Revue d'Alsace
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REVUE D'ALSACE
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REVUE D'ALSACE
NOUVELLE SÉRIE
ONZIEME ANNEE
TOME ONZIÈME
• . • •
COLMÀR
AO BUBBiU, 6RiND*AUL K*42
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LA VIE FUTLRE
ET
LA SCIENCE MODERNE
Lettre i 1. le Puteir ***
G.-A. HIRN
GocrotpoDdut de nmtHnt de Fniiet, AHodi dct Acadtai« dct Sdcaec*
ét Bd^nc^ de Suède, eie^ etc.
Nous Tenonfl de Toir tomber devant la science» appnyée sur
la saine raison, l*ane des aflirmations fondamentales du maté-
rialisme p roprement dit et conséquent avec lui-même : Tétemité
de la Matière. Le même ordre de raisonnements s'appliquerait
à toute autre doctrine tendant à expliquer l'origine de l'Unî-
vers par l'action exclusive d'agents aveugles, c'est-à-dire de
forces inconscientes, n'agissant qu'en vertu de propriétés
innées et fatales. L'eiustence d'un dieu créateur ne peut
certainement pas être prouvée directement et mathémar
tiquoment ; mais, ce qui est Téquivalent rigoureux de cette
démonstration, Tétemité de la Substance inconsciente, en
général, peut être réfutée rigoureusement, et cette réfutation
peut être considérée comme un des foits les plus triomphale-
* Voir la Hntiion H denier triaiitre lêBt
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6 BlfOI D'AUAGB
ment tcqiàa de la science moderne. — Pour quiconque admet
Texistenee d*un Dieu créateur, immortalité de Tètre humain,
et, comme homme de science, j'ajoute l'immortalité de tout ce
qui vit, sont des conséqiuncos en quelque sorte évidentes;
nous pourrions donc nous arrêter ici, et considérer comme
terminé notre exposé des preuves qu'apporte la science à
rappui de la notion d'une vie future. Mais dans ce domaine
oti notre intelligence est obligée de se mesurer et de lutter
avec linfini, au risque de s'y briser, le doute ne cède qu*à
regret son poste dans Tftme humaine, et, veillant de loin, il est
toujours prêt à se jeter sur sa proie, au moindre signe de
défaillance. Nous ne devons donc rien laisser dans l'ombre de
ce qui peut contribuer à affaiblir sa puissance. A ce titre, et
au point do vue rigourcusiMnent scientifique, notre ex})osé
serait bien incomplet, si nous l'interrompions dès à présent.
Pour le savant, bien difi'érent en ce sens du laïque, il suftit,
avons-nous dit, que Texistence d'un Être, d'un Élément con-
stitutif de rUnivers, soit démontrée, pour que la durée de cet
Élément soit assurée. Si la présence d*un élément animique
dans Pètre vivant est mise hors de doute, sa durée Test au
même titre: cet Élément ne peut rentrer spontanément dans
le néant Mais l'existence d'un élément qui échappe à l'action
de nos sens, qui, par son essence mémo, est invisible, intan-
gible, impalpable ne peut évidenmient être constatée
directement. Nous sommes, scientifiquement parlant, obligés
en ce cas de procéder par voie d'exclusion, en constatant bien
correctement que les qualités de ce gui tombe sous nos sens
ne suffisent plus pour expliqua tel ou tel ordre de phéno-
mènes et qu'ainsi nous pouvons légitimement invoquer
Pexistence d'un principe autre que ceux que nous percevons.
— C'est précisément là le problème qui se présente à nous
dans l'interprétation des phénomènes de la vie organique, à
quelque degré de l'échelle qu'on la considère. Non seulement
nous n'avons aucune perception directe de ce qui diâérencie
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Là VB roTou R u scniHCB Honniii
7
une plante, un animal, un homme, d'une machine, mais nous
n'avons pas même la moindre notion directe de ce qui constitue
notre propre être, ni, bien plus! de ce qui fait mouvoir la
machine. — C'est là, pour dire vrai, ce qui nous explique lu
nombre considérable de personnes qui, tacitement ou ouver-
tement, nient l'existence d'un élément spécifique distinct,
donnAnt lieu aux phénomènes vitaux, animiques, intellectuels,
aux phénomènes de Tordre psychologique; et, cette fois je
parle du savant aussi bien que du laïque, c^est ce qui explique
le grand nombre de personnes qui, dans les phénomènes de
Tordre purement physique, veulent à tout prix matérialisor la
force. — Pour arriver à la vérité sur ce domaine, nous ne
pouvons procéder que par voie d'exclusion en réfutant toutes
les hypothèses explicatives qui prétendent rendre compte des
phénomènes intangibles avec les seuls éléments qui nous
paraissent constituer ce qui est tangible.
Notre œuvre d'élimination serait toutefois facile, si nous ne
nous trouvions en face que d*une doctrine de négation umque^
en foce du seul xatAbiaushb pnpremmU dU; mais en ne
nous attaquant qu*à un tel adversaire, nous nous ferions la
partie trop aisée. Il importe donc de définir et d'évincer une
Ibis pour toutes cette doctrine dont hien des personnes,
laïques et savants, parlent sans la connaître, et qui, disons-le
très haut, a envahi les trois quarts du domaine de la science
et de la non-science de notre temps. *
Le matérialisme proprement dit ne peut admettre qu'un
seul élément constitutif de l'Univers : la matière, formée
d'atomes en repos ou en mouvement, partout et toi^ours
identiques à eux-mêmes. Et c'est eftectivement là la proposi-
tion soutenue ai^ourd'hui dans une multitude d'ouvrages,
grands et petits, dont quelques-uns sont devenus réellement
populaires, et constituent le credo de milliers de laïques aussi
bien que de savants* Selon les assertions des auteurs de
« WWm ST HATIÉBB, OIBOULATIOV !>■ hk VU, THÂOBIB VIBBÂ-
ToiRE DE LÂ VÀTiTRE > il font dtrc al>8o1iimeiit mmffle
(j'emploie l'expression la plus polie de ces livres) pour s'ima-
giner que dans le monde animé aussi bien que dans le monde
physique, il existe autre chose que des atomes matériels en
mouvement, donnant lieu, par leurs rencontres, aux phéno-
mènes de l'attraction, de la répulsion, de la lumière, de la
chaleur, de l'électricité, de la vie, de la pensée
C'est du choc de milliards de billes élastiques, très petites,
mais «ion ùfinhnent petUêB^ que résultent la conscience que
nous avons de nous-mêmes, la &culté d*aimer, le sentiment du
beau, du vrai, du juste,. . . . aussi bien que le plus minime des
phénomènes du monde physique. —(Test ce choc qui a enfanté
la Vénus de Milo, le Parthénon, Hamlet de Shakespeare, la
Symphonie avec chœur de Beethoven
Il faut le dire bien haut et avec insistance : si bizarre que
soit un tel système, et quoiqu'il tombe en quelque sorte sous
son propre poids, ceux qui le soutiennent ont du moins le
mérite et le courage inunenses d'être conséquents avec eux-
mêmes, bien contrairement à beaucoup de leurs adversaires
qui, sans s'en douter peut-être, sont matérialistes aux trois
quarts par les doctrines qu'ils soutiennent, sauf à rompre
violemment avec le matérialisme à une certaine limite dont U
leur est nnpossible de légitimer l'intervention.
Le matérialiste qui, dans les phénomènes du monde physique,
admettrait l'existence d'un élément distinct de la matière,
donnant lieu à tout l'ensemble des phénomènes de mouvement,
de forces attractives ou répulsives, n'aurait plus absolument
aucune raison plausible pour rejeter du monde animé
Texistence d'un autre élément supérieur, donnant lieu aux
phénomènes physiologiques et psychologiques dans tout leur
ensemble. D cesserait à l'instant d'être matérialiste consé-
quent.
Réciproquement, l'adversaire du matérialisme qui prétend
bannir du monde physique tout élément distinct de la matière,
Là vB nrnmi ir la icbiicb «odiriib
9
n'est plus nullement en droit d'invoquer l'existence de tel ou
tel élément supérieur pour l'expUcatioii des phénomènes de
la vie
Et celui qui pousse llnconséquence jusqu'à nier la nécesp-
sité d'un élément de nature supérieure et distincte de la
matière cliez Tétre vivant le plus iniime, n'a plus le droit
d'admettre l'existence de l'Ame chez l'homme.
n fiiut du moins laisser à l'école matérialiste l'immense
mérite d'avoir mis hors de doute l'ensemble de ces propositions,
qui peuvent être considérées comme l énoncé de faits élémen-
taires pour tout naturaliste sensé.
Le matérialisme n'a jamais été attaqué par les bases ration-
nelles et scientitiques sur lesquelles il a la prétention de
reposer. Il a été réfuté, surtout par des laïques exclusifs et
inconséquents, & un point de vue pwrmient aeidmefM : c'est
l'expression la plus juste à employer ici On a objecté des figûfts
de conscience, des ai^ations morales, des fiuïultés intelleo-
tuélles, inconciliables avec l'action de causalités purement
mieamqiies : toutes objecti<ms d'une valeur incontestable, à
condition que ceux qui les font restent conséquents, et n'aillent
pas eux-mêmes, comme le font jouniellenient bien des spiri-
tualistes, expliquer mécanifiuement chez certains êtres co
qu'ils prétendent ne pouvoir s'expliquer que psychologique-
ment chez d'autres, visiblement identiques en nature; dire
par exemple: le chien fidèle et aflectueux est une machine,
mais, l'homme égoïste et vil est un esprit pur
Le matérialisme logique, répétons-le, eq»lique d'une même
manière, non seulement les plus minimes des phénomènes
physiques, et les plus sublimes des phénomènespsychologiques,
mais encore les plus inextricables des questions d'origine, n
rapporte toutes choses à l'atome matériel età ses mouvements.
Il a (le plus la prétention de donner seul des solutions claires
de toutes choses. 11 est évident, d'après cela, qu'il ne peut
être attaqué que scientifiquement, eu cherchant si eâcctive-
10 MVOI D*ALUCi
ment il satisfait à l'interprétation des phénomènes de tous les
ordres, et si effectivement il est doué de ce degré de clarté
que lui prêtent ses adeptes.
Je puis être extrêmement concis en ce qui concerne l'exac-
titude des interprétations. Je ne m'arrêterai qu'à une seule:
elle est capitale, il est vrai. — Deux masses matérielles,
séparées par un interralle vide en i^parence, et indéfiniment
grand, tenâeni l'une yers l'autre, semblent t^attirer. Tel est le
fait (et non l'hypothèse, comme d'aucuns le pensent) mis pour
la première fois en lumière et en évidence par le génie de
Newton. Examinant quelle peut être la cause de cette ten-
dance, ce grand esprit, si sobre d hypotlièses, dOclare qu'il
considérerait roniuie un insensé celui qui avancerait que la
matière agit sur la matière à travers le vide, et sans aucun
intermédiaire. « Cet intermédiaire est-il matériel ou immaté-
riel? » — Voilà ( e qu'il laisse à d'autres le soin de décider.
Quoi qu'on en ait dit, son opinion personnelle estfoeileàlire:
c'est lintennédiaire immatériel qu'il admet — Depuis que la
lumière de cette grande âme a été retirée de ce monde, malé-
rialistes, spiritualistes, panthéistes, savants et non-savants, se
sont mis à ToBuvre pour expliquer et maUrhUêêr la cause de
la gra>itation universelle. Voulant rendre visible, tout au
moins i\ rimagination, ce qui i);ir sa nature propre est invisible,
on s'est efforcé de peindre k s masses matérielles comme jjoj/*-
sées les unes vers les autres, soit par des atomes matériels
sillonnant l'espace en tous sens, soit par des tourbillons
moléculaires. T.e nombre de ces hypothèses explicatives, diffé-
rentes par la forme, mais parftitement identiques par le fond
est des plus considérables. — Eh! bien, je ne crains point de
l'affirmer ici à la &ee de toute la science moderne: pas une
seule de ces interprétations matérialistes ne soutient un seul
instant d'examen scientifique sérieux ; les unes sont puériles,
d'autres semblent être sorties d'un cerveau en démence.
Une doctrine qui échoue ainsi devant l'un dus phénomènes
LA VIE FUTURE ET LA saENGl IIODBIl!<e
11
les plus fondamentaux du monde physique n'a plus le droit de
B'acUiiger settlemeiit Tombre d'une explication des phénomènes
du monde vivant. — Et ce que nous venons de dire des
tentatives d'e^lications de la gravitation, s'applique iden-
tiquement aux phénomènes de répulsion et d'attraction
magnétiques, électriques (statiques et dynamiques): si tonte-
fois on peut même donner le titre d'explications à ce qui a été
produit en ce sens.
Quoiqu'en puissent dire un très praiid nombre de physiciens
modernes, le matérialisme a perdu son droit de cité sur le
domaine des phénomènes du monde inanimé lui-même. Les
seules propriétés que nous constatons dans les corps qui
tombent sous nos sens le réfutent radicalement *
Voyons maintenant ce qui en est de la prétendue clarté sans
par^e de cette doctrine. Ici je ne recourrai qu'à deux seuls
arguments ad hominem, sous forme interrogative.
Les li\Tes dogmatiques que j'ai nommés plus haut sont
aujourd'hui entre toutes les mains. L'un d'eux, entre autres,
« FORCE ET MATIÈRE » de Buclinor, s'est, en traduction fran-
çaise, vendu à plus de cinquante mille exemplaires. C'est
peu dire que d'estimer à cinq cent mille les lecteurs de ce
livre ou de ses congénères. D'après la doctrine soutenue dans
tous ces livres, d'après le matérialisme prétendu scientifique,
les mondes se sont formés par les mouvements des atomes
matériels accourant de tous les points de l'espace, incités par
d*autre8 mouvements antérieurs. — Cela posé, il nous sera
permis de demander si, parmi ces cin<i cent mille lecteurs,
incontestablement lettrés, dont nous parlons, il s'en trouve un
seul qui sache ce que c'est que le mouvement, un seul qui
sache eu quoi un corps en mouvement diiSère de nature d'un
* Je ne permettrai de renvoyer ù ce sujet à ce que j'ai dit dans la
partie critiqve de non Axàhm iLÉnHum »■ i.*uiiivm (X vot iii-8*,
ehei GaathieiwYinan, Ubnin à Puis).
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corps en repos ? La réponse ne pouvant être que négative,
nous demanderons s'il est dès lurs i)lus clair d'attribuer Tori-
gine des choses et la continuité des phénomènes à une inconnue
aveugle, inconsciente, agissant pourtant avec une intelligence
que penonne» panni nos cinq cent mille lecteurs, ne peut nier,
qu'à une inconnue inteUigente, consciente de ses actes, et
toute puissante?
Que devient devant une pareille interrogation la grande
clarté du dogme matérialiste? Posons cependant une seconde
question.
C'est pour le matérialisme un article de foi d'admettre que
la pensée est une sécrétion du cerveau, absolument comme la
bile en est une du foie, comme Turine en est une des reins.
Nous accepterons très volontiers ces aphorismes; nous irons
môme plus loin, et nous dirons que Tintégrité des fonctions
du cerveau est aussi indispensable à la sécrétion de la pensée
qu'à celle de l'urine à laquelle il préside indirectement par
son action sur les reins ; nous irons encore plus loin, et nous
conviendrons que, pour certaines pensées, il y a une analogie
plus grande qu*il ne semble entre les deux sécrétions. — Ici
toutefois s'arrêtent nos concessions, et bien légitimement.
Comme il n'existe que matière partout identique k elle-
mêrae, incapable d'agir autrement que par impulsion immé-
diate d'atome à atome, comme c'est aux chocs et aux vibrations
moléculaires qu'est due la sécrétion de l'urine aussi bien
que celle de la pensée, nous demanderons à nos cinq cent
mille croyants si un seul d'entre eux comprend comment les
chocs de tant de billes de billards qu'on voudra, aussi petites
et aussi élastiques qu'on voudra, peuvent arriver à la con-
science d'eux-mêmes, à la notion de leur être qui, d'après le
dogme admis, n'est qu'un phénomène transitoire? En vérité,
de tels articles de foi peuvent-ils avoir la prétention d'être
pins clairs, plus compréhensibles que ceux de n'importe quel
culte aussi mystique qu ou voudra?
LA fB rOraSB Et LA tCIBNS HOOnMI 18
Nous ne comprenons certainement pas plus l'essence de
notre âme ou celle du principe vital en général que celle de
Dka; mais nous ne comprenons pas davantage celle du mou-
Teneiit ni ceUe de la mattère elle-même. Nuit pour nuit,
ineooqiMréheii^le pour ineompréhensîble, nous pouTons done
de pkln droit préférer linterprétation qui, appuyée sur la
raîBcn et sur le raisonnement, satisfait à tout Tensemble des
phénomènes, à eelle qoi ne satisiàit k aucun.
On le voit, si nous ne nous trouvions en face que des seules
négations du matérialisme pur, notre œuvre serait facile; que
dis-je! elle serait achevée. On aura beau, daus des ouvrages
étendus et du plus haut mérite, comme « l'histoire du
HATÉRiAUSME » de Lange, par exemple, exposer les déve-
loppements successife de cette doctrine et tenter de lui donner
un caractère de solidité scientifique; on échouera toiyouis
quand, partant rigoureusement des seules propriétés de la
matière en repos et en mouvement, on essaiera interpréta-
tion réfléchie et rationnelle du moindre des phénomènes
physiques, à plus forte raison de ceux du monde ri? ant
Mais le matérialisme pur s^est toii^ours trouvé côtoyé, de
près ou de loin, par un autre genre de négation qui, sans
ati'ecter la forme arrêtée d'une doctrine proprement dite, n'en
est pas moins très vivace et très répandue. Elle est beaucoup
plus bornée dans ses prétentions; elle ne s'adresse qu'aux
seuls phénomènes du monde organique, ou môme plus exacte-
ment encore, du monde Atimatn. £Ue est, non certainement
proféasée, mais tacitement on ouvertement admise, par un
grand nombre dliommes qu^à aucun titre nous ne serions plus
en droit d'appeler des laïques. Prenant un instant la forme
personnelle, qu'on ne me reprochera certes pas d*avohr sou-
vent afifectée dans cet exposé, je dirai, sans crainte d*éveiller
des susceptibilités ou d'irriter ceux dont je parle, que parmi
les médecins, et surtout les jeunes médecins modernes, il en
est un très grand nombre qui attribuent à la matière et à
14
reiiseinble des forces aveu-^les constituant Torganisrae de
l'être vivant, toutes les fonctions de celui-ci, qu'il s'agisse des
fonctions physiologiques seules, oa de tout Tensemble des
fonctions intellectuelles, chez rhomme notamment t C*eet le
cerveau qui pense, disent-ils; une ftme y est une bien inutile
superfétation. » Je dis les jeunes médecins .... les neuf dixièmes
peut-dtre. A Tâge mûr, le doute survient chez beaucoup, quant
à la vérité absolue de Tassertioii. Quelques-uns alors se con-
vertissent et deviennent, en apparence du moins, des dévots
fort respectables : ce sont en général des considérations sin-
gulièrement étranjïères à la métaphysique qui sont la cause
déterminante de ce phénomène. Disons-le à l'honneur de la
science et de tout le corps médical, de pareilles chutes sont
les exceptions. Mais laissons ces tristesses ,
A force de s'incliner sur le lit des malades et des mourants, h
force d'observer des phénomènes qui échappent à toute expli-
cation purement physiologique, le médecin de cœur et de bon
sens se demande si, contrairement à son assertion d'étudiant,
ce ne serait peut-être pas nous qtdpmsom à Vaid» à» eerveaiuf
Il suspend son jugement, et, continuant sa vie de dévouement,
il soulage, avec sa science et avec son cœur, la douleur
physique et morale partout où il la rencontre. Fort de sa
conscience d'iionnête homme, il attend patiemment jusqu'au
bout la solution de la grande énigme.
Est-ce le cerveau qui pense et nous fait nous?
Ou bien est-ce nous qui pensons avec le cerveau?
Voilà toute la question qui se pose devant nous, efrayante
ou consolante, selon le côté par lequel nous l'attaquons.
Nous savons tous que nos rapports avec le monde externe
sont établis à l'aide de certains organes spéciaux, sans lesquels
nous n'aurions pas la moindre notion de ce qui se passe hors
de nous. Nous savons, par exemple, que pour voir, que pour
entendre, il nous faut deux instruments de physique d'une
construction admirable, dont le mode de fonction ne nous est
LA TU POTOM Cr LA aOlKB HOKEIIB 16
même connu que depuis une époque relativement récente et
est encore énigmatique dans quelques détails intimes. La
forme de nos idées, la niamère de penser, relativement à ce
que nous voyons,^ à ce que nous entendons, dépendent telle-
ment des données que nous fournissent à chaque instant ces
instnundnts, qall est des choses que nous ne pouvons pas
eancevair antrement que nous ne les voyons, que nous ne les
entmdons : une sphère lumineuse, par exemple, ne nous est
visible que par une moitié à la fois. Eh! lûen, il nous est
impossible, en dépit de tous nos efforts dimagînation de nous
Xskjigurer sous i>es deux faces à la fois ! A chaque imperfection
de l'œil, à chaque défaut, congénital ou accidentel, répond une
imperfection ou un défaut dans les notions qui naissent de la
vision. L'homme de science, lorsqu'il observe, est lui-même
trompé par ces fausses indications; il est obligé, par une
longue étude, de rectifier des erreurs personnelles de percep-
tion, qui échappent absolument au laïque.
Voilà une dépendance intime, profonde, qui est absolument
incontestable.
Passera-t-il pourtant jamais par la tête de quelqu^un de
dire: Ce sont les yeux qui voient, ce sont les oreilles qui
entendent? Ces locutions ne seraient-elles pas aussi risibles
que celle qui consisterait à dire, par exemple : la lunette de
cet astronome voit et observe admirablement?
Nous disons tous : je vois avec mes yeux, j'entends avec mes
oreilles, comme nous disons :je marche avec mes jambes
et nous avons raison. LorsquHm de ces instruments, lorsqu'un
de ces organes nous a été ravi par la maladie ou par un
accident, nous ne savons que trop qu'il reste quàqu'm qui
souffre de cette privation.
Gala posé, et au rebours des locutions précédentes, est-il
moins risible, plus intelligible, et surtout plus vrai, de dire :
C'est le cerveau qui voit avec les yeux, qui entend avec les
oreilles, qui pense, qui crée une individualité ayant
16
RSVUE d'ALSACS
désormais la conscience d'elle-mâme, quoique dénuée de toute
existence réelle?
Que de dire flimplement:
C'est MO» gu» pense, mais qui pour penser ai besoin d*un
organe?
Le eftté risible de la première forme d*aasertion n^est guère
contestable. Si décidément dans notre cerveau il n y a pas de
place pour une âme, nous ne sommes tout aussi décidément
plus que des machines; machines qui, comme telles, laissent
même parfois singulièrement à désirer quant à leur construc-
tion. — U est une expression que personne n'efiacera plus ni
de nos codes, ni de nos constitutiona sociales, ni des rap-
ports d'homme à homme: c'eat celle de « uapoiaiBiUTft
HUMAiiiB ». Ni matérialistes, ni positivistes, ni n^atmttea^
ne sauraient contester un instant que le titre moral, que le
degré qu'occupe tel ou te! peuple sur l'échelle sociale est
d'autant plus élevé que cette expression est mieux comprise
et mieux mise en praticiuo i)ur chaiiue individu. — Que dirait
pourtant le sceptique le plus invétéré, si quelqu'un, prenant
au pied de la lettre cette assimilation de l'être vivant avec
une machine, venait à parler de la responsabUUé de not
maèhniea à vapmr, de nos montresf Un immense éclat de rire
accueillerait certainement une pareille plaisanterie; et ceux
ou celles mêmes qui prétendent que dans notre cerveau il n'y
a pas place pour une âme, y prendraient part
La première forme d'assertion est-eDe phis intelligible ?
La dépendance intime et directe de notre pensée et du
cerveau ne peut plus ôtre contastée un seul instant. Non seu-
lement il nous faut ici-bas un instrument approprié pour
penser, mais chacun des modes de la pensée semble même
avoir son mécanisme spécial dans cet instrument. Bien que la
doctrine de la localisation de nos facultés (poussée à l'extrême
par Flourens, entre autres), ait reçu de fréquentes et graves
atteintes de l'observation impartiale des fûts, un fond de vérite
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u vu FOTuai iT u scntRa mûdduib 17
lai reste pourtant acquis. L^ensemble des iSûts relatif à cette
grande question est si généralement connu qull est inutile de
nous y arrêter ou île le développer.
Disons-le bien haut et bien hardiment, nous n'avons pas la
plus légère idée de ces rapports nécessaires de lauie avec le
mécanisme organique. Nous ne savons pas comment elle peut
en avoir besoin pour accomplir Tacto qui semble être le fait
de son essence mdme, pour penser. Nous ne savoiu pas com-
ment cet acte peut être entravé, souvent radicalement, par
telle ou telle cause physique venant du dehors^par la maladie,
par une matière toxique; nous ne tavoM pas comment il est
suspendu îoumellement et périodiquement par le sommeil. —
Mais remarquons-le expressément, il s'agit ici d'une ignorance^
si profonde, si absolue qu'on voudra d'ailleurs, mais non d'une
difficulté de conception. Il n'est pas plus difficile de concevoir
que nous ayons besoin d'un organe pour penser que de com-
prendre qu'il en faille un pour voir, pour entendre. Nous
ignoroM absolument le mode, et voilÀ tout Mais nous ne pou-
vons tirer de cette iffnorance aucune raison plausible pour
nier la présence d'un Élément pensant et animique.
Ferons-nous les mêmes remarques quant à la seconde des
assertions, quant à celle qui dit que c'est le cerveau qui pense
et que toute addition d'un élément spécifique, accomplissant
cet acte, est une bien inutile superfétation ? — Assurément
non. Ici il ne s'agit plus d une ignorance, tt'ni})oraire ou défi-
nitive, mais bien d'une impossibilité d'iuter])rétatioQ. Aucun
de ceux ou de celles qui aujourd'hui, avec tant d'assurance,
aflirment qu*il n'y a plus de place pour une ftme dans le cer-
veau, aucun n'a jamais compris comment une machine, formée
de pièces multqiles et diverses réagissant les unes sur les
antres, peut arriver à la conscience de son existence, à sentir,
à souffiir, à jouir, physiquement et moralement; aucun ne Fa
jamais compris et n'a produit l'ombre d uue explication sensée,
car une telle explication est tout simplement une impossibilité.
lionvaUe Série. — 11"' aaaée. S
18
REVUE d'aLSACB
Ki la matière seule, telle qu*eUe est conçue et délmie par le
matérialisme, ni la matière gouvernée par des forces aveugles
partout répandues ne pourra jamais expliquer le sentiment
de Texistence, la conscience d*eux-mèmes, que possèdent
rhomme et les animaux supérieurs; et ce n*e8t pas non plus
dans telle ou telle partie d'un mécanisme constitué par la
matière et les forces que peut résider vr sentiment. — De très
grands penseurs ont dit que la matière peut se développer,
s'organiser par degré, s'élever en titre et arriver à la pensée.
Mais il est bien clair que si une telle transformation était
effective, il en résulterait simplement que la matière cesserait
d*étre ce qu*elle est partout autour de nous, dans le monde
ph jsique. C*est d'ailleurs une des rares affirmations parfaite-
ment correctes et vraies posées par le matérialisme, à savoir
que la matière est toujours et partout identique en propriétés,
dans notre cerveau aussi bieu que dans lesoleilqui nous éclairo-
Si tant d'esprits distinfîués, parmi les jeunes médecins,
quittent 1»', dont»', naturel et légitime chez tout homme sensée
pour admettre 1 afdrmation négative absolue (que Ton me par-
donne cet assemblage de termes si opposés), il faut en chercher
l'explication dans des raisons asses diverses. Les unes
reposent sur Tantagonisme violent qui, chez le jeune homme
embrassant une carrière scientifique, celle de la médecine, par
exemple, s'établit entre les assertions dogmatiques, historiques,
légendaires, que sans preuve aucune on nous inculque comme
vérités indiscutables, et les réalités que nous révèle l'étude
directe de la nature et des faits. On nous avait habitués, de
l'enfance à l'âge mûr, h accepter des aftirmations sans preuves;
arrivés à l'âge de l'examen, nous tombons daus uu excès con-
traire et nous acceptons des négations sans preuves : c'est là
un travers de notre nature qui s'explique, sans tout^ois se
légitimer. Mais il est d'autres raisons plus puissantes qui
interviennent et qui font pencher l'esprit vers la négation. —
Par suite des nécessités mêmes de h profession qu'il va
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LA m ranms et u sobncs hodbiiiœ 19
embrasser, le jounc médecin est obligé de s'occuper surtout
(le ces phéiionièiit'S physiologiques, pathologiques, qui,
chez tous les êtres vivants, semblent seuls se prêter à des
interprétations mécaniques ou physiques, et Tétude des
sciences physiques et exactes proprement dites, tout comme
celle des phénomènes de Tordre psychologique, intellectuel,
moral reste complètement à Tarrière-plan. Cette double
étude seule pourtant peut nous apprendre ce dont sont
capables on absolument incapables les agents seuls du monde
physique. En m'énonçant ainsi, je crois rester dans la plus
stricte vérité et ne blesser ([ui que ce soit. Ce sont les
exigences mêmes de la profession médicale qui condamnent
pour ainsi dire l'étudiant à négliger un ensemble de sciences
dont la connaissance lui serait indispensable pour maintenir
chez lui un juste équilibre entre les afiirmations exagérées de
certaines doctrines et les négations tout aussi exagérées des
doctrines antagonistes.
Tout esprit sensé qui aura soin de maintenir en lui-même
cet étiuilibre, arrivera toiqours à cette conclusion:
Au-dessus des organes des sens et de la pensée se trouve
nécessairement une réalité sentante et pensante, sans laquelle
le mécanisme amiuc^l elle est liée ne saurait lui-même fonc-
tionner, réalitr qu'aucun système n'effacera jamais de Tordre
des existences, quels que puissent être d'ailleurs son passé et
son avenir. Et, beaucoup plus généralement encore, au-dessus
des organes de n^importe quel être vivant se trouve nécessai-
rement un élément directeur qui sépare radicalement Têtre
vivant le plus infime du rang des machines proprement dites.
Nous disons: quels que soient d^ailleurs son passé, son avenir.
Dans toutes les recherches, dans toutes les discussions
concernant la nature des êtres vivants, et de Thomme en par-
ticulier, on s'est toujours étrangement trop préoccui)é du
mode d'apparition de ces êtres sur notre terre. C'est ce qu'on
ne saurait assez faire ressortir aigourd'huL
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90 MVOI 1»*AUACB
('ontrairement à ce qu'on admettait autrefois, la chimie
parvient à produire directement des composés qu'on croyait
ne pouvoir Otre élaborés que par la vie : c'est ce qu'ont mis
pleinement hors de doute les travaux de M. Berthelot. Qu'il
me soit permis d'exprimer ici le regret que cet éminent chi-
miste ait si brusquement abandonné une ronte qu*ii avait ai
brillamment ouverte et où il reste encore tant à découvrir,
pour se livrer à des travaux qui, au lieu de génie, n'exigent
que de la patience et de Texaetitude. — Nous disons : la chimie
sait produire des combinaisons semblables à celles qu'éla-
bort iit les organes des êtres vivants. Mais ni la chimie, ni
aucune autre science, n'a su encore produire w?i organe, ou
seulement la moindre cdlide organique. Rien, absolument
rien n'autorise à afhrmer qu'il puisse, au sein de la nature, et
par la réaction réciproque des seuls éléments du monde phy-
sique, se produire, non un être vivant, mais seulement la
moindre des cellules organiques. Les générations, dites d'ail-
leurs fort & tort, spontanées, les générations sans germes
antérieurs, tour à tour niées et affirmées avec emportement
par les diverses écoles, peuvent être considérées aigourd*hui
comme classées, non au rang des impossibilités, mais au rang
de phi''nomènes qui ne se sont jamais produits ju.xiu'ici, du
moins sous la forme (lue lt>ur assignent les systèmes (Pasteur).
Jusqu'ici non plus, et eu dépit de toutes les afrirmations des
systèmes préconçus, il n'est démontré le moins du monde
qu'un être vivant de telle espèce puisse, par des modifications
successives, donner Heu à des êtres d'espèces absolument dif-
férentes. Tout ce qu*est parvenu à prouver Tun des plus grands
et en même temps des plus honnêtes naturalistes de notre
temps, dont le nom restera attaché à la doctrine du transfor-
misme, tout ce qu'est péniblement parvenu à prouver Danrin,
c'est que le nombre des espèces primitivement admises en
histoire naturelle, est moins grand qu'on ne le supposait
Mais faisons uu pas immense. Admettons, conti'e toutes les
LA Vt£ FUTURE ET LA SaENCB MODERNE 31
probabilités, qu'un germe Tivant puisse, au sein de la nature,
se produire sans germe antérieur. Admettons que, par buite
dMnfluences d'une sorte ou d'une autre, une espèce puisse
réellement donner lieu à une espèce tout à fait difTércntc
en apparence. — Résultera-t-il de \h, d une part, que la vie
or-^aniquc soit le rt'siiltat des forces ordinaires du iiiondc -
sique, ou d'autre part que rélOinent aniniique de tel être ait
été le même que celui de l'être d'espèce différente auquel il a
donné lieu? - C'est bien là la conclusion que l'école matéria-
liste et tons les laïques sans distinction tireraient de ces deux
ordres de faits. Et c'est pourtant aussi, on ne saurait assez le
Cure ressortir, la conclusion la plus étrangement arbitraire
qui se puisse imaginer.
L'être Tivant, l'humble violette comme l'homme de génie,
doit être considéré en lui-même et en ce qu'il est actueUe-
metit : dans le romm, en un mot, et non de ce qu'il a été ou
dans ce qu'il st-ni, c'est-à-dire dans Viuronuu. Aucun raisonne-
ment sérieux ne peut prouver, aucune vaine argutie ne peut
faire accepter de Timagination, qu'une machine soit capable
d'élaborer la pensée. — Le penseur est ce qu'il est — Qu'il
sorte d'un peu de fange, comme le disent les poètes et les sots
(les extrêmes se touchent), ou qull descende d'un singe, il
n'en reste pas moins ce qu'il est: un élément supérieur anime
acHuMement son organisme terrestre. — Les personnes qu'effa-
rouche tant une origine simiale, feraient bien de se rappeleri
mais tout à rebours, les vers d'un rimeur célèbre :
Mais la postôrité d'Alfune et do Bavard,
Quand elle n'est qu'une rosse, est vcndac au hasard.
Se croire un être déchu ou même dénué d'àme, parce qu'on
sortirait d'uno autre espèce vivante de degré inférieur, serait
en vérité aussi absurde et puéril que de se croire un être
supérieur en vertu de prérogatives nobiliaires, parce qu'un
ancêtre, il y a trois cents ans, a acquis le droit d'attacher une
particule à son nom !
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99 BsniB d'albas
Si un être vivant quelconque pouvait se produire effective-
ment au sein de la nature, sans germe antt^rieur, si l'espèce
humaine était en effet une moditieation graduée d'une esj)èce
de singe, il n'en résulterait nullement que cet être serait
dénué d'un élément animique absolument distinct des forces
du monde physique, il n'en résulterait nullement que rhomme
serait un singe perfectionné; il faudrait simplement en con-
clure que la puissakob ceéatriob procède autrement que
nous ne l*admettions, et qu'ici encore, comme en bien d'autres
points, nous l'avions fàite un peu trop à notre image. Certains
laïques seraient obligés de B*en accommoder, comme ils ont
dû le faire du mouvement de la terre, qui passait aussi pour
essentiellement hérétique. *
Tout ce qui touche, non pas h Torigine même des êtres
vivants, mais seulement h l'arrivée sur cette terre de chacun
d'eux, petit ou grand, humble ou sublime, est enveloppé d'un
profond mystère, contre lequel se briserait la foi du croyant
le plus fervent comme les raisonnements de Tesprit le plus
sceptique, si l'on se donnait la peine d'y songer. — Dans cette
nuit si sombre, le bon sens et la raison cependant posent au
moins quelques jalons, que bien des personnes semblent à
plaisir perdre de vue, et dont, en tous cas, elles ne se préoc-
cupent nullement.
Dès qu'il est question de la succession des êtres vivants, de
celle des animaux supérieurs, ou de l'homme, par exemple, on
se Uent pour satis&it, on croit toute difficulté mise de côté,
en admettant qu'il a été créé une paire primitive de chacun.
Nous sommes habitués à voir ces êtres se r^roduire et s'ao-
crottre ainsi en nombre, conmie nous sommes habitués à voir
les corps pesants tomber: nous trouvons les deux genres de
' n me sera sans dovto penate de renvoyer à ce que j'ai dit sur cette
greade question dans mon analyse éLÂMENTAiRB de l'ukivbbs; elle est
traitée presque sons forme élémentaire duu la Ckiqmèm JStqmm,
LA VfE KLTl'RE ET LA SCIENCE Oi)EUNE
23
phénomènes très naturels. Cependant, en y regardant d'un peu
près, nous sommes bien obligés de reconnaître que nous ne
comprenons ni Tnn ni Pautre. En ce qui touche à la vie, il ne
nous est en définitive pas plus facile de concevoir la naissance
de chacun de nous eu particulier que la création de la paire
primitive à laquelle nous recourons pour tout expliquer.
En donnant le jour à ses semblables, l'homme est le motif
fîétvnninant de deux phénomènes, Fun organique, l'autre psy-
cholo -çique que Von ne peut toutefois disjoindre que nomina-
lement: la formation d'un organisme semblable au sien,
Tarrivée en ce monde ou du moins la manifestation nouvelle
d^un élément animique, semblable aussi au sien.
1* Dans le phénomène organique, les parents ne sont que
le motif déterminant initial, et ce n*est qu'à ce titre que leur
volonté intervient, une fois pour toutes. Uimpulsion étant
donnée au germe, le développement se fait h l'insu et indé-
pendamment de la volonté de la mère elle-même, qui ne fait
que fournir les éléments nécessaires, tirés par elle du monde
externe.
Les parents, en tout cela, ne créent rien du tout : ils four-
nissent au germe et puis au nouvél être les éléments, ptm ou
moms Um préparis, quHs tirent du milieu ambiant, et le
nouvel être lui-même ensuite se développe à Taide des élé-
ments de ce milieu quil restituera un jour intégralement
2* Dans le phénomène psychologique, les parents encore ne
sont que le motif déterminant de l'arrivée d'une unité ani-
mique, ou ]»eauroup plus correctement en toute hypothèse, de
la manifestation nouvelle d'une telle unité. — Nous ne créons
rien du tout non plus en ce sens. Il faudrait en vérité être
fou d'orgueil pour s'imaginer que nous créons une âme! Et
d'un autre cêté, ce serait se faire une idée étrange de notre
propre unité animique que de la croire subdivisible: autant
vaudrait la nier du coup !
En un mot, ni organiquement, ni psychologiquement, nous
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ne errons quoi que ce soit. Lorsque, avec fatuité, nous nous
(lisons les auteurs de nos enfants, cette expression demande
à être comprise dauâ un sens bien différent de celui qu'on y
attache en i^énéraL
Nous disons que le phénomène de la continiiation des êtres
YiTants est double, sans que pour cela on puisse le disjoindre.
La marche du déyeloppement des animaux et de l'homme, les
phases par lesquelles passe successivement chaque nouvel
dtre, ont été admirablement étudiées, quant à la forme. Le
pourquoi et le comment sont ténèbres pour nous. Ce qui est
certain, quoi qu'en puissent dire toutes les écoles de négation,
c'est que Tensemble des forces du monde physi([iie est abso-
lument insuffisant pour rendre compte du développement du
plus minime des organes. —
Organiquement et physiologiquement, les parents servent
en quelque sorte de moule à leurs descendants, mais seule-
ment d'une fi^;on partielle. Ils leur lèguent, dans de certaines
Umites, leur propre conformation, leurs défàuts physiques,
leurs maladies : et ici s'établit une responsabilité terrible chez
l'être qui occupe le sommet de l'échelle et qui est doué du
sens moral. — L'être nouveau, une fois indépendant de ses
parcut^i, se développe plus ou moins bien, subit l'iulluence du
milieu ambiant, du régime auquel il est soumis, du genre de
vie qu'il mène, volontairement ou involontairement. Le moule
des êtres futurs se modifie ainsi plus ou moins. — Quelle est
la limite réelle de ces modifications? Là est la grande question
en litige.
Les défenseurs de l'unité de l'espèce humaine écartent déjà
assez les limites : du Lapon au nègre du Congo, du blanc civi-
lisé à l'Australien, la marge est grande! En admettant une
pareille marge, ne donne-t-on pas réellement gain de cause
aux transformistes?
La science décidera-t-elle un jour de quel cêté est la vérité,
ou comme cela est beaucoup plus probable, le problème
V
yi. jd by Google
LA VU ronFRi cr m MamcR kodimib
échappe-t-il par sa nature môme, à son pouvoir ? Cela est bien
moins important qu'il ne semble à la foule des laïques.
Un être vivant queleonqae, Thomme tout en tdte, ne pon-
yant rien créer, et ne pouvant devenir ce qull est que,
moyennant les éléments d^à disponibles, il est évident qu'il
ne peut y avoir de transformation dans le sens qu^on y attache
en généraL Une âme hmnaine ne pent ducmibre d*nne âme
de sinfçe. Fût-elle une ftme d*un degré inférieur, appelée à
s'élever par son passage en ce monde, qu'elle ne descendrait
pas à proprement parler d'une autre. Elle en serait, non une
autre perfectionnéo, mais à perfectionner, ce qui est bien
difiérent
On peut foire et Ton a lait effectivement des milliers et des
miniers de suppositions sur la création de ces unités animiques
(je ne dis plus même hypothèses, car une hypothèse, firasse ou
juste, aflfecte du moins un caractère scientifique, tandis quld
tout ce qu*on peut imaginer, de juste ou de faux d'ailleurs,
sort absolument du domaine scientifique). Ces suppositions ne
peuvent nuire au progrès, pourvu qu'une fois qu*on en a admis
une, on reste conséquent avec soi-même.
Si, par exemple, dans le principe animique et vital, on admet
la persistance des espèces, on peut, et en ce qui concerne
l'homme, faire deux suppositions principales : ou la Puissance
créatrice se manifeste à la naissance de chacun de nous ; ou,
comme pour les antres éléments constitutif de TUnivers, elle
s'est manifestée une seule fois, et alors chaque unité distincte
attendrait, sous une forme ou une autre, le moment oh elle
doit être appelée à apparaître en ce monde. (Je ne rappelle
que pour mémoûre une troisième supposition, aqprimée en
entier par le seul mot de métempsycose. Elle n'est de fait
qu'une variante de la seconde). — J'ai, dans cet exposé, évité
soigneusement toute question de dogme: il m'est inipossil)lc
cependant de ne pas faire une exception ici. — Le spiritua-
lisme chrétien moderne est bien obligé d'adopter l'une ou
28
r.iutre (les suppositions précédentes; et pourtant, comment
alors les concilier avec le dosinie de la chute de l'homme?
Admettre que les âmes créées toutes à la fois sont tombées
toutes par la faute d'une seule, ou que pendant des milliers
d'années, en raison de la faute d'une seule, la Puissance créa-
trice n*a plus produit que des ftmes déchues, c'est, en vérité,
donner au Créateur un caractère de férocité qui n'est guère
attdnt que par quelques-uns d*entre nous. Puisqu'il est donc
absolument nécessaire de faire Dieu à notre image, choisissons
du moins mieux eelle-eil Cette réflexion, qui tombe sous le
sens, devrait être, ce semble, un terrible appel à la tolérance,
pour certains laïques qui ont la parole si haute et si impé-
rieuse en matière de dogmes théologiques.
Si, au contraire de la supposition précédente, on admet que
l'unité animique de chaque être vivant est perfectible, ce qui,
faux ouvrai, ne heurte ni notre bon sens ni notre conscience,
on comprend qu*à chaque degré de perfectionnement du prin-
cipe vivant puisse et doive correspondre un organisme plus
élevé aussi
Je le répète, H ne s*agît en tout cela que de suppositions,
dont IMne ou l'autre peut être juste, mais qui n'ont qu'une
importance relative, en ce sens, qu'elles peuvent heurter ou
flatter telle ou telle idée préconçue, absolument étrangère à
la question de la durée indéfinie de notre existence après
cette vie. Nous n'avons à nous y arrêter qu'à un point de vue
unique, mais essentiel.
En toute hypothèse, une loi inexorable de morale domine
tout l'ensemble des suppositions qu'il peut nous plaire de
faire. — L'organisme de l'être vivant pouvant être considéré
comme l'instrument nécessaire, en ce monde, à la manifesta-
tion de l'élément animique, il est visible que cette manifestation
sera facilitée ou entravée, selon le degré d'appropriation de
l'instrument aux fonctions auxquelles est appelée l'unité ani-
mique. C'eiit, dans le cercle tout pratique et expérimental, ce
U VIE FUTURE ET LA SOfiMCE MODERNE S7
que ehacuiL de nous ii*appreiid que trop sonvent à ses dépens,
sans qu'il puisse, hélas I 7 remédier. Qa*oii admette la fixité
des espèces ou qu'on soit transformiste, il est incontestable
ainsi que nous l'avons déjà dit, que, dans des limites plus ou
moins étendues, nous transmettons notre conformation phy-
sique, nos défauts, nos maladies à nos descendants.
Nous préparons eu un mot. quo Ton me pardonne la familia-
rité de l'expression, un logis et un outil plus ou moins commode
à ceux qui nous succèdent. A ce seul point de vue déjà, une
responsabilité formidable incombe à Têtre qui a le sentiment
du devoir. Combien pourtant méconnaissent on oublient cette
responsabilité, et, au lieu de l'amour, ne méritent plus que les
malédictions de ceux à qui ils donnent le joor ! Que nous
ayons ou non occupé un degré inférieur dans une existence
antérieure à colle-ci, toujours est-il que dans cette vie nous
sommes des êtres perfectibles, et qu'il est par suite de notre
plus impérieux devoir de perfectionner sans cesse. De ce
devoir encore naît une responsabilité dont il est difdcile de
donner la mesure. — Quelques personnes, je le sais, se font
une espèce de mérite de soutenir que l'homme n'est petfèo*
tible quindividnéllement, que les progrès de chacun de nous
ne s'héritent pas par transmission et sont perdus pour ceux
qui nous suivent, qu'un homme de génie était identiquement
le même en puissance à quelqu'époque de l'histoire qu'il
ait apparu, qu'ainsi, par exemple, Aristote eût pu faire
absolument les mômes découvertes que Newton, s'il avait eu
sous main les éléments dont a disposé celui-ci 11 suivrait
de là qu'il a pu exister parmi les peuplades barbares primi-
tives des génies comme Newton, Beethoven, Shakespeare,
Michel-Ange qui ont passé inqierçus, uniquement parce
qalls n'avaient pas sous main les éléments nécessaires à leur
manifestation. — Il me semble. qu'A suffit de poser un tel
énoncé pour montrer qu'une telle opinion est le paradoxe le
plus monstrueux qui puisse passer par la tête d'un homme de
38 mm i»'At8A<z
cœur et d'intelligence : disons bien plutôt qu'il faut manquer
des deux pour concevoir seulement la possibilité d'une pareille
énormité. Il tombe, au contraire, sous le sens que llntelligence
humaine est en tout point perfectible, non seulement dans
chaque individu, mais encore dans toute Pespèce. C'est, en
vérité, se foire la partie trop belle que de décliner toute res-
ponsabilité quant au degré moral et intellectuel de ceux qui
nous suivront ! Que nous ayons eu ou non une existence anté-
rieure à celle-ci, rien n'est chan^ïé pour cela à la responsabilité
qui pèse sur nous en ce monde-ci.
On a discuté et disputé à perte de vue sur cette question
d'une vie antérieure. Il est clair que si elle était résolue dans
le sens afiirmatif, nous n'aurions plus de doute à concevoir,
quant à la continuation indéfinie. Mais si cette vie antérieure
avait eu lieu en des êtres organisés comme ceux que nous
connaissons, il est tout aussi dur que ce ne serait plus que
d'une perpêhtUè qu'il s'agirait, et non d'une immortoMté comme
celle à laquelle nous aspirons. — Privés du souvenir de la vie
antérieure, nous constituerions de fait des êtres nouveaux,
non responsables de ce qui est au passé. On a objecté cela
mille fois, et toujours avec raison, à la doctrine de la trans-
migration des âmes. Ce qui est bien clair aussi, c'est qu'une
pareille discussion sort complètement du domaine de la science
proprement dite^ Nous n*avons pas à nous y arrêter un ins-
tant Nous devons bien plutêt répondre à une objection, eo
apparence très grave, que font à la notion d*une vie fiiture
toutes les écoles de négation sans distinction.
De quel droit, dit-on, soutenir qu'un être qui a un commen-
cement n'a pas aussi une fin? Nous n'avons nulle conscience,
nul souvenir d'un état antérieur; chacun de nous est î?o?/?mu-
venu ici-bas, sinon connue substance, du moins comme être
ayant le sentiment de lui-même. De quel droit admettrions-
nous dès lors que nous devons durer avec le souvenir du
passé?
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LA fB FUTOU ir LA feRWS IttMNRilB 99
Cette question, fort heurouseineiit, est pleinement du
domaine de la science; la négation qu'elle implique est pure-
ment spécieuse, et dérive, nous allons le voir, d'une fausM
conception du temps et des rapports du fini et de TinfinL
Arrêtons-nous d^àbord à une remarque critique digreasive,
comme plusieurs d^à se sont présentées à nous sur notre
chemin. ~ Chose étrange, les doctrines de négation et les
doctrines réputées les plus orthodoxes se rencontrent et
posent une même négation, mais quant à deux éléments dis-
tincts. Les secondes tiennent la matière et l'Univers entier
pour finis, mais rûine humaine pour immortelle. Les premières
déclarent au contraire la matière comme infinie eu espace et
en durée; quant à Télément auimique, il est simplement nié.
Ainsi qu'eu bien d'autres points, il y a du moins chez ces der-
nières, au milieu de Terreur même, un caractère logique qui
fait absolument dé&ut ches les premières.
En tout premier lieu, en effet, il n'est pas fadle de deviner
en quoi il peut être plus orthodoxe d'admettre que lUnivers
est borné en étendue, que le nombre des étoiles^ des mondes
éparpillés dans Tespace est iini, que les mondes auront néces-
sairement une fin, que d'admettre en tous points l'opposé.
LOliservation directe, cela est bien évident, ne peut pas nous
apj)rendre si les mondes sont bornés dans une certaine éten-
due de l'espace infini ; mais elle nous apprend du moins que
rétendue occupée par les étoiles grandit avec la puissance de
nos instruments d'observation, et il n'y a dès lors aucun motif
plausible pour admettre qu'il y ait une limite quelconque à
cet agrandissement En ce qui concerne la durée, on ne voit
pas non plus pourquoi la matière et la force doivent avoir une
fin parce qu'elles ont eu un commencement, tandis que Tême
doit être immortelle hien qu'elle ait eu un commencement.
Ce sont là certainement des affirmations qui n'ont absolument
rien de commun avec une foi religieuse quelconque.
£n second lieu, et c'est ici surtout le côté le plus paradoxal
80 MVmt D*ALSAa
de telles assertions, comment ceux qui, avec raison, admettent
que la substance en général (matière, force, élément vital) a
eu son origine dans un acte de la volonté toute puissante,
osent-ils soutenir que cette même volonté doive nécessaire-
ment détruire ce qu'elle a produit? N'es^ce pas là se substituer
encore une fois au Créateur, sans aucune excuse plausible?
n nous semble qu'une prétention aussi audadeuae, loin d'avoir
un caractère d'orthodoxie, touche de très près au blasphème!
Un très grand nombre de personnes, aussi bien parmi les
hommes de science que parmi les laïques, pensent que ce qui
a un commencement a nécessairement une fin; et de là beau-
coup concluent que puisque notre vie commence, elle doit
aussi finir.
Au point de vue scientifique, cette opinion est doublement
erronnée. En "léométrie et dans Tordre idéal, il existe plusieura
lignes courbes à équations parfaitement définies, qui ont un
commencement et dont le développement est infini. Celle,
par exemple, que décrit l'extrémité libre d'un fil qui est
enroulé autour d'un cylindre, et qu'on déroule en la tenant
tendue, la dàvehppanU du cerde est dans ce cas : elle
sur le cercle générateur et, aucune limite n'étant imposée
à la longueur du fil, elle est idéalement infinie dans son
développement. Dans l'ordre idéal (b)nc, l'assertion est fausse.
Dans le môme ordre, mais à un point de vue bien plus élevé,
Tiissertion est plus erronée encore, s'il est possible, et repose,
comme je Tai dit, sur une fausse notion des rapports du fini
et de TinfinL Pour bien des personnes, l'infini est simplement
ce qui, en grandeur, dépasse tout ce que nous pouvons nous
figurer: d'oh il résulterait que si, dans l'infini ainsi conçu,
nous plaçons soit un commencement de date soit un point
de départ en étendue, il existerait un rapport de grandeur
entre ce qui va avoir lien et ce qui a eu lieu antérieurement.
Mais cette manière de voir est mathématiquement fausse.
L'infini, si une expression presque familière est permise,
Là VIB PVnmB ET U SCmiCB HODKBRB
81
l'infini est en quelque sorte le contenant du tini, soit on temps
soit eu étendue, et taudis que l'idée de mesure est inséparable
de ce dernier, elle est au contraire étrangère au premier.
L'iniini, en un mot, n'est pas le fini amplifié au delà de toute
imagination, il est autre en espèce et en nature : je Tai dit
dès le débat, je le répète avec intention. Entre ce que ?a
de?enir, en espace ou en temps, ce qui commence, et ce qui
a eu lieu idéalement antérieurement, il n*y a donc pas de
rapport nécessaire.
Ce que nous disons des choses de Tordre idéal, est vrai, et h
bien plus forte raison de celles de Tordre réel, de ce qui a
une existence effective. La matière, la force, lame ont
été créées ou existent par elles-mêmes. Dans ce dernier cas,
leur existence est un état qui n'a plus rien de commun avec
une mesure quelconque en durée. Dans le premier cas, le seul
admissible par la raison et un raisonnement correct, ce qui
précède leur existence n^est pas iciie durée non plus; leur
existence est aussi un état et non un phénomène; elle peut
durer ou ne pas durer, selon la volonté de celui qui les a ftit
être, cela est bien évident; mais du &it même d'un commen-
cement, il n y a absolument rien à arguer contre la durée
infinie. Au moment môme oîi elles reçoivent Têtre, elles sont
comme si elles avaient toujours été, et il n'y a aucune raison
imaginable pour dire a priori qu'elles doivent cesser d'être. —
Les personnes qui croient ii T extinction nécessaire de ce qui a
eu un commencement, confondent visiblement un état avec
un jhhmièiM, Notre vie organique est un phénomène des
plus transitoires, nous le savons tous, mais nous n*y songeons
pas assez. Il nous est donné en naissant, comme une somme
finie d*activité et d'action à dépenser; nous pouvons à notre
gré dépenser pour le bien et pour le mal, physiquement et
moralement; nous pouvons même sommeiller, et laisser la
dépense se faire à notre insu; mais quand elle est opérée, la
vie organique cesse. £u ce sens même toutefois, et Ton ne
REVUE D'aI^AŒ
saurait assez le mettre en relief, la comparaison qu'on fait si
souvent de Tétre organisé avec une machine est fiuisse. Dans
une machine, les pièces mouvantes s*usent par le frottement
et finissent par se briser ou s'enrayer, si le travail persiste
trop. Bans Têtre vivant, une semblable usure n'existe pas.
Notre sang, nos muscles, nos os...*., se renouvellent couti-
nuelk'inent: ([uand les (^'léments constitutifs d'un de nos
organes, d un de nos iiieinlire.i cessent, par une raison ou une
autre, de se renouveler, cet organe, ce membre est perdu pour
ses fonctions. Ce qui s'épuise ici visiblement et uniquement,
c'est précisément la puissance d'organisation, de réparation,
d'élimination des éléments nuisibles. Ici même toutefois, il
n'y a aucune marche régulière, aucune similitude d'un individu
à l'autre quant aux organes dans lesquels cette puissance
plastique semble s'épuiser. Un tel conserve presque toute sa
force musculaire; un autre conserve ses sens inaltérés; un
autre conserve l'intégrité de son cerveau, qui reste hdélemeut
au service de Tàme pour penser. Quoiciu'il en soit, la confusion
dont je parle est manifeste. La vie organique est transitoire,
mais les éléments qui y concourent ne le sont pas nécessaire-
ment: ils peuvent l'être ou ne pas l'être, et nous ne sommes
nullement en droit de décider a priori ce qui en est Ainsi
que nous l'avons fiiit ressortir avec force dès le début, un
abtme sans fond sépare le laïque de l'homme de science, et en
sens bien opposé de ce qu'on eût pu croire, quand il s'agit de
l'existence des êtres. Les laïques, dont un grand nombre tient
pour impie tout homme qui doute, admettent sans difhculté
et sans scrupule, que ce qui est peut cesser d'être, qu'une
&me animale peut s'éteindre comme un flambeau. L'homme de
science sensé, à qui l'éternel doute a été donné comme étemel
stimulant, ici cesse de douter: pour lui ce qui est, ne peut
cesser d'être êpmtaMêmenL
La science moderne démontre, non certes l'existence de
Dieu, mais, ce qui équivaut en tous points, eUe démontre la
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LA VIB POTOBI n LÀ SCOHCB HOMME 88
non-éternité de la substance en général, qui forme l'Univers :
MATIÈRE, FORCE, AME . . elle (lémontrc rcxistcncc de
rélément aniniique d'une manière indirecte, mais équiva-
lente il toute démonstration directe, en montrant que les
éléments du monde physique sont absolument insuftisants
pour donner tien aux phénomènes du monde vivant La durée
indéfinie de ce qui a une fois reçu Fdtre forme pour elle un
aiiome. ^ En ce monde, Télément animique qui constitae
notre être pensant forme une unité Men définie; et c'est même,
pour vrai, à cette unité que chacun de nous tient le plus. H
nous est logiquement permis d'admettre que l'âme possédait
ce caractère d'unité au moment de son entrée dans l'orga-
nisme et qu'elle le conservera à sa sortie. — Mais quelle sera
sa manière d'être, sa forme nouvelle? Qu'on le remarque for-
mellement, je dis 8a manière d^être,)G ne dis pas sa destinée.
Ce sont là deux ordres de questions absolument distinctes.
La première est du domaine de la critique scientifique, que
la science puisse d'ailleurs ou non la résoudre; la seconde
est absolument en dehors de ce domaine: son étude doit
être Tobjet essentiel des réflexions de tout être qui pense et
qui veut rester en paix avec lui-même.
La première question est du domaine de la critique scienti-
fique, en ce sens qu'elle concerne Tordre des faits qu'étudie
la science ; mais la science peut-elle la résoudre? Tout savant
sincère répoudra certainement que non.
£n ce bas-monde, savants aussi bien que laïques, croyants
sincères aussi bien que sceptiques incurables, spiritualistes
aussi bien que matérialistes, nous n'arrivons tous à la notion
du monde externe que par Tintermédiure de nos sens;
nous ne pensons qu'avec Taide du cerveau. Toutes nos
idées, toutes nos pensées les plus immatérielles reçoivent
l'empreinte des instruments îi l'aide desquels nous les
formons. C<'tt(î empreinte certes varie en profondeur, selon
l'éducation que nous nous donnons, selon les eflbrts plus ou
floaveUe Stro. — lâ"*^aooè«» 8
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d4 EKvm d'alsacs
nudiis grands, phu ou moins sontemiB que nom iSidsons pour
nous en aflrandiir, mais die ne peut être eflOMée ches per-
sonne entièrement
Chez les personnes qui s'abstiennent de tout effort pour
s'élever au-dessus des notions do pure sensation, qui ne
s'exercent pas de bonne heure à mesurer en quelque sorte
l'influence troublante de nos instruments de perception, cette
empreinte est telle que certaines notions deviennent impos-
sibles. C'est indubitablement à une raison de ce genre qu'il
ikutattribuer lesdiscussionsinterminibles qui ont en lien et qd
ontlieneneore en mathématiques, par exemple, sur l*interyeu-
tion ou la non-intenrention de linfini dans cette sciencOi C'est
encore à cette raison quHl fiiut rapporter la résistance qu'op-
posent certaines personnes à la notion de force, à l'existence
d'un élément qui échappe à toute perception directe, et que, par
une paresse d'esprit invétérée, on ne peut plus môme conce-
voir comme une réalité. On substitue des atomes en mouvement
incessant dans l'espace infini; on ne les voit, on ne les perçoit
sans doute non plus, par la raison très simple qu'ils n'existent
pas, ma& on se ks fignre du moins, et tout semble daîr dès
lors. Enfin, et pour rester dans notre si^ e*est sans aucnii
doute à cette raison qu'il fuit attribuer l'obstination que
mettent un grand nombre de personnes à nier l'élément ani-
mlqne. Chez les esprits incultes, ce motif de négation se trar
duit souvent sous la forme la plus naïve et la plus risible :
« J'ai assisté à la mort d un tel, je n'ai rien vu, rien entendu
partir : pures inventions que tout cela! » Chez les esprits culti-
vés et habitués à mieux Bêmaequer^ ce sentiment ne se traduit
pas BOUS cette forme cynique; mais il n'en existe pas moins
très vivace.
Ayons le courage de le dire, n'est-on pas en droit d'attribuer
cette origine à une opinion qui est presque un article de foi
dans le monde clirétien? Admettrait-on un seul instant que
notre ftme sera condamnée un jour à revêtir de nouveau sou
II
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LA TIE PimmS ET LA SCIBNGB MODERKK 86
corps d'ici-bas, si Ton avait la plus légère idée de Tétat d'une
ftme délivrée de ce corps? Une pareille opinion certainement
rdèTO du plus groflsier matérialisme. En ce sens, hélas! les
docteom en théologie surenchérissent encore dans Ténoncé
de l'idée matérialiste, en affirmant que ce seront les mêmes
matériaux qni formeront notre corps fotur, et qu'il doit» par
conséquent, être interdit de brftler nos cadaTres, comme si
ces matériaux ne se renouvelaient pas incessamment pendant
notre existence organique, et comme si d'ailleurs dans cette
supposition d'une résurrection organique, il était plus difticile
de rebâtir notre malheureux corps avec les éléments dispersés
par la combustion qu'avec ces éléments dispersés par la
décomposition putride I
Les notions que nous avons du tmga et de Tespaee ne sont
certainement pas tirasses, comme Pont soutenu quelques phi»
bsophes, mais éUes sont incomplètes; elles sont relatÎTes à
tout ce que nous observons ici-bas; elles portent Tempreinte
de nos instruments de perc^tion. Cbes les esprits incultes,
elles ont un caractère réellement obtus. L'esprit cultivé sent
au contraire qu'elles pourront, en de certaines conditions,
être autres que nous ne les concevons en cette vie; mais si
exercé qu'il puisse être, notre esprit n'arrive pas à prévoir la
forme réelle qu'elles auraient si nous pouvions nous détadier
complètement de nos aeps.
£n un mot, et à un point de vue scientifique correct, nous
ne pouvons rien affirmer, ni même rien concevoir, quant à la
l*éttt futur de notre être séparé de ses instruments d'investir
gation. En raison même des notions incomplètes que nous
avons du tomps et de Tespace, tout ce qui a été écrit sur cet
état fiitur, par les poèti^s, par les philosophes, par les savants,
revêt un caractère de puérilité ou de haute fantaisie, qui,
grkce k une forme littéraire brillante et éinou\ ai)tt% peut nous
capter pour quelque temps, mais ne laisse jamais de traces
détinitives et profondes dans l'esprit. Les peintures ou les
36 KBvm d'alsack
descriptions d'angee, de démons, de bienhenrenx, deréproarés,
que nous ont laissées les plus grands peintres, les plus grands
poètes, quand elles tentent de 8*éle?er au-dessus des formes
humaines, au-dessus de Tanthropomorphisme, peuvent nous
saisir pour quelques instants, mais nous font bientôt sourire.
Ce qui y friipi)e, c'est la j)ersistance de l'imagination à lovfdisery
à donner des Jorme^Jinies à ce qui par son essence même se
trouve, plus que probablement, en dehors des conditions
iinies de l'espace et du temps.
La nature incomplète des notions que nous avons du temps et
de Tespace non seulement nous empêche de nous frire une idée
de Pétat, du mode de manifestation de l'élément animique
dépouillédesesinstrumentsdeperception, mais elle nous enlève
même toute compréhension nette de ce qui pourra être pour
nous un tHat de bonheur ou de malheur. La joie la plus pure,
la plus élevée, n'existe, pour nous ici-bas, qu'à la condition de
ne pas durer ou d'avoir même la douleur pour repoussoir. S'il
est une inhrmité humiliante, c'est que nous ne puissions pas
même concevoir un état de félicité continu et toigours iden-
tique. L'arUste, le poète, le savant, dans Tidéal de bonheur
futur qu*ils se peignent, chacun à sa manière, introduisent
tous, sans même s*en douter, la condition de changer sans
cesse, de toujours avancer, de toujours s^élever. — Un grand
peintre, sur son lit de mort, recevait les encouragements d'un
ecclésiastique, qu'il comptait parmi ses amis: «Songez, lui
disait le prélat, que vous allez contempler Dieu face à face. »
« Mais mon père, objecta le peintre, ne le verrai-je pas aussi
de protil?» Cette page dernière de la vie d'un artiste peut faire
sourire et sembler ironique au premier abord. £n y songeant
pourtant, on ne peut qu*6tre frappé de la force avec laquelle
elle fait ressortir une défectuosité de notre nature dlci-bas.
S*il est un siqet sur lequel llmagination se soit donné libre
carrière, c*est certainement dans Hnvention des joies ou des
peines qui nous attendent outre-tombe. Chacun a inventé des
IJi VIE FUTURE ET LA SCIENCE MOOERHB 87
plaisirs ou des supplices à sa guise; chacun se bâtit arbitrai-
rement un paradis pour lui, pour les siens, pour ceux qui
partagent ses opinions, et un enfer pour les autres. Dans cette
diversité, il y a peut-être une imas^e éloi^ée, mais pourtant
juste de la vc^rité. Kt diiiis ces inventions d'ailleurs, il n\ a rien
que de très iiiitocent, et même de très léLritime. pourvu qu'on
se les réserve pour son propre usage et qu ou ne prétciKie pas
les appliquer inflexiblement à autrui, pourvu qu'on se rappelle
que ce qui est le paradis pour Tun peut bien être le purgatoire
pour un antre. — Combien, bêlas 1 prétendent étendre à
rautre monde lintolérance dont ils font preuve en celui-d.
Bappelons-nous les paroles de cet Incas, qu'un Espagnol
essayait de convertir, d*abord par voie de douceur, en lui
peignant les félicités d'en haut. « Y aura-t-il des Espagnols
dans votre paradis? » — « Eh î sans doute et surtout. » « Alors
laissez moi aller en enfer. — Dans cette din-rtfité d'inven-
tions, qui est peut-être une image de la vérité réalisée ailleurs,
notre esprit trouve du moins un moyen de surmonter quelques-
unes des difiicultés qui se dressent devant lui dès qu'il essaie
de pénétrer du regard les voUes de Tavenir. Quelqu*ami qu'on
puisse être de la concorde et des réconciliations, U ne nous
est pas &cile de comprendre comment Galilée, Jordano firuno,
et tant d'autres. . . . pourraient en toute quiétude se côtoyer
avec leurs juges qui pourtant, par droit de profession, occu-
peront, dit-on, les premières places. Il ne nous est pas facile
de comprendre comment les persécuteurs d'ici-bas pourraient
se sentir heureux à côté des persécutés.
La science est muette sur les mystères d'outre-tombe, sur
la manière d'être, sur l'évolution future de Tunité animique,
qu'il s'agisse de l'homme à qui a été accordé, quand il le veut,
le domaine de la pensée pure, ou des êtres inférieurs sentant
et aimant comme lui, mais n'ayant pas le pouvoir de s'abs^
traire. Hais elle abolit défiidtivement sur l'autre rive l'idée
du néant; à l'être qui a su s'affirmer dans le présent et dire;
38
REVUB d'ALSACB
c Je sens, j'aime, Je pense, donc je suis, • elle dit: c Tu es,
donc tu seras. •
La science nous conduit jusqu'à Vautre rive; mais elle ne
saurait nous révéler notre destinée au delà. Sur la rive fatale,
elle nous livre à notre conscience, au souvenir de notre passé,
au sentiment de notre responsabilité. Ainsi que Tart, ainsi
que la poésie, elle nous a été accordée comme un don, comme
une faveur, pour nous faire comprendre la grandeur de notre
mission, l'étendue de nos devoirs envers tous les êtres, ici-bas.
■
Elle nous a été donnée comme un guide, comme un phare :
elle ne peut nous servir d'égide, elle ne peut qu'aggraver
notre responsabilité, si, par une misérable vanité, par ambi-
tion, par asservissement à une caste, nous changeons la
lumière en ténèbres, le bien en mal Malheur au poète, à l'ar-
tiste, au savant, lorsquils font servir leur inspiratiou, leur
lumière à autre chose qu'à l'affiranchissement de Tesprit et à
la glorification du bien, du beau et du vraL
G.-A. HiBN.
Cohnar, août 1881.
U FAMILLE DE BOSEN
La famille de Rosen, qui a joué un grand rôle en Alsace
pendant près de deux siècles et qui, comme Ton sût, s'est
éteinte en la personne de Madame Sophie de Rosen, veuve en
premitoeB noces du duc de BrogUe, et mariée, après que son
mari eût péri sous la hache révolutionnaire, au nuurquîB René
Voyer d^Axgenson, était originaire de la livonie.
Ceet vers 1840 que mourut la dernière descendante dhrecte
de cette illustre iuniUe.
La maison des barons, puis marquis de Rosen, ne subsiste
plus que par quelques branches collatérales fort éloignées, en
Allemagne et en Russie.
M. Lehr, dans le bulletin de la Société pour la conservation
des monuments historiques, a publié une fort intéressante
notice sur la famille et les pierres tombales des Rosen se trou-
vant dans Téglise de Dettwiller.
n n*e6t pas sans intérêt de recuelUir tous les documents
épars concernant cette fiunille; aussi avons-nous crû devoir
sauver de l'oubli les notices suivantes.
Elles sont extraites l'un manuscrit in-foUQ 4fi 74 page^
portant le titre :
40
BIVOI D'AUAIZ
INVENTAIRE
DES TITRES G é N é A L O G I Q U E S ET HONORIFIQUES
DE LA MAISON DE
ROSEN
et dans un cartouche à la plume surmonté des armes de
Bosen:
INVENTAIRE
CONTBIIAMT
LES DIPLÔMES, CHARTES
BT A U T R B S TITRBS BT B N S E I G N B M B N T S
G i N < A L O G I Q U B S DB LA MAISON DB
ROSEN
de la branche de Klbinropp établie en
France en général, ensemble les lettres-
patentes, Brevets, commissions et
provisions de charges et de Dignités
militaires et de Chevallerie et autres
titres honorifiques
l>B LA n. MAISON BT DE CHACUN DE SES
MEMBRES EN PARTICULIER
Inventoriés et mis en ordre par les
soins de Haut et puissant Seigneur,
Messire Eugène-Octave-Augustin, ^ comte
DE RosEN et DE Grammont, Marquis de
BollwiUer, Baron de Conflandey,
Seigneur de Herrenstein, etc., etc..
Brigadier des Armées du Roi, Colonel
du Régiment de Dauphiné Inf'*, etc.
FINI BN L'ANNiB MDCCLXIII.
* Eagène-OctaTe-Atigastm de Rosen, fils nniqne da marquis Armand
de BoMB el dernier représenUMii mAle 4e la ûmiille.
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LA vinui M BMm
41
En tête du manuscrit se trouve un avertissement par lequel
on fait observer que la maison de Rosen, particulièrement la
branche de Kleinropp, était originaire et établie en Livonie,
province du royaume de Suède, limitrophe aux états de rem-
pire de Russie et de ceux du royaume de Pologne, et le
théâtre ordinaire des guerres de ces nations, par conséquent
siqette à de fréquentes révolutions»
n n*est pas possible, dit cet avertissement, surtout aux
premiers de cette maison qui se sont établis en France et qui
ont quitté leur patrie pendant leur jeunesse, d'amasser beau-
coup de titres, mais encore do les apporter avec eux ni de les
faire venir, d'autant moins que les aînés des familles sont
toujours les dépositaires des archives et les conservent dans
leurs terres.
On ne doit pas s'attendre par conséquent à trouver ici un
de ces volumineux tas de papiers dont on Hait tant de parades.
Ceux insérés dans cet inventaire sont si authentiques et si
respectables qulls sont plus que suffisants pour prouver Tan-
cienneté et la pureté de la noblesse et de llDustratlon de la
Maison de Bosen.
Après cet aveu quelque peu naïf, il ne nous reste qu*à
présenter, par ordre de classement, les documents les plus
intéressants.
K» 1.
Témoignage ou certificat du maréchal et du corps de la
noblesse du duché de Livonie au bas de Tarbre généalogique
de trente-deux quartiers du côté paternel et maternel de très
illustre et généreux comte
GOHRiD Dl ROBEV
seigneur héréditaire de Kleinropp et de Baiskum, pour lors
lieutenant général et depuis maréchal de France, portant que
ledit seigneur comte Conrad de Rosen est d'une très noble et
très ancienne race, que suivant les annales mêmes du pays,
4t Ufa •*AUAci
dès les première temps dn diristianîBme en LlTonie {nn
l'an 1200) les descendants de cette illustre famille furent
admis au nombre des chevaliers; que depuis ils n'avaient
jamais discontinué de servir sous les étendards de leurs rois;
qu'ils avaient mérité par leur valeur de glorieux emplois, de
très belles charges et des terres en commande ; qu*eniin ils
avaient to^jonn fait des allianceB d^une noblesse égale à la
lenr, comme le marquent les écnssons de leur carte généalo-
gique et que chacun des descendants, pour soutenir llionneur
de sa racop se crut obligé de joindre à Fédat de son sang les
solides ornements de la vertu et d*a)Ottter leur mérite per*
sonnel au mérite de leurs ancêtres.
Donné à Wenden, le IS* jour du mois de mars de Tannée 1692.
Autre attestation du comte Hartfer de Griffenbourg, séna-
teur du royaume de Suède, maréchal de camp et gouverneur
du duché de Livonie et de la ville de Riga, affirmant les faits
ci-dessus.
Ce document constate encore que le chevalier Christian de
Rosen, célèbre par les armes, est venu en livonie vers Tan
1343 et a arraché cette terre avec les autres chevaliers de
Tordre équestre, des mains des idolâtres par divers sanglants
combats; que ses successeun, imitateun de sa vertu, ont
transmis llionneur et la ^oire de sa race aux dignes descen-
dants de ses aïeux, non seulement par une bravoure, une
fidélité et une prudence singulière quUls ont fait éclater sous
les princes de Livonie, et surtout du Grand Gustave-Adolphe
et autres rois de Suède.
(Ce ceitihcat est daté de Stockholm, le 12 janvier 1693.)
]f»4.
Diplôme ou lettres-patentes de Charles XII, roi de Suède,
de 1698, déclarant que les certificats de naissance de Conrad
de Rosen sont conformes en toutes choses à la vérité.
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LA PAHBXI H MMm
48
Eztnit des tltroB produits par Conrad de Bosen, comte de
BoUwiller, maréchal de Fkunce, nommé chevalier des ordres
du roi, pour les preuves de sa noblesse faites par-devant M. le
duc de Foiz, pair de France, et M. le marquis dlTzelles, maré-
chal de France. Ledit Conrad de Rosen a été reçu chevalier
après avoir prêté serment entre les mains de Sa Majesté, à
Versailles, le luudi matin, jour de la Purilicatioii, 1706.
H* 7.
Copie des attestations données par Pierre I**, czar de toutes
les Russies, etc., etc., portant que les deux branches de la
Maison de Rosen, l'une du feu général Rheinhold de Rosen, de
Grossropp, et Tautre du feu général Conrad de Rosen, de Klein-
ropp, toutes deux originaires de Livonie, sont de naissance à
entrer dans tous les ordres de chevallehe.
Procès-verbaux des preuves do filiation, légitimation et
noblesse de N. Eléonor-Félix de Rosen pour être reçu cheva-
lier de justice dans Tordre de Saint-Jean de Jérusalem.
Arl^res généalo^piques
1M2.
Arbre généalogique de Rheinhold de Rosen,* lieutenant
général des armées du roi, de la branche de Grossropp, parent
et beau-père de M, le maréchal de Rosen, donné par les direc-
teurs-conseillers de la noblesse immédiate do la Livonie.
Signé par neuf gentilshommes et donné à Riga, à l'hôtel de
U noblesse, en 1715.
' RheinlioUl do Roson, mort à son château de Dettweiler le 18 dé-
cembre 1667, enterré à l'église de ce village, où se trouve la pierre
tomniaire. Sa première femme, Anne-Marguerite baronne d'£ppe,
morte le 2b février 166Ô, est enterrée avec loi.
a
No 18.
Ârbre généalogique de Marie-Sophie de Rosen,* fille de
Bheinhold de Bosen et d*Âime-Maiguerite d'Eppe, épouse de
Cronrad maréchal de France.
N" 14.
Arbre généalogique de Conrad de Rosen, maréchal de
France, tils de Fabien de Eosen de Kieinropp, et de Sophie de
Meugden.
N« 15.
Arbre généalogique de M. Rheinbold-Charles, ôls de Conrad
de Rosen-Kleinropp et de Marie-Sophie de Bosen-Grossropp.
N« 1&
Copie simple d un autre arbre généalogique de Demoiselle
Louise-Jeanne-Charlotte de Rosen, fille de haut et puissant
seigneur Anne-Armand marquis de Rosen, lieutenant général,
et de haute et puissante Dame Jeanne-Octavie, comtesse de
Vaudrey-St-Rémy, présentée au chapitre de llnsigne Abbaye
des Dames de Remiremont — Du 4 mars 1741.
(Cette demoiselle était née en 1783.)
Contrats de mariages
1.
Contrat de mariage entre Messire Rheinhold de Rosen,
colonel de cavalerie de Tarmée des deux couronnes confédé-
rées de France et de Suède, fils de Messire Otto de Rosen et
d'illustre Demoiselle Anne-Marguerite d'Eppe. — Passé à
Strasbourg, en 1637.
Autre contrat de mariage entre le même et entre illustre
Demoiselle Justine de Qemitz, passé à Saveme le 24 no-
yembre 1666.
A ce document on a joint une transaction passée entre
' Sa UmhB se ttoan h Detlwill«r; morte le 8 octoinre 1686.
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LA FAMItLI M mOtlN
411
ladite Dame de Gernitz, d'une part, et les enfants du premier
lit dudit seigneur Kbeiuhold de Boseu. — Du 31 mars 1668.
V«8.
Contrat de mariage entre Messîre Bhefnhold-Gharles, eomte
de Bosen» colonel d'un régiment de cavalerie allemandoi lils
de Conrad de Rosen, comte de Bollfrîller, cheYalier, grand*-
croix de Tordre de Saint-Louis, général des années du roi et
mestre de camp^ général de la cavalerie et depuis maréchal
de France, et de défonte haute et puissante Dame Marie-
Sophie de Bosen d*une part: et Demoiselle Marie-Béatriz-
Octarie de Grammont — Du 10 mai 1696.
H« 4.
Contrat de mariage entre Messire Armand marquis de
Rosen, mestre de camp d'un régiment de cavalerie allemande,
fils de Rheinhold-Charles comte de Rosen, lieutenant général
des armées du roi, et de Dame Béatrix-Octavie née comtesse
de Grammont, d'une part: et de haute et puissante Dame
Jeanne-Octavie, comtesse de Vaudrey, tille de haut et puis-
sant seigneur Messire Nicolas* Joseph comte de Vaudrey et
Ouierche de Grozon, baron de Saint-Bémy, seigneur d*Auche-
noncourt, Chaael, Melincourt, Aillerillers, Le Vaivre, Cour-
benay, Achey, Moutot, des deux Ândelota, de Chftteaurouillauz,
Coges et autres lieux, et de haute et puissante Dame comtesse
de Bottembourg ' d'autre part, avec les dispenses obtenues à
la Cour do Rome. Ledit mariage célébré au château de Saint-
Rémy le 24 juillet et ledit contrat passé au château de
fioUwilier le 6 août 1731.
Testa.ixiexits, Donations et Ordonnance
de dernière volonté
No 1.
D<matîon faite par Conrad de Rosen, comte de Bollwiller,
en fàvear de ConradrEdme de Bosen son petiMils et iilleul,
* Morte en 1749.
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46 MVin l»*it8ACI
fils de Rhcinhold-Charles comte de Rosen, et de Marie-
Béatrix-Octayie comtesse de Grammont, d'un contrat de
constitution de rente de 30,000 livres de principal, etc., passé
paiHleyantBeniy, notaire royal à Isenheim, le 1*" février 1702.
N» 3.
Autre donation du même au même de la somme de 22,000
livres due au maréchal de Rosen par le comte de Grammont»
GouÛandey, etc. — Da 26 mars 1703.
H* 6.
Testament nuncupatif de feu Monseîgnenr le maréchal de
Bosen, reçu par Schaub notaire royal en la ville d*Ensisheim,
le 29 décembre 1704.
W 7.
Autre donation faite par mondit SLugueur le maréchal de
Rosen, au profit de M. de BoUwiller troisième tils de Messire
Rheinhold-Cliarles, comte de Rosen, son iils. — Du 11 juil-
let 1714.
N» 8.
Testament mystique et olographe de feu haut et puissant
seigneur Messire Bheinhold-Charles, comte de Bosen, lieute-
nant général, etc., etc. — Dn 20 mars 1742.
Inventaire, Paotes de famille, Traités et
Partages de sxiooessions
N» 1.
Traité et partage en langue allemande en original, * faite
entre Sophie de Meugden, veuve de feu Fabien de Rosen de
Kleinropp, d'une part: et Fabien, Otto, Magnus-Ëmst et Con-
rad de Rosen, ses quatre fils, d'autre part, des fiefe de Klein-
ropp et de Baiskum faisant partie de la succession paternelle,
et ce, du consentement des tuteurs et curateurs dudlt seigneur.
Daté du château de Kleinropp, le 28 mars 1653.
' L*origiiial est «ntre ihni maini.
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ÎA FAMILU DB ftOBIH
47
H» 8.
Traité tenant lien dlnventaire et partage de la snceession
de feue illustre Dame Marie-Sophie, née de Roeen, décédée
en 1686/ paaeé sons seing privé en langue allemande, entre
liant et puissant seigneur Conrad deBosen, son époux, d*nne
part, et ses trois enfiuits procrées a?ec ladite défiinte Dame,
sayoir: Bhdnhold-Charles, Anne-Jeanne épouse de Nicolas-
Frédéric de Bothenbouif, * maréchal des camps et années du
roi, et de Marie-Sophie de Bosen. Tonve de fen Messire
MeinradrPlanta de Wildenbeig; d*autre. — A Strasbourg, le
15 mai 1699.
Cession et transport de la susdite Dame de Planta en faveur
dudit seigneur et de son frère et de ses sœurs, de sa part et
portion de la seigneurie de Dettwiller, de l'hôtel de Rosen
situé en la ville de Strasbourg. — 15 mai 1699.
N° 6.
Acte de résiliation en copie vidimée du traité de partage du
16 mai 1699, passé par-devant Rieden, greffier de Masevauz,
entre mondit seigneur le maréchal de Rosen, et Dame Anne*
Jeanne de Rothenbourg, née de Rosen, sa fille. Du 24 oo>
tobre 1704.
^ Enterrée à Dettwiller, oli M tronra sa tonhfl.
* Enterrés à Masevauz.
Voici les inscriptions tamulaires qui se rapportent à la famille des
Rosen. — Inscriptions gravées sur table en marbre à l'église paroissiale
do Siiiii^lfutfai à MiMTmi, chivélle de gaache près Paaiel de Saini-
Fiançoii-Xavier.
Kl BINSnT LB MRIB MOtTIU SB OOHTB DB BOSSlt BT SB
ROTHENBOUBG, ANCIENS PROPRIÉTAIRES DE LA SEIGNEURIE UNIE DB
MASEVAUX ET DE ROUCEMONT, ENTERRblS EN PREMIER LIEU DANS
l'église PABOISSIALE DE SAINT-MARTIN, SITUÉE JADIS SUR LE CIME-
TiftBB, TRAmrtote br 1186 dass L'teLnc smut-behabo, bh 1800
BAm L*t6LBB DB VUKXÊK CBAMTBB HOBU DB GBTTB TUXB. LBOB
DBBMltaB TBABSUnm A tfS r ARB DAR8 CBTTB GHAFBLLB BB 184S,
OOMPOBMÉMENT AUX VOEUX DE LEURS HONORABLES ET NOBLBS ALUSl.
Une pitRB tombale trouvée lort de la démolition du hâaA-iommM
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48
Bim d'albacs
LIASSE D.
V* 1.
Inventaire et descriptloii des meubles meublants, TaisseUe
d'argent et autres effets, d^endants de la succession de feu
M. Anne-Armand, marquis de Bosen, trouvés dans la maison
qu'il occupait à Paris et dans laquelle il est décédé, le 28 no-
vembre 1749.
Lettres-patentes, Brevets , Commissions
et Provisions d.e ch.arges et de Dignités
railita.ires. eto.
BHEINHOLD bb B08EN, »■ la bravohb bb 6R0S8R0PP,
lieutenaat général dei années du roL
F» 1.
Brevet de pension du roi Louis XIII, en original sur par-
chemin, purtaut que voulant reconnaître les services rendus
par le sieur de Roscn. colonel d'un réginu-nt de cavalerie
allemande, et lui donner moyen de soutenir les dépenses qu'il
est obligé de faire dans les charges et principaux emplois qu'il
d« Haseranx, a dft jadit eoQTiir las nstaf dont il est question ei-dessns.
EUe porte l'inscription sÙTante :
D. 0. M.
HIC RESSUIIKCTIONEM FXPE(.TAT EXCEI.I.IS FT II I I STRTS DOMIM'S
NICOLAI'S-FREOERICUS, COM£S DE ROlUENbOURC DOMINUS A BKUTNITZ,
MASMUKSTBR R DBTTWILLBl, UNS CHlBrUinSSIMI CASTftOaOH
PftAEFBCTUS QOI ANHO ABTATB SUPRA SB1ACE8SI1IA IHKIO AIOMAM
CnUSTO OORSIGIIAVir D» TIGBSSIHO APRIUS. AHMO 1716.
Snr l'antre partie de la pierre se IroaTe l'inscription snivante :
n.Lisni8 n piEiinasmA uxoa sua ARKA-toHAitNA coarrasA a
MMKN auasiHI nOHIlfl OONaADI A BOSBH QOOHNDI FRAMSUB MAM-
SCHAl.I.I SUPREMOnUM OKIUM M HKCIS CIIRISTIAMSSIMI COMMENDAT-
ORIS |>KIM(H.F.MTA CO.NJLL.! KF.Nb MEAITO APFOKl &T HOC TUMUU
ELOGILM l.uNS<;nil!l CURAVIT, OllIIT
DIE 17 Al'KiLlS A.>iNU 1727 HtUUlESCANT IN PACf
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LA FAMILLE DB M8B1I 49
a pour le service de Sa Majesté, lui a accordé la somme de
12,000 livres de pensiou par chacun an durant la guerre, et
lors de la p&ix Sa Majesté promet de lui faire assigaer sur un
domame certain de son royaume, la môme somme sa vie
durante.
Donné à Saint-Gennain-en-Laye, le 22 novembre 1639.
A cette pièce on a joint les lettres-patentes de Louis XIII,
portant continuation du don fait audit Seigneur Rheinhold de
Rosen, par le duc Bernard de Saxe-Weymar, de la seigneurie
de Bollwiller, Zillisheim et de la villette de Soultz au pais
d'Alsace, appartenances et dépendances, etc., etc.
Donné à Saint-Germain-en-Laye, février 1640.
N" 2.
Lettres de don du même monarque de la somme de 10,000
livres pour tenir lien audit seigneur Rheinhold de Rosen de la
rançon de mijor^énéral de Tannée impériale par lui fait
prisonnier en la bataille de Bheinfelden en 1638.
Salnt-Germain-enrLaye, 1640.
Lettres-patentes de Louis XIV, accordées audit seigneur
Bheinhold de Rosen, cy-devant général-major en Tannée du
roi en Allemagne, et lieutenant général commandant sa cava-
lerie, par lesquelles Sa Mafesté Ta établi, constitué et ordonné
sous-lieutenant général, représentant sa personne tant sur
ledit corps de troupes qui sera tiré des armées delà couronne
de Suède et Rendra au service de Sa Majesté, (jue dans celui
qu'il mettra sur pied, etc., etc. — Du mois d'avril IQm,
No 5.
Lettres-patentes du môme roi, par lesquelles ledit seigneur
de Rosen est étaldi lieutenant général représentant la per-
sonne de Sa Majesté en ses armées de la haute et basse
Alsace, pour en cette qualité commander toutes et chacune
NooTClte Sèrit. — aooét. 4
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JLVnm D*AUSACE
i38 troupes, tant de pied que de cheval, françaises et étrangères
qui y sont et seront cy-après, assiéger les places, les prendre
par force ou composition, etc.
Données à Gyen, le 15 avril 1652.
W 7.
Diverses lettres et mémoires concernant la discussion sur-
venue entre M. le maréchal de Turenne et Tarmée suédoise
commandée par llheinhold de Kosen, aux environs de Saverne
en pièces par lesquelles ledit général s'est justifié ;i la
Cour, le traité conclu à ce sujet par les principaux officiers
de ladite armée ensemble ses traités et capitulations faites
avec la Cour. Instructions diverses, etc.
Nous avons été assez heureux pour trouver quelques pièces
qui se rattachent à cette affaire. Kn voici en partie la copie
ou Textrait suivant auquel nou^i crujous y trouver un intérêt
historique :
BeUUim de Madame la lAeutenande OénéraUe de Bogen,
Vostro Majestr* aura sans doutt' u})ris ce que depuis jtcu s'est passé
en l'urmée du Koy en Allemagne et comme le Lieutenant (iiïâl de
Kosen mon Mary retonniant nouTellement de son emprisonnement de
deux ans arriva à l'armée lors que ce malheur avait commencé où il
apporta tout son possible pour remettre la dicte armée en bon Ordre
et ramener tout le monde à la dévotion et obéissance de vostre Mi^esté.
Ce nonobstant Monseig* le Maresehal de Tnrenne, à je ne scay qn'el
dessein et ponr quel snbject, l'a fidt arrester et mener prisonnier à
Philipsboaig. Ce qui m'a obligée toute éplorée de prendre la hardiesse
de remonster à Y. M. en tonte humilité et deûe vénércnce la vérité, qni
est de ma cognoissanco on affaire; Monssoigneur le M"' n'ayant en pre-
mier lieu point tenu do rendevous selon qu'il est de coustume, n'y
voulu payer le mois de gajîe jtroniis, ains sans tenir Conseil de puerre
ny leur parler et doscouvrir son dessein, donne ordre de marcher sépa-
rément et par divers endroits dans les montagnes, Cela les a rendus
mal contents, donné mauvais soupçon et les fit ressoudre de s'assembler
proche de Saverne ponr entendre l'intention de M*' lo Mareeclial, lequel
an lien de bon aeeneil qne les olBciers et soldats espéroieni recevoir.
LA PAinUl DB B06BR
61
les tnûcta de fort rades yarolM «i ee e<Mtlr« Vwia de mon Mary qui
]Mur d'intteates prières ropplU mon dit Seignenr le M** ne pu lee
tnicter de tel làçon tins de lenr donner de bonnes paroles. Yen que
Monseiipiear le due de Longoeville n*y W le M"^ de Onebriant (d'heu-
reuse m&noife) ne les ont jamais traiotei de la sorte et reeonnaissans
en llonseignenr le M*> le peu on point d'afféction, firent difficulté de
marcher, ce nonobstant Monseignenr le M** passa avec l'Infanterie
contre Pfaltzbourg et de là renvoya mon Mary avec M** de Tracy et le
vicomte de la Met pour tasclier do les réduire et remettre en bon ordre,
Lesquels n'y pouvons ricu effectuf-r, Mes d* Seigneurs de Tracy et de
la Met trouveront bon que mon Mary demenrast auprès des dits Régi-
ments et autant que posiiible, les conserver et retenir dans le service
du Roy ce qu'il fist, ou il recognent avec grandissime regret qu'ils ne
Tonloient obéir n'y reoognoitre lents offieiws et qu'ils étaient prest à
se débander; Néanmoins mon Mary «Tee de bonnes parolles, les ramenn
anennement à lenr devoir, mab ils fidsoient grande difficulté de demeu-
rer de deçà et Tonloient de force repasser le Bhin, tirant de plus en
plus la procédure de Monseigneur le M^ et les mauTidùses paroles
recûes de luy, ce que mon Mary a empesché tant qu'il a peu, ans^
bien que de leur oster de l'esprit le faux bruit que les trois Régiments
qne le colonel Bambach a mené en France et le Régiment d'Erlach
avoient été taillez en pièce par l'armée du Roy et qu'Eux y arrivants
seroient traictoz de mosme, ce qui les a tellement opiniastroz qu'ilz
n'ont voulu demeurer du tout de deçà le Rhin ayant de leur propre
anthorité envoyé demander des batteaux à la ville de Strasbourg avec
menace en cas de refus de brusler et mettre en totalle ruine leurs
Tillages, Et sy mon mary ne leur en Tonloit liûre aToir le pins promp-
tement qu'il pourroit qu'ils se débanderoient sans plus de délay et
passeroient très aisément par tout oft ils Tondroient. Mon Mary pré-
voyant le grand malheur qui en pourrait arriTor et qu'autrement on ne
le pouroit eonsenrer, fut contraint de s'y résoudre considérant que
mieux valoit les conserver de delà qne de les perdre deçà le Rhin, Et
encore qu'il ait escrit à MM'^ de Strasbourg pour ce Subject qu'il fut
force de faire, si est ce qu'en mémo temps, il leur envoya son Sécre-
taire pour lo^ prier de n'y connontir pas parcequ'il esperoit de Ips
pouvoir oncorr- raiiirer en do dora roniine les MM''* en pouroicut attester,
mais se voyant frustré de son opinion et obligé de consentir au passage
il leur tit avaut que passer prester serment de demeurer et ne quitter
le service du Roy, mesme de TOnloir recognoitre leurs officiers comme
ej devant. Ce qu'ils firent, et ee nonobstant étans au delà du Bhin et
5S
RKVUR D^AI.SACB
aytnt employé de loag costez tout ce qu'on à pft ilz sont demeurez
opînîftstrr-z iiisipios ù ce qu'à la tin, après une infinité do remonstrances
tant (le linurlic (juc par cscrit mon Mary ayant osorit à chaque Regimentà
part pour les forcfM' à une resDliitiun fiiiiili' et ayant mesme tait exécuter
deux des plus mutins en la jircsence des Régiment/, ils se sont résolus de
faire tout ce (|u'on leur ordonneroit, à la charge qu'on leur tiendroitce
qve de Tracy leur aroit promis à BnUt comme mon Mary peut prcaver
par la responce des dicta Régimenis qu'il garde en originaL Et comme
l'accord estoit faict de eoaté et d'anltre et qu'il ne manqvoit qne la
senle signature pour laquelle effectuer mon Mary s'approchoit du Rhin
que Monseigf le M*> venant à passer anssy pour meime eifect les
trouppes en prennants de nouveaux ombrages commencèrent de redief
à se retirer de peur que Monscigf le M*^ ne les voulnst charger comme
ils saToient qu'il avoit desjà eu auparavant le dessein, et encore que
Monseij;' le M** et mon Mary les suivirent et les rencontrèrent encore
tous ensemble à Biel et à Tentour ou ilz ont parlé souvcntesfois avec
eux, si est ce qu'à la tin Mon d' Seigneur le M^' donnant ordre aux
officiers de loger dans certaines villes et les cavalliers mal contents en
dehors avec detfences expresses aux otïu iers de ne les plus suivre n'y
les prendre en leurs quartiers aiusi les laisser aller et ne s'en mesler
plus, Telles procédures estant directement contre le pardon du Roy qui
estoit peu auparavant publié à l'armée, ils forent grandement irrites
et encore plus mal contents entendant l'Arrest de mon Mary, toutes ces
choses ont aussy esté cause qu'ils n'ont plus voulu se fier à la bonne
volonté et confiance de leurs propres officiers, et combien que depuis
ils se sont déclarez que moyennant la présence efféctive de Monaeig*
le Maresehal celle de mon M.iry, du Général Major Fleckensteîn et
tous autres officiers auprès des Régiments, ils s'accommoderoient et
continueroient dans le service du Roy. Monseig'' le M*^' n'a voulu
aggréer cette condition, au contraire sortit il le 20'"* Juillet de lleil-
bron avec cavallerie et infanterie et quelque pièces de canon à dessein
de les charger et de les ramener par force à rol)eissance, t\n\ est une
chose très facile à juger que le service du Roy ne pourra jamais de
cette manière estre avancé mais il est plustMt à craindre, de les
chasser entièrement et peut estre donner occasion qu'ils prendront
service auprès du party contraire. Ce que Monseig' le M^ pouvait par
le moyen du rendes vous et de ses bonnes grâces éviter, Mais voyant à
présent qu'il a manqué il veut mettre la bute sur mon Mary, encore
qu'il soit nottoire pour toute l'armée et à Monseii^ le M*^ mesme qnll
ait fliiet tout son possible et n'ait rien espargné pour ramener les dictes
U PANILLB Dg I08SN
68
troappfls à lenr deroir et qa'il est (J'appelle à Teemoing Dieu et tous
lei officie» de TAnnée) entièrement incoapable, l'innocence dnqnel
esdâten daTuitage quand Y. IC M fert la grâce de luy permettre
qa*il se poisse jnstiûer deyant elle on au moins devant des juges non
prérenns de paasionSi partialité nj aucun intérêt particulier.
Pourtant V. IL est très humblement snpplye de le fiûre délivrer de
la prison afin que le moyen de se justifier et de Cure entendre à Y. M.
•es très justes et légitimes ndsons ne luy soient ostées.
Voici maintenant la lettre adressée par Madame la umré-
cbale de Rosen à sou Altesse royale, Madame la duchesse
d'Orléans, & Paris :
Madame
Comme vosire Altesse Royale exerce toutes les vertus chrétiennes à
un Souveçaiu point, je prends la hardiesse de la supplier très liumblc-
ment de vouloir enij)loyer celle de la pitié envers mon cher Mary, qui
est détenu prisonnier eu cette ville, depuis 4 mois, etqui'^'étantjustitié
suffisamment de tout ce qu'on luy a voulu imposer, n*a autre recours
pour sortir de cette misère qu'aux ames Religieuses et puissantes, pour
obtenir sa deUvraace, H vous implore, Madame, et moy avec luy, qui
vous coi^urons tous deux de vouloir parler à Son Altesse Royale vostre
ébêr ESspoux à Intercéder pour luy auprès de leurs Hayestes, afin que
sa longue prison se change en une liberté, laqvélle on ne lui peut
denier par la justice de sa cause, come il fait paroîstre par la responce^
qu'il donne aux poincts dont on la («te) voulu cbaiger, si je receois cette
charité de la bonté de V. A. Royale je ne cesseray de publier en tons
les endroits ofi je me trouveray. qu'Elle est l'asile des afflicrez et de
ceux qui sont opprime/ iiinocoinriiPiit roiiïe anssy de prier Dieu inces-
samment pour la prospérité de Vostre Altesse Royale come estant
Madame
Vostre tri's humble et
très oheyssaute servante
Aura MaBaABBTBa voie
Rosnt gebwen- voir Evni
àPhilipobouigleSéP*
»^ 1647.
Le document ci-dessous nous apprend qu'un mois après le
général de Bosen était encore retenu prisonnier. Voici 1«
M
Rim D*ALMCI
lettre adressée à Son Altesse Monseigneur le prince de Condé,
k Paris:
Monaeigoenr,
L'aspénmee que j'ay ea d'estre amené de Philipeboiuv à Paris, me
promettoit d'aroir l'honneur de âtire la rérérenee à Y. A. et I117 tes-
moigner en effet la Joye que je reçois maintenant de son heoreox
désiré retour de Catalogne, mais le malheur m'a rouhi (y/r) que contre
mon opinion j'ay été conduit et arresté dans la Citadelle do Nancy sans
passer plus outre, ce non obstant, je n'ay pa^ voulu manquer de rendre
mes devoirs à V. A. par celle cy. la siii)pli;int très humblement de
continuer sa bionveillance et graco à une personne qui a fait de
tout temps profession d'être son très humble Serviteur, Je ne désire
pas d'entretenir V. A. du malheur qui m'est arriré par on arrest pré-
cipité de HP le lf*> de Tnrenne dont tout le monde est imbu et le bmit
eepandn par tont, il est encore moins nécessaire de tesmoigner et faire
paroistre i Y. A. mon innocence estant assuré qn*elle anra^e meil-
lenre opinion de mon innocence et n'adjnstera pas foy aox accusations
dont on s'efforce de me charger, Néanmoins, si Y. A. me teat faire la
grâce de prendre la peine de voir non seulement mon E^rit cy joinct,
mais d'entendre aussi ce que mon frère lui pourra représenter de
bouche, sans doubte mon innocence lui parnistra tout évidente, C'est
pourquoy j'ai mon recours à la grâce ot à la bonto de V. A. la siii>pliant
très humblement de disposer leurs M''* et son Eininence, do m'accorder
mon entière délivrance ot première liberté ce qui m'obligera de demeu-
rer toute ma vie
Monseigf de Y. A.
Le très humble, trie obéissant et très
obligé serviteur
B: tchBosbi
ANaneyce»7 9^16é7.
En 1G50 nous retrouvons le général de Rosen de nouveau
investi de son commandement par un arrêté du Roi qui est
ainsi résumé :
c Abolition accordée par le Boi Louia XIY 'pour le crime de Rebel-
lion et de Désobéissance cy devant commis par les gens de Guerre,
officiers et soldats tant de Carallerie que d'Infanterie de quelque nation
qu'ils soient, dont ils ont été coupables, pour s'être mntiru''s, avoir
quitté le service du Roi sans congé et pria celloi de ses enuemia et ce
U rAWLLV M R(Wnf
en cas qu'ils retournent à la solde de sa >r.iiesté sons le Commande-
ment du Sieur de ICoseu Lieutenant Général de l'Armée du Roi en
Allemagne.
< Donné à liouen le 19 jour de février de l'année 1650. »
Un mois après, Feuquière lui adresse, de Verduu, la lettre
suivante:
Monsioor,
Les oniKMiiis sont rotirt's, n'.ittril)ucz pas silvousplait vostre délofîe-
ment à la faute «lu pont car je vous assure qu'il estoit impossible avec
toute sorte de diliironce (jue vous en poussiez servir devant ce jour
d'hui au soir à cause des difticultez qu'il y a a passer les escluses. Je
nii bien «if e d'apprendre que nostre canon Tova a ««m idon mon
dflsMin, n celai qui toim aToit donné le premier STis me Fent dit en
panant il anrait fidt ton devoir car ai lea ranemia n'ewwent paaaé
comme ila ont lUt à la vene de cette place poinble que je ne Fenne
paa açen aaaes toat car ila ont marché fort viate, je Tova anpplie de
▼onloir eapaigner les terres de mon firère, je suis
Monsieur,
Toetre très humble serriteor
FniQiiiàBn.
A Verduu le 4°^ mars 16Ô0.
On sait que le général de Rosen, après sa détention à
Nancy, qui dura près de huit mois, se justifia et fit si bien
reconnaître son innocence, que le roi, par lettres-patentes du
15 avnl 1652, lui donna le commandement en chef de la haute
et basse Alsace, avec pouyoir absolu et étendu.
n quitta le service bientôt après, et mourut le 18 décembre
IfS&I dans son chAteau de Dettwiller.
V« 14.
Mémoires historiques, relations de combats et batailles,
notamment de celle de ZiLîcnhain remportée par le général
Rheiuhold de Rosen sur la baron Bréda, lit utt iiant maréchal
de camp général de Tempereur, le 15 novembre 1640*
CONRAD DE ROSEN.DE la bbanchk pk KLETXROPP,
maréchal de France, cousin et gendre du iné( t'(lt iit. est m'^ le 19 sep-
tembre lti2U, et marié à Marie-Sophie de Kobeu, tille du précédent,
le 3 février 1660.
Ho 1.
Commission de mestre de camp d^n régiment de cavalerie
allemande k lui accordée par le roi Louis XIV, datée de Paris,
70 novembre 1667.
H<» 4.
Commission de brigadier dans la cavalerie légère. — Da
12 mars 1675.
H 7.
Lettres-patentes de Louis XIV, roi de France, par lesquelles
ce monarque, en considération des importants services rendus
par Conrad de Rosen, a donné et accordé à ce seigneur le
revenu du domaine do la sénéchaussée do La Motte ot Hour-
mont, située en Bassigny, jusqu'à ce que ledit seigneur de
Rosen soit remis en la jouissance de ses terres en Alsace
ruinées par les ennemis, etc., etc.
Données à Fontainebleau, le 25 septembre 1677.
Commission de maréchal des camps et années du roi — Du
20 janvier 1678.
WIO.
Lettres de services eu qualité de maréchal do camp.
Ce seigneur fut chargé de recevoir à la frontière Madame la
dauphine, princesse de Bavière, en 1680. £u 1681, il embrassa
la religion catholique.
If U.
Provisions de lieutenant [général des armées du roi pour
ledit seigneur Conrad de Kosen, données à Versailles, le
24 août 1688.
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LA FAMILLE DB B06EII
67
Commission en original en langue anglaise sur parehemin,
signée et scellée en bonne forme, avec une traduction en firan-
çais, de Jacques II roi d*Anglet6rre, par laquelle ce monarque
établit ledit seigneur Conrad de Rosen, maréchal de camp
général de'toutes ses armées et troupes levées ou à lever dans
le royaume d'Irlande, etc., etc.
Donnée au château de Dublin, le 6 avril 1689.
VM8.
Provisions de la charge de mestre de camp général de la
cavalerie légère en faveur dudit seigneur, douuéo à Versailles
le G avrU 16iK).
N" 14.
Provisions de grand'croix de Tordre de Saint-Louis, avec
une pension annuelle de 6000 livres. — Mû 1693.
N' 15.
Dou du roi audit seigneur de la somme de 200,000 livres. —
1698.
NM6.
Provisions en original de maréchal de France, pour ledit
seigneur, Conrad de Rosen. Signé Louis, et par le roi, Phili-
peaux. Données à Versailles, le U janvier 1703.
Extrait mortuaire de feu M. le maréchal, décédé dans sa
terre de Bolhrîner et enterré dans le caveau de sa famille en
la paroisse de Feldkirch, le 3 août 1715.
ir«*90&88.
Divers paquets de lettres, correspondances de la fàmiUe,
dont une partie a été enlevée ou brûlée par M. de Rosen
même, comme l'indique rannotation : « Brûlé la liasse 25, etc.,
et signé de Rosen. »
68
BHEIRHOLP-CHARLB81 wm m BOSEN,
liflnteoaat général, flb di précédent né le 10 janvier 1866.
V 1.
Commission de capitaine d'une comiiagnie dans le rj^giment
de cayaleric de Rotlieubourg, douuée à Yer^aillej» le 23 dé-
cembre 1662.
Commission de lieutenantpcolonel dudit régiment, donnée à
Versailles le 12 août 169a.
7.
Commission de mestre de eamp du régiment de caYalerie
allemande, ci-devant de Rottembourg, devenu vacant par
démission, donnée à Versailles le 17 février 1696.
N" 8.
Brevet de bri-iadier de cavalerie des armées du roi, donné à
Versailies le 10 février 1704.
909.
Brevet de maréchal de camp, donné à Versailles le 20 mars
1709.
N« 11.
Provisions de commandeur de Tordre militaire de Saint*
Louis, à la pension de 3000 livres par an que possédait H. de
Vauban, accordées par Louis XIV.
Données à Versailles le 10 août 1715.
N" 12.
Pouvoir de lieutenant général des armées pour ledit sdgneur
de Bosen, donné par le roi, à Paris le 1*' octobre 1718.
N« 18.
Extrait mortuaire portant que ce seigneur est décédé, au
château de Bollwiller, le l;J juin deraiince 1744, et inhumé au
caveau de la chapelle par lui b&tie eu Téglise de Feldkirch.
LA FAMILLE OE EWBM
69
N° 14.
Lettres-missives du roi de Pologne, Stanislas, écrites à
M. le comte de Kosen.
ANNE- ARMAND, MARQms de ROSEN,
lieutenant géaéral, ûh du précédent, né le 2G joillet 1711.
N° 1.
ConimiBsion de mestre de camp accordée par le roi audit
seigneur, marquis de Rosen, dHui régiment de cavalerie alle-
mande de son nom, signée Louis. — 12 aYiil 1729.
3.
Brevet do brigadier de cavalerie accordé audit seigneur,
signé Louis et donné à Versailles le 1*' janvier 174Û.
Lettres^atentes de LouiS'Auguste de Bourbon, prince de
Dombes, comme exerçant la charge de grand-veneur de France,
portant pennission à U. le marquis de Rosen, de chasser le
chevreuil et le sanglier, i\ cor et k cri, dans la forêt de la Harth,
en Alsace, données à Yer^^ailles le 28 août 1740.
NO 6.
Brevet de maréchal des camps et armées du roi, du 10 mai
1744.
N«6.
Lettre de service en qualité de maréchal de camp dans
l'armée de Flandre sous le cummaudemeut du maréchal comte
de Saxe, du 1" avril 1745.
H*» 7.
Pouvoir de lieutenant général des armées du roi accordé
par Sa Migesté audit seigneur Anne-Armand de Bosen, signé
Louis, et par le roi, de Voyer d*Argenson, donné à Versailles
le 10 mai 174a
Ce seigneur est décédé à Paris et a été inhumé en l'église
paroissiale de Saint-Sulpice, le 28 novembre 1749.
eo
wmn ti'àUàa
ELEONOR-FELIX, obivalibr db BOSEK,
fràre da précédent» mestre de camp d'uD régiment de ctTilerie»
né le 2 septembre 1719.
N» 1.
Commission de capitaine d'une compagme dans le régiment
de cavalerie allemande de M. le marquis son frère, signée
Louis; avec les lettres d'attaches du comte de Cbatillon,
mestre de camp général de la cavalerie légère de lïance,
donnée à Versailles, le 15 avril 1730.
lî»2. '
Commission d^un mestre de camp d'un régiment, dont était
pourvu le sieur de L*Ordat et devenu vacant par sa démission,
visée par le comte d'Evreuz, colonel général de la cavalerie,
et donnée h Versailles, le 16 avril 1738.
M. le clicvalier do Roson est mort célibataire et a été
enterré eu TégUse Saint-Jean, à Strasbourg.
KGâsseb.
LES
EX-LIBRIS DANS LES TROIS ÉVËCHËS
TOUL — METZ —VERDUN
1552—1791
II
lilUOPIILIS IT COILICTIONRIURS TNUiS
L'évéque-comte de Toul, prince du Saiut-Kmpire romain,
s'intitulait, en 1743, devant les conunissaires du parlement de
Metz, c seigneur temporel, haut justicier des villages compo-
sant les chfttellenies de Liverdun, de Blénod, de Brixey et de
Maizières ». De leur côté*, les doyen, chanoines et chq»itre de
réglise^athédrale se déclaraient seigneurs hauts justiciers des
prévôtés de Void, de Vicherey et de Villey-le-Sec et seigneurs
voués d'Autreville, Hamonville et l'unerot en partie. D'après
Stemer, vingt-cinq localité:s ou censés dépendaient du temporel
épiscopal, et vingt-sept appartenaient aux chanoines. Ces
deux seigneuries, bien distinctes,' avec la ville royale de Toul,
ses dépendances, et quatre villages hautes justices laïques
formaient le bailliage royal présidial de Toul.
£n 1773, M. de Ghamporcin, originaire de la Haute-Provence
' Voir la livraison du dernier trimestre 1881.
* Comprenant dos localités appartenant anx départements de Menrthe*
et-Moselle, de U Meuse et des Vosges.
es UTOB O'ALMCS
et évêque de Senez, * succéda au très re^o'etté Drouas. Lié par
des* engageini'iits secrets et pour penncttre la création des
deux nouveaux diocèses de Nancy et de Saint-Dié, il laissa
mutiler, avec le consentement du chapitre, Tantique circon-
scription leuquoise remontant à Tlutroduction du christianisme
dans les Gaules et comprenant mille cent trois paroisses.
Par suite de ce malheureux démembrementi le diocèse n'eut
plus que sept cent soixante-quatre paroisses. Les revenus
épiscopaux furent amoindris; VAlmumoeh roffal ne les porte
plus qu*à la sonmie de SlfiOO francs. Il est vrai que quelques
bénéfices ecclésiastiques et la mense abbatiale de Saint-
Mansuy comblèrent un peu le déficit
Peu de temps après le démembrement, les chanoines, en
177G, furent décorés d'un»> ma-^iiitique croix pectorale et
anoblis. Cet acte de muiiiticence du bon roi Louis W 1 causa
une profonde irritation dans la ville, dont les habitants
voyaient avec chagrin l'entrée du chapitre interdite pour tou-
jours à leurs enfants, qu'ils considéraient, avec raison, d'aussi
bonne souche que les nobles du pays voisin.
Un Touloîs, Charles-François Bicquilley, écuyer, ancien
garde-du-corps, composa, à cette occasion, un poème des plus
méchants contre les nouveauxanobliâ. Ce poème héroï-comique
en huit chants est intitulé : la Croisade; il fut dédié à révêque
et au chapitre de Verdun qui avaient refusé de se laisser
anoblir et décorer.
Des chansons, des noëls, des complaintes d'une méchanceté
inouïe circulèrent également sous le manteau, dans la pro-
vince et même en France.^ Bicquilley interpelle ainsi ses
' Lo diocèse de Senes avait trente-trois paroisseB et rapportait
10,000 livres.
• M""" Bicquilley en fit des copies pour deux colloi tiuimcurs éinérites,
MM. Noël et Dutrénc, Ces poèmes ue sont pas très rares, malgré le dire
de quelques personnes. Ils se trouvaient dans la collection Emniery.
C'était un reeaeU formé par l'Achcvin ThouTenin.
va RX-LimiB DAHS LES TK01S tVÉCIllS 6S
compatriotes déclarés indignes par leur naissance d'entrer
dorénavant dans la noble assemblée :
Les Totli tous diMBéi de ce ehapitre,
<)ai de leur nom s'eet honoré longtemps;
Trente gredins en rabtts et jaquettes,
De Léopold * portant les saTonnettes,
Viennent leur dire : Ailes, fnyes, maaaas,
Et &ites place à ces illustres frères,
Fils et nefenx des laquais de vos pères.
iCr<riude, V. 200,)
Les Toulois étaient fiers avec raison de leur naissance^ Hb
étaient nés inffénus, ayant le droit de chasse et de pèche chez
eux. Si à Verdun les notables élisaient les meiubrcs du
magistrat et même le maire, ?i Toul le pouvoir municipal se
partageait entre les bourgeois et l évêque qui choisissait, i)our
administrer la cité, celui des trois candidats proposés qui lui
convenait le mieux.
En 1788, lors du travail préliminaire pour les Etats géné-
raux, Pantiqne dté lenquoise refusa avec beaucoup de fermeté
le classement en trois ordres. Les habitants, disait-on, sont
tous égaux, il n'y a ni clergé, ni noblesse, ni tiers-état On lit
dans la protestation des quarante élus des paroisses de la ville
et des faubourgs ces libres paroles:
« 11 n'y a pas de noblesse dans le Toulois, jamais la vieille
cité ne fut une prison d'esclaves ; jamais la liberté civile,
jamais l'égalité qui en est le ferme soutien; jamais les dieux
lares tutélaires ne sortirent des murs et du cœur des Leu-
quois. La Constitution touloise n'admet pas de distinction des
trois ordres qu'on voudrait lui faire connaître après dix-huit
cents ans. »
On dut se conformer cependant à la lettre royale. Le clergé,
comme à Verdun, à Metz et à Saint-Dié refusa ses voix à son
chef. Un petit curé de campagne fut élu député aux £tats
' Cè dve de Lorraine fit de trop nombreux anobliisements.
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G4
KEVLE DAl-SACE
généraux, le comte d'Alençon représenta la noblesse, et le
président du bailliage le tiers-état
Pour pouToir donner une Eepréaentatian k TéTâché-comté
de Toul,* on lui avait ijouté le bailliage épiscopal de Vie, si^
de la principauté ecclésiastique de la Tille de Metz.
Parmi les pièces satyritiue», composées à cœur-joie contre
les malheureux chanoines, on peut encore citer un Noël où
ils sont flagellés d'importance- I/auteur, le major de place
Bicquilley, fut plus tard mis en prison. Cela augmenta néces-
sairement la vogue des couplets, et on les chantait encore en
1789, lorsqu'on apercevait un des personnages.
L*ostentation des chanoines à se parer en voyage de leur
croix, fut cause que le roi leur fit défendre, en 1780, de la
porter hors de la province ecclésiastique. Ce fiit une amère
déception, et le chagrin des orgueilleux décorés augmenta
encore lorsqu'ils entendirent chanter une complainte saty-
rique h ce sujet. Elle est encore duc au major de place.- Au
reste, au moment où éclatait la dévolution, la paix était faite
entre les bourgeois, Tévêque et les chanoines.
L'auteur de la Craisade était, en 1790, maire de la ville et
notable du département, et, à cette époque, ce n'était point
un vain titre. Tout le monde était républicain à Toul; quel-
ques chanoines adoptèrent les nouvelles idées, et même
rimprimeur épiscopal tourna casaque. Il imitait son confrère
de Verdun, Louis-François Christophe, qui, en 1791, fut du
Conseil général et membre du directoire du département
Un prêtre de Saint- Nicolas, Pierre Jacobi, avait transporté
momentanément ses presses, de 1508 à 1521, à Toul. M. le
conseiller Beaupré pense que le premier imprimeur qui
s'établit déhnitivement dans VUrbs Âjencorum fut, en 1551,
* Le célèbre graveur Israël SilvcHtre écrit Tuul en Lorraine; cela
signifie que cette ville était en Lolharingia, le pays de Lotiuiire, ce qui
est autre choM que le miniisciile dnehé de Lorraine.
' Voir dans l'Appendice les deoz pièces.
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LES EX-LIBRIS DANS LES TROIS ÉTÊCBiB
Jean Palier. La suite des imprimeurs est connue jusqu'à nos
jours. Les Garez, à la fin du xmi* siècle, donnèrent un certain
renom à c limprimerie de Monseigneur Teuesque >. Ils por-
tèrent tous les trois le prénom de Joseph. Le premier fîit
Joseph Carez I, gendre de rimprimeur toulols Laurent Dès
1759, on voit des livres imprimt^s à son nom. Il prétendait
de:^ceud^e d'une noble famille écossaise venue en France avec
le roi Jacques.
Sou lils, né à Toul eu 1753, est célèbre par ses essais sur
Vomotypie, qu'il entreprit grâce aux conseils de ses amis
Téchevin Thouvenin, le capitaine du génie de Curel et le char
noine Caffiffelli, dont nous parlerons. * Joseph Carez II, pour
mieux assurer la beauté de ses impreasioiiB, établit une
fonderie de canelères, dont les produits lùreiit de suite
recherehée. La Bible qui sort de ses presses est un petit
chef-d'œuvre. ^
Il fut envoyé par ses compatriotes h l'Assemblée législative,
et de retour, après avoir fait partie de la commission des
assignats, il partit pour la frontière comme commandant le
bataillon de la garde nationale de Toul. L'adjudant général
Gou?ion Saint-Gyr, d^uis maréchal et pair de France, qui
connaissait les hommes du bataillon, les sachant presque
tous mariés, ne voulut pas les exposer au feu, malgré leur
désir; ils campèrent à Wingen, en arrière du pays de Bitehe
et bientôt après, l'état satisfaisant des affaires militaires per-
mit de les renvoyer chez eux.
Lors de la création des préfectures, Carez fut nommé sous-
» TmiBBY, Hist. de Toul, 1811, II., 298.
* Les procédés employés par Caroz furent décrits en détail par
Camus, qui donne la description d'un livre d'église noté, en 2 vol.,
grand in-M», de plus de 1000 pages chacun. En 17!I2, Carez imprima,
dans le même genre, un Dictionnaire de lu Fable et une iiible. Camus
joignit à son mémoire on spécimen d'one page de ce dernier volume
(J. LAMOinuux).
AouTtfle Séne. ~ II"* «enée. 6
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66
REVUE D*ALSACE
préfet à Toul, malgré Topposition de beaucoup de ses conci-
toyens; mais d^ ses recherches sur la composition des
encres d'imprimerie avaient miné complètement sa santé, il
mourut dans son hôtel de la rue Pierre-hardie; c'était Tan-
cienne demeure du chanoine M. de Tréveneuc, archidiacre
de Rinel, mort à l'hospice. C'est de nos jours l'habitation de
M. le comte de Brancion.
Joseph Carez III fut aussi un ardent chercheur pour tout
ce qui concernait sou art; il construisit une muLhiue à fondre
les caractères ; mais son invention ne marcha plus après la
BéYolution de 1830. Il avait alors de quatre-vingt-dix à cent
ouvriers, rue du Salvateur; sa fille. Madame yenve Bastion,
lui succéda à sa mort, arrivée vers 1881.
A la gravure sur bois qui végétait sous les deux Carei,
Joseph CazoK III forma tout un atelier de graveurs au burin
et sur bois. H inventa la pantographie, et un de ses artistes,
Thouvenin, grava, sous la Restauration, les portraits de Jules
César et de Bossuet; la Cène^, de Léonard de \'iuci (in-folio), et
les planches d'un ouvraj^e bizarre Dieu est Vamour le plus pur,
Toul, 1026, par Eckartshausen. Tony Goutière, le graveur des
Hommei utHes, de V Histoire de dix am, de la JSévolution de
2hier$t fut son élève. ^
Tous les anciens lecteurs du Journal des Mi/ant$ se sou-
viennent des gravures sur bois de Best, de Toul, mort en 1879,
et dont le portrait fut r^roduit dans les illustrations du jour,
n fut limprimeur du Moffosin pittoresque; il débuta avec Tilly
et Tarbesse dans les ateliers de Carez.
De nos jours, Madame veuve François, née Bataille, a
reproduit dans VEcho touLois des articles très curieux sur la
bibliographie touloise.
' n grava dtu cm oiiTrages Iw portnito de Berryer, Jacques Coar,
Dapin atné, Oandar-PagèE, Bernard Faliaiy, Bobeqpierre, les dans
La Bochefoaeaald, SchUbexsdor^ Thiers, etc.
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LES BX-LIBRIS DANS LES THOIS ÉVÉCUÉS
67
La bibliothèque munidiMUe est dans Taile droite de TaiiGien
évèché (mairie). £lle peut avoir près de 4000 Toliimes, maïs
elle ]i*a aucun ouvrage rare sur le pays. La viHe y a fiât
déposer quelques liasses d'arGhives et quelques registres de
la cathédrale. Il y a des antiquités trouvées dans les environs.
La salle est bien éclairée et des gravures la décorent ; entre
autres le portrait du maréchal Gouvioii Saiut-Cyr; une vue
et un plan de Toul, par Aubry, au xvii" siècle; un grand plan
manuscrit du xviii'^ siècle, etc. Le catalogue de la bibliothèque
a été dressé par M. Dessez, conservateur, en 1866 (Broch. In-^,
173 pages).*
Le grand nombre de cloches que Ton entendait à Toul avait
fait donner à cette viUe le nom de Sonnante, de MédiBonU,
disaient les mauvaises langues. Ajoutons que ses riches biblio-
thèques et ses nombreux établissements dinstructîon publique
pouvaient la faire nommer la mvante, VUrbs pia, prisca et
fidelis des évôques Saint-Mansu\ et Saint-Gérard.
Pour finir, n'oublions pas ce petit tableau d'un ménage
touloiâ À la tin du jltiu* siècle:
Les Tonloifl,
Us ménageaient, ils étaient un pen chicheii
Les indigens, les aisés, les plas riches,
Se contentaient d'un petit train bouseoia.
On inTitait l'étranger à la porte
A partaper la fortune du pot,
Quand il sortait. Mais s'il prenait au mo^
Vous pussiez ri de woïr de quelle sorte
Dans la maison, chacun se trémoussait.
De tout coté, la servante trottait,
Du pàtibsier courant chez la bouchère,
En tablier, la femme ménagère.
Les denz bras nu, ordonnait, liricaasait;
Au demeurant, elle était la mattreu^
Car dès l'instant dn lien conjugal,
' Imprimerie A. Baatien fili^ ne da Salfatov.
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68
Mtm d'auais
L'époux n'était qu'honnèto c ommensal.
Et sa moitié le menait à la laisse.
Il l'cn aimait avec plus de tendresse,
Dtnt le logis tout n'allait pas plus mal . . .
US ÉVÉQU£S BIltLiOPHiL£S
Jean des Porcelets de Maillaxe (IGOO-Kilô). Elevé chez
les Jésuites de Pont-à-Moussoii, ce prélat fit, en Ifill, les frais
de la distribution dos prix. Les volumes (lu'il otîrit sont recon-
naissables h leur riche reliure et aux armoiries dorées sur les
p\&ts avec les initiales p. m. e. r. t.
Callot a gravé le portrait de M. de Maillane, quePon Toyait
^(alement représenté sur le tableau de l'autel Saint-Pierre de
la cathédrale. H figurait Saint-Claude, présentant au prince
des apôtres le chanoine Claude Guyot à genoux. Cette pein-
ture historique et religieuse a été reléguée dans les comblée
de Téglise.
Nicolas-François de Lor&auie. Comme son prédécesseur,
il donna également des livres pour une distribution de prix
an collège de Pont^à-Mousson. On les reconnaît au blason
entre deux anges surmonté de la mitre et de la couronne
ducale.
Les volumes qui ont servi aux fêtes scolaires de Pont-à-
Mousson sont assez rares. Ils méritent d'être collectés avec
soin ; M. Beaupré les signalait déjà il y a près de quarante ans,
et M. Favicr en a duuué le catalogue avec dessins.
GaABLESrCHBinni db Goubkai (1637). Ses livres étaient
marqués d'un fer armorié reproduit par Guigard.
L'écu est écartelé des armoiries paternelles et maternelles,
Gcunm et Apremont aux merîeUea. La plupart des volumes
de H. de Gournai sont à la bibliothèque nationale. Ce piâat,
LES EX-IJBRIS DANS LES TROIS LVÉCHÉ8 99
ftfBDt d'être suffragant puis évêque de Toul, était chanoine et
grand-arehidiacre de Verdun. *
ÂNDsé DU Saussat. Dom Calmet raconte, dans sa BUfUo-
i/iègwe Zorratwe, comment André du Saussay (1056-1097) acheta
ses prenûers livres. Il se rendait un matin avec d'autres
écoliers au collège des Jésuites de Paris, dont il était boursier,
lorsqu'en passant dans une rue, l'idée leur vint de remuer les
cendres d'une paillasse qui avait servi à un pauvre pr6tre
décédé. Quel fut leur étonnement d'y trouver Tépargne dn
défunt Le futur évdque de Toul eut pour sa part 100 éens
avec lesquels fl commença sa bibliothèque. Ses nombreux
ouvrages sont bien oubliés; il passait pour avoir beaucoup
d'ârudition, mais, avec peu de jugement et encore moins de
critique. Qu*est devenue sa bibliothèque? On n*en rencontre
pas un volume. Le temps et les hommes auraient-ils mis à
néant les livres de ce prélat si érudit ? N'étaîent-ils pas mar-
qués d'un ex-lihris ? Un de ses prédécesseurs, Christophe de
la Vallée se contentait de mettre sa signature Christoiih. à
VcUle £!pu8 & Cornes TuUen^ sur le frontispice de ses livres.
Blouit de Camillt. Le successeur du futur cardinal de
Bissy fut un Kormand, H. Bleuet de Camilly, qui s^était fidt
connaître avantageusement comme vicaire général du diocèse
de Strasbourg. Nommé à Toul, en 1704, il y transporta sa
bibliothèque qui passait, d'après une lettre de Dom Cathelinot
à Dom Calmet, pour être une des plus belles du pays ù cin-
quante lieues à la ronde avec celles des Bénédictins de Saint-
Epvre et du curé Davelouze, près de Vaucouleurs. M. de
Camilly fut le protecteur du P. Benott Picart, qui tit graver
' L'évéqne de Yerdun, pnit de Tool, Louis d'Harauconrt (f 1451X
a laissé des Mémoires^ malhenrensemeni perdns. Le président Bonrnon
de Saint-Mihiel, puis Mory d'Elranf^e, en copièrent des frajçmenta;
ceux-ci sont déposés avx «rchives de rÀcadémie de Stanislas (V. lîoel|
Cat. 436).
70
■BfUK D*AUAGB
8011 portrait par J.-S. Cars et le mit en tête de la dédicace de
V Histoire du diocèse de Totd. Le bibliophile anglais, Dibdin,
vit un portrait de ce prélat à la bibliothèque de Caen, et ses
armoiries sont bien reconnaissables Mir une plaque de che-
minée {taque) encastrée au-dessuâ de la porte d'un pensionnat,
rue Saint-Vaast
Lors du voyage de Dom Martène et de son compagnon,
notre éyèque leur laissa compulser les archives épiscopaka
avec la plus eztrdme complaisance, les invita plusieurs fois &
dîner, et leur reprocha amicalement de n*être pas descendus
ehes lui. D^à, étant vicaire général en Alsace, il avait été
jusqu^à Feldkîrch au devant de Dom Kuinart et de son socius.
J. (luigard a reproduit le fer armorié de ce prélat.
Il avait en outre deux modestes ej-librù gravés sur bois
pour in-4° et in-8°. A gauche du blason, dans les glands du
chapeau épiscopal, on distingue F. JL S. (François Laurent
tciUp, f) ; au-dessous :
FBAV0I8CU8 BLOTJBT DB OIXILLT
BPI8G0PU8 ET OOMBB TUUJBHBIS
S. B. I. P.
D est étonnant que ce prélat ait pris le titre de prince du
Saint-Empire ronuiiii; le parlement de Metz s'y opposait alors
comme souvenir attentatoire à la prérogative royale. Plus
tard, le dernier évêque, M. de Chaœporcin, lit mettre le cha-
peau de prince d'Empire sur ses armoiries.
Sa riche bibliothèque se composait particulièrement de
livres sur TEcriture sainte, la théologie, le droit civil et canon,
les concfles, etc. Voici le titre du catalogue de ses livres qui
ftirent vendus à sa mort BibUotheca CamiUùtna
CatcUogus Bibliothecœ D. D. Bîouet de Camilbj Archiepiscopi
Turonensis. Paris. Osmond 1726, in-S**. Il devait être aussi un
collectionneur, car il avait, d'après Dom Calmet, un jeton de
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LES EX-LIBRIS DAMS LES TROIS LV^UtS
71
réfèque d*Hocedy, il en fit cadeau à un de ses amis de
Pflris.*
S.-J. BÉGON (1721-1754). Le graveur nancéien Nicole a
gravé un très bel ex-lihris pour cet évôque. Un ange armé
d'un glaive et dos foudres de l'église se prépare à mettre en
cendres des bouquins jansénistes amoncelés sur une console.
De la main gauche, il tient un bouclier aux armes du prélat
Le BiQet est entouré d*un cartouche dont le couronnement est
ehaigé d*une mitre, d*une croix et d*une crosse. Un écusson
au chîffire s, j. b. se trouve devant la console, sous laquelle on
lit Nicole sctdpsit 1760, Cette belle petite pièce pourrait bien
être de Nicole fils ; elle se trouve reproduite sur le frontispice
des missels publiés par ordre de Monseigneur Bégon.
On rencontre encore souvent un autre de ses ex-libris.
C'est son blason gravé sur bois pour in-8°.
Dans son long épiscopat, il fut continuellement en lutte
avec les partisans de Jansenius ; il ne les ménagea pas, et
ayant été nommé pliysieurs fois commissaire royal près des
chapitres généraux des Bénédictins, il sut toujours éliminer
les discussions scabreuses. Aussi le zèle quil déploya, fit-n
nommer ces réunions U Brigandage de Toulpar les fitnatiques.
n n*en fut pas moins un des prélats les plus aimés et les plus
regrettés de tous.
Il fut enterré dans la magnifique chapelle des évêques, dite
de Sainte- Ursule ou des onze mille vierges; charmant édicule
de la Renaissance qui tombe décemment en ruine à la grande
satisfaction, dit-on, des ultra amateurs du néogothique. Vis-à-
vis la chapelle de Samte^Ureule est une autre chapelle Banais-
• Les médailles allèrent enrichir la collection de Michelet d'Ennery
de Metz, et les capucins de Thionrille avaient, en 1790, un manuscrit
à ses armes traitant des négociations de la paix de Munster. M. Dufréne,
à Metz, qa'il faut toujours citer quand oa parle de Toul, a dans sa
rldie MbUotkèque quelques livres avec l'«e-KM d« IC 49 CMiiilly,
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79
REVITE D'ALSACB
San ce dans nn déplorable état de délabrement, au grand con-
tentement des mêmes amateurs. C'est la chapelle dédiée à
tous les saints^ qui appartenait au chapitre et qui lût en partie
reconstruite par le chanoine Jean de Barba, dont on voyait le
portrait sur le vitrail du fond et dont le blason brille partout
à rentrée. En 1793, on vendit, sur le territoire de Toul,
()3 ares de vignes appartenant aux fomlations pieuses de cette
chapelle sous laquelle se trouve la cliapelle de Notre-Dame-
de-la-Grotte ; 'r>2 ares de vignes au niônie canton, propriété de
celle-ci, furent également vendus à cette époque.
Les évôques étaient collateurs de la chapelle Sainte-Ursule
et y recevaient la sépulture. Leurs héritiers n'avalent pas
besoin de mendier, près d*un chapitre orgueilleux, la con-
cession d*une tombe dans la cathédrale. En 1741, M. Bégon
transféra en la grande chapelle de son palais, Tancienne
chapelle Sainte^therine qui y était jadis et qui avait été
installée provisoirement dans la chapelle dite des Evêques
attenant à la cathédrale à l autel Sainte-Ii^rsule. '
Balechou a gravé le portrait de M. Bégon \\\-\°\ on possède
aussi une lithographie par feu M. l'abbé MoreL
CiJiUDB Dboitas (I75i-1774). Le cynique Jamet B*est pia
tendie pour le diaritable Drouas : c Un loup gris, dit-il, qui a
ravagé tout le diocèse d*oii il s*est fait honnir, parent de la
fameuse Alacoque. » H n*est pas étonnant que Tévêque ait
publié les întitrwiiom praHqiiies pom hcfiwrsr le 8. Cœur de
Jésus à f usage de son diocèse, Nancy, 1765, in-8*, avec man-
dement et lettre approbative du gros roi Stanislas, datée de
Lunéville, 14 novembre 1763. —Vers cette époque, une jeune
fille de dix ans était élevée à Fétat nature^ h la Cour du bon
monarque.
^ Pour montrer stir quel pied riTaient loi ^aaoines des églises^tiié-
dralM êt 1m évéqaea, on peut citer ce fiât: ^ett que ai on éréqua
Tomlait offieiffir dans une grandA lète, il dertit commMicer la veille par
les preniftrei vêpres, linon, on loi lefnaait la pendasion.
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LB R-tIBRIS DANS LES TKUlS KVÉCHi^S
L'évéque Drouas fut le fondateur du collège Saint-Claude,
dont il sera parlé plus loin; ses charités furent inunenses, et
cependant aucun de ses prédécesseurs n*eut à supporter
autant de critiques acerbes ; il en mourut de cbagrin. On lui
rendit cependant plus tard justice.
ExeessiTement économe pour lui, il diatribnait tous ses
revenus aux pauvres. Les livres de sa bibliothèque ne sout
marqués que des armoiries sur bois qui figurent sur ses man-
deinent^i épix opaux. Au-dessous, à la main, il j a la lettre de
la séhe et le numéro d'ordre. *
n y a trois de ces ^urques.
Collin, de Nancy, a grayé son portrait qui a été reproduit
par Tabbé Morel; il n*est pas ressemblant, U ne donne pas
la fijîure grasse et souriante du prélat Pour bien connaître
les traits de celui-ei, il faut aller dans un des salons du rez-
de-chaussée de la mairie. Son portrait <'n pied fait pendant à
celui du très sévère, mais très juste Béj^on. Les dessus de
porte et la plaque de cheminée sout aux armes de Mgr Drouas.
Celui-ci fit les frais pour Touvrage deBuchoz d'une charmante
gravure de Collin (l'Amifgdaie),
Sa bibliothèque fut Yondue longtemps après sa mort, le pro-
duit devait être aflecté à une œuvre de charité. Le catalogue
parut à Autun, en 1780. Cest une brochure de 187 pp. in-12.
* M. OMton de Lambertye possède lee sceaux en ettivre des éréqnes
de Fienz, de Oamilly, Bégoa et Drouas, et qnélqvM sntrei relatifr à
nustoiie de TooL
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74 REVUE d'alsace
Le lendemain de sa mort,' les chanoines firent couvrir le
tableau du eœur enflammé de Jésus par les plis étoffés de la
robe. On vmt encore de nos jours le tableau de Girardet sur
l'autel du sacré-cœur.
Ces belles armoiries se trouvent sur les plats d'un in-folio,
relié en veau, intitulé: Catalogm de la bibliothèque de Mgr
Vévêque, comte de Toid (244 page&), mdcclx (bibliothèque de
Nancy, manuscrit n°. 1.70, -belle. écriture, encadrement rouge).
Db8 MiçiiELS DE Champorci» (1775-1790). Les livres à
J'usage personnel de cet évêque sont presque tous en maroquin
rouge et armoriés sur les plats à ses armes.
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LB B-uHui BAIS Ui mm tvlcito
75
Après un épiscopat des plus troublés, à cause de la cesBion
d'une partie de son diocèse et de l'anoblissement de son cha-
pitre, M. de Charaporcin jïaf^na, en 17'Jl, la terre étrangère.
Réfugié d'abord dans le pays de Nassau, terre d'empire, il
faillit être accroché à la lanterne; pour éviter cette barbare
hospitalité, il quitta à la hâte Bouquenom (Saar-UnioD). U
s'associa, à Trêves, à toutes les protestations de ses révéren-
dîssimes confrères detla province. Au Concordat, il rentra
sans bruit après s^ètre, en fils respectueux de l'Eglise, démis
de son siège épiscopaL H mourut dans sa funille, en 1807. On
Toit son portrait au palais épiscopal de Nancy.
Au moment oii TéTèque rentrait dans ses foyers, deux eba-
noines, MM. d'Hamonville et de Saint-Beaussant, revenu
d*émigration, prêtaient, à Nancy, le serment de se conformer
aux lois. Le premier mourut, après le Concordat, curé de la
paroisse Saint-Etienne de Toul, jadis la cathédrale; le second
fiit chanoine titulaire de la cathédrale de Nancy.
MESSIEURS LES CHANOINES
Les archives et la bibliothèque du chapitre se trouvaient
derrière les chapelles de la Trinité et des Anges dans une
salle prenant jour sur le cloître. Leur existence fut to^jours
96
assez précaire et les dilapidations devaient être très fréquentes
à la bibliothJ^que, car ^inn:t-deux chanoines, en 1401, en
avaient la clef. La position isolée de la salle la fit servir de
lieu de pénitence pour les membres du cb&pitre; Tun d'eux, le
7 novembre 1547, fut condamné à y passer deux heures chaque
jour pendant six mois pour avoir fréquenté, malgré les avis
reitérés, t une maison de mauvaise réputation ».
Plusieurs chanoines avaient lait des dons à la bibliothèque;
en 1402, M. de Longueville donne le Boman de la Sose et
150 florins; Jean-Robert de Bemécourt, vingt-deux volumes
de droit civil et autres, en 1500; Michel Babel, en 1534, lègue
tous ses li>Tes, etc.
Il y avait au trésor un évangéliaire mutilé très ancien,
écrit en caractères d'or sur parchemin pourpré; il échappa à
la veute que le chapitre fut, en 1045, obligé de faire, comme à
Verdun, pour payer les dettes contractées pendant les grandes
guerres du xvn* siècle.
En 1790, le bureau diocésain avait encore quelques livres
liturgiques et diplomatiques et un évihgéliaire du vT siècle.
Au mois de novembre 1792, deux bataillons des fédérés
parisiens, plus connus sous le nom de MarseUlaiB, * allant h
Tannée, se ruèrent sur la cathédrale, ils commencèrent par
renverser les statues du portail, puis pénétrant dans la nef,
ils mutilèrent ou détruisirent les statues de Jeanne d'Arc, du
* Un ofBcier do ces fédérés eompoea la halte de I* MurA» i»
MmumaU (3 coapleta) :
Ai^Jourdliid de leur impuinaiiee
Nos ennemis sont convainciii.
ris vonloient asservir la France :
Ils paroisscnt ; — ils sont vainciM* (W»)
A peine peut-on les atteindre.
Tant ils fuyent rapidoment.
A Bachus donnons tin moment;
Noas saurons toujours bien les joindre,
LU B-UBMS DtAm LIS TROIS ÉVÉCHÉ8
77
colonel Hébron, tué au siège de Saverne en 1636, de Tarchî-
diacre de Bozières, dont l'ouvrage lit tant de bruit à la fin du
zn* siècle, les monuments en marbre des évêques, etc.; ils
terminèrent ces actes de vandalisme en faisant entasser sur
des charrettes^ les bannières, les tableaux, les missels, les
parchemins des archives, et ils en firent un feu de joie splen-
dide sur la place de la Fédération {Dauphiné). Ce ne fut qu'au
bout de deux jours que ces bataillons, dits des amis de la Répu-
blique et des quatre-vingt-troiâ départements, quittèrent la
ville.
Deux toiles échappèrent aux Parisiens et furent envoyées
au Muséum de Nancy: un CrucifiemerU, par Lebrun, et un
Oiritt détaché de la coïMine.
Parmi les chanoines érudits, on peut citer en première
ligne, M. dePAigle, grand-vicaire qui n*était pas moins remar-
quable par sa modestie et sa piété que par son érudition, dit
Dom Calmet. Il mourut, en 1733, à 80 ans. Ses livres sont
reconnaissables à sa signature, C. de l'Aigle^ sur le frontispice.
Il donna d'utiles renseignements à l'abbé de Senones sur les
anciennes enceintes de Toul.
Le chanoine Machon, archidiacre de Port, fat chargé de
Aux verres, citoyens, fuites halte, guerriers,
Buvez (Jbis) et qu'k grands tlots s'arrosent tos laariers.
CHOBUS
Buvons (Ki) et qu'à gnné» ûoU l'snroieBt noi lamiiti.
etc., etc.
Par Fin, Mma-lienleiuuit
an hfttAillon des amis de la République.
Le denier conplet se termine aimd :
Ponr novt souitraire à l'esclavage,
Anz amies, citoyens, bataillona à tu rangs,
Manhes (Mi), paix aaxhameanx etla gneire aux tiraos.
Xarehou (KfX ^
78
ttroi »*AUUCi
rédiger le pouillé du diocèse de Verdun. Il avait le manuscrit
de son confrère Pelegrin, dit Viator, sur Ptoléméeiiliit cadeau
de Touvrage de Tancieià secrétaire des commandements de
Louis XI au président Séguier, qui avait le talent de se
monter une bibliothèque des plus précieuses sans bourse
délier. L*év6que de Mets, M. de Coislin, hérita plus tard de
ses livres. Machon obtint, en 1645, la grande prévôté de Saint-
Dié, mais il ne put obtenir les bulles. Le P. Benoit est rude
envers lui, il hiisx' entendre qu'il n'était pas toi^ours délicat
pour se procurer des pièces historiques.
EX-LIBRIS
1. L'abbé Bernard, chanoim de l^église de TouL
a) Couronne comtale surmontant un écusson d'azur à une
épée en barre accompagnée en chef d'une fleur de lis d'argent
et en pointe d'une branche de laurier de même ;
b) Es^Ubris Bmirard» dans un cartouche ornementé gravé
sur bois.
Jean-Baptiste Beurard, fils d'un procureur au parlement de
Nancy, fut reçu chanoine le 27 juillet 1761; il demeurait à
Toul, rue du Parge (maison CoUin, notaire). Il fit partie,
d'après le sévère curé Chatrian, ancien secrétaire de Mon-
sdgneur Drouas, de ces jeunes chanoines, nommés par la
sanction royale, qui vinrent à Toul scandaliser les anciens et
afficher leurs moeurs mondaines en se promenant publique-
ment avec des dames. M. Beurard alla même au bal pendant
le eamavai *
Cet Athénien des bords de la Mcurthe, savait cependant
s'occuper de choses utiles; il était un des bons minéralo<^istes
de la contrée. Sous l'Empire il fut employé comme ingénieur
* GHé par IL Pabfaé MM]il«D, p. m
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U8 n-UNIB DAMS llB TROB ÉVtfCHtS
79
des mines en Hongrie. Il publia sur cette partie si riche de la
géologie des ouvrages estimés dans le temps. Sa biographie
se trouve dans les dictionnaires historiques. U y a encore
pea d'années que Ton montrait dans son ancienne maison
canoniale les amoiree et les tiroirs de ses collections miné-
lalogiques. Le chanoine Beuraid mourut en 1825.
Si vous levez ce rideau de satin,
Vous trouverez dans ma bibliothèque :
Ai-aetsro, mot hvm contemporaina,
Dorés tor tranches, on fort beaux maroquini;
On n*j Toit point ni Platon, ni Sénèqno;
Tont 60 &tns do manaïados booqnina,
Vaut-il la poino do beUoi oovvertnret?
Il ne mo &at que d'aimables lectures,
Yooa 7 verrez La Fontaine, Bernard,
Vergier, Grécourt et la Pucelle à part.
Tous enrichis dos plus jolies gravoreSj
Outre cela, j'ai de jolis romans.
Comme Angola, ThérÔHe raisonneuse,
Et le Soi)ha, Margot la ravaudeuse ;
£t les Bijoox indiscrets et charmants
Qui déroilont loo pins soerots mjstèfOi
Depuis dix ans, je sais cela par ccevr;
liait il les ftnt pour les prêter ans beUoi.
D'après le remarquable travail de M. le commandant Daul-
noy, les maisons des chanoines leur appartenaient A leur
décès, on les vendait publiquement à ceux de leurs confrères
qui n'en avaient pas, et qui étaient au nombre de sept II était
défendu de souslouer à des hérétiques ou à des femmes. Les
hais étaient défendus, sauf pour les noces d*un frère, d*une
sceur, d*un ne?eu ou d'une nièce. Des délégués du chapitre
devaient visiter une fois par an les maisons canoniales pour
s'assurer qu'elles étaient hien entretenues, qu'on ne les grevait
pas de serntndes, et que les prescriptions réglementairea
étaient observées, etc.
80 EBVUB D*ALSACB
L'auberge de la Ctoche cTor, qui edste encore, appartenait
au chi^itre, comme le IVô'o^, ou jeu de paume, aitué dans
l'intérieur de la viUe, était la pi npi iété de Tabbaye de Saint-
Epvre, et Vauberge du Cerf aux Dominicains. La nation se
chargea du placement de ces utiles établissements.
2. Dp la hibliothèque de M, Ch. Amh. Cuffardli, N\
Le chanoine Charles-Anibroise Caftarclli du Faliza, naquit
au chriteau de ce nom, le 15 avril 1758. Il fut nommé le 28 sep-
tembre 1775, et en 1780, YOrdo ne le mentionne encore que
comme sous-diacre. A la Révolution, il se retira dans ses
pénates dans le Lauraguais (Haute-Garonne), abandonnant à
la nation 30 ares de rignes quil possédait sur la côte Saint-
Michel, comme tous ses confrères, et dont la vente eut lieu le
14 juin 1793. La confiance de ses concitoyens le fit nommer
membre du district de Revel. Sous la Terreur, il fttt mis en
prison à cause de sa modération. La chute de Robespierre le
sauva. Sous le Consulat, il fut nommé préfet de TArdèche, puis
du Calvados, et enfin de l'Aube où les événements de 1814
vinrent le surprendre très désaî?réablement, car Napoléon
ayant jugé qu'il avait quitté trop vite le département k l'ap-
proche des alliés et qu'il n'était pas rentré au retour des aigles
impériales, le destitua. A la Restauration Tex-chanoine-préfet
retourna encore une fois dans le château de ses pères pour
ne plus le quitter. Ifalgré son désir de ne plus entrer dans la
rie publique, il dut encore accepter les fonctions de conseiller
général et, sur son désir, rarchevêque de Toulouse lui rendit
ses pouvoirs. Jouissant enfin d'une parfaite tranquillité, estimé
de tous, il vit approcher la mort avec calme; il dc'céda le
G novembre 1826, laissant plusieurs ouvrages sur 1 économie
politique et Tagriculture.
Il eut deux ex-libris gravés au burin :
a) a D'azur à la croix de la légion d'honneur en franc quar-
tier, d'argent au lion de sable et taillé et contretaillé d'argent
et de gueules •; toque de baron sur le tout;
tu n-LiMMB &AM t» non Morts 81
h) Kcartf'l(^, V taillé d argent et de gueules, 2''(rar?ont au
lion (le sable, o" iiiar(|ue de baron-pn^fet, t" contretaillé d'ar-
gent et de<i^ueules u; toque de barou, lambrequins etau-dessous
la croix de la légion d'honneur.
3. Anonyme (le grandrdoyeu Fagéi de VantouxJ bous le trait
EsD^ibris formant on charmant stget de pendule, style Em-
pire.
Les armoiries de la Pucelle d^Orléans 1 et 4 sont écar-
telées 2 et 3 du blason du grand-doyen <( d azur à la
cigogne d'argent, au chef de même chargé de trois étoiles
d a/ur » : le tout dans un cartouche rococo surmonté d une
couronne ducale et accosté du beau Dunois armé en guerre,
brandissant une épée, et de la Pucelle également armée de
toutes pièces et tenant haut son fanion armorié. Au fond une
maison seigneuriale dans un parc. Au-dessus une main armée
pour cimier et dans Pair la banderole avec la devise si connue
de Jeanne d'Arc:
C0N8ILI0 FIRMAIJL D£I
Les Pagel étaient originaires de Toul, Tun d*enx fut dans la
police locale.
Nicolas Pagel veult toujours boire,
écrit, en 1567, un Enquéreur. Malgré cela on prétendait que
le grandrdoyen descendait d'un huissier, et le ridicule orgueil
quil montrait à chaque instant faisait redoubler les sarcasmes
sur sa personne; c'est un des plus atteints par les poèmes
sat} ri(iues du temps. Ayant cru descendre de la famille de la
Pucelle, il fit peindre ' le blason de cette héroïne avec le sien
dans toute sa maison et sur ses voitures, au grand contente-
ment des badauds. Il avait re(;u la tonsure des mains de
l'évêque de Metz, eu 1742, et avait été nommé graud-doyen,
* Par Beaulieu, peintre d'enseignes.
Iloovelte Série. — 11"* année.
6
8S àfeVi» »*ALAiGK
en 1768. U occupait au chœur la première stalle du c6té
•iaucho on face do celle de l'évêque; les chanoines étaient
ran^iés par ancienneté après eux. M. de Vantoux fut vicaire
giinéral, membre du bureau des paus rcs, directeur des Sœurs
des écoles de la charité {&u}Quid'hvdla, JJûdrine diréttenne).
Il vivait encore en 1789.
Le graveur messin, Cor, qui fit son prodigieux ex-Ubris, n*a
gravé que celui-là. On voit dans TÂtlas de Buchoz une ving-
taine de planches de lui, dont plusieurs avec blason (Custine,
ville, avocats et Académie de Metz, électeur palatin, etc.).
BIBLIOTHÈQUE DU SÉMINAIRE DIOCÉSAIN
Congrégation de la Mission (Lazaristes)
On lit, écrites à la main, ces annotations sur les titres des
volumes de cette belle bibliothèque :
Hx-Ubria JDmua tuUentis C** Missioms.
E3e4ibri8 Cong» Missionis domua lïiUemU, 1661.
Mimam» TuSimm.
Ex-Ubris Cong, MissionU Domus IktUens, etc.
Venus dans le cours du rvn* siècle pour tenir le Séminaire,
les Lazaristes tirent Ijeaucouj) de bien; mais dans le cours du
xviir siècle, ils donnèrent dans le jansénisme, puis dans les
idées philosophiques du temps, et ils en inspirèrent le goût à
leurs élèves ; ce fut un grand malheur pour le diocèse ; mal-
heureusement Mgr Drouas ne vit rien, et lorsqu'il voulut
remédier au mal, il était trop tard. A hi Révolution, les élèves
avaient abandonné depuis longtemps rétablissement
La bibliothèque était une des plus riches du royaume; elle
comptait 7001 volumes provenant surtout de dons. La grande
salle contenait dans sept trumeaux et 16 rayons, 1504 in-folio,
1065 in-4° et 4432 in-y '. Dans une chambre à côté, il y avait
300 volumes à Tusage des séminaristes. L'inventaire du
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UB is-imv MM m fUM ttiasÉâ
81
2 janvier 1793 porte aussi uiï médaillier avec 67 pièces papales,
un cabinet de physique et une machine électrique, une collec-
tion d'histoire naturelle avec quelques objets intéressants;
selon Buchoz, des monceaux de vitrilication, de congélation,
des minéraux, des pétrifications, des coquillages, une grosse
vertèbre d'iiippopotame, trouvée à Sorcy, une dent molaire
d'éléphant de Dieolotuurd, une corne de bœuf de Tlsle en
Barrois, une porcelaine ea fossile de Champagne, une corne
d'ammon nacrée^ une vertèbre humaine, etc. Le éupérieur de
la maison, M. de BrocveiUe, était, selon le médecin nancéien,
très yersé dans lliistolre naturelle. Gela ne faisait pas pros-
pérer la maison. *
Adrien Lamourette, métropolitain constitutionnel de Lyon,
exécuté le 10 jauvior 17'.t4, et dont le nom est connu dans les
fastes révolutionnaires, fut professeur et supérieur au Sémi-
naire de Toul, puis directeur à Saint-Lazare i il déclara, au
momentd'aller au supplice, que tous les discours que Mirabeau
avait prononcés sur le clergé et les matières ecclésiastiques
étaient de luL Un autre Lazariste du diocèse de Toul, Nicolas
Fhilbert, curé de Saint-Charles de Sedan, fàt sacré à Paris,
en 1791, évêque constitutionnel des Ardennes; il mourut
en 1797. Châtelain, chanoine de Saint-Oengoult, un moment
évêque de la Meurthe, avait été Lazariste.
Un ancien élève des Lazaristes de Toul, qui entra dans leur
congrégation, eut une bien triste fin. C harles Brillon, petit-fils
* Le 31 juillet 1763, le jenne abbé de Tressan soutenant devant
11. d« BrocTeille une thèse, dit que la religion eatholique était la domi-
nante. — Cela était vrai autrefois, dit bnisqnement le directenr, qui
entendait parler de la philosophie qui menaçait de tout envahir. Les
dénonciations arrivèrent, le Parlement fut saisi. On eut l'heureuse
idée d'étoutTcr Taftairo, et M. de Brocveille dut envoyer une «lettre
à réréque de Toul sur les bruits qui sont répandus contre le Sémi>
naire, 1778» (Cat Emmery , 038). Bien des gena n'en penaèmfc paa
nunna qm l'on enaaignait Palhtfame an Séminaira de TonL
84 Mm tfàiMm
do peintre diéron, de Lunéville, fot curé de Foug. A la Révo-
lution, il se retira à Lunéville et s'y maria. l'ar une froide
niatint^e d'hiver on le trouva nuniiant dans la n«*i;4e, près du
cht'iiiin d'Einvill»'. Transporté cbe/ lui, il ne tarda pas à
suct'oniber, laissant, dit son oncle Tavocat ( hérou, une assez
belle bibliothèque, qui ne fut estimée que 700 livres « malgré
qu'elle ait dû lui en coûter bien plus cher, Payant achetée
entièrement chez les libraires. »
Le Club des amis de la Révolution fut installée dans l'église
du Séminaire ; plus tard, celle-ci fut démolle et les bâtiments
transformés en maisons particuliferes rue du Saint-Esprit
(Gefigoult). L'église de Grésilles possède quatre tableaux
provenant des Lazaristes; ils représentent (S'aitif-FtncewMe-
Paul ail milieu de ses disciples — prcchant au peuple — à la
Cour — ui<.ststant Loiii,^ XI II au Ut de tnorf.
Le Séminaire et le ('ollége Saint-Claude attiraient une foule
de jeunes ircns du diocèse, dont beaucoup s'engageaient dans
les ordres. Les écoliers trouvaient à Timprimerie locale tous
leurs classiques. On ne laissait pas alors à Paris le soin
dinonder le pays d'éditions plus on moins estimées, qu'elles
fùssent grecques ou latines. Avant 1789, chaque imprimeur de
petite ville avait les connaissances nécessaires pour publier
un Virgile ou un Ovide sur beau papier et il en trouvait faci-
lement le débit H n'en est plus ainsi de nos jours, et sur ce
point, on a laissé bien en arrière les immortels principes.
Houlay de la Meurthe, un zélé impérialiste, leconventionnel
roulain-tirandprey, le baron Louis, si caricaturisé par la
presse hostile au gouvernement de Juillet, le président
Henrion de Pansey, aussi savant jurisconsulte que gourmand
émérite, le tribun Delpierre, François de Neufchâteau, véri-
table girouette politique, que ses vers firent nommer par les
firucUdorisés la Cû/ogne des Vosges^ l'évêque de Saint-Claude,
de Chamont et tant d'autres furent élèves du collège Sainte
Claude, dont deux professeurs laissèrent à Metz les plus
iM n-UHUI DAM UB TMU ÉftCBte 85
durables soiiTeiiîrs ; M. Mongin, de Toul, profeeseur de rhéto-
rique au collège royal, auquel ses élèves élevèrent un
monuraent au cimetière de l'Kst; le médaillon, représentant
son portrait, est d'un artiste tyrolien. Malilkntn ht, domii ilié <\
Metz; le second professeur est l ablié 8ain>ère, de Vaucouleurs,
proviseur du même collège, bien connu par sa Grammaire
latine de Lhamotid et son Appendix de Dits.
Le 20 décembre 1791, le collège Saint-Claude fut fermé, et
Inen des aînées i^rès on installa à Toul une école secondaire
(collège). Le mathématicien McquiUey y fat professeur.
AbTHUB 0BNOIT.
iA suivre,)
LIITÉRATDBE P(ffDU]RE 08 L'ALSAGB-LOBRAINB
BAVARDAGES
DE
lESDÀIES-ÏËS-GOnB DË STfiASBOOE
entremêlés de quelques autres
COMMÉRAGES ALSACIENS'
Strasbourg a toi^ourB possédé une certaine classe de
bavardes, à l'affût de toutes les nouvelles et qui, par suite
d'une parenté du neuvième de^ré, vraie ou supposée, ne s'in-
terpellaient qu'au titre de Frau Bas, « Madame ma cousine ».
Ce titre est devenu à Strasbourg et dans l'Alsace, l'équiva-
lent de commère, et nous aurions pu trAduire Fraubcue^fgprëch
par • Dialogues des commères de Strasbourg*.
Nous préférons la traduction littérale qui nous a permis de
rendre la nuance Jungferbaaen par •demoiselles-cousinesB, et
de conserver à notre traduction un degré de plus de couleur
locale.
Les dialogues de commères, publiés tantôt en feuilles
volantes, tantôt dans les gazettes localei», furent toujours
* La plupart des auteurs de ces compositions, saisies sur le vif, sont
inconnus. D'autres ont été écrites par Arnold, M™« Engelbard-Schweig-
hœaser, £hreuiried Stœber, C.-F. Hartmann, Ch. Bernhard et Charles
Bordellé.
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UTTÉRATURfi POPULAIRE DE L^ALSACE-LORRAOIB 87
aeeneillis ayec joie par les habitants de Strasbourg. LMmpri-
meur FrédérioCharles Heitz, qui avait réuni une si belle
bibliothèque alsacienne, avait formé un fascicule d^une dizaine
de ces conversations. Cette petite collection se trouve actuel-
lement il la bibliothèque de TUniversité de Strasbourg.
M. Berginann, professeur à ladite FaculttS Ta publiée avec
des notes linguiiitiques, littéraires et ethnographiques très
int(^ressantes.
£& 1877, parut le EU&asisch SchaJtzkHêiel (l'Ëcrin alsacien)
qui réédita ces dialogues en les augmentant de celui de 1848.
M. Auguste Stœber a &it de Touvrage de M. Bergmann une
critique littéraire à laquelle les éditeurs du SchatMêtd
empruntèrent les notes qu'ils joignirent à ces poèmes.
Aux compositions et notes que nous fournissent les trois
publications précédentes nous eu joignons quelques autres
qui nous appartiennent.
Des dix pièces recueillies par M. Heitz, il y en a trois qui
datent des aimées qui ont précédé la Révolution.
Cinq autres se rapportent aux années 1814 et 1815; nous
y lyoutons une chanson en dialecte du Kocliersberg, que nous
ne connaissons que par tradition orale, et qui, d*après le stq'et
traité, doit être née en ces mêmes années.
Les deux dernières pièces de la collection de Heitz datent
des premières années de la Restauration et nous mettent au
courant de ce qui occupait à cette époque les esprits des
bourgeoises de la ville de Strasbourg.
Quelques chefs-d'œuvre de Khrenfrit'd Stœber, Charles-
Frédéric Hartmann et Charles Bernhard, ainsi que le dialogue
de 184S, nous ont en outre paru dignes de Tattention des amis
de notre littérature populaire.
Nous fiûsons un appel à ces derniers et les prions de nous
communiquer les poésies de ce genre que nous avons omises
ou que nous ne connaissons pas.
Ëniin nous terminerons par la traduction de quelques-unes
88
de nos propres poésies alsaciennes, se rapprochant, par leur
sujet, du genre des Frauhasegsprddu
Si cette communicatioii à la Revue d'Alsace trouve auprès
du public français ttn accueil t&nt soit peu bienveillant et
fiiTorable, le traducteur se propose de llnitier à une connais-
sance plus intime des richesses de la littérature populaire
d^Alsace-Loxraine.
Rioz (Haute-Saône), le 14 juillet Ibbl.
Ch. BekdbllA.
I
CONVERSATION
tetiue d/in>i lintimitc près de hi Maison-Bouge, entre deux
aDumcfi-Cousines^^ de notre riJle de Strasbourg, comme qui
dirait entre Danie Julienne et Dame Ursule qui jouissent,
parmi lea personnes de leur sexe, d'une haute considération,
à cause de leurs manières aussijranehes que convenables. *
Pstl. . . Attendez un peu. Vous n'emmenez persouneV
URSULE
Âh! c'est vous, ma cousine? U faut qu'on me pardonne.
Je ne vous entendais et voyais encore moins,
Car il fait si boueux pour marcher. Tous mes soins
Vont à mettre le pied sur un pavé non sale.
* L'anteiir de cette première cooTenation eit ineonmi. Elle coide de
la booehe de cea «Hadame-ma-coiiune» elassiqnes cemme va I^ier
miaseaii qui ne s'arrête jamaU. Mélangée de Traies locations strasbovr-
geoises, on y parle des onvriers, des soins du ménage, des maria, et
snrtont des dinnestiques dont nne sortont, dn nom de Lise, y est puti-
cnlièrement maltraitée.
Maiaon'Bovge, nom d'an h6tel situé place Kléber.
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LITTÉRATURE POPULAIRE DE L'ALSACE-LOHRALVE
JULIEHNE
Oui! c'est tout comme moi, et, chose bien fotale,
J'ai là de gros souliers que j'aurais rondement
Dû laisser au Toleur.
UB8ULB
Pourquoi?
JULIENKE
Voyez comment
On marche làrdedans. Comme dans une caisse
De bhinchisseuse,* eut-on le pied le plus étroit!
Et bestialement pareil marché me blesse.
URSULE
Ne vous irritez pas, mais n'iidez-vous tout droit
Dans la rue aux Carreaux, chez Bœr. 11 vous fabrique
Des souliers, c'est vraiment, cousine, magnifique
Comme ça tient aux pieds. On les dirait fondus
Avec eux.
jULismns
Par le sang! vraiment, on ne tient plus
A s'acheter du neuf, car U faut que l'on t&te
De tous les magasins. On croit tenir du bon :
Le confectionnant, Touvrier vous le gâte.
UBSULE
Du cousin Abraham,' votre nièce, dit-on,
Vient d'hériter un tas d'argent
JULIENNE
On peut le prendre
* Caisse de b Unie hisse use. Caisse reriangulaire à laquelle on a enlevé
l'one des parois verticales et dans laquelle s'agenouillent les blanchis-
Moses pour ne pas se mouiller les genoax en lavant leur linge.
' CbiBz les protcmanti de Strasbourg, et tinrtovt daiit certains qnar-
tien de la TÎUe, on troave Bonvent des noms tirés de Faneieo Testament,
comme Abraham, Daniel, etc. «
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90 UTOB D'AUiCK
Avec celui qu'on a. Je viens encor d'apprendre
Que ce «^rand sot d'Erhard, vous savez, ce dadais
Qui baignait ses coi hons, aurait aussi sou legs,
A peu près trente écuâ, comme part légitime.
URSULE
Le fripon! Comme il a dit sentir dans lintime
Fond du cœur le besoin de rire. Sûrement
Ça va donner un couple avec la jeune Lise.
JUMENNK
Oii, non! cousine, non! elle est déjà promise.
UB8ULS
Quoil promise d^à? Sait-elle seulement
Faire une soupe à Peau? Comment? choses conclues?
JI LIKNNE
Les accordaiiles ont été déjà tenues.
UB8ULB
Qui donc ose la prendre ?
JULIENlfB
Oh! cW un compagnon
Qui s*en vient au Murhof. *
U us ULE
Oh bien! le joli don
Qu'on lui fait! mais je crois qu'elle vient Oui! c'est elle.
JULIKMHK
Otidonc?
URSULE
Eh bienl là bas! vers le oTrou des Navets.»'
JUUSHBS
Je ne l'aperçois pas.
' Ferme et maison de ctmpagne, sur l'O], en amont de Strasbourg.
' BûeuèloA. Sobriquet eerTUit à désigner on cabaret près de la place
liléber.
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untoATimi TCnfuiM m l^alsace-loriuhtb
UBSULE
Begardez bien! Tout près
Des tamboun.
JULIBNVB
Par le sang! oui ! c*est bien notre belle,
n faudra donc changer de convenation.
N'est-ce pas une grande abomination,
Ma cousine ? Elle porte une fort belle chaîne
En or. Je vous demande : est-il, grand Dieu, permis
A femme d'ouvrier V
URSULE
Ma foi nonl Ça me peine
Aussi, car on ne peut, comme le monde est mis,
Plus distinguer des gens comme nous des serrantes.
On dirait qu'elles sont toutes impatientes
De courir à leur perte.
JULIENNE
Oh Dieu! d'où viens-tu donc,
LifieV
LISE
Du «Marché-Neuf*. J'y viens, pour toute afibure,
D'acheter des navets, pour deux sous d'amidon.
JUfJBKHB
Alors vous savonnez ?
LISE
Mais oui! dans la soupière!
Car nous n'invitons pas encor. Pour le besoin
On se débrouille un peu.
UBSULE
(FaiiBBt mine de partir)
Moi je vais au plus loin.
JULIENNE
Attendez donc un peu, cousine, je veux faire
WMn» ii*AUâfli
Le chemin avec tous. Lise, tiens-toi longtemps
Chez Uis maîtres qui suut, ma fui, de braves gens.
LISE
Oh ! j'ai lait le plus long de mes temps de services.
JULXKHVB
Quoi! n*e8-tu pas contente? Ah! ciel! je te comprends.
Quand donc cutreras-tu dans ces temps de délices V
LI8B
Dans quinze jours. Cousine, aurai-je le bonheur
De vous voir assister à mon grand jour d'honneur?
JULIENNE
Je ne le promets pas, mais ça pourrait 1)ion Ôtre,
A moins d'empêchements. Je voudrais bien connaître
Notre nouveau cousin. Fais-lui mes compliments.
USE
Merci!
JULDEHEB
Porte-toi bien.
URSULE
n va faire beau temps.
Le ciel va s'éclaircir.
JULIENNE
Oui! sans que ça ne tarde.
URSULE
Lise est une savate. Elle cause et bavarde
Et chez elle devrait être auprès du cuveau.
Si jamais ma servante'agissalt de la sortes
Je vous la traiterais comme un chien. Est-ce beau
De voir qu'aussi longtemps une servante sorte,
Délaissant sa cuisine où le feu brûb> en valu /
l'uis arrive le tcinj)s du dtner : I.a luronne
ii^t cause bien souvent que lo mari bougonne,
LnrÉRÀTURE POPUUIRE DE L*ALSACE>L0RRA1NE
Et la femme en vaut pis. Pourtant e'est bien certain
Qu*on ne peut pas toujours être dans sa cuisina.
JULIENNE
Imaginez le coup, le beau coup, ma cousine,
C^u.' la mienne, ma foi, me ht lumli dernier.
Je voulais assister, sans retarder, au prêche
De huit heures; je pends bien vite uu oreiller
Que mon enfant avait mouillé, pour qu'il y sèche,
Au coin de mon fourneau; puis je porte au grenier,
Sous le &tte du toit un tas de linge sale.
L'oreiller est déjà percé, quand je déTale,
D'un grand trou par le feu. Je ne me connais plus
De foreur, et le pis, c'est que cette canaille
Kit aux éclatâ pendant que moi je la fouaiUe.
VBSULB
Le savait-elle donc?
JULIENNE
Non ! mais c'est un abus
Quand dans une maison l'on ne voit la servante
Qu'à tricoter, iUer, commander les enfants,
A balayer encore employer tout son temps.
Je n'en veux de pareille. Il m'en faudrait qui sente
Qu'elle doit quelquefois passer sur le talon
De sa maltresse.
ITRSUL15
Ohî oui! vous avez bien raison!
Mais dans tous les états Ir mal, hélasi abonde,
£t vraiment on croirait que notre pauvre monde
Approche de sa lin.
JULIERVI
Des gens de sa maison
L'on en supporte tant Cest vraiment effroyable.
VBSULB
Je vais rentrer ehes moi. Le temps est prédeoxl
ftEVUE D*ALSACS
JVlAEïïn
Voyez doue ce ficbu. Qall est dâUdenx!
Où donc a-t-on brodé cette pitee adorable.
URSULE
Au Ck)m brûlé,' coiLsiue.
JULIEirNB
Ah! oui. Bans donte c^est
Cette grande? Combien payes-vous cet objet?
N*est-ce pas? Qu*e8t-ce que cela peut bien me fiûre?
ITRStTLE
Vous connaissez mon lionime, et savez qu'il faut taire
Le prix que peut coûter un objet de si peu
Do valeur. Pour l'avoir j'épargne sur ma bouche.
Sans ça je serais comme une bête au bon Dieu :
Toiûours même costume. Et, vous savez, je toucbe
Mon argent de semaine. Au delà je n'ai rien :
n iàut me débrouiller.
Cousine, quant au mieu,
Il me laisse bien libre, à moins (jue dans sa tête
Il n'ait parfois logé quelque petite bête
Que j'en chasse aussitôt
UB8ULB
Et comment iGûtes^ous ?
JULIENNE
Voyez-vous V quand je vois mon cher et tendre époux
Laisser pendre sa lèvre et me faire la mine,
C'est un bonheur pour moi, croyez-le, ma cousine.
De faire la malade. A ma mère soudain
Je fais dire d'aller chez notre médedn.
*Jm BmmlêSnéP», k Fonesl de 1» plaee Kléber.
LtTTÉEAmE MPOUtHl DE L*ALSÀC£-LOftftAUlS 96
Elle sent le i^tL * Dans la même soirée
£lle vient II lànt voir la belle échaufioarée
Entre elle et mon mari, qui se soumet enfin!
UB8ULE
La friponne!
JULIENNE
Eh bien donc? Ne suis-je pas rusée?
URSITLB
Mais oui! et joliment 1 La belle invention I
Jamais je n'aurais eu (rimagination
Semblable. Mais cela pourrait bien m'ôtre utile!
Que le mien, quelque jour, de façon incivile,
Me gronde, et je ferai tout comme vous, ma foi!
Essayez une fois!
URSULE
lia haï (;a me fait rire
Déjà! Portez-vous bien. Faut que je me retire
Et que je rentre vite.
JULIENNE
Et quand donc viendrez-vous
En visite chez moi passer une journée?
URSULE
Oh ! je pense bientôt Saluez votre ^oux.
JULIEMB
Et VOUS le vôtre aussL
URSULE
Je vous suis obligée,
Et n'y manquerai pas, ma cousine honorée.
Rioz, le 24 mars 1881.
* BmnUr U rôti, synonyme strasboargeois de: avoir bon nez, arriver
a« bon moment, Mn une chose à propoe.
M
ftiTdi d'auace
II
CONVERSATION INTIME
tenue à la fontaine par guatre servantes strasbourgeoiaes.
Lise, Sitzatme. Catherine et Marguerite^ composée par Jean-
Georges Werdo, la sentinelle, de son métier enfant de StraS'
bourg, qui était alors âe garde auprès de la fontaine, *
suzAinns
Diantre ! que vois-jo donc? Encore à la fontaine?
Où donc as-tu traîué V Comme tu jupe e^st pleine
D'eau cl de boue!
LISE
Eh bien! je .suis h nettoyer
Ces choux, et forcf'MntMit mouille mon tablier.
Pense donc ! mon Martin veut faire la maudite
Farce, et me laisser là. Lui, qui me serrait tant,
A m'étouffer ! ce chien ! il est à la poursuite
D'autres iilles. . . Mais tiens! n'est-ce pas Marguerite
Qui regarde du haut du grenier.
Un instant!
' De tons temps les fenuBM, «t ffortovt Uê servantes, ont «imé se
réunir anpr»'H des fontaines ponr s'y enfoncer dans les commérafres, et
souvent leur arrivp-t-il de ne jtas s'apercevoir que, de même que les
paroles découlent aliondaiitc» de leurs liouches, de même l'eau déborde
de toutes parts de leurs seiUcs trop remplies.
Dans cette conversation ces serruites s'oecnpent snrtoni de lenrs
usants dont elles énnmèrent les qualitée et les déCants. Les expressions
de colère ou d'envie nltement dmic avec les tonnes lonangeon, et les
(rosses trivialités n*y manquent pas non pins. Katnrellement on n*y
^aigne pas les patrons, et les sorties qne ces bonnes font contre lenrs
mattres font de ce morceau la digne contre-partie du pranier.
I/auteur en est également inconnu.
* Marguerite.
LITTÉRATUKE POPOLAIES DE l'ALSACE-LORRAIXB 97
Attendez donc un peu. Je vais aussi descendre
Chercher de Teau.
8UZB
Gomment! Mais tu devrais comprendre
Qu'on ne te peindra pas des amants. Tiens ! mon Jean
Fit de même avec moi. Moi, le lâchant d'un cran
Et uie moquant de lui, je for(;ai Timbécile,
Ne le regardant i)Ius, à revenir vers moi.
Mais lui revint tout droit et se crut bien habile
£n m'embrassaut du coup, pensant que, bien docile,
Je rendrais le baiser. Il se trompait, ma foi!
Et je ne craignis pas de lui dire pourquoi
Je le boudais. Depuis il n*en voit aucune autre.
LISE
Ah ! je ferai de même avec mon bon apôtre.
Je parviendrai peut-être à lui faire lâcher
La maudite traînée. . . Oh bien ! c'est Marguerite
Qui vient déjà!
avtn
Quelqu*un vient-il de te fâcher?
Quelle mine tu fais!
BUZE
Il ne faut tout de suite
Tout redire, bavarde.
OIIÉTE
Oh ! je ne dirai rien.
Je garde les secrets. Vous me connaissez bien.
USE
C'est Martin. ..
SUZE
Ne dis rien! Elle lui tend la perche!
ORÊTK
Oh ! je m'en moque bien ! ^
MoDYell» Séite. — 11- aonéa. 7
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96
hEVlii; d'alsacB
USE
Oui! mon Martin recherche
Lu Barwelé' (le chez le tailleur. Chatiiu' >olr,
£t ça me peine fort! chez elle il va s'asseoir.
obAtb
Chacune de vous n'a que ce qu'elle mérite,
Vous vous plaignez toujours. Folle! va-t'en donc vite
Courtiser le valet. Il nu? suffirait bien.
Mais vous voulez encor choisir trop longtemps. Eien
Peutril jamais manquer quand À son domicile
On a tout ce quil fiiut? Chez nous, moi j*ai le mien.
U est bien fait et jeune. H me serait fiicile
De te parler encor de choses que je sais
Et que j'ai sur la langue.
LISE
Oh bien ! va donc! jamais
Je ne puis oublier mon Martin. Je voudrais
Le manger, ce cher fou! Et surtout quand je songe
Comme il nfanuise bien et gentiment me plonge
Sa main froide bous mou mouchoir de cou.
SUES
Retiens
Ta langue prudemment Tais-toi, laide sorei^,
Et va faire la morte afin que Ton fenterre!
Vite il faut me sauver, puisque je me souviens
Que je n'ai pas raclé légume ni carotte
Pour la soupe. Il est tard! Grand Dieu ! Comme il radote
Mon vieux registre et comme il tape sur mou dos
Quand je vais lui servir des plats pas assez chauds.
Mais void Catherine.
* Diminutif de Barbe.
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UTTtRATUU NtaLAnS DB L^ALBàCB-LOBlAOlB M
KMTE*
Eh bien! quelles nouvelles
Redisent vos bonii becs?
8DZB
De quoi parleraieiit^es
Si ce n'est des garçons qu'elles Tondraient saisir
A la fourchette!
enÉTB
Non 1 mais Use est en tristesse,
Et cela parce que son Martin la délaisse,
Parce que la Bftrwel Tempéche d*y venir
En Tattirant chez elle.
8UZE
£t j'aimerais que Lise
L'eut plutôt
K^TH
Si j'étais au moins dans ta chemise,
Je vous arrangerais la jaune au maigre-né!
Oh! Martin se Torra du monstre abandonné 1
Ne lui permets-tu rien?
BUZB
^ Mais elle reste assise,
Et sans rien dire, quand Martin veut chiflonner
Son tablier.
UBI
ADons ! Croîs-tu, grande niaise,
Qu'on ne peut que rouler. En prend-il à son aise,
Le tien, quand tous les soirs il vient te câliner?
8UZE
Autour de notre Ilot nous allons promener;
Nous entrons au Griflon j*y rencontre un bon Terre
* Catherine.
* Le Oriffo», bruserie renommée.
100 RBVUB D*ALSACB
De bière. En mon chemin je viens même de faire
La rencontre dUrsule.
ORÉTE
Eh î Von m'a raconté
Qu'Ursule, avec le sien, a laidement heurté
Le nez contre le mur.
KJBTH
Oui ! je viens de l*apprendre:
On dit qu'elle est lardée.
USE
Eh ])icu! Va-t-elle pendre
Son enseifîno au dehors V Quels soins j'ai pourtant mis
A la rafistoler! Que ne se sont-ils pris?
Ce Zinkehp9 ' pourrait inviter au baptême.
GRÉTB
Il a déjà rempli son tonnelet, et même
L'épouserait, pourvu qu'elle veuille.
K^xa
Eh bien ! moi,
Si j'étais échaudée, oh! pour ma délivrance
Je l'accepterais bien.
SUZE
D y a bien de quoi
D'être une pauvre femme!
LISE
Et la belle laitance
QuMl aura de sa mèreV Oh! ciel! je le prendrais
Aussi.
' Zinlclips, mot sans sens propre, employt^ de no» jours comme syno-
nyme d'imbécile dans le lansaf^e strasbourgeois. M. liorginann prétend
que dans ce poème ce n'est (ju'uu uom propre sigaiûaut l'hihppe Ziuk.
Dans le doute, nous traduisons par le mot tel qnel.
UTTÉIATOU NtOLAlRB M L*AUA€l-LOIIAIin 101
GBÉTB
N'en parlez pas, Madame ma cousine!
Croirais-tu pur hasard, toi, que tu rubtieudraisV
Il n'est pas pour ton uez !
USE
Voyez, cette mfttine!
Comme elle ne sait pas bien parler? Hais comment
Ne saurait^lle encor danser plus gentiment?
Crois-tu, que comme toi, je me livre à la chasse
Des hommes V Ma foi, non! Je n'en suis pas vorace!
Et je le trouverais bien trop cher, même si
L'on voulait le donner pour rien. Non! grand merci !
Qui donc en voudrait? Qui? Je courrais dans laiiamme
Pour me sauver de luil Que n'ai-je mon amant
Martin.
SUZB
Pas de dispute!
LISE
Alors qu'elle ne clame,
Comme elle fait toigours, eu petit commandant!
STTZB
Assez parlé de ça ! Silence! Qui donc quitte
Au terme?
K^TH
Toi tu viens à propos ni'envoyer
De Teau sur mon moulin! Quant à moi je n'hésite
Nullement. Dites-moi! qui pourrait verdoyer,
Quelle bonne, chez nous ? Lorsque nous croyons boire,
Par grand hasard, du vin, nous y trouvons des fleurs.
Plein le verre, ma foi! Puis les cris et les pleurs
Des enfants ne font pas le plus beau de Thistoire!
Us ne vous laisseront ni repos ni répit!
L*ttn a la gale aux mains, lorsque Tautre petit
A de la pAte molle en ses cheveux. La bonne
Eprouve des tourmentâ, se fatigue et s'aigrit
Bien pis que chez des Turcs. A peine Tun guérit,
L'autre tombe malade. On travaille, on leur donne
Les Teilles et les soins ! Pourquoi? Pour en avoir
Bemeretments du diable!*
ORÉTE
Oh ! Je voudrais bien voir
Que ma dame trop fort me parle! Notre maître
Lui dit très bien son fait, quand je lui fais connaître
Quelque si^et de plainte.
LISE
Kli ! la mienne me va !
J'aimerais seulement pouvoir par ci, par là,
Me rendre au Jardin Schultz^ pour, comme une autre iiUe,
Trouver quelque plaisir!
8T7ZB
Chez nous, soir et matin,
I/on cire, frotte, essuie, et sans un coup de main
De notre demoiselle. Oh! quand elle s habille
Et se pare, elle croit travailler grandement
ORÉTE
Tonnerre! comment donc! Je perdrais joliment
Patience.
LISK
La nôtre est tout à fait coulée
Au même u^oule!
k.ï:th
£t moi! je me trouTe accablée
' Bemerdments du diable, Ingratitada (aa dit komA en Frtnehe-Comté;
voir la If^f^endp ri-apr^s).
* Jardin SdwtU, hai duunpdlre «itué aa Contades.
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UrrÉBATURB POPIU4AIRE Ofi L ALfiACK-LORRAllIE 1U3
D'un repentir amer de n^avoir pas quitté
Mes mattres. Dieu pardonne! Auprès d*enz j*ai gftté
Plus de souliers, ma foi! que je n'obtiens de gage
Pendant toute Tannée. On a pour tout potage
Quatre florins. * 11 faut pour se faire natter
Les cln-voux, la iiiécctte; -' et puis pour acheter
La pdiidrc et la ponimade, une certain»' ^n!llnlc
Est nécessaire aussi. Ou entre parfois, couuue
On en a l'habitude, eu quelque magasin
De sucrerie, et puis, s'il vous reste à la fin
Quelques sous, il les faut pour eouvrir la dépense
Du tabac à priser. Mais je connais la danse
Qu'on peut faire danser à Tanse du panier,
Sans cela Je serais réduite à mendier.
LISE
Adieu donc maintenant. Ta maîtresse t'appelle
Et, si tu vois Martin, donne-lui mon bonsoir.
Mille tonnerres! va! Peau froide qui ruisselle
Dans mon dos!
Je serai seule 1 venez me voir
Quand vou^i aurez assez tiié!
ILfiTH
Grande campaine!'
Va, folle! nous irons plutôt à la fontaine!
Haguenau, le lundi de Pentecôte, 6 juin 1881.
* Florin, deux livres ou denz francs.
* La piécette valait douce sous. £n allemand : Bièêlc.
* Clochette an cou d'une Tache, par extension bâtarde, folle qui ne
sait ce qu'elle dit.
Umn D*AL8ACB
LÉeSHDl FBAKO-OOMTOISB
LA RBCONKAI88A3I0B OU DIABLB
Un bon paroissien (c'était nn conseiller
De fabrique, an dévot et zélé marguillier)
Vn beau jour parcourant les combles de l'éfrlise
Y retrouve une imatre en bois qu'on avait mise
En déjxit dans ce lieu. C'était un saint Michel
Terrassant Lucifer, mais (jue le temps cruel
Avait bien multraité. La couleur, la dorure
Ke Toalaient pins tenir, et partout l'éraillure
Mettait le bois à no. Notre bon oonseiller
Beeueillit saint Ifichel, et pris dn plas pienx sèle
Fit remettre d*abord des plnmes à chaque aile.
Fit redorer l'annnrei et même dérouiller
Le glaive flamboyant. Pais eonTrant son Tisige
De blanc, de Tormilkm, il mit selon l*iiaage
Sa tunique en asor. Après à Lncifcr
Bafistolanf la queue, et « livrant de cira$;e
Le corps, il lui fit prciuirt', oh ma foi! fort ho\ air
Et maint dévot d«''s lors vint rondre son hommage
Au saint, qu'Iiier encor tout chat-un méprisait,
Lorsque loin des reiiards son triste corps gisait
Vermoulu, délaissé, dans l'épaisse poussière
Da grenier.
Un beau soir ii ce bon marguillier
Apparut le démon, qui venait pour lui taire
De grands remerciments : < L'on allait m'oublier
Dans on obscur endroit où j'étais la p&ture
Et des rats et des Ters. Me contrant de peinture,
Tu me rendis ma queue et mes griffes. Après,
Rencomé ta me mis aux lieux oft je parais
Dans toute ma splendeur. De ma reconnaissance
Je Tondrais Rassurer! sois-moi I »
Le diable avance
Et le bon marguillier le soit dans la ferèi.
Puis, au pied d*un sapin creusant, Lucifer met
A no de grands ttéton» Après il les reooone
unÉRATURB rorouna de l*alsa(s lorbaiioi
105
De terre : « Tu viendras, mon cher, de grand matiii,
Les enlever I» — < Gomment ponmit-je alon demain
Beeonnattro Tendroit? » — « Ponr qne penonne n'onvre
La cachette, et ponr qne toi, tn mettes la main
Snr le magot, sans peine, il n*est qn*nne recette:
Cnlotte 1nw!>
On rit, et la choBO fnt foite.
Qnand la digne moiUé de notre bon d6vot
Dn conde Ini tapant dane les flancs, dit : « Grand eotl
Ee-tn donc un gamin ponr salir ta couchette? >
Notre homme I ah! qu'il devint capotl
Triste fin d'un réve agréable!
Ce fut lui qui trouva le mot :
« Bemercimeots du diable! >
Biox,9jnilletl881.
m
CONVERSATION SÉRIEUSE MAIS AMUSANTE
tenue par deux nMadame-ma-coumien strasbourgeoises, comme
gui dxraâi Dame Ursule et Datne Saloïné. — Strashourg, à
Wmser m magtm^ de Fausdiinger, eoue letpeHtes Arcades. *
UBSULE
Cousine, je Pavone et le dis, ça me crève
Le cœur de voir comment de nos jours on élève
Notre jeunesse qui n'a plus aucune peur
De Mam Traj^j).^ Les garerons se mettent, o malheur!
* Ce morceau est une mise en action tri^s bien réussie de la parabole
de La Baûle «I de /a Poutre,
* Stmê IVapp. Penonnage fimtastiqne qni la teille de No«l entre
arec Tenfant Jésns dans les maisons oii fl 7 a des eniSsnts ponr pnnir
cenx qni ont étd méchante, pendant qne Tenfant Jésus récompense
cenx qui ont 6tf bons. Ce nom provient par corruption de celui d'un
certain Jean de Tratt, chevalier-brigand qni se fit redouter en Basse-
Alsace et dans le Palatinat.
106
un» D*AUAfiK
Tout jeunes, à jouer. Les fines qa*oii courtise
Ne songent plu;> qu*au luxe, à niaiiite mignardise,
Croyant quo c'est bien beau quand elles s*en vont voir
La comédie, et quand elles vont chaque soir
Au Broglie * afin que chacun les y reluque.
Et de plus chaque jour dessus tous les remparts.
Les cheveux dans les yeux, tout comme une perruque.
Ces folles vous auront des mines, des regards
 vous ébouriffer. Leur gorge est toute nue
Afin que tout passant profite de la vue
De leur tétons. Aussi leur tour de gorge est fait
De façon bien friponne. Et quant à leur corset,
Est-il, grand Dieu ! permis qu'aussi fort on le laee?
Elles portent enfin un costume effronté
Tout comme si c'étaient des gens do qualité.
La jupe en taffetas par le dessous dépasse,
Et leurs pantoufles sont de drap d'or ou d'argent,
Avec grands falbalas, avec des bas de soie
Blancs, qu'elles lacent fort, afin que l'on n'y voie
Le moindre petit pli, le moindre froncement
Et puis au grand jamais elles ne voudront mettre
De souliers noirs. Oh non! les souliers devront être
De couleur. Vous savez, cousine, n'est-ce pas?
Qu'autrefois, aussi vrai que je suis honorable,
Le monde se montrait beaucoup plus respectable.
Ah! comme on nous faisait lire, après le repas
Du soir, dedans la Bible ! On ne pouvait desn ndro
Devant la porte, non! Kt iiiiel bruit, quel esclandre
On faisait, Dieu du ciel! et comme on nous grondait,
Quand Tune d'entre nous seulement accordait
Le plus simple bonjour aux messieurs dans la rue!
Aussitôt on disait : « Dieu! quelle dissolue! »
Quand on société quelqu'un nous embrassait!
BALOHi
Ma cousine, c'est vrai! mon mari me disait
* Broglu, prumeuade à Strasbourg, rendez-vous de U belle sociéié.
UTrttATURB NfOLAlRB DB VUSkCSMUOLim 107
Que du temps qu'il était encor célibataire
Ça marebait autrement Nul gar(;on n^allait faire
Du luxe CD ses habits avant qu'il ne fût sec
A ses oreilles. Non! jamais jeune blanc-bec
Aux Hlles ne faisait la l'our ou la causette
Quand il n'était pourvu de barbe ù son menton.
Au sortir de la classi-, aujourd'hui 1rs voit-on
Dans les lieux oii l'on peut trouver quebiuc fillette,
Ces beaux étudiants! Ma Sâlmel ' Tautre loï&
•S'était permis aussi de m'en amener trois
Chez nous. Bonté du ciel ! Comme je me suis mise
A gronder!
URSULE
Ma cousine, il faut que jt; le dise
Pour sa défense : alors elle ne pouvait pas
Faire autrement
8AL0MÉ
Pardon! de tricoter ses bas
Lui séait beaucoup mieux que de rester avecque
De jeunes courtisans qui fcrait^nt i>eaucoup mieux
D'aller à b-ur collège, à la bililiothèque.
Ma tille ne doit pas s'éloigner de mes yeux
De plus que de cent pas. Car n'est-il pas immense
De nos jours le danger de la séduction?. . .
MaisI Connattriez-Tous, ma foil puisque j'y pense,
Le jeune magister* donnant rinstruction
A nos petits?
uRsi'i.i-:
Mais non cousine! Qui donc est-ce?
' Sahnel, Salomé.
' Magist^f candidat pastear, s'occuyant d'enseignement en attendant
une cure.
MTOB D*Ai8âCI
8AL0MÉ
Un homme convenable et plein de f^t'iitillesse,
Prêchant déjà, très sage, et parlant couramment
Le latin, et portant sa propre chevelure;
Et de plus il n'est pas brutal de sa nature
Comme bien d'autres qui mettront tout leur talent
A nous faire pleurer nos enfants.
URBULB
Ma cousine,
Que j"ai bien ri jeudi î Mais veuillez m'excuser
Si je vous interromps,
SALOUé
Vous fûtes la badine
Envers moi! laissez donc!
URSULE
Je viens de m'amuser
Ce jour-là, ma cousine, en belle compagnie
De messieurs bien ti«'ntils, pleins (re>prit, de flatté.
Ah! comme ils vous menaient bien la plaisanterie,
A se rouler par terre! sauf un seul excepté
Qu'en tous lieux et tout temps j'éviteraL
SALOHÉ
Cousine,
Eh bien! pariez-vous que nioi jo le devine?
URSULE
Si vous le devinez, ma foi, je le dirai.
8AL0MÉ
N'était-ce pas o — ?
UBSULE
, , _ V (:\'st, ma foi, vrai!
Sa présence en tous lieux m'est bien insupportable:
C'est un fort mauvais homme, un esprit pitoyable.
UTTÊRATORB POPULAIRE DE L^AUACB-UAftAtlIB
Croyez-Tons qu'une fois cet être portera
Son chapeau sous le brasV Ou bien qu'il se fera
Friser complètement? Oh non! mais sur sa veste
Il a cent taches, et, (luand d'autres, bien ornés
Sentent l'eau de lavande, au contraire il empeste
Le tabac. 11 n'a pas de gilet^^ galonnés,
Le croirez-vous, cousine ? P>t jamais il ne reste
Auprès de la niai>()ii Uuinniel; jamais, ma foi!
Aux op^iioH il ne monte. K]\ ])ien! que l'on proteste
Ou non, moi je le tiens poui' uu sot. Et pourquoi V
Ne me parla-t-il pas, et trois heures entières
De rien autre, ma foi, que de pur sentiment?
j^'était^ pas niais? Qu'il vienne seulement
Et me dise un seul mot! Sans fàire de manières,
Comme je l'enverrai promener proprement!
Ah! les autres foisaient bien meilleure figure.
Payant pâtisserie et bonne confiture
Qu'ils faisaient arroser de fort bon vin muscat!
S'ils viennent quelque part, vite on vous accommode
Ce qu'il y a de fin, de bon, de délicat!
Et le moindro chition sur oux est à la mode,
Chaiiuc quinzaine ils ont un nouveau vêtement.
Oui ! c'est un vrai plaisir d'avoir un tel amant:
Avec lui dans la rue on peut se montrer fière.
Le sentiment intime V Eh ! que peut-il me faire
Quand un individu ne peut rien me payer
Ni donner? Mon amour est prêt à se rouiller
Quand à mon amoureux ce sentiment ne coûte
Quelques sous.
SALOMÉ
Mais voyez! combien cela déroute
D'avoir tant à penser. Je viens de remarquer
Seulement ntaintenant cette belle enffogeante *
' Engageante, espèce de flcbu à la uiode à Tépoque.
110 RBVUB D*AL8ACK
Que ma cousine a là.
Ma (•i)U>ine plaisante!
De moi voudriez-voub, ma chère, vous moquer?
BALOMÉ
Cousine, non, vraiment! Oh bien! la belle chose!
Oii l'avez-vous donc fait broder '/ L'o&illet, la rose
Sont comme s'ils vivaient.
URSULE
Moi? Je Tai fait broder
Par Madame B&rweL
8AL0MÊ
Je devais le cuider !
Mais ce qui me déroute auprès de ces brodeuses
C'est qu'elles font bien trop attendre les dessins
Qu'on leur a confiés!. . . Sommes-nous curieuses?. . ,
Pour qui seraient donc bien les tartes aux raisins
Que nous venons de voir porter? Pour qui, cousine,
Le penseriez-vous bien?
URSULE
C ('st pour une voisine
Qui dans le Trou-Thomann ' accoucha justement
salomA
On sonne llieure. Chut!
UR8ULS
Combien?
BALOMÉ
Midil
UBBUIA
Comment!
C*e8t vraiment pitoyable!
salomA
Oh ! ça ne peut pas Otrel
* Trou Iftomomi iDummdoeh}, rne parallèle à la Petite Bne des
Boachen.
LRTilUTimB POPOLAtRB DB L'ALSACB-LORIUWB 111
Midi!
1JS8ULE
Si! vous pouTOB très bien le reconnaître
Par le son des tambours.
SALOMÉ
Loin de vous en aller
Restez (Micore un peu. J'aime voir deiiler
Ces beaux JSa^boviens. '
URSUI.K
Moi, coubiue, de même.
8AL01IÉ
Us viennent
UB8ULE
Cette marche est belle !
SALOHÉ
Oh!oui!moij*aime
Le Bon de leurs tambours.
URSUIjE
Ma cousine, toujours
Je suis votre servante et nullement n'hésite
D'humblement vous prier de donner mes bonjours
A votre cher mari.
SALOMÉ
Pareillement! Bien vite
Il faut que je me sauve. Allons! Bien du bonheur!
Surtout venez bientôt me faire une visite.
UUBULE
Ma cousine sous peu je m on ferai 1 bouneur!
Rioz, 18 mai 1881.
Ch. Bbrdellê.
(La fin à la pndiainê Uvraiton.)
' 7>.s Nnsson'i'ii!^, un des niatiraents allemands qu'avant la Révolution
la France avait à sou service. Le? princes de Nasi^ati avaient des pos-
sessions dans cette portion du Bus-iiiiin, située à l'ouest des Vosiies, et
c«8 possessions devaient fournir des hommes an régiment de Natisau.
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MATÉRIAUX
poim ssRvm a
L'HISTOIRE DE L4 GlERRE DE TRENTE ANS
tirés des arcHives de Colixieir
(SuiU)
3 janvier 1H42— 24. mai 1643
Démarches de la ville pour pouvoir prendre part
aux néc^oeiations; peu de sûreté des routes eu
Alsace; nouvelle apparition du duc de Lorraine;
bourgeois de Golmar prisonniers à 0£fenJtx>ur£^
et à Philipsbourg; insolences des gouverneurs
de ces deux plaises; victoires des alliés et reprise
des négociations : quel sort réservé à l'Alsace ?
mort de Richelieu; lettre de Mazarin; contesta-
tion au sujet des donations faites par la Suède à
la ville.
En apprenant les mesures sérieuses dont les plénipoten-
tiaires étaient tombés d'accord, la ville de Colmar s'empressa
d'écrire, sous la date du 10 janvier 1642, à Salvins et à Jean
Oxenstim, le fils du chancelier, qui avait été adjoint & Tam-
bassadeur ordiniûre, pour qu'ils prissent ses intérêts en con-
sidération. Elle leur fit sentir que, malgré la protection de la
France, elle ne pouvait compter en toutes choses sur son
i^pui et que la bienveillance de la couronne de Suède pou-
valt seule assurer la liberté de conscience aux protestants.
{Frot. miss.)
ÈUfÙM M tk éùtM M nSHTt AM IIA
Le résidant Mockbol, par rentremise duquel la ville cor-
respondait avec les ambassadeurs, aj^issait de son côté à
Stockholm et, par sa lettre du ;U janvier, il ht part à la ville
de plusieurs d(^i»êches (ju'il avait iulr»'>sées h la reine de
Suède, et oii il lui recommandait particuliet enient les intérêts
des villes protestautes d^VLace, Strasbourg, Colmar et
MtlDster.
15
L'ouverture des conférences avait été hxée au ^ mars, et la
ville ne méconnaissait pas l'utilité qu'il y aurait pour elle d'y
prendre part. Cependant elle n'avait pas encore reçu les saufs-
conduits qui lui étaient nécessaires, et ce retard ne laissait
pas que de l'inquiéter. Elle venait d'envoyer à Paris le régis-
trateur ou archiviste Jean-Balthasar Schneider, poury solliciter
rimmunité fiscale des terres appartenant à ses bourgeois hors
du ban de Cohnar ; * elle lui écrivit, le 7 février, pour le prier
de faire demander ce passe-port par le comte d*Avauz, à
l'ambassadeur impérial de Lûtsow, et de procurer à renvoyé
de Colmar ses entrées chez Tambassadeur de France.
A son arrivée à Paris, Schneider avait iq^pris que Louis Xin
était parti avec toute sa cour pour la Catalogne. H avait cru
de son devoir de rejoindre le roi, et ne reçut la lettre de ses
commettants qu'à Béziers, le ^ mars 1642. Toujours à la suite
de la Cf)ur, il arriva avec elle à Narbouue et s'adressa à M. de
la Barde, premier coiuinis de M. de Chavigny, spécialement
chargé des négociations relatives à la paix. Il apprit ainsi, que
tous les états et villes (rAlli iuagne qui s'étaient alliés avec la
France, devaient avoir part aux saufs-conduits. Mais jusque là
personne n'ayant rien demandé, les bureaux avaient négligé de
se mettre en mesure. En attendant ce passe-port, Schneider
obtint une lettre du roi, sous le contre-seing de BouthiUier le
père, datée de Narbonne, 10 avril, portant que, sur les repré-
sentations de leur député. Sa Mtgesté fusait savoir à ses très
' X. MOBSMA.NN, Contestation de Colmar anec la Cour de FVcmce (IMl-
1644). — Ck)liiiar, £ag. fiArth, lb6», in-S^.
Noomll* SéiM. — année. 8
lU
BBVDB D'ALSâCI
chors pt bons amis de Colmar que, par le traité conclu à
HaiiilxHirg 'itouchant les j>r(''j)aratoires h la paix», les ennemis
avaient promis de mettre à la dibposition de la France un
sauf-conduit pour tous ses alliés et adhérents dans l'Empire,
et qu'au moyen de ce document il sera loisible à la ville de se
foire représenter aux conférences.
Pour n*être plus le théâtre de la guerre, TAlsacen^en restait
pas moins exposée aux insultes des impériaux, et particuliè-
rement de la garnison d^Offenbourg, qui fidsait de fréquentes
pointes sur la rive gauche. Les routes et la campagne étaient
peu sûres. L*ennemi en embuscade surprenait les marchands
et les cultivateurs, dételait les chevaux, faisait des prisonniers
et disparaissait La ville ne demandait pas mieux que de faire
battre le pays par de fréquentes patrouilles; mais il se trou-
vait dos sei^'iH'uries qui prenaient oml)ra<:;e de ces mesures
protectrices, et à qui il ne convenait i)as de laisser violer leur
territoire par les soldats de la garnison allemande de Colmar.
{Prot. miss, lettre au général d Erlach du 13 février h'A'2.) Le
16 mai, cinq cavaliers tombèrent sur des voituriers suisses,
près du pont de la Kat^wang, à qui ils enlevèrent quatre
chevaux et une trentaine de rixdales. Les voituriers portèrent
plainte, et le magistrat envoya contre les voleurs un détache-
ment qui les joignit dans la forêt du Bothlœublen. Sommés de
se rendre, ils résistèrent, et Tun d*eux fat tué les armes à la
main. On Pamena avec son cheval à Colmar, oh il fut enterré
peut^tre avec trop de précipitation. H se trouva que ce n*était
pas un ennemi, et que les auteurs de cet attentat étaient des
cavaliers du réghnent de Rosen. (iVof. min. lettres à d^Erlach
et au colonel Rosen, du 17 et du 19 mai, et lettre de ce dernier
à la ville, du 2'J mai.) Cependant les Impériaux n'étaient pas
loin; car, le 17 au soir, un parti de la garnison d Offenbourg,
posté dans le Landgraben, fit plusieurs prisonniers, entre
autres le commissaire des guerres Courrier, en résidence à
Colmar, qui toutefois ne tarda pas à recouvrer sa liberté.
HISTOIHE Diù LA (UJERRË DB TRENTE ANS 115
Certaines drconstances donnèrent lieu à la ville de eroire
que les ennemis en voulaient surtout à ses bourgeois. Elle
trouvait de plus qu*on les traitait plus rigoureusement que
tous les autres prisonniers, et elle s*en plaignit au résident
Mockiiel et au général migor d*Erlach, par lettres du 28 et
du 29 mai. (iVo*. witM.) C'était, disait-elle, grâce aux accoin-
tances que les Impériaux avaient formées à Sôlestadt, qu'ils
pouvaient ainsi s'aventurer sur la rive gauclu', et elle crut
que plus de sévérité k l'égard des prisouiiier;) eunemis ren-
drait leurs compagnons plus prudents.
Le mal était que le plat-pays était sympathique à ces entre-
prises; e'était aux Impériaux que les paysans portaient leurs
informations, plutôt qu'aux garnisons françaises ou suédoises
de Colmar, de Brisach, de Sélestadt et de Benfeld. Il n'était
possible d'obvier à cet inconvénient que par des reconnais-
sances fréquentes et combinées entre les diverses places-fortes,
et c'est dans ce but que Colmar écrivit, le 9 juin, à Mockhel,
a\n-b> avoir déjà oljtenu du général d'Krlach qu'il ferait plus
exactement surveiller le pays entre le Rbin et l'Ill. {Prot.
misi.) Le résident partageait les vues de Colmar, et il aftirme
qu'il se passait peu de jours sans que le gouverneur de Benfeld
envoyât au dehors quelque parti de sa garnison. Il s'agissait
d'en obtenir autant de Sélestadt, qui devait surveiller le cours
de rill et le passage du Landgraben.
Cependant los pointes de l'ennemi ne discontinuaient pas;
d'Krlach qui avait envoyé une partie de ses troupes en Lor-
raine, fut contraint de les faire revenir; en attendant leur
retour, il requit quarante hommes de la garnison française de
Colmar, auxquels la ville joignit bénévolement vingt-cinq
hommes de sa compagnie allemande. {Frot, miss, lettre à
d'Erlach, 11 juillet 1642.)
C'était une nouvelle apparition du duc de Lorraine qui
motivait ces mesures. Il est vrai qu'elle fut de courte durée,
et que le prince ne dépassa pas Mohdieim et ObemaL Mais
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lié Mm b'auaci
cela n'empêcha point les cavaliers du lieutenant-colonel
Bissinger de pousser jusque dans le plus proche voisinage do
Colmar, où ils s'emparèrent, dans la première quinzaine d'août,
de deux bouj^eois et de vingt et quelques chevaux, qut furent
menés au camp du duc de Lorraine, et de là à Landau. On
exigea de chaque prisonnier une rançon de 230 rixdales, qui
dépassait de beaucoup leurs ressources. Les Impériaux
d*Ofienbourg en usaient de môme, et un de leurs partis enl^
vait à la m6me époque, dans la forêt du Kastenwald, entre
Colmar et Brisach, tantôt le messager de la chancellerie,
tantôt de simples bourgeois. Le magistrat écrivit, le 15 août, à
d'Oysonville {Prot. miss. gaU.\ pour le prier d'intervenir
auprès des gouverneurs de Pliilipslxmrg et d'Offeiibourg, où
les prisonniers avaient été menés. Le 19 août, il s'acb essa
aussi au gouverneur do Benfeld, le colonel Moser, en lui
demandant son agrément pour tenter une surprise de l'autre
côté du Rhin, dans le but de ramener des prisonniers à échan-
ger contre ses bourgeois. (FtaL miss, yerm.) D'£rlach prévint
ses désirs et lui envoya un cavalier de Bissinger qu'il avait
entre ses mains. (iVot mw». lettre à d'Ërlach du 23 août) Le
projet d^euToyer un parti au-delà du Rhin, pour se nantir de
prisonniers d'Offenbourg, lut aussi Tobjet d*une lettre du
30 août, également au général-m^'or d'Erlach.
Cependant, mieux sur ses gardes, le gouTemeur de Brisach
parvint à s'emparer de tout un parti de la garnison d'Offen-
bourg, qui s'était aventuré sur la rive gauche du Rhin. Au
nombre des prisonniers se trouvait un déserteur, le nommé
Kleindienst, de Sainte-Croix, vassal de Colmar, à qui il avait
fait hommage. La ville en demanda l'e-xtraditiou par une
lettre du IG septembre. {Prot. 7niss.)
Le baron d'Oysonville, qui était alors h Saverne. ne jugea
pas ù propos d'écrire immédiatement au gouN criicur de Philips-
bourg, le colonel Bamberger. Il voulait d'abord envoyer un
fort parti dans lo margraviat de Bade, avec ordre de ramasser
RBfoni M u «mu M msim Am 117
tout ce qu'il pourrait de prisonniers. Une fois les mains gar-
nies, il promettait (lettre du 19 septembre) de parler hardiment
et de traiter ses prisonniers comme Tennemi traitait les gens
de Colmar. Le lieutenant du roi se ravisa pourtant, et il
annonce ^ ^ ville, le 21 septembre, le départ d'un trompette
porteur dMine lettre pour Bamberger. H en rapporta une
réponse on ne peut plus offeosante pour la ville et que
d^Oyflonville s'empressa de lui communiquer, tne voulant pas
lui cacher le maltalent qu*il paroist en ieelle, que le party
impérial a pour elle». H ne restait qu*à attendre le retour
d*un parti que d^Qysonville avait envoyé six jours auparavant
tout exprès pour foire des prisonniers, quil promettait de
livrer à Gohnar. Le m6me trompette était porteur d*une lettre
de deux bourgeois de Colmar, Henri Gsell et Jean Walch,
prisonniers à Philipsbourjj.
De son côté d'Erlach s'était a<lress6 au colonel de Schauen-
burg, gouverneur d'Offenbourg, pour lui proposer d'échanger
les bourgeois de Colmar contre des prisonniers qui se récla-
maient de lui. Schauenburg reçut cette ouverture fort mal ; il
manda, le 10 octobre, au gouverneur de Brisach, qu'il ne pou-
vait considérer les gens de Colmar, en général, que comme
des parjures et des rebelles, coupables du massacre d'une
partie de la garnison impériale, en 1632; l'un des deux prison-
niers qu*fl tenait, était particulièrement accusé d'avoir tué
trois soldats de sa main, et quant à Téchange proposé, il
voulait le restrdndre aux seuls habitants de Brisach et de
MarkolsheinL
Cette exclusion outra moins notre ville que les inculpations
injurieuses dont elle était l'objet Elle répondit au général
major, le 21 octobre, pour protester hautement contre cette
atteinte portée à son honneur, et pour repousser comme
dénuées de tout fondement les allégations de Schauenburg.
Les hommes qui, contrairement au.\ constitutions de l'Empire,
avaient été chassés des emplois et exilés, n'étaient pas respou-
118 Btnn »*AiAus
sables da tumulte qui avait accompagbé la reddition de la'
Tille aux Suédois, mats ceux qui se trouvaient alors à la tdte
dos affaires, et dont quelques-uns vivent encore. Le tumulte
iiiême n\'tait-il i)as la suit'; des discours iinprudonts de la
garnison, qui no parlait de rien moins que de massacrer le
mafîistrat et la bourgeoisie? Dans tous les cas, ce n e^t pas à
quelques chefs militaires à condamner la ville, quand, par
une convocation spéciale à la diète do Ratisbonne, Tenipereur
lui avait solennellement reconnu le rang et la qualité d'état
de TËmpire.
Sur ces entrefaites un incident favorable mit entre les
mains de d*Erlach plusieurs prisonniers de distinction, appar-
tenant à la garnison d'Qffenbourg. Le colonel de Schauenburg
se radoucit^ et les deux bourgeois de Colmar fiirent mis en
liberté. Mais arrivés à Brisacb, ces pauvres gens furent
retenus par les ordres du gouverneur, qui prétendit que
réchange n'avait été consenti par le commandant d*Offenbourg
que moyennant une soulte de 500 rixdales. La ville intervint
de nouveau, et le général major délégua le colonel Hattsteîn
pour traiter de l'affaire. Celui-ci en remit le soin à quelques
ofhciers et l'on Huit par tomber d'accord moyennant quelques
foudres de vin. Mais le marché ne fut pas reconnu par d"Er-
lach, qui tenait à ce que la rançon fût en argent. La ville finit
par prier M. de Polhelm de dénoncer À la cour ce procédé du
gouverneur, oîi elle ne voyait qu'une grossière tentative d'ex-
torsion. {Fr<4, nûss. lettre du 28 décembre.)
Malgré la nouvelle phase ot le dernier traité de Hambourg
avait fait entrer les négociations, Taction diplomatique fiiisait
peu de progrès. Tant que le sort des armes restait incertain»
TEmpure était peu disposé à ces concessions, sans lesquelles
le parti protestant ni la Firance n'étaient disposés à transiger
(Ct lettre de Mockhel du 6 décembre). La victoire de Lérida
sur les Espagnols, celle de Leipzig sur Parchiduc Léopold
rendirent Tempereur plus accommodant Ck)lmar eut avis de
BvioiBB m Là fioiaii DB nom ms 119
îft dé&ite des Impériaux par une lettre pleine d'intérêt, datée
du camp devant Leipzig, 30 octobre 1042, dont Mockhel lui
envoya copie. Le Kl novembre, le baron d'Oysouville écrivit
à la ville pour ren^afier à se joindre à M. Clausier pour
rendre grâce à Dieu des victoires obtenues par les maréchaux
de La Mothc et Torstenson sur les principales armées de la
maison d'Âutriche.
Par une lettre du 28 mars 1643, Salvius put annoncer que
les ratificatioDS du traité de Hambourg et les saufs-conduits
avaient enfin été échangés, et que Ton était tombé d*accord
d*oavTir définitivement les confinées, le j| juillet, à Osna-
brQck et à MOnster. Ce n'était pas trop tôt: Salvius était
depuis sept ans chargé de traiter des seuls préliminaires de la
paix. Les saufe-condnits n*étaient pas nominati&: Mockhel
devait envoyer à l'ambassadeur les noms des états de son
ressort appelés à se faire représenter.
Le 20 avril, Salvius adressa directement à Colmar une copie
notariée du sauf-conduit, en faisant remarquer à la ville que
si la reine de. Sui3de avait voulu sacrifier st;s alliés et ses core-
ligionnaires, il n'aurait pas fallu tant de temps pour mener
l'affaire à ce point
Malheureusement pour la maison d'Autriche et rÂllemagne,
il ne s'agissait plus seulement de la liberté religieuse des pro-
testants : c'étaient le territoire et les frontières de l'Empire
qui étaient en jeu, et les hommes qui présidaient à ses destinées
ne pouvaient se résigner à ce sacrifice. Un mémoùre daté du
^janvier 1643, et signé par le D" Weber, avocat consultant
de la ville, donne de curieux renseignements sur les préoccu-
pations qui assiégeaient alors les esprits. Chargé d'une mission
auprès du D' Welcker qui, sons le titre d'auditeur général,
exerçait à Brisach les plus hautes fonctions civiles à CÔté du
général major d'Erlach et du lieutenant du roi d'Oysonville,
Weber rend compte dans ce rapport de la conversation qu'il
avait eue avec ce personnage et qui touchait au sort réservé
m
Rsm d'alsaci
à TAlsace. II ne doutait pas, disait-il, qu'il ne s'accomplît
prochainement un cbangement notable dans la situation dn
pays. Strasbonig y passera comme le reste: quand le rm
rédamera le pont du Rhin, cette yille ne pourra pas se main*
tenir davantage. La France, continua-t-il, avait songé à créer
une justice ambulatoire, mais ce projet n^ayait pas aboutL II
est question maintenant de placer quatre agents à la tête du
diocèse de Strasbourg, de l'Alsace, du Sundgau et du comUÎ de
Montbéliard, relevant tous les quatre d'un président ou d'un
commissaire central et, dans ce cas, Colmar devra se résigner
et obéir comme les autres états de la province. Bientôt le
pays en-deça du Rhin reprendra son nom d'Austrasie. On
avait d^à discuté la question des appels de Sélestadt à la
diambre impériale de Spire, et tout en reconnaissant que ces
appels étaient de droit, le baron d^Oysonville avait été d'avis
de soumettre les procédures en instance supérieure à une
simple révision. Du reste on doit savoir que, d'aprte Limneus,
Colmar n'était pas à proprement parler une ville libre, puis-
qu'elle était sous ravnuerip d'un j^rand-bailli, et qu'elle n'était
état de l'Empire qu'en sa qualité de membre de la Décapole.
Peu de temps avant cet entretien remarquable, Colmar
avait reçu la nouvelle de la mort de Richelieu. La politique
de ce grand homme d'£tat l'avait bien disposé pour la petite
république qui avait su, au prix d'une capitulation et d'une
alliance qu'on qualifiait de trahison, se soustraire au joug de
la maison d'Autriche, sans se douter du risque beaucoup plus
grand auquel elle s'o^sait La ville ressentit cette perte et
en exprima, le 28 décembre, ses regrets au comte de Chavigny
et à M. des Noyers, à qui, par la môme occasion, elle recom-
manda ses intérêts. Elle écrivit en même temps au cardinal
Mazarin, pour le féliciter du choix que Louis XIII avait fait
de lui pour renq)la(xn' le cardinal-duc, et pour le prier de con-
server à Colmar les mêmes sentiments que son prédécesseur
lui portait (iVo^ mtM. gaU,)
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HISTOrRB DE LA OOmitE DE TRENTE ANS 131
La réponse da Bfasarin est du 19 lévrier, et mérite d*6tre
transerite textueUement
« Messieurs, la passion particulière que Je scay que Monsieur
le Cardinal Due auoit pour les intérêts de vostre Republique,
ne me permet pas de douter que vous n'ayez esté très-sensi-
blement touchez de la mort de ce grand Ministre. Bien que je
me trouve fort esloignt^ de ses merveilleuse^ <[ualitez, Je vous
puis néant moins asseurer (\w je luy ay sufTrdé en Ijnclina-
tion qu'il auoit de vous seruir auprès du Hoy, et que je croirois
faire tort à ce que je dois à la mémoire de celuy par le conseil
et à la prière duquel II m'a fait Thonneur de me donner part
en la conduite de ses afiaires, si j'auois un autre sentiment.
Je TOUS supplie, Messieurs, de le croire et de croire encore
que n'ignorant pas le sele qu'entre toutes les Villes Impérialles
la vostre a tesmoigné anoir pour cette Couronne, Je ne m'es-
timerois pas estre assez bon françois, si j'espargnois aucune
sorte d offices auprès de sa Majesté pour la porter à vous con-
tinuer sa lloyalle protection et si je laissois perdre aucune
occasion oii je pûsse vous faire paroistre que je suis vérita-
blement, Messieurs, etc. »
Le bon vouloir du nouveau ministre n'était pas de trop dans
un moment où des difiicultés de plus d'un genre pesaient sur
la rille. Sans parler des négociations oti son sort allait se
décider, la question de la d!me extraordinaire n'était pas
vidée. D'un autre côté l'étalrmajor du feu duc de Weimar
soulevait des prétentions qui allaient jusqu'au renversement
des avantages qu'Oxenstirn avait accordés à la ville. Avant sa
mort, Bernard usant royalement du droit de la guerre, avait
distribué à ses officiers ditlérents domaines situés sur la rive
gauche du Khin et, h cette occasion, Colmar avait déjà dû
justifier de ses droits sur Holzwilir et Wickcrscbwihr. On lui
lit de nouvelles difficultés au sujet de H«>rlisbeim, l'accusant
même de n'être en possession de cette villette qu'en vertu
d'un blanc-sein^ arraché au grand-chancelier. {OL Mémorial
du D' Weber, du ^janvier.)
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La mort de Richelieu procura, comme à tant d'autres, la
liberté au premier gouverneur de Colmar, M. de Manicamp,
qui, après s'être cru un instant le favori du ministre, était
tout à coup tombé dans la plus profonde disj^nice. Il écrivit à
la ville le 1*J février, de Manicamp, pour se rappeler à son
souvenir et lui offrir le crédit d'amis puissants qu'il avait à la
cour, mais oii il n'avait pas encore licence d'aller.
Son successenr, le marquis de Montausier, revint peu après
en Alsace. Il avait été nommé maréchal de camp et avait été
r^oindre en cette qualité le comte de Guébriant en Allemagne.
Une lettre de lui, jointe au dossier, est datée du camp d*Or-
dingen, 29 juillet 1642. Le 22 mars 1643, U avait repris son
poste à Sélestadt : sous cette date, Colmar lui envoya pour sa
bienvenue un présent d*avoine, que le gouverneur accepta
avec autant de cordialité qu'on le lui offrait
X. MOSSMAKlî.
(La tmtê prodiainemnAO
NOTES BIOGRAPHIQUES
BÏÏB LES
HOMMES DE lA RÉVOLUTION
STRASBOURG ET LES ENVIROHS
SâNCY (Bruxet de).
1789. Capitaine en premier au corps royal d'artillerie,
attaché à la fonderie de Strasb lur^s:, chevalier de Saint-Louis.
— Septembre 1791 . Membre du Conseil d'administration du
district de Strasbourg, lequel s'étant conslituô le 15 suivant,
le nomma président, fonction qu'il oooupa juaqa^aa 18 oc-
tobre 1793» pour &ire place à Klaaser ou Glaseer, un baron
pmsBien.
QABEZ (Simon).
N6 à Strasbourg en 1755, où i\ était professeur de français
avant 1789 — En 1789. Du Cîoinitè de la garde nationale —
1" juillet 1790. Capitaine de la garde nationale de Strasbourg,
il part avec quarante-six bommes pour assist^'r à la fôte de
la fédération à Paris — 15 septembre. De la Société des
amis de la constitution : il avait alors 35 ans — 7 février 1798.
De celle des jacobins — 31 juin. Au Club U Signe l'adresse
à envoyer à toutes les sociétés affiliées, sur la situation
politique des frontières — 21 juin. Pour ce fait il est cité
devant le juge, et le Club est fermé — 21 août. Membre de
l'administration départementale — 13-14 novembre. A
RETUE D'ALSACE
rélection tenue à Wissembourg, il est maintenu dans ces
fonctions — 17 mai 1793. Inscrit comme volontaire pour
aller en Vendée — 8 octobre. Membre du Comité de surveil-
lance et de sûretô générale du Bas-Rhin — 17 octobre. Il
apivouve une liste de deux cent qu.'irante huit suspects,
mis au Séminaire — 3 novembre. Saint-Just déclare qu'il ne
sera pas compris dans Tarrestatioii de ses collègues du
département — 25 novembre. D'une commission pour pré-
senter les moyens d'opérer la levée des habitants du Bas-
Rhin — 19 décembre. Aux Jacobins, il vote la mort de tous
les suspects — 25 décembre. Proposé pour notable du Con-
seil de la commune de Strasbourg — 19 février 1794. Il est à
Paris— 24 août. De retour, il fait appel aux Strasbourg eoises
pour la confection d^effets militaires — 28 août. Chargé
d'examiner la conduite de Noisette et Burger, enfermés au
Séminaire — 25 octobre. Encore aux Jacobins — En 1796.
Membre du Comité d'administration du théâtre de bienfai-
sance à Strasbourg. Il avait la garde du magasin.
SAURIAT (Jean-Charles).
Né en 1754 à Poligny, où avant 1780 il était sinnple bour-
geois — 20 avril 1791. Agé de 10 ans, gènOr (io brigade à
Strasbourg, il est reçu membre de la Société des jacobins.
Encore inscrit le 25 octobre suivant
SGàER (Laurent).
. 1789. Un savetier de Strasbourg — 1793. Membre de la
Société des jacobins, le maire Monet le foit élire notable du
Conseil municipal le 80 janvier 1794; trois mois après il
était déjà remplacé» et le 25 octobre il ne figure plus aux
Jacobins — 1805. Cionductôur auxiliaire pour travaux de
navigation à Strasbourg.
SCHATZ (Jacques).
1789. Fabricant de bas à Strasbourg — 26 février 1791. De
la Société des amis de la constitution — 7 février 1792. De
celle des jacobins — 18 janvier 1793. Officier municipal —
16 février. Les représentants Dentzel et Ciouturier lui en-
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us «nom M u ftivoLonoM
1S5
joignent, par la filière du Comité permanent du Conseil
général de la commune, de tenir dorénavant une conduite
plus prudente — 12 mai. Avec la 8" section, U demande à la
Convention nationale le bannissement de Schneider —
1" juin. Chargé de prendre des infiMrmations sur Marhacfa,
receveur des Orphelins, suspect d*arf8tocratie, tenant au
parti des émigrés et des nobles. Ses papiers seront scellés
— 8 octobre. Maintenu officier municipal — 18 octobre.
Procureur de la commune — 2 novembre. Sur une liste de
suspects — 3 novembre. SaintJust ordonne de ne point le
comprendre dans Tarrestation de ses collègues — 5 nov.
Agent national de la commune — 2 décembre. Procureur
provisoire de la commune, il s'oppose à la destruction des
statues de la cathédrale — 25 décembre. Proposé pour le
tribunal du district de Strasbourg — 27 décembre. Agent
national, il requiert la police à fairo démolir la maison
Scharrer, place du Marché-aux-Poissons, n» 7G — 2G février
1794. Présideiit du district de Strasbourg, il atteste les faits
dénoncés au Comité de salut public de la Convention natio-
nale contre Schneider — 25 octobre, il ne ligure plus aux
Jacobins.
8GBJSFFTER (Geobœ).
Né en 1757 à RibeaaviUé — Avant 1789. Commis dans les
administrations publiques — 1791. Employé des douanes à
Strasbourg — 22 novembre 1793. Visiteur, il est reçu mem-
bre du Club des jacobins, où il est encore le 25 octobre 1794.
SGHEEIER (Jban).
Un ex-moine allemand, de Tordre des Carmélites, qui
est venu s'abattre en Alsace, fin 1790 — 1791. Caré catho-
lique assermenté de Bischheim-au*Saum, prés de Strasbourg
— 7 novembre 1793. Au maire de cette commune, Jean
Schaub, il déclare, que ne parvenant pas à détruire le
fanatisme dans la commune, il était décidé à renoncer an-
tièremeîit à l'état de prêtre pour devenir homme libre et
gagiier sa vie autrement que parles ti'omperies sacerdotales.
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m
RCTDB D*AUAGS
Il prie le maire de lui certifier sa déclaration, puis il s'adresse
à révéque conotituUoniiel Brendd.
Comitoj <;n,
Il y a assez lungtemps que coDtre ma volonté j'appartiens à la bande
noire des prêtres, il ett temps qne je m'en sépare et que je redevienne
homme ; Je tous somme donc de me biifer de In liste de tm eneensenn
d'idoles.
Un mois après qa*il étsjt homme libre, D* Stamm rem-
ploya comme cinquième commissaire porr la levée des
taxes révolutionnaires de SaintJust et Lebes, dans les
communes des environs de Wasselonne; mais comme ses
quatre autres collègues avait'nt d^à ver^è leurs recettes, et
que les siennes n'snivai<>nl pas, 1h Comité de surveillance
et de sûreté générale du Bas-Rhin, fit sceller et déposer ses
papiers au tribunal et ordonna, le 16 décembre, qu'il serait
interrogé — 19 décembre. D verse 46.339 livres à Blanchot
— 1793. Bien qu^ayant fait partie de h Société des jacobins,
il ne figure pas sur la liste dressée le 25 octobre 1794.
SCHILLING.
1789. Avocat-secrétaire-intrrprèle à la suite du Conseil de
la régence et Cour féodale à Saveme — 1792. Avoué (jradué
au tribunal du District séant à Saverne — 1793. De la Société
des jacobins à Strasbourg — 10 septembre. Dé[)uté par le
Club, 1" à la municipalité, pour faire arrêter le professeur
Ditterich, Noisette et Wild; 2" au commandant de la place,
pour qu'il prenne les mesures, afin que ces oiseaux ne
s'évadent pas, et malheur à ceux qui leur donneront asile
— 25 octobre 1794. Encore inscrit aux Jacobins.
SCHLŒSSING.
1789. Agriculteur à Bouxwillor — 179.3. Commissaire de
la République, il arrive à Ohluiigen. can'on do Haguen-ju,
ordonne d'allumer un feu sur la place d i village pour y
brûler publiquement la statue «1»' la Vierge. Quelques pieuses
fill» s réussirent à trouif^er sa surveillance; elles jetèrent
dans les lia mines une pièce de bois couverte d'oripei^ux, et
us BOMms n la tÉmono!!
127
déposèrent dans le lit du ruisseau la statue, qui fut préservée
de la sorte de la fureur révolutionnaire. Après la conclusion
du Concordat, la Mariette fut placée dans Téglise paroissiale
— 21 juillet 1794. Le Comité de surveillance de la commune
de Strasbourg le fait arrêter et adresse au Comité de sûreté
générale de la Convention nationale sa correspondance
avee TEtranger, dont il était un des principaux agents se-
cfets. Membre de la Sodété des jaocÂïioa, Il en foi esda à
cette époque — J796. Membre de la Gommleaioa adminia-
trative de Hioeploe (M de Boazwlller — IM, Memlnre
dn second Conseil d'arrondissement aèant à Saveme, 11 est
qualifié d'ez-préeident de Fadministration municipale de
fiouxwiller. n s'occupa avec zèle de la plantation d'arbiee
fruitiers, de l'emploi de toutes sortes d'engrais artificiels» qui
lui ont bien réussi H imagina aussi de semer la garance en
grains.
SCHMiTTHENNER (Jean).
Né en l'«50 à Strasbourg, où il était fabricant de bas avant
1789 Juillet 1793. Adjudant-major de la garde civique à
Strasbourg — De la Société des jacobins — 13 novembre.
Le tribunal révolutionnaire lui | aie 100 liv. pour avoir
dénoncé le boulanger Kolb — 25 octobre 1794. Encore aux
Jacobins.
SCHMITTHENNER (Jean-Théophile).
Né en 1757 à Strasbourg, où il était, comme son frère aîné,
fabricant de bas. De mai 1793 au 25 octobre 1794, membre
de la Société des jecobios.
SCHMITZ.
1789. Tailleur à Strasbourg — 1792. De la Société des
jacobins — 1793. Commissaire-adjoint de la fiolice, il fournit
une liste de vingt-sept suspects de la 1" section du 1" arron-
dissement, alors aux environs de Téglise Paint-Jean à Stras-
bourg — 14 décembre 17v13. Le Comité de surveillHnce et
de sûreté générale du Bas-Rbin lui paie 200 Uv. pour grati-
1S8 M\'VK D*ALSACE
ficatlon 25 décembre. Le même comité lui alloue 150 liv.
pour vacations aux cartes de sûreté, mais cette somme lui
est retirée le même jour, rnyaiii déjà reçue dés le 14 ~
25 octobre 1794. H tyé des Jacobins.
SGHŒLL (Loi3is-Gi ili.aume-Frédérig] jeune,
Grandrue.
Homme de loi — A.vant 1789, de la Ghamlire des tutelles
et de la tribu des charpentiers — 1791. Juge de paix du
3* canton de Strasbourj? — 31 janvier. De la Société des amis
de la cnnslitution — 8 août. A rélection au Cliàtcau il est
nommé administrateur du Bas-Hhin — 'jO avril 1792. U
signale un opuscule de Schneider, ay mt | our litre: La fjJn-
cicre d'Acujnfm à StraaJionru. Bdatmi officudle du meurtre
judiciaire préparé an frère Laveaux, puhJiée par un anti de
l'hu)nauité en l'an IV de la liberté, comme étant Tune des
plus intàmes productions qui aient jamais paru à Stras-
bourg — 26 juin. .\ TAuditoire, il donne lecture d'un appel
à ses condtoyeriît, qu'il vient de publier contre l'émeute jaco-
bine à Paris, du 20 juin — 21 août. Suspendu comme admi-
nistrateur du Bas-Uhin, pour avoir refusé de retirer i-a
sign-'ture au bas de l'arrêté interdisant les réunions des
sociétés politiques — 13 octobre. 11 fait ineltreau Séminaire
Tabbé Rumpler, sur la dénonciation de Bussy Lavenaud,
garde-national de la Haute-Vienne — 28 novembre. Il réfute
la brochure de Schneider sur le procès crituinel fait à Die-
trich — (i décembre. Substitut de Mathieu, })rocureur de la
commune sous le maire de Tùrckheim — 18 janvier 1793.
Destitué comme substitut, mais maintenu juge de paix, pro-
visoire. A cette époque, IfS jacobins le jugeaient:
Jeune homme pxtraordinnirement intrigant et dirigeant lui soul les
élections, a débuté à Strasbourg, pur être aritstocrate, ensuite s'attacha
ta cbftr de Dietrich et devint un de nés intimes feniUante; \om de la
•mpeneion des Gorps adminietratifs, il était du Conseil départemental
et a beaucoup contribué à sa rébélUon. Il a inbi le même nvt qne
Torckheim et Jldathieii.
11 février. La muxdcipalité doit le frire sortir de Stiaa-
LES HOM)ŒS DE LA RÉVOLUTION
199
bourg, dans le plus bref délai — 19 mars. À Besançon il
dépose en faveur du maire Dietrich — 11 juin. Les autorités
des sections se réunissent à 6 heures du soir, en secret, et
arrêtent qu'il sera enfermé au Séminaire. G^est Schneider
qui rédigea le rapport, se terminant ainsi :
Si ed cooMiller du dipartement vnii M à Paria, et ae fttt appelé à
U déposition de cet inaigne flutirraia ai^ Qb BoiX eoauaia il l*a fidt
à Strasbourg, on ne Taiindt ni déporté, ni incarcéré, maia lana ancoa
donte guillotiné.
20 juin. Malgré ces menées U est encore juge de paix, car
devant lui, les signataires de Tarrèté de la 8* section, ayant
été assignés en diffamation par Schneider, furent obligés de
se rétracter, et de déclarer quHIs regardaient Schneider
comme un bon citoyen et un fonctionuaire probe.
3 juillet Son arrestation est annoncée par Schneider. U
sera conduit à Paris et traduit devant le tribunal révolution-
naire de la Seine, comme prévenu d^avoir constamment et
à dessein, éludé la loi qui défend les doubles prix — 8 déc.
Au Comité de surveillance et de sûreté générale du Bas-
Rhin, il comparait avec trois membres de la Propagande,
munis de pouvoire des représentants du peuple, pour exa-
miner des lettres prouvant que Froment, ex-directeur des
messageriee à Nancy, est un contre-révolutioonaire. Il sera
arrêté et conduit à Strasbourg — S9 août 1794. Gomme juge
de paix, il reçoit la déclaration de Weiss, dlttenheim, dans
Tafifaire Poirson, dlUkirch — 9 septembre. Proposé à Fous-
sedoire comme maire de Strasbourg en remplacement de
Monet. U refuse — 17 janvier 1795. Bailly le nomme juge
au tribunal civil du district de Stra>bourg, fonction auMl
occupe encore en 1799 — 1800. Présid»»nt du tribunal d^^
première iustince du 4* arrouUi:iSdiiieut, siégeaul à iiarr.
SGHOULEB (Jean-Henm).
Né en 1743 à Strasbourg, où il était chamoisear avant
1789 — 27 novembre llèSi, De la Société des jaoobins, où U
figure encore le 25 octobre 1794.
irrafalla SMa. — 11- aanéa. 9
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180
UVOB D*ALBACB
SCHROPP.
Horloger à Strasbourg avant 1789 — 17Ô3. De ia Société
des jacobins et membre du Comité de surveillance de la
commune — 5 janvier 1794. Le représentant Bar le nomme
membre du nouveau Comité de surveillance de la commune
de Straabouig — 20 mai. Il reproche à celui de la ville de
Golmar sa mollesse à l'égard de TAmmeister Lemp ~* 21 mai.
Il dénonce à celui de Bordeaux, Siccard, ex-commissaire des
goerroB — 5 juin. C'est au Cîomité de sûreté générale de la
Convention qu^l signale, sans les nommer, deux hommes
audacieux qui ont menacé la liberté publique à Strasbourg
— 12 juillet. Monet doit lui donner des renseignements sur
ces deux détenus — 21 juillet. Président de oe Comité^ il
adresse au Comité de sûreté générale de la Convention la
correspondance de la con|uratlon de TEtrenger, tenue par
onze individus du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de Nancy —
80 août n envoie à Neumann les dénonciations contre le
professeur Braun et autres — 25 octobre. Rayé de la liste
des JaooUns — A Tarrlvée de Bailly, tt est renvoyé à ses
horloges.
SCHNÉEGANS (Jean-Valentin),
boucher, quartier de la Krutenau, n» 16.
1788. Sénateur de la tribu des bouchers, à la Fleur —
28 août 1700. Adjoint au commissaire de police, LéopoM
H(P(lerer — 17U1. Membre de la Société dps amis de la Con-
stitulitm — Dt-s le 21 janvier 1792, {um de jours avant la
scission, il i)arut à oette Société une brochure intitulée : Je
vous dirai voti ) t'/ /7és, dans laquelle Schnéegans est désigné
comme clubiste, n'ayant d'autre but que de pervertir nos
mrpurs et renverser la Société. —Le 7 février suivant, il passe
aux Jacobins — 31 octobre 1703. Il est imposé à 25(X) liv.
par Saint-.lust et Lebas, qu'il rè^le le 1 1 novembre — 20 sep-
tembre 1794. Nommé membre du Comité de sûreté générale
de la commune. Il informe la Convention nationale que
Saum est dans le cas d'être jugé au tribunal criminel du
Bas-Khin — 25 (/clobre. BiUé des Jacobins — Fin décembre
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LBS HOMMES DE LA RÉVOLUTION
181
de la même année, il passe membre da Comité révolution-
naire de Stra8kx>UTg, et en cette qualité, le 17 janvier 1705,
Bailly le nomme officier municipal — 1797. Administratear
municipal saus la présidence de Dômichel.
SGHNEIBER.
179S. De la Société des jacobins et secrétaire du Ciomité de
surveillance de la commune — Du 11 avrfl au 8 août 1794
il signe secrétaire et d'autres fols secrétaire-adjoint du
Comité de surveillance révolutionnaire de la commune de
Strasbourg— 25 octobre 1794. Bifféde la Sodété desjacobins.
SGHNËIDËR (ÛfioaaE).
Né en 1754 à Bischboim-au-Saum — Avant 1789, cordon-
nier à Strasbourg — 1* septembre 1792. De la Société des
jacobins — 22 novembre 1798. Âu Club, il demande aux
représentants Saint-Just et Lebas la suppression de la per*
maneuce des douze sections de la ville et répiirement des
Comités de surveillance à la manière de» Sans-Culottes —
25 décembre. Proposé pour la Municipalité — 80 janv. 1794.
Elu notable — 7 avril n fiût appel à ses concitoyens pour
obtenir des eftets militaires pour Parmée de Rbin et MoseUe
— 23 avril Blalntenu notable — 18 juin. Les mesures révo-
lutionnaires proposées par Bierlyn loi conviennent — 2 août
11 léllcite la Convention nationale de la fermeté déployée
vis-à-vis de Robespierre et de ses complices — 9 septembre.
Le représentant Foussedoire le raye du Carpe municipal —
25 octobre. Il est encore de la Société des Jacobins — En
18U4, le dubisle Jean-Frédéric Kiechel a publié une histoire
sur son compte.
SCHNEIDER.
Ancien secrétaire d» juslice de paix. — Ch^f du buresa
des secours — En 1793. membre de la Société des jacobins
— 8 et S octobre, 5 tiov**mbre, 30 janvier 1794» 28 avril. Offi-
cier municipal — Après la chute de Hooet, le représentant
Foussedoire le mamtient — Le 5 septembre, Olfider
m
txm, D'â&SACB
municipal; maia Bailly le révoque le 17 janvier 1795 — Bien
avant le 35 octobre 17H rayé de la Société des jacobins.
SCHNËIDëR (Jean-Geobob).
Né le 90 octobre 1756 à Wipfeld, petit village à six lieues
de Hirtzfeld, en Franconie, duché de Wûrtzboaig, de parents
peu fortunés. Son père, Michel Schneider, était homme de
justice et vigneron audit lieu; sa mère Marguerite Burg-
stablen.
Le chapelain de son village, résidant à Wipfeld, Yalentin
Fahnnann, chanoine de Tabbaye de Heydenleld» et cousin
de Pévéqae de Wûrtzbourg, le prit sous sa protection et loi
enseigna pendant plusieurs années les éléments de la langue
latine.
n renvoya ensuite à Wûrtzbourg, suivre rinstniction du
Gymnase, dirigé pir les Pères jésuites. Logé à l'hospice de
Jules, après trois années d'études, il fut reru à T Académie,
dont le recteur était le bénédictin Roeser. 11 y fit de bonnes
études, mais en môme temps U s'adonna au pencliantdMne
liberté effrénée; les secours de son bienfaiteur lui ayant été
retirés, et ses parents ne pouvant p*^s lui en envoyer, il
tomba bientôt dans une profonde misère. Dans cette posi-
tion, il se décida h entrer au couvent des Franciscains de
Bamborg, où il prit en religion le nom d" Euloge ou. Eulaqi ksi.
Il y resta trois années à étudier Thébreu et à cultiver la
poésie. Le supérieur do c(?t établissement Teuvoya ensuite
à Augsbourg pour enseigner la langue sacrée dans le cou-
vent des Franciscains, d'où il lut chassé.
Dans cette ville, en 1785, à Toccasion de la Sainte-Cathe-
rine, il prononça un sermon sur la tolérance qui lui attira
beaucoup d'ennemis parmi le clergé, et le doyen Uing«'lder,
pour le soustraire à l:i lutte, le recommanda au duc Charles
de Wurtemberg, à Stouttgardt, qui le nommu, en 1780, pré-
dicateur de la Cour, ayant obtenu pour lui la dispense
papale comme moine. Là encore ses sermons libéraux,
tirés du contrat social, lui créèrent do nouveaux embarras;
il quitta ce poste en 1789, pour accepter la place de profes-
L» flomn M LA tifOLimoir
188
seur de beliea-iettrôs et de langue grecque à rUniversité de
Bonn.
Dans cette nouvelle position il ne cessa de se faire dee
ennemis par ses idées exliava(<antes. La publication, le
1" janvier 1790, d'un recueil de poésies, et le ISjuillet sui-
vant, d'un calhéchismo. ne lirent qu'on au^^menter le
nombre, et c'est avec empressement qu'il accepta les pro-
positions que plusieurs personnes haut placées, et princi-
palement Blessig et Fréd. de Dietrich, lui adressèrent de
Strasi)ourg, où il arriva le 12 juin 1791.
28 juin 1791. Doyen et professeur de droit canon et d'élo-
quence de la chaire à l'Académie catholique et en même
temps vicaire épiscopal de Tévêque conslilutionn.^l Brendel
— 10 juillet. Il prêta dans la cathédrale le serment civique
imposé aux ecclésiastiques par la \>n du 2G décembre 1790,
et son sermon pour la circonstance avait pour texte : « La
conformité de l'Evangile avec la nouvelle Constitution des
Français ■ — 11 octobre. Reçu membre de la Société des
amis de la Constitution — Il prononce un discours sur le
mariage des prêtres et pose trois questions : 1* Le mariage
des prêtres est-il permis? 2° Le mariage des prêtres est-il
néeeBBaicet 9* Le mariage dee prôtrea eat-U exécutable ? Sa
réponse ayant été aflBrmative, it termine en disant :
Voilà, Messieurs, mes réponses aux trois points que je me suis pro-
posé d« résoudre. Si tous en Mes eontents, je domasde que la Société
décide qu'elle soutiendra de tontes ses forces le prêtre catholique qui
donnera le premier dans notre département rexemple de la sensibilité^
du cinsme et du Moisfo.
99 octobre. L*évêque Brendel et tous ses vicaires» le désa-
vouent dans on placard affiché dans les deux langues à tous
lescoins des rues de la ville — 14 novembre. Elu notable da
Conseil municipal, il logeait alors, rue Dauphine — 1" déc.
Il publie une thèse latine sur le nouvel ordre de choses
ecclésiastiques en France, et donne le programme de ses
cours. Euhge Schneider, docteur en philosophie et en théolofjfîe,
îicaire épismpal, uotahU de la viUe de Strasbourg, doyen de îa
FacuM ihéologiqufy Jera m cwrs but la jurisprudence patio-
mm ifàSMCM
raie d'après la nouvelle Constitution de VEmpire français, et
sur V éloquence de la chaire. Il offre aussi de faire, des cours sur
les beoiLx-arts et .^«r les belles-lettres — 6 janvier 1792. Vice-
président de la Société des amis de la Constitution, il pro-
nonce uu discours sur l éducation des femmes — 12 février.
Dans sa profession de foi politique, présentée ù celte société,
il regrette amèrement la scission oui s'est faite le 7, entre
les membres, et dès ce jour, il fait iKirtie du Club des jaco-
bins — 21 juin. A Colmar, il tient un discours, à la Société
des amis de ia Con-tituUon, sur l étal politique du Bas-Rhin,
ajoutant :
...tOQt ce que je disais avant à Colmar, s'est confirmé depuis, quoi-
que les feaillants de cette Tille, comme ceux de Strasbourg, ne m'ajent
entenda qa'ftTec indignAtioii et m'ayent ponnuiTi comme ud pertur-
bateur.
3 j uillet n publia le premier numéro de son journal : Argos,
qu^U rédigea avee ButeDBcbœo iu8qo*au moment de son
arrestation, 15 déoeaabre 1793; à partir de là son collabora-
teur le continua seul jusqu'au 16 juin 1794 — 6 juillet. D
assiste à Térection de Tarbre de la liberté à Soulzbacb, dans
la Yallée de Honster, et compose une poésie pour la cir-
constance ~ 11 août Au Qub, il dénonce deux adresses du
Ck>nseil municipal et d*une grande partie de citoyens de
Strasbourg, Tune à PAssemblée nationale et Fautre au roi.
CTest à la suite de ces adresses que Oietrieh fat mandé à la
barre de rassemblée par décret du 18 août 179S3, et que la
Municipalité de Strasbourg fut saqiendue par Carnot, Prieur
et Ritter — 2 septembre. Scrutateur à Télection des repré-
senttmtB du peuple, tenue à Haguenau, il ût des démarches
inutiles pour arriver à la Convention nationale — 18 sep-
tembre. Le Conseil du département l'envoie à Haguenau
pour y administrerprovisoirement la Municipalité — 19 sep-
tembre. Il lance sa proclamation aux habitants — 4 déc.
Avant de quitter, il fit prendre au Conseil municipal un
arrêté relatif au cours forcé des assignats. Une amende de
25 liv., et du double en cas de récidive, est infligée à celui
qui refuserait d'accepter ce papier, devenu monnaie|natio-
IE8 Romns in la AÉvoLnnoR
185
nale — 19 février 1793. Dentzel et Couturier lo nomment
accusateur public au tribunal criminel du Bas-Hhin —
16 mars. A Besançon, il dépose contre Dietrich — Dans ce
mois, les envoyés des douze sections de Strasbourg, dans
leur adresse présentée A la Convention nationule, ne se
gênent pas de le traiter de prêtre allemand, do moine
défroqué, que la disettf de curés, sachant Tallemand, a fait
admettre au nombre <les vicaires épiscopaux: venu à Stras-
bourt? à la même époque que Laveatix, en 1791, dont il est
le plus fervent coopérateur. Il est do rél(?ctorat de Cologne;
qui peut nous répondre de ses sentiments? Et c'est cet
homme qui ne connaît ni nos lois, ni les formes de la pro-
cédure, qui ne sait que très imparfaitement le franç lis, que
Couturier et Dentzel ont fait accusateur public! — 30 avril.
Au Club, il veut que l'on écrive à la Convention nationale
pour demander qu'un tribunal révolutionnaire soit établi à
Strasbourg. Adopté — 1«" mai. Il demande qu'on dresse
une liste do tous les grns suspects de Strasbourg et du
département, pour la présenter aux représentants, aOn (jue
les plus dangereux do ces pervers soient chassés au plus
tôt. En môme temps il propose de prendre en ôtages les
paysans les plus notés, les plus riches, des villages qui ont
désobéi aux lois ou manifesté Tespritdu fanatisme — 2 mai.
Il aborde de nouveau les mêmes propositions — 5 mai. In-
TesU da titre d'accusateur public près le tribanal révolu-
tiomiaire da BaB-Rhin — 12 mai La 8* section de la ville de
Strasbourg prend un arrêté demandant aux représentants
de la Convention nationale, son bannissement — 27 mai.
D*ane lettre de BQhl, datée de Paris, au Comité des douze
sections de Strasbourg, il ressort, que même les Jacobins
de Strasbourg s^étaient adressés à ceux de Paris, pour
demander sa proscription, tout vice-président qu*il était
alors de leur société — 8 juin. Il proteste, et làit assigner les
signataires de la 8^ section, lesquels devant le juge de paix,
Schcell, se rétractent et déclarent qu'ils le considèrent
comme un bon citoyen, un fonctionnaire probe— 2i^ juillet
De Puis» Laveaux mande aux Jacobins, notre ami Schneider
m
wrm d'alsacb
qui s'est déprêtrisé, devrait bien se mnriprannd*effacpi toutà
faille caractère prétendu indélébile — 14 août. Le Directoire
du Bas-Rhin prit un arrêté en vertu duquel tous ceux con-
vaincus d'agiotage avec 'es asai^^nats. seraient jugés révolu-
tionnairement, sans jurés. Cet arrêté, approuvé par les
représentants, on décida d« le publier avi c solennité dans
tout« la ville, et que I on promènerait la guillolme par les
rues. Schneider, Jung et Eleltnann raccompagnèrent. A
4 heures du soir on quitta l'hôtel de ville avec uu détache-
ment de fantassins et de cavaliers. L'arrêté fut proclamé sur
toutes les places publiques; cela devait se répéter trois jours
de suite, et dans tout le département; mais, vu Timposisi*
bilité d'exécuter la mesure, Schneidisr cral atteindre le but
en proposant de placer la guillotine aor la place d'Âitnes,
depuis dimanche jusqu^au vendredi suivant» jour auquel 11
tenait beaucoup & la &irevoir auxcampagoarda venant aux
marchés. Monet et autres approuvèrent; cependant le
public protesta, et dans la nuit du 18 pu 20, la guillotine fut
enlevée, chargée atur une voiture et conduite devant la mal-
son de Schneider, rue de la Nuée bleue, no 2» où but les
11 heures elle fut versée devant la porte et mise en morceaux
par le peuple. Ce ne fut que le lendemain matin, A 10 heures,
que les débris de la guillotine et de la voiture furent enle-
vés — 24 août Au Club, Louis Edelmann < une sortie à
fond contre lui; Schneider, présent à la séance, somme
rauteor de prouver ses inculpations, ce qu^ ne manque pas
de faire dans la séance du 27 — 29 août Au Club du Uiroir,
il donne des renneignements sur sa conduite dans la journée
du 14 août — 8 octobre. Milhaud et Guyardin le nomment
du Comité de surveillance et de sûreté générale du Bas-
Rhin, nouvellement créé, et qui fonctionna iusqu'an 25 déc.
suivant — 15 octobre. Commissaire dvil au tribunal révolu-
tionnaire de Fermée, à Strasbourg, établi par les neuf repré-
sentants du peuple aux armées de Rhin et Moselle. On a
pris les quatre membres du tribunal institué le 5 mai 1798»
et d*aocu8ateur public il est devenu commissaire dvil —
18 octobrs^ jour, que le Temple de la Baisoii Ait oonsBoré
ui Mm» M u limonoR
137
solennellement à VÈire suprême, il y Unt un loDg discours,
dont voici un passage :
Un voyapenr allemand qni viendrait un jour à Strasbourg et q«i
demanderait: où est la cathédrale? chacun lui répondrait: nous ne
connabsons point de cathédrale, point de fondation de Saint-Thomas,
nous ne conoaiasonB plus rien que le Temple de la Raison et 1»
Société populaire. S'il demandait, où loge l'éréqne? où demenre le
pasteur? on lui dirait : nous ne connaissons point ces étres-là, mais avpz-
▼ous onvio dp fairo la connaissance des instituteurs du peuple, venez,
nous VUU5 muutrcruns uue duuzaiue de braves sans-culuttes Et je parie,
•i le voyageur était Jéma-ChriBt, on Martin Luther, quHl Toraerait des
larmea de joie et s'écrierait: c'est là ce que noos «Tons désiré, c'est
ainsi que cela doit être.
Après avoir Mi sentir le ridicale de toutes les religions
qai se disent révélées, il continua :
Peuple, Toici en trois mots tonte U religion : adore na Dion, sois
jnste et chéris ta patrie.
Etonne Babtu.
(La mdk pmMmmmt)
BULLETIN filBLIOGRÀPlliUlt;
I
Histoire d'iin proverbe mulhousien «d'r Fûrsteberger
v*rgesse)), racontée en vers par Auguste Stœber, avec illustra-
tions de Matiiias Kouler — Mulhouse, imprimerie de Brustlein et C*,
1882 — In-80 de 27 pages avec 5 planches et encadrements rouges —
Librairie de W» 8. P^.
Il y a dans les origines et la vie de notre industrie alsacienne
bcaucoui) (le faits et d'anecdotes qui fornuM-aient un recueil
intéressant soit au point de vue de Thistoire locale, soit au
point de vue de Thistoire des familles, soit au point de vue de
la moralité du travail. Le petit accident que M. Aug. Stœber
vient d'évoquer est de ce nombre. Le stget est d'une grande
simplicité et d'une excellente morale en action. C'est pour
cela, sans doute, que le souvenir s'en est conservé et a passé
en proverbe.
Un tisserand du siècle dernier, membre du Orand-Gonseil
de Mulhouse, venait de clore son inventaire constatant qu'il
avait fait dans Tannée un bénéfice de quinze mille florins. Il
appela avec transj)ort sa femme pour lui communiquer un
aussi heureux résultat et, dans sa joie, il la pria de lui dire les
cadeaux qu'il lui serait agréable de recevoir en souvenir d une
année aussi prospère: Est-ce une cornette brodée d'argent,
comme il convient pour la femme d'un membre du Grand-
Conseil? une robe de soie avec des poches? un collier de
grenats? un ridicule? des souliers à la poulaine? une montre
avec sa chaîne? La réponse de la dame fat une poignée de
main et un baiser, puis elle ajouta : tu sais que dans ces der-
niers temps nous avons reçu deb politc:ssci> chez uos parents
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BOLLETIIf BIBLIOGRAPHIQUE 189
et nos connaissaiices; Toccasion de les inviter, à notre tour,
est bonne. Ainsi dit, ainsi fut fût le dimanche suivant Au
milieu du festin, une lettre arrive au tisserand; elle renferme
le compte de Furstenherfier, de Bâle, compte qui par inadver-
tance a été coiuplétiMnent ouldié dans l'inventaire et qui
malheureuseniont absorbe une grande partie des bénéfices de
l'année. La décei)tion se peint un moment sur tous les visages,
mais la bourgeoise philosophie du tisserand et de sa brave
compagne a bientôt dissipé ce nuage et le festin se termine
aussi gaiement que si Furstenberger n*eut pas existé; puis,
quand mari et femme se trouvent seuls, face k fiice, la con-
seillère dit au conseiller : Je veux maintenant, mon cher petit
mari, que Targent que tu destinais à mes cadeaux soit la part
des pauvres de Mulhouse. Pas n'est besoin d'ajouter qu'il en
fut ainsi.
L'aventure est véridi(iue et l'oubli dont Furstenberger fut
l'involontaire objet de la part de l'un des anciens chefs de
l'industrie alsacienne, a passé eu proverbe dans le langage
populaire de Mulhouse : J^r Fursteberger largesse est aujour-
d'hui l'équivalent du proverbe français : compter sans son hôte.
Si nous devions scruter la pensée de M. Stœber donnant à
cette aventure le soin qull lui a accordé, nous dirions d'abord
que, comme caractéristique de llndostrieux Mulhouse, elle
lui a paru topique et louable ; il a pensé que quand on veut savoir
où l'on va, il est toujours bon de ne pas oublier d'où l'on vient,
surtout (juand le point de dei)art est le plus démocratiquement
honorable. Nous dirions ensuite qu'au point de vue de la lin-
guisti(iue — mais sans faire la legou h personne — M. Stœber
a voulu donner un exemple assez complet de la manière d'écrire
notre dialecte alsacien sans lui infliger de torture orthogra-
phique pouvant aboutir à le déiigurer et à le rendre illisible.
Pour atteindre ce but, il a sufii à l'auteur de respecter l'élision
que le commun des mortels fait naturellement en parlant la
langue du pays. Nous dirions encore que, tidèle disciple du
140 BITUI D*iUUMOI
culte professé en Alsace pour la terre natale, M. Stœber a
voulu ajouter un fleuron de plus à la couronne dont il est,
depuis lonj^temps, en possession dans h) monde littéraire de
la rive gain h».' du Khin. Le petit poème dont il s'agit, exempt
de pédantisme et de tout mélanj^e étranger à la cité indus-
trielle, restera certainement une de ses plus savoureuses
productions.
Nous ne dirons non plus que du bien des illustrations qui
donnent au poème un relief charmant Elles sont Tœuvre de
Tun de nos compagnons dinfortune de Tannée de malheur,
M. Mathias Kohler, élève de Pécole des beaux-arts. Le portrait
d'Auguste Stœber est bien réussi Les quatre planches repré-
sentent le contentement du tisserand et de sa femme à la
clôture de l^mventaire, la réception des invités le dimanche
suivant, le châtiment infligé à deux mauvaises langues devait
l'hôtel de ville, sujet qui avait alimenté la conversation des
invités, les convives à table et la missive de Furstenberger.
puis le tisserand et sa femme en tête-à-tête après le départ
des invités. Ces illustrations, traitées avec un sentiment
exquis, à la manière du regretté Th. Scimller pour le Lundi
de Pentecôte d'Arnold, font du proverbe mulhousien une excel-
lente page pour l'histoire du costume local et des origines
de rindustrie de la cité, ainsi qu'un joyau artistique que tout
le monde voudra avoir et religieusement conserver.
n
IMstractions poétiques au Florival ou premier recueil de
poésies d'un vieil Alsacien, par G. G jitelim — Mulhouse, impri-
merie de B. Mftneh, 1889 — 1 vol. de Txn-821 pages.
Voici un recueil de poésies allemandes qui a son mérite,
sans doute, mais qui a le tort d'arriver au jour dans un mo-
ment où il y a au ])ays une résistance pononcée contre les
mesures qui proscrivent le français. Les deux langues vivaient
jadis en bonne intelligence, en bonne et loyale confraternité
BULLETIN BIBUÛG&APHIQUK 141
dans le mouTement littéraire de la j^vince, ainsi que dans
tous les rapports de la ^e sodale. Les temps sont, hélas! bien
changés, et c*est pourquoi la muse de M. GfftyeHn court le
risque d*Ôtre peu écoutée de ce c4)té-ci du Rhin.
Sera-t-elle plus favorablement accueillie à Leij)/,iîi où le
cœur de la Germanie intellectuelle est réputé avoir son sié^o
national? Une expérience plus que trentenaire nous permet
d'en douter. Ce n'est qu'après les foires de plusieurs années
que M. G&yelin sera iixé à cet égard et partagera peut-ôtre le
sentiment que nous exprimons.
Cest d'aOleurs au public alsacien que ce recueO s'adresse,
c*est pour lui quil a été écrit En Téditant, M. 6&yelin a cédé
aux instances de ses amis du Club Yosgîra, section de Gneb-
wDler, et aux aris de ses confrères en littérature qui n*ont
cessé de l'encourager dans ses patriotiques inspirations. Son
recueil a le caractère particulariste de notre ancienne vie
intellectuelle de la province d'Alsace aux meilleurs temps de
son développement. A ce titre, comme à beaucoup d'autres, il
a sa place dans nos collections alsatiques. C'est au Blumen-
ihal = Florival, ou vallée de Guebwiller, que M. G&yelin a
consacré ses meilleurs souvenirs, ses plus vives affections. On
lira sa composition sur le Bwnwéh = mal du pays, avec un
sentiment empreint d'une douce tristesse. Aux sources du
Parnasse se fortifie aussi la foi en ravenir.
m
La Uberté des dmetlèrea, qmnion remplie d'aetaalité, per
Ch. Scguiidt, pastcur-présideni An Consistoire de Sarreguemines,
chevalier de la Légion d'honnenr — Strasbourg, imprimerie de
6. Fischbach, 1880 — Brochure in-S» de 39 pagee.
Cet opuscule que la Eevue vient de recevoir, est un tirage
à part des articles publiés dans le Jmumal ^Akace à propos
des difficultés élevées par le clergé à Toccasion de divers
enterrements protestants dans les cimetières de communes
oU la grande migorité des habitants professe le enlte cathO"
14S BSTUB D*ALSACB
Uque. C'est encore l'ancienne loi française, concernant cette
matière, qui est en vi;:ui'ur au pays annexé, et c'est la réfor-
iiiation (le cette loi ([uo demande M. le pasteur de Sarrejxue-
iiiiiies dans le but d'éviter désonnais les couâitâ qui se
produisent fréquemment à la campague.
IV
Bulletin âm Im BoolétA âm sotonoas historiques et natu-
relles de ITonne, Années 1880 et 1881 — Auerre, imprimerie
de G. Ronillé, 1881 — 2 toI. in-ê» de 41M33-61-uc et zz pages svee
8 planches dont 2 pheteg^yptiqnes.
Il y a dans le dernier et le premier fucicules des 34* et 35*
volumes du BulUeiin, des travaux d*uii grand intérêt historique
et scientifique. Nous ne pouvons que les signaler au courant
de la plume, ces deux foscicules nous étant parvenus il y a
quelques jours. Le cartulaire du prieuré de .lully-les-Nonnains
est un document fort iniportant pour l'histoire locale, analysé,
reproduit et annote par M. Ernest Tetit; Les coutumes et
péages de la viconité de Sens, par M. H. Monceaux, sont aussi
un document i)récieux «soit pour la jdiilologie, soit pour l'his-
toire du commerce et de l'industrie dans le centre de la
France.» Ce sont des textes soigneusement mis au jour avec
de nombreuses annotations qui les éclairent. La léproserie de
Sainte-Marguerite, l'église de Saint-Siméon et le chftteau des
Choux sont Tobjet d*une notice intéressante par M. Challe,
président de la société. Un mémoire de M. E. Yaudin sur la
photoglyptie initie le lecteur aux divers procédés de repro-
duction de limage des choses auxquels la découverte de
Daguerre a donné lieu jusqu'à présent Deux planches, repré-
sentant le buste de M. le président Challe, et un portail de la
cathédrale d'Auxerre, du xm* siècle, par le procédé photo-
glyptique de Lemercier, à Paris, justifient {\ tous égards les
mérites que M. Vaudin attribue à ce procédé. La salle du
prince d'Eckmiilil, au musée d'Auxerre, fournit ensuite à
M. Challe le matière d'une fort belle notice historique, biogra-
BULLBTIM BIBUOGRAPHIQUX 143
phique et archéologique dont rami de Marceau, de Eléber et
de Desaix est la cause origineUe. Une note de M. le docteur
Bicque, sur des sépultures et des objets funéraires découverts
à SaintF<}ervais termine, avec le catalogue des hémiptères de
rYonne, le volume de Tannée 1880.
L'a chronique secrète des cent dernières années de Tabbaye
de Saiiit-Germaîn d'Auxerre, par M. Challe, ouvre le premier
fascicule de Tauuée 1881. Une notice historique sur la cathé-
drale de Sens, par M. E. Vaudin, et le catalogue des cartu-
laires du département do l'Yonne, par M. Max Quantin,
terminent la première partie du fascicule consacrée aux
sciences historiques. La deuxième partie, affectée aux sciences
naturelles, renferme le compte-rendu, par M. Gust. Cotteau,
du congrès international d'anthropologie et d'archéologie
prâiistoriques tenu en septembre dernier & Lisbonne. Ce
rapport est d^une lecture fort intéressante, même pour les
hommes du monde. Une biographie du naturaliste Goureau
(colonel), par M. Challe, suivie du catalogue de ses ouvrages
et de ses travaux, met en relief une des belles figures du
monde des sciences natureUes. Cette partie du fascicule est
noblement terminée par la première partie du catalogue des
coléoptères du département de TYonne, due aux recherches
de MM. Loriferne et Poulain.
Ce sommaire-aperçu des travaux de la Société tirs sricnce^
historiques et uatHrclles de l'Yonne suftit pour donner aux
lecteurs de la Berne ir Alsace une idée de la vie intellectuelle
dont une de nos premières Académies provinciales est le
centre. Honneur à son président et à ses collaborateurs!
V
BnlMn de la Soolétè arohéologicpie «i taistorlqno dtt
rOrlAumls, n** 107 et 108 — Orléain, imprimeriA de Oeofgea
Jacob^ 1880 et 1881 — 8 liMdciiles iii-8», 856 pages.
Nous trouvons dans ces deux livraisons du BuUetm de
nombreuses notices descriptives de silex, de monnaies gau*
144 unniE d^alsaiz
loîses et romaines trouvés dans POrléanais. Ce sont autant
de points de repère fort importants pour l'histoire locale
et lliistoire des Ghuiles confinant aux temps préhistoriques.
M. lyesnoyers et ses collègues donnent à ces découvertes
successives une attention particulière et compétente. Ils
ne négligent aucune occasion de mettre en évidence l'inté-
rêt que présentent ces trouvailles pour Favancenient de la
science: c'est ainsi qu'une excellente notice de M. Desnoyers
est consacrée à la collection d'objets et instruments en pierre
que M. Rabourdin a composée, eu 1880, dans le Sahara algé-
rien, au pays des Touàregs, et qui enrichit aujourd'hui le
musée de Saint-Germain. Ce que M. Rabourdin a vu de Tautre
côté des mers, et dont il a rapporté plus de trois cent cin-
quante témoins, on le retrouve dans nos Gaules plus ou moins
accentué, selon les stations, au Montvaudois, près de Belfoit,
par exemple, et Ton se demande si la conclusion proposée par
M. Desnoyers : cLe grand désert a été habité par un peuple
disparu ou s*étantréftigié en d*autres régions >, ne s'applique
pas tout aussi vraisemblablement au continent européen? De
nouvelles découvertes et de nouvelles études ne conduiront-
elles pas à conclure que c'est aux <^randes perturbations
géologiques qu'il faut demander l'explication des phénomènes
historiques qui sont ai^ourd'hui à l'étude ?
FntoÉRio KuBTZ»
LES
ËX-LIBRIS DANS LES TROIS ÉYÉGHÉS
TOUL— METZ — VERDUN
1552—4790
II
BIBLIOPHILES ET CtLLBGTIONNEiilS TOliLOIS
BIBLIOTHÈQUES DES COUVENTS
L jàbbaja royale de S*int-L6on
Comme pour tons les antres monastères, les nuurques sont
tontes mannscrites.
Canonic Megular, S, Leanis Tullen, i.
Lors de la visite des délégnés dn district, le 4 Juin 1790, en
présence de Nicolas Henriet, prieur claustral G'ftbbaye était
en commende), et des religieux, la bibliothèque contenait
250 volumes in-folio, 154 iu-4' et 1360 in-8% dont plusieurs
dépareillés.*
Los chanoines prémontrés tenaient un collège avec enseigne-
ment depuis les élémentaires jusqu'à la rhétorique inclusive-
ment Les bâtiments furent reb&tis au commencement du
siècle dernier et le collège communal actuel y est établL
* Voir les livraisons du dernier trimestre 1881 et da l*' trimestre 18SS.
* Archives départementales de Meiirthe-ei>MoB€lle.
NooTelie Série. * II" «mièe. 10
BSVOB D*AUACI
fi. Abteye royale de SaiBt-Epvre
Ex Mnrio S. Ajn i Cong. iS. >S. VUoni <£• Hyd, Benedidor.
S. Apri Tull. 1750.
D'après Dom Ruinart, les archives abondaient en bulles
pontificales et en diplômes de souverains, mais les manuscrits
faisaient défaut II n'y a rien d'étonnant, car les amateurs trop
intéressés ne manquaient pas. Le conseiller au parlement de
Mets, Bigaud, mort en 1653, et célèbre comme bibliophile,
alors à Toul avec le Parlement exflé, détacha de sa chaîne,
à la sacristie, un ancien cérémonial manuscrit de Tabbaye,
remporta et en fit présent & Golbert, qui recevait journelle-
ment, sans scrupule, de pareils cadeaux. Les moines eurent
tontes les peines du monde d'obtenir une copie.
D'après Bl. Dufrêne {Austrasie, Metz 1842, p. 301) ils expo-
saient k la Ténération des iidèles à certaines fêtes, comme un
Saint -Jemi enlevé par les anges, une magnifique agathe
antique représentant V Apothéose de Oertnanicua. Convaincus
de leur erreur, ils offrirent, en l(i74, cette pierre précieuse à
Louis XIV, qui leur lit compter 7()(K) livres. On prétendait
que le cardinal Ilumbert, l'un des familiers du pape Léon IX,
l'avait apportée de Constantinoplc. Elle est aujourd'hui au
cabinet des médailles (u" 179) et la bibliothèque de la ville en
a un fao-simile en plAtre.
Le couvent fut rebâti au siècle dernier par Dom Léopold
Durand, prieur du prieuré détruit de Saint-Léonard de Féné-
trange dans le Westrich, un des bons architectes du temps, n
y avait de vastes Jardins autour des lieux claustraux, et un
jeune religieux, Dom Claude Fleurand, originaire des Vosges,
y fit de charmantes observations entomologiques sur les
fourmis; elles ont été rapportées en partie par M. EL Bardy,
président de la Société philomatique vosgicnne. Dom Fleurant
n'était pas seulement un amateur d'histoire naturelle, c'était
aussi un nunn>iii;it('. Mory (rKlvan^'c cite, cnnmif lui appar-
tenant, uue muuuuie meroviugieunc irappée à \ erduu.
LES EX-LIBRIS DANS LES TROIS ÉVÉCHÉS 147
Les dévastations et les incendies arrivés dans quelques
villages, après la prise de la Bastille, engagèrent les religieux
de Saint-Munsuy et de Saint-Epvre à cacher leurs archives
dans différents endroits et surtout dans les caves. C^est ce qui
explique, raconte le curé Chatrian, le désordre qui régna dans
ces papiers.
La bibliothèque de Saint-Epvre s'était accrue dans le cours
du XVII* siècle de la riche bibliothèque de M. de Mageron,
chanoine et officiai, conseiller du duc de Lorraine.
Le 2 juin 1791, l'autorité se présenta pour faire Tinventaire
du mobilier du monastère, en présence du prieur claustral
Dom Christophe Lhotte, du sous-prieur Dom Gérome et de
toute la communauté. La bibliothèque comprenait4964 volumes,
dont 1275 in-folio, 843 in-4'' et 2846 d'autres formats. Tous les
moines déclarèrent qu'ils étaient prêts à quitter le couvent
Le musée départemental des Vosges, à Epinal, possède
deux sceaux en cuivre de l'abbaye Saint-Epvre. Ils datent du
xrv* siècle et sont reproduits dans le beau volume sur la
sigillographie touloise, par M. Ch. Robert
' Dom Gérome fut principal da collège de Ltmérille, loas le Consulat.
148 wam D*AU*ci
Charles de Castellan, dont Tempreinte a été graeiememeiit
communiquée par M. Lucien Wiener, consenratenr dn musée
lorrain, fut abbé commcmiataire en 1663, il mourut le 28 no-
vembre IfjTT. Lu bililiothèque di' Luiirvillc l)Oï>.sèJe éKakiia ut
un volume aux aiim\> dv cet altbé, dont la iiit-nse abbatiale
rapportait ;>o,(>(M) livres. Deux cardinaux de Kohan (II et III),
évêques de Strasbourg, furent successivement gratiHés de ce
beau bénétice.
Un des plus célèbres numismates dttXTm* siècle, Dom Mau-
gérard, aumônier et conservateur des monnaies et médailles du
duc Charles-Alexandre de Lorraine, gouTerneur des Pays-Bas,
et au xvu" siècle, Dom Descrochets, Thistorien de Tabbaye de
Saint-Amould, furent religieux à Saint-Epvre ainsi que
d^autres érudits religieux.
8. Abbaye royale de S&int-Mansuy
Ex Monaderio 8, ManmeH, ordmU BenedicH, CaUdogo
inser^^, 1748»
Inser^piuê OaUàoço SancH Mantueii, 1767,
Momutem MamuêH orâxmt 8. BenedicH 1768,
La bibliotbèque des Bénédictins de ce couvent marchait
de pair avec celle du Séminaire et de Saint-Epvre pour le
nombre et le bon choix des ouvrages. Le 13 juillet 17'J1, le
prieur claustral Dom Jean Nicole, le sous-prieur Dom Léonard
et leurs religieux reçurent la commission administrative. La
bibliothèque contenait 3207 volumes, dont 5U2 in-folio, 075 in-4*
et 1940 de diverses grandeurs; les uns reliés en vieille basane,
les autres en brochure. Il y avait en outre un manuscrit fort
ancien sur les évêques, in-4* sur vélin: IwÂpi catalogue pon-
Hficum tuUenrium a beakt Mansueh ei deincqti, qui servit au
P. Benoît pour son histoire et qui vint échouer plus tard, dans
la riche collection lorraine de M. Noél (n* 1694). En outre, il
y avait à la sacristie six manuscrits sur parchemin pour
rolfice divin.
LBS n-UBRIS D4I» LIS TEOB iVÉCBÉS 149
LlATentaire des meubles portait bon nombre de tableaux,
dont six de M.Drouas (?); vingt-buit. représentant Saint-Benott
et d*autres bienheureux et supérieurs de Tordre ; buft portraits
de Louis XIV, de souverains et de princes lorrains. Dans les
chambres des hôtes, il y avait des tapisseries de Bergame, un
sopha. six fauteuils en velours d'Utrecht, etc.
Parmi les moines présents, Dom Jourdez était un biblio-
phile dont Vex-iibris nous a été conservé. Dans un riche
encadrement sortant des ateliers de Garez, on lit :
Dom. ant. Jourdez
bénédictut
U avait alors 40 ans.
Dom Benott Didelot, religieux du monastère, était alors à
Keufohâteau. Les amateurs lorrains connaissent de lui une
petite eau-forte (in-12 oblong) : Le passage âea Teetosages
éFEurope en Asie, déâiêe mt S. P. D, Bemy CfMer, prêtai dé
Flavigny, avec ses armoiries, d'après un tableau de Cazes. *
M. Quintart possède et a reproduit le sceau en cuivre de
l'abbaye au moyen âge. M. Dufrêne, le collectionneur émérite
de tout ce qui est leuquois, avait en vain cherché une
empreinte dans toutes les collections locales.
Yard de Bar-le-Duc peignit pour Téglise abbatiale la vie
de Saint-Mansuy; il exécuta aussi quelques tableaux pour
révêchéb
4. Ltô Capucins
Fondés par Tévéque de Maillane dans un enclos apparte-
nant aux moines de Satnt-Mansuy. Le biltiment conventuel
existe encore;, et l^umble église sert d*atelier de menuiserie.
Âu-dessous de celle-ci est un caveau peu profond ob, selon la
coutume séraphique, on exposait les squelettes des religieux
* Les Nouvelles catholiques de Rouen avaient un tableau 4© CÇ
peintre, il se trouve actuellement au musée de la Tille.
150
R£VUE D*AL8ACB
avec l'habit qaHs avaient porté. Le vestibule de ce charnier
renferme encore quelques peintures à la détrenq>e, avec des
macabres armés de fiiulx, tous invitant à lire de longues
inscriptions tracées en caractères romains et presque illisibles.
On distingue:
«
Seigneur de quelque grftoe qme lliomme par
VM loini M
piisqn'il loi fimt eon âme se livre
Poi^aH me faudra mourir
Trois religieux célèbres habitèrent le couvent, le P. Thomas
de Charmes, auteur d'un Qmpendium très estimé, le P. Nor-
bert de Bar, que Chevrier poursuivit de ses traits piquants,
eteniinleP.BenottPicaTt de Toul, lliistorien doniilad^à
été parlé. C'est à tort que Ton accuse sottement les religieux
d*avoir brûlé, à sa mort, les manuscrits et les chartes qu*a
avait rassemblées, sous prétexte qu*il ne devait rien posséder
d'après les règles de Tordre. L'évêque de Cmnilly, ami et pro-
tecteur du docte capucin, fit recueillir tous les papiers que
l'on put trouver dans sa cellule, et l'archiviste Lcmoinc les
eut entre les mains, au palais épiscopal, de longues années
après (Catalogue Emmery, 628).
Modestes coopérateurs des curés campagnards, prédicateurs
des missions rurales, phannadens et médecins dee pauvres,
les capucins étaient plus instruits que bien des réiîgteux riche-
ment dotés. Dans chaque cellule du couvent de Toul, les
commissaires trouvèrent à côté du grabat quelques livres et
des sermons écrits. Ils possédaient donc quelque chose! Mais
laissons cette oiseuse digression et parlons un peu de la
bibliothèque de voyage des révérends pères ; elle se trouvait
dans deux des douze poches qu'ils portaient sur leurs vête-
ments. La Bradéale renfermait le bréviaire, elle était de
figure ovale et se trouvait dessous et le long du bras droit
L*aiitre pour les semonnaires
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m BX-LU&» DAMS LK TlOB ÉfiCHÉB
151
Pend au dos et bat sur la fesse,
Ou pour mieux dire sur le cul.
Pourquoi elle se nomme Tape-cul. '
Les commissaires cataloguèrent chez les capucins près de
1500 volumes, dont 202 in-folio et 1209 autres de divers for-
mats. On ne parla pas de manuscrit; cependant Dom Calmet
dit qalls avaient les Qmmentaires sur Samt-Jèrdme, par
Didier de Birstorf, chanoine et archidiacre de Toul« ancien
précepteur du duc René IL
Void Pacte de décès de la hihliothèque des capucins, de
Tonl:
f Les administrateurs du district de Toul informés que
depuis que la maison des cidevant capucins au'taubourg de la
Paix a été prise pour un hôpital, à traiter les galeux des
armées républicaines, la porte de la salle de la Bibliothèque
ayant été fracturée et ladite Bibliothèque extrêmement dila-
pidée, ont commis Mourot Vincent un d-^ ses membres pour
avec un ofticier municipal de la commune do Toul, reconnaître,
vérifier ladite dilapidation et prendre tous les renseignemens
possibles, [.('(lit Mourot s'est transporté dans ladite Maison,
assisté du ciL Thierry, ofhcior municipal, lesquels ont reconnu
que bien loin de trouver la bibliothèque dans Tétat oh elle se
trouvait lors de Tinventaire qui en a été fait le l' juin 1790,
vieux style, ils Tout trouvée dans un délabrement total, y res-
tant tout au plus une douzaine de vieux bouquins entiers et
quantité de feuillets et de couvertures de livres épars tant
dans la bibliothèque que dans les corridors voisins, s*étant
informés tant du citoyen Buisson gardien de cette maison que
du citoyen .louré et de sa femme qui occupent un local dans
cette maison, ils ont appris que c'étaient les soldats de l'hôpital,
' DuoLOB. La CapucMiade if ifMftmuje, poème pitoyable où l'on insolie
eontinnellement, en 1689, les capncins de Utnal et les enrés de U
HMito<Seille, à.csose de leur fidélité à leur sovrenin proieiit.
168
qui, après avoir brisé la porte de la Bibliothèque, avaient
brûlé une grande partie de ses livres et jeté une autre par les
fenêtres, sous prétexte que c*étaient tous livres fanatiques
quil fallait anéantir. Les dits commissaires tant du District
que de la municipalité ont aussi observé qu*on avait enlevé
presque toutes les serrures et ferremens deladite maison, et
brûlé une partie des portes, boiseries et planches, laquelle
dilapidation nous a été a^^uvéi) par les mêmes Buisson et
Jouré n'avoir été faite que peudaut que cette maison servait
d'hôpital aux gâleux.
Fait à Toul le 2 Thermidor de Tan deux de la liépublique
une & indivisible signé Moubot, Thkbrt. »
Les capucins de Toul ne sont pas oubliés dans la Onisade:..
De Saint-François la cohorte nasale,
Les yeux baisst^s, l'air contrit, les pieds nus
Suivent la croix, composent l'avant-garde,
Couverts de frocs à capuchons pointus.
Frères cadets du troupeau séraphique,
Leurs revenu «mt la masse publique.
IfaiB éehaDgeant coatre on maiiTais sermon
Un broc de via, une poule, an jambon,
Us ont fardé l'esprit éTangéliqne.
Les commissaires inventorièrent dix-sept portraits d'anciens
pères de Tordre; dans le réfectoire, un grand tableau repré-
sentant le lavement des {pieds, par Lallemand, et viugt-et-un
tableaux deSpeu de valeur, etc.
S. Les OordaUfirs
Ea^BitUoUkeca fhmeisccawrtm QmimtuatuUenBiB.
Cette marque se trouve sur un frontispice d'un volume des
Ada Sanctorum mis au pilon ! !
QLes religieux possédaient lôOO volumes dont quelques uns
incomplets.
lie parlement de Metz, pendant soniexil dans la cité touloise,
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LES EX-LIBRIS DANS LES TROIS ÉVÊCHÉS 188
siégea aux Cordeliers. Ce fut & cette époque que Boflsuet,
alois chanoine de l'église de Metz, habita Toul avec son père,
conseiller au Parlement, dans le bel hôtel de la rue liicbatel
qui eiiste encore.
6. Les Dominicains
Ej--lihris Bibliothecœjr. prœdicatorum ConvetUus TuMeiisis,
BibL fr. prcedicatùrum Co^ TuUensis,
Leur couvent fut fondé, en 1245, par le duc de Lorraine,
révêque et le mattre-échevin Nemeric Barat, dont le nom est
encore porté à TouL 506 in-folio, 390 in-4* et 700 volumes de
divers formats composaient toute leur bibliothèque.
7. Les DomiiiioainflS
Les religieuses du grand ordre de Saint-Dominique, établies
en 1621, avaient leur bibliothèque donnant sur le jardin. Elle
lenfomait 3Ub volumes et 3 muuuscritd.
8. Les DominiMines du Tien Ordre
Elles n*arrivèrent à Toul qu*en 1634; elles étaient voisines
des précédentes, leur église ;i été démolie et le couvent a été
changé en salle de spectacle. C'est à tort que M. Ch. Robert
(p. 246) parle de relif/ieux du Tiers Ordre. Dom Calmet dit
que leur église était ornée de tableaux des plus grands maîtres
flamands. Les religieuses, pour se rendre utiles, tenaient des
écoles pour les jeunes tilles. 332 volumes formaient toute leur
bibliothèque.
9. Les religiensas Bénédictines du S&int-Saorement
Le couvent est aiyourd^hui la gendarmerie. La bibliothèque
avait 560 volumes, reliés en veau ou basane, traitant presque
tous de religion. TJn pensionnat était tenu par les sœurs.
10. La Congrégation Notre-Dima
Le plan du couvent, comme ceux des autres maisons reli-
gieuses de la ville, se trouve aux archives départementales.
164 REVUB D 'ALSACE
Diverses habitatioi» remplacent la maison des sœnrs. Au-
dessus de la porte, donnant rue du Menin, on lit encore sous
une niche vide de la statue de la Vierge :
AVXILIVM
COSOREGATIONIS NOSTBiB
O&A. PEO fiOBIS
Un pensionnat et une école gratuite pour les Jeunes filles
de la ville, dit le Journal de Meie de 1776, étaient tenus par
les religieuses, établies par leur saint fondateur le P.Fourier,
de Mattaincoiirt, pour rt^pandre rinstructiou.
Leur bibliothèque était dans une armoire (lOin-folio, GO in-i"
et 72 in-S°) beaucoup de livres étaient dépareillés. « La caisse
aux titres », contenant aussi les registres de recettes et de
dépenses, se trouvait à côté.
Le doyen de Yantoux signait les comptes annuels du cou-
vent; dans le registre de 1758, on voit la note du serrurier
(64',18*) qui a fermé les archives et la bibliothèque. Le relieur
figure pour bréviaires et offices du sacré-cœur. On donne
39',3» pour la vie de la mère Alix (1773).
Ce fut le maire Charles-François Bicquiliey avec le greffier
La Capelle, qui vint poser les scellés le 1" juin 1791.
L'inventaire fait, les livres, les incunables, les manuscrits .
des maisons religieuses furent entassés dans les greniers de
rhôtel de ville oii ils formèrent de véritables fortifications
assiéjj;ées continuellement par la dent des rats ou la main des
malveilhints. Vers Ls2U, le principal du collège, qui depuis
(après 18H0) devint proviseur du collège royal de Nancy, fut
chargé de trier dans cette masse pour former une bibliothèque
communale. Son choix fut discret, car on vendit le restant (la
charge de plusieurs voitures) à M"* Y* Bastien-Carez, rue
lOchateL Tous les bibliophiles delà province, le grand Pseaume
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us EX-LIBRIS DAKS LES TROIS ÉVÉCHtiS
166
en tête, se précipitèrent à U curée pendant plusieurs jours.
Hais d^à des triages avaient été fûts, car en 1791, un Béné-
dictin défroqué, nonuné Bralret,, ouvrit une librairie* où Ton
trouvait quantité de livres précieux. On rencontre encore
nuintenant beaucoup de ses bouquins reconnaissables à leur
ea?4i&m imprimé: 8ê vend chez Bralret à Tmd, dans un double
filet oblong. D avait aussi une marque très finement gravée
au burin : lÀhrairie Bralret à Toul, dans un écusson à grenetis
entouré de fleurs. U mourut à liverdun, très âgé, après avoir
essayé de rétablir le culte adamique.
Si, en 1819, Tardent bibliophile anglais 0ibdin, qui visita si
rapidement la cité leuquoise, avait su que des monceaux de
livres h vendre gisaient dans les combles de lli6tel de ville, il
serait resté plusieurs jours à Toul qui n*a de lui que ces quel-
ques lignes:
« La route est encore plus jolie aux environs de Toul, dont
l'église, vue de loin, ressemble à une cathédrale. Nous prîmes
du thé à Toul, mais d*abord nous visitâmes Téglise que nous
trouvâmes de beaucoup supérieure à celle de Meaux. Quelques
portions de lintérieur sont véritablement fort élégantes, une
fenêtre ogivale, particulièrement ornée de vitraux peints, peut
rivaliser avec la plupart de celles qui ornent cette cathédrale.
c A Toul, la première fois depuis notre départ de Paris, on
nous demanda nos passeports, attendu que Toul est fortifié. »
GRAVEURS TOULOIS fi'£X-LIBRlS
ZAPOUBAPH
Oraveur mr hm d rtmjprtmerie Carei, 1772'1773,
1. BiOQDiLUT. S« m bloe û» pinre ombié, entonié de nwetiiz d'un
côté et de l'autra d*iu Utirier incliné; eons les hadrares fign-
fant le sel — Za^pemofh 1772.
Est-ce Vauteur de la Croisade, mathématicien distingué, qui
lit imprimer, eu 1763, les Calculs des probabilités, ouvrit pen-
» Rve IGdiatel, s» 1601.
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166
dant la Révolution des cours gratuits pour les ouvriers et, en
1804, publia chez Carez la Théorie élémentaire du camm^rcef
Il était secrétaire de la Loge des Neuf Sieurs, dont les statut
furent imprimés chez Garez, en 1782: l'élcj^e du fr.*. Michelet,
fondateur, par le £.'. Grégeois, en 1788, sortit de la même
imprimerie. '
Vex-UhrU ci-dessus appartiendrait-il au frère de Tancien
garde du corps, au major de place Jean-Baptiste Bicquilley,
rautenr dee Nodls et des GomplainteB sur Tanoblissement dn
chapitre? Il est le père du général dont on Toit le portrait
dans une salle du rez-de-chaussée de Tancien palais épîscopal
avec ceux du maréchal Gouvion Saint-Qrrf des généraux
Gengoult, Gouvion, Pintheville, de Tamiral de Rigny , du baron
Louis, de Tavocat LiouTÎlle.
s. G. N. N. Dans nn rond ombré, entouré de roses reposant snr un
tapis de verdure. Av-dessoiu à gauche Zajmtraph 1778, Cham-
brette, ingénieur des ponts ot chaussée, à Toul? Il y a encore le
substitut Collardf', les chanoines Châtelain ot Claude. Trouvé à
Metz au milieu de houquins sur l'un desquels on avait imprimé
en lettres d'or Cn\MiiKiiTTE sur les plats.
On peut attribuer à Zapouraph la marque de Dom Jourdez,
Vex-Hhris armorié de M. de Curel ; les trois cailloux de Saint-
Etienne dans la couronne d'épines; la charmante vignette de
son maître dHin bon style Louis XVI avec les initiales J. C.
iJ>kiimma»rê de la Fàbk, Toul 1787).
* H le eonile Gatton de Lambertye a, proveiiaiit du chaneine de
Jobal, le sceau de la Loge (ovale de O'^iS nir 0"^3), l'écu royal entouré
d'emblèmes maçonniques disposés arec beaucoup de goût, obâkd scBiiTT
DE LA B. h. DKs Tx sŒms A l'o.'. db voxju Ce Bcoau ne se troare pas
dans le volume de M. Ch. Robert.
m BHjns DAM UB nom MoÉà
CaUECTIONNEURS
Le chanoine Henri Montij^not (1752), fils d'un charpentier
de Nancy, devint membre de rAcadéinie royale de sa ville '
natale; il y prononça, le 8 mai 1752, un discours sur le rapport
de PËnéide avec llliade et TOdyssée. Mais il est connu par
d^autres travaiiz plus importants: Un Mat des Etoiles fixes
au sseond sièck, par Ptolémée, comparé k la poaitioii dm
mêmes étoiles en 1766 avec le texte grec et la traduction, k
Nancy, 1788, in-4* avec figures. H publia aussi dans le Meremn
de Ihmee, du mois de février 1756, une lettre sur le tremble-
ment de terre de Lisbonne. Son opinion sur les causes
physiques qui avaient amené cet épouvantable désastre M
attira une réponse des plus vives.
Mais uu ouvrage, qui doit particulièrement nous intéresser
est son Dictionnaire diplomatique et étymologique des termes
du Bas-Sicde pour servir à Vintelligence des archives et chartes,
Nancy, 1767, in-4''.
L'auteur du Noël lui reproche d'être plus fier de sa
nouvelle noblesse que tous les gentilshommes de race.
Après s'être moqué du peu de solidité de ses connaissances
mathématiques, il lui reproche son peu de charité. En eftet,
en 1776^ le chanoine Montignot allant avec son confrère
M. d'HammonvillefuiMor en voiture k Boucq, à trois lieues
N.-E. de Toul, laissa, baigné dans son sang, le jeune Qaussin,
de cette ville, que des brigands avaient presque assommé,
t Vous êtes trop ensanglanté, lui dit-il, nous ne pouvons pas
vous prendre, et d'ailleurs, nous sommes pressésl » Toute la
ville fut indignée de cette réponse barbare.
Sur le point de mourir Gaussin disait qu'il en coûtait moins
à son cœur de pardonner à son assassin qu'aux deux cha-
noines si inhumains. Le meurtrier fut pris et roué.
* AistdéfliiA d6 SiMUilti actiuUe.
158
uvoi d'alsacs
Le chanoine Montignot, pour célébrer le sacre de Louis XVI,
s'avisa de faire une distribution de pain an peuple. De ses
fenêtres, il assomma quelques nudheureuz en lançant ses
mkheg. Il y eut nécessairement du tumulte, des vitres cassées
' et la maréchaussée dut intenrenir.
En descendant le grand escalier du doltre on lit Tépitaphe
de notre chanoine. Une sphère est entre une équerre et un
compas au-dessus de ces lignes :
D. 0. M.
C\-^\t M. H. François Montipnot, prêtre, docteur en Théo-
logie, chanoine de cette église, Membre de l'Académie royale
de îiancj, décédé le l"'* Mars 1 â^é de 67 ans.
EeguiesctU in pace.
Diaprés le P. Benoit, le lieutenant général au bailliage
François Favier, depuis conseiller à la Cour souveraine de
Colmar» rechercha, vers la fin du xm* siècle, les antiquités et
les monnaies trouvées à Toul. « Celles-ci étaient si communes,
dit le capucin, qu'elles se vendaient au poids, mdme les plus
rares et les plus curieuses, et on en faisait si peu de cas que
les enfants les mettaient au jeu comme ils auraient fait d'un
liard. »
Celles qui furent trouvées, lorsqu'on construisit les nouveaux
remparts de Toul et dont la plupart furent presque toutes
envoyées au cabinet du roi, furent décrites par le bénédictin
Dom Joachim de la Boche à Pabbé de Senones. Celuirci vint
souvent à TouL Un jour, il signala à un M. Paris plusieurs
blocs de pierre taillée qui gisaient derrière la cathédrale
parmi lesquelles était la figure de la déesse Trivia que M. Paris
fit transporter dans la cour de la maison Groselicr.
Vers la même époque, le chanoine de Maimbourg instruisait
le célèbre P. de Sirmond de la trouvaille d'une statuette de
Mercure dans les fossés de la ville.
Le capitaine Duplessis, du régiment de Normandie (cava-
lerie), avait recueilli des monnaies trouvées à Toul, et M. de
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LB n-UBKB nim ib mm Mait lfi9
Villement, ingénieur des travaux, avait ramassé de son côté
tout ce que Ton trouvait lors de la construction de la nouvelle
enceinte ; le P. Benoît était chargé par les Bénédictins, de
faire un catalogue. Il déclare n'avoir vu qu'une moDuaio épis-
copale du xvr siècle en fait de monnaie locale.
L^antiquaire Lemoine, de Moyenvic, était en grande corres-
pondance avec trois Toulois dans la seconde moitié du siècle
dernier. Leur correspondance très intéressante a été mise en
Yente à Mets, lors de la dispersion, en 1850, de l'importante
collection Emmery.
Le procureur da roi au bailliage, Henri, * donnait en 1761,
1762 et 1763 des détails très curieux sur la compagnie des
Cadets Dauphin, sur les prix accordés à Tabatage de l'oiseau;
il décrit la médaille donnée à cet effet Puis il donne quelques
- renseignements sur des livres publiés à Toul, il termine en
décrivant les ai'chives de la ville, de l'évêché et de la cathé-
drale.
L'avocat Vautrin (1 703-1 TOf.) s'occupe principalement dans
SCS lettres de questions historiques et de numismatique
touloise.
Enfin le troisième, Tli ou venin, Tcx-échevin, donne en 1783, la
généalogie des comtes de Metz, de Verdun et de Toul, avant
la réunion des évôchés. Thouvenin a laissé des manuscrits
précieux pour lliistoire de son époque.
Parmi les autres lettrés toulois, on peut citer le président
PaUas, qui obtint uh prix d'éloquence à TAcadémie française
en 1735 ; Nicolas dément, le garde de la bibliothèque du roi,
l'auteur de la défense du siège de Toul, il légua au cabinet
des estampes sa magnifique collection iconographique sur le
règne de Louis XIV; Sellière, curé de Maizières, correspon-
* Le procarenr du roi Henri, avec MM. Bîcquilley et ThoiiTenin,
est rautenr des mcmoiroR conremant le dt-mombroment da diocèse et
anaobUssement da chapitre, présenté an Parlement, à la Cour, etc.
160
BBVOI D'AUAfZ
dant de TAcadémie de Metz en 1782; Nicolas Dusaulchoy, le
joyeux président des Soupers de Momus, etc.
Le premier conservateur du musée de Nancy, et pour loque!
la place fut créée, fut un ancien officier des guerres d'Amé-
rique, anden capitaine d*artillerie, chevalier de Saint-Louis,
Jean-Victor Hngaenin de Lannaguaîs, membre de TAcadémie
royale de Nancy, inscrit, en 1788, au matricule de la noblesse
dtt bailliage. Il ayait un très beau cabinet d*histoîre naturelle.
Il trouva, le premier en France, dans la glaisière de Bouvron,
le sulfate de strontiane en masse striée et fibreuse. M. de
Launafniais fut le j)arrain de Charles de Villers, cet aimable
philosophe de Roulay, qui fut Tamant de tous les bas bleus
célèbres de son temps.
De nos jours, les travaux géologiques sur Toul et son
arrondissonent ont fait connaître honorablement leur auteur,
M. le pharmacien Husson. M. le docteur Denis (de Commercy)
B*e8t appliqué a?ec succès à des études approfondies sur la
chimie. Ce praticien distingué a laissé, outre son cabinet
scientifique, une belle collection d^antiquités locales, dont il
poursuivait lïtudo avec la plus grande ardi ur dans ses rares
moments de loisir. On doit aussi citer les travaux bcientitiques
de MM. les docteurs Leclrrc et Bancel.
Voici ce que dit la Bcvue anecdotique (Paris, 1859, t. viii,
p. 247) de la collection de M. Dufrêne, conseiller de préfecture
honoraire, aimable octogénaire, le dernier leuquoie qui fait
avec tant de bienveillance aux chercheurs les honneurs de sa
demeure, rue des Prisons militaires, à Metz: • Médailles,
livres, bahuts et cadres sculptés, une assez grande quantité
de chartes des xm*, xiv* et xv* siècles; entre autres tous les
comptes de la maison de Charles-le-Téméraire au siège de
Nancy. Recherche avec passion tout ce qui a trait à l'histoire
de Toul. » En effet, il existe peu de collection lo( aie aii>si
complète sur une cité, il est vrai que M. Dufrêne a mis
plus d'un demi-siècle à la former. Les rares opuscules qu'il a
us B-UMUS IkA» US nu» ÉfÉGHiS
161
publiéB BUT sa ville natale, sont une preuve deses mimitieiiSM
recherches. On sait qae le beau yolnme but la siffiUoffraphie
de Toul, par M. Ch. Robert, a été écrit grâce à Tactive coopé-
ration de notre respectable collectionneur.
Enfin avant de terminer, nous ne pouvons pas nous dispenser
de parler de la faïencerie de Belleviie, près de Toul, bâtie en
1758, et dont les produits sont si recherchés; le célèbre
sculpteur de Lunéville, Cyflé, y travailla quelque temps, et on
eonaerre soigneusement les moules de ses charmants groupée.
Les ex-Uhrii contemporains sont très rares; dtons, sous la
Restauration, celui du receveur particulier, modestement
imprimé dans un carré à double iilet:
DB LA. BIBUOTBàQUB
DB
THERBBT PBTIT- JBAV
A TOUL.
et de nos jours celui du docteur Ern. Bonnejoy, né à Marines
(Seine-et-Oise) en 1833, d'une famille originaire de l'arrondis-
sement de Toul, demeurant à Chars en Vexin ; il possède une
bibliothèque de. près de 4000 volumes, où Ton remarque de
nombreux incunables et de manuscrits sur vélin, dont un du
VU» siècle en onciales, etc. Il recherche particulièrement tout
ce qui a rapport au Vexin français, livres, gravures et monu-
ments, qu*il a joints aux collections numismatiques et con-
ehyologiques paternelles. Charavay a publié dans la Sems
dei documents hutoriquM quelques unes de ses chartes les
plus anciennes (1118 à 1177).
Nous donnons ici VesMrii de M. le docteur Bonnejoy,
dessiné et gravé par lui, et qnH a bien voulu nous envoyer.
La composition en est très originale: au fond, au milieu du
parc son habitation; au premier plan un livre sur lequd on
lit: Ex'lïbris Docteur Bonnejoy, puis à droite des attributs de
NoaTêUê Sén*. - 11"* année. U
168 rnsm d^alsacb
médecine, potions, pillules exposant le symbole macabre; au-
dessous la fontaine minérale qu'il a retrouvée près de Chars ;
un charmant ruissolet en sort et fait bordure au dessin; au-
dessous la devise du docteur, ancien inspecteur des eaux de
Forges, sàlus ex ukdis, puis plus bas, K Bonnejoy del
& 8C, 1876.
APPENDICES
1
NOËL
ancien gardé du carpi du roL
Pour adorer l'enfance
De Jésus nouveau né,
Le chapitre s'avance
De la eroix décoié.
JoMph dit : « Tona voilà des abMi d'importaiieeb
BeaoBoei à la vanité^
O'eet pour prêelier l'humilité
Qm Jém prend naiieaiiee. »
«Pour entrer au chapitre,
Eépondit Champorcin, '
L'on n'avait d'antre tltr^
Qae d'être homao de Uen,
' LPivéqne ont vue réception ipleadide lonqn'il vint ponr la pre-
mière fois à Ton!. «J'ai toat fidt pour le mlevx,» était eoa expreadon
faTorite.
Parmi les chanoines il y avait des fils de boncher, de meunier, etc.^
(ce qui leur faisait honneur). On disait plaisamment que lenr nonveUe
croix était une pierre à détacher.
— Dj9itizedl»y Google
LES EX>LIBRIS DANS LES TROIS ÉVÊCHÉS
163
J*ti tout fait pour le mietuc, par née soins, non «dresse,
J'en écarte le citoyen
Pour quelque prestolct lointain
Qui prouve sa noblesse.»
Joî;oph, quoique bonace,
Lui dit: «Mon bon pr<'lat,
L'on doit vous rendre grâce
Pour ce boau cnup d'état,
£t les pauvres Touloiâ, au sein de l'indigence,
Verront venir de Pezenas
Des ISunâiqnes en rabat,
D6rorer leur sabsistance. »
Vantoux prend la parole,
Et dit: «Point de débat,
L'église métropole
Exige de Pédat,
Laissons ans tonsurés de famille ineonnne,
A des gredins, à des pieds plats,'
Des cures, des vicariats
A portion congrue.»
«Quelle est cette éminence?»
Demande le bon Saint.
— « Un homme d'importanee,
En un mot, le doyen;
Glorieux des exploits de Monsieur son grand père,
Il servit dans un régiment,
Mais il ne fut du tout méchant,
Sons lliabit militaire. »
Phraseur impitoyable,
Ecrivain froid et lourd,
Hontignot, dans l'éMIde,
Fit va fort beau discours.*
* Très haut afoc ses inférienrs, H. de Tantoaz qvpelait tout to
monde : greOnt, immaïKf, jiwcb jitats, gens de rien. Ce qui excita le rire
de ton*!, lorsqu'on connut son histoire. Etant lieutenant au régiment de
Tournaisis, il dut donner 8a démission, sur l'injonction de ses cama-
rades, ayant refusé de se battre eu duel, après avoir reça un soufflet.
* Voir ee qui a été dit snr ce chanoine.
1(S4
Tandis qu'il épuisait !«• flenn dfl zhétorique,
Le boBof et VftDe s^extaeiaient,
Lei antres aniatanta baillaieiit^
En s^le académigne.
Joseph dit; « Ge grand homnie
Me pamtt bien dlAiB ;
J'ai dormi d*an bon aonuneb
Pendant tont son Ftobns»
Ne ferait-il pas mieux de lire TEvangile,
Et pour secourir son prochain
L'exemple du bon Samaritain
Lui serait bien utile.»
Tandis que l'on tourmente
Le divin nourrisson,
Ducrot vicut et présente
Sa protestation; *
Dabetex l'a chassé par ordre du chapitre,
Et se trouvant sans fea ni lien,
n demande asUe à son Dien
Et le fut son arbitre.
Quand Lacour, le fanx frère '
Dn citoyen fantonr,
Yeot fidre la prière
An bureau du SauTonr.
Le ehi^itre s'enfuiv Laeonr seul de an bande,
Fait à Jésus son compliment,
Sans diacre, snns nn assistant,
Sans qu'on aille à Toffrande.
* Le chanoine Ducrot (176U) crut devoir envoyer par huissier sa
protestation contre l'anoblissement dn chapitre. Cet acte judiciaire ne
fiit paa mentionné dans le proeés-verbaL Les chanoines, dn reste, en
eurent une telle colère, qu'Us résolurent de mettre en quarantaine les
chanoine-j ojiposants, et de ne plus les saluer, même à l'office. Le cha-
noine Dubctcx qui avait Ducrot en location fut forcé de le
mettre à la porte.
* Le chanoine Lacour (1751X un des opposants les plus ardents contre
la décoration, fitt mis à l'index; on jura quand il serait de semaine,
qu'on ne Ini ferait pas diacre ni sous-diacre et qu'on n'irait pas à
l'ofiande.
tu BHjnn pams ub nos tfÉCHiB
m
Peu hii à la caliale,
Joseph était tremblant!
« Qael horrible icandilei
Dit Dronn en pleninnt»*
Bedouiei le eonnonz dn Dien qni tous eontemple^
En eesMAt d*4ii« cilojene
Sojei hnmeins, soyez chrétienii
Yova en deTex l'exemple. •
•4)ae de Tninee paioleii
Dit Tardif en foreur/
Je gegne cent pUtolei»
Tl y va de l'honnenr,
Pour défendre ma croix, je perdrai mes reilleSi
Laissons tout scrupule à l'écart,
On met religion à part
En affaires pareilles. >
Tranchant du petit-maltre,
Beurard paraît surpris,
Qu'on le fasse paraître
Dans un paréo tandis;
«Comment, point de sopha, point de bondoin, de glaces,
Peint on gronpe TOlnptnenx?
Ceit nn appartement de gnenx.
J'abandonne la place I •
Joeeph perd patience
Et Ini répond wradain :
«Un pen moine d'imolenee,
Petit abbé ponpain,
Su TW eicploits galants, gardez mieux le mystère I
Le brait ne convient qu'au plumet;
Mais un moine en petit collet,
Devrait savoir se taire! •
' Drouas de Boiusey, grand-chantre, honnête homme, frère de l'an-
cien évéque.
' Cest atee des larmes de joie qne IL de Tardif d*HamonTille,
aMhidiaere de Port» vient annoncer an précédent qn*on assorait awc
arcUdiaerea «ne somoie annuelle de cent pistoles à titre de dédomm»-
geneotk
Btnn D*ALua
Pour Hoir U tfoncc,
Le père nourricier
Tin sa rérérence
Et dit m corps entier :
« Je evis édifié de tons les gens d'église^
Depnis les clercs Jniqn'aia abbés»
Allez, messieurs les savonnés,
Le bon Diea Tons bénisse I •
U
COMPLAINTE
wr la â^aue déporter (a ercix hon laprwmee
Du noble Pagel dit Vantoux,
Doyen du cbapitro do Toul,
Anssi noble, que son chef même,
Plaignons la douleur extrême;
Loi et tons ses confédérés
Héritent bien d'être pleorés.
Du plus foudroyant des Edita,
Ils sont, hélas! tout interdits,
De la douleur voyez l'erablême
Sur leur visage pale et blême,
Et pour leur consolation,
Chantons leur désolation.
Ce qui est le pins douloureux
Pour ces chevaliers malheureux:
C'est que Louis seize en personne,
Ce grand Roi dont rame est si bonne
Qu'il nous porto tous dans son cœur
Est l'inâtrumeut de leur malheur.
Monsieur Tabbé de Champorcin
N'a plus qu'une croix sur son sein.
Ce grand soccesseor des apétres.
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ui n-LnuB imu» lm tm» tviorii
En a d^à porté Um d'aairai»
At Jamis fl n'en aaaqven,
Momienr deVantoiis y pomnoin.
Que devenir sans croix aussi,
Comment se montrer à Nancy,
miMtn abbé de Bonntffllet*
ir«ii^ pu mie diMe ^û».
Pour «M d noble touniire,
lyêm Téln fionune on eoré?
PaUas, * étalez vos deux croix
Qoand toos partires pour Chaloix, '
Sérient eyei de la prudence,
<)BBBd TOM eem à le pelenee^
* Heui-Leoii Pelet de BonufiUeb né à NeMj, lege en 1TB7, «lé-
ferier^pniB grand-chantre du chapitre etvieeire général, conseiller-clero
an parlement de Nancy, demeurait à Monbois (faubourg de BoudonTille),
membre de l'Académie, fondée par Stanislas, y lut, après le rétablisse-
ment de celle-ci, quelques passages de sa induction de Senèque, qui
ftii imprimée en 180S; ^Hrèe le Concordat» ebeaoine bonoraire de la
eatfiédrale.
(V. ce que dit Lionnois sur la charmante propriété de Monbois).
* Pallas (1742), promoteur du chapitre? Il y avait alors trois Pallas,
chanoines (1746, 1767). Un d'eux se chargea de démolir la statue en
branae de Saint^Mraid, qni a'élerait an milieu dn eboor enr een tem-
been per liz gros piedi, ans fraia da cbanoine Fenrj de Teid, en 18QS ;
mal Ini en prit, selon le poète:
Monsieur Pallas dont on avait fait choix
Pour présider à l'œurre méritoire,
Voulant du saint honorer la mémoire
Le <i éter et le ▼endit a« poidu^
Pour le livrer, Pallas traTaille, sue,
Veut le briser à grands coups de massue.
Le saint, de cuivre, à qui ce jeu déplatt,
Au lourd marteau répond avec la crosse,
flaielt Pallaa qne radement il rosee^
Atteint la jambe et la Ini casse net.
Les Tieux Toulois virent dans cet accident nn juste chAtiment pour
Tobstination à démolir raniiqne tombeau et peuT SMi remplacement
par un dallage noir et blanc.
* Où se dressait le gibet, au-dessus de la Clharognerie, près de Saint-Epvre,
168
VKfm D*ÀLSACI
Adien cordons, croix et grandeurs,
C'eai le terme de to» boimean I
YooM qui poriM d« li bon air,
Un ooUier roog» ai bonneftTWl»
Sans Bonlier, saai ehtval ai ditiM^
A pied, chemiafti à Toiro aite^
Allez sans croix, ne craignez rien,
Partout on tous reconnaîtra bien. '
AUei laoi eroiz, abbéa ardents,
Vaqius à rw o^oila galaata.
Momignoi; Boa,* Hafflonrille^*
Da nuit» ftitas le gaet en ville^
On TOUS prendra ponr des abbéa
Da grand Séminaire échappée.
ni
DEVISES TOULOISES
Eudes de Soiqr» ârdqne, sur son contre seel, 1228.
Deu8 adjuvante,
Hugues des Hasards, évêque, 1517.
Moderata durant — Calmiez bien.
Sur son tombeau : Yita hominis, Nasci, lahorare, morû
Hector d'Ailly, évêque, sur un jeton, 1532.
Nasci, laborare, mort.
Toussaint d'Hocédy, évôqae, 1547.
Inter utrumgue vcila,
* De SvMet dnéodioirait-Lenonooarl» 1778.
* Le craile de Sofll de Cemeek» aagnal de Hoofrit.
< Tardif d'HamennUe mmor. 1767.
LES EX-LIBRIS DANS LES TROIS ÉVÊCHÉS
169
Le cardinal de Vaudémont, évêque, 1587, sur un jeton :
Merilo d^enSo iiMntoik
Pierre Jacobi, impiimenr, 1507.
Sdiafiéki mjS/ieit on Jtâes fidt.
Claude Guyot, chanoine de la cathédrale, 1599.
Fosuit in co dominus iniqiiitatem otnnium nostrum ÇLsSile)^
au-dessus, le Christ en croix.
Jean de Barba, chaiiome, qui lit reconstruire la chapelle de
tous les saints, 1550.
Anchora mea Deus,
Goumay, éTdque.
Orheru0nki,eaéknL
Jean de Lorraine, évêque.
In mamhus tuii sorUs mecB.
A Tég^e SainMïengoult
Mensura in rebm optima, m . cccc . xii .
Sur une maison de la place Croix de Fust, 1590 :
Nasci, lahorare, mori.
Sur une maison rue Michatel (où habita fiossuet):
Fortuna Comité, Fortuna lente, 1515.
Sur le frontispice du Commentaire des cantiques de Moyse.
Lyon 1619. Quatrain manuscrit:
Mon âme pleine de douceur,
Sou^e à Vous, Dieu de mon cœur.
Et toute contente, éUe a^écrie :
ViveJéeue, Vive Marie!
ÂETHUR KnoiT.
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LÉGENDES ET TRADITIONS
Saint- DmBR, Vill&rs-lb-Seg, Croix, Montboutoii,
Beaucourt, Fesghe-l'Eguse, Lebetain et le hameau
DU Val.
Ob niMontre en Ftanee dM vwtigw
de tOQi 1m IgM de llnimaiiité.
TuVFUDw
La commune de Saint-Dizier était, avant la grande Révolu-
tion, le chef-lieu d'une mairie dont dépendaient les villages de
Villars-le-Sec, Croix, Montbouton, la moitié de Beaucourt,
Fesdie-rEglise, Lebetain et le hameau du Val, qui a toujours
fait partie de Saint-Dizier.
Les reflsortissants de cette mairie loi payaient une rede-
yanee annuelle.
Les sigets de la seignenrie de Délie à Feeehe devaient pour
leur eeoBte de la dette de la Ifayrie la censé de 59 Ut. 3 sols ;
les Français^ de Bocourt deyaient 18 liv. 4 sols; la communauté
do Villars 77 liv. 9 sols; Montbotton devait 73 liv.»*
Le territoire de Saint-Dizier touchait alors, comme encore
aujourd'hui, à celui de ces six villages, et des chemins, dans
* Les Français, dans la pièce qae nous consaltons, sont ainsi appelés
par opposition aux sujets de Bourgogne, dont Beaucourt était aosai
peuplé.
* Nous n'avons pas pu découvrir ce que les antres communes doraient
à la mairie.
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liGBHDtt R njjnnoMB
171
un (Hat très défectueux, venaient, à travers les bois, aboutir
au village de Saint-Dizier sans se souder Tun à l'autre. Ces
chemins avaient été établis dans un but plutôt administratif
et religieux que commercial, car tous ces villages dépendaient
non-seolement de la «May ne» mais aussi de la paroisse de
Saint-Dizier, qui était certainement une des plus anciennes et
des plus considérables de la contrée. Ce petit coin de pays se
nommait le Haut-Fa^, la Sau/te-Mame ou la Maine âe
Saint'Dizier,
L'antiquité de la paroisse de Saint-Dizier est prouvée par
des titres d'une authenticité iiieoiite:<table. Nous savons, en
effet que, ))ar une charte de Tannée 728, le duc Eberhard
d'Alsace ht don de cette église à l'abbaye de Murbach. Datira
(Délie), cîim Basilka, tibi sanctus Desiderius incorpore quieseU,
veX quod ad ipsam £cclenam aspieere videtur,
A l'époque de cette donation, l'église de Saint-Dizier était
d^à très importante puisque la charte en question la qualifie
de BanUqwiO^ terme qui, comme chacun sait, ne s'appliquait
qu'aux églises remarquables, églises royales.*
L'importance de cette paroisse, à une époque aussi reculée,
prouve évidomiiieiit que ce petit coin de pays était habité dès
les temps ante-historiiiues. Nous allons essayer d'en donner
des preuves par les monuments que les populations celtiques
nous ont laissés dans la contrée.
Le culte druidique y a été en grand honneur, si l'on en juge
par les épaves de cettereligion mystérieuse qui sont parvenues
jusqu'à nous. Il est même à croire que nos montagnes du bas
Jura ont été habitées dès l'ftge de pierre. Nous avons, en effet,
trouvé, il y a plus de trente ans, une joIi3 hache celtique en
silex, qui est déposée au musée archéologique de Belfort ; un
grand nombre do cailloux qui ont servi à polir la pierre et
' Supriiscripkk MMisMe wMa oUm fiêit regaUê tMaUtu OBAmmia,
tl,p.m
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178
une iutiiiité de fraf^mcnts de vases à pâte noire dans laquelle
ou a remarqué des grains de sable siliceux. Plusieurs de ces
fragments sont très bien modelés et tous ont été ti'ouvés à
proximité de l'église, dans un jardin.
Les monuments les plus nombreux de l'époque celtique et
de Tépoque gallo-romaine se rencontrent dans les dénomina-
tions territoriales. Nous allons en citer quelques^nes comme
elles se présentent à notre mémoire :
Nous ayons le chemin des quatre Jmu, des quatre hêtres ou
foyards. Le FaUait, &1, £daise, lieu aride, mauvais, chétit Les
EBgarts, pftturage boisé, diaioe, cftu r= sur, mve = ea^, on dit
encore aTié,évié,pierre d*eau. Les Pemeff^les Mçpin«.Les JSegiee,
les haies, le Tout,* trcu creux,* Dovié, Dués, Dieu =Dée8se. Ce
nom s'applique aux sources qui sourdent des cavités de
rochers. Charrière, char, les ComhàUes, les combes de Bel ou
Bel us, Le Rupt, rupes, roches, La Faye, la Fée, d'où nous
seraient venus, fagot, faine, fatum, fada. Cm, coteau aride.
Les Norreux, les nouvelles cultures. Indépendamment de ces
noms de lieux encore en usage aujourd'hui et dont l'origine
est évidemment celtique pour les uns et gallo-romaine pour
d'autres, il y a encore dans cette région des monuments par-
lants que nous pouvons sans UmériU faire remonter àC^ogue
druidique. Le premier de tons ces monuments, et le plus
connu, se nomme les JPUs ou JPueséee du Diable ou de âSiitn^
iHmer. On lui applique indistinctement cette double appelr
latlon.
Ces Pas de Saint-Dizier ou du Diable sont huit empruntes
ou érosions marquées sur un énorme monolithe plat qui gtt
à terre depuis un temps très reculé. Cette pierre est couchée
non loin du petit village de Villars-le-Sec, sur les contins de
* En Bretagne il y a le Tool Ahès, lo Gouffre d'Ahès. Foyer breton.
* Cra, cotoaTj, roche, pierre, caillou. La Cron, plaine immeilBa cou-
verte de cailloux près du iUiOne^ entre Arles et la mer.
LiGiNDBS n mDRiûin 178
la Suisse, auprès du chemin qui se dirige du val de Saint-
Dizier vers Porreiitruy. Elle est placée dans une dépression
de terrain en forme de cirque très régulier qui a l'air d'avoir
été formé de main d'homme. Le rayon de ce demi-cercle
mesure environ cent mètres et le diamètre à peu près soixante
mètres. Le monument qui nous occupe est placé dans Taxe
exact de la figure que cet hémicycle décrit De tous les points
de cette enceinte semi-circulaire la vue peut se porter aisé-
ment sur le monolithe, et la Yoix d*un orateur, placé sur cette
pierre, pouvait être entendue de tous les auditeurs groupés
dans cette enceinte; et, chose digne de remarque, le sol de ce
cercle était entièrement dépourvu d^arbres. Nous Tavons
encore vu à Pétat de clairière, tandis que tout à Pentour il y
avait une forêt très épaisse. C'était, en un mot, un petit pâtu-
rage oû Ton conduisait les chevaux malades. On raconte
même que plusieurs sont retournés à leurs étables entière-
ment guéri.-?; on sait que les peloiifie^i au milieu desjarèts sont
considérées comme des enceintes surrrefi ndlurrUcs.
Notre monolithe affecte une forme très irrégulière. C'est
une espèce de polygone, qui mesure trois mètres dans sa plus
grande longueur et deux dans sa plus grande largeur. Cette
pierre était encore,il n'y a pas longtemps, en grande vénération
dans le pays. D y a tout à c6té une croix de bois qui a été
renouvelée d*âge en fige, et aucune de ces croix n*est tombée
en ruine par suite de vétusté; elles ont toutes été usées par
les éclats de bois que les passants leur enlevaient et qu'ils
conservaient comme des talismans qui leur procuraient un
heureux voyage. Après avoir enlevé cette esquille, les voya-
geurs crédules traversaient la pierre en ayant soin de poser
leurs pieds dans les empreintes que Ton appelle les Pas de
Saint-Dizii r. Ces empreintes sont au nonihre de quatre. Les
deux du milieu sont les plus profondes, elles ont cinq centi-
mètres d enfoncemeut. Les deux autres sont à peine visibles.
£lles ont eiuictement la forme d'un pied d'homme chaussé
174 RIVUB D'ALSACE
d'une sandale. Les quatre autres sont les Pom du DtoMe; elles
ont la forme d*un pied de bceu^ elles traTersrat la pierre de
part en part
Voici, sans aucune altération, ce qu'une tradition constante
rapporte sur la signification de cette pierre et des empreintes
qu'on y remarque :
aL'évêque saint Dizier allait du villaf;e de Bure à celui qui
s'appelait alors le Mont et qui s'appelle aujourd'hui Saint-
Dizier. Le saint évdque fut rencontré près de ce monolithe
par le diable qui voulut se livrer sur lui à des actes de
violence et l'emporter au loin. Mais Tennemi du genre humain
fiit arrêté dans sa criminelle tentative par un miracle. Les
pieds du diable s'enfoncèrent dans la pierre, le maudit resta
planté là et ne put s'en tirer que par la ^^râce du saint évêque»
Mais les pieds de saint Dizier ne laissèrent qu'une légère
empreinte sur la pierre qui s'amollit sous ses pas.»
Comment expliquer l'origine de ces empreintes ? Sont-elles
le résultat d'un miracle, ou un jeu de la nature? Libre au lec-
teur d*en penser ce qu'il voudra. Nous citerons toutefois un
fait analogue qui est rapporté dans la vie de saint Remi, oii il
est dit» que ce sainte après avoir éteint un incendie dans la
ville de Reims, laissa Tempreinte de ses pas sur le seuil d'une
des portes de la ville. Les légendes des saints signalent des
foits de ce genre. La mythologie et l'histoire en rapportent
également. Les Arméniens croient que le patriarche Noë a
laissé l'empreinte de ses pieds sur le sommet du mont Ararat.
Si la tradition que nous venons de signaler est un de ces
nombreux vestiges du paganisme parvenus jusqu'à nous, nous
croyons que la pierre vénérée, qui fait l'objet de ce rédt, était
un menhir druidique comme la Fiarr» perc6ê de Cowrgemy,
ou la Fi&rre constéUée de peUis trcut de la BouMoie, ou encore
le TriBllîke de Bure qui, selon M. Quiquerez, était un dolmen.
Notre pierre des Pas de Saint-Dizier était dressée débout.
C'était un autel élevé à la divinité adorée par les Druides.
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LfiGtimBs BT Tiumnom
175
£lle était plantée dans Taxe géométrique d'un cirque, dans
renceinte duquel pouvaient se placer aisément deux mille per-
sonnes, qui toutes pouvaient voir et entendre le vieux
Semnotée de la fordt prêchant les dogmes de sa religion mys-
térieuse à tout un peuple rassemblé des villages environnants.
cX<es Celteê n'ammÈpa» i» temglu; eomm Ut naiUnu în
pbtB onewmBÊ de POriêid, tZf adoraieni de grandei pierm
rudeê §t vnfomti, Ceê edmtê groitien taitthpar la naturê
mmen^ dèi la pku haute anHquUé, frappé Fimoffinatkn dee
hommes grossiers eitls en avaient fait des diietîx.t
Or, à Tarrivée de saint Dizier dans ces contrées, vers les
années G70 à 673, la religion chrétienne n'y était pas encore
généralement répandue. Les monuments du culte druidique
étaient pour la plupart encore debout et inspiraient une
grande vénération à nos ancêti es superstitieux. Saint Dizier,
ayant reconnu que le peuple rendait une espèce de culte à
ces monuments érigés & Tesprit des ténèbres, fit abattre notre
menhir et le foula aux pieds.* Le peuple, pour affirmer sa foi
suivit Texemple du saint évêiine, et cette pratique de marcher
sur cette piem en posant le pied sur les Pas de Saint-Dizier
est parvenue Ju8qtt*à nous. On a élevé une croix de bois à
cOté de ce menhir renversé, afin de sanctifier par le signe de
la Rédemption le lieu consacré aux divinités du paganisme.
Le monument antique que nous venons de signaler n*est
' La religion chrétienne, apportée de bonne hean dm not iikhi-
ta^nes, n'eut pas tout d'abord des prêtres nombrenx pour Teiller sur
son berceau. Il fallut des siècles avant que l'organisation des paroisses
fût régularisée. Ceux qui arrachèrent les populations à l'idolâtrie et
aux coutnmea implantées dans nos forêts, au fond de nos vallées et snr
les rlTês de nos torrents, ne vinrent que de loin en loin les soutenir
daiH la lii^ et Im initier aux pratiques de la vie noiiYelle, puisqoa
Miot Agile et saint XSustase, qui srrirèMnt en ces eoatrées on SIO^
j «roaTèrint onoon dss idolss dans les bois. L*abbé KaiBar, Lu hmOes
Monktgius du Doubs, pp. 72-78.
umn d'alsmb
pas le seul qu'on rencoutre dans ces parages. Si le lecteur
veut bien nous ac;:ompagner vers TOrient, à travers une cam-
pagne ondulée, tourmentée, offrant à la vue, d'un côté, une
forte dépression de terrain et, sur un autre cOté, une espèce
de ravin formé par les eaux pluviales, on arrive, à cinq cents
mètres des Pas de Sainfr-Dîzier, sur une lisière de bois très
étroite qui forme le couronnement de rochers à pic qui déter^
minent de ce côté la limite de Pancien fief rural de Févéque
de Bâle.
Ce lieu est un petit liaineau composé de sept maisons qu'on
nomme le Mairn.* Ce hameau était autrefois entouré de bois
de toutes parts; son enceinte n'est défrichée que depuis quel-
ques années, du côté de Bure. Cette vaste campagne, très
petite et bien cultivée, était un ancien glacier qui a été mis à
sec dans des temps relativement récents. Le sol qu*occupe le
hameau a conservé une grande humidité, qui va se déverser
dans un vaste estuaire qui n^est jamais à sec, même en été.
Ce nom de Maira rappelle à la mémoire les Déesses Mères,
les Deae Maires. Les Maires, Mairae, mhrtit, dus dieux, furent
adorées comme déesses protectrices par le bas peuple qui
leur rendait un culte semblable à celui que les Romains
avaient coutume de rendre aux Nymphes.*
A droite de Villars-le-Sec, sous des roches en forme de cor-
niches, il existe un monument que nous ne signalons qu*avee
une certaine réserve et une timidité d*autant plus grande
qu*aucun des archéologues distingués du pays de Porrentruy
ne l'a signalé. A notre avis, il est cependant digne d'attention:
Au milieu d'un énorme rocher sourd une petite fontaine qui
débite à peu près un litre d'eau par minute. Cette eau est très
claire. Elle coule à travers une petite rigole dans une écuelle
ou cuvette ayant la forme d'un crâne humain évidé. Les parois
' n eti ta Sniat^ commone de Buis.
^ ApiWHTiâctw, I, ei. I D. Mommi, jwwfw.
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UGSMOe KT TRADITIONS
177
obliques de ce petit rédpient portent les enfreintes de cinq
griffes d^oiseau bien marquées, bien fouillées. L*eaa de cette
cuvette se déverse au moyen d'un goulot dans un grand bsssin
en forme de carré lonp qui a l^JO de longueur, 0'",40 de lar-
geur sur 0",50 (le profondeur. Les côtés ou parois de ces deux
bassins sont parfaitement polis comme du marbre. On ne
remarque aucune trace d'outil eu métal. Les deux creux sont
parfaitement évidés. On se demande naturellement ce que
signiiient cette fontaine et ces deux récipients dont on ne se
sert point Les animaux domestiques, dit-on, ne veolent pas
boire de cette eau.
La légende, ici comme ailleurs, vient à notre secours. Elle
nous apprend que le bon Dieu fit un Jour la rencontre du
diable sur ce rocher et lui dit:
— Que fais-tu ici, maudit ? *
— Qu'est-ce que cela te fait. Il s'en faudrait de peu que je
âsse ici un trou pour te mettre dedans.
— Puisque tu as si bonne envie, lui dit le bon Dieu, com-
mence, et celui qui aura tini le premier y mettra Tautre. <
En quatre coups de doigt, Te bon Dieu eut fini le sien. Le
diable ne put fiûre que la cuvette qui porte encore Tempreinte
de ses griffes. Le bon Dieu alors précipita le diable dans le
grand trou, puis le recouvrit d*une énorme pienre qui gtt
encore au pied du rocher. La tradition s'arrête là, eUene nous
apprcud rieu de plus. Elle nous laisse ignorer l'usage que l'on
faisait de ces deux récipients, dont le plus grand est taillé à
vives arêtes avec beaucoup de soins et de netteté dans une
pierre excessivement dure.
* Cette source mystérieuse est encore l'objet d'un culte
* Voici lo patois de ce dialopie entre le bon Dieu et le diable :
Quace que te fui pai dU modi. (^uace que cola te fai. Diaire n'ai tènrai
qui fera in petdm ddevain qui te fotaro dédain. Puêque te cM
qumenœ. Ce in gmmri fèi» Uprmii y hatknâ fotov.
NooreUe Série. — II- «Dilée. IS
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178 RSVUB d'alsàcb
incoBui. J*ai ea la curiosité de Tider le grand bassin. H était
plein de pierres^ dont un grand nombre étaient étrangères à
la région. Il y en avait d*autreB qui affectaient une forme
ronde, et toutts étaient de petite dimension. On va chaque
année, à réj)C)(iue des Rogations, en procession à cette source .
On y va aussi chercher de Teau pour les yeux.'
Doit-on conjecturer que ce rocher était une pierre à
cuvettes ou bassins V Dans ce cas elle serait aussi un de ces
mystérieux témoins des plus anciens ftges dont elle a gardé le
secret Elle aurait vu couler le sang des victimes humaines,
dont limagination semble encore entendre le rftlement de
Pagonie. Ce lieu sinistre, désert et sauvage porte à la tristesse,
n n*y a tout autour que rochers renversés dans des brous-
sailles et des terres sans culture.
* Une autre tradition plus agréable à l'esprit se rai)porte à
une fontaine qu'on ajjpelle la F<>ii(>inif DAlnm ou Dellcln.
Elle se trouve sur le territoire de Saint-Dizier. Elle est aussi
située sous un rocher dans une petite colline qui donne nais-
sance au vallon des Prés de Vau comté, et, chose singulière,
elle porte, comme la fontaine du Maira, le nom de fontaine
Dellain. Nous estimons que le nom de i)8Uatfi veut dire petite
vallée; Délie tuSée, laîti ou ArZem, petite. Ici, comme dans beau-
coup d'autres cas, un nom teutonique a été juxtaposé à un
nom celtique, et, comme les noms celtiques définissent la chose
& laquelle ils s'appliquent, notre opinion serait justitiée par
l'état des deux localités, qui sont deux petites vallées, deux
petites collines. Nous avons dans le pays plusieurs localités
qui portent ce nom et qui sont toutes situées dans des vallées.
Nous avons Délie, Delémout, Dale ou Dasle, Dalotte. U y a en
* Chose digne de remarque, le Maira occupe uu point autour duquel
viennent converger les chemins de Milandre, Buix, Bure, Yillars-le-Sec,
fl«iiil-Disier «I Lebelaln lau m sosto l'iio à l'autre. Ce fait prouve
évidemment que le Maira était us centre religieux fréquenté par tontea
les populatioiii du voiiinage.
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»
liGBNDB R mfiinoiiv 179
outre, dans le département du Nord, la Deule, la grande
rivière et la vallée de la Deulc.
Nos deux fontaines Dellain, celle du Maira et celle de Saint-
Dizier, étaient ÛTéc^uentées par la voivre.* Par une belle nuit
d'automne la voivre allait, à travers les airs, de la fontaine
da Maira à celle de Saint-Dizier. Elle fiit aperçae par des
bergers qui gardaient lenrs troupeaux dans les cbainps sur
Vaueomté, ils virent briller le diadème qui ornait sa tdte. L\ui
d^eux, plus bardi et surtout plus ambitieux que ses camarades,
se bftta d*aeeourir h la fontaine Dellein alfn de 8*emparer du
diadème qu'elle déposait, pendant qu'elle faisait sa toilette,
sur une grande pierre plate qui est encore là. Mais notre
jeune berger fut tellement ébloui de l'éclat des diamants qui
ornaient le diadème, qu'il en fut subitement frappé d'une
cécité complèto. Il resta dans cet état pendant quelque temps
et fut Tobjet des risées de ses camarades; s*il avait pu s'em-
parer de ce précieux diadème, il eût été riche à millions. De
là peut-être l'usage que Ton lait de Peau de la fontaine pour
les maux d'yeux.
Non loin de la fontaine BeUein de Saint-Dizier, nous remar>
quons encore une dénomination territoriale qui rappelle le
paganisme; c'est la Combe Oudlaium, Les Bretons appellent
le diable lu Grand Ouillaume.*
Après cette digression, revenons aux Pas de Saint-Dizier,
dont le voisinage ast un lieu fatidique, fréquenté par les sor-
cières de Villars-le-Sec, et les femmes qui se changent en
lièvres. Plus d'un passant a été effrayé par l'apparition d'un
fantôme, et les chasseurs maladroits ont souvent tiré sur des
lièvres sans les atteindre. Or, un chasseur du hameau du Val
allait depuis plusieurs jours à Fallût près des Pas de Saint-
' La Yoivrc est le serpent fantastique des légendes populaires ds
Comté. Elle porte une escarboncle au front.
' Foyer breton.
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180 Mm D*AUAC1
Dùier, oii le gibier abonde. Un lièm se présentait chaque
fois à portée du vieux cbasseur, sans qtill lui fttt possible de
l'atteindre ; son fusil ratait chaque fois. Notre Nemrod s'avise
alors (le mettre de hi dif/nitù dans le bassinet de son arme,
c'eat à dire une feuille de buis bénie à la messe du dimanche
des Rameaux. Muni de ce précieux talisman, il vint de rechef
attendre son lièvre qui ne tarda pas à venir folâtrer autour
de lui, mais cette fois il fut atteint par le plomb meurtrier du
chasseur qui entendit cette plainte : « Jean-Maurice, tu m'as
fait mal ! » Le lendemain, Jean-Maurice, traversant le village
de VillaiB-le-See, aperçât la Boulotte qui était alQigée d'une
forte claudicatiion.*
Non loin des Pas de Saînt-Dizier on remarque une bautenr
inculte qu*on appelle les l^ieurêea. Ce nom rappelle involon-
tairement le dieu Thor. On bien est-ce le nom typique de la
montagne, puisqu'on prétend que Thor en teuton veut dire
hauteur, mmtagne. Cette singulière montagne, où l'on allume
les feux du carnaval, affecte la forme d'un parrallélogramme
très régulier. De son sonnnet on jouit d'une vue admirable
sur les Vosges, la plaine d'Alsace, la Forêt-Noire et le Jura.
Au sud du villa'ie de Villars-le-Sec on voit un râtelier de
champ qui domine aussi tout le pays du côté de la Suisse. On
nomme ce lieu les Fûts de Joii, Ce nom ne figure pas dans les
dénominations cadastrales. Il n'existe que dans la mémoire du
peuple. 11 rappelle les bois sacrés des Gaulois qui, suivant
Lucain, inspiraient aux Romains ce sentiment religieux que
fait éprouver à tout homme la sombre migesté des bois.* La
I Eneore va souvenir de rintiquité païenne. Protêt Kérée et mitns
traient le pouvoir de revêtir tontes lortes de formée. Les lienx fré>
qnentés par les sorcières étaient consacrés aa culte druidique.
• Le mot fût nous vient du latin fustis, bois. Or, nous pouvons, par
induction, faire dt-rlvor notre Fût de .Ton de Villars, de Bot n âfi Jupiter .
II y a à Tout uuu place qu'on appelle la ^laoe de ia Croix de fût (de
la Croix de bois).
181
tradition rapporte que César a campi' sur ]ori hauts de Villars.
Tout près dn \h est le Parndis. C'est aujourd'hui un lieu très
agréable; on y voit trois maisons élégantes et une jolie cha-
pelle. Mais autrefois les sorcières se réunissaient près d'une
petite fontaine pour y susciter les orages et y fabriquer la
grêle qui ravageait les campagnes Toistnes.*
Il y a encore dans le voisinage un petit bouquet de bois, oik
Ton remarque la Fone imx lamm, Cétait une immense
caverne qui servait de repaire à une bande de voleurs qui
portaient la désolation dans le pays. Ils ferraient leurs che-
vaux à rebours pour qu'on ne pût pas suivre leurs traces
quand ils revenaient d*expédition. Ils fbrent un jour enfumés
dans leur caverne comme des renards dans leur terrier.
Le villaf^e de Villars-le-Sec, quoique petit, est très joli. On
prétend qu'il doit son origine à Villibert, domestique de saint
Dizier, qui s'était établi dans cette localité après le martyre
de son niaîtrc.'^
Un grand nombre de familles nobles du pays possédaient
des terres dans ce villaj^e. Les héritiers Jean Dietrich de Por-
rentruy en avaient au Romhhamj) près de la forêt; M. Taiclet,
le dernier grand-bailli de Délie, avait acheté plusieurs de ces
champs, dont les titres existent encore; M. le baron de Gohr,
de Wattffiller, possède encore aujourd'hui cinq ou six champs
sur le territoire de cette commune.
Ce village a été détruit pendant la période du moyen ftge;
on trouve encore des vestiges d'habitations sur son ancien
emplacement du côté du Sud, sur une section du territoire
appelée le Champ de la ville.
Le village voisin, qui est Croix, a un nom tout à fait histo-
rique. Les lîollîindistes disent que saint Dizier ayant été
assailli près de ce village, fut laissé pour mort Qu'avant de
' y. YAQTtiT, Vifhs a tiOagu du Jura, Art Bure.
* Y. hàmnuuÊ,
rendre le dernier soupir, le Biint éTdque plia un petit arbre
en ferme de croix (ou une baguette vtrjfulam), que cet arbuste
prospéra {crevU) en forme de croix, quil devint très grand, et
que c^est de la forme de cet arbre que le village tira son nom
(unde nometi ad Crucem) qu'il a conservé. Ce village a eu le
même sort que ses voisins ; il a été détruit pendant la désas-
treuse Ruerre de trente ans. Avant sa destruction, il orcupait
la hauteur qu'on nomme les Plateaux de Croix. Il a été rtUàti
sur un plan qui s'incline vers le Sud. Rien u'avait échappé à
la destruction qu'une jolie petite église, remarquable par son
cachet antique. Elle était à une seule nef^ dont le plafond
était en bois. Elle était éclairée par quatre jolies fenêtres
ogivales de la première époque. Le chœur avait une voûte
fortement surbaissée avec quatre nervures remarquables par
leur grand développement Le jour y pénétrait par trois baies
étroites en style roman. La toiture était en pierre plates qui
sont connues dans le pays sous le nom de lams, L*ensemble
de ce petit édifice était appuyé par des contreforts très remar^
quables. Il y avait dans le beffroi une cloche très ancienne ;
elle était dédiée à saint Nicolas. Elle portait cette inscription:
Mortuos plangOj fulmina frungo, ad Inudeni nummis deter-
moneo. Elle faisait entendre un son argentin dans tous les
villages voisins. Elle a été livrée au fondeur, et 1 église a été
entièrement démolie par Tentrepreueur de la nouvelle église,
construite au milieu du village. Cette intéressante église a été
détruite par pur esprit de destruction. Un curé de la paroisse,
M. Bichardot, voulait payer à Tentrepreneur la valeur de
tous les matériaux du chœur. Mais rien n*a pu sauver delà
destruction ce joli temple rustique qui ne devait rien coûter
à personne et qui en valait bien deux comme celui qui a été
bftti à grands finis au milieu du village. On aurait dû au moins
conserver le chcBur pour servir de chapelle mortuaire, puis-
qu'il était au milieu du cûnetière.
n y avait au milieu de cette petite église, du côté droit, une
LÉGENDES ET TRAOITIOm
183
porte à moitié murée et dont le seuil avait été religieusement
eonseryé. On y remarquait neuf taches d*un rouge éclatant.
On disait que c^étaient neuf gouttes du sang de saint Dinar
répandues par lui sur le seuil de cette porte après son martyre.
Ces reliques ont été en vénération dans le pays jusqu'au jour
otk il a plu à des destructeurs d*enleTer cette pierre lors de la
démolition de l'église. Elle est aujourd'hui perdue et brisée.
Artisans de destruction, détruisez nos vieux monuments ;
si votre intention est de porter des coups aveugles au culte
des souvenirs, votre but sera bientôt atteint. Quiconque a vu
cette petite église de Croix est porté à la regretter. C'était,
au milieu de ce vaste plateau, une espèce de fanal qui r^ouis-
sait la vue du voyageur fatigué d'une longue course.
A deux cents mètres de cette vieille église démolie on
remarque encore un souvenir druidique ; c*est une pierre
taillée en forme de ikuteuil dans un rocher qui est sur le flanc
occidental de la colline vers le Val. Ken ne manque à ce
8in^^ulier siège. Il y a le dossier, lus deux bras d'appui conve-
nablement disposés pour qiron y soit bien assis. Elle est
constellée d'une infinité de petits trous. Tout à côté pas-
sait un vieux chemin ravineux qui se dirigeait des Pas de
Saint-Dizier vers l'église de Croix. Ce chemin est évidemment
celtique. Cette pierre curieuse se nomme les Pas de Saint-
Dizier, on ne sait pas pourquoi On allait autrefois la visiter;
le sentier qui y conduisait est encore visible.
Les alentours de la vieille église de Croix sont couverts de
murgers, de bouts de murs démolis, dans lesquels on trouve
du fer; on y a trouvé dernièrement un éperon hongrois.
Il s'y est passé, en 1815, un événement qui a été cause de
l'incendie de ce villajj;e :
Un corps d'armée autrichien occupait Porrentruy. Un gros
de hussards hongrois était venu en détachement dans le
village de Bure. Des Chamborans et des gardes nationaux de
la C0te-d*Or, qui étalent à Boncourt, ayant eu connaissance
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181 WKnm ft^AUAGB
de la présence des Hon<ïrois dans le villa^re de Bure, accou-
rurent en toute bâte dans ce village en traversant une grande
colline appelée les Combes de Boncourt; ils attaquèrent les
Hongrois et les poursuivirent jusqu'au-dessus du Fohy de
Porrentruy. Après cet exgloii les Chamborans se dirigèrent
sur Croix, et se firent servir.à dîner dans nn verger. Pendant
leur repas, ils furent à leur tour attaqués par les Hongrois;
mais les Chamborans repoussèrent vivement cette attaque et
tuèrent même un Hongrois, quHs laissèrent sur place, et se
replièrent vers Montbéliard. Les habitants de Croix donnèrent
la sépulture à ce soldat hongrois et furent, pour ce fait louable,
accusés de Tavoir tué. Leur villa'^'e fut, par un jugement som-
maire, condamné à être livré aux Hammes. Cette sentence
barbare fut exécutée immédiatement à la tombée de la nuit.
Sept maisons échappèrent à ce désastre. Les lueurs sinistres
de ce vaste incendie forent aperçues par plus de cent villages
des montagnes du Doubs et de la Suisse. Les vidllards
racontent encore la terreur que cet incendie avait répandue
dans le pajrs.
Ce village est, par sa position, prédestiné à servir de champ
de bataille. Pendant la dernière guerre plusieurs combats ont
été livrés sur son territoire. Une maison a été incendiée et
plus de cent Prussiens sont enterrés dans le cimetière et les
bois. On remarque de jolis monuments sur leurs fosses.
Le village do Montbouton se trouve à l'occident de celui de
Croix. H est bftti de VE&t à l'Ouest, sur le versant d'un coteau
qui prend naissance au pied du Orammont pour aller se
perdre dans le territoire accidenté de Vandoncourt
De tous les points de ce village et de son territoire on Jouit
d'une vue très variée sur le bassin hydrologique de Montbé-
liard et sur les montagnes du Lomont. Les Gallo-Romains de
Mandeure trouvaient cette situation agréable. La tradition
rapporte qu'ils avaient établi plusieurs maisons de campagne
aux alentours de ce village. effet, le territoire, qui est en
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LÉGimB wr niunoNB 185
contre-bas, présente à la Tne une série de gradins et d'amphi-
théâtres qui ont été tracés avec un art et une adresse dignes
d'admiration. C'est au moyen de cet aménagement intelligent
qu'on a pu li\Ter à la culture un sol aride qui ai^ourd'liui
n'est pas encore entièrement sorti de ses ruines.
Tout au bas du village de Montbouton, à mi-côte, on
remarque trois jolies fontaines qui sourdent du pied du
coteau. Elles sont enfermées dans des voûtes qui ont l'air
d*être très anciennes. L'une d'elle est sannontée d'une croix
en pierre; elle est dédiée à saint Léger. On attribue à son
eau des yertus curatiTes pour les yeux.
Dans Tancien temps on allait en pèlerinage à Montbouton
pendant les temps de sécheresse innit y eftercAer la plmé. La
paroisse de Saint-Disier s'y rendait en procession. EDe y a
été en 1834 pour la dernière fois.
Dans des titres du xv* et du xn* siècles, ce Tîllage y est
désigné sous le nom de Monthotton. Un vieillard, qui serait
aiyourd'hui plus que centenaire, prétendait que ce nom vient
d'un mot français et d'un mot celtique. Le mot français Mont
aurait été ajouté au mot celtique Botton, qui veut aussi dire
mont. Malgré la hardiesse de cette étymologie, nous sommes
portés à croire qu'elle est vraie, d'autant plus que nous avons
des exemples de cette acyonction de deux mots ayant la même
signification. Nous avons en effet Vcdlisberg à Largitzen. Noua
n^pélons en outre qu'un arbuste qui affectionne les mon-
tagnes se nonmie le BotUm»; c'est l'églantier ou cynorriiodon.
D'où noua condnons, par induction, que le Bottenie veut dire
le Montagneux ou plante de la montagne, ce qui nous conduit
à croire que le nom de ce village dérive de sa situation sur
-une hauteur. H est à une légère distance du Qrammont On
pense même qu'autrefois il était sur la crête, oh il y a une
enceinte sacrée dans laquelle, il y a quelques années, on a
pratiqué, dans l'intérêt de la science, des fouilles considérables.
Les objets trouvés ont été en partie déposés au musée de
Belfort
186 REVUE D'ALSACE
Les champs, qui sont à Tétat de culture au pied de cette
montagne, du côté du couchant, renferment de nomhreuBes
traces dincinérations. On y Toit de la terre brûlée, des pierres
rougiee au feu et autres débris dignes de Pattention des
archéologues et des naturalistes.
Le territoire de Montbouton touche à celui de Beaucourt,
du c6té du Nord. Ge dernier endroit ne comptait que cent
quatre-vin{çt-huit habitants en 1801, il en a aujourd'hui près
de sL\ millo. Cet accroissement prodigieux de population est
dû aux immenses établissements industriels de MM. Japy
frères. On dit que cotte jurande et puissante maison indus-
trielle occu|)e près de douze mille ouvriers, tiint à son siège
principal que dans ses nombreuses succursales.
Une partie du territoire de Beaucourt appartenait au
comté de Montbéliard. La partie située à VE&t dépendait de
la seigneurie de Délie.
La tradition rapporte qu^il existait un couvent dans la
colline qui prend naissance au pied du Grammont, du côté du
Nord, un peu au-dessus du village. L'emplacement de ce pré-
tendu couvent est occupé aiqourd'hui par un joli jardin pota-
ger. Les habitants des maisons voisines ont vu souvent des
feux follets voltiger dans ce jardin ; on en conclut qu'il y
aurait eu un cimetière en cet endroit.
Entre le village moderne de Beaucourt et Dompierre, il y a
un vaste territoire connu sous le nom de Châfelot. 11 existe
dans cette région un monticule qu'on prétend avoir été rem-
placement d'un vieux château. Un laboureur a trouvé, il n'y a
pas longtemps, dans son champ, deux gros lingots en forme
de cônes tronqués ; ce brave homme croyant que sa trouvaille
était un trésor s'est hâté d'aller chez l'essayeur pour vériticr
la nature du métal; mais enwi plomh vil son or pur s'est changé .
On a encore trouvé en cet endroit des armes, des tuileaux,
et même un cheval enfoui avec son cavalier tout armé. On n*a
rien recueilli de ces découvertes.
187
Fesche est situé dans une position très agréable sur la
route de Délie à Moiitbt?liard. Ce village est joli. Son territoire
est abrité de tout côté par des hauteurs couronnées de forêta.
On croit qui! occupe l'emplacement de Tantique Qrammatum
de ritinéraire d'Antonin. Les sayanto n'ont pas encore pu
élucider ce fidt ayec évidence; quoi qu*il en soit, il est certain
qu'il y a en un village entre Fesche et Badevel qu'on appelait
Fesche-Ie-Moulin. Une chose digne de remarque, c'est l'éty-
mologie qu'on donne au nom Badevel, Bas de Véde, le bas de
ville. Quelle est cette ville? Ce serait évidemment Fesche,
Tantique Orammatum, qui est à quinze minutes au-dessus de
Badevel, du côté de TEst.
Fesche avait, comme Croix et Montbouton, une ancienne
église. Il ne reste plus trace d'aucune de ces églises. Elles ont
toutes été démolies. A Fesche on trouve cependant encore un
grand nombre de pierres tombales qui gisent sur Tandon
cimetière.
B y a dans ce village une fontaine miraculeuse dans laquelle
on plonge les en&nts qui sont affectés de maladies aux articu-
lations des jambes. Cette source est un lieu de pèlerinage
très fréquenté. Il s'est déjà opéré un p^rand nombre de guéri-
sons à la suite dos immersions auxquelles on soumet les
enfants malades. Les eaux de cette source n'ont pas encore
été soumises à une analyse sérieuse. Si les vertus curatives
de cette eau étaient mieux connues, elles rendraient peut^tre
des services.
D paraît certain que Peau de cette source est ferruginense,
puisque le sous-sol de Fesche renferme des gisements de
minerai très riches, qui étaient encore en exploitation, il y a
quelques années. On dit qu'il y a sous ce village des excava-
tions considérables produites par l'extraction du minerai, qui
était déjà exploité sous les Romains. Si ces cavités n'étaient
pas remplies d'eau, ou croit que le sol du village de Fesche
serait bientôt effondré.
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188 nviiB b'auace
Le earé de Saint-Dider possédait des terres et des reTenns
à Fesche, comme du reste dans tous les villages qui dépen-
daient de sa paroisse. Ses revenus de Fesche consistaient en
udetix bichoti et demi par moitié froment et aveine, à raison de
quoi, il estoit tenu de célébrer un anniversaire de neuf
prestres auquel assistoifnt les ofticiers de Dello et ledit curé
estoit tenu de donner réfection corporelle aux hommes do
r(''plise chacung avec ladite réfection ung sol monnoye baloise
suivant la fondation (nihiatrissime seigneur archiduc, comme
aussi auxdicts officiers.»
Quelle peut être la cause de cet anniversaire qui était
célébré avec tant de pompe par le curé de Saint-Dizier? Un
arcliiduc d' Autriche serait41 mort à Fesche ou dans le voisi-
nage? Les titres que nous possédons gardent le silence à ce
sqjet
Nous avons encore trouvé cette singulière mention dans
l'état des recettes de la fabrique de Téglise de 8. Vailler,
de Fesche. i Fait recette de deux Uvr$i, trasê sdU^tixdemerê
Woi$ fowr twuittion (f un viwx drapeau qvCon mettoft mi^e-
/ots fur fm/UL Fend» à un hsmm» de Piorrentruy. t Extrait
du compte du &bricien et luminier Jean-Claude Schick,
année 1707.'
Il y avait un pèlerinage considérable à Fesche qu'on qualifie
de Pardon dans les vieux titres. Ce mot n'est plus usité dans
le pays pour désigner les pèlerinages.
La voie romaine qui allait de Mandeure au Rhin passait à
Fesche. M. Rouverot a trouvé toutes sortes d'objets dans son
jardin, notamment des armes brisées, un vieux casque et des
monnaies. Tous ces objets ont été égarés.
De Fesche passons & Lebetain. L'étymologie de ce nom nous
* ïïii arehécdogiie de Pom&tn^ nous a dit que M. Qulqven» a im
rienz diapean d«BB sa eoUeetton, qui ponnait Uen être eélm de
Feiche.
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LdninB tr tiAMnom IM
vient en droite ligne de rAllemagne. Elle est formée du nom
composé Liebenthal qui se traduit par vallée chérie ou, par
extension, jolie vallée. Nous estimons qu'il est inutile de cher-
cher ailleurs la signiiication de ce nom de village, dont la situa-
tion répond parfaitement à sa dénomination. Les Germains
ont imposé un grand nombre de noms à nos vîUages, et nous
en avons adopté un plus grand encore dans notre patois
vulgaire.
La position du village de Lebetain, au bas du vallon qui
vient du Val de Saint-Diner, est trte agréable. H est à croire
cependant que le village était plus au Sud, car on trouve dans
les prés des débris de construction. On y a même trouvé deux
sabres, des ustensiles, de la ferraille et une jolie clé en bronze;
elle a été donnée au musée de Belfort par M. P.-D. Ducorate.
Il y a encore dans ce village une maison du xvm' siècle,
qu'on appelle le Château. C'était Fhaliitation d'un baron de
Spechbach, qui possédait do grands biens à Lebetain. Un che-
valier de Spechbach avait sa sépulture dans l'église de Saint-
Dizier; sa tombe existait encore il y a quelques années.
M. Bardy en a donné un joli dessin dans le Bulletin des momh
«Mfifo hiêiariques d'Alsace,
n existe à Lebetain un phénomène hydrologique très
remarquable. Les eaux qui découlent des fontaines du Val, se
perdent au-dessous du village pour aller, à deux kilomètres
plus au Nord, former la source abondante de la BatU,
Non loin du viUage de Lebetain, du côté du Sud, on remarque
une jolie grotte sous un rocher qui surplombe dans la eolUne.
On lût croire aux en&nts trop curieux que c*sst là qu'on a
été les chercher à leur naissance. Cette officine d*enfiuits
ne serait-elle pas un lieu où une déesse du paganisme était
adorée? La Lucine de la contrée y rendait peut-être des
oracles. C'est encore un lieu fréquenté par les revenants et
les farfadets de la forêt voisine.
Un peu au-deâbuâ de cette grotte il existe un petit monti-
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190
BlTOl D*âLSftCi
culc qui s'avance vers le ruisseau qui traverse le vallon. ITn
nommé Dizier Riche a pratiqué dans cette butte des travaux
de nivellement qui ont amené la découverte de cinq squelettes
bien conservés dans le sable. Ils étaient tous placés symétri-
quement, la tête regardant TOrient, à une égale distance les
uns des autres. Celui du milieu avait encore la plaque de
son ceinturon. La tête a été conserrée. Elle est au musée de
Belfort U y a environ trente ans que le précédent propriétaire
de ce pré y a déijà trouvé des squelettes et deux sabres.
Diâer Biche a été obligé dinterrompre ses travaux à cause
de la saison. Mais il les reprendra avec Fespoir de faire encore
des découvertes intéressantes. A quelle race d*hommes appai^
tenaient les squelettes qui ont été trouvés dans ce lieu désert?
Le crâne que nous avons déposé au niustki de Belfort pourra
peut-être un jour guider les anthropolo,i;istes dans la solution
de cette question. La colline du Val, quoitiuc déserte et très
profonde, était traversée par un chemin celtique qui se diri-
geait de Délie par Lebetain et Croix vers Fohy. Il est encore
très reconnaissable au pied du coteau à l'Est La marque des
roues des chars est imprimée sur les rochers au-dessus du
hameau du Val. On peut encore suivre très facilement ses
traces de Lebetain à Croix. Ce chemin a pu servir de passage
à des armées, et des combats se sont peut-être livrés dans
cette colline déserte et sauvage.
Saint-Dizier, le chef-lieu administratif et paroissial des com-
munes que nous venons de parcourir rigidement, est digne
de fixer Tattention des amateurs d'antiquités locales. On ren-
contre en effet dans son voisinage de nombreux vestiges de
démolitions dans lesquelles on trouve toute sorte d*objets.
La tradition rapporte que ce village a été détruit pendant
la guerre de trente ans, appelée dans le pays le temps des
schuedes suédois. On ne peut pas mettre en doute la tradition,
car sur une étendue de plus d'un kilomètre on ne rencontre
que buissons, murgers, exhaussements de terrains, dans les-
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LÉGENDES ET TRADITIONS 191
quels il y a des substructions, des bouts de mars, des montants
de portes, des foyers ; on y a môme trouvé un four. Jean«
Pierre Beiget y a découvert les fondations complètes d*ttne
maison, dont on pouvait reconnaître la distribution. X. Biche
a trouvé deux gros bronzes à Teffigie des Antonins. Un
nommé Joly a trouvé un squelette complet qui avait une lame
it côté de lut Alexis Ducomte a trouvé dans son jardin un joli
fer de lance en bronze. Joseph Prenez a trouvé une marmite
à panse évasée qui a été livrée au cbiffonnier, pour deuziiards
la livre, au ^rand désespoir d'un amateur de Montbéliard qui
(itait venu pour l'acheter. J'ai trouvé une batterie de fusil à
mèclie.
Il serait fastidieux d'énuinérer toutes les trouvailles qui se
font encore dans le sol aride qui était occupé par le village.
Pendant les temps de malheurs, les habitants s'étaient réfugiés
dans les montagnes du Jura bernois. Les maisons abandonnées
étaient tombées en ruine ou avaient été incendiées.
On rapporte qu'un chêne avait pris racine sur l'âtre de la
maison Vaubert-Macabré; au retour du propriétaire, cet
arbre dépassait la cheminée. A cause de ce &it, tous les
membres de cette ûunille fùrent appelés les Chmmert, Le
dernier des Chainiers est mort il y a trente ans. Dans une
autre maison, qui existe encore, un saule avait poussé dans la
cuisine et formait un grand buisson.
D y avait dans ce village une famille valeureuse qui résistait
seule aux Suédois. C'étaient les sept frères Schick, tous
hommes déterminés, ayant des armes à feu. Ils s'étaient retirés
dans le clocher après avoir livré un combat meurtrier aux
Suédois, qui avaient tué leur mère au pré Rossé, derrière la
cure. Ils furent assiégés en vain dans le clocher par les bandes
de Bernard de Weimar. Cette famille s'est maintenue long-
temps à Sainl-Dizier: ou voyait dans l'église des pierres
tombales ayant appartenu & des Schick. Cette famille est
éteinte à Saint-Dizier, mais elle a encore des représentants à
19S
■tm D*AU*Ci
Feeehe. Le nom de Schick figure fréquemment dans des titrée
dee xvi*i xvn* et znn* siècles.
Pendant les restaurations inintelligentes qni ont été fidtes
dans les années 1851 et 1852, on a détruit toutes les nom-
breuses pierres sépulcrales qui étaient dans les trois nefe de
l'église. On a trouvé toutes sortes d'objets, qui ont tous été
dispersés, notamment un vase plein de monnaies bourgui-
gnonnes, dont quelques-unes sont au musée de Colmar.
La trouvaille la plus intéressante est un sarcophage en
pierre molasse du pays. Il était sous le clocher, près de la
porte d'entrée de Tintérieur de l'église, enfoui sons trois pieds
de terre. Il a la forme d'un parallélogramme irrégulier, mesu-
rant en longueur 1",65, aux épaules 0",G4 et aux pieds 0",31 j
la tôtc était encastrée dans une entaille ronde de 0'°,25 de
profondeur très bien faite. Ce cercueil renfermait sept têtes
entièrement dénudées. La présence de ces sept têtes dans ce
cercueil en pierre est assez énigmatique. Nous allons faire
appel à la tradition pour expliquer ce fait singulier.
L'histoire rapporte qu'il y a eu une abbaye royale autour
de l'é^^lise de Saint-Dizier, mais la tradition dit que c'était
une maison de templiers. Les vesti;^es considérables d'habita-
tions qui existent encore à la collonge ne laissent aucun doute
à cet égard, et les nombreuses trouvailles (lu'on a faites dans
le verger Grandjean viennent encore èi l'appui de la tradition
qui dit, que a pendant une belle nuit des soldats vinn-nt de
Belfort, par ordre du roi, mettre à mort les templiers qui
étaient à Saint Dizier, et, chose singulière, la tradition dit
qu'ils étaient sept religieux. « A-t-on décapité ces sept tem-
pliers, et mis dans ce cercueil en pierre les têtes de ces
victimes de la cupidité de Philippe-lc-Bel ? Ceci est à croire,
car ce sarcophage, remontant à l'origine du christianisme, ne
renfermait plus aucun cadavre à. Tépoque de l'exécutiou des
templiers.^
Il y a encore d'autres cercueils et des catafalques fort
' M. de Caumont estime que les localités où il y a le plus de cercueils
en ptene lont oSUn où le duiltiMiitme a été le plu lAt étaUL
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LÉOHDBg BT TBADITIOMS
196
remarquables dans cette ('•'ilisc; mais, comme M. de Barthé-
lémy en a donné une descri})tioii très savante, nous n'en parlons
ici que pour mémoire, notre but étant de recueillir des faits
inédits, rien de plus.
La légende Saint-Dizier, citée par les BoUandistcs, dit que
ce saint évôque fut enterré par les soins de sainte Pouponne
dans une petite chapelle dédiée à saint liartin In craeukm
non pergrande i que Ponponne était une sainte femme pré-
posée à la garde et à Fentretien de cet oratoire, dans lequel
elle avait sa demeure, puisqu'elle procura de Peau à saint
Dizier pour étancher sa soif quand il vint célébrer les saints
mystères dans cette chapelle.
Après la mort du saint évdque les pèlorins vinrent en fbule
à son tombeau, bientôt la chapelle ne fut plus suffisante pour
contenir le nombre toujours croissant des fidèles, il fallut
ériger une plus grande église autour du tombeau de saint
Dizier. Pendant lu construction de cet édifice sainte Ponponne
allait aux fontaines du Val chercher Teau dont les ouvriers
avaient besoin. Elle se servait d'une bouteille ; les ouvriers se
moquèrent d'elle et lui dirent qu'elle devait prendre un crible,
ce qu'elle fit aussitôt sans qu'elle perdit une seule goutte d'eau.
La sainte était en etîet représentée en grandeur naturelle sur
le mattre-autel. Elle était habillée à la romaine ; d'une main
elle tenait une bouteille, de Pautre un crible qu'elle montrait
au peuple. Cette statue était fort bien faite ; elle a été détruite
en 1862, comme tant d'autres belles choses.
Les légendes de ce genre ne sont pas rares. Le lecteur nous
permettra de lui en citer une que nous copions dans VSitMre
â» BoT'Sur'Aube, par Le Chevalier :
«Sur la montagne, au pied de laquelle est bâti B&r4nir-Aube,
vivait une sainte vierge nommée Germaine. Elle s'était char-
gée de fournir à des ouvriers qui travaillaient j\ une église
l'eau qu'elle allait puiser à une source qui porte son nom;
c'est pour(iuoi elle est représentée portant une cruche de
NoareUe Série. — li"* année. 13
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IM ilTCB H'ALSAGB
chaque mam. Sa foi était si grande qa*ii]i de ses vases s'étant
brisé on lui jeta par raillerie un crible en lui disant de s*en
servir ; elle le releva, le remplit d'eau, et il ue s'en répaudit
aucune goutte.»
Une autre tradition nous apprend que saint Dizier, après
avoir viû dans >on tombeau pendant un nombre d'années,
qu'elle ne détermine pas, son corps fut transporté à Murbach
par ordre d'un puissant seigneur dont le nom n'est point par-
venu jusqu'à nous. A cette époque de foi vive, la posseanon
de reliques de saints personnages était une source de prospé-
rité pour les églises qui avaient le privilège de posséder de
pareils trésors. Sans doute que les habitants de Saint-Diaier
ne furent pas contents de se voir enlever les reliques de leur
saint patron, et, pour leur donner une compensation, on laissa
à leur vénération le bras droit du saint* Une voix surnaturelle
leur dit que le bras du saint évôque serait plus puissant aux
yeux de Dieu que tout son corps.
Les reliques de ce bras furent conservées avec vénération.
Elles furent enfermées dans un avant-bras artîstemcnt sculpté.
La main était de couleur de carnation, elle bénissait à la
manière latine. Cette main servait de reliquaire, on l'appelait
la Main de ."'tint Diz'n r. Elle est aujourd'bui ])erdue. Elle
existait encor*' sous l adiiunistratiou du curé Villcmain.
On a disserté loiigui-ment pour savoir oii était la chapelle
Saint-Martin, où saint Dizier a été enterré. Cette chapelle, ou
oratoire comme l'appellent les Bollandistes, était au milieu du
chœur de l'église actuelle. Les murs de fondation de ce petit
temple ont été retrouvés Tannée dernière (1680) en creusant
' Les armes de l'abbaye de Lure étaient de gueules à un bras de
carnation mouvant d'une manche et élevant eu liant deux doigts.
Nous avons dos titros de coustataut que cette abbaye possédait
des dinioH à Saiut-Di/.ier.
Les habitants de Champagney étaient obligés d'aller chercher ces
dîmes k Saint-Diiisr st de les transporter an chileau de PasiaTaat.
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UGERraS R TRADRIOHS 196
la crypte que M. le curé Fairre a fait établir sous le choeur de
l'église pour isoler et mettre en évidence le cercueil authen-
tique de saint Dizier, qui reposait sous les dalles du chœur.
Les fondations de la petite chapelle Saint-Martin sont intactes.
Elles sont bâties en fornu; d'octojione ; elles sont très bien
conservées. Elles sont en maçonnerie rustique, mais solide.
En faisant sa crypte, M, Faivrc a cru nu pouvoir les laisser
en évidence dans Tenceinte de sa crypte. Elles auraient donné
trop de développement k la voussure. Il a cru devoir faire un
mur en moellons piqués qui masque entièrement les fonda-
tions de ladite chapelle SaintpMartin, fondations qui sont un
spécimen authentique d*une constraction remontant au
Y* siècle de Tère chrétienne. Oracmhm non pergrande in honar»
Sandi Martim eonttrudum (Grandidiœ, H, 88.).
Âjom la chapelle Saint-Martin était au milieu du chœur de
r^^e actuelle. L'église a été bâtie autour de cette chapelle,
qui n'a été démolie qu'après la construction de l'église; ce qui
le prouve, c'est que l'exhaussement du dallage du chœur est
entièrement formé de sable et de pierres de démolition aux-
quelles adhère encore du mortier.
Lo petit édicule, en forme de cul de four, qu'on remarque
à l'extérieur de l'église, entre le transept méridional et le
chœur, n'était pas la chapelle Saint-Martin comme on l'a pré»
tendu ; c'était un baptistère dont l'entrée était dans la sacristie.
Si les transformations qui ont été faites à cette sacristie
axaient été dirigées avec goût, on aurait pu rendre ce petit
édicule à sa destination primitive; mais dans Tétat actuel des
choses cela n*est plus guère possible.
Nous estimons que la chapelle où fot enterré saint Dlder
est contemporaine de saint Martin le thaumaturge du ir* siècle.
Cet apôtre des Gaules fut un grand destructeur de temples et
d*atttels païens; aussi beaucoup d'églises primitives lui furent
dédiées. Il y en avait une à Bàle, qui datait du iV siècle. Il y
en avait d'autres en Franche-Comté. Comme il y avait beau-
196 UVOB D^ALBAGB
coup d'idoles dans les environs, il est à croire que saint
Martin est venu dans ce pays pour évangéliser les peuples.
Il a (lu reste donné son nom à une fontaine qui s'appelle
aujounriiui encore la Martine. Cette source, qui ne coule qu'à
la suite des grandes pluies, est réqiii]»oIl("nt de la Fontaine de
la Famine {ungcrshrunnen) d'IIeimersdorff; elle annonce les
temps de disette. Cette source était sans doute dédiée à quel-
que nymphe païenne, et le nom de Martine lui a été donné en
Tbonneur de saint Martin qui serait venu à Saint-IHzier
substituer le culte chrétien an culte païen. Il y a encore une
autre fontaine qu'on nomme aussi Xa Jfotitne. £Ue sort d*uii
rocher dans les prés du VaL Son eau est très bonne; on en
cherche pour les malades de tous les villages voisins.
n existe encore d^autres légendes au pays que nous Tenons
de parcourir. Nous nous bornons à celles qui précèdent afin
de ne pas abuser de Tindulgence du lecteur. Un jour peut-être
nous parlerons des usages populaires, des superstitions, des
croyances singulières qui étaient encore vîvaces dans le pays,
il y a une cinquantaine d'années, et que la génération actuelle
ignore complètement. Les souvenirs de quelques personnes
âgées (le raucienue paroisse nous faciliteront ce nouveau
recensement
P.-J. Tallov*
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LinÉRÂIUBE POPUUUŒ D£ L'ALSAGE-LORRilNE
BAVARDAGES
mAM-lËS-COQM DS STUOUBS
CDtieméUs de tpâtpn antres
COMMÉRAGES ALSACIENS
IVbtV
NOUVELLE CONVERSATION
entre Madame^yia-comine Kutzlerer et Madame-ma-coiisine
ZiwelmanHj pendant et après le blocus de èitrashourg. ^
1814
L PMdint I0 bloons
DAME KUTZLERER
Cousine, en promenade V £h! vous allez bien vite!
DAME ZIWELHANN
Servante! du beau temps il faut bien qu'on profite!
KUTZLERKB
GouBine, j*ai rhonneur de n^avoir imm reçu
' Voir la livraison du 1" trimestre 1882.
• Cette pièce fut iraprimf'^e chez J.-II. TIeitz et se vendait cinq soas.
M. Berginann l'attribue à Arnold, l'auteur du l^fitigstmontag.
L'astre de Napoléon a p&U, les alliés bloquent Strasbourg, quelques
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198 REVUE d'alsacb
Longtemps Yotre visite. *
srwKLMAinr
Oh! c'est (iiu je n'ai pu
Sortir de tout Thiver. Je fiis bien malheureuse!
Nous avons toub bouliert de la fièvre nerveuse.
KUTZLERER
Ke parfumez-vous pas? J'aimerais mieux avoir
Le nez plein de Morveau- plutôt que de me voir
Malade plus longtemps de cette peste affireuse.
Vous avee bien raison, cousine! Mais du temps
Qa*au clos de SamtpUibain Ton portilt tant de gens
On ne parfumait pas.
KUTZLERER
Mes compliments sincères
D'en avoir échappé ; car on ne meurt plus gutoes,
On dit que c'est fini!
ZIWSLKAini
C'est mi! mais c'est tant pis!
Si quelqu'un meurt encore, on dit que les soucis,
Les chagrins l'ont tué.
KUTZLERER
C'est bien vrai ! La misère
Est grande. Quand le pain et les ponunos de terre
Ke manquent pas, on a plaisir à travailler,
A peiner. De nos jours on va s'agenouiller
bombes tombent dan*? lo faubourg National et le Marais-Vert; l'auteur
de cette note (M. Auu'ustc Stœber) se rappelle très bien la terreur que
répandit leur explosion. Agé de six ans, il était assis ù l'école Saint-
Pien«'le*yiettz et fidaait de la chari)ie pour les blessée.
' Fante de tovniiire, iatentioimeUe dans le texte, et reproduite idl
* Fomigstions prescrites par l'autorité d'après les Indicatloiis du
célèbre Gayton-Morrean.
Digitizoû by C3t.)0^lc
urrÉRATUMS rorauiu ta. l'alsacb-loriaihb 199
Pour remercier Dieu de sa grande clémence.
ZIWELMAXX
Oui, si lo Si-j (irais était un joli J'ai.
Mais nuilheureusement cela n'est ^uère vrai.
Autrefois on pouvait s'en aller à la danse
Au Féoffe 9ur Veau* pour valser. Maintenant
On nous a trop salé nos plaisirs, nia cousine!
Mais, à propos de seU votre provision
Est^e cUljà faite?
KUTZLKBBR
Ohlouilsilafîunine
Ne nous foit pas crever, o désolation !
Avant' Pâques. Hier à notre boucberie
J'envoyais ma servante acheter un gigot,
Douze livres encor de cOtis. Ce nigaud
De boucher, croyez-vous quHl Tait vite servie?
f Oui! des tripes! dit-il, surtout ne soutfez mot!
C'est encor bien heureux pour vous si je vous livre
Des tripes!» Ma cousine, eh bien! qu'en dites-vousV
Y a-t-il de nos jours encor moyen de vivTe?
ZIWELMAlîM
Il en est tout à fait de môme pour nous tous.
Au marché, marchandant une botte d'herbages
Pour la soupe, on en veut douze sous. «Mille orages
T'écrasentti dis-je alors, «gardez votre butin!»
En jetant son paquet à cette jardinière.
Ce n*est, Dieu! pas permisl et de toute manière
On a de grands ennuis.
KUTZLEREU
C'est aussi mon chagrin !
Ou peut longtemps courir avant que l'on ne happe
> Sobriquet ifmt aubenie établie au confluent de IHI et d*nn bras
du Bbin, nenimé JfiwyjefM».
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Un oljet bon maxthé. Tout 1 tont est hors de prix*
Partout du mauvais beurre et des œufs trop petits.
Plus rien de bien!. . . Je n*ai! que le diantre m'attrappe!
Je n*ai, fittalité! plus un morceau de bois
Chez moi, lorsque pourtant nous avons cette fois
Un bien plus rude hiver que de ma souvenance
On n'en a vu jamais. A mon homme je dis :
«Va!» lui dis-je, «va-t*en acheter à tout prix
Du bo^» n dit: «Je crois, «me dit-il, «qu*en démence
Tu tombes! nulle part on n'en a. Je voudrais
Parier qu'on pourrait, suivant le long des quais
Sans en trouver un brin, côtoyer la rivière
Oui! d'ici tu pourrais courir au Pon1>Ck)uvert,*
De là, sans en trouver, pousser au Marais-Vert.» '
U faut cuiro, rôtir! Sans bois comment donc£ure?
Et surtout quand encore il faudrait lessiver.
Oh! misère! cousine! on ne peut rien trouver
Que vin, tabac et sel, de la viande fumée.
Percale et mousseline. 0 ! la funeste année
D'avoir les ennemis ainsi sur notre dos.
Autour de notre ville est un vivant enclos
Que font pour Taffamer le Russe et le Cosaque.
Mon homme, deux, trois nuits par semaine, bivaque,
Tantôt au corps de garde et tantôt au rempart,
Pour, contre le Kalmouck, diriger son regard.
£t, pendant qu'il parade ou qu'il fait la patrouille,
Moi je suis toute seule assise & ma quenouille.
Mais songez donc qu'hier avec un étendard'
U est rentré la nuit
' Pont-Couvert, pont à l'entrée de la Broche dans la ville. Une pri-
son militaire s'y trouve.
• Marais- Vert (Gruen-Jiruech), non loin la j^are du cliemin do for.
* Bupporter un étendart, rentrer gai. Le traducteur a été forcé de
conserver cette figure (qu'on ne comprend pas en français), à oMiae dn
nudentendn qu'il doit prodoire ches l'interlocntiioe.
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UTrtRATUBB POfOUIlB 08 L*AUâCB-UMaum
901
KUTZLERER
Jésus! Dieu! ma cousine!
Fris sur les ennemis ?
zrwsLMAini
Allez donc! je badine!
Ce n'était qn*an grand sabre, un plumet, un pompon
QuH Tenait nq^porter ce soir-là du Mouton!
L'auberge!. . . Quand 0 est dedans son unifome,
n est tellement béte : il en éprouve énorme
Plaisir ! Il dit alors : « Frères, je suis paré! »
. De sa tête l'orgueil s'est si bien emparé
Que toutes fois qu'il va pour faire rexercice,
Il vous fait le tlambard que c'en est à crever!
Parce qu'il est gradé!
KUTZLERER
Oh! la belle malice!
QuMl ait un grade ou non, je sais Men conserver
Mon mari près de moi ! Je ne suis pas si béte!
C*en était un aussi, celui-là, dont la téte
Etait près du bonnet Mais il est aujourd'hui
Paisible, réparant sans y trouver d'ennui,
Les boucles de souliers. * H reste au domicile,
Ne va pas dans la rue, et bien moins chez Baldner, ^
Au jardin. S'il voulait encor faire le fier,
Tonnerre! je saurais le rendre plus docile!
' Il raccommode des boucle:^ de souliers. Le traducteur cro3'ait que
cela Yoalait dire qu'il «s'occupe plus paisiblement». M. Bergmann con-
sidère le terma de craccommodeiiTe de bondes de unlien» eomoie wi
lobciqnei donné «nx liinpIeB loldatt du centre, généralement geu de
petits métiers, tandis qne les grenadiers et Toltlgenrs de la garde nalio-
nale se recrutaient chez des gens riches, lee artillenrs dans des métiers
exigeant une certaine habileté.
* Jardin Baldner, catwret champêtre, hors la porte d'Aosterlits sur
la route du Polygone.
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Je vous l'arrangerais! Non! tant que je verrai
De mes deux yeux cncor, je ne le laisserai,
Cousine, croyez-m'eu, s'éloigner de la txesse
Qui tient mon tablier.
ZrWELHAKH
Vous 6tes la maltrefiBe
Et savez commander. Mais le mien ne se laisse
Mattriser. On le met toiqours dans ses états
Avec le moindre mot De jouer aux soldats
Lui iàit tant de plaisir ; quant à moi, me lasse!
Pourvu que ça finisse!
KUTZLEREU
Oh ! pour moi ça m'agace
Aussi, chère cousine, et c'est là justement
Qu'ils trouvent, nos maris, leur grand amusement
J'aimerais bien donner un beau repas! oui, certes!
Si nos portes pouvaient bientôt dtre rouvertes.
J*j courrais au plus tôt
SIWBLMÂini
Combien de temps déjà
Les verroux sont-ils mis ?
KUTZLERER
Au jour de Saint-Etienne*
Je fus dans mon jardin, et ce jour j'allai là
Pour la dernière fois.
SIWHLMANN
Cousine! queUe peine
On me ftit éprouver en parlant de fardin.
Ah! quand pourrai-je donc reprendre le chemin
Du mien? De le revoir fortonu nt il me tarde.
Mes deurs sans doute y sont dans de piteux états !
La Saint-EUenne, lendemain de Noël.
LITTÉRATURE POPULAIRE DE L'aLSACI-LOUUUHI
203
Là les Badois ont mis un de leurs corps de garde.
Je n*y trouverai rien! car ces nombreux soldats
Auront extennlné mes belles violettes.
KUTZLBBEB
Et les ognons à fleurs? Quand régnent des disettes
Dans leur camp, ils les font blanchir rapidement,
Apres ça, sur le pain, ils en font simplement
Quelques tartines dont ces êtres se régalent
C'est de cette fa(:on, liélas! qu'ils nous avalent
Et nos oreilles d'ours, et nos beaux seringats,
Et beaucoup d'autres fleurs, nos belles giroflées!
La chose qui me met surtout dans mes états
Ce sont mes Uimcla * laveris avalées
De la sorte. 0 malheur 1 malheur 1 Si le blocus
Dure encore longtemps, on n*aura, ma foil plus
De légumes.
ZIWELHim
Le diable alors les pataiiole!
Pour les fleurs, 8*!1 le fout, cousine, on s*en consolel
Les légumes, les fruits noua tiennent plus &u cœur I
Sans petits pois, navets, sans chou vert ni chou-fleur,
Sans salsifis, comment nous foudra-iril donc foire?
Sans rein»«]aude encor, qwetsche, poire, abricot
Que mangerons-nous donc? Ma foi! cousine, il fout
Désespérer!
KUTZLEKEH
Oh non ! moi, cousine, j'espère
Que bien avant ce temps on aura fait la paix.
L'htbdottuuiaire dit qu'on s'en trouve bien près.
^ BUmuIa LavtriSf fausse proDOQciation ponr Primula vtrit, prime-
ffaw. Les Alsacieiii aiment défigurer les mots qvHlB ne compreimeiit
pss de manière à leor donner un sens, et MimnAa LamU signifie en
•Uemsnd «la petite fleur LaTeris», tandis que le vrii mot latin signifie
la primeur du pxintmnps, la primevère. A Mnlhonse on dit Frimékfti,
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SOI
■BTOi li'AIââCI
ZIWELMAXN
On en parle beaucoup : ce ne sont que sornettes; .
Cousine, ou ne peut plus bo lier aux gazettes.
KUnLIBER
Je sais de bonne main, croyes-le, je le sais,
NoiiB serons débloqués.
UWKLlfAinf
Oui ! au grand Saint-Jamais!
KUTZLERER
Les portes vont s'ouvrir. Le gros de la soufirance
Est passé.
Ma cousine ! ayons-en Tespérance.
Haguenau, juin 16ÔL
n. Après le blocnB *
KUTZLERER
Aha! cousine, eh bien? N'estron pas plus heurenx,
Dites, qu'on ne Tétait en ces temps désastreux
Oii nous étions bloqués ? Qa ne durera guère,
Disais-je, nous Terrons la fin de la misère.
Eh bien ! le paysan revient, et Ton aura
Des légumes, cousine, et tout ce qu*il &udra.
Oui! bientôt nous allons nager dans Tabondance.
' Le tradaetenr ne peut s'einpèelier de fidie remarqiier eonbieii dix
•iméee de deipotiime impérial ont émontaé les leiitimeiila de patrio-
tisme des Strasbourgeois que le régime de la TeRenrn'STait pu entamer.
Comme l'éditeur de la seconde édition du texte allemand, le tradae-
tenr tronvr que si ces deux morceaux sont vraiment d'Arnold, l'auteur
du JYiitgsimoiit<tg aurait, eu fort peu de temps, fait d'énoniies progrès
dans la versitication et Torthographe phonétique strasbourgeoise. (Voir
EUâsmsdu 3dMt»kâstel, page 332.)
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UntoATUBE NraLAHIB DB L^ALUCÀ-LOMUDIS S06
Eh ! ne pouvons-nous pas déjà faire bombance
Trempant dans le café de petits pains au lait
D'un sou.
zrwBLXAim
L*oii croit rdYor. Je n*eii Toiilns, conaÎDe
Bien croire, tout d'abord. Et Ton ne s^îmagine
Quel eflet ^ me fit quand partout on disait :
« Bonaparte n'est plus sur le trdne, et Ton met
Une cocarde blanche au chapeau! » — • Quelle aubaine!
Nous avons donc la paix ! Le Seigneur soit béni! >
Répondis-je aussitôt, et puis à mon mari
Je dis : a Tu combattis assez longtemps. Ilengaîno
Ton glaive, et viens vers moi. J éprouve un tel bonheur
Qu'il faut que je t'embrasse! »
KUTZLEEIB
Et moi, je le confesse,
Comme tous, je sentis renaître Tallégresse
Dans mon cœur. Mon mari se mit avec ardeur
A servir promptement un festin confortable,
Plaçant force jambon, saucisses sur la table.
Puis avec ses amis vidant un tonnelet :
t Car, leur dit-il, comment un fidèle sujet
Fera-t-il i)lus d'honneur au roi qu'en vidant caves
Et cuisines? Longtemps on nous a vus, tout baves,
Nous priver. Maintenant il serait fou vraiment,
Celui qui ne voudrait s'oârir de Tagrément! »
uvif^ucAini
C'est mon opinion. Puisque notre détresse
Prend fin, respirons donc, délivrés du tourment
De la disette.
KUTZLERER
Oh oui! et remplis (rulk'fïresse
Kous pouvons contempler avec contentement
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S06 RKVUB D^AUACB
Au Broglie on beau tas de sacs pleina de firoment
Cochons, oisons, bœuâ, veaux, tout ça gaiment fourmille .
Autour de nous, cousine.
ZIWELMAN'N
Oui! Tout ( hacun frétille
Et revit Chaque femme a le contentement
De ravoir son mari, d'eu jouir pleineiueut,
£ft le roi n'aurait pu faire pour la famille
Non! rien, dont tous les cœurs seraient plus r^ouis:
Vive donc ce bon roi! vive le roi Louis!
BioK, mai 1881.
VI
LES PAYSANNES DËSOLÉES '
Quel malheur! ah! j*enrage!
Est-ce Yrai ce qu*on dit?
La plus belle et plus sage
Tapera de dépit!
— On vient de mo l'apprendre :
De dix-huit à trente ans
Pour la guerre on veut prendre
Tous les beaux jeunes gens!
— Diable! qne faut^il foire?
• Geindre? ou pousser des cris?
Ou bien rire V ou nous taire y
Nous restons sans maris !
* Chanson en dialecte du Kochenbsrg avec refrain en tyrolienne.
Le tradactear la croit inédite; il la connaît par tradition orale. Elle
est doue tans date; mais, d'après le sujet qu'elle traite, elle doit Atre
d*mie des trois années 1818— 181&. C'est de pins une préface natnrdle
•a « baTiidage » sniTant.
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uirtiATimB poniumi m L*AUACB-unaAiiii 107
— Pourquoi te mettre en rage?
Tu peux prendre le vieux
Jeannot de ton villa;?e '
Si tu ne trouve mieu2U
— Ah! de eet imbécile,
Ya! ne me parle point,
Car, trois heures de file,
U TOUS reste en son coini
De beaucoup je préfère
Martin le menuisier.
S*U revient de la guerre
n veut me marier!*
^ Tu ne peux pas l'attendre
Va! tu ne Tauras pas!
Toutes voudront le prendre,
C'est un bien trop beau gas!
Rioz,juiUetl881.
vn
CONVERSATION
mstre les hcmrables et vertueuses demoisdles^ousmes
Atme-Mane Spitghâsél el QOhenne'BarU KrumhOtéL*
1814
SPITZNJBSEL
fié ! comme vous courez? Pourquoi tant vous presser?
Quelque chose d*a&euz vient donc de se passer?
1 Dtai le tazte .BbiiMl eim J\BrM^ Jetimol, d« FB^^
de village ponrraitMl mottro sar la roie de TorigiiHl de la elian>on?
* Le tradnctear emploie ici le mot marier dans an sens que le lan-
gage rustique doit admottro, quand in^'ine l'Académie le condamnerait.
' Les paysannes désolées l'étaient à cause do la difficnlté de trouTer
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KBUMHiELSEL
Ah! cousine, je viens de me sauver si vite!
8PITZ>M:8EL
Sans doute d'amoureux vous fuyez la poursuite.
Ah! j'ai bien deviné! Ck)mme votre cœur bat!
Et vos yeiul brillent-ils, cousine, d'un édat!
Sur votre cou Ton voit des gouttes aussi grosses
Qu*un poing.
C*est mi, cousine. A quels dangers atroces
J'échappe en ce moment! Et je crois que depuis
Quinze ans je n'eus de cas pareiL Je me promène
Près la porto des Jui&. Tranquillement je suis
Le faîte des remparts, quand tout à coup, sans gêne,
Un Wehche ' vient vers moi me saluer bien bas.
a Eh, Monsieur, il ne faut pas tant de politesse!
Lui répondis-je aussitôt. Allez, qu'on nie laisse
Passer par mon chemin. Je ne vous connais pas. »
— 0 Sans avoir, • me dit-il, llionneur de vous conncûtre.
Vous êtes seule ici, voulez-vous me "permettre
De V0U8 offrir^ le bras $owr wm accompagner f >
t
vu mari oonrenable à Uraite des leréMfidtM dans les deraièresaïuiéM
de l'Empire.
«Mcsdcmoiselles-mes-consîneR» Anne-Marie Neqioiitta et Catherine-
Barbe Ck>atordu sont bien plus bcareuscs :
U en vient nn font seuil
Mais quel mari! Un de ces gnerriers qai, comme le comte de Baatean,
ont laissé sur chaque champ de bataille une partie de leur personne*
Sondain Ip rnnnn qti'on tire, pour annonror la conclusion de la pall,
vient leur donner l'espoir de trouver encore bien mieux.
' Weische, Français parlant la langue française. Traduction du mot
«Galloned» que les Bretons opposent aux «Brczonnek» et traduction
d'antant pins juste que Wdseke aussi vent dire Oaalois.
' Tout oa est en italique est en français dans le teocle.
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LmtoATOM MHILAttI M L*AU*CI-UMUIAI1« 909
— ^ Allez, Moussié, lui dis-je, aUez-vous promener ! »
Vous êtes dans Terreur! épargnez- vous la peine
Je ne suis de ces gens qu'à son bras on emmène.
— « Vous êtes bien cruelle. Arrêtez un moment/»
Me ditril aussitôt, et fait du sentiment
Vous savez conuiient sont leB Welsches. En paroles
£t mines ils sauront toujours remplir leurs rdles
Pour séduire les cœurs. H me dit : t quels beaux ymx!
QutiJoU petit fied/ U est délieieux! ■
Et puis sur moi fixant un tel regard de flamme
Que je crus qu*U voulait pénétrer dans mon âme.
*Nevotfezpa$ en moi, dit-il, tiit êéiueUm;
Je veux mejwre amer et toucher votre omr,
EeewtesHnoi, de grûee^ et ditee-moi, ma bdte.
Votre eœwr eet^l Hhref Stee^vous demoiséikt*
— « Pour vous servir! lui dis-je, et laissez-moi passer
Plus longtemps mon honneur défend de converser.»
— •Je n'insisterai pas, mais rcuillez hien m' apprendre
Si demain en ces lieux vons daignerez vous rendref»
— «Ah! me préserve Dieu de donner rendez-vus,
Adié, Moussié, adié,je ne viig rerrai plus! »
Et sur cela je pris, dans ma grande détresse
Le chemin sous les pieds et vins avec vitesse
Vers vous. Je vais rentrer et remercier Dieu
De m'avoir arraché du danger en ce lien.
BFITMilBUL
Que dites-vous? cousine? Et pourquoi tant vous plaindre?
Dans ces temps malheureux où chacune est à craindre
En cherchant, de ne pas trouver un amoureux,
U en vient un tout seuL Mais c'est miraculeux 1
KBUMHiWiBlL
Si ce n^était un Welsche. On n*a pas coniiance
En eux. On leur reproche une grande inconstance.
NooTelle Séne. — il** anoée. 14
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SPITZNiESEL
La langue n'y fait rien. Moi, je m'en moquerais!
C'est bien égal qu'on parle allemand ou français.
Ne faites, croyez-m'en, pas tant la difticile
De pear que ce gibier ne s'échappe et ne file.
Mais comment est-il donc? Est-il jetine ou bien Tieox?
Ëstril bien Mi et beau? A4ril beau nés, beaux yeux?
Un beau nés de nos jours ne nuirait pas pour plaire,
I>e beaux mollets non plus. En a-t^fl une paire
Bespeetable?
KRUMniBLSEL
Oh! je suis, nia cousine, au-dessus
De cette question de l'âge, et ne veux plus
De jeune fat, bien sûr, pour toute chose au monde.
Il paraît respectable. A son menton abonde
La barbe. On ne pourrait le mener par le nez.
8PITZN.SSKL
E8t41 donc si méchant? Vraiment! tous m*étonnei.
KRUMH/KLSEL
Il ne le paraît pas. Mais il porte à la place
De son nez un emplâtre. Hélas ! dedans la glace
De Moscou ce beau nez resta. La nation
En retour lui donna la décoration.
U s'en console donc
8PITIV.B8BL
Jésus! c*est pitoyable!
Embrasser un mari sans nez ! c'est effroyable.
KRUMHiCLSEL
Pour cela l'on n'a pas besoin d'un gros trognon.
Hélas, au lieu de bras, il n'a plus qu'un moignon.
BPTtBSMSÊL
Hais estril bien bâti? Est^il alerte, ingambe?
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LirTÉBATUM HmJLAIBB M L'ALUGI-LOKBAIIIB Sll
KBmfHALUBL
Non! malheureusenieiit; D ne peut fitre fier
De Bes mollets. Pourquoi? c*est qull n*a qn*une jambe,
Puisque Tautre est en bois.
8PrrZ5Jt8EL
Oh! ça paraît amer!
Mais ça ne rendrait pas ma chevelure grise
Et je ne serais pas un moment indécise.
Prenez-le comme il est. C'est toujours un mari,
Et cetto marchandise a si fort renchéri
Que Ton peut, sans rou^r, prendre un homme ayant bosse,
Jambe de l)(>is, moignon, ou marchant h la crosse.
Si vous le voulez bien, j'irai sur le rempart
Avec vous dès demain, et si du ])»'(iuillard
Vous n'êtes pas jalouse, il faudra qu'il décide
A laquelle de nous il servira de guide :
Peut^tre bien aux deux.
C'est ça ! voici ma main !
Notre bonheur Ta-t-il se décider demain?
Mais silence! écoutez! qu^est^ que ça veut dire?
SPITZN^SEL
Oui! je Pentends aussi! c^est bien vrai que Ton tire.
Sans doute pour la paix. Quel bonheur! Songes donc!
D'Allemagne nos gens, dans un délai peu long
Beviendront, oh bonheur! Alors on pourra &ire
Choix parmi des milliers du mari qu'on préfère.
Même on a prétendu que le bon roi Louis
Avant tout soucieux du bien de son pays
Veut que chaque soldat aille former funiDe.
On ne pourra bientôt plus voir de vieille fille.
919 REVUE D*AI^ACE
Ou si peu ! je ne puis sapportor, par ma foi !
Ce bonheur plus longtemps! Vivat! vive le roi! '
Kioz, mars 1881.
vm
CONVERSATION GÉNÉRALE
entre deux vieilles comme} es. — <nMadame-imi-c()Usine^ A et
«Madame-ma-coiisineii B se remontrent sur la place Hamt'
PieirrerkrjwiM, U 8jmlkt 18Iô,
Pwdast le aeooiid Uosns.*
A
Cousine! où donc si vite? Arrêtez uu moment
B
Je n'ai le temps, ma chère. 11 faut que promptement
J'achète un peu de son. L'on ne sait comment faire
Pour en trouTer, vraiment!
A
C*est comme moi, ma chère.
* M. Bergmaan attribue ce dialogue à Arnold, Ifé de 84 lai. H a été
• publié, en été 1814» chea Tiirre B$àu, plaee du Déme, 14. Prix :
cinq sous. D'autres l'attribiient à Madame Enfelhard (née Schvelg»
hieaser), d'aatrca même au libraire Kœnig.
* «L'expérience rend sage!» Telle est la moralit(^ à tirer de ce dia-
logue, surtout ai on le compare à celui du preiuior blocns. Partout des
Toluilles et du bétail, anicué surtout par les parcuts do la campagne
réfugiés en Tille.
Il eat de Charlotte Engelhard, fille du célèbre helléniate
Schweigbnnaer et sœur de l'archéologue Oeoftroi SchweigluBuaer.
La eollection Heiti renferme deux manuicrita de ce dialogue, dont
l'un, ht minute, du la main de ranteur, renferme quelques corrections
et est sans titre. L'autre, écrit par une main d'homme, est précédé du
titre et de la date donnés ci^desiui.
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UTTÉIUTOU rOraLAIRB DB L*ALBACS-LfMlKAnfB
913
Mais que font vos canards et vos jeunes oisons V
C'est là la question qu'à chacun nous faisons,
Quand nous Tapercevons du plus loiu daus la rue.
B
On 8*611 occupe. Ils sont d^une belle venue
Et d^à bien jolis, oison comme canard!
Avec du bon mais nous emboquons les oies.
Yons devriez bien voir les magnifiques foies.
Aux ailes, au poitrail est un plastron de lard :
Cest qn*on y mordrait bien. Obi cette gourmandise
En ces temps malheureux ne nous est pas permise.
Mais nous y reniflons et gardons pour plus tard
Le meilleur!
A
Quoi! comment! enseignez-moi votre art.
Par CCS grandes chaleurs, comment, je vous demande,
Vous y prendrez-vous donc pour conserver la viandeV
B
Ma foi! c^est justement parce qu'on est bloqué,
En canicule encor, que Ton s'est appliqué
A trouver des moyens qu'en autre circonstance
On n'aurait pas trouvés. Vous aurez connaissance
De la recette. On dit que l'on pout conserver
La viande firatche, et si l'on ne peut pas trouver
Autre chose, U hxA bien la manger telle quelle.
A
• Oh ! nous n'aurons pas faim. Notre ville vit-elle
Jamais chez elle autant d'animaux à la fois?
Schiltigheim est chez nousV* Partout le caquetage
Des volailles! Partout de la remise au bois
* «Schiltigheim est chez nous!. Cette phrase, harrée dans la mintite,
a été conservée par les éditeurs du SchatzkasM comme dt'pi'i)Tnant
Tivement, ^aoiqa'ftvec an peu d'exa^ératioo, l'état dç Strasbourg à cettç
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S14 UrOB D*AUACB
On a fait une établc. Au haut de tous les toits
J*enten(ls les coqs chanter. Oh ! si dans ce voyage
Vous vtMiicz avec moi, j'irais au campement.
De touii côtés l'armée à nos portes bivaque.
B
Oh non! je n'aime pas pareil attroupement.
Cela fait mal au cieur de voir comme on s'attaque
Au blé qu'on coupe pour couvrir mainte baraque,
Ou comme en fleurs on prend jusqu'aux pommes déterre!
Un mois de cette vie, on verra la misère I
La disette d^à vient répandre ses maux
Sur les hommes ainsi que sur les animaux.
Le sort ne le veut pas: mais j'avais Tespérance
Que nous aurions la paix, quand Tesprit touzmenteur
Nous revint de son lie, et, mettant, o malheuri
Tout sens dessus dessous, vint par sa violence
Nous ramener la guerre. U y fera venir
Le dernier homme.
A
Ah Dieu! voules-vous soutenir
Le roi qui tuera les protestants, et même
Rétablira la dîme. Oh non ! vous plaisantez!
Quant aux privations, eh bien! chacun les aime
Si c'est pour dominer le monde. Vous sentez
Qu'avec ri iiipereur seul nous pouvons encore être
La grande nation, et s'il n'était plus maître
Il nous faudrait le lils.
B •
Portez-vous bien. Adieu!
Il me faudrait du son, et puis je dois paraître
Au Marais Kageneck : ma vache est en ce lieu.
Bios, 19 mai 1881.
époque. L'un dVnx so rappelle trt'S hion avoir, h l'âge do quatre ans,
bu le lait d'une vache que 'l'oncle de ScbUtigheim» avait établi dans
la buanderie de la maison paternelle.
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UTrÉBATOIB POPULAIftl U L*AUUIS>10MIIA1III
S16
IX
Après le saoond bloons.*
A
Les ennemis, grand Dien, cousine! entrent chez nous!
On dit que cette fois ils seront bien moins doux
Qu'ils n'étaient Tan dernier. Us nous yolent et pillent
Et nous faisaDt payer encore, ils nous étrillent
B
C'est naturel! chacun devrait y r( n^arder
Jusqu'à deux fois avant d'aller se hasarder
' Le traducteur rappelle ici l'obsenration qu'il a déjà faite au dia-
logue de la fin du premier blocus.
Ce dialogue, dit M. Stœber, date des premiers jours d'août 1815.
Le second blocus diura réeUesseitt Ûn S8 Juin au 80 juillet 1616, mais
ne fiit ofBdelleiBeiit leré qu'an 86 septembre.
Gomme le précédent^ ce dialogne est de 11^ Gbarlotte Engelbard,
et existe à la bibliothèque de lHaiTeraité en copie mtnuscrite fidte par
M. Heitz.
M. Au^Bte Stœber, dans mù reeensement de Tédition deM. Betf-
mann, dit:
«Si M. Bergmann exprime le désir de voir publier le Mémorial jour-
nalier que cette dame aussi g&ie que spirituelle continua jusqu'à un
âge très avancé, je m'associe Tolontiers à œ vœu et en exprime un
seeood de mon cMé : e'est qu'ea j Jirîgne le reendl de ses poésies
épaises partout On en Ironie entre antrss dans le .BJWtesiidhe&MMlays-
Moll, dans le lYeffeîsaUmm, dans les Périgrinationê àfnwsrste Vingn,
dTngelbard, dans le Livre des Légendes alsaciennes. D'antres poésies
de circonstance inédites et pofitos improvisations on dialecte do Stras*
bourg doivent avoir été conservées d'elles iluns des fumilles amies.»
Traduire et citer les deux vœux ci-dessus, c'est s'y associer. C'est
M"** Engelhard qui déconrrit et traita la première la jolie légende des
Oémiltih» JTftMqni depuis a inspiré tant de poètes <Toir le JTsdssIsrik
Bagtnèméhf de Auguste Stmber). La puUicalioa de ses mémoires el de
ese «Buvieo ne pounah dono qu'être agréable aux amis de la littéra>
tare alsalique.
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216 Bim D^Auyis
Contre ntn^rto qui, comme dit le proverbe,
Car, quand on tient le tigre, à Panimel superbe
n faut rogner la griffe. On était bien instruit
En pays ennemis eomment on se conduit
Mais eux nous ont traités d*abord avec clémence
Vîxrvc qu'ils se tiattaient de la douce espérance
En usant envers nous de modération
De se concilier la grande nation!
Ils ne nous ont pas fait assez forte saignée.
L'avoine nous excite, et si de sa cognée
Notre armée a cassé le pot, nous avons, nous.
Fracassé le couvercle. Et puisqu'alors nous tous
Avons voulu la guerre, eh! payons nos caprices
En en supportant tons aigonrd'hui les sévices.
Rioz, 19 mai 1881.
X
DIALOGUE DE LA FOURRURE DE MARIAGE'
19 fAvrier 1816
A
Quel embarras! cousine, n fiuidrait des maris
A nos filles. Venes me donner votre avis.
Non pas gratuitement, car à Tindicatrice
D'un bon parti toujours ou donne une pelisse,
Et vous l'aurez bien sûr. Moi ! j'aiuu rais beaucoup
Pour meâ tillei» au jeu retourner un atout
* Ce dialogue est encore de Charlotte Engelhard ; le manuscrit n'est
qa*mn bronUlon é» m HMin et porte en bu la data du 19 firrier 1816.
Qoaat an titre que nous loi doaaoïw loi» nom l'empruitoiis à H. Berg-
naos, qni le loi drane à Mose d'tan mot pnmoneé par la première
interloentriee. Quand quelqu'un par «on intenrention, fait on mariaga^
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UTTftUltnB POPOUIU m L*AUâGi-LORKAIHI S17
Eh bien ! réfléchissez! Qui serait acceptable?
Par la ville y a-t-il quelque jeune homme aimable V
B
Himil* . . Pïè8 du tribunal?
A
Allez doue I ça n'est rien.
L^employé de nos jours ne sait jamais très bien
S'il se trouve fixé. L'on croit avec sa dame
Jouir d'un long bonheur; un enfant naît, ma foi!
Avant que Ton s'en doute, on a perdu l'emploi!
B
La Révolutien et see ^ets funestes!. . .
Mais que penseriei-Tons du jenne professeur?
A
D est aimable, mais le parti n'est meiDenr,
Car ses appointements sont encor bien modestes.
Le livre qu'il écrit, jamais un imprimeur
Ne voudra l'imprimer, et la faim à sa table
Met la nappe, cousine.
B
Oh oui! c'est lamentable!
Ld capitaine, alors V
A
Oh! pour ravaneement, '
Il peut y renoncer. Il a sa compagnie
Et n*im pas plus loin, et du licenelment
Iflt jeunet mariée Ini doivent on petit préeent, fénénleiient nae peUne,
nn olyet en fournira.
«Ce poème, dit M. Stœber, est, tant à canM de son contena, qu'i
came de U rapidité du dialogue, qni ne contient rien de trivial ni
d'incontenant, nn des minux réussis.»
Lop derniers vers contiennent une morale qae le tradactenr conseille
aux lecteurs de suivre.
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umm i»*Ai«Mi
Même il est menacéi
B
Mais, seigneur! je vous prie!
Qu'y a-t-il bien encor V Le jeune étudiant
Tbéologue?
A
Allons donc ! Un curé? mais vraimenti
Croyez- vous qu'une fille aimerait prendre un homme
Prêchant chaque dimanche et qui ne sait pas comme
On foit un pas de danse? Elles aiment le hal
fi
Et FaTocat, cousine?
A
Il est atteint du mal
De langueur, et la farce alors ne dure guère
Longtemps.
B
Mais l'accoucheur?. . . Ce serait bienTaffaire!
A
Oh non! pareil mari, cousine, ne Ttutrien,
Car en société Ton Tout se rendre, ou bien
N'importe oh: tout à coup à Totre porte on. sonne,
On vient tous prévenir soudain qu'une personne ■
Geint et se plaint Votre homme est forcé d'y courir,
La femme à la maison peut rester et gémir.
B
Mais un pharmacien?. . . J'en connais une paire. . .
A
Allons donc! des lécheurs de bocaux qui vont bâre
Des emplfttres : ah! pouh! slls n'allaient fabriquer
Bien que de llijrpocras, des pfttes pectorales?
Ë
Il y a les marchands, mais c'est bien se risquer
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UTrtRATinn FOraLAIRB Dl l*Al8ACB-UHmAIllB
Dans rien qu'un tour de main quelques rhutes fatales
Emportent leur honneur. Les aflaires vraiment
Vont maL L'argent est rare. On risque à tout moment
Qu'on vous prohibe telle ou telle marchandise.*
Aussi bien la plupart commencent trop en grand.
Par vaine gloriole, ils feront la sottise
D*aToir du tout meilleur. Les jeunes dames ont
Orand plaisir à cela, et la plupart se font
Draîner dans un carrosse» et se trouvent marries
D'épargner adz dépens de leur bouche. Un marchand
Commence-t-il alors, faisant modestement
Le détail, et vendant quelques épiceries,
Des boutons ët des gants, du fil et du coton.
On le méprise, on dit: «Grand Dieu, comment peut-on
Prendre uu mari pareil?» A moins quel'on nu puisse
En trouver un meilleur, et que Ton se roidisse.
Oui! Ton entend parler tous les jours sur ce ton.
A
Les avis sont divers. L*une trouve superbe
Ce que l'autre méprise, à croire le proverbe.
L'une tranquiHement et par toute saison
Va broder, tapisser, et tous les jours s*appfiq:iie
A foire des dessins ou bien de la musique.
Une antre aime bien mieux, parcourant sa maison,
Agir, et diriger un énorme ménage.
Une troisième enfin trouve beaucoup plus sage
De prendre un professeur. Mais à cette autre il faut
Un frinj^ant officier, pour parcourir la terre
Avec lui. L'autre enfin. vi>ant beaucoup moins haut.
Derrière son comptoir, au maj^asin, préfère
Tricoter, écouter les messieurs venant faire
' Allusion aux tyranniqucs exigences du système continenUJ qui
tiouTaient encore présentes à toutes les mémoires.
no BirUB D*AL8AC8
La causette. On ne peut consacrer au tricot
Le jour en son entier. F^t de rester assise
Ne viendra défraîchir ni son teint ni sa mise.
Elle a froid en hiver, niais bien chaud en été,
Et, cousine, pensez à Tar^'ent qui lui passe
Par les deux mains, et sans qu'un mari Tait compté.
Elle peut contenter ses désirs sans qu'on fasse
Le calcul de Targent qu'elle va dépenser.
B
Cousine, très bien diti mais allons-nous passer
Chaque condition, chaque état en revue?
Si nous réfléchissons, à partir d*aiqourd'hui,
Et jusqu*aprè8-denialn. Je crois que notre vue
Sera toujours qull finit, sans compter sur autrui.
Choisir diacnn pour soi, car c'est plus raisonnable.
Pousser au mariage, eh! c*est là s'eiposer
D*aToir des deux côtés remerctments du diable.
A la moindre dispute on viendra dégoiser
Contre vous, homme et femme. Ah ! faites épouser
Qui vous voudrez, pour moi je me crois bien plus sage
De ne jamais pousser personne au mariage.
BioE, la mai 1881.
XI
CONVERSATION TRËS SERKUSE
tenue entre trme/emmee de StroBbcnnirg, Madame DkHeham,
Madame Oaffurine et la eourins Sueanne. — Odknar, im-
primé chez J,-H, Decker, imprimeur royal, 1819. *
CATirERINE
Ah! Madame Dickhans, bonjour!
Est-ce qu'on se promène?
' Les antres bftvftrdages'des commères étaient rédigées ea pompeux
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LIRteATOU POrOLAIU M L*At8AaH.I»lAlia 911
DICKIIANS
Et VOUS? Vous faites votre tour?
Quel bon vent vous amène?
CÂTHBRDTB
Je Tiens du Bormon qa*on a Mi
lik-bas à Saînte-Anrèle.
Ah! quelle foule! on ]i*en pourrait
Faire un compte fidMe.
DICKIIANS
Ah! si c'était un peu plus près
J'aurais été rentendre.
£tant trop grosse, je craindrais
De me laisser surprendre
D'un coup de sang. Mais ditea-moi
Le siyet de ce prêche.
OATHBBnn
On a parlé, fort bien, ma foi,
De rhomme quand il pèche,
Et très bien décrit les remords
De notre conscience,
Blâmé les usuriers retors
Et leur grande impudence,
Montré comment rhomme d'argent
Vous achète, accapare
Les blés, et comment Tindigent
Aux griffes de Tavare
Se voyant voler et saigner
hexamètres. Celai-ci, qae M. Bergmann nttrihnn à Arnold, sautille
légèrement en tétramètres et trimètres iambiques. Il traite des malheurs
du temps, des accapareurs et usuriers, des banqueroutes, des chômages
des fabriques, de la loterie, de la superstition des paysans, de la chro-
nique scandaleuse, du rétablissement attendu de la conscription. La
Mtae M pMM 1818.
Par ces gens malhonnêtes»
Et ne pouvant plus rien gagner
Va se couvrir de dettes.
DI0KHAS8
Ah! c'est qu'il sait bien fostiger!
J'aurais vonltt l'entendre.
Maint jardinier et boulanger
Du sermon pouvait prendre
Sa part. . .
OÀTHERDIB
Ce n'est pas effrayant
Pour eux. Qu'on les échine,
lis mangeront leur tnendiant*
Et boiront leur chopine!
DIOKBAITB
La vie est difficfle, hélas!
Et grande est la misère !
Si bien qu'on cherche, l'on n'a pas
Le moindre ouvrage à fiûre.
CATHERINE
•Aux Quatre-Vents » ' chez le brasseur
Ayant fait le voyage
Mon homme n y put, o malheur I
Trouver le moindre ouvrage.
Sans le chômage Ton pourrait
Gagner dans les fabriques.
DIGKEÂHS
Oui! si le bon Dieu n'existait
On aurait les coliques,
De voir comme il faut su priver
Voir l'énigme à la fin de ce dialogae et sa solution.
Enseigna de brasserie.
UTTtRATDU NmAIRI M L*ALSàCB-U»IAIHI
De toute jouissance.
Mon mari voulait achever
Sa funeste existence.
On a des clients. De payer
Personne ne iaii mine.
oàthekihb
Sans eau comment donc un meunier
Ferartpilkfunne?
DICKHAîfS
U serait sui)j'rHu, ma foi!
De songer à la viande.
Sans café, dites, avec quoi
Ferait-on la gourmande?
CULTHBRm
Oh! Ton ne peut chez le boucher
Aller de la semaine.
J^avais de Targent à toucher.
Grftce à la bonne aubaine,
Je pris un rôti, tout petit :
Quarante sous! ma chère!
Et mon homme, irrité, m'en lit
Presqu'uue grosse affaire!
SÏÏZÀNKB
C'est un fameux terne, à propos
Que B&rwel vient d'abattre,
(Que n'ai-je pri& ces numéros 1)
Avec un, onze et quatre.
DICKHANB
Numéros six, quatorze et huit
Sont ceux sur qui j'arrête
Mes mises, engageant sans bruit
Le bel habit de fête
De mou mari. Puis je revends
RIVOI l»*ALBACI
Une taie à paillasse.
Dès qu'on vient rapporter, je prends
L'argent et je le place
Sur ces trois nombres.
SUZAIBS
Moi je crois
Que cette loterie
Est bien fatale! Que de foia
On s'en trouve marrie
Grand Dieu! mais il faut me hâter!
Onze heures ot demie!
DI0KHAV8
Oh! vous demei bien rester
Faire la cauaerie.
BUZÀJSnSK
Il faut rentrer!
DICKIUNS
Deux petits mots:
Avei-TOiis oui dire
Qa*aTec chevaux et chariots
UAllemaad se retire?
SUZANNE
Taisez- vous! ce serait trop beau!
Je n'ai pas confiance !
Chacun, pour dire du nouveau,
Ment avec impudence :
cBonaparte sur un liateau
S'est sauvé de son île.
Revenant de l'Inde, un vaisseau
L'a vttl» Quel bruit futile I
BIOKHASS
Ah ! qull y reste, celui-UL
UTTiBATURI fOPOUIU BB L*AUACB>LOtBAIllB
Oui! qu*oii nous en délivre!
Dans son tle on le munira
D*un peu de sayoïr-Tim.
Je n'aime les raisonnements!
Je hais la politique!
Cest vrai ! ça fait perdre le temps
Et paraît excentrique !
OATRBRINB
Bavarde ! un p^rand iournal n'est rien
Auprès de vous, ma dière.
Bien riche, je vous voudrais bien
Avoir comme l ommere
Ayant charge de raconter
Nouvelles et chroniques,
Et, quand on veille, de chanter
Des chansons et cantiques.
niOCRAVS
Ah! diantre ! j'allais oublier!
La chose est si coiaiiiue!
(Quelqu'un prit pour un sanglier
Un cochon domestique.
(XàTUBRISB
Ah ! pour un homme qui se dit
Si confit en sagesse,
n n*a pas fait preuve d*esprit,
Mais bien de maladresse.
SUZANNE
On a donné le mois dernier
A nos marionnettes,
ChaeuB a pu s*en égayer.
De fbrt belles sornettes :
«Mmm SèH». - 11- aoné*.
896 «BVira ft*ALSACB
C'était la feiiiine à Jean-Boudin *
Qui (le bœuf à la mode
Régalait ses f^alants. Mâtin !
Comme on vous accomode
Le prochain. C'était épatant,
On y crevait de rire.
Et chacun semblait très content
D*entendr8 ainsi médire.
DICKHAirS
Dieu! j'allais l'oublier. On voit
Partout la banqueroute.
Vous le savez. La Feuille doit
Le raconter sans doute.
CATHBBIHB
Un tel, qoi s'est terriblement
Embourbé dans la dette,
A bien des gens Tolant Fargent
A &it la pirouette.
SUZANNE
Gare à nos docteurs, car on dit
Que voici leur débâcle.
Dans Ottrott un garçon guérit,
Que c'est un vrai miracle. '
OATHEBOn
Oh! ce sont des mauvais plaisants
Qui parlent de ces cures.
Faites croire à des paysans
Ces sottes aventures.
* Jean Boudin, polichinelle.
• Ottrott est un bourg alsacien dans loqucl à cotte époque un certain
Bùêchelé ou Sébastien se livrait à ilen actes de charlatanisme dont l'un,
rapporté dans le dialogue, dut le mettre eu «fort mauvaise odeur.»
»
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LITT^ATURE POPULAIRE DE ALSACE- LORBAJNB 8S7
DIOKEAXB
Mon docteur, homme très saTant»
Dit: iMalgré ce qu*on beugle,
n rend la vue à Fimpotent,
Et la marche à l'aveugle U
SUZANNE
Il produirait en vous massant
Un effet magnétique,
De ceux qu'il vient toucher chassant
Rhumatisme et colique.
OATHBBUTB
Oui ! Birwel vint un jour me voir
La semaine dernière,
Et me racontant qu'un beau soir
Quelqu'un l'aurait fait faire
Coucher avec lui. Ce soir là
Ayant trop fait ripaille
11 aurait — salra venta — ♦
Souillé jambeb et paille.
DICKHAirS
Ah! quil est propre, le sorcier !
Quel drôle magnétismel
CATHKKLNK
Aussi pour(iuui donc se tier
A son charlatanisme y
Sirach dit que le Créateur
Créa la médecine :
CSonsultes donc un vrai docteur
Et non ces gens à mine
De singe.
' Sakn tmia. Mot latin adopté par le peuple : sauf votre indnlgenee
ou aanf Totre re^eet.
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188 uvm ft^usACB
SUZANNE
Midi ! mon mari
Doit avoir faim ! Ah! diable!
Nous travaillons sans apprenti:
U faut mettre la table.
OÀTHIBm
Vous liendres demain, B*il tous platt,
Car à la Inrasserie
Du •Pélican»' mon mari fait
Bien souvent sa partie.
Nous filerons. Je chaufferai
Du café. La consigne
£st qu'aussitôt que je pourrai
J'irai vous faire signe.
DIŒHUB
Ecoutes encore un moment^
Ifadame Catherine;
On parle de recrntement,
Groyes-Tons, ma cousine,
. Que Seppel,^ mon fils, rejoindra
Le corps, sans que ça tarde.
CATHERINE
Ça n'est pas encor. Ça viendrai
On va monter la garde,
Car j*entendB battre le tambour,
n finit rentrer bien vite.
DIOKHAKB
Allez donc. Mais si quelque jour
La chose s'accrédite,
Dites-le. Je l'enverrais bien
^ PiUcaiif enseigne de brasserie.
* Joseph.
URiRAIimB TCPOUIll M L'AUâO-UNUUIIII SW
Alors en Allemagne.
«Ck)imnent un gars coinine le mien
S'en irait en campagne, •
Dit son père, «avec un plumet.
Avec un pied de vache!»*
J*y mettrais mon dernier objet
Pour qa*oii me le relftche
En lui iMtyant un remplaçant
Nos vlgnea font l'affaire;
Quinze aipentsl mon maii consent
A les Tendre au beau-frère.
Grand Dieu! que les temps sont mauTais,
On prendrait bien U fuite!
Jusqu'à Grenoble je Toudrais
Me sauver tout de suite.
CATHERINE
Faites comme bien d'autres gens,
Laisses toute jactance,
Car raison, patience et temps
Bambneront la chance.
Bioz, le 19 mars 1881.
• 1VX»1 AL8A0I1HNS
Je nii vu hoamê «t p»«m «ft vieux
Et je n'ai dtas mk vie
De joaissance. Paarre gnenz.
Je demanflfi et je prie.
Oni! donnez quelques petits sous,
Bonnei gens, je prirai pour toiu.
* Fied de vadte, manière pittoresque de désigner le foail d'inDanterie.
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180
EBVUI D'aLSACB
Et puis on aime me manger,
Et ponrtiint je m'appelle
De mAmp. Au four tlii lioulanger
Oq me cuit. De cannelle,
De sucre on me saupoudre. Enfin
J« sois croqnant, mon goût est fia 1
Addition du traducteur
Il faut ([Mf' le lr> tour soit (uicore averti
Qu'eu buu français je suis un dessert assorti.
Bios, le 86 mars 1881.
Sdiitioii de Ohiilet Bendiird
AM «ONlfl^ inKhiâ ib la proie «iriMboi^^
Qui ne connatt Paris, capitale du monde,
Et qui, dans cette ville où toute chose abonde,
Ne connaît Kuopft'lfritz et n'a mangé chez lui
De Lewerknôpflesy qui? Non! je n'ose aujourd'hui
Qnettionser «insi, ear chacun, je le gage,
A daitt U grande viUa mi moins fait un voTafa,
Et tont Alsacien connaît» je le prétends»
Ce EnOpfelfriti qni TÎt an moins depuis cent ans.
n n'est pas dit pourtant que l 'i-^t toujours le mêai6^
Car, si Fritz est natif pour l'un de Schiltipheim,
L'autre le dit enfant de Hœnheim ou liischheim.
Je connais à Pariî^ un Strasbourgeois. Il aime
Aller riiez Knrtjifclfritz manfrer <le temps en temps
Choucroute et lard, ou Itieii di s Kiiuplles eucculents,
Ou des Knackwurst de Fiamm. Mais ce compatriote
Un certain jour de féte, infidèle à son hMe,
Allait se régaler dans nn bon restaurant
Près du Palais BoyaL On apporte à notre lunnme
La earte qu'il parcourt d'un «il distrait. Mais comme
n y voit tont à coup ce beau mot : Mendiant !
Il se dit: «Tiens! tiens! tiens! Dans notre dialecte
On dit un ]}> (tclmnnn ! Ah! bien! je me délecte
En me remémorant combien ma mère a fait
UTTÉRATURB POTOLAIU M L*A|LSiCB-U>RJUIflB
De ce plct, «aiployaat de petits pains an lait»
Ajoutant lait, beure, œnft, sana oublier cannelle
Ni mcn, ni grande eoina. Aneai les fiûaait^e
De fi^on que chacun de noua a^en régalidt.
De mea tempe de gamin ce sonvenir me touche,
Et rien qne d*y penser l'eau m'en vient à la bouche.
Ghurçont on t$mdiant />
n se frotte la miain,
Croyant ae régaler en apaisant sa faim.
Tout à coap le garçon Ini dit : «Monsieur, TOOi ètea
Servi ! » Tout en posant amandes et noisettes,
Fignes et raisins secs qui riaient du grund né
Que faisait tout à coup HamdaneV étonné
Que pensa le pays avec son ventre vide ?
Ghaeun peut le penser. Mais il fit le solide
Propoe de retowner, pour fidre sei repas
Ches EnOpSelfriti dont il connaît an moins les platal
Bios, le 26 mai 1881.
Ch. Besdillé.
' Jean-DanieL
REGLEMENTATION
FOIŒT COMUiNALE D'ALSACE
AUX XV ET XVr SIÈCLES
DOCUiMENT B
Ce document * forme un cahier en parchemin de SO centi-
mètres de haut sur 18 1/2 de large; c'est une copie vidîmée
du 14 novembre 1630, délivrée par Jean-Conrad Schupffiier,
greffier échevinal juré à Haguenau, qui Ta faite lui-même (in
Jiàm monte propria fran9eriipÊi£)\ ce document, d'après la
mention fidte à la fin de la table des matières, a été traduit de
l'allemand en firançais par Bircéder, à Colmar,le 3 juillet 1719
(probablement pour la maîtrise générale des eaux et forêts) ;
il contient la transcription littérale des divers statuts et
règlements arrêtés à différentes époques et calqués sur d'an-
ciens, sauf quelques changeuieiit.s et niuilitications appropriés
au temps, par les bourgmestres et maîtres de forêt à Tadjonc-
tion des notables des quatre coiniiiunes; ils sont relatifs aux
droits usagers, }\ la surveillance de la forêt d'Aspruch, aux
constructions et à l'entretien des bâtiments (rhabitation et
d'exploitation rurale ainsi qu'aux clôturo^ és& fermes et des
* Voir les livraisons des â« et 3« trimestres 1881.
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RâCtBMKITATKHf D'ONB fQÊÈt OOMMUNALB 288
champs, ù lu plantation (rarbres-chôncs par It s jounes habi-
tants venant d'arquérir lo droit de bourgoisie, à la soumission
aux sentences arbitrales des vin^d juires de la montagne, etc.
Ce vidimus commence jiar la copie d'un règlement fait le
premier vendredi après le nouvel an 1572 par les maîtres de
forêt, bourgmestres et notables des quatre communes, conte-
nant soixante-seize articles en dix rôles d'écriture allemande
de genre et style modernes, relatifs aux droits usagers de la
forêt et du pâturage, h 1 exploitation, à la vente et au par-
tage des produits forestiers, au partage des amendes de
contravention, et elle est suivie de ceUe d*un r^ement addi-
tionnel arrêté, en 1585, par les mattres de forêt et bourgmestres
des quatre villages réunis sur la montagne, rédigé en trois
articles concernant le transport et remploi du bois et la
manière de débiter les arbres trouvés gisants dans la forêt;
suit ensuite copie d'un autre règlement du mardi Uoct 1595,
arrêté entre les bourgmestres et les mattres de forêt avec la
participation des notables convoqués au son des cloches des
quatre villages, contenant des stipulations réglementaires
pour chacun de ces villages Sf'parèment au sujet des clôtures
par haies vives et palissades de rintéricur et de Textérieur
des localités; cinq pages d'écriture.
Suit copie de quatre pages d'écriture d'un règlement fait le
18 mai 1589 entre les noUibles députés des quatre villages
pour vider le conflit qui s'était élevé entre les maîtres de forêt
et les quatre communes, en fixant les conditions de ceux-là
pour ce qui concerne leurs salaires, leurs droits usagers en
matière de pâturage, de vente de bois, de partage d*amendes
de contraventions, etc.
Autre copie d'une transaction faite en 1601 devant les vingt
juges convoqués sur la montagne, les gobelets pleins en mains,
prononçant Ij^ sentence arbitrale sur les conflits qui s'étaient
élevés entre les quatre villages et 1* Tabbesse du monastère
de KOnlgsbradc, celle-ci y étant représentée par Gaspard
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SM uval D*AUACI
Heigell, son intendant de la maison et George David, au sig'et
du curage du lit de la rivière éUê AfUfMh dite Ahlosshaeh ou
canal de décharge, dans le ban et tinage des quatre villages,
travaux qu'ellv' avait fuit exécuter sans en avoir donné avis
aux quatre communes. 2" le gentilhomme Philippe de Flecken-
stein au sujet d'une contravention encourue par lui en
prenant dans la forêt TAspruch du bois pour palissades et des
branciiages pour clôtures des champs à Rôdern, détruits par
ceux de Hatten et rétablis par le seigneur; on a transigé au
si^et de Tamende avec les maîtres de forêt
Sur une page h part se trouve transcrite la formule du
serment de fidélité à prêter par les employés des quatre vil^
lages dont voici la traduction.
• Je jure d*avoir donné ma foi, d*aToir reçu mes instructions
que je soivrai en tont fidèlement, que Dieu et les saints Evan-
giles me viennent en aide. »
Le tout est terminé par une table des matières des soixante-
seize articles.
Sif.: Ha^nenan, le 15 novambM 1856,
Wkxokbb,
Ya et certifié conforme. Strasbourg, le 17 novembre 1856,
L'ArduTiate en chef du département,
SpArn.
Va par le Secrétaire gimt'ral de la Préfectore,
R&BOUL.
(OmM i» ta Bt^ûOmt,
I
RÈGLEMENT DE 1572
(76 ABIICLES)
A savoir,
lorsqu'on comptait depuis la naissance de • notre cher
Seigneur, le Christ, notre Sauveur, mfl cinq cent soixante-
douze années, le jeudi et le vendredi après le jour du nouvel
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BÈGUMOITATIOII D^UNE FOttT OOMMCRALI S86
an, le règhmient forestal ci-aprbs transcrit a vté fait par lus
honorables Arlio^'ast, Geort^e le jeune, waldmestru de Hatten;
Lilckhen, Henri, heiniboiirgue; Becht, Jacques, fils de Pierre;
Arboiïast, Jean, tous de Hatten; — Veillens, Humbrecht,
waldniestre; Pantter, Jean, heirabouffçue ; GiiemaD, Pierre;
Uoffel, (Ma)thunn, de Rittershoffea; — Peter, Jacques, wald-
mestre; Summer, Jean, beimbourgue; Summer, Marzolf;
Sturm, Thomas, de Niederbetschdorf; — Somer, Théobald,
waldmestre; Schafihaiisen, Thiband, heimbourgue; JOrg, Jean,
et André, Jean, d^Oberbetschdorf^
que les quatre communautés desdits villages réunies au son
des cloches en assemblée plénière avaient mandés et chargés
de faire le présent règlement selon llntérét de la forêt et
ramélioration du bien des quatre communes.
Art 1.
Celui qui est obligé de bÂtir une maison neuve, réclamera
le bois dont il aura besoin au waldmestre ou maître de forêt;
celui-ci lui donnera pour une maison à quatre pi{:^nons (étages)
douze pièces de boiâ de chêne et pas plus ; ' pour ce dont il
* «...der WaldmelBtersoIl Ihme gébenm efaieiiineigeblidieii haue,
iwOlf BtUck Eychen hols nnd nit mehr...»
Une maison à qiiaira pignons — «ein nergeblièlies Hans» — est une
maison de qaatre étages, de qvatre charpentes superposâmes à pignon
de bois saillant; les assemblages de poutres formant les iilancbcrs
viennent dVHaoïe en éta^rp s'appuyer, s'aff«'rinir sur le mur de piuruon
qui sert de ferme à la charpente et dont la pointe (jpinna mûri) porte
le haut du faitagc.
Le mot «Giebel>, aae. formes «Gébel, Gibel>, équirant donc id à
conUgHoHOf — le mot firançais eontignation n'a pas fiût fortune —, =
«OeUlk» chupente d*nn étage, étage : potlquam eontigitaltm «s« s U
ehiKpente foite; ^ler(iaiiieoii%MrftoiMmsB«n troisième étage. Bemar-
qnez aussi le sens de pignus au M. A . . . ecclesia tt «viigwofHm pignom
qui ibidem constructa »«n<; Tradit. Wzhff. n° 47.
Aujotird'hui «Giebel» ne désitfno plus, dans un l)àtiment, (\\ic pi^'iinii
et faîtage i pour étage on dit: «iStock, Stockwerk, Geachoss»; une mai-
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S86 llfUB 9*AUUŒ
aura besok en sus, il prendra du bols de hdtre on de pin ou
du boîs Bec quelconque, sur pied ou Yersé. Celai qui couperait
au delà du nombre d^arbres concédés paiera pour chaque
chêne coupé cinq livres stsbg. pour un grand «Einung»; les
forest.i<;rs et les waldniestres y veilltTont, etc.
Quand il ira couper son bois dans la forêt, le waldmestre
ou quel(|ue forestier l'accompagnera pour choisir ensemble
des arbres assortis.
2.
Celui qui voudra bfttir une maison neuve à trois éU^es *
réclamera le ])ois dont il aura besoin au waldmestre; celui-ci
lui accordera neuf pièces de bois de chêne, et ce dont il aura
besoin en sus, il le prendra en hêtre ou en bois sec quelconque;
quiconque coupe au-delà devient passible comme ci-dessus.
son de quatre pignons (cein viergeblich haas») est une maison com-
poiée ÛM T«m-àB-fikwuÊÊê» («Erdgeschon») et d'un premier (•exsten
8toelc*X en eoinnie dit le terrier de 1762 : «eine sweiitoekîge Behan-
rang». Sur lee 900 maiionB qu'il y avait à Hattea en ITfiS ; 100 sont
ditee «xwei>loekige9, 4 anderdialbitoekige» et 96 «einetoekige Behu-
snng».
La racine la pins propable du mot cQiebel» est Tanc. h^-all. «Gabala,
= «Gabol», furcd. fonrrho, cf. affnurchor; le nint frablo usit^ on Nor-
mandie pour faîtage d'une maison, no parait ^tre autre que le mot alle-
mand; cf. cependant le mot latin gabalus — ç.xo\x\ «Giebel» = sommet,
faite, ne se dit que des constructions; pour cime, sommet des objets de
la nature, on dit «Oipfel» ainsi des arbres, des montagnes. CL KtqiôXii
= tête; et le mot arabe pOd, on mienz igébd s montagne; 0eM4«ûv
Gibraltar, etc. Gibet = potence (^oMm) est nn «Giebd» dans n plna
simple expression composé d'un ou de deux poteaux et d'une poutre.
Oibelot (marine), bois courbe qui lie Tai^ipiille à l'étrave d'un vainean,
semble être le mot allemand lui-môme «Gabelholz»: — gabelle = gre-
nier où l'on vendait du sol (xvr s.) et gabeler = mettre le sol dans le
grenier pour le faire égoutter, se rattachent plus facilement à <Gebel»
qu'à *Gabe, Abgabe», = impôt
' «Ein Ney drey giblidi bans». Cf. IdDcnn,Tr9r«0r&Neh d. MM, Sfir,:
•Ein Hans soU drei Oebalk boch sein*.
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KtoUDOWTATlOII D*UIIB POftÉT COMITOVALB
»7
3.
Si quelque bourgeois des quatre villages voulait bâtir une
maison et qu'il voulût la faire construire sans (poutre?) bal-
con,^ «ohne Bolken», il coupera neuf pièces de chênes, et pour
ce dont il aura besoin en sus, il coupera du bois de hêtre ou
de pin ou du bois sec quelconque sous ladite peine.
4.
Celui qui se trouve dans la nécessité de bâtir une grange à
quatre étages' doit demander le bois dont il aura besoin au
au waldmcstrc; le walduiestre lui donnera neuf pièces de
chênes, et pas plus, et ce dont il aura besoin en outre, il
pourra le couper en hêtre, pin ou le prendre dans les abatis
ou en bois sec, sur pied ou versé. Celui qui outre-passe la
concession rompt, pour chaque chêne coupé, cinq livres pour
un grand « Ëinung >. Les forestiers et les waldmestres veille-
ront sur cet article.
6.
Celui qui aurait besoin d'une grange à trois étages* deman-
dera le bois qu'il lui faudra au waldmestre, qui lui donnera
sis pièces de bois de chêne et le surplus en hêtre, pin ou en
bois sec quelconque. Celui qui outre-passe la concession
rompt conune ci-dessus.
6.
Bans le cas que quelqu'un voulût ^jouter à sa maison ou à sa
' Let mUw Mmteiiaiit les pluehen fonnaient mtnfois lailUe rar
la anir da pignon inf&rieor, ai lai étagas i'élaiglmiant d'autant dn
côté de la rue an fbimant «balcon» laa nna av-deiana daa antrai.
' «cin Naw fiaigablich Beh^».
Les assemblages de poutres, au-dessus de l'aire, dont les deux extré-
mités s'apixiicnf sur les pignons et qui forment des planchers où sont
entassées les gerbeb, etc., se disent dans le langage du pays : «Geww'ràt?
' «Item iat einer nothdllrftig eiuer îieuen dreigeblicheii Scheuren >
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SHI8 UTOB d'aliaci
prange un (5tase neuf,' il demandera le bois nécessaire au
waldme,strc, qui lui doimiTa pour uu éta^e- trois pièces de
bois de cht^ne, et pa.> jilus. v\ le reste en hêtre, pin ou bois sec,
quelcoïKjue ; celui qui né'^^liL'e ce rt'Lilciiirnt rompt, s'il e>t
découvert, pour chaque chêne coupé cinq livres ou la grande
amende.
7.
Celui qui Youdra rempltcer un vieux bâtiment par un neuf^
doit employer à ce dernier tout le bois de Tancien en état de
servir eneore,' afin d*en couper d'autant moins dans la fordt;
les waldmestres se feront donner làrdessus sa parole à la place
de serment Celui qui ne suivrait pas ce règlement, rompt
cinq livres ou la grande amende, irrémissiblement et chaque
bourgeois, aussi bien que les waldmestres et les gardes fores-
tiers, devront y veiller.
8.
Le bourgeois des quatre villa'^es qui voudra bâtir une
étable doit demander le bois dont il aura besoin an wald-
raestre; le waldmestre lui donnera pour cet usage, non pas
du bois de chêne, mais du bois de hêtre ou de pin ou du bois
sec ou du bois pris dans les abatis. Celui qui ne s^ conforme
pas rompt, s*il est découvert, un grand «Einong»; les wald-
mestres, forestiers et un chacun devront y veiller.
9.
Celui qui aura besoin de bois de construction est tenu
d'employer À sa bâtisse tout ce qui parmi le bois coupé dans
' «Einen Ncticn Gcbell».
• «zu cinem (Tcbel»,
• «was vor ( fur) Vorholz», = bois de chêne dans les murs extérieurs?
boifl de galaudise, comme on disait au xvm* siècle.
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RftGLBMBIlTATHHI D'un fWtt OOMMIIRALB S89
les abatis faites sur le devant ou le derrière de la forêt,' peut
bien lui servir soit pour jambages de portes ou de fenêtres,
soit ])our tout autre usage. Quiconque néglige de s'y conformer,
encourt, s'il est découvert, la grande amende. Les forestiers,
waldmeâtres et un chacun des quatre vUlagei> y veilleront.
10.
Celui qui demande au waldmestre le bois de construction
dont H a besoin, lui promettra sur parole de le couper selon
l'intérêt de la forêt
11.
Les waldmestres ne doiTent pas accorder du bois pour bâtir
entre le jour de Pannondation de la Vierge* (25 mars) et la
SaintrGall (16 octobre); ce n'est qu'après la Saint-GkiU et
jusqu'au dit jour de la Vierge qu ou pourra en couper ; si
cependant quelqu'un était obligé de faire des réparations
urgentes à son vieux bâtiment, il pourra en couper à toute
époque. Celui qui en coupe dans Tintervalle interdit, encourt
la grande amende.
12.
Celui (lui serait obligé de réparer sa maison ou sa grange
devra demander au waldmestre le bois nécessaire; le wald-
mestre ira avec lui i)our voir ce qu'il lui faut de bois et il lui
donnera pour seuils et maîtres-poteaux du chêne et pour le
reste du bêtre, du pin ou du mort-bois quelconque. Le wald-
mestre préviendra le garde forestier des pièces accordées ;
* «Waa einer flndt under dem abgehawen, es sey hinten oder yornen
in den Aftcrachlagen» — abatis faits lo long des limites â l'est et à
l'ouest de la forêt? au nord et au sad il y avait des rivières servant de
limites.
* «nnser fraaentag Eleibong». Yoy. Doc. A. 16. Nota. Bevuty t. X*,
*pp.2Mà946.
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940 ftBvoB d'alsacb
celui qui coupe au delà de la concession} encourt, s'il est
découvert, la grande amende.
13.
Celui qui aurait besoin d enlraits' pour sa vieille maison
pourra couper un chêne pour la ]M)utrc et le reste dont il
aura besoin, il le prendra en hêtre ou en mort-bois (juel-
con([ue. Couper en chêne plu^ que la poutre, entraîne la
grande amende.
14.
Celui (jui il l'avenir laisse le l)ois de construction qu'il a
coupé au delà d'un an et un jour ddu> la turêt au Vwu de l'em-
ployer, encourt pour chaque chêne coupé cinq livres et pour
chaque hêtre ou pin six schillings stsb^. d'amende. Mais j)er-
sounc des quatre villages ne doit, ni avant ni après qu unc
année et un jour soient révolus, toucher ou enlever de ce bois,
dont on disposera de la manière suivante: le premier qui
voudra bâtir reccNTa du waldmestre tout ce qui de ce bois
peut lui servir de bois de construction, et remploiera selon
les indications du waldmestre. Celui qui ne le fait pas encourt,
8*il est dénoncé, la grande amende.
15.
Personne ne doit plus couper à Tavenir de jeunes tiges pour
lattes' ni pour un vieux b&timent, ni pour un bâtiment neuf.
Quicon^e en coupe encore encourt, sll est dénoncé, une
amende de six schillings pour chaque hêtre coupé ; mais il
* «Item, ÎBt einer nothdôrfkig eines Schweben Gebels». cSchvebe
Oebel* et «Schebe Gebel>. A. 88. sont dei expreasions ineoimiieB aqj.
<— > «Sdiweben» s être nupendu, planer; «8clidNB»?e£«»£n7=B^^^
d'où : étage, anc. estage = couvertarc, toit, le férme^ dent les entndts
sont les maltresses-piAcos ; auj. «Kcîdfîcbiilk».
* «Iieni. Es soll anch iiun i'urterhin keiner mehr Lattstangen bauen
ans biechen £rtkiiaeuâtaogcn. . . >
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lÈfitmiHTATM» D'tmi roBir comiimALB Ht
pourra couper du charme ou de l'aulne. Les foreâtiers et les
waldmestres y veilleront.
Dorénavant personne ne doit plus couper de jeunes liêtres
pour arbres ou poutres servant à charger les ehariots, ni pour
étrésillons, leviers, appuis, crocs, curons,' ni de jeunes pins;
quiconque en coupe encore rompt, s'il est découvert, pour
chaque arl)re coupé quatre schillinj^s, dont deux au rappor-
teur et deux aux quatre communes. Les forestiers, wald-
mestres et un chacun devront y veiller.
17.
Si à l'avenir un bourgeois domicilié* des quatre villages
osait rompre un «Ëinung» et q^u'U coupât du hêtre, il rompt,
s'il est attrapé, six schillings par arhre coupé.' Si on ne le
surprend pas en flagrant délit, mais qu'on l'attrape en ront^
soit dans la forêt, soit en dehors dans quelque endroit encore
soumis à la surveillance des gardes, et que le surveillant qui
Tarrête le soupçonne d*avoir coupé même plus d*ttn arbre,
et que le délinquant le nie, ils doivent sur le champ revenir
ensemble, guidés par les traces des roues de la voiture, sur le
terrain de la coupe et vérifier le fait' Un chacun et les fores-
tiers et waldmestres y veilleront Deux schillings au rappor-
teur et quatre schillingiB aux eommunes.
la
A l'avenir les charrons ne doivent plus couper de jeunes
' «Ladbaeum, Spriessstang, Hebell, Lcn, ITackhen, Reuttel>.
* «Item, wcr os dasa non fOrterhin ein ingeaesseaer Barger. . . ein
£îinun^ wul'Oh wirdt'».
* «au jedem Stumpf dcn or mocht», expTMBioQ habituelle du Doc, =s
pour chaque souche qu'il fiût.
« «nff di« Walitadt gahn and dia beaichtigMi».
lf<Mifttlte8éito.~liraué«. 16
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9ia llfOB D*Ai8ACi
hêtres pour jantes, ' ni faire des jantes dans la forêt Le con-
trevenant rompt, s'il est découvert, une livre stsbg. par souche
ou par arbre coupé. Lcb forestiers, waldmestres et un chacun
auront à y veiller.
19.
Si un diarron coupe du bois pour «esses» (ais, rais,' etc.) et
qu^il soit découvert, il rompt pour chaque arhre coupé six
schillings. Les forestiers, waldmestres et un chacun auront &
y veiller.
20.
Celui qui fabriquerait des jantes* dans sa cour sans être
charron, roni])t un «Einung» d*une livre stsbg. — Hais, char-
ron ou non, on ne doit pas non plus en fabriquer dans la
forêt, fût-on même allé chercher le bois dans d'autres forêts,
sous peine de ladite amende. Les forestiers et les waldmestres
y veilleront
Personne ne doit plus à Tavenir couper de hêtre pour maie, ^
celui qui en dédain de ce règlement en coupe encore rompt
une livre stsbg. Les forestiers, waldmestres et un chacun des
quati e villages y veilleront
' «FelgeinUuig abhawta et Fdgen Madwii» = 1° jante (absis) ;
S« hene (ceea), «Felgenstang» pour toatat lu groiut pièoM de cher^
ronnage.
* «Item, 80 ein Wagner Essen hawet» ov comme dit le BegitCre
art. 20. «Esscn macht*, les petites pièces de charroimage serrant 4
relier les grandes, XcUe^ qne rais, aissolinrs, ais, barreaux, échelons;
de assis, ariculus, axis, «cm»'. Le Rej^istre, art. lî>, porte: «von den
Eslcn»(?) cf. l'anc. haise (hesia) — porte à treillis; et le mot normand
h&isier — ridelle («Wagenleiter-»).
' Le texte dit «Felgen>, le Registre «Essai».
« cMalde» (moetra) huche on pétrin, cofflre oh Ton p6trit le pain,
fynaé alors d'un senl tnmcon de hêtre creué.
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IIGLBIIDIUTMMI D'OUI mÉf COMMiniAll MB
23.
Celui qui a besoin d*une mangeoire* s'adressera au wald-
mestre qui ira avec lui pour voir quelle mangeoire il lui faut
et lui a.ssifînera un liètre en conséquence; mais s'il lui fallait
une mangeoire de moins de douze pieds de long, il ne lui don-
nera pas de hêtre. Quiconque dédaigne cet article rompt, s'il
est découvert, une livre. Les forestiers, waidmestres et un
chacun y veilleront.
23.
A l'avenir on n'abattra plus de hêtres pour en faire des
bancs et des chaises de bois; celui qui en coupe encore rompt
une livre deniers. Les waldmestres, forestiers et un cliacun y
veilleront
24.
Céltti qui aunit besoin d\ui pointai* (dHine lambourde?)
pour sa vieille maison devra s'adresser au waldmestre qui lui
donnera un hêtre assorti; mais s'il ne l'emploie pas à l usage
indiqué et qu'on le découvre, il rompt six schillings stsbg.Lea
forestiers, waldmestres et un chacun devront y veiller.
26.
Celui qui aurait besoin d'un escalier s'adressera au maître
* D'une seule pièce de Lètre creusé.
' «Item, ist eincr nothdurftig in ein ait haus eiaen Deisadrome. . . =s
Sifitzbalken, Hebebalken». «drom* se disait en allemand da zti* Biède
pourdram, tramspcmtM, dn lat. Iraftt; «tnunbanm» s grone poutre.
En français la drome désigne dans les grandes forges la pièee de ehar-
pente la plus forte de celles qui sonlienneni le marteau : «TTnterlage
des Haauaers». — <Dciss> : de «âei'Ben>? = cnler, t. de mar.; indkiart^
etc. cf. la culée ou butée (d'urc-boutant) = pilier, cf. la dosae, grosse
planche dont on se sert dans les mines pour soutenir des ouvrages de
terre, etc., du lat. barbare dossium et dossum pour dorgum — dos; —
ddossier et dai9= «Thron-, Schutz-Uimmel, -Decke», de diaau =table.
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914 Bim »*AUACi
de fordt qui loi donnera an hêtre pour Técliiffi^, mais point
pour les marches; six schillings d*amende à payer par celui
qui couperait au delà. Les forestiers, waldmestres et uu cha-
cun y veilleront.
26.
Un arbre-chêne qui, encore bon,^ aurait été abattu par
n^importe qui, moyennant la cognée ou le feu, ne doit être
tranché par personne ayant un an et un jour révolus; mais
si dans le courant de l'année quelqu'un demandait du bois do
constriu tioa on lui rcuit ltra tout le bois pouvant encore ser-
vir tant (les branches que du tronc- de cet arbre pour qu'il
l'emploie à sa bâtisse afin de ménager les autres arbn-s de la
forôt. Celui qui n'observe pas cet article encourt, s'il est
dénoncé, la grande amende, hoa forestiers et waldmeâtres y
veilleront
27.
Et celui qu! incendie ou coupe par méchanceté un arbre
encore verf encourt, s'il est découvert, la c;rande anieude.
Les forestiers, waidmestres et uu cliacuu y veilleront.
28.
Aucun bourgeois ne doit plus îl l'avenir couper du bois
pour tïiLs de tonneau:' si quelqu'un eu coupe et qu'il soit
dénoncé, il rompt un uEinung» dans sa cour^ qui est de
cinq livres. Forestiers et waidmestres y veilleront.
' «Item. Wann ptnor nunf&rterhin ein Eychbaam ablumei odar ab-
rendt, so noch riii!;l»ar ist».
* «und was vor (fiU*) holz von Zclchen oder selbloch za verbauen
nUtzlich''.
' «wo einer. . . mitthwiUlgenrdii flinta rOgbareii baurn MuQiidt odtr
abhawet*...
* fFaaibodeB hawen». — ' «mU er im Hofo eia ESniing breohttii,
DMnbliclien ftnf Fftmd».
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BtelAMINTATIOIt D'UNE FOaâT COMMUNALE 916
29.
Le toimelier qui fabrique dos fûts dans sa cour devra donner
an waldmestre qui surviendrait sa parole qu'il les fabrique
pour son propre compte; celui d'ailleurs qui, tonnelier ou non,
exporte des fftts* sera privé de toute jouissance de la fordt.
Que Ton sache donc bien s*en garder, car les forestiers et les
waldmestres ainsi qu*ttn chacun des quatre villages y veille-
ront.
30.
Nul ne doit exporter du territoire des quatre villages des
ustensiles, quels qu'ils soient, &its de bois provenant de
PAspruch. Le contrevenant encourt, sil est dénoncé, la grande
amende. Les waldmestres, forestiers et un chacun auront à y
veiller.
31.
A l'avenir si un arbre-chône tombe à terre et qu'il se tron-
çonne facilement,* le premier bour-^eois des quatre villages
qui surviendra aura le droit de couper un tronçon qui n'aura
pas plus de sept pieds de lon-^; mais il ne lui est pas permis
d'eu couper un second tronçon ni de cet arltre, ni d'aucun
autre arbre, tant qu'il n'aura pas transporté le premier tron-
çon chez lui. Survient-il en attendant un autre bourgeois, il lui
sera également permis de couper dudit chêne un pareil tron-
çon, mais pas plus; celui qui en coupe davantage encourt la
grande amende.
Personne ne devra trancher le tronçon d*un autre «bour-
geois», sous peine d*une livre deniers d'amende. Les forestiers,
waldmestres et un chacun y veilleront
^ «fUuri einer flbar daa boden aw^ Er sey Kleffer oder keiaer».
* 31. «Item. Weua nvaftriher eia Ey«shb«iim vmbfidlat nnd Guth sa
venchzotben*...
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UTUI D*AL8ACK
32.
Pour ce qui est du branchage du chône chablé et des chablis
en gént^ral, on pourra, si l'on en trouve, en façonner et
transporter chez soi une voiture ou une cliarrette pleine;
après quoi on pourra revenir pour façonner et enlever ce que
l'on trouve encore; niais il e>t interdit de laisser des domes-
tiques dans la forêt pour façonner de ce bois eu attendant
qu'on revienne avec la voiture. Si Ton n'avait pas de voiture
arec soi on pourra fiiçonner une voie de chablis et rempiler
en attendant qu'on en trouve une sans que personne puisse
enlever de ce bois ; mais si l'on en façonne plus d'un charretée,
le premier venu aura le droit de Tenlever sur sa charrette.
Si parmi les chablis on trouve du bois utile» il faut le couper
par les deux extrémités; celui qui né(^ de le fidre, encourt,
B*il est découvert, une amende de six schillings; les forestiers
et les waldmestres seuls en jugeront; et Ton est tenu d*6ni-
ployer ce bois dans les deux ans, sous peine de rompre un
«Einung» dans la cour ou la grande amende: les forestiers et
waldmestres en jugeront également
33 6.
Si un citoyen trouve un arbre chablé donnant du bois do
charronnage et du bois de construction, ' il n'a le droit d'en
couper que l'un ou l'autre, le bois de charronnage seul ou le
bois de constriu tion seul. Celui qui ne se conforme pas à ce
règlement encourt, s'il est découvert la grande amende. Les
forestiers et waldmestres seuls en jugeront
33.
Cehii qui à l'avenir abattra un arbre sec doit, avant d'en
' «Schrot und auch Bawholz».
Dans le texte allemand cet art. 326 se trouTe, saos avoir de n^, entre
les art 34 et 36.
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RÈGLEMEIfTATION D'UNB PORÉT OOmitnrALB
947
abattre un second, trancher le premier et le transporter chez
loi; s'il le laisse sur place sans le trancher, le premier venu
aura le droit de le trancher. Celui qui, en dédain du présent
règlement, abattrait plus d'un arbre sec à U fois, paiera une
livre d'amende. Les iorestiers et waldmestres y veilleront.
Mais si qaelqu^un loi tranchait son arbre tant que la tdte
n*en aura pas été tranchée, ' il rompt une livre deniers.
84.
Nul ne doit plus à l'avenir cou|)er des perches ni branchages
de charme^ entre la Saint-Matliiiis (24: janvier) et le huitième
jour après la Saint-Michel (c'est à dire le 7 octi)bri'): qui-
conque ne s'y conforme pas et en coupe dans cet intervalle,
rompt quatro schlUings stsbg. Les forestiers et waldmestres y
veilleront
35.
Pour étais (échalas) ou rames' on ne doit plus couper à
Tavenir du charme, ni des pieds d'aulnes, d'ormes blancs,
d'érables communs, de grands frdnes; ce n*est que pour
perches et branchages que Ton pourra couper des branches
desdits arbres;* quiconque coupe encore de pareilleB jeunes
arbres par le pied' rompt, sll est découvert, quatre schillings
stsbg. Les forestiers et waldmestres auront à y veiller.
86.
Pour fagots d'échaliers on ne doit plus couper à l'avenir n
rameaux, ni tigilles des essences qui viennent d'être énu-
* >an dieweQ dis Tordenchrot nit hinw^ iH».
* «hcimbucheo Stangen oder Gertton hawea».
* •heimbuchin arm oder Stcckh»,
* «mas; einpr wol droh baweni),
* «welcher also mehr deren stekb vff dem Grandi abhawet».
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S48
EIVUB D'ALSACB
méréee;* Gèlni qui en coupe eneore nmpt, B*fl est dénoncé,
quatre BchiUingB stsbg. On prendra pour cela les branches ou
ramilles que Ton trouve par terre.' Les forestiers et waid-
mestres y veilleront
87.
Nul ne doit plus couper à ravenir des pieds d'épines blanches
pour le feu, mais bien pour clôtures ou haies entrelacées.*
Celui qui en coupe encore pour le feu rompt, s'il est décou-
vert, deux schillings stsbg. Les forestiers et waldinestros y
veilleront Au rapporteur un hàU et deux batz' aux com-
munes.
88.
On ne doit plus non plus couper dans la forêt des harts à
lier (par bottes) le seigle et le lin;'' celui que Ton y surprend
rompt, s'il est d(?noncé, quatre schiUings. Les forestiers et
waldmestreâ auront à y veiller.
39.
Si quelqu*un de nimporte lequel des quatre villages risquait
un cEinungt* sur l*un ou l'autre des points et articles qui
précèdent ou qui suivent, il rompt autant d'<£inung» qu'il
* «hein Zvadeckweneii méhr vff lest eneUten StOcUi«ii Iwwen, aneh
jkeiiio Bit ftnf der Etàtm: «Welle» s javelle (capnOuê, d'où: eqMBa).
' «Bchwankhen se vff der erden ligen» (= brandes).
' «aber sonst zn zienen oder bag zu bingen». «bingenay ef. «Bann»,
mha. «bûne» (= risberme) et benne.
* 3 batz = 2 schillings; le batz = 2/3 de schilling ou 8 pf., valait
en 1572 à Strasbourg, 0 fr. 32. 15 batz = 1 florin de 60 kzr.
' «Korn- oder Flachs-Wiedo».
* «ein Biniug wogen wiidt» ... der verbrielit àb maaehee OeBehflrr
er liât, es Bey Wagea od«r ^ureh, als manchen EUniûg lud wîrdt einer
de» BMlilt erwiidit, verbridit (die Einong nreifidltig». e£ «Bcbiff nad
fleiehftrr» » atdnil, équipage.
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t
RÊGLEMBMÀTION D'UMfi FORÊT CONJIUNÀLK 919
atura d'attiraOs Boit Toiture ou charrette, et si on rattrape de
nuit, U doublera Famende.
L'alioriiement sur le devant et le derrière (de la forêt) doit
de nouveau et chaque fois être respecté aussi loin qu'on aura
aborné. ' Lca forestiers, waldmestres et un chacun auront à y
veiller.
« Item. Das Loch hinten nnd Yomen soll wieder in
firieden liegen 80 weit es ge]odi(t?) wirdt; darûber
Bollen ruegen die iftrster WàldmeiBter, auch menigli-
chen der vier Dôrfer».
' cf. Fetme, t. X, p. 245 — 246. A. 18, ofi j'ai donné une iradaction
différente de ce passage. Le Registre (40) dit : *toq den Lochen» ; or,
«Loeben» qn*sm zvm* siècle on écrivait «Lobes» dans le procèa-verbal
de délimitotioii de PAapnuh, tigidile bornea, pierres-boniei, arbres»
bornes; «das Locb» serait donc rensemble des bornes; le bornage
paraît avoir consisté non-senlement à marquer les arbres-bornes on à
poser les pierrcs-bomes, mais aussi à dégager, à mettre en évidence
ces bornes entre dcnx for^'ls limitrophes surtout, en fidsant le long
de la limite, des abatis, une \au'. cf. A. 4. B. 'J. etc.
Lors de la révision des bornas, en 17.'iG, on rencontra en différents
endroits sur l'est de la forêt une double rangée de pierres-borues à 18,
90 et 30 pieds et plus, d'écartement l*vne de Faitire et en ce cas la
ligne de délimitation se tronvait à égale distance des denx rangées de
bornes «nnd gebt der scbeid bier mitten dnreh», est-fl dit dans le procès-
▼erbaL C'est comme si un ancien chemin, nne laie y vnât passé, cf.
Tari. 46, snr U délimitation de la propriété et m. 1. sur celle de la
banlieue.
On n'avait besoin de bornes pour l'Aspruch que sur le devant et le
derrière, c'est à dire à Test et à l'ouest de la fortM, pour assurer la
limite ici contre les terrains cultivés des villages et l'Esscnbusch, là
contre les forèls attenantes. An Nord et an Sud la Selz et la Sure, for-
maient des limites naturelles suffisantes.
L*sbomement le plus important était celni du cété est de la forêt
oft TAspnicb touchait dans toute sa largeur de six Ulométies, de We-
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S60
Um S*AL8AGB
41.
Dorénavant personne ne doit plus exporter du territoire
des quatre communes des branchages pour en enclore ses
terres dans d'autres banlieues. Quicouqu ■ exporte ou emploie
dos branchages pour clôtures dans quelque autre ban encourt,
si on apprend jamais qu'ils proviennent de TAspruch, une
amende de trente schillings stsbg., tout comme si on le sur-
prend sur le fait (d'exportation).
Que Ton sache donc bien s'en garder, car un chacun, les
forestiers et waldmestres ont à y veiller et à dénoncer le con-
trevenant n revient de cette amende: cinq schillings au rap-
porteur, cinq schillings aux waldmestres dans leur propre
bourse et une livre aux quatre communes.
42.
Personne des quatre villages ne doit exporter du bois quel-
conque de ces villages dans d'autres villages, ni bois de
chauffage, ni bois de construction provenant de TAspruch.
Quiconque le fait devient passible de la grande amende. Les
forestiers, waldmestres et un chacun y veilleront.
derrOdern à KOnigsbruck de la Selz à la Sure, aux foivts de Rodcrn. de
Selz (aujourd'hui à l'hospice civile de Strasbourg sous le lunii do forêt
de Kesseldorf), de Forstfeld et de Kônigsbruck; aussi i^uand vers la
fin du X* siècle l'impératrice Adélaïde fonda son monaitère de Sebc,
avae us territoire considArable nur les deux rivet dn Rhin, entre
Hattea et BaetetI, de Boppenheim à Uoihem, tAi-cn fixé la limite
d'âTM Hatlen on l'Aiproch, par deux graadea piwm-boniei, dont
Henogi BOUS le nom de «Sanet-Adelhelts Siein», nous indique approxi-
mativement l'emplacement et que mentionne la constitution de Selz
renouvelée en 1310 loiu le nom de «Hattemer Siein», on pierre-borne
de Hatten.
Les limites est, nord et sad de l'Aspruch, étaient en même temps
cellee de randenne province dite Hattgau et étaient placées comme
léUii sont la tarveillaBce de l'idninielntioB du bailliage de Hatten.
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RÈGLBMBMTATION D^UMB VOBÉT OOMMUNALE
S61
43.
Celui qui n'a pas le droit de bourgeoisie dans Tun des quatre
villages, n'a pas le droit d'aller avec une voiture dans la forêt
chcrdior du bois; s'il a du bois à y prendre, il faut qu'il en
charge un des liourgeois, moyennant paiement
Quiconque n'étant pas bourgeois irait dans la forêt avec
voiture rompt, comme d'ancienne date, cinq livres stsbg. Les
forestiers, waldmestres et un diacun auront à y veiller.
44.
Quiconque, n'ayant pas le droit de bourgeoisie, enverrait
ses bêtes en pâturage dans la forêt, que ce soient vaches,
chevaux ou porcs, encourt, s'il est dénoncé, la grande amende.
Les forestiers, waldmestres et un chacun y veilleront
45.
Aucun bourgeois étranger ne ddt à ravenir transporter du
bois proTenant de forêts étrangères, sur le terrain des quatre
communes pour Vj fàçonner et charger,* sous pdne de trente
schillings stsbg., dont dix au rapporteur et vingt aui comr
muncB. Les forestiers et waldmestres ont à y veiller.
46.
Personne des quatre villages ne doit enclore le Jardinet
quHl aurait dans sa propriété (prbs de sa maison) avec des
branchages do l'Aspruch; il pourra cependant faire une haie
de branchages autour de sa propriété dans la ligne de démar-
cation^ pourvu qu'il coupe cou branchages à l'époque près-
* «Es loll aach kein AasbaneriBcber mehr hoUi vff dervier Oemein-
den grondt, au «ndern W&ldarn dngan, andt keinas ait daraff ftllan,
oder ladon.» «Wden; propremaat abattre? le ftire tomber rar le lenrî-
toire des quatre commones en l'abattant sur la frontière?
* Proprement: danq l'intervalle des deux limites: «aber zineobea
den scbeiden, an einer ho&eittea Borner, mag einer wol auiea».
crite, les façonne et utilise avant la Pentecôte, car celui qui
après cette époque aurait encore des branchages non employés,
rompt quatre schillings et autant s'il n'observe pas le temps
prescrit pour la coupe. Les forestiers et waldmestres devront
y veiller.
47.
Celui qui aurait besoin d*0Bier à dayonnage pour murs de
torchis,' doit eu demander au waldmestre; quiconque en
coupe encore sans ravoir demandé, sera passible dhine amende
de quatre schillings stsbg. Les forestiers et waldmestres sont
tenus d'y veiller.
48.
Les waldmestres doivent aussi vendre comme jusqu'ici des
pieds d arbres à l'enchère aussi cher qu'ils pourront ou qu'ils
voudront
«Item. Die Waldmeister soUen auch stem Terkan-
fen, also bisher und geben vistdgung so teuer sie
kOnnen oder mOgem.
49.
Aux règlements concernant le bois de chêne, il faut ajouter
le suivant: Celui qui charrie du bois de chêne (indûment
coupé) dans Pun des quatre villages, rompt dix schillings au
waldmestre, qui en tiendra compte aux quatre communes; et
dix schillings aux valets avec pourboire,' et il traitera en outre
avec chaque village en particulier au si^et d*une livre stsbg.
* «deckgertteD odar Zingwtten m Kleywenden = Fadigerten m
LeluBirlDdfln». «Klei as argile; branchages pour mur de bonsillage.
* aniid lehn ichilling dcn Kncchten nnd inag mit den KnechtMl aa
gnad koroman». . . cf. art 50 et 6fi^ et p. 89. = pajrer et vider an Terre
avec eux.
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BfeBLBIlBIlTAnOW B'DBB KÊÊt CDHMIIN AU 388
Quant aux petites amendes touchant le hC'tre et autres, on
les partagera de la manière suivante : Si ramendc est d'une
livre, les communes en recevront quinze schillings et le rap-
porteur cinq schillings ; si elle est de six schillings, les com-
munes en toucheront quatre et les valets deux ; Tamende de
de quatre schillings appartient pour deux schillings aux com-
munes et pour deux aux Talets, auxquels il revient un
pourboire.*
51.
Les bourgeois étrangers et les ontre-passes rompent, eomme
d*ancienne date, cinq livres stsbg.
52.
Notre forêt a aussi la franchise qu'on peut y aller recueillir
le boi^ perdu.
63.
Les waldmestres ont aussi à faire rentrer le produit de
toutes leurs ventes et celui des amendes;- ils en paieront aux
valets leurs gages et le dimanche qui suit la Saint-Marc
l'Evangéliste ( 25 avril ) ils rendront compte aux heim-
bourgues de toutes les transactions qu'ils ont faites dans
le coui-ant de Tannée (Jhucuu d'eux recevra pour récom-
pense deux parts de droits de glandée quand il y aura partage
et dix scliillings stsbg.'
^ «nnd swen daa Kiediten nnd lug mit dea daoliten an gaad
kommcu».
• «Verkauf und EinungeD inbringen».
• «und soll jcder haben, zwcy Schwein Eckher recht, wann dio
Eckhcr umgetheilt werden; Aach zelm îicliilliiig Strassborger fûr sein
belohnuDg».
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964
Mm DALSACI
54.
Qaand les bourgeois des quatre dits TiUages charrient des
fagots ou des perches dans les chemins (défoncés), aucun d'eux
ne doit eu emporter avec lui à la maison ; il faut au contraire
les employer tous à la consolidation du chemin. Le contreve-
nant rompt quatre schillings stsbg.
65.
Celui qui rompt un «Einung» avec des hôtes qui mangent
des glands, rompt cinq schillings à payer au waldmt\stre et
cinq schillings aux valets avec pourboire; ' et transigera avec
chacun des quatre villages en particulier au si^t d'une livre
stsbg.
se.
En cas d'amende pour bêtes se nourrissant d'herbe dans le
district de la glandt^e,* on rompt pour chaque bête un plapart.*
Les forestiers et les waldmestres ont seuls à veiller sur ces
deux articles.
67.
Identique avec Tart 41. A. Voy. t. p. 380.
58.
Voj. A. 46. t X, p. 384.
59.
Le meunier qui aurait besoin de jantes de moidin doit les
réclamer au waldraestre ; et s'il engage un charpentier pour
les lui couper, il doit l'accompagner et rester avec lui dans la
' «und 5 schilling den Knechten an gnaden kommen nnd mit den 4
DOrfern joilii bcm besonders deidigea Tor ein Pfondt Sirassbarger».
• «Das (iras im Ecker Zuel issct".
* Un plapart, monnaie de Strtuibourg = 1/2 achilling ou 6 pfennigs.
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BiGLiiiiHTATM»! 0*01» nwAr GomnmALi 966
fordt Cdni qui n^enlèverait et n*eiiiploienit pas les jantes
qttll aura coupées, encourt la grande amende; il encourt la
même amende, s*il laisse aller seul le charpentier dans la
forêt Les forestiers et les waldmestres y veilleront
60.
Personne ne doit plus appointer dans la fordt des piquets
quelconques, ni larges, ni minces;* celui qui le fût encore
aura six schillings stsbg. d*amende à payer si on le dénonce.
Les forestiers et waldmestres y veilleront
61.
Celui qui sera commandé d'amener à corvée du bois au
château,* doit abattre un hêtre donnant au moins une char-
retée de bois et ne pas couper quantité de perches ni même
deux ou trois petits hêtres. Quiconque dans ce cas coupe
plus d*un hêtre rompt, sll est découvert, six schillings, tout
comme sH avait charrié ce bois dans sa propre cour. Que
deux ou trois (corvéables) s*as8ocient donc et coiq^ent
ensemble un hêtre leur donnant asses de bois pour suffire h
la seigneurie. Les forestiers et waldmestres y veilleront
«Item. Wann ein ^'ebotten wird fronholt/ lu dus
Schluss zu fuiiren, der soll da hawon ein Bûch die da
nit wenger dann ciu Enger' gibt und nit hawen Erd-
kymenstaugeu, auch nit zwei oder drey stimleu».
D. HÛOKBL.
(La fin à la proehaiM Kmrittm.)
^ «Item. Es soll aach kciner mehr im Wald Bteckhen spitzen, weder
breit, noch schmal». . . tels que lattas, pitnz, rameiy échaUs; ni groi,
ni petits ; «schmtilholz — menu bois.
• Château de Ilatten, où résidait l'administration du bailliage.
' aeÏQ Enger, ein Enger holz" (A. 45, ?oy. Bévue L X, p. 383) =
«Wagaa odar Karch voll». et la mot français anjonrd'hai hors d'usage,
anger s diarger, «tnAUeii, aberflUloi», raxdiaifar, ai aagoHa s
conéa, «Aiigerwagan», ete. et Hangar.
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MATÉRIAUX
pom snvii A
L UISTOIIŒ DE LA GIËRRË DE TR£i\T£ MS
tirés des arcliives de Colmeir
(SmteJ
29 nuit 16-13 — 25 jan vier 1644
Mort de Louis XIII; diète de députation à Franc-
fort favorable aux libertés geriiiaiiic[ues ; le
maréchal Guébriant se replie sur la rive gauche
du Rhin; repasse sur la rive droite: sa mort;
défaite de Diitlingen; arrivée de Turenne; Gol-
mar se rapproche do Strasbourg; réception des
saufs- conduits pour le traité de paix; J.-H. Mogg
député à Paris; mort du résident Mockhel.
La mort de Louis XIII, qui suivit de si près celle de son
ministre, faisait tort à l'expédition de différentes affaires pour
lesquelles la ville sollicitait à la cour. Dans une lettre du
17 juin 1643, M. de Polhelm se plaint amèrement du change-
ment de personnes — le comte de Brionne avait hérité de la
charge de Chavigny, Michel le Teilier de celle de de Noyers
— qui Tobligeait à recommencer sur nauTeanx frais des
démarches sur le point d*aboatir. D'après son conseil, Colmar
écrivit, le 28 juin {ProL miss. ffoU), à la reine-mère, au duc
d'Orléans, au prince de Condé, h Mazarin et aux principaux
membres de son ministère, pour leur eqtrimer les sentiments
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HISTOIRE DE LA GUERRE DS TEKMB AHS
367
que la mort da roi lui inspirait» et pour se recommander à
leur bon Touloir. Les réponses de Gaston (2 septembre) et du
prince de Gondé (23 août) sont jointes au dossier.
Teuton modifiantson ministère, Anne d'Autriche ne s^écarta
point des règles qui avaient guidé le feu roi dans ses relations
extérieures et» ainsi que M. de Polhelm l'avait annoncé dans
sa lettre, elle demeura fidèle à ses alliances. Cependant elle
retira d'abord des mains du comte d'Avaux les négociations
de la paix générale pour lui conlier les fonctions de surinten-
dant.
Malgré l'échange des ratifications, les conférences ne s'ou-
vraient ni à Munster ni à Osnabruck. Pour recouvrer une
partie des avantages que la guerre et la diplomatie lui avaient
fait perdre, l'empereur essayait d'arracher à la diète de dépu-
tation réunie à Francfort des subsides et des concessions au
profit de sa puissance. Tout en sollicitant cent mois romains»
il prétendait figurer au congrès assisté seulement de deux
électeurs. Mais le temps des usurpations était passé: depuis
vingt-cinq ans que la guerre durait, Tempereur ne s'était que
trop passé du concours du pays» et les députés des princes et
des villes trouvaient le moment venu de faire valoir de nou-
veau leurs droits, n était contraire aux constitutions de
l'Empire que l'empereur traitftt seul de la paix, et comme n
importait au plus haut degré que la maison d'Autriche fftt
réduite à l'intérieur autant qu'au dehors, et qu^un traité con-
senti par l'Allemagne entière ofirait incontestablement plus
de garantie que s'il n'était sanctionné que par l'empereur, la
France et la Suède appuyaient de toutes leurs forces la résis-
tance de la diète. Les deux couronnes savaient d'ailleurs que
c'étaient les états de l'Empire qui étaient le plus portés à la
paix, et qu'avec leur concours seul elles parviendraient à faire
signer à la maison d'Autriche sa déchéance du rang qu'elle
avait si longtemps occupé en Europe, et la liberté religieuse
qui avait servi de prétexte à cette longue guerre.
KonéOê Sém. - ir* aanét. 17
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968 BBTUB dUlSACB
Colmar était tout prêt à envoyer un agent en Westphalie,
et ne s'inquiétait que du retard qu'on mettait h s'y rendre. Il
demanda des explications au résident Mockhel qui, dans sa
réponse, datée du 30 août, lui communiqua les documents les
plus propres à l'éclairer sur la situation.
Cependant la diète de Francfort continuait ses travanz.
Deux ans auparavant la diète avait proclamé nne amnistie
générale, mais sans vouloir lui donner d*efiet immédiat A
Francfort cette restriction fut abrogée, et il ne manquait à
ce vote que la sanction impériale qui ne paraissait point dou-
teuse. En transmettant cette nouvelle à Colmar, le 17 octobre,
Mockhel ne put s*empêcher de trouver la mesure précipitée:
à son point de vue il lui semblait plus avantageux pour les
protestants de devoir Tamnistie à la paix générale qu'à un
Técès qui ne devrait sa valeur qu'au bon plaisir de l'empereur.
La diète ne discontinua pas de faire contrepoids à l'autorité
centrale, et quand Ferdinand III voulut la dissoudre, les
princes et les états qui la composaient tombèrent d'accnrd
pour rester réunis, dans la pensée que rien ne bâterait
davantage la conclusion de la paix (lettre de Mockhel du
1" décembre).
Mais la guerre n'avait pas dit son dernier mot Les Impé-
riaux ne cessaient pas d'inquiéter la rive gauche du Rhin et,
à la hn du mois de mai, la nouvelle se répandit qu'ils avaient
établi un pont de b&teaux à Spire; on prétendit même qu'il
avait d^à servi au passage de 300 chevaux. L'alame fat
grande (lettre de P.-F. Welper, du 39 mai) et non pas à tort,
car un parti ennemi vint visiter la basse Alsace, d'où il ramena
de nombreux bestiaux (Strobel, t IV, p. 45&).
Des échecs plus graves signalèrent cette campagne. Repoussé
du Wurtemberg par des forces supérieures, le maréchal
Guébriant dut se replier en Alsace, avec toutes ses troupes,
auxquelles il fit passer le Rhin sur un pont en face d*Er8tein
(Lettre de G.-F. Gams, du lô août). Il établit buu quariier-
Digitizoû by C3t.)0^lc
mmiu DB U fioniB m nom a» 969
général à Erstein et envoya ses soldats en cantonnement dans
le Rieth. Cette retraite donna des craintes sérieuses pour
l'Alsace que rcnncmi lit mine d'envahir. Un corps considé-
rable «'tait posté à Kastadt, et Ton démontait le pont de Spire
pour le reporter en aiuout de StoUhofeii, vis-à-vis de Drusen-
heim. En donnant cette nouvelle à notre ville par un postr
scriptum de sa lettre du 30 août, le résident de Suède ne lui
cachait pas ses appréhensions. Elles paraissaient fondées,
même à M. de Montausier, d'autant plus que la récolte avait
été bonne et qne Tabondance pouvait tenter les Impériaux.
Les Français même n*y résistaient point, et pour prévenir les
incursions des ups, les déprédations des autres, Montausier
donna Tordre aux petites villes et aux villages de son gouver^
nement de retirer leurs grains dans Cobnar et dans Sélestadt
Gettre du 30 août) ; de plus, le 25 août, U chargea M. Clausier
de se concerter avec la ville sur d'autres mesures relatives à
la sûreté du pays.
Pour empêcher les Impériaux de passer le Rhin à Drusen-
heim, la cavalerie de Guébriant maintint ses positions en
basse Alsace; il était à craindre qu'après l'avoir épuisée, elle
se portât dans le pays haut. Pour prévenir ce mouvement, il
aurait fallu des renforts (}ui permissent au maréchal de
reprendre l'ofifensive sur la rive droite, et Montausier y comp-
tait (lettre du 5 octobre). C'était, à n'en pas douter, le plan de
Guébriant, mais il s'en cachait avec soin. A la ville de Colmar,
qui lui avait écrit pour le prier d'user de ménagment, il
répondit de sa main, le 6 octobre, à Erstein : t Je souhaitterois
bien de pouuoir non seulement espaigner la baulte Alsace,
mais auBsy de n*anoir pas incommodé la basse, comme fay
&ict et foys encore, liais quand vous voudrez considérer les
alEures sans vous attacher par trop à vostre intérest partie»- '
lier vous trouvères qu'il ne s'est pu ny ne se peult encore
fidre aultrement. . . J'ai donné le tempe aux peuples dicy bas
de Cèdre la récolte de leurs grains et de le mettre en lieu de
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9<M> d'auacb
seureté; fayde à présent aultant qu'il m'est possible à les
foire semer leurs terres au milieu des quartiers. Je n'auray
pas moins de seing pour les vendanges de la baulte Alsace et
auxquelles j'auray aultant d^esgards que la conseruation de
l aniu e du roy lo pourra permettre.»
A la lecture de cette lettre, notre ville ne pouvait se douter
qu'avant la tin du mois les troupes françaises repasseraient le
Rhin et reprendraient roiïen.^ive. Pour faciliter cette opération,
Colniar procura à Guebriant une centaine de chevaux d'artil-
lerie et, sur la re(iui>ition du commissaire des guerres de
Tracy, elle se chargea du transport de plusieurs milliers de
pains pour la subsistance de l'armée sur la rive droite.
Cette tardive campagne qui devait mettre les troupes en
possession de leurs quartiers d'hiver, eut Tissue la plus mal-
heureuse. La France y perdit le maréchal Québriant, tué au
siège de Rottweil, et suMt le désastre de DOtlingen. Montau-
sier fut foit prisonnier, et du château de Tubingen, oh il fut
enfermé, il écrivit, le 1** décembre, à Mlf. les magistrats et le
conseU de la ville impériale de Golmar la lettre suivante :
t Messieurs, Ayant receu toujours beaucoup de tesmoignages
de vostre bonne volonté, j'ay creu que dans ce dernier malheur
qui nous est arrîué, vous pourriez estre en peine de moy, et
que je vous ferois plaisir en vous en estant par cette lettre.
J'ay esté bien aise aussy de vous prier de no pas adjouster
foy aux bruits qui pourroyent courre au désauantage de tous
les officiers de cette armée, auant que d'estre esclaircis de
ceux qui sont coupables et de ceux qui ne le sont pas; le
S' de Lacoste que j'enuoye de France en dira toutes les par-
ticularité/, à des personnes qui vous les feront scauoir incon-
tinent. Je n'ay rien a adjouster à cecy, sinon que je vous prie
de me tenir tousyours en vos bonnes grftces et de me croire,
Messieurs, etc.»
Après ce grave échec qui coûta à la France tous ses ofifiders
généraïui et près de 6000 soldats, la cour appela Turenne au
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UnOIRB PB LA GOBkU Mt TURTB ANS
961
commandement de l'armée. Une partie fut envoyée dans la
haute Alsace, et Colmar craijznit un moment d'avoir à loger
une compajînie de cavalerie du régiment de M. d'Oysonville.
Sainte-Croix n^rut dvwK régiiuonts, formant un effectif do
1200 hommes ; pour échapper aux avanies, les habitants quit-
tèrent la place et se réfugièrent à Colmar. Livrés à eu.vmêmes,
les soldats ménagèrent peu les approvisionnements qu iJs
trouvèrent dans la villette. Colmar s'en plaignit à Turenne,
qui lui répondit, le 26 décembre, de Brisach, que s*il n'est pas
ruflonnable de touclier aux grains de la Tille, il ne Test pas
non pins de tenir les habitants éloignés de leurs demeures,
pour 6ter la subsistance aux officiers et aux soldats.
La guerre avait créé pour ainsi dire autant dlntérdts par-
ticuliers qull y avait d*états dans la province. Colmar, qui
s*était sans réserve jeté dans les bras de la France, ne pouvait
pas dans ces circonstances se guider sur Texemple de Strasp
bourg, dont la politique n*avait visé qu'à s'assurer le bénéfice
de la neutralité. Cependant il importait h notre ville de sortir
de son isolement et de se rapprocher de Strasbourg, dont elle
partjigeait la foi religieuse. Dans une lettre de la tin d août
(Prot. miss. 1G4I-4G, f " 15S-159), la ville ftvait sondé Mockhel
sur la convenance de ce rapprochement, et le résident n'avait
pas hésité à le lui recommander. Il s'agissait surtout pour le
moment de faire profiter Colmar des informations de toute
nature que recevait Strasbourg, et de permettre à son député
de se rendre en Westphalie en compagnie de ceux de Stras-
bourg. Lo magistrat écrivit dans ce sens le 6 septembre (iVoi.
mtw.). Strasbourg reçut cette ouverture avec beaucoup de
courtoisie (lettre du 9 septembre); cependant il lit observer
que la Suède n*ayant pas encore envoyé de saufi-conduits, il
n*y avait pas urgence à se foire représenter aux négociations.
Pour faciliter cette entente, Mockhel manda à Colmar, le
25 septembre, d'envoyer un affidé à Bçnféld, où il attendait
.un membre influent du gouvernement de Strasbourg. Mais
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96»
un mois après, il n'y avait encore rien de fait et, dans une
lettre du 28 octobre, Mockhel fait comprendre à la ville
que Strasbourg pourrait peut-être préférer conserver avec
son isolement toute sa liberté d'action. Cependant on voit
les deux villes continuer à se communiquer les nouvelles
qui les intéressaient Dans une lettre de Strasbourg, du 8 jan-
vier 1644, on peut noter la manière dont il appréciait les
négociations : sous Timpression de la fâcheuse issue de la cam-
pagne des Français sur la riye droite dn Bhin, et malgré les
• saufiHsonduitB, datés du 14 noTembre 1643, que les ambassa-
deors suédois auraient enfin adressés aux états de l'Empire, fl
ne cachait pas le peu d'espoir qui lui restait de Toir rœuvre
pacifique des d^lomates aboutir.
Ind^endanunent de Tentente avec Strasbourg, la ville
rechercha Tappui du landgrave Georges de Hesse-Dannstadt,
à qui elle avait recommandé une première fois ses intérêts à
la diète de Ratisbonne. A sa lettre, du 9 septembre (iVof.
mm.), ce prince répondit, le 2 octobre, en promettant de tout
faire pour sauvegarder aux conférences la foi religieuse de la
ville.
Peu avant l'arrivée des saufs-conduits suédois, Colmar avait
reçu de la cour de France copie authentique de celui du roi
d'Espagne, daté du 3 juin. A Paris la ville sollicitait toujours
l'exemption de la dlme extraordinaire, sans parvenir à maî-
triser le mauvais vouloir de M. d'Oysonville. De guerre lasse,
M. de Polhelm, d'accord avec Manicamp qui appuyait chaude-
ment ses démarches, finit, le 19 décembre, n. st, par engager
la ville à envoyer un député à la cour, tant pour en finir avec
cette grave affiûre que pour renouveler Palliance de 1695 et
rendre les devoirs à la reine-mère. Colmar suivit ce conseil et
confia derechef son mandat à Jean-Henri Mogg, l*habOe négo-
. dateur du tndté de BneL Son passe^rt, au nom du magis-
trat et du conseil, est daté du janvier 1644.
*Avant de clore cette analyse, je dois mentionner encore U
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■mOlU DB Là GOmKB OB tUSm ANS 888
mort de FMdéric-Biéhard MockheL II Bouffirait depuis quel-
ques mois de la poitrine. Dans sa lettre du 30 août, il parlait
déjà de son extrême abattement, qu^il essayait de conjurer en
buvant de l eau de Soultzbach, et des appréhensions que sa
santé lui causait^ Il n'en continua pas moins à correspondre
assidûment avec Colmar, qui lui écrivit i)Our la dernière fois
le 8 décembre. La ville n^çut pres^iue en môme temps l'avis
de sa mort, et le Froi. miss, renferme, sous la date du 12, la
lettre de condoléance qu'elle envoya à sa veuve.
X.MO0fllCABV.
(Za tMite prcdiainemenQ
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LETTRES INÉDITES D'ANDRIEUX*
Les quelques lettres qui suivent montrent Andrieux unique-
ment préoccupé de sa réputation de dramaturge, bien que le
théâtre soit la partie de son œuvre la ])lus démodée et qu'il
faille chercher dans le cadre du' conte Tcxprcssion originale
de sa physionomie. De son vlTant d'ailleurs on lui contestait
déjà son rang, Geoffroy prenait à tâche de le déprécier, La
Harpe n'a pas dit un mot de lui dans son Lyoèe, Ghénier seul
le jugea &Torablenient Ces lettres, «t pamm Ztcet eompoiMre
magiài, nous font songer à Lamartine regrettant les écrits
auxquels il devait le plus clair de sa gloire et demandant par-
don au public de ses poésies. Le thé&tre fdt pour Andrieux ce
que la'diplonmtie fut pour Lamartine : une passion contrariée*
I
A MM, les comédiens français ordinaires du roi membreê du
comité dfadminùtration au ihécUre rue de BieheUeu,
Messieurs,
Je TOUS remercie d*a?oir bien voulu tous occuper de
reprendre la Qmédierme, comme tous me Taviez promis. J*ose
espérer que cette pièce restera désormais au courant du
répertoire.
^ Né à Strasbourg en 1759, mort à Pariâ eu IbSS, secrétaire perpétuel
de l'AcAdémie frânçAise.
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Ce qui ne me ferait pas moins de plaisir, ce qui serait très
convenable et ce que vous m'aviez également promis, ce serait
que vous remissiez Molière avec ses amis; on devrait, ce me
semble jouer cette pièce le 15 janvier prochain, pour fêter
l'anniversaire de la naissance de ce grand homme; je serais
.fier et heureux de contribuer à la solennité du jour et il me
serait fiiciie d*iûouter quatre ou six vers pour la circonstance.
Je Y0II8 demande aussi lecture pour ie Jeune OrMe, pièce
en cinq actes que tous avez reçue U y a longten^, mais qne
j*al retravaillée et améliorée; je pense que TouTrage, bien
qu'il soit vn peu extraordinaire et peat-dtre même parce quil
Test, poiurrait obtenir du succès.
J'ai l'honneur d'ttre,
MesâeurB,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
ÂVDUEUX.
FMiip to 6 déeearine 18».
U
ThmrBFrmçm.
M. le baron,
Je vous prie d'agréer mes remercîraents et de vouloir bien
aussi les offrir au comité de la Comédie, pour la décision qu'il
a prise relativement à ma petite pièce de Molière avec tm
mm. Ce sera un p^and plaisir pour moi de contribuer à hono-
rw la mémoire de ce grand homme, en fttant l'anniversaire
de sa naissance, le 15 janvier* Je répète que je ne veux point
toucher ce jour-là de droit d'auteur.
J'ai ajouté, pour la circonstance quelques vers en deux
endroits de la pièce. Je vous prie dindiquer une réunion des
acteurs auxquels j'aurai à donner de petites additions quHs
voudront bien ajouter à leurs rOles. H fendrait avertir seule-
ment MM. Miehelot, MoUtee, Baptiste atné, Chapelle, Dovigny,
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98S BITOB D*AUACB
La Fontaine, Perier, Despréanz, et MUes Demenon, Laforest.
Ces additions ne font pas trente vers en tout; — et elles ne
peuvent manquer d*être bien aecueillies par le public; puis-
qu'elles lui serviront d'occasion pour manifester ses sentiments
d'admiration et de recuunaibsiiuce pour notre grand poète
comique.
Je suis fâché d'avoir h terminor une lettre de remercîmeiit
par des plaintes; mais il est affligeant pour moi de voir aban-
donner la Cotuédienne après trois représent-atious ; si je ne me
fais point illusion, la pièce a été bien reçue du public; elle est
parfaitement bien jouée et cependant on se borne à la donner
trois fois! Etait-ce la peine de la reprendre? et n'estHïe point
me causer le chagrin de transformer son succès en une espèce
de chute? Car, qu'anratt-on fait si elle fut tombée? Je tous
prie, IL le baron, de vouloir bien m*accorder vos bons offices
auprès de la Comédie et de représenter an comité quil est de
toute justice de continuer les représentations de cette pièce
dont on a annoncé la r^rise. Je vous en serai iniiniment
obligé.
Agréez, etc.
GBSJanfiarlflM.
m
M. le baron,
Mlle Mars m'a paru être dans la disposition de jouer la
semaine prochaine la Camédienne; mais M, Menjaud est
absent; MM. Devigny et Granville sont nialades; il faudrait,
jo crois, remplacer M. Menjaud par M. Firmin ou M. Lecomte
et M. Samson se chargerait volontiers du rôle de M. Devigny ;
mais il est nécessaire, je pense, qn*U en reçoive Tordre de
vous.
Je voua prie donc de vouloir bien le lui donner, afin que la
pièce n*éprouve point de retard. Je m'en remets à votre obli-
geance accontomée et vous en fidt d'avance mes remerd-
mentB.
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LBTTEBS KfÉonss d'ahdbieijx 967
Je suis à la campagne par xaisoii de saaté; je ii*aî pn Tenir
an comité de lecture de mercredi denier; je tfteherai de me
rendre à celui de mercredi prochain 18.
Agrées, etc.
C'est d'accord avec Mlle Mars que je vous présente
M. Samsou.
8oetobMl896.
IV
H. le baron,
Lorsque vous m'avez témoigné, en votre nom et au nom du
Thé&tre Français le désir que je tisse en sorte que let Etour-
dis ne fussent plus joués à l'Odéon, j'ai pensé que ce désir
était honorable pour moi et pour mon ouvrage; j'y ai
acquiescé; mais une condition nécessaire de rarrangement
que j'ai fi^t, était que cette pièce resterait au répertoire fran-
^ et qu'on la jouerait quélqueféls; j'ai droit, ce me semble
de réclamer l'exécution de cette condition; il y a, dans ce
moment-ci, plus de quatre mois qu'on n'a donné Us EtovurêiM;
Ift. Armand disait, à l'une de nos dernières séances dn jury
de lecture, que des jeunes gens étaient venus ches lui deman-
der une représentation de cette pièce qnlls désiraient telr.
Assurément ce n'était pas moi qui les avait envoyés et j'igno-
rais même qu'ils eussent fait cette démarche.
Mais je crois pouvoir vous prier, M. le baron, ainsi que la
Comédie, de vouloir bien faire mettre l'ouvrage au répertoire
un de ces jours. On laisse aussi de côté mes autres petites
comédies qui pourtant, à ce qu'il me semble, ne repoussent
pas le public et contribuent assez bien à la recette. Mais le
Théâtre Français ne m'a jauuûs gftté; la Comédienne, par
exemple, est restée huit ans sans paraître une seule fois. Je
demande qu'on ne tue pas mes pauvres Etourdis et il me
. semble qu'en cela l'intérêt du théâtre est d'accord avec cehii
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MB isfin B*AUACi
de mft réputation. Je vous serai donc intinimcnt obligé alliBi •
qu'à la Comédie de vouloir bien faire droit à ma demande.
Agréez, etc.
Gi97maal8S7.
V
M.leb4roii,
Ifademoisélle Leverd vient de me foire llioiiiieiir de iii*écrire
pour Ia*ellg|^{er à M donner le rôle de la Comédienne en double
de Ifidemoiflefle Hais; je lui ai répondu que je ne pouvaiB
liyre quant à présent ce qu'elle me demandait ni m*occuper
de la distribution des rOles de la pièce (en cas quH fidlle
ftire une distribution nouYelle); qu'après ce qui s*est passé
relativement à cette pièce, je devais att^dre que la Comédie
me témoignât par écrit le désir de la reprendre.
Je vous demande, M. le baron, votre intorvcntion et vos
bons offices dans cette afEaire qui touche aux intérêts du
Théâtre Français.
Permettez-moi de vous exposer quelques faits. Au commen-
cement de Tannée 1823, M. Saint-Fal me demanda de consentir
que ma petite pièce de Molière avec ses amis, dans laquelle il
jouait parfiûtement bien le rôle de La Fontaine, fût donnée
pour sa représentation à bénéfice; la pièce n'avait pas été
jouée pendant quatre années; j*y consentis bien Yolontiers et
la représentation eut lieu.
Quelque temps aprte, IL Baptiste atné ayant aussi obtenu
une représentation à son bénéfice, me fit l'honneur de penser
à ma pièce de la OomèiUnne qui n*aTait pas été jouée aussi
depuis quatre ans. Je me prêterai toujours aToc grand plaisir
à de semblables demandes de la part de Messieurs les comé-
diens, et même je leur en saurai très bon gré ; je répondis
donc à M. Baptiste atné comme j'avais fait h M. Saint-Fal, que
puisqu'il avait contribué au succès de la CoinécUenne, je lui.
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LimiB mCDim o*Amim 989
reconnaisBaJB tin Tériteble titre à ftJie usage pour loi de cette
pièce.
On afiïclia pour la représentation de M. Baptiste aîné la
previitre reprh'entation de la rejyrise de la Comédienne. Cette
aÛiche resta deux ou trois jours et fut changée ensuite sans
mon aveu, sans qu'on prit seulement la peine de m'en donner
airis.
J'écrivis à la Comédie et je reçus le 21 avril 1823, une lettre
signée de six membres du comité d'administration, lettre dans
laquelle on avoue qu'on a envers moi des torts réels ; on veut
^ bien me dire que la modération avec laquelle je m'en plaim
ajoute encore aux regrets qu'on en éprouve et au déeir sincère
qjuion a de les réparer autant qi/^on le pourra; enfin on me
promet de remettre au courant du répertoire la Comédieime,
2e Trésor, MoUire avec ses amis* . . Depuis cette époque on a
joné deux fois le 14 et le 27 novembre 1828 Molière avec ses
amis et rien de plus; et il y a deux années et demie.
Je suis peut être le moins exigeant des auteurs; j'ai au
répertoire du Théfttre Français au moins cinq pièces qui
seraient faites pour y rester et qui ne le déparent point,
savoir Aïuixunandre, les étourdis, Molière avec ses amis, le
Trésor et la Comédienne. MM. les comédiens pensent comme
moi à cet éj^ard puisqu'ils ont la bonté de choisir mes ouvrages
pour les donner les jours où ils ont le plus d'intérêt d'avoir
du monde. Et cependant ils privent constamment le public
tout le reste du temps et se privent eux-mêmes de pièces qui
pourraient leur être utiles.
J'avouerai qaH y a un peu de ma faute ; j'ai tellement peur
de paraître tourmentant et intéressé que je n'ose solliciter la
représentation de mes ouvrages; je me laisse oublier et Ton
m^oublie.
Voilà les fidts très exacts, M. le baron; je vous les eq»ose
sans humeur ni chagrin; je ne me crois point blessé, mais je
jpense que si la Comédie française veut réellement reprendre
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970 MTOB t>'àsjua
la Oomédimie, il est convenable qu'elle minfiirme par écrit
de son intention, et qu'elle m'engage à faire une distribution
de rôles si cela est nécessaire. Je vous avoue que je verrais
avec peine le rôle principal joué par une autre que Mlle Mars
qui l'a établi avec tant de supériorité. Si le public voit qu(! cette
grande actrice abandonne le rôhs il en résultera une défaveur
immense pour la pièce. Je vous prie donc d'avoir la bonté
d'en parler à Mlle Mars que je n'ose importuner, je suis trop
intéressé à ce qu'elle joue le rôle pour lui en &ire moi-môme
la demande.
Pour en finir, je pense que vous trouverez comme moi qu'il
est à propos que la Ck>médie m'écrive d'abord un mot au stqet
de la Omédiennef je verrai ensuite ce que je devrai faire; ou
plutôt je vous demanderai vos conseils; votre zèle pour les
intérêts de Tart, pour la gloire de la scène française, vos
lumières et votre loyal caractère me sont garants que je ne
pourrai avoir un meilleur guide ni un meilleur i^pnL
Agréez, etc.
lé octobre 1897.
Asdbhuz.
De l'Académie française, au Collège royal de France, place
Cambrai à Paris.
VI
M. le duc (?)
Ce serait un grand bonheur pour moi que vous voulussieE
bien avoir la bonté de présenter et de faire agréer à Sa Mi^jesté
ma petite pièce du Manteau pour être jouée après la tragédie
* de Tanerède, Cette comédie courte et gracieuse est parftite-
ment bien jouée par les comédiens du roi et encore une fois,
je serais heureux de pouvoir penser que mon ouvrage eut
contribué pendant quelques instants au divertissement de
Sa Majesté.
Je suis avec respect, etc.
Paris, 80 féfri«r 1888.
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UTTUi IHÉMTB D*AIiraiBOX
VU
A M. le baron Taylor,
Parig, le 20 janTier 1830.
Le secrétaire peipétael de TAcadémie.
M. le baroD,
Je suis bien fâché que ma lettre dlnvitation vous soit par-
venue dans un moment d'affliction; je prends bien part à votre
douleur; yous connaissez Testinie et rattachement que je vous
porte et que vos bons procédés et vos aimables manières
m*ont inspirés ; me trouvant logé par TAcadémie, j'ai imaginé
d^engager mes confirèrés & se réunir une- fois par semaine,
ehtg euac, pour entretenir la bonne Intelligence, et j*ai cm
aussi devoir leur adjoindre les hommes les plus distingués par
leurs talents, par leur goût pour les arts et les lettres; vous
voyez que j*ai dû songer à vous tout des premiers; j*ose
espérer que vous me feres quelquefois l'honneur de paraître
à ces réunions sans prétentions et toutes Uttéraires. J*éeris à
la Comédie pour lui proposer de monter le Jeune Créole que
je viens de revoir et de retravailler; je pense que cet ouvrage
pourrait avoir du succès.
Je me plains aussi, mais doucement, d(! ce qu'on laisse de
côté la Comédienne, le Manteau, etCj À quoi cela tient-il V J'en
écris un petit mot à Mlle Mars.
Veuillez, M. le baron, m'accorder vos bons oftices pour le
passé et pour Tavenir, je veux dire pour mes ouvrages qui
ont paru et pour celui que je veux faire paraître. Je vous en
serai infiniment obligé. Je crois d'ailleurs ne rien demander
qui ne soit dans llntérdt du Théâtre, intérêt que je n'ai jamais
séparé du mien, que j'ai même toiqours considéré avant le
mien.
Agréez, etc.
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m
RIVUI d'AUACB
vm
Paria, 4 joillet 1881.
Le secrétaire perpétuel de TAcadémie.
BL le baron,
Je n'étala pas à Paris quand Totre lettre a été remise chea
moi; à mon retour je m'empresse d'y répondre.
Le secrétaire de l'Académie enregistre ses décisions, mais
il ne les fait point Le respectable Montyon a touIu que l'Aca-
démie récompensftt les omrage» le» pkta uHht aux moBuin;
c'est VutUau moraU qu'elle considère particulièrement, afin
de se conformer aux intentions du fondateur. Dans mon opi-
nion, une pièce de théâtre qui aurait été dirigée dans ce but
et qui l'aurait atteint, aurait droit à la récompense. La plu-
part des tragédies grecques sont remplies d'exeiniiles et de
leçons de toutes les vertus. Mais vous savez au moins aussi
bien que moi que les auteurs dramatiques modernes se
proposent de plaire à leurs auditeurs ou de les émouvoir
beaucoup plus que de les instruire et de les améliorer. Il
semble même que, dans le temps où nous sommes, quelques
auteurs fassent exprès de chercher dos fables qui surprennent
et qui épouvantent par leur immoralité monstrueuse.
On dit beaucoiq^ de bien de la pièce qui doit être repré-
sentée ce soir au Théâtre Français ;^ je souhaite pour l'intérêt
de l'art, pour celui de l'auteur et pour celui de la Comédie,
que ce soit un bel et bon ouvrage qui mérite et qui obtienne
un éclatant succès.
Je yous félicite du mourement que vous avez eu le talent
d'imprimer au Théâtre Français; il parait qu'A reprend de
* Xa Ombfàt i$ ftfktion, par Buimlt •VM* Btiat^imoniMUie
florianiHa «Ion enaTâ de péiiAtrtr an théâtre aveo va da m chaft^
M. Barrault dont la comédie ne fit pas beaucoup pins de prosélytes qvê
la aonveUa xaligion.* H. Lneaa, Sûtoin ân Uiéâln fnmçaiêt HZ, 19.
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timn ntDtTBB B*AiiMum S78
Vactivité, puissiez-vous réussir à lui reudre son ancienne
gloire !
Je vous remercie de i'ofire obligeante que vous rae faites
d'un coupou de loge, mais nous n'en pouvons profiter; ma
fille est à la campagne pour rétablir sa santé ; je suis moi-
même assez maL portant et obligé de me priver du plaisir du
spectacle.
Agréez, etc.
Pourquoi ne reprendrait-on pas ma tragédie de Brulm,
(GMNmuniguéeff ptr Jf. Paul Bibtblhvjibb.)
« Dans tme nenTième lettre^ à Flnniii Didot ptoe, Andrieuxnppdla
d08 flomrenin de Jeunesse :
La Parque à la soudine a diablement filé,
Chaque année en fiiyant nous vole quelque chose.
Enfin dans nne dixiAme, du 4 juillet 1881, il se pidnt de la mise en
scène de Bruku: «on avait mis des ddmee asiiliqaes dans la Borne des
Tarqnins et le tribuual sur lo inol on avait fait asseoir le COnsul de
Eome ressemblait pas mal à une caisse de savon.»
Noavellâ Série. — 11"* Mnè«.
18
NOTES BIOGRAPHIQUES
BUB LBB
HOMMES DE LA RÉVOLUTION
▲
STRASBOURG ET LES EJKYIRÛliS
SmU^
SCHNEIDER (Jean-Geobge).
Puis il doima quelques développements de ses principes
de la morale universelle^ et finit par abdiquer Tétat de
prêtre, qu'il embrassa par séduction et comme victime de
rerreur — 23 octckbre. Cliargé du transport dans l'intérienr
du paya des personnes détenues à Strasbourg. Chargé d^or-
ganiser un Couseil d'administration de l'armée révolution-
naire, il nomme Taffin président. Il requiert Monet de faire
arrêter de suite Rauscb, agent du prince de Darmstadt.
Au Club, il est proposé pour le Conseil demandé par les
représentants du peuple — 29 octobre. Le Comité de sur-
veillance et de sûreté générale du Bas-Rhin, bien qu'il
fonctionnât depuis le 8, tenait cependant à célébrer son
installation. On profita de la publication du décret du
29 septembre 1793, sur la nouvelle taxe des denrées les plus
nécessaires (loi du maximum), pour organiser un cortège
à travers les rues de la ville. En tête de Tarmée révolution-
naire, traînant une petite guillotine, marchait Schneider, à
ses côtés les juges, puis derrière eux» un boulanger, un £ari-
* Voir la pramièn partie de cm notes mr Evloge Sdmeider, pagss
182 à 187, dm pnmier trimeitte 1688.
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ttt BoioiBs DB u aÉmirriûN
nier, an épicier, on Cabrieant de tabac el ane pauvre jardi-
nière de la Robertsau, Dorothée Frantz, couvaincoe d'avoir
vendu deux têtes de salade 20 soas — 6 novembre. Il ISiit
arrêter le baron Frédéric de Wurmaer, qui se tenait à la
campagne à Lingolsheim — 7 novembre, n félicite Saint-
Jaat et Lebas dee heureux efiéta causés par leurs mesures
révolutionnaires ; le costume gothique, les signes de la féo-
dalité, les noms qui rappellent Tandon régime, dit-il, saut
proscrits; mais il y a encore quelque chose à fbire, il fiiut
enlever aux ministres et professeurs protestants les revenus
des biens dont ils jouissent, connus sous le nom de Saint-
Thomas, et qui doivent faire retour à l'Etat, étan! biens
ecclésiastiques, donc propriétés nationales — 13 novembre.
CSomme commissaire révolutionnaire il approuve toutes les
mesures prises par ses agents Oerst et Wetzel. Les biens
de ceux qui se sont soustraits aux arrestations seront inven-
toriés; les grains, bestiaux et fourrages transportés à
Strasbourg, et 100,000 liv. prélevées sur les riches pRysans;
surtout ne point ménager les femmes contre lesquelles il y
a des dépositions — 20 novembre. A Barr, lors de la fôte
célébrée en l'honneur de la Raison, tout le c anton fut invité
d'y assister. Les prêtres y abjurèrent la prêtrise, parmi les-
quels un Âllpmaud du nom de Funck. Schneider monte à
la tribune et dit:
Je suis étonné qu'ancone de toqs ne se présente pour donner an
main à Funck. J'invite, on conséquonco, toutes les citoyennes de ne
lui point refuser leur main, s'il la demande, sous peine d'être rcganlées
comme suspectes. Le même soir Funck présenta sa compagne. Schneider
inTita Iw eommuiM à hkn des présenta de noces et à tenir vn état
exact de ce qne ehaqne citoyen aura contrilmé» pour être remit an
tribunal révolutionnaire qui sanra punir oenz dont la cotisation ne
répondrait pas à son attente.
SS novembre. H nommera un condeige au tribunal lévo-
lutionnaire en remplacement de celui qui va ÔIre déporté à
vingt lieues des frontières — d décembre. A Barr»il condamne
quatre personnes à mort — 6 décembre. U rentre à Stras-
bourg, et au Club, sentant son étoile pftlir, il demande qne
m
REVUE D'aI.SACB
la tète (ie Dietrich tombe dans cette ville, témoin de ses
scélératesses, ajoutant : les circonstances, où Ton se trouve,
exigeant qu'aucun membre d'une casto ci devant i)riviléj][ice
ne puisse const-rver de i-hx-r»; je puis me trouver comme
prîfre, oblige do me retirer et d'abandonner les fonctions
d'accusateur public, où la conliance de mes concitoj^ens
m'a employé; je ne désire conserver cet emploi que jus-
qu'au moment où j'aurai contribué à faiw tomber la lète
de Dietrich et de ses complices.
Mais déjà quelques jours auparavant, un comité d'éi)ura-
tion formé i)ar les ,Iac(-l)ins, avait arrêté de rayer Schneider
de la Société comme h(imme immoral et patriote douteux
— 7 ilécembre. Pour se conformer à l'invitation de Saint-
Just rt Lebas, il aiJres.-e une lettre au Comité do sûreté
publique de la Convention avec toutes les pièces ayant
rapport aux jugements prononcés dans le Bas-Rhin par la
Commission révolutionnaire. Après avoir cherché à se dis-
culper, il ajoute :
La Commission, ainsi t^ue vous le verrez par les jagemente, a agi
areo tiMaiîé et énergie contre lee magiiies du peuple, elle * UmAé
leur c6té fiûlile en leur imposant d'énormes sommes d'argent et en les
exposant an carcan. Cest à l'aido de ces mesures sévères, qu'en moins
do trois <;oniaino?, nous avons fait remonter la valeor des assignats à
celle (le la inoninuo de métal.
U termine sa lettre en disant :
En acceptant la place de commissaire civil, je TÎS devant moi deux
écueîls : l'écueil de la calomnie, si j'agissais sôvèrnmpnt, et IVrnoil du
crime, si je me laissais inâuencor pur des considérations d'humanité.
Je fus décidé bien vite, et jusqu'à présent mes efforts ne furent point
inutiles; les sans-culottes ont dm pain et le peuple bénit la guillotine
qui Fa sauvél Que ma tête roule sur Téchafand après que les tètes de
tous les traîtres sprnnt tonitiécs. Tels sont mes principes, fols sont les
principes des juges sans-culottes de la Commission. Puissent ces me-
sures révolutionnaires, nécessaires aux temps actuels, que j'ai soutenu
par mon courage et mon abandon pour le bien de la République» rafer-
mir le règne des lois. Ce sont des ouvrages qui doivent purifier l*iùr et
qui doivent cesser du moment que l'air est purifié.
CTest & cette époque quHl chargea Tàffin de faire pour loi
la demande en inaria|{e de Sarah Stamm. Voici sa lettre aux
parent» de aa thtore:
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LB HOnm M LA VlVOLUnON
977
Permettez qae votre fille lise les deux mots que je lui adresse ci-
joints, et si TOUS consentes à notre mariage, je tous promets, foi de
républicain, de la rendre henrense.
et les deux mots à Sarah :
Je t'ain^ Je te demande à tes Tertnenx parents, si tn me donnes la
main, je lérai ton bonhenr.
11 déoemlnreb D se rend à Bpfig, et là il fidt enoore décar
I^ter trois individus, parmi lesquels Louis Euhn, ex-receveur
du cardinal de Rohan, chez lequel il avait accepté le dîner,
le jour même du jugement — 13 décembre. Ses fiançailles
sont publiées par André Scbuler, maire, en Tabeenoe de
Toffider public, à Barr, dans le Temple de la Raison, à la
commune assemblée^ à 10 heures du .matin, avec Sarah
Stamm, fille mineure de Jean -Frédéric Stamm, chef du
bureau des impositions du district de Barr, et de sa femme
Marie Werner — 13 décembre. D va à Schlestadt, où deux
vieillards perdirent la vie — Anstett, de la Commission pro-
visoire du Bas Rhin, dépose au Comité de surveillance et
de sûreté générale du département une dénonciation contre
les abus multipliés que commet à la campagne une préten-
due armée révolutionnaire sous les ordres de Schneider,
commissaire civil. Le Comité arrête d'en écrire aux repré-
sentants du peuple et les inviter à prendre des mesures
promptes relativement à cette prétendue armée. Outre
cette dénonciation, œ même jour, 18 décembre, î\ 7 heures
du soir, quelques patriotes s'étaient rendus chez Lacoste et
Baudot, pour leur donner connaissance des atrocités com-
mises par Schneider et des projets sinistres dont il s'occu-
pait encore; frapjvés du poids ci de la vérité des dénoncia-
tions, ils promirent de le suspi'udre le lendemain, et de le
mettre en état d'arrestation à vingt lieues dos frontières;
celà allait s'accomplir, quand dans la nuit arrivèrent inopi-
nément Saint-Just et Lebas.
A peine de retour de Selestadt à Barr. qu'il reçoit du
maire Monet Tinvitation de se rendre immédiatement à
Strasbourg pour s'entendre avec Saint-Just et Lebas, qui
veulent, disait-il, augmenter le nombre des juges du tribu-
976
tBVOB D^ALBACZ
nal lèvolationnaire. n se rendit à l^iitatton; mais passa
encore la nuit du 18 au 14 décembre à Barr» pour accomplir
son mariage avec Sarab, sœur de Stamm, ez-adjudant
du général Gustines, et alors agent national du district de
Strasbourg — 14 septembre,' au matin, il quitta Barr avec
sa jeune épouse, ses parents et les juges du tribunal révo-
lutionnaire, dans une grande voiture attelée de six «dievaux
de poste. La garde nationale à cheval de Barr s'était oflEiarte
de Tescorter à Strasbourg, il déclina cet h<nmeur, mais elle
prit les devants jusqu'à Wntzheim. Là, les cavalieia entou-
rèrent la voiture, et c'est ainsi que vers midi, le cortège
arriva à la porte Blanche. Lee cavaliers mirent le sabre nu
en main, le poste prit les armes, le tambour l^attit au champ,
la foule des curieux et des mécontents no fit qu'augmenter
jusqu'à sa demeure, où il descendit de voiture uvec un
visage serein, et sur lequel reflétait un contentement per-
sonnel. Après avoir rafraîchi les gens de Tescorte^ on se mit
immédiatement à table, un repas digne de la circonstance
avait été préparé par les soins de la citoyenne Marianne,
sœur de Schneider; la gaîté la plus franche régnait sur tous
les visages, et ce ne fut que vers 10 heures du soir que les
convives se séparèrent avec la iiromesse de se revoir le
lendemain matin. On ne se doutait aucunément du dénoue*
ment qui était préparé.
Saint-.Iust et Lcbns. informés (jue Schneider, accusateur
près le triljunal révolutionnaire, ex-préfre. et sujet de l'Em-
pereur, s'est i)résenté aujourd'hui dans Strasbourg avec un
faste insolent, traîné par six chevaux et environné de gardes,
le sabre nu, arrêtent : qu'il sera exposé ilemain, depuis
10 heures du matin jus(prà 2 heures après midi, sur Técha-
taud de la [,Miillotine, à la vue du peuple, pour expier l'insulte
faite aux mœurs de la République naissante ; et .sera ensuite
conduit, do brigade en brigade, au Comité de salut publique
de la Convention nationale. Le général Dièche est chargé
de TexécutioD, et en rendra compte demain à 8 heures
après midi
Dans la nuit du 14 au 1&, notre nouveau marié avait à
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LES HOMMES DE f.A RÉVOLUTIOrf 279
peine pris possession du lit conjugal, que la gendarmerie
vint lui signilier de le suivre. On le conduit à la prison mili-
taire des Ponts-Couverts, où il fut jusqu'à midi, lorsqu'un
détachement de troupes à pied et à cheval le conduisit à la
Place-d' Armes, au pied de la guillotine. Il monta les marches
de réchafaud d'un pas assuré, sans savoir ce que Ton ferait
de lui, et comme la multitude lui criait: «A bas ruiiiforme»
dont il était alfublé. «à bas la cocarde», il répondait par
le cri de vive la Héj)ul)li<|iie. Impatient et plein d'amer-
tume, il jeta son manteau et se livra au bourreau qui
l'attacha au poteau de cette même guillotine où, sur sa
proposition, tant de têtes innocentes avaient été abattues.
C'est dans cette position ({u'il servit de point de mire à
la pupulace cl aux gamins des rues, qui le bombardèrent
de pommes, de boue et de pierres. Toute la ville accourut
pour contempler ce spectacle et pour voir ce misérable,
caase de tant de maux et de misères.
Ce n^est qu'à 2 1/2 heures, que, détaché de la guillotine,
mis dans une yoUora, tes fers aux pieds, escorté de gen-
daimes, on le conduisit à Paris» où il arriva six jours après
à la prison de l*Âbbaye.
— 18 ddœmbre. 8a sœur s'adresse à Saint-Just :
La sœur profondément éplorée du malheureux Schneider se présc ute
devant Toi. Tu es représeatact d'un peuple juste et noble. Si mou
frtoe êti innocrati défendi-le, c'est T<mi deroir; terait-U tombé dans
l'amiur, ioiiti«ii»-le ci me le laine point tomber; car Tu doit le laToir,
ses intentions furent toi^diin bonnes et honnêtes; est-il criminel! oh,
permets alors que je le fleure. J'ai fais mon devoir comme sœur, fais
le Tien comme républicain; moi, je no pais rien faire que pleurer Toi,
Tu pourras agir. Vire la République t VItc la Comtitatioiil
Pour toute réponse, Marianne fut mise en prison le len-
demain, 19 décembre, comme, étrangère, et n'en sortit
qu'après la chute de Robespierre, 27 juillet 1794. Dépouillée
de tout ce qu'elle avait possédé, elle fut réduite à la plus
profonde misère et se vit forcée de retourner en Allemagne,
qu'elle, son frère et tant d'autres aventuriers, n'auraient
jamais dû quitter — 23 décembre. De rAbl>uye,U s'adresse
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aux Jacobins de Puis, peur, leur expliquer sa oondnite et
implorer leur intervention. H demande que son affaire bùH
examinée par le Comité de sûreté générale de la Conven-
tion; qu'on le juge s'il y a lieu, ou qu'il «oit rendu à la
liberté ou guillotiné, réintégré dans ses droits de citoyen ou
anéanti — 2 Janvier 1794. C'est TAdministratioii du Baa-
Rbin qui dépoae contre loi devant le Comité de sûreté
générale de la Convention nationale, dans las termes sui-
vants:
Prendre toutes les couleurs du patriotisme le plus exaspéré ; désunir
Iw vnîs ripablicains mu le grand prétexta dn salut pablic; alhuiier
la défiance d« peuple sur ses plvi cincéree amis; heurter avec impm-
dence les opinions les plus respectables; étouffer le patriote sous le
poids pri^tendu do la Tongoance nationale; faire gémir les cachots
comblés de victimes malheureuses et innocentes; sacrifier tout à la
Tengeance personnelle et à ses desseins secrets; exercer cependant^ de
temps à amrei «ne justice rigovrense contre lee scAérats reconnns;
tel 8*e8t annoncé Schneider dans les pouvoirs qui lui étaient confiés ;
tel il a continué l'exercice des iivnctimis les plos augustes, de 1* manière
la plus odieuse.
Les pouvoirs dont il avait été revêtus, étaient immenses; mais les
les lois, et l'arrêté des reinésentants en «falent tracé les limites. (Hiargé
de friper les coupables, de forcer au respect des décrets l'ignoranee
du peuple et la scélératesse des malveillants, d'avoir continuellement
les yeux ouverts sur les précipices que le crime creusait à la liberté,
de protéger l'innocence et le patriotisme contre les pièges de l'aristo-
cratie, dv MUaatisaM on dn despotisme coalisé; sHl eut rempli ces
deroirs, il anrait bien mérité de sa patrie : mais non; cet étranger qna
la rage de nos ennemis paraît avoir vomi sur la terre de la République
pour la couvrir de ses prisons homicides, n'avait point de patrie chas
nous; le crime l'enfanta, le crime le nourrissait.
Ce n'est point sans nn frémissement dontonrenz an aealiment, que
nous remplissons la tftdie pénible de fidre Pénnmération des fl»fiîits
de ce prêtre autrichien.
Il fallait sans donte pour les projets de cet homme fécond en scélé-
ratesse, qu'il chorch&t à détruire la liberté par la liberté, qu'il abus&t
monstmensement des mesures révolutionnaires créées pour sauver le
pei^la.
Non seulement il établit des taxes arbitraires sur les citoyens, sans
aucune délégation qui lui en donnât l'autorité, se jouant avec un plai-
sir funeste de leur fortune et de leur vie, il voulait satisfaire en même
tempe et sa soif du sang français et aa cupidité pour les richesses. Au-
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IV WMOBi M LA BÉWIUITHMi
981
COUS moyens n'échappaient à Ba rage : tantôt ses fidèles et nombrenz
éflliflninii 1» aMoace à 1» boodieetlaiagedAiMleonar, forçjde&t à la
lUte viw finnille paiiible et TertaenM, pour avoir vu droit à aei pro-
priétés abandonnées ; tantôt lui-même frappait ouTertement ses victimes.
Egalomont im])lacablc dans sa haine, comme eSréné dans ses
débauches, la modeste innocence était forcée de s'abandonner à sa cri-
minelle luxure, où bientôt elle périssait sona an conp d'aataat plos
tÊtaxé, qa*fl était alon dirigé par im fbnetionnaire pnidie.
Cee taxes perçues sous des augures aussi odieux, indécemment cumu-
lées, préparaient les richesses futures de cet homme avide. Une faible
portion en était versée dans la caisse du receveur particulier;* on
voulait sauver quelques légères apparences pour tromper avec plus de
iAreté; mais aaemi coa^te n'était reada^aneane traee n'était reeaeillia
do la nalore et da aïontant des eontributions ; peu de quittances étaient
remises aux malheureux que l'on venait de dépouiller, on, si l'on vou-
lait quelques fois sacrifier cette formalité, elles portaient toujours une
somme inférieure à la valeur extorquée. Le peuple souffrait de ces
vaiatimB erimiBallas; mais la crainte srait glaçé ses sens; il aurait
tout donné pour no point être dévoré par ce nuHUtre; semblable à ces
innocents et timides Amérieaitts, gai p<«taieat For aax eheranz des
féroces Espagnols.
Si ces violences exercées sur les fortunes paruiï^saicnt satisfaire à
l'avidité de ce nonveau Cortez, elles ne remplissaient point encore son
véritable bat: il voalatt opérer vno désorganisation eatièia. Foulant
aux pieds toutes les lois, toutes les autorités, tous les principes; il des-
tituait à son gré, et d'un trait de plume, les municipalités, les juges de
paix; ce n'était point encore assez, il les remplaçait par des prêtres,
par des étrangers, tous ses complices.
Faadrspt-il dépeindre cet homme insnltant aa malhaar des inlbrlniiéa
q^*il venait da dépouiller de leur bien, on de condamner à la mort;
poursuivant ces derniers jusque sous le couteau de la guillotine, exer-
çant contre eux tout le venin de sa langue impure et meurtrière;
s'enrichissant, s'entourant de leurs effets les plus précieux ou les plus
convenables à ses fantaisies; satoiunuit avec un plaisir monstmanz le
speetaela do la d^oaillo do la mort; ce n'est qu'an pingean trsmpé
dans le sang, ce n'est que le pinçean de Schneider qni ponnait tcacer
avec vérité un tableau aussi révoltant.
Qu'on ne cherche point dans les archives du tribunal révolutionnaire
les traces de toutes ces iniquités, de tous ces crimes. Schneider diri-
geait tons les jngements, fl n'en était tenu aacnas rsgisirss: la temps
tall aniait dû employer à leur rédaction, aurait été un temps perdu
pour ses vengeances.
' BlaDcaot accuM 8w;sn livres.
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•■fin i^AUâfs
Nous passerons même sor l'entrée indécente et triomphale que ce
prêtre étrangtr fit à Strasbourg, traîné dans un char snperbe, attelé de
■iz dwTMiz, 6t «icQflé par vingtHdiiq o«valiti% lenaot la Mlbre ea
main. Après avoir Ibiilé aux pieds pendant al longtemps tons les senti-
ments de la nature, poiifait>il reqpeeter eneore les principes de i'heit-
rense égalité?
Mais qae dirons-nous du parti redoutable qu'il avait formé de ce tas
d*écniigers qa'O «fiit appelés en France^ dont il s'était frit vne mente
fidèle et obéissante; de Taccaparement de tontes les places adminiata-
tives et judiciaires, qu'il avait données ou fait donner à ses dociles
cr^^atnres; du despotisme qu'il établissait, et par lui-mémo et par ses
valets, sur tous ce qui respire dans le département; des menaces de
sang qne se permettaient quelques-uns de ses indiscrets favoris?
Qneiqne féeond, qneiqne eseroé qne fiit cet hemme dans la eensom-
mation du crime, quelques ressources que lui offirit son esprit machia-
véliste, il sentait qu'il ne pouvait jamais suffire seul à l'immensité et k
la hardiesse de ses projets. 11 lui fallait des associés, il les trouva bien-
iAt. Les scélérats se connaissent d'un coup d'œil, et le forfait les unit
étroitement Qnélqnea^nns se sont sonstraits par In ftiite an Jnste eUUI-
ment qni les attendait emportant «ree enz le frnit de lenzs vols et de
leurs rapines.
6 ftvrier. H éorit une longae lettre à Robeeplem atnd,
pour te prier de hftter son Jogemeot; mais prindpelement
pour protester contre une partie de son rapport, sur les
principes de morale politique, dans lequel Robespierre
disait:
Vous ne pourriez jamais imaginer certains excès commis par des
eotttre-révolntionnsires hypocrites, pour flétrir la cause de la Bévolu-
tion. Croiries-Tons qne dans les pays otr la superstition a exercé le pins
d'cmpiro, non content de surcharger les opérations relatives au culte,
de toutes les formes qui pouvaient les rendre odieuses, on a répandu
la terreur parmi le peuple en semant le bruit qu'on allait tuer tous les
enfimte au-dessous de dix ans et tons les vieillards au-dessus de soixante-
dix ans? qne oe bmit n été répandu partienlièrement en Bretagne et
dans les départements du Rhin et de la Moselle? C'est un des crimes
imputés au ci-devant accusateur public du tribunal criminel de Stras-
bourg. Les folies tyranniques de cet homme rendent vraisemblable tout
ce que Ton raconte de Caligula et d'Héliogabale ; mais on ne peut y
i^ontœ foi, mémo à la Tne des prenves. H ponssait le délire jnsqn'à
mettre les femmes en réquisition pour son usage : onassnremtaie qn'il
a employé cette méthode pour se marier. D'où est sorti tout à coup cet
essaim d'étrangerSi de prêtres, de nobles, d'intrigants de tonte espèce,
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UB BOmiB DB LA ■tVOLDTIOM
988
qvi au même inst&nt s'est répandu sur la surface de la République,
pour wéeutw an nom do la pAïUosophie, on plu do eonlro-rff olotioi,
qiii n'* pn ètte anèté 4|iio par la foreo de la raison pnbUqno.
96 (èTrier. Le Directoife do Bi»>Bliin adresse une lettre
au Comité de Salut pubUo de la Ckinveiitlon nationale, en
répooBe aux répliques de Schneider à Robespierre, du 6 de
oe mois, ainsi conçue :
Tout couvert de ses crimes, il Tient encore de mentir à l'univers du
fend do ta prison. Constant dans ses perfidies, il emprunte le langage
de l'innooence fonlée; il crie à l'oppression, à l'û^nstiee. Ne toos y
trompes pas, la candeur est sur ses lèvres, mais la rage et la mort sont
dans son ft.me: c'est nn reptile qui eniltrasso /'troifomont sa victime, et
qui déjà a choisi l'endroit fatal auquel il destine son dard meurtrier.
Puis vient la nomenclature de 888 crimes et forCùts :
8a doetrine était de perdre la RépnUi^ par la BépabUqne^ dissé-
miner le germe de la guerre civile^ attiser le feu du fanatisme, prêter
dos armes à l'aristocratie contre le patriotisme, rt^pandre partout une
terreur meurtrière, bouleverser tout, persécuter tout, créer les haines
et les divisions, avilir la représentatiou nutiouale du Baa-Rhio, et ne
tnfPÊOt qne les personneo qui n'étaimii point asoea riehee povr aeheler
ses jugements et intéresser sa cupidité^ on qni n'étaient point assez
séduisantes pour allumer sa Inxare^ on asses viles pour s'y alumdon-
ner, etc., etc.
Schneider releva cette accusation et envoya à ses amis
de Strasbourg copie de sa réplique pour la faire imprimer;
mais personne ne voulut s'en charger, ce qui lui donna
ridée de la faire imprimer lui-m^-me, sous le titre : Aicx
hommes libres de touê les pays et de tous les siècles. On en
était à l'impression de la dernière page quand la brochure
fut dénoncée. De là, défense à tous les prisonniers de
l'Abbaye (récrire, et ({uelques jours après, il fut transféré à
la Force — 6 mans. 11 est interrogé — 11 mars. Au Club des
jacobins à Strasbourg on lit une dépêche du Comité de
sûreté générale de la convention, demandant à la Société
des renseignements sur la conduite do Schneider; la dis-
cussion s'ouvre sur cet objet, et Ton est d'accord pour ne
reconnaître en lui qu'un monstre, qu'Hun ennemi de la
chose publique, qu'un homme, enlin, souillé de tous les
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981
crimes — l" avril. Après avoir entendu raccusateur public,
A. G. Fouquier, et le défenseur officieux, les débats furent
clos; les jurés le reconnurent unanimement coupable; le
le tribunal prononça la peine de mort, a^eo ocmfiBcattaD de
sa fortune au profil de la République. Alors U se lève et dit
à ses juges:
Vous ne pouviez pas faire un plus grand plaisir aux ennemis de la
France, qv'eo n'envoyant à U mort.
Sa tête luiiiba le même jour.
Du 29 octobre au 13 décembre 1793, il lit guillotiner trente-
et-une personnes, dont vingt-et-une à Strasbourg et dix au
dehors. L'encrier et la plume, dont il se servait à cette occa-
sion, se trouvaient à la Bibliothèque de Strasbourg.
D^lB|irô8 Ristelhueber, U aurait été nommé curé dX)ber^
bronn à Tépoque de son arrivée à Strasbourg, 12 juin 1791 .
£xi£fiN£ Ba£TH.
(il tmart,)
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BULLETIN mBLIOGRÂPmOUE
I
Histoire de l*Âbbaye de Senones. Manuscrit inédit de Dom
Calmet à la biblioihoque de Saint-Dié, publié anx frais de la Société
phiiomatiqtte vosgienne et par les soins de M. F. Dinaoo, avocat à
Saint-IMé — Saint-Dié, imprimerie de L. Humbert» 1877-1888 —
1 toL iii-8» de 489 pigti. *
Les maiiiiscrits de Dom Calmet, qui sont à la bibliothèque
de Saint-Dié, étaient connus depuis longtemps de quelques
hommes d*étude et de quelques curieux. Bien que dans Tesprit
de ceux-ci, ces manuscrits ne s*élèTent pas tom'ours à la hau-
teur des connaissances modernes, ils n'étaient pas moins
considérés comme des documents dont la divn^tion était
désirable. H fallait, pour les répandre dans le domaine publie,
la formation de la SocUU pkihmaHque voÊçirnmê par l*un
des plus anciens collaborateurs de la Semé â^AUâee et le
concours ardent d'un jeune avocat de Cohnar que rMgnr
tien a fixé au siège de cette société. Grftce & ces deux cir-
constances les manuscrits, dont il est question, se trouvent
ai^ourd'hui définitivement tirés de l'oubli dans lequel ils étalent
menacés de demeurer.
Nous ne sommes pas en situation de contrôler la valeur
historique du manuscrit de Dom Calmet; mais nous devons
présumer que, même en le considérant comme première
ébauche, ce document est le plus complet que la science pos^
sëde sur rhistoire de Tune des plus anciennes et des plus
célèbres maisons religieuses de l'Alsace-Lorraine.
Dom Calmet fut l'un des derniers abbés de cette maison :
pour écrire son histoire, il avait préalablement, comme il le
dit dans sa préface, «recueilli les monuments historiques et
les titres» qui la concernent et ([ui se trouvaient en grand
nombre aux archives de Tabbaye. La chronique de Kicher,
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28é
REVUE D'aLSACS
connue de tous les historiens, a été religieusement consultée
par Dom Calmot, mais ce n'est pas à cette importante source
quHl a puisé les principaux éléments de Thistoire particulière
de l'abbaye. Dom Rarthelemi Claudon et Dom Jeannin en
avaient rassemblé les matériaux essentiels que Dom Calmet
a utilisés, augmentés et coordonnés pour écrire la iiumogra-
phie dont il s'agit. En l'éditant, M. Dinago et la Société philo-
inatique vosgiemie ont rendu un réel et louable service à la
science historique de nos contrées de l'Est
II
Mémoire présenté au gremd-bailli d'Alsace sur une insur-
rection survenue à Golmar en 1424, publié par M. X. Mobs-
MANN, pour faire suite à ses recherches sur la constitation de la
commune — ColmAr, imprimerie de J.-B. Jung et O 1883 — In-ti»
d0 S8 pages.
M. Mossmann a découvert aux archives de la ville de Col-
mar, dont il est le vigilant et dévoué conservateur, nu mfmrixe
qni est le récit ofllelBl d*iDie énente populairedont randeane
ville impériale fat le théâtre en 1434.1L Hosamaïui eoiuidère,
avec raison, cette pièce comme «fusant partie intégrante de
nos annaka* et il £iut le remercier de l'avoir fidt imprimer
avec une excellente analyse en regard. Ce document répand
la lumière sur une efforveseence populaire dont la cause était
jusqu'à ce jour diversement comprise par les annalistes qui
ont eu à &*en occiq>er.
Parti en guerre avec le palatin Louis et autres seigneurs,
avec d'antres villes impériales parmi lesquelles la Bépublique
de Strasbourg, avec les évéques de Strasbourg^ Cologne,
Wurtsbourg, etc^ contre le margrave, Bernard I*, de Bade,
le contingent colmarien occadonna à la ville, dont les finances
étaient d^à en mauvais état, des dépenses auxquelles il fsllut
pourvoir au moyen de VOkmgdi ou limpdt sur le vin. Procé-
dant alors connue on procéderait aujourd'hui, le magistrat
décida que la noblesse et les couvents de la ville y seraient
soumis conme le reste de la population. Les corps de métiers
avaient acoeqiité limpdt Une partie de la noblesse et des reli-
«7
gieux donna la signal de la résistance en ce qui les concernait
et le signal descendit aussitôt dans le populaire, les labou-
reurs et les vignerons notamment. Il dégénéra en sédition qui
aboutit au meurtre de l'un des membres les plus, marquants
du magistrat, à la déposition révolutionnaire des autres repré-
sentants de 1 autorité et iiualement à l'intervention du Landr
vogt ou bailli provincial dont les résolutions ne furent pas
sans conséquences sensibles pour la réforme du régime inté-
rieur de l'ancienne ville libre et de son droit municipal. C'est
surtout & ce point de vue que le mémoire a paru intéressant
à M. 11 oBsinaiiii pour compléter ses études antérieures sur la
commime de Cdmar.
m
D« au* Adel Im Obtvélnn — La TtaUto aeUwMe dala
Banta-AlMM, par J. Enmm vov Kmoiloob — Berlin, impri-
nerto éb Julw SittaiifiBld, 1889 — Iii^ delU pagatatec 7plaiiehM
d'araoiries et do tlgilflt.
Que dire de ce recueil, sinon que c'est une aride nomen-
elature de familles, plus ou moins nobles, plus ou moins
priviligiées qui, au mojen âge, ont généralement adopté le
nom des lieux, des bourgs, des rillages où elles jouissaient
de leurs privilèges, où elles avaient fixé leur résidence. La
matière de cette compilation, attentive et patiente, se trouve
dispersée dans nos chroniques alsaciennes, dans nos histoires
générales de la province, dans nos histoires locales, dans la
Diplotnaiicadc Schœptlin, dans les cartulaires de nos anciennes
maisons religieuses, dans les moymments de l'histoire de
l'ancien ùicché de Bâle, dans nos archives, dans quelques
collections particulières et surtout dans le Dictionnaire
topographiqtœ du déparlement du HaxU-Rkin, de G. Stofifel.
Nous sommes incompétent pour juger de la valeur héral-
dique du travail de M. Kindler. Ce n'est donc pas à ce point
de vue que nous voulons en dire quelques mot^s.
Extraire de nos livres et de nos archives des matériaux
d'une espèce déterminée, les utiliser ensuite pour arriver à la
construction méthodique d'une publication pouvant servir de
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«8
IBVm D*At8A(S
guide pour des recherches ultérieures, est une beso^rne aussi
inhale que méritoire. M. Kindler l'a accomplie avec succès
en ce qui concerne l'ancienne noblesse de la Haute-Alsace. Il
faut Ten féliciter. Son livret figurera avec avantage dans nos
collections comme première synthèse nobiliaire des noill'-
breux livres et documents qu'il a dû consulter.
IV
MentiomioiiB pour terminer ce buHetin trimestriel, une
plaquette de vingt pages qui a pour titre : VaireMoiogU §i lu
beaux-artB dam Parron^Usaeiment dé Samt-Diit, par Hrhbi
BiLBDT, président de la Société f^kUmaHque, C'est dans ce
cadre restreint que, dans la réunion générale de la Société de
Tannée courante, le président a condensé un aperçu sommaire
des principales antiquités de rarrondissement et des objets
d*ùrt qui y sont conservés; puis du même auteur, une note sur
la composition chimique de quetgues eaux de puits de Itaon-
VEtape et dont la conclusion proscrit Tusage de ces eaux dans
une ville qui, comme Raon-r£tape, est pourvue de fontaines
publiques fournissant des eaux de source d*une pureté et
d'une qualité irréprochables.
V
Signalons enfin une excellente notice de M. A. Bivoit sur
le CMUau de Vie au x¥ii* sidcfo, écrite à propos du poème de
Dudos •Les guerres pareissUdes de Vie», Ancienne demeure
féodale des évéques de Mets, ce château tut abandonné par
ceux-ci lorsque la ravissante résidence de Frescati fut élevé
dans le voisinage delà ville épiscopale. H n'abrita plus qu'acci-
dentellement de grands personnages jusqu'à son abandon et à
sa ruine. C'est dans ce chftteau cependant qu'en 1725 Ifarie
Lecsainska passa la première nuit de son voyage de Stras-
bourg à Paris pour joindre son royal époux. D servit ensuite
de caserne, puis d'écoles communales et fat oifin condamné à
disparaître tandis que tant d'autres édifices seigneuriaux
furent convertis en établissements industriels. Sis transU
ffloriti denHÙiL
FiiDfiBIO KUBIX.
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L ALSACE AKTISIKJIJE
Sous ce tili'C, la lieoue d'Alsace publiera sufces>i-
vement plus de ceot quarante notices coueeniaut
des ariistesalsaciensdes temps reculés et de l'éiioque
contemporaine. Elles ont été rcdifîécs par M. P.-E.
Tuetïerd, un des anciens eollaljoiak'urs de Idlkvue.
Il en sera lait un tirage à part restreint, avec
dédicace et préface. Ce tirage formera un fort
volume à la disposition des amateurs.
OTTFRID DE WISSEUBOURG
Hiniatiiriste (830^9)*
La célèbre abbaye bt'iiédictiue de Wisbenibourg, dont Tori-
giiie remonte au vir' siècle (G23), fut Tobjet de hi sollicitude
et de la générosité des eiupereurs et brilla par bou école qui
fut Tuue des plus anciennes et des plus renommées de l'Alle-
magnc. (Jette école étiiit dgà tlorissante au viir siècle et fut
surtout illustrée par le poète et peintre miniaturiste Ottfrid,
qui vivait au siècle suivant, du teuips de l'abbé Griuialdus.
Selon Trithème {Clironiam Hîrêaugieim)^ Ottfrid commença
à se fsàte connaître par ses écrits dès 843 et ne mourut
qu'après 869, année pendant laquelle il mit la dernière main à
son CSirUL
V Ouvrui^cs consiiltis : Gkuari>, /.ts Artistes (h V Alsace jtendatU /«■
moyen ngc. T. I, p. 17 et suiv.; M. H. Mrvr/. Ihiimlifues MonumeiUf
(l'art aî»u'('ii otit'tiic.* a Vinuii [lùme U AUrn.*, li>ïiij;
Nt>ut<lic bKim. — 11" aiiutit. 19
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2!N) IIFVUB d*au;acr
Arnold, le populaire auteur du Lundi de Peuterôti', dit
qu'Ottfri.l s'était voué ti'ès jeune h la vie monaâtique dans
rabhaye de Wisseiubourç, près «le ia<iiiell(< il. avait reçu lo
jour. Ce qu'il y a do certain, c'est que les dates précises de sa
naissance et de sa mort sont inconnues. II fit ses études
dans Técole monastique de VvL\à% sous la direction du savant
Raban Maur, qui devint archevêque do Mayence. C*est dans
cette école qu^ fut initié probablement à la peinture en
miniature par les moines peintres Brun et Rudolphe et par
Tabbé Hatto Bonosus. Ottfrid étudia aussi à Constance et y
reçut les leçons de l'évêque Salomon. Plus tard, il devint
directeur des célèltres écoles de Saiut-iiall, oii la sculpture et
la peinture vu niiuiaturi' étaient cultivée.-^ avec .>uccès. 11 se
retira détinitivenient à Wissenibouri,', dont il diri^'ea l'ecolf
(jui jouissait d'une '.grande renoniniée. C Cst là. dans cette
abbaye, que, pendant ses loisirs, il composa les œuvres qui
ont fait passer son nom à la postérité.
Son ouvrage le plus considérable, et qui seul est parvenu
jusqu'à nous, le Christ, est l'un des premiers monuments de
la languegormanique. Il est diviséoucinq livres : 1. La Nativité;
Saint Jean^BapHatefll. La Méuition des premiers disciples;
les Premiers miracles; la PropagatioH de la doctrine; III. Le
Bkit des miracles éclatants qui &franlèreut la rieiUe Joi des
Jutfs;lV, LaFàssi(m;'V.LaSésurrectiou; V Ascension ;le Juge-
ment, Si Ottfi*!d n*a pas fait correspondre son œuvre & ceUe
des quatre Evangélistes, et si, au lieu de quatre chapitres, il
Ta divi>ée en cinq, c'e>l, dit-il, i)arce «lue Tbonane a cinq sens
et ipie lui, Ottfrid. veut les con i'^cr. Li^ poème e>t écrit eu
strojilies formées cbacune par deux vers. La rime réunit iii\a-
riaiiiement deux denn-vers. Ottfrid a adoj)te ce genre de
rime, soit qu'il Tait trouvé dtgà existant dans la poésie pOj)U-
laire de TAllemagne, soit qu'il Tait emprunté aux langues
romanes.
Nous n'avons pas à nous occuper du mérite littéraire do
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t/ALSACK ARTISTIOtE 2»!
cetto œuvre; nous ne rappreciorons qu'au point de vue des
miniatures qu'elle renferme et nous nous servirons de TiHude
que M. £. Muntz en a faite de visu dans la Jinvue d'Alsace,
année 1S72.
Los dessins qui ornent le poème du Christ, conservé à la
bibliothèque impériale de Vienne, sont au nombro de quatre.
•Le premier, dit M. Muntz, représente une sorte de labyrinthe
rond, agrémenté de tons rouges, jaunes et violacés. Il n'offi*e
aucun intérêt, soit artistique, soit archéologique. Le second
célèbre VJËntrée du Christ à Jértisalem, Le Sauveur est monté
sur une ftnesse qui 8*avance4'un pas mige^tueux; il est légè-
rement courbé et tient d^une main les rênes de sa monture,
tandis qu'il bénit de l'autre. Derrière lui, à gauche, on voit
huit têtes il apôtres nimbées, tracées avec une encre dittércntc
et appartenant ù un autre tvi)c (jue le rest(> des i)ersonnair*'s
de cette scène. A droite, le peuple est ii;j;uré j)ar deux ^Moupes
composés de cinq individus chacun: ceux du premier j)lan
agitent des palnie> ctjLttfnt devant le Cliri>t des tapis ou des
vêtements; ceux du second raH,u sont ranimés près d'un ti iiiple
d'une construction fort originale (rappelant un modèle grec
ou byzantin), sur le bas duquel une main* inconnue a écrit
lG-15; ils s'avancent également à la rencontre du Me.ssie avec
des palmes À la main. Toutes ces figures sont incolores, à
Tezception de trois d'entre elles qui .ont des draperies grod-
sièroment peintes en vert ou en rouge; les nimbes de quel-
ques-unes des têtes d^apôtres, placées derrière le Christ, sont
^^ement verts.
«Sur le verso de cette feuille se trouve le troisième dessin,
h Cène. Le Christ, assis au bout d^une table ellii)tique, donne
sa bénédiction aux apôtres qui forment un groupe compacte
il quelque distance do lui. Dès l'abord, on est frappé de l'ana-
logie (pie le tyjx' des tigun-s de ce troisième dessin, ainsi que
la couleur de l'encre <iui a servi à leur exeruti(ni, pre^elltL'nt
avec les têtes nimbées de la page précédeute ; et i^n les exa-
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292 HbVUE U Al^ACE
minant de plus près, on arrive à cette conclusion: 1* que les
huit têtes nimbées d'apôtres de l'entrée du Christ à Jérusalem
et la Sainte-Cène tout entière proviennent de la- même main ;
2* qu'elles appartiennent à une autre main et à une autre
époque quo le reste du manuscrit
«Â ne consulter que les apparences, en voyant le dessin
plus rude, les contours plus pâles et plus vacillants, Tensemble
plus barbare, on pourrait croin- que la partie la plu> uncit'uuo
de ces dussins e.^t celle ipii ^^e (•oinpo.>e des têtes nimbées et
de bi Cène. Mais >i l'on se rajjelle la décadence extraordinaire
qui suivit la renai.->-ance si eourti' provo<iuée par C'barleiniij:ne,
ou acquiert la conviction «lue VL'/Jrèe du Christ à Jérmalain
ebtrœuvre de rillu>trateur primitif.
• On est surtout contirmé daus cette opinion par Tétude de
la quatrième et dernière miniature, la plus parfaite et, sans
contredit, celle qui est vraiment contemporaine du manuscrit
Elle représente le Qirist en croix» Le divin supplicié, attaché
par quatre clous (au lieu de trois), vit encore; il parle à sa
mère et au disciple bien-aimé placés auprès de lui. Des plaies
de ses pieds, juxtaposés et non superposés comme dans les
peintures postérieures, s'échappent deux filets do sang qui
retombent dans un vase à deux anses, d*une construction
régulière, sinon élégante. En baut, au-dessus des bras de la
croix, on aperçoit deux ti^ure> encadrées cliacune dans un
disque et représentant le soleil et la lune, en train de se voiler
la face avec un i)an de leur manteau, ("ctte fois-ci, la minia-
ture est acbevée. Une couche de peinture, d'un tou sale, h.\ée
d'après toutes les ai parences au moyen d'une solution gom-
nicuse, couvre la totalité du dessin. Le violet, le vert, le vert
pâle, le rouge brique en font les frais.
«Si nous envisageons maintenant l'ensemble des illustra-
tions du Christ, nous sommes avant tout frappé de l'absence
absolue d'ornements, de l'imperfection de la main-d'œuvre,
du caractère général de pauvreté et do barbarie. Que nous
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l'auacb artistique S99
voilà loin des initiales brillantes et si variées de la collection
des canons de l'Eglise, faite en Alsace même, en 788, par les
ordres do l'évt'qiic Racchio, do Strasbourg! Quo nous voilà
loin de lu spltMidcur des manuscrits de style anjjlo-saxon pro-
venant de Talibaye de Wissenilioury:, peut-être ronteuiporains
du Christ (conservés aujourd'hui dans la bibliothèque de
Wo]lVnl)Uttel)!
'Lo Christ, d'une infériorité si saisissante et même d'une
nullité absolue sous tous ces rapports, se relève par Timpor-
tance quUl accorde au corps humain et par ses réminiscences
imparfaites, mais non méconnaissables, de Tart chrétien pri-
mitif. Si la structure de ces figures est défectueuse, si les
torses manquent (le cou du Christ, par exemple, se rattache
directement au bras, sans indication d'épaules), si les extré-
mités nous choquent par leur lourdeur et leur gaucherie, si
Texpression enfin ne brille que par son absence, on rencontre
du moins çà^et là quelques traits heureux, quelques joyaux
épargnés par le flot de plus en plus envahissant de la barbarie.
On dirait un de ces camées antii|uos enchâssés dans les flancs
d'un reliquaire ou iVun ciboire, au milieu des monstres les
plus liidfux du nioyon ;ii;e. Citons parmi ces épaves le vase
placé au pied du crucitix. les draperies dr saint Jean. L'atti-
tude de la \'ii'r!4e ne manque ])as non plus d une certaine
poésie, quoique les pli> de ses vêtements rembarrassent et
Talourdissent sin^iulièrenient.
«Le type de la plupart de ces ligures se rapproche du type
byzantin, notamment dans les personnifications du soleil et
de la lune, ainsi que dans la peinture de TAnesse montée par
Jésus-Christ; mais en général les traits sont plus grossiers.
Le costume des Juifs qui vont à la rencontre du Sauveur, offire
également de grandes analogies avec celui do différents
manuscrits grecs de la bibliothèque de Vienne. Il se compose
d'une tunique descendant à mi-jambe et nouée autour des
reins par une ceinture.»
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294
HBVUR b AUACË
M. Muntz so demande enfin sll faut admettre avec Wagcn,
qu'Ottfrid est l'anteur de VEnirée de Jésus à Jérusalem et du
Ontcifietnent ; il conclut négativement en disant qu*il serait
singulier qull se fut si complètement soustrait it Tinfluence
des enlumineurs de saint Gall, qui brillèrent d'un vif éclat
pendant le ix* siècle, et au milieu desquels il séiouma un
certain temps. Et il ajoute (lue, si Ton no peut déterminer
l'autour de ces miniature-s, il est cependant permis iraflirmer
que celles-ci ont été exécutées à Wiàbcuibourii.
LE MOINE WILLO
Orfénre (xi* siècle) '
Le xr siècle fut marqué par un mouvement considérable
dan> larî de l'orfévrerit', priiicipalcnifiit cii Allcina'îne et
daii- la vallée du lUiin. Cette renaissance partielle fut provo-
(juce par la princesse byzantine Théophanie, lill.' de rcniiM'-
reur ïïomain II et épouse d'Otton II. et \ku' saint PM'rnward,
évêque de Ilildi sheiiu. Les plus beaux produits de l'orfèvrerie
du moyen Âge étaient les couronnes-lustres ou couronnes de
lumière qui servaient i\ éclairer entièrement les églises. £n
Alsace, il y avait celle de Wissembourf?, attribuée faussement
au roi Dagobert; cUo avait dix-huit pieds de diamètre et était
formée d'un cercle de fer recouvert de lames d'argent doré
et garni de vingt-quatre touroUes en vermeil, alternativement
rondes et carrées, découpées et ciselées et soutenant les
statuettes en argent des apôtres. On remarquait encore en
Alsace la couronne-lustre de Tabbaye de Munster qui, fausse-
ment aussi, passait pour un présont de Dagobert.
Le premier orfé>Te de TAlsace est Willo, qui vivait an
xr siècle. Il était moine dans l'abbaye l)i nedictinedeMurbacll.
* OnmgeB consoltés : Oérabd, Le» Jrtitie» de VJdmm <m moyen
âçef etc.
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I.^ALSACe ARTISTIQUE âff5
C\v>t \h, d'après ce (luc rapporte h; chroni(|U(' (rKi»ers!n(lnstei",
qu'il ciselait et dorait .si niervoilieuseim iit d'-> vases do cuivre
et d'étaio, que reni])eri'ur Heui'i lil, dit le 2soir, De so faisait
pas de scrupule de doitnor en cadeau h s(>s vassaux et à
ses courtisans, comme s'ils eussent été d*or. Martèno rapporte'
que ceux-ci s*étant aperçus de cette tromperie et n*osant pas
s'en venger, résolurent de tuer WiUo qui résidait à sa cour,
et qui, probablement, était bien innocent de ce qui avait eu
lieu. Mais Henri III, ayant eu connaissance du complot, afin
de soustraire le moine à la mort dont il était menacé et peut-
être aussi afin de le récompenser de son talent, Tintronisa de
. force sur le siège abbatial d'EberàinUnster auquel les moines
uvaii'iit élu un autre abbé.
Arrivé dans ce (•ouNeiit. en de telles circonstances, Willo y
fut fort mal accufilll; pendant douze années ce ne furent que
luttes et querejles entre lui et le.> n'iii^ieux. Ceux-ci l'ayant
surpris dans la cave brisant le vase servant à mesurer le viu,
le battirent violemment et le chassèrent du monastère. Il se
plaignit à l'empereur qui ordonna à Hetzelon. évêque de
Strasbourg, de le réintégrer dans ses fonctions. Willo rentra
donc à Ebersmttnster; mais un beau jour, en 1051, il quitta
furtivement le monastère, emportant les ornements et une
partie du trésor de Téglise. Il se réfugia à Worms, oii il dissipa
le produit de ses vols. Telle fat, au dire de Grandidier,' la vie
de cet artiste distingué et de co mauvais moino.
La chronique d'Ebersmlmster raj)porte que la couronne
que portait Tanti-césar Rodolj)be, duc de Souabe et d'Alsace,
élu empereur *-n liiTT avait été faite dans cette a))baye. Ce
fait semble indiijuer que Willo avait formé' des élèves dans ce
couvent et y avait laissé une tradition.
Dans un des comptes {de l'hôtel de Philippe le Bon, duc de
' Tliè». anerd.
* Ornvres inédites.
296 RitvuB d'ausacb
Bourgogne, de Tannée 1467, se trouve mentionnée une pièce
d'orfèvrerie en cos termes : «Une <'0(iuille de Willo, pîarnye
d'argent iloïc». l'i-nvcnait-elle de l orfévre d'EbersuiunslerV
C'est ce qu ou ne pi*ut afhrmer.
herrâde de LÂNDSPERG
MiniatarÎBte (llSiWllf»)^
La niontaune la jilus (•('•lehrc de l'Alsace est, .sans contredit,
celle de Ilulienhour^. ou Siii)itt'-()ilih', la tilli- du duc Khicon,
construisit un monastère vers la tin <lu vir siècle. Parmi les
abbesses qui lui succédèrent, il y en eut une du nom de
Relinde, qui cultiva avec succès la iioésio et les lettres, dont
quelques morceaux sont parvenus jusqu'à nous. Elle en com-
muniqua le goût à Tune de ses jeunes compagnes, Herrade de
Landsperg, qui devait, en 1167, lui succéder sur le siège abba-
tial de Hohenbouig. •
Herrade est Tune des plus belles figures du moyen âge; elle
toi peintre, musicienne, poète, philosophe, théologienne; il ne
lui a manqué que l'auréole de sainte, dont elle possédait
toutes les vertus. Il y a eu dos noms plus ^ands, plus écla-
tants que le sien; il n'y en a pas de plus i)urs. L'intérêt
qu in>]iire cette femme rf^sulte de l'existence isoliV» (|u'elle a
eue au M)nnni't d'une niontaiine, dans une réj^'ion ])rcs()ue
alpestre où lt'> bruits du inonde, lorsqu'ils montant juMiue-là,
sont si faibles qu'ils se confondent avec le munnure de la
cascade voisine ou avec les gémissements du vent dniis les
branches de la forêt de sapins; il résulte surtout du charme
qu'on éprouve à rencontrer un être si noble, si cultivé, au
' Ouvrages con8nlt(''S : Spach, Tjettren sur le$ archives dê})artementnlrs
ihi lUts-Tihiu : Huot. Dca Vosffrs nu Wiin • fiKRAitn, 1 < Arlisirfi de
l'Alsace nu minjen âge; J.-J. Mkybr, Herrade de Landsperg {Revue
d'Ahnce^ année Ibîti); eto.
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i.'ai.svci; AunsnguE 2'.>7
milieu d'un monde denii-])arl)arc, en proie à la rudusse, à
lignorance et aux passions les plus grossières.
Le milieu oii Herrado a passé son existence a dû exercer
sur sa nature impressionnable et poétique une influence con-
sidérable; mais ce fut à son insu. Qui n'a éprouvé sur les
hautes montagnes le sentiment indéfinissable qu'un air plus
léger, un horizon plus varié et plus étendu produisent sur nos
sens et nos idées? Le sang coule dans les veines avec plus
d'abondance et de force, les objets apparaissent sous un aspect
nouY(\iu et les pensées seral)lent se purifier et s'élever sous
rinllucnec mystérieuse de Tatmosplière éthdrt'^e qu'on resj)ire.
Conjnie tout ro qui est véritablement lieau, le site de Ilolicn-
bour.^ a enj)tivé et captivera toujours rhomnic: i>anorauia
admirable, souvenirs historiques et reli^j;ieux, il otiïe tout ce
qui peut plaire aux yeux et à rima<^nnatiou.
Comme son nom l'indique, Herrade appartenait ii Tantique
et illustre famille de Landsperg, depuis longtemps éteinte,
dont les ruines du chftteau se voient sur la pente de la mon-
tagne même du Hohenbourg. On ignore l'époque exacte de sa
naissance, qui remonte probablement entre les. années 1135
et 1140. On ne sait pas non plus pour quel motif elle prit le
voile; si ce fiit pour obéir à une vocation bien arrêtée, pour
iuir les luttes, les passions et les tourments du monde, ou
pour satisfaire au désir de son frère Gunther ou de ses
panants. Quoi qu'il eu soit, elle entra comme novice au couvent
de Iloluiibouru, dirigé alors par la pitHise Keîin<le.
Plus tard, devenue abbesse de ce moii:i>tère. TTerrade donna
tous se'< si.jiis nux nonnes et à ré't;ib]i>-eiiii'nt dont elle avait
reçu la direction spirituelle et temporelle. En 117s. die fonda
près d'Ottrott-le-lIaut le prieuré de iSaint-Gorgon, et m llSl
celui de Trauttenbausen au pied de la montap^ie de Flohen-
bourg. Elle entra en rapports U'affaires, pour les biens de son
couvent, avec Frédéric Barberousse, les pt^es, les évêques
de Strasbourg, de Lorraine et d'Allemagne et les seigneurs
S98 REVUE U ALSACB
alftaciens. Mais, saufles instants qu'elle coii.saci ait aux intiTôts
matériels confiés à ses soins, «^llo employait tout son temps
en excri-irrs de piété, à la (lirtu-tion spirituelle de ses com-
paiziie^ et à la culture (U- la jM-inture, de la musifiue et de la
])()ésiL>, Inscn-^jiilc aux bruit.s do la terre, plon;;ui' dans le
calme et la retraite les plus absolus, sous Tempire de vi-^ion-.
charmantes et d'iiarmonied qu'elle croyait venir des cieux,
elle composa une œuvre admirable pour l'époque, le Hortm
Df'liriarim. Ce manuscrit fut pendant des siècles entouré à
Uobenbourg d'une vénération très grande et estimé presque
à régal des reliques auprès desquelles on le conservait pré-
cieusement Il était orné de délicieuses peintures ob éclataient
des couleurs que le temps n'avait pu altérer. Transmis par
Herradc à ses filles adoptives, sauvé comme par miracle des
nombreux désastres qui assaillirent le couvent de Sainte-
Odile, recueilli un moment par les évêques de Strasbourg,
puis par les Chartreux de Mnishoim, par la bibliothèque du
district républicain, j)ar un abbé, enfin par la bibliothèque de
la ville df Stra.sbourti. dont il était l'onuMoent le plu> brau et
le plus jtrécieux, il a été brûlé, comme tout le reste, par les
Prussiens, en 1^7<».
Heureusement (jue ce manuscrit ine.-tiiiiablc a été l'objet
de plusieurs études remaniuables : l'une fut publiée î\ Stutt-
gard en 1618 par Engelliardt, (]ui l'accompagna de douze
planches reproduisant les plus belles miniatures; une autre
est due à Leuoble; uue troisième fut insérée par Tarchiviste
Spach dans ses Lettres mr les an^uves du Ba^Blwi; une
quatrième se trouve dans l'ouvrage du conseiller Huot, inti-
tulé Des Vosges au Rhin; une cinquième a paru dans l'ou-
vrage de fou Gérard sur Les Artistes de VA Isace m moym âge ;
une autre, la plus étendue de toutes, est due à la plume de
M. J.-J. Meyer, qui l'a insérée dans la Revue ^ Alsace^ année
1876; enfin, la Société pour la conservation des monuments
historiques de 1 Alsace vient de réunir dans une splendide
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l.'AL»ACe ARTISTIQUE 399
publication ( isTît) les dcssiiiH (juu des amateurs avaient faiU
des miniaturt's df ci' manuscrit.
Lo Hortug Delichirinu fut prohablomeut coununncé par
Uerrade vers l'an 1155 et terminé en lltto. Cette femme dis-
tinguée put jouir pendant de n()nd)rouses années de son œuvre,
car elle ne mourut que le 25 juillet 11B5, à Tâge de 70 ans
environ. Ses derniers instants furent impressionnés par une
scène douloureuse: Sybille, veuve de Tancrède, roi de Sicile,
et ses deux filles étaient venues chercher un asile dans le
couvent do Hohenbourg, poursuivies par la haine de Tempe-
reur Henri VI, qui 8*était emparé de la Sicile et avait fait
crever les yeux au fils du monarque défîint
Herrade avait une sœur, Edelinde, qui, comme elle, prit le
voile et devint abbesse de Hohenhourp; en Tan 1200. Edelinde
se distinfîua non-seulement par sa piété, mais aussi par ses
^oûts artistiques. Elle sculpta la Passion du ^Sauveur et quel-
([Ucs scèMU's de rAncien et du Nouveau Testauient sur une
croix eu bois qui ornait, avant 1542, Tabbaye de Nie(ler-
miinster, et qui se trouve actuellement dans l'église de
Molsheim. '
11 n'entre point dans notre sujet de donner l'analyse de
ÏMortus Deliciarum, qui était un(» sorte tle résumé de toutes
les connai-sMiices de Tépoque, destiné à l'enseignement des
nonnes de Uohenbourg. Nous n'avons à parler de cette œuvre
qu'au point de vue des peintures qu'elle renfermait, qui en
étaient le commentaire imagé, et lui assignent le premier
rang parmi toutes les productions des miniaturistes alsaciens
du moyen ftge. A Fépoque oU vivait Herrade de Landsperg,
c'e8t4t-dire au xn* siècle, lillustration des manuscrits était
peu pratiquée en Occident; ce n'était guère qu'une pieuse*
' Cette croix, qui porte les signes irrécusables de l'époque byzantine,
est en bois de cbt iie, elb^ a buit à neuf pieds de hauteur et ciiKi à six
dans la croisi'^o. Des pierres précieuses l'enricbissent, et elle est recou«
verte do lames d'argent doré relevées en bosse.
.100 RFVtTF n\l4ï*rF
tradition inonastiiiuc cmjn'untro ;ui\ liahitudi's de TEiilise
«irccrjuc. La foi inspirait li s inui^es, coimiie elle imposait les
textes et leur siLMiitii i! ri li>,Meuse. L'art byzantin avait
formulé des règles intiexibles, avait créé des types inaltérables,
immuables, éternels; les figures, les attitudes, Texpression^les
emblèmes, les costumes, les couleurs même, tout avait été
réglé, iixé, déterminé. L*artiste ne pouvait s*en écarter sans
violer en même temps son devoir professionnel et son devoir
religieux. La décadence qui avait commencé à se produire à
Constantînople, sous le règne de Basile II (995-1025), se fit
sentir au xi* siècle en Allemagne où s'étaient répandus des
artistes dégénérés, qui étaient tombés dans le dernier scrvi-
lisme de l art. Aux principes et aux traditions des écoles de
Basile !"■ et de Con-tantin Porphyrofrénète avaient succédé le
relàclicuieut et reinpiri>iii • d'un^' nouvelle école (pii chaque
jour s'éioijinait de plus m ])lus de î antiquité. Heureusement,
qu'à côté de cette écitle uit rcantile l AlIemaLnie avait su en
conserver une auti-e, véritablement nationale, née de la renais-
sance carlovingienne et qui continua le mouvement original
qui Tavait distinguée. Cette école, peu nombreuse, était plus
indépendante, plus fantaisiste; elle composait avec liberté,
elle inventait, elle savait allier le sentiment de la vie réelle à
la poésie légendaire; elle reproduisait, en les variant, les scènes
historiques ou bibliques; elle n'interdisait pas & Timagination
de concevoir et de produire des sujets et des formes dans une
direction et sous une forme nouvelles. Cette école à laquelle
appartient Herrade de Landsperg ne subissait plus, vers le
milieu du \n' siècle, riuHuence byzantine que dans ce qu'elle
avait d'li''ureux et d"uti1e; elle n'empruntait plus aux peintres
orientaux que Ii'urs connaissances ter]ini(pie>. leur entente
du d*'>>in, leur- ju-ocedés de coloris. ( 'e libre travail di? l'es-
prit, cette iiulépendance de l'artiste, éclatent, COiiuue nous le
verrons dans l'œuvre de Herrade.
Le nombre des peintures qui ornent Toeuvrc d'Uerrade est
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" L'aUACIï AKTISTlVb'E 301
considérable; il s élove à six cent trente-six, celui des tij^ures
humaines h plus de neuf mille.' Elles ne sont ([ue rarement
placée- dans le tcxt '; unlinairement elles occupent touto
retendue de la feuille de |)arche:iiiii ; certaines pages con-
tiennent deux rangs de miniatures, d'autres trois rangs,
Quehiues compositions sont si développées, que c'est à peine
si toute la page est suftisante pour les renfermer.
L'Histoire-Sainte est traitée très brièvement et ce senties
allégories mystiques qui tiennent le plus de place parmi ses
miniatures. Dieu, père de toutes les créatures, les anges, la
révolte et la chute de Lucifer et de ses suppôts, surtout ce
dernier événement présenté en un endroit comme une des
causes qui amenèrent la création de la terre et de Thomme; la
Trinité, comme providence agissant dans le monde; tel est le
début de la première partie. Dans les peintures qui raccom-
pagnent on voit les trois personnes de la Trinité, assises Tune
près de l'autre sur un banc circulaire et identiquement sem-
blables l'une à l'autre, se consulter sur l'é'kentualité de la
création.
L'orijzine des élénu'Uts e>t empruntée au récit biblique. L'air
et l'eau sont représenté.? ^ou^^ les traits d'Eolc et de Neptune.
Tout ce qui a trait îi la cosmographie, ii l'astronomie et à la
chronologie est tire d un astrologue anonyme et de VAurea
gemma; il en est de môme de certaines notions de géographie
et de technologie qu'on trouve plus loin. Ces derniers frag-
ments sont suivis de miniatures représentant, d'après le
système de Ptolémée, les douxe signes du zodiaque, les isènes,
le Soleil dans un char attelé de quatre chevaux, et les divers
climats.
Dans lUstoire de la création de Thounue, on voit celui-ci
' N'oiis nous biiiiiiiir.-. i vi \n)\iv l.i tli'Sv i ijiiu)!i i!cs iiii 11 iut lues pi iii-
ciliiilL'int'iit Jl's iu(iclo3 tic M.M. (iciard, T.I,i*. iit" titauiv., ciJ.-J. Meyer,
uuvrugca déjà cités.
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:1K]I2 REVUE D^ALSACe
rcprésento m)U^ U'> toniio du iiiicruL-o.-^iiie, c t'St-iVdirf ooiiinu!
un abrégé du inonde. L liomnie, iiouvellenient créé, a la tête
rayonnante et entouré des sept anciennes planètes; ses bras
sont étendus et un cercle enferme ses jambes; un monticule,
sur lequel une chèvre broute des ronces, figure la terre; les
trois autres éléments, l'eau, le feu et Tair, sont représentés
dans les angles de la peinture exerçant leur influence sur
Têtre humain. Les miniatures qui représentent la création
d'Adam et d'Eve sont très curieuses; on voit le Père étemel
tenant sur ses genoux une forme humaine ébauchée dans de
l'argile jaunâtre et achevant de la modeler; plus loin, il souffle
dans sa bouche ouverte pour lui communiquer la respiration;
entin, assis auprès d'Adam endormi, il tient à la main lu côte
qu il lui a prisp et de laquelle surjiit le buste d'Evf nai^>ante.
Vient en.suite l'histoire de la chute de nos premiers pareuLs.
On voit l'Eternel 1rs chassant du paradis terrotre : i)lus loin,
1 ' chérubin qui, les aih's rejdiées Tune sur l'autre en lorme de
croix, veille à la porte d'entrée du paradis. Après leur expul-
sion, Adam est repré.senté l)êchaut la terre avecefiort, et Kve
lilant au fuseau. Ensuite Cain tue son frère Abel; puis
l'arche, la découverte du vin par Noé, l'ivresse de celui-ci et
la construction de la tour de Babel.
Puis arrivent les neuf Muses qui sont encadrées dans
des médaillons élégants et qui portent le costume des châte-
laines de l'époque de Frédéric Barberousse.
Après les Muses vient une miniature allégorique représen-
tant la philosophie et les sept arts libéraux. A Tintérieur d'un
grand cercle sont inscrites sept arcades byzantines, dans cha-
cune d'^squclles ,^e drt'sse um- Icmme iiol lcmcnl vêtur: la
(îrammairc. en roufie, tenant une vei>j;e et un li\i'i'; ki Uheto-
ri<|Ui% vn h\vu. avec un style et des t-aldetî^^ ù eci'ire: la
I)ialt'Cii(iue, en vert clair, tenant de la main gauche une tête
de chieu aboyant; la .Musitiue, en carmin, ayant une harpe
entourée d'une lyre ot d'une rotte; T Arithmétique, en bleu
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L'aLSACE ARTISTlgUE 903
clair, avec une corde à compter ; la Géométrie, on rouge, armée
d'un roiiipas et (runc rè^Mn ; rAstronomiL», en vert foncé, moii-
tniiit crum- main le lii iaaiuciit c*t tenant de Taiitri? nn boisseau.
Au centre du cercle sié^te sur un large fauteuil la i'iiilo-ophie
vctue d'une ro'ne violtîttc et d'un manteau de ]t()iirpri': ^a tt-te
est ornée d'un di.tileiiie dunucl sortent trois ligures désignées
par une légende sou> les noms d'Etliiciue, de Logique et de
l'bysique; ses mains tiennent un écriteau à devise; des deux
côtés de sa poitrine s'épandent les sources des sept arts libé^
raux. Dans la partie inférieure du cercle on voit, assis sur
un banc de bois et devant un pupitre chargé d'un livre
ouvert, Socrate et Platon. Au-dessous de la page et extérieu-
rement au grand cercle se trouvent, dans de riches sièges et
devant un livre ouvert, quatre personnages à la physionomie
grave, portant leur barbe, en haut-de-chausses, tunique et
chlamyde; ce sont les poètes et les mages, ayant chacun sur
Tépaule un oiseau noir qui semble leur parler à Toreille et
qui représente un démon. Herrade les a exclus du cycle hono-
rable des arts bienfaisants, parce qu'ils ont chanté les exploits
des divinités mythologiques, dont elle a peint les ligures sur
les feuii!('> suivantes.
Puis vii-nni nt le:> scènes le> plus marquantes de la vie des
patriarches: Abralunii et L(»th. l.-aac et ses tils. Moïse en
Hgyptc. k' passage dr la mer Uouge, le séjour des Ih^ireux
dans le désert; leurs dis erses stations sont iudi(iuéi'S sous la
forme emblématique d'autant de petits châteaux- forts ou
d'églises. Les principaux événements des pérégrinations des
Israélites sont représentés d'une façon très curieuse; ainsi,
dans la scène représentant Tengloutissemont de Pharaon dans
U mer Rouge, Herrade a donné aux poissons des formes bouf-
fonnes et des attitudes plaisantes, comme pour montrer leur
satisfaction de la mésaventure arrivée à Torgucilleux Egyptien.
Ailleurs, lorsqu'une colonne de feu ou de nuages indique le
chemin aux Juifs, elle est immédiatement suivie d'un massier
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301 aKvtfi u'alsack
tenant à la main un gros bâton à pommeau. Plus loin ou voit
dans un endroit isolé le tombeau de Moïse, dont Dieu lui-
même place le corps dans un cercueil de pierre ; Satan cherche
à saisir ce curps par un pied, mais il est repoussé par saint
Michel armé d^une fourche.
' Dans riiistoire des Juges, des Rois et des rrophètes, il y a
un tahk-au remarquable rc'pre^entallt ,loiias avait' par mit'
baleine, ({ui n'est autre (lu'unc rniu'nu' vavuv tlu Khlii. L.'..
ilouzi' j)rop!u ti'S -ont as:^is l'un à coîi' d l autre ft tiennent
cliaeun à la main une liamle de parclu iiiin -ur la(|Uelle on lit
Tune (le l "ur> pri'dietions. Les visions du propliete /aeharie
douueut lieu à une uiiniature très curieuse: le Christ, malien-
Toppositiou du diai)le armé d'une massue, revêt le costume
de grand-prêtre; tout auprès, on voit les candélabres à sept
braucheîi placés entre des oliviers. Cette miuiature, commencée
par Herrade, a été achevée postérieurement par une main
moins expérimentée.*
Au seuil de Thistoire évangélique, entre Tancienne et la
nouvelle loi, Herrade a peint deux allégories mystiques sur
Tunion des deux Testaments; dans Tune, le personnage prin-
cipal, qui est assis, porte deux têtes, celle de Moïse et celle
du Christ, et tient d'une main Paspersoir, symbole de la syna-
gogue, et de Tautre la coupe de la Cène, emblème de TEglise
nouvelle.
l'ai ini II -s miniatures ([ui illustrent la vie du Christ, il y on
a de très remanjualdcs. T/um' d'elles concerne la «^eiiealofiio
du Messie représentée par un arbre t'iuidenuitique plante par
Dieu lui-même; i\ mi-hauteur du tronc, on voit la tipure
d'Abraham au-dessus de laquelle sont représentées les têtes
de tous les patriarches, de tous les rois du peuple juif et de
tous leurs descendants jusqu'à .Iosej)h, l'époux de Marie; la
Vierge est au-dessus de Joseph, et de sa tête sort le Christ ;
les patriarches, les rois, les prophètes et le peuple d'Israël
sont répandus dans les rameaux; dans la partie supérieure
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L*ALSACB ART1STIQ0E 305
apparaît le Siuivour oi ù, ses côtés les apôtres, les papes, le
clergé, les rois de la terre et leurs peuples.
Dans la miniature suivante on voit Dieu jeter daas la gueule
du Leviathan, image symbolique du monde corrompu, un
hameçon dont la partie supérieure figure la croix du Christ,
et qui retire du monstre les têtes des patriarches et des pro-
phètes.
Dans l'histoire du Christ, nous citerons les miniatures sui-
vantes : TAssemblée des disciples de saint Jean portant des
manteaux blancs marqués par devant d'une croix de saint
Jean; — le Baptême du Christ, scène dans laquelle le Jourdain
est représenté sous la forme d'un dieu qui regarde avec éton-
nement les portes du ciel ouvi i tes sur la tête du Sauveur,
pendant ([u'une colombe descend portant une fiole remplie
d'huile, dont elle va Toindre ; — la Tentation, où Ton voit
Satan, revêtu d'une peau verte, s'etiorcer de séduire le (llirist
par des cajoleries bouffonnes, dont le comique est renforcé
par les détails grotesques du personnage: uez énorme et
retroussé, bouche fendue jusqu'aux oreilles, queue en trom-
pette; — la Mort de Lazare et du mauvais riche; Tâme du
premier est recueillie pieusement dans un linceul par des
anges qui la portent au ciel; tandis que celle du mauvais
riche, personnifiée par un nain qui s'échappe de sa bouche
convulsive, est saisie et emportée par des démons; — plus
loin, on voit le mauvais riche couché tout nu au milieu d'un
étang do feu et blasphémant dans les tortures de la soif;
Lazare, au contraire, repose bien tranquillement sur les
genoux d'Abraham.
Dans le soniïe de la femme de Pilate, Horrade a représenté
Satan au i)ied do cette dame, inspirant et dirigeant le rêve de
sang (lu'elle fait. Dans le tableau du crucitit-ment, Tartiste a
placé au-dessus du gibet les Hgures dolentes et voilées du
Soleil et de la Lune; le premier, portant la main à sa face,
essuie ses larmes; Mari»', Jean, le diacre Klienne et centu-
Noov«Ut! Sorte. — H" aonve. 20
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S06 RKVine D^ALSACB
rioli L(iii i;in sont au pioil de la croix, où se trouve aussi le
tombeau d'Adam. Deux figures allégoriijues apparaissent en
outre dans cette composition; Tune représente Tancienne Loi,
la Synagogue montée sur un ftnc, les yeux couverts d'un ban-
deau, la bannière renversée; elle tient d'une main le bouc
d'iniquité de l'ancien Testament, de Tautre main le couteau
du sacrifice désormais inutile et inefficace. L'autre ligure est
colle du Christianisme, de l'Eglise triomphante, assise sur une
bête à quatre têtes qui sont les attributs des quatre évangé-
listes; elle porte d'une main la bannière victorieuse et de
l'autre la coupe de la Cène, dans laquelle tombe le sang qui
s'échappe des flancs du Christ
On doit si;j;naler encore dans Thistoire évanfîélique les
miniatures suivantes: la descente du Saint-Esprit; la conver-
sion de saint Paul; la conii)ai^'ni(' des saintes fenuncs de la
Passion vêtues do l'habit monasti(iuo, ^ou> la conduite de
saint Jean en costume de moine; le baptême de l'Ethiopienne
par saint Paul, emblème de l'accueil (jue l'Eglise fait aux
nations payennes; le Christ couronnant TEglise qui, sous les
traitJi d'une femme, s'avance à la tôte des douze apôtres; Jésus
chassant du temple les marchands qui personnifient tous les
vices qu'on doit bannir de la société chrétienne; Christ sur
le pressoir symbolique de la vendange chrétienne; le lépreux
figurant par ses sept plaies les sept hérésies principales qui
ont désolé l'Eglise.
La lutte des vertus chrétiennes contre les vices présente
un tableau original. Les Vices et les Vertus, dans la tenue de
femmes armées, so combattent, les premières avec des lances
qui représentent les aiguillons de la tentation, les secondes
avec des épées, inuiges de la parole divine. Dans tous ces
combats sini^uliers, chaiiue Vertu est aux jjrises avec le Vice
correspondant; la victoire aj)partient toujours j\ la Vertu qui
met h mort son antagoniste. La Luxure stMilc n'emploie pas
d'armes pour conibatti'c; l ichciueul vêtue, escortée des autres
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L'AUAUï AaTISTIQUË 907
plaisirs et montée sur un chikr enrichi d*or et de pierres pré-
cieuses, elle réussit par bes séductions h déconcerter les
Vertus; mais la Chasteté arrive à temps pour les secourir; elle
brise le char de la Volupté et de ses compagnes, qui fuient en
jetant leurs parures et leurs armes.
Après cette allégorie arrive une série il- iiiiiiiaturcs consa-
crées à célé])rer Salomon: la construction du trnii)le; la visite
de la reine de Saba; les vierires de .léru>aleni chantant ses
louanges devant le roi (|ui e>t assis sur son trône: Salomon,
emblème du Christ triomphant, reposant .>ur un lit précieux,
symbole de TËglise; Salomon célébrant le festin nuptial avec
TEglise; Salomon assis sur un trône et jetant sa mélancolique
exclamation: Vanité des Vanités. Auprès de lui, comme imago
de la vanité des choses humaines, deux hommes font mouvoir
deux marionnettes représentant des chevaliers armés de
toutes pièces et se livrant un combat singulier. Immédiate-
ment an-dessous, on voit la Fortune, montée sur une roue,
qui élève et abaisse les rois tour à tour.
Cette saisissante critique de la vanité des choses humaines
avait mis Herrade en veine de liberté. Elle traça une autre
comi)Ositioii d'une grande énei gie. c'est VEchclle du Salut qm
part du sol et s'élève juxiu'au ciel oii se trouve la couronne
de vit': le Père é'ternel. (huit la main sort d'un nuage. i"otire
aux concurrents, tandis (jue des dénn)ns leur décochent des
flèches pour les faire tomber dans la gu(>ule du diable, sous la
forme d'un dragon qui se trouve au pied de l'échelle. Malgré
Tassistanco do quelques anges, les embûches du démon n'ont
que trop de succès; Termite a préféré k culture de son jardin
Il la prière et à la contemplation; le chartreux s*est laissé
séduire par U. jouissance d'un bon lit ; le prêtre séculier 8*c»t
livré aux plaisirs de la table et de l'amour; la religieuse a été
fascinée par la vue des richesses ; le chevalier et la noble dame
se sont adonnés à Tavarice, à Torgueil et aux plaisirs de la
chair. Tous retombent de l'échelle. Les laïques ne montent \ni6
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300 RETUB D'ALSACS
iiiùiiiL' aussi haut que les relÎLîieux; dès It^s prcniicrs (leizrés,
le soldat altsnrlu' jiar le (k'>ir df posst'd»'!' di» beaux dirvaux,
la femme étourdie pur le luxe et la vanité, se lai>senl i hoir
lourdement. Seule, la ( liarité chrétienne atteint le haut de
Téchelle et re(;oit la recompeiiM* céleste.
Une poésie sur les défaillances de la chair, inspirée à
Herrade par la peinture dont nous venons de i)arler, lui four-
nit Toccasion de reproduire le mythe homérique dos Sirènes
en trois tableaux. Dans le premier, ces enchanteresses, ailées,
la tète couverte d*un voile, le corps enveloppé d*unc longue
robe qui ne laisse À découvert que les mains et les jambes
terminées par des serres, font tomber, aux sons d*une mélodie
délicieuse, Téquipage d*un navire dans un profond sommeiL
Dans le second, les sirènes sautent sur le vaisseau, mas-
sacrent les matelots endormis et les jettent à la mer. Dans le
troisième, Ulysse, monté sur une barque que conduit un
moine à la tôto rase, arrive au secours de ses compagnons et
emploie la ruse habile qui doit rompre le charme des iilles
d'Acheloils.
.\près ces tableaux, »iui sont une allusion aux périls (pie
l'Ei^lise a à traverser et que ( lirist lui fait surMiont«'r jutur la
conduire au bonheur céleste, llerra<le a représenté TEiilise
uni\erM Ile de la manière suivant<': on voit la coupe trans-
versale d'une é^dise: tlans la niche centrale de la partie la
plus élevée, l'Ei^lise >ie^'e eu reine; de.-^ deux cotes <le la niche
sont assis des papes, des évéques, des prêtres, des moines et
des religieuses; la niche au-dessous de la première est occupée
par les jeunes tilles de .Téru^alem, représentant tous ceux qui
sont soumis à Tautorite de 1 Eglise; auprès de la niche, on
voit d'un côté des pèlerins et des religieux appartenant aux
ordres les plus sévères; de l'autre côté, des princes séculiers.
Aux portes do Tédifice se tiennent David et Ksale, baptisés en
dehors do TEgliso. Sur le toit, des ar.ges livrent bataille au
démon. Quatre médaillons pkcés aux quatre coins de Téglise
renferment les bustes des quatre grands prophètes.
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i/alsacs AnnsTioi'B 809
VviU' ininiatun' .-»'rt (riiitrodm tioii î\ uiu' série de chapitres
relatifs h rKj^lise, au\ (oiiditions nécessaires à son existence,
à ses devoirs et à ses relations.
Uerrade < ousacre une place importante de son œuvre à
rhistoirii de TAutechrist. On voit celui-ci mettre h mort Elie
et Ënoch, apparus sur la terre peu de temps avant lui. Enivré
par les honneurs des peuples et des princes laïcs et ecclésias-
tiques, il fait des miracles, précipite le feu du ciel et déchaîne
la tempête sur mer ; ceux qui ne veulent pas croire en lui sont
mis à mort Mais le chAtiment n*est pas loin; au moment où,
arrivé au sommet do la montagne des Oliviers, il prétend,
comme Jésus-Christ, s^élever vers le ciel, saint Michel apparaît
et lu! fend la tête. Ses adhérents, reconnaissant alors le néant
de son règne, font pénitence, les Juifs se convertissent à
l'Evangile et reçoivent le baptême.
Une suite de miniatures orruj)ant j)lusieurs i)ages repré-
sentent les stencs du Jii^'eim-nt dernier, ]»rinei])alement
d'après l'Apocalypse. On voit tout d al)ord Jésus-Christ sur
un arc-en-ciel qui lui sert de trône: au-dessous et montés sur
des roues ailées, des séraphins; plus bas, la croix et les instru-
ments du supplice du Sauveur portés triomphalement par les
anges sur une espèce de fauteuil. Au pied de la croix le livre
de justice est grandement ouvert; à droite et à gauche sont
agenouillés Adam et Eve. Plus haut, à côté du Christ, on voit
la Vierge et Jean-Baptiste; auprès d^eux des chérubins, puis
les apôtres, assis sur un banc et ayant chacun un ange der-
rière lui. Plu» loin, on voit les morts sortir de leurs tombeaux
en entendant la trompette céleste; au-dessous, des animaux
féroces rendent les membres des créatures qu'ils ont dévorées.
En même tenq)S le ciel et la terre sont en feu et un monde
nouveau les remplact;, dominé par les ditlércnts groupes des
élus distribués dans Tordre suivant: martyrs, j)apes. évêques
et cJercs, ai)bés et moines, pèlerins, veuves, abbesses, reli-
gieuses, rois et princes, magistrats, puis la foule des laïques;
310 RBVUB D'ALBAGB
chacun est accompagné de son ange gardien. Le Christ domine
l'heureuse multitude. A gauche de son trône sont les groupes
(l«'s damnés enveloppés de flammes; d'altord les faux pro-
phètes, puis les faux apôtres, les faux i)apes et evècpK^s, et
ainsi de suite dans un ordre analogue à celui des éiub; les
derniers sont les Juifs < t les Payons.
Le feuillet suivant représente l eufer; c'est une conception
d'une haute fantaisie artistique, en même tenii)s que d'une
moralité très saisissante. L'encadrement du domaine infernal
est formé par une série de cavernes enflammées oU brûlent
les damnés. Une mer de feu divise l'enfer en quatre étages.
En haut, un diable, satisfait et fier de ses travaux, se balance
avec gatté sur une escarpolette; aux deux bouts de la corde
servant à la balançoire, deux grotesques pécheurs sont hous-
pillés par des diablotins. Un autre damné, pondu parles pieds»
porte attaché k son cou une grosse pierre sur laquelle se
balance un démon ricanant. Là aussi se trouvent les voluj)-
tueux, les libertins, dont le châtiment est d'être mordus et
entourés par des reptiles immondes. On y voit un suicidé qui
se perce la poitrine d'un couteau. Dans la seconde zône, se
trouvent les usuriers que l'on punit en leur versant dt; l'or
fondu sur les mains, et les calomniateurs en lesforçantde cares-
ser un crapaud; les espions ont les oreilles perforées avec une
vrille, les femmes coquettes sont lacées par des diables,
rinfanticide ^t condamnée à manger son en&nt mort Le
troisième compartiment est destiné aux Juifo et aux soldats;
ils bouillissent séparément dans deux vastes chaudières; les
diables les amènent par bandes pressées; la récolte en est
facile et assurée. Avant de passer dans la chaudière, le Juif
est fouetté d'importance par un démon vigoureux, probable-
ment par un ancien niaître d'école. Enfin, dans le bas du
tableau siècle Lucifer enchaîné et tenant l'Antéchrist sur ses
genoux. Lii est lo séjour des anciens moines; un diable en
amène un devant le prince des tOnèbres; il a trop aimé les
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l*AL8MS AATBTIOint 311
richesses; on lui règle son compte en le couchant tout nu sur
le dos et en lui versant de l'or fondu dans la bouche.
Rabylono pécheresse est représentée sous la fi-zure d'une
rein»' coiironiR't', vêtue richement et levant une coupe d'or ;
elle est portée par un monstre rouj^e à sept tètes et ù dix
cornes. Des prêtres et des laïques la contemplent avec admi-
ration et se soumettent à elle comme étant la reine du péché.
Sur le revers de la feuille, la reine et le monstre sont préci-
pités dans les flammes par des anges.
La cité de Dieu ou l'Eglise victorieuse est reproduite d'après
le texte du douzième chapitre de T Apocalypse. Elle est figurée
par une femme portant un diadème d'étoiles ; eOe est accom-
pagnée du Soleil et a la Lune sous ses pieds. Le disque
solaire apparaît derrière le dos de TEgUse qui est posée sur
le croissant lumineux de la Lune ; la partie obscure de l'astre
des nuits est tanjîente au Soleil. Un ancre enlève l'enfant nou-
veau-né (le la femme. Au-dessus d'elle on voit le dragon à sept
têtes lanrant de sa ^ueuli> les poissons symbolitiues, et le lion
à sept têtes lih ssant du ^daive les croyants. Les deux monstres
sont couronnés d'un stemma formé de six petites têtes.
La conclusion logique de ces grandes pages, oîi se déploie la
richesse du symbolisme catholique, devait être le spectacle
du Paradis, but suprême de la vie chrétienne. Herrade l'a
conçu dans un sentiment mystique et idéal Abraham, le pre-
mier des fidèles, l'ami de Dieu, a une stature gigantesque; il
est assis sur un trône au milieu d'une plantation de palmiers;
sur son vaste sein repose tout le monde des élus. Les cou-
ronnes de vie rayonnent au-dessus de loi, et aux quatre
angles du tableau se voient les personnifications allégoriques
des (juatre Heuvcs qui arrosent le paradis.
Sui" le verso de la feuille consacrée à l'enfer se trouvent
deux chimères tracées seulenu'Ut ù la plume et (pii portent le
le cachet du >t\ie d'Herrade et de sa riche et fertih' imaij;ina-
tion. Les deux monstres sont formés des éléments les plus
REVUE D'ALSACF.
disparates et les plus étrangers les uns aux autres; l'un repro-
duit, dans un mélange fantastique, llionune, le chêne, Toiseau,
le cheval, le cerf, le chat et le scorpion; l'autre est formé de
la réunion de parties empruntées au cheval, à Thomme, au
Ixeut au lièvre, au serpent, au paon, à la grue et au lion.
L*œuvre d'Herrade se termine par la représentation du
monastère dont elle avait la direction. A la base du parchemin
se dresse la montagne de Hofaenbourg peinte en vert D'un
côté se trouve l'histoire de la fondation du couvent; le duc
Ethiron, en fostumc royal et Cdinoiiiu'. assis sur un trône,
transmet ;ï sa tille Odile, debout à la tête de ses religieuses,
la clef d ar«;ent de lYditice qu'il a bâti i)our elle. Au-dessus de
fe ^Toupe. on voit le couvent, à Tentree dutiuel se tient le
(ibrist orné du uiiiiiie crucifère, dans le costume traditionnel
des miniatures byzantines; sa maiugauclie tient un phylactère
déroulé sur lequel ou lit: Vos qnas intendit, fnuigit, gravai^
atferit, urit hic carcer meitîtê, etc. A sa droite, Marie et saint
Pierre reçoivent d'Ëthicon, agenouillé sur son manteau ducal,
un bâton d*or que Jésus accepte comme emblème de la dona-
tion; à sa gauche, saint Jean-Baptiste, le protecteur spécial
de sainte Odile, présente celle-d en costume de religieuse au
Sauveur. Sur hi seconde feuille, entre Relinde, la pieuse insti-
tutrice d'Herrade, et Herrado elle-même, se déploie sur six
rangs toute la compagnie des nonnes de Hohenbouig. Elles
sont représentées en buste et désignées par leur nom; elles
sont au nombre de (|uarante-six professes et de douze con-
verses. Deux ligures sans légende coniniencent et termineut
la série.
Telle est ro'uvre (rilerrade au point de vue des peintures
qu elle renferme. Mlle se ressent de la décadence où l'art du
dessin et du coloris était tombé au xii" siècle. Les coi'i)s ont
une longueur démesurée, une maigreur exagérée; les extré-
mités sont mal formées, les têtes trop grosses, le regard sans
expression. Les draperies, par contre, sont disposées avec
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L ALSACB ARTISTIOaB 313
simplicité et naturel, et n^offirent pas les foimes anguleuses
du siècle suivant Le dessin des paysages est nul, les animaux
et les plantes sont traités avec une négligence qui semble
tenir du parti pris. Les monuments d'architecture sont exé-
cutés avec plus de soin ; fls sont traités dans le style byzantin.
Les meubles, les ustensiles, les armes sont figurés avec exac^
titude et dans les formes qu'ils avaient au xn* siècle. Herrade
iravait aucune notion des lois de la peispcctivt^, mais elle a
montré un {^rand esprit d'indépendance dans ses peintures;
elle a su s'atirancliir de la domination des types consacrés, vt
n'a sutii le jou^j de la tradition byzantine que daus les tigures
du ( iirist, de la \'itT^aî et des an,Lçes.
A part ces défauts inhérents au siècle où elle vivait, Herrade
a montré dans VHorius deliciarum une puissante originalité.
La vie et rimagination y débordent à chaque page; les scènes
de la vie humaine et le symbolisme religieux y sont traduits
d'une &çon saisissante. La vérité dans toute son ftpreté, le
rdve dans toutes ses fantaisies, les scènes teanquilles ou vio-
lentes de la vie humaine, le caprice enjoué et satirique, les
tableaux efrayants de l'Apocalypse, tout se mSle et se confond
dans cette œuvre admirable qui, malgré la distance des temps,
est comparable à ce que Baldung GrQn ou Gallot ont produit
de plus original
P.-Ë. TUEFFEKD.
(La tmte pnéhainammtj
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LES
EX-LIBRIS DANS LES TROIS ËVÊCUÉS
METZ ^ TOUL —VERDUN
1532 — 1790
m
BIBLIOPHILES ET COLLECTIOI^I^EIRS MESSII\$
Ed 1789, le domaine de révêché de Metz, quoique n'ayant
plus Tétendue territoriale qu*il avait au moyen âge était
encore une province assez peuplée, car elle était formée par
les chatoUenies de Lagaide, d'Âlbestroff, de Fribourg, de Vie,
d'Haboudango et de Remilly, par quelques mairies du Val de
Metz situées dans le diocèse, et par les cMtellenies de Bac-
carat et do Moyen et la mairie de Rémereville du diocèse de
Toul.' Très de quatre- vintîts villes, villaf^es ou censés en fai-
saient i)artj('. et la capitale de ce petit Etat t^'tait l'antique
ville de Vie. D'après VAhmmacIi royal, l'évCque jouissait d'un
revenu de 12i),0'i() livres et nécessairement, le souverain
augmentait encore cet opulent bénéfice par le don de quelques
' Voir les livraisons du dernier trimestre 1881 et des premier etsecond
trimestres 1882.
* Aujourd'iiui départements de Mearthe-et-Moseile et de la Lorraine.
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LB) BX'LIBItB DANS LES TROIS ÉVâCHfiS
816
riches abbayes. L t'vè(iUf et ie chapitre du l'église cathédrale
se partageaient annuellement les revenus de l'évêché qui
n'avait pas été divisé en portions distinctes comme à Toul et
à Verdun.
Saint Clément, vers le commencement du rv* siècle, était
venu évangéliser la contrée ; les limites du diocèse s'étendaient
jadis jusqu'au Bliin. Au moment de la constitution civile du
clergé, il comprenait encore six cent treize paroisses réparties
dans le pays messin, dans la Lorraine et dans quelques petites
portions de l'Empire, les comtés de Nassau-Saarbruck et
Saarwerden, le duché de Deux-Ponts, etc. L'allemand et le
français étaient le langage habituel des habitants; Talleniand
se parlait surtout dans le département de la Sarre, comme on
disait ofiicit llt iuent à Metz, ou dans la Lorraine allemande,
comme il était dit aussi ofticiellement à Nancy.
Avant 1552, Metz était une des quatre villes impériales.'
C'est l'empereur Otto 11 qui lui avait accordé cette magnitique
prérogative.
Comme ville libre, Metz battait monnaie, disposait de la vie
et des biens de ses habitants, nommait ses magistrats, qui
s'estimaient autant que des princes, ducs et barons. Un suf-
* Dn temps de l'empereur Gharles IV, le Saint-Empire a?ait été
classé par quatre à partir des QhoIiv coNronne» jusqu'aux Quatre viUaget,
Voici les séries qui intéressent l'Alsace-Lorraine:
2^ Quatre duc! ' \ Sonulie, Bayi^rc, Brunswick, Lorraine;
3« Quatre landgraviato, Thuriuge, Alsace, Lichtcmberg, Hesse;
5' Quatre vicariats, Bra!)ant, Basso-Saxc, Wostrich, Sllf-sie;
9* Quatre archimarécbausséeti, Papenheim, Joliers, JUeissen, Féné-
trange ;
13" Quatre abbayes, Murbach, Wissembourg, Kempten, Fulde;
15* Quatre chevaliers, Andlan, Wiasembach, Franenbourg, Strundeck;
19« Quatre châteaux, Magdebouig^ Luxembourg, Rottembouig, Altem-
bourg;
31* Quatre villes, Lubed^ Aix, Meti, Augsbouig;
28« Quatre villages, Bamberg, Ulm, Haguenan, Selestadt
816 MTUB D*ALSACB
frayant, ordiiiain'iiu'iil un relij^ieiix nifiidiant. représentait
TevÎMiue, (jui, i»eu soucieux (le se coninu ttrc avec des bour-
}j;e(>is aussi jaloux de leurs libertés, habitait ordinairement
Vie ou quelque autre clifiteau épiscopal, à moins, comme cela
arrivait très souvent, qu'il ne résidât pas dans son diocèse.
Dès l'annexion, Metz fut le siège d'un gouvernement
militaire. Plus tard, on y installa rintcndance qui rendit
d'immenses services au pays, tout en veillant soigneusement
à ce que dans une province frontière les droits du seigneur
roi fussent respectés.
Louis XIII établit le Parlement, ce fut le couronnement de
l'édifice. Le ressort s'étendait depuis Montniédy et Sedan,
jus(iu ii lMuil>bourp et Sarrebourg, eu eouipreuuut le bailliage
épiscopal (le Vie.
Les réformés messins étaient nombreux en IH.Vi; ils furent
j>art alors h une lourde r« >-i)onsaliilite. dont on ne leur tint
aucun compte, car ils furent sans cesse en butte au mauvais
vouloir des gouverneurs. £n 16ô7, on lit brûler, par la main
du bourreau, une chanson huguenote commençant ainsi :
Betires-Tona, papistes,
Yenei à Jésus-Christ,
Soyez évangélistes
Et laissez l'antechrist. Etc.
Malgré qu'ils se crussent en sûreté par les traités, l'édit de
Nantes les atteignit Un d'eux a laissé d'intéressants mémoires
sur ce qui se passa alors et a rendu témoignage h la bonté
de révoque de Metz et de M. de Bissy, depuis évôque de Toul
et alors simple clerc.
Ce fut dans le cours du xviir siècle que Metz eut des socié-
tés littéraires.
La Société des pltUathi'nes fut fondée en 17.')!i, elle dura
jusqu'en 1775; parmi ses membres, ou peut citer le pliarmacien
Bécœur, Tschudy, Enimerv, du Haniel, Dupré de Geneste,
Uenrion de Pensey et d'autres dont nous retrouverons les
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LES KX-l.limiS IiANî» LES TROIS fcVttHls
317
noms. La U»te de leurs travaux se trouve dans les Mémoires
de t Académie de Metz.
Cette Académie est une filiale des phUatfiènes. Le maréchal
de Bolleisle, gouverneur de la province, Tinstitua, en 1760,
sous le titre de Société royale des sciences, lettres et arts;
il s'en déclara le protecteur et lui donna une somme de
60,000 francs qui forent enlevés par la Révolution. La devise
était : UtVitati piiblicœ.
En IslîK quelques iTudits rétabliront la Société (iiii fut
t ri'_!(M; en Académie royale jjar le roi ('liarles X, lors de son
sgour à Metz, en l^^l'S. «à rau>e de.> sersices ([irelle avait
n!ndus>. La nouvelle devise de rAcademie e>->t l'utile.
Le eélèbrc économiste anglais ïouug a eu occasion de
'parier de la Société des sciences, lettres et arts de Metz, lors
de son voyage en France, en 1769; il me paraît un peu injuste
à son égard en l'accusant de ne pas favoriser l'agriculture.
Les nombreuses questions proposées par l'Académie et dont
quelques-unes forent couronnées, montrent que réconomio
rurale, les prairies artilicielles, la viticulture, le morcellement
des propriétés, etc., n'étaient pas pour elle des choses indiffé-
rentes.
Le lecteur verra sans doute avec plaisir ce que dit sur
Metz r« éternel ennemi», comme il était de mode de s'exprimer
([ueliiues années plus tard.
« Le 13 jmUvi l'/bl). METZ. . . Visité jtar >L le l'ayen,' secré-
taire de l Academie des sciences, il me deniaudi' mon [)lan (V)
que je lui explitiuai: puis il nu' remit ;\ quatre heures après
midi à l'Académie, où il avait béauce, eu me promettaut de
' l'rciuit'r socrétuiro de l'Intendance; c'était aussi on amateur des
aDtiiiuiti'H <lii sol natal.
M. le l'uyc'ii, lie .louy-uu.x-Axches, pullia un ciiiieux tact uni sur
l'occupation des liusscs dans ce village. 11 existe dun» les carluaa de
la bibliothèque de Meta une caricature de son procès qui eut lien sous
la Restauration.
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318 REVUE u'alsace
me présenter à quelques personnes qui répondraient à mes
questions. Je m*y trouvai: c'était une réunion hebdomadaire.
M. le Payen me présenta aux membres, et ils eurent la bonté
do délibérer sur mes demandes, et d'en résoudre plusieurs,
avant de procéder k leurs affaires privées(?). Il est dit dans
VAlmanach des Trois-Evêchès, 1789, que cette Académie a
rîijiricultuic i»i)ur Imt itriiicipal: je feuilletai la liste des
iiuiultres lionoraires pour voir quels hoiiiinat^'es elle avait
rendus aux honinies de ce tcni]>s (jui ont le plus servi cet art.
Je trouvai un Anglais, Doiu Cowiey, du Loudics. Quel peut
être ceDoni Cowiey .''»
Si Youn^î avait arrêté son bidet à Dieulouard, et qu'il tût
entré chez les Bénédictins anglais, il aurait vu la personne
dont il slnformait à Metz, et il aurait passé quelques instants*
agréables avec des compatriotes qui Tauraiont aussi bien reçu
que le marquis de Galway, un descendant do Jacobites, l'avait
fait au chAteau de Tourbilly, dans le Maine.
«n y a un cabinet littéraire, à Metz, continue Young, dans
le genre de celui que j'ai décrit k Nantes,* mais sur une moins
grande échelle; tout le monde y est admis pour lire ou causer,
moyennant quatre sous par jour. Je m'y rendis en hâte. . . •
Tenninons par cet honnuage ((ue Younj; rend h V Hôtel 'lu
«M<'tz e>t la villr où j'ai vécu à meilleur iiiarehé sans
e\ce])tioii.' L'Anglais y tiouve i xcellente tiiblc d'hôte al>on-
dannuent fournie et «outre cela, une grande politesse et un
bon service, ronnuioi les hôtels où Ton vit meilleur marché
en France, sout-iL> les meilleurs V» Ce n'est peut-être que trop
vrai. Mais revenons à notre sujet.
L'imprimerie à Metz date do l'an 1482. En 1790, il y avait
daus cette ville une ('bambre royale et syndicale de la librairie
et de l'imprimerie dont l'arrondissement comprenait les impri-
meries de Longwy, Saarlouis, Stcnay, ThionviUc et Verdun.
' Avec bollcb de lecture, conversation et bibliothèque.
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LBS IX-UBa» DAMS LES TROB &VâGH£S 319
LES ÉVÉQUES
Au moiiiont de rentrée d lleiiri II à Metz,' le canlinal do
Leiutncourt, repré>eiitaiit le ^n-aiid cardinal de Lorraine, était
pscudo-évôquc. Il fut bientôt remercié et remplacé par des
domestiques ou des parents de son mattro, dont plusieurs ne
mirent jamais les pieils dans leur diocèse. En 1608, à la mort
du fils du duc Charles 111 de Lorraine, les chanoines éliront
un en&nt de huit ans, fils naturel d'Henri IV. £n 1658, cet
évdque qui n*avait reçu aucun ordre ecclésiastique et qui
n*avait jamais paru, eut des scrupules, il voulut se démettre
d*abord en foveur du cardinal Mazarin, puis des frères de
Fflrstemberg. Le cardinal de Oivry * avait été chargé, pendant
son jeune ftge, des fonctions épiscopales, il les remplit digne-
ment, puis le fils d*Henri IV eut trois sufragants, des lettrés
et des fidèles serviteurs du roi ; le dominicain Nicolas Coêffe-
teau, évêque de Dardauie (1017, y 1021), ' nommé à Févêché
^ Avant la BévoluUoii, selon Piganiol de la Force Hfcuemu Vb^age
de France, Paris, 1780, II, 157), on voyait dans le chœur nn Tienz
tableau plafl par ordre de Henri IT, il y avait la première lettre de
son nom environnéo do croissants et ilc tlcurs de lis, au-dessous :
Ilenricus Ktcundiis, Fiducornin Hex^ tiatu^ Imperii Protector,
Plus bas, un croissant et ccb mots :
Dum totutn comphal Orbem.
* Un fraj^nuMit do lu statue funéraire fut retrouvé, il y u trente ans;
c'est le bloc de marbre noir représentant le froc bénédictin du prélat
agenouillé, la tôte et les mains étaient en marbre blanc. 11 iaut espérer
qu'on fera enfin à ce bon cardinal llionneBr dhine restanration pins
intelligente que celle qii*on lui a dite. Dnpré de Geneste possédait son
portrait (vieillard à longae barbe blancbe^ sa robe de bénédictin noire,
calotte ronge de cardinal). Les chanoines firent frapper une médaille en
son honneur.
* L'éTêqnc do Durdanie fit, en 1620, les frais «le la distribution des
prix au collège de Pont-à-Motisson. M. Favier a donné son fer armorié.
8. Lieutaud cite six portraits de Coôffetean iEddinekt MeUan, M. Lam;
S. S., eic.)
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390 REVUE D*ALSACB
de Marseille et mort à Piiri.s avant d'avoir pris ii()>>('ssiun; \r
conlclicr ^!euri^se évêque df Madaure, auteur de deux
ouvraf^'es messins estimés malf^ré d amères critiques. Un
superbe monument lui avait été érigé dans la chapelle des
évèques ù la cathédrale, il était représenté debout prêchant
au peuple. Le dernier su&agant fut Pierre de Bédacier» évêque
d*Auguste, docteur en Sorbonne, dont le savoir égalait celui
de ses deux illustres prédécessieurs. Il mourut au chftteau de
Cbarmeil, près de Château-Thierry, «dans les bras du grand
Bossuet> (michbl).
Henri de Vemeuil ayant pu enfin quitter ses fonctions épis-
copales, le roi, son neveu, nonuna pour lui succéder, en 1667,
Tarchevêque d'Embrun, ancien évêque de Gap, un des proté-
gés du cardinal Mazarin. '
Georges d'Aubusson de la Feuillade, frère du célèbre duc
de ce nom, était clief de la maison ))ar suite de la mort de leur
atné, tue à la bataille de Lens; leur père avait péri au coiabat
de Castelnuudary.- Le nouvel évê<iue était docteur de .Sor-
bonne, doyen de la Faculté de théologie de Paris, conseiller
d^Ëtat ordinaire, commandeur des ordres. Sa ct^rièrc poli-
tique iut brillante. £n 1645, il était promoteur à PAssemblée
* Cet illustre homme d*étai ne peut pas pins prendre rang dans la
liste des soccesseius de saint Clément que les deux frères de Ffirstrat-
bttrg qui eurent la nomination royale après Ini. Lear cas est le même
quo celui (lu baron Laurent sons le promier Empire (1811-1814).
* Tous les évêques français des Trois-ETôchés eurent leurs frères ou
leurs parents sous les armes pour conquérir le pays, l'n tl'Jlocquincourt,
en l(j;V.t, ent à lu défaite des Lorrains près de Morhange. En IfSôfi, un
Bethune-Charost, gouverneur et bailli de Stenay, s'empare de Chauvency-
le-Ch&teau, et bat les Croates du colonel Forcara près de Stenay; deux
aus auparaTant le baron de Rouvroy avait 6té blessé près de cette Tille ;
la nonvelle de la prise de TbionvIUe foi apportée, en 164^ an roi par an
Montmorency; en 1650, un autre membre de cette illnatre fiunille est
tué près de Stenay. Un Nicolal se distingua en 1641, dans une affaire
près de Montmédy, etc.
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LES BX-LIBRIS DANS LIS TROIS lÈvCCHÈi
331
du clergé; deux aus après il prêchait à Saint-Louis-des-Fran-
çais. Ambassadeur' à Venise, en 1059, le nonce du pape est
souvent humilié par lui. Rentré en France, il prononce à
Notre-Dame de Paris Toraison funèbre de Mazarin; la même
année il est envoyé k Madrid, oh il traite le roi d*Espagne
comme le nonce. Une pareille conduite devait lui attirer les
marques de la satisfaction royale ; il fiit nonmié à Metz, et il
obtint de conserver ses titres d^archevéque et d*Excellence.
«. . . prélat qu'on trute d'excellence,»
dit Duclos dans son poème des Ouerres paroissiales de Vie
Monseigneur de la Feuilladu commenç a la série de ces der-
niers évêques avant le Concordat qm lioiiorèrontsi digiu iiifiit
leur siéfre épiscopal. Lursiiu'il arriva, il ne trouva (lue des
parois.st'^ riiin*'\'s et une populatidu en fuite. La terrible
guerre de trente ans était encore trop proche, et lapacltication
de la Lorraine était loin d ôti*e terminée. Malgré les périls, il
visita de suite son troupeau et il lit toujours preuve de cou-
rage devant le danger. Les registres des paroisses sontremplis
de ses dons aux églises dévastées et aux pauvres. Par son
testament, Téducation de ses clercs fut affermie et les indigents
secourus. H fonda l'hôpital Saint-Georges pour quarante-huit
lits d'hommes malades ou blessés. Il défondit, selon Piganiol
de la Force, d'admettre les domestiques; les maîtres, selon
lui, ^ent tenus de les soigner. U n'oublia pas non plus ses
vieux curés.
8a belle bibliothèque fut donnée aux Jésuites, qui l'avaient
eu quelque temps dans leur société, et le séminaire Sainte-
Anne put choisir pour ISCMi francs de livres.
Vu manuscrit de ce dernier établissement se trouve à la
bibliothèque de Verdun (n' 553), il est intitulé Traditioties
pfiUosopkiœy à l'usage des élèves (xviu*' siècle).
* Amklot db la Houa«An, Amsterdam, 1738, p. 128.
MovT«U« Série. — 11"* aiuee. 21
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BStS RBVUK d'als&gb
Les Jésuites firent mettre sur les livres une étiquette rect-
angulaire ornementée et où bout cc:> liguer imprimées :
ILLOSTRI8SIMTT8 & REVBBEIfmSSIMUS D. D. OEORQinS
D'AUBCSSON DB la FEriLLADE, AKCHlEriSCOl'US KUKOUU-
KRyPIS, EPISCOPCS MKTENSIS, TKSTAM KNTO LBQAVIT
COLLEOIO MBTBNSI SOCIBTATIS JESU. ANNO 1GU7.
Du reste, on voit ce fer armorié sur les livres :
On posa les scellés et on fit on inventaire à la mort de
M. de la Feuillade. Cette mesure était nécessitée par deux
notes du catalogue Emmery. «Avis de M. de Nouet, avocat au
parlement de Paris, sur la vacance du siège épiscopal par
rinfinmté de Messire George d'Aubusson do la Feuillade,
évêque de Metz (in-4*, 4 pp.); et 2* Décret du chapitre de
l'église cathédrale de Metz, où il nomme des grands-vicaires
pour gouverner le diocèse pendant la maladie do Monseigneur
révèquc, (lu 3 octobre ir.SHl.» 11 mourut le dimanche 12 mai
suivant, à isix heures du soii*, âgé de 8b ans. D'après sou dosir,
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LES BX-LUUUS 0A»$ UES THOIS ÉVÉCUÉb 823
les curés de la ville portèrent ses restes à la cathédrale.
«Quelques-uns d*entre eux furent obligés de tirer son corps
du cercueil en bois où il avait été mis d'une manière bien
iic><j;liî;éc pour un si grand seigneur, et le mettre dans celui
de plomb. Il ii out point de linreul ni dedans ni dessus sou
cercueil ' (!!!) son rœur avait été remis sans cérémonie à
riiôpital ([u'il avait fondé. Sa tombe ne fut pas violée eu 1793.
Citons parmi les ouvrages du prélat ces opuscules
l" Harangue présent te au Eoy après la prise (.-') de Stras-
bonrg, par Oeorge (rAuhust^on . . . m so)i passage à Metz, le
3 mranbre 1681. Metz, Jean et Claude Antoine, in-4°, 1 1 pp.
2° Harangue faite à Monseigneur h Dauphin à son retour
d Allemagne ... le 86 novembre 1668, Metz, Jean et Claude
les Antoine, in'4* de 4 pp.
3" UAdvocat chrétien adressé à Monseigneur VArchevesqtte
(VAmbrunj evesque de Metz, Strasbourg, 1674, in-12.
4? L'Oralteiur Jrançm ou Haraxigues de Monsieur VArcliff-
vesque âtAïaSbrun interprêtées par les Evénements de naître
Tems, à Testai des afmres présentes. Liège, 1674, in-12.
5" Harangue en forme de panéggrique préscidce au Roy par
VArchevesquc d'Amhrun, Ecesque de Metz, en son passage à
Metz, le 30 juillet 1073. Metz, Antoine. lf)7(>, in-4« de l(i pp.
Un autre urand seit^neur, l'aîné cl le dernier de sa racr,
remplaça rarcbevtMjue d Embrun; Henri-Charles du Cambout
duc de Coislin, pair de France, commandeur du Saint-Esprit,
premier aumônier du roi, membre de l'Académie frau(:aise,
honoraire de celle des Inscriptions et Bolles>lettres, est bien
connu par son inépuisable charité. La merveilleuse création
de FVescati en était un témoignage vivant; les casernes
Coislin existent encore.
Le duc de Coislin reçut à Frescati d*une manière royale
' Note dn cnré do Saint-licor^^es (Arçh. 009).
* Calaiogiui' hmmtii/, Moi/., l^^»0 (fiTô), et Sciuthit; btiiugart, ItWl.
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324 REVUE D'ALSACE
tons les souverains et tous les princes de passage à Metz. La
bande noire se chargea de démolir Tadmirablo chftteau, et les
jardins féeriques furent transformés en champs cultivés. «En
1802, lors de la démolition, de nombreux objets d*art furent
donnés à vil prix aux habitants des viQages des environs, et
de nos jours les marchands d'antiquités de notre ville ont
trouvé do tous côtés des objets précieux provenant de cette
riche donunire.»'
L'évêquo de Metz, dit J. Guii^ard, i)assait à jutitc titre pour
un véritable bibliophile. 11 avait formé, à Paris, une fort belle
roUoctiou de livres que les gens de lettres pouvaient fréquenter
à leur gré. Outre celle-ci, il en possédait encore deux autres,
une en son palais épiscopal composée de douze mille volumes,
Pautre non moins considérable dans le splendide chAteau do
Frescati. Ses livres habilement reliés et ornés par les plus
habiles artistes de Pépoque portaient en grande partie les
armes du possesseur ayant, outre les insignes épîscopaux, le
manteau de duc et de pair de France.
L'évêque d'Orléans, son oncle, lui avait légué ce qui restait
de la magnifique bibliothèque Sép^uier, son aïeul. Les imprimés
a\ aient disi)aru au déci's de Tevêque; il ne restait plus que
les manuscrits doiiues aux lît nédictins de Tabbaye de Saint-
rrerinain-des-Prés. Un incendie qui éclata le 10 aoOt IT'.'l. en
détruisit une partie, et ce (jui put être sauvé se trouve de nos
jours à la Bibliothèque nationale.
Tous les volumes provenant de la munilicence de Mon-
seigneur de GoisUn portent au bas du premier feuillet
l'étiquette imprimée qui suit :
■Z BDUOTHBOA NOS8. COISUIOAIIA OUM SBOiniBIAirA,
<)[UAX iLiiUB. BBmncDt sa CAKBOUT Dnx Di oomuiT,
PAB PBAMOLB, BPIflOOIUS HBTBRaiS, BTC. MOHASmiO
8. OIBMAin A PBATI8 LIOAVIT. AHHO MJ)O0.XZXn.
' A. MiuETTK, Calodoguc den tableaux et des sculptureu du Mmce.
Metz, 187U.
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t.BS BX>Lt>BIS DAilS I.BS TROIS fiVfiCHâS 3Sf>
Montfaucoii. iraiirès ronlre de rovêciiu*, avait dressé le
catulogiR' des inaiiu.-crits tirées. Ce catalogue a pour titre:
Bibliotheca Coislinuum olim Segnerkuin sive. manmcriptomm
omnium grœcorum quœ in ca continentur . . . deecHptio , . .
studio à- (vpern B. Bemardi de Mont/auam, — Parisns^
L. Guérin, 1725, in-^, 810 pp. (p. 163).
Puis, au décès, parut le
CbteZo^e des livres âsla Ut^hèque 4e jm . . . Henri-
Charlee du Cambout^ évêque de MeUi, prince du Saint-Empire,
paêr de IVance, Paris, J. de Nully, 1736, in-12. Les 13 et U
avril, on vendit les manuscrits. La bibliothèque du roi en
acheta dix-huit à vil prix.
Guigard donne le fer armorié de ce prélat ainsi que ceux
de son prédécesseur et d'Henri de Bourbon.
Parmi les rullaburateur^ intelliîïents, dontsY-tait entouré le
duc de Coislin, on doit citer le vicaire <4énéral Seron, «une
grande et ])rillante lumière du diocèse», mort en 1749, et qui
avait formé un riche cabiniît d'antiquités. L'évéque, de son
côté, avait donné l'hospitalité à plusieurs de ces débris et de
ces ruines de tout âge. Il avait conçu le projet de fonder un
Musée archéoloffique diocésain^ et Tabbé Michel, professeur au
Séminaire, avait commencé TEpigraphio du diocèse de Metz.
L'œuvre 4e Pévêque resta sans soutien à sa mort et son suc-
cesseur n*en comprit-pas l'utilité.'
A la fin du xvu* siècle, un des vicaires généraux du duc de
Coislin, nommé This, ardent janséniste, timbrait ses livres de
son blason.'
Le duc de Coislin mourut à Paris, en 1732. Son portrait se
trouve au Musée de Versailles, il a été reproduit par le j)ro-
cédé Gavard. Gomme son prédécesseur, il tint à houueur de
*■ F.-M. Cbabbbv, JUSrts oneim ét modem». Mets, 1881. T. I. Oamge
très utile pour tons eenx qoi déaireiit connaître la capitale de 1* Lor-
raine. On doit Bonhaiter de Toir eontinner ce livre.
' Hf«totrf dey^&^SjNet de JHéfy,par MmmiaaB.
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3SH> REVUE D ALSACE
siéger au Parlement à son rang de conseiller dlionneur ecclé-
siastique, n eut h souffrir bien des ennuis à cause de la bulle
U)ii(/p)iitus, et sa résistanrc le fit oxiler de la Cour. Il ne put
reprendre ses fonctions de premier aumônier qnh la mort do
Louis XIV. 11 fut enterré rue du Temple, chez les pères de
Nazareth.
Beaucoup d'églises ont encore des pierres d'autel au nom
de ce prélat, dont le nom se lit sur une pierre dans le clueur
do Tancienne collégiale de Fénétrange, relatant la fondation
de la contrérie du Saint-Sacrement
Claude de SiJHT-Suov, né le 20 septembre 1695, baron de
Jouy-Tronville, seigneur et patron de Quillebœuf et de Falvy-
sur-Somme, reçut la tonsure cléricale le 16 mars 1710, abbé
commendataîre de Jumièges, Tannée suivante; évêque-comte
de Noyon en 1731, sacré le 15 juin de cette année dans Téglise
du Noviciat des Dominicains de Paris par Parchcvêque de
Rouen, assisté des évêques d'TTzès et do Bayeux. Il prit séance
au parlement de Paris en qualité de pair de France, après
après avoir fait le serment accoutumé, le 12 janvier 17;i;;. Le
28 août, il fut nomme h Metz, et le M mars 17:>4, il prêta
serment entre les niains du roi qui lui laissa, dans sa nouvelle
dignité le rang et les honneurs attachés à son titre de pair de
France* C'ost ce ([ui tit, sans doute, qu'il dédaigna de se faire
recevoir conseiller d'honneur au parlement de Metz, et qu'il
put par concession royale porter ses nombreux procès devant
ses pairs à Paris; car il eut affaire à son chapitre, au Parle-
ment, au mattre-échevin et aux anciens possesseurs des terres
épiscopales.
n. est vrai quil ne réussit pas toigours et son titre de
prince-évêquo de Metz, fut rudement attaqué par le mattre-
échevin. Lançon, qui obtint gain de cause. Il mourut à Metz,
le 29 février 1760, et il fut enterré dans la fosse du suffragant
Meui'isse, uou loiu de celle de Mouseigneu|- de la Feuillade.
Diyilizea by CjOOglc
LES eX-lfBRIS DANS LBslTROfS ÊVÉCHés 327
Son neveu et vicaire général avait été nommé à Pévôché
d'Âgde, un peu avant son décès.
L'inventaire fait, en présence du chanoine Legrand, marque
une belle bibliothèque :
Une BibUa sacra polyglota, VaUoni, Londm, 1657; une
autre hebrenca, wnaoa, MtdaHoa, la^^m, grœca, Paris, 1630 ;
le TraM des Notaires de Jean Fapon, Lyon, 1588, 3 toL; le
Cowtumer de Picardie, Paris, 1726; les Antiquités de Ment-
faucon! le Traité des Etuàes ecciésiastiques de MaKÀXUm; les
Oeuvres de Modère; YEloge des Evêques de Qodeau, etc.; les
Chroniques de la ville de Metz (manuscrit).
Los talileaux étaient un Moyse sauvé des eaux; la Vierge
et Venfaid Jésus: un homme mounud odoxré de sa Jamille ;
Louis XIV à cheval; le due de Bourgogw pire de Louis XV;
le Régeid ; un paysage; une Descente de croix; Mademoiselle
de Ro(fetaut{'t\ etc*
On trouva dans une cassette 1224 francs, et dans la poche
de sa culotte 520 livres, 5 sols, 6 deniers. Le défunt avait en
outre deux montres en or, trois anneaux pastoraux, une ôme-
raude à huit pans, une bagne avec brillants, quatorze roses
garnies chacune de cinq diamants, une croix à la dévote avec
quatre brillants, douze chatons, etc.
Viville rapporte un beau trait de ce prélat; pendant la
famine de 1754, il avança à la ville de Mets 30/X)0 livres pour
acheter du blé à l'Etranger. On sait quMl est le créateur du
Séminaire Saint-Simon, qui existe encore, et dont la chapelle
est décorée d'un tableau du l'ous>in, r('j)résentant le ('hrist
donnant les clefs de réglise à saint Pierre, il y a, en outre, une
belle bibliothèque.
Les noms de MM. de la Feuillade, de Coislin et de Saint-
Simon figurent sur .une table de marbre à Thôpital Saint-
> Ed. Saobb, InoaUimn des ArAnes, Mets, 1881, 0. 34^ Tfsvall fUi
avec le plus grand soin et appelé à rendre bien des serrieee.
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32«
REVUE II* ALSACE
Nicolas, avec ceux des autres bienfaiteurs de cet établisse-
ment
Le neveu de Monseigneur de Saint-Simon, Louib-Jobbph db
M0VTMOREHOT-LA.YAL, premier baron chrétien, évêque d*Or-
léans, en 1753, de Condom, en 1757, prince du Saint-Empire,
grand-aumOnier de France,* commandeur de Tordre du Saint-
Esprit, le 11 juin 1786, cardinal do la sainte Eglise romaine^
en 1789, lui succéda.
Son épiscopat ne fût troublé par aucun acte hostile soit du
Parlement, soit du mattre-éehevin. Dévoué à la ville de Metz,
il fut un de ceux qui s'employa le plus pour lui faire rendre
son Parlement. Sous k- ministère de lîrienne, il montra une
uobie fermeté. Il n'en fut pas moins nommé président de
TAssemblée provinciale- En 178b, il s ctait adjoint un sufîra-
^ant. M. de Chambre d'Ur«îons, évêque dOrojjt', î^rand-archi-
diat re et vicaire liénéral qui denn-urait rue- des Clercs. Le
cardinal, lorsqu'il ne résidait pas à Frescati ou i\ Paris, dans
son hôtel rue de Tournon, recevait dans son hôtel abbatial de
Saint-Amould, pendant que Ton construisait son vaste palais
près sa cathédrale.
Le cardinal quitta la France au commencement de la Bévo-
lution.' Au Concordat, il fut un des rares prélats qui refusèrent
de donner leur démission.* Mais il ordonna au clergé messin
* V. Imuert, La Chrmique mindaJettse, Paris, 1701, T. III, p. 21.
* En faisaient j'îirtie: les deux autres évf'qucs ilo la province, Dom
Godé, prieur de la (.hartrense do Kettel; Duni Joburt. ablit' do Chùtillon;
le doyen de Montliolon ; le doyen do Vir, Marchai : le j)résident do
Latibnissel; le comte de Saintignon de Féuétrange; M. de Laliant, bailli
de Curiguan, etc. Dom Maagcrard, bibliothécaire de l'éTÔque, membre
de la Chambre eec1éi{a8tiqiie« im des eoopératenra de VBitUrire de
Mett; le maréchal de camp de Faoltrier; l'avocai Blonet, étaient de
l'Anemblée da district
* Son imprimenr, CoUignoii, porta sa tète sur réchafiMid pour aToir
correspondu avec hd.
* La lettre do pape est du 2^ mar* 180S.
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UB E\-LIBKlb DANS LOU IHUl» KVKCIIhS
329
d*obéir an nouvel éyôque. Ce refos et la charge de grand-
aumônier qu'il exerçait près du prétendant, lui fermèrent
nécessairement les portes de sa patrie. H mourut à Altona, en
1808^ ftgé de 88 ans. Quelques jours avant son décès, il ordonna
d'envoyer à sa cathédrale sa plus belle chappe, sa chasuble
bordée d'or sur fond blanc et rouge et sa chapelle en vermeil*
Ses livres sont reconnaissables à ce blason collé contre la
garde:
1-3. DIEU AIDE AU P&EMIE& BARON GHBÉTIEIT.
Armoiries de Monseigneur de Montmorency-Laval surmon-
tées du bonnet de prince d'Empire entre la crosse et l'épée
et sur le manteau herminé, au-dessous la banderole avec la
devise; au-dessus le chapeau de cardinal et AIIAÂNOS (Im-
primé).
Il y a (le ces vif^ncttes pour trois foniiats. M. de Montmo-
rency fit les frais truno jolie \ igiietto de Colliu pour Buchoz.
C'est Apollon dominant le val de Metz.
Quel(iues livres de ce prélat se voient à la bibliotliëque
publique qui a un souvenir précieux des collections de révêché,
c'est le manuscrit sur lequel le maltre-écl)(>via prêtait serment
Ce codex avait appartenu au conseiller Besser« possesseur
aussi de la CJironoloffie des évêques messins. Ce dernier manu-
scrit fut en dernier lieu la propriété de Dupré de Geneste
avant d'aller échouer à la bibliothèque. En 1781, Dom
Tabouillot avait été chargé de l'inventaire des titres et des
papiers de l'évdché.
* Le grand cardioal de Lomiae avait donné ploaieort pans de tqiia-
série pour orner le dueor et la nef. Tons les antres éTéqnes imitèrent
son exemple «lù laissant nn sonTonir à lenr éf^se.
sao
RBVUB D'aLSACB
CUAPITRË D£ LA GATUÉDRALË
Per^mét ecdesiœ Metensi,
Hic Uber est ecdesiœ Metenris,
Ad ecclesiam Metemem,
Lihtr Sam-ti Stepliani,
A. T. AI. (gothique).
EccleMœ Mdemis.
Ex bibliotheca ecdmœ Catiiedralit metensis.
M. Auguste Prost, Témiiient président de la Société des
Antiquaires de France a, dans sa notice sur la collection des
manuscrits de la bibliothèque de Metz* (III-GXCII), entière-
ment traité le sujet pour tout ce qui regarde les manuscrits
de la cathédrale, des maisons religieuses de Metz et du dépar-
tement sauvés du vandalisme révolutionnaire. On ne peut
qu'y renvoyer les érudits qui désirent connaître à fond les
mille vinfît-neuf manuscrits do la bibliothtqur.
Le chapitre lit faire souvent rinvontaire des manuscritii
qu'il possédait, un des plus anciens date de Tan IGS5; plus
tard, en 17:?!), le chanoine Deslandes en lit un nouveau à la
prière de Montfaucon. Ën 17G5, Dom Maugérard en dressa un
très bien fait II inventoria les treise manuscrits du Trésor,
qui n'aYaient jamais été décrits, et Tancien archiviste du
chapitre, Du Hamel, en donna la liste dans la S^aHttique de la
Moselle écrite par Viville sous le nom du préfet Colchen.
Le chi^itre vota au bénédictin une récompense de 20 louis
d*or ou un cadeau de valeur égale. L*abbayedeSaintrAmould
reçut 480 livres en or. Le travail de Dom Maugérard est très
' Ckstalogue général du Mamucntê du BitiiùMqitu puWguea des
dépmrteimn/ta,,* Tome Jixtx, YsBDinr, GHABuviua. Paxiê, impri-
merie naAîoule MDCCOLXXK. n cet dit dene' PaTertiBsemeiii que le
volume était sôiu pieaee avant les événements de 1870-1871. JnA^,
199-76Ô.
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va SX-LtMttS DANS htS TROIS tftmts
881
bien fait, selon M. Prost.' C'est un volume in-folio ilr l lpap;es,
que Dupré de Geneste copia pour sa riche bibliotlu-que. Les
chanoines firent alors réparer et relier richement les manu-
scrits les plus précieux, mais mallicurcusement on les rogna
trop. Les treize conservés au Trésor furent, avec trois autres,
offerts, selon son désir à l'impératrice Joséphine qui avait
également fait parvenir à la Mabnaison le magnifique monu-
ment des Carmes et les colonnes antiques des Augustinea.
La sympathique souveraine avait un engouement, pour ainsi
dire féroce, pour les antiquités messines.* On eut cependant
le courage de lui refuser la cuve en porphyre de la cathédrale.
C'est une des raretés de cette église avec le siège de saint
Clément, l'anneau de saint Arnould, la chappe do Charle-
niafïne (qui jirovicnt de Saint- Amouîd), le graouilli et les
joyaux histoi iques et artistiques conservés de nos jours dans
le sdcrar/tnti, cite.
Le Trésor contenait à cette époque le chef de saint Etienne
ereux eu venueil, autour d'un carcan (Por, donné j)ar Nicolas
Louve en 144!:'. le caillou du même saint dans un reliquaire
de même métal, le bras du même posé sur un pied n\ ve rmeil
orné de pierres précieuses, des reliquaires, deux statuettes
équestres de Charlemagne l'épée à la main, une en bronze
doré, le b&ton de son maître-d*h6tel, celui de saint Materne,
etc. Un catalogue ayait été fiait, en 1682, et le docteur fiégin,
dans son Hkhire de la Cathédrale de Metz, le cite.
Mais déjà Golbert avait pris ce qu'il y avait de plus rare, la
Bible et le livre dlieures de Charles^le^^hauve, que Baluze
lui avait signalés.* Deux chanoines avaient été les lui porter
' On fit alors le eitalogae des joyaaz, de l'aigenteiie et des Unes.
* La Tille de Mets reçut de l'impératrice deux portraits, Vm de
Rembrand, l*antre de Taa Dyck. D*où viennent-ils? Corieue histoire
que leur odyssée. Les mamiscrits sont maintenant à la Blbliothètine
nationale ainsi qve ceux de Colbert.
' Ch. ABRii. Sini «NT ^andeni iwrire» «n^pfés âe la cathédrale de
Metz. xmô.
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332 REVUE n'ALSACE
humblement à Paris, en 1676, et le chapitre avait reçu en
place une croix d'ar;;ent pour lo mattre-autel aux armes du
ministre et un portrait du roL
Lors de la suppression définitive, un inventaire avait été
fait des meubles, or et argent de Notre-Damo-la-Bonde. On y
catalogua de grands tableaux, le Chrkt au shpuhre, Saùde
CèeUe, divers autres tableaux de moyenne grandeur, «façon
des Pays-Bas, une Marie Majeure,» VAnnouciafion, «un cru-
cifix avec trois lipjures' et Jtsiie portant sa truix, dix autres
peintures rei»rt^si.iilaut des sujets pieux, etc.*
Le 14 juin 171K), les citoyens Joseph Vaultrin, J.-B. Chonez,
Hubert Marchand, premier médecin de Thopital militaire, se
présentèrent À la cathédrale pour dresser l'inventaire de ce
qui B*y trouvait; ils furent reçus par les chanoines de Thé-
mines, trésorier, du Lau de Caudale, écolâtre, et Kiocbe,
auxquels se joignirent deux de leurs confrères, MM. de Guny
et de Gauvain. On conduisit d*abord les commissaires dans la
salle des archives située dans les souterrains du collatéral
du côté gauche du chœur, puis tous se rendirent au Trésor,
dont ils firent un état très détaillé (on y remarque les treize
manuscrits envoyés à la Malinaison, le bâton du ^n-and-cluiutre
avec sa masse reprcM'iiluut le martyre de ^aint Ktienuc, etc.).
Puis le i)ruces-verl)al fut dri :-sé<'t sijiué par les trois chanoines
char'^és par le chapitre de la garde du Trésor, les deux autres
chanoines et les commissaires.
Cent vingt-trois manuscrits du chapitre sont, d'après
M. Fïost, & la bibliothèque; qu'ils y reposent en paix.
Avant de clore ces quelques pages sur le chapitre de Mets,
dtons un fiiit assee Ignoré de la Révolution : « J*ai vu dit Lally-
Tollendal, au printemps de 1792, dix femmes, jeunes et belles,
déserter la ville de Metz et courir vers le Luxembourg, deux
* Ed. SAinm, Innntairr de» AnèiveB dipartmental», G. 119.
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I.KS KX-t,IBRlS HA>S LES TUOIS KVM.UKs 333
jours après le cruel massacre de l'abbé de Fiquelmont' L'une
d'elles était prête d'accoucher. Sans ce spectacle affreux, elles
n'auraient pas quitté leur ville natale.»*
Le chanoine de Jobal avait au château de Lue une impor-
tante collection numismatique et si^'illographique qui se trouve
actuellement entre les mains de M. le comte Gaston de Lam-
bertye.
Voici le fer armorié du chapitre, j'en dois la communication
à M. Poinsignon, relieur à Nancy.
SÉMliNAIHE SAINTK-ANM']
Kr-lihris Cwif/ref/atiotita missionùt domiis Metetwis.
Fondation de la reine Anne d'Autriche pour des prêtres de
la mission.
' Chaaoioe en 176'J, grand cUantre, vicaire général d'Angers, demeu-
rant rue Nexinie (un nom néfaste) massacré dans les premiers jours
de septembre.
î Défense (hs femmes, tles etifanti et des rieillai ds àniijrcs. Pari», 17U7,
Br. ia-S°, 80 pp. (Bibl. provinciale de Strasbourg. CoUectiou licitz,
îJlH, 1). Il fallait avoir do courage pour publier en ce moment une
pareille brochure.
384 aBVOB D*ALSAGB
Le 6 déeembre 1792, les commissures Nioche et Led&nte
procédèrent à Tinventaire du mobilier. La statue de sainte
Anne du portail de Téglise était dans un coin de la loge du
portier à côté d*une souricière et d'un portrait de Pie VI. La
bibliothèque n'avait qui' 2.^7(i volumes ( âTG in-f , oîi2 iii-4" et
llios varia) coiitciius dans dix armoires l'i onze rayons, la dcr-
nièrc armoire était de srjjt tahli ttis. Dans «la rlas-e di»
lo^i(liU'«, les comniissaircii inventorièrent deux tableaux : mm
Chrid et un CariUnaL
Arrivés devant la porte du cabinet de physique, une ditîiculté
les arrêta un instant. Des scellés y étaient posés. Le libraire
Marchai, de la rue des Petiti >-Tapes, avait fait saisir tous les
instruments pour se couvrir de ses avances. Le serrurier
Louis Valentin requis, crocheta la porte et brisa les scellés;
le récolement commença, il fut long; «une table de gypse sur
un pied triangulaire en chêne«t etc.
LES MONASTÈRES DE METZ
Abbaye royale de Saint-Glâmeat
8, Oementis mOenns, 1760.
Ea>làXyri$ 8" OemenHê Meten. Ordkm 8, BenetUOi 1696,
Les moines conservaient dans le cloîtrr ([uelques monuments
gallo-romains. Leur avant-dernier abbé commendatairc M. de
Besse de la nichardrrif. chanoine et grand-chantre de la
cathédrale et vicaire général, qui touchait annuellement près
de 0(KH) livres de sa mense abbatiale, avait un cabinet d'histoire
naturelle, minéraux, coquillages, quadrupèdes, oiseaux, des
cadres de papillons, etc. Buchoz dit quMl se fit donner les pré-
tendus os de géant que Ton conservait depuis dos siècles à la
cathédrale. Vérilîcation faite, ils furent déclarés appartenir à
un hippopotame. M. de la Richarderie fit graver des planches
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LBS n-LIBRB DAIIS LB8 TROIS ÊVâCHItS 386
pour VAUas de Buchoz, entre autres le plan du Jardin bota-
nique de Nancy. H demeurait rue de la Pierre hardie et il
avait prié son évêque de bénir la chapelle construite dans sa
maison nouvellement bâtie.
Le 14 mai 17"J0, les Bénédictins' furent rassemblés, à l issuc
des vêpres, pour recevoir les délégués Pacquin de Uupigny,
avocat, et 8aget, ingénieur des Ponts-ct-cbaussées. La grande
table de la bibliothèque fut inventoriée avec les rayons et
l'échelle. 11 y avait ^75 in-f^, D41 in-4", loitG ïn-s\ 2151)in-12 et
586 in-16. Cela faisait près de 5000 volumes.* On ne parla pas
de manuscrits; cependant M. Prost dit qu*en 1718, il y en
avait dix et que plus tard la collection fut augmentée.
Un des moines, Nicolas Casbois, déclara qu'il suspendait sa
délibération sur le parti qu^il prendrait jusqu'à ce qu*il fût
mieux informé des conditions qui seraient faites aux religieux,
iQoutant qu*il adhérait aux décrets de TAssemblée nationale.'
Le graveur Lachaussée dessina une planche pour V Atlas
de Buchoz, aux frais des religieux de Saint-Clément; au-
dessous de la gravure, on voit le graouilli étendu par terre
percé par la crosse de Tévêque et la palme du martyr mises m
sautoir.
ÂBTiiuR Benoit.
{La suite prochainement.)
* D«nii Nieolts Pierroa éteit priw, il était né le 16 Mftft 1740.
* AriMm d^pàrtmmtaleg, Q. 8. 65.
* Lm abbayes mesdaei lont indiquées dans Perdre qu'elles ont dans
VAhumaOi de» Tnu-ÈeècMn de 1790.
DOCUMËiNl UISTOUIQUË
ETATS DES FONDS ET REVEMS
DU
PRIEURÉ DE SAINT-MORAND^
EN 1772
Les batimens et dépendances nécessaires pour L*Eiploita-
tion des bions sont occupés par le fermier, les batimens du
prieur, le jardin et le verger sont laissés au Receveur et au
desservant
Terres Labowrablea.
Environ cent journaux de terres labourables en une seule
pièce, et environ dix huit journaux en plusieurs autres pièces,
les premières sont presque toutes terre blanche; la plupart
(le peu de Ilapport et les (leniu riîs valent beaucoup mieux.
Prés
Vingt cinq arpens de prés de très bon raport, que Ton
arrose quand Ton veut, au moyen d'un Canal de communica-
tion avec la petite Rivière appellée L*isle.
Vignes
Sept arpens de Vignes, dont six et demie eu une seule pièc&
^ Près d'Altkin-h. — La reproduction de ce documeut, uvuc ses
imperfections grai)lii(|iii-s, est conforme i PexpMiiion qui en fut délivrée
lors dn séquestre, après l'expulsion des Jésaites.
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HËV£NUS DU PKlblKk UE SAINT-MORANU
837
Jardm
Un petit jardin potager, avec un petit Verger contigû prés
Altkirch.
MmiUn
Un moulin à trois, tournans, un foulon pour le Chanvre, un
logement pour le meunier, grange, Ecuries, un petit jardin,
une autre petite pièce de terre et un petit prés entre le canal
et la Riviera
Les terres labourables, prés et vignes, batimens de Fermier
et appai teuauces sont aflfermées pour neuf ans par doin Tirode
en 1774 au S. George Brutzchi a raison de dix huit cent livres
par an payables, moitié à Pâques, moitié h la Pentecôte, avec
reserve de quelques Voitures.
Le Moulin est affermé au même également pour neuf ans
par Dom Tirode 1774. avec les dépendances cy dessus speci-
tiées, a raison de vingt deux Bezaux d'Ësprote égrugée et
pareille quantité de mélange, qui consiste en moitié d'Ësprote
ou Epautre égrugée, et L*aatre moitié en seigle, orge et vesses,
quarante six livres seize Sols quatre deniers en argent quel-
ques canards, et poulets et un cochon.
Le Meunier est encore tenu de moudre et égruger gratis
tous les grains nécessaires au prieuré et de conduire lesdits
grains au marché d'altkircb quand il en est requis.
Le Bezal d*Espiote égragé année commune peut aller à
à douze livres et celui de mélange à huit, les 14 Ke/.aux
feroient 352 livres qui ajoutées à 4G livres K» sols 4 deniers en
argent et 24 livres pour le cochon, canards et poulets feroient
422 li^Tes IG sols 4 deniers.
Le petit jardin et petit verger r.ontigu a altkirch sont affer-
més pour neuf ans au S' Scbmiodlin a raison de vingt deux
livres par an.
Dixmes
L'Esprote est une espèce de Froment qui sort de PEpi
enveloppé de sa gousse, et en cet Etat» il se nomme Espriote
388 IBTUB DALBiMX
OU Epautro en paille. Lorsque le grain est dépouillé de sa
gousse ou envelope, au moyen d'un moulin particulier par ou
on le fait passer, on l'apelle espiote Egrugée.
Neuf ll('/(iu\ d'Espiote eu paille u'eu reudeut p&â tout a fait
le tior» d'Ejxruîié.
On entend par K«v.al,' six boisseaux, le boiss(>au en froment
peu péser trente livres. Le boisseau est composé de 4 picotins
et le picotin de G Ecuelles,
Le Prieuré de S^Morand perçoit la dixme entière sur le
territoire et paroisse d'altldrch, a raison de dix l*un sur tout
ce qui se sème, a Pezception néanmoins de quelques petits
cantons autour de la ville et du chanvre. Cette dixme s'amodie
tous les ans en argent k la veille des moissons et peut rendre
deux mille livres année commune.
La dixme en vin sur le même territoire 8*amodie également
on argent et peut rendre année commune trois cent Livres.
Les trois quarts de la dixme en grains sur la Paroisse de
Walheini s'amodient en argent année commune huit cent
trente deux Livres.
Les 3/4 de la dixme eu vin sur la même poroisse année
commune deux cent Livres.
lies 3/4 de la dixme en Foin sur la même paroisse année
commune s'amodient cent Livres.
Le 8* de la dixme sur Werenthausen' et Buxviller s'amodie
en argent, année commune deux cent livres.
La dixme entière sur la paroisse de Riesbach est affermée
pour neuf ans au S' Districh curé dudit Lieu pour deux cent
soixante et quinze Rezaux dont les 2/3 Epautre en paille et
1/3 eu aveine.
Le 1/4 de la dixme sur le vieux montreux, année commune,
cinquante Kezaux, moitié Espiote en paille; moitié aveine,
*WerentihanMii.
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HEVENLS UU PRIEURÉ UE SAINT-MURAND 839
mesure pressée, ee' qui augmente quelque peu la quantité
d^aveine.
Le douzième de la dixme sur Carsbadi, année commune
cinquante quatre Bezaux, un tiers Epautre, 1/3 seigle et 1/3
avoine.
Le 1/4 de la dime sur Friessen, année commune quatre
vingt dix Rezaux: 2/3 Epautre en paille, emnme Pest toute
^ celle des dixmes et 1/3 a veine.
Le 1/8 de la dixme d'IIagenbach, aimée commune vingt
quatre Rezaux 1/3 seigle, 1/3 Epautre, 1/3 aveiue.
Le douzième de la dixme d'hirsingeu, année commune,
quarante deux Rezaux 2/3 Epautre, 1/3 aveine.
Le seizième de la dLxme de traubacb, année commune, qua-
rante deux Rezaux 1/3 Epautre, 1/3 aveine, 1/3 seigle.
liO 8* de la dime de Durmenai,^ année commune, dix hui
Rezaux 2/3 Epautre, 1/3 aveine.
La dixme sur un petit canton de quelques arpens à Roch-
bum' année commune un Rezal 1/2 d*Epautre.
La dixme à Aspach sur un petit canton année commune
4 Rez. d'Epautre et 2 Rez. d*aveine.
Lauiemes des dixmes
On appelle Laudemes des dixmes une petite reserve, tantôt
de 6, tantôt de 12 deniers par Rezal en les amodiant; ce qu
peut produire année commune quinze Livres.
Droit de fàlh
Le droit de ftlh est celui par lequel appartient au Prieuré
de Si-Morand dans quelques Villages après la mort de chaque
chef de famille; une pièce de bétail à son choix, après que la
veuve ou les liéritiers en ont pris une; Ce droit année corn
mune peut raporter deux cent Livres. •
' Durmcnach.
' Rockeuburg, dépeudance d'Altkirch.
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340
REVUE D^ALSACB
8T£UiBACU
La Ferme de Steinbach proche Cernai à 6 Lieues d'altkirch
est amodiée à 5 ou 6 particuliers pour six ans à cent cinquante
livres par an.
Cette ferme consiste en onze Sch'atz et demi de Vignes en
4 ou 5 pièces il faut . . . ' Schatz pour faire un journal, en 16 me-
sures 27 pots de vin de lodcvauee La dixme ^ur quelques
pièces de vignes, un jiirdiu < t tiu« l(|ues petites pièces de terre.
Les fermiers sont obligés dv livrer annuellement au S' Curé
de Cernai trois mesures de viu que lui doit le prieuré de
S^Morand.
lUBBAirYILLÉ
La Ferme de RibeauvUlé ou petit S^Morand* consiste en un
sac de seigle de Redevance sur un moulin, en 52 L 3 s. 4 d. de
cences, en 39 mesures et 20 pots de vin de cences, deux livres
de cire, onze diapons, une poule et quelques petits Jardins
connus sOus le nom de Potlacher GHUihen Et quelques petites
pièces de prés.
Ces revenus sont affermés pour 6 ans à IL L'avocat Lorentz
a raison de deux cent cinquante et une livres par année.
1 On cooqrte trois sehals par jonnud.
' La fbnne dont il eai qneation est ce qoi restait en 1778 du couvent
de Saint-Morand de Ribeanvillé. Ce couvent était situ^ en sortant de
la ville par VOberthor, à environ trois cents pas à gauche, à l'entrée de
la vallée qui conduit à Suint<'-Marie-aux-Minos. Ce couvent ôtait de
l'ordre de Cluny, commt? ceux de l' roidofoutaine et d'Altkirch. l'aiw
les premiers temps il y avait deqiK^tro à liuit Bf'-nédictins. Quand, après
la guerre de trente ans, les Jébuitcà eureut succédé aux Bénédictins,
cens d'Altidrdt oUinrast de Févèqne de Bâle, Gnillanme de Bine^ la
n^pression dn coaTont de Bibeaavillé, qui n'était plus qu'une ferme
lorsque les Jésuites forent expulsés et lorsque l'inventaire de leurs
biens et de leurs revenus lut établi par le séquestre. L'élise ne fut
démolie que vers 1751.
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RETBNUS OU PRIEURÉ DE SAI^T-NORA^ID 341
Le fermier est obligé outre le prix de son bail d'acquitter
les charges dudit prieuré à Ribeauvillé. Elles consistent en
6 mesures de Vin et 26 L en argent, tant au S' Curé qu'au
Recteur d*Ecole et à la Fabrique.
Le Prieuré de S^Morand possède encore à Ribeauvillé une
petite forêt de <> à 7 arpens, dont une partie depuis 2 à 3 ans
est plantée en ('hataignit rs et le reste en assez mauvais Etat,
cette petite furêt ue fait pas partie du Bail
BAMBBSIIATT
Le Prieuré de S'-Morand possède à Raraersinatt un arpent
de prés aâeriué à biaise Uied di\ huit livres.
TERRIERS D£ ST-MORAND
RIE8PACH
Epautre en paille 18 r. 1 b. 2 pJ
Seigle 5 r. 1 b. 2 p.
Avoine 30 r. 2 b. 2 p.
Poules 7.
Argent 3 L 8 s. 10 d. Balois.
*
SPBCHBAGH
Epautre en paille 21 r.
Seigle 27 r.
Avoine 22 r. 1 b.
Poules 7.
Argent 3 1. 12 s. 8 d. Balois.
WEBBHTHÂUBBir
Epautre en paille 28 r. 2 b.
Avoine 11 r. 4 b.
* Ia lettre r signifie résal, b bolaseau, p picotin.
84S
■IVOB D*ALSACB
WBTRBBTORF BT EMUVOBV
Epautre en paille 16 r.
Seigle 12 r. 4 b.
Aveino 25 r. 5 b. 2 p.
Poids 2 h. 3 p.
Poules 30.
Argent 5 1. 19 s. 4 d. Balois.
La communauté 20 poules et 30 s. Balois.
Epautre en paille 11 r.
Seigle 11 r.
Âveine 10 r.
WALHEIM
. Epautre eu paille Ml r. H b. 1 p. 5 e."
Seigle 27 r. 3 b. 3 p. ô e.
Aveine 32 r. 5 e.
Poules 13.
Argent 2 1. l s. 2 d. Balois.
2 pots de vin et 2 pains.
CÂB8BACU
Epautre en paille 19 r.
Ëpautre égrugé 1 b. 3 p.
Seigle 18 r.
Aveine 20 r.
Poules 1.
Argent 6 L 5 s. 10 d. Balois.
HENFLOfOSN
Epautre en paille 15 r. 1 b.
1 HesingeB.
* La lettre e = éeoelle.
MVBNn DD PBIBORfi Wt SAOtT-WItAlID M8
Scierie 13 r. 3 b. 3 p.
Aveine 20 r. 3 b. 2 p.
Poules 14.
Oeufs 100.
Argent 8 1. 11 s. 7 d. Balois.
EOBIVTZWILLBB
Epautre en paille 7 r.
UEIDWILLEB
Epautre en paille 3 r. 2 b.
Sei^e 4 r. 4 b.
ÂYeine 3 r. 4 b.
Poules 6.
Argent 14 s. Balois.
DAG0L8EIM
Epautre en paille 10 r.
Seigle 10 r.
Aveine 10 r.
Argent 5 s. Balois et 30 s. Balois sur des prés à ilfurt
(1 1. 11 1. de trop peu)
HUSOàUIEV
Epiiitre en paille 4 r. .
RAN8PACU LE UÂUX
Avoine 7 r. 1 b.
Poules 16 1/2.
Argent 2 L 18 s. 2 d. Balois.
BBRBKT2W1U.ES
Epautre en paille 20 r. 5 b. 2 p.
Seigle 7
Poules 2.
Argent 2 1. 4 s. 3 d. Balois.
(SiitTant la Recette il y a de trop 5 r. 4 b. d'épaatre 1 r. 4 b. de Seigle
14 s. en argent)
844
Kim D^ALBMS
8TRVETT
Aveine 6 r. 4 1>. 2 p. l e. Vf*
Poules 9.
Argent 4 1. 5 s. 2 d. 7s Balois.
A8PÂCR
Epautre en paille Ki r. 4 b.
(16 au Heu de 6 r.)
Sci^ilc 18 r. 5 b. 1 p.
Aveine 16 r. 5 b.
Poids 4 b. 3 p. .
Poules 2.
Argent 2 L 1 s. Balois.
RAMERSKATT
Aveine 5 r. 1 b. 3 e.
Argent 5 I. 7 b. lialois.
Bcit
Le prieuré do S'-Morand possède à fillerin' une forêt de 25
a oO arpens en bois d'hôtres et quelques chênes, elle pourroit
être coupée dans 8 a 10 ans, il est plusieurs arpens dans le
milieu, ou il n'est point crû de bois.
Plus une forêt d'Environ 20 arpens à Berentzwiller toute
en pins, ou du moins la plus grande partie, quinze de ces
arpens ne peuvent être exploités avant 20 ans, etleXtestesert
pour Fournir des tuyaux aux fontaines de S^M orand.
Plus une forêt d*environ 15 arpens auprès de S^Morand,
dont 6 sont sans arbres. Cette forêt est composée de hêtres et
de chênes propres à être coupés ; attcndû qu'elle ne Fait que
dépéril*, et qu après rcxpluitatiuu il viendiuit un beau tailli,
' FOlleren.
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«Kvnim DO niBoiift m saikt-mokaki) 846
il convient cependant de Reserver certaine quantité de chênes
pour les Réparations du moulin.
Plus une Forêt de G à 7 arpens à Ribeauviller, dont il a été
fait mention dans rarticle dudit Bibeauvillé.
RE€A?ITIILATION
Fennes en argent
Terres Labourables, Vignes, prés sur le
territoire d*Altkirch 1800^»"»^
Argent d*anepartiede la ferme du moulin 46 16 4
Petitjardin sur le m6me territoire . . 22 » »
Dixmes sur Altldrch. 2300 » »
(800 trop)
Dixmes sur Walheim 1132 • »
Dixmes sur Verenthausen et Buxviller . 200 » »
Laudemes des dixmes 15 » »
Droit de falh 200 » »
Steinbach 150 » >»
Ribeauvill(^ 251 » »
Vu prêt a Ramersmatt 18 » »
Argent des terriers sur quinze commu-
Daut(^s montiint à 49 1. 14 s. Vj d. Balois, la
livre Baloise est de 26 s. 8 d. de franco, les
dittes 49 L 14 s. V> réduits à la monnoye
de Fïance font 66 05 4 Vt Vas
Total .... G20r 01* «'' V, Va,
Oraim
DlXXia BR OBAXm
Seiple quarante Rezaux 40^»«^i»-»»'
Ëpautre en paille, trois cent cinquante
quatre Bezaux ô Boisseaux 354 5 » »
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846 KKVUB D*AL8ACB
Aveine deux cent neuf r. 4 bois. .... 209 4 » »
TBRRIBRB
Seigle cent cinquante cinq r. 4 b. 1 p. 5 e. . 155 4 16
Epautre en paille deux cent dix sept r. 1 b.
1 p. 5 e 217 1 1 5
Aveine deux cent onze r. 2 b. 1 p. 3 e. Vs • 211 2 1 3 Vi
Epautre egrngée un bois. 3 p » 1 3 »
Poids un Rezal 1 b. 2 p. 1 1 2 »
Epautre égrugée vingt deux r. 22 • » »
Mélange 22 r 22 » » »
Totalité des grains douze cent 34 r. 2 b.
2p.le,V» 1234"2*-2M''V3
Savoir cent (juatrc vinfrt quinze Rczaux quatre boisseaux^
un picotin et cinq Ecuelles de sei;;le.
Vingt deux r. un bois, deux pic d'Epautre egrugée.
Vingt deux Kezaux de mélange.
Cinq cent soixante et douze Bezaux, un picotin et cinq
Ecuelles d'Epautre en paille.
Quatre cent vingt et un Bezaux, un picotin, trois Ecuelles,
et dend d*aveine.
Un Rezal, un boisseau, deux picotins de Poids.
Lesl95r.4b.lp.5e.deSeiglea7l. . . 1370»- » «^l'V,
Les 22 r. 1 b. 2 p. d*Epautre égrugée à 12 1. 267 • »
Les 22 r. de raélan^îe à 8 1 176 » •
Les 572 r. 1 p. et 5 e. d'Epautre en paille
a 4 1 228S 04 » Vj
Los 421 r. 1 p. 3 e. Vt d'aveine a 3 1.. . . 12(;h 03 11
Le IlezaI 1 b. 2 p. de poids a 12 1 15 » »
Cette Evaluation est le prix des denrées
année commune
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HBTENUS DU PRIBtniÉ DB SA1NT>lKniAllD
847
Les 125 poules Va a 6 s. 8 d. la picce comme
elles se payent par les cencitaires .... 41 16 08
Le cochon, canards, poulets et œu& ... 24 » »
5445' 04' Oy V,
Les 5445 L 4 s. 9 d. 7, ajoutées a 6201 1. 1 s. 8 d. 7, et 7af
forment un total de 11646 1. 6 s. 6 d. 7aa'/.
1772 10613 L Recette total.
CHARGES DU PRIEURÉ DE ST-MORAND
Le prieuré de St-moraud paye pour dom
gratuit 1240' 16'- 10*-
Au S' Cur(' (rAUkircli pour eompoti^'iice ou
portion coii^qUe 60 Kezaux d'£spautre en
paille, 50 r. d'aveine, 40 r. de seigle, 52 me-
sures et un pot de vin et 40 1. en argent a
évaluer les denrées comme dans la Recette . ' 914 02 06
. AuRecteur d'Ecole d*altkircb 7 r. d'Epautre
en paille, 7 r. de Sei^e, 13 mesures 28 pots
de vin, La mesure contient 32 pots .... 132 15 »
Au S' Curé de Eibeauvillé, au recteur
d'Ecole et à la fabrique 50 L seulement pour
mémoire, parceque le fermier de RibeauviUé
est^tenû d acquitter les charges 50 » •
Au S' Curé de Riesbacli 88 r, 4 b. U Epuutre
vu paille, 4 ) r. 2 b. d'avcine 433 13 04
Au S' Curé (If vieux inoiUrt-ux R r. *J b.
d'Epautrc en paille, 8 r. 2 b. d avoine mesure
pressée r»5 15 08
; Au S' Curé de Steinbach 4 r. de froment . 48 » »
A la Seigneurie de Ferrette 30 œufs et
16 poules 2 15 >
818 UfUB D*ALSftGB
Au S' Curé de cernai trois mesures de vin
de Steiubach, le fermier de Steinbach est
obligé de les lui livrer, seulement pour me*
moire 3808t
A Messieurs du haut Chapitre de B&le 3 r.
de seigle, 4 r. d^aveine, et 9 s. 6 d. en argent
et poule 37 09 06
Au S' Curé de Walheim 8 r. d'epaatre en
paille 32>»
Au S' chapelain de ferette 16 r. d*aveine . 48 » >
A onze maires collongers chargés de la dis-
tribution des billets aux censitaires, de veiller
sur la censive et d'avertir lorsqu'il Echoit un
droit de falh 34 r. d'Epautre en paille, 6 r. à b.
2 p. d'aveine 155 15 •
Au desservant du prieuré de iS'-morand pour
deux messes par semaine pour luminaire et
hosties 250 • »
Au Receveur dud' prieuré pour vacations à
tout ce qui y a raport, amodiations des dixmes,
perceptiondes censeSiConservation des grains,
levée des droits de falh, visite et vérification
des ReparationB dans toutes les paroisses de
la dépendance 324 • »
Plus est chargé led' prieuré des réparations
et reconstruction de l'Eglise, prieuré, bati-
mens, moulin, enclos, et dépendances de
S*-morand. Plus Réparations, reconstruction
des chœurs, clocher, sacristie, et maison cu-
riale de 14 paroisses. Les seules réparations
riO seiiloiiiont)
se montent année lieduitte sur dix années a. 2000 » »
Total .... 6773»-10^10^
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HBVBHOS DO PKmmÉ DB lARfTWNUHD 849
Partant Reste net la Somme de 5949*- 1 1' 08 Vjj.
Sur quoy une pension (\u tiers en Faveur
du Résignant (jui se muiito a la somme de. . 1983 03 10 Vj
De sorte qu ii ne reste au titulaire que
celle de . , 3966 07 09 Vs
N*. Ces deux Etats de revenus et de Charges sont eonformes
à ceux qui sont déposés au Greffe du conseil souverain
d'Alsace et qui furent faits par ses commissaires, lors de
L'Etablissement du Séquestre en 1767. tems ou les grains
étaient chers*/'
{CmmumeoUon de M, Ed. Oabsdl)
REGLEMENTATION
D'UVB
FORÊT GOMUMLE D'ALSACE
AUX XV ET XVr SIÈCLES
DOGUMËNT B
62.
Celui qui aurait à entretenir une haie le long de champs
doit à FaTenir cesser d^employer la haie morte, mais y planter
une haie vive. Quiconque continue à fidre le long de champs
des haies de branchages, rompt six schillings. Là, où la trop
grande aridité du sol s'opposerait à la plantation de haies •
vives,' on fera une palissade ou un perchis de chênes qui dure
bien des années. Les forestiers et les waldmestres ont à
dénoncer les contrevenants et ils ne manqueroiit pas de
faire chaque année au temps proscrit leur tournée d'ins-
pection des haies.
63.
Aucun forgeron ne doit plus couper dans la forêt du bois
pour charbons; celui qui en coupe encore encourt, s'il est
• Voir la livraison du 2" trimestre 1882.
* «wo einer aber DOmuig balben, kein heg da zihlen kann».*.
Cherté?
Diyilizea by CjOOglc
RÈGLBMBHTATIOlt ^'VflE r&HÈT OOMMIlIfALB S51
découvert, la grande amende. Les torestiers, waldmestres et
un chacun ont à y veiller.
64.
Aucun iorgeron ne carbonisera plus de bois dans l'enceinte
du village, ni bois de TAsprucb, ni bois provenant de quel-
qu'autre forêt S'il dispose de bois ne provenant pas de
l'Aspruch, il doit aller le carboniser sur le communal {AVm^m)
dehors le village. Celui qui n'observe pas ce règlement encourt,
sll est dénoncé, la grande amende.
Les waldmestres doivent aubsi faire tous les trois mois leur
tournée d'inspection des l)âtimcuts. Quiconque ne tient pas
ses b&timents en bon état rompt quatre schillings à payer
sans remise la première fois qu'on le trouvera en déiaut et la
grande amende si à la seconde visite on le trouve encore
repréhensible, et si après cela il ne se met pas en règle avant
la prochaine inspection, il sera privé de toute jouissance de la
forêt, lui et ses bêtes, jusqu'à ce qu'il ait remis et entretenu
ses bâtiments en bon état Les waldmestres y veilleront et
indiqueront les réparations & faire; ils se défraieront conve-
nablement sur les amendes dont ils porteront le surplus en
compte aux quatre communes sous la foi de leur serment
66.
Aux ventes de bois, les waldmestres ne doivent plus donner
de «vin de surenchère»,* mais un pot de vin par achat
67.
Si un habitant des quatre villages ou quelque étranger
parquait des porcs dans la forêt en temps de glandée, * sans
qu'il eût un droit de glandée, il sera puni comme (ranciennc
date, c'est-ù-dirc qu il perdia tout d abord (pai' coniibcatiou)
* «kein Steigwein londera ein Kanfinoss».
* «Saw in du Eckher achllg» = aig. «febmen» ; «Fehia» =s glandée
•t droit dtt Mandée.
868 UVUB 9*USACB
les porcs avec lesquels il comiiiot la liaudc et il paiera aux
quatre communes cinq livres stsbg. sans remise. Les forestiers,
waldme>tres ou (piiconque en sera chargé par leb quatre
commimos y veilleront.
68.
U existe aussi un rè<^'lcment fiait dans l'intérêt des quatre
communes, disant que le bourgeois qui a les huit porcs, dits
porcs indigènes {heims Schwein)t ne doit pas en acheter ni en
prendre à bail pour les parquer dans la forêt; celui qui n'a
pas les huit porcs indigènes peut bien, sll yeut, en acheter
pour en ayoir huit, - mais il ne doit pas en acheter au delà
de huit, ni en prendre à bail qu*fl parquerait dans la forêt, —
et Tachât doit être firanc et sincère et pas simulé ni frauduleux ;
il doit être conclu sans clauses secrètes afin que la glandée
des riches et des pauvres ne devienne pas la proie de la fraude.
Quiconque outre-passe ce point ronq)t, comme ci-dessus, sui-
vant l ancien droit coutumier de TAspruch, h savoir que tout
d'abord les porcs avec les(iut ls il commet la fraude sont
perdus pour lui et qu'eu outre il aura à payer aux quatre
communes cinq livres stsbg. sans remise. La surveillance et
la dénonciation incombent aux waldmestres, aux forestiers ou
à quiconque en sera spécialement chargé par les quatre com-
munes.
69.
Concernant Tachât d*une truie. Identique avec Fart 49 du
Document Voy. Bévue t X, p. 387.
70.
Tous les bourgeois, actuels et futurs, des quatre \illages
doivent veiller sur la forêt sous leur foi donnée h la place de
serment dans la mesure qu'il vient d'Ctre dit au sujet des
arbres réservés, de la dénonciation, du bois de hêtre, des
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RftGLBMBlITATIOII D'ONB tWti OOHMONAU 868
étrangers ' comme jusiiu ici et sui- Loub les articles qui pré-
cëdeut ou qui suivent
71.
Celui <iui est re(;u bouriiouis iluiis Tun des (juatre viUag68,
doit donner au waldincstrc sa parole à la place de serment
qull veillera sur la forêt comme il vient d'êti*e prescrit; s'il
s'en trouvait un qui fût inlidële^ au point de refuser de fiaiie
comme les autres bourgeois, on le privera de toutes jouissances
de la forêt tout comme les bourgeois étrangers, jusqu'à ce
qu'A donne sa parole d'y veiller selon la teneur de la présente
lettre forestale.'
72.
Celui qui à ravenir reçoit le droit de bourgeoisie dans Tun
des quatre dits villages est tenu de planter un jeune chêne
dans la forêt et de Pélever; si l'arbre desséchait et ne venait
pas, il en plantera un autre jusqu'à ce qu'il en plante un qui
prenne racine, grandisse et devienne un arbre propre à don-
ner des fruits. Et si (juelqu'un avait la déloyauté de s'y refuser
et qu'il ne voulût pas planter et soigner un tel chêne i)our en
faire un grand arbre, il doit également être privé de toutes
jouissances de la forêt jusqu'à ce qu'il eu plante et élève un
qu'il puisse montrer au waldmestre ou dont du moins il
puisse certiHer à ce dernier par témoins qu'il Ta arrosé.^
73.
Les pasteurs ou curés et les bedeaux* qui n*auraient pas le
droit de bourgeoisie ne doivent plus à l'avenir ni charrier, ni
» «yber die loch, ybor das ruegen, yber das bneehen, yber die fremb-
den». cf. A. 2^^. lirme t. X, p. 376 qui recommande spécialement à Ift
surveillauce des buurgeois: "die Lecli, dus eicbeu and die fremteii>.
* «also vntrew»; A. 27 dit: «aldo uiitrite».
' «naeh Inhali dis Brieft»; A. 27: «diser OeBchrifll». Le doenmeiit
A. fixe en sus ane amende «d'étranger», c^eafFà^dire de 5 livrei pour
celai qui "dôdaiïnc ' ce point.
* «dass er Bolchen ndobt liabe».
' «Item. Die Ptarrberr, Biltel".
Nouvelle Série. — 11"* aimée. 23
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354
REVUE d'aUSACE
vendre du bois à autrui ; ils doivent charrier leur bois dans
leurs propres cours et s'en servir eux-mômes pour le feu.
Celui qui en charrie à autrui rompt, s'il est découvert, six
schillings. Les forestiers et les waldmestres y veiUeront.
A leur jour ils reçoivent chacun sa voie ou charretée de bois
pour son propi^ usage, mais point pour en vendre ni charrier
à autrui sous ladite peine.
74.
Si un lioupr^eois <li > muitrc villaf^cs a enfreint le rèj^Ienient
ot que les vin}>;t' hommes sur la montajJine aient eu î\ pronon-
cer sur Tamende, feur sentence, quelle qu'elle soit, doit être
exécutée. Celui qui refuserait de s'y soumettre, et de payer
Tamende prononcée contre lui par les vingt hommes sur la
montagne, sera privé, lui et ses bêtes de toutes jouissances
de la forêt, en bois, glandées et pftturagos, et la forêt lui sera
interdite tant et aussi longtemps quil n*ait pas payé et réglé
Tamende.
75.
Sur les branchages provenant de bois de construction on
peut prendre et façonner une voiture ou charrette pleine et
pas plus, et l'emmener avec soi h la mai.son ; mais on ne doit
pas rester dans la forêt, ni y laisser des domestiques, pour
ia(;onner de ces bran( ha<res en attendant que la voiture
revienne. Si Ton maniiiiait de v(titure on i)()urra façonner une
voie do ce bois et l'entasser en attendant (ju'on en trouve une.
Celui qui n'observe pas ce règlement rompt, s'il est accusé,
six schillings deniers stsbg. Les waldmestres et les forestiers
y veUleront
' Potir la forot do Kork, — 8O(J0 arpents, badois, à .Jti aros =
28âO hectares, entre la Kint7.ig et la Itcncb, grand-duché de Bade,
qatme eommunes intéressées, dom. HamutoLichtenberg. — l'«Ei]iiiiig«-
geiicht» ou tribunal des anendea, se composait de traite-siz jnges.
Voy. JEorJter WaUMtfwm 1476, par J.-B. TBmmnaM, Carlsmbe, 1880^
pages?.
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HbGLËMENTATION 0*UNE FOHÊT CUXMUNALE 3ÔÔ
76.
A ravenir penoime ne coupera plus de fane* entre la
Saint-George (23 avril) et la Saint^Laurent (10 août). Celui
qui n^observe pas cet article rompt, ail en est accusé, quatre
schillings. Les forestiers et waldmestres y veilleront
Un règlement forestal concernant la fort-t do Ilaguenau ( WaUl-Grd-
nung fur die heilige JFbrrt) a élé fait en 1434 par rUnterUndvogt de U
BM86-AlMce,le8chiilthein et le conseil de U rille de Hagaeum. 7oy.
BuOefN» de la SoeiHipimr fo oomemi<iofi du mommmti histcrifueê de
rAUaee, U* tirie, t XI, p. 168. M.
U
RÈGLEIIENT DE 1585
Les nommés
Lickhen, Marzolf, waldinostre, et Brun. Jean, hcimbourgue,
de Hatten; Frankhen, George, waldmestre, et Knecht, Panter,
heimbourgue, de Bittersboffen; Knecht, Vendelin, waldmestre,
et Bless, Lazare, heimbourgue, de Niederbetschdorf ; Burckh,
George, waldmestre, et Klein, Jean, heimbourgue, d'Ober-
betschdorf
ayant assemblé au son des cloches les communautés sur la
montagne commune, ont reçu Tordre de rassemblée entière
dMnscrire dans la lettre forestale les articles qui suivent
ci-aprës r
Fait en Tannée 86.
' "Fahn ' — provîncialismo oncorp on itsairo ponr «Farn». "Fam-
kraut" (fili.i-.); la fougère commune sorvaiit de litière au bétail. —
La fane dans certaines parties do la Friiiice (l'oilou, etc.) se dit do
riicrbe des plautes bulbeuses, dus tigeâ sèches arrachées à la recuite
des pommei de terre^ dM feuille» vertes ou s&ches et aussi des brous*
sailles dont on fkit dn fen oa de la litière. Notre texte dit «Falia
hawen».
866 RBVDB D*ALSACB
•
Art 1.
A ravonir tout bourgeois des quatre villages qui possède
une voiture ou une charrette n*ira qu^nne fois, le jour donné,
dans la forêt chercher du bois (pour son propre compte); il ne
pourra y retourner le même jour que s'il était chargé par
qu( Iqu un (^ui n*eût pas de voiture, de lui charrier une voiture
ou une charretée de bois et pas plus. Celui qui n'observe pas
r('t article rompt, s'il est «U'iioncé. six s( hilliiiLi>, dont trois au
rapjtoi Lt ur et trois aux (Huumuues. Les l'orubtierïi, waldmestres
et uu cliacuu y veilleroul.
«
Art. 2.
A Tavenir si un bourgeois des quatre villages coupe des
perches (dans la forêt), il doit faf.onncr et transporter chez
lui non seulement les perches qu il aura coupées, mais aussi
les rameaux, ("elui qui néudiire cet article rompt, s'il est
dénoncé, quatre scliillin-^s, dont deux au dénonciateur et
deux aux communes. Les forestiers et waldmestres seuls y
veilleront
Art 3.
De même il a été convenu et arrêté dans Tintérêt des
quatre communes qu*à Tavenir celui qui bâtit dans l'un des
quatre villages pourra se servir dans la forêt de la scie à
refendre. Il n'oubliera pas d'en prévenir le waldmestre et de
lui donner sa parole à la place de serment (^u il emploiera à
l'usage indi(iué d'avance, le bois qu'il refend avec la scie.
Celui qui ne se conforme pas à ce règlement rompt, s'il est
dénonce, une livre deniers. Les forestiers, waldmestres et uu
chacun y veilleront. Dans tous les cas, il faut avoir son char-
pentier avec soi et ne pas aller seul dans la forêt sous ladite
peine.
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RÉGLEMENTATION d'iINE FORÊT COMMUNALE
357
III
RÈ0LE1I£NT DU ii OCTOBRE <595
A savoir,
Ce jourd'hui que Ton compte depuis la Naissance de Notre
cher Seigneur le Clirist, notre Sauveur, mil cinq cent quatre-
vingtrguinze années, ce nuirdi 14 octobre, le présent règle-
ment, concernant la forêt d'Âsprucb, a été lait et arrêté par les
honorables
Peters, Michel, waldmestre, Veiz, Jean, fils de Laurent,
heimbouigue, tous deux de Hatten, et Loren, George, du
même endroit; Helmes, Henri, waldmestre, Kibell, Auguste,
heûnbourgue, e^ Knecht, Panter, de Rittershoffen; Engness,
Jean, waldmestre, Schmidt, Jean, fils de Théobald, heim-
bourgue, et Heiflfsteck, Marzolf, d*Oberbetschdorf ; Knecht,
Vendelin, waldmestre, Basilians, Pierre, heimbourgue, et puis
Sturm, Laurent, de Niederbetsclidorf;
qui avaient été maudi's et diargés par les quatre commu-
nautés réunies au son (1rs cloches vn assemblée pléniére de
faire, dans l'intéi i t de ladite forêt et des quatre communes, ce
règlomeut littéralement transcrit ci-après :
Banlieue de HaUen,
Peimo. Dans la ligne de délimitation entre Hatten et Ritters-
hoffen, du «Gauspruch» jusque sur le «Koch», à travers la
serre, il faut planter et entretmir uih- haie vive à côté des
clôtures actuelles faites de braiicha.^'es et de lattes; j)ar
contrii on aura le droit d eiiclorf avec des l)rancha«j;es de
TAspruch, les champs donnant des deux côtés (dans les deux
baus) sur les «Stiegebj (petits barrages enclavés dans la haie).
«ErstUchen swischen Hatten und Rittershofien
banscheid vom Gauschbruch bis auf das roch der
,sehren durch und durch neben disen Zainen und
Dielsteckhen im (ein?) hagsezen und auf^flantzen».
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868 ftBTUB d'alsacs
2* Le flGrasweg» du Westhoffen doit être bordé des deux
côtés de haies jusqu^au «Hem^Etzel»; la commune sera libre
cependant de laisser un cheioin ouvert ou non, extérieure-
ment au jardin de Zacharie.
3* Tout le «Nicderfeîd» doit être enclos à ravoiiir do haies
vives dans tout aun pourtour, sauf le.s chemins qui le tra-
versent
«KURATUS ECKEULIN»
4* Le canton dit «Kuratbs Eckerlin» doit également à l*aye-
nîr être entouré de haies vives tout autour.
5* L*autre t Aeckerlin» doit aussi & Tavenir être enclos de
haies.
* «Ganchs-«, Gangs-, (iauii]truili> et "-bruch»: anc. communal coupé
par la limite dus deux buas, terrain bas et humide, donnaut naissance
au petit misseAQ qui «rtrtxta le Tîlbge ^ tout le territoire de Hatten
de rOoest à TEst, où il se joint à la Selslwch M-denow du diâteta
et ea ftee de remplaeement de randeiiiie é^se parolaaiale doNieder^
rtdern. Le aCtaaflchsbnieh» du ben de Hatten oe formaDt pies qe'vne
prairie de 185 aree, était autrefois le l*"" des communaux on cAllmende*
dtt Westholl^ le loog dudit ruisseau, d'ensemble 5 hect. «Bnich" =s
terrain man-caî^enx, otc; <'Gauchw — crenson, llour de coucou et autres
plantes et herbes ami'res; aussi fantôme, feu tollet, etc. 11 paraît qu'on
(Ut aussi "(iriesbnich'>, cependant il n'y a pas de terrain graveleux
mais il s'y trouvait autrefois un tir d'où encore aujourd'hui lus noms
de «Schiessrain ou Schiessmar».
* «Roeh* d'ord. «Beeeh» ou «Reeg»; le «Rnegberg», siège de tribiual
des amendes? C'est l'endroit le ^ns élevé entre Hatten et Rittershoffen,
traversé par la nouvelle grande rovte; vestiges d'anc. constructions.
* «der Séhren dnreh und dnrch» — barrière; aaran = fermer. H j
avait donc des Tiarrières non seulement à l'entrée des villages, mais
aussi à l'entrée de leur banlieue.
* «Stie^el" = planche de trois pieds de haut placée en travers d'un
sentier dans une ouverture de baie, soutenue par deux poteaux, bar-
rant le « herain au lirtuil.
* «Grasweg» — chemin de la forêt que suivaient autrefois les pauvres
gens allant chercher de l'herbe, de la fougère et de la fléole devant
servir de nourriture et de litière à leurs vaches.
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RteLBHEHTATION D^UItB FOKtT OOHHiniALB 869
* La partie occidentale de ilattcn, appelée encore aujourd'hui «dus
Westhoflfén», formait autrefois sons le nom de Westheim un hameau à
part, entre Hàtten et RittershoffiBo.
Lei seignearB de Lichtenberg l^chetèrent, en 183S, «Tee d'antres
TÎUagee dn Landgrave d'Alsace et enriroa vingt ans pins tard Simon
de L. l'annexa, on l'incorpora sons le nom de WesthoTen à Hatten; l'ad*
ministratton du bailliage avait conservé l'habitude de le mentionner
spécialement à c6té do Ilatten: «compte de Uatton et Westhoflfeno,
disent ses livres de cniniitabilité jusqu'à la Révolution.
' «Etzel » ----- j);ïturay;e privé et clou, auj. champs ou prairies. Un
"Etzel» 1 arpent et plus.
' «Euraths fkskerlin» probablement pour «Curât», cf. «CnratpfrQnde»
= bénéfice; nom onblié et inconnue in^ourdlrai dans la banUene;
c'est sans donte le «vorderste et le Unterste Jkeckerle* où il y a des
champe à la commune dont jouissent les différents instituteurs et autres
employés. Une tranche de forêt de vieux chênes, abattue loii de la
construction de la grande route, vers la fin du dernier 8i^cle, s'éten-
dait jusque près du village: c'était le «Bischel» ou «BUschel»» et «l'Aile-
mfMiil IIiilcI>acli > avoi- la Lacli dont les doux "Eckerlein'» — papales
(le ]Mirr> (Vl par;u>>i'iit avoir fait partie. L'" Aldiiatt ' (anc. < Allcincrul"?),
prairies et lo ' l'tingstwiakel ^ pâturage du printemps, anc. canton
forestier, sont dans le voisinage.
Banlieue de Bittershoffetu
V LUEttchwegs doit être bordé de haies sauf le chemin qui
longe rsEuchmatt» et son prolongement jnsqu*en haut au lac
d'OsterdorC
2* Le second petit Ostcrfeld ou champ d'Ostemdorf doit
être entouré de haies vives sauf les chemins qui y existent
d'ancienne date.
:; LOsterfcld, de la Serre à rcuclos Scheileug, est à
entourer ih- halos.
4 ' L'Ostcrft'ld derrière lo ciini tièrc ne doit |>lus ;i raveuir
être clos qu'avec des hraiiclia;4es d'aulnes ou de saules.
5" L'rt(^j^>', de la rue des Houlauf^ers à Tenclos Danglur, doit
être entourée de haies sauf les chemins.
6** L'autre «Og» doit être entourée de haies de branchages
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800 UVDB D*ALSAIS
d*aulne8 ou de saules et pas autrement; on pourra y planter
des liaies vives jusqu'au thaitwcg».
7* Le district des champs ou ban do Rentershoffen doit à
l'aveuir être entouré de haies sauf rcuceiutc du village de
Rentershotft'n.
8" La petite rue de TE^^lise justju'au Bietzwasen doit aussi
à l'avenir être enteurt^c de haies vivi-;.
9" De la rue de rE^ili.se à la «^a-audc route et de là le loim de
la grande route jusqu'au pieu-borne devant le vignoble d'Hum-
pert, il faut des haies.
10. Au «Rech», aux quatre champs situés au-dessus de celui
du Gentilhonune (Junclier's ackher), il faut des haies, puis,
plus loin, au delà du champ de George Bless, il faut de nou-
veau des haies jusqu'au chftteau («Birkh») et de même au delà
de ee dernier, jusqu'au ban de Hatten excepté au chemin de
la largeur d'un champ, devant la porte du château, et à l'autre
chemin qui pusse par le tGauspruch» oh, comme d'ancienne
date, il n'en kut pas.
Au Heitherfi:, il faut une haie depuis le gibet jusqu'à la cas-
cade devant la port*- du rbâteau.
Au rthuugersbuhreuwaseni) il faut des haies.
* WosthofiFen, Rentershoffen et Ostorndorf, petits oi; l <«its situés
sur l'ancieune grande route de Hatten i\ Botschdorf, dont le premier
a été incorporé à Hatten et dont les detix antres ont été al)Horbi's par
la colongc de llitterslioffon. Vo}-. lîulktin de la Soettlé pour lu couaer-
veUion des monuments lii.ftori'iues rf'.4/,saor, H" série, t. \, pp. 224-2').').
' Tous les Doms de cautous ruraux cités dans ce chapitre concernaut
RittersholENi, uistent encore udoQrdniai les uns sons la même forme,
les antres qnelqne pen modifiés, sanf cependant les noms des propriétés
partienlières y compris le «Birkh« on castel an «Rech» et le «Hoefage-
richt» on gibet. On n'a pas d'antres renseignements snr ce chitMm on
«Bir^* i~ dim. de "borg»); In tradition locale même ne paraît pins
se scavenir de son existence; c'était probuMcmont un des «Hubhflfe»
OUinaîtres«es-coiir? des seiçneure de FlecktMistoin (Leomann. Ilanau-L.,
p. 12.S, atui. qui en L'i-Sf) étaient la jtropriété du chajtitre de Sur-
bourg et fureut achctéeii au xvio siècle par Uauau-LicUtenberg. Un
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■toi.wnftfTATiow d'oui ftttAr oomioiiÀLB 861
BanUeuB ik Niederbetschdorf,
Du pré dit «Hintermatt» à reuceiute du village, il faut des
haies.
A r«£gne88gasse» (rue d'Agnèse?) il faut une haie du jar-
Othon (le Rottersboven est du reste déjà mentionné en 1227. Ah. dipl.
I, n'' 451. Le Ritterliof 86 troumt dans le Tiil«ge même et donna son
nom à la Rittergasse.
Les deux «Og» se sont régulièrement tranalonnées en «Obère- uud
Untere-Aue», c'est-à-dire prairies. L'*Eachniatt(Aagmatt?)» et ra£acb>
weg» (chemin de r«An, Aag, Og '?) ne se tronvent pas mentionnés dans
la nomenclature des cantons et chemins actuels de Rittenholfen que
je dois à l'obligeance du maire.
La «Beekergane» n'est pas mentionnée non plus dans la liste citée»
pent-ôtre est-ce aujourd'hui la «Biscligasse (?) hister» et «Pfister» =
boulant,'or.
Le «Huuj;i:r>l»ùlircnwason» — vaiue pâture, c'est aiij., jo su])p<)'<e, le
"(das) hiininersprung >. Los l)ergers, à ce qu'on dit, avaient l'hahitiule de
rassenilder leurs troupeaux repus dans les "Stelli« ou parcs, ou au
«hnngerplatz> pour les fidre reposer; de là les WMOftbreux cantons
roraux de «hnngerhfthl, -her^ -baum, •stall», d'ord. voisins d'anc
pfttnrages.
Je ne sais si le «Bietswasen» (pomerinm, lieu de réunion pour joux,
exercices, jngemoilsX terrain vague et ga/onné, près de l'enceinte du
village exi«ito encore; le canton rural apiu-lô cncoro anj. "die Bitze»
se trouve du eût»'* ojipost- rt Iimii iln villai^o, près du ■ L^nissen IltL-dcrn»
= grands di-frichcineuts, et dc> ■ Au*'» anc. ' > — |)rairios, piUuratros,
et pourrait bien avoir fait partie du ban d'Oâtcrndorf ou de celui de
RentershoiSm. «Bits, bitsen, batz», n. firéq. de cantons ruranz et dans
des noms de villages, sur les deux rives du Rhin supér. Les uns le
trad. par «busch» (buisson); d'autres par verger; d'autres par jardin
potager. Le mot se rattache aux anc. pâturages, cf. imeetum, bueito
âqmtta (Varro) ; — bncinobanteSjC?) peuple aleman en 371 en face de
Haycnce (Am. Marc. 2f, 4); — «buotzingesliurst» ou «buozdinges-
hurst» (déliu). du Mundat infér. viir" siècle), etc. En VA'], l'abbaye de
"Wissombourg possédait cncor»! à Schleitbal (anc. Schlc^lerthal =
Juveuesdaro un grand pâturage ou Alhnen^ appel»' «die Horst».
(«Horst et Uurst aha.» ss contrée buissonneuse.)
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362 , Wtm »*AUACI
din de •Gart-Ursulei jusqu^è celui des •Schiiiitthan8en>;ptiÎ8,
il en fout à la descente vers le «brach » jusqu'au cGuteubruch».
Âtt «Schofflogen (tSchaflager» = place de repos des brebis),
au champ de «Kasten (Gaston ?)Ke11erv, au gué, dans le tGras-
weg» juiiqu'au champ de Stimp, il faut des haies.
Banlieue étOherhetsehdorf.
De la «Hinti rniiitt»» près du ban de NitMlerbi'tschdorf Jus-
qu'au haut (hi '<ho];;('nncker«' qui s'étend jusqu'à la graude
routt*, il faut des haies.
Il en faut aussi dans la «lîauern'ias^ei' le Ion*; du jardin de
George Bilrckh et jusqu'en haut à la borne du ban de Schwab-
willer.
Le long du ban de Schwabwiller du jardin de Singen jus-
qu'en haut au ((Schwabwillersee» on ne fera plus de clôture
avec des branchages de TAspruch, mais on pourra y planter
des haies.
Il fiiut des haies depuis TcAugmatt» et le long du jardin
d^avoine («habergarten») de Thibaud Suner jusqu*en haut au
champ de George Hemsél, dit le jaune, et aux neuf parcelles;
ces neuf parcelles ainsi qnele champ transversal (« Abwender»)
de Matter qui y touche et jusqu'en bas au coin, ne doivent
plus être bordés de haies de branchages provenant de
PAspruch ; les propriétaires y pourront planter, s'ils veulent,
des haies vives. Puis il faut des haies dejuiis le coin dudit
champ de Matter jusiiu'au champ transvi-rsal de Ulaiseilcinsel;
les liaies sèches devant ce dernier cliami) et le hini; liu «Sultz-
acker»' jusqu'en haut au chamj) transversal de Gerdten-Clauss
doivent à l'avenir faire phu e à des haies vives; du champ
transversal de (jrerdteu I>iicoias au ban de KeimerbwiUer il
faut des haies.
^ Aiy. probAblement «die heiligen acken» = champs Bserés, ou des
«dBt8. c£ cependant «bolke» = luerne introduite an zyi* siècle de
France.
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RteUBaNTATION D*U1IB FOIÉT GOMMONALB 868
La clôture derrière le iHof» (métairie) doit dtre fidte à
Pavenir de perches de chênes ou de fortes planches.
IV
RÈGLEMENT CONCERNANT LES WALDMESTRES
Lorsqu'on comptait mil cinq cent quatre-vinjrt-neuf, le
8' jour de mai, il y a ou désaccord et dirtï'r«'iKl' entre les
quatre communes et leurs maîtres de forêt a.>sermentés en ce
que depuis plusieurs annexes d(^ trop «xrands frais étaient
imputés aux conlnlUllt'^; celles-ri ont alors donné plein i)ou-
voir à leurs heinibouri^ues de hxer aux waldnie^trcs un tant
pour frais et ^îratitication, et les heimbourgues oui tranbmis
ce plein-pouvoir aux personnes suivantes, savoir à
Becht, Jacques, tils do Pierre, de ilatten;
Lohren, Théobald, de Rittershoflen;
Summer, Marzolf, de Niederbetschdorf, et
Rei&teck, Marzolf^ d'Oberbetschdorf;
tous quatre échevins du tribunal, qui, suivant leur opinion et
leur sentiment d*équité, ont arrêté ce qui suit:
1* A ravenir les waldmestres n*auront plus aucun droit de
▼ente; si les prix fixés pour le bois à vendre ne leur pa-
raissent pas assez élevés et qu'ils pensent qu'on pourrait en
tirer meilleur parti, ils en préviendront leurs communes
respectives et on partagera par lots;* et chaque commune
pourra vendre son bois quand et aussi cher qu'eUe voudra
ou pourra le faire é(iuarrir elle-niênie.
2° Pour leur séance le jour du décompte^ le waldniestre et
le heimbourfçuo de chaque village et les valets recevront
(chacun?) quatre schillings stsbg. et pas davantage.
* «spao» et «Irrung».
' «der Gifft nach ablheilen».
* «yff den rechens Tag hofF».
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864
ainiB d'alsacs
.S* Le jour do décompte mw foi> arrêté, il faut, ])our l'ordre,
le maintenir; dans !<■ ras que. quelqu'un oubliât un article
quelcouqui', il vu ll-ra la réclamation daub la quiuzaiue pour
le porter à la charge de la commune.
4" Lt's waldme.stres n'auront plus le droit de dépenser un
grand «Einung» (= 5 livres aux frais des communes) à la foire
de Rittershoflfen.
5* Pour leur visite de la glaudée chaque waldmestre, le
heimbourgue et les deux valets recevront chacun deux schil-
lings stsbg.
6* Si les waldmestres et de chaque village un heimbourgue
distribuent les droits (de glandée), les tepê* sont autorisés
d'allouer sur ces droits 16 schillings stsbg. aux pfttres enga-
gés pour Tannée* et nimputeront pas d^autres frais aux
communes à ce siq'et
7* Chaque waldmestre recevra en outre comme récompense
de sa peine deux livres dix schillings et double part de droits
de parcage de porcs dans la fordt à la première glandée quMl
y aura et que Ton partagera. Par contre il doit, selon son
pouvoir, faire tout ce que lui prescrit le règlement forestal et
la présente ordonnance qu^il promettra par serment de tou-
jours suivre fidèlement
Celui qui, ayant été désigné pour cet emploi,' n'exécute pas
le règlement et en néglige les prescriptions, sera privé de
toute jouissance de la forêt; que chacun sache donc bien s*en
garder et songe à son sonnent
8* Dans le cas que le waldmestre eût besoin de Tassistance
du heimbourgue, celui-ci doit se mettre à sa disposition et
porter ses propres dépenses en compte à la commune.*
* on 1m arbitrei.
* "80 sollcn die Sicben 's recht haben imd den Jahrhirten aus disen
rechteu zu verzcbren ^ebeii uamlii li spchzphn schilling stslt[:r '
«und wo (= waua) einer zu solcher sachen gezogcu wirdt ",
* Les art. 8—13 qii dans h texte n'ont put de numéros, paraissent
sroir été i^ontés postérieurement.
Voy. An^h. E. 1864 (liasse) des extraits du Heimbnrgerbncb» et des
«Heimbargerrechnnngen» des quatre localitéB.
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RÉGLEMENTATION u'lNE FUllbl tUMMl .NAi.K 365
9" 11 revient aussi au waldmeBtre comme gratitication deux
schillings stsbg. que lui paiera celui qu'il sera obligé d'accom-
pagner, dans la forêt pour couper du bois de construction si
toutefois il s*agit d*arbres de choix.
10* Touchant les prés des quatre villages, il faut cesser à
ravenir de les enclore de haies faites de branchages de
rÂspruch et suivre les prescriptions de la lettre forestale.
11* Quant aux champs ensemencés, chaque bourgeois des
quatre villaî?es est tenu de les entourer de haies, suivant le
règlement d'ici à la Saint-George (28 avril) où les waldniostres
feront leur tournée d'inspection; pour ce qui est des chanii)S
eu jachère, ils doivent être enclos de haies de la présente
Saint-tiall (KJ octobre en un an; chaque année, à répo(|ue
prescrite, les walduiestres visiteront ces champs et \r |)nt])rié-
taii'e qui sera trouvé en défaut au sujet de ces clôtures aura
à payer une amende de quatre schillings. Sur ces amendes les
waldmestres prélèveront ce qu'il leur faut pour se dé&ayer
convenablement et tiendront compte du reste aux quatre
communes.
12* Deux voisins dont les champs se touchent de cdté ou de
front, ayant une dOtare commune, doivent faire en commun
la haie dont Tentretien pendant Tannée incombe à celui des
deux dont le champ est ensemencé sous ladite peine.
V
AN: 1604
n) Lorsqu'on comptait mil six cent un. les domestiques lU- la
Vénérable abbesbe du couvent de Kônigsbruck' se sont avisés
< KOnigsbrûck, ou comme dit notre document et le dialecte dn pays
«Kon'sprûck» = Begispons, abbaye de filles noUes, de Tcrdie de
Citeanx, nir 1* Sure, à l'extrAndlé nid-eit de l'A^nidi, ftmdée dam
U première moitié du zu* sièele par Frédério-le-Boqpu^ 1 1147» due
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RBVUB D*ALSACB
(rentrer dans l'ancienne rivière dite ( Ablossbach» (c'est-à-
dire (lév(>rsoir ou canal de décharge du moulin du couvent sur
la Surbach) entièrement située sur le territoire des quatre
communes, pour la curer et cela à Tinsu et sans le consen-
tement des quatre communes, ce dont ils n'avaient pas le
droit En conséquence de quoi les quatre communes ont cité
rintendant de M** Tabbesse, Heigell, Gaspard, et avec lui,
David, George, de comparaître sur le «Ruegberg» ou mon-
tagne du tribunal forestier des quatre communes où les vingt
honmies les condamnèrent k une amende ezteiritoriale (de
cinq livres). Les deux serviteurs qui étaient comparus sur la
montagne ont attendu Texpédition du jugement pour s'arran-
ger et s'acquitter, en présence du vin, avec les heimbourgues
et les waldmestres au sujet df l amendc.
h) Dans la niénie année six cent un (— K.ol ), le gentilhomme
(Juîikher) Philippe de Fleckensteiu (du château près llodern)
s'était permis de faire enclore par ses inanans (hintersa^tucn)
le «rothv ou déirichement d'Aptteli et celui de Diethmann;
les quatre communes l'ayant appris, firent arracher les clô-
tures de ces défrichements ou «Iled^i, sur quoi «Philips»
de Fleckensteiu les fit fermer de nouveau par Schmidt, Nico-
las, et Jacob, Jean, tous deux de (Nieder-)Red6rn;* mais
de Sonabe «t d'Alaice^ père de Frédéric BarberonsBe, a été pillée et
rainée en 1535 par les pajeant et complètement détruite dans la Révo-
Inûoa, Le convent de Lichtentha], près Raden, fondation de notre
abbaye, a offert un asile aux religieuses de Kônigsbrûck, avec tout ce
qu'elles ont pu sauver en titres, documents, etc. Le hameau de Kunigs-
brttck fait partie du village de Leutenheim, canlon de Bistbwiller.
' Les habitants de }viederrodorn, à l'extrémité nord-est de TAspruch,
.■^Hljent, avec les autres villages environnants, le droit de recueillir
^ d1l^bois mort, mais non de couper du bois vert, dans l'Asprach,
le château des Fleckenstein, placé dans une lie de la Sel^ sur le
territoire des quatre communes, «ûourdliui banlieue de Hattea,
avait bien ce droit, mais pour see seuls besoins. Toy. procès de 1511
(ms) des quatre nllages oontie Nicolas de Fleckenstein. Aiyourd'hui le
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KteLBMnrTATION D^ONB TtHHtt COMMUNALE
367
pendant que ces deruicrs palissadaient ces «reder» avec des
branchajges et des pieux qu'ils avaient clandestinement coupés
(dans TAspruch), il^ furent surpris par un forestier des quatre
communes qui les cita (devant le tribunal des amendes) sur
la montagne, oii ils se sont arrangés avec le waldmestre et
se sont acquittés de Pamende.
e) Item, — On a trouvé utile d*arréter aussi que, quand on
charrie du bois de corvée au chÂteau (de Hatten), personne
du vUlage chargé de la corvée, ni artisan, ni paysan, ni char-
cbàteau appartient à quelques famiUea de Ménonites, qui de ce chef
sont bonrf^oois de Hatten.
l'ciulant lii f^ucrri' des Linanges-c. Lirhtenborg (M;')!), Ilenri de
Flt'okonstein s'était «de nouveau» approprié de force quelques "Rôdor»
dans l'Âspruch, lesquels, sur la condamnation prononcée contre lui par
le roi Frédéric lY, il dot abandonner, et, en 1453, il fit la déclaration
écrite qne ces «rftder» avaient été reboisés et étaient rentrés, comme de
droit, dans la possession des quatre villages auxquels ils appartenaient
Voj. LiHMAKM, 2aiMM«-JUcU0Nieii9,I,pp.S85-S86. — «roden» et «renten»
(«riuten, ritten ') signifient déflriclieir(nMcare,eniricar^), essarter (san>«,
«Mantore); cf. «hcr eiten », prfeparare, etc. Le terrain défriché se disait :
un «rodu, nu rotti> («Hodiand"), au pluriel: 'dio Ilôder»», ou "das
Goreute, fi'nit, Hoit, Riod etc. cf. on fr. i^iirn t, ii. c. et n. dn ville;
Jii'euliois, s'uppoiuit autrefois (aiï. llâS) Curlis ijtrutn. — In novo rure
quod dicilur rode. — .... El in mense Jun. bnKhareidterum et in
auhnmo ip$tm arare et teminan. Nbuoasv, Cod. dipl I, n" 40, p. 43,
an. 763.
Un grand nombre de Tilla^eè alsaciens et ail. tirent leur nom de ces
mots «roden» et •renten», à coup sAr aussi le Tillage en question, de
même que Ober-Rodern, à six kilomètres plus haut sur la Sols; peu^
être aussi KrAttwoiler, anc Kreitweiler, vulg. Grabern ou Krepperen,
entre Xiederrudern et Trinihachl'anc. DriKenbarli, aux trois ruisseaux.
— Le noui <ie notre village existe sous les deux lutines de Rcideru et
Rûdern : Sous l'ulihi^ Hu'.mes ( 1 ;;.'.•;) l'ulihaye de Selz avait deux fermes
«m terminis ville dicte Riidern^ ; lu constitution de Selz (lyiUj dit «zu
RftdMn».
Le nom de ce village n*a donc rien de commun avec le mot «roth»
signifiant rouge, partant rien de commun avec le Rnfiana de Ptolémée,
8* Tille des Nemètes CWalkenaer); ni avec des fleurs ronges (Migaeret,
368
RKVUE D'aLSACS
retier n'aura le droit de fiiçoimer les décombres pour son
propre compte le jour de la corvée; mais si le lendemain on
trouve encore quelques pièces de dosse ou d'au;tres décombres,
on a le droit de les &çonner à son gré. Celui qui dédaigne
cet article rompt, s'il est découvert, quatre scbilliugs deniers.
Seuls les forestiers et les waldmestres en jugeront
(QSur une feuille détachée se trouve la formule du serment
prêté par les employés à leur entrée en fonctions. £lle est
ainsi conçue :
D(U8 Ich mein TreUw gében hàb Unât ml WorUm
Deitchaiden Un, detn wUl Ich ode» Trewlidtm Nach'
hommcn. Alh, so schivere Ich dass mir Qott h^und
dos JtetUg Evangelium.
J*ai donué ma foi, et reçu verbalement mes instruc*
tiens, que j'observerai en tout fidèlement; je le jure,
que Dieu me vienne en aide et le saint Evangile.
Bas-Rhin); ni avec le mot celtique f Riedern» — pente, qne lui donne
pour origine Mone, C. F. j». 12'). On ne connaît {)as le nom de l'aaciea
villat^e gallo-romain qui paraît avoir existé près de là.
A une lieue au sud de liOdern il y a toute nue contrée de torres-
biMM sur les deux rires du Bhin qu'on app^ le «Bied», autrefois
exposée anx iaondatiffiiis du Rhin, d'un teirain en grande partie hnmide
et grsvelBiiz; en l'appelait an M. A. pains; cette dteignalion dérive
bien plutM dn mot celtigne «ryd, rat, red» (el^ iB. I, p. 55 etp.668X
= trajecius et aussi osiia flmmmi§ (tL «FudM^iBld aae. nom p. Font-
feld) que de l'ail, «hriod» = carex.
WHnNKRiTs, Ohserr. jvr. pract. contient les mots de " Acckcrricd» et
«Heuried", ce sont des lri( lie. tprrains abandonnés ni prés, ni en labour,
serrant ici de pàtis aux bestiaux, carestum (carectum), là, sous quelques
vieux chênes, de pacage aux porcs; c'est le «mdis ager* on «eampns».
n fknt donc bien distinguer entre: «Bied», ceH. «ryd» s pahu;
«Ried» («hriod> sooiwX pAtis; et «Bied» de «rinten» s= «lod» qui an
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RiitiLKMENTATlON d'UNB FORÊT COMMUNALB
869
REGISTRE DES 70 AKTICLLS DU 1" RÈGLEMENT AN. 1572
Bois de chfme pour maisons à quatre ('-tairog (pignons): art. l""'. —
à trois pignons: 2. — Sans balcon (poutre): 3. — Grange de quatre
étages: 4. — Grange de trois étages : 5. — Nouvel étftge : 6. — Démoli-
taons : 7. — Etable : 8. — Bois de constnictioii à tirer des abfttis : 9. —
Condition et époque de la coupe: 10 (M 11 — Chêne pour seuils ci
maîtres-poteaux ilans les réparations : liî.- Entiaits : 13. —Vidantes: 14.
Bois de liêtre: Arbre à lattes: If». — Ktanrtms. oie: 1*!. — Amendes:
17. — Jantes: 16. — Rais, «esseu": lu. — Dûteuse d'en couper à qui
n'est pas ehimn: 90. — Hêtre pour maie: 31. — Mangeoire : 88 —
Bancs et ehaises : 28. — «Deissdrom* on lambourde : 84. — Echifie
dhin escalier : 25.
Bois ar^ins; 2(5. — Amende: 27. — Fftts : 2M. — Tonnelier: 29. —
Exportation d'ustensiles interdite: DU. — Chablis, chêne: 31. — Cha-
blis en général : ',i2. — Arbres secs: 33.
Branehages et gaules : 84. Défense de eonper des tiges pour piqneta :
86. — Pour échaliers : 36. — Epine blanche : 37. — Harts : 38. —
Amende : 39. — Bornes et bois en défends : 40. — Défense d'exporter
gaules et branchages: 41. — Ainsi que du bois do fou et de construc-
tion: 42. — Forêt interdite à la voiture d'un étranger: 43. — A ses
bêtes : 44. — Et an dépêt de bois étrangers: 46. — CIêtnre de la pro-
priété: 46. — Gla]ronnageetbonsillage:47. — Vente de pieds d'arbres: 48.
— Amendes : pour charrois de chêne : 49. — De hêtre : 50. — Etrangers
et outre-passes: 51. — Cueillette : r)2. — Comptes et salaires des maîtres
de l'ori t: 5.3. — Consolidation des chemins : U\. — Anienflen: en glandée
et eu pâturage : 55 et 5G. — Décombres du buis coupé pour travaux
publics: 67. — Prohibition de couper dn pin on dn hêtre pour fini: 68.
— Jantes de moulin : 59. — Défiuise d'i^^inter dans la forêt des
piquets: 60. — Prohibition de couper de jeunes hêtres pourle château:61.
— Clôtures le long des champs : 02. — Défense de couper du bois pour
charbons : 63. — Les forgerons carboniseront leur bois étranger sur
PcAUmatt» : €4. <— Entretien et inspection des bâtiments : 65. — Un
pot de Tin: 66.
Parcage : 67. — Achats de porcs : 68. — D'une truie : 69.
Bourgeois : surveillance : 70. — Promesse (df l'exercer) des nouveaux
bourgeois: 71. — Chêne i\ planter par chacun d'eux: 72. - - Bois pour
pasteur ou curé et bedeau : 73. — Tribunal des amendes des vingt sur
la montagne : 74.
Décombres dn bois de consimetlon : 7& —
Le n« 76f sur la fongère on la fime» maaqne dans le Itegistre.
{Fin du JDoaimnt.)
D.HÛOKIL.
Nowrall» Séito. ^ U*» année. 84
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LinÉRATURE POPULAIRE DE L'ALSAGE-LORRAINB
BAVÂRDÂGËS
DE
raiÂiËS-wûDB ûË mmm
entremêlés de queliiaes autres
COMMÉRAGES ALSACIENS
Suite'
XU
EHRENFRIED STŒBËR
L'ENFANT-MOMSTRE
Cknita de Oulh», loealiié et dnmaliié par Ebuxvbod Smun
I
Smebfnral «fc OiétaléM'
S.-B.
Vous n'emmenez personne. Où donc, dites, cousine,
Allez- vous de ce pas V
G.-L.
De chez notre voisine
' Voir les livraisons tics et 2« trimestres itiSH.
* Sasanne-E&rbe et Marguerite-Madeleine.
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HTTtRATLRE POPII.AIRE ftB L'ALSACE-LORRAINE 871
Je sors, pensez! qui vient d'accoucher d'un enfant,
Le septième d^à!
S.-B.
Pas plus que ça! Pourtant
En des temps si mauvais elle pourrait bien foire
De toute autre besogne. On s'étonne vraiment
Que chez un tas de gens si pauvres la soupière
Fume encor!
G.-L.
Je Tavoue, et chez eux la misère
Las! redouble en ce jour. Un enfant! quel enfant!
Si j'en devais avoir avec marques pareilles,
J'aimerais mieux rester sans eu avoir aucun.
Mais comment donc est-il?
G.-L.
L'enfont a des oreilles
De lièvre. Pourquoi donc? En temps inopportun
La femme eut peur d un lièvre auprès d'une brousaille
Du bois do Robertsîiu. De nos jours on se raille
De bien des choses. Mais ou ferait pourtant mieux
De croire encore tout ce qu'ont cru nos aïeux:
Au moins c'est mon avis!
S>*B»
Ça paraît incroyable.
Youdriez-Tous me faire avaler un poisson
D'avril
G.-L.
Cousine, non! la chose est véritable!
Hais gardez-la pour vous.
S.-B.
Vous pouvez, sans façon,
Compter sur moi, cousine. £hî suis-je une crécelle.
372
H£VUK OAL&ACE
Une bavai'de enfin? Je n*en dirai, ma belle,
Ni soufflerai le mot Pardon, je vais entrer
Chez notre serrurier qui doit me réparer
La rôtissoire, qui grftce à notre alfreuz Jacque,
Ce gamin, ce vaurien, se casse et se détraque.
II
Snsebirwel La samirièn
S.-B.
Oh! que ça vous (^tonnc! il nm est pas moins sûr
Que Tcnfant est bien laid. Des oreilles de lièvre,
Âvec des poils autour du uez et de la lèvre.
S.
Ah! que Dieu me pardonne! i
S.-&
Eh! que dit sur le mur
De Téglise là-bas ce graud cadran bulaire?
Midi!
S.
C est vrai, ma foi! i'uis il n'avance guère
Sur la cloche.
S.-B.
Le temps s'en va vite, ma foi!
Mes quatre heures déjà que j'ai quitté chez moi.
Et je croirais vraiment que ce n*est qu'un quart d'heure.
Pauvre en&nt! Je m'en vais regagner ma demeure.
m
KftthflL Ghiistinél
E.
Le grand malheur, o ciel! as-tu vu le petit
Des Wemer? Pauvre en&nt ayant tdte de lièvre.
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UTTtKATimB rOPirUIU M L'AUâGB-UMUUUIIB
Avec UQ corps poilu, les pattes d'une chèvre.
Gb.
Oui! ce matin quelqu'un me l^avait d^à dit
Peut-on le voir?
K.
Oh non! des dames dimportance,
Aux paroles de qui je mets ma confiance,
L*ont m Pour moi je vous rapporte leur rédt!
IV
IbysL* La dinw du pastonr
M.
Le bonjour de la part de iiiadame, du maître.
Dimauchc ils aimeraient présenter leur enfant
Au baptême.
D. DU p.
Fi donc ! Prendries-Tous peut-être
Mon mari pour un homme asses accommodant
Pour baptiser un monstre avec une crinière
De sanglier?...
M.
Mais non! calmez votre colère. . .
V
SsBO Wamar et
W.
Ça va de bouche en houchc. Et maître et serviteur.
Tout eu plaignant Tenfant, colportent son malheur.
' Marie.
m
RBVUB D^ALSACB
Qu'y artpil donc de moi je tous le demande,
Dans toute cette histoire? H a quelques choYeux,
Comme d*autres enfonts, Poreille un peu plus grande.
Et de ça Ton vous fait bientôt un monstre aâreux !
VI
Voilà le beau travail de ces mauvaises langues
Qui s'en vont en tous lieux colporter leurs harangues.
Une seule en produit beaucoup en peu de temps.
Qui voudrait cliaiigcr (;aV — Toujours les médisants
De petits moucherons feront des élépliants.
Rioz, 24 mars 1881.
Ce conte de Gellert a beaucoup gagné d*ètre mis miis Im forae dxa-
lutiqne qne Eh. St«e])er loi a donnée. PaiBse ma tradnetion ne pas trop
loi foire perdre. Ch. B.
CE MEILLEUR DES MONDES
Béjouissez-vous, braves gens,
Nous vivons dans de bien bons temps,
Dans râge d'or, au Taradis !
Chacun, bon, modeste et soumis
Au devoir, à la probité,
Exerce encor la charité.
Montrez donc un enfant boudeur.
Chacun ne songe qu'au bonheur
De ses parents, obéissant
Au premier mot Devient-il grand
Au père il complaira toujours.
Fille jamais n'aura d'amours.
L iyiii^cd by Google
UrrtBATURB POraLAlRB DB L*ALSACB-U)ftBAlNS
Où voit-on femmes se parer,
Ou leurs maris les rembarrer V
Où voit-on (les soldats brutaux V
Ou bien des marchands dclovaux V
Ou bien des docteurs charlatans?
Des bavardes perdant leur temps V
Jamais plus d*a?ocats mentenn.
Et, même les prédicatems
Ne prêchent que la vérité.
Partout justice et probité!
Non! nul joueur ne triche plus.
Tout priuce abolit les abus.
Aucun paysan n'est urnssier.
Je voudrais partout publier
Notre bonheur ! Eh quoi! comment!
Pourquoi donc cet étonnement?
Ne froncez pas tant le sourcil :
Nous sommes au premier avril
Bioz, le 23 juillet 1881.
LE CHEVAL A TROIS JAMBES
Superstition strasbourgeoise
Si chaque Strasbourgeois connait
Le cheval à trois jambes,
Aucun d'eux, j'en suis sûr, ne sait
Ni ses façons ingambes,
Ni ses brçes. Si vous voulez.
Ecoutez-moi, vous connaîtrez
Le cheval à trois jambes.
Fritz, le {garçon du serrurier
Sur la FetUe Flace,
REVUE D'ALSACE
Savait chanter, sauter, crier.
Et, sans laisser de trace,
Att lieu de marcher, sautillait,
De sorte qu^on ne l'appelait
Que cheval à trois jambes.
Il meurt. On l'enterre h Saint-Gall,
Au ciel s'en va son âme.
U dit : • Vous serait-il égal,
(A moins qu'on ne réclame!)
Portier du ciel, de me laisser
Descendre un peu pour m'amuser
£n cheval à trois jambes?*
Tout d'abord Pierre ne veut rien
Entendre ot dit: «Bernique!
Petit farceur! j»? vois trop bicu
Que tu forais la nique
Aux peureux (|ue le moindre bruit
Fait crier au spectre, à l'esprit,
Au cheval à trois jambes.»
Frits continue à supplier
En disant: «Je m'engage
A ne troubler et n'effrayer
Que les méchants. Le sage.
Je promets de le respecter.»
Pierre finit par contenter
Le cheval à trois jambes. '
Et mon Fritz descend doucement
l'u beau soir dt^ dimanche
Dans la ville oîi la nci^*- ^'tend
Comme une nappe blanche,
Et Fritz bondit, fait maint bon tour.
Depuis dix heures jusqu'au jour,
En cheval à trois jambes.
LITTÉRATURE IHiPULAIRE DE L'ALSACE-LORRAhNK
Dans son traîneau voyez ce vieux
Avare, autant que riche.
Mon Fritz se dit : «Il ferait mieux
I>e se montrer moins chiche!
Plus généreux!» Il va heurter
Le traîneau, quil fait culbuter :
Bien ! cheval à trois jambes!
Un soir, ruelle du Savon,
Voyant par la fenêtre
Monter des voleurs, il dit: «Bon!
Je ferai disparaître
L'échelle!» Il la renverse et fait
Saisir les voleurs au collet!
Bien ! cheval à trois jambes !
Pour la i»rière du matin
Déjà la cloche sonne.
•Gros livre de prière en main
Voyez rettt' personne
Traverser le pont Saint-Thomas.
Eh bien! que vois-je donc là-basV
Le cheval à trois jambes.
n cdUrt et va pousser le bras
De la vieille usurière,
(Car c*en est une) et fait,. . . hélas !. . .
Tomber dans la rivière
Le livre pieux qui contenait
Des billets auxquels on tenait :
Bien ! cheval à trois jambes!
Si tard avec un ofhcier,
Qui donc fait l'empressée?
Du jeune iils d'un menuisier
La belle fiancée.
Malgré ses cheveux bien nattés
378 REVIS D'ALSACE
Punis 868 infidélités,
Viens, cheval à trois jambes I
Il vient en effet. Sur le dos
Il la prend et démarre,
La jetant bas, bit-n ù propos,
Au milieu d'une mare.
Cela lui calme sou ardeur.
Que tu fais bien, petit farceur
De cheval à troiâ jambes!
Pierre, en voyant cet exploit, rit
A se tenir le ventre :
«On &it très bien quand on punit
Les méchants,» dit-il, «rentre
Au Paradis, chez les éhis!»
Depuis ce temps on ne voit plus
Le cheval à trois jambes.
Haguenau, le 8 octobre 1880.
MA PRÉFÉRÉE
Tes grâces, tu sais bien les faire
Admirer, c'est un fait ! •
Aussi, crois-le, je te préfère
A Lise ainsi qu*à Kœth;
Car Knth et Lise,
EtLiseetEœth
Ont belle figure et teint net
Et gracieuse mise,
Mais bien moins aimable manière
Et ne font pas de bonds
Comme toi. Tu m*e8 donc plus chère,
Ma chatte aux doux rourous!
Haguenau, 13 octobre 1880.
UTTÉXATDIB HWOLAIU M L*ALS&a-UMUlAIirB
DAME BUCHLER
ott la femmemàlàde
Pst!. . . Venez donc entendre une très l)elle histoire
De Madame Btichler! Et vous pouvez la croire
Véritable en tous points. Mais ne dites jamais
De qui vous la tenez. Sa servante Ta dite
A la mienne, cousine, et vous pouves, par suite,
La croire : les détails, les moindres, en sont vrais!
Vous connaissez la dame, et savez qu'elle est belle
Et platt à son mari Vous savez mdme qn*elle
Platt à d'antres encor. Cette dame Bllchler,
n n'y a pas longtemps, se trouvait en visite
OU l'on prend du café, l'on rit, l'on en débite
Contre tous les voisins. Elle avait très bon air
Et se portait fort bien. Soudain une faiblesse
La saisit au moment où sa voisine entrait
Dans la même maison. Elle se lève et fait
Ses saluUttioiLS, va chez elle, s'affaisse
Et s'alite aussitôt. La servante, aux abois,
Se dit: «Qu'a donc MadaineV Elle se meurt, je crois!»
Mais, au lieu de réiiondrc e!lo se met à t^eindre,
Et la bonne voit bien qu'il y a lieu de craindre
Une crise de nerfs, des crampes. Jour fatal!
Monsieur est au comptoir. La servante l'appelle
Aussitôt. Promptcraent il arrive auprès d'elle
£t dit: «Mon cher enfant, dis-moi quel est ton mal?*
— «Embrasse-moi, dit-elle, o mon cher, mon trésor!
Que j'ai mal! près de moi que l'on ramène encor
Mon fils, mon petit Fritz, afin que je le voie
Pour la dernière fois. Que fai mal! Promptement
Je sens venir ma fin !> Notre homme s'apitoie,
Il se frotte le front, il pftlit. Justement
Un compère était là qui par la Sympalhie
MO BIVDI O'AiUCB
De la dame youlnt gnérir la maladie.
Mais le mari refuse et mande incontinent
Un docteur. Comme il .souftr»'! ali! «iiicl a ftreux tourment!
Il est sur des charbons, il tremble, il s'inquiHe!
Le docteur se présente : un hoiniiie romiuc il faut.
Il va tâter le pouls, écrit une recette,
Dit: «CVst une boisson dedans un petit pot.
Vous la lui ferez prendre. Elle a la scarlatine!»
Vient le troisième jour! On re^îarde, examine:
Point de taches du tout ! C'était donc une erreor !
Ailleurs était le mail Mais un nouveau doeteur
ArriTo, et prétend lui, que c'est, sans aucun doute,
Un rhumatisme aigu, peut-être encor la goutte,
Et puis prenant un air solennel et savant
Notre docteur lui fait prendre un électuaire.
Mais la fournie, malgré tout ce qu'on put lui taire
Avaler, s'afiaiblit, va toigours plus avant
VersIamortL. «Holaîhof* — «Qui donc frappe à la porte?
Entrez!. . . C'est le tailleur! Bock! Est-ce qu'il apporte
Ma robe de cercueil?» — «Ali! Madame BUchler!
M'en ^arde le bon Dieu! .le vous apporte un lier
Costume! Maintenant tout le beau monde en porte:
Un beau manteau lilas avec un capuchon.
Voulez-vous que je vous en fasse un de la sorteV
■Commandez!» — «Maître Bock, je suis à moitié morte!
Que pensez-vous V C'en est un comme ce torchon,
La voisine, en avait, lorsque, dans ma visite
Je me trouvais si mal! Le monstre! Ça m'irrite!
Ah! le mal me reprend! Soulève-moi, mon cher;
Encore un petit peu! Viens aider, Catherine.
(Test un joli travail, et, plus je Texamine,
Plus je le trouve beau! Quelle façon divine!
Mais c'est trop cher pour moi! • Ce bon Monsieur Bttchlur
Qui, vous me le croirez, est bien le plus brave homme.
>
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LlTTilUTIIRB POPULAIRB DB L'AUACB-MKRAINB
Lui dit: «Moi, je ne veux regarder à la somme !
Tu l auras, ce manteau! Mais guéris vitement!»
Dame BUcliler rouf^it. Elle devient aimable,
Elle n'est plus malade, et d'une voix affable
Elle dit: «Maître Bock, aidez-moi seulement
A ressayer!» 11 va. Quarrive-t-ilV La dame
. Guérit, grâce au manteau. . . Bonne dame Bilchler!..
Profitez, bons maris, de Tbistoire. Il est clair,
Quand il est question de guérir votre femme,
Que le mal qui résiste aux soins d'un bon docteur
Bien souvent peut guérir par les soins du tailleur.
Bios, 25 juillet lë8L
L'ALSÂaEN
sur la catliédrale de Strasbourg
Voyez-vous cee campagnes
Fertiles, et les hauts
Sommets de nos montagnes,
Les villes, les hameaux?
De quel point que j'admire
L*Alsace, je ne puis
Que dire et que redire:
Qu'il est beau, mou pays!
Quand il (luittc la Suisse,
Pays libre, le Rbin
Par maint tlot se glisse,
Et marche d'un bon train!
Et la fertile Alsace
S'étend devant nos yeux.
Quel pays ! quelle race
De gens laborieux!
888 MtVOB D'ALUCB
Voyez comme à roamge
Tout fourmille, au hameau,
A la ville, au village !
N'est-ce pas que c'est beauV
Ici l'on fait des gerbes,
Là vend l épicier!
Là des soldats superbes,
Pluâ loiu maint ouvrier.
Vois rni qui se promène
Comme un ruban d'argent
A travers son domaine,
Notre pays charmant
Elle traverse, admire,
Prés verts, champs plantureux,
Et la vigne se mire
Dans ses jolis yeux bk us.
£t les Vosges présentent
Leurs vallons, leurs sommets,
Et de gais oiseaux chantent
A Tombre des forêts,
Que la montagne est belle 1
Vois ce rocher si fier
Qui dans son sein recèle,
Pour nous servir, du fer.
Les Vosges gigantesques
Présentent eu longs rangs,
En tiles pittoresques
Leurs énormes enfants.
Du Ballon,' à leur tête.
On voit le grand contour,
* L'ancienne dénomination est Bélch, qui peut se décomposer on
Bel = Bdenns = Bal, dieu du soleil, et kach, lieu, endroit; siguitie
limi oomaeié à Bel, diea du ioleiL
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urrtBA-nniB romAnui db l^alsmb-lqbbaihi
Et l'aigle sur sa crête
Niche avec le vautour.
Pois on ToH une fille,
Bonne et d'un cœur pieux,
Qui (le sapins s'hal)ille.
De rochers sourcilleux.
Son nom est suinte Odile.
Pour la voir, villajieois,
Habitants de la ville
Traversent plaine et bois.
L'on voit mainte merveille
De Iluningue à Landau.
Prêtez-moi tous roreille :
J'en chante le tableau.
Mulhouse, tes richesseSi
Tu les as justement,
Car tu grandis, progresses,
Par un travail constant.
Ce beau ('olmar m'attire.
Mais je suis surtout pris
Quand je lis et j'admire,
Grand Pfetiel, tes écrits.
Versons du vin pour boire,
Pfeflel, et de tout cœur,
Tous ensemble, à ta gloire:
Car tu fils notre honneur!
Vers Sélestad s'élance
Mon regard. Mais il faut,
En toute diligence,
Ne lui dire qu'un mot
11 le faut, le temps presse.
Car le soleil poursuit
88é UVUB A^ALSAŒ
Sa route, et puis s'abaisse
Pour amener la nuit
Strasbour^r, ma chère et bonne
Cité, je, viderais
A ta santé ma tonne,
Jamais je ne croirais
Trop iaire ! Qu'on m'indique
Les villes où chacun,
Riche et pauvre, s'applique
Pour rintérdt commun.
Nos antiques histoires
' Nous l'ont bien raconté !
Strasbourg, par des victoires
Gagna sa li])erté.'
Prenant souvent Tavance,
Notre cité toujours
Aux arts, il la science
Prodigua ses amours.
Puis mon regard embrasse,
. Haguenau, tes fordts,
Ejt mon cefl se délasse
Sur leur feuillage épais.
Je vois mainte prairie
Et termine mon tour
En t'admirunt, jolie
Ville de Wisscmbourg.
Je vois Tonde limpide
D*un ruisseau* qui, là-bas,
' Allusion à la bataille de Hausbcrgen qui délivra les Stnsboaxgeoia
du joug de leur évôquc Walther de Geroldseck.
' Le texte porte :
De U Qoeieh qui, là-baa,. . .
mail la phnse s'appliqiuuii «ajoard'hiii nienx à la Lauter, dou aT<nui
prâiéré nm tradvetioii qui laiaMi la choee indéeiBft.
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LlTILHAiLHt l-UfLLAlHE UË l/AI.SACt-LURRAlNE
886
Par son courant rapide
Doit arrêter nos pas.
Je quitte donc ma place,
Vide mon verre, et dis:
Vive ma chère Alsace!
Vive mon beau pays !
Bios, le 5 août 1881.
Xlll
CHARLES-FRËD. HARTMANN
EN ROUTE VERS LA TASSE DE CAFÉ AU LATT
Ah! bonjour! ma chère,
Que voult'Z-vous f;iin'V
De vous voir me cause un «^rand plaisir!
— Mon mal ino harasse,
Je vais, d'une tasse
De café, tftcher de me guérir!
— Attendez, car j'entre
Avt!C vous. Mon vt»ntre
Mu fait mal, et je sen> ^ur lu cœur
Une <frosse masse
De plomb, qui le }^lace :
Ce que c'est de vieillir, belle-sœur!
— CTest qu'on se surmène!
De travail, de peine
Nous avons eu notre portion,
Mais Ton s'en délasse
Avec une tasse
De café, pour consolation.
MoBvelle Série. — 11** année. S6
886
KBVUB D*ALSftCB
— Laissons cette rue :
J^ai peur d*6tre vue.
Si tu veux noua tournerons le coin,*
Pour qu'on n'en jacasse!
Et puis une tasse
Vaut mieux, prise loin de tout témoin!
Kioz, le 18 mars 1881.
RIBOTTË D£ CAf £ AU LAIT
C'était très bon ma belle sœur
Adieu ! — Ne partez pas si vite.
Deux heures! je tiens au bonheur
D'être avec vous, et j'en profite!
— Vous parlez bien! pendant ce temps
S'il me venait quelque pratique!
L'on n'a déjà trop de chalands!
Si l'on volait dans ma boutii^ue !
Et puis, si mon vieux l'apprenait :
Vous connaissez trop ses manières.
— Eh bien donc, on lui repondrait
Par des façons non moins grossières.
— Que vous avec bien raison, vous!
Et que nous avons tort de craindre!
L'homme fait ce qu'il wut, et nous,
Nous n'osons même pas nous plaindre.
' Le coin de la rue do la Lanterne. Hartmann demenraît sous les
Arcades et coDnaissait les allures et habitudes des marchandes des
petites boutiques qui aimaient aller se régaler de café an lait dans une
petite salle de derrière du Ctefé de la Lanterae.
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LirrtRATtmB romAiRK DB L*ALSACB>L0RKAI1IB
Car l'homme ne conuaU de frein.
Il sait trop bien remplir son verre.
Et le vider, quand il est plein,
Jusqu'à ce qull tombe par terre!
Il ne veut économiser
Qu'aux seuls dépens de notre bouche,
Et dès qu'il nous voit infuser
Du café, comme il s'effarouche!
Pour le mien, il n*est pas méchant,
Et j*en prends sans qu*il ne proteste.
Le café?. . C*e8t notre agrément
Unique! Il faut donc quMl nous reste.
Il en est d auti es qu'on peut voir
En prendre la journée entière
Chez elles, du matin au soir,
Faisant bouillir la cafetière.
— Bravo ! c'est bien la vérité.
La bonne!. . Apportez une tasse,
Car je vais boire à la santé
De celle-ci!. . Grand bieu vous fasse!
~ Grand bien ! . . . La bonne, apportes-nous
Des tasses. Complétons la ftte,
Et vous, Madame, payez-vous
Les pains pour &ire la trempette?
Rioz, le 30 mars 1881.
CONSOLATION
An: C*etl l'amour, l'amour, l'amour I
Tais-toi! je ne comprends pas
Tes larmes,
Tes alarmes!
«BVUB D*m*CB
Et pounjiuii. < oiniue it^ chatb,
le hérisser, hélAs V
On t*a juré d'être fidèle,
L*on te quitte Iftcliement
Pour courtiser une autre belle,
Va, n'en pleure pas autant!
Car, «luand on est jolie
On trouve aisément mieux!
Tais-toi donc, c'est folie
De tant rougir tes yeux!
n vaut beaucoup mieux rester
Plus belle.
Moins fidèle!
Un iiiiiaiiî veut ti' quitter:
Pourc^uoi le regretter?
Fallait me voir, quand j'étais fille,
Je savais morigéner
Et bien arranger maint bon drille:
Je n'aimais pas me géncr.
Quand Tun d'eux faisait mine
De ne plus bien vouloir,
Loin d'en êîn cliaLirine,
Je lui disais : « liousoii' !
«Va-t'en donc d'un plus grand pas:
«Un autre
«Bon apôtre
«Fera bien moins d'embarras!
«Va-fcn! ne reviens pas!»
Tu fila trop jalouse et tenace.
Oui, c'est vrai, tu le fus trop,
Et, le couvercle, s'il le casse
C'est toi qui cassas le pot
Et puis, chose terrible!
Nous devons leur céder!
Us ont, d'après la Bible,
Le droit de commander.
Quoi! tu vols que tu n'y peux
Rien faire!
Cette affaire
N'en pouvant pas tourner mieux.
Ne rougis plus tes yeuxl
Haguenau, 9 juin 1881.
CARNAVAL
Vous dites, ma cousine,
Qu'on avait remarqué
Ma Use, ma gamine,
La nuit, au bal masqué.
Et votre fils, en Roxelane
L'aurait fait danser! Dieu la damne!
Ma Lise me leurrer !
Ma gamine en >ultane!
C'est à désespérer.
Au soir cette canaille
Me dit encor ces mots :
•Je peine, je travaille
• Et j'aspire au repos
«De la nuit!» .Te dis: «Sur l'oreille
■Mets-toi donc, nia lille, et sommeille.»
rouvais-jc le iicnser?
Le diable la réveille
Pour l'emmener danser !
390 RBVUK d'àlsacr
Oh oui! je désespère I
C'est un affireuz toument!
Et, le pis de Taffure
J'y pense seulement :
Ce n'est pas seule qu'une dame
• Pénètre au bal. Vieillard ni femme
Ne fut son conducteur.
Peut-être, chose infâme!
Eut-elle un séducteur?
Fiez-vous dune aux filles
Lorsque celles (lu'on croit
Si braves et gentilles
Font un pareil exploit!
A peine au sortir de Tenfance,
Braver marale et bienséance
Pour s'en aller au bal!
En sultane!!.. A la danse!!!
Je vais m*en trouver mal !
Bioi, 25 février 1881.
CANCANS SUR L£S CANCANIERS
Tous ces bavardafzes,
Tous ces clabaudages,
Qu'ils ont déjà fait de mal, vraiment!
Plus d'une vipère
Aimerait mieux Cure
Des cancans, que gsgner de l'argent
Celle au doux langage
Dit que mon ménage
Disparaît dessous la saleté,
UTTKHATUdE IMil'l I.AIRK 1>K I/aLSACë-LURRAINI
Allant jusqu'à dire
Qu'on pourrait écrire
Sur les vitres! Quelle fiiusseté !
Et puis la Thérèse
Dit que cou>iii Biaise
Pour nous tous est mort bien à propos^
Que notre ménage
Sans cet héritage
De marcher aurait eu bien des ^aux !
Qu'on fbuette et fouaille
Pareille canaille
Qui dit que nous rallions tourmenter,
Employant sans cesse
Menace et caresse
Le forçant de nous faire hériter!
— Oh! pourquoi tant geindre?
Laissez-moi me plaindre,
Moi qui connais tous ces médisants,
Dignes de la corde.
Semant la discorde,
Divisant les amis, les parents !
Me faut-il apprendre
Télle vit'iit prétendre
Que j'ai dit que dame Letscher boit
Ët puis, que son homme
Juste arrivait comme,
Avec nn autre, en certain endroit. . .
Je me tais! silence!
Mais! quelle impudence!*
La femme Knœpfelbergcr prétend,
A faux! (jue mes tilles
Sont bien trop gentilles,
Que chacune a sou étudiant!
898 mBVOB d'alsacb
Grand Dieu! si mou frère
Apprenait Taflaire,
Comme il jurerait! j'en ai ^nuud peur!
Chose abominable !
Qui donc est capable?
Qui donc? DHnveoter pareille horreur?
Pour y mettre entrave,
11 iaudrait (ju oii pave
De baillons ec:^ outils à cancans!
Il faudrait (lu on fouette
Viper" ■ ou chouette
Inventant des bruits aussi méchants.
Qu'on ne me regarde
Comme une bavarde :
Je ne le voudrais pas pour cent francs.
Mais on peut redire :
Cela ne peut nuire,
11 faut bien causer de temps en temps.
Rioz, 26 février 1881.
MADAME SURPF'
calqué avec le crayon strasbonrgcnis sur nDame Schnipst*
de G.-A. BûROER.
Avalant son huitième pain
Dans sa sixième tasse,
Madame Surpf décède enfin,
Tombant raidu sur place
* Le nom de Snq)f est une ononiatoix'C rendant le bruit qii'ou fait en
avalant du café au lait et le paiu qui y trempe, par ane aspiration
«idée de cerudm monvemento dei lèrreB et de la langae.
uiyiii^ûd by Google
LITTÉKATURE l><)l'l I.AIilE DE i/AI^CE-L0RRA1KE
0 roi de la terre et des cieux,
Prends pitié de son ftme,
Dans le s^oor des bienheureux
Fais pénétrer la dame.
Aussitôt après le trépas
Oiiiiiiicnce le voyage.
Elle ahamloiiiu' sou repas
Ët travurbc un nuage.
Puis, à la nuque se grattant,
Se léchant la babine,
Aux portes du ciel, elle attend,
Faisant maligne mine.
— Qui donc, dit Adam, par si's cris
Nous troul)lf de la sorte'.'
— •C'e>t dame Siirjtf. Du paradis
«Ouvrez lui donc la porto!»
~ A ton café, bavarde! Ici
L*on ne veut de gourmande.
— i£h bien! cher grand papa! merci!
«Je suis un peu friande:
«C'est vrai ! mais ne le fus-tu pas,
•Quand tu mangeas la pomme?
«Livrant aux péchés, au trépas,
«Tous les enfants de Thomme?
•Ty voici bien! J'y puis entrer,
«Monsieur Limundetcrre!»
Adam dit : Fant me retirer
Devant cette méj^ère.
Allons, lui dit Jacob, ne fais
Pas autant de grabuge:
— «Tiens! tiens! c'est toi qui si bien sais
«User de subterfiige?
88A RKVUK o'alsacb
•Toi qnî, sons la peau de chevreau
t A ton père escamotes
«La bénédiction? Ceet beau
•De tirer des carottes?»
Le pauvre Jacob, aplati,
Renonce à sa démarche.
Mais Loth arrive et prend parti
Pour le grand patriarche.
— • Comment 1 c*e8t toi ! toi, Thomme saint
«De Sodome et Gomorre.
•Tes vertus? Etait-ce bon tdnt?
«Pour moi j'en doute encore.
«Devant ses tilles se griser
«Ah! quel afircux scandale!
•Et puis ne va pas t'aviser
«De parler de morale!»
Ah! qu'eUe vient de bien taper
Au milieu de la tête
Du clou! Craignant la voir frapper
Loth va battre en retraite!
Lors, de le tirer d'embarras
Judith prend la corvée.
«Ta main, mamzelle Tête-à-bas,
«Estelle donc lavée?»
A ces roots Judith reste coi
Et ne sait plus que dire.
Mais alors vient David, le roi.
Espérant réconduire :
Va-t'en de ces lieux ! Dans Tenfer
Rends-toi d'une enjambée.
— «Serais-tu si méchant et fier
«Si c'était Bethsabée?
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UTTâBATURK POPULAIRB OK L'ALSACS-LORRAUII
tRaconte-moî, comment Peus^u,
•Cette agréable épouse?
«Va, de pareils traits de vertu
«Je ne snis pas jalonse!»
Salomon dit: Elle a pinte !
Chassez donc la mégère
Qui 8*attaque à la Majesté
Boyale de mon père.
— «Voyez-vous ça? Vos M^^estés
•K 'étaient fîuère honorables,
«Car que de traits ou a cités
«De vous, vraiment pendables!
«À sept cents femmes tn joignis
«Tes trois cents concubines.
•Tes babitndes, m*est avis,
•Etaient par trop badines.
• Tu fis, au déclin de tes ans,
«De fameuses écoles,
«Puisqu'on te vit ofirir Tencens
«A de vaines idoles!»
Jonas vient et veut l'écraser!
Vaine est la tentative.
— «Toi! fais donc, pour prophétiser,
«Un voyage à Niuive!»
Puis, à Thomas disant son fait :
•Est-ce une grande gloire,
«Pour un apôtre si parEût,
•De tâter sMl veut croire ?»
Mais voici le tour maintenant
De sainte Madeleine
Qui lui dit : Cessez donc, vraiment
Vous ôtes trop sans génel
KBVUB d'aIAMZ
D'entrer cliez nous, avec fracas
Vous faites la denuinde,
Mais vous vous montriez là-bas
Trop poissarde et gourmande!
*Et toi ? Comment t*y montraa-tu?
«Voudrais-tu me rapprendre?
«Obtins-tu lo prix de vertu V
•Ke fuô-tu pab trop tendre?
«Tu n'eus pas, nous ont dit les vieux,
•La bonne renommée,
«Tu sais bien, celle qui vaut mieux
«Que ceinture dorée!
• Dieu, touche:' de ton repentir,
• T'nçcorda sii clrinrin-e :
• Eh! niui (jui veux me convertir,
«J'espère même chance!'
Saint Paul lui dit alors : C'est bon!
Qui voudrait introduire
Au Paradis un vrai dragon
Qui ne ^^ait (jue médire?
— «Un dragon !.. tu le fus bien, toi
«Lorsque Ta Violence
«Vint persécuter notre foi
«Aux jours de sa naissance ! >
— Madame, allons! un peu plus bas,
Lui (lit alors saint Pierre.
Croyez-vous prendre vos ébats
Avec une commère.
— «Ha foi non ! je ne le crois pas,
«Maia je sais, et m'en vante,
«Sans éprouver nul embarras,
«Entendre un coq qui chante!»
UTTtRATUnE I>0PU1.AIRE DE I.*AI.S.\CE-L0RRA1MS
£Ue dit Maia ses yeux perdant
Alors ses derniers voiles.
Le fils de Dieu, resplendissant,
Paraît dans les étoUes.
Elle a peur, vomirait se sauvta*,
Puis, couvrant ^^a paupière
De sa main : «Viens nie préserver,
■Seigneur, de ta colère !
«Oui! j'ai partagé tous les torts
>De notre humaine engeance
«Envers toi î Grands sont tes trésors
«De divine indulgence!
«N'est-il pas digne de panlon
«Mon repentir sincère?
«Tu pardonnas au bon larron,
«Quand U quitta la terre,
■
■L'on voit un père à son enfant
«Prodij^ue faire grâce!
«Est-il un luelait assez y^rand
• Que ta bonté n'efface.»
Le bon Dieu dit à ses élus :
Ouvrez-lui donc la porte.
Mais toi, de mes saints ne va plus
Médire de la sorte.
Ami lecteur, viens et dis- nous:
Ton manteau charitable
Est-il assoK grand et sans trous
Pour couvrir notre lablo
Et pour t'en cacher les défauts?
Viens alors, et Tétalc!
898 RBTDB D*ALBAGB
Dessous le décousu des mots
Se cacbe une morale
Que ta sauras bien établir.
L*on voit dans rScriture
Maint précoi)tc pour ennoblir
Notre huiiiaiiic. nature.
Elle nous dit : «Qui vtmt juger
• A son tour devra l'être.
«Toi-même ne dois rien venj^or :
«Dieu seul est notre maître !■
Rioz, 24 février ItJbl. '
LICENCIÉS*
1834
Bompez vos rangs 1 marche t
Que &utr*il dire, je ne sais!
L*on aurait tant à dire!
Les uns s*en plaignent très fort, mais
D'autres ne font qu*en rire.
C'est vrai, nous femmes, nous trouvions
Dans ce fameux potage
Le plus de cheveux. Nous fiaisions
Maint fatigant ouvrage.
^ En 1830, la garde nationale ressuscita à Strasbonrg comme dans le
reste de la France, avec la révolution de Juillet. Elle avait salué avec
enthousiasme le «roi-citoyen», lorsqu'il avait visité l'Al&ace en juin 1H;J1.
Hais peu à peu l'esprit d'oppobitioii poussa de telles racines dans sou
Min, qu'en 1834 le gouvernement prononça sa dissolution.
Hartaaaa était à oette époque sergent de voltigeurs très popnltin
pand tM oompagnoni d'aniM.
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LITTÉRATURE POPULAIRE DE L^ALSACE-LORRAINB 899
Kous avions peur quand on parlait
De marche militaire.
Chacune de nous avalait
Son compte de poussière!
«Avec du papier^ dérouillons
«Ce fusil pur trop terne!
tDe la cire ! uu feu de charbons
«Pour polir la giberne!
«Corne de cerf pour les boutons!
«De la terre de pipe!
«Du tripoli! Ma femme, aUonsl
«As-tu lavé mes nippes?»
Mon homme! comme il s'échauffait.
Quand pour une revue,
U salissait plancher, butiet,
Pour soigner sa tenue.
Et puis quand le rappel battait,
L'appelant sous les armes.
Quand alors tout n*était pas prêt,
O scènes ! o vacarmes !
Quel bruit cet hoianie vous faisait !
C'était vraiment terrible,
£t chacune ma foi tremblait
Devant cet ôtre horrible!
■ Et pourtant, quand il revenait
De rendre ses services,
Jusqu'au menton, il vous nageait
Dans des flots de délices!
Et je me demandais comment
U mettait son caprice,
' Lu mesure dn vers n'a pas permis de mettre ploa exactement papier
à verre.
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KBVUB D*ALSACB
Au lieu d'y trouver du tourment,
A faire Texerdce !
Ah bien! <lit-il. on ne jtt'ut j)as
T\'X|»lii|Ut'r ( u (l.- >int<'.
A la KobiTt^au tu viendras
Nous faire la conduite.
Oui! mais dimanche matin \nis
Possiltlc quOii s'absente,
11 faut jiréparer le repas,
La chose est très pressante.
Les f;ar(;ons, ceux-h\ s'en allaient
A toutes les parades,
Et souvent \()U^ (iue>ti()nnaient
A vous rendre malades!
A la fin je pus réussir
A voir une revue,
Et n'eus lieu de m'en rej)entir,
Car j'en fus tout émue.
Mais Réprouvais grand embarras,
Moi femme, de leur faire
Cortège, en suivant, bien au pas,
Leur marche militaire.
Malgré çà, croyez-m'en toujours,
G^est un plaisir unique
D*entendre avec tous ces tambours
Alterner la^musique.
On se dit: «Voici nos maris
«Et nous en sommes fières!
«Ah! qu'ils sont beaux quand ils ont mis
«Leurs effets militaires.
UTTÊEATUEK POPULAIRE DB L'ALSACB-LOftRAUfB 401
Aussi plus d*uii pour sliabiller
Fait du tapage et souflle
Le logis et le mobilier.
Sans provoquer du brouille.
Je comprends, lors de son retour,
La gatté de mon homme.
Cest le clairon, c'est le tambour!
Cest tout ce qu*on consomme!
A la (Iduroime on se «ilissait,
A VOurs chez la Marie,*
Ou chez Uttttner quand on pouvait
Quitter sa compagnie.
Les sérénades, sur le soir,
Que c'était ai;réable!
C'est alors quOii jMmvait avoir
Maiutê heure déiectablo!
Mais tout est fini maintenant
Moi, ça me rend morose
De v<^ retourner au néant
Une aussi belle chose.
Mon mari n'a, depuis ce lait.
Plus mangé de colère,
Je n*ai point vu de jour quH n*ait
Parlé de cette affàire.
Moi, je lui (lis (lerni^reiiient :
«Donniez-vous des alarmes.
* Yariaote:
On bien chu Bftr Marie.
Sùn-Mëi (Marie, de TanbezBe de POnia? on Bir, Marie?) était nne
gnuide et magniBqne eantiniàre qni accompagnait la garde nationale
de Stnsbonig dans toutes ses campagnes de 1880 4 1884.
Koofelle Série. — II- anoAe. S6
403 REVUE D'ALSACt^
tQu'on vous ait, si brutalement,
«Fait déposer les annes?
•Non!» me répond-il tout ardent,
«Et c'est pour cette cause
«Que l'on critique et blâme tant
•La pitoyable chose !
«Nos habits sentaient trop longtemps
«L'odeur des barricades.
«ITétions-nous pas de trop Taillants,
«De trop francs camarades?
«Souvent nous avons fait nos coups,
•Mais à nos convenances,
«Excitant, mais non pas chez tous
«Plaisir, r^ouissances!
«On Tient de nous licencier,
«Nos habits sont sans taches.
«Nous pourrons les redéployer
«Sans user de cravache!»
Bios, le 28 juin 188L
XIV
BAVARDAGE
de DameS'Cousinês à cause de la femUe âe MmrwtL
FemUe d'annonces du 28 octobre 1848.*
I (Daoâ la rue)
Dine Babbehn^yer. Dtme Sehnawlsr.
B
Ah! Madame SchnaTrler, c'est tous? Bonjour Toisine,
Contente de tous Toir! ÂrriTes, j'examine
■ Le 94 octobre 1848 la féte biflécnlaire de la «Bémiioii de PAliace
à la Fïufie» ftit célébrée dam toute l'Alsace, et snrtoat à Stiasbonzi^
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LITTÉRATURE POPULAIRE DE L'ALSACB-LORRAINE 406
£a FewiUe, Begiurdes avec moi là dedans.
Nous sommes abonnés depuis bientôt vingt ans
 cette FemtU, car nous aimons tant la lire
Que nous la relisons des deux, trois, quatre fois.
Nous sommes d'abonnés à peu près la dizaine
De façon que chacun de uous donne sans peine
Quatre schilliii^^s' par an. Moi, quand je la rerois,
Je vais fourrer mon nez avant toute autre chose
Dans notre Etat civil. Mais aujourd'hui, je n'ose
Le dire, en y jetant mes regards étonnés.
Je n*y vois de décès, mariage ou naissance.
G*est à vous effirayer 1 Mais prenea connaissance
Vous même de cela, Tonnerre I Examines!
S
Tiens ! vous avez raison ! que la chose est comique !
Est-ce qu'on ne meurt pas sous notre République?
N'a-t-ellc pas besoin d'hommes, tout comme un roiV
£t se marirait-on, sans recourir, ma foi I
Aux maires ni curés?
B
Cest une devinette
Qu'il faudrait éclaircir. luformons-nous là-bas
Au bureau de la FtuiUe*
S
Ah! je suis toute prête
• A vous accompagner, car j*ai mis dans ma tête
De minstruire comment arrive pareil cas.
«v«6 1« pins grand enthonsianne. Le fonctionnaire de la mairie, chargé
de Pétai civil, ne pat remettre à la JFMIe ÎMamadair» d^mmomm
l'extrait qu'il avait l'habitnde de loi donner. Pour excuser ce retard
ee joamal publia daiis le nmnéro soiTant le « bavardage» dont none
donnons ici la traduction.
* QuAtre schillifliga = seize soiu.
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40i
RevOB D*ALSAGB
II ( llinfriii «lu jniirnah
Précédentes. Un Commis.
B
Depuis tout ce matin jf nn' rassc la têti'.
Pourquoi VMat civil uiauque-t-il mercredi y
COMMIS
Prenez-vous on. ma t liôro, à notre belle fête.
Nous ne Tavons pas eu. Vous Taure/, samedi.
G est que Ton célébrait un bien beau mariage:
Celui de nos pays. Vive à travers tout â^e
Notre France ainsi (pii' TAlsaci-. Le lien
(>ui les unit (U'j)uis deux siècles, les unisse
Eu toutf ét"rnit<'l Vivat! pour notre ])ien
Souhaitous qu à jamais ce nœud se rallermisse.
B
Ah! vous nif ra>>urez, car, vraiment î j'avais peur.
Mou estomac me iuit eucor mai de iruycur!
S
Nous pouvons n partir. La chose est ét laircie.
Bonsoir, Madame, et vous, oh! je vous remercie!
Eioz, 25 mars 1681.
XV
FlSGHBACll
DIALOGUE DE DEUX BLANCHISSEUSES
au CÂ|/é de la Lucarne du FoidaUler,*
8AL0MÊ
ManditB lavoirs! C'est, Barwel, à grand'peine
Qu'on y pourra bavarder. L'on entend
* Feaille Tolante, imprimée ches Silbermaiin, sans date. Est-ce ane
reprodaction d'ut article de jonmal?
Le peuple de Strasbourg a des gobriqnfts j>our chacnn des petits
cabarets qu'il fréquente : tels sont la Lucarne du Poulailler, le Gousset
de Gilet, le Saint-Sépulcre, la Caisue à Farine, la Salière, etc.
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LITTtaATimi POPULAIRE D'ALBACE-LOmRAmS
Parler de maint nialliour. L'autre semaine
Je n'irai plus, de craiute d'accident
Moi, j*ai peiné! Femme de chambre et bonne,
Puis cuisinière. Et quand on a son beau,
Son bon métier, pendant que Ton savonne,
À rimproYîste on tomberait dans l'eau!
Oh! grand mercil Je ne veux que ma vie,
Si jeune encor, prenne si triste fin !
Pas pour cent francs j'aurais même Tenvie
De me mouiller jusqu^au cou dans un bain.
Oh! taisez-vous, car ra iii iinprcssiunne
Trop! Jusqu'au cuu diins ce bouillon marneux!
J'ai vu sombrer un lavoir et frissonne
Depuis ce temps, en y jetant les yeux!
Le pauvre état que d^être blanchisseuse!
n nous faudrait, pour faire ce métier
Cinq firancs par jour, pension copieuse.
Et de vin rouge un litre tout entier.
Car on succombe aux peines qu'on endure
£n travaillant tard et de bon matin!
UK 005801111 ATBUB
Je crois pourtant que votre nourriture
Est bonne, car votre teint est fort sain !
Quand je vous vois battre et blouses ot chausses,
Chemises, draps, dans vos caisses, je crois.
Qu'en remuant trop fort, grasses et grosses
Vous enfoncez le lavoir sous vos poids.
SALOMÉ
Comment! je crois que ce Monsieur jal)ote
Contre nous deux! Qu'a-t-il donc à grogner!
406
BITOB D^ALBACB
Ah! B*0 ne veut qu'on lui cire sa botte
De notre table, il n*a qu*à s'éloigner.
Nous n'aTons pas besoin, grande panade,
De Ses avis, car II est bien trop sot.
Que nous fessions lessive ou saTonnade
N'y fourrez pas votre nez, grand nigaud!
BJBEWBL
Que tu fais bien, Salmé, quand tu lui rives
Si bien ses clous! Qui donc nous consolait
Quand nos baquets emmenant nos lessives,
Quand tout euiiu à vau Teau s'en allait
Il faudrait que ces Messieurs de la ville
En prissent soin! Ce serait leur devoir!
Car c'est fâcheux quand au travail on tile
Sans être sûr d'eu revenir le soir.
SALOHt*
Aux >ieux lavoirs en toute hardiesse
On s'installait Sans dangers on lavait
Comme un monarque on était dans sa caisse,
Et le battoir* de sceptre nous servait
Bioz, le ao juillet 1881.
* n semble au traducteur quo le morceau aurait été mieux terminé
en supprimant ces quatre derniers vers, on en les mettant à une autre
place.
* Le battoir n'eii pas employé en Fnuiche43omt& En en partant
l'antenr fidt donc de la couleur locale (sans le saToir ?).
UntEATUBE HmLAIlE D*AlJUCI-LOUAIin
407
XVI
CHARLES BERNHARD
PRES DE Ik TÂSSE DE CAFE AU LAIT
Cousine, viens, ma chère!
Approche avec bonheur!
De notre cafetière
Ne sens-tu pas Fodeur?
Viens! prend ce Gumberlande,*
Trempe-le dans le lait,
Et ton palais, gourmande.
En sera satisfiiit!
Cômprends-tn, ma chârie,
Ces honmies qui, souvent,
Vont & la brasserie
Dépenser leur argent,
Pour y boire à leur aise,
Sans repos ni répit,
La bière si mauvaise
Qui tant les atouidit?
Des heures, par la gorge,
Ils se feront passer
Ce ftde bouillon d'oige.
Ils devraient, pour chasser
' Pain au lait ou RÛtcau (rune forme particulif'rc. D'après Gérard,
l'Alsace à inhle, les « Cuniborlandle » doivent leur nom à un duc de
Camberland qui, pendant un séjour qa'il fit à Strasboarg, T«n U fin
du lièdt damier, en mâagBail chaque jour dani mb calé.
406 Mfui d'alsagb
Tous les rats qui vont taire
Tapai^c en leur cerveau,
Trendre la cafetière
Tour remèdo à leurs maui.
Rioz, 24 mai 1881.
LA CHOPE ET LA PIPE
Contra-partie da moreetn précédent
Le vin nous réjouit le cœur :
Une chanson fort belle
Le dit Pour calmer la douleur
La bière ne vaut-elle
Autant? «Taime tranquillement
Vider mes chopes eu fumaut.
Quand rien ne va i)lus, que je sens
Le déjzoût, la colère
Prendre le dessus, v]\ ! je prends
Ma pipe et m'en vais faire
Un petit tour chez le brasseur
Pour m'y réconforter le cœur !
Quels hommes chez eux goûteraient
Le bouillon de carottes ?*
Dans leurs estomacs pousseraient
Les joncs, à pleines bottes !
Humide est Peau, le vin coûteux !
La bière, amis, vaut beaucoup mieux.
* Allosiou à un snccédané du café que bien des commères préparent,
en tofréSaat lentement des carottes, découpées seul iiMnM da petils dés.
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UnteATOU FOKLAMB D*AL8AGB-L0nAllfB 409
Près de la bière, de nos maux
La pipe vient distraire!
Mais gare en rentrant aux gros mots:
Les femiues aiment faire
Du l)ruit i)our rien, bouder, LTonder!. ..
Oui!. . . sauf à se raccommuder.
Rioz, 25 mai 1881.
Ch. BBBDKLLft.
(La guHe à ia pnAame Uvraison.)
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NOTES BIOGRAPHIQUES
8UB LB8
HOMMËS DË LA RÉVOLUTION
▲
STRASBOURG ET LES ENVIRONS
Smt€
SCHNELLEH (Joshi'h-Mi.iiiel).
Né en 1742 à Grusenheim, Haut-Rhin. Maçon n Strasbourg
avant 1780, et comme tel, reçu membre de la Société des
jacobins en juillet 1792, oii il est encore le 25 octobre 1794.
SGHÙGLER.
Le 21 décembre 1793, membre de la Société populaire, et en
compagnie de Sethe et Klein, il dénonce Hofihenr, boucher
à Strasbourg, pour avoir dit que Jung, officier municipal,
était un voleur de fagots, et que tous les jacobins, sans
exception, sont des misérables et des gueux — Le 25 oc-
tobre 1794, rayé des Jacobins.
SCHULLER (F.^.).
Un des propagandistes venu de Ghalon-sur€adne — 18 oc-
tobre 179S, il assiste à rassemblée générale des autorités
nouvellement constituées, du peuple souverain et des
sociétés populaires, dans le temple de la Raison — 11 nov.
n annonce aux jacobins de Beaune, que Strasbourg, la def
de la République, devait être livrée, il y a trois jours, aux
Allemands. De toute part les patriotes doivent accourir ici
pour dégouer les complots des partisans de ia tyrannie —
20 novembre. H demande à Baudot et Lémane le temple
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LES HOMMES OE LA IlÉVUl.UTlON
411
de Saint-Thomas pour les réanions de la Pr'^pagande et
des Jacobins, et quelque temps aprôs celui dt\s Réformés,
dans la rue du Bouclier — 22 novembre. Il sollicite de
Saint'Just et Lebas la suppression de la permanence des
douze sections de la ville, et Tépurement des comités de
surveillance — 2 décembre. Signataire de l'adresse de la
Propncnnde révolutionnaire aux citoyens de Strasbourg et
des départements du Rhin — 19 décembre. Au Club, il
vote la ni( rt dos suspects après triage.
J.-D. Woia dit que Schuller était le meilleur de toute la
bande.
SCHUHMACHER (Tobie), près de Saint Nicolas, n« 95.
Du 11 septembre 1751 au 1" septembre 1789, notaire im-
matriculé au Dir 'ctoire de la noblesse (FAlsace et en même
temps greffier aux Inventaires — De cette dernière date au
1*' septembre 17U8, notaire et syndic de ce corps à Stras-
bourg— 1702. De la Société des jacobins, et connut' tel il
est élu. le 8 octobre 1793, officier municipal .sous le jnaire
Monet. A l'élection du 5 novembre suivant il nVst plus
réélu, et le 25 octobre 1794, bifïé de la liste des Jacobins.
SCHWAHN (Jean-Conrad).
Né en 175G à Darni.-^l.idt. Chirurgien, non juré, à Stras-
bourg avant 1789 — Juillet 1791, De la S;)ciété des amis de
la constitution — 7 février 179*2. De celle des jacobins —
8 février 1703. Du Comité de surveillance des Jacobins pour
recevoir et vérifier les dénonciations — 11 mars. Il aide à
rayer Waghette de la liste des membres de ce comité —
20 avril. Il trouve que la (lonventi^m nationale ne va pas
assez vi'e en besogne, et avec d'autres, il signe une adresse
se terminant par la phrasn sacramentelle :
Voilà le va'ii dos Sunsi iiloites do Stnisljourpr qui ont juré ot jurcut
encore do s'ensevelir platùt soos les ruines de l'Univers que de retour-
ner à l'esclavage.
5 novembre. Notable de la commune — 17 déc. Il est
mis eu état de suspicion, et en voici la raison : Strasbourg
412 HKvi'E d'ai-sack
«
renfermait grand nombre de milit^iires malades ou sup-
posés tels, le général Dièche on informo !<? Comité de sur-
veillance et de sûreté générale duBas-Hhin qui, h son tour,
charge Bniat de f uif» examiner et sarveilier strictement
Schwahn, se disant chirurgien, né sijget étranger, la plupart
traîtres et conspirateurs contre la propriété et la Répu-
blique — 25 octobre 1794. U est encore de la Société des
jacobins.
SGHWAHTZ (Jban-Gborob).
Né en 1743 à Strasbourg, où il était fabricant de boutons
avant 1789 — Juillet 1792. De la Société des jacobins au
Miroir — 22 novembre 1799. H demande à Saint>Just et
Lebas, d'ordonner répurement éee Comités de surveillance
et la suppression de la permanence du Ck)mité des douze
sections de la ville — 25 novembre. Le Club le nomma
d^ane commission cbargée de présenter les moyens d*opé-
rer la levée des dtoyens du Bas-Rhin — 3 janvier 1794. Au
Club il dénonce Baldner pour avoir traité les jacobins de
gueux, de coquins, de voleurs, de jeanfoutree et de lâches
— 25 janvier. Il annonce à la Société quMl existe, dans un
hôpital de la ville, un émigr é atteint du scorbut, et que pour
rendre sa gaérison plus prompte, on doit le guillotiner —
26 octobre. Présent aux Jacobins.
SGHWAHTZ (JEi^N).
Né en 1748 à Strasbourg, où il était cordonnier avant
1789 — De décembre 1793 jusqu'en janvier 1795, membre
de la Société des jacobins.
SGHWARTZ (Jean-Claude).
Comme membre de la Propagau'l.' n'^voliitionnaire. il
arriva de Colmar en octobre 179.> - 20 novembr»^. Il de-
mande à Baudot et Lémane le temple de Saint-Thomas et
un mandat sur la caisse des riches, pour couvrii' les fiais
d'installation — 2 décembre. Il si^ne l'adresse (^e la Piop;^-
ç^ande aux habitants de Strasbourg et de^ départements du
Bbin.
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LR5 HOVMB DE LA RÉVOLUTION
418
SCHWEIGHAEUSSEH (Jean-Michel).
1789 à 1792, vicaire de la Confession d'Augsbourg à Barr
— 25 novembre 1793. 11 abjure dans le temple de la Raison.
Citoyens!
J'ai lu co \i\rc pxtraordinaire qu'on appelle TEvangile, malcrr»} la
répugnance que m'en avait inspiré le péd&ntisme et la vie sruiKlaltMisc
d'an nombre de tUb esclaTes de tontes les passions et trompeurs de
leurs frères, qui font un métier et un trafic détestable de l'interpréta-
tion de ce livre; je Vax hi dans l'original, j'en examinai les principes,
j'en suivi «If lionno foi les préceptes; jo fus ravi de joie et d'étonne-
ment de me vajr éduiré, contonf, tranquille, meilleur et plus heureux
que je ne l'avuis jamaiii été auparavant,
VoiU ce qui seul ni*a fiut onbrasser un état qne trop de vils niar*
diands de reli^on de toute secte ont rendu méprisable; je ne pouvais,
selon mon co'ur, éclairer, instruire, consoler, fortifier mes frères dans
les sentiers de la vertu sans porter Tunitorme de l'état ecclésiastiqne
qui me donnait le droit de parler eu public.
Enfin une lomièrs céleste s'élève à lliorisoii de la France, ma chère
patrie, pour édidrer l'humanité entière et lui rendre ses droits. Je me
r^nis de pouvoir, affranchi de toute entrave de despotisme, (k- tout
monopole, cnseifrncr librement mes frères, mes éf^anx en droits. Dans
tous mus discours jf leur montrai Jésns, comme le vrai martyr de l'Iiu-
manité, l'enuenu jure de la prètraille, des despotes et des ricbes,
comme le véritable instituteur de l'égalité^ dans ses paroles comme
dans sa vie^ tonnant sans cesse contre l'orgueil et l'avarice, enfin
comme le meilleur ami des Sansculottes. Je fis voir que les principes
de la Révolution étaient les siens et, pur conséquent, je ne contribuai
pas peu in les faire aimer et à les propager.
J'applaudis donc de tont m<m corar à l'abolition de tout titre, de tout
état, de tout costume distinctif; je renonce à tout salaire. Qu'on me
laisse la seule satisfaction do me rendre utile îi mes firères par l'in-
struction et je me croirai le plus heureux des mortels.
Oui, citoyens frères! je jure de continuer, comme je l'ai totijonrs
fait, d'ubhorrer tout esprit de becie, d'uldiorrer toutes les subàtiliiés
théologiques et je jure d'étrt fidèle jusqu'à la mort au bon sens, à la
raison, à la vertu, aux étemels principes de la vérité, à la saine morale,
à l'humanité, enfin à la fraternité universelle qui fait la base et le
soutien de lu République nue et indivisible à laquelle je jure une
fideliié éternelle.
Le mùnio jour, au Club, on arrête, que son nom sera
inscrit au procès-verbal de la Société — 1804. Pasteur à
Barr.
414 uvui d'alsags
SCHWENGSFELD (Charles).
Un d-devant noble, domicilié à Andlau. 8a famille était
investie avant 1789 du chftteau de (îrOnstein â Stotzheim
— 5 mars 1798. Commissaire aux fonctions municipales
dX)bemai, ou autrement, maire provisoire — 29 mars, n
propose au Conseil munidpai d*envoyer ane adresse aux
représentants du peuple à Strasbourg à l'effet de signaler
Tesprit de fanatisme et d*aristocratie qui anime les babi-
tants d^Obemai, et puisqu'ils ne veulent pas défendre la
cause de la liberté à Taide de leurs bras, les y obliger par
leurs ressourcée pécuniaires : que dans ce but, une contri-
bution soit imposée à Teffet de subvenir aux frais de la
guerre en Vendée.
La question religieuse ne fut point oubliée: avec son col-
lègue Martin il alla jusqu'à proposer que tout catholique
romain, qui ne fréquenterait pas le culte constitutionnel,
fiit déclaré suspect, avec un écriteau attaché à sa maison,
portant citoyen 8H8j)ed — 9 juin. Â partir de cette époque le
mécontentement se lit jour par une émeute, les griefs aug-
mentèrent contre sa personne; mais le moment n'était pas
propice pour en obtenir raison, le parti jacobin était à
l'apogée de sa puissance, et le maire provisoire exerça bien-
tôt tout seul le pouvoir dictatorial à Obernai — 1" décembre.
Quarante six juifs du district de Barr sont confiés à sa garde
— 11 janvier 1794. Il fait arrêter son ancien colK'tïuo Martin,
arrivé furtivement à Obernai le 13 au soir, fuyant devant
un ordre d'arrestation de Lacoste et Baudot.
La chute de Schneider avait considérablement fait baisser
sa puissance, line dénonciation dii^gée contre lui, provoqua
son arrestation; mais acquitté par le tril)unal criminel, le
11 mars, il retourna le lendemain à la mairie d'Obernai —
Le 19 niars!, le n pi-rsentanf Bar décréta sa destitution, et
c'est Nancé, d'Erslein, qui le reniplara — 27 juillet. La mu-
nicipalité iTObernai re(;ut ordre de Tarréter et de le trans-
férer a Pans, mais il était en fuite — Juin 171)5. De retour à
Andlau ; la ville d'Oi>eru«ii le somma de rendre compte de
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LES HOMMES DE LA R^.VOLUTION
416
sa gestion. Son arrestation suivit de près. Le tribunal cri-
minel du Bas-Rhin fut saisi de raffaire, laquelle, au mois
d'août suivant, était encoro pendant»-; Tissuo nous on est
inconnue . U mourut à Andlau dans Toubli et dans la misère.
SCliWIND (Charles-François).
90 février 1791. n prête le serment prescrit aux eodésias-
tiques par la loi du 26 décembre 1790 ~ Même année, sous
révèque oonstitutioonel Brendel, il est nonmié professeur
de théologie dogmatique, bibliothécaire et vicair&Klirecteur
au Séminaire de Strasbourg — 1792. H figure dans une
brochure intitulée: Foriraits des apàtre$ Jrançais à Strat-
bourg — 8 décembre 1798. Il dénonce au Comité de sûreté
générale du Bas-Rhin, la citoyenne Bertin, de Lauteihonrg,
fille du citoyen Savagnier« dudit lieu, retirée à Strasboui^
avec un cofiÔre rempli d*argenterie.
SGHWINGDËNUAMMER (Philippb-Pierrb).
1789. Homme de loi, rue de la Nuée bleue, n" 21 — 2 sep-
tembre 1791. Greffier du tribunal criminel du Bas-Rhin —
12-14 novembre 1792. Â Télection tenue à Wissembourg, il
est confirmé dans ses fonctions — 19 février 1798. De la
Soeiété des jacobins — 96 décembre. Greffier du tribunal
révolutionnaire présidé par Mainoni — 97 décembre. Accu-
sateur public, substituant prés le tribunal criminel extra-
ordinaire du Ba8>Rhin, il requiert le procureur de la
commune de Strasbourg de foire démolir la maison
Scharrer, place du Marché anx-Poissons, n* 76 — 95 mai 1794.
Qualifié de greffier, il figure sur une liste de suspects dressée
par le Comité de surveillance des Jacobins ~ 9 septembre.
Foussedoire avec la Société populaire le nomment agent
national de la commune de Strasbourg, en remplacement
de MatthsBus — 95 octobre. Il n'est plus aux Jacobins —
17 janvier 1795 Bailly le nomme greffier du tribunal crimir
nel du Bas-Rhin — 1797—1799. Avocat à Strasbouig —
1800. Nommé avoué prés le tribunal criminel du Bas-Bhin*
416
BEVUE U'a1^AC£
SEN6EL.
1792— 179:i. Maire d"Illkin:h, et en cette qualité il dénonce
les époux Poirson de s;i commune ; Madamt\ née Ulmer,
pour avoir tenu des propos liberticides, tondant au rétablis-
sement de la tyrannie et de la royauté, et à Tavilissement
des assii^aiat.s, monnaie nationale. Il raccut*ait en outre
d'avoir vuulu lui vendre en cachette une voiture de foin
contre espèces sonnantes.
La femme Poirson fut condamnée à mort et exécutée le
9 novembre 1793, le mari à !a déportation perpétuelle, et
leur jolie propriété d'Illkirch, dont Sengel comptait s'empa-
rer, fut vendue au profit de la République — 1796 — 1798.
Nommé commissaire du Directoire exécutif du canton de
Geispoltsheim.
SÉTHÉ.
179'2. Membre de la Société des jacobins au M'.roir —
2\ décembre 17U3. En cette qualité, et avec Schiigler et
Klein, il dénonce au Comité de surveillance du Clul) le bou-
cher Hotiherr, de Strasbourg. Le 25 octobre 1794, il est
rayé des Jacobins.
SILBERRAD (Jean-Samuel), (Petites-Boucheries).
17K1 à 17s'.). Sénateur de la trilju des charpenti'^i's. Licen-
cié en drtjiL. Secrétaire honomire de la Ghambr - des XIII —
8 lévrier 17ÎK). Elu notal)le de la eommanr' —11 noveiuljre.
Maintenu. 11 était chnr^^é du tribunal de police municipale
— 2~i mars 17'J1. Cummo notable, il signe la délibération
ordonnant l'arrestation du curé de Saint-Laurent, et "lénon-
(iiini le cardinal de Rohan aux représentant de la nation —
11 mars 179:i. Membre du Conseil «jjénéral du Bas-Rhin —
30 mai"S. Juj^e près le li ibunal criminel «iu Bas-Hhin, il con-
damne à mort trois malheureux paysans des enviions de
Molsheim pour avoir crié: vive le roi, au diable la nation —
En 1793, re<;u m» ujI >ro des Jacobins au Miroir — 5 janv. 1794.
.luf^e au tribunal du district de Strasbourg. Les Jacobins
ne le portent pas sur leur liste du 26 octobre 1794 — 17 jan-
LIS BOMiiu ot LA KimonoH
417
vier 1795. Mainienu juge au tribunal civil du district de
Strasbourg, et jusqu'en 1804, il occupe les mômes fonctions.
SIMON (JBAN-FteÉDÉRlC).
N6 en 1747 à Strasbourg» où il donnait des leçons de
calcul et d'écriture — Du 6 décembre 1789 au 13 mai 1790,
rédacteur de la feuille hdDdomadaire patriotique de Stras-
bourg, quMl reprit du 11 novembre 1792 au 25 août 1798 ^
Août 1790. De la Sodété des amis de la constitution— 26 jan-
vier 1791. Un Strasbourgeois, répondant à un citoyen de
Ponl-ft-llousson, dit :
Si Ton «rait qucUiues troubles à essayer, on ne pourrait les attribuar
qa*à Simon, Téiilable brigand, que depnia aix Inoia lea Inlbérleoa aagM
anraiant dft fidie pto aax-mtaieB par le bâton.
Même année. Président du CSlub enfimtin de Strasbourg,
en remplacement de Beyckert, du Gymnase — 7 iSy. 1792.
De la Société des jacobins, au Miroir — Fin juin, il alla à
Paris comme fédéraliste et tut un des quarante-trois mem-
bres qui s'assemblaient journellement dans la salle de
correspondance aux Jacobins Saint-Honoré. De ces qua-
rante-trois on en tira cinq pour le Directoire secret d'insur-
rection; il fut du nombre, avec Vaugeois, grand-vicaire de
révéque de Blois; Debesse, du département de la Dr5me;
Guillaume, professeur à Gaen, et Gallissot^ de Langres.
Bientôt on y joignit encore d'autres révdotionnaireB.
La première séance de ce Directoire insurrectionnel se
tint dans un petit cabaret, au Soleil d*or, rue SaintrAntoine,
près la Bastille, dans la nuit du jeudi au vendredi 26 juillet.
On jEabriqua un drapeau rouge, et dans la séance du 4 août,
on arrêta le plan de rinsunrection, la marche des colonnes
et Tattaque du Château.
En sa qualité de secrétaire de co Comité, il fit une copie
du plan pour Santerro et Alexandre; mais il ne put être mis
à exécution que dans la nuit du 9 au 10 août, au moment oû
le tocsin sonna en trois endroits diffiàrentsen même temps.
C'est donc :\ ces cinq jacobins que Ton peut attribuer
directement la gloire de la fameuse journée du 10 août.
MouTelto SMe. - II-* aasé». 97
418
RbVUE U ALbACb
U ne revint à Strasbourg qu^en septembre pour aller
ensuite à Mayence, occuper le poste de commissaire du
pouvoir exécutif près l^armée de lUiin et Moselle, comman*
dée par Custine, et dont il traduisit la proclamation aux
habitante du Palatinat, en date de Spyre, le 7 octobre 1792
— 18 janvier 1793. En celte qualité il est nommé notable de
la commune de Strasbourg — 30 janvier. Schneider annonce
que Mayer étant parti pour Tarmée du Rhin, et Simon
ayant joué un des premiers rôles à Paris, le 10 août, leur
journal Qeachklde der gegenivartigen Zeit cesserait de
paraître. Il avait commencé le 10 octobre 1790. G'eet
Schneider qui coopéra à la rédaction en juillet et août, pen-
dant que Simon était à révolutionner Paris — 22 juillet.
Gomme membre du Ojnseil de défense de Mayence, il signe
la capitulation — Aoùl. D<^ retour à Strasbourg, il dénonce
D' Stamm au tribunal révolutionnaire pour avoir dirigé la
municipalité de Mayence, écarté les {•opulations de notre
Constitution, et par sa rudesse, fait éinifrror tous les bate-
liers qui auraient pu rendre de ;4raiid.s services à la défense de
la place — 8 octobre. Chargé d'all'aires de l i Hé[iul)lique, il
est élu notable — P» octobre. Ai. Comité de surveillance, il
appuie une dénonciation faite contn' Turckheim — 5 nov.
En la mémo qualité, de nouveau coiilirmé notable — 29 nov.
Il rapporte à Monet, qu'ayant pendant toute la journée par-
couru les marchés et les maisons publiques, il n'a rien pu
découvrir de fûcheux, les vill;^geois louaient le ré gime répu-
blicain, en maudissant Taristocratie — ;¥) novembre. Second
rapport sur les juifs, (ju'il n"a re ncontré nulle part. Il désire
faire un tour à la campagne, mais ses moyens et sa uoin-
breuse tamille s'y opposent; il prie donc Monet de lui faire
donner ce qu'il lui plaira — 1" décembre. Dans son troisième
rapport, il a parcouru le port des pécheurs pour avoir
l'oreille allentive aux conversations, mais tout était tran-
quille et sans aucun intérêt — 6 décembre. Au Club, le
rapporteur du Comité épurateur de la Société des jaco-
bins dit : «Simon, journaliste, Rolandiste, intrigant* tOui,
dit un meisbro, je Tai tocyours remarqué aux séances du
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LBB HOmm DB Lft mÉmUTIOR
419
parti Roland. • t Nommé par ce dernier à une GommisBioii
à Mayence qui le mettait à môme de surveiller bien des
désordi es, il ne Ta point fait, et n'a pas eu le courage de
foire ses dépositions avec la fermeté qu^inspire la Yérlté,
dans le prooôe da g^éral GosUne.» Un autre membre
eherclie à le détendre en allégant qu'il s^est ruiné pour sou-
tenir son journal. Sa radiation est igonmée ~ 11 décembre.
Employé au district de Haguenau, il reçoit son certificat de
civisme — 14 décembre. Le Ciomité de surveillance de sûreté
générale du Bas-Rhin, lui paie dO livres comme agent du
Comité — 25 septembre 1794. Le Club le charge de traduire
en allemand un discours du sansculotte Massé, commen-
çant ainsi:
La Bépublique est, en ce noiiMnt, un viîneaa superbe chargé de
tropliées et Tognaat à pleine Toile vers la terre dn Itontienr, etc.
25 octobre, n est encore aux JacoMns.
SIMON (Nicolas).
Né en 1749 à liemingen-Âltroll^ dans le Palatinat — Avant
1789, cafetier à Strasbourg — 15 mars 1791. De la Société
des amis de 1^ constitution — 7 février 1792. U passe aux
Jacobins — 18 janvier 1793. Nommé notable de la com-
mune; fonctions quHl ne cessa d^occuper jusqu*à fin 1794—
18 avril 1794. U se rétracte prés le Comité de sûreté générale
de mettre en jugement quatre commandants de la garde
nntionaie de Strasbourg — 2 août. H adhère à l'^adresse de
félicitations de la municipalité à la Convention nationale,
lors de TaiTostation de Robespierre et autres complices —
25 octobre. Présent aux Jacobins.
SIMOND (Daniel)
Un Suisse, né en 1774 à Hostung, district do Romans, où
il était étudiant — En 1793, il arriva à Strasbourg et fut
employé à la mairie, au bureau des étrangors — 21 mai 1794.
De la Société dos jacobins, au Miroir — 10 juin. Il dénonce
au Comité de sûreté générale lo tailleur René, rue de la
Mésange, qui lui a demandé 4b livres pour une culotte de
drap, non doublée — 23 octobre. Encore aux Jacobins.
REVUE D'ALSACE
SIMOND (Philiuert).
D'orighiP {(it'iijnntriise: il lutieait rue «lu Dôme — En
mars 17'J1. li-jumi*' pirlro assej-ment^, il fut nommé, le
28 juin suivant, vicaiiv ùpiscopal de l'éjgMivSe-calhétlrale de
Strasboui}^ — 22 octobre. Il désavoue le discours de son
collègue Schuciiler sur le mariage des prêtres — 10 jan-
vier 179J. A la Société des amis de la constitution, il tient
un discours sur Téducalion des femmes — 24 février. Après
la scission, président du Club des jac(>bins. il est d"a vis do
tenter la réconciliation et d'envoyer une députation à l'Au-
ditoire — 3 avril. La Suciéiè des jacobins le cliarf.îo déporter
à celle de Paris, sis jj^rit'fs contre le maire Dietrich. les
administrateurs du Bas-lihin, et surtout les faire connaître
à l'Assemblée nationale — 21 mai. Aux Jacobins il dénonce
Dietrich comme vendu ù Lafayctte — 22 mai. Il signe Ja
circulaire à toutes les sociétés affiliées pour leur peindre la
situation politique des frontières du Rhin:
Nos départemeuu, bien loin d'être dans le scus de là iiévolutiou,
deux tiers, au moins, sont dans le sens contraire.
21 juin. 11 est cité dcvaiil le ju;j;e pour cette adresse incen-
diaire du 22 mai, et la salle de lecture des Jacobins est
fermée i»'ir ordre du maire Dietrich — 28 juin. Ses lectures
juibliques lui sont interdites comme excitant à la révolte.
Dénoncé par Brunck au général Lamorlière, celui-ci
demande son expulsion de SLrasbou^^^^ ce (jui eut lieu vers
le 11 août 1792. Pour se ven-^'or et perdre lu maire Dietrich,
il imagina, avec Monet, une leLlie comme venant d un chef
de l'armée des émigrés. Elle fut apportée à Teterel par un
certain inspecteur des remontes, probablement un espion
secret de Saint-Just et Lebas, et conduisit le malheureux
maire à Téchafaud — 2 septembre. A Télection tenue à
Haguenau, il fut nommé scrutateur, et au dépouillemeiit,
dépoté à la Convention nationale — 9 septembre. Au (Uub,
il raconte les foits qui ont eu lieu à Télectiou de Haguenau,
et présente la motion de ne plus choisir aux prochaines élec-
tions munioipeles» ni savants» ni riches; mais les citoyens les
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un ROwiiBR m LA KÉmonmi
m
pluspau^Tes — 21 novembre. Rendu à son poste, il mande
aux jacobins de Sti-iisbourg que Dietrich, le marchand de
province, est ù l'Abbaye, et que prochainement il sei-a décrété
— 9 déceinl)re. 11 •"'st en route pour Chambéry. les députés
de la Savoie étant à Paris, pour l incorporation de leur pays
à la Républi<iue IVant aiso — là- 19 janvier 1703. Etant en
mission, il ne prit aucune ^nirt au jugement de Louis XVI
— 31 mars. De Paris, Teterel informe les sausculottes de
Strasbourg que Philibert Simond les a trahi à Besançon
dans lu prooôs Dietrich — 28 juin. Il réclame contre cette
ftiusse accusation :
Je n'ai écrit qu'une seule lettre prirée sur le compte de ce traître,
c'est une réponse à raeenflAtenr public de Besançon qui me demandait
si je pouvais me rendre prèi dn tribiuul. J'étais alors maladOi oommis-
sairc de la Conveutiuii :nix prises aTOc toute la canaille de Paocien
régimoi il m'était impossible de quitter.
S9 novembre. En commission à Besançon, il avise les
jacobins de Straslsoarg qae les départements qaH vient de
parcomir leur préparent quelques secours ^ 23 décembre.
De TAbbaye, Schneider invoqueson témoignage ^demandez-
lui si mes écrits, mes discours, mes actions avaient jamais
d^autre but que celui de seconder la marche de la Révo-
lution.
Compromis dans l'affaire Danton, c'est en mars 1794,
qu'il porta sa téte sur la guillotine, à Paris.
SOMMEHVOGEL (Xavieu).
Né en ITBO à Strasbourg — 1789. Employé à la Chambre
des XV — 26 mai 1790 à 1792. Premier commis au bureau
delà comptabilité du directoire du Bas- Rhin — 1792. Nom-
mé receveur du district de Slrasbourj^ — 31 octobre 1793.
Saint-Just et Lebas l'imposent à 12,1)00 livres, réglées le
13 suivant — 21 décembre. Ue la Société des jacobins —
24 décembre. Massé le dénonce au Comité de surveillance
de cette société, qui renvoie la plamtc au Comité de sûreté
générale du Bas-Hliin pour y faire droit — 25 mai 1791.
Comme .ex-ti'ôsorier, il ligure sur une liste de suspects
4»
«BVOB D*AiSACI
drossée par le Comité de sorveUlanoe des jacobins —26 msi.
La Municipalité ordonne son arrestation; mais, en déffirant
à la demande de Tagent national MaUbseus, il y sera sursis
fusqu'â son remplacement au District, qui sera prié de s'en
occuper de suite, afin que le service de la caisse, qui lui est
confiée, n^éprouve aucune entrave — 90 mai Sa fournie est
emprisonnée comme aristocrate et fanatique — 25 octobro.
Il est encore aux Jacobins — 1797. Receveur du bureau de
loterie n* 702, rue du Jeu des en&nts, quil cède, en 1800, &
Ferry, ayant été nommé chef de comptabilité à la préfec-
ture du fias-Bhin.
SPANGELBERG (Martin).
Un Alloni;in(i, né en 1746 en Saxe; serrurier à Sirasbourç,
bien ;ivant 1789 — 1791. Membre de la Société des amis de
la constitution ; il passe ensuite à celle dos jacobins, le
7 février 1792, où il est encore le 25 octobre 1794.
SPEGK.
1798. De la Société des jacobins — 8 janvier 1794. n sert
de témoin à J.-G. Schwartz contre Baldner, tonnelier, pour
avoir, à Tauberge de la Montagne verte^ insulté la Société
des jacobins en traitant les membres de gueux, de coquins,
de voleurs, de jeanfoutres et de lécbes — 25 octobre, n n^est
plus sociétaire aux Jacobins.
SPIELMANN (Louis), (Faubourg-de-pierre, n» 82).
1789. Greffier du petit Sénat de Strasbourg — 8 fév. 179<).
Officier municipal — 30 avril. .Tnge au tribunal du district
de Strasbourg. De la Société des amis de la constitution —
10 mars 1791. 11 informe contre un pam])hlet allemand, in-
titulé: Bci Oott f es ist Zeit, d'if^s f^icli die Ehibser au/ die
Hinterf ms i^tellen, etc. — 27 mars. Il sévit contre l'imprimé:
Monition camiûifœ et ordonnance du cardinal de Rohan,
érfque d/j Strnshoioy — • 16 janvier 1792. Directeur du jur^'
du district de Strasbourg pr^s ]o tribunal criminel du Bas-
Rhin — 7 février. 11 passe aux .lacobins — 19 lévrier 1793.
Juge au tribunal criminel du Bas-Khin — 30 mars. Il con-
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LES HOMJIES D£ LA RÉVOLUTION
m
damne à mort trois maDieareaz paysans des envirans de
Ifolsheim — • 5 janvier 1794. Commissaire national près le
tribunal du district de Strasbourg — 25 octobre, n n^est
plus aux Jacobins — 17 janvier 1795. Juge au tribunal dvil
du même district — 1797. Substitut du commissaire du
pouvoir exécutif près ie tribunal civil de Strasbourg — 1798.
Elu par Strasbourg, membre des Assemblées primaires du
Bas-Rhin — 1800—1805. Procureur au tribunal civil de
StraalMurg.
STAUM (Daniel)
Avant 1789. Attaché au commerce de son père, Jean-Fré-
déric Stamm, alors tonneUer-nuoKâiand de vins à Epfig —
Janvier 1791. Gomme négociant, il est reçu membre de la
Sodété des amis de la constitution à 8tradx>urg — 10 fôv.
1792. Après la scission, les jacobins le nomment secrétaire
de leur Société, dont les séances étaient au Miroir et au
Poêle des cordonniers. Peu de temps après, la guerre entre
la France, la Prusse et TAutriche ayant éclatée, il entra
simple soldat dans un régiment de chasseurs à cheval —
20 septembre. Il est guide à Tannée du Rhin, et au Qub, il
prononce un discours sur les devoirs du militaire comlMt-
tant pour la liberté. Arrivé à l'armée devant Spyre, ses
talents géographiques le firent remarquer du généural Gus-
tine qui, un jour, le chargea, avec cinquante hommes d'en-
lever les postes de Philippsbourg, Bheinhaussen, Lossheim
et Ketsch, et de brûler tous les bateaux quil rencontrerait
sur le Rhin. H réussit — • 7 octobre. Il certifie conforme une
proclamation de Gustine, datée de son quartier général à
Spyre, aux habitants de Worms — 16 octobre. Gustine le
charge d'une mission à Mayence. Il pénètre dans la place
en compagnie du professeur Bœhmer, dévoué à la France,
et du colonel Houchard. Mayence s'étant rendu le 21 octobre,
Gustine envoie son rapport à Paris, portant :
J'étais non scnlcmont instruit avec précision Ao.s forces qui étaient
dans la ville, dp la nnmbronso artillerie qui bordait ses remparts, mais
encore de la situation positive de cette importante forteresse. J'avais
8o me procurer par l'intelligence et la grande audace du jeime Stamm,
REVUS D^ÀLSACS
1» coiHniMMiee inréeiM dis pointt qui avtifl&t été néglUgéi dam !•
place.
Cette heureuse issue valut à Stamm* le 27 octobre, les
félicitations de la Convention, et legrade d';iide-de-canopdu
générd Custine, ijui fut nommé général en chef de Tarmée
du Hhin — 23 octobre. Cin(| Mayençais, dévoués à la France,
se réunirent chez laido luajur Slamm pour former un club
sous le nom des Amis do la lilx rt^' <A de Tégalité, et le len-
demain, il y en avait déjà plus do aiiUe d'inscrits - 17 no-
vembre. Du quartier général de Mayence, il adresse la
lettre suivante au Laniigral di tiesse-Cassel :
Vous {'tes un négociant i(iu fuit hoanconp on inarcliandisp hnnuiine,
car j'apprends que vons ntVnv liiM^i ("ariins pour l'artic le Custiue; c'est
beaucoup, car en humme d'uilaires vuiui derricz savoir, mieux que tout
•otre, ce qu'une pareille tdte vaut. Peut-être ponrrai-je voub rendre
serviee, et toub procurer une bonne affaire. Donnes-moi dOOO Carlins,
et je TOUS livre le général Custine, son année, ses canons, ma personne
même, hors la porte de Uauau, là, tous n'aures que la peine de les
enleTer.
2 décembre. L'armée française ayant perdu Francfort-s/-
Mein, se replia insensiblement sur Mayence. Stamm suivit
Custine vers le Hundsriicken, assista à la prise du château
de Stromberg, tomba entre les mains d'unt' patrouille enne-
mie près de Neuv^'inger et ne dut son salut qu"à son cheval.
Il assista ensuite à Taftairo de (lundersblum, et ai>rès le
départ de Custine, il rentra à Mayence où, pendant le IjIûcus,
commencé le 14 avril 1793, il fut successivement attaché aux
généraux Blou et d'Oyre — 22 juillet 1793. Mayence capitula.
Stamm voulut rejoindre Custine, mais dénoncé par Simon,
il fut emprisonné le 1" août, transféré de suite à Paris, sous
la prévention, d'avoir avec Custine, trahi la France —
20 aoiit. Il fut relâché.
Brùlimt du désir de voir son pére et sa mère, il s'achemina
sur Strrasbourg, où commandait le général Dièche. qui. à son
tour, trouva bon de le mettre en état d'arrestation, malgré
son permis du ministre de la guerre. Ses papiers furent
saisis, et de leur examen il en résulta sa mise on liberté.
À peine chez son père, que par suite des dénondatioiiB
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LES HOMMES DB LA RÉVOLUTION
435
mensongères de Pspe, Peteraen et Wûrtz, tous trois atta-
ohés au bureau de correspondance de Tarmée du Rhin, les
représentants Milhaud et Guyardin, le firent de nouveau
incarcérer le 27 septembre — 8 octobre. Le Comité de sur-
yeillance et de sûreté générale du Bas-Rhin, déclare que le
commissaire chargé de vérifier ses papiers, n^ayant rien
trouvé parmi eux qui puisse donner lieu à suspiscion, il
sera mis en liberté — 11 octobre. Il se jette dans le parti
Monet, qui le charge d'arrêter les anciens baillis, prévôts,
huissiers, forestiers seigneuriaux et les \Ans riches aristo-
crates de chaque commune — 3 novembre. Procureur-
S3mdic près Tadministration du district de Strasbourg —
17 novembre. Secrétaire du Comité de surveillance et de
sûreté générale du Bas-Rhin, aux appointements de
2400 livres par an 18 novembre. Ce Comité arrête qu'il
remplira les fonctions de commissaire de police — 21 no-
vembre. U est chargé de la visite et du classement des
prisonniers au Séminaire — 22 novembre. Le Directoire du
district de Barr le charge des fonctions de commissaire dans
le canton d'Obemai, à Teffet de la levée des scellés sur les
efl'ets d'émigrés — 24 novembre. Le tribunal révolutionnaire
le réclame pour procureur-syndic, tout en restant au Comité
de sûreté générale du Bas-Rhin — 29 novembre. Commis-
saire pour la levée de la contribution forcée dans le district
de Barr — 1" décembre. Comme procureur-sjmdic, il est
requis par le Comité de sûreté générale de se rendre dans
les communes du district et d'y asseoir une contribution
forcée sur les riches et faire arrêter tous ceux qu'il croira
suspects — 3 décembre. De Dorlisheim, il expédie à Mainoni
le Jameux Blmig qui, dit-il, ne s'attendait pas à ma visite.
Il y en a encore plusieurs de ces êtres dans les environs; je
les découvrirai, ils augmenteront le nombre de ceux qui
crintribuent à nourrir les pauvres, détenus au Séminaire —
7 décembre. U expédie sept autres. A cette époque, comme
procureur-syndic provisoire du district de Strasbourg, com-
missaire gr n( rnl du Comité de surveillance et de sûreté
générale du Bas-Rhin pour la levée des taxes révolution-
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4S6
naires, il fournil un état des contributions forcées à lever
par ordre des représentants du peuple et dudit Comité dans
les communes du district de Strasbourg, montant à trois
millions 281,000 livres, lesquelles ont produit 1,372,560
livres — 8 décembre. Il est désigné pour établir une infir-
merie au Séminaire. Les médecins et chirurgiens détenus
seront oblig^és de soigner les malades — 9 décembre. Com-
missaire pour instruire TnlTaire «iénoncée par le Comité
central de Colmar; A (|uel elTet il ira à Benffld sans retard^
— 10 décembre. Prociireur-syndio du district de Strasixjurg,
la municipalité doit lui fournir cent cinquante charpi-nliers
pour démolir les étages su}>érieui*s do la caserne dite Finck-
matt — 12 décembre. 11 examinera toutes les lettres qui ont
été interceptées et en fera rapport — VA décembre. Weiss.
en rendant compte comme greffier du tribunal révolution-
naire du Bas-Pihin, })orte 50 livres payées aux musiciens
qui ont joué devant la tamille Slainui. On sait que Sarah
Slamm, s<i'ur de notre Daniel, épousii Schneider, le 13 dé-
cembre IHY) — 15 décembre. La comnmne d'Avolsheim
Taccuse d'avoir touché 5000 livres en se qualiliant de tré-
sorier du tribunal révolutionnaire. Il a affirmé n'avoir
jamais reçu, ni touché à A volsheim, encore moins avoir pris
la qualité ci-dessus. On doit vérifier le fait — 17 décembre.
L'afTaire est renvoyée aux papiers d'Euloge Schneider —
Deux officiers municipaux de Schilligheim se présentent
au Comité de sûreté générale du Bas-Hhin pour déclarer
que le 16, J. Fix, de Dossenheim, agent nommé par Stamm,
s'est présenté à la maison commune réclamant 25,000 livres
dans les vmgt-quatre heures. Fix sera arrêté — On le charge
d'interroger Wiirtz, Wohringer, Lieber et autres, et d'exa-
miner les flemaudes de mise en lil)erté au Séminaire —
23 décemljre. Il détend au commandant du Séminaire de
ne laisser entrer aucune espèce de mangeailies ou boissons,
sans un ordre exprès de Monet — 25 décembre. Avant de
se dissoudre, le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin
ordonne de lui payer ses appointements sur le pied lixé et
le recommande pour ôti'e maintenu agent national du dis-
us lOMni K LA iffOLOTlOII
497
trict de Strasbourg — 6 février 1794. Monet, en le qualifiant
d'ex-agent national du district de Sélestadt, rinforme que
la translation de son district a été arrêté le 5, et que Séle8>
tadt sera le chef- lieu. Puis il ajoute: les gros marchands de
Barr vont dire que les progrès de la Révolution diminuent
avec leurs écus — 9 avril. Agent national du district de
Benfeld, séant à Sélestadt» il se diBCUlpe vis-à-vis des Barrois,
d*avoir oontribuA au transfôrement A Sélestadt du district
qu'eux-mêmes avaient enlevé A Benfeld ~9 juUlet En cette
qualité, il mande à Monet que c'est à lui, et non à la muni-
cipalité de Barr, que lagent de Strasbourg aufait dû
s'adresser pour obtenir rarreatation du pasteur Fritz, que
la Sodété populaire de Barr prend maintenant sous sa pro-
tection. Puis il clôture sa lettre en ouvrant son coeur à
Monet :
Juge de là à l'esprit du peuple. Juge des Argoa, que j'ai. Consulte
mon Age et Toii moi abandonné de tout lei cétés. Sans pilotes, saoa
aide, lana amL Ah, sans donte. Ta seras tenté à me sauver de ce pur-
gatoire, dans leqvel tous m'aves flanqné.
Dens ce mois, il fit arrêter buit pasteurs protestants et
six rabbins du district de Benfeld, lors du passage du géné-
ral Diécbe, allant dans le Haut-Rhin — 14 août D informe
Monet que les Golmariens l'ont indignement traité au Qub:
tTû es le Gatilina de l'Âlsae^, tyran qui captive la volonté
des représentants du peuple,» etc. — 25 octobre. Il est radié
de la Société des jacobins — 16 juin 1795. n figure sur la
liste supplémentaire des émigrés du district de Sélestadt.
Etienne Bartq.
BULLETIN BIBLIOGUAPUIQUË
I
Gorreqxmdanoe politique adressée aa Sfagistrmt de Strashmirg
paries agents à Metz (ir>'J4-l<!8.'?). tirée dos archives tntinicipalcs de
Strasbourg et publiée pour la premit're t'ois, avec note^i oxplii-àtivcs
et tulilf's, par ^IM. E. ok Boiteh.ler et EuaicxE Hkip — l'aris,
imi»ruui;rio de lîerger-J^evruult et C", édileiira, 1<S82 — 1 vol.gr. in-h"
de XVII-463 pp. — Prix 10 fr. à la librairie Berger-Levraalt et O,
5 me des Beanz-Arta, Paria.
La maison Berger^Leyranlt a donné des soins particuliers &
l'impression de ce recueil: beaux caractères, beau papier,
tirage irréprochable font de ce volume uu des plus cossus et
dos plus élé{ï!ints de nos nls((tf(p(es. On le découpe avec prt'-
caution et on y touche avec les égards qui sont dûs ù la
typo^aphie artistique. Avant de le j)lacer dans sa collection,
Tami des livres concernant TAlsace aura soin do lui procurer
une reliure assortie et respectueuses des marges que les pro-
cédés mécaniques outrageraient d'une façon regrettable. Âu
point de vue matériel, le livre a droit à ces recommandations.
Qu'en estril des doeuments que ce volume renferme et des
notes qui suivent les documents? MM. de Boutdller et Hepp
ont pensé que si, au premier aspect, quelques-unes des pièces
paraissent n*avoir qu*une portée historique discutable, U ne
leur était pas permis de les élaguer d*ttne collection formant
un tout homogène, une série complète des informations diplo-
matiques dont la vigilante République de Strasbourg tenait à
s'entourer. Dans les archives de ce genre, il y a en effet, entre
toutes les pièces qui y sont conservées, une connexité si
étroite (nfelle ne saurait être bien comprise quTi la suite
d'une étude dét^iilléc ot suivit» de rens('ml)le des documents.
Il faut donc louer les éditeurs de n'en avoir exclu aucun du
beau volume offert aux amis de noti'e histoire locale.
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429
Ces pièces sont au nombre de trois cent vingt, embrassant
une période qui commence le 16 avril 1594 et qui finit le
12 juin 1683, c'est à dire un siècle presque complet Elles sont
dues à: Jacques de Saint-Aubin, de Flavigny, Paul Lallement,
Bongars, Jehan Durant, un anonyme et Jalon. Elles se rap-
portent à peu près toutes à des laits extérieurs sur lesquels la
République de Strasbourg avait besoin d*ètre renseignée. Ce
fond constitue donc une partie intéressante des archives diplo-
matiques de la ville pendant le siècle qui u précédé le retour
de Strasbourg à rancieune Gaulo.
Quarante et une pages d'annotations, suivies de deux excel-
lentes tables des matières, terminent le volume. Les annota-
tions répondent strictement aux exigences d'une publication
de ce genre; mais elles auraient pu être plus complètes si
MIL Hepp et de Bouteiller se fussent Mi aider, dans cette
partie de leur louable travail, par une personne s*étant plus
particulièrement occupée de Thistoire de la métropole de la
province. Nous aurions aimé encore qu'au bas des pages, de
brèves indications eussent donné un trait de lumière qui
aurait permis au lecteur de s'orienter instantanément sur les
faits extérieurs auxquels les correspondants de la République
font allusion dans leurs missives.
Ces réserves ne portent aucune atteinte au mérite réel du
volume que nous venons de décrire et qui se recommande par
lui-même à la sérieuse attention des historiens français et
alsaciens.
Dans leur avanti»ropos, MM. Hepp et de Bouteiller nous
donnent un aperçu fort lucide sur l'organisation communale
de Strasbourg depuis ses origines jusqu'à l'avènement du
régime nouveau. Mais n'y art-il pas contradiction dans cette
remarque : qu'à l'époque oh Strasbourg dans tout son éclat de
ville libre, relevant immédiatement du SaintrEmpire germar
nique, formait une véritable république sans lien de suzerai-
neté d'aucum sorte? Par le fait seul de sou immédiateté,
480 aivDB 0*AU*ci
comme d'autres villes de la décapole, le lien de suzeraineté
pulitiiiuo la rattachait au Saint-Empire. Cela est si vrai pour
toutes les villes libres d'Alsace, qu'aussitôt élu, lo roi des
Romains devenait presque toujours lieuteuaut de l'empereur
dans la province. Ce qui u'euipôcha point, il est vrai encore»
le Magistrat de Strasbourg de savoir sauvegarder ses anciens
droits et phYiléges locaux avec une intelligence et une fer-
meté qui ne se rencontraient point ailleurs et qui, à la longue,
surtout au xn* siècle, lui créèrent une situation comparable
à celle de la souveraineté, «sans lien apparent de suzeraineté
d'aucune sorte».
n
Mémoires de la Société d'émulation de Montbéliard —
XIII* volume — — Montbéliard, luiprimerie do Barbier frères,
1881 — 1 voL io-S» d« 86 pp., aree YIH plaadiei et 9 eartet.
Les matières qui composent ce faseienle offrent un intérêt
particulier se rattachant aux origines de la Société, à son
développement, à l'esprit qui n'a cessé de l'animer, au but
qu'elle veut atteindre, aux travaux qu'elle a réalisés, aux
richesses qu'elle a réunies et aux vues qu'elle cultive pour
l'avenir. 11 y a chez les personnes qui se succèdent dans la
direction des études un ensemble de ressources convergentes
qui caractérisent cette association et qui témoignent d'une
louable persévérance dans les voies que la tradition a ouvertes
aux inteUigences de Tancienne principauté. On sera convaincu
de Pexaetitttde de ces remarques lorsqu'on aura lu les r^
ports de MM. Jeanmaire, Ebersolt et Séguin sur les travaux
de la Société pendant les années 1877, 78, 79 et 80, et surtout
la lettre de M. le président de la Société à M. le ministre de
linstruction publique, en réponse à la circulaire du 11 juil-
let 1880. Oes documents, avec quelques autres d*ordre secon-
daire, remplissent la première partie du fascicule. La seconde
partie est occui)éc par deux mémoires concernant Thistoirc
locale. Le premier, qui est dû à M. ïrouiilet, capitaine du
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BOLLBTIM BBUOGBAraïQtlB 481
génie, est une étude topographique et militaire ayant pour
but do déterminer le lieu où Jules César et Ârioviste se ren-
contrèrent et où se livra la bataille qui purgea Tancieune
Séquauie de l'occupation Allémane et mit la rive gauche du
Khin sous la duini nation romaine. Cette question, souvent
traitée par les historiens et bur laquelle le dernier mot sem-
blait avoir été dit dans la Vie de Jules César, par Napoléon III,
est reprise en sous-œuvre par M. le capitaine Trouillet, qui
pense Tavoir élucidée au moyen de ses recherches top(^a-
phiques et d'une minutieuse discussion des points de repère
recueillis dans les Commentaires, La conclusion de ce travail
aboutit à la rencontre des deux armées dans la plaine ondulée
de la Haute-SaOne, dont Arcey» Saulnot et CorceQe sont les
extrémités triangulaires. Le monticule ob se trouve la vierge
de Saubiot serait le point ob eut lieu l'entrevue des deux cbefii
avant la bataille. L*étude est bien conduite et sa lecture
attentive dispose, un peu laborieusement, il est vrai, Tesprit
du lecteur à admettre la conclusion. Mais, h Taspect de IMti-
néraîrc tracé sur la carte, on ne jieut disconvenir que l'auteur
a dû i)rêter au Druide Eduen Divitiac et au général romain
toutes les ressources de la stratégie moderne pour faire
prendre à l'armée victorieuse le chemin qui devait la mettre,
après sept journées de marche, en présence des envahisseurs
dans la plaine de Saulnot. Cela ressemble quelque peu à la
tactique de Turenne se dérobant, après la bataille d'£ntzheim,
derrière les Vosges SOUS le prétexte d'y prendre ses quartiers
d'iiiver, et apparaissant inopinément à Belfort, Mulhouse, et
finalement à Turckbeim ob il culbuta les impériaux et les
chassa définitivement de TAlsace. Quoi qu*il en soit, la
méthode inducUve de M. le capitaine Trouillet aura servi à
donner de la précision à une coigecture historique exprimée
depuis longtemps par d*autres écrivains: selon qu'on se pro-
noncera pour l*une ou pour l'autre version des Conmientabres,
quiuque ou qiwi<imginta^ laplained'Arcey-SaulnotonFrancbe-
488
uvn d'albacb
Comté et la plaine d'Ensishcini-r'ernay en Haute-Alsace
demeureront seules en concurrence pour revendiciucr lo
souvenir d'un événement mémor&ble du siècle qui a précédé
Tère moderne.
Les notes du très regretté Henri L'épée sur les dernières
fouiUes exécutées par lui am environs de Montbéliard« ter-
minent lintéressante publication de la Société. Les objets
découverts dans ces fouilles sont décrits avec une compétence
par&ite dans les notes et le dessin en est bien reproduit sur
les huit planches qui accompagnent les notes. Nous en comp-
tons six en silex et os trouvés aux abris du QiaMkm^ quatre
en silex de la caverne ^AJlmiâans, quatre de même nature
de la caverne de Roche-Dane, quatre pointes de Hèche en silex
et doux nionuairs i4uuI(ll^L^^ du caiu]) de Chatdilion, le mémo
nombre do pointes de tlècbe et deux haches de pierre du camp
de Demndafi.^, deux pointes do lance, deux épinp;les, une
pointe barl)ée de Hèche, un bame(;on et autres objets en pierre,
en bronze et en fer de la caverne de La Baume, divers objets
en bronze trouvés à. Audincourt. L'avant-dernière des planches
représente le camp du Ohmont otles sépultures que M. L'épée
y a ouvertes, tandis que l'ultime reproduit en grandeur natu-
relle les divers objets en fer, etc., que Tinventeur a sortis des
tombes. M. Henri L*épée était un travailleur éclairé, un ami
du passé et du présent de son paya, une nature aimable et
dévouée aux travaux de l'esprit et de la Société d'émulation,
dont il fût l'un des principaux auxiliaires. Un des premiers, il
a compris que le sol couvre ses archives et un des premiers
encore il les a interrogées avec amour et sagacité. En éditant
ses notes posthumes la Société lui rend hommage en même
temps qu'elle rend service à la science. On trouvei a dans les
notes qui nous occujient la trace exacte et indiscutable des
diverses étapes de I humanité préhistorique au pays de Mont-
béliard.
FnftDÉRIG EUBTS.
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LETTRES INÉDITES
DK
F. J. PROllDHON A SON AU JOUV£NOT
Un aimable profeesenr de lUniTenité a Iden toiiIii nous
faire communiquer cinq lettres autographes de P.J. -Proudhon, .
devenues la propriété de M. Ch. Boilley, d'Arbois (Jura). De
son côté, M. Boilley a eu la gracieuseté d auturiser la Revue
d'Alsace à les publier in-extenso. Nos lecteurs s'associeront à
nous pour remercier ces messieurs de leur bienveillante
attention. Quel que soit le point de vue oîi l'on se place
pour apprécier les lettres de Proudhon, elles ne manqueront
pas d'offrir beaucoup dlntérêt pour notre bistoire contenu
raine.
Jouvenot, à ^ ces lettres fiirent éeritee, était composi-
teur d^imprimeiie chez H. Ja? él, imprimeur à Arbois, eii
Ftoudbon, simple oumer imprimeur, était allé pour la com^
position d*une édition estimée de l*faistoire du comté de
Bourgogne par Dnnod et publiée par JavéL (Test là que
Proudbon et Jouvenot se sont connus et liée d'amitié. Us
prenaient ensemble leurs repas dans une modeste «uberge
tenue par la fiunille C. . . . et Pou a conservé à Arbois le
souvenir que Proudhon avait, sans qu'il s'en soit probable-
ment jamais douté, inspiré un amour profond à Tune des
tilles de la maîtresse de pension.
Ainsi qu'on le verra & la lecture des lettres qui suivent
MouveUe Sém. — li~ Mwto. 88
484 uval »*AUâai
Proudbon n'oublia jamais ceux qui ftTaient été ses premiers
compagnons de travaiL
*
B«Mnsoii, 10 ttfrier.
Mon cher Jomnoti
Si les ouvriers alloient au gré de mes désirs, tous auries
reçu ma réponse deux heures après la réception de votre
lettre. Vous êtes bien négligent avec vos amis; mais il ne
s^agit pas de cela.
J'ai fait voir votre lettre h Plumey; je l'ai lue à Trimaille,
qui a travaillé plus de six mois chez M. Simon, en qualité de
prote et de correcteur, et VvnA de chacun est que youb alliai
chef ce M. Simon. U ne me reste plus qu'à tous donner
quelques renseîgnemens sur lliomme.
D'après tons les rapports, ce M. Simon serait une espèce
d*orl^na], pen prévenant, point aibble, asseï intéressé, et
dHine hnmeor bonrme et difficile.
Avtant que j'ai pu juger, Trimaille, qui lui convenait pour
tout le reste, lui a laissé à désirer pour la correction des
épreuves. Le Père Burdin qui remplaça Trimaille, ou plutôt
le supplanta, comme vous vous en doutez d'avance, fit encore
pis. Il paraît aujourd'hui que le successeur à tous deux ne
fait guère mieux. J'ai même appris que l'on avait renvoyé
pour 12,000 fr. de ballots au s' Simon, à cause de l'abominable
correction des épreuves. £t pourtant il ne (ait que dee réim-
pressions d'auteurs classiques.
Or, sous tous les rapports, tous pouvei ftire aussi bien
d*une part que TMmaille, pour ce qui regarde le matériel
d*une imprimerie, et mieux que tous vos devanciers pour la
correction. Hardi, donc, mon cher; Trimaille avait obtenu de
Simon 100 fr. par mots, le pèm Burdin, de 60 à 80; réglez-
vous là-dessus.
_ Digitized b^_GoogIe
Limn M nuwMoii 486
.Te sais de plus que Simon n cst pas un homme fort habile,
ni, comme l'on dit, capable de vous en remontrer; mais je
sais aussi qu'il n'entend pas trop raillerie sur les noces, les
riole^;... ceci soit dit sans iuteation de vous faire une
épi^amme.
Adieu, mon brave; si tous ne vous arrangez pas avec
Simon, totgours iaut-îl que tous tous dirîgies sur Besançon
ob je compte tous voir avant 8 jours.
Votre ami,
P.«J. Pboudhoit.
P. S. — Juges du plaisir que j*ai à vous écrire, par mon
griffonnage: on n*est guère maître de sa main en parefl cas.
Siiscription
Monsieur, Monsieur .Touvenot, compositeur chez M. Auguste
Javel, imprimeur à Arbois (Jura).
N. B. — Le timbre de la poste donne l'année à laquelle
cette lettre fut écrite: 11 février 1835. Arrivée à Arbois le
même jour.
Paris, 3 août 1889.
Mon cher et ancien collègue,
J*ai des torts envers vous: je ne me pardonnerais pas de
vous avoir si longtemps négligé, si je ne trouvais mon eicuse
dans la multitude de mes occupations et de mes ennuis. Vous
croyez sans doute que j'ai cessé d*étre homme parce que je
suis apprenti-savant, et qu'au milieu des bibliothèques, j'ou»
blie les bords du Doubs, et mes anciens confrères: vous vous
trompe/ du tout au tout. Vous serez surpris quelque jour, de
me voir rentrer dans la condition de correcteur d'épreuves,
de laquelle je ne devais jamais sortir. Je n'aime point la
science, je méprise les savants, je hais les gens de lettre,
4M iivoi »*âLiACi
fabhorre tont ce qui de près on de lofai sent PAcadémie et
l'Université. Je tâche de m'arranger pour redevenir uu
homme de rieu ; car ou n'est à son aise que dans le néant.
J'ai passé une année exécrable: travaillant et correspon-
dant, méditant et écrivant, sans récréation, sans plaisir,
fatigué des hommes, de Tétude et de moL Je suis vieilli de
6 ans: le mauvais régime, le jeûne, oui le jeûne, la fatigue el
les afiaires m'ont épuisé. H est possible que je ne reyienne
pas à Paris Tannée prochaine; tant ce s^our meftit horreur.
Je prends en grippe jusqu'à ceux qui le louent et qui s'y
plaisent
Vous n'aurez jamais peut-être le malheur de vous fautilor
avec Ter^pèce que Ton nomiiie Utthateiirs ou savants; vous
serez lifurcux de ne voir ])as riiumanité par son côté le plus
laid. Voulez-vous estimer vos semblables? allez à Mesmay,'
levez-vous à 3 h. du matin avec les paysans, travaillez tout le
jour et couchez-vous à 10 ou 11 h. Le dimanche, donnes
entre messe et vêpres sur la pelouse, à Tombre d'un vieux
pommier; et le soir buvez une pinte de plus. Voilà ce que
j*H»pelle une vie de sanctification; les hommes dont je parle,
au contraire, sont une engeance perverse quil firadrait
enterrer dans du fumier de cochon.
Votre compatriote Javel ' m'est venu honorer de sa visite:
il était dans une débine comparable il celle de notre père
Adam sortant du paradis terrestre. 11 est reparti avec le
produit d'une petite collecte. Je l'avais adressé, avec une
' Mesmay, village rapproché d'Arboia oà l'on récolte d'ezcellaiU via.
* Javel revint à Arbois, où noos le retrouvons en 1846. C'est en cette
année qu'il imprima et édita la nouvelle édition des Mémoires hisiori'
qi(cs ih' la réj>!ihliqu€ ftéquanoixe et dea princes de la Franche-Comté de
Bourgogne, par M. LoYS Gollut, avocat au jHirleuient et professeur de
littérature latine à l'univernU de Dôle, sur deux colonnes de
XXIV— 2089 p.
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umii M wmam 487
lettre, au baron Delort, le pbts obligeant des hommes, surtout
pour les Arboisiens. Javel a été reçu comme un chien, et
presque mis à la porte. Les grands obligent, oui; mais c'est
quand il y a pour eux de l'honneur et du protit à obliger. Le
général Delort ira parler à Loiûâ-Philippe en faveur de la ville
de Besançon : il laissera périr un oiisérable faute d'une che-
nûse ou d'une pièce de 100 s.
Ces considérationB sur les grands se multiplient diaque
jour, et j'en tiens regifitre. Je tous avoue que si Barbés avait
jeté dans la Seine les Tuileries, le Palais Bourbon, le Luxem-
bourg, la Préfecture de police, et les cinq académies, il
m'aurait fait plaisir. Il aurait fallu avec tout cela brûler tous
les journaux et bâillonner tous les écrivassiers. Barbes eut
été alors le premier homme du monde. Mais il n'a pas moins
eu l'estime des contemporains, qui lui tiennent compte de ses
efiorts. La volonté était bonne.
Je viendrai bientôt au secours de ces pauvres prolétaires,
de cette canaille qui n*a rien et à laquelle nous appartenons,
TOUS et mot Us n*ont pas encore trouvé d*aT0cat La cause
est pourtant belle. Mais il n'y a pas dlionoraires, et les juges
sont ga^és.
Mon plaidoyer est commencé, et j'y travaille tous les jours.
Ce sera un beau tapage. Mais il n'y aura ni oJi ni ah: Galilée
prouvant le mouvement de la terre n'avait pas mieux raison.
Encore un peu de temps 1
J'ai reçu de tos nouTelles de temps en temps par ma mère :
je TOUS remercie de ne TaToir pas tout à &it négligée : elle ne
se loue pas autant de gens que Ton aurait crus m'être plus
attachés que tous. Je suis sûr que tous stoz déjà grogné
contre moi: tant mieux, cela est une preuve que vous ne
m'oubliez pas. D'ailleurs vous n'êtes pas le seul qui vous
soyez plaint: ce qui n'empêche pa:i que je n'aie écrit plua de
cent lettres cette année.
488
Après tout, vous êtes de tous ceux à qui j'écris et qui 86
plaignent de moi, celui à qui j'ai le plus d'obligation: ils me
demandent des lettres ; vous ne me donnes pas signe de vie.
Je TOUS reconnais là : eh bien, e^est moi qui viens tous pincer
l'oreille, qnand tous n^ comptes plus, et au moment de partir
de la capitale. Encore un mois, un grand mois de 31 jours, et
Je secouerai la poussière de mes pieds contre ce gueux de
Paris, où je ne souhaite pas de vous voir.
Ceux qui m'écrivent me donnent en général fort peu de
détails sur ce qui se passe à Besançon parmi les personnes
de ma connaissance. Comme vous, mon cher Arboisien, ils me
font rhonneur de me supposer indifférent à tout ce qui peut
affecter le pays et les hommes. On croirait agir sottement de
me raconter des détails qui mintéresseraient pourtant beau-
coup; et lorsque f espère me rafiratchhr le sang en ouvrant
une lettre timbrée de Besançon, Je ne trouve souvent que dos
détails chagrinants sur mes affidres, ou des conversationB
littéraires, politiques et scientifiques.
Vous ne m'écrirez pas cette année; car avec votre prompti-
tude ordinaire, vous n'avez plus assez de 30 jours pour faire
une lettre : J'irai donc chercher la réponse moi-môme.
Dantine m*a dit que Plumey avait été malade, et qu*il était
convalescent Je lignerais absolument Je voudrais bien
savoir ce qui! va devenir. Depuis que je suis à Paris, j'ai
faim et soif : si je déjeûne deux fois de suite au restaurant, je
prends un dégoût horrible : il n'y a que la famine qui puisse
me contraindre à manq;er. Plus d'une fois je suis tombé
évanoui de besoin avant de me décider à aller dîner. Après
cela, croyez que je fais l'amour, et que je m'occupe de hlles.
Bon Dieu 1 je ne saurai bientôt plus de quel sexe je suis.
Adieu: n*engraisses pas trop ; n^allez pas mourir d*excès de
santé : et quand vous buves du meilleur, pensez quelques fois
que je n'ai pas môme de l'eiiu de bonne qualité. C'est ainsi
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Ltmv M nouDHON 419
4ii*on recommanda aux bons chrétiens de prier pour les tré-
passés dans les moments de r^ouissance.
VatùUiÊ tmntdrfiiM. ét Mmia tamfflt ntratêr imwMliicifiro ti
Votre topjonn le mêma,
P.-J. Pftouimcnr.
P. S. — Le boDjour à votre collègue, IL Priemier: et dites
lui que j'espère bien qu'il ne me garde pas rancune.
Smcrvpixon
 Monsieur, Monsieur Jouvenot, correcteur d'imprimerie,
maison Cbalandre, Grande rue, à Besançon.
LE ^KUPLS GoBdnittiflb 16 J«ia 1861.
pvriMSBt troll MsfVMMiM
BURBAUX
A ^Afi» Mon vieux confrère,
PMX DE L'ABONKEMBNT
PARIS rr DÉTAiiTniiNrs
JJfr- Pendant que suis en train, aujourd'hui
Trou moi;:::^:::::: e ; dimanche, fête de s** Trinité, de mettre à jour
^^"^^^^^i^Aiy*** ™* correspondance, et d'écrire aux Bisontins,
— Je viens fr^er à U porte de votre mémoire,
6l TOUS demander ce que vous fûtes.
Gomment aTes-vous passé la BéTolntion de 1848? — Et
avant toutes choses, car je suis bien aise de savoir à qui je
parle, êtes-vous des rouges ou des blancs? Signez-vous la
pétition pour la révision, ou celle contre la révision? OU en
est enhn votre baromètre politique?
Vous sentes bien qu*un révolutionnaire de ma trempe ne
peut pas se compromettre à la légère, en écrivant du fond de
sa prison à d*anciennes connaissanees, qui, depuis trois ans,
à travers tout ce gadds, aniaient pu sans crime, prendre leur
estomac pour leur conscience et crier, 7m XEmigwmrt en
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]
410 nvra n'AUici
s'imaginant crier Vive la Naluvi ! Cela est arrivé à 5 millions
et demi de Français. La typographie bisontine est-elle tou-
jours, Gomine la pariaieDiie, Télite et la fleur des patriotes ?
Nous sommes bien mous, bien flasques, bien mats. Voilà
L. BoUin et ses ronges, qni, voyant venir 1862, et couchant
en jone la Présidence, flagornent la bourgeoisie et se mettent
à bdler les plus tendres pastorales. cKons sommas des
c hommes à^ordre,' nous ne voulons point d'anarcfcitf; la
• famille, la religion, la propriété ; pas de loi a^airel » Bret
c*e8t à qui, en ce moment, se fera le plus conservateur et
mitou mitaine. Nous tombous en république honnête et
modérée de plus belle. Tas d'intrigants ! Tas de jongleurs !
Ecoute citoyen Jouvenot: dans 51 semaines je suis libre : ils
auront encore de nies nouvelles.
£h bienl me voilà mahé, père de famille; je peux dire,
comme le premier bourgeois de Paris, avec la même solennité,
tm femmes êt nos muants! C'est un état comme un autre.
Dans toutes les positions, le mal et le bien se compensent Je
crois que dans la jeunesse, jusqu'à 30 et 85 ans, le célibat
absolu, la virginité complète, est Tétat qui comporte le plus
de bonheur réel; — et que ce temps passé, il y a des jouis-
sances particulières au mariage. Pai voulu vivre ma vie
entière, je suii un peu marié sans l'être; en ce sens que si
j'ai ajouté à mes soucis et à mes charges, j'ai peut-être
augmenté ma liberté et affermi mon caractère. Si vous voulez
mon opinion sur le mariage, la voilà. Et vous?
Gomme vous êtes enjésuités, embéguinés, encanaillés!
pauvres Bisontins! Quand donc est-ce que la sociale viendra
nettoyer cette écurie d'Augias V Ahl que de vérités il reste à
dire 1 Et que le pauvre peuple a encore besoin que le citoyen
Proudbon lui dessille les yeux 1 Je n*y manquerai pas ; Je vous
en avertîB.
Voyes-vous mon ami Huguenot? comment se tire-Ml d*af-
fidre? Pourquoi n*art-il pas accepté llmpresslon du journal
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démocrate ? Enfin, paries moi un peu de tout et de tons :
depuis trois ans les petites tilles sont devenues grandes, les
vieux ont dû s'éclaircir encore et le personnel bouzebot se
renouveler. Trouverais-je encore quelque vigerou (i) au petit
battant qui me reconnût?
Mon cher Jouvenot, je suis épuisé, usé, calciné : je me sens
tirer à la tin, bien que la mine soit excellente, et que je
paraisse plus frais, jeune et vigoureux que jamais. J'ai trop
fait travailler la cenrelle, et trop laissé engourdir mes mem-
bres. Je ne vaux phu rien : il n'y a qne le vieux rouge qui
m'attache à Texistence. Je ?ous avoue mon faible; c'est peut-
être à cela que tient ramitîé particulière que j'ai toiqours eue
pour mon père. Mais tous? on dit que vous n'êtes plus de
votre pays, que vous êtes sage, réglé, tempéré comme un
mettre d'études. Est-ce que vos épreuves auraient déteint sur
votre âme, par hasard? Et à force de lire des Mois de Marie,
auriez-vous fini par prendre le scapulaire? Porteriez-vous les
sacrés stigmates ? Ce serait un crime que je ne pardonnerais
jamais à la librairie Chalandre, vous pouvez le dire à votre
patron, qui, pour son couiptp, s'en fiche pas mal ! —
Adieu mon vieux camarade. Conservez soiiziieuscment votre
position ; vivez en paix dans la médiocrité d'Horace, et hors
le cas d'absolue nécessité, ne faites point parler de vous. Sur
ce je prie Bachus et Cornus de vous avoir en leur sainte et
digne garde
Votre tout dévoué,
Pé-J. PnOUDHOV.
Paris, 19 norembi» 186&
lion cher Jouvenot,
Je viens vous demander un petit service de camarade.
C'est d'hier seulement que je sais, par Denirier, qu'il existe
dans la dernière édition du ZHUionnaire théologique de Bebqi£&>
44t nvoi o*AUâCi
par M. Chalandre, deux ou trois articles, soit notet, soit
articles de texte, à mon intention particulière, et dans les-
quels je ne ne suis pas trop bien traité.
Auriez-vous Tobligeance de me dire quels sont ces artîclee,
queUe en est la substance, qui les a écrits? s'il s'y trouTe
quelques lignes qui méritent que vous les citiei, flUtes-en
Peitrait, et euToyes-les moL Ou mieux encore, si ces articlee
n'étaient pas d*une longueur excessive et ne demandaient»
par exemple, qu'une journée ou deux de travail pour en faire
la copie, chargez-en quelqu'un ; je vous forai remettre aussitôt
ce que vous aurez jugé h propos de donner de gratification.
Je possède une édition de Bergier, publiée par la maison
Chalandre, et c'est ce qui m'empêche de me procurer la
dernière. Mais mon exemplaire porte la date de 1843, et je
n'y ai rien vu qui me concemftt personnellement
Quelque fois on trouve de ce qu*on appelle mptrfeàlMn
dHine librairie, de quoi satisfaire un curieux qui ne chercbe
qu'un texte à recueillir. — Si c'était le cas pour vous, vous
pourriez mettre la feuille en question sous enveloppe, et me
l'adresser.
Enfin, je me contio à votre obligeance pour ce renseigne-
ment, qui me sera utile, et que j'ai besoin de recevoir sous
hmtjwm, au plus tard.
Je pars du 25 'au 30 et pour la Belgique, oii Je vais fiiire
éditer un ouvrage qu'il n'y aurait pas pour moi sdreté de
publier à Paris, et dont au surplus personne ne veut se
charger. Répondez-moi d'ici là, sauf empêchement
Comniont êtes-vous avec M. Chalandre? En 1852, vous
m'avez paru satisfait de votre position ; y trouvez-vous tou-
jours les mêmes avantages V Je ne vous charge pas de mes
salutations pour votre patron, malgré la bienveillance qu'il
m'a témoignée à plus d'une reprise: je craindrais qu'il ne prit
cette liberté de ma part pour une familiarité Indiscrète.
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UnUB M PMWBMN 448
Mais, à défaut du chef, parlez-moi de ceux que j'ai connus,
Jouôroy, Jobar, etc.
J'ai appris la mort de ce bon Thourè, par son frère qui est
venu à Paris faire une grande musicienne de sa tille, et qui
a dépensé pour cela ses dermères ressources. Le pauvre
honune ! . . . .
On dit que Plumey est la cheville ouvrière de la municipa-
lité bisontme et qu'il gouverne la ville, comme le hls de
' Thémistocle gouvernait Athènes. Si vous le voyez, vous lui
flotihaitereB le boiyoïir de ma part Je vondraiB aayoir ce
qu*eBt devenii son fils : il a dû aller en Crimée.
Le fils de Plnmey me isit penser au fils d*Hngaenet, qui
était, je crois, de la réserve. Est-il aussi parti, céluirlà? Quand
donc est^e que le Minotaure bonapartiste, avec ses blagues
de ^4jire, de Itierié dM natiom, d'égmliibre européen, sera
saoûl de chaire humaine?
Le prêtre, le soldat, le capitaliste : voilà la triple puissance
du jour, et Tobjet de ma triple haine.
Mais j'oublie que vous êtes correcteur d'une imprimerie
ecclésiastique; et je ue voudrais pas vous compromettre.
Mon cher Jouvenot, si vous pouvez vivTe décemment dans
votre position, demeurez-y, et gardez-vouii iT écrire.
Je vous serre la main, et vous prie de me croire toii^ours,
comme en 1832, 1834, et dans tons nos plus mauvais jours,
votre fidèle et dévoué collègue,
P.-J. Proudhoh
rue d'Enfer, 83.
Paria, S& déeembra 18fi6.
Mon cher Jouvenot,
Je vous remercie des épreuves et renseignements que vous
m'avez envoyés* J*en ferai, vous pouvez croire, le plus discret
usage, d'autant mieux que je n'ai pas la moindre envie de
donner de l'illustratiou au curé Vincent
444
UfOI DAUAfli
Je ytm avais annoiieé mon départ pour la Bélgiqpie: Je
n*en ferai rien, j'espère. J*ai trouvé plus utile de mettre mon
livre sur un pied tellement respectable que ni Jésuite ni
grippeminaud n'y puisse mettre la fçnSo,
Il y a dans votre lettre, mon cher Jouvenot, un mot fort
joli, c'est quand vous me dites que le petit service que vous
me rendez vous rend utile pour Ui première Jois de votre r-ie.
De la part d'un homme qui a passé sa vie à lire des épreuves
dans une imprimerie ecclésiastique, c'est on ne peut plus
édifiant Mais rassurez-vous; nous sommes solidaires, et ce
que j*ai appris du grimoire de ces messieurs, en même tempe
que vous, ne sera pas perdu. Jamais l'église n'aura été à
pareille fête; et j'espère que la lecture de mon bouquin vous
dédommagera en une fois de toutes ces théologiques ins^idités.
Mais ce qni m*a particulièrement touché c'est la hcudeUU
de oûi htanc doux que vous avez bue à ma santé avec Plumey ;
et vous ne sauries croire quelle délirante envie elle m'a
donnée de prendre le chemin de fer, et d'aller recommencer
avec vous. 11 y a si longtemps que je n'en ai goûté de ce vin
blanc doux! et j'ai eu tant de mai avec ces parisiens qui ne
savent pas boire le bon vin ! ... .
Comme je tiens esscnticlleuicnt à n(^ pas me brouiller avec
M"' Plumey, dont je connais les fureurs, je vous serai obligé
d'aller la revoir une fois encore, et do lui remettre l'incluse,
qui est du reste, bien entendu, pour son mari et pour elle. Je
ne s^are pas ce que Dieu a joint
Si ma publication a le succès que j'en attends, je me pro-
pose, courant avril ou mai, d'aller goUarder une quinzaine
là-bas; ma cervelle en a besoin.
Bonjour et bonne année,
Votre ami,
P.-J. Pboudhov.
jOamitmimtim 4$X.L, MnimBR, profmm it mtmtu mImnBm.)
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L'ALSACE ARTISTIQUE
Suite*
HEUNANI)
■V un OâTJiïffBâTHlg-MIWIATTOISTEB Dl L*ABBÀ1B DB LUOILU
(xii« siècle)*
L'ancienne abbaye de Lucelle, de Tordre de Citeaux, située
aux confins du Sundgan (Haute-Alsace) et de la Suisse, foi
fondée au commencement du xiT siècle par des nobles du
comté de Bourgogne, les sires de Monfiauçon près de Besancon.
Suivant les documents de Tépoque, saint Bernard vint en
personne poser en 1128 la première pierre de ce monastèroi
qui lut vendu comme bien national pendant la Révolution et
démoli &k 1804. Lucelle, où mourut, en 1787, rhistorien
Grandidier, qui était allé faire des recherches dans ses riches
archives, fut l'asile de plusieurs hommes distingués. C'est là que
le Bâlois Jean Démétrius, mort en 1319, écrivit plusieurs
traités de théologie; que Conrad Ilnltzacker, originaire de la
même ville et décédé en 1443, rédigea les Actes du Concile de
Trejite; que Nicolas Amberger, vice-chancelier de l'empereur
Frédéric III, mort en 1467, composa ses Dissertations hieUh
riques sur les antiquités de Lucelle; que Bernard Buchinger,
né à Kientzbeim (Alsace) en 1606, abbé de Pairis, puis de
' Yoir la liTraison du dernier trimestre.
• Ouvrages consultés: Gérard, I, p. 90 et suiv.; Bacqttol bt
RisxKLuuBKR, l'Alsacc ancienne et moderne, article LacoUoj ât sortoat
QuzQUJuu, BooaoABo s'Amniii L p. 51, 1^ 91 nvr.
446 Bim D*AUACI
LueéUe, écrbit lliistoire de ces communauMi religieuseB,
ainsi que celle du pape alsacien Léon IX.
Parmi les artistes calligrapbes ou miniaturistes de Tablmye
de Lucelle, il faut citer: le frère Hélinand, qui vivait à la tin
du xir sièc'le ; Guillaume, qui appartient au xiir et dout la
mention suivante se trouve dans le nécrologue de l'abbaye de
Pairis: o A la mémoire de frère (Guillaume, moine de Lucelle,
qui écrivit avec beaucoup de soin un mLssel pour notre grand
autel»; l'abbé Bourcard de Landscron (1298-1 H03), qui
rédigea un terrier ou urbaire intitulé : Awro daudendus Uber;
et au xym* siècle Bernardin Walch, originaire de Winckel
(canton de Ferrette), qui iut pendant de nombreuses années
moine à Lucelle et j mourut en 1760. D était préposé à la
garde des archives du monastère et s'occupa de les classer,
n nous a laissé plusieurs manuscrits fort curieux, dont le plus
important eAwnkMisséUoMa Luàteellentia, en deux Tolumes
in-folio, auquel il travailla plus de quarante ans, comme U
nous rapprend dans sa préface. Cet ouvrage renferme non-
seulement rhistoire de Lucelle, mais encore celle des
nombreux monastères qui en déi)endaient, et il Ta illustré de
plans, de dtîs.sins, d'armuiries, de portraits, de sceaux, etc.
Iléliiumd le premier calligraphe-uiiniaturiste connu de
l'abbaye de Lucelle, vivait, roiiinie nous l'avons dit, dans la
seconde moitié du xir siècle. 11 s'était rendu célèbre par son
talent de peindre de magniiiqueâ missels écrits sur parchemin
blanc, enrichis d'or et d'azur, de pourpre ou de siuople, ornés
d'oiseaux, de poissons, d*anges, de démons, de saints, de
damnés, eniin de tout ce quil était alors d'usage de peindre
dans les livres.
Parmi les ouvrages d*Hélinand, les archives de LnceUe
nous ont conservé le souvenir dHin superbe missel qu'il avait
peint en 1196 et que Tabbé de ce monastère, Conrad de
Ratolsdorf, envoya deux ans après, à titre de prêt, à Conrad
de Biederthan, abbé de Saint-Urbain (canton de LueerneX
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L*Aiiici àxmnun 4A7
qui venait d'être fondé. Il accompagna cet envoi d'une lettre
que Walch a reproduite dans son Missellanea Ludsceïlemia : '
« Réjouissez-vous, disait-il, de pouvoir chanter dans une
pareille œuvre un nouveau cantique en Thonueur du Soigneur. »
Cet acte curieux fait voir combien les livres étaient rares à
cette époque et combien on estimait ceux qui les avaient
écrits. Aussi, ne doit-on pas Ôtie surpris que Walch raconte
naïvement qu'alors les moines, qui savaient à peine lire,
étaient presque tous des saints, et qu'à présent, qu'ils ont
entre les mains un grand nombre de livres, ils ne sont plus ce
qu^Os étaient dans ce temps fortuné ob Dieu répandait ses
miséricordes sur Taridité de leurs âmes. Cet auteur rapporte
aussi qu*un jour saint Bernard, éyêque de Maurienne, ayant
imposé en confession, pour pénitence, à la supérieure du
monaitère de Béton, Tobligation de se procurer les commen-
taires de saint Augustin, cette religieuse consulta son fils, le
bienheureux Pierre, évêque de Taruntaise, et par surprise
obtint de lui le livre qu'elle désirait. '
GUTA
CUligrapbe (xu^ siècle) *
C'est principalement dans les monastères de femmes que la
calligraphie, qui exige du goût, de la dextérité et de la
patience, fût cultiTée. Lliistoire signale le couvent de
Schartzenthann, près de Marbach, fondé en 1149, dont les
religieuses excellaient à transcrire des livres de chœur et les
anciens manuscrits. On cite parmi elles la chanoinesse Qvàta,
dont l'abbaye de Marbach possédait encore tors de la Bévolu-
» Tome n, p. 402.
• Walch, MixceUanea Luciscel., T. T, p. 68.
* Ouvrage consoltô: Gébasd, lu ArHgteê de l'AUaoe au moyen âge.
T. I, p. 67 et soiT.
418
tion un ma^^iifique manuscrit, exécuté en 1154. Suivant
Gérard, il contenait le martyrologue d'Usnard, la Règle de
saint Augustin, le cemraentaire de Hugues de saint Victor
ma eatta rèf^e, las andenneB eonstittttioiia de Ifarbach el un
HoméUairo pour toute Taiinée. Cétait un grand sterne in-
folio de 282 feuillets, enrichi de miniatures par un religieux
de Marbaeh, nommé Smbram, Ce manuscrit portait la note:
Ser^ptmn ut hœ cpmeuhm ah éadm predkta Outa, mmo àb
moarriaHow M verbo MCU V, Sistram était le contemporain
de Guta,
Gérard a cru que ce manuscrit était perdu; il n'en est
cependant rien. Suivant Ignace Chauffeur,' il se trouve
actuellement dans la bibliothèque du grand séminaire de
Strasbourg. 11 consiste en un volume en parchemin in-folio,
dont on a arraché quelques feuillets, mais assez bien conservé.
En tête, se trouve une miniature qui ne laisse aucun doute
sur la nationalité allemande de la religieuse qui l*a écrit On
la Toit représentée à genoux, vis-à-ris de limagier Sintram,
offrant ensemble à la Vierge le livre, fruit de leur travail
commun. Ia légende porte d*un cftté :
Sintrammi, virgo / memor Imjus pauperig esto
de l'autre, du côté de la religieuse:
Fer te, eiirps Jeeee, quod dicor (Guta) d^ecer eeee.
Ce manuscrit ne comprend pas seulement, comme Taffirme
Gérard d*aprè6 Tabbé Grandidier, le martyrologue dUsuard,
la règle de saint Augustin, les commentaires de Hugues de
saint Victor, les anciennes constitutions de Blarbach et
rHoméHaire; mais encore un obitnaire, avec les noms de tous
les bienfaiteurs recommandés aux prières de la communauté»
et, ce qui est plus curieux, un manuel d'hygiène approprié à
tous les mois de l'année. Les préceptes y sont exprimés en
éfJJMot, aaiiée 1818.
vers latins, un peu construits au hasard. Ils semblent contenir
sur la matière médicale, usitée en Alsace au xii* siècle, des
détails très intéressants, surtout en ce concerne l'emploi
de certains simples qui jouent encore de nos jours un grand
rôle dans la médication populaire.
ALBERT DE STRASBOURG
AreUteete (zm* siècle) ^
Les traditions des lo^es maçonniques de rAllema^nie attri-
buent rinveiitioii du style gi)thit|ue i\ Albert de Stra>bourg.
Suivant les livrets professionnels (Steinmetz h'àchh'in), celui-ci
était originaire de Strasbourg et moine dans un couvent de
bénédictins de cette ville; son existence remonterait au
XT siècle et c'est pendant un voyage que le pape Léon IX avait
fait en 1050 en Alsace, qu'il aurait été chargé par ce dernier de
reprendre les travaux de la cathédrale, interrompus en 1028
à la mort do révèque Werinhaire. liais aucun document
authentique n'établit que Strasbourg possédait d*abbaye béné-
dictine pn^rement dite et que Léon IX eut confié à Albert la
direction des travaux de la cathédrale. H n*est pas plus
démontré que cet architecte est Tauteur du style ogival; en
effet, personne ne Ta inventé, il est s'orti naturellement di^
plein-ceintre; quand celui-ci eut cessé de répondre à l'idée
du beau et aux aspirations du sentiment religieux, il fut
remplacé par le p;otbique, beaiuoup i)lus gracieux, plus
élégant et plus élaneé. Albert de Strasbourg n"a i)as vtHu au
xr siècle, comme le rapporte la tradition; il est venu plus
tard dans la première moitié du xiii* siècle, où l'ogive avait
détrôné le plein-ceintre. U est permis de dire que cet archi-
tecte fut le contemporain des maîtres qui, en France, élevèrent
* Ouvrage conaulté : GkaA.iu>, U» Artiste» de l'Aisaoe au moifen âge.
T. I, p. 154 et suIt.
NooTelle Série. — 14"* année.
460 RKVII£ D'&mCS
Notre-Dame de Paris, la Sainte-ChapeDe, les cathédrales
d'AmieiiSi de Chartres, de Laon, de Noyon, etc.
Un auteur allemand, Heideloff. * a émis ropinion qa*Albert
de Strasbourg n*était autre qu*Âlbert le Grand, qui ajourna
quelque temps dans cette vUle, et qu'il aurait appliqué ses
connaissances architectoniques k la cathédrale naissante de
Cologne. Cette hypothèse n'a rien de fondé.
Ce qu'il y a de certain, c'est qu'Albert de Stra-sbourg a
existé et qu'il est probable qu'il a vécu au commencement du
xiii' siècle, sinon plus tard. Ce fut l'un des premiers archi-
tectes qui réunirent en corps de doctrine les principes
d'architecture que connaissaient seuls les initiés, c'est-à-dire
un petit nombre de moines, et qu'il les transporta du domaine
sacré des loges religieuses des monastères dans le domaine
laïque des assodattons bourg^ises.
Feu Gérard* a donné le résumé suivant des doctrines de ce
grand architecte, telles qu'elles nous ont été transmises par
les traditions des ouvriers tailleurs de pierre. On verra que
cette doctrine repose sur des princqies scientifiques que Part
moderne respecte encore, mais qu'elle a été revôtue de formes
singulières, mystérieuses et cabalistiques par les anciennes
corporations, qui considéraient l'architecture comme un art
sacré et secret, auquel le profane ne devait pas être initié.
« Dieu est la source de l'art religieux par excellence, de
l'architecture. La beauté, la puissance, la majesté, l'harmonie
des conceptions de cet art dérivent de la vertu et de la com-
binaison des nombres saints. La science des nombres
harmoniques forme une géométrie sacrée, une mathénmtique
divine, qui gouverne l'architecture comme toute la création.
Pythagore, Platon. Hermès, Trismégistc en avaient découvert
les lois. — La croix de Téglise est déduite de la figure par
> SatAûttc dct lÊSttéUUtên.
' Jrtkitê ât VJlÊaet oh mai/m 49s. T. I, p. 160 et niiv.
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l'alsacb artistique 45L
laquelle Eudide construisit le triangle équilatéraL Ce triangle
est le générateur de Pogive. Les nombres trois, dnq, sept, dix,
doue dominent dans les diverses parties de l'édifice sacré;
leur application n*est point arbitraire on conventionnéUe,
mais imposée par la vérité religieuse et les lois de la nature.
Le nombre trois rei)r(^,si'iite la sainte Trinitt^: cinq est le
nombre des doigts d»' la main buuiaiue, le plus parfait instru-
ment de la création; sept, celui des planètes de l'ancienne
astronomie, des jours consacrés h Tœuvn' de la création du
monde, des Sacrements, des dons du Saint-Esprit; dix est le
nombre parfait ; douze, celui des signes du zodiaque, des mois
de Tannée, des apôtres, etc.
t Le cercle, symbole antique de Tunîté de Dieu et de son
éternité, qui contient à la fois la force et la solidité, est
rinstrument le plus puissant de Tarchitecture positiTo. Com-
biné avec le carré, emblème de Tinébranlable, de Timmuable,
Albert en dérive Toctogone, quMl prit pour principe fonda-
mental du style et de l'art de bâtir. Son système se fondait
sur les i)rupi iétés intrinsèques, sur les vertus qu'il attribuait
au nombre buit, qui fut toujours considéré par les pbil()>oplies
comme le nombre par emdlence. Huit est, en effet, le double
du nombre divin quatre; quatre est la signature de Dku dans
le monde visible, le tétragrammo saint qui ligure le nom de
Dieu dans presque toutes les langues, le nombre des évan-
gélistes, celui des saisons, celui des côtés du carré qui
symbolise Dieu dans l'Ecriture sainte.
c Le triangle rectangle et le triangle isocèle sont la moitié
du carré. Le triangle éqoilatéral engendre lltexagone; un
point au milieu produit le nombre sacré sept
t A ces idées fondamentales correspondaient des applications
pratiques. Quand les côtés du chœur sont engendrés par
l'octogone, le nombre huit se reproduira dans toutes les
parties de l'éi^lise: elle comptera huit travées, huit piliers;
avec riiexaguue, lu nombre régulateur sera six; avec le penta-
gODe, cinq; avec le dodécagone, douze; si la terminale du
cluBar offre trois pans, les fenêtres présenteront trois divi-
sions verticales et trois divisions horizontales ; il en sera de
même pour les antres figures et nombres.
c Les parties inférieures du temple dérivent du carré et se
subdivisent en octogones; les parties supérieures, dominées
dans le triangle mystique, se rarifient en hexagones, en dodé-
cagones.
« LUntérieur du monument a aussi ses proportions sacrées.
La largeur principale doit être égale à la hauteur; Pélévation
des bas-côtés ne doit pas dépiisser les deux cinquièmes de la
largeur totale de l'église; la largeur de la nef centrale est
dans le rapport de deux à sept avec sa hauteur, et celle des
nefs latérales dans le rapport du tiers.
1 Tout l'ensemble comme les détails, se multiplie ainsi
par des nombres mystérieux et harmoniques : les croisées, les
colonnes, les piliers, les arcades, les chi^elles, les autels, les
portes, etc. •
Telle est, en abr^ la doctrine d*Albert de Strasbourg,
laquelle a subi des modifications, des déformations dues à la
crédulité, à la superstition des associations des tailleura de
pierre dee temps anciens. Albert a certainement cru à la
vertu mystique des nombres réputés sacrés, mais sa doctrine,
en traversant les âges, a perdu de sa pureté arti^tiquo rt a
contracté cette forme cabali.sti(jue et symbolique qui nous
étonne et qui est peu compréhensible poui* nous.
LA STATUAIRE SABINE
(xTii« siècle) *
Lorsqu'on entre dans la cathédrale de Strasbourg par le
> Onvrages oomoltés: CMsabd, 2et Jrtiiêm alwiciaw% etc. T. I, p. 100
et MÛT.; — 8ami«Aa% Subm» (Am* «T^élMmOL et 18&1). ete.
L^ALSACB ARTISTIQUE 4BB
portail méridional de lliorioge, les yeux sont frappés par deux
belles statues de femmes qui se troaTont en avant et de
chaque côté du perron. Celle de gauche représente le Jadafenie,
celle de droite le Christianisme. La première a sur les yeux
un bandeau, emblème de son opinlfttre aveuglement; la cou-
ronne i}u elle avait sur la téte gît à ses pieds; ' elle porte dans
sa main droite la hampe brisée d'un étendard; son bras
gauche, pendant et débile, laisse tomber les tables de Tan-
cienne loi. L'attitude de la femme qui représente le Christia-
nhime est pleine de grfice et de majesté ; son regard, assuré
et presque souriant, atteste qu'elle a remporté la victoire sur
Tancienne loi; elle porte une couronne sur la tête; sa main
droite tient une croix, emblème de la foi nouvelle, sa gauche
le calice, symbole de TEucharistie. Ces deux statues, par le
calme sévère et la régularité de leur visage, par Tharmonie
des proportions, la laigeur du modelé et l'ampleur des dra-
peries qui laissent deviner la forme du corps, rappellent les
chefs-d'œuvre de l'antiquité, quoique appartenant à Tart
byzantin par Tarran^iement et la composition. Aussi, depuis
des siècles font-elles l'admiration des connaisseurs.
Ces statues, de même que tout le portail méridional tel
qu'il était avant la Révolution, remontent à la première moitié
du xur siècle. C'est l'opinion de tous les auteurs modernes
qui ont traité ce si^et. '
Quel est Tauteur de ces chefe-d*œuvre ? La réponse h cette
question se trouve dans les deux vers latins suivante gravés
sur le rouleau que tient saint Pierre, l*un des douze apôtres
qui ornaient le portail de Thorloge et qui avaient été sculptés,
comme le Christianisme et le Judaïsme, par le même artiste:
OraHa dwinœ piefoHs aâesto 8amnm
De yttra dura per quum sumfacta figura.
' Cette couronne fat enlevée pendant la Terrenr.
* SommoAiis, Viouit-u-Doo (Dididmiatre d'airchiUectM/n\ GiMJOf
etc.
454 lllfOB 1»*AUACS
Ce qui veut dire: <i ()[h' la fxrAce de la miséricorde divine
assiste Savine, par la([uelle de pierre dure je fus formée en
statue. » Ainsi, c'est Savine ou Sabine qui elle-même inscrivit
son nom, apposa sa signature sur son œuvre.
Mais, par suite d'une faussa interprétation des mots petra
âura faite par l'ingénieur Specklé. celui-ci les traduisit par
Vexpression allemande Steinhach, et en conclut que Sabine
était la fille d'Ërwin de Steinbach, Tun des architectes de la
cathédrale. Cette opinion était tellement préconçue chez lui,
qnll ne 8*aperçat pas même qne e*est le mot ffartenstem qui
est la traduction littérale en allemand de petra dura, et non
Steinbath qui signifie pierre du ruieeeau» Cette grossière
erreur, qui donnait pour père à Sabine un homme qui vécut
longtemps après elle, fut cependant acceptée aveuglément par
Schilter, Schœptiin, Grandidier, Schweighauser, Strœbel, etc.,
et se propagea jusqu'à nos jours. C'est L. Sehneegans, ' savant
aussi modeste qu'éclairé, qui rendit aux mots latins de l'ins-
crijjtion leur sens véritable, qui (lé'iiontra d'une manière
irréfutable qu'Erwin n'était pas le père de Sabine «'t que les
œuvres de celle-ci étaient d'un siècle plus anciennes que les
travaux de son prétendu père.
Mais, alors, quel était le père de Sabine, à quelle famille
appartenait-elle, de quel pays étaitrollc originaire ? Sa nais-
sance est restée inconnue et on en ost réduit à des con-
jectures, n est probable qu*elle était la fille d\in architecte
de Tœuvre Notre-Dame de Strasbourg* qu^elle apprit la
sculpture dans les ateliers de cette cathédrale, dont Técole
artistique exerça une influence considérable en Alsace et
dans les contrées voisines pendant les xu* et xm* siècles.
Schneegans pense que Sabine eut pour père Tarchlteete
Herrmnnn Aurif/a qui, h la tin du xiT siècle, agrandit Icîs
fortitications de Strasbourg et reconstruisit les transepts et
* OuTrage d^à cité.
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L'AUACl ARTVnQUI 465
le ehflMV de la cathédrale qui avait été détraite par plosienn
incendies.
Toutes les sculptures et les statues du portail méridional
étaient dues au ciseau do Sabine; malheureusement la plu-
part furent presque détruites, comme tant d'autres en
France, par le marteau révolutionnaire (1 frimaire au II). La
cathédrale de Strasbourg perdit 235 de ses statues (dont 1(58
furent brisées), et il n'est resté de l'œuvre de Sabine que les
figures du Judaïsme et du Christianisme, la scène représentant
la mort de la Vierge et deux figures du couronnement de la
mère du Saaveur.'Le portail, tel qu'il se trouve actuellement»
a été restauré par des artistes du m* siècle qui ont tftché,
sans y réussir toujours, d*en reproduire ildèlement le dessin
primitil
Louis Schneegans a donné de rceuvre de Salnne une des-
cription complète, résumée comme suit, par Gérard. «Le
portaO méridional de la cathédrale de Strasbourg est formée
de deux portails byzantins accostés. Dans 1*é¥asement de
chacun de ces portails, Savine avait placé les douze apôtres,
trois à trois de chaciue côté. Voici quelle était leur disposi-
tion : au portiiil de droite, la rangée gauche comprenait saint
Pierre muni de la clef symbolique, saint Paul et un apôtre
ordinaire; dans la rangée de droite, saint Luc faisait face à
saint Pierre et était suivi de deux apôtres sans désignation
précise qui puisse les faire reconnaître. La statue qui repré-
sentait saint Paul tenait le phylactère sur lequel était gravé
la fameuse inscription. C'est à tort que la plupart des écri-
vains ont cru reconnaître dans cette statue saint Jean et ont
indiqué le disciple bieo-aimé comme porteur du phylactère.
Saint Jean se trouvait dans le portafl de gauche; il commen-
çait la rangée sénestre dans laquelle il occupait la place
d'honneur, comme saint Pierre de Tautre cdté. L'on n'aurait
jamais dû se tromper sur cette figure. Elle était la seule qui
eut le caractère de la jeunesse ^ de la grâce, type qui con-
m
REVUE D'aLSACB
vient excliuiTement, d'aprte la tradition de l'Eglise, à Tap^tre
saint Jean. A cdté de celui-ci se tronvaient denz ap6tree
innommés. La rangée droite était formée de saint Mathieu et
de saint Msrc ayant le douzième disciple entre eux. Tous les
apôtres n<m évangélistes tenaient à la msin le livre des
Evangiles, emblème de leur œuvre de prédication ; les évan-
gélistes, suivant le symbolisme consacré par Tart byssantin,
avaient révangéliaire placé debout sur la poitrine. Ils avaient
tous la tôte nimbée, et cet ornement faisait corps avec le mur.
« Le i)ilier ^^éparatif des deux portails offrait l'image de
Salomon assis sur son trône, tirant de la niàin droite le glaive
(lu fourreau (lui repose sur ses genoux, et accomplissant sa
fonction de juge. Au-dessus du roi des Juifs se trouvait le
buste du Sauveur ayant le globe dans la main gauche et
bénissant avec la main droite levée.
c Chaque tympan reçut aussi son ornementation sculptée
en bas-reliet Le champ supérieur du tynq^an ganche contenait
la mort de la Yieige. Elle est expirée; le CSirist a reçu son
âme sous la forme touchante d*un petit en&nt qn*il tient sur
le bras gauche ; il bénit sa mère de la main droite. Les douse
disciples, dans Tattitude de la douleur, entourent le lit funé-
raire de Marie, sur le devant duquel Marifr-Madeleine prie et
pleure prosternée. Dans la partie inférieure du tympan, on
voit les funérailles de la Vierge. C'est le simple et austère
enterrement des chrétiens du premier âge. Deux hommes
portent sur leurs épaules un brancard chargé d'un cercueil
que recouvre un drap mortuaire : quelques apôtres accom-
pagnent If^ modeste convoi. A coté du dram»' de la mort
terrestre de Mario, dans le tympan du portail de droite, était
représentée la scène de la glorification réleste, le spectacle de
rspothéose de la mort du Christ Dans le champ d*en-bas, on
voyait TAssomption; deux groupes d*anges adorants se
tenaient sur les côtés; au centre, deux chérubins, un pied
appuyé sur la demi-sphère du monde, emportaient la Vierge
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L*AUIâC8 iMBIIQDl 45V
dans une flottante draperie. La partie supérieure du tympan
figurait le couronn(>ment de la Vierge. Le Christ, couronné
et entouré du nimbe sacré, était assis sur un trône avec sa
mère; il couronnait Marie de la main gauche; deux anj^es
encensaient le groupe centrai. Le Christ et la Vierge; ont
Beuls été savvés de la destruction de Tan IL Â Texception de
ees deux figures, tout ce que je viens de décrire a été refait
par des artiates modernes d'après d'anciens dessins. •
On reproche à Sabine d*aToir, dans les deux statues du
Jttdamne et du Otristianisuie, traité d*une manière inqiarfoite
le corps humain, autant qu'on peut le deviner sous les amples
Tètements du xn" siècle. Mais comme le fidt observer fort
judiciensement Schneegans: c L*arti8te strasbourgeoise n*a
fiiit que partager le vice radical de la sculpture du moyen
âge en général. Mais ce reproche s'adresse plutôt à Tépoque
qu'à l'artiste. Habitués à ne voir le corps humain que revêtu
de draperies qui en marquaient plus ou moins les formes et
les mouvements, les artistes chrétiens étaient hors d'état,
pour la plupart, de le représenter dans sa beauté idéale,
comme le faisaient les artistes de l'antiquité classique qui,
sous le beau ciel de la Grèce et de lltalie, voyaient l'homme
se mouvoir devant eux tel qu'il sort des mains du créateur.
Comment, dès lors, pourrait-on exiger d'artistes placés dans
des conditions si différentes, vivant, outre cela, à des époques,
dans des idées et dans des tendances si différentes, d'arriver
au même résultat, au même dégré de développement et de
perfection, sous le point de vue en question? D*un autre côté,
le génie de l'art chrétien en général, de Part byxantin et
roman en particulier, ne portait guère les artistes vers la
beauté corporelle idéalisée dans sa forme et dans son appari-
tion extérieures. La manière dont le moyen âge et l'église
dominante avaient résumé et fixé la pensée, les dogmes et les
préceptes du christianisme, poussait plutôt les artistes h sub-
ordonner, à sacrifier même la beauté corporelle et matérielle
466
un» B'Aiflâa
à lldéal spiritnaUste fu^ib B*elforçaleDt avuttoat d*attàiidre
dans leurs oravres. De là ces corps amaigris et frêles, souvent
difformes et contournés, tels qa*oa les retrouve dans les
sculptures de Sabine.
t Mais, ajoute Schneegaus, ce que je sais, c'est qu'en dépit
de tous ces défauts, il y a dans les deux statues de Sabine
quelque chose d'indicible, d indéhnissable, quelque chose
d'inexprimable pour la parole, qui attire mon regard, qui me
charme et m'absorbe; qu'à côté de tous ces défauts, et bien
au-dessus d'eux, domine quelque chose de tout idéal, quelque
chose de profondéuLent senti et de profondâment artistique
qui, dans ces statues, me touche bien plus vivement que tous
les défauts, quelques considérables qu'ils puissent être, quel-
que chose qui par un de ces mystères de la nature, provoque
et réveille en moi comme un écho tout harmonieux, et élève
pour ainsi dire mon sentiment à la hauteur et h l*uni88on de
celle de la chaste et pieuse statuaire llalgré ces défisuts,
on sent, en contemplant les sculptures du portail méridional,
que Tartiste qui les a créées portiit en elle un idéal qui 11ns-
pirait et la dominait tout entière, un idéal comme Tétait celui
que Cicéron (iL^hiiit quelque part dans des termes si nobles et
si élevés un porlimt des chefs-d'œuvre de Phidias et de l'idéal
dont ils étaient les sublimes ettets. »
Nous ajouterons que les sculptures de Sabine attestent,
non seulement un génie artistique, mais encore une grande
adresse pratique. Les draperies sont traitées avec une vérité,
une grftce, une légèreté de touche qu'on rencontre rarement
dans les œuvres du moyen ftge. Le costume est d'une grande
simplicité; il consiste en une robe tombant jusqu^à terre et
serrée par une ceinture à la taille. La statue du Christianisme
seule porte en plus un manteau jeté dessus la robe et tenu
sur Tépaule par une agrafe fixée sur la poitrine. Les visages
des deux femmes, qui ont une expression naïve et candide, ne
trahissent ni effort, ni recherche de la part de l'artiste. Sauf
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L'ALSACE AflTISTIQUE 409
les doigts de la main droite du Judaïsme et le manteaa du
GhiistianiBiiie, qui ont été fracturés, ces statues sont assez
bien conservées.
Sabine a dû laisser d*antre6 témoignages de son génie dans
la cathédrale de Strasbourg. On Ini attribue les quatre é?an-
gélistes et les anges sonnant de la trompette qui ornent le
piHer sur lequel repose la yoûte du bras méridional du
transept; la belle ligure au cadran solaire placée dans la
niche du contrefort occidental du portail sud ; la femme; cou-
ronnée et portant un phylactère, qui se trouve dans une
niche au troisième étau;e du Hanc oriental de la tour du sud.
Ces ligures, par les caractères particuliers qu'elles ofirent,
doivent avoir été sculptées par Sabine.
ERWIN DE STEINBACH
Architecte; son œuvre et sa famille (1273-1318) *
Le plus beau monument de l'Alsace et Tun des plus admi-
rables du monde entier est, sans contredit, la cathédrale de
Strasbourg. D*abord humble église en briques et en bois sous
Glovis et les Mérovingiens, elle fut remplacée, sous le règne
de Gbarlemagne, par une construction en pierre qui fut
détruite en 1002 par un incendie allumé par les soldats
d'Hermann, duc d'Âlsace et de Souabe. Werinhaire de Habs*
bourg, évêque de Strasbourpf, la reconstruisit; mais elle fut
de nouveau hrftlée en 1007 par le feu du l icl. Le même prélat
la rééditia, (raju-ès le style roman ( li ii)7-102S); puis elle fut do
nouveau incciulièe en 1130, 1140, IIOU et 1176, et sa crypte
seule fut épargnée.
' Ouvrages consultés: Gérard, ^cs Arfi^fe» df VAlmce an mot/m âge.
T. I, p. lî^O et 8uiv. — Louis Schnkegans, Esmi sur la cathédrale de
Strasbourg. — Piton, la Cathédrale de Strasbourgt etc.
400 UTOI 1»*AUAa
L'architecte SmMmm Awriga, le père probable de la
statuaire Sabine, en reconstruisit, à la tin du xii" siècle, les
transepts et le chœur, (jui a 6té restaur(^ au xrx* si^cle par
Gustave Klotz. L'œuvre (VAuriiia est de style roman, mais on
y remarque déjà, surtout dans les voûtes, quelques traces de
l'ogive qui allait bientôt régner exclusivement dnns les édifices
religieux. Vers le milieu du xuT siècle, un architecte, dont le
nom est resté inconnu, commença la construction des ne&
qui furent à peu près achevées yers Tan 1273 et qui étaient
de style gothique.
Le corps de la cathédrale était ainsi presque terminé, le
chœur roman était réuni au vaisseau central gothique appuyé
sur SCS deux nefe latérales, lorsque Conrad III de Ltchtenberg,
devenu évêque de Strasbourtc en 1273, conçut le beau projet
de donner à ce qui existait (léjil une fa(;ade monumentale, dont
il confia Pexérution à Encin de Steifihach.
De quel pays cet illustre architecte était-il oricnnaire?
Selon TopinioD la plus accréditée, il était né dans le village
de Steinbach, margraviat de Bade, où on lui a élevé de nos
jours une statue due au ciseau du sculpteur strasbourgeois
Fïriederich, et fiit Tauteur de la flèche de Fribourg en Brisgau,
ville dans laquelle Pévêque Conrad, attiré par sa très grande
réputation, serait allé le chercher pour lui confier Taché ve<
ment de la cathédrale de Strasbourg. Mais on doit remarquer
que la tour de Fribourg était déjà terminée du temps de
Conrad I, comte de cette ville (1236-1272) et qu'Erwin ne put
prendre part i\ son rditication.
Une autre version donne i>our berceau à Erwin le village
alsacien de Steinbach, près de Thann. Une troisième opinion le
fait naître à Mayence ou dans les environs de cette ville.
Ëufiu, Gérard prétend qu'il était un maître français venu très
jeune en Allemagne et ayant transformé son nom d'Hervé,
Bervieu, Mrpum, ou Merpwin, de Fierr^ont, depuis plusieurs
siècles assez commun dans Pile de France, en celui d^Srwm
l/ ALSACE ARTISTIULE 491
de Shimboch qui, jusqu'alors, avait été inoonna en AUemagne.
Cet auteur hase son opinion sur le caractère éminemnient
français qu'offrent les parties de la cathédrale de Strasbourg
qui sont TcBUTre d*£nrin, et sur certaines sculptures qu'on y
remarque, tellea que les fleurs de Us, les armoiries de saint
Louis et de Blanche de Castille, les statues équestres de
Glovis et de Dagobert Gérard ajoute que ce ne fut pas
seulement à Strasbouri^ <iu'Krwin ^l'^va sur hipÏLirre certaiuâ
emblèmes qui lui rappelaieut la Franco, mais aussi sur les
murs de réglisc du monastère d'Haslach, dont il commença
en 1274 la reconstruction, qui fut interrompue par un
inceudie arrivé en 1287, et qui fut reprise en 1296 par son
fils Jacques, mort en 1H30.
Quel que soit le lieu de sa naissance, £rwin ne peut être
diminué ni dans ses œuvres ni dans sa gloire, car le génie n'a
pas de nationalité, il appartient à l'humanité tout entière.
Ce qu'il y a de certain, c'est que les monuments qui ont
rendu son nom immortel se trouvent sur le sol d'Alsace, et,
sous ce rapport, il peut être rangé parmi les hommes illustres
de cette province.
Avant de commencer la construction de la façade de Notre-
Dame de Strasbourf^;, il (în acheva les nefs (septembre 1275),
comme cela résulte d"uii document qui se trouvait dans la
bibliothèque de Wolfenbuttel. ' L'année suivante, il posa les
fondements de la fa^^ade, et en 1277 il en commença la
construction extérieure, d'après ce que nous apprend une
inscription qui exista jusqu'en 1720 sur le portail gauche:
Anno Dom, MCCIiXXVlI m die heati Urhani hoc ghriœtm
^ Anno Dom. MCCLXXV, 7 id. t^HgOianatMtatiâbeata Virginit
eomphta est structura média Ustudinum mperionm et totius fahriem
preeter turres anleriorcs eccîesiœ argetitittensis, régnante Buâolfo lioma-
nortim rege, regni ejus i^ecundo, qui atinns elrrdotiis ejns secutidus est
terminutus et eiajpsus feria aecunda prosnma jpost nunc instans festum
Midutèlù.
468 iim D*AUMi
opHsmcoavUmaçitterErwmuideStemh^
Erwin adopta firanchement le style ogival qui llorissait alors
en France.
H travaillait .sans relâche à Tédification du portail, lorscjuc,
le 14 août l'iUS, un incendie terril)l(' détruisit tuut le tiuarticr
de la cathédrale et i inionimaffea une grande partie de celle-ci.
Erwiu fut obligé de rebâtir la partie supérieure des nefs, et
ce travail retarda tellement la construction de la liacade, qu^il
mourut sans pouvoir l'achever, et que ses successeurs y
apportèrent de si grands changements qu'ils dénaturèrent la
belle conception de son génie.
D*après les plans d'Erwin qui se tronvent encore dans les
archives de la maison de TcBuvre Notre-Dame (Framnlum),*
la façade devait avoir deux étages, dont le premier compre-
nait les trois portails, et le deuxième la grande rosace centrale
avec les deux fbnêtres migestuenses des tours. Deux flèches
jumelles et semblables devaient surmonter les portails laté-
raux. Cette conception générale était conforme aux idées et
au style de l'époque; elle avait été admise pour la cathédrale
de Colouiie. Les deux flèches de Strasbourg eussent probable-
ment ressemblé h celle de Fribourg et présenté la forme
pyramidale qu'affecte cette dernière. Au-dessus de la rosace,
on eût vu émerger le piunou et la toiture de la grande nef.
L'aspect de Téditice, dans ces conditions, n'aurait peut-être
* Parmi les dix-huit plans se trouvant dans ces archives, les plus
anciens seraient de la main d'Erwin ou auraient été exécutés sous ses
yeux. En Toici U descriptioii sommaire : I, esquisse du c6té gauche de
la fitçade ; II, vue intirienre des deux étages inférieurs; m et 17, deux
«sqnîsses représentaot ces étages à lUntériaar. On est frappé detroaTer
dans ees quatre plans primitifb la fiiçade rédnite anx denx étages infé-
rieurs, y et YI, deux esqnisses conçnes dans nn système analogue à
celui des dessins précédants, parai8sa.nt appartenir à peu près à la
même époque, mais provenant d'un artiste inféripur à Erwin. Los dmizn
autres plans appartiennent à des époques postérieures, c'est-à-dire aux
XIV* et XV* siècles. (Voir Gérard, ouvrage déjà cité, t. i, p. 231 et suiv.
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l'alsace artistique 463
pas été aussi sarpraunt que celui qu'il ofire à nos yeux, mais
les formes auraient été plus harmonieuses entre elles, mieux
proportionnées avec la nef et plus confbrmes au style ogival
Erwin put achever les deux étages de la tour méridionale
et seulement le premier étage de la tour septentrionale ; quant
à la rosace de la façade, ce n'est pas lui qui la construisit,
car elle ne put l'être qu'après rachèveraent du deuxième étage
de la tour septentrionale sur hiquellc il fallait nécessairement
qu'elle s'appuyât, aussi bien que sur celle du midi. Ce furent
ses tils, Erwin II et Jmn dit WirUin qui continuèrent son
œuvre.
Ërwin est l'auteur de plusieurs autres édifices, ou tout au
moins des plans d'après lesquels ils furent construits. C'est
lui qui, comme nous l'avons é^k dit, commença en 1274 (et
peut-être d^ en 1273) la reconstruction, d*après le s^le
gothique, de Vég^ du couvent d'HasIach, construction qui
fut continuée en 1295 par son fik Jacques, qui mourut en
1880, en tombant, dit-on, d*un échafaudage de la tour dont il
voulait surmonter ce beau monument
Erwin avait préludé à son œuvre capitale, la construction
de la façade de la cathédrale de Strasbourg, par plusieurs
ouvrages exécutés dans l'intérieur même de cette basilique.
On lui attribue la décoration de la belle colonne du transept
méridional, appelée le pilier des anges ou la colonne d' Erwin,
Mais ce n'est qu'une supposition ; nous avons vu, en parlant
de la statuaire Sabine, que les statues qui ornent ce pilier
ddvent appartenir à cette femme artiste. On attribue encore
à Erwin le transept septentrional et la balustrade orientale
de la croisée; mais c*est Hermann Anriga qui en fut Tarchi-
tectOb
EnHn est Fauteur de la cs^psOs de la TUarge oad^Ja ijiSU,
qui fut achevée en 1316 et détruite en 1681 ; c'était la merveille
de la cathédrale ; elle était ornée de statues, de bas-reliefil,
de sculptures et de peintures admirables.
444 niWK d'al&ac»
On a pr(^tendu qu'il créa le mi^iique jubé qui s^arait
les prêtres du chœur des laïques, et qui eut la m6me destinée
que la chapelle de U Vierge; maïs c*était r<Ba?re de Tarchi-
tectedes oefe.
Nous avons vu que c'est par erreur qu'on a cm qu'Erwin
était Tauteur de la flèche de Frïbouig en Brlsgau. D ne le fut
pas d'avantage de l'église Saint-Thiébaud de Thann, dont la
construction remonte, il est vrai, aux premitoes années du
xiY* siècle, mais à laquelle aucun titre sérieux ne rattache le
nom il Erwin. La uof de cette église ne fut couiinencée que
quatorze ans après la mort de cet artiste; et si la coustructioa
de ses beaux portails remonte à l'époque oii il vivait, rien ne
dénote son style ni sou génie. La première mention que la
chroniiiue des Franciscains de Thann fait d'un architecte de
Saint-Thiébaud se trouve seulement sous la date de Pan 1386:
c'est maître Jean Werlin. La flèche de cette église, qu'on a le
tort de comparer quelquefois à celles de Strasbourg et de
Fribourg, ne leur ressemble point et remonte au zn* siède.
U est présumable que c'est Erwin qui reconstruisit ou
restaura les fortifications du château épisoopal d'Isenbouig à
Boufiach (1278X et celles de la ville de Lichtnau ; qu'il fournit
les plans du monastère de Rhinau (1290-129i), qniftit englouti
par le Ehin au xvr siècle, et ceux du mausolée de l'évèque
Conrad de Lichtenberg, qui fut tué en 139!), mausolée qui se
trouve dans la chapelle Saint-Jean-Baptiste de U cathédrale
de Strasbourg.
Il peut se faire encore qu'Erwin ne soit pas resté étranger
à la construction ou à l'agrandisst'ment de certaines églises
de Strasbourg, telles que Samt-Guillaume, qui fut bâtie de
1300 à 1306, Saint-Pierre-le-Jeune, dont la nef fut renouvelée
en 12D0 et le chœur achevé on 1319 ou 1320, l'église des
Dominicains ou Temple-Neuf, dont le chœur fut construit de
1308 à 1345. Il a peut-être aussi dirigé la construction du
château et de Thdpital de Molaheim (1316).
•
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m
Erwin de Steinbach mourut à Strasbourg, le 17 janvier 1318;
c'est ce qui est établi par son épitaphe qui, avec celles de sa
femme et de Jean Erwin, se trouve gravée sur le contrefort
oriental de la chapelle de Saint-Jean : Amo Dom. MCCCX VIII
ZVI Kl. feèruarii 0 magr, EneinuB jfubm^^ eeeUê
argnt, T.
n légua à k cathédrale son ehe? al et une rente de qnatre
oncea pisnnîng, monnaie de Strasbourg. Sa femme Sma,
i^pelée aussi €^«rtrudê par certains documents, l'avait pré-
cédé dans la tombe le 12 des calendes d*août (21 juillet) 1316.*
On a cru, d*iq»rès un auteur strasbouigeols,* qu'elle était
statuaire et qu'elle aida son mari dans ses travaux ; mais elle
ne fut rien moins qu'artiste ; elle était prosaïque, positive et
méchante, blasphémant contre le génie de son époux et
maudissant ses nobles aspirations.
Erwin fut enterré dans le petit cimetière qui se trouve
entre la chapelle Saiut-Jean-liaptiste et le grand séminaire,
cimetière qui paraît avoir été spécialement affecté comme
lieu de repos aux architectes et tailleurs de pierres de la
cathédrale. On y voyait jadis les pierres funéraires do Jean
Httltz le jeune, qui acheva la flèche de la cathédrale, et de
Jacques de Landshut, l'auteur du portail Saint-Laurent
Aujourd'hui il ne s'y trouve plus que les épitaphes d'£rwin,
de sa fenune Husa et de Jean Srwin.
Ona cru longtemps que ce Jean Erwin était le fils d*Erwîn;
on se basait sur l'inscription suivante, gravée sur le contre-
fort oriental de la chapelle SaintJean-Bq^tiste: Amù Dm
MCCXSXXXVIIl X7 KL mrUit 0. magisier JbAawief/Qtiis
Bneini magn opris t^jui êcee; ce qui veut dire: En l'an du
Seigneur 1339, le 16 des calendes d'avril, mourut mettre Jean,
iils d'Erwin, maître de Tœuvre de cette église. L. Schneegans
' Anno Dom. MOCCXVl XII KL migtuti 0 âma BMMk%utorma§ri
JEnoini (épitaphe).
' M. DB EsNTziNaBB, Choscs mémortMeê du vieux tempt.
MovTeUe Série. - If aooé». 80
466 wanm »*AiJMa
et Gérard ont démontré que ce Jean n'était pas le hls d'Erwin,
mais son petit-tils, et (^u'il avait pour auteur Ërwin II, tils et
successeur d'Erwin I.
Gérard établit ainsi la généalogie d'Erwin I : Erwin II, qui
mourut après Tan 1339 et qui eut pour fils meâtre JeanSnom
dté dans l'inscription susdite ; Jaeguei, qui continua la cons-
truction de TégUse d*Hasladi, commencée par son père, et
qui mourut en décembre 1830, comme le témoigne l^criptîon
de son tombeau qui se trouve dans le cloître d*Haslac]i; enfin
Jêon, dit WkiUnt le plus jeune des trois frères, qui décéda
▼ers Pan 1348 et laissa deux enfants, Jean et €^erirude,
On ignore si Erwin I eut des filles ; ce qu'il y a de certain,
c'est que la statuaire Sabine ne descendait pas de lui, puis-
qu'elle vécut plus d'un siècle auparavant.
Selon Schiiee^îans, ' Erwin II et Jean, dit Winlin furent
investis simultanément des fonctions d'architecte de la cathé-
drale après la mort de leur père. Gérard prétend, au contraire,
qu'Erwin II dirigea seul la continuation des travaux de cet
édifice, et que ce fiit seulement après sa mort que son frère
Jean lui succéda dans sa maîtrise.
Ce qui est certain, c^est que les deux frères édifièrent le
deuxième étage de la tour du nord et la rosace centrale de U
façade (1318-1848). Quant au troisième étage des deux tours
et de la façade, qui n*aura!t pas dû exister sf Pon avait respecté
les plans d'Erwin I, il doit être attribué aux successeurs des
tils de celui-ci. C'est ainsi (^ue le troisième étage des tours est
dû h Gerlach (1348-1355) et h Hultz-le-Vieux, de Cologne
(1355-1365). Une fois cette œuvre terminée, on put songer à
exécuter le massif central qui surmonte la rose du grand
portail, et c'est Cuntz (1382-1383) et Michel de Fribourg
(1383-1390) qui en forent chargés.
Schweigfaauser (Vuet pUkresguet de la cathédralej a pré-
* Epitapbe d'Erwin.
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tendu que l'idée d'élever sur la plate-forme de la cathédrale
la flèche prodigieuse qui la surmonte, appartient aux fils
d'Erwin. Mais peut-on accepter cette opinion ? La piété filiale
et l'admiration qu'ils devaient avoir pour leur père, leur
imposaient le devoir de suivre fidèlement les plans qu'il avait
laissés, et chercher à les mener à bonne ûn devait ôtre an
but assez élevé pour leur ambition.
Lldée d*ériger une flèche, peat4tre deux flèches, snr la
plate^brme» n*a été conçue que vers Pan 1365 et doit revenir
à Hnlts-le-Vieox, Hais ce n'est pas lui qui construisit la tour
octogone qui sert de base à la flèche pyramidale; cette tour
n*a été érigée que dans la dernière partie du xrV siècle.
Specklé place la construction des quatre tourelles à l'année
1384; Wirapheling, la fermeture de la coupole à 1405, et
Jérôme Guelnviler donne la même date à la quatrième voûte
qui termine la tour octogone.
n restait, pour compléter Tœuvre entière, à construire la
pyramide. En 1429, on fit venir de Cologne Jean Hults le
Jeune, qui termina la flèche en dix années et l*inaugura le
24 juin 143».
Le magnifique portail septentrional de la cathédrale, dit
portail Saint -Laurent à cause du martyre de ce saint qui y
est représenté, fut construit de 1494 à 1505 par Jacques de
Landsliut ; le baptistère, œuvre de Jost Dotzinger de Worms,
remonte à Tan 1453; enfin la chaire, chef-d'œuvre de
Hamerer, fut sculptée en 1486 et illustrée pendant quatorze
ans par Téloquent prédicateur Jean Geylor, de Kaysersberg.
468
L£ COUVENT D£S DIiT£RLIl^D£N D£ COLMÂR
et m oaUigraphM Oatheriiie à» Qebesirailar, Oertrode de
Biieiufelden et Adélaïde d'Epfig
(xm* ei zzT* sièclw) *
Au moyen ftge Golmar a possédé un couvent de Dominicaines
renommées pour leur ascétisme et leur mysticisme, lesquelles
cultivèrent aussi avec succès Part de la calligraphie et de la
miniature. Les Vnterîinie», tel est le nom de ce monastère,
forent construits de 1352 à 1269, sur remplacement «Tune
maison ombragée âe UBeuXt. H n'en reste pins que le clottre
et la chapelle qui sont occupés de nos jours par le musée et
la bibliothèque de la ville.
Parmi les prieures de ce couveut il y en a eu une, Catherine
de Gebesweiler, morte vers l'an 1330, qui a laissé un manu-
scrit, propriLté de la bibliothèque de Colmar, intitulé de Vitù
primarum soronim monasterii liber, petit in-folio do 141
feuillets à deux colonnes. Il a été publié d'abord par dom
Bernard Fez dans sa bibliothèque ascétique (tome VIII, p.
1-399), puis traduit en allemand par le chartreux Mathias
Thanner, enfin réimprimé en 1863 à Batisbonne par Louis
Clarus. Ce manuscrit ne présente aucun caractère artistique;
il n*a d'importance qu'au point de vue de Thistoire du mysti-
cisme au moyen ftge, car il contient le récit des extases des
convuMonnaires des Unterlinden; il mentionne en outre les
noms de deux callignq^hes de ce couvent
L*une d'elles est Gertrude de Khdnfelden qui, pendant de
longues années, transcrivit avec un zèle et une merveilleuse
habileté des livres du chœur et beaucoup d'autres ouvrages,
et ht singulièrement remarquer dans ces travaux, sans
' OvTrages consultés: Ristklhubkb, l'Alsace ancienne et moderne,
article sur Colmar. — GjbuaD, les Artistea de l'Alsaoe au mojfm âge.
T.lfpanim; Ht.
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L ALSACE AHTISTlQUe 469
toutefois négliger ses devoirs de religieuse. Suivant domPitra,^
elle copia des livres et les enlumiiia d'ors, de lettres ornées
an mimm et décorées d*arabesques d*aziir. Elle vécut dans
la seconde moitié du zm* siècle et au commencement dn xn*.
Est^e Panteur de certains des manuscrits provenant des
Unterlînden de Oolmar et appartenant à la bibUothèque de
cette ville? CTest probable, mdme certain, car tous ont été
écrits et enluminés par les religieuses de ce couvent, mais
aucun ne peut lui être b])»''cialenient attribué.
Nous ne parlerons pas des récits légendaires qui ont
entouré le nom de Gertrude de Rheinfelden, récits qui donnent
une idée exacte du mysticisme excessif qui régna sur les
Dominicaines de Colmar; on peut se reporter à cet égard au
livre de M. Gérard. '
La seconde artiste calligraphe des Unterlînden de Colmar
mentionnée par Qertrude de Gebesweiler est Adélaïde d^Epfig,
qui vécut dans la seconde moitié du zm* siècle et au com-
mencement du znr. Elle entra au couvent dès sa plus tendre
en&nce et s'occupa à transcrire avec une grande élégance
plusieurs ouvrages, principalement des livres liturgiques à
l'usage du chœur. Mallieureuscinent elle a oublié, comme son
émule Gertrude de Rheinfelden, de signer ses œuvres qui
doivent se trouver parmi les manu^scritâ de la bibliothèque de
Colmar.
Adélaïde d'Ëpfig a laissé, comme presque toutes les nonnes
des Unterlînden, une trace profonde dans Thistoire du mysti-
cisme catholique. 8a supérieure, Catherine de Gebesweiler,
a raconté sa vie ascétique et remplie d*eitases, dans l*nne
desquelles die avait appris llieure eiacte de sa mort
' Lettre m père LMOidtire rar le eooTent dei Unterlindeii, 1864.
' Oanefe cité. T. I, p. 969 et loi?.
470
REVDE D' ALSACE
LES WURMSER
Peintreg (ldOO-1360) '
Dus les dernières années du xnr siècle, un peintre, dont
le nom n'est eonnn qne par celui de ses iils, WwrmÊtr, quitta
Strasbourg, sa ville natale, et alla s'étsblir en Bohême. Il
emmena aTee lui son fils CmiM, dit U BoMmê, frèn de
Ifteotoê le peûOre, Ce dernier était resté en Alsaco et n'kQa
que plus tard se fixer h Prague.
Si Cuntzel est surnommé le Bohême, ce n'est pas parce
qu'il naquit dans cette contrée, mais parce qu'il y fut élevé et
qu'il en adopta la nationalité. Cuntzel, dont la profession
était celle de peintre, fut chargé par l'empereur Charles IV
de décorer les édifices qu'il avait fait construire. Lorsque son
firère Nicolas alla le r^oindre à Prague, il travailla avec lui
aux peintures murales du Karlstein; mais il est difficile de
connaître c^es qui sont de sa main. Cétait un très bon
peintre, et c'est surtout dans les portraits qn'Q excellait
Cest en Tan 1348 qne Nicolas Wurmser alla se fixer à
Prague, oii Tempereur l'avait appelé pour concourir, avec son
frère Cuntzel et d'autres artistes à la décoration du ch&teau
du Karlstein et des églises de la ville.
On n'a aucun renseignement sur Nicolas avant son départ
de Strasbourg, où il exerçait sa profession de peintre. Il n'a
laissé dans cette ville aucune œuvre connue ; mais sa réputa-
tion devait déjà avoir acquis une certaine notoriété, puisque
Charles IV l'attira en Bohème. C'est seulement à partir du
moment qu'il travailla aux peintures du Karlstein, que
l'histoire parle de lui. n devint l'un des peintres favoris de ce
monarque qui, le 6 novembre 1369, lui accorda le privilège
suivant: c Nicolas Wurmser de Strasbourg, peintre de l'em^
* Onrra^ consoltés : GéRABD, les Artistes de V Alsace au moyen âge.
T. I, p. 344 et BuiT. — E. Muktz, de quelques monwMnto d» Part alsa-
cien oMêervii à Viemte (Bévue d'Meaee, 1872).
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L'aLSACB ARTISnQUB 471
pereur, en considération de son art et de ses soins diligents
pour décorer les lieux et les châteaux dont il a été chargé,
pourra disposer de ses biens, faire des legs ou des donations,
instituer des héritiers, comme U le jugera convenable et sans
aucune considération du droit en vigueur, des us et coutumes»
ni des règlements ftituis. •
L*année suivante, Charles IV Tafiranchit de tous cens et
impositions sur la maison et les terres qu'il avait acquises
non loin de la ville, près du domaine de son mattre et ami
TIiL'odoric de Prague, Tun des fondateurs de l'école de
peinture de la Bohême. Dans le diplôme où il lui caccorde
cette faveur, Tempereur l'appelle »20<; ti t/ier et JamUier peintre
Nuolwt, et ordonna à ses oôiciers, sous peine de disgrâce, de
ne point lui réclamer d'impôts.
A partir de Tan 1360, on ne trouve plus trace de Nicolas
Wurmser; on ignore la date de sa mort, s'il revint eu Alsace
ou s'il termina sa canibre en Bohême.
Lui et Thomas de Modène, qui se trouvait à la même époque
à Prague, produisûrent une révolution importante dans Tan-
cienne école allemande de Cologne, en y introduisant le
sentiment, les procédés et les innovations de Part italien. Les
œuvres que ces deux peintres ont laissées, prouvent qu'ils
étaient presque des artistes italiens.
Nicolas Wurmser a exécuté de nombreux ti-avaux en
Bohême ; il a orné de peintures plusieurs châteaux impériaux,
principalement le Karlstcin qu'il décora de concert avec son
frère Cuntzel le Bohême, Théodoric de Prague et Thomas de
Modène. Mais il n*est pas fsdle de distinguer Tœuvre de
chacun de ces artistes. Suivant les auteurs qui se sont
occupés de Nicolas Wurmser, ' les peintures qu'on peut lui
attribuer sont les suivantes : Dam la coUégiak du KurUkm :
^ OiBABD, onyragc cité, t. I, p. 353 ot suiv. : Pbixisser, Wiener Jahr-
bikher, p. 114, et Naqlsb, KiinsUer-Lexikon, XXII, p. 132.
47S
EBVUB »*AL8ACB
V Charles IV présentant à son lUs atné Wenceslaa une wia;
2* Charles IV offrant une iMgne à son fils Sigismond ; 8* rem-
pereur agenonillé et prostmé defant un autel, revêtu de
ses ornements impériaux et couronne en tdte. Wagen * attri-
bue ces peintures à Cuntiel;i* une femme apoealyptiqne
debout sur la lune et portant un enfuit nouveau-né dans ses
bras. Cette fresque, qui est un dos principaux morceaux du
Earlstein, doit d'aotautplus être attribuée à Wurmser, qu'elle
ne présente dans la composition et l'exécution aucune ana-
logie avec les œuvres de Théodoric de Prague et de Thomas
de Modëne ;
Dam la chapelle Sainte-Catherine du même château : 1" une
fresque représentant les bustes de l'empereur Charles IV et
de sa femme [ les ^ux tiennent des deux mains une croix
d*or volumineuse, rehaussée de pierres précieuses et se t^
minant aux extrémités par des feuilles de roses quadrilobées.
Les tdtes sont ceintes d*une riche couronne d*or parsemée de
Joyaux. L*artiste a r^résenté Tempereur sans le flatter, avec
sa nature lourde et épaisse, ayant une barbe imposante et de
longs cheveux; son n|juiteau est do drap d*or, fort raide, sans
aucuns plis et orné çà et là d'aigles brodés. Par contre, Tmi-
pératrice est très béUe de visage, douce en même temps que
majestueuse; une riche et longue chevelure ondoie sur ses
épaules couvertes d'un manteau écarlate fermant sur la poi-
trine et enrichi de broderies d'or. Cette fresque, très bien
conservée, est dominée par une ogive, et le fond de la peinture
est en or et formé d'un quadrillai^e par^^élné de roses qui imite
un t^)is de brocard; 2" sur le mur de gauche se trouvent sept
têtes r^résentant les images des patrons de la Bohême ; ces
figures sont trto détériorées et ont subi, il y a environ deux
siècles, des restaurations déplorables; 3* dans une niche
d*autel se trouve la Vieige avec Teniluit Jésus, accostée de
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PempewM et de llnqpéntriee. Cette peinture eit très en-
dommagée.
Dans Véglise Sainte-Croix du même édifice les peintures
qui s'y trouvent n'appartiennent pas, suivant les auteurs
précités, à Wurmser. KuRler, ' au contraire, ainsi que Waagen,"
attribuent à cet artiste les grandes fresques peintes aux
voûtes des fenêtres et reproduisant les scènes et les person-
nages suivants du Nouveau Testament: r l'Eternel assis sur
son trône, entouré du chœur des anges, tenant lee sept étoiles
d'une main, et de l'autre le livre aox sept sceaux; 2° Padonir
tien de Tagneau par les vingt-qnatre vieillards; 3* TAnnon-
dation ; 4* la Visitation ; 6* radoratibn des Mages ; e» le Cbiist
aTOC Marthe et Marie; 7* Madeleine anz pieds du SauTenr;
8" le Christ an jardin des OliTiers; 9* la résunrection de
Laiare. Ces peintnres, qui réfèlent un génie créateur, nn
sentiment profond du bean et une habileté de main oonaidé-
rable, sont presque entièrement détruites. Sur les murailles
de Pescalier qui, dans la grande tour, conduit à la chapelle
de la Sainte-Croix, se trouvent des fresques très détériorées
retraçant la légende de saint Wenceslas et de sainte Lumiile;
mais il est peu probable qu'elles soient de Wurmser, car elles
n'offi*ent pas la largeur et la puissance de composition qui
distinguent les œuvres de cet artiste.
J)an8 la cathédrale de Prague, les fresques décoratives de
saint Wenceslas sont' attribuées, en partie, à Nicolas
Wurmser. Ces fresques forment deux séries ; la supérieure qui
reproduit les scènes de la vie de ce saint, n*a pas éte peinte,
soîrant les meilleurs critiques, par notre artiste; la série
inférieure, représentant les actes principaux de la rie du
Christ, ont un tel rapport de parente avec les meilleures
œuvres dn Karbtein, qu'on peut sans craindre de se tromper,
« Kleiné Schriftm, H, p. 498.
* Ouvrage dé^à cité, I, p. 63.
474
RSVUB D'ALBàCI
leur donner Warmser ]»oiir auteur. Certaines sont masquées
par Pantel et d*autroB oljets mobiliers; celles qui sont visibles,
an nombre de sept, représentent Jésus devant POate, le
Gmeifiement, la Mise au tombeau, la Résurrection, TAseen-
slon, la Penteeôte, saint Pierre et saint PauL Dans la Bésur-
reetiouf la figure du Christ est empreinte d*une expressfon de
grandeur que les outr^çes du temps n'ont pu altérer. La
scène de la Pentecôte oftVi? riiuage touchante de la Vierge,
entourée des apôtres, la tête inclinée vers la droite, les mains
jointes pour prier. Les images de saint Pierre et saint Paul
sont empreintes de la force de caractère et de la puissance
intellectuelle que possédaient ces deux fondateurs de l'église
chrétienne. Ces fresques sont entourées d'un encadrement de
pierres précieuses d'une grosseur remarquable, ench&ssées
dans une suite de chAtons qui forment un cordon étincelant.
On ne connstt de Nicolas Wurmser qu*un seul tableau
mobUe, le Ckrût en orots^ qui se trouve dans la galerie du
Belvédère à Vienne; il porte la date 1357 et provient de la
chapelle sainte Catherine du Karlstein; les victoires de
Nspoléon I** en avaient enrichi le musée du Louvre, et,
après 1816, il fiit restitué à TAutriche.
M. E. Ifuntz, * qui a vu et étudié cette peinture en psrle de
la façon suivante: « C'est un tableau sur bois de six pieds
sept pouces de hauteur, sur quatre pieds neuf pouces de
largeur. Le Christ, fixé sur la croix par trois clous, laisse
pesamment retomber sa tête; à sa gauche st; trouve sa mère,
qui joint les mains et prie avec ferveur et résignation;
de l'autre côté, saint Jean appuyant sa joue sur sa main
droite par un de ces gestes naïfs et câlins, si chers à Técole
de Bohême. L'aspect de cette peinture est boueux, terne et
lourd, et l'emplacement qu^elle occupe entre deux fenêtres et
à contre-jour ne contribue pas à lui donner plus d'éclat Sa
' Oamee déjà dté.
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L'ALSACE ARTISTIQUB 475
eonleor contraste dognlièremeiit aTee le ton dair et tnna-
faieide des antres tableaux de la même ^^ue et de la mdme
école, qne renferme le Belyédère, notamment avec le Saint-
Augnstin et le Saint-Ambroise de Théodorie de Prague. Le
dessin n'estpas moins défectueux; les draperies sont d'une
exécution sommaire et boursouôiée; les mains et les pieds
massifs, grossiers, infonnes comme s'ils étaient de bois; les
figures rondes et vides. Mais l'ensemble ne manque pas d'une
certaine grandeur, et les habitudes de la peinture murale et
monumentale, plus familière à l'artiste que la peinture sur
bois, peuvent expliquer et en quelque sorte atténuer ces
imperfdctions* •
On est unanime pour reeonnaitre que, malgré ses dé&uts,
Wurmser doit dtre rangé parmi les plus grands peintres de
rAllemagne. Dans ses OBUvres, fl a fidt preuve d*une habileté
d'exécution, d*nne puissance de création et d'une indépen-
dance qui en font un maître original, auquel PAlsace doit
être fière d'avoir donné le jour.
ULRICH RITTER
Architecte (xiv* siècle) *
Ulrich Kitter, né à Strasbourg, au commencement du xiv*
siècle, reçut son éducation artistique dans les ateliers de
cette ville sous la direction du célèbre Erwin de Steinbacb
ou de SCS fils. Sa renommée, comme architecte, s'établit
promptement en Allemagne et pénétra jusque sur les bords
de la Baltique. Ludolphe Kœnig, seigneur de Weitzau, grand
maître des chevaliers teutons, qui résidait à Marienbourg,
avait résolu de construire à Dantzig, tombé en 1310 au
' OoTrages ronsnltés: Hibsch, die Oher-^ankirdu wm S(mei'Mairim
Al IkmUig, ; Gxbabd, I, p. 281 et 282,
47C . HfDI 9*àtMa
pouvoir de son ordre, uie é^^bè sur le plan de celle de
Sainte-Sophie de Constantinople. Dans ce but, il diaigea
Bitter, en 1341, d'aller dans cette ville pour y étudier Var-
cbitecture de sa basilique et lui en rapporter des plans exacts
et détaillés. Notre Strasbourgeois passa deux années dans la
capitale de l'empire grec, et à son retour, en 1343, il commença
la construction de Sainte-Marie de Dantzi}?, Tune des plus
vastes et des plus belles églises de TEuropc. Entièrement en
briques, cette église a cent vingt mètres de longueur, qua-
rante-quatre de largeur, et sa voûte, de quarante-un mètres
d'élévation, est soutenue par vingt-six piliers d'une légèreté
et d'une hardiesse étonnantes. Elle renferme cinquante char
pelleB placées sur des caveaux funéraires.
Bitter n*eut pas le temps d'achever son oauvre; c'est à peine
8*0 put la voir s'élevor au-dessus du soL Elle ne fot tenninée
qu'en 1603, sous le règ;ne des rois de Pologne. On ignore
l'époque de la mort de cet artiste.
WOLVELIN OU WŒLFELIN
Sculptear (xiv« siècle) '
Le plus illustre sculpteur de l'Alsace au xrv* siècle fut
mettre Wolvelin, de Rouffach. D'abord tailleur de pierre et
maître de l'oeuvre de la belle église Saint-Arbogast de cette
ville, fl alla s'établir vers l'an 1341 à Strasbourg, oh il fut
reçu membre de la bourgeoisie et exerça jusqu'à la fin de ses
jours la profession de sculpteur. On ignore l'époque de sa
naissance et celle de sa mort; il résulte de certain document^
qu'il ne vivait déjà plus le 10 octobre 1355.
On ne connatt de Wolvelin que deux monuments qui
portent sa signature authentique. L'un est le tombeau
' Ovmge consulté : OéRiRo, tome I, p. 80 tl mlv.
L'ALSACB ARTISTIQUE
477
dlmeiigsrde, TeuTO d'Hermann ¥ de Bade, qui se trom
dans Véf^àBe de Tabbaye de lichtenthal qa*eUe avait fait
construire en 1245. L'autre, qu*ott peut TOir dans révise
Saint-Guillaume de Strasbourg, est le mausolée dlTlrie de
Werde, landgrave de la Basse-Alsace, et de son frère Pbilippe,
chanoine de la cathédrale de Strasbourg. WoWelin le senlpta
en 1344. « La dalle, dit Gérard, qui recouvre le tombeau des
deux frères, présente l'eftigie eu relief de Philippe, les mains
jointes et recouvert de ses habits sacerdotaux, ayant un chien
couché à ses pieds. Deux lions, assis aux deux bouts de la
dalle tumulaire, supportent une table funéraire exhaussée,
sur laquelle est couebée la statue du landgrave Ulrie en
costume de guerre, le morion en tâte, la cotte de mailles au
corps; à son côté droit est r^»âe nue, ainsi que les gantelets,
symboles de la puissance nobiliaire et militaire; deux lions
sont à ses pieds. Sur le lit de pierre oti repose le landgrave,
on lit: Meiêter WciMm v<m Sufat^ mJmrger mu Stroêburg
âerM ékê Wmic gmacM. Ce monument est Tun des plus
beaux morceaux de la sculpture alsacienne au moyen âge ;
le meilleur, peut-être, par la vigueur du dessin, la correction
de la forme et la sûreté du coup de ciseau. Il révèle un sta-
tuaire de forte trempe, unissant la sévère précision de Tidée
à la vive expression de l'image. »
P.-E. TUEFFEBD.
L£S
EX-LIBRIS DANS LES TROIS ÉVÊCIIÉS
METZ — TOUL— VERDUN
lî)o-2 — 1790
Mi'
Abbije roy«l« de âaiià&-Aiiuni]d
lÀhvr Smndi ArmUffi, Métmm wrbù «ptKxgii; aufermiH
nt anaffuma (zr siècle).
lÂbêr SancU Amul^ fi gjm abtitHferit anathmiamL*
lÀber est SanàH AmulphL
Arffuat Armdphus raptorem eoé^m huguM,
Monasterii Sandi Amulphi metentù.
Ex-lilj)-is Sandi Arnulphù
liegaiis Abbatiœ S. Amulphi Metenm, 1759,
Saficti Amulphi, 1704.
Les religieux s'étaient acquis «de nouveaux droits à la
reconnaissance publique», car, non contents d'avoir publié
rhistoire de Metz, pour laquelle ils avaient reçu de la ville
600 livres pour les aider à faire graver les planches, ils avaient
résolu de rendre publique leur belle bibliothèque, dont la
Balle» Bituée aa premier étage, avait soiiante^nit pieds de
' Voir les lirraisons du dernier trifflflttrt 1881 et des premieTi second ei
troisième trimestres 18ti2.
* Pois MarancUha, idtstpereatinucitndoadimiuIkmim{voAL 126),
on iwa?«ii'clM> tU,
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LB U-LniB DAHS 1» TU» tVtClifl
479
long, trente-quatre de large et dix-huit sous plafond. Cinq
grandes fenêtres en plein cintre l'éclairaicnt. Elles avaient
quinze {âeds de haut et sept de large. L'entrée à gauche
était surmontée des armoiries de Tabbaye avec le millésime
MDCCLIII. Cette salle servit plus tard pour le même usage,
Ion de la création de la bibliothèque de Téeole d'applicatioii.
Un catalogue en avait été dressé, le 21 février 1769, et il se
trouve à la bibliothèque de Mets (manuscrit n« 906). Les
manuscrits à cette époque étaient au nombre de cent dn-
quante-deuz, et d^à bien des raretés avaient disparu; cent
deux in-folio et le reste de divers formats étaient inscrits. Dès
le xn* siècle, on citait les Amatê» Metemes qui ftirent prêtés
au père Sinnond qui ne les rendit pas. Ce codex est encore
indiqué comme étant à Tabbaye dans la Oeoffraphieuniversclley
par Jean Hubner, Bâle, 1757, t. 1, p. 279. Mais c'est une
erreur copiée sur d'autres ouvrages de ce genre. M. Prost
parle des manuscrits vendus à Paris avec la bibliothèque du
collège de Clermont, en 1764, et transportés avec d'autres
manuscrits, de Metz en Angleterre, où ils passèrent, dans le
cours de ce siècle, aux enchères par suite du décès du posses-
seur.' D'après Bégin, la bibliothèque avait quinze mille
volumes,* mais on verra par le procès-verbal de 1790 quil
fiiut rabatfare de ce chiffire.
Les moines ouvrirent donc leur bibliothèque en 1787, et
VAlmanach de MéUt pour 1790 donne quelques extraits du
règlement: elle était ouverte au public les mercredi et.vendredi
de chaque semaine, de neuf heures à cinq heures, sauf de
' M. Q. (Sunrleaer poMède dam m riehe biblioUièiiiie le petit ctrta-
liire de Bainl-Anioald (xiv* tiècle) riebement nlié; fl pnnriMt de
M. de ChMellML La Ubliotbèque de Yerdmi (n« 84) a dw oomnienteini
snr l'Apocalypse venant de M. de Nothomb, pais de M. de Dtttel. La
bibliothèque de Meti «, d'après M. Prott, cent dix-huit nanmeiili de
Saint-Arnould.
' Ammain de la MmOs, 1834, 173.
480 um B'âUâGi
miâi à deux, Tété; l*hiver eOe se fmait à quttre heures da
soir. Nécessairement elle était fermée les jours de fête. Dom
Maugérard et Dom Delté, assi&lés du garde-bibliothèque, don-
naient à tour de rôle les livres. Les manuscrits, les ouvrages
hétérodoxes, les in-8' et autres petits formats n'étaient confiés
qu'à des personnes connues. Les livres no pouvaient être
prêtés que dans des circonstances exceptionnelles et pour un
temps très court et en déposant le double de la valeur du
bouquin. Nécessaireiiieiit le silence devait 6tre gardé dans la
salle de lecture.
Lliistorien Valladier, qui ftit présenté pour être évdqoe da
Toul, a fiât imprimer lldstoire du monastère, dont il était
eommendataîre. Voici son far de reUnre:
Le 11 mai nw, llnventaîre des livres, fait par ordre de la
Nation, indiqua deux mille cent trente in-folio, deux mille
trois cent soixante-treise iu'^', mille trois cent quatr^-^vingfe-
trois in^, trois mUle quatre cent vingt-sept In-U; aiRBMnIkre
i-jiu^cd by Google
LB n-LIBRIS DANS LES TROIS ÉVÊCHÉS
481
de cas livres étaient les Actes des apÔtreSj en grec; le tout
formait un total de neuf mille trois cent treize volumes et
cent soixapte-diz nanuscrits.* Le catalogue iorfolio, relié en
carton, de cent quaranteHinatre pages, fat de fuite coté et
paraphé. On ne compta pas une foule de joumani, de bro-
chures politiques sur la réunion des notables, sur rassemblée
proYinciale, les états généraux, les questions du temps, etc.
Le 9 mai 1791, on transporta les livres, les manuscrits et les
archives à llntendance. 11 y avait la fameuse charte de 1552
avec le sceau eu or du duc de Guise; Dom Calmet en avait eu
une copie, grâce à l'obligeance du prieur Dom la Coine.*
On ne sait ce que devinrent les cuivres des trente-deux
planches de la Vie de saint Benoit, par Sébastien le Clerc, que
conservaient les religieux. Us ne furent pas perdus, car
on en a des épreuves modernes. Quant aux monuments con-
servés dans le dottre et collectés par Dom Maugérard et
avant lui par Dom Ci^ot* dans les fouilles du vieux Saint-
Amould ixirà «Mires, ils furent brisés, d*aprte M. Cfaabert, en
1793, par une populace ignorante. La gare de Mets s*élève sur
l'emplacement de l'ancien couvent On voit au musée archéo-
logique une petite stèle funéraire avec inscription, trouvée
lors des foudatioua, et les debria d arcatures de style flam-
boyant qui gisaient, en 18G5, dans les fossés de la porte de
France et qui furent donnés au musée par «M. llossel, lieute-
nant du génie»* (n° 420), pourraient bien provenir de Téglis©
détruite lors du siège de 1552.
' Le 29 avril 1791, les religieux réclamèrent à la Municipalité des
couverts d'argent, comme leur appartenant, pour leur usage personnel.
Mais tout porte à croire qu'on ne fit pas droit à cette juste demande.
' Le sceau avait disparu dès l'an VL
* La bibliothèque de Verdun possède le Catalogue de» plantes de
Dom Cajût le jeu)ie (Autog. n" 285).
* Le Journal de la Société d' Histoire et d'Archéologie mentionne
d'autres dons de ce malheureux officier.
Noorelle Séne. — il-* année. 91
488 mvm u'àiJUM
Dom Tabonillot, un des autenn de VEiikim 4$ Mêk, U»-
toire écrite avec une critique et une érudition Inen supérieure
à Touvrage de Dom Calmet, VBiHoire de Lorrame, était moine
de Saint-Arnould. Les livres et les mauuscrits qu'il laissa,
sont marqués d'uao étiquette oblongue
Ex-Man uscriptis
D. NICOLAl TABOUILLOT
Monachi Benedictini Coyigreffatiomê
JS.S. VUoni (& HidoipM
entre trois filets enguirlandés.*
M. Donunanget a publié une notice sur Dom Tabouillot.
Voici une pièce importante sur ce religieux et qui est restée
inconnue à Vancien bâtonnier du barreau messin. Cest la
déclsration fidte k la Municipalité, par ce reUgieuz, de son
intention de quitter le couvent par suite des décrets:
«Aujourd'hui vingt six juin mil sept cent quatre vingt dix
est comparu par devant Nous ofticier de la Municipalité de
Metz Commissaire en cette partie. Dom Nicolas Tabouillot,
Religieux bénédictin de la Congrégation de S'-Vanne et l'un
des membres de la Maison conventuelle de Saint Arnould de
Metz. Lequel nous a dit que ses intinnités le portaient à
profiter du bénétice du décret de l'Assemblée Nationale sanc-
tionnée psr le Boy, et qn*en Conséquence il dédarait quil
abdiquait le cloitre et entendoit dès cet instant fixer son
domicile cbes M' Le Doux son neveu garde du parc d*srtil-
lerie, isle de ChamMère à Mets, Delsquelle déclaration il nous
a requis acte que Nous lui avons octroyé et a signé avec nous.
* La bibliothèque dA Meli ft plusieunt mauubcrits de ce religieux
traitant à» lliiitoirt toeate et qui, en 1802, loi vinittnt dn notaire
Qulle. n y en a, «ntra antres» la PonlUémamiBeiitdii diocèse de MeH^
qne H. Henri Lepege^ l'émdit areiiiTiite de HenrUie^i-Moieile» allait
lenniner de publier knaqne l'incendie de Fimprimmie Beeween-Pell— ,
de Mets, détmisit, en 1871, tonte l'édition. HenrenseoMnt que M. Lq^W^
en avait oonservé nn exemplaire en bonnes fenilles.
Digiti/oû by Cjt.)0^lc
Ordonnons que le présent acte sera annexé à l'inventaire par
nous formalisé à l'abbaye de S'-Aruould le onze May dernier
pour y recourir au besoin et servir à telles autres tins que de
raison, j'approuve deux mots rayés nuls.
«BxVÂULD. D. N. Tabouillot.»*
Dom Tabouillot avait changé d'avis, car dès le premier jour
de Tenquête, U avait déclaré avec le prieur Dom Pierron,
Doms des Ruisseaux, Laurent, Haire, MiUot, Sonis, Guillaume
et François Bemier, qu^il attendait lea décisionB de rAssem-
blée nationale; le doyen Dom Marionnelz, Doms Petl(î|ean,
Huguenin, Agnus, de leur côté, Tonlaient se retirer dans leurs
foyers. Le procès-verbal ne mentionne pas ce que dirent le
sous-prieur Goujelet et Dom Robert, le plus âgé des religieux,
il avait 07 ans,^ et il avait travaillé aux preuves de V Histoire
de Metz; quant à Maugérard, cet illustre savant, il «remisa de
sortir, à moins de force» 1 U émigra.
L*<gUse conrentaeUe renfermait aussi bien des choses pré-
cieuses: des tombeaux, entre autres celui de Louis le Débon-
naire, si souTont reproduit et dont quelques fragments sont an
musée archéologique. Le sculpteur Tenel, qui Tavait acquis,
en 1794, ne pouvant le vendre au ministre de l'intérieur, en
1799, le débita en l'an VII. Un des grands collectionneurs du
temps, M. Paguet, rue du Pontifroy, sauva la tête, les mains
et un fragment représentant le passage de la mer rouge. Le
même amateur eut encore d'autres soureairs de Saint-
Amottld, roli&n de Gharlemagne qui était suspendu à la Totte
de Péglise; fl Ait adjugé à Paris, le 8 février 1867, pour
8360 francs. Le total des enchères de la Tente de cetbemnx
^ Il avikit alors 56 ans, et était paralysé d'un braa dès 1786; U mou-
nit ches sa nièce, le 4 prairial an Vil.
* Le prieur arait été membre da comité municipal ; il avait alors
46 rat «1 Dom X.-B. Ibngéistd 56. Les plus jeonei moines araient
SB «t 98 au.
484 &BVUB D'ALSACE
collectionneiur monta à k somme de 6000 fruce. Le trésor de
SaÎDt-Arnoiild contenait, entre antres, k cfaasae, le dkef da
saint en venneU, une main et un bras en arHoil, etc. Il j
avait douze cloches, y compris celle du dortoir; rofgue ne«if,
construit en 17S5, avait coûté plus de 30,000 francs. Le balda-
quin du maître-autel était soutenu par quatre colonnes d'une
seule pièce chacune; une balustrade de marbre fermait le
sanctuaire; l'autel entier et le tabernacle étaient en bois
doré; le chœur était garni de vingt-deux sièges en bois de
chaque côté: près de Tautel, il y avait deux tables couvertes
en marbre.^
A llidtel abbatial, le salon avait une i^ace et quatone
tableaux ou portraits, etc.*
Les bénédictins ne voulurent pas se laisser dépouiller aussi
violemment sans essayer de sauver quelque chose. Mais la *
nation veillait. Le prieur de Saint-Arnould, Dom Pierron et
Dom Maugérard cherchèrent à envoyer chez le curé Auth, de
Saint-Martittrde-Oologne, chanoine de Saint-Pierre de la môme
ville, quelques débris de leur ancienne opulence. Des orne-
ments d'église et des Hvres furent emballés, les uns dans une
caisse, enveloppés d*une vieille nappe, les autres dans un
panier. Mais l'envoi fut saisi et, le 15 novembre 171)0, les deux
moines furent invités à venir s'expliquer à la municipalité et
à assister à Touverture dos colis. On ouvrit la caisse en leur
présence et on y trouva deux tuniques, deux étoles et trois
chappes d*or sur fond blanc et une chappe velours noir avec
firanges d'argent^ dans le panier, quarante volumes in^bîio:
les œuvres de saint Augustin, treize volumes; les œuvres de
Dom Martène, neuf volumes; les œuvres de saint Jérôme,
cinq volumes; le Recueil des conciles, douze volumes; un
Droit canon, un volume. Dom Maugérard soutint que les
oruemeuts et les livres lui apparteuaieut; mais on lui lit
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Ui IX-LIBRB AàNS LIS TIOIS ftvâCfltS 485
obsorm qpi» ces demien iKurtaient encore, quoique presque
entièrenieiit ratarées, dee mentioiis qui contredisaient son
dire ; on pouvait encore distinguer S. Vmcentii, ordinis S. Bene-
dicti, Cong. S. S. Witoni et Hi/dnlphi sur le premier ouvrage
cité; 8. Arnulphi sur le second, S. Clementis sur le troisième
et sur le cinquième. Les assertions du bénédictin paraissaient
donc fausses; aussi la saisie fut-elle maintenue.
Des élèves aspirans d^artillerie étaient en pension à Saint-
Amould et à Saint^Glément
Abbiye nqrsle de Saiat-innMnt
iSoNcfî Vûwendn Metenti» CongregaHonù, Sanetonm
yUcm ét Hydulphù
Ex monasterio S. Vincentii mete^isis 1660.
c II y a une bonne bibliothèque, dit Dom Calmet, et elle se
perfectionne tous les jours. Sigisbert de Gemblours a long-
temps présidé aux éotdes de ce monastère et on a de lui
quelques manuscrits. •
Une description de Téglise porte que le chœur était séparé
de la nef par un jubé à colonnes de marbre et trois grilles de
fer. 0 Le portail niamiihque a Hd' bâti depuis peu; il a deux
tours dans lesquelles sont douze belles cloches. »
Le 11 mai 1790, le son de celles-ci annonça aux religieux la
fin de leur paisible existence claustrale. Le catalogue de la
bibliothèque fut coté et paraphé; on marquait onie cents in-f*,
mille soixante-dix m-4*, cinq cent quatare-vîngt-treiae in-8*,
deux mille quatre cent soixante in-12 et trois cent vingt in-16,
formant le total de cinq mille dnq cent quarante-trois volumes.
En 1792, Tabbaye fut transformée en prison.
L'incendie du 1" septembre 1705 ruina le monastère, la
bibliothèque riche de onze mille volumes fut brûlée ; on sauva
cependant quelques épaves.^ Pour réparer Téglise et con-
> Entre aiitm le Tolune aux $mm de l'é? éqne Fuuuiie dont la
gisrare a été donnée.
486
stniire le noinraaii portail, on fit arimt de toat Le tor^Mu
des six eoloimes du hddftqwia du aukttre-ftatel, du gnuié
du pupitre, des candélabreB et de la lampe tôt sacrifié;
l'argent que Ton en retira serrlt aux nonrelles eonstructioBs,
ainsi que les pierres d'un jubé deutelé, qui fut impitoyable-
ment rasé.
IMM178 roysle de Safat-Symplioïka
Mm muMÊMinù a* fllMIMOI'MNI JMrWIltfc
Les bénédictins de ce couvent continuaient depuis 1768 le
collée tenu par les Jésuites supprimés. Us tenaient un pen-
sionnat
Le 12 mai 1790, Tardiitecte Fontaine etPayocat Juzan de la
Tour, GonunissaireB nommés, arrivèrent à la porte du eon-
▼ent; ils forent reçus par le prieur et les moines, qui les con-
duisirent dans toute la maison. Dans l'église Us virent une
châsse revêtue de lames d'arj^ent, contenant des reliques du
saint patron placées sur le maître-autel; dix-sept tableaux
forent mentionnés.
A la bibliothèque ils feuilletèrent quelques manuscrits,
entre autres on fort beau pontificat *
On estîmales livres à près de quatre mille dnq cents volumes,
n n*y avait pas d'ordre à la bibliothèque, car elle était trop
étroite depuis qu'en 1768 on y avait placé les livres provenant
des Jésuites. Beaucoup de volumes étaient sur les rayons,
d'autres pêle-mêle. Depuis lon^emps les bénédictins son-
geaient à créer une nouvelle bibliothèque plus spacieuse. On
remit aux commissaires deux catalogues : celui du couveut de
308 pages, relié en veau, de format in-folio, et un second, un
peu plus petit, relié en parchemin, contenant ce qui avait
« M. Pagoei avait de ee «mivent dM Titrauz dalii de 16M eim
1
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UB B-Unii MM LB TROB ftvACHte 487
apparlenn «ix Jésuites. On ne garantissait pas la quantité
portée, rien n'y ayant été fait depuis 1768, et beaucoup de
livres classiques, d'iiistoire et de littérature, ayant été prêtés
aux professeurs et aux élèves, et bien d'autres étaient jx'rdus.
On compta ensuite six cent treize in-f , huit cent cinquante-
cinq in-i" et trois mille cinquante-un de divers formats; il y
avait dans la bibliothèque deux globes montés de 18 pouces
de diamètre, l*un terrestre, Tantre céleste.
Après avoir consulté le Registre de vêture, les religieux
furent interrogés s'ils entendaient quitter le monastère. On
remarque la déposition do Dom Amiot, préfet des classes et
professeur de philosophie, 32 ans ; de Dom Colmar, professeur
de troisième, 40 ans; de Dom Keibell, régent de cinquième,
84 ans, qui t entendent être citoyens et prêtres séculiers. •
Les bénédictins messins avaient formé la Société UUérairê
gêntuuuMnédieémê, dont le dége central était dans leur ville;
le secrétaire était Dom Jean François et Dom Tàbouillot en
fut élu membre le 4 mai 1789. Cette académie archéologique
et linquistique avait été fondée en 1752. Sa devise était :
Quod Sapimos Conjungat Amor.
Elle avait pour symbole une Minerve assise, au pied de
laquelle on lisait ces mots :
JhiiiUcaCommoda,
puis deux génies portant une ruche devant un arbre pour y
recueillir un essaim d*abeille8; aux quatre c6tés du dessin se
trouvaient les inscriptions suivantes :
▲MXOO VOOBBB,
TOmtM ét BOOnURA,
vn wmk MAJOE
HOO MOirmtAlIT VIAM.
Le programme était en latin. La Sociéité littéraire germano-
bénédictine fut emportée par la Révolution.'
> Domumn. Dom TabonOlot (SodiU ^imdiMotk H mstoin de
486
■ITUI D'ALBMS
De V abbaye de Sainte-Olossinde.
Ce Itvre apartient à l^abbeie de ScdnMjHossinde de Metz,
Oe forant le chanoine Nioche et le docteur Marchand, offi-
ciers municipaux, qui eurent la triste mission d'aller inven-
torier chez les dames de Sainte-Glossinde le 17 mai 1790, de
s'informer de leur âge et de leur demander ai elles voulaient
rester religieuses.
La bibliothèque était aitaéo an premier ëtige, près des
appartonents abbatiaux; elle eonteiiait des Ihres da piété et
les meilleurB auteurs andens et modernes : cinquante volumes
in-f* et cinq cents volumes de divers formats. Il y avait beau-
coup de livres liturgiques à l'usage de la maison, réimprimés
par ordre de Tabbesse, M""Hottman, morte en 1762. Sur le titre
il y avait ses armoiries. L'inventaire devait renfermer bien
des curiosités : un grand plat antique plaqué en émail, une
tierge en poterie, un pied de reliquaire arec armoiries en
argent, etc.
L*abbesBe, M"* de CShoiseuI-Beaupré, déclara être née le
6 ma! 1720. Metz était terre bénite pour t les filles > de cette
illustre maison. Une autre comtesse deChoiseul était abbesse
à Saint-Louis, où se trouvait comme chanoinesse M°" de
Choiseul-Meuse et comme coadjutrices Âdrienne et Félicité
de Choiseul et Sidonie de Choiseul-Gouffier.
Le manuscrit du livre de diant particulier de Tabbaye
Sainte-Glossinde est à la Bibliotbèque publique (n* 714,
xvnT S.}.
Lors de rétablissement des Capucins, Pabbease leur donna
un gros volume décoré sur les plats de ses initiales en grec
au milieu de deux branches de lauriers; sur le titre on lit:
Le 1" février 1602, M"" de Candalle, coadjutrice de S. Ghs-
êinde, a donné ce pnt livre aux capudnt de Mets. Ou trouve
dans la correspondance de Paul Ferry une lettre adressée à
IfOuise de Foix de Caudale.
M. Guigard a donné le blason de Louise de Nogaret de la
Valette, abbesso, tille naturelle du duc d'Epernon, morte en
1647. Ses armoiries sont entourées d'une couronne et sur-
montées d'une crosse abbatiale. Aux angles on voit deux A A
entrelacés (Louise de la VaUtte). (Volumes à la Bibliothèque
nationale.)
Le 16 décembre 1792| on brû]a sur la place de la Loi (place
d*ArmeB) le portrait en pied de Louis XY qui était à l'hôtel
de ville et qui avait coûté 800 livres; beaucoup de livres trai-
tant du blason ou de généalogies nobiliaires eurent le même
sort Le citoyen Trotebas, membre du district, accompagné de
rarcbiviste Léman, avait été les trier à rintendanee* Un
Moveri et la Oinèalogie de laJamiUe de Vergy tarent pris
dans le tas de Sainte-Glossinde. Les abbayes de bénédictins,
et sortent Saint-Amonld (nn Dom PeDetier), fonmirent aussi
lenr contingent pour cette inepte cérémonie, dont le procès-
wbal est cité in eastansepar M. Chabert
Ex-Ubria diomut AnUmj Metmuit,
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w n-UM» Aàm Ln tm Mais 491
Le prieur dt eette niaisoii, M. Ohanret, «Tait pabUé dans le
Mercure de France, en 1760, un mémoire stir les limaçons. Il
avait aussi quelques pétritications provenant surtout de Bar-»
Sx4Sbm amotnAoê fratrum Sirmmianm Orâimê 8muêi
Avguttmi eanolrii mdemU,
Us étaient aumôniers de Thôtel de ville et les colonnes
antiques du portail de leur église furent transportées dans les
Jardins de la Malmaison. La visite officielle eut lieu le 14 mai
1790; la Ubliothèque avait 1168 bouquins, dont 266 in-folio,
205 id-4*, 616 in-8% 22 în>12 et 60 in-16.
OipQoina
Conve7itu3 metetisis Capitciuoru. Catalogo inscriptus,
£x-bibliotheca Cap ànorum Conv. tnetetisis.
Leur fondateur, révdque de Basilite, Antoine Foumier,
' Bnchoz cite, comme amateurs de fossilat et de minéranx, l'ingé-
nieur de Montlibert, seigneur de Seconrt, qni forma son cabinet à
Nancy oi lo transporta ensuite à Metz ; le conseiller au Parlement
Antoine rechercliait les mi^mes séries, mais sou départ pour llie>de'
France entraîna l'abandon de son cabinet.
Sous le Directoire, le chirurgien en chef de l'hôpital militaire,
Gorcy, né à Pont-à-Mousson, étudia les fossiles des environs de Meti;
il trait les deux coquillages àïu le Coq ei la Aule, et mn tiMA qm>a
piAfeendaH Mra d'in koauM d» plus de huit piedi. Set «olleetieai eal
Hé disperiéei.
M UVOB D'âlAâGI
sttifragaiit de Mets, leur laissa à sa mort, en sa belle
bibliothèque, qui ftit encore augmentée dans la suite par des
dons particuliers. L'inveiiUire indique en effet cinq cents in-f*,
quatre cent dix in-4'' et deux mille cinq cent soixante-dix de
diverses grandeurs.
Les capucins, les récollets et les sœurs Colettes recevaient
annuellement des secours de la ville.
Un nodr imprimé à Mets montre les en&nls de saint
François allant adorer le divin eniànt
Les capucins quoique nnds pieds
Ne laisseront pas A*j aller,
On pourra les fsire quêter
Pov ù&n à l*Enliuil la bonillie,
Yive^.
(Sur rair : Frirt àndfé cUmII 4 Gvég^)
»
Grands Carmes
QtméU oHHqmom nutemis.
D'après l'armoriai, les Carmes avaient pour blason de sable
chappé d'argent.
Leur bibliothèque était des plus médiocres, dit Dom Dieu-
donné. Les commissaires, en 1790, déclarèrent qu'il n'y avait
point de salle de bibliothèque; on y trouva cependant deux
mille cent quatre^vingtpsept volumes de toute grandeur et, en
outre, un lot de vieux livres non catalogués, puis la Gef d»
cabinet et jotimal de Luxembourg, etc.; on indique ensuite
cent douze in- f', soixante-neuf in-4^ quatre cent quarante in-b'
' Comment se fait-il que tous ces recueils de noêls, imprimés à
Nancy, à Saint-Mihiel, à Neufchateau, à Metz, etc., se ressemblent
tous? Tous Tosgiens! mais pour comprendre le patois des montagnards
Toegiens, il fini a?ofe rfaidé dattt leur pittoresque pays. Tous cet
BoMs doivent provenir de Troyes, sauf ceux essentieUement locaux, et
ceux-là aottt tréa rares; il est plus faeUe de toujours c<9ier la mémo
rengaine imprimée qne d'aller pniaer aux sonreea. Fiat h»!
LES BX-LIBRIS DANS LBS TROIS ÉVÊCHÉS 493
et cent cinquante-huit in-1 2. Dans l'église, trois tableaux, dont
deux servent de retable. La bibliothèque a deux manuscrits
des Carmes.
M. de Bouteiller a raconté les pérégrinations de Tautel des
Carmes, qui se trouve actuellement au château de Mont-
TEvêque, près de Senlis; une faible partie est au château de
Gueuzlin, près do Douai.*
M. Paguet avait collecté quelques vitraux des églises des
Carmes et de Saint-Georges. On a conservé sur place quel-
ques débris de l'église; on peut encore se rendre compte de
la légèreté des fenêtres ogivales.
La ville payait tous les ans une redevance aux carmes,
parce qu'ils étaient obligés de dire les messes pour le repos
des âmes des suppliciés. Ces religieux, avec les dominicains
et les récollets, étaient souvent inscrits au budget municipal
comme prédicateurs de l'A vent ou du Carême h la cathédrale.
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éM
■ma s'auaa
Ex-libris formé par une découpure dans ime feuille de
cuivre sur laquelle ou frotte un tampon noirci.
Leur bibliothèque fut en peu d'auuéoâ bien fournie et ils
eurent des tableaux de quelque valeur.
Charles, peintre du duc do Lorraine, changea une toile
italienne représentant Jupiter, ani$ prèi de êcn aigle, menor
^ont Stmélé en un Qirist assisté d*im ange donnant à SmM
Thérèse on dou-de ia croix. Ce flit dans ce oon?ent que
Sébastien Ledere, devenu deirais si célèbre, grava sa planche
de saint Bloi, évèque de Noyon.
Le GouTent avait onae chambres de reUgieux et trois cham-
bres d*h6te.
L'inventaire du 10 août 1790 porte sept cent dix-sept in-f ,
deux cent quarante in-4° et quatre cents divers, et livres à
Vindex cinq cents. L'ex-chanoine François Nioche et le docteur
Hubert Marchand inventoriaient.
L'église estaigourd'hui la bibliothèque publique et le cloître
servit longtemps de musée d'antiquités. Ces vieux débris, qui
paraissent un peu &de8 quand on a vu les galeries du Vatican,
étaient bien, dans ce demi-jour, mystérieux. 8*ils n*avaient
pas pour eux la beauté, ils avaient limmense avantage d^être
topiques; c'est ce qui les rendait aussi intéreasants que cette
multitude de marbres du Musée Pio ClmênHna,
On a estimé, sans exagérer, à plus de sohanto mille volumes
le nombre des bouquins mis sur le pavé grâce au démeublement
des couvents et à la contiscation des biens des émigrés. Comme
partout ailleurs, la négligence amena bien des pertes dans cet
immense amas déposé dans les salles du rez-de-chaussée de
l'Intendance ; on commença à en dresser un catalogue qui ne
fut pas terminé et ils furent timbrés de ces mots : District de
Metz; < des ventes faites après décès, dit Begin, dévoilèrent
bien des turpitudes. » Le catalogue de Grisel, on 1792, était à
peUie commencé, lorsqu*on ordonna de former unebibliothèque
pour r£cole centrale, puis, à Toiganisation da cuUe, on
Digitizoû by C3t.)0^lc
UB B-UBM Mm Ui IMB MOKÊ»
m
permit — et c'était justice - à Tévêque et au directeur dn
séminaire de choisir les livres à leur convenance pour les
bibliothèques épiscopale et du séminaire. Quelques émigrés
rentrés obtinrent la restitution de leurs livres non brûlés (??)•
Ëniin le total des boaquios de 1790 avait subi une très forte
diminutioii, lonqu^on MBgea à approprier TégUee dee petite
Cmnes. Su 1812, leeatalogue porteit vingt-un mille neuf cent
quatre-vîngt-oDse volumes. Le eomte de Jaobert avait renh
pkMâ, en 180A» lliomiête Duhamel S qui avait eommenoé à
mettre un peu d*ordre dans ce fouillis et qui, comme biUio-
thécaire départemental en 1795, avait opéré le transfert des
livres au gouvernement (palais de justice). En 1803, la biblio-
thèque devînt communale et elle ne fut ouverte au public
qu'en novembre 1811.
Par suite de l'inexécution des décret6 de l'Assemblée
nationale, un grand nombre d'ouvrages et de manuscrits pré-
cieux disparurent; mais nous laissons & d'autres le soin de
fure connaître si les pertes irréparables qu'éprouvèrent le
département et la ville doivent être attribuées à une économie
mal comprise ou à lincurie des liommes chargés de veUler à
Peséeution des mesures si sagss prescrites par PAssemblée
nationale.*
La circulaire suivante montre qu*à Fuis on avait quelque-
fois tort :
Parii, le 21 ftimain ta YIL
GitOTen,
Tons les eartnlairet des cideTant instituts relif^ienx qui se troitfeiit
disséminés dans les direra dépôts littéraires, bibliothèques et archÎTes
de la République doirent •'tre réunis à Paris. Ces titres fruits des
siècles barbares, se lient trop essentiellement à leur histoire pour en
être distraits. Il faut qu'ils attestent à la postérité ce que l'ambition et
l'ftTarice des corporations privilégiées ont obtenu de la crédule igno*
^ n iwla MMH-Ublialhéeidra.
• S. Sâon. La JMt séwWifrlM»^ 1868^ •?&.
Digitizoû by
498
•rai tt^àuum
nmn ét moê pànt 9k ««Hb lair taenl tfpikku Vhauwuê iMa*
tion qai B*est fiûte daoi Peqpiit hunaiii.
Vous vovdrwi donc bien fidro noheieliflr tout ee que Im dépôts de
▼otra département poesèdent en ee genre et l'ndreHer à Péris ans
eontenrtlent de In Bibliothèque nationale, rue de la Loi Je m'en
repose t«r votre zèle pour l'exécution de cette meevre et je snis
penaaâé qne la confiance qn'U m'inspiie ne sera pas déçae.
Salât et Iraternité,
FUAMÇOIS DB NEUFCHATSAa.
Par Biiito de cet ordre» beaucoup de biUioibèquea déyarte-
mentalea perdirent ce qa^èlkB possédaient de pins rare, à la
grande aatû&etion des chercbeum pariaiens. (Y, le Oabmtit
M torigm, Paris, 1866, t H, p. 129).
Gélestins
CéMinoirum de MeHa
Cdestmomm meteruium G. 91,
Iste volumen est Convenhu JBeaU Marie CelesHnorum de
Métis,
Cest livre apertient aux frères Celcstins de Mets.
Ua fiirent supprimés en 1774. Ils avalent les plus beau
jardins de la vilte. En 1760, le père Perette était un fleuriste
énérite. En 1771, Télecteur de Trêves, prince de Saxe^ vint
avec sa somir, Tabbesse de Remiremont, admirer le jardin des
récollets; il leur paya 500 francs le caleu d'une magnifique
tulipe.
M. de Bouteiller a écrit Thistoire de ce couvent L^arsenal
du génie le remplaça. On voyait dans celui-ci Taérofitat qui
avait servi lors de la bataille de Fleurus.
Le docteur Morlauue recueillit la miraculeuse Vierge des
CélesUns et en fit don à l'église de Saiut-Clément Quelques
inscriptions funéraires et des fragments provenant de Tégliae
sont au Musée archéologique de Meta.
D'après M. Frost, ce sont les céleBtina qui, aprte les béné-
Digiti/oû by Cjt.)0^lc
UB n4iiHi um tm nm Mnte 491
dictins, fournirent le plus de manuscrits. Il y en a quarante-
trois à la bibliothèque, dont quelques-uns viennent de Saint-
Clément. Par suite du legs Dattel, iiy a Verdun De Imitatione
Chriiti (xr siècle), suuiVBGrit andeiineiiieiit «ix Célestins de
Meti.
Ocmmnm metemê,
COLLIOS BOTAL Dl & LOUIS.
Pi^pHlon mv. dt iculp* 1766, Ames de France entourées du
cordon des ordres du roi et de palmes, livres, ^obe, etc., et
surmontées de la couronne royale ; au-dessus, sur une bande-
role, rindication ci-dessus.
Cette gravure sur bois servait en outre à décorer les certi-
ficats des prix décernés aux élèves du collège royal établi
dans les b&timents du prieuré depuis 1775. Douze jeunes
gentilshommes étaient élevés gratuitement
Les chanoines réguliers étaient très instruits; plusieurs
fhrent membres de la Société dos sciences, lettres et arts de
Metz. Ils firent graver à leurs frais une belle vignette pour
VAtlat^ de Buchoz, qui les cite souvent' Le prieur et principal
Michelet avait, d'après lui, un beau cabinet rainéralogique.
A sa mort, sa collection fut négligée. Plus tard, le prieur
Gîllet eut un herbier;' il créa un jardin botanique dans la
maison et fit constnire une fort belle serre pour les arbres
* BMvooap de MettiM 1m imitèrent : H. dt Brye, MOtétairt de la
ville; de Montigny, nhanoine de la eaUiédnle, ete.
' Les apothicaires Thirion et Biliaire ayaient aussi des herbiers; le
premier fit des cours publics de chimie, qui lui valurent une pension
de n(K) livres de la ville. Puis venaient, en fait d'amateurs de bota-
Qii^ue, le major de la citadelle La Mothe, le docteur Michel du Ten>
Nouvelle Série. — il- année. 88
4»
■IfOB h^éÊMUM
exotiques. Les chanoines avairnt en outre quelques pierres
p;allo-roniaines, entre autres un bas-relief trouvé à Metz et
décrit par Emmery.
Les commissaires, le 30 octobfe 1790, reçurent le catalogue
de la biblioflièqiie, contenant hoit pages in-folio; on y remar-
quait lliistoire de Luiembourg en huit Yolumea, les oeuvres
de Bufion, de Rousseau, de Voltaire, etc.; plus, il y avait trois
cents volumes non catalogués k cause de leur peu de valeur.
La clef delà bibliothèque était perdue; les commissaires char-
gèrent le serrurier Caillot d'en faire une. Les armoires en
sapin de la bibliothèque avaient chacune onze tablettes.' On
compta cinq cent soixante-seize volumes in-f*, trois cent
soixante-douze in-4% mille sept cent cinquante-un in-8*, mille
quatre-vingt dix-huit de divers formats reliés et sixin-f*, vingt
in-4% cent cinquante-sept in-8* et deux mille huit cent soixante-
seize volumes divers non reliés, formant le total de trois mille
volumes.
a«tar, Dapré de Goictla, l«pliamaei«iBécniir. Lm tiflui Loninial,
Hian et PerioUefl étaient dea « flenristee > de renom, dit BocluMk Le
bailli de Tschudy, le président de Chaielles, la présidente de Nenrroa»
morte retirée chez les Carmélites de Paris, avaient des jardins tnchan-
tears à Colombfv, Lorry-devant-le-Pont et Arr}'.
Herpin et Buchoz ont doniio la vue de ces deux derniers jardins. On
trouve également dans V Atlas de Buchoz la vue de Fristo et le jardin
de Bouâers, charmante gravure de Fontaine qui demeurait rue de la
Princerie. Bégin a parlé longuement de MM. de Tschudy et de Cha-
Mllea. En 1775, les pépiniArei de Sinum «mt d^jà «Mm, Ltelieiiltnn
ftit to^jonn en Imnaenr à Meti^ et on forait nn cnrienz «^nienle en
traitant, «ree toni l*linmonr qne mérite le eqet, nûitoire de ses
fomentée mirabeUee cenfltei, oflèrtee à tom let ionveraini de peeiage
et envoyées annuellement en étrennes à la Gonr.
I/abbé d'Huart, sons BL de Saint-Simon, avait la surreillanee dos
magnifl^nes jardins de Fntosli et j ealtivait les plantée ke pins niea.
* Le sons-principal avait dans la diaulm VEnq/dopéditt des veonefli
aeadémiqoes et des eaUeis d%islelra nainralle.
Digitizoû by C3t.)0^lc
UB BH4HUB M» LIS TM» tVÉOilS 4M
Un second incident marqua la deBcente nationale : le
libraire Marchai, par suite de ses fournitures, avait fait saisir
le cabinet de physique et Iq6 scellés y étaient apposés à la
venue des commissaires.
Tous les livres donnés en prix étaient décorés sur les plats
des armes royales de France.
Jérattas
CoUeffH Meientiê SoâetoHt «/mm.
Le collège datait de 1622 et il devint de suite très florissant;
jusqu'à Tépoque de la révocation de l'édit de Nantes, les
jeunes réformés messins eu suivaient les cours et disputèrent
avec succès les palmes à leurs camarades de la communion
romaine. La ville donna do nombreux secours aux Jésuites et,
jusqu'au moment de leur expulsion, elle payait 367 livres
10 sols pour les deux régents de philosophie.
Les Jésuites eurent, malgré l'appui de la bourgeoisie, à
Boufl&ir la mauvaise humeur du duc de Coislin, qui, comme
son illustre voisin de Verdun, leur ôtale pouvoir de confesser.
Puis vinrent contre eux les sourdes attaques du Parlement et
leur chute éclatante.
Un grand-vieaire, doyen dn chapitre, Henri d'Haianeoiirt,
eut, en 1657, Tingénieiise idée de Uhe les frais d'une dislri-
500
REVUE D^ALSACE
bution de prix et de donner des livres à ses armes. Il avait
été en lf>43, avec l'évêquc de Madame, un des témoins de
l'installation des R. R. P. P. dans la rue de la Chèvre, oîi ils
demeurèrent jusqu'aux décrets d'expulsion. Les volumes aux
armes des généreux bienfaiteurs se trouvent difficilement; ils
sont généralement très bien reliés.
Le catalogue Henri (Paris, octobre 1863) en indique un.
D'après VEjc-libris, c'était un don du chanoine de Saint-
Sauveur, Aubertin, aux récollets ; le volume avait passé de la
bibliothèque de ces derniers dans celle de M. d'Haraucourt
L'élève couronné se nommait François André et le préfet
Jean le Clerc (sceau), 29 août 1757 (n° 109, 20 fr.)
Le chanoine Henri d'Haraucourt est enterré à la cathédrale.
La ville de Metz fournit aussi aux frais de la distribution
des prix, et on peut attribuer aux Jésuites l'écusson suivant,
représentant les armes de la ville surmontées de la Pucelle.
LES BX-LIBRIS DANS LES TROIS ÉVÊCHÉS
Le président au Parlement, Louis Fremyn, mort en 1609,
fit én 1663 les frais de la distribution des prix. Les armoiries
frappées sur les plats indiquent que les livres proviennent de
sa bibliothèque.'
' L'exemplaire de la bibliothèque de la ville fut donné en prix le
SO août 1663 à François Granet. Au bas de l'attestation latine il y a le
sceau du collège et la signature du préfet Nicolas Fleury. Le portrait
du président, tiré à toute marge par Sébastien Leclerc, fait pendant au
titre.
502
RBVUE d'ALSàCC
En 1670, l'archevêque d'Embrun donna aussi des livres
ornés de ses blasons. Le jour de la distribution, on joua tine
tragédie latine : Mors CoriolanL^
Neuf manuscrits provenant des Jésuites sont à la biblio-
thèque de Metz. Les bénédictins parisiens virent chez eux, en
1709, l'histoire manuscrite des évêques de Metz par le R. P.
Benoît, ouvrage que le duc de Coislin défendit d'imprimer.
^ ViAnsoK. Histoire du premier collège de Metz. (Mém. de l'Âcad.),
Metz, 1874, 223.
tn n-UMB Mm lm «m» trtoiti SOI
Les bénédictins de Saint-Arnould et d'autres couvents héri-
tèrent des dépouilles des Révérends Pères.
MisiiiMi
Minmortm metetinum.
De la Bibliothèque des Minimes, C. ^00.
Les religieux eurent une singulière affaire à la iin du
ZTU* siècle : un quidam, nommé Claude Carré, les accusa
d^avoir touché à Ymuse, en son nom, une somme de vingt
millions provenant d'un onde décédé dans cette ville, et
d^avoir déchiré une feuille d*un registre de paroisse de Verdun.
Un de leurs manuscrits, U» qvuaire JShumgHes (zr), avait
appartenu aux dames de Vergaville, près de IMeuze: JEb>-
monatterio monalium B. Mariœ de Vergavittc, 1698. Il s'en
trouve encore cinq autres à la Bibliothèque publique. Vers
1750, ils obtinrent la fermeture de la ruelle Boudât, rendez-
vous des soldats pour se battre et des filles de mauvaise vie.
Le père Jean-François Le Membre, bibliothécaire, reçut
les commissaires : Tarcbitecte Fontaine et Tavocat Juzan de
la Tour, qui arrivèrent le 12 mai 1790. II leur présenta un
catalogue in-folio sur pardiemin, qui fut de suite coté et
paraphé; il comprenait trois mille quatre cent quatre-vingt
volumes, mais il y en avait en réalité dans la salle quatre
mille cent soixante ; parmi les manuscrits, deux étaient UU-
nilles (n* 62 et 647).
Les religieux déclarèrent vouloir ôtre citoyens et prêtres
séculiers.
Lazaristes
Ex-libris Covgreqationis Miasiomê domm Afetemis,
Ila>4ibri8 CongregatUmiB domui et êeminarii MeUnsig.
Les laiaristes tenaient le séminaire Sainte-Anne et &d-
BaiMt des miaiioM à U eampagne. Quatre de Imn mt&va-
crists sont à la bibliothèque de la ville. Nous en avons déjà
parlé.
Dmiiiiiii&i
DR LA BIBLIOTHEQVB DES
FRXBS8 PR£CURVBfi DM METS
Amoiiies de Tordre, placées sur iu manteau herminé sur-
monté de la tiare papale, entre un chapeau de cardinal, une
mitre et la crosse; autour on Ut :
os IV aiaiioiHabAa aas <ivaHa duasuaAUs aa iiaiz'
avec le rosaire pendant et quatre fleurs de lis.
Hauteur, 0%6d; largeur, 0",72.
On trouve encore ces mentions :
IHm préjhêurê de Meùi
A la Bibliothèque des Jacobins de Mets
JEx Commum bibUothtoa frainm predioaionm wrtgmiMW.
La ville donnait annuellement 400 livres pour la pension
de deux régents de phUosophie.
Les religieux présentaient aux commissaires un cahier de
trois feuilles, dont dix pages écrites contenant le catalogue de
quatre-vingt-dix-sept volumes in-f" et neuf cent cinquante-cinq
autres, formant toute leur bibliothèque. Trois manuscrits sont
à la bibliothèque de Metz.
BéoolletB
EaMriB F. F, BêcoQeet OmwentuB Jietentii.
Ex Bibîwtheca SeeoUeehnm Oowmt. Metensiê,
En 1775, d'après le catalogue Ëmmery (1849, 311), il parut
des épigrammes sur les livres brûlés avx Bécollets.
Les statues de saint Gunstophe et de saint Jacquet de
Digiti/Oû by Ct^O^lc
UB B-UftMi MM LM IMB tfiOÊÊÊ
m
Té^se paroissiale de SaintrSimplice venaient de ces reli-
gieux, qui avaient dans leur couvent vingt-sept cellules et
trois chambres d'hôte.
£i6 21 mai 1790, Os déclarèrent nVoir ni médailles, ni
mobilier précieux; ce qui c a paru exact en examinant le
local 1, disent les enquéreurs. Comme partout aîUeura, on
demanda le registre de Tdtnre pour demander ai on foulait
rester ou quitter.
Un manuscrit des Hécollets est à la bibliothèque de Metz.
Les Trinitaîres n'en fournirent pas plus. Le Musée archéolo-
gique a deux statuettea de l'église.
TrinitiiNS
J>omuê Sandm SWmtatw Metemiê,
Le couvent contenait douze cellules.
Claude Bail, membre du Directoire, se rendit chez les
Trinitaire.s le 2'J janvier 1791. Il vit dans leur église un buste
de bois doré, deux statues en couleur, etc. La bibliothèque
était chétive; on n'y trouva que cent-vingt-quatre in-f, quatre-
vingt-quatorze in-4*, quatre-vingtniix-sept in-8* et six cent
vingt-quatre in-12. Un manuscrit est à la bibUotlièqae de
Mets. Us avaient quatre grandes tapisseries de 18 pieds de
long sur 11 de large.
Vers 1776, Charles-Gaspard Dorvaux, docteur en Sorbonne,
ministre de la maison de Metz, provincial de Champagne, et
le procureur général de la Rédemption, rachetèrent à Tunis
et à Alger bon nombre d'esclaves chrétiens, les tirèrent des
Etats barbaresques et les ramenèrent en Corse.
La bibUothèqne a on manuscrit provenant des bénédictins
de Sainte-Bariw; e*eet leur Missel (xT siècle). 0» Uon t^par'
Digiti/oa by Gi^o^lc
506
MVDI D*AUÉC1
Oongr^Uon Notre-Dame
Le monastère était bftti sur des constructions antiques. La
bibliothèque ne contenait que deux rayons : trente-trois
volumes sur le premier et quatre cent quatre-vingt-sept sur
le second, reliés en veau, eu parchemin ou brochés.
Gomme presque tous lee couvents de femmes à Mets, les
religieuses tenaient un pensionnat*
On trouve à la bibliothèque de Metz trois de leurs manus-
crits (xym* siècle).
Dans un noél de Colliguou (.Metz, 1624) :
Lm damea Angoatinet
En congrégationa,
Pour fonuttr leur doctrine,
Reçoivent les leçons
De ce divin Ënfiint
Qui ne fait que de uaître;
Leur ronstitnlion, don, don,
Auront bien de Tr'-clat, la, la,
Venant d'un si bun maître.'
Llnventaire des Carmélites ne figure pas aux archives. Un
recueil de cantiques (xviii* siècle) qui leur avait appartenu a
été versé au dépôt de la bibliothèque, et quelques-uns des
ornements de leur église se voient au trésor de la cathédrale.
* Les tœnrs Collettes, de la Madelaine, du Refuge, de la Visitation,
do la Doctrine chrétienne; celles-ci tenaient en ontrc des écoles
publiques, ainsi que les Ursuliues et l^s sœurs de la Propagation de
la foi.
* Sur l'air : Les BatMrgeoû ék Ohartm,
Digiti/oû by Cjt.)0^lc
UB n-UBMI BÉ» UB m» ÉVtotB
MMT
Dominic&inâs
Du mamuUrê des mmm préckeretteê de Metz,
Le 15 juillet 1790, on catalogue cent volumes à l*usage des
religieuses, ouvrages de piété et d'histoire. Les archives
étaient dans une petite chamhre donnant sur le jardin; il y
avait en outre deux petites armoires fermant à trds clefe,
contenant les titres de propriété et de rente sur l'hôtel de
ville de Paris.
Le 5 mars 1793, on avertit la municipalité que l'on venait
de trouver cinq pièces de tapisseries en laine dans une
cachette sur le grenier de l'église: on ordonna le transfert au
district, après procès-verbal, car jamais on ne verbalisa tant
qu*à cette époque où la vie d'un homme comptait pour si peu.
Bénédiotinss de Montigny
Les pérégrinations des livres de ces humbles religieuseB,
fondées par l'évêque de Madaure, sous Tinvoeation de Sidnt-
Antoine de Padoue, termineront les notes sur les couvents de
Metz. Les libraires Joseph Barbier et Adam arrivèrent dans
la commune le 27 novembre 17*.K) j)()ur estimer la bibliothèque
du couvent; cent-vingt-deux volumes furent déclarc'^s de nulle
valeur et le reste encore moins; deux bibles se trouvèrent cotés
2 f. 10 sols. On trouva parmi les bouquins les Cotnmentaires de
Calvin, le Catéchisme de Louis de Grenade, les Chroniques de
SasHt-BeneU, etc. Le charron Etienne Beauchône, bon citoyen,
ftit institué gardien ; mais le monastère ayant été loué, on jugea
à propos de transporter chez lui la bibliothèque. Dès qu*on
apprit à Mets ce premier voyage des livres, en s'empressa de
se rendre Montigny et de les retirer de chez le charron
Mvys i»'aliaci
pour les joter sur une charrette aprte un second procès-
verbal, et on les conduisit à Saint-Amonld, oii le citoyen
Gobert, préposé à la bibliothèque, en donna reçu.
AET8DB BdOIT.
Digitiztxi by Google
LITTÉRATURE POPOUIRE DR L'ALSACB-LORRAINE
BAVARDAGES
Dl
lESDÀlfiS-MOH DE SIUSBÛDRS
entremêlés de quelques antres
COMMÉRAGES ALSACIENS
XVII
NOUS AURONS LA FÊTE'
Sais-tu, petite Brigitte, le maire
M'a dit qu'on allait avoir
Fête, malgré le curé, sa colère,
Malgré son mauvais vouloir,
Et si dimanche il va tonner en chaire,
Ça ne pourra rien changer à Paflbire,
* Yoir lit livniwms éu 1«, S« et8* tdmaHsm 188S.
* Cette chansoa, à*m inooiuiv, tnmtmiM par tiaditioii onle^ a été
publiée par M. Auguste Stœber dani des artidee du SamilagMatt,
fénnia plut tard en brochure soue le titre : D^r Eoekenberg,
Cest «ne description très fidèle des fêtes de viUage en Alsace^ et
■as chaasen làTOiite des Jennce gens de Kocheisbeif.
Digitized by Google
Car de nos danses le pauvre a profit :
Riche, indigent, chacua r^ouit.
Blentdt, dimanebe, on ya louer la fiMe
Comme on faisait autrefois.
Que le curé gronde, crie et tempête!
Croit-il nous faire des lois?
G^e au sermon! il nous va d'importance
Laver la tôte k propos de la danael
Hais, flans cpiitter notre livre des yeux,
Ecoiitoiifl*le, d*im air silendeu.
Ah! maintenant il faudrait qu'on prépare
De beaux habits pour ces jouis,
Car pour le bal on s'attife, on se pare, .
Chacun met ses beaux atours.
Les gars ont fleurs aux chapeaux, et les béDes
Plis empesés aux chemises, dentelles,
Tabliers blancs contenant, ô bonheur!
Les pains d'épice offerts par le valseur.
Faut souliers fins afin d'être légères ;
(Les miens sont déjà tuut prêts.)
Jolis bas blancs bien tirés, praiide affaire I
Et tous les autres apprêtai.
Quand à la danse on arrive bien belle,
L'on trouve vite un cavalier fidèle :
Chaque garçon avec vous veut valser,
Et Ton ne reste jamais sans danser!
A notre auberge chacun se régale,
Sans grande peine, à sauter,
Mais au poteau du milieu de la salle,
n ne £Mit pas se heurter.
Tu la connais : Léne, de chez le maire.
S'y cassa presque le nez, triste affaire!
UrrtftATUBB PWOLàiBB M L'ALSACB-LORIUIIIB
Et, me heurtant, me fit faire un faux pas.
Et toi, beau coq, hélas ! tu m'échappas !
Chère Brigitte, ne va pas r^andre,
Mais garde bien le secret
Si quelque tille le pouvait apprendre,
Bien trop tôt on le saurait!
Et, vois-tu bien? moi, je connais les tilles
Qui voudraient être qui les plus gentilles,
Moi, Lise et Léne viendraient se dresser
Devant nous autres pour nous éclipser.
Mais pour danser il nous faut, ma Brigitte,
Choisir d'habiles valseurs.
Promets an tien, afin quil ne te quitte,
Un joli bouquet de fleurs !
Moit mon valseur est de belle prestance.
L'un est lourdaud, Tautre raide à la danse
Oui! Mais le mien sait si bien m'enlever!
Pareil valseur ne se peut retrouver.
Le bal prend tin. Avant qu'on ne reparte,
A table chaque garçon
OÛre du vin bien sucré, quelque tarte,
Un bon rôti, du poisson!
Chaque valseur reconduisant sa belle
Lui (ait la cour. Bientôt devant chez elle
La sérénade qu'elle entend lui fait
Plaisir extrême, en fermant son volet
Haguenau, 2G septembre 1881.
• 51S
XVIII
CHARLES BERDELLÉ
>t Inffirîc|iilfff,lienpj|pljtf|lOnMpae|i|im^^^
LE REPAS DE NOCES RUSTIQUE
de Catherme-Manomrdd<hw-^anci^^
Jacques de NiedersehUffokhemt raeonU par la Marie-OdUê'
dê-<heÊ-Jean'Fierr&-PaneUiHiégomt^Ba
Qu'il faisait donc bon, la semaine do Pâques,
Aux noces de la Catberine-Manon-
De-chez-rancien-maire-Jean-de-chez-Jean-Jacquea'
De Niedenchiefiolsheim.' Jamais! oh! mais non I
Jamais on n*a fût de pins belle bombance:
On servit tout ce quil y a de plus fin.
Quels beaux repas ! miment! si beaux qu'à la fin
Nous étions d*avis, tous, que Ton recommence!
Tu Tondrais apprendre ce que nous mangions?
Laissons les bouillons,
Bouillis, cornichons !
Parlons des saucisses et des saucissons,
De maint plat qui fume
D'excellent légume
Couvert d'un lard de fort engageant aspect
Après du boudin Ton nous sert du ciTOt»
* NicdenehiBfibliiMiBi el Btteeadorf wmt d«B tOUicm voiiiBi IHu
de l'antre dn etnton de Agnenaii. Les meta, qn*M méprit de l'ortho-
graphe orfiaiin now rtenlieoBB par dee tratto-d'aslea, tndaieeni
eheqne fob on eenl mot do texte aleieien.
Digitizoû by C3t.)0^lc
UlrtlATinUI Nfa.â1IB m L'AiSACMOtlAOn 618
Des pommes de terre avec beaucoup de graisse.
Puis du bou tilet si bien garni de lard
Et si bien rôti que personne n'eu laisse
Le moindre brin ! du mouton, du canard,
Du veau, du poulet suivi d*une grosse oie,
Et maints bons flacons qui nous mettent en joie.
Des tartes, des Kouguelhonpfe* et des gftteaoz
Aussi bons que beaux,
Pas faits à la hftto :
Trois heures la mère en tra?ail]a la pftte,
Et pendant trois beures ne reposa pas !
Eh bien donc! que dis-tu d'un pareil repas?*
Fallait voir surtout combien la compagnie
Etait bien choisie!
On y trouvait nos plus gros cultivateurs.
Tous gens très huppés, et les instituteurs,
Et l'appariteur, et l'adjoint, et le maire,
Tous pleins du louable désir de bien iiaire:
En effet chacun.
Pour être plus frais à pareille bataille,
Amyaitàjeun,
Tout prêt à se bourrer de la boustifaHle.
Aht e*e6t que les paysans ne sont pas sots.
Les gens de la ville, beaucoup plus nigauds,
N'ayant apporté ni cuillers ni fourchettes,
Comme on le fait pourtant à tout grand repas,
Pendant qu'on s'empressait de vider les plats
' hè EoagMlhopf «m Kovgatlhoapf (la pnmnieialioii mie nlvaiii
In localité!) est nae pfttiiMrle fidta avêo de la fàrine, dw omÎÊ, da
bearre, da lait, des raisins secs, dans des moules d'siie f<wiM partiev-
lidra. Cette pfttiwerie est très aimée en Akace.
' OMe tinde ett priae presque textaelleweat de la boaeho d*an
paiiiB qfli, dana ka années 80^ perlait de son TSpas de file.
RoeveUe Séné. - 11- aenéa. 88
514
itvn D*AUâfli
Penauds regiurdAÎent le fond de leurs aaaiettea
Ju8qa*à ce qne Jean vint à leur procurer
De chez les voisins des outils à baftrcr.'
Frau(;ois-lc-pan^u-<le-rhoz-le-fîros-Jean-George
S'en faisait passer (fallait voir!) par la gorge,
Li(iui(les, solides! car «on ne fait pas»
(Pensait le gourmand) «un aussi bon repas
A toutes les noces. H faut qu'on profite.
Surtout quand un honune cossu tous invite!»
Ainsi fûsait-il. Un voisin délicat *
Pour oArir du boeuf lui présente le plat
Le boBuf était miment d^i^parence exquise!
François-lo-pansu lui répond : «Oh la la!
Faut-il donc manger tout cela?»
Tout eu regardant d'un air de convoitise
La pièce de viande. Voyant sa méprise
Ses voisins lui disent: «Prenez le raorceau
Et mangez-le, car ce ne serait pas beau
De faire un afiront à celui qui régale.
Manger ce bouilli? ce n'est qu'un jeu d'enfant
Pour tous!» Il le prend, le découpe et Tavale
Aux huit, neuf dixièmes, puis, presque étouflant,
Il dit : «Le morceau, fichtre! est un peu trop grand!» '
Mais ça ne Tempéche d'avaler le reste,
Et, quand les plats passent, de bien s*en servir.
Deux fois plvLiAt quHine. Rien n^est indigeste
Pour lui, car il a, Ton doit s'en souvenir!
Un grand appétit et le veut assouvir!
Il dit h la lin, se tapant sur le ventre:
•Que mon sac e£>t plein et tendu ! plmi rien n'entre!
' Airivé à «a itpM de aooM à Nifldefwhaffrialwim iim Imtmaén
188a
Digitizoû by C3t.)0^lc
UTTÉlATimB fOmâni m L*AUAa-LOIBAim
615
Ah! si je pouvais avaler pour demain,
Je ne céderai» pas encor le terrain !•*
Alors, au milieu d'un rire épouvantable,
L'on quitte la table,
L'on va plaisanter,
£t sauter, et chanter. ♦
Par les sauts, la danse,
D^ontlant leur paose,
kea gens de la noce de très bon matin
Sont tout prêts k recommencer le fesUn.
On mange poissons, et légumes et viande I
François-le^pansu, pas malade, demande
Et mange à lui seul un énorme poulet
Pendant ce temps-là chacun slngurgitait
De mets variés une telle montagne
Qu^aux gens de la ville vraiment ça fit peur!
Et près de nous, simples gens de la campagne.
Plus d'un beau Monsieur, plus d'un fier ricaneur,
Malgré son esprit, son orgueil put apprendre
Comment des sons bien éduquét: vont s'y prendre
Aux repas de noces pour y faire honneur.
Bios, 22 mars 1880.
* ÂrriTé dans 1« dcnières années dn règne de Lenis-Philippe dut
nn dîner électoral
I
I
LE GATEAU DE FOIRE
(Histoire arrivée à Qagaenaa à la foire de Saint-Martin de 18ô8>'
Je Tais vous raconter une très belle histoire '
Dont je fus le témoin autrefois à la foire
De Saint-Martin. Bien sûr <,';i vous amusera
Et ma petite hibtoirti au cœur \qu& touchera!
Uu tout jeune homme h\, par fille très majeure *
Se trouva retenu, peut-être un bon quart d'heure
Auprès d'une boutic^ue, où la marchande ofirait
Âu public des gâteaux. La tille désirait
S'en faire payer un. Mais auprès de la tente
Le gar^n restait coi, se laissant c^oler
Par la fiUe, qu*hélas! il ne veut régaler.
Que n^estrelle plus jeune! Elle TarTête et tente
LMmpossible, espérant enfin le décider,
A force de prier, enjôler, minauder.
Mai> la marchande, qui voit où le bat les blesse,
Veut tirer le garçon de ^a grande détresse,
Et lui dit : c C'est honteux pour un garçon si beau, |
1 Si jeune, de ne pas ofiùrir un seul gftteau
c A cette vieille fillel • I
JSt la sotte pécore ,
Rougit, pâlit, se sauve, et court peutrêtre encore. ^
Bioz, 31 janvier 1881. I
* yanteor 6t «ndostoir tai préMnt à U séanea oomm» spaetaïav,
tt il m pnaûi PezMtitade.
Digitizca by
LirTÉaATcni porvum m l'alsaohxhiraihi
917
HISTOIRE D'ALMANACH
JJicUée à M. Eeguiato,
YitioMBt asifée en IBM*
C'est dans Uhlwiller qa*ime drôle d'histoire,
Amis, se passa. Si vous Tonlez m'en croire,
Prdtee moi Toreille, et Teuillei m*écouter : .
Dafts tous ses détails je yais la raconter.
C'est Tappariteur remuant sa sonnette
Qui, dans le village, à tous les coins répète :
t Grelin I J^nl GreUng! Klinklin! je vous fais savoir
f Que, ponr presque rien le public peut avoir
c Làrbas, h Faubeige, au bout de ce village,
f Fichus et rubansi On se montrera sage
t D*ett prendre, car tous ces objets, on les dit
c Terriblemenl' beaux! Le maiehand ihil crédit! »
Dana tout le village aussitôt on s'enflamme!
Les filles de L)ekel; la sosur et la femme
De Klaus; Lenel, Knthel et Nann aussitôt,
fit Gréte, et bien d'autres vont prendre d'assaut
L'auberge. Le nez que vous fait Taubergiste
No peut se décrire. Il s'étonne, il résiste
Aux riots en disant : « Que diantre! aucun uiarchaud
« Ne loge chez moi! non! personne n'y vend
€ Rubans, ni hchus, ni semblables articlesl »
' L'antour do la farce <^tait M. Rc^nlato, préparateur de chimie en
con^é dans le villaf,'o. Le texte allemand lui fut di'-dié et parut daua le
Uans im Schnockrloch. numéro du avril IHGl, avant de paraître
dans le Recuetl de poésies publit^cs par rauteur en 1K*j5.
' Terriblement beau, horril>loiiit<rit joli. Associations de mot! très
familières aux paysans du cautou de Uaguenau.
518 unit iTâiJUfli
Les femmes d'abord lui répondent qu'il ment.
Mais alors l'aïeule, mettant ses besicles,
Prenant Talmanach, l'ait cesser leur babil
Par ce simple mot : t C'est le premier avril! ■
L'histoire uous montre que lorsqu'à nos belles
L'on parle de robes, rubans ou dentelles,
De jupes, chiffons ou corsages, l'on peut
Les mener sans peine partout oà Ton veut,
Et que, si Ton veut leur dresser des embûches»
Les meilleurs iq^pAts seront les lanfreluches.
AU RETOUR DE LA FONTAINE
Hiitoire arrirée à Phalsbonrg 1« 36 mai 1859
Voyez donc ces deux! qu'elles sont bien eu Iraml
Car, Tune, tenant une cruche à la main
Et l'autre, portant sur la tête une seille,
Racontent, bavardentl vraimeotl c'est merveille!
Si longtemps debout! ça doit les fatiguer!
Alors un brave homme', pensant les narguer,
Vint leur apporter à chacune sa chaise
Et leur dit : « Mes belles, mettez-vous à Vaise! »
Mais elles, de rire, pis que chez Guii^nol :
« Vous Ôtes bien bon! mais le soleil nous gône.
« Monsieur! voudriez-vous vous donner la peine
c De nous apporter encore un parasol 1 »
Bios, le 22 lévrier 1881.
' L'auteur et traducteur de ce conte fut lui-in/*'me le ' brave homme»
en question. Le texte alsacien fut rédigé le jour même où l'histoire
arriva.
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LintMAmi PQtQUUU M L^AUACB-UmftAJIfB
819
LÀ VEILLËE DES PILEUSES
Soèxie zmstâqu.e alaaoiezxne
hoL «edne rtfpr^MtâB UpolSe de la M^Jbêne de chez Han84e-
Mercier. Un cercle de jeunes yaysam et de jeunes paysannes
y tiennent ta conversation suivante :
Mi-Lin
Voyez cette l'niîche guiilaudo
^ De tilles, de jeunes garçons.
Chacun a porté sa provende
D'histoires, de belles chansons!
Cest id qne chacun habille
Son prochain! c'est notre métier!
Sur quel dos verra-t-on Tétrille
Passer, sans le faire crier?
Commençons nos rengaines,
Mironton, mironton, mirontaines!
En parlant des fredaines
De ce fameux Jeanuot.
Il est louche et pâlot,
Boiteux, et surtout sot!
Pourtant il voudrait plaire!
Lui si laid, lui si sot vient nous faire
La cour. On le fidt taire
£n lui disant nigaud.
RMBLWELÈ
Avant tout, moi je vous signale
Lliomme à quatre-z-yeux qui près de nous s'installe
Le petit Français, l'employé des tabacs
un» d'albaoi
Qui près de nous lilleâ vient perdre ses pas
Et parle si mal qu'on ne le comprend pas!
Au lieu de danser avec nous villageoisefi
Aux idtea, à Brumatb, il prit des beuseoiBeB
Des belles portant
Un énorme volant,
Des bandeaux bouftants, la robe à crinoline.
Qu'à nous il revienne, et lui faisant la mine
Nous dirons : Eh bien! allez donc courtiser
Les belles que vous sûtes faire valser.
FRAJTTZ
Quoi! tu voudrais te pendre
Pour un si piètre amantl
Moi, Ton pourrait me prendre
Un pareil inconstant,
Sans que je ne me mette
A le redemander
Par tambour ni sonnette :
Ou pourrait le garder.
Mtf-Lin
Ah! c'est de la même façon
Que Meï regrette ce garçon
Qui Cait son tour de France.
Pourquoi te livrer, ma belle, à la souffrance.
Au deuil? Ne trouve-^îl là^bas
Des filka, et n'aorais^tu pas
Maints garçons au village
Pour te rendre volage?
m
Que ton discours m*est odieux!
Ah! que n'as-tu vu ses adieux!
Tu changerais do gamme.
UITtlàTDU nmJMM M L*AUâa-LOMUtl» Ml
fl II m'embrassa, dit : i Mon trésor,
t Mets au doigt cette bague d'or ! »
D'amour mon cœur s'enflamme
Quand il y pense encorl
t Viens, ma belle dit>il,
c A ma loi t, me dit-il,
t Sois tidèlel » dit-il,
« Comme moi ! b me dit-il,
« Moi je t'aime », dit-il,
• C'est écrit! » me dit-il,
c Fais de mdmel b dit-il,
ITartrU dit!
« Quoiqu'il faille », a-t-il dit, a quitter ce coin,
0 Oui ! ce doux coin,
f Je te serai lidèle.
< Troinre>t-on séduisants minois an loin,
fl Minois au loin,
< Tu restes la plus beUel
« Veux-tu m'attendre? • m*a4ril dit,
D'un son de voix si doux,
« Le cœur plus tendre », m'a-t-il dit,
a Au rendez-vous
« Je serai ton époux! » *
Tu voudrais, après ce discours
Que je sois infidèle?
Oh non ! à lui sont mes amours,
Je ne suis pas cruelle,
Et puisqu'il m'a voué son cœur.
Malgré toute distance
' Les répétitions des dit-il, m'a-t-iJ dit, sont du plus pur réalisme.
Je ne dirai pas de la couleur locale, rar ces répétitions oiseuses d'une
même phraie dolTent se retroa?er uu pou partout. — C. B.
1
Moi je veux faire son bonheur
Aussi par ma coa&tftocd.
MEÏ-K^TU
Tu fus très bien! Abl si le mien
Etait aussi fidèle!
n ne supporte aucun lien,
Court après chaque belle.
De la blonde à la brune, Jean
Voltijje et les courtise
L'une après Tautre. En moins d'un an,
Le village, il Tépuise.
Mais Je Yeux le laisser courir
Dès sa première frasquel
Dieu me préserve de iiruuir
A mari si fiintasque !
Si je prends un homme, ma foi !
Je veux qu'il ne soit que pour moi.
Non pour un autre masque.
HAKS
Tais-toi donc, car moi je pourrais
Chanter une autre note,
Disant que femme au grand jamais
N e doit porter culotte,
Ni jamais traiter de soulard
Son mari rentrant un peu tard
Comme Mi mainte sotte.
MXI-LISB
Ici vous voyez le mépris
Que font de nous nos bons maris.
Tendant que la femme travaille,
Son mari sort, et fait ripaille
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urréiiATtmB rorauftt m L'ALaACB-uHUUim Ott
A l'auberge!... Il ne se méprend
Ce Yieux proverbe qui prétend ;
• Le nôtre,
c Le vôtre,
I L'on est tout comme Paatre. »
HAJ»
Allons, les femmes! Taisez-vous!
Vous faites, comme nous, vos coups.
De Pargent! Le café, sans doute,
Comme le vin, la bière, en coûte,
Et la parure en coûte plus!
On sait qne pour en &îre abus,
t La nôtre,
t La vôtre,
t L'une est tout comme Tantrel »
RÊSB
Cessez de tant vous disputer.
Car j*ai de quoi vous raconter :
L*on étendit de la litière
De la porte de Jean
Au volet de la cuisinière
Qu*il voit depuis un an! '
TOUS
Quels grands yeux ont dû faire
Ce beau couple d'amants?
' Dans certains Tillages de Basse-Abace, les amatears de scandales
font qticl(|tiofni« à de panvrea amants la mauvaise farce de joncher de
paille et de fiMullage le chemin qui va de la porte du garçon « an Tolet •
de la fille (an'» LadelJ.
KEVUE D'ALSACE
Mais ils ne devraient <îuère
Attendre plus longtemi»!
MBI
C'est que Françoise n^ose
Plus sortir en plein jour.
Parce que cbacun i^ose
Sur Jean et son amour!
MEX-USB
Ahl d fêtais Fhmçoise,
Je ferais autrement
Malgré ce qu'on dégoise,
J'irais vers mon amaut,
Disant : « En diligence
t Fais afficher mes bans,
• Pour réduire au silence
« Un tas de médisants! •
TOUS
Foin de la médisance
Et de tous les médiants!
HABS-LB-OHÂBBOH
Ça bâillonnerait mainte bouche
Parlant des malheurs des voisins,
n faudrait que ebaeun ne mouche
Que son nez, non ceux des prochains.
8IPP âê chet am-u-OHABM»
Qu'on l)aliiye, eu ville, au village
Devant chez soi, mais pas plus loin,
Mal};ré vents, neige, pluie, orage
il fera propre en chaque coin.
UnteATUlB POPULiOl OB L^ALBACB-LOMAINB fiSÔ
TOUS (en chœur)
Qa*on balaye, en ville, au village,
Devant ches soi, mais pas pltia loin!
C'est que les garçons, en I honneur de Françoise,
Ont fait plus d'un pas de boucher!
Ciiacun d'eux par suite coutre elle en dégoise,
£iu qui voulaient se rarracher I
FBANTZ
Vous iillea, voyiez d'nn esprit jaloux
Les garçons manquer à leur rendes-vous
Pour fiûre la cour à votre rivale;
Aussi chacune de vous la ravale.
Mais le monde est instruit, hélas!
Des causes d'un pareil fracas
Et n'en fait pas grand cas I
Assez médit, les garçons, et vous toutes,
Il commence à se faire tard.
Si vous le voulez, nous casserons des croûtes,
Trêve à Tesprit Imvard.
Voici du pain bis, du bon marc et des pommes.'
£h! qu'on s'en régale, les tilles, les hommes,
L'on entend le crieur de nuit
Qui dit : « Ecoutez, il sonne neuf heures! »
Faisant trêve à tout bruit,
Entonnez des chansons, et de vos meâUenres,
' Comoamationi par les^Un on condutordiiiiiMnMiil 1m vtilMw
Knialeiioni Hkmbrod om. Ztknmrbni (pain d0 nmif hami^ ^ de dix
heures).
■
6M MVOI ti'àUUM
Les tilles tout haut. ('ha(|ue «xarçon fera
La basse. La chanson nous reposera
Des tracas du jour. Puis nous pourrons nous dire :
t Bonsoir! demain nom nous remettrons à rire!
• Bonsoir!
• Â revoir! •
Haguenau, le 17 juin 1B81.
SATYRE CONTRE LES GARÇONS
(Février ISO^J
Faite mir la demande d'une jeune fille *
0 garerons, vous vous acharnez
A nous faire sans cesse
La cour, quand par le bout du nez
Nous vous menons en laisse.
Oh! combien, nous filles, nous aimons vous voir
Nous combler d*an tas de tendresses,
Chercher à nous plaire du matin au àoir
Et nous accabler de caresses.
Vous nous répétez les propos les plus doux :
« Mon cœur, mon bijou, mou amie! »
Et nous cependant nous nous moquons de vous
Et rions de votre folie.
0 garçons, vous vous acharnez
A nous faire saus cesse
' Au bal de carnaval 1862, à Phalsbourp, une jeune fille s'étAiii
plainte à l'auteur de ce qu'il ne parlait que des femmes et des filles
dans ses poésies, il fit aussitôt et lui dédia le texte alsacien du poème
ci-deuns.
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UTTÉRATUR£ POPULAIRE DE L'ALSACK-LORRAIMB
La cour, quand par le bout du nés
Nous TOUS menons en laisse.
Aux fêtes, vous aimez bien nous régaler
De vin doux et de pain d*épice,
Pensant de la sorte nous affiioler
Et saisir un moment propice.
Mais nous avalons pain d*épice et vin doux
Sans souffirir que Ton nous embrasse.
Puis nous TOUS quittons et nous rentrons chez nous
En riant de votre grimace.
0 garçons, vous vous acharnez
A nous faire sans cesse
La cour, quand par le bout du nez
Nous vous menons en laisse!
Rioz, le 28 janvier 1881.
m BON CONSEIL
(T«te alBMioii inédit)
Chaque localité possède de ces langues
De vipères, sachant épicer leurs harangues,
Des journaux ambuhnts, distillant le venin
Et le mensonge aussi, pour nuire à leur prochain.
Ce sont de vrais balais, pas pour Mer Tordure
Devant les portes, non ! pour la mettre en peinture,
Pour on souiller le seuil, la maison du voi?-iu.
Qui ne pourrait ici les noniiuer par douzaines
Ces bavardes prenant pour très bonnes aubaines
588 UTOI A^ALSM»
De mater, flétrir la r^ntation
Dlionndtes gens, ou bien de briser l'union
Bans nn ménage heureux, d*exdter des afiaires
Entre de bons amis. 0 Ainestes mégères !
Qui pourrait calculer et dire exactement
Tout le mal qu'ont causé vos langues de serpent?
Aussi détiez-vous des méchantes femelles,
Riche ou pauvre, enfin tous, citadins, paysans.
Ne les suivez jamais à la chasse aux nouvelles,
Mais, sans crainte traitez leurs discours de cancaiM.
Rioz, 1*' mars 1881.
Ch. BsBDELLâ.
Digiti/oû by Cjt.)0^lc
NOTES BIOGRAPHIQUES
BUB LSB
HOMMES DE LA RÉVOLUTION
STRASBOURG £T LES ENVIRONS
SuiU
STAHL (GEOROB-FitéDÉRic).
Né en 1757 à Bischheim au-Saum — Avant 1789. Bras-
seur à Strasbour*^' — 1790. Cafotier, rue du Jeu-des-enfants
— Janvier 1701 . De la Société des amis de la constitution —
7 février 1792. De celle des jacobins — 3 octol)re 1793.
Nommé du Conseil municipal — 8 octobre. Membre sup-
pléant du Comité de surveillance et de silreté générale du
Bas-Rhin — 8 octobre. Maintenu notable de la commune —
22 octobre. Trésorier du Comité de sûreté fçénérale du Bas-
Rhin, Monnet lui délivre un mandat de 6000 livres dont il
aura à tenir compte — 2 novembre. Il approuve une liste
de deux cent quarante-huit suspects à incarcérer — 5 no-
vembre. De nouveau élu notable — 14 décembre. H lève lee
scellés chez Laurent, ex-vicaii*e épiscopal — 21 décembre.
U aert d'intermédiaire à Schneider, enlermé à TAbbaye, à
Paria— 94 décembre. Au Séminaire» U examine lea pétitions
et reçoit les rédamations des prisonniers — 25 déoembfe.
Avant de se dissoudre, le Ciomité de snrveiUanoe et de
sûreté générale du Bas>Rhin lui ordonne de régler les
comptes — 80 janvier et 38 avril 1794. Confirmé notable —
26 octobre. Encore aux Jacolilns — 1797. Administrateur
NoattUe atm. — 11-* année. 84
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530
REVUE D ALSACE
municipal Boos la présidence de Démichel — 1798. Admi-
nistrateur muniaipal sous la présidence de Grand-Mougin.
STAMPF (Jean-George).
Né on I7r)0 à Strasbourg, où li était militaire avant 17>î9 .
Comme tel il est reçu à la Société dos amis de la constitu-
tion, en juillet 1790 — En février 179'i, de celle des jacobins
— Septembre 1793. Au Club, il figure dans une dispute où,
sur l'invitation du président, il arrête un jacobin qui trou-
blait la Société — 3 janvier 1794. Il sert de témoin à J.-G.
Sch wartz contre Baldner - 26 octobre. Encore aux Jacobins.
STARGK (Jban-Jagqubs).
Né en 1758 à Strasbourg, où il était tabletier-toumear
avant 1789 — 15 mars 1791. Do la Société des amis de la
constitution, qu'il ne quitta qu en Juin 179'2, à l'Auditoire —
30 janvier et '^^3 avril 1794. Elu notable <le la commune, sous
Monet — 26 avril. Reçu membre de la Société des jacobins,
où il est encore inscrit le 25 octobre suivant — Ën 1824, il
était encore tourneur rue des Hallebardes, n° 5.
STEMPFEL.
Ayant 1789, aubergist(< à la Gbarrue, au Faul>ourg de-
pierres — 1791 . I>e la Société des amis de la constitution —
14 novembre 1791. Elu notable du Cunseîl municipal de la
commune — 7 février 17'JJ. Il eut bien aimé faire partie des
deux Sociétés; mais aux termes du règlement, il lut rayé
de la liste des Jacobins et n'y rentra plus — 3 juillet. Comme
notable, il signe l'adresse de la municipalité à l'Assemblée
natiomde, lors des troubles du 20 juin, à Paris — 21 août.
Garnot, Prieur et Hit ter le nomment membre de ladminis-
tration du Bas-Rhin — 11 novembre. A l'élection, tenue
dans réglise Saint-Jean à Wissembourg, il est élu scruta-
teur du bureau pour Télection des membres de l adminis-
tration départementale du Bas-Rliin. et à cette occasion,
Schneider, dans son Argos du 27, fait une furieuse sortie
contre lui, le traitant d'homme portant Teatt sur les deux
épaules, appartenant à tous les partis et à aucun — 81 oc-
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LB8 HOHJOS DR Là BÈfOUmOK
tàbn 1796. Impo86 par SainWust et Lebas à 5000 Ihnrae, qu'il
a réglé les 6 6l 7 novembre suivant — > 1894. Aubergiste à la
Gbasae royale, &abourg de Saveme.
STERN ( JBAN^jteOBOB).
Menuisier à Strasbourg avant 1789 — Février 1792. Mem-
bre de la Société des jacobins — 6 décembre, 18 janvier,
8 octobre, 5 novembre 1793 et 30 janvier 1794, il est élu par
le peuple notable de la commune — 23 avril. Officier muni-
cipal — 26 et 30 mai. 11 approuve et ordonne l'arrestation
de passé cent de ses concitoyens qualifiés de suspects —
13 juin. Les mesures révolutionnaires proposées par Bier-
lyn sont de son goût, il faut les appliquer — 24 juillet. Au
Club, il ouvre une liste de souscription pour confectionner
un vaisseau de guerre contre la perfide Albion — 2 août,
n félicite la Convention nationale de la fermeté déployée
contre Robespierre, Couthon, Saint^Just et Lebas — 25 oc-
tobre. Biffé des Jacobins — *^ novembre et 10 décembre,
n assiste & linventaire des effets de rex-maire Monet
STEBEUilNG (BIichbl-Andbé),
à nSléphant, Finckwiller, n* 12.
Né en 1739 à Saint-Esprit. Il arriva après 1770 à Stras-
bourg comme écrivain — En 1789. Procureur fiscal de Qua*
tzenheim, BrOschwickersheim et Winlzenheim. En même
temps procureur-vicaire au Magistrat de Strasbourg — 1790-
1792 Gommis-grefQer assermenté du tribunal du district de
Strasbourg — Mai 1793. Memiare de la Société des Jacobins^
il était alors employé au département du fias-Rhin ~ 1« oc-
tobre. Il dénonce au Comité de surveillance permanent des
Jacobins, BeUa, recevenr du séquestre des princes étrangers
95 octobre 1791 n est encm aux Jacobins— 1797 à 1806.
Greffier du tribunal criminel du Bas-Rhin — 9 avril 1796.
Scrutateur du bureau définitif de TAssemblée électorale
tenue à rAudltolre — 1798. Elu, par Strasbourg, membre
des Assemblées primaires du Bas-Rhin.
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688
STCEBER (Elie-Louis) père.
Oôs 1784, greffie^a€yomt de la Gbanoellerie de ^sehwUler
— Gkefiier du 6 mars 1787 à avril 1791, épo<iae à laquelle il
prit le titre de notaire — 11 décembre 1790. Seerôtaire du
duo de Deux-Ponts — En 1790, membre du district de
Haguenau — 96 août 1791. En cette qualité U est élu membre
de Tadministration du département du Bas-EUiin, laquelle
8*étant constituée peu après, le nomma membre du Direo*
toire sous la présidence de Victor de firoglie— 8 juillet 1799l
n signe redresse du IKrectoire à TAiisemblée nationale, lors '
des attentats du 20 juin — dl août Maintenu par Gamot,
Prieur et Ritter — 12-14 novembre. A Télection tenue à
Wissembouig, il sort le quatrième comme administrateur
du Bas-Rhin, fonctions auxquelles il fut maintenu jusqu^à
Tarrivée de SaintJust et Lebas, en octobre 1793 — 2 nov.
n est arrêté, conduit à Thètel de ville et de là à Metz, Jus-
qu*en août 1794. Ciommencement de 1795, sur sa demande»
il est relevé de ses fonctions d^administrateur du district de
Haguenau 1797 à 1804. Receveur général du Bas-Rbin, à
Btrasbouig, promenade de TÊgalié» aiijourdliui Broglie —
De 1800 à 1805. Du Conseil général du Bafr-Rhin.
STOLZ.'
25 novembre 1798. Ministre de la religion luthérienne, il
al]»iare et se déclare n^avoir été qu*un charlatan salarié; aussi
la Société des jacobins arrête que son nom sera transcrit au
procès-verbal de la sésnoe.
SÏÛUHLKN (F&àMçoi&aoaBPB).
Né en 1780 à Molsheim — Avant 1789. licencié en droit,
puis avocat postulent au Conseil de régence à Saveme, et
finalement trésorier de la Tour aux pfennings à Strasbourg
— Septembre 179t. Du Conseil général d'admlnistratioii du
^ Je n'ai pas trouré de ministre protestant de ce nom; mais un curé
callioliqiM, à DorliaheiiB, en 17S8.
Digitizoû by C3t.)0^lc
UB wuam M LA wkmjmm
6S8
district de Sttafliwaig — 8 fulllet 1798. Reçu membre de la
Société des jacobins — 8 octobre. Destitué comme protec-
teur des aristocrates et principal aatenr des mesures ind-
viquendontradministration du district s^est rendn coupable.
Wagner, de Mutzig, le remplace — 14 octobre. Sa rédusion
au Séminaire est ordonnée par le Comité de sûreté générale
du BsS'Rhin — 81 octobre. Imposé par Saint-Jast et Lebas
à 10/XX) livres — 6 novembre. Il paie cette somme, et quélr
ques jours après, il est mis au Séminaire — 21 novembre,
n réclame sa liberté, mais le Comité de sûreté générale
décide, qu'avant de se prononcer, il sera encore une fois
discuté sur Boa compte. La chute de Schneider le mit en
liberté, et il resta aux Jacobins jusqu^auxSd octobre 1794
17 Janvier 1795. — Bailly le nomme juge suppléant au tri>
bunal civil du district de Strasbourg — De 1797 à 1799.
Commissaire dips guerres à Strasbourg. Diaprés la nouvelle
organisât! on de 1800, il ne resta plus qu*un seul commissaire
des guerres pour tout le Bas-Rhin, le citoyen Ducrot. Dans
les places autres que Strasbourg, les maires étant chargés
du service courant — 1805. De nouveau commissaire des
guerres à Strasbourg et membre du Conseil d*administra-
tl<»i de lliépital militaire.
Sous la Restauration, il avait créé un cabhiet d^afEedres»
rue des Hallebardes, à Strasbourg.
STRIFFLER (François-Ignace).
Avant 1780, homme de loi. Tout en habitant Barr, il était
affilié en 1798 au Club des jacobins de Strasbourg — 16 dé-
cembre. Le Comité de surveillance et de sûreté générale
du Bas-Rhin le propose à SaintJust et Lebas pour le Direc-
toire du département ^ V janvier 1794. Nommé à ces fonc-
tions, il ordonne rétablissement provisoire d'une école gra-
tuite de langue française dans toutes les communes de la
Basse-Alsace. H est à déplorer que cette heureuse idée n'ait
point été poursuivie par les administrations qui se sont
succédé — 5 octobre. Vic&-préeident du Directoire du dis-
584
BKvra d'alsaci
triot — 95 octobre. BUR ans Jacobins — $Jan?tor 1796. No-
taire â Obecnai Jnsqa^u 14 novembre 1896 .
STAOHL (jEàN-DANIEL).
Natif de Bnimaih — 1793. Aide du maître d'école Isàet, à
Dorlisheim — 19 novembre 1798^ n dénonce Jean-JacqoeB
Fischer, pasteur protestant à Dorlisheim, pour avoir entravé
les progrès de la Révolution, lequel, âgé de 61 ans, est con-
damné à mort.
STOBER ( JKàN-GBOBOB).
1750. Pasteur à Waldbach, Ban -de -la-Roche — De ITfi^^ à
1703. Pasteur de Téglise collégiale de Saint-Thomas, à Stras-
bourg — 8 février 1790. Elu not2ble de la commune —
2 novembre. La Société des amis de la constitution lui vote
une lettre de remercîment pour le sermon patriotique qu*il
a prononcé le 31 octobre dernier à Téglise Saint-Thomas,
l'inviter à continuer un si beau zèle et lui témoigner le
plaisir qu^elle éprouverait de le voir assister à ses séances
— 11 novembre. Elu notable — 30 novembre. Membre de la
Société des amis de la constitution — 27 mars 1791. Membre
de ia municipalité, il arrête que Jœglé, curé de la paroisse
de Saint'Laurent, sera mis en état d^arrestation pour rébel-
lion contre révéque constitutionnel Brendel — 7 février 1792.
n passe aux Jacobins — S3 novembre 1793. Dans le temple
de la Raison, il abjure en ces termes :
BiBCeres, citoyens, la déclaration d'un vieillard qui, ayant passé sa
vie à chercher la vérité et à combattre pour elle, ose se donner le nom
tablime de pliiloM^e. Les obstacles que le fimatiame et la sapentition
m'oppoiërent eonetamment quand je m'eiforçaie d'enseigner & mes con-
âtoyens une morale sain^ pnr^ en nn mot philosophique; ces obstacles
ne sont plus. Je bénis le jonr où le soleil de la vérité est venn se Umr
SOT le sol des Français.
J'ai vou<^, t itoyons, et je vouo encore une haine éternelle au fana-
tisme et à l'imposture, surtout à celle de la prêtrise. — £t la liberté
qni mit d'écrasor le fiuatisme^ son pins emel ennemi, aAwmira de
jour en jonr les bases de la République 1 Qu'elle tIto^ qu'elle triomphe
àjanaisl
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LBS HOMMES DB LA a^VOLOTIOM
686
Le même jour, an Comité de sarreillaiioe et de sûreté
générale du fiaB-Rhio, présidé par Monet, on arrête, que
renonçant à la soperstition da culte, il sera recommandé à
la municipalité pour subvenir à sa nourriture.
Bien avant le 25 octobre 1794, il est biflé de la Société des
jacobins.
SULTZER (jRàN-MlGHBL).
Né en 1740 à Strasbourg. Serrurier avant 1789, place de la
Cathédrale — 24 mai 1792. De la Société des jacobins —
18 janvier 1793. Notable de la commune — 8 octobre. Main-
tenu — 10 octobre. Du Comité de surveillance de la Société
des jacobins — 30 janvier 1794. Officier municipal — 7 avril,
il fait appel à ses concitoyens j)our obtenir des effets et
chaussures pour Tarmée du Rhin — 23 avril. Elu de nou-
veau officier municipal — 26 et 30 mai. Il approuve Tarres-
tation de passé cent suspects de la ville — 13 juin. Il adhère
aux inesures de sûreté générale proposées par Bierlyn —
24 juillet. Il est pour la confection d'un vaisseau de premier
rang contre la pedide An^deterre — 2 août. Il félicite la Con-
vention nationale pour les mesures énergiques employées
contre RoJjespierre et autres — 5 septembre. Maintenu offi-
cier municipal sous le maire André — 25 octobre. Présent
aux Jacobins — 27 novembre et 10 décembre. Il assiste à
rinventaire des eSet» Monet.
TAQUET (Nicolas) ou DACHERT.
Avant 1788, menuisier à Strasbourg — 1799, du Club des
Jacobins — 27 décembre 1793. Devant le tribunal criminel-
révolutionnaire à Strasbourg, présidé parMainoni; il dépose
avec Louis Rooss contre Jeanldicbel Scbauer, pelletier, dont
la maison, Marchéaux-Poissons, 76, fut rasé. Sous les deux
noms, U n'est plus aux Jacobins le 35 octobre 1794.
TAFFXN (Charles), originaire de la Savoie.
Un ex-cbanoine de la cathédrale de Ifetz, puis curé de la
paroisse de Saint-Georges à Haguenau, et, en dernier lieu.
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REVUE b ALSACE
vicaire apostolique de l'évèque Brendel — 1792i. De la Société ■
des jacobins — 21 juin 1792. Au Club, il signe une circu- I
laire aux SooiMéB affiliées^ pour leur paindre la situation n
politique des frontières 34 juin. H est cit6 dewit le Juge II
pour cette adresse incendiaire, et la ssUe des lectures des II
Jacobins est fermée par la police — En Boars et avril 1793, I
président du Directoire du district de Hagnenau; lors des I
troubles du Kocherd>erg, il se transporte, avec Schramm. 1
dans les communes du même district — 5 mai. Nommé ,
président du tribunal révolutionnaire du Bas-Rhin, qui ne
fonctionna que cinq mois après — 98 Juin. Encore présidant ,
du Directoire du district deHagueau; il aasiate à uneséance i
de la Sodété populaire de Saveme et saisit cette occasion i
pour y faire la définition du patriotisme, et, après avoir '
engagé les citoyens à voler à la défense des frontières, il . f
clot son discours en disant qu'il saurait leur inculquer le i
patriotisme, si ce n'est par la voie de la douceur, du moins
par celle de la force.
L'auteur auquel j'emprunte ce récit ajoute que celangagQ
brutal fut vivement applaudi par l'a ssciiibiL'o. I
Quelque temps après, le Comité de surveillance de la
Société républicaine de Haguenau adresse aux membres du
Directoire du Bas-Rhin une plainte contre Taffin, qui, par
sa fausseté reconnue et ses indignes cabales, a chassé des
employés capables pour en mettre d'autres, à peine capa-
bles de dire oui et non en affaires d'administration. CSinq
messagers du district, des maîtres d'écoles, des marquilliers,
remplissent les nouvelles fonctions. Taffm est le plus grand
intrigant, aussi tartuffe qu'un moine de l'ancien régime;
enfin un honune bas et vil, qui a promis d'avilir et de per-
sécuter les patriotes de Haguenau aussi longtemps qu^
pourra. Nous demandons sa suspension, celle de son sscré-
taire et ami Hàlleas, et le remplacement de ses créatures —
15 octobre. Neuf représentants du peuple présents aux
armées de Rhin-et-Moselle créent un tribunal révolution-
naire à la suite deTarmée, et les membres de celui du 4mai
étaient naturellement désignés pour le composer ~S38 octo-
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us HOMMBS DK LA &&TOLDTI(»l
587
bre. A la séanoe extraordinaire des Jacobins et do Comité
de sûreté générale da Bas-Rhin» il est proposé pour juge du
dit tribunal, n en ftit le préddent — 24 oetolMre. Saint-Jnst
arriire inattendu à Straabouig, et dés le lendemain il le
sommede lui dire combien de têtes 11 a^t d^à fedt tomber.
Aucune, fut sa réponse; le temps nous a manqué, et depuis
vingt-quatre heures que nous sommes institués, nous n'avons
fait que vérifier les dossiers et travail 'é à faire respecter les
assignats. «Gomment, répli(jua Saiiit-.Iust, depuis deux fois
vingt-quatre heures en fonction et point encore fait sauter
vingt-quatre têtes? Va dire à ta commission cjue si elle ne
veut pas faire tomber de tètes, je ferai abattre les leurs, et
cela sans retard. Vous n'avez pas été nommés pour forcer
le cours des assignats et vérifier des dossiers, mais j)onr
exterminer les aristocrates dont ce département fourmille.»
Cependant on n^était pas resté inactif, car leprooés-verbal
de la première séance du Conseil d^administration de
rarmée révolutionnaire, signé TafBn« président, et Weiss,
secrétaire, nous apprend qu^il partira dés avjourdliuî,
38 octobre, une force armée de trente cavaliers, avec un
nombre proportionné de sansculottes armés à pied, pour
enlever des villages les plus menacés et les plus suspects
toutes les denrées, bestiaux, etc., pour les transporter der-
rière rarmée. Cest Hélmstetter, de Bergzabem, connaissant
les localités^ qui est chargé de Texécution — 26 octobre au
S7 décembre. Ce tribunal prononça près de 250 condamna-
tions, dont 31 tètes ont roulésur Téchafaud — 14 novembre.
D prend Tarrété suivant :
« Les amendes, le poteau, les galères n'ont pu jusqu'ici
■ forcer les assignats et faire respecter la loi.
« Le premier qui sera convaincu d'avoir enfreint la taxe
« ou avili les assignats, en les prenant avec perte, sera puni
fl de mort
• Si, dans les deux fois vingt-quatre heures, les bouéhe-
> ries ne sont point garnies de la viande nécessaire pour la
« Bubstentation de la ville, et surtout de porc, les plus
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« richoB dm boodheiB seioni anétéfl^ déportés el leo» bians
« oonfisqaés •
90 novembfe. Gomnie président do tribanal révohitloiii-
naire^ il assiste à la féte de la Raison, tenue dans la cathé-
drale» et du haut de la chaire 0 déclare à la multitude avoir
toqjoius porté la soutane ayec dégoût et horreur, mais que
le moment étant Tenu, il 8*e8t empressé des^en débarrasser.
J*ai eu le malheur d'être un serviteur de TEfl^liae^ mais je
ne Fai été que pour la démembrer, car je puis me flatter
avoir porté plus d*un coup mortel au pape, aux évéques et
aux prètrea J^algure donc officiellement et je lacère mon
brevet de prêtrise— 198 novembre, n lance Farrété suivant :
c Tout individu qui sera convaincu d^avoir caché ou
t Koustrait des biens ou efifets appartenant à des personnes
t condamnées à mort et à la confiscation de leurs biens, ou
• à des émigrés, sera regardé comme traître à la patrie et
I puni comme tel. >
Dans le compte que son greffier rend au district de Stras-
bourg, nous trouvons en dépense : 85 livres au tailleur qui
a ikit un pantalon au président Taffln ; 800 livres données
audit président en dehors de ses appointements; 36 livres
pour une paire de pistolets pour le même — 7 décembre.
D liiit payer 90 livres à Chrétien Pfeiffer, procoreur
de Dambach, qui a veiiialiBé contre F.-H. Ancel, de
sa commune, pour propos anti-révolutionnaires —7 décem»
bre. CoEjointement avec Schneider, il se justifie au Cîomité
de sûreté de la convention des jugements rendus par le
tribunal révolutionnaire du Bas Rhin — 15 décembre-
Mainoni le làit arrêter et Hougeot linterroge au Séminaire
— 16 décembre. G*e8t en vain qu'il cherche dans son inter-
rogatoire à couvrir un de ses vols, de Tau^orité du départe-
ment. On lui met sous les yeux : 1* L*arrê:é qui [)orte que
les rélMlles dans Tex-préfecture de Haguenau paieront les
frais de déplacement de la force armée, mais après qulls
auront été jugés tels par le tribunal; 3^ Un second arrêté,
qui casse Itenée révolutionnaire quHl avait levée de son
chef; lui or lonnant de rendre compte d*une somme de
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BSijûOO Hms lUégalemeiit perçue et non resUtoée, et loi
défendant dHmposer d'ultérieures taxes. Ces pièoee Teurent
bientôt conYaincn, et lliypocrite, paialSBant céder à la
yiolenoe du remords, comme si un lurétre de sa trempe
pouvait sentir des remords, prétendait avoir agi, dans
presque toutes les circonstances, contre le vœu de son
cœur, avoir été lorcé de céder à Tascendant impérieux
de Schneider, dont il craignait le caractère violent et
vindicatif et s'était &it un principe constant de ne
jamais le contrarier, mais de suivre aveuglement llmpul-
slon de sa volonté. Llnstruction ajoute : < Quel aveu dans la
bouche d'un homme qui fidsait alors les fonctions de juge,
qui, à tontes heures, prononçait sur la fortune, sur la vie de
ses concitoyens! * — 19 décembre. Demain, 20, il sera trans<
féré aux d devant Petits-Gapudns, et moyennant 12 livres
on lui fournit du magasin deux paires de bas de laine —
20 décembre. CPest à l'hôtel de Darmstadt quil fût transféré
et, de sa prison, il s'adresse au président et aux membres
du Ciomité de sûreté générale, pour leur dire que l'exhibi
tion des pouvoirs de Cterst les convaincra de la réalité de
l'existence de ceux accordés par les représentants du
peuple Lacoste et Mallarmé^ à Schneider, d'organiser dans
les promieis Jours d'octobre un Cîonseil d'administration de
l'armée révolutionnaire, et qu'en sa qualité de président du
dit Conseil, U devait signer les extraits du procôs-verbal
délivrés aux commissaires envoyés de sa part dans les cam^
pagnes, et comme la justification dépend de la production
de Toriginal existant ches Schneider, il a induloitablement
le droit d'àssister à la levée des scellés et à l'inventaire qui
en sera fSùt. Âprôs avoir donné copie des pouvoirs en ques-
tion, il termine en disant : «Cette preuve, ajoutée à celle que
vous a fourni l'ordre daos mon travail, doit vous convaincre
que tout ce qui dépendait de moi se faisait bien, autant bien
qoH était donné à un apprenti des fonctions dont peu de
jours avant je n'avais pas les premiers rudiments. • Et par
post-ecripitm : < J'ai déclaré dans mon interrogatoire qu'Eloge
Schneider m'avait chargé de faire pour lui la demande en
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Bim d'alsacb
mariage de la cftoyenne Stamm. » Quelques semaines aprào,
Umit fin à ses jouis an se tirant on coup de pistolet dans sa
prison, h6téL de Darmstadt, à Strasbourg.
TÉTBRBL (Louis) aîné).
Né en 1758 à Lyon. Militaire avant 1789 — 1" avril 1793.
De Paris, son frère Antoine lui adresse une lettre à remettre
à la Société des jarojjins de Strasln>nrfj. Il était alors aide-
de-camp du ^l'iiéral Dit'che, et c esl avec ce grade qu'il est
reçu membre des sansculottes en mai suivant — 21 dér.
Au Club, il s'inscrit le premier pour faire partie d"un
bataillon de {gardes nationaux, coinposo des jaunes p[ens les
mieux exercés et les plus vigoureux, pour rejoindre l'armée
du Rhin — 10 janvier 1701. Chez le général Dièche, il
déclare à la femme Massé que son mari n'a jamais été répu-
blicain — 3 février. De Dijon, Massé répond à cette accusa-
tion : « Il sied bien à ton aide de-camp Téterel,à cet imbécile,
à ce patriote de deux jours, de faire nn pareil outrage à un
homme qui le dédaignerait même pour son valet dans sa
prison. Qu'il apprenne, ce héros d'antichambre, à se battre,
penser, à lire et à écrire, avant de se constituer juge du
patriotisme! > — 25 octobre. Encore inscrit aux Jacobins.
TÉTEREL (Antoine) cadet, dit TÉTEREL-DE-LETTRE.
Né, dit-on. à Lyon, en 1759, d'une famille noble. Il a
étudié la prêtrise. Au commencement de 1789, il arriva à
Strasbourg comme professeur de français et de mathéma-
tiques. En 1790, membre de la Société des amis de la con-
stitution, mais, sur sa demande, rayé du tableau des socié-
taires le 2:3 novembre 1790 — 22 mai 1792. Du Comité des
Jacobins; il informe toutes les sociétés affiliées du procès
fait au frère La veaux, et leur donne des renseignements sur
la situation politique de nos frontières — 10 août Chaud
patriote qui a voté à Paris et a combattu au 10 août, mais
toujours de mauvaise humeur de se voir en si mauvaise
compagnie — 21 août. De retour, Camot le nomme admi-
nistrateur provisoire du Bas-Rhin — 12 novembre, à Téleo-
tlon qui eut lieu à Wissembouig, il est élu membre du
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LU Boum M^LA Htmimoif Ml
Directoire du Bas-Rhin, malgré une brochure portant :
< Mértez-vous de Téterel, un aventurier de rintôrieur, dont
l'ori^rine n'est connue de personne, à sa rencontre, le bon
Dieu en aurait peur et honte de l'avoir créé. » — 21 nov.
Ph. Simond, député à la Convention nationale, est enchanté
de cette nomination. — 23 décembre, il est à Paris et an-
nonce au Club renvoi do nouveaux commissaires de la Con-
vention, et à cette occasion il a eu une petite altercation
avec des députés qui prétendaient qu'il fallait envoyer à
Strasbourpf des hommes conciliants. « Je leur ai dit, avec le
ton que vous me connaissez, quand je vois la patrie en dan-
gers : Léf^islatours, ou vous ne connaissez pas mon départe-
ment, ou vous ignorez la langue française, il ne faut pas
concilier quand il s'agit de traîtres, il faut casser et recasser
jusqu'à ce que la République soit sauvée, je parle plus phy-
siquement que moralement, entendez-vous, mandataires
d'un grand peuple ! »
En mars 1793, Liebick et Lauth, dans leur précis sur la
situation de Strasbourg, présenté à la Convention au nom
des douze sections de la ville, ne se gênent pas de le peindre
comme n'ayant aucune connaissance de l'administration,
ne sachant pas un mot d'allemand, dont l'usage est indis-
pensable à un administrateur du Bas-Rhin, qui, malgré cela,
a été porté au Directoire par une cabale, au grand étonne-
ment et avec la plus vive indignation de tous les gens de
bien. Les faits qui le distin^^uent le plus, sont ses fréquents
voyages à Paris, il y est venu solliciter des commissaires et,
en dernier lieu, il y est encore venu calomnier la commune
de Strt-sbourg, ce sont ses seuls travaux connus dans l'ad-
ministration — 1"' avril. Il charge son frère de la remise
d'une lettre aux Jacobins, dénonçant Dumouriez, Boumon-
ville et Custine, comme traîtres. La liberté court de grands
dangers, Riihl protège aujourd'hui ceux qu^il a poursuivi il
y a quelques jours. Le peuple à Strasbourg est propre au
patriotisme, seulement il y a cinquante tètes pour la guillotine.
Veillez jour et nuit que tout soit en permanence. Avertissez
notre brave Diôche. Dites à cet oilicier sansculotte de
Digitizcu Lj ^•'.j^j^ic
m
BIVini D*ALBACB
tout voir, s'assurer si les balles et les boulets sont de calibre
et la poudre bonne — 3 avril. Il commence à respirer;
Duraouriez ne détruira pas la Hépul)li(iae et de la part de
Custine il n'y a rien à craindre ; cei)endant il reconnnande
de nouveau aux Jacobins de veiller, puis il tombe à bras
raccourcis sur le député Rûhl, et termine en déclarant que,
dans le département même, pour sauver son pays, il aurait
le couriige d'immoler les traîtres — Vice-président de la
Société des jacobins, il parait à la barre de la Convention,
demandant le rapport des décrets des 17 mars et 1" avril,
et le maintien de Couturier et Dentzel, ajoutant que le sang
était prêt à couler à Strasbourj? si les mesures qu'il propo-
sait n'étaient point adoptées. C'est en vain que Liebich et
Lautb ont cherché à prouver le contraire dians la séance du
lendemain — 4 avril II informe le maire Monet :
Paris est fort tranquillo; on so mot on mesure ponr en reponsser les
ennemis, qui, ensuite, payeront de leur tête leurs scélératesses; cela est
si vrai quo, faute de cette mesure, nous n'en finirions pas.
Je Toofl «iToie wi« Meonde copie du décret du 8 avril; IHeteicb doit
^tvo jttgé; quant à Pémigratioii par le départementi il était donc iiiipor>
tact de renvoyer les patriotes; les choses aont changées et ça ira.
Tous les brigands de feuillants tremblent à Paris; je n'entends pas
les affaires : je r/r.t quf cela ne suffit pn».
Tout est ici en permanence; je dois retourner à mon poste et je par-
tirai à minait.
Rûhl a en peor, et il nous a venda; il croyait qne tout était perdn;
il Tonlait se sauver. Je crois que les étrangers à Strasbonrg, comme le
disent les Feuillants, *mt autant de courage et de vertu que les çens à
Bàle d'or; nous ne sommes {»as encore sauvés, mais nous vaincrons, au
bien nous iraitierotis avec noua les traitres dans la tombe; voUà mon ser-
ment et j'y tiendrai Bentabolle nom a bien servi hier, quoique BSU
ait dit que Je ne devais pas me mêler de gouverner, mais esssgrer de
faire des figures géométriques.
17 mai. Membre du Directoire, il slnscrit comme
volontaire pour aller combattre en Vendée, d^où 11 eal
revenu au plus vite pour accepter le mandat de visiter
lee SodétéB populaires du Bas-Rhin, leur dire que le patrio-
tisme n^existe plus en Alsace, que Strasbourg n^êStoompoBé
que de oontr&«6volutionnaires, qu'en fût de patriotes il n*y
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LB BOMIIIS 1» LA BimilTKNI
648
a que lui et Monet, quil faut y enyoysr desiéroltttioiuuiires
éprouvés, des hmomes capables de régénérer la sodété,
maib qui ne se mettraient en rapport qu'aveo Monet et les
repréeentants du peuple présents dans cette yQle--10 août
8*adgoosant aux jaoobtauâ^ toujours sur le même ton, fl
entend qu'à Teieiiqïle de Paris, le peuple straabourgeois,
c'est-à-dire les oaTrier% fassent tomber sans pitié les lèles
des trattras» et cela par principe d^omanité, afin de ton-
• server en entier le peuple soaverain. Tel est son vœu le
plus cher, teQe est sa prôfesaioD de fol-*8 octobre. Membre
du Comité de sorv^Uance et de sûreté générale da Bas-Rhin
jusqu'au 25 décembre solvant — 9S octobre. Ejsdit CSomIté
et la Société des jaoobtais le proposent pour composer un
ctirtain Conseil demandé par les repi'ésentants du peuple
alors à Strasbonrg — 2 novembre. SainWust et Lebas
cassent radministntenr du Bas-Rhin, mais il est maintenu
pour former une Commission provisoire — 3 novembre.
Quatre autre terroristes lui sont accointa — 25 novembre.
Vva des dnq membres do Comité de surveillance des Jaco-
bins, qui se réunira demain, 26, à celui de la Propagande —
I^jà avant l'arrêté de Saint-Just et Lebas du 25 novembre,
ordonnant d^abattre les statues de la cathédrale, il avait
proposé la démolition de sa flèche, qu'il qualifiait de con-
traire à Tégalité. Dans les derniers jours de novembre 1798,
sur la proposition du représentant Baudot, il est nommé
membre d'un comité pour répurementetTorganisatioD, non
seulement de tous les Comités de surveillance, mais aussi de
la Société des jacobins; c'était préparer le triomphe du parti
français et la perte de celui allemand représenté par desétran-
gers — 16 décembre. Âprés la chute de Schneider, Saint-Just
et Lebos établirent à Strasbourg un tribunal criminel, dont il
fut assesseur sous la présidence de Mainoni. Il siégea pen-
dant environ deux mois et ne fut pas aussi cruel que celui
du 5 mai 1793 — 19 décembre. Aux Jacobins, il s'élève avec
beaucoup de chaleur contre la proposition de Bouillon, qui
demandait la mort des suspects qui seraient légalement
convaincus d'attentats révolutionnaires — 21 décembre. Le
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544
RSYLE UALSACK
noaveau tribunal dont il est assesseur ordonne à tous les
juges de paisc, commissaires de police. a<yoiiitB et oommiw-
Mires des rues, de se rendre à Taudience pour renseigner
sur ceux qui ont conspiré en faveur de l'ennemi et de Taris-
tocratie à Strasbourg et dans le département — 25 au 27 dôa
n condamne à 14,250 livres d'amende, avec exposition aa
poteau de la guillotine^ une épicière et deux jardiniers de la
ville. Peu avant le 10 janvier 1794, en compagnie de Monet et
de propagandistes, il fit une tournée à Landau et inoaroéra-
dans cette ville soixanteKlouze des meilleurs patriotes.
A son retour, il ordonne d*arrôter Butenschoen, son oom-
pagnon en Vendée, accusé d'avœr cherché à rétablir la per-
manence des douze sections — 10 janvier. Au soir» aux
Jacobins, il prit la défense du sansoulotte Massé, connu
par son dévouement patriotique et laissant une nooibreufle
fimille qui a besoin de secours ; mais Massé, du diéteaa de
Dijon, repousse cette avance : « Teterel, ddevant De Lettre,
a longtemps porté le masque du plus pur patriotisme; mais
depuis les mesures révolutionnaires, il a quitté son déi^uise-
ment; il s'est montré poltron, méchant et ambitieux. 11 £ait
en ce moment la coar aux hommes dont il a dit le plus de
mal, parce que ces hommes régnent et quMls le protègent »
— 30 janvier. Ex-juge du tribunal criminel, il est élu officier
municipal — 4 février. Témoin d'un versement de 23,736 livres
fait à Labaume, trésorier des Jacobins — 19 février. Il est à
Paris, probablement pour se laver des accusations portées
contre lui; car, à la séance des Jacobins du 6 avril, il est dit
qu'il a été calomnié par le bataillon de TUnion à la barre
de la Convention nationale; on lui a reproché des faits
aussi absurdes et faux que perfides de la part de ses enne-
mis. On fait la motion d'écrire à la Convention pour établir la
vérité. Oui! Teterel fut toujours la terreur des intrigants,
des modérée et des lôdéralistes. Ses frères d'armes qui l'ont
vu en Vendée, assurent qu'il s'est montré digne partout de
la réputation dont il jouit. On arrête une adresse à la Ckm-
vention et au Comité de salut public pour assurer sa con-
duite patriotique et énergique» tant à Strasbouig qn*en
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LB 801001 M LA fttVOLOTIOM
646
Vendée ^ 7 aTiil. Avec la mqnieipalitè il ftdt appel à ses
OQndtoyens pour obtenir dee efifete pour rarmée — 98 ayriL
HaiDteno officier municipal — 1* mai. Signataire d'une pro-
clamation aux Strasbourgeois, à l^occasion d'un cri odieux
qui se fait entendre et dont les expressions criminelles s'en
retracent chaque nuit sur les murs, celui de: Vive le roil —
25 mai. Du Comité de surveillance des jacobins, il envoie à
celui de la commune une liste de passé cent suspects, qui
furent arrêtés les 26 et 30 suivant — 13 juin. Il partage les
vues de BierhTi et apfiroavo les mesures de rigueur propo-
sées — 2 août. Lors de Tarrestation de Iloliospierre et de
ses complices, il s'empresse de signer l'adresse de la muni-
cipalité à la Convention nationale, et fut chargé de la porter
au représentant Duroy, alors à Strasbourg — 9 septembre.
Destitué par t'oussedoire — 25 octobre. Il n'est pas sur la
liste das membres du Club des jacobins — En décembre, lors
de Tarrivée de Bailly» il quitta la ville, en môme tempe que
Monet» pour ne plus y revenir.
THOMAa
Un des 90 propagandistes arrivé à Strasbourg en octobre
1793 — 19 décembre 1793. Au Club, il vote la mort des sus-
pects reconnus.
TISSERAND (Nicolas-Joseph).
Né en 1756 à Saint-Dié (Vosges) — Avant 1789, maître
d'écriture française à Strasbourg, place d'Armes, 41. Il en-
seignait aussi les parties du commerce — 1*' septembre 1790.
De la Société des amis de la constitution — 7 février 1792,
De celle des jacobins — Eu 1792. Avoué au district de Stras-
bourg — Aprèe le 10 août 1792. Procureur-syndic du district
de Strasbourg, en place de Popp — 8 avril 1798. En cette
qualité ildânoDcei Monet, un nid d'environ qnatoraecoquinB
de prétree, ebez A. Matbie, boulanger au Met^ergieesen*
et donne les in^trootions pour leur arrestation ~ 18 avril,
de Molaheim, Neellin le dénonce aux Jacobins, comme en-
nemi juré de la République — Id juin. H informe Jung,
municipal, qu'AmmerscbvfnUe, ex-préfet do Collège national
lloQV«ll0 fléito» — 11"* unét. 85
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5«6
etprôtre de Tancien régime, est logé chez l'aristocrate Men-
net, négociant — G juillet. 11 requiert Juog, de demander à
Durr, sellier, s'il n'a pas en dépôt des vins d'émigrés, d'ecclé-
siastiques et notamment de l'abbaye de Marmoutier —
18 octobre. Il assiste à l'Assemblée générale des autorités et
des sociétés populaires dans le temple de la Raison —
30 octobre. Dans une tournée avec l'armée révolutionnaire,
n impose 138 particuliers des communes de la Bruche à
1,570,000 livres, Barr seul à 300,000, et dans une seconde
tournée sept communes à 967,000. Outre le prélèvement
de ces taxes, il était encore chargé, avec Nestlin, d'arrêter
tous les suspects, saisir leurs papiers, numéraire, chevaux,
bestiaux et denrées, et de faire conduire le tout à Stras-
bourg — 13 novembre. Secrétaire des saosculoltes, il signe
une adresse aux sociétés aftiiiées :
La jattieeiiatioiiale et le salât de la Bépobliqne sont enfin à Tordre
du jour, nons avons juré la Rt'imblique nne et indivisible : qo'elle
triomphe, ou que nous périssons tous ! . . . . Son salut tient en bonne
partie au sort de cette frontière ; c'est donc ici où il faut que les amig
de la diose publique se réunissait. YeneSi frèrss» smTons ensemble In
cibese pnbUqne, on snobons nons ense? elir sons ses décombres, ete.
Peu de jours après il se relirait de la Société des jacobins,
mais pour peu de temps — 16 novembre. Il informe le Co-
mité de sûreté générale du Bas-Rhin, que Guttler, huilier,
peut être imposé et payer 300,000 livres — 22 nov. Comme
procureur-syndic, c'est aux juifs qu'il en veut, et sur sa ré-
quisition la Commission provisoire du district arrête :
La circoncision sur l'enfant mâle leur est interdite, ainsi que lo port
de la barbe longue, lis abandonneront aussi une langue qu'ils ne con-
naissent paa, et de lenis Unes hébrenz, et principalement dnTalmnth,
Il en sera fût nn antodaféw
C'est à cette époque et après avoir été pendant longtemps
l'ami de Schneider, qu'il tomba en disgrâce auprès de celui-ci,
qui le tait citer en justice avec de riches aristocrates comme
malfaiteurs. La Commission révolutionnaire du Bas Rhia
le condanma à la privation des droits do citoyen, à l'expo-
sition au poteau de la guillotine et à remprisponement jus-
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LB HomB m LA ntmmm
647
qu'à la paix — 7 décembre. Schneider, dans sa justification
à la Convention, attaque vivement Tisserand, pour les rai-
sons qui suivent :
Lors de la réquisition pour l'approvisionnement de l'armée, les cam-
pagnards fanatiques cherchèrent à les empêcher ou à les anéantir, et
iai âdmiBtetrsteiin publics» dont k devoir était de faire exécuter lee
oidrei rélatift à 1« réquisitloii, fiworinieBt m contrsire leur «ndaee,
en ne liTiant point au glaive de la jotiee eei mdjhitenrB, et en faisant
des rapports diamétralement opposés aux pouvoirs constitués. Tisserand
se trouvait de ce nombre : conïme depuis longtemps par sa liaison avec
les riches aristocrates, par sa démission de la Société populaire dans
lee momenta les plus critiques, par son indnlgence envera le ci-devant
Directoire da diatriot, dont il ne dénonça jamaiB let menées centre-
révolntionnaires, généralement regardé comme un homme vénal; la
Commission l'a condamné à la privation du droit de citoyen et à l'em-
prisonnement jusqu'à la paix. Il n'ignore poiut que ce jugement a déplu
à quelques personnes à qui les localités, les personnes et la cause elle-
même est inconnue ; mais qu'importe I La Commission a donné un
exemple lalntaire et cela suffit pour tranquilliser sa eonscienee.
Par haine contre Schneider, il s^allia aux ennemis de
celui qui Tavait déshonoré et devint un de ses plus acharnés
accusateurs; on prétend même quMl est le rédacteur du
Résumé des interrogatoires subis par les complices de Sclmeider,
dont les pièces soyit déposées au Comité de sûreté générale, et qui
contribua pour hoaucoup à sa condanmation à mort, quoi-
que portant la signature deMaiiioiii. Cette pièce futimprimée
le 2 janvier 1794 par ordre de la Suciété populaire — Après
la chute de Schneider, 15 décembre 1793, il recouvrit sa
liberté et rentra dans Fadministration provisoire du district
de Strasbourg? — 23 décembre. Sa pétition au Comité de
sûreté générale du Bas-Rhin, pour faire rendre compte à
Nestlin, sera remise à Slieser (un nom estropié) pour en
faire son rapport au Comité — 28 janvier 1794. Il lève les
scellés sur les caves renfermant les vins mis en réquisition
— 4 fév. Témoin d'un versement de 23,736 liv., effectué à
Labaume, caissier des Jacobins — 28 août. Au Comité de
sûreté générale du Bas-Rhin, il est nommé d'une commis-
sion pour examiner les incessantes réclamations de mise
en liberté de Noisette et Burger, enfermés au Séminaire —
54S
REVU! D'ALSACE
3 septembre. D'une autre commission, chargée de présenter
la liste des chefs de la faction Dietrich — 2ô octobre. D
figure sur la liste de la Société des jacobins, avec la qualité
d*a4judant-général de la garde Dati<male de SUaabouTi;. Il
était alora procureur du district de Haguenao Ea 1797.
délégué pour une enquête contre André Weinnm, de
Haguenau.
TISSERT.
Membre delà Propagande, venu pour régénérer les Stras»
bourjyeois — 19 décembre 1793. Au Club des jacobins, ap-
pelé à so prononcer, 11 vote la mort des suspects reconnus,
c'est-à-dii'e la LoLalité.
TŒRDEL.
Membre de la Propagande, venu en octobre 1793 pour
relever Tesprit des Strasbour^feois — 13 décembre. An Club
des jacobins, appelé à voter, il se prononce pour la tuort de
tous les gens suspects, après qu'une Commission populaire
aura été établie par la Convention nationale.
T0U8TAINT {Pjebbe).
Né en 1747 à Péris — Avant 1789 commis aux admini-
strations publiques, à StraslMMiig — 1790. Employé aux
fourrages mitttairee de la place — > Mai 1790. Reçu membre
de la Société dee amis de la constitution — 7 février 1792.
De celle des jacobins — 28 octobre 1793. Au Comité de sur-
veillance et de sûreté générale du Bas-Rhin — 5 novembre.
Il informe ce Comité, qiie Vigne, rue du Dôme, 2, a pour
marteau, à sa porte, une belle tleur de lys, et qu'il peut être
imposé à 200,000 livres — 15 novembre. Il lève les scellés
chez le libraire Treutel et déclare n'avoir rien trouvé de
suspect dans les papiers, au contraire, une correspondance
d'un bon civisme — 23 novembre. Le Comité le charge de
se renseigner sur RoUin, vicaire épiscopal de Nancy, qui
réclame un cei titicat de civisme — 29 novembre. Chargé de
Tinventaire des caves de Rondouin — 12déc. Sur d»?s ouver-
tures faites par Blanier, le Comité de surveillance et de
Sûreté générale du Bas-Rhin, considérant que leCiomilé
*
Digitized-by GoO§Te
UB «nain m la KÉmumii
649
secret de Itenée da Rhin eet eompœé de gens qol ne ni6-
rltenl pas la confiance de la République, étant presque tous
des étrangers, il arrête que les représentants du peuple, le
général en chef de Tarmée et le citoyen Magnier seront in-
vités de prendre, sans délai, les mesures les plus promptes,
pour épurer le Comité secret des membres suspects; qu'ils
seront remplacés aussitôt par des sujets dignes de la con-
fiance de la République, et que Toustaint se rendra dans la
journée de demain près le général en chef de l'armée du
Rhin pour Tinstruire des mesures que le Comité vient de
prendre — 15 décembre. Il interroge Nestlin et Martin, en-
fermés au Séminaire — 18 décembre. Il inlerrog^^ Clavol —
25 mai 1794. Du Comité de surveillance des jacobins, il
adresse à celui de la commune de Strasbourg une liste de
gens suspects avec invitation de les faire incarcérer; ch qui
eut lieu les 26 et 30 mai, au nombre de passé cenl — 28 août
Il est nommé pour faire connaître aux représentants les
crimes de Burger et Noisette, qui demandent leur liberté
— 35 octobre. Encore membre de la Société des jacobins.
TOUZAY (MiGBEL), aîné.
Né en 17^ à Bleret, district d'Âmboise. — Militaire avant
1788 — Arrivé au commencement de 1794, comme chef
d'escadron, à Strasbourg, il fui reçu membre des Jacobins
le 4 août — Le25 octobre suivant, il y est encore.
TOUZAY (Louis;, cadet
Né en 1756 à Amboise, militaire à Strasbourg avant 1789
— 1792. Lieutenant de gendarmerie nationale, lorsqu'il se
fit recevoir membre du Club des jacobins, le 3 janvier 1793,
et OÙ U est encore le 25 octobre 1794.
UHLENHDT.
Un Allemand — 1792. De la Société des Jacobins— 8 déc
1793. A nUdi, il vient an Comité de surveillanoe et de sûreté
générale da Ba»>RbiD, pour y déposer une lettre adressée
de TAllemagne à Holtzapfel, de Strasbonrg. Il n^est pas dit
ce que cette trouvaille renférmait. Quelques mois après, il
était radié des Jacobins.
660
Ufin »*âi«âCi
ULEUCH {ksoBÈ).
kWDk 17B8. Batelier à Strasiboarg ~ Ifàn 1790L Da la
8ooi6t6 des Jaoobins ^ 18 Janvier 17d^ Nommé notable de
la commune par Gonturier et Dentsel ^ 8 octobre et 5 nov.
Bfaintena notable ^ S2 novemkne. Au Glob des jacobins» fl
demande à Saint-Just et Lebas la soppreBslon de la perma-
nence des douze eeetione de la ville et Pépurement dea
comitée de surveillance, entachés d^aristocratie et de mod6-
lantisme — 80 janvier et 23 avril 1794. Notable —25 octobre.
B n^est plus membre du Club.
ULRICH (Jean-Daniel).
Avant 1789. Homme de lettres à Strasbourg, où il e&t né
en 1749 — 1791 . Second commis de comptabilité au Secr^
tariat du district de cette ville. Membre de la Société dea
amis de la constitution — 8 août. A Télection au Chéteau,
il est nommé membfe de radmloistration du Bas-Rbjn —
7 ffivrier 1792. De la Société des Jacobins — 21 août. Sua-
pendu par Camot— 81 octobre. Secrétaire dans les bureaux
du district de Strasbourg — 8 octobre 1798. Guyardin et
Milhaud le nomment au Directoire du district de cette ville
— 16 décembre. Propoeé à SaIntJust et Lebas pour remplir
les fonctions d^admioistrateur du département du Bas-Rhin
— 1* janvier 1794. Membre du Direct«^re du Bas-Rhin» il
ordonue rétablissement pravisoire d^ne école gratuite de
iirançais dans toutes les communes du Bas-Rhin — 2 juillet
B demande au représentant Hentz que les adhérents des
prêtres soient chassés de toutes les fonctions publiques; que
la gloire d'être comptés parmi les membres des Sociétés
patriotiques leur soit enlevée; que leur existence même
devienne étrangère à la République; qu'enfm ils soient
tellement surveillés, circonscrits, que jamais leurs souffles
ne puissent atteindre Tatmosphère de la République —
5 juillet. Il ratifie les ordres de Tarent national Mainoni
à Guefifemme, chef d'escadron de gendarmerie, de fouiller
les villages, ramasser tous les suspects et les conduire en
prison à Strasbourg — 23 juillet. 11 signe : président du
UB mmilB M LA ■ÉVOtOTHMI
561
IXraokdre do Bas-Rbtn — 95 JaQlet n deniande à Hto^
proToqaer Tordre de k démolition de tous lee dodiars de
FAlsace, exceptés ceux le long du Rhin, reconnus utiles aux
observations militaires, et celui du temple dédié à FÊlre
sopiréme à Strasbourg, monument aussi bardi que précieux
et unique de Tandeone arcbitecture — 8 août, n lélidte la
Convention nationale de sa fermeté an milieu des abîmes
creusés par Robespierre et ses complices — S9 août. Encm
préddent du Directoire du Bas*Rbin — 95 octobre. Encore
membre des Jacobins 81 octobre. Administrateur ~~
9 décembre. Préddent de cette même administration —
17 janvier 1796. fiailly le nomme commissaire de police du
9* arrondissement de Strad>ourg — 30 janvier. Membre du
Comité de la Société populaire r^oérée, il prend part à la
rédaction du nouveau règlement ^ 1798. Comme ex-com^
miasaire de police, U est élu membre des assemblées pri-
maires du Bas-Rhbk pour le canton de 8trad>ouj(g.
VALENTIN [Ignace).
Janvier 1792. De la Société des amis de la constitution
jusqu^au 27 juin suivtmt, jour de la fermeture de Taudiloiie
— 1792. Sergent do la justice de paix du 2' arrondissemcn!
de Strasbourg — 179:3. Membre de la Société des jacobins —
8 octobre 1794. Greffier de la justice de paix du 2" arrondis-
sement, il appose les scellés chez Monet — 25 octobre. Il
n'est plus membre du Club des jacobins — 179!^. Huissier
près le juge de paix du 2" arrondissement de Strasbourg —
180Q-1805. Greffier du même.
VÉRIUS (Jean-Frédéric).
Né en 1733 à Strasbourg, oti il était fabricant de peignes
avant 1789 — 1790. De la Société des amis de la constitu-
tion 7 février 1792. Il resta avec les Jacobins au Miroir —
25 octolwe 17d4. Il y est encore.
VEXINIESl (FbANÇOiB).
Né en 1735 à Besançon. Arrivé à Strasbourg commea^ln»
dant général A rarmée du Bbin, il est reçu membre de la
Société des Jacobins en décembfe 1793 — 25 mai 1794. Le
5»
Comité de surveillance des Jacobins le porte sur une liste
de suspects, en le qualifiant de ms^or de place — 25 octobre
17M. U «fit encove aux JaoobiDS.
VIALABS (8cii>iDM).
Né en 1746 à Montpellier. Uilitaira avant 1780; e^eet ainsi
qnll arriva à StrasboonK fin 1790 — Janvier 1791. De la
Société des amis de la oonstitation— 7 lévrier 1799. H passe
à celle dee Jacobins, où il est encore inscrit le 25 octobre 1794.
viennf:.
Membre de la Propagande; venu do Nuits en octobre 1793
— 2 f1écpml)re. Il signe l'adresse de cette bande révolution-
naire aux habitants de Strasbourg et des départements du
Rhin.
VINCENT.
L'origine de ce propagandist»' ost inconnue. Il arriva â
Strasbourg en octobre 1793 — 19 décembre. Aux Jacol)irisi
il vote la mort des contre-révolutionnaires et des suspects.
VISSANT ou WAISSâND (Jean Daniel).
Né en 1737 à Strasbourg, où il était orfèvre avant 1789 —
1790-1792. Essayeur à la Monnaie de Strasbourg — Octobre
1792. De la Société des Jacobins ^ 16 novembre 1798. Nommé
aux pesées et vérifications des matières d'or et d^ucgent,
livrées au dépsrtement du Bas>Rhin par les quatre districts
du ressort — 8 février 1794, U procède ft une pesée en détail
et» le 5, en bloc» d'où il résulte 1 marc 6 onces or, 189 marcs
argent et vermeil, et 1485 toques en or et en argent» esti-
mées 12,994 livres le tout, transporté de suite au secrétariat
du district pour y être emballé, en attendant l'envoi ft la
Convention nationale. Mais d'un extrait présenté plus tard
par Weiss, greffier du tribunal révolutionnaire, les 1485
toques se trouvent réduites à 404. Les rats avaient rongé le
restant — 25 octobre. Il est encore membre de la Société des
jacobins — 1797-1805. (inducteur principal deti ponts et
chaussées à Uaguenau.
VITASSE (Jean-Baptiste).
Né en 1751 à Metz» où il exerçait la profession de cloutier
is MmiB M Là ttfOLonoa
ayant 1789. AxtM à Straaboaig flomiiio mlinaire à la oom-
pagnie âjBê otnrrim, il fat reçu membre de la SoelM des
jacobins en décembre 1 79& Il y est enoora inaorit le 25 octobre
1794.
VIX (Jean-George).
Né en 1750 à Strasbourg, où il était commis avant 1789 —
1790. Premier commis de comptabilité an secrétariat du
Directoire de district de Strasbourg — Décembre 1790. De la
Société des amis de la constitution — 7 février 1792. De
celle des jacobins — 22 novembre 1783. Âu Club, il demande
aux représentants du peuple la suppression de la perma-
nence des douze aectiona et Tépurement des conûtôs de
surveillance — 25 octobre 1794. Présent au Club.
VIX (Jacques).
1789. Habitant du village de Dossenheim, canton de
Bouxwiller — 1792. Il est reçu membre de la Société des
amis de la constitution à Strasbourg. Après le 7 février 1792,
il passe aux Jacobins, qui le tirent nommer en 1793 com-
missaire du canton d'Oberhausbergen — 11 octobre 1793.
Anstett, administrateur du Bas Rhin, informe le Comité de
sûreté gônérale du département que Riehl, ex-prévôt de
Kûltolsheim, est caché chez Vix, commissaire de ce canton.
Glavel est envoyé pour l'arrêter — 15 décembre. Agent de
Stamm pour la levée des taxes révolutionnaires, il accuse
une recette nette de 29,149 livres dans neuf communes de
son canton; mais n'ayant versé au payeur Blanchot que
26,559 livres» il en résulte un découvert de 2590 livres dont
aucune trace — 17 décembre. Il requiert la municipalité de
la commune de SchUtigheim de lui payer dans les vingt-
quatre heures 25,000 livrée pour contributions forcéea Le
maire ayant remarqué que les chiffres du bordersau étaient
altérés, ses pouvoirs insuffisamment constatés, on fit venir
le Juge de paix et le collecteur mis en sûreté à l'hôtel de
Darmstadt. Après s'être justifié, il Ait relftché — 1797-179B.
Commissaire du JXacMoke exécutif du canton dX)berhaus-
6M
VOOT.
▲tuiI 1789. Fombbmat à SInulxrarff ~ 1791. Ganomte
de la nanto xutkmale de Strasbourg, rue dee Joilli, 6 —
151anirlerl799. DelaSooAél^ des am^ de la conettation —
7 Idvrier. H reele au Ifiroir vnc lea Jacobtna ^ 80 mars
1798. Le Goutté fAvolotioonaire le dénoDoe, lui et aa
femme, pour avoir tenu des propos afiatocratiques et dit,
en outre, qu'il comptait bieotèt dtra fidt eoiimel par le poo-
Toir esécntif — S2 novembre. Aux Jaooidna, il signe la
demande ans représentante de la suppreaak» de la pma*
nenoe des douze sections et d*onlonner roulement des
comités de surveillance-- 10 décembre. Au CSub, U vote la
mort dee suspects après triage Mt Plus tard, il a été incar-
céré, car, le 18 mars 1794, la SooiéCé des jacobiu^ esamlnanl
la liste des reclus, le signale comme un patriote consommé
el le reecmmsnde au représentant Bougemont, qui le fit
mettre en liberté — 25 octobre. Il est encore inscrit aux
Jacobins.
VOLGK.
Poissonnier à Strasbourg a vant 1789 — 1791. De la Société
des amis de la constitution — 7 février 1792. Il passe aux
Jacobins — 5 janvier 1794. Membre du nouveau Comité de
surveillance de la commune de Strasbourg, formé par Bar
— 20 mai. Il invite le Comité de surveillance du 1" canton
de Golmar de faire arrêter Lemp et le transférer à Strasbourg
— 21 mai. Pareille invitation à celui de Bordeaux d'incar-
cérer Siccard, ancien commissaire des guerres sous La fuyet te,
et le faire conduire dans la maison d'arrêt de Strasbourg.
Enfin, le 5 juin, il donne des renseignements à mots cou-
verts sur deux hommes audacieux qui ont menacé la liberté
publique dans Strasbourg (qui doivent être Saint-Just et
Ltebas) — 25 octobre 1794 Plus aux Jacobins.
VULLIER (J.X*
1703. Frocnreur^iyndic du district de Ssirebourg. Arrivé
à Straabonrg dans les premiers Jours d*oetobre 1798, m
llnvitation de Monet, pour fiiire partie delà Fropaganda
Digitizoû by C3t.)0^lc
UB BOimii M LA RÉVOLUTION
566
rftvohttloiiiiaiffa. Aucun nom n*a été autant «ttiopiè que le
sien — 18 ootobre. CTest ainsi quMl anitte à Tafiaeniblée
générale des autorités et des sociétés popolains dans la
tampls de la Raison — 90 novembie. U demande à Lémane
et Baudot le temple de SaintpThomaii, Tanoienne salle de
spectacle aUemand, rue Sainte-HélèDe, n^étant pîiis assez
vaste pour la féunkm des ssnsculottes. Feu de temps après,
}1 s'adresse aux mêmes représentants pom' obtenir le temple
réformé, Grande rue du Bouclier — 2 décembre. Si^ataire
de l'adresse de la Propagande révolutionnaire aux habiUmts
de Strasbourg et des départements du Rhin. Quelques jours
après, dans une séance des Jacobins, où Schneider, parais-
sant revenir d'une erreur, mêlait ses applaudissements à
ceux de la Société, qu'il avait cherché un instant auparavant
à entraîner dans une conspiration dont il tenait les fils et
dont l'exécution était sur le point de s'opérer, Vullier et
autres propagandistes ne lui dissimulèrent plus leur opiniou
sur sa conduite et ses projets :
Nons sommes yenns ici, lui dirent-iU, par l'organe de Voilier, aree
l'idée que tu étais nn bon citoyen; nous n'avons pas tardé à nous
désabuser; nous voyons aujourd'hui ton cœur à découvert, nous en
sondons les replis les plus cachés; le moment n'est peut-être pas encore
TMHi ds te fidr» eonnittre au peuple; dans pea ta lem on monitre à
Mt yens, ta Vu ûégjk ans nOcm.
Dans la nuit du 14 décembre Schneider était arrêté.
WAGHETTE (.Jean-Jacques), père.
Né en 1741 à Strasbourg, où il était ramoneur avant 1780
— Avril 1791. Membre do la Société des amis de la consti-
tution — 7 février 1792. Il passe aux Jacobins — 7 février
1793. Président du Comité de surveillance de cette société,
il reçoit les dénonciations coutre la famille Thiebuld —
11 mars. Rayé du Comité de surveillance des Jacobins, pour
avoir traité ses collègues de jeanfoutres dont il se fout —
S octobre. Officier municipal — 8 octobre. Confirmé dans
ses fonctions — 10 octobre. Chargé d'une visite domiciliaire
chas Mertz, du Ifarché-Neui; 5 — 26 norambre. UmUom
d*Qiie flommiMion pour pféaenter Isa moyens d^opéferla
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56G
levée des citoyens du Bas-Rhin — 6 décembre. Àa Club
des iacobins, traité de protecteur d'aristocrates, on demajade
sa radiation. Il convient de ses torts, prie la Société de n^at*
tribuer ses fautes qu'à une erreur, liroteHie de son rèpul>li-
oanisme et rédame l'indulgence de ses frères. Il demande
que si le Jugement de la Socièlé lui est défavorable, on exa-
mine ses comptes pour les dcms patriotiques et les collectée.
8a Justification est appuyée, el Ton ajoute, qn^ est un des
andans membres de la Société, plein de adle, desensiliilitiâ,
qu*il a toujours cherché à maintenir lliarmonie entre les
patriotes, et que s*U s'est un peo écarté du sentier du répu-
blicanisme, c^est par la feiblease; mais cette ftiblesse esl-
elle même un grand défaut dans un moment comme ce»
lul-d, où 11 fiiut de la force et de Ténergie pour tenasser
lliydre toujours reuaissant du fanatisme et de raiistocraHe.
On demande rstjoumement jusqu'à ce qu^ se soit fortifié
davantage dans les idées du jscobinisme — 8 décembre.
Plarr, teinturier, proteste contre cet i^oumement II conai-
dère Waghette comme indigne de faire partie du nomtïre
des vrais sansculotles, n'étant pas capable de faire changer
la façon de penser de sa femme et de sa famille — 30 mai
1791. Sa femme est incarcérée comme aristocrate et fana-
tique — 30 juin. Du Comité de surveillance do la Société
popidaire — 5 octobre. Aux Jacobins, il est proposé à Bailly,
pour membre du département du Bas-Rhin — 7 octobre.
Du Comité de surveillance des hôpitaux militaires de Stras-
bourg — 25 octobre. Il est encore membre du Club —
20 janvier 4705. Membre du Bureau de conciliation, établi
près le tribunal du district de Strasbourg.
WAGNER (Jkan-George).
Né en à Mutzig, où il était cultivateur avant 1789 —
En 1792. Notable de la commune à Mulzig — 3 octobre 1793.
Membre du Conseil général du département du Bas-Rhiu
— 10 décembre. Proposé à Saint-Just et Lebas, pour admi-
nistrateur du Bas-Rhin — 1" janvier 1794. Membre du
Directoire du Baa-Rhin, il ordonne rétabliasement d^una
m BQiaas m Là BÊroi.DTioii 667
éode gratuite de français dans toutes ks eommanes du
Bas-Rbia — 26 février. Avec ses collègues, il signe ane lettre
au Comité de salut publie de la Gonyentioii nationale, en
réponse aux impostures publiées par Schneider, alors à
TAbbaye — 24 avril. Il informe la Convention, que le Bas-
Rhin n'a point de suppléant vaccant pour remplacer à
rassemblée le traître Simond — 29 juillet. Reçu membre
des Jacobins — 1" août. De Paris, Lacoste informe la Société
des jacobins de la chute de Robespierre. Wagner et ses col-
lègues du Directoire arrêtent, que la lettre sera imprimée
pour lui donner la plus grande publicité; le Club s'étant
abstenu — 3 août. Il signe à cette occasion la lettre de féli-
citations, adressée par le Directoire à la Convention natio-
nale — 25 octobre. Encore membre des Jacobins — 9 dé-
cembre. Egalement en fonction — 1798. Elu aux assemblées
primaires du Bas-Rhin pour le canton de Molshaim.
WAHÉ (François-Joseph).
K onst dit, quil était vicaire à Strasboui^, quand 0 abjura
en noysmhre 1793, pour se fttire recevoir au Club du Miroir.
WASNER (Jean-Thomas).
Né en 1751 à Strasbourg, où il était sculpteur avant 1789
— 1791*. De la Société des amis de la constitution — 7 février
1792. De celle des jacobins — 18 novembre 1793. Sansculott«i
père de famille, il est allé renforcer Tannée du Rhin —
20 septembre 1 794. Du Comité de surveillance de Stra8lx>urg,
il informe celui de la sûreté générale à Paris, que Saum ûls
est justiciable du tribunal crimlDel du Bas-Rhin — 25 oc-
tobre. Encore aux Jacobins — > En 1834 Sculpteor, me des
Fsissns, & Strasbourg.
"'WEILER (Jban-Qbnbi).
N6 en 1740 à Strasbourg. — Avant 1780, boucher, rue du
Dôme, il succède à son père, lequel, en 1788, était séDateur
de la tribu de cette corporation — 2 sept 1780. Dans une rèn*
nion des échevins il propose la suppression du titre de pré-
teur, de le remplacer, comme à Paris, par celui de chef de la
bourgeoisie, ou de maire élu par la commune, qu'il désire voir
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666
déférer à Fréd. de Dietrich — 8 janvier 1790. Au Poêle des
cordonniers, il prend part à la fondation de la Société de la
Révolution, qui se constitua le 15 suivant; mais le 11 février
elle prend le nom de Société des amis de la constitution,
ce qui n'était pas de son goût — 8 février. Elu notable du
Ck)nseil de la commune. Cependant, le 15 juillet, il se fait
recevoir membre de la Société des amis de la constitution
— 11 novembre. Maintenu notable — 14 novembre r#91.
De même — 14 janvier 1792. Il passe officier municipal; de
Dietrich étant encore maire — 24 janvier. A. la Société des
amis de la constitution, ou déoonoe une brochure dans la>
quelle il est dit :
Quelle honte ponr Strasbourg, d'être gouvernée par lia tM de bon*
chers, brasseurs et cafetiers ; par des Wciler, etc.
7 février. Il reste au Miroir avec les Jacobins — 3 juillet.
Comme officier municipal il signe l'adresse de la mairie à
l'Assemblée nationale, demandant d'ordonner des pour-
suites contre les auteurs de la journée du 20 juin — 22 août.
Il est exlu de la municipalité par Camot, Prieur et Ritter
— 30 oct. 1793. Imposé par Saint Just et Lebas à 500O liv,,
qu'il paie le 11 novembre — 7 octobre 1794. Nommé officier
municip3l, il logeait alors rue de la Nuée-Bleue, 21 — 7 oc-
tobre. Du Comité de surveillance des hôpitaux militaires de
Strasbourg — 25 octobre. Il est encore aux Jacobins —
17 janvier 1795. Bailly le nomme notable de la commune
• 1805. Inspecteur dee boucheries de la ville.
WEILLER (J.)
Avant 1789, Uoendé en droit à Strasbourg ~ 80 septem-
bre 1790. De la Société des amis de la constitution» 19 mare
1791. £nToyé avec Laurent et Rivage, pour révolutionner le
Pàlatinat — 7 février 17991 H reste au Miroir avecles Jaeo-
bins » 25 octobre 1794. n n*en est plus membre.
WEINDII (ÂNDBÉ).
Avant 17M. Médecin à Haguenan — Janvier 1791. De la
Société des amis de la constitution à StrastMurg —7 février
179SL Deoélle des jacobins an Miroir -* 19 déoemkxe. Nommé
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us BOMHIB M Là BtVOLOTU»
659
ofaef du Gonsell mimidpal à Hagueiura — 1798. Trésoffer
da tribonal criminel lévolatioimaiie da BaS'Rhin — 8 déc.
1798. Le Comité de sonreillaiioe et de sdreté générale du
Bas-Rhin approuve son certificat de civisme — 21 décembre.
11 soumet son compte de recettes et de dépenses, d'après
lequel il est reliquataire de 118,919 livres - 25 octobre 1794.
Il n'est plus aux Jacobins du Miroir — 20 avril 1795. Son
compte est appuré par une différence de 7668 livres, dont il
n'a aucune justification — 1795. Président du Conseil muni-
cipal de Haguenau — 1797. Lui et ses collègues de la muni-
cipalité sont accusés. Il se retii e — 1797. Entrepreneur des
fortifications à Haguenau — 1800. premier consul le
nomma acUoiot municipal.
WEISS (G.-F.).
Institnteur à Strasbourg en 1788— 1792. De la Société des
jacobins ^ Novembre 1798. Q adresse à Monet la déolara-
tion suivante :
Depuis dnq aas je sols instftateiir d«s orplieliiu*, je leur ai frit
«iiMT las rertns civiques et soeitlei» lliuiiaiiité, las droits de numime^
Is liberté et l'égilité; cependant j'ai quelquefois prêché; j'ai étudié^
conjointement avec la philosophie, la théologie, cette science qui a
causé tant de maux au genre humain, qui l'a plongé dans l'ignorance,
l'erreur et la superstition, et qui jamais n'aurait dû exister. J'y renonce
de tout mon cœur.
25 octobre. U n'est plus membre da Club.
ElIUSa fiABTE»
BULLETIN BIBLlOGIUrUlQLE
I
I^ntla 217 et Btrubowg — ISnat sur la réonlon dd Btn»-
bourg à Is Franoe, d'aprtt dei doeuieais «ffieids et inédils,
par A. Lborblui — Konvelle édition — Paris, L. Hachette et C*,
éditeurs, Boulevard Saint-GemiMii, 79, 1881. — 1 ToL iB*8" de
VIII-42i pp. - Prix 7 fr. 50.
Voici un livre de saine raison, basé sur une étude scrupu-
leuse et éclairée des événements qui ont déterminé, en 1681,
la réunion de la République de Strasbourg à la France. D est
digne d*une appréciation critique que Pun de nos collabo-
rateurs voudra bien écrire quelque jour. En attendant, nous
devons le mentionner dans ce bulletin et en donner un aperçu
qui suffira pour appeler Tattention des esprits sérieux sur le
sujet qui y est traité.
« Les termes les plus outrageants*, dit M. Legrelle dans
« son avant-propos, suffisent à peine aux Allemands pour
• bien exprimer à cette occasion (la prise de Strasbourg)
« leur ressentiment contre la France, et il n'est guère, selon
■ eux, de noms plus dignes des malédictions de leur race tout
• entière que ceux de Louvois et de Montclar, les deux prin-
« cipauz auteurs de cette rapide et pacifique annexion. Les
« admirateurs des vieilles institutions féodales y voient une
« brèche fatale, ouverte par la main d'un monarque français
« dans un inviolable rempart du Saint-Empire. Pour les
• libéraux, la prise de Strasbourg, c'est, avant tout peutrêtre,
• la suppression d'une de ces petites républiques autonomes
« qui auraient pu assurer le triomphe de Tidée républicalue
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BOLLinir BUUOGRAmW» 661
• sur le prineipe monarchique, si on leur eut pennls de
« vivre. Les uns et les autres déplorent de concert dans cet
« événement un coup d'éclat qui acheva de consacrer la
• suprématie d'un simple royaume sur leur vaste et ambi-
• tieuse patrie. De là ces débordements d'une impuissante
« colère qui, bien des années avant la dernière guerre, dégé-
« néraient, parfois aussi, en doléances mélancoliques et en
« attendrissement larmoyant
« Quoique Strasbourg, à llieure quil est, n*ait plus que le
« droit, de par la loi des traités, d*évei]ler une immense et
• incurable douleur de ce côté des Vosges, nous ne croyons
• pas inutile, il s'en faut, de rechercher la valeur exacte des
• accusations rétrospectives qui, à la longue, ont amené les
« troupes prussiennes devant notre ancienne conquête de
« 1681 et donné satisfaction, par la force, aux injurieuses *
• revendications de la science germanique.
« Les archives de notre Ministère des Affidres étrangères
« contiennent, à elles seules, assez de documents inédits
« pour nous permettre d'apprécier le mérite des déclarations
• violentes parties tant de fois des Universités et des Cours
« allemandes. »
Ce& citations définissent, mieux que nous n'aurions pu le
faire, l'objet de l'excellent livre qui est sous nos yeux. Il est
divisé en neuf chapitres qui intéresseront au plus haut degré
ses lecteurs. Bien n'y est laissé aux déductions arbitraires,
tout y est fondé sur des preuves puisées aux bonnes sources,
les archives de la ville et celles des Chancelleries étrangères.
De l'ensemble de ce beau trayail, vraiment impartial et scien-
tifique, il ressort que les accusations portées contre la France
par la science historique de la Germanie, à l'occasion de la
prise de Strasbourg, n'ont aucun fondement; que le traité de
paix de Munster avait donné à Louis XIV des droits, mal
définis si l'on veut, mais des droits positifs; que les évène*
ments de 1672 à 1679 avaient clairement démontré que la
Nouvelle Séne. - année. 86
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BEVUE D*ALSACE
dtaation antérieure k 1681 devait néeessairement aboutir à
la solution vivement désirée par la partie éclairée du magis-
trat et de la population.
U
Oatolre abrégée des plut aaeiennea Ubliolhéqaea et des
premiers imprlmenm de Straabougf dédiée à H. I«oiBit
Smn, bibliothécaire en chef de le ville de Bftle, par Gta. Bommu».
" Straeboiug» imp. de R. SchiUts et O, 1882. — 1 toL de
11-900 pp. — A Strasbonig, chei Fiédéric Bull, lihtairie de l'Uni-
venité.
La première partie des notices qui composent ce livre a
paru en 1876 et 1877 dans la Bévue étAUnce^ sons le titre
de : Livres et hihUoOièques à Straehmrg au Mùyenk-Age, '
Vivement sollidté d'en donner une traduction allemande,
M. Schmidt a dû se décider à livrer cette traduction, 2t
laquelle il a pu ajouter le résultat des recherches et des
découvertes qu'il a faites sur le même sujet depuis ses
dernières communications à notro recueii Tel est l'olyet de
la première partie du livre que nous annonçons, et qui est
écrit en langue allemande sous le titre qui figure en français
en tête de ces lignes.
La seconde partie se compose de : Notices sur Ub tmprr-
meurs de Strasbourg avant 1520, Ce nouveau travidl du
collaborateur de la Revue d' Alsace offre un grand intérêt
pour rhi>t()ire littéraire de TAlsace au Moyen-Age. Nous nous
bornons à le signaler aujourd'hui » nous réservant d'en
donner prochainement, avec Tassentiment de Tauteur, une
traduction qui permettra aux lecteurs français de rester au
courant des travaux àe l*un des membres les plus éminents
et les plus estimés de notre ancienne et briDante Université
française de Strasbourg.
Quand la langue d un pays conquis est proscrite des actes
■ Yoyei : Tome de 1876^ pp. 48S à 454, et tome de 1877, pp. 59 à 8S.
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BULLBTtii niiLiomraïQUB
568
publics et de la vie parlementaire, c'est pour nous un devoir
de lui rendre rhommage qui lui est dû.
ni
Lea contes en vers d'Andrieux, saivis de lettres inédites arec
moûcm et notes, par P. Ristxlhubbb. — Burb, CHuuraTay frères,
éditeun, 1888. — 8» da XXXy-887 pp. — Prix 6 fr.
Ëst-ce le poète, le penseur, Téradit ou seulement le biblio-
phUe qui a déterminé M. Ristelliuber à rajeunir, dans une
charmante édition, les contes (CAndrieiix, Tacadémicien d'ori- *
gine strasbourgeoise ? Il serait difficile de répondre à une
question aussi complexe qui se pose naturellement au
premier examen du livre. Cependant, en y regardant de plus
près, on est porté à croire que ces différents mobiles ont eu
une part égale dans la détermination; car si, d'une part,
Tédition a la touche que le bibliophile affectionne et, au point
de vue de Pannotation, celle du littérateur érudit, elle a,
d'autre part, le mérite et la portée d*un excellent livre
d'actualité.
Journellement Ton entend répéter que, dans ses évolutions,
la société moderne engendre des vices et des situations qui
n'ont pas d'analogues dans le passé. Lisons le souper des six
sages d'Audrioux, son éintre au pape, lu bulle d'Alexandre VI,
l'hôpital des jous, le meunier de Sans-Souci, le doyen de
Badajoz, etc., etc., et nous verrons que les vices, les travers
et les égarements fustigés par le poète font pâlir les vices,
les travers et les égarements que Ton reproche à notre
temps. C'est peut-être aussi une des raisons — non la moins
louable — qui nous a valu le beau recueU que ces lignes ont
pour but de signaler aux lecteurs de la Bévue,
Une excellente notice biographique et littéraire sur
Andrieux et ses poésies a été élaborée par M. RIstelbuber et
placée en tête du volume, qui se termine par huit lettres
inédites concernant l'œuvre théâtrale du poète. Ces lettres
ont paru, pp. 2t>4 à 273, de l'année courante de cette Revue.
064
UVUB 0*AUAai
IV
Actes de la Société jurassienne d'émulation, réunie à Saîat>
Imîer le 28 septembre 1881. — 32^ session. — Saint-Imier, imp.
d'Ernost Grossniklaus, 1882. — Petit H" de 315 pp.
Conformémeut au plan qu'elle s'est tracé à son origine, la
publication annuelle de cette Société commence par un coup
d'œil sur les travaux de l'année dans laquelle a lieu la
session. Divisés en sections, les membres qui en font partie
' simposent le devoir d*organis6r des confârenees publiques
dans leurs districts respectifs : c'est ainsi qu*en 1881, la
section de Porrentmy en a donné trois, dont le roman du
renard, des expériences sur Mectricité dynamit^ue, une
visite dans un musée, les jardins d'enfants, l'école enfantine
Frœbel, le jour de Tan dans l'antiquité et une conférence
littéraire ont fait les frais.
La section de Saint-Iiiiier eu a donné onze, dans lesquelles
les sujets suivants ont été traités : Les jeux au Japon, Théo-
philo Gauthier, le nihilisme et Tespérance, les patriotes du
Vallon en 1733, Schliemann et ses fouilles à Troie et à
Hycènes, les temps féodaux dans le Jura, Talphabet, des
pyramides à TAcropole, Mirabeau, rirlande et la circulation
du sang.
La section de Bienne en a donné huit, alimentées par : Les
jeux au Japon, un poète coiffeur (Jasmin), trilogie de Ricbard
Wagner, les Nibelungen, Vereiugétorix, les salines suisses, le
docteur Puguut, souvenir de la peste en Egypte, Benjamin
Francklin, Schlicinauii, ses fouilles à Troie et à Mycèiies.
indépendamment de ces cuiifci euces, les sections ont fourni
des travaux sur Thistoire, l'archéologie, la littérature, les
sciences naturelles et mathématiques, et enfin sur des
matières d'utilité publique, parmi lesquelles nous distinguons
un rapport de M. le D' Schwab sur Tassistance publique dans
le Jura et les réformes dont elle est susceptible. Ce travail a
rétendue et le caractère sérieux que le s^jet comporte^ Les
Digitizoû by C3t.)0^lc
BULLETIN BIBUUGRAPHIQUE 6(6
réformes désirables sont exposées avec précision, avec un
sens compétenti et les conclusions sont formulées avec une
clarté qui ne laisse rien à désirer.
M. X. Kohler, président honoraire, fournit d'abord une
charmante notice historique et biographique sur les derniers
maires de Saint-Iinier sous les princes-évêques de Bâle. L'un
de ces maires fut le célèbre graveur B.-A. Nicollet II avait
sollicité cette fonction et Tavait obtenue, mais il n'en prit
point possession et démissionna pour rester à Paris et se
créer la célébrité qu'il méritait dans Tart de la gravure. On
lira avec amour la notice tout entière, et surtout Tappré*
dation critique de Tosuvre de Nicollet, tracée de main de
maître par M. Kohler. On lira également avec amour, à la fin
du volume, la notice nécrologique que le même auteur a
consacrée à la mémoire d'Auguste Quiquerez, « le patriarche
des études historiques, Thomme de bien, le patriote libéral,
le travailleur infatigable qui était l'honneur du pays d'Ajoie »,
ainsi que l'ont qualifié les journaux qui ont annoncé sa mort.
La Bévue d'Alsace, dont il fut l'un des premiers collabo-
rateurs, doit, elle aussi, s'associer aux regrets que la perte de
ce vaillant et inappréciable chef de tile a causés dans le
monde savant du pays. £Ue aura l'occasion d'exprimer ses
regrets particuliers à propos de l'une de ses dernières œuvres
qui vient de paraître, grftce aux soins de la Société juras-
sienne d*émulation, et intitulée : BtsUàre de la réunion de
fanden Mché de Bâle au eanhn de Berne — 1813 à 1818^
et Eittoire de la BévoltUion dam le Jura bemoie — 1830
à 1831.
Signalons encore dans ce volume une excellente étude
historique et religieuse, par M. le curé Mamie, sur Saint-
Imier et sa légende, puis quelques pièces de poésie : La
peinture et la musique, Vécrin du cœur^ les rires et les larmes^
par Marie Juillard et Virgile Bossel.
mm D*AUACB
V
Bulletin de la Société des sciences historiques et natu-
rèQas de l'Yonne. — Année 1881. — 35* Tolnme. — JLn^erre,
imp. de O. Bosillé, 1882. — 1 toL ia^ de LTII-173 pp. — An
leerétMiat de la Société à Anxem^ el à Paris» chez 0. MassoB,
litraire, bonleTard SainVOermain, 190, et A. Claadin, libraire^ me
Génegand, 8.
Ce iascicnle fut suite au premier que nous avons annoncé,
page 143 de la Revue <t Alsace de l*ftnnée eouraiite. Il com-
mence par une monographie critique sur les chroiiiqueurs
senonais du Moyen- A qe, Odoranne, Clarius et Geoffroi
DE CouRLON. Dans les quatorze premières pages de ce fasci-
cule, M. Challb fait magistralement la part de ce qui peut
être consulté avec fruit dans les livres de ces trois auteurs et
de ce qui doit en être élagué comme entaché des erreurs
communes à la plupart des imitateurs des premières chro-
niques du Moyen-Age. Une étude historique sur le pays
sononais, par M. E. Vaudin, occupe les soixante-et-une pages
suivantes, et fixe l'esprit du lecteur sur l'état du pays des
Senones avant l'occupation romaine, sur les monuments
gaulois dans la région, les polissoirs, les dolmens, les crom-
lechs, les menhirs et les tumuli qui y ont été reconnus. Le
chapitre II de cette étude traite de la situation du pays après
la soumission de la Gaule à « son antique ennemie du
développement de la prospérité qui en fot la conséquence,
des arènes, des aqueducs et des voies qui furent établis par
les Romains, des villes et des villages qui se formèrent, des
premiers apôtres du christianisme dans cette région et de
Tantique métropole de la Senonie, Sens, qui a < gardé de son
antique splendeur le souvenir que Thistoire transmettra aux
âges iùturs, en leur apprenant à vénérer en elle Tune des
vieilles gloires de la patrie, l'un des vestiges sacrés des
ancêtres Du même auteur une excellente notice sur les
trésors d*art de Sens, les pierres gallo-romaines, le musée de
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BULLBnN UBLIOGEAraiQUB
567
la salle synodale, la bibliothèque, les tableaux et le trésor de
la cathédrale. A une époque où renseignement de l'art du
dessin fait de si grands progrès, M. Vaudin a pensé que « le
moment était venu de signaler en détail les trésors devant
lesquels chacun peut aller puiser une intelljgente distraction
et les plus utiles enseignements ». En quelques pages,
M. Challe esquisse ensuite le tableau historique des grandes
voies de conununicatlon, des péripéties que subirent leur
destmetion et leur rétablissement à travers les ftges, et enfin
le triomphe de Tunité administrative qui a doté le pays des
grandes et moyennes artères de la viabilité, correspondant
aux développements du commerce et de l'industrie de nos
jours. La numismatique tonnerroise et un manuscrit de la
bibliothèque sont, do la part de M. Jolivot, l'objet de deux
notes descriptives intéressantL's. Môme remarque rapide sur
une notice concernant le conventionnel Saint-Fargeau, par
M. Challe, et une note sur les objets antiques trouvés à
Chatel-Censoir, par M. K Pallier. Une compilation bien
conçue et méthodiquement présentée, par M. Max Quantin,
sur le comté d*Auzerre au XV* siècle fait suite aux travaux
précédents. Elle est le fruit de recherches auxquelles 8*est
livré Tauteur dans les comptes de recettes et dépenses de ce
comté, conservés aux archives de la G6te-d*0r. M. Quantin
dit que son travail est une sorte de mosaïque pouvant être
utile à des études générales quand on voudra les faire. Nous
sommes de cet avis, et nous ajoutons que, sans les travaux de
cette nature, l'histoire se bornera à répéter ce que l'on sait
plus ou moins bien déjà, sur la vie, les faits et gestes des
grands, sans rien nous apprendre des conditions du peuple
dans nos duchés, nos comtés et nos seigneuries sous les
r^pmes passés. Les éléments de comparaison que M. Quantin
fournit aux écrivains futurs et aux lecteurs de la SoeiHé du
sckneei kithriques âe VFcme se rattachent : au domaine
ducal, aux redevances dues au duc, aux officiers du duc de
BKVUfi ALSACE
Bouigogne, «a chftteaii d*Aiizem, à la gafde de Saint-
Qfinrais, aux redeyancas divenes, à la taille bouxgeoise, aa
droit de main -morte, aux aides ou impdts indlreets, aux
gabelles et greniers à sel, aux messagers, aux guerres anglo-
bourguignonnes, aux confiscations, aux exécutions crimi-
nelles, aux amendes pour délits, aux maladies épidémiques,
à la convocation des vassaux, et à des faits-divers dans le
comté. Un roman d'aventures de saint J6r6me, par M. le
D' Bicque, une note sur les echlnoconus tnroniens, par
IL Cotteau, avec une planche, une note sur Tétage turonien
de TYonne» par M. Lambert, avec trois tableaux de coupe, de
répartition et de comparaison, terminent le volume que uou^
venons de signaler sommairement.
Le bulletin de 1882 nous arrive au moment de remettre ce
court aperçu à Timprimerie. La Mevue en pariera dans son
premier trimestre de 1883.
VI
Mémoires de la Société historique du Cher. — 3« série,
tome II — 3' livraison. — Bourges, imp. de H. Sire, 1882. — in-i*
de 113 pp. ayec une carte.
La Bévue d'Alsace a consacré, en 1880, p. 433 à 434, une
courte mention aux deux premières livraisons de la troisième
Série des mémoires de la SocUté hiatorigue du Cher, La troi-
sième livraison que nous venons de recevoir termine le
tome II des intéressants travaux de cette Société. Tandis que
dans l*Tonne, IL Challe a jeté un coup d*œil général sur
lliistoire de la viabilité dans les temps reculés, M. Hippol} te
Boyer s'est livré, dans le Cher, à des recherches sur les
anciennes voitures publiques du Berry. Ces recherches sont
précédées d'un rapide aperçu sur les voies gallo-romaines,
sur leur sort dans les Gaules à la décadence de Tempire
d*Occident| les dégradations qu'elles subirent aux invasions,
et le délaissement dont elles furent roljet sous le régime
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BULLBTDI BULIOGIUPBIQUB 669
féodal. M. Boyer aborde ensuite l'histoire da relèTement de
la viabilité, à mesure que le pouvoir royal se développa aux
dépens (les feudataircs. Cette belle étude permet au lecteur
de se faire une idée exacte des difficultés politiques et sociales
qu'il fallut surmonter successivement à travers le Moyeu-
Âge, pour arriver à une reconstitution de la viabilité
publique, dont l'état, à la veille de la Révolution, n'était encore
que mdimentalre dans nos provinces. Cest ainsi que Bourges,
la capitale du Berry, n'avait, en 1782, qu'une ou deux fois par
semaine de communication régulière avec les bureaux des
autres villes de la province ; mais le coclie de Taris et celui
de Lyon avaient trois départs, ce qui, eu égard à la longueur
du parcours et à l'état des routes, réduisait k une communi-
cation régulière par huit jours entre ces deux villes et
Bourges, en admettant que le même coche parcourût la
distance en trois journées pour l'aller et autant pour le
retour. La situation n'était pas meilleure dans les autres
provinces, car en jetant un coup d'œil sur d'anciens alma-
nachs, voir même du commencement de ce siècle, on constate
que beaucoup de chef-lieux de département n'étaient en
communication qu'une ou deux fois par semaine avec les
arrondissements. C'est ainsi que Belfort, par exemple, avait
encore, dans les premières années de la Restauration, son
coche, dont le bureau était au Banrf" rouge de Colmar, et qui
fiûsaît le service postal et de messagerie entre ces deux
vUles le lundi et le vendredi de chaque semaine. Les recher-
ches de M. Hyppolite Boyer ont pour base solide les sources
authentiques qu'il a consultées et des pièces probantes qu'il
publie à la tin de son beau travail.
Une dissertation, due & M. Paul Mureau, sur le lieu de
naissance du célèbre jurisconsulte Antoine Bengy, des notes
sur le Kansas, par M. Victor Rathier, des recherches de
M. F. Dumonteil sur Paffidre ou l'assassinat de sept per-
sonnes dans la nuit du 29 au 30 octobre 1796, et dont
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570 REVUB d'alsacs
les antenn sont restés inconnus, tenninent la deuxième
livraison.
La troisième, que nous venons de recevoir, clôture le
tome II et renferme encore des travaux originaux importants.
M. H. Boyer en ouvre la série par une notice sur les oritçiiies
de Sancerre. Après avoir écarté une opinion erronée sur
Torigine de cette ville, opinion basée sur des exercices étymo-
logiques trop hardis, Tauteur arrive à une conclusion qui est
commune à beaucoup d*autres villes et qui Mi remonter leur
origine à une époque antérieure à la conquête des Gaulée. Cest
un peu la question de VAlsoeê eeUiqtte et gauloise, ' (Paprèi
les motiuif ents de lu plus haute autiqnité, que M. H. Hoyer
fait revivre h propos des origines de Sancerre. M. A. Boulé
fournit ensuite au bulletin une notice sur Louis Marquis
d'Arpajon, gouverneur du Berry de 1715 à 1736. A cette notice
succède le catalogue descriptif de nombreuses séries moné-
taires du musée de Bourges. L*une de ces séries, composée
de trente-deux variétés empreintes de caractères inconnus,
dit le catalogue, et qui sont en effet indéchiffrables, sauf
peut-être au moyen de Talpbabet runique ; entin, le tome est
termiiit" j)ar une excellente notice de M. Hippolyte Boyer sur
le corps des marchands de Bourges.
Frédéric Evrtz.
' Voyez Beiw cCAhace, lb72, p. ô à 48.
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TABLE DES MATIERES
CONTENUES DANS LE TOME XI DE LA NOUVELLE SÉRIE — 1882
JANVIER - FÉVRIER - MARS
Pagos
G.-A. HiRH. — La Vie future et la Science modcroe (Fin) —
Preuves qa'apporte la science à l'appui de la notion d'ane
Tie future — L'existence d'un élément constitutif intangible,
impalpable, élément animiiine, est indestructible — Réfuta»
tioa des raisonnemonti» tendant à matérialiser les phéno-
mènes de l'ordre physique — Force et matière, circulation
de la vie, théorie vibratoire de la nature — IlospoiiHabilité
humaine — Elément pensant et animique — La perpétuité
et l'immortalité 5» 38
E, Qabsbr, — La famille de Rosen — Aperça historique sur
le r61e qu'elle a joué en Alsace — Inventaire des titres généa-
logiques et honorifiques — Arbres généalogiques — Contrats
de mariages — Testaments — Donations, pactes de famille,
traités, partages — Lettres-patentes, brevets, etc.. etc 39- 60
Arth. Rkwoit. — Les ex-Uhris dans les trois évéchéa — Tonl
Metz — Verdun — Bibliographes et collectionnenrs toulois
(Suite) — Les évègues bibliophiles, avec trois gravures dVj-
libris — Messieurs les chanoines — Description de leurs
ex-1ibris — Bibliothèque du séminiiire diocésain 61- 85
Ch. Bkrdf.llk. — Littérature populaire de TAlsacc-Lorraine
— Bavardages des commères de Strasbourg entremcMés de
quelques autres commérages alsaciens — Conversation dans
l'intimité entre Ursule et Julienne près de la Maison-Rouge —
Conversation intime à la fontaine par quatre servantes stras-
bourgeoisea — Conversation sérieuse sous les Petites-Arcades
entre dame Ursule et dame Salomé 86-1 U
X. MossMANM. — Matériaux pour servir à l'histoire de la guerre
de trente ans tirés des archives de Colmar (Suite) — Dé-
572 REVUE d'alsace
Pages
marches de Colmar en rae des négociations Peu de gûreté
dos routes -- youvoUe apparition du duc de Lorraine —
ColmaricDS prisonniers à Oflfenbouri? et Philipsbourg — In-
solence des gooTerneors, victoire des alliés, reprise dos
négociations — Quel sort réservé à l'Alsace? — Mort de
Richelien — Lettre de Mazarin — Donations faites par la
Sn^de à la ville de Colmar 112-122
Etiknnb Barth. — yot<'3 biopra)>hi(iuois sur les hommes de la
Révolution à Strasbnui j et les «.'nviroiis (Suite) — Sancy -
Sarftz — Saiirial - Scaer — Scbat/ — Si li:t'lYtf r — Scliorer
— Schilling — Schlœssing — Schmitthenner — Schmitx —
Schœll — Schouler — Schnéegans — ScIhk ider — Etiloge
Srhnftidnr 12^-137
Faip. K JBTZ» — Bulletin bibliographique — L Histoire d*un
proverbe mnlhonsien, d'r Fiirsteberger v'rgesse = compter
sans son h6te, par Ang. Stceber — H. Distractions poétiques
an Florival — vallée de Gucbwilb r, par G. Gcyelin — IlL
La liberté des Cimetières, par Ch. Schmidt — IV. Bulletin
de la Société des Sciences historiques et naturelles de
l'Yonne — V. Bulletin de la Société archéologique et his-
torique de rOrléanais 138-144
AVRIL — MAI - JUIN
Artit. Bkvoit. — Les ex-Uhris dans les trois évêrhi^s — Toul
— Metz — Verdun (Suite) — Bibliophiles et collection-
neurs tonlois — Bibliotli^qne des couvents — .\bbaye royale
de 8t-Léon - de St-E[)vre — de St-Mansuy — Les capn»
cins — Les cordelicra — Les doniinir.iins — Lfta doTTiini.
caines — du Tiers-ordre — Les bénédictins — Congréga-
tion Notre-Dame — Graveurs tonlois é^ejc-îibris — Collec-
tionneurs — Appendices — Noël — Complaintes — Devises
touloises — Deux ex-Uhris reproduits 145-169
P.-J.Talloh. — Légendes et traditionsrecucilliessurSt-Dizier,
Villars-le-Sec, Croix, Montbouton, Féche-l'Eglise, Lebetain
et le hameau du Val — Culte druidique — La fée — Pas
du diable — Le Matra — Les fonatines Jean-Maurice
le chasseur — La fosse aux Larrons — Plateaux de Croix
— Fauteuil taillé dans le roc — Les Chamborans de 1815
y Google
TABLE DES MATIÈRES
573
Pages
— Fontaine de Montbonton — Pèlerinage — Lepetain —
DéconTertes — La grotte — Les fontaines dn Val 170-1S>G
Ch. I^ekokllé. — Littérature populaire de l'Alsaie-Lorraine
(Suite) — Dame Kurtzlorcr et dame Zivolniann pendant le
blocus de 1814 — Après le blocus Les paysannes déso-
léea — Les demoiselles Spitznasel et Krnmh&ïgel — Le»
dames A. et B. pondant le second blocns — Après le second
blocus — La foarrnre de mariage — Les dames Dickhans,
Catherine et Suzanne — Enigme — Solution 197-231
D. IlOcKBL.. — Réglementation d'une forêt communale d'Alsace
anic XI* et xvi« siècles — Dop.nmftnt B — En Tfi articles. . . 232-255
X. MossMAyy. — Guerre de trente ans — Matériaux tirés des
archives de Colmar pour servir à son histoire (Suite) ■ —
Mort de Louis XIII — Diète de Fraucfort — Guébriant se
replie sur la rive gauche du Rhin — Il repasse sur la rive
droite — Sa mort — Défaite de Tntlingen — Arrivée de
Tureuno — Colmar se rapproche Je Strasliourg. — Saufs-
condnits pour le traité de paix — Moog, député à Paris —
Sa mort 256-263
Paul RisTBLBurBB. — Huit lettres inédites d'Andrienx aux
comédiens ordinaires du roi et an baron Taylor — 1825-1831 264-273
Eti mnk Babth. Hommes de la Révolution à Strasbourg et les
environs (Suite) — Le terroriste Jeaa-Qeorge Schneider —
Ses faits et gestes — Sa mort • 274-284
Fbéd. Kcrtz. — Bibliographie — L Histoire de Tabbayc de
Senoncs par D. Calmet, id. F. Dinago — II. Mémoire sur une
insurrection à Colmar en 1424, par X. Mossmann — III. La
vieille noblesse de la Haute-Alsace, par M. Kindler do Knob»
loch, IV. L'archt'^ologie et les beaux-arts dans l'arrondisse-
ment de St-Dié, par Henri Bardy — Y. Le château de Vie
au XYii' siècle, par Arth. Benoit 285-288
JUILLET - AOUT - SEPTEMBRE
P.-E. TvMWvnhi}. — L'Alsace artistique — Notices sur plus de
cent quarante artistes alsaciens des temps reculés et des
temps modernes - Ottfrid de Wissembourg, miniaturiste.
82U à 8(j'J — Le moine Villo, orfèvre, xi** siècle — Herrade
de Landsperg, miniaturiste, 1135 à 1195 289-313
L , . . y Google
674
RBVUE D'ALSACE
Pa^es
Arth. Bk!TOit. — Les ex-libris dans les trois échévés, Metz,
Tonl et Verdun (Suite) — Bibliophiles et collectionneurs
messins — Historique — Les évêques — Le grand cardinal
de Lorraine pscudo-évôgne — Le fils naturel de Henri IV
— Henri de Vcrncuil — George d'Aubusson de la Feuillade
— ga bibliothèque — son ex-librii — Le duc de Coislin —
Claude de Saint-Simon — Louis- Joseph de Montmorency-
Laval — Chapitre de la cathédrale — Séminaire Sainte»
Anne — Les monastères de Metz — Abbaye royale de Saint-
Clément, atec deax gravures 314-335
Ed. Gassbr. — Fonds et revenus dn prieuré de Saint Morand
d'Altkirch et do Itibeauvillé en 1772 — Terres lahouniblfia
— Prés — Vignes — Jardin — Moulin — Dixmes — Lau-
dpmcs dps (lixmM — Droit du Falh — Stoinharli — Rihpan-
Tillé — Ramersmatt — Riespach — Spechbach — Werentz-
hansen — Wittersdorf et Erolingen — Hesingen — Walheim
Carspach — Henflin^en — Roppentzwiller — Heidwiller —
Tagolsheim — Ilausgauen — Ranspach-le-huut — lierentz-
willer — Stnieth — Aspach — Charges de prieuré .•i:)<>-349
D. HOcKBL. — Document B. (Fin) — Art 62 à 76 — Forge-
rons — Bois de carbonisation — Glandage, etc. — Règle- I
ment de 1585 — Règlement de 1595 — Banliene de Ritters- |
hoffen — de Niederbetschdorf — d'Oberbetschdorf — Règle- j
ment concernant Ica t^ardes 350-369 |
Ch. Bbrdellé. — Littérature populaire de l'Alsace-Lorraine, •
A» «niti» — L'ftnfant mnnstrfl — La serrurière — Cathfirinft
et Christine — La dame du pasteur — La dame Werncr —
Le meilleur des mondes — Le cheval à trois jambes — Ma
préférée — Dame Bttchïer — L'Alsacien sur la cathédrale
de Strasbourg — En route vers la tasse de café au lait —
RihoHP! — f^niiHnlfltinn — Carnaval — Cancana — Marfama
Surpf — Licenciés — Dames Babbelmeyer et Schnawler —
l{hinchiss('iisp>i — Prt's de la ta.sst' de raté an lait — La
chope et la pipe 370-409
Etibswb Babth. — Notes biographiques sur les hommes de lâ
Révolution à Strasbourg et les environs (Suite) — Schnoller
— Schttgler — Schuller — Schumacher — Schwahn —
Schwartz — Schwoj^hanisser — Schwen«.sfeld — Schwind
— Schwingdenhammer — Sengel — Séthé — Silberrad —
TABLE DES MATIÈRES 575
Pages
Simon Simone! — Sommcrvogol — Spaii}^eU)crg — Speck
— Spielmann — Stamm Daniel 410-427
Fuie. KuBTz. — Bibliographie — I. Correspondance politiqne
adressée an Magistrat de Strasbotirg, par E. de Bouteiller et
Engène Hepp — II. Mémoires de la Société d'émulation de
Montbéliard. 1881 428-432
OCTOBRE — NOVEMBRE — DÉCEMBRE
L. Hkcnier. — Cinq lettres inédites de P.-J. Prondhon à son
ami Jouvenot, correcteur d'imprimerie — Février 1835,
Août 1839. Juin 1851. Novembre et Décembre 1855 433-444
P.-E. TuEPPRRn. — L'Alsace artistique (Suite) — Holinaud et
les calligraphes miniaturistes de Lucelle — Guta. calligraphe
— Albert de Strasbourg, architecte — Sabine, statuaire —
Erwin Je Stcinbach, statuaire — Calli^raplies du couvent
d'Untcrliudon deColmar — Les Wurmser, peintres — Ulrich
Rittcr, architecte — Wa'lfelin, sculpteur 445-477
Arth. Bbmoit. — Les ex-libris dans les trois évéchés. Metz.
Toul, Verdun (Suite) — Neuf gravures dans le texte — Ab»
bayes royales de Saint-Arnonld — de Saint-Symphoriea —
de Sainte-Glossinde — Antonistes — Auptistins — Capn-
cins — Grands Carmes — Petits Carmes — Claristes —
Célestins — Chanoines réguliers — Jésuites — Minimes —
Lazaristes — Dominicains — Récollets — Trinitaires —
Notre-Dame — Dominicaines — Btipédictines 478-508
Ch. B&BDELLi. — Littérature populaire de l'Alaace-Lorraine
(Fin) — Commérages alsaciens — Nous aurons la féte —
Repas de noces rustique — G&tf au de foire — Almanach —
La fontaine — Les tileuses — Bon cunseil 509-528
Et. Babth. — Notes biographiques sur les hommes de la Révo-
lution a Strasbourg et les environs (j^utte) — Stuhl — Stampf
— Starck — Stempel — Stem — Stierling — Stœber —
Stolz — Stouhlen — Striffler — Strohl — Stnber — Snltger
— Tachet — TafBn — Téterel — Thomaa — Tisserand —
Tissert — Toerdel — Toustaint — Touzay — Uhlenhut —
Ulrich — Valentin — Vérius — Vemier — Vialara —
Vienne — Vincent — Vitasse — Vix — Vogt — Vullier —
Waghctte — Wagner ' — Wahe — Wasner — Weiler —
Wcinum — Weias 529-559
d biK^oogle
576 REVUE d'ai^ce
Pa«ea
Fkkdkric Kurt». — Bibliograpliie — I. Lonis XIV et Stras-
bourg ; essai sar la réonion à la France, par A. Lbobmab
— II. Histoire abrégée des ping anciennes bibliothègaeg et
des premiers imprimeurs de Strasbourg, par Ch. Schmidt —
III. Les contes d'Andricux par P. Ristklhctber — IV. Actes
de la Sociéié Jurassienne d'Emulation à Porrcatruy — V.
Bulletin de la Société des sciences historiquei< et nutu relies de
VTonne — VI. Mémoires de la Société historique du Citer... 560-5 7Q
Tabi.f. drs matik»f.9 dft l'anni^ft 1882 571-576
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