u a.»™, tu, 1 1„ -. I l; ,
ensuite je sortis de là maison après loi avoir donné dix
Lorsque je fus dans la rue, j'entendis des cris de déses-
poir : j'aperçus uns Femme pleurant sur un cadavre à la
perte d'une maison. Cuite femme m'arrêta pour me dire de
la secourir, de lui faire remirc io-„ t r.n ijn'un lui avait pris :
* Depuis hier, me dit-ello, je suis logée dans la mabnu que
vii:.s ivjt. l'Iiui dus sménr.ï jn.l-. 11--.:, mari ut,-.rt :.. .-I
malade : pendant la nuit, ils nous oni pris tout ce que nous
avions, et r.e mutin, je suis sortie pour aller mB plaindre.
Voyant que je ne pouvais avoir de secours de personne, je
suis revenue pour soigner mou pauvre mari; mais lorsque
je suis arrivée ici, jugei de mou effroi en voyant, à la porte
de la maisun, un cadavre! Ces scélérats avaient prolHé de ce
que j'étais sortie pour l'assassiner! Monsieur, continua-l-elle,
ne m'abandonnez pas! Venez avec moi! i Je lui répoudis
qu'il m'était impossible, mois que ce qu'elle pouvait laûe
de mieuï était de se réunir & ceui qui partaient. Elle me fit
im[>:jM.-.i!>le, et cumin,;, iepui^
malheureuse et me dirigeai du coté de Kowno, où j'animi
au milieu du ,lii mille homnira ,1e Itulr, innés, :Vii:mc;.
enfants se pressant, ae poussant aQn de passer les premier.'
Le hasard me lit rencontrer un capitaine de La Jeune
Garde qui était mon pays Il était avec son Ueuteuant, son
domestUjue et un maj.ais ,:u,v.-;il. Le capitaine n'avait plus
île compagnie, le régiment n'cïislait plus. Je lu; contai mes
peines, il nie donna un peu de thé et un morceau de sucre,
mais, un insUnt après, une autre masse de monde arriva
DE LA BÉIIÉÏINA A WJLNA. 23g
cohue, un tambuur battait la marche de retraite, probable-
ment à ia tête d'un détachement de lu fjamison que je n'ai
pu vnir. Knn-. m--i rliiunrj pendant plus ■ L : u i ! - : lk:n[ huijre .
noua arrivâmes a l'extrémité du. faubourg. Alors on com-
mença * respirer, et chacun marcha comme il put. Lorsque
je fus hors de la ville, je ne pus m empêcher de l'aire des
réflexions en pensant à notre u-n^e qui, cinq mois avant,
i .'[i-tï't-, ijrins vti: ■:.\p\:..-.\i: (!t I;. Lilinianie, nombreuse
et fière, ei qui en sortait misérable et fugitive.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
X
De Wllna à Kowno. — La chien du régiment. — Le
maréchal Ney. — Le trésor de l'armée. — Je sida
empoisonné. — La « graisse de voleur ». — Le vieux
grenadier, — Falopps. - La général Roguet. — De
Kowno ft Elbing. — Deux oantinieres. — Aventures
d'un sergent. — Je retrouve Picart. — Le traipeau et
le» juifs. — One mégère. — Eylau. — Arrivée à jsihtng.
droile. Cependant ils
■e portée. Après avoir
le cheval d'un oflîcier
mouton : c'était préoisé-
droilc gelée et 1 aut i i i I 1 nrriif ]c ne pus par-
srriva, plus fort et plus vigoureux que moi; il était de la
garnison de Wilna. Il coups avec un conteau la sangle qui
retenait la schafcr«i|iw, eusuile il m'en donna lu. moitié. E:t
:idl:'.t .|uu je (iiiii:.' rural £ ■.- ■■■■ ivi::i;Ujlfi[ient, \r. lu mi.
sur laléte et continuai a marcher.
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LE CHIEN DU RÉflIKEMT.
'eux er.raps do canon se lircnl entendre, i
s ^c'était le maréchal Ncy qui sorlait de
S lais habitué au*
eurcusement, elle
"iva, car le mare-
; .r^i,,,. i, oinme9 oue ,- on apercevait d0 sor[lr
encore de I» Tille pour nous rejoindre. Le maréchal avait
avec lui, pour contenir l'ennemi, environ trois cents hommes
J'aperçus devani moi un individu qne je reconnus à aa
r 1 «- - i— ' . , i-;, .'.i 'C
n çoui b. en pai .11— ,ni. ar;cai.u( ^,.jus b poids d'un Tar-
ii ju ■ P'-^l'ii iui --'i si- et mil' ce- fjMuli-;. Fr:ifaiu
' '!' I 11,11 . ■!i'i"-"Ç.-.'.r lui. i,- m-: mérni! v.iir qup
lt. ..il'. n o ; m, ,:!.],■: ,.| .;,„. I', „„,,,;„. rStni I un vk uï vj-
gertt du rc K imenl nommé Usub.-'.ou < ■ [ e chien qu'il portait
élait le chien du raniment, <, UB je ne re A Haussais pas
Jl témoyna; =„,;,,,.., .(„ | a vnir ,. fLr ,,.. inm fi|((iD
puisque lui-même avait de la peine à se traîner et sans
lui ikmncr 1, : lf!; „ Fa de ,,,, , e ",,„ demandai si
V-<:U>'. ;>"i:r m»,!!..,; r,,,,-. ,| auf ,, L . ; ; f . , .
pïéK.-.Ll,!. ; : « 11,1,,! lv| . 11) „ d .; i- V-.irnorn '
manger <l„ Cosaque, tu ne reconnai, donc pas Mouton, q „i
vrai, lui drs-je, mais q
i foirer > Tout en mir-
ent naît fuii 1<k et
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
chant. Mouton, à qui j'avais [ir.sé I,l mniri rirOit? nmmaiU
lotée sur le anp, lava la léle pour me regarder et sembla
ma recoDDBilie. Daubantcn m'assura que, depuis sept
lli:iiri!i ili. :lilti:i, cl m. l me rvnnt. les II >?;e* é'vont. rims
S se mit tellemer.
laisser suivre. Mai^
A peisit; Etiui ili^u.iiiuiwious j nr.iis mflire i no.re aisfl,
que nous eperi-Miur-i, .'..•[■[■i'-i^ -.in ravin, un peloton d*una
trentaine de jeunes Ilessois qui avaient fait partie de la
garnira de WL::a i:l nu clau:nl partis .ic[.-j:s le [i.irrit ta
'C.-.ir. L- a.tmi^kLlriil 'e iïi;-.r.c ' i: i ï~, (■*,:) ienl it treille pu
de nous ei en avant sut la droite de h roule. An même
m.- iv nous .iir.îf, sur r.etre aui^jli':, un autre peloton rie
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
mandait. De suite nous ies reconnûmes pour des lii
■viiai il.s .-iiir<:.-,:,;.-5 A îioiivs-ur hnhils I,
ils étaient action, pagnes de plusieurs Cosaques Êpars
«rots, sommaorléi par deux officiers, et qui, pro-
nt, avaient aperçu Lee Russes Avant nous, fYts.it.rit
mesure Je se détendre, l'eu:' leur faire lace, ils
ic deuii- t-.tiri ver.iiiii] ,'i jauciie, in oonserv.rit r:o:;r
L[i[iui It. iif.ite ijutte i[:ii \ e ~ couvrait .liuriér».
-ici. mes rjaultf.eiripf . : - iir | r , .■■tvdiers
jlj tien Ile.-iii; : lii. ii s f.'ari-.}:éreri'. en
rc haï le-; arin,'.,. i.i; ,■,,„;, ie > :,]1 fut
Itirvvi i ■ :■ 1 1 1 1- -. M, ■ , i ., .,„■.,,■■■,': ',l.,.< h< <
cavaliers se mirent à les poursuivre.
Au même instant, Dauhenlon, voulant se débarrasser de
Mouton, me cria de l'aider, mais trois cavaliers passèrent
auprès de i.ii. ,i la poursuite ia. Heîfnif. À.L.Fi'lOt. pou -
litre pl'Jî 1 ;!!:■:!'.!> rie ■;£■ .] ^ lj ^ r i: . i: iculut fe rcvri:- s--i;;s !■.:
cais-on où jYl.tts cL.i.ti- ■■im; ^ositicn, sriui'Viiiil tie
Oui \q ne.i l; de Ireid, niai? :1 riYu mi j:hs [■■ h.. ni)., esr un
des trois cavali-rs veuar. de lair:i m: demi -.aur et de le
charger, n tut asseï beureui pour le voir a temps et se
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mémoires no aEHOErra boOTlvigne.
Ire en défense, mais non au6ai avantageusement qu'il
rail voulu, car Mol;::, il, qw. abfuMiï. comme un brni
:. ii|>r,'is h; nsïHlier, k: nfriB.il fini-
sV:i ,.:i:rli:Li^r par ce que nous appeliai
et j'avais arrangé ma main droite de manière à pouvoir
m'en servir pour faire usage démon arme le m icu* possible,
n'ajaut pour ainsi dire plus la foi™ de me soutenir,
l.e cavalier lournait toujours sulour de Daubenlon, mais
n'aboyai! ;
Quoique bl
Mouton qui le lirait de colé en hm-lRui e' s'i'ovaut après le
i i'.viLliijr. L'ri.in hir-n .nit tr.iiut. ,:nnl c h.., li]-, L Nr;,r,:- dv,
caisson, de sorte quo son «d versai m: jiniivait plu-, llvw
pon obeval, rapprocher outanl. Il l'était placé en face, le
sabre levé, tomme pour le fendre en doui, et ayant l'air de
as moquer de lui.
Daubenlon, qgoiqu'à demi mort de froid et de misirc, ei
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
niuiiiin: Me mue en su myïn'. „
:]ui, flans toute autre circonstance
e minute devant lui. Pour npaissi
vojait passer et repasser, en jetant des cris, auprès de quel-
ques hommes qui n'avaient pu se replier .lu coté où devait
venir , a.Tifii:: i-„.r..:e : lu, jeter i li.nE, l^ nuine et le. f,, L ,ki' ; t :.n
pieds de leurs chevauï, car presque tous étaient sans armes
i:le;sjii on ujimt le. |i Lu.l-s et les ir.ain- tclOs. Dinti!-. jilu-!
vah.lnj, a.:::-! -j u-.- .iul-I.|ih:.- JJ.^.ih :;,;[,;,],]„„;. la prémunis
"=Ȏ, lorsque
n«.ut,e::'.un ,],«. ,-:„ J; , ; v;ill ,„ r , e . „ v ,. iL . j,^ ,.. r t|| .
bouge pas, je vais en finir! . A peine .ivjui il dit nfi-,,1 ■
que son coup de fusil partit; il fut plus heureui que moi.
Le euira-sier »=; «'.teint dune hallu q-j; l m , ■ rj 1 — c Hmu
«elle droite et va ressortir du cAté gauche. 11 jette un cri Sau-
vage, fait un mouvement cotmilsif m, au même instant, son
débarrassé de Mouton pour s'emparer du cheval, que nous
entendîmes, derrière nom, ou grand bruit, ensuite des cris:
• En avant! k la baïonnette t . Aussilôt, je sors de mon
caisson, je regarde du coté d'où viennent les cris, et j'aper-
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2&Ï BÉMilIHES DU SERGENT BOURGOGNE .
çoï5 le maréchal Ney, un fusil à 1» main, qui accourait à la
tit; d'un:: v..irtic [If 1 : ar ri i're- tarde.
Les Ilusscs, en le vovdiui, se niellent s fuir dans toutes les
directions; ceux, qui te jettent à droite, du cote de la plaine,
trouvent un large fossé rempli de glace et de neige qui les
■ : '[ii'.:]ic de r [■:.!■.', r, ii-ieuiv s'y eiiliiHj.'i.l. iivïv. kurs
plus où aller. L'arriére -garde s'empara de plusieurs che-
vaux et RI marcher les cavaliers à pied au milieu d'eux
pour, ensuit*, les abandonner, car que pouvail-on eiî Caire?
On no pouvait déjà pas se conduire soi-même.
Je n'oublierai jamais l'air imposant qu'avait le Maréchal
dans cette circonstance, son attitude menaçante en regar-
dant l'ennemi, et la o:iriî'.si i.v qu'il in -[jirait aux malheureux
malades et blesses qui l'i;ir.f.iii-,i.eii\ Il niait, dans ce moment,
tel que l'on dépeint les héros de l'antiquité. L'an peut dire
qu'il fut, dans les den.uis j >.:r- ils e u e désastreuse retraite,
1b sauveur des ."iéljris di- l'annre..
Tout ce que je viens île dire se passa en moins de dix
minutes. Daubenton se débarrassait de Mouton, pour s'em-
parer du cheval de celui qu'il venait de mettre hors du
Busses, se sauve mec rk.tr.l, r.. milieu de la cohue
d'hommes qui sa pressent d'avancer. Alors Dauhenton me
crie : • Garde MuuKjii: Je v.uur- Jl-n'is h; clieval; il l'aut q;i'H
me le rende ou il aura affaire à moi ! . Il n'avait pas achevé
le dernier mot, que plus de 4-00(1 traineurs de tontes les
nations arrivent comme un torrent, me séparant de Iqi et de
Mouton, que je n'ai plus jamais revu. Ces hommes, qoe le
Maréchal lai sait m archer devant lui, étaient après moi sortis
de Wilna.
Puisque l'occasion s'est présentée de parler du chien du
E'jnn.'-ii . t! fLi. 1 '"v.'/Jl la;:':- ?j Iji'.'-U'-'l lii.
Mouton était arec nous depuis 1808; nous l'avions trouvé
en Espagne, près de Benavente, sur le bord d'une rivière
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
LË MARÉCHAL «Et..
fut perdu on tdI
jours après noln
plas surpris de L
hommes, parti d
pas ilMij..:
-1j :iv:ii! (M,.; pii : j.i.nr i:.::;:
has. Beaucoup dfl qhani
StS MÏUUUIK9 DU SBB6BHT BOURGOGNE,
apercevait Jes Cosaques que la vue du butin attirait, mais
qui n'avançaient qu'are tir.-.i] -p,-,,- ion . ar.i, n l.mL :,,]<■
1 arriére-garde lut passée afin de moissonner -;hk rj hil-.--;-
Je me remis à marcher, mais, an lieu de prendre la roule
où étalent les caissons, je tournai la montagne par la droite,
où plusieurs voitures avaient essayi il.; n;.^-- mais presque
■■■[! le fusse, au bord du ehe-
teaux. J'aurais
Wilna, vojantm ,
descendre, et m'en jeta un rlaus lequel je trouvai quatre
belles chemises de toile fine dont j'avais le plus be-oir H
. une culotte courte de drap de cotoo : c'était le porteman-
T. i l comm -,ir,; il,> jutivs, IV,, [,v..- , 1M ; N-dir-ait .
Content d'avoir trouvé du linge, moi qui n'avais pas
ilujiiiis le S m;ïi:iii;iro : d\*:iué 'le çli-ini-c. lïnit lc= jj.h .1 » r- =.
lambeaui étaient i- -. 1 1 1 ■ ~ .le ,a j ? . m]l ,( a .^
tin peu plus loin, je ramassai un carton dans lequel il j
avait deux superbes chapeaux à claque. Comme c'était fort
léger, je le mis sous mon bras, je ne saie en nirif pcnr^uijl,
in que je suivais tournait a gauche, à travers Iflf
i, pour, de là, rejoindre la grand'mnte. Ce che-
min avait Été tracé par les premiers hommes qui, à la
pointe du jour, avalent franchi la montagne. Après une
demi-heure de marche pénible, j'entendis une forte fusillade
accompagnée de grands cris rjni partaient du coté de la
route où étaient les caissons; c'était le maréchal Sej qui,
voyant que l'on ne pouvait sauver la trésor, le faisait distri-
buer aui soldats, *
les Cosaques, i
.. .a droite, je les voyais qui avançaient
ir il n'y avait, pour les arrêter, que
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
la peine que je m'en
sraquo et, comme ja
T arrêtai : o'âUll une
île la Garde, ayant
cent francs pour une pièce do vingt francs en or? » Mais,
tomme il ne se trouvai' — J - -' ' - ■ ■ '
embarrassés, et linisaf
avaient pas. Dans le r,
,e se trouvait pas de changeur
- "-issaient par en offrir à ceuï qui n'ei
je refusai, *ar j'avais environ liuit
:<■:,:■ i-ancs en or, et plus de cent francs en pièces ■:<■ ti[;i|
je restai dans cette baraque le tempe d'arranger la peau
de mouton sur ma tète, afin de préserver nui ortillos du
i'juk;, irais j,. m: p Ja ^haniicr ds ■.:hrmi^ r le temps pres-
sant. Je sortis en suivant des musiciens chargés dWrn!
ma* qui, dans cette position, ne pouvaient dler [,i e:t b irl .
Les coups de fusil, qui n'avaient pas cessé ds Se foin
..:ii'..:n..!iv, f-iipp-iiohaiïiil, .!.; snrl^ jur- mnis nmr.f. ■.-■b.\ii-,
de doubler le pas. Gens qui étaient chargés d'nrgeal M
pouvant le faire facilement, diminuaient leur charge en
siîicuriat leurs sacs pour en faire tomber les pié.:es de
cinq francs, en disant qu'il aurait mieui valu les laisser
dans les laissons, d'autan! plus qu'il j avait de l'or à
s eu le te
cependant, il y eu avait beaucoup qui
■ -Gnôles napoléons.
L'n peu plus avant, j'en vis encore plusieurs venant de la
direction où étaient les caissons, portant dans leurs mains
des sacs d'argent : étant sans Force et ayant les doigts gelés
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aM UÉMOIHES DU SEHGEliT ÈOURuayNE.
ou engourdis, ils appelaient ceui qui n'en avaient pas pour
leur eu donner une partie, mais il est arrivé que celui qui
en avait porté une partie du chemin el qui voulait en donner
il d'f.uh-es, n'.'ii .î-.iti L [.lus; il c«[ même :*rtai:i i[i;e
avant, des hommes qui n'en avaient pas ont forcé ceui qui
i:a portaient à pnrmucr avec :™, et que lo pauvre diable
qui le portait depuis longtemps se voyait arracher son sac
et était très heureux si, eu «imïant Jéfendre ce qu'il avait,
il se riilhvnil, car il à lut k"jjo::r:= > indus fort.
J'avais gagné la roule, et, comme je n'avais pas 1res froid,
je m'arrêtai pour me reposer. Je vojais arriver d'autres
hommes 1 encore chargés d'argent et qui, par moments,
s'arrêtaient pour tirer des coups rie fusil au* Cosaques.
Plus haut, l'arrière garde était arrêtée pour laisser encore
passer quelque» hommes, ainsi que plusieurs traineans
portant des blessés, et sur lesquels ou avait mis, autant que
l'on avait pu, des barils i!'nrp>N>. Cela n'empêchait pas que
(le; humilies, attirés p,-r eu burin, t-.aii'ii!. eu:ure
rtst.js uiarrhTi!, et, i,-, . ■■ ,Hjnt su hiii.ua;', Ion m il ■-..iri
que beaucoup avaient puisé dans les caissons avec les
Cosaques.
Je continuai à marcher péniblement. Je vis venir à moi
un officier rie la Jeune Garde très bien habillé, bien portant,
que je reconnus de suite. 11 se nommait Primer; c'était un
ilt mis amis, f-assrj oit _ j i- ■■ J.ipi.is lu. il mn;.. s u [■[«■],: ,!,. [,..
voir aller du cité d'où nous venions, je lui demandai, en
l'appelant par son nom, où il allait : il me demanda à son
tour qui j'étais, A cette sortie inattendue faite par un cama-
rade avec lequel j'avais été dans le même régiment pendant
cinq ans, et sous-otllcier comme lui, je ne pus m 'empêcher
de pleurer, eu vuyant que c'était parce que j'étais changé
et misérable qu'il ne me reconnaissait pas. Mais, un instant
après : < Comment, mou cher ami, c'est toi! Comme te
voilà inaiheureui! > Ku disant cela, il me présenta une
gourde pendue à sor^cûlé, dans laquelle il y avait du vin,
qu'une main rie libre, le bravo Prinier me soutenait de la
main gauche et, de l'autre, me versait le vin dans la
Je lui demandai s'il n'avsit pas rencontré ,les déhris de
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
1B SUIS EMPOISONNÉ.
l'armée; il me dit que non, qu'ayant été luge, la nuit der-
nière, ilsûa un moulin éloigné de la route d'un quart do
lieue, il était très probable que la colonne était passée pen-
dant ce temps, mais qu'il en avait vu de tristes traces par
quelques cadavres .■.^cu; 1 sur chemin; que ce n'était
biei «ifiittî, i 1 i !■■ ■■ 1 ■ 1 iprouïés . qa 11
il n'y en a plus d'armée! — Et les coups de fan que j'en-
tends? — Ca sont ceux de l'arrière- garde, coramajidce par
le maréchal Ney. — Dans ce cas, nie répondit-il, je vais
rejoindre l' arrière- Rarde. >
En disant cela, il m'embrasse pour me qoitter, mais, en
faisant ce mourcmc.it, il î'r.perçjit q.ie j'avais un earloo
sous le bras; il me demande ce qu'il contenait. Lui ayant
dit que c'étaient des chapes uj, et me les demandant, je les
lui donnai avec bien du plaisir. C'était précisément ce qui
lui manquait, car il avait encore, sur la tète, son schako
Le vin qu'il m'avait fait boire m'avait réel laiift'é l'estomac i
heure après avoii-'niti' i ■ It r. | -.]:■.: : .-us des feu*.
Celaient des chasseurs .1 pictl. !■:- m'approchai comme un
suppliant. Ou me dit, sans me regarder : < Faites comme
ii(;iis. allez cticrr.ii i»r cV Lois es i ai las du S'en! > Je m'aUoîi-
dais à cette réponses r/etait loujour:- ce que l'on répondait
It ceui qui se trouvaient isolés. Ils étaient sis, leur feu
bouteille d'eao-de-vii:. Ji lïiiïris, c:i l'accepta, et j'eus une
place. Nous vidâmes la bouteille à la ronde, et, lorsque
nous eûmes Uni, je m'endormis assis sur mon sac, la tète
dans mes deui mains. Je dormis peut-être deux heures,
souvent interrompu parle froid et par les douleurs. Lorsque
je m'éveillai, je profitai du peu de feu qu'il y avait encore,
pour faire cuire un peu de rii dans la bouilloire que le juif
m'avait vendue. Je commençai par prendre de la neige
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
DU (EaUEUt BUORGOGNH.
Bis du ris gni finit par
s pua bien te prendre
i mu droite, mangeait
était creus : c'cat de ot
Ensuite, reprenant m
froid, cette nuillà, a'
ant quelquefois à un feu abandonné, où je
sommes mort* ou mourant!. Lorsou'll fil jour,
qmtlquCi suld.iH lll i-iyitr. CD':, qui ill,' :h -■,L
qu'ils î'.vtio::! (.-ji;:!^ ;ive- L^Kis, t-ni.ij -.r.
Un peu plus avant, j'aperçus "un individu ayant sur les
■'paul,:. une peau de mouton et marchant pér,ibl-„..T*
appuyé »ur son fusil. Lorsque je Tu» près de lui, je le
reconnus pour le fourrier de notre compagnie. En me
voyant, il jeta un cri de surprise et de joie, car on lui avait
. qu.. ,Vt„, ]iri «:,., n ;or a Wilua. Lciliu™ Ko.-i,
'■)•-■ * ù " " om - *™a 106 deus pieds gelés et enveloppés
■U.n» ilr« ni.ure-n;! ,1e r0it u da uninion. il mf .t. nia <, ,i|
s'était séparé des-débris du régiment. ::,i pc.vant nm.rher
aussi vue que les autre», et que nos amis i..-A,.tH fort in T iKi.
sur mou compte. Deux grosses larmes coulaient le long d*
ï-es jmi«=, et ,v,rnmt je lui en demandais la cause il ^r'" ir.it
:i |iLiiim- s'Ofj-; ; ,rir ; « !'.,ijv, u „„■■,„, t i; p„u-<iii H . v ,",-
■:™.i,;< su.*! :„,, :,. j,,,^. -,,,„_
laubaul , - celait le nom de sou «.droit. Je cherchai à le
consoler eu lui faisant voir que ma position était encoro
plus triste que la sienne. Nous marchâmes ensemble une,
partie dp ia journée ; souvent j'étais obligé de m'arre ter pour
™>n ilèrausK.uciu de corps et, quoique je n'eusse pas besoin
iw Jo.auc mes pantaluiis pour satisfaire à mes besoins je
non j...jrd&is pas moins du temps, oar, depuis Wilna ne
r.im-snV ;:a,is- do n:.- 5 duiïts -tic: m, oilL.-oiii-.li-. remcllrs
mes bretelles, j'avais décousu mon pantalon depuis 1»
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IE SOH EM-TOISDNNÉ. (S3
devant jusqn'au dcrrijrc: .io le lanir par le moyen
rt'nn vieus cachemire qui me serrait le ventre; do celle
manière, ludique j'avais besoin, je m'arrêtais, et, debout, jg
satisfaisais à tout à la fois. Lorsque je prenais qtfelqua
trouvante, troia mal heur,,, , aold.ts qui nous dirent que, ne
pouvant aller plus Iùin. ils ava,.::,l r,:=olo d'y mourir. Nous
leur limes des observations sur le sort qui les attendait,
lorsqu'ils seraient au [m avoir t\ns ilu-isss. Pour toute réponse,
ils nous montrèrent leurs pieds; rien de plus effrayant a
vnir : plus de la moitié des doigta'lour manquaient, et le
reste était prés de tomber. La couleur de leurs pieds était
hleiie cl, [!.■><;:- ainsi .lire, «n ;mtj-t::j!' i .ti I in. Ils appartenaient
au corps du maréchal Hey. l'eut-?'.™, lorsqu'il aura passé,
quelque lemps après, les aurs-t-il saavés.
Nous nous arrêtâmes assez de temps pour Taire cuira un
peu de rit, que nous mangeâmes. Mous limes aussi rôtir un
pou de cheval, pour manger au besoin; ensuite nous par-
lîuies ru uiîiis pro;n.::'Mil iï-ï m: [:oivl nous Fcparer, mai! la
grande cohue de traînards arriva, nous entraîna, et. malgré
tous nos efforts, nous filmes séparés, sans pouvoir nous
rejoindre.
J'armai sur un moulin a eau : là, je vis un loldat qui,
ayant voulu passer sur la glane de la petite rivière' du
mouliti, s'était enfoae:i. ijiniirn: n'nyant de l'eau que jus-
qu'à la ceinture, au milieu des glaçons, on ne put le retirer,
lin- nf liciers [l'ïrnlim!, qv.i avair'rit tr:ii:vn. dans la moulin,
des cordes, les lui jetèrent, mais il n'eut pas la fores d'an
saisir un bout; quoique vivant encore, il était gelé et sans
Un peu pins loin, j'appris que le régiment, si tonlefoii
l'on pouvait encore l'appeler de ce nom, devait aller couebor
k Zismorg; pour y arriver, il me restait encore cinq lieues à
faire. Je résolus, quand je devrais me traîner sur los
Renom, de les faire; mais que do peine il m'en coûlal Je
tombais d'épuisement sur la neige, croyant no plus me
relever; heureusement, depuis que js m'étais sépara lia
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., le froid avait beaucoup diminué. Après des efforts
Iturels, j'entrai dans le village; il était temps, car
i- fuit -rjsi: i|u'un h» 1» jii'iil fui ri; ptm c- ■ 1 1 ■ i i t"
omis, de me secourir; l'on me coucha suc de la paille :
c'était la quatrième fois que nous en trouvions depuis que
nous étions partis de Moscou. M. Kerraris, lieutenant île
la uumjiaiiiilï, qui avait de l'eau-dc-vie, m'en lit prendre un
peu; ensuite l'on me donna du bouillon de cheval que je
'.rouvai bon, car, cette (ni-, il était salé avec du sel, tandis
que, jusqu'alors, nous mangions lout salé avec la poudre.
Mes coliques nie reprirent plus fort que jamais ; j'appelai
'.;r.in[>T. ).-> hi d'.= ji; ']:.'■ j'OIsi; i . ni :.Mi-.irirnj.
AuHSitùt A fi: l'uudri! il.- .'a nei^e :ijtiï la |;i-ti;e I.iouiilrun;.
i"jur me l'air-; du ihi nn'il .■(;■[!■■: ■■tai 1 . île Miiscoa; j'en Ui;
beaucoup; ça me fil du bien.
Le pauvre TM-.i arr;va, au;'.i malheureux que nmi; il était
.lecdi-.iiiaï.a!'; du -iTgeiit Bailly, qu'il avait rencontré un
instant après avoir clé séparé di: m;,:. W ferment était eclui
.avec iùquîl iavais »'.é chromer Ici, liillcis de banque à
Wilna, f'L iiv'ï : lequel ] (":u c,',l:; i- jur. 1: ÙJ.it
aussi krU'.LiLiiit iii.;i.|cs,; qu;. noi; en me t^ï nul, il me
demanda comment je me pnrtsis et, lorsque je lui eus dit
comme j'avais été malade après avoir pris le café, il ne
doula plus qu'où ait voulu nous empoisonner, ou, au moins,
Couché sur de la paille et près d'un grand feu, je m'arran-
geais de mon mieux, quand, tout à coup, je ressenlis dans
les jambes et dans les cuisses, des douleurs tellement vio-
lentes que, pendant une partie de la nuit, je ne fis qu'un
cri. Aussi j'entendais dire : < Demain, il ne pourra pas
partir! . Je le pensais aussi; je r;e dispi.nai à faire, comme
beaucoup avaient déjà fait, mon testament. J'appelai mon
intime ami Grangier; je Ini dis que je voyais bien que tout
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one montre, une trois en <>r ci on arjretit, un petit vase eu
porcelaine de Chine : ces «eus derniers objets, je les pos-
sède eu:»]. Je vtjulji- n-;«i r-ic :i-;;'nire de loui l'argent
que j'avais, à la réserve do quelque? pièces d'or que je vou-
lais cacher dans la peau de moulon qui m'enveloppait 1b
pied, espérant que les Russes, en me prenant, n'iraient pas
chercher dans les chiffons.
Grangier, qui m'avilit écoulé i-iims m'interrompra, me
demanda si j'avais la lièvre ou si je rêvais : je lui repondis
que tant t|u';'i !>l -~ù\r?., t.l'e>" !ïC-m oui ;n [jvais, mais que je
n'éisii ps fliiis ic dirlii*. Il se mi; m me Isin; i!e la m iroîi .
en me rappelant mon courage dans des situations plus ter-
ribles que celles où nous nous trouvions : . Oui, lui dis-je,
que j'en avais dit^ autant au passage de la Bcrùzina, où
j'slais [iGur \t: [imii:s aussi iin'.t et que, eepeudanl.
■ Iqmis, j'avais fait ip.ilii! vingt* lieues; que, pour quiiue
qu'il restait pour arriver a Kowno, et que l'on ferait en
deu* jours, il n'y avaiL pas de doute qu'avec le secours de
Le premier village, le premier château que nous trouverons,
nous irons nous mettre à la disposition du baruu ou sei-
gneur : peut être aura-t-on pilic de nous — je sais peindra
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
un peu — jusqu'au moment oû, bien portants, nous ponr-
rn:is gaRner la Prrn.se en h rwoirne. car il es: p.obiiii:,! .;uc
Ils [tusses n'iront pas ph:s Inin ni.c tnwnu. i Je lui dis q,.p
jo ferais comme il voudrait.
H. Serrans , à qui Grangier venait de fairo part do mon
dessein, s'approcha de moi pour me consoler; il me dit
que, tout qu'à mes douleurs, et uVittit rien, qu'elles ue pro-
venaient que de lu fatigue d'hier; il me lit coucher devant
le feu et comme, fort heureusement, le huis ne manquait
pas, l'on en fit un bon, à me rôtir. Ce feu me fil tant de
bien, que je sentais meH douleurs diminuerai un lijan-étre
qui me fit dormir quelques heures. Il en (Ht de même pour
le papvre Rossi.
En 1830, je fus nommé ofDcier d'état-major à Brest; le
jour do mon arrivée, étant à table avec ma femme et mes
enfants, k l'hôtel de Provence nu j'éiais logé, il y avait, en
face île moi, un individu ayant une for', hclle tenue et qui
ma regardait souvent. A chaque instant, il cessait de manger
,st, le bras droit appuyé sur la table pour reposer sa lélc,
s.'iuldsit i-iifliAir, nu ijlulè: se r.i; h pi-l-T- ip.elip.ies souvenirs.
Ensuite il causait avec le maître de la maison. Ma femme,
dans un bureau où était le registre des voyageurs. 11 raatre
dans la salle en s'écriant a haute voit : i C'est lui ! Je ne me
lr<ii:i]iriis pas! (eu m' appelant par mou nom). Ces! bien unni
le le reconnais à s» voix, et nous sommes dans les bras
l'un de l'autre. C'était Rossi, que je n'avais pas revu d.'piiis
ttil.-l. depuis oix-j-epl uns! 1.1 me ciovjit mn:t, cl moi je
purniii;. Lie mime ils lu:, tar.i'aviiiîi epp-ir. .; ma tvfilré* Ut
prisons, qu'il avait été blessé sous les murs de Paris, Celle
reconnaissance intéressa toutes les personnes qui se trou-
vaient prssïiiLes, lu nombre de plus de v.ngt; il fallut
conter nos aventures de la campagne de Russie. Non* le
fîmes de bon cœur; aussi, à minuit, nous étions encore a
Uni*, a boire le Champagne, à la mémoire de Napoléon-
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Il n'eM p.is .Hoiin;.iil que. tl'ulmnl, je n'aif pas reçu;
mon camarade, car, ■)'■ dilieat qu'il étail, je le rétro-
l'.jrl e!- pui-H'iit, ]«* i;h: tous p(-L'M(H iris ; .1 éUul do
lauban, et riche négociant.
(tnaud monicisl. in départ un /-a. je :'0 pensais riL .l-, ,ï
rosier, mais il ma fui impossible de marcher seul ; (iranjier
«L Leboode me soutinrent sous les bras; l'im en É L L autant à
Rossi. An hoiil d'une demi-lionre do marche, j'étais beau-
coup miens, mais il fallut, pendant toute la roule, le
secours d'un bras, et souvent do deux. De cette manière,
wnne heure au petit village où noua
obligés de concher dans une four,
beaucoup de paille; nous uous
couvrir, mais comme le malheur in
le feu prit à la paille. Chacun se s:
bilili de me mouvoir, si l'on ne m'avait pris parles épaules
ci jiLir icf. i ii m i :^. ■■" ii -'i ■'■ ' 'i h li« baraque où était lo^é
le général Hoquet avec d'autres id'liciers supérieurs qui se
sauvèrent en voyant les flammes, pensanl que e'étail l'habi-
entrâmes dans la mab In général, composée de deu.v.
chambres. Nous en prîmes une ma^ré lui; nui;s nous
entassâmes les uns à côté des aulres ; plus de la moitié fut
oblige de rosier debout tonte la nuit, mais c'était toujours
nsk-js que de rus1;:r .ixncisus à un m.ïi.vii' Lenips qui eâ:
infailliblement l'ait périr les trois quarts de nous (13 dé-
cembrel. La journée démarche que nous devions faire pour
arriver i Kowuo était au moins de dii lieues; aussi le
(joufiiil I!.'i:;e'. nous il: pjilj «'ml lejnir.
11 était tombé des grains de pluie grêlée qui formaient,
n
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
:i::lfi.i'ji^K.
sur la route, une glace à doub empêcher île marcher. Si je
n'avais pas eu, comme la veille, le secours de mes amis,
j'aurais probablement, comme beaucoup d'autres, terminé
mon granil '.-fiysan li: drmû'.r y.mr mi nous sortions de 11
psi fironpi
lorsqu'un homme tombai:, l'en entendait les cris: .Arrêtez!
notre bataillon s'écrier : • Arrête* dont! Je jure que l'on
n'ira pis plu a»ant, tant que l'on n'aura pas relevé et
ramené les dcui hommes que l'on a laissés derrière! »
C'est fur sa fermei.j qu'ils furoa: sauves.
Arrives au haut de la montagne, il Taisait asseï jour pour
y voir, mais la pente était tellement rapide et la glace si
luisante, que l'on n'osait s? hasarder. Le général Ttoguet,
quelques officiers et plusieurs sapenrs qui marchaient les
premiers, étaient tombés. Quelques-uns se relevèrent, et
ceux qui étaient assea îorts pour se conduire se binèrent
Aller sur 1: derijr-rc, st.- ?i.w :ï.m iw, mains; d'autre;,
moins forts, se laissèrent aller à la grâce de Dieu. C'est
dire qu'ils roulèrent somme des tonneaux. Je lus- du nombre
de ces derniers, et je serais probablement allé me jeter dans
tin ravin et me perdre dans la neige, sans Grangier qui,
plein de courage et t':;.jrjr.? j'ort, se portait toujours devant
mol en reculant et s'i-.-i-étH.ul dans la direction on je devais
m'arrêter eu roulant. Alors il enfonçait la baïonnette de
son fusil dans la glace pour se tenir, et lorsque j'étais
arrivé, il s'éloignait encore en glissant et faisait de même.
J'arrivai eo bas meurtri, abîmé, et la main gauche ensan-
glantée.
Le général avait fait faire halte pour s'assurer si tout le
monde était arrivé et cnmme la veille ou s'était assuré du
nombre d'hommes présents, on vit avec plaisir qu'il ne
11 y a un
de tombé! > J'ai vu un serge ut- major de
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Ï89
s'npcrçjt avoo nirpue que 1-fiL iiurut ; a evi:er telle !i'.<::i-
ta K ne en 1» tournant par la droite, ou il n'y avait que de la
::.:!»(;. Cen ;.u;.r:s COT-p. |u. :n„ ; -li:„e.:<. ap-s [:„,;.
fatigué, à ne pouvoir marclier que fort lentement et, comme
je ne venin ' pas allumer île la complaisance Je mes amis,
je les priai de suivra nolonn?. Cependant un soldat de Ih
compagnie resta avec moi : c'était un Piémonlais, il sa
nommait t'aloppa; il y avait plusieurs jours que je ne
l'avais va.
Ceux ni' i.nl I.e.ej.n.is CM assp.i liemvux pour euiiseivïr
leur sanlé, n'avoir pa; les pilais L'aie* et marcher toujours
u l.i téta de la cciOTjne : n'unî [in- vu 1rs ilé-aHves c.uninê
ceux qui, pomme moi, éMieui. malades o.i estropiés, car les
premiers ne voyaient- i;uJ "eux V y - loniliiiient autour d'eux,
tandis que les derniers passaient sur la longue trainée des
eus. Ils avaient encore "le désavantage d'être talonnés par
l'ennemi. ^ ^ ' ] [ é '
avec moi, ne paraissait pas éire dans une position meil-
leure que la mienne; nous mari; liions ensemble depuis un
quart d'heure, lorsqu'il se tourna île mon rVil.éen me disant :
. Eh bien, mon sergent! si nous avions ici les petits pots
de graisse que vous m'avez fait jeter lorsque nous étions en
f.spi !;::;:, ï;h;s S'iii' 1 ' ''uulcut :10ns |:..u;-riu:ia luire
lire lionne soupe: 1 Ce n'élai". pas U; piemiére f.iis qu'il
disait çe, el en voici la r.-isuii ; c'est un épisode assez drôle :
Un jour que nous venions de faire une longue eour-e dans
les innnlacnes mu ^y:u:■L.■p. jnns viumsa Uiiier ; Saiul-
Hih.iiime, ptitile ïilli-: il:n:s Ca.ULe, sur ]e t.nnl (le In mur.
J:: l'es line, me:: ma suii'L-vif ir..(i, iin':.~ un,: iira::Je mai-oo
oui formait l'aile droite de la Maison de Ville'. Cette partie,
1res vaste, était haljitér par un vieux garçon absolument
ieul. En ar:r.a:i: riir;- lu]. nei:s lui d'un 1: .là-ve- si, nviu: de
l'arirent. nui s ui: p ,ur: eus pif Ui.llï pr.jji.rer ilu ...enire ou
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Art. liariots. I.'Lcl.H vLdu ::i:ui nl-ju iitLiL >;■;(', pm:r ùi: l'or, un
n'en trouîerait pas dans toute la Tille. Un inslaut après,
noua f II «■ :t l [ 1 . I- :i -ïl m:-:, la cuisine PL
beurre ou de la graisse, mais on n'en trouva pas. Lorsque
nous rentrâmes l'.i premiers cl'Oî» que l ; ;ileppa nous dit, en
reitlia.nl, fuL [ 1 1 r tï le liourgi'i.i.; elail un euquin : i Comment
r,c;c? ; l i (Sis je. Cjn'.mrn: ce'.a'' :1011s rério:.. lit-il.
Il me raonlrn trois petits pois en grès contenant de la
hi'llii tiiii.--: (|ui! nous riHiiiisim» [ir.ir (le '. ■ ç-j^-e (S'oie.
Alors chacun se récria : ■ Voyez-vous 1.: gueus d'Espagnol !
ïcsej-ïoiiî le ceqi_in! . Xïff cu:silili'v r.vn/. lai: :ine iMiuir
eoupe et, dans le dessus de la rnarmilc, il avait accommodé
fies haricots. Vous non; miuiis ri ruminer son. une grande
ch.' mini?.- qui reisimtlait a un:. purl; r.oi- 1 1 .": Ioim|iil'
TEspagaol rentra, enveloppe dans son manteau brun et,
nous voyant manger, nous souhaita boa appétit. Je lui
l'Espagnol avait menti : • lit quand eela serait? dit-il, la
soupe était bonne el les haricots encore meilleurs! > En
disaol cela, il m'en ollVail pour eu goûter, mais un mal de
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U « GRAI5SU UK VOLEUH ». Sfii
cœur m'avait pris, et je rendis tout ce que j'avais dans
l'estomac. J'allai clic un mnn.-li.inJ de au -do -vie, vis-à-vis
Je noire logement ; je lui demandai (]uel était l'individu ciici
qui nous litiffltis loçés ; il fit le sLuie de In i:rois en répétant
à plusieurs reprises : Ane, Marin purissisia. sin peeendo
concctaiil.' lï me dit que ee'.Ji'. :.l tllJ.is.ii . h*
tus, pendant quelque temps, malade do dégoût, mais
Faloppa, en partant, avait emporté le restant de la graisse,
avec laquelle il prcleu<iait nous l'air; cr.mn de la sou|ie. Je
fus oblige de le lui faire jeter, et c'est pour cela qu'en Russie,
l.usque u.T.ç n'avio-.f rien i manqer, Y. me disait -.oucais
ce que j'ai rapporté.
Depuis une demi-heure nous nrwwns pas perdu laculoaue
de vue, preuve que «ou? avirm; nssci bien marché. 11 est
vrai de dire que le chemin se trouvait meilleur, mais, un
sabres, au feu de l'incendie des maisons.
Pendant que nous étions occupés à cette besogne, plu
sionrs ctuips de tanon se ûittiI. entendre dans ia i!i:-i-!:ti(;[i
il'ini Huas n:ui :::H. Rc^nida::. iu-iù'' t:e ce coté, j'aperçus
une masse de plus de dix mille traiueurs de toutes armes,
en désordre sur toute la largeur de la mule. Derrière eus
marchait l'arrii T::-pude. lie;.. lis, ]ii'iis:i qui: le niar dlal
Key faisait quelquefois llroi- le canon afin de faire croire à
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26Ï MÉMOIRES DU SERGENT BOURGOGNE.
lous_ces malhcureui que les Russes étaient prés de nous et,
par ce moyen, leur fin:.: acciilnrer le pas, pour, le mémo
jour. j{aiir.er Kowno. C'ctai; mu: pi.rlic ili;s i.lvbii; de k
Grande Armée.
Notre viande n'était pas encore à moitié cuite, que nous
jugeâmes prudent de décamper au plus vite pour ne pas
PUT- Mil i Mi'a.'iL- ce ]]<>■.: il Livrer] I.
Nous avions encore sis lieues a l'aire pour arriver à Kownn;
et déjà nous ëlions cïtènués de latigue ; il pouvait être onie
heures; Faloppu jtu; dirait. : . Mou sergent, nous n'arrive-
rons jamais aujourd'ii ,i[ ; li : rH™ de qvzue est trop iong ',
Nous ne pourrons janniis sortir <<e. c pays du diaMe, c'csi.
iini; je ne verrai plus ma lielle Italie I . Pauvre garçon, il
Il y avait bien une beur* que nous marchions, depuis la
rencontrâmes pluiieui- .nviiij i f d'Iiuiumes de quarante de
en ordre.
Nous marchâmes tant que nous pûmes, avec ces petits
.it;ir.i'[i'.TTiu:its; non- faisions uni:, cl- qitts nous pouvions
la France, encore une lois halle! Il ne faut pas qu'il soit
dit que nous avons doublé le pas au bruit du canon! Face
niTictn: • Kl, Lv.i^iliit, ils se mirer', en ordre sans parler
et se tournèrent du cùté d'où venait le bruit. Tant qu'à
nous, qoi n'avions pas de drapeau a dérendre, puisqu'il
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MARCHE BOB KO» NO.
«tait il plut d'une Lieue devant, nous continuâmes i anus
traîner. Nous fûmes bien heureux, ce jour-li, que la froid
n'était pas rigoureux. <:u: p: n - d" ■ E. ije fais nous tombâmes
marchait, ensuite n'arrêtait pour se mouvoir encore. Nous
pûmes reconnaître qu'en cet endroit es trouvait un défilé.
La route se trouve resserrée, à droite, sur une lonjrueur de
5 a 600 mètres, par un monticule dans lequel elle a été
coupée, et, à gauche, par un fleuve très large que ja pense
être le Niémen. Là, les hommes, forcés do se reunir en
attendant que quelques caissons qui venaient de Wilua aient
pu ; j. |v :• ■ ii;:i]t. :--2 poussaieni un désordre : c'était
à qui passerait le premier. Beaucoup descendaient sur le
fleuve couvert de glace pour p^nm t;i ilroile de la colonne
ou la Un du dénié. Plusieurs, qui se trouvaient tout à l'ait
sur le bord, furent jetés en bas do la digue qui était perpen-
diculaire et qui, cd cet endroit, avait au moins cinq pieds
de haut; quelque! uns firent ti.o-.
Lorsque nous fumes arrivés à la gauche de cette colonne,
il fallut faire comme ceux qui nous précédaient, il fallut
attendre. Je rencontrai un scc^-lI i Velues de notre régi-
ment, nommé Puumo, qui me proposa de traverser le fleuve
avec lui, en me ilisniil qui:, île l'auli-e cf j lé, nous trouverions
des Imitations où non.; poun-i^is passer la nuit, et qu'en-
suite, le lendemain au matin, étant bien reposés, nous
pourrions facilement ja^ner Kuwiki. uar il n'y avait plut,
disait-il, que deui lieues au plus. Je consentis d'aulanl plus
a sa propos il ion. que je ne <■■•': sentais plus la ferce d'aller
loin, et puis l'espoir de passer la nuit dans une maison,
avec du feu ! Je dis à I" aloppa de nous suivre. Ponmo des-
cendit le premier; je le suivis en me laissant glisser sur le
derrière, mais, lorsque j'eus l'ait quelques pas sur la naige
qui recouvrait le lleuve par gros tas. je vis l'impossibilité
d'aller plus loin. Alors je fis signe a Faloppa, qui n'était
pas encore descendu, du coi'.ii-, car je venais de racorni a. lira
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■■-.■nie-us. Ce Ijoir.iïivrvniuT.i lI.: :'..:■.■.« i:..i:L probablement
d'nne forte gelés qui les surprit et les arrêts dans leur
Cependant, Prunii ;>. rp:i :n 7.1 .:.■■ di-van:. ]:],■■: ce rpiclqni-,
pris, s\"::ail air:":::': ■.;: '<iï;i\H qir! je ris Is suivais pas, n'en
dicclua pas moins son passais, avec trois vietiï grenadiers
firent l'autre bord.
.II! nie ..)i:liri ilr; Fa:,,|.p:r i'.V.iis sépale seule-
ment par la tiauteur <ie In dic;ue, pour lui dire de suivre la
g.m.-b* ri* la colonne : quii, tant qu'il moi. puisons j'e'.nis
descendu sur la glace, j'allais suivre de celle manière jus-
qu' 1 f i 1 I t ] m
(M r ..ni jiH ■■ n f.i i 1 I. '..il [i t le I • : i ■ ,r jaiiiirs.
J'avais deja parcouru los trois qnrirls ils la longueur du
détiie. ]i):;,qi;i- /.; ui"a|'ii:;ni rp:e !r. .i.riivs tournait i.rosrpie-
HIOS! i. ^aoclnj. inuci- [lie h rnrde, '.on', on s'elardssnut.,
allait tout droit. Il m: fallut revenir presque au milieu du
ilélilû, i l'eodroii où la digue me pu™ t moins haute, et là,
Taisant de vains ellorls, faible connus j'étais- si n'ayaul
qu'une main ■■ent prisse i::r_- servir, je us pus jamais y
parvenir.
Je montai sur un las de glace afin que l'on put, sans
se baisser beaucoup, me donner uns maio sircourable: je
m'app-.ivi's. rie la mm a. -aar iie, s ai' ;min Ir.-ii. c: je I; :-, lars
l'an'.!* lï ci«.ix q.-i. ,', [ n' :'S de (■■.■.■[, pouvaient, pu ad ]istit
ellorl, me tirer de là. Mais j'avais beau prier, personne ne
me répondait: l'on n'avait seulement pas l'air ds Taire
attontiuu à ce que je disais.
Kiiiin l)i en: errri-c pil'e il- m:,:. Il.ii!. ■.: ,i|.„; • .,u
estte milite d'ilote ::u:~ ■::;i.l r i : 1 .- . ■ . je iev.ri 1,.1-L,.- el. v.ivan;
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LE VIEUX UIŒMDILfi.
un vieui grenadier , ; l cheval de la Garde impériale, à pied,
dans ce moment, 1rs moustaches et la barbe couvertes de
glaçons et enveloppé dans son grand manteau blanc, je lui
dis toujours sur le même Ion : • Camarade, je vous en prie,
puisque vous êtes, comme moi, de la Garde impériale,
ï!ii;t poiiïVi viius sd;i; du i .!? ml.:: m lu '.-au. je tiîhe-
rais de vous tirer de là! • Alors il se baissa, j'empoignai le
pan du manteau. Je lu saisis de même avec les dénia et
j'arrivai sur le chemin, floua' Lsemenl que, dans ee moment,
l'on ne marchait pa~, car j'aurais pu être foulé au* pieds,
sans, peut- oire, pouvoir jamais me relever. Lorsque je fus
bien assuré, le viens, grenadier me dit de me tenir forle-
avec bien de la peine, car 1 n ■ que je venais de faire
m'avait beaucoup affaibli.
Un instant après, l'on commença à marcher. Xous pas-
sâmes près de trois chevauj abattus, lient le caisson était
renversé dans le fleuve. C'est ce qui occasionnait le retard
dans la marche ; enfin, nous arrivâmes au point où le défilé
vieux brigadier me dit : ■ Arrèlons-nous un peu pour res-
viCTls de ï(hl< iv u!:i- un vuvi.tr — Oui. m, I.
vous m'avci sauvé la vie. — Ne parlons plus de cela, enn-
linua-t-il; je vous ai dit ipni jir n'avais plus de mains,
e : e-t dt. di-i!' j'ai vutilu dire, ils sent tous tombés,
ainsi c'est tout comme. Il faut qu'à votre tour vous me
rendieï un autre service. J'ai, ■.iepuis quelque temps, envie
de satisfaire un besoin naturel qun je n'ai pu l'aire, faute
d'un second. — Je vu.:i .. . . : n :r.::n!s, nni viiuix. h'nri'ijx
iruru. . 'i ni ■ . I, .1 A . ..'i !■■ I i .V ,1,
main que j'avais encore bonne, je parvins, non sans peine,
h dd'aire 5C5 p".iiULi.:.«. Hue i'i:= IrL .-.rsnaiu! linie, je vmili].
lui refaire, mai; la chose me fut impossible et, sans uu
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Ztt . MÉMOIRES DU SERGENT BOURUoSNE.
Dana ce moment, Faloppa, que j'avais laissé à l'outrée du
.létilè, firrïva nu p 1 h 1 1 fin 1 1- n; jii\n: oq itaUtn. uisan; qu'il
□s pourrait jamais aller plus loin. Le vieux grenadier me
demanda quel était cet animal qui pleurait cumme une
Je lui Ji= que o'était un barbet, un Piéuiuutaii :
et lus mus du ■soi iiic.ri'.aLVJi's! • .P'eiiïiîuraKilai le pauvre
Faloppa à marcher, je lui donnai le bras, et nnus oonli-
nu âmes à suivre la colonne
Il pouvait être cinq heures; nous avions encore plus de
deus lieues k foire pour arriver h Kowno. Le vieur mu.
dier me «enta qu'il avait eu les doigts gelés t
. i atroces
jusqu'après le :i.ts^ :lltk rie lu H,'!i- on arrivai! : ri /.lomoin,
il avait trouvé une maison où il avait passé la nuit; que,
pendent cette nuit, tous les doi-ts lui ptaiom tonifié.- les
uns après les autres, main que, depuis, il ne suuûrait plus
autant à beaucoup près; que son camarade, qui ne l'avait
jamais quitté, avait voulo tirer â la montagne, prés de
Wilna, monter A la mue 1 pour avoir de l'argent, et que,
doiv.io. L.ujmir, il nu l'avait nlus ravo.
Après avoir marcha encore une demi-heure, noua arri-
vâmes dans un petit village, où nous nous arrêtâmes dailB
une des dernières maisons pour nous y reposer et nons y
accompagnes de jurements, lorsqu'on avait le malheur de
tas toucher : presque ton? av.veir, \>* pieds et les mains
fd.jj. Knus iïirni- i.-.liiv'i de ni u> retirer dans une écurie,
où nous rencontrâmes un grenadier à cheval de la Garde,
du même régiment et du morne escadron que notre vieux.
râWPM. as?
[. .r.fii: .mcnrc suu c'i.eval i't. .li-h: IV.sjiL-rarici; de trautîrr un
hùpital a Kowno, se chargea de son camarade.
Hous avions encore une lieue et demie ii Taire et, depuis
un moment, le froid éiait iiur.ski(:r.iii[r!;]]":;i augmenté. Dans
la crainte qu'il ne devint plu* viuleul. je dis à Faloppa qu'il
nous fallait partir, nuis lu panne dialdc, (|ui s'était couelro
sur le fumier, ne pouvait plus se relever. Ce n'est qu'en
priant et en jurant que je parvins, avec le secours du gre-
nadier \ niioviil. ri > n inntirp u : p. s jam el it Le |> irsser-
hors de l'écurie; lorsuu'ii tut sur la roule, je lui donnai le
liras. Quand il tut un peu réchauffe, il niarcha encore assez,
liien, mais sans parier, | > ■ ■ i n n J. L'o^pace d'une petite lieue.
Pe'daal Je lt:;l:]);! ■:|uii aiiui t'iiJmis arrêtés au villriai;, la
grande partie des traineurs de l'armée — cens qui mar-
chaient en masse — nous avait dépassés; l'on ne voyait
p. n-, ni avair. cnjnm? i-.i; oir-i r-j-o, ■|ljc des- malheureux
comme nous, enlln cens dont les forces étaient anéanties.
ra^e, car c'est eu jurant que je me mis sur
Eui-iiile. saisiss.ini Pa;oppa par les cheveu i, je it
Alors il sembla me regarder comme un hébété.
tjue iuju- é'ioi.- pr..s de l'endrod oi :iiii:s deviens coucher
St trouver du pain et de l'eau-de-vie.
Dans co moment, le hasard amena prés de nous cinq
paysans qui traversaient la roule sur laquelle nous étions.
Je proposai k deui de ces hommes, moyennant chacun une
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pièce île cinq franc;, de conduire Faloppa jusqu'à Kowno;
liront quelques di Fficulléa. Comprenant aussitôt que c'était
plutôt la crainte de ne pas êlre payés, car ils parlaient la
langue allemande et je devinais, par quelques mots, de
tr.'.oi i, élu;:. ..;u(!!:L mi, juf.rhi d i; '_i v j.. i ."- l- ^ tk' line l'iL'.ru 1 -; dan-
mi carniiSFiÔiC, CL \'e.:: din.ini mt, i-n :)[M:ii.'ll.aiiL l'antre en
arrivant. Ils furent coulent:- l e:;.o:te, je dis aus trois aulres
de se diriger en arrière, où étail le chasseur près duquel
:mi= iitio::p passt'ï, e: ■ rii'ik r. 1 1 v.i. ; . ■ 1 1 dn l'argent pour !e
Dcuï paysans avaient relevé Faloppa; mais le pauvre
diable n'avait plus de jambes; ils parurent embarrassés.
AI:-'fS je 'eu:- iinlitriini majf-, c'était de l'a?=COU' 5iir un
fusil,™ le maintenant derrière, ebacnn avec un bras. Mais,
de celle manière, nous n'allâmes pis loin. Ils se décidè-
rent a le porter sur kur dos, chacun à ;uu tour, taudis que
l'antre portait son sac et son fusil et me prenait sous le
bras, car je ne pouvais plus lever les jambes. Pendant
le trajet pour arriver à la ville, qui n'était que d'une demi-
lieue, nous fûmes obiigcs de neuf arrêter cinq ou sis fois
| irj:- mil?, ri iiuser CL clif-m^r li'j'.l.îiiji.L :1e iiiip : s'il îiims
EiùL fallu marcher un quart d'heure de plus, nous ne fussions
jamais arrivés.
Pendant ce temps, des masses de traineurs nous avaient
dépasses, mais beaucoup d'autres, ainsi que l'arriére- j;arda.
intervalles, quelques coups de canon qui semblaient nous
endroit qui s'offrit i noire vue fut une écurie, flous y
mirâmes; les paysans nous y déposèrent; mais avant de
leur (iuuiwr la lienduri' r.i.'-i:.:' de diu; ■"ra-.:*, ;e' les 'up^iisi
de nous chercher un peu de paillcetde bois, Ils nous appor-
tèrent un peu de l'un et de l'autre, et nous firent même du
Ici . car. oj ianl i m ... il m'ej'. (Lé : m r,. .., ~ i i; L : . -le me limiter,
e:. ]:-;i.ir Fiilnp;-,.-,, je '.e îopnlrik comme :nort : il élan assis
dans l'encoignure de la muraille, rie disant rien, mais fai-
sant, par moments, des grimaces, ensuite portant les mains
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
a sa !i:n.fh.\ reiiinip [mur lirs lîiong:!'. Le feu, Klliiiiii de.i.mi.
U;:, [i=i i- ■- 1 _ lui tvîiiirt: ijii.-l.-u^ i-^u:t,r. Knliu. je pavai sucs
p„r. :;,îus ; avant. Je I10V- iriii' li-r, ils niiîLK i: |i|n>rU::v:i; eurirv
manière.
Aprl-i lu il.:pr-.vt. il.':- ;B)^r,= . -i:i:ï h(im:u..i, o n' ilsui Je
DOtre régiment, rent un ndre place lans l'écurie, mais
comme, cil arrivai! I.. ils avaient n ir.c.-trr, .li s nil.:;il-
rir,:--.r,k::: il<'. liu or -:ie 1* vi'li' iV. :[ui .CM" rmin-ci! ij.r
qu'il y avait de la Urine et de l'eau-de-vie, deux se déta
chèrent pour tacher J eu avilir, ils nous laissèrent leurs sacs
et leurs irmes, mais ne revinrent plus. Pour comblo de
ijuni. lï.Ui llv oii.'.ivi:. 1- l :-■ i ï :1 ri" l'ut !>:ii. u\c;-sit',
il uer i"'îril ji.is iiini.is une -r;u ni.- t: l : i L. n- d'hommes. Car,
pour ccoi qui venaient Je Musc,.,), c'était le nYrnier eiï<„l
que l'homme piit faire. Sur peut-être liant,: ou cinquante
InilV: hnmitsi'S qui :;i:'ivi:i>nt .c [,.i;co'J-.- <l(: dis lii'tifs, il-
n'y en avait pas la moitié qui avaicol. vu Moscou . r elaii ia
garnison ds Su ns'„-, d'Otvlia. <lo Wilno, ainsi çue lus
dém is des uuips ,L armée des généraui Victor et Ouiliuel et
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de II division du général Loison, que nous avions rericon-
très mourant de froid, avant d'arriver à Wilna.
Los hommes qui étaient avec moi dans l'écurie so oou-
rri'i.h'^ ni': l'iiviil [il ', ili'p.iiï :..|lH l:i:iii''. r:
[:;.'.:r. et f.ii.-ii.i: hurlements comme uq mira. Comme
notre feu ne donnait p'-ià .ih- ?z tlii clarté, j'eus de la peine
à le découvrir : à la fin, je le trou™ et, pour le voir do plue
près, j'allumai on moireau de l>ois résineus. Lorsque je
luppjnH^.i, i; pi; mil. rire.jem An, :rh i-hnilument comme
un ours, en nous poursuivant les uns après les autres, et
toujours en marchant sur les mains cl les pieds, Quelque-
fois il parlait, mais en italien ; je compris qu'il pensait être
dans son pays, au milieu des montagnes, jouant avec ses
uni!. (Ve i' 1 .. par ivulill':';t5. ail^:. il iipp ■ti.lt son pè-re st
sa mère ; enfin le pauvre Faloppa était devenu fou.
Comme il fallait provisoirement Pal) an il ou lier pour aller
toit le nouveau lagement, je pris mes précautions pour que,'
penJïnil mnn r.lisiTi iï, il ne :i:i iiiTiv.it riHs rlp hii;lî!j-.ii :
noua éteignîmes le feu et fermâmes la porte. Arrives au
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
■i- rendu il il u:i ne us i';t !:■;!:=; iei' iloi nouais i:i:nj fr.i [ i c ? .
et, -•!! me mi! temps.. ; [■.;] fis ' ■.::]■ la i:i.'i ;■. I.e. ;.nvssn n'a va.it
pu- pu-or» ;i> [ ■ 1 1 1 ; n . ![.■■.' loi -aililat- .'■.llem.-i.is 1:1:11s prnTin-
sereilt Je Vu:- <tai-::r [::-erért.uru : . lit uii-.:s, i':it mi ï. : j 1 : : îi r
■In l-:ii:i, jir.r.i irnr.i p-.ur r:.'n. — Kr nn-.is lui ikmierjn»
-.'■icore la poupe! ■ ilil lu i«nni. Je leur témoignai ma
reconnaissance an leur disant que l'on voyait bien qu'ils
étaient Français. Il» prii'Ml une chaise de buis pour trans-
porter le malade, et nous partîmes, mais, comme jo mar-
jli.iis . t V 1 - 1 :- p-? ne. il: iip ilo-i-.n-e^t ' • t.i-.-.'. I.-- !i:iii- i\;,:lL:u la
(sixte [ws:lii:T] ilr. l'aloppa, qu'il faudrait abandonner i la
merci dos Musses : • Comment, des Busses? dit on soldat
sses, les Coss-
îsl > Ces pau-
id et la misère
.uïre diable de
Piémnntaïs couché de tout son long derrière la porte. On le
mit sur la chaise et, dr rettr ma:iii::e, il fut transporlé au
nouveau logement. Lorsqu'il fut eùiiché prés du poêle, sur
de la hoone paille, il se mit S. prononcer quelques mute
sans suite. Alors je m'approchai pour écouler; il n'était
plus reconnaissant, car il avait toute la figure ensanglantée,
voi'.u niiirijjn:-. a hnnrli ■ et-ii: aussi rei::p!ie de (mille et le
terre. Les dcui femmes en eui'e-î pil.e., lai lavèrent la figure
ivu: de l'eau e*. ..tu '.'iruii,.rv, et le- solila'.s .allemands, hou-
leux Je n'avoir s ien fait rnmmu !rs ,i::tve-. )t déshabillèrent.
L'on trouva dans snn sac une chemise qu'on lui mit en
échange de celle qu'il avait sur lui, et qui tombait en lam-
beani; ensuite on lui présenta à boire : il ne pouvait plus
avaler et, par momen-s, serrai; tellement les dents, qu'on
sic pouvait lu: ouvrir la beucl'.e. Euj.ile. svee sïï nia:ns, ii
ramassait la paille, qu'il semblait Tailloir mettre sur lui.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
tuer pour moi : dans plus d'une occasion il me le prouve,
surtout en Espagne.
La douce chaleur cf.i'il taisait dans cette chambre me fil
éprouver un bien-elro ri ;i . j u ■: I j'étais loin de m 'attendre;
je ne me sentais plus de douleurs, de sotte que je dormis
pendant deui ou trois heun-i, comme il ne m'était pas
arrivé depuis mon départ de Moscou.
Je lus éveillé par un des soldats du train qui me dit :
t Mon sergent, je pense qui; luiit le monde part, car l'on
entend beaucoup de bruit ; tant qu'a nnus, nous alîons
nous réunir sur la place, d'après l'ordre que nous en avons
riiçi: hn:r. Pr.ii vous siililjt. ajouta-t-il, il ne faut plusy
Je me levai pour le voie : en approchant, je Irouvai, à ses
cites, le? deui femmes. La plus jeune me remit une bourse
en cuir qm contenait de l'ardu L, :-n ms dis/m 1 rpi t.- Ile était
tombée d'une des poches de sa capote. Il pouvait y avoir
leur disant d'avoir soin du malade jusqu'à son dernier
moment, qui ne devait pas tarder, car à peine respirait-it
I ors cr l lut 11 I i ut t jour et, malgré cela, nous ne
pouvions voir beaucoup, car les petits carreaux des vitres
étaient ternis par la ^clée st le ciel, couvert d'épais nuages,
présageait encure iwautfjiip :1e lli'ige.
Nous nous disposions ;. =ortir, quand, Loul *. coup, le
bruit du canon se fait entendre du coté de la roule de
Wilna, et très rapproché de l'endroit où nous étions. A cela
se m i" ! m L L lu l'usiilsile et \f~ rri' i'l jurvi-muls lits t:;imrrts.
Su us ci-.lenila:::; cou lïn; 1: s mi individus ; .uissi'.tït,
uoi. s pi'i:-::)ns .|v.e b'- !■ ii- :: ;:s f..--r ■.-.ijij lu ïlLc i: qui- l'on se
I, habitués à cette musique, n
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
savent ce qu'ils font, cependant ils vicnuenl se nwger «
nos cfltés. Nous avions encore If,' tusils de deiin hommes
■jni :inii- :iv«;.:ri' q'iil.h'y ■ sc:r. cl n:,i m'i;!:-,;,tiI pas revenus ;
•nsuile celui iln h',ilo[,[>:i. TlmiLi;- cl,, amies étaient chargées,
il na nom Avait pas
urait peut airs besoin
■us lit du bien. L'autre
.le, iii: sadiaut
te prendre; on
Cosaques, de lui pj;;.;i sa l;ai<ninf:tiF. <iu travers du corps.
Le paysan nous l'ait rrrHpi-endre qu'il serait reconnu pat
lu- K-.i-s.:- |iimr i:.ra ;>ij-,.v., e' ;n "I- .1 tin-raieir;. Pen-
dant ce colloque, d'aulres cris -e i-,ril entendre pi l'nulre
extrémité de la chambre : ce sonl les deut femmes qui
pleurent; Faloppa venait de rendre le dernier soupir!
Le soldat du train va prendre la tapote île celui qui vient
rie mourir et forée le [«tysan il: s'en vêtir. Un moins An
di:u.( minute;, il u-;l armé ^n .■■.u-ploi. car un Ici a nussi
passé un sabre et la giberne, ainsi qu'un bonnet de police
sur la tële, de sorle qu'il ne se reconnaissait pas loi-
Cette scène s'était passée sans que les deui femmes, qui
étaient auprès du mort à se désoler (probablement pour
l'jl ! qui j- leur ir.-.iii .liiTiliv;. St Jl.iïSe'll :i]jtiri'l]HS de 1.1
lia:isl'(.;':iir-.i;i:ri l.:.;r lu'iluilc.
Le hmiL que nout entendions riepui* un momenl se lait
entendre avec plus de force : je crois distinguer la voij du
général Roguet; effectivement c'était lui qui jurait, qui
frappait sur lout le monde indistinetemenl, sur les officier».
S14 M F MOI [in S DU SEBGENT BOUMOGNE.
les sous-officiers nomme socles soldais — il es! vrai que l'on
(aire partir. K eivtr; .I ■ .ir. !■■ . . ■■: j !. Uai ei.<.-;i
les officiers, afin Je s'a'-urcr qu'il avait plus de soldats.
En cela, il faisait bien, et c'est peut-être le premier bon
service que je lui ai vu rendre au soldat. Il est vrai que
celle distribution de coups de tiàteu était, pour lui, plus
Facilr! à faire que celle de vin ou de pain, qu'il faisait faire
en Espagne.
J'aperçois un chasseur de la f, nrriiè e en Ire une
■ lin être, c: qui metnit baïo:i::el au hou: .[.■ -oc i'.til;
je lui demande ai c'était les Russes qui étaient dans la ville:
i Mais non, non!... Vous ne vovez Jonc pas que c'est ce
hutor Je général Hoquet qui, avec sou bâton, frappe sur
tout le- monde* Mai-, qu'il vient? '. moi, je l'attends!... .
Nous n'étions pas encore sortis de la maison que je vois
l'adjud an l- major flou si h:: aiïtfwnï. la il ;nr: rri- uri-
nait et me dit : « KM Jiien, qu* faites-vous làî Sortes! Que pas
un ne reste dans la maison, n'importe Je quel régiment, car
fusil: il rentre dans la maison, prend l'en et l'autre elles
luiapporte.il a vu un homme mort cl deux femmes qui
pleurent. C'est pourquoi, en sorlniil, il dit bien haut :
« Ce bougre-là n'est pas si béte qu'il en a l'air! Il voulait
rester dans la maison pour consoler la veuve! 11 parait que
celui-ci es: u-.i All.unau.l ,i ,.:-i;.l<: i|ucl,u compagnie est-il!
Je ne me rappelle pris l'avoir jamai- vu! • Dans ce moment,
on :■!■ .';i ;'■.■.:! m'iiuniui: f.lVntirina r\i que disait l'adjudant-
major, car ou avait assez a Ijire à s'occuper de soi-même.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
IiIi^it. c'.'ii: tl nui -il-,. il. -j^ii:'-],: ;ih;> ï i ! 0 sur 1 ',11 1 Mi.-
rive, quoique d'un abord difficile; tan! il vrai qucl'oo 50
oroyait sauvé ™ arrivant ! On verra, par la suite, combien
Eu atternliiu! fjuc nous imis-imis passer, le colonel
limlcli::, (|i!Î cuiLi::^rK:,-.i; :h!l::i r :^ii:i:T.I. lI ;i l'oriiiv w
■ jiliuervl i ; J a i l- _■ \e.::r iilin (T.lJ |it[-.-ollai; rr: lr;L
u'il regardai! avec peine les n
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
213 MÉMOIRES DU. SEMENT DE BOURGOGNE.
probablement que, dans ce moment, il faisait la différence,
car, cinq mois avant celte épreuve, nous avions passé ce
même ponl avec toute l'armée si bs'.k. si brillante, tandis
qu'à cette heure, elle était triste et presque anéantie. Pour
nous encourager, i! nous tint à peu près ce discours, quo
bien peu écoutèrent :
< Allons, mes enfants! je ne vous lirai pas d'avoir du
courage, je sais que tous en avet heaucoup, car depuis trois
constances, donné des preiiviM, cl ~:.::r. r. dan? celle terrible
campagne, dans les combats que vous avei eu à soutenir,
p.-.r Imitas Ici; |T-i-.-;tu' :i:;s v.jhe ave; en k snppurti :■.
Mais souvenei-vous bien que, plus il y a de peines et de
dangers, plus aussi il y a Je (.'luira et d'honneur, et plus il y
aura Je rionipenseg poui ccuï qui auroût la constance de
la terminer honorablement! ■
ensuite il dcfhamla, ni 11011? clin'!? heaucoup ife monde
présent. Je saisis ci' ili;>ina:i\ pour Jire. . : i M. Serrans '[Je
Faloppa était mort le matin. 11 me demanda si j'en étais
certain; je lui répondis que je l'avais vu mourir, et que
même l'adjudant- major Houstan Pavai t vu mort : < Qui,
moi? répondit l'adjudant- major. Oit? — Dans la maison
JVni mju= m'. -r.-,'; il!: Je sortir, et où tous: il--.es entré pjin en
riire sortir un autre individu. — C'est vrai, dit-il, j'ai vu un
homme mort sur la paille, mais c'était l'homme do la
maison, puisque la femme le pleurait! > — Je lui dis que
Pendant que nous étions restés sur le bord du Niémen,
coui qui étaient devant nous avaient, traversé, sur le pont ou
sur la glace. Alors nous avançâmes, mais lorsque nous
:.':raiï traversé, non? n: pûmes min.-..':- [■■. .-.>:■: par le
chemin, parce qu'il se trouvait plusieurs caissons aban-
donnés qui tenaient la largeur de la route, étroite et
encaissée. Alors, plus d'ordre! Chacun se dirigea suivant
suivre, et nous primes sur la gauche. Lorsque noue fûmes
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
DE XOWNO A ELBDIB.
S77.
gnuL : i Allons, pctirj:, -ni. nui! ■ Mais le petiot n'avait
iltjjii plus de ïambes.
iJ[-Li::^ier ( ;l(Lit d:':,|i: ju\ :roi* i;i.n-!s le lu ri".:;-, que je
n'étais encore qu'au tiers. Là, s'ar-rjtnut lit s'appuyant sur
< .1 1 r 1 1 r ,1 ■, .11 I l ,11 1 II ■!. ■ i 1 I 1 ri
urund mal; cependant, je ressenla a -.me douleur dans les
i (nnies <•:. i'iivai- 1 :.l ligure f -isiirij>]j.i?i »;ic !u:i[ii;tr:3
d'un buisson que j'avilin traversé en roulant. Je me relevai
Bans rien dire, comme si la chose «fit été toute naturelle,
Loisquii je ï:is lires du p: ■-ini tr. jV en;.:- phi -leurs ■jiùûî-
..ik-ri; .M ehasfturs rie lu Carii? mouii s -iii' ii s mues, et qui
imi-nitil! .'■ plriiirs. io:ii::s l'ji-g.!],! 'ii.i s'y trouvait; je ne fus
pas tenté d'en faire autant. Je ne cherchais que le moyen do
passer. Mais, en ce moment, j'entends crier : « Aux armas!
Aux armesl Les Cosaques! > lii cri lut suivi do plusieurs
coulis de fusil, en. ni* il'uu K rrui.i ■ui:«îiirTit qui su ]>;■"-
piLiresil ilopuis le las <:e ht niil.» jusqu'en haut.
l'.ïs tL Jl di!S prenaJlitirs rt clins-f.:r- <;;;i avaient 1* '"'e
■ e ri"lci];n:. eu mi.' .ieiii iii .\a: si j':iv:,is :i? l'iii_'i'-iE. Jr.. l'ii
répondis que non : < Hais les Cosaques sont la-haut! — Si
ce n'est que cela! me répondit-il, ce n'est pas pour des
n -i L _ r. i I ! c ~ niiil f.m:. -r ;;:'-er. ,'t leur !;.!.-Fr iir.tni .Iri-ul !
Qui en veut? J'en donne! » Et, en même temps, il jeta à
278 MÉMOIRES DU SERGENT BOURGOGNE,
terre deui gros sacs do pièces de cinq francs. Tout cela
■I 1 11,1 ' i ■■ ■ ■ ■ i m' in r. r. , : ,
de < pièces de quarante francs » avaient clo prononces
1*11 I prendre de
rel.-.iiM.n à la . s . : ,rti..- ,[,; ],r.nt .Min vqireri.1i-.: rr:a (iiri;:i'irjn
l'occasion de parler jjhsicm-s lois. lb était avec son lieute-
nant et un soldai; c'était li tonte sa compagni<
1. i::i. rri[i:e
•é où je ridais n
; Pierson, Htm; Pou
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
liceili! Ce ne lu qu'au reste de son oliapeau que n
piinie* deviner i quel curps il appai-lennil. Il nous ne
qui; trois a qiintrc iiuii-uns avaient pnur k^cr le t,
; puur la Garde impériale, mais
marchèrent dniiL devant euj. A
ïimes tinq a si* mallienreux
i des specties, la ligure liàvc,
à cause du sergent
r notre droite, à un
cnlrlmes.
Le pavsan auquel apparlcnail la vache, aBu de sauver le
plus île viande possible, vint Im-mcme nuiie en couper,
nous taire du l'en el, ensuite, i)ou- apporta den.v pois uvee
do l'eau pour faire de la soupe; nous avions de la bonne
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
KÉHOIRia BU SERGENT BOIlltflOGKE.
Vf^e, a "^ ,n ! ™ ! eaBa il y a ' ail longtemps que non»
peames 'noire soupe, ensuite nous nous reposâmes.
J'étais couebé prOf lit !',,i,m qui ne la. sait que se plaindra;
je lui demandai ce qu'il avait; il me dit : < Mou cher ami,
je nuis certain qui' je ne p/.-r:^ aller plus loin! >
Sans me donler des rais.-ms qui le faisaient parler ainsi,
accident grave que personne de nous ne connaissait, je le
euiisulai, ei: lui disant que lnr.qu'.l nuirUt rt i! Sr::-a.:l
beaucoup miens, mais, un instant après, il eut la lièvre et
pendant toute Le mi:t, a ne lit a.. j_j.lt: lj n M Lvatfuer- Plu-
sieurs fois même, la nuit, je le surpris écrivant sur un
calepin et en déchirant les feuillets.
Dans nu momeni .ii: je dormais paisiblement, je me
sentis tirer par le bras; calait le jiauvre Poton qui me dit :
< Mon cher ami, il m'est impossible de sortir d'ici, même
de faire un pas; ainsi ii fwit que lu me rendes un grand
service-, je compte sur toi si, plus heureui que moi, Lu as
le bonheur de revoir la France; dans le cas contraire, lu
charsîsras .l.'.i.ii'.L.r, sur qui i...mpl.,. ..iiinnit sut ilr.
remplir la mission dont je te chance. Voici, continua- t-il.
Un petit paquet de papiers que tu enverras a l'adresse indi-
quée, a ma mère, accompagné d'une lettre dans laquelle lu
lui peindras la situation où lu m'as laissé, sans cependant
lui faire perdre l'espoir de me revoir un jour. Voilà une
cuiller en argent qne je te prie d'accepter; il vaut micui
que tu l'aies que les Cosaques. » Alors, il me remit son
petit paquet de papiers, en nie disant encore qu'd comptait
BUT moi. Je lui promis de faire ce qu'il venait de me dire,
mais j'étais bien loin de croire que nous serions forcés do
L'abandonner,
l:e 13 décembre, lorsqu'il fut question de partir, je répétai
a nos amis La confident s que Pun.ti venait de me faire. Ils
pensèrent que c'était manque de courage, ou qu'il devenait
fou, de sorte que chacun se mit à lui faire des observations
Mais le malheureui Peton, pour toute réponse, nous
montra dcui hernie' qu'il était depuis longtemps et qui
liaient sorties par suii.i ,reffort; réitérés qu'il avait faits
tn montant La côte de Kowno. Nous vîmes effectivement
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
DE KDWBO A M.BISG.
ion pantalon; ensuile, nous fîmes venir le paysan, et,
comme il parlait allemand, il noua Tut fjiuilc île nous faire
comprendre. Nous lui proposâmes cinq pièces de cinq
francs, en lui disant qu'il en aurait quatre fuis autant ei
peut-être daiantage, s'il avait soin du malade. 11 non* le
un médenin. Ensuite, comme le temps pressait, nous fîmes
Avant de le quitt-.T, il me fil. p ra n n: Lire de ne pa.s l'ou-
blier; noua remljrassi'iiiiiH eL im..= pailim Je n; s?:.'- ;i le
paysan a tenu 5.1 parole, mai? toujeurç est il que plus
jamaia jo n'ai entendu parler de rotor, qui Otait. sous tous
le' [■,.::[iQrli. lin i'ï. .î'.l.-ti- l'Jivoli. :: u: i l'.initiiuU', ayiul reçu
une evcelleute êdiiiiiLlmn, .îhnss trù= :-j--e li celle -' P t.e . Il
L-lail L'en lilll;, me i: crcle:' , il'nnr tins iiîf'Llh'iirs-i i';i:uil:.'s lie
cepaja. ^ u ■ -
car, a. mon arrivée a Paris, au mois de mai, j'envoyai I
l'adresse indiquée les papiers qu'il m'avait conllés et qui
contenaient sou testament et les adleui touchants qu'il écri-
vait pendant qu'il avait la fièvre. J'en ai tire une copie que
j« reproduis I
Depuis plusieurs -.nuOsï, j'avai- -es«é d'écrire mon journal
de la campagne de Uu^i». c'est-, i-ilii-e u: i in l-'i
les SoMCtnirs que j'avais écrits en élan L prisonnier 11
in'clait tenu une singulière manie, eotail de douter si l' ut
ce que j'avais vu, enduré nver tant de patience et de cou
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
2SS MÉMOIRES DU SEECENT BOURGOGNE.
rage, dans celle terrible campagne, n'était pas l'effet de
mon imagination frappée.
Cependant, lorsque la neige tornhe et que je me Ironie
T.um: aï.jc Jes a:uis miclan. :ui]it;.L^, ue n"rri;.:n;, dent
quelques-nos de la tianle inip-irale. bien rares. ; i pcessnt
1 1 .pu .;:]!. ImI. o. n ni.' uni,, r. . h: iu-:ui. .h i n jne.
co ' l; ' clr '- '['■-' étt : -J;;.)i]'. ; -. V.)s::mi, .■.'i;s 1 . :o-Ljnui à là que
]] >i .ui.n ni!:: s.- ]-..-, ri, -n r . ,.■ n: 1 1 1 'j q . I qu'il Liu
(riait IK, -t. ciruiiKî k irmi, ■J':nen>j;.-:.lr!= i:iq,r,;,i,-'ons. IJVt-t
H'-ec ii!VII-:.l r;: i- [unis 7J a . ..; n ; ilr ; : _ ■ S L'IiliiUlS:':: LIL1I1 UN ^--i!S.
Aiijji!V.niui qi.j u n u.é:e vic-.t ,1:: , [: » reuuL.re que!. mes
lettres quo je lu. avais eerites pendant e.ilte i;=i^:i j.^n.i . -t
q'icje iira-el'His iie ne fu,, avoir- . afin de ; c5 r,.ud:T à" ia lin
de mon journal, je reprends r.ourage. Ajoutez à cela les
■•■ q.!-; ::ous iirsle l.-il à iO.rf I.c grand g.'jde u' L st
.is ion nom eiislera loujnurs : Aussi je ;ir,iiiii= mou cou-
re a. d«n\ mains pour continuer, de sorte qu'après moi
- nelit ; î-, : ii:sot. diront, iiîant [,-s .Îi4iiiir,..f de i/rind'
C'était le 15 décembre, à sept beures du matin. Après être
f: ■ l'i i"J l;i :i".u I..-. i ,„."-, ù i'i',',","
[•urtiui ucïuul mi, buj.iil::! :, . a ,- :ii ii; r , : aTec une eiiurroie,
iluns la crainte qu'un ne la lui enW.il, tar un vase utins
lequel on pouvait f,.,'p iin: [:e ia ncijje eL ,uii:t! ri-elciie
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
fil. penser que, lu veilla, la plus grande pi
Nous Hpr mimes, sur la roule, du c__
J i L;-.iri. ne pimus di;ti::.::i"r m c'r'ii-::! ,:es E-
(ici des llusses : gus.i, dans l'incertitude, uous nous r(
en mue ne.
Je m a' (■Uni aise? iiieri pv. !,::.! ■ !>u:l' : mais, :m tout
,[> ■,■„,..-. i. ,i,r jiri: .me ;<■.:.■ r.di. [,'■■. n je fus toupie
m'aneter' c'était toujours la «uile il.: mon indisposition do
ftih'.V r,tl.":.l ,,i ,Vu- iv, ::!■■ :,.. ..aillu: de vu '-'- n <J™
l'après-midi; je n'étais plus eloipiiù d'une (oret que j'aper-
tnv.-Js d.qm.s quelque : viifis, i'I. i:ù vu'. lais arriver pour
y passer la nuit.
Je n'en étais plus éloigne que d'une portée de fusil,
kl-^qi:e. <■:]■ droite de la Mi'.î, j'rL]ir.T-;u- i.iie i-.-nFûn rj.
autuur d'un grand l'on, étaient réunis plusieurs soldats de
dilïéreiits corps et donl la majeure partie était de la Carde
impériale. Comme j'':'a:s ^■.ti^iie. j'arrêtai pour nie chauffer
et me reposer un peu : quelques-uns me proposèrent de
l'.'i, -..M 1 i il- , i i 1 1 I ■ ' i .m J .iïi-.ii. ■■i , ,|i|MU'l3ble, et
il l'était enrôle; tant qu'à l'ennemi, il paraissait que l'on
pouvait être Irauquillu. mais des honimi's qi.i arri-.'[d?n; pe.r
la droile de ln route nous dirent qu'ils menaient d'à ne rue voir
U :,!■■::; qu'.l- rl.ii--i:t :j;p.:hi::! qilî c'c'.a.eu' le»
I ■ !.. ni-, ,, ■ r,V i.i ' ,■ .il
... i I M i.i ■ . ir -i w:
que l.onl le inonde :il tranquillement : < lit puis : ajouta- t-il,
noua asons le bois pour retraite; c'est, par ma foi, une
helle et bonne position! > Ensuite, il s'approcha d'un clicva.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
ipic tV.:i Tjniit ifajjjl'.it à |u ■! ]N ,.= j, af - ,]„ e .. ,.,-,,.|n
un iiinr«aii, ri l-i-iiii:;.s:ti,;iii s^i^oir pris du IVu,
sur su» sac, et foire rOtir as viande au bout de Ion sabra,
^Plus de ïingt^nl'1,-it.= . ■ L ■ ■ r ( r. une partie assis sur leur sac
«tau assise sur un sas de soldai. Elle tenait li tête penchée
Cil iMU.i ■au.». su'va I ■ In y. v.'rrv.'- \:i froid Fa ;;.ijr.r:C-t î:i
[■■■au de mauto,,, ,l,:„t --e,; : ,, L ,.|j... ,ua.' bruir,:, lui courait
la >.■'.<:; u 1,-1, iMi iin j. 1 1 -- 1 _ -. -- 1 -- ï. nivd if Miii' ir.-u»
tous le menton.
Le chasseur lui adressa la parole de la manière suivante ;
■ Di '.(:!! h ill,m : Sl ; i:l f ; leine ■ . . . , E ; lf . „, rrip.muii. ™.
fie ™ fa: ■]„'■, la s ,,, ;i „ ld c- Lois 1u '.:n s„l.la:, <,,Li .itai: près
il '.■-]■:, P5-...S.1, -:i lui .li sa.nl : ( CVçi , : , ,-uuf. la nu-e i
(jo, IV.n veut pirlci ! ■ - A r.-.oi? dit- i;,.. y -, [L L:im , sl \f P
Que me voulez-vous? — lin petil ejup du ■ f'somfiià, "forr.inu
■i l'rjsci'drc : — Pou:- d:i vcm- dri"/ . . r r . , L .iitl -t
■:ml i>( ucn m p,-.i : Kl i niiui:.' dans s,i p. ; ,.iL f::i ',„■'._
Une autre femme qui ne trouvait ausii a^is» nrèt A„ f«„
induit Hjcltii qui
a mère Gâteau I
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Mm-ie, qui se trouvait ilaus la mèiïm (insilion que la mère
ij "i I ■-■ n : J - a 1 1,11 niM'iiiiJr. il,' ■■..ilil rien-
av:L::iiK!:! I .■>l-^. jii'ov 'j'oiiv;; (■.m; (Li!i c;>:pj::i; i;ui :i>
pc-ctenl rien, il n'y a pas île sûrelé pour le se*e. Le soie,
]i JS lïoir pasfifc In. m..:L'.:,^:ifr, lin-r[-.Li; j'itii-.fli iïu lnvo-.in.;
ilifs cltassfiii-s "Jio; T'i.iJ*, r-omme j'iviiis encore un
lieu il'uriii-dc vii- <i'ii : ; : l p : . : . ■ : i i_i ^ Wiliu, ja la iliiiiusi [hiic
;iïc.jr .::ip pLiU'ij an , irt je i:ir i;;n:cl)ai lu nt::^: îiïïre
r.1i;i:x i:has5Pi:r- Ja régiment, ou plulùl deiis voleurs, qui
m'ont cftipë la. moilié du mon argent. Par bonheur, j'elais
couiJwl- iur n:-.f. poi. iii .iii'ilar.'ont ]ju fiier. Aprèscela, (iei-
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
m UÊHOHIES UL- SF!IGE\T BOUIIGOGSE.
v:ur; don-: :'l .!-.:!: Heureusement iju; l'eu ai
encore asse; pour «lier jusqu'à Elbing, où l'on dit que
nous nous ressemblons. Une fois la, noua nous arrangerons
m*niire ii pmivuir rs.M-.mrar l;i ,-;.m i^-ne ; j c ne
vi iu- plup il:: vu i ter, jVi^ cjji cov.-.Mi jv;; ilts ]ifi:::eij
sur li! j.35. Sous seroiss jifiut-iitre plas he. roux. Pas vrai
M . L i ' : v 11;, lio ■ ,? :■'■;„ ncit p ; . s : , Mfl'b. Il; HUl.ï
«fur, c'est sots iliMuiOrne (ieriuis un an, et. s. .-]ir- vont, e
l'épouse en troisième... — Toil vicus chenapan, répond' la
mère Gâteau, elle n'aurait pas besoin d'autres pratiques
1.0 .:ïinsseur s'appcclia Mnr.e .jl iu [ni.ii'i ta lui mur-
er..-. 11 do viande du ,:ln'vi ; Marie ■.'eocrpla en lui r!is:nl. :
< Merci, mon vieux! — Ainsi c'est dit, continua-! il en arri-
va::: à l'aiif, \: v,,t;* ,:] -0, :e f rti =i votr: hnnhuur: . Math;.
; offrir, Marie, un petit
En même temps, il
1 mère Gâteau, en le
avec colère : • Va-t'en
non pas a h ilgun?, mtii; ;'. sa vois, car, la pauvre Mario,
sa fraîcheur avait ili-f.iu le fryA, la misère, i? IVu. H
ruinée du bivouac J'avaicat nmil 1: méconnaissable. Cétail
Marie, notre antienne cantiniére, ri< .il j'avais rencontré la
voiture abandonnée, ave.;, dciiï blessés, dans la nuit du
■)i uoviiuln-o, ■::-, 0110 je croirais mort:: : Voici son bisl^re :
Marie était de rtamtir; c'est pour cela qu'elle m'appelait
•un son mari «[ai; rie Lj-.gr:. un uuu i-auvii.- s.iji;:. ol
maître d'armes. Marie était la meilleure pâte de femme,
n'ayant rlrn :. elle, :.:t.tnt sa [uar,:l'.,',n..!i-..- JK iul.jjjtf et
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
DE SOH'NO A ELBWC. 287
à ceui qui n'avaient pus d'urgent, comme à ceui qui eu
nous cimes, elle fit preuve
iC'.ir secm.Trir les I.S'Wf . Un
jour, elle fut blessée; cela no l'erupr.clia pis de continuer A
donner ses soins, sans s'f::'ï.-.yer su:- k danger qu'elle cou-
rait, car les linulets et U mitraille tombaient autour d'elle.
Avec toutes ces belles i;:.iil!lis. Mark- était, jolie : aussi
avait-elle beaucoup d'émis ; sou mari n'en était pas jaloux.
En tau, étant campés devant Almeida. (Portugal), quel-
ques mois avant notre ..lipavt pour la campagne de Russie,
il prit envie au pauvre hnmme d'aller marauder dans ira
village. 11 entra dans un rhits-ju. s'empara d'une pendule
nui h.! r.dri'.l pris vinjt 'r.:m.:~, e.l le mi! i.inr fit! îarappmlcr
au eamp et de se faire prendre, et, comme il y avait des
ordres sévères pour les maraudeurs, M. le général Roauet,
qui nous commandait, le lit pasior à un eooseil de Guerre.
11 liit condamné s être fusillé dans les vin^t-quntre heures.
,1'r.i appris. d:.p-..!s. :]ii : i?1:iï .-.id. rerrree en Frji,.:n i
qu'elle avait reparu aux Ccnt-Juur-, A la bataille de Walci
loo, elle fut l'aile priiuiiiiir.rr, mais, comme elle étail sujet-
belge, elle rentra en toute propriété au roi de Hollande '.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
388 MÉMOIRES DU SERGENT BOUnGOGNE.
J'- J:;(-iri'l.i. h M.Lii: mi r'i.aii ;'■!] aiiui : < ^j,,^ i-tv.^
bien, me répondit-elle, qu : il .1 Lut à Krasnoé (chose que
j'avais ignorée jusqu'à présent! ; c'était uu bon salant, celui-
là, je le regrette tounoup I - Ensuite nlle tn.uçiL h? sou.
cils, baissa la. tète. Un instant yirès, elle la releva et,
tomme j'avais toujours les yeux lises sur elle, elle me
regarda en riant, mais d'un sourire triste. Je Ini demandai
à qooi elle pensait : t A manger, comme voua voyei! Avant,
j'avais un ami qui m'en donnait;, à présent, je mange
lorsque l'on m'en donne ou lorsque j'en trouve, chose bien
rare; il n'y a qu'à beire! ■ Eu m. ni., lumps, elle prit une
pincée de neige qu'elle porta .'1 sa bouche.
Je la vis se lever avec peine pour se mettre eu marche ;
elle me donna une poignée de main et me dit adieu. Je
remariai qu'elle était uonrbée par 1s. 'atigue et la misère,
qu'elle marchait péniblement, appuyée sur un gros hàlon
de sapin. La mère Gâteau la suivait, toujours sa soha-
braque sur la tête, jurant et marmottant entre lea dents. Je
compris que c'était toujours après le vieui chasseur.
Dans ce moment, nous pouvions être quarante, ei a
ohaque instant, notre uumbr.- a-.uu notait. J'aperçus un ser-
gent du régiment : ii se nommait llumblot. En me voyant
il me demanda ce que je faisais 16. Je lui répondis que je
passer la nuit ou je me trouvais et de partir kflendemain
Humllot, qui était un brave garçon et qui m'aimait beau-
coup, me fit des obsiiTatiuiH ti. ; ~ justes, d'abord sur le
temps qui était supportable, sur l'avantage qu'il y aurait
pour moi de traverser la forêt où, me disait-il, de l'autre
côté, nous trouverions lier, niiiis;r:s où nous poorrions
passer la nuit; le lendemain, nous arriverions de bonne
heure à Wilbalen, petite ville a trois ou quatre lieues d'où
uuas élirai*, mi ::r;us l-niiverwis :a,~ cair.iradis i:l firnjr-
rions nous procurer des vivres. Enfin, il lit tant, qua je prie
mon sac et mon fusii, et parus :iu-.<:. le sergent Humblot.
En marchant, Il u ri:l-Li I i Ii ■ :[iie, rj.-wique nous fussions
dans la Poinéronie prussienne, d n'était pas prodeot de
marché isolé .ai nmfre, ru- fadeurs milliora de Colonies
«vaient passé le Jtiémen sur la glace.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
DE KOWHO A
Ensuite il me conta qu'il avai
la journée, avec beaucoup d"aut
rien, puisque le maréchal Key j
avec une arriére -garde composer
[inuïiimes réunis environ 400 hommes de toutes armes.
Nous formâmes une colonne, slln Je pouvoir, au besoin,
former un carré. ntiieitTs qti m: i.mnvaifiit parmi nous
■ - il y c:i avait leauranip — i-n prirrul :. : -.:r-ima[] lame:.-.
K[ii-iLile, vii^-L lieux sdiiiMs peinais je j;ii S [iir:::.l 3 nciiP.
Eu. non oaii|ua:iip lumm;.. des plus valides, et qui avaient
de bonnes armes, se mirent en tirailleurs, en tîte et sur les
; Nous maidiàm ■:. ré-oliuiieal s.ir cette ..-.aval Brie t|ui. .i
l'.-L]!].:.:c]ifi ,lcs tirailleurs, ^e :vl.ira j droite et a fja.iclte de
la route. La .'elu'iue, arrivée a la hauteur des liuiscs, s'ar
r " : atlfi: in; f.;u-.']qu,:s ;iimi::i.-- eiu.ee er. arriiln-.
Ouc^ues-uu;- se„:,,m,.|it purent la re-eir.dr,:, car uoe partie
o:s Co-rupjes se detadia puur 5rrL-.fr lis pi::* ele^.ei. L\l
v: I ■ 0 lin .le i ... '. ,. '
faisait sur j,!is=iilt f ;,,u, r;-j i.-.incro .a eolmuie. ava:i: encore
(.chose étoiiiiantet) la grosse caisse sur son dos et perlant
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
ISfl MÉMOIRES BU SunSBtil WURCOONE.
dans tes mains un sac rempli de pièces de cinq francs, ce
qui l'empêchait de marcher aussi «te qu'il l'aurait voulu,
t'i t f.llaiut ),.:!■ lu* Cosaques. 5 ciiîi|'.^iil.e pn- en surira «1.
sur la gauche * 1« colonne, il reçut, enut les deus épaules,
iid coup de lance qui le fit tomber de tout son long dans U
neige et fit, ta mente temps, passér M grosse ïaissé an-
dessus de Salète. Aussitôt, de«s Cosaques descendirent de
cheval pour le dépouiller, maie Wols homme* et un officier
polonais coururent sur les Cosaques, en prirenl uo avnoson
cheval, et débarrassèrent le porteur de la grosse caisse, qu'il
abandonna au milieu des champ*. Il «11 fut quitte pour son
o»op de lance, et la moitié de sou argent qu'il distribua a
eeiii qui lui avaient sauvé la lie.
■ Aussitôt, la colonne se remit en marche aui cris de :
Pire i'Emperettrl et en conduisant, au milieu d'elle, le
Cosaque el son cheval. ■
Humbtel avait fini sa narration, lorsque je fus forcé de
m'arréter, toujours pour mon indisposition; pendant ce
temps, il marcha doucement «lin qae je pusse le réjaindre.
Ha besogne laite 1 la hait, je me remis i marcher; mats,
à l'eadroit où je me trouvais, il y avait beaucoup de monde
qui m'amp*clra d'avancer. Je repris la route, mais, à ï«ina
y eWui-je, que j'entendis des cris répétés : • Gare les
Cosaques! » Je penrc que c'est une fausse alerte, mais
j'aperçois plusieurs officiers annés * fusils qui s'arrêtent
et qui se posent bravement sur le c*emin faisant (ace du
coté où le bruit venait, et criant : i N'ayez pas peur, laisseï
avancer cette canaille '! > Je rcgawle derrière moi, je les
aperçois teltemeat près que Je fus tonebe pal un«hevalT
trois étaient eu avant, d'autres suivaient.
J* n'ai que le temps de «e jeter dans le bois où je pen-
sais éîr* «i wÈreté, mais les trois tosaques y entrent presque
aussitôt que moi et roalIteureuseJnest, dans cet endroit, le
bois se trouvait fort clair. Je cherche- à gagner l'endroit le
■M épais, mais par «ne fatalité inouïe, mon indisposition
m» wœrond et se fait sentir «'une manière iasup portable.
Que l'on juge de ir.
impossible, car dm
qirelijDos pas de on
■ ■'. ru.i^n, [,H,- > i]JJ ■ - ■-■ 11'.'-. ■ - ..ml. —),;..
■■' ~ '■'■ r '^■'■^ " ! I ['.■- mhnhr, 'Li'td:* nie i..: ■■„!,-
■ n-.,. ,(q mcjne pat; nui.;, arrêté ]:ar -:!es Iiv,ih:Ik'5 d'arbre
couches dans la neige, je tombe Je tout mon long, et ma
tetc reste enfoncée dans la neige. Je veux me relever ; mais
je me sens tenu par une jambe. La crainte me fait penser
■jus un de met. Cn.aqui , ,„,. m: ,; s (J n - n ttsi .
ir.ïtai-Tit de- ronces et Js e ■ ; i .j - . Je „■, ,i, nii ,.,.
effort, je "'•^nsî*™, je regarde derrière moi : les Cosaques
Un peu plus avant, je me trouve arrêté par ira arbre
l " i'' ' 1 ' ■'■ ,,|: l' : 'H: "I"' ■ !■ ■
lever i..,i F ■■■m.-.,-, |,., U1 . -il].... .,,.] , ,. L Ji( . ;r , e ^
tomber d épuisement,. ]6 lu- fo:vii d» m 'asseoir dessus,
je i"' 1 ""c ^ S C "" ï miDU,Es . q " e .J e m 'ï 'rouf ais, quand
cheyaui aui branches d'un buisson. Je pense qu'ils vont
-. 1|| : |i:m'lr\ ..'t liCj.'l |l' ||,l |„ -i- t :, :i y t . r ,jf, p,,..
sauver, lorsque j en vois deui s'occuper du troisième, qui
avait un funeuicoup de sabre i h 'i.;iue, car il releva d'une
main le morceau de sa joue qui pendait jusque sur sori
.■j.,-ulc. i.Lid.s que le* dent autres préparaient nu mouchoir
qu'Us lui passèrent sous le mentor, et lui attachèrent sur la
!<:!<:. le,! cela «.( ass;-.,;.;. ,|j s j,, „„,; . ;„ ITll ] irj | ,,. i.^ IM -
ils nr.'. rt'i'ar.i;,i.-.:.i eu lan^Liit.
voyant perdu, je fats un dernier eff:,r!. Jo monte sur i e corps
■Je ! arbre, je prends mon fusil qui était chaîné, et je me
décide à tirer sur le premier qui se <jrr-:::,:n^. Ti a ,r, ,-,■
rnomeci, je n'avais affaire qu'à deui hommes; le troisième,
depuis qu'on l'avait pansé, paraissait souffrir comme un
damné, se promenait de droite à gauche, en levant les
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
bras et donnant des coups de poing sur le derrière de son
cheval.
Ht vûj'Hiit an position de riposter, les deui Cosaques qm
i-.:.ivi.'iiji;l sur mei ;'a-:''lr.ni ci me l'ont sispe i 1 ^ vc.-jir i
«u.ï. Je i'iiiii|ir,-rnl- nn'Uà .L-fTit qu'ils H- nu; l'cion: pas de
mal, mais je reste toujours dans la même position.
J'entendais sur ma droite, du coté de la route, des cris et
tlL;;jinvmi>rilsi!i CM:)iJJ"- ï'l''i u'.(i9 ils fusil qui n'6t.li?iil [>T
ans inquiéter mes adversaires, car, souvent, je les vc-vriis
regarder du coté d'où venait le bruit, de sorte que j'espérais
qu'ils m'abandonneraient pour penser k leur propre sûreté:
mois Tinv-nil.-. L il p.ss qu'ils qLMti-i.me s'iuviiiie siriv». piu-ais-
sant aussi se sauyer! ïowl |.li;si:mrs de ses camarades, il
s'approche, m'aperçoit, veut marcher sur moi, mais, voyant
arbres et de» buissons, met pied à terre, attache son cheval
près des autres et, uu pistolet a. la main, en se couvrant des
arbres, avance contre moi; les deui autres le suivent delà
échappent du cote de la ro
de danslequel je me trouvais,
isible de continuer à marcher
de linge. On se rappelle que
Ayant ouvert mon sac, j'en a* une chemise que je pose
sur mon fusil ; ensuite la culotte, que je mets i côté de
moi sur l'arbre; jeme débarrasse démon amaione et de ma
capote militaire, de mon gilet à manches eu soie jaune
piquée, que j'avais fait à Moscou avec les jupons d'une
dame russe; je dénoue le cachemire qui me serrait le corps
et qui tenait mon pantalon, et, comme je n'avais pas de
bretelles, il tomba sur mes talons. Pour rr-
n'eus pas la peine de l'y 1er, je la lirai parla
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
US ÏOTHO * ELB1NG. EJ3
n'y avili plus d! devant, ai derrière. Enfin, me voilà du,
n'ayant plus que mes mauvaises hottes sus jambes, au
milieu d'une forélsanvage, le )o décembre, à quatre heures
de l'après-midi, par un froid de dii-huit à viugi degrés,
En regardant mon corps maigre, sale et mangé pur la
vermine, je ue pais retenir mes larmes. Enfin, réunirai 1-
i -le furï.li ■ | ni :i:t- resl!.-nl, ,r me (!ii|-(isf à l'ai:; ni.'L loi-
Iclte : je ramasse les lambeaux de ma vieille chemise et,
avec de la neige, je me nettoie le mieux possible. Ensuite,
je passe ma nouvelle chemise en fine toile de Hollande et
brodée sur le devaul. Mon pantalon n'étant plus mettable,
j'enfourche au plus vite la petite culotte, mais elle se trou-
vait tellement courteque mes genoux n 'étaient pas couverts,
et, avec mes hottes qui ne m 'allaient que jusqu'à mi-jambe,
j'avais toute cette partie à nu. Enfin, je passe au plus vite
mon gile' ae sois jaune, ma capote, mon amazone, mon
foun:irm;nt et mon collet par-dessus, et me voilà complète-
rn;::.l L-diiLi!, sauf [îles jimibes.
Ensuite, je Hs rèfloiion qu'il fallait décamper au plus
vile, de sorte que je descendis de mon arbre. Lorsque j'eus
fait environ deui tenta pas, j'aperçus deux individus, un
homme et une femme. Je ruMiiui.i; -qu'il;- er ni.- u t Alli-ni;iii..l- :
leur demandai s'ils voulaient v<
répondit, d'une vois tremblant
le coté de la route, ne me dit qt
mis i l'écart. Sa femme lui conseillait de venir avec moi,
mais l'homme ne voulut pas ; consentir, et malgré loin ce
que je pus lui dire, je me vis forcé, quoiqu'à regret, de
m'en aller seul.
Après avoir erré à l'aventure pendant une demi-heure, je
m'arrêtai pour m'orienter, car 11 commençait déjà à faire
nuit. Dans la partie de la forêt où je me trouvais, il y avait
de la neige sa quantité. Aucun chemin n'était battu ni
frayé, pas même tracé, le m'asseyais quelquefois, pour me
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
29i MÉMOIRES DU 5ERGEM B0URG0GK1.
reposer, sur des arbres qui, par suite des p-auda vents,
étaient tombés déracinés. Je saisissais les branches desbuis-
sons dana la crainte de tomber, tant j'étais faible. Mes
jambes enfonçaient dans la neige au-dessus de mes bottes,
de aorte qu'elle entrait dedans. Cependant je n'avais pas
froid, au contraire les gouttes de sueur me tombaient du
front, mais les jambes me manquaient. Je sentais une
lassitude extraordinaire dans les cuisses, par suite des
efforts que je faisais pour me tirer de la neige, où parfois
j'enfonçais Jusqu'au! genoux. Je n'essaierai pas de dépeindre
chais dans les ténèbres, éclairé seulement par les étoiles :
ne parvenant pas à sortir de la forêt par la direction qui
me semblait la medit-un fn-.m reiLiiuùre la route at n'en
pouvoir, plus, épuise, ess'^n'-'li'î, je u:-euds le p;n-ti de mij
reposer. Je m'appuie <:t.n\je. un '.- : d'arbre où je reste
immobile. Un instant après, j'entends les aboiements d'un
chien, je regarde de ce cité : je vois briller une lumière, je
pousse un soupir d'espérance, et, rassemblant tout ce que
j'avais de farces, je me dirige dans cette nouvelle direction.
Mais, arrivé à trente pas, j'aperçois quatre chevaux et,
autour du feu, quatre Cosaques assis, et trois paysans,
parmi lésais je reconnais le cantinier et sa femme que
j'avais rencontrés, pris probablement par les Cosaques qui
avaient voulu s'emparer de moi; je reconnus facilement
celui qui avait un coup de sabre à la figure, car je n'étais
pas a vingt pas d'eux.
Je les regardai pendant asseï de temps, me demandant si
je ne ferais pas bien de m'approcher et de me rendre
bois, car la vue du îeu me tentait, mais quelque chose que
je ne sauvais niru nii- l'.L le fijnirairi.-. Je me retirai,
machinalement. Je les regardai encore t je remarquai qu'il
ne leur manquait rien, car plusieurs pjls en terro étaient
autour du feu. Us avaient de la paille, ei les chevaux avaient
Dans l'impossibilité de suivre, a cause de la quantité
d'arbres, la direction que j'aurais voulu, je fus obligé d'ap-
puyer à gauche : heureusement pour mot, car, après avoir
lait quelques pas, je trouvai la torèt plue claire, mais la
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
in j liLiiLt eu pins kTïiîiJi; i|uiiii:iii!. iorlu que, plu
sieurs fois, je amU I.'tis dernière IciS je me ivli':,-.', je
regarde le Ciel, je m'en prends a Dieu, qui veillaii sur mai .
.m uniment ot je me :le:'i.;ur i h; si je ne forais ius muru*
de rctouner au bivac des Cosaques, je me trouvai à l'eatré-
niité de la foret et sur U ruine. Là, je tombe à genoux, et
je remerde Celui contre lequel je vrjisis de m'emporter.
Je marchai droit devant moi : le chemin étailbon, c'était
bien celui que je devais suivre, mais le vent, que je ne
sentais pas dans le. bois, soufflait avec assez de force pour
se faire sentir à la partie de mis jambes qui n'était pas
couverte; mon amaione, qui était longue, me garantissait
un peu du froid.
Chose singulière, je n'avais pas faim: je ne sais si les
émeuuu. qur j'aïui. i'|,cnuvi';''s. ilqiui-; le ■■it, eu étaient
U cause, ou si c'était l'effet de mon indisposition, car,
depuis mon départ de l'écurie où j'avais mangé de la soupe
et un morceau de viande, je n'avais pas éprouvé le besoin
de manger. Cependant, pensant que je devais encore ■voir
un morceau de viande dans ma carnassière, je le cherchai
et fus assez lieireui pour le retrouver, et, quoique durci par
la gelée, je le mangeai sans discontinuer de marcher. Après
mon repas, je levai la tète; j'aperçus, sur ma gauche, deui
cavaliers paraissant marcher avec circonspection et, plus
loin, sur la roule, un individu qui semblait marcher mieux
que moi' J« doublai le pas pour le rejoindre, mais tout à
coup je ne le vis plus.
En regardant sur la droite, j'aperçus une petite cabaneet,
comme il n'y avait pas de porte fermée, j'entrai. Mais à
peine avais-je l'ait dcui pas dans l'intérieur, que j'entendis
résonner une arme, et une S rr.«srs vuis su lit entendre : ■ Qui
va la; • Je répondis ; . Amil « et j'ajoutai : « Soldat de la
Gardel — Ah! ah! réptmdit-oii. Jeu diable aorloiîVous,
mon camarade, que je ne vous ai pas renaontré depuis que
je marche seulï > Je lui contai une partie de ce qui m'était
arrivé depuis le hourra des Cosaques, dont il me dit n'avoir
UÎS f]lii:i-,d;i p.nloi-,
Noos sortîmes pour nous mettre en mardis : je rn'apersus
que mon nouveau cjuitrsdu OUI. un vicu.i chasseur a pied
de la Garde, et qu'il portail, sur sou sac et autour de son
suppliai de me le céder pour un pris, et lui moutraj. l'étal
de nudité de mes jambes : .< Mon pauvre camarade, me
■lit- il, je ne Jemande pas mieux que de tous obliger, si cela
se peut, mais je tous dirai que le bas du pantalon e6t brûlé
à plusieurs places et qu'il y a même de grands trous. —
N'importe, 'cédci-le-moi, cela me sautera peut-Sire la vie! >
Il le lira de dessus ton sic en me disant : i Tenéi, le
voilil • Alors je pris deui pièces de cinq francs dans ma
carnassière, en loi demandant si c'était assez : . C'esl bien,
me répondit-il, dépéchez-vous el partons, car j'aperçois deui
cavaliers qui semblent descendre du côté de la roule, et qui
pourraient bien c:re édaiieurs d'un parti du Cusiiq .îes : ■
Pendant qu'il me parlait, je m'étais appujé contre le
montant de la porte el j'avais passé le pantalon dans mes
jambes. Je le Ils tenir, comme iis précédent, avec le
cachemire qui me serrait le corps, et nous partîmes.
Nous n'avions pas fait cent pas, que mon compagnon, qui
marchait mieui que moi, en avait déjà plus de vingt
d'avance. Je le vis se baisser el ramasser quelque chose; je
ne pus, ponr le moment, distinguer oe que c'élaït, mais,
arrivé au même endroit, j'aperçus un homme mort. Je
reconnus que c'ojii un nmirnUer de la Garde royale hol-
landaise qui, depuis le commencement de la campagne,
ni de bonnet â poil, mais il avait encore son fusil, sa
giberne, son sabre el de grandes guêtres noires auj jambes,
qui loi allaient jusqu'au-dessus des genoux. L'idée me
vint de las lui filer pour les mettre au-deasus de mon pan-
talon et couvrir ses trous. Je m'assieds sur ses cuisses, el
je finis par les lui tirer; ensuite je mo remets à marcher
les prendre allait courir après moi.
Pendant ce temps, le chasseur avait continué sa roule,
de sorte que je ne pouvais plus le voir. Un instant après,
j'aperçus devant moi un grand bâtiment. Je recoonus que
c'était une station, maison de puste, et me proposai d'y
passer la nuit. Un fantassin en faction me ^ria : • ijui vivcï '
Je répondis : t Ami ! ■ el j'entrai.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
ÀVÉXTUBES D'UN SERGENT. Î97
D'abord je m lies suidais, au nombre de pins de trente,
-l 'ti' quïliju^ uiia 'lOiiii.iiûiit, n lIV.ll: [-!■.. ;m mir .le phi-
sieurs feux, faisaient cuire du cheval et da riz. À droite,
j'aperçus trois hommes autour d'une gamelle de rïi. le
■ nu laissai tomljer à coté de ces derniers. Dn instant après,
j'ùs.-aviii i!« parler ;■. Vu;: (I'ï::;ï. Pi!-,r uiiwmfiucer, je la tirai
par sa capote ; il me regarda sans me rien dire. Alors, d'un
ton piteux, je loi dis ass.e; bas, alla que d'autres ne pussent
l'iin tec lire : < Csniarjii.lc. je vnm en prie, laisse: -moi mander
Je mangeai environ quinne m
encore, pour mes dix francs.
Mon repas Uni, je regardai a
i'.KÎf ji* ul.imiu ,■„]■ la r-aiLlt;. qim la^![il.ui!:ie cria : < Vi'i'le: •
en disant qu'elle apercevait des Cosaques. Aussitôt, tout le
monde se lève et prend ses arme*. On entendit crier :
< Ami, Français! ■ Deux c.-.ïûliijiv un livrent dans la grange
k\, Jeï-tiTiila'ii i!t; chun'.-.v: flruni. ::hiiiiiUIjv : mais plu.-ieurs
II.'- m'I i' ivnl, u ■ ■ !■ r-.w tri- ■ | h
des Cosaquesl Probablement pour piller et détrousser les
fiiui-re? Irança;* L'.i.-;:ui uj mulinl = : -- Ce m;tpa- ci:l..
du tout, répond l'un de» deux cavaliers, mais ànouavoir,
on le croirait. Nous pouvons vous prouver le contraire, et
loi squu nuus serons en place, nous vous conLerona cela. •
Celui qui venait de répondre, après avoir attaché les deux,
olluim^ Inir avi.iii ioir O tu lr. pai : !u. :"UL fl '.lûiii-iiii un
jjinmlv <j lilù Ami- lu ^[■hiij.-i;. r«vi:il pris de soo compa-
gnon qui paraissait mai-du'i' t>vu [.ci m cl, le prenant par
le bras, vint le placer près de moi. Lorsqu'ils eurent mangé
un murceau de pain et bu de l'eau-de-via dont ils parais-
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
âUâ MÉMOIRES DU SERVENT BDUS60GHE.
salent avoir leur provision, el fin eurent fait boire un ooup
au vieux chasseur el à moi, «lui qui avait conduit son
camarade pies de moi, dit : ■ Hier an soir, j'ai sauvé mon
frire des "laïns des Cosaques Où il était prisonnier el blessé.
Il faut que je vous conte cela, cala lient du merveilleux,
i La veille d'arriver à Kowuo, mourant de faim et de froid,
épuisé de fatigue, je m'écartais de la route aveu deui offi-
ciers du 71" de ligne armés, comme moi, d'un fnsil, afin
de pouvoir passer la Huit dans un village. Mais, après avoir
(ait environ une demi-lieue, ne pouvant aller plus loin sans
nous exposer à périr de froid dans la. neige, nous cous
décidâmes à passer la nuit dans nne mauvaise maisuu
abandonnée où, fort heureusement, noua trouvâmes du hais
et de la paille, el, comme j'avais anaqre de la farinede
Wilna, nous fîmes un bon feu el de la bouillie.
u Le lendemain, de grand matin, nous nous disposâmes a
partir pour rejoindre la roule, mais an moment où nous
allions sortir de la maison, nous la vimes cernée par les
Cosaques., aa nombre de 15; cela ne nous empêcha pas de
sortir. Nous arrêtâmes devant la porte afla de les observer;
ils nous firent signe d'aller à em; nous fîmes le contraire,
nous rentrâmes dans la maison, nous fermâmes la porte,
nous ouvrîmes deux petites fenélres et commençâmes un
feo qni lit fuir les Cosaques. A nue bonne portée de fusil,
ila s'arrêtent, mai» dos armes étaient rechargées ; nuus
sortîmes de la maison, et, sans perdre de temps, leur
envoyâmes nne seconde bordée qoi fit tomber un cheval
avec son cavalier. Ce dernier se débarrassa et abandonna sa
monture. Nous nous mimes à marcher au plue vite, mais
nous n'avions pas fait cinquante pas que nous les vime*
marcher de noire coté.
< Un instant après, ils appuyèrent a droite, mais c'était
pour enliïir L: piiitjjTiiautcji] re-,i.> sur le du (ji.e non?
avions descendu. BientOt nous les perdîmes de vue, et nom
aiTivuii;c= sur In route ..jui conduisait ; ( 1vj-,vii.:j. 0 . ; ni,,,,
devions arriver le même jour. Nous nous trouvâmes an
milieu de plus de six. mille traineurs, cl, dans cette cobue,
ju hs. iumir.c il arrivait luirons, séparé de me, nama ii,.iet,
Je marchai ainsi toute la journée, et il se faisait pas encore
nuit, qoe je me trouvais à une lieue de Kowno, prés du
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
AVENTURES D
Niémen. le me déidlai à
afin de tro«ver un glle c
des h aLi talions.
■ Étant sur la digue, j'aperçus, à une demi-Ueoe sur la
droite, un grcupu UT'iï a quasi i: imi-Ti-, oii fus asseï
■ bien reçu p-ir U • paysans et où je î-"-'*- -1 ' '* mlit tranquille-
ment. Le lendMiui;n ce uran.l matin. .;c m; rais en route
afin de rejoindre la colonne de l'autre cùté do Kownu; mais
Iorsqua je fus ï deux Cents pas, je me trouvai, sans y
penser, au milieu d'une domaine de Cosaques qui, sans me
faire da mai et sans même penser à me désarmer, me firent
marcher devant euï, et précisément dans la direction où je
voulais aller. J'étais prisonnier, et De pouvais le croire.
« Après une heure da marche, nous arrivâmes dans un
village. Là, l'on me débarrassa de mes armes et de muu
a.-neni, je fu* R*s« heureuï pour sauver quelques pièces
d'or cachées dans la doublure de mon gilet. Je me débar-
rassai de mon schako, pour me couvrir la tète d'un bonnet
de peau de mouton noir que voilà. Je remarquai que les
Cosaque» étaient chargés d'or et d'argent et qu'ils ne fai-
oien de P profiter de la première occasion pour m'échapper.
■ Il pouvait être dis heures quand nous partîmes du vil-
lage. Nui.r- icncui 1.1 ili-f un 'iul.:v di-Laàiciiiejil de ' lini,-
qatl, escortant des prisonniers, dont quelques-uns étaient
de l,i Garde, inifi-ilak', nui été pris en sortant de
Koivno. Je fus joint à ces derniers.
• Nous marchâmes en nous arrêtant souvent, jusqu'à
environ trois heures. Je remarquai que le conducteur était
embarrassé, ne connaissant fa- le l'aya. Avant qu'il fut nuit,
nous arriT.-Smi;» dasis .m petit village, où l'on nous fil entrer
dans une grange et où nous passâmes tous à une visite tris
la peur.
« A peine avait-on fini de nous fouiller, que j'entendis
crier mon nom par un prisonnier q^c.e ne connaisr-ai; pas;
je. répondis ; • Présent! > Un. autre prisonnier, à l/e S :iémilÀ
répondit la même chose. Alors, m'avançant dans la direc-
tion, dont la voix était partie, je demandai qui s'appelait
Dasaomille Moi I > me répondit mon frère que vous votai
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
là. Juge* de noire 5
que mon dessein était que
fou nous Bt repasser le Niéi
la Pornéranie, pays apparie:
.lier de l'occasion qui se préi
• Les paysans nous apportent des pommes de terre et
d- loau, bmiLnir Mi ], i-l ,:!,, r ,h..„,, I...-. j.-; , M in^ .
L'on nous en fit la distribution; nous en eûmes chacun
quatre; nous nous jetâmes dessus comme des dévorants, et
presque Lous avouèrent que, pour le moment, il valait
mieus être prisonnier, mangeant des pommes de terre, que
de mourir, libre, de faim et de froid sur le grand chemin;
Mais moi je leur observai qu'il serait plus henreui de sortir
de leurs griffes : . Qui sait, dis-je, si l'on ne nous conduira
• pas en Sibérie? . Je leur montrai la possibilité de nous
sim-er.ciirjVi.i!, timv.-é, dcrri.Vu lu r lar.,-. tHI jï.i.i, r,-m C l,ù
avec mon frère, que l'on pouvait facilement en détaeber dem
mai; je ne sais^ par quelle fatalité, une heure a^réVj'oTvînt
coup d'hommes, accablés de fatigue, étaient endormis et ne
vou.-.in'.i |.iis ! ,u .uicr; mt.li. ]<•■ 1.0 1 m. jues, voyant que l'on ne
repoudait pas assez vite à l'ordre donné, frappèrent a coups
k "" LI ' .11 :.■<■<: ■■Ma.-M.~-. Moi, frire à
cause il- in blotsure. ne pouvait se lever assez lestement,
allait être frappe; je me mis devant, je parai les coups,
pendant que je i'udais à se relever, et au lieu de sortir de
la grange comme les autres, nous nous cachâmes derrière
la perle, avec le bonheur de ne pas être aperçus.
n osions respirer. Trois Cosaques à cheval traversèrent
encore la grange en galopant et en regardant i droile et
à gauche, s'il n'y avail plus personne. Lorsqu'ils furent
s-ji-lis, je ma IraL-si pour i-^wlnr en dehors : je vis ub
paysan venir, je rentrai à ma place. Il entra dons la grange
n'eûmes que le temps
s couvrir de paille. Fort h
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
AVENTURES D'UN SKBGEST. 301
«perçut pas et ferma les déni portes. Nous nous trouvâmes
. Il pouvait être Bis heure* ; nous nous reposâmes encore
une heure; ensuite je me lavai pour aller ouvrir la porte;
mais je ne pus y parvenir, de sorte qu'il fallut revenir à
mon premier projet, celui de sortir en enlevant les deux
planches. C'est ce qne je fis. Le passage était libre; je dis à
mou frèru il? m'.il.'iii.iln;, fit je ForL?
< J'avançai à l'entrée du village : à la première maison
j'aperçus de la lumière à travers une petite fenêtre et,
lorsque je fus en face, je vis unis grands coquins de Cosa-
ques compter de l'argent sur une table et un paysan les
éclairer. Je me disposais a me retirer pour retourner a la
grange rejoindre mon frère, lorsque j'en vis im faire un
mouvement du côté de la porte, l'ouvrir et sortir; fort heu-
reusement qu'un traîneau chargé de bois se trouvait près
de moi pour me cacher : je me mis à plat ventre sur la
•^Le Cosaque, après avoir satisfait un besoin, rentra dam
la maison et ferma la porte. Aussitôt je me levai pour me
sauver, mais comme il fallait passer vis-à-vis de la fenêtre,
dans la crainte d'être vu, je Qs le tour à droite. Je n'avais
pas encore fait dix pas, qu'une porte s'ouvrit. Pour ne pas
être vu, j'entrai dans une écurie et me couchai sous une
si-i;». dans laquelle d;s cbevaus rr. ■■.[Liraient. A peine y
h'L.ïis-je, qu'un paysan portant une Lanterne et suivi d'uu
Cosaque, y entra. Je me crus perdu. Le Cosaque portait un
portemanteau ; il l'attacha sur son cheval, L'examina, et
sortit en fermant la porte.
> J'allais sortir moi-même, lorsqu'une idée me vint d'en-
lever un cheval : je m'empare au plus vite de celui au por-
temanteau, mais en le faisant tourner pour sortir de l'écurie,
quelque chose me tombe sur l'épaule; c'est la lance du
ensuivie qui étai! appuyée sur son cheval. Je- m'en empare
pour me défendre au besoin, et je sors. J'arrive près de la
grange, j'aide mon frère a monter il cheval, et, moi prenant
la bride, nous marchons dans la direction de la roule.
Lorsque nous eûmes fait environ deux cents pas, je regai
dai si je ne voyais rien venir. Je lui remis la lance du
' Cosaque, et le couvris avec le grand collet à poil de cha-
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
SOS KÉBptBES BU SKRSKNT lOl'MiOGNE.
menu qui se trouvait sur le cheval. Apres une deml-houre
dans la direction de Gumbinnen, nous aperçûmes des
payons occupés a enlever les roues d'un caisson aban-
donné. Pour ne point passer près d'em, nous primes un
chemin, sur notre gauche, qui nous conduisit à l'entrée d'un
vill.vr <|ii,; 1,1, ;i ,.i-i-,ri, l-,jo°i miili] ,'vil,.-, tant
crainte de retomber entre les griffes de nos ennemis. Dieu
sait ce qtrtï nous en serait arrive, car, nous voyant posses-
eeursd'nn cberal et d'une amie appartenant a l'un des leurs,
ils pouvaient penser que nous avions tué l'individu a qui
« Nous étions arrêtés pour iléliberer, lorsque nous enten-
dîmes du bruit derrière nous; aussitôt nous voulons fuir,
mais il n'y ots.it pas possibilité, car la grande quantité de
neige, due deui cotés du chemin, nous empêchait d'entrer
dons les terres. Holre position devenait critique et je n'osais
communiquer a mon frère les sensations que j'éprouvais,
plus pour lui que pour moi, * cause de sa blessure.
■ Nous allions commuer à marcher droit devant nous,
lorsque nous aperçûmes eeui qui nous avaient causé tant
■fc 1'nhci.r; il, „ï:tf.ieiil. (in'à j^lqurs ^ e oi.p. |]s
s'arrêtèrent en nous criant en allemand : • Bonsoir amie
< Cosaqnes ! — Attention ! dis-je a mon Crète ; tu ci Cosaque,
* eunoi je suis ton prisonnier. Tu parles un peu allemand
< amsidu saug-froid! > Commeilavaitsuriateleun mauvais
bonnet rie police, je le choyai contre le mien qui ressem-
blait à celui d'un Cosaque. Nnus reconnûmes ces paysans
pour ceux que nous avions vus, un instant avant, sur la
route, autour du caisson, ils étaient quatre, et traînaient
avec des cordes deux des roues qu'ils avaient enlevées : mon
frère leur demande s'il y avsit des camarades Cosaques
dans le village; ils hii dirent que non : • Alors, dit-il, cou-
<duiseï-moi ehei le bourgmestre, car j'ai froidelfaim, puis
• je suis blessé etobligé de conduirece prisonnier français .
Arors il y en eut un qui nous dit que, depuis le matin, ils
attendaient les Cosaques, et qu'ils auraient bien faitd'arri-
ver, csr plus de trente Français avaient logé la mail der-
nière, et on les avait presque tous désarmés au montent de
leur départ.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
AVENTURES D'UN SERGENT.
i En entendant cela, nous aurions voulu être su diable,
niais, dans ce moment, d'autres paysans arrivèrent qui, en
me voyant conduit par un Cosaque, me dirent de; injures et
me rirent des menaces qui Turent réprimées par un homme
fljrc que j'ai su, après, être un ministre protestant, curé de
l'endroit.
i L'on nous conduisiL chet le bourgmestre, qui lit beau-
■j>i; ji d'accu.'il à eiou fr.' r.- r-n lui .lisant qn'i! k'tïCrsit dit/,
lui qon l':ni .Li)rak puis de son .:lir.v:il, mais qua. :iour le
l-'rri.]]i;;iih, il «UlU le faire «induire k la piisciîi. à moins, (Ut-
il, que voas ne vouliez le garder près de vous pour vous
servir de domestique : ■ Je ne demande pas mieur, répon-
< dit mon frère, d'autant mieux que je suis blessé et que ce
• Français eslchiruvpi'n- m :.jr;r. Il pansera ma jatnfee. —
• Chirurgien-major I «prit le bourgmestre, cela tomiw
• on ne peut mieux, car noua avons ici un brave homme
. du village qui a eu, ce matin, le bras cassé par un Français
■ qui n'a pas voulu M laisser désarmer; il loi Btran-
■ géra son brasl >
n'en voulut pas et demanda de la paille pourluï, et aussi
pour moi, qu'il fit mettre à part, afin de ne pas éveiller de
soupçons. L>on nous apporta à manger du p«in, du lard, de
la choucroute, de la bière et du genièvre pour le frère
Cosaque; des pommes de terre el de Teau pour moi. Le
bourgmestre ât remarquer à mon frère une certaine quan-
des Français nue les paysans avaient désarmés le matiH,
.■..M.i.iim: or, qi:(dfiii« "pi=-.f.]cts-, r,ara:-.i'ies, v.iiiq i. sis
fusils, autant de sabres de Cavaliers, ainsi que plusieurs
paquets de cartouches.
< rendant que nous étions en tram de manger, un paysan
accompagné d'une femme entra dans la chambre; l'homme
portai; nu bra; eu Édia;'T> : él<iil l'Ueimr.ic au bras cassé.
11 vint s'asseoir auprès de moi pour me le faire voir. Je me
décidai Ji payer d'audace. Jcdemandai du linge, des bandes,
des petites lattes que l'on Ht avec du bois de sapin.
Le bras était cassé bel eWre te poignet et le coude.
J'arsis .!.'■„ ii ■ . i . il'..-[.'^.'.ien=, depuis ci:.(| ine, qu-'
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
304 MÉMOIRES DU SERGENT BOURGOGNE,
je ne balançai pas un instant à me meure a l'œuvre.
N n'y avait pas de plaie, on voyait seulement une forte rou-
jjeur. Je as signe a un paysan de tenir le malade p^ar les
morceau rte bois. D'abord, je tâtonnai. Pendant ce temps,
le diahle criait et faisait de vilaines grimaces. Enfin je lui
appliquai des compresses trempées dann lescJjnapps, ensuite
quatre lattes que je lui serrai avec des bandes de toile. Enfin,
l'opération finie, il se trouva mieux, et me dit que j'étais un
brave homme. La femme et le Bourgmestre me firent des
compliments; alors je respirai. Peur me récompenser, on
me donna un grand verre de genièvre.
prendre qu'il fallait que j'aille voir unu femme qui, depuis
deux jours, souffrait horriblement; c'était une jeune femme
enceinte qui ne pouvait accoucher. On avait été à Xowno
pour un accouche.ii, mais tcut Ht.-i.it en déroule à cause des
Russes et des Français, rie sorte que l'on n'avait pu en
trouver : < Ordinairement, me dit-il, ce sont les vieilles
■ femmes qui font ce service, mais il parait que reniant se
■ présente mal ». Je voulus faire comprendre au bourgmestre
qu'ayant perde mes instruments de chirurgien, je uepouvais
pas opérer et que, d'ailleurs, je notais pas accoucheur, que
il fallut marober. Je fus conduit par deui paysans et trois
femmes à l'eitrcmité du village. Je ne sais si c'est parce que
je sortais d'une chambre chaude, mais j'avais un froid de
chien. Enfin, nous arrivons.
< On me fait entrer dans une chambre où je trouve trois
vieilles femmes que l'on aurait pu comparer aui trois
Parques : elles étaient auprès d'une jeune femme étendue
sur un Ut et qui, par moments, jetait des cris bien plus
forts que l'homme an bras cassé, line des vieilles me fit
approcher de la malade, une autre leva la couverture et une
troisième la chemise. Jugez de mon embarras ! Sans rien
dire, je regardais les trois vieilles, afin de lire dans leurs
jeux ce qu'elles voulaient que je fasse. Elles aussi atten-
daient, en me regardant, ce que j'allais faire : la malade, de
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
AVENTURES D'UN S ERG En t. 30r ,
mime, avait les yeax sur moi. A la tin, if compris n ne- des
vieilles qui me disait d,; v.iir si leniant vivait encore Alors
je me ihi.jide el je In: ja-.sc [,,,.,,,. r ,.,|., | Ioi . !( , j . llnriv . lfl
sJsse, sur snn v,..r.re hr'.hm. I.e" i.iml sid ],ii fi- fair- uu
l'mi-t "I ji'U:r un ,. T i a i.un! !c-ml,[cr _i ma.on
sur.-, d'un seco;-.,: ; au,-:lot |..s i™is vie;;],.- s'emparer
délie, el, en moins de duo; minutes, tout était fini : elle
venaiL d-.itecuchei d'un Prussien.
. Alors, tout fier de ma nouvelle cure, je me frotte les
'-' ;ï,;t " ■ '.'Isl.iIi- i!niii-:;.|.-i .in (in m'en d-)r,,,a
utir- f ..l, • ■ill.'; j,. Ij t ,,ii[( | .i:-],.|..]-s lui-. j„ rivn-.B un ir.or-
ceau de linge que je (rompe dans l'ea.i cha„de, je verse do
sr.luwpps dessus, j appliçu^ iclte ^,:n:,, : n« B sur le bas-ventre
do la jeune femme, qui s'en trouve très hien, et qui me
trivieicie au me pivv-iiut lu mai:..
• Je sortis escorte par les deui hommes qui m'avaient
amené, ci pai utu. des vieille ih:^,,,^. J,. | u= ra .. ( „ d 11 j 1
«" houissmwtr:; „u Ton lit ii]..:n cIoî-f. Mon frère le
Cosaque était dans des transes, mais, en me voyant, il fut
rassuré. *
• J'avais encore un blessé à panser, c'était lui ■ je lui
la ulaic avec d f ; l'eau di.mde. el "]■;,, ^. p|1
mi [, i. ;du, c..: cmmM^auce. Un li.-.u; lais-a -miU I.orsmie
nous l'.im.:-: .jijitf.ms oi!:i i..,m le rnem.i. inrmad. ]i- m'avançai
du cote ou ètaitm les a, nm*, je choisis devis paires de
pistolels ainsi qu'un beau saljre de chasseur et déni
paquets de cartouches du calibre de nos pistolets aoe nous
Jsla précaution .j,, ,: ;r .r S 5r de
caché.- en alleiula'i: le n
e départ;
Le malin, à su heures, Ion oous apporta à menger,
(.elle fois, je lus iraite comme le Cosaque. Pendant que
i-.Mi- m.au^i.ms, !, boui^mi^'re mo li: encore compliment
sur me» talents; tnsuiie il me deniaii la B i j.. voulais rester;
qu il me donnerait une de ses filles en mariage. Je lui Ji-
que cela no m: j.cuvail r as. que .j Ha,, dej:. maïae et que
j avais des enlanis : . Alors, dit-il en s'adressant au Cosa-
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
3DS MÉMOIRES DU SERGENT BOURGOGNE,
que," de quel coté allei-vous) — Je vais rejoindre monfrèr»
et mes camarades qui suivent la roule qui va à la Tille; je
ne me rappelle pas son nom, mais c'est la première que je
dois rencontrer sur la roule. — Je sais, dit la bourgmestre,
t'est Wilbalen. Alors nous partirons ensemble, je vous con-
duirai à une lieue d'ici, dans un endroit où vous trouverez
plu; d.: dei.v .:.-nl.s Cjîsqu:?. i"r je viens .lii |.j,;ir.''iir l'onl-n
d'envoyer tout ce que je pourrais avoir de foin et de farine
dans le village, et d'y aller de suite moi-même. Ainsi, dans
mit aussi les pistolets a sa ceinture. Un instant après, on
vint noua avertir que tout était disposé pour le départ. Je
pris le portemanteau du Cosaque, et nous sortîmes.
• A la posle, nous vimes le bourgmestre en tenue de
voyage : il avait une capote brnnc, doublée eu line peau de
l'occasion se présentait, il fallait s'emparer du cheval et de
la capota du bourgmestre et de celle de son domestique,
tt non- en vêtir; que, par ce dc^ji^ii^ut, nous puur-ians
nous sauver; que, dans la position où nous nous trouvions,
il fallait agir avec vigueur et que c'était on coup de vie ou
de mort.
• L'ou se mit en marche, le domestique en avant comme
oui---?, moi après, ut au miic.i des Jeu.ï cavaliers, comme
prisonnier. Un p.'.i avant h sortie du vills-e, nous primes
un chemin à gauche, et, après un quart d'heure de marche,
nous arrivâmes à l'entrée d'un petit bois de sapins. Pendant
que. nous le travf-riii«,s. je p.^-ais o îneiM^ nuio projet à
ejécution. Lorsque nous l'eûmes traversé, je regardai
devant, à droite et à gauche, si je ne voyais rien qui pùt
nous nnire. N'apercevant rien, j'avançai du coté du bourg-
mestre et, saisissant d'une main la bride de son cheval, et
lui présentant un pistolet de l'autre, je l'invitai à descendra
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
avkhtcres d'un 9
de cheval. 11 fut, comme vous ti
surplis, et regarda le Cosaque comme pour lui dire de a
passer sa lance au travers du corps. Pendant co temps,
:i:euvei:ient p.-, .1 lelei .r. l'en, lu-, l u-ir.f.f. mon livre
:. tenait le boiueim-rr,-, a:iqi; t l il r : .il ,jv,' L l jrjh.r .1 (; ? . .-„ , r 1 , [ , , :
, Je elievai, mais il i : ;,it tcLemi ut fiisi, qu'il se ,. ; 1:1 ii r , it( . r
plusieurs Irv's. Hnrii !1 libellait, ;L je .ioiiliai fui lln.iilur- k
forçai^ mettre mon habit, de sorte qu'a son Mur il avait
. Imaginez- vous la figure du bourgmestre en voyant
son domestiqua habillé de la sorte I Mais ce n'était pu tout:
je dis ;-. n:cu lier-, q li ;:a.t o«;ce:.-.lii ,1e élu*.?.], .. V.Wr,-er
le domestique, perdan: qi.:' it ln;ib changer de costume à
ici) r-siti-c qv.i. sur mr>- imita ion, el sans -e f :ure prier.
ru-' ■: a : ■.>:;, ii'< 1)0 i l':- et inn lionne!. Je loi il t i
en échange, ma capote et le bonnet de son domestique.
Lrj,;ii;» je :îï met.lrc à mon irer: la (.voele <:i loi b„l>.': Je
ee ile-!i:.;r et, lerrei.'il lot culuolel.eu Nril. ii;i:.,i|lé. ii ,;i:eval
en position de garder les deui individus, à mon tour je
m'habillai de la dépouille du bourgmestre. J'enfourchai la
monture que mon frère tenait par la bride; ensuite il me
donna son sabre, et nous partîmes au galop, laissant nos
déni Prussiens saisis et ne sachant probablement pas si
mon frère était, ou non, un irai Cosaque. 11 faut dire aussi
la vérité: nousn'étions pas à notre aise, car, quoique déguisés,
ii iv.ï iivkm. peur dë to.chei- entre Lis ifriiks ilos roriiqu;s
dont le bourgmestre nous avait pari* avant notre départ,
* Après dix minutes de marche an galop,
« Bourra! hourral nos amis les
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
308 KftHOlllK Dl SEItGtKT BOIHCOOUS.
honrrai • 11; nui.'* imn: qu'au (jrunl i.Uage, i on quart de
liens, DM «uiirtJ» *nieo\ cooclb et qu'il) en était ui
partis afin de couper 11 retraite aui Fraudai», avant qu'ils
pussent atteindre le bois qui traversait la route. Ils voulurent
nous faire descendre de cheval pour nous faire rafraîchir,
mais, comme noue n'étions pas tranquilles, uous nous
contentâmes de noire quelques verres de scinapps sans
descendre. Ensuit* mon frère cria ■ bourrai ■ al nous par-
tîmes, emportant la bouteille de soAnapps et accompagnés
des bourras de toute la population.
4 11 pouvait être trois heures lorsque noua aperçûmes le
bois devant nous, et nous n'en étions plus loin lorsque nous
entendîmes la fusillade et vîmes, près d'une maison située
sur le bord de la route, un combat entre les Français et la
cavalerie russe. Ainsi les paysans ne nous avaient pas menti,
c'étaient bien les Cosaques qni voulaient couper la retraite!
la colonne des tralneurs, avant qu'elle pût atteindre le bois.
< Voyant cela, nous faisons prendre le galop k nos
chevaui et, sans penser que nous ressemblons a des
Cosaques, nous nous postons aur la route afin de tâcher de
gagner rentrée du bois où tous les traloeurs se précipitent.
Ils. nous prennent pour des Cosaques et accélèrent leur Tuile.
Les Cosaques, * leur tour,' nous prenant pour des leurs,
pensent que nous poursuivons les Français, viennent à une
douzaine pour nous soutenir et entrent avec nous dans le
bois. J'avais un Cosaque à ma droite, et taon frère à ma
gauche; tout le reste des Cosaques derrière moi, dont on
> ta route était à peine asses large pour que trois cava-
liers pussent marcher de front; après avoir trotté une
einquautaiue de pas, nous apercevons plusieurs officiers de
chez nous qui nous barrent le passage en croisant la baïon-
nette et en criant a ceui qui fuyaient ; < rTayei pas peur de
cette canaille, laissei-les avancer! >]e profila de l'occasion
et, ralentissant le pas de mon cheval, j'applique sur la
liguredn Cosaque. qui était a ma droite, le plus fameuicoup
de sabre'. U fait encore un pas et s'arrête en tournant la
1.1b Coialusa qui la MrgaM a canpa la (Uroro d'un coup de sabra rji
biau tatal oie J'ai ta dui 1» oolt «I Jtrnl Xm cun.r.jM on pâma la
FUta. (Ai» -.1 :.:v..ir;
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
AVENTURES D'UN SBBOEMT.
léle da mon coté, mais, comme il voit que je me dispose à
l'eus rr-.il r.ons suivent on font autant, et nos chevaux font le
mime mouvement, de sorte que noua voilà, à nuire Unir, à
' la suita des Cosaques qui se sautent a tous les diables en
recevant quelques coups de fusil des hommes de chei nous,
dont noua faillîmes Site attrapés.
• J'aperçois un chemin h droite : nous y entrons, nn
Cosaque y était déjà. En ne-us voyant, il ralentit le pas,
s'arrête et nous parla un langage que nous ne comprenons
pas ; je lui assène un violent coup rie sabre sur la tête, et je
crois que je l'aurais partagé en deux, sans un bonnet de
peau d'ours qui le coiffait, Étonné de cette manière de
répondre, 11 se sauve, mais, comme il eut meilleur cavalier
que nous, nous le perdons de vue. Un quart d'hinre après,
noua arrivons de l'autre coté du bois : là, nous apercevons
encott notre Cosaque qui, en nous vuyant, part au galop,
mais nous n'avions pas envie de le suivre. Nous côtoyons le
bois jusqu'à son extrémité, ensuite nous louvoyons ïiik.tu'-hi
soir, pour retrouver la vraie roule, et o'est avec bien de la
peine que nous arrivons ici.
i Maintenant, acheva le sergent, il faut nous reposer un
peu, «t partir, car, au jour, on pourrait nous donner te
Alora chacun de nous s'arrangea pour prendre un peu de
repos, pendant que six hommes de la garnison de Kostno,
fix mldeis du train bien portants, s'oll'rirenl volontairement
pour veiller, chacun A leur tour, à la porte de l.i grange.
11 n"j avait pas une heure que nous reposions, iMwrue
nnus entendîmes crier • Qui vivet . Un instant après, un
individu entre et tombe de tout son long. ÀussiWl, las
hommes qui étaient le moins fatigués se levèrent pour le
secourir. C'était un canonnier à pied de la Garde impériale
qui s'était trouvé au bivouac ou j'avais manqué rester. Il
avait phia de vingt blessures sur le corps, des coups do
lance el de sabre. On demanda du linge pour le panser; je
m'empressai de donner une de mes meilleures chemises
provenant du commissaire des guerres. L'un des deux
frère», le sergent, lui fit avaler une goutte de genièvre, le
vieux chuseur donna de la charpie qu'il tira du fond de
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
1E HETBOUYK KfiÂHT.
roulai dedans Les paysans .....
dépouiller les morts «i lus Ll.-sses. Q.;u-.-n. [i^.^ih^s par quel-
ques Cosaques dont les chevaux avaient été lues. J'eus Le
bonheur de ne pas être vu, et, lorsqu'ils se furent retires, je
me le™ avec peine et gagnai le bois, que je traversai.
=L'r r '-j..!, jo vous ]i'i'Lfini m nu .-.h:v,d.
Malgré le sommeil qui m'ace^dii
partir, car, comme je n'étais pas fort
■.lu temps :>..', r faire dull de i-heir.ii
train me prupeta du [-l'^i-tiiii-p uner.
suite : j'aeeïptid d'un tant plus vol
Nous entrâmes lans un l«h que la route traversait. La,
le soldat, qui n'était pas armé, voulut porter mon fusil; je
le lui cédai d'anlant plus volontiers que, dans l'état de fai-
llie. n: du je me trouvai-, il ]iiuiv-.it ir.ie.L* s'en servir que
moi. Après avoir nwi:l. : je ne s.iis CLiir.uien de temps, sou-
tenu par le bras de mon jeune compagnon, car souvent je
dormais en marchant, nous arrivâmes h l'extrémité du
16 décembre.
Mous marchâmes encore au hasard pendant environ une
demi-heure; fort heureusement la lune se leva. Mais avec
elle arriva un grand vent, et une neige si fine qu'elle nous
coupait la figure, el nuus empêchait d'y voir.
Je soutirais beaucoup de l'envie de dormir et, sans le
secours du petit soldat du train, qui me tenait toujours sou?
le bras, je serais infailliblement tombé en dormant. Mou
compaRuon de voyage me fit i-emarquer un grand corps de
quittée, ei je jugeai, d'après cela, que noos avions fait trois
lieues. Au hout d'un quart d'heure, noue arrivâmes près
d'uoe des portes, tu enlrrinl. je me jeioi près d'un fau, car
il y en avait plusieurs abandonnés par des militaires,
presque tons de la liante impériale, pour marcher sur
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
M
Wilbalen. Quelque* csuonulers, aussi de la Garde, y étalent
encore, mais ils se disposaient à partir.
Il n'y avait pas dis minutes que je dormais comme un
nIeuh B ureui,qnejetne ?enlls fortem rat secoué pu Je bras.
velu ,vsi.^,ii> : , r .ji, „„. irj(1 i.i ïr |)fLr i p , ,=,,.-.,■ |,. s .
L'iifin je i r:L ,;n c;i ,, fait entc-Jn,. pi.K.-c nu
vieui Oanonnier : • Le* Oosaquesl Lem-rous, mon gargonl
Kbcore un peu décourage! > ■■
J'aperçus onie Cosaques arrêtés et qui, probablement,
a attendaient que notre départ pour Tenir prendre nos
1^1. >'S i ■ UlOllf, Ji' \fi CM! <".,! il (■„,[ tl:| J,. r j;l ji.mii,,,-.
et battre en retraite sur Wilbalen 1 flous n'avons plus qu'une
Uenej ainsi, parlons! •
Il fallut se remettre en route; noue étions stt, quatre
■■auonniert, le petit soldat du train et mol. Nous Sortîmes
de la grange. C'était le 16 décembre, cinquante- neuvième
jaut-née de inarebe, depnis notre départ dé MoSCoU. Le
'f-'.-.i dan impétueux et le froid e*0eSBif. Tout à enup,
malgré ce que mon camarade put faire pour me soutenir
je m'affaissai, accablé par le sommeil et par la fatigue. Il
fallut les efforts de deui canonniers et de mon compagnon
pour me meure debout : qi^iqus sur mes jambes, je dor-
- "J»j(!»r-. j:iiii= un .■nioii-.i-r inVunt ïmtié h n »
avo de la neige, je m'éveillai. Ensuite il me fit avaler un
peu d\\tii-<!e-.-ie : cela me remit un peu. Il» me prirent
Bllacui] par un bras, et me firent Hiarcfier, de la sorte
beaucoup plus que it n n'eurai. pu marcher neiû, Ces.
■If celle iiiiiiiiér:! .,,„■ j-=,rfi v-il Vv1IIh!,-i. Eli entrant, nous
a]>Fi:in's (;u« k. roi Mural y était areo tous les débris delà
U'jrdï ^.[i.-L'i.U,..
Malgré le grand froid, l'on voyait assez dé mouvement
dans la ville, delà part des militaires, dane l'espoir d'acheter
aui juifs, nssei nombrcui dans cet enj™:, .In r .,i n >l de
i eau-de-vie. On voyait aussi, 6 la porte de chaque maison,
une sentinelle, et lorsqu'un arrivant se présentait pour
entrer, su luirépondait qu'il yavalt un gÉuéral logé ou Un
eolonel, ou qu'il n'y avait plus de place. D'autres nous
diSMimt : . UbtrchK/ votre rfi.-i.nelil ! . Les canonnière trou-
vèrent d.'s camarade? de leur régiment et s'en forent avec
eut. Je commençais a me désespérer, lorsqu'un payait) me
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
JE RETROUVE HCUI. 11) ,
dit que, dans U première me a gaucha, il 7 avait pEu da
monde. ?fous j tûmes, mais toujours des sentinelles à toutes
Je» portes al partout In même réponse. Effectivement je
voysl-, lalM lus maisons, les hommes entassés les uns sur
les autres. Cependant nous ne pouvions rester plus long-
leiHjls dii:i* la mu ii-j-js «p;i=ei ,'- mmirir de froid.
11 me serait diftlciie d'eflprimer combien, ce jour-la, j'ai
souffert du froid et davantage encore de chagrin, ea me
voyant repuussé partout où je me présentais, et cela par des
camarades.
Enfin, je m'adressa k un grenadier qui me dit que, par-
tout il y a du monde, mais aussi de la mauvaise volonté, de
l'égaïsmo, et qu'il ne latii pas faire attention ani maisoBB
où il y a de» sentinelles; qu'il faut y entrer, 1 car je vois,
vers la première maison qui ee présente pour y entrer : un
viaui grognard barre le passage avec son fusil en me
disant que c'est le logement du colonel, el qu'il n'y a plue
da place. Je lui réponds que, quand bien m "
lrtn,.mùnl At> rPm^wii, Il m'en faMpil. lit
A peine Pioart m'a-t-il reconnu qu'il jette «ei grosse*
épaiilettefl aur la pailla eu e'àorianl : . Jour de Dieu! C'est
l'arrière-gardo? ■ Sans Ini répondre, je m'étais laissé tomber
sur la paille, épuisé de fatigue, de sommeil al d'inanition,
et aussi suffoque par la chaleur d'un grand poûle. Picart
courut à eon Bac, en tira uoe bouteille où il y avait de l'eau-
-t me força d'en prendre quelques gouttes qui me
in peu. Ensuite, je le priaide me laisserrepoier.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Il pouvait être huit heures lin malin; il en était dcui de
l'après-midi lorsque je m'éveillai.
Picart mit entre mes jambes un petit plat de terre conte-
rinrif de l-i sc.up. au vit i[iir- ji.' miiisi-.ii a.-.c plaisir, et en
i-t-j/ril-daill. :< ùï- ilfr ;l ■: . i ] il 1 1 - . j L . clieri-.E- n.:s 'i me ret.jn-
ic.itie. A la lin, Lo.lt se dérouilla dans mçs i.:r-s, Je
manière à me rappeler ce qui m'était arrivé depuis vingt,
quatre heures.
J'étais dans mes rendions, lorsque Piesrt m'en tira pour
me conter ce qui lui était arrivé depuis que nous nous
CLifos sspm-ùï, h Wiliii ; . Anrèî avjiii- c::ss« le- Russes
qui s'étaient présentés sur tes hauteurs de Wilna, on nous
fit revenir sur la place ; de là, on nous conduisit au fau-
bourg situé sur la route de Konno, pour être de garde
chei le roi Murât qui venait de quitter la ville. La, je vous
cherchai, pensant que vous aviez s rd. p; ( > tus i.i, lt irni ils
no lilns vous voir. A ■uinuit, on ,»„,,. li psrtir pou-- Kiwiio.
accompagnant le roi Murât et le prince Eugène qui, aussi,
étaitlogé au faubourg. Mais, arrivés au pied de la monta-
gne, il ne nous a pas été possible de la traverser, a cause
de la quantité de neige et du nombre de voitures et de
caissons sur la route qui la traversait.
■ Lorsqu'il fil un peu jour, le roi et le prince parvinrent à
continuer leur chemin en tournant la montagne, mais tant
qu'à moi et quelques autres, comme nous n'avions pas do
chevaux, nous noue engageâmes par le chemin. Bien nous
ïd prit, car nous eûmes l'occasion de. monter les premiers
a la roue et de faire rjm-1 jw-- piève* Je cinq francs... h mtr;
service, entendez- voua, mon paysf i Picart continua à me
faire un détail de sa marche jusqu'au moment où le hasard
me le fit rencontrer.
Alors je lui dis que c'était toujours un bonheor pour moi,
chaque fois que je le rencontrais, mais que, celte foli, fiUii
plus heureux encore puisque je le retrouvais colonel. 11 se
mit à rire en me disant que c'était une ruse de guerre dont,
plus d'une fois, il s'était servi pour conserver un feju bo-
rnent; que, depuis hier, il s'était fait colonel et était
reconnu pour tel par ceui qui étaient avec lui, puisqu'ils
lui rendaient les honneurs.
Picart me dit qu'à 3 heures, il devait y avoir une revue du
JE RETROUVE PICART. 3)5
roi Murât où l'on devait donner des ordres pour indiquer les
endroits où les débris des différents corps devaient se réunir.
Je tus iU.pi>-ni h y it]l"r, aXin ■.'.'_¥ r-e n::- -i 1 1 n-r me- r.ni]]n.r.»..les.
Picsrl me fil li barbe, qui n'avait pas été faite depuis notre
départ de Moscou, arec un marnais rasoir que nous axions
trouvé dans le portion:: Eu jlt m &-sj'[iie t né le 23 novem-
bre, et, quoiqu'il le iv|-.il«m'l1 sur k fourreau de son sabre et
ensuite sur sa main pour lui donner le fil, il tic m'en écor-
cha pas moins la figure.
L'heure venue, nous sortîmes de notre logement pour
aller au rendez-vous. L'jjipei ileijif se l uire dans une grande
rue, Les militaires de toute arme s'y rendaient. Plusieun
des vieoi de la Garde avaient poussé l'ambition, et cela
pour se faire remarquer, jusqu'à s'arranger comme pour
un jour de grande parade : eu les vojaut, l'on aurait pensé
qu'ils arrivaient plulot de Paris que de Moscou. Au L'eu du
rendei-vous, j'eus le bonheur de rencontrer tous cem avec
n'avais pas vus depuis Wilna, mais nous étious peu nom-
aulorisé a prendre des traîneau* ou des voitures pour se
faire conduire, nous lâcherons d'en trouver >. Nous restâmes
assez longtemps dans la rue, en attendant le roi Mural.
Pendant ce temps, on était surpris de rencontrer des amis,
de retrouver vivants cens que l'on pensait morts. J'eu9 le
jilaisir rlfl rvilK'intrer li; sbi^hiiL TluniMnt, «vec qui j'irais
voyage la veille et dont j'avais été séparé dans les bois, au
moment du hourra. J'appris aussi que les cantiniéres Marie
et la mère Gâteau étaient arrivées à bon port.
Le roi Murat ne venant pas, l'on prit les noms des
hommes incapables de marcher, afin de les [aire partir le
lendemain, a six heures du matin, arec des traîneaux que
les autorités fournissaient. Nos camarades s'occupèrent d'en
rlii'i dier. miii- il leur :'uL im;n.,.,! 1 1 ", i h r.!"..T, li ji.ver. Il l'iilhiL
s'en consoler en se disposant à passer une bonne nuit, afin
de pouvoir marcher le jour suivant
Picart m'avait dit qu'il voulait me parler avant de nous
séparer. A peine l'ordre du départ fut-il donné, que je sentis
une grosse tape sur l'épaule; c'élail lui. 11 me fil signe,
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SIS SÉMOTRE! DU SftSGINT SOL-BHOGMB.
ainsi (ptï Craûgier, de le suivre, et, lorsque non» fûmes
éloignés lie manière à ne que personne ne pût notas enten-
dre, il me diL : c Vous allez me foire l'amitié d'accepter un
hDu coup de Tin blanc, Tin du Rhinl — Pas possible I .
tn'écriai-je. Pourioute réponse, il nous dit : . SuiTezmoi! »
Chemin faisant, il noua conta que, la Teille, il avait ren-
contré un juif arec qui il arait fait connaissance, et cela
poU( loi vendre des objets dont il roulait se défaire, ses
épaulettei de colonel et autre chose encore, mais qull
n'aveit pas manqué, comme cela lui arrivait souvent, de se
faire passer pour juif eu disant que sa mère était fille du
rabbin de Strasbourg et que lui se nommait Salomon.
Enchanté, et aussi dans l'espoir de Faire un bon marche,
l'autre lui avait indiqué sa demeure, en l'assurant qu'il lui
procurerait du bon vin du Rhin.
Nous arrivâmes derrière la synagogue : k côte était une
petite maison où Plcart s'arrSta. 11 regarda à droite et k
gauche S'il ne voyait rien ; ensuite, se pinoant le nez, il
syipclii d'imc-voiï niL: iil n ;li\ 1.1 \ plu .jeu r- éprises : > .la^c-ti 1
Jacob I » Nous Times paraître, par an trou, une espéra de
figure 'coiffée d'un lon« bonnet Fourré et ornée d'une sala
barbe : t'était Jacob le juif. En reconnaissant Picert, il lui
dit en allemand : < Ah! c'est tous, mon cher Salo'mon ; je
vais tous ouïrirl » Le joif ouïrit la petite porte, et nous
entrâmes dans une chambre bien chaude, mais puante et
dégoûtante. Lorsque noua fûmes assis sur un banc autour
du poêle, nous vîmes éntrer trois autres juifs, dont Jacob
nous dit que c'était sa famille.
Pioart, qui savait comment il fallait s'y prendre avec ses
soi disant coreligionnaires, commença pat ouvrir son sao .et
en tirer d'abord une paire d'èpauleites, non pas de colonel,
mais de maréchal de camp, une pacotille do salons., tout
cela neuf et ramassé à la montagne de Wllna, dans les
caissons abandonnés.
Il y avait aussi quelques couverts d'argent venant de
MOSCOU, Les juifs ouvrirent de grands yeut; alors PicBrt
demanda du vin et du pain; on apporta da ïirt du Bbln
«toellent; le pain n'était pas de même; mais, pour le
moment, c'était plus que l'on ne pouvait espérer.
Pendant que nous étions à boire, les jolis regardaient les
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JE RETROUVE PICÀHT. J17
objets étalés sur le banc; Jacob domanda à Picart combien
il voulait de toulcela : < Diles-vous marne L> répond il Pi cari.
Le juif dit un pris bien éloigné de ce que Picart voulait. Il
lui dil : Nonl Jacob dit encore quelque chose de plus: cette
fois l'icart, chez qui le vin commençait û produire son effet,
retirai le juif d'un =uv ^oi'ii^naril et lui | ..in .lit c:i mç-.taiit
Un doigt sur le coté de son nez, et en fredonnant non pat
les paroles, mais le chant dn rabbin h la synagogue, le jour
du Sabbat.
Les quatre juifs se mirent aussi il se balancer comme des
Chinois et à chanter les versets. Grangier regarda Pioart,
pensant qu'il était fou, et moi, malRré ma triite position, je
nu 1 ji.Linai» de rire. Eulii;, Picart iIh cliauLer pour Einu^
verser à boire. Pendant ce temps, les juifs causeront
ensemble du prii des objets; Jacob en offrit un prii plus
élevé, mais ce n'était pas encore ce que Picart voulait, de
sorte qu'il se remit à recommencer sou tintamarre, jusqu'au
moment où il accorda le marché, a condition qu'on lui
donnât de l'or. Jacoli f:-.\a. Picn:-: or, p/ecs d'or de Prusse; il
est probable qu'il était content de son marché, puisqu'il nous
donna des noisettes et des oignons. Le vin nous avait monté
à la tete et nous avait rendus comme fous, car, lorsque
Picart eut reçu son argent, nous nous mimas a faire, comme
regarda par le tron, et aperçut plusieurs^ soldats^ qui lui
pour loger cbta iui e; que, s il n'ouvrait pas de suite, la
pinte allait titre enfumée. Il ouvrit, ,1e s-.iitr-. Su-.is primes U-
parli de nous retirer; je dis adieu à Picart, avec promesse
de nous revoir à Elhing, endroit sur lequel nous avions
Arrivés au logement, nous mangeâmes une soupe de riz;
ensuite je m'occupai de mes pieds, de ma chaussure, et,
comme nous étions dans une chambre chaude el sur de te
paille fraîche, je m'endormis.
Le lendemain 1", à cinq Lucres, la tille élail déserte : les
hommes qui, depuis Jeu., aïois, n'iivuiem pas couché ïous
un Wit et qui, dans ce moment, se trouvaient couchés
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31 a MÉMOIRES DU SERCKVT BOURGOGNE.
Garde, battirent la 'jrentuiièrt pour noas, et la cartibinitre
pour les chasseurs. Lorsque nous fiïmss dans la rué nous
remarquâmes qu'il faisait moins froid que la veille. Noua
vîmes venir oq traîneau attelé de deux i^evaus. qui s'nrjf u.
Il était conduit par deux juifs et clia!- S i> ■ IqiiVcrie. Uiiie
nons vin! de leur proposer de nous conduire, en payant,
bien entendu, jusqu'à Darkehmen, où l'on devait aller ce
jour-là, ou de nous emparer du traîneau, s'ils refusaient.
D'abord ils firent quelques dira ml: h-, eou* diifévsiits pré-
textes. Nous leur proposâmes de payer la moitié du prix,
et le reste en arrivant. Les juifs acceptèrent. Le prix
cfantconvenu pour quarante francs, nous leur en payâmes
de suite la moitié, mais comme ils ne prenaient les pièces
de cin-i francs que comme un thalcr qui n'en vaut que
quatre, cela nous fit dut francs de plus. .Nous n'y regardâmes
pas de si près, et imprudemment, pour nous attirer leur
confiance, nous leur fîmes voir que nous avions beaucoup
d'argent. Un sergent-major nommé Pierson, qui avait
plusieurs pièces d 'argenterie, les montra. Dès ce moment,
ils parlèrent hébreu, de sorte que nous ne pûmes rien corn
prendre de ce qu'ils disaient.
Nous étions cimj vélins, [abonde, Grangier, Piersmi.
Oudict et moi. Le traiueim était déchargé, les chevaux
reposes, nous nous disposâmes à partir. Nous mimes nos
fusils dans le fond du traineau et nos sacs par-dessus , et
nous voilà en route. Il était plus de sis heures : tous les
débris île Treuil'-:: éiai.'iil !.>•', en tlii.ijvl.i:lïi]!. ..■niunii' le?
jours ])ré.;édfiits. îiins fi v ,. .- ■ 1 1 i v- r.licn, sans ordre; la confusion
était telle qu'il n'y avait pas moyen de sortir de la ville.
Ceux qui ne se sentaient pas la force de marcher voulaient
encombrement. Nos conducteurs nous firent comprendre
qu ils allaient nous conduire par un chemin à giuche, où
l'on ne voyait personne, etqu'avant une heura nous aurions
rejoint la grande route et dépassé la tête de colonne. Noua
aurions dû demander, puisque le chemin èlail Si bon,
pourquoi d'autres conducteurs de tralneaul, qui devaient
■y-^-'.-h il.: i' h' .| i- Miivai: l'c: eu.:. ; .:;]., \<: terrai:: ::i:r
[r:ji]f:l iiiiiii rculiiirn, et que IV. moi iai>o.it prendre pour
un chemin, n'était rui'un remblai formant la digue d'un
canal i notre droite, et d'un ■-liritiH-fi:...! k saucli;. Voulant
communiquer mes eb5ervj.li nu:- ;, mra i^ianudcs, je criai
:r:mt dars fes ftmiis i:im ::.'iri': i;n fu^'iil qi.'il rr-.pji.jrUi.it
.1 ■ M. .■■ il.nr I - ...t . L i. ■'. .;h.u;u_- [i.-l, m :.rji]r l'aire
faire du ihè, se mil a son tour à criBr : . Halte 1 •
" ' "■ - 1 '"■ ' I'"
Comme ils avaient tas pieil-s ci le.- mains gelés, ils pous-
saient des cris cITi .■■.::[;., oc ..■.iL.siuatis par les douleurs. Ces
cris se changèrent en cris de rage contre les juifs qui, déjà,
avaient retiré le (rn.in.mii .lu lnird de la digue, car, tenant
les chevaui par la bride, il* l\n;u<:::l iNnji.'ciii, quoique ren-
versé, de rouler jusqu'en bas. Ils se disposaient a se sauver
avec nos bsfiaçeB, mais, comme mon fusil était avec les
mkii!!,, iliuis Ih l'uini .!u taïunin;, je Krai nwii sabre c-t e:i
portai un coup sur la tête d'un juif qui, grâce à son bonnet
fourré, ne l'eul point fendue eu deui. Je loi en portai un
second qu'il para avec la main gauche couverte d'un gant
en peau de mouton. Ils allaient nous échapper, quand
Pierson arriva pour me sewnder, tandis quo les autres,
encore en bas du remblai, qu'ils n'avaient pas la force de
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
3B0 MÉMOIRES DU SER8BNT BODROuGNE.
remonter, juraient et nous eriaicut de lue r les juifs. Celui
auquel j'avais dopoé un coup da sabre ub sauvait en traver-
sant le oanal ; l'autre, qui tenait les cnevaui, demandait
pin:-: ci disant q.u e'ctfiï l.i fauu: de fon nnmai'-i-lc. Cela
n'empêcha pas Pierson d'appliquer quelques coups de plat
de sabra à Celui qui restait ai qui demandait pardon eu noua
appelant colonel et généra!-
Pierson, prenant les ohevaun par la brida, lui ordonna de
descendre afin d'aider dos camarades a remanier. C'est ce
qu'il s'empressa de faire; il en fut récompense par les coups
de poings qu'oïl lui appliqua avec force, Lorsqu'ils furent
remontes, Leboudo nous annonça que noua avions acquis
de droit le trainean et lee chevaui, car ces deus coquins
avaient aharohé a noue détruire, afin de s'efhparer de ca que
liant avions.
Nous ordonnâmes «a juif da nous conduire, au grand
galop, par le chemin le pluscuurl, afin de rejoindre l'armée,
mais il fallut retourner par où nons étions venus.
Arrive* près d» la ville, la juif Toulait nous j faire entrer
sous preteita da [>r.''idre. quelque dune ohei Ini ; détail
pour nous livror aui Cosaques, qui y étaient déjà, Nous lui
Urnes sentir la pointedu sabre dans le dos, le menaçâmes de
le tuer, s'il faisait encore un pas du colé de la ville. Aussi
s'ampressa-t-i! da tourner ,l içiuiehc, sur la route que suivait
l'armée, dont nous apercevions les dernière traineaui à une
grande distance. Un quart d'heure après, nous les avions
rejoints, ensuite nuu.s les dépassâmes en descendant une cota
avec rapidité.
Comme j'étais placé sur le derrière du traîneau, le hout
du limon de l'un de eaux qui descendaient m'atteignit dans
le flanc droit al me jeta sur la neige a plus de sii pieds. Je
restai sans connaissance. Un fourrier des Maroslucks, qui
me connaissait, s'empressa de me relever et de m'assooir
sur la neige '. Mes camarades s'empressèrent aussi de venir
à mon secoure : ou pensait que le timon m'était rentré
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
LE TFUlKKAII ET LUS JUIFS,
il'uis vii":r- : ■, lu ri In i.h:[^:: lient ly.F n
avaient amorti le coup; et puis, par bonheur, le bord du
limon était garni d'une peau Je moulera.
Je tus relevé, et l'on me replaça stir le traîneau : chosa
étonnante, il n'en résulta ponr moi rien de funeste; senle-
11 pouvait élre neuf heures lorsque nous arrivâmes dans
un grand village; heaume no d'hcinmes y élaient déjà; nous
rît; le liteharpcr de lu..- tapyc.i .:c -Àiir,; entrer le juif ave..;
nous, dans la craint- [n'il iiVnlti; i. mire équipage.
Los soldats qui étaient A se chauffer nous dirent que, dans
le village, on veudait des harengs et du genièvre. Comme
Ils avaient eu beaucoup Je ciuiidais-uicc pour moi et qu'ils
avaient tous les pieds plus gelés que les miens, je rue deci-
ilui y ,il[ l; r mais, iul p.irt,-:nt, je Im i r :t .-m ■]• airi si il'aviiir
lus jeux sur le Lraineau : t Sois tranquille, me dit Pierson,
j'i u iq.o:^ ! . Je parlis avec uotre juif pour me servir de
li mi' coiiiiiii-il. itï un de ses compsriis, où je trouvai
des harengs, du genièvre et des mauvaises galettes de
seigle. Pendant que je me chauffais en buvant un verre de
genièvre, je m'apere.ui que mou fluide avait disparu nvee
un autre juif, avcclcqucl il causait un instant avant. Voyant
qu'il ne rentrait pas, je retournai, avec mes provifnuis,
rejoindre mes amis : mais quel lut mon ètomiemeut, lors-
la porle! lie* c,i:iihi ".iIi -, ti-jn-jni iemont à se chauffer, ma
,:. u:;i::denl. où 5i>nl p-uvisiuiis : unir je leur demande où
est le traîneau. Ils regardent dans la rue, le lraineau est
jimIi ! S m- il i:': ..h m ni, je jp'.j' prû-.i-iû;^ .1 lerre, el,
le eccur trislc, je vais nu- couche, sur de la paille, à coté du
poêle. Une demi-heure après, on battit le rappel pour le
départ, et l'en r.jo t.i fiv.iir qy.i deiii petites lieues de lé,
il y aurait d-s traineaus pour lout le monda, alln que l'on
pût arriver le même jour à 11 u moin ne».
Arrivés a ce! endroit, nous y tronvamee, eu effet, une
prends quantité de (raineaui el, un instant "après, on nous
lit partir. Pendait: ir, rouie, je fus itiJjinoî:': : le mouvement
îl
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302 MÉMOIRES DU SERGENT BOl'KSOGNE.
du traîneau fil, sur moi, l'effet du mal de mer; j'eus des
vomissements. Je voulus, avant d'arriver, marcher un peu
à pied, mais je faillis périr de froid, car il était devenu
insupportable. Heureusement, mes camarades s'aperçurent
de ms triste posili tirenL arwlrr 1? traîneau et tinrent me
chercher : je ne pouvais plus avancer. Quand nous Arri-
vâmes à Gumbinnen, il était temps I On nous donna un
billet de logemsnt pouf nous cinq, et nous eiimes une
chambre bien chaude et de la paille.
Lorsque nous m m es installés, la première chose que non»
fîmes, fut de demander si, pour de. l'in^nt, nous ne pour-
rions pas «voir à boire et à manger. Le bourgeois, qui avait
l'air. d'un brave hoimue, ans répnndit qu'il ferait son pos-
sible pour nous donner ce que nous demandions : une
heure après, il nous apporta de la soupe, une oie rôtie et
rions, le tout des jeu!, mais, malheureusement, l'oie était
tellement coriace, que nous ne pûmes en manger que trts
peu, et ce peu faillit nmis étonner; nous en fûmes réduits
aui pommes de terre.
Je LU<, avec li; IJILH.ji.l- llin.i. l, ÏL iiv. d,jTl = Il ïillr,
ai nous ne trouve riou- pas qurlqin' chose à acheter : le
hasard nous conduisit ila/u nue ruruaim uù Oudict rencontra
un chirurgien- major de son pays. 11 était logé avec deus ufll-
ciers et trois- soldats, reste du régiment. Ils étaient dans un
étal pitoyable ; ils avaient presque tous perdu les doigts des
pieds et des main»; pendant que nous étions dans cette
oie, qui n'était pas plus tendre que la veille, nous moplamea
sur notre traîneau et nous partîmes pour aller coucher à.
Wehlaui mais a peine fûmes-nous hors de la ville, que
Piarson, qui conduisait le traîneau et qui n'y eptendait rien,
nous Ht faire une culbute, brisa lé brancard, et nous jeta
sur la neige. Nous nous trouvions près d'une maison où nous
entrâmes pour le faire réparer : pendant que le paysan éta,it
Occupé a cetW besogne, nous l'Étions k nous chauffer, et,
lorsque nous fûmes pour nous mettre en route, bous finnes
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dans une chambre passablement nulpropre; il en était Je
même de la puille, mais il- faisait r.tuuid. c'était 1'essential.
Nous viines paraître uns femme qui niait près de sis
..[i: t;s.ul., i.l il ne- vriJt! litvii-e rie ' i - i i[Lio : eile aen, ili:
qu elle était la bourgeoise de la maison, et que. si nous
avions hi-ïi.in du i]ueli|L]p cl.iiHi'. mm- n'iiviims qu'.'i lui
que noua demandions, car pas un de nous n'était dis puni k
sortir, .le lui donne cinq francs pour aller nuits chercher du
ji.hlï. de ia Tiunde et de la 1,1:"' rc. Un iii-lint après, clin nom
apporta de l'un et de l'outre, ou lit la soupe, et, après avoir
mangé et nous être assurés que notre citerai ne manquait
rie rien. nniirt non- rf:)juSi::i '■ |iif au 1 irmain iniitin.
pièce de cinq francs pour la nuit, mais elle nous dit que
»econde. Mais ce n'était pas encore son compte, elle eiigea
que nous lui donnions une pièce de cinq francs par chaque
honmie, plus une pour le cheval.
. Alors je me levai pour lui dire qu'elle n'était qu'une
grande canaille et qu'elle n'aurait pas davantage. A cela,
elle me répondit en jne passant la main sur la ligure m «n
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324 HÉHOIRKS BV SERGENT BOURGOGNE.
me disant : < Pauvre petit Français, il y a. sii mois, lorsque
tu passas par ici, c'était Fort bien, lu fiais le plus fort; mais
aujourd'hui, c'est différer,!.! Tu donneras ce que je le
demande, ou j'empêche mon mari de mettre le cheval au
traîneau et je tous fais prendre par les Cosaques! > Je lui
répondis que je me :iu>.rm .- rii;s Cos^qoes comme des Prus-
îii-up : • Oui, [ht [■■'■[.. jiKiii-TlIi;, si tu pavais qu'ils -iint. près
d'ici, lu ne dirais pas cela! > Alors| rayant toute la méchaV
celé il? -:.!Me lorinv, jo i .\|iai [làri.' cou pour l'iTranoler,
mais elle fut plus forte que moi, elle me renversa sur la
paille Bt c'était elle, à son tour, qui voulait m'étrangler. Fort
heureusement qu'un grand coup de pied dans le derrière,
donne par un de mes camarades, la ht relever. Dans ce
moment, le mari entra, mais ce fut pour recevoir un grand
coup de poing île Ha chère femme qui était comme une furie,
qui lui dit qu'il n'était qu'un grand lâche et que, s'il n'allait
pas, de suite, chercher les voisins et les Cosaques, elle lui
arracherait les yeui. Comme nous étions cinq contre dent,
nous l'empêchâmes de sortir de la maison et nous le for-
çâmes de mettre ie cheval au traîneau, mais il fallut donner
ce que cette coquine avait demandé; il n'y avait pas à mar-
chander, les Cosaques étaient proches. Avant de partir, je
dis a cette diablesse qui:, si je revenais, je lui ferais rendre
avec usure l'argent qii- n ■ is l.ii linn-iinn?. S cela, elle -r.e
répondil on me crachant à la figure; comme je voulais
riposter à celte insulte par un coup de crosse de fusil, mes
camarades m'en empêchèrent.
Noua nous plaçâmes sur le traîneau pour partir au plus vite.
Ce jour-lâ, ifl décembre, nous allâmes coucher à lnster-
bourg, OÙ nous arrivâmes à la nuit; nous fûmes logés chei
da braves gens.
Le lendemain 30; c'était un dimanche; nous partîmes de
difficulté, un billet de logement. Nous fûmes encore chei de
bonnes gens, che: qui nous trouvâmes un bon feu ; ou nous
offrit à chacun un verre de genièvre. Ensuite, notre bour-
geoise alla chercher nos vivres avec notre billet de logement,
car les communes venaient da recevoir l'ordre de noua
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EïUU. 33»
Lorsque nous Fûmes réchauffés et îm peu reposés, noua
nous disposâmes, en atlendnnt 11 soupe, à (aire une visite
an champ de bataille, que nous parcourûmes en partie.
>"(.ni5 virant monuiliMi'-s I in^-res, r/Est-à-cire île
simples croiï en hois; nous en remarquâmes particulière-
ment une avec cette inscription : « Ici reposent vingt-neuf
olUcicrs du brava 14™ de ligne, morts au champ d'hon-
Aprês quelques observations sur l'emplacement des
troupes, le jour de cette terrible bataille, nous entrâmes en
ville, qui nous parut déserte.^ 11 est vrai que c'était un
autres ayant pris une autre direction.
Rentrés h notre logement, en attendant que notre repas
fût fait, nous noos étendimes sur la paille. A peine y ctions-
r.ous, tjo'aa vêlera.:! pruss'CTi en'r.i peur nous [iifvmir
qu'on apercevait les Cosaques sur une. haulcur, à un quart
de lieue de la ville, et qu'il nous conseillait de partir au
plus tôt. Comme la chose n'était que trop vraie, nous nous
dépêchâmes dû faire no; dLfpiiiiiirins de d'p.-irt; nous enve-
loppâmes dans de 11 paille notre viande, qui n'Était pua à
moitié cuite.
Nous partîmes avec notre paysan pour nous mettre dans le
bon chemin. Lorsque nous y fûmes, il nous lit remarquer
les Cosaques sur une hauteur : ils étaient plus de trente. Le
temps était brumeux; la neige ne manqua pas de tomber
un ir.slai.: j|.n-'.:- :uli:: dibnrt. iNour uVk;js pas encore l'ail
nne demi-liene que la nuit nous surprit. Nous rencontrâmes
deux paysans. Nous leur demandâmes s'il y avait encore
loin pour trouver un village. Ils nous dirent qu'avant d'en
trouver, il (allait traverser un grand bois ; que nous liouve-
l'i jiii k notrî droite, s vin;.;: -cinq île in n: jtiï, u::i: mai-
son qui était celle d'un qu'île fores lier qui tenait auberge,
et que nous pourrions y loger. Après une petite demi-heure
de marche, nous arrivâmes à la maison indiquée : il était
neuf heures; nous avions lait quatre lieues.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
1U MEMOIRES DU SERBERT ROURGOGNII.
Français et militaire
boire et i inaager. Aussitôt, on nous ouvrit la pacte et on
lion» dit d'être les bienvenus. Nous commençâmes par faire
mettre notre cheval à l'écurie. Puis on ws lit en- rer dans
une grande chambre où noua apercum^- ircis incir, .,|na
couchésiur de 1s pailla; c'éleient trois ehasseura à i hcal Jb
car ils n^.vai. v.l .le .-ljcvii-s et, svaii; II*
ils étaient obligés de l&iro la route » pied. On
k mfiiy.::-, ensuite uons nous couebâmea et nuus
f!v»ii:t r>;, ni.ij:. l'ÉmgE s u i-| i i-ia» Hu o- ]jiv.Ê voir ï?s
mais le maître de la maison noua apprit qu'il y
.11 mie :iei.:T : :n juif ve.auïaa: iiv::' un Uf.iii'.^a
ai aui chasseurs de les conduire k tioii; ILenns
t. Nous a p primes
i la valeur de c
Après avuir marché toute la journée, nona arrivâmes, a la
nuit, à Hailsbei g, où noqs devons louer. La premlde chose
que noua fîmes, fut d'aller chei le bourgmestre chercher
<-il Inlii'L ,]■: Int.- ' i.:il : i.. : .; ts fi-mc; as-.;:/ tipnrsuï peur Mue
soir désigner la même maison où nous fûmes asseï bien
reoia; =ii uliisfeuis n ..va, Je ia (jaroj s'y trouvai.?: il
déjà. On nona servit de la soupe, de la viande a*ec force
bonnes pommes de terra et de la bière; nous dtmandames
du vin, eu payant, bien entendu. On nous en procura i un
lhaler la bculeilie (quaire francs) que nous trouvâmes bon
et pas cher. Avant de nous coucher sur de la bonne paille,
cous recommandâmes à notre bourgeoise de nous préparer
à manger pour cinq lieures.du matin, car nous voûtions
partir de bonne heure, ajanl encore une grande étape a taire.
AHHIVfcE A EI.BIBG.
Le lendemain '21 dire/nlire. nous non. levilmes de grand
maliu ; un domestique vint nous apporter de la chandelle;
r i ■ . l i -= l i: rt i:oii] i ; i ■ l r i . I ; 1 1^1.'-. m; Ire cfieval imi loi promettant de
lui donner un pourboire lorsqu'il l'aurai! mis au traîneau.
On nous apporta la acrape, enfin ce que nous avions
demandé. Alors chacun de nous flatta la bourgeoise an lui
prêt et nous disions aili:..i ,l 1;l nnuu^. Ii.usqu'elle nous dit ;
« C'est bien, messieurs, mais avant de partir n'oubliez pas
r!i' [du ri-: — Carpi !.!!.■ :.t. ;.!:■• iei. s .N"« *:>:nme~ non - ;>ns iri far
hillut de logement? Ne deves-voos pas uous uourrirî —
Oui : répundi telle, pour ce que vous avez mangé hier, mais
pour la nourriture d'aujourd'hui il me faut deux lhalers
(10 Irancs). > Je déclarai que je ce payerais pas, et comme
la tomme voyait que nous nous disposions à partir s4ns
lui donner de l'argent, elle ordonna de lermer la porte, et
une douzaine de grands iMrpmi-; tie Prussiens entrèrent dans
la maison, armés de grands hilons de la grosseur de mon
bras. Ce n'était pas le r.m <i.; discuter': nous payâmes et
i-.'.n; I' ;: 'im-'i. .\u (]■■■; temps, m.lifs iini'iir... A prêter,'.. [liï:.s
élipns les moins forts.
.Les chasseur» étaient partis pendant que nous mangions.
Nous avions eneor.; iit:..\ jours de marche jusqu'à Elbing,
douîc liéues, mais comme nous ne voulions pas fatiguer
lieues de cette ville.
l".IUi:iv. f :■: I :i - lr |:.n-.'r ipie ,;nii- u',l'.u„iis p:i= suivi
la route que les débris de l'armer, rivaient, prise, car an lieu
d'aller surEylau, nous devions nous diriger sur Friedland.
vaui viRoureui passa piés ue nous. Il allait tellement vite
que nous ne pûmes distinguer de quel régiment étaient les
militaires qu'il inituluiFai'. '.n bout d'm.e demi he-rc. nous
ii|ï(!rr.fjmes une iiij^Mi ra-stv :k:\U: ^ppareui», c'était ,a
poste nox chevaux, et, en même temps, une bonne auberge;
nous vîmes, sur la porte, plusieurs suidais de la Carte et
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
ISS MEHOIHKS DU SEilGEST BOUHGOGHB.
l'autres qui parlaient sur des traîneaux que l'on venait dB
aieté folle, chose
ue nous, avaient
i= petite boisson
c'était tout le régimer
Le maître de poste annonça à nos déni chasseurs qu'il 7
avait un traîneau 0 leur disposition et que, pour trois tha-
lers (quinze francs), il le; couduirait 4 trois lieues d'El-
[iiT!^. Xota nous , disposâmes a partir avec oui, puisqu'ils
avaient un conducteur. Cinq minutes après, nous étions en
Graugier et moi nous trouvâmes fortement indisposés et
rendîmes lout ce que nous avion! pris depuis la veille. Cetta
i[i.:is|:i.-::i(,u vnuaii Ai; ( |„.. ,. !t i )m ai; u;t,ut plus
habitué A prendre de forte- nnun itui.:-. il aurait fallu nous
y habituer peu a peu ; c'est ca que nous nous promîmes de
luire. Arrivés an village, usa primes chacun un verre de
genièvre de naii'.ïiy. Kavs continuâmes à marcher jusqu'au
loger. Il faisait nuitj nous nous présentâmes Cherbourg'
iiiKSlr.; ali'i .lavoir un i.illH <!r 'ti^jiujnl. uni; Q11 „:„.« \.\
refusa brutalement en nous disant que nous n'avions qu'à
coucher dans lajue. Nous voulûmes fair.; obserniiou;;;
on nous ferma la porte au nez. Nous nous présentâmes dans
plusieurs auberges où, en payant, nous demandâmes à loger.
s chasseurs et nous, que nous contl-
L 'e, qu'ils profiteraient de notre
it pas as set grand pour nous
ARHIVÈE A ELBtNG. 33»
contenir Mus, qiie Jeux iraient ,1 pied, chacun son tour.
De cette manière, nous devions tâcher d'atteindre ud vil-
lage où noue trouverions peut-être des habitants plus hospi-
taliers. A une portée de fusil, nous aperçûmes une maison
un peu écartée de la roule. Nous primes aussitôt le parti de
nous y loger de force, si l'on ne voulait pas nous y recevoir
de bonne voloolê. Le paysan nous dit qu'il noue logerait
aveu plaisir, mais que s'il était connu, par ceux du village,
pour nous avoir donné ë coucher, il aurait la scklaguc; que
si, cependant, on ne nous avait pas vus entrer, il risquerait
de partir? nous lui donnerions deux thalers. 11 parut très
content et sa femme encore davantage, et nous nous instal-
lâmes autour du poêle.
Pendant que l'homme était sorti pour mettre notre
cheval A l'écurie, la femme, s'ap procliH.nl de nous, nous dit
tout bas, et en regardant si aou mari ne venait pas, que
les paysans étaient méchants pour les Français, parce que,
lorsque l'année avait passé, au mois de mai, dBs chasseurs
à cheval de la Garde avaient logé quinze jours dans le vil-
lage, et qu'il y en avait un, chez le bourgmestre, si joli,
si jeune, que toutes les femmes et les tilles venaient sur
leur porte pour le voir; c'était un fourrier. Uu jour, il
arriva que le bourgmestre le surprit qui embrassait
madame, de sorte que le bourgmestre battit madame. Le
fourrier, à 500 tour. n'.Uil Ifî loi-.rj.T[i::stri:, Je sorti: que
madame est grosse, et que l'on dit que c'est du fourrier.
bourgmestre, et c'est pour cela qu'ils sont méchants pour
les François, de si jolis garçons! > A peine avait-elle dit le
mot, que le vélite chasseur se lève, lui saute au cou et
l'embrasse : « Prenez garde, voilà mon mari! . Eflective-
ment il entra en nous disant qu'il avait donné à manger au
cheval et que, dans uu moment, il lui donnerait à boire,
mais que si nous voulions lui faire plaisir, nous partirions
Manl le jour, eUn que l'on ne pûl voir qu'il nous avait
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
3î0 mémoire; ou sergent bourgogne.
îles pommes de terre, ensuite n.
habillé!, et nos armes chargées.
Le lendemain S3, il -n'était pas encore quatre heures du
matin, que le paysan vint nous éveiller en nous disant qu'il
était temps de partir. Noue payâmes la femme, noos l'em-
brassâmes et nous partîmes.
tu il ïillïiie. les hiNisi.ts, en nous Topant, crurent
de nf if» Noue «rm'lm-. i!arj> do ce- raub'iargs d'Elbing,
ou. noue oooa arrêtâmes dans une aulwrge pour anus y
rhauffer, car le froid aiait augroeni*. Noos j prime» do
r.ai* t oeiil t.mres, nout ec^flmn en villa atse d'auires
militaires de l'année qui a
XI
Séjour a ElfaiEg. — Madame Bentil. — TJo oncle * héri-
tage. — Le 1" Jamier 1B13. — Pioart et les Prussien».
— Le père ElUot. — Mes témoins.
r>- U i.H ii-Unie», sajjs perdra de temps, à l'Hotcl ds Ville,
n:iu j'a.iiii ik'S bi]li:U ib 1 logiîiimm. Mous li; Ij-imiilir.ts
possible de faire pour lea soulager, en leur donnant de
boni logements el en les reoommandanl, alm que l'on eut
Au bout d'une demi-heure d'attaule, on nuus donna, un
billet de logement pour noue cinq el pour nuire cheval; nous
nous empressâmes d'y aller.
C'-'Uii. u:i (,'»:!■;: tj.lii.reL ou plii-.i'il Lnp tabagie; aans ;
lames fort mil reçus. On nous désigna, pour chambre, un
ffi'auJ corridor *aus îV_ el Je la mauvaise paille, Nous fîmes
.de* observations; on iiiy.i' rv|uiin1ii que n'était ssseï bon pour
dus [■ra.iie.ais, et ijiii:, :■: ci.-Ia m: mus ixinvviiai; ya-. uni.-
pouvions aller àans la rue. Indignés d'une pareille réception,
nous sortîmes de cette maison en témoignant tout noire
mépris au butor qui nuit» recevait de la sorte et en le
IiirtuacMit <ie r.:.idr; tiuinp,:: Un sa oiiliiluile au* in.mlstj-.ils
d* U ville.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
331
Kous décidâmes <;u'il fallait tâcher de changer notre billet,
et c'est moi qui fus chargé de cette mission, pendant que
mes camarades m'attendaient dans une auberge où nous
venions d'entrer.
Lorsque j'arrivai à l'Hôtel de Ville, il n'y avait pas beau-
i'.iHI|i di: lil-nih. Ji- m'ailrassai an biiiirt r -vrr parlait
français. Je lui contai la manière brutale dont nous avions
été reçus. Je lui montrai mon pied droit enveloppé d'un
morceau de peau de mouton, et la main droite dont une
phalange, la première -.! n (!o[çl du milieu, .'ilalL près do
tomber. 11 parla à celui qui était chargé des logements, qui
me dit que nous ne pourrions pas être logés ensemble :
• Voilà, me dit-il, un billet pour quatre et le cheval; en
voilà un autre que je vous conseille de garder pour vous.
G'est chez un Français qui a épousé une femme de la ville. >
tprè» l'avoir remercié, je retournai trouver mes camarades. .
Arrivée au faubourg, noue allâmes au logement du billet
pour quatre et 1* cheval. C'était la maison d'un pécheur
située sur le bord d'un canal dans la direction du port;
nformai ei c'était loin de l'endroit où noue étions : il n'y
il qu'un pont à traverser.
.a maison me parut très apparente. En entrant, la pre-
sre personne que je rencontrai, fut la domestique, grasse
Elle me dit que, déjà, il j
en même temps, elle alla
qui me dit la même chose,
ils étaient. C'étaient justei
! impériale, me
H me paraisse! si
i pas vous laisser sortir d'ici. Sni-
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
pitié de moi, mais que je m
et du feu : ' Vous aurez t
même temps, elle me lit entrer daos une petite <'.hn::ibr;
chaude et propre, où se trouvai! un lit couvert d'un édredon.
Mais je lui demandai en grâce de me faire donner de la
paille avec des drop:, et de l'eau clianiie (:Our me laver.
On m'apporta tout ce que j'avais demandé, plus un grand
baquet en hois poor me laver les pieds. J'en avais bien
besoin, mais ce n'était pas tout : la tête, la ligure, la barbe
n'avaient pas été faite? depuis le 16 décembre. Je priai le
domestique, qui se nommait Christian, d'aller me clierd-.er
un barbier. Il me rasa, ou plutôt m écorcha la figure; il
pr.jicin'.i-. que j'avais Ij. pc5n ihiiY.i? par nulle du froid; tant
ijir.'i :Mi. j: pi'usii inr. [;»;: rap.ilr* plurent comme des scies.
L'opération finie, je me lis couper les eheveui et même
la queue. Api. L'avoir pïmÛKu^msi: 1 . pave, je lui di miortai
s'J -s: connaissait pas un marchand de vieux habits, car
j'avais besoin d'un p,i:i:aicn. Après so.-i rispart, un juif
arriva avec des pantalons qu'il cachait dans un sac. 11 s'en
trouvait de toutes les couleurs, des gris, des bleus, mais
tous trop petits ou trop grands, ou malpropres. L'enfant
d Israël, voyant que rien ne me convenait, me dit qu'il allait
nii'ljir a Vif eu«l'l'": r-kose qui int ['lair.-.it. Kli (.-fl'ijt, il lit-
tarda pas à reparaître avec an pantalon a la Cosaque, de cou-
leur amarante et en drap fin. Il était fort large. C'était ie
pantalon d'un cavalier, probablement d'un aide de camp du
,„ V i I .v:m| oi':>\ je l'essayai 01, ^revoyant que j'auriii-;
bien chaud avec, je le gardai. On y voyait encore, de chaque
c6té. la marqua d'un large galon que le juif avait eu la pri
caution d'ealever. Je lui donnai en échange la petite giberne
du docteur, garnie en argent, que j'avais prise sur le
Cosaque, le 23 novembre. En outre, il exigea cinq francs
que je lui donnai.
Il me restait encore trois belles chemises du commissaire
des guerres : je me disposai à changer de linge, mais,
lorsque je me regardai, je me dis que, pour bien faire, il
me faudrait un bain, car j'avais encore, par tout ie c;>rps,
d>.< irar.es de vermine. Je o'IulWmai a la domestique s'il y
avait des bains prés de l'endroit où nous étions; mais ne
pouvant me comprendre,- elle alla chercher sa dame qui
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
>lnt aussitôt : c'est alors que je remarquai que mon hôtesse
était une belle «t jolie Femme, roaia, pour le moment, mus
observations n'allcranl pas plus loin car, dans la position
Elle me demanda ce que je voulais. Je lui die que, désirant
prendre un bain, je voudrais qu'elle eut la bouté de m'indi-
quer où je pourrais me le procurer. Elle me répondit qu'il y
en avait, mais que c'était trop loin ; que, si je voulais, on
pourrait m'en préparer un ûhei elle : elle avait de l'eau
chaude et une grande cuve ; que, si je voulais me contenter
de cela, on allait me la préparer. Comme on. peut bien le
penser, j'acceptai avec le plus grand plaisir, et un instant
après, la domeitique me fit signe de la suivre. Alors, pre-
nant mon sac et mun pantalon amarante, j'entrai dans une
espèce de .buanderie où jo trouvai tout ce qui était nèces
mire, même du savon, pour me nettoyer.
Je ne pourrais eiprîmer le bien quo je ressentis pendant
le temps que je restai dans le bain ; j'f restai même trop
Mail de flanelle rouge et, s'apuruchaut do la cuve, elle me
pose la main gauche sur le cou et, de l'autre, elle me frotta
le dos, les bras, la poitrine. Comme on peut bien le penser,
je me laissais faire. Bile me demandait si cala me faisait du
bien ; je lni répondais que oui. Alors elle redoublait de soie
jusqu'à me fatiguer. Knlln, après m'avoir bien étrillé, net-
toyé, essuyé, elle .sortit eu rimit i/unime une grosse bits,
sans me donner le temps de la remercier.
Je passai une des belles chemises du commissaire des,
aiiriTi>i: Èiisi.iUr j'u.i l't -u^: liai le large pantdlon à la Cosaque'
et, pieds nos, je regagnai la chambre où était mqn lit, sur
lequel je me laissai tomber. Il était temps, car il ma prit
One faiblesse et je perdis connaissance. Je ne sais combien
• il' temps je itîlai dans ne!..,! -[lujlii.ri, mais, lorsque- je pus
y voir, je remarquai, 4 mes cdtÈs, la dame de la maison, la
domestique et deut soldats du régiment qui étaient logés
dans la maison et que l'on avait été chercher, pensant que
j'avais quelque chose de grave, mais il n'en était rien, Celte
prendre Un bouillon qu'elle m'apportH et qu'elle Toulut me
faire [ii.i'.drc elle r.-. -iv.:-, ;n tv.î :;':j.iut la de sonbras
gauche. Je me laissai faire. Il y avait si longtemps que je
n'.vHi< été câliné!
Mme Gentil était d'une beauté remarquable. Elle avail
n h.iiV mince .et- flexible, des yeux nuira et, à son teint '
: 1,. Un--.:?.:!.', iurva .i Hi: :t](T «1, iuiin :'ilOjnt;U El
,1e malades, ces blessés l'urenl logés chei les 11
. Psur nuiri: iMiut.'p. me ilil- if^lo . [i:ius -.'.nuis m
.riiui.lin - ui.".iii'": ni'-'S u--.i " :vy[-m ■
Mme Gentil me regardait attentivement, ensuite, me
passant la main snr la ligure, elle me demanda ce que
; je lui révoii'!:^ <;ur ; je n'avais rien : < Mais si, me
dil-i:lk, vous êles bouffi, vmis :i\n la iipn'e eu 11'!..' : >
IL i -, -_ i □ L : = ■ . el.e me ..-iinl.i .(n'i.n sou; i-.i'll.:ier .le la Gsrilr impé-
riale était Terni, la veille dans l'après-midi, en lui demaii
,UilL j'il n'. avB.it usa ut souE-cl'fi. ■■:!'(■ luge caei cjlc ; ûlU: U;i
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
avail répondu qu'il y en avait ua et, lui ayant montré !«
pas celui qu'il cherchait.
Au moment où Mme Gentil me contait cela, mon ami
Graugier entra, et il allait se retirer en disant : « Je von»
demande pardoo; depuis hier, je cherche ua de mes cama-
rades et ne puis le trouver. Cependant c'est bien ici la rue et
lenuméro de la maison, porté sur le billet! — Ah ça! lui
dis-je, ce n'est pas moi que tu cherches? • Grangier partit
m'avait étrillé atours de bras, avec sua morceau de flanelle!
J'avais du linge bknc et i!n, la télé bien peignée, les che-
leui frisés. C'est alors qu'il me conta que, la veille, il étail
*enn pour me voir, mais qu'en voyant nn pantalon rouge
sur une chaise, il s'était retiré, persuadéqu'il s'é lait trompé.
11 m'annonça qu'il venait d'être prévenu qu'à trois heures
il j avait réunion des débris de tons les corps de la Garde,
et qu'il fallait que tout le monde fit son possible pour y
venir, et qu'il viendrai -, :u« i-liurciicr. A deui heures, comme
il me l'avait promis, il vint me preudre accompagné de mes
autres camarades qui, en me voyant, se mirent tellement à
rire que leurs lèvres, crevassées parauile de lagelée,en sai-
gnèrent.
Je les surpris agréablement en leur présentant du vient
vin du Rhin et des petits gâteaux que Mme Gentil avail
eu la bonté de me procurer, car elle était prévoyante et
allait au-devant de tout ce qui pouvait me faire plaisir. Ce
fut dans oe moment que je demandai où était son msri,
ajoutant que, puisqu'il était Français, j'aurais du plaisir à le
voir, afin de prendre un peu devin avec lui. Elle me répondit
que, depuis' quelques jours, il était absent; qu'il était parti
atiec son père à elle, sur les bords de la mer Baltique, où ils
faisaient ensemble le commerce de fruits qu'ils expédiaient
à Sainl-Pétersbnptg '.
C'était le 24 décembre : un peu avant trois heures, nous
L Cm in*» Mm «ipiaife U T-Maai, ™ batfqp*. (ffoài dt radar j
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
séjoiih f. ELBina.
nous rendîmes sur le grandi place, en face du palais où était
loge le roi Mural. Lu arr/.'aat. j'fipcrps l' adjudant-major
Houslan qui, s'approchaat de moi, me demanda qui j'étais.
Je :i:e n-.is ?. rire ■ < lieu, ait-il, ce n'est pa= vous, iiour-
gogneT Le diable m'empcriel Oh ne dirait pas que vous
Et votre queue! où est-elle" > Je lui répondis qu'elle était
à Paris je vous met» au* arrêts jusqu'au temps qu'elle soit
repoussée I >
,1 et .te première reumui., il y avait peu do monde, mais
■. n se - l 'v...ïit;t iviit p,.-.i.;i-.:.-,r. dqm ;■ Wil l.iili n. 17 <iéi:emlire.
on ne s'était pour ainsi dire pas rencontrés. Chacun avait
Les jours suivants se passèrent dp même : un appel par
mm-: il\::i . , M i . ■ i h •! -ur.éricui Je la Jeune Garde, inurt ducha-
engagéa à Le suivre pendant la retraite, et dont j'ai raconté
la triste fin, avant notre arrivée ii Smr.lensk. J'appris qu'il
était arrivé à Elbing trois jours avant nous, mais que,
iléus jours après, étant de i^aide ciseï le roi Murât, au
moment uù il s'avançait, pour se ohaufler, prés d'une
grande cheminée, san-i penser q.'.'il avait placé sa giberne
devant lui alln qu'elle ne le gênât pas pour se repose:, une
étincelle mit le l'eu à la poudre, une explosion eut lieu et,
par s-.ile dp sel aeddsal. il eut la :i;nrc, le; n-.r.u3',aclie= el
les cheveux brûlés. On m'assura qu'il n'avait rien de bien
grave, qu'il en serait quitte pour changer de peau.
Le 2y décembre, je commençais, à bien me rétablir,
L'endure de ma ligure avait disparu, le pied gala allait
bien, ainsi que la main, et tout cela grâce aux soins de
Mme Gentil qui ma suivait comme un enfant. Son mari,
que je n'avais pas encan? va, revint de voyage. 11 ne resta
que deux jours chez lui; il en repartit avec des marchan-
dises pour aller rejoindre son beau-père qui les expédiait
en Russie par des traîneaux, les ' communications étant
li'::r.-- depuis '|.a- la, us ;;\ i J.ai- plus. Il m- cimU ip.i'd
Ï3
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
avoir reçu dem graves blessures dans «ne affaire auprès de
reçu son congé; iju'f ]in';~ ™la il ;nï-.it ] ■ ri'rfé ré rester dans ce
pays et se marier, puisqu'il avait une connaissance, à
retourner dans sou pays qui était la Champagne Pouilleuse,
où il ne possédait absolument rien.
Le lendemain 30 déeembj-e, je fus, avec Grangier, faire
une visite à mon brave Pieart; un grenadier qui avait élé
grosse voii de Pîcart, qui chaulait son morceau favori, sur
l'air du Cure de Pomponne :
Ah! ta Ton «uviMidra», luira.
pays, me dit-il, c'est h: ojup Je fusil dans la forêt,
la nuit du 23 novembre. Je vois que je ne vauï pins rien.
Gctle malheureuse campagne m'a usé. Vous venez, con-
liuua-t-il, qu'il m 'arrivera malheur! i Bl, en disant cela, il
s'empara d'nne bolii.eille A? genièvre qui était sur la table,
et, prenant trois tisse;. =tr 11 dinmirnvc, il les remplit, pour
boire, nous dit-il, & notre bonne- arrivée. Nous le remer-
ciâmes ; > Eh bienl nous dit-il, nous allons passer la
journée ensemble, Jé vous invile à dîner I • Aussitôt il appela
la femme, qui se présenta en pleurant. Je demandai à
Piearl ce qu'elle avait. Il me conta que, le matin, l'on avait
enterré son oncle, vieui célibataire caboteur ou torsaire,
très riche, à ce qu'il parait, et que, par snite, il y avait grand
gala a la maison: qu'il _» fiait iu.iii, «l que c'était poor cela
-qu'il nous invitait aussi, parce qu'il y aurait des noisettes à
croquer. Mais, se reprenant, il nous dit qu'il faudrait mieui
faire apporter le dîner dans la chambre que de passer notre
temps avec uu las île pleurnicheuses qui allaient faire sem-
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
33*
liliuc. Lu l'iiinmi; i-fi:-:>rii rrih ri p. p.eni-nr fin plus lirllt! et
nous, en voyant joue: une coiiu'ilie. piii'eilc, nous fûmes
[101 r ne 9--:],-iter île rire, i!e :u;u> i-ïniviir lit :'L^ijre
i'i:t us'-f [Mmrlmir, (in mrVi.i r;::i: In iuTive I' Mil pensa
que non:. (.".■ m i.-ijî, uni.- iiil rjun in..? étnin- foin
hqinmes, mais qu'il ne fallait pas que cela nous empichAt
île dhier, et qu'elle allait nous faire servir. Ensuile elle se
relira, et deui !oi[fKs(iiji;«? ['.-"ie'.ies vinrent non* apporter
et de ceux dont nous ne savions comment ils avaient «lis-
Nous étions encore h fumer et à boire, il commençait dëj 4
» faire nuit, lorsque la dame de la maison entra pour nous
dire que l'on nous attendait pour prendre le café. Nous nous
laissons conduire et nous arrivons, après quelques détours,
m "/..!. l'iijart 0:«i- hikIi; en ijrJ l.'-iv. Nuijs. ii!.!:[vi!ïim!,, tu
Autour, quatorze femme!. un- vieilles, tontes
tasse, un n verre et une longue pipe en terre, et do tabac, car
|jr t -i[..e io-jlt; lis ; ï.-,e:iii<!; li, j 1 1 Lut. J:ii.s Ci' pi-i, ni jiu'out
faire un mouvement et jeter des grands cris en regardant du
côté de la porte d'entrée : c'était mon l'icart qui faisait son
entrée dans la cluinbre, avec son masque de peau lilanclie,
ajTUblé de son manteau de la même couleur, coiffé d'un
3i0 1CÉMÙ1HBS DO SERGENT BOORBOSNE.
bonnet de peau de renard noir de Russie, et fumant dt
|,nr fsrw, il s'en était emparé. De là. la frayeur dos femmes,
qui l'avaiem pri, (imrr lu trépasse venant prendre la part
du café funèbre. On pria Picart d'accepter la bonnet et Ja
pipe en considération des larmes qu'il avait vergées, le
Malin, devant la dame de la maison.
La conversation devint de plus en plus animée, car Wujcs
les femmes fumaient comme des hussards, et buvaient de
même. Bientôt, il n'y eut plus moyen de s'entendra.
Avant de se séparer elles chantèrent un cantique et dirent
une prière pour le repos de l'âme du défunt ; tout cela fut
chanté et dit avec beaucoup de recueillement, auquel nous
primes part par notre silence.
Ensuite elles sortirent, en nous souhaitant le bonsoir; il
neigeait Bt faisait un vent furieui. Nous primes le parti de
coucher chei notre vieux camarade : la paille ne manquait
pas, la chambre était chaude, c'était tout ce qu'il nous
fallait.
Le lendemain malin, une jeune domestique nous apporta
du café. Elis étail accompagnée de la dame de la maison,
lions autre chose. Nous la remerciâmes. Ensuite elle se mit .
a causer avec la domestique : cette dernière mi disait q»#
l'on venait de lui assurer que J'armée russe n'était plus qu'a
quslrs journées de marche de la ville et qu'un juif, qui arri-
vait de Tilsiil, avait rencontré des Cosaques auprès rt'Bylau.
Comme je parlais esseï l'allemand pour comprendre une
partie de la conversation, j'entendis que la dame disait :
■ Mou Dieu I çue vont devenir tous ces braves jeunes Rensf •
Je témoignai à la bonne Allemande toute ma reconnaissance
poar l'intérêt qu'elle prenait à noire sort, en lui disant
qu'à présent que nous avions a manger et * boire, nou6
:s :::n'.niiH pour noue.
Je (il souvenir i Pieart que le lendemain, c'était le jour
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
M 1" JAKÏ1EB m3. SU
de l'en 1813, et que jo l'attendais à passer la journée che;
moi. Il regarda dans une glace comment èlait sa ligure,
f-Tîcite il décida qu'il viendrait : effecti veinent il illg.it bien,
il n'avait l'ait que changer de peau. Comme il !ie Kja11n.iffn.it
paa mon logement, 11 fui convenu que je le prendra.:- à onze
■ heures, en face du palais du roi Mural; ensuite noua nous
disposâmes à retourner chei nous. Hais il était tombé une
sigrande <junntité de neige, que nous fûmes obligés de louer
un traîneau. Nous arrivâmes n nuire lejnm,:;.! , r.ui ite;:. uu
grand mal de tète einn peu de liéi-rc, suit» delà féle delà veille.
Mme Gentil avait été inquiète de mon absente; sa domes-
tique avait attendu jusqu'à minait. Je lui témoiguai toute
la peine que j'éprouvais, mais le mauvais temps fut mon
pour que je sois content ; t'était dire qu'elle voulait en faire
les frais. Ensuite elle me donna de la graisse très bonne,
disait-elle, pour les engelures: elle prèleiidjt que j'en lisse
u*ago de suite. Je me laissai faire; elle était si bonne,
Mme ficntil f D'ailleurs les Allemandes étaient bonnes ponr
arrivée à Elbing,jo me levai à sept heures du matin pour
sortir, mais avant, je voulus voir ce qui me restait de mon
argent ; je trouvai que j : aviu anair. 48* francs, dont plus
dciOÛ francs eu or, et. le reste en picecs de cinq francs. Par-
tant de Wilna, j'avais 800 francs; j'aurais donc dépensé
315 francs? La igmse n'ciiiL [i... pupille! C'est qu'alors j'en
avais perdu; à cela rien d'étonnant, mais je me trouvais
encore bien assez riche pour dépenser 20 à SO francs, s'il le
fallait, afin de faire on cadeau à mon aimable hôtesse.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
3*ï
Au moment où j'allais ouvrir la pane, je rencontrai 1».
grosse servante Chrislicne, celle qui m'avait si bien frotté
: I :=.:-. £= le . 1 1 - . f ■ - . i Nir ..m iiO innei'. l;!. «mime
èlle était la première peifO-.int qi:n je t met mirais, je lem-
iir.lfsai r.l lui donnai cinq uh.uis : au^i ï'Jtellc '-«"'.,1,, ;
aile se retira en me disant • qu'elle ne dirait pas a Madame
que je l'avais embrassée >.
Je me dirigeai du cote de la place du Palais. A peine y
étai je ar (Il 1 lnl Qu réfeirannt ; ils
armes et de la misère qui les accablait. En me voyant, ils
deux hommes de ma compagnie, que je n'avais pas vus
:is le pjiii;i-'i 'le lit U-ef-iiiua ils etni.'iit si irjill f-.iï,
que je leur dis de me suivre jusqu'à une auherge où je leur
Ils me contèrent que, lo 29 novembre au matin, un peu
avant le départ du réfiiment des bords de la Béréiina, on les
avait commandés de corvée pour enterrer plusieurs tommes
du régiment, tués la veille ou morts de misère; qu'après
avuir'^eompli celle trisie mission, ils étaient partis peu-
<i!iit snivr>' la riiutd que le régiment avait prise, mais que,
malheureusement, ils s'étaient trompés en suivant des Polo-
nais oui se dirigeaient sur leur paya. Ce n'est que le lende-
main qu'ils s'en aperçurent: . Enfin, me dirent-ils, il y avait
un mois que nous marchions dans un pays inconnu, désert,
■ j-.-TL= tirons 1a ne. ne, - ni- ('ouvi.ii' ijims i'aiie comprendra,
sans savoir où nous étions et où nous allions; l'argent que
nous avions ne pouvail nous servir. Si, quelquefois, nous
nous sommes procuré quelques douceurs, comme du lait
en L le lu ■■i nii^e. c'est ;i.>:> depr.in .le ik- I alilr, eu J^mimn!
nos boutons à l'aigle, ou les mouelinirs que nous avions
,vi.^i".V-= par lia.iLivl. n'e ion- pas 1m f-uh: . ■"l-
LTiiiiii-es île dii'.iriTits i-.^iu^i.l- marchaient aussi, comme
nous sans savoir où ils allaicnl, car les Polonais que nous
avions suivis avaient disparu, et c'est par hasard, mon ser-
gent, que nous arrivons ici el que nous 6-
lit quatre ans qu'ils
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
LE |« JANVIER J813- 1U
Toul à coup, l'un d'eui me dit < Mon sergent, j'ai quelque
chose à vous ranettrel Vous devci vous souvenir qu'en par-
tait de Moscou, vous m'avez chargé d'un paquet, le voilà
sac! ■ i.H ê:ni! i;vc i;aji'JTu mil:: aire c:i_ fin, [F lin
gris fonfié, que j'avais fuit laiie, penoaril noire séjour a
Moscou, par les tailleurs mssos a. qui j'avais sauvé la vie,
l'autre objet était un encren- que j'avais pris sur une table,
au palais de Rostopi h an miiiiwnt tic l'incendie, pensant
que f.'étsîl. île l'ar^anl, mai' t -c n e/ait pus toul à l'ait cela.
L'année commençai! bien pou:' moi ; . a voulus qu'elle fût
de même pour celui qui mr rendait un si grand service. Je
lui ji..ruir'i ■■■: i.-^l r .1 e : . IJu^iliU": ir: d'-U-"- ri^TI Jr plu.: ".tv: : o
que d'endosser ma nouvelle capots '.
Autre surpris!; non 1:1,. ins aiireable : en mettant les mains
rian- \ï< poche? de ir.a non.e'ile r.jiy.n'r. j'un rti'.irai -.1:1 io\;
lard des Indes où, dans un des coins bien noué, je trouvai
une petite boite en carlon reulermun: ci:u; istifues moulée
en belles pierres ; cette boite qae ;■: pensais avoir mise dans
mnn sac. je lelri.uiveis ar..i]r ïaire 1.11 .:aili:au ;i Mule lit:il.l:
Aussi la pl'.is lii Ile lai iir.-elie destinée. Apirs avoir dit h
mes dem soldats d'attendre jusqu'à l'beurc de l'appel pour
les faire rentrer à la compagnie et leur faire délivrer un
billet do kigeuieu^je les laissai pour retourner au mien.
Chemin faisant, j'achetai un gros pain de sucre que
■j'offris i mon hôtesse, ainsi que la bague, en la priant de la
garder comme un souvenir, car elle venait de Moscou. Elle
avait de] a beaucoup i.ioad::, aol-c munlui; ihail presque
ilmililé ilepuin Seras jours: 1:11 iniiv..l :li que ceux que l'.in
croyait morts étaient ressuscites pour venir se souhaiter
une bonne année, mais c'était triste a voir, car nn grand
nombre étaient sans nei 00 sans doigts aui mains et aux
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
»H HÉMOTRBB DU SEMENT BOURGOGNE,
pieds; quelqucs-unsréuoissaieut tons lesmaui à la fois. Le
bruit se confirmait q, >0 les Busses avançaient; auasi lua
donna, l'ordre de se tenir prêts, comme à la veille d'une
ihii;;iilli!, il .11; lie .lu—jidr :]ui' .L'un i:>l[ j,,nir u,j :,es ilr:- .Fin-
pris ; de tenir les armes en bon état et chargées, de donner
de nouvelles cSrlouches et de venir i l'appel avee armes et
bagages.
L'i:| ; ■■! n'était ]-■ \s l'iiihi' . lini. quej!» ne San- i'rupp..?;- fur
l'épaule et nn gros rire vieil! me percer len oreilles; c'était
Picart, dans sa belle tenue et sans masque, qui me saute au
cou, m'embrasse et rae souhaite une bonne année. D'un
autre cblA, c'était Grangier qui en faisait autant, en me met-
tant trente francs dans la main : mes compagnons de
voyage avaient vendu notre traîneau et le cheval cent cin-
quante francB. C'était ma part qu'il me remettait. Après
plusieurs questions sur ma nouvelle capote, nous partîmes
pour aller dincr chez moi, ranime cela avait s té coniemi.
tin arrivant, nous trouvâmes dent autres dames : ainsi,
nous avions chacun la nôtre. Un instant après, nous nous
îm-Hiius i, taliln sh.iii' réréniullie.
Notre dinor finit assez tard, et comme il avait commencé,
c'est- a-dire joyeusement.
Eti sortant, j'entendis une des dames qui disait a
Mme Gentil : < Tarleifie des Fnwuosen .' ■ ce qui veut dire ;
« Diables de Français 1 » Elle ajouta: «Ils sont toujours gais
Le lendemain, étant ft la réunion, Picart vint me trouver
pour me raconter qu'en entrant dans son logement, il avait
tiouvé toute la m.iiilln hiitesEC Miiie, mai: jurant
contre l'oncle défunt ; que sa bourgeoise lui avait conté que,
dans la journée, une femme était arrivée venant de Riga; elle
élaitaccompaK«éed'unpetitgarçond B n«nfàdix ans qu'elle
avait eu, disait-elle, avec M. Keunmann, l'oncle défont, et
qu'il avait reconnu pour s:m liëri'.isr ; que l'on allait mettre
les scellés et que lui, Picart, avait demandé si on les met-
trait aussi sur la cave; qu'on lui avait dit, par précaution,
de remonter quelques bouteilles pour sa consommntràn ■
qu'il avait répondu qu'il en remonterait le plus possible;
qu'alors il s'était mis à la besogne, et qu'il en avait déjà
remonté plus de quarante qu'il avait cachées sous ta botte
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
us 1" janvier 4813- 343
de paille qui lui servait de traversin, et qu'après l'appel il
il viendrait me rjuiny-itr. LU'.: Liv ut, une heure après
il arriva le sac sur le dos. Il ma dil qu'il fallait se dépècher-
de les Loire, parce qu'il était fortement question, dans
de m'en apporter chaque jour, pendant le peu île temps
que noua restâmes encore dans cette ville. 11 aurait, comme
il disait, fini par vider la cave! Mais un jour, le 11 janvier,
il entra chez moi de grand matin en tenue de roule, en me
disant qu'il croyait bien ne pas retourner coucher à son
logement; qu'à chaque moment il fallait s'attendre à
entendre battre la générale; qu'il me conseillai! de me tenir
prit et de me disposer à faire mes adiem à Mme Gentil.
Grangier entra aussi, en tenue do départ : il arrivai! fort
à propos pour déjeuner avec noua, puisque le vin ne
manquait pas.
Il pouvait être huit heures du matin; nous nous mimes à
table; à onze heure; et demie nous y étions encore, lorsque,
tout a coup, Picart. qui s'apprêtait à vider son verre, s'ar-
rête et nous dit : < Ecoule/! je crois entendre le bruit du
canon I» Effectivement, le bruit redouble, la générale bat,
lous les militaires courent aui armes. Mme Gentil entre
dans la chambre en s'écriant : ■ Messieurs, le? Cosaques] ■
Picart répond ; < Nous allons le» faire danser! i Je me
bagages, le son sur le dos, j'embrasse Mme Gentil, pendant
que Picart et Grangior vident la dernière bouteille, eu bons
soldats. J'avale un dernier verre de via, ensuite je m'élance
dans la rue, à la suite de mes amis.
IVons n'avions pas encore fait trento pas, que j'entends
que l'on me rappelle; je me retourne, j'aperçois la grosse
Cljrïstiaue qui me fai! ^isue de rentrer, en me disant que
j'avais oublié quelque chose. Mme Gentil se tenait dans le
fond de l'allée de l;i iîiji.khi ; aussitôt qu'elle m'aperçoit,
Ma pauvre potile bouilloire que j'apportais de Wilna, que
j'av.iis achetée an juif 4111 avatt voulu m'empoi sonner, je
n'v pensais vraiment plus! Je rentre daus la maison pour
embrasser encore une l'ois cette bonne femme qui m'avati
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
moi : < Elle tous servir» à faire bouillir de l'eau pour faire
du thé, et tontes les fois que roua tous en servirei, vous
penserei au jeune sergent vélite de la Garde. Adieu ! ■
dans la rue mais, cette lois, pour De plus revenir.
Sur un- pelit pool, j'aperçois Gnirijjifr qa. m' a; rjiidj.it
aiec impatience. Nous prenons le chemin le plus direct, le
long du quai, pour arriver au lieu du rassemblement. Nous
n'avions pas marché cinq minutes, que nous •parceTOiU
Picart au. milieu de la rue, jurant comme ou homme en
colère, tenant sous son pied droit un Prussien, et ayant
if.nat lui quatre vétérans prussiens commandés par un
caporal sous les ordres d'an commissaire de police. Voici Je
1 u(ii i! cb.it qi.ii'Fiinn : en :'(u:c d'un cav plusieurs i:idi,id .s
H: svaifiiil .if!'/; îles limu?s rie tici^. Il s'i:Uiit arréic en les
menaçant d'entrer dans la maison pour leur donner une
eorrection, mais ils n'en tinrent pas compte; un de ces
in.li'.'iduï, Oiari: descendu daos la rue, s'avança derrière
Picart, lui posa une queue de billard sur l'épaule et se rail
à crier : • Hourra! Cosaque! > Lui, se retournant vivement,
l'empoigne par la peau du ventre, lui fait faire un demi-
i :nr et le jette à plat ventre, la figure dans la neige. Ensuite
r, lui ii.jJc 1: pied droit sur le :> : :iniant qu'il ir.r:. l:t
baïonnette au bout du canon de son fusil, et, se retournant
du cùté du café, défle ceux qui y sont.
On était allé chercher la garde; lui, de son coté, avait fait
comprendre à l'individu, que, s'il faisait le moindre mouve-
ment, il le percerait d'un coup de baïonnette. 11 eu dit
autant a cem qui étalent dans le café; aussi pas nn ne
bougea; c'est alors que la garde est arrivée avec Le com-
missaire de police.
Cette garde n'intimida pas Picart. Il étaii, dans ce moment,
comme un lion qui tient sa proie sous ses grilles et qoi
regarde fièrement les chasseurs, ts'uus i-tiruis près de lui; il
ne nous voyait pas; les invalides et le commissaire étaieut
tremblants de peur. Les femmes disaient : . 11 a raison, il
passait son chemin tranquillement, on l'a insulté ! •
A la lin, un ministre protestant qui avait tout vu et qui
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Lorsqu'il fut debout, Picart lui allongea un grand coup
,!c -j iiô flnn.- h> de mer;-. ■:<;'. lui jhi::: : « Voil.'i ma. j-i-'iw,
a moi! » L'homme se retira en portant la main a la place
où il avait reçu le coup, ans huées <!e tontes les femmes
tim'-f- flatteuses, m^mt le
t. m b.ir.i^-ouiner un compli-
ircher dans la direction du
lisant îles réflexions sur le
art en chantant son refrain :
Nous arrivâmes sur la place; nous vîmes, en face du
palais où était logé le roi Murât, un régiment do nègres
appartenant au roi : c'était vraiment drôle à voir, des
hommes noirs sur uoe place couverte de neige; ils étaient
pu colonne serrée par division, les sapeurs avaient des
lniniifl. L.iuu d'uni*, hl.-ittcs. et les jiïvif.ivh qui les com-
mandaient étaient noirs comme eux. le n'ai pu savoir quelle
toute ce corps avait pris pour se retirer, mais je pense qu'il
ails paru r ' i 1 1. a M i.rioi r.er.
Le hruit du canon avait presque cessé. Les Russes
venaient d'être chassés des environs de la ville par un
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
34fl HÉHornis du smi
uurpa de troupea fraîches qui n'avait pas lait la campagne
de Russie; quelques coupa à mitraille, an milieu de leur
des voitures d'équipage appartenant a
différents corps et que l'on voulait faire sortir de la ville
riona près du logement de Picart. S'en étant aperçu, il cous
cria : « Halte! Mes amis, il faut que je fasse mes adieui
à ma bourgeoise, que je prenne mon manteau blanc, la
uip.j et k t),.[iuijt en p<\,n Je renard noir du défunt, dont on
m'a Tait présent, et que nous vidions encore quelques
bouteilles de vin qui se trouvent sons mou traversin de
paillai
Nous entrâmes dans la maison et nous allâmes directe-
ment à sa chambre sans rencontrer personne. Alors Picart^
jsiiei perdra de temps, dénicha cinq bouteille», dont
dam de vin et unis de genièvre da Dantiik; i] nous dit
d'en mettre chacun une dans notre »ae; c'est ce que nous
nous empressâmes de faire. Ensuite il appela la bùnrgeoàw
qui arriva aussitôt : < Permettez, dit Picart, que je vous
(mhrnfsr. pour vou» faire mes adieux, car noua partons! -
Je m'en doutais bien, nnua dit-elle, et voua ne serei pas
plus lût hors de la ville que les sales Bosses vont vous rem-
placer! Quel malheur! Hais avant de nous quitter, vous
celai > Et aussitôt ede alla ebercher deui bouteilles de vin,
un jan- 1 —
Je rue trouvais en avant de mes deu
quel pas devant moi, un individu que je ci
était aussi arrête; je m'approche, je ne m'étais pas trompé
c'était le plus ancien soldat du régiment, qui avait fusil,
sabre et croix d'honneur, et qui avait disparu depuis le
décembre, le père Elliul, qui avait foit les campagnes
d n Égvpte. I! était dans un état pitojablé; il avait les deux
;eaui de peaude mouton,
ar ellea étaient aussi gelées,
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
le glaçons. Je regardai:
dit-il, il y a vingt ans que je suis militaire, js n'ai jama
pleuré, mais aujourd'hui je pleure, plua do rage que de n
misère, eu voyant que je vais être pris par des oiisérabl.
Cosaques, Bios pouvoir combattre; car tous voyez qoe
gnons : l'un est mort il j a huit jours, et le second probable-
ment aussi. Depuis quatre jours j'ai dû l'abandonner chez
de pauvre? Polonais où nous avions couche. J'arrive seul,
comme vous voyez; voilà, depuis Moscou, plus de quatre
cents lieues que je fais dans la neige, sans pouvoir me
reposer, ayant les pieds et les mains gelés, et mime mon
Je voyais des grosses larmes couler des yeui du vieui
1' i:t IVrajjïiîr venaient de me rejoindre; Grangicr
r-Liiii- de. t.îite r j.n . rju 1 1 ë lïlliijL : i -■ m ! il u t Je la ;i. -î;,,
compogoie, mais Pieart qui, cependant, le connaissait
depuis dii-sept ans >, ne pouvait le remettre. Noue entrâmes
dans la maison la plus à noire portée; nous y fûmes bien
accueillis; c'était chez un vieux marin, généralement ces
gens-là sont bons.
Picart Ht asseoir près du feu son vieui compagnon
le des poches de sa capote une
1 en rempliL un grand , erf e et
mon vieui compagnon d'armes
; 23* demi-brigade, avaïei-moi toujours celui-r.i. ISi:n :
uis cela : très bien: A présent, unu croûte de paiu, et
ira mitai! •'Depuis Moscou, il n'avait pas goûté de vin
angé d'aussi hou pain; mais il semblait oublier toutes
nisèrea. La femme du marin hù lava la ligure avec un
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
350 KÏH0TBE3 BU SERGENT BOURGOGNE.
linge trempé dans l'eau chaude; cela fit fondre les glaçons
.[u'il avait è. sa barbe et a ses moustaches.
. A présent, dit Picart, nous allons causerl Vous sou-
venei-vous, lorsque nous nous embarquâmes à Toulon pour
l'ejpédition d"Égyple...? •
Dans le moment, Grangier qui était sorti alln de voir si
l'on recommençait Jt marcher, rentra pour nous dire qu'une
voiture arrêtée devant la.porte et chargée de gros bagages
appartenant au roi Murât, était une occasion pour le père
Klliol, M :i'il fallait de suite le faire monter : . En avant! »
-Veric Pi';»-:, et a-jwit.it. nw. le secours du viens marin,
,,:,ns ii.-rehi'.iin^ le viisui sergent sur la voiture ; Picart lui.
mit l'autre bouteille de vin entre les jambes et son manleau
blanc sur le dos, afin qu'il n'eût pas froid.
Un instant après, on recommença S marcher, et nne
demi-benre après, nous étions hors d'Elbing. Le même
arrêter dan? un grand bourg où le maréchal Mortier, qui
noua commandait, décida que nous logerions.
Go n'est pas par vanité et pour taire parler de moi, que
j'ai écrit mes Mémoires. J'ai seulement voulu rappeler le
souvenir de celle gigantesque campagne, qui nous tut si
funeste, et des soldats, mes concitoyens, qui l'ont faite avec
moi. Leurs rangs, hélas I s'éclsircissent loua les jours. Les
faits que j'ai racontés paraîtront incroyables et parfois
invraisemblables. Mais qu'on ne s'imagine pas que j'ajoute
quelque chose qui ne soil vrai et que je veuille embellir
mon récit pour le rendre intéressant. Au contraire, je pria
de croire que je ne dis pas tout. Cela me serait impossible,
car j'ai peine a y croire moi-même, et cependant tout cela
a été mis en note pendant que j'ai été prisonnier en 1813 et
:. ui.j:: retour île cette ^pUnlé, en m*. sn^s le cup -le
l'impression et de l'effet que produisent, dans le cosur, la
vueet la participation de pareils désastres.
isimes la Vistule sur la glace, et nous
accident jusqu'à quatre heures, pour
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Ceui qui ont fait cette malheureuse et glorieuse cam-
pagne, conviendront qu'il fallut, comme disait l'Empeirrir,
•'; r.' f-r pu m- ] ■' ;i n ; c- :'. :± t île m jux et de m;.;ùivfc.
et que c'est la plus grande épreuve à laquelle l'homme
OMisïo être exposé.
Si j'ai pu oublier quelque chose, comme date ou noms
d'ei droits, ce que je ne pense pas, il est de mon devoir de
dire que je u'aî rien ajouté.
MM. Se, .'. s t;-,ïTun1iei- n:lil.>. nuluîHeuifiii marcch.il <fo
camp an service du roi de Hollande, natif de Saiul -Nicolas
en Brabant. 11 éla;! lieutenant dans la même compagnie où
j'étais alors sergent'.
floiri, fourrier dans la même compagnie, natif de Mon-
lauban, et que j'eus lebouheurde rencontrer à Brest, en 1830.
11 y avait seize ans que nous ne nous étions vus.
Vtwhin a , aiors lieutenant daas le même bataillon, haùi-
tatit actuellement Anîin (Nord). Lorsque je le rencontrai, il
y avait vingt ans que nous ne nous étions vus.
Lrlw.le. .-:-^[, l.-ni5;oi i.nr=. à pnVecil Mfii '...■tant gériOral
en Belgique, était aussi du même bataillon, ainsi que Grstt-
!,'!>;■, -p.r^ii jii; ,>.,!■ ■ lu l'i... 1,-1' ,tn,., :; D AuTurs.-,!;. Ci .i.i ià
d-UiL mon ami intîjv.ï. Ijaus plus d'une circonstance il me
sauva la vie; il avait une faible santé, mais un courage à
toute épreuve, n est mort du choléra en 1832.
PiersoR, aussi sergent vèlile, scellement capilaiua a
I'iH i .-major de place i Angers '..Il était très laid, mais bon
enfant, comme tous les vérités. Il n'j avait pas de figure
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
fallait l'aToir tu qu'une fois pour se le rappeler. A propos
il.! l'iijrmj:!, je vais cuiller un fait pour Tenir à l'appui de ce
que je Tiens do dira.
Au commencement de celle campagne, à l'époque où
nous étions à Wilna, capitale de la Lilhuauie, un jour qu'il
était de garde à la manutention, c'était le i juillet, au
moment où l'on Taisait construire de grands Tours pour la
cuisson" du pain de l'armée, ; En>|:-..'eur fut vnir si les tra-
vaux avirii/a-ni. l'i.'rn.::, ]u éi:.it le chef du poste, TOulul
s'avincint près de* Sa Majesté, il la lui demanda. l'EinpJ
de la Hostowa, ainsi que plusieur
rappeler à l'Empereur sa promesse, car ce n'était pus le cas
d'eu parler, pendant la retraite désastreuse que nous fîmes
et où il tut le bonheur d'échapper. Ce ne fut qu'à Paris, quel-
ques jonrs après noire retour, le 1* mars 1913, à la Mal-
nommé lieuleuani, qua Piersqu put rappeler à l'Empereur
la piomceiu qu'il lui o.vai-, laits -t, s".-.|i;iitii-lit'.iit ,ir. lui.
l'Lui[.':n:ur lui demandace qu'il Toulait : « Sire, répondit-il,
.je demande la croix à Votre Majesté. Vous me l'avec pro-
mise. — C'est ïrai, répond l'Empereur en souriant, à Wilna,
M. Péniavx, de Valenciennes, directeur des postes et relais
de l'Empereur, qui m'a tu mourant, couché mr la neige, 1 sur
le bord de la Béreana- .
H. Mtlel, dragon de la Garde, que }>i souTeiit rencontré
dans la retraite, traînant son cbeïal par la bride et faisant
des trous dans la glace sur les lacs, pour lui donner à boire.
11 était de Condé, dn même endroit que moi. On pouvait le '
cjter comme un des meilleurs soldats de l'armée. Avant
d'entrer dans la Garde, M. Kelet aiait déjà fait les cam-
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MES téïoixs, ;
pagnes d'Italie. 11 fit, dans celle même «me el avec
même cheval, les campagnes de 1BO0, 1807, en Prusse cl
l'cloree; 1SI18, en Espagne; 1809, en Allemagne- t;i!u
181), en Espagne; mt, eu liu.^ii:; jsi:t, en Ke,e. et itMi.
France, Après le ,:q-,ar. de ^m-^reur pour l'île d'Elbe
resta, ponr attendre aa relraile, dans la Garde royale U
jours avec Bon cheval qu'il n'a jamais voulu abandonner
militaire eût été dignement récompensé. Quoique eheva
lier de la Légion d'honneur, il est aujourd'hui daai
la misère. 'Dans la retraite de Russie, quelquefois, seul ai
milieu de la nuit, il s'introduisait dans le camp ennem
pour v prendre du foin ou de la paille pour Cadet : Vêlait !(
nom de son cheval. II ne revenait jamais sans avoir tué ur.
ou de ui Russes, ou pria ce qu'il appelait un témoin, c'est
Xanfùri, grenadier ve'lilc à cheval, actuellement officier de
CLiij.-Mi.TS et. ivîra:'.-' à Val:-:i.'j.':.Tvs GuùiquVt-.ut lu
même pavs et tiu.sf-i ri.- La Car .le inipé.ale, ic ne le eoinni.-
sais, à l'arjmLe, ,1- ;r.i,in. la rinTiii-ra ilont il
se distingua ci.ru cilttreir.s cnmbiits que rions eûmes en
Ji=V-»S')'-- ; c i lii'- -..-. il i,-. .-. lii ivj. ,;:. ,-u, ;. u
milieu dés glaçons. Mai: son cicval y resta. A Waterloo,
sur le mont Saint-Jean, dans une charge que son régiment
lit îOiltru loi drains de la nàm: .IWiijJ, ,.. il '(lia le
colonel d'un «uup de sabre dans la pniirine qui l'-uvoia
souper chez Pluton.
K .jd de la
■ Garde impériale, \oa: ne qu'iL rainie ,1e ■■ette .-.ampagne, de
ce qui lui est arrivé, et de ce qu'il a vu. est très hl.-m^a-.i
■ Dans la retraits, à Krasaoé, où nous nous sommes battu?
pendant les journées des 15, 16 et 17 novembre, eontf
l'armée russe forts de cent mille hommes, la nuit du 18 la
veille de la bataille du lï.lorsoue les Russes nous serraien'.
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}J1 M'M'IIBKS DIT SPMCCIt BOUBOOOS».
du prit, u «v»xt. qui était alori rayon!, ammindi-l ur*
patrouille de tii hommes. Ba tbtfniùanl. il aperçoit, sur
na droile, une autre patrouille composée de cinq hommes.
jue c'étaient des nùtrcs, il dit
lit : ■ Halle ! atlendei-moi. Je
mande a(ln de marcher dans la
es leurs. Mais Pavart
élait trop tard pour
sans donner le temps
aux Russes de se reconnaître, il tombe dess ils et, à coups de
baïonnette, il en met trois hors de combat. Les autres so
sauvent. Après ce coup hardi, il retourne pour rejoindre ses
hommes, mais Ha étalent près de lui; ils accouraient pour
le secourir.
Wflfces, sous-officier dans un régiment de ligne, habitant
de Valenciennes, prisonnier sur les bords de la Béréiina,
conduit en captivilé a quatotie cents lieues de Paris, où il
resta, pendant trois ans.
Le capitaine VacMn, dont j'ai parlé pin» haut, avant de
partir pour la Russie, lorsipi..' min* r.ii>v.<:- s:: Espogne, eul,
avec mon sergent-major, une discussion très vite, qui ilnit
p.ir su d-.id et 1111 «siip de faiicc qui psib^'n la (i.ruiv dr
mon sergent-major en deux, car cela lui prenait depuis le
haut du front jusqu'au bas du menton. D en Ht autant a
ï Autrichiens, Prussiens, Russes, Espagnols,
s lesquels il combattit pendant dji ans sans
_ . :sr pendant ce laps de temps il assista a plus
de vingt grandes batailles commandée» par l'empereur
" poléon.
A la bataille dTssling, Le 22 mal 1809, Vachin portait
pondue a son côté une gourde remplie de lin. (Tu île se*
amis, sons-officier pomme lui, lui fait signe qu'il voudrai!
bits' buire un coup de son vin. Vachin lui crie d'avancer,
et lorsqu'il fnt pr.'- rte lui, ii lui pr^eti^a k l-.r.ire ei f-
baissant de coté. Cela se passait au forl de l'action où les
boulets et la mitraille nous arrivaient de toutes parts. Mais *
a peine le buveur avait-il avalé quelques gorgées, qu'un
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MES TflMOIÎIS. 355
brutal de boulet aulrir.hi™ m:: [unie la têto du lraveur ainsi
que la gourde. Deu.\ jci.rs awLiit, il*, avaient diné ensemble
à Vicï.i.o ot, là, ilf suaient :ail iéc: ; i] ixiurm.itit un du»
mutuel de ce qu'ils avaient comme montre, ceinture, en cas
que l'un ou l'autre fui tu*. Mai? Vachin n'eut pas l'envia
de meure a exécution ce qu'il- éiaitnt convenus "e Taire. Il
se retira, reprit son rang, ne lire in de n'avoir pas été atteint
parle même boulet, mais en pensant que, d'un moments.
cbaude. Je fus bkssé le même jour.
m 'si'., jf jr.iis --.it^- .■■■[î.'iirn, uni" .ivïnt l.lit !n g Uni..' lisi- l'I
MU. Bouy, capitaine en retraite, à Valencicnnes, et de
V . ii-iiutis ; <■] .. viiiûr de lu Lé/ii.;. il'honneur.
Houni, capitijint eu rntra.ilii :>. Valinmiennes, et de Yak: 1 ,
tiennes; chevalier do la Légion d'honneur.
PiMe, îous-lieuteuant, de Valencienaes.
Leqrtmd, ex-fusilier des grenadiers de la Garde impériale,
habitant Valenciennes j chevalier da la Légion d'honneur.
de la Légion d'honneur.
Izamban, ancien sous- officier, garde des musées; cheva-
lier de la Légion d'honneur.
Petit, sous-lieutenant de la Jeune Garde.
HtixujaTd, garde dn génie, en retraite à Condi (Mord);
chevalier de la Légion d'honneur.
Boulet, ils Condé.
BODftGOiïME,
Bi-grenadap vJill» 4s la 3»Me inpftiite, '
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i Ali LE des matières
Source gallica.bnf.fr /
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Librairie HICIIKITE et C", huit «ni Sarat-Sermii, 79, i P«n.
ROMANS, MÉMOIRES
(JEUVftES D1VBHSES
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