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Full text of "Revue d'Alsace"

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Revue  d'Alsace 


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REVUE  D'ALSACE 


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REVUE  D'ALSACE 


NOUVELLE  SÉRIE 


ONZIEME  ANNEE 


TOME  ONZIÈME 

• .  •  • 


COLMÀR 

AO  BUBBiU,  6RiND*AUL  K*42 


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LA  VIE  FUTLRE 

ET 

LA  SCIENCE  MODERNE 


Lettre  i  1.  le  Puteir  *** 

G.-A.  HIRN 

GocrotpoDdut  de  nmtHnt  de  Fniiet,  AHodi  dct  Acadtai«  dct  Sdcaec* 

ét  Bd^nc^  de  Suède,  eie^  etc. 


Nous  Tenonfl  de  Toir  tomber  devant  la  science»  appnyée  sur 
la  saine  raison,  l*ane  des  aflirmations  fondamentales  du  maté- 
rialisme p  roprement  dit  et  conséquent  avec  lui-même  :  Tétemité 
de  la  Matière.  Le  même  ordre  de  raisonnements  s'appliquerait 

à  toute  autre  doctrine  tendant  à  expliquer  l'origine  de  l'Unî- 
vers  par  l'action  exclusive  d'agents  aveugles,  c'est-à-dire  de 
forces  inconscientes,  n'agissant  qu'en  vertu  de  propriétés 
innées  et  fatales.  L'eiustence  d'un  dieu  créateur  ne  peut 
certainement  pas  être  prouvée  directement  et  mathémar 
tiquoment  ;  mais,  ce  qui  est  Téquivalent  rigoureux  de  cette 
démonstration,  Tétemité  de  la  Substance  inconsciente,  en 
général,  peut  être  réfutée  rigoureusement,  et  cette  réfutation 
peut  être  considérée  comme  un  des  foits  les  plus  triomphale- 

*  Voir  la  Hntiion  H  denier  triaiitre  lêBt 


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6  BlfOI  D'AUAGB 

ment  tcqiàa  de  la  science  moderne.  —  Pour  quiconque  admet 

Texistenee  d*un  Dieu  créateur,  immortalité  de  Tètre  humain, 

et,  comme  homme  de  science,  j'ajoute  l'immortalité  de  tout  ce 
qui  vit,  sont  des  conséqiuncos  en  quelque  sorte  évidentes; 
nous  pourrions  donc  nous  arrêter  ici,  et  considérer  comme 
terminé  notre  exposé  des  preuves  qu'apporte  la  science  à 
rappui  de  la  notion  d'une  vie  future.  Mais  dans  ce  domaine 
oti  notre  intelligence  est  obligée  de  se  mesurer  et  de  lutter 
avec  linfini,  au  risque  de  s'y  briser,  le  doute  ne  cède  qu*à 
regret  son  poste  dans  Tftme  humaine,  et,  veillant  de  loin,  il  est 
toujours  prêt  à  se  jeter  sur  sa  proie,  au  moindre  signe  de 
défaillance.  Nous  ne  devons  donc  rien  laisser  dans  l'ombre  de 
ce  qui  peut  contribuer  à  affaiblir  sa  puissance.  A  ce  titre,  et 
au  point  do  vue  rigourcusiMnent  scientifique,  notre  ex})osé 
serait  bien  incomplet,  si  nous  l'interrompions  dès  à  présent. 

Pour  le  savant,  bien  difi'érent  en  ce  sens  du  laïque,  il  suftit, 
avons-nous  dit,  que  Texistence  d'un  Être,  d'un  Élément  con- 
stitutif de  rUnivers,  soit  démontrée,  pour  que  la  durée  de  cet 
Élément  soit  assurée.  Si  la  présence  d*un  élément  animique 
dans  Pètre  vivant  est  mise  hors  de  doute,  sa  durée  Test  au 
même  titre:  cet  Élément  ne  peut  rentrer  spontanément  dans 
le  néant  Mais  l'existence  d'un  élément  qui  échappe  à  l'action 
de  nos  sens,  qui,  par  son  essence  mémo,  est  invisible,  intan- 
gible, impalpable          ne  peut  évidenmient  être  constatée 

directement.  Nous  sommes,  scientifiquement  parlant,  obligés 
en  ce  cas  de  procéder  par  voie  d'exclusion,  en  constatant  bien 
correctement  que  les  qualités  de  ce  gui  tombe  sous  nos  sens 
ne  suffisent  plus  pour  expliqua  tel  ou  tel  ordre  de  phéno- 
mènes et  qu'ainsi  nous  pouvons  légitimement  invoquer 
Pexistence  d'un  principe  autre  que  ceux  que  nous  percevons. 
—  C'est  précisément  là  le  problème  qui  se  présente  à  nous 
dans  l'interprétation  des  phénomènes  de  la  vie  organique,  à 
quelque  degré  de  l'échelle  qu'on  la  considère.  Non  seulement 
nous  n'avons  aucune  perception  directe  de  ce  qui  diâérencie 


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Là  VB  roTou  R  u  scniHCB  Honniii 


7 


une  plante,  un  animal,  un  homme,  d'une  machine,  mais  nous 
n'avons  pas  même  la  moindre  notion  directe  de  ce  qui  constitue 
notre  propre  être,  ni,  bien  plus!  de  ce  qui  fait  mouvoir  la 
machine.  —  C'est  là,  pour  dire  vrai,  ce  qui  nous  explique  lu 
nombre  considérable  de  personnes  qui,  tacitement  ou  ouver- 
tement, nient  l'existence  d'un  élément  spécifique  distinct, 
donnAnt  lieu  aux  phénomènes  vitaux,  animiques,  intellectuels, 
aux  phénomènes  de  Tordre  psychologique;  et,  cette  fois  je 
parle  du  savant  aussi  bien  que  du  laïque,  c^est  ce  qui  explique 
le  grand  nombre  de  personnes  qui,  dans  les  phénomènes  de 
Tordre  purement  physique,  veulent  à  tout  prix  matérialisor  la 
force.  —  Pour  arriver  à  la  vérité  sur  ce  domaine,  nous  ne 
pouvons  procéder  que  par  voie  d'exclusion  en  réfutant  toutes 
les  hypothèses  explicatives  qui  prétendent  rendre  compte  des 
phénomènes  intangibles  avec  les  seuls  éléments  qui  nous 
paraissent  constituer  ce  qui  est  tangible. 

Notre  œuvre  d'élimination  serait  toutefois  facile,  si  nous  ne 
nous  trouvions  en  face  que  d*une  doctrine  de  négation  umque^ 
en  foce  du  seul  xatAbiaushb  pnpremmU  dU;  mais  en  ne 
nous  attaquant  qu*à  un  tel  adversaire,  nous  nous  ferions  la 
partie  trop  aisée.  Il  importe  donc  de  définir  et  d'évincer  une 
Ibis  pour  toutes  cette  doctrine  dont  hien  des  personnes, 
laïques  et  savants,  parlent  sans  la  connaître,  et  qui,  disons-le 
très  haut,  a  envahi  les  trois  quarts  du  domaine  de  la  science 
et  de  la  non-science  de  notre  temps.  * 

Le  matérialisme  proprement  dit  ne  peut  admettre  qu'un 
seul  élément  constitutif  de  l'Univers  :  la  matière,  formée 
d'atomes  en  repos  ou  en  mouvement,  partout  et  toi^ours 
identiques  à  eux-mêmes.  Et  c'est  eftectivement  là  la  proposi- 
tion soutenue  ai^ourd'hui  dans  une  multitude  d'ouvrages, 
grands  et  petits,  dont  quelques-uns  sont  devenus  réellement 
populaires,  et  constituent  le  credo  de  milliers  de  laïques  aussi 
bien  que  de  savants*  Selon  les  assertions  des  auteurs  de 

«  WWm  ST  HATIÉBB,  OIBOULATIOV  !>■  hk  VU,  THÂOBIB  VIBBÂ- 


ToiRE  DE  LÂ  VÀTiTRE  >  il  font  dtrc  al>8o1iimeiit  mmffle 

(j'emploie  l'expression  la  plus  polie  de  ces  livres)  pour  s'ima- 
giner que  dans  le  monde  animé  aussi  bien  que  dans  le  monde 
physique,  il  existe  autre  chose  que  des  atomes  matériels  en 
mouvement,  donnant  lieu,  par  leurs  rencontres,  aux  phéno- 
mènes de  l'attraction,  de  la  répulsion,  de  la  lumière,  de  la 

chaleur,  de  l'électricité,  de  la  vie,  de  la  pensée  

C'est  du  choc  de  milliards  de  billes  élastiques,  très  petites, 
mais  «ion  ùfinhnent  petUêB^  que  résultent  la  conscience  que 
nous  avons  de  nous-mêmes,  la  &culté  d*aimer,  le  sentiment  du 
beau,  du  vrai,  du  juste,. . . .  aussi  bien  que  le  plus  minime  des 
phénomènes  du  monde  physique. —(Test  ce  choc  qui  a  enfanté 
la  Vénus  de  Milo,  le  Parthénon,  Hamlet  de  Shakespeare,  la 
Symphonie  avec  chœur  de  Beethoven  

Il  faut  le  dire  bien  haut  et  avec  insistance  :  si  bizarre  que 
soit  un  tel  système,  et  quoiqu'il  tombe  en  quelque  sorte  sous 
son  propre  poids,  ceux  qui  le  soutiennent  ont  du  moins  le 
mérite  et  le  courage  inunenses  d'être  conséquents  avec  eux- 
mêmes,  bien  contrairement  à  beaucoup  de  leurs  adversaires 
qui,  sans  s'en  douter  peut-être,  sont  matérialistes  aux  trois 
quarts  par  les  doctrines  qu'ils  soutiennent,  sauf  à  rompre 
violemment  avec  le  matérialisme  à  une  certaine  limite  dont  U 
leur  est  nnpossible  de  légitimer  l'intervention. 

Le  matérialiste  qui,  dans  les  phénomènes  du  monde  physique, 
admettrait  l'existence  d'un  élément  distinct  de  la  matière, 
donnant  lieu  à  tout  l'ensemble  des  phénomènes  de  mouvement, 
de  forces  attractives  ou  répulsives,  n'aurait  plus  absolument 
aucune  raison  plausible  pour  rejeter  du  monde  animé 
Texistence  d'un  autre  élément  supérieur,  donnant  lieu  aux 
phénomènes  physiologiques  et  psychologiques  dans  tout  leur 
ensemble.  D  cesserait  à  l'instant  d'être  matérialiste  consé- 
quent. 

Réciproquement,  l'adversaire  du  matérialisme  qui  prétend 
bannir  du  monde  physique  tout  élément  distinct  de  la  matière, 


Là  vB  nrnmi  ir  la  icbiicb  «odiriib 


9 


n'est  plus  nullement  en  droit  d'invoquer  l'existence  de  tel  ou 
tel  élément  supérieur  pour  l'expUcatioii  des  phénomènes  de 
la  vie  

Et  celui  qui  pousse  llnconséquence  jusqu'à  nier  la  nécesp- 
sité  d'un  élément  de  nature  supérieure  et  distincte  de  la 
matière  cliez  Tétre  vivant  le  plus  iniime,  n'a  plus  le  droit 
d'admettre  l'existence  de  l'Ame  chez  l'homme. 

n  fiiut  du  moins  laisser  à  l'école  matérialiste  l'immense 
mérite  d'avoir  mis  hors  de  doute  l'ensemble  de  ces  propositions, 
qui  peuvent  être  considérées  comme  l  énoncé  de  faits  élémen- 
taires pour  tout  naturaliste  sensé. 

Le  matérialisme  n'a  jamais  été  attaqué  par  les  bases  ration- 
nelles et  scientitiques  sur  lesquelles  il  a  la  prétention  de 
reposer.  Il  a  été  réfuté,  surtout  par  des  laïques  exclusifs  et 
inconséquents,  &  un  point  de  vue  pwrmient  aeidmefM  :  c'est 
l'expression  la  plus  juste  à  employer  ici  On  a  objecté  des  figûfts 
de  conscience,  des  ai^ations  morales,  des  fiuïultés  intelleo- 
tuélles,  inconciliables  avec  l'action  de  causalités  purement 
mieamqiies  :  toutes  objecti<ms  d'une  valeur  incontestable,  à 
condition  que  ceux  qui  les  font  restent  conséquents,  et  n'aillent 
pas  eux-mêmes,  comme  le  font  jouniellenient  bien  des  spiri- 
tualistes,  expliquer  mécanifiuement  chez  certains  êtres  co 
qu'ils  prétendent  ne  pouvoir  s'expliquer  que  psychologique- 
ment chez  d'autres,  visiblement  identiques  en  nature;  dire 
par  exemple:  le  chien  fidèle  et  aflectueux  est  une  machine, 
mais,  l'homme  égoïste  et  vil  est  un  esprit  pur  

Le  matérialisme  logique,  répétons-le,  eq»lique  d'une  même 
manière,  non  seulement  les  plus  minimes  des  phénomènes 
physiques,  et  les  plus  sublimes  des  phénomènespsychologiques, 
mais  encore  les  plus  inextricables  des  questions  d'origine,  n 
rapporte  toutes  choses  à  l'atome  matériel  età  ses  mouvements. 
Il  a  (le  plus  la  prétention  de  donner  seul  des  solutions  claires 
de  toutes  choses.  11  est  évident,  d'après  cela,  qu'il  ne  peut 
être  attaqué  que  scientifiquement,  eu  cherchant  si  eâcctive- 


10  MVOI  D*ALUCi 

ment  il  satisfait  à  l'interprétation  des  phénomènes  de  tous  les 
ordres,  et  si  effectivement  il  est  doué  de  ce  degré  de  clarté 
que  lui  prêtent  ses  adeptes. 

Je  puis  être  extrêmement  concis  en  ce  qui  concerne  l'exac- 
titude des  interprétations.  Je  ne  m'arrêterai  qu'à  une  seule: 
elle  est  capitale,  il  est  vrai.  —  Deux  masses  matérielles, 
séparées  par  un  interralle  vide  en  i^parence,  et  indéfiniment 
grand,  tenâeni  l'une  yers  l'autre,  semblent  t^attirer.  Tel  est  le 
fait  (et  non  l'hypothèse,  comme  d'aucuns  le  pensent)  mis  pour 
la  première  fois  en  lumière  et  en  évidence  par  le  génie  de 
Newton.  Examinant  quelle  peut  être  la  cause  de  cette  ten- 
dance, ce  grand  esprit,  si  sobre  d  hypotlièses,  dOclare  qu'il 
considérerait  roniuie  un  insensé  celui  qui  avancerait  que  la 
matière  agit  sur  la  matière  à  travers  le  vide,  et  sans  aucun 
intermédiaire.  «  Cet  intermédiaire  est-il  matériel  ou  immaté- 
riel? »  —  Voilà  (  e  qu'il  laisse  à  d'autres  le  soin  de  décider. 
Quoi  qu'on  en  ait  dit,  son  opinion  personnelle  estfoeileàlire: 
c'est  lintennédiaire  immatériel  qu'il  admet  —  Depuis  que  la 
lumière  de  cette  grande  âme  a  été  retirée  de  ce  monde,  malé- 
rialistes,  spiritualistes,  panthéistes,  savants  et  non-savants,  se 
sont  mis  à  ToBuvre  pour  expliquer  et  maUrhUêêr  la  cause  de 
la  gra>itation  universelle.  Voulant  rendre  visible,  tout  au 
moins  i\  rimagination,  ce  qui  i);ir  sa  nature  propre  est  invisible, 
on  s'est  efforcé  de  peindre  k  s  masses  matérielles  comme  jjoj/*- 
sées  les  unes  vers  les  autres,  soit  par  des  atomes  matériels 
sillonnant  l'espace  en  tous  sens,  soit  par  des  tourbillons 
moléculaires.  T.e  nombre  de  ces  hypothèses  explicatives,  diffé- 
rentes par  la  forme,  mais  parftitement  identiques  par  le  fond 
est  des  plus  considérables.  —  Eh!  bien,  je  ne  crains  point  de 
l'affirmer  ici  à  la  &ee  de  toute  la  science  moderne:  pas  une 
seule  de  ces  interprétations  matérialistes  ne  soutient  un  seul 
instant  d'examen  scientifique  sérieux  ;  les  unes  sont  puériles, 
d'autres  semblent  être  sorties  d'un  cerveau  en  démence. 

Une  doctrine  qui  échoue  ainsi  devant  l'un  dus  phénomènes 


LA  VIE  FUTURE  ET  LA  saENGl  IIODBIl!<e 


11 


les  plus  fondamentaux  du  monde  physique  n'a  plus  le  droit  de 
B'acUiiger  settlemeiit  Tombre  d'une  explication  des  phénomènes 
du  monde  vivant.  —  Et  ce  que  nous  venons  de  dire  des 
tentatives  d'e^lications  de  la  gravitation,  s'applique  iden- 
tiquement aux  phénomènes  de  répulsion  et  d'attraction 
magnétiques,  électriques  (statiques  et  dynamiques):  si  tonte- 
fois  on  peut  même  donner  le  titre  d'explications  à  ce  qui  a  été 
produit  en  ce  sens. 

Quoiqu'en  puissent  dire  un  très  praiid  nombre  de  physiciens 
modernes,  le  matérialisme  a  perdu  son  droit  de  cité  sur  le 
domaine  des  phénomènes  du  monde  inanimé  lui-même.  Les 
seules  propriétés  que  nous  constatons  dans  les  corps  qui 
tombent  sous  nos  sens  le  réfutent  radicalement  * 

Voyons  maintenant  ce  qui  en  est  de  la  prétendue  clarté  sans 
par^e  de  cette  doctrine.  Ici  je  ne  recourrai  qu'à  deux  seuls 
arguments  ad  hominem,  sous  forme  interrogative. 

Les  li\Tes  dogmatiques  que  j'ai  nommés  plus  haut  sont 
aujourd'hui  entre  toutes  les  mains.  L'un  d'eux,  entre  autres, 
«  FORCE  ET  MATIÈRE  »  de  Buclinor,  s'est,  en  traduction  fran- 
çaise, vendu  à  plus  de  cinquante  mille  exemplaires.  C'est 
peu  dire  que  d'estimer  à  cinq  cent  mille  les  lecteurs  de  ce 
livre  ou  de  ses  congénères.  D'après  la  doctrine  soutenue  dans 
tous  ces  livres,  d'après  le  matérialisme  prétendu  scientifique, 
les  mondes  se  sont  formés  par  les  mouvements  des  atomes 
matériels  accourant  de  tous  les  points  de  l'espace,  incités  par 
d*autre8  mouvements  antérieurs.  —  Cela  posé,  il  nous  sera 
permis  de  demander  si,  parmi  ces  cin<i  cent  mille  lecteurs, 
incontestablement  lettrés,  dont  nous  parlons,  il  s'en  trouve  un 
seul  qui  sache  ce  que  c'est  que  le  mouvement,  un  seul  qui 
sache  eu  quoi  un  corps  en  mouvement  diiSère  de  nature  d'un 

*  Je  ne  permettrai  de  renvoyer  ù  ce  sujet  à  ce  que  j'ai  dit  dans  la 
partie  critiqve  de  non  Axàhm  iLÉnHum  »■  i.*uiiivm  (X  vot  iii-8*, 
ehei  GaathieiwYinan,  Ubnin  à  Puis). 


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corps  en  repos  ?  La  réponse  ne  pouvant  être  que  négative, 
nous  demanderons  s'il  est  dès  lurs  i)lus  clair  d'attribuer  Tori- 
gine  des  choses  et  la  continuité  des  phénomènes  à  une  inconnue 
aveugle,  inconsciente,  agissant  pourtant  avec  une  intelligence 
que  penonne»  panni  nos  cinq  cent  mille  lecteurs,  ne  peut  nier, 
qu'à  une  inconnue  inteUigente,  consciente  de  ses  actes,  et 
toute  puissante? 

Que  devient  devant  une  pareille  interrogation  la  grande 
clarté  du  dogme  matérialiste?  Posons  cependant  une  seconde 
question. 

C'est  pour  le  matérialisme  un  article  de  foi  d'admettre  que 
la  pensée  est  une  sécrétion  du  cerveau,  absolument  comme  la 
bile  en  est  une  du  foie,  comme  Turine  en  est  une  des  reins. 
Nous  accepterons  très  volontiers  ces  aphorismes;  nous  irons 
môme  plus  loin,  et  nous  dirons  que  Tintégrité  des  fonctions 
du  cerveau  est  aussi  indispensable  à  la  sécrétion  de  la  pensée 
qu'à  celle  de  l'urine  à  laquelle  il  préside  indirectement  par 
son  action  sur  les  reins  ;  nous  irons  encore  plus  loin,  et  nous 
conviendrons  que,  pour  certaines  pensées,  il  y  a  une  analogie 
plus  grande  qu*il  ne  semble  entre  les  deux  sécrétions.  —  Ici 
toutefois  s'arrêtent  nos  concessions,  et  bien  légitimement. 
Comme  il  n'existe  que  matière  partout  identique  k  elle- 
mêrae,  incapable  d'agir  autrement  que  par  impulsion  immé- 
diate d'atome  à  atome,  comme  c'est  aux  chocs  et  aux  vibrations 
moléculaires  qu'est  due  la  sécrétion  de  l'urine  aussi  bien 
que  celle  de  la  pensée,  nous  demanderons  à  nos  cinq  cent 
mille  croyants  si  un  seul  d'entre  eux  comprend  comment  les 
chocs  de  tant  de  billes  de  billards  qu'on  voudra,  aussi  petites 
et  aussi  élastiques  qu'on  voudra,  peuvent  arriver  à  la  con- 
science d'eux-mêmes,  à  la  notion  de  leur  être  qui,  d'après  le 
dogme  admis,  n'est  qu'un  phénomène  transitoire?  En  vérité, 
de  tels  articles  de  foi  peuvent-ils  avoir  la  prétention  d'être 
pins  clairs,  plus  compréhensibles  que  ceux  de  n'importe  quel 
culte  aussi  mystique  qu  ou  voudra? 


LA  fB  rOraSB  Et  LA  tCIBNS  HOOnMI  18 

Nous  ne  comprenons  certainement  pas  plus  l'essence  de 
notre  âme  ou  celle  du  principe  vital  en  général  que  celle  de 
Dka;  mais  nous  ne  comprenons  pas  davantage  celle  du  mou- 
Teneiit  ni  ceUe  de  la  mattère  elle-même.  Nuit  pour  nuit, 
ineooqiMréheii^le  pour  ineompréhensîble,  nous  pouTons  done 
de  pkln  droit  préférer  linterprétation  qui,  appuyée  sur  la 
raîBcn  et  sur  le  raisonnement,  satisfait  à  tout  Tensemble  des 
phénomènes,  à  eelle  qoi  ne  satisiàit  k  aucun. 

On  le  voit,  si  nous  ne  nous  trouvions  en  face  que  des  seules 
négations  du  matérialisme  pur,  notre  œuvre  serait  facile;  que 
dis-je!  elle  serait  achevée.  On  aura  beau,  daus  des  ouvrages 
étendus  et  du  plus  haut  mérite,  comme  «  l'histoire  du 
HATÉRiAUSME  »  de  Lange,  par  exemple,  exposer  les  déve- 
loppements successife  de  cette  doctrine  et  tenter  de  lui  donner 
un  caractère  de  solidité  scientifique;  on  échouera  toiyouis 
quand,  partant  rigoureusement  des  seules  propriétés  de  la 
matière  en  repos  et  en  mouvement,  on  essaiera  interpréta- 
tion réfléchie  et  rationnelle  du  moindre  des  phénomènes 
physiques,  à  plus  forte  raison  de  ceux  du  monde  ri? ant 

Mais  le  matérialisme  pur  s^est  toii^ours  trouvé  côtoyé,  de 
près  ou  de  loin,  par  un  autre  genre  de  négation  qui,  sans 
ati'ecter  la  forme  arrêtée  d'une  doctrine  proprement  dite,  n'en 
est  pas  moins  très  vivace  et  très  répandue.  Elle  est  beaucoup 
plus  bornée  dans  ses  prétentions;  elle  ne  s'adresse  qu'aux 
seuls  phénomènes  du  monde  organique,  ou  môme  plus  exacte- 
ment encore,  du  monde  Atimatn.  £Ue  est,  non  certainement 
proféasée,  mais  tacitement  on  ouvertement  admise,  par  un 
grand  nombre  dliommes  qu^à  aucun  titre  nous  ne  serions  plus 
en  droit  d'appeler  des  laïques.  Prenant  un  instant  la  forme 
personnelle,  qu'on  ne  me  reprochera  certes  pas  d*avohr  sou- 
vent afifectée  dans  cet  exposé,  je  dirai,  sans  crainte  d*éveiller 
des  susceptibilités  ou  d'irriter  ceux  dont  je  parle,  que  parmi 
les  médecins,  et  surtout  les  jeunes  médecins  modernes,  il  en 
est  un  très  grand  nombre  qui  attribuent  à  la  matière  et  à 


14 


reiiseinble  des  forces  aveu-^les  constituant  Torganisrae  de 
l'être  vivant,  toutes  les  fonctions  de  celui-ci,  qu'il  s'agisse  des 
fonctions  physiologiques  seules,  oa  de  tout  Tensemble  des 
fonctions  intellectuelles,  chez  rhomme  notamment  t  C*eet  le 
cerveau  qui  pense,  disent-ils;  une  ftme  y  est  une  bien  inutile 
superfétation.  »  Je  dis  les  jeunes  médecins ....  les  neuf  dixièmes 
peut-dtre.  A  Tâge  mûr,  le  doute  survient  chez  beaucoup,  quant 
à  la  vérité  absolue  de  Tassertioii.  Quelques-uns  alors  se  con- 
vertissent et  deviennent,  en  apparence  du  moins,  des  dévots 
fort  respectables  :  ce  sont  en  général  des  considérations  sin- 
gulièrement étranjïères  à  la  métaphysique  qui  sont  la  cause 
déterminante  de  ce  phénomène.  Disons-le  à  l'honneur  de  la 
science  et  de  tout  le  corps  médical,  de  pareilles  chutes  sont 

les  exceptions.  Mais  laissons  ces  tristesses  ,  

A  force  de  s'incliner  sur  le  lit  des  malades  et  des  mourants,  h 
force  d'observer  des  phénomènes  qui  échappent  à  toute  expli- 
cation purement  physiologique,  le  médecin  de  cœur  et  de  bon 
sens  se  demande  si,  contrairement  à  son  assertion  d'étudiant, 
ce  ne  serait  peut-être  pas  nous  qtdpmsom  à  Vaid»  à»  eerveaiuf 
Il  suspend  son  jugement,  et,  continuant  sa  vie  de  dévouement, 
il  soulage,  avec  sa  science  et  avec  son  cœur,  la  douleur 
physique  et  morale  partout  où  il  la  rencontre.  Fort  de  sa 
conscience  d'iionnête  homme,  il  attend  patiemment  jusqu'au 
bout  la  solution  de  la  grande  énigme. 

Est-ce  le  cerveau  qui  pense  et  nous  fait  nous? 

Ou  bien  est-ce  nous  qui  pensons  avec  le  cerveau? 

Voilà  toute  la  question  qui  se  pose  devant  nous,  efrayante 
ou  consolante,  selon  le  côté  par  lequel  nous  l'attaquons. 

Nous  savons  tous  que  nos  rapports  avec  le  monde  externe 
sont  établis  à  l'aide  de  certains  organes  spéciaux,  sans  lesquels 
nous  n'aurions  pas  la  moindre  notion  de  ce  qui  se  passe  hors 
de  nous.  Nous  savons,  par  exemple,  que  pour  voir,  que  pour 
entendre,  il  nous  faut  deux  instruments  de  physique  d'une 
construction  admirable,  dont  le  mode  de  fonction  ne  nous  est 


LA  TU  POTOM  Cr  LA  aOlKB  HOKEIIB  16 

même  connu  que  depuis  une  époque  relativement  récente  et 
est  encore  énigmatique  dans  quelques  détails  intimes.  La 
forme  de  nos  idées,  la  niamère  de  penser,  relativement  à  ce 
que  nous  voyons,^  à  ce  que  nous  entendons,  dépendent  telle- 
ment des  données  que  nous  fournissent  à  chaque  instant  ces 
instnundnts,  qall  est  des  choses  que  nous  ne  pouvons  pas 
eancevair  antrement  que  nous  ne  les  voyons,  que  nous  ne  les 
entmdons  :  une  sphère  lumineuse,  par  exemple,  ne  nous  est 
visible  que  par  une  moitié  à  la  fois.  Eh!  lûen,  il  nous  est 
impossible,  en  dépit  de  tous  nos  efforts  dimagînation  de  nous 
Xskjigurer  sous  i>es  deux  faces  à  la  fois  !  A  chaque  imperfection 
de  l'œil,  à  chaque  défaut,  congénital  ou  accidentel,  répond  une 
imperfection  ou  un  défaut  dans  les  notions  qui  naissent  de  la 
vision.  L'homme  de  science,  lorsqu'il  observe,  est  lui-même 
trompé  par  ces  fausses  indications;  il  est  obligé,  par  une 
longue  étude,  de  rectifier  des  erreurs  personnelles  de  percep- 
tion, qui  échappent  absolument  au  laïque. 

Voilà  une  dépendance  intime,  profonde,  qui  est  absolument 
incontestable. 

Passera-t-il  pourtant  jamais  par  la  tête  de  quelqu^un  de 
dire:  Ce  sont  les  yeux  qui  voient,  ce  sont  les  oreilles  qui 

entendent?  Ces  locutions  ne  seraient-elles  pas  aussi  risibles 
que  celle  qui  consisterait  à  dire,  par  exemple  :  la  lunette  de 
cet  astronome  voit  et  observe  admirablement? 

Nous  disons  tous  :  je  vois  avec  mes  yeux,  j'entends  avec  mes 

oreilles,  comme  nous  disons  :je  marche  avec  mes  jambes  

et  nous  avons  raison.  LorsquHm  de  ces  instruments,  lorsqu'un 
de  ces  organes  nous  a  été  ravi  par  la  maladie  ou  par  un 
accident,  nous  ne  savons  que  trop  qu'il  reste  quàqu'm  qui 
souffre  de  cette  privation. 

Gala  posé,  et  au  rebours  des  locutions  précédentes,  est-il 
moins  risible,  plus  intelligible,  et  surtout  plus  vrai,  de  dire  : 

C'est  le  cerveau  qui  voit  avec  les  yeux,  qui  entend  avec  les 
oreilles,   qui  pense,  qui  crée  une  individualité  ayant 


16 


RSVUE  d'ALSACS 


désormais  la  conscience  d'elle-mâme,  quoique  dénuée  de  toute 
existence  réelle? 
Que  de  dire  flimplement: 

C'est  MO»  gu»  pense,  mais  qui  pour  penser  ai  besoin  d*un 
organe? 

Le  eftté  risible  de  la  première  forme  d*aasertion  n^est  guère 
contestable.  Si  décidément  dans  notre  cerveau  il  n  y  a  pas  de 
place  pour  une  âme,  nous  ne  sommes  tout  aussi  décidément 
plus  que  des  machines;  machines  qui,  comme  telles,  laissent 
même  parfois  singulièrement  à  désirer  quant  à  leur  construc- 
tion. —  U  est  une  expression  que  personne  n'efiacera  plus  ni 
de  nos  codes,  ni  de  nos  constitutiona  sociales,  ni  des  rap- 
ports d'homme  à  homme:  c'eat  celle  de  « uapoiaiBiUTft 
HUMAiiiB  ».  Ni  matérialistes,  ni  positivistes,  ni  n^atmttea^ 
ne  sauraient  contester  un  instant  que  le  titre  moral,  que  le 
degré  qu'occupe  tel  ou  te!  peuple  sur  l'échelle  sociale  est 
d'autant  plus  élevé  que  cette  expression  est  mieux  comprise 
et  mieux  mise  en  praticiuo  i)ur  chaiiue  individu.  —  Que  dirait 
pourtant  le  sceptique  le  plus  invétéré,  si  quelqu'un,  prenant 
au  pied  de  la  lettre  cette  assimilation  de  l'être  vivant  avec 
une  machine,  venait  à  parler  de  la  responsabUUé  de  not 
maèhniea  à  vapmr,  de  nos  montresf  Un  immense  éclat  de  rire 
accueillerait  certainement  une  pareille  plaisanterie;  et  ceux 
ou  celles  mêmes  qui  prétendent  que  dans  notre  cerveau  il  n'y 
a  pas  place  pour  une  âme,  y  prendraient  part 

La  première  forme  d'assertion  est-eDe  phis  intelligible  ? 

La  dépendance  intime  et  directe  de  notre  pensée  et  du 
cerveau  ne  peut  plus  ôtre  contastée  un  seul  instant.  Non  seu- 
lement il  nous  faut  ici-bas  un  instrument  approprié  pour 
penser,  mais  chacun  des  modes  de  la  pensée  semble  même 
avoir  son  mécanisme  spécial  dans  cet  instrument.  Bien  que  la 
doctrine  de  la  localisation  de  nos  facultés  (poussée  à  l'extrême 
par  Flourens,  entre  autres),  ait  reçu  de  fréquentes  et  graves 
atteintes  de  l'observation  impartiale  des  fûts,  un  fond  de  vérite 


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u  vu  FOTuai  iT  u  scntRa  mûdduib  17 

lai  reste  pourtant  acquis.  L^ensemble  des  iSûts  relatif  à  cette 
grande  question  est  si  généralement  connu  qull  est  inutile  de 

nous  y  arrêter  ou  île  le  développer. 

Disons-le  bien  haut  et  bien  hardiment,  nous  n'avons  pas  la 
plus  légère  idée  de  ces  rapports  nécessaires  de  lauie  avec  le 
mécanisme  organique.  Nous  ne  savons  pas  comment  elle  peut 
en  avoir  besoin  pour  accomplir  Tacto  qui  semble  être  le  fait 
de  son  essence  mdme,  pour  penser.  Nous  ne  savoiu  pas  com- 
ment  cet  acte  peut  être  entravé,  souvent  radicalement,  par 
telle  ou  telle  cause  physique  venant  du  dehors^par  la  maladie, 
par  une  matière  toxique;  nous  ne  tavoM  pas  comment  il  est 
suspendu  îoumellement  et  périodiquement  par  le  sommeil.  — 
Mais  remarquons-le  expressément,  il  s'agit  ici  d'une  ignorance^ 
si  profonde,  si  absolue  qu'on  voudra  d'ailleurs,  mais  non  d'une 
difficulté  de  conception.  Il  n'est  pas  plus  difficile  de  concevoir 
que  nous  ayons  besoin  d'un  organe  pour  penser  que  de  com- 
prendre qu'il  en  faille  un  pour  voir,  pour  entendre.  Nous 
ignoroM  absolument  le  mode,  et  voilÀ  tout  Mais  nous  ne  pou- 
vons tirer  de  cette  iffnorance  aucune  raison  plausible  pour 
nier  la  présence  d'un  Élément  pensant  et  animique. 

Ferons-nous  les  mêmes  remarques  quant  à  la  seconde  des 
assertions,  quant  à  celle  qui  dit  que  c'est  le  cerveau  qui  pense 
et  que  toute  addition  d'un  élément  spécifique,  accomplissant 
cet  acte,  est  une  bien  inutile  superfétation  ?  —  Assurément 
non.  Ici  il  ne  s'agit  plus  d  une  ignorance,  tt'ni})oraire  ou  défi- 
nitive, mais  bien  d'une  impossibilité  d'iuter])rétatioQ.  Aucun 
de  ceux  ou  de  celles  qui  aujourd'hui,  avec  tant  d'assurance, 
aflirment  qu*il  n'y  a  plus  de  place  pour  une  ftme  dans  le  cer- 
veau, aucun  n'a  jamais  compris  comment  une  machine,  formée 
de  pièces  multqiles  et  diverses  réagissant  les  unes  sur  les 
antres,  peut  arriver  à  la  conscience  de  son  existence,  à  sentir, 
à  souffiir,  à  jouir,  physiquement  et  moralement;  aucun  ne  Fa 
jamais  compris  et  n'a  produit  l'ombre  d  uue  explication  sensée, 
car  une  telle  explication  est  tout  simplement  une  impossibilité. 
lionvaUe  Série.  —  11"'  aaaée.  S 


18 


REVUE  d'aLSACB 


Ki  la  matière  seule,  telle  qu*eUe  est  conçue  et  délmie  par  le 
matérialisme,  ni  la  matière  gouvernée  par  des  forces  aveugles 
partout  répandues  ne  pourra  jamais  expliquer  le  sentiment 
de  Texistence,  la  conscience  d*eux-mèmes,  que  possèdent 
rhomme  et  les  animaux  supérieurs;  et  ce  n*e8t  pas  non  plus 
dans  telle  ou  telle  partie  d'un  mécanisme  constitué  par  la 
matière  et  les  forces  que  peut  résider  vr  sentiment.  —  De  très 
grands  penseurs  ont  dit  que  la  matière  peut  se  développer, 
s'organiser  par  degré,  s'élever  en  titre  et  arriver  à  la  pensée. 
Mais  il  est  bien  clair  que  si  une  telle  transformation  était 
effective,  il  en  résulterait  simplement  que  la  matière  cesserait 
d*étre  ce  qu*elle  est  partout  autour  de  nous,  dans  le  monde 
ph jsique.  C*est  d'ailleurs  une  des  rares  affirmations  parfaite- 
ment correctes  et  vraies  posées  par  le  matérialisme,  à  savoir 
que  la  matière  est  toujours  et  partout  identique  en  propriétés, 
dans  notre  cerveau  aussi  bieu  que  dans  lesoleilqui  nous  éclairo- 

Si  tant  d'esprits  distinfîués,  parmi  les  jeunes  médecins, 
quittent  1»',  dont»',  naturel  et  légitime  chez  tout  homme  sensée 
pour  admettre  1  afdrmation  négative  absolue  (que  Ton  me  par- 
donne cet  assemblage  de  termes  si  opposés),  il  faut  en  chercher 
l'explication  dans  des  raisons  asses  diverses.  Les  unes 
reposent  sur  Tantagonisme  violent  qui,  chez  le  jeune  homme 
embrassant  une  carrière  scientifique,  celle  de  la  médecine,  par 
exemple,  s'établit  entre  les  assertions  dogmatiques,  historiques, 
légendaires,  que  sans  preuve  aucune  on  nous  inculque  comme 
vérités  indiscutables,  et  les  réalités  que  nous  révèle  l'étude 
directe  de  la  nature  et  des  faits.  On  nous  avait  habitués,  de 
l'enfance  à  l'âge  mûr,  h  accepter  des  aftirmations  sans  preuves; 
arrivés  à  l'âge  de  l'examen,  nous  tombons  daus  uu  excès  con- 
traire et  nous  acceptons  des  négations  sans  preuves  :  c'est  là 
un  travers  de  notre  nature  qui  s'explique,  sans  tout^ois  se 
légitimer.  Mais  il  est  d'autres  raisons  plus  puissantes  qui 
interviennent  et  qui  font  pencher  l'esprit  vers  la  négation.  — 
Par  suite  des  nécessités  mêmes  de  h  profession  qu'il  va 


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LA  m  ranms  et  u  sobncs  hodbiiiœ  19 

embrasser,  le  jounc  médecin  est  obligé  de  s'occuper  surtout 

(le  ces  phéiionièiit'S  physiologiques,  pathologiques,   qui, 

chez  tous  les  êtres  vivants,  semblent  seuls  se  prêter  à  des 
interprétations  mécaniques  ou  physiques,  et  Tétude  des 
sciences  physiques  et  exactes  proprement  dites,  tout  comme 
celle  des  phénomènes  de  Tordre  psychologique,  intellectuel, 

moral  reste  complètement  à  Tarrière-plan.  Cette  double 

étude  seule  pourtant  peut  nous  apprendre  ce  dont  sont 
capables  on  absolument  incapables  les  agents  seuls  du  monde 
physique.  En  m'énonçant  ainsi,  je  crois  rester  dans  la  plus 
stricte  vérité  et  ne  blesser  ([ui  que  ce  soit.  Ce  sont  les 
exigences  mêmes  de  la  profession  médicale  qui  condamnent 
pour  ainsi  dire  l'étudiant  à  négliger  un  ensemble  de  sciences 
dont  la  connaissance  lui  serait  indispensable  pour  maintenir 
chez  lui  un  juste  équilibre  entre  les  afiirmations  exagérées  de 
certaines  doctrines  et  les  négations  tout  aussi  exagérées  des 
doctrines  antagonistes. 

Tout  esprit  sensé  qui  aura  soin  de  maintenir  en  lui-même 
cet  étiuilibre,  arrivera  toiqours  à  cette  conclusion: 

Au-dessus  des  organes  des  sens  et  de  la  pensée  se  trouve 
nécessairement  une  réalité  sentante  et  pensante,  sans  laquelle 
le  mécanisme  amiuc^l  elle  est  liée  ne  saurait  lui-même  fonc- 
tionner, réalitr  qu'aucun  système  n'effacera  jamais  de  Tordre 
des  existences,  quels  que  puissent  être  d'ailleurs  son  passé  et 
son  avenir.  Et,  beaucoup  plus  généralement  encore,  au-dessus 
des  organes  de  n^importe  quel  être  vivant  se  trouve  nécessai- 
rement un  élément  directeur  qui  sépare  radicalement  Têtre 
vivant  le  plus  infime  du  rang  des  machines  proprement  dites. 
Nous  disons:  quels  que  soient  d^ailleurs  son  passé,  son  avenir. 
Dans  toutes  les  recherches,  dans  toutes  les  discussions 
concernant  la  nature  des  êtres  vivants,  et  de  Thomme  en  par- 
ticulier, on  s'est  toujours  étrangement  trop  préoccui)é  du 
mode  d'apparition  de  ces  êtres  sur  notre  terre.  C'est  ce  qu'on 
ne  saurait  assez  faire  ressortir  aigourd'huL 


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90  MVOI  1»*AUACB 

('ontrairement  à  ce  qu'on  admettait  autrefois,  la  chimie 
parvient  à  produire  directement  des  composés  qu'on  croyait 
ne  pouvoir  Otre  élaborés  que  par  la  vie  :  c'est  ce  qu'ont  mis 
pleinement  hors  de  doute  les  travaux  de  M.  Berthelot.  Qu'il 
me  soit  permis  d'exprimer  ici  le  regret  que  cet  éminent  chi- 
miste ait  si  brusquement  abandonné  une  ronte  qu*ii  avait  ai 
brillamment  ouverte  et  où  il  reste  encore  tant  à  découvrir, 
pour  se  livrer  à  des  travaux  qui,  au  lieu  de  génie,  n'exigent 
que  de  la  patience  et  de  Texaetitude.  —  Nous  disons  :  la  chimie 
sait  produire  des  combinaisons  semblables  à  celles  qu'éla- 
bort  iit  les  organes  des  êtres  vivants.  Mais  ni  la  chimie,  ni 
aucune  autre  science,  n'a  su  encore  produire  w?i  organe,  ou 
seulement  la  moindre  cdlide  organique.  Rien,  absolument 
rien  n'autorise  à  afhrmer  qu'il  puisse,  au  sein  de  la  nature,  et 
par  la  réaction  réciproque  des  seuls  éléments  du  monde  phy- 
sique, se  produire,  non  un  être  vivant,  mais  seulement  la 
moindre  des  cellules  organiques.  Les  générations,  dites  d'ail- 
leurs fort  &  tort,  spontanées,  les  générations  sans  germes 
antérieurs,  tour  à  tour  niées  et  affirmées  avec  emportement 
par  les  diverses  écoles,  peuvent  être  considérées  aigourd*hui 
comme  classées,  non  au  rang  des  impossibilités,  mais  au  rang 
de  phi''nomènes  qui  ne  se  sont  jamais  produits  ju.xiu'ici,  du 
moins  sous  la  forme  (lue  lt>ur  assignent  les  systèmes  (Pasteur). 

Jusqu'ici  non  plus,  et  eu  dépit  de  toutes  les  afrirmations  des 
systèmes  préconçus,  il  n'est  démontré  le  moins  du  monde 
qu'un  être  vivant  de  telle  espèce  puisse,  par  des  modifications 
successives,  donner  Heu  à  des  êtres  d'espèces  absolument  dif- 
férentes. Tout  ce  qu*est  parvenu  à  prouver  Tun  des  plus  grands 
et  en  même  temps  des  plus  honnêtes  naturalistes  de  notre 
temps,  dont  le  nom  restera  attaché  à  la  doctrine  du  transfor- 
misme, tout  ce  qu'est  péniblement  parvenu  à  prouver  Danrin, 
c'est  que  le  nombre  des  espèces  primitivement  admises  en 
histoire  naturelle,  est  moins  grand  qu'on  ne  le  supposait 

Mais  faisons  uu  pas  immense.  Admettons,  conti'e  toutes  les 


LA  Vt£  FUTURE  ET  LA  SaENCB  MODERNE  31 

probabilités,  qu'un  germe  Tivant  puisse,  au  sein  de  la  nature, 
se  produire  sans  germe  antérieur.  Admettons  que,  par  buite 
dMnfluences  d'une  sorte  ou  d'une  autre,  une  espèce  puisse 
réellement  donner  lieu  à  une  espèce  tout  à  fait  difTércntc 

en  apparence.  —  Résultera-t-il  de  \h,  d  une  part,  que  la  vie 
or-^aniquc  soit  le  rt'siiltat  des  forces  ordinaires  du  iiiondc  - 
sique,  ou  d'autre  part  que  rélOinent  aniniique  de  tel  être  ait 
été  le  même  que  celui  de  l'être  d'espèce  différente  auquel  il  a 
donné  lieu?  -  C'est  bien  là  la  conclusion  que  l'école  matéria- 
liste et  tons  les  laïques  sans  distinction  tireraient  de  ces  deux 
ordres  de  faits.  Et  c'est  pourtant  aussi,  on  ne  saurait  assez  le 
Cure  ressortir,  la  conclusion  la  plus  étrangement  arbitraire 
qui  se  puisse  imaginer. 

L'être  Tivant,  l'humble  violette  comme  l'homme  de  génie, 
doit  être  considéré  en  lui-même  et  en  ce  qu'il  est  actueUe- 
metit  :  dans  le  romm,  en  un  mot,  et  non  de  ce  qu'il  a  été  ou 
dans  ce  qu'il  st-ni,  c'est-à-dire  dans  Viuronuu.  Aucun  raisonne- 
ment sérieux  ne  peut  prouver,  aucune  vaine  argutie  ne  peut 
faire  accepter  de  Timagination,  qu'une  machine  soit  capable 
d'élaborer  la  pensée.  —  Le  penseur  est  ce  qu'il  est  —  Qu'il 
sorte  d'un  peu  de  fange,  comme  le  disent  les  poètes  et  les  sots 
(les  extrêmes  se  touchent),  ou  qull  descende  d'un  singe,  il 
n'en  reste  pas  moins  ce  qu'il  est:  un  élément  supérieur  anime 
acHuMement  son  organisme  terrestre. — Les  personnes  qu'effa- 
rouche tant  une  origine  simiale,  feraient  bien  de  se  rappeleri 
mais  tout  à  rebours,  les  vers  d'un  rimeur  célèbre  : 

Mais  la  postôrité  d'Alfune  et  do  Bavard, 

Quand  elle  n'est  qu'une  rosse,  est  vcndac  au  hasard. 

Se  croire  un  être  déchu  ou  même  dénué  d'àme,  parce  qu'on 
sortirait  d'uno  autre  espèce  vivante  de  degré  inférieur,  serait 
en  vérité  aussi  absurde  et  puéril  que  de  se  croire  un  être 
supérieur  en  vertu  de  prérogatives  nobiliaires,  parce  qu'un 
ancêtre,  il  y  a  trois  cents  ans,  a  acquis  le  droit  d'attacher  une 
particule  à  son  nom  ! 


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99  BsniB  d'albas 

Si  un  être  vivant  quelconque  pouvait  se  produire  effective- 
ment au  sein  de  la  nature,  sans  germe  antt^rieur,  si  l'espèce 
humaine  était  en  effet  une  moditieation  graduée  d'une  esj)èce 
de  singe,  il  n'en  résulterait  nullement  que  cet  être  serait 
dénué  d'un  élément  animique  absolument  distinct  des  forces 
du  monde  physique,  il  n'en  résulterait  nullement  que  rhomme 
serait  un  singe  perfectionné;  il  faudrait  simplement  en  con- 
clure que  la  puissakob  ceéatriob  procède  autrement  que 
nous  ne  l*admettions,  et  qu'ici  encore,  comme  en  bien  d'autres 
points,  nous  l'avions  fàite  un  peu  trop  à  notre  image.  Certains 
laïques  seraient  obligés  de  B*en  accommoder,  comme  ils  ont 
dû  le  faire  du  mouvement  de  la  terre,  qui  passait  aussi  pour 
essentiellement  hérétique.  * 

Tout  ce  qui  touche,  non  pas  h  Torigine  même  des  êtres 
vivants,  mais  seulement  h  l'arrivée  sur  cette  terre  de  chacun 
d'eux,  petit  ou  grand,  humble  ou  sublime,  est  enveloppé  d'un 
profond  mystère,  contre  lequel  se  briserait  la  foi  du  croyant 
le  plus  fervent  comme  les  raisonnements  de  Tesprit  le  plus 
sceptique,  si  l'on  se  donnait  la  peine  d'y  songer. — Dans  cette 
nuit  si  sombre,  le  bon  sens  et  la  raison  cependant  posent  au 
moins  quelques  jalons,  que  bien  des  personnes  semblent  à 
plaisir  perdre  de  vue,  et  dont,  en  tous  cas,  elles  ne  se  préoc- 
cupent nullement. 

Dès  qu'il  est  question  de  la  succession  des  êtres  vivants,  de 
celle  des  animaux  supérieurs,  ou  de  l'homme,  par  exemple,  on 
se  Uent  pour  satis&it,  on  croit  toute  difficulté  mise  de  côté, 
en  admettant  qu'il  a  été  créé  une  paire  primitive  de  chacun. 
Nous  sommes  habitués  à  voir  ces  êtres  se  r^roduire  et  s'ao- 
crottre  ainsi  en  nombre,  conmie  nous  sommes  habitués  à  voir 
les  corps  pesants  tomber:  nous  trouvons  les  deux  genres  de 

'  n  me  sera  sans  dovto  penate  de  renvoyer  à  ce  que  j'ai  dit  sur  cette 
greade  question  dans  mon  analyse  éLÂMENTAiRB  de  l'ukivbbs;  elle  est 
traitée  presque  sons  forme  élémentaire  duu  la  Ckiqmèm  JStqmm, 


LA  VfE  KLTl'RE  ET  LA  SCIENCE  Oi)EUNE 


23 


phénomènes  très  naturels.  Cependant,  en  y  regardant  d'un  peu 
près,  nous  sommes  bien  obligés  de  reconnaître  que  nous  ne 
comprenons  ni  Tnn  ni  Pautre.  En  ce  qui  touche  à  la  vie,  il  ne 
nous  est  en  définitive  pas  plus  facile  de  concevoir  la  naissance 
de  chacun  de  nous  eu  particulier  que  la  création  de  la  paire 
primitive  à  laquelle  nous  recourons  pour  tout  expliquer. 

En  donnant  le  jour  à  ses  semblables,  l'homme  est  le  motif 
fîétvnninant  de  deux  phénomènes,  Fun  organique,  l'autre  psy- 
cholo -çique  que  Von  ne  peut  toutefois  disjoindre  que  nomina- 
lement: la  formation  d'un  organisme  semblable  au  sien, 
Tarrivée  en  ce  monde  ou  du  moins  la  manifestation  nouvelle 
d^un  élément  animique,  semblable  aussi  au  sien. 

1*  Dans  le  phénomène  organique,  les  parents  ne  sont  que 
le  motif  déterminant  initial,  et  ce  n*est  qu'à  ce  titre  que  leur 
volonté  intervient,  une  fois  pour  toutes.  Uimpulsion  étant 
donnée  au  germe,  le  développement  se  fait  h  l'insu  et  indé- 
pendamment de  la  volonté  de  la  mère  elle-même,  qui  ne  fait 
que  fournir  les  éléments  nécessaires,  tirés  par  elle  du  monde 
externe. 

Les  parents,  en  tout  cela,  ne  créent  rien  du  tout  :  ils  four- 
nissent au  germe  et  puis  au  nouvél  être  les  éléments,  ptm  ou 
moms  Um  préparis,  quHs  tirent  du  milieu  ambiant,  et  le 
nouvel  être  lui-même  ensuite  se  développe  à  Taide  des  élé- 
ments de  ce  milieu  quil  restituera  un  jour  intégralement 

2*  Dans  le  phénomène  psychologique,  les  parents  encore  ne 
sont  que  le  motif  déterminant  de  l'arrivée  d'une  unité  ani- 
mique, ou  ]»eauroup  plus  correctement  en  toute  hypothèse,  de 
la  manifestation  nouvelle  d'une  telle  unité.  —  Nous  ne  créons 
rien  du  tout  non  plus  en  ce  sens.  Il  faudrait  en  vérité  être 
fou  d'orgueil  pour  s'imaginer  que  nous  créons  une  âme!  Et 
d'un  autre  cêté,  ce  serait  se  faire  une  idée  étrange  de  notre 
propre  unité  animique  que  de  la  croire  subdivisible:  autant 
vaudrait  la  nier  du  coup  ! 

En  un  mot,  ni  organiquement,  ni  psychologiquement,  nous 


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ne  errons  quoi  que  ce  soit.  Lorsque,  avec  fatuité,  nous  nous 
(lisons  les  auteurs  de  nos  enfants,  cette  expression  demande 
à  être  comprise  dauâ  un  sens  bien  différent  de  celui  qu'on  y 
attache  en  i^énéraL 

Nous  disons  que  le  phénomène  de  la  continiiation  des  êtres 
YiTants  est  double,  sans  que  pour  cela  on  puisse  le  disjoindre. 
La  marche  du  déyeloppement  des  animaux  et  de  l'homme,  les 
phases  par  lesquelles  passe  successivement  chaque  nouvel 
dtre,  ont  été  admirablement  étudiées,  quant  à  la  forme.  Le 
pourquoi  et  le  comment  sont  ténèbres  pour  nous.  Ce  qui  est 
certain,  quoi  qu'en  puissent  dire  toutes  les  écoles  de  négation, 
c'est  que  Tensemble  des  forces  du  monde  physi([iie  est  abso- 
lument insuffisant  pour  rendre  compte  du  développement  du 
plus  minime  des  organes.  — 

Organiquement  et  physiologiquement,  les  parents  servent 
en  quelque  sorte  de  moule  à  leurs  descendants,  mais  seule- 
ment d'une  fi^;on  partielle.  Ils  leur  lèguent,  dans  de  certaines 
Umites,  leur  propre  conformation,  leurs  défàuts  physiques, 
leurs  maladies  :  et  ici  s'établit  une  responsabilité  terrible  chez 
l'être  qui  occupe  le  sommet  de  l'échelle  et  qui  est  doué  du 
sens  moral.  —  L'être  nouveau,  une  fois  indépendant  de  ses 
parcut^i,  se  développe  plus  ou  moins  bien,  subit  l'iulluence  du 
milieu  ambiant,  du  régime  auquel  il  est  soumis,  du  genre  de 
vie  qu'il  mène,  volontairement  ou  involontairement.  Le  moule 
des  êtres  futurs  se  modifie  ainsi  plus  ou  moins.  —  Quelle  est 
la  limite  réelle  de  ces  modifications?  Là  est  la  grande  question 
en  litige. 

Les  défenseurs  de  l'unité  de  l'espèce  humaine  écartent  déjà 
assez  les  limites  :  du  Lapon  au  nègre  du  Congo,  du  blanc  civi- 
lisé à  l'Australien,  la  marge  est  grande!  En  admettant  une 
pareille  marge,  ne  donne-t-on  pas  réellement  gain  de  cause 
aux  transformistes? 

La  science  décidera-t-elle  un  jour  de  quel  cêté  est  la  vérité, 
ou  comme  cela  est  beaucoup  plus  probable,  le  problème 


V 


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LA  VU  ronFRi  cr  m  MamcR  kodimib 


échappe-t-il  par  sa  nature  môme,  à  son  pouvoir  ?  Cela  est  bien 
moins  important  qu'il  ne  semble  à  la  foule  des  laïques. 

Un  être  vivant  queleonqae,  Thomme  tout  en  tdte,  ne  pon- 
yant  rien  créer,  et  ne  pouvant  devenir  ce  qull  est  que, 
moyennant  les  éléments  d^à  disponibles,  il  est  évident  qu'il 
ne  peut  y  avoir  de  transformation  dans  le  sens  qu^on  y  attache 
en  généraL  Une  âme  hmnaine  ne  pent  ducmibre  d*nne  âme 
de  sinfçe.  Fût-elle  une  ftme  d*un  degré  inférieur,  appelée  à 
s'élever  par  son  passage  en  ce  monde,  qu'elle  ne  descendrait 
pas  à  proprement  parler  d'une  autre.  Elle  en  serait,  non  une 
autre  perfectionnéo,  mais  à  perfectionner,  ce  qui  est  bien 
difiérent 

On  peut  foire  et  Ton  a  lait  effectivement  des  milliers  et  des 
miniers  de  suppositions  sur  la  création  de  ces  unités  animiques 
(je  ne  dis  plus  même  hypothèses,  car  une  hypothèse,  firasse  ou 
juste,  aflfecte  du  moins  un  caractère  scientifique,  tandis  quld 
tout  ce  qu*on  peut  imaginer,  de  juste  ou  de  faux  d'ailleurs, 
sort  absolument  du  domaine  scientifique).  Ces  suppositions  ne 
peuvent  nuire  au  progrès,  pourvu  qu'une  fois  qu*on  en  a  admis 
une,  on  reste  conséquent  avec  soi-même. 

Si,  par  exemple,  dans  le  principe  animique  et  vital,  on  admet 
la  persistance  des  espèces,  on  peut,  et  en  ce  qui  concerne 
l'homme,  faire  deux  suppositions  principales  :  ou  la  Puissance 
créatrice  se  manifeste  à  la  naissance  de  chacun  de  nous  ;  ou, 
comme  pour  les  antres  éléments  constitutif  de  TUnivers,  elle 
s'est  manifestée  une  seule  fois,  et  alors  chaque  unité  distincte 
attendrait,  sous  une  forme  ou  une  autre,  le  moment  oh  elle 
doit  être  appelée  à  apparaître  en  ce  monde.  (Je  ne  rappelle 
que  pour  mémoûre  une  troisième  supposition,  aqprimée  en 
entier  par  le  seul  mot  de  métempsycose.  Elle  n'est  de  fait 
qu'une  variante  de  la  seconde).  —  J'ai,  dans  cet  exposé,  évité 
soigneusement  toute  question  de  dogme:  il  m'est  inipossil)lc 
cependant  de  ne  pas  faire  une  exception  ici.  —  Le  spiritua- 
lisme chrétien  moderne  est  bien  obligé  d'adopter  l'une  ou 


28 


r.iutre  (les  suppositions  précédentes;  et  pourtant,  comment 
alors  les  concilier  avec  le  dosinie  de  la  chute  de  l'homme? 
Admettre  que  les  âmes  créées  toutes  à  la  fois  sont  tombées 
toutes  par  la  faute  d'une  seule,  ou  que  pendant  des  milliers 
d'années,  en  raison  de  la  faute  d'une  seule,  la  Puissance  créa- 
trice n*a  plus  produit  que  des  ftmes  déchues,  c'est,  en  vérité, 
donner  au  Créateur  un  caractère  de  férocité  qui  n'est  guère 
attdnt  que  par  quelques-uns  d*entre  nous.  Puisqu'il  est  donc 
absolument  nécessaire  de  faire  Dieu  à  notre  image,  choisissons 
du  moins  mieux  eelle-eil  Cette  réflexion,  qui  tombe  sous  le 
sens,  devrait  être,  ce  semble,  un  terrible  appel  à  la  tolérance, 
pour  certains  laïques  qui  ont  la  parole  si  haute  et  si  impé- 
rieuse en  matière  de  dogmes  théologiques. 

Si,  au  contraire  de  la  supposition  précédente,  on  admet  que 
l'unité  animique  de  chaque  être  vivant  est  perfectible,  ce  qui, 
faux  ouvrai,  ne  heurte  ni  notre  bon  sens  ni  notre  conscience, 
on  comprend  qu*à  chaque  degré  de  perfectionnement  du  prin- 
cipe vivant  puisse  et  doive  correspondre  un  organisme  plus 
élevé  aussi 

Je  le  répète,  H  ne  s*agît  en  tout  cela  que  de  suppositions, 
dont  IMne  ou  l'autre  peut  être  juste,  mais  qui  n'ont  qu'une 

importance  relative,  en  ce  sens,  qu'elles  peuvent  heurter  ou 
flatter  telle  ou  telle  idée  préconçue,  absolument  étrangère  à 
la  question  de  la  durée  indéfinie  de  notre  existence  après 
cette  vie.  Nous  n'avons  à  nous  y  arrêter  qu'à  un  point  de  vue 
unique,  mais  essentiel. 

En  toute  hypothèse,  une  loi  inexorable  de  morale  domine 
tout  l'ensemble  des  suppositions  qu'il  peut  nous  plaire  de 
faire.  —  L'organisme  de  l'être  vivant  pouvant  être  considéré 
comme  l'instrument  nécessaire,  en  ce  monde,  à  la  manifesta- 
tion de  l'élément  animique,  il  est  visible  que  cette  manifestation 
sera  facilitée  ou  entravée,  selon  le  degré  d'appropriation  de 
l'instrument  aux  fonctions  auxquelles  est  appelée  l'unité  ani- 
mique. C'eiit,  dans  le  cercle  tout  pratique  et  expérimental,  ce 


U  VIE  FUTURE  ET  LA  SOfiMCE  MODERNE  S7 

que  ehacuiL  de  nous  ii*appreiid  que  trop  sonvent  à  ses  dépens, 
sans  qu'il  puisse,  hélas  I  7  remédier.  Qa*oii  admette  la  fixité 
des  espèces  ou  qu'on  soit  transformiste,  il  est  incontestable 
ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit,  que,  dans  des  limites  plus  ou 

moins  étendues,  nous  transmettons  notre  conformation  phy- 
sique, nos  défauts,  nos  maladies  à  nos  descendants. 

Nous  préparons  eu  un  mot.  quo  Ton  me  pardonne  la  familia- 
rité de  l'expression,  un  logis  et  un  outil  plus  ou  moins  commode 
à  ceux  qui  nous  succèdent.  A  ce  seul  point  de  vue  déjà,  une 
responsabilité  formidable  incombe  à  Têtre  qui  a  le  sentiment 
du  devoir.  Combien  pourtant  méconnaissent  on  oublient  cette 
responsabilité,  et,  au  lieu  de  l'amour,  ne  méritent  plus  que  les 
malédictions  de  ceux  à  qui  ils  donnent  le  joor  !  Que  nous 
ayons  ou  non  occupé  un  degré  inférieur  dans  une  existence 
antérieure  à  colle-ci,  toujours  est-il  que  dans  cette  vie  nous 
sommes  des  êtres  perfectibles,  et  qu'il  est  par  suite  de  notre 
plus  impérieux  devoir  de  perfectionner  sans  cesse.  De  ce 
devoir  encore  naît  une  responsabilité  dont  il  est  difdcile  de 
donner  la  mesure.  —  Quelques  personnes,  je  le  sais,  se  font 
une  espèce  de  mérite  de  soutenir  que  l'homme  n'est  petfèo* 
tible  quindividnéllement,  que  les  progrès  de  chacun  de  nous 
ne  s'héritent  pas  par  transmission  et  sont  perdus  pour  ceux 
qui  nous  suivent,  qu'un  homme  de  génie  était  identiquement 
le  même  en  puissance  à  quelqu'époque  de  l'histoire  qu'il 
ait  apparu,  qu'ainsi,  par  exemple,  Aristote  eût  pu  faire 
absolument  les  mômes  découvertes  que  Newton,  s'il  avait  eu 

sous  main  les  éléments  dont  a  disposé  celui-ci  11  suivrait 

de  là  qu'il  a  pu  exister  parmi  les  peuplades  barbares  primi- 
tives des  génies  comme  Newton,  Beethoven,  Shakespeare, 

Michel-Ange  qui  ont  passé  inqierçus,  uniquement  parce 

qalls  n'avaient  pas  sous  main  les  éléments  nécessaires  à  leur 
manifestation.  —  Il  me  semble. qu'A  suffit  de  poser  un  tel 
énoncé  pour  montrer  qu'une  telle  opinion  est  le  paradoxe  le 
plus  monstrueux  qui  puisse  passer  par  la  tête  d'un  homme  de 


38  mm  i»'At8A<z 

cœur  et  d'intelligence  :  disons  bien  plutôt  qu'il  faut  manquer 
des  deux  pour  concevoir  seulement  la  possibilité  d'une  pareille 
énormité.  Il  tombe,  au  contraire,  sous  le  sens  que  llntelligence 
humaine  est  en  tout  point  perfectible,  non  seulement  dans 
chaque  individu,  mais  encore  dans  toute  Pespèce.  C'est,  en 
vérité,  se  foire  la  partie  trop  belle  que  de  décliner  toute  res- 
ponsabilité quant  au  degré  moral  et  intellectuel  de  ceux  qui 
nous  suivront  !  Que  nous  ayons  eu  ou  non  une  existence  anté- 
rieure à  celle-ci,  rien  n'est  chan^ïé  pour  cela  à  la  responsabilité 
qui  pèse  sur  nous  en  ce  monde-ci. 

On  a  discuté  et  disputé  à  perte  de  vue  sur  cette  question 
d'une  vie  antérieure.  Il  est  clair  que  si  elle  était  résolue  dans 
le  sens  afiirmatif,  nous  n'aurions  plus  de  doute  à  concevoir, 
quant  à  la  continuation  indéfinie.  Mais  si  cette  vie  antérieure 
avait  eu  lieu  en  des  êtres  organisés  comme  ceux  que  nous 
connaissons,  il  est  tout  aussi  dur  que  ce  ne  serait  plus  que 
d'une  perpêhtUè  qu'il  s'agirait,  et  non  d'une  immortoMté  comme 
celle  à  laquelle  nous  aspirons.  —  Privés  du  souvenir  de  la  vie 
antérieure,  nous  constituerions  de  fait  des  êtres  nouveaux, 
non  responsables  de  ce  qui  est  au  passé.  On  a  objecté  cela 
mille  fois,  et  toujours  avec  raison,  à  la  doctrine  de  la  trans- 
migration des  âmes.  Ce  qui  est  bien  clair  aussi,  c'est  qu'une 
pareille  discussion  sort  complètement  du  domaine  de  la  science 
proprement  dite^  Nous  n*avons  pas  à  nous  y  arrêter  un  ins- 
tant Nous  devons  bien  plutêt  répondre  à  une  objection,  eo 
apparence  très  grave,  que  font  à  la  notion  d*une  vie  fiiture 
toutes  les  écoles  de  négation  sans  distinction. 

De  quel  droit,  dit-on,  soutenir  qu'un  être  qui  a  un  commen- 
cement n'a  pas  aussi  une  fin?  Nous  n'avons  nulle  conscience, 
nul  souvenir  d'un  état  antérieur;  chacun  de  nous  est  î?o?/?mu- 
venu  ici-bas,  sinon  connue  substance,  du  moins  comme  être 
ayant  le  sentiment  de  lui-même.  De  quel  droit  admettrions- 
nous  dès  lors  que  nous  devons  durer  avec  le  souvenir  du 
passé? 


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LA  fB  FUTOU  ir  LA  feRWS  IttMNRilB  99 

Cette  question,  fort  heurouseineiit,  est  pleinement  du 
domaine  de  la  science;  la  négation  qu'elle  implique  est  pure- 
ment spécieuse,  et  dérive,  nous  allons  le  voir,  d'une  fausM 
conception  du  temps  et  des  rapports  du  fini  et  de  TinfinL 

Arrêtons-nous  d^àbord  à  une  remarque  critique  digreasive, 
comme  plusieurs  d^à  se  sont  présentées  à  nous  sur  notre 
chemin.  ~  Chose  étrange,  les  doctrines  de  négation  et  les 
doctrines  réputées  les  plus  orthodoxes  se  rencontrent  et 
posent  une  même  négation,  mais  quant  à  deux  éléments  dis- 
tincts. Les  secondes  tiennent  la  matière  et  l'Univers  entier 
pour  finis,  mais  rûine  humaine  pour  immortelle.  Les  premières 
déclarent  au  contraire  la  matière  comme  infinie  eu  espace  et 
en  durée;  quant  à  Télément  auimique,  il  est  simplement  nié. 
Ainsi  qu'eu  bien  d'autres  points,  il  y  a  du  moins  chez  ces  der- 
nières, au  milieu  de  Terreur  même,  un  caractère  logique  qui 
fait  absolument  dé&ut  ches  les  premières. 

En  tout  premier  lieu,  en  effet,  il  n'est  pas  fadle  de  deviner 
en  quoi  il  peut  être  plus  orthodoxe  d'admettre  que  lUnivers 
est  borné  en  étendue,  que  le  nombre  des  étoiles^  des  mondes 
éparpillés  dans  Tespace  est  iini,  que  les  mondes  auront  néces- 
sairement une  fin,  que  d'admettre  en  tous  points  l'opposé. 
LOliservation  directe,  cela  est  bien  évident,  ne  peut  pas  nous 
apj)rendre  si  les  mondes  sont  bornés  dans  une  certaine  éten- 
due de  l'espace  infini  ;  mais  elle  nous  apprend  du  moins  que 
rétendue  occupée  par  les  étoiles  grandit  avec  la  puissance  de 
nos  instruments  d'observation,  et  il  n'y  a  dès  lors  aucun  motif 
plausible  pour  admettre  qu'il  y  ait  une  limite  quelconque  à 
cet  agrandissement  En  ce  qui  concerne  la  durée,  on  ne  voit 
pas  non  plus  pourquoi  la  matière  et  la  force  doivent  avoir  une 
fin  parce  qu'elles  ont  eu  un  commencement,  tandis  que  Tême 
doit  être  immortelle  hien  qu'elle  ait  eu  un  commencement. 
Ce  sont  là  certainement  des  affirmations  qui  n'ont  absolument 
rien  de  commun  avec  une  foi  religieuse  quelconque. 

£n  second  lieu,  et  c'est  ici  surtout  le  côté  le  plus  paradoxal 


80  MVmt  D*ALSAa 

de  telles  assertions,  comment  ceux  qui,  avec  raison,  admettent 
que  la  substance  en  général  (matière,  force,  élément  vital)  a 
eu  son  origine  dans  un  acte  de  la  volonté  toute  puissante, 
osent-ils  soutenir  que  cette  même  volonté  doive  nécessaire- 
ment détruire  ce  qu'elle  a  produit?  N'es^ce  pas  là  se  substituer 
encore  une  fois  au  Créateur,  sans  aucune  excuse  plausible? 
n  nous  semble  qu'une  prétention  aussi  audadeuae,  loin  d'avoir 
un  caractère  d'orthodoxie,  touche  de  très  près  au  blasphème! 

Un  très  grand  nombre  de  personnes,  aussi  bien  parmi  les 
hommes  de  science  que  parmi  les  laïques,  pensent  que  ce  qui 
a  un  commencement  a  nécessairement  une  fin;  et  de  là  beau- 
coup concluent  que  puisque  notre  vie  commence,  elle  doit 
aussi  finir. 

Au  point  de  vue  scientifique,  cette  opinion  est  doublement 
erronnée.  En  "léométrie  et  dans  Tordre  idéal,  il  existe  plusieura 
lignes  courbes  à  équations  parfaitement  définies,  qui  ont  un 
commencement  et  dont  le  développement  est  infini.  Celle, 
par  exemple,  que  décrit  l'extrémité  libre  d'un  fil  qui  est 
enroulé  autour  d'un  cylindre,  et  qu'on  déroule  en  la  tenant 
tendue,  la  dàvehppanU  du  cerde  est  dans  ce  cas  :  elle 
sur  le  cercle  générateur  et,  aucune  limite  n'étant  imposée 
à  la  longueur  du  fil,  elle  est  idéalement  infinie  dans  son 
développement.  Dans  l'ordre  idéal  (b)nc,  l'assertion  est  fausse. 
Dans  le  môme  ordre,  mais  à  un  point  de  vue  bien  plus  élevé, 
Tiissertion  est  plus  erronée  encore,  s'il  est  possible,  et  repose, 
comme  je  Tai  dit,  sur  une  fausse  notion  des  rapports  du  fini 
et  de  TinfinL  Pour  bien  des  personnes,  l'infini  est  simplement 
ce  qui,  en  grandeur,  dépasse  tout  ce  que  nous  pouvons  nous 
figurer:  d'oh  il  résulterait  que  si,  dans  l'infini  ainsi  conçu, 
nous  plaçons  soit  un  commencement  de  date  soit  un  point 
de  départ  en  étendue,  il  existerait  un  rapport  de  grandeur 
entre  ce  qui  va  avoir  lien  et  ce  qui  a  eu  lieu  antérieurement. 
Mais  cette  manière  de  voir  est  mathématiquement  fausse. 
L'infini,  si  une  expression  presque  familière  est  permise, 


Là  VIB  PVnmB  ET  U  SCmiCB  HODKBRB 


81 


l'infini  est  en  quelque  sorte  le  contenant  du  tini,  soit  on  temps 
soit  eu  étendue,  et  taudis  que  l'idée  de  mesure  est  inséparable 
de  ce  dernier,  elle  est  au  contraire  étrangère  au  premier. 
L'iniini,  en  un  mot,  n'est  pas  le  fini  amplifié  au  delà  de  toute 
imagination,  il  est  autre  en  espèce  et  en  nature  :  je  Tai  dit 
dès  le  débat,  je  le  répète  avec  intention.  Entre  ce  que  ?a 
de?enir,  en  espace  ou  en  temps,  ce  qui  commence,  et  ce  qui 
a  eu  lieu  idéalement  antérieurement,  il  n*y  a  donc  pas  de 
rapport  nécessaire. 

Ce  que  nous  disons  des  choses  de  Tordre  idéal,  est  vrai,  et  h 
bien  plus  forte  raison  de  celles  de  Tordre  réel,  de  ce  qui  a 

une  existence  effective.  La  matière,  la  force,  lame  ont 

été  créées  ou  existent  par  elles-mêmes.  Dans  ce  dernier  cas, 
leur  existence  est  un  état  qui  n'a  plus  rien  de  commun  avec 
une  mesure  quelconque  en  durée.  Dans  le  premier  cas,  le  seul 
admissible  par  la  raison  et  un  raisonnement  correct,  ce  qui 
précède  leur  existence  n^est  pas  iciie  durée  non  plus;  leur 
existence  est  aussi  un  état  et  non  un  phénomène;  elle  peut 
durer  ou  ne  pas  durer,  selon  la  volonté  de  celui  qui  les  a  ftit 
être,  cela  est  bien  évident;  mais  du  &it  même  d'un  commen- 
cement, il  n  y  a  absolument  rien  à  arguer  contre  la  durée 
infinie.  Au  moment  môme  oîi  elles  reçoivent  Têtre,  elles  sont 
comme  si  elles  avaient  toujours  été,  et  il  n'y  a  aucune  raison 
imaginable  pour  dire  a  priori  qu'elles  doivent  cesser  d'être. — 
Les  personnes  qui  croient  ii  T extinction  nécessaire  de  ce  qui  a 
eu  un  commencement,  confondent  visiblement  un  état  avec 
un  jhhmièiM,  Notre  vie  organique  est  un  phénomène  des 
plus  transitoires,  nous  le  savons  tous,  mais  nous  n*y  songeons 
pas  assez.  Il  nous  est  donné  en  naissant,  comme  une  somme 
finie  d*activité  et  d'action  à  dépenser;  nous  pouvons  à  notre 
gré  dépenser  pour  le  bien  et  pour  le  mal,  physiquement  et 
moralement;  nous  pouvons  même  sommeiller,  et  laisser  la 
dépense  se  faire  à  notre  insu;  mais  quand  elle  est  opérée,  la 
vie  organique  cesse.  £u  ce  sens  même  toutefois,  et  Ton  ne 


REVUE  D'aI^AΠ

saurait  assez  le  mettre  en  relief,  la  comparaison  qu'on  fait  si 
souvent  de  Tétre  organisé  avec  une  machine  est  fiuisse.  Dans 
une  machine,  les  pièces  mouvantes  s*usent  par  le  frottement 
et  finissent  par  se  briser  ou  s'enrayer,  si  le  travail  persiste 
trop.  Bans  Têtre  vivant,  une  semblable  usure  n'existe  pas. 
Notre  sang,  nos  muscles,  nos  os...*.,  se  renouvellent  couti- 
nuelk'inent:  ([uand  les  (^'léments  constitutifs  d'un  de  nos 
organes,  d  un  de  nos  iiieinlire.i  cessent,  par  une  raison  ou  une 
autre,  de  se  renouveler,  cet  organe,  ce  membre  est  perdu  pour 
ses  fonctions.  Ce  qui  s'épuise  ici  visiblement  et  uniquement, 
c'est  précisément  la  puissance  d'organisation,  de  réparation, 
d'élimination  des  éléments  nuisibles.  Ici  même  toutefois,  il 
n'y  a  aucune  marche  régulière,  aucune  similitude  d'un  individu 
à  l'autre  quant  aux  organes  dans  lesquels  cette  puissance 
plastique  semble  s'épuiser.  Un  tel  conserve  presque  toute  sa 
force  musculaire;  un  autre  conserve  ses  sens  inaltérés;  un 
autre  conserve  l'intégrité  de  son  cerveau,  qui  reste  hdélemeut 
au  service  de  Tàme  pour  penser.  Quoiciu'il  en  soit,  la  confusion 
dont  je  parle  est  manifeste.  La  vie  organique  est  transitoire, 
mais  les  éléments  qui  y  concourent  ne  le  sont  pas  nécessaire- 
ment: ils  peuvent  l'être  ou  ne  pas  l'être,  et  nous  ne  sommes 
nullement  en  droit  de  décider  a  priori  ce  qui  en  est  Ainsi 
que  nous  l'avons  fiiit  ressortir  avec  force  dès  le  début,  un 
abtme  sans  fond  sépare  le  laïque  de  l'homme  de  science,  et  en 
sens  bien  opposé  de  ce  qu'on  eût  pu  croire,  quand  il  s'agit  de 
l'existence  des  êtres.  Les  laïques,  dont  un  grand  nombre  tient 
pour  impie  tout  homme  qui  doute,  admettent  sans  difhculté 
et  sans  scrupule,  que  ce  qui  est  peut  cesser  d'être,  qu'une 
&me  animale  peut  s'éteindre  comme  un  flambeau.  L'homme  de 
science  sensé,  à  qui  l'éternel  doute  a  été  donné  comme  étemel 
stimulant,  ici  cesse  de  douter:  pour  lui  ce  qui  est,  ne  peut 
cesser  d'être  êpmtaMêmenL 

La  science  moderne  démontre,  non  certes  l'existence  de 
Dieu,  mais,  ce  qui  équivaut  en  tous  points,  eUe  démontre  la 


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LA  VIB  POTOBI  n  LÀ  SCOHCB  HOMME  88 

non-éternité  de  la  substance  en  général,  qui  forme  l'Univers  : 

MATIÈRE,  FORCE,  AME . .         elle  (lémontrc  rcxistcncc  de 

rélément  aniniique  d'une  manière  indirecte,  mais  équiva- 
lente il  toute  démonstration  directe,  en  montrant  que  les 
éléments  du  monde  physique  sont  absolument  insuftisants 
pour  donner  tien  aux  phénomènes  du  monde  vivant  La  durée 
indéfinie  de  ce  qui  a  une  fois  reçu  Fdtre  forme  pour  elle  un 
aiiome.  ^  En  ce  monde,  Télément  animique  qui  constitae 
notre  être  pensant  forme  une  unité  Men  définie;  et  c'est  même, 
pour  vrai,  à  cette  unité  que  chacun  de  nous  tient  le  plus.  H 
nous  est  logiquement  permis  d'admettre  que  l'âme  possédait 
ce  caractère  d'unité  au  moment  de  son  entrée  dans  l'orga- 
nisme et  qu'elle  le  conservera  à  sa  sortie.  —  Mais  quelle  sera 
sa  manière  d'être,  sa  forme  nouvelle?  Qu'on  le  remarque  for- 
mellement, je  dis  8a  manière  d^être,)G  ne  dis  pas  sa  destinée. 
Ce  sont  là  deux  ordres  de  questions  absolument  distinctes. 
La  première  est  du  domaine  de  la  critique  scientifique,  que 
la  science  puisse  d'ailleurs  ou  non  la  résoudre;  la  seconde 
est  absolument  en  dehors  de  ce  domaine:  son  étude  doit 
être  Tobjet  essentiel  des  réflexions  de  tout  être  qui  pense  et 
qui  veut  rester  en  paix  avec  lui-même. 

La  première  question  est  du  domaine  de  la  critique  scienti- 
fique, en  ce  sens  qu'elle  concerne  Tordre  des  faits  qu'étudie 
la  science  ;  mais  la  science  peut-elle  la  résoudre?  Tout  savant 
sincère  répoudra  certainement  que  non. 

£n  ce  bas-monde,  savants  aussi  bien  que  laïques,  croyants 
sincères  aussi  bien  que  sceptiques  incurables,  spiritualistes 
aussi  bien  que  matérialistes,  nous  n'arrivons  tous  à  la  notion 
du  monde  externe  que  par  Tintermédiure  de  nos  sens; 
nous  ne  pensons  qu'avec  Taide  du  cerveau.  Toutes  nos 
idées,  toutes  nos  pensées  les  plus  immatérielles  reçoivent 
l'empreinte  des  instruments  îi  l'aide  desquels  nous  les 
formons.  C<'tt(î  empreinte  certes  varie  en  profondeur,  selon 
l'éducation  que  nous  nous  donnons,  selon  les  eflbrts  plus  ou 

floaveUe  Stro.  —  lâ"*^aooè«»  8 


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d4  EKvm  d'alsacs 

nudiis  grands,  phu  ou  moins  sontemiB  que  nom  iSidsons  pour 
nous  en  aflrandiir,  mais  die  ne  peut  être  eflOMée  ches  per- 
sonne entièrement 

Chez  les  personnes  qui  s'abstiennent  de  tout  effort  pour 
s'élever  au-dessus  des  notions  do  pure  sensation,  qui  ne 
s'exercent  pas  de  bonne  heure  à  mesurer  en  quelque  sorte 
l'influence  troublante  de  nos  instruments  de  perception,  cette 
empreinte  est  telle  que  certaines  notions  deviennent  impos- 
sibles. C'est  indubitablement  à  une  raison  de  ce  genre  qu'il 
ikutattribuer  lesdiscussionsinterminibles  qui  ont  en  lien  et  qd 
ontlieneneore  en  mathématiques,  par  exemple,  sur  l*interyeu- 
tion  ou  la  non-intenrention  de  linfini  dans  cette  sciencOi  C'est 
encore  à  cette  raison  quHl  fiiut  rapporter  la  résistance  qu'op- 
posent certaines  personnes  à  la  notion  de  force,  à  l'existence 
d'un  élément  qui  échappe  à  toute  perception  directe,  et  que,  par 
une  paresse  d'esprit  invétérée,  on  ne  peut  plus  môme  conce- 
voir comme  une  réalité.  On  substitue  des  atomes  en  mouvement 
incessant  dans  l'espace  infini;  on  ne  les  voit,  on  ne  les  perçoit 
sans  doute  non  plus,  par  la  raison  très  simple  qu'ils  n'existent 
pas,  ma&  on  se  ks  fignre  du  moins,  et  tout  semble  daîr  dès 
lors.  Enfin,  et  pour  rester  dans  notre  si^  e*est  sans  aucnii 
doute  à  cette  raison  qu'il  fuit  attribuer  l'obstination  que 
mettent  un  grand  nombre  de  personnes  à  nier  l'élément  ani- 
mlqne.  Chez  les  esprits  incultes,  ce  motif  de  négation  se  trar 
duit  souvent  sous  la  forme  la  plus  naïve  et  la  plus  risible  : 
«  J'ai  assisté  à  la  mort  d  un  tel,  je  n'ai  rien  vu,  rien  entendu 
partir  :  pures  inventions  que  tout  cela!  »  Chez  les  esprits  culti- 
vés et  habitués  à  mieux  Bêmaequer^  ce  sentiment  ne  se  traduit 
pas  BOUS  cette  forme  cynique;  mais  il  n'en  existe  pas  moins 
très  vivace. 

Ayons  le  courage  de  le  dire,  n'est-on  pas  en  droit  d'attribuer 
cette  origine  à  une  opinion  qui  est  presque  un  article  de  foi 
dans  le  monde  clirétien?  Admettrait-on  un  seul  instant  que 
notre  ftme  sera  condamnée  un  jour  à  revêtir  de  nouveau  sou 


II 


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LA  TIE  PimmS  ET  LA  SCIBNGB  MODERKK  86 

corps  d'ici-bas,  si  Ton  avait  la  plus  légère  idée  de  Tétat  d'une 
ftme  délivrée  de  ce  corps?  Une  pareille  opinion  certainement 
rdèTO  du  plus  groflsier  matérialisme.  En  ce  sens,  hélas!  les 
docteom  en  théologie  surenchérissent  encore  dans  Ténoncé 
de  l'idée  matérialiste,  en  affirmant  que  ce  seront  les  mêmes 
matériaux  qni  formeront  notre  corps  fotur,  et  qu'il  doit»  par 
conséquent,  être  interdit  de  brftler  nos  cadaTres,  comme  si 
ces  matériaux  ne  se  renouvelaient  pas  incessamment  pendant 
notre  existence  organique,  et  comme  si  d'ailleurs  dans  cette 
supposition  d'une  résurrection  organique,  il  était  plus  difticile 
de  rebâtir  notre  malheureux  corps  avec  les  éléments  dispersés 
par  la  combustion  qu'avec  ces  éléments  dispersés  par  la 
décomposition  putride  I 

Les  notions  que  nous  avons  du  tmga  et  de  Tespaee  ne  sont 
certainement  pas  tirasses,  comme  Pont  soutenu  quelques  phi» 
bsophes,  mais  éUes  sont  incomplètes;  elles  sont  relatÎTes  à 
tout  ce  que  nous  observons  ici-bas;  elles  portent  Tempreinte 
de  nos  instruments  de  perc^tion.  Cbes  les  esprits  incultes, 
elles  ont  un  caractère  réellement  obtus.  L'esprit  cultivé  sent 
au  contraire  qu'elles  pourront,  en  de  certaines  conditions, 
être  autres  que  nous  ne  les  concevons  en  cette  vie;  mais  si 
exercé  qu'il  puisse  être,  notre  esprit  n'arrive  pas  à  prévoir  la 
forme  réelle  qu'elles  auraient  si  nous  pouvions  nous  détadier 
complètement  de  nos  aeps. 

£n  un  mot,  et  à  un  point  de  vue  scientifique  correct,  nous 
ne  pouvons  rien  affirmer,  ni  même  rien  concevoir,  quant  à  la 
l*éttt  futur  de  notre  être  séparé  de  ses  instruments  d'investir 
gation.  En  raison  même  des  notions  incomplètes  que  nous 
avons  du  tomps  et  de  Tespace,  tout  ce  qui  a  été  écrit  sur  cet 
état  fiitur,  par  les  poèti^s,  par  les  philosophes,  par  les  savants, 
revêt  un  caractère  de  puérilité  ou  de  haute  fantaisie,  qui, 
grkce  k  une  forme  littéraire  brillante  et  éinou\  ai)tt%  peut  nous 
capter  pour  quelque  temps,  mais  ne  laisse  jamais  de  traces 
détinitives  et  profondes  dans  l'esprit.  Les  peintures  ou  les 


36  KBvm  d'alsack 

descriptions  d'angee,  de  démons,  de  bienhenrenx,  deréproarés, 
que  nous  ont  laissées  les  plus  grands  peintres,  les  plus  grands 
poètes,  quand  elles  tentent  de  8*éle?er  au-dessus  des  formes 

humaines,  au-dessus  de  Tanthropomorphisme,  peuvent  nous 
saisir  pour  quelques  instants,  mais  nous  font  bientôt  sourire. 
Ce  qui  y  friipi)e,  c'est  la  j)ersistance  de  l'imagination  à  lovfdisery 
à  donner  des  Jorme^Jinies  à  ce  qui  par  son  essence  même  se 
trouve,  plus  que  probablement,  en  dehors  des  conditions 
iinies  de  l'espace  et  du  temps. 

La  nature  incomplète  des  notions  que  nous  avons  du  temps  et 
de  Tespace  non  seulement  nous  empêche  de  nous  frire  une  idée 
de  Pétat,  du  mode  de  manifestation  de  l'élément  animique 
dépouillédesesinstrumentsdeperception,  mais  elle  nous  enlève 
même  toute  compréhension  nette  de  ce  qui  pourra  être  pour 
nous  un  tHat  de  bonheur  ou  de  malheur.  La  joie  la  plus  pure, 
la  plus  élevée,  n'existe,  pour  nous  ici-bas,  qu'à  la  condition  de 
ne  pas  durer  ou  d'avoir  même  la  douleur  pour  repoussoir.  S'il 
est  une  inhrmité  humiliante,  c'est  que  nous  ne  puissions  pas 
même  concevoir  un  état  de  félicité  continu  et  toigours  iden- 
tique. L'arUste,  le  poète,  le  savant,  dans  Tidéal  de  bonheur 
futur  qu*ils  se  peignent,  chacun  à  sa  manière,  introduisent 
tous,  sans  même  s*en  douter,  la  condition  de  changer  sans 
cesse,  de  toujours  avancer,  de  toujours  s^élever.  —  Un  grand 
peintre,  sur  son  lit  de  mort,  recevait  les  encouragements  d'un 
ecclésiastique,  qu'il  comptait  parmi  ses  amis:  «Songez,  lui 
disait  le  prélat,  que  vous  allez  contempler  Dieu  face  à  face.  » 
«  Mais  mon  père,  objecta  le  peintre,  ne  le  verrai-je  pas  aussi 
de  protil?»  Cette  page  dernière  de  la  vie  d'un  artiste  peut  faire 
sourire  et  sembler  ironique  au  premier  abord.  £n  y  songeant 
pourtant,  on  ne  peut  qu*6tre  frappé  de  la  force  avec  laquelle 
elle  fait  ressortir  une  défectuosité  de  notre  nature  dlci-bas. 

S*il  est  un  siqet  sur  lequel  llmagination  se  soit  donné  libre 
carrière,  c*est  certainement  dans  Hnvention  des  joies  ou  des 
peines  qui  nous  attendent  outre-tombe.  Chacun  a  inventé  des 


IJi  VIE  FUTURE  ET  LA  SCIENCE  MOOERHB  87 

plaisirs  ou  des  supplices  à  sa  guise;  chacun  se  bâtit  arbitrai- 
rement un  paradis  pour  lui,  pour  les  siens,  pour  ceux  qui 
partagent  ses  opinions,  et  un  enfer  pour  les  autres.  Dans  cette 

diversité,  il  y  a  peut-être  une  imas^e  éloi^ée,  mais  pourtant 
juste  de  la  vc^rité.  Kt  diiiis  ces  inventions  d'ailleurs,  il  n\  a  rien 
que  de  très  iiiitocent,  et  même  de  très  léLritime.  pourvu  qu'on 
se  les  réserve  pour  son  propre  usage  et  qu  ou  ne  prétciKie  pas 
les  appliquer  inflexiblement  à  autrui,  pourvu  qu'on  se  rappelle 
que  ce  qui  est  le  paradis  pour  Tun  peut  bien  être  le  purgatoire 
pour  un  antre.  —  Combien,  bêlas  1  prétendent  étendre  à 
rautre  monde  lintolérance  dont  ils  font  preuve  en  celui-d. 
Bappelons-nous  les  paroles  de  cet  Incas,  qu'un  Espagnol 
essayait  de  convertir,  d*abord  par  voie  de  douceur,  en  lui 
peignant  les  félicités  d'en  haut.  «  Y  aura-t-il  des  Espagnols 
dans  votre  paradis?  »  —  «  Eh  î  sans  doute  et  surtout.  »  «  Alors 
laissez  moi  aller  en  enfer.  —  Dans  cette  din-rtfité  d'inven- 
tions, qui  est  peut-être  une  image  de  la  vérité  réalisée  ailleurs, 
notre  esprit  trouve  du  moins  un  moyen  de  surmonter  quelques- 
unes  des  difiicultés  qui  se  dressent  devant  lui  dès  qu'il  essaie 
de  pénétrer  du  regard  les  voUes  de  Tavenir.  Quelqu*ami  qu'on 
puisse  être  de  la  concorde  et  des  réconciliations,  U  ne  nous 
est  pas  &cile  de  comprendre  comment  Galilée,  Jordano  firuno, 
et  tant  d'autres. . . .  pourraient  en  toute  quiétude  se  côtoyer 
avec  leurs  juges  qui  pourtant,  par  droit  de  profession,  occu- 
peront, dit-on,  les  premières  places.  Il  ne  nous  est  pas  facile 
de  comprendre  comment  les  persécuteurs  d'ici-bas  pourraient 
se  sentir  heureux  à  côté  des  persécutés. 

La  science  est  muette  sur  les  mystères  d'outre-tombe,  sur 
la  manière  d'être,  sur  l'évolution  future  de  Tunité  animique, 
qu'il  s'agisse  de  l'homme  à  qui  a  été  accordé,  quand  il  le  veut, 
le  domaine  de  la  pensée  pure,  ou  des  êtres  inférieurs  sentant 
et  aimant  comme  lui,  mais  n'ayant  pas  le  pouvoir  de  s'abs^ 
traire.  Hais  elle  abolit  défiidtivement  sur  l'autre  rive  l'idée 
du  néant;  à  l'être  qui  a  su  s'affirmer  dans  le  présent  et  dire; 


38 


REVUB  d'ALSACB 


c  Je  sens,  j'aime,  Je  pense,  donc  je  suis,  •  elle  dit:  c  Tu  es, 
donc  tu  seras.  • 

La  science  nous  conduit  jusqu'à  Vautre  rive;  mais  elle  ne 
saurait  nous  révéler  notre  destinée  au  delà.  Sur  la  rive  fatale, 
elle  nous  livre  à  notre  conscience,  au  souvenir  de  notre  passé, 
au  sentiment  de  notre  responsabilité.  Ainsi  que  Tart,  ainsi 
que  la  poésie,  elle  nous  a  été  accordée  comme  un  don,  comme 
une  faveur,  pour  nous  faire  comprendre  la  grandeur  de  notre 
mission,  l'étendue  de  nos  devoirs  envers  tous  les  êtres,  ici-bas. 

■ 

Elle  nous  a  été  donnée  comme  un  guide,  comme  un  phare  : 
elle  ne  peut  nous  servir  d'égide,  elle  ne  peut  qu'aggraver 
notre  responsabilité,  si,  par  une  misérable  vanité,  par  ambi- 
tion, par  asservissement  à  une  caste,  nous  changeons  la 
lumière  en  ténèbres,  le  bien  en  mal  Malheur  au  poète,  à  l'ar- 
tiste, au  savant,  lorsquils  font  servir  leur  inspiratiou,  leur 
lumière  à  autre  chose  qu'à  l'affiranchissement  de  Tesprit  et  à 
la  glorification  du  bien,  du  beau  et  du  vraL 

G.-A.  HiBN. 

Cohnar,  août  1881. 


U  FAMILLE  DE  BOSEN 


La  famille  de  Rosen,  qui  a  joué  un  grand  rôle  en  Alsace 
pendant  près  de  deux  siècles  et  qui,  comme  Ton  sût,  s'est 
éteinte  en  la  personne  de  Madame  Sophie  de  Rosen,  veuve  en 
premitoeB  noces  du  duc  de  BrogUe,  et  mariée,  après  que  son 
mari  eût  péri  sous  la  hache  révolutionnaire,  au  nuurquîB  René 
Voyer  d^Axgenson,  était  originaire  de  la  livonie. 

Ceet  vers  1840  que  mourut  la  dernière  descendante  dhrecte 
de  cette  illustre  iuniUe. 

La  maison  des  barons,  puis  marquis  de  Rosen,  ne  subsiste 
plus  que  par  quelques  branches  collatérales  fort  éloignées,  en 
Allemagne  et  en  Russie. 

M.  Lehr,  dans  le  bulletin  de  la  Société  pour  la  conservation 
des  monuments  historiques,  a  publié  une  fort  intéressante 
notice  sur  la  famille  et  les  pierres  tombales  des  Rosen  se  trou- 
vant dans  Téglise  de  Dettwiller. 

n  n*e6t  pas  sans  intérêt  de  recuelUir  tous  les  documents 
épars  concernant  cette  fiunille;  aussi  avons-nous  crû  devoir 
sauver  de  l'oubli  les  notices  suivantes. 

Elles  sont  extraites  l'un  manuscrit  in-foUQ  4fi  74  page^ 
portant  le  titre  : 


40 


BIVOI  D'AUAIZ 


INVENTAIRE 

DES     TITRES     G é N é A L O G  I Q U E S     ET  HONORIFIQUES 
DE     LA    MAISON  DE 

ROSEN 

et  dans  un  cartouche  à  la  plume  surmonté  des  armes  de 
Bosen: 

INVENTAIRE 

CONTBIIAMT 

LES    DIPLÔMES,  CHARTES 

BT    A U T R B S    TITRBS    BT    B N S E I  G N B M B N T S 
G  i  N  <  A  L  O  G  I  Q  U  B  S    DB    LA    MAISON  DB 

ROSEN 

de  la  branche  de  Klbinropp  établie  en 
France  en  général,  ensemble  les  lettres- 
patentes,  Brevets,  commissions  et 
provisions  de  charges  et  de  Dignités 
militaires  et  de  Chevallerie  et  autres 
titres  honorifiques 

l>B    LA    n.    MAISON    BT    DE    CHACUN    DE  SES 
MEMBRES    EN  PARTICULIER 

Inventoriés  et  mis  en  ordre  par  les 
soins  de  Haut  et  puissant  Seigneur, 
Messire  Eugène-Octave-Augustin,  ^  comte 
DE  RosEN  et  DE  Grammont,  Marquis  de 
BollwiUer,  Baron  de  Conflandey, 
Seigneur  de  Herrenstein,  etc.,  etc.. 
Brigadier  des  Armées  du  Roi,  Colonel 
du  Régiment  de  Dauphiné  Inf'*,  etc. 

FINI    BN    L'ANNiB  MDCCLXIII. 

*  Eagène-OctaTe-Atigastm  de  Rosen,  fils  nniqne  da  marquis  Armand 
de  BoMB  el  dernier  représenUMii  mAle  4e  la  ûmiille. 


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LA  vinui  M  BMm 


41 


En  tête  du  manuscrit  se  trouve  un  avertissement  par  lequel 
on  fait  observer  que  la  maison  de  Rosen,  particulièrement  la 
branche  de  Kleinropp,  était  originaire  et  établie  en  Livonie, 
province  du  royaume  de  Suède,  limitrophe  aux  états  de  rem- 
pire  de  Russie  et  de  ceux  du  royaume  de  Pologne,  et  le 
théâtre  ordinaire  des  guerres  de  ces  nations,  par  conséquent 
siqette  à  de  fréquentes  révolutions» 

n  n*est  pas  possible,  dit  cet  avertissement,  surtout  aux 
premiers  de  cette  maison  qui  se  sont  établis  en  France  et  qui 
ont  quitté  leur  patrie  pendant  leur  jeunesse,  d'amasser  beau- 
coup de  titres,  mais  encore  do  les  apporter  avec  eux  ni  de  les 
faire  venir,  d'autant  moins  que  les  aînés  des  familles  sont 
toujours  les  dépositaires  des  archives  et  les  conservent  dans 
leurs  terres. 

On  ne  doit  pas  s'attendre  par  conséquent  à  trouver  ici  un 
de  ces  volumineux  tas  de  papiers  dont  on  Hait  tant  de  parades. 
Ceux  insérés  dans  cet  inventaire  sont  si  authentiques  et  si 
respectables  qulls  sont  plus  que  suffisants  pour  prouver  Tan- 
cienneté  et  la  pureté  de  la  noblesse  et  de  llDustratlon  de  la 
Maison  de  Bosen. 

Après  cet  aveu  quelque  peu  naïf,  il  ne  nous  reste  qu*à 
présenter,  par  ordre  de  classement,  les  documents  les  plus 
intéressants. 

K»  1. 

Témoignage  ou  certificat  du  maréchal  et  du  corps  de  la 

noblesse  du  duché  de  Livonie  au  bas  de  Tarbre  généalogique 
de  trente-deux  quartiers  du  côté  paternel  et  maternel  de  très 
illustre  et  généreux  comte 

GOHRiD  Dl  ROBEV 

seigneur  héréditaire  de  Kleinropp  et  de  Baiskum,  pour  lors 
lieutenant  général  et  depuis  maréchal  de  France,  portant  que 

ledit  seigneur  comte  Conrad  de  Rosen  est  d'une  très  noble  et 
très  ancienne  race,  que  suivant  les  annales  mêmes  du  pays, 


4t  Ufa  •*AUAci 

dès  les  première  temps  dn  diristianîBme  en  LlTonie  {nn 
l'an  1200)  les  descendants  de  cette  illustre  famille  furent 
admis  au  nombre  des  chevaliers;  que  depuis  ils  n'avaient 
jamais  discontinué  de  servir  sous  les  étendards  de  leurs  rois; 
qu'ils  avaient  mérité  par  leur  valeur  de  glorieux  emplois,  de 
très  belles  charges  et  des  terres  en  commande  ;  qu*eniin  ils 
avaient  to^jonn  fait  des  allianceB  d^une  noblesse  égale  à  la 
lenr,  comme  le  marquent  les  écnssons  de  leur  carte  généalo- 
gique et  que  chacun  des  descendants,  pour  soutenir  llionneur 
de  sa  racop  se  crut  obligé  de  joindre  à  Fédat  de  son  sang  les 
solides  ornements  de  la  vertu  et  d*a)Ottter  leur  mérite  per* 
sonnel  au  mérite  de  leurs  ancêtres. 
Donné  à  Wenden,  le  IS*  jour  du  mois  de  mars  de  Tannée  1692. 

Autre  attestation  du  comte  Hartfer  de  Griffenbourg,  séna- 
teur du  royaume  de  Suède,  maréchal  de  camp  et  gouverneur 
du  duché  de  Livonie  et  de  la  ville  de  Riga,  affirmant  les  faits 
ci-dessus. 

Ce  document  constate  encore  que  le  chevalier  Christian  de 
Rosen,  célèbre  par  les  armes,  est  venu  en  livonie  vers  Tan 
1343  et  a  arraché  cette  terre  avec  les  autres  chevaliers  de 
Tordre  équestre,  des  mains  des  idolâtres  par  divers  sanglants 
combats;  que  ses  successeun,  imitateun  de  sa  vertu,  ont 
transmis  llionneur  et  la  ^oire  de  sa  race  aux  dignes  descen- 
dants de  ses  aïeux,  non  seulement  par  une  bravoure,  une 
fidélité  et  une  prudence  singulière  quUls  ont  fait  éclater  sous 
les  princes  de  Livonie,  et  surtout  du  Grand  Gustave-Adolphe 
et  autres  rois  de  Suède. 

(Ce  ceitihcat  est  daté  de  Stockholm,  le  12  janvier  1693.) 

]f»4. 

Diplôme  ou  lettres-patentes  de  Charles  XII,  roi  de  Suède, 
de  1698,  déclarant  que  les  certificats  de  naissance  de  Conrad 
de  Rosen  sont  conformes  en  toutes  choses  à  la  vérité. 


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LA  PAHBXI  H  MMm 


48 


Eztnit  des  tltroB  produits  par  Conrad  de  Bosen,  comte  de 
BoUwiller,  maréchal  de  Fkunce,  nommé  chevalier  des  ordres 
du  roi,  pour  les  preuves  de  sa  noblesse  faites  par-devant  M.  le 
duc  de  Foiz,  pair  de  France,  et  M.  le  marquis  dlTzelles,  maré- 
chal de  France.  Ledit  Conrad  de  Rosen  a  été  reçu  chevalier 
après  avoir  prêté  serment  entre  les  mains  de  Sa  Majesté,  à 
Versailles,  le  luudi  matin,  jour  de  la  Purilicatioii,  1706. 

H*  7. 

Copie  des  attestations  données  par  Pierre  I**,  czar  de  toutes 

les  Russies,  etc.,  etc.,  portant  que  les  deux  branches  de  la 

Maison  de  Rosen,  l'une  du  feu  général  Rheinhold  de  Rosen,  de 
Grossropp,  et  Tautre  du  feu  général  Conrad  de  Rosen, de  Klein- 
ropp,  toutes  deux  originaires  de  Livonie,  sont  de  naissance  à 
entrer  dans  tous  les  ordres  de  chevallehe. 

Procès-verbaux  des  preuves  do  filiation,  légitimation  et 
noblesse  de  N.  Eléonor-Félix  de  Rosen  pour  être  reçu  cheva- 
lier de  justice  dans  Tordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem. 

Arl^res  généalo^piques 
1M2. 

Arbre  généalogique  de  Rheinhold  de  Rosen,*  lieutenant 

général  des  armées  du  roi,  de  la  branche  de  Grossropp,  parent 
et  beau-père  de  M,  le  maréchal  de  Rosen,  donné  par  les  direc- 
teurs-conseillers de  la  noblesse  immédiate  do  la  Livonie. 

Signé  par  neuf  gentilshommes  et  donné  à  Riga,  à  l'hôtel  de 
U  noblesse,  en  1715. 

'  RheinlioUl  do  Roson,  mort  à  son  château  de  Dettweiler  le  18  dé- 
cembre 1667,  enterré  à  l'église  de  ce  village,  où  se  trouve  la  pierre 
tomniaire.  Sa  première  femme,  Anne-Marguerite  baronne  d'£ppe, 
morte  le  2b  février  166Ô,  est  enterrée  avec  loi. 


a 


No  18. 

Ârbre  généalogique  de  Marie-Sophie  de  Rosen,*  fille  de 
Bheinhold  de  Bosen  et  d*Âime-Maiguerite  d'Eppe,  épouse  de 
Cronrad  maréchal  de  France. 

N"  14. 

Arbre  généalogique  de  Conrad  de  Rosen,  maréchal  de 
France,  tils  de  Fabien  de  Eosen  de  Kieinropp,  et  de  Sophie  de 
Meugden. 

N«  15. 

Arbre  généalogique  de  M.  Rheinbold-Charles,  ôls  de  Conrad 
de  Rosen-Kleinropp  et  de  Marie-Sophie  de  Bosen-Grossropp. 

N«  1& 

Copie  simple  d  un  autre  arbre  généalogique  de  Demoiselle 
Louise-Jeanne-Charlotte  de  Rosen,  fille  de  haut  et  puissant 
seigneur  Anne-Armand  marquis  de  Rosen,  lieutenant  général, 
et  de  haute  et  puissante  Dame  Jeanne-Octavie,  comtesse  de 
Vaudrey-St-Rémy,  présentée  au  chapitre  de  llnsigne  Abbaye 
des  Dames  de  Remiremont  —  Du  4  mars  1741. 

(Cette  demoiselle  était  née  en  1783.) 

Contrats  de  mariages 

1. 

Contrat  de  mariage  entre  Messire  Rheinhold  de  Rosen, 
colonel  de  cavalerie  de  Tarmée  des  deux  couronnes  confédé- 
rées de  France  et  de  Suède,  fils  de  Messire  Otto  de  Rosen  et 
d'illustre  Demoiselle  Anne-Marguerite  d'Eppe.  —  Passé  à 
Strasbourg,  en  1637. 

Autre  contrat  de  mariage  entre  le  même  et  entre  illustre 
Demoiselle  Justine  de  Qemitz,  passé  à  Saveme  le  24  no- 
yembre  1666. 

A  ce  document  on  a  joint  une  transaction  passée  entre 
'  Sa  UmhB  se  ttoan  h  Detlwill«r;  morte  le  8  octoinre  1686. 


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LA  FAMItLI  M  mOtlN 


411 


ladite  Dame  de  Gernitz,  d'une  part,  et  les  enfants  du  premier 
lit  dudit  seigneur  Kbeiuhold  de  Boseu.  —  Du  31  mars  1668. 

V«8. 

Contrat  de  mariage  entre  Messîre  Bhefnhold-Gharles,  eomte 
de  Bosen»  colonel  d'un  régiment  de  cavalerie  allemandoi  lils 
de  Conrad  de  Rosen,  comte  de  Bollfrîller,  cheYalier,  grand*- 
croix  de  Tordre  de  Saint-Louis,  général  des  années  du  roi  et 
mestre  de  camp^  général  de  la  cavalerie  et  depuis  maréchal 
de  France,  et  de  défonte  haute  et  puissante  Dame  Marie- 
Sophie  de  Bosen  d*une  part:  et  Demoiselle  Marie-Béatriz- 
Octarie  de  Grammont  —  Du  10  mai  1696. 

H«  4. 

Contrat  de  mariage  entre  Messire  Armand  marquis  de 
Rosen,  mestre  de  camp  d'un  régiment  de  cavalerie  allemande, 
fils  de  Rheinhold-Charles  comte  de  Rosen,  lieutenant  général 
des  armées  du  roi,  et  de  Dame  Béatrix-Octavie  née  comtesse 
de  Grammont,  d'une  part:  et  de  haute  et  puissante  Dame 
Jeanne-Octavie,  comtesse  de  Vaudrey,  tille  de  haut  et  puis- 
sant seigneur  Messire  Nicolas*  Joseph  comte  de  Vaudrey  et 
Ouierche  de  Grozon,  baron  de  Saint-Bémy,  seigneur  d*Auche- 
noncourt,  Chaael,  Melincourt,  Aillerillers,  Le  Vaivre,  Cour- 
benay,  Achey,  Moutot,  des  deux  Ândelota,  de  Chftteaurouillauz, 
Coges  et  autres  lieux,  et  de  haute  et  puissante  Dame  comtesse 
de  Bottembourg  '  d'autre  part,  avec  les  dispenses  obtenues  à 
la  Cour  do  Rome.  Ledit  mariage  célébré  au  château  de  Saint- 
Rémy  le  24  juillet  et  ledit  contrat  passé  au  château  de 
fioUwilier  le  6  août  1731. 

Testa.ixiexits,  Donations  et  Ordonnance 
de  dernière  volonté 

No  1. 

D<matîon  faite  par  Conrad  de  Rosen,  comte  de  Bollwiller, 
en  fàvear  de  ConradrEdme  de  Bosen  son  petiMils  et  iilleul, 

*  Morte  en  1749. 


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46  MVin  l»*it8ACI 

fils  de  Rhcinhold-Charles  comte  de  Rosen,  et  de  Marie- 
Béatrix-Octayie  comtesse  de  Grammont,  d'un  contrat  de 
constitution  de  rente  de  30,000  livres  de  principal,  etc.,  passé 
paiHleyantBeniy,  notaire  royal  à  Isenheim,  le  1*"  février  1702. 

N»  3. 

Autre  donation  du  même  au  même  de  la  somme  de  22,000 
livres  due  au  maréchal  de  Rosen  par  le  comte  de  Grammont» 
GouÛandey,  etc.  —  Da  26  mars  1703. 

H*  6. 

Testament  nuncupatif  de  feu  Monseîgnenr  le  maréchal  de 
Bosen,  reçu  par  Schaub  notaire  royal  en  la  ville  d*Ensisheim, 
le  29  décembre  1704. 

W  7. 

Autre  donation  faite  par  mondit  SLugueur  le  maréchal  de 
Rosen,  au  profit  de  M.  de  BoUwiller  troisième  tils  de  Messire 
Rheinhold-Cliarles,  comte  de  Rosen,  son  iils.  —  Du  11  juil- 
let 1714. 

N»  8. 

Testament  mystique  et  olographe  de  feu  haut  et  puissant 
seigneur  Messire  Bheinhold-Charles,  comte  de  Bosen,  lieute- 
nant général,  etc.,  etc.  —  Dn  20  mars  1742. 

Inventaire,  Paotes  de  famille,  Traités  et 
Partages  de  sxiooessions 

N»  1. 

Traité  et  partage  en  langue  allemande  en  original,  *  faite 
entre  Sophie  de  Meugden,  veuve  de  feu  Fabien  de  Rosen  de 
Kleinropp,  d'une  part:  et  Fabien,  Otto,  Magnus-Ëmst  et  Con- 
rad de  Rosen,  ses  quatre  fils,  d'autre  part,  des  fiefe  de  Klein- 
ropp et  de  Baiskum  faisant  partie  de  la  succession  paternelle, 
et  ce,  du  consentement  des  tuteurs  et  curateurs  dudlt  seigneur. 

Daté  du  château  de  Kleinropp,  le  28  mars  1653. 

'  L*origiiial  est  «ntre  ihni  maini. 


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ÎA  FAMILU  DB  ftOBIH 


47 


H»  8. 

Traité  tenant  lien  dlnventaire  et  partage  de  la  snceession 
de  feue  illustre  Dame  Marie-Sophie,  née  de  Roeen,  décédée 
en  1686/  paaeé  sons  seing  privé  en  langue  allemande,  entre 
liant  et  puissant  seigneur  Conrad  deBosen,  son  époux,  d*nne 
part,  et  ses  trois  enfiuits  procrées  a?ec  ladite  défiinte  Dame, 
sayoir:  Bhdnhold-Charles,  Anne-Jeanne  épouse  de  Nicolas- 
Frédéric  de  Bothenbouif,  *  maréchal  des  camps  et  années  du 
roi,  et  de  Marie-Sophie  de  Bosen.  Tonve  de  fen  Messire 
MeinradrPlanta  de  Wildenbeig;  d*autre.  —  A  Strasbourg,  le 

15  mai  1699. 

Cession  et  transport  de  la  susdite  Dame  de  Planta  en  faveur 
dudit  seigneur  et  de  son  frère  et  de  ses  sœurs,  de  sa  part  et 
portion  de  la  seigneurie  de  Dettwiller,  de  l'hôtel  de  Rosen 
situé  en  la  ville  de  Strasbourg.  —  15  mai  1699. 

N°  6. 

Acte  de  résiliation  en  copie  vidimée  du  traité  de  partage  du 

16  mai  1699,  passé  par-devant  Rieden,  greffier  de  Masevauz, 
entre  mondit  seigneur  le  maréchal  de  Rosen,  et  Dame  Anne* 
Jeanne  de  Rothenbourg,  née  de  Rosen,  sa  fille.  Du  24  oo> 
tobre  1704. 

^  Enterrée  à  Dettwiller,  oli  M  tronra  sa  tonhfl. 

*  Enterrés  à  Masevauz. 

Voici  les  inscriptions  tamulaires  qui  se  rapportent  à  la  famille  des 
Rosen.  —  Inscriptions  gravées  sur  table  en  marbre  à  l'église  paroissiale 
do  Siiiii^lfutfai  à  MiMTmi,  chivélle  de  gaache  près  Paaiel  de  Saini- 
Fiançoii-Xavier. 

Kl  BINSnT  LB  MRIB  MOtTIU  SB  OOHTB  DB  BOSSlt  BT  SB 

ROTHENBOUBG,  ANCIENS  PROPRIÉTAIRES  DE  LA  SEIGNEURIE  UNIE  DB 
MASEVAUX  ET  DE  ROUCEMONT,  ENTERRblS  EN  PREMIER  LIEU  DANS 
l'église  PABOISSIALE  DE  SAINT-MARTIN,  SITUÉE  JADIS  SUR  LE  CIME- 

TiftBB,  TRAmrtote  br  1186  dass  L'teLnc  smut-behabo,  bh  1800 

BAm  L*t6LBB  DB  VUKXÊK  CBAMTBB  HOBU  DB  GBTTB  TUXB.  LBOB 
DBBMltaB  TBABSUnm  A  tfS  r ARB  DAR8  CBTTB  GHAFBLLB  BB 184S, 

OOMPOBMÉMENT  AUX  VOEUX  DE  LEURS  HONORABLES  ET  NOBLBS  ALUSl. 

Une  pitRB  tombale  trouvée  lort  de  la  démolition  du  hâaA-iommM 


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48 


Bim  d'albacs 


LIASSE  D. 
V*  1. 

Inventaire  et  descriptloii  des  meubles  meublants,  TaisseUe 
d'argent  et  autres  effets,  d^endants  de  la  succession  de  feu 
M.  Anne-Armand,  marquis  de  Bosen,  trouvés  dans  la  maison 

qu'il  occupait  à  Paris  et  dans  laquelle  il  est  décédé,  le  28  no- 
vembre 1749. 

Lettres-patentes,  Brevets ,  Commissions 
et  Provisions  d.e  ch.arges  et  de  Dignités 
railita.ires.  eto. 

BHEINHOLD  bb  B08EN,  »■  la  bravohb  bb  6R0S8R0PP, 
lieutenaat  général  dei  années  du  roL 

F»  1. 

Brevet  de  pension  du  roi  Louis  XIII,  en  original  sur  par- 
chemin, purtaut  que  voulant  reconnaître  les  services  rendus 
par  le  sieur  de  Roscn.  colonel  d'un  réginu-nt  de  cavalerie 
allemande,  et  lui  donner  moyen  de  soutenir  les  dépenses  qu'il 
est  obligé  de  faire  dans  les  charges  et  principaux  emplois  qu'il 

d«  Haseranx,  a  dft  jadit  eoQTiir  las  nstaf  dont  il  est  question  ei-dessns. 
EUe  porte  l'inscription  sÙTante  : 

D.  0.  M. 

HIC  RESSUIIKCTIONEM  FXPE(.TAT  EXCEI.I.IS  FT  II  I  I  STRTS  DOMIM'S 
NICOLAI'S-FREOERICUS,  COM£S  DE  ROlUENbOURC  DOMINUS  A  BKUTNITZ, 
MASMUKSTBR  R  DBTTWILLBl,  UNS  CHlBrUinSSIMI  CASTftOaOH 
PftAEFBCTUS  QOI  ANHO  ABTATB  SUPRA  SB1ACE8SI1IA  IHKIO  AIOMAM 
CnUSTO  OORSIGIIAVir  D»  TIGBSSIHO  APRIUS.  AHMO  1716. 

Snr  l'antre  partie  de  la  pierre  se  IroaTe  l'inscription  snivante  : 

n.Lisni8  n  piEiinasmA  uxoa  sua  ARKA-toHAitNA  coarrasA  a 

MMKN  auasiHI  nOHIlfl  OONaADI  A  BOSBH  QOOHNDI FRAMSUB  MAM- 

SCHAl.I.I  SUPREMOnUM  OKIUM  M  HKCIS  CIIRISTIAMSSIMI  COMMENDAT- 
ORIS   |>KIM(H.F.MTA  CO.NJLL.!   KF.Nb  MEAITO  APFOKl  &T  HOC  TUMUU 

ELOGILM  l.uNS<;nil!l  CURAVIT,  OllIIT 

DIE  17  Al'KiLlS  A.>iNU  1727  HtUUlESCANT  IN  PACf 


L  yi.  .-  jd  by  Google 


LA  FAMILLE  DB  M8B1I  49 

a  pour  le  service  de  Sa  Majesté,  lui  a  accordé  la  somme  de 
12,000  livres  de  pensiou  par  chacun  an  durant  la  guerre,  et 
lors  de  la  p&ix  Sa  Majesté  promet  de  lui  faire  assigaer  sur  un 
domame  certain  de  son  royaume,  la  môme  somme  sa  vie 
durante. 

Donné  à  Saint-Gennain-en-Laye,  le  22  novembre  1639. 

A  cette  pièce  on  a  joint  les  lettres-patentes  de  Louis  XIII, 
portant  continuation  du  don  fait  audit  Seigneur  Rheinhold  de 
Rosen,  par  le  duc  Bernard  de  Saxe-Weymar,  de  la  seigneurie 
de  Bollwiller,  Zillisheim  et  de  la  villette  de  Soultz  au  pais 
d'Alsace,  appartenances  et  dépendances,  etc.,  etc. 

Donné  à  Saint-Germain-en-Laye,  février  1640. 

N"  2. 

Lettres  de  don  du  même  monarque  de  la  somme  de  10,000 
livres  pour  tenir  lien  audit  seigneur  Rheinhold  de  Rosen  de  la 
rançon  de  mijor^énéral  de  Tannée  impériale  par  lui  fait 
prisonnier  en  la  bataille  de  Bheinfelden  en  1638. 

Salnt-Germain-enrLaye,  1640. 

Lettres-patentes  de  Louis  XIV,  accordées  audit  seigneur 
Bheinhold  de  Rosen,  cy-devant  général-major  en  Tannée  du 
roi  en  Allemagne,  et  lieutenant  général  commandant  sa  cava- 
lerie, par  lesquelles  Sa  Mafesté  Ta  établi,  constitué  et  ordonné 

sous-lieutenant  général,  représentant  sa  personne  tant  sur 
ledit  corps  de  troupes  qui  sera  tiré  des  armées  delà  couronne 
de  Suède  et  Rendra  au  service  de  Sa  Majesté,  (jue  dans  celui 
qu'il  mettra  sur  pied,  etc.,  etc.  —  Du  mois  d'avril  IQm, 

No  5. 

Lettres-patentes  du  môme  roi,  par  lesquelles  ledit  seigneur 
de  Rosen  est  étaldi  lieutenant  général  représentant  la  per- 
sonne de  Sa  Majesté  en  ses  armées  de  la  haute  et  basse 
Alsace,  pour  en  cette  qualité  commander  toutes  et  chacune 

NooTClte  Sèrit.  —      aooét.  4 


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60 


JLVnm  D*AUSACE 


i38  troupes,  tant  de  pied  que  de  cheval,  françaises  et  étrangères 
qui  y  sont  et  seront  cy-après,  assiéger  les  places,  les  prendre 
par  force  ou  composition,  etc. 
Données  à  Gyen,  le  15  avril  1652. 

W  7. 

Diverses  lettres  et  mémoires  concernant  la  discussion  sur- 
venue entre  M.  le  maréchal  de  Turenne  et  Tarmée  suédoise 

commandée  par  llheinhold  de  Kosen,  aux  environs  de  Saverne 
en  pièces  par  lesquelles  ledit  général  s'est  justifié  ;i  la 

Cour,  le  traité  conclu  à  ce  sujet  par  les  principaux  officiers 
de  ladite  armée  ensemble  ses  traités  et  capitulations  faites 
avec  la  Cour.  Instructions  diverses,  etc. 

Nous  avons  été  assez  heureux  pour  trouver  quelques  pièces 
qui  se  rattachent  à  cette  affaire.  Kn  voici  en  partie  la  copie 
ou  Textrait  suivant  auquel  nou^i  crujous  y  trouver  un  intérêt 
historique  : 

BeUUim  de  Madame  la  lAeutenande  OénéraUe  de  Bogen, 

Vostro  Majestr*  aura  sans  doutt'  u})ris  ce  que  depuis  jtcu  s'est  passé 
en  l'urmée  du  Koy  en  Allemagne  et  comme  le  Lieutenant  (iiïâl  de 
Kosen  mon  Mary  retonniant  nouTellement  de  son  emprisonnement  de 
deux  ans  arriva  à  l'armée  lors  que  ce  malheur  avait  commencé  où  il 
apporta  tout  son  possible  pour  remettre  la  dicte  armée  en  bon  Ordre 
et  ramener  tout  le  monde  à  la  dévotion  et  obéissance  de  vostre  Mi^esté. 
Ce  nonobstant  Monseig*  le  Maresehal  de  Tnrenne,  à  je  ne  scay  qn'el 
dessein  et  ponr  quel  snbject,  l'a  fidt  arrester  et  mener  prisonnier  à 
Philipsboaig.  Ce  qui  m'a  obligée  toute  éplorée  de  prendre  la  hardiesse 
de  remonster  à  Y.  M.  en  tonte  humilité  et  deûe  vénércnce  la  vérité,  qni 
est  de  ma  cognoissanco  on  affaire;  Monssoigneur  le  M"'  n'ayant  en  pre- 
mier lieu  point  tenu  do  rendevous  selon  qu'il  est  de  coustume,  n'y 
voulu  payer  le  mois  de  gajîe  jtroniis,  ains  sans  tenir  Conseil  de  puerre 
ny  leur  parler  et  doscouvrir  son  dessein,  donne  ordre  de  marcher  sépa- 
rément et  par  divers  endroits  dans  les  montagnes,  Cela  les  a  rendus 
mal  contents,  donné  mauvais  soupçon  et  les  fit  ressoudre  de  s'assembler 
proche  de  Saverne  ponr  entendre  l'intention  de  M*'  lo  Mareeclial,  lequel 
an  lien  de  bon  aeeneil  qne  les  olBciers  et  soldats  espéroieni  recevoir. 


LA  PAinUl  DB  B06BR 


61 


les  tnûcta  de  fort  rades  yarolM  «i  ee  e<Mtlr«  Vwia  de  mon  Mary  qui 
]Mur  d'intteates  prières  ropplU  mon  dit  Seignenr  le  M**  ne  pu  lee 
tnicter  de  tel  làçon  tins  de  lenr  donner  de  bonnes  paroles.  Yen  que 
Monseiipiear  le  due  de  Longoeville  n*y  W  le  M"^  de  Onebriant  (d'heu- 
reuse m&noife)  ne  les  ont  jamais  traiotei  de  la  sorte  et  reeonnaissans 
en  llonseignenr  le  M*>  le  peu  on  point  d'afféction,  firent  difficulté  de 
marcher,  ce  nonobstant  Monseignenr  le  M**  passa  avec  l'Infanterie 
contre  Pfaltzbourg  et  de  là  renvoya  mon  Mary  avec  M**  de  Tracy  et  le 
vicomte  de  la  Met  pour  tasclier  do  les  réduire  et  remettre  en  bon  ordre, 
Lesquels  n'y  pouvons  ricu  effectuf-r,  Mes  d*  Seigneurs  de  Tracy  et  de 
la  Met  trouveront  bon  que  mon  Mary  demenrast  auprès  des  dits  Régi- 
ments et  autant  que  posiiible,  les  conserver  et  retenir  dans  le  service 
du  Roy  ce  qu'il  fist,  ou  il  recognent  avec  grandissime  regret  qu'ils  ne 
Tonloient  obéir  n'y  reoognoitre  lents  offieiws  et  qu'ils  étaient  prest  à 
se  débander;  Néanmoins  mon  Mary  «Tee  de  bonnes  parolles,  les  ramenn 
anennement  à  lenr  devoir,  mab  ils  fidsoient  grande  difficulté  de  demeu- 
rer de  deçà  et  Tonloient  de  force  repasser  le  Bhin,  tirant  de  plus  en 
plus  la  procédure  de  Monseigneur  le  M^  et  les  mauTidùses  paroles 
recûes  de  luy,  ce  que  mon  Mary  a  empesché  tant  qu'il  a  peu,  ans^ 
bien  que  de  leur  oster  de  l'esprit  le  faux  bruit  que  les  trois  Régiments 
qne  le  colonel  Bambach  a  mené  en  France  et  le  Régiment  d'Erlach 
avoient  été  taillez  en  pièce  par  l'armée  du  Roy  et  qu'Eux  y  arrivants 
seroient  traictoz  de  mosme,  ce  qui  les  a  tellement  opiniastroz  qu'ilz 
n'ont  voulu  demeurer  du  tout  de  deçà  le  Rhin  ayant  de  leur  propre 
anthorité  envoyé  demander  des  batteaux  à  la  ville  de  Strasbourg  avec 
menace  en  cas  de  refus  de  brusler  et  mettre  en  totalle  ruine  leurs 
Tillages,  Et  sy  mon  mary  ne  leur  en  Tonloit  liûre  aToir  le  pins  promp- 
tement  qu'il  pourroit  qu'ils  se  débanderoient  sans  plus  de  délay  et 
passeroient  très  aisément  par  tout  oft  ils  Tondroient.  Mon  Mary  pré- 
voyant le  grand  malheur  qui  en  pourrait  arriTor  et  qu'autrement  on  ne 
le  pouroit  eonsenrer,  fut  contraint  de  s'y  résoudre  considérant  que 
mieux  valoit  les  conserver  de  delà  qne  de  les  perdre  deçà  le  Rhin,  Et 
encore  qu'il  ait  escrit  à  MM'^  de  Strasbourg  pour  ce  Subject  qu'il  fut 
force  de  faire,  si  est  ce  qu'en  mémo  temps,  il  leur  envoya  son  Sécre- 
taire  pour  lo^  prier  de  n'y  connontir  pas  parcequ'il  esperoit  de  Ips 
pouvoir  oncorr-  raiiirer  en  do  dora  roniine  les  MM''*  en  pouroicut  attester, 
mais  se  voyant  frustré  de  son  opinion  et  obligé  de  consentir  au  passage 
il  leur  tit  avaut  que  passer  prester  serment  de  demeurer  et  ne  quitter 
le  service  du  Roy,  mesme  de  TOnloir  recognoitre  leurs  officiers  comme 
ej  devant.  Ce  qu'ils  firent,  et  ee  nonobstant  étans  au  delà  du  Bhin  et 


5S 


RKVUR  D^AI.SACB 


aytnt  employé  de  loag  costez  tout  ce  qu'on  à  pft  ilz  sont  demeurez 
opînîftstrr-z  iiisipios  ù  ce  qu'à  la  tin,  après  une  infinité  do  remonstrances 
tant  (le  linurlic  (juc  par  cscrit  mon  Mary  ayant  osorit  à  chaque  Regimentà 
part  pour  les  forcfM'  à  une  resDliitiun  fiiiiili'  et  ayant  mesme  tait  exécuter 
deux  des  plus  mutins  en  la  jircsence  des  Régiment/,  ils  se  sont  résolus  de 
faire  tout  ce  (|u'on  leur  ordonneroit,  à  la  charge  qu'on  leur  tiendroitce 
qve  de  Tracy  leur  aroit promis  à  BnUt  comme  mon  Mary  peut  prcaver 
par  la  responce  des  dicta  Régimenis  qu'il  garde  en  originaL  Et  comme 
l'accord  estoit  faict  de  eoaté  et  d'anltre  et  qu'il  ne  manqvoit  qne  la 
senle  signature  pour  laquelle  effectuer  mon  Mary  s'approchoit  du  Rhin 
que  Monseigf  le  M*>  venant  à  passer  anssy  pour  meime  eifect  les 
trouppes  en  prennants  de  nouveaux  ombrages  commencèrent  de  redief 
à  se  retirer  de  peur  que  Monscigf  le  M*^  ne  les  voulnst  charger  comme 
ils  saToient  qu'il  avoit  desjà  eu  auparavant  le  dessein,  et  encore  que 
Monseij;'  le  M**  et  mon  Mary  les  suivirent  et  les  rencontrèrent  encore 
tous  ensemble  à  Biel  et  à  Tentour  ou  ilz  ont  parlé  souvcntesfois  avec 
eux,  si  est  ce  qu'à  la  tin  Mon  d'  Seigneur  le  M^'  donnant  ordre  aux 
officiers  de  loger  dans  certaines  villes  et  les  cavalliers  mal  contents  en 
dehors  avec  detfences  expresses  aux  otïu  iers  de  ne  les  plus  suivre  n'y 
les  prendre  en  leurs  quartiers  aiusi  les  laisser  aller  et  ne  s'en  mesler 
plus,  Telles  procédures  estant  directement  contre  le  pardon  du  Roy  qui 
estoit  peu  auparavant  publié  à  l'armée,  ils  forent  grandement  irrites 
et  encore  plus  mal  contents  entendant  l'Arrest  de  mon  Mary,  toutes  ces 
choses  ont  aussy  esté  cause  qu'ils  n'ont  plus  voulu  se  fier  à  la  bonne 
volonté  et  confiance  de  leurs  propres  officiers,  et  combien  que  depuis 
ils  se  sont  déclarez  que  moyennant  la  présence  efféctive  de  Monaeig* 
le  Maresehal  celle  de  mon  M.iry,  du  Général  Major  Fleckensteîn  et 
tous  autres  officiers  auprès  des  Régiments,  ils  s'accommoderoient  et 
continueroient  dans  le  service  du  Roy.  Monseig''  le  M*^'  n'a  voulu 
aggréer  cette  condition,  au  contraire  sortit  il  le  20'"*  Juillet  de  lleil- 
bron  avec  cavallerie  et  infanterie  et  quelque  pièces  de  canon  à  dessein 
de  les  charger  et  de  les  ramener  par  force  à  rol)eissance,  t\n\  est  une 
chose  très  facile  à  juger  que  le  service  du  Roy  ne  pourra  jamais  de 
cette  manière  estre  avancé  mais  il  est  plustMt  à  craindre,  de  les 
chasser  entièrement  et  peut  estre  donner  occasion  qu'ils  prendront 
service  auprès  du  party  contraire.  Ce  que  Monseig'  le  M^  pouvait  par 
le  moyen  du  rendes  vous  et  de  ses  bonnes  grâces  éviter,  Mais  voyant  à 
présent  qu'il  a  manqué  il  veut  mettre  la  bute  sur  mon  Mary,  encore 
qu'il  soit  nottoire  pour  toute  l'armée  et  à  Monseii^  le  M*^  mesme  qnll 
ait  fliiet  tout  son  possible  et  n'ait  rien  espargné  pour  ramener  les  dictes 


U  PANILLB  Dg  I08SN 


68 


troappfls  à  lenr  deroir  et  qa'il  est  (J'appelle  à  Teemoing  Dieu  et  tous 
lei  officie»  de  TAnnée)  entièrement  incoapable,  l'innocence  dnqnel 
esdâten  daTuitage  quand  Y.  IC  M  fert  la  grâce  de  luy  permettre 
qa*il  se  poisse  jnstiûer  deyant  elle  on  au  moins  devant  des  juges  non 
prérenns  de  paasionSi  partialité  nj  aucun  intérêt  particulier. 

Pourtant  V.  IL  est  très  humblement  snpplye  de  le  fiûre  délivrer  de 
la  prison  afin  que  le  moyen  de  se  justifier  et  de  Cure  entendre  à  Y.  M. 
•es  très  justes  et  légitimes  ndsons  ne  luy  soient  ostées. 

Voici  maintenant  la  lettre  adressée  par  Madame  la  umré- 
cbale  de  Rosen  à  sou  Altesse  royale,  Madame  la  duchesse 
d'Orléans,  &  Paris  : 

Madame 

Comme  vosire  Altesse  Royale  exerce  toutes  les  vertus  chrétiennes  à 
un  Souveçaiu  point,  je  prends  la  hardiesse  de  la  supplier  très  liumblc- 
ment  de  vouloir  enij)loyer  celle  de  la  pitié  envers  mon  cher  Mary,  qui 
est  détenu  prisonnier  eu  cette  ville,  depuis  4  mois,  etqui'^'étantjustitié 
suffisamment  de  tout  ce  qu'on  luy  a  voulu  imposer,  n*a  autre  recours 
pour  sortir  de  cette  misère  qu'aux  ames  Religieuses  et  puissantes,  pour 
obtenir  sa  deUvraace,  H  vous  implore,  Madame,  et  moy  avec  luy,  qui 
vous  coi^urons  tous  deux  de  vouloir  parler  à  Son  Altesse  Royale  vostre 
ébêr  ESspoux  à  Intercéder  pour  luy  auprès  de  leurs  Hayestes,  afin  que 
sa  longue  prison  se  change  en  une  liberté,  laqvélle  on  ne  lui  peut 
denier  par  la  justice  de  sa  cause,  come  il  fait  paroîstre  par  la  responce^ 
qu'il  donne  aux  poincts  dont  on  la  («te)  voulu cbaiger,  si  je  receois  cette 
charité  de  la  bonté  de  V.  A.  Royale  je  ne  cesseray  de  publier  en  tons 
les  endroits  ofi  je  me  trouveray.  qu'Elle  est  l'asile  des  afflicrez  et  de 
ceux  qui  sont  opprime/  iiinocoinriiPiit  roiiïe  anssy  de  prier  Dieu  inces- 
samment pour  la  prospérité  de  Vostre  Altesse  Royale  come  estant 

Madame 
Vostre  tri's  humble  et 
très  oheyssaute  servante 

Aura  MaBaABBTBa  voie 
Rosnt  gebwen-  voir  Evni 

àPhilipobouigleSéP* 
»^  1647. 


Le  document  ci-dessous  nous  apprend  qu'un  mois  après  le 
général  de  Bosen  était  encore  retenu  prisonnier.  Voici  1« 


M 


Rim  D*ALMCI 


lettre  adressée  à  Son  Altesse  Monseigneur  le  prince  de  Condé, 
k  Paris: 

Monaeigoenr, 

L'aspénmee  que  j'ay  ea  d'estre  amené  de  Philipeboiuv  à  Paris,  me 
promettoit  d'aroir  l'honneur  de  âtire  la  rérérenee  à  Y.  A.  et  I117  tes- 
moigner  en  effet  la  Joye  que  je  reçois  maintenant  de  son  heoreox 
désiré  retour  de  Catalogne,  mais  le  malheur  m'a  rouhi  (y/r)  que  contre 
mon  opinion  j'ay  été  conduit  et  arresté  dans  la  Citadelle  do  Nancy  sans 
passer  plus  outre,  ce  non  obstant,  je  n'ay  pa^  voulu  manquer  de  rendre 
mes  devoirs  à  V.  A.  par  celle  cy.  la  siii)pli;int  très  humblement  de 
continuer  sa  bionveillance  et  graco  à  une  personne  qui  a  fait  de 
tout  temps  profession  d'être  son  très  humble  Serviteur,  Je  ne  désire 
pas  d'entretenir  V.  A.  du  malheur  qui  m'est  arriré  par  on  arrest  pré- 
cipité de  HP  le  lf*>  de  Tnrenne  dont  tout  le  monde  est  imbu  et  le  bmit 
eepandn  par  tont,  il  est  encore  moins  nécessaire  de  tesmoigner  et  faire 
paroistre  i  Y.  A.  mon  innocence  estant  assuré  qn*elle  anra^e  meil- 
lenre  opinion  de  mon  innocence  et  n'adjnstera  pas  foy  aox  accusations 
dont  on  s'efforce  de  me  charger,  Néanmoins,  si  Y.  A.  me  teat  faire  la 
grâce  de  prendre  la  peine  de  voir  non  seulement  mon  E^rit  cy  joinct, 
mais  d'entendre  aussi  ce  que  mon  frère  lui  pourra  représenter  de 
bouche,  sans  doubte  mon  innocence  lui  parnistra  tout  évidente,  C'est 
pourquoy  j'ai  mon  recours  à  la  grâce  ot  à  la  bonto  de  V.  A.  la  siii>pliant 
très  humblement  de  disposer  leurs  M''*  et  son  Eininence,  do  m'accorder 
mon  entière  délivrance  ot  première  liberté  ce  qui  m'obligera  de  demeu- 
rer toute  ma  vie 

Monseigf  de  Y.  A. 
Le  très  humble,  trie  obéissant  et  très 
obligé  serviteur 

B:  tchBosbi 

ANaneyce»7  9^16é7. 

En  1G50  nous  retrouvons  le  général  de  Rosen  de  nouveau 
investi  de  son  commandement  par  un  arrêté  du  Roi  qui  est 
ainsi  résumé  : 

c  Abolition  accordée  par  le  Boi  Louia  XIY  'pour  le  crime  de  Rebel- 

lion  et  de  Désobéissance  cy  devant  commis  par  les  gens  de  Guerre, 
officiers  et  soldats  tant  de  Carallerie  que  d'Infanterie  de  quelque  nation 
qu'ils  soient,  dont  ils  ont  été  coupables,  pour  s'être  mntiru''s,  avoir 

quitté  le  service  du  Roi  sans  congé  et  pria  celloi  de  ses  enuemia  et  ce 


U  rAWLLV  M  R(Wnf 


en  cas  qu'ils  retournent  à  la  solde  de  sa  >r.iiesté  sons  le  Commande- 
ment du  Sieur  de  ICoseu  Lieutenant  Général  de  l'Armée  du  Roi  en 
Allemagne. 

<  Donné  à  liouen  le  19  jour  de  février  de  l'année  1650.  » 

Un  mois  après,  Feuquière  lui  adresse,  de  Verduu,  la  lettre 
suivante: 

Monsioor, 

Les  oniKMiiis  sont  rotirt's,  n'.ittril)ucz  pas  silvousplait  vostre  délofîe- 
ment  à  la  faute  «lu  pont  car  je  vous  assure  qu'il  estoit  impossible  avec 
toute  sorte  de  diliironce  (jue  vous  en  poussiez  servir  devant  ce  jour 
d'hui  au  soir  à  cause  des  difticultez  qu'il  y  a  a  passer  les  escluses.  Je 
nii  bien  «if  e  d'apprendre  que  nostre  canon  Tova  a  ««m  idon  mon 
dflsMin,  n  celai  qui  toim  aToit  donné  le  premier  STis  me  Fent  dit  en 
panant  il  anrait  fidt  ton  devoir  car  ai  lea  ranemia  n'ewwent  paaaé 
comme  ila  ont  lUt  à  la  vene  de  cette  place  poinble  que  je  ne  Fenne 
paa  açen  aaaes  toat  car  ila  ont  marché  fort  viate,  je  Tova  anpplie  de 
▼onloir  eapaigner  les  terres  de  mon  firère,  je  suis 

Monsieur, 
Toetre  très  humble  serriteor 
FniQiiiàBn. 

A  Verduu  le  4°^  mars  16Ô0. 

On  sait  que  le  général  de  Rosen,  après  sa  détention  à 
Nancy,  qui  dura  près  de  huit  mois,  se  justifia  et  fit  si  bien 
reconnaître  son  innocence,  que  le  roi,  par  lettres-patentes  du 
15  avnl  1652,  lui  donna  le  commandement  en  chef  de  la  haute 
et  basse  Alsace,  avec  pouyoir  absolu  et  étendu. 

n  quitta  le  service  bientôt  après,  et  mourut  le  18  décembre 
IfS&I  dans  son  chAteau  de  Dettwiller. 

V«  14. 

Mémoires  historiques,  relations  de  combats  et  batailles, 
notamment  de  celle  de  ZiLîcnhain  remportée  par  le  général 
Rheiuhold  de  Rosen  sur  la  baron  Bréda,  lit  utt  iiant  maréchal 
de  camp  général  de  Tempereur,  le  15  novembre  1640* 


CONRAD  DE  ROSEN.DE  la  bbanchk  pk  KLETXROPP, 
maréchal  de  France,  cousin  et  gendre  du  iné(  t'(lt  iit.  est  m'^  le  19  sep- 
tembre lti2U,  et  marié  à  Marie-Sophie  de  Kobeu,  tille  du  précédent, 
le  3  février  1660. 

Ho  1. 

Commission  de  mestre  de  camp  d^n  régiment  de  cavalerie 
allemande  k  lui  accordée  par  le  roi  Louis  XIV,  datée  de  Paris, 
70  novembre  1667. 

H<»  4. 

Commission  de  brigadier  dans  la  cavalerie  légère.  —  Da 
12  mars  1675. 

H  7. 

Lettres-patentes  de  Louis  XIV,  roi  de  France,  par  lesquelles 
ce  monarque,  en  considération  des  importants  services  rendus 

par  Conrad  de  Rosen,  a  donné  et  accordé  à  ce  seigneur  le 
revenu  du  domaine  do  la  sénéchaussée  do  La  Motte  ot  Hour- 
mont,  située  en  Bassigny,  jusqu'à  ce  que  ledit  seigneur  de 
Rosen  soit  remis  en  la  jouissance  de  ses  terres  en  Alsace 
ruinées  par  les  ennemis,  etc.,  etc. 
Données  à  Fontainebleau,  le  25  septembre  1677. 

Commission  de  maréchal  des  camps  et  années  du  roi — Du 
20  janvier  1678. 

WIO. 

Lettres  de  services  eu  qualité  de  maréchal  do  camp. 

Ce  seigneur  fut  chargé  de  recevoir  à  la  frontière  Madame  la 
dauphine,  princesse  de  Bavière,  en  1680.  £u  1681,  il  embrassa 
la  religion  catholique. 

If  U. 

Provisions  de  lieutenant  [général  des  armées  du  roi  pour 
ledit  seigneur  Conrad  de  Kosen,  données  à  Versailles,  le 
24  août  1688. 


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LA  FAMILLE  DB  B06EII 


67 


Commission  en  original  en  langue  anglaise  sur  parehemin, 
signée  et  scellée  en  bonne  forme,  avec  une  traduction  en  firan- 
çais,  de  Jacques  II  roi  d*Anglet6rre,  par  laquelle  ce  monarque 
établit  ledit  seigneur  Conrad  de  Rosen,  maréchal  de  camp 

général  de'toutes  ses  armées  et  troupes  levées  ou  à  lever  dans 

le  royaume  d'Irlande,  etc.,  etc. 
Donnée  au  château  de  Dublin,  le  6  avril  1689. 

VM8. 

Provisions  de  la  charge  de  mestre  de  camp  général  de  la 

cavalerie  légère  en  faveur  dudit  seigneur,  douuéo  à  Versailles 
le  G  avrU  16iK). 

N"  14. 

Provisions  de  grand'croix  de  Tordre  de  Saint-Louis,  avec 
une  pension  annuelle  de  6000  livres.  —  Mû  1693. 

N'  15. 

Dou  du  roi  audit  seigneur  de  la  somme  de  200,000  livres.  — 
1698. 

NM6. 

Provisions  en  original  de  maréchal  de  France,  pour  ledit 

seigneur,  Conrad  de  Rosen.  Signé  Louis,  et  par  le  roi,  Phili- 
peaux.  Données  à  Versailles,  le  U  janvier  1703. 

Extrait  mortuaire  de  feu  M.  le  maréchal,  décédé  dans  sa 
terre  de  Bolhrîner  et  enterré  dans  le  caveau  de  sa  famille  en 
la  paroisse  de  Feldkirch,  le  3  août  1715. 

ir«*90&88. 

Divers  paquets  de  lettres,  correspondances  de  la  fàmiUe, 
dont  une  partie  a  été  enlevée  ou  brûlée  par  M.  de  Rosen 
même,  comme  l'indique  rannotation  :  «  Brûlé  la  liasse  25,  etc., 
et  signé  de  Rosen.  » 


68 


BHEIRHOLP-CHARLB81  wm  m  BOSEN, 
liflnteoaat  général,  flb  di  précédent  né  le  10  janvier  1866. 

V  1. 

Commission  de  capitaine  d'une  comiiagnie  dans  le  rj^giment 
de  cayaleric  de  Rotlieubourg,  douuée  à  Yer^aillej»  le  23  dé- 
cembre 1662. 

Commission  de  lieutenantpcolonel  dudit  régiment,  donnée  à 
Versailles  le  12  août  169a. 

7. 

Commission  de  mestre  de  eamp  du  régiment  de  caYalerie 
allemande,  ci-devant  de  Rottembourg,  devenu  vacant  par 
démission,  donnée  à  Versailles  le  17  février  1696. 

N"  8. 

Brevet  de  bri-iadier  de  cavalerie  des  armées  du  roi,  donné  à 
Versailies  le  10  février  1704. 

909. 

Brevet  de  maréchal  de  camp,  donné  à  Versailles  le  20  mars 

1709. 

N«  11. 

Provisions  de  commandeur  de  Tordre  militaire  de  Saint* 
Louis,  à  la  pension  de  3000  livres  par  an  que  possédait  H.  de 
Vauban,  accordées  par  Louis  XIV. 

Données  à  Versailles  le  10  août  1715. 

N"  12. 

Pouvoir  de  lieutenant  général  des  armées  pour  ledit  sdgneur 
de  Bosen,  donné  par  le  roi,  à  Paris  le  1*'  octobre  1718. 

N«  18. 

Extrait  mortuaire  portant  que  ce  seigneur  est  décédé,  au 
château  de  Bollwiller,  le  l;J  juin  deraiince  1744,  et  inhumé  au 
caveau  de  la  chapelle  par  lui  b&tie  eu  Téglise  de  Feldkirch. 


LA  FAMILLE  OE  EWBM 


69 


N°  14. 

Lettres-missives  du  roi  de  Pologne,  Stanislas,  écrites  à 
M.  le  comte  de  Kosen. 

ANNE- ARMAND,  MARQms  de  ROSEN, 
lieutenant  géaéral,  ûh  du  précédent,  né  le  2G  joillet  1711. 

N°  1. 

ConimiBsion  de  mestre  de  camp  accordée  par  le  roi  audit 
seigneur,  marquis  de  Rosen,  dHui  régiment  de  cavalerie  alle- 
mande de  son  nom,  signée  Louis.  — 12  aYiil  1729. 

3. 

Brevet  do  brigadier  de  cavalerie  accordé  audit  seigneur, 
signé  Louis  et  donné  à  Versailles  le  1*'  janvier  174Û. 

Lettres^atentes  de  LouiS'Auguste  de  Bourbon,  prince  de 
Dombes,  comme  exerçant  la  charge  de  grand-veneur  de  France, 
portant  pennission  à  U.  le  marquis  de  Rosen,  de  chasser  le 

chevreuil  et  le  sanglier,  i\  cor  et  k  cri,  dans  la  forêt  de  la  Harth, 
en  Alsace,  données  à  Yer^^ailles  le  28  août  1740. 

NO  6. 

Brevet  de  maréchal  des  camps  et  armées  du  roi,  du  10  mai 
1744. 

N«6. 

Lettre  de  service  en  qualité  de  maréchal  de  camp  dans 

l'armée  de  Flandre  sous  le  cummaudemeut  du  maréchal  comte 
de  Saxe,  du  1"  avril  1745. 

H*»  7. 

Pouvoir  de  lieutenant  général  des  armées  du  roi  accordé 
par  Sa  Migesté  audit  seigneur  Anne-Armand  de  Bosen,  signé 
Louis,  et  par  le  roi,  de  Voyer  d*Argenson,  donné  à  Versailles 
le  10  mai  174a 

Ce  seigneur  est  décédé  à  Paris  et  a  été  inhumé  en  l'église 
paroissiale  de  Saint-Sulpice,  le  28  novembre  1749. 


eo 


wmn  ti'àUàa 


ELEONOR-FELIX,  obivalibr  db  BOSEK, 
fràre  da  précédent»  mestre  de  camp  d'uD  régiment  de  ctTilerie» 
né  le  2  septembre  1719. 

N»  1. 

Commission  de  capitaine  d'une  compagme  dans  le  régiment 
de  cavalerie  allemande  de  M.  le  marquis  son  frère,  signée 
Louis;  avec  les  lettres  d'attaches  du  comte  de  Cbatillon, 
mestre  de  camp  général  de  la  cavalerie  légère  de  lïance, 
donnée  à  Versailles,  le  15  avril  1730. 

lî»2.  ' 

Commission  d^un  mestre  de  camp  d'un  régiment,  dont  était 
pourvu  le  sieur  de  L*Ordat  et  devenu  vacant  par  sa  démission, 
visée  par  le  comte  d'Evreuz,  colonel  général  de  la  cavalerie, 

et  donnée  h  Versailles,  le  16  avril  1738. 

M.  le  clicvalier  do  Roson  est  mort  célibataire  et  a  été 
enterré  eu  TégUse  Saint-Jean,  à  Strasbourg. 


KGâsseb. 


LES 

EX-LIBRIS  DANS  LES  TROIS  ÉVËCHËS 

TOUL — METZ —VERDUN 
1552—1791 


II 

lilUOPIILIS  IT  COILICTIONRIURS  TNUiS 


L'évéque-comte  de  Toul,  prince  du  Saiut-Kmpire  romain, 
s'intitulait,  en  1743,  devant  les  conunissaires  du  parlement  de 
Metz,  c  seigneur  temporel,  haut  justicier  des  villages  compo- 
sant les  chfttellenies  de  Liverdun,  de  Blénod,  de  Brixey  et  de 
Maizières  ».  De  leur  côté*,  les  doyen,  chanoines  et  chq»itre  de 
réglise^athédrale  se  déclaraient  seigneurs  hauts  justiciers  des 
prévôtés  de  Void,  de  Vicherey  et  de  Villey-le-Sec  et  seigneurs 
voués  d'Autreville,  Hamonville  et  l'unerot  en  partie.  D'après 
Stemer,  vingt-cinq  localité:s  ou  censés  dépendaient  du  temporel 
épiscopal,  et  vingt-sept  appartenaient  aux  chanoines.  Ces 
deux  seigneuries,  bien  distinctes,'  avec  la  ville  royale  de  Toul, 
ses  dépendances,  et  quatre  villages  hautes  justices  laïques 
formaient  le  bailliage  royal  présidial  de  Toul. 

£n  1773,  M.  de  Ghamporcin,  originaire  de  la  Haute-Provence 

'  Voir  la  livraison  du  dernier  trimestre  1881. 
*  Comprenant  dos  localités  appartenant  anx  départements  de  Menrthe* 
et-Moselle,  de  U  Meuse  et  des  Vosges. 


es  UTOB  O'ALMCS 

et  évêque  de  Senez,  *  succéda  au  très  re^o'etté  Drouas.  Lié  par 
des*  engageini'iits  secrets  et  pour  penncttre  la  création  des 
deux  nouveaux  diocèses  de  Nancy  et  de  Saint-Dié,  il  laissa 
mutiler,  avec  le  consentement  du  chapitre,  Tantique  circon- 
scription leuquoise  remontant  à  Tlutroduction  du  christianisme 
dans  les  Gaules  et  comprenant  mille  cent  trois  paroisses. 

Par  suite  de  ce  malheureux  démembrementi  le  diocèse  n'eut 
plus  que  sept  cent  soixante-quatre  paroisses.  Les  revenus 
épiscopaux  furent  amoindris;  VAlmumoeh  roffal  ne  les  porte 
plus  qu*à  la  sonmie  de  SlfiOO  francs.  Il  est  vrai  que  quelques 
bénéfices  ecclésiastiques  et  la  mense  abbatiale  de  Saint- 
Mansuy  comblèrent  un  peu  le  déficit 

Peu  de  temps  après  le  démembrement,  les  chanoines,  en 
177G,  furent  décorés  d'un»>  ma-^iiitique  croix  pectorale  et 
anoblis.  Cet  acte  de  muiiiticence  du  bon  roi  Louis  W  1  causa 
une  profonde  irritation  dans  la  ville,  dont  les  habitants 
voyaient  avec  chagrin  l'entrée  du  chapitre  interdite  pour  tou- 
jours à  leurs  enfants,  qu'ils  considéraient,  avec  raison,  d'aussi 
bonne  souche  que  les  nobles  du  pays  voisin. 

Un  Touloîs,  Charles-François  Bicquilley,  écuyer,  ancien 
garde-du-corps,  composa,  à  cette  occasion,  un  poème  des  plus 
méchants  contre  les  nouveauxanobliâ.  Ce  poème  héroï-comique 
en  huit  chants  est  intitulé  :  la  Croisade;  il  fut  dédié  à  révêque 
et  au  chapitre  de  Verdun  qui  avaient  refusé  de  se  laisser 
anoblir  et  décorer. 

Des  chansons,  des  noëls,  des  complaintes  d'une  méchanceté 
inouïe  circulèrent  également  sous  le  manteau,  dans  la  pro- 
vince et  même  en  France.^  Bicquilley  interpelle  ainsi  ses 

'  Lo  diocèse  de  Senes  avait  trente-trois  paroisseB  et  rapportait 

10,000  livres. 

•  M"""  Bicquilley  en  fit  des  copies  pour  deux  colloi  tiuimcurs  éinérites, 
MM.  Noël  et  Dutrénc,  Ces  poèmes  ue  sont  pas  très  rares,  malgré  le  dire 
de  quelques  personnes.  Ils  se  trouvaient  dans  la  collection  Emniery. 
C'était  un  reeaeU  formé  par  l'Achcvin  ThouTenin. 


va  RX-LimiB  DAHS  LES  TK01S  tVÉCIllS  6S 

compatriotes  déclarés  indignes  par  leur  naissance  d'entrer 
dorénavant  dans  la  noble  assemblée  : 

Les  Totli  tous  diMBéi  de  ce  ehapitre, 
<)ai  de  leur  nom  s'eet  honoré  longtemps; 
Trente  gredins  en  rabtts  et  jaquettes, 
De  Léopold  *  portant  les  saTonnettes, 
Viennent  leur  dire  :  Ailes,  fnyes,  maaaas, 
Et  &ites  place  à  ces  illustres  frères, 
Fils  et  nefenx  des  laquais  de  vos  pères. 

iCr<riude,  V.  200,) 

Les  Toulois  étaient  fiers  avec  raison  de  leur  naissance^  Hb 
étaient  nés  inffénus,  ayant  le  droit  de  chasse  et  de  pèche  chez 

eux.  Si  à  Verdun  les  notables  élisaient  les  meiubrcs  du 
magistrat  et  même  le  maire,  ?i  Toul  le  pouvoir  municipal  se 
partageait  entre  les  bourgeois  et  l  évêque  qui  choisissait,  i)our 
administrer  la  cité,  celui  des  trois  candidats  proposés  qui  lui 
convenait  le  mieux. 

En  1788,  lors  du  travail  préliminaire  pour  les  Etats  géné- 
raux, Pantiqne  dté  lenquoise  refusa  avec  beaucoup  de  fermeté 
le  classement  en  trois  ordres.  Les  habitants,  disait-on,  sont 
tous  égaux,  il  n'y  a  ni  clergé,  ni  noblesse,  ni  tiers-état  On  lit 
dans  la  protestation  des  quarante  élus  des  paroisses  de  la  ville 
et  des  faubourgs  ces  libres  paroles: 

«  11  n'y  a  pas  de  noblesse  dans  le  Toulois,  jamais  la  vieille 
cité  ne  fut  une  prison  d'esclaves  ;  jamais  la  liberté  civile, 
jamais  l'égalité  qui  en  est  le  ferme  soutien;  jamais  les  dieux 
lares  tutélaires  ne  sortirent  des  murs  et  du  cœur  des  Leu- 
quois.  La  Constitution  touloise  n'admet  pas  de  distinction  des 
trois  ordres  qu'on  voudrait  lui  faire  connaître  après  dix-huit 
cents  ans.  » 

On  dut  se  conformer  cependant  à  la  lettre  royale.  Le  clergé, 
comme  à  Verdun,  à  Metz  et  à  Saint-Dié  refusa  ses  voix  à  son 

chef.  Un  petit  curé  de  campagne  fut  élu  député  aux  £tats 

'  Cè  dve  de  Lorraine  fit  de  trop  nombreux  anobliisements. 


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G4 


KEVLE  DAl-SACE 


généraux,  le  comte  d'Alençon  représenta  la  noblesse,  et  le 
président  du  bailliage  le  tiers-état 

Pour  pouToir  donner  une  Eepréaentatian  k  TéTâché-comté 
de  Toul,*  on  lui  avait  ijouté  le  bailliage  épiscopal  de  Vie,  si^ 
de  la  principauté  ecclésiastique  de  la  Tille  de  Metz. 

Parmi  les  pièces  satyritiue»,  composées  à  cœur-joie  contre 
les  malheureux  chanoines,  on  peut  encore  citer  un  Noël  où 
ils  sont  flagellés  d'importance-  I/auteur,  le  major  de  place 
Bicquilley,  fut  plus  tard  mis  en  prison.  Cela  augmenta  néces- 
sairement la  vogue  des  couplets,  et  on  les  chantait  encore  en 
1789,  lorsqu'on  apercevait  un  des  personnages. 

L*ostentation  des  chanoines  à  se  parer  en  voyage  de  leur 
croix,  fut  cause  que  le  roi  leur  fit  défendre,  en  1780,  de  la 
porter  hors  de  la  province  ecclésiastique.  Ce  fiit  une  amère 
déception,  et  le  chagrin  des  orgueilleux  décorés  augmenta 
encore  lorsqu'ils  entendirent  chanter  une  complainte  saty- 
rique  h  ce  sujet.  Elle  est  encore  duc  au  major  de  place.-  Au 
reste,  au  moment  où  éclatait  la  dévolution,  la  paix  était  faite 
entre  les  bourgeois,  Tévêque  et  les  chanoines. 

L'auteur  de  la  Craisade  était,  en  1790,  maire  de  la  ville  et 
notable  du  département,  et,  à  cette  époque,  ce  n'était  point 
un  vain  titre.  Tout  le  monde  était  républicain  à  Toul;  quel- 
ques chanoines  adoptèrent  les  nouvelles  idées,  et  même 
rimprimeur  épiscopal  tourna  casaque.  Il  imitait  son  confrère 
de  Verdun,  Louis-François  Christophe,  qui,  en  1791,  fut  du 
Conseil  général  et  membre  du  directoire  du  département 

Un  prêtre  de  Saint- Nicolas,  Pierre  Jacobi,  avait  transporté 
momentanément  ses  presses,  de  1508  à  1521,  à  Toul.  M.  le 
conseiller  Beaupré  pense  que  le  premier  imprimeur  qui 
s'établit  déhnitivement  dans  VUrbs  Âjencorum  fut,  en  1551, 

*  Le  célèbre  graveur  Israël  SilvcHtre  écrit  Tuul  en  Lorraine;  cela 
signifie  que  cette  ville  était  en  Lolharingia,  le  pays  de  Lotiuiire,  ce  qui 
est  autre  choM  que  le  miniisciile  dnehé  de  Lorraine. 

'  Voir  dans  l'Appendice  les  deoz  pièces. 


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LES  EX-LIBRIS  DANS  LES  TROIS  ÉTÊCBiB 


Jean  Palier.  La  suite  des  imprimeurs  est  connue  jusqu'à  nos 
jours.  Les  Garez,  à  la  fin  du  xmi*  siècle,  donnèrent  un  certain 
renom  à  c  limprimerie  de  Monseigneur  Teuesque  >.  Ils  por- 
tèrent tous  les  trois  le  prénom  de  Joseph.  Le  premier  fîit 
Joseph  Carez  I,  gendre  de  rimprimeur  toulols  Laurent  Dès 
1759,  on  voit  des  livres  imprimt^s  à  son  nom.  Il  prétendait 
de:^ceud^e  d'une  noble  famille  écossaise  venue  en  France  avec 
le  roi  Jacques. 

Sou  lils,  né  à  Toul  eu  1753,  est  célèbre  par  ses  essais  sur 
Vomotypie,  qu'il  entreprit  grâce  aux  conseils  de  ses  amis 
Téchevin  Thouvenin,  le  capitaine  du  génie  de  Curel  et  le  char 
noine  Caffiffelli,  dont  nous  parlerons.  *  Joseph  Carez  II,  pour 
mieux  assurer  la  beauté  de  ses  impreasioiiB,  établit  une 
fonderie  de  canelères,  dont  les  produits  lùreiit  de  suite 
recherehée.  La  Bible  qui  sort  de  ses  presses  est  un  petit 
chef-d'œuvre.  ^ 

Il  fut  envoyé  par  ses  compatriotes  h  l'Assemblée  législative, 
et  de  retour,  après  avoir  fait  partie  de  la  commission  des 
assignats,  il  partit  pour  la  frontière  comme  commandant  le 
bataillon  de  la  garde  nationale  de  Toul.  L'adjudant  général 
Gou?ion  Saint-Gyr,  d^uis  maréchal  et  pair  de  France,  qui 
connaissait  les  hommes  du  bataillon,  les  sachant  presque 
tous  mariés,  ne  voulut  pas  les  exposer  au  feu,  malgré  leur 
désir;  ils  campèrent  à  Wingen,  en  arrière  du  pays  de  Bitehe 
et  bientôt  après,  l'état  satisfaisant  des  affaires  militaires  per- 
mit de  les  renvoyer  chez  eux. 

Lors  de  la  création  des  préfectures,  Carez  fut  nommé  sous- 

»  TmiBBY,  Hist.  de  Toul,  1811,  II.,  298. 

*  Les  procédés  employés  par  Caroz  furent  décrits  en  détail  par 
Camus,  qui  donne  la  description  d'un  livre  d'église  noté,  en  2  vol., 
grand  in-M»,  de  plus  de  1000  pages  chacun.  En  17!I2,  Carez  imprima, 
dans  le  même  genre,  un  Dictionnaire  de  lu  Fable  et  une  iiible.  Camus 
joignit  à  son  mémoire  on  spécimen  d'one  page  de  ce  dernier  volume 
(J.  LAMOinuux). 

AouTtfle  Séne.  ~  II"*  «enée.  6 


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66 


REVUE  D*ALSACE 


préfet  à  Toul,  malgré  Topposition  de  beaucoup  de  ses  conci- 
toyens; mais  d^  ses  recherches  sur  la  composition  des 
encres  d'imprimerie  avaient  miné  complètement  sa  santé,  il 
mourut  dans  son  hôtel  de  la  rue  Pierre-hardie;  c'était  Tan- 
cienne  demeure  du  chanoine  M.  de  Tréveneuc,  archidiacre 
de  Rinel,  mort  à  l'hospice.  C'est  de  nos  jours  l'habitation  de 
M.  le  comte  de  Brancion. 

Joseph  Carez  III  fut  aussi  un  ardent  chercheur  pour  tout 
ce  qui  concernait  sou  art;  il  construisit  une  muLhiue  à  fondre 
les  caractères  ;  mais  son  invention  ne  marcha  plus  après  la 
BéYolution  de  1830.  Il  avait  alors  de  quatre-vingt-dix  à  cent 
ouvriers,  rue  du  Salvateur;  sa  fille.  Madame  yenve  Bastion, 
lui  succéda  à  sa  mort,  arrivée  vers  1881. 

A  la  gravure  sur  bois  qui  végétait  sous  les  deux  Carei, 
Joseph  CazoK  III  forma  tout  un  atelier  de  graveurs  au  burin 
et  sur  bois.  H  inventa  la  pantographie,  et  un  de  ses  artistes, 
Thouvenin,  grava,  sous  la  Restauration,  les  portraits  de  Jules 
César  et  de  Bossuet;  la  Cène^,  de  Léonard  de  \'iuci  (in-folio),  et 
les  planches  d'un  ouvraj^e  bizarre  Dieu  est  Vamour  le  plus  pur, 
Toul,  1026,  par  Eckartshausen.  Tony  Goutière,  le  graveur  des 
Hommei  utHes,  de  V  Histoire  de  dix  am,  de  la  JSévolution  de 
2hier$t  fut  son  élève.  ^ 

Tous  les  anciens  lecteurs  du  Journal  des  Mi/ant$  se  sou- 
viennent des  gravures  sur  bois  de  Best,  de  Toul,  mort  en  1879, 
et  dont  le  portrait  fut  r^roduit  dans  les  illustrations  du  jour, 
n  fut  limprimeur  du  Moffosin pittoresque;  il  débuta  avec  Tilly 
et  Tarbesse  dans  les  ateliers  de  Carez. 

De  nos  jours,  Madame  veuve  François,  née  Bataille,  a 
reproduit  dans  VEcho  touLois  des  articles  très  curieux  sur  la 
bibliographie  touloise. 


'  n  grava  dtu  cm  oiiTrages  Iw  portnito  de  Berryer,  Jacques  Coar, 
Dapin  atné,  Oandar-PagèE,  Bernard  Faliaiy,  Bobeqpierre,  les  dans 
La  Bochefoaeaald,  SchUbexsdor^  Thiers,  etc. 


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LES  BX-LIBRIS  DANS  LES  THOIS  ÉVÉCUÉS 


67 


La  bibliothèque  munidiMUe  est  dans  Taile  droite  de  TaiiGien 
évèché  (mairie).  £lle  peut  avoir  près  de  4000  Toliimes,  maïs 
elle  ]i*a  aucun  ouvrage  rare  sur  le  pays.  La  viHe  y  a  fiât 
déposer  quelques  liasses  d'arGhives  et  quelques  registres  de 
la  cathédrale.  Il  y  a  des  antiquités  trouvées  dans  les  environs. 
La  salle  est  bien  éclairée  et  des  gravures  la  décorent  ;  entre 
autres  le  portrait  du  maréchal  Gouvioii  Saiut-Cyr;  une  vue 
et  un  plan  de  Toul,  par  Aubry,  au  xvii"  siècle;  un  grand  plan 
manuscrit  du  xviii'^  siècle,  etc.  Le  catalogue  de  la  bibliothèque 
a  été  dressé  par  M.  Dessez,  conservateur,  en  1866  (Broch.  In-^, 
173  pages).* 

Le  grand  nombre  de  cloches  que  Ton  entendait  à  Toul  avait 
fait  donner  à  cette  viUe  le  nom  de  Sonnante,  de  MédiBonU, 
disaient  les  mauvaises  langues.  Ajoutons  que  ses  riches  biblio- 
thèques et  ses  nombreux  établissements  dinstructîon  publique 

pouvaient  la  faire  nommer  la  mvante,  VUrbs  pia,  prisca  et 
fidelis  des  évôques  Saint-Mansu\  et  Saint-Gérard. 

Pour  finir,  n'oublions  pas  ce  petit  tableau  d'un  ménage 
touloiâ  À  la  tin  du  jltiu*  siècle: 

 Les  Tonloifl, 

Us  ménageaient,  ils  étaient  un  pen  chicheii 

Les  indigens,  les  aisés,  les  plas  riches, 

Se  contentaient  d'un  petit  train  bouseoia. 

On  inTitait  l'étranger  à  la  porte 

A  partaper  la  fortune  du  pot, 

Quand  il  sortait.  Mais  s'il  prenait  au  mo^ 

Vous  pussiez  ri  de  woïr  de  quelle  sorte 

Dans  la  maison,  chacun  se  trémoussait. 

De  tout  coté,  la  servante  trottait, 

Du  pàtibsier  courant  chez  la  bouchère, 

En  tablier,  la  femme  ménagère. 

Les  denz  bras  nu,  ordonnait,  liricaasait; 

Au  demeurant,  elle  était  la  mattreu^ 

Car  dès  l'instant  dn  lien  conjugal, 

'  Imprimerie  A.  Baatien  fili^  ne  da  Salfatov. 


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68 


Mtm  d'auais 


L'époux  n'était  qu'honnèto  c  ommensal. 
Et  sa  moitié  le  menait  à  la  laisse. 
Il  l'cn  aimait  avec  plus  de  tendresse, 
Dtnt  le  logis  tout  n'allait  pas  plus  mal . . . 


US  ÉVÉQU£S  BIltLiOPHiL£S 

Jean  des  Porcelets  de  Maillaxe  (IGOO-Kilô).  Elevé  chez 
les  Jésuites  de  Pont-à-Moussoii,  ce  prélat  fit,  en  Ifill,  les  frais 
de  la  distribution  dos  prix.  Les  volumes  (lu'il  otîrit  sont  recon- 
naissables  h  leur  riche  reliure  et  aux  armoiries  dorées  sur  les 
p\&ts  avec  les  initiales  p.  m.  e.  r.  t. 

Callot  a  gravé  le  portrait  de  M.  de  Maillane,  quePon  Toyait 
^(alement  représenté  sur  le  tableau  de  l'autel  Saint-Pierre  de 
la  cathédrale.  H  figurait  Saint-Claude,  présentant  au  prince 
des  apôtres  le  chanoine  Claude  Guyot  à  genoux.  Cette  pein- 
ture historique  et  religieuse  a  été  reléguée  dans  les  comblée 
de  Téglise. 

Nicolas-François  de  Lor&auie.  Comme  son  prédécesseur, 
il  donna  également  des  livres  pour  une  distribution  de  prix 
an  collège  de  Pont^à-Mousson.  On  les  reconnaît  au  blason 
entre  deux  anges  surmonté  de  la  mitre  et  de  la  couronne 
ducale. 

Les  volumes  qui  ont  servi  aux  fêtes  scolaires  de  Pont-à- 
Mousson  sont  assez  rares.  Ils  méritent  d'être  collectés  avec 
soin  ;  M.  Beaupré  les  signalait  déjà  il  y  a  près  de  quarante  ans, 
et  M.  Favicr  en  a  duuué  le  catalogue  avec  dessins. 

GaABLESrCHBinni  db  Goubkai  (1637).  Ses  livres  étaient 
marqués  d'un  fer  armorié  reproduit  par  Guigard. 

L'écu  est  écartelé  des  armoiries  paternelles  et  maternelles, 
Gcunm  et  Apremont  aux  merîeUea.  La  plupart  des  volumes 
de  H.  de  Gournai  sont  à  la  bibliothèque  nationale.  Ce  piâat, 


LES  EX-IJBRIS  DANS  LES  TROIS  LVÉCHÉ8  99 

ftfBDt  d'être  suffragant  puis  évêque  de  Toul,  était  chanoine  et 
grand-arehidiacre  de  Verdun.  * 

ÂNDsé  DU  Saussat.  Dom  Calmet  raconte,  dans  sa  BUfUo- 

i/iègwe  Zorratwe,  comment  André  du  Saussay  (1056-1097)  acheta 
ses  prenûers  livres.  Il  se  rendait  un  matin  avec  d'autres 
écoliers  au  collège  des  Jésuites  de  Paris,  dont  il  était  boursier, 
lorsqu'en  passant  dans  une  rue,  l'idée  leur  vint  de  remuer  les 
cendres  d'une  paillasse  qui  avait  servi  à  un  pauvre  pr6tre 
décédé.  Quel  fut  leur  étonnement  d'y  trouver  Tépargne  dn 
défunt  Le  futur  évdque  de  Toul  eut  pour  sa  part  100  éens 
avec  lesquels  fl  commença  sa  bibliothèque.  Ses  nombreux 
ouvrages  sont  bien  oubliés;  il  passait  pour  avoir  beaucoup 
d'ârudition,  mais,  avec  peu  de  jugement  et  encore  moins  de 
critique.  Qu*est  devenue  sa  bibliothèque?  On  n*en  rencontre 
pas  un  volume.  Le  temps  et  les  hommes  auraient-ils  mis  à 
néant  les  livres  de  ce  prélat  si  érudit  ?  N'étaîent-ils  pas  mar- 
qués d'un  ex-lihris  ?  Un  de  ses  prédécesseurs,  Christophe  de 
la  Vallée  se  contentait  de  mettre  sa  signature  Christoiih.  à 
VcUle  £!pu8  &  Cornes  TuUen^  sur  le  frontispice  de  ses  livres. 

Blouit  de  Camillt.  Le  successeur  du  futur  cardinal  de 
Bissy  fut  un  Kormand,  H.  Bleuet  de  Camilly,  qui  s^était  fidt 
connaître  avantageusement  comme  vicaire  général  du  diocèse 
de  Strasbourg.  Nommé  à  Toul,  en  1704,  il  y  transporta  sa 

bibliothèque  qui  passait,  d'après  une  lettre  de  Dom  Cathelinot 
à  Dom  Calmet,  pour  être  une  des  plus  belles  du  pays  ù  cin- 
quante lieues  à  la  ronde  avec  celles  des  Bénédictins  de  Saint- 
Epvre  et  du  curé  Davelouze,  près  de  Vaucouleurs.  M.  de 
Camilly  fut  le  protecteur  du  P.  Benott  Picart,  qui  tit  graver 

'  L'évéqne  de  Yerdun,  pnit  de  Tool,  Louis  d'Harauconrt  (f  1451X 
a  laissé  des  Mémoires^  malhenrensemeni  perdns.  Le  président  Bonrnon 
de  Saint-Mihiel,  puis  Mory  d'Elranf^e,  en  copièrent  des  frajçmenta; 
ceux-ci  sont  déposés  avx  «rchives  de  rÀcadémie  de  Stanislas  (V.  lîoel| 
Cat.  436). 


70 


■BfUK  D*AUAGB 


8011  portrait  par  J.-S.  Cars  et  le  mit  en  tête  de  la  dédicace  de 

V Histoire  du  diocèse  de  Totd.  Le  bibliophile  anglais,  Dibdin, 
vit  un  portrait  de  ce  prélat  à  la  bibliothèque  de  Caen,  et  ses 
armoiries  sont  bien  reconnaissables  Mir  une  plaque  de  che- 
minée {taque)  encastrée  au-dessuâ  de  la  porte  d'un  pensionnat, 
rue  Saint-Vaast 

Lors  du  voyage  de  Dom  Martène  et  de  son  compagnon, 
notre  éyèque  leur  laissa  compulser  les  archives  épiscopaka 
avec  la  plus  eztrdme  complaisance,  les  invita  plusieurs  fois  & 
dîner,  et  leur  reprocha  amicalement  de  n*être  pas  descendus 
ehes  lui.  D^à,  étant  vicaire  général  en  Alsace,  il  avait  été 
jusqu^à  Feldkîrch  au  devant  de  Dom  Kuinart  et  de  son  socius. 

J.  (luigard  a  reproduit  le  fer  armorié  de  ce  prélat. 

Il  avait  en  outre  deux  modestes  ej-librù  gravés  sur  bois 
pour  in-4°  et  in-8°.  A  gauche  du  blason,  dans  les  glands  du 
chapeau  épiscopal,  on  distingue  F.  JL  S.  (François  Laurent 
tciUp,  f)  ;  au-dessous  : 

FBAV0I8CU8  BLOTJBT  DB  OIXILLT 
BPI8G0PU8  ET  OOMBB  TUUJBHBIS 
S.  B.  I.  P. 

D  est  étonnant  que  ce  prélat  ait  pris  le  titre  de  prince  du 
Saint-Empire  ronuiiii;  le  parlement  de  Metz  s'y  opposait  alors 
comme  souvenir  attentatoire  à  la  prérogative  royale.  Plus 
tard,  le  dernier  évêque,  M.  de  Chaœporcin,  lit  mettre  le  cha- 
peau de  prince  d'Empire  sur  ses  armoiries. 

Sa  riche  bibliothèque  se  composait  particulièrement  de 
livres  sur  TEcriture  sainte,  la  théologie,  le  droit  civil  et  canon, 
les  concfles,  etc.  Voici  le  titre  du  catalogue  de  ses  livres  qui 
ftirent  vendus  à  sa  mort  BibUotheca  CamiUùtna 
CatcUogus  Bibliothecœ  D.  D.  Bîouet  de  Camilbj  Archiepiscopi 
Turonensis.  Paris.  Osmond  1726,  in-S**.  Il  devait  être  aussi  un 
collectionneur,  car  il  avait,  d'après  Dom  Calmet,  un  jeton  de 


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LES  EX-LIBRIS  DAMS  LES  TROIS  LV^UtS 


71 


réfèque  d*Hocedy,  il  en  fit  cadeau  à  un  de  ses  amis  de 
Pflris.* 

S.-J.  BÉGON  (1721-1754).  Le  graveur  nancéien  Nicole  a 
gravé  un  très  bel  ex-lihris  pour  cet  évôque.  Un  ange  armé 
d'un  glaive  et  dos  foudres  de  l'église  se  prépare  à  mettre  en 
cendres  des  bouquins  jansénistes  amoncelés  sur  une  console. 
De  la  main  gauche,  il  tient  un  bouclier  aux  armes  du  prélat 
Le  BiQet  est  entouré  d*un  cartouche  dont  le  couronnement  est 
ehaigé  d*une  mitre,  d*une  croix  et  d*une  crosse.  Un  écusson 
au  chîffire  s,  j.  b.  se  trouve  devant  la  console,  sous  laquelle  on 
lit  Nicole  sctdpsit  1760,  Cette  belle  petite  pièce  pourrait  bien 
être  de  Nicole  fils  ;  elle  se  trouve  reproduite  sur  le  frontispice 
des  missels  publiés  par  ordre  de  Monseigneur  Bégon. 

On  rencontre  encore  souvent  un  autre  de  ses  ex-libris. 
C'est  son  blason  gravé  sur  bois  pour  in-8°. 

Dans  son  long  épiscopat,  il  fut  continuellement  en  lutte 
avec  les  partisans  de  Jansenius  ;  il  ne  les  ménagea  pas,  et 
ayant  été  nommé  pliysieurs  fois  commissaire  royal  près  des 
chapitres  généraux  des  Bénédictins,  il  sut  toujours  éliminer 
les  discussions  scabreuses.  Aussi  le  zèle  quil  déploya,  fit-n 
nommer  ces  réunions  U  Brigandage  de  Toulpar  les  fitnatiques. 
n  n*en  fut  pas  moins  un  des  prélats  les  plus  aimés  et  les  plus 
regrettés  de  tous. 

Il  fut  enterré  dans  la  magnifique  chapelle  des  évêques,  dite 
de  Sainte- Ursule  ou  des  onze  mille  vierges;  charmant  édicule 
de  la  Renaissance  qui  tombe  décemment  en  ruine  à  la  grande 
satisfaction,  dit-on,  des  ultra  amateurs  du  néogothique.  Vis-à- 
vis  la  chapelle  de  Samte^Ureule  est  une  autre  chapelle  Banais- 

•  Les  médailles  allèrent  enrichir  la  collection  de  Michelet  d'Ennery 
de  Metz,  et  les  capucins  de  Thionrille  avaient,  en  1790,  un  manuscrit 
à  ses  armes  traitant  des  négociations  de  la  paix  de  Munster.  M.  Dufréne, 
à  Metz,  qa'il  faut  toujours  citer  quand  oa  parle  de  Toul,  a  dans  sa 
rldie  MbUotkèque  quelques  livres  avec  l'«e-KM  d«  IC  49  CMiiilly, 


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79 


REVITE  D'ALSACB 


San  ce  dans  nn  déplorable  état  de  délabrement,  au  grand  con- 
tentement des  mêmes  amateurs.  C'est  la  chapelle  dédiée  à 
tous  les  saints^  qui  appartenait  au  chapitre  et  qui  lût  en  partie 
reconstruite  par  le  chanoine  Jean  de  Barba,  dont  on  voyait  le 
portrait  sur  le  vitrail  du  fond  et  dont  le  blason  brille  partout 
à  rentrée.  En  1793,  on  vendit,  sur  le  territoire  de  Toul, 
()3  ares  de  vignes  appartenant  aux  fomlations  pieuses  de  cette 
chapelle  sous  laquelle  se  trouve  la  cliapelle  de  Notre-Dame- 
de-la-Grotte ;  'r>2  ares  de  vignes  au  niônie  canton,  propriété  de 
celle-ci,  furent  également  vendus  à  cette  époque. 

Les  évôques  étaient  collateurs  de  la  chapelle  Sainte-Ursule 
et  y  recevaient  la  sépulture.  Leurs  héritiers  n'avalent  pas 
besoin  de  mendier,  près  d*un  chapitre  orgueilleux,  la  con- 
cession d*une  tombe  dans  la  cathédrale.  En  1741,  M.  Bégon 
transféra  en  la  grande  chapelle  de  son  palais,  Tancienne 
chapelle  Sainte^therine  qui  y  était  jadis  et  qui  avait  été 
installée  provisoirement  dans  la  chapelle  dite  des  Evêques 
attenant  à  la  cathédrale  à  l  autel  Sainte-Ii^rsule.  ' 

Balechou  a  gravé  le  portrait  de  M.  Bégon  \\\-\°\  on  possède 
aussi  une  lithographie  par  feu  M.  l'abbé  MoreL 

CiJiUDB  Dboitas  (I75i-1774).  Le  cynique  Jamet  B*est  pia 
tendie  pour  le  diaritable  Drouas  :  c  Un  loup  gris,  dit-il,  qui  a 
ravagé  tout  le  diocèse  d*oii  il  s*est  fait  honnir,  parent  de  la 
fameuse  Alacoque.  »  H  n*est  pas  étonnant  que  Tévêque  ait 
publié  les  întitrwiiom  praHqiiies  pom  hcfiwrsr  le  8.  Cœur  de 
Jésus  à  f  usage  de  son  diocèse,  Nancy,  1765,  in-8*,  avec  man- 
dement et  lettre  approbative  du  gros  roi  Stanislas,  datée  de 
Lunéville,  14  novembre  1763.  —Vers  cette  époque,  une  jeune 
fille  de  dix  ans  était  élevée  à  Fétat  nature^  h  la  Cour  du  bon 
monarque. 

^  Pour  montrer  stir  quel  pied  riTaient  loi  ^aaoines  des  églises^tiié- 
dralM  êt  1m  évéqaea,  on  peut  citer  ce  fiât:  ^ett  que  ai  on  éréqua 
Tomlait  offieiffir  dans  une  grandA  lète,  il  dertit  commMicer  la  veille  par 
les  preniftrei  vêpres,  linon,  on  loi  lefnaait  la  pendasion. 


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LB  R-tIBRIS  DANS  LES  TKUlS  KVÉCHi^S 


L'évéque  Drouas  fut  le  fondateur  du  collège  Saint-Claude, 
dont  il  sera  parlé  plus  loin;  ses  charités  furent  inunenses,  et 
cependant  aucun  de  ses  prédécesseurs  n*eut  à  supporter 
autant  de  critiques  acerbes  ;  il  en  mourut  de  cbagrin.  On  lui 
rendit  cependant  plus  tard  justice. 

ExeessiTement  économe  pour  lui,  il  diatribnait  tous  ses 
revenus  aux  pauvres.  Les  livres  de  sa  bibliothèque  ne  sout 
marqués  que  des  armoiries  sur  bois  qui  figurent  sur  ses  man- 
deinent^i  épix opaux.  Au-dessous,  à  la  main,  il  j  a  la  lettre  de 
la  séhe  et  le  numéro  d'ordre.  * 


n  y  a  trois  de  ces  ^urques. 

Collin,  de  Nancy,  a  grayé  son  portrait  qui  a  été  reproduit 
par  Tabbé  Morel;  il  n*est  pas  ressemblant,  U  ne  donne  pas 

la  fijîure  grasse  et  souriante  du  prélat  Pour  bien  connaître 
les  traits  de  celui-ei,  il  faut  aller  dans  un  des  salons  du  rez- 
de-chaussée  de  la  mairie.  Son  portrait  <'n  pied  fait  pendant  à 
celui  du  très  sévère,  mais  très  juste  Béj^on.  Les  dessus  de 
porte  et  la  plaque  de  cheminée  sout  aux  armes  de  Mgr  Drouas. 
Celui-ci  fit  les  frais  pour  Touvrage  deBuchoz  d'une  charmante 
gravure  de  Collin  (l'Amifgdaie), 

Sa  bibliothèque  fut  Yondue  longtemps  après  sa  mort,  le  pro- 
duit devait  être  aflecté  à  une  œuvre  de  charité.  Le  catalogue 
parut  à  Autun,  en  1780.  Cest  une  brochure  de  187  pp.  in-12. 

*  M.  OMton  de  Lambertye  possède  lee  sceaux  en  ettivre  des  éréqnes 
de  Fienz,  de  Oamilly,  Bégoa  et  Drouas,  et  qnélqvM  sntrei  relatifr  à 
nustoiie  de  TooL 


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74  REVUE  d'alsace 

Le  lendemain  de  sa  mort,'  les  chanoines  firent  couvrir  le 
tableau  du  eœur  enflammé  de  Jésus  par  les  plis  étoffés  de  la 
robe.  On  vmt  encore  de  nos  jours  le  tableau  de  Girardet  sur 
l'autel  du  sacré-cœur. 


Ces  belles  armoiries  se  trouvent  sur  les  plats  d'un  in-folio, 
relié  en  veau,  intitulé:  Catalogm  de  la  bibliothèque  de  Mgr 
Vévêque,  comte  de  Toid  (244  page&),  mdcclx  (bibliothèque  de 
Nancy,  manuscrit  n°. 1.70, -belle. écriture,  encadrement  rouge). 

Db8  MiçiiELS  DE  Champorci»  (1775-1790).  Les  livres  à 
J'usage  personnel  de  cet  évêque  sont  presque  tous  en  maroquin 
rouge  et  armoriés  sur  les  plats  à  ses  armes. 


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LB  B-uHui  BAIS  Ui  mm  tvlcito 


75 


Après  un  épiscopat  des  plus  troublés,  à  cause  de  la  cesBion 

d'une  partie  de  son  diocèse  et  de  l'anoblissement  de  son  cha- 
pitre, M.  de  Charaporcin  jïaf^na,  en  17'Jl,  la  terre  étrangère. 
Réfugié  d'abord  dans  le  pays  de  Nassau,  terre  d'empire,  il 
faillit  être  accroché  à  la  lanterne;  pour  éviter  cette  barbare 
hospitalité,  il  quitta  à  la  hâte  Bouquenom  (Saar-UnioD).  U 
s'associa,  à  Trêves,  à  toutes  les  protestations  de  ses  révéren- 
dîssimes  confrères  detla  province.  Au  Concordat,  il  rentra 
sans  bruit  après  s^ètre,  en  fils  respectueux  de  l'Eglise,  démis 
de  son  siège  épiscopaL  H  mourut  dans  sa  funille,  en  1807.  On 
Toit  son  portrait  au  palais  épiscopal  de  Nancy. 

Au  moment  oii  TéTèque  rentrait  dans  ses  foyers,  deux  eba- 
noines,  MM.  d'Hamonville  et  de  Saint-Beaussant,  revenu 
d*émigration,  prêtaient,  à  Nancy,  le  serment  de  se  conformer 
aux  lois.  Le  premier  mourut,  après  le  Concordat,  curé  de  la 
paroisse  Saint-Etienne  de  Toul,  jadis  la  cathédrale;  le  second 
fiit  chanoine  titulaire  de  la  cathédrale  de  Nancy. 


MESSIEURS  LES  CHANOINES 

Les  archives  et  la  bibliothèque  du  chapitre  se  trouvaient 
derrière  les  chapelles  de  la  Trinité  et  des  Anges  dans  une 
salle  prenant  jour  sur  le  cloître.  Leur  existence  fut  to^jours 


96 


assez  précaire  et  les  dilapidations  devaient  être  très  fréquentes 
à  la  bibliothJ^que,  car  ^inn:t-deux  chanoines,  en  1401,  en 
avaient  la  clef.  La  position  isolée  de  la  salle  la  fit  servir  de 
lieu  de  pénitence  pour  les  membres  du  cb&pitre;  Tun  d'eux,  le 
7  novembre  1547,  fut  condamné  à  y  passer  deux  heures  chaque 
jour  pendant  six  mois  pour  avoir  fréquenté,  malgré  les  avis 
reitérés,  t  une  maison  de  mauvaise  réputation  ». 

Plusieurs  chanoines  avaient  lait  des  dons  à  la  bibliothèque; 
en  1402,  M.  de  Longueville  donne  le  Boman  de  la  Sose  et 
150  florins;  Jean-Robert  de  Bemécourt,  vingt-deux  volumes 
de  droit  civil  et  autres,  en  1500;  Michel  Babel,  en  1534,  lègue 
tous  ses  li>Tes,  etc. 

Il  y  avait  au  trésor  un  évangéliaire  mutilé  très  ancien, 
écrit  en  caractères  d'or  sur  parchemin  pourpré;  il  échappa  à 
la  veute  que  le  chapitre  fut,  en  1045,  obligé  de  faire,  comme  à 
Verdun,  pour  payer  les  dettes  contractées  pendant  les  grandes 
guerres  du  xvn*  siècle. 

En  1790,  le  bureau  diocésain  avait  encore  quelques  livres 
liturgiques  et  diplomatiques  et  un  évihgéliaire  du  vT  siècle. 

Au  mois  de  novembre  1792,  deux  bataillons  des  fédérés 
parisiens,  plus  connus  sous  le  nom  de  MarseUlaiB,  *  allant  h 
Tannée,  se  ruèrent  sur  la  cathédrale,  ils  commencèrent  par 
renverser  les  statues  du  portail,  puis  pénétrant  dans  la  nef, 
ils  mutilèrent  ou  détruisirent  les  statues  de  Jeanne  d'Arc,  du 

*  Un  ofBcier  do  ces  fédérés  eompoea  la  halte  de  I*  MurA»  i» 
MmumaU  (3  coapleta)  : 

Ai^Jourdliid  de  leur  impuinaiiee 
Nos  ennemis  sont  convainciii. 
ris  vonloient  asservir  la  France  : 
Ils  paroisscnt  ;  —  ils  sont  vainciM*  (W») 

A  peine  peut-on  les  atteindre. 

Tant  ils  fuyent  rapidoment. 

A  Bachus  donnons  tin  moment; 

Noas  saurons  toujours  bien  les  joindre, 


LU  B-UBMS  DtAm  LIS  TROIS  ÉVÉCHÉ8 


77 


colonel  Hébron,  tué  au  siège  de  Saverne  en  1636,  de  Tarchî- 
diacre  de  Bozières,  dont  l'ouvrage  lit  tant  de  bruit  à  la  fin  du 
zn*  siècle,  les  monuments  en  marbre  des  évêques,  etc.;  ils 
terminèrent  ces  actes  de  vandalisme  en  faisant  entasser  sur 
des  charrettes^  les  bannières,  les  tableaux,  les  missels,  les 
parchemins  des  archives,  et  ils  en  firent  un  feu  de  joie  splen- 
dide  sur  la  place  de  la  Fédération  {Dauphiné).  Ce  ne  fut  qu'au 
bout  de  deux  jours  que  ces  bataillons,  dits  des  amis  de  la  Répu- 
blique et  des  quatre-vingt-troiâ  départements,  quittèrent  la 
ville. 

Deux  toiles  échappèrent  aux  Parisiens  et  furent  envoyées 
au  Muséum  de  Nancy:  un  CrucifiemerU,  par  Lebrun,  et  un 
Oiritt  détaché  de  la  coïMine. 

Parmi  les  chanoines  érudits,  on  peut  citer  en  première 
ligne,  M.  dePAigle,  grand-vicaire  qui  n*était  pas  moins  remar- 
quable par  sa  modestie  et  sa  piété  que  par  son  érudition,  dit 
Dom  Calmet.  Il  mourut,  en  1733,  à  80  ans.  Ses  livres  sont 
reconnaissables  à  sa  signature,  C.  de  l'Aigle^  sur  le  frontispice. 
Il  donna  d'utiles  renseignements  à  l'abbé  de  Senones  sur  les 
anciennes  enceintes  de  Toul. 

Le  chanoine  Machon,  archidiacre  de  Port,  fat  chargé  de 

Aux  verres,  citoyens,  fuites  halte,  guerriers, 

Buvez  (Jbis)  et  qu'k  grands  tlots  s'arrosent  tos  laariers. 

CHOBUS 

Buvons  (Ki)  et  qu'à  gnné»  ûoU  l'snroieBt  noi  lamiiti. 

etc.,  etc. 

Par  Fin,  Mma-lienleiuuit 
an  hfttAillon  des  amis  de  la  République. 

Le  denier  conplet  se  termine  aimd  : 

Ponr  novt  souitraire  à  l'esclavage, 
Anz  amies,  citoyens,  bataillona  à  tu  rangs, 
Manhes  (Mi),  paix  aaxhameanx  etla  gneire  aux  tiraos. 
Xarehou  (KfX  ^ 


78 


ttroi  »*AUUCi 


rédiger  le  pouillé  du  diocèse  de  Verdun.  Il  avait  le  manuscrit 
de  son  confrère  Pelegrin,  dit  Viator,  sur  Ptoléméeiiliit  cadeau 
de  Touvrage  de  Tancieià  secrétaire  des  commandements  de 
Louis  XI  au  président  Séguier,  qui  avait  le  talent  de  se 
monter  une  bibliothèque  des  plus  précieuses  sans  bourse 
délier.  L*év6que  de  Mets,  M.  de  Coislin,  hérita  plus  tard  de 
ses  livres.  Machon  obtint,  en  1645,  la  grande  prévôté  de  Saint- 
Dié,  mais  il  ne  put  obtenir  les  bulles.  Le  P.  Benoit  est  rude 
envers  lui,  il  hiisx'  entendre  qu'il  n'était  pas  toi^ours  délicat 
pour  se  procurer  des  pièces  historiques. 


EX-LIBRIS 

1.  L'abbé  Bernard,  chanoim  de  l^église  de  TouL 

a)  Couronne  comtale  surmontant  un  écusson  d'azur  à  une 
épée  en  barre  accompagnée  en  chef  d'une  fleur  de  lis  d'argent 
et  en  pointe  d'une  branche  de  laurier  de  même  ; 

b)  Es^Ubris  Bmirard»  dans  un  cartouche  ornementé  gravé 
sur  bois. 

Jean-Baptiste  Beurard,  fils  d'un  procureur  au  parlement  de 
Nancy,  fut  reçu  chanoine  le  27  juillet  1761;  il  demeurait  à 
Toul,  rue  du  Parge  (maison  CoUin,  notaire).  Il  fit  partie, 
d'après  le  sévère  curé  Chatrian,  ancien  secrétaire  de  Mon- 
sdgneur  Drouas,  de  ces  jeunes  chanoines,  nommés  par  la 
sanction  royale,  qui  vinrent  à  Toul  scandaliser  les  anciens  et 
afficher  leurs  moeurs  mondaines  en  se  promenant  publique- 
ment avec  des  dames.  M.  Beurard  alla  même  au  bal  pendant 
le  eamavai  * 

Cet  Athénien  des  bords  de  la  Mcurthe,  savait  cependant 
s'occuper  de  choses  utiles;  il  était  un  des  bons  minéralo<^istes 
de  la  contrée.  Sous  l'Empire  il  fut  employé  comme  ingénieur 

*  GHé  par  IL  Pabfaé  MM]il«D,  p.  m 


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U8  n-UNIB  DAMS  llB  TROB  ÉVtfCHtS 


79 


des  mines  en  Hongrie.  Il  publia  sur  cette  partie  si  riche  de  la 
géologie  des  ouvrages  estimés  dans  le  temps.  Sa  biographie 
se  trouve  dans  les  dictionnaires  historiques.  U  y  a  encore 
pea  d'années  que  Ton  montrait  dans  son  ancienne  maison 
canoniale  les  amoiree  et  les  tiroirs  de  ses  collections  miné- 
lalogiques.  Le  chanoine  Beuraid  mourut  en  1825. 

Si  vous  levez  ce  rideau  de  satin, 
Vous  trouverez  dans  ma  bibliothèque  : 
Ai-aetsro,  mot  hvm  contemporaina, 
Dorés  tor  tranches,  on  fort  beaux  maroquini; 
On  n*j  Toit  point  ni  Platon,  ni  Sénèqno; 
Tont  60  &tns  do  manaïados  booqnina, 
Vaut-il  la  poino  do  beUoi  oovvertnret? 
Il  ne  mo  &at  que  d'aimables  lectures, 
Yooa  7  verrez  La  Fontaine,  Bernard, 
Vergier,  Grécourt  et  la  Pucelle  à  part. 
Tous  enrichis  dos  plus  jolies  gravoreSj 
Outre  cela,  j'ai  de  jolis  romans. 
Comme  Angola,  ThérÔHe  raisonneuse, 
Et  le  Soi)ha,  Margot  la  ravaudeuse  ; 
£t  les  Bijoox  indiscrets  et  charmants 
Qui  déroilont  loo  pins  soerots  mjstèfOi 
Depuis  dix  ans,  je  sais  cela  par  ccevr; 
liait  il  les  ftnt  pour  les  prêter  ans  beUoi. 


D'après  le  remarquable  travail  de  M.  le  commandant  Daul- 
noy,  les  maisons  des  chanoines  leur  appartenaient  A  leur 
décès,  on  les  vendait  publiquement  à  ceux  de  leurs  confrères 
qui  n'en  avaient  pas,  et  qui  étaient  au  nombre  de  sept  II  était 
défendu  de  souslouer  à  des  hérétiques  ou  à  des  femmes.  Les 
hais  étaient  défendus,  sauf  pour  les  noces  d*un  frère,  d*une 
sceur,  d*un  ne?eu  ou  d'une  nièce.  Des  délégués  du  chapitre 
devaient  visiter  une  fois  par  an  les  maisons  canoniales  pour 
s'assurer  qu'elles  étaient  hien  entretenues,  qu'on  ne  les  grevait 
pas  de  serntndes,  et  que  les  prescriptions  réglementairea 
étaient  observées,  etc. 


80  EBVUB  D*ALSACB 

L'auberge  de  la  Ctoche  cTor,  qui  edste  encore,  appartenait 
au  chi^itre,  comme  le  IVô'o^,  ou  jeu  de  paume,  aitué  dans 
l'intérieur  de  la  viUe,  était  la  pi  npi  iété  de  Tabbaye  de  Saint- 
Epvre,  et  Vauberge  du  Cerf  aux  Dominicains.  La  nation  se 
chargea  du  placement  de  ces  utiles  établissements. 

2.  Dp  la  hibliothèque  de  M,  Ch.  Amh.  Cuffardli,  N\ 

Le  chanoine  Charles-Anibroise  Caftarclli  du  Faliza,  naquit 
au  chriteau  de  ce  nom,  le  15  avril  1758.  Il  fut  nommé  le  28  sep- 
tembre 1775,  et  en  1780,  YOrdo  ne  le  mentionne  encore  que 
comme  sous-diacre.  A  la  Révolution,  il  se  retira  dans  ses 
pénates  dans  le  Lauraguais  (Haute-Garonne),  abandonnant  à 
la  nation  30  ares  de  rignes  quil  possédait  sur  la  côte  Saint- 
Michel,  comme  tous  ses  confrères,  et  dont  la  vente  eut  lieu  le 
14  juin  1793.  La  confiance  de  ses  concitoyens  le  fit  nommer 
membre  du  district  de  Revel.  Sous  la  Terreur,  il  fttt  mis  en 
prison  à  cause  de  sa  modération.  La  chute  de  Robespierre  le 
sauva.  Sous  le  Consulat,  il  fut  nommé  préfet  de  TArdèche,  puis 
du  Calvados,  et  enfin  de  l'Aube  où  les  événements  de  1814 
vinrent  le  surprendre  très  désaî?réablement,  car  Napoléon 
ayant  jugé  qu'il  avait  quitté  trop  vite  le  département  k  l'ap- 
proche des  alliés  et  qu'il  n'était  pas  rentré  au  retour  des  aigles 
impériales,  le  destitua.  A  la  Restauration  Tex-chanoine-préfet 
retourna  encore  une  fois  dans  le  château  de  ses  pères  pour 
ne  plus  le  quitter.  Ifalgré  son  désir  de  ne  plus  entrer  dans  la 
rie  publique,  il  dut  encore  accepter  les  fonctions  de  conseiller 
général  et,  sur  son  désir,  rarchevêque  de  Toulouse  lui  rendit 
ses  pouvoirs.  Jouissant  enfin  d'une  parfaite  tranquillité,  estimé 
de  tous,  il  vit  approcher  la  mort  avec  calme;  il  dc'céda  le 
G  novembre  1826,  laissant  plusieurs  ouvrages  sur  1  économie 
politique  et  Tagriculture. 

Il  eut  deux  ex-libris  gravés  au  burin  : 

a)  a  D'azur  à  la  croix  de  la  légion  d'honneur  en  franc  quar- 
tier, d'argent  au  lion  de  sable  et  taillé  et  contretaillé  d'argent 
et  de  gueules  •;  toque  de  baron  sur  le  tout; 


tu  n-LiMMB  &AM  t»  non  Morts  81 

h)  Kcartf'l(^,  V  taillé  d  argent  et  de  gueules,  2''(rar?ont  au 
lion  (le  sable,  o"  iiiar(|ue  de  baron-pn^fet,  t"  contretaillé  d'ar- 
gent et  de<i^ueules  u;  toque  de  barou,  lambrequins etau-dessous 
la  croix  de  la  légion  d'honneur. 

3.  Anonyme  (le  grandrdoyeu  Fagéi  de  VantouxJ  bous  le  trait 

EsD^ibris  formant  on  charmant  stget  de  pendule,  style  Em- 
pire. 

Les  armoiries  de  la  Pucelle  d^Orléans  1  et  4  sont  écar- 

telées  2  et  3  du  blason  du  grand-doyen  <(  d  azur  à  la 
cigogne  d'argent,  au  chef  de  même  chargé  de  trois  étoiles 
d  a/ur  »  :  le  tout  dans  un  cartouche  rococo  surmonté  d  une 
couronne  ducale  et  accosté  du  beau  Dunois  armé  en  guerre, 
brandissant  une  épée,  et  de  la  Pucelle  également  armée  de 
toutes  pièces  et  tenant  haut  son  fanion  armorié.  Au  fond  une 
maison  seigneuriale  dans  un  parc.  Au-dessus  une  main  armée 
pour  cimier  et  dans  Pair  la  banderole  avec  la  devise  si  connue 
de  Jeanne  d'Arc: 

C0N8ILI0  FIRMAIJL  D£I 

Les  Pagel  étaient  originaires  de  Toul,  Tun  d*enx  fut  dans  la 
police  locale. 

Nicolas  Pagel  veult  toujours  boire, 

écrit,  en  1567,  un  Enquéreur.  Malgré  cela  on  prétendait  que 
le  grandrdoyen  descendait  d'un  huissier,  et  le  ridicule  orgueil 
quil  montrait  à  chaque  instant  faisait  redoubler  les  sarcasmes 
sur  sa  personne;  c'est  un  des  plus  atteints  par  les  poèmes 
sat}  ri(iues  du  temps.  Ayant  cru  descendre  de  la  famille  de  la 
Pucelle,  il  fit  peindre  '  le  blason  de  cette  héroïne  avec  le  sien 
dans  toute  sa  maison  et  sur  ses  voitures,  au  grand  contente- 
ment des  badauds.  Il  avait  re(;u  la  tonsure  des  mains  de 
l'évêque  de  Metz,  eu  1742,  et  avait  été  nommé  graud-doyen, 


*  Par  Beaulieu,  peintre  d'enseignes. 
Iloovelte  Série.  —  11"*  année. 


6 


8S  àfeVi»  »*ALAiGK 

en  1768.  U  occupait  au  chœur  la  première  stalle  du  c6té 

•iaucho  on  face  do  celle  de  l'évêque;  les  chanoines  étaient 
ran^iés  par  ancienneté  après  eux.  M.  de  Vantoux  fut  vicaire 
giinéral,  membre  du  bureau  des  paus  rcs,  directeur  des  Sœurs 
des  écoles  de  la  charité  {&u}Quid'hvdla,  JJûdrine  diréttenne). 
Il  vivait  encore  en  1789. 

Le  graveur  messin,  Cor,  qui  fit  son  prodigieux  ex-Ubris,  n*a 
gravé  que  celui-là.  On  voit  dans  TÂtlas  de  Buchoz  une  ving- 
taine de  planches  de  lui,  dont  plusieurs  avec  blason  (Custine, 
ville,  avocats  et  Académie  de  Metz,  électeur  palatin,  etc.). 


BIBLIOTHÈQUE  DU  SÉMINAIRE  DIOCÉSAIN 

Congrégation  de  la  Mission  (Lazaristes) 

On  lit,  écrites  à  la  main,  ces  annotations  sur  les  titres  des 
volumes  de  cette  belle  bibliothèque  : 

Hx-Ubria  JDmua  tuUentis  C**  Missioms. 
E3e4ibri8  Cong»  Missionis  domua  lïiUemU,  1661. 
Mimam»  TuSimm. 

Ex-Ubris  Cong,  MissionU  Domus  IktUens,  etc. 

Venus  dans  le  cours  du  rvn*  siècle  pour  tenir  le  Séminaire, 
les  Lazaristes  tirent  Ijeaucouj)  de  bien;  mais  dans  le  cours  du 
xviir  siècle,  ils  donnèrent  dans  le  jansénisme,  puis  dans  les 
idées  philosophiques  du  temps,  et  ils  en  inspirèrent  le  goût  à 
leurs  élèves  ;  ce  fut  un  grand  malheur  pour  le  diocèse  ;  mal- 
heureusement Mgr  Drouas  ne  vit  rien,  et  lorsqu'il  voulut 
remédier  au  mal,  il  était  trop  tard.  A  hi  Révolution,  les  élèves 
avaient  abandonné  depuis  longtemps  rétablissement 

La  bibliothèque  était  une  des  plus  riches  du  royaume;  elle 
comptait  7001  volumes  provenant  surtout  de  dons.  La  grande 
salle  contenait  dans  sept  trumeaux  et  16  rayons,  1504  in-folio, 
1065  in-4°  et  4432  in-y '.  Dans  une  chambre  à  côté,  il  y  avait 
300  volumes  à  Tusage  des  séminaristes.  L'inventaire  du 


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UB  is-imv  MM  m  fUM  ttiasÉâ 


81 


2  janvier  1793  porte  aussi  uiï  médaillier  avec  67  pièces  papales, 
un  cabinet  de  physique  et  une  machine  électrique,  une  collec- 
tion d'histoire  naturelle  avec  quelques  objets  intéressants; 
selon  Buchoz,  des  monceaux  de  vitrilication,  de  congélation, 
des  minéraux,  des  pétrifications,  des  coquillages,  une  grosse 
vertèbre  d'iiippopotame,  trouvée  à  Sorcy,  une  dent  molaire 
d'éléphant  de  Dieolotuurd,  une  corne  de  bœuf  de  Tlsle  en 
Barrois,  une  porcelaine  ea  fossile  de  Champagne,  une  corne 
d'ammon  nacrée^  une  vertèbre  humaine,  etc.  Le  éupérieur  de 
la  maison,  M.  de  BrocveiUe,  était,  selon  le  médecin  nancéien, 
très  yersé  dans  lliistolre  naturelle.  Gela  ne  faisait  pas  pros- 
pérer la  maison.  * 

Adrien  Lamourette,  métropolitain  constitutionnel  de  Lyon, 
exécuté  le  10  jauvior  17'.t4,  et  dont  le  nom  est  connu  dans  les 
fastes  révolutionnaires,  fut  professeur  et  supérieur  au  Sémi- 
naire de  Toul,  puis  directeur  à  Saint-Lazare  i  il  déclara,  au 
momentd'aller  au  supplice,  que  tous  les  discours  que  Mirabeau 
avait  prononcés  sur  le  clergé  et  les  matières  ecclésiastiques 
étaient  de  luL  Un  autre  Lazariste  du  diocèse  de  Toul,  Nicolas 
Fhilbert,  curé  de  Saint-Charles  de  Sedan,  fàt  sacré  à  Paris, 
en  1791,  évêque  constitutionnel  des  Ardennes;  il  mourut 
en  1797.  Châtelain,  chanoine  de  Saint-Oengoult,  un  moment 
évêque  de  la  Meurthe,  avait  été  Lazariste. 

Un  ancien  élève  des  Lazaristes  de  Toul,  qui  entra  dans  leur 
congrégation,  eut  une  bien  triste  fin.  C  harles  Brillon,  petit-fils 

*  Le  31  juillet  1763,  le  jenne  abbé  de  Tressan  soutenant  devant 
11.  d«  BrocTeille  une  thèse,  dit  que  la  religion  eatholique  était  la  domi- 
nante. —  Cela  était  vrai  autrefois,  dit  bnisqnement  le  directenr,  qui 
entendait  parler  de  la  philosophie  qui  menaçait  de  tout  envahir.  Les 
dénonciations  arrivèrent,  le  Parlement  fut  saisi.  On  eut  l'heureuse 
idée  d'étoutTcr  Taftairo,  et  M.  de  Brocveille  dut  envoyer  une  «lettre 
à  réréque  de  Toul  sur  les  bruits  qui  sont  répandus  contre  le  Sémi> 
naire,  1778»  (Cat  Emmery ,  038).  Bien  des  gena  n'en  penaèmfc  paa 
nunna  qm  l'on  enaaignait  Palhtfame  an  Séminaira  de  TonL 


84  Mm  tfàiMm 

do  peintre  diéron,  de  Lunéville,  fot  curé  de  Foug.  A  la  Révo- 
lution, il  se  retira  à  Lunéville  et  s'y  maria.  l'ar  une  froide 
niatint^e  d'hiver  on  le  trouva  nuniiant  dans  la  n«*i;4e,  près  du 
cht'iiiin  d'Einvill»'.  Transporté  cbe/  lui,  il  ne  tarda  pas  à 
suct'oniber,  laissant,  dit  son  oncle  Tavocat  (  hérou,  une  assez 
belle  bibliothèque,  qui  ne  fut  estimée  que  700  livres  «  malgré 
qu'elle  ait  dû  lui  en  coûter  bien  plus  cher,  Payant  achetée 
entièrement  chez  les  libraires.  » 

Le  Club  des  amis  de  la  Révolution  fut  installée  dans  l'église 
du  Séminaire  ;  plus  tard,  celle-ci  fut  démolle  et  les  bâtiments 
transformés  en  maisons  particuliferes  rue  du  Saint-Esprit 
(Gefigoult).  L'église  de  Grésilles  possède  quatre  tableaux 
provenant  des  Lazaristes;  ils  représentent  (S'aitif-FtncewMe- 
Paul  ail  milieu  de  ses  disciples  —  prcchant  au  peuple  —  à  la 
Cour  —  ui<.ststant  Loiii,^  XI II  au  Ut  de  tnorf. 

Le  Séminaire  et  le  ('ollége  Saint-Claude  attiraient  une  foule 
de  jeunes  ircns  du  diocèse,  dont  beaucoup  s'engageaient  dans 
les  ordres.  Les  écoliers  trouvaient  à  Timprimerie  locale  tous 
leurs  classiques.  On  ne  laissait  pas  alors  à  Paris  le  soin 
dinonder  le  pays  d'éditions  plus  on  moins  estimées,  qu'elles 
fùssent  grecques  ou  latines.  Avant  1789,  chaque  imprimeur  de 
petite  ville  avait  les  connaissances  nécessaires  pour  publier 
un  Virgile  ou  un  Ovide  sur  beau  papier  et  il  en  trouvait  faci- 
lement le  débit  H  n'en  est  plus  ainsi  de  nos  jours,  et  sur  ce 
point,  on  a  laissé  bien  en  arrière  les  immortels  principes. 

Houlay  de  la  Meurthe,  un  zélé  impérialiste,  leconventionnel 
roulain-tirandprey,  le  baron  Louis,  si  caricaturisé  par  la 
presse  hostile  au  gouvernement  de  Juillet,  le  président 
Henrion  de  Pansey,  aussi  savant  jurisconsulte  que  gourmand 
émérite,  le  tribun  Delpierre,  François  de  Neufchâteau,  véri- 
table girouette  politique,  que  ses  vers  firent  nommer  par  les 
firucUdorisés  la  Cû/ogne  des  Vosges^  l'évêque  de  Saint-Claude, 
de  Chamont  et  tant  d'autres  furent  élèves  du  collège  Sainte 
Claude,  dont  deux  professeurs  laissèrent  à  Metz  les  plus 


iM  n-UHUI  DAM  UB  TMU  ÉftCBte  85 

durables  soiiTeiiîrs  ;  M.  Mongin,  de  Toul,  profeeseur  de  rhéto- 
rique au  collège  royal,  auquel  ses  élèves  élevèrent  un 

monuraent  au  cimetière  de  l'Kst;  le  médaillon,  représentant 
son  portrait,  est  d'un  artiste  tyrolien.  Malilkntn  ht,  domii  ilié  <\ 
Metz;  le  second  professeur  est  l  ablié  8ain>ère,  de  Vaucouleurs, 
proviseur  du  même  collège,  bien  connu  par  sa  Grammaire 
latine  de  Lhamotid  et  son  Appendix  de  Dits. 

Le  20  décembre  1791,  le  collège  Saint-Claude  fut  fermé,  et 
Inen  des  aînées  i^rès  on  installa  à  Toul  une  école  secondaire 
(collège).  Le  mathématicien  McquiUey  y  fat  professeur. 

AbTHUB  0BNOIT. 


iA  suivre,) 


LIITÉRATDBE  P(ffDU]RE  08  L'ALSAGB-LOBRAINB 


BAVARDAGES 

DE 

lESDÀIES-ÏËS-GOnB  DË  STfiASBOOE 

entremêlés  de  quelques  autres 

COMMÉRAGES  ALSACIENS' 


Strasbourg  a  toi^ourB  possédé  une  certaine  classe  de 

bavardes,  à  l'affût  de  toutes  les  nouvelles  et  qui,  par  suite 
d'une  parenté  du  neuvième  de^ré,  vraie  ou  supposée,  ne  s'in- 
terpellaient qu'au  titre  de  Frau  Bas,  «  Madame  ma  cousine  ». 

Ce  titre  est  devenu  à  Strasbourg  et  dans  l'Alsace,  l'équiva- 
lent de  commère,  et  nous  aurions  pu  trAduire  Fraubcue^fgprëch 
par  •  Dialogues  des  commères  de  Strasbourg*. 

Nous  préférons  la  traduction  littérale  qui  nous  a  permis  de 
rendre  la  nuance  Jungferbaaen  par  •demoiselles-cousinesB,  et 
de  conserver  à  notre  traduction  un  degré  de  plus  de  couleur 
locale. 

Les  dialogues  de  commères,  publiés  tantôt  en  feuilles 

volantes,  tantôt  dans  les  gazettes  localei»,  furent  toujours 

*  La  plupart  des  auteurs  de  ces  compositions,  saisies  sur  le  vif,  sont 
inconnus.  D'autres  ont  été  écrites  par  Arnold,  M™«  Engelbard-Schweig- 
hœaser,  £hreuiried  Stœber,  C.-F.  Hartmann,  Ch.  Bernhard  et  Charles 
Bordellé. 


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UTTÉRATURfi  POPULAIRE  DE  L^ALSACE-LORRAOIB  87 

aeeneillis  ayec  joie  par  les  habitants  de  Strasbourg.  LMmpri- 
meur  FrédérioCharles  Heitz,  qui  avait  réuni  une  si  belle 
bibliothèque  alsacienne,  avait  formé  un  fascicule  d^une  dizaine 

de  ces  conversations.  Cette  petite  collection  se  trouve  actuel- 
lement il  la  bibliothèque  de  TUniversité  de  Strasbourg. 
M.  Berginann,  professeur  à  ladite  FaculttS  Ta  publiée  avec 
des  notes  linguiiitiques,  littéraires  et  ethnographiques  très 
int(^ressantes. 

£&  1877,  parut  le  EU&asisch  SchaJtzkHêiel  (l'Ëcrin  alsacien) 
qui  réédita  ces  dialogues  en  les  augmentant  de  celui  de  1848. 

M.  Auguste  Stœber  a  &it  de  Touvrage  de  M.  Bergmann  une 
critique  littéraire  à  laquelle  les  éditeurs  du  SchatMêtd 

empruntèrent  les  notes  qu'ils  joignirent  à  ces  poèmes. 

Aux  compositions  et  notes  que  nous  fournissent  les  trois 
publications  précédentes  nous  eu  joignons  quelques  autres 
qui  nous  appartiennent. 

Des  dix  pièces  recueillies  par  M.  Heitz,  il  y  en  a  trois  qui 
datent  des  aimées  qui  ont  précédé  la  Révolution. 

Cinq  autres  se  rapportent  aux  années  1814  et  1815;  nous 
y  lyoutons  une  chanson  en  dialecte  du  Kocliersberg,  que  nous 
ne  connaissons  que  par  tradition  orale,  et  qui,  d*après  le  stq'et 
traité,  doit  être  née  en  ces  mêmes  années. 

Les  deux  dernières  pièces  de  la  collection  de  Heitz  datent 
des  premières  années  de  la  Restauration  et  nous  mettent  au 
courant  de  ce  qui  occupait  à  cette  époque  les  esprits  des 
bourgeoises  de  la  ville  de  Strasbourg. 

Quelques  chefs-d'œuvre  de  Khrenfrit'd  Stœber,  Charles- 
Frédéric  Hartmann  et  Charles  Bernhard,  ainsi  que  le  dialogue 
de  184S,  nous  ont  en  outre  paru  dignes  de  Tattention  des  amis 
de  notre  littérature  populaire. 

Nous  fiûsons  un  appel  à  ces  derniers  et  les  prions  de  nous 
communiquer  les  poésies  de  ce  genre  que  nous  avons  omises 
ou  que  nous  ne  connaissons  pas. 

Ëniin  nous  terminerons  par  la  traduction  de  quelques-unes 


88 


de  nos  propres  poésies  alsaciennes,  se  rapprochant,  par  leur 
sujet,  du  genre  des  Frauhasegsprddu 

Si  cette  communicatioii  à  la  Revue  d'Alsace  trouve  auprès 
du  public  français  ttn  accueil  t&nt  soit  peu  bienveillant  et 
fiiTorable,  le  traducteur  se  propose  de  llnitier  à  une  connais- 
sance plus  intime  des  richesses  de  la  littérature  populaire 
d^Alsace-Loxraine. 

Rioz  (Haute-Saône),  le  14  juillet  Ibbl. 

Ch.  BekdbllA. 


I 

CONVERSATION 

tetiue  d/in>i  lintimitc  près  de  hi  Maison-Bouge,  entre  deux 
aDumcfi-Cousines^^  de  notre  riJle  de  Strasbourg,  comme  qui 
dirait  entre  Danie  Julienne  et  Dame  Ursule  qui  jouissent, 
parmi  lea  personnes  de  leur  sexe,  d'une  haute  considération, 
à  cause  de  leurs  manières  aussijranehes  que  convenables.  * 

Pstl. . .  Attendez  un  peu.  Vous  n'emmenez  persouneV 

URSULE 

Âh!  c'est  vous,  ma  cousine?  U  faut  qu'on  me  pardonne. 
Je  ne  vous  entendais  et  voyais  encore  moins, 
Car  il  fait  si  boueux  pour  marcher.  Tous  mes  soins 
Vont  à  mettre  le  pied  sur  un  pavé  non  sale. 

*  L'anteiir  de  cette  première  cooTenation  eit  ineonmi.  Elle  coide  de 
la  booehe  de  cea  «Hadame-ma-coiiune»  elassiqnes  cemme  va  I^ier 
miaseaii  qui  ne  s'arrête  jamaU.  Mélangée  de  Traies  locations  strasbovr- 
geoises,  on  y  parle  des  onvriers,  des  soins  du  ménage,  des  maria,  et 
snrtont  des  dinnestiques  dont  nne  sortont,  dn  nom  de  Lise,  y  est  puti- 
cnlièrement  maltraitée. 

Maiaon'Bovge,  nom  d'an  h6tel  situé  place  Kléber. 


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LITTÉRATURE  POPULAIRE  DE  L'ALSACE-LOHRALVE 


JULIEHNE 

Oui!  c'est  tout  comme  moi,  et,  chose  bien  fotale, 
J'ai  là  de  gros  souliers  que  j'aurais  rondement 
Dû  laisser  au  Toleur. 

UB8ULB 

Pourquoi? 

JULIENKE 

Voyez  comment 
On  marche  làrdedans.  Comme  dans  une  caisse 
De  bhinchisseuse,*  eut-on  le  pied  le  plus  étroit! 
Et  bestialement  pareil  marché  me  blesse. 

URSULE 

Ne  vous  irritez  pas,  mais  n'iidez-vous  tout  droit 
Dans  la  rue  aux  Carreaux,  chez  Bœr.  11  vous  fabrique 
Des  souliers,  c'est  vraiment,  cousine,  magnifique 
Comme  ça  tient  aux  pieds.  On  les  dirait  fondus 
Avec  eux. 

jULismns 

Par  le  sang!  vraiment,  on  ne  tient  plus 
A  s'acheter  du  neuf,  car  U  faut  que  l'on  t&te 
De  tous  les  magasins.  On  croit  tenir  du  bon  : 
Le  confectionnant,  Touvrier  vous  le  gâte. 

UBSULE 

Du  cousin  Abraham,'  votre  nièce,  dit-on, 
Vient  d'hériter  un  tas  d'argent 

JULIENNE 

On  peut  le  prendre 

*  Caisse  de  b  Unie  hisse  use.  Caisse  reriangulaire  à  laquelle  on  a  enlevé 
l'one  des  parois  verticales  et  dans  laquelle  s'agenouillent  les  blanchis- 
Moses  pour  ne  pas  se  mouiller  les  genoax  en  lavant  leur  linge. 

'  CbiBz  les  protcmanti  de  Strasbourg,  et  tinrtovt  daiit  certains  qnar- 
tien  de  la  TÎUe,  on  troave  Bonvent  des  noms  tirés  de  Faneieo  Testament, 
comme  Abraham,  Daniel,  etc.  « 


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90  UTOB  D'AUiCK 

Avec  celui  qu'on  a.  Je  viens  encor  d'apprendre 
Que  ce  «^rand  sot  d'Erhard,  vous  savez,  ce  dadais 
Qui  baignait  ses  coi  hons,  aurait  aussi  sou  legs, 
A  peu  près  trente  écuâ,  comme  part  légitime. 

URSULE 

Le  fripon!  Comme  il  a  dit  sentir  dans  lintime 
Fond  du  cœur  le  besoin  de  rire.  Sûrement 
Ça  va  donner  un  couple  avec  la  jeune  Lise. 

JUMENNK 

Oii,  non!  cousine,  non!  elle  est  déjà  promise. 

UB8ULS 

Quoil  promise  d^à?  Sait-elle  seulement 

Faire  une  soupe  à  Peau?  Comment?  choses  conclues? 

JI  LIKNNE 

Les  accordaiiles  ont  été  déjà  tenues. 

UB8ULB 

Qui  donc  ose  la  prendre  ? 

JULIENlfB 

Oh!  cW  un  compagnon 
Qui  s*en  vient  au  Murhof.  * 

U us ULE 

Oh  bien!  le  joli  don 
Qu'on  lui  fait!  mais  je  crois  qu'elle  vient  Oui!  c'est  elle. 

JULIKMHK 

Otidonc? 

URSULE 

Eh  bienl  là  bas!  vers  le  oTrou  des  Navets.»' 
JUUSHBS 

Je  ne  l'aperçois  pas. 

'  Ferme  et  maison  de  ctmpagne,  sur  l'O],  en  amont  de  Strasbourg. 
'  BûeuèloA.  Sobriquet  eerTUit  à  désigner  on  cabaret  près  de  la  place 
liléber. 


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untoATimi  TCnfuiM  m  l^alsace-loriuhtb 


UBSULE 

Begardez  bien!  Tout  près 

Des  tamboun. 

JULIBNVB 

Par  le  sang!  oui  !  c*est  bien  notre  belle, 
n  faudra  donc  changer  de  convenation. 

N'est-ce  pas  une  grande  abomination, 

Ma  cousine  ?  Elle  porte  une  fort  belle  chaîne 

En  or.  Je  vous  demande  :  est-il,  grand  Dieu,  permis 

A  femme  d'ouvrier  V 

URSULE 

Ma  foi  nonl  Ça  me  peine 
Aussi,  car  on  ne  peut,  comme  le  monde  est  mis, 
Plus  distinguer  des  gens  comme  nous  des  serrantes. 
On  dirait  qu'elles  sont  toutes  impatientes 
De  courir  à  leur  perte. 

JULIENNE 

Oh  Dieu!  d'où  viens-tu  donc, 

LifieV 

LISE 

Du  «Marché-Neuf*.  J'y  viens, pour  toute  afibure, 
D'acheter  des  navets,  pour  deux  sous  d'amidon. 

JUfJBKHB 

Alors  vous  savonnez  ? 

LISE 

Mais  oui!  dans  la  soupière! 
Car  nous  n'invitons  pas  encor.  Pour  le  besoin 
On  se  débrouille  un  peu. 

UBSULE 
(FaiiBBt  mine  de  partir) 

Moi  je  vais  au  plus  loin. 


JULIENNE 

Attendez  donc  un  peu,  cousine,  je  veux  faire 


WMn»  ii*AUâfli 

Le  chemin  avec  tous.  Lise,  tiens-toi  longtemps 
Chez  Uis  maîtres  qui  suut,  ma  fui,  de  braves  gens. 

LISE 

Oh  !  j'ai  lait  le  plus  long  de  mes  temps  de  services. 

JULXKHVB 

Quoi!  n*e8-tu  pas  contente?  Ah!  ciel!  je  te  comprends. 
Quand  donc  cutreras-tu  dans  ces  temps  de  délices  V 

LI8B 

Dans  quinze  jours.  Cousine,  aurai-je  le  bonheur 
De  vous  voir  assister  à  mon  grand  jour  d'honneur? 

JULIENNE 

Je  ne  le  promets  pas,  mais  ça  pourrait  1)ion  Ôtre, 
A  moins  d'empêchements.  Je  voudrais  bien  connaître 
Notre  nouveau  cousin.  Fais-lui  mes  compliments. 

USE 

Merci! 

JULDEHEB 

Porte-toi  bien. 

URSULE 

n  va  faire  beau  temps. 
Le  ciel  va  s'éclaircir. 

JULIENNE 

Oui!  sans  que  ça  ne  tarde. 

URSULE 

Lise  est  une  savate.  Elle  cause  et  bavarde 
Et  chez  elle  devrait  être  auprès  du  cuveau. 
Si  jamais  ma  servante'agissalt  de  la  sortes 
Je  vous  la  traiterais  comme  un  chien.  Est-ce  beau 

De  voir  qu'aussi  longtemps  une  servante  sorte, 

Délaissant  sa  cuisine  où  le  feu  brûb>  en  valu  / 
l'uis  arrive  le  tcinj)s  du  dtner  :  I.a  luronne 
ii^t  cause  bien  souvent  que  lo  mari  bougonne, 


LnrÉRÀTURE  POPUUIRE  DE  L*ALSACE>L0RRA1NE 

Et  la  femme  en  vaut  pis.  Pourtant  e'est  bien  certain 
Qu*on  ne  peut  pas  toujours  être  dans  sa  cuisina. 

JULIENNE 

Imaginez  le  coup,  le  beau  coup,  ma  cousine, 
C^u.'  la  mienne,  ma  foi,  me  ht  lumli  dernier. 
Je  voulais  assister,  sans  retarder,  au  prêche 
De  huit  heures;  je  pends  bien  vite  uu  oreiller 
Que  mon  enfant  avait  mouillé,  pour  qu'il  y  sèche, 
Au  coin  de  mon  fourneau;  puis  je  porte  au  grenier, 
Sous  le  &tte  du  toit  un  tas  de  linge  sale. 
L'oreiller  est  déjà  percé,  quand  je  déTale, 
D'un  grand  trou  par  le  feu.  Je  ne  me  connais  plus 
De  foreur,  et  le  pis,  c'est  que  cette  canaille 
Kit  aux  éclatâ  pendant  que  moi  je  la  fouaiUe. 

VBSULB 

Le  savait-elle  donc? 

JULIENNE 

Non  !  mais  c'est  un  abus 
Quand  dans  une  maison  l'on  ne  voit  la  servante 
Qu'à  tricoter,  iUer,  commander  les  enfants, 
A  balayer  encore  employer  tout  son  temps. 
Je  n'en  veux  de  pareille.  Il  m'en  faudrait  qui  sente 
Qu'elle  doit  quelquefois  passer  sur  le  talon 
De  sa  maltresse. 

ITRSUL15 

Ohî  oui!  vous  avez  bien  raison! 
Mais  dans  tous  les  états  Ir  mal,  hélasi  abonde, 
£t  vraiment  on  croirait  que  notre  pauvre  monde 
Approche  de  sa  lin. 

JULIERVI 

Des  gens  de  sa  maison 
L'on  en  supporte  tant  Cest  vraiment  effroyable. 

VBSULB 

Je  vais  rentrer  ehes  moi.  Le  temps  est  prédeoxl 


ftEVUE  D*ALSACS 
JVlAEïïn 

Voyez  doue  ce  ficbu.  Qall  est  dâUdenx! 
Où  donc  a-t-on  brodé  cette  pitee  adorable. 

URSULE 

Au  Ck)m  brûlé,'  coiLsiue. 

JULIEirNB 

Ah!  oui.  Bans  donte  c^est 
Cette  grande?  Combien  payes-vous  cet  objet? 
N*est-ce  pas?  Qu*e8t-ce  que  cela  peut  bien  me  fiûre? 

ITRStTLE 

Vous  connaissez  mon  lionime,  et  savez  qu'il  faut  taire 

Le  prix  que  peut  coûter  un  objet  de  si  peu 

Do  valeur.  Pour  l'avoir  j'épargne  sur  ma  bouche. 

Sans  ça  je  serais  comme  une  bête  au  bon  Dieu  : 

Toiûours  même  costume.  Et,  vous  savez,  je  toucbe 

Mon  argent  de  semaine.  Au  delà  je  n'ai  rien  : 

n  iàut  me  débrouiller. 

Cousine,  quant  au  mieu, 
Il  me  laisse  bien  libre,  à  moins  (jue  dans  sa  tête 
Il  n'ait  parfois  logé  quelque  petite  bête 
Que  j'en  chasse  aussitôt 

UB8ULB 

Et  comment  iGûtes^ous  ? 

JULIENNE 

Voyez-vous  V  quand  je  vois  mon  cher  et  tendre  époux 
Laisser  pendre  sa  lèvre  et  me  faire  la  mine, 
C'est  un  bonheur  pour  moi,  croyez-le,  ma  cousine. 
De  faire  la  malade.  A  ma  mère  soudain 
Je  fais  dire  d'aller  chez  notre  médedn. 

*Jm  BmmlêSnéP»,  k  Fonesl  de  1»  plaee  Kléber. 


LtTTÉEAmE  MPOUtHl  DE  L*ALSÀC£-LOftftAUlS  96 

Elle  sent  le  i^tL  *  Dans  la  même  soirée 
£lle  vient  II  lànt  voir  la  belle  échaufioarée 
Entre  elle  et  mon  mari,  qui  se  soumet  enfin! 

UB8ULE 

La  friponne! 

JULIENNE 

Eh  bien  donc?  Ne  suis-je  pas  rusée? 

URSITLB 

Mais  oui!  et  joliment  1  La  belle  invention I 
Jamais  je  n'aurais  eu  (rimagination 
Semblable.  Mais  cela  pourrait  bien  m'ôtre  utile! 
Que  le  mien,  quelque  jour,  de  façon  incivile, 
Me  gronde,  et  je  ferai  tout  comme  vous,  ma  foi! 

Essayez  une  fois! 

URSULE 

lia  haï  (;a  me  fait  rire 
Déjà!  Portez-vous  bien.  Faut  que  je  me  retire 
Et  que  je  rentre  vite. 

JULIENNE 

Et  quand  donc  viendrez-vous 
En  visite  chez  moi  passer  une  journée? 

URSULE 

Oh  !  je  pense  bientôt  Saluez  votre  ^oux. 

JULIEMB 

Et  VOUS  le  vôtre  aussL 

URSULE 

Je  vous  suis  obligée, 
Et  n'y  manquerai  pas,  ma  cousine  honorée. 

Rioz,  le  24  mars  1881. 

*  BmnUr  U  rôti,  synonyme  strasboargeois  de:  avoir  bon  nez,  arriver 
a«  bon  moment,  Mn  une  chose  à  propoe. 


M 


ftiTdi  d'auace 


II 

CONVERSATION  INTIME 

tenue  à  la  fontaine  par  guatre  servantes  strasbourgeoiaes. 
Lise,  Sitzatme.  Catherine  et  Marguerite^  composée  par  Jean- 
Georges  Werdo,  la  sentinelle,  de  son  métier  enfant  de  StraS' 
bourg,  qui  était  alors  âe  garde  auprès  de  la  fontaine,  * 

suzAinns 

Diantre  !  que  vois-jo  donc?  Encore  à  la  fontaine? 
Où  donc  as-tu  traîué  V  Comme  tu  jupe  e^st  pleine 
D'eau  cl  de  boue! 

LISE 

Eh  bien!  je  .suis  h  nettoyer 
Ces  choux,  et  forcf'MntMit  mouille  mon  tablier. 
Pense  donc  !  mon  Martin  veut  faire  la  maudite 
Farce,  et  me  laisser  là.  Lui,  qui  me  serrait  tant, 
A  m'étouffer  !  ce  chien  !  il  est  à  la  poursuite 
D'autres  iilles. . .  Mais  tiens!  n'est-ce  pas  Marguerite 
Qui  regarde  du  haut  du  grenier. 

Un  instant! 

'  De  tons  temps  les  fenuBM,  «t  ffortovt  Uê  servantes,  ont  «imé  se 
réunir  anpr»'H  des  fontaines  ponr  s'y  enfoncer  dans  les  commérafres,  et 
souvent  leur  arrivp-t-il  de  ne  jtas  s'apercevoir  que,  de  même  que  les 
paroles  découlent  aliondaiitc»  de  leurs  liouches,  de  même  l'eau  déborde 
de  toutes  parts  de  leurs  seiUcs  trop  remplies. 

Dans  cette  conversation  ces  serruites  s'oecnpent  snrtoni  de  lenrs 
usants  dont  elles  énnmèrent  les  qualitée  et  les  déCants.  Les  expressions 
de  colère  ou  d'envie  nltement  dmic  avec  les  tonnes  lonangeon,  et  les 
(rosses  trivialités  n*y  manquent  pas  non  pins.  Katnrellement  on  n*y 
^aigne  pas  les  patrons,  et  les  sorties  qne  ces  bonnes  font  contre  lenrs 
mattres  font  de  ce  morceau  la  digne  contre-partie  du  pranier. 

I/auteur  en  est  également  inconnu. 

*  Marguerite. 


LITTÉRATUKE  POPOLAIES  DE  l'ALSACE-LORRAIXB  97 

Attendez  donc  un  peu.  Je  vais  aussi  descendre 
Chercher  de  Teau. 

8UZB 

Gomment!  Mais  tu  devrais  comprendre 
Qu'on  ne  te  peindra  pas  des  amants.  Tiens  !  mon  Jean 

Fit  de  même  avec  moi.  Moi,  le  lâchant  d'un  cran 
Et  uie  moquant  de  lui,  je  for(;ai  Timbécile, 
Ne  le  regardant  i)Ius,  à  revenir  vers  moi. 
Mais  lui  revint  tout  droit  et  se  crut  bien  habile 
£n  m'embrassaut  du  coup,  pensant  que,  bien  docile, 
Je  rendrais  le  baiser.  Il  se  trompait,  ma  foi! 
Et  je  ne  craignis  pas  de  lui  dire  pourquoi 
Je  le  boudais.  Depuis  il  n*en  voit  aucune  autre. 

LISE 

Ah  !  je  ferai  de  même  avec  mon  bon  apôtre. 
Je  parviendrai  peut-être  à  lui  faire  lâcher 
La  maudite  traînée. . .  Oh  bien  !  c'est  Marguerite 
Qui  vient  déjà! 

avtn 

Quelqu*un  vient-il  de  te  fâcher? 
Quelle  mine  tu  fais! 

BUZE 

Il  ne  faut  tout  de  suite 
Tout  redire,  bavarde. 

OIIÉTE 

Oh  !  je  ne  dirai  rien. 
Je  garde  les  secrets.  Vous  me  connaissez  bien. 

USE 

C'est  Martin. .. 

SUZE 

Ne  dis  rien!  Elle  lui  tend  la  perche! 

ORÊTK 

Oh  !  je  m'en  moque  bien  !  ^ 
MoDYell»  Séite.  —  11-  aonéa.  7 


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96 


hEVlii;  d'alsacB 


USE 

Oui!  mon  Martin  recherche 

Lu  Barwelé'  (le  chez  le  tailleur.  Chatiiu'  >olr, 
£t  ça  me  peine  fort!  chez  elle  il  va  s'asseoir. 

obAtb 

Chacune  de  vous  n'a  que  ce  qu'elle  mérite, 

Vous  vous  plaignez  toujours.  Folle!  va-t'en  donc  vite 

Courtiser  le  valet.  Il  nu?  suffirait  bien. 

Mais  vous  voulez  encor  choisir  trop  longtemps.  Eien 

Peutril  jamais  manquer  quand  À  son  domicile 

On  a  tout  ce  quil  fiiut?  Chez  nous,  moi  j*ai  le  mien. 

U  est  bien  fait  et  jeune.  H  me  serait  fiicile 

De  te  parler  encor  de  choses  que  je  sais 

Et  que  j'ai  sur  la  langue. 

LISE 

Oh  bien  !  va  donc!  jamais 
Je  ne  puis  oublier  mon  Martin.  Je  voudrais 

Le  manger,  ce  cher  fou!  Et  surtout  quand  je  songe 
Comme  il  nfanuise  bien  et  gentiment  me  plonge 
Sa  main  froide  bous  mou  mouchoir  de  cou. 

SUES 

Retiens 

Ta  langue  prudemment  Tais-toi,  laide  sorei^, 

Et  va  faire  la  morte  afin  que  Ton  fenterre! 

Vite  il  faut  me  sauver,  puisque  je  me  souviens 

Que  je  n'ai  pas  raclé  légume  ni  carotte 

Pour  la  soupe.  Il  est  tard!  Grand  Dieu  !  Comme  il  radote 

Mon  vieux  registre  et  comme  il  tape  sur  mou  dos 

Quand  je  vais  lui  servir  des  plats  pas  assez  chauds. 

Mais  void  Catherine. 

*  Diminutif  de  Barbe. 


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UTTtRATUU  NtaLAnS  DB  L^ALBàCB-LOBlAOlB  M 

KMTE* 

Eh  bien!  quelles  nouvelles 
Redisent  vos  bonii  becs? 

8DZB 

De  quoi  parleraieiit^es 
Si  ce  n'est  des  garçons  qu'elles  Tondraient  saisir 
A  la  fourchette! 

enÉTB 

Non  1  mais  Use  est  en  tristesse, 
Et  cela  parce  que  son  Martin  la  délaisse, 
Parce  que  la  Bftrwel  Tempéche  d*y  venir 

En  Tattirant  chez  elle. 

8UZE 

£t  j'aimerais  que  Lise 

L'eut  plutôt 

K^TH 

Si  j'étais  au  moins  dans  ta  chemise, 
Je  vous  arrangerais  la  jaune  au  maigre-né! 
Oh!  Martin  se  Torra  du  monstre  abandonné  1 
Ne  lui  permets-tu  rien? 

BUZB 

^  Mais  elle  reste  assise, 

Et  sans  rien  dire,  quand  Martin  veut  chiflonner 
Son  tablier. 

UBI 

ADons  !  Croîs-tu,  grande  niaise, 

Qu'on  ne  peut  que  rouler.  En  prend-il  à  son  aise, 
Le  tien,  quand  tous  les  soirs  il  vient  te  câliner? 

8UZE 

Autour  de  notre  Ilot  nous  allons  promener; 

Nous  entrons  au  Griflon   j*y  rencontre  un  bon  Terre 

*  Catherine. 

*  Le  Oriffo»,  bruserie  renommée. 


100  RBVUB  D*ALSACB 

De  bière.  En  mon  chemin  je  viens  même  de  faire 
La  rencontre  dUrsule. 

ORÉTE 

Eh  î  Von  m'a  raconté 
Qu'Ursule,  avec  le  sien,  a  laidement  heurté 
Le  nez  contre  le  mur. 

KJBTH 

Oui  !  je  viens  de  l*apprendre: 
On  dit  qu'elle  est  lardée. 

USE 

Eh  ])icu!  Va-t-elle  pendre 
Son  enseifîno  au  dehors  V  Quels  soins  j'ai  pourtant  mis 
A  la  rafistoler!  Que  ne  se  sont-ils  pris? 
Ce  Zinkehp9  '  pourrait  inviter  au  baptême. 

GRÉTB 

Il  a  déjà  rempli  son  tonnelet,  et  même 
L'épouserait,  pourvu  qu'elle  veuille. 

K^xa 

Eh  bien  !  moi, 
Si  j'étais  échaudée,  oh!  pour  ma  délivrance 
Je  l'accepterais  bien. 

SUZE 

D  y  a  bien  de  quoi 
D'être  une  pauvre  femme! 

LISE 

Et  la  belle  laitance 
QuMl  aura  de  sa  mèreV  Oh!  ciel!  je  le  prendrais 
Aussi. 

'  Zinlclips,  mot  sans  sens  propre,  employt^  de  no»  jours  comme  syno- 
nyme d'imbécile  dans  le  lansaf^e  strasbourgeois.  M.  liorginann  prétend 
que  dans  ce  poème  ce  n'est  (ju'uu  uom  propre  sigaiûaut  l'hihppe  Ziuk. 
Dans  le  doute,  nous  traduisons  par  le  mot  tel  qnel. 


UTTÉIATOU  NtOLAlRB  M  L*AUA€l-LOIIAIin  101 
GBÉTB 

N'en  parlez  pas,  Madame  ma  cousine! 

Croirais-tu  pur  hasard,  toi,  que  tu  rubtieudraisV 
Il  n'est  pas  pour  ton  uez  ! 

USE 

Voyez,  cette  mfttine! 
Comme  elle  ne  sait  pas  bien  parler?  Hais  comment 
Ne  saurait^lle  encor  danser  plus  gentiment? 

Crois-tu,  que  comme  toi,  je  me  livre  à  la  chasse 

Des  hommes V  Ma  foi,  non!  Je  n'en  suis  pas  vorace! 

Et  je  le  trouverais  bien  trop  cher,  même  si 

L'on  voulait  le  donner  pour  rien.  Non!  grand  merci  ! 

Qui  donc  en  voudrait?  Qui?  Je  courrais  dans  laiiamme 

Pour  me  sauver  de  luil  Que  n'ai-je  mon  amant 

Martin. 

SUZB 

Pas  de  dispute! 

LISE 

Alors  qu'elle  ne  clame, 
Comme  elle  fait  toigours,  eu  petit  commandant! 

STTZB 

Assez  parlé  de  ça  !  Silence!  Qui  donc  quitte 
Au  terme? 

K^TH 

Toi  tu  viens  à  propos  ni'envoyer 
De  Teau  sur  mon  moulin!  Quant  à  moi  je  n'hésite 
Nullement.  Dites-moi!  qui  pourrait  verdoyer, 
Quelle  bonne,  chez  nous  ?  Lorsque  nous  croyons  boire, 
Par  grand  hasard,  du  vin,  nous  y  trouvons  des  fleurs. 
Plein  le  verre,  ma  foi!  Puis  les  cris  et  les  pleurs 
Des  enfants  ne  font  pas  le  plus  beau  de  Thistoire! 
Us  ne  vous  laisseront  ni  repos  ni  répit! 
L*ttn  a  la  gale  aux  mains,  lorsque  Tautre  petit 


A  de  la  pAte  molle  en  ses  cheveux.  La  bonne 
Eprouve  des  tourmentâ,  se  fatigue  et  s'aigrit 
Bien  pis  que  chez  des  Turcs.  A  peine  Tun  guérit, 
L'autre  tombe  malade.  On  travaille,  on  leur  donne 
Les  Teilles  et  les  soins  !  Pourquoi?  Pour  en  avoir 
Bemeretments  du  diable!* 

ORÉTE 

Oh  !  Je  voudrais  bien  voir 
Que  ma  dame  trop  fort  me  parle!  Notre  maître 
Lui  dit  très  bien  son  fait,  quand  je  lui  fais  connaître 
Quelque  si^et  de  plainte. 

LISE 

Kli  !  la  mienne  me  va  ! 
J'aimerais  seulement  pouvoir  par  ci,  par  là, 
Me  rendre  au  Jardin  Schultz^  pour,  comme  une  autre  iiUe, 
Trouver  quelque  plaisir! 

8T7ZB 

Chez  nous,  soir  et  matin, 

I/on  cire,  frotte,  essuie,  et  sans  un  coup  de  main 
De  notre  demoiselle.  Oh!  quand  elle  s  habille 
Et  se  pare,  elle  croit  travailler  grandement 

ORÉTE 

Tonnerre!  comment  donc!  Je  perdrais  joliment 
Patience. 

LISK 

La  nôtre  est  tout  à  fait  coulée 
Au  même  u^oule! 

k.ï:th 

£t  moi!  je  me  trouTe  accablée 

'  Bemerdments  du  diable,  Ingratitada  (aa  dit  komA  en  Frtnehe-Comté; 

voir  la  If^f^endp  ri-apr^s). 
*  Jardin  SdwtU,  hai  duunpdlre  «itué  aa  Contades. 


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UrrÉBATURB  POPIU4AIRE  Ofi  L  ALfiACK-LORRAllIE  1U3 

D'un  repentir  amer  de  n^avoir  pas  quitté 
Mes  mattres.  Dieu  pardonne!  Auprès  d*enz  j*ai  gftté 
Plus  de  souliers,  ma  foi!  que  je  n'obtiens  de  gage 
Pendant  toute  Tannée.  On  a  pour  tout  potage 

Quatre  florins.  *  11  faut  pour  se  faire  natter 
Les  cln-voux,  la  iiiécctte;  -'  et  puis  pour  acheter 
La  pdiidrc  et  la  ponimade,  une  certain»'  ^n!llnlc 
Est  nécessaire  aussi.  Ou  entre  parfois,  couuue 
On  en  a  l'habitude,  eu  quelque  magasin 
De  sucrerie,  et  puis,  s'il  vous  reste  à  la  fin 
Quelques  sous,  il  les  faut  pour  eouvrir  la  dépense 
Du  tabac  à  priser.  Mais  je  connais  la  danse 
Qu'on  peut  faire  danser  à  Tanse  du  panier, 
Sans  cela  Je  serais  réduite  à  mendier. 

LISE 

Adieu  donc  maintenant.  Ta  maîtresse  t'appelle 
Et,  si  tu  vois  Martin,  donne-lui  mon  bonsoir. 

Mille  tonnerres!  va!  Peau  froide  qui  ruisselle 
Dans  mon  dos! 

Je  serai  seule  1  venez  me  voir 
Quand  vou^i  aurez  assez  tiié! 

ILfiTH 

Grande  campaine!' 
Va,  folle!  nous  irons  plutôt  à  la  fontaine! 

Haguenau,  le  lundi  de  Pentecôte,  6  juin  1881. 

*  Florin,  deux  livres  ou  denz  francs. 

*  La  piécette  valait  douce  sous.  £n  allemand  :  Bièêlc. 

*  Clochette  an  cou  d'une  Tache,  par  extension  bâtarde,  folle  qui  ne 
sait  ce  qu'elle  dit. 


Umn  D*AL8ACB 


LÉeSHDl  FBAKO-OOMTOISB 

LA  RBCONKAI88A3I0B  OU  DIABLB 

Un  bon  paroissien  (c'était  nn  conseiller 
De  fabrique,  an  dévot  et  zélé  marguillier) 
Vn  beau  jour  parcourant  les  combles  de  l'éfrlise 
Y  retrouve  une  imatre  en  bois  qu'on  avait  mise 
En  déjxit  dans  ce  lieu.  C'était  un  saint  Michel 
Terrassant  Lucifer,  mais  (jue  le  temps  cruel 
Avait  bien  multraité.  La  couleur,  la  dorure 
Ke  Toalaient  pins  tenir,  et  partout  l'éraillure 
Mettait  le  bois  à  no.  Notre  bon  oonseiller 
Beeueillit  saint  Ifichel,  et  pris  dn  plas  pienx  sèle 
Fit  remettre  d*abord  des  plnmes  à  chaque  aile. 
Fit  redorer  l'annnrei  et  même  dérouiller 
Le  glaive  flamboyant.  Pais  eonTrant  son  Tisige 
De  blanc,  de  Tormilkm,  il  mit  selon  l*iiaage 
Sa  tunique  en  asor.  Après  à  Lncifcr 
Bafistolanf  la  queue,  et  «  livrant  de  cira$;e 
Le  corps,  il  lui  fit  prciuirt',  oh  ma  foi!  fort  ho\  air 
Et  maint  dévot  d«''s  lors  vint  rondre  son  hommage 
Au  saint,  qu'Iiier  encor  tout  chat-un  méprisait, 
Lorsque  loin  des  reiiards  son  triste  corps  gisait 
Vermoulu,  délaissé,  dans  l'épaisse  poussière 
Da  grenier. 

Un  beau  soir  ii  ce  bon  marguillier 
Apparut  le  démon,  qui  venait  pour  lui  taire 
De  grands  remerciments  :  <  L'on  allait  m'oublier 
Dans  on  obscur  endroit  où  j'étais  la  p&ture 
Et  des  rats  et  des  Ters.  Me  contrant  de  peinture, 
Tu  me  rendis  ma  queue  et  mes  griffes.  Après, 
Rencomé  ta  me  mis  aux  lieux  oft  je  parais 
Dans  toute  ma  splendeur.  De  ma  reconnaissance 
Je  Tondrais  Rassurer!  sois-moi  I  » 

Le  diable  avance 
Et  le  bon  marguillier  le  soit  dans  la  ferèi. 
Puis,  au  pied  d*un  sapin  creusant,  Lucifer  met 
A  no  de  grands  ttéton»  Après  il  les  reooone 


unÉRATURB  rorouna  de  l*alsa(s  lorbaiioi 


105 


De  terre  :  «  Tu  viendras,  mon  cher,  de  grand  matiii, 
Les  enlever  I»  —  <  Gomment  ponmit-je  alon  demain 
Beeonnattro  Tendroit?  »  —  «  Ponr  qne  penonne  n'onvre 
La  cachette,  et  ponr  qne  toi,  tn  mettes  la  main 
Snr  le  magot,  sans  peine,  il  n*est  qn*nne  recette: 
Cnlotte  1nw!> 

On  rit,  et  la  choBO  fnt  foite. 
Qnand  la  digne  moiUé  de  notre  bon  d6vot 
Dn  conde  Ini  tapant  dane  les  flancs,  dit  :  «  Grand  eotl 
Ee-tn  donc  un  gamin  ponr  salir  ta  couchette?  > 

Notre  homme I  ah!  qu'il  devint  capotl 
Triste  fin  d'un  réve  agréable! 
Ce  fut  lui  qui  trouva  le  mot  : 
« Bemercimeots  du  diable!  > 

Biox,9jnilletl881. 


m 

CONVERSATION  SÉRIEUSE  MAIS  AMUSANTE 
tenue  par  deux  nMadame-ma-coumien  strasbourgeoises,  comme 
gui  dxraâi  Dame  Ursule  et  Datne  Saloïné.  —  Strashourg,  à 
Wmser  m  magtm^  de  Fausdiinger,  eoue  letpeHtes  Arcades.  * 

UBSULE 

Cousine,  je  Pavone  et  le  dis,  ça  me  crève 

Le  cœur  de  voir  comment  de  nos  jours  on  élève 

Notre  jeunesse  qui  n'a  plus  aucune  peur 

De  Mam  Traj^j).^  Les  garerons  se  mettent,  o  malheur! 

*  Ce  morceau  est  une  mise  en  action  tri^s  bien  réussie  de  la  parabole 
de  La  Baûle  «I  de  /a  Poutre, 

*  Stmê  IVapp.  Penonnage  fimtastiqne  qni  la  teille  de  No«l  entre 
arec  Tenfant  Jésns  dans  les  maisons  oii  fl  7  a  des  eniSsnts  ponr  pnnir 
cenx  qni  ont  étd  méchante,  pendant  qne  Tenfant  Jésus  récompense 
cenx  qui  ont  6tf  bons.  Ce  nom  provient  par  corruption  de  celui  d'un 
certain  Jean  de  Tratt,  chevalier-brigand  qni  se  fit  redouter  en  Basse- 
Alsace  et  dans  le  Palatinat. 


106 


un»  D*AUAfiK 


Tout  jeunes,  à  jouer.  Les  fines  qa*oii  courtise 

Ne  songent  plu;>  qu*au  luxe,  à  niaiiite  mignardise, 

Croyant  quo  c'est  bien  beau  quand  elles  s*en  vont  voir 

La  comédie,  et  quand  elles  vont  chaque  soir 

Au  Broglie  *  afin  que  chacun  les  y  reluque. 

Et  de  plus  chaque  jour  dessus  tous  les  remparts. 

Les  cheveux  dans  les  yeux,  tout  comme  une  perruque. 

Ces  folles  vous  auront  des  mines,  des  regards 

  vous  ébouriffer.  Leur  gorge  est  toute  nue 

Afin  que  tout  passant  profite  de  la  vue 

De  leur  tétons.  Aussi  leur  tour  de  gorge  est  fait 

De  façon  bien  friponne.  Et  quant  à  leur  corset, 

Est-il,  grand  Dieu  !  permis  qu'aussi  fort  on  le  laee? 

Elles  portent  enfin  un  costume  effronté 

Tout  comme  si  c'étaient  des  gens  do  qualité. 

La  jupe  en  taffetas  par  le  dessous  dépasse, 

Et  leurs  pantoufles  sont  de  drap  d'or  ou  d'argent, 

Avec  grands  falbalas,  avec  des  bas  de  soie 

Blancs,  qu'elles  lacent  fort,  afin  que  l'on  n'y  voie 

Le  moindre  petit  pli,  le  moindre  froncement 

Et  puis  au  grand  jamais  elles  ne  voudront  mettre 

De  souliers  noirs.  Oh  non!  les  souliers  devront  être 

De  couleur.  Vous  savez,  cousine,  n'est-ce  pas? 

Qu'autrefois,  aussi  vrai  que  je  suis  honorable, 

Le  monde  se  montrait  beaucoup  plus  respectable. 

Ah!  comme  on  nous  faisait  lire,  après  le  repas 

Du  soir,  dedans  la  Bible  !  On  ne  pouvait  desn  ndro 

Devant  la  porte,  non!  Kt  iiiiel  bruit,  quel  esclandre 

On  faisait,  Dieu  du  ciel!  et  comme  on  nous  grondait, 

Quand  Tune  d'entre  nous  seulement  accordait 

Le  plus  simple  bonjour  aux  messieurs  dans  la  rue! 

Aussitôt  on  disait  :  «  Dieu!  quelle  dissolue!  » 

Quand  on  société  quelqu'un  nous  embrassait! 

BALOHi 

Ma  cousine,  c'est  vrai!  mon  mari  me  disait 


*  Broglu,  prumeuade  à  Strasbourg,  rendez-vous  de  U  belle  sociéié. 


UTrttATURB  NfOLAlRB  DB  VUSkCSMUOLim  107 

Que  du  temps  qu'il  était  encor  célibataire 

Ça  marebait  autrement  Nul  gar(;on  n^allait  faire 

Du  luxe  CD  ses  habits  avant  qu'il  ne  fût  sec 
A  ses  oreilles.  Non!  jamais  jeune  blanc-bec 
Aux  Hlles  ne  faisait  la  l'our  ou  la  causette 
Quand  il  n'était  pourvu  de  barbe  ù  son  menton. 
Au  sortir  de  la  classi-,  aujourd'hui  1rs  voit-on 
Dans  les  lieux  oii  l'on  peut  trouver  quebiuc  fillette, 
Ces  beaux  étudiants!  Ma  Sâlmel  '  Tautre  loï& 
•S'était  permis  aussi  de  m'en  amener  trois 
Chez  nous.  Bonté  du  ciel  !  Comme  je  me  suis  mise 
A  gronder! 

URSULE 

Ma  cousine,  il  faut  que  jt;  le  dise 
Pour  sa  défense  :  alors  elle  ne  pouvait  pas 
Faire  autrement 

8AL0MÉ 

Pardon!  de  tricoter  ses  bas 
Lui  séait  beaucoup  mieux  que  de  rester  avecque 
De  jeunes  courtisans  qui  fcrait^nt  i>eaucoup  mieux 
D'aller  à  b-ur  collège,  à  la  bililiothèque. 
Ma  tille  ne  doit  pas  s'éloigner  de  mes  yeux 
De  plus  que  de  cent  pas.  Car  n'est-il  pas  immense 
De  nos  jours  le  danger  de  la  séduction?. . . 
MaisI  Connattriez-Tous,  ma  foil  puisque  j'y  pense, 
Le  jeune  magister*  donnant  rinstruction 
A  nos  petits? 

uRsi'i.i-: 

Mais  non  cousine!  Qui  donc  est-ce? 

'  Sahnel,  Salomé. 

'  Magist^f  candidat  pastear,  s'occuyant  d'enseignement  en  attendant 
une  cure. 


MTOB  D*Ai8âCI 

8AL0MÉ 

Un  homme  convenable  et  plein  de  f^t'iitillesse, 
Prêchant  déjà,  très  sage,  et  parlant  couramment 
Le  latin,  et  portant  sa  propre  chevelure; 
Et  de  plus  il  n'est  pas  brutal  de  sa  nature 
Comme  bien  d'autres  qui  mettront  tout  leur  talent 
A  nous  faire  pleurer  nos  enfants. 

URBULB 

Ma  cousine, 
Que  j"ai  bien  ri  jeudi  î  Mais  veuillez  m'excuser 
Si  je  vous  interromps, 

SALOUé 

Vous  fûtes  la  badine 
Envers  moi!  laissez  donc! 

URSULE 

Je  viens  de  m'amuser 
Ce  jour-là,  ma  cousine,  en  belle  compagnie 
De  messieurs  bien  ti«'ntils,  pleins  (re>prit,  de  flatté. 
Ah!  comme  ils  vous  menaient  bien  la  plaisanterie, 
A  se  rouler  par  terre!  sauf  un  seul  excepté 
Qu'en  tous  lieux  et  tout  temps  j'éviteraL 

SALOHÉ 

Cousine, 

Eh  bien!  pariez-vous  que  nioi  jo  le  devine? 

URSULE 

Si  vous  le  devinez,  ma  foi,  je  le  dirai. 

8AL0MÉ 

N'était-ce  pas  o  —  ? 

UBSULE 

, ,  _  V  (:\'st,  ma  foi,  vrai! 
Sa  présence  en  tous  lieux  m'est  bien  insupportable: 
C'est  un  fort  mauvais  homme,  un  esprit  pitoyable. 


UTTÊRATORB  POPULAIRE  DE  L^AUACB-UAftAtlIB 

Croyez-Tons  qu'une  fois  cet  être  portera 
Son  chapeau  sous  le  brasV  Ou  bien  qu'il  se  fera 
Friser  complètement?  Oh  non!  mais  sur  sa  veste 
Il  a  cent  taches,  et,  (luand  d'autres,  bien  ornés 

Sentent  l'eau  de  lavande,  au  contraire  il  empeste 
Le  tabac.  11  n'a  pas  de  gilet^^  galonnés, 
Le  croirez-vous,  cousine  ?  P>t  jamais  il  ne  reste 
Auprès  de  la  niai>()ii  Uuinniel;  jamais,  ma  foi! 
Aux  op^iioH  il  ne  monte.  K]\  ])ien!  que  l'on  proteste 
Ou  non,  moi  je  le  tiens  poui'  uu  sot.  Et  pourquoi  V 
Ne  me  parla-t-il  pas,  et  trois  heures  entières 
De  rien  autre,  ma  foi,  que  de  pur  sentiment? 
j^'était^  pas  niais?  Qu'il  vienne  seulement 
Et  me  dise  un  seul  mot!  Sans  fàire  de  manières, 
Comme  je  l'enverrai  promener  proprement! 
Ah!  les  autres  foisaient  bien  meilleure  figure. 
Payant  pâtisserie  et  bonne  confiture 
Qu'ils  faisaient  arroser  de  fort  bon  vin  muscat! 
S'ils  viennent  quelque  part,  vite  on  vous  accommode 
Ce  qu'il  y  a  de  fin,  de  bon,  de  délicat! 
Et  le  moindro  chition  sur  oux  est  à  la  mode, 
Chaiiuc  quinzaine  ils  ont  un  nouveau  vêtement. 
Oui  !  c'est  un  vrai  plaisir  d'avoir  un  tel  amant: 
Avec  lui  dans  la  rue  on  peut  se  montrer  fière. 
Le  sentiment  intime  V  Eh  !  que  peut-il  me  faire 
Quand  un  individu  ne  peut  rien  me  payer 
Ni  donner?  Mon  amour  est  prêt  à  se  rouiller 
Quand  à  mon  amoureux  ce  sentiment  ne  coûte 
Quelques  sous. 

SALOMÉ 

Mais  voyez!  combien  cela  déroute 

D'avoir  tant  à  penser.  Je  viens  de  remarquer 
Seulement  ntaintenant  cette  belle  enffogeante  * 


'  Engageante,  espèce  de  flcbu  à  la  uiode  à  Tépoque. 


110  RBVUB  D*AL8ACK 

Que  ma  cousine  a  là. 

Ma  (•i)U>ine  plaisante! 
De  moi  voudriez-voub,  ma  chère,  vous  moquer? 

BALOMÉ 

Cousine,  non,  vraiment!  Oh  bien!  la  belle  chose! 
Oii  l'avez-vous  donc  fait  broder  '/  L'o&illet,  la  rose 
Sont  comme  s'ils  vivaient. 

URSULE 

Moi?  Je  Tai  fait  broder 

Par  Madame  B&rweL 

8AL0MÊ 

Je  devais  le  cuider  ! 
Mais  ce  qui  me  déroute  auprès  de  ces  brodeuses 
C'est  qu'elles  font  bien  trop  attendre  les  dessins 
Qu'on  leur  a  confiés!. . .  Sommes-nous  curieuses?. . , 
Pour  qui  seraient  donc  bien  les  tartes  aux  raisins 
Que  nous  venons  de  voir  porter?  Pour  qui,  cousine, 
Le  penseriez-vous  bien? 

URSULE 

C  ('st  pour  une  voisine 
Qui  dans  le  Trou-Thomann  '  accoucha  justement 

salomA 
On  sonne  llieure.  Chut! 

UR8ULS 

Combien? 

BALOMÉ 

Midil 

UBBUIA 

Comment! 

C*e8t  vraiment  pitoyable! 

salomA 
Oh  !  ça  ne  peut  pas  Otrel 

*  Trou  Iftomomi  iDummdoeh},  rne  parallèle  à  la  Petite  Bne  des 
Boachen. 


LRTilUTimB  POPOLAtRB  DB  L'ALSACB-LORIUWB  111 

Midi! 

1JS8ULE 

Si!  vous  pouTOB  très  bien  le  reconnaître 
Par  le  son  des  tambours. 

SALOMÉ 

Loin  de  vous  en  aller 
Restez  (Micore  un  peu.  J'aime  voir  deiiler 
Ces  beaux  JSa^boviens.  ' 

URSUI.K 

Moi,  coubiue,  de  même. 

8AL01IÉ 

Us  viennent 

UB8ULE 

Cette  marche  est  belle  ! 

SALOHÉ 

Oh!oui!moij*aime 

Le  Bon  de  leurs  tambours. 

URSUIjE 

Ma  cousine,  toujours 
Je  suis  votre  servante  et  nullement  n'hésite 
D'humblement  vous  prier  de  donner  mes  bonjours 
A  votre  cher  mari. 

SALOMÉ 

Pareillement!  Bien  vite 
Il  faut  que  je  me  sauve.  Allons!  Bien  du  bonheur! 
Surtout  venez  bientôt  me  faire  une  visite. 

UUBULE 

Ma  cousine  sous  peu  je  m  on  ferai  1  bouneur! 
Rioz,  18  mai  1881. 

Ch.  Bbrdellê. 

(La  fin  à  la  pndiainê  Uvraiton.) 

'  7>.s  Nnsson'i'ii!^,  un  des  niatiraents  allemands  qu'avant  la  Révolution 
la  France  avait  à  sou  service.  Le?  princes  de  Nasi^ati  avaient  des  pos- 
sessions dans  cette  portion  du  Bus-iiiiin,  située  à  l'ouest  des  Vosiies,  et 
c«8  possessions  devaient  fournir  des  hommes  an  régiment  de  Natisau. 


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MATÉRIAUX 

poim  ssRvm  a 

L'HISTOIRE  DE  L4  GlERRE  DE  TRENTE  ANS 

tirés  des  arcHives  de  Colixieir 


(SuiU) 


3  janvier  1H42—  24.  mai  1643 

Démarches  de  la  ville  pour  pouvoir  prendre  part 
aux  néc^oeiations;  peu  de  sûreté  des  routes  eu 
Alsace;  nouvelle  apparition  du  duc  de  Lorraine; 
bourgeois  de  Golmar  prisonniers  à  0£fenJtx>ur£^ 
et  à  Philipsbourg;  insolences  des  gouverneurs 
de  ces  deux  plaises;  victoires  des  alliés  et  reprise 
des  négociations  :  quel  sort  réservé  à  l'Alsace  ? 
mort  de  Richelieu;  lettre  de  Mazarin;  contesta- 
tion au  sujet  des  donations  faites  par  la  Suède  à 
la  ville. 

En  apprenant  les  mesures  sérieuses  dont  les  plénipoten- 
tiaires étaient  tombés  d'accord,  la  ville  de  Colmar  s'empressa 
d'écrire,  sous  la  date  du  10  janvier  1642,  à  Salvins  et  à  Jean 
Oxenstim,  le  fils  du  chancelier,  qui  avait  été  adjoint  &  Tam- 
bassadeur  ordiniûre,  pour  qu'ils  prissent  ses  intérêts  en  con- 
sidération. Elle  leur  fit  sentir  que,  malgré  la  protection  de  la 
France,  elle  ne  pouvait  compter  en  toutes  choses  sur  son 
i^pui  et  que  la  bienveillance  de  la  couronne  de  Suède  pou- 
valt  seule  assurer  la  liberté  de  conscience  aux  protestants. 
{Frot.  miss.) 


ÈUfÙM  M  tk  éùtM  M  nSHTt  AM  IIA 

Le  résidant  Mockbol,  par  rentremise  duquel  la  ville  cor- 
respondait avec  les  ambassadeurs,  aj^issait  de  son  côté  à 
Stockholm  et,  par  sa  lettre  du  ;U  janvier,  il  ht  part  à  la  ville 
de  plusieurs  d(^i»êches  (ju'il  avait  iulr»'>sées  h  la  reine  de 
Suède,  et  oii  il  lui  recommandait  particuliet  enient  les  intérêts 
des  villes  protestautes  d^VLace,  Strasbourg,  Colmar  et 
MtlDster. 

15 

L'ouverture  des  conférences  avait  été  hxée  au  ^  mars,  et  la 
ville  ne  méconnaissait  pas  l'utilité  qu'il  y  aurait  pour  elle  d'y 
prendre  part.  Cependant  elle  n'avait  pas  encore  reçu  les  saufs- 
conduits  qui  lui  étaient  nécessaires,  et  ce  retard  ne  laissait 
pas  que  de  l'inquiéter.  Elle  venait  d'envoyer  à  Paris  le  régis- 
trateur  ou  archiviste  Jean-Balthasar  Schneider,  poury  solliciter 
rimmunité  fiscale  des  terres  appartenant  à  ses  bourgeois  hors 
du  ban  de  Cohnar  ;  *  elle  lui  écrivit,  le  7  février,  pour  le  prier 
de  faire  demander  ce  passe-port  par  le  comte  d*Avauz,  à 
l'ambassadeur  impérial  de  Lûtsow,  et  de  procurer  à  renvoyé 
de  Colmar  ses  entrées  chez  Tambassadeur  de  France. 

A  son  arrivée  à  Paris,  Schneider  avait  iq^pris  que  Louis  Xin 
était  parti  avec  toute  sa  cour  pour  la  Catalogne.  H  avait  cru 
de  son  devoir  de  rejoindre  le  roi,  et  ne  reçut  la  lettre  de  ses 
commettants  qu'à  Béziers,  le  ^  mars  1642.  Toujours  à  la  suite 
de  la  Cf)ur,  il  arriva  avec  elle  à  Narbouue  et  s'adressa  à  M.  de 
la  Barde,  premier  coiuinis  de  M.  de  Chavigny,  spécialement 
chargé  des  négociations  relatives  à  la  paix.  Il  apprit  ainsi,  que 
tous  les  états  et  villes  (rAlli  iuagne  qui  s'étaient  alliés  avec  la 
France,  devaient  avoir  part  aux  saufs-conduits.  Mais  jusque  là 
personne  n'ayant  rien  demandé,  les  bureaux  avaient  négligé  de 
se  mettre  en  mesure.  En  attendant  ce  passe-port,  Schneider 
obtint  une  lettre  du  roi,  sous  le  contre-seing  de  BouthiUier  le 
père,  datée  de  Narbonne,  10  avril,  portant  que,  sur  les  repré- 
sentations de  leur  député.  Sa  Mtgesté  fusait  savoir  à  ses  très 

'  X.  MOBSMA.NN,  Contestation  de  Colmar  anec  la  Cour  de  FVcmce  (IMl- 
1644).  —  Ck)liiiar,  £ag.  fiArth,  lb6»,  in-S^. 

Noomll*  SéiM.  —      année.  8 


lU 


BBVDB  D'ALSâCI 


chors  pt  bons  amis  de  Colmar  que,  par  le  traité  conclu  à 
HaiiilxHirg  'itouchant  les  j>r(''j)aratoires  h  la  paix»,  les  ennemis 
avaient  promis  de  mettre  à  la  dibposition  de  la  France  un 
sauf-conduit  pour  tous  ses  alliés  et  adhérents  dans  l'Empire, 
et  qu'au  moyen  de  ce  document  il  sera  loisible  à  la  ville  de  se 
foire  représenter  aux  conférences. 

Pour  n*être  plus  le  théâtre  de  la  guerre,  TAlsacen^en  restait 
pas  moins  exposée  aux  insultes  des  impériaux,  et  particuliè- 
rement de  la  garnison  d^Offenbourg,  qui  fidsait  de  fréquentes 
pointes  sur  la  rive  gauche.  Les  routes  et  la  campagne  étaient 
peu  sûres.  L*ennemi  en  embuscade  surprenait  les  marchands 
et  les  cultivateurs,  dételait  les  chevaux,  faisait  des  prisonniers 
et  disparaissait  La  ville  ne  demandait  pas  mieux  que  de  faire 
battre  le  pays  par  de  fréquentes  patrouilles;  mais  il  se  trou- 
vait dos  sei^'iH'uries  qui  prenaient  oml)ra<:;e  de  ces  mesures 
protectrices,  et  à  qui  il  ne  convenait  i)as  de  laisser  violer  leur 
territoire  par  les  soldats  de  la  garnison  allemande  de  Colmar. 
{Prot.  miss,  lettre  au  général  d  Erlach  du  13  février  h'A'2.)  Le 
16  mai,  cinq  cavaliers  tombèrent  sur  des  voituriers  suisses, 
près  du  pont  de  la  Kat^wang,  à  qui  ils  enlevèrent  quatre 
chevaux  et  une  trentaine  de  rixdales.  Les  voituriers  portèrent 
plainte,  et  le  magistrat  envoya  contre  les  voleurs  un  détache- 
ment qui  les  joignit  dans  la  forêt  du  Bothlœublen.  Sommés  de 
se  rendre,  ils  résistèrent,  et  Tun  d*eux  fat  tué  les  armes  à  la 
main.  On  Pamena  avec  son  cheval  à  Colmar,  oh  il  fut  enterré 
peut^tre  avec  trop  de  précipitation.  H  se  trouva  que  ce  n*était 
pas  un  ennemi,  et  que  les  auteurs  de  cet  attentat  étaient  des 
cavaliers  du  réghnent  de  Rosen.  (iVof.  min.  lettres  à  d^Erlach 
et  au  colonel  Rosen,  du  17  et  du  19  mai,  et  lettre  de  ce  dernier 
à  la  ville,  du  2'J  mai.)  Cependant  les  Impériaux  n'étaient  pas 
loin;  car,  le  17  au  soir,  un  parti  de  la  garnison  d  Offenbourg, 
posté  dans  le  Landgraben,  fit  plusieurs  prisonniers,  entre 
autres  le  commissaire  des  guerres  Courrier,  en  résidence  à 
Colmar,  qui  toutefois  ne  tarda  pas  à  recouvrer  sa  liberté. 


HISTOIHE  Diù  LA  (UJERRË  DB  TRENTE  ANS  115 

Certaines  drconstances  donnèrent  lieu  à  la  ville  de  eroire 
que  les  ennemis  en  voulaient  surtout  à  ses  bourgeois.  Elle 
trouvait  de  plus  qu*on  les  traitait  plus  rigoureusement  que 
tous  les  autres  prisonniers,  et  elle  s*en  plaignit  au  résident 
Mockiiel  et  au  général  migor  d*Erlach,  par  lettres  du  28  et 
du  29  mai.  (iVo*.  witM.)  C'était,  disait-elle,  grâce  aux  accoin- 
tances que  les  Impériaux  avaient  formées  à  Sôlestadt,  qu'ils 
pouvaient  ainsi  s'aventurer  sur  la  rive  gauclu',  et  elle  crut 
que  plus  de  sévérité  k  l'égard  des  prisouiiier;)  eunemis  ren- 
drait leurs  compagnons  plus  prudents. 

Le  mal  était  que  le  plat-pays  était  sympathique  à  ces  entre- 
prises; e'était  aux  Impériaux  que  les  paysans  portaient  leurs 
informations,  plutôt  qu'aux  garnisons  françaises  ou  suédoises 
de  Colmar,  de  Brisach,  de  Sélestadt  et  de  Benfeld.  Il  n'était 
possible  d'obvier  à  cet  inconvénient  que  par  des  reconnais- 
sances fréquentes  et  combinées  entre  les  diverses  places-fortes, 
et  c'est  dans  ce  but  que  Colmar  écrivit,  le  9  juin,  à  Mockhel, 
a\n-b>  avoir  déjà  oljtenu  du  général  d'Krlach  qu'il  ferait  plus 
exactement  surveiller  le  pays  entre  le  Rbin  et  l'Ill.  {Prot. 
misi.)  Le  résident  partageait  les  vues  de  Colmar,  et  il  aftirme 
qu'il  se  passait  peu  de  jours  sans  que  le  gouverneur  de  Benfeld 
envoyât  au  dehors  quelque  parti  de  sa  garnison.  Il  s'agissait 
d'en  obtenir  autant  de  Sélestadt,  qui  devait  surveiller  le  cours 
de  rill  et  le  passage  du  Landgraben. 

Cependant  los  pointes  de  l'ennemi  ne  discontinuaient  pas; 
d'Krlach  qui  avait  envoyé  une  partie  de  ses  troupes  en  Lor- 
raine, fut  contraint  de  les  faire  revenir;  en  attendant  leur 
retour,  il  requit  quarante  hommes  de  la  garnison  française  de 
Colmar,  auxquels  la  ville  joignit  bénévolement  vingt-cinq 
hommes  de  sa  compagnie  allemande.  {Frot,  miss,  lettre  à 
d'Erlach,  11  juillet  1642.) 

C'était  une  nouvelle  apparition  du  duc  de  Lorraine  qui 
motivait  ces  mesures.  Il  est  vrai  qu'elle  fut  de  courte  durée, 
et  que  le  prince  ne  dépassa  pas  Mohdieim  et  ObemaL  Mais 


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lié  Mm  b'auaci 

cela  n'empêcha  point  les  cavaliers  du  lieutenant-colonel 
Bissinger  de  pousser  jusque  dans  le  plus  proche  voisinage  do 
Colmar,  où  ils  s'emparèrent,  dans  la  première  quinzaine  d'août, 
de  deux  bouj^eois  et  de  vingt  et  quelques  chevaux,  qut  furent 
menés  au  camp  du  duc  de  Lorraine,  et  de  là  à  Landau.  On 
exigea  de  chaque  prisonnier  une  rançon  de  230  rixdales,  qui 
dépassait  de  beaucoup  leurs  ressources.  Les  Impériaux 
d*Ofienbourg  en  usaient  de  môme,  et  un  de  leurs  partis  enl^ 
vait  à  la  m6me  époque,  dans  la  forêt  du  Kastenwald,  entre 
Colmar  et  Brisach,  tantôt  le  messager  de  la  chancellerie, 
tantôt  de  simples  bourgeois.  Le  magistrat  écrivit,  le  15  août,  à 
d'Oysonville  {Prot.  miss.  gaU.\  pour  le  prier  d'intervenir 
auprès  des  gouverneurs  de  Pliilipslxmrg  et  d'Offeiibourg,  où 
les  prisonniers  avaient  été  menés.  Le  19  août,  il  s'acb  essa 
aussi  au  gouverneur  do  Benfeld,  le  colonel  Moser,  en  lui 
demandant  son  agrément  pour  tenter  une  surprise  de  l'autre 
côté  du  Rhin,  dans  le  but  de  ramener  des  prisonniers  à  échan- 
ger contre  ses  bourgeois.  (FtaL  miss,  yerm.)  D'£rlach  prévint 
ses  désirs  et  lui  envoya  un  cavalier  de  Bissinger  qu'il  avait 
entre  ses  mains.  (iVot  mw».  lettre  à  d'Ërlach  du  23  août)  Le 
projet  d^euToyer  un  parti  au-delà  du  Rhin,  pour  se  nantir  de 
prisonniers  d'Offenbourg,  lut  aussi  Tobjet  d*une  lettre  du 
30  août,  également  au  général-m^'or  d'Erlach. 

Cependant,  mieux  sur  ses  gardes,  le  gouTemeur  de  Brisach 
parvint  à  s'emparer  de  tout  un  parti  de  la  garnison  d'Offen- 
bourg,  qui  s'était  aventuré  sur  la  rive  gauche  du  Rhin.  Au 
nombre  des  prisonniers  se  trouvait  un  déserteur,  le  nommé 
Kleindienst,  de  Sainte-Croix,  vassal  de  Colmar,  à  qui  il  avait 
fait  hommage.  La  ville  en  demanda  l'e-xtraditiou  par  une 
lettre  du  IG  septembre.  {Prot.  7niss.) 

Le  baron  d'Oysonville,  qui  était  alors  h  Saverne.  ne  jugea 
pas  ù  propos  d'écrire  immédiatement  au  gouN criicur  de  Philips- 
bourg,  le  colonel  Bamberger.  Il  voulait  d'abord  envoyer  un 
fort  parti  dans  lo  margraviat  de  Bade,  avec  ordre  de  ramasser 


RBfoni  M  u  «mu  M  msim  Am  117 

tout  ce  qu'il  pourrait  de  prisonniers.  Une  fois  les  mains  gar- 
nies, il  promettait  (lettre  du  19  septembre)  de  parler  hardiment 
et  de  traiter  ses  prisonniers  comme  Tennemi  traitait  les  gens 
de  Colmar.  Le  lieutenant  du  roi  se  ravisa  pourtant,  et  il 
annonce  ^  ^  ville,  le  21  septembre,  le  départ  d'un  trompette 
porteur  dMine  lettre  pour  Bamberger.  H  en  rapporta  une 
réponse  on  ne  peut  plus  offeosante  pour  la  ville  et  que 
d^Oyflonville  s'empressa  de  lui  communiquer,  tne  voulant  pas 
lui  cacher  le  maltalent  qu*il  paroist  en  ieelle,  que  le  party 
impérial  a  pour  elle».  H  ne  restait  qu*à  attendre  le  retour 
d*un  parti  que  d^Qysonville  avait  envoyé  six  jours  auparavant 
tout  exprès  pour  foire  des  prisonniers,  quil  promettait  de 
livrer  à  Gohnar.  Le  m6me  trompette  était  porteur  d*une  lettre 
de  deux  bourgeois  de  Colmar,  Henri  Gsell  et  Jean  Walch, 
prisonniers  à  Philipsbourjj. 

De  son  côté  d'Erlach  s'était  a<lress6  au  colonel  de  Schauen- 
burg,  gouverneur  d'Offenbourg,  pour  lui  proposer  d'échanger 
les  bourgeois  de  Colmar  contre  des  prisonniers  qui  se  récla- 
maient de  lui.  Schauenburg  reçut  cette  ouverture  fort  mal  ;  il 
manda,  le  10  octobre,  au  gouverneur  de  Brisach,  qu'il  ne  pou- 
vait considérer  les  gens  de  Colmar,  en  général,  que  comme 
des  parjures  et  des  rebelles,  coupables  du  massacre  d'une 
partie  de  la  garnison  impériale,  en  1632;  l'un  des  deux  prison- 
niers qu*fl  tenait,  était  particulièrement  accusé  d'avoir  tué 
trois  soldats  de  sa  main,  et  quant  à  Téchange  proposé,  il 
voulait  le  restrdndre  aux  seuls  habitants  de  Brisach  et  de 
MarkolsheinL 

Cette  exclusion  outra  moins  notre  ville  que  les  inculpations 
injurieuses  dont  elle  était  l'objet  Elle  répondit  au  général 

major,  le  21  octobre,  pour  protester  hautement  contre  cette 

atteinte  portée  à  son  honneur,  et  pour  repousser  comme 
dénuées  de  tout  fondement  les  allégations  de  Schauenburg. 
Les  hommes  qui,  contrairement  au.\  constitutions  de  l'Empire, 
avaient  été  chassés  des  emplois  et  exilés,  n'étaient  pas  respou- 


118  Btnn  »*AiAus 

sables  da  tumulte  qui  avait  accompagbé  la  reddition  de  la' 
Tille  aux  Suédois,  mats  ceux  qui  se  trouvaient  alors  à  la  tdte 

dos  affaires,  et  dont  quelques-uns  vivent  encore.  Le  tumulte 

iiiême  n\'tait-il  i)as  la  suit';  des  discours  iinprudonts  de  la 
garnison,  qui  no  parlait  de  rien  moins  que  de  massacrer  le 
mafîistrat  et  la  bourgeoisie?  Dans  tous  les  cas,  ce  n  e^t  pas  à 
quelques  chefs  militaires  à  condamner  la  ville,  quand,  par 
une  convocation  spéciale  à  la  diète  do  Ratisbonne,  Tenipereur 
lui  avait  solennellement  reconnu  le  rang  et  la  qualité  d'état 
de  TËmpire. 

Sur  ces  entrefaites  un  incident  favorable  mit  entre  les 
mains  de  d*Erlach  plusieurs  prisonniers  de  distinction,  appar- 
tenant à  la  garnison  d'Qffenbourg.  Le  colonel  de  Schauenburg 
se  radoucit^  et  les  deux  bourgeois  de  Colmar  fiirent  mis  en 
liberté.  Mais  arrivés  à  Brisacb,  ces  pauvres  gens  furent 
retenus  par  les  ordres  du  gouverneur,  qui  prétendit  que 
réchange  n'avait  été  consenti  par  le  commandant  d*Offenbourg 
que  moyennant  une  soulte  de  500  rixdales.  La  ville  intervint 
de  nouveau,  et  le  général  major  délégua  le  colonel  Hattsteîn 
pour  traiter  de  l'affaire.  Celui-ci  en  remit  le  soin  à  quelques 
ofhciers  et  l'on  Huit  par  tomber  d'accord  moyennant  quelques 
foudres  de  vin.  Mais  le  marché  ne  fut  pas  reconnu  par  d"Er- 
lach,  qui  tenait  à  ce  que  la  rançon  fût  en  argent.  La  ville  finit 
par  prier  M.  de  Polhelm  de  dénoncer  À  la  cour  ce  procédé  du 
gouverneur,  oîi  elle  ne  voyait  qu'une  grossière  tentative  d'ex- 
torsion. {Fr<4,  nûss.  lettre  du  28  décembre.) 

Malgré  la  nouvelle  phase  ot  le  dernier  traité  de  Hambourg 
avait  fait  entrer  les  négociations,  Taction  diplomatique  fiiisait 
peu  de  progrès.  Tant  que  le  sort  des  armes  restait  incertain» 
TEmpure  était  peu  disposé  à  ces  concessions,  sans  lesquelles 
le  parti  protestant  ni  la  Firance  n'étaient  disposés  à  transiger 
(Ct  lettre  de  Mockhel  du  6  décembre).  La  victoire  de  Lérida 
sur  les  Espagnols,  celle  de  Leipzig  sur  Parchiduc  Léopold 
rendirent  Tempereur  plus  accommodant  Ck)lmar  eut  avis  de 


BvioiBB  m  Là  fioiaii  DB  nom  ms  119 

îft  dé&ite  des  Impériaux  par  une  lettre  pleine  d'intérêt,  datée 
du  camp  devant  Leipzig,  30  octobre  1042,  dont  Mockhel  lui 
envoya  copie.  Le  Kl  novembre,  le  baron  d'Oysouville  écrivit 
à  la  ville  pour  ren^afier  à  se  joindre  à  M.  Clausier  pour 
rendre  grâce  à  Dieu  des  victoires  obtenues  par  les  maréchaux 
de  La  Mothc  et  Torstenson  sur  les  principales  armées  de  la 
maison  d'Âutriche. 

Par  une  lettre  du  28  mars  1643,  Salvius  put  annoncer  que 
les  ratificatioDS  du  traité  de  Hambourg  et  les  saufs-conduits 
avaient  enfin  été  échangés,  et  que  Ton  était  tombé  d*accord 
d*oavTir  définitivement  les  confinées,  le  j|  juillet,  à  Osna- 
brQck  et  à  MOnster.  Ce  n'était  pas  trop  tôt:  Salvius  était 
depuis  sept  ans  chargé  de  traiter  des  seuls  préliminaires  de  la 
paix.  Les  saufe-condnits  n*étaient  pas  nominati&:  Mockhel 
devait  envoyer  à  l'ambassadeur  les  noms  des  états  de  son 
ressort  appelés  à  se  faire  représenter. 

Le  20  avril,  Salvius  adressa  directement  à  Colmar  une  copie 
notariée  du  sauf-conduit,  en  faisant  remarquer  à  la  ville  que 
si  la  reine  de.  Sui3de  avait  voulu  sacrifier  st;s  alliés  et  ses  core- 
ligionnaires, il  n'aurait  pas  fallu  tant  de  temps  pour  mener 
l'affaire  à  ce  point 

Malheureusement  pour  la  maison  d'Autriche  et  rÂllemagne, 
il  ne  s'agissait  plus  seulement  de  la  liberté  religieuse  des  pro- 
testants :  c'étaient  le  territoire  et  les  frontières  de  l'Empire 
qui  étaient  en  jeu,  et  les  hommes  qui  présidaient  à  ses  destinées 
ne  pouvaient  se  résigner  à  ce  sacrifice.  Un  mémoùre  daté  du 
^janvier  1643,  et  signé  par  le  D"  Weber,  avocat  consultant 
de  la  ville,  donne  de  curieux  renseignements  sur  les  préoccu- 
pations qui  assiégeaient  alors  les  esprits.  Chargé  d'une  mission 
auprès  du  D' Welcker  qui,  sons  le  titre  d'auditeur  général, 
exerçait  à  Brisach  les  plus  hautes  fonctions  civiles  à  CÔté  du 
général  major  d'Erlach  et  du  lieutenant  du  roi  d'Oysonville, 
Weber  rend  compte  dans  ce  rapport  de  la  conversation  qu'il 
avait  eue  avec  ce  personnage  et  qui  touchait  au  sort  réservé 


m 


Rsm  d'alsaci 


à  TAlsace.  II  ne  doutait  pas,  disait-il,  qu'il  ne  s'accomplît 
prochainement  un  cbangement  notable  dans  la  situation  dn 
pays.  Strasbonig  y  passera  comme  le  reste:  quand  le  rm 
rédamera  le  pont  du  Rhin,  cette  yille  ne  pourra  pas  se  main* 
tenir  davantage.  La  France,  continua-t-il,  avait  songé  à  créer 
une  justice  ambulatoire,  mais  ce  projet  n^ayait  pas  aboutL  II 
est  question  maintenant  de  placer  quatre  agents  à  la  tête  du 
diocèse  de  Strasbourg,  de  l'Alsace,  du  Sundgau  et  du  comUÎ  de 
Montbéliard,  relevant  tous  les  quatre  d'un  président  ou  d'un 
commissaire  central  et,  dans  ce  cas,  Colmar  devra  se  résigner 
et  obéir  comme  les  autres  états  de  la  province.  Bientôt  le 
pays  en-deça  du  Rhin  reprendra  son  nom  d'Austrasie.  On 
avait  d^à  discuté  la  question  des  appels  de  Sélestadt  à  la 
diambre  impériale  de  Spire,  et  tout  en  reconnaissant  que  ces 
appels  étaient  de  droit,  le  baron  d^Oysonville  avait  été  d'avis 
de  soumettre  les  procédures  en  instance  supérieure  à  une 
simple  révision.  Du  reste  on  doit  savoir  que,  d'aprte  Limneus, 
Colmar  n'était  pas  à  proprement  parler  une  ville  libre,  puis- 
qu'elle était  sous  ravnuerip  d'un  j^rand-bailli,  et  qu'elle  n'était 
état  de  l'Empire  qu'en  sa  qualité  de  membre  de  la  Décapole. 

Peu  de  temps  avant  cet  entretien  remarquable,  Colmar 
avait  reçu  la  nouvelle  de  la  mort  de  Richelieu.  La  politique 
de  ce  grand  homme  d'£tat  l'avait  bien  disposé  pour  la  petite 
république  qui  avait  su,  au  prix  d'une  capitulation  et  d'une 
alliance  qu'on  qualifiait  de  trahison,  se  soustraire  au  joug  de 
la  maison  d'Autriche,  sans  se  douter  du  risque  beaucoup  plus 
grand  auquel  elle  s'o^sait  La  ville  ressentit  cette  perte  et 
en  exprima,  le  28  décembre,  ses  regrets  au  comte  de  Chavigny 
et  à  M.  des  Noyers,  à  qui,  par  la  môme  occasion,  elle  recom- 
manda ses  intérêts.  Elle  écrivit  en  même  temps  au  cardinal 
Mazarin,  pour  le  féliciter  du  choix  que  Louis  XIII  avait  fait 
de  lui  pour  renq)la(xn'  le  cardinal-duc,  et  pour  le  prier  de  con- 
server à  Colmar  les  mêmes  sentiments  que  son  prédécesseur 
lui  portait  (iVo^  mtM.  gaU,) 


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HISTOrRB  DE  LA  OOmitE  DE  TRENTE  ANS  131 

La  réponse  da  Bfasarin  est  du  19  lévrier,  et  mérite  d*6tre 
transerite  textueUement 

«  Messieurs,  la  passion  particulière  que  Je  scay  que  Monsieur 
le  Cardinal  Due  auoit  pour  les  intérêts  de  vostre  Republique, 
ne  me  permet  pas  de  douter  que  vous  n'ayez  esté  très-sensi- 
blement touchez  de  la  mort  de  ce  grand  Ministre.  Bien  que  je 
me  trouve  fort  esloignt^  de  ses  merveilleuse^  <[ualitez,  Je  vous 
puis  néant  moins  asseurer  (\w  je  luy  ay  sufTrdé  en  Ijnclina- 
tion  qu'il  auoit  de  vous  seruir  auprès  du  Hoy,  et  que  je  croirois 
faire  tort  à  ce  que  je  dois  à  la  mémoire  de  celuy  par  le  conseil 
et  à  la  prière  duquel  II  m'a  fait  Thonneur  de  me  donner  part 
en  la  conduite  de  ses  afiaires,  si  j'auois  un  autre  sentiment. 
Je  TOUS  supplie,  Messieurs,  de  le  croire  et  de  croire  encore 
que  n'ignorant  pas  le  sele  qu'entre  toutes  les  Villes  Impérialles 
la  vostre  a  tesmoigné  anoir  pour  cette  Couronne,  Je  ne  m'es- 
timerois  pas  estre  assez  bon  françois,  si  j'espargnois  aucune 
sorte  d  offices  auprès  de  sa  Majesté  pour  la  porter  à  vous  con- 
tinuer sa  lloyalle  protection  et  si  je  laissois  perdre  aucune 
occasion  oii  je  pûsse  vous  faire  paroistre  que  je  suis  vérita- 
blement, Messieurs,  etc.  » 

Le  bon  vouloir  du  nouveau  ministre  n'était  pas  de  trop  dans 
un  moment  où  des  difiicultés  de  plus  d'un  genre  pesaient  sur 
la  rille.  Sans  parler  des  négociations  oti  son  sort  allait  se 
décider,  la  question  de  la  d!me  extraordinaire  n'était  pas 
vidée.  D'un  autre  côté  l'étalrmajor  du  feu  duc  de  Weimar 
soulevait  des  prétentions  qui  allaient  jusqu'au  renversement 
des  avantages  qu'Oxenstirn  avait  accordés  à  la  ville.  Avant  sa 
mort,  Bernard  usant  royalement  du  droit  de  la  guerre,  avait 
distribué  à  ses  officiers  ditlérents  domaines  situés  sur  la  rive 
gauche  du  Khin  et,  h  cette  occasion,  Colmar  avait  déjà  dû 
justifier  de  ses  droits  sur  Holzwilir  et  Wickcrscbwihr.  On  lui 
lit  de  nouvelles  difficultés  au  sujet  de  H«>rlisbeim,  l'accusant 
même  de  n'être  en  possession  de  cette  villette  qu'en  vertu 
d'un  blanc-sein^  arraché  au  grand-chancelier.  {OL  Mémorial 
du  D' Weber,  du  ^janvier.) 


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La  mort  de  Richelieu  procura,  comme  à  tant  d'autres,  la 
liberté  au  premier  gouverneur  de  Colmar,  M.  de  Manicamp, 
qui,  après  s'être  cru  un  instant  le  favori  du  ministre,  était 
tout  à  coup  tombé  dans  la  plus  profonde  disj^nice.  Il  écrivit  à 
la  ville  le  1*J  février,  de  Manicamp,  pour  se  rappeler  à  son 
souvenir  et  lui  offrir  le  crédit  d'amis  puissants  qu'il  avait  à  la 
cour,  mais  oii  il  n'avait  pas  encore  licence  d'aller. 

Son  successenr,  le  marquis  de  Montausier,  revint  peu  après 
en  Alsace.  Il  avait  été  nommé  maréchal  de  camp  et  avait  été 
r^oindre  en  cette  qualité  le  comte  de  Guébriant  en  Allemagne. 
Une  lettre  de  lui,  jointe  au  dossier,  est  datée  du  camp  d*Or- 
dingen,  29  juillet  1642.  Le  22  mars  1643,  U  avait  repris  son 
poste  à  Sélestadt  :  sous  cette  date,  Colmar  lui  envoya  pour  sa 
bienvenue  un  présent  d*avoine,  que  le  gouverneur  accepta 
avec  autant  de  cordialité  qu'on  le  lui  offrait 

X.  MOSSMAKlî. 


(La  tmtê  prodiainemnAO 


NOTES  BIOGRAPHIQUES 

BÏÏB  LES 

HOMMES  DE  lA  RÉVOLUTION 

STRASBOURG  ET  LES  ENVIROHS 


SâNCY  (Bruxet  de). 

1789.  Capitaine  en  premier  au  corps  royal  d'artillerie, 
attaché  à  la  fonderie  de  Strasb  lur^s:,  chevalier  de  Saint-Louis. 
—  Septembre  1791 .  Membre  du  Conseil  d'administration  du 
district  de  Strasbourg,  lequel  s'étant  conslituô  le  15  suivant, 
le  nomma  président,  fonction  qu'il  oooupa  juaqa^aa  18  oc- 
tobre 1793»  pour  &ire  place  à  Klaaser  ou  Glaseer,  un  baron 
pmsBien. 

QABEZ  (Simon). 

N6  à  Strasbourg  en  1755,  où  i\  était  professeur  de  français 
avant  1789  —  En  1789.  Du  Cîoinitè  de  la  garde  nationale  — 
1"  juillet  1790.  Capitaine  de  la  garde  nationale  de  Strasbourg, 
il  part  avec  quarante-six  bommes  pour  assist^'r  à  la  fôte  de 
la  fédération  à  Paris  —  15  septembre.  De  la  Société  des 
amis  de  la  constitution  :  il  avait  alors  35  ans  —  7  février  1798. 
De  celle  des  jacobins  —  31  juin.  Au  Club  U  Signe  l'adresse 
à  envoyer  à  toutes  les  sociétés  affiliées,  sur  la  situation 
politique  des  frontières  —  21  juin.  Pour  ce  fait  il  est  cité 
devant  le  juge,  et  le  Club  est  fermé  —  21  août.  Membre  de 
l'administration  départementale  —  13-14  novembre.  A 


RETUE  D'ALSACE 


rélection  tenue  à  Wissembourg,  il  est  maintenu  dans  ces 
fonctions  —  17  mai  1793.  Inscrit  comme  volontaire  pour 
aller  en  Vendée  —  8  octobre.  Membre  du  Comité  de  surveil- 
lance et  de  sûretô  générale  du  Bas-Rhin  —  17  octobre.  Il 
apivouve  une  liste  de  deux  cent  qu.'irante  huit  suspects, 
mis  au  Séminaire  —  3  novembre.  Saint-Just  déclare  qu'il  ne 
sera  pas  compris  dans  Tarrestatioii  de  ses  collègues  du 
département  —  25  novembre.  D'une  commission  pour  pré- 
senter les  moyens  d'opérer  la  levée  des  habitants  du  Bas- 
Rhin  —  19  décembre.  Aux  Jacobins,  il  vote  la  mort  de  tous 
les  suspects  —  25  décembre.  Proposé  pour  notable  du  Con- 
seil de  la  commune  de  Strasbourg  —  19  février  1794.  Il  est  à 
Paris— 24 août.  De  retour,  il  fait  appel  aux  Strasbourg  eoises 
pour  la  confection  d^effets  militaires  —  28  août.  Chargé 
d'examiner  la  conduite  de  Noisette  et  Burger,  enfermés  au 
Séminaire  —  25  octobre.  Encore  aux  Jacobins  —  En  1796. 
Membre  du  Comité  d'administration  du  théâtre  de  bienfai- 
sance à  Strasbourg.  Il  avait  la  garde  du  magasin. 

SAURIAT  (Jean-Charles). 

Né  en  1754  à  Poligny,  où  avant  1780  il  était  sinnple  bour- 
geois —  20  avril  1791.  Agé  de  10  ans,  gènOr  (io  brigade  à 
Strasbourg,  il  est  reçu  membre  de  la  Société  des  jacobins. 
Encore  inscrit  le  25  octobre  suivant 

SGàER  (Laurent). 

.  1789.  Un  savetier  de  Strasbourg  —  1793.  Membre  de  la 
Société  des  jacobins,  le  maire  Monet  le  foit  élire  notable  du 
Conseil  municipal  le  80  janvier  1794;  trois  mois  après  il 
était  déjà  remplacé»  et  le  25  octobre  il  ne  figure  plus  aux 
Jacobins  —  1805.  Cionductôur  auxiliaire  pour  travaux  de 
navigation  à  Strasbourg. 

SCHATZ  (Jacques). 

1789.  Fabricant  de  bas  à  Strasbourg  —  26  février  1791.  De 
la  Société  des  amis  de  la  constitution  —  7  février  1792.  De 
celle  des  jacobins  —  18  janvier  1793.  Officier  municipal  — 
16  février.  Les  représentants  Dentzel  et  Ciouturier  lui  en- 


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us  «nom  M  u  ftivoLonoM 


1S5 


joignent,  par  la  filière  du  Comité  permanent  du  Conseil 
général  de  la  commune,  de  tenir  dorénavant  une  conduite 
plus  prudente  — 12  mai.  Avec  la  8"  section,  U  demande  à  la 
Convention  nationale  le  bannissement  de  Schneider  — 
1"  juin.  Chargé  de  prendre  des  infiMrmations  sur  Marhacfa, 
receveur  des  Orphelins,  suspect  d*arf8tocratie,  tenant  au 
parti  des  émigrés  et  des  nobles.  Ses  papiers  seront  scellés 

—  8  octobre.  Maintenu  officier  municipal  —  18  octobre. 
Procureur  de  la  commune  —  2  novembre.  Sur  une  liste  de 
suspects  —  3  novembre.  SaintJust  ordonne  de  ne  point  le 
comprendre  dans  Tarrestation  de  ses  collègues  —  5  nov. 
Agent  national  de  la  commune  —  2  décembre.  Procureur 
provisoire  de  la  commune,  il  s'oppose  à  la  destruction  des 
statues  de  la  cathédrale  —  25  décembre.  Proposé  pour  le 
tribunal  du  district  de  Strasbourg  —  27  décembre.  Agent 
national,  il  requiert  la  police  à  fairo  démolir  la  maison 
Scharrer,  place  du  Marché-aux-Poissons,  n»  7G  —  2G  février 
1794.  Présideiit  du  district  de  Strasbourg,  il  atteste  les  faits 
dénoncés  au  Comité  de  salut  public  de  la  Convention  natio- 
nale contre  Schneider  —  25  octobre,  il  ne  ligure  plus  aux 
Jacobins. 

8GBJSFFTER  (Geobœ). 

Né  en  1757  à  RibeaaviUé  —  Avant  1789.  Commis  dans  les 
administrations  publiques  — 1791.  Employé  des  douanes  à 
Strasbourg  —  22  novembre  1793.  Visiteur,  il  est  reçu  mem- 
bre du  Club  des  jacobins,  où  il  est  encore  le  25  octobre  1794. 

SGHEEIER  (Jban). 

Un  ex-moine  allemand,  de  Tordre  des  Carmélites,  qui 
est  venu  s'abattre  en  Alsace,  fin  1790  —  1791.  Caré  catho- 
lique assermenté  de  Bischheim-au*Saum,  prés  de  Strasbourg 

—  7  novembre  1793.  Au  maire  de  cette  commune,  Jean 
Schaub,  il  déclare,  que  ne  parvenant  pas  à  détruire  le 
fanatisme  dans  la  commune,  il  était  décidé  à  renoncer  an- 
tièremeîit  à  l'état  de  prêtre  pour  devenir  homme  libre  et 
gagiier  sa  vie  autrement  que  parles  ti'omperies  sacerdotales. 


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m 


RCTDB  D*AUAGS 


Il  prie  le  maire  de  lui  certifier  sa  déclaration,  puis  il  s'adresse 
à  révéque  conotituUoniiel  Brendd. 

Comitoj  <;n, 

Il  y  a  assez  lungtemps  que  coDtre  ma  volonté  j'appartiens  à  la  bande 
noire  des  prêtres,  il  ett  temps  qne  je  m'en  sépare  et  que  je  redevienne 
homme  ;  Je  tous  somme  donc  de  me  biifer  de  In  liste  de  tm  eneensenn 
d'idoles. 

Un  mois  après  qa*il  étsjt  homme  libre,  D*  Stamm  rem- 
ploya comme  cinquième  commissaire  porr  la  levée  des 
taxes  révolutionnaires  de  SaintJust  et  Lebes,  dans  les 
communes  des  environs  de  Wasselonne;  mais  comme  ses 
quatre  autres  collègues  avait'nt  d^à  ver^è  leurs  recettes,  et 
que  les  siennes  n'snivai<>nl  pas,  1h  Comité  de  surveillance 
et  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin,  fit  sceller  et  déposer  ses 
papiers  au  tribunal  et  ordonna,  le  16  décembre,  qu'il  serait 
interrogé  —  19  décembre.  D  verse  46.339  livres  à  Blanchot 
— 1793.  Bien  qu^ayant  fait  partie  de  h  Société  des  jacobins, 
il  ne  figure  pas  sur  la  liste  dressée  le  25  octobre  1794. 

SCHILLING. 

1789.  Avocat-secrétaire-intrrprèle  à  la  suite  du  Conseil  de 
la  régence  et  Cour  féodale  à  Saveme  —  1792.  Avoué  (jradué 
au  tribunal  du  District  séant  à  Saverne  —  1793.  De  la  Société 
des  jacobins  à  Strasbourg  —  10  septembre.  Dé[)uté  par  le 
Club,  1"  à  la  municipalité,  pour  faire  arrêter  le  professeur 
Ditterich,  Noisette  et  Wild;  2"  au  commandant  de  la  place, 
pour  qu'il  prenne  les  mesures,  afin  que  ces  oiseaux  ne 
s'évadent  pas,  et  malheur  à  ceux  qui  leur  donneront  asile 
—  25  octobre  1794.  Encore  inscrit  aux  Jacobins. 

SCHLŒSSING. 

1789.  Agriculteur  à  Bouxwillor  —  179.3.  Commissaire  de 
la  République,  il  arrive  à  Ohluiigen.  can'on  do  Haguen-ju, 
ordonne  d'allumer  un  feu  sur  la  place  d  i  village  pour  y 
brûler  publiquement  la  statue  «1»'  la  Vierge.  Quelques  pieuses 
fill»  s  réussirent  à  trouif^er  sa  surveillance;  elles  jetèrent 
dans  les  lia  mines  une  pièce  de  bois  couverte  d'oripei^ux,  et 


us  BOMms  n  la  tÉmono!! 


127 


déposèrent  dans  le  lit  du  ruisseau  la  statue,  qui  fut  préservée 
de  la  sorte  de  la  fureur  révolutionnaire.  Après  la  conclusion 
du  Concordat,  la  Mariette  fut  placée  dans  Téglise  paroissiale 
—  21  juillet  1794.  Le  Comité  de  surveillance  de  la  commune 
de  Strasbourg  le  fait  arrêter  et  adresse  au  Comité  de  sûreté 
générale  de  la  Convention  nationale  sa  correspondance 
avee  TEtranger,  dont  il  était  un  des  principaux  agents  se- 
cfets.  Membre  de  la  Sodété  des  jaocÂïioa,  Il  en  foi  esda  à 
cette  époque  —  J796.  Membre  de  la  Gommleaioa  adminia- 
trative  de  Hioeploe  (M  de  Boazwlller  —  IM,  Memlnre 
dn  second  Conseil  d'arrondissement  aèant  à  Saveme,  11  est 
qualifié  d'ez-préeident  de  Fadministration  municipale  de 
fiouxwiller.  n  s'occupa  avec  zèle  de  la  plantation  d'arbiee 
fruitiers,  de  l'emploi  de  toutes  sortes  d'engrais  artificiels»  qui 
lui  ont  bien  réussi  H  imagina  aussi  de  semer  la  garance  en 
grains. 

SCHMiTTHENNER  (Jean). 

Né  en  l'«50  à  Strasbourg,  où  il  était  fabricant  de  bas  avant 
1789  Juillet  1793.  Adjudant-major  de  la  garde  civique  à 
Strasbourg  —  De  la  Société  des  jacobins  —  13  novembre. 
Le  tribunal  révolutionnaire  lui  |  aie  100  liv.  pour  avoir 
dénoncé  le  boulanger  Kolb  —  25  octobre  1794.  Encore  aux 
Jacobins. 

SCHMITTHENNER  (Jean-Théophile). 

Né  en  1757  à  Strasbourg,  où  il  était,  comme  son  frère  aîné, 
fabricant  de  bas.  De  mai  1793  au  25  octobre  1794,  membre 
de  la  Société  des  jecobios. 

SCHMITZ. 

1789.  Tailleur  à  Strasbourg  —  1792.  De  la  Société  des 
jacobins  —  1793.  Commissaire-adjoint  de  la  fiolice,  il  fournit 
une  liste  de  vingt-sept  suspects  de  la  1"  section  du  1"  arron- 
dissement, alors  aux  environs  de  Téglise  Paint-Jean  à  Stras- 
bourg —  14  décembre  17v13.  Le  Comité  de  surveillHnce  et 
de  sûreté  générale  du  Bas-Rbin  lui  paie  200  Uv.  pour  grati- 


1S8  M\'VK  D*ALSACE 

ficatlon  25  décembre.  Le  même  comité  lui  alloue  150  liv. 
pour  vacations  aux  cartes  de  sûreté,  mais  cette  somme  lui 
est  retirée  le  même  jour,  rnyaiii  déjà  reçue  dés  le  14  ~ 
25  octobre  1794.  H  tyé  des  Jacobins. 

SGHŒLL  (Loi3is-Gi  ili.aume-Frédérig]  jeune, 
Grandrue. 

Homme  de  loi  —  A.vant  1789,  de  la  Ghamlire  des  tutelles 
et  de  la  tribu  des  charpentiers  —  1791.  Juge  de  paix  du 
3*  canton  de  Strasbourj?  —  31  janvier.  De  la  Société  des  amis 
de  la  cnnslitution  —  8  août.  A  rélection  au  Cliàtcau  il  est 
nommé  administrateur  du  Bas-Hhin  —  'jO  avril  1792.  U 
signale  un  opuscule  de  Schneider,  ay mt  |  our  litre:  La  fjJn- 
cicre  d'Acujnfm  à  StraaJionru.  Bdatmi  officudle  du  meurtre 
judiciaire  préparé  an  frère  Laveaux,  puhJiée  par  un  anti  de 
l'hu)nauité  en  l'an  IV  de  la  liberté,  comme  étant  Tune  des 
plus  intàmes  productions  qui  aient  jamais  paru  à  Stras- 
bourg —  26  juin.  .\  TAuditoire,  il  donne  lecture  d'un  appel 
à  ses  condtoyeriît,  qu'il  vient  de  publier  contre  l'émeute  jaco- 
bine à  Paris,  du  20  juin  —  21  août.  Suspendu  comme  admi- 
nistrateur du  Bas-Uhin,  pour  avoir  refusé  de  retirer  i-a 
sign-'ture  au  bas  de  l'arrêté  interdisant  les  réunions  des 
sociétés  politiques  —  13  octobre.  11  fait  ineltreau  Séminaire 
Tabbé  Rumpler,  sur  la  dénonciation  de  Bussy  Lavenaud, 
garde-national  de  la  Haute-Vienne  —  28  novembre.  Il  réfute 
la  brochure  de  Schneider  sur  le  procès  crituinel  fait  à  Die- 
trich  —  (i  décembre.  Substitut  de  Mathieu,  })rocureur  de  la 
commune  sous  le  maire  de  Tùrckheim  —  18  janvier  1793. 
Destitué  comme  substitut,  mais  maintenu  juge  de  paix,  pro- 
visoire. A  cette  époque,  IfS  jacobins  le  jugeaient: 

Jeune  homme  pxtraordinnirement  intrigant  et  dirigeant  lui  soul  les 
élections,  a  débuté  à  Strasbourg,  pur  être  aritstocrate,  ensuite  s'attacha 
ta  cbftr  de  Dietrich  et  devint  un  de  nés  intimes  feniUante;  \om  de  la 
•mpeneion  des  Gorps  adminietratifs,  il  était  du  Conseil  départemental 
et  a  beaucoup  contribué  à  sa  rébélUon.  Il  a  inbi  le  même  nvt  qne 
Torckheim  et  Jldathieii. 

11  février.  La  muxdcipalité  doit  le  frire  sortir  de  Stiaa- 


LES  HOM)ŒS  DE  LA  RÉVOLUTION 


199 


bourg,  dans  le  plus  bref  délai  —  19  mars.  À  Besançon  il 
dépose  en  faveur  du  maire  Dietrich  — 11  juin.  Les  autorités 
des  sections  se  réunissent  à  6  heures  du  soir,  en  secret,  et 
arrêtent  qu'il  sera  enfermé  au  Séminaire.  G^est  Schneider 
qui  rédigea  le  rapport,  se  terminant  ainsi  : 

Si  ed  cooMiller  du  dipartement  vnii  M  à  Paria,  et  ae  fttt  appelé  à 
U  déposition  de  cet  inaigne  flutirraia  ai^  Qb  BoiX  eoauaia  il  l*a  fidt 
à  Strasbourg,  on  ne  Taiindt  ni  déporté,  ni  incarcéré,  maia  lana  ancoa 
donte  guillotiné. 

20  juin.  Malgré  ces  menées  U  est  encore  juge  de  paix,  car 
devant  lui,  les  signataires  de  Tarrèté  de  la  8*  section,  ayant 
été  assignés  en  diffamation  par  Schneider,  furent  obligés  de 
se  rétracter,  et  de  déclarer  quHIs  regardaient  Schneider 
comme  un  bon  citoyen  et  un  fonctionuaire  probe. 

3  juillet  Son  arrestation  est  annoncée  par  Schneider.  U 
sera  conduit  à  Paris  et  traduit  devant  le  tribunal  révolution- 
naire de  la  Seine,  comme  prévenu  d^avoir  constamment  et 
à  dessein,  éludé  la  loi  qui  défend  les  doubles  prix  —  8  déc. 
Au  Comité  de  surveillance  et  de  sûreté  générale  du  Bas- 
Rhin,  il  comparait  avec  trois  membres  de  la  Propagande, 
munis  de  pouvoire  des  représentants  du  peuple,  pour  exa- 
miner des  lettres  prouvant  que  Froment,  ex-directeur  des 
messageriee  à  Nancy,  est  un  contre-révolutioonaire.  Il  sera 
arrêté  et  conduit  à  Strasbourg  —  S9  août  1794.  Gomme  juge 
de  paix,  il  reçoit  la  déclaration  de  Weiss,  dlttenheim,  dans 
Tafifaire  Poirson,  dlUkirch  —  9  septembre.  Proposé  à  Fous- 
sedoire  comme  maire  de  Strasbourg  en  remplacement  de 
Monet.  U  refuse  —  17  janvier  1795.  Bailly  le  nomme  juge 
au  tribunal  civil  du  district  de  Stra>bourg,  fonction  auMl 
occupe  encore  en  1799  —  1800.  Présid»»nt  du  tribunal  d^^ 
première  iustince  du  4*  arrouUi:iSdiiieut,  siégeaul  à  iiarr. 

SGHOULEB  (Jean-Henm). 

Né  en  1743  à  Strasbourg,  où  il  était  chamoisear  avant 
1789  —  27  novembre  llèSi,  De  la  Société  des  jaoobins,  où  U 
figure  encore  le  25  octobre  1794. 

irrafalla  SMa.  — 11-  aanéa.  9 


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180 


UVOB  D*ALBACB 


SCHROPP. 

Horloger  à  Strasbourg  avant  1789  —  17Ô3.  De  ia  Société 
des  jacobins  et  membre  du  Comité  de  surveillance  de  la 
commune  —  5  janvier  1794.  Le  représentant  Bar  le  nomme 
membre  du  nouveau  Comité  de  surveillance  de  la  commune 
de  Straabouig  —  20  mai.  Il  reproche  à  celui  de  la  ville  de 
Golmar  sa  mollesse  à  l'égard  de  TAmmeister  Lemp  ~*  21  mai. 
Il  dénonce  à  celui  de  Bordeaux,  Siccard,  ex-commissaire  des 
goerroB  —  5  juin.  C'est  au  Cîomité  de  sûreté  générale  de  la 
Convention  qu^l  signale,  sans  les  nommer,  deux  hommes 
audacieux  qui  ont  menacé  la  liberté  publique  à  Strasbourg 
— 12  juillet.  Monet  doit  lui  donner  des  renseignements  sur 
ces  deux  détenus  —  21  juillet.  Président  de  oe  Comité^  il 
adresse  au  Comité  de  sûreté  générale  de  la  Convention  la 
correspondance  de  la  con|uratlon  de  TEtrenger,  tenue  par 
onze  individus  du  Bas-Rhin,  du  Haut-Rhin  et  de  Nancy  — 
80  août  n  envoie  à  Neumann  les  dénonciations  contre  le 
professeur  Braun  et  autres  —  25  octobre.  Rayé  de  la  liste 
des  JaooUns  —  A  Tarrlvée  de  Bailly,  tt  est  renvoyé  à  ses 
horloges. 

SCHNÉEGANS  (Jean-Valentin), 

boucher,  quartier  de  la  Krutenau,  n»  16. 
1788.  Sénateur  de  la  tribu  des  bouchers,  à  la  Fleur  — 
28  août  1700.  Adjoint  au  commissaire  de  police,  LéopoM 
H(P(lerer  —  17U1.  Membre  de  la  Société  dps  amis  de  la  Con- 
stitulitm  —  Dt-s  le  21  janvier  1792,  {um  de  jours  avant  la 
scission,  il  i)arut  à  oette  Société  une  brochure  intitulée  :  Je 
vous  dirai  voti  )  t'/  /7és,  dans  laquelle  Schnéegans  est  désigné 
comme  clubiste,  n'ayant  d'autre  but  que  de  pervertir  nos 
mrpurs  et  renverser  la  Société.  —Le  7  février  suivant,  il  passe 
aux  Jacobins  —  31  octobre  1703.  Il  est  imposé  à  25(X)  liv. 
par  Saint-.lust  et  Lebas,  qu'il  rè^le  le  1 1  novembre  —  20  sep- 
tembre 1794.  Nommé  membre  du  Comité  de  sûreté  générale 
de  la  commune.  Il  informe  la  Convention  nationale  que 
Saum  est  dans  le  cas  d'être  jugé  au  tribunal  criminel  du 
Bas-Khin  —  25  (/clobre.  BiUé  des  Jacobins  —  Fin  décembre 


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LBS  HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION 


181 


de  la  même  année,  il  passe  membre  da  Comité  révolution- 
naire de  Stra8kx>UTg,  et  en  cette  qualité,  le  17  janvier  1705, 
Bailly  le  nomme  officier  municipal  —  1797.  Administratear 
municipal  saus  la  présidence  de  Dômichel. 

SGHNEIBER. 

179S.  De  la  Société  des  jacobins  et  secrétaire  du  Ciomité  de 
surveillance  de  la  commune  —  Du  11  avrfl  au  8  août  1794 
il  signe  secrétaire  et  d'autres  fols  secrétaire-adjoint  du 
Comité  de  surveillance  révolutionnaire  de  la  commune  de 
Strasbourg— 25  octobre  1794.  Bifféde  la  Sodété  desjacobins. 

SGHNËIDËR  (ÛfioaaE). 

Né  en  1754  à  Bischboim-au-Saum  —  Avant  1789,  cordon- 
nier à  Strasbourg  —  1*  septembre  1792.  De  la  Société  des 
jacobins  —  22  novembre  1798.  Âu  Club,  il  demande  aux 
représentants  Saint-Just  et  Lebas  la  suppression  de  la  per* 
maneuce  des  douze  sections  de  la  ville  et  répiirement  des 
Comités  de  surveillance  à  la  manière  de»  Sans-Culottes  — 
25  décembre.  Proposé  pour  la  Municipalité  —  80  janv.  1794. 
Elu  notable  —  7  avril  n  fiût  appel  à  ses  concitoyens  pour 
obtenir  des  eftets  militaires  pour  Parmée  de  Rbin  et  MoseUe 

—  23  avril  Blalntenu  notable  — 18  juin.  Les  mesures  révo- 
lutionnaires proposées  par  Bierlyn  loi  conviennent — 2  août 
11  léllcite  la  Convention  nationale  de  la  fermeté  déployée 
vis-à-vis  de  Robespierre  et  de  ses  complices  —  9  septembre. 
Le  représentant  Foussedoire  le  raye  du  Carpe  municipal  — 
25  octobre.  Il  est  encore  de  la  Société  des  Jacobins  — En 
18U4,  le  dubisle  Jean-Frédéric  Kiechel  a  publié  une  histoire 
sur  son  compte. 

SCHNEIDER. 

Ancien  secrétaire  d»  juslice  de  paix.  —  Ch^f  du  buresa 
des  secours  —  En  1793.  membre  de  la  Société  des  jacobins 

—  8  et  S  octobre,  5  tiov**mbre,  30  janvier  1794»  28  avril.  Offi- 
cier municipal  —  Après  la  chute  de  Hooet,  le  représentant 
Foussedoire  le  mamtient  —  Le  5  septembre,  Olfider 


m 


txm,  D'â&SACB 


municipal;  maia  Bailly  le  révoque  le  17  janvier  1795  —  Bien 
avant  le  35  octobre  17H  rayé  de  la  Société  des  jacobins. 

SCHNËIDëR  (Jean-Geobob). 

Né  le  90  octobre  1756  à  Wipfeld,  petit  village  à  six  lieues 
de  Hirtzfeld,  en  Franconie,  duché  de  Wûrtzboaig,  de  parents 
peu  fortunés.  Son  père,  Michel  Schneider,  était  homme  de 
justice  et  vigneron  audit  lieu;  sa  mère  Marguerite  Burg- 
stablen. 

Le  chapelain  de  son  village,  résidant  à  Wipfeld,  Yalentin 
Fahnnann,  chanoine  de  Tabbaye  de  Heydenleld»  et  cousin 
de  Pévéqae  de  Wûrtzbourg,  le  prit  sous  sa  protection  et  loi 
enseigna  pendant  plusieurs  années  les  éléments  de  la  langue 
latine. 

n  renvoya  ensuite  à  Wûrtzbourg,  suivre  rinstniction  du 
Gymnase,  dirigé  pir  les  Pères  jésuites.  Logé  à  l'hospice  de 
Jules,  après  trois  années  d'études,  il  fut  reru  à  T Académie, 
dont  le  recteur  était  le  bénédictin  Roeser.  11  y  fit  de  bonnes 
études,  mais  en  môme  temps  U  s'adonna  au  pencliantdMne 
liberté  effrénée;  les  secours  de  son  bienfaiteur  lui  ayant  été 
retirés,  et  ses  parents  ne  pouvant  p*^s  lui  en  envoyer,  il 
tomba  bientôt  dans  une  profonde  misère.  Dans  cette  posi- 
tion, il  se  décida  h  entrer  au  couvent  des  Franciscains  de 
Bamborg,  où  il  prit  en  religion  le  nom  d" Euloge  ou.  Eulaqi ksi. 
Il  y  resta  trois  années  à  étudier  Thébreu  et  à  cultiver  la 
poésie.  Le  supérieur  do  c(?t  établissement  Teuvoya  ensuite 
à  Augsbourg  pour  enseigner  la  langue  sacrée  dans  le  cou- 
vent des  Franciscains,  d'où  il  lut  chassé. 

Dans  cette  ville,  en  1785,  à  Toccasion  de  la  Sainte-Cathe- 
rine, il  prononça  un  sermon  sur  la  tolérance  qui  lui  attira 
beaucoup  d'ennemis  parmi  le  clergé,  et  le  doyen  Uing«'lder, 
pour  le  soustraire  à  l:i  lutte,  le  recommanda  au  duc  Charles 
de  Wurtemberg,  à  Stouttgardt,  qui  le  nommu,  en  1780,  pré- 
dicateur de  la  Cour,  ayant  obtenu  pour  lui  la  dispense 
papale  comme  moine.  Là  encore  ses  sermons  libéraux, 
tirés  du  contrat  social,  lui  créèrent  do  nouveaux  embarras; 
il  quitta  ce  poste  en  1789,  pour  accepter  la  place  de  profes- 


L»  flomn  M  LA  tifOLimoir 


188 


seur  de  beliea-iettrôs  et  de  langue  grecque  à  rUniversité  de 

Bonn. 

Dans  cette  nouvelle  position  il  ne  cessa  de  se  faire  dee 
ennemis  par  ses  idées  exliava(<antes.  La  publication,  le 
1"  janvier  1790,  d'un  recueil  de  poésies,  et  le  ISjuillet  sui- 
vant, d'un  calhéchismo.  ne  lirent  qu'on  au^^menter  le 
nombre,  et  c'est  avec  empressement  qu'il  accepta  les  pro- 
positions que  plusieurs  personnes  haut  placées,  et  princi- 
palement Blessig  et  Fréd.  de  Dietrich,  lui  adressèrent  de 
Strasi)ourg,  où  il  arriva  le  12  juin  1791. 

28  juin  1791.  Doyen  et  professeur  de  droit  canon  et  d'élo- 
quence de  la  chaire  à  l'Académie  catholique  et  en  même 
temps  vicaire  épiscopal  de  Tévêque  conslilutionn.^l  Brendel 
—  10  juillet.  Il  prêta  dans  la  cathédrale  le  serment  civique 
imposé  aux  ecclésiastiques  par  la  \>n  du  2G  décembre  1790, 
et  son  sermon  pour  la  circonstance  avait  pour  texte  :  «  La 
conformité  de  l'Evangile  avec  la  nouvelle  Constitution  des 
Français  ■  —  11  octobre.  Reçu  membre  de  la  Société  des 
amis  de  la  Constitution  —  Il  prononce  un  discours  sur  le 
mariage  des  prêtres  et  pose  trois  questions  :  1*  Le  mariage 
des  prêtres  est-il  permis?  2°  Le  mariage  des  prêtres  est-il 
néeeBBaicet  9*  Le  mariage  dee  prôtrea  eat-U  exécutable  ?  Sa 
réponse  ayant  été  aflBrmative,  it  termine  en  disant  : 

Voilà,  Messieurs,  mes  réponses  aux  trois  points  que  je  me  suis  pro- 
posé d«  résoudre.  Si  tous  en  Mes  eontents,  je  domasde  que  la  Société 
décide  qu'elle  soutiendra  de  tontes  ses  forces  le  prêtre  catholique  qui 
donnera  le  premier  dans  notre  département  rexemple  de  la  sensibilité^ 
du  cinsme  et  du  Moisfo. 

99  octobre.  L*évêque  Brendel  et  tous  ses  vicaires»  le  désa- 
vouent dans  on  placard  affiché  dans  les  deux  langues  à  tous 
lescoins  des  rues  de  la  ville  — 14  novembre.  Elu  notable da 
Conseil  municipal,  il  logeait  alors,  rue  Dauphine  —  1"  déc. 
Il  publie  une  thèse  latine  sur  le  nouvel  ordre  de  choses 
ecclésiastiques  en  France,  et  donne  le  programme  de  ses 
cours.  Euhge  Schneider,  docteur  en  philosophie  et  en  théolofjfîe, 
îicaire  épismpal,  uotahU  de  la  viUe  de  Strasbourg,  doyen  de  îa 
FacuM  ihéologiqufy  Jera  m  cwrs  but  la  jurisprudence  patio- 


mm  ifàSMCM 


raie  d'après  la  nouvelle  Constitution  de  VEmpire  français,  et 
sur  V éloquence  de  la  chaire.  Il  offre  aussi  de  faire,  des  cours  sur 
les  beoiLx-arts  et  .^«r  les  belles-lettres  —  6  janvier  1792.  Vice- 
président  de  la  Société  des  amis  de  la  Constitution,  il  pro- 
nonce uu  discours  sur  l  éducation  des  femmes  —  12  février. 
Dans  sa  profession  de  foi  politique,  présentée  ù  celte  société, 
il  regrette  amèrement  la  scission  oui  s'est  faite  le  7,  entre 
les  membres,  et  dès  ce  jour,  il  fait  iKirtie  du  Club  des  jaco- 
bins —  21  juin.  A  Colmar,  il  tient  un  discours,  à  la  Société 
des  amis  de  ia  Con-tituUon,  sur  l  étal  politique  du  Bas-Rhin, 
ajoutant  : 

...tOQt  ce  que  je  disais  avant  à  Colmar,  s'est  confirmé  depuis,  quoi- 
que les  feaillants  de  cette  Tille,  comme  ceux  de  Strasbourg,  ne  m'ajent 
entenda  qa'ftTec  indignAtioii  et  m'ayent  ponnuiTi  comme  ud  pertur- 
bateur. 

3  j  uillet  n  publia  le  premier  numéro  de  son  journal  :  Argos, 
qu^U  rédigea  avee  ButeDBcbœo  iu8qo*au  moment  de  son 
arrestation,  15  déoeaabre  1793;  à  partir  de  là  son  collabora- 
teur le  continua  seul  jusqu'au  16  juin  1794  —  6  juillet.  D 
assiste  à  Térection  de  Tarbre  de  la  liberté  à  Soulzbacb,  dans 
la  Yallée  de  Honster,  et  compose  une  poésie  pour  la  cir- 
constance ~  11  août  Au  Qub,  il  dénonce  deux  adresses  du 
Ck>nseil  municipal  et  d*une  grande  partie  de  citoyens  de 
Strasbourg,  Tune  à  PAssemblée  nationale  et  Fautre  au  roi. 
CTest  à  la  suite  de  ces  adresses  que  Oietrieh  fat  mandé  à  la 
barre  de  rassemblée  par  décret  du  18  août  179S3,  et  que  la 
Municipalité  de  Strasbourg  fut  saqiendue  par  Carnot,  Prieur 
et  Ritter  —  2  septembre.  Scrutateur  à  Télection  des  repré- 
senttmtB  du  peuple,  tenue  à  Haguenau,  il  ût  des  démarches 
inutiles  pour  arriver  à  la  Convention  nationale  —  18  sep- 
tembre. Le  Conseil  du  département  l'envoie  à  Haguenau 
pour  y  administrerprovisoirement  la  Municipalité  — 19  sep- 
tembre. Il  lance  sa  proclamation  aux  habitants  —  4  déc. 
Avant  de  quitter,  il  fit  prendre  au  Conseil  municipal  un 
arrêté  relatif  au  cours  forcé  des  assignats.  Une  amende  de 
25  liv.,  et  du  double  en  cas  de  récidive,  est  infligée  à  celui 
qui  refuserait  d'accepter  ce  papier,  devenu  monnaie|natio- 


IE8  Romns  in  la  AÉvoLnnoR 


185 


nale  —  19  février  1793.  Dentzel  et  Couturier  lo  nomment 
accusateur  public  au  tribunal  criminel  du  Bas-Hhin  — 
16  mars.  A  Besançon,  il  dépose  contre  Dietrich  —  Dans  ce 
mois,  les  envoyés  des  douze  sections  de  Strasbourg,  dans 
leur  adresse  présentée  A  la  Convention  nationule,  ne  se 
gênent  pas  de  le  traiter  de  prêtre  allemand,  do  moine 
défroqué,  que  la  disettf  de  curés,  sachant  Tallemand,  a  fait 
admettre  au  nombre  <les  vicaires  épiscopaux:  venu  à  Stras- 
bourt?  à  la  même  époque  que  Laveatix,  en  1791,  dont  il  est 
le  plus  fervent  coopérateur.  Il  est  do  rél(?ctorat  de  Cologne; 
qui  peut  nous  répondre  de  ses  sentiments?  Et  c'est  cet 
homme  qui  ne  connaît  ni  nos  lois,  ni  les  formes  de  la  pro- 
cédure, qui  ne  sait  que  très  imparfaitement  le  franç  lis,  que 
Couturier  et  Dentzel  ont  fait  accusateur  public!  —  30  avril. 
Au  Club,  il  veut  que  l'on  écrive  à  la  Convention  nationale 
pour  demander  qu'un  tribunal  révolutionnaire  soit  établi  à 
Strasbourg.  Adopté  —  1«"  mai.  Il  demande  qu'on  dresse 
une  liste  do  tous  les  grns  suspects  de  Strasbourg  et  du 
département,  pour  la  présenter  aux  représentants,  aOn  (jue 
les  plus  dangereux  do  ces  pervers  soient  chassés  au  plus 
tôt.  En  môme  temps  il  propose  de  prendre  en  ôtages  les 
paysans  les  plus  notés,  les  plus  riches,  des  villages  qui  ont 
désobéi  aux  lois  ou  manifesté  Tespritdu  fanatisme  — 2  mai. 
Il  aborde  de  nouveau  les  mêmes  propositions  —  5  mai.  In- 
TesU  da  titre  d'accusateur  public  près  le  tribanal  révolu- 
tiomiaire  da  BaB-Rhin  — 12  mai  La  8*  section  de  la  ville  de 
Strasbourg  prend  un  arrêté  demandant  aux  représentants 
de  la  Convention  nationale,  son  bannissement  —  27  mai. 
D*ane  lettre  de  BQhl,  datée  de  Paris,  au  Comité  des  douze 
sections  de  Strasbourg,  il  ressort,  que  même  les  Jacobins 
de  Strasbourg  s^étaient  adressés  à  ceux  de  Paris,  pour 
demander  sa  proscription,  tout  vice-président  qu*il  était 
alors  de  leur  société  —  8  juin.  Il  proteste,  et  làit  assigner  les 
signataires  de  la  8^  section,  lesquels  devant  le  juge  de  paix, 
Schcell,  se  rétractent  et  déclarent  qu'ils  le  considèrent 
comme  un  bon  citoyen,  un  fonctionnaire  probe— 2i^  juillet 
De  Puis»  Laveaux  mande  aux  Jacobins,  notre  ami  Schneider 


m 


wrm  d'alsacb 


qui  s'est  déprêtrisé,  devrait  bien  se  mnriprannd*effacpi  toutà 
faille  caractère  prétendu  indélébile  — 14  août.  Le  Directoire 
du  Bas-Rhin  prit  un  arrêté  en  vertu  duquel  tous  ceux  con- 
vaincus d'agiotage  avec  'es  asai^^nats.  seraient  jugés  révolu- 
tionnairement,  sans  jurés.  Cet  arrêté,  approuvé  par  les 
représentants,  on  décida  d«  le  publier  avi  c  solennité  dans 
tout«  la  ville,  et  que  I  on  promènerait  la  guillolme  par  les 
rues.  Schneider,  Jung  et  Eleltnann  raccompagnèrent.  A 
4  heures  du  soir  on  quitta  l'hôtel  de  ville  avec  uu  détache- 
ment  de  fantassins  et  de  cavaliers.  L'arrêté  fut  proclamé  sur 
toutes  les  places  publiques;  cela  devait  se  répéter  trois  jours 
de  suite,  et  dans  tout  le  département;  mais,  vu  Timposisi* 
bilité  d'exécuter  la  mesure,  Schneidisr  cral  atteindre  le  but 
en  proposant  de  placer  la  guillotine  aor  la  place  d'Âitnes, 
depuis  dimanche  jusqu^au  vendredi  suivant»  jour  auquel  11 
tenait  beaucoup  &  la  &irevoir  auxcampagoarda  venant  aux 
marchés.  Monet  et  autres  approuvèrent;  cependant  le 
public  protesta,  et  dans  la  nuit  du  18  pu  20,  la  guillotine  fut 
enlevée,  chargée  atur  une  voiture  et  conduite  devant  la  mal- 
son  de  Schneider,  rue  de  la  Nuée  bleue,  no  2»  où  but  les 
11  heures  elle  fut  versée  devant  la  porte  et  mise  en  morceaux 
par  le  peuple.  Ce  ne  fut  que  le  lendemain  matin,  A 10  heures, 
que  les  débris  de  la  guillotine  et  de  la  voiture  furent  enle- 
vés —  24  août  Au  Club,  Louis  Edelmann  &lt  une  sortie  à 
fond  contre  lui;  Schneider,  présent  à  la  séance,  somme 
rauteor  de  prouver  ses  inculpations,  ce  qu^  ne  manque  pas 
de  faire  dans  la  séance  du  27  —  29  août  Au  Club  du  Uiroir, 
il  donne  des  renneignements  sur  sa  conduite  dans  la  journée 
du  14  août  —  8  octobre.  Milhaud  et  Guyardin  le  nomment 
du  Comité  de  surveillance  et  de  sûreté  générale  du  Bas- 
Rhin,  nouvellement  créé,  et  qui  fonctionna  iusqu'an  25  déc. 
suivant  — 15  octobre.  Commissaire  dvil  au  tribunal  révolu- 
tionnaire  de  Fermée,  à  Strasbourg,  établi  par  les  neuf  repré- 
sentants du  peuple  aux  armées  de  Rhin  et  Moselle.  On  a 
pris  les  quatre  membres  du  tribunal  institué  le  5  mai  1798» 
et  d*aocu8ateur  public  il  est  devenu  commissaire  dvil  — 
18  octobrs^  jour,  que  le  Temple  de  la  Baisoii  Ait  oonsBoré 


ui  Mm»  M  u  limonoR 


137 


solennellement  à  VÈire  suprême,  il  y  Unt  un  loDg  discours, 
dont  voici  un  passage  : 

Un  voyapenr  allemand  qni  viendrait  un  jour  à  Strasbourg  et  q«i 
demanderait:  où  est  la  cathédrale?  chacun  lui  répondrait:  nous  ne 
connabsons  point  de  cathédrale,  point  de  fondation  de  Saint-Thomas, 
nous  ne  conoaiasonB  plus  rien  que  le  Temple  de  la  Raison  et  1» 
Société  populaire.  S'il  demandait,  où  loge  l'éréqne?  où  demenre  le 
pasteur?  on  lui  dirait  :  nous  ne  connaissons  point  ces  étres-là,  mais  avpz- 
▼ous  onvio  dp  fairo  la  connaissance  des  instituteurs  du  peuple,  venez, 
nous  VUU5  muutrcruns  uue  duuzaiue  de  braves  sans-culuttes  Et  je  parie, 
•i  le  voyageur  était  Jéma-ChriBt,  on  Martin  Luther,  quHl  Toraerait  des 
larmea  de  joie  et  s'écrierait:  c'est  là  ce  que  noos  «Tons  désiré,  c'est 
ainsi  que  cela  doit  être. 

Après  avoir  Mi  sentir  le  ridicale  de  toutes  les  religions 
qai  se  disent  révélées,  il  continua  : 

Peuple,  Toici  en  trois  mots  tonte  U  religion  :  adore  na  Dion,  sois 
jnste  et  chéris  ta  patrie. 

Etonne  Babtu. 

(La  mdk  pmMmmmt) 


BULLETIN  filBLIOGRÀPlliUlt; 


I 

Histoire  d'iin  proverbe  mulhousien  «d'r  Fûrsteberger 

v*rgesse)),  racontée  en  vers  par  Auguste  Stœber,  avec  illustra- 
tions de  Matiiias  Kouler  —  Mulhouse,  imprimerie  de  Brustlein  et  C*, 
1882  —  In-80  de  27  pages  avec  5  planches  et  encadrements  rouges  — 
Librairie  de  W»  8.  P^. 

Il  y  a  dans  les  origines  et  la  vie  de  notre  industrie  alsacienne 
bcaucoui)  (le  faits  et  d'anecdotes  qui  fornuM-aient  un  recueil 
intéressant  soit  au  point  de  vue  de  Thistoire  locale,  soit  au 
point  de  vue  de  Thistoire  des  familles,  soit  au  point  de  vue  de 
la  moralité  du  travail.  Le  petit  accident  que  M.  Aug.  Stœber 
vient  d'évoquer  est  de  ce  nombre.  Le  stget  est  d'une  grande 
simplicité  et  d'une  excellente  morale  en  action.  C'est  pour 
cela,  sans  doute,  que  le  souvenir  s'en  est  conservé  et  a  passé 
en  proverbe. 

Un  tisserand  du  siècle  dernier,  membre  du  Orand-Gonseil 

de  Mulhouse,  venait  de  clore  son  inventaire  constatant  qu'il 
avait  fait  dans  Tannée  un  bénéfice  de  quinze  mille  florins.  Il 
appela  avec  transj)ort  sa  femme  pour  lui  communiquer  un 
aussi  heureux  résultat  et,  dans  sa  joie,  il  la  pria  de  lui  dire  les 
cadeaux  qu'il  lui  serait  agréable  de  recevoir  en  souvenir  d  une 
année  aussi  prospère:  Est-ce  une  cornette  brodée  d'argent, 
comme  il  convient  pour  la  femme  d'un  membre  du  Grand- 
Conseil?  une  robe  de  soie  avec  des  poches?  un  collier  de 
grenats?  un  ridicule?  des  souliers  à  la  poulaine?  une  montre 
avec  sa  chaîne?  La  réponse  de  la  dame  fat  une  poignée  de 
main  et  un  baiser,  puis  elle  ajouta  :  tu  sais  que  dans  ces  der- 
niers temps  nous  avons  reçu  deb  politc:ssci>  chez  uos  parents 


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BOLLETIIf  BIBLIOGRAPHIQUE  189 

et  nos  connaissaiices;  Toccasion  de  les  inviter,  à  notre  tour, 
est  bonne.  Ainsi  dit,  ainsi  fut  fût  le  dimanche  suivant  Au 
milieu  du  festin,  une  lettre  arrive  au  tisserand;  elle  renferme 

le  compte  de  Furstenherfier,  de  Bâle,  compte  qui  par  inadver- 
tance a  été  coiuplétiMnent  ouldié  dans  l'inventaire  et  qui 
malheureuseniont  absorbe  une  grande  partie  des  bénéfices  de 
l'année.  La  décei)tion  se  peint  un  moment  sur  tous  les  visages, 
mais  la  bourgeoise  philosophie  du  tisserand  et  de  sa  brave 
compagne  a  bientôt  dissipé  ce  nuage  et  le  festin  se  termine 
aussi  gaiement  que  si  Furstenberger  n*eut  pas  existé;  puis, 
quand  mari  et  femme  se  trouvent  seuls,  face  k  fiice,  la  con- 
seillère dit  au  conseiller  :  Je  veux  maintenant,  mon  cher  petit 
mari,  que  Targent  que  tu  destinais  à  mes  cadeaux  soit  la  part 
des  pauvres  de  Mulhouse.  Pas  n'est  besoin  d'ajouter  qu'il  en 
fut  ainsi. 

L'aventure  est  véridi(iue  et  l'oubli  dont  Furstenberger  fut 
l'involontaire  objet  de  la  part  de  l'un  des  anciens  chefs  de 
l'industrie  alsacienne,  a  passé  eu  proverbe  dans  le  langage 
populaire  de  Mulhouse  :  J^r  Fursteberger  largesse  est  aujour- 
d'hui l'équivalent  du  proverbe  français  :  compter  sans  son  hôte. 

Si  nous  devions  scruter  la  pensée  de  M.  Stœber  donnant  à 
cette  aventure  le  soin  qull  lui  a  accordé,  nous  dirions  d'abord 
que,  comme  caractéristique  de  llndostrieux  Mulhouse,  elle 
lui  a  paru  topique  et  louable  ;  il  a  pensé  que  quand  on  veut  savoir 
où  l'on  va,  il  est  toujours  bon  de  ne  pas  oublier  d'où  l'on  vient, 
surtout  (juand  le  point  de  dei)art  est  le  plus  démocratiquement 
honorable.  Nous  dirions  ensuite  qu'au  point  de  vue  de  la  lin- 
guisti(iue  —  mais  sans  faire  la  legou  h  personne  —  M.  Stœber 
a  voulu  donner  un  exemple  assez  complet  de  la  manière  d'écrire 
notre  dialecte  alsacien  sans  lui  infliger  de  torture  orthogra- 
phique pouvant  aboutir  à  le  déiigurer  et  à  le  rendre  illisible. 
Pour  atteindre  ce  but,  il  a  sufii  à  l'auteur  de  respecter  l'élision 
que  le  commun  des  mortels  fait  naturellement  en  parlant  la 
langue  du  pays.  Nous  dirions  encore  que,  tidèle  disciple  du 


140  BITUI  D*iUUMOI 

culte  professé  en  Alsace  pour  la  terre  natale,  M.  Stœber  a 

voulu  ajouter  un  fleuron  de  plus  à  la  couronne  dont  il  est, 
depuis  lonj^temps,  en  possession  dans  h)  monde  littéraire  de 
la  rive  gain  h».'  du  Khin.  Le  petit  poème  dont  il  s'agit,  exempt 
de  pédantisme  et  de  tout  mélanj^e  étranger  à  la  cité  indus- 
trielle, restera  certainement  une  de  ses  plus  savoureuses 
productions. 

Nous  ne  dirons  non  plus  que  du  bien  des  illustrations  qui 
donnent  au  poème  un  relief  charmant  Elles  sont  Tœuvre  de 
Tun  de  nos  compagnons  dinfortune  de  Tannée  de  malheur, 
M.  Mathias  Kohler,  élève  de  Pécole  des  beaux-arts.  Le  portrait 
d'Auguste  Stœber  est  bien  réussi  Les  quatre  planches  repré- 
sentent le  contentement  du  tisserand  et  de  sa  femme  à  la 
clôture  de  l^mventaire,  la  réception  des  invités  le  dimanche 
suivant,  le  châtiment  infligé  à  deux  mauvaises  langues  devait 
l'hôtel  de  ville,  sujet  qui  avait  alimenté  la  conversation  des 
invités,  les  convives  à  table  et  la  missive  de  Furstenberger. 
puis  le  tisserand  et  sa  femme  en  tête-à-tête  après  le  départ 
des  invités.  Ces  illustrations,  traitées  avec  un  sentiment 
exquis,  à  la  manière  du  regretté  Th.  Scimller  pour  le  Lundi 
de  Pentecôte  d'Arnold,  font  du  proverbe  mulhousien  une  excel- 
lente page  pour  l'histoire  du  costume  local  et  des  origines 
de  rindustrie  de  la  cité,  ainsi  qu'un  joyau  artistique  que  tout 
le  monde  voudra  avoir  et  religieusement  conserver. 

n 

IMstractions  poétiques  au  Florival  ou  premier  recueil  de 
poésies  d'un  vieil  Alsacien,  par  G.  G  jitelim  —  Mulhouse,  impri- 
merie de  B.  Mftneh,  1889  —  1  vol.        de  Txn-821  pages. 
Voici  un  recueil  de  poésies  allemandes  qui  a  son  mérite, 
sans  doute,  mais  qui  a  le  tort  d'arriver  au  jour  dans  un  mo- 
ment où  il  y  a  au  ])ays  une  résistance  pononcée  contre  les 
mesures  qui  proscrivent  le  français.  Les  deux  langues  vivaient 
jadis  en  bonne  intelligence,  en  bonne  et  loyale  confraternité 


BULLETIN  BIBUÛG&APHIQUK  141 

dans  le  mouTement  littéraire  de  la  j^vince,  ainsi  que  dans 
tous  les  rapports  de  la  ^e  sodale.  Les  temps  sont,  hélas!  bien 
changés,  et  c*est  pourquoi  la  muse  de  M.  GfftyeHn  court  le 
risque  d*Ôtre  peu  écoutée  de  ce  c4)té-ci  du  Rhin. 

Sera-t-elle  plus  favorablement  accueillie  à  Leij)/,iîi  où  le 
cœur  de  la  Germanie  intellectuelle  est  réputé  avoir  son  sié^o 
national?  Une  expérience  plus  que  trentenaire  nous  permet 
d'en  douter.  Ce  n'est  qu'après  les  foires  de  plusieurs  années 
que  M.  G&yelin  sera  iixé  à  cet  égard  et  partagera  peut-ôtre  le 
sentiment  que  nous  exprimons. 

Cest  d'aOleurs  au  public  alsacien  que  ce  recueO  s'adresse, 
c*est  pour  lui  quil  a  été  écrit  En  Téditant,  M.  6&yelin  a  cédé 
aux  instances  de  ses  amis  du  Club  Yosgîra,  section  de  Gneb- 
wDler,  et  aux  aris  de  ses  confrères  en  littérature  qui  n*ont 
cessé  de  l'encourager  dans  ses  patriotiques  inspirations.  Son 
recueil  a  le  caractère  particulariste  de  notre  ancienne  vie 
intellectuelle  de  la  province  d'Alsace  aux  meilleurs  temps  de 
son  développement.  A  ce  titre,  comme  à  beaucoup  d'autres,  il 
a  sa  place  dans  nos  collections  alsatiques.  C'est  au  Blumen- 
ihal  =  Florival,  ou  vallée  de  Guebwiller,  que  M.  G&yelin  a 
consacré  ses  meilleurs  souvenirs,  ses  plus  vives  affections.  On 
lira  sa  composition  sur  le  Bwnwéh  =  mal  du  pays,  avec  un 
sentiment  empreint  d'une  douce  tristesse.  Aux  sources  du 
Parnasse  se  fortifie  aussi  la  foi  en  ravenir. 

m 

La  Uberté  des  dmetlèrea,  qmnion  remplie  d'aetaalité,  per 

Ch.  Scguiidt,  pastcur-présideni  An  Consistoire  de  Sarreguemines, 
chevalier  de  la  Légion  d'honnenr  —  Strasbourg,  imprimerie  de 
6.  Fischbach,  1880  —  Brochure  in-S»  de  39  pagee. 

Cet  opuscule  que  la  Eevue  vient  de  recevoir,  est  un  tirage 
à  part  des  articles  publiés  dans  le  Jmumal  ^Akace  à  propos 
des  difficultés  élevées  par  le  clergé  à  Toccasion  de  divers 
enterrements  protestants  dans  les  cimetières  de  communes 
oU  la  grande  migorité  des  habitants  professe  le  enlte  cathO" 


14S  BSTUB  D*ALSACB 

Uque.  C'est  encore  l'ancienne  loi  française,  concernant  cette 
matière,  qui  est  en  vi;:ui'ur  au  pays  annexé,  et  c'est  la  réfor- 
iiiation  (le  cette  loi  ([uo  demande  M.  le  pasteur  de  Sarrejxue- 
iiiiiies  dans  le  but  d'éviter  désonnais  les  couâitâ  qui  se 
produisent  fréquemment  à  la  campague. 

IV 

Bulletin  âm  Im  BoolétA  âm  sotonoas  historiques  et  natu- 
relles de  ITonne,  Années  1880  et  1881  —  Auerre,  imprimerie 
de  G.  Ronillé,  1881  —  2  toI.  in-ê»  de  41M33-61-uc  et  zz  pages  svee 
8  planches  dont  2  pheteg^yptiqnes. 

Il  y  a  dans  le  dernier  et  le  premier  fucicules  des  34*  et  35* 
volumes  du  BulUeiin,  des  travaux  d*uii  grand  intérêt  historique 
et  scientifique.  Nous  ne  pouvons  que  les  signaler  au  courant 
de  la  plume,  ces  deux  foscicules  nous  étant  parvenus  il  y  a 

quelques  jours.  Le  cartulaire  du  prieuré  de  .lully-les-Nonnains 
est  un  document  fort  iniportant  pour  l'histoire  locale,  analysé, 
reproduit  et  annote  par  M.  Ernest  Tetit;  Les  coutumes  et 
péages  de  la  viconité  de  Sens,  par  M.  H.  Monceaux,  sont  aussi 
un  document  i)récieux  «soit  pour  la  jdiilologie,  soit  pour  l'his- 
toire  du  commerce  et  de  l'industrie  dans  le  centre  de  la 
France.»  Ce  sont  des  textes  soigneusement  mis  au  jour  avec 
de  nombreuses  annotations  qui  les  éclairent.  La  léproserie  de 
Sainte-Marguerite,  l'église  de  Saint-Siméon  et  le  chftteau  des 
Choux  sont  Tobjet  d*une  notice  intéressante  par  M.  Challe, 
président  de  la  société.  Un  mémoire  de  M.  E.  Yaudin  sur  la 
photoglyptie  initie  le  lecteur  aux  divers  procédés  de  repro- 
duction de  limage  des  choses  auxquels  la  découverte  de 
Daguerre  a  donné  lieu  jusqu'à  présent  Deux  planches,  repré- 
sentant le  buste  de  M.  le  président  Challe,  et  un  portail  de  la 
cathédrale  d'Auxerre,  du  xm*  siècle,  par  le  procédé  photo- 
glyptique de  Lemercier,  à  Paris,  justifient  {\  tous  égards  les 
mérites  que  M.  Vaudin  attribue  à  ce  procédé.  La  salle  du 
prince  d'Eckmiilil,  au  musée  d'Auxerre,  fournit  ensuite  à 
M.  Challe  le  matière  d'une  fort  belle  notice  historique,  biogra- 


BULLBTIM  BIBUOGRAPHIQUX  143 

phique  et  archéologique  dont  rami  de  Marceau,  de  Eléber  et 
de  Desaix  est  la  cause  origineUe.  Une  note  de  M.  le  docteur 
Bicque,  sur  des  sépultures  et  des  objets  funéraires  découverts 
à  SaintF<}ervais  termine,  avec  le  catalogue  des  hémiptères  de 
rYonne,  le  volume  de  Tannée  1880. 

L'a  chronique  secrète  des  cent  dernières  années  de  Tabbaye 
de  Saiiit-Germaîn  d'Auxerre,  par  M.  Challe,  ouvre  le  premier 
fascicule  de  Tauuée  1881.  Une  notice  historique  sur  la  cathé- 
drale de  Sens,  par  M.  E.  Vaudin,  et  le  catalogue  des  cartu- 
laires  du  département  do  l'Yonne,  par  M.  Max  Quantin, 
terminent  la  première  partie  du  fascicule  consacrée  aux 
sciences  historiques.  La  deuxième  partie,  affectée  aux  sciences 
naturelles,  renferme  le  compte-rendu,  par  M.  Gust.  Cotteau, 
du  congrès  international  d'anthropologie  et  d'archéologie 
prâiistoriques  tenu  en  septembre  dernier  &  Lisbonne.  Ce 
rapport  est  d^une  lecture  fort  intéressante,  même  pour  les 
hommes  du  monde.  Une  biographie  du  naturaliste  Goureau 
(colonel),  par  M.  Challe,  suivie  du  catalogue  de  ses  ouvrages 
et  de  ses  travaux,  met  en  relief  une  des  belles  figures  du 
monde  des  sciences  natureUes.  Cette  partie  du  fascicule  est 
noblement  terminée  par  la  première  partie  du  catalogue  des 
coléoptères  du  département  de  TYonne,  due  aux  recherches 
de  MM.  Loriferne  et  Poulain. 

Ce  sommaire-aperçu  des  travaux  de  la  Société  tirs  sricnce^ 
historiques  et  uatHrclles  de  l'Yonne  suftit  pour  donner  aux 
lecteurs  de  la  Berne  ir Alsace  une  idée  de  la  vie  intellectuelle 
dont  une  de  nos  premières  Académies  provinciales  est  le 
centre.  Honneur  à  son  président  et  à  ses  collaborateurs! 

V 

BnlMn  de  la  Soolétè  arohéologicpie  «i  taistorlqno  dtt 
rOrlAumls,  n**  107  et  108  —  Orléain,  imprimeriA  de  Oeofgea 
Jacob^  1880  et  1881  —  8  liMdciiles  iii-8»,  856  pages. 
Nous  trouvons  dans  ces  deux  livraisons  du  BuUetm  de 

nombreuses  notices  descriptives  de  silex,  de  monnaies  gau* 


144  unniE  d^alsaiz 

loîses  et  romaines  trouvés  dans  POrléanais.  Ce  sont  autant 
de  points  de  repère  fort  importants  pour  l'histoire  locale 
et  lliistoire  des  Ghuiles  confinant  aux  temps  préhistoriques. 
M.  lyesnoyers  et  ses  collègues  donnent  à  ces  découvertes 

successives  une  attention  particulière  et  compétente.  Ils 
ne  négligent  aucune  occasion  de  mettre  en  évidence  l'inté- 
rêt que  présentent  ces  trouvailles  pour  Favancenient  de  la 
science:  c'est  ainsi  qu'une  excellente  notice  de  M.  Desnoyers 
est  consacrée  à  la  collection  d'objets  et  instruments  en  pierre 
que  M.  Rabourdin  a  composée,  eu  1880,  dans  le  Sahara  algé- 
rien, au  pays  des  Touàregs,  et  qui  enrichit  aujourd'hui  le 
musée  de  Saint-Germain.  Ce  que  M.  Rabourdin  a  vu  de  Tautre 
côté  des  mers,  et  dont  il  a  rapporté  plus  de  trois  cent  cin- 
quante témoins,  on  le  retrouve  dans  nos  Gaules  plus  ou  moins 
accentué,  selon  les  stations,  au  Montvaudois,  près  de  Belfoit, 
par  exemple,  et  Ton  se  demande  si  la  conclusion  proposée  par 
M.  Desnoyers  :  cLe  grand  désert  a  été  habité  par  un  peuple 
disparu  ou  s*étantréftigié  en  d*autres  régions  >,  ne  s'applique 
pas  tout  aussi  vraisemblablement  au  continent  européen?  De 
nouvelles  découvertes  et  de  nouvelles  études  ne  conduiront- 
elles  pas  à  conclure  que  c'est  aux  <^randes  perturbations 
géologiques  qu'il  faut  demander  l'explication  des  phénomènes 
historiques  qui  sont  ai^ourd'hui  à  l'étude  ? 

FntoÉRio  KuBTZ» 


LES 

ËX-LIBRIS  DANS  LES  TROIS  ÉYÉGHÉS 

TOUL— METZ  —  VERDUN 
1552—4790 


II 

BIBLIOPHILES  ET  CtLLBGTIONNEiilS  TOliLOIS 


BIBLIOTHÈQUES  DES  COUVENTS 

L  jàbbaja  royale  de  S*int-L6on 

Comme  pour  tons  les  antres  monastères,  les  nuurques  sont 
tontes  mannscrites. 

Canonic  Megular,  S,  Leanis  Tullen,  i. 

Lors  de  la  visite  des  délégnés  dn  district,  le  4  Juin  1790,  en 
présence  de  Nicolas  Henriet,  prieur  claustral  G'ftbbaye  était 

en  commende),  et  des  religieux,  la  bibliothèque  contenait 

250  volumes  in-folio,  154  iu-4'  et  1360  in-8%  dont  plusieurs 
dépareillés.* 

Los  chanoines  prémontrés  tenaient  un  collège  avec  enseigne- 
ment depuis  les  élémentaires  jusqu'à  la  rhétorique  inclusive- 
ment Les  bâtiments  furent  reb&tis  au  commencement  du 
siècle  dernier  et  le  collège  communal  actuel  y  est  établL 


*  Voir  les  livraisons  du  dernier  trimestre  1881  et  da  l*'  trimestre  18SS. 

*  Archives  départementales  de  Meiirthe-ei>MoB€lle. 

NooTelie  Série.  *  II"  «mièe.  10 


BSVOB  D*AUACI 


fi.  Abteye  royale  de  SaiBt-Epvre 

Ex  Mnrio  S.  Ajn  i  Cong.  iS.  >S.  VUoni  <£•  Hyd,  Benedidor. 
S.  Apri  Tull.  1750. 

D'après  Dom  Ruinart,  les  archives  abondaient  en  bulles 
pontificales  et  en  diplômes  de  souverains,  mais  les  manuscrits 
faisaient  défaut  II  n'y  a  rien  d'étonnant,  car  les  amateurs  trop 
intéressés  ne  manquaient  pas.  Le  conseiller  au  parlement  de 
Mets,  Bigaud,  mort  en  1653,  et  célèbre  comme  bibliophile, 
alors  à  Toul  avec  le  Parlement  exflé,  détacha  de  sa  chaîne, 
à  la  sacristie,  un  ancien  cérémonial  manuscrit  de  Tabbaye, 
remporta  et  en  fit  présent  &  Golbert,  qui  recevait  journelle- 
ment, sans  scrupule,  de  pareils  cadeaux.  Les  moines  eurent 
tontes  les  peines  du  monde  d'obtenir  une  copie. 

D'après  Bl.  Dufrêne  {Austrasie,  Metz  1842,  p.  301)  ils  expo- 
saient k  la  Ténération  des  iidèles  à  certaines  fêtes,  comme  un 
Saint -Jemi  enlevé  par  les  anges,  une  magnifique  agathe 
antique  représentant  V Apothéose  de  Oertnanicua.  Convaincus 
de  leur  erreur,  ils  offrirent,  en  l(i74,  cette  pierre  précieuse  à 
Louis  XIV,  qui  leur  lit  compter  7()(K)  livres.  On  prétendait 
que  le  cardinal  Ilumbert,  l'un  des  familiers  du  pape  Léon  IX, 
l'avait  apportée  de  Constantinoplc.  Elle  est  aujourd'hui  au 
cabinet  des  médailles  (u"  179)  et  la  bibliothèque  de  la  ville  en 
a  un  fao-simile  en  plAtre. 

Le  couvent  fut  rebâti  au  siècle  dernier  par  Dom  Léopold 
Durand,  prieur  du  prieuré  détruit  de  Saint-Léonard  de  Féné- 
trange  dans  le  Westrich,  un  des  bons  architectes  du  temps,  n 
y  avait  de  vastes  Jardins  autour  des  lieux  claustraux,  et  un 
jeune  religieux,  Dom  Claude  Fleurand,  originaire  des  Vosges, 
y  fit  de  charmantes  observations  entomologiques  sur  les 
fourmis;  elles  ont  été  rapportées  en  partie  par  M.  EL  Bardy, 
président  de  la  Société  philomatique  vosgicnne.  Dom  Fleurant 
n'était  pas  seulement  un  amateur  d'histoire  naturelle,  c'était 
aussi  un  nunn>iii;it('.  Mory  (rKlvan^'c  cite,  cnnmif  lui  appar- 
tenant, uue  muuuuie  meroviugieunc  irappée  à  \  erduu. 


LES  EX-LIBRIS  DANS  LES  TROIS  ÉVÉCHÉS  147 

Les  dévastations  et  les  incendies  arrivés  dans  quelques 
villages,  après  la  prise  de  la  Bastille,  engagèrent  les  religieux 
de  Saint-Munsuy  et  de  Saint-Epvre  à  cacher  leurs  archives 
dans  différents  endroits  et  surtout  dans  les  caves.  C^est  ce  qui 
explique,  raconte  le  curé  Chatrian,  le  désordre  qui  régna  dans 
ces  papiers. 

La  bibliothèque  de  Saint-Epvre  s'était  accrue  dans  le  cours 
du  XVII*  siècle  de  la  riche  bibliothèque  de  M.  de  Mageron, 
chanoine  et  officiai,  conseiller  du  duc  de  Lorraine. 

Le  2  juin  1791,  l'autorité  se  présenta  pour  faire  Tinventaire 
du  mobilier  du  monastère,  en  présence  du  prieur  claustral 
Dom  Christophe  Lhotte,  du  sous-prieur  Dom  Gérome  et  de 
toute  la  communauté.  La  bibliothèque  comprenait4964  volumes, 
dont  1275  in-folio,  843  in-4''  et  2846  d'autres  formats.  Tous  les 
moines  déclarèrent  qu'ils  étaient  prêts  à  quitter  le  couvent 

Le  musée  départemental  des  Vosges,  à  Epinal,  possède 
deux  sceaux  en  cuivre  de  l'abbaye  Saint-Epvre.  Ils  datent  du 
xrv*  siècle  et  sont  reproduits  dans  le  beau  volume  sur  la 
sigillographie  touloise,  par  M.  Ch.  Robert 


'  Dom  Gérome  fut  principal  da  collège  de  Ltmérille,  loas  le  Consulat. 


148  wam  D*AU*ci 

Charles  de  Castellan,  dont  Tempreinte  a  été  graeiememeiit 

communiquée  par  M.  Lucien  Wiener,  consenratenr  dn  musée 
lorrain,  fut  abbé  commcmiataire  en  1663,  il  mourut  le  28  no- 
vembre IfjTT.  Lu  bililiothèque  di'  Luiirvillc  l)Oï>.sèJe  éKakiia  ut 
un  volume  aux  aiim\>  dv  cet  altbé,  dont  la  iiit-nse  abbatiale 
rapportait  ;>o,(>(M)  livres.  Deux  cardinaux  de  Kohan  (II  et  III), 
évêques  de  Strasbourg,  furent  successivement  gratiHés  de  ce 
beau  bénétice. 

Un  des  plus  célèbres  numismates  dttXTm*  siècle,  Dom  Mau- 
gérard,  aumônier  et  conservateur  des  monnaies  et  médailles  du 
duc  Charles-Alexandre  de  Lorraine,  gouTerneur  des  Pays-Bas, 
et  au  xvu"  siècle,  Dom  Descrochets,  Thistorien  de  Tabbaye  de 
Saint-Amould,  furent  religieux  à  Saint-Epvre  ainsi  que 
d^autres  érudits  religieux. 

8.  Abbaye  royale  de  S&int-Mansuy 

Ex  Monaderio  8,  ManmeH,  ordmU    BenedicH,  CaUdogo 
inser^^,  1748» 
Inser^piuê  OaUàoço  SancH  Mantueii,  1767, 
Momutem     MamuêH  orâxmt  8.  BenedicH  1768, 

La  bibliotbèque  des  Bénédictins  de  ce  couvent  marchait 
de  pair  avec  celle  du  Séminaire  et  de  Saint-Epvre  pour  le 
nombre  et  le  bon  choix  des  ouvrages.  Le  13  juillet  17'J1,  le 
prieur  claustral  Dom  Jean  Nicole,  le  sous-prieur  Dom  Léonard 
et  leurs  religieux  reçurent  la  commission  administrative.  La 
bibliothèque  contenait  3207  volumes,  dont  5U2  in-folio,  075  in-4* 
et  1940  de  diverses  grandeurs;  les  uns  reliés  en  vieille  basane, 
les  autres  en  brochure.  Il  y  avait  en  outre  un  manuscrit  fort 
ancien  sur  les  évêques,  in-4*  sur  vélin:  IwÂpi  catalogue pon- 
Hficum  tuUenrium  a  beakt  Mansueh  ei  deincqti,  qui  servit  au 
P.  Benoît  pour  son  histoire  et  qui  vint  échouer  plus  tard,  dans 
la  riche  collection  lorraine  de  M.  Noél  (n*  1694).  En  outre,  il 
y  avait  à  la  sacristie  six  manuscrits  sur  parchemin  pour 
rolfice  divin. 


LBS  n-UBRIS  D4I»  LIS  TEOB  iVÉCBÉS  149 

LlATentaire  des  meubles  portait  bon  nombre  de  tableaux, 
dont  six  de  M.Drouas  (?);  vingt-buit. représentant  Saint-Benott 

et  d*autres  bienheureux  et  supérieurs  de  Tordre  ;  buft  portraits 
de  Louis  XIV,  de  souverains  et  de  princes  lorrains.  Dans  les 
chambres  des  hôtes,  il  y  avait  des  tapisseries  de  Bergame,  un 
sopha.  six  fauteuils  en  velours  d'Utrecht,  etc. 

Parmi  les  moines  présents,  Dom  Jourdez  était  un  biblio- 
phile dont  Vex-iibris  nous  a  été  conservé.  Dans  un  riche 
encadrement  sortant  des  ateliers  de  Garez,  on  lit  : 

Dom.  ant.  Jourdez 
bénédictut 

U  avait  alors  40  ans. 

Dom  Benott  Didelot,  religieux  du  monastère,  était  alors  à 
Keufohâteau.  Les  amateurs  lorrains  connaissent  de  lui  une 
petite  eau-forte  (in-12  oblong)  :  Le  passage  âea  Teetosages 
éFEurope  en  Asie,  déâiêe  mt  S.  P.  D,  Bemy  CfMer,  prêtai  dé 
Flavigny,  avec  ses  armoiries,  d'après  un  tableau  de  Cazes.  * 

M.  Quintart  possède  et  a  reproduit  le  sceau  en  cuivre  de 
l'abbaye  au  moyen  âge.  M.  Dufrêne,  le  collectionneur  émérite 
de  tout  ce  qui  est  leuquois,  avait  en  vain  cherché  une 
empreinte  dans  toutes  les  collections  locales. 

Yard  de  Bar-le-Duc  peignit  pour  Téglise  abbatiale  la  vie 
de  Saint-Mansuy;  il  exécuta  aussi  quelques  tableaux  pour 
révêchéb 

4.  Ltô  Capucins 

Fondés  par  Tévéque  de  Maillane  dans  un  enclos  apparte- 
nant aux  moines  de  Satnt-Mansuy.  Le  biltiment  conventuel 
existe  encore;,  et  l^umble  église  sert  d*atelier  de  menuiserie. 
Âu-dessous  de  celle-ci  est  un  caveau  peu  profond  ob,  selon  la 
coutume  séraphique,  on  exposait  les  squelettes  des  religieux 

*  Les  Nouvelles  catholiques  de  Rouen  avaient  un  tableau  4©  CÇ 
peintre,  il  se  trouve  actuellement  au  musée  de  la  Tille. 


150 


R£VUE  D*AL8ACB 


avec  l'habit  qaHs  avaient  porté.  Le  vestibule  de  ce  charnier 
renferme  encore  quelques  peintures  à  la  détrenq>e,  avec  des 
macabres  armés  de  fiiulx,  tous  invitant  à  lire  de  longues 
inscriptions  tracées  en  caractères  romains  et  presque  illisibles. 
On  distingue: 
« 

Seigneur  de  quelque  grftoe  qme  lliomme  par 

VM  loini  M  

piisqn'il  loi  fimt  eon  âme  se  livre 

Poi^aH  me  faudra  mourir  

Trois  religieux  célèbres  habitèrent  le  couvent,  le  P.  Thomas 
de  Charmes,  auteur  d'un  Qmpendium  très  estimé,  le  P.  Nor- 
bert de  Bar,  que  Chevrier  poursuivit  de  ses  traits  piquants, 
eteniinleP.BenottPicaTt  de  Toul,  lliistorien  doniilad^à 
été  parlé.  C'est  à  tort  que  Ton  accuse  sottement  les  religieux 
d*avoir  brûlé,  à  sa  mort,  les  manuscrits  et  les  chartes  qu*a 
avait  rassemblées,  sous  prétexte  qu*il  ne  devait  rien  posséder 
d'après  les  règles  de  Tordre.  L'évêque  de  Cmnilly,  ami  et  pro- 
tecteur du  docte  capucin,  fit  recueillir  tous  les  papiers  que 
l'on  put  trouver  dans  sa  cellule,  et  l'archiviste  Lcmoinc  les 
eut  entre  les  mains,  au  palais  épiscopal,  de  longues  années 
après  (Catalogue  Emmery,  628). 

Modestes  coopérateurs  des  curés  campagnards,  prédicateurs 
des  missions  rurales,  phannadens  et  médecins  dee  pauvres, 
les  capucins  étaient  plus  instruits  que  bien  des  réiîgteux  riche- 
ment dotés.  Dans  chaque  cellule  du  couvent  de  Toul,  les 
commissaires  trouvèrent  à  côté  du  grabat  quelques  livres  et 
des  sermons  écrits.  Ils  possédaient  donc  quelque  chose!  Mais 
laissons  cette  oiseuse  digression  et  parlons  un  peu  de  la 
bibliothèque  de  voyage  des  révérends  pères  ;  elle  se  trouvait 
dans  deux  des  douze  poches  qu'ils  portaient  sur  leurs  vête- 
ments. La  Bradéale  renfermait  le  bréviaire,  elle  était  de 
figure  ovale  et  se  trouvait  dessous  et  le  long  du  bras  droit 
L*aiitre  pour  les  semonnaires 


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m  BX-LU&»  DAMS  LK  TlOB  ÉfiCHÉB 


151 


Pend  au  dos  et  bat  sur  la  fesse, 
Ou  pour  mieux  dire  sur  le  cul. 
Pourquoi  elle  se  nomme  Tape-cul.  ' 
Les  commissaires  cataloguèrent  chez  les  capucins  près  de 
1500  volumes,  dont  202  in-folio  et  1209  autres  de  divers  for- 
mats. On  ne  parla  pas  de  manuscrit;  cependant  Dom  Calmet 
dit  qalls  avaient  les  Qmmentaires  sur  Samt-Jèrdme,  par 
Didier  de  Birstorf,  chanoine  et  archidiacre  de  Toul«  ancien 
précepteur  du  duc  René  IL 

Void  Pacte  de  décès  de  la  hihliothèque  des  capucins,  de 
Tonl: 

f  Les  administrateurs  du  district  de  Toul  informés  que 

depuis  que  la  maison  des  cidevant  capucins  au'taubourg  de  la 
Paix  a  été  prise  pour  un  hôpital,  à  traiter  les  galeux  des 
armées  républicaines,  la  porte  de  la  salle  de  la  Bibliothèque 
ayant  été  fracturée  et  ladite  Bibliothèque  extrêmement  dila- 
pidée, ont  commis  Mourot  Vincent  un  d-^  ses  membres  pour 
avec  un  ofticier  municipal  de  la  commune  do  Toul,  reconnaître, 
vérifier  ladite  dilapidation  et  prendre  tous  les  renseignemens 
possibles,  [.('(lit  Mourot  s'est  transporté  dans  ladite  Maison, 
assisté  du  ciL  Thierry,  ofhcior  municipal,  lesquels  ont  reconnu 
que  bien  loin  de  trouver  la  bibliothèque  dans  Tétat  oh  elle  se 
trouvait  lors  de  Tinventaire  qui  en  a  été  fait  le  l' juin  1790, 
vieux  style,  ils  Tout  trouvée  dans  un  délabrement  total,  y  res- 
tant tout  au  plus  une  douzaine  de  vieux  bouquins  entiers  et 
quantité  de  feuillets  et  de  couvertures  de  livres  épars  tant 
dans  la  bibliothèque  que  dans  les  corridors  voisins,  s*étant 
informés  tant  du  citoyen  Buisson  gardien  de  cette  maison  que 
du  citoyen  .louré  et  de  sa  femme  qui  occupent  un  local  dans 
cette  maison,  ils  ont  appris  que  c'étaient  les  soldats  de  l'hôpital, 

'  DuoLOB.  La  CapucMiade  if ifMftmuje,  poème  pitoyable  où  l'on  insolie 
eontinnellement,  en  1689,  les  capncins  de  Utnal  et  les  enrés  de  U 
HMito<Seille,  à.csose  de  leur  fidélité  à  leur  sovrenin  proieiit. 


168 


qui,  après  avoir  brisé  la  porte  de  la  Bibliothèque,  avaient 
brûlé  une  grande  partie  de  ses  livres  et  jeté  une  autre  par  les 
fenêtres,  sous  prétexte  que  c*étaient  tous  livres  fanatiques 
quil  fallait  anéantir.  Les  dits  commissaires  tant  du  District 
que  de  la  municipalité  ont  aussi  observé  qu*on  avait  enlevé 
presque  toutes  les  serrures  et  ferremens  deladite  maison,  et 
brûlé  une  partie  des  portes,  boiseries  et  planches,  laquelle 
dilapidation  nous  a  été  a^^uvéi)  par  les  mêmes  Buisson  et 
Jouré  n'avoir  été  faite  que  peudaut  que  cette  maison  servait 
d'hôpital  aux  gâleux. 

Fait  à  Toul  le  2  Thermidor  de  Tan  deux  de  la  liépublique 
une  &  indivisible  signé  Moubot,  Thkbrt.  » 

Les  capucins  de  Toul  ne  sont  pas  oubliés  dans  la  Onisade:.. 

De  Saint-François  la  cohorte  nasale, 
Les  yeux  baisst^s,  l'air  contrit,  les  pieds  nus 
Suivent  la  croix,  composent  l'avant-garde, 
Couverts  de  frocs  à  capuchons  pointus. 
Frères  cadets  du  troupeau  séraphique, 
Leurs  revenu  «mt  la  masse  publique. 
IfaiB  éehaDgeant  coatre  on  maiiTais  sermon 
Un  broc  de  via,  une  poule,  an  jambon, 
Us  ont  fardé  l'esprit  éTangéliqne. 

Les  commissaires  inventorièrent  dix-sept  portraits  d'anciens 
pères  de  Tordre;  dans  le  réfectoire,  un  grand  tableau  repré- 
sentant le  lavement  des  {pieds,  par  Lallemand,  et  viugt-et-un 
tableaux  deSpeu  de  valeur,  etc. 

S.  Les  OordaUfirs 

Ea^BitUoUkeca  fhmeisccawrtm  QmimtuatuUenBiB. 

Cette  marque  se  trouve  sur  un  frontispice  d'un  volume  des 
Ada  Sanctorum  mis  au  pilon  !  ! 

QLes  religieux  possédaient  lôOO  volumes  dont  quelques  uns 
incomplets. 

lie  parlement  de  Metz,  pendant  soniexil  dans  la  cité  touloise, 


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LES  EX-LIBRIS  DANS  LES  TROIS  ÉVÊCHÉS  188 

siégea  aux  Cordeliers.  Ce  fut  &  cette  époque  que  Boflsuet, 
alois  chanoine  de  l'église  de  Metz,  habita  Toul  avec  son  père, 
conseiller  au  Parlement,  dans  le  bel  hôtel  de  la  rue  liicbatel 
qui  eiiste  encore. 

6.  Les  Dominicains 

Ej--lihris  Bibliothecœjr.  prœdicatorum  ConvetUus  TuMeiisis, 
BibL  fr.  prcedicatùrum  Co^  TuUensis, 

Leur  couvent  fut  fondé,  en  1245,  par  le  duc  de  Lorraine, 
révêque  et  le  mattre-échevin  Nemeric  Barat,  dont  le  nom  est 
encore  porté  à  TouL  506  in-folio,  390  in-4*  et  700  volumes  de 
divers  formats  composaient  toute  leur  bibliothèque. 

7.  Les  DomiiiioainflS 

Les  religieuses  du  grand  ordre  de  Saint-Dominique,  établies 
en  1621,  avaient  leur  bibliothèque  donnant  sur  le  jardin.  Elle 
lenfomait  3Ub  volumes  et  3  muuuscritd. 

8.  Les  DominiMines  du  Tien  Ordre 
Elles  n*arrivèrent  à  Toul  qu*en  1634;  elles  étaient  voisines 

des  précédentes,  leur  église  ;i  été  démolie  et  le  couvent  a  été 
changé  en  salle  de  spectacle.  C'est  à  tort  que  M.  Ch.  Robert 
(p.  246)  parle  de  relif/ieux  du  Tiers  Ordre.  Dom  Calmet  dit 
que  leur  église  était  ornée  de  tableaux  des  plus  grands  maîtres 
flamands.  Les  religieuses,  pour  se  rendre  utiles,  tenaient  des 
écoles  pour  les  jeunes  tilles.  332  volumes  formaient  toute  leur 
bibliothèque. 

9.  Les  religiensas  Bénédictines  du  S&int-Saorement 
Le  couvent  est  aiyourd^hui  la  gendarmerie.  La  bibliothèque 
avait  560  volumes,  reliés  en  veau  ou  basane,  traitant  presque 
tous  de  religion.  TJn  pensionnat  était  tenu  par  les  sœurs. 

10.  La  Congrégation  Notre-Dima 
Le  plan  du  couvent,  comme  ceux  des  autres  maisons  reli- 
gieuses de  la  ville,  se  trouve  aux  archives  départementales. 


164  REVUB  D 'ALSACE 

Diverses  habitatioi»  remplacent  la  maison  des  sœnrs.  Au- 
dessus  de  la  porte,  donnant  rue  du  Menin,  on  lit  encore  sous 
une  niche  vide  de  la  statue  de  la  Vierge  : 

AVXILIVM 
COSOREGATIONIS  NOSTBiB 
O&A.  PEO  fiOBIS 

Un  pensionnat  et  une  école  gratuite  pour  les  Jeunes  filles 
de  la  ville,  dit  le  Journal  de  Meie  de  1776,  étaient  tenus  par 
les  religieuses,  établies  par  leur  saint  fondateur  le  P.Fourier, 

de  Mattaincoiirt,  pour  rt^pandre  rinstructiou. 

Leur  bibliothèque  était  dans  une  armoire  (lOin-folio,  GO  in-i" 
et  72  in-S°)  beaucoup  de  livres  étaient  dépareillés.  «  La  caisse 
aux  titres  »,  contenant  aussi  les  registres  de  recettes  et  de 
dépenses,  se  trouvait  à  côté. 

Le  doyen  de  Yantoux  signait  les  comptes  annuels  du  cou- 
vent; dans  le  registre  de  1758,  on  voit  la  note  du  serrurier 
(64',18*)  qui  a  fermé  les  archives  et  la  bibliothèque.  Le  relieur 
figure  pour  bréviaires  et  offices  du  sacré-cœur.  On  donne 
39',3»  pour  la  vie  de  la  mère  Alix  (1773). 

Ce  fut  le  maire  Charles-François  Bicquiliey  avec  le  greffier 
La  Capelle,  qui  vint  poser  les  scellés  le  1"  juin  1791. 


L'inventaire  fait,  les  livres,  les  incunables,  les  manuscrits  . 

des  maisons  religieuses  furent  entassés  dans  les  greniers  de 
rhôtel  de  ville  oii  ils  formèrent  de  véritables  fortifications 
assiéjj;ées  continuellement  par  la  dent  des  rats  ou  la  main  des 
malveilhints.  Vers  Ls2U,  le  principal  du  collège,  qui  depuis 
(après  18H0)  devint  proviseur  du  collège  royal  de  Nancy,  fut 
chargé  de  trier  dans  cette  masse  pour  former  une  bibliothèque 
communale.  Son  choix  fut  discret,  car  on  vendit  le  restant  (la 
charge  de  plusieurs  voitures)  à  M"*  Y*  Bastien-Carez,  rue 
lOchateL  Tous  les  bibliophiles  delà  province,  le  grand  Pseaume 


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us  EX-LIBRIS  DAKS  LES  TROIS  ÉVÉCHtiS 


166 


en  tête,  se  précipitèrent  à  U  curée  pendant  plusieurs  jours. 
Hais  d^à  des  triages  avaient  été  fûts,  car  en  1791,  un  Béné- 
dictin défroqué,  nonuné  Bralret,,  ouvrit  une  librairie*  où  Ton 
trouvait  quantité  de  livres  précieux.  On  rencontre  encore 
nuintenant  beaucoup  de  ses  bouquins  reconnaissables  à  leur 
ea?4i&m imprimé:  8ê  vend  chez  Bralret  à  Tmd,  dans  un  double 
filet  oblong.  D  avait  aussi  une  marque  très  finement  gravée 
au  burin  :  lÀhrairie  Bralret  à  Toul,  dans  un  écusson  à  grenetis 
entouré  de  fleurs.  U  mourut  à  liverdun,  très  âgé,  après  avoir 
essayé  de  rétablir  le  culte  adamique. 

Si,  en  1819,  Tardent  bibliophile  anglais  0ibdin,  qui  visita  si 
rapidement  la  cité  leuquoise,  avait  su  que  des  monceaux  de 
livres  h  vendre  gisaient  dans  les  combles  de  lli6tel  de  ville,  il 
serait  resté  plusieurs  jours  à  Toul  qui  n*a  de  lui  que  ces  quel- 
ques lignes: 

«  La  route  est  encore  plus  jolie  aux  environs  de  Toul,  dont 
l'église,  vue  de  loin,  ressemble  à  une  cathédrale.  Nous  prîmes 
du  thé  à  Toul,  mais  d*abord  nous  visitâmes  Téglise  que  nous 
trouvâmes  de  beaucoup  supérieure  à  celle  de  Meaux.  Quelques 
portions  de  lintérieur  sont  véritablement  fort  élégantes,  une 
fenêtre  ogivale,  particulièrement  ornée  de  vitraux  peints,  peut 
rivaliser  avec  la  plupart  de  celles  qui  ornent  cette  cathédrale. 

c  A  Toul,  la  première  fois  depuis  notre  départ  de  Paris,  on 
nous  demanda  nos  passeports,  attendu  que  Toul  est  fortifié.  » 


GRAVEURS  TOULOIS  fi'£X-LIBRlS 

ZAPOUBAPH 
Oraveur  mr  hm  d  rtmjprtmerie  Carei,  1772'1773, 

1.  BiOQDiLUT.  S«  m  bloe  û»  pinre  ombié,  entonié  de  nwetiiz  d'un 
côté  et  de  l'autra  d*iu  Utirier  incliné;  eons  les  hadrares  fign- 
fant  le  sel  —  Za^pemofh  1772. 

Est-ce  Vauteur  de  la  Croisade,  mathématicien  distingué,  qui 
lit  imprimer,  eu  1763,  les  Calculs  des  probabilités,  ouvrit  pen- 

»  Rve  IGdiatel,  s»  1601. 


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166 


dant  la  Révolution  des  cours  gratuits  pour  les  ouvriers  et,  en 
1804,  publia  chez  Carez  la  Théorie  élémentaire  du  camm^rcef 
Il  était  secrétaire  de  la  Loge  des  Neuf  Sieurs,  dont  les  statut 
furent  imprimés  chez  Garez,  en  1782:  l'élcj^e  du  fr.*.  Michelet, 
fondateur,  par  le  £.'.  Grégeois,  en  1788,  sortit  de  la  même 
imprimerie.  ' 

Vex-UhrU  ci-dessus  appartiendrait-il  au  frère  de  Tancien 
garde  du  corps,  au  major  de  place  Jean-Baptiste  Bicquilley, 
rautenr  dee  Nodls  et  des  GomplainteB  sur  Tanoblissement  dn 
chapitre?  Il  est  le  père  du  général  dont  on  Toit  le  portrait 
dans  une  salle  du  rez-de-chaussée  de  Tancien  palais  épîscopal 
avec  ceux  du  maréchal  Gouvion  Saint-Qrrf  des  généraux 
Gengoult,  Gouvion,  Pintheville,  de  Tamiral  de  Rigny ,  du  baron 
Louis,  de  Tavocat  LiouTÎlle. 

s.  G.  N.  N.  Dans  nn  rond  ombré,  entouré  de  roses  reposant  snr  un 
tapis  de  verdure.  Av-dessoiu  à  gauche  Zajmtraph  1778,  Cham- 
brette,  ingénieur  des  ponts  ot  chaussée,  à  Toul?  Il  y  a  encore  le 
substitut  Collardf',  les  chanoines  Châtelain  ot  Claude.  Trouvé  à 
Metz  au  milieu  de  houquins  sur  l'un  desquels  on  avait  imprimé 
en  lettres  d'or  Cn\MiiKiiTTE  sur  les  plats. 

On  peut  attribuer  à  Zapouraph  la  marque  de  Dom  Jourdez, 
Vex-Hhris  armorié  de  M.  de  Curel  ;  les  trois  cailloux  de  Saint- 
Etienne  dans  la  couronne  d'épines;  la  charmante  vignette  de 
son  maître  dHin  bon  style  Louis  XVI  avec  les  initiales  J.  C. 
iJ>kiimma»rê  de  la  Fàbk,  Toul  1787). 

*  H  le  eonile  Gatton  de  Lambertye  a,  proveiiaiit  du  chaneine  de 
Jobal,  le  sceau  de  la  Loge  (ovale  de  O'^iS  nir  0"^3),  l'écu  royal  entouré 
d'emblèmes  maçonniques  disposés  arec  beaucoup  de  goût,  obâkd  scBiiTT 
DE  LA  B.  h.  DKs  Tx  sŒms  A  l'o.'.  db  voxju  Ce  Bcoau  ne  se  troare  pas 
dans  le  volume  de  M.  Ch.  Robert. 


m  BHjns  DAM  UB  nom  MoÉà 


CaUECTIONNEURS 

Le  chanoine  Henri  Montij^not  (1752),  fils  d'un  charpentier 
de  Nancy,  devint  membre  de  rAcadéinie  royale  de  sa  ville  ' 
natale;  il  y  prononça,  le  8  mai  1752,  un  discours  sur  le  rapport 
de  PËnéide  avec  llliade  et  TOdyssée.  Mais  il  est  connu  par 
d^autres  travaiiz  plus  importants:  Un  Mat  des  Etoiles  fixes 
au  sseond  sièck,  par  Ptolémée,  comparé  k  la  poaitioii  dm 
mêmes  étoiles  en  1766  avec  le  texte  grec  et  la  traduction,  k 
Nancy,  1788,  in-4*  avec  figures.  H  publia  aussi  dans  le  Meremn 
de  Ihmee,  du  mois  de  février  1756,  une  lettre  sur  le  tremble- 
ment de  terre  de  Lisbonne.  Son  opinion  sur  les  causes 
physiques  qui  avaient  amené  cet  épouvantable  désastre  M 
attira  une  réponse  des  plus  vives. 

Mais  uu  ouvrage,  qui  doit  particulièrement  nous  intéresser 
est  son  Dictionnaire  diplomatique  et  étymologique  des  termes 
du  Bas-Sicde  pour  servir  à  Vintelligence  des  archives  et  chartes, 
Nancy,  1767,  in-4''. 

L'auteur  du  Noël  lui  reproche  d'être  plus  fier  de  sa 
nouvelle  noblesse  que  tous  les  gentilshommes  de  race. 
Après  s'être  moqué  du  peu  de  solidité  de  ses  connaissances 
mathématiques,  il  lui  reproche  son  peu  de  charité.  En  eftet, 
en  1776^  le  chanoine  Montignot  allant  avec  son  confrère 
M.  d'HammonvillefuiMor  en  voiture  k  Boucq,  à  trois  lieues 
N.-E.  de  Toul,  laissa,  baigné  dans  son  sang,  le  jeune  Qaussin, 
de  cette  ville,  que  des  brigands  avaient  presque  assommé, 
t  Vous  êtes  trop  ensanglanté,  lui  dit-il,  nous  ne  pouvons  pas 
vous  prendre,  et  d'ailleurs,  nous  sommes  pressésl  »  Toute  la 
ville  fut  indignée  de  cette  réponse  barbare. 

Sur  le  point  de  mourir  Gaussin  disait  qu'il  en  coûtait  moins 
à  son  cœur  de  pardonner  à  son  assassin  qu'aux  deux  cha- 
noines si  inhumains.  Le  meurtrier  fut  pris  et  roué. 

*  AistdéfliiA  d6  SiMUilti  actiuUe. 


158 


uvoi  d'alsacs 


Le  chanoine  Montignot,  pour  célébrer  le  sacre  de  Louis  XVI, 
s'avisa  de  faire  une  distribution  de  pain  an  peuple.  De  ses 
fenêtres,  il  assomma  quelques  nudheureuz  en  lançant  ses 
mkheg.  Il  y  eut  nécessairement  du  tumulte,  des  vitres  cassées 
'  et  la  maréchaussée  dut  intenrenir. 

En  descendant  le  grand  escalier  du  doltre  on  lit  Tépitaphe 
de  notre  chanoine.  Une  sphère  est  entre  une  équerre  et  un 
compas  au-dessus  de  ces  lignes  : 

D.  0.  M. 

C\-^\t  M.  H.  François  Montipnot,  prêtre,  docteur  en  Théo- 
logie, chanoine  de  cette  église,  Membre  de  l'Académie  royale 
de  îiancj,  décédé  le  l"'*  Mars  1 â^é  de  67  ans. 

EeguiesctU  in  pace. 

Diaprés  le  P.  Benoit,  le  lieutenant  général  au  bailliage 
François  Favier,  depuis  conseiller  à  la  Cour  souveraine  de 
Colmar»  rechercha,  vers  la  fin  du  xm*  siècle,  les  antiquités  et 
les  monnaies  trouvées  à  Toul.  «  Celles-ci  étaient  si  communes, 

dit  le  capucin,  qu'elles  se  vendaient  au  poids,  mdme  les  plus 
rares  et  les  plus  curieuses,  et  on  en  faisait  si  peu  de  cas  que 
les  enfants  les  mettaient  au  jeu  comme  ils  auraient  fait  d'un 
liard.  » 

Celles  qui  furent  trouvées,  lorsqu'on  construisit  les  nouveaux 
remparts  de  Toul  et  dont  la  plupart  furent  presque  toutes 
envoyées  au  cabinet  du  roi,  furent  décrites  par  le  bénédictin 
Dom  Joachim  de  la  Boche  à  Pabbé  de  Senones.  Celuirci  vint 
souvent  à  TouL  Un  jour,  il  signala  à  un  M.  Paris  plusieurs 
blocs  de  pierre  taillée  qui  gisaient  derrière  la  cathédrale 
parmi  lesquelles  était  la  figure  de  la  déesse  Trivia  que  M.  Paris 
fit  transporter  dans  la  cour  de  la  maison  Groselicr. 

Vers  la  même  époque,  le  chanoine  de  Maimbourg  instruisait 
le  célèbre  P.  de  Sirmond  de  la  trouvaille  d'une  statuette  de 
Mercure  dans  les  fossés  de  la  ville. 

Le  capitaine  Duplessis,  du  régiment  de  Normandie  (cava- 
lerie), avait  recueilli  des  monnaies  trouvées  à  Toul,  et  M.  de 


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LB  n-UBKB  nim  ib  mm  Mait  lfi9 

Villement,  ingénieur  des  travaux,  avait  ramassé  de  son  côté 
tout  ce  que  Ton  trouvait  lors  de  la  construction  de  la  nouvelle 
enceinte  ;  le  P.  Benoît  était  chargé  par  les  Bénédictins,  de 
faire  un  catalogue.  Il  déclare  n'avoir  vu  qu'une  moDuaio  épis- 
copale  du  xvr  siècle  en  fait  de  monnaie  locale. 

L^antiquaire  Lemoine,  de  Moyenvic,  était  en  grande  corres- 
pondance avec  trois  Toulois  dans  la  seconde  moitié  du  siècle 
dernier.  Leur  correspondance  très  intéressante  a  été  mise  en 
Yente  à  Mets,  lors  de  la  dispersion,  en  1850,  de  l'importante 
collection  Emmery. 

Le  procureur  da  roi  au  bailliage,  Henri,  *  donnait  en  1761, 
1762  et  1763  des  détails  très  curieux  sur  la  compagnie  des 
Cadets  Dauphin,  sur  les  prix  accordés  à  Tabatage  de  l'oiseau; 
il  décrit  la  médaille  donnée  à  cet  effet  Puis  il  donne  quelques 
-  renseignements  sur  des  livres  publiés  à  Toul,  il  termine  en 
décrivant  les  ai'chives  de  la  ville,  de  l'évêché  et  de  la  cathé- 
drale. 

L'avocat  Vautrin  (1 703-1  TOf.)  s'occupe  principalement  dans 
SCS  lettres  de  questions  historiques  et  de  numismatique 
touloise. 

Enfin  le  troisième,  Tli  ou  venin,  Tcx-échevin,  donne  en  1783,  la 
généalogie  des  comtes  de  Metz,  de  Verdun  et  de  Toul,  avant 
la  réunion  des  évôchés.  Thouvenin  a  laissé  des  manuscrits 
précieux  pour  lliistoire  de  son  époque. 

Parmi  les  autres  lettrés  toulois,  on  peut  citer  le  président 
PaUas,  qui  obtint  uh  prix  d'éloquence  à  TAcadémie  française 
en  1735  ;  Nicolas  dément,  le  garde  de  la  bibliothèque  du  roi, 
l'auteur  de  la  défense  du  siège  de  Toul,  il  légua  au  cabinet 
des  estampes  sa  magnifique  collection  iconographique  sur  le 
règne  de  Louis  XIV;  Sellière,  curé  de  Maizières,  correspon- 

*  Le  procarenr  du  roi  Henri,  avec  MM.  Bîcquilley  et  ThoiiTenin, 
est  rautenr  des  mcmoiroR  conremant  le  dt-mombroment  da  diocèse  et 
anaobUssement  da  chapitre,  présenté  an  Parlement,  à  la  Cour,  etc. 


160 


BBVOI  D'AUAfZ 


dant  de  TAcadémie  de  Metz  en  1782;  Nicolas  Dusaulchoy,  le 
joyeux  président  des  Soupers  de  Momus,  etc. 

Le  premier  conservateur  du  musée  de  Nancy,  et  pour  loque! 
la  place  fut  créée,  fut  un  ancien  officier  des  guerres  d'Amé- 
rique, anden  capitaine  d*artillerie,  chevalier  de  Saint-Louis, 
Jean-Victor  Hngaenin  de  Lannaguaîs,  membre  de  TAcadémie 
royale  de  Nancy,  inscrit,  en  1788,  au  matricule  de  la  noblesse 
dtt  bailliage.  Il  ayait  un  très  beau  cabinet  d*histoîre  naturelle. 
Il  trouva,  le  premier  en  France,  dans  la  glaisière  de  Bouvron, 
le  sulfate  de  strontiane  en  masse  striée  et  fibreuse.  M.  de 
Launafniais  fut  le  j)arrain  de  Charles  de  Villers,  cet  aimable 
philosophe  de  Roulay,  qui  fut  Tamant  de  tous  les  bas  bleus 
célèbres  de  son  temps. 

De  nos  jours,  les  travaux  géologiques  sur  Toul  et  son 
arrondissonent  ont  fait  connaître  honorablement  leur  auteur, 
M.  le  pharmacien  Husson.  M.  le  docteur  Denis  (de  Commercy) 
B*e8t  appliqué  a?ec  succès  à  des  études  approfondies  sur  la 
chimie.  Ce  praticien  distingué  a  laissé,  outre  son  cabinet 
scientifique,  une  belle  collection  d^antiquités  locales,  dont  il 
poursuivait  lïtudo  avec  la  plus  grande  ardi  ur  dans  ses  rares 
moments  de  loisir.  On  doit  aussi  citer  les  travaux  bcientitiques 
de  MM.  les  docteurs  Leclrrc  et  Bancel. 

Voici  ce  que  dit  la  Bcvue  anecdotique  (Paris,  1859,  t.  viii, 
p.  247)  de  la  collection  de  M.  Dufrêne,  conseiller  de  préfecture 
honoraire,  aimable  octogénaire,  le  dernier  leuquoie  qui  fait 
avec  tant  de  bienveillance  aux  chercheurs  les  honneurs  de  sa 
demeure,  rue  des  Prisons  militaires,  à  Metz:  •  Médailles, 
livres,  bahuts  et  cadres  sculptés,  une  assez  grande  quantité 
de  chartes  des  xm*,  xiv*  et  xv*  siècles;  entre  autres  tous  les 
comptes  de  la  maison  de  Charles-le-Téméraire  au  siège  de 
Nancy.  Recherche  avec  passion  tout  ce  qui  a  trait  à  l'histoire 
de  Toul.  »  En  effet,  il  existe  peu  de  collection  lo(  aie  aii>si 
complète  sur  une  cité,  il  est  vrai  que  M.  Dufrêne  a  mis 
plus  d'un  demi-siècle  à  la  former.  Les  rares  opuscules  qu'il  a 


us  B-UMUS  IkA»  US  nu»  ÉfÉGHiS 


161 


publiéB  BUT  sa  ville  natale,  sont  une  preuve  deses  mimitieiiSM 
recherches.  On  sait  qae  le  beau  yolnme  but  la  siffiUoffraphie 
de  Toul,  par  M.  Ch.  Robert,  a  été  écrit  grâce  à  Tactive  coopé- 
ration de  notre  respectable  collectionneur. 

Enfin  avant  de  terminer,  nous  ne  pouvons  pas  nous  dispenser 
de  parler  de  la  faïencerie  de  Belleviie,  près  de  Toul,  bâtie  en 
1758,  et  dont  les  produits  sont  si  recherchés;  le  célèbre 
sculpteur  de  Lunéville,  Cyflé,  y  travailla  quelque  temps,  et  on 
eonaerre  soigneusement  les  moules  de  ses  charmants  groupée. 

Les  ex-Uhrii  contemporains  sont  très  rares;  dtons,  sous  la 
Restauration,  celui  du  receveur  particulier,  modestement 
imprimé  dans  un  carré  à  double  iilet: 


DB  LA.  BIBUOTBàQUB 
DB 

THERBBT  PBTIT- JBAV 
A  TOUL. 


et  de  nos  jours  celui  du  docteur  Ern.  Bonnejoy,  né  à  Marines 
(Seine-et-Oise)  en  1833,  d'une  famille  originaire  de  l'arrondis- 
sement de  Toul,  demeurant  à  Chars  en  Vexin  ;  il  possède  une 
bibliothèque  de.  près  de  4000  volumes,  où  Ton  remarque  de 
nombreux  incunables  et  de  manuscrits  sur  vélin,  dont  un  du 
VU»  siècle  en  onciales,  etc.  Il  recherche  particulièrement  tout 
ce  qui  a  rapport  au  Vexin  français,  livres,  gravures  et  monu- 
ments, qu*il  a  joints  aux  collections  numismatiques  et  con- 
ehyologiques  paternelles.  Charavay  a  publié  dans  la  Sems 
dei  documents  hutoriquM  quelques  unes  de  ses  chartes  les 
plus  anciennes  (1118  à  1177). 

Nous  donnons  ici  VesMrii  de  M.  le  docteur  Bonnejoy, 
dessiné  et  gravé  par  lui,  et  qnH  a  bien  voulu  nous  envoyer. 
La  composition  en  est  très  originale:  au  fond,  au  milieu  du 
parc  son  habitation;  au  premier  plan  un  livre  sur  lequd  on 
lit:  Ex'lïbris  Docteur  Bonnejoy,  puis  à  droite  des  attributs  de 
NoaTêUê  Sén*.  -  11"*  année.  U 


168  rnsm  d^alsacb 

médecine,  potions,  pillules  exposant  le  symbole  macabre;  au- 
dessous  la  fontaine  minérale  qu'il  a  retrouvée  près  de  Chars  ; 

un  charmant  ruissolet  en  sort  et  fait  bordure  au  dessin;  au- 
dessous  la  devise  du  docteur,  ancien  inspecteur  des  eaux  de 
Forges,  sàlus  ex  ukdis,  puis  plus  bas,  K  Bonnejoy  del 
&  8C,  1876. 


APPENDICES 


1 

NOËL 

ancien  gardé  du  carpi  du  roL 

Pour  adorer  l'enfance 

De  Jésus  nouveau  né, 

Le  chapitre  s'avance 

De  la  eroix  décoié. 
JoMph  dit  :  «  Tona  voilà  des  abMi  d'importaiieeb 
BeaoBoei  à  la  vanité^ 
O'eet  pour  prêelier  l'humilité 

Qm  Jém  prend  naiieaiiee.  » 

«Pour  entrer  au  chapitre, 
Eépondit  Champorcin,  ' 
L'on  n'avait  d'antre  tltr^ 
Qae  d'être  homao  de  Uen, 

'  LPivéqne  ont  vue  réception  ipleadide  lonqn'il  vint  ponr  la  pre- 
mière fois  à  Ton!.  «J'ai  toat  fidt  pour  le  mlevx,»  était  eoa  expreadon 

faTorite. 

Parmi  les  chanoines  il  y  avait  des  fils  de  boncher,  de  meunier,  etc.^ 
(ce  qui  leur  faisait  honneur).  On  disait  plaisamment  que  lenr  nonveUe 
croix  était  une  pierre  à  détacher. 


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LES  EX>LIBRIS  DANS  LES  TROIS  ÉVÊCHÉS 


163 


J*ti  tout  fait  pour  le  mietuc,  par  née  soins,  non  «dresse, 

J'en  écarte  le  citoyen 
Pour  quelque  prestolct  lointain 
Qui  prouve  sa  noblesse.» 

Joî;oph,  quoique  bonace, 
Lui  dit:  «Mon  bon  pr<'lat, 
L'on  doit  vous  rendre  grâce 
Pour  ce  boau  cnup  d'état, 
£t  les  pauvres  Touloiâ,  au  sein  de  l'indigence, 
Verront  venir  de  Pezenas 
Des  ISunâiqnes  en  rabat, 

D6rorer  leur  sabsistance.  » 

Vantoux  prend  la  parole, 

Et  dit:  «Point  de  débat, 

L'église  métropole 

Exige  de  Pédat, 
Laissons  ans  tonsurés  de  famille  ineonnne, 
A  des  gredins,  à  des  pieds  plats,' 
Des  cures,  des  vicariats 

A  portion  congrue.» 

«Quelle  est  cette  éminence?» 

Demande  le  bon  Saint. 

—  «  Un  homme  d'importanee, 

En  un  mot,  le  doyen; 
Glorieux  des  exploits  de  Monsieur  son  grand  père, 
Il  servit  dans  un  régiment, 
Mais  il  ne  fut  du  tout  méchant, 
Sons  lliabit  militaire.  » 

Phraseur  impitoyable, 
Ecrivain  froid  et  lourd, 
Hontignot,  dans  l'éMIde, 
Fit  va  fort  beau  discours.* 

*  Très  haut  afoc  ses  inférienrs,  H.  de  Tantoaz  qvpelait  tout  to 
monde  :  greOnt,  immaïKf,  jiwcb  jitats,  gens  de  rien.  Ce  qui  excita  le  rire 

de  ton*!,  lorsqu'on  connut  son  histoire.  Etant  lieutenant  au  régiment  de 
Tournaisis,  il  dut  donner  8a  démission,  sur  l'injonction  de  ses  cama- 
rades, ayant  refusé  de  se  battre  eu  duel,  après  avoir  reça  un  soufflet. 

*  Voir  ee  qui  a  été  dit  snr  ce  chanoine. 


1(S4 


Tandis  qu'il  épuisait  !«•  flenn  dfl  zhétorique, 
Le  boBof  et  VftDe  s^extaeiaient, 
Lei  antres  aniatanta  baillaieiit^ 
En  s^le  académigne. 

Joseph  dit;  «  Ge  grand  homnie 
Me  pamtt  bien  dlAiB  ; 
J'ai  dormi  d*an  bon  aonuneb 
Pendant  tont  son  Ftobns» 

Ne  ferait-il  pas  mieux  de  lire  TEvangile, 
Et  pour  secourir  son  prochain 
L'exemple  du  bon  Samaritain 
Lui  serait  bien  utile.» 

Tandis  que  l'on  tourmente 
Le  divin  nourrisson, 
Ducrot  vicut  et  présente 
Sa  protestation; * 
Dabetex  l'a  chassé  par  ordre  du  chapitre, 
Et  se  trouvant  sans  fea  ni  lien, 
n  demande  asUe  à  son  Dien 
Et  le  fut  son  arbitre. 

Quand  Lacour,  le  fanx  frère  ' 

Dn  citoyen  fantonr, 

Yeot  fidre  la  prière 

An  bureau  du  SauTonr. 
Le  ehi^itre  s'enfuiv  Laeonr  seul  de  an  bande, 
Fait  à  Jésus  son  compliment, 
Sans  diacre,  snns  nn  assistant, 

Sans  qu'on  aille  à  Toffrande. 

*  Le  chanoine  Ducrot  (176U)  crut  devoir  envoyer  par  huissier  sa 
protestation  contre  l'anoblissement  dn  chapitre.  Cet  acte  judiciaire  ne 
fiit  paa  mentionné  dans  le  proeés-verbaL  Les  chanoines,  dn  reste,  en 
eurent  une  telle  colère,  qu'Us  résolurent  de  mettre  en  quarantaine  les 
chanoine-j  ojiposants,  et  de  ne  plus  les  saluer,  même  à  l'office.  Le  cha- 
noine Dubctcx  qui  avait  Ducrot  en  location  fut  forcé  de  le 
mettre  à  la  porte. 

*  Le  chanoine  Lacour  (1751X  un  des  opposants  les  plus  ardents  contre 
la  décoration,  fitt  mis  à  l'index;  on  jura  quand  il  serait  de  semaine, 
qu'on  ne  Ini  ferait  pas  diacre  ni  sous-diacre  et  qu'on  n'irait  pas  à 
l'ofiande. 


tu  BHjnn  pams  ub  nos  tfÉCHiB 


m 


Peu  hii  à  la  caliale, 

Joseph  était  tremblant! 

«  Qael  horrible  icandilei 

Dit  Dronn  en  pleninnt»* 
Bedouiei  le  eonnonz  dn  Dien  qni  tous  eontemple^ 
En  eesMAt  d*4ii«  cilojene 
Sojei  hnmeins,  soyez  chrétienii 

Yova  en  deTex  l'exemple.  • 

•4)ae  de  Tninee  paioleii 
Dit  Tardif  en  foreur/ 
Je  gegne  cent  pUtolei» 

Tl  y  va  de  l'honnenr, 
Pour  défendre  ma  croix,  je  perdrai  mes  reilleSi 
Laissons  tout  scrupule  à  l'écart, 
On  met  religion  à  part 
En  affaires  pareilles.  > 

Tranchant  du  petit-maltre, 

Beurard  paraît  surpris, 

Qu'on  le  fasse  paraître 

Dans  un  paréo  tandis; 
«Comment,  point  de  sopha,  point  de  bondoin,  de  glaces, 
Peint  on  gronpe  TOlnptnenx? 
Ceit  nn  appartement  de  gnenx. 

J'abandonne  la  place  I  • 

Joeeph  perd  patience 

Et  Ini  répond  wradain  : 

«Un  pen  moine  d'imolenee, 

Petit  abbé  ponpain, 
Su  TW  eicploits  galants,  gardez  mieux  le  mystère  I 
Le  brait  ne  convient  qu'au  plumet; 
Mais  un  moine  en  petit  collet, 

Devrait  savoir  se  taire!  • 


'  Drouas  de  Boiusey,  grand-chantre,  honnête  homme,  frère  de  l'an- 
cien évéque. 

'  Cest  atee  des  larmes  de  joie  qne  IL  de  Tardif  d*HamonTille, 
aMhidiaere  de  Port»  vient  annoncer  an  précédent  qn*on  assorait  awc 
arcUdiaerea  «ne  somoie  annuelle  de  cent  pistoles  à  titre  de  dédomm»- 
geneotk 


Btnn  D*ALua 


Pour  Hoir  U  tfoncc, 
Le  père  nourricier 
Tin  sa  rérérence 
Et  dit  m  corps  entier  : 
«  Je  evis  édifié  de  tons  les  gens  d'église^ 

Depnis  les  clercs  Jniqn'aia  abbés» 
Allez,  messieurs  les  savonnés, 
Le  bon  Diea  Tons  bénisse  I  • 


U 

COMPLAINTE 
wr  la  â^aue  déporter  (a  ercix  hon  laprwmee 

Du  noble  Pagel  dit  Vantoux, 
Doyen  du  cbapitro  do  Toul, 
Anssi  noble,  que  son  chef  même, 
Plaignons  la  douleur  extrême; 
Loi  et  tons  ses  confédérés 
Héritent  bien  d'être  pleorés. 

Du  plus  foudroyant  des  Edita, 
Ils  sont,  hélas!  tout  interdits, 
De  la  douleur  voyez  l'erablême 
Sur  leur  visage  pale  et  blême, 
Et  pour  leur  consolation, 
Chantons  leur  désolation. 

Ce  qui  est  le  pins  douloureux 
Pour  ces  chevaliers  malheureux: 

C'est  que  Louis  seize  en  personne, 
Ce  grand  Roi  dont  rame  est  si  bonne 
Qu'il  nous  porto  tous  dans  son  cœur 
Est  l'inâtrumeut  de  leur  malheur. 

Monsieur  Tabbé  de  Champorcin 
N'a  plus  qu'une  croix  sur  son  sein. 
Ce  grand  soccesseor  des  apétres. 


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ui  n-LnuB  imu»  lm  tm»  tviorii 


En  a  d^à  porté  Um  d'aairai» 
At  Jamis  fl  n'en  aaaqven, 
Momienr  deVantoiis  y  pomnoin. 

Que  devenir  sans  croix  aussi, 
Comment  se  montrer  à  Nancy, 
miMtn  abbé  de  Bonntffllet* 
ir«ii^  pu  mie  diMe  ^û». 
Pour  «M  d  noble  touniire, 
lyêm  Téln  fionune  on  eoré? 

PaUas,  *  étalez  vos  deux  croix 
Qoand  toos  partires  pour  Chaloix,  ' 
Sérient  eyei  de  la  prudence, 
<)BBBd  TOM  eem  à  le  pelenee^ 

*  Heui-Leoii  Pelet  de  BonufiUeb  né  à  NeMj,  lege  en  1TB7,  «lé- 
ferier^pniB  grand-chantre  du  chapitre  etvieeire  général,  conseiller-clero 
an  parlement  de  Nancy,  demeurait  à  Monbois  (faubourg  de  BoudonTille), 
membre  de  l'Académie,  fondée  par  Stanislas,  y  lut,  après  le  rétablisse- 
ment de  celle-ci,  quelques  passages  de  sa  induction  de  Senèque,  qui 
ftii  imprimée  en  180S;  ^Hrèe  le  Concordat»  ebeaoine  bonoraire  de  la 
eatfiédrale. 

(V.  ce  que  dit  Lionnois  sur  la  charmante  propriété  de  Monbois). 

*  Pallas  (1742),  promoteur  du  chapitre?  Il  y  avait  alors  trois  Pallas, 
chanoines  (1746,  1767).  Un  d'eux  se  chargea  de  démolir  la  statue  en 
branae  de  Saint^Mraid,  qni  a'élerait  an  milieu  dn  eboor  enr  een  tem- 
been  per  liz  gros  piedi,  ans  fraia  da  cbanoine  Fenrj  de  Teid,  en  18QS  ; 
mal  Ini  en  prit,  selon  le  poète: 

Monsieur  Pallas  dont  on  avait  fait  choix 

Pour  présider  à  l'œurre  méritoire, 

Voulant  du  saint  honorer  la  mémoire 

Le  <i  éter  et  le  ▼endit  a«  poidu^ 

Pour  le  livrer,  Pallas  traTaille,  sue, 

Veut  le  briser  à  grands  coups  de  massue. 

Le  saint,  de  cuivre,  à  qui  ce  jeu  déplatt, 

Au  lourd  marteau  répond  avec  la  crosse, 

flaielt  Pallaa  qne  radement  il  rosee^ 

Atteint  la  jambe  et  la  Ini  casse  net. 
Les  Tieux  Toulois  virent  dans  cet  accident  nn  juste  chAtiment  pour 
Tobstination  à  démolir  raniiqne  tombeau  et  peuT  SMi  remplacement 
par  un  dallage  noir  et  blanc. 

*  Où  se  dressait  le  gibet,  au-dessus  de  la  Clharognerie,  près  de  Saint-Epvre, 


168 


VKfm  D*ÀLSACI 


Adien  cordons,  croix  et  grandeurs, 
C'eai  le  terme  de  to»  boimean  I 

YooM  qui  poriM  d«  li  bon  air, 
Un  ooUier  roog»  ai  bonneftTWl» 
Sans  Bonlier,  saai  ehtval  ai  ditiM^ 
A  pied,  chemiafti  à  Toiro  aite^ 

Allez  sans  croix,  ne  craignez  rien, 
Partout  on  tous  reconnaîtra  bien.  ' 

AUei  laoi  eroiz,  abbéa  ardents, 
Vaqius  à  rw  o^oila  galaata. 
Momignoi;  Boa,*  Hafflonrille^* 
Da  nuit»  ftitas  le  gaet  en  ville^ 
On  TOUS  prendra  ponr  des  abbéa 
Da  grand  Séminaire  échappée. 


ni 

DEVISES  TOULOISES 

Eudes  de  Soiqr»  ârdqne,  sur  son  contre  seel,  1228. 
Deu8  adjuvante, 

Hugues  des  Hasards,  évêque,  1517. 

Moderata  durant  —  Calmiez  bien. 
Sur  son  tombeau  :  Yita  hominis,  Nasci,  lahorare,  morû 
Hector  d'Ailly,  évêque,  sur  un  jeton,  1532. 

Nasci,  laborare,  mort. 
Toussaint  d'Hocédy,  évôqae,  1547. 

Inter  utrumgue  vcila, 

*  De  SvMet  dnéodioirait-Lenonooarl»  1778. 

*  Le  craile  de  Sofll  de  Cemeek»  aagnal  de  Hoofrit. 
<  Tardif  d'HamennUe  mmor.  1767. 


LES  EX-LIBRIS  DANS  LES  TROIS  ÉVÊCHÉS 


169 


Le  cardinal  de  Vaudémont,  évêque,  1587,  sur  un  jeton  : 

Merilo  d^enSo  iiMntoik 
Pierre  Jacobi,  impiimenr,  1507. 

Sdiafiéki  mjS/ieit  on  Jtâes  fidt. 
Claude  Guyot,  chanoine  de  la  cathédrale,  1599. 
Fosuit  in  co  dominus  iniqiiitatem  otnnium  nostrum  ÇLsSile)^ 
au-dessus,  le  Christ  en  croix. 
Jean  de  Barba,  chaiiome,  qui  lit  reconstruire  la  chapelle  de 
tous  les  saints,  1550. 
Anchora  mea  Deus, 
Goumay,  éTdque. 

Orheru0nki,eaéknL 
Jean  de  Lorraine,  évêque. 

In  mamhus  tuii  sorUs  mecB. 
A  Tég^e  SainMïengoult 

Mensura  in  rebm  optima,  m  .  cccc .  xii . 
Sur  une  maison  de  la  place  Croix  de  Fust,  1590  : 

Nasci,  lahorare,  mori. 
Sur  une  maison  rue  Michatel  (où  habita  fiossuet): 

Fortuna  Comité,  Fortuna  lente,  1515. 
Sur  le  frontispice  du  Commentaire  des  cantiques  de  Moyse. 
Lyon  1619.  Quatrain  manuscrit: 

Mon  âme  pleine  de  douceur, 
Sou^e  à  Vous,  Dieu  de  mon  cœur. 
Et  toute  contente,  éUe  a^écrie  : 
ViveJéeue,  Vive  Marie! 

ÂETHUR  KnoiT. 


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LÉGENDES  ET  TRADITIONS 

Saint- DmBR,  Vill&rs-lb-Seg,  Croix,  Montboutoii, 

Beaucourt,  Fesghe-l'Eguse,  Lebetain  et  le  hameau 
DU  Val. 


Ob  niMontre  en  Ftanee  dM  vwtigw 
de  tOQi  1m  IgM  de  llnimaiiité. 

TuVFUDw 

La  commune  de  Saint-Dizier  était,  avant  la  grande  Révolu- 
tion, le  chef-lieu  d'une  mairie  dont  dépendaient  les  villages  de 
Villars-le-Sec,  Croix,  Montbouton,  la  moitié  de  Beaucourt, 
Fesdie-rEglise,  Lebetain  et  le  hameau  du  Val,  qui  a  toujours 
fait  partie  de  Saint-Dizier. 

Les  reflsortissants  de  cette  mairie  loi  payaient  une  rede- 
yanee  annuelle. 

Les  sigets  de  la  seignenrie  de  Délie  à  Feeehe  devaient  pour 
leur  eeoBte  de  la  dette  de  la  Ifayrie  la  censé  de  59  Ut.  3  sols  ; 
les  Français^  de  Bocourt  deyaient  18  liv.  4  sols;  la  communauté 
do  Villars  77  liv.  9  sols;  Montbotton  devait  73  liv.»* 

Le  territoire  de  Saint-Dizier  touchait  alors,  comme  encore 
aujourd'hui,  à  celui  de  ces  six  villages,  et  des  chemins,  dans 

*  Les  Français,  dans  la  pièce  qae  nous  consaltons,  sont  ainsi  appelés 
par  opposition  aux  sujets  de  Bourgogne,  dont  Beaucourt  était  aosai 
peuplé. 

*  Nous  n'avons  pas  pu  découvrir  ce  que  les  antres  communes  doraient 
à  la  mairie. 


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liGBHDtt  R  njjnnoMB 


171 


un  (Hat  très  défectueux,  venaient,  à  travers  les  bois,  aboutir 
au  village  de  Saint-Dizier  sans  se  souder  Tun  à  l'autre.  Ces 
chemins  avaient  été  établis  dans  un  but  plutôt  administratif 
et  religieux  que  commercial,  car  tous  ces  villages  dépendaient 
non-seolement  de  la  «May ne»  mais  aussi  de  la  paroisse  de 
Saint-Dizier,  qui  était  certainement  une  des  plus  anciennes  et 
des  plus  considérables  de  la  contrée.  Ce  petit  coin  de  pays  se 
nommait  le  Haut-Fa^,  la  Sau/te-Mame  ou  la  Maine  âe 
Saint'Dizier, 

L'antiquité  de  la  paroisse  de  Saint-Dizier  est  prouvée  par 
des  titres  d'une  authenticité  iiieoiite:<table.  Nous  savons,  en 
effet  que,  ))ar  une  charte  de  Tannée  728,  le  duc  Eberhard 
d'Alsace  ht  don  de  cette  église  à  l'abbaye  de  Murbach.  Datira 
(Délie),  cîim  Basilka,  tibi  sanctus  Desiderius  incorpore  quieseU, 
veX  quod  ad  ipsam  £cclenam  aspieere  videtur, 

A  l'époque  de  cette  donation,  l'église  de  Saint-Dizier  était 
d^à  très  importante  puisque  la  charte  en  question  la  qualifie 
de  BanUqwiO^  terme  qui,  comme  chacun  sait,  ne  s'appliquait 
qu'aux  églises  remarquables,  églises  royales.* 

L'importance  de  cette  paroisse,  à  une  époque  aussi  reculée, 
prouve  évidomiiieiit  que  ce  petit  coin  de  pays  était  habité  dès 
les  temps  ante-historiiiues.  Nous  allons  essayer  d'en  donner 
des  preuves  par  les  monuments  que  les  populations  celtiques 
nous  ont  laissés  dans  la  contrée. 

Le  culte  druidique  y  a  été  en  grand  honneur,  si  l'on  en  juge 
par  les  épaves  de  cettereligion  mystérieuse  qui  sont  parvenues 
jusqu'à  nous.  Il  est  même  à  croire  que  nos  montagnes  du  bas 
Jura  ont  été  habitées  dès  l'ftge  de  pierre.  Nous  avons,  en  effet, 
trouvé,  il  y  a  plus  de  trente  ans,  une  joIi3  hache  celtique  en 
silex,  qui  est  déposée  au  musée  archéologique  de  Belfort  ;  un 
grand  nombre  do  cailloux  qui  ont  servi  à  polir  la  pierre  et 

'  Supriiscripkk  MMisMe  wMa  oUm  fiêit  regaUê  tMaUtu  OBAmmia, 
tl,p.m 


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178 


une  iutiiiité  de  fraf^mcnts  de  vases  à  pâte  noire  dans  laquelle 
ou  a  remarqué  des  grains  de  sable  siliceux.  Plusieurs  de  ces 
fragments  sont  très  bien  modelés  et  tous  ont  été  ti'ouvés  à 
proximité  de  l'église,  dans  un  jardin. 

Les  monuments  les  plus  nombreux  de  l'époque  celtique  et 
de  Tépoque  gallo-romaine  se  rencontrent  dans  les  dénomina- 
tions territoriales.  Nous  allons  en  citer  quelques^nes  comme 
elles  se  présentent  à  notre  mémoire  : 

Nous  ayons  le  chemin  des  quatre Jmu,  des  quatre  hêtres  ou 
foyards.  Le  FaUait,  &1,  £daise,  lieu  aride,  mauvais,  chétit  Les 
EBgarts,  pftturage  boisé,  diaioe,  cftu  r=  sur,  mve  =  ea^,  on  dit 
encore  aTié,évié,pierre  d*eau.  Les  Pemeff^les  Mçpin«.Les  JSegiee, 
les  haies,  le  Tout,*  trcu  creux,*  Dovié,  Dués,  Dieu =Dée8se.  Ce 
nom  s'applique  aux  sources  qui  sourdent  des  cavités  de 
rochers.  Charrière,  char,  les  ComhàUes,  les  combes  de  Bel  ou 
Bel  us,  Le  Rupt,  rupes,  roches,  La  Faye,  la  Fée,  d'où  nous 
seraient  venus,  fagot,  faine,  fatum,  fada.  Cm,  coteau  aride. 
Les  Norreux,  les  nouvelles  cultures.  Indépendamment  de  ces 
noms  de  lieux  encore  en  usage  aujourd'hui  et  dont  l'origine 
est  évidemment  celtique  pour  les  uns  et  gallo-romaine  pour 
d'autres,  il  y  a  encore  dans  cette  région  des  monuments  par- 
lants que  nous  pouvons  sans  UmériU  faire  remonter  àC^ogue 
druidique.  Le  premier  de  tons  ces  monuments,  et  le  plus 
connu,  se  nomme  les  JPUs  ou  JPueséee  du  Diable  ou  de  âSiitn^ 
iHmer.  On  lui  applique  indistinctement  cette  double  appelr 
latlon. 

Ces  Pas  de  Saint-Dizier  ou  du  Diable  sont  huit  empruntes 
ou  érosions  marquées  sur  un  énorme  monolithe  plat  qui  gtt 
à  terre  depuis  un  temps  très  reculé.  Cette  pierre  est  couchée 

non  loin  du  petit  village  de  Villars-le-Sec,  sur  les  contins  de 

*  En  Bretagne  il  y  a  le  Tool  Ahès,  lo  Gouffre  d'Ahès.  Foyer  breton. 

*  Cra,  cotoaTj,  roche,  pierre,  caillou.  La  Cron,  plaine  immeilBa  cou- 
verte de  cailloux  près  du  iUiOne^  entre  Arles  et  la  mer. 


LiGiNDBS  n  mDRiûin  178 

la  Suisse,  auprès  du  chemin  qui  se  dirige  du  val  de  Saint- 
Dizier  vers  Porreiitruy.  Elle  est  placée  dans  une  dépression 
de  terrain  en  forme  de  cirque  très  régulier  qui  a  l'air  d'avoir 
été  formé  de  main  d'homme.  Le  rayon  de  ce  demi-cercle 
mesure  environ  cent  mètres  et  le  diamètre  à  peu  près  soixante 
mètres.  Le  monument  qui  nous  occupe  est  placé  dans  Taxe 
exact  de  la  figure  que  cet  hémicycle  décrit  De  tous  les  points 
de  cette  enceinte  semi-circulaire  la  vue  peut  se  porter  aisé- 
ment sur  le  monolithe,  et  la  Yoix  d*un  orateur,  placé  sur  cette 
pierre,  pouvait  être  entendue  de  tous  les  auditeurs  groupés 
dans  cette  enceinte;  et,  chose  digne  de  remarque,  le  sol  de  ce 
cercle  était  entièrement  dépourvu  d^arbres.  Nous  Tavons 
encore  vu  à  Pétat  de  clairière,  tandis  que  tout  à  Pentour  il  y 
avait  une  forêt  très  épaisse.  C'était,  en  un  mot,  un  petit  pâtu- 
rage oû  Ton  conduisait  les  chevaux  malades.  On  raconte 
même  que  plusieurs  sont  retournés  à  leurs  étables  entière- 
ment guéri.-?;  on  sait  que  les  peloiifie^i  au  milieu  desjarèts  sont 
considérées  comme  des  enceintes  surrrefi  ndlurrUcs. 

Notre  monolithe  affecte  une  forme  très  irrégulière.  C'est 
une  espèce  de  polygone,  qui  mesure  trois  mètres  dans  sa  plus 
grande  longueur  et  deux  dans  sa  plus  grande  largeur.  Cette 
pierre  était  encore,il  n'y  a  pas  longtemps,  en  grande  vénération 
dans  le  pays.  D  y  a  tout  à  c6té  une  croix  de  bois  qui  a  été 
renouvelée  d*âge  en  fige,  et  aucune  de  ces  croix  n*est  tombée 
en  ruine  par  suite  de  vétusté;  elles  ont  toutes  été  usées  par 
les  éclats  de  bois  que  les  passants  leur  enlevaient  et  qu'ils 
conservaient  comme  des  talismans  qui  leur  procuraient  un 
heureux  voyage.  Après  avoir  enlevé  cette  esquille,  les  voya- 
geurs crédules  traversaient  la  pierre  en  ayant  soin  de  poser 
leurs  pieds  dans  les  empreintes  que  Ton  appelle  les  Pas  de 
Saint-Dizii  r.  Ces  empreintes  sont  au  nonihre  de  quatre.  Les 
deux  du  milieu  sont  les  plus  profondes,  elles  ont  cinq  centi- 
mètres d  enfoncemeut.  Les  deux  autres  sont  à  peine  visibles. 
£lles  ont  eiuictement  la  forme  d'un  pied  d'homme  chaussé 


174  RIVUB  D'ALSACE 

d'une  sandale.  Les  quatre  autres  sont  les  Pom  du  DtoMe;  elles 
ont  la  forme  d*un  pied  de  bceu^  elles  traTersrat  la  pierre  de 
part  en  part 

Voici,  sans  aucune  altération,  ce  qu'une  tradition  constante 
rapporte  sur  la  signification  de  cette  pierre  et  des  empreintes 
qu'on  y  remarque  : 

aL'évêque  saint  Dizier  allait  du  villaf;e  de  Bure  à  celui  qui 
s'appelait  alors  le  Mont  et  qui  s'appelle  aujourd'hui  Saint- 
Dizier.  Le  saint  évdque  fut  rencontré  près  de  ce  monolithe 
par  le  diable  qui  voulut  se  livrer  sur  lui  à  des  actes  de 
violence  et  l'emporter  au  loin.  Mais  Tennemi  du  genre  humain 
fiit  arrêté  dans  sa  criminelle  tentative  par  un  miracle.  Les 
pieds  du  diable  s'enfoncèrent  dans  la  pierre,  le  maudit  resta 
planté  là  et  ne  put  s'en  tirer  que  par  la  ^^râce  du  saint  évêque» 
Mais  les  pieds  de  saint  Dizier  ne  laissèrent  qu'une  légère 
empreinte  sur  la  pierre  qui  s'amollit  sous  ses  pas.» 

Comment  expliquer  l'origine  de  ces  empreintes  ?  Sont-elles 
le  résultat  d'un  miracle,  ou  un  jeu  de  la  nature?  Libre  au  lec- 
teur d*en  penser  ce  qu'il  voudra.  Nous  citerons  toutefois  un 
fait  analogue  qui  est  rapporté  dans  la  vie  de  saint  Remi,  oii  il 
est  dit»  que  ce  sainte  après  avoir  éteint  un  incendie  dans  la 
ville  de  Reims,  laissa  Tempreinte  de  ses  pas  sur  le  seuil  d'une 
des  portes  de  la  ville.  Les  légendes  des  saints  signalent  des 
foits  de  ce  genre.  La  mythologie  et  l'histoire  en  rapportent 
également.  Les  Arméniens  croient  que  le  patriarche  Noë  a 
laissé  l'empreinte  de  ses  pieds  sur  le  sommet  du  mont  Ararat. 

Si  la  tradition  que  nous  venons  de  signaler  est  un  de  ces 
nombreux  vestiges  du  paganisme  parvenus  jusqu'à  nous,  nous 
croyons  que  la  pierre  vénérée,  qui  fait  l'objet  de  ce  rédt,  était 
un  menhir  druidique  comme  la  Fiarr»  perc6ê  de  Cowrgemy, 
ou  la  Fi&rre  constéUée  de  peUis  trcut  de  la  BouMoie,  ou  encore 
le  TriBllîke  de  Bure  qui,  selon  M.  Quiquerez,  était  un  dolmen. 

Notre  pierre  des  Pas  de  Saint-Dizier  était  dressée  débout. 
C'était  un  autel  élevé  à  la  divinité  adorée  par  les  Druides. 


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LfiGtimBs  BT  Tiumnom 


175 


£lle  était  plantée  dans  Taxe  géométrique  d'un  cirque,  dans 
renceinte  duquel  pouvaient  se  placer  aisément  deux  mille  per- 
sonnes, qui  toutes  pouvaient  voir  et  entendre  le  vieux 
Semnotée  de  la  fordt  prêchant  les  dogmes  de  sa  religion  mys- 
térieuse à  tout  un  peuple  rassemblé  des  villages  environnants. 
cX<es  Celteê  n'ammÈpa»  i»  temglu;  eomm  Ut  naiUnu  în 
pbtB  onewmBÊ  de  POriêid,  tZf  adoraieni  de  grandei  pierm 
rudeê  §t  vnfomti,  Ceê  edmtê  groitien  taitthpar  la  naturê 
mmen^  dèi  la  pku  haute  anHquUé,  frappé  Fimoffinatkn  dee 
hommes  grossiers  eitls  en  avaient  fait  des  diietîx.t 

Or,  à  Tarrivée  de  saint  Dizier  dans  ces  contrées,  vers  les 
années  G70  à  673,  la  religion  chrétienne  n'y  était  pas  encore 
généralement  répandue.  Les  monuments  du  culte  druidique 
étaient  pour  la  plupart  encore  debout  et  inspiraient  une 
grande  vénération  à  nos  ancêti  es  superstitieux.  Saint  Dizier, 
ayant  reconnu  que  le  peuple  rendait  une  espèce  de  culte  à 
ces  monuments  érigés  &  Tesprit  des  ténèbres,  fit  abattre  notre 
menhir  et  le  foula  aux  pieds.*  Le  peuple,  pour  affirmer  sa  foi 
suivit  Texemple  du  saint  évêiine,  et  cette  pratique  de  marcher 
sur  cette  piem  en  posant  le  pied  sur  les  Pas  de  Saint-Dizier 
est  parvenue  Ju8qtt*à  nous.  On  a  élevé  une  croix  de  bois  à 
cOté  de  ce  menhir  renversé,  afin  de  sanctifier  par  le  signe  de 
la  Rédemption  le  lieu  consacré  aux  divinités  du  paganisme. 

Le  monument  antique  que  nous  venons  de  signaler  n*est 

'  La  religion  chrétienne,  apportée  de  bonne  hean  dm  not  iikhi- 
ta^nes,  n'eut  pas  tout  d'abord  des  prêtres  nombrenx  pour  Teiller  sur 
son  berceau.  Il  fallut  des  siècles  avant  que  l'organisation  des  paroisses 
fût  régularisée.  Ceux  qui  arrachèrent  les  populations  à  l'idolâtrie  et 
aux  coutnmea  implantées  dans  nos  forêts,  au  fond  de  nos  vallées  et  snr 
les  rlTês  de  nos  torrents,  ne  vinrent  que  de  loin  en  loin  les  soutenir 
daiH  la  lii^  et  Im  initier  aux  pratiques  de  la  vie  noiiYelle,  puisqoa 
Miot  Agile  et  saint  XSustase,  qui  srrirèMnt  en  ces  eoatrées  on  SIO^ 
j  «roaTèrint  onoon  dss  idolss  dans  les  bois.  L*abbé  KaiBar,  Lu  hmOes 
Monktgius  du  Doubs,  pp.  72-78. 


umn  d'alsmb 


pas  le  seul  qu'on  rencoutre  dans  ces  parages.  Si  le  lecteur 
veut  bien  nous  ac;:ompagner  vers  TOrient,  à  travers  une  cam- 
pagne ondulée,  tourmentée,  offrant  à  la  vue,  d'un  côté,  une 
forte  dépression  de  terrain  et,  sur  un  autre  cOté,  une  espèce 
de  ravin  formé  par  les  eaux  pluviales,  on  arrive,  à  cinq  cents 
mètres  des  Pas  de  Sainfr-Dîzier,  sur  une  lisière  de  bois  très 
étroite  qui  forme  le  couronnement  de  rochers  à  pic  qui  déter^ 
minent  de  ce  côté  la  limite  de  Pancien  fief  rural  de  Févéque 
de  Bâle. 

Ce  lieu  est  un  petit  liaineau  composé  de  sept  maisons  qu'on 
nomme  le  Mairn.*  Ce  hameau  était  autrefois  entouré  de  bois 
de  toutes  parts;  son  enceinte  n'est  défrichée  que  depuis  quel- 
ques années,  du  côté  de  Bure.  Cette  vaste  campagne,  très 
petite  et  bien  cultivée,  était  un  ancien  glacier  qui  a  été  mis  à 
sec  dans  des  temps  relativement  récents.  Le  sol  qu*occupe  le 
hameau  a  conservé  une  grande  humidité,  qui  va  se  déverser 
dans  un  vaste  estuaire  qui  n^est  jamais  à  sec,  même  en  été. 

Ce  nom  de  Maira  rappelle  à  la  mémoire  les  Déesses  Mères, 
les  Deae  Maires.  Les  Maires,  Mairae,  mhrtit,  dus  dieux,  furent 
adorées  comme  déesses  protectrices  par  le  bas  peuple  qui 
leur  rendait  un  culte  semblable  à  celui  que  les  Romains 
avaient  coutume  de  rendre  aux  Nymphes.* 

A  droite  de  Villars-le-Sec,  sous  des  roches  en  forme  de  cor- 
niches, il  existe  un  monument  que  nous  ne  signalons  qu*avee 
une  certaine  réserve  et  une  timidité  d*autant  plus  grande 
qu*aucun  des  archéologues  distingués  du  pays  de  Porrentruy 
ne  l'a  signalé.  A  notre  avis,  il  est  cependant  digne  d'attention: 
Au  milieu  d'un  énorme  rocher  sourd  une  petite  fontaine  qui 
débite  à  peu  près  un  litre  d'eau  par  minute.  Cette  eau  est  très 
claire.  Elle  coule  à  travers  une  petite  rigole  dans  une  écuelle 
ou  cuvette  ayant  la  forme  d'un  crâne  humain  évidé.  Les  parois 

'  n  eti  ta  Sniat^  commone  de  Buis. 

^  ApiWHTiâctw,  I,  ei.  I  D.  Mommi,  jwwfw. 


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UGSMOe  KT  TRADITIONS 


177 


obliques  de  ce  petit  rédpient  portent  les  enfreintes  de  cinq 
griffes  d^oiseau  bien  marquées,  bien  fouillées.  L*eaa  de  cette 
cuvette  se  déverse  au  moyen  d'un  goulot  dans  un  grand  bsssin 

en  forme  de  carré  lonp  qui  a  l^JO  de  longueur,  0'",40  de  lar- 
geur sur  0",50  (le  profondeur.  Les  côtés  ou  parois  de  ces  deux 
bassins  sont  parfaitement  polis  comme  du  marbre.  On  ne 
remarque  aucune  trace  d'outil  eu  métal.  Les  deux  creux  sont 
parfaitement  évidés.  On  se  demande  naturellement  ce  que 
signiiient  cette  fontaine  et  ces  deux  récipients  dont  on  ne  se 
sert  point  Les  animaux  domestiques,  dit-on,  ne  veolent  pas 
boire  de  cette  eau. 

La  légende,  ici  comme  ailleurs,  vient  à  notre  secours.  Elle 
nous  apprend  que  le  bon  Dieu  fit  un  Jour  la  rencontre  du 
diable  sur  ce  rocher  et  lui  dit: 

—  Que  fais-tu  ici,  maudit  ?  * 

—  Qu'est-ce  que  cela  te  fait.  Il  s'en  faudrait  de  peu  que  je 
âsse  ici  un  trou  pour  te  mettre  dedans. 

—  Puisque  tu  as  si  bonne  envie,  lui  dit  le  bon  Dieu,  com- 
mence, et  celui  qui  aura  tini  le  premier  y  mettra  Tautre.  < 

En  quatre  coups  de  doigt,  Te  bon  Dieu  eut  fini  le  sien.  Le 
diable  ne  put  fiûre  que  la  cuvette  qui  porte  encore  Tempreinte 
de  ses  griffes.  Le  bon  Dieu  alors  précipita  le  diable  dans  le 
grand  trou,  puis  le  recouvrit  d*une  énorme  pienre  qui  gtt 
encore  au  pied  du  rocher.  La  tradition  s'arrête  là,  eUene  nous 
apprcud  rieu  de  plus.  Elle  nous  laisse  ignorer  l'usage  que  l'on 
faisait  de  ces  deux  récipients,  dont  le  plus  grand  est  taillé  à 
vives  arêtes  avec  beaucoup  de  soins  et  de  netteté  dans  une 
pierre  excessivement  dure. 

*   Cette  source  mystérieuse  est  encore  l'objet  d'un  culte 


*  Voici  lo  patois  de  ce  dialopie  entre  le  bon  Dieu  et  le  diable  : 
Quace  que  te  fui  pai  dU  modi.  (^uace  que  cola  te  fai.  Diaire  n'ai  tènrai 
qui  fera  in  petdm  ddevain  qui  te  fotaro  dédain.  Puêque  te  cM 
qumenœ.  Ce  in  gmmri  fèi»  Uprmii  y  hatknâ  fotov. 
NooreUe  Série.  —  II-  «Dilée.  IS 


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178  RSVUB  d'alsàcb 

incoBui.  J*ai  ea  la  curiosité  de  Tider  le  grand  bassin.  H  était 
plein  de  pierres^  dont  un  grand  nombre  étaient  étrangères  à 
la  région.  Il  y  en  avait  d*autreB  qui  affectaient  une  forme 

ronde,  et  toutts  étaient  de  petite  dimension.  On  va  chaque 
année,  à  réj)C)(iue  des  Rogations,  en  procession  à  cette  source . 
On  y  va  aussi  chercher  de  Teau  pour  les  yeux.' 

Doit-on  conjecturer  que  ce  rocher  était  une  pierre  à 
cuvettes  ou  bassins  V  Dans  ce  cas  elle  serait  aussi  un  de  ces 
mystérieux  témoins  des  plus  anciens  ftges  dont  elle  a  gardé  le 
secret  Elle  aurait  vu  couler  le  sang  des  victimes  humaines, 
dont  limagination  semble  encore  entendre  le  rftlement  de 
Pagonie.  Ce  lieu  sinistre,  désert  et  sauvage  porte  à  la  tristesse, 
n  n*y  a  tout  autour  que  rochers  renversés  dans  des  brous- 
sailles et  des  terres  sans  culture. 

*  Une  autre  tradition  plus  agréable  à  l'esprit  se  rai)porte  à 
une  fontaine  qu'on  ajjpelle  la  F<>ii(>inif  DAlnm  ou  Dellcln. 
Elle  se  trouve  sur  le  territoire  de  Saint-Dizier.  Elle  est  aussi 
située  sous  un  rocher  dans  une  petite  colline  qui  donne  nais- 
sance au  vallon  des  Prés  de  Vau comté,  et,  chose  singulière, 
elle  porte,  comme  la  fontaine  du  Maira,  le  nom  de  fontaine 
Dellain.  Nous  estimons  que  le  nom  de  i)8Uatfi  veut  dire  petite 
vallée;  Délie  tuSée,  laîti  ou  ArZem,  petite.  Ici,  comme  dans  beau- 
coup d'autres  cas,  un  nom  teutonique  a  été  juxtaposé  à  un 
nom  celtique,  et,  comme  les  noms  celtiques  définissent  la  chose 
&  laquelle  ils  s'appliquent,  notre  opinion  serait  justitiée  par 
l'état  des  deux  localités,  qui  sont  deux  petites  vallées,  deux 
petites  collines.  Nous  avons  dans  le  pays  plusieurs  localités 
qui  portent  ce  nom  et  qui  sont  toutes  situées  dans  des  vallées. 
Nous  avons  Délie,  Delémout,  Dale  ou  Dasle,  Dalotte.  U  y  a  en 

*  Chose  digne  de  remarque,  le  Maira  occupe  uu  point  autour  duquel 
viennent  converger  les  chemins  de  Milandre,  Buix,  Bure,  Yillars-le-Sec, 
fl«iiil-Disier  «I  Lebelaln  lau  m  sosto  l'iio  à  l'autre.  Ce  fait  prouve 
évidemment  que  le  Maira  était  us  centre  religieux  fréquenté  par  tontea 
les  populatioiii  du  voiiinage. 


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» 


liGBNDB  R  mfiinoiiv  179 

outre,  dans  le  département  du  Nord,  la  Deule,  la  grande 
rivière  et  la  vallée  de  la  Deulc. 

Nos  deux  fontaines  Dellain,  celle  du  Maira  et  celle  de  Saint- 
Dizier,  étaient  ÛTéc^uentées  par  la  voivre.*  Par  une  belle  nuit 
d'automne  la  voivre  allait,  à  travers  les  airs,  de  la  fontaine 
da  Maira  à  celle  de  Saint-Dizier.  Elle  fiit  aperçae  par  des 
bergers  qui  gardaient  lenrs  troupeaux  dans  les  cbainps  sur 
Vaueomté,  ils  virent  briller  le  diadème  qui  ornait  sa  tdte.  L\ui 
d^eux,  plus  bardi  et  surtout  plus  ambitieux  que  ses  camarades, 
se  bftta  d*aeeourir  h  la  fontaine  Dellein  alfn  de  8*emparer  du 
diadème  qu'elle  déposait,  pendant  qu'elle  faisait  sa  toilette, 
sur  une  grande  pierre  plate  qui  est  encore  là.  Mais  notre 
jeune  berger  fut  tellement  ébloui  de  l'éclat  des  diamants  qui 
ornaient  le  diadème,  qu'il  en  fut  subitement  frappé  d'une 
cécité  complèto.  Il  resta  dans  cet  état  pendant  quelque  temps 
et  fut  Tobjet  des  risées  de  ses  camarades;  s*il  avait  pu  s'em- 
parer de  ce  précieux  diadème,  il  eût  été  riche  à  millions.  De 
là  peut-être  l'usage  que  Ton  lait  de  Peau  de  la  fontaine  pour 
les  maux  d'yeux. 

Non  loin  de  la  fontaine  BeUein  de  Saint-Dizier,  nous  remar> 
quons  encore  une  dénomination  territoriale  qui  rappelle  le 
paganisme;  c'est  la  Combe  Oudlaium,  Les  Bretons  appellent 
le  diable  lu  Grand  Ouillaume.* 

Après  cette  digression,  revenons  aux  Pas  de  Saint-Dizier, 
dont  le  voisinage  ast  un  lieu  fatidique,  fréquenté  par  les  sor- 
cières de  Villars-le-Sec,  et  les  femmes  qui  se  changent  en 
lièvres.  Plus  d'un  passant  a  été  effrayé  par  l'apparition  d'un 
fantôme,  et  les  chasseurs  maladroits  ont  souvent  tiré  sur  des 
lièvres  sans  les  atteindre.  Or,  un  chasseur  du  hameau  du  Val 
allait  depuis  plusieurs  jours  à  Fallût  près  des  Pas  de  Saint- 

'  La  Yoivrc  est  le  serpent  fantastique  des  légendes  populaires  ds 
Comté.  Elle  porte  une  escarboncle  au  front. 
'  Foyer  breton. 


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180  Mm  D*AUAC1 

Dùier,  oii  le  gibier  abonde.  Un  lièm  se  présentait  chaque 
fois  à  portée  du  vieux  cbasseur,  sans  qtill  lui  fttt  possible  de 

l'atteindre  ;  son  fusil  ratait  chaque  fois.  Notre  Nemrod  s'avise 
alors  (le  mettre  de  hi  dif/nitù  dans  le  bassinet  de  son  arme, 
c'eat  à  dire  une  feuille  de  buis  bénie  à  la  messe  du  dimanche 
des  Rameaux.  Muni  de  ce  précieux  talisman,  il  vint  de  rechef 
attendre  son  lièvre  qui  ne  tarda  pas  à  venir  folâtrer  autour 
de  lui,  mais  cette  fois  il  fut  atteint  par  le  plomb  meurtrier  du 
chasseur  qui  entendit  cette  plainte  :  «  Jean-Maurice,  tu  m'as 
fait  mal  !  »  Le  lendemain,  Jean-Maurice,  traversant  le  village 
de  VillaiB-le-See,  aperçât  la  Boulotte  qui  était  alQigée  d'une 
forte  claudicatiion.* 

Non  loin  des  Pas  de  Saînt-Dizier  on  remarque  une  bautenr 
inculte  qu*on  appelle  les  l^ieurêea.  Ce  nom  rappelle  involon- 
tairement le  dieu  Thor.  On  bien  est-ce  le  nom  typique  de  la 
montagne,  puisqu'on  prétend  que  Thor  en  teuton  veut  dire 
hauteur,  mmtagne.  Cette  singulière  montagne,  où  l'on  allume 
les  feux  du  carnaval,  affecte  la  forme  d'un  parrallélogramme 
très  régulier.  De  son  sonnnet  on  jouit  d'une  vue  admirable 
sur  les  Vosges,  la  plaine  d'Alsace,  la  Forêt-Noire  et  le  Jura. 

Au  sud  du  villa'ie  de  Villars-le-Sec  on  voit  un  râtelier  de 
champ  qui  domine  aussi  tout  le  pays  du  côté  de  la  Suisse.  On 
nomme  ce  lieu  les  Fûts  de  Joii,  Ce  nom  ne  figure  pas  dans  les 
dénominations  cadastrales.  Il  n'existe  que  dans  la  mémoire  du 
peuple.  11  rappelle  les  bois  sacrés  des  Gaulois  qui,  suivant 
Lucain,  inspiraient  aux  Romains  ce  sentiment  religieux  que 
fait  éprouver  à  tout  homme  la  sombre  migesté  des  bois.*  La 

I  Eneore  va  souvenir  de  rintiquité  païenne.  Protêt  Kérée  et  mitns 
traient  le  pouvoir  de  revêtir  tontes  lortes  de  formée.  Les  lienx  fré> 

qnentés  par  les  sorcières  étaient  consacrés  aa  culte  druidique. 

•  Le  mot  fût  nous  vient  du  latin  fustis,  bois.  Or,  nous  pouvons,  par 
induction,  faire  dt-rlvor  notre  Fût  de  .Ton  de  Villars,  de  Bot n  âfi  Jupiter . 

II  y  a  à  Tout  uuu  place  qu'on  appelle  la  ^laoe  de  ia  Croix  de  fût  (de 
la  Croix  de  bois). 


181 


tradition  rapporte  que  César  a  campi'  sur  ]ori  hauts  de  Villars. 
Tout  près  dn  \h  est  le  Parndis.  C'est  aujourd'hui  un  lieu  très 
agréable;  on  y  voit  trois  maisons  élégantes  et  une  jolie  cha- 
pelle. Mais  autrefois  les  sorcières  se  réunissaient  près  d'une 
petite  fontaine  pour  y  susciter  les  orages  et  y  fabriquer  la 
grêle  qui  ravageait  les  campagnes  Toistnes.* 

Il  y  a  encore  dans  le  voisinage  un  petit  bouquet  de  bois,  oik 
Ton  remarque  la  Fone  imx  lamm,  Cétait  une  immense 
caverne  qui  servait  de  repaire  à  une  bande  de  voleurs  qui 
portaient  la  désolation  dans  le  pays.  Ils  ferraient  leurs  che- 
vaux à  rebours  pour  qu'on  ne  pût  pas  suivre  leurs  traces 
quand  ils  revenaient  d*expédition.  Ils  fbrent  un  jour  enfumés 
dans  leur  caverne  comme  des  renards  dans  leur  terrier. 

Le  villaf^e  de  Villars-le-Sec,  quoique  petit,  est  très  joli.  On 
prétend  qu'il  doit  son  origine  à  Villibert,  domestique  de  saint 
Dizier,  qui  s'était  établi  dans  cette  localité  après  le  martyre 
de  son  niaîtrc.'^ 

Un  grand  nombre  de  familles  nobles  du  pays  possédaient 
des  terres  dans  ce  villaj^e.  Les  héritiers  Jean  Dietrich  de  Por- 
rentruy  en  avaient  au  Romhhamj)  près  de  la  forêt;  M.  Taiclet, 
le  dernier  grand-bailli  de  Délie,  avait  acheté  plusieurs  de  ces 
champs,  dont  les  titres  existent  encore;  M.  le  baron  de  Gohr, 
de  Wattffiller,  possède  encore  aujourd'hui  cinq  ou  six  champs 
sur  le  territoire  de  cette  commune. 

Ce  village  a  été  détruit  pendant  la  période  du  moyen  ftge; 
on  trouve  encore  des  vestiges  d'habitations  sur  son  ancien 
emplacement  du  côté  du  Sud,  sur  une  section  du  territoire 
appelée  le  Champ  de  la  ville. 

Le  village  voisin,  qui  est  Croix,  a  un  nom  tout  à  fait  histo- 
rique. Les  lîollîindistes  disent  que  saint  Dizier  ayant  été 
assailli  près  de  ce  village,  fut  laissé  pour  mort  Qu'avant  de 

'  y.  YAQTtiT,  Vifhs  a  tiOagu  du  Jura,  Art  Bure. 
*  Y.  hàmnuuÊ, 


rendre  le  dernier  soupir,  le  Biint  éTdque  plia  un  petit  arbre 
en  ferme  de  croix  (ou  une  baguette  vtrjfulam),  que  cet  arbuste 

prospéra  {crevU)  en  forme  de  croix,  quil  devint  très  grand,  et 
que  c^est  de  la  forme  de  cet  arbre  que  le  village  tira  son  nom 
(unde  nometi  ad  Crucem)  qu'il  a  conservé.  Ce  village  a  eu  le 
même  sort  que  ses  voisins  ;  il  a  été  détruit  pendant  la  désas- 
treuse Ruerre  de  trente  ans.  Avant  sa  destruction,  il  orcupait 
la  hauteur  qu'on  nomme  les  Plateaux  de  Croix.  Il  a  été  rtUàti 
sur  un  plan  qui  s'incline  vers  le  Sud.  Rien  u'avait  échappé  à 
la  destruction  qu'une  jolie  petite  église,  remarquable  par  son 
cachet  antique.  Elle  était  à  une  seule  nef^  dont  le  plafond 
était  en  bois.  Elle  était  éclairée  par  quatre  jolies  fenêtres 
ogivales  de  la  première  époque.  Le  chœur  avait  une  voûte 
fortement  surbaissée  avec  quatre  nervures  remarquables  par 
leur  grand  développement  Le  jour  y  pénétrait  par  trois  baies 
étroites  en  style  roman.  La  toiture  était  en  pierre  plates  qui 
sont  connues  dans  le  pays  sous  le  nom  de  lams,  L*ensemble 
de  ce  petit  édifice  était  appuyé  par  des  contreforts  très  remar^ 
quables.  Il  y  avait  dans  le  beffroi  une  cloche  très  ancienne  ; 
elle  était  dédiée  à  saint  Nicolas.  Elle  portait  cette  inscription: 
Mortuos  plangOj  fulmina  frungo,  ad  Inudeni  nummis  deter- 
moneo.  Elle  faisait  entendre  un  son  argentin  dans  tous  les 
villages  voisins.  Elle  a  été  livrée  au  fondeur,  et  1  église  a  été 
entièrement  démolie  par  Tentrepreueur  de  la  nouvelle  église, 
construite  au  milieu  du  village.  Cette  intéressante  église  a  été 
détruite  par  pur  esprit  de  destruction.  Un  curé  de  la  paroisse, 
M.  Bichardot,  voulait  payer  à  Tentrepreneur  la  valeur  de 
tous  les  matériaux  du  chœur.  Mais  rien  n*a  pu  sauver  delà 
destruction  ce  joli  temple  rustique  qui  ne  devait  rien  coûter 
à  personne  et  qui  en  valait  bien  deux  comme  celui  qui  a  été 
bftti  à  grands  finis  au  milieu  du  village.  On  aurait  dû  au  moins 
conserver  le  chcBur  pour  servir  de  chapelle  mortuaire,  puis- 
qu'il était  au  milieu  du  cûnetière. 
n  y  avait  au  milieu  de  cette  petite  église,  du  côté  droit,  une 


LÉGENDES  ET  TRAOITIOm 


183 


porte  à  moitié  murée  et  dont  le  seuil  avait  été  religieusement 
eonseryé.  On  y  remarquait  neuf  taches  d*un  rouge  éclatant. 
On  disait  que  c^étaient  neuf  gouttes  du  sang  de  saint  Dinar 
répandues  par  lui  sur  le  seuil  de  cette  porte  après  son  martyre. 
Ces  reliques  ont  été  en  vénération  dans  le  pays  jusqu'au  jour 
otk  il  a  plu  à  des  destructeurs  d*enleTer  cette  pierre  lors  de  la 
démolition  de  l'église.  Elle  est  aujourd'hui  perdue  et  brisée. 

Artisans  de  destruction,  détruisez  nos  vieux  monuments  ; 
si  votre  intention  est  de  porter  des  coups  aveugles  au  culte 
des  souvenirs,  votre  but  sera  bientôt  atteint.  Quiconque  a  vu 
cette  petite  église  de  Croix  est  porté  à  la  regretter.  C'était, 
au  milieu  de  ce  vaste  plateau,  une  espèce  de  fanal  qui  r^ouis- 
sait  la  vue  du  voyageur  fatigué  d'une  longue  course. 

A  deux  cents  mètres  de  cette  vieille  église  démolie  on 
remarque  encore  un  souvenir  druidique  ;  c*est  une  pierre 
taillée  en  forme  de  ikuteuil  dans  un  rocher  qui  est  sur  le  flanc 
occidental  de  la  colline  vers  le  Val.  Ken  ne  manque  à  ce 
8in^^ulier  siège.  Il  y  a  le  dossier,  lus  deux  bras  d'appui  conve- 
nablement disposés  pour  qiron  y  soit  bien  assis.  Elle  est 
constellée  d'une  infinité  de  petits  trous.  Tout  à  côté  pas- 
sait un  vieux  chemin  ravineux  qui  se  dirigeait  des  Pas  de 
Saint-Dizier  vers  l'église  de  Croix.  Ce  chemin  est  évidemment 
celtique.  Cette  pierre  curieuse  se  nomme  les  Pas  de  Saint- 
Dizier,  on  ne  sait  pas  pourquoi  On  allait  autrefois  la  visiter; 
le  sentier  qui  y  conduisait  est  encore  visible. 

Les  alentours  de  la  vieille  église  de  Croix  sont  couverts  de 
murgers,  de  bouts  de  murs  démolis,  dans  lesquels  on  trouve 
du  fer;  on  y  a  trouvé  dernièrement  un  éperon  hongrois. 

Il  s'y  est  passé,  en  1815,  un  événement  qui  a  été  cause  de 
l'incendie  de  ce  villajj;e  : 

Un  corps  d'armée  autrichien  occupait  Porrentruy.  Un  gros 
de  hussards  hongrois  était  venu  en  détachement  dans  le 
village  de  Bure.  Des  Chamborans  et  des  gardes  nationaux  de 
la  C0te-d*Or,  qui  étalent  à  Boncourt,  ayant  eu  connaissance 


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181  WKnm  ft^AUAGB 

de  la  présence  des  Hon<ïrois  dans  le  villa^re  de  Bure,  accou- 
rurent en  toute  bâte  dans  ce  village  en  traversant  une  grande 
colline  appelée  les  Combes  de  Boncourt;  ils  attaquèrent  les 
Hongrois  et  les  poursuivirent  jusqu'au-dessus  du  Fohy  de 
Porrentruy.  Après  cet  exgloii  les  Chamborans  se  dirigèrent 
sur  Croix,  et  se  firent  servir.à  dîner  dans  nn  verger.  Pendant 
leur  repas,  ils  furent  à  leur  tour  attaqués  par  les  Hongrois; 
mais  les  Chamborans  repoussèrent  vivement  cette  attaque  et 
tuèrent  même  un  Hongrois,  quHs  laissèrent  sur  place,  et  se 
replièrent  vers  Montbéliard.  Les  habitants  de  Croix  donnèrent 
la  sépulture  à  ce  soldat  hongrois  et  furent,  pour  ce  fait  louable, 
accusés  de  Tavoir  tué.  Leur  villa'^'e  fut,  par  un  jugement  som- 
maire, condamné  à  être  livré  aux  Hammes.  Cette  sentence 
barbare  fut  exécutée  immédiatement  à  la  tombée  de  la  nuit. 
Sept  maisons  échappèrent  à  ce  désastre.  Les  lueurs  sinistres 
de  ce  vaste  incendie  forent  aperçues  par  plus  de  cent  villages 
des  montagnes  du  Doubs  et  de  la  Suisse.  Les  vidllards 
racontent  encore  la  terreur  que  cet  incendie  avait  répandue 
dans  le  pajrs. 

Ce  village  est,  par  sa  position,  prédestiné  à  servir  de  champ 
de  bataille.  Pendant  la  dernière  guerre  plusieurs  combats  ont 
été  livrés  sur  son  territoire.  Une  maison  a  été  incendiée  et 
plus  de  cent  Prussiens  sont  enterrés  dans  le  cimetière  et  les 
bois.  On  remarque  de  jolis  monuments  sur  leurs  fosses. 

Le  village  do  Montbouton  se  trouve  à  l'occident  de  celui  de 
Croix.  H  est  bftti  de  VE&t  à  l'Ouest,  sur  le  versant  d'un  coteau 
qui  prend  naissance  au  pied  du  Orammont  pour  aller  se 
perdre  dans  le  territoire  accidenté  de  Vandoncourt 

De  tous  les  points  de  ce  village  et  de  son  territoire  on  Jouit 
d'une  vue  très  variée  sur  le  bassin  hydrologique  de  Montbé- 
liard et  sur  les  montagnes  du  Lomont.  Les  Gallo-Romains  de 
Mandeure  trouvaient  cette  situation  agréable.  La  tradition 
rapporte  qu'ils  avaient  établi  plusieurs  maisons  de  campagne 
aux  alentours  de  ce  village.     effet,  le  territoire,  qui  est  en 


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LÉGimB  wr  niunoNB  185 

contre-bas,  présente  à  la  Tne  une  série  de  gradins  et  d'amphi- 
théâtres qui  ont  été  tracés  avec  un  art  et  une  adresse  dignes 
d'admiration.  C'est  au  moyen  de  cet  aménagement  intelligent 
qu'on  a  pu  li\Ter  à  la  culture  un  sol  aride  qui  ai^ourd'liui 
n'est  pas  encore  entièrement  sorti  de  ses  ruines. 

Tout  au  bas  du  village  de  Montbouton,  à  mi-côte,  on 
remarque  trois  jolies  fontaines  qui  sourdent  du  pied  du 
coteau.  Elles  sont  enfermées  dans  des  voûtes  qui  ont  l'air 
d*être  très  anciennes.  L'une  d'elle  est  sannontée  d'une  croix 
en  pierre;  elle  est  dédiée  à  saint  Léger.  On  attribue  à  son 
eau  des  yertus  curatiTes  pour  les  yeux. 

Dans  Tancien  temps  on  allait  en  pèlerinage  à  Montbouton 
pendant  les  temps  de  sécheresse  innit  y  eftercAer  la  plmé.  La 
paroisse  de  Saint-Disier  s'y  rendait  en  procession.  EDe  y  a 
été  en  1834  pour  la  dernière  fois. 

Dans  des  titres  du  xv*  et  du  xn*  siècles,  ce  Tîllage  y  est 
désigné  sous  le  nom  de  Monthotton.  Un  vieillard,  qui  serait 
aiyourd'hui  plus  que  centenaire,  prétendait  que  ce  nom  vient 
d'un  mot  français  et  d'un  mot  celtique.  Le  mot  français  Mont 
aurait  été  ajouté  au  mot  celtique  Botton,  qui  veut  aussi  dire 
mont.  Malgré  la  hardiesse  de  cette  étymologie,  nous  sommes 
portés  à  croire  qu'elle  est  vraie,  d'autant  plus  que  nous  avons 
des  exemples  de  cette  acyonction  de  deux  mots  ayant  la  même 
signification.  Nous  avons  en  effet  Vcdlisberg  à  Largitzen.  Noua 
n^pélons  en  outre  qu'un  arbuste  qui  affectionne  les  mon- 
tagnes se  nonmie  le  BotUm»;  c'est  l'églantier  ou  cynorriiodon. 
D'où  noua  condnons,  par  induction,  que  le  Bottenie  veut  dire 
le  Montagneux  ou  plante  de  la  montagne,  ce  qui  nous  conduit 
à  croire  que  le  nom  de  ce  village  dérive  de  sa  situation  sur 
-une  hauteur.  H  est  à  une  légère  distance  du  Qrammont  On 
pense  même  qu'autrefois  il  était  sur  la  crête,  oh  il  y  a  une 
enceinte  sacrée  dans  laquelle,  il  y  a  quelques  années,  on  a 
pratiqué,  dans  l'intérêt  de  la  science,  des  fouilles  considérables. 
Les  objets  trouvés  ont  été  en  partie  déposés  au  musée  de 
Belfort 


186  REVUE  D'ALSACE 

Les  champs,  qui  sont  à  Tétat  de  culture  au  pied  de  cette 
montagne,  du  côté  du  couchant,  renferment  de  nomhreuBes 
traces  dincinérations.  On  y  Toit  de  la  terre  brûlée,  des  pierres 
rougiee  au  feu  et  autres  débris  dignes  de  Pattention  des 
archéologues  et  des  naturalistes. 

Le  territoire  de  Montbouton  touche  à  celui  de  Beaucourt, 
du  c6té  du  Nord.  Ge  dernier  endroit  ne  comptait  que  cent 
quatre-vin{çt-huit  habitants  en  1801,  il  en  a  aujourd'hui  près 
de  sL\  millo.  Cet  accroissement  prodigieux  de  population  est 
dû  aux  immenses  établissements  industriels  de  MM.  Japy 
frères.  On  dit  que  cotte  jurande  et  puissante  maison  indus- 
trielle occu|)e  près  de  douze  mille  ouvriers,  tiint  à  son  siège 
principal  que  dans  ses  nombreuses  succursales. 

Une  partie  du  territoire  de  Beaucourt  appartenait  au 
comté  de  Montbéliard.  La  partie  située  à  VE&t  dépendait  de 
la  seigneurie  de  Délie. 

La  tradition  rapporte  qu^il  existait  un  couvent  dans  la 
colline  qui  prend  naissance  au  pied  du  Grammont,  du  côté  du 
Nord,  un  peu  au-dessus  du  village.  L'emplacement  de  ce  pré- 
tendu couvent  est  occupé  aiqourd'hui  par  un  joli  jardin  pota- 
ger. Les  habitants  des  maisons  voisines  ont  vu  souvent  des 
feux  follets  voltiger  dans  ce  jardin  ;  on  en  conclut  qu'il  y 
aurait  eu  un  cimetière  en  cet  endroit. 

Entre  le  village  moderne  de  Beaucourt  et  Dompierre,  il  y  a 
un  vaste  territoire  connu  sous  le  nom  de  Châfelot.  11  existe 
dans  cette  région  un  monticule  qu'on  prétend  avoir  été  rem- 
placement d'un  vieux  château.  Un  laboureur  a  trouvé,  il  n'y  a 
pas  longtemps,  dans  son  champ,  deux  gros  lingots  en  forme 
de  cônes  tronqués  ;  ce  brave  homme  croyant  que  sa  trouvaille 
était  un  trésor  s'est  hâté  d'aller  chez  l'essayeur  pour  vériticr 
la  nature  du  métal;  mais  enwi  plomh  vil  son  or  pur  s'est  changé . 

On  a  encore  trouvé  en  cet  endroit  des  armes,  des  tuileaux, 
et  même  un  cheval  enfoui  avec  son  cavalier  tout  armé.  On  n*a 
rien  recueilli  de  ces  découvertes. 


187 


Fesche  est  situé  dans  une  position  très  agréable  sur  la 
route  de  Délie  à  Moiitbt?liard.  Ce  village  est  joli.  Son  territoire 
est  abrité  de  tout  côté  par  des  hauteurs  couronnées  de  forêta. 
On  croit  qui!  occupe  l'emplacement  de  Tantique  Qrammatum 
de  ritinéraire  d'Antonin.  Les  sayanto  n'ont  pas  encore  pu 
élucider  ce  fidt  ayec  évidence;  quoi  qu*il  en  soit,  il  est  certain 
qu'il  y  a  en  un  village  entre  Fesche  et  Badevel  qu'on  appelait 
Fesche-Ie-Moulin.  Une  chose  digne  de  remarque,  c'est  l'éty- 
mologie  qu'on  donne  au  nom  Badevel,  Bas  de  Véde,  le  bas  de 
ville.  Quelle  est  cette  ville?  Ce  serait  évidemment  Fesche, 
Tantique  Orammatum,  qui  est  à  quinze  minutes  au-dessus  de 
Badevel,  du  côté  de  TEst. 

Fesche  avait,  comme  Croix  et  Montbouton,  une  ancienne 
église.  Il  ne  reste  plus  trace  d'aucune  de  ces  églises.  Elles  ont 
toutes  été  démolies.  A  Fesche  on  trouve  cependant  encore  un 
grand  nombre  de  pierres  tombales  qui  gisent  sur  Tandon 
cimetière. 

B  y  a  dans  ce  village  une  fontaine  miraculeuse  dans  laquelle 
on  plonge  les  en&nts  qui  sont  affectés  de  maladies  aux  articu- 
lations des  jambes.  Cette  source  est  un  lieu  de  pèlerinage 
très  fréquenté.  Il  s'est  déjà  opéré  un  p^rand  nombre  de  guéri- 
sons  à  la  suite  dos  immersions  auxquelles  on  soumet  les 
enfants  malades.  Les  eaux  de  cette  source  n'ont  pas  encore 
été  soumises  à  une  analyse  sérieuse.  Si  les  vertus  curatives 
de  cette  eau  étaient  mieux  connues,  elles  rendraient  peut^tre 
des  services. 

D  paraît  certain  que  Peau  de  cette  source  est  ferruginense, 
puisque  le  sous-sol  de  Fesche  renferme  des  gisements  de 
minerai  très  riches,  qui  étaient  encore  en  exploitation,  il  y  a 
quelques  années.  On  dit  qu'il  y  a  sous  ce  village  des  excava- 
tions considérables  produites  par  l'extraction  du  minerai,  qui 
était  déjà  exploité  sous  les  Romains.  Si  ces  cavités  n'étaient 
pas  remplies  d'eau,  ou  croit  que  le  sol  du  village  de  Fesche 
serait  bientôt  effondré. 


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188  nviiB  b'auace 

Le  earé  de  Saint-Dider  possédait  des  terres  et  des  reTenns 
à  Fesche,  comme  du  reste  dans  tous  les  villages  qui  dépen- 
daient de  sa  paroisse.  Ses  revenus  de  Fesche  consistaient  en 

udetix  bichoti  et  demi  par  moitié  froment  et  aveine,  à  raison  de 
quoi,  il  estoit  tenu  de  célébrer  un  anniversaire  de  neuf 
prestres  auquel  assistoifnt  les  ofticiers  de  Dello  et  ledit  curé 
estoit  tenu  de  donner  réfection  corporelle  aux  hommes  do 
r(''plise  chacung  avec  ladite  réfection  ung  sol  monnoye  baloise 
suivant  la  fondation  (nihiatrissime  seigneur  archiduc,  comme 
aussi  auxdicts  officiers.» 

Quelle  peut  être  la  cause  de  cet  anniversaire  qui  était 
célébré  avec  tant  de  pompe  par  le  curé  de  Saint-Dizier?  Un 
arcliiduc  d' Autriche  serait41  mort  à  Fesche  ou  dans  le  voisi- 
nage? Les  titres  que  nous  possédons  gardent  le  silence  à  ce 
sqjet 

Nous  avons  encore  trouvé  cette  singulière  mention  dans 
l'état  des  recettes  de  la  fabrique  de  Téglise  de  8.  Vailler, 
de  Fesche.  i  Fait  recette  de  deux  Uvr$i,  trasê  sdU^tixdemerê 
Woi$  fowr  twuittion  (f un  viwx  drapeau  qvCon  mettoft  mi^e- 
/ots  fur  fm/UL  Fend»  à  un  hsmm»  de  Piorrentruy.  t  Extrait 
du  compte  du  &bricien  et  luminier  Jean-Claude  Schick, 
année  1707.' 

Il  y  avait  un  pèlerinage  considérable  à  Fesche  qu'on  qualifie 
de  Pardon  dans  les  vieux  titres.  Ce  mot  n'est  plus  usité  dans 
le  pays  pour  désigner  les  pèlerinages. 

La  voie  romaine  qui  allait  de  Mandeure  au  Rhin  passait  à 
Fesche.  M.  Rouverot  a  trouvé  toutes  sortes  d'objets  dans  son 
jardin,  notamment  des  armes  brisées,  un  vieux  casque  et  des 
monnaies.  Tous  ces  objets  ont  été  égarés. 

De  Fesche  passons  &  Lebetain.  L'étymologie  de  ce  nom  nous 

*  ïïii  arehécdogiie  de  Pom&tn^  nous  a  dit  que  M.  Qulqven»  a  im 
rienz  diapean  d«BB  sa  eoUeetton,  qui  ponnait  Uen  être  eélm  de 
Feiche. 


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LdninB  tr  tiAMnom  IM 

vient  en  droite  ligne  de  rAllemagne.  Elle  est  formée  du  nom 
composé  Liebenthal  qui  se  traduit  par  vallée  chérie  ou,  par 
extension,  jolie  vallée.  Nous  estimons  qu'il  est  inutile  de  cher- 
cher ailleurs  la  signiiication  de  ce  nom  de  village,  dont  la  situa- 
tion répond  parfaitement  à  sa  dénomination.  Les  Germains 
ont  imposé  un  grand  nombre  de  noms  à  nos  vîUages,  et  nous 
en  avons  adopté  un  plus  grand  encore  dans  notre  patois 
vulgaire. 

La  position  du  village  de  Lebetain,  au  bas  du  vallon  qui 
vient  du  Val  de  Saint-Diner,  est  trte  agréable.  H  est  à  croire 
cependant  que  le  village  était  plus  au  Sud,  car  on  trouve  dans 
les  prés  des  débris  de  construction.  On  y  a  même  trouvé  deux 

sabres,  des  ustensiles,  de  la  ferraille  et  une  jolie  clé  en  bronze; 
elle  a  été  donnée  au  musée  de  Belfort  par  M.  P.-D.  Ducorate. 

Il  y  a  encore  dans  ce  village  une  maison  du  xvm'  siècle, 
qu'on  appelle  le  Château.  C'était  Fhaliitation  d'un  baron  de 
Spechbach,  qui  possédait  do  grands  biens  à  Lebetain.  Un  che- 
valier de  Spechbach  avait  sa  sépulture  dans  l'église  de  Saint- 
Dizier;  sa  tombe  existait  encore  il  y  a  quelques  années. 
M.  Bardy  en  a  donné  un  joli  dessin  dans  le  Bulletin  des  momh 
«Mfifo  hiêiariques  d'Alsace, 

n  existe  à  Lebetain  un  phénomène  hydrologique  très 
remarquable.  Les  eaux  qui  découlent  des  fontaines  du  Val,  se 
perdent  au-dessous  du  village  pour  aller,  à  deux  kilomètres 
plus  au  Nord,  former  la  source  abondante  de  la  BatU, 

Non  loin  du  viUage  de  Lebetain,  du  côté  du  Sud,  on  remarque 
une  jolie  grotte  sous  un  rocher  qui  surplombe  dans  la  eolUne. 
On  lût  croire  aux  en&nts  trop  curieux  que  c*sst  là  qu'on  a 
été  les  chercher  à  leur  naissance.  Cette  officine  d*enfiuits 
ne  serait-elle  pas  un  lieu  où  une  déesse  du  paganisme  était 
adorée?  La  Lucine  de  la  contrée  y  rendait  peut-être  des 
oracles.  C'est  encore  un  lieu  fréquenté  par  les  revenants  et 
les  farfadets  de  la  forêt  voisine. 

Un  peu  au-deâbuâ  de  cette  grotte  il  existe  un  petit  monti- 


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190 


BlTOl  D*âLSftCi 


culc  qui  s'avance  vers  le  ruisseau  qui  traverse  le  vallon.  ITn 
nommé  Dizier  Riche  a  pratiqué  dans  cette  butte  des  travaux 
de  nivellement  qui  ont  amené  la  découverte  de  cinq  squelettes 
bien  conservés  dans  le  sable.  Ils  étaient  tous  placés  symétri- 
quement, la  tête  regardant  TOrient,  à  une  égale  distance  les 
uns  des  autres.  Celui  du  milieu  avait  encore  la  plaque  de 
son  ceinturon.  La  tête  a  été  conserrée.  Elle  est  au  musée  de 
Belfort  U  y  a  environ  trente  ans  que  le  précédent  propriétaire 
de  ce  pré  y  a  déijà  trouvé  des  squelettes  et  deux  sabres. 

Diâer  Biche  a  été  obligé  dinterrompre  ses  travaux  à  cause 
de  la  saison.  Mais  il  les  reprendra  avec  Fespoir  de  faire  encore 
des  découvertes  intéressantes.  A  quelle  race  d*hommes  appai^ 
tenaient  les  squelettes  qui  ont  été  trouvés  dans  ce  lieu  désert? 
Le  crâne  que  nous  avons  déposé  au  niustki  de  Belfort  pourra 
peut-être  un  jour  guider  les  anthropolo,i;istes  dans  la  solution 
de  cette  question.  La  colline  du  Val,  quoitiuc  déserte  et  très 
profonde,  était  traversée  par  un  chemin  celtique  qui  se  diri- 
geait de  Délie  par  Lebetain  et  Croix  vers  Fohy.  Il  est  encore 
très  reconnaissable  au  pied  du  coteau  à  l'Est  La  marque  des 
roues  des  chars  est  imprimée  sur  les  rochers  au-dessus  du 
hameau  du  Val.  On  peut  encore  suivre  très  facilement  ses 
traces  de  Lebetain  à  Croix.  Ce  chemin  a  pu  servir  de  passage 
à  des  armées,  et  des  combats  se  sont  peut-être  livrés  dans 
cette  colline  déserte  et  sauvage. 

Saint-Dizier,  le  chef-lieu  administratif  et  paroissial  des  com- 
munes que  nous  venons  de  parcourir  rigidement,  est  digne 
de  fixer  Tattention  des  amateurs  d'antiquités  locales.  On  ren- 
contre en  effet  dans  son  voisinage  de  nombreux  vestiges  de 
démolitions  dans  lesquelles  on  trouve  toute  sorte  d*objets. 

La  tradition  rapporte  que  ce  village  a  été  détruit  pendant 
la  guerre  de  trente  ans,  appelée  dans  le  pays  le  temps  des 
schuedes  suédois.  On  ne  peut  pas  mettre  en  doute  la  tradition, 
car  sur  une  étendue  de  plus  d'un  kilomètre  on  ne  rencontre 
que  buissons,  murgers,  exhaussements  de  terrains,  dans  les- 


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LÉGENDES  ET  TRADITIONS  191 

quels  il  y  a  des  substructions,  des  bouts  de  mars,  des  montants 
de  portes,  des  foyers  ;  on  y  a  môme  trouvé  un  four.  Jean« 
Pierre  Beiget  y  a  découvert  les  fondations  complètes  d*ttne 
maison,  dont  on  pouvait  reconnaître  la  distribution.  X.  Biche 
a  trouvé  deux  gros  bronzes  à  Teffigie  des  Antonins.  Un 
nommé  Joly  a  trouvé  un  squelette  complet  qui  avait  une  lame 
it  côté  de  lut  Alexis  Ducomte  a  trouvé  dans  son  jardin  un  joli 
fer  de  lance  en  bronze.  Joseph  Prenez  a  trouvé  une  marmite 
à  panse  évasée  qui  a  été  livrée  au  cbiffonnier,  pour  deuziiards 
la  livre,  au  ^rand  désespoir  d'un  amateur  de  Montbéliard  qui 
(itait  venu  pour  l'acheter.  J'ai  trouvé  une  batterie  de  fusil  à 
mèclie. 

Il  serait  fastidieux  d'énuinérer  toutes  les  trouvailles  qui  se 
font  encore  dans  le  sol  aride  qui  était  occupé  par  le  village. 

Pendant  les  temps  de  malheurs,  les  habitants  s'étaient  réfugiés 
dans  les  montagnes  du  Jura  bernois.  Les  maisons  abandonnées 
étaient  tombées  en  ruine  ou  avaient  été  incendiées. 

On  rapporte  qu'un  chêne  avait  pris  racine  sur  l'âtre  de  la 
maison  Vaubert-Macabré;  au  retour  du  propriétaire,  cet 
arbre  dépassait  la  cheminée.  A  cause  de  ce  &it,  tous  les 
membres  de  cette  ûunille  fùrent  appelés  les  Chmmert,  Le 
dernier  des  Chainiers  est  mort  il  y  a  trente  ans.  Dans  une 
autre  maison,  qui  existe  encore,  un  saule  avait  poussé  dans  la 
cuisine  et  formait  un  grand  buisson. 

D  y  avait  dans  ce  village  une  famille  valeureuse  qui  résistait 
seule  aux  Suédois.  C'étaient  les  sept  frères  Schick,  tous 
hommes  déterminés,  ayant  des  armes  à  feu.  Ils  s'étaient  retirés 
dans  le  clocher  après  avoir  livré  un  combat  meurtrier  aux 
Suédois,  qui  avaient  tué  leur  mère  au  pré  Rossé,  derrière  la 
cure.  Ils  furent  assiégés  en  vain  dans  le  clocher  par  les  bandes 
de  Bernard  de  Weimar.  Cette  famille  s'est  maintenue  long- 
temps à  Sainl-Dizier:  ou  voyait  dans  l'église  des  pierres 
tombales  ayant  appartenu  &  des  Schick.  Cette  famille  est 
éteinte  à  Saint-Dizier,  mais  elle  a  encore  des  représentants  à 


19S 


■tm  D*AU*Ci 


Feeehe.  Le  nom  de  Schick  figure  fréquemment  dans  des  titrée 
dee  xvi*i  xvn*  et  znn*  siècles. 

Pendant  les  restaurations  inintelligentes  qni  ont  été  fidtes 
dans  les  années  1851  et  1852,  on  a  détruit  toutes  les  nom- 
breuses pierres  sépulcrales  qui  étaient  dans  les  trois  nefe  de 
l'église.  On  a  trouvé  toutes  sortes  d'objets,  qui  ont  tous  été 
dispersés,  notamment  un  vase  plein  de  monnaies  bourgui- 
gnonnes, dont  quelques-unes  sont  au  musée  de  Colmar. 

La  trouvaille  la  plus  intéressante  est  un  sarcophage  en 
pierre  molasse  du  pays.  Il  était  sous  le  clocher,  près  de  la 
porte  d'entrée  de  Tintérieur  de  l'église,  enfoui  sons  trois  pieds 
de  terre.  Il  a  la  forme  d'un  parallélogramme  irrégulier,  mesu- 
rant en  longueur  1",65,  aux  épaules  0",G4  et  aux  pieds  0",31  j 
la  tôtc  était  encastrée  dans  une  entaille  ronde  de  0'°,25  de 
profondeur  très  bien  faite.  Ce  cercueil  renfermait  sept  têtes 
entièrement  dénudées.  La  présence  de  ces  sept  têtes  dans  ce 
cercueil  en  pierre  est  assez  énigmatique.  Nous  allons  faire 
appel  à  la  tradition  pour  expliquer  ce  fait  singulier. 

L'histoire  rapporte  qu'il  y  a  eu  une  abbaye  royale  autour 
de  l'é^^lise  de  Saint-Dizier,  mais  la  tradition  dit  que  c'était 
une  maison  de  templiers.  Les  vesti;^es  considérables  d'habita- 
tions qui  existent  encore  à  la  collonge  ne  laissent  aucun  doute 
à  cet  égard,  et  les  nombreuses  trouvailles  (lu'on  a  faites  dans 
le  verger  Grandjean  viennent  encore  èi  l'appui  de  la  tradition 
qui  dit,  que  a  pendant  une  belle  nuit  des  soldats  vinn-nt  de 
Belfort,  par  ordre  du  roi,  mettre  à  mort  les  templiers  qui 
étaient  à  Saint Dizier,  et,  chose  singulière,  la  tradition  dit 
qu'ils  étaient  sept  religieux.  «  A-t-on  décapité  ces  sept  tem- 
pliers, et  mis  dans  ce  cercueil  en  pierre  les  têtes  de  ces 
victimes  de  la  cupidité  de  Philippe-lc-Bel  ?  Ceci  est  à  croire, 
car  ce  sarcophage,  remontant  à  l'origine  du  christianisme,  ne 
renfermait  plus  aucun  cadavre  à.  Tépoque  de  l'exécutiou  des 
templiers.^ 

Il  y  a  encore  d'autres  cercueils  et  des  catafalques  fort 

'  M.  de  Caumont  estime  que  les  localités  où  il  y  a  le  plus  de  cercueils 
en  ptene  lont  oSUn  où  le  duiltiMiitme  a  été  le  plu  lAt  étaUL 


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LÉOHDBg  BT  TBADITIOMS 


196 


remarquables  dans  cette  ('•'ilisc;  mais,  comme  M.  de  Barthé- 
lémy en  a  donné  une  descri})tioii  très  savante,  nous  n'en  parlons 
ici  que  pour  mémoire,  notre  but  étant  de  recueillir  des  faits 
inédits,  rien  de  plus. 

La  légende  Saint-Dizier,  citée  par  les  BoUandistcs,  dit  que 
ce  saint  évôque  fut  enterré  par  les  soins  de  sainte  Pouponne 
dans  une  petite  chapelle  dédiée  à  saint  liartin  In  craeukm 
non  pergrande  i  que  Ponponne  était  une  sainte  femme  pré- 
posée à  la  garde  et  à  Fentretien  de  cet  oratoire,  dans  lequel 
elle  avait  sa  demeure,  puisqu'elle  procura  de  Peau  à  saint 
Dizier  pour  étancher  sa  soif  quand  il  vint  célébrer  les  saints 
mystères  dans  cette  chapelle. 

Après  la  mort  du  saint  évdque  les  pèlorins  vinrent  en  fbule 
à  son  tombeau,  bientôt  la  chapelle  ne  fut  plus  suffisante  pour 
contenir  le  nombre  toujours  croissant  des  fidèles,  il  fallut 
ériger  une  plus  grande  église  autour  du  tombeau  de  saint 
Dizier.  Pendant  lu  construction  de  cet  édifice  sainte  Ponponne 
allait  aux  fontaines  du  Val  chercher  Teau  dont  les  ouvriers 
avaient  besoin.  Elle  se  servait  d'une  bouteille  ;  les  ouvriers  se 
moquèrent  d'elle  et  lui  dirent  qu'elle  devait  prendre  un  crible, 
ce  qu'elle  fit  aussitôt  sans  qu'elle  perdit  une  seule  goutte  d'eau. 
La  sainte  était  en  etîet  représentée  en  grandeur  naturelle  sur 
le  mattre-autel.  Elle  était  habillée  à  la  romaine  ;  d'une  main 
elle  tenait  une  bouteille,  de  Pautre  un  crible  qu'elle  montrait 
au  peuple.  Cette  statue  était  fort  bien  faite  ;  elle  a  été  détruite 
en  1862,  comme  tant  d'autres  belles  choses. 

Les  légendes  de  ce  genre  ne  sont  pas  rares.  Le  lecteur  nous 
permettra  de  lui  en  citer  une  que  nous  copions  dans  VSitMre 
â»  BoT'Sur'Aube,  par  Le  Chevalier  : 

«Sur  la  montagne,  au  pied  de  laquelle  est  bâti  B&r4nir-Aube, 
vivait  une  sainte  vierge  nommée  Germaine.  Elle  s'était  char- 
gée de  fournir  à  des  ouvriers  qui  travaillaient  j\  une  église 
l'eau  qu'elle  allait  puiser  à  une  source  qui  porte  son  nom; 
c'est  pour(iuoi  elle  est  représentée  portant  une  cruche  de 
NoareUe  Série.  —  li"*  année.  13 


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IM  ilTCB  H'ALSAGB 

chaque  mam.  Sa  foi  était  si  grande  qa*ii]i  de  ses  vases  s'étant 

brisé  on  lui  jeta  par  raillerie  un  crible  en  lui  disant  de  s*en 
servir  ;  elle  le  releva,  le  remplit  d'eau,  et  il  ue  s'en  répaudit 
aucune  goutte.» 

Une  autre  tradition  nous  apprend  que  saint  Dizier,  après 
avoir  viû  dans  >on  tombeau  pendant  un  nombre  d'années, 
qu'elle  ne  détermine  pas,  son  corps  fut  transporté  à  Murbach 
par  ordre  d'un  puissant  seigneur  dont  le  nom  n'est  point  par- 
venu jusqu'à  nous.  A  cette  époque  de  foi  vive,  la  posseanon 
de  reliques  de  saints  personnages  était  une  source  de  prospé- 
rité pour  les  églises  qui  avaient  le  privilège  de  posséder  de 
pareils  trésors.  Sans  doute  que  les  habitants  de  Saint-Diaier 
ne  furent  pas  contents  de  se  voir  enlever  les  reliques  de  leur 
saint  patron,  et,  pour  leur  donner  une  compensation,  on  laissa 
à  leur  vénération  le  bras  droit  du  saint*  Une  voix  surnaturelle 
leur  dit  que  le  bras  du  saint  évôque  serait  plus  puissant  aux 
yeux  de  Dieu  que  tout  son  corps. 

Les  reliques  de  ce  bras  furent  conservées  avec  vénération. 
Elles  furent  enfermées  dans  un  avant-bras  artîstemcnt  sculpté. 
La  main  était  de  couleur  de  carnation,  elle  bénissait  à  la 
manière  latine.  Cette  main  servait  de  reliquaire,  on  l'appelait 
la  Main  de  ."'tint  Diz'n  r.  Elle  est  aujourd'bui  ])erdue.  Elle 
existait  encor*'  sous  l  adiiunistratiou  du  curé  Villcmain. 

On  a  disserté  loiigui-ment  pour  savoir  oii  était  la  chapelle 
Saint-Martin,  où  saint  Dizier  a  été  enterré.  Cette  chapelle,  ou 
oratoire  comme  l'appellent  les  Bollandistes,  était  au  milieu  du 
chœur  de  l'église  actuelle.  Les  murs  de  fondation  de  ce  petit 
temple  ont  été  retrouvés  Tannée  dernière  (1680)  en  creusant 

'  Les  armes  de  l'abbaye  de  Lure  étaient  de  gueules  à  un  bras  de 
carnation  mouvant  d'une  manche  et  élevant  eu  liant  deux  doigts. 

Nous  avons  dos  titros  de  coustataut  que  cette  abbaye  possédait 
des  dinioH  à  Saiut-Di/.ier. 

Les  habitants  de  Champagney  étaient  obligés  d'aller  chercher  ces 
dîmes  k  Saint-Diiisr  st  de  les  transporter  an  chileau  de  PasiaTaat. 


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UGERraS  R  TRADRIOHS  196 

la  crypte  que  M.  le  curé  Fairre  a  fait  établir  sous  le  choeur  de 
l'église  pour  isoler  et  mettre  en  évidence  le  cercueil  authen- 
tique de  saint  Dizier,  qui  reposait  sous  les  dalles  du  chœur. 
Les  fondations  de  la  petite  chapelle  Saint-Martin  sont  intactes. 
Elles  sont  bâties  en  fornu;  d'octojione  ;  elles  sont  très  bien 
conservées.  Elles  sont  en  maçonnerie  rustique,  mais  solide. 

En  faisant  sa  crypte,  M,  Faivrc  a  cru  nu  pouvoir  les  laisser 
en  évidence  dans  Tenceinte  de  sa  crypte.  Elles  auraient  donné 
trop  de  développement  k  la  voussure.  Il  a  cru  devoir  faire  un 
mur  en  moellons  piqués  qui  masque  entièrement  les  fonda- 
tions de  ladite  chapelle  SaintpMartin,  fondations  qui  sont  un 
spécimen  authentique  d*une  constraction  remontant  au 
Y*  siècle  de  Tère  chrétienne.  Oracmhm  non  pergrande  in  honar» 
Sandi  Martim  eonttrudum  (Grandidiœ,  H,  88.). 

Âjom  la  chapelle  Saint-Martin  était  au  milieu  du  chœur  de 
r^^e  actuelle.  L'église  a  été  bâtie  autour  de  cette  chapelle, 
qui  n'a  été  démolie  qu'après  la  construction  de  l'église;  ce  qui 
le  prouve,  c'est  que  l'exhaussement  du  dallage  du  chœur  est 
entièrement  formé  de  sable  et  de  pierres  de  démolition  aux- 
quelles adhère  encore  du  mortier. 

Lo  petit  édicule,  en  forme  de  cul  de  four,  qu'on  remarque 
à  l'extérieur  de  l'église,  entre  le  transept  méridional  et  le 
chœur,  n'était  pas  la  chapelle  Saint-Martin  comme  on  l'a  pré» 
tendu  ;  c'était  un  baptistère  dont  l'entrée  était  dans  la  sacristie. 
Si  les  transformations  qui  ont  été  faites  à  cette  sacristie 
axaient  été  dirigées  avec  goût,  on  aurait  pu  rendre  ce  petit 
édicule  à  sa  destination  primitive;  mais  dans  Tétat  actuel  des 
choses  cela  n*est  plus  guère  possible. 

Nous  estimons  que  la  chapelle  où  fot  enterré  saint  Dlder 
est  contemporaine  de  saint  Martin  le  thaumaturge  du  ir*  siècle. 
Cet  apôtre  des  Gaules  fut  un  grand  destructeur  de  temples  et 
d*atttels  païens;  aussi  beaucoup  d'églises  primitives  lui  furent 
dédiées.  Il  y  en  avait  une  à  Bàle,  qui  datait  du  iV  siècle.  Il  y 
en  avait  d'autres  en  Franche-Comté.  Comme  il  y  avait  beau- 


196  UVOB  D^ALBAGB 

coup  d'idoles  dans  les  environs,  il  est  à  croire  que  saint 
Martin  est  venu  dans  ce  pays  pour  évangéliser  les  peuples. 
Il  a  (lu  reste  donné  son  nom  à  une  fontaine  qui  s'appelle 
aujounriiui  encore  la  Martine.  Cette  source,  qui  ne  coule  qu'à 
la  suite  des  grandes  pluies,  est  réqiii]»oIl("nt  de  la  Fontaine  de 
la  Famine  {ungcrshrunnen)  d'IIeimersdorff;  elle  annonce  les 
temps  de  disette.  Cette  source  était  sans  doute  dédiée  à  quel- 
que nymphe  païenne,  et  le  nom  de  Martine  lui  a  été  donné  en 
Tbonneur  de  saint  Martin  qui  serait  venu  à  Saint-IHzier 
substituer  le  culte  chrétien  an  culte  païen.  Il  y  a  encore  une 
autre  fontaine  qu'on  nomme  aussi  Xa  Jfotitne.  £Ue  sort  d*uii 
rocher  dans  les  prés  du  VaL  Son  eau  est  très  bonne;  on  en 
cherche  pour  les  malades  de  tous  les  villages  voisins. 

n  existe  encore  d^autres  légendes  au  pays  que  nous  Tenons 
de  parcourir.  Nous  nous  bornons  à  celles  qui  précèdent  afin 
de  ne  pas  abuser  de  Tindulgence  du  lecteur.  Un  jour  peut-être 
nous  parlerons  des  usages  populaires,  des  superstitions,  des 
croyances  singulières  qui  étaient  encore  vîvaces  dans  le  pays, 
il  y  a  une  cinquantaine  d'années,  et  que  la  génération  actuelle 
ignore  complètement.  Les  souvenirs  de  quelques  personnes 
âgées  (le  raucienue  paroisse  nous  faciliteront  ce  nouveau 
recensement 

P.-J.  Tallov* 


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LinÉRÂIUBE  POPUUUŒ  D£  L'ALSAGE-LORRilNE 


BAVARDAGES 

mAM-lËS-COQM  DS  STUOUBS 

CDtieméUs  de  tpâtpn  antres 
COMMÉRAGES  ALSACIENS 


IVbtV 
NOUVELLE  CONVERSATION 

entre  Madame^yia-comine  Kutzlerer  et  Madame-ma-coiisine 
ZiwelmanHj  pendant  et  après  le  blocus  de  èitrashourg.  ^ 

1814 
L  PMdint  I0  bloons 

DAME  KUTZLERER 

Cousine,  en  promenade V  £h!  vous  allez  bien  vite! 

DAME  ZIWELHANN 

Servante!  du  beau  temps  il  faut  bien  qu'on  profite! 

KUTZLERKB 

GouBine,  j*ai  rhonneur  de  n^avoir  imm  reçu 

'  Voir  la  livraison  du  1"  trimestre  1882. 

•  Cette  pièce  fut  iraprimf'^e  chez  J.-II.  TIeitz  et  se  vendait  cinq  soas. 
M.  Berginann  l'attribue  à  Arnold,  l'auteur  du  l^fitigstmontag. 
L'astre  de  Napoléon  a  p&U,  les  alliés  bloquent  Strasbourg,  quelques 


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198  REVUE  d'alsacb 

Longtemps  Yotre  visite.  * 

srwKLMAinr 

Oh!  c'est  (iiu  je  n'ai  pu 
Sortir  de  tout  Thiver.  Je  fiis  bien  malheureuse! 
Nous  avons  toub  bouliert  de  la  fièvre  nerveuse. 

KUTZLERER 

Ke  parfumez-vous  pas?  J'aimerais  mieux  avoir 
Le  nez  plein  de  Morveau-  plutôt  que  de  me  voir 
Malade  plus  longtemps  de  cette  peste  affireuse. 

Vous  avee  bien  raison,  cousine!  Mais  du  temps 
Qa*au  clos  de  SamtpUibain  Ton  portilt  tant  de  gens 

On  ne  parfumait  pas. 

KUTZLERER 

Mes  compliments  sincères 
D'en  avoir  échappé  ;  car  on  ne  meurt  plus  gutoes, 
On  dit  que  c'est  fini! 

ZIWSLKAini 

C'est  mi!  mais  c'est  tant  pis! 
Si  quelqu'un  meurt  encore,  on  dit  que  les  soucis, 
Les  chagrins  l'ont  tué. 

KUTZLERER 

C'est  bien  vrai  !  La  misère 
Est  grande.  Quand  le  pain  et  les  ponunos  de  terre 
Ke  manquent  pas,  on  a  plaisir  à  travailler, 
A  peiner.  De  nos  jours  on  va  s'agenouiller 

bombes  tombent  dan*?  lo  faubourg  National  et  le  Marais-Vert;  l'auteur 
de  cette  note  (M.  Auu'ustc  Stœber)  se  rappelle  très  bien  la  terreur  que 
répandit  leur  explosion.  Agé  de  six  ans,  il  était  assis  ù  l'école  Saint- 
Pien«'le*yiettz  et  fidaait  de  la  chari)ie  pour  les  blessée. 
'  Fante  de  tovniiire,  iatentioimeUe  dans  le  texte,  et  reproduite  idl 
*  Fomigstions  prescrites  par  l'autorité  d'après  les  Indicatloiis  du 
célèbre  Gayton-Morrean. 


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urrÉRATUMS  rorauiu  ta.  l'alsacb-loriaihb  199 
Pour  remercier  Dieu  de  sa  grande  clémence. 

ZIWELMAXX 

Oui,  si  lo  Si-j  (irais  était  un  joli  J'ai. 
Mais  nuilheureusement  cela  n'est  ^uère  vrai. 
Autrefois  on  pouvait  s'en  aller  à  la  danse 
Au  Féoffe  9ur  Veau*  pour  valser.  Maintenant 
On  nous  a  trop  salé  nos  plaisirs,  nia  cousine! 
Mais,  à  propos  de  seU  votre  provision 
Est^e  cUljà  faite? 

KUTZLKBBR 

Ohlouilsilafîunine 
Ne  nous  foit  pas  crever,  o  désolation  ! 
Avant' Pâques.  Hier  à  notre  boucberie 
J'envoyais  ma  servante  acheter  un  gigot, 
Douze  livres  encor  de  cOtis.  Ce  nigaud 
De  boucher,  croyez-vous  quHl  Tait  vite  servie? 
f  Oui!  des  tripes!  dit-il,  surtout  ne  soutfez  mot! 
C'est  encor  bien  heureux  pour  vous  si  je  vous  livre 
Des  tripes!»  Ma  cousine,  eh  bien!  qu'en  dites-vousV 
Y  a-t-il  de  nos  jours  encor  moyen  de  vivTe? 

ZIWELMAlîM 

Il  en  est  tout  à  fait  de  môme  pour  nous  tous. 
Au  marché,  marchandant  une  botte  d'herbages 
Pour  la  soupe,  on  en  veut  douze  sous.  «Mille  orages 
T'écrasentti  dis-je  alors,  «gardez  votre  butin!» 
En  jetant  son  paquet  à  cette  jardinière. 
Ce  n*est,  Dieu!  pas  permisl  et  de  toute  manière 
On  a  de  grands  ennuis. 

KUTZLEREU 

C'est  aussi  mon  chagrin  ! 
Ou  peut  longtemps  courir  avant  que  l'on  ne  happe 

>  Sobriquet  ifmt  aubenie  établie  au  confluent  de  IHI  et  d*nn  bras 
du  Bbin,  nenimé  JfiwyjefM». 


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Un  oljet  bon  maxthé.  Tout  1  tont  est  hors  de  prix* 
Partout  du  mauvais  beurre  et  des  œufs  trop  petits. 
Plus  rien  de  bien!. . .  Je  n*ai!  que  le  diantre  m'attrappe! 
Je  n*ai,  fittalité!  plus  un  morceau  de  bois 
Chez  moi,  lorsque  pourtant  nous  avons  cette  fois 
Un  bien  plus  rude  hiver  que  de  ma  souvenance 
On  n'en  a  vu  jamais.  A  mon  homme  je  dis  : 
«Va!»  lui  dis-je,  «va-t*en  acheter  à  tout  prix 
Du  bo^»  n  dit:  «Je  crois,  «me  dit-il,  «qu*en  démence 
Tu  tombes!  nulle  part  on  n'en  a.  Je  voudrais 
Parier  qu'on  pourrait,  suivant  le  long  des  quais 
Sans  en  trouver  un  brin,  côtoyer  la  rivière 
Oui!  d'ici  tu  pourrais  courir  au  Pon1>Ck)uvert,* 
De  là,  sans  en  trouver,  pousser  au  Marais-Vert.»  ' 
U  faut  cuiro,  rôtir!  Sans  bois  comment  donc£ure? 
Et  surtout  quand  encore  il  faudrait  lessiver. 

Oh!  misère!  cousine!  on  ne  peut  rien  trouver 
Que  vin,  tabac  et  sel,  de  la  viande  fumée. 
Percale  et  mousseline.  0  !  la  funeste  année 
D'avoir  les  ennemis  ainsi  sur  notre  dos. 

Autour  de  notre  ville  est  un  vivant  enclos 
Que  font  pour  Taffamer  le  Russe  et  le  Cosaque. 
Mon  homme,  deux,  trois  nuits  par  semaine,  bivaque, 
Tantôt  au  corps  de  garde  et  tantôt  au  rempart, 
Pour,  contre  le  Kalmouck,  diriger  son  regard. 
£t,  pendant  qu'il  parade  ou  qu'il  fait  la  patrouille, 
Moi  je  suis  toute  seule  assise  &  ma  quenouille. 
Mais  songez  donc  qu'hier  avec  un  étendard' 
U  est  rentré  la  nuit 

'  Pont-Couvert,  pont  à  l'entrée  de  la  Broche  dans  la  ville.  Une  pri- 
son militaire  s'y  trouve. 

•  Marais- Vert  (Gruen-Jiruech),  non  loin     la  j^are  du  cliemin  do  for. 

*  Bupporter  un  étendart,  rentrer  gai.  Le  traducteur  a  été  forcé  de 
conserver  cette  figure  (qu'on  ne  comprend  pas  en  français),  à  oMiae  dn 
nudentendn  qu'il  doit  prodoire  ches  l'interlocntiioe. 


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UTrtRATUBB  POfOUIlB  08  L*AUâCB-UMaum 


901 


KUTZLERER 

Jésus!  Dieu!  ma  cousine! 
Fris  sur  les  ennemis  ? 

zrwsLMAini 
Allez  donc!  je  badine! 
Ce  n'était  qn*an  grand  sabre,  un  plumet,  un  pompon 
QuH  Tenait  nq^porter  ce  soir-là  du  Mouton! 
L'auberge!. . .  Quand  0  est  dedans  son  unifome, 
n  est  tellement  béte  :  il  en  éprouve  énorme 
Plaisir  !  Il  dit  alors  :  «  Frères,  je  suis  paré!  » 
.  De  sa  tête  l'orgueil  s'est  si  bien  emparé 
Que  toutes  fois  qu'il  va  pour  faire  rexercice, 
Il  vous  fait  le  tlambard  que  c'en  est  à  crever! 
Parce  qu'il  est  gradé! 

KUTZLERER 

Oh!  la  belle  malice! 
QuMl  ait  un  grade  ou  non,  je  sais  Men  conserver 
Mon  mari  près  de  moi  !  Je  ne  suis  pas  si  béte! 
C*en  était  un  aussi,  celui-là,  dont  la  téte 
Etait  près  du  bonnet  Mais  il  est  aujourd'hui 
Paisible,  réparant  sans  y  trouver  d'ennui, 
Les  boucles  de  souliers.  *  H  reste  au  domicile, 
Ne  va  pas  dans  la  rue,  et  bien  moins  chez  Baldner,  ^ 
Au  jardin.  S'il  voulait  encor  faire  le  fier, 
Tonnerre!  je  saurais  le  rendre  plus  docile! 

'  Il  raccommode  des  boucle:^  de  souliers.  Le  traducteur  cro3'ait  que 
cela  Yoalait  dire  qu'il  «s'occupe  plus  paisiblement».  M.  Bergmann  con- 
sidère le  terma  de  craccommodeiiTe  de  bondes  de  unlien»  eomoie  wi 
lobciqnei  donné  «nx  liinpIeB  loldatt  du  centre,  généralement  geu  de 
petits  métiers,  tandis  qne  les  grenadiers  et  Toltlgenrs  de  la  garde  nalio- 
nale  se  recrutaient  chez  des  gens  riches,  lee  artillenrs  dans  des  métiers 
exigeant  une  certaine  habileté. 

*  Jardin  Baldner,  catwret  champêtre,  hors  la  porte  d'Aosterlits  sur 
la  route  du  Polygone. 


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Je  vous  l'arrangerais!  Non!  tant  que  je  verrai 
De  mes  deux  yeux  cncor,  je  ne  le  laisserai, 
Cousine,  croyez-m'eu,  s'éloigner  de  la  txesse 
Qui  tient  mon  tablier. 

ZrWELHAKH 

Vous  6tes  la  maltrefiBe 
Et  savez  commander.  Mais  le  mien  ne  se  laisse 
Mattriser.  On  le  met  toiqours  dans  ses  états 
Avec  le  moindre  mot  De  jouer  aux  soldats 
Lui  iàit  tant  de  plaisir  ;  quant  à  moi,    me  lasse! 
Pourvu  que  ça  finisse! 

KUTZLEREU 

Oh  !  pour  moi  ça  m'agace 
Aussi,  chère  cousine,  et  c'est  là  justement 
Qu'ils  trouvent,  nos  maris,  leur  grand  amusement 
J'aimerais  bien  donner  un  beau  repas!  oui,  certes! 
Si  nos  portes  pouvaient  bientôt  dtre  rouvertes. 
J*j  courrais  au  plus  tôt 

SIWBLMÂini 

Combien  de  temps  déjà 
Les  verroux  sont-ils  mis  ? 

KUTZLERER 

Au  jour  de  Saint-Etienne* 
Je  fus  dans  mon  jardin,  et  ce  jour  j'allai  là 
Pour  la  dernière  fois. 

SIWHLMANN 

Cousine!  queUe  peine 
On  me  ftit  éprouver  en  parlant  de  fardin. 

Ah!  quand  pourrai-je  donc  reprendre  le  chemin 

Du  mien?  De  le  revoir  fortonu  nt  il  me  tarde. 
Mes  deurs  sans  doute  y  sont  dans  de  piteux  états  ! 

La  Saint-EUenne,  lendemain  de  Noël. 


LITTÉRATURE  POPULAIRE  DE  L'aLSACI-LOUUUHI 


203 


Là  les  Badois  ont  mis  un  de  leurs  corps  de  garde. 
Je  n*y  trouverai  rien!  car  ces  nombreux  soldats 
Auront  extennlné  mes  belles  violettes. 

KUTZLBBEB 

Et  les  ognons  à  fleurs?  Quand  régnent  des  disettes 

Dans  leur  camp,  ils  les  font  blanchir  rapidement, 

Apres  ça,  sur  le  pain,  ils  en  font  simplement 
Quelques  tartines  dont  ces  êtres  se  régalent 
C'est  de  cette  fa(:on,  liélas!  qu'ils  nous  avalent 
Et  nos  oreilles  d'ours,  et  nos  beaux  seringats, 
Et  beaucoup  d'autres  fleurs,  nos  belles  giroflées! 
La  chose  qui  me  met  surtout  dans  mes  états 
Ce  sont  mes  Uimcla  *  laveris  avalées 
De  la  sorte.  0  malheur  1  malheur  1  Si  le  blocus 
Dure  encore  longtemps,  on  n*aura,  ma  foil  plus 
De  légumes. 

ZIWELHim 

Le  diable  alors  les  pataiiole! 
Pour  les  fleurs,  8*!1  le  fout,  cousine,  on  s*en  consolel 
Les  légumes,  les  fruits  noua  tiennent  plus  &u  cœur  I 
Sans  petits  pois,  navets,  sans  chou  vert  ni  chou-fleur, 
Sans  salsifis,  comment  nous  foudra-iril  donc  foire? 
Sans  rein»«]aude  encor,  qwetsche,  poire,  abricot 
Que  mangerons-nous  donc?  Ma  foi!  cousine,  il  fout 
Désespérer! 

KUTZLEKEH 

Oh  non  !  moi,  cousine,  j'espère 
Que  bien  avant  ce  temps  on  aura  fait  la  paix. 
L'htbdottuuiaire  dit  qu'on  s'en  trouve  bien  près. 

^  BUmuIa  LavtriSf  fausse  proDOQciation  ponr  Primula  vtrit,  prime- 
ffaw.  Les  Alsacieiii  aiment  défigurer  les  mots  qvHlB  ne  compreimeiit 
pss  de  manière  à  leor  donner  un  sens,  et  MimnAa  LamU  signifie  en 
•Uemsnd  «la  petite  fleur  LaTeris»,  tandis  que  le  vrii  mot  latin  signifie 
la  primeur  du  pxintmnps,  la  primevère.  A  Mnlhonse  on  dit  Frimékfti, 


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SOI 


■BTOi  li'AIââCI 


ZIWELMAXN 

On  en  parle  beaucoup  :  ce  ne  sont  que  sornettes;  . 
Cousine,  ou  ne  peut  plus  bo  lier  aux  gazettes. 

KUnLIBER 

Je  sais  de  bonne  main,  croyes-le,  je  le  sais, 
NoiiB  serons  débloqués. 

UWKLlfAinf 

Oui  !  au  grand  Saint-Jamais! 

KUTZLERER 

Les  portes  vont  s'ouvrir.  Le  gros  de  la  soufirance 
Est  passé. 

Ma  cousine  !  ayons-en  Tespérance. 

Haguenau,  juin  16ÔL 


n.  Après  le  blocnB  * 

KUTZLERER 

Aha!  cousine,  eh  bien?  N'estron  pas  plus  heurenx, 
Dites,  qu'on  ne  Tétait  en  ces  temps  désastreux 
Oii  nous  étions  bloqués  ?  Qa  ne  durera  guère, 
Disais-je,  nous  Terrons  la  fin  de  la  misère. 
Eh  bien  !  le  paysan  revient,  et  Ton  aura 
Des  légumes,  cousine,  et  tout  ce  qu*il  &udra. 
Oui!  bientôt  nous  allons  nager  dans  Tabondance. 

'  Le  tradaetenr  ne  peut  s'einpèelier  de  fidie  remarqiier  eonbieii  dix 
•iméee  de  deipotiime  impérial  ont  émontaé  les  leiitimeiila  de  patrio- 
tisme des  Strasbourgeois  que  le  régime  de  la  TeRenrn'STait  pu  entamer. 

Comme  l'éditeur  de  la  seconde  édition  du  texte  allemand,  le  tradae- 
tenr tronvr  que  si  ces  deux  morceaux  sont  vraiment  d'Arnold,  l'auteur 
du  JYiitgsimoiit<tg  aurait,  eu  fort  peu  de  temps,  fait  d'énoniies  progrès 
dans  la  versitication  et  Torthographe  phonétique  strasbourgeoise.  (Voir 
EUâsmsdu  3dMt»kâstel,  page  332.) 


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UntoATUBE  NraLAHIB  DB  L^ALUCÀ-LOMUDIS  S06 

Eh  !  ne  pouvons-nous  pas  déjà  faire  bombance 
Trempant  dans  le  café  de  petits  pains  au  lait 
D'un  sou. 

zrwBLXAim 
L*oii  croit  rdYor.  Je  n*eii  Toiilns,  conaÎDe 
Bien  croire,  tout  d'abord.  Et  Ton  ne  s^îmagine 
Quel  eflet  ^  me  fit  quand  partout  on  disait  : 
«  Bonaparte  n'est  plus  sur  le  trdne,  et  Ton  met 
Une  cocarde  blanche  au  chapeau!  » — •  Quelle  aubaine! 
Nous  avons  donc  la  paix  !  Le  Seigneur  soit  béni!  > 
Répondis-je  aussitôt,  et  puis  à  mon  mari 
Je  dis  :  a  Tu  combattis  assez  longtemps.  Ilengaîno 
Ton  glaive,  et  viens  vers  moi.  J  éprouve  un  tel  bonheur 
Qu'il  faut  que  je  t'embrasse!  » 

KUTZLEEIB 

Et  moi,  je  le  confesse, 
Comme  tous,  je  sentis  renaître  Tallégresse 
Dans  mon  cœur.  Mon  mari  se  mit  avec  ardeur 
A  servir  promptement  un  festin  confortable, 
Plaçant  force  jambon,  saucisses  sur  la  table. 
Puis  avec  ses  amis  vidant  un  tonnelet  : 
t  Car,  leur  dit-il,  comment  un  fidèle  sujet 
Fera-t-il  i)lus  d'honneur  au  roi  qu'en  vidant  caves 
Et  cuisines?  Longtemps  on  nous  a  vus,  tout  baves, 
Nous  priver.  Maintenant  il  serait  fou  vraiment, 
Celui  qui  ne  voudrait  s'oârir  de  Tagrément!  » 

uvif^ucAini 
C'est  mon  opinion.  Puisque  notre  détresse 
Prend  fin,  respirons  donc,  délivrés  du  tourment 
De  la  disette. 

KUTZLERER 

Oh  oui!  et  remplis  (rulk'fïresse 
Kous  pouvons  contempler  avec  contentement 


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S06  RKVUB  D^AUACB 

Au  Broglie  on  beau  tas  de  sacs  pleina  de  firoment 
Cochons,  oisons,  bœuâ,  veaux,  tout  ça  gaiment  fourmille  . 
Autour  de  nous,  cousine. 

ZIWELMAN'N 

Oui!  Tout  (  hacun  frétille 
Et  revit  Chaque  femme  a  le  contentement 
De  ravoir  son  mari,  d'eu  jouir  pleineiueut, 
£ft  le  roi  n'aurait  pu  faire  pour  la  famille 
Non!  rien,  dont  tous  les  cœurs  seraient  plus  r^ouis: 
Vive  donc  ce  bon  roi!  vive  le  roi  Louis! 

BioK,  mai  1881. 


VI 

LES  PAYSANNES  DËSOLÉES  ' 

Quel  malheur!  ah!  j*enrage! 
Est-ce  Yrai  ce  qu*on  dit? 
La  plus  belle  et  plus  sage 

Tapera  de  dépit! 

—  On  vient  de  mo  l'apprendre  : 
De  dix-huit  à  trente  ans 

Pour  la  guerre  on  veut  prendre 
Tous  les  beaux  jeunes  gens! 

—  Diable!  qne  faut^il  foire? 

•  Geindre?  ou  pousser  des  cris? 

Ou  bien  rire  V  ou  nous  taire  y 
Nous  restons  sans  maris  ! 

*  Chanson  en  dialecte  du  Kochenbsrg  avec  refrain  en  tyrolienne. 
Le  tradactear  la  croit  inédite;  il  la  connaît  par  tradition  orale.  Elle 
est  doue  tans  date;  mais,  d'après  le  sujet  qu'elle  traite,  elle  doit  Atre 
d*mie  des  trois  années  1818— 181&.  C'est  de  pins  une  préface  natnrdle 
•a  «  baTiidage  »  sniTant. 


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uirtiATimB  poniumi  m  L*AUACB-unaAiiii  107 


—  Pourquoi  te  mettre  en  rage? 
Tu  peux  prendre  le  vieux 
Jeannot  de  ton  villa;?e  ' 

Si  tu  ne  trouve  mieu2U 

—  Ah!  de  eet  imbécile, 
Ya!  ne  me  parle  point, 
Car,  trois  heures  de  file, 
U  TOUS  reste  en  son  coini 

De  beaucoup  je  préfère 
Martin  le  menuisier. 
S*U  revient  de  la  guerre 
n  veut  me  marier!* 

^  Tu  ne  peux  pas  l'attendre 
Va!  tu  ne  Tauras  pas! 
Toutes  voudront  le  prendre, 

C'est  un  bien  trop  beau  gas! 

Rioz,juiUetl881. 


vn 

CONVERSATION 

mstre  les  hcmrables  et  vertueuses  demoisdles^ousmes 
Atme-Mane  Spitghâsél  el  QOhenne'BarU  KrumhOtéL* 

1814 

SPITZNJBSEL 

fié  !  comme  vous  courez?  Pourquoi  tant  vous  presser? 
Quelque  chose  d*a&euz  vient  donc  de  se  passer? 

1  Dtai  le  tazte  .BbiiMl  eim  J\BrM^  Jetimol,  d«  FB^^ 

de  village  ponrraitMl  mottro  sar  la  roie  de  TorigiiHl  de  la  elian>on? 

*  Le  tradnctear  emploie  ici  le  mot  marier  dans  an  sens  que  le  lan- 
gage rustique  doit  admottro,  quand  in^'ine  l'Académie  le  condamnerait. 

'  Les  paysannes  désolées  l'étaient  à  cause  do  la  difficnlté  de  trouTer 


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KBUMHiELSEL 

Ah!  cousine,  je  viens  de  me  sauver  si  vite! 

8PITZ>M:8EL 

Sans  doute  d'amoureux  vous  fuyez  la  poursuite. 
Ah!  j'ai  bien  deviné!  Ck)mme  votre  cœur  bat! 
Et  vos  yeiul  brillent-ils,  cousine,  d'un  édat! 
Sur  votre  cou  Ton  voit  des  gouttes  aussi  grosses 
Qu*un  poing. 

C*est  mi,  cousine.  A  quels  dangers  atroces 
J'échappe  en  ce  moment!  Et  je  crois  que  depuis 
Quinze  ans  je  n'eus  de  cas  pareiL  Je  me  promène 
Près  la  porto  des  Jui&.  Tranquillement  je  suis 

Le  faîte  des  remparts,  quand  tout  à  coup,  sans  gêne, 
Un  Wehche  '  vient  vers  moi  me  saluer  bien  bas. 
a  Eh,  Monsieur,  il  ne  faut  pas  tant  de  politesse! 
Lui  répondis-je  aussitôt.  Allez,  qu'on  nie  laisse 
Passer  par  mon  chemin.  Je  ne  vous  connais  pas.  » 
—  0  Sans  avoir,  •  me  dit-il,  llionneur  de  vous  conncûtre. 
Vous  êtes  seule  ici,  voulez-vous  me  "permettre 
De  V0U8  offrir^  le  bras  $owr  wm  accompagner  f  > 

t 

vu  mari  oonrenable  à  Uraite  des  leréMfidtM  dans  les  deraièresaïuiéM 

de  l'Empire. 

«Mcsdcmoiselles-mes-consîneR»  Anne-Marie  Neqioiitta  et  Catherine- 
Barbe  Ck>atordu  sont  bien  plus  bcareuscs  : 

U  en  vient  nn  font  seuil 

Mais  quel  mari!  Un  de  ces  gnerriers  qai,  comme  le  comte  de  Baatean, 
ont  laissé  sur  chaque  champ  de  bataille  une  partie  de  leur  personne* 
Sondain  Ip  rnnnn  qti'on  tire,  pour  annonror  la  conclusion  de  la  pall, 
vient  leur  donner  l'espoir  de  trouver  encore  bien  mieux. 

'  Weische,  Français  parlant  la  langue  française.  Traduction  du  mot 
«Galloned»  que  les  Bretons  opposent  aux  «Brczonnek»  et  traduction 
d'antant  pins  juste  que  Wdseke  aussi  vent  dire  Oaalois. 

'  Tout  oa     est  en  italique  est  en  français  dans  le  teocle. 


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LmtoATOM  MHILAttI  M  L*AU*CI-UMUIAI1«  909 

—  ^  Allez,  Moussié,  lui  dis-je,  aUez-vous  promener  !  » 
Vous  êtes  dans  Terreur!  épargnez- vous  la  peine 

Je  ne  suis  de  ces  gens  qu'à  son  bras  on  emmène. 

—  «  Vous  êtes  bien  cruelle.  Arrêtez  un  moment/» 
Me  ditril  aussitôt,  et  fait  du  sentiment 

Vous  savez  conuiient  sont  leB  Welsches.  En  paroles 
£t  mines  ils  sauront  toujours  remplir  leurs  rdles 
Pour  séduire  les  cœurs.  H  me  dit  :  t  quels  beaux  ymx! 
QutiJoU  petit  fied/  U  est  délieieux!  ■ 
Et  puis  sur  moi  fixant  un  tel  regard  de  flamme 
Que  je  crus  qu*U  voulait  pénétrer  dans  mon  âme. 
*Nevotfezpa$  en  moi,  dit-il,  tiit  êéiueUm; 
Je  veux  mejwre  amer  et  toucher  votre  omr, 
EeewtesHnoi,  de  grûee^  et  ditee-moi,  ma  bdte. 
Votre  eœwr  eet^l  Hhref  Stee^vous  demoiséikt* 

—  «  Pour  vous  servir!  lui  dis-je,  et  laissez-moi  passer 
Plus  longtemps  mon  honneur  défend  de  converser.» 

—  •Je  n'insisterai  pas,  mais  rcuillez  hien  m' apprendre 
Si  demain  en  ces  lieux  vons  daignerez  vous  rendref» 

—  «Ah!  me  préserve  Dieu  de  donner  rendez-vus, 
Adié,  Moussié,  adié,je  ne  viig  rerrai  plus!  » 

Et  sur  cela  je  pris,  dans  ma  grande  détresse 
Le  chemin  sous  les  pieds  et  vins  avec  vitesse 
Vers  vous.  Je  vais  rentrer  et  remercier  Dieu 
De  m'avoir  arraché  du  danger  en  ce  lien. 

BFITMilBUL 

Que  dites-vous?  cousine?  Et  pourquoi  tant  vous  plaindre? 
Dans  ces  temps  malheureux  où  chacune  est  à  craindre 
En  cherchant,  de  ne  pas  trouver  un  amoureux, 
U  en  vient  un  tout  seuL  Mais  c'est  miraculeux  1 

KBUMHiWiBlL 

Si  ce  n^était  un  Welsche.  On  n*a  pas  coniiance 
En  eux.  On  leur  reproche  une  grande  inconstance. 
NooTelle  Séne.  —  il**  anoée.  14 


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SPITZNiESEL 

La  langue  n'y  fait  rien.  Moi,  je  m'en  moquerais! 
C'est  bien  égal  qu'on  parle  allemand  ou  français. 
Ne  faites,  croyez-m'en,  pas  tant  la  difticile 
De  pear  que  ce  gibier  ne  s'échappe  et  ne  file. 
Mais  comment  est-il  donc?  Est-il  jetine  ou  bien  Tieox? 
Ëstril  bien  Mi  et  beau?  A4ril  beau  nés,  beaux  yeux? 
Un  beau  nés  de  nos  jours  ne  nuirait  pas  pour  plaire, 
I>e  beaux  mollets  non  plus.  En  a-t^fl  une  paire 
Bespeetable? 

KRUMniBLSEL 

Oh!  je  suis,  nia  cousine,  au-dessus 
De  cette  question  de  l'âge,  et  ne  veux  plus 
De  jeune  fat,  bien  sûr,  pour  toute  chose  au  monde. 
Il  paraît  respectable.  A  son  menton  abonde 
La  barbe.  On  ne  pourrait  le  mener  par  le  nez. 

8PITZN.SSKL 

E8t41  donc  si  méchant?  Vraiment!  tous  m*étonnei. 

KRUMH/KLSEL 

Il  ne  le  paraît  pas.  Mais  il  porte  à  la  place 
De  son  nez  un  emplâtre.  Hélas  !  dedans  la  glace 
De  Moscou  ce  beau  nez  resta.  La  nation 
En  retour  lui  donna  la  décoration. 
U  s'en  console  donc 

8PITIV.B8BL 

Jésus!  c*est  pitoyable! 
Embrasser  un  mari  sans  nez  !  c'est  effroyable. 

KRUMHiCLSEL 

Pour  cela  l'on  n'a  pas  besoin  d'un  gros  trognon. 
Hélas,  au  lieu  de  bras,  il  n'a  plus  qu'un  moignon. 

BPTtBSMSÊL 

Hais  estril  bien  bâti?  Est^il  alerte,  ingambe? 


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LirTÉBATUM  HmJLAIBB  M  L'ALUGI-LOKBAIIIB  Sll 
KBmfHALUBL 

Non!  malheureusenieiit;  D  ne  peut  fitre  fier 

De  Bes  mollets.  Pourquoi?  c*est  qull  n*a  qn*une  jambe, 

Puisque  Tautre  est  en  bois. 

8PrrZ5Jt8EL 

Oh!  ça  paraît  amer! 
Mais  ça  ne  rendrait  pas  ma  chevelure  grise 
Et  je  ne  serais  pas  un  moment  indécise. 

Prenez-le  comme  il  est.  C'est  toujours  un  mari, 

Et  cetto  marchandise  a  si  fort  renchéri 

Que  Ton  peut,  sans  rou^r,  prendre  un  homme  ayant  bosse, 

Jambe  de  l)(>is,  moignon,  ou  marchant  h  la  crosse. 

Si  vous  le  voulez  bien,  j'irai  sur  le  rempart 

Avec  vous  dès  demain,  et  si  du  ])»'(iuillard 

Vous  n'êtes  pas  jalouse,  il  faudra  qu'il  décide 

A  laquelle  de  nous  il  servira  de  guide  : 

Peut^tre  bien  aux  deux. 

C'est  ça  !  voici  ma  main  ! 
Notre  bonheur  Ta-t-il  se  décider  demain? 
Mais  silence!  écoutez!  qu^est^  que  ça  veut  dire? 

SPITZN^SEL 

Oui!  je  Pentends  aussi!  c^est  bien  vrai  que  Ton  tire. 
Sans  doute  pour  la  paix.  Quel  bonheur!  Songes  donc! 
D'Allemagne  nos  gens,  dans  un  délai  peu  long 
Beviendront,  oh  bonheur!  Alors  on  pourra  &ire 
Choix  parmi  des  milliers  du  mari  qu'on  préfère. 
Même  on  a  prétendu  que  le  bon  roi  Louis 
Avant  tout  soucieux  du  bien  de  son  pays 
Veut  que  chaque  soldat  aille  former  funiDe. 
On  ne  pourra  bientôt  plus  voir  de  vieille  fille. 


919  REVUE  D*AI^ACE 

Ou  si  peu  !  je  ne  puis  sapportor,  par  ma  foi  ! 
Ce  bonheur  plus  longtemps!  Vivat!  vive  le  roi!  ' 

Kioz,  mars  1881. 


vm 

CONVERSATION  GÉNÉRALE 

entre  deux  vieilles  comme}  es.  —  <nMadame-imi-c()Usine^  A  et 
«Madame-ma-coiisineii  B  se  remontrent  sur  la  place  Hamt' 
PieirrerkrjwiM,  U  8jmlkt  18Iô, 

Pwdast  le  aeooiid  Uosns.* 
A 

Cousine!  où  donc  si  vite?  Arrêtez  uu  moment 

B 

Je  n'ai  le  temps,  ma  chère.  11  faut  que  promptement 
J'achète  un  peu  de  son.  L'on  ne  sait  comment  faire 
Pour  en  trouTer,  vraiment! 

A 

C*est  comme  moi,  ma  chère. 

*  M.  Bergmaan  attribue  ce  dialogue  à  Arnold,  Ifé  de  84  lai.  H  a  été 
•  publié,  en  été  1814»  chea  Tiirre  B$àu,  plaee  du  Déme,    14.  Prix  : 

cinq  sous.  D'autres  l'attribiient  à  Madame  Enfelhard  (née  Schvelg» 

hieaser),  d'aatrca  même  au  libraire  Kœnig. 

*  «L'expérience  rend  sage!»  Telle  est  la  moralit(^  à  tirer  de  ce  dia- 
logue, surtout  ai  on  le  compare  à  celui  du  preiuior  blocns.  Partout  des 
Toluilles  et  du  bétail,  anicué  surtout  par  les  parcuts  do  la  campagne 
réfugiés  en  Tille. 

Il  eat  de  Charlotte  Engelhard,  fille  du  célèbre  helléniate 
Schweigbnnaer  et  sœur  de  l'archéologue  Oeoftroi  SchweigluBuaer. 

La  eollection  Heiti  renferme  deux  manuicrita  de  ce  dialogue,  dont 
l'un,  ht  minute,  du  la  main  de  ranteur,  renferme  quelques  corrections 
et  est  sans  titre.  L'autre,  écrit  par  une  main  d'homme,  est  précédé  du 
titre  et  de  la  date  donnés  ci^desiui. 


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UTTÉIUTOU  rOraLAIRB  DB  L*ALBACS-LfMlKAnfB 


913 


Mais  que  font  vos  canards  et  vos  jeunes  oisons  V 
C'est  là  la  question  qu'à  chacun  nous  faisons, 
Quand  nous  Tapercevons  du  plus  loiu  daus  la  rue. 

B 

On  8*611  occupe.  Ils  sont  d^une  belle  venue 
Et  d^à  bien  jolis,  oison  comme  canard! 
Avec  du  bon  mais  nous  emboquons  les  oies. 
Yons  devriez  bien  voir  les  magnifiques  foies. 
Aux  ailes,  au  poitrail  est  un  plastron  de  lard  : 
Cest  qn*on  y  mordrait  bien.  Obi  cette  gourmandise 
En  ces  temps  malheureux  ne  nous  est  pas  permise. 
Mais  nous  y  reniflons  et  gardons  pour  plus  tard 
Le  meilleur! 

A 

Quoi!  comment!  enseignez-moi  votre  art. 
Par  CCS  grandes  chaleurs,  comment,  je  vous  demande, 
Vous  y  prendrez-vous  donc  pour  conserver  la  viandeV 

B 

Ma  foi!  c^est  justement  parce  qu'on  est  bloqué, 
En  canicule  encor,  que  Ton  s'est  appliqué 
A  trouver  des  moyens  qu'en  autre  circonstance 
On  n'aurait  pas  trouvés.  Vous  aurez  connaissance 
De  la  recette.  On  dit  que  l'on  pout  conserver 
La  viande  firatche,  et  si  l'on  ne  peut  pas  trouver 
Autre  chose,  U  hxA  bien  la  manger  telle  quelle. 

A 

•  Oh  !  nous  n'aurons  pas  faim.  Notre  ville  vit-elle 

Jamais  chez  elle  autant  d'animaux  à  la  fois? 
Schiltigheim  est  chez  nousV*  Partout  le  caquetage 
Des  volailles!  Partout  de  la  remise  au  bois 

*  «Schiltigheim  est  chez  nous!.  Cette  phrase,  harrée  dans  la  mintite, 
a  été  conservée  par  les  éditeurs  du  SchatzkasM  comme  dt'pi'i)Tnant 
Tivement,  ^aoiqa'ftvec  an  peu  d'exa^ératioo,  l'état  dç  Strasbourg  à  cettç 


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S14  UrOB  D*AUACB 

On  a  fait  une  établc.  Au  haut  de  tous  les  toits 
J*enten(ls  les  coqs  chanter.  Oh  !  si  dans  ce  voyage 
Vous  vtMiicz  avec  moi,  j'irais  au  campement. 
De  touii  côtés  l'armée  à  nos  portes  bivaque. 

B 

Oh  non!  je  n'aime  pas  pareil  attroupement. 
Cela  fait  mal  au  cieur  de  voir  comme  on  s'attaque 
Au  blé  qu'on  coupe  pour  couvrir  mainte  baraque, 
Ou  comme  en  fleurs  on  prend  jusqu'aux  pommes  déterre! 
Un  mois  de  cette  vie,  on  verra  la  misère  I 
La  disette  d^à  vient  répandre  ses  maux 
Sur  les  hommes  ainsi  que  sur  les  animaux. 
Le  sort  ne  le  veut  pas:  mais  j'avais  Tespérance 
Que  nous  aurions  la  paix,  quand  Tesprit  touzmenteur 
Nous  revint  de  son  lie,  et,  mettant,  o  malheuri 
Tout  sens  dessus  dessous,  vint  par  sa  violence 
Nous  ramener  la  guerre.  U  y  fera  venir 
Le  dernier  homme. 

A 

Ah  Dieu!  voules-vous  soutenir 
Le  roi  qui  tuera  les  protestants,  et  même 
Rétablira  la  dîme.  Oh  non  !  vous  plaisantez! 
Quant  aux  privations,  eh  bien!  chacun  les  aime 
Si  c'est  pour  dominer  le  monde.  Vous  sentez 
Qu'avec  ri  iiipereur  seul  nous  pouvons  encore  être 
La  grande  nation,  et  s'il  n'était  plus  maître 
Il  nous  faudrait  le  lils. 

B  • 

Portez-vous  bien.  Adieu! 
Il  me  faudrait  du  son,  et  puis  je  dois  paraître 
Au  Marais  Kageneck  :  ma  vache  est  en  ce  lieu. 

Bios,  19  mai  1881. 

époque.  L'un  dVnx  so  rappelle  trt'S  hion  avoir,  h  l'âge  do  quatre  ans, 
bu  le  lait  d'une  vache  que  'l'oncle  de  ScbUtigheim»  avait  établi  dans 
la  buanderie  de  la  maison  paternelle. 


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UTrÉBATOIB  POPULAIftl  U  L*AUUIS>10MIIA1III 


S16 


IX 

Après  le  saoond  bloons.* 
A 

Les  ennemis,  grand  Dien,  cousine!  entrent  chez  nous! 
On  dit  que  cette  fois  ils  seront  bien  moins  doux 
Qu'ils  n'étaient  Tan  dernier.  Us  nous  yolent  et  pillent 
Et  nous  faisaDt  payer  encore,  ils  nous  étrillent 

B 

C'est  naturel!  chacun  devrait  y  r( n^arder 
Jusqu'à  deux  fois  avant  d'aller  se  hasarder 

'  Le  traducteur  rappelle  ici  l'obsenration  qu'il  a  déjà  faite  au  dia- 
logue de  la  fin  du  premier  blocus. 

Ce  dialogue,  dit  M.  Stœber,  date  des  premiers  jours  d'août  1815. 

Le  second  blocus  diura  réeUesseitt  Ûn  S8  Juin  au  80  juillet  1616,  mais 
ne  fiit  ofBdelleiBeiit  leré  qu'an  86  septembre. 

Gomme  le  précédent^  ce  dialogne  est  de  11^  Gbarlotte  Engelbard, 
et  existe  à  la  bibliothèque  de  lHaiTeraité  en  copie  mtnuscrite  fidte  par 
M.  Heitz. 

M.  Au^Bte  Stœber,  dans  mù  reeensement  de  Tédition  deM.  Betf- 

mann,  dit: 

«Si  M.  Bergmann  exprime  le  désir  de  voir  publier  le  Mémorial  jour- 
nalier que  cette  dame  aussi  g&ie  que  spirituelle  continua  jusqu'à  un 
âge  très  avancé,  je  m'associe  Tolontiers  à  œ  vœu  et  en  exprime  un 
seeood  de  mon  cMé  :  e'est  qu'ea  j  Jirîgne  le  reendl  de  ses  poésies 
épaises  partout  On  en  Ironie  entre  antrss  dans  le  .BJWtesiidhe&MMlays- 
Moll,  dans  le  lYeffeîsaUmm,  dans  les  Périgrinationê  àfnwsrste  Vingn, 
dTngelbard,  dans  le  Livre  des  Légendes  alsaciennes.  D'antres  poésies 
de  circonstance  inédites  et  pofitos  improvisations  on  dialecte  do  Stras* 
bourg  doivent  avoir  été  conservées  d'elles  iluns  des  fumilles  amies.» 

Traduire  et  citer  les  deux  vœux  ci-dessus,  c'est  s'y  associer.  C'est 
M"**  Engelhard  qui  déconrrit  et  traita  la  première  la  jolie  légende  des 
Oémiltih»  JTftMqni  depuis  a  inspiré  tant  de  poètes  <Toir  le  JTsdssIsrik 
Bagtnèméhf  de  Auguste  Stmber).  La  puUicalioa  de  ses  mémoires  el  de 
ese  «Buvieo  ne  pounah  dono  qu'être  agréable  aux  amis  de  la  littéra> 
tare  alsalique. 


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216  Bim  D^Auyis 

Contre  ntn^rto  qui,  comme  dit  le  proverbe, 
Car,  quand  on  tient  le  tigre,  à  Panimel  superbe 
n  faut  rogner  la  griffe.  On  était  bien  instruit 
En  pays  ennemis  eomment  on  se  conduit 

Mais  eux  nous  ont  traités  d*abord  avec  clémence 

Vîxrvc  qu'ils  se  tiattaient  de  la  douce  espérance 
En  usant  envers  nous  de  modération 
De  se  concilier  la  grande  nation! 
Ils  ne  nous  ont  pas  fait  assez  forte  saignée. 
L'avoine  nous  excite,  et  si  de  sa  cognée 
Notre  armée  a  cassé  le  pot,  nous  avons,  nous. 
Fracassé  le  couvercle.  Et  puisqu'alors  nous  tous 
Avons  voulu  la  guerre,  eh!  payons  nos  caprices 
En  en  supportant  tons  aigonrd'hui  les  sévices. 

Rioz,  19  mai  1881. 


X 

DIALOGUE  DE  LA  FOURRURE  DE  MARIAGE' 

19  fAvrier  1816 
A 

Quel  embarras!  cousine,  n  fiuidrait  des  maris 
A  nos  filles.  Venes  me  donner  votre  avis. 

Non  pas  gratuitement,  car  à  Tindicatrice 

D'un  bon  parti  toujours  ou  donne  une  pelisse, 

Et  vous  l'aurez  bien  sûr.  Moi  !  j'aiuu  rais  beaucoup 

Pour  meâ  tillei»  au  jeu  retourner  un  atout 

*  Ce  dialogue  est  encore  de  Charlotte  Engelhard  ;  le  manuscrit  n'est 
qa*mn  bronUlon  é»  m  HMin  et  porte  en  bu  la  data  du  19  firrier  1816. 

Qoaat  an  titre  que  nous  loi  doaaoïw  loi»  nom  l'empruitoiis  à  H.  Berg- 
naos,  qni  le  loi  drane  à  Mose  d'tan  mot  pnmoneé  par  la  première 
interloentriee.  Quand  quelqu'un  par  «on  intenrention,  fait  on  mariaga^ 


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UTTftUltnB  POPOUIU  m  L*AUâGi-LORKAIHI  S17 

Eh  bien  !  réfléchissez!  Qui  serait  acceptable? 
Par  la  ville  y  a-t-il  quelque  jeune  homme  aimable  V 

B 

Himil* . .  Pïè8  du  tribunal? 

A 

Allez  doue  I  ça  n'est  rien. 

L^employé  de  nos  jours  ne  sait  jamais  très  bien 
S'il  se  trouve  fixé.  L'on  croit  avec  sa  dame 
Jouir  d'un  long  bonheur;  un  enfant  naît,  ma  foi! 
Avant  que  Ton  s'en  doute,  on  a  perdu  l'emploi! 

B 

La  Révolutien  et  see  ^ets  funestes!. . . 
Mais  que  penseriei-Tons  du  jenne  professeur? 

A 

D  est  aimable,  mais  le  parti  n'est  meiDenr, 

Car  ses  appointements  sont  encor  bien  modestes. 

Le  livre  qu'il  écrit,  jamais  un  imprimeur 
Ne  voudra  l'imprimer,  et  la  faim  à  sa  table 
Met  la  nappe,  cousine. 

B 

Oh  oui!  c'est  lamentable! 

Ld  capitaine,  alors  V 

A 

Oh!  pour  ravaneement,  ' 
Il  peut  y  renoncer.  Il  a  sa  compagnie 
Et  n*im  pas  plus  loin,  et  du  licenelment 

Iflt  jeunet  mariée  Ini  doivent  on  petit  préeent,  fénénleiient  nae  peUne, 
nn  olyet  en  fournira. 

«Ce  poème,  dit  M.  Stœber,  est,  tant  à  canM  de  son  contena,  qu'i 
came  de  U  rapidité  du  dialogue,  qni  ne  contient  rien  de  trivial  ni 

d'incontenant,  nn  des  minux  réussis.» 

Lop  derniers  vers  contiennent  une  morale  qae  le  tradactenr  conseille 
aux  lecteurs  de  suivre. 


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umm  i»*Ai«Mi 


Même  il  est  menacéi 

B 

Mais,  seigneur!  je  vous  prie! 
Qu'y  a-t-il  bien  encor  V  Le  jeune  étudiant 
Tbéologue? 

A 

Allons  donc  !  Un  curé?  mais  vraimenti 
Croyez- vous  qu'une  fille  aimerait  prendre  un  homme 
Prêchant  chaque  dimanche  et  qui  ne  sait  pas  comme 
On  foit  un  pas  de  danse?  Elles  aiment  le  hal 

fi 

Et  FaTocat,  cousine? 

A 

Il  est  atteint  du  mal 
De  langueur,  et  la  farce  alors  ne  dure  guère 
Longtemps. 

B 

Mais  l'accoucheur?. . .  Ce  serait  bienTaffaire! 
A 

Oh  non!  pareil  mari,  cousine,  ne  Ttutrien, 
Car  en  société  Ton  Tout  se  rendre,  ou  bien 
N'importe  oh:  tout  à  coup  à  Totre  porte  on. sonne, 
On  vient  tous  prévenir  soudain  qu'une  personne  ■ 
Geint  et  se  plaint  Votre  homme  est  forcé  d'y  courir, 
La  femme  à  la  maison  peut  rester  et  gémir. 

B 

Mais  un  pharmacien?. . .  J'en  connais  une  paire. . . 

A 

Allons  donc!  des  lécheurs  de  bocaux  qui  vont  bâre 
Des  emplfttres  :  ah!  pouh!  slls  n'allaient  fabriquer 
Bien  que  de  llijrpocras,  des  pfttes  pectorales? 

Ë 

Il  y  a  les  marchands,  mais  c'est  bien  se  risquer 


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UTrtRATinn  FOraLAIRB  Dl  l*Al8ACB-UHmAIllB 


Dans  rien  qu'un  tour  de  main  quelques  rhutes  fatales 
Emportent  leur  honneur.  Les  aflaires  vraiment 
Vont  maL  L'argent  est  rare.  On  risque  à  tout  moment 
Qu'on  vous  prohibe  telle  ou  telle  marchandise.* 
Aussi  bien  la  plupart  commencent  trop  en  grand. 
Par  vaine  gloriole,  ils  feront  la  sottise 
D*aToir  du  tout  meilleur.  Les  jeunes  dames  ont 
Orand  plaisir  à  cela,  et  la  plupart  se  font 
Draîner  dans  un  carrosse»  et  se  trouvent  marries 
D'épargner  adz  dépens  de  leur  bouche.  Un  marchand 
Commence-t-il  alors,  faisant  modestement 
Le  détail,  et  vendant  quelques  épiceries, 
Des  boutons  ët  des  gants,  du  fil  et  du  coton. 
On  le  méprise,  on  dit:  «Grand  Dieu,  comment  peut-on 
Prendre  uu  mari  pareil?»  A  moins  quel'on  nu  puisse 
En  trouver  un  meilleur,  et  que  Ton  se  roidisse. 
Oui!  Ton  entend  parler  tous  les  jours  sur  ce  ton. 

A 

Les  avis  sont  divers.  L*une  trouve  superbe 

Ce  que  l'autre  méprise,  à  croire  le  proverbe. 

L'une  tranquiHement  et  par  toute  saison 

Va  broder,  tapisser,  et  tous  les  jours  s*appfiq:iie 

A  foire  des  dessins  ou  bien  de  la  musique. 

Une  antre  aime  bien  mieux,  parcourant  sa  maison, 

Agir,  et  diriger  un  énorme  ménage. 

Une  troisième  enfin  trouve  beaucoup  plus  sage 

De  prendre  un  professeur.  Mais  à  cette  autre  il  faut 

Un  frinj^ant  officier,  pour  parcourir  la  terre 

Avec  lui.  L'autre  enfin.  vi>ant  beaucoup  moins  haut. 

Derrière  son  comptoir,  au  maj^asin,  préfère 

Tricoter,  écouter  les  messieurs  venant  faire 

'  Allusion  aux  tyranniqucs  exigences  du  système  continenUJ  qui 
tiouTaient  encore  présentes  à  toutes  les  mémoires. 


no  BirUB  D*AL8AC8 

La  causette.  On  ne  peut  consacrer  au  tricot 

Le  jour  en  son  entier.  F^t  de  rester  assise 

Ne  viendra  défraîchir  ni  son  teint  ni  sa  mise. 

Elle  a  froid  en  hiver,  niais  bien  chaud  en  été, 

Et,  cousine,  pensez  à  Tar^'ent  qui  lui  passe 

Par  les  deux  mains,  et  sans  qu'un  mari  Tait  compté. 

Elle  peut  contenter  ses  désirs  sans  qu'on  fasse 

Le  calcul  de  Targent  qu'elle  va  dépenser. 

B 

Cousine,  très  bien  diti  mais  allons-nous  passer 
Chaque  condition,  chaque  état  en  revue? 
Si  nous  réfléchissons,  à  partir  d*aiqourd'hui, 
Et  jusqu*aprè8-denialn.  Je  crois  que  notre  vue 
Sera  toujours  qull  finit,  sans  compter  sur  autrui. 
Choisir  diacnn  pour  soi,  car  c'est  plus  raisonnable. 
Pousser  au  mariage,  eh!  c*est  là  s'eiposer 
D*aToir  des  deux  côtés  remerctments  du  diable. 
A  la  moindre  dispute  on  viendra  dégoiser 
Contre  vous,  homme  et  femme.  Ah  !  faites  épouser 
Qui  vous  voudrez,  pour  moi  je  me  crois  bien  plus  sage 
De  ne  jamais  pousser  personne  au  mariage. 

BioE,  la  mai  1881. 


XI 

CONVERSATION  TRËS  SERKUSE 

tenue  entre  trme/emmee  de  StroBbcnnirg,  Madame  DkHeham, 
Madame  Oaffurine  et  la  eourins  Sueanne.  —  Odknar,  im- 
primé chez  J,-H,  Decker,  imprimeur  royal,  1819.  * 

CATirERINE 

Ah!  Madame  Dickhans,  bonjour! 
Est-ce  qu'on  se  promène? 

'  Les  antres  bftvftrdages'des  commères  étaient  rédigées  ea  pompeux 


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LIRteATOU  POrOLAIU  M  L*At8AaH.I»lAlia  911 

DICKIIANS 

Et  VOUS?  Vous  faites  votre  tour? 
Quel  bon  vent  vous  amène? 

CÂTHBRDTB 

Je  Tiens  du  Bormon  qa*on  a  Mi 

lik-bas  à  Saînte-Anrèle. 
Ah!  quelle  foule!  on  ]i*en  pourrait 

Faire  un  compte  fidMe. 

DICKIIANS 

Ah!  si  c'était  un  peu  plus  près 

J'aurais  été  rentendre. 
£tant  trop  grosse,  je  craindrais 

De  me  laisser  surprendre 
D'un  coup  de  sang.  Mais  ditea-moi 

Le  siyet  de  ce  prêche. 

OATHBBnn 

On  a  parlé,  fort  bien,  ma  foi, 

De  rhomme  quand  il  pèche, 
Et  très  bien  décrit  les  remords 

De  notre  conscience, 
Blâmé  les  usuriers  retors 

Et  leur  grande  impudence, 
Montré  comment  rhomme  d'argent 

Vous  achète,  accapare 
Les  blés,  et  comment  Tindigent 

Aux  griffes  de  Tavare 
Se  voyant  voler  et  saigner 


hexamètres.  Celai-ci,  qae  M.  Bergmann  nttrihnn  à  Arnold,  sautille 
légèrement  en  tétramètres  et  trimètres  iambiques.  Il  traite  des  malheurs 
du  temps,  des  accapareurs  et  usuriers,  des  banqueroutes,  des  chômages 
des  fabriques,  de  la  loterie,  de  la  superstition  des  paysans,  de  la  chro- 
nique scandaleuse,  du  rétablissement  attendu  de  la  conscription.  La 
Mtae  M  pMM  1818. 


Par  ces  gens  malhonnêtes» 
Et  ne  pouvant  plus  rien  gagner 
Va  se  couvrir  de  dettes. 

DI0KHAS8 

Ah!  c'est  qu'il  sait  bien  fostiger! 

J'aurais  vonltt  l'entendre. 
Maint  jardinier  et  boulanger 

Du  sermon  pouvait  prendre 
Sa  part. . . 

OÀTHERDIB 

Ce  n'est  pas  effrayant 
Pour  eux.  Qu'on  les  échine, 
lis  mangeront  leur  tnendiant* 
Et  boiront  leur  chopine! 

DIOKBAITB 

La  vie  est  difficfle,  hélas! 

Et  grande  est  la  misère  ! 
Si  bien  qu'on  cherche,  l'on  n'a  pas 

Le  moindre  ouvrage  à  fiûre. 

CATHERINE 

•Aux  Quatre-Vents » '  chez  le  brasseur 

Ayant  fait  le  voyage 
Mon  homme  n  y  put,  o  malheur  I 

Trouver  le  moindre  ouvrage. 
Sans  le  chômage  Ton  pourrait 

Gagner  dans  les  fabriques. 

DIGKEÂHS 

Oui!  si  le  bon  Dieu  n'existait 

On  aurait  les  coliques, 
De  voir  comme  il  faut  su  priver 

Voir  l'énigme  à  la  fin  de  ce  dialogae  et  sa  solution. 
Enseigna  de  brasserie. 


UTTtRATDU  NmAIRI  M  L*ALSàCB-U»IAIHI 

De  toute  jouissance. 
Mon  mari  voulait  achever 

Sa  funeste  existence. 
On  a  des  clients.  De  payer 

Personne  ne  iaii  mine. 

oàthekihb 
Sans  eau  comment  donc  un  meunier 
Ferartpilkfunne? 

DICKHAîfS 

U  serait  sui)j'rHu,  ma  foi! 

De  songer  à  la  viande. 
Sans  café,  dites,  avec  quoi 

Ferait-on  la  gourmande? 

CULTHBRm 

Oh!  Ton  ne  peut  chez  le  boucher 

Aller  de  la  semaine. 
J^avais  de  Targent  à  toucher. 

Grftce  à  la  bonne  aubaine, 
Je  pris  un  rôti,  tout  petit  : 

Quarante  sous!  ma  chère! 
Et  mon  homme,  irrité,  m'en  lit 

Presqu'uue  grosse  affaire! 

SÏÏZÀNKB 

C'est  un  fameux  terne,  à  propos 
Que  B&rwel  vient  d'abattre, 

(Que  n'ai-je  pri&  ces  numéros  1) 
Avec  un,  onze  et  quatre. 

DICKHANB 

Numéros  six,  quatorze  et  huit 
Sont  ceux  sur  qui  j'arrête 

Mes  mises,  engageant  sans  bruit 
Le  bel  habit  de  fête 

De  mou  mari.  Puis  je  revends 


RIVOI  l»*ALBACI 


Une  taie  à  paillasse. 
Dès  qu'on  vient  rapporter,  je  prends 

L'argent  et  je  le  place 
Sur  ces  trois  nombres. 

SUZAIBS 

Moi  je  crois 

Que  cette  loterie 
Est  bien  fatale!  Que  de  foia 

On  s'en  trouve  marrie 
Grand  Dieu!  mais  il  faut  me  hâter! 
Onze  heures  ot  demie! 

DI0KHAV8 

Oh!  vous  demei  bien  rester 
Faire  la  cauaerie. 

BUZÀJSnSK 

Il  faut  rentrer! 

DICKIUNS 

Deux  petits  mots: 
Avei-TOiis  oui  dire 
Qa*aTec  chevaux  et  chariots 
UAllemaad  se  retire? 

SUZANNE 

Taisez- vous!  ce  serait  trop  beau! 

Je  n'ai  pas  confiance  ! 
Chacun,  pour  dire  du  nouveau, 

Ment  avec  impudence  : 
cBonaparte  sur  un  liateau 

S'est  sauvé  de  son  île. 
Revenant  de  l'Inde,  un  vaisseau 

L'a  vttl»  Quel  bruit  futile  I 

BIOKHASS 

Ah  !  qull  y  reste,  celui-UL 


UTTiBATURI  fOPOUIU  BB  L*AUACB>LOtBAIllB 

Oui!  qu*oii  nous  en  délivre! 
Dans  son  tle  on  le  munira 
D*un  peu  de  sayoïr-Tim. 

Je  n'aime  les  raisonnements! 

Je  hais  la  politique! 
Cest  vrai  !  ça  fait  perdre  le  temps 

Et  paraît  excentrique  ! 

OATRBRINB 

Bavarde  !  un  p^rand  iournal  n'est  rien 

Auprès  de  vous,  ma  dière. 
Bien  riche,  je  vous  voudrais  bien 

Avoir  comme  l  ommere 
Ayant  charge  de  raconter 

Nouvelles  et  chroniques, 
Et,  quand  on  veille,  de  chanter 

Des  chansons  et  cantiques. 

niOCRAVS 

Ah!  diantre  !  j'allais  oublier! 

La  chose  est  si  coiaiiiue! 
(Quelqu'un  prit  pour  un  sanglier 

Un  cochon  domestique. 

(XàTUBRISB 

Ah  !  pour  un  homme  qui  se  dit 

Si  confit  en  sagesse, 
n  n*a  pas  fait  preuve  d*esprit, 

Mais  bien  de  maladresse. 

SUZANNE 

On  a  donné  le  mois  dernier 

A  nos  marionnettes, 
ChaeuB  a  pu  s*en  égayer. 

De  fbrt  belles  sornettes  : 

«Mmm  SèH».  -  11-  aoné*. 


896  «BVira  ft*ALSACB 

C'était  la  feiiiine  à  Jean-Boudin  * 

Qui  (le  bœuf  à  la  mode 
Régalait  ses  f^alants.  Mâtin  ! 

Comme  on  vous  accomode 
Le  prochain.  C'était  épatant, 

On  y  crevait  de  rire. 
Et  chacun  semblait  très  content 

D*entendr8  ainsi  médire. 

DICKHAirS 

Dieu!  j'allais  l'oublier.  On  voit 
Partout  la  banqueroute. 

Vous  le  savez.  La  Feuille  doit 
Le  raconter  sans  doute. 

CATHBBIHB 

Un  tel,  qoi  s'est  terriblement 
Embourbé  dans  la  dette, 

A  bien  des  gens  Tolant  Fargent 
A  &it  la  pirouette. 

SUZANNE 

Gare  à  nos  docteurs,  car  on  dit 
Que  voici  leur  débâcle. 

Dans  Ottrott  un  garçon  guérit, 
Que  c'est  un  vrai  miracle.  ' 

OATHEBOn 

Oh!  ce  sont  des  mauvais  plaisants 

Qui  parlent  de  ces  cures. 
Faites  croire  à  des  paysans 
Ces  sottes  aventures. 


*  Jean  Boudin,  polichinelle. 

•  Ottrott  est  un  bourg  alsacien  dans  loqucl  à  cotte  époque  un  certain 
Bùêchelé  ou  Sébastien  se  livrait  à  ilen  actes  de  charlatanisme  dont  l'un, 
rapporté  dans  le  dialogue,  dut  le  mettre  eu  «fort  mauvaise  odeur.» 


» 


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LITT^ATURE  POPULAIRE  DE     ALSACE- LORBAJNB  8S7 
DIOKEAXB 

Mon  docteur,  homme  très  saTant» 
Dit:  iMalgré  ce  qu*on  beugle, 

n  rend  la  vue  à  Fimpotent, 
Et  la  marche  à  l'aveugle  U 

SUZANNE 

Il  produirait  en  vous  massant 

Un  effet  magnétique, 
De  ceux  qu'il  vient  toucher  chassant 

Rhumatisme  et  colique. 

OATHBBUTB 

Oui  !  Birwel  vint  un  jour  me  voir 

La  semaine  dernière, 
Et  me  racontant  qu'un  beau  soir 

Quelqu'un  l'aurait  fait  faire 
Coucher  avec  lui.  Ce  soir  là 

Ayant  trop  fait  ripaille 
11  aurait  —  salra  venta  —  ♦ 

Souillé  jambeb  et  paille. 

DICKHAirS 

Ah!  quil  est  propre,  le  sorcier  ! 
Quel  drôle  magnétismel 

CATHKKLNK 

Aussi  pour(iuui  donc  se  tier 

A  son  charlatanisme  y 
Sirach  dit  que  le  Créateur 

Créa  la  médecine  : 
CSonsultes  donc  un  vrai  docteur 

Et  non  ces  gens  à  mine 
De  singe. 

'  Sakn  tmia.  Mot  latin  adopté  par  le  peuple  :  sauf  votre  indnlgenee 
ou  aanf  Totre  re^eet. 


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188  uvm  ft^usACB 

SUZANNE 

Midi  !  mon  mari 
Doit  avoir  faim  !  Ah!  diable! 
Nous  travaillons  sans  apprenti: 
U  faut  mettre  la  table. 

OÀTHIBm 

Vous  liendres  demain,  B*il  tous  platt, 
Car  à  la  Inrasserie 

Du  •Pélican»'  mon  mari  fait 

Bien  souvent  sa  partie. 
Nous  filerons.  Je  chaufferai 

Du  café.  La  consigne 
£st  qu'aussitôt  que  je  pourrai 

J'irai  vous  faire  signe. 

DIŒHUB 

Ecoutes  encore  un  moment^ 

Ifadame  Catherine; 
On  parle  de  recrntement, 

Groyes-Tons,  ma  cousine, 

.  Que  Seppel,^  mon  fils,  rejoindra 
Le  corps,  sans  que  ça  tarde. 

CATHERINE 

Ça  n'est  pas  encor.  Ça  viendrai 
On  va  monter  la  garde, 

Car  j*entendB  battre  le  tambour, 
n  finit  rentrer  bien  vite. 

DIOKHAKB 

Allez  donc.  Mais  si  quelque  jour 

La  chose  s'accrédite, 
Dites-le.  Je  l'enverrais  bien 

^  PiUcaiif  enseigne  de  brasserie. 
*  Joseph. 


URiRAIimB  TCPOUIll  M  L'AUâO-UNUUIIII  SW 

Alors  en  Allemagne. 
«Ck)imnent  un  gars  coinine  le  mien 

S'en  irait  en  campagne,  • 
Dit  son  père,  «avec  un  plumet. 

Avec  un  pied  de  vache!»* 
J*y  mettrais  mon  dernier  objet 

Pour  qa*oii  me  le  relftche 
En  lui  iMtyant  un  remplaçant 

Nos  vlgnea  font  l'affaire; 
Quinze  aipentsl  mon  maii  consent 

A  les  Tendre  au  beau-frère. 
Grand  Dieu!  que  les  temps  sont  mauTais, 

On  prendrait  bien  U  fuite! 
Jusqu'à  Grenoble  je  Toudrais 

Me  sauver  tout  de  suite. 

CATHERINE 

Faites  comme  bien  d'autres  gens, 

Laisses  toute  jactance, 
Car  raison,  patience  et  temps 

Bambneront  la  chance. 


Bioz,  le  19  mars  1881. 


•  1VX»1  AL8A0I1HNS 


Je  nii  vu  hoamê  «t  p»«m  «ft  vieux 
Et  je  n'ai  dtas  mk  vie 

De  joaissance.  Paarre  gnenz. 

Je  demanflfi  et  je  prie. 
Oni!  donnez  quelques  petits  sous, 
Bonnei  gens,  je  prirai  pour  toiu. 

*  Fied  de  vadte,  manière  pittoresque  de  désigner  le  foail  d'inDanterie. 


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180 


EBVUI  D'aLSACB 


Et  puis  on  aime  me  manger, 

Et  ponrtiint  je  m'appelle 
De  mAmp.  Au  four  tlii  lioulanger 

Oq  me  cuit.  De  cannelle, 
De  sucre  on  me  saupoudre.  Enfin 
J«  sois  croqnant,  mon  goût  est  fia  1 

Addition  du  traducteur 

Il  faut  ([Mf'  le  lr>  tour  soit  (uicore  averti 
Qu'eu  buu  français  je  suis  un  dessert  assorti. 

Bios,  le  86  mars  1881. 


Sdiitioii  de  Ohiilet  Bendiird 

AM  «ONlfl^  inKhiâ  ib  la  proie  «iriMboi^^ 

Qui  ne  connatt  Paris,  capitale  du  monde, 

Et  qui,  dans  cette  ville  où  toute  chose  abonde, 

Ne  connaît  Kuopft'lfritz  et  n'a  mangé  chez  lui 

De  Lewerknôpflesy  qui?  Non!  je  n'ose  aujourd'hui 

Qnettionser  «insi,  ear  chacun,  je  le  gage, 

A  daitt  U  grande  viUa  mi  moins  fait  un  voTafa, 

Et  tont  Alsacien  connaît»  je  le  prétends» 

Ce  EnOpfelfriti  qni  TÎt  an  moins  depuis  cent  ans. 

n  n'est  pas  dit  pourtant  que  l 'i-^t  toujours  le  mêai6^ 

Car,  si  Fritz  est  natif  pour  l'un  de  Schiltipheim, 

L'autre  le  dit  enfant  de  Hœnheim  ou  liischheim. 

Je  connais  à  Pariî^  un  Strasbourgeois.  Il  aime 
Aller  riiez  Knrtjifclfritz  manfrer  <le  temps  en  temps 
Choucroute  et  lard,  ou  Itieii  di  s  Kiiuplles  eucculents, 
Ou  des  Knackwurst  de  Fiamm.  Mais  ce  compatriote 
Un  certain  jour  de  féte,  infidèle  à  son  hMe, 
Allait  se  régaler  dans  nn  bon  restaurant 
Près  du  Palais  BoyaL  On  apporte  à  notre  lunnme 
La  earte  qu'il  parcourt  d'un  «il  distrait.  Mais  comme 
n  y  voit  tont  à  coup  ce  beau  mot  :  Mendiant  ! 
Il  se  dit:  «Tiens!  tiens!  tiens!  Dans  notre  dialecte 
On  dit  un  ]}>  (tclmnnn  !  Ah!  bien!  je  me  délecte 
En  me  remémorant  combien  ma  mère  a  fait 


UTTÉRATURB  POTOLAIU  M  L*A|LSiCB-U>RJUIflB 


De  ce  plct,  «aiployaat  de  petits  pains  an  lait» 
Ajoutant  lait,  beure,  œnft,  sana  oublier  cannelle 
Ni  mcn,  ni  grande  eoina.  Aneai  les  fiûaait^e 
De  fi^on  que  chacun  de  noua  a^en  régalidt. 
De  mea  tempe  de  gamin  ce  sonvenir  me  touche, 
Et  rien  qne  d*y  penser  l'eau  m'en  vient  à  la  bouche. 
Ghurçont  on  t$mdiant  /> 

n  se  frotte  la  miain, 
Croyant  ae  régaler  en  apaisant  sa  faim. 

Tout  à  coap  le  garçon  Ini  dit  :  «Monsieur,  TOOi  ètea 

Servi  !  »  Tout  en  posant  amandes  et  noisettes, 
Fignes  et  raisins  secs  qui  riaient  du  grund  né 
Que  faisait  tout  à  coup  HamdaneV  étonné 
Que  pensa  le  pays  avec  son  ventre  vide  ? 
Ghaeun  peut  le  penser.  Mais  il  fit  le  solide 
Propoe  de  retowner,  pour  fidre  sei  repas 
Ches  EnOpSelfriti  dont  il  connaît  an  moins  les  platal 

Bios,  le  26  mai  1881. 

Ch.  Besdillé. 

'  Jean-DanieL 


REGLEMENTATION 

FOIŒT  COMUiNALE  D'ALSACE 

AUX  XV  ET  XVr  SIÈCLES 


DOCUiMENT  B 


Ce  document  *  forme  un  cahier  en  parchemin  de  SO  centi- 
mètres de  haut  sur  18 1/2  de  large;  c'est  une  copie  vidîmée 
du  14  novembre  1630,  délivrée  par  Jean-Conrad  Schupffiier, 
greffier  échevinal  juré  à  Haguenau,  qui  Ta  faite  lui-même  (in 
Jiàm  monte  propria  fran9eriipÊi£)\  ce  document,  d'après  la 
mention  fidte  à  la  fin  de  la  table  des  matières,  a  été  traduit  de 
l'allemand  en  firançais  par  Bircéder,  à  Colmar,le  3  juillet  1719 
(probablement  pour  la  maîtrise  générale  des  eaux  et  forêts)  ; 
il  contient  la  transcription  littérale  des  divers  statuts  et 
règlements  arrêtés  à  différentes  époques  et  calqués  sur  d'an- 
ciens, sauf  quelques  changeuieiit.s  et  niuilitications  appropriés 
au  temps,  par  les  bourgmestres  et  maîtres  de  forêt  à  Tadjonc- 
tion  des  notables  des  quatre  coiniiiunes;  ils  sont  relatifs  aux 
droits  usagers,  }\  la  surveillance  de  la  forêt  d'Aspruch,  aux 
constructions  et  à  l'entretien  des  bâtiments  (rhabitation  et 
d'exploitation  rurale  ainsi  qu'aux  clôturo^  és&  fermes  et  des 

*  Voir  les  livraisons  des  â«  et  3«  trimestres  1881. 


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RâCtBMKITATKHf  D'ONB  fQÊÈt  OOMMUNALB  288 

champs,  ù  lu  plantation  (rarbres-chôncs  par  It  s  jounes  habi- 
tants venant  d'arquérir  lo  droit  de  bourgoisie,  à  la  soumission 
aux  sentences  arbitrales  des  vin^d  juires  de  la  montagne,  etc. 

Ce  vidimus  commence  jiar  la  copie  d'un  règlement  fait  le 
premier  vendredi  après  le  nouvel  an  1572  par  les  maîtres  de 
forêt,  bourgmestres  et  notables  des  quatre  communes,  conte- 
nant soixante-seize  articles  en  dix  rôles  d'écriture  allemande 
de  genre  et  style  modernes,  relatifs  aux  droits  usagers  de  la 
forêt  et  du  pâturage,  h  1  exploitation,  à  la  vente  et  au  par- 
tage des  produits  forestiers,  au  partage  des  amendes  de 
contravention,  et  elle  est  suivie  de  ceUe  d*un  r^ement  addi- 
tionnel arrêté,  en  1585,  par  les  mattres  de  forêt  et  bourgmestres 
des  quatre  villages  réunis  sur  la  montagne,  rédigé  en  trois 
articles  concernant  le  transport  et  remploi  du  bois  et  la 
manière  de  débiter  les  arbres  trouvés  gisants  dans  la  forêt; 
suit  ensuite  copie  d'un  autre  règlement  du  mardi  Uoct  1595, 
arrêté  entre  les  bourgmestres  et  les  mattres  de  forêt  avec  la 
participation  des  notables  convoqués  au  son  des  cloches  des 
quatre  villages,  contenant  des  stipulations  réglementaires 
pour  chacun  de  ces  villages  Sf'parèment  au  sujet  des  clôtures 
par  haies  vives  et  palissades  de  rintéricur  et  de  Textérieur 
des  localités;  cinq  pages  d'écriture. 

Suit  copie  de  quatre  pages  d'écriture  d'un  règlement  fait  le 
18  mai  1589  entre  les  noUibles  députés  des  quatre  villages 
pour  vider  le  conflit  qui  s'était  élevé  entre  les  maîtres  de  forêt 
et  les  quatre  communes,  en  fixant  les  conditions  de  ceux-là 
pour  ce  qui  concerne  leurs  salaires,  leurs  droits  usagers  en 
matière  de  pâturage,  de  vente  de  bois,  de  partage  d*amendes 
de  contraventions,  etc. 

Autre  copie  d'une  transaction  faite  en  1601  devant  les  vingt 
juges  convoqués  sur  la  montagne,  les  gobelets  pleins  en  mains, 
prononçant  Ij^  sentence  arbitrale  sur  les  conflits  qui  s'étaient 
élevés  entre  les  quatre  villages  et  1*  Tabbesse  du  monastère 
de  KOnlgsbradc,  celle-ci  y  étant  représentée  par  Gaspard 


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SM  uval  D*AUACI 

Heigell,  son  intendant  de  la  maison  et  George  David,  au  sig'et 
du  curage  du  lit  de  la  rivière  éUê  AfUfMh  dite  Ahlosshaeh  ou 

canal  de  décharge,  dans  le  ban  et  tinage  des  quatre  villages, 
travaux  qu'ellv'  avait  fuit  exécuter  sans  en  avoir  donné  avis 
aux  quatre  communes.  2"  le  gentilhomme  Philippe  de  Flecken- 
stein  au  sujet  d'une  contravention  encourue  par  lui  en 
prenant  dans  la  forêt  TAspruch  du  bois  pour  palissades  et  des 
branciiages  pour  clôtures  des  champs  à  Rôdern,  détruits  par 
ceux  de  Hatten  et  rétablis  par  le  seigneur;  on  a  transigé  au 
si^et  de  Tamende  avec  les  maîtres  de  forêt 

Sur  une  page  h  part  se  trouve  transcrite  la  formule  du 
serment  de  fidélité  à  prêter  par  les  employés  des  quatre  vil^ 
lages  dont  voici  la  traduction. 

•  Je  jure  d*avoir  donné  ma  foi,  d*aToir  reçu  mes  instructions 
que  je  soivrai  en  tont  fidèlement,  que  Dieu  et  les  saints  Evan- 
giles me  viennent  en  aide.  » 

Le  tout  est  terminé  par  une  table  des  matières  des  soixante- 
seize  articles. 

Sif.:  Ha^nenan,  le  15  novambM  1856, 

Wkxokbb, 

Ya  et  certifié  conforme.  Strasbourg,  le  17  novembre  1856, 
L'ArduTiate  en  chef  du  département, 

SpArn. 

Va  par  le  Secrétaire  gimt'ral  de  la  Préfectore, 

R&BOUL. 

(OmM  i»  ta  Bt^ûOmt, 


I 

RÈGLEMENT  DE  1572 

(76  ABIICLES) 

A  savoir, 

lorsqu'on  comptait  depuis  la  naissance  de  •  notre  cher 
Seigneur,  le  Christ,  notre  Sauveur,  mfl  cinq  cent  soixante- 
douze  années,  le  jeudi  et  le  vendredi  après  le  jour  du  nouvel 


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BÈGUMOITATIOII  D^UNE  FOttT  OOMMCRALI  S86 


an,  le  règhmient  forestal  ci-aprbs  transcrit  a  vté  fait  par  lus 
honorables  Arlio^'ast,  Geort^e  le  jeune,  waldmestru  de  Hatten; 
Lilckhen,  Henri,  heiniboiirgue;  Becht,  Jacques,  fils  de  Pierre; 
Arboiïast,  Jean,  tous  de  Hatten;  —  Veillens,  Humbrecht, 
waldniestre;  Pantter,  Jean,  heirabouffçue  ;  GiiemaD,  Pierre; 
Uoffel,  (Ma)thunn,  de  Rittershoffea;  —  Peter,  Jacques,  wald- 
mestre;  Summer,  Jean,  beimbourgue;  Summer,  Marzolf; 
Sturm,  Thomas,  de  Niederbetschdorf;  —  Somer,  Théobald, 
waldmestre;  Schafihaiisen,  Thiband,  heimbourgue;  JOrg,  Jean, 
et  André,  Jean,  d^Oberbetschdorf^ 

que  les  quatre  communautés  desdits  villages  réunies  au  son 
des  cloches  en  assemblée  plénière  avaient  mandés  et  chargés 
de  faire  le  présent  règlement  selon  llntérét  de  la  forêt  et 
ramélioration  du  bien  des  quatre  communes. 

Art  1. 

Celui  qui  est  obligé  de  bÂtir  une  maison  neuve,  réclamera 

le  bois  dont  il  aura  besoin  au  waldmestre  ou  maître  de  forêt; 

celui-ci  lui  donnera  pour  une  maison  à  quatre  pi{:^nons  (étages) 
douze  pièces  de  boiâ  de  chêne  et  pas  plus  ;  '  pour  ce  dont  il 

*  «...der WaldmelBtersoIl  Ihme gébenm efaieiiineigeblidieii  haue, 
iwOlf  BtUck  Eychen  hols  nnd  nit  mehr...» 
Une  maison  à  qiiaira  pignons  —  «ein  nergeblièlies  Hans»  —  est  une 

maison  de  qaatre  étages,  de  qvatre  charpentes  superposâmes  à  pignon 
de  bois  saillant;  les  assemblages  de  poutres  formant  les  iilancbcrs 
viennent  dVHaoïe  en  éta^rp  s'appuyer,  s'aff«'rinir  sur  le  mur  de  piuruon 
qui  sert  de  ferme  à  la  charpente  et  dont  la  pointe  (jpinna  mûri)  porte 
le  haut  du  faitagc. 

Le  mot  «Giebel>,  aae.  formes  «Gébel,  Gibel>,  équirant  donc  id  à 
conUgHoHOf  —  le  mot  firançais  eontignation  n'a  pas  fiût  fortune  —,  = 
«OeUlk»  chupente  d*nn  étage,  étage  :  potlquam  eontigitaltm  «s«  s  U 
ehiKpente  foite;  ^ler(iaiiieoii%MrftoiMmsB«n  troisième  étage.  Bemar- 
qnez  aussi  le  sens  de  pignus  au  M.  A . . .  ecclesia  tt  «viigwofHm  pignom 
qui  ibidem  constructa  »«n<;  Tradit.  Wzhff.  n°  47. 

Aujotird'hui  «Giebel»  ne  désitfno  plus,  dans  un  l)àtiment,  (\\ic  pi^'iinii 
et  faîtage i  pour  étage  on  dit:  «iStock,  Stockwerk,  Geachoss»;  une  mai- 


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S86  llfUB  9*AUUΠ

aura  besok  en  sus,  il  prendra  du  bols  de  hdtre  on  de  pin  ou 
du  boîs  Bec  quelconque,  sur  pied  ou  Yersé.  Celai  qui  couperait 
au  delà  du  nombre  d^arbres  concédés  paiera  pour  chaque 

chêne  coupé  cinq  livres  stsbg.  pour  un  grand  «Einung»;  les 

forest.i<;rs  et  les  waldniestres  y  veilltTont,  etc. 

Quand  il  ira  couper  son  bois  dans  la  forêt,  le  waldmestre 
ou  quel(|ue  forestier  l'accompagnera  pour  choisir  ensemble 
des  arbres  assortis. 

2. 

Celui  qui  voudra  bfttir  une  maison  neuve  à  trois  éU^es  * 
réclamera  le  ])ois  dont  il  aura  besoin  au  waldmestre;  celui-ci 
lui  accordera  neuf  pièces  de  bois  de  chêne,  et  ce  dont  il  aura 
besoin  en  sus,  il  le  prendra  en  hêtre  ou  en  bois  sec  quelconque; 
quiconque  coupe  au-delà  devient  passible  comme  ci-dessus. 

son  de  quatre  pignons  (cein  viergeblich  haas»)  est  une  maison  com- 
poiée  ÛM  T«m-àB-fikwuÊÊê»  («Erdgeschon»)  et  d'un  premier  (•exsten 
8toelc*X  en  eoinnie  dit  le  terrier  de  1762  :  «eine  sweiitoekîge  Behan- 
rang».  Sur  lee  900  maiionB  qu'il  y  avait  à  Hattea  en  ITfiS  ;  100  sont 
ditee  «xwei>loekige9, 4  anderdialbitoekige»  et  96  «einetoekige  Behu- 
snng». 

La  racine  la  pins  propable  du  mot  cQiebel»  est  Tanc.  h^-all.  «Gabala, 
=  «Gabol»,  furcd.  fonrrho,  cf.  affnurchor;  le  nint  frablo  usit^  on  Nor- 
mandie pour  faîtage  d'une  maison,  no  parait  ^tre  autre  que  le  mot  alle- 
mand; cf.  cependant  le  mot  latin  gabalus  — ç.xo\x\  «Giebel»  =  sommet, 
faite,  ne  se  dit  que  des  constructions;  pour  cime,  sommet  des  objets  de 
la  nature,  on  dit  «Oipfel»  ainsi  des  arbres,  des  montagnes.  CL  KtqiôXii 
=  tête;  et  le  mot  arabe  pOd,  on  mienz  igébd  s  montagne;  0eM4«ûv 
Gibraltar,  etc.  Gibet  =  potence  (^oMm)  est  nn  «Giebd»  dans  n  plna 
simple  expression  composé  d'un  ou  de  deux  poteaux  et  d'une  poutre. 
Oibelot  (marine),  bois  courbe  qui  lie  Tai^ipiille  à  l'étrave  d'un  vainean, 
semble  être  le  mot  allemand  lui-môme  «Gabelholz»:  —  gabelle  =  gre- 
nier où  l'on  vendait  du  sol  (xvr  s.)  et  gabeler  =  mettre  le  sol  dans  le 
grenier  pour  le  faire  égoutter,  se  rattachent  plus  facilement  à  <Gebel» 
qu'à  *Gabe,  Abgabe»,  =  impôt 

'  «Ein  Ney  drey  giblidi  bans».  Cf.  IdDcnn,Tr9r«0r&Neh  d.  MM,  Sfir,: 
•Ein  Hans  soU  drei  Oebalk  boch  sein*. 


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KtoUDOWTATlOII  D*UIIB  POftÉT  COMITOVALB 


»7 


3. 

Si  quelque  bourgeois  des  quatre  villages  voulait  bâtir  une 

maison  et  qu'il  voulût  la  faire  construire  sans  (poutre?)  bal- 
con,^ «ohne  Bolken»,  il  coupera  neuf  pièces  de  chênes,  et  pour 
ce  dont  il  aura  besoin  en  sus,  il  coupera  du  bois  de  hêtre  ou 
de  pin  ou  du  bois  sec  quelconque  sous  ladite  peine. 

4. 

Celui  qui  se  trouve  dans  la  nécessité  de  bâtir  une  grange  à 
quatre  étages'  doit  demander  le  bois  dont  il  aura  besoin  au 
au  waldmcstrc;  le  walduiestre  lui  donnera  neuf  pièces  de 
chênes,  et  pas  plus,  et  ce  dont  il  aura  besoin  en  outre,  il 
pourra  le  couper  en  hêtre,  pin  ou  le  prendre  dans  les  abatis 
ou  en  bois  sec,  sur  pied  ou  versé.  Celui  qui  outre-passe  la 
concession  rompt,  pour  chaque  chêne  coupé,  cinq  livres  pour 
un  grand  «  Ëinung  >.  Les  forestiers  et  les  waldmestres  veille- 
ront sur  cet  article. 

6. 

Celui  qui  aurait  besoin  d'une  grange  à  trois  étages*  deman- 
dera le  bois  qu'il  lui  faudra  au  waldmestre,  qui  lui  donnera 
sis  pièces  de  bois  de  chêne  et  le  surplus  en  hêtre,  pin  ou  en 
bois  sec  quelconque.  Celui  qui  outre-passe  la  concession 
rompt  conune  ci-dessus. 

6. 

Bans  le  cas  que  quelqu'un  voulût  ^jouter  à  sa  maison  ou  à  sa 

'  Let  mUw  Mmteiiaiit  les  pluehen  fonnaient  mtnfois  lailUe  rar 
la  anir  da  pignon  inf&rieor,  ai  lai  étagas  i'élaiglmiant  d'autant  dn 
côté  de  la  rue  an  fbimant  «balcon»  laa  nna  av-deiana  daa  antrai. 

'  «cin  Naw  fiaigablich  Beh^». 

Les  assemblages  de  poutres,  au-dessus  de  l'aire,  dont  les  deux  extré- 
mités s'apixiicnf  sur  les  pignons  et  qui  forment  des  planchers  où  sont 
entassées  les  gerbeb,  etc.,  se  disent  dans  le  langage  du  pays  :  «Geww'ràt? 

'  «Item  iat  einer  nothdllrftig  eiuer  îieuen  dreigeblicheii  Scheuren  > 


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SHI8  UTOB  d'aliaci 

prange  un  (5tase  neuf,'  il  demandera  le  bois  nécessaire  au 
waldme,strc,  qui  lui  doimiTa  pour  uu  éta^e-  trois  pièces  de 
bois  de  cht^ne,  et  pa.>  jilus.  v\  le  reste  en  hêtre,  pin  ou  bois  sec, 
quelcoïKjue  ;  celui  qui  né'^^liL'e  ce  rt'Lilciiirnt  rompt,  s'il  e>t 
découvert,  pour  chaque  chêne  coupé  cinq  livres  ou  la  grande 
amende. 

7. 

Celui  qui  Youdra  rempltcer  un  vieux  bâtiment  par  un  neuf^ 
doit  employer  à  ce  dernier  tout  le  bois  de  Tancien  en  état  de 
servir  eneore,'  afin  d*en  couper  d'autant  moins  dans  la  fordt; 
les  waldmestres  se  feront  donner  làrdessus  sa  parole  à  la  place 
de  serment  Celui  qui  ne  suivrait  pas  ce  règlement,  rompt 
cinq  livres  ou  la  grande  amende,  irrémissiblement  et  chaque 
bourgeois,  aussi  bien  que  les  waldmestres  et  les  gardes  fores- 
tiers, devront  y  veiller. 

8. 

Le  bourgeois  des  quatre  villa'^es  qui  voudra  bâtir  une 
étable  doit  demander  le  bois  dont  il  aura  besoin  an  wald- 
raestre;  le  waldmestre  lui  donnera  pour  cet  usage,  non  pas 
du  bois  de  chêne,  mais  du  bois  de  hêtre  ou  de  pin  ou  du  bois 
sec  ou  du  bois  pris  dans  les  abatis.  Celui  qui  ne  s^  conforme 
pas  rompt,  s*il  est  découvert,  un  grand  «Einong»;  les  wald- 
mestres, forestiers  et  un  chacun  devront  y  veiller. 

9. 

Celui  qui  aura  besoin  de  bois  de  construction  est  tenu 
d'employer  À  sa  bâtisse  tout  ce  qui  parmi  le  bois  coupé  dans 

'  «Einen  Ncticn  Gcbell». 

•  «zu  cinem  (Tcbel», 

•  «was  vor  (  fur)  Vorholz»,  =  bois  de  chêne  dans  les  murs  extérieurs? 
boifl  de  galaudise,  comme  on  disait  au  xvm*  siècle. 


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RftGLBMBIlTATHHI  D'un  fWtt  OOMMIIRALB  S89 

les  abatis  faites  sur  le  devant  ou  le  derrière  de  la  forêt,'  peut 
bien  lui  servir  soit  pour  jambages  de  portes  ou  de  fenêtres, 
soit  ])our  tout  autre  usage.  Quiconque  néglige  de  s'y  conformer, 
encourt,  s'il  est  découvert,  la  grande  amende.  Les  forestiers, 
waldmeâtres  et  un  chacun  des  quatre  vUlagei>  y  veilleront. 

10. 

Celui  qui  demande  au  waldmestre  le  bois  de  construction 
dont  H  a  besoin,  lui  promettra  sur  parole  de  le  couper  selon 
l'intérêt  de  la  forêt 

11. 

Les  waldmestres  ne  doiTent  pas  accorder  du  bois  pour  bâtir 
entre  le  jour  de  Pannondation  de  la  Vierge*  (25  mars)  et  la 
SaintrGall  (16  octobre);  ce  n'est  qu'après  la  Saint-GkiU  et 
jusqu'au  dit  jour  de  la  Vierge  qu  ou  pourra  en  couper  ;  si 
cependant  quelqu'un  était  obligé  de  faire  des  réparations 
urgentes  à  son  vieux  bâtiment,  il  pourra  en  couper  à  toute 
époque.  Celui  qui  en  coupe  dans  Tintervalle  interdit,  encourt 
la  grande  amende. 

12. 

Celui  (lui  serait  obligé  de  réparer  sa  maison  ou  sa  grange 
devra  demander  au  waldmestre  le  bois  nécessaire;  le  wald- 
mestre ira  avec  lui  i)our  voir  ce  qu'il  lui  faut  de  bois  et  il  lui 
donnera  pour  seuils  et  maîtres-poteaux  du  chêne  et  pour  le 
reste  du  bêtre,  du  pin  ou  du  mort-bois  quelconque.  Le  wald- 
mestre préviendra  le  garde  forestier  des  pièces  accordées  ; 

*  «Waa  einer  flndt  under  dem  abgehawen,  es  sey  hinten  oder  yornen 
in  den  Aftcrachlagen»  —  abatis  faits  lo  long  des  limites  â  l'est  et  à 
l'ouest  de  la  forêt?  au  nord  et  au  sad  il  y  avait  des  rivières  servant  de 
limites. 

*  «nnser  fraaentag  Eleibong».  Yoy.  Doc.  A.  16.  Nota.  Bevuty  t.  X*, 
*pp.2Mà946. 


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940  ftBvoB  d'alsacb 

celui  qui  coupe  au  delà  de  la  concession}  encourt,  s'il  est 
découvert,  la  grande  amende. 

13. 

Celui  qui  aurait  besoin  d  enlraits'  pour  sa  vieille  maison 
pourra  couper  un  chêne  pour  la  ]M)utrc  et  le  reste  dont  il 
aura  besoin,  il  le  prendra  en  hêtre  ou  en  mort-bois  (juel- 
con([ue.  Couper  en  chêne  plu^  que  la  poutre,  entraîne  la 
grande  amende. 

14. 

Celui  (jui  il  l'avenir  laisse  le  l)ois  de  construction  qu'il  a 
coupé  au  delà  d'un  an  et  un  jour  ddu>  la  turêt  au  Vwu  de  l'em- 
ployer, encourt  pour  chaque  chêne  coupé  cinq  livres  et  pour 
chaque  hêtre  ou  pin  six  schillings  stsb^.  d'amende.  Mais  j)er- 
sounc  des  quatre  villages  ne  doit,  ni  avant  ni  après  qu  unc 
année  et  un  jour  soient  révolus,  toucher  ou  enlever  de  ce  bois, 
dont  on  disposera  de  la  manière  suivante:  le  premier  qui 
voudra  bâtir  reccNTa  du  waldmestre  tout  ce  qui  de  ce  bois 
peut  lui  servir  de  bois  de  construction,  et  remploiera  selon 
les  indications  du  waldmestre.  Celui  qui  ne  le  fait  pas  encourt, 
8*il  est  dénoncé,  la  grande  amende. 

15. 

Personne  ne  doit  plus  couper  à  Tavenir  de  jeunes  tiges  pour 
lattes'  ni  pour  un  vieux  b&timent,  ni  pour  un  bâtiment  neuf. 
Quicon^e  en  coupe  encore  encourt,  sll  est  dénoncé,  une 
amende  de  six  schillings  pour  chaque  hêtre  coupé  ;  mais  il 

*  «Item,  ÎBt  einer  nothdôrfkig  eines  Schweben  Gebels».  cSchvebe 
Oebel*  et  «Schebe  Gebel>.  A.  88.  sont  dei  expreasions  ineoimiieB  aqj. 
<— >  «Sdiweben»  s  être  nupendu,  planer;  «8clidNB»?e£«»£n7=B^^^ 
d'où  :  étage,  anc.  estage  =  couvertarc,  toit,  le  férme^  dent  les  entndts 
sont  les  maltresses-piAcos  ;  auj.  «Kcîdfîcbiilk». 

*  «Iieni.  Es  soll  anch  iiun  i'urterhin  keiner  mehr  Lattstangen  bauen 
ans  biechen  £rtkiiaeuâtaogcn. . .  > 


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lÈfitmiHTATM»  D'tmi  roBir  comiimALB  Ht 

pourra  couper  du  charme  ou  de  l'aulne.  Les  foreâtiers  et  les 
waldmestres  y  veilleront. 

Dorénavant  personne  ne  doit  plus  couper  de  jeunes  liêtres 
pour  arbres  ou  poutres  servant  à  charger  les  ehariots,  ni  pour 
étrésillons,  leviers,  appuis,  crocs,  curons,'  ni  de  jeunes  pins; 

quiconque  en  coupe  encore  rompt,  s'il  est  découvert,  pour 
chaque  arl)re  coupé  quatre  schillinj^s,  dont  deux  au  rappor- 
teur et  deux  aux  quatre  communes.  Les  forestiers,  wald- 
mestres  et  un  chacun  devront  y  veiller. 

17. 

Si  à  l'avenir  un  bourgeois  domicilié*  des  quatre  villages 
osait  rompre  un  «Ëinung»  et  q^u'U  coupât  du  hêtre,  il  rompt, 
s'il  est  attrapé,  six  schillings  par  arhre  coupé.'  Si  on  ne  le 
surprend  pas  en  flagrant  délit,  mais  qu'on  l'attrape  en  ront^ 
soit  dans  la  forêt,  soit  en  dehors  dans  quelque  endroit  encore 
soumis  à  la  surveillance  des  gardes,  et  que  le  surveillant  qui 
Tarrête  le  soupçonne  d*avoir  coupé  même  plus  d*ttn  arbre, 
et  que  le  délinquant  le  nie,  ils  doivent  sur  le  champ  revenir 
ensemble,  guidés  par  les  traces  des  roues  de  la  voiture,  sur  le 
terrain  de  la  coupe  et  vérifier  le  fait'  Un  chacun  et  les  fores- 
tiers et  waldmestres  y  veilleront  Deux  schillings  au  rappor- 
teur et  quatre  schillingiB  aux  eommunes. 

la 

A  l'avenir  les  charrons  ne  doivent  plus  couper  de  jeunes 

'  «Ladbaeum,  Spriessstang,  Hebell,  Lcn,  ITackhen,  Reuttel>. 

*  «Item,  wcr  os  dasa  non  fOrterhin  ein  ingeaesseaer  Barger. . .  ein 
£îinun^  wul'Oh  wirdt'». 

*  «au  jedem  Stumpf  dcn  or  mocht»,  expTMBioQ  habituelle  du  Doc,  =s 
pour  chaque  souche  qu'il  fiût. 

«  «nff  di«  Walitadt  gahn  and  dia  beaichtigMi». 

lf<Mifttlte8éito.~liraué«.  16 


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9ia  llfOB  D*Ai8ACi 

hêtres  pour  jantes,  '  ni  faire  des  jantes  dans  la  forêt  Le  con- 
trevenant rompt,  s'il  est  découvert,  une  livre  stsbg.  par  souche 
ou  par  arbre  coupé.  Lcb  forestiers,  waldmestres  et  un  chacun 
auront  à  y  veiller. 

19. 

Si  un  diarron  coupe  du  bois  pour  «esses»  (ais,  rais,'  etc.)  et 
qu^il  soit  découvert,  il  rompt  pour  chaque  arhre  coupé  six 

schillings.  Les  forestiers,  waldmestres  et  un  chacun  auront  & 
y  veiller. 

20. 

Celui  qui  fabriquerait  des  jantes*  dans  sa  cour  sans  être 
charron,  roni])t  un  «Einung»  d*une  livre  stsbg.  —  Hais,  char- 
ron ou  non,  on  ne  doit  pas  non  plus  en  fabriquer  dans  la 

forêt,  fût-on  même  allé  chercher  le  bois  dans  d'autres  forêts, 
sous  peine  de  ladite  amende.  Les  forestiers  et  les  waldmestres 
y  veilleront 

Personne  ne  doit  plus  à  Tavenir  couper  de  hêtre  pour  maie, ^ 
celui  qui  en  dédain  de  ce  règlement  en  coupe  encore  rompt 

une  livre  stsbg.  Les  forestiers,  waldmestres  et  un  chacun  des 
quati  e  villages  y  veilleront 

'  «FelgeinUuig  abhawta  et  Fdgen  Madwii»  =  1°  jante  (absis)  ; 
S«  hene  (ceea),  «Felgenstang»  pour  toatat  lu  groiut  pièoM  de  cher^ 
ronnage. 

*  «Item,  80  ein  Wagner  Essen  hawet»  ov  comme  dit  le  BegitCre 
art.  20.  «Esscn  macht*,  les  petites  pièces  de  charroimage  serrant  4 

relier  les  grandes,  XcUe^  qne  rais,  aissolinrs,  ais,  barreaux,  échelons; 
de  assis,  ariculus,  axis,  «cm»'.  Le  Rej^istre,  art.  lî>,  porte:  «von  den 
Eslcn»(?)  cf.  l'anc.  haise  (hesia)  —  porte  à  treillis;  et  le  mot  normand 
h&isier  —  ridelle  («Wagenleiter-»). 

'  Le  texte  dit  «Felgen>,  le  Registre  «Essai». 

«  cMalde»  (moetra)  huche  on  pétrin,  cofflre  oh  Ton  p6trit  le  pain, 
fynaé  alors  d'un  senl  tnmcon  de  hêtre  creué. 


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IIGLBIIDIUTMMI  D'OUI  mÉf  COMMiniAll  MB 
23. 

Celui  qui  a  besoin  d*une  mangeoire*  s'adressera  au  wald- 

mestre  qui  ira  avec  lui  pour  voir  quelle  mangeoire  il  lui  faut 

et  lui  a.ssifînera  un  liètre  en  conséquence;  mais  s'il  lui  fallait 
une  mangeoire  de  moins  de  douze  pieds  de  long,  il  ne  lui  don- 
nera pas  de  hêtre.  Quiconque  dédaigne  cet  article  rompt,  s'il 
est  découvert,  une  livre.  Les  forestiers,  waidmestres  et  un 
chacun  y  veilleront. 

23. 

A  l'avenir  on  n'abattra  plus  de  hêtres  pour  en  faire  des 
bancs  et  des  chaises  de  bois;  celui  qui  en  coupe  encore  rompt 
une  livre  deniers.  Les  waldmestres,  forestiers  et  un  cliacun  y 
veilleront 

24. 

Céltti  qui  aunit  besoin  d\ui  pointai*  (dHine  lambourde?) 

pour  sa  vieille  maison  devra  s'adresser  au  waldmestre  qui  lui 

donnera  un  hêtre  assorti;  mais  s'il  ne  l'emploie  pas  à  l  usage 
indiqué  et  qu'on  le  découvre,  il  rompt  six  schillings  stsbg.Lea 
forestiers,  waldmestres  et  un  chacun  devront  y  veiller. 

26. 

Celui  qui  aurait  besoin  d'un  escalier  s'adressera  au  maître 

*  D'une  seule  pièce  de  Lètre  creusé. 

'  «Item,  ist  eincr  nothdurftig  in  ein  ait  haus  eiaen  Deisadrome. . .  =s 
Sifitzbalken,  Hebebalken».  «drom*  se  disait  en  allemand  da  zti*  Biède 
pourdram,  tramspcmtM,  dn  lat.  Iraftt;  «tnunbanm»  s  grone  poutre. 
En  français  la  drome  désigne  dans  les  grandes  forges  la  pièee  de  ehar- 
pente  la  plus  forte  de  celles  qui  sonlienneni  le  marteau  :  «TTnterlage 
des  Haauaers».  —  <Dciss>  :  de  «âei'Ben>?  =  cnler,  t.  de  mar.;  indkiart^ 
etc.  cf.  la  culée  ou  butée  (d'urc-boutant)  =  pilier,  cf.  la  dosae,  grosse 
planche  dont  on  se  sert  dans  les  mines  pour  soutenir  des  ouvrages  de 
terre,  etc.,  du  lat.  barbare  dossium  et  dossum  pour  dorgum  —  dos;  — 
ddossier  et  dai9=  «Thron-,  Schutz-Uimmel,  -Decke»,  de  diaau  =table. 


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914  Bim  »*AUACi 

de  fordt  qui  loi  donnera  an  hêtre  pour  Técliiffi^,  mais  point 
pour  les  marches;  six  schillings  d*amende  à  payer  par  celui 
qui  couperait  au  delà.  Les  forestiers,  waldmestres  et  uu  cha- 
cun y  veilleront. 

26. 

Un  arbre-chêne  qui,  encore  bon,^  aurait  été  abattu  par 
n^importe  qui,  moyennant  la  cognée  ou  le  feu,  ne  doit  être 
tranché  par  personne  ayant  un  an  et  un  jour  révolus;  mais 

si  dans  le  courant  de  l'année  quelqu'un  demandait  du  bois  do 
constriu  tioa  on  lui  rcuit  ltra  tout  le  bois  pouvant  encore  ser- 
vir tant  (les  branches  que  du  tronc-  de  cet  arbre  pour  qu'il 
l'emploie  à  sa  bâtisse  afin  de  ménager  les  autres  arbn-s  de  la 
forôt.  Celui  qui  n'observe  pas  cet  article  encourt,  s'il  est 
dénoncé,  la  grande  amende,  hoa  forestiers  et  waldmeâtres  y 
veilleront 

27. 

Et  celui  qu!  incendie  ou  coupe  par  méchanceté  un  arbre 
encore  verf  encourt,  s'il  est  découvert,  la  c;rande  anieude. 
Les  forestiers,  waidmestres  et  uu  cliacuu  y  veilleront. 

28. 

Aucun  bourgeois  ne  doit  plus  îl  l'avenir  couper  du  bois 
pour  tïiLs  de  tonneau:'  si  quelqu'un  eu  coupe  et  qu'il  soit 
dénoncé,  il  rompt  un  uEinung»  dans  sa  cour^  qui  est  de 
cinq  livres.  Forestiers  et  waidmestres  y  veilleront. 

'  «Item.  Wann  ptnor  nunf&rterhin  ein  Eychbaam  ablumei  odar  ab- 

rendt,  so  noch  riii!;l»ar  ist». 

*  «und  was  vor  (fiU*)  holz  von  Zclchen  oder  selbloch  za  verbauen 
nUtzlich''. 

'  «wo  einer. . .  mitthwiUlgenrdii  flinta  rOgbareii  baurn  MuQiidt  odtr 
abhawet*... 

*  fFaaibodeB  hawen».  —  '  «mU  er  im  Hofo  eia  ESniing  breohttii, 
DMnbliclien  ftnf  Fftmd». 


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BtelAMINTATIOIt  D'UNE  FOaâT  COMMUNALE  916 


29. 

Le  toimelier  qui  fabrique  dos  fûts  dans  sa  cour  devra  donner 
an  waldmestre  qui  surviendrait  sa  parole  qu'il  les  fabrique 
pour  son  propre  compte;  celui  d'ailleurs  qui,  tonnelier  ou  non, 
exporte  des  fftts*  sera  privé  de  toute  jouissance  de  la  fordt. 
Que  Ton  sache  donc  bien  s*en  garder,  car  les  forestiers  et  les 
waldmestres  ainsi  qu*ttn  chacun  des  quatre  villages  y  veille- 
ront. 

30. 

Nul  ne  doit  exporter  du  territoire  des  quatre  villages  des 
ustensiles,  quels  qu'ils  soient,  &its  de  bois  provenant  de 
PAspruch.  Le  contrevenant  encourt,  sil  est  dénoncé,  la  grande 

amende.  Les  waldmestres,  forestiers  et  un  chacun  auront  à  y 
veiller. 

31. 

A  l'avenir  si  un  arbre-chône  tombe  à  terre  et  qu'il  se  tron- 
çonne facilement,*  le  premier  bour-^eois  des  quatre  villages 
qui  surviendra  aura  le  droit  de  couper  un  tronçon  qui  n'aura 
pas  plus  de  sept  pieds  de  lon-^;  mais  il  ne  lui  est  pas  permis 
d'eu  couper  un  second  tronçon  ni  de  cet  arltre,  ni  d'aucun 
autre  arbre,  tant  qu'il  n'aura  pas  transporté  le  premier  tron- 
çon chez  lui.  Survient-il  en  attendant  un  autre  bourgeois,  il  lui 
sera  également  permis  de  couper  dudit  chêne  un  pareil  tron- 
çon, mais  pas  plus;  celui  qui  en  coupe  davantage  encourt  la 
grande  amende. 

Personne  ne  devra  trancher  le  tronçon  d*un  autre  «bour- 
geois», sous  peine  d*une  livre  deniers  d'amende.  Les  forestiers, 
waldmestres  et  un  chacun  y  veilleront 

^  «fUuri  einer  flbar  daa  boden  aw^  Er  sey  Kleffer  oder  keiaer». 
*  31.  «Item.  Weua  nvaftriher  eia  Ey«shb«iim  vmbfidlat  nnd  Guth  sa 
venchzotben*... 


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UTUI  D*AL8ACK 


32. 

Pour  ce  qui  est  du  branchage  du  chône  chablé  et  des  chablis 
en  gént^ral,  on  pourra,  si  l'on  en  trouve,  en  façonner  et 
transporter  chez  soi  une  voiture  ou  une  cliarrette  pleine; 
après  quoi  on  pourra  revenir  pour  façonner  et  enlever  ce  que 
l'on  trouve  encore;  niais  il  e>t  interdit  de  laisser  des  domes- 
tiques dans  la  forêt  pour  façonner  de  ce  bois  eu  attendant 
qu'on  revienne  avec  la  voiture.  Si  Ton  n'avait  pas  de  voiture 
arec  soi  on  pourra  fiiçonner  une  voie  de  chablis  et  rempiler 
en  attendant  qu'on  en  trouve  une  sans  que  personne  puisse 
enlever  de  ce  bois  ;  mais  si  l'on  en  façonne  plus  d'un  charretée, 
le  premier  venu  aura  le  droit  de  Tenlever  sur  sa  charrette. 

Si  parmi  les  chablis  on  trouve  du  bois  utile»  il  faut  le  couper 
par  les  deux  extrémités;  celui  qui  né(^  de  le  fidre,  encourt, 
B*il  est  découvert,  une  amende  de  six  schillings;  les  forestiers 
et  les  waldmestres  seuls  en  jugeront;  et  Ton  est  tenu  d*6ni- 
ployer  ce  bois  dans  les  deux  ans,  sous  peine  de  rompre  un 
«Einung»  dans  la  cour  ou  la  grande  amende:  les  forestiers  et 
waldmestres  en  jugeront  également 

33  6. 

Si  un  citoyen  trouve  un  arbre  chablé  donnant  du  bois  do 
charronnage  et  du  bois  de  construction,  '  il  n'a  le  droit  d'en 
couper  que  l'un  ou  l'autre,  le  bois  de  charronnage  seul  ou  le 
bois  de  constriu  tion  seul.  Celui  qui  ne  se  conforme  pas  à  ce 
règlement  encourt,  s'il  est  découvert  la  grande  amende.  Les 
forestiers  et  waldmestres  seuls  en  jugeront 

33. 

Cehii  qui  à  l'avenir  abattra  un  arbre  sec  doit,  avant  d'en 

'  «Schrot  und  auch  Bawholz». 

Dans  le  texte  allemand  cet  art.  326  se  trouTe,  saos  avoir  de  n^,  entre 
les  art  34  et  36. 


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RÈGLEMEIfTATION  D'UNB  PORÉT  OOmitnrALB 


947 


abattre  un  second,  trancher  le  premier  et  le  transporter  chez 
loi;  s'il  le  laisse  sur  place  sans  le  trancher,  le  premier  venu 
aura  le  droit  de  le  trancher.  Celui  qui,  en  dédain  du  présent 
règlement,  abattrait  plus  d'un  arbre  sec  à  U  fois,  paiera  une 
livre  d'amende.  Les  iorestiers  et  waldmestres  y  veilleront. 

Mais  si  qaelqu^un  loi  tranchait  son  arbre  tant  que  la  tdte 
n*en  aura  pas  été  tranchée,  '  il  rompt  une  livre  deniers. 

84. 

Nul  ne  doit  plus  à  l'avenir  cou|)er  des  perches  ni  branchages 
de  charme^  entre  la  Saint-Matliiiis  (24:  janvier)  et  le  huitième 
jour  après  la  Saint-Michel  (c'est  à  dire  le  7  octi)bri'):  qui- 
conque ne  s'y  conforme  pas  et  en  coupe  dans  cet  intervalle, 
rompt  quatro  schlUings  stsbg.  Les  forestiers  et  waldmestres  y 
veilleront 

35. 

Pour  étais  (échalas)  ou  rames'  on  ne  doit  plus  couper  à 
Tavenir  du  charme,  ni  des  pieds  d'aulnes,  d'ormes  blancs, 
d'érables  communs,  de  grands  frdnes;  ce  n*est  que  pour 
perches  et  branchages  que  Ton  pourra  couper  des  branches 
desdits  arbres;*  quiconque  coupe  encore  de  pareilleB  jeunes 
arbres  par  le  pied'  rompt,  sll  est  découvert,  quatre  schillings 
stsbg.  Les  forestiers  et  waldmestres  auront  à  y  veiller. 

86. 

Pour  fagots  d'échaliers  on  ne  doit  plus  couper  à  l'avenir  n 
rameaux,  ni  tigilles  des  essences  qui  viennent  d'être  énu- 

*  >an  dieweQ  dis  Tordenchrot  nit  hinw^  iH». 

*  «hcimbucheo  Stangen  oder  Gertton  hawea». 

*  •heimbuchin  arm  oder  Stcckh», 

*  «mas;  einpr  wol  droh  baweni), 

*  «welcher  also  mehr  deren  stekb  vff  dem  Grandi  abhawet». 


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S48 


EIVUB  D'ALSACB 


méréee;*  Gèlni  qui  en  coupe  eneore  nmpt,  B*fl  est  dénoncé, 
quatre  BchiUingB  stsbg.  On  prendra  pour  cela  les  branches  ou 
ramilles  que  Ton  trouve  par  terre.'  Les  forestiers  et  waid- 
mestres  y  veilleront 

87. 

Nul  ne  doit  plus  couper  à  ravenir  des  pieds  d'épines  blanches 
pour  le  feu,  mais  bien  pour  clôtures  ou  haies  entrelacées.* 
Celui  qui  en  coupe  encore  pour  le  feu  rompt,  s'il  est  décou- 
vert, deux  schillings  stsbg.  Les  forestiers  et  waldinestros  y 
veilleront  Au  rapporteur  un  hàU  et  deux  batz'  aux  com- 
munes. 

88. 

On  ne  doit  plus  non  plus  couper  dans  la  forêt  des  harts  à 
lier  (par  bottes)  le  seigle  et  le  lin;''  celui  que  Ton  y  surprend 
rompt,  s'il  est  d(?noncé,  quatre  schiUings.  Les  forestiers  et 
waldmestreâ  auront  à  y  veiller. 

39. 

Si  quelqu*un  de  nimporte  lequel  des  quatre  villages  risquait 
un  cEinungt*  sur  l*un  ou  l'autre  des  points  et  articles  qui 
précèdent  ou  qui  suivent,  il  rompt  autant  d'<£inung»  qu'il 

*  «hein  Zvadeckweneii  méhr  vff  lest  eneUten  StOcUi«ii  Iwwen,  aneh 
jkeiiio  Bit  ftnf  der  Etàtm:  «Welle»  s  javelle  (capnOuê,  d'où:  eqMBa). 

'  «Bchwankhen  se  vff  der  erden  ligen»  (=  brandes). 
'  «aber  sonst  zn  zienen  oder  bag  zu  bingen».  «bingenay  ef.  «Bann», 
mha.  «bûne»  (=  risberme)  et  benne. 

*  3  batz  =  2  schillings;  le  batz  =  2/3  de  schilling  ou  8  pf.,  valait 
en  1572  à  Strasbourg,  0  fr.  32. 15  batz  =  1  florin  de  60  kzr. 

'  «Korn-  oder  Flachs-Wiedo». 

*  «ein  Biniug  wogen  wiidt» ...  der  verbrielit  àb  maaehee  OeBehflrr 
er  liât,  es  Bey  Wagea  od«r  ^ureh,  als  manchen  EUniûg  lud  wîrdt  einer 
de»  BMlilt  erwiidit,  verbridit  (die  Einong  nreifidltig».  e£  «Bcbiff  nad 
fleiehftrr»  »  atdnil,  équipage. 


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t 


RÊGLEMBMÀTION  D'UMfi  FORÊT  CONJIUNÀLK  919 

atura  d'attiraOs  Boit  Toiture  ou  charrette,  et  si  on  rattrape  de 
nuit,  U  doublera  Famende. 

L'alioriiement  sur  le  devant  et  le  derrière  (de  la  forêt)  doit 
de  nouveau  et  chaque  fois  être  respecté  aussi  loin  qu'on  aura 
aborné.  '  Lca  forestiers,  waldmestres  et  un  chacun  auront  à  y 
veiller. 

«  Item.  Das  Loch  hinten  nnd  Yomen  soll  wieder  in 
firieden  liegen  80  weit  es  ge]odi(t?)  wirdt;  darûber 
Bollen  ruegen  die  iftrster  WàldmeiBter,  auch  menigli- 
chen  der  vier  Dôrfer». 

'  cf.  Fetme,  t.  X,  p.  245 — 246.  A.  18,  ofi  j'ai  donné  une  iradaction 
différente  de  ce  passage.  Le  Registre  (40)  dit  :  *toq  den  Lochen»  ;  or, 
«Loeben»  qn*sm  zvm*  siècle  on  écrivait  «Lobes»  dans  le  procèa-verbal 
de  délimitotioii  de  PAapnuh,  tigidile  bornea,  pierres-boniei,  arbres» 
bornes;  «das  Locb»  serait  donc  rensemble  des  bornes;  le  bornage 
paraît  avoir  consisté  non-senlement  à  marquer  les  arbres-bornes  on  à 
poser  les  pierrcs-bomes,  mais  aussi  à  dégager,  à  mettre  en  évidence 
ces  bornes  entre  dcnx  for^'ls  limitrophes  surtout,  en  fidsant  le  long 
de  la  limite,  des  abatis,  une  \au'.  cf.  A.  4.  B.  'J.  etc. 

Lors  de  la  révision  des  bornas,  en  17.'iG,  on  rencontra  en  différents 
endroits  sur  l'est  de  la  forêt  une  double  rangée  de  pierres-borues  à  18, 
90  et  30  pieds  et  plus,  d'écartement  l*vne  de  Faitire  et  en  ce  cas  la 
ligne  de  délimitation  se  tronvait  à  égale  distance  des  denx  rangées  de 
bornes  «nnd  gebt  der  scbeid  bier  mitten  dnreh»,  est-fl  dit  dans  le  procès- 
▼erbaL  C'est  comme  si  un  ancien  chemin,  nne  laie  y  vnât  passé,  cf. 
Tari.  46,  snr  U  délimitation  de  la  propriété  et  m.  1.  sur  celle  de  la 
banlieue. 

On  n'avait  besoin  de  bornes  pour  l'Aspruch  que  sur  le  devant  et  le 
derrière,  c'est  à  dire  à  Test  et  à  l'ouest  de  la  fortM,  pour  assurer  la 
limite  ici  contre  les  terrains  cultivés  des  villages  et  l'Esscnbusch,  là 
contre  les  forèls  attenantes.  An  Nord  et  an  Sud  la  Selz  et  la  Sure,  for- 
maient des  limites  naturelles  suffisantes. 

L*sbomement  le  plus  important  était  celni  du  cété  est  de  la  forêt 
oft  TAspnicb  touchait  dans  toute  sa  largeur  de  six  Ulométies,  de  We- 


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S60 


Um  S*AL8AGB 


41. 

Dorénavant  personne  ne  doit  plus  exporter  du  territoire 
des  quatre  communes  des  branchages  pour  en  enclore  ses 
terres  dans  d'autres  banlieues.  Quicouqu  ■  exporte  ou  emploie 
dos  branchages  pour  clôtures  dans  quelque  autre  ban  encourt, 
si  on  apprend  jamais  qu'ils  proviennent  de  TAspruch,  une 
amende  de  trente  schillings  stsbg.,  tout  comme  si  on  le  sur- 
prend sur  le  fait  (d'exportation). 

Que  Ton  sache  donc  bien  s'en  garder,  car  un  chacun,  les 
forestiers  et  waldmestres  ont  à  y  veiller  et  à  dénoncer  le  con- 
trevenant n  revient  de  cette  amende:  cinq  schillings  au  rap- 
porteur, cinq  schillings  aux  waldmestres  dans  leur  propre 
bourse  et  une  livre  aux  quatre  communes. 

42. 

Personne  des  quatre  villages  ne  doit  exporter  du  bois  quel- 
conque de  ces  villages  dans  d'autres  villages,  ni  bois  de 
chauffage,  ni  bois  de  construction  provenant  de  TAspruch. 
Quiconque  le  fait  devient  passible  de  la  grande  amende.  Les 
forestiers,  waldmestres  et  un  chacun  y  veilleront. 

derrOdern  à  KOnigsbruck  de  la  Selz  à  la  Sure,  aux  foivts  de  Rodcrn.  de 
Selz  (aujourd'hui  à  l'hospice  civile  de  Strasbourg  sous  le  lunii  do  forêt 
de  Kesseldorf),  de  Forstfeld  et  de  Kônigsbruck;  aussi  i^uand  vers  la 
fin  du  X*  siècle  l'impératrice  Adélaïde  fonda  son  monaitère  de  Sebc, 
avae  us  territoire  considArable  nur  les  deux  rivet  dn  Rhin,  entre 
Hattea  et  BaetetI,  de  Boppenheim  à  Uoihem,  tAi-cn  fixé  la  limite 
d'âTM  Hatlen  on  l'Aiproch,  par  deux  graadea  piwm-boniei,  dont 
Henogi  BOUS  le  nom  de  «Sanet-Adelhelts  Siein»,  nous  indique  approxi- 
mativement l'emplacement  et  que  mentionne  la  constitution  de  Selz 
renouvelée  en  1310  loiu  le  nom  de  «Hattemer  Siein»,  on  pierre-borne 
de  Hatten. 

Les  limites  est,  nord  et  sad  de  l'Aspruch,  étaient  en  même  temps 
cellee  de  randenne  province  dite  Hattgau  et  étaient  placées  comme 
léUii  sont  la  tarveillaBce  de  l'idninielntioB  du  bailliage  de  Hatten. 


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RÈGLBMBMTATION  D^UMB  VOBÉT  OOMMUNALE 


S61 


43. 

Celui  qui  n'a  pas  le  droit  de  bourgeoisie  dans  Tun  des  quatre 

villages,  n'a  pas  le  droit  d'aller  avec  une  voiture  dans  la  forêt 
chcrdior  du  bois;  s'il  a  du  bois  à  y  prendre,  il  faut  qu'il  en 
charge  un  des  liourgeois,  moyennant  paiement 

Quiconque  n'étant  pas  bourgeois  irait  dans  la  forêt  avec 
voiture  rompt,  comme  d'ancienne  date,  cinq  livres  stsbg.  Les 
forestiers,  waldmestres  et  un  diacun  auront  à  y  veiller. 

44. 

Quiconque,  n'ayant  pas  le  droit  de  bourgeoisie,  enverrait 
ses  bêtes  en  pâturage  dans  la  forêt,  que  ce  soient  vaches, 
chevaux  ou  porcs,  encourt,  s'il  est  dénoncé,  la  grande  amende. 
Les  forestiers,  waldmestres  et  un  chacun  y  veilleront 

45. 

Aucun  bourgeois  étranger  ne  ddt  à  ravenir  transporter  du 
bois  proTenant  de  forêts  étrangères,  sur  le  terrain  des  quatre 
communes  pour  Vj  fàçonner  et  charger,*  sous  pdne  de  trente 
schillings  stsbg.,  dont  dix  au  rapporteur  et  vingt  aui  comr 
muncB.  Les  forestiers  et  waldmestres  ont  à  y  veiller. 

46. 

Personne  des  quatre  villages  ne  doit  enclore  le  Jardinet 
quHl  aurait  dans  sa  propriété  (prbs  de  sa  maison)  avec  des 

branchages  do  l'Aspruch;  il  pourra  cependant  faire  une  haie 
de  branchages  autour  de  sa  propriété  dans  la  ligne  de  démar- 
cation^ pourvu  qu'il  coupe  cou  branchages  à  l'époque  près- 

*  «Es  loll  aach  kein  AasbaneriBcber  mehr  hoUi  vff  dervier  Oemein- 
den  grondt,  au  «ndern  W&ldarn  dngan,  andt  keinas  ait  daraff  ftllan, 
oder  ladon.»  «Wden;  propremaat  abattre?  le  ftire  tomber  rar  le  lenrî- 

toire  des  quatre  commones  en  l'abattant  sur  la  frontière? 

*  Proprement:  danq  l'intervalle  des  deux  limites:  «aber  zineobea 
den  scbeiden,  an  einer  ho&eittea  Borner,  mag  einer  wol  auiea». 


crite,  les  façonne  et  utilise  avant  la  Pentecôte,  car  celui  qui 
après  cette  époque  aurait  encore  des  branchages  non  employés, 
rompt  quatre  schillings  et  autant  s'il  n'observe  pas  le  temps 
prescrit  pour  la  coupe.  Les  forestiers  et  waldmestres  devront 
y  veiller. 

47. 

Celui  qui  aurait  besoin  d*0Bier  à  dayonnage  pour  murs  de 
torchis,'  doit  eu  demander  au  waldmestre;  quiconque  en 
coupe  encore  sans  ravoir  demandé,  sera  passible  dhine  amende 
de  quatre  schillings  stsbg.  Les  forestiers  et  waldmestres  sont 
tenus  d'y  veiller. 

48. 

Les  waldmestres  doivent  aussi  vendre  comme  jusqu'ici  des 
pieds  d  arbres  à  l'enchère  aussi  cher  qu'ils  pourront  ou  qu'ils 
voudront 

«Item.  Die  Waldmeister  soUen  auch  stem  Terkan- 
fen,  also  bisher  und  geben  vistdgung  so  teuer  sie 
kOnnen  oder  mOgem. 

49. 

Aux  règlements  concernant  le  bois  de  chêne,  il  faut  ajouter 
le  suivant:  Celui  qui  charrie  du  bois  de  chêne  (indûment 
coupé)  dans  Pun  des  quatre  villages,  rompt  dix  schillings  au 
waldmestre,  qui  en  tiendra  compte  aux  quatre  communes;  et 
dix  schillings  aux  valets  avec  pourboire,'  et  il  traitera  en  outre 
avec  chaque  village  en  particulier  au  si^et  d*une  livre  stsbg. 

*  «deckgertteD  odar  Zingwtten  m  Kleywenden  =  Fadigerten  m 
LeluBirlDdfln».  «Klei  as  argile;  branchages  pour  mur  de  bonsillage. 

*  aniid  lehn  ichilling  dcn  Kncchten  nnd  inag  mit  den  KnechtMl  aa 
gnad  koroman». . .  cf.  art  50  et  6fi^  et  p.  89.  =  pajrer  et  vider  an  Terre 
avec  eux. 


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BfeBLBIlBIlTAnOW  B'DBB  KÊÊt  CDHMIIN AU  388 

Quant  aux  petites  amendes  touchant  le  hC'tre  et  autres,  on 
les  partagera  de  la  manière  suivante  :  Si  ramendc  est  d'une 
livre,  les  communes  en  recevront  quinze  schillings  et  le  rap- 
porteur cinq  schillings  ;  si  elle  est  de  six  schillings,  les  com- 
munes en  toucheront  quatre  et  les  valets  deux  ;  Tamende  de 
de  quatre  schillings  appartient  pour  deux  schillings  aux  com- 
munes et  pour  deux  aux  Talets,  auxquels  il  revient  un 
pourboire.* 

51. 

Les  bourgeois  étrangers  et  les  ontre-passes  rompent,  eomme 
d*ancienne  date,  cinq  livres  stsbg. 

52. 

Notre  forêt  a  aussi  la  franchise  qu'on  peut  y  aller  recueillir 
le  boi^  perdu. 

63. 

Les  waldmestres  ont  aussi  à  faire  rentrer  le  produit  de 
toutes  leurs  ventes  et  celui  des  amendes;-  ils  en  paieront  aux 
valets  leurs  gages  et  le  dimanche  qui  suit  la  Saint-Marc 
l'Evangéliste  (  25  avril  )  ils  rendront  compte  aux  heim- 
bourgues  de  toutes  les  transactions  qu'ils  ont  faites  dans 
le  coui-ant  de  Tannée  (Jhucuu  d'eux  recevra  pour  récom- 
pense deux  parts  de  droits  de  glandée  quand  il  y  aura  partage 
et  dix  scliillings  stsbg.' 

^  «nnd  swen  daa  Kiediten  nnd  lug  mit  dea  daoliten  an  gaad 

kommcu». 

•  «Verkauf  und  EinungeD  inbringen». 

•  «und  soll  jcder  haben,  zwcy  Schwein  Eckher  recht,  wann  dio 
Eckhcr  umgetheilt  werden;  Aach  zelm  îicliilliiig  Strassborger  fûr  sein 
belohnuDg». 


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964 


Mm  DALSACI 


54. 

Qaand  les  bourgeois  des  quatre  dits  TiUages  charrient  des 

fagots  ou  des  perches  dans  les  chemins  (défoncés),  aucun  d'eux 
ne  doit  eu  emporter  avec  lui  à  la  maison  ;  il  faut  au  contraire 
les  employer  tous  à  la  consolidation  du  chemin.  Le  contreve- 
nant rompt  quatre  schillings  stsbg. 

65. 

Celui  qui  rompt  un  «Einung»  avec  des  hôtes  qui  mangent 
des  glands,  rompt  cinq  schillings  à  payer  au  waldmt\stre  et 
cinq  schillings  aux  valets  avec  pourboire;  '  et  transigera  avec 
chacun  des  quatre  villages  en  particulier  au  si^t  d'une  livre 
stsbg. 

se. 

En  cas  d'amende  pour  bêtes  se  nourrissant  d'herbe  dans  le 
district  de  la  glandt^e,*  on  rompt  pour  chaque  bête  un  plapart.* 
Les  forestiers  et  les  waldmestres  ont  seuls  à  veiller  sur  ces 
deux  articles. 

67. 

Identique  avec  Tart  41.  A.  Voy.  t.     p.  380. 

58. 

Voj.  A.  46.  t  X,  p.  384. 

59. 

Le  meunier  qui  aurait  besoin  de  jantes  de  moidin  doit  les 

réclamer  au  waldraestre  ;  et  s'il  engage  un  charpentier  pour 
les  lui  couper,  il  doit  l'accompagner  et  rester  avec  lui  dans  la 

'  «und  5  schilling  den  Knechten  an  gnaden  kommen  nnd  mit  den  4 
DOrfern  joilii  bcm  besonders  deidigea  Tor  ein  Pfondt  Sirassbarger». 

•  «Das  (iras  im  Ecker  Zuel  issct". 

*  Un  plapart,  monnaie  de  Strtuibourg  =  1/2  achilling  ou  6  pfennigs. 


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BiGLiiiiHTATM»!  0*01»  nwAr  GomnmALi  966 

fordt  Cdni  qui  n^enlèverait  et  n*eiiiploienit  pas  les  jantes 
qttll  aura  coupées,  encourt  la  grande  amende;  il  encourt  la 
même  amende,  s*il  laisse  aller  seul  le  charpentier  dans  la 

forêt  Les  forestiers  et  les  waldmestres  y  veilleront 

60. 

Personne  ne  doit  plus  appointer  dans  la  fordt  des  piquets 
quelconques,  ni  larges,  ni  minces;*  celui  qui  le  fût  encore 
aura  six  schillings  stsbg.  d*amende  à  payer  si  on  le  dénonce. 
Les  forestiers  et  waldmestres  y  veilleront 

61. 

Celui  qui  sera  commandé  d'amener  à  corvée  du  bois  au 
château,*  doit  abattre  un  hêtre  donnant  au  moins  une  char- 
retée de  bois  et  ne  pas  couper  quantité  de  perches  ni  même 
deux  ou  trois  petits  hêtres.  Quiconque  dans  ce  cas  coupe 
plus  d*un  hêtre  rompt,  sll  est  découvert,  six  schillings,  tout 
comme  sH  avait  charrié  ce  bois  dans  sa  propre  cour.  Que 
deux  ou  trois  (corvéables)  s*as8ocient  donc  et  coiq^ent 
ensemble  un  hêtre  leur  donnant  asses  de  bois  pour  suffire  h 
la  seigneurie.  Les  forestiers  et  waldmestres  y  veilleront 

«Item.  Wann  ein  ^'ebotten  wird  fronholt/  lu  dus 
Schluss  zu  fuiiren,  der  soll  da  hawon  ein  Bûch  die  da 
nit  wenger  dann  ciu  Enger'  gibt  und  nit  hawen  Erd- 
kymenstaugeu,  auch  nit  zwei  oder  drey  stimleu». 

D.  HÛOKBL. 

(La  fin  à  la  proehaiM  Kmrittm.) 

^  «Item.  Es  soll  aach  kciner  mehr  im  Wald  Bteckhen  spitzen,  weder 
breit,  noch  schmal». . .  tels  que  lattas,  pitnz,  rameiy  échaUs;  ni  groi, 
ni  petits  ;  «schmtilholz  —  menu  bois. 

•  Château  de  Ilatten,  où  résidait  l'administration  du  bailliage. 

'  aeÏQ  Enger,  ein  Enger  holz"  (A.  45,  ?oy.  Bévue  L  X,  p.  383)  = 
«Wagaa  odar  Karch  voll».  et  la  mot  français  anjonrd'hai  hors  d'usage, 
anger  s  diarger,  «tnAUeii,  aberflUloi»,  raxdiaifar,  ai  aagoHa  s 
conéa,  «Aiigerwagan»,  ete.  et  Hangar. 


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MATÉRIAUX 

pom  snvii  A 

L  UISTOIIŒ  DE  LA  GIËRRË  DE  TR£i\T£  MS 

tirés  des  arcliives  de  Colmeir 


(SmteJ 


29  nuit  16-13  —  25  jan  vier  1644 
Mort  de  Louis  XIII;  diète  de  députation  à  Franc- 
fort favorable  aux  libertés  geriiiaiiic[ues  ;  le 
maréchal  Guébriant  se  replie  sur  la  rive  gauche 
du  Rhin;  repasse  sur  la  rive  droite:  sa  mort; 
défaite  de  Diitlingen;  arrivée  de  Turenne;  Gol- 
mar  se  rapproche  do  Strasbourg;  réception  des 
saufs- conduits  pour  le  traité  de  paix;  J.-H.  Mogg 
député  à  Paris;  mort  du  résident  Mockhel. 
La  mort  de  Louis  XIII,  qui  suivit  de  si  près  celle  de  son 
ministre,  faisait  tort  à  l'expédition  de  différentes  affaires  pour 
lesquelles  la  ville  sollicitait  à  la  cour.  Dans  une  lettre  du 
17  juin  1643,  M.  de  Polhelm  se  plaint  amèrement  du  change- 
ment de  personnes  —  le  comte  de  Brionne  avait  hérité  de  la 
charge  de  Chavigny,  Michel  le  Teilier  de  celle  de  de  Noyers 
—  qui  Tobligeait  à  recommencer  sur  nauTeanx  frais  des 
démarches  sur  le  point  d*aboatir.  D'après  son  conseil,  Colmar 
écrivit,  le  28  juin  {ProL  miss.  ffoU),  à  la  reine-mère,  au  duc 
d'Orléans,  au  prince  de  Condé,  h  Mazarin  et  aux  principaux 
membres  de  son  ministère,  pour  leur  eqtrimer  les  sentiments 


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HISTOIRE  DE  LA  GUERRE  DS  TEKMB  AHS 


367 


que  la  mort  da  roi  lui  inspirait»  et  pour  se  recommander  à 
leur  bon  Touloir.  Les  réponses  de  Gaston  (2  septembre)  et  du 
prince  de  Gondé  (23  août)  sont  jointes  au  dossier. 

Teuton  modifiantson  ministère,  Anne  d'Autriche  ne  s^écarta 
point  des  règles  qui  avaient  guidé  le  feu  roi  dans  ses  relations 
extérieures  et»  ainsi  que  M.  de  Polhelm  l'avait  annoncé  dans 
sa  lettre,  elle  demeura  fidèle  à  ses  alliances.  Cependant  elle 
retira  d'abord  des  mains  du  comte  d'Avaux  les  négociations 
de  la  paix  générale  pour  lui  conlier  les  fonctions  de  surinten- 
dant. 

Malgré  l'échange  des  ratifications,  les  conférences  ne  s'ou- 
vraient ni  à  Munster  ni  à  Osnabruck.  Pour  recouvrer  une 
partie  des  avantages  que  la  guerre  et  la  diplomatie  lui  avaient 
fait  perdre,  l'empereur  essayait  d'arracher  à  la  diète  de  dépu- 
tation  réunie  à  Francfort  des  subsides  et  des  concessions  au 
profit  de  sa  puissance.  Tout  en  sollicitant  cent  mois  romains» 
il  prétendait  figurer  au  congrès  assisté  seulement  de  deux 
électeurs.  Mais  le  temps  des  usurpations  était  passé:  depuis 
vingt-cinq  ans  que  la  guerre  durait,  Tempereur  ne  s'était  que 
trop  passé  du  concours  du  pays»  et  les  députés  des  princes  et 
des  villes  trouvaient  le  moment  venu  de  faire  valoir  de  nou- 
veau leurs  droits,  n  était  contraire  aux  constitutions  de 
l'Empire  que  l'empereur  traitftt  seul  de  la  paix,  et  comme  n 
importait  au  plus  haut  degré  que  la  maison  d'Autriche  fftt 
réduite  à  l'intérieur  autant  qu'au  dehors,  et  qu^un  traité  con- 
senti par  l'Allemagne  entière  ofirait  incontestablement  plus 
de  garantie  que  s'il  n'était  sanctionné  que  par  l'empereur,  la 
France  et  la  Suède  appuyaient  de  toutes  leurs  forces  la  résis- 
tance de  la  diète.  Les  deux  couronnes  savaient  d'ailleurs  que 
c'étaient  les  états  de  l'Empire  qui  étaient  le  plus  portés  à  la 
paix,  et  qu'avec  leur  concours  seul  elles  parviendraient  à  faire 
signer  à  la  maison  d'Autriche  sa  déchéance  du  rang  qu'elle 
avait  si  longtemps  occupé  en  Europe,  et  la  liberté  religieuse 
qui  avait  servi  de  prétexte  à  cette  longue  guerre. 

KonéOê  Sém.  -  ir*  aanét.  17 


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968  BBTUB  dUlSACB 

Colmar  était  tout  prêt  à  envoyer  un  agent  en  Westphalie, 
et  ne  s'inquiétait  que  du  retard  qu'on  mettait  h  s'y  rendre.  Il 
demanda  des  explications  au  résident  Mockhel  qui,  dans  sa 
réponse,  datée  du  30  août,  lui  communiqua  les  documents  les 
plus  propres  à  l'éclairer  sur  la  situation. 

Cependant  la  diète  de  Francfort  continuait  ses  travanz. 
Deux  ans  auparavant  la  diète  avait  proclamé  nne  amnistie 
générale,  mais  sans  vouloir  lui  donner  d*efiet  immédiat  A 
Francfort  cette  restriction  fut  abrogée,  et  il  ne  manquait  à 
ce  vote  que  la  sanction  impériale  qui  ne  paraissait  point  dou- 
teuse. En  transmettant  cette  nouvelle  à  Colmar,  le  17  octobre, 
Mockhel  ne  put  s*empêcher  de  trouver  la  mesure  précipitée: 
à  son  point  de  vue  il  lui  semblait  plus  avantageux  pour  les 
protestants  de  devoir  Tamnistie  à  la  paix  générale  qu'à  un 
Técès  qui  ne  devrait  sa  valeur  qu'au  bon  plaisir  de  l'empereur. 
La  diète  ne  discontinua  pas  de  faire  contrepoids  à  l'autorité 
centrale,  et  quand  Ferdinand  III  voulut  la  dissoudre,  les 
princes  et  les  états  qui  la  composaient  tombèrent  d'accnrd 
pour  rester  réunis,  dans  la  pensée  que  rien  ne  bâterait 
davantage  la  conclusion  de  la  paix  (lettre  de  Mockhel  du 
1"  décembre). 

Mais  la  guerre  n'avait  pas  dit  son  dernier  mot  Les  Impé- 
riaux ne  cessaient  pas  d'inquiéter  la  rive  gauche  du  Rhin  et, 
à  la  hn  du  mois  de  mai,  la  nouvelle  se  répandit  qu'ils  avaient 
établi  un  pont  de  b&teaux  à  Spire;  on  prétendit  même  qu'il 
avait  d^à  servi  au  passage  de  300  chevaux.  L'alame  fat 
grande  (lettre  de  P.-F.  Welper,  du  39  mai)  et  non  pas  à  tort, 
car  un  parti  ennemi  vint  visiter  la  basse  Alsace,  d'où  il  ramena 
de  nombreux  bestiaux  (Strobel,  t  IV,  p.  45&). 

Des  échecs  plus  graves  signalèrent  cette  campagne.  Repoussé 
du  Wurtemberg  par  des  forces  supérieures,  le  maréchal 
Guébriant  dut  se  replier  en  Alsace,  avec  toutes  ses  troupes, 
auxquelles  il  fit  passer  le  Rhin  sur  un  pont  en  face  d*Er8tein 
(Lettre  de  G.-F.  Gams,  du  lô  août).  Il  établit  buu  quariier- 


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mmiu  DB  U  fioniB  m  nom  a»  969 

général  à  Erstein  et  envoya  ses  soldats  en  cantonnement  dans 
le  Rieth.  Cette  retraite  donna  des  craintes  sérieuses  pour 
l'Alsace  que  rcnncmi  lit  mine  d'envahir.  Un  corps  considé- 
rable «'tait  posté  à  Kastadt,  et  Ton  démontait  le  pont  de  Spire 
pour  le  reporter  en  aiuout  de  StoUhofeii,  vis-à-vis  de  Drusen- 
heim.  En  donnant  cette  nouvelle  à  notre  ville  par  un  postr 
scriptum  de  sa  lettre  du  30  août,  le  résident  de  Suède  ne  lui 
cachait  pas  ses  appréhensions.  Elles  paraissaient  fondées, 
même  à  M.  de  Montausier,  d'autant  plus  que  la  récolte  avait 
été  bonne  et  qne  Tabondance  pouvait  tenter  les  Impériaux. 
Les  Français  même  n*y  résistaient  point,  et  pour  prévenir  les 
incursions  des  ups,  les  déprédations  des  autres,  Montausier 
donna  Tordre  aux  petites  villes  et  aux  villages  de  son  gouver^ 
nement  de  retirer  leurs  grains  dans  Cobnar  et  dans  Sélestadt 
Gettre  du  30  août)  ;  de  plus,  le  25  août,  U  chargea  M.  Clausier 
de  se  concerter  avec  la  ville  sur  d'autres  mesures  relatives  à 
la  sûreté  du  pays. 

Pour  empêcher  les  Impériaux  de  passer  le  Rhin  à  Drusen- 
heim,  la  cavalerie  de  Guébriant  maintint  ses  positions  en 
basse  Alsace;  il  était  à  craindre  qu'après  l'avoir  épuisée,  elle 
se  portât  dans  le  pays  haut.  Pour  prévenir  ce  mouvement,  il 
aurait  fallu  des  renforts  (}ui  permissent  au  maréchal  de 
reprendre  l'ofifensive  sur  la  rive  droite,  et  Montausier  y  comp- 
tait (lettre  du  5  octobre).  C'était,  à  n'en  pas  douter,  le  plan  de 
Guébriant,  mais  il  s'en  cachait  avec  soin.  A  la  ville  de  Colmar, 
qui  lui  avait  écrit  pour  le  prier  d'user  de  ménagment,  il 
répondit  de  sa  main,  le  6  octobre,  à  Erstein  :  t  Je  souhaitterois 
bien  de  pouuoir  non  seulement  espaigner  la  baulte  Alsace, 
mais  auBsy  de  n*anoir  pas  incommodé  la  basse,  comme  fay 
&ict  et  foys  encore,  liais  quand  vous  voudrez  considérer  les 
alEures  sans  vous  attacher  par  trop  à  vostre  intérest  partie»-  ' 
lier  vous  trouvères  qu'il  ne  s'est  pu  ny  ne  se  peult  encore 
fidre  aultrement. . .  J'ai  donné  le  tempe  aux  peuples  dicy  bas 
de  Cèdre  la  récolte  de  leurs  grains  et  de  le  mettre  en  lieu  de 


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9<M>  d'auacb 

seureté;  fayde  à  présent  aultant  qu'il  m'est  possible  à  les 
foire  semer  leurs  terres  au  milieu  des  quartiers.  Je  n'auray 
pas  moins  de  seing  pour  les  vendanges  de  la  baulte  Alsace  et 

auxquelles  j'auray  aultant  d^esgards  que  la  conseruation  de 
l  aniu  e  du  roy  lo  pourra  permettre.» 

A  la  lecture  de  cette  lettre,  notre  ville  ne  pouvait  se  douter 
qu'avant  la  tin  du  mois  les  troupes  françaises  repasseraient  le 
Rhin  et  reprendraient  roiïen.^ive.  Pour  faciliter  cette  opération, 
Colniar  procura  à  Guebriant  une  centaine  de  chevaux  d'artil- 
lerie et,  sur  la  re(iui>ition  du  commissaire  des  guerres  de 
Tracy,  elle  se  chargea  du  transport  de  plusieurs  milliers  de 
pains  pour  la  subsistance  de  l'armée  sur  la  rive  droite. 

Cette  tardive  campagne  qui  devait  mettre  les  troupes  en 
possession  de  leurs  quartiers  d'hiver,  eut  Tissue  la  plus  mal- 
heureuse. La  France  y  perdit  le  maréchal  Québriant,  tué  au 
siège  de  Rottweil,  et  suMt  le  désastre  de  DOtlingen.  Montau- 
sier  fut  foit  prisonnier,  et  du  château  de  Tubingen,  oh  il  fut 
enfermé,  il  écrivit,  le  1**  décembre,  à  Mlf.  les  magistrats  et  le 
conseU  de  la  ville  impériale  de  Golmar  la  lettre  suivante  : 

t  Messieurs,  Ayant  receu  toujours  beaucoup  de  tesmoignages 
de  vostre  bonne  volonté,  j'ay  creu  que  dans  ce  dernier  malheur 
qui  nous  est  arrîué,  vous  pourriez  estre  en  peine  de  moy,  et 
que  je  vous  ferois  plaisir  en  vous  en  estant  par  cette  lettre. 
J'ay  esté  bien  aise  aussy  de  vous  prier  de  no  pas  adjouster 
foy  aux  bruits  qui  pourroyent  courre  au  désauantage  de  tous 
les  officiers  de  cette  armée,  auant  que  d'estre  esclaircis  de 
ceux  qui  sont  coupables  et  de  ceux  qui  ne  le  sont  pas;  le 
S'  de  Lacoste  que  j'enuoye  de  France  en  dira  toutes  les  par- 
ticularité/, à  des  personnes  qui  vous  les  feront  scauoir  incon- 
tinent. Je  n'ay  rien  a  adjouster  à  cecy,  sinon  que  je  vous  prie 
de  me  tenir  tousyours  en  vos  bonnes  grftces  et  de  me  croire, 
Messieurs,  etc.» 

Après  ce  grave  échec  qui  coûta  à  la  France  tous  ses  ofifiders 
généraïui  et  près  de  6000  soldats,  la  cour  appela  Turenne  au 


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UnOIRB  PB  LA  GOBkU  Mt  TURTB  ANS 


961 


commandement  de  l'armée.  Une  partie  fut  envoyée  dans  la 
haute  Alsace,  et  Colmar  craijznit  un  moment  d'avoir  à  loger 
une  compajînie  de  cavalerie  du  régiment  de  M.  d'Oysonville. 
Sainte-Croix  n^rut  dvwK  régiiuonts,  formant  un  effectif  do 
1200  hommes  ;  pour  échapper  aux  avanies,  les  habitants  quit- 
tèrent la  place  et  se  réfugièrent  à  Colmar.  Livrés  à  eu.vmêmes, 
les  soldats  ménagèrent  peu  les  approvisionnements  qu  iJs 
trouvèrent  dans  la  villette.  Colmar  s'en  plaignit  à  Turenne, 
qui  lui  répondit,  le  26  décembre,  de  Brisach,  que  s*il  n'est  pas 
ruflonnable  de  touclier  aux  grains  de  la  Tille,  il  ne  Test  pas 
non  pins  de  tenir  les  habitants  éloignés  de  leurs  demeures, 
pour  6ter  la  subsistance  aux  officiers  et  aux  soldats. 

La  guerre  avait  créé  pour  ainsi  dire  autant  dlntérdts  par- 
ticuliers qull  y  avait  d*états  dans  la  province.  Colmar,  qui 
s*était  sans  réserve  jeté  dans  les  bras  de  la  France,  ne  pouvait 
pas  dans  ces  circonstances  se  guider  sur  Texemple  de  Strasp 
bourg,  dont  la  politique  n*avait  visé  qu'à  s'assurer  le  bénéfice 
de  la  neutralité.  Cependant  il  importait  h  notre  ville  de  sortir 
de  son  isolement  et  de  se  rapprocher  de  Strasbourg,  dont  elle 
partjigeait  la  foi  religieuse.  Dans  une  lettre  de  la  tin  d  août 
(Prot.  miss.  1G4I-4G,  f  "  15S-159),  la  ville  ftvait  sondé  Mockhel 
sur  la  convenance  de  ce  rapprochement,  et  le  résident  n'avait 
pas  hésité  à  le  lui  recommander.  Il  s'agissait  surtout  pour  le 
moment  de  faire  profiter  Colmar  des  informations  de  toute 
nature  que  recevait  Strasbourg,  et  de  permettre  à  son  député 
de  se  rendre  en  Westphalie  en  compagnie  de  ceux  de  Stras- 
bourg. Lo  magistrat  écrivit  dans  ce  sens  le  6  septembre  (iVoi. 
mtw.).  Strasbourg  reçut  cette  ouverture  avec  beaucoup  de 
courtoisie  (lettre  du  9  septembre);  cependant  il  lit  observer 
que  la  Suède  n*ayant  pas  encore  envoyé  de  saufi-conduits,  il 
n*y  avait  pas  urgence  à  se  foire  représenter  aux  négociations. 

Pour  faciliter  cette  entente,  Mockhel  manda  à  Colmar,  le 
25  septembre,  d'envoyer  un  affidé  à  Bçnféld,  où  il  attendait 
.un  membre  influent  du  gouvernement  de  Strasbourg.  Mais 


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96» 


un  mois  après,  il  n'y  avait  encore  rien  de  fait  et,  dans  une 
lettre  du  28  octobre,  Mockhel  fait  comprendre  à  la  ville 
que  Strasbourg  pourrait  peut-être  préférer  conserver  avec 
son  isolement  toute  sa  liberté  d'action.  Cependant  on  voit 
les  deux  villes  continuer  à  se  communiquer  les  nouvelles 
qui  les  intéressaient  Dans  une  lettre  de  Strasbourg,  du  8  jan- 
vier 1644,  on  peut  noter  la  manière  dont  il  appréciait  les 
négociations  :  sous  Timpression  de  la  fâcheuse  issue  de  la  cam- 
pagne des  Français  sur  la  riye  droite  dn  Bhin,  et  malgré  les 
•  saufiHsonduitB,  datés  du  14  noTembre  1643,  que  les  ambassa- 
deors  suédois  auraient  enfin  adressés  aux  états  de  l'Empire,  fl 
ne  cachait  pas  le  peu  d'espoir  qui  lui  restait  de  Toir  rœuvre 
pacifique  des  d^lomates  aboutir. 

Ind^endanunent  de  Tentente  avec  Strasbourg,  la  ville 
rechercha  Tappui  du  landgrave  Georges  de  Hesse-Dannstadt, 
à  qui  elle  avait  recommandé  une  première  fois  ses  intérêts  à 
la  diète  de  Ratisbonne.  A  sa  lettre,  du  9  septembre  (iVof. 
mm.),  ce  prince  répondit,  le  2  octobre,  en  promettant  de  tout 
faire  pour  sauvegarder  aux  conférences  la  foi  religieuse  de  la 
ville. 

Peu  avant  l'arrivée  des  saufs-conduits  suédois,  Colmar  avait 
reçu  de  la  cour  de  France  copie  authentique  de  celui  du  roi 
d'Espagne,  daté  du  3  juin.  A  Paris  la  ville  sollicitait  toujours 
l'exemption  de  la  dlme  extraordinaire,  sans  parvenir  à  maî- 
triser le  mauvais  vouloir  de  M.  d'Oysonville.  De  guerre  lasse, 
M.  de  Polhelm,  d'accord  avec  Manicamp  qui  appuyait  chaude- 
ment ses  démarches,  finit,  le  19  décembre,  n.  st,  par  engager 
la  ville  à  envoyer  un  député  à  la  cour,  tant  pour  en  finir  avec 
cette  grave  affiûre  que  pour  renouveler  Palliance  de  1695  et 
rendre  les  devoirs  à  la  reine-mère.  Colmar  suivit  ce  conseil  et 
confia  derechef  son  mandat  à  Jean-Henri  Mogg,  l*habOe  négo- 
.  dateur  du  tndté  de  BneL  Son  passe^rt,  au  nom  du  magis- 
trat et  du  conseil,  est  daté  du    janvier  1644. 

*Avant  de  clore  cette  analyse,  je  dois  mentionner  encore  U 


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■mOlU  DB  Là  GOmKB  OB  tUSm  ANS  888 

mort  de  FMdéric-Biéhard  MockheL  II  Bouffirait  depuis  quel- 
ques mois  de  la  poitrine.  Dans  sa  lettre  du  30  août,  il  parlait 
déjà  de  son  extrême  abattement,  qu^il  essayait  de  conjurer  en 

buvant  de  l  eau  de  Soultzbach,  et  des  appréhensions  que  sa 
santé  lui  causait^  Il  n'en  continua  pas  moins  à  correspondre 
assidûment  avec  Colmar,  qui  lui  écrivit  i)Our  la  dernière  fois 
le  8  décembre.  La  ville  n^çut  pres^iue  en  môme  temps  l'avis 
de  sa  mort,  et  le  Froi.  miss,  renferme,  sous  la  date  du  12,  la 
lettre  de  condoléance  qu'elle  envoya  à  sa  veuve. 

X.MO0fllCABV. 

(Za  tMite  prcdiainemenQ 


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LETTRES  INÉDITES  D'ANDRIEUX* 


Les  quelques  lettres  qui  suivent  montrent  Andrieux  unique- 
ment préoccupé  de  sa  réputation  de  dramaturge,  bien  que  le 
théâtre  soit  la  partie  de  son  œuvre  la  ])lus  démodée  et  qu'il 
faille  chercher  dans  le  cadre  du' conte  Tcxprcssion  originale 
de  sa  physionomie.  De  son  vlTant  d'ailleurs  on  lui  contestait 
déjà  son  rang,  Geoffroy  prenait  à  tâche  de  le  déprécier,  La 
Harpe  n'a  pas  dit  un  mot  de  lui  dans  son  Lyoèe,  Ghénier  seul 
le  jugea  &Torablenient  Ces  lettres,  «t  pamm  Ztcet  eompoiMre 
magiài,  nous  font  songer  à  Lamartine  regrettant  les  écrits 
auxquels  il  devait  le  plus  clair  de  sa  gloire  et  demandant  par- 
don au  public  de  ses  poésies.  Le  thé&tre  fdt  pour  Andrieux  ce 
que  la'diplonmtie  fut  pour  Lamartine  :  une  passion  contrariée* 

I 

A  MM,  les  comédiens  français  ordinaires  du  roi  membreê  du 
comité  dfadminùtration  au  ihécUre  rue  de  BieheUeu, 

Messieurs, 

Je  TOUS  remercie  d*a?oir  bien  voulu  tous  occuper  de 
reprendre  la  Qmédierme,  comme  tous  me  Taviez  promis.  J*ose 

espérer  que  cette  pièce  restera  désormais  au  courant  du 
répertoire. 

^  Né  à  Strasbourg  en  1759,  mort  à  Pariâ  eu  IbSS,  secrétaire  perpétuel 
de  l'AcAdémie  frânçAise. 


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Ce  qui  ne  me  ferait  pas  moins  de  plaisir,  ce  qui  serait  très 
convenable  et  ce  que  vous  m'aviez  également  promis,  ce  serait 
que  vous  remissiez  Molière  avec  ses  amis;  on  devrait,  ce  me 
semble  jouer  cette  pièce  le  15  janvier  prochain,  pour  fêter 
l'anniversaire  de  la  naissance  de  ce  grand  homme;  je  serais 
.fier  et  heureux  de  contribuer  à  la  solennité  du  jour  et  il  me 
serait  fiiciie  d*iûouter  quatre  ou  six  vers  pour  la  circonstance. 

Je  Y0II8  demande  aussi  lecture  pour  ie  Jeune  OrMe,  pièce 
en  cinq  actes  que  tous  avez  reçue  U  y  a  longten^,  mais  qne 
j*al  retravaillée  et  améliorée;  je  pense  que  TouTrage,  bien 
qu'il  soit  vn  peu  extraordinaire  et  peat-dtre  même  parce  quil 
Test,  poiurrait  obtenir  du  succès. 

J'ai  l'honneur  d'ttre, 

MesâeurB, 

Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur, 

ÂVDUEUX. 

FMiip  to  6  déeearine  18». 

U 

ThmrBFrmçm. 

M.  le  baron, 

Je  vous  prie  d'agréer  mes  remercîraents  et  de  vouloir  bien 
aussi  les  offrir  au  comité  de  la  Comédie,  pour  la  décision  qu'il 
a  prise  relativement  à  ma  petite  pièce  de  Molière  avec  tm 
mm.  Ce  sera  un  p^and  plaisir  pour  moi  de  contribuer  à  hono- 
rw  la  mémoire  de  ce  grand  homme,  en  fttant  l'anniversaire 
de  sa  naissance,  le  15  janvier*  Je  répète  que  je  ne  veux  point 
toucher  ce  jour-là  de  droit  d'auteur. 

J'ai  ajouté,  pour  la  circonstance  quelques  vers  en  deux 
endroits  de  la  pièce.  Je  vous  prie  dindiquer  une  réunion  des 
acteurs  auxquels  j'aurai  à  donner  de  petites  additions  quHs 
voudront  bien  ajouter  à  leurs  rOles.  H  fendrait  avertir  seule- 
ment MM.  Miehelot,  MoUtee,  Baptiste  atné,  Chapelle,  Dovigny, 


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98S  BITOB  D*AUACB 

La  Fontaine,  Perier,  Despréanz,  et  MUes  Demenon,  Laforest. 

Ces  additions  ne  font  pas  trente  vers  en  tout;  —  et  elles  ne 
peuvent  manquer  d*être  bien  aecueillies  par  le  public;  puis- 
qu'elles lui  serviront  d'occasion  pour  manifester  ses  sentiments 
d'admiration  et  de  recuunaibsiiuce  pour  notre  grand  poète 
comique. 

Je  suis  fâché  d'avoir  h  terminor  une  lettre  de  remercîmeiit 
par  des  plaintes;  mais  il  est  affligeant  pour  moi  de  voir  aban- 
donner la  Cotuédienne  après  trois  représent-atious  ;  si  je  ne  me 
fais  point  illusion,  la  pièce  a  été  bien  reçue  du  public;  elle  est 
parfaitement  bien  jouée  et  cependant  on  se  borne  à  la  donner 
trois  fois!  Etait-ce  la  peine  de  la  reprendre?  et  n'estHïe  point 
me  causer  le  chagrin  de  transformer  son  succès  en  une  espèce 
de  chute?  Car,  qu'anratt-on  fait  si  elle  fut  tombée?  Je  tous 
prie,  IL  le  baron,  de  vouloir  bien  m*accorder  vos  bons  offices 
auprès  de  la  Comédie  et  de  représenter  an  comité  quil  est  de 
toute  justice  de  continuer  les  représentations  de  cette  pièce 
dont  on  a  annoncé  la  r^rise.  Je  vous  en  serai  iniiniment 
obligé. 

Agréez,  etc. 

GBSJanfiarlflM. 

m 

M.  le  baron, 

Mlle  Mars  m'a  paru  être  dans  la  disposition  de  jouer  la 
semaine  prochaine  la  Camédienne;  mais  M,  Menjaud  est 
absent;  MM.  Devigny  et  Granville  sont  nialades;  il  faudrait, 
jo  crois,  remplacer  M.  Menjaud  par  M.  Firmin  ou  M.  Lecomte 
et  M.  Samson  se  chargerait  volontiers  du  rôle  de  M.  Devigny  ; 
mais  il  est  nécessaire,  je  pense,  qn*U  en  reçoive  Tordre  de 
vous. 

Je  voua  prie  donc  de  vouloir  bien  le  lui  donner,  afin  que  la 
pièce  n*éprouve  point  de  retard.  Je  m'en  remets  à  votre  obli- 
geance accontomée  et  vous  en  fidt  d'avance  mes  remerd- 
mentB. 


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LBTTEBS  KfÉonss  d'ahdbieijx  967 

Je  suis  à  la  campagne  par  xaisoii  de  saaté;  je  ii*aî  pn  Tenir 
an  comité  de  lecture  de  mercredi  denier;  je  tfteherai  de  me 
rendre  à  celui  de  mercredi  prochain  18. 

Agrées,  etc. 

C'est  d'accord  avec  Mlle  Mars  que  je  vous  présente 
M.  Samsou. 

8oetobMl896. 

IV 

H.  le  baron, 

Lorsque  vous  m'avez  témoigné,  en  votre  nom  et  au  nom  du 
Thé&tre  Français  le  désir  que  je  tisse  en  sorte  que  let  Etour- 
dis ne  fussent  plus  joués  à  l'Odéon,  j'ai  pensé  que  ce  désir 
était  honorable  pour  moi  et  pour  mon  ouvrage;  j'y  ai 
acquiescé;  mais  une  condition  nécessaire  de  rarrangement 
que  j'ai  fi^t,  était  que  cette  pièce  resterait  au  répertoire  fran- 
^  et  qu'on  la  jouerait  quélqueféls;  j'ai  droit,  ce  me  semble 
de  réclamer  l'exécution  de  cette  condition;  il  y  a,  dans  ce 
moment-ci,  plus  de  quatre  mois  qu'on  n'a  donné  Us  EtovurêiM; 
Ift.  Armand  disait,  à  l'une  de  nos  dernières  séances  dn  jury 
de  lecture,  que  des  jeunes  gens  étaient  venus  ches  lui  deman- 
der une  représentation  de  cette  pièce  qnlls  désiraient  telr. 
Assurément  ce  n'était  pas  moi  qui  les  avait  envoyés  et  j'igno- 
rais même  qu'ils  eussent  fait  cette  démarche. 

Mais  je  crois  pouvoir  vous  prier,  M.  le  baron,  ainsi  que  la 
Comédie,  de  vouloir  bien  faire  mettre  l'ouvrage  au  répertoire 
un  de  ces  jours.  On  laisse  aussi  de  côté  mes  autres  petites 
comédies  qui  pourtant,  à  ce  qu'il  me  semble,  ne  repoussent 
pas  le  public  et  contribuent  assez  bien  à  la  recette.  Mais  le 
Théâtre  Français  ne  m'a  jauuûs  gftté;  la  Comédienne,  par 
exemple,  est  restée  huit  ans  sans  paraître  une  seule  fois.  Je 
demande  qu'on  ne  tue  pas  mes  pauvres  Etourdis  et  il  me 
.  semble  qu'en  cela  l'intérêt  du  théâtre  est  d'accord  avec  cehii 


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MB  isfin  B*AUACi 

de  mft  réputation.  Je  vous  serai  donc  intinimcnt  obligé  alliBi  • 
qu'à  la  Comédie  de  vouloir  bien  faire  droit  à  ma  demande. 

Agréez,  etc. 

Gi97maal8S7. 

V 

M.leb4roii, 

Ifademoisélle  Leverd  vient  de  me  foire  llioiiiieiir  de  iii*écrire 
pour  Ia*ellg|^{er  à  M  donner  le  rôle  de  la  Comédienne  en  double 
de  Ifidemoiflefle  Hais;  je  lui  ai  répondu  que  je  ne  pouvaiB 
liyre  quant  à  présent  ce  qu'elle  me  demandait  ni  m*occuper 
de  la  distribution  des  rOles  de  la  pièce  (en  cas  quH  fidlle 
ftire  une  distribution  nouYelle);  qu'après  ce  qui  s*est  passé 
relativement  à  cette  pièce,  je  devais  att^dre  que  la  Comédie 
me  témoignât  par  écrit  le  désir  de  la  reprendre. 

Je  vous  demande,  M.  le  baron,  votre  intorvcntion  et  vos 
bons  offices  dans  cette  afEaire  qui  touche  aux  intérêts  du 
Théâtre  Français. 

Permettez-moi  de  vous  exposer  quelques  faits.  Au  commen- 
cement de  Tannée  1823,  M.  Saint-Fal  me  demanda  de  consentir 
que  ma  petite  pièce  de  Molière  avec  ses  amis,  dans  laquelle  il 
jouait  parfiûtement  bien  le  rôle  de  La  Fontaine,  fût  donnée 
pour  sa  représentation  à  bénéfice;  la  pièce  n'avait  pas  été 
jouée  pendant  quatre  années;  j*y  consentis  bien  Yolontiers  et 
la  représentation  eut  lieu. 

Quelque  temps  aprte,  IL  Baptiste  atné  ayant  aussi  obtenu 
une  représentation  à  son  bénéfice,  me  fit  l'honneur  de  penser 
à  ma  pièce  de  la  OomèiUnne  qui  n*aTait  pas  été  jouée  aussi 
depuis  quatre  ans.  Je  me  prêterai  toujours  aToc  grand  plaisir 
à  de  semblables  demandes  de  la  part  de  Messieurs  les  comé- 
diens, et  même  je  leur  en  saurai  très  bon  gré  ;  je  répondis 
donc  à  M.  Baptiste  atné  comme  j'avais  fait  h  M.  Saint-Fal,  que 
puisqu'il  avait  contribué  au  succès  de  la  CoinécUenne,  je  lui. 


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LimiB  mCDim  o*Amim  989 

reconnaisBaJB  tin  Tériteble  titre  à  ftJie  usage  pour  loi  de  cette 
pièce. 

On  afiïclia  pour  la  représentation  de  M.  Baptiste  aîné  la 
previitre  reprh'entation  de  la  rejyrise  de  la  Comédienne.  Cette 
aÛiche  resta  deux  ou  trois  jours  et  fut  changée  ensuite  sans 
mon  aveu,  sans  qu'on  prit  seulement  la  peine  de  m'en  donner 
airis. 

J'écrivis  à  la  Comédie  et  je  reçus  le  21  avril  1823,  une  lettre 
signée  de  six  membres  du  comité  d'administration,  lettre  dans 
laquelle  on  avoue  qu'on  a  envers  moi  des  torts  réels  ;  on  veut 
^  bien  me  dire  que  la  modération  avec  laquelle  je  m'en  plaim 
ajoute  encore  aux  regrets  qu'on  en  éprouve  et  au  déeir  sincère 
qjuion  a  de  les  réparer  autant  qi/^on  le  pourra;  enfin  on  me 
promet  de  remettre  au  courant  du  répertoire  la  Comédieime, 
2e  Trésor,  MoUire  avec  ses  amis* . .  Depuis  cette  époque  on  a 
joné  deux  fois  le  14  et  le  27  novembre  1828  Molière  avec  ses 
amis  et  rien  de  plus;  et  il  y  a  deux  années  et  demie. 

Je  suis  peut  être  le  moins  exigeant  des  auteurs;  j'ai  au 
répertoire  du  Théfttre  Français  au  moins  cinq  pièces  qui 
seraient  faites  pour  y  rester  et  qui  ne  le  déparent  point, 
savoir  Aïuixunandre,  les  étourdis,  Molière  avec  ses  amis,  le 
Trésor  et  la  Comédienne.  MM.  les  comédiens  pensent  comme 
moi  à  cet  éj^ard  puisqu'ils  ont  la  bonté  de  choisir  mes  ouvrages 
pour  les  donner  les  jours  où  ils  ont  le  plus  d'intérêt  d'avoir 
du  monde.  Et  cependant  ils  privent  constamment  le  public 
tout  le  reste  du  temps  et  se  privent  eux-mêmes  de  pièces  qui 
pourraient  leur  être  utiles. 

J'avouerai  qaH  y  a  un  peu  de  ma  faute  ;  j'ai  tellement  peur 
de  paraître  tourmentant  et  intéressé  que  je  n'ose  solliciter  la 
représentation  de  mes  ouvrages;  je  me  laisse  oublier  et  Ton 
m^oublie. 

Voilà  les  fidts  très  exacts,  M.  le  baron;  je  vous  les  eq»ose 
sans  humeur  ni  chagrin;  je  ne  me  crois  point  blessé,  mais  je 
jpense  que  si  la  Comédie  française  veut  réellement  reprendre 


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970  MTOB  t>'àsjua 

la  Oomédimie,  il  est  convenable  qu'elle  minfiirme  par  écrit 

de  son  intention,  et  qu'elle  m'engage  à  faire  une  distribution 

de  rôles  si  cela  est  nécessaire.  Je  vous  avoue  que  je  verrais 
avec  peine  le  rôle  principal  joué  par  une  autre  que  Mlle  Mars 
qui  l'a  établi  avec  tant  de  supériorité.  Si  le  public  voit  qu(!  cette 
grande  actrice  abandonne  le  rôhs  il  en  résultera  une  défaveur 
immense  pour  la  pièce.  Je  vous  prie  donc  d'avoir  la  bonté 
d'en  parler  à  Mlle  Mars  que  je  n'ose  importuner,  je  suis  trop 
intéressé  à  ce  qu'elle  joue  le  rôle  pour  lui  en  &ire  moi-môme 
la  demande. 

Pour  en  finir,  je  pense  que  vous  trouverez  comme  moi  qu'il 
est  à  propos  que  la  Ck>médie  m'écrive  d'abord  un  mot  au  stqet 
de  la  Omédiennef  je  verrai  ensuite  ce  que  je  devrai  faire;  ou 
plutôt  je  vous  demanderai  vos  conseils;  votre  zèle  pour  les 
intérêts  de  Tart,  pour  la  gloire  de  la  scène  française,  vos 
lumières  et  votre  loyal  caractère  me  sont  garants  que  je  ne 
pourrai  avoir  un  meilleur  guide  ni  un  meilleur  i^pnL 

Agréez,  etc. 

lé  octobre  1897. 

Asdbhuz. 

De  l'Académie  française,  au  Collège  royal  de  France,  place 
Cambrai  à  Paris. 

VI 

M.  le  duc  (?) 

Ce  serait  un  grand  bonheur  pour  moi  que  vous  voulussieE 
bien  avoir  la  bonté  de  présenter  et  de  faire  agréer  à  Sa  Mi^jesté 
ma  petite  pièce  du  Manteau  pour  être  jouée  après  la  tragédie 
*  de  Tanerède,  Cette  comédie  courte  et  gracieuse  est  parftite- 
ment  bien  jouée  par  les  comédiens  du  roi  et  encore  une  fois, 
je  serais  heureux  de  pouvoir  penser  que  mon  ouvrage  eut 
contribué  pendant  quelques  instants  au  divertissement  de 
Sa  Majesté. 

Je  suis  avec  respect,  etc. 

Paris,  80  féfri«r  1888. 


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UTTUi  IHÉMTB  D*AIiraiBOX 


VU 

A  M.  le  baron  Taylor, 

Parig,  le  20  janTier  1830. 

Le  secrétaire  peipétael  de  TAcadémie. 

M.  le  baroD, 

Je  suis  bien  fâché  que  ma  lettre  dlnvitation  vous  soit  par- 
venue dans  un  moment  d'affliction;  je  prends  bien  part  à  votre 
douleur;  yous  connaissez  Testinie  et  rattachement  que  je  vous 
porte  et  que  vos  bons  procédés  et  vos  aimables  manières 
m*ont  inspirés  ;  me  trouvant  logé  par  TAcadémie,  j'ai  imaginé 
d^engager  mes  confirèrés  &  se  réunir  une-  fois  par  semaine, 
ehtg  euac,  pour  entretenir  la  bonne  Intelligence,  et  j*ai  cm 
aussi  devoir  leur  adjoindre  les  hommes  les  plus  distingués  par 
leurs  talents,  par  leur  goût  pour  les  arts  et  les  lettres;  vous 
voyez  que  j*ai  dû  songer  à  vous  tout  des  premiers;  j*ose 
espérer  que  vous  me  feres  quelquefois  l'honneur  de  paraître 
à  ces  réunions  sans  prétentions  et  toutes  Uttéraires.  J*éeris  à 
la  Comédie  pour  lui  proposer  de  monter  le  Jeune  Créole  que 
je  viens  de  revoir  et  de  retravailler;  je  pense  que  cet  ouvrage 
pourrait  avoir  du  succès. 

Je  me  plains  aussi,  mais  doucement,  d(!  ce  qu'on  laisse  de 
côté  la  Comédienne,  le  Manteau,  etCj  À  quoi  cela  tient-il  V  J'en 
écris  un  petit  mot  à  Mlle  Mars. 

Veuillez,  M.  le  baron,  m'accorder  vos  bons  oftices  pour  le 
passé  et  pour  Tavenir,  je  veux  dire  pour  mes  ouvrages  qui 
ont  paru  et  pour  celui  que  je  veux  faire  paraître.  Je  vous  en 
serai  infiniment  obligé.  Je  crois  d'ailleurs  ne  rien  demander 
qui  ne  soit  dans  llntérdt  du  Théâtre,  intérêt  que  je  n'ai  jamais 
séparé  du  mien,  que  j'ai  même  toiqours  considéré  avant  le 
mien. 

Agréez,  etc. 


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m 


RIVUI  d'AUACB 


vm 

Paria,  4  joillet  1881. 

Le  secrétaire  perpétuel  de  TAcadémie. 
BL  le  baron, 

Je  n'étala  pas  à  Paris  quand  Totre  lettre  a  été  remise  chea 
moi;  à  mon  retour  je  m'empresse  d'y  répondre. 

Le  secrétaire  de  l'Académie  enregistre  ses  décisions,  mais 
il  ne  les  fait  point  Le  respectable  Montyon  a  touIu  que  l'Aca- 
démie récompensftt  les  omrage»  le»  pkta  uHht  aux  moBuin; 
c'est  VutUau  moraU  qu'elle  considère  particulièrement,  afin 
de  se  conformer  aux  intentions  du  fondateur.  Dans  mon  opi- 
nion, une  pièce  de  théâtre  qui  aurait  été  dirigée  dans  ce  but 
et  qui  l'aurait  atteint,  aurait  droit  à  la  récompense.  La  plu- 
part des  tragédies  grecques  sont  remplies  d'exeiniiles  et  de 
leçons  de  toutes  les  vertus.  Mais  vous  savez  au  moins  aussi 
bien  que  moi  que  les  auteurs  dramatiques  modernes  se 
proposent  de  plaire  à  leurs  auditeurs  ou  de  les  émouvoir 
beaucoup  plus  que  de  les  instruire  et  de  les  améliorer.  Il 
semble  même  que,  dans  le  temps  où  nous  sommes,  quelques 
auteurs  fassent  exprès  de  chercher  dos  fables  qui  surprennent 
et  qui  épouvantent  par  leur  immoralité  monstrueuse. 

On  dit  beaucoiq^  de  bien  de  la  pièce  qui  doit  être  repré- 
sentée ce  soir  au  Théâtre  Français  ;^  je  souhaite  pour  l'intérêt 
de  l'art,  pour  celui  de  l'auteur  et  pour  celui  de  la  Comédie, 
que  ce  soit  un  bel  et  bon  ouvrage  qui  mérite  et  qui  obtienne 
un  éclatant  succès. 

Je  yous  félicite  du  mourement  que  vous  avez  eu  le  talent 
d'imprimer  au  Théâtre  Français;  il  parait  qu'A  reprend  de 

*  Xa  Ombfàt  i$  ftfktion,  par  Buimlt  •VM*  Btiat^imoniMUie 
florianiHa  «Ion  enaTâ  de  péiiAtrtr  an  théâtre  aveo  va  da  m  chaft^ 

M.  Barrault  dont  la  comédie  ne  fit  pas  beaucoup  pins  de  prosélytes  qvê 
la  aonveUa  xaligion.*  H.  Lneaa,  Sûtoin  ân  Uiéâln  fnmçaiêt  HZ,  19. 


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timn  ntDtTBB  B*AiiMum  S78 

Vactivité,  puissiez-vous  réussir  à  lui  reudre  son  ancienne 

gloire  ! 

Je  vous  remercie  de  i'ofire  obligeante  que  vous  rae  faites 
d'un  coupou  de  loge,  mais  nous  n'en  pouvons  profiter;  ma 
fille  est  à  la  campagne  pour  rétablir  sa  santé  ;  je  suis  moi- 
même  assez  maL  portant  et  obligé  de  me  priver  du  plaisir  du 
spectacle. 

Agréez,  etc. 

Pourquoi  ne  reprendrait-on  pas  ma  tragédie  de  Brulm, 
(GMNmuniguéeff  ptr  Jf.  Paul  Bibtblhvjibb.) 

«  Dans  tme  nenTième  lettre^  à  Flnniii  Didot  ptoe,  Andrieuxnppdla 
d08  flomrenin  de  Jeunesse  : 

La  Parque  à  la  soudine  a  diablement  filé, 
Chaque  année  en  fiiyant  nous  vole  quelque  chose. 

Enfin  dans  nne  dixiAme,  du  4  juillet  1881,  il  se  pidnt  de  la  mise  en 
scène  de  Bruku:  «on  avait  mis  des  ddmee  asiiliqaes  dans  la  Borne  des 
Tarqnins  et  le  tribuual  sur  lo  inol  on  avait  fait  asseoir  le  COnsul  de 
Eome  ressemblait  pas  mal  à  une  caisse  de  savon.» 


Noavellâ  Série.  —  11"*  Mnè«. 


18 


NOTES  BIOGRAPHIQUES 

BUB  LBB 

HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION 

▲ 

STRASBOURG  ET  LES  EJKYIRÛliS 


SmU^ 


SCHNEIDER  (Jean-Geobge). 

Puis  il  doima  quelques  développements  de  ses  principes 
de  la  morale  universelle^  et  finit  par  abdiquer  Tétat  de 
prêtre,  qu'il  embrassa  par  séduction  et  comme  victime  de 
rerreur  —  23  octckbre.  Cliargé  du  transport  dans  l'intérienr 
du  paya  des  personnes  détenues  à  Strasbourg.  Chargé  d^or- 
ganiser  un  Couseil  d'administration  de  l'armée  révolution- 
naire, il  nomme  Taffin  président.  Il  requiert  Monet  de  faire 
arrêter  de  suite  Rauscb,  agent  du  prince  de  Darmstadt. 
Au  Club,  il  est  proposé  pour  le  Conseil  demandé  par  les 
représentants  du  peuple  —  29  octobre.  Le  Comité  de  sur- 
veillance et  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin,  bien  qu'il 
fonctionnât  depuis  le  8,  tenait  cependant  à  célébrer  son 
installation.  On  profita  de  la  publication  du  décret  du 
29  septembre  1793,  sur  la  nouvelle  taxe  des  denrées  les  plus 
nécessaires  (loi  du  maximum),  pour  organiser  un  cortège 
à  travers  les  rues  de  la  ville.  En  tête  de  Tarmée  révolution- 
naire, traînant  une  petite  guillotine,  marchait  Schneider,  à 
ses  côtés  les  juges,  puis  derrière  eux»  un  boulanger,  un  £ari- 

*  Voir  la  pramièn  partie  de  cm  notes  mr  Evloge  Sdmeider,  pagss 
182  à  187,  dm  pnmier  trimeitte  1688. 


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ttt  BoioiBs  DB  u  aÉmirriûN 


nier,  an  épicier,  on  Cabrieant  de  tabac  el  ane  pauvre  jardi- 
nière de  la  Robertsau,  Dorothée  Frantz,  couvaincoe  d'avoir 
vendu  deux  têtes  de  salade  20  soas  —  6  novembre.  Il  ISiit 
arrêter  le  baron  Frédéric  de  Wurmaer,  qui  se  tenait  à  la 
campagne  à  Lingolsheim  —  7  novembre,  n  félicite  Saint- 
Jaat  et  Lebas  dee  heureux  efiéta  causés  par  leurs  mesures 
révolutionnaires  ;  le  costume  gothique,  les  signes  de  la  féo- 
dalité, les  noms  qui  rappellent  Tandon  régime,  dit-il,  saut 
proscrits;  mais  il  y  a  encore  quelque  chose  à  fbire,  il  fiiut 
enlever  aux  ministres  et  professeurs  protestants  les  revenus 
des  biens  dont  ils  jouissent,  connus  sous  le  nom  de  Saint- 
Thomas,  et  qui  doivent  faire  retour  à  l'Etat,  étan!  biens 
ecclésiastiques,  donc  propriétés  nationales  — 13  novembre. 
CSomme  commissaire  révolutionnaire  il  approuve  toutes  les 
mesures  prises  par  ses  agents  Oerst  et  Wetzel.  Les  biens 
de  ceux  qui  se  sont  soustraits  aux  arrestations  seront  inven- 
toriés; les  grains,  bestiaux  et  fourrages  transportés  à 
Strasbourg,  et  100,000  liv.  prélevées  sur  les  riches  pRysans; 
surtout  ne  point  ménager  les  femmes  contre  lesquelles  il  y 
a  des  dépositions  —  20  novembre.  A  Barr,  lors  de  la  fôte 
célébrée  en  l'honneur  de  la  Raison,  tout  le  c  anton  fut  invité 
d'y  assister.  Les  prêtres  y  abjurèrent  la  prêtrise,  parmi  les- 
quels un  Âllpmaud  du  nom  de  Funck.  Schneider  monte  à 
la  tribune  et  dit: 

Je  suis  étonné  qu'ancone  de  toqs  ne  se  présente  pour  donner  an 

main  à  Funck.  J'invite,  on  conséquonco,  toutes  les  citoyennes  de  ne 
lui  point  refuser  leur  main,  s'il  la  demande,  sous  peine  d'être  rcganlées 
comme  suspectes.  Le  même  soir  Funck  présenta  sa  compagne.  Schneider 
inTita  Iw  eommuiM  à  hkn  des  présenta  de  noces  et  à  tenir  vn  état 
exact  de  ce  qne  ehaqne  citoyen  aura  contrilmé»  pour  être  remit  an 
tribunal  révolutionnaire  qui  sanra  punir  oenz  dont  la  cotisation  ne 
répondrait  pas  à  son  attente. 

SS  novembre.  H  nommera  un  condeige  au  tribunal  lévo- 
lutionnaire  en  remplacement  de  celui  qui  va  ÔIre  déporté  à 
vingt  lieues  des  frontières — d  décembre.  A  Barr»il  condamne 
quatre  personnes  à  mort  —  6  décembre.  U  rentre  à  Stras- 
bourg, et  au  Club,  sentant  son  étoile  pftlir,  il  demande  qne 


m 


REVUE  D'aI.SACB 


la  tète  (ie  Dietrich  tombe  dans  cette  ville,  témoin  de  ses 
scélératesses,  ajoutant  :  les  circonstances,  où  Ton  se  trouve, 
exigeant  qu'aucun  membre  d'une  casto  ci  devant  i)riviléj][ice 
ne  puisse  const-rver  de  i-hx-r»;  je  puis  me  trouver  comme 
prîfre,  oblige  do  me  retirer  et  d'abandonner  les  fonctions 
d'accusateur  public,  où  la  conliance  de  mes  concitoj^ens 
m'a  employé;  je  ne  désire  conserver  cet  emploi  que  jus- 
qu'au moment  où  j'aurai  contribué  à  faiw  tomber  la  lète 
de  Dietrich  et  de  ses  complices. 

Mais  déjà  quelques  jours  auparavant,  un  comité  d'éi)ura- 
tion  formé  i)ar  les  ,Iac(-l)ins,  avait  arrêté  de  rayer  Schneider 
de  la  Société  comme  h(imme  immoral  et  patriote  douteux 
—  7  ilécembre.  Pour  se  conformer  à  l'invitation  de  Saint- 
Just  rt  Lebas,  il  aiJres.-e  une  lettre  au  Comité  do  sûreté 
publique  de  la  Convention  avec  toutes  les  pièces  ayant 
rapport  aux  jugements  prononcés  dans  le  Bas-Rhin  par  la 
Commission  révolutionnaire.  Après  avoir  cherché  à  se  dis- 
culper, il  ajoute  : 

La  Commission,  ainsi  t^ue  vous  le  verrez  par  les  jagemente,  a  agi 
areo  tiMaiîé  et  énergie  contre  lee  magiiies  du  peuple,  elle  *  UmAé 
leur  c6té  fiûlile  en  leur  imposant  d'énormes  sommes  d'argent  et  en  les 
exposant  an  carcan.  Cest  à  l'aido  de  ces  mesures  sévères,  qu'en  moins 
do  trois  <;oniaino?,  nous  avons  fait  remonter  la  valeor  des  assignats  à 

celle  (le  la  inoninuo  de  métal. 

U  termine  sa  lettre  en  disant  : 

En  acceptant  la  place  de  commissaire  civil,  je  TÎS  devant  moi  deux 
écueîls  :  l'écueil  de  la  calomnie,  si  j'agissais  sôvèrnmpnt,  et  IVrnoil  du 
crime,  si  je  me  laissais  inâuencor  pur  des  considérations  d'humanité. 
Je  fus  décidé  bien  vite,  et  jusqu'à  présent  mes  efforts  ne  furent  point 
inutiles;  les  sans-culottes  ont  dm  pain  et  le  peuple  bénit  la  guillotine 
qui  Fa  sauvél  Que  ma  tête  roule  sur  Téchafand  après  que  les  tètes  de 
tous  les  traîtres  sprnnt  tonitiécs.  Tels  sont  mes  principes,  fols  sont  les 
principes  des  juges  sans-culottes  de  la  Commission.  Puissent  ces  me- 
sures révolutionnaires,  nécessaires  aux  temps  actuels,  que  j'ai  soutenu 
par  mon  courage  et  mon  abandon  pour  le  bien  de  la  République»  rafer- 
mir  le  règne  des  lois.  Ce  sont  des  ouvrages  qui  doivent  purifier  l*iùr  et 
qui  doivent  cesser  du  moment  que  l'air  est  purifié. 

CTest  &  cette  époque  quHl  chargea  Tàffin  de  faire  pour  loi 
la  demande  en  inaria|{e  de  Sarah  Stamm.  Voici  sa  lettre  aux 
parent»  de  aa  thtore: 


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LB  HOnm  M  LA  VlVOLUnON 


977 


Permettez  qae  votre  fille  lise  les  deux  mots  que  je  lui  adresse  ci- 
joints,  et  si  TOUS  consentes  à  notre  mariage,  je  tous  promets,  foi  de 
républicain,  de  la  rendre  henrense. 

et  les  deux  mots  à  Sarah  : 

Je  t'ain^  Je  te  demande  à  tes  Tertnenx  parents,  si  tn  me  donnes  la 
main,  je  lérai  ton  bonhenr. 

11  déoemlnreb  D  se  rend  à  Bpfig,  et  là  il  fidt  enoore  décar 
I^ter  trois  individus,  parmi  lesquels  Louis  Euhn,  ex-receveur 
du  cardinal  de  Rohan,  chez  lequel  il  avait  accepté  le  dîner, 
le  jour  même  du  jugement  — 13  décembre.  Ses  fiançailles 
sont  publiées  par  André  Scbuler,  maire,  en  Tabeenoe  de 
Toffider  public,  à  Barr,  dans  le  Temple  de  la  Raison,  à  la 
commune  assemblée^  à  10  heures  du  .matin,  avec  Sarah 
Stamm,  fille  mineure  de  Jean -Frédéric  Stamm,  chef  du 
bureau  des  impositions  du  district  de  Barr,  et  de  sa  femme 
Marie  Werner  —  13  décembre.  D  va  à  Schlestadt,  où  deux 
vieillards  perdirent  la  vie  —  Anstett,  de  la  Commission  pro- 
visoire du  Bas  Rhin,  dépose  au  Comité  de  surveillance  et 
de  sûreté  générale  du  département  une  dénonciation  contre 
les  abus  multipliés  que  commet  à  la  campagne  une  préten- 
due armée  révolutionnaire  sous  les  ordres  de  Schneider, 
commissaire  civil.  Le  Comité  arrête  d'en  écrire  aux  repré- 
sentants du  peuple  et  les  inviter  à  prendre  des  mesures 
promptes  relativement  à  cette  prétendue  armée.  Outre 
cette  dénonciation,  œ  même  jour,  18  décembre,  î\  7  heures 
du  soir,  quelques  patriotes  s'étaient  rendus  chez  Lacoste  et 
Baudot,  pour  leur  donner  connaissance  des  atrocités  com- 
mises par  Schneider  et  des  projets  sinistres  dont  il  s'occu- 
pait encore;  frapjvés  du  poids  ci  de  la  vérité  des  dénoncia- 
tions, ils  promirent  de  le  suspi'udre  le  lendemain,  et  de  le 
mettre  en  état  d'arrestation  à  vingt  lieues  dos  frontières; 
celà  allait  s'accomplir,  quand  dans  la  nuit  arrivèrent  inopi- 
nément Saint-Just  et  Lebas. 

A  peine  de  retour  de  Selestadt  à  Barr.  qu'il  reçoit  du 
maire  Monet  Tinvitation  de  se  rendre  immédiatement  à 
Strasbourg  pour  s'entendre  avec  Saint-Just  et  Lebas,  qui 
veulent,  disait-il,  augmenter  le  nombre  des  juges  du  tribu- 


976 


tBVOB  D^ALBACZ 


nal  lèvolationnaire.  n  se  rendit  à  l^iitatton;  mais  passa 
encore  la  nuit  du  18  au  14  décembre  à  Barr»  pour  accomplir 
son  mariage  avec  Sarab,  sœur  de  Stamm,  ez-adjudant 
du  général  Gustines,  et  alors  agent  national  du  district  de 
Strasbourg  —  14  septembre,'  au  matin,  il  quitta  Barr  avec 
sa  jeune  épouse,  ses  parents  et  les  juges  du  tribunal  révo- 
lutionnaire, dans  une  grande  voiture  attelée  de  six  «dievaux 
de  poste.  La  garde  nationale  à  cheval  de  Barr  s'était  oflEiarte 
de  Tescorter  à  Strasbourg,  il  déclina  cet  h<nmeur,  mais  elle 
prit  les  devants  jusqu'à  Wntzheim.  Là,  les  cavalieia  entou- 
rèrent la  voiture,  et  c'est  ainsi  que  vers  midi,  le  cortège 
arriva  à  la  porte  Blanche.  Lee  cavaliers  mirent  le  sabre  nu 
en  main,  le  poste  prit  les  armes,  le  tambour  l^attit  au  champ, 
la  foule  des  curieux  et  des  mécontents  no  fit  qu'augmenter 
jusqu'à  sa  demeure,  où  il  descendit  de  voiture  uvec  un 
visage  serein,  et  sur  lequel  reflétait  un  contentement  per- 
sonnel. Après  avoir  rafraîchi  les  gens  de  Tescorte^  on  se  mit 
immédiatement  à  table,  un  repas  digne  de  la  circonstance 
avait  été  préparé  par  les  soins  de  la  citoyenne  Marianne, 
sœur  de  Schneider;  la  gaîté  la  plus  franche  régnait  sur  tous 
les  visages,  et  ce  ne  fut  que  vers  10  heures  du  soir  que  les 
convives  se  séparèrent  avec  la  iiromesse  de  se  revoir  le 
lendemain  matin.  On  ne  se  doutait  aucunément  du  dénoue* 
ment  qui  était  préparé. 

Saint-.Iust  et  Lcbns.  informés  (jue  Schneider,  accusateur 
près  le  triljunal  révolutionnaire,  ex-préfre.  et  sujet  de  l'Em- 
pereur, s'est  i)résenté  aujourd'hui  dans  Strasbourg  avec  un 
faste  insolent,  traîné  par  six  chevaux  et  environné  de  gardes, 
le  sabre  nu,  arrêtent  :  qu'il  sera  exposé  ilemain,  depuis 
10  heures  du  matin  jus(prà  2  heures  après  midi,  sur  Técha- 
taud  de  la  [,Miillotine,  à  la  vue  du  peuple,  pour  expier  l'insulte 
faite  aux  mœurs  de  la  République  naissante  ;  et  .sera  ensuite 
conduit,  do  brigade  en  brigade,  au  Comité  de  salut  publique 
de  la  Convention  nationale.  Le  général  Dièche  est  chargé 
de  TexécutioD,  et  en  rendra  compte  demain  à  8  heures 
après  midi 

Dans  la  nuit  du  14  au  1&,  notre  nouveau  marié  avait  à 


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LES  HOMMES  DE  f.A  RÉVOLUTIOrf  279 

peine  pris  possession  du  lit  conjugal,  que  la  gendarmerie 
vint  lui  signilier  de  le  suivre.  On  le  conduit  à  la  prison  mili- 
taire des  Ponts-Couverts,  où  il  fut  jusqu'à  midi,  lorsqu'un 
détachement  de  troupes  à  pied  et  à  cheval  le  conduisit  à  la 
Place-d' Armes,  au  pied  de  la  guillotine.  Il  monta  les  marches 
de  réchafaud  d'un  pas  assuré,  sans  savoir  ce  que  Ton  ferait 
de  lui,  et  comme  la  multitude  lui  criait:  «A  bas  ruiiiforme» 
dont  il  était  alfublé.  «à  bas  la  cocarde»,  il  répondait  par 
le  cri  de  vive  la  Héj)ul)li<|iie.  Impatient  et  plein  d'amer- 
tume, il  jeta  son  manteau  et  se  livra  au  bourreau  qui 
l'attacha  au  poteau  de  cette  même  guillotine  où,  sur  sa 
proposition,  tant  de  têtes  innocentes  avaient  été  abattues. 

C'est  dans  cette  position  ({u'il  servit  de  point  de  mire  à 
la  pupulace  cl  aux  gamins  des  rues,  qui  le  bombardèrent 
de  pommes,  de  boue  et  de  pierres.  Toute  la  ville  accourut 
pour  contempler  ce  spectacle  et  pour  voir  ce  misérable, 
caase  de  tant  de  maux  et  de  misères. 

Ce  n^est  qu'à  2  1/2  heures,  que,  détaché  de  la  guillotine, 
mis  dans  une  yoUora,  tes  fers  aux  pieds,  escorté  de  gen- 
daimes,  on  le  conduisit  à  Paris»  où  il  arriva  six  jours  après 
à  la  prison  de  l*Âbbaye. 

— 18  ddœmbre.  8a  sœur  s'adresse  à  Saint-Just  : 

La  sœur  profondément  éplorée  du  malheureux  Schneider  se  présc  ute 
devant  Toi.  Tu  es  représeatact  d'un  peuple  juste  et  noble.  Si  mou 
frtoe  êti  innocrati  défendi-le,  c'est  T<mi  deroir;  terait-U  tombé  dans 
l'amiur,  ioiiti«ii»-le  ci  me  le  laine  point  tomber;  car  Tu  doit  le  laToir, 

ses  intentions  furent  toi^diin  bonnes  et  honnêtes;  est-il  criminel!  oh, 
permets  alors  que  je  le  fleure.  J'ai  fais  mon  devoir  comme  sœur,  fais 
le  Tien  comme  républicain;  moi,  je  no  pais  rien  faire  que  pleurer  Toi, 
Tu  pourras  agir.  Vire  la  République  t  VItc  la  Comtitatioiil 

Pour  toute  réponse,  Marianne  fut  mise  en  prison  le  len- 
demain, 19  décembre,  comme,  étrangère,  et  n'en  sortit 
qu'après  la  chute  de  Robespierre,  27  juillet  1794.  Dépouillée 
de  tout  ce  qu'elle  avait  possédé,  elle  fut  réduite  à  la  plus 
profonde  misère  et  se  vit  forcée  de  retourner  en  Allemagne, 
qu'elle,  son  frère  et  tant  d'autres  aventuriers,  n'auraient 
jamais  dû  quitter  —  23  décembre.  De  rAbl>uye,U  s'adresse 


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aux  Jacobins  de  Puis,  peur,  leur  expliquer  sa  oondnite  et 
implorer  leur  intervention.  H  demande  que  son  affaire  bùH 
examinée  par  le  Comité  de  sûreté  générale  de  la  Conven- 
tion; qu'on  le  juge  s'il  y  a  lieu,  ou  qu'il  «oit  rendu  à  la 
liberté  ou  guillotiné,  réintégré  dans  ses  droits  de  citoyen  ou 
anéanti  —  2  Janvier  1794.  C'est  TAdministratioii  du  Baa- 
Rbin  qui  dépoae  contre  loi  devant  le  Comité  de  sûreté 
générale  de  la  Convention  nationale,  dans  las  termes  sui- 
vants: 

Prendre  toutes  les  couleurs  du  patriotisme  le  plus  exaspéré  ;  désunir 
Iw  vnîs  ripablicains  mu  le  grand  prétexta  dn  salut  pablic;  alhuiier 
la  défiance  d«  peuple  sur  ses  plvi  cincéree  amis;  heurter  avec  impm- 
dence  les  opinions  les  plus  respectables;  étouffer  le  patriote  sous  le 
poids  pri^tendu  do  la  Tongoance  nationale;  faire  gémir  les  cachots 
comblés  de  victimes  malheureuses  et  innocentes;  sacrifier  tout  à  la 
Tengeance  personnelle  et  à  ses  desseins  secrets;  exercer  cependant^  de 
temps  à  amrei  «ne  justice  rigovrense  contre  lee  scAérats  reconnns; 
tel  8*e8t  annoncé  Schneider  dans  les  pouvoirs  qui  lui  étaient  confiés  ; 
tel  il  a  continué  l'exercice  des  iivnctimis  les  plos augustes,  de  1* manière 
la  plus  odieuse. 

Les  pouvoirs  dont  il  avait  été  revêtus,  étaient  immenses;  mais  les 
les  lois,  et  l'arrêté  des  reinésentants  en  «falent  tracé  les  limites.  (Hiargé 
de  friper  les  coupables,  de  forcer  au  respect  des  décrets  l'ignoranee 

du  peuple  et  la  scélératesse  des  malveillants,  d'avoir  continuellement 
les  yeux  ouverts  sur  les  précipices  que  le  crime  creusait  à  la  liberté, 
de  protéger  l'innocence  et  le  patriotisme  contre  les  pièges  de  l'aristo- 
cratie, dv  MUaatisaM  on  dn  despotisme  coalisé;  sHl  eut  rempli  ces 
deroirs,  il  anrait  bien  mérité  de  sa  patrie  :  mais  non;  cet  étranger  qna 
la  rage  de  nos  ennemis  paraît  avoir  vomi  sur  la  terre  de  la  République 
pour  la  couvrir  de  ses  prisons  homicides,  n'avait  point  de  patrie  chas 
nous;  le  crime  l'enfanta,  le  crime  le  nourrissait. 

Ce  n'est  point  sans  nn  frémissement  dontonrenz  an  aealiment,  que 
nous  remplissons  la  tftdie  pénible  de  fidre  Pénnmération  des  fl»fiîits 
de  ce  prêtre  autrichien. 

Il  fallait  sans  donte  pour  les  projets  de  cet  homme  fécond  en  scélé- 
ratesse, qu'il  chorch&t  à  détruire  la  liberté  par  la  liberté,  qu'il  abus&t 
monstmensement  des  mesures  révolutionnaires  créées  pour  sauver  le 
pei^la. 

Non  seulement  il  établit  des  taxes  arbitraires  sur  les  citoyens,  sans 

aucune  délégation  qui  lui  en  donnât  l'autorité,  se  jouant  avec  un  plai- 
sir funeste  de  leur  fortune  et  de  leur  vie,  il  voulait  satisfaire  en  même 
tempe  et  sa  soif  du  sang  français  et  aa  cupidité  pour  les  richesses.  Au- 


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IV  WMOBi  M  LA  BÉWIUITHMi 


981 


COUS  moyens  n'échappaient  à  Ba  rage  :  tantôt  ses  fidèles  et  nombrenz 
éflliflninii  1»  aMoace  à  1»  boodieetlaiagedAiMleonar,  forçjde&t  à  la 
lUte  viw  finnille  paiiible  et  TertaenM,  pour  avoir  vu  droit  à  aei  pro- 
priétés abandonnées  ;  tantôt  lui-même  frappait  ouTertement  ses  victimes. 

Egalomont  im])lacablc  dans  sa  haine,  comme  eSréné  dans  ses 
débauches,  la  modeste  innocence  était  forcée  de  s'abandonner  à  sa  cri- 
minelle luxure,  où  bientôt  elle  périssait  sona  an  conp  d'aataat  plos 
tÊtaxé,  qa*fl  était  alon  dirigé  par  im  fbnetionnaire  pnidie. 

Cee  taxes  perçues  sous  des  augures  aussi  odieux,  indécemment  cumu- 
lées, préparaient  les  richesses  futures  de  cet  homme  avide.  Une  faible 
portion  en  était  versée  dans  la  caisse  du  receveur  particulier;*  on 
voulait  sauver  quelques  légères  apparences  pour  tromper  avec  plus  de 
iAreté;  mais  aaemi  coa^te  n'était  reada^aneane  traee  n'était  reeaeillia 
do  la  nalore  et  da  aïontant  des  eontributions  ;  peu  de  quittances  étaient 
remises  aux  malheureux  que  l'on  venait  de  dépouiller,  on,  si  l'on  vou- 
lait quelques  fois  sacrifier  cette  formalité,  elles  portaient  toujours  une 
somme  inférieure  à  la  valeur  extorquée.  Le  peuple  souffrait  de  ces 
vaiatimB  erimiBallas;  mais  la  crainte  srait  glaçé  ses  sens;  il  aurait 
tout  donné  pour  no  point  être  dévoré  par  ce  nuHUtre;  semblable  à  ces 
innocents  et  timides  Amérieaitts,  gai  p<«taieat  For  aax  eheranz  des 
féroces  Espagnols. 

Si  ces  violences  exercées  sur  les  fortunes  paruiï^saicnt  satisfaire  à 
l'avidité  de  ce  nonveau  Cortez,  elles  ne  remplissaient  point  encore  son 
véritable  bat:  il  voalatt  opérer  vno  désorganisation  eatièia.  Foulant 
aux  pieds  toutes  les  lois,  toutes  les  autorités,  tous  les  principes;  il  des- 
tituait à  son  gré,  et  d'un  trait  de  plume,  les  municipalités,  les  juges  de 
paix;  ce  n'était  point  encore  assez,  il  les  remplaçait  par  des  prêtres, 
par  des  étrangers,  tous  ses  complices. 

Faadrspt-il  dépeindre  cet  homme  insnltant  aa  malhaar  des  inlbrlniiéa 
q^*il  venait  da  dépouiller  de  leur  bien,  on  de  condamner  à  la  mort; 
poursuivant  ces  derniers  jusque  sous  le  couteau  de  la  guillotine,  exer- 
çant contre  eux  tout  le  venin  de  sa  langue  impure  et  meurtrière; 
s'enrichissant,  s'entourant  de  leurs  effets  les  plus  précieux  ou  les  plus 
convenables  à  ses  fantaisies;  satoiunuit  avec  un  plaisir  monstmanz  le 
speetaela  do  la  d^oaillo  do  la  mort;  ce  n'est  qu'an  pingean  trsmpé 
dans  le  sang,  ce  n'est  que  le  pinçean  de  Schneider  qni  ponnait  tcacer 
avec  vérité  un  tableau  aussi  révoltant. 

Qu'on  ne  cherche  point  dans  les  archives  du  tribunal  révolutionnaire 
les  traces  de  toutes  ces  iniquités,  de  tous  ces  crimes.  Schneider  diri- 
geait tons  les  jngements,  fl  n'en  était  tenu  aacnas  rsgisirss:  la  temps 
tall  aniait  dû  employer  à  leur  rédaction,  aurait  été  un  temps  perdu 
pour  ses  vengeances. 

'  BlaDcaot  accuM  8w;sn  livres. 


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•■fin  i^AUâfs 


Nous  passerons  même  sor  l'entrée  indécente  et  triomphale  que  ce 
prêtre  étrangtr  fit  à  Strasbourg,  traîné  dans  un  char  snperbe,  attelé  de 
■iz  dwTMiz,  6t  «icQflé  par  vingtHdiiq  o«valiti%  lenaot  la  Mlbre  ea 
main.  Après  avoir  Ibiilé  aux  pieds  pendant  al  longtemps  tons  les  senti- 
ments de  la  nature,  poiifait>il  reqpeeter  eneore  les  principes  de  i'heit- 
rense  égalité? 

Mais  qae  dirons-nous  du  parti  redoutable  qu'il  avait  formé  de  ce  tas 
d*écniigers  qa'O  «fiit  appelés  en  France^  dont  il  s'était  frit  vne  mente 
fidèle  et  obéissante;  de  Taccaparement  de  tontes  les  places  adminiata- 

tives  et  judiciaires,  qu'il  avait  données  ou  fait  donner  à  ses  dociles 
cr^^atnres;  du  despotisme  qu'il  établissait,  et  par  lui-mémo  et  par  ses 
valets,  sur  tous  ce  qui  respire  dans  le  département;  des  menaces  de 
sang  qne  se  permettaient  quelques-uns  de  ses  indiscrets  favoris? 

Qneiqne  féeond,  qneiqne  eseroé  qne  fiit  cet  hemme  dans  la  eensom- 
mation  du  crime,  quelques  ressources  que  lui  offirit  son  esprit  machia- 
véliste,  il  sentait  qu'il  ne  pouvait  jamais  suffire  seul  à  l'immensité  et  k 
la  hardiesse  de  ses  projets.  11  lui  fallait  des  associés,  il  les  trouva  bien- 
iAt.  Les  scélérats  se  connaissent  d'un  coup  d'œil,  et  le  forfait  les  unit 
étroitement  Qnélqnea^nns  se  sont  sonstraits  par  In  ftiite  an  Jnste  eUUI- 
ment  qni  les  attendait  emportant  «ree  enz  le  frnit  de  lenzs  vols  et  de 
leurs  rapines. 

6  ftvrier.  H  éorit  une  longae  lettre  à  Robeeplem  atnd, 
pour  te  prier  de  hftter  son  Jogemeot;  mais  prindpelement 
pour  protester  contre  une  partie  de  son  rapport,  sur  les 
principes  de  morale  politique,  dans  lequel  Robespierre 
disait: 

Vous  ne  pourriez  jamais  imaginer  certains  excès  commis  par  des 
eotttre-révolntionnsires  hypocrites,  pour  flétrir  la  cause  de  la  Bévolu- 
tion.  Croiries-Tons  qne  dans  les  pays  otr  la  superstition  a  exercé  le  pins 

d'cmpiro,  non  content  de  surcharger  les  opérations  relatives  au  culte, 
de  toutes  les  formes  qui  pouvaient  les  rendre  odieuses,  on  a  répandu 
la  terreur  parmi  le  peuple  en  semant  le  bruit  qu'on  allait  tuer  tous  les 
enfimte  au-dessous  de  dix  ans  et  tons  les  vieillards  au-dessus  de  soixante- 
dix  ans?  qne  oe  bmit  n  été  répandu  partienlièrement  en  Bretagne  et 
dans  les  départements  du  Rhin  et  de  la  Moselle?  C'est  un  des  crimes 
imputés  au  ci-devant  accusateur  public  du  tribunal  criminel  de  Stras- 
bourg. Les  folies  tyranniques  de  cet  homme  rendent  vraisemblable  tout 
ce  que  Ton  raconte  de  Caligula  et  d'Héliogabale  ;  mais  on  ne  peut  y 
i^ontœ  foi,  mémo  à  la  Tne  des  prenves.  H  ponssait  le  délire  jnsqn'à 
mettre  les  femmes  en  réquisition  pour  son  usage  :  onassnremtaie  qn'il 
a  employé  cette  méthode  pour  se  marier.  D'où  est  sorti  tout  à  coup  cet 
essaim  d'étrangerSi  de  prêtres,  de  nobles,  d'intrigants  de  tonte  espèce, 


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UB  BOmiB  DB  LA  ■tVOLDTIOM 


988 


qvi  au  même  inst&nt  s'est  répandu  sur  la  surface  de  la  République, 
pour  wéeutw  an  nom  do  la  pAïUosophie,  on  plu  do  eonlro-rff  olotioi, 
qiii  n'*  pn  ètte  anèté  4|iio  par  la  foreo  de  la  raison  pnbUqno. 

96  (èTrier.  Le  Directoife  do  Bi»>Bliin  adresse  une  lettre 
au  Comité  de  Salut  pubUo  de  la  Ckinveiitlon  nationale,  en 
répooBe  aux  répliques  de  Schneider  à  Robespierre,  du  6  de 
oe  mois,  ainsi  conçue  : 

Tout  couvert  de  ses  crimes,  il  Tient  encore  de  mentir  à  l'univers  du 
fend  do  ta  prison.  Constant  dans  ses  perfidies,  il  emprunte  le  langage 
de  l'innooence  fonlée;  il  crie  à  l'oppression,  à  l'û^nstiee.  Ne  toos  y 
trompes  pas,  la  candeur  est  sur  ses  lèvres,  mais  la  rage  et  la  mort  sont 

dans  son  ft.me:  c'est  nn  reptile  qui  eniltrasso  /'troifomont  sa  victime,  et 
qui  déjà  a  choisi  l'endroit  fatal  auquel  il  destine  son  dard  meurtrier. 

Puis  vient  la  nomenclature  de  888  crimes  et  forCùts  : 

8a  doetrine  était  de  perdre  la  RépnUi^  par  la  BépabUqne^  dissé- 
miner le  germe  de  la  guerre  civile^  attiser  le  feu  du  fanatisme,  prêter 

dos  armes  à  l'aristocratie  contre  le  patriotisme,  rt^pandre  partout  une 
terreur  meurtrière,  bouleverser  tout,  persécuter  tout,  créer  les  haines 
et  les  divisions,  avilir  la  représentatiou  nutiouale  du  Baa-Rhio,  et  ne 
tnfPÊOt  qne  les  personneo  qui  n'étaimii  point  asoea  riehee  povr  aeheler 
ses  jugements  et  intéresser  sa  cupidité^  on  qni  n'étaient  point  assez 
séduisantes  pour  allumer  sa  Inxare^  on  asses  viles  pour  s'y  alumdon- 
ner,  etc.,  etc. 

Schneider  releva  cette  accusation  et  envoya  à  ses  amis 
de  Strasbourg  copie  de  sa  réplique  pour  la  faire  imprimer; 
mais  personne  ne  voulut  s'en  charger,  ce  qui  lui  donna 
ridée  de  la  faire  imprimer  lui-m^-me,  sous  le  titre  :  Aicx 
hommes  libres  de  touê  les  pays  et  de  tous  les  siècles.  On  en 
était  à  l'impression  de  la  dernière  page  quand  la  brochure 
fut  dénoncée.  De  là,  défense  à  tous  les  prisonniers  de 
l'Abbaye  (récrire,  et  ({uelques  jours  après,  il  fut  transféré  à 
la  Force  —  6  mans.  11  est  interrogé  —  11  mars.  Au  Club  des 
jacobins  à  Strasbourg  on  lit  une  dépêche  du  Comité  de 
sûreté  générale  de  la  convention,  demandant  à  la  Société 
des  renseignements  sur  la  conduite  do  Schneider;  la  dis- 
cussion s'ouvre  sur  cet  objet,  et  Ton  est  d'accord  pour  ne 
reconnaître  en  lui  qu'un  monstre,  qu'Hun  ennemi  de  la 
chose  publique,  qu'un  homme,  enlin,  souillé  de  tous  les 


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981 


crimes  —  l"  avril.  Après  avoir  entendu  raccusateur  public, 
A.  G.  Fouquier,  et  le  défenseur  officieux,  les  débats  furent 
clos;  les  jurés  le  reconnurent  unanimement  coupable;  le 
le  tribunal  prononça  la  peine  de  mort,  a^eo  ocmfiBcattaD  de 
sa  fortune  au  profil  de  la  République.  Alors  U  se  lève  et  dit 
à  ses  juges: 

Vous  ne  pouviez  pas  faire  un  plus  grand  plaisir  aux  ennemis  de  la 
France,  qv'eo  n'envoyant  à  U  mort. 

Sa  tête  luiiiba  le  même  jour. 

Du  29  octobre  au  13  décembre  1793,  il  lit  guillotiner  trente- 
et-une  personnes,  dont  vingt-et-une  à  Strasbourg  et  dix  au 
dehors.  L'encrier  et  la  plume,  dont  il  se  servait  à  cette  occa- 
sion, se  trouvaient  à  la  Bibliothèque  de  Strasbourg. 

D^lB|irô8  Ristelhueber,  U  aurait  été  nommé  curé  dX)ber^ 
bronn  à  Tépoque  de  son  arrivée  à  Strasbourg,  12  juin  1791 . 

£xi£fiN£  Ba£TH. 

(il  tmart,) 


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BULLETIN  mBLIOGRÂPmOUE 


I 

Histoire  de  l*Âbbaye  de  Senones.  Manuscrit  inédit  de  Dom 
Calmet  à  la  biblioihoque  de  Saint-Dié,  publié  anx  frais  de  la  Société 
phiiomatiqtte  vosgienne  et  par  les  soins  de  M.  F.  Dinaoo,  avocat  à 
Saint-IMé  —  Saint-Dié,  imprimerie  de  L.  Humbert»  1877-1888  — 
1  toL  iii-8»  de  489  pigti.  * 

Les  maiiiiscrits  de  Dom  Calmet,  qui  sont  à  la  bibliothèque 
de  Saint-Dié,  étaient  connus  depuis  longtemps  de  quelques 
hommes  d*étude  et  de  quelques  curieux.  Bien  que  dans  Tesprit 
de  ceux-ci,  ces  manuscrits  ne  s*élèTent  pas  tom'ours  à  la  hau- 
teur des  connaissances  modernes,  ils  n'étaient  pas  moins 
considérés  comme  des  documents  dont  la  divn^tion  était 
désirable.  H  fallait,  pour  les  répandre  dans  le  domaine  publie, 
la  formation  de  la  SocUU  pkihmaHque  voÊçirnmê  par  l*un 
des  plus  anciens  collaborateurs  de  la  Semé  â^AUâee  et  le 
concours  ardent  d'un  jeune  avocat  de  Cohnar  que  rMgnr 
tien  a  fixé  au  siège  de  cette  société.  Grftce  &  ces  deux  cir- 
constances les  manuscrits,  dont  il  est  question,  se  trouvent 
ai^ourd'hui  définitivement  tirés  de  l'oubli  dans  lequel  ils  étalent 
menacés  de  demeurer. 

Nous  ne  sommes  pas  en  situation  de  contrôler  la  valeur 
historique  du  manuscrit  de  Dom  Calmet;  mais  nous  devons 
présumer  que,  même  en  le  considérant  comme  première 
ébauche,  ce  document  est  le  plus  complet  que  la  science  pos^ 
sëde  sur  rhistoire  de  Tune  des  plus  anciennes  et  des  plus 
célèbres  maisons  religieuses  de  l'Alsace-Lorraine. 

Dom  Calmet  fut  l'un  des  derniers  abbés  de  cette  maison  : 
pour  écrire  son  histoire,  il  avait  préalablement,  comme  il  le 
dit  dans  sa  préface,  «recueilli  les  monuments  historiques  et 
les  titres»  qui  la  concernent  et  ([ui  se  trouvaient  en  grand 
nombre  aux  archives  de  Tabbaye.  La  chronique  de  Kicher, 


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28é 


REVUE  D'aLSACS 


connue  de  tous  les  historiens,  a  été  religieusement  consultée 
par  Dom  Calmot,  mais  ce  n'est  pas  à  cette  importante  source 
quHl  a  puisé  les  principaux  éléments  de  Thistoire  particulière 
de  l'abbaye.  Dom  Rarthelemi  Claudon  et  Dom  Jeannin  en 
avaient  rassemblé  les  matériaux  essentiels  que  Dom  Calmet 
a  utilisés,  augmentés  et  coordonnés  pour  écrire  la  iiumogra- 
phie  dont  il  s'agit.  En  l'éditant,  M.  Dinago  et  la  Société  philo- 
inatique  vosgiemie  ont  rendu  un  réel  et  louable  service  à  la 
science  historique  de  nos  contrées  de  l'Est 

II 

Mémoire  présenté  au  gremd-bailli  d'Alsace  sur  une  insur- 
rection survenue  à  Golmar  en  1424,  publié  par  M.  X.  Mobs- 
MANN,  pour  faire  suite  à  ses  recherches  sur  la  constitation  de  la 
commune  —  ColmAr,  imprimerie  de  J.-B.  Jung  et  O  1883  —  In-ti» 
d0  S8  pages. 

M.  Mossmann  a  découvert  aux  archives  de  la  ville  de  Col- 
mar,  dont  il  est  le  vigilant  et  dévoué  conservateur,  nu  mfmrixe 
qni  est  le  récit  ofllelBl  d*iDie  énente  populairedont  randeane 
ville  impériale  fat  le  théâtre  en  1434.1L  Hosamaïui  eoiuidère, 
avec  raison,  cette  pièce  comme  «fusant  partie  intégrante  de 
nos  annaka*  et  il  £iut  le  remercier  de  l'avoir  fidt  imprimer 
avec  une  excellente  analyse  en  regard.  Ce  document  répand 
la  lumière  sur  une  efforveseence  populaire  dont  la  cause  était 
jusqu'à  ce  jour  diversement  comprise  par  les  annalistes  qui 
ont  eu  à  &*en  occiq>er. 

Parti  en  guerre  avec  le  palatin  Louis  et  autres  seigneurs, 
avec  d'antres  villes  impériales  parmi  lesquelles  la  Bépublique 
de  Strasbourg,  avec  les  évéques  de  Strasbourg^  Cologne, 
Wurtsbourg,  etc^  contre  le  margrave,  Bernard  I*,  de  Bade, 
le  contingent  colmarien  occadonna  à  la  ville,  dont  les  finances 
étaient  d^à  en  mauvais  état,  des  dépenses  auxquelles  il  fsllut 
pourvoir  au  moyen  de  VOkmgdi  ou  limpdt  sur  le  vin.  Procé- 
dant alors  connue  on  procéderait  aujourd'hui,  le  magistrat 
décida  que  la  noblesse  et  les  couvents  de  la  ville  y  seraient 
soumis  conme  le  reste  de  la  population.  Les  corps  de  métiers 
avaient  acoeqiité  limpdt  Une  partie  de  la  noblesse  et  des  reli- 


«7 


gieux  donna  la  signal  de  la  résistance  en  ce  qui  les  concernait 
et  le  signal  descendit  aussitôt  dans  le  populaire,  les  labou- 
reurs et  les  vignerons  notamment.  Il  dégénéra  en  sédition  qui 
aboutit  au  meurtre  de  l'un  des  membres  les  plus,  marquants 
du  magistrat,  à  la  déposition  révolutionnaire  des  autres  repré- 
sentants de  1  autorité  et  iiualement  à  l'intervention  du  Landr 
vogt  ou  bailli  provincial  dont  les  résolutions  ne  furent  pas 
sans  conséquences  sensibles  pour  la  réforme  du  régime  inté- 
rieur de  l'ancienne  ville  libre  et  de  son  droit  municipal.  C'est 
surtout  &  ce  point  de  vue  que  le  mémoire  a  paru  intéressant 
à  M.  11  oBsinaiiii  pour  compléter  ses  études  antérieures  sur  la 
commime  de  Cdmar. 

m 

D«  au*  Adel  Im  Obtvélnn  —  La  TtaUto  aeUwMe  dala 
Banta-AlMM,  par  J.  Enmm  vov  Kmoiloob  —  Berlin,  impri- 
nerto  éb  Julw  SittaiifiBld,  1889  —  Iii^  delU  pagatatec  7plaiiehM 

d'araoiries  et  do  tlgilflt. 

Que  dire  de  ce  recueil,  sinon  que  c'est  une  aride  nomen- 

elature  de  familles,  plus  ou  moins  nobles,  plus  ou  moins 
priviligiées  qui,  au  mojen  âge,  ont  généralement  adopté  le 
nom  des  lieux,  des  bourgs,  des  rillages  où  elles  jouissaient 
de  leurs  privilèges,  où  elles  avaient  fixé  leur  résidence.  La 
matière  de  cette  compilation,  attentive  et  patiente,  se  trouve 
dispersée  dans  nos  chroniques  alsaciennes,  dans  nos  histoires 
générales  de  la  province,  dans  nos  histoires  locales,  dans  la 
Diplotnaiicadc  Schœptlin,  dans  les  cartulaires  de  nos  anciennes 
maisons  religieuses,  dans  les  moymments  de  l'histoire  de 
l'ancien  ùicché  de  Bâle,  dans  nos  archives,  dans  quelques 
collections  particulières  et  surtout  dans  le  Dictionnaire 
topographiqtœ  du  déparlement  du  HaxU-Rkin,  de  G.  Stofifel. 

Nous  sommes  incompétent  pour  juger  de  la  valeur  héral- 
dique du  travail  de  M.  Kindler.  Ce  n'est  donc  pas  à  ce  point 
de  vue  que  nous  voulons  en  dire  quelques  mot^s. 

Extraire  de  nos  livres  et  de  nos  archives  des  matériaux 
d'une  espèce  déterminée,  les  utiliser  ensuite  pour  arriver  à  la 
construction  méthodique  d'une  publication  pouvant  servir  de 


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«8 


IBVm  D*At8A(S 


guide  pour  des  recherches  ultérieures,  est  une  beso^rne  aussi 
inhale  que  méritoire.  M.  Kindler  l'a  accomplie  avec  succès 
en  ce  qui  concerne  l'ancienne  noblesse  de  la  Haute-Alsace.  Il 
faut  Ten  féliciter.  Son  livret  figurera  avec  avantage  dans  nos 
collections  comme  première  synthèse  nobiliaire  des  noill'- 
breux  livres  et  documents  qu'il  a  dû  consulter. 

IV 

MentiomioiiB  pour  terminer  ce  buHetin  trimestriel,  une 
plaquette  de  vingt  pages  qui  a  pour  titre  :  VaireMoiogU  §i  lu 
beaux-artB  dam  Parron^Usaeiment  dé  Samt-Diit,  par  Hrhbi 
BiLBDT,  président  de  la  Société  f^kUmaHque,  C'est  dans  ce 
cadre  restreint  que,  dans  la  réunion  générale  de  la  Société  de 
Tannée  courante,  le  président  a  condensé  un  aperçu  sommaire 
des  principales  antiquités  de  rarrondissement  et  des  objets 
d*ùrt  qui  y  sont  conservés;  puis  du  même  auteur,  une  note  sur 
la  composition  chimique  de  quetgues  eaux  de  puits  de  Itaon- 
VEtape  et  dont  la  conclusion  proscrit  Tusage  de  ces  eaux  dans 
une  ville  qui,  comme  Raon-r£tape,  est  pourvue  de  fontaines 
publiques  fournissant  des  eaux  de  source  d*une  pureté  et 
d'une  qualité  irréprochables. 

V 

Signalons  enfin  une  excellente  notice  de  M.  A.  Bivoit  sur 
le  CMUau  de  Vie  au  x¥ii*  sidcfo,  écrite  à  propos  du  poème  de 
Dudos  •Les  guerres  pareissUdes  de  Vie»,  Ancienne  demeure 
féodale  des  évéques  de  Mets,  ce  château  tut  abandonné  par 
ceux-ci  lorsque  la  ravissante  résidence  de  Frescati  fut  élevé 
dans  le  voisinage  delà  ville  épiscopale.  H  n'abrita  plus  qu'acci- 
dentellement de  grands  personnages  jusqu'à  son  abandon  et  à 
sa  ruine.  C'est  dans  ce  chftteau  cependant  qu'en  1725  Ifarie 
Lecsainska  passa  la  première  nuit  de  son  voyage  de  Stras- 
bourg à  Paris  pour  joindre  son  royal  époux.  D  servit  ensuite 
de  caserne,  puis  d'écoles  communales  et  fat  oifin  condamné  à 
disparaître  tandis  que  tant  d'autres  édifices  seigneuriaux 
furent  convertis  en  établissements  industriels.  Sis  transU 
ffloriti  denHÙiL 

FiiDfiBIO  KUBIX. 


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L  ALSACE  AKTISIKJIJE 

Sous  ce  tili'C,  la  lieoue  d'Alsace  publiera  sufces>i- 
vement  plus  de  ceot  quarante  notices  coueeniaut 
des  ariistesalsaciensdes  temps  reculés  et  de  l'éiioque 
contemporaine.  Elles  ont  été  rcdifîécs  par  M.  P.-E. 
Tuetïerd,  un  des  anciens  eollaljoiak'urs  de  Idlkvue. 
Il  en  sera  lait  un  tirage  à  part  restreint,  avec 
dédicace  et  préface.  Ce  tirage  formera  un  fort 
volume  à  la  disposition  des  amateurs. 


OTTFRID  DE  WISSEUBOURG 

Hiniatiiriste  (830^9)* 

La  célèbre  abbaye  bt'iiédictiue  de  Wisbenibourg,  dont  Tori- 
giiie  remonte  au  vir'  siècle  (G23),  fut  Tobjet  de  hi  sollicitude 
et  de  la  générosité  des  eiupereurs  et  brilla  par  bou  école  qui 
fut  Tuue  des  plus  anciennes  et  des  plus  renommées  de  l'Alle- 
magnc.  (Jette  école  étiiit  dgà  tlorissante  au  viir  siècle  et  fut 
surtout  illustrée  par  le  poète  et  peintre  miniaturiste  Ottfrid, 
qui  vivait  au  siècle  suivant,  du  teuips  de  l'abbé  Griuialdus. 
Selon  Trithème  {Clironiam  Hîrêaugieim)^  Ottfrid  commença 
à  se  fsàte  connaître  par  ses  écrits  dès  843  et  ne  mourut 
qu'après  869,  année  pendant  laquelle  il  mit  la  dernière  main  à 
son  CSirUL 

V  Ouvrui^cs  consiiltis  :  Gkuari>,  /.ts  Artistes  (h  V Alsace  jtendatU  /«■ 
moyen  ngc.  T.  I,  p.  17  et  suiv.;  M.  H.  Mrvr/.  Ihiimlifues  MonumeiUf 
(l'art  aî»u'('ii  otit'tiic.*  a  Vinuii  [lùme  U  AUrn.*,  li>ïiij; 

Nt>ut<lic  bKim.  —  11"  aiiutit.  19 


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2!N)  IIFVUB  d*au;acr 

Arnold,  le  populaire  auteur  du  Lundi  de  Peuterôti',  dit 
qu'Ottfri.l  s'était  voué  ti'ès  jeune  h  la  vie  monaâtique  dans 
rabhaye  de  Wisseiubourç,  près  «le  ia<iiiell(<  il. avait  reçu  lo 
jour.  Ce  qu'il  y  a  do  certain,  c'est  que  les  dates  précises  de  sa 
naissance  et  de  sa  mort  sont  inconnues.  II  fit  ses  études 
dans  Técole  monastique  de  VvL\à%  sous  la  direction  du  savant 
Raban  Maur,  qui  devint  archevêque  do  Mayence.  C*est  dans 
cette  école  qu^  fut  initié  probablement  à  la  peinture  en 
miniature  par  les  moines  peintres  Brun  et  Rudolphe  et  par 
Tabbé  Hatto  Bonosus.  Ottfrid  étudia  aussi  à  Constance  et  y 
reçut  les  leçons  de  l'évêque  Salomon.  Plus  tard,  il  devint 
directeur  des  célèltres  écoles  de  Saiut-iiall,  oii  la  sculpture  et 
la  peinture  vu  niiuiaturi'  étaient  cultivée.-^  avec  .>uccès.  11  se 
retira  détinitivenient  à  Wissenibouri,',  dont  il  diri^'ea  l'ecolf 
(jui  jouissait  d'une  '.grande  renoniniée.  C Cst  là.  dans  cette 
abbaye,  que,  pendant  ses  loisirs,  il  composa  les  œuvres  qui 
ont  fait  passer  son  nom  à  la  postérité. 

Son  ouvrage  le  plus  considérable,  et  qui  seul  est  parvenu 
jusqu'à  nous,  le  Christ,  est  l'un  des  premiers  monuments  de 
la  languegormanique.  Il  est  diviséoucinq  livres  :  1.  La  Nativité; 
Saint  Jean^BapHatefll.  La  Méuition  des  premiers  disciples; 
les  Premiers  miracles;  la  PropagatioH  de  la  doctrine;  III.  Le 
Bkit  des  miracles  éclatants  qui  &franlèreut  la  rieiUe  Joi  des 
Jutfs;lV,  LaFàssi(m;'V.LaSésurrectiou;  V Ascension  ;le  Juge- 
ment, Si  Ottfi*!d  n*a  pas  fait  correspondre  son  œuvre  &  ceUe 
des  quatre  Evangélistes,  et  si,  au  lieu  de  quatre  chapitres,  il 
Ta  divi>ée  en  cinq,  c'e>l,  dit-il,  i)arce  «lue  Tbonane  a  cinq  sens 
et  ipie  lui,  Ottfrid.  veut  les  con  i'^cr.  Li^  poème  e>t  écrit  eu 
strojilies  formées  cbacune  par  deux  vers.  La  rime  réunit  iii\a- 
riaiiiement  deux  denn-vers.  Ottfrid  a  adoj)te  ce  genre  de 
rime,  soit  qu'il  Tait  trouvé  dtgà  existant  dans  la  poésie  pOj)U- 
laire  de  TAllemagne,  soit  qu'il  Tait  emprunté  aux  langues 
romanes. 

Nous  n'avons  pas  à  nous  occuper  du  mérite  littéraire  do 


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t/ALSACK  ARTISTIOtE  2»! 

cetto  œuvre;  nous  ne  rappreciorons  qu'au  point  de  vue  des 
miniatures  qu'elle  renferme  et  nous  nous  servirons  de  TiHude 
que  M.  £.  Muntz  en  a  faite  de  visu  dans  la  Jinvue  d'Alsace, 
année  1S72. 

Los  dessins  qui  ornent  le  poème  du  Christ,  conservé  à  la 
bibliothèque  impériale  de  Vienne,  sont  au  nombro  de  quatre. 
•Le  premier,  dit  M.  Muntz,  représente  une  sorte  de  labyrinthe 
rond,  agrémenté  de  tons  rouges,  jaunes  et  violacés.  Il  n'offi*e 
aucun  intérêt,  soit  artistique,  soit  archéologique.  Le  second 
célèbre  VJËntrée  du  Christ  à  Jértisalem,  Le  Sauveur  est  monté 
sur  une  ftnesse  qui  8*avance4'un  pas  mige^tueux;  il  est  légè- 
rement courbé  et  tient  d^une  main  les  rênes  de  sa  monture, 
tandis  qu'il  bénit  de  l'autre.  Derrière  lui,  à  gauche,  on  voit 
huit  têtes  il  apôtres  nimbées,  tracées  avec  une  encre  dittércntc 
et  appartenant  ù  un  autre  tvi)c  (jue  le  rest(>  des  i)ersonnair*'s 
de  cette  scène.  A  droite,  le  peuple  est  ii;j;uré  j)ar  deux  ^Moupes 
composés  de  cinq  individus  chacun:  ceux  du  premier  j)lan 
agitent  des  palnie>  ctjLttfnt  devant  le  Cliri>t  des  tapis  ou  des 
vêtements;  ceux  du  second  raH,u  sont  ranimés  près  d'un  ti  iiiple 
d'une  construction  fort  originale  (rappelant  un  modèle  grec 
ou  byzantin),  sur  le  bas  duquel  une  main*  inconnue  a  écrit 
lG-15;  ils  s'avancent  également  à  la  rencontre  du  Me.ssie  avec 
des  palmes  À  la  main.  Toutes  ces  figures  sont  incolores,  à 
Tezception  de  trois  d'entre  elles  qui  .ont  des  draperies  grod- 
sièroment  peintes  en  vert  ou  en  rouge;  les  nimbes  de  quel- 
ques-unes des  têtes  d^apôtres,  placées  derrière  le  Christ,  sont 
^^ement  verts. 

«Sur  le  verso  de  cette  feuille  se  trouve  le  troisième  dessin, 
h  Cène.  Le  Christ,  assis  au  bout  d^une  table  ellii)tique,  donne 
sa  bénédiction  aux  apôtres  qui  forment  un  groupe  compacte 
il  quelque  distance  do  lui.  Dès  l'abord,  on  est  frappé  de  l'ana- 
logie (pie  le  tyjx'  des  tigun-s  de  ce  troisième  dessin,  ainsi  que 
la  couleur  de  l'encre  <iui  a  servi  à  leur  exeruti(ni,  pre^elltL'nt 
avec  les  têtes  nimbées  de  la  page  précédeute  ;  et  i^n  les  exa- 


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f 


292  HbVUE   U  Al^ACE 

minant  de  plus  près,  on  arrive  à  cette  conclusion:  1*  que  les 
huit  têtes  nimbées  d'apôtres  de  l'entrée  du  Christ  à  Jérusalem 
et  la  Sainte-Cène  tout  entière  proviennent  de  la-  même  main  ; 
2*  qu'elles  appartiennent  à  une  autre  main  et  à  une  autre 

époque  quo  le  reste  du  manuscrit 

«Â  ne  consulter  que  les  apparences,  en  voyant  le  dessin 
plus  rude,  les  contours  plus  pâles  et  plus  vacillants,  Tensemble 
plus  barbare,  on  pourrait  croin-  que  la  partie  la  plu>  uncit'uuo 
de  ces  dussins  e.^t  celle  ipii  ^^e  (•oinpo.>e  des  têtes  nimbées  et 
de  bi  Cène.  Mais  >i  l'on  se  rajjelle  la  décadence  extraordinaire 
qui  suivit  la  renai.->-ance  si  eourti'  provo<iuée  par  C'barleiniij:ne, 
ou  acquiert  la  conviction  «lue  VL'/Jrèe  du  Christ  à  Jérmalain 
ebtrœuvre  de  rillu>trateur  primitif. 

•  On  est  surtout  contirmé  daus  cette  opinion  par  Tétude  de 
la  quatrième  et  dernière  miniature,  la  plus  parfaite  et,  sans 
contredit,  celle  qui  est  vraiment  contemporaine  du  manuscrit 
Elle  représente  le  Qirist  en  croix»  Le  divin  supplicié,  attaché 
par  quatre  clous  (au  lieu  de  trois),  vit  encore;  il  parle  à  sa 
mère  et  au  disciple  bien-aimé  placés  auprès  de  lui.  Des  plaies 
de  ses  pieds,  juxtaposés  et  non  superposés  comme  dans  les 
peintures  postérieures,  s'échappent  deux  filets  do  sang  qui 
retombent  dans  un  vase  à  deux  anses,  d*une  construction 
régulière,  sinon  élégante.  En  baut,  au-dessus  des  bras  de  la 
croix,  on  aperçoit  deux  ti^ure>  encadrées  cliacune  dans  un 
disque  et  représentant  le  soleil  et  la  lune,  en  train  de  se  voiler 
la  face  avec  un  i)an  de  leur  manteau,  ("ctte  fois-ci,  la  minia- 
ture est  acbevée.  Une  couche  de  peinture,  d'un  tou  sale,  h.\ée 
d'après  toutes  les  ai  parences  au  moyen  d'une  solution  gom- 
nicuse,  couvre  la  totalité  du  dessin.  Le  violet,  le  vert,  le  vert 
pâle,  le  rouge  brique  en  font  les  frais. 

«Si  nous  envisageons  maintenant  l'ensemble  des  illustra- 
tions du  Christ,  nous  sommes  avant  tout  frappé  de  l'absence 
absolue  d'ornements,  de  l'imperfection  de  la  main-d'œuvre, 
du  caractère  général  de  pauvreté  et  do  barbarie.  Que  nous 


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l'auacb  artistique  S99 

voilà  loin  des  initiales  brillantes  et  si  variées  de  la  collection 

des  canons  de  l'Eglise,  faite  en  Alsace  même,  en  788,  par  les 

ordres  do  l'évt'qiic  Racchio,  do  Strasbourg!  Quo  nous  voilà 
loin  de  lu  spltMidcur  des  manuscrits  de  style  anjjlo-saxon  pro- 
venant de  Talibaye  de  Wissenilioury:,  peut-être  ronteuiporains 
du  Christ  (conservés  aujourd'hui  dans  la  bibliothèque  de 
Wo]lVnl)Uttel)! 

'Lo  Christ,  d'une  infériorité  si  saisissante  et  même  d'une 
nullité  absolue  sous  tous  ces  rapports,  se  relève  par  Timpor- 
tance  quUl  accorde  au  corps  humain  et  par  ses  réminiscences 
imparfaites,  mais  non  méconnaissables,  de  Tart  chrétien  pri- 
mitif. Si  la  structure  de  ces  figures  est  défectueuse,  si  les 
torses  manquent  (le  cou  du  Christ,  par  exemple,  se  rattache 
directement  au  bras,  sans  indication  d'épaules),  si  les  extré- 
mités nous  choquent  par  leur  lourdeur  et  leur  gaucherie,  si 
Texpression  enfin  ne  brille  que  par  son  absence,  on  rencontre 
du  moins  çà^et  là  quelques  traits  heureux,  quelques  joyaux 
épargnés  par  le  flot  de  plus  en  plus  envahissant  de  la  barbarie. 
On  dirait  un  de  ces  camées  antii|uos  enchâssés  dans  les  flancs 
d'un  reliquaire  ou  iVun  ciboire,  au  milieu  des  monstres  les 
plus  liidfux  du  nioyon  ;ii;e.  Citons  parmi  ces  épaves  le  vase 
placé  au  pied  du  crucitix.  les  draperies  dr  saint  Jean.  L'atti- 
tude de  la  \'ii'r!4e  ne  manque  ])as  non  plus  d  une  certaine 
poésie,  quoique  les  pli>  de  ses  vêtements  rembarrassent  et 
Talourdissent  sin^iulièrenient. 

«Le  type  de  la  plupart  de  ces  ligures  se  rapproche  du  type 
byzantin,  notamment  dans  les  personnifications  du  soleil  et 
de  la  lune,  ainsi  que  dans  la  peinture  de  TAnesse  montée  par 
Jésus-Christ;  mais  en  général  les  traits  sont  plus  grossiers. 
Le  costume  des  Juifs  qui  vont  à  la  rencontre  du  Sauveur,  offire 
également  de  grandes  analogies  avec  celui  do  différents 
manuscrits  grecs  de  la  bibliothèque  de  Vienne.  Il  se  compose 
d'une  tunique  descendant  à  mi-jambe  et  nouée  autour  des 
reins  par  une  ceinture.» 


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294 


HBVUR  b  AUACË 


M.  Muntz  so  demande  enfin  sll  faut  admettre  avec  Wagcn, 
qu'Ottfrid  est  l'anteur  de  VEnirée  de  Jésus  à  Jérusalem  et  du 
Ontcifietnent  ;  il  conclut  négativement  en  disant  qu*il  serait 
singulier  qull  se  fut  si  complètement  soustrait  it  Tinfluence 
des  enlumineurs  de  saint  Gall,  qui  brillèrent  d'un  vif  éclat 
pendant  le  ix*  siècle,  et  au  milieu  desquels  il  séiouma  un 
certain  temps.  Et  il  ajoute  (lue,  si  Ton  no  peut  déterminer 
l'autour  de  ces  miniature-s,  il  est  cependant  permis  iraflirmer 
que  celles-ci  ont  été  exécutées  à  Wiàbcuibourii. 


LE  MOINE  WILLO 

Orfénre  (xi*  siècle)  ' 

Le  xr  siècle  fut  marqué  par  un  mouvement  considérable 
dan>  larî  de  l'orfévrerit',  priiicipalcnifiit  cii  Allcina'îne  et 
daii-  la  vallée  du  lUiin.  Cette  renaissance  partielle  fut  provo- 
(juce  par  la  princesse  byzantine  Théophanie,  lill.'  de  rcniiM'- 
reur  ïïomain  II  et  épouse  d'Otton  II.  et  \ku'  saint  PM'rnward, 
évêque  de  Ilildi  sheiiu.  Les  plus  beaux  produits  de  l'orfèvrerie 
du  moyen  Âge  étaient  les  couronnes-lustres  ou  couronnes  de 
lumière  qui  servaient  i\  éclairer  entièrement  les  églises.  £n 
Alsace,  il  y  avait  celle  de  Wissembourf?,  attribuée  faussement 
au  roi  Dagobert;  cUo  avait  dix-huit  pieds  de  diamètre  et  était 
formée  d'un  cercle  de  fer  recouvert  de  lames  d'argent  doré 
et  garni  de  vingt-quatre  touroUes  en  vermeil,  alternativement 
rondes  et  carrées,  découpées  et  ciselées  et  soutenant  les 
statuettes  en  argent  des  apôtres.  On  remarquait  encore  en 
Alsace  la  couronne-lustre  de  Tabbaye  de  Munster  qui,  fausse- 
ment aussi,  passait  pour  un  présont  de  Dagobert. 

Le  premier  orfé>Te  de  TAlsace  est  Willo,  qui  vivait  an 
xr  siècle.  Il  était  moine  dans  l'abbaye  l)i  nedictinedeMurbacll. 

*  OnmgeB  consoltés  :  Oérabd,  Le»  Jrtitie»  de  VJdmm  <m  moyen 
âçef  etc. 


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I.^ALSACe  ARTISTIQUE  âff5 

C\v>t  \h,  d'après  ce  (luc  rapporte  h;  chroni(|U('  (rKi»ers!n(lnstei", 
qu'il  ciselait  et  dorait  .si  niervoilieuseim  iit  d'->  vases  do  cuivre 
et  d'étaio,  que  reni])eri'ur  Heui'i  lil,  dit  le  2soir,  De  so  faisait 
pas  de  scrupule  de  doitnor  en  cadeau  h  s(>s  vassaux  et  à 
ses  courtisans,  comme  s'ils  eussent  été  d*or.  Martèno  rapporte' 
que  ceux-ci  s*étant  aperçus  de  cette  tromperie  et  n*osant  pas 
s'en  venger,  résolurent  de  tuer  WiUo  qui  résidait  à  sa  cour, 
et  qui,  probablement,  était  bien  innocent  de  ce  qui  avait  eu 
lieu.  Mais  Henri  III,  ayant  eu  connaissance  du  complot,  afin 
de  soustraire  le  moine  à  la  mort  dont  il  était  menacé  et  peut- 
être  aussi  afin  de  le  récompenser  de  son  talent,  Tintronisa  de 
.  force  sur  le  siège  abbatial  d'EberàinUnster  auquel  les  moines 
uvaii'iit  élu  un  autre  abbé. 

Arrivé  dans  ce  (•ouNeiit.  en  de  telles  circonstances,  Willo  y 
fut  fort  mal  accufilll;  pendant  douze  années  ce  ne  furent  que 
luttes  et  querejles  entre  lui  et  le.>  n'iii^ieux.  Ceux-ci  l'ayant 
surpris  dans  la  cave  brisant  le  vase  servant  à  mesurer  le  viu, 
le  battirent  violemment  et  le  chassèrent  du  monastère.  Il  se 
plaignit  à  l'empereur  qui  ordonna  à  Hetzelon.  évêque  de 
Strasbourg,  de  le  réintégrer  dans  ses  fonctions.  Willo  rentra 
donc  à  Ebersmttnster;  mais  un  beau  jour,  en  1051,  il  quitta 
furtivement  le  monastère,  emportant  les  ornements  et  une 
partie  du  trésor  de  Téglise.  Il  se  réfugia  à  Worms,  oii  il  dissipa 
le  produit  de  ses  vols.  Telle  fat,  au  dire  de  Grandidier,'  la  vie 
de  cet  artiste  distingué  et  de  co  mauvais  moino. 

La  chronique  d'Ebersmlmster  raj)porte  que  la  couronne 
que  portait  Tanti-césar  Rodolj)be,  duc  de  Souabe  et  d'Alsace, 
élu  empereur  *-n  liiTT  avait  été  faite  dans  cette  a))baye.  Ce 
fait  semble  indiijuer  que  Willo  avait  formé' des  élèves  dans  ce 
couvent  et  y  avait  laissé  une  tradition. 

Dans  un  des  comptes  {de  l'hôtel  de  Philippe  le  Bon,  duc  de 

'  Tliè».  anerd. 
*  Ornvres  inédites. 


296  RitvuB  d'ausacb 

Bourgogne,  de  Tannée  1467,  se  trouve  mentionnée  une  pièce 
d'orfèvrerie  en  cos  termes  :  «Une  <'0(iuille  de  Willo,  pîarnye 
d'argent  iloïc».  l'i-nvcnait-elle  de  l  orfévre  d'EbersuiunslerV 
C'est  ce  qu  ou  ne  pi*ut  afhrmer. 


herrâde  de  LÂNDSPERG 

MiniatarÎBte  (llSiWllf»)^ 

La  niontaune  la  jilus  (•('•lehrc  de  l'Alsace  est,  .sans  contredit, 
celle  de  Ilulienhour^.  ou  Siii)itt'-()ilih',  la  tilli-  du  duc  Khicon, 
construisit  un  monastère  vers  la  tin  <lu  vir  siècle.  Parmi  les 
abbesses  qui  lui  succédèrent,  il  y  en  eut  une  du  nom  de 
Relinde,  qui  cultiva  avec  succès  la  iioésio  et  les  lettres,  dont 
quelques  morceaux  sont  parvenus  jusqu'à  nous.  Elle  en  com- 
muniqua le  goût  à  Tune  de  ses  jeunes  compagnes,  Herrade  de 
Landsperg,  qui  devait,  en  1167,  lui  succéder  sur  le  siège  abba- 
tial de  Hohenbouig.  • 

Herrade  est  Tune  des  plus  belles  figures  du  moyen  âge;  elle 
toi  peintre,  musicienne,  poète,  philosophe,  théologienne;  il  ne 
lui  a  manqué  que  l'auréole  de  sainte,  dont  elle  possédait 
toutes  les  vertus.  Il  y  a  eu  dos  noms  plus  ^ands,  plus  écla- 
tants que  le  sien;  il  n'y  en  a  pas  de  plus  i)urs.  L'intérêt 
qu  in>]iire  cette  femme  rf^sulte  de  l'existence  isoliV»  (|u'elle  a 
eue  au  M)nnni't  d'une  niontaiine,  dans  une  réj^'ion  ])rcs()ue 
alpestre  où  lt'>  bruits  du  inonde,  lorsqu'ils  montant  juMiue-là, 
sont  si  faibles  qu'ils  se  confondent  avec  le  munnure  de  la 
cascade  voisine  ou  avec  les  gémissements  du  vent  dniis  les 
branches  de  la  forêt  de  sapins;  il  résulte  surtout  du  charme 
qu'on  éprouve  à  rencontrer  un  être  si  noble,  si  cultivé,  au 

'  Ouvrages  con8nlt(''S  :  Spach,  Tjettren  sur  le$  archives  dê})artementnlrs 
ihi  lUts-Tihiu  :  Huot.  Dca  Vosffrs  nu  Wiin  •  fiKRAitn,  1  <  Arlisirfi  de 
l'Alsace  nu  minjen  âge;  J.-J.  Mkybr,  Herrade  de  Landsperg  {Revue 
d'Ahnce^  année  Ibîti);  eto. 


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i.'ai.svci;  AunsnguE  2'.>7 

milieu  d'un  monde  denii-])arl)arc,  en  proie  à  la  rudusse,  à 
lignorance  et  aux  passions  les  plus  grossières. 

Le  milieu  oii  Herrado  a  passé  son  existence  a  dû  exercer 
sur  sa  nature  impressionnable  et  poétique  une  influence  con- 
sidérable; mais  ce  fut  à  son  insu.  Qui  n'a  éprouvé  sur  les 
hautes  montagnes  le  sentiment  indéfinissable  qu'un  air  plus 
léger,  un  horizon  plus  varié  et  plus  étendu  produisent  sur  nos 
sens  et  nos  idées?  Le  sang  coule  dans  les  veines  avec  plus 
d'abondance  et  de  force,  les  objets  apparaissent  sous  un  aspect 
nouY(\iu  et  les  pensées  seral)lent  se  purifier  et  s'élever  sous 
rinllucnec  mystérieuse  de  Tatmosplière  éthdrt'^e  qu'on  resj)ire. 
Conjnie  tout  ro  qui  est  véritablement  lieau,  le  site  de  Ilolicn- 
bour.^  a  enj)tivé  et  captivera  toujours  rhomnic:  i>anorauia 
admirable,  souvenirs  historiques  et  reli^j;ieux,  il  otiïe  tout  ce 
qui  peut  plaire  aux  yeux  et  à  rima<^nnatiou. 

Comme  son  nom  l'indique,  Herrade  appartenait  ii  Tantique 
et  illustre  famille  de  Landsperg,  depuis  longtemps  éteinte, 
dont  les  ruines  du  chftteau  se  voient  sur  la  pente  de  la  mon- 
tagne même  du  Hohenbourg.  On  ignore  l'époque  exacte  de  sa 
naissance,  qui  remonte  probablement  entre  les.  années  1135 
et  1140.  On  ne  sait  pas  non  plus  pour  quel  motif  elle  prit  le 
voile;  si  ce  fiit  pour  obéir  à  une  vocation  bien  arrêtée,  pour 
iuir  les  luttes,  les  passions  et  les  tourments  du  monde,  ou 
pour  satisfaire  au  désir  de  son  frère  Gunther  ou  de  ses 
panants.  Quoi  qu'il  eu  soit,  elle  entra  comme  novice  au  couvent 
de  Iloluiibouru,  dirigé  alors  par  la  pitHise  Keîin<le. 

Plus  tard,  devenue  abbesse  de  ce  moii:i>tère.  TTerrade  donna 
tous  se'<  si.jiis  nux  nonnes  et  à  ré't;ib]i>-eiiii'nt  dont  elle  avait 
reçu  la  direction  spirituelle  et  temporelle.  En  117s.  die  fonda 
près  d'Ottrott-le-lIaut  le  prieuré  de  iSaint-Gorgon,  et  m  llSl 
celui  de  Trauttenbausen  au  pied  de  la  montap^ie  de  Flohen- 
bourg.  Elle  entra  en  rapports  U'affaires,  pour  les  biens  de  son 
couvent,  avec  Frédéric  Barberousse,  les  pt^es,  les  évêques 
de  Strasbourg,  de  Lorraine  et  d'Allemagne  et  les  seigneurs 


S98  REVUE  U  ALSACB 

alftaciens.  Mais,  saufles  instants  qu'elle  coii.saci  ait  aux  intiTôts 
matériels  confiés  à  ses  soins,  «^llo  employait  tout  son  temps 
en  excri-irrs  de  piété,  à  la  (lirtu-tion  spirituelle  de  ses  com- 
paiziie^  et  à  la  culture  (U-  la  jM-inture,  de  la  musifiue  et  de  la 
])()ésiL>,  Inscn-^jiilc  aux  bruit.s  do  la  terre,  plon;;ui'  dans  le 
calme  et  la  retraite  les  plus  absolus,  sous  Tempire  de  vi-^ion-. 
charmantes  et  d'iiarmonied  qu'elle  croyait  venir  des  cieux, 
elle  composa  une  œuvre  admirable  pour  l'époque,  le  Hortm 
Df'liriarim.  Ce  manuscrit  fut  pendant  des  siècles  entouré  à 
Uobenbourg  d'une  vénération  très  grande  et  estimé  presque 
à  régal  des  reliques  auprès  desquelles  on  le  conservait  pré- 
cieusement Il  était  orné  de  délicieuses  peintures  ob  éclataient 
des  couleurs  que  le  temps  n'avait  pu  altérer.  Transmis  par 
Herradc  à  ses  filles  adoptives,  sauvé  comme  par  miracle  des 
nombreux  désastres  qui  assaillirent  le  couvent  de  Sainte- 
Odile,  recueilli  un  moment  par  les  évêques  de  Strasbourg, 
puis  par  les  Chartreux  de  Mnishoim,  par  la  bibliothèque  du 
district  républicain,  j)ar  un  abbé,  enfin  par  la  bibliothèque  de 
la  ville  df  Stra.sbourti.  dont  il  était  l'onuMoent  le  plu>  brau  et 
le  plus  jtrécieux,  il  a  été  brûlé,  comme  tout  le  reste,  par  les 
Prussiens,  en  1^7<». 

Heureusement  (jue  ce  manuscrit  ine.-tiiiiablc  a  été  l'objet 
de  plusieurs  études  remaniuables  :  l'une  fut  publiée  î\  Stutt- 
gard  en  1618  par  Engelliardt,  (]ui  l'accompagna  de  douze 
planches  reproduisant  les  plus  belles  miniatures;  une  autre 
est  due  à  Leuoble;  uue  troisième  fut  insérée  par  Tarchiviste 
Spach  dans  ses  Lettres  mr  les  an^uves  du  Ba^Blwi;  une 
quatrième  se  trouve  dans  l'ouvrage  du  conseiller  Huot,  inti- 
tulé Des  Vosges  au  Rhin;  une  cinquième  a  paru  dans  l'ou- 
vrage de  fou  Gérard  sur  Les  Artistes  de  VA  Isace  m  moym  âge  ; 
une  autre,  la  plus  étendue  de  toutes,  est  due  à  la  plume  de 
M.  J.-J.  Meyer,  qui  l'a  insérée  dans  la  Revue  ^ Alsace^  année 
1876;  enfin,  la  Société  pour  la  conservation  des  monuments 
historiques  de  1  Alsace  vient  de  réunir  dans  une  splendide 


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l.'AL»ACe  ARTISTIQUE  399 

publication  (  isTît)  les  dcssiiiH  (juu  des  amateurs  avaient  faiU 
des  miniaturt's  df  ci'  manuscrit. 

Lo  Hortug  Delichirinu  fut  prohablomeut  coununncé  par 
Uerrade  vers  l'an  1155  et  terminé  en  lltto.  Cette  femme  dis- 
tinguée put  jouir  pendant  de  n()nd)rouses  années  de  son  œuvre, 
car  elle  ne  mourut  que  le  25  juillet  11B5,  à  Tâge  de  70  ans 
environ.  Ses  derniers  instants  furent  impressionnés  par  une 
scène  douloureuse:  Sybille,  veuve  de  Tancrède,  roi  de  Sicile, 
et  ses  deux  filles  étaient  venues  chercher  un  asile  dans  le 
couvent  do  Hohenbourg,  poursuivies  par  la  haine  de  Tempe- 
reur  Henri  VI,  qui  8*était  emparé  de  la  Sicile  et  avait  fait 
crever  les  yeux  au  fils  du  monarque  défîint 

Herrade  avait  une  sœur,  Edelinde,  qui,  comme  elle,  prit  le 
voile  et  devint  abbesse  de  Hohenhourp;  en  Tan  1200.  Edelinde 
se  distinfîua  non-seulement  par  sa  piété,  mais  aussi  par  ses 
^oûts  artistiques.  Elle  sculpta  la  Passion  du  ^Sauveur  et  quel- 
([Ucs  scèMU's  de  rAncien  et  du  Nouveau  Testauient  sur  une 
croix  eu  bois  qui  ornait,  avant  1542,  Tabbaye  de  Nie(ler- 
miinster,  et  qui  se  trouve  actuellement  dans  l'église  de 
Molsheim.  ' 

11  n'entre  point  dans  notre  sujet  de  donner  l'analyse  de 
ÏMortus  Deliciarum,  qui  était  un(»  sorte  tle  résumé  de  toutes 
les  connai-sMiices  de  Tépoque,  destiné  à  l'enseignement  des 
nonnes  de  Uohenbourg.  Nous  n'avons  à  parler  de  cette  œuvre 
qu'au  point  de  vue  des  peintures  qu'elle  renfermait,  qui  en 
étaient  le  commentaire  imagé,  et  lui  assignent  le  premier 
rang  parmi  toutes  les  productions  des  miniaturistes  alsaciens 
du  moyen  ftge.  A  Fépoque  oU  vivait  Herrade  de  Landsperg, 
c'e8t4t-dire  au  xn*  siècle,  lillustration  des  manuscrits  était 
peu  pratiquée  en  Occident;  ce  n'était  guère  qu'une  pieuse* 

'  Cette  croix,  qui  porte  les  signes  irrécusables  de  l'époque  byzantine, 
est  en  bois  de  cbt  iie,  elb^  a  buit  à  neuf  pieds  de  hauteur  et  ciiKi  à  six 
dans  la  croisi'^o.  Des  pierres  précieuses  l'enricbissent,  et  elle  est  recou« 
verte  do  lames  d'argent  doré  relevées  en  bosse. 


.100  RFVtTF  n\l4ï*rF 

tradition  inonastiiiuc  cmjn'untro  ;ui\  liahitudi's  de  TEiilise 
«irccrjuc.  La  foi  inspirait  li  s  inui^es,  coimiie  elle  imposait  les 
textes  et  leur  siLMiitii  i!  ri  li>,Meuse.  L'art  byzantin  avait 
formulé  des  règles  intiexibles,  avait  créé  des  types  inaltérables, 
immuables,  éternels;  les  figures,  les  attitudes,  Texpression^les 
emblèmes,  les  costumes,  les  couleurs  même,  tout  avait  été 
réglé,  iixé,  déterminé.  L*artiste  ne  pouvait  s*en  écarter  sans 
violer  en  même  temps  son  devoir  professionnel  et  son  devoir 
religieux.  La  décadence  qui  avait  commencé  à  se  produire  à 
Constantînople,  sous  le  règne  de  Basile  II  (995-1025),  se  fit 
sentir  au  xi*  siècle  en  Allemagne  où  s'étaient  répandus  des 
artistes  dégénérés,  qui  étaient  tombés  dans  le  dernier  scrvi- 
lisme  de  l  art.  Aux  principes  et  aux  traditions  des  écoles  de 
Basile  !"■  et  de  Con-tantin  Porphyrofrénète  avaient  succédé  le 
relàclicuieut  et  reinpiri>iii  •  d'un^'  nouvelle  école  (pii  chaque 
jour  s'éioijinait  de  plus  m  ])lus  de  î  antiquité.  Heureusement, 
qu'à  côté  de  cette  écitle  uit  rcantile  l  AlIemaLnie  avait  su  en 
conserver  une  auti-e,  véritablement  nationale,  née  de  la  renais- 
sance carlovingienne  et  qui  continua  le  mouvement  original 
qui  Tavait  distinguée.  Cette  école,  peu  nombreuse,  était  plus 
indépendante,  plus  fantaisiste;  elle  composait  avec  liberté, 
elle  inventait,  elle  savait  allier  le  sentiment  de  la  vie  réelle  à 
la  poésie  légendaire;  elle  reproduisait,  en  les  variant,  les  scènes 
historiques  ou  bibliques;  elle  n'interdisait  pas  &  Timagination 
de  concevoir  et  de  produire  des  sujets  et  des  formes  dans  une 
direction  et  sous  une  forme  nouvelles.  Cette  école  à  laquelle 
appartient  Herrade  de  Landsperg  ne  subissait  plus,  vers  le 
milieu  du  \n'  siècle,  riuHuence  byzantine  que  dans  ce  qu'elle 
avait  d'li''ureux  et  d"uti1e;  elle  n'empruntait  plus  aux  peintres 
orientaux  que  Ii'urs  connaissances  ter]ini(pie>.  leur  entente 
du  d*'>>in,  leur-  ju-ocedés  de  coloris.  ( 'e  libre  travail  di?  l'es- 
prit, cette  iiulépendance  de  l'artiste,  éclatent,  COiiuue  nous  le 
verrons  dans  l'œuvre  de  Herrade. 
Le  nombre  des  peintures  qui  ornent  Toeuvrc  d'Uerrade  est 


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"    L'aUACIï  AKTISTlVb'E  301 

considérable;  il  s  élove  à  six  cent  trente-six,  celui  des  tij^ures 
humaines  h  plus  de  neuf  mille.'  Elles  ne  sont  ([ue  rarement 
placée-  dans  le  tcxt  ';  unlinairement  elles  occupent  touto 
retendue  de  la  feuille  de  |)arche:iiiii  ;  certaines  pages  con- 
tiennent deux  rangs  de  miniatures,  d'autres  trois  rangs, 
Quehiues  compositions  sont  si  développées,  que  c'est  à  peine 
si  toute  la  page  est  suftisante  pour  les  renfermer. 

L'Histoire-Sainte  est  traitée  très  brièvement  et  ce  senties 
allégories  mystiques  qui  tiennent  le  plus  de  place  parmi  ses 
miniatures.  Dieu,  père  de  toutes  les  créatures,  les  anges,  la 
révolte  et  la  chute  de  Lucifer  et  de  ses  suppôts,  surtout  ce 
dernier  événement  présenté  en  un  endroit  comme  une  des 
causes  qui  amenèrent  la  création  de  la  terre  et  de  Thomme;  la 
Trinité,  comme  providence  agissant  dans  le  monde;  tel  est  le 
début  de  la  première  partie.  Dans  les  peintures  qui  raccom- 
pagnent on  voit  les  trois  personnes  de  la  Trinité,  assises  Tune 
près  de  l'autre  sur  un  banc  circulaire  et  identiquement  sem- 
blables l'une  à  l'autre,  se  consulter  sur  l'é'kentualité  de  la 
création. 

L'orijzine  des  élénu'Uts  e>t  empruntée  au  récit  biblique.  L'air 
et  l'eau  sont  représenté.?  ^ou^^  les  traits  d'Eolc  et  de  Neptune. 
Tout  ce  qui  a  trait  îi  la  cosmographie,  ii  l'astronomie  et  à  la 
chronologie  est  tire  d  un  astrologue  anonyme  et  de  VAurea 
gemma;  il  en  est  de  môme  de  certaines  notions  de  géographie 
et  de  technologie  qu'on  trouve  plus  loin.  Ces  derniers  frag- 
ments sont  suivis  de  miniatures  représentant,  d'après  le 
système  de  Ptolémée,  les  douxe  signes  du  zodiaque,  les  isènes, 
le  Soleil  dans  un  char  attelé  de  quatre  chevaux,  et  les  divers 
climats. 

Dans  lUstoire  de  la  création  de  Thounue,  on  voit  celui-ci 

'  N'oiis  nous  biiiiiiiir.-.  i  vi  \n)\iv  l.i  tli'Sv  i  ijiiu)!i  i!cs  iiii 11 iut lues  pi  iii- 
ciliiilL'int'iit  Jl's  iu(iclo3  tic  M.M.  (iciard,  T.I,i*.  iit"  titauiv.,  ciJ.-J.  Meyer, 
uuvrugca  déjà  cités. 


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:1K]I2  REVUE  D^ALSACe 

rcprésento  m)U^  U'>  toniio  du  iiiicruL-o.-^iiie,  c  t'St-iVdirf  ooiiinu! 
un  abrégé  du  inonde.  L  liomnie,  iiouvellenient  créé,  a  la  tête 
rayonnante  et  entouré  des  sept  anciennes  planètes;  ses  bras 
sont  étendus  et  un  cercle  enferme  ses  jambes;  un  monticule, 
sur  lequel  une  chèvre  broute  des  ronces,  figure  la  terre;  les 
trois  autres  éléments,  l'eau,  le  feu  et  Tair,  sont  représentés 
dans  les  angles  de  la  peinture  exerçant  leur  influence  sur 
Têtre  humain.  Les  miniatures  qui  représentent  la  création 
d'Adam  et  d'Eve  sont  très  curieuses;  on  voit  le  Père  étemel 
tenant  sur  ses  genoux  une  forme  humaine  ébauchée  dans  de 
l'argile  jaunâtre  et  achevant  de  la  modeler;  plus  loin,  il  souffle 
dans  sa  bouche  ouverte  pour  lui  communiquer  la  respiration; 
entin,  assis  auprès  d'Adam  endormi,  il  tient  à  la  main  lu  côte 
qu  il  lui  a  prisp  et  de  laquelle  surjiit  le  buste  d'Evf  nai^>ante. 

Vient  en.suite  l'histoire  de  la  chute  de  nos  premiers  pareuLs. 
On  voit  l'Eternel  1rs  chassant  du  paradis  terrotre  :  i)lus  loin, 
1  '  chérubin  qui,  les  aih's  rejdiées  Tune  sur  l'autre  en  lorme  de 
croix,  veille  à  la  porte  d'entrée  du  paradis.  Après  leur  expul- 
sion, Adam  est  repré.senté  l)êchaut  la  terre  avecefiort,  et  Kve 
lilant  au  fuseau.  Ensuite  Cain  tue  son  frère  Abel;  puis 
l'arche,  la  découverte  du  vin  par  Noé,  l'ivresse  de  celui-ci  et 
la  construction  de  la  tour  de  Babel. 

Puis  arrivent  les  neuf  Muses  qui  sont  encadrées  dans 
des  médaillons  élégants  et  qui  portent  le  costume  des  châte- 
laines de  l'époque  de  Frédéric  Barberousse. 

Après  les  Muses  vient  une  miniature  allégorique  représen- 
tant la  philosophie  et  les  sept  arts  libéraux.  A  Tintérieur  d'un 
grand  cercle  sont  inscrites  sept  arcades  byzantines,  dans  cha- 
cune d'^squclles  ,^e  drt'sse  um-  Icmme  iiol  lcmcnl  vêtur:  la 
(îrammairc.  en  roufie,  tenant  une  vei>j;e  et  un  li\i'i';  ki  Uheto- 
ri<|Ui%  vn  h\vu.  avec  un  style  et  des  t-aldetî^^  ù  eci'ire:  la 
I)ialt'Cii(iue,  en  vert  clair,  tenant  de  la  main  gauche  une  tête 
de  chieu  aboyant;  la  .Musitiue,  en  carmin,  ayant  une  harpe 
entourée  d'une  lyre  ot  d'une  rotte;  T Arithmétique,  en  bleu 


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L'aLSACE  ARTISTlgUE  903 

clair,  avec  une  corde  à  compter  ;  la  Géométrie,  on  rouge,  armée 
d'un  roiiipas  et  (runc  rè^Mn  ;  rAstronomiL»,  en  vert  foncé,  moii- 
tniiit  crum-  main  le  lii  iaaiuciit  c*t  tenant  de  Taiitri?  nn  boisseau. 
Au  centre  du  cercle  sié^te  sur  un  large  fauteuil  la  i'iiilo-ophie 
vctue  d'une  ro'ne  violtîttc  et  d'un  manteau  de  ]t()iirpri':  ^a  tt-te 
est  ornée  d'un  di.tileiiie  dunucl  sortent  trois  ligures  désignées 
par  une  légende  sou>  les  noms  d'Etliiciue,  de  Logique  et  de 
l'bysique;  ses  mains  tiennent  un  écriteau  à  devise;  des  deux 
côtés  de  sa  poitrine  s'épandent  les  sources  des  sept  arts  libé^ 
raux.  Dans  la  partie  inférieure  du  cercle  on  voit,  assis  sur 
un  banc  de  bois  et  devant  un  pupitre  chargé  d'un  livre 
ouvert,  Socrate  et  Platon.  Au-dessous  de  la  page  et  extérieu- 
rement au  grand  cercle  se  trouvent,  dans  de  riches  sièges  et 
devant  un  livre  ouvert,  quatre  personnages  à  la  physionomie 
grave,  portant  leur  barbe,  en  haut-de-chausses,  tunique  et 
chlamyde;  ce  sont  les  poètes  et  les  mages,  ayant  chacun  sur 
Tépaule  un  oiseau  noir  qui  semble  leur  parler  à  Toreille  et 
qui  représente  un  démon.  Herrade  les  a  exclus  du  cycle  hono- 
rable des  arts  bienfaisants,  parce  qu'ils  ont  chanté  les  exploits 
des  divinités  mythologiques,  dont  elle  a  peint  les  ligures  sur 
les  feuii!('>  suivantes. 

Puis  vii-nni  nt  le:>  scènes  le>  plus  marquantes  de  la  vie  des 
patriarches:  Abralunii  et  L(»th.  l.-aac  et  ses  tils.  Moïse  en 
Hgyptc.  k'  passage  dr  la  mer  Uouge,  le  séjour  des  Ih^ireux 
dans  le  désert;  leurs  dis  erses  stations  sont  iudi(iuéi'S  sous  la 
forme  emblématique  d'autant  de  petits  châteaux- forts  ou 
d'églises.  Les  principaux  événements  des  pérégrinations  des 
Israélites  sont  représentés  d'une  façon  très  curieuse;  ainsi, 
dans  la  scène  représentant  Tengloutissemont  de  Pharaon  dans 
U  mer  Rouge,  Herrade  a  donné  aux  poissons  des  formes  bouf- 
fonnes et  des  attitudes  plaisantes,  comme  pour  montrer  leur 
satisfaction  de  la  mésaventure  arrivée  à  Torgucilleux  Egyptien. 
Ailleurs,  lorsqu'une  colonne  de  feu  ou  de  nuages  indique  le 
chemin  aux  Juifs,  elle  est  immédiatement  suivie  d'un  massier 


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301  aKvtfi  u'alsack 

tenant  à  la  main  un  gros  bâton  à  pommeau.  Plus  loin  ou  voit 
dans  un  endroit  isolé  le  tombeau  de  Moïse,  dont  Dieu  lui- 
même  place  le  corps  dans  un  cercueil  de  pierre  ;  Satan  cherche 
à  saisir  ce  curps  par  un  pied,  mais  il  est  repoussé  par  saint 
Michel  armé  d^une  fourche. 

'  Dans  riiistoire  des  Juges,  des  Rois  et  des  rrophètes,  il  y  a 
un  tahk-au  remarquable  rc'pre^entallt  ,loiias  avait'  par  mit' 
baleine,  ({ui  n'est  autre  (lu'unc  rniu'nu'  vavuv  tlu  Khlii.  L.'.. 
ilouzi'  j)rop!u  ti'S  -ont  as:^is  l'un  à  coîi' d  l  autre  ft  tiennent 
cliaeun  à  la  main  une  liamle  de  parclu  iiiin  -ur  la(|Uelle  on  lit 
Tune  (le  l "ur>  pri'dietions.  Les  visions  du  propliete  /aeharie 
douueut  lieu  à  une  uiiniature  très  curieuse:  le  Christ,  malien- 
Toppositiou  du  diai)le  armé  d'une  massue,  revêt  le  costume 
de  grand-prêtre;  tout  auprès,  on  voit  les  candélabres  à  sept 
braucheîi  placés  entre  des  oliviers.  Cette  miuiature,  commencée 
par  Herrade,  a  été  achevée  postérieurement  par  une  main 
moins  expérimentée.* 

Au  seuil  de  Thistoire  évangélique,  entre  Tancienne  et  la 
nouvelle  loi,  Herrade  a  peint  deux  allégories  mystiques  sur 
Tunion  des  deux  Testaments;  dans  Tune,  le  personnage  prin- 
cipal, qui  est  assis,  porte  deux  têtes,  celle  de  Moïse  et  celle 
du  Christ,  et  tient  d'une  main  Paspersoir,  symbole  de  la  syna- 
gogue, et  de  Tautre  la  coupe  de  la  Cène,  emblème  de  TEglise 
nouvelle. 

l'ai  ini  II -s  miniatures  ([ui  illustrent  la  vie  du  Christ,  il  y  on 
a  de  très  remanjualdcs.  T/um'  d'elles  concerne  la  «^eiiealofiio 
du  Messie  représentée  par  un  arbre  t'iuidenuitique  plante  par 
Dieu  lui-même;  i\  mi-hauteur  du  tronc,  on  voit  la  tipure 
d'Abraham  au-dessus  de  laquelle  sont  représentées  les  têtes 
de  tous  les  patriarches,  de  tous  les  rois  du  peuple  juif  et  de 
tous  leurs  descendants  jusqu'à  .Iosej)h,  l'époux  de  Marie;  la 
Vierge  est  au-dessus  de  Joseph,  et  de  sa  tête  sort  le  Christ  ; 
les  patriarches,  les  rois,  les  prophètes  et  le  peuple  d'Israël 
sont  répandus  dans  les  rameaux;  dans  la  partie  supérieure 


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L*ALSACB  ART1STIQ0E  305 

apparaît  le  Siuivour  oi  ù,  ses  côtés  les  apôtres,  les  papes,  le 
clergé,  les  rois  de  la  terre  et  leurs  peuples. 

Dans  la  miniature  suivante  on  voit  Dieu  jeter  daas  la  gueule 
du  Leviathan,  image  symbolique  du  monde  corrompu,  un 
hameçon  dont  la  partie  supérieure  figure  la  croix  du  Christ, 
et  qui  retire  du  monstre  les  têtes  des  patriarches  et  des  pro- 
phètes. 

Dans  l'histoire  du  Christ,  nous  citerons  les  miniatures  sui- 
vantes :  TAssemblée  des  disciples  de  saint  Jean  portant  des 
manteaux  blancs  marqués  par  devant  d'une  croix  de  saint 
Jean;  —  le  Baptême  du  Christ,  scène  dans  laquelle  le  Jourdain 

est  représenté  sous  la  forme  d'un  dieu  qui  regarde  avec  éton- 
nement  les  portes  du  ciel  ouvi  i  tes  sur  la  tête  du  Sauveur, 
pendant  ([u'une  colombe  descend  portant  une  fiole  remplie 
d'huile,  dont  elle  va  Toindre  ;  —  la  Tentation,  où  Ton  voit 
Satan,  revêtu  d'une  peau  verte,  s'etiorcer  de  séduire  le  (llirist 
par  des  cajoleries  bouffonnes,  dont  le  comique  est  renforcé 
par  les  détails  grotesques  du  personnage:  uez  énorme  et 
retroussé,  bouche  fendue  jusqu'aux  oreilles,  queue  en  trom- 
pette; —  la  Mort  de  Lazare  et  du  mauvais  riche;  Tâme  du 
premier  est  recueillie  pieusement  dans  un  linceul  par  des 
anges  qui  la  portent  au  ciel;  tandis  que  celle  du  mauvais 
riche,  personnifiée  par  un  nain  qui  s'échappe  de  sa  bouche 
convulsive,  est  saisie  et  emportée  par  des  démons;  —  plus 
loin,  on  voit  le  mauvais  riche  couché  tout  nu  au  milieu  d'un 
étang  do  feu  et  blasphémant  dans  les  tortures  de  la  soif; 
Lazare,  au  contraire,  repose  bien  tranquillement  sur  les 
genoux  d'Abraham. 

Dans  le  soniïe  de  la  femme  de  Pilate,  Horrade  a  représenté 
Satan  au  i)ied  do  cette  dame,  inspirant  et  dirigeant  le  rêve  de 
sang  (lu'elle  fait.  Dans  le  tableau  du  crucitit-ment,  Tartiste  a 
placé  au-dessus  du  gibet  les  Hgures  dolentes  et  voilées  du 
Soleil  et  de  la  Lune;  le  premier,  portant  la  main  à  sa  face, 
essuie  ses  larmes;  Mari»',  Jean,  le  diacre  Klienne  et  centu- 
Noov«Ut!  Sorte.  —  H"  aonve.  20 


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S06  RKVine  D^ALSACB 

rioli  L(iii  i;in  sont  au  pioil  de  la  croix,  où  se  trouve  aussi  le 
tombeau  d'Adam.  Deux  figures  allégoriijues  apparaissent  en 
outre  dans  cette  composition;  Tune  représente  Tancienne  Loi, 
la  Synagogue  montée  sur  un  ftnc,  les  yeux  couverts  d'un  ban- 
deau, la  bannière  renversée;  elle  tient  d'une  main  le  bouc 
d'iniquité  de  l'ancien  Testament,  de  Tautre  main  le  couteau 
du  sacrifice  désormais  inutile  et  inefficace.  L'autre  ligure  est 
colle  du  Christianisme,  de  l'Eglise  triomphante,  assise  sur  une 
bête  à  quatre  têtes  qui  sont  les  attributs  des  quatre  évangé- 
listes;  elle  porte  d'une  main  la  bannière  victorieuse  et  de 
l'autre  la  coupe  de  la  Cène,  dans  laquelle  tombe  le  sang  qui 
s'échappe  des  flancs  du  Christ 

On  doit  si;j;naler  encore  dans  Thistoire  évanfîélique  les 
miniatures  suivantes:  la  descente  du  Saint-Esprit;  la  conver- 
sion de  saint  Paul;  la  conii)ai^'ni('  des  saintes  fenuncs  de  la 
Passion  vêtues  do  l'habit  monasti(iuo,  ^ou>  la  conduite  de 
saint  Jean  en  costume  de  moine;  le  baptême  de  l'Ethiopienne 
par  saint  Paul,  emblème  de  l'accueil  (jue  l'Eglise  fait  aux 
nations  payennes;  le  Christ  couronnant  TEglise  qui,  sous  les 
traitJi  d'une  femme,  s'avance  à  la  tôte  des  douze  apôtres;  Jésus 
chassant  du  temple  les  marchands  qui  personnifient  tous  les 
vices  qu'on  doit  bannir  de  la  société  chrétienne;  Christ  sur 
le  pressoir  symbolique  de  la  vendange  chrétienne;  le  lépreux 
figurant  par  ses  sept  plaies  les  sept  hérésies  principales  qui 
ont  désolé  l'Eglise. 

La  lutte  des  vertus  chrétiennes  contre  les  vices  présente 
un  tableau  original.  Les  Vices  et  les  Vertus,  dans  la  tenue  de 
femmes  armées,  so  combattent,  les  premières  avec  des  lances 
qui  représentent  les  aiguillons  de  la  tentation,  les  secondes 
avec  des  épées,  inuiges  de  la  parole  divine.  Dans  tous  ces 
combats  sini^uliers,  chaiiue  Vertu  est  aux  jjrises  avec  le  Vice 
correspondant;  la  victoire  aj)partient  toujours  j\  la  Vertu  qui 
met  h  mort  son  antagoniste.  La  Luxure  stMilc  n'emploie  pas 
d'armes  pour  conibatti'c;  l  ichciueul  vêtue,  escortée  des  autres 


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L'AUAUï  AaTISTIQUË  907 

plaisirs  et  montée  sur  un  chikr  enrichi  d*or  et  de  pierres  pré- 
cieuses, elle  réussit  par  bes  séductions  h  déconcerter  les 
Vertus;  mais  la  Chasteté  arrive  à  temps  pour  les  secourir;  elle 
brise  le  char  de  la  Volupté  et  de  ses  compagnes,  qui  fuient  en 
jetant  leurs  parures  et  leurs  armes. 

Après  cette  allégorie  arrive  une  série  il-  iiiiiiiaturcs  consa- 
crées à  célé])rer  Salomon:  la  construction  du  trnii)le;  la  visite 
de  la  reine  de  Saba;  les  vierires  de  .léru>aleni  chantant  ses 
louanges  devant  le  roi  (|ui  e>t  assis  sur  son  trône:  Salomon, 
emblème  du  Christ  triomphant,  reposant  .>ur  un  lit  précieux, 
symbole  de  TËglise;  Salomon  célébrant  le  festin  nuptial  avec 
TEglise;  Salomon  assis  sur  un  trône  et  jetant  sa  mélancolique 
exclamation:  Vanité  des  Vanités.  Auprès  de  lui,  comme  imago 
de  la  vanité  des  choses  humaines,  deux  hommes  font  mouvoir 
deux  marionnettes  représentant  des  chevaliers  armés  de 
toutes  pièces  et  se  livrant  un  combat  singulier.  Immédiate- 
ment an-dessous,  on  voit  la  Fortune,  montée  sur  une  roue, 
qui  élève  et  abaisse  les  rois  tour  à  tour. 

Cette  saisissante  critique  de  la  vanité  des  choses  humaines 
avait  mis  Herrade  en  veine  de  liberté.  Elle  traça  une  autre 
comi)Ositioii  d'une  grande  énei  gie.  c'est  VEchclle  du  Salut  qm 
part  du  sol  et  s'élève  juxiu'au  ciel  oii  se  trouve  la  couronne 
de  vit':  le  Père  é'ternel.  (huit  la  main  sort  d'un  nuage.  i"otire 
aux  concurrents,  tandis  (jue  des  dénn)ns  leur  décochent  des 
flèches  pour  les  faire  tomber  dans  la  gu(>ule  du  diable,  sous  la 
forme  d'un  dragon  qui  se  trouve  au  pied  de  l'échelle.  Malgré 
Tassistanco  do  quelques  anges,  les  embûches  du  démon  n'ont 
que  trop  de  succès;  Termite  a  préféré  k  culture  de  son  jardin 
Il  la  prière  et  à  la  contemplation;  le  chartreux  s*est  laissé 
séduire  par  U.  jouissance  d'un  bon  lit  ;  le  prêtre  séculier  8*c»t 
livré  aux  plaisirs  de  la  table  et  de  l'amour;  la  religieuse  a  été 
fascinée  par  la  vue  des  richesses  ;  le  chevalier  et  la  noble  dame 
se  sont  adonnés  à  Tavarice,  à  Torgueil  et  aux  plaisirs  de  la 
chair.  Tous  retombent  de  l'échelle.  Les  laïques  ne  montent  \ni6 


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300  RETUB  D'ALSACS 

iiiùiiiL'  aussi  haut  que  les  relÎLîieux;  dès  It^s  prcniicrs  (leizrés, 
le  soldat  altsnrlu'  jiar  le  (k'>ir  df  posst'd»'!'  di»  beaux  dirvaux, 
la  femme  étourdie  pur  le  luxe  et  la  vanité,  se  lai>senl  i  hoir 
lourdement.  Seule,  la  (  liarité  chrétienne  atteint  le  haut  de 
Téchelle  et  re(;oit  la  recompeiiM*  céleste. 

Une  poésie  sur  les  défaillances  de  la  chair,  inspirée  à 
Herrade  par  la  peinture  dont  nous  venons  de  i)arler,  lui  four- 
nit Toccasion  de  reproduire  le  mythe  homérique  dos  Sirènes 
en  trois  tableaux.  Dans  le  premier,  ces  enchanteresses,  ailées, 
la  tète  couverte  d*un  voile,  le  corps  enveloppé  d*unc  longue 
robe  qui  ne  laisse  À  découvert  que  les  mains  et  les  jambes 
terminées  par  des  serres,  font  tomber,  aux  sons  d*une  mélodie 
délicieuse,  Téquipage  d*un  navire  dans  un  profond  sommeiL 
Dans  le  second,  les  sirènes  sautent  sur  le  vaisseau,  mas- 
sacrent les  matelots  endormis  et  les  jettent  à  la  mer.  Dans  le 
troisième,  Ulysse,  monté  sur  une  barque  que  conduit  un 
moine  à  la  tôto  rase,  arrive  au  secours  de  ses  compagnons  et 
emploie  la  ruse  habile  qui  doit  rompre  le  charme  des  iilles 
d'Acheloils. 

.\près  ces  tableaux,  »iui  sont  une  allusion  aux  périls  (pie 
l'Ei^lise  a  à  traverser  et  que  (  lirist  lui  fait  surMiont«'r  jutur  la 
conduire  au  bonheur  céleste,  llerra<le  a  représenté  TEiilise 
uni\erM  Ile  de  la  manière  suivant<':  on  voit  la  coupe  trans- 
versale d'une  é^dise:  tlans  la  niche  centrale  de  la  partie  la 
plus  élevée,  l'Ei^lise  >ie^'e  eu  reine;  de.-^  deux  cotes  <le  la  niche 
sont  assis  des  papes,  des  évéques,  des  prêtres,  des  moines  et 
des  religieuses;  la  niche  au-dessous  de  la  première  est  occupée 
par  les  jeunes  tilles  de  .Téru^alem,  représentant  tous  ceux  qui 
sont  soumis  à  Tautorite  de  1  Eglise;  auprès  de  la  niche,  on 
voit  d'un  côté  des  pèlerins  et  des  religieux  appartenant  aux 
ordres  les  plus  sévères;  de  l'autre  côté,  des  princes  séculiers. 
Aux  portes  do  Tédifice  se  tiennent  David  et  Ksale,  baptisés  en 
dehors  do  TEgliso.  Sur  le  toit,  des  ar.ges  livrent  bataille  au 
démon.  Quatre  médaillons  pkcés  aux  quatre  coins  de  Téglise 
renferment  les  bustes  des  quatre  grands  prophètes. 


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i/alsacs  AnnsTioi'B  809 

VviU'  ininiatun'  .-»'rt  (riiitrodm  tioii  î\  uiu' série  de  chapitres 
relatifs  h  rKj^lise,  au\  (oiiditions  nécessaires  à  son  existence, 
à  ses  devoirs  et  à  ses  relations. 

Uerrade  <  ousacre  une  place  importante  de  son  œuvre  à 
rhistoirii  de  TAutechrist.  On  voit  celui-ci  mettre  h  mort  Elie 
et  Ënoch,  apparus  sur  la  terre  peu  de  temps  avant  lui.  Enivré 
par  les  honneurs  des  peuples  et  des  princes  laïcs  et  ecclésias- 
tiques, il  fait  des  miracles,  précipite  le  feu  du  ciel  et  déchaîne 
la  tempête  sur  mer  ;  ceux  qui  ne  veulent  pas  croire  en  lui  sont 
mis  à  mort  Mais  le  chAtiment  n*est  pas  loin;  au  moment  où, 
arrivé  au  sommet  do  la  montagne  des  Oliviers,  il  prétend, 
comme  Jésus-Christ,  s^élever  vers  le  ciel,  saint  Michel  apparaît 
et  lu!  fend  la  tête.  Ses  adhérents,  reconnaissant  alors  le  néant 
de  son  règne,  font  pénitence,  les  Juifs  se  convertissent  à 
l'Evangile  et  reçoivent  le  baptême. 

Une  suite  de  miniatures  orruj)ant  j)lusieurs  i)ages  repré- 
sentent les  stencs  du  Jii^'eim-nt  dernier,  ]»rinei])alement 
d'après  l'Apocalypse.  On  voit  tout  d  al)ord  Jésus-Christ  sur 
un  arc-en-ciel  qui  lui  sert  de  trône:  au-dessous  et  montés  sur 
des  roues  ailées,  des  séraphins;  plus  bas,  la  croix  et  les  instru- 
ments du  supplice  du  Sauveur  portés  triomphalement  par  les 
anges  sur  une  espèce  de  fauteuil.  Au  pied  de  la  croix  le  livre 
de  justice  est  grandement  ouvert;  à  droite  et  à  gauche  sont 
agenouillés  Adam  et  Eve.  Plus  haut,  à  côté  du  Christ,  on  voit 
la  Vierge  et  Jean-Baptiste;  auprès  d^eux  des  chérubins,  puis 
les  apôtres,  assis  sur  un  banc  et  ayant  chacun  un  ange  der- 
rière lui.  Plu»  loin,  on  voit  les  morts  sortir  de  leurs  tombeaux 
en  entendant  la  trompette  céleste;  au-dessous,  des  animaux 
féroces  rendent  les  membres  des  créatures  qu'ils  ont  dévorées. 
En  même  tenq)S  le  ciel  et  la  terre  sont  en  feu  et  un  monde 
nouveau  les  remplact;,  dominé  par  les  ditlércnts  groupes  des 
élus  distribués  dans  Tordre  suivant:  martyrs,  j)apes.  évêques 
et  cJercs,  ai)bés  et  moines,  pèlerins,  veuves,  abbesses,  reli- 
gieuses, rois  et  princes,  magistrats,  puis  la  foule  des  laïques; 


310  RBVUB  D'ALBAGB 

chacun  est  accompagné  de  son  ange  gardien.  Le  Christ  domine 
l'heureuse  multitude.  A  gauche  de  son  trône  sont  les  groupes 
(l«'s  damnés  enveloppés  de  flammes;  d'altord  les  faux  pro- 
phètes, puis  les  faux  apôtres,  les  faux  i)apes  et  evècpK^s,  et 
ainsi  de  suite  dans  un  ordre  analogue  à  celui  des  éiub;  les 
derniers  sont  les  Juifs  <  t  les  Payons. 

Le  feuillet  suivant  représente  l  eufer;  c'est  une  conception 
d'une  haute  fantaisie  artistique,  en  même  tenii)s  que  d'une 
moralité  très  saisissante.  L'encadrement  du  domaine  infernal 
est  formé  par  une  série  de  cavernes  enflammées  oU  brûlent 
les  damnés.  Une  mer  de  feu  divise  l'enfer  en  quatre  étages. 
En  haut,  un  diable,  satisfait  et  fier  de  ses  travaux,  se  balance 
avec  gatté  sur  une  escarpolette;  aux  deux  bouts  de  la  corde 
servant  à  la  balançoire,  deux  grotesques  pécheurs  sont  hous- 
pillés par  des  diablotins.  Un  autre  damné,  pondu  parles  pieds» 
porte  attaché  k  son  cou  une  grosse  pierre  sur  laquelle  se 
balance  un  démon  ricanant.  Là  aussi  se  trouvent  les  voluj)- 
tueux,  les  libertins,  dont  le  châtiment  est  d'être  mordus  et 
entourés  par  des  reptiles  immondes.  On  y  voit  un  suicidé  qui 
se  perce  la  poitrine  d'un  couteau.  Dans  la  seconde  zône,  se 
trouvent  les  usuriers  que  l'on  punit  en  leur  versant  dt;  l'or 
fondu  sur  les  mains,  et  les  calomniateurs  en  lesforçantde  cares- 
ser un  crapaud;  les  espions  ont  les  oreilles  perforées  avec  une 
vrille,  les  femmes  coquettes  sont  lacées  par  des  diables, 
rinfanticide  ^t  condamnée  à  manger  son  en&nt  mort  Le 
troisième  compartiment  est  destiné  aux  Juifo  et  aux  soldats; 
ils  bouillissent  séparément  dans  deux  vastes  chaudières;  les 
diables  les  amènent  par  bandes  pressées;  la  récolte  en  est 
facile  et  assurée.  Avant  de  passer  dans  la  chaudière,  le  Juif 
est  fouetté  d'importance  par  un  démon  vigoureux,  probable- 
ment par  un  ancien  niaître  d'école.  Enfin,  dans  le  bas  du 
tableau  siècle  Lucifer  enchaîné  et  tenant  l'Antéchrist  sur  ses 
genoux.  Lii  est  lo  séjour  des  anciens  moines;  un  diable  en 
amène  un  devant  le  prince  des  tOnèbres;  il  a  trop  aimé  les 


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l*AL8MS  AATBTIOint  311 

richesses;  on  lui  règle  son  compte  en  le  couchant  tout  nu  sur 

le  dos  et  en  lui  versant  de  l'or  fondu  dans  la  bouche. 

Rabylono  pécheresse  est  représentée  sous  la  fi-zure  d'une 
rein»'  coiironiR't',  vêtue  richement  et  levant  une  coupe  d'or  ; 
elle  est  portée  par  un  monstre  rouj^e  à  sept  tètes  et  ù  dix 
cornes.  Des  prêtres  et  des  laïques  la  contemplent  avec  admi- 
ration et  se  soumettent  à  elle  comme  étant  la  reine  du  péché. 
Sur  le  revers  de  la  feuille,  la  reine  et  le  monstre  sont  préci- 
pités dans  les  flammes  par  des  anges. 

La  cité  de  Dieu  ou  l'Eglise  victorieuse  est  reproduite  d'après 
le  texte  du  douzième  chapitre  de  T  Apocalypse.  Elle  est  figurée 
par  une  femme  portant  un  diadème  d'étoiles  ;  eOe  est  accom- 
pagnée du  Soleil  et  a  la  Lune  sous  ses  pieds.  Le  disque 
solaire  apparaît  derrière  le  dos  de  TEgUse  qui  est  posée  sur 
le  croissant  lumineux  de  la  Lune  ;  la  partie  obscure  de  l'astre 
des  nuits  est  tanjîente  au  Soleil.  Un  ancre  enlève  l'enfant  nou- 
veau-né (le  la  femme.  Au-dessus  d'elle  on  voit  le  dragon  à  sept 
têtes  lanrant  de  sa  ^ueuli>  les  poissons  symbolitiues,  et  le  lion 
à  sept  têtes  lih  ssant  du  ^daive  les  croyants.  Les  deux  monstres 
sont  couronnés  d'un  stemma  formé  de  six  petites  têtes. 

La  conclusion  logique  de  ces  grandes  pages,  oîi  se  déploie  la 
richesse  du  symbolisme  catholique,  devait  être  le  spectacle 
du  Paradis,  but  suprême  de  la  vie  chrétienne.  Herrade  l'a 
conçu  dans  un  sentiment  mystique  et  idéal  Abraham,  le  pre- 
mier des  fidèles,  l'ami  de  Dieu,  a  une  stature  gigantesque;  il 
est  assis  sur  un  trône  au  milieu  d'une  plantation  de  palmiers; 
sur  son  vaste  sein  repose  tout  le  monde  des  élus.  Les  cou- 
ronnes de  vie  rayonnent  au-dessus  de  loi,  et  aux  quatre 
angles  du  tableau  se  voient  les  personnifications  allégoriques 
des  (juatre  Heuvcs  qui  arrosent  le  paradis. 

Sui"  le  verso  de  la  feuille  consacrée  à  l'enfer  se  trouvent 
deux  chimères  tracées  seulenu'Ut  ù  la  plume  et  (pii  portent  le 
le  cachet  du  >t\ie  d'Herrade  et  de  sa  riche  et  fertih'  imaij;ina- 
tion.  Les  deux  monstres  sont  formés  des  éléments  les  plus 


REVUE  D'ALSACF. 


disparates  et  les  plus  étrangers  les  uns  aux  autres;  l'un  repro- 
duit, dans  un  mélange  fantastique,  llionune,  le  chêne,  Toiseau, 
le  cheval,  le  cerf,  le  chat  et  le  scorpion;  l'autre  est  formé  de 
la  réunion  de  parties  empruntées  au  cheval,  à  Thomme,  au 
Ixeut  au  lièvre,  au  serpent,  au  paon,  à  la  grue  et  au  lion. 

L*œuvre  d'Herrade  se  termine  par  la  représentation  du 
monastère  dont  elle  avait  la  direction.  A  la  base  du  parchemin 
se  dresse  la  montagne  de  Hofaenbourg  peinte  en  vert  D'un 
côté  se  trouve  l'histoire  de  la  fondation  du  couvent;  le  duc 
Ethiron,  en  fostumc  royal  et  Cdinoiiiu'.  assis  sur  un  trône, 
transmet  ;ï  sa  tille  Odile,  debout  à  la  tête  de  ses  religieuses, 
la  clef  d  ar«;ent  de  lYditice  qu'il  a  bâti  i)our  elle.  Au-dessus  de 
fe  ^Toupe.  on  voit  le  couvent,  à  Tentree  dutiuel  se  tient  le 
(ibrist  orné  du  uiiiiiie  crucifère,  dans  le  costume  traditionnel 
des  miniatures  byzantines;  sa  maiugauclie  tient  un  phylactère 
déroulé  sur  lequel  ou  lit:  Vos  qnas  intendit,  fnuigit, gravai^ 
atferit,  urit  hic  carcer  meitîtê,  etc.  A  sa  droite,  Marie  et  saint 
Pierre  reçoivent  d'Ëthicon,  agenouillé  sur  son  manteau  ducal, 
un  bâton  d*or  que  Jésus  accepte  comme  emblème  de  la  dona- 
tion; à  sa  gauche,  saint  Jean-Baptiste,  le  protecteur  spécial 
de  sainte  Odile,  présente  celle-d  en  costume  de  religieuse  au 
Sauveur.  Sur  hi  seconde  feuille,  entre  Relinde,  la  pieuse  insti- 
tutrice d'Herrade,  et  Herrado  elle-même,  se  déploie  sur  six 
rangs  toute  la  compagnie  des  nonnes  de  Hohenbouig.  Elles 
sont  représentées  en  buste  et  désignées  par  leur  nom;  elles 
sont  au  nombre  de  (|uarante-six  professes  et  de  douze  con- 
verses. Deux  ligures  sans  légende  coniniencent  et  termineut 
la  série. 

Telle  est  ro'uvre  (rilerrade  au  point  de  vue  des  peintures 
qu  elle  renferme.  Mlle  se  ressent  de  la  décadence  où  l'art  du 
dessin  et  du  coloris  était  tombé  au  xii"  siècle.  Les  coi'i)s  ont 
une  longueur  démesurée,  une  maigreur  exagérée;  les  extré- 
mités sont  mal  formées,  les  têtes  trop  grosses,  le  regard  sans 
expression.  Les  draperies,  par  contre,  sont  disposées  avec 


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L  ALSACB  ARTISTIOaB  313 

simplicité  et  naturel,  et  n^offirent  pas  les  foimes  anguleuses 
du  siècle  suivant  Le  dessin  des  paysages  est  nul,  les  animaux 
et  les  plantes  sont  traités  avec  une  négligence  qui  semble 
tenir  du  parti  pris.  Les  monuments  d'architecture  sont  exé- 
cutés avec  plus  de  soin  ;  fls  sont  traités  dans  le  style  byzantin. 
Les  meubles,  les  ustensiles,  les  armes  sont  figurés  avec  exac^ 
titude  et  dans  les  formes  qu'ils  avaient  au  xn*  siècle.  Herrade 
iravait  aucune  notion  des  lois  de  la  peispcctivt^,  mais  elle  a 
montré  un  {^rand  esprit  d'indépendance  dans  ses  peintures; 
elle  a  su  s'atirancliir  de  la  domination  des  types  consacrés,  vt 
n'a  sutii  le  jou^j  de  la  tradition  byzantine  que  daus  les  tigures 
du  (  iirist,  de  la  \'itT^aî  et  des  an,Lçes. 

A  part  ces  défauts  inhérents  au  siècle  où  elle  vivait,  Herrade 
a  montré  dans  VHorius  deliciarum  une  puissante  originalité. 
La  vie  et  rimagination  y  débordent  à  chaque  page;  les  scènes 
de  la  vie  humaine  et  le  symbolisme  religieux  y  sont  traduits 
d'une  &çon  saisissante.  La  vérité  dans  toute  son  ftpreté,  le 
rdve  dans  toutes  ses  fantaisies,  les  scènes  teanquilles  ou  vio- 
lentes de  la  vie  humaine,  le  caprice  enjoué  et  satirique,  les 
tableaux  efrayants  de  l'Apocalypse,  tout  se  mSle  et  se  confond 
dans  cette  œuvre  admirable  qui,  malgré  la  distance  des  temps, 
est  comparable  à  ce  que  Baldung  GrQn  ou  Gallot  ont  produit 
de  plus  original 

P.-Ë.  TUEFFEKD. 

(La  tmte  pnéhainammtj 


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LES 

EX-LIBRIS  DANS  LES  TROIS  ËVÊCUÉS 

METZ  ^  TOUL —VERDUN 
1532  —  1790 


m 

BIBLIOPHILES  ET  COLLECTIOI^I^EIRS  MESSII\$ 


Ed  1789,  le  domaine  de  révêché  de  Metz,  quoique  n'ayant 
plus  Tétendue  territoriale  qu*il  avait  au  moyen  âge  était 
encore  une  province  assez  peuplée,  car  elle  était  formée  par 
les  chatoUenies  de  Lagaide,  d'Âlbestroff,  de  Fribourg,  de  Vie, 
d'Haboudango  et  de  Remilly,  par  quelques  mairies  du  Val  de 
Metz  situées  dans  le  diocèse,  et  par  les  cMtellenies  de  Bac- 
carat et  do  Moyen  et  la  mairie  de  Rémereville  du  diocèse  de 
Toul.'  Très  de  quatre- vintîts  villes,  villaf^es  ou  censés  en  fai- 
saient i)artj('.  et  la  capitale  de  ce  petit  Etat  t^'tait  l'antique 
ville  de  Vie.  D'après  VAhmmacIi  royal,  l'évCque  jouissait  d'un 
revenu  de  12i),0'i()  livres  et  nécessairement,  le  souverain 
augmentait  encore  cet  opulent  bénéfice  par  le  don  de  quelques 

'  Voir  les  livraisons  du  dernier  trimestre  1881  et  des  premier  etsecond 

trimestres  1882. 

*  Aujourd'iiui  départements  de  Mearthe-et-Moseile  et  de  la  Lorraine. 


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LB)  BX'LIBItB  DANS  LES  TROIS  ÉVâCHfiS 


816 


riches  abbayes.  L  t'vè(iUf  et  ie  chapitre  du  l'église  cathédrale 
se  partageaient  annuellement  les  revenus  de  l'évêché  qui 
n'avait  pas  été  divisé  en  portions  distinctes  comme  à  Toul  et 
à  Verdun. 

Saint  Clément,  vers  le  commencement  du  rv*  siècle,  était 
venu  évangéliser  la  contrée  ;  les  limites  du  diocèse  s'étendaient 
jadis  jusqu'au  Bliin.  Au  moment  de  la  constitution  civile  du 
clergé,  il  comprenait  encore  six  cent  treize  paroisses  réparties 
dans  le  pays  messin,  dans  la  Lorraine  et  dans  quelques  petites 
portions  de  l'Empire,  les  comtés  de  Nassau-Saarbruck  et 
Saarwerden,  le  duché  de  Deux-Ponts,  etc.  L'allemand  et  le 
français  étaient  le  langage  habituel  des  habitants;  Talleniand 
se  parlait  surtout  dans  le  département  de  la  Sarre,  comme  on 
disait  ofiicit  llt  iuent  à  Metz,  ou  dans  la  Lorraine  allemande, 
comme  il  était  dit  aussi  ofticiellement  à  Nancy. 

Avant  1552,  Metz  était  une  des  quatre  villes  impériales.' 
C'est  l'empereur  Otto  11  qui  lui  avait  accordé  cette  magnitique 
prérogative. 

Comme  ville  libre,  Metz  battait  monnaie,  disposait  de  la  vie 
et  des  biens  de  ses  habitants,  nommait  ses  magistrats,  qui 
s'estimaient  autant  que  des  princes,  ducs  et  barons.  Un  suf- 

*  Dn  temps  de  l'empereur  Gharles  IV,  le  Saint-Empire  a?ait  été 
classé  par  quatre  à  partir  des  QhoIiv  coNronne»  jusqu'aux  Quatre  viUaget, 
Voici  les  séries  qui  intéressent  l'Alsace-Lorraine: 

2^  Quatre  duc!  '  \  Sonulie,  Bayi^rc,  Brunswick,  Lorraine; 

3«  Quatre  landgraviato,  Thuriuge,  Alsace,  Lichtcmberg,  Hesse; 

5'  Quatre  vicariats,  Bra!)ant,  Basso-Saxc,  Wostrich,  Sllf-sie; 

9*  Quatre  archimarécbausséeti,  Papenheim,  Joliers,  JUeissen,  Féné- 

trange ; 

13"  Quatre  abbayes,  Murbach,  Wissembourg,  Kempten,  Fulde; 
15*  Quatre  chevaliers,  Andlan,  Wiasembach,  Franenbourg,  Strundeck; 
19«  Quatre  châteaux,  Magdebouig^  Luxembourg,  Rottembouig,  Altem- 
bourg; 

31*  Quatre  villes,  Lubed^  Aix,  Meti,  Augsbouig; 

28«  Quatre  villages,  Bamberg,  Ulm,  Haguenan,  Selestadt 


816  MTUB  D*ALSACB 

frayant,  ordiiiain'iiu'iil  un  relij^ieiix  nifiidiant.  représentait 
TevÎMiue,  (jui,  i»eu  soucieux  (le  se  coninu  ttrc  avec  des  bour- 
}j;e(>is  aussi  jaloux  de  leurs  libertés,  habitait  ordinairement 
Vie  ou  quelque  autre  clifiteau  épiscopal,  à  moins,  comme  cela 
arrivait  très  souvent,  qu'il  ne  résidât  pas  dans  son  diocèse. 

Dès  l'annexion,  Metz  fut  le  siège  d'un  gouvernement 
militaire.  Plus  tard,  on  y  installa  rintcndance  qui  rendit 
d'immenses  services  au  pays,  tout  en  veillant  soigneusement 
à  ce  que  dans  une  province  frontière  les  droits  du  seigneur 
roi  fussent  respectés. 

Louis  XIII  établit  le  Parlement,  ce  fut  le  couronnement  de 
l'édifice.  Le  ressort  s'étendait  depuis  Montniédy  et  Sedan, 
jus(iu  ii  lMuil>bourp  et  Sarrebourg,  eu  eouipreuuut  le  bailliage 
épiscopal  (le  Vie. 

Les  réformés  messins  étaient  nombreux  en  IH.Vi;  ils  furent 
j>art  alors  h  une  lourde  r«  >-i)onsaliilite.  dont  on  ne  leur  tint 
aucun  compte,  car  ils  furent  sans  cesse  en  butte  au  mauvais 
vouloir  des  gouverneurs.  £n  16ô7,  on  lit  brûler,  par  la  main 
du  bourreau,  une  chanson  huguenote  commençant  ainsi  : 

Betires-Tona,  papistes, 
Yenei  à  Jésus-Christ, 

Soyez  évangélistes 

Et  laissez  l'antechrist.  Etc. 

Malgré  qu'ils  se  crussent  en  sûreté  par  les  traités,  l'édit  de 
Nantes  les  atteignit  Un  d'eux  a  laissé  d'intéressants  mémoires 
sur  ce  qui  se  passa  alors  et  a  rendu  témoignage  h  la  bonté 
de  révoque  de  Metz  et  de  M.  de  Bissy,  depuis  évôque  de  Toul 
et  alors  simple  clerc. 

Ce  fut  dans  le  cours  du  xviir  siècle  que  Metz  eut  des  socié- 
tés littéraires. 

La  Société  des  pltUathi'nes  fut  fondée  en  17.')!i,  elle  dura 
jusqu'en  1775;  parmi  ses  membres,  ou  peut  citer  le  pliarmacien 
Bécœur,  Tschudy,  Enimerv,  du  Haniel,  Dupré  de  Geneste, 
Uenrion  de  Pensey  et  d'autres  dont  nous  retrouverons  les 


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LES  KX-l.limiS  IiANî»  LES  TROIS  fcVttHls 


317 


noms.  La  U»te  de  leurs  travaux  se  trouve  dans  les  Mémoires 
de  t Académie  de  Metz. 

Cette  Académie  est  une  filiale  des  phUatfiènes.  Le  maréchal 
de  Bolleisle,  gouverneur  de  la  province,  Tinstitua,  en  1760, 
sous  le  titre  de  Société  royale  des  sciences,  lettres  et  arts; 
il  s'en  déclara  le  protecteur  et  lui  donna  une  somme  de 
60,000  francs  qui  forent  enlevés  par  la  Révolution.  La  devise 
était  :  UtVitati  piiblicœ. 

En  IslîK  quelques  iTudits  rétabliront  la  Société  (iiii  fut 
t  ri'_!(M;  en  Académie  royale  jjar  le  roi  ('liarles  X,  lors  de  son 
sgour  à  Metz,  en  l^^l'S.  «à  rau>e  de.>  sersices  ([irelle  avait 
n!ndus>.  La  nouvelle  devise  de  rAcademie  e>->t  l'utile. 

Le  eélèbrc  économiste  anglais  ïouug  a  eu  occasion  de 
'parier  de  la  Société  des  sciences,  lettres  et  arts  de  Metz,  lors 
de  son  voyage  en  France,  en  1769;  il  me  paraît  un  peu  injuste 
à  son  égard  en  l'accusant  de  ne  pas  favoriser  l'agriculture. 
Les  nombreuses  questions  proposées  par  l'Académie  et  dont 
quelques-unes  forent  couronnées,  montrent  que  réconomio 
rurale,  les  prairies  artilicielles,  la  viticulture,  le  morcellement 
des  propriétés,  etc.,  n'étaient  pas  pour  elle  des  choses  indiffé- 
rentes. 

Le  lecteur  verra  sans  doute  avec  plaisir  ce  que  dit  sur 
Metz  r«  éternel  ennemi»,  comme  il  était  de  mode  de  s'exprimer 

([ueliiues  années  plus  tard. 

«  Le  13  jmUvi  l'/bl).  METZ. . .  Visité  jtar  >L  le  l'ayen,'  secré- 
taire de  l  Academie  des  sciences,  il  me  deniaudi'  mon  [)lan  (V) 
que  je  lui  explitiuai:  puis  il  nu' remit  ;\  quatre  heures  après 
midi  à  l'Académie,  où  il  avait  béauce,  eu  me  promettaut  de 

'  l'rciuit'r  socrétuiro  de  l'Intendance;  c'était  aussi  on  amateur  des 
aDtiiiuiti'H  <lii  sol  natal. 

M.  le  l'uyc'ii,  lie  .louy-uu.x-Axches,  pullia  un  ciiiieux  tact  uni  sur 
l'occupation  des  liusscs  dans  ce  village.  11  existe  dun»  les  carluaa  de 
la  bibliothèque  de  Meta  une  caricature  de  son  procès  qui  eut  lien  sous 
la  Restauration. 


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318  REVUE  u'alsace 

me  présenter  à  quelques  personnes  qui  répondraient  à  mes 
questions.  Je  m*y  trouvai:  c'était  une  réunion  hebdomadaire. 
M.  le  Payen  me  présenta  aux  membres,  et  ils  eurent  la  bonté 
do  délibérer  sur  mes  demandes,  et  d'en  résoudre  plusieurs, 
avant  de  procéder  k  leurs  affaires  privées(?).  Il  est  dit  dans 
VAlmanach  des  Trois-Evêchès,  1789,  que  cette  Académie  a 
rîijiricultuic  i»i)ur  Imt  itriiicipal:  je  feuilletai  la  liste  des 
iiuiultres  lionoraires  pour  voir  quels  hoiiiinat^'es  elle  avait 
rendus  aux  honinies  de  ce  tcni]>s  (jui  ont  le  plus  servi  cet  art. 
Je  trouvai  un  Anglais,  Doiu  Cowiey,  du  Loudics.  Quel  peut 
être  ceDoni  Cowiey  .''» 

Si  Youn^î  avait  arrêté  son  bidet  à  Dieulouard,  et  qu'il  tût 
entré  chez  les  Bénédictins  anglais,  il  aurait  vu  la  personne 
dont  il  slnformait  à  Metz,  et  il  aurait  passé  quelques  instants* 
agréables  avec  des  compatriotes  qui  Tauraiont  aussi  bien  reçu 
que  le  marquis  de  Galway,  un  descendant  do  Jacobites,  l'avait 
fait  au  chAteau  de  Tourbilly,  dans  le  Maine. 

«n  y  a  un  cabinet  littéraire,  à  Metz,  continue  Young,  dans 
le  genre  de  celui  que  j'ai  décrit  k  Nantes,*  mais  sur  une  moins 
grande  échelle;  tout  le  monde  y  est  admis  pour  lire  ou  causer, 
moyennant  quatre  sous  par  jour.  Je  m'y  rendis  en  hâte. . .  • 

Tenninons  par  cet  honnuage  ((ue  Younj;  rend  h  V Hôtel  'lu 
«M<'tz  e>t  la  villr  où  j'ai  vécu  à  meilleur  iiiarehé  sans 
e\ce])tioii.'  L'Anglais  y  tiouve  i  xcellente  tiiblc  d'hôte  al>on- 
dannuent  fournie  et  «outre  cela,  une  grande  politesse  et  un 
bon  service,  ronnuioi  les  hôtels  où  Ton  vit  meilleur  marché 
en  France,  sout-iL>  les  meilleurs V»  Ce  n'est  peut-être  que  trop 
vrai.  Mais  revenons  à  notre  sujet. 

L'imprimerie  à  Metz  date  do  l'an  1482.  En  1790,  il  y  avait 
daus  cette  ville  une  ('bambre  royale  et  syndicale  de  la  librairie 
et  de  l'imprimerie  dont  l'arrondissement  comprenait  les  impri- 
meries de  Longwy,  Saarlouis,  Stcnay,  ThionviUc  et  Verdun. 

'  Avec  bollcb  de  lecture,  conversation  et  bibliothèque. 


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LBS  IX-UBa»  DAMS  LES  TROB  &VâGH£S  319 

LES  ÉVÉQUES 

Au  moiiiont  de  rentrée  d  lleiiri  II  à  Metz,'  le  canlinal  do 
Leiutncourt,  repré>eiitaiit  le  ^n-aiid  cardinal  de  Lorraine,  était 
pscudo-évôquc.  Il  fut  bientôt  remercié  et  remplacé  par  des 
domestiques  ou  des  parents  de  son  mattro,  dont  plusieurs  ne 
mirent  jamais  les  pieils  dans  leur  diocèse.  En  1608,  à  la  mort 
du  fils  du  duc  Charles  111  de  Lorraine,  les  chanoines  éliront 
un  en&nt  de  huit  ans,  fils  naturel  d'Henri  IV.  £n  1658,  cet 
évdque  qui  n*avait  reçu  aucun  ordre  ecclésiastique  et  qui 
n*avait  jamais  paru,  eut  des  scrupules,  il  voulut  se  démettre 
d*abord  en  foveur  du  cardinal  Mazarin,  puis  des  frères  de 
Fflrstemberg.  Le  cardinal  de  Oivry  *  avait  été  chargé,  pendant 
son  jeune  ftge,  des  fonctions  épiscopales,  il  les  remplit  digne- 
ment, puis  le  fils  d*Henri  IV  eut  trois  sufragants,  des  lettrés 
et  des  fidèles  serviteurs  du  roi  ;  le  dominicain  Nicolas  Coêffe- 
teau,  évêque  de  Dardauie  (1017,  y  1021),  '  nommé  à  Févêché 

^  Avant  la  BévoluUoii,  selon  Piganiol  de  la  Force  Hfcuemu  Vb^age 
de  France,  Paris,  1780,  II,  157),  on  voyait  dans  le  chœur  nn  Tienz 
tableau  plafl  par  ordre  de  Henri  IT,  il  y  avait  la  première  lettre  de 

son  nom  environnéo  do  croissants  et  ilc  tlcurs  de  lis,  au-dessous  : 
Ilenricus  Ktcundiis,  Fiducornin  Hex^  tiatu^  Imperii  Protector, 
Plus  bas,  un  croissant  et  ccb  mots  : 

Dum  totutn  comphal  Orbem. 

*  Un  fraj^nuMit  do  lu  statue  funéraire  fut  retrouvé,  il  y  u  trente  ans; 
c'est  le  bloc  de  marbre  noir  représentant  le  froc  bénédictin  du  prélat 
agenouillé,  la  tôte  et  les  mains  étaient  en  marbre  blanc.  11  iaut  espérer 
qu'on  fera  enfin  à  ce  bon  cardinal  llionneBr  dhine  restanration  pins 
intelligente  que  celle  qii*on  lui  a  dite.  Dnpré  de  Geneste  possédait  son 
portrait  (vieillard  à  longae  barbe  blancbe^  sa  robe  de  bénédictin  noire, 
calotte  ronge  de  cardinal).  Les  chanoines  firent  frapper  une  médaille  en 
son  honneur. 

*  L'éTêqnc  do  Durdanie  fit,  en  1620,  les  frais  «le  la  distribution  des 
prix  au  collège  de  Pont-à-Motisson.  M.  Favier  a  donné  son  fer  armorié. 
8.  Lieutaud  cite  six  portraits  de  Coôffetean  iEddinekt  MeUan,  M.  Lam; 
S.  S.,  eic.) 


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390  REVUE  D*ALSACB 

de  Marseille  et  mort  à  Piiri.s  avant  d'avoir  pris  ii()>>('ssiun;  \r 
conlclicr  ^!euri^se  évêque  df  Madaure,  auteur  de  deux 
ouvraf^'es  messins  estimés  malf^ré  d  amères  critiques.  Un 
superbe  monument  lui  avait  été  érigé  dans  la  chapelle  des 
évèques  ù  la  cathédrale,  il  était  représenté  debout  prêchant 
au  peuple.  Le  dernier  su&agant  fut  Pierre  de  Bédacier»  évêque 
d*Auguste,  docteur  en  Sorbonne,  dont  le  savoir  égalait  celui 
de  ses  deux  illustres  prédécessieurs.  Il  mourut  au  chftteau  de 
Cbarmeil,  près  de  Château-Thierry,  «dans  les  bras  du  grand 
Bossuet>  (michbl). 

Henri  de  Vemeuil  ayant  pu  enfin  quitter  ses  fonctions  épis- 
copales,  le  roi,  son  neveu,  nonuna  pour  lui  succéder,  en  1667, 
Tarchevêque  d'Embrun,  ancien  évêque  de  Gap,  un  des  proté- 
gés du  cardinal  Mazarin.  ' 

Georges  d'Aubusson  de  la  Feuillade,  frère  du  célèbre  duc 
de  ce  nom,  était  clief  de  la  maison  ))ar  suite  de  la  mort  de  leur 
atné,  tue  à  la  bataille  de  Lens;  leur  père  avait  péri  au  coiabat 
de  Castelnuudary.-  Le  nouvel  évê<iue  était  docteur  de  .Sor- 
bonne,  doyen  de  la  Faculté  de  théologie  de  Paris,  conseiller 
d^Ëtat  ordinaire,  commandeur  des  ordres.  Sa  ct^rièrc  poli- 
tique iut  brillante.  £n  1645,  il  était  promoteur  à  PAssemblée 

*  Cet  illustre  homme  d*étai  ne  peut  pas  pins  prendre  rang  dans  la 
liste  des  soccesseius  de  saint  Clément  que  les  deux  frères  de  Ffirstrat- 
bttrg  qui  eurent  la  nomination  royale  après  Ini.  Lear  cas  est  le  même 

quo  celui  (lu  baron  Laurent  sons  le  promier  Empire  (1811-1814). 

*  Tous  les  évêques  français  des  Trois-ETôchés  eurent  leurs  frères  ou 
leurs  parents  sous  les  armes  pour  conquérir  le  pays,  l'n  tl'Jlocquincourt, 
en  l(j;V.t,  ent  à  lu  défaite  des  Lorrains  près  de  Morhange.  En  IfSôfi,  un 
Bethune-Charost,  gouverneur  et  bailli  de  Stenay,  s'empare  de  Chauvency- 
le-Ch&teau,  et  bat  les  Croates  du  colonel  Forcara  près  de  Stenay;  deux 
aus  auparaTant  le  baron  de  Rouvroy  avait  6té  blessé  près  de  cette  Tille  ; 
la  nonvelle  de  la  prise  de  TbionvIUe  foi  apportée,  en  164^  an  roi  par  an 
Montmorency;  en  1650,  un  autre  membre  de  cette  illnatre  fiunille  est 
tué  près  de  Stenay.  Un  Nicolal  se  distingua  en  1641,  dans  une  affaire 
près  de  Montmédy,  etc. 


L  lyui^cd  by  Google 


LES  BX-LIBRIS  DANS  LIS  TROIS  lÈvCCHÈi 


331 


du  clergé;  deux  aus  après  il  prêchait  à  Saint-Louis-des-Fran- 
çais.  Ambassadeur'  à  Venise,  en  1059,  le  nonce  du  pape  est 
souvent  humilié  par  lui.  Rentré  en  France,  il  prononce  à 
Notre-Dame  de  Paris  Toraison  funèbre  de  Mazarin;  la  même 
année  il  est  envoyé  k  Madrid,  oh  il  traite  le  roi  d*Espagne 
comme  le  nonce.  Une  pareille  conduite  devait  lui  attirer  les 
marques  de  la  satisfaction  royale  ;  il  fiit  nonmié  à  Metz,  et  il 
obtint  de  conserver  ses  titres  d^archevéque  et  d*Excellence. 

«. . .  prélat  qu'on  trute  d'excellence,» 

dit  Duclos  dans  son  poème  des  Ouerres  paroissiales  de  Vie 

Monseigneur  de  la  Feuilladu  commenç  a  la  série  de  ces  der- 
niers évêques  avant  le  Concordat  qm  lioiiorèrontsi  digiu  iiifiit 
leur  siéfre  épiscopal.  Lursiiu'il  arriva,  il  ne  trouva  (lue  des 
parois.st'^  riiin*'\'s  et  une  populatidu  en  fuite.  La  terrible 
guerre  de  trente  ans  était  encore  trop  proche,  et  lapacltication 
de  la  Lorraine  était  loin  d  ôti*e  terminée.  Malgré  les  périls,  il 
visita  de  suite  son  troupeau  et  il  lit  toujours  preuve  de  cou- 
rage devant  le  danger.  Les  registres  des  paroisses  sontremplis 
de  ses  dons  aux  églises  dévastées  et  aux  pauvres.  Par  son 
testament,  Téducation  de  ses  clercs  fut  affermie  et  les  indigents 
secourus.  H  fonda  l'hôpital  Saint-Georges  pour  quarante-huit 
lits  d'hommes  malades  ou  blessés.  Il  défondit,  selon  Piganiol 
de  la  Force,  d'admettre  les  domestiques;  les  maîtres,  selon 
lui,  ^ent  tenus  de  les  soigner.  U  n'oublia  pas  non  plus  ses 
vieux  curés. 

8a  belle  bibliothèque  fut  donnée  aux  Jésuites,  qui  l'avaient 
eu  quelque  temps  dans  leur  société,  et  le  séminaire  Sainte- 
Anne  put  choisir  pour  ISCMi  francs  de  livres. 

Vu  manuscrit  de  ce  dernier  établissement  se  trouve  à  la 
bibliothèque  de  Verdun  (n'  553),  il  est  intitulé  Traditioties 
pfiUosopkiœy  à  l'usage  des  élèves  (xviu*'  siècle). 

*  Amklot  db  la  Houa«An,  Amsterdam,  1738,  p.  128. 

MovT«U«  Série.  —  11"*  aiuee.  21 


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BStS  RBVUK  d'als&gb 

Les  Jésuites  firent  mettre  sur  les  livres  une  étiquette  rect- 
angulaire ornementée  et  où  bout  cc:>  liguer  imprimées  : 

ILLOSTRI8SIMTT8  &  REVBBEIfmSSIMUS  D.  D.  OEORQinS 
D'AUBCSSON  DB  la  FEriLLADE,  AKCHlEriSCOl'US  KUKOUU- 
KRyPIS,  EPISCOPCS  MKTENSIS,  TKSTAM  KNTO  LBQAVIT 
COLLEOIO  MBTBNSI  SOCIBTATIS  JESU.  ANNO  1GU7. 

Du  reste,  on  voit  ce  fer  armorié  sur  les  livres  : 


On  posa  les  scellés  et  on  fit  on  inventaire  à  la  mort  de 
M.  de  la  Feuillade.  Cette  mesure  était  nécessitée  par  deux 
notes  du  catalogue  Emmery.  «Avis  de  M.  de  Nouet,  avocat  au 
parlement  de  Paris,  sur  la  vacance  du  siège  épiscopal  par 
rinfinmté  de  Messire  George  d'Aubusson  do  la  Feuillade, 
évêque  de  Metz  (in-4*,  4  pp.);  et  2*  Décret  du  chapitre  de 
l'église  cathédrale  de  Metz,  où  il  nomme  des  grands-vicaires 
pour  gouverner  le  diocèse  pendant  la  maladie  do  Monseigneur 
révèquc,  (lu  3  octobre  ir.SHl.»  11  mourut  le  dimanche  12  mai 
suivant,  à  isix  heures  du  soii*,  âgé  de  8b  ans.  D'après  sou  dosir, 


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LES  BX-LUUUS  0A»$  UES  THOIS  ÉVÉCUÉb  823 

les  curés  de  la  ville  portèrent  ses  restes  à  la  cathédrale. 
«Quelques-uns  d*entre  eux  furent  obligés  de  tirer  son  corps 
du  cercueil  en  bois  où  il  avait  été  mis  d'une  manière  bien 

iic><j;liî;éc  pour  un  si  grand  seigneur,  et  le  mettre  dans  celui 
de  plomb.  Il  ii  out  point  de  linreul  ni  dedans  ni  dessus  sou 
cercueil  '  (!!!)  son  rœur  avait  été  remis  sans  cérémonie  à 
riiôpital  ([u'il  avait  fondé.  Sa  tombe  ne  fut  pas  violée  eu  1793. 

Citons  parmi  les  ouvrages  du  prélat  ces  opuscules 

l"  Harangue  présent  te  au  Eoy  après  la  prise  (.-')  de  Stras- 
bonrg,  par  Oeorge  (rAuhust^on  . . .  m  so)i  passage  à  Metz,  le 
3  mranbre  1681.  Metz,  Jean  et  Claude  Antoine,  in-4°,  1 1  pp. 

2°  Harangue  faite  à  Monseigneur  h  Dauphin  à  son  retour 
d Allemagne  ...  le  86  novembre  1668,  Metz,  Jean  et  Claude 
les  Antoine,  in'4*  de  4  pp. 

3"  UAdvocat  chrétien  adressé  à  Monseigneur  VArchevesqtte 
(VAmbrunj  evesque  de  Metz,  Strasbourg,  1674,  in-12. 

4?  L'Oralteiur  Jrançm  ou  Haraxigues  de  Monsieur  VArcliff- 
vesque  âtAïaSbrun  interprêtées  par  les  Evénements  de  naître 
Tems,  à  Testai  des  afmres  présentes.  Liège,  1674,  in-12. 

5"  Harangue  en  forme  de  panéggrique  préscidce  au  Roy  par 
VArchevesquc  d'Amhrun,  Ecesque  de  Metz,  en  son  passage  à 
Metz,  le  30  juillet  1073.  Metz,  Antoine.  lf)7(>,  in-4«  de  l(i  pp. 

Un  autre  urand  seit^neur,  l'aîné  cl  le  dernier  de  sa  racr, 
remplaça  rarcbevtMjue  d  Embrun;  Henri-Charles  du  Cambout 
duc  de  Coislin,  pair  de  France,  commandeur  du  Saint-Esprit, 
premier  aumônier  du  roi,  membre  de  l'Académie  frau(:aise, 
honoraire  de  celle  des  Inscriptions  et  Bolles>lettres,  est  bien 
connu  par  son  inépuisable  charité.  La  merveilleuse  création 
de  FVescati  en  était  un  témoignage  vivant;  les  casernes 
Coislin  existent  encore. 

Le  duc  de  Coislin  reçut  à  Frescati  d*une  manière  royale 

'  Note  dn  cnré  do  Saint-licor^^es  (Arçh.  009). 

*  Calaiogiui'  hmmtii/,  Moi/.,  l^^»0  (fiTô),  et  Sciuthit;  btiiugart,  ItWl. 


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324  REVUE  D'ALSACE 

tons  les  souverains  et  tous  les  princes  de  passage  à  Metz.  La 
bande  noire  se  chargea  de  démolir  Tadmirablo  chftteau,  et  les 
jardins  féeriques  furent  transformés  en  champs  cultivés.  «En 
1802,  lors  de  la  démolition,  de  nombreux  objets  d*art  furent 
donnés  à  vil  prix  aux  habitants  des  viQages  des  environs,  et 
de  nos  jours  les  marchands  d'antiquités  de  notre  ville  ont 
trouvé  do  tous  côtés  des  objets  précieux  provenant  de  cette 
riche  donunire.»' 

L'évêquo  de  Metz,  dit  J.  Guii^ard,  i)assait  à  jutitc  titre  pour 
un  véritable  bibliophile.  11  avait  formé,  à  Paris,  une  fort  belle 
roUoctiou  de  livres  que  les  gens  de  lettres  pouvaient  fréquenter 
à  leur  gré.  Outre  celle-ci,  il  en  possédait  encore  deux  autres, 
une  en  son  palais  épiscopal  composée  de  douze  mille  volumes, 
Pautre  non  moins  considérable  dans  le  splendide  chAteau  do 
Frescati.  Ses  livres  habilement  reliés  et  ornés  par  les  plus 
habiles  artistes  de  Pépoque  portaient  en  grande  partie  les 
armes  du  possesseur  ayant,  outre  les  insignes  épîscopaux,  le 
manteau  de  duc  et  de  pair  de  France. 

L'évêque  d'Orléans,  son  oncle,  lui  avait  légué  ce  qui  restait 
de  la  magnifique  bibliothèque  Sép^uier,  son  aïeul.  Les  imprimés 
a\ aient  disi)aru  au  déci's  de  Tevêque;  il  ne  restait  plus  que 
les  manuscrits  doiiues  aux  lît  nédictins  de  Tabbaye  de  Saint- 
rrerinain-des-Prés.  Un  incendie  qui  éclata  le  10  aoOt  IT'.'l.  en 
détruisit  une  partie,  et  ce  (jui  put  être  sauvé  se  trouve  de  nos 
jours  à  la  Bibliothèque  nationale. 

Tous  les  volumes  provenant  de  la  munilicence  de  Mon- 
seigneur de  GoisUn  portent  au  bas  du  premier  feuillet 
l'étiquette  imprimée  qui  suit  : 

■Z  BDUOTHBOA  NOS8.  COISUIOAIIA  OUM  SBOiniBIAirA, 

<)[UAX  iLiiUB.  BBmncDt  sa  CAKBOUT  Dnx  Di  oomuiT, 

PAB  PBAMOLB,  BPIflOOIUS  HBTBRaiS,  BTC.  MOHASmiO 
8.  OIBMAin  A  PBATI8  LIOAVIT.  AHHO  MJ)O0.XZXn. 

'  A.  MiuETTK,  Calodoguc  den  tableaux  et  des  sculptureu  du  Mmce. 
Metz,  187U. 


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t.BS  BX>Lt>BIS  DAilS  I.BS  TROIS  fiVfiCHâS  3Sf> 

Montfaucoii.  iraiirès  ronlre  de  rovêciiu*,  avait  dressé  le 
catulogiR'  des  inaiiu.-crits  tirées.  Ce  catalogue  a  pour  titre: 
Bibliotheca  Coislinuum  olim  Segnerkuin  sive.  manmcriptomm 
omnium  grœcorum  quœ  in  ca  continentur  . . .  deecHptio  , . . 
studio  à-  (vpern  B.  Bemardi  de  Mont/auam,  —  Parisns^ 
L.  Guérin,  1725,  in-^,  810  pp.  (p.  163). 

Puis,  au  décès,  parut  le 

CbteZo^e  des  livres  âsla  Ut^hèque  4e  jm  . . .  Henri- 
Charlee  du  Cambout^  évêque  de  MeUi,  prince  du  Saint-Empire, 
paêr  de  IVance,  Paris,  J.  de  Nully,  1736,  in-12.  Les  13  et  U 
avril,  on  vendit  les  manuscrits.  La  bibliothèque  du  roi  en 
acheta  dix-huit  à  vil  prix. 

Guigard  donne  le  fer  armorié  de  ce  prélat  ainsi  que  ceux 
de  son  prédécesseur  et  d'Henri  de  Bourbon. 

Parmi  les  rullaburateur^  intelliîïents,  dontsY-tait  entouré  le 
duc  de  Coislin,  on  doit  citer  le  vicaire  <4énéral  Seron,  «une 
grande  et  ])rillante  lumière  du  diocèse»,  mort  en  1749,  et  qui 
avait  formé  un  riche  cabiniît  d'antiquités.  L'évéque,  de  son 
côté,  avait  donné  l'hospitalité  à  plusieurs  de  ces  débris  et  de 
ces  ruines  de  tout  âge.  Il  avait  conçu  le  projet  de  fonder  un 
Musée  archéoloffique  diocésain^  et  Tabbé  Michel,  professeur  au 
Séminaire,  avait  commencé  TEpigraphio  du  diocèse  de  Metz. 
L'œuvre  4e  Pévêque  resta  sans  soutien  à  sa  mort  et  son  suc- 
cesseur n*en  comprit-pas  l'utilité.' 

A  la  fin  du  xvu*  siècle,  un  des  vicaires  généraux  du  duc  de 
Coislin,  nommé  This,  ardent  janséniste,  timbrait  ses  livres  de 
son  blason.' 

Le  duc  de  Coislin  mourut  à  Paris,  en  1732.  Son  portrait  se 

trouve  au  Musée  de  Versailles,  il  a  été  reproduit  par  le  j)ro- 
cédé  Gavard.  Gomme  son  prédécesseur,  il  tint  à  houueur  de 

*■  F.-M.  Cbabbbv,  JUSrts  oneim  ét  modem».  Mets,  1881.  T.  I.  Oamge 
très  utile  pour  tons  eenx  qoi  déaireiit  connaître  la  capitale  de  1*  Lor- 
raine. On  doit  Bonhaiter  de  Toir  eontinner  ce  livre. 

'  Hf«totrf  dey^&^SjNet  de  JHéfy,par  MmmiaaB. 


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3SH>  REVUE  D ALSACE 

siéger  au  Parlement  à  son  rang  de  conseiller  dlionneur  ecclé- 
siastique, n  eut  h  souffrir  bien  des  ennuis  à  cause  de  la  bulle 

U)ii(/p)iitus,  et  sa  résistanrc  le  fit  oxiler  de  la  Cour.  Il  ne  put 
reprendre  ses  fonctions  de  premier  aumônier  qnh  la  mort  do 
Louis  XIV.  11  fut  enterré  rue  du  Temple,  chez  les  pères  de 
Nazareth. 

Beaucoup  d'églises  ont  encore  des  pierres  d'autel  au  nom 
de  ce  prélat,  dont  le  nom  se  lit  sur  une  pierre  dans  le  clueur 
do  Tancienne  collégiale  de  Fénétrange,  relatant  la  fondation 
de  la  contrérie  du  Saint-Sacrement 

Claude  de  SiJHT-Suov,  né  le  20  septembre  1695,  baron  de 
Jouy-Tronville,  seigneur  et  patron  de  Quillebœuf  et  de  Falvy- 
sur-Somme,  reçut  la  tonsure  cléricale  le  16  mars  1710,  abbé 
commendataîre  de  Jumièges,  Tannée  suivante;  évêque-comte 
de  Noyon  en  1731,  sacré  le  15  juin  de  cette  année  dans  Téglise 
du  Noviciat  des  Dominicains  de  Paris  par  Parchcvêque  de 
Rouen,  assisté  des  évêques  d'TTzès  et  do  Bayeux.  Il  prit  séance 
au  parlement  de  Paris  en  qualité  de  pair  de  France,  après 
après  avoir  fait  le  serment  accoutumé,  le  12  janvier  17;i;;.  Le 
28  août,  il  fut  nomme  h  Metz,  et  le  M  mars  17:>4,  il  prêta 
serment  entre  les  niains  du  roi  qui  lui  laissa,  dans  sa  nouvelle 
dignité  le  rang  et  les  honneurs  attachés  à  son  titre  de  pair  de 
France*  C'ost  ce  ([ui  tit,  sans  doute,  qu'il  dédaigna  de  se  faire 
recevoir  conseiller  d'honneur  au  parlement  de  Metz,  et  qu'il 
put  par  concession  royale  porter  ses  nombreux  procès  devant 
ses  pairs  à  Paris;  car  il  eut  affaire  à  son  chapitre,  au  Parle- 
ment, au  mattre-échevin  et  aux  anciens  possesseurs  des  terres 
épiscopales. 

n.  est  vrai  quil  ne  réussit  pas  toigours  et  son  titre  de 
prince-évêquo  de  Metz,  fut  rudement  attaqué  par  le  mattre- 
échevin.  Lançon,  qui  obtint  gain  de  cause.  Il  mourut  à  Metz, 

le  29  février  1760,  et  il  fut  enterré  dans  la  fosse  du  suffragant 
Meui'isse,  uou  loiu  de  celle  de  Mouseigneu|-  de  la  Feuillade. 


Diyilizea  by  CjOOglc 


LES  eX-lfBRIS  DANS  LBslTROfS  ÊVÉCHés  327 

Son  neveu  et  vicaire  général  avait  été  nommé  à  Pévôché 
d'Âgde,  un  peu  avant  son  décès. 

L'inventaire  fait,  en  présence  du  chanoine  Legrand, marque 
une  belle  bibliothèque  : 

Une  BibUa  sacra  polyglota,  VaUoni,  Londm,  1657;  une 
autre  hebrenca,  wnaoa,  MtdaHoa,  la^^m,  grœca,  Paris,  1630  ; 
le  TraM  des  Notaires  de  Jean  Fapon,  Lyon,  1588, 3  toL;  le 
Cowtumer  de  Picardie,  Paris,  1726;  les  Antiquités  de  Ment- 
faucon!  le  Traité  des  Etuàes  ecciésiastiques  de  MaKÀXUm;  les 
Oeuvres  de  Modère;  YEloge  des  Evêques  de  Qodeau,  etc.;  les 
Chroniques  de  la  ville  de  Metz  (manuscrit). 

Los  talileaux  étaient  un  Moyse  sauvé  des  eaux;  la  Vierge 
et  Venfaid  Jésus:  un  homme  mounud  odoxré  de  sa Jamille ; 
Louis  XIV  à  cheval;  le  due  de  Bourgogw  pire  de  Louis  XV; 
le  Régeid  ;  un  paysage;  une  Descente  de  croix;  Mademoiselle 
de  Ro(fetaut{'t\  etc* 

On  trouva  dans  une  cassette  1224  francs,  et  dans  la  poche 
de  sa  culotte  520  livres,  5  sols,  6  deniers.  Le  défunt  avait  en 
outre  deux  montres  en  or,  trois  anneaux  pastoraux,  une  ôme- 
raude  à  huit  pans,  une  bagne  avec  brillants,  quatorze  roses 
garnies  chacune  de  cinq  diamants,  une  croix  à  la  dévote  avec 
quatre  brillants,  douze  chatons,  etc. 

Viville  rapporte  un  beau  trait  de  ce  prélat;  pendant  la 
famine  de  1754,  il  avança  à  la  ville  de  Mets  30/X)0  livres  pour 
acheter  du  blé  à  l'Etranger.  On  sait  quMl  est  le  créateur  du 
Séminaire  Saint-Simon,  qui  existe  encore,  et  dont  la  chapelle 
est  décorée  d'un  tableau  du  l'ous>in,  r('j)résentant  le  ('hrist 
donnant  les  clefs  de  réglise  à  saint  Pierre,  il  y  a,  en  outre,  une 
belle  bibliothèque. 

Les  noms  de  MM.  de  la  Feuillade,  de  Coislin  et  de  Saint- 
Simon  figurent  sur  .une  table  de  marbre  à  Thôpital  Saint- 

>  Ed.  Saobb,  InoaUimn  des  ArAnes,  Mets,  1881,  0.  34^  Tfsvall  fUi 
avec  le  plus  grand  soin  et  appelé  à  rendre  bien  des  serrieee. 


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32« 


REVUE    II*  ALSACE 


Nicolas,  avec  ceux  des  autres  bienfaiteurs  de  cet  établisse- 
ment 

Le  neveu  de  Monseigneur  de  Saint-Simon,  Louib-Jobbph  db 
M0VTMOREHOT-LA.YAL,  premier  baron  chrétien,  évêque  d*Or- 
léans,  en  1753,  de  Condom,  en  1757,  prince  du  Saint-Empire, 
grand-aumOnier  de  France,*  commandeur  de  Tordre  du  Saint- 
Esprit,  le  11  juin  1786,  cardinal  do  la  sainte  Eglise  romaine^ 
en  1789,  lui  succéda. 

Son  épiscopat  ne  fût  troublé  par  aucun  acte  hostile  soit  du 
Parlement,  soit  du  mattre-éehevin.  Dévoué  à  la  ville  de  Metz, 
il  fut  un  de  ceux  qui  s'employa  le  plus  pour  lui  faire  rendre 
son  Parlement.  Sous  k-  ministère  de  lîrienne,  il  montra  une 
uobie  fermeté.  Il  n'en  fut  pas  moins  nommé  président  de 
TAssemblée  provinciale-  En  178b,  il  s  ctait  adjoint  un  sufîra- 
^ant.  M.  de  Chambre  d'Ur«îons,  évêque  dOrojjt',  î^rand-archi- 
diat  re  et  vicaire  liénéral  qui  denn-urait  rue-  des  Clercs.  Le 
cardinal,  lorsqu'il  ne  résidait  pas  à  Frescati  ou  i\  Paris,  dans 
son  hôtel  rue  de  Tournon,  recevait  dans  son  hôtel  abbatial  de 
Saint-Amould,  pendant  que  Ton  construisait  son  vaste  palais 
près  sa  cathédrale. 

Le  cardinal  quitta  la  France  au  commencement  de  la  Bévo- 
lution.'  Au  Concordat,  il  fut  un  des  rares  prélats  qui  refusèrent 
de  donner  leur  démission.*  Mais  il  ordonna  au  clergé  messin 

*  V.  Imuert,  La  Chrmique  mindaJettse,  Paris,  1701,  T.  III,  p.  21. 

*  En  faisaient  j'îirtie:  les  deux  autres  évf'qucs  ilo  la  province,  Dom 
Godé,  prieur  de  la  (.hartrense  do  Kettel;  Duni  Joburt.  ablit'  do  Chùtillon; 
le  doyen  de  Montliolon  ;  le  doyen  do  Vir,  Marchai  :  le  j)résident  do 
Latibnissel;  le  comte  de  Saintignon  de  Féuétrange;  M.  de  Laliant,  bailli 
de  Curiguan,  etc.  Dom  Maagcrard,  bibliothécaire  de  l'éTÔque,  membre 
de  la  Chambre  eec1éi{a8tiqiie«  im  des  eoopératenra  de  VBitUrire  de 
Mett;  le  maréchal  de  camp  de  Faoltrier;  l'avocai  Blonet,  étaient  de 
l'Anemblée  da  district 

*  Son  imprimenr,  CoUignoii,  porta  sa  tète  sur  réchafiMid  pour  aToir 
correspondu  avec  hd. 

*  La  lettre  do  pape  est  du  2^  mar*  180S. 


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UB  E\-LIBKlb  DANS  LOU  IHUl»  KVKCIIhS 


329 


d*obéir  an  nouvel  éyôque.  Ce  refos  et  la  charge  de  grand- 
aumônier  qu'il  exerçait  près  du  prétendant,  lui  fermèrent 
nécessairement  les  portes  de  sa  patrie.  H  mourut  à  Altona,  en 
1808^  ftgé  de  88  ans.  Quelques  jours  avant  son  décès,  il  ordonna 
d'envoyer  à  sa  cathédrale  sa  plus  belle  chappe,  sa  chasuble 
bordée  d'or  sur  fond  blanc  et  rouge  et  sa  chapelle  en  vermeil* 
Ses  livres  sont  reconnaissables  à  ce  blason  collé  contre  la 
garde: 

1-3.  DIEU  AIDE  AU  P&EMIE&  BARON  GHBÉTIEIT. 

Armoiries  de  Monseigneur  de  Montmorency-Laval  surmon- 
tées du  bonnet  de  prince  d'Empire  entre  la  crosse  et  l'épée 
et  sur  le  manteau  herminé,  au-dessous  la  banderole  avec  la 
devise;  au-dessus  le  chapeau  de  cardinal  et  AIIAÂNOS  (Im- 
primé). 

Il  y  a  (le  ces  vif^ncttes  pour  trois  foniiats.  M.  de  Montmo- 
rency fit  les  frais  truno  jolie  \  igiietto  de  Colliu  pour  Buchoz. 
C'est  Apollon  dominant  le  val  de  Metz. 

Quel(iues  livres  de  ce  prélat  se  voient  à  la  bibliotliëque 
publique  qui  a  un  souvenir  précieux  des  collections  de  révêché, 
c'est  le  manuscrit  sur  lequel  le  maltre-écl)(>via  prêtait  serment 
Ce  codex  avait  appartenu  au  conseiller  Besser«  possesseur 
aussi  de  la  CJironoloffie  des  évêques  messins.  Ce  dernier  manu- 
scrit fut  en  dernier  lieu  la  propriété  de  Dupré  de  Geneste 
avant  d'aller  échouer  à  la  bibliothèque.  En  1781,  Dom 
Tabouillot  avait  été  chargé  de  l'inventaire  des  titres  et  des 
papiers  de  l'évdché. 

*  Le  grand  cardioal  de  Lomiae  avait  donné  ploaieort  pans  de  tqiia- 
série  pour  orner  le  dueor  et  la  nef.  Tons  les  antres  éTéqnes  imitèrent 
son  exemple  «lù  laissant  nn  sonTonir  à  lenr  éf^se. 


sao 


RBVUB  D'aLSACB 


CUAPITRË  D£  LA  GATUÉDRALË 

Per^mét  ecdesiœ  Metensi, 
Hic  Uber  est  ecdesiœ  Metenris, 

Ad  ecclesiam  Metemem, 
Lihtr  Sam-ti  Stepliani, 
A.  T.  AI.  (gothique). 

EccleMœ  Mdemis. 

Ex  bibliotheca  ecdmœ  Catiiedralit  metensis. 

M.  Auguste  Prost,  Témiiient  président  de  la  Société  des 
Antiquaires  de  France  a,  dans  sa  notice  sur  la  collection  des 
manuscrits  de  la  bibliothèque  de  Metz*  (III-GXCII),  entière- 
ment traité  le  sujet  pour  tout  ce  qui  regarde  les  manuscrits 
de  la  cathédrale,  des  maisons  religieuses  de  Metz  et  du  dépar- 
tement sauvés  du  vandalisme  révolutionnaire.  On  ne  peut 
qu'y  renvoyer  les  érudits  qui  désirent  connaître  à  fond  les 
mille  vinfît-neuf  manuscrits  do  la  bibliothtqur. 

Le  chapitre  lit  faire  souvent  rinvontaire  des  manuscritii 
qu'il  possédait,  un  des  plus  anciens  date  de  Tan  IGS5;  plus 
tard,  en  17:?!),  le  chanoine  Deslandes  en  lit  un  nouveau  à  la 
prière  de  Montfaucon.  Ën  17G5,  Dom  Maugérard  en  dressa  un 
très  bien  fait  II  inventoria  les  treise  manuscrits  du  Trésor, 
qui  n'aYaient  jamais  été  décrits,  et  Tancien  archiviste  du 
chapitre,  Du  Hamel,  en  donna  la  liste  dans  la  S^aHttique  de  la 
Moselle  écrite  par  Viville  sous  le  nom  du  préfet  Colchen. 
Le  chi^itre  vota  au  bénédictin  une  récompense  de  20  louis 
d*or  ou  un  cadeau  de  valeur  égale.  L*abbayedeSaintrAmould 
reçut  480  livres  en  or.  Le  travail  de  Dom  Maugérard  est  très 

'  Ckstalogue  général  du  Mamucntê  du  BitiiùMqitu  puWguea  des 
dépmrteimn/ta,,*  Tome  Jixtx,  YsBDinr,  GHABuviua.  Paxiê,  impri- 
merie naAîoule  MDCCOLXXK.  n  cet  dit  dene'  PaTertiBsemeiii  que  le 
volume  était  sôiu  pieaee  avant  les  événements  de  1870-1871.  JnA^, 
199-76Ô. 


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va  SX-LtMttS  DANS  htS  TROIS  tftmts 


881 


bien  fait,  selon  M.  Prost.'  C'est  un  volume  in-folio  ilr  l  lpap;es, 
que  Dupré  de  Geneste  copia  pour  sa  riche  bibliotlu-que.  Les 
chanoines  firent  alors  réparer  et  relier  richement  les  manu- 
scrits les  plus  précieux,  mais  mallicurcusement  on  les  rogna 
trop.  Les  treize  conservés  au  Trésor  furent,  avec  trois  autres, 
offerts,  selon  son  désir  à  l'impératrice  Joséphine  qui  avait 
également  fait  parvenir  à  la  Mabnaison  le  magnifique  monu- 
ment des  Carmes  et  les  colonnes  antiques  des  Augustinea. 

La  sympathique  souveraine  avait  un  engouement,  pour  ainsi 
dire  féroce,  pour  les  antiquités  messines.*  On  eut  cependant 
le  courage  de  lui  refuser  la  cuve  en  porphyre  de  la  cathédrale. 
C'est  une  des  raretés  de  cette  église  avec  le  siège  de  saint 
Clément,  l'anneau  de  saint  Arnould,  la  chappe  do  Charle- 
niafïne  (qui  jirovicnt  de  Saint- Amouîd),  le  graouilli  et  les 
joyaux  histoi  iques  et  artistiques  conservés  de  nos  jours  dans 
le  sdcrar/tnti,  cite. 

Le  Trésor  contenait  à  cette  époque  le  chef  de  saint  Etienne 
ereux  eu  venueil,  autour  d'un  carcan  (Por,  donné  j)ar  Nicolas 
Louve  en  144!:'.  le  caillou  du  même  saint  dans  un  reliquaire 
de  même  métal,  le  bras  du  même  posé  sur  un  pied  n\  ve  rmeil 
orné  de  pierres  précieuses,  des  reliquaires,  deux  statuettes 
équestres  de  Charlemagne  l'épée  à  la  main,  une  en  bronze 
doré,  le  b&ton  de  son  maître-d*h6tel,  celui  de  saint  Materne, 
etc.  Un  catalogue  ayait  été  fiait,  en  1682,  et  le  docteur  fiégin, 
dans  son  Hkhire  de  la  Cathédrale  de  Metz,  le  cite. 

Mais  déjà  Golbert  avait  pris  ce  qu'il  y  avait  de  plus  rare,  la 
Bible  et  le  livre  dlieures  de  Charles^le^^hauve,  que  Baluze 
lui  avait  signalés.*  Deux  chanoines  avaient  été  les  lui  porter 

'  On  fit  alors  le  eitalogae  des  joyaaz,  de  l'aigenteiie  et  des  Unes. 
*  La  Tille  de  Mets  reçut  de  l'impératrice  deux  portraits,  Vm  de 
Rembrand,  l*antre  de  Taa  Dyck.  D*où  viennent-ils?  Corieue  histoire 

que  leur  odyssée. Les  mamiscrits  sont  maintenant  à  la  Blbliothètine 
nationale  ainsi  qve  ceux  de  Colbert. 
'  Ch.  ABRii.  Sini  «NT  ^andeni  iwrire»  «n^pfés  âe  la  cathédrale  de 

Metz.  xmô. 


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332  REVUE  n'ALSACE 

humblement  à  Paris,  en  1676,  et  le  chapitre  avait  reçu  en 
place  une  croix  d'ar;;ent  pour  lo  mattre-autel  aux  armes  du 
ministre  et  un  portrait  du  roL 

Lors  de  la  suppression  définitive,  un  inventaire  avait  été 
fait  des  meubles,  or  et  argent  de  Notre-Damo-la-Bonde.  On  y 
catalogua  de  grands  tableaux,  le  Chrkt  au  shpuhre,  Saùde 
CèeUe,  divers  autres  tableaux  de  moyenne  grandeur,  «façon 

des  Pays-Bas,  une  Marie  Majeure,»  VAnnouciafion,  «un  cru- 
cifix avec  trois  lipjures'  et  Jtsiie  portant  sa  truix,  dix  autres 
peintures  rei»rt^si.iilaut  des  sujets  pieux,  etc.* 

Le  14  juin  171K),  les  citoyens  Joseph  Vaultrin,  J.-B.  Chonez, 
Hubert  Marchand,  premier  médecin  de  Thopital  militaire,  se 
présentèrent  À  la  cathédrale  pour  dresser  l'inventaire  de  ce 
qui  B*y  trouvait;  ils  furent  reçus  par  les  chanoines  de  Thé- 
mines,  trésorier,  du  Lau  de  Caudale,  écolâtre,  et  Kiocbe, 
auxquels  se  joignirent  deux  de  leurs  confrères,  MM.  de  Guny 
et  de  Gauvain.  On  conduisit  d*abord  les  commissaires  dans  la 
salle  des  archives  située  dans  les  souterrains  du  collatéral 
du  côté  gauche  du  chœur,  puis  tous  se  rendirent  au  Trésor, 
dont  ils  firent  un  état  très  détaillé  (on  y  remarque  les  treize 
manuscrits  envoyés  à  la  Malinaison,  le  bâton  du  ^n-and-cluiutre 
avec  sa  masse  reprcM'iiluut  le  martyre  de  ^aint  Ktienuc,  etc.). 
Puis  le  i)ruces-verl)al  fut  dri  :-sé<'t  sijiué  par  les  trois  chanoines 
char'^és  par  le  chapitre  de  la  garde  du  Trésor,  les  deux  autres 
chanoines  et  les  commissaires. 

Cent  vingt-trois  manuscrits  du  chapitre  sont,  d'après 
M.  Fïost,  &  la  bibliothèque;  qu'ils  y  reposent  en  paix. 

Avant  de  clore  ces  quelques  pages  sur  le  chapitre  de  Mets, 
dtons  un  fiiit  assee  Ignoré  de  la  Révolution  :  «  J*ai  vu  dit  Lally- 
Tollendal,  au  printemps  de  1792,  dix  femmes,  jeunes  et  belles, 
déserter  la  ville  de  Metz  et  courir  vers  le  Luxembourg,  deux 

*  Ed.  SAinm,  Innntairr  de»  AnèiveB  dipartmental»,  G.  119. 


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I.KS  KX-t,IBRlS  HA>S  LES  TUOIS  KVM.UKs  333 

jours  après  le  cruel  massacre  de  l'abbé  de  Fiquelmont'  L'une 
d'elles  était  prête  d'accoucher.  Sans  ce  spectacle  affreux,  elles 
n'auraient  pas  quitté  leur  ville  natale.»* 

Le  chanoine  de  Jobal  avait  au  château  de  Lue  une  impor- 
tante collection  numismatique  et  si^'illographique  qui  se  trouve 
actuellement  entre  les  mains  de  M.  le  comte  Gaston  de  Lam- 
bertye. 

Voici  le  fer  armorié  du  chapitre,  j'en  dois  la  communication 
à  M.  Poinsignon,  relieur  à  Nancy. 


SÉMliNAIHE  SAINTK-ANM'] 

Kr-lihris  Cwif/ref/atiotita  missionùt  domiis  Metetwis. 

Fondation  de  la  reine  Anne  d'Autriche  pour  des  prêtres  de 
la  mission. 

'  Chaaoioe  en  176'J,  grand  cUantre,  vicaire  général  d'Angers,  demeu- 
rant rue  Nexinie  (un  nom  néfaste)  massacré  dans  les  premiers  jours 
de  septembre. 

î  Défense  (hs  femmes,  tles  etifanti  et  des  rieillai  ds  àniijrcs.  Pari»,  17U7, 
Br.  ia-S°,  80  pp.  (Bibl.  provinciale  de  Strasbourg.  CoUectiou  licitz, 
îJlH,  1).  Il  fallait  avoir  do  courage  pour  publier  en  ce  moment  une 
pareille  brochure. 


384  aBVOB  D*ALSAGB 

Le  6  déeembre  1792,  les  commissures  Nioche  et  Led&nte 
procédèrent  à  Tinventaire  du  mobilier.  La  statue  de  sainte 
Anne  du  portail  de  Téglise  était  dans  un  coin  de  la  loge  du 
portier  à  côté  d*une  souricière  et  d'un  portrait  de  Pie  VI.  La 

bibliothèque  n'avait  qui'  2.^7(i  volumes  (  âTG  in-f ,  oîi2  iii-4"  et 
llios  varia)  coiitciius  dans  dix  armoires  l'i  onze  rayons,  la  dcr- 
nièrc  armoire  était  de  srjjt  tahli  ttis.  Dans  «la  rlas-e  di» 
lo^i(liU'«,  les  comniissaircii  inventorièrent  deux  tableaux  :  mm 
Chrid  et  un  CariUnaL 

Arrivés  devant  la  porte  du  cabinet  de  physique,  une  ditîiculté 
les  arrêta  un  instant.  Des  scellés  y  étaient  posés.  Le  libraire 
Marchai,  de  la  rue  des  Petiti  >-Tapes,  avait  fait  saisir  tous  les 
instruments  pour  se  couvrir  de  ses  avances.  Le  serrurier 
Louis  Valentin  requis,  crocheta  la  porte  et  brisa  les  scellés; 
le  récolement  commença,  il  fut  long;  «une  table  de  gypse  sur 
un  pied  triangulaire  en  chêne«t  etc. 


LES  MONASTÈRES  DE  METZ 

Abbaye  royale  de  Saint-Glâmeat 
8,  Oementis  mOenns,  1760. 

Ea>làXyri$  8"  OemenHê  Meten.  Ordkm  8,  BenetUOi  1696, 

Les  moines  conservaient  dans  le  cloîtrr  ([uelques  monuments 
gallo-romains.  Leur  avant-dernier  abbé  commendatairc  M.  de 
Besse  de  la  nichardrrif.  chanoine  et  grand-chantre  de  la 
cathédrale  et  vicaire  général,  qui  touchait  annuellement  près 
de  0(KH)  livres  de  sa  mense  abbatiale,  avait  un  cabinet  d'histoire 
naturelle,  minéraux,  coquillages,  quadrupèdes,  oiseaux,  des 
cadres  de  papillons,  etc.  Buchoz  dit  quMl  se  fit  donner  les  pré- 
tendus os  de  géant  que  Ton  conservait  depuis  dos  siècles  à  la 
cathédrale.  Vérilîcation  faite,  ils  furent  déclarés  appartenir  à 
un  hippopotame.  M.  de  la  Richarderie  fit  graver  des  planches 


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LBS  n-LIBRB  DAIIS  LB8  TROIS  ÊVâCHItS  386 

pour  VAUas  de  Buchoz,  entre  autres  le  plan  du  Jardin  bota- 
nique de  Nancy.  H  demeurait  rue  de  la  Pierre  hardie  et  il 
avait  prié  son  évêque  de  bénir  la  chapelle  construite  dans  sa 

maison  nouvellement  bâtie. 

Le  14  mai  17"J0,  les  Bénédictins'  furent  rassemblés,  à  l  issuc 
des  vêpres,  pour  recevoir  les  délégués  Pacquin  de  Uupigny, 
avocat,  et  8aget,  ingénieur  des  Ponts-ct-cbaussées.  La  grande 
table  de  la  bibliothèque  fut  inventoriée  avec  les  rayons  et 
l'échelle.  11  y  avait  ^75  in-f^,  D41  in-4",  loitG  ïn-s\  2151)in-12  et 
586  in-16.  Cela  faisait  près  de  5000  volumes.*  On  ne  parla  pas 
de  manuscrits;  cependant  M.  Prost  dit  qu*en  1718,  il  y  en 
avait  dix  et  que  plus  tard  la  collection  fut  augmentée. 

Un  des  moines,  Nicolas  Casbois,  déclara  qu'il  suspendait  sa 
délibération  sur  le  parti  qu^il  prendrait  jusqu'à  ce  qu*il  fût 
mieux  informé  des  conditions  qui  seraient  faites  aux  religieux, 
iQoutant  qu*il  adhérait  aux  décrets  de  TAssemblée  nationale.' 

Le  graveur  Lachaussée  dessina  une  planche  pour  V Atlas 
de  Buchoz,  aux  frais  des  religieux  de  Saint-Clément;  au- 
dessous  de  la  gravure,  on  voit  le  graouilli  étendu  par  terre 
percé  par  la  crosse  de  Tévêque  et  la  palme  du  martyr  mises  m 
sautoir. 

ÂBTiiuR  Benoit. 

{La  suite  prochainement.) 

*  D«nii  Nieolts  Pierroa  éteit  priw,  il  était  né  le  16  Mftft  1740. 

*  AriMm  d^pàrtmmtaleg,  Q.  8.  65. 

*  Lm  abbayes  mesdaei  lont  indiquées  dans  Perdre  qu'elles  ont  dans 
VAhumaOi  de»  Tnu-ÈeècMn  de  1790. 


DOCUMËiNl  UISTOUIQUË 


ETATS  DES  FONDS  ET  REVEMS 

DU 

PRIEURÉ  DE  SAINT-MORAND^ 

EN  1772 


Les  batimens  et  dépendances  nécessaires  pour  L*Eiploita- 
tion  des  bions  sont  occupés  par  le  fermier,  les  batimens  du 
prieur,  le  jardin  et  le  verger  sont  laissés  au  Receveur  et  au 
desservant 

Terres  Labowrablea. 
Environ  cent  journaux  de  terres  labourables  en  une  seule 
pièce,  et  environ  dix  huit  journaux  en  plusieurs  autres  pièces, 
les  premières  sont  presque  toutes  terre  blanche;  la  plupart 
(le  peu  de  Ilapport  et  les  (leniu  riîs  valent  beaucoup  mieux. 

Prés 

Vingt  cinq  arpens  de  prés  de  très  bon  raport,  que  Ton 
arrose  quand  Ton  veut,  au  moyen  d'un  Canal  de  communica- 
tion avec  la  petite  Rivière  appellée  L*isle. 

Vignes 

Sept  arpens  de  Vignes,  dont  six  et  demie  eu  une  seule  pièc& 

^  Près  d'Altkin-h.  —  La  reproduction  de  ce  documeut,  uvuc  ses 
imperfections  grai)lii(|iii-s,  est  conforme  i  PexpMiiion  qui  en  fut  délivrée 
lors  dn  séquestre,  après  l'expulsion  des  Jésaites. 


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HËV£NUS  DU  PKlblKk  UE  SAINT-MORANU 


837 


Jardm 

Un  petit  jardin  potager,  avec  un  petit  Verger  contigû  prés 
Altkirch. 

MmiUn 

Un  moulin  à  trois,  tournans,  un  foulon  pour  le  Chanvre,  un 
logement  pour  le  meunier,  grange,  Ecuries,  un  petit  jardin, 
une  autre  petite  pièce  de  terre  et  un  petit  prés  entre  le  canal 
et  la  Riviera 

Les  terres  labourables,  prés  et  vignes,  batimens  de  Fermier 
et  appai  teuauces  sont  aflfermées  pour  neuf  ans  par  doin  Tirode 
en  1774  au  S.  George  Brutzchi  a  raison  de  dix  huit  cent  livres 
par  an  payables,  moitié  à  Pâques,  moitié  h  la  Pentecôte,  avec 
reserve  de  quelques  Voitures. 

Le  Moulin  est  affermé  au  même  également  pour  neuf  ans 
par  Dom  Tirode  1774.  avec  les  dépendances  cy  dessus  speci- 
tiées,  a  raison  de  vingt  deux  Bezaux  d'Ësprote  égrugée  et 
pareille  quantité  de  mélange,  qui  consiste  en  moitié  d'Ësprote 
ou  Epautre  égrugée,  et  L*aatre  moitié  en  seigle,  orge  et  vesses, 
quarante  six  livres  seize  Sols  quatre  deniers  en  argent  quel- 
ques canards,  et  poulets  et  un  cochon. 

Le  Meunier  est  encore  tenu  de  moudre  et  égruger  gratis 
tous  les  grains  nécessaires  au  prieuré  et  de  conduire  lesdits 
grains  au  marché  d'altkircb  quand  il  en  est  requis. 

Le  Bezal  d*Espiote  égragé  année  commune  peut  aller  à 
à  douze  livres  et  celui  de  mélange  à  huit,  les  14  Ke/.aux 
feroient  352  livres  qui  ajoutées  à  4G  livres  K»  sols  4  deniers  en 
argent  et  24  livres  pour  le  cochon,  canards  et  poulets  feroient 
422  li^Tes  IG  sols  4  deniers. 

Le  petit  jardin  et  petit  verger  r.ontigu  a  altkirch  sont  affer- 
més pour  neuf  ans  au  S'  Scbmiodlin  a  raison  de  vingt  deux 
livres  par  an. 

Dixmes 

L'Esprote  est  une  espèce  de  Froment  qui  sort  de  PEpi 
enveloppé  de  sa  gousse,  et  en  cet  Etat»  il  se  nomme  Espriote 


388  IBTUB  DALBiMX 

OU  Epautro  en  paille.  Lorsque  le  grain  est  dépouillé  de  sa 
gousse  ou  envelope,  au  moyen  d'un  moulin  particulier  par  ou 
on  le  fait  passer,  on  l'apelle  espiote  Egrugée. 

Neuf  ll('/(iu\  d'Espiote  eu  paille  u'eu  reudeut  p&â  tout  a  fait 
le  tior»  d'Ejxruîié. 

On  entend  par  K«v.al,'  six  boisseaux,  le  boiss(>au  en  froment 
peu  péser  trente  livres.  Le  boisseau  est  composé  de  4  picotins 
et  le  picotin  de  G  Ecuelles, 

Le  Prieuré  de  S^Morand  perçoit  la  dixme  entière  sur  le 
territoire  et  paroisse  d'altldrch,  a  raison  de  dix  l*un  sur  tout 
ce  qui  se  sème,  a  Pezception  néanmoins  de  quelques  petits 
cantons  autour  de  la  ville  et  du  chanvre.  Cette  dixme  s'amodie 
tous  les  ans  en  argent  k  la  veille  des  moissons  et  peut  rendre 
deux  mille  livres  année  commune. 

La  dixme  en  vin  sur  le  même  territoire  8*amodie  également 
on  argent  et  peut  rendre  année  commune  trois  cent  Livres. 

Les  trois  quarts  de  la  dixme  en  grains  sur  la  Paroisse  de 
Walheini  s'amodient  en  argent  année  commune  huit  cent 
trente  deux  Livres. 

Les  3/4  de  la  dixme  eu  vin  sur  la  même  poroisse  année 
commune  deux  cent  Livres. 

lies  3/4  de  la  dixme  en  Foin  sur  la  même  paroisse  année 
commune  s'amodient  cent  Livres. 

Le  8*  de  la  dixme  sur  Werenthausen'  et  Buxviller  s'amodie 
en  argent,  année  commune  deux  cent  livres. 

La  dixme  entière  sur  la  paroisse  de  Riesbach  est  affermée 
pour  neuf  ans  au  S'  Districh  curé  dudit  Lieu  pour  deux  cent 
soixante  et  quinze  Rezaux  dont  les  2/3  Epautre  en  paille  et 
1/3  eu  aveine. 

Le  1/4  de  la  dixme  sur  le  vieux  montreux,  année  commune, 
cinquante  Kezaux,  moitié  Espiote  en  paille;  moitié  aveine, 

*WerentihanMii. 


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HEVENLS  UU  PRIEURÉ  UE  SAINT-MURAND  839 

mesure  pressée,  ee'  qui  augmente  quelque  peu  la  quantité 
d^aveine. 

Le  douzième  de  la  dixme  sur  Carsbadi,  année  commune 
cinquante  quatre  Bezaux,  un  tiers  Epautre,  1/3  seigle  et  1/3 
avoine. 

Le  1/4  de  la  dime  sur  Friessen,  année  commune  quatre 
vingt  dix  Rezaux:  2/3  Epautre  en  paille,  emnme  Pest  toute 
^  celle  des  dixmes  et  1/3  a  veine. 

Le  1/8  de  la  dixme  d'IIagenbach,  aimée  commune  vingt 
quatre  Rezaux  1/3  seigle,  1/3  Epautre,  1/3  aveiue. 

Le  douzième  de  la  dixme  d'hirsingeu,  année  commune, 
quarante  deux  Rezaux  2/3  Epautre,  1/3  aveine. 

Le  seizième  de  la  dLxme  de  traubacb,  année  commune,  qua- 
rante deux  Rezaux  1/3  Epautre,  1/3  aveine,  1/3  seigle. 

liO  8*  de  la  dime  de  Durmenai,^  année  commune,  dix  hui 
Rezaux  2/3  Epautre,  1/3  aveine. 

La  dixme  sur  un  petit  canton  de  quelques  arpens  à  Roch- 
bum'  année  commune  un  Rezal  1/2  d*Epautre. 

La  dixme  à  Aspach  sur  un  petit  canton  année  commune 
4  Rez.  d'Epautre  et  2  Rez.  d*aveine. 

Lauiemes  des  dixmes 

On  appelle  Laudemes  des  dixmes  une  petite  reserve,  tantôt 
de  6,  tantôt  de  12  deniers  par  Rezal  en  les  amodiant;  ce  qu 
peut  produire  année  commune  quinze  Livres. 

Droit  de  fàlh 

Le  droit  de  ftlh  est  celui  par  lequel  appartient  au  Prieuré 
de  Si-Morand  dans  quelques  Villages  après  la  mort  de  chaque 

chef  de  famille;  une  pièce  de  bétail  à  son  choix,  après  que  la 
veuve  ou  les  liéritiers  en  ont  pris  une;  Ce  droit  année  corn 
mune  peut  raporter  deux  cent  Livres.  • 

'  Durmcnach. 

'  Rockeuburg,  dépeudance  d'Altkirch. 


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340 


REVUE  D^ALSACB 


8T£UiBACU 

La  Ferme  de  Steinbach  proche  Cernai  à  6  Lieues  d'altkirch 
est  amodiée  à  5  ou  6  particuliers  pour  six  ans  à  cent  cinquante 
livres  par  an. 

Cette  ferme  consiste  en  onze  Sch'atz  et  demi  de  Vignes  en 
4  ou  5  pièces  il  faut . . .  '  Schatz  pour  faire  un  journal,  en  16  me- 
sures 27  pots  de  vin  de  lodcvauee  La  dixme  ^ur  quelques 
pièces  de  vignes,  un  jiirdiu  <  t  tiu«  l(|ues  petites  pièces  de  terre. 

Les  fermiers  sont  obligés  dv  livrer  annuellement  au  S'  Curé 
de  Cernai  trois  mesures  de  viu  que  lui  doit  le  prieuré  de 
S^Morand. 

lUBBAirYILLÉ 

La  Ferme  de  RibeauvUlé  ou  petit  S^Morand*  consiste  en  un 
sac  de  seigle  de  Redevance  sur  un  moulin,  en  52  L  3  s.  4  d.  de 
cences,  en  39  mesures  et  20  pots  de  vin  de  cences,  deux  livres 
de  cire,  onze  diapons,  une  poule  et  quelques  petits  Jardins 
connus  sOus  le  nom  de  Potlacher  GHUihen  Et  quelques  petites 
pièces  de  prés. 

Ces  revenus  sont  affermés  pour  6  ans  à  IL  L'avocat  Lorentz 
a  raison  de  deux  cent  cinquante  et  une  livres  par  année. 

1  On  cooqrte  trois  sehals  par  jonnud. 

'  La  fbnne  dont  il  eai  qneation  est  ce  qoi  restait  en  1778  du  couvent 
de  Saint-Morand  de  Ribeanvillé.  Ce  couvent  était  situ^  en  sortant  de 

la  ville  par  VOberthor,  à  environ  trois  cents  pas  à  gauche,  à  l'entrée  de 
la  vallée  qui  conduit  à  Suint<'-Marie-aux-Minos.  Ce  couvent  ôtait  de 
l'ordre  de  Cluny,  commt?  ceux  de  l'  roidofoutaine  et  d'Altkirch.  l'aiw 
les  premiers  temps  il  y  avait  deqiK^tro  à  liuit  Bf'-nédictins.  Quand,  après 
la  guerre  de  trente  ans,  les  Jébuitcà  eureut  succédé  aux  Bénédictins, 
cens  d'Altidrdt  oUinrast  de  Févèqne  de  Bâle,  Gnillanme  de  Bine^  la 
n^pression  dn  coaTont  de  Bibeaavillé,  qui  n'était  plus  qu'une  ferme 
lorsque  les  Jésuites  forent  expulsés  et  lorsque  l'inventaire  de  leurs 
biens  et  de  leurs  revenus  lut  établi  par  le  séquestre.  L'élise  ne  fut 
démolie  que  vers  1751. 


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RETBNUS  OU  PRIEURÉ  DE  SAI^T-NORA^ID  341 

Le  fermier  est  obligé  outre  le  prix  de  son  bail  d'acquitter 
les  charges  dudit  prieuré  à  Ribeauvillé.  Elles  consistent  en 
6  mesures  de  Vin  et  26  L  en  argent,  tant  au  S' Curé  qu'au 
Recteur  d*Ecole  et  à  la  Fabrique. 

Le  Prieuré  de  S^Morand  possède  encore  à  Ribeauvillé  une 
petite  forêt  de  <>  à  7  arpens,  dont  une  partie  depuis  2  à  3  ans 
est  plantée  en  ('hataignit  rs  et  le  reste  en  assez  mauvais  Etat, 
cette  petite  furêt  ue  fait  pas  partie  du  Bail 

BAMBBSIIATT 

Le  Prieuré  de  S'-Morand  possède  à  Raraersinatt  un  arpent 
de  prés  aâeriué  à  biaise  Uied  di\  huit  livres. 


TERRIERS  D£  ST-MORAND 

RIE8PACH 

Epautre  en  paille  18  r.  1  b.  2  pJ 
Seigle  5  r.  1  b.  2  p. 
Avoine  30  r.  2  b.  2  p. 
Poules  7. 

Argent  3  L  8  s.  10  d.  Balois. 

* 

SPBCHBAGH 

Epautre  en  paille  21  r. 
Seigle  27  r. 
Avoine  22  r.  1  b. 
Poules  7. 

Argent  3  1. 12  s.  8  d.  Balois. 

WEBBHTHÂUBBir 

Epautre  en  paille  28  r.  2  b. 
Avoine  11  r.  4  b. 


*  Ia  lettre  r  signifie  résal,  b  bolaseau,  p  picotin. 


84S 


■IVOB  D*ALSACB 


WBTRBBTORF  BT  EMUVOBV 

Epautre  en  paille  16  r. 
Seigle  12  r.  4  b. 
Aveino  25  r.  5  b.  2  p. 
Poids  2  h.  3  p. 
Poules  30. 

Argent  5  1.  19  s.  4  d.  Balois. 

La  communauté  20  poules  et  30  s.  Balois. 

Epautre  en  paille  11  r. 
Seigle  11  r. 
Âveine  10  r. 

WALHEIM 

.  Epautre  eu  paille  Ml  r.  H  b.  1  p.  5  e." 
Seigle  27  r.  3  b.  3  p.  ô  e. 
Aveine  32  r.  5  e. 
Poules  13. 

Argent  2  1.  l  s.  2  d.  Balois. 
2  pots  de  vin  et  2  pains. 

CÂB8BACU 

Epautre  en  paille  19  r. 
Ëpautre  égrugé  1  b.  3  p. 
Seigle  18  r. 
Aveine  20  r. 
Poules  1. 

Argent  6  L  5  s.  10  d.  Balois. 

HENFLOfOSN 

Epautre  en  paille  15  r.  1  b. 
1  HesingeB. 

*  La  lettre  e  =  éeoelle. 


MVBNn  DD  PBIBORfi  Wt  SAOtT-WItAlID  M8 

Scierie  13  r.  3  b.  3  p. 
Aveine  20  r.  3  b.  2  p. 
Poules  14. 
Oeufs  100. 

Argent  8 1. 11  s.  7  d.  Balois. 

EOBIVTZWILLBB 

Epautre  en  paille  7  r. 

UEIDWILLEB 

Epautre  en  paille  3  r.  2  b. 
Sei^e  4  r.  4  b. 
ÂYeine  3  r.  4  b. 
Poules  6. 

Argent  14  s.  Balois. 

DAG0L8EIM 

Epautre  en  paille  10  r. 
Seigle  10  r. 
Aveine  10  r. 

Argent  5  s.  Balois  et  30  s.  Balois  sur  des  prés  à  ilfurt 
(1 1. 11 1.  de  trop  peu) 

HUSOàUIEV 
Epiiitre  en  paille  4  r.  . 

RAN8PACU  LE  UÂUX 

Avoine  7  r.  1  b. 

Poules  16 1/2. 

Argent  2  L  18  s.  2  d.  Balois. 

BBRBKT2W1U.ES 

Epautre  en  paille  20  r.  5  b.  2  p. 

Seigle  7 
Poules  2. 

Argent  2  1. 4  s.  3  d.  Balois. 
(SiitTant  la  Recette  il  y  a  de  trop  5  r.  4  b.  d'épaatre  1  r.  4  b.  de  Seigle 
14  s.  en  argent) 


844 


Kim  D^ALBMS 


8TRVETT 

Aveine  6  r.  4 1>.  2  p.  l  e.  Vf* 

Poules  9. 

Argent  4  1.  5  s.  2  d.  7s  Balois. 

A8PÂCR 

Epautre  en  paille  Ki  r.  4  b. 

(16  au  Heu  de  6  r.) 
Sci^ilc  18  r.  5  b.  1  p. 
Aveine  16  r.  5  b. 
Poids  4  b.  3  p.  . 
Poules  2. 

Argent  2  L 1  s.  Balois. 

RAMERSKATT 

Aveine  5  r.  1  b.  3  e. 

Argent  5  I.  7  b.  lialois. 

Bcit 

Le  prieuré  do  S'-Morand  possède  à  fillerin'  une  forêt  de  25 
a  oO  arpens  en  bois  d'hôtres  et  quelques  chênes,  elle  pourroit 
être  coupée  dans  8  a  10  ans,  il  est  plusieurs  arpens  dans  le 
milieu,  ou  il  n'est  point  crû  de  bois. 

Plus  une  forêt  d'Environ  20  arpens  à  Berentzwiller  toute 
en  pins,  ou  du  moins  la  plus  grande  partie,  quinze  de  ces 
arpens  ne  peuvent  être  exploités  avant  20  ans,  etleXtestesert 
pour  Fournir  des  tuyaux  aux  fontaines  de  S^M  orand. 

Plus  une  forêt  d*environ  15  arpens  auprès  de  S^Morand, 
dont  6  sont  sans  arbres.  Cette  forêt  est  composée  de  hêtres  et 
de  chênes  propres  à  être  coupés  ;  attcndû  qu'elle  ne  Fait  que 
dépéril*,  et  qu  après  rcxpluitatiuu  il  viendiuit  un  beau  tailli, 

'  FOlleren. 


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«Kvnim  DO  niBoiift  m  saikt-mokaki)  846 

il  convient  cependant  de  Reserver  certaine  quantité  de  chênes 
pour  les  Réparations  du  moulin. 

Plus  une  Forêt  de  G  à  7  arpens  à  Ribeauviller,  dont  il  a  été 
fait  mention  dans  rarticle  dudit  Bibeauvillé. 


RE€A?ITIILATION 

Fennes  en  argent 

Terres  Labourables,  Vignes,  prés  sur  le 

territoire  d*Altkirch   1800^»"»^ 

Argent  d*anepartiede  la  ferme  du  moulin  46  16  4 

Petitjardin  sur  le  m6me  territoire  .  .  22  »  » 

Dixmes  sur  Altldrch.   2300  »  » 

(800  trop) 

Dixmes  sur  Walheim   1132  •  » 

Dixmes  sur  Verenthausen  et  Buxviller  .  200  »  » 

Laudemes  des  dixmes   15  »  » 

Droit  de  falh   200  »  » 

Steinbach   150  »  >» 

Ribeauvill(^   251   »  » 

Vu  prêt  a  Ramersmatt   18  »  » 

Argent  des  terriers  sur  quinze  commu- 

Daut(^s  montiint  à  49  1.  14  s.  Vj  d.  Balois,  la 

livre  Baloise  est  de  26  s.  8  d.  de  franco,  les 

dittes  49  L 14  s.  V>    réduits  à  la  monnoye 

de  Fïance  font   66  05  4  Vt  Vas 

Total   ....   G20r  01*  «''  V,  Va, 

Oraim 

DlXXia  BR  OBAXm 

Seiple  quarante  Rezaux   40^»«^i»-»»' 

Ëpautre  en  paille,  trois  cent  cinquante 
quatre  Bezaux  ô  Boisseaux   354  5  »  » 


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846  KKVUB  D*AL8ACB 

Aveine  deux  cent  neuf  r.  4  bois.  ....  209  4  »  » 

TBRRIBRB 

Seigle  cent  cinquante  cinq  r.  4  b.  1  p.  5  e.  .  155  4  16 
Epautre  en  paille  deux  cent  dix  sept  r.  1  b. 

1  p.  5  e   217  1  1  5 

Aveine  deux  cent  onze  r.  2  b.  1  p.  3  e.  Vs  •  211  2  1  3  Vi 

Epautre  egrngée  un  bois.  3  p   »  1  3  » 

Poids  un  Rezal  1  b.  2  p.   1  1  2  » 

Epautre  égrugée  vingt  deux  r.   22  •  »  » 

Mélange  22  r   22  »  »  » 

Totalité  des  grains  douze  cent  34  r.  2  b. 

2p.le,V»   1234"2*-2M''V3 


Savoir  cent  (juatrc  vinfrt  quinze  Rczaux  quatre  boisseaux^ 
un  picotin  et  cinq  Ecuelles  de  sei;;le. 
Vingt  deux  r.  un  bois,  deux  pic  d'Epautre  egrugée. 
Vingt  deux  Kezaux  de  mélange. 

Cinq  cent  soixante  et  douze  Bezaux,  un  picotin  et  cinq 
Ecuelles  d'Epautre  en  paille. 

Quatre  cent  vingt  et  un  Bezaux,  un  picotin,  trois  Ecuelles, 
et  dend  d*aveine. 

Un  Rezal,  un  boisseau,  deux  picotins  de  Poids. 


Lesl95r.4b.lp.5e.deSeiglea7l.  .  .  1370»- »  «^l'V, 

Les  22  r.  1  b.  2  p.  d*Epautre  égrugée  à  12 1.  267  •  » 

Les  22  r.  de  raélan^îe  à  8 1   176  »  • 

Les  572  r.  1  p.  et  5  e.  d'Epautre  en  paille 

a  4 1   228S  04  »  Vj 

Los  421  r.  1  p.  3  e.  Vt  d'aveine  a  3  1..   .   .  12(;h  03  11 

Le  IlezaI  1  b.  2  p.  de  poids  a  12  1   15  »  » 

Cette  Evaluation  est  le  prix  des  denrées 

année  commune 


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HBTENUS  DU  PRIBtniÉ  DB  SA1NT>lKniAllD 


847 


Les  125  poules  Va  a  6  s.  8  d.  la  picce  comme 
elles  se  payent  par  les  cencitaires  ....     41  16  08 
Le  cochon,  canards,  poulets  et  œu&  ...     24  »  » 

5445' 04' Oy  V, 

Les  5445  L  4  s.  9  d.  7,  ajoutées  a  6201 1. 1  s.  8  d.  7,  et  7af 
forment  un  total  de  11646 1.  6  s.  6  d.  7aa'/. 
1772  10613  L  Recette  total. 


CHARGES  DU  PRIEURÉ  DE  ST-MORAND 

Le  prieuré  de  St-moraud  paye  pour  dom 
gratuit   1240' 16'- 10*- 

Au  S'  Cur('  (rAUkircli  pour  eompoti^'iice  ou 
portion  coii^qUe  60  Kezaux  d'£spautre  en 
paille,  50  r.  d'aveine,  40  r.  de  seigle,  52  me- 
sures et  un  pot  de  vin  et  40 1.  en  argent  a 
évaluer  les  denrées  comme  dans  la  Recette  .  '  914  02  06 
.  AuRecteur  d'Ecole  d*altkircb  7  r.  d'Epautre 
en  paille,  7  r.  de  Sei^e,  13  mesures  28  pots 
de  vin,  La  mesure  contient  32  pots  ....    132  15  » 

Au  S'  Curé  de  Eibeauvillé,  au  recteur 
d'Ecole  et  à  la  fabrique  50  L  seulement  pour 
mémoire,  parceque  le  fermier  de  RibeauviUé 
est^tenû  d  acquitter  les  charges   50  »  • 

Au  S'  Curé  de  Riesbacli  88  r,  4  b.  U  Epuutre 
vu  paille,  4  )  r.  2  b.  d'avcine   433  13  04 

Au  S'  Curé  (If  vieux  inoiUrt-ux  R  r.  *J  b. 
d'Epautrc  en  paille,  8  r.  2  b.  d  avoine  mesure 

pressée   r»5  15  08 

;  Au  S'  Curé  de  Steinbach  4  r.  de  froment  .      48  »  » 

A  la  Seigneurie  de  Ferrette  30  œufs  et 
16  poules   2  15  > 


818  UfUB  D*ALSftGB 

Au  S'  Curé  de  cernai  trois  mesures  de  vin 
de  Steiubach,  le  fermier  de  Steinbach  est 
obligé  de  les  lui  livrer,  seulement  pour  me* 
moire   3808t 

A  Messieurs  du  haut  Chapitre  de  B&le  3  r. 
de  seigle,  4  r.  d^aveine,  et  9  s.  6  d.  en  argent 
et  poule   37  09  06 

Au  S'  Curé  de  Walheim  8  r.  d'epaatre  en 
paille   32>» 

Au  S' chapelain  de  ferette  16  r.  d*aveine  .     48  »  > 

A  onze  maires  collongers  chargés  de  la  dis- 
tribution des  billets  aux  censitaires,  de  veiller 
sur  la  censive  et  d'avertir  lorsqu'il  Echoit  un 
droit  de  falh  34  r.  d'Epautre  en  paille,  6  r.  à  b. 
2  p.  d'aveine  155  15  • 

Au  desservant  du  prieuré  de  iS'-morand  pour 
deux  messes  par  semaine  pour  luminaire  et 
hosties   250  •  » 

Au  Receveur  dud' prieuré  pour  vacations  à 
tout  ce  qui  y  a  raport,  amodiations  des  dixmes, 
perceptiondes  censeSiConservation  des  grains, 
levée  des  droits  de  falh,  visite  et  vérification 
des  ReparationB  dans  toutes  les  paroisses  de 
la  dépendance   324  •  » 

Plus  est  chargé  led'  prieuré  des  réparations 
et  reconstruction  de  l'Eglise,  prieuré,  bati- 
mens,  moulin,  enclos,  et  dépendances  de 
S*-morand.  Plus  Réparations,  reconstruction 
des  chœurs,  clocher,  sacristie,  et  maison  cu- 
riale  de  14  paroisses.  Les  seules  réparations 

riO  seiiloiiiont) 

se  montent  année  lieduitte  sur  dix  années  a.  2000  »  » 


Total  ....  6773»-10^10^ 


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HBVBHOS  DO  PKmmÉ  DB  lARfTWNUHD  849 

Partant  Reste  net  la  Somme  de   5949*- 1 1'  08  Vjj. 

Sur  quoy  une  pension  (\u  tiers  en  Faveur 

du  Résignant  (jui  se  muiito  a  la  somme  de.   .  1983  03  10  Vj 

De  sorte  qu  ii  ne  reste  au  titulaire  que 

celle  de  . ,   3966  07  09  Vs 

N*.  Ces  deux  Etats  de  revenus  et  de  Charges  sont  eonformes 
à  ceux  qui  sont  déposés  au  Greffe  du  conseil  souverain 
d'Alsace  et  qui  furent  faits  par  ses  commissaires,  lors  de 

L'Etablissement  du  Séquestre  en  1767.  tems  ou  les  grains 
étaient  chers*/' 

{CmmumeoUon  de  M,  Ed.  Oabsdl) 


REGLEMENTATION 

D'UVB 

FORÊT  GOMUMLE  D'ALSACE 

AUX  XV    ET  XVr  SIÈCLES 


DOGUMËNT  B 


62. 

Celui  qui  aurait  à  entretenir  une  haie  le  long  de  champs 
doit  à  FaTenir  cesser  d^employer  la  haie  morte,  mais  y  planter 
une  haie  vive.  Quiconque  continue  à  fidre  le  long  de  champs 
des  haies  de  branchages,  rompt  six  schillings.  Là,  où  la  trop 
grande  aridité  du  sol  s'opposerait  à  la  plantation  de  haies  • 
vives,'  on  fera  une  palissade  ou  un  perchis  de  chênes  qui  dure 
bien  des  années.  Les  forestiers  et  les  waldmestres  ont  à 
dénoncer  les  contrevenants  et  ils  ne  manqueroiit  pas  de 
faire  chaque  année  au  temps  proscrit  leur  tournée  d'ins- 
pection des  haies. 

63. 

Aucun  forgeron  ne  doit  plus  couper  dans  la  forêt  du  bois 
pour  charbons;  celui  qui  en  coupe  encore  encourt,  s'il  est 

•  Voir  la  livraison  du  2"  trimestre  1882. 

*  «wo  einer  aber  DOmuig  balben,  kein  heg  da  zihlen  kann».*. 
Cherté? 


Diyilizea  by  CjOOglc 


RÈGLBMBHTATIOlt  ^'VflE  r&HÈT  OOMMIlIfALB  S51 

découvert,  la  grande  amende.  Les  torestiers,  waldmestres  et 
un  chacun  ont  à  y  veiller. 

64. 

Aucun  iorgeron  ne  carbonisera  plus  de  bois  dans  l'enceinte 
du  village,  ni  bois  de  TAsprucb,  ni  bois  provenant  de  quel- 
qu'autre  forêt  S'il  dispose  de  bois  ne  provenant  pas  de 
l'Aspruch,  il  doit  aller  le  carboniser  sur  le  communal  {AVm^m) 
dehors  le  village.  Celui  qui  n'observe  pas  ce  règlement  encourt, 
sll  est  dénoncé,  la  grande  amende. 

Les  waldmestres  doivent  aubsi  faire  tous  les  trois  mois  leur 
tournée  d'inspection  des  l)âtimcuts.  Quiconque  ne  tient  pas 
ses  b&timents  en  bon  état  rompt  quatre  schillings  à  payer 
sans  remise  la  première  fois  qu'on  le  trouvera  en  déiaut  et  la 
grande  amende  si  à  la  seconde  visite  on  le  trouve  encore 
repréhensible,  et  si  après  cela  il  ne  se  met  pas  en  règle  avant 
la  prochaine  inspection,  il  sera  privé  de  toute  jouissance  de  la 
forêt,  lui  et  ses  bêtes,  jusqu'à  ce  qu'il  ait  remis  et  entretenu 
ses  bâtiments  en  bon  état  Les  waldmestres  y  veilleront  et 
indiqueront  les  réparations  &  faire;  ils  se  défraieront  conve- 
nablement sur  les  amendes  dont  ils  porteront  le  surplus  en 
compte  aux  quatre  communes  sous  la  foi  de  leur  serment 

66. 

Aux  ventes  de  bois,  les  waldmestres  ne  doivent  plus  donner 
de  «vin  de  surenchère»,*  mais  un  pot  de  vin  par  achat 

67. 

Si  un  habitant  des  quatre  villages  ou  quelque  étranger 

parquait  des  porcs  dans  la  forêt  en  temps  de  glandée,  *  sans 
qu'il  eût  un  droit  de  glandée,  il  sera  puni  comme  (ranciennc 
date,  c'est-ù-dirc  qu  il  perdia  tout  d  abord  (pai'  coniibcatiou) 

*  «kein  Steigwein  londera  ein  Kanfinoss». 

*  «Saw  in  du  Eckher  achllg»  =  aig.  «febmen»  ;  «Fehia»  =s  glandée 
•t  droit  dtt  Mandée. 


868  UVUB  9*USACB 

les  porcs  avec  lesquels  il  comiiiot  la  liaudc  et  il  paiera  aux 
quatre  communes  cinq  livres  stsbg.  sans  remise.  Les  forestiers, 
waldme>tres  ou  (piiconque  en  sera  chargé  par  leb  quatre 
commimos  y  veilleront. 

68. 

U  existe  aussi  un  rè<^'lcment  fiait  dans  l'intérêt  des  quatre 
communes,  disant  que  le  bourgeois  qui  a  les  huit  porcs,  dits 
porcs  indigènes  {heims  Schwein)t  ne  doit  pas  en  acheter  ni  en 
prendre  à  bail  pour  les  parquer  dans  la  forêt;  celui  qui  n'a 
pas  les  huit  porcs  indigènes  peut  bien,  sll  yeut,  en  acheter 
pour  en  ayoir  huit,  -  mais  il  ne  doit  pas  en  acheter  au  delà 
de  huit,  ni  en  prendre  à  bail  qu*fl  parquerait  dans  la  forêt,  — 
et  Tachât  doit  être  firanc  et  sincère  et  pas  simulé  ni  frauduleux  ; 
il  doit  être  conclu  sans  clauses  secrètes  afin  que  la  glandée 
des  riches  et  des  pauvres  ne  devienne  pas  la  proie  de  la  fraude. 
Quiconque  outre-passe  ce  point  ronq)t,  comme  ci-dessus,  sui- 
vant l  ancien  droit  coutumier  de  TAspruch,  h  savoir  que  tout 
d'abord  les  porcs  avec  les(iut  ls  il  commet  la  fraude  sont 
perdus  pour  lui  et  qu'eu  outre  il  aura  à  payer  aux  quatre 
communes  cinq  livres  stsbg.  sans  remise.  La  surveillance  et 
la  dénonciation  incombent  aux  waldmestres,  aux  forestiers  ou 
à  quiconque  en  sera  spécialement  chargé  par  les  quatre  com- 
munes. 

69. 

Concernant  Tachât  d*une  truie.  Identique  avec  Fart  49  du 
Document  Voy.  Bévue  t  X,  p.  387. 

70. 

Tous  les  bourgeois,  actuels  et  futurs,  des  quatre  \illages 
doivent  veiller  sur  la  forêt  sous  leur  foi  donnée  h  la  place  de 
serment  dans  la  mesure  qu'il  vient  d'Ctre  dit  au  sujet  des 
arbres  réservés,  de  la  dénonciation,  du  bois  de  hêtre,  des 


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RftGLBMBlITATIOII  D'ONB  tWti  OOHMONAU  868 

étrangers  '  comme  jusiiu  ici  et  sui-  Loub  les  articles  qui  pré- 
cëdeut  ou  qui  suivent 

71. 

Celui  <iui  est  re(;u  bouriiouis  iluiis  Tun  des  (juatre  viUag68, 
doit  donner  au  waldincstrc  sa  parole  à  la  place  de  serment 
qull  veillera  sur  la  forêt  comme  il  vient  d'êti*e  prescrit;  s'il 
s'en  trouvait  un  qui  fût  inlidële^  au  point  de  refuser  de  fiaiie 
comme  les  autres  bourgeois,  on  le  privera  de  toutes  jouissances 
de  la  forêt  tout  comme  les  bourgeois  étrangers,  jusqu'à  ce 
qu'A  donne  sa  parole  d'y  veiller  selon  la  teneur  de  la  présente 
lettre  forestale.' 

72. 

Celui  qui  à  ravenir  reçoit  le  droit  de  bourgeoisie  dans  Tun 
des  quatre  dits  villages  est  tenu  de  planter  un  jeune  chêne 
dans  la  forêt  et  de  Pélever;  si  l'arbre  desséchait  et  ne  venait 
pas,  il  en  plantera  un  autre  jusqu'à  ce  qu'il  en  plante  un  qui 
prenne  racine,  grandisse  et  devienne  un  arbre  propre  à  don- 
ner des  fruits.  Et  si  (juelqu'un  avait  la  déloyauté  de  s'y  refuser 
et  qu'il  ne  voulût  pas  planter  et  soigner  un  tel  chêne  i)our  en 
faire  un  grand  arbre,  il  doit  également  être  privé  de  toutes 
jouissances  de  la  forêt  jusqu'à  ce  qu'il  eu  plante  et  élève  un 
qu'il  puisse  montrer  au  waldmestre  ou  dont  du  moins  il 
puisse  certiHer  à  ce  dernier  par  témoins  qu'il  Ta  arrosé.^ 

73. 

Les  pasteurs  ou  curés  et  les  bedeaux*  qui  n*auraient  pas  le 
droit  de  bourgeoisie  ne  doivent  plus  à  l'avenir  ni  charrier,  ni 

»  «yber  die  loch,  ybor  das  ruegen,  yber  das  bneehen,  yber  die  fremb- 
den».  cf.  A.  2^^.  lirme  t.  X,  p.  376  qui  recommande  spécialement  à  Ift 
surveillauce  des  buurgeois:  "die  Lecli,  dus  eicbeu  and  die  fremteii>. 

*  «also  vntrew»;  A.  27  dit:  «aldo  uiitrite». 

'  «naeh  Inhali  dis  Brieft»;  A.  27:  «diser  OeBchrifll».  Le  doenmeiit 
A.  fixe  en  sus  ane  amende  «d'étranger»,  c^eafFà^dire  de  5  livrei  pour 
celai  qui  "dôdaiïnc  '  ce  point. 

*  «dass  er  Bolchen  ndobt  liabe». 
'  «Item.  Die  Ptarrberr,  Biltel". 

Nouvelle  Série.  —  11"*  aimée.  23 


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354 


REVUE  d'aUSACE 


vendre  du  bois  à  autrui  ;  ils  doivent  charrier  leur  bois  dans 
leurs  propres  cours  et  s'en  servir  eux-mômes  pour  le  feu. 
Celui  qui  en  charrie  à  autrui  rompt,  s'il  est  découvert,  six 
schillings.  Les  forestiers  et  les  waldmestres  y  veiUeront. 
A  leur  jour  ils  reçoivent  chacun  sa  voie  ou  charretée  de  bois 
pour  son  propi^  usage,  mais  point  pour  en  vendre  ni  charrier 
à  autrui  sous  ladite  peine. 

74. 

Si  un  lioupr^eois  <li  >  muitrc  villaf^cs  a  enfreint  le  rèj^Ienient 
ot  que  les  vin}>;t'  hommes  sur  la  montajJine  aient  eu  î\  pronon- 
cer sur  Tamende,  feur  sentence,  quelle  qu'elle  soit,  doit  être 
exécutée.  Celui  qui  refuserait  de  s'y  soumettre,  et  de  payer 
Tamende  prononcée  contre  lui  par  les  vingt  hommes  sur  la 
montagne,  sera  privé,  lui  et  ses  bêtes  de  toutes  jouissances 
de  la  forêt,  en  bois,  glandées  et  pftturagos,  et  la  forêt  lui  sera 
interdite  tant  et  aussi  longtemps  quil  n*ait  pas  payé  et  réglé 
Tamende. 

75. 

Sur  les  branchages  provenant  de  bois  de  construction  on 
peut  prendre  et  façonner  une  voiture  ou  charrette  pleine  et 

pas  plus,  et  l'emmener  avec  soi  h  la  mai.son  ;  mais  on  ne  doit 
pas  rester  dans  la  forêt,  ni  y  laisser  des  domestiques,  pour 
ia(;onner  de  ces  bran(  ha<res  en  attendant  que  la  voiture 
revienne.  Si  Ton  maniiiiait  de  v(titure  on  i)()urra  façonner  une 
voie  do  ce  bois  et  l'entasser  en  attendant  (ju'on  en  trouve  une. 
Celui  qui  n'observe  pas  ce  règlement  rompt,  s'il  est  accusé, 
six  schillings  deniers  stsbg.  Les  waldmestres  et  les  forestiers 
y  veUleront 

'  Potir  la  forot  do  Kork,  —  8O(J0  arpents,  badois,  à  .Jti  aros  = 
28âO  hectares,  entre  la  Kint7.ig  et  la  Itcncb,  grand-duché  de  Bade, 
qatme  eommunes  intéressées,  dom.  HamutoLichtenberg.  —  l'«Ei]iiiiig«- 
geiicht»  ou  tribunal  des  anendea,  se  composait  de  traite-siz  jnges. 
Voy.  JEorJter  WaUMtfwm  1476,  par  J.-B.  TBmmnaM,  Carlsmbe,  1880^ 
pages?. 


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HbGLËMENTATION  0*UNE  FOHÊT  CUXMUNALE  3ÔÔ 

76. 

A  ravenir  penoime  ne  coupera  plus  de  fane*  entre  la 
Saint-George  (23  avril)  et  la  Saint^Laurent  (10  août).  Celui 
qui  n^observe  pas  cet  article  rompt,  ail  en  est  accusé,  quatre 
schillings.  Les  forestiers  et  waldmestres  y  veilleront 

Un  règlement  forestal  concernant  la  fort-t  do  Ilaguenau  (  WaUl-Grd- 
nung  fur  die  heilige  JFbrrt)  a  élé  fait  en  1434  par  rUnterUndvogt  de  U 
BM86-AlMce,le8chiilthein  et  le  conseil  de  U  rille  de  Hagaeum.  7oy. 
BuOefN»  de  la  SoeiHipimr  fo  oomemi<iofi  du  mommmti  histcrifueê  de 
rAUaee,  U*  tirie,  t  XI,  p.  168.  M. 


U 

RÈGLEIIENT  DE  1585 

Les  nommés 

Lickhen,  Marzolf,  waldinostre,  et  Brun.  Jean,  hcimbourgue, 
de  Hatten;  Frankhen,  George,  waldmestre,  et  Knecht,  Panter, 
heimbourgue,  de  Bittersboffen;  Knecht,  Vendelin,  waldmestre, 
et  Bless,  Lazare,  heimbourgue,  de  Niederbetschdorf  ;  Burckh, 
George,  waldmestre,  et  Klein,  Jean,  heimbourgue,  d'Ober- 
betschdorf 

ayant  assemblé  au  son  des  cloches  les  communautés  sur  la 
montagne  commune,  ont  reçu  Tordre  de  rassemblée  entière 
dMnscrire  dans  la  lettre  forestale  les  articles  qui  suivent 
ci-aprës  r 

Fait  en  Tannée  86. 

'  "Fahn  '  —  provîncialismo  oncorp  on  itsairo  ponr  «Farn».  "Fam- 
kraut"  (fili.i-.);  la  fougère  commune  sorvaiit  de  litière  au  bétail.  — 
La  fane  dans  certaines  parties  do  la  Friiiice  (l'oilou,  etc.)  se  dit  do 
riicrbe  des  plautes  bulbeuses,  dus  tigeâ  sèches  arrachées  à  la  recuite 
des  pommei  de  terre^  dM  feuille»  vertes  ou  s&ches  et  aussi  des  brous* 
sailles  dont  on  fkit  dn  fen  oa  de  la  litière.  Notre  texte  dit  «Falia 
hawen». 


866  RBVDB  D*ALSACB 

• 

Art  1. 

A  ravonir  tout  bourgeois  des  quatre  villages  qui  possède 

une  voiture  ou  une  charrette  n*ira  qu^nne  fois,  le  jour  donné, 

dans  la  forêt  chercher  du  bois  (pour  son  propre  compte);  il  ne 

pourra  y  retourner  le  même  jour  que  s'il  était  chargé  par 

qu(  Iqu  un  (^ui  n*eût  pas  de  voiture,  de  lui  charrier  une  voiture 

ou  une  charretée  de  bois  et  pas  plus.  Celui  qui  n'observe  pas 

r('t  article  rompt,  s'il  est  «U'iioncé.  six  s(  hilliiiLi>,  dont  trois  au 

rapjtoi  Lt  ur  et  trois  aux  (Huumuues.  Les  l'orubtierïi,  waldmestres 

et  uu  cliacuu  y  veilleroul. 
« 

Art.  2. 

A  Tavenir  si  un  bourgeois  des  quatre  villages  coupe  des 

perches  (dans  la  forêt),  il  doit  faf.onncr  et  transporter  chez 
lui  non  seulement  les  perches  qu  il  aura  coupées,  mais  aussi 
les  rameaux,  ("elui  qui  néudiire  cet  article  rompt,  s'il  est 
dénoncé,  quatre  scliillin-^s,  dont  deux  au  dénonciateur  et 
deux  aux  communes.  Les  forestiers  et  waldmestres  seuls  y 
veilleront 

Art  3. 

De  même  il  a  été  convenu  et  arrêté  dans  Tintérêt  des 
quatre  communes  qu*à  Tavenir  celui  qui  bâtit  dans  l'un  des 
quatre  villages  pourra  se  servir  dans  la  forêt  de  la  scie  à 

refendre.  Il  n'oubliera  pas  d'en  prévenir  le  waldmestre  et  de 
lui  donner  sa  parole  à  la  place  de  serment  (^u  il  emploiera  à 
l'usage  indi(iué  d'avance,  le  bois  qu'il  refend  avec  la  scie. 
Celui  qui  ne  se  conforme  pas  à  ce  règlement  rompt,  s'il  est 
dénonce,  une  livre  deniers.  Les  forestiers,  waldmestres  et  uu 
chacun  y  veilleront.  Dans  tous  les  cas,  il  faut  avoir  son  char- 
pentier avec  soi  et  ne  pas  aller  seul  dans  la  forêt  sous  ladite 
peine. 


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RÉGLEMENTATION  d'iINE  FORÊT  COMMUNALE 


357 


III 

RÈ0LE1I£NT  DU  ii  OCTOBRE  <595 

A  savoir, 

Ce  jourd'hui  que  Ton  compte  depuis  la  Naissance  de  Notre 
cher  Seigneur  le  Clirist,  notre  Sauveur,  mil  cinq  cent  quatre- 
vingtrguinze  années,  ce  nuirdi  14  octobre,  le  présent  règle- 
ment, concernant  la  forêt  d'Âsprucb,  a  été  lait  et  arrêté  par  les 
honorables 

Peters,  Michel,  waldmestre,  Veiz,  Jean,  fils  de  Laurent, 
heimbouigue,  tous  deux  de  Hatten,  et  Loren,  George,  du 
même  endroit;  Helmes,  Henri,  waldmestre,  Kibell,  Auguste, 
heûnbourgue,  e^  Knecht,  Panter,  de  Rittershoffen;  Engness, 
Jean,  waldmestre,  Schmidt,  Jean,  fils  de  Théobald,  heim- 
bourgue,  et  Heiflfsteck,  Marzolf,  d*Oberbetschdorf  ;  Knecht, 
Vendelin,  waldmestre,  Basilians,  Pierre,  heimbourgue,  et  puis 
Sturm,  Laurent,  de  Niederbetsclidorf; 

qui  avaient  été  maudi's  et  diargés  par  les  quatre  commu- 
nautés réunies  au  son  (1rs  cloches  vn  assemblée  pléniére  de 
faire,  dans  l'intéi  i  t  de  ladite  forêt  et  des  quatre  communes,  ce 
règlomeut  littéralement  transcrit  ci-après  : 

Banlieue  de  HaUen, 

Peimo.  Dans  la  ligne  de  délimitation  entre  Hatten  et  Ritters- 
hoffen, du  «Gauspruch»  jusque  sur  le  «Koch»,  à  travers  la 
serre,  il  faut  planter  et  entretmir  uih-  haie  vive  à  côté  des 
clôtures  actuelles  faites  de  braiicha.^'es  et  de  lattes;  j)ar 
contrii  on  aura  le  droit  d  eiiclorf  avec  des  l)rancha«j;es  de 
TAspruch,  les  champs  donnant  des  deux  côtés  (dans  les  deux 
baus)  sur  les  «Stiegebj  (petits  barrages  enclavés  dans  la  haie). 

«ErstUchen  swischen  Hatten  und  Rittershofien 
banscheid  vom  Gauschbruch  bis  auf  das  roch  der 
,sehren  durch  und  durch  neben  disen  Zainen  und 
Dielsteckhen  im  (ein?)  hagsezen  und  auf^flantzen». 


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868  ftBTUB  d'alsacs 

2*  Le  flGrasweg»  du  Westhoffen  doit  être  bordé  des  deux 
côtés  de  haies  jusqu^au  «Hem^Etzel»;  la  commune  sera  libre 
cependant  de  laisser  un  cheioin  ouvert  ou  non,  extérieure- 
ment au  jardin  de  Zacharie. 

3*  Tout  le  «Nicderfeîd»  doit  être  enclos  à  ravoiiir  do  haies 
vives  dans  tout  aun  pourtour,  sauf  le.s  chemins  qui  le  tra- 
versent 

«KURATUS  ECKEULIN» 

4*  Le  canton  dit  «Kuratbs  Eckerlin»  doit  également  à  l*aye- 
nîr  être  entouré  de  haies  vives  tout  autour. 

5*  L*autre  t  Aeckerlin»  doit  aussi  &  Tavenir  être  enclos  de 
haies. 

*  «Ganchs-«,  Gangs-,  (iauii]truili>  et  "-bruch»:  anc.  communal  coupé 
par  la  limite  dus  deux  buas,  terrain  bas  et  humide,  donnaut  naissance 
au  petit  misseAQ  qui  «rtrtxta  le  Tîlbge  ^  tout  le  territoire  de  Hatten 
de  rOoest  à  TEst,  où  il  se  joint  à  la  Selslwch  M-denow  du  diâteta 
et  ea  ftee  de  remplaeement  de  randeiiiie  é^se  parolaaiale  doNieder^ 
rtdern.  Le  aCtaaflchsbnieh»  du  ben  de  Hatten  oe  formaDt  pies  qe'vne 
prairie  de  185  aree,  était  autrefois  le  l*""  des  communaux  on  cAllmende* 
dtt  Westholl^  le  loog  dudit  ruisseau,  d'ensemble  5  hect.  «Bnich"  =s 
terrain  man-caî^enx,  otc;  <'Gauchw  —  crenson,  llour  de  coucou  et  autres 
plantes  et  herbes  ami'res;  aussi  fantôme,  feu  tollet,  etc.  11  paraît  qu'on 
(Ut  aussi  "(iriesbnich'>,  cependant  il  n'y  a  pas  de  terrain  graveleux 
mais  il  s'y  trouvait  autrefois  un  tir  d'où  encore  aujourd'hui  lus  noms 
de  «Schiessrain  ou  Schiessmar». 

*  «Roeh*  d'ord.  «Beeeh»  ou  «Reeg»;  le  «Rnegberg»,  siège  de  tribiual 
des  amendes?  C'est  l'endroit  le  ^ns  élevé  entre  Hatten  et  Rittershoffen, 
traversé  par  la  nouvelle  grande  rovte;  vestiges  d'anc.  constructions. 

*  «der  Séhren  dnreh  und  dnrch»  —  barrière;  aaran  =  fermer.  H  j 
avait  donc  des  Tiarrières  non  seulement  à  l'entrée  des  villages,  mais 
aussi  à  l'entrée  de  leur  banlieue. 

*  «Stie^el"  =  planche  de  trois  pieds  de  haut  placée  en  travers  d'un 
sentier  dans  une  ouverture  de  baie,  soutenue  par  deux  poteaux,  bar- 
rant le  «  herain  au  lirtuil. 

*  «Grasweg»  —  chemin  de  la  forêt  que  suivaient  autrefois  les  pauvres 
gens  allant  chercher  de  l'herbe,  de  la  fougère  et  de  la  fléole  devant 
servir  de  nourriture  et  de  litière  à  leurs  vaches. 


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RteLBHEHTATION  D^UItB  FOKtT  OOHHiniALB  869 


*  La  partie  occidentale  de  ilattcn,  appelée  encore  aujourd'hui  «dus 
Westhoflfén»,  formait  autrefois  sons  le  nom  de  Westheim  un  hameau  à 
part,  entre  Hàtten  et  RittershoffiBo. 

Lei  seignearB  de  Lichtenberg  l^chetèrent,  en  183S,  «Tee  d'antres 
TÎUagee  dn  Landgrave  d'Alsace  et  enriroa  vingt  ans  pins  tard  Simon 
de  L.  l'annexa,  on  l'incorpora  sons  le  nom  de  WesthoTen  à  Hatten;  l'ad* 
ministratton  du  bailliage  avait  conservé  l'habitude  de  le  mentionner 
spécialement  à  c6té  do  Ilatten:  «compte  de  Uatton  et  Westhoflfeno, 
disent  ses  livres  de  cniniitabilité  jusqu'à  la  Révolution. 

'  «Etzel  »  -----  j);ïturay;e  privé  et  clou,  auj.  champs  ou  prairies.  Un 
"Etzel»      1  arpent  et  plus. 

'  «Euraths  fkskerlin»  probablement  pour  «Curât»,  cf.  «CnratpfrQnde» 
=  bénéfice;  nom  onblié  et  inconnue  in^ourdlrai  dans  la  banUene; 
c'est  sans  donte  le  «vorderste  et  le  Unterste  Jkeckerle*  où  il  y  a  des 
champe  à  la  commune  dont  jouissent  les  différents  instituteurs  et  autres 
employés.  Une  tranche  de  forêt  de  vieux  chênes,  abattue  loii  de  la 
construction  de  la  grande  route,  vers  la  fin  du  dernier  8i^cle,  s'éten- 
dait jusque  près  du  village:  c'était  le  «Bischel»  ou  «BUschel»»  et  «l'Aile- 
mfMiil  IIiilcI>acli  >  avoi-  la  Lacli  dont  les  doux  "Eckerlein'»  —  papales 
(le  ]Mirr> (Vl  par;u>>i'iit  avoir  fait  partie.  L'"  Aldiiatt  '  (anc.  < Allcincrul"?), 
prairies  et  lo  '  l'tingstwiakel  ^  pâturage  du  printemps,  anc.  canton 
forestier,  sont  dans  le  voisinage. 

Banlieue  de  Bittershoffetu 

V  LUEttchwegs  doit  être  bordé  de  haies  sauf  le  chemin  qui 
longe  rsEuchmatt»  et  son  prolongement  jnsqu*en  haut  au  lac 
d'OsterdorC 

2*  Le  second  petit  Ostcrfeld  ou  champ  d'Ostemdorf  doit 
être  entouré  de  haies  vives  sauf  les  chemins  qui  y  existent 

d'ancienne  date. 

:;  LOsterfcld,  de  la  Serre  à  rcuclos  Scheileug,  est  à 
entourer  ih-  halos. 

4  '  L'Ostcrft'ld  derrière  lo  ciini  tièrc  ne  doit  |>lus  ;i  raveuir 
être  clos  qu'avec  des  hraiiclia;4es  d'aulnes  ou  de  saules. 

5"  L'rt(^j^>',  de  la  rue  des  Houlauf^ers  à  Tenclos  Danglur,  doit 
être  entourée  de  haies  sauf  les  chemins. 

6**  L'autre  «Og»  doit  être  entourée  de  haies  de  branchages 


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800  UVDB  D*ALSAIS 

d*aulne8  ou  de  saules  et  pas  autrement;  on  pourra  y  planter 
des  liaies  vives  jusqu'au  thaitwcg». 

7*  Le  district  des  champs  ou  ban  do  Rentershoffen  doit  à 
l'aveuir  être  entouré  de  haies  sauf  rcuceiutc  du  village  de 
Rentershotft'n. 

8"  La  petite  rue  de  TE^^lise  justju'au  Bietzwasen  doit  aussi 
à  l'avenir  être  enteurt^c  de  haies  vivi-;. 

9"  De  la  rue  de  rE^ili.se  à  la  «^a-audc  route  et  de  là  le  loim  de 
la  grande  route  jusqu'au  pieu-borne  devant  le  vignoble  d'Hum- 
pert,  il  faut  des  haies. 

10.  Au  «Rech»,  aux  quatre  champs  situés  au-dessus  de  celui 
du  Gentilhonune  (Junclier's  ackher),  il  faut  des  haies,  puis, 
plus  loin,  au  delà  du  champ  de  George  Bless,  il  faut  de  nou- 
veau des  haies  jusqu'au  chftteau  («Birkh»)  et  de  même  au  delà 
de  ee  dernier,  jusqu'au  ban  de  Hatten  excepté  au  chemin  de 
la  largeur  d'un  champ,  devant  la  porte  du  château,  et  à  l'autre 
chemin  qui  pusse  par  le  tGauspruch»  oh,  comme  d'ancienne 
date,  il  n'en  kut  pas. 

Au  Heitherfi:,  il  faut  une  haie  depuis  le  gibet  jusqu'à  la  cas- 
cade devant  la  port*-  du  rbâteau. 

Au  rthuugersbuhreuwaseni)  il  faut  des  haies. 

*  WosthofiFen,  Rentershoffen  et  Ostorndorf,  petits  oi;  l  <«its  situés 
sur  l'ancieune  grande  route  de  Hatten  i\  Botschdorf,  dont  le  premier 
a  été  incorporé  à  Hatten  et  dont  les  detix  antres  ont  été  al)Horbi's  par 
la  colongc  de  llitterslioffon.  Vo}-.  lîulktin  de  la  Soettlé  pour  lu  couaer- 
veUion  des  monuments  lii.ftori'iues  rf'.4/,saor,  H"  série,  t.  \,  pp.  224-2').'). 

'  Tous  les  Doms  de  cautous  ruraux  cités  dans  ce  chapitre  concernaut 
RittersholENi,  uistent  encore  udoQrdniai  les  uns  sons  la  même  forme, 
les  antres  qnelqne  pen  modifiés,  sanf  cependant  les  noms  des  propriétés 
partienlières  y  compris  le  «Birkh«  on  castel  an  «Rech»  et  le  «Hoefage- 
richt»  on  gibet.  On  n'a  pas  d'antres  renseignements  snr  ce  chitMm  on 
«Bir^*  i~  dim.  de  "borg»);  In  tradition  locale  même  ne  paraît  pins 
se  scavenir  de  son  existence;  c'était  probuMcmont  un  des  «Hubhflfe» 
OUinaîtres«es-coiir?  des  seiçneure  de  FlecktMistoin  (Leomann.  Ilanau-L., 
p.  12.S,  atui.  qui  en  L'i-Sf)  étaient  la  jtropriété  du  chajtitre  de  Sur- 

bourg  et  fureut  achctéeii  au  xvio  siècle  par  Uauau-LicUtenberg.  Un 


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■toi.wnftfTATiow  d'oui  ftttAr  oomioiiÀLB  861 


BanUeuB  ik  Niederbetschdorf, 

Du  pré  dit  «Hintermatt»  à  reuceiute  du  village,  il  faut  des 
haies. 

A  r«£gne88gasse»  (rue  d'Agnèse?)  il  faut  une  haie  du  jar- 

Othon  (le  Rottersboven  est  du  reste  déjà  mentionné  en  1227.  Ah.  dipl. 
I,  n''  451.  Le  Ritterliof  86  troumt  dans  le  Tiil«ge  même  et  donna  son 
nom  à  la  Rittergasse. 

Les  deux  «Og»  se  sont  régulièrement  tranalonnées  en  «Obère-  uud 
Untere-Aue»,  c'est-à-dire  prairies.  L'*Eachniatt(Aagmatt?)»  et  ra£acb> 
weg»  (chemin  de  r«An,  Aag,  Og  '?)  ne  se  tronvent  pas  mentionnés  dans 
la  nomenclature  des  cantons  et  chemins  actuels  de  Rittenholfen  que 
je  dois  à  l'obligeance  du  maire. 

La  «Beekergane»  n'est  pas  mentionnée  non  plus  dans  la  liste  citée» 
pent-ôtre  est-ce  aujourd'hui  la  «Biscligasse  (?)  hister»  et  «Pfister»  = 

boulant,'or. 

Le  «Huuj;i:r>l»ùlircnwason»  —  vaiue  pâture,  c'est  aiij.,  jo  su])p<)'<e,  le 
"(das)  hiininersprung  >.  Los  l)ergers,  à  ce  qu'on  dit,  avaient  l'hahitiule  de 
rassenilder  leurs  troupeaux  repus  dans  les  "Stelli«  ou  parcs,  ou  au 
«hnngerplatz>  pour  les  fidre  reposer;  de  là  les  WMOftbreux  cantons 
roraux  de  «hnngerhfthl,  -her^  -baum,  •stall»,  d'ord.  voisins  d'anc 
pfttnrages. 

Je  ne  sais  si  le  «Bietswasen»  (pomerinm,  lieu  de  réunion  pour  joux, 
exercices,  jngemoilsX  terrain  vague  et  ga/onné,  près  de  l'enceinte  du 
village  exi«ito  encore;  le  canton  rural  apiu-lô  cncoro  anj.  "die  Bitze» 
se  trouve  du  eût»'*  ojipost-  rt  Iimii  iln  villai^o,  près  du  ■  L^nissen  IltL-dcrn» 
=  grands  di-frichcineuts,  et  dc>  ■  Au*'»  anc.  '  >  —  |)rairios,  piUuratros, 
et  pourrait  bien  avoir  fait  partie  du  ban  d'Oâtcrndorf  ou  de  celui  de 
RentershoiSm.  «Bits,  bitsen,  batz»,  n.  firéq.  de  cantons  ruranz  et  dans 
des  noms  de  villages,  sur  les  deux  rives  du  Rhin  supér.  Les  uns  le 
trad.  par  «busch»  (buisson);  d'autres  par  verger;  d'autres  par  jardin 
potager.  Le  mot  se  rattache  aux  anc.  pâturages,  cf.  imeetum,  bueito 
âqmtta  (Varro)  ;  —  bncinobanteSjC?)  peuple  aleman  en  371  en  face  de 
Haycnce  (Am.  Marc.  2f,  4);  —  «buotzingesliurst»  ou  «buozdinges- 
hurst»  (déliu).  du  Mundat  infér.  viir"  siècle),  etc.  En  VA'],  l'abbaye  de 
"Wissombourg  possédait  cncor»!  à  Schleitbal  (anc.  Schlc^lerthal  = 
Juveuesdaro  un  grand  pâturage  ou  Alhnen^  appel»'  «die  Horst». 
(«Horst  et  Uurst  aha.»  ss  contrée  buissonneuse.) 


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362  ,  Wtm  »*AUACI 

din  de  •Gart-Ursulei  jusqu^è  celui  des  •Schiiiitthan8en>;ptiÎ8, 
il  en  fout  à  la  descente  vers  le  «brach  »  jusqu'au  cGuteubruch». 

Âtt  «Schofflogen  (tSchaflager» = place  de  repos  des  brebis), 
au  champ  de  «Kasten  (Gaston ?)Ke11erv,  au  gué,  dans  le  tGras- 
weg»  juiiqu'au  champ  de  Stimp,  il  faut  des  haies. 

Banlieue  étOherhetsehdorf. 

De  la  «Hinti  rniiitt»»  près  du  ban  de  NitMlerbi'tschdorf  Jus- 
qu'au haut  (hi  '<ho];;('nncker«'  qui  s'étend  jusqu'à  la  graude 
routt*,  il  faut  des  haies. 

Il  en  faut  aussi  dans  la  «lîauern'ias^ei'  le  Ion*;  du  jardin  de 
George  Bilrckh  et  jusqu'en  haut  à  la  borne  du  ban  de  Schwab- 
willer. 

Le  long  du  ban  de  Schwabwiller  du  jardin  de  Singen  jus- 
qu'en haut  au  ((Schwabwillersee»  on  ne  fera  plus  de  clôture 
avec  des  branchages  de  TAspruch,  mais  on  pourra  y  planter 
des  haies. 

Il  fiiut  des  haies  depuis  TcAugmatt»  et  le  long  du  jardin 
d^avoine  («habergarten»)  de  Thibaud  Suner  jusqu*en  haut  au 
champ  de  George  Hemsél,  dit  le  jaune,  et  aux  neuf  parcelles; 
ces  neuf  parcelles  ainsi  qnele  champ  transversal  («  Abwender») 
de  Matter  qui  y  touche  et  jusqu'en  bas  au  coin,  ne  doivent 
plus  être  bordés  de  haies  de  branchages  provenant  de 
PAspruch  ;  les  propriétaires  y  pourront  planter,  s'ils  veulent, 
des  haies  vives.  Puis  il  faut  des  haies  dejuiis  le  coin  dudit 
champ  de  Matter  jusiiu'au  champ  transvi-rsal  de  Ulaiseilcinsel; 
les  liaies  sèches  devant  ce  dernier  cliami)  et  le  hini;  liu  «Sultz- 
acker»' jusqu'en  haut  au  chamj)  transversal  de  Gerdten-Clauss 
doivent  à  l'avenir  faire  phu  e  à  des  haies  vives;  du  champ 
transversal  de  (jrerdteu  I>iicoias  au  ban  de  KeimerbwiUer  il 
faut  des  haies. 

^  Aiy.  probAblement  «die  heiligen  acken»  =  champs  Bserés,  ou  des 
«dBt8.  c£  cependant  «bolke»  =  luerne  introduite  an  zyi*  siècle  de 
France. 


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RteUBaNTATION  D*U1IB  FOIÉT  GOMMONALB  868 

La  clôture  derrière  le  iHof»  (métairie)  doit  dtre  fidte  à 
Pavenir  de  perches  de  chênes  ou  de  fortes  planches. 


IV 

RÈGLEMENT  CONCERNANT  LES  WALDMESTRES 

Lorsqu'on  comptait  mil  cinq  cent  quatre-vinjrt-neuf,  le 
8' jour  de  mai,  il  y  a  ou  désaccord  et  dirtï'r«'iKl'  entre  les 
quatre  communes  et  leurs  maîtres  de  forêt  a.>sermentés  en  ce 
que  depuis  plusieurs  annexes  d(^  trop  «xrands  frais  étaient 
imputés  aux  conlnlUllt'^;  celles-ri  ont  alors  donné  plein  i)ou- 
voir  à  leurs  heinibouri^ues  de  hxer  aux  waldnie^trcs  un  tant 
pour  frais  et  ^îratitication,  et  les  heimbourgues  oui  tranbmis 
ce  plein-pouvoir  aux  personnes  suivantes,  savoir  à 

Becht,  Jacques,  tils  do  Pierre,  de  ilatten; 

Lohren,  Théobald,  de  Rittershoflen; 

Summer,  Marzolf,  de  Niederbetschdorf,  et 

Rei&teck,  Marzolf^  d'Oberbetschdorf; 
tous  quatre  échevins  du  tribunal,  qui,  suivant  leur  opinion  et 
leur  sentiment  d*équité,  ont  arrêté  ce  qui  suit: 

1*  A  ravenir  les  waldmestres  n*auront  plus  aucun  droit  de 
▼ente;  si  les  prix  fixés  pour  le  bois  à  vendre  ne  leur  pa- 
raissent pas  assez  élevés  et  qu'ils  pensent  qu'on  pourrait  en 
tirer  meilleur  parti,  ils  en  préviendront  leurs  communes 
respectives  et  on  partagera  par  lots;*  et  chaque  commune 
pourra  vendre  son  bois  quand  et  aussi  cher  qu'eUe  voudra 
ou  pourra  le  faire  é(iuarrir  elle-niênie. 

2°  Pour  leur  séance  le  jour  du  décompte^  le  waldniestre  et 
le  heimbourfçuo  de  chaque  village  et  les  valets  recevront 
(chacun?)  quatre  schillings  stsbg.  et  pas  davantage. 

*  «spao»  et  «Irrung». 

'  «der  Gifft  nach  ablheilen». 

*  «yff  den  rechens  Tag  hofF». 


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864 


ainiB  d'alsacs 


.S*  Le  jour  do  décompte  mw  foi>  arrêté,  il  faut,  ])our  l'ordre, 
le  maintenir;  dans  !<■  ras  que.  quelqu'un  oubliât  un  article 
quelcouqui',  il  vu  ll-ra  la  réclamation  daub  la  quiuzaiue  pour 
le  porter  à  la  charge  de  la  commune. 

4"  Lt's  waldme.stres  n'auront  plus  le  droit  de  dépenser  un 
grand  «Einung»  (=  5  livres  aux  frais  des  communes)  à  la  foire 
de  Rittershoflfen. 

5*  Pour  leur  visite  de  la  glaudée  chaque  waldmestre,  le 
heimbourgue  et  les  deux  valets  recevront  chacun  deux  schil- 
lings stsbg. 

6*  Si  les  waldmestres  et  de  chaque  village  un  heimbourgue 
distribuent  les  droits  (de  glandée),  les  tepê*  sont  autorisés 
d'allouer  sur  ces  droits  16  schillings  stsbg.  aux  pfttres  enga- 
gés pour  Tannée*  et  nimputeront  pas  d^autres  frais  aux 
communes  à  ce  siq'et 

7*  Chaque  waldmestre  recevra  en  outre  comme  récompense 
de  sa  peine  deux  livres  dix  schillings  et  double  part  de  droits 
de  parcage  de  porcs  dans  la  fordt  à  la  première  glandée  quMl 
y  aura  et  que  Ton  partagera.  Par  contre  il  doit,  selon  son 
pouvoir,  faire  tout  ce  que  lui  prescrit  le  règlement  forestal  et 
la  présente  ordonnance  qu^il  promettra  par  serment  de  tou- 
jours suivre  fidèlement 

Celui  qui,  ayant  été  désigné  pour  cet  emploi,'  n'exécute  pas 
le  règlement  et  en  néglige  les  prescriptions,  sera  privé  de 
toute  jouissance  de  la  forêt;  que  chacun  sache  donc  bien  s*en 
garder  et  songe  à  son  sonnent 

8*  Dans  le  cas  que  le  waldmestre  eût  besoin  de  Tassistance 
du  heimbourgue,  celui-ci  doit  se  mettre  à  sa  disposition  et 
porter  ses  propres  dépenses  en  compte  à  la  commune.* 

*  on  1m  arbitrei. 

*  "80  sollcn  die  Sicben  's  recht  haben  imd  den  Jahrhirten  aus  disen 
rechteu  zu  verzcbren  ^ebeii  uamlii  li  spchzphn  schilling  stslt[:r  ' 

«und  wo  (=  waua)  einer  zu  solcher  sachen  gezogcu  wirdt  ", 

*  Les  art.  8—13  qii  dans  h  texte  n'ont  put  de  numéros,  paraissent 
sroir  été  i^ontés  postérieurement. 

Voy.  An^h.  E.  1864  (liasse)  des  extraits  du  Heimbnrgerbncb»  et  des 
«Heimbargerrechnnngen»  des  quatre  localitéB. 


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RÉGLEMENTATION  u'lNE  FUllbl  tUMMl  .NAi.K  365 

9"  11  revient  aussi  au  waldmeBtre  comme  gratitication  deux 
schillings  stsbg.  que  lui  paiera  celui  qu'il  sera  obligé  d'accom- 
pagner, dans  la  forêt  pour  couper  du  bois  de  construction  si 
toutefois  il  s*agit  d*arbres  de  choix. 

10*  Touchant  les  prés  des  quatre  villages,  il  faut  cesser  à 
ravenir  de  les  enclore  de  haies  faites  de  branchages  de 
rÂspruch  et  suivre  les  prescriptions  de  la  lettre  forestale. 

11*  Quant  aux  champs  ensemencés,  chaque  bourgeois  des 
quatre  villaî?es  est  tenu  de  les  entourer  de  haies,  suivant  le 
règlement  d'ici  à  la  Saint-George  (28  avril)  où  les  waldniostres 
feront  leur  tournée  d'inspection;  pour  ce  qui  est  des  chanii)S 
eu  jachère,  ils  doivent  être  enclos  de  haies  de  la  présente 
Saint-tiall  (KJ  octobre  en  un  an;  chaque  année,  à  répo(|ue 
prescrite,  les  walduiestres  visiteront  ces  champs  et  \r  |)nt])rié- 
taii'e  qui  sera  trouvé  en  défaut  au  sujet  de  ces  clôtures  aura 
à  payer  une  amende  de  quatre  schillings.  Sur  ces  amendes  les 
waldmestres  prélèveront  ce  qu'il  leur  faut  pour  se  dé&ayer 
convenablement  et  tiendront  compte  du  reste  aux  quatre 
communes. 

12*  Deux  voisins  dont  les  champs  se  touchent  de  cdté  ou  de 
front,  ayant  une  dOtare  commune,  doivent  faire  en  commun 
la  haie  dont  Tentretien  pendant  Tannée  incombe  à  celui  des 
deux  dont  le  champ  est  ensemencé  sous  ladite  peine. 


V 

AN:  1604 

n)  Lorsqu'on  comptait  mil  six  cent  un.  les  domestiques  lU-  la 
Vénérable  abbesbe  du  couvent  de  Kônigsbruck'  se  sont  avisés 

<  KOnigsbrûck,  ou  comme  dit  notre  document  et  le  dialecte  dn  pays 
«Kon'sprûck»  =  Begispons,  abbaye  de  filles  noUes,  de  Tcrdie  de 
Citeanx,  nir  1*  Sure,  à  l'extrAndlé  nid-eit  de  l'A^nidi,  ftmdée  dam 
U  première  moitié  du  zu*  sièele  par  Frédério-le-Boqpu^  1 1147»  due 


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RBVUB  D*ALSACB 


(rentrer  dans  l'ancienne  rivière  dite  (  Ablossbach»  (c'est-à- 
dire  (lév(>rsoir  ou  canal  de  décharge  du  moulin  du  couvent  sur 
la  Surbach)  entièrement  située  sur  le  territoire  des  quatre 
communes,  pour  la  curer  et  cela  à  Tinsu  et  sans  le  consen- 
tement des  quatre  communes,  ce  dont  ils  n'avaient  pas  le 
droit  En  conséquence  de  quoi  les  quatre  communes  ont  cité 
rintendant  de  M**  Tabbesse,  Heigell,  Gaspard,  et  avec  lui, 
David,  George,  de  comparaître  sur  le  «Ruegberg»  ou  mon- 
tagne du  tribunal  forestier  des  quatre  communes  où  les  vingt 
honmies  les  condamnèrent  k  une  amende  ezteiritoriale  (de 
cinq  livres).  Les  deux  serviteurs  qui  étaient  comparus  sur  la 
montagne  ont  attendu  Texpédition  du  jugement  pour  s'arran- 
ger et  s'acquitter,  en  présence  du  vin,  avec  les  heimbourgues 
et  les  waldmestres  au  sujet  df  l  amendc. 

h)  Dans  la  niénie  année  six  cent  un  (—  K.ol  ),  le  gentilhomme 
(Juîikher)  Philippe  de  Fleckensteiu  (du  château  près  llodern) 
s'était  permis  de  faire  enclore  par  ses  inanans  (hintersa^tucn) 
le  «rothv  ou  déirichement  d'Aptteli  et  celui  de  Diethmann; 
les  quatre  communes  l'ayant  appris,  firent  arracher  les  clô- 
tures de  ces  défrichements  ou  «Iled^i,  sur  quoi  «Philips» 
de  Fleckensteiu  les  fit  fermer  de  nouveau  par  Schmidt,  Nico- 
las, et  Jacob,  Jean,  tous  deux  de  (Nieder-)Red6rn;*  mais 

de  Sonabe  «t  d'Alaice^  père  de  Frédéric  BarberonsBe,  a  été  pillée  et 
rainée  en  1535  par  les  pajeant  et  complètement  détruite  dans  la  Révo- 

Inûoa,  Le  convent  de  Lichtentha],  près  Raden,  fondation  de  notre 
abbaye,  a  offert  un  asile  aux  religieuses  de  Kônigsbrûck,  avec  tout  ce 
qu'elles  ont  pu  sauver  en  titres,  documents,  etc.  Le  hameau  de  Kunigs- 
brttck  fait  partie  du  village  de  Leutenheim,  canlon  de  Bistbwiller. 
'  Les  habitants  de  }viederrodorn,  à  l'extrémité  nord-est  de  TAspruch, 
.■^Hljent,  avec  les  autres  villages  environnants,  le  droit  de  recueillir 
^  d1l^bois  mort,  mais  non  de  couper  du  bois  vert,  dans  l'Asprach, 
le  château  des  Fleckenstein,  placé  dans  une  lie  de  la  Sel^  sur  le 
territoire  des  quatre  communes,  «ûourdliui  banlieue  de  Hattea, 
avait  bien  ce  droit,  mais  pour  see  seuls  besoins.  Toy.  procès  de  1511 
(ms)  des  quatre  nllages  oontie  Nicolas  de  Fleckenstein.  Aiyourd'hui  le 


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KteLBMnrTATION  D^ONB  TtHHtt  COMMUNALE 


367 


pendant  que  ces  deruicrs  palissadaient  ces  «reder»  avec  des 
branchajges  et  des  pieux  qu'ils  avaient  clandestinement  coupés 
(dans  TAspruch),  il^  furent  surpris  par  un  forestier  des  quatre 
communes  qui  les  cita  (devant  le  tribunal  des  amendes)  sur 
la  montagne,  oii  ils  se  sont  arrangés  avec  le  waldmestre  et 
se  sont  acquittés  de  Pamende. 

e)  Item,  —  On  a  trouvé  utile  d*arréter  aussi  que,  quand  on 
charrie  du  bois  de  corvée  au  chÂteau  (de  Hatten),  personne 
du  vUlage  chargé  de  la  corvée,  ni  artisan,  ni  paysan,  ni  char- 

cbàteau  appartient  à  quelques  famiUea  de  Ménonites,  qui  de  ce  chef 

sont  bonrf^oois  de  Hatten. 

l'ciulant  lii  f^ucrri'  des  Linanges-c.  Lirhtenborg  (M;')!),  Ilenri  de 
Flt'okonstein  s'était  «de  nouveau»  approprié  de  force  quelques  "Rôdor» 
dans  l'Âspruch,  lesquels,  sur  la  condamnation  prononcée  contre  lui  par 
le  roi  Frédéric  lY,  il  dot  abandonner,  et,  en  1453,  il  fit  la  déclaration 
écrite  qne  ces  «rftder»  avaient  été  reboisés  et  étaient  rentrés,  comme  de 
droit,  dans  la  possession  des  quatre  villages  auxquels  ils  appartenaient 
Voj.  LiHMAKM,  2aiMM«-JUcU0Nieii9,I,pp.S85-S86. — «roden»  et  «renten» 
(«riuten,  ritten  ')  signifient  déflriclieir(nMcare,eniricar^),  essarter  (san>«, 
«Mantore);  cf.  «hcr eiten »,  prfeparare,  etc.  Le  terrain  défriché  se  disait  : 
un  «rodu,  nu  rotti>  («Hodiand"),  au  pluriel:  'dio  Ilôder»»,  ou  "das 
Goreute,  fi'nit,  Hoit,  Riod  etc.  cf.  on  fr.  i^iirn  t,  ii.  c.  et  n.  dn  ville; 
Jii'euliois,  s'uppoiuit  autrefois  (aiï.  llâS)  Curlis  ijtrutn.  —  In  novo  rure 
quod  dicilur  rode.  —  ....  El  in  mense  Jun.  bnKhareidterum  et  in 
auhnmo  ip$tm  arare  et  teminan.  Nbuoasv,  Cod.  dipl  I,  n"  40,  p.  43, 
an.  763. 

Un  grand  nombre  de  Tilla^eè  alsaciens  et  ail.  tirent  leur  nom  de  ces 
mots  «roden»  et  •renten»,  à  coup  sAr  aussi  le  Tillage  en  question,  de 
même  que  Ober-Rodern,  à  six  kilomètres  plus  haut  sur  la  Sols;  peu^ 
être  aussi  KrAttwoiler,  anc  Kreitweiler,  vulg.  Grabern  ou  Krepperen, 
entre  Xiederrudern  et  Trinihachl'anc.  DriKenbarli,  aux  trois  ruisseaux. 
—  Le  noui  <ie  notre  village  existe  sous  les  deux  lutines  de  Rcideru  et 
Rûdern  :  Sous  l'ulihi^  Hu'.mes  (  1  ;;.'.•;)  l'ulihaye  de  Selz  avait  deux  fermes 
«m  terminis  ville  dicte  Riidern^  ;  lu  constitution  de  Selz  (lyiUj  dit  «zu 
RftdMn». 

Le  nom  de  ce  village  n*a  donc  rien  de  commun  avec  le  mot  «roth» 
signifiant  rouge,  partant  rien  de  commun  avec  le  Rnfiana  de  Ptolémée, 
8*  Tille  des  Nemètes  CWalkenaer);  ni  avec  des  fleurs  ronges  (Migaeret, 


368 


RKVUE  D'aLSACS 


retier  n'aura  le  droit  de  fiiçoimer  les  décombres  pour  son 
propre  compte  le  jour  de  la  corvée;  mais  si  le  lendemain  on 
trouve  encore  quelques  pièces  de  dosse  ou  d'au;tres  décombres, 
on  a  le  droit  de  les  &çonner  à  son  gré.  Celui  qui  dédaigne 
cet  article  rompt,  s'il  est  découvert,  quatre  scbilliugs  deniers. 
Seuls  les  forestiers  et  les  waldmestres  en  jugeront 


(QSur  une  feuille  détachée  se  trouve  la  formule  du  serment 
prêté  par  les  employés  à  leur  entrée  en  fonctions.  £lle  est 
ainsi  conçue  : 

D(U8  Ich  mein  TreUw  gében  hàb  Unât  ml  WorUm 
Deitchaiden  Un,  detn  wUl  Ich  ode»  Trewlidtm  Nach' 

hommcn.  Alh,  so  schivere  Ich  dass  mir  Qott  h^und 

dos  JtetUg  Evangelium. 

J*ai  donué  ma  foi,  et  reçu  verbalement  mes  instruc* 
tiens,  que  j'observerai  en  tout  fidèlement;  je  le  jure, 
que  Dieu  me  vienne  en  aide  et  le  saint  Evangile. 

Bas-Rhin);  ni  avec  le  mot  celtique  f  Riedern»  —  pente,  qne  lui  donne 
pour  origine  Mone,  C.  F.  j».  12').  On  ne  connaît  {)as  le  nom  de  l'aaciea 
villat^e  gallo-romain  qui  paraît  avoir  existé  près  de  là. 

A  une  lieue  au  sud  de  liOdern  il  y  a  toute  nue  contrée  de  torres- 
biMM  sur  les  deux  rires  du  Bhin  qu'on  app^  le  «Bied»,  autrefois 
exposée  anx  iaondatiffiiis  du  Rhin,  d'un  teirain  en  grande  partie  hnmide 
et  grsvelBiiz;  en  l'appelait  an  M.  A.  pains;  cette  dteignalion  dérive 
bien  plutM  dn  mot  celtigne  «ryd,  rat,  red»  (el^  iB.  I,  p.  55  etp.668X 
=  trajecius  et  aussi  osiia  flmmmi§  (tL  «FudM^iBld  aae.  nom  p.  Font- 
feld)  que  de  l'ail,  «hriod»  =  carex. 

WHnNKRiTs,  Ohserr.  jvr.  pract.  contient  les  mots  de  "  Acckcrricd»  et 
«Heuried",  ce  sont  des  lri(  lie.  tprrains  abandonnés  ni  prés,  ni  en  labour, 
serrant  ici  de  pàtis  aux  bestiaux,  carestum  (carectum),  là,  sous  quelques 
vieux  chênes,  de  pacage  aux  porcs;  c'est  le  «mdis  ager*  on  «eampns». 

n  fknt  donc  bien  distinguer  entre:  «Bied»,  ceH.  «ryd»  s  pahu; 
«Ried»  («hriod>  sooiwX  pAtis;  et  «Bied»  de  «rinten»  s=  «lod»  qui  an 


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RiitiLKMENTATlON  d'UNB  FORÊT  COMMUNALB 


869 


REGISTRE  DES  70  AKTICLLS  DU  1"  RÈGLEMENT  AN.  1572 

Bois  de  chfme  pour  maisons  à  quatre  ('-tairog  (pignons):  art.  l""'.  — 
à  trois  pignons:  2.  —  Sans  balcon  (poutre):  3.  —  Grange  de  quatre 
étages:  4.  —  Grange  de  trois  étages  :  5.  —  Nouvel  étftge  :  6.  —  Démoli- 
taons  :  7. —  Etable  :  8.  —  Bois  de  constnictioii  à  tirer  des  abfttis  :  9.  — 
Condition  et  époque  de  la  coupe:  10  (M  11  —  Chêne  pour  seuils  ci 
maîtres-poteaux  ilans  les  réparations  :  liî.-  Entiaits  :  13. —Vidantes:  14. 

Bois  de  liêtre:  Arbre  à  lattes:  If».  —  Ktanrtms.  oie:  1*!.  —  Amendes: 
17.  —  Jantes:  16.  —  Rais,  «esseu":  lu.  —  Dûteuse  d'en  couper  à  qui 
n'est  pas  ehimn:  90.  —  Hêtre  pour  maie:  31.  —  Mangeoire  :  88  — 
Bancs  et  ehaises  :  28.  —  «Deissdrom*  on  lambourde  :  84.  —  Echifie 
dhin  escalier  :  25. 

Bois  ar^ins;  2(5.  —  Amende:  27.  —  Fftts  :  2M.  —  Tonnelier:  29.  — 
Exportation  d'ustensiles  interdite:  DU.  —  Chablis,  chêne:  31. —  Cha- 
blis en  général  :  ',i2.  —  Arbres  secs:  33. 

Branehages  et  gaules  :  84.  Défense  de  eonper  des  tiges  pour  piqneta  : 
86.  —  Pour  échaliers  :  36.  —  Epine  blanche  :  37.  —  Harts  :  38.  — 
Amende  :  39.  —  Bornes  et  bois  en  défends  :  40.  —  Défense  d'exporter 
gaules  et  branchages:  41.  —  Ainsi  que  du  bois  do  fou  et  de  construc- 
tion: 42.  —  Forêt  interdite  à  la  voiture  d'un  étranger:  43.  —  A  ses 
bêtes  :  44.  —  Et  an  dépêt  de  bois  étrangers:  46.  —  CIêtnre  de  la  pro- 
priété: 46. — Gla]ronnageetbonsillage:47.  —  Vente  de  pieds  d'arbres:  48. 

—  Amendes  :  pour  charrois  de  chêne  :  49.  —  De  hêtre  :  50.  —  Etrangers 
et  outre-passes:  51.  —  Cueillette  :  r)2.  —  Comptes  et  salaires  des  maîtres 
de  l'ori  t:  5.3.  —  Consolidation  des  chemins  :  U\.  —  Anienflen:  en  glandée 
et  eu  pâturage  :  55  et  5G.  —  Décombres  du  buis  coupé  pour  travaux 
publics:  67.  —  Prohibition  de  couper  dn  pin  on  dn  hêtre  pour  fini:  68. 

—  Jantes  de  moulin  :  59.  —  Défiuise  d'i^^inter  dans  la  forêt  des 
piquets:  60.  — Prohibition  de  couper  de  jeunes  hêtres  pourle  château:61. 

—  Clôtures  le  long  des  champs  :  02.  —  Défense  de  couper  du  bois  pour 
charbons  :  63.  —  Les  forgerons  carboniseront  leur  bois  étranger  sur 
PcAUmatt»  :  €4.  <—  Entretien  et  inspection  des  bâtiments  :  65.  —  Un 
pot  de  Tin:  66. 

Parcage  :  67.  —  Achats  de  porcs  :  68.  —  D'une  truie  :  69. 

Bourgeois  :  surveillance  :  70.  —  Promesse  (df  l'exercer)  des  nouveaux 
bourgeois:  71.  —  Chêne  i\  planter  par  chacun  d'eux:  72.  -  -  Bois  pour 
pasteur  ou  curé  et  bedeau  :  73.  —  Tribunal  des  amendes  des  vingt  sur 
la  montagne  :  74. 

Décombres  dn  bois  de  consimetlon  :  7&  — 

Le  n«  76f  sur  la  fongère  on  la  fime»  maaqne  dans  le  Itegistre. 

{Fin  du  JDoaimnt.) 

D.HÛOKIL. 

Nowrall»  Séito.  ^  U*»  année.  84 


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LinÉRATURE  POPULAIRE  DE  L'ALSAGE-LORRAINB 


BAVÂRDÂGËS 

DE 

raiÂiËS-wûDB  ûË  mmm 

entremêlés  de  queliiaes  autres 
COMMÉRAGES  ALSACIENS 

Suite' 


XU 

EHRENFRIED  STŒBËR 


L'ENFANT-MOMSTRE 

Cknita  de  Oulh»,  loealiié  et  dnmaliié  par  Ebuxvbod  Smun 

I 

Smebfnral  «fc  OiétaléM' 

S.-B. 

Vous  n'emmenez  personne.  Où  donc,  dites,  cousine, 
Allez- vous  de  ce  pas  V 

G.-L. 

De  chez  notre  voisine 

'  Voir  les  livraisons  tics      et  2«  trimestres  itiSH. 
*  Sasanne-E&rbe  et  Marguerite-Madeleine. 


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HTTtRATLRE  POPII.AIRE  ftB  L'ALSACE-LORRAINE  871 

Je  sors,  pensez!  qui  vient  d'accoucher  d'un  enfant, 
Le  septième  d^à! 

S.-B. 

Pas  plus  que  ça!  Pourtant 
En  des  temps  si  mauvais  elle  pourrait  bien  foire 
De  toute  autre  besogne.  On  s'étonne  vraiment 
Que  chez  un  tas  de  gens  si  pauvres  la  soupière 
Fume  encor! 

G.-L. 

Je  Tavoue,  et  chez  eux  la  misère 
Las!  redouble  en  ce  jour.  Un  enfant!  quel  enfant! 

Si  j'en  devais  avoir  avec  marques  pareilles, 
J'aimerais  mieux  rester  sans  eu  avoir  aucun. 

Mais  comment  donc  est-il? 

G.-L. 

L'enfont  a  des  oreilles 

De  lièvre.  Pourquoi  donc?  En  temps  inopportun 
La  femme  eut  peur  d  un  lièvre  auprès  d'une  brousaille 
Du  bois  do  Robertsîiu.  De  nos  jours  on  se  raille 
De  bien  des  choses.  Mais  ou  ferait  pourtant  mieux 
De  croire  encore  tout  ce  qu'ont  cru  nos  aïeux: 
Au  moins  c'est  mon  avis! 

S>*B» 

Ça  paraît  incroyable. 
Youdriez-Tous  me  faire  avaler  un  poisson 
D'avril 

G.-L. 

Cousine,  non!  la  chose  est  véritable! 
Hais  gardez-la  pour  vous. 

S.-B. 

Vous  pouvez,  sans  façon, 
Compter  sur  moi,  cousine.  £hî  suis-je  une  crécelle. 


372 


H£VUK  OAL&ACE 


Une  bavai'de  enfin?  Je  n*en  dirai,  ma  belle, 
Ni  soufflerai  le  mot  Pardon,  je  vais  entrer 
Chez  notre  serrurier  qui  doit  me  réparer 
La  rôtissoire,  qui  grftce  à  notre  alfreuz  Jacque, 
Ce  gamin,  ce  vaurien,  se  casse  et  se  détraque. 


II 

Snsebirwel  La  samirièn 

S.-B. 

Oh!  que  ça  vous  (^tonnc!  il  nm  est  pas  moins  sûr 
Que  Tcnfant  est  bien  laid.  Des  oreilles  de  lièvre, 
Âvec  des  poils  autour  du  uez  et  de  la  lèvre. 

S. 

Ah!  que  Dieu  me  pardonne!  i 

S.-& 

Eh!  que  dit  sur  le  mur 
De  Téglise  là-bas  ce  graud  cadran  bulaire? 
Midi! 

S. 

C  est  vrai,  ma  foi!  i'uis  il  n'avance  guère 
Sur  la  cloche. 

S.-B. 

Le  temps  s'en  va  vite,  ma  foi! 
Mes  quatre  heures  déjà  que  j'ai  quitté  chez  moi. 
Et  je  croirais  vraiment  que  ce  n*est  qu'un  quart  d'heure. 
Pauvre  en&nt!  Je  m'en  vais  regagner  ma  demeure. 


m 

KftthflL  Ghiistinél 
E. 

Le  grand  malheur,  o  ciel!  as-tu  vu  le  petit 

Des  Wemer?  Pauvre  en&nt  ayant  tdte  de  lièvre. 


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UTTtKATimB  rOPirUIU  M  L'AUâGB-UMUUUIIB 

Avec  UQ  corps  poilu,  les  pattes  d'une  chèvre. 

Gb. 

Oui!  ce  matin  quelqu'un  me  l^avait  d^à  dit 
Peut-on  le  voir? 

K. 

Oh  non!  des  dames  dimportance, 
Aux  paroles  de  qui  je  mets  ma  confiance, 
L*ont  m  Pour  moi  je  vous  rapporte  leur  rédt! 


IV 

IbysL*  La  dinw  du  pastonr 

M. 

Le  bonjour  de  la  part  de  iiiadame,  du  maître. 
Dimauchc  ils  aimeraient  présenter  leur  enfant 
Au  baptême. 

D.  DU  p. 

Fi  donc  !  Prendries-Tous  peut-être 
Mon  mari  pour  un  homme  asses  accommodant 
Pour  baptiser  un  monstre  avec  une  crinière 
De  sanglier?... 

M. 

Mais  non!  calmez  votre  colère. . . 


V 

SsBO  Wamar  et 

W. 

Ça  va  de  bouche  en  houchc.  Et  maître  et  serviteur. 
Tout  eu  plaignant  Tenfant,  colportent  son  malheur. 


'  Marie. 


m 


RBVUB  D^ALSACB 


Qu'y  artpil  donc  de      moi  je  tous  le  demande, 
Dans  toute  cette  histoire?  H  a  quelques  choYeux, 
Comme  d*autres  enfonts,  Poreille  un  peu  plus  grande. 
Et  de  ça  Ton  vous  fait  bientôt  un  monstre  aâreux  ! 

VI 

Voilà  le  beau  travail  de  ces  mauvaises  langues 
Qui  s'en  vont  en  tous  lieux  colporter  leurs  harangues. 
Une  seule  en  produit  beaucoup  en  peu  de  temps. 
Qui  voudrait  cliaiigcr  (;aV  —  Toujours  les  médisants 
De  petits  moucherons  feront  des  élépliants. 

Rioz,  24  mars  1881. 

Ce  conte  de  Gellert  a  beaucoup  gagné  d*ètre  mis  miis  Im  forae  dxa- 
lutiqne  qne  Eh.  St«e])er  loi  a  donnée.  PaiBse  ma  tradnetion  ne  pas  trop 
loi  foire  perdre.  Ch.  B. 


CE  MEILLEUR  DES  MONDES 

Béjouissez-vous,  braves  gens, 
Nous  vivons  dans  de  bien  bons  temps, 
Dans  râge  d'or,  au  Taradis  ! 
Chacun,  bon,  modeste  et  soumis 
Au  devoir,  à  la  probité, 
Exerce  encor  la  charité. 

Montrez  donc  un  enfant  boudeur. 
Chacun  ne  songe  qu'au  bonheur 
De  ses  parents,  obéissant 
Au  premier  mot  Devient-il  grand 
Au  père  il  complaira  toujours. 
Fille  jamais  n'aura  d'amours. 


L  iyiii^cd  by  Google 


UrrtBATURB  POraLAlRB  DB  L*ALSACB-U)ftBAlNS 

Où  voit-on  femmes  se  parer, 
Ou  leurs  maris  les  rembarrer  V 
Où  voit-on  (les  soldats  brutaux  V 
Ou  bien  des  marchands  dclovaux  V 
Ou  bien  des  docteurs  charlatans? 
Des  bavardes  perdant  leur  temps  V 

Jamais  plus  d*a?ocats  mentenn. 
Et,  même  les  prédicatems 
Ne  prêchent  que  la  vérité. 
Partout  justice  et  probité! 

Non!  nul  joueur  ne  triche  plus. 
Tout  priuce  abolit  les  abus. 

Aucun  paysan  n'est  urnssier. 
Je  voudrais  partout  publier 
Notre  bonheur  !  Eh  quoi!  comment! 
Pourquoi  donc  cet  étonnement? 
Ne  froncez  pas  tant  le  sourcil  : 
Nous  sommes  au  premier  avril 

Bioz,  le  23  juillet  1881. 


LE  CHEVAL  A  TROIS  JAMBES 

Superstition  strasbourgeoise 

Si  chaque  Strasbourgeois  connait 
Le  cheval  à  trois  jambes, 

Aucun  d'eux,  j'en  suis  sûr,  ne  sait 
Ni  ses  façons  ingambes, 

Ni  ses  brçes.  Si  vous  voulez. 

Ecoutez-moi,  vous  connaîtrez 
Le  cheval  à  trois  jambes. 

Fritz,  le  {garçon  du  serrurier 
Sur  la  FetUe  Flace, 


REVUE  D'ALSACE 

Savait  chanter,  sauter,  crier. 
Et,  sans  laisser  de  trace, 
Att  lieu  de  marcher,  sautillait, 
De  sorte  qu^on  ne  l'appelait 
Que  cheval  à  trois  jambes. 

Il  meurt.  On  l'enterre  h  Saint-Gall, 
Au  ciel  s'en  va  son  âme. 

U  dit  :  •  Vous  serait-il  égal, 

(A  moins  qu'on  ne  réclame!) 

Portier  du  ciel,  de  me  laisser 

Descendre  un  peu  pour  m'amuser 
£n  cheval  à  trois  jambes?* 

Tout  d'abord  Pierre  ne  veut  rien 

Entendre  ot  dit:  «Bernique! 

Petit  farceur!  j»?  vois  trop  bicu 

Que  tu  forais  la  nique 
Aux  peureux  (|ue  le  moindre  bruit 
Fait  crier  au  spectre,  à  l'esprit, 

Au  cheval  à  trois  jambes.» 

Frits  continue  à  supplier 
En  disant:  «Je  m'engage 

A  ne  troubler  et  n'effrayer 
Que  les  méchants.  Le  sage. 

Je  promets  de  le  respecter.» 

Pierre  finit  par  contenter 
Le  cheval  à  trois  jambes.  ' 

Et  mon  Fritz  descend  doucement 
l'u  beau  soir  dt^  dimanche 

Dans  la  ville  oîi  la  nci^*-  ^'tend 
Comme  une  nappe  blanche, 

Et  Fritz  bondit,  fait  maint  bon  tour. 

Depuis  dix  heures  jusqu'au  jour, 
En  cheval  à  trois  jambes. 


LITTÉRATURE  IHiPULAIRE  DE  L'ALSACE-LORRAhNK 

Dans  son  traîneau  voyez  ce  vieux 

Avare,  autant  que  riche. 
Mon  Fritz  se  dit  :  «Il  ferait  mieux 

I>e  se  montrer  moins  chiche! 
Plus  généreux!»  Il  va  heurter 
Le  traîneau,  quil  fait  culbuter  : 

Bien  !  cheval  à  trois  jambes! 

Un  soir,  ruelle  du  Savon, 

Voyant  par  la  fenêtre 
Monter  des  voleurs,  il  dit:  «Bon! 

Je  ferai  disparaître 
L'échelle!»  Il  la  renverse  et  fait 
Saisir  les  voleurs  au  collet! 

Bien  !  cheval  à  trois  jambes  ! 

Pour  la  i»rière  du  matin 

Déjà  la  cloche  sonne. 
•Gros  livre  de  prière  en  main 

Voyez  rettt'  personne 
Traverser  le  pont  Saint-Thomas. 
Eh  bien!  que  vois-je  donc  là-basV 

Le  cheval  à  trois  jambes. 

n  cdUrt  et  va  pousser  le  bras 

De  la  vieille  usurière, 
(Car  c*en  est  une)  et  fait,. . .  hélas !. . . 

Tomber  dans  la  rivière 
Le  livre  pieux  qui  contenait 
Des  billets  auxquels  on  tenait  : 

Bien  !  cheval  à  trois  jambes! 

Si  tard  avec  un  ofhcier, 

Qui  donc  fait  l'empressée? 

Du  jeune  iils  d'un  menuisier 
La  belle  fiancée. 

Malgré  ses  cheveux  bien  nattés 


378  REVIS  D'ALSACE 

Punis  868  infidélités, 

Viens,  cheval  à  trois  jambes  I 

Il  vient  en  effet.  Sur  le  dos 
Il  la  prend  et  démarre, 

La  jetant  bas,  bit-n  ù  propos, 
Au  milieu  d'une  mare. 

Cela  lui  calme  sou  ardeur. 

Que  tu  fais  bien,  petit  farceur 
De  cheval  à  troiâ  jambes! 

Pierre,  en  voyant  cet  exploit,  rit 
A  se  tenir  le  ventre  : 

«On  &it  très  bien  quand  on  punit 
Les  méchants,»  dit-il,  «rentre 

Au  Paradis,  chez  les  éhis!» 

Depuis  ce  temps  on  ne  voit  plus 
Le  cheval  à  trois  jambes. 

Haguenau,  le  8  octobre  1880. 


MA  PRÉFÉRÉE 

Tes  grâces,  tu  sais  bien  les  faire 

Admirer,  c'est  un  fait  !  • 
Aussi,  crois-le,  je  te  préfère 

A  Lise  ainsi  qu*à  Kœth; 
Car  Knth  et  Lise, 
EtLiseetEœth 
Ont  belle  figure  et  teint  net 

Et  gracieuse  mise, 
Mais  bien  moins  aimable  manière 

Et  ne  font  pas  de  bonds 
Comme  toi.  Tu  m*e8  donc  plus  chère, 

Ma  chatte  aux  doux  rourous! 

Haguenau,  13  octobre  1880. 


UTTÉXATDIB  HWOLAIU  M  L*ALS&a-UMUlAIirB 

DAME  BUCHLER 
ott  la  femmemàlàde 

Pst!. . .  Venez  donc  entendre  une  très  l)elle  histoire 
De  Madame  Btichler!  Et  vous  pouvez  la  croire 
Véritable  en  tous  points.  Mais  ne  dites  jamais 
De  qui  vous  la  tenez.  Sa  servante  Ta  dite 
A  la  mienne,  cousine,  et  vous  pouves,  par  suite, 
La  croire  :  les  détails,  les  moindres,  en  sont  vrais! 
Vous  connaissez  la  dame,  et  savez  qu'elle  est  belle 
Et  platt  à  son  mari  Vous  savez  mdme  qn*elle 
Platt  à  d'antres  encor.  Cette  dame  Bllchler, 
n  n'y  a  pas  longtemps,  se  trouvait  en  visite 
OU  l'on  prend  du  café,  l'on  rit,  l'on  en  débite 
Contre  tous  les  voisins.  Elle  avait  très  bon  air 
Et  se  portait  fort  bien.  Soudain  une  faiblesse 
La  saisit  au  moment  où  sa  voisine  entrait 
Dans  la  même  maison.  Elle  se  lève  et  fait 
Ses  saluUttioiLS,  va  chez  elle,  s'affaisse 
Et  s'alite  aussitôt.  La  servante,  aux  abois, 
Se  dit:  «Qu'a  donc  MadaineV  Elle  se  meurt,  je  crois!» 
Mais,  au  lieu  de  réiiondrc  e!lo  se  met  à  t^eindre, 
Et  la  bonne  voit  bien  qu'il  y  a  lieu  de  craindre 
Une  crise  de  nerfs,  des  crampes.  Jour  fatal! 
Monsieur  est  au  comptoir.  La  servante  l'appelle 
Aussitôt.  Promptcraent  il  arrive  auprès  d'elle 
£t  dit:  «Mon  cher  enfant,  dis-moi  quel  est  ton  mal?* 
—  «Embrasse-moi,  dit-elle,  o  mon  cher,  mon  trésor! 
Que  j'ai  mal!  près  de  moi  que  l'on  ramène  encor 
Mon  fils,  mon  petit  Fritz,  afin  que  je  le  voie 
Pour  la  dernière  fois.  Que  fai  mal!  Promptement 
Je  sens  venir  ma  fin  !>  Notre  homme  s'apitoie, 
Il  se  frotte  le  front,  il  pftlit.  Justement 
Un  compère  était  là  qui  par  la  Sympalhie 


MO  BIVDI  O'AiUCB 

De  la  dame  youlnt  gnérir  la  maladie. 

Mais  le  mari  refuse  et  mande  incontinent 

Un  docteur.  Comme  il  .souftr»'!  ali!  «iiicl  a ftreux tourment! 

Il  est  sur  des  charbons,  il  tremble,  il  s'inquiHe! 

Le  docteur  se  présente  :  un  hoiniiie  romiuc  il  faut. 

Il  va  tâter  le  pouls,  écrit  une  recette, 

Dit:  «CVst  une  boisson  dedans  un  petit  pot. 

Vous  la  lui  ferez  prendre.  Elle  a  la  scarlatine!» 

Vient  le  troisième  jour!  On  re^îarde,  examine: 

Point  de  taches  du  tout  !  C'était  donc  une  erreor  ! 

Ailleurs  était  le  mail  Mais  un  nouveau  doeteur 

ArriTo,  et  prétend  lui,  que  c'est,  sans  aucun  doute, 

Un  rhumatisme  aigu,  peut-être  encor  la  goutte, 

Et  puis  prenant  un  air  solennel  et  savant 

Notre  docteur  lui  fait  prendre  un  électuaire. 

Mais  la  fournie,  malgré  tout  ce  qu'on  put  lui  taire 

Avaler,  s'afiaiblit,  va  toigours  plus  avant 

VersIamortL.  «Holaîhof*  —  «Qui  donc  frappe  à  la  porte? 

Entrez!. . .  C'est  le  tailleur!  Bock!  Est-ce  qu'il  apporte 

Ma  robe  de  cercueil?»  —  «Ali!  Madame  BUchler! 

M'en  ^arde  le  bon  Dieu!  .le  vous  apporte  un  lier 

Costume!  Maintenant  tout  le  beau  monde  en  porte: 

Un  beau  manteau  lilas  avec  un  capuchon. 

Voulez-vous  que  je  vous  en  fasse  un  de  la  sorteV 

■Commandez!»  —  «Maître  Bock,  je  suis  à  moitié  morte! 

Que  pensez-vous  V  C'en  est  un  comme  ce  torchon, 

La  voisine,  en  avait,  lorsque,  dans  ma  visite 

Je  me  trouvais  si  mal!  Le  monstre!  Ça  m'irrite! 

Ah!  le  mal  me  reprend!  Soulève-moi,  mon  cher; 

Encore  un  petit  peu!  Viens  aider,  Catherine. 

(Test  un  joli  travail,  et,  plus  je  Texamine, 

Plus  je  le  trouve  beau!  Quelle  façon  divine! 

Mais  c'est  trop  cher  pour  moi!  •  Ce  bon  Monsieur  Bttchlur 

Qui,  vous  me  le  croirez,  est  bien  le  plus  brave  homme. 


> 


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LlTTilUTIIRB  POPULAIRB  DB  L'AUACB-MKRAINB 

Lui  dit:  «Moi,  je  ne  veux  regarder  à  la  somme  ! 
Tu  l  auras,  ce  manteau!  Mais  guéris  vitement!» 
Dame  BUcliler  rouf^it.  Elle  devient  aimable, 
Elle  n'est  plus  malade,  et  d'une  voix  affable 
Elle  dit:  «Maître  Bock,  aidez-moi  seulement 
A  ressayer!»  11  va.  Quarrive-t-ilV  La  dame 
.  Guérit,  grâce  au  manteau. . .  Bonne  dame  Bilchler!.. 
Profitez,  bons  maris,  de  Tbistoire.  Il  est  clair, 
Quand  il  est  question  de  guérir  votre  femme, 
Que  le  mal  qui  résiste  aux  soins  d'un  bon  docteur 
Bien  souvent  peut  guérir  par  les  soins  du  tailleur. 

Bios,  25  juillet  lë8L 


L'ALSÂaEN 

sur  la  catliédrale  de  Strasbourg 

Voyez-vous  cee  campagnes 
Fertiles,  et  les  hauts 
Sommets  de  nos  montagnes, 
Les  villes,  les  hameaux? 

De  quel  point  que  j'admire 
L*Alsace,  je  ne  puis 
Que  dire  et  que  redire: 

Qu'il  est  beau,  mou  pays! 

Quand  il  (luittc  la  Suisse, 
Pays  libre,  le  Rbin 
Par  maint  tlot  se  glisse, 
Et  marche  d'un  bon  train! 
Et  la  fertile  Alsace 
S'étend  devant  nos  yeux. 
Quel  pays  !  quelle  race 
De  gens  laborieux! 


888  MtVOB  D'ALUCB 

Voyez  comme  à  roamge 
Tout  fourmille,  au  hameau, 

A  la  ville,  au  village  ! 
N'est-ce  pas  que  c'est  beauV 
Ici  l'on  fait  des  gerbes, 
Là  vend  l  épicier! 
Là  des  soldats  superbes, 
Pluâ  loiu  maint  ouvrier. 

Vois  rni  qui  se  promène 
Comme  un  ruban  d'argent 
A  travers  son  domaine, 
Notre  pays  charmant 
Elle  traverse,  admire, 
Prés  verts,  champs  plantureux, 
Et  la  vigne  se  mire 
Dans  ses  jolis  yeux  bk  us. 

£t  les  Vosges  présentent 
Leurs  vallons,  leurs  sommets, 
Et  de  gais  oiseaux  chantent 
A  Tombre  des  forêts, 
Que  la  montagne  est  belle  1 
Vois  ce  rocher  si  fier 
Qui  dans  son  sein  recèle, 
Pour  nous  servir,  du  fer. 

Les  Vosges  gigantesques 
Présentent  eu  longs  rangs, 
En  tiles  pittoresques 
Leurs  énormes  enfants. 
Du  Ballon,'  à  leur  tête. 
On  voit  le  grand  contour, 

*  L'ancienne  dénomination  est  Bélch,  qui  peut  se  décomposer  on 
Bel  =  Bdenns  =  Bal,  dieu  du  soleil,  et  kach,  lieu,  endroit;  siguitie 
limi  oomaeié  à  Bel,  diea  du  ioleiL 


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urrtBA-nniB  romAnui  db  l^alsmb-lqbbaihi 

Et  l'aigle  sur  sa  crête 
Niche  avec  le  vautour. 


Pois  on  ToH  une  fille, 

Bonne  et  d'un  cœur  pieux, 

Qui  (le  sapins  s'hal)ille. 
De  rochers  sourcilleux. 
Son  nom  est  suinte  Odile. 
Pour  la  voir,  villajieois, 
Habitants  de  la  ville 
Traversent  plaine  et  bois. 

L'on  voit  mainte  merveille 
De  Iluningue  à  Landau. 
Prêtez-moi  tous  roreille  : 
J'en  chante  le  tableau. 
Mulhouse,  tes  richesseSi 
Tu  les  as  justement, 
Car  tu  grandis,  progresses, 
Par  un  travail  constant. 

Ce  beau  ('olmar  m'attire. 
Mais  je  suis  surtout  pris 
Quand  je  lis  et  j'admire, 
Grand  Pfetiel,  tes  écrits. 
Versons  du  vin  pour  boire, 
Pfeflel,  et  de  tout  cœur, 
Tous  ensemble,  à  ta  gloire: 
Car  tu  fils  notre  honneur! 

Vers  Sélestad  s'élance 
Mon  regard.  Mais  il  faut, 
En  toute  diligence, 
Ne  lui  dire  qu'un  mot 
11  le  faut,  le  temps  presse. 
Car  le  soleil  poursuit 


88é  UVUB  A^ALSAŒ 

Sa  route,  et  puis  s'abaisse 
Pour  amener  la  nuit 

Strasbour^r,  ma  chère  et  bonne 
Cité,  je,  viderais 
A  ta  santé  ma  tonne, 
Jamais  je  ne  croirais 
Trop  iaire  !  Qu'on  m'indique 
Les  villes  où  chacun, 
Riche  et  pauvre,  s'applique 
Pour  rintérdt  commun. 

Nos  antiques  histoires 

'  Nous  l'ont  bien  raconté  ! 

Strasbourg,  par  des  victoires 
Gagna  sa  li])erté.' 
Prenant  souvent  Tavance, 
Notre  cité  toujours 
Aux  arts,  il  la  science 
Prodigua  ses  amours. 

Puis  mon  regard  embrasse, 
.  Haguenau,  tes  fordts, 
Ejt  mon  cefl  se  délasse 
Sur  leur  feuillage  épais. 
Je  vois  mainte  prairie 
Et  termine  mon  tour 
En  t'admirunt,  jolie 
Ville  de  Wisscmbourg. 

Je  vois  Tonde  limpide 
D*un  ruisseau*  qui,  là-bas, 

'  Allusion  à  la  bataille  de  Hausbcrgen  qui  délivra  les  Stnsboaxgeoia 
du  joug  de  leur  évôquc  Walther  de  Geroldseck. 

'  Le  texte  porte  : 

De  U  Qoeieh  qui,  là-baa,. . . 
mail  la  phnse  s'appliqiuuii  «ajoard'hiii  nienx  à  la  Lauter,  dou  aT<nui 
prâiéré  nm  tradvetioii  qui  laiaMi  la  choee  indéeiBft. 


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LlTILHAiLHt  l-UfLLAlHE  UË  l/AI.SACt-LURRAlNE 


886 


Par  son  courant  rapide 
Doit  arrêter  nos  pas. 
Je  quitte  donc  ma  place, 
Vide  mon  verre,  et  dis: 
Vive  ma  chère  Alsace! 
Vive  mon  beau  pays  ! 

Bios,  le  5  août  1881. 


Xlll 

CHARLES-FRËD.  HARTMANN 


EN  ROUTE  VERS  LA  TASSE  DE  CAFÉ  AU  LATT 

Ah!  bonjour!  ma  chère, 
Que  voult'Z-vous  f;iin'V 
De  vous  voir  me  cause  un  «^rand  plaisir! 

—  Mon  mal  ino  harasse, 
Je  vais,  d'une  tasse 

De  café,  tftcher  de  me  guérir! 

—  Attendez,  car  j'entre 
Avt!C  vous.  Mon  vt»ntre 

Mu  fait  mal,  et  je  sen>  ^ur  lu  cœur 

Une  <frosse  masse 

De  plomb,  qui  le  }^lace  : 
Ce  que  c'est  de  vieillir,  belle-sœur! 

—  CTest  qu'on  se  surmène! 
De  travail,  de  peine 

Nous  avons  eu  notre  portion, 

Mais  Ton  s'en  délasse 
Avec  une  tasse 
De  café,  pour  consolation. 
MoBvelle  Série.  —  11**  année.  S6 


886 


KBVUB  D*ALSftCB 


—  Laissons  cette  rue  : 

J^ai  peur  d*6tre  vue. 
Si  tu  veux  noua  tournerons  le  coin,* 

Pour  qu'on  n'en  jacasse! 

Et  puis  une  tasse 
Vaut  mieux,  prise  loin  de  tout  témoin! 

Kioz,  le  18  mars  1881. 


RIBOTTË  D£  CAf  £  AU  LAIT 

C'était  très  bon  ma  belle  sœur 

Adieu  !  —  Ne  partez  pas  si  vite. 
Deux  heures!  je  tiens  au  bonheur 
D'être  avec  vous,  et  j'en  profite! 

—  Vous  parlez  bien!  pendant  ce  temps 

S'il  me  venait  quelque  pratique! 
L'on  n'a  déjà  trop  de  chalands! 
Si  l'on  volait  dans  ma  boutii^ue  ! 

Et  puis,  si  mon  vieux  l'apprenait  : 

Vous  connaissez  trop  ses  manières. 

—  Eh  bien  donc,  on  lui  repondrait 
Par  des  façons  non  moins  grossières. 

—  Que  vous  avec  bien  raison,  vous! 
Et  que  nous  avons  tort  de  craindre! 

L'homme  fait  ce  qu'il  wut,  et  nous, 
Nous  n'osons  même  pas  nous  plaindre. 


'  Le  coin  de  la  rue  do  la  Lanterne.  Hartmann  demenraît  sous  les 
Arcades  et  coDnaissait  les  allures  et  habitudes  des  marchandes  des 
petites  boutiques  qui  aimaient  aller  se  régaler  de  café  an  lait  dans  une 
petite  salle  de  derrière  du  Ctefé  de  la  Lanterae. 


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LirrtRATtmB  romAiRK  DB  L*ALSACB>L0RKAI1IB 

Car  l'homme  ne  conuaU  de  frein. 
Il  sait  trop  bien  remplir  son  verre. 
Et  le  vider,  quand  il  est  plein, 
Jusqu'à  ce  qull  tombe  par  terre! 

Il  ne  veut  économiser 

Qu'aux  seuls  dépens  de  notre  bouche, 

Et  dès  qu'il  nous  voit  infuser 
Du  café,  comme  il  s'effarouche! 

Pour  le  mien,  il  n*est  pas  méchant, 
Et  j*en  prends  sans  qu*il  ne  proteste. 
Le  café?. .  C*e8t  notre  agrément 
Unique!  Il  faut  donc  quMl  nous  reste. 

Il  en  est  d  auti  es  qu'on  peut  voir 
En  prendre  la  journée  entière 
Chez  elles,  du  matin  au  soir, 
Faisant  bouillir  la  cafetière. 

— Bravo  !  c'est  bien  la  vérité. 
La  bonne!. .  Apportez  une  tasse, 
Car  je  vais  boire  à  la  santé 
De  celle-ci!. .  Grand  bieu  vous  fasse! 

~  Grand  bien  ! . . .  La  bonne,  apportes-nous 
Des  tasses.  Complétons  la  ftte, 
Et  vous,  Madame,  payez-vous 
Les  pains  pour  &ire  la  trempette? 

Rioz,  le  30  mars  1881. 


CONSOLATION 

An:  C*etl  l'amour,  l'amour,  l'amour  I 

Tais-toi!  je  ne  comprends  pas 
Tes  larmes, 

Tes  alarmes! 


«BVUB  D*m*CB 

Et  pounjiuii.  <  oiniue  it^  chatb, 
le  hérisser,  hélAs  V 

On  t*a  juré  d'être  fidèle, 

L*on  te  quitte  Iftcliement 
Pour  courtiser  une  autre  belle, 
Va,  n'en  pleure  pas  autant! 
Car,  «luand  on  est  jolie 
On  trouve  aisément  mieux! 
Tais-toi  donc,  c'est  folie 
De  tant  rougir  tes  yeux! 

n  vaut  beaucoup  mieux  rester 
Plus  belle. 

Moins  fidèle! 
Un  iiiiiaiiî  veut  ti'  quitter: 
Pourc^uoi  le  regretter? 

Fallait  me  voir,  quand  j'étais  fille, 

Je  savais  morigéner 
Et  bien  arranger  maint  bon  drille: 
Je  n'aimais  pas  me  géncr. 
Quand  Tun  d'eux  faisait  mine 
De  ne  plus  bien  vouloir, 
Loin  d'en  êîn  cliaLirine, 
Je  lui  disais  :  «  liousoii'  ! 

«Va-t'en  donc  d'un  plus  grand  pas: 
«Un  autre 
«Bon  apôtre 
«Fera  bien  moins  d'embarras! 

«Va-fcn!  ne  reviens  pas!» 

Tu  fila  trop  jalouse  et  tenace. 
Oui,  c'est  vrai,  tu  le  fus  trop, 

Et,  le  couvercle,  s'il  le  casse 
C'est  toi  qui  cassas  le  pot 


Et  puis,  chose  terrible! 
Nous  devons  leur  céder! 
Us  ont,  d'après  la  Bible, 
Le  droit  de  commander. 

Quoi!  tu  vols  que  tu  n'y  peux 
Rien  faire! 
Cette  affaire 
N'en  pouvant  pas  tourner  mieux. 
Ne  rougis  plus  tes  yeuxl 

Haguenau,  9  juin  1881. 


CARNAVAL 

Vous  dites,  ma  cousine, 

Qu'on  avait  remarqué 

Ma  Use,  ma  gamine, 

La  nuit,  au  bal  masqué. 
Et  votre  fils,  en  Roxelane 
L'aurait  fait  danser!  Dieu  la  damne! 

Ma  Lise  me  leurrer  ! 

Ma  gamine  en  >ultane! 

C'est  à  désespérer. 

Au  soir  cette  canaille 
Me  dit  encor  ces  mots  : 

•Je  peine,  je  travaille 

•  Et  j'aspire  au  repos 
«De  la  nuit!»  .Te  dis:  «Sur  l'oreille 
■Mets-toi  donc,  nia  lille,  et  sommeille.» 

rouvais-jc  le  iicnser? 

Le  diable  la  réveille 

Pour  l'emmener  danser  ! 


390  RBVUK  d'àlsacr 

Oh  oui!  je  désespère I 
C'est  un  affireuz  toument! 
Et,  le  pis  de  Taffure 

J'y  pense  seulement  : 

Ce  n'est  pas  seule  qu'une  dame 
•  Pénètre  au  bal.  Vieillard  ni  femme 
Ne  fut  son  conducteur. 
Peut-être,  chose  infâme! 
Eut-elle  un  séducteur? 

Fiez-vous  dune  aux  filles 
Lorsque  celles  (lu'on  croit 
Si  braves  et  gentilles 
Font  un  pareil  exploit! 
A  peine  au  sortir  de  Tenfance, 
Braver  marale  et  bienséance 
Pour  s'en  aller  au  bal! 
En  sultane!!..  A  la  danse!!! 
Je  vais  m*en  trouver  mal  ! 

Bioi,  25  février  1881. 


CANCANS  SUR  L£S  CANCANIERS 

Tous  ces  bavardafzes, 
Tous  ces  clabaudages, 

Qu'ils  ont  déjà  fait  de  mal,  vraiment! 
Plus  d'une  vipère 
Aimerait  mieux  Cure 

Des  cancans,  que  gsgner  de  l'argent 

Celle  au  doux  langage 
Dit  que  mon  ménage 
Disparaît  dessous  la  saleté, 


UTTKHATUdE  IMil'l  I.AIRK  1>K  I/aLSACë-LURRAINI 

Allant  jusqu'à  dire 
Qu'on  pourrait  écrire 
Sur  les  vitres!  Quelle  fiiusseté  ! 

Et  puis  la  Thérèse 

Dit  que  cou>iii  Biaise 
Pour  nous  tous  est  mort  bien  à  propos^ 

Que  notre  ménage 

Sans  cet  héritage 
De  marcher  aurait  eu  bien  des  ^aux  ! 

Qu'on  fbuette  et  fouaille 
Pareille  canaille 
Qui  dit  que  nous  rallions  tourmenter, 
Employant  sans  cesse 

Menace  et  caresse 
Le  forçant  de  nous  faire  hériter! 

—  Oh!  pourquoi  tant  geindre? 

Laissez-moi  me  plaindre, 
Moi  qui  connais  tous  ces  médisants, 

Dignes  de  la  corde. 

Semant  la  discorde, 
Divisant  les  amis,  les  parents  ! 

Me  faut-il  apprendre 
Télle  vit'iit  prétendre 

Que  j'ai  dit  que  dame  Letscher  boit 
Ët  puis,  que  son  homme 
Juste  arrivait  comme, 

Avec  nn  autre,  en  certain  endroit. . . 

Je  me  tais!  silence! 
Mais!  quelle  impudence!* 

La  femme  Knœpfelbergcr  prétend, 

A  faux!  (jue  mes  tilles 
Sont  bien  trop  gentilles, 
Que  chacune  a  sou  étudiant! 


898  mBVOB  d'alsacb 

Grand  Dieu!  si  mou  frère 

Apprenait  Taflaire, 
Comme  il  jurerait!  j'en  ai  ^nuud  peur! 

Chose  abominable  ! 

Qui  donc  est  capable? 
Qui  donc?  DHnveoter  pareille  horreur? 

Pour  y  mettre  entrave, 

11  iaudrait  (ju  oii  pave 
De  baillons  ec:^  outils  à  cancans! 

Il  faudrait  (lu  on  fouette 
Viper" ■  ou  chouette 
Inventant  des  bruits  aussi  méchants. 

Qu'on  ne  me  regarde 
Comme  une  bavarde  : 
Je  ne  le  voudrais  pas  pour  cent  francs. 

Mais  on  peut  redire  : 
Cela  ne  peut  nuire, 
11  faut  bien  causer  de  temps  en  temps. 

Rioz,  26  février  1881. 


MADAME  SURPF' 

calqué  avec  le  crayon  strasbonrgcnis  sur  nDame  Schnipst* 

de  G.-A.  BûROER. 

Avalant  son  huitième  pain 
Dans  sa  sixième  tasse, 

Madame  Surpf  décède  enfin, 
Tombant  raidu  sur  place 

*  Le  nom  de  Snq)f  est  une  ononiatoix'C  rendant  le  bruit  qii'ou  fait  en 
avalant  du  café  au  lait  et  le  paiu  qui  y  trempe,  par  ane  aspiration 
«idée  de  cerudm  monvemento  dei  lèrreB  et  de  la  langae. 


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LITTÉKATURE  l><)l'l  I.AIilE  DE  i/AI^CE-L0RRA1KE 


0  roi  de  la  terre  et  des  cieux, 

Prends  pitié  de  son  ftme, 
Dans  le  s^oor  des  bienheureux 

Fais  pénétrer  la  dame. 

Aussitôt  après  le  trépas 

Oiiiiiiicnce  le  voyage. 
Elle  ahamloiiiu'  sou  repas 

Ët  travurbc  un  nuage. 

Puis,  à  la  nuque  se  grattant, 

Se  léchant  la  babine, 
Aux  portes  du  ciel,  elle  attend, 

Faisant  maligne  mine. 

—  Qui  donc,  dit  Adam,  par  si's  cris 

Nous  troul)lf  de  la  sorte'.' 

—  •C'e>t  dame  Siirjtf.  Du  paradis 

«Ouvrez  lui  donc  la  porto!» 

~  A  ton  café,  bavarde!  Ici 
L*on  ne  veut  de  gourmande. 

—  i£h  bien!  cher  grand  papa!  merci! 

«Je  suis  un  peu  friande: 

«C'est  vrai  !  mais  ne  le  fus-tu  pas, 
•Quand  tu  mangeas  la  pomme? 

«Livrant  aux  péchés,  au  trépas, 
«Tous  les  enfants  de  Thomme? 

•Ty  voici  bien!  J'y  puis  entrer, 
«Monsieur  Limundetcrre!» 
Adam  dit  :  Fant  me  retirer 

Devant  cette  méj^ère. 

Allons,  lui  dit  Jacob,  ne  fais 
Pas  autant  de  grabuge: 

—  «Tiens!  tiens!  c'est  toi  qui  si  bien  sais 

«User  de  subterfiige? 


88A  RKVUK  o'alsacb 

•Toi  qnî,  sons  la  peau  de  chevreau 

t  A  ton  père  escamotes 
«La  bénédiction?  Ceet  beau 

•De  tirer  des  carottes?» 

Le  pauvre  Jacob,  aplati, 
Renonce  à  sa  démarche. 

Mais  Loth  arrive  et  prend  parti 
Pour  le  grand  patriarche. 

—  •  Comment  1  c*e8t  toi  !  toi,  Thomme  saint 

«De  Sodome  et  Gomorre. 
•Tes  vertus?  Etait-ce  bon  tdnt? 
«Pour  moi  j'en  doute  encore. 

«Devant  ses  tilles  se  griser 

«Ah!  quel  afircux  scandale! 

•Et  puis  ne  va  pas  t'aviser 

«De  parler  de  morale!» 

Ah!  qu'eUe  vient  de  bien  taper 

Au  milieu  de  la  tête 
Du  clou!  Craignant  la  voir  frapper 

Loth  va  battre  en  retraite! 

Lors,  de  le  tirer  d'embarras 

Judith  prend  la  corvée. 
«Ta  main,  mamzelle  Tête-à-bas, 

«Estelle  donc  lavée?» 

A  ces  roots  Judith  reste  coi 

Et  ne  sait  plus  que  dire. 
Mais  alors  vient  David,  le  roi. 
Espérant  réconduire  : 

Va-t'en  de  ces  lieux  !  Dans  Tenfer 
Rends-toi  d'une  enjambée. 

—  «Serais-tu  si  méchant  et  fier 

«Si  c'était  Bethsabée? 


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UTTâBATURK  POPULAIRB  OK  L'ALSACS-LORRAUII 

tRaconte-moî,  comment  Peus^u, 
•Cette  agréable  épouse? 

«Va,  de  pareils  traits  de  vertu 
«Je  ne  snis  pas  jalonse!» 

Salomon  dit:  Elle  a  pinte  ! 

Chassez  donc  la  mégère 
Qui  8*attaque  à  la  Majesté 

Boyale  de  mon  père. 

—  «Voyez-vous  ça?  Vos  M^^estés 

•K 'étaient  fîuère  honorables, 
«Car  que  de  traits  ou  a  cités 

«De  vous,  vraiment  pendables! 

«À  sept  cents  femmes  tn  joignis 
«Tes  trois  cents  concubines. 

•Tes  babitndes,  m*est  avis, 
•Etaient  par  trop  badines. 

•  Tu  fis,  au  déclin  de  tes  ans, 

«De  fameuses  écoles, 
«Puisqu'on  te  vit  ofirir  Tencens 

«A  de  vaines  idoles!» 

Jonas  vient  et  veut  l'écraser! 

Vaine  est  la  tentative. 

—  «Toi!  fais  donc,  pour  prophétiser, 

«Un  voyage  à  Niuive!» 

Puis,  à  Thomas  disant  son  fait  : 
•Est-ce  une  grande  gloire, 

«Pour  un  apôtre  si  parEût, 
•De  tâter  sMl  veut  croire  ?» 

Mais  voici  le  tour  maintenant 

De  sainte  Madeleine 
Qui  lui  dit  :  Cessez  donc,  vraiment 

Vous  ôtes  trop  sans  génel 


KBVUB  d'aIAMZ 

D'entrer  cliez  nous,  avec  fracas 

Vous  faites  la  denuinde, 
Mais  vous  vous  montriez  là-bas 
Trop  poissarde  et  gourmande! 

*Et  toi  ?  Comment  t*y  montraa-tu? 

«Voudrais-tu  me  rapprendre? 
«Obtins-tu  lo  prix  de  vertu V 

•Ke  fuô-tu  pab  trop  tendre? 

«Tu  n'eus  pas,  nous  ont  dit  les  vieux, 

•La  bonne  renommée, 
«Tu  sais  bien,  celle  qui  vaut  mieux 

«Que  ceinture  dorée! 

•  Dieu,  touche:'  de  ton  repentir, 

•  T'nçcorda  sii  clrinrin-e  : 

•  Eh!  niui  (jui  veux  me  convertir, 

«J'espère  même  chance!' 

Saint  Paul  lui  dit  alors  :  C'est  bon! 

Qui  voudrait  introduire 
Au  Paradis  un  vrai  dragon 

Qui  ne  ^^ait  (jue  médire? 

—  «Un  dragon  !..  tu  le  fus  bien,  toi 

«Lorsque  Ta  Violence 
«Vint  persécuter  notre  foi 

«Aux  jours  de  sa  naissance  !  > 

—  Madame,  allons!  un  peu  plus  bas, 

Lui  (lit  alors  saint  Pierre. 
Croyez-vous  prendre  vos  ébats 
Avec  une  commère. 

—  «Ha  foi  non  !  je  ne  le  crois  pas, 

«Maia  je  sais,  et  m'en  vante, 
«Sans  éprouver  nul  embarras, 
«Entendre  un  coq  qui  chante!» 


UTTtRATUnE  I>0PU1.AIRE  DE  I.*AI.S.\CE-L0RRA1MS 

£Ue  dit  Maia  ses  yeux  perdant 
Alors  ses  derniers  voiles. 

Le  fils  de  Dieu,  resplendissant, 
Paraît  dans  les  étoUes. 

Elle  a  peur,  vomirait  se  sauvta*, 
Puis,  couvrant  ^^a  paupière 

De  sa  main  :  «Viens  nie  préserver, 
■Seigneur,  de  ta  colère  ! 

«Oui!  j'ai  partagé  tous  les  torts 
>De  notre  humaine  engeance 

«Envers  toi  î  Grands  sont  tes  trésors 
«De  divine  indulgence! 

«N'est-il  pas  digne  de  panlon 
«Mon  repentir  sincère? 

«Tu  pardonnas  au  bon  larron, 
«Quand  U  quitta  la  terre, 

■ 

■L'on  voit  un  père  à  son  enfant 

«Prodij^ue  faire  grâce! 
«Est-il  un  luelait  assez  y^rand 

•  Que  ta  bonté  n'efface.» 

Le  bon  Dieu  dit  à  ses  élus  : 
Ouvrez-lui  donc  la  porte. 

Mais  toi,  de  mes  saints  ne  va  plus 
Médire  de  la  sorte. 

Ami  lecteur,  viens  et  dis- nous: 
Ton  manteau  charitable 

Est-il  assoK  grand  et  sans  trous 
Pour  couvrir  notre  lablo 

Et  pour  t'en  cacher  les  défauts? 
Viens  alors,  et  Tétalc! 


898  RBTDB  D*ALBAGB 

Dessous  le  décousu  des  mots 
Se  cacbe  une  morale 

Que  ta  sauras  bien  établir. 
L*on  voit  dans  rScriture 

Maint  précoi)tc  pour  ennoblir 
Notre  huiiiaiiic.  nature. 

Elle  nous  dit  :  «Qui  vtmt  juger 
•  A  son  tour  devra  l'être. 

«Toi-même  ne  dois  rien  venj^or  : 
«Dieu  seul  est  notre  maître  !■ 

Rioz,  24  février  ItJbl.  ' 


LICENCIÉS* 

1834 

Bompez  vos  rangs  1  marche  t 

Que  &utr*il  dire,  je  ne  sais! 

L*on  aurait  tant  à  dire! 
Les  uns  s*en  plaignent  très  fort,  mais 

D'autres  ne  font  qu*en  rire. 

C'est  vrai,  nous  femmes,  nous  trouvions 

Dans  ce  fameux  potage 
Le  plus  de  cheveux.  Nous  fiaisions 

Maint  fatigant  ouvrage. 

^  En  1830,  la  garde  nationale  ressuscita  à  Strasbonrg  comme  dans  le 
reste  de  la  France,  avec  la  révolution  de  Juillet.  Elle  avait  salué  avec 
enthousiasme  le  «roi-citoyen»,  lorsqu'il  avait  visité  l'Al&ace  en  juin  1H;J1. 
Hais  peu  à  peu  l'esprit  d'oppobitioii  poussa  de  telles  racines  dans  sou 
Min,  qu'en  1834  le  gouvernement  prononça  sa  dissolution. 

Hartaaaa  était  à  oette  époque  sergent  de  voltigeurs  très  popnltin 
pand  tM  oompagnoni  d'aniM. 


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LITTÉRATURE  POPULAIRE  DE  L^ALSACE-LORRAINB  899 

Kous  avions  peur  quand  on  parlait 

De  marche  militaire. 
Chacune  de  nous  avalait 

Son  compte  de  poussière! 

«Avec  du  papier^  dérouillons 

«Ce  fusil  pur  trop  terne! 
tDe  la  cire  !  uu  feu  de  charbons 
«Pour  polir  la  giberne! 

«Corne  de  cerf  pour  les  boutons! 

«De  la  terre  de  pipe! 
«Du  tripoli!  Ma  femme,  aUonsl 

«As-tu  lavé  mes  nippes?» 

Mon  homme!  comme  il  s'échauffait. 

Quand  pour  une  revue, 
U  salissait  plancher,  butiet, 

Pour  soigner  sa  tenue. 

Et  puis  quand  le  rappel  battait, 

L'appelant  sous  les  armes. 
Quand  alors  tout  n*était  pas  prêt, 

O  scènes  !  o  vacarmes  ! 

Quel  bruit  cet  hoianie  vous  faisait  ! 

C'était  vraiment  terrible, 
£t  chacune  ma  foi  tremblait 

Devant  cet  ôtre  horrible! 

■    Et  pourtant,  quand  il  revenait 
De  rendre  ses  services, 
Jusqu'au  menton,  il  vous  nageait 

Dans  des  flots  de  délices! 

Et  je  me  demandais  comment 
U  mettait  son  caprice, 

'  Lu  mesure  dn  vers  n'a  pas  permis  de  mettre  ploa  exactement  papier 
à  verre. 


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KBVUB  D*ALSACB 

Au  lieu  d'y  trouver  du  tourment, 
A  faire  Texerdce  ! 

Ah  bien!  <lit-il.  on  ne  jtt'ut  j)as 

T\'X|»lii|Ut'r  (  u  (l.-  >int<'. 
A  la  KobiTt^au  tu  viendras 

Nous  faire  la  conduite. 

Oui!  mais  dimanche  matin  \nis 

Possiltlc  quOii  s'absente, 
11  faut  jiréparer  le  repas, 

La  chose  est  très  pressante. 

Les  f;ar(;ons,  ceux-h\  s'en  allaient 

A  toutes  les  parades, 
Et  souvent  \()U^  (iue>ti()nnaient 

A  vous  rendre  malades! 

A  la  fin  je  pus  réussir 

A  voir  une  revue, 

Et  n'eus  lieu  de  m'en  rej)entir, 
Car  j'en  fus  tout  émue. 

Mais  Réprouvais  grand  embarras, 
Moi  femme,  de  leur  faire 

Cortège,  en  suivant,  bien  au  pas, 
Leur  marche  militaire. 

Malgré  çà,  croyez-m'en  toujours, 

G^est  un  plaisir  unique 
D*entendre  avec  tous  ces  tambours 

Alterner  la^musique. 

On  se  dit:  «Voici  nos  maris 
«Et  nous  en  sommes  fières! 

«Ah!  qu'ils  sont  beaux  quand  ils  ont  mis 
«Leurs  effets  militaires. 


UTTÊEATUEK  POPULAIRE  DB  L'ALSACB-LOftRAUfB  401 

Aussi  plus  d*uii  pour  sliabiller 

Fait  du  tapage  et  souflle 
Le  logis  et  le  mobilier. 

Sans  provoquer  du  brouille. 

Je  comprends,  lors  de  son  retour, 

La  gatté  de  mon  homme. 
Cest  le  clairon,  c'est  le  tambour! 

Cest  tout  ce  qu*on  consomme! 

A  la  (Iduroime  on  se  «ilissait, 

A  VOurs  chez  la  Marie,* 
Ou  chez  Uttttner  quand  on  pouvait 

Quitter  sa  compagnie. 

Les  sérénades,  sur  le  soir, 

Que  c'était  ai;réable! 
C'est  alors  quOii  jMmvait  avoir 

Maiutê  heure  déiectablo! 

Mais  tout  est  fini  maintenant 
Moi,  ça  me  rend  morose 
De  v<^  retourner  au  néant 

Une  aussi  belle  chose. 

Mon  mari  n'a,  depuis  ce  lait. 

Plus  mangé  de  colère, 
Je  n*ai  point  vu  de  jour  quH  n*ait 

Parlé  de  cette  affàire. 

Moi,  je  lui  (lis  (lerni^reiiient  : 
«Donniez-vous  des  alarmes. 


*  Yariaote: 

On  bien  chu  Bftr  Marie. 

Sùn-Mëi  (Marie,  de  TanbezBe  de  POnia?  on  Bir,  Marie?)  était  nne 
gnuide  et  magniBqne  eantiniàre  qni  accompagnait  la  garde  nationale 
de  Stnsbonig  dans  toutes  ses  campagnes  de  1880  4 1884. 

Koofelle  Série.  —  II-  anoAe.  S6 


403  REVUE  D'ALSACt^ 

tQu'on  vous  ait,  si  brutalement, 
«Fait  déposer  les  annes? 

•Non!»  me  répond-il  tout  ardent, 

«Et  c'est  pour  cette  cause 
«Que  l'on  critique  et  blâme  tant 
•La  pitoyable  chose  ! 

«Nos  habits  sentaient  trop  longtemps 
«L'odeur  des  barricades. 

«ITétions-nous  pas  de  trop  Taillants, 
«De  trop  francs  camarades? 

«Souvent  nous  avons  fait  nos  coups, 
•Mais  à  nos  convenances, 

«Excitant,  mais  non  pas  chez  tous 
«Plaisir,  r^ouissances! 

«On  Tient  de  nous  licencier, 
«Nos  habits  sont  sans  taches. 

«Nous  pourrons  les  redéployer 
«Sans  user  de  cravache!» 

Bios,  le  28  juin  188L 


XIV 

BAVARDAGE 
de  DameS'Cousinês  à  cause  de  la  femUe  âe  MmrwtL 

FemUe  d'annonces  du  28  octobre  1848.* 
I  (Daoâ  la  rue) 

Dine  Babbehn^yer.  Dtme  Sehnawlsr. 

B 

Ah!  Madame  SchnaTrler,  c'est  tous?  Bonjour  Toisine, 
Contente  de  tous  Toir!  ÂrriTes,  j'examine 

■  Le  94  octobre  1848  la  féte  biflécnlaire  de  la  «Bémiioii  de  PAliace 
à  la  Fïufie»  ftit  célébrée  dam  toute  l'Alsace,  et  snrtoat  à  Stiasbonzi^ 


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LITTÉRATURE  POPULAIRE  DE  L'ALSACB-LORRAINE  406 

£a  FewiUe,  Begiurdes  avec  moi  là  dedans. 
Nous  sommes  abonnés  depuis  bientôt  vingt  ans 
  cette  FemtU,  car  nous  aimons  tant  la  lire 
Que  nous  la  relisons  des  deux,  trois,  quatre  fois. 

Nous  sommes  d'abonnés  à  peu  près  la  dizaine 
De  façon  que  chacun  de  uous  donne  sans  peine 
Quatre  schilliii^^s'  par  an.  Moi,  quand  je  la  rerois, 
Je  vais  fourrer  mon  nez  avant  toute  autre  chose 
Dans  notre  Etat  civil.  Mais  aujourd'hui,  je  n'ose 
Le  dire,  en  y  jetant  mes  regards  étonnés. 
Je  n*y  vois  de  décès,  mariage  ou  naissance. 
G*est  à  vous  effirayer  1  Mais  prenea  connaissance 
Vous  même  de  cela,  Tonnerre  I  Examines! 

S 

Tiens  !  vous  avez  raison  !  que  la  chose  est  comique  ! 
Est-ce  qu'on  ne  meurt  pas  sous  notre  République? 
N'a-t-ellc  pas  besoin  d'hommes,  tout  comme  un  roiV 
£t  se  marirait-on,  sans  recourir,  ma  foi  I 
Aux  maires  ni  curés? 

B 

Cest  une  devinette 

Qu'il  faudrait  éclaircir.  luformons-nous  là-bas 
Au  bureau  de  la  FtuiUe* 

S 

Ah!  je  suis  toute  prête 

•  A  vous  accompagner,  car  j*ai  mis  dans  ma  tête 
De  minstruire  comment  arrive  pareil  cas. 

«v«6 1«  pins  grand  enthonsianne.  Le  fonctionnaire  de  la  mairie,  chargé 
de  Pétai  civil,  ne  pat  remettre  à  la  JFMIe  ÎMamadair»  d^mmomm 
l'extrait  qu'il  avait  l'habitnde  de  loi  donner.  Pour  excuser  ce  retard 
ee  joamal  publia  daiis  le  nmnéro  soiTant  le  «  bavardage»  dont  none 

donnons  ici  la  traduction. 

*  QuAtre  schillifliga  =  seize  soiu. 


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40i 


RevOB  D*ALSAGB 


II  (  llinfriii  «lu  jniirnah 

Précédentes.  Un  Commis. 

B 

Depuis  tout  ce  matin  jf  nn'  rassc  la  têti'. 
Pourquoi  VMat  civil  uiauque-t-il  mercredi  y 

COMMIS 

Prenez-vous  on.  ma  t  liôro,  à  notre  belle  fête. 
Nous  ne  Tavons  pas  eu.  Vous  Taure/,  samedi. 
G  est  que  Ton  célébrait  un  bien  beau  mariage: 
Celui  de  nos  pays.  Vive  à  travers  tout  â^e 
Notre  France  ainsi  (pii'  TAlsaci-.  Le  lien 
(>ui  les  unit  (U'j)uis  deux  siècles,  les  unisse 
Eu  toutf  ét"rnit<'l  Vivat!  pour  notre  ])ien 
Souhaitous  qu  à  jamais  ce  nœud  se  rallermisse. 

B 

Ah!  vous  nif  ra>>urez,  car,  vraiment î  j'avais  peur. 
Mou  estomac  me  iuit  eucor  mai  de  iruycur! 

S 

Nous  pouvons  n  partir.  La  chose  est  ét  laircie. 
Bonsoir,  Madame,  et  vous,  oh!  je  vous  remercie! 

Eioz,  25  mars  1681. 


XV 

FlSGHBACll 


DIALOGUE  DE  DEUX  BLANCHISSEUSES 
au  CÂ|/é  de  la  Lucarne  du  FoidaUler,* 

8AL0MÊ 

ManditB  lavoirs!  C'est,  Barwel,  à  grand'peine 
Qu'on  y  pourra  bavarder.  L'on  entend 

*  Feaille  Tolante,  imprimée  ches  Silbermaiin,  sans  date.  Est-ce  ane 
reprodaction  d'ut  article  de  jonmal? 

Le  peuple  de  Strasbourg  a  des  gobriqnfts  j>our  chacnn  des  petits 
cabarets  qu'il  fréquente  :  tels  sont  la  Lucarne  du  Poulailler,  le  Gousset 
de  Gilet,  le  Saint-Sépulcre,  la  Caisue  à  Farine,  la  Salière,  etc. 


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LITTtaATimi  POPULAIRE  D'ALBACE-LOmRAmS 


Parler  de  maint  nialliour.  L'autre  semaine 
Je  n'irai  plus,  de  craiute  d'accident 

Moi,  j*ai  peiné!  Femme  de  chambre  et  bonne, 
Puis  cuisinière.  Et  quand  on  a  son  beau, 
Son  bon  métier,  pendant  que  Ton  savonne, 
À  rimproYîste  on  tomberait  dans  l'eau! 

Oh!  grand  mercil  Je  ne  veux  que  ma  vie, 
Si  jeune  encor,  prenne  si  triste  fin  ! 
Pas  pour  cent  francs  j'aurais  même  Tenvie 
De  me  mouiller  jusqu^au  cou  dans  un  bain. 

Oh!  taisez-vous,  car  ra  iii  iinprcssiunne 
Trop!  Jusqu'au  cuu  diins  ce  bouillon  marneux! 
J'ai  vu  sombrer  un  lavoir  et  frissonne 
Depuis  ce  temps,  en  y  jetant  les  yeux! 

Le  pauvre  état  que  d^être  blanchisseuse! 
n  nous  faudrait,  pour  faire  ce  métier 
Cinq  firancs  par  jour,  pension  copieuse. 
Et  de  vin  rouge  un  litre  tout  entier. 

Car  on  succombe  aux  peines  qu'on  endure 
£n  travaillant  tard  et  de  bon  matin! 

UK  005801111 ATBUB 

Je  crois  pourtant  que  votre  nourriture 
Est  bonne,  car  votre  teint  est  fort  sain  ! 

Quand  je  vous  vois  battre  et  blouses  ot  chausses, 
Chemises,  draps,  dans  vos  caisses,  je  crois. 
Qu'en  remuant  trop  fort,  grasses  et  grosses 
Vous  enfoncez  le  lavoir  sous  vos  poids. 

SALOMÉ 

Comment!  je  crois  que  ce  Monsieur  jal)ote 
Contre  nous  deux!  Qu'a-t-il  donc  à  grogner! 


406 


BITOB  D^ALBACB 


Ah!  B*0  ne  veut  qu'on  lui  cire  sa  botte 
De  notre  table,  il  n*a  qu*à  s'éloigner. 

Nous  n'aTons  pas  besoin,  grande  panade, 
De  Ses  avis,  car  II  est  bien  trop  sot. 
Que  nous  fessions  lessive  ou  saTonnade 
N'y  fourrez  pas  votre  nez,  grand  nigaud! 

BJBEWBL 

Que  tu  fais  bien,  Salmé,  quand  tu  lui  rives 
Si  bien  ses  clous!  Qui  donc  nous  consolait 
Quand  nos  baquets  emmenant  nos  lessives, 
Quand  tout  euiiu  à  vau  Teau  s'en  allait 

Il  faudrait  que  ces  Messieurs  de  la  ville 
En  prissent  soin!  Ce  serait  leur  devoir! 
Car  c'est  fâcheux  quand  au  travail  on  tile 
Sans  être  sûr  d'eu  revenir  le  soir. 

SALOHt* 

Aux  >ieux  lavoirs  en  toute  hardiesse 
On  s'installait  Sans  dangers  on  lavait 
Comme  un  monarque  on  était  dans  sa  caisse, 
Et  le  battoir*  de  sceptre  nous  servait 

Bioz,  le  ao  juillet  1881. 

*  n  semble  au  traducteur  quo  le  morceau  aurait  été  mieux  terminé 
en  supprimant  ces  quatre  derniers  vers,  on  en  les  mettant  à  une  autre 
place. 

*  Le  battoir  n'eii  pas  employé  en  Fnuiche43omt&  En  en  partant 
l'antenr  fidt  donc  de  la  couleur  locale  (sans  le  saToir  ?). 


UntEATUBE  HmLAIlE  D*AlJUCI-LOUAIin 


407 


XVI 

CHARLES  BERNHARD 


PRES  DE  Ik  TÂSSE  DE  CAFE  AU  LAIT 

Cousine,  viens,  ma  chère! 
Approche  avec  bonheur! 
De  notre  cafetière 
Ne  sens-tu  pas  Fodeur? 
Viens!  prend  ce  Gumberlande,* 
Trempe-le  dans  le  lait, 
Et  ton  palais,  gourmande. 
En  sera  satisfiiit! 

Cômprends-tn,  ma  chârie, 
Ces  honmies  qui,  souvent, 
Vont  &  la  brasserie 
Dépenser  leur  argent, 
Pour  y  boire  à  leur  aise, 
Sans  repos  ni  répit, 
La  bière  si  mauvaise 
Qui  tant  les  atouidit? 

Des  heures,  par  la  gorge, 
Ils  se  feront  passer 
Ce  ftde  bouillon  d'oige. 
Ils  devraient,  pour  chasser 

'  Pain  au  lait  ou  RÛtcau  (rune  forme  particulif'rc.  D'après  Gérard, 
l'Alsace  à  inhle,  les  «  Cuniborlandle  »  doivent  leur  nom  à  un  duc  de 
Camberland  qui,  pendant  un  séjour  qa'il  fit  à  Strasboarg,  T«n  U  fin 
du  lièdt  damier,  en  mâagBail  chaque  jour  dani  mb  calé. 


406  Mfui  d'alsagb 

Tous  les  rats  qui  vont  taire 
Tapai^c  en  leur  cerveau, 
Trendre  la  cafetière 
Tour  remèdo  à  leurs  maui. 

Rioz,  24  mai  1881. 


LA  CHOPE  ET  LA  PIPE 

Contra-partie  da  moreetn  précédent 

Le  vin  nous  réjouit  le  cœur  : 

Une  chanson  fort  belle 
Le  dit  Pour  calmer  la  douleur 

La  bière  ne  vaut-elle 
Autant?  «Taime  tranquillement 
Vider  mes  chopes  eu  fumaut. 

Quand  rien  ne  va  i)lus,  que  je  sens 

Le  déjzoût,  la  colère 
Prendre  le  dessus,  v]\  !  je  prends 

Ma  pipe  et  m'en  vais  faire 
Un  petit  tour  chez  le  brasseur 
Pour  m'y  réconforter  le  cœur  ! 

Quels  hommes  chez  eux  goûteraient 

Le  bouillon  de  carottes  ?* 
Dans  leurs  estomacs  pousseraient 

Les  joncs,  à  pleines  bottes  ! 
Humide  est  Peau,  le  vin  coûteux  ! 
La  bière,  amis,  vaut  beaucoup  mieux. 

*  Allosiou  à  un  snccédané  du  café  que  bien  des  commères  préparent, 
en  tofréSaat  lentement  des  carottes,  découpées  seul  iiMnM  da  petils  dés. 


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UnteATOU  FOKLAMB  D*AL8AGB-L0nAllfB  409 

Près  de  la  bière,  de  nos  maux 
La  pipe  vient  distraire! 

Mais  gare  en  rentrant  aux  gros  mots: 

Les  femiues  aiment  faire 
Du  l)ruit  i)our  rien,  bouder,  LTonder!. .. 
Oui!. . .  sauf  à  se  raccommuder. 

Rioz,  25  mai  1881. 

Ch.  BBBDKLLft. 

(La  guHe  à  ia  pnAame  Uvraison.) 


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NOTES  BIOGRAPHIQUES 

8UB  LB8 

HOMMËS  DË  LA  RÉVOLUTION 

▲ 

STRASBOURG  ET  LES  ENVIRONS 


Smt€ 


SCHNELLEH  (Joshi'h-Mi.iiiel). 
Né  en  1742  à  Grusenheim,  Haut-Rhin.  Maçon  n  Strasbourg 
avant  1780,  et  comme  tel,  reçu  membre  de  la  Société  des 
jacobins  en  juillet  1792,  oii  il  est  encore  le  25  octobre  1794. 

SGHÙGLER. 

Le  21  décembre  1793,  membre  de  la  Société  populaire,  et  en 
compagnie  de  Sethe  et  Klein,  il  dénonce  Hofihenr,  boucher 
à  Strasbourg,  pour  avoir  dit  que  Jung,  officier  municipal, 
était  un  voleur  de  fagots,  et  que  tous  les  jacobins,  sans 
exception,  sont  des  misérables  et  des  gueux  —  Le  25  oc- 
tobre 1794,  rayé  des  Jacobins. 

SCHULLER  (F.^.). 
Un  des  propagandistes  venu  de  Ghalon-sur€adne — 18  oc- 
tobre 179S,  il  assiste  à  rassemblée  générale  des  autorités 
nouvellement  constituées,  du  peuple  souverain  et  des 
sociétés  populaires,  dans  le  temple  de  la  Raison  — 11  nov. 
n  annonce  aux  jacobins  de  Beaune,  que  Strasbourg,  la  def 
de  la  République,  devait  être  livrée,  il  y  a  trois  jours,  aux 
Allemands.  De  toute  part  les  patriotes  doivent  accourir  ici 
pour  dégouer  les  complots  des  partisans  de  ia  tyrannie  — 
20  novembre.  H  demande  à  Baudot  et  Lémane  le  temple 


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LES  HOMMES  OE  LA  IlÉVUl.UTlON 


411 


de  Saint-Thomas  pour  les  réanions  de  la  Pr'^pagande  et 
des  Jacobins,  et  quelque  temps  aprôs  celui  dt\s  Réformés, 
dans  la  rue  du  Bouclier  —  22  novembre.  Il  sollicite  de 
Saint'Just  et  Lebas  la  suppression  de  la  permanence  des 
douze  sections  de  la  ville,  et  Tépurement  des  comités  de 
surveillance  —  2  décembre.  Signataire  de  l'adresse  de  la 
Propncnnde  révolutionnaire  aux  citoyens  de  Strasbourg  et 
des  départements  du  Rhin  —  19  décembre.  Au  Club,  il 
vote  la  ni(  rt  dos  suspects  après  triage. 

J.-D.  Woia  dit  que  Schuller  était  le  meilleur  de  toute  la 
bande. 

SCHUHMACHER  (Tobie),  près  de  Saint  Nicolas,  n«  95. 

Du  11  septembre  1751  au  1"  septembre  1789,  notaire  im- 
matriculé au  Dir 'ctoire  de  la  noblesse  (FAlsace  et  en  même 
temps  greffier  aux  Inventaires  —  De  cette  dernière  date  au 
1*' septembre  17U8,  notaire  et  syndic  de  ce  corps  à  Stras- 
bourg—  1702.  De  la  Société  des  jacobins,  et  connut'  tel  il 
est  élu.  le  8  octobre  1793,  officier  municipal  .sous  le  jnaire 
Monet.  A  l'élection  du  5  novembre  suivant  il  nVst  plus 
réélu,  et  le  25  octobre  1794,  bifïé  de  la  liste  des  Jacobins. 

SCHWAHN  (Jean-Conrad). 

Né  en  175G  à  Darni.-^l.idt.  Chirurgien,  non  juré,  à  Stras- 
bourg avant  1789  —  Juillet  1791,  De  la  S;)ciété  des  amis  de 
la  constitution  —  7  février  179*2.  De  celle  des  jacobins  — 
8  février  1703.  Du  Comité  de  surveillance  des  Jacobins  pour 
recevoir  et  vérifier  les  dénonciations  —  11  mars.  Il  aide  à 
rayer  Waghette  de  la  liste  des  membres  de  ce  comité  — 
20  avril.  Il  trouve  que  la  (lonventi^m  nationale  ne  va  pas 
assez  vi'e  en  besogne,  et  avec  d'autres,  il  signe  une  adresse 
se  terminant  par  la  phrasn  sacramentelle  : 

Voilà  le  va'ii  dos  Sunsi  iiloites  do  Stnisljourpr  qui  ont  juré  ot  jurcut 
encore  do  s'ensevelir  platùt  soos  les  ruines  de  l'Univers  que  de  retour- 
ner à  l'esclavage. 

5  novembre.  Notable  de  la  commune  —  17  déc.  Il  est 
mis  eu  état  de  suspicion,  et  en  voici  la  raison  :  Strasbourg 


412  HKvi'E  d'ai-sack 

« 

renfermait  grand  nombre  de  milit^iires  malades  ou  sup- 
posés tels,  le  général  Dièche  on  informo  !<?  Comité  de  sur- 
veillance et  de  sûreté  générale  duBas-Hhin  qui,  h  son  tour, 
charge  Bniat  de  f  uif»  examiner  et  sarveilier  strictement 
Schwahn,  se  disant  chirurgien,  né  sijget  étranger,  la  plupart 
traîtres  et  conspirateurs  contre  la  propriété  et  la  Répu- 
blique —  25  octobre  1794.  U  est  encore  de  la  Société  des 
jacobins. 

SGHWAHTZ  (Jban-Gborob). 

Né  en  1743  à  Strasbourg,  où  il  était  fabricant  de  boutons 
avant  1789  —  Juillet  1792.  De  la  Société  des  jacobins  au 
Miroir  —  22  novembre  1799.  H  demande  à  Saint>Just  et 
Lebas,  d'ordonner  répurement  éee  Comités  de  surveillance 
et  la  suppression  de  la  permanence  du  Ck)mité  des  douze 
sections  de  la  ville  —  25  novembre.  Le  Club  le  nomma 
d^ane  commission  cbargée  de  présenter  les  moyens  d*opé- 
rer  la  levée  des  dtoyens  du  Bas-Rhin  —  3  janvier  1794.  Au 
Club  il  dénonce  Baldner  pour  avoir  traité  les  jacobins  de 
gueux,  de  coquins,  de  voleurs,  de  jeanfoutree  et  de  lâches 
—  25  janvier.  Il  annonce  à  la  Société  quMl  existe,  dans  un 
hôpital  de  la  ville,  un  émigr  é  atteint  du  scorbut,  et  que  pour 
rendre  sa  gaérison  plus  prompte,  on  doit  le  guillotiner  — 
26  octobre.  Présent  aux  Jacobins. 

SGHWAHTZ  (JEi^N). 

Né  en  1748  à  Strasbourg,  où  il  était  cordonnier  avant 
1789  —  De  décembre  1793  jusqu'en  janvier  1795,  membre 
de  la  Société  des  jacobins. 

SGHWARTZ  (Jean-Claude). 
Comme  membre  de  la  Propagau'l.'  n'^voliitionnaire.  il 
arriva  de  Colmar  en  octobre  179.>  -  20  novembr»^.  Il  de- 
mande à  Baudot  et  Lémane  le  temple  de  Saint-Thomas  et 
un  mandat  sur  la  caisse  des  riches,  pour  couvrii'  les  fiais 
d'installation  —  2  décembre.  Il  si^ne  l'adresse  (^e  la  Piop;^- 
ç^ande  aux  habitants  de  Strasbourg  et  de^  départements  du 
Bbin. 


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LR5  HOVMB  DE  LA  RÉVOLUTION 


418 


SCHWEIGHAEUSSEH  (Jean-Michel). 
1789  à  1792,  vicaire  de  la  Confession  d'Augsbourg  à  Barr 
—  25  novembre  1793. 11  abjure  dans  le  temple  de  la  Raison. 

Citoyens! 

J'ai  lu  co  \i\rc  pxtraordinaire  qu'on  appelle  TEvangile,  malcrr»}  la 
répugnance  que  m'en  avait  inspiré  le  péd&ntisme  et  la  vie  sruiKlaltMisc 
d'an  nombre  de  tUb  esclaTes  de  tontes  les  passions  et  trompeurs  de 
leurs  frères,  qui  font  un  métier  et  un  trafic  détestable  de  l'interpréta- 
tion de  ce  livre;  je  Vax  hi  dans  l'original,  j'en  examinai  les  principes, 
j'en  suivi  «If  lionno  foi  les  préceptes;  jo  fus  ravi  de  joie  et  d'étonne- 
ment  de  me  vajr  éduiré,  contonf,  tranquille,  meilleur  et  plus  heureux 
que  je  ne  l'avuis  jamaiii  été  auparavant, 

VoiU  ce  qui  seul  ni*a  fiut  onbrasser  un  état  qne  trop  de  vils  niar* 
diands  de  reli^on  de  toute  secte  ont  rendu  méprisable;  je  ne  pouvais, 
selon  mon  co'ur,  éclairer,  instruire,  consoler,  fortifier  mes  frères  dans 
les  sentiers  de  la  vertu  sans  porter  Tunitorme  de  l'état  ecclésiastiqne 
qui  me  donnait  le  droit  de  parler  eu  public. 

Enfin  une  lomièrs  céleste  s'élève  à  lliorisoii  de  la  France,  ma  chère 
patrie,  pour  édidrer  l'humanité  entière  et  lui  rendre  ses  droits.  Je  me 
r^nis  de  pouvoir,  affranchi  de  toute  entrave  de  despotisme,  (k-  tout 
monopole,  cnseifrncr  librement  mes  frères,  mes  éf^anx  en  droits.  Dans 
tous  mus  discours  jf  leur  montrai  Jésns,  comme  le  vrai  martyr  de  l'Iiu- 
manité,  l'enuenu  jure  de  la  prètraille,  des  despotes  et  des  ricbes, 
comme  le  véritable  instituteur  de  l'égalité^  dans  ses  paroles  comme 
dans  sa  vie^  tonnant  sans  cesse  contre  l'orgueil  et  l'avarice,  enfin 
comme  le  meilleur  ami  des  Sansculottes.  Je  fis  voir  que  les  principes 
de  la  Révolution  étaient  les  siens  et,  pur  conséquent,  je  ne  contribuai 
pas  peu  in  les  faire  aimer  et  à  les  propager. 

J'applaudis  donc  de  tont  m<m  corar  à  l'abolition  de  tout  titre,  de  tout 
état,  de  tout  costume  distinctif;  je  renonce  à  tout  salaire.  Qu'on  me 
laisse  la  seule  satisfaction  do  me  rendre  utile  îi  mes  firères  par  l'in- 
struction et  je  me  croirai  le  plus  heureux  des  mortels. 

Oui,  citoyens  frères!  je  jure  de  continuer,  comme  je  l'ai  totijonrs 
fait,  d'ubhorrer  tout  esprit  de  becie,  d'uldiorrer  toutes  les  subàtiliiés 
théologiques  et  je  jure  d'étrt  fidèle  jusqu'à  la  mort  au  bon  sens,  à  la 
raison,  à  la  vertu,  aux  étemels  principes  de  la  vérité,  à  la  saine  morale, 
à  l'humanité,  enfin  à  la  fraternité  universelle  qui  fait  la  base  et  le 
soutien  de  lu  République  nue  et  indivisible  à  laquelle  je  jure  une 
fideliié  éternelle. 

Le  mùnio  jour,  au  Club,  on  arrête,  que  son  nom  sera 
inscrit  au  procès-verbal  de  la  Société  —  1804.  Pasteur  à 
Barr. 


414  uvui  d'alsags 

SCHWENGSFELD  (Charles). 

Un  d-devant  noble,  domicilié  à  Andlau.  8a  famille  était 
investie  avant  1789  du  chftteau  de  (îrOnstein  â  Stotzheim 

—  5  mars  1798.  Commissaire  aux  fonctions  municipales 
dX)bemai,  ou  autrement,  maire  provisoire  —  29  mars,  n 
propose  au  Conseil  munidpai  d*envoyer  ane  adresse  aux 
représentants  du  peuple  à  Strasbourg  à  l'effet  de  signaler 
Tesprit  de  fanatisme  et  d*aristocratie  qui  anime  les  babi- 
tants  d^Obemai,  et  puisqu'ils  ne  veulent  pas  défendre  la 
cause  de  la  liberté  à  Taide  de  leurs  bras,  les  y  obliger  par 
leurs  ressourcée  pécuniaires  :  que  dans  ce  but,  une  contri- 
bution soit  imposée  à  Teffet  de  subvenir  aux  frais  de  la 
guerre  en  Vendée. 

La  question  religieuse  ne  fut  point  oubliée:  avec  son  col- 
lègue  Martin  il  alla  jusqu'à  proposer  que  tout  catholique 
romain,  qui  ne  fréquenterait  pas  le  culte  constitutionnel, 
fiit  déclaré  suspect,  avec  un  écriteau  attaché  à  sa  maison, 
portant  citoyen  8H8j)ed  —  9  juin.  Â  partir  de  cette  époque  le 
mécontentement  se  lit  jour  par  une  émeute,  les  griefs  aug- 
mentèrent contre  sa  personne;  mais  le  moment  n'était  pas 
propice  pour  en  obtenir  raison,  le  parti  jacobin  était  à 
l'apogée  de  sa  puissance,  et  le  maire  provisoire  exerça  bien- 
tôt tout  seul  le  pouvoir  dictatorial  à  Obernai  —  1" décembre. 
Quarante  six  juifs  du  district  de  Barr  sont  confiés  à  sa  garde 

—  11  janvier  1794.  Il  fait  arrêter  son  ancien  colK'tïuo  Martin, 
arrivé  furtivement  à  Obernai  le  13  au  soir,  fuyant  devant 
un  ordre  d'arrestation  de  Lacoste  et  Baudot. 

La  chute  de  Schneider  avait  considérablement  fait  baisser 
sa  puissance,  line  dénonciation  dii^gée  contre  lui,  provoqua 
son  arrestation;  mais  acquitté  par  le  tril)unal  criminel,  le 
11  mars,  il  retourna  le  lendemain  à  la  mairie  d'Obernai  — 
Le  19  niars!,  le  n  pi-rsentanf  Bar  décréta  sa  destitution,  et 
c'est  Nancé,  d'Erslein,  qui  le  reniplara  —  27  juillet.  La  mu- 
nicipalité iTObernai  re(;ut  ordre  de  Tarréter  et  de  le  trans- 
férer a  Pans,  mais  il  était  en  fuite  —  Juin  171)5.  De  retour  à 
Andlau  ;  la  ville  d'Oi>eru«ii  le  somma  de  rendre  compte  de 


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LES  HOMMES  DE  LA  R^.VOLUTION 


416 


sa  gestion.  Son  arrestation  suivit  de  près.  Le  tribunal  cri- 
minel du  Bas-Rhin  fut  saisi  de  raffaire,  laquelle,  au  mois 
d'août  suivant,  était  encoro  pendant»-;  Tissuo  nous  on  est 
inconnue .  U  mourut  à  Andlau  dans  Toubli  et  dans  la  misère. 

SCliWIND  (Charles-François). 

90  février  1791.  n  prête  le  serment  prescrit  aux  eodésias- 
tiques  par  la  loi  du  26  décembre  1790  ~  Même  année,  sous 
révèque  oonstitutioonel  Brendel,  il  est  nonmié  professeur 
de  théologie  dogmatique,  bibliothécaire  et  vicair&Klirecteur 
au  Séminaire  de  Strasbourg  —  1792.  H  figure  dans  une 
brochure  intitulée:  Foriraits  des  apàtre$  Jrançais  à  Strat- 
bourg  —  8  décembre  1798.  Il  dénonce  au  Comité  de  sûreté 
générale  du  Bas-Rhin,  la  citoyenne  Bertin,  de  Lauteihonrg, 
fille  du  citoyen  Savagnier«  dudit  lieu,  retirée  à  Strasboui^ 
avec  un  cofiÔre  rempli  d*argenterie. 

SGHWINGDËNUAMMER  (Philippb-Pierrb). 

1789.  Homme  de  loi,  rue  de  la  Nuée  bleue,  n"  21  —  2  sep- 
tembre 1791.  Greffier  du  tribunal  criminel  du  Bas-Rhin  — 
12-14  novembre  1792.  Â  Télection  tenue  à  Wissembourg,  il 
est  confirmé  dans  ses  fonctions  —  19  février  1798.  De  la 
Soeiété  des  jacobins  —  96  décembre.  Greffier  du  tribunal 
révolutionnaire  présidé  par  Mainoni  —  97  décembre.  Accu- 
sateur public,  substituant  prés  le  tribunal  criminel  extra- 
ordinaire du  Ba8>Rhin,  il  requiert  le  procureur  de  la 
commune  de  Strasbourg  de  foire  démolir  la  maison 
Scharrer,  place  du  Marché  anx-Poissons,  n* 76  — 95  mai  1794. 
Qualifié  de  greffier,  il  figure  sur  une  liste  de  suspects  dressée 
par  le  Comité  de  surveillance  des  Jacobins  ~  9  septembre. 
Foussedoire  avec  la  Société  populaire  le  nomment  agent 
national  de  la  commune  de  Strasbourg,  en  remplacement 
de  MatthsBus  —  95  octobre.  Il  n'est  plus  aux  Jacobins  — 
17  janvier  1795  Bailly  le  nomme  greffier  du  tribunal  crimir 
nel  du  Bas-Rhin  —  1797—1799.  Avocat  à  Strasbouig  — 
1800.  Nommé  avoué  prés  le  tribunal  criminel  du  Bas-Bhin* 


416 


BEVUE  U'a1^AC£ 


SEN6EL. 

1792— 179:i.  Maire  d"Illkin:h,  et  en  cette  qualité  il  dénonce 
les  époux  Poirson  de  s;i  commune  ;  Madamt\  née  Ulmer, 
pour  avoir  tenu  des  propos  liberticides,  tondant  au  rétablis- 
sement de  la  tyrannie  et  de  la  royauté,  et  à  Tavilissement 
des  assii^aiat.s,  monnaie  nationale.  Il  raccut*ait  en  outre 
d'avoir  vuulu  lui  vendre  en  cachette  une  voiture  de  foin 
contre  espèces  sonnantes. 

La  femme  Poirson  fut  condamnée  à  mort  et  exécutée  le 
9  novembre  1793,  le  mari  à  !a  déportation  perpétuelle,  et 
leur  jolie  propriété  d'Illkirch,  dont  Sengel  comptait  s'empa- 
rer, fut  vendue  au  profit  de  la  République  —  1796 — 1798. 
Nommé  commissaire  du  Directoire  exécutif  du  canton  de 
Geispoltsheim. 

SÉTHÉ. 

179'2.  Membre  de  la  Société  des  jacobins  au  M'.roir  — 
2\  décembre  17U3.  En  cette  qualité,  et  avec  Schiigler  et 
Klein,  il  dénonce  au  Comité  de  surveillance  du  Clul)  le  bou- 
cher Hotiherr,  de  Strasbourg.  Le  25  octobre  1794,  il  est 
rayé  des  Jacobins. 

SILBERRAD  (Jean-Samuel),  (Petites-Boucheries). 

17K1  à  17s'.).  Sénateur  de  la  trilju  des  charpenti'^i's.  Licen- 
cié en  drtjiL.  Secrétaire  honomire  de  la  Ghambr  - des  XIII  — 
8  lévrier  17ÎK).  Elu  notal)le  de  la  eommanr'  —11  noveiuljre. 
Maintenu.  11  était  chnr^^é  du  tribunal  de  police  municipale 
—  2~i  mars  17'J1.  Cummo  notable,  il  signe  la  délibération 
ordonnant  l'arrestation  du  curé  de  Saint-Laurent,  et  "lénon- 
(iiini  le  cardinal  de  Rohan  aux  représentant de  la  nation  — 
11  mars  179:i.  Membre  du  Conseil  «jjénéral  du  Bas-Rhin  — 
30  mai"S.  Juj^e  près  le  li  ibunal  criminel  «iu  Bas-Hhin,  il  con- 
damne à  mort  trois  malheureux  paysans  des  enviions  de 
Molsheim  pour  avoir  crié:  vive  le  roi,  au  diable  la  nation  — 
En  1793,  re<;u  m»  ujI  >ro  des  Jacobins  au  Miroir  —  5  janv.  1794. 
.luf^e  au  tribunal  du  district  de  Strasbourg.  Les  Jacobins 
ne  le  portent  pas  sur  leur  liste  du  26  octobre  1794  —  17  jan- 


LIS  BOMiiu  ot  LA  KimonoH 


417 


vier  1795.  Mainienu  juge  au  tribunal  civil  du  district  de 
Strasbourg,  et  jusqu'en  1804,  il  occupe  les  mômes  fonctions. 

SIMON  (JBAN-FteÉDÉRlC). 

N6  en  1747  à  Strasbourg»  où  il  donnait  des  leçons  de 
calcul  et  d'écriture  —  Du  6  décembre  1789  au  13  mai  1790, 
rédacteur  de  la  feuille  hdDdomadaire  patriotique  de  Stras- 
bourg, quMl  reprit  du  11  novembre  1792  au  25  août  1798  ^ 
Août  1790.  De  la  Sodété  des  amis  de  la  constitution— 26  jan- 
vier 1791.  Un  Strasbourgeois,  répondant  à  un  citoyen  de 
Ponl-ft-llousson,  dit  : 

Si  Ton  «rait  qucUiues  troubles  à  essayer,  on  ne  pourrait  les  attribuar 
qa*à  Simon,  Téiilable  brigand,  que  depnia  aix  Inoia  lea  Inlbérleoa  aagM 
anraiant  dft  fidie  pto  aax-mtaieB  par  le  bâton. 

Même  année.  Président  du  CSlub  enfimtin  de  Strasbourg, 
en  remplacement  de  Beyckert,  du  Gymnase  —  7  iSy.  1792. 
De  la  Société  des  jacobins,  au  Miroir  —  Fin  juin,  il  alla  à 
Paris  comme  fédéraliste  et  tut  un  des  quarante-trois  mem- 
bres qui  s'assemblaient  journellement  dans  la  salle  de 
correspondance  aux  Jacobins  Saint-Honoré.  De  ces  qua- 
rante-trois on  en  tira  cinq  pour  le  Directoire  secret  d'insur- 
rection; il  fut  du  nombre,  avec  Vaugeois,  grand-vicaire  de 
révéque  de  Blois;  Debesse,  du  département  de  la  Dr5me; 
Guillaume,  professeur  à  Gaen,  et  Gallissot^  de  Langres. 
Bientôt  on  y  joignit  encore  d'autres  révdotionnaireB. 

La  première  séance  de  ce  Directoire  insurrectionnel  se 
tint  dans  un  petit  cabaret,  au  Soleil  d*or,  rue  SaintrAntoine, 
près  la  Bastille,  dans  la  nuit  du  jeudi  au  vendredi  26  juillet. 
On  jEabriqua  un  drapeau  rouge,  et  dans  la  séance  du  4  août, 
on  arrêta  le  plan  de  rinsunrection,  la  marche  des  colonnes 
et  Tattaque  du  Château. 

En  sa  qualité  de  secrétaire  de  co  Comité,  il  fit  une  copie 
du  plan  pour  Santerro  et  Alexandre;  mais  il  ne  put  être  mis 
à  exécution  que  dans  la  nuit  du  9  au  10  août,  au  moment  oû 
le  tocsin  sonna  en  trois  endroits  diffiàrentsen  même  temps. 

C'est  donc  :\  ces  cinq  jacobins  que  Ton  peut  attribuer 
directement  la  gloire  de  la  fameuse  journée  du  10  août. 
MouTelto  SMe.  -  II-*  aasé».  97 


418 


RbVUE  U  ALbACb 


U  ne  revint  à  Strasbourg  qu^en  septembre  pour  aller 
ensuite  à  Mayence,  occuper  le  poste  de  commissaire  du 
pouvoir  exécutif  près  l^armée  de  lUiin  et  Moselle,  comman* 
dée  par  Custine,  et  dont  il  traduisit  la  proclamation  aux 
habitante  du  Palatinat,  en  date  de  Spyre,  le  7  octobre  1792 
— 18  janvier  1793.  En  celte  qualité  il  est  nommé  notable  de 
la  commune  de  Strasbourg  —  30  janvier.  Schneider  annonce 
que  Mayer  étant  parti  pour  Tarmée  du  Rhin,  et  Simon 
ayant  joué  un  des  premiers  rôles  à  Paris,  le  10  août,  leur 
journal  Qeachklde  der  gegenivartigen  Zeit  cesserait  de 
paraître.  Il  avait  commencé  le  10  octobre  1790.  G'eet 
Schneider  qui  coopéra  à  la  rédaction  en  juillet  et  août,  pen- 
dant que  Simon  était  à  révolutionner  Paris  —  22  juillet. 
Gomme  membre  du  Ojnseil  de  défense  de  Mayence,  il  signe 
la  capitulation  —  Aoùl.  D<^  retour  à  Strasbourg,  il  dénonce 
D'  Stamm  au  tribunal  révolutionnaire  pour  avoir  dirigé  la 
municipalité  de  Mayence,  écarté  les  {•opulations  de  notre 
Constitution,  et  par  sa  rudesse,  fait  éinifrror  tous  les  bate- 
liers qui  auraient  pu  rendre  de  ;4raiid.s  services  à  la  défense  de 
la  place  —  8  octobre.  Chargé  d'all'aires  de  l  i  Hé[iul)lique,  il 
est  élu  notable  —  P»  octobre.  Ai.  Comité  de  surveillance,  il 
appuie  une  dénonciation  faite  contn'  Turckheim  —  5  nov. 
En  la  mémo  qualité,  de  nouveau  coiilirmé  notable  —  29  nov. 
Il  rapporte  à  Monet,  qu'ayant  pendant  toute  la  journée  par- 
couru les  marchés  et  les  maisons  publiques,  il  n'a  rien  pu 
découvrir  de  fûcheux,  les  vill;^geois  louaient  le  ré  gime  répu- 
blicain, en  maudissant  Taristocratie  —  ;¥)  novembre.  Second 
rapport  sur  les  juifs,  (ju'il  n"a  re  ncontré  nulle  part.  Il  désire 
faire  un  tour  à  la  campagne,  mais  ses  moyens  et  sa  uoin- 
breuse  tamille  s'y  opposent;  il  prie  donc  Monet  de  lui  faire 
donner  ce  qu'il  lui  plaira  —  1"  décembre.  Dans  son  troisième 
rapport,  il  a  parcouru  le  port  des  pécheurs  pour  avoir 
l'oreille  allentive  aux  conversations,  mais  tout  était  tran- 
quille et  sans  aucun  intérêt  —  6  décembre.  Au  Club,  le 
rapporteur  du  Comité  épurateur  de  la  Société  des  jaco- 
bins dit  :  «Simon,  journaliste,  Rolandiste,  intrigant*  tOui, 
dit  un  meisbro,  je  Tai  tocyours  remarqué  aux  séances  du 


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LBB  HOmm  DB  Lft  mÉmUTIOR 


419 


parti  Roland.  •  t  Nommé  par  ce  dernier  à  une  GommisBioii 
à  Mayence  qui  le  mettait  à  môme  de  surveiller  bien  des 
désordi  es,  il  ne  Ta  point  fait,  et  n'a  pas  eu  le  courage  de 
foire  ses  dépositions  avec  la  fermeté  qu^inspire  la  Yérlté, 
dans  le  prooôe  da  g^éral  GosUne.»  Un  autre  membre 
eherclie  à  le  détendre  en  allégant  qu'il  s^est  ruiné  pour  sou- 
tenir son  journal.  Sa  radiation  est  igonmée  ~  11  décembre. 
Employé  au  district  de  Haguenau,  il  reçoit  son  certificat  de 
civisme  — 14  décembre.  Le  Ciomité  de  surveillance  de  sûreté 
générale  du  Bas-Rhin,  lui  paie  dO  livres  comme  agent  du 
Comité  —  25  septembre  1794.  Le  Club  le  charge  de  traduire 
en  allemand  un  discours  du  sansculotte  Massé,  commen- 
çant ainsi: 

La  Bépublique  est,  en  ce  noiiMnt,  un  viîneaa  superbe  chargé  de 
tropliées  et  Tognaat  à  pleine  Toile  vers  la  terre  dn  Itontienr,  etc. 

25  octobre,  n  est  encore  aux  JacoMns. 

SIMON  (Nicolas). 

Né  en  1749  à  liemingen-Âltroll^  dans  le  Palatinat  —  Avant 
1789,  cafetier  à  Strasbourg  —  15  mars  1791.  De  la  Société 
des  amis  de  1^  constitution  —  7  février  1792.  U  passe  aux 
Jacobins  —  18  janvier  1793.  Nommé  notable  de  la  com- 
mune; fonctions  quHl  ne  cessa  d^occuper  jusqu*à  fin  1794— 
18  avril  1794.  U  se  rétracte  prés  le  Comité  de  sûreté  générale 
de  mettre  en  jugement  quatre  commandants  de  la  garde 
nntionaie  de  Strasbourg  —  2  août.  H  adhère  à  l'^adresse  de 
félicitations  de  la  municipalité  à  la  Convention  nationale, 
lors  de  TaiTostation  de  Robespierre  et  autres  complices  — 
25  octobre.  Présent  aux  Jacobins. 

SIMOND  (Daniel) 

Un  Suisse,  né  en  1774  à  Hostung,  district  do  Romans,  où 
il  était  étudiant  —  En  1793,  il  arriva  à  Strasbourg  et  fut 
employé  à  la  mairie,  au  bureau  des  étrangors  —  21  mai  1794. 
De  la  Société  dos  jacobins,  au  Miroir  —  10  juin.  Il  dénonce 
au  Comité  de  sûreté  générale  lo  tailleur  René,  rue  de  la 
Mésange,  qui  lui  a  demandé  4b  livres  pour  une  culotte  de 
drap,  non  doublée  —  23  octobre.  Encore  aux  Jacobins. 


REVUE  D'ALSACE 


SIMOND  (Philiuert). 

D'orighiP  {(it'iijnntriise:  il  lutieait  rue  «lu  Dôme  —  En 
mars  17'J1.  li-jumi*'  pirlro  assej-ment^,  il  fut  nommé,  le 
28  juin  suivant,  vicaiiv  ùpiscopal  de  l'éjgMivSe-calhétlrale  de 
Strasboui}^  —  22  octobre.  Il  désavoue  le  discours  de  son 
collègue  Schuciiler  sur  le  mariage  des  prêtres  —  10  jan- 
vier 179J.  A  la  Société  des  amis  de  la  constitution,  il  tient 
un  discours  sur  Téducalion  des  femmes  —  24  février.  Après 
la  scission,  président  du  Club  des  jac(>bins.  il  est  d"a vis  do 
tenter  la  réconciliation  et  d'envoyer  une  députation  à  l'Au- 
ditoire —  3  avril.  La  Suciéiè  des  jacobins  le  cliarf.îo  déporter 
à  celle  de  Paris,  sis  jj^rit'fs  contre  le  maire  Dietrich.  les 
administrateurs  du  Bas-lihin,  et  surtout  les  faire  connaître 
à  l'Assemblée  nationale  —  21  mai.  Aux  Jacobins  il  dénonce 
Dietrich  comme  vendu  ù  Lafayctte  —  22  mai.  Il  signe  Ja 
circulaire  à  toutes  les  sociétés  affiliées  pour  leur  peindre  la 
situation  politique  des  frontières  du  Rhin: 

Nos  départemeuu,  bien  loin  d'être  dans  le  scus  de  là  iiévolutiou, 
deux  tiers,  au  moins,  sont  dans  le  sens  contraire. 

21  juin.  11  est  cité  dcvaiil  le  ju;j;e  pour  cette  adresse  incen- 
diaire du  22  mai,  et  la  salle  de  lecture  des  Jacobins  est 
fermée  i»'ir  ordre  du  maire  Dietrich  —  28  juin.  Ses  lectures 
juibliques  lui  sont  interdites  comme  excitant  à  la  révolte. 

Dénoncé  par  Brunck  au  général  Lamorlière,  celui-ci 
demande  son  expulsion  de  SLrasbou^^^^  ce  (jui  eut  lieu  vers 
le  11  août  1792.  Pour  se  ven-^'or  et  perdre  lu  maire  Dietrich, 
il  imagina,  avec  Monet,  une  leLlie  comme  venant  d  un  chef 
de  l'armée  des  émigrés.  Elle  fut  apportée  à  Teterel  par  un 
certain  inspecteur  des  remontes,  probablement  un  espion 
secret  de  Saint-Just  et  Lebas,  et  conduisit  le  malheureux 
maire  à  Téchafaud  —  2  septembre.  A  Télection  tenue  à 
Haguenau,  il  fut  nommé  scrutateur,  et  au  dépouillemeiit, 
dépoté  à  la  Convention  nationale  —  9  septembre.  Au  (Uub, 
il  raconte  les  foits  qui  ont  eu  lieu  à  Télectiou  de  Haguenau, 
et  présente  la  motion  de  ne  plus  choisir  aux  prochaines  élec- 
tions munioipeles»  ni  savants»  ni  riches;  mais  les  citoyens  les 


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un  ROwiiBR  m  LA  KÉmonmi 


m 


pluspau^Tes  —  21  novembre.  Rendu  à  son  poste,  il  mande 
aux  jacobins  de  Sti-iisbourg  que  Dietrich,  le  marchand  de 
province,  est  ù  l'Abbaye,  et  que  prochainement  il  sei-a  décrété 

—  9  déceinl)re.  11  •"'st  en  route  pour  Chambéry.  les  députés 
de  la  Savoie  étant  à  Paris,  pour  l  incorporation  de  leur  pays 
à  la  Républi<iue  IVant  aiso  —  là- 19  janvier  1703.  Etant  en 
mission,  il  ne  prit  aucune  ^nirt  au  jugement  de  Louis  XVI 

—  31  mars.  De  Paris,  Teterel  informe  les  sausculottes  de 
Strasbourg  que  Philibert  Simond  les  a  trahi  à  Besançon 
dans  lu  prooôs  Dietrich  —  28  juin.  Il  réclame  contre  cette 
ftiusse  accusation  : 

Je  n'ai  écrit  qu'une  seule  lettre  prirée  sur  le  compte  de  ce  traître, 
c'est  une  réponse  à  raeenflAtenr  public  de  Besançon  qui  me  demandait 
si  je  pouvais  me  rendre  prèi  dn  tribiuul.  J'étais  alors  maladOi  oommis- 
sairc  de  la  Conveutiuii  :nix  prises  aTOc  toute  la  canaille  de  Paocien 
régimoi  il  m'était  impossible  de  quitter. 

S9  novembre.  En  commission  à  Besançon,  il  avise  les 
jacobins  de  Straslsoarg  qae  les  départements  qaH  vient  de 
parcomir  leur  préparent  quelques  secours  ^  23  décembre. 
De  TAbbaye,  Schneider  invoqueson  témoignage  ^demandez- 
lui  si  mes  écrits,  mes  discours,  mes  actions  avaient  jamais 
d^autre  but  que  celui  de  seconder  la  marche  de  la  Révo- 
lution. 

Compromis  dans  l'affaire  Danton,  c'est  en  mars  1794, 
qu'il  porta  sa  téte  sur  la  guillotine,  à  Paris. 

SOMMEHVOGEL  (Xavieu). 

Né  en  ITBO  à  Strasbourg  —  1789.  Employé  à  la  Chambre 
des  XV  —  26  mai  1790  à  1792.  Premier  commis  au  bureau 
delà  comptabilité  du  directoire  du  Bas- Rhin  —  1792.  Nom- 
mé receveur  du  district  de  Slrasbourj^  —  31  octobre  1793. 
Saint-Just  et  Lebas  l'imposent  à  12,1)00  livres,  réglées  le 
13  suivant  —  21  décembre.  Ue  la  Société  des  jacobins  — 
24  décembre.  Massé  le  dénonce  au  Comité  de  surveillance 
de  cette  société,  qui  renvoie  la  plamtc  au  Comité  de  sûreté 
générale  du  Bas-Hliin  pour  y  faire  droit  —  25  mai  1791. 
Comme  .ex-ti'ôsorier,  il  ligure  sur  une  liste  de  suspects 


4» 


«BVOB  D*AiSACI 


drossée  par  le  Comité  de  sorveUlanoe  des  jacobins  —26  msi. 
La  Municipalité  ordonne  son  arrestation;  mais,  en  déffirant 
à  la  demande  de  Tagent  national  MaUbseus,  il  y  sera  sursis 
fusqu'â  son  remplacement  au  District,  qui  sera  prié  de  s'en 
occuper  de  suite,  afin  que  le  service  de  la  caisse,  qui  lui  est 
confiée,  n^éprouve  aucune  entrave  —  90  mai  Sa  fournie  est 
emprisonnée  comme  aristocrate  et  fanatique  —  25  octobro. 
Il  est  encore  aux  Jacobins  — 1797.  Receveur  du  bureau  de 
loterie  n*  702,  rue  du  Jeu  des  en&nts,  quil  cède,  en  1800,  & 
Ferry,  ayant  été  nommé  chef  de  comptabilité  à  la  préfec- 
ture du  fias-Bhin. 

SPANGELBERG  (Martin). 

Un  Alloni;in(i,  né  en  1746  en  Saxe;  serrurier  à  Sirasbourç, 
bien  ;ivant  1789  —  1791.  Membre  de  la  Société  des  amis  de 
la  constitution  ;  il  passe  ensuite  à  celle  dos  jacobins,  le 
7  février  1792,  où  il  est  encore  le  25  octobre  1794. 

SPEGK. 

1798.  De  la  Société  des  jacobins  —  8  janvier  1794.  n  sert 
de  témoin  à  J.-G.  Schwartz  contre  Baldner,  tonnelier,  pour 
avoir,  à  Tauberge  de  la  Montagne  verte^  insulté  la  Société 
des  jacobins  en  traitant  les  membres  de  gueux,  de  coquins, 
de  voleurs,  de  jeanfoutres  et  de  lécbes — 25  octobre,  n  n^est 
plus  sociétaire  aux  Jacobins. 

SPIELMANN  (Louis),  (Faubourg-de-pierre,  n»  82). 

1789.  Greffier  du  petit  Sénat  de  Strasbourg  —  8  fév.  179<). 
Officier  municipal  —  30  avril.  .Tnge  au  tribunal  du  district 
de  Strasbourg.  De  la  Société  des  amis  de  la  constitution  — 
10  mars  1791.  11  informe  contre  un  pam])hlet  allemand,  in- 
titulé: Bci  Oott  f  es  ist  Zeit,  d'if^s  f^icli  die  Ehibser  au/  die 
Hinterf  ms  i^tellen,  etc.  —  27  mars.  Il  sévit  contre  l'imprimé: 
Monition  camiûifœ  et  ordonnance  du  cardinal  de  Rohan, 
érfque  d/j  Strnshoioy  — •  16  janvier  1792.  Directeur  du  jur^' 
du  district  de  Strasbourg  pr^s  ]o  tribunal  criminel  du  Bas- 
Rhin  —  7  février.  11  passe  aux  .lacobins  —  19  lévrier  1793. 
Juge  au  tribunal  criminel  du  Bas-Khin  —  30  mars.  Il  con- 


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LES  HOMJIES  D£  LA  RÉVOLUTION 


m 


damne  à  mort  trois  maDieareaz  paysans  des  envirans  de 
Ifolsheim  — •  5  janvier  1794.  Commissaire  national  près  le 
tribunal  du  district  de  Strasbourg  —  25  octobre,  n  n^est 
plus  aux  Jacobins  — 17  janvier  1795.  Juge  au  tribunal  dvil 
du  même  district  —  1797.  Substitut  du  commissaire  du 
pouvoir  exécutif  près  ie  tribunal  civil  de  Strasbourg  — 1798. 
Elu  par  Strasbourg,  membre  des  Assemblées  primaires  du 
Bas-Rhin  —  1800—1805.  Procureur  au  tribunal  civil  de 
StraalMurg. 

STAUM  (Daniel) 

Avant  1789.  Attaché  au  commerce  de  son  père,  Jean-Fré- 
déric Stamm,  alors  tonneUer-nuoKâiand  de  vins  à  Epfig  — 
Janvier  1791.  Gomme  négociant,  il  est  reçu  membre  de  la 
Sodété  des  amis  de  la  constitution  à  8tradx>urg  — 10  fôv. 
1792.  Après  la  scission,  les  jacobins  le  nomment  secrétaire 
de  leur  Société,  dont  les  séances  étaient  au  Miroir  et  au 
Poêle  des  cordonniers.  Peu  de  temps  après,  la  guerre  entre 
la  France,  la  Prusse  et  TAutriche  ayant  éclatée,  il  entra 
simple  soldat  dans  un  régiment  de  chasseurs  à  cheval  — 
20  septembre.  Il  est  guide  à  Tannée  du  Rhin,  et  au  Qub,  il 
prononce  un  discours  sur  les  devoirs  du  militaire  comlMt- 
tant  pour  la  liberté.  Arrivé  à  l'armée  devant  Spyre,  ses 
talents  géographiques  le  firent  remarquer  du  généural  Gus- 
tine  qui,  un  jour,  le  chargea,  avec  cinquante  hommes  d'en- 
lever les  postes  de  Philippsbourg,  Bheinhaussen,  Lossheim 
et  Ketsch,  et  de  brûler  tous  les  bateaux  quil  rencontrerait 
sur  le  Rhin.  H  réussit  — •  7  octobre.  Il  certifie  conforme  une 
proclamation  de  Gustine,  datée  de  son  quartier  général  à 
Spyre,  aux  habitants  de  Worms  —  16  octobre.  Gustine  le 
charge  d'une  mission  à  Mayence.  Il  pénètre  dans  la  place 
en  compagnie  du  professeur  Bœhmer,  dévoué  à  la  France, 
et  du  colonel  Houchard.  Mayence  s'étant  rendu  le  21  octobre, 
Gustine  envoie  son  rapport  à  Paris,  portant  : 

J'étais  non  scnlcmont  instruit  avec  précision  Ao.s  forces  qui  étaient 
dans  la  ville,  dp  la  nnmbronso  artillerie  qui  bordait  ses  remparts,  mais 
encore  de  la  situation  positive  de  cette  importante  forteresse.  J'avais 
8o  me  procurer  par  l'intelligence  et  la  grande  audace  du  jeime  Stamm, 


REVUS  D^ÀLSACS 


1»  coiHniMMiee  inréeiM  dis  pointt  qui  avtifl&t  été  néglUgéi  dam  !• 

place. 

Cette  heureuse  issue  valut  à  Stamm*  le  27  octobre,  les 

félicitations  de  la  Convention,  et  legrade  d';iide-de-canopdu 
générd  Custine,  ijui  fut  nommé  général  en  chef  de  Tarmée 
du  Hhin  —  23  octobre.  Cin(|  Mayençais,  dévoués  à  la  France, 
se  réunirent  chez  laido  luajur  Slamm  pour  former  un  club 
sous  le  nom  des  Amis  do  la  lilx  rt^'  <A  de  Tégalité,  et  le  len- 
demain, il  y  en  avait  déjà  plus  do  aiiUe  d'inscrits  -  17  no- 
vembre. Du  quartier  général  de  Mayence,  il  adresse  la 
lettre  suivante  au  Laniigral  di  tiesse-Cassel  : 

Vous  {'tes  un  négociant  i(iu  fuit  hoanconp  on  inarcliandisp  hnnuiine, 
car  j'apprends  que  vons  ntVnv  liiM^i  ("ariins  pour  l'artic  le  Custiue;  c'est 
beaucoup,  car  en  humme  d'uilaires  vuiui  derricz  savoir,  mieux  que  tout 
•otre,  ce  qu'une  pareille  tdte  vaut.  Peut-être  ponrrai-je  voub  rendre 
serviee,  et  toub  procurer  une  bonne  affaire.  Donnes-moi  dOOO  Carlins, 
et  je  TOUS  livre  le  général  Custine,  son  année,  ses  canons,  ma  personne 
même,  hors  la  porte  de  Uauau,  là,  tous  n'aures  que  la  peine  de  les 
enleTer. 

2  décembre.  L'armée  française  ayant  perdu  Francfort-s/- 
Mein,  se  replia  insensiblement  sur  Mayence.  Stamm  suivit 
Custine  vers  le  Hundsriicken,  assista  à  la  prise  du  château 
de  Stromberg,  tomba  entre  les  mains  d'unt' patrouille  enne- 
mie près  de  Neuv^'inger  et  ne  dut  son  salut  qu"à  son  cheval. 
Il  assista  ensuite  à  Taftairo  de  (lundersblum,  et  ai>rès  le 
départ  de  Custine,  il  rentra  à  Mayence  où,  pendant  le  IjIûcus, 
commencé  le  14  avril  1793,  il  fut  successivement  attaché  aux 
généraux  Blou  et  d'Oyre — 22  juillet  1793.  Mayence  capitula. 
Stamm  voulut  rejoindre  Custine,  mais  dénoncé  par  Simon, 
il  fut  emprisonné  le  1"  août,  transféré  de  suite  à  Paris,  sous 
la  prévention,  d'avoir  avec  Custine,  trahi  la  France  — 
20  aoiit.  Il  fut  relâché. 

Brùlimt  du  désir  de  voir  son  pére  et  sa  mère,  il  s'achemina 
sur  Strrasbourg,  où  commandait  le  général  Dièche.  qui.  à  son 
tour,  trouva  bon  de  le  mettre  en  état  d'arrestation,  malgré 
son  permis  du  ministre  de  la  guerre.  Ses  papiers  furent 
saisis,  et  de  leur  examen  il  en  résulta  sa  mise  on  liberté. 

À  peine  chez  son  père,  que  par  suite  des  dénondatioiiB 


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LES  HOMMES  DB  LA  RÉVOLUTION 


435 


mensongères  de  Pspe,  Peteraen  et  Wûrtz,  tous  trois  atta- 
ohés  au  bureau  de  correspondance  de  Tarmée  du  Rhin,  les 
représentants  Milhaud  et  Guyardin,  le  firent  de  nouveau 
incarcérer  le  27  septembre  —  8  octobre.  Le  Comité  de  sur- 
yeillance  et  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin,  déclare  que  le 
commissaire  chargé  de  vérifier  ses  papiers,  n^ayant  rien 
trouvé  parmi  eux  qui  puisse  donner  lieu  à  suspiscion,  il 
sera  mis  en  liberté —  11  octobre.  Il  se  jette  dans  le  parti 
Monet,  qui  le  charge  d'arrêter  les  anciens  baillis,  prévôts, 
huissiers,  forestiers  seigneuriaux  et  les  \Ans  riches  aristo- 
crates de  chaque  commune  —  3  novembre.  Procureur- 
S3mdic  près  Tadministration  du  district  de  Strasbourg  — 
17  novembre.  Secrétaire  du  Comité  de  surveillance  et  de 
sûreté  générale  du  Bas-Rhin,  aux  appointements  de 
2400  livres  par  an  18  novembre.  Ce  Comité  arrête  qu'il 
remplira  les  fonctions  de  commissaire  de  police  —  21  no- 
vembre. U  est  chargé  de  la  visite  et  du  classement  des 
prisonniers  au  Séminaire  —  22  novembre.  Le  Directoire  du 
district  de  Barr  le  charge  des  fonctions  de  commissaire  dans 
le  canton  d'Obemai,  à  Teffet  de  la  levée  des  scellés  sur  les 
efl'ets  d'émigrés — 24  novembre.  Le  tribunal  révolutionnaire 
le  réclame  pour  procureur-syndic,  tout  en  restant  au  Comité 
de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin  —  29  novembre.  Commis- 
saire pour  la  levée  de  la  contribution  forcée  dans  le  district 
de  Barr  —  1"  décembre.  Comme  procureur-sjmdic,  il  est 
requis  par  le  Comité  de  sûreté  générale  de  se  rendre  dans 
les  communes  du  district  et  d'y  asseoir  une  contribution 
forcée  sur  les  riches  et  faire  arrêter  tous  ceux  qu'il  croira 
suspects  —  3  décembre.  De  Dorlisheim,  il  expédie  à  Mainoni 
le  Jameux  Blmig  qui,  dit-il,  ne  s'attendait  pas  à  ma  visite. 
Il  y  en  a  encore  plusieurs  de  ces  êtres  dans  les  environs;  je 
les  découvrirai,  ils  augmenteront  le  nombre  de  ceux  qui 
crintribuent  à  nourrir  les  pauvres,  détenus  au  Séminaire  — 
7  décembre.  U  expédie  sept  autres.  A  cette  époque,  comme 
procureur-syndic  provisoire  du  district  de  Strasbourg,  com- 
missaire gr  n(  rnl  du  Comité  de  surveillance  et  de  sûreté 
générale  du  Bas-Rhin  pour  la  levée  des  taxes  révolution- 


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4S6 


naires,  il  fournil  un  état  des  contributions  forcées  à  lever 
par  ordre  des  représentants  du  peuple  et  dudit  Comité  dans 
les  communes  du  district  de  Strasbourg,  montant  à  trois 
millions  281,000  livres,  lesquelles  ont  produit  1,372,560 
livres  —  8  décembre.  Il  est  désigné  pour  établir  une  infir- 
merie au  Séminaire.  Les  médecins  et  chirurgiens  détenus 
seront  oblig^és  de  soigner  les  malades  —  9  décembre.  Com- 
missaire pour  instruire  TnlTaire  «iénoncée  par  le  Comité 
central  de  Colmar;  A  (|uel  elTet  il  ira  à  Benffld  sans  retard^ 
—  10  décembre.  Prociireur-syndio  du  district  de Strasixjurg, 
la  municipalité  doit  lui  fournir  cent  cinquante  charpi-nliers 
pour  démolir  les  étages  su}>érieui*s  do  la  caserne  dite  Finck- 
matt  —  12  décembre.  11  examinera  toutes  les  lettres  qui  ont 
été  interceptées  et  en  fera  rapport  —  VA  décembre.  Weiss. 
en  rendant  compte  comme  greffier  du  tribunal  révolution- 
naire du  Bas-Pihin,  })orte  50  livres  payées  aux  musiciens 
qui  ont  joué  devant  la  tamille  Slainui.  On  sait  que  Sarah 
Slamm,  s<i'ur  de  notre  Daniel,  épousii  Schneider,  le  13  dé- 
cembre IHY)  —  15  décembre.  La  comnmne  d'Avolsheim 
Taccuse  d'avoir  touché  5000  livres  en  se  qualiliant  de  tré- 
sorier du  tribunal  révolutionnaire.  Il  a  affirmé  n'avoir 
jamais  reçu,  ni  touché  à  A  volsheim,  encore  moins  avoir  pris 
la  qualité  ci-dessus.  On  doit  vérifier  le  fait  —  17  décembre. 
L'afTaire  est  renvoyée  aux  papiers  d'Euloge  Schneider  — 
Deux  officiers  municipaux  de  Schilligheim  se  présentent 
au  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Hhin  pour  déclarer 
que  le  16,  J.  Fix,  de  Dossenheim,  agent  nommé  par  Stamm, 
s'est  présenté  à  la  maison  commune  réclamant  25,000  livres 
dans  les  vmgt-quatre  heures.  Fix  sera  arrêté  —  On  le  charge 
d'interroger  Wiirtz,  Wohringer,  Lieber  et  autres,  et  d'exa- 
miner les  flemaudes  de  mise  en  lil)erté  au  Séminaire  — 
23  décemljre.  Il  détend  au  commandant  du  Séminaire  de 
ne  laisser  entrer  aucune  espèce  de  mangeailies  ou  boissons, 
sans  un  ordre  exprès  de  Monet  —  25  décembre.  Avant  de 
se  dissoudre,  le  Comité  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin 
ordonne  de  lui  payer  ses  appointements  sur  le  pied  lixé  et 
le  recommande  pour  ôti'e  maintenu  agent  national  du  dis- 


us  lOMni  K  LA  iffOLOTlOII 


497 


trict  de  Strasbourg  —  6  février  1794.  Monet,  en  le  qualifiant 
d'ex-agent  national  du  district  de  Sélestadt,  rinforme  que 
la  translation  de  son  district  a  été  arrêté  le  5,  et  que  Séle8> 
tadt  sera  le  chef- lieu.  Puis  il  ajoute:  les  gros  marchands  de 
Barr  vont  dire  que  les  progrès  de  la  Révolution  diminuent 
avec  leurs  écus  —  9  avril.  Agent  national  du  district  de 
Benfeld,  séant  à  Sélestadt»  il  se  diBCUlpe  vis-à-vis  des  Barrois, 
d*avoir  oontribuA  au  transfôrement  A  Sélestadt  du  district 
qu'eux-mêmes  avaient  enlevé  A  Benfeld  ~9  juUlet  En  cette 
qualité,  il  mande  à  Monet  que  c'est  à  lui,  et  non  à  la  muni- 
cipalité de  Barr,  que  lagent  de  Strasbourg  aufait  dû 
s'adresser  pour  obtenir  rarreatation  du  pasteur  Fritz,  que 
la  Sodété  populaire  de  Barr  prend  maintenant  sous  sa  pro- 
tection. Puis  il  clôture  sa  lettre  en  ouvrant  son  coeur  à 
Monet  : 

Juge  de  là  à  l'esprit  du  peuple.  Juge  des  Argoa,  que  j'ai.  Consulte 
mon  Age  et  Toii  moi  abandonné  de  tout  lei  cétés.  Sans  pilotes,  saoa 
aide,  lana  amL  Ah,  sans  donte.  Ta  seras  tenté  à  me  sauver  de  ce  pur- 
gatoire, dans  leqvel  tous  m'aves  flanqné. 

Dens  ce  mois,  il  fit  arrêter  buit  pasteurs  protestants  et 
six  rabbins  du  district  de  Benfeld,  lors  du  passage  du  géné- 
ral Diécbe,  allant  dans  le  Haut-Rhin  — 14  août  D  informe 
Monet  que  les  Golmariens  l'ont  indignement  traité  au  Qub: 
tTû  es  le  Gatilina  de  l'Âlsae^,  tyran  qui  captive  la  volonté 
des  représentants  du  peuple,»  etc.  —  25  octobre.  Il  est  radié 
de  la  Société  des  jacobins  —  16  juin  1795.  n  figure  sur  la 
liste  supplémentaire  des  émigrés  du  district  de  Sélestadt. 

Etienne  Bartq. 


BULLETIN  BIBLIOGUAPUIQUË 


I 

Gorreqxmdanoe  politique  adressée  aa  Sfagistrmt  de  Strashmirg 
paries  agents  à  Metz  (ir>'J4-l<!8.'?).  tirée  dos  archives  tntinicipalcs  de 
Strasbourg  et  publiée  pour  la  premit're  t'ois,  avec  note^i  oxplii-àtivcs 
et  tulilf's,  par  ^IM.  E.  ok  Boiteh.ler  et  EuaicxE  Hkip  —  l'aris, 
imi»ruui;rio  de  lîerger-J^evruult  et  C",  édileiira,  1<S82 —  1  vol.gr.  in-h" 
de  XVII-463  pp.  —  Prix  10  fr.  à  la  librairie  Berger-Levraalt  et  O, 
5  me  des  Beanz-Arta,  Paria. 

La  maison  Berger^Leyranlt  a  donné  des  soins  particuliers  & 

l'impression  de  ce  recueil:  beaux  caractères,  beau  papier, 
tirage  irréprochable  font  de  ce  volume  uu  des  plus  cossus  et 
dos  plus  élé{ï!ints  de  nos  nls((tf(p(es.  On  le  découpe  avec  prt'- 
caution  et  on  y  touche  avec  les  égards  qui  sont  dûs  ù  la 
typo^aphie  artistique.  Avant  de  le  j)lacer  dans  sa  collection, 
Tami  des  livres  concernant  TAlsace  aura  soin  do  lui  procurer 
une  reliure  assortie  et  respectueuses  des  marges  que  les  pro- 
cédés mécaniques  outrageraient  d'une  façon  regrettable.  Âu 
point  de  vue  matériel,  le  livre  a  droit  à  ces  recommandations. 

Qu'en  estril  des  doeuments  que  ce  volume  renferme  et  des 
notes  qui  suivent  les  documents?  MM.  de  Boutdller  et  Hepp 
ont  pensé  que  si,  au  premier  aspect,  quelques-unes  des  pièces 
paraissent  n*avoir  qu*une  portée  historique  discutable,  U  ne 
leur  était  pas  permis  de  les  élaguer  d*ttne  collection  formant 
un  tout  homogène,  une  série  complète  des  informations  diplo- 
matiques dont  la  vigilante  République  de  Strasbourg  tenait  à 
s'entourer.  Dans  les  archives  de  ce  genre,  il  y  a  en  effet,  entre 
toutes  les  pièces  qui  y  sont  conservées,  une  connexité  si 
étroite  (nfelle  ne  saurait  être  bien  comprise  quTi  la  suite 
d'une  étude  dét^iilléc  ot  suivit»  de  rens('ml)le  des  documents. 
Il  faut  donc  louer  les  éditeurs  de  n'en  avoir  exclu  aucun  du 
beau  volume  offert  aux  amis  de  noti'e  histoire  locale. 


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429 


Ces  pièces  sont  au  nombre  de  trois  cent  vingt,  embrassant 
une  période  qui  commence  le  16  avril  1594  et  qui  finit  le 
12  juin  1683,  c'est  à  dire  un  siècle  presque  complet  Elles  sont 
dues  à:  Jacques  de  Saint-Aubin,  de  Flavigny,  Paul  Lallement, 
Bongars,  Jehan  Durant,  un  anonyme  et  Jalon.  Elles  se  rap- 
portent à  peu  près  toutes  à  des  laits  extérieurs  sur  lesquels  la 
République  de  Strasbourg  avait  besoin  d*ètre  renseignée.  Ce 
fond  constitue  donc  une  partie  intéressante  des  archives  diplo- 
matiques de  la  ville  pendant  le  siècle  qui  u  précédé  le  retour 
de  Strasbourg  à  rancieune  Gaulo. 

Quarante  et  une  pages  d'annotations,  suivies  de  deux  excel- 
lentes tables  des  matières,  terminent  le  volume.  Les  annota- 
tions répondent  strictement  aux  exigences  d'une  publication 
de  ce  genre;  mais  elles  auraient  pu  être  plus  complètes  si 
MIL  Hepp  et  de  Bouteiller  se  fussent  Mi  aider,  dans  cette 
partie  de  leur  louable  travail,  par  une  personne  s*étant  plus 
particulièrement  occupée  de  Thistoire  de  la  métropole  de  la 
province.  Nous  aurions  aimé  encore  qu'au  bas  des  pages,  de 
brèves  indications  eussent  donné  un  trait  de  lumière  qui 
aurait  permis  au  lecteur  de  s'orienter  instantanément  sur  les 
faits  extérieurs  auxquels  les  correspondants  de  la  République 
font  allusion  dans  leurs  missives. 

Ces  réserves  ne  portent  aucune  atteinte  au  mérite  réel  du 
volume  que  nous  venons  de  décrire  et  qui  se  recommande  par 
lui-même  à  la  sérieuse  attention  des  historiens  français  et 
alsaciens. 

Dans  leur  avanti»ropos,  MM.  Hepp  et  de  Bouteiller  nous 
donnent  un  aperçu  fort  lucide  sur  l'organisation  communale 
de  Strasbourg  depuis  ses  origines  jusqu'à  l'avènement  du 
régime  nouveau.  Mais  n'y  art-il  pas  contradiction  dans  cette 
remarque  :  qu'à  l'époque  oh  Strasbourg  dans  tout  son  éclat  de 
ville  libre,  relevant  immédiatement  du  SaintrEmpire  germar 
nique,  formait  une  véritable  république  sans  lien  de  suzerai- 
neté d'aucum  sorte?  Par  le  fait  seul  de  sou  immédiateté, 


480  aivDB  0*AU*ci 

comme  d'autres  villes  de  la  décapole,  le  lien  de  suzeraineté 
pulitiiiuo  la  rattachait  au  Saint-Empire.  Cela  est  si  vrai  pour 
toutes  les  villes  libres  d'Alsace,  qu'aussitôt  élu,  lo  roi  des 
Romains  devenait  presque  toujours  lieuteuaut  de  l'empereur 
dans  la  province.  Ce  qui  u'euipôcha  point,  il  est  vrai  encore» 
le  Magistrat  de  Strasbourg  de  savoir  sauvegarder  ses  anciens 
droits  et  phYiléges  locaux  avec  une  intelligence  et  une  fer- 
meté qui  ne  se  rencontraient  point  ailleurs  et  qui,  à  la  longue, 
surtout  au  xn*  siècle,  lui  créèrent  une  situation  comparable 
à  celle  de  la  souveraineté,  «sans  lien  apparent  de  suzeraineté 
d'aucune  sorte». 

n 

Mémoires  de  la  Société  d'émulation  de  Montbéliard  — 
XIII*  volume  —  —  Montbéliard,  luiprimerie  do  Barbier  frères, 
1881  —  1  voL  io-S»  d«  86  pp.,  aree  YIH  plaadiei  et  9  eartet. 
Les  matières  qui  composent  ce  faseienle  offrent  un  intérêt 
particulier  se  rattachant  aux  origines  de  la  Société,  à  son 
développement,  à  l'esprit  qui  n'a  cessé  de  l'animer,  au  but 
qu'elle  veut  atteindre,  aux  travaux  qu'elle  a  réalisés,  aux 
richesses  qu'elle  a  réunies  et  aux  vues  qu'elle  cultive  pour 
l'avenir.  11  y  a  chez  les  personnes  qui  se  succèdent  dans  la 
direction  des  études  un  ensemble  de  ressources  convergentes 
qui  caractérisent  cette  association  et  qui  témoignent  d'une 
louable  persévérance  dans  les  voies  que  la  tradition  a  ouvertes 
aux  inteUigences  de  Tancienne  principauté.  On  sera  convaincu 
de  Pexaetitttde  de  ces  remarques  lorsqu'on  aura  lu  les  r^ 
ports  de  MM.  Jeanmaire,  Ebersolt  et  Séguin  sur  les  travaux 
de  la  Société  pendant  les  années  1877, 78, 79  et  80,  et  surtout 
la  lettre  de  M.  le  président  de  la  Société  à  M.  le  ministre  de 
linstruction  publique,  en  réponse  à  la  circulaire  du  11  juil- 
let 1880.  Oes  documents,  avec  quelques  autres  d*ordre  secon- 
daire, remplissent  la  première  partie  du  fascicule.  La  seconde 
partie  est  occui)éc  par  deux  mémoires  concernant  Thistoirc 
locale.  Le  premier,  qui  est  dû  à  M.  ïrouiilet,  capitaine  du 


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BOLLBTIM  BBUOGBAraïQtlB  481 

génie,  est  une  étude  topographique  et  militaire  ayant  pour 
but  do  déterminer  le  lieu  où  Jules  César  et  Ârioviste  se  ren- 
contrèrent et  où  se  livra  la  bataille  qui  purgea  Tancieune 
Séquauie  de  l'occupation  Allémane  et  mit  la  rive  gauche  du 
Khin  sous  la  duini nation  romaine.  Cette  question,  souvent 
traitée  par  les  historiens  et  bur  laquelle  le  dernier  mot  sem- 
blait avoir  été  dit  dans  la  Vie  de  Jules  César,  par  Napoléon  III, 
est  reprise  en  sous-œuvre  par  M.  le  capitaine  Trouillet,  qui 
pense  Tavoir  élucidée  au  moyen  de  ses  recherches  top(^a- 
phiques  et  d'une  minutieuse  discussion  des  points  de  repère 
recueillis  dans  les  Commentaires,  La  conclusion  de  ce  travail 
aboutit  à  la  rencontre  des  deux  armées  dans  la  plaine  ondulée 
de  la  Haute-SaOne,  dont  Arcey»  Saulnot  et  CorceQe  sont  les 
extrémités  triangulaires.  Le  monticule  ob  se  trouve  la  vierge 
de  Saubiot  serait  le  point  ob  eut  lieu  l'entrevue  des  deux  cbefii 
avant  la  bataille.  L*étude  est  bien  conduite  et  sa  lecture 
attentive  dispose,  un  peu  laborieusement,  il  est  vrai,  Tesprit 
du  lecteur  à  admettre  la  conclusion.  Mais,  h  Taspect  de  IMti- 
néraîrc  tracé  sur  la  carte,  on  ne  jieut  disconvenir  que  l'auteur 
a  dû  i)rêter  au  Druide  Eduen  Divitiac  et  au  général  romain 
toutes  les  ressources  de  la  stratégie  moderne  pour  faire 
prendre  à  l'armée  victorieuse  le  chemin  qui  devait  la  mettre, 
après  sept  journées  de  marche,  en  présence  des  envahisseurs 
dans  la  plaine  de  Saulnot.  Cela  ressemble  quelque  peu  à  la 
tactique  de  Turenne  se  dérobant,  après  la  bataille  d'£ntzheim, 
derrière  les  Vosges  SOUS  le  prétexte  d'y  prendre  ses  quartiers 
d'iiiver,  et  apparaissant  inopinément  à  Belfort,  Mulhouse,  et 
finalement  à  Turckbeim  ob  il  culbuta  les  impériaux  et  les 
chassa  définitivement  de  TAlsace.  Quoi  qu*il  en  soit,  la 
méthode  inducUve  de  M.  le  capitaine  Trouillet  aura  servi  à 
donner  de  la  précision  à  une  coigecture  historique  exprimée 
depuis  longtemps  par  d*autres  écrivains:  selon  qu'on  se  pro- 
noncera pour  l*une  ou  pour  l'autre  version  des  Conmientabres, 
quiuque  ou  qiwi<imginta^  laplained'Arcey-SaulnotonFrancbe- 


488 


uvn  d'albacb 


Comté  et  la  plaine  d'Ensishcini-r'ernay  en  Haute-Alsace 
demeureront  seules  en  concurrence  pour  revendiciucr  lo 
souvenir  d'un  événement  mémor&ble  du  siècle  qui  a  précédé 
Tère  moderne. 

Les  notes  du  très  regretté  Henri  L'épée  sur  les  dernières 
fouiUes  exécutées  par  lui  am  environs  de  Montbéliard«  ter- 
minent lintéressante  publication  de  la  Société.  Les  objets 
découverts  dans  ces  fouilles  sont  décrits  avec  une  compétence 
par&ite  dans  les  notes  et  le  dessin  en  est  bien  reproduit  sur 
les  huit  planches  qui  accompagnent  les  notes.  Nous  en  comp- 
tons six  en  silex  et  os  trouvés  aux  abris  du  QiaMkm^  quatre 
en  silex  de  la  caverne  ^AJlmiâans,  quatre  de  même  nature 
de  la  caverne  de  Roche-Dane,  quatre  pointes  de  Hèche  en  silex 
et  doux  nionuairs  i4uuI(ll^L^^  du  caiu])  de  Chatdilion,  le  mémo 
nombre  do  pointes  de  tlècbe  et  deux  haches  de  pierre  du  camp 
de  Demndafi.^,  deux  pointes  do  lance,  deux  épinp;les,  une 
pointe  barl)ée  de  Hèche,  un  bame(;on  et  autres  objets  en  pierre, 
en  bronze  et  en  fer  de  la  caverne  de  La  Baume,  divers  objets 
en  bronze  trouvés  à.  Audincourt.  L'avant-dernière  des  planches 
représente  le  camp  du  Ohmont  otles  sépultures  que  M.  L'épée 
y  a  ouvertes,  tandis  que  l'ultime  reproduit  en  grandeur  natu- 
relle les  divers  objets  en  fer,  etc.,  que  Tinventeur  a  sortis  des 
tombes.  M.  Henri  L*épée  était  un  travailleur  éclairé,  un  ami 
du  passé  et  du  présent  de  son  paya,  une  nature  aimable  et 
dévouée  aux  travaux  de  l'esprit  et  de  la  Société  d'émulation, 
dont  il  fût  l'un  des  principaux  auxiliaires.  Un  des  premiers,  il 
a  compris  que  le  sol  couvre  ses  archives  et  un  des  premiers 
encore  il  les  a  interrogées  avec  amour  et  sagacité.  En  éditant 
ses  notes  posthumes  la  Société  lui  rend  hommage  en  même 
temps  qu'elle  rend  service  à  la  science.  On  trouvei  a  dans  les 
notes  qui  nous  occujient  la  trace  exacte  et  indiscutable  des 
diverses  étapes  de  I  humanité  préhistorique  au  pays  de  Mont- 
béliard. 

FnftDÉRIG  EUBTS. 


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LETTRES  INÉDITES 

DK 

F.  J.  PROllDHON  A  SON  AU  JOUV£NOT 


Un  aimable  profeesenr  de  lUniTenité  a  Iden  toiiIii  nous 

faire  communiquer  cinq  lettres  autographes  de  P.J.  -Proudhon,  . 

devenues  la  propriété  de  M.  Ch.  Boilley,  d'Arbois  (Jura).  De 
son  côté,  M.  Boilley  a  eu  la  gracieuseté  d  auturiser  la  Revue 
d'Alsace  à  les  publier  in-extenso.  Nos  lecteurs  s'associeront  à 
nous  pour  remercier  ces  messieurs  de  leur  bienveillante 
attention.  Quel  que  soit  le  point  de  vue  oîi  l'on  se  place 
pour  apprécier  les  lettres  de  Proudhon,  elles  ne  manqueront 
pas  d'offrir  beaucoup  dlntérêt  pour  notre  bistoire  contenu 
raine. 

Jouvenot,  à  ^  ces  lettres  fiirent  éeritee,  était  composi- 
teur d^imprimeiie  chez  H.  Ja? él,  imprimeur  à  Arbois,  eii 
Ftoudbon,  simple  oumer  imprimeur,  était  allé  pour  la  com^ 
position  d*une  édition  estimée  de  l*faistoire  du  comté  de 
Bourgogne  par  Dnnod  et  publiée  par  JavéL  (Test  là  que 
Proudbon  et  Jouvenot  se  sont  connus  et  liée  d'amitié.  Us 
prenaient  ensemble  leurs  repas  dans  une  modeste  «uberge 
tenue  par  la  fiunille  C. . . .  et  Pou  a  conservé  à  Arbois  le 
souvenir  que  Proudhon  avait,  sans  qu'il  s'en  soit  probable- 
ment jamais  douté,  inspiré  un  amour  profond  à  Tune  des 
tilles  de  la  maîtresse  de  pension. 

Ainsi  qu'on  le  verra  &  la  lecture  des  lettres  qui  suivent 
MouveUe  Sém.  —  li~  Mwto.  88 


484  uval  »*AUâai 

Proudbon  n'oublia  jamais  ceux  qui  ftTaient  été  ses  premiers 
compagnons  de  travaiL 

* 

B«Mnsoii,  10  ttfrier. 

Mon  cher  Jomnoti 

Si  les  ouvriers  alloient  au  gré  de  mes  désirs,  tous  auries 
reçu  ma  réponse  deux  heures  après  la  réception  de  votre 
lettre.  Vous  êtes  bien  négligent  avec  vos  amis;  mais  il  ne 
s^agit  pas  de  cela. 

J'ai  fait  voir  votre  lettre  h  Plumey;  je  l'ai  lue  à  Trimaille, 
qui  a  travaillé  plus  de  six  mois  chez  M.  Simon,  en  qualité  de 
prote  et  de  correcteur,  et  VvnA  de  chacun  est  que  youb  alliai 
chef  ce  M.  Simon.  U  ne  me  reste  plus  qu'à  tous  donner 
quelques  renseîgnemens  sur  lliomme. 

D'après  tons  les  rapports,  ce  M.  Simon  serait  une  espèce 
d*orl^na],  pen  prévenant,  point  aibble,  asseï  intéressé,  et 
dHine  hnmeor  bonrme  et  difficile. 

Avtant  que  j'ai  pu  juger,  Trimaille,  qui  lui  convenait  pour 
tout  le  reste,  lui  a  laissé  à  désirer  pour  la  correction  des 
épreuves.  Le  Père  Burdin  qui  remplaça  Trimaille,  ou  plutôt 
le  supplanta,  comme  vous  vous  en  doutez  d'avance,  fit  encore 
pis.  Il  paraît  aujourd'hui  que  le  successeur  à  tous  deux  ne 
fait  guère  mieux.  J'ai  même  appris  que  l'on  avait  renvoyé 
pour  12,000  fr.  de  ballots  au  s' Simon,  à  cause  de  l'abominable 
correction  des  épreuves.  £t  pourtant  il  ne  (ait  que  dee  réim- 
pressions d'auteurs  classiques. 

Or,  sous  tous  les  rapports,  tous  pouvei  ftire  aussi  bien 
d*une  part  que  TMmaille,  pour  ce  qui  regarde  le  matériel 
d*une  imprimerie,  et  mieux  que  tous  vos  devanciers  pour  la 
correction.  Hardi,  donc,  mon  cher;  Trimaille  avait  obtenu  de 
Simon  100  fr.  par  mots,  le  pèm  Burdin,  de  60  à  80;  réglez- 
vous  là-dessus. 


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Limn  M  nuwMoii  486 

.Te  sais  de  plus  que  Simon  n  cst  pas  un  homme  fort  habile, 
ni,  comme  l'on  dit,  capable  de  vous  en  remontrer;  mais  je 
sais  aussi  qu'il  n'entend  pas  trop  raillerie  sur  les  noces,  les 
riole^;...  ceci  soit  dit  sans  iuteation  de  vous  faire  une 
épi^amme. 

Adieu,  mon  brave;  si  tous  ne  vous  arrangez  pas  avec 
Simon,  totgours  iaut-îl  que  tous  tous  dirîgies  sur  Besançon 
ob  je  compte  tous  voir  avant  8  jours. 

Votre  ami, 

P.«J.  Pboudhoit. 

P.  S.  —  Juges  du  plaisir  que  j*ai  à  vous  écrire,  par  mon 
griffonnage:  on  n*est  guère  maître  de  sa  main  en  parefl  cas. 

Siiscription 

Monsieur,  Monsieur  .Touvenot,  compositeur  chez  M.  Auguste 
Javel,  imprimeur  à  Arbois  (Jura). 

N.  B.  —  Le  timbre  de  la  poste  donne  l'année  à  laquelle 
cette  lettre  fut  écrite:  11  février  1835.  Arrivée  à  Arbois  le 
même  jour. 


Paris,  3  août  1889. 

Mon  cher  et  ancien  collègue, 

J*ai  des  torts  envers  vous:  je  ne  me  pardonnerais  pas  de 
vous  avoir  si  longtemps  négligé,  si  je  ne  trouvais  mon  eicuse 
dans  la  multitude  de  mes  occupations  et  de  mes  ennuis.  Vous 
croyez  sans  doute  que  j'ai  cessé  d*étre  homme  parce  que  je 
suis  apprenti-savant,  et  qu'au  milieu  des  bibliothèques,  j'ou» 
blie  les  bords  du  Doubs,  et  mes  anciens  confrères:  vous  vous 
trompe/  du  tout  au  tout.  Vous  serez  surpris  quelque  jour,  de 
me  voir  rentrer  dans  la  condition  de  correcteur  d'épreuves, 
de  laquelle  je  ne  devais  jamais  sortir.  Je  n'aime  point  la 
science,  je  méprise  les  savants,  je  hais  les  gens  de  lettre, 


4M  iivoi  »*âLiACi 

fabhorre  tont  ce  qui  de  près  on  de  lofai  sent  PAcadémie  et 

l'Université.  Je  tâche  de  m'arranger  pour  redevenir  uu 
homme  de  rieu  ;  car  ou  n'est  à  son  aise  que  dans  le  néant. 

J'ai  passé  une  année  exécrable:  travaillant  et  correspon- 
dant, méditant  et  écrivant,  sans  récréation,  sans  plaisir, 
fatigué  des  hommes,  de  Tétude  et  de  moL  Je  suis  vieilli  de 
6  ans:  le  mauvais  régime,  le  jeûne,  oui  le  jeûne,  la  fatigue  el 
les  afiaires  m'ont  épuisé.  H  est  possible  que  je  ne  reyienne 
pas  à  Paris  Tannée  prochaine;  tant  ce  s^our  meftit  horreur. 
Je  prends  en  grippe  jusqu'à  ceux  qui  le  louent  et  qui  s'y 
plaisent 

Vous  n'aurez  jamais  peut-être  le  malheur  de  vous  fautilor 
avec  Ter^pèce  que  Ton  nomiiie  Utthateiirs  ou  savants;  vous 
serez  lifurcux  de  ne  voir  ])as  riiumanité  par  son  côté  le  plus 
laid.  Voulez-vous  estimer  vos  semblables?  allez  à  Mesmay,' 
levez-vous  à  3  h.  du  matin  avec  les  paysans,  travaillez  tout  le 
jour  et  couchez-vous  à  10  ou  11  h.  Le  dimanche,  donnes 
entre  messe  et  vêpres  sur  la  pelouse,  à  Tombre  d'un  vieux 
pommier;  et  le  soir  buvez  une  pinte  de  plus.  Voilà  ce  que 
j*H»pelle  une  vie  de  sanctification;  les  hommes  dont  je  parle, 
au  contraire,  sont  une  engeance  perverse  quil  firadrait 
enterrer  dans  du  fumier  de  cochon. 

Votre  compatriote  Javel  '  m'est  venu  honorer  de  sa  visite: 
il  était  dans  une  débine  comparable  il  celle  de  notre  père 
Adam  sortant  du  paradis  terrestre.  11  est  reparti  avec  le 
produit  d'une  petite  collecte.  Je  l'avais  adressé,  avec  une 

'  Mesmay,  village  rapproché  d'Arboia  oà  l'on  récolte  d'ezcellaiU  via. 

*  Javel  revint  à  Arbois,  où  noos  le  retrouvons  en  1846.  C'est  en  cette 
année  qu'il  imprima  et  édita  la  nouvelle  édition  des  Mémoires  hisiori' 

qi(cs  ih'  la  réj>!ihliqu€  ftéquanoixe  et  dea  princes  de  la  Franche-Comté  de 
Bourgogne,  par  M.  LoYS  Gollut,  avocat  au  jHirleuient  et  professeur  de 
littérature  latine  à  l'univernU  de  Dôle,  sur  deux  colonnes  de 

XXIV— 2089  p. 


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umii  M  wmam  487 

lettre,  au  baron  Delort,  le  pbts  obligeant  des  hommes,  surtout 
pour  les  Arboisiens.  Javel  a  été  reçu  comme  un  chien,  et 
presque  mis  à  la  porte.  Les  grands  obligent,  oui;  mais  c'est 
quand  il  y  a  pour  eux  de  l'honneur  et  du  protit  à  obliger.  Le 
général  Delort  ira  parler  à  Loiûâ-Philippe  en  faveur  de  la  ville 
de  Besançon  :  il  laissera  périr  un  oiisérable  faute  d'une  che- 
nûse  ou  d'une  pièce  de  100  s. 

Ces  considérationB  sur  les  grands  se  multiplient  diaque 
jour,  et  j'en  tiens  regifitre.  Je  tous  avoue  que  si  Barbés  avait 
jeté  dans  la  Seine  les  Tuileries,  le  Palais  Bourbon,  le  Luxem- 
bourg, la  Préfecture  de  police,  et  les  cinq  académies,  il 
m'aurait  fait  plaisir.  Il  aurait  fallu  avec  tout  cela  brûler  tous 
les  journaux  et  bâillonner  tous  les  écrivassiers.  Barbes  eut 
été  alors  le  premier  homme  du  monde.  Mais  il  n'a  pas  moins 
eu  l'estime  des  contemporains,  qui  lui  tiennent  compte  de  ses 
efiorts.  La  volonté  était  bonne. 

Je  viendrai  bientôt  au  secours  de  ces  pauvres  prolétaires, 
de  cette  canaille  qui  n*a  rien  et  à  laquelle  nous  appartenons, 
TOUS  et  mot  Us  n*ont  pas  encore  trouvé  d*aT0cat  La  cause 
est  pourtant  belle.  Mais  il  n'y  a  pas  dlionoraires,  et  les  juges 
sont  ga^és. 

Mon  plaidoyer  est  commencé,  et  j'y  travaille  tous  les  jours. 
Ce  sera  un  beau  tapage.  Mais  il  n'y  aura  ni  oJi  ni  ah:  Galilée 
prouvant  le  mouvement  de  la  terre  n'avait  pas  mieux  raison. 
Encore  un  peu  de  temps  1 

J'ai  reçu  de  tos  nouTelles  de  temps  en  temps  par  ma  mère  : 
je  TOUS  remercie  de  ne  TaToir  pas  tout  à  &it  négligée  :  elle  ne 
se  loue  pas  autant  de  gens  que  Ton  aurait  crus  m'être  plus 
attachés  que  tous.  Je  suis  sûr  que  tous  stoz  déjà  grogné 
contre  moi:  tant  mieux,  cela  est  une  preuve  que  vous  ne 
m'oubliez  pas.  D'ailleurs  vous  n'êtes  pas  le  seul  qui  vous 
soyez  plaint:  ce  qui  n'empêche  pa:i  que  je  n'aie  écrit  plua  de 
cent  lettres  cette  année. 


488 


Après  tout,  vous  êtes  de  tous  ceux  à  qui  j'écris  et  qui  86 
plaignent  de  moi,  celui  à  qui  j'ai  le  plus  d'obligation:  ils  me 
demandent  des  lettres  ;  vous  ne  me  donnes  pas  signe  de  vie. 
Je  TOUS  reconnais  là  :  eh  bien,  e^est  moi  qui  viens  tous  pincer 
l'oreille,  qnand  tous  n^  comptes  plus,  et  au  moment  de  partir 
de  la  capitale.  Encore  un  mois,  un  grand  mois  de  31  jours,  et 
Je  secouerai  la  poussière  de  mes  pieds  contre  ce  gueux  de 
Paris,  où  je  ne  souhaite  pas  de  vous  voir. 

Ceux  qui  m'écrivent  me  donnent  en  général  fort  peu  de 
détails  sur  ce  qui  se  passe  à  Besançon  parmi  les  personnes 
de  ma  connaissance.  Comme  vous,  mon  cher  Arboisien,  ils  me 
font  rhonneur  de  me  supposer  indifférent  à  tout  ce  qui  peut 
affecter  le  pays  et  les  hommes.  On  croirait  agir  sottement  de 
me  raconter  des  détails  qui  mintéresseraient  pourtant  beau- 
coup; et  lorsque  f  espère  me  rafiratchhr  le  sang  en  ouvrant 
une  lettre  timbrée  de  Besançon,  Je  ne  trouve  souvent  que  dos 
détails  chagrinants  sur  mes  affidres,  ou  des  conversationB 
littéraires,  politiques  et  scientifiques. 

Vous  ne  m'écrirez  pas  cette  année;  car  avec  votre  prompti- 
tude ordinaire,  vous  n'avez  plus  assez  de  30  jours  pour  faire 
une  lettre  :  J'irai  donc  chercher  la  réponse  moi-môme. 

Dantine  m*a  dit  que  Plumey  avait  été  malade,  et  qu*il  était 
convalescent  Je  lignerais  absolument  Je  voudrais  bien 
savoir  ce  qui!  va  devenir.  Depuis  que  je  suis  à  Paris,  j'ai 

faim  et  soif  :  si  je  déjeûne  deux  fois  de  suite  au  restaurant,  je 
prends  un  dégoût  horrible  :  il  n'y  a  que  la  famine  qui  puisse 
me  contraindre  à  manq;er.  Plus  d'une  fois  je  suis  tombé 
évanoui  de  besoin  avant  de  me  décider  à  aller  dîner.  Après 
cela,  croyez  que  je  fais  l'amour,  et  que  je  m'occupe  de  hlles. 
Bon  Dieu  1  je  ne  saurai  bientôt  plus  de  quel  sexe  je  suis. 

Adieu:  n*engraisses  pas  trop  ;  n^allez  pas  mourir  d*excès  de 
santé  :  et  quand  vous  buves  du  meilleur,  pensez  quelques  fois 
que  je  n'ai  pas  môme  de  l'eiiu  de  bonne  qualité.  C'est  ainsi 


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Ltmv  M  nouDHON  419 

4ii*on  recommanda  aux  bons  chrétiens  de  prier  pour  les  tré- 
passés dans  les  moments  de  r^ouissance. 

VatùUiÊ  tmntdrfiiM.  ét  Mmia  tamfflt  ntratêr  imwMliicifiro  ti 

Votre  topjonn  le  mêma, 
P.-J.  Pftouimcnr. 

P.  S.  —  Le  boDjour  à  votre  collègue,  IL  Priemier:  et  dites 
lui  que  j'espère  bien  qu'il  ne  me  garde  pas  rancune. 

Smcrvpixon 

  Monsieur,  Monsieur  Jouvenot,  correcteur  d'imprimerie, 
maison  Cbalandre,  Grande  rue,  à  Besançon. 


LE  ^KUPLS  GoBdnittiflb  16  J«ia  1861. 

pvriMSBt  troll  MsfVMMiM 
BURBAUX 

A  ^Afi»  Mon  vieux  confrère, 

PMX  DE  L'ABONKEMBNT 
PARIS  rr  DÉTAiiTniiNrs 

 JJfr-  Pendant  que  suis  en  train,  aujourd'hui 

Trou  moi;:::^::::::  e  ;  dimanche,  fête  de  s**  Trinité,  de  mettre  à  jour 


^^"^^^^^i^Aiy***       ™*  correspondance,  et  d'écrire  aux  Bisontins, 
—  Je  viens  fr^er  à  U  porte  de  votre  mémoire, 

6l  TOUS  demander  ce  que  vous  fûtes. 

Gomment  aTes-vous  passé  la  BéTolntion  de  1848?  —  Et 

avant  toutes  choses,  car  je  suis  bien  aise  de  savoir  à  qui  je 

parle,  êtes-vous  des  rouges  ou  des  blancs?  Signez-vous  la 
pétition  pour  la  révision,  ou  celle  contre  la  révision?  OU  en 
est  enhn  votre  baromètre  politique? 

Vous  sentes  bien  qu*un  révolutionnaire  de  ma  trempe  ne 
peut  pas  se  compromettre  à  la  légère,  en  écrivant  du  fond  de 
sa  prison  à  d*anciennes  connaissanees,  qui,  depuis  trois  ans, 
à  travers  tout  ce  gadds,  aniaient  pu  sans  crime,  prendre  leur 
estomac  pour  leur  conscience  et  crier,  7m  XEmigwmrt  en 


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] 


410  nvra  n'AUici 

s'imaginant  crier  Vive  la  Naluvi  !  Cela  est  arrivé  à  5  millions 
et  demi  de  Français.  La  typographie  bisontine  est-elle  tou- 
jours, Gomine  la  pariaieDiie,  Télite  et  la  fleur  des  patriotes  ? 

Nous  sommes  bien  mous,  bien  flasques,  bien  mats.  Voilà 
L.  BoUin  et  ses  ronges,  qni,  voyant  venir  1862,  et  couchant 
en  jone  la  Présidence,  flagornent  la  bourgeoisie  et  se  mettent 
à  bdler  les  plus  tendres  pastorales.  cKons  sommas  des 
c  hommes  à^ordre,'  nous  ne  voulons  point  d'anarcfcitf;  la 
•  famille,  la  religion,  la  propriété  ;  pas  de  loi  a^airel  »  Bret 
c*e8t  à  qui,  en  ce  moment,  se  fera  le  plus  conservateur  et 
mitou  mitaine.  Nous  tombous  en  république  honnête  et 
modérée  de  plus  belle.  Tas  d'intrigants  !  Tas  de  jongleurs  ! 
Ecoute  citoyen  Jouvenot:  dans  51  semaines  je  suis  libre  :  ils 
auront  encore  de  nies  nouvelles. 

£h  bienl  me  voilà  mahé,  père  de  famille;  je  peux  dire, 
comme  le  premier  bourgeois  de  Paris,  avec  la  même  solennité, 
tm  femmes  êt  nos  muants!  C'est  un  état  comme  un  autre. 
Dans  toutes  les  positions,  le  mal  et  le  bien  se  compensent  Je 
crois  que  dans  la  jeunesse,  jusqu'à  30  et  85  ans,  le  célibat 
absolu,  la  virginité  complète,  est  Tétat  qui  comporte  le  plus 
de  bonheur  réel;  —  et  que  ce  temps  passé,  il  y  a  des  jouis- 
sances particulières  au  mariage.  Pai  voulu  vivre  ma  vie 
entière,  je  suii  un  peu  marié  sans  l'être;  en  ce  sens  que  si 
j'ai  ajouté  à  mes  soucis  et  à  mes  charges,  j'ai  peut-être 
augmenté  ma  liberté  et  affermi  mon  caractère.  Si  vous  voulez 
mon  opinion  sur  le  mariage,  la  voilà.  Et  vous? 

Gomme  vous  êtes  enjésuités,  embéguinés,  encanaillés! 
pauvres  Bisontins!  Quand  donc  est-ce  que  la  sociale  viendra 
nettoyer  cette  écurie  d'Augias  V  Ahl  que  de  vérités  il  reste  à 
dire  1  Et  que  le  pauvre  peuple  a  encore  besoin  que  le  citoyen 
Proudbon  lui  dessille  les  yeux  1  Je  n*y  manquerai  pas  ;  Je  vous 
en  avertîB. 

Voyes-vous  mon  ami  Huguenot?  comment  se  tire-Ml  d*af- 
fidre?  Pourquoi  n*art-il  pas  accepté  llmpresslon  du  journal 


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démocrate  ?  Enfin,  paries  moi  un  peu  de  tout  et  de  tons  : 

depuis  trois  ans  les  petites  tilles  sont  devenues  grandes,  les 
vieux  ont  dû  s'éclaircir  encore  et  le  personnel  bouzebot  se 
renouveler.  Trouverais-je  encore  quelque  vigerou  (i)  au  petit 
battant  qui  me  reconnût? 

Mon  cher  Jouvenot,  je  suis  épuisé,  usé,  calciné  :  je  me  sens 
tirer  à  la  tin,  bien  que  la  mine  soit  excellente,  et  que  je 
paraisse  plus  frais,  jeune  et  vigoureux  que  jamais.  J'ai  trop 
fait  travailler  la  cenrelle,  et  trop  laissé  engourdir  mes  mem- 
bres. Je  ne  vaux  phu  rien  :  il  n'y  a  qne  le  vieux  rouge  qui 
m'attache  à  Texistence.  Je  ?ous  avoue  mon  faible;  c'est  peut- 
être  à  cela  que  tient  ramitîé  particulière  que  j'ai  toiqours  eue 
pour  mon  père.  Mais  tous?  on  dit  que  vous  n'êtes  plus  de 
votre  pays,  que  vous  êtes  sage,  réglé,  tempéré  comme  un 
mettre  d'études.  Est-ce  que  vos  épreuves  auraient  déteint  sur 
votre  âme,  par  hasard?  Et  à  force  de  lire  des  Mois  de  Marie, 
auriez-vous  fini  par  prendre  le  scapulaire?  Porteriez-vous  les 
sacrés  stigmates  ?  Ce  serait  un  crime  que  je  ne  pardonnerais 
jamais  à  la  librairie  Chalandre,  vous  pouvez  le  dire  à  votre 
patron,  qui,  pour  son  couiptp,  s'en  fiche  pas  mal  !  —  

Adieu  mon  vieux  camarade.  Conservez  soiiziieuscment  votre 
position  ;  vivez  en  paix  dans  la  médiocrité  d'Horace,  et  hors 
le  cas  d'absolue  nécessité,  ne  faites  point  parler  de  vous.  Sur 
ce  je  prie  Bachus  et  Cornus  de  vous  avoir  en  leur  sainte  et 
digne  garde 

Votre  tout  dévoué, 

Pé-J.  PnOUDHOV. 
Paris,  19  norembi»  186& 

lion  cher  Jouvenot, 
Je  viens  vous  demander  un  petit  service  de  camarade. 

C'est  d'hier  seulement  que  je  sais,  par  Denirier,  qu'il  existe 
dans  la  dernière  édition  du  ZHUionnaire  théologique  de  Bebqi£&> 


44t  nvoi  o*AUâCi 

par  M.  Chalandre,  deux  ou  trois  articles,  soit  notet,  soit 

articles  de  texte,  à  mon  intention  particulière,  et  dans  les- 
quels je  ne  ne  suis  pas  trop  bien  traité. 

Auriez-vous  Tobligeance  de  me  dire  quels  sont  ces  artîclee, 
queUe  en  est  la  substance,  qui  les  a  écrits?  s'il  s'y  trouTe 
quelques  lignes  qui  méritent  que  vous  les  citiei,  flUtes-en 
Peitrait,  et  euToyes-les  moL  Ou  mieux  encore,  si  ces  articlee 
n'étaient  pas  d*une  longueur  excessive  et  ne  demandaient» 
par  exemple,  qu'une  journée  ou  deux  de  travail  pour  en  faire 
la  copie,  chargez-en  quelqu'un  ;  je  vous  forai  remettre  aussitôt 
ce  que  vous  aurez  jugé  h  propos  de  donner  de  gratification. 

Je  possède  une  édition  de  Bergier,  publiée  par  la  maison 
Chalandre,  et  c'est  ce  qui  m'empêche  de  me  procurer  la 
dernière.  Mais  mon  exemplaire  porte  la  date  de  1843,  et  je 
n'y  ai  rien  vu  qui  me  concemftt  personnellement 

Quelque  fois  on  trouve  de  ce  qu*on  appelle  mptrfeàlMn 
dHine  librairie,  de  quoi  satisfaire  un  curieux  qui  ne  chercbe 
qu'un  texte  à  recueillir.  —  Si  c'était  le  cas  pour  vous,  vous 

pourriez  mettre  la  feuille  en  question  sous  enveloppe,  et  me 
l'adresser. 

Enfin,  je  me  contio  à  votre  obligeance  pour  ce  renseigne- 
ment, qui  me  sera  utile,  et  que  j'ai  besoin  de  recevoir  sous 
hmtjwm,  au  plus  tard. 

Je  pars  du  25  'au  30  et  pour  la  Belgique,  oii  Je  vais  fiiire 
éditer  un  ouvrage  qu'il  n'y  aurait  pas  pour  moi  sdreté  de 
publier  à  Paris,  et  dont  au  surplus  personne  ne  veut  se 

charger.  Répondez-moi  d'ici  là,  sauf  empêchement 

Comniont  êtes-vous  avec  M.  Chalandre?  En  1852,  vous 
m'avez  paru  satisfait  de  votre  position  ;  y  trouvez-vous  tou- 
jours les  mêmes  avantages  V  Je  ne  vous  charge  pas  de  mes 
salutations  pour  votre  patron,  malgré  la  bienveillance  qu'il 
m'a  témoignée  à  plus  d'une  reprise:  je  craindrais  qu'il  ne  prit 
cette  liberté  de  ma  part  pour  une  familiarité  Indiscrète. 


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UnUB  M  PMWBMN  448 

Mais,  à  défaut  du  chef,  parlez-moi  de  ceux  que  j'ai  connus, 

Jouôroy,  Jobar,  etc. 

J'ai  appris  la  mort  de  ce  bon  Thourè,  par  son  frère  qui  est 
venu  à  Paris  faire  une  grande  musicienne  de  sa  tille,  et  qui 
a  dépensé  pour  cela  ses  dermères  ressources.  Le  pauvre 
honune ! . . . . 

On  dit  que  Plumey  est  la  cheville  ouvrière  de  la  municipa- 
lité bisontme  et  qu'il  gouverne  la  ville,  comme  le  hls  de 
'  Thémistocle  gouvernait  Athènes.  Si  vous  le  voyez,  vous  lui 
flotihaitereB  le  boiyoïir  de  ma  part  Je  vondraiB  aayoir  ce 
qu*eBt  devenii  son  fils  :  il  a  dû  aller  en  Crimée. 

Le  fils  de  Plnmey  me  isit  penser  au  fils  d*Hngaenet,  qui 
était,  je  crois,  de  la  réserve.  Est-il  aussi  parti,  céluirlà?  Quand 
donc  est^e  que  le  Minotaure  bonapartiste,  avec  ses  blagues 
de  ^4jire,  de  Itierié  dM  natiom,  d'égmliibre  européen,  sera 
saoûl  de  chaire  humaine? 

Le  prêtre,  le  soldat,  le  capitaliste  :  voilà  la  triple  puissance 
du  jour,  et  Tobjet  de  ma  triple  haine. 

Mais  j'oublie  que  vous  êtes  correcteur  d'une  imprimerie 
ecclésiastique;  et  je  ue  voudrais  pas  vous  compromettre. 

Mon  cher  Jouvenot,  si  vous  pouvez  vivTe  décemment  dans 
votre  position,  demeurez-y,  et  gardez-vouii  iT écrire. 

Je  vous  serre  la  main,  et  vous  prie  de  me  croire  toii^ours, 
comme  en  1832,  1834,  et  dans  tons  nos  plus  mauvais  jours, 
votre  fidèle  et  dévoué  collègue, 

P.-J.  Proudhoh 
rue  d'Enfer,  83. 

Paria,  S&  déeembra  18fi6. 

Mon  cher  Jouvenot, 
Je  vous  remercie  des  épreuves  et  renseignements  que  vous 
m'avez  envoyés*  J*en  ferai,  vous  pouvez  croire,  le  plus  discret 
usage,  d'autant  mieux  que  je  n'ai  pas  la  moindre  envie  de 
donner  de  l'illustratiou  au  curé  Vincent 


444 


UfOI  DAUAfli 


Je  ytm  avais  annoiieé  mon  départ  pour  la  Bélgiqpie:  Je 
n*en  ferai  rien,  j'espère.  J*ai  trouvé  plus  utile  de  mettre  mon 
livre  sur  un  pied  tellement  respectable  que  ni  Jésuite  ni 

grippeminaud  n'y  puisse  mettre  la  fçnSo, 

Il  y  a  dans  votre  lettre,  mon  cher  Jouvenot,  un  mot  fort 
joli,  c'est  quand  vous  me  dites  que  le  petit  service  que  vous 
me  rendez  vous  rend  utile  pour  Ui  première  Jois  de  votre  r-ie. 
De  la  part  d'un  homme  qui  a  passé  sa  vie  à  lire  des  épreuves 
dans  une  imprimerie  ecclésiastique,  c'est  on  ne  peut  plus 
édifiant  Mais  rassurez-vous;  nous  sommes  solidaires,  et  ce 
que  j*ai  appris  du  grimoire  de  ces  messieurs,  en  même  tempe 
que  vous,  ne  sera  pas  perdu.  Jamais  l'église  n'aura  été  à 
pareille  fête;  et  j'espère  que  la  lecture  de  mon  bouquin  vous 
dédommagera  en  une  fois  de  toutes  ces  théologiques  ins^idités. 

Mais  ce  qni  m*a  particulièrement  touché  c'est  la  hcudeUU 
de  oûi  htanc  doux  que  vous  avez  bue  à  ma  santé  avec  Plumey  ; 
et  vous  ne  sauries  croire  quelle  délirante  envie  elle  m'a 
donnée  de  prendre  le  chemin  de  fer,  et  d'aller  recommencer 
avec  vous.  11  y  a  si  longtemps  que  je  n'en  ai  goûté  de  ce  vin 
blanc  doux!  et  j'ai  eu  tant  de  mai  avec  ces  parisiens  qui  ne 
savent  pas  boire  le  bon  vin  ! ... . 

Comme  je  tiens  esscnticlleuicnt  à  n(^  pas  me  brouiller  avec 
M"'  Plumey,  dont  je  connais  les  fureurs,  je  vous  serai  obligé 
d'aller  la  revoir  une  fois  encore,  et  do  lui  remettre  l'incluse, 
qui  est  du  reste,  bien  entendu,  pour  son  mari  et  pour  elle.  Je 
ne  s^are  pas  ce  que  Dieu  a  joint 

Si  ma  publication  a  le  succès  que  j'en  attends,  je  me  pro- 
pose, courant  avril  ou  mai,  d'aller  goUarder  une  quinzaine 
là-bas;  ma  cervelle  en  a  besoin. 

Bonjour  et  bonne  année, 

Votre  ami, 
P.-J.  Pboudhov. 

jOamitmimtim  4$X.L,  MnimBR,  profmm  it  mtmtu  mImnBm.) 


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L'ALSACE  ARTISTIQUE 

Suite* 


HEUNANI) 

■V  un  OâTJiïffBâTHlg-MIWIATTOISTEB  Dl  L*ABBÀ1B  DB  LUOILU 

(xii«  siècle)* 

L'ancienne  abbaye  de  Lucelle,  de  Tordre  de  Citeaux,  située 
aux  confins  du  Sundgan  (Haute-Alsace)  et  de  la  Suisse,  foi 
fondée  au  commencement  du  xiT  siècle  par  des  nobles  du 
comté  de  Bourgogne,  les  sires  de  Monfiauçon  près  de  Besancon. 
Suivant  les  documents  de  Tépoque,  saint  Bernard  vint  en 
personne  poser  en  1128  la  première  pierre  de  ce  monastèroi 
qui  lut  vendu  comme  bien  national  pendant  la  Révolution  et 
démoli  &k  1804.  Lucelle,  où  mourut,  en  1787,  rhistorien 
Grandidier,  qui  était  allé  faire  des  recherches  dans  ses  riches 
archives,  fut  l'asile  de  plusieurs  hommes  distingués.  C'est  là  que 
le  Bâlois  Jean  Démétrius,  mort  en  1319,  écrivit  plusieurs 
traités  de  théologie;  que  Conrad  Ilnltzacker,  originaire  de  la 
même  ville  et  décédé  en  1443,  rédigea  les  Actes  du  Concile  de 
Trejite;  que  Nicolas  Amberger,  vice-chancelier  de  l'empereur 
Frédéric  III,  mort  en  1467,  composa  ses  Dissertations  hieUh 
riques  sur  les  antiquités  de  Lucelle;  que  Bernard  Buchinger, 
né  à  Kientzbeim  (Alsace)  en  1606,  abbé  de  Pairis,  puis  de 

'  Yoir  la  liTraison  du  dernier  trimestre. 

•  Ouvrages  consultés:  Gérard,  I,  p.  90  et  suiv.;  Bacqttol  bt 
RisxKLuuBKR,  l'Alsacc  ancienne  et  moderne,  article  LacoUoj  ât  sortoat 
QuzQUJuu,  BooaoABo  s'Amniii  L  p.  51, 1^  91  nvr. 


446  Bim  D*AUACI 

LueéUe,  écrbit  lliistoire  de  ces  communauMi  religieuseB, 
ainsi  que  celle  du  pape  alsacien  Léon  IX. 
Parmi  les  artistes  calligrapbes  ou  miniaturistes  de  Tablmye 

de  Lucelle,  il  faut  citer:  le  frère  Hélinand,  qui  vivait  à  la  tin 
du  xir  sièc'le  ;  Guillaume,  qui  appartient  au  xiir  et  dout  la 
mention  suivante  se  trouve  dans  le  nécrologue  de  l'abbaye  de 
Pairis:  o  A  la  mémoire  de  frère  (Guillaume,  moine  de  Lucelle, 
qui  écrivit  avec  beaucoup  de  soin  un  mLssel  pour  notre  grand 
autel»;  l'abbé  Bourcard  de  Landscron  (1298-1 H03),  qui 
rédigea  un  terrier  ou  urbaire  intitulé  :  Awro  daudendus  Uber; 
et  au  xym*  siècle  Bernardin  Walch,  originaire  de  Winckel 
(canton  de  Ferrette),  qui  iut  pendant  de  nombreuses  années 
moine  à  Lucelle  et  j  mourut  en  1760.  D  était  préposé  à  la 
garde  des  archives  du  monastère  et  s'occupa  de  les  classer, 
n  nous  a  laissé  plusieurs  manuscrits  fort  curieux,  dont  le  plus 
important  eAwnkMisséUoMa  Luàteellentia,  en  deux  Tolumes 
in-folio,  auquel  il  travailla  plus  de  quarante  ans,  comme  U 
nous  rapprend  dans  sa  préface.  Cet  ouvrage  renferme  non- 
seulement  rhistoire  de  Lucelle,  mais  encore  celle  des 
nombreux  monastères  qui  en  déi)endaient,  et  il  Ta  illustré  de 
plans,  de  dtîs.sins,  d'armuiries,  de  portraits,  de  sceaux,  etc. 

Iléliiumd  le  premier  calligraphe-uiiniaturiste  connu  de 
l'abbaye  de  Lucelle,  vivait,  roiiinie  nous  l'avons  dit,  dans  la 
seconde  moitié  du  xir  siècle.  11  s'était  rendu  célèbre  par  son 
talent  de  peindre  de  magniiiqueâ  missels  écrits  sur  parchemin 
blanc,  enrichis  d'or  et  d'azur,  de  pourpre  ou  de  siuople,  ornés 
d'oiseaux,  de  poissons,  d*anges,  de  démons,  de  saints,  de 
damnés,  eniin  de  tout  ce  quil  était  alors  d'usage  de  peindre 
dans  les  livres. 

Parmi  les  ouvrages  d*Hélinand,  les  archives  de  LnceUe 
nous  ont  conservé  le  souvenir  dHin  superbe  missel  qu'il  avait 
peint  en  1196  et  que  Tabbé  de  ce  monastère,  Conrad  de 
Ratolsdorf,  envoya  deux  ans  après,  à  titre  de  prêt,  à  Conrad 
de  Biederthan,  abbé  de  Saint-Urbain  (canton  de  LueerneX 


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L*Aiiici  àxmnun  4A7 

qui  venait  d'être  fondé.  Il  accompagna  cet  envoi  d'une  lettre 
que  Walch  a  reproduite  dans  son  Missellanea  Ludsceïlemia  :  ' 
«  Réjouissez-vous,  disait-il,  de  pouvoir  chanter  dans  une 
pareille  œuvre  un  nouveau  cantique  en  Thonueur  du  Soigneur.  » 
Cet  acte  curieux  fait  voir  combien  les  livres  étaient  rares  à 
cette  époque  et  combien  on  estimait  ceux  qui  les  avaient 
écrits.  Aussi,  ne  doit-on  pas  Ôtie  surpris  que  Walch  raconte 
naïvement  qu'alors  les  moines,  qui  savaient  à  peine  lire, 
étaient  presque  tous  des  saints,  et  qu'à  présent,  qu'ils  ont 
entre  les  mains  un  grand  nombre  de  livres,  ils  ne  sont  plus  ce 
qu^Os  étaient  dans  ce  temps  fortuné  ob  Dieu  répandait  ses 
miséricordes  sur  Taridité  de  leurs  âmes.  Cet  auteur  rapporte 
aussi  qu*un  jour  saint  Bernard,  éyêque  de  Maurienne,  ayant 
imposé  en  confession,  pour  pénitence,  à  la  supérieure  du 
monaitère  de  Béton,  Tobligation  de  se  procurer  les  commen- 
taires de  saint  Augustin,  cette  religieuse  consulta  son  fils,  le 
bienheureux  Pierre,  évêque  de  Taruntaise,  et  par  surprise 
obtint  de  lui  le  livre  qu'elle  désirait.  ' 


GUTA 

CUligrapbe  (xu^  siècle)  * 

C'est  principalement  dans  les  monastères  de  femmes  que  la 
calligraphie,  qui  exige  du  goût,  de  la  dextérité  et  de  la 
patience,  fût  cultiTée.  Lliistoire  signale  le  couvent  de 
Schartzenthann,  près  de  Marbach,  fondé  en  1149,  dont  les 
religieuses  excellaient  à  transcrire  des  livres  de  chœur  et  les 
anciens  manuscrits.  On  cite  parmi  elles  la  chanoinesse  Qvàta, 
dont  l'abbaye  de  Marbach  possédait  encore  tors  de  la  Bévolu- 

»  Tome  n,  p.  402. 

•  Walch,  MixceUanea  Luciscel.,  T.  T,  p.  68. 

*  Ouvrage  consoltô:  Gébasd,  lu  ArHgteê  de  l'AUaoe  au  moyen  âge. 
T.  I,  p.  67  et  soiT. 


418 


tion  un  ma^^iifique  manuscrit,  exécuté  en  1154.  Suivant 
Gérard,  il  contenait  le  martyrologue  d'Usnard,  la  Règle  de 
saint  Augustin,  le  cemraentaire  de  Hugues  de  saint  Victor 
ma  eatta  rèf^e,  las  andenneB  eonstittttioiia  de  Ifarbach  el  un 
HoméUairo  pour  toute  Taiinée.  Cétait  un  grand  sterne  in- 
folio  de  282  feuillets,  enrichi  de  miniatures  par  un  religieux 
de  Marbaeh,  nommé  Smbram,  Ce  manuscrit  portait  la  note: 
Ser^ptmn  ut  hœ  cpmeuhm  ah  éadm  predkta  Outa,  mmo  àb 
moarriaHow  M  verbo  MCU  V,  Sistram  était  le  contemporain 
de  Guta, 

Gérard  a  cru  que  ce  manuscrit  était  perdu;  il  n'en  est 
cependant  rien.  Suivant  Ignace  Chauffeur,'  il  se  trouve 
actuellement  dans  la  bibliothèque  du  grand  séminaire  de 
Strasbourg.  11  consiste  en  un  volume  en  parchemin  in-folio, 
dont  on  a  arraché  quelques  feuillets,  mais  assez  bien  conservé. 
En  tête,  se  trouve  une  miniature  qui  ne  laisse  aucun  doute 
sur  la  nationalité  allemande  de  la  religieuse  qui  l*a  écrit  On 
la  Toit  représentée  à  genoux,  vis-à-ris  de  limagier  Sintram, 
offrant  ensemble  à  la  Vierge  le  livre,  fruit  de  leur  travail 
commun.  Ia  légende  porte  d*un  cftté  : 

Sintrammi,  virgo  /  memor  Imjus  pauperig  esto 
de  l'autre,  du  côté  de  la  religieuse: 

Fer  te,  eiirps  Jeeee,  quod  dicor  (Guta)  d^ecer  eeee. 

Ce  manuscrit  ne  comprend  pas  seulement,  comme  Taffirme 
Gérard  d*aprè6  Tabbé  Grandidier,  le  martyrologue  dUsuard, 
la  règle  de  saint  Augustin,  les  commentaires  de  Hugues  de 
saint  Victor,  les  anciennes  constitutions  de  Blarbach  et 
rHoméHaire;  mais  encore  un  obitnaire,  avec  les  noms  de  tous 
les  bienfaiteurs  recommandés  aux  prières  de  la  communauté» 
et,  ce  qui  est  plus  curieux,  un  manuel  d'hygiène  approprié  à 
tous  les  mois  de  l'année.  Les  préceptes  y  sont  exprimés  en 


éfJJMot,  aaiiée  1818. 


vers  latins,  un  peu  construits  au  hasard.  Ils  semblent  contenir 
sur  la  matière  médicale,  usitée  en  Alsace  au  xii*  siècle,  des 
détails  très  intéressants,  surtout  en  ce  concerne  l'emploi 
de  certains  simples  qui  jouent  encore  de  nos  jours  un  grand 
rôle  dans  la  médication  populaire. 


ALBERT  DE  STRASBOURG 

AreUteete  (zm*  siècle)  ^ 

Les  traditions  des  lo^es  maçonniques  de  rAllema^nie  attri- 
buent rinveiitioii  du  style  gi)thit|ue  i\  Albert  de  Stra>bourg. 
Suivant  les  livrets  professionnels  (Steinmetz  h'àchh'in),  celui-ci 
était  originaire  de  Strasbourg  et  moine  dans  un  couvent  de 
bénédictins  de  cette  ville;  son  existence  remonterait  au 
XT  siècle  et  c'est  pendant  un  voyage  que  le  pape  Léon  IX  avait 
fait  en  1050  en  Alsace,  qu'il  aurait  été  chargé  par  ce  dernier  de 
reprendre  les  travaux  de  la  cathédrale,  interrompus  en  1028 
à  la  mort  do  révèque  Werinhaire.  liais  aucun  document 
authentique  n'établit  que  Strasbourg  possédait  d*abbaye  béné- 
dictine pn^rement  dite  et  que  Léon  IX  eut  confié  à  Albert  la 
direction  des  travaux  de  la  cathédrale.  H  n*est  pas  plus 
démontré  que  cet  architecte  est  Tauteur  du  style  ogival;  en 
effet,  personne  ne  Ta  inventé,  il  est  s'orti  naturellement  di^ 
plein-ceintre;  quand  celui-ci  eut  cessé  de  répondre  à  l'idée 
du  beau  et  aux  aspirations  du  sentiment  religieux,  il  fut 
remplacé  par  le  p;otbique,  beaiuoup  i)lus  gracieux,  plus 
élégant  et  plus  élaneé.  Albert  de  Strasbourg  n"a  i)as  vtHu  au 
xr  siècle,  comme  le  rapporte  la  tradition;  il  est  venu  plus 
tard  dans  la  première  moitié  du  xiii*  siècle,  où  l'ogive  avait 
détrôné  le  plein-ceintre.  U  est  permis  de  dire  que  cet  archi- 
tecte fut  le  contemporain  des  maîtres  qui,  en  France,  élevèrent 


*  Ouvrage  conaulté  :  GkaA.iu>,  U»  Artiste»  de  l'Aisaoe  au  moifen  âge. 
T.  I,  p.  154  et  suIt. 

NooTelle  Série.  —  14"*  année. 


460  RKVII£  D'&mCS 

Notre-Dame  de  Paris,  la  Sainte-ChapeDe,  les  cathédrales 
d'AmieiiSi  de  Chartres,  de  Laon,  de  Noyon,  etc. 

Un  auteur  allemand,  Heideloff.  *  a  émis  ropinion  qa*Albert 
de  Strasbourg  n*était  autre  qu*Âlbert  le  Grand,  qui  ajourna 

quelque  temps  dans  cette  vUle,  et  qu'il  aurait  appliqué  ses 
connaissances  architectoniques  k  la  cathédrale  naissante  de 
Cologne.  Cette  hypothèse  n'a  rien  de  fondé. 

Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'Albert  de  Stra-sbourg  a 
existé  et  qu'il  est  probable  qu'il  a  vécu  au  commencement  du 
xiii'  siècle,  sinon  plus  tard.  Ce  fut  l'un  des  premiers  archi- 
tectes qui  réunirent  en  corps  de  doctrine  les  principes 
d'architecture  que  connaissaient  seuls  les  initiés,  c'est-à-dire 
un  petit  nombre  de  moines,  et  qu'il  les  transporta  du  domaine 
sacré  des  loges  religieuses  des  monastères  dans  le  domaine 
laïque  des  assodattons  bourg^ises. 

Feu  Gérard*  a  donné  le  résumé  suivant  des  doctrines  de  ce 
grand  architecte,  telles  qu'elles  nous  ont  été  transmises  par 
les  traditions  des  ouvriers  tailleurs  de  pierre.  On  verra  que 
cette  doctrine  repose  sur  des  princqies  scientifiques  que  Part 
moderne  respecte  encore,  mais  qu'elle  a  été  revôtue  de  formes 
singulières,  mystérieuses  et  cabalistiques  par  les  anciennes 
corporations,  qui  considéraient  l'architecture  comme  un  art 
sacré  et  secret,  auquel  le  profane  ne  devait  pas  être  initié. 

«  Dieu  est  la  source  de  l'art  religieux  par  excellence,  de 
l'architecture.  La  beauté,  la  puissance,  la  majesté,  l'harmonie 
des  conceptions  de  cet  art  dérivent  de  la  vertu  et  de  la  com- 
binaison des  nombres  saints.  La  science  des  nombres 
harmoniques  forme  une  géométrie  sacrée,  une  mathénmtique 
divine,  qui  gouverne  l'architecture  comme  toute  la  création. 
Pythagore,  Platon.  Hermès,  Trismégistc  en  avaient  découvert 
les  lois.  —  La  croix  de  Téglise  est  déduite  de  la  figure  par 

>  SatAûttc  dct  lÊSttéUUtên. 

'  Jrtkitê  ât  VJlÊaet  oh  mai/m  49s.  T.  I,  p.  160  et  niiv. 


y  u  _  jd  by  Google 


l'alsacb  artistique  45L 

laquelle  Eudide  construisit  le  triangle  équilatéraL  Ce  triangle 
est  le  générateur  de  Pogive.  Les  nombres  trois,  dnq,  sept,  dix, 
doue  dominent  dans  les  diverses  parties  de  l'édifice  sacré; 
leur  application  n*est  point  arbitraire  on  conventionnéUe, 
mais  imposée  par  la  vérité  religieuse  et  les  lois  de  la  nature. 
Le  nombre  trois  rei)r(^,si'iite  la  sainte  Trinitt^:  cinq  est  le 
nombre  des  doigts  d»'  la  main  buuiaiue,  le  plus  parfait  instru- 
ment de  la  création;  sept,  celui  des  planètes  de  l'ancienne 
astronomie,  des  jours  consacrés  h  Tœuvn'  de  la  création  du 
monde,  des  Sacrements,  des  dons  du  Saint-Esprit;  dix  est  le 
nombre  parfait  ;  douze,  celui  des  signes  du  zodiaque,  des  mois 
de  Tannée,  des  apôtres,  etc. 

t  Le  cercle,  symbole  antique  de  Tunîté  de  Dieu  et  de  son 
éternité,  qui  contient  à  la  fois  la  force  et  la  solidité,  est 
rinstrument  le  plus  puissant  de  Tarchitecture  positiTo.  Com- 
biné avec  le  carré,  emblème  de  Tinébranlable,  de  Timmuable, 
Albert  en  dérive  Toctogone,  quMl  prit  pour  principe  fonda- 
mental du  style  et  de  l'art  de  bâtir.  Son  système  se  fondait 
sur  les  i)rupi  iétés  intrinsèques,  sur  les  vertus  qu'il  attribuait 
au  nombre  buit,  qui  fut  toujours  considéré  par  les  pbil()>oplies 
comme  le  nombre  par  emdlence.  Huit  est,  en  effet,  le  double 
du  nombre  divin  quatre;  quatre  est  la  signature  de  Dku  dans 
le  monde  visible,  le  tétragrammo  saint  qui  ligure  le  nom  de 
Dieu  dans  presque  toutes  les  langues,  le  nombre  des  évan- 
gélistes,  celui  des  saisons,  celui  des  côtés  du  carré  qui 
symbolise  Dieu  dans  l'Ecriture  sainte. 

c  Le  triangle  rectangle  et  le  triangle  isocèle  sont  la  moitié 
du  carré.  Le  triangle  éqoilatéral  engendre  lltexagone;  un 
point  au  milieu  produit  le  nombre  sacré  sept 

t  A  ces  idées  fondamentales  correspondaient  des  applications 
pratiques.  Quand  les  côtés  du  chœur  sont  engendrés  par 
l'octogone,  le  nombre  huit  se  reproduira  dans  toutes  les 
parties  de  l'éi^lise:  elle  comptera  huit  travées,  huit  piliers; 
avec  riiexaguue,  lu  nombre  régulateur  sera  six;  avec  le  penta- 


gODe,  cinq;  avec  le  dodécagone,  douze;  si  la  terminale  du 
cluBar  offre  trois  pans,  les  fenêtres  présenteront  trois  divi- 
sions verticales  et  trois  divisions  horizontales  ;  il  en  sera  de 
même  pour  les  antres  figures  et  nombres. 

c  Les  parties  inférieures  du  temple  dérivent  du  carré  et  se 
subdivisent  en  octogones;  les  parties  supérieures,  dominées 
dans  le  triangle  mystique,  se  rarifient  en  hexagones,  en  dodé- 
cagones. 

«  LUntérieur  du  monument  a  aussi  ses  proportions  sacrées. 
La  largeur  principale  doit  être  égale  à  la  hauteur;  Pélévation 

des  bas-côtés  ne  doit  pas  dépiisser  les  deux  cinquièmes  de  la 
largeur  totale  de  l'église;  la  largeur  de  la  nef  centrale  est 
dans  le  rapport  de  deux  à  sept  avec  sa  hauteur,  et  celle  des 
nefs  latérales  dans  le  rapport  du  tiers. 

1  Tout  l'ensemble  comme  les  détails,  se  multiplie  ainsi 
par  des  nombres  mystérieux  et  harmoniques  :  les  croisées,  les 
colonnes,  les  piliers,  les  arcades,  les  chi^elles,  les  autels,  les 
portes,  etc.  • 

Telle  est,  en  abr^  la  doctrine  d*Albert  de  Strasbourg, 
laquelle  a  subi  des  modifications,  des  déformations  dues  à  la 
crédulité,  à  la  superstition  des  associations  des  tailleura  de 
pierre  dee  temps  anciens.  Albert  a  certainement  cru  à  la 

vertu  mystique  des  nombres  réputés  sacrés,  mais  sa  doctrine, 
en  traversant  les  âges,  a  perdu  de  sa  pureté  arti^tiquo  rt  a 
contracté  cette  forme  cabali.sti(jue  et  symbolique  qui  nous 
étonne  et  qui  est  peu  compréhensible  poui*  nous. 


LA  STATUAIRE  SABINE 

(xTii«  siècle)  * 

Lorsqu'on  entre  dans  la  cathédrale  de  Strasbourg  par  le 


>  Onvrages  oomoltés:  CMsabd,  2et  Jrtiiêm  alwiciaw%  etc.  T.  I,  p.  100 
et  MÛT.;  —  8ami«Aa%  Subm»  (Am*  «T^élMmOL       et  18&1).  ete. 


L^ALSACB  ARTISTIQUE  4BB 

portail  méridional  de  lliorioge,  les  yeux  sont  frappés  par  deux 
belles  statues  de  femmes  qui  se  troaTont  en  avant  et  de 
chaque  côté  du  perron.  Celle  de  gauche  représente  le  Jadafenie, 
celle  de  droite  le  Christianisme.  La  première  a  sur  les  yeux 
un  bandeau,  emblème  de  son  opinlfttre  aveuglement;  la  cou- 
ronne i}u  elle  avait  sur  la  téte  gît  à  ses  pieds;  '  elle  porte  dans 
sa  main  droite  la  hampe  brisée  d'un  étendard;  son  bras 
gauche,  pendant  et  débile,  laisse  tomber  les  tables  de  Tan- 
cienne  loi.  L'attitude  de  la  femme  qui  représente  le  Christia- 
nhime  est  pleine  de  grfice  et  de  majesté  ;  son  regard,  assuré 
et  presque  souriant,  atteste  qu'elle  a  remporté  la  victoire  sur 
Tancienne  loi;  elle  porte  une  couronne  sur  la  tête;  sa  main 
droite  tient  une  croix,  emblème  de  la  foi  nouvelle,  sa  gauche 
le  calice,  symbole  de  TEucharistie.  Ces  deux  statues,  par  le 
calme  sévère  et  la  régularité  de  leur  visage,  par  Tharmonie 
des  proportions,  la  laigeur  du  modelé  et  l'ampleur  des  dra- 
peries qui  laissent  deviner  la  forme  du  corps,  rappellent  les 
chefs-d'œuvre  de  l'antiquité,  quoique  appartenant  à  Tart 
byzantin  par  Tarran^iement  et  la  composition.  Aussi,  depuis 
des  siècles  font-elles  l'admiration  des  connaisseurs. 

Ces  statues,  de  même  que  tout  le  portail  méridional  tel 
qu'il  était  avant  la  Révolution,  remontent  à  la  première  moitié 
du  xur  siècle.  C'est  l'opinion  de  tous  les  auteurs  modernes 
qui  ont  traité  ce  si^et.  ' 

Quel  est  Tauteur  de  ces  chefe-d*œuvre  ?  La  réponse  h  cette 
question  se  trouve  dans  les  deux  vers  latins  suivante  gravés 
sur  le  rouleau  que  tient  saint  Pierre,  l*un  des  douze  apôtres 
qui  ornaient  le  portail  de  Thorloge  et  qui  avaient  été  sculptés, 
comme  le  Christianisme  et  le  Judaïsme,  par  le  même  artiste: 
OraHa  dwinœ  piefoHs  aâesto  8amnm 
De  yttra  dura  per  quum  sumfacta  figura. 

'  Cette  couronne  fat  enlevée  pendant  la  Terrenr. 
*  SommoAiis,  Viouit-u-Doo  (Dididmiatre  d'airchiUectM/n\  GiMJOf 
etc. 


454  lllfOB  1»*AUACS 

Ce  qui  veut  dire:  <i  ()[h'  la  fxrAce  de  la  miséricorde  divine 
assiste  Savine,  par  la([uelle  de  pierre  dure  je  fus  formée  en 
statue.  »  Ainsi,  c'est  Savine  ou  Sabine  qui  elle-même  inscrivit 
son  nom,  apposa  sa  signature  sur  son  œuvre. 

Mais,  par  suite  d'une  faussa  interprétation  des  mots  petra 
âura  faite  par  l'ingénieur  Specklé.  celui-ci  les  traduisit  par 
Vexpression  allemande  Steinhach,  et  en  conclut  que  Sabine 
était  la  fille  d'Ërwin  de  Steinbach,  Tun  des  architectes  de  la 
cathédrale.  Cette  opinion  était  tellement  préconçue  chez  lui, 
qnll  ne  8*aperçat  pas  même  qne  e*est  le  mot  ffartenstem  qui 
est  la  traduction  littérale  en  allemand  de  petra  dura,  et  non 
Steinbath  qui  signifie  pierre  du  ruieeeau»  Cette  grossière 
erreur,  qui  donnait  pour  père  à  Sabine  un  homme  qui  vécut 
longtemps  après  elle,  fut  cependant  acceptée  aveuglément  par 
Schilter,  Schœptiin,  Grandidier,  Schweighauser,  Strœbel,  etc., 
et  se  propagea  jusqu'à  nos  jours.  C'est  L.  Sehneegans,  '  savant 
aussi  modeste  qu'éclairé,  qui  rendit  aux  mots  latins  de  l'ins- 
crijjtion  leur  sens  véritable,  qui  (lé'iiontra  d'une  manière 
irréfutable  qu'Erwin  n'était  pas  le  père  de  Sabine  «'t  que  les 
œuvres  de  celle-ci  étaient  d'un  siècle  plus  anciennes  que  les 
travaux  de  son  prétendu  père. 

Mais,  alors,  quel  était  le  père  de  Sabine,  à  quelle  famille 
appartenait-elle,  de  quel  pays  étaitrollc  originaire  ?  Sa  nais- 
sance est  restée  inconnue  et  on  en  ost  réduit  à  des  con- 
jectures, n  est  probable  qu*elle  était  la  fille  d\in  architecte 
de  Tœuvre  Notre-Dame  de  Strasbourg*  qu^elle  apprit  la 
sculpture  dans  les  ateliers  de  cette  cathédrale,  dont  Técole 
artistique  exerça  une  influence  considérable  en  Alsace  et 
dans  les  contrées  voisines  pendant  les  xu*  et  xm*  siècles. 

Schneegans  pense  que  Sabine  eut  pour  père  Tarchlteete 
Herrmnnn  Aurif/a  qui,  h  la  tin  du  xiT  siècle,  agrandit  Icîs 
fortitications  de  Strasbourg  et  reconstruisit  les  transepts  et 

*  OuTrage  d^à  cité. 


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L'AUACl  ARTVnQUI  465 

le  ehflMV  de  la  cathédrale  qui  avait  été  détraite  par  plosienn 
incendies. 

Toutes  les  sculptures  et  les  statues  du  portail  méridional 
étaient  dues  au  ciseau  do  Sabine;  malheureusement  la  plu- 
part furent  presque  détruites,  comme  tant  d'autres  en 
France,  par  le  marteau  révolutionnaire  (1  frimaire  au  II).  La 
cathédrale  de  Strasbourg  perdit  235  de  ses  statues  (dont  1(58 
furent  brisées),  et  il  n'est  resté  de  l'œuvre  de  Sabine  que  les 
figures  du  Judaïsme  et  du  Christianisme,  la  scène  représentant 
la  mort  de  la  Vierge  et  deux  figures  du  couronnement  de  la 
mère  du  Saaveur.'Le  portail,  tel  qu'il  se  trouve  actuellement» 
a  été  restauré  par  des  artistes  du  m*  siècle  qui  ont  tftché, 
sans  y  réussir  toujours,  d*en  reproduire  ildèlement  le  dessin 
primitil 

Louis  Schneegans  a  donné  de  rceuvre  de  Salnne  une  des- 
cription complète,  résumée  comme  suit,  par  Gérard.  «Le 
portaO  méridional  de  la  cathédrale  de  Strasbourg  est  formée 
de  deux  portails  byzantins  accostés.  Dans  1*é¥asement  de 

chacun  de  ces  portails,  Savine  avait  placé  les  douze  apôtres, 
trois  à  trois  de  chaciue  côté.  Voici  quelle  était  leur  disposi- 
tion :  au  portiiil  de  droite,  la  rangée  gauche  comprenait  saint 
Pierre  muni  de  la  clef  symbolique,  saint  Paul  et  un  apôtre 
ordinaire;  dans  la  rangée  de  droite,  saint  Luc  faisait  face  à 
saint  Pierre  et  était  suivi  de  deux  apôtres  sans  désignation 
précise  qui  puisse  les  faire  reconnaître.  La  statue  qui  repré- 
sentait saint  Paul  tenait  le  phylactère  sur  lequel  était  gravé 
la  fameuse  inscription.  C'est  à  tort  que  la  plupart  des  écri- 
vains ont  cru  reconnaître  dans  cette  statue  saint  Jean  et  ont 
indiqué  le  disciple  bieo-aimé  comme  porteur  du  phylactère. 
Saint  Jean  se  trouvait  dans  le  portafl  de  gauche;  il  commen- 
çait la  rangée  sénestre  dans  laquelle  il  occupait  la  place 
d'honneur,  comme  saint  Pierre  de  Tautre  cdté.  L'on  n'aurait 
jamais  dû  se  tromper  sur  cette  figure.  Elle  était  la  seule  qui 
eut  le  caractère  de  la  jeunesse  ^  de  la  grâce,  type  qui  con- 


m 


REVUE  D'aLSACB 


vient  excliuiTement,  d'aprte  la  tradition  de  l'Eglise,  à  Tap^tre 
saint  Jean.  A  cdté  de  celui-ci  se  tronvaient  denz  ap6tree 
innommés.  La  rangée  droite  était  formée  de  saint  Mathieu  et 
de  saint  Msrc  ayant  le  douzième  disciple  entre  eux.  Tous  les 
apôtres  n<m  évangélistes  tenaient  à  la  msin  le  livre  des 
Evangiles,  emblème  de  leur  œuvre  de  prédication  ;  les  évan- 
gélistes, suivant  le  symbolisme  consacré  par  Tart  byssantin, 
avaient  révangéliaire  placé  debout  sur  la  poitrine.  Ils  avaient 
tous  la  tôte  nimbée,  et  cet  ornement  faisait  corps  avec  le  mur. 

«  Le  i)ilier  ^^éparatif  des  deux  portails  offrait  l'image  de 
Salomon  assis  sur  son  trône,  tirant  de  la  niàin  droite  le  glaive 
(lu  fourreau  (lui  repose  sur  ses  genoux,  et  accomplissant  sa 
fonction  de  juge.  Au-dessus  du  roi  des  Juifs  se  trouvait  le 
buste  du  Sauveur  ayant  le  globe  dans  la  main  gauche  et 
bénissant  avec  la  main  droite  levée. 

c  Chaque  tympan  reçut  aussi  son  ornementation  sculptée 
en  bas-reliet  Le  champ  supérieur  du  tynq^an  ganche  contenait 
la  mort  de  la  Yieige.  Elle  est  expirée;  le  CSirist  a  reçu  son 
âme  sous  la  forme  touchante  d*un  petit  en&nt  qn*il  tient  sur 
le  bras  gauche  ;  il  bénit  sa  mère  de  la  main  droite.  Les  douse 
disciples,  dans  Tattitude  de  la  douleur,  entourent  le  lit  funé- 
raire de  Marie,  sur  le  devant  duquel  Marifr-Madeleine  prie  et 
pleure  prosternée.  Dans  la  partie  inférieure  du  tympan,  on 
voit  les  funérailles  de  la  Vierge.  C'est  le  simple  et  austère 
enterrement  des  chrétiens  du  premier  âge.  Deux  hommes 
portent  sur  leurs  épaules  un  brancard  chargé  d'un  cercueil 
que  recouvre  un  drap  mortuaire  :  quelques  apôtres  accom- 
pagnent If^  modeste  convoi.  A  coté  du  dram»'  de  la  mort 
terrestre  de  Mario,  dans  le  tympan  du  portail  de  droite,  était 
représentée  la  scène  de  la  glorification  réleste,  le  spectacle  de 
rspothéose  de  la  mort  du  Christ  Dans  le  champ  d*en-bas,  on 
voyait  TAssomption;  deux  groupes  d*anges  adorants  se 
tenaient  sur  les  côtés;  au  centre,  deux  chérubins,  un  pied 
appuyé  sur  la  demi-sphère  du  monde,  emportaient  la  Vierge 


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L*AUIâC8  iMBIIQDl  45V 

dans  une  flottante  draperie.  La  partie  supérieure  du  tympan 
figurait  le  couronn(>ment  de  la  Vierge.  Le  Christ,  couronné 
et  entouré  du  nimbe  sacré,  était  assis  sur  un  trône  avec  sa 
mère;  il  couronnait  Marie  de  la  main  gauche;  deux  anj^es 
encensaient  le  groupe  centrai.  Le  Christ  et  la  Vierge;  ont 
Beuls  été  savvés  de  la  destruction  de  Tan  IL  Â  Texception  de 
ees  deux  figures,  tout  ce  que  je  viens  de  décrire  a  été  refait 
par  des  artiates  modernes  d'après  d'anciens  dessins.  • 

On  reproche  à  Sabine  d*aToir,  dans  les  deux  statues  du 
Jttdamne  et  du  Otristianisuie,  traité  d*une  manière  inqiarfoite 
le  corps  humain,  autant  qu'on  peut  le  deviner  sous  les  amples 
Tètements  du  xn"  siècle.  Mais  comme  le  fidt  observer  fort 
judiciensement  Schneegans:  c  L*arti8te  strasbourgeoise  n*a 
fiiit  que  partager  le  vice  radical  de  la  sculpture  du  moyen 
âge  en  général.  Mais  ce  reproche  s'adresse  plutôt  à  Tépoque 
qu'à  l'artiste.  Habitués  à  ne  voir  le  corps  humain  que  revêtu 
de  draperies  qui  en  marquaient  plus  ou  moins  les  formes  et 
les  mouvements,  les  artistes  chrétiens  étaient  hors  d'état, 
pour  la  plupart,  de  le  représenter  dans  sa  beauté  idéale, 
comme  le  faisaient  les  artistes  de  l'antiquité  classique  qui, 
sous  le  beau  ciel  de  la  Grèce  et  de  lltalie,  voyaient  l'homme 
se  mouvoir  devant  eux  tel  qu'il  sort  des  mains  du  créateur. 
Comment,  dès  lors,  pourrait-on  exiger  d'artistes  placés  dans 
des  conditions  si  différentes,  vivant,  outre  cela,  à  des  époques, 
dans  des  idées  et  dans  des  tendances  si  différentes,  d'arriver 
au  même  résultat,  au  même  dégré  de  développement  et  de 
perfection,  sous  le  point  de  vue  en  question?  D*un  autre  côté, 
le  génie  de  l'art  chrétien  en  général,  de  Part  byxantin  et 
roman  en  particulier,  ne  portait  guère  les  artistes  vers  la 
beauté  corporelle  idéalisée  dans  sa  forme  et  dans  son  appari- 
tion extérieures.  La  manière  dont  le  moyen  âge  et  l'église 
dominante  avaient  résumé  et  fixé  la  pensée,  les  dogmes  et  les 
préceptes  du  christianisme,  poussait  plutôt  les  artistes  h  sub- 
ordonner, à  sacrifier  même  la  beauté  corporelle  et  matérielle 


466 


un»  B'Aiflâa 


à  lldéal  spiritnaUste  fu^ib  B*elforçaleDt  avuttoat  d*attàiidre 
dans  leurs  oravres.  De  là  ces  corps  amaigris  et  frêles,  souvent 
difformes  et  contournés,  tels  qa*oa  les  retrouve  dans  les 
sculptures  de  Sabine. 

t  Mais,  ajoute  Schneegaus,  ce  que  je  sais,  c'est  qu'en  dépit 
de  tous  ces  défauts,  il  y  a  dans  les  deux  statues  de  Sabine 
quelque  chose  d'indicible,  d  indéhnissable,  quelque  chose 
d'inexprimable  pour  la  parole,  qui  attire  mon  regard,  qui  me 
charme  et  m'absorbe;  qu'à  côté  de  tous  ces  défauts,  et  bien 
au-dessus  d'eux,  domine  quelque  chose  de  tout  idéal,  quelque 
chose  de  profondéuLent  senti  et  de  profondâment  artistique 
qui,  dans  ces  statues,  me  touche  bien  plus  vivement  que  tous 
les  défauts,  quelques  considérables  qu'ils  puissent  être,  quel- 
que chose  qui  par  un  de  ces  mystères  de  la  nature,  provoque 
et  réveille  en  moi  comme  un  écho  tout  harmonieux,  et  élève 
pour  ainsi  dire  mon  sentiment  à  la  hauteur  et  h  l*uni88on  de 

celle  de  la  chaste  et  pieuse  statuaire  llalgré  ces  défisuts, 

on  sent,  en  contemplant  les  sculptures  du  portail  méridional, 
que  Tartiste  qui  les  a  créées  portiit  en  elle  un  idéal  qui  11ns- 
pirait  et  la  dominait  tout  entière,  un  idéal  comme  Tétait  celui 
que  Cicéron  (iL^hiiit  quelque  part  dans  des  termes  si  nobles  et 
si  élevés  un  porlimt  des  chefs-d'œuvre  de  Phidias  et  de  l'idéal 
dont  ils  étaient  les  sublimes  ettets.  » 

Nous  ajouterons  que  les  sculptures  de  Sabine  attestent, 
non  seulement  un  génie  artistique,  mais  encore  une  grande 
adresse  pratique.  Les  draperies  sont  traitées  avec  une  vérité, 
une  grftce,  une  légèreté  de  touche  qu'on  rencontre  rarement 
dans  les  œuvres  du  moyen  ftge.  Le  costume  est  d'une  grande 
simplicité;  il  consiste  en  une  robe  tombant  jusqu^à  terre  et 
serrée  par  une  ceinture  à  la  taille.  La  statue  du  Christianisme 
seule  porte  en  plus  un  manteau  jeté  dessus  la  robe  et  tenu 
sur  Tépaule  par  une  agrafe  fixée  sur  la  poitrine.  Les  visages 
des  deux  femmes,  qui  ont  une  expression  naïve  et  candide,  ne 
trahissent  ni  effort,  ni  recherche  de  la  part  de  l'artiste.  Sauf 


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L'ALSACE  AflTISTIQUE  409 

les  doigts  de  la  main  droite  du  Judaïsme  et  le  manteaa  du 
GhiistianiBiiie,  qui  ont  été  fracturés,  ces  statues  sont  assez 
bien  conservées. 

Sabine  a  dû  laisser  d*antre6  témoignages  de  son  génie  dans 
la  cathédrale  de  Strasbourg.  On  Ini  attribue  les  quatre  é?an- 
gélistes  et  les  anges  sonnant  de  la  trompette  qui  ornent  le 
piHer  sur  lequel  repose  la  yoûte  du  bras  méridional  du 
transept;  la  belle  ligure  au  cadran  solaire  placée  dans  la 
niche  du  contrefort  occidental  du  portail  sud  ;  la  femme;  cou- 
ronnée et  portant  un  phylactère,  qui  se  trouve  dans  une 
niche  au  troisième  étau;e  du  Hanc  oriental  de  la  tour  du  sud. 
Ces  ligures,  par  les  caractères  particuliers  qu'elles  ofirent, 
doivent  avoir  été  sculptées  par  Sabine. 


ERWIN  DE  STEINBACH 

Architecte;  son  œuvre  et  sa  famille  (1273-1318)  * 

Le  plus  beau  monument  de  l'Alsace  et  Tun  des  plus  admi- 
rables du  monde  entier  est,  sans  contredit,  la  cathédrale  de 
Strasbourg.  D*abord  humble  église  en  briques  et  en  bois  sous 
Glovis  et  les  Mérovingiens,  elle  fut  remplacée,  sous  le  règne 
de  Gbarlemagne,  par  une  construction  en  pierre  qui  fut 
détruite  en  1002  par  un  incendie  allumé  par  les  soldats 
d'Hermann,  duc  d'Âlsace  et  de  Souabe.  Werinhaire  de  Habs* 
bourg,  évêque  de  Strasbourpf,  la  reconstruisit;  mais  elle  fut 
de  nouveau  hrftlée  en  1007  par  le  feu  du  l  icl.  Le  même  prélat 
la  rééditia,  (raju-ès  le  style  roman  (  li  ii)7-102S);  puis  elle  fut  do 
nouveau  incciulièe  en  1130, 1140,  IIOU  et  1176,  et  sa  crypte 
seule  fut  épargnée. 

'  Ouvrages  consultés:  Gérard,  ^cs  Arfi^fe»  df  VAlmce  an  mot/m  âge. 
T.  I,  p.  lî^O  et  8uiv.  —  Louis  Schnkegans,  Esmi  sur  la  cathédrale  de 
Strasbourg.  —  Piton,  la  Cathédrale  de  Strasbourgt  etc. 


400  UTOI  1»*AUAa 

L'architecte  SmMmm  Awriga,  le  père  probable  de  la 
statuaire  Sabine,  en  reconstruisit,  à  la  tin  du  xii"  siècle,  les 
transepts  et  le  chœur,  (jui  a  6té  restaur(^  au  xrx*  si^cle  par 
Gustave  Klotz.  L'œuvre  (VAuriiia  est  de  style  roman,  mais  on 
y  remarque  déjà,  surtout  dans  les  voûtes,  quelques  traces  de 
l'ogive  qui  allait  bientôt  régner  exclusivement  dnns  les  édifices 
religieux.  Vers  le  milieu  du  xuT  siècle,  un  architecte,  dont  le 
nom  est  resté  inconnu,  commença  la  construction  des  ne& 
qui  furent  à  peu  près  achevées  yers  Tan  1273  et  qui  étaient 
de  style  gothique. 

Le  corps  de  la  cathédrale  était  ainsi  presque  terminé,  le 
chœur  roman  était  réuni  au  vaisseau  central  gothique  appuyé 
sur  SCS  deux  nefe  latérales,  lorsque  Conrad  III  de  Ltchtenberg, 
devenu  évêque  de  Strasbourtc  en  1273,  conçut  le  beau  projet 
de  donner  à  ce  qui  existait  (léjil  une  fa(;ade  monumentale,  dont 
il  confia  Pexérution  à  Encin  de  Steifihach. 

De  quel  pays  cet  illustre  architecte  était-il  oricnnaire? 
Selon  TopinioD  la  plus  accréditée,  il  était  né  dans  le  village 
de  Steinbach,  margraviat  de  Bade,  où  on  lui  a  élevé  de  nos 
jours  une  statue  due  au  ciseau  du  sculpteur  strasbourgeois 
Fïriederich,  et  fiit  Tauteur  de  la  flèche  de  Fribourg  en  Brisgau, 
ville  dans  laquelle  Pévêque  Conrad,  attiré  par  sa  très  grande 
réputation,  serait  allé  le  chercher  pour  lui  confier  Taché ve< 
ment  de  la  cathédrale  de  Strasbourg.  Mais  on  doit  remarquer 
que  la  tour  de  Fribourg  était  déjà  terminée  du  temps  de 
Conrad  I,  comte  de  cette  ville  (1236-1272)  et  qu'Erwin  ne  put 
prendre  part  i\  son  rditication. 

Une  autre  version  donne  i>our  berceau  à  Erwin  le  village 
alsacien  de  Steinbach,  près  de  Thann.  Une  troisième  opinion  le 
fait  naître  à  Mayence  ou  dans  les  environs  de  cette  ville. 
Ëufiu,  Gérard  prétend  qu'il  était  un  maître  français  venu  très 
jeune  en  Allemagne  et  ayant  transformé  son  nom  d'Hervé, 
Bervieu,  Mrpum,  ou  Merpwin,  de  Fierr^ont,  depuis  plusieurs 
siècles  assez  commun  dans  Pile  de  France,  en  celui  d^Srwm 


l/ ALSACE  ARTISTIULE  491 

de  Shimboch  qui,  jusqu'alors,  avait  été  inoonna  en  AUemagne. 
Cet  auteur  hase  son  opinion  sur  le  caractère  éminemnient 
français  qu'offrent  les  parties  de  la  cathédrale  de  Strasbourg 
qui  sont  TcBUTre  d*£nrin,  et  sur  certaines  sculptures  qu'on  y 
remarque,  tellea  que  les  fleurs  de  Us,  les  armoiries  de  saint 
Louis  et  de  Blanche  de  Castille,  les  statues  équestres  de 
Glovis  et  de  Dagobert  Gérard  ajoute  que  ce  ne  fut  pas 
seulement  à  Strasbouri^  <iu'Krwin  ^l'^va  sur  hipÏLirre  certaiuâ 
emblèmes  qui  lui  rappelaieut  la  Franco,  mais  aussi  sur  les 
murs  de  réglisc  du  monastère  d'Haslach,  dont  il  commença 
en  1274  la  reconstruction,  qui  fut  interrompue  par  un 
inceudie  arrivé  en  1287,  et  qui  fut  reprise  en  1296  par  son 
fils  Jacques,  mort  en  1H30. 

Quel  que  soit  le  lieu  de  sa  naissance,  £rwin  ne  peut  être 
diminué  ni  dans  ses  œuvres  ni  dans  sa  gloire,  car  le  génie  n'a 
pas  de  nationalité,  il  appartient  à  l'humanité  tout  entière. 
Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  les  monuments  qui  ont 
rendu  son  nom  immortel  se  trouvent  sur  le  sol  d'Alsace,  et, 
sous  ce  rapport,  il  peut  être  rangé  parmi  les  hommes  illustres 
de  cette  province. 

Avant  de  commencer  la  construction  de  la  façade  de  Notre- 
Dame  de  Strasbourf^;,  il  (în  acheva  les  nefs  (septembre  1275), 
comme  cela  résulte  d"uii  document  qui  se  trouvait  dans  la 
bibliothèque  de  Wolfenbuttel.  '  L'année  suivante,  il  posa  les 
fondements  de  la  fa^^ade,  et  en  1277  il  en  commença  la 
construction  extérieure,  d'après  ce  que  nous  apprend  une 
inscription  qui  exista  jusqu'en  1720  sur  le  portail  gauche: 
Anno  Dom,  MCCIiXXVlI  m  die  heati  Urhani  hoc  ghriœtm 

^  Anno  Dom.  MCCLXXV,  7  id.  t^HgOianatMtatiâbeata  Virginit 
eomphta  est  structura  média  Ustudinum  mperionm  et  totius  fahriem 

preeter  turres  anleriorcs  eccîesiœ  argetitittensis,  régnante  Buâolfo  lioma- 
nortim  rege,  regni  ejus  i^ecundo,  qui  atinns  elrrdotiis  ejns  secutidus  est 
terminutus  et  eiajpsus  feria  aecunda prosnma jpost  nunc  instans  festum 
Midutèlù. 


468  iim  D*AUMi 

opHsmcoavUmaçitterErwmuideStemh^ 

Erwin  adopta  firanchement  le  style  ogival  qui  llorissait  alors 

en  France. 

H  travaillait  .sans  relâche  à  Tédification  du  portail,  lorscjuc, 
le  14  août  l'iUS,  un  incendie  terril)l('  détruisit  tuut  le  tiuarticr 
de  la  cathédrale  et  i  inionimaffea  une  grande  partie  de  celle-ci. 
Erwiu  fut  obligé  de  rebâtir  la  partie  supérieure  des  nefs,  et 
ce  travail  retarda  tellement  la  construction  de  la  liacade,  qu^il 
mourut  sans  pouvoir  l'achever,  et  que  ses  successeurs  y 
apportèrent  de  si  grands  changements  qu'ils  dénaturèrent  la 
belle  conception  de  son  génie. 

D*après  les  plans  d'Erwin  qui  se  tronvent  encore  dans  les 
archives  de  la  maison  de  TcBuvre  Notre-Dame  (Framnlum),* 
la  façade  devait  avoir  deux  étages,  dont  le  premier  compre- 
nait les  trois  portails,  et  le  deuxième  la  grande  rosace  centrale 
avec  les  deux  fbnêtres  migestuenses  des  tours.  Deux  flèches 
jumelles  et  semblables  devaient  surmonter  les  portails  laté- 
raux. Cette  conception  générale  était  conforme  aux  idées  et 
au  style  de  l'époque;  elle  avait  été  admise  pour  la  cathédrale 
de  Colouiie.  Les  deux  flèches  de  Strasbourg  eussent  probable- 
ment ressemblé  h  celle  de  Fribourg  et  présenté  la  forme 
pyramidale  qu'affecte  cette  dernière.  Au-dessus  de  la  rosace, 
on  eût  vu  émerger  le  piunou  et  la  toiture  de  la  grande  nef. 
L'aspect  de  Téditice,  dans  ces  conditions,  n'aurait  peut-être 

*  Parmi  les  dix-huit  plans  se  trouvant  dans  ces  archives,  les  plus 
anciens  seraient  de  la  main  d'Erwin  ou  auraient  été  exécutés  sous  ses 
yeux.  En  Toici  U  descriptioii  sommaire  :  I,  esquisse  du  c6té  gauche  de 
la  fitçade  ;  II,  vue  intirienre  des  deux  étages  inférieurs;  m  et  17,  deux 
«sqnîsses  représentaot  ces  étages  à  lUntériaar.  On  est  frappé  detroaTer 
dans  ees  quatre  plans  primitifb  la  fiiçade  rédnite  anx  denx  étages  infé- 
rieurs, y  et  YI,  deux  esqnisses  conçnes  dans  nn  système  analogue  à 
celui  des  dessins  précédants,  parai8sa.nt  appartenir  à  peu  près  à  la 
même  époque,  mais  provenant  d'un  artiste  inféripur  à  Erwin.  Los  dmizn 
autres  plans  appartiennent  à  des  époques  postérieures,  c'est-à-dire  aux 
XIV*  et  XV*  siècles.  (Voir  Gérard,  ouvrage  déjà  cité,  t.  i,  p.  231  et  suiv. 


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l'alsace  artistique  463 

pas  été  aussi  sarpraunt  que  celui  qu'il  ofire  à  nos  yeux,  mais 
les  formes  auraient  été  plus  harmonieuses  entre  elles,  mieux 
proportionnées  avec  la  nef  et  plus  confbrmes  au  style  ogival 
Erwin  put  achever  les  deux  étages  de  la  tour  méridionale 
et  seulement  le  premier  étage  de  la  tour  septentrionale  ;  quant 
à  la  rosace  de  la  façade,  ce  n'est  pas  lui  qui  la  construisit, 
car  elle  ne  put  l'être  qu'après  rachèveraent  du  deuxième  étage 
de  la  tour  septentrionale  sur  hiquellc  il  fallait  nécessairement 
qu'elle  s'appuyât,  aussi  bien  que  sur  celle  du  midi.  Ce  furent 
ses  tils,  Erwin  II  et  Jmn  dit  WirUin  qui  continuèrent  son 
œuvre. 

Ërwin  est  l'auteur  de  plusieurs  autres  édifices,  ou  tout  au 
moins  des  plans  d'après  lesquels  ils  furent  construits.  C'est 
lui  qui,  comme  nous  l'avons  é^k  dit,  commença  en  1274  (et 
peut-être  d^  en  1273)  la  reconstruction,  d*après  le  s^le 
gothique,  de  Vég^  du  couvent  d'HasIach,  construction  qui 
fut  continuée  en  1295  par  son  fik  Jacques,  qui  mourut  en 
1880,  en  tombant,  dit-on,  d*un  échafaudage  de  la  tour  dont  il 
voulait  surmonter  ce  beau  monument 

Erwin  avait  préludé  à  son  œuvre  capitale,  la  construction 
de  la  façade  de  la  cathédrale  de  Strasbourg,  par  plusieurs 
ouvrages  exécutés  dans  l'intérieur  même  de  cette  basilique. 
On  lui  attribue  la  décoration  de  la  belle  colonne  du  transept 
méridional,  appelée  le  pilier  des  anges  ou  la  colonne  d' Erwin, 
Mais  ce  n'est  qu'une  supposition  ;  nous  avons  vu,  en  parlant 
de  la  statuaire  Sabine,  que  les  statues  qui  ornent  ce  pilier 
ddvent  appartenir  à  cette  femme  artiste.  On  attribue  encore 
à  Erwin  le  transept  septentrional  et  la  balustrade  orientale 
de  la  croisée;  mais  c*est  Hermann  Anriga  qui  en  fut  Tarchi- 
tectOb 

EnHn  est  Fauteur  de  la  cs^psOs  de  la  TUarge  oad^Ja  ijiSU, 
qui  fut  achevée  en  1316  et  détruite  en  1681  ;  c'était  la  merveille 

de  la  cathédrale  ;  elle  était  ornée  de  statues,  de  bas-reliefil, 
de  sculptures  et  de  peintures  admirables. 


444  niWK  d'al&ac» 

On  a  pr(^tendu  qu'il  créa  le  mi^iique  jubé  qui  s^arait 
les  prêtres  du  chœur  des  laïques,  et  qui  eut  la  m6me  destinée 
que  la  chapelle  de  U  Vierge;  maïs  c*était  r<Ba?re  de  Tarchi- 
tectedes  oefe. 

Nous  avons  vu  que  c'est  par  erreur  qu'on  a  cm  qu'Erwin 
était  Tauteur  de  la  flèche  de  Frïbouig  en  Brlsgau.  D  ne  le  fut 
pas  d'avantage  de  l'église  Saint-Thiébaud  de  Thann,  dont  la 
construction  remonte,  il  est  vrai,  aux  premitoes  années  du 

xiY*  siècle,  mais  à  laquelle  aucun  titre  sérieux  ne  rattache  le 
nom  il  Erwin.  La  uof  de  cette  église  ne  fut  couiinencée  que 
quatorze  ans  après  la  mort  de  cet  artiste;  et  si  la  coustructioa 
de  ses  beaux  portails  remonte  à  l'époque  oii  il  vivait,  rien  ne 
dénote  son  style  ni  sou  génie.  La  première  mention  que  la 
chroniiiue  des  Franciscains  de  Thann  fait  d'un  architecte  de 
Saint-Thiébaud  se  trouve  seulement  sous  la  date  de  Pan  1386: 
c'est  maître  Jean  Werlin.  La  flèche  de  cette  église,  qu'on  a  le 
tort  de  comparer  quelquefois  à  celles  de  Strasbourg  et  de 
Fribourg,  ne  leur  ressemble  point  et  remonte  au  zn*  siède. 

U  est  présumable  que  c'est  Erwin  qui  reconstruisit  ou 
restaura  les  fortifications  du  château  épisoopal  d'Isenbouig  à 
Boufiach  (1278X  et  celles  de  la  ville  de  Lichtnau  ;  qu'il  fournit 
les  plans  du  monastère  de  Rhinau  (1290-129i),  qniftit  englouti 
par  le  Ehin  au  xvr  siècle,  et  ceux  du  mausolée  de  l'évèque 
Conrad  de  Lichtenberg,  qui  fut  tué  en  139!),  mausolée  qui  se 
trouve  dans  la  chapelle  Saint-Jean-Baptiste  de  U  cathédrale 
de  Strasbourg. 

Il  peut  se  faire  encore  qu'Erwin  ne  soit  pas  resté  étranger 
à  la  construction  ou  à  l'agrandisst'ment  de  certaines  églises 
de  Strasbourg,  telles  que  Samt-Guillaume,  qui  fut  bâtie  de 
1300  à  1306,  Saint-Pierre-le-Jeune,  dont  la  nef  fut  renouvelée 
en  12D0  et  le  chœur  achevé  on  1319  ou  1320,  l'église  des 
Dominicains  ou  Temple-Neuf,  dont  le  chœur  fut  construit  de 
1308  à  1345.  Il  a  peut-être  aussi  dirigé  la  construction  du 
château  et  de  Thdpital  de  Molaheim  (1316). 


• 


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m 


Erwin  de  Steinbach  mourut  à  Strasbourg,  le  17  janvier  1318; 
c'est  ce  qui  est  établi  par  son  épitaphe  qui,  avec  celles  de  sa 
femme  et  de  Jean  Erwin,  se  trouve  gravée  sur  le  contrefort 
oriental  de  la  chapelle  de  Saint-Jean  :  Amo  Dom.  MCCCX  VIII 
ZVI  Kl.  feèruarii  0  magr,  EneinuB  jfubm^^  eeeUê 
argnt,  T. 

n  légua  à  k  cathédrale  son  ehe? al  et  une  rente  de  qnatre 
oncea  pisnnîng,  monnaie  de  Strasbourg.  Sa  femme  Sma, 
i^pelée  aussi  €^«rtrudê  par  certains  documents,  l'avait  pré- 
cédé dans  la  tombe  le  12  des  calendes  d*août  (21  juillet)  1316.* 
On  a  cru,  d*iq»rès  un  auteur  strasbouigeols,*  qu'elle  était 
statuaire  et  qu'elle  aida  son  mari  dans  ses  travaux  ;  mais  elle 
ne  fut  rien  moins  qu'artiste  ;  elle  était  prosaïque,  positive  et 
méchante,  blasphémant  contre  le  génie  de  son  époux  et 
maudissant  ses  nobles  aspirations. 

Erwin  fut  enterré  dans  le  petit  cimetière  qui  se  trouve 
entre  la  chapelle  Saiut-Jean-liaptiste  et  le  grand  séminaire, 
cimetière  qui  paraît  avoir  été  spécialement  affecté  comme 
lieu  de  repos  aux  architectes  et  tailleurs  de  pierres  de  la 
cathédrale.  On  y  voyait  jadis  les  pierres  funéraires  do  Jean 
Httltz  le  jeune,  qui  acheva  la  flèche  de  la  cathédrale,  et  de 
Jacques  de  Landshut,  l'auteur  du  portail  Saint-Laurent 
Aujourd'hui  il  ne  s'y  trouve  plus  que  les  épitaphes  d'£rwin, 
de  sa  fenune  Husa  et  de  Jean  Srwin. 

Ona  cru  longtemps  que  ce  Jean  Erwin  était  le  fils  d*Erwîn; 
on  se  basait  sur  l'inscription  suivante,  gravée  sur  le  contre- 
fort oriental  de  la  chapelle  SaintJean-Bq^tiste:  Amù  Dm 
MCCXSXXXVIIl  X7  KL  mrUit  0.  magisier  JbAawief/Qtiis 
Bneini  magn  opris  t^jui  êcee;  ce  qui  veut  dire:  En  l'an  du 
Seigneur  1339,  le  16  des  calendes  d'avril,  mourut  mettre  Jean, 
iils  d'Erwin,  maître  de  Tœuvre  de  cette  église.  L.  Schneegans 

'  Anno  Dom.  MOCCXVl  XII  KL  migtuti  0  âma  BMMk%utorma§ri 
JEnoini  (épitaphe). 
'  M.  DB  EsNTziNaBB,  Choscs  mémortMeê  du  vieux  tempt. 
MovTeUe  Série.  -  If  aooé».  80 


466  wanm  »*AiJMa 

et  Gérard  ont  démontré  que  ce  Jean  n'était  pas  le  hls  d'Erwin, 
mais  son  petit-tils,  et  (^u'il  avait  pour  auteur  Ërwin  II,  tils  et 
successeur  d'Erwin  I. 

Gérard  établit  ainsi  la  généalogie  d'Erwin  I  :  Erwin  II,  qui 
mourut  après  Tan  1339  et  qui  eut  pour  fils  meâtre  JeanSnom 
dté  dans  l'inscription  susdite  ;  Jaeguei,  qui  continua  la  cons- 
truction de  TégUse  d*Hasladi,  commencée  par  son  père,  et 
qui  mourut  en  décembre  1830,  comme  le  témoigne  l^criptîon 
de  son  tombeau  qui  se  trouve  dans  le  cloître  d*Haslac]i;  enfin 
Jêon,  dit  WkiUnt  le  plus  jeune  des  trois  frères,  qui  décéda 
▼ers  Pan  1348  et  laissa  deux  enfants,  Jean  et  €^erirude, 

On  ignore  si  Erwin  I  eut  des  filles  ;  ce  qu'il  y  a  de  certain, 
c'est  que  la  statuaire  Sabine  ne  descendait  pas  de  lui,  puis- 
qu'elle vécut  plus  d'un  siècle  auparavant. 

Selon  Schiiee^îans,  '  Erwin  II  et  Jean,  dit  Winlin  furent 
investis  simultanément  des  fonctions  d'architecte  de  la  cathé- 
drale après  la  mort  de  leur  père.  Gérard  prétend,  au  contraire, 
qu'Erwin  II  dirigea  seul  la  continuation  des  travaux  de  cet 
édifice,  et  que  ce  fiit  seulement  après  sa  mort  que  son  frère 
Jean  lui  succéda  dans  sa  maîtrise. 

Ce  qui  est  certain,  c^est  que  les  deux  frères  édifièrent  le 
deuxième  étage  de  la  tour  du  nord  et  la  rosace  centrale  de  U 
façade  (1318-1848).  Quant  au  troisième  étage  des  deux  tours 
et  de  la  façade,  qui  n*aura!t  pas  dû  exister  sf  Pon  avait  respecté 
les  plans  d'Erwin  I,  il  doit  être  attribué  aux  successeurs  des 
tils  de  celui-ci.  C'est  ainsi  (^ue  le  troisième  étage  des  tours  est 
dû  h  Gerlach  (1348-1355)  et  h  Hultz-le-Vieux,  de  Cologne 
(1355-1365).  Une  fois  cette  œuvre  terminée,  on  put  songer  à 
exécuter  le  massif  central  qui  surmonte  la  rose  du  grand 
portail,  et  c'est  Cuntz  (1382-1383)  et  Michel  de  Fribourg 
(1383-1390)  qui  en  forent  chargés. 

Schweigfaauser  (Vuet  pUkresguet  de  la  cathédralej  a  pré- 

*  Epitapbe  d'Erwin. 


i^iyui^ud  by  Google 


tendu  que  l'idée  d'élever  sur  la  plate-forme  de  la  cathédrale 
la  flèche  prodigieuse  qui  la  surmonte,  appartient  aux  fils 
d'Erwin.  Mais  peut-on  accepter  cette  opinion  ?  La  piété  filiale 
et  l'admiration  qu'ils  devaient  avoir  pour  leur  père,  leur 
imposaient  le  devoir  de  suivre  fidèlement  les  plans  qu'il  avait 
laissés,  et  chercher  à  les  mener  à  bonne  ûn  devait  ôtre  an 
but  assez  élevé  pour  leur  ambition. 

Lldée  d*ériger  une  flèche,  peat4tre  deux  flèches,  snr  la 
plate^brme»  n*a  été  conçue  que  vers  Pan  1365  et  doit  revenir 
à  Hnlts-le-Vieox,  Hais  ce  n'est  pas  lui  qui  construisit  la  tour 
octogone  qui  sert  de  base  à  la  flèche  pyramidale;  cette  tour 
n*a  été  érigée  que  dans  la  dernière  partie  du  xrV  siècle. 
Specklé  place  la  construction  des  quatre  tourelles  à  l'année 
1384;  Wirapheling,  la  fermeture  de  la  coupole  à  1405,  et 
Jérôme  Guelnviler  donne  la  même  date  à  la  quatrième  voûte 
qui  termine  la  tour  octogone. 

n  restait,  pour  compléter  Tœuvre  entière,  à  construire  la 
pyramide.  En  1429,  on  fit  venir  de  Cologne  Jean  Hults  le 
Jeune,  qui  termina  la  flèche  en  dix  années  et  l*inaugura  le 
24  juin  143». 

Le  magnifique  portail  septentrional  de  la  cathédrale,  dit 
portail  Saint -Laurent  à  cause  du  martyre  de  ce  saint  qui  y 
est  représenté,  fut  construit  de  1494  à  1505  par  Jacques  de 
Landsliut  ;  le  baptistère,  œuvre  de  Jost  Dotzinger  de  Worms, 
remonte  à  Tan  1453;  enfin  la  chaire,  chef-d'œuvre  de 
Hamerer,  fut  sculptée  en  1486  et  illustrée  pendant  quatorze 
ans  par  Téloquent  prédicateur  Jean  Geylor,  de  Kaysersberg. 


468 


L£  COUVENT  D£S  DIiT£RLIl^D£N  D£  COLMÂR 
et  m  oaUigraphM  Oatheriiie  à»  Qebesirailar,  Oertrode  de 

Biieiufelden  et  Adélaïde  d'Epfig 
(xm*  ei  zzT*  sièclw)  * 

Au  moyen  ftge  Golmar  a  possédé  un  couvent  de  Dominicaines 
renommées  pour  leur  ascétisme  et  leur  mysticisme,  lesquelles 
cultivèrent  aussi  avec  succès  Part  de  la  calligraphie  et  de  la 
miniature.  Les  Vnterîinie»,  tel  est  le  nom  de  ce  monastère, 
forent  construits  de  1352  à  1269,  sur  remplacement  «Tune 
maison  ombragée  âe  UBeuXt.  H  n'en  reste  pins  que  le  clottre 
et  la  chapelle  qui  sont  occupés  de  nos  jours  par  le  musée  et 
la  bibliothèque  de  la  ville. 

Parmi  les  prieures  de  ce  couveut  il  y  en  a  eu  une,  Catherine 
de  Gebesweiler,  morte  vers  l'an  1330,  qui  a  laissé  un  manu- 
scrit, propriLté  de  la  bibliothèque  de  Colmar,  intitulé  de  Vitù 
primarum  soronim  monasterii  liber,  petit  in-folio  do  141 
feuillets  à  deux  colonnes.  Il  a  été  publié  d'abord  par  dom 
Bernard  Fez  dans  sa  bibliothèque  ascétique  (tome  VIII,  p. 
1-399),  puis  traduit  en  allemand  par  le  chartreux  Mathias 
Thanner,  enfin  réimprimé  en  1863  à  Batisbonne  par  Louis 
Clarus.  Ce  manuscrit  ne  présente  aucun  caractère  artistique; 
il  n*a  d'importance  qu'au  point  de  vue  de  Thistoire  du  mysti- 
cisme au  moyen  ftge,  car  il  contient  le  récit  des  extases  des 
convuMonnaires  des  Unterlinden;  il  mentionne  en  outre  les 
noms  de  deux  callignq^hes  de  ce  couvent 

L*une  d'elles  est  Gertrude  de  Khdnfelden  qui,  pendant  de 
longues  années,  transcrivit  avec  un  zèle  et  une  merveilleuse 
habileté  des  livres  du  chœur  et  beaucoup  d'autres  ouvrages, 
et      ht  singulièrement  remarquer  dans  ces  travaux,  sans 

'  OvTrages  consultés:  Ristklhubkb,  l'Alsace  ancienne  et  moderne, 
article  sur  Colmar.  —  GjbuaD,  les  Artistea  de  l'Alsaoe  au  mojfm  âge. 
T.lfpanim;  Ht. 


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L  ALSACE  AHTISTlQUe  469 

toutefois  négliger  ses  devoirs  de  religieuse.  Suivant  domPitra,^ 
elle  copia  des  livres  et  les  enlumiiia  d'ors,  de  lettres  ornées 
an  mimm  et  décorées  d*arabesques  d*aziir.  Elle  vécut  dans 
la  seconde  moitié  du  zm*  siècle  et  au  commencement  dn  xn*. 

Est^e  Panteur  de  certains  des  manuscrits  provenant  des 
Unterlînden  de  Oolmar  et  appartenant  à  la  bibUothèque  de 
cette  ville?  CTest  probable,  mdme  certain,  car  tous  ont  été 
écrits  et  enluminés  par  les  religieuses  de  ce  couvent,  mais 
aucun  ne  peut  lui  être  b])»''cialenient  attribué. 

Nous  ne  parlerons  pas  des  récits  légendaires  qui  ont 
entouré  le  nom  de  Gertrude  de  Rheinfelden,  récits  qui  donnent 
une  idée  exacte  du  mysticisme  excessif  qui  régna  sur  les 
Dominicaines  de  Colmar;  on  peut  se  reporter  à  cet  égard  au 
livre  de  M.  Gérard.  ' 

La  seconde  artiste  calligraphe  des  Unterlînden  de  Colmar 
mentionnée  par  Qertrude  de  Gebesweiler  est  Adélaïde  d^Epfig, 
qui  vécut  dans  la  seconde  moitié  du  zm*  siècle  et  au  com- 
mencement du  znr.  Elle  entra  au  couvent  dès  sa  plus  tendre 
en&nce  et  s'occupa  à  transcrire  avec  une  grande  élégance 
plusieurs  ouvrages,  principalement  des  livres  liturgiques  à 
l'usage  du  chœur.  Mallieureuscinent  elle  a  oublié,  comme  son 
émule  Gertrude  de  Rheinfelden,  de  signer  ses  œuvres  qui 
doivent  se  trouver  parmi  les  manu^scritâ  de  la  bibliothèque  de 
Colmar. 

Adélaïde  d'Ëpfig  a  laissé,  comme  presque  toutes  les  nonnes 
des  Unterlînden,  une  trace  profonde  dans  Thistoire  du  mysti- 
cisme catholique.  8a  supérieure,  Catherine  de  Gebesweiler, 
a  raconté  sa  vie  ascétique  et  remplie  d*eitases,  dans  l*nne 
desquelles  die  avait  appris  llieure  eiacte  de  sa  mort 

'  Lettre  m  père  LMOidtire  rar  le  eooTent  dei  Unterlindeii,  1864. 
'  Oanefe  cité.  T.  I,  p.  969  et  loi?. 


470 


REVDE  D' ALSACE 


LES  WURMSER 

Peintreg  (ldOO-1360)  ' 

Dus  les  dernières  années  du  xnr  siècle,  un  peintre,  dont 
le  nom  n'est  eonnn  qne  par  celui  de  ses  iils,  WwrmÊtr,  quitta 
Strasbourg,  sa  ville  natale,  et  alla  s'étsblir  en  Bohême.  Il 
emmena  aTee  lui  son  fils  CmiM,  dit  U  BoMmê,  frèn  de 
Ifteotoê  le  peûOre,  Ce  dernier  était  resté  en  Alsaco  et  n'kQa 
que  plus  tard  se  fixer  h  Prague. 

Si  Cuntzel  est  surnommé  le  Bohême,  ce  n'est  pas  parce 
qu'il  naquit  dans  cette  contrée,  mais  parce  qu'il  y  fut  élevé  et 
qu'il  en  adopta  la  nationalité.  Cuntzel,  dont  la  profession 
était  celle  de  peintre,  fut  chargé  par  l'empereur  Charles  IV 
de  décorer  les  édifices  qu'il  avait  fait  construire.  Lorsque  son 
firère  Nicolas  alla  le  r^oindre  à  Prague,  il  travailla  avec  lui 
aux  peintures  murales  du  Karlstein;  mais  il  est  difficile  de 
connaître  c^es  qui  sont  de  sa  main.  Cétait  un  très  bon 
peintre,  et  c'est  surtout  dans  les  portraits  qn'Q  excellait 

Cest  en  Tan  1348  qne  Nicolas  Wurmser  alla  se  fixer  à 
Prague,  oii  Tempereur  l'avait  appelé  pour  concourir,  avec  son 
frère  Cuntzel  et  d'autres  artistes  à  la  décoration  du  ch&teau 
du  Karlstein  et  des  églises  de  la  ville. 

On  n'a  aucun  renseignement  sur  Nicolas  avant  son  départ 
de  Strasbourg,  où  il  exerçait  sa  profession  de  peintre.  Il  n'a 
laissé  dans  cette  ville  aucune  œuvre  connue  ;  mais  sa  réputa- 
tion devait  déjà  avoir  acquis  une  certaine  notoriété,  puisque 
Charles  IV  l'attira  en  Bohème.  C'est  seulement  à  partir  du 
moment  qu'il  travailla  aux  peintures  du  Karlstein,  que 
l'histoire  parle  de  lui.  n  devint  l'un  des  peintres  favoris  de  ce 
monarque  qui,  le  6  novembre  1369,  lui  accorda  le  privilège 
suivant:  c  Nicolas  Wurmser  de  Strasbourg,  peintre  de  l'em^ 

*  Onrra^  consoltés  :  GéRABD,  les  Artistes  de  V Alsace  au  moyen  âge. 
T.  I,  p.  344  et  BuiT.  —  E.  Muktz,  de  quelques  monwMnto  d»  Part  alsa- 
cien oMêervii  à  Viemte  (Bévue  d'Meaee,  1872). 


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L'aLSACB  ARTISnQUB  471 

pereur,  en  considération  de  son  art  et  de  ses  soins  diligents 
pour  décorer  les  lieux  et  les  châteaux  dont  il  a  été  chargé, 
pourra  disposer  de  ses  biens,  faire  des  legs  ou  des  donations, 
instituer  des  héritiers,  comme  U  le  jugera  convenable  et  sans 
aucune  considération  du  droit  en  vigueur,  des  us  et  coutumes» 
ni  des  règlements  ftituis.  • 

L*année  suivante,  Charles  IV  Tafiranchit  de  tous  cens  et 
impositions  sur  la  maison  et  les  terres  qu'il  avait  acquises 
non  loin  de  la  ville,  près  du  domaine  de  son  mattre  et  ami 
TIiL'odoric  de  Prague,  Tun  des  fondateurs  de  l'école  de 
peinture  de  la  Bohême.  Dans  le  diplôme  où  il  lui  caccorde 
cette  faveur,  Tempereur  l'appelle  »20<;  ti  t/ier  et  JamUier peintre 
Nuolwt,  et  ordonna  à  ses  oôiciers,  sous  peine  de  disgrâce,  de 
ne  point  lui  réclamer  d'impôts. 

A  partir  de  Tan  1360,  on  ne  trouve  plus  trace  de  Nicolas 
Wurmser;  on  ignore  la  date  de  sa  mort,  s'il  revint  eu  Alsace 
ou  s'il  termina  sa  canibre  en  Bohême. 

Lui  et  Thomas  de  Modène,  qui  se  trouvait  à  la  même  époque 
à  Prague,  produisûrent  une  révolution  importante  dans  Tan- 
cienne  école  allemande  de  Cologne,  en  y  introduisant  le 
sentiment,  les  procédés  et  les  innovations  de  Part  italien.  Les 
œuvres  que  ces  deux  peintres  ont  laissées,  prouvent  qu'ils 
étaient  presque  des  artistes  italiens. 

Nicolas  Wurmser  a  exécuté  de  nombreux  ti-avaux  en 
Bohême  ;  il  a  orné  de  peintures  plusieurs  châteaux  impériaux, 
principalement  le  Karlstcin  qu'il  décora  de  concert  avec  son 
frère  Cuntzel  le  Bohême,  Théodoric  de  Prague  et  Thomas  de 
Modène.  Mais  il  n*est  pas  fsdle  de  distinguer  Tœuvre  de 
chacun  de  ces  artistes.  Suivant  les  auteurs  qui  se  sont 
occupés  de  Nicolas  Wurmser,  '  les  peintures  qu'on  peut  lui 
attribuer  sont  les  suivantes  :  Dam  la  coUégiak  du  KurUkm  : 

^  OiBABD,  onyragc  cité,  t.  I,  p.  353  ot  suiv.  :  Pbixisser,  Wiener  Jahr- 
bikher,  p.  114,  et  Naqlsb,  KiinsUer-Lexikon,  XXII,  p.  132. 


47S 


EBVUB  »*AL8ACB 


V  Charles  IV  présentant  à  son  lUs  atné  Wenceslaa  une  wia; 
2*  Charles  IV  offrant  une  iMgne  à  son  fils  Sigismond  ;  8*  rem- 
pereur  agenonillé  et  prostmé  defant  un  autel,  revêtu  de 
ses  ornements  impériaux  et  couronne  en  tdte.  Wagen  *  attri- 
bue ces  peintures  à  Cuntiel;i*  une  femme  apoealyptiqne 
debout  sur  la  lune  et  portant  un  enfuit  nouveau-né  dans  ses 
bras.  Cette  fresque,  qui  est  un  dos  principaux  morceaux  du 
Earlstein,  doit  d'aotautplus  être  attribuée  à  Wurmser,  qu'elle 
ne  présente  dans  la  composition  et  l'exécution  aucune  ana- 
logie avec  les  œuvres  de  Théodoric  de  Prague  et  de  Thomas 
de  Modëne  ; 

Dam  la  chapelle  Sainte-Catherine  du  même  château  :  1"  une 
fresque  représentant  les  bustes  de  l'empereur  Charles  IV  et 
de  sa  femme  [  les  ^ux  tiennent  des  deux  mains  une  croix 
d*or  volumineuse,  rehaussée  de  pierres  précieuses  et  se  t^ 
minant  aux  extrémités  par  des  feuilles  de  roses  quadrilobées. 
Les  tdtes  sont  ceintes  d*une  riche  couronne  d*or  parsemée  de 
Joyaux.  L*artiste  a  r^résenté  Tempereur  sans  le  flatter,  avec 
sa  nature  lourde  et  épaisse,  ayant  une  barbe  imposante  et  de 
longs  cheveux;  son  n|juiteau  est  do  drap  d*or,  fort  raide,  sans 
aucuns  plis  et  orné  çà  et  là  d'aigles  brodés.  Par  contre,  Tmi- 
pératrice  est  très  béUe  de  visage,  douce  en  même  temps  que 
majestueuse;  une  riche  et  longue  chevelure  ondoie  sur  ses 
épaules  couvertes  d'un  manteau  écarlate  fermant  sur  la  poi- 
trine et  enrichi  de  broderies  d'or.  Cette  fresque,  très  bien 
conservée,  est  dominée  par  une  ogive,  et  le  fond  de  la  peinture 
est  en  or  et  formé  d'un  quadrillai^e  par^^élné  de  roses  qui  imite 
un  t^)is  de  brocard;  2"  sur  le  mur  de  gauche  se  trouvent  sept 
têtes  r^résentant  les  images  des  patrons  de  la  Bohême  ;  ces 
figures  sont  trto  détériorées  et  ont  subi,  il  y  a  environ  deux 
siècles,  des  restaurations  déplorables;  3*  dans  une  niche 
d*autel  se  trouve  la  Vieige  avec  Teniluit  Jésus,  accostée  de 


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PempewM  et  de  llnqpéntriee.  Cette  peinture  eit  très  en- 
dommagée. 

Dans  Véglise  Sainte-Croix  du  même  édifice  les  peintures 
qui  s'y  trouvent  n'appartiennent  pas,  suivant  les  auteurs 
précités,  à  Wurmser.  KuRler,  '  au  contraire,  ainsi  que  Waagen," 
attribuent  à  cet  artiste  les  grandes  fresques  peintes  aux 
voûtes  des  fenêtres  et  reproduisant  les  scènes  et  les  person- 
nages suivants  du  Nouveau  Testament:  r  l'Eternel  assis  sur 
son  trône,  entouré  du  chœur  des  anges,  tenant  lee  sept  étoiles 
d'une  main,  et  de  l'autre  le  livre  aox  sept  sceaux;  2°  Padonir 
tien  de  Tagneau  par  les  vingt-qnatre  vieillards;  3*  TAnnon- 
dation  ;  4*  la  Visitation  ;  6*  radoratibn  des  Mages  ;  e»  le  Cbiist 
aTOC  Marthe  et  Marie;  7*  Madeleine  anz  pieds  du  SauTenr; 
8"  le  Christ  an  jardin  des  OliTiers;  9*  la  résunrection  de 
Laiare.  Ces  peintnres,  qui  réfèlent  un  génie  créateur,  nn 
sentiment  profond  du  bean  et  une  habileté  de  main  oonaidé- 
rable,  sont  presque  entièrement  détruites.  Sur  les  murailles 
de  Pescalier  qui,  dans  la  grande  tour,  conduit  à  la  chapelle 
de  la  Sainte-Croix,  se  trouvent  des  fresques  très  détériorées 
retraçant  la  légende  de  saint  Wenceslas  et  de  sainte  Lumiile; 
mais  il  est  peu  probable  qu'elles  soient  de  Wurmser,  car  elles 
n'offi*ent  pas  la  largeur  et  la  puissance  de  composition  qui 
distinguent  les  œuvres  de  cet  artiste. 

J)an8  la  cathédrale  de  Prague,  les  fresques  décoratives  de 
saint  Wenceslas  sont'  attribuées,  en  partie,  à  Nicolas 
Wurmser.  Ces  fresques  forment  deux  séries  ;  la  supérieure  qui 
reproduit  les  scènes  de  la  vie  de  ce  saint,  n*a  pas  éte  peinte, 
soîrant  les  meilleurs  critiques,  par  notre  artiste;  la  série 
inférieure,  représentant  les  actes  principaux  de  la  rie  du 
Christ,  ont  un  tel  rapport  de  parente  avec  les  meilleures 
œuvres  dn  Karbtein,  qu'on  peut  sans  craindre  de  se  tromper, 

«  Kleiné  Schriftm,  H,  p.  498. 
*  Ouvrage  dé^à  cité,  I,  p.  63. 


474 


RSVUB  D'ALBàCI 


leur  donner  Warmser  ]»oiir  auteur.  Certaines  sont  masquées 
par  Pantel  et  d*autroB  oljets  mobiliers;  celles  qui  sont  visibles, 
an  nombre  de  sept,  représentent  Jésus  devant  POate,  le 
Gmeifiement,  la  Mise  au  tombeau,  la  Résurrection,  TAseen- 
slon,  la  Penteeôte,  saint  Pierre  et  saint  PauL  Dans  la  Bésur- 
reetiouf  la  figure  du  Christ  est  empreinte  d*une  expressfon  de 
grandeur  que  les  outr^çes  du  temps  n'ont  pu  altérer.  La 
scène  de  la  Pentecôte  oftVi?  riiuage  touchante  de  la  Vierge, 
entourée  des  apôtres,  la  tête  inclinée  vers  la  droite,  les  mains 
jointes  pour  prier.  Les  images  de  saint  Pierre  et  saint  Paul 
sont  empreintes  de  la  force  de  caractère  et  de  la  puissance 
intellectuelle  que  possédaient  ces  deux  fondateurs  de  l'église 
chrétienne.  Ces  fresques  sont  entourées  d'un  encadrement  de 
pierres  précieuses  d'une  grosseur  remarquable,  ench&ssées 
dans  une  suite  de  chAtons  qui  forment  un  cordon  étincelant. 

On  ne  connstt  de  Nicolas  Wurmser  qu*un  seul  tableau 
mobUe,  le  Ckrût  en  orots^  qui  se  trouve  dans  la  galerie  du 
Belvédère  à  Vienne;  il  porte  la  date  1357  et  provient  de  la 
chapelle  sainte  Catherine  du  Karlstein;  les  victoires  de 
Nspoléon  I**  en  avaient  enrichi  le  musée  du  Louvre,  et, 
après  1816,  il  fiit  restitué  à  TAutriche. 

M.  E.  Ifuntz,  *  qui  a  vu  et  étudié  cette  peinture  en  psrle  de 
la  façon  suivante:  «  C'est  un  tableau  sur  bois  de  six  pieds 
sept  pouces  de  hauteur,  sur  quatre  pieds  neuf  pouces  de 
largeur.  Le  Christ,  fixé  sur  la  croix  par  trois  clous,  laisse 
pesamment  retomber  sa  tête;  à  sa  gauche  st;  trouve  sa  mère, 
qui  joint  les  mains  et  prie  avec  ferveur  et  résignation; 
de  l'autre  côté,  saint  Jean  appuyant  sa  joue  sur  sa  main 
droite  par  un  de  ces  gestes  naïfs  et  câlins,  si  chers  à  Técole 
de  Bohême.  L'aspect  de  cette  peinture  est  boueux,  terne  et 
lourd,  et  l'emplacement  qu^elle  occupe  entre  deux  fenêtres  et 
à  contre-jour  ne  contribue  pas  à  lui  donner  plus  d'éclat  Sa 

'  Oamee  déjà  dté. 


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L'ALSACE  ARTISTIQUB  475 

eonleor  contraste  dognlièremeiit  aTee  le  ton  dair  et  tnna- 
faieide  des  antres  tableaux  de  la  même  ^^ue  et  de  la  mdme 
école,  qne  renferme  le  Belyédère,  notamment  avec  le  Saint- 
Augnstin  et  le  Saint-Ambroise  de  Théodorie  de  Prague.  Le 
dessin  n'estpas  moins  défectueux;  les  draperies  sont  d'une 
exécution  sommaire  et  boursouôiée;  les  mains  et  les  pieds 
massifs,  grossiers,  infonnes  comme  s'ils  étaient  de  bois;  les 
figures  rondes  et  vides.  Mais  l'ensemble  ne  manque  pas  d'une 
certaine  grandeur,  et  les  habitudes  de  la  peinture  murale  et 
monumentale,  plus  familière  à  l'artiste  que  la  peinture  sur 
bois,  peuvent  expliquer  et  en  quelque  sorte  atténuer  ces 
imperfdctions*  • 

On  est  unanime  pour  reeonnaitre  que,  malgré  ses  dé&uts, 
Wurmser  doit  dtre  rangé  parmi  les  plus  grands  peintres  de 
rAllemagne.  Dans  ses  OBUvres,  fl  a  fidt  preuve  d*une  habileté 
d'exécution,  d*nne  puissance  de  création  et  d'une  indépen- 
dance  qui  en  font  un  maître  original,  auquel  PAlsace  doit 
être  fière  d'avoir  donné  le  jour. 


ULRICH  RITTER 
Architecte  (xiv*  siècle)  * 

Ulrich  Kitter,  né  à  Strasbourg,  au  commencement  du  xiv* 
siècle,  reçut  son  éducation  artistique  dans  les  ateliers  de 

cette  ville  sous  la  direction  du  célèbre  Erwin  de  Steinbacb 

ou  de  SCS  fils.  Sa  renommée,  comme  architecte,  s'établit 
promptement  en  Allemagne  et  pénétra  jusque  sur  les  bords 
de  la  Baltique.  Ludolphe  Kœnig,  seigneur  de  Weitzau,  grand 
maître  des  chevaliers  teutons,  qui  résidait  à  Marienbourg, 
avait  résolu  de  construire  à  Dantzig,  tombé  en  1310  au 

'  OoTrages  ronsnltés:  Hibsch,  die  Oher-^ankirdu  wm  S(mei'Mairim 
Al  IkmUig,       ;  Gxbabd,  I,  p.  281  et  282, 


47C  .  HfDI  9*àtMa 

pouvoir  de  son  ordre,  uie  é^^bè  sur  le  plan  de  celle  de 
Sainte-Sophie  de  Constantinople.  Dans  ce  but,  il  diaigea 
Bitter,  en  1341,  d'aller  dans  cette  ville  pour  y  étudier  Var- 

cbitecture  de  sa  basilique  et  lui  en  rapporter  des  plans  exacts 
et  détaillés.  Notre  Strasbourgeois  passa  deux  années  dans  la 
capitale  de  l'empire  grec,  et  à  son  retour,  en  1343,  il  commença 
la  construction  de  Sainte-Marie  de  Dantzi}?,  Tune  des  plus 
vastes  et  des  plus  belles  églises  de  TEuropc.  Entièrement  en 
briques,  cette  église  a  cent  vingt  mètres  de  longueur,  qua- 
rante-quatre de  largeur,  et  sa  voûte,  de  quarante-un  mètres 
d'élévation,  est  soutenue  par  vingt-six  piliers  d'une  légèreté 
et  d'une  hardiesse  étonnantes.  Elle  renferme  cinquante  char 
pelleB  placées  sur  des  caveaux  funéraires. 

Bitter  n*eut  pas  le  temps  d'achever  son  oauvre;  c'est  à  peine 
8*0  put  la  voir  s'élevor  au-dessus  du  soL  Elle  ne  fot  tenninée 
qu'en  1603,  sous  le  règ;ne  des  rois  de  Pologne.  On  ignore 
l'époque  de  la  mort  de  cet  artiste. 


WOLVELIN  OU  WŒLFELIN 

Sculptear  (xiv«  siècle)  ' 

Le  plus  illustre  sculpteur  de  l'Alsace  au  xrv*  siècle  fut 
mettre  Wolvelin,  de  Rouffach.  D'abord  tailleur  de  pierre  et 
maître  de  l'oeuvre  de  la  belle  église  Saint-Arbogast  de  cette 
ville,  fl  alla  s'établir  vers  l'an  1341  à  Strasbourg,  oh  il  fut 
reçu  membre  de  la  bourgeoisie  et  exerça  jusqu'à  la  fin  de  ses 
jours  la  profession  de  sculpteur.  On  ignore  l'époque  de  sa 
naissance  et  celle  de  sa  mort;  il  résulte  de  certain  document^ 
qu'il  ne  vivait  déjà  plus  le  10  octobre  1355. 

On  ne  connatt  de  Wolvelin  que  deux  monuments  qui 
portent  sa  signature  authentique.  L'un  est  le  tombeau 

'  Ovmge  consulté  :  OéRiRo,  tome  I,  p.  80  tl  mlv. 


L'ALSACB  ARTISTIQUE 


477 


dlmeiigsrde,  TeuTO  d'Hermann  ¥  de  Bade,  qui  se  trom 
dans  Véf^àBe  de  Tabbaye  de  lichtenthal  qa*eUe  avait  fait 
construire  en  1245.  L'autre,  qu*ott  peut  TOir  dans  révise 
Saint-Guillaume  de  Strasbourg,  est  le  mausolée  dlTlrie  de 
Werde,  landgrave  de  la  Basse-Alsace,  et  de  son  frère  Pbilippe, 
chanoine  de  la  cathédrale  de  Strasbourg.  WoWelin  le  senlpta 
en  1344.  «  La  dalle,  dit  Gérard,  qui  recouvre  le  tombeau  des 
deux  frères,  présente  l'eftigie  eu  relief  de  Philippe,  les  mains 
jointes  et  recouvert  de  ses  habits  sacerdotaux,  ayant  un  chien 
couché  à  ses  pieds.  Deux  lions,  assis  aux  deux  bouts  de  la 
dalle  tumulaire,  supportent  une  table  funéraire  exhaussée, 
sur  laquelle  est  couebée  la  statue  du  landgrave  Ulrie  en 
costume  de  guerre,  le  morion  en  tâte,  la  cotte  de  mailles  au 
corps;  à  son  côté  droit  est  r^»âe  nue,  ainsi  que  les  gantelets, 
symboles  de  la  puissance  nobiliaire  et  militaire;  deux  lions 
sont  à  ses  pieds.  Sur  le  lit  de  pierre  oti  repose  le  landgrave, 
on  lit:  Meiêter  WciMm  v<m  Sufat^  mJmrger  mu  Stroêburg 
âerM  ékê  Wmic  gmacM.  Ce  monument  est  Tun  des  plus 
beaux  morceaux  de  la  sculpture  alsacienne  au  moyen  âge  ; 
le  meilleur,  peut-être,  par  la  vigueur  du  dessin,  la  correction 
de  la  forme  et  la  sûreté  du  coup  de  ciseau.  Il  révèle  un  sta- 
tuaire de  forte  trempe,  unissant  la  sévère  précision  de  Tidée 
à  la  vive  expression  de  l'image.  » 

P.-E.  TUEFFEBD. 


L£S 

EX-LIBRIS  DANS  LES  TROIS  ÉVÊCIIÉS 

METZ  — TOUL— VERDUN 
lî)o-2  — 1790 

Mi' 


Abbije  roy«l«  de  âaiià&-Aiiuni]d 

lÀhvr  Smndi  ArmUffi,  Métmm  wrbù  «ptKxgii;  aufermiH 
nt  anaffuma  (zr  siècle). 

lÂbêr  SancU  Amul^  fi  gjm  abtitHferit  anathmiamL* 

lÀber  est  SanàH  AmulphL 

Arffuat  Armdphus  raptorem  eoé^m  huguM, 

Monasterii  Sandi  Amulphi  metentù. 

Ex-lilj)-is  Sandi  Arnulphù 

liegaiis  Abbatiœ  S.  Amulphi  Metenm,  1759, 

Saficti  Amulphi,  1704. 
Les  religieux  s'étaient  acquis  «de  nouveaux  droits  à  la 
reconnaissance  publique»,  car,  non  contents  d'avoir  publié 
rhistoire  de  Metz,  pour  laquelle  ils  avaient  reçu  de  la  ville 
600  livres  pour  les  aider  à  faire  graver  les  planches,  ils  avaient 
résolu  de  rendre  publique  leur  belle  bibliothèque,  dont  la 
Balle»  Bituée  aa  premier  étage,  avait  soiiante^nit  pieds  de 

'  Voir  les  lirraisons  du  dernier  trifflflttrt  1881  et  des  premieTi  second  ei 
troisième  trimestres  18ti2. 

*  Pois  MarancUha,  idtstpereatinucitndoadimiuIkmim{voAL  126), 
on  iwa?«ii'clM>  tU, 


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LB  U-LniB  DAHS  1»  TU»  tVtClifl 


479 


long,  trente-quatre  de  large  et  dix-huit  sous  plafond.  Cinq 
grandes  fenêtres  en  plein  cintre  l'éclairaicnt.  Elles  avaient 
quinze  {âeds  de  haut  et  sept  de  large.  L'entrée  à  gauche 
était  surmontée  des  armoiries  de  Tabbaye  avec  le  millésime 
MDCCLIII.  Cette  salle  servit  plus  tard  pour  le  même  usage, 
Ion  de  la  création  de  la  bibliothèque  de  Téeole  d'applicatioii. 
Un  catalogue  en  avait  été  dressé,  le  21  février  1769,  et  il  se 
trouve  à  la  bibliothèque  de  Mets  (manuscrit  n«  906).  Les 
manuscrits  à  cette  époque  étaient  au  nombre  de  cent  dn- 
quante-deuz,  et  d^à  bien  des  raretés  avaient  disparu;  cent 
deux  in-folio  et  le  reste  de  divers  formats  étaient  inscrits.  Dès 
le  xn*  siècle,  on  citait  les  Amatê»  Metemes  qui  ftirent  prêtés 
au  père  Sinnond  qui  ne  les  rendit  pas.  Ce  codex  est  encore 
indiqué  comme  étant  à  Tabbaye  dans  la  Oeoffraphieuniversclley 
par  Jean  Hubner,  Bâle,  1757,  t.  1,  p.  279.  Mais  c'est  une 
erreur  copiée  sur  d'autres  ouvrages  de  ce  genre.  M.  Prost 
parle  des  manuscrits  vendus  à  Paris  avec  la  bibliothèque  du 
collège  de  Clermont,  en  1764,  et  transportés  avec  d'autres 
manuscrits,  de  Metz  en  Angleterre,  où  ils  passèrent,  dans  le 
cours  de  ce  siècle,  aux  enchères  par  suite  du  décès  du  posses- 
seur.' D'après  Bégin,  la  bibliothèque  avait  quinze  mille 
volumes,*  mais  on  verra  par  le  procès-verbal  de  1790  quil 
fiiut  rabatfare  de  ce  chiffire. 

Les  moines  ouvrirent  donc  leur  bibliothèque  en  1787,  et 
VAlmanach  de  MéUt  pour  1790  donne  quelques  extraits  du 
règlement:  elle  était  ouverte  au  public  les  mercredi  et.vendredi 
de  chaque  semaine,  de  neuf  heures  à  cinq  heures,  sauf  de 

'  M.  Q.  (Sunrleaer  poMède  dam  m  riehe  biblioUièiiiie  le  petit  ctrta- 
liire  de  Bainl-Anioald  (xiv*  tiècle)  riebement  nlié;  fl  pnnriMt  de 
M.  de  ChMellML  La  Ubliotbèque  de  Yerdmi  (n«  84)  a  dw  oomnienteini 

snr  l'Apocalypse  venant  de  M.  de  Nothomb,  pais  de  M.  de  Dtttel.  La 
bibliothèque  de  Meti  «,  d'après  M.  Prott,  cent  dix-huit  nanmeiili  de 
Saint-Arnould. 
'  Ammain  de  la  MmOs,  1834, 173. 


480  um  B'âUâGi 

miâi  à  deux,  Tété;  l*hiver  eOe  se  fmait  à  quttre  heures  da 

soir.  Nécessairement  elle  était  fermée  les  jours  de  fête.  Dom 
Maugérard  et  Dom  Delté,  assi&lés  du  garde-bibliothèque,  don- 
naient à  tour  de  rôle  les  livres.  Les  manuscrits,  les  ouvrages 
hétérodoxes,  les  in-8'  et  autres  petits  formats  n'étaient  confiés 
qu'à  des  personnes  connues.  Les  livres  no  pouvaient  être 
prêtés  que  dans  des  circonstances  exceptionnelles  et  pour  un 
temps  très  court  et  en  déposant  le  double  de  la  valeur  du 
bouquin.  Nécessaireiiieiit  le  silence  devait  6tre  gardé  dans  la 
salle  de  lecture. 

Lliistorien  Valladier,  qui  ftit  présenté  pour  être  évdqoe  da 
Toul,  a  fiât  imprimer  lldstoire  du  monastère,  dont  il  était 
eommendataîre.  Voici  son  far  de  reUnre: 


Le  11  mai  nw,  llnventaîre  des  livres,  fait  par  ordre  de  la 
Nation,  indiqua  deux  mille  cent  trente  in-folio,  deux  mille 
trois  cent  soixante-treise  iu'^',  mille  trois  cent  quatr^-^vingfe- 
trois  in^,  trois  mUle  quatre  cent  vingt-sept  In-U;  aiRBMnIkre 


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LB  n-LIBRIS  DANS  LES  TROIS  ÉVÊCHÉS 


481 


de  cas  livres  étaient  les  Actes  des  apÔtreSj  en  grec;  le  tout 
formait  un  total  de  neuf  mille  trois  cent  treize  volumes  et 
cent  soixapte-diz  nanuscrits.*  Le  catalogue  iorfolio,  relié  en 
carton,  de  cent  quaranteHinatre  pages,  fat  de  fuite  coté  et 
paraphé.  On  ne  compta  pas  une  foule  de  joumani,  de  bro- 
chures politiques  sur  la  réunion  des  notables,  sur  rassemblée 
proYinciale,  les  états  généraux,  les  questions  du  temps,  etc. 
Le  9  mai  1791,  on  transporta  les  livres,  les  manuscrits  et  les 
archives  à  llntendance.  11  y  avait  la  fameuse  charte  de  1552 
avec  le  sceau  eu  or  du  duc  de  Guise;  Dom  Calmet  en  avait  eu 
une  copie,  grâce  à  l'obligeance  du  prieur  Dom  la  Coine.* 

On  ne  sait  ce  que  devinrent  les  cuivres  des  trente-deux 
planches  de  la  Vie  de  saint  Benoit,  par  Sébastien  le  Clerc,  que 
conservaient  les  religieux.  Us  ne  furent  pas  perdus,  car 
on  en  a  des  épreuves  modernes.  Quant  aux  monuments  con- 
servés dans  le  dottre  et  collectés  par  Dom  Maugérard  et 
avant  lui  par  Dom  Ci^ot*  dans  les  fouilles  du  vieux  Saint- 
Amould  ixirà  «Mires,  ils  furent  brisés,  d*aprte  M.  Cfaabert,  en 
1793,  par  une  populace  ignorante.  La  gare  de  Mets  s*élève  sur 
l'emplacement  de  l'ancien  couvent  On  voit  au  musée  archéo- 
logique une  petite  stèle  funéraire  avec  inscription,  trouvée 
lors  des  foudatioua,  et  les  debria  d  arcatures  de  style  flam- 
boyant qui  gisaient,  en  18G5,  dans  les  fossés  de  la  porte  de 
France  et  qui  furent  donnés  au  musée  par  «M.  llossel,  lieute- 
nant du  génie»*  (n°  420),  pourraient  bien  provenir  de  Téglis© 
détruite  lors  du  siège  de  1552. 

'  Le  29  avril  1791,  les  religieux  réclamèrent  à  la  Municipalité  des 
couverts  d'argent,  comme  leur  appartenant,  pour  leur  usage  personnel. 
Mais  tout  porte  à  croire  qu'on  ne  fit  pas  droit  à  cette  juste  demande. 

'  Le  sceau  avait  disparu  dès  l'an  VL 

*  La  bibliothèque  de  Verdun  possède  le  Catalogue  de»  plantes  de 
Dom  Cajût  le  jeu)ie  (Autog.  n"  285). 

*  Le  Journal  de  la  Société  d' Histoire  et  d'Archéologie  mentionne 
d'autres  dons  de  ce  malheureux  officier. 

Noorelle  Séne.  —  il-*  année.  91 


488  mvm  u'àiJUM 

Dom  Tabonillot,  un  des  autenn  de  VEiikim  4$  Mêk,  U»- 
toire  écrite  avec  une  critique  et  une  érudition  Inen  supérieure 
à  Touvrage  de  Dom  Calmet,  VBiHoire  de  Lorrame,  était  moine 

de  Saint-Arnould.  Les  livres  et  les  mauuscrits  qu'il  laissa, 
sont  marqués  d'uao  étiquette  oblongue 

Ex-Man  uscriptis 
D.  NICOLAl  TABOUILLOT 
Monachi  Benedictini  Coyigreffatiomê 
JS.S.  VUoni  (&  HidoipM 
entre  trois  filets  enguirlandés.* 

M.  Donunanget  a  publié  une  notice  sur  Dom  Tabouillot. 
Voici  une  pièce  importante  sur  ce  religieux  et  qui  est  restée 
inconnue  à  Vancien  bâtonnier  du  barreau  messin.  Cest  la 
déclsration  fidte  k  la  Municipalité,  par  ce  reUgieuz,  de  son 
intention  de  quitter  le  couvent  par  suite  des  décrets: 

«Aujourd'hui  vingt  six  juin  mil  sept  cent  quatre  vingt  dix 
est  comparu  par  devant  Nous  ofticier  de  la  Municipalité  de 
Metz  Commissaire  en  cette  partie.  Dom  Nicolas  Tabouillot, 
Religieux  bénédictin  de  la  Congrégation  de  S'-Vanne  et  l'un 
des  membres  de  la  Maison  conventuelle  de  Saint  Arnould  de 
Metz.  Lequel  nous  a  dit  que  ses  intinnités  le  portaient  à 
profiter  du  bénétice  du  décret  de  l'Assemblée  Nationale  sanc- 
tionnée psr  le  Boy,  et  qn*en  Conséquence  il  dédarait  quil 
abdiquait  le  cloitre  et  entendoit  dès  cet  instant  fixer  son 
domicile  cbes  M'  Le  Doux  son  neveu  garde  du  parc  d*srtil- 
lerie,  isle  de  ChamMère  à  Mets,  Delsquelle  déclaration  il  nous 
a  requis  acte  que  Nous  lui  avons  octroyé  et  a  signé  avec  nous. 

*  La  bibliothèque  dA  Meli  ft  plusieunt  mauubcrits  de  ce  religieux 
traitant  à»  lliiitoirt  toeate  et  qui,  en  1802,  loi  vinittnt  dn  notaire 
Qulle.  n  y  en  a,  «ntra  antres»  la  PonlUémamiBeiitdii  diocèse  de  MeH^ 
qne  H.  Henri  Lepege^  l'émdit  areiiiTiite  de  HenrUie^i-Moieile»  allait 
lenniner  de  publier  knaqne  l'incendie  de  Fimprimmie  Beeween-Pell— , 
de  Mets,  détmisit,  en  1871,  tonte  l'édition.  HenrenseoMnt  que  M.  Lq^W^ 
en  avait  oonservé  nn  exemplaire  en  bonnes  fenilles. 


Digiti/oû  by  Cjt.)0^lc 


Ordonnons  que  le  présent  acte  sera  annexé  à  l'inventaire  par 
nous  formalisé  à  l'abbaye  de  S'-Aruould  le  onze  May  dernier 
pour  y  recourir  au  besoin  et  servir  à  telles  autres  tins  que  de 
raison,  j'approuve  deux  mots  rayés  nuls. 

«BxVÂULD.  D.  N.  Tabouillot.»* 

Dom  Tabouillot  avait  changé  d'avis,  car  dès  le  premier  jour 
de  Tenquête,  U  avait  déclaré  avec  le  prieur  Dom  Pierron, 
Doms  des  Ruisseaux,  Laurent,  Haire,  MiUot,  Sonis,  Guillaume 
et  François  Bemier,  qu^il  attendait  lea  décisionB  de  rAssem- 
blée  nationale;  le  doyen  Dom  Marionnelz,  Doms  Petl(î|ean, 
Huguenin,  Agnus,  de  leur  côté,  Tonlaient  se  retirer  dans  leurs 
foyers.  Le  procès-verbal  ne  mentionne  pas  ce  que  dirent  le 
sous-prieur  Goujelet  et  Dom  Robert,  le  plus  âgé  des  religieux, 
il  avait  07  ans,^  et  il  avait  travaillé  aux  preuves  de  V Histoire 
de  Metz;  quant  à  Maugérard,  cet  illustre  savant,  il  «remisa  de 
sortir,  à  moins  de  force»  1  U  émigra. 

L*<gUse  conrentaeUe  renfermait  aussi  bien  des  choses  pré- 
cieuses: des  tombeaux,  entre  autres  celui  de  Louis  le  Débon- 
naire, si  souTont  reproduit  et  dont  quelques  fragments  sont  an 
musée  archéologique.  Le  sculpteur  Tenel,  qui  Tavait  acquis, 
en  1794,  ne  pouvant  le  vendre  au  ministre  de  l'intérieur,  en 
1799,  le  débita  en  l'an  VII.  Un  des  grands  collectionneurs  du 
temps,  M.  Paguet,  rue  du  Pontifroy,  sauva  la  tête,  les  mains 
et  un  fragment  représentant  le  passage  de  la  mer  rouge.  Le 
même  amateur  eut  encore  d'autres  soureairs  de  Saint- 
Amottld,  roli&n  de  Gharlemagne  qui  était  suspendu  à  la  Totte 
de  Péglise;  fl  Ait  adjugé  à  Paris,  le  8  février  1867,  pour 
8360  francs.  Le  total  des  enchères  de  la  Tente  de  cetbemnx 

^  Il  avikit  alors  56  ans,  et  était  paralysé  d'un  braa  dès  1786;  U  mou- 
nit  ches  sa  nièce,  le  4  prairial  an  Vil. 

*  Le  prieur  arait  été  membre  da  comité  municipal  ;  il  avait  alors 
46  rat  «1  Dom  X.-B.  Ibngéistd  56.  Les  plus  jeonei  moines  araient 
SB  «t  98  au. 


484  &BVUB  D'ALSACE 

collectionneiur  monta  à  k  somme  de  6000  fruce.  Le  trésor  de 
SaÎDt-Arnoiild  contenait,  entre  antres,  k  cfaasae,  le  dkef  da 
saint  en  venneU,  une  main  et  un  bras  en  arHoil,  etc.  Il  j 

avait  douze  cloches,  y  compris  celle  du  dortoir;  rofgue  ne«if, 

construit  en  17S5,  avait  coûté  plus  de  30,000  francs.  Le  balda- 
quin du  maître-autel  était  soutenu  par  quatre  colonnes  d'une 
seule  pièce  chacune;  une  balustrade  de  marbre  fermait  le 
sanctuaire;  l'autel  entier  et  le  tabernacle  étaient  en  bois 
doré;  le  chœur  était  garni  de  vingt-deux  sièges  en  bois  de 
chaque  côté:  près  de  Tautel,  il  y  avait  deux  tables  couvertes 
en  marbre.^ 

A  llidtel  abbatial,  le  salon  avait  une  i^ace  et  quatone 

tableaux  ou  portraits,  etc.* 

Les  bénédictins  ne  voulurent  pas  se  laisser  dépouiller  aussi 
violemment  sans  essayer  de  sauver  quelque  chose.  Mais  la  * 
nation  veillait.  Le  prieur  de  Saint-Arnould,  Dom  Pierron  et 
Dom  Maugérard  cherchèrent  à  envoyer  chez  le  curé  Auth,  de 
Saint-Martittrde-Oologne,  chanoine  de  Saint-Pierre  de  la  môme 
ville,  quelques  débris  de  leur  ancienne  opulence.  Des  orne- 
ments d'église  et  des  Hvres  furent  emballés,  les  uns  dans  une 
caisse,  enveloppés  d*une  vieille  nappe,  les  autres  dans  un 
panier.  Mais  l'envoi  fut  saisi  et,  le  15  novembre  171)0,  les  deux 
moines  furent  invités  à  venir  s'expliquer  à  la  municipalité  et 
à  assister  à  Touverture  dos  colis.  On  ouvrit  la  caisse  en  leur 
présence  et  on  y  trouva  deux  tuniques,  deux  étoles  et  trois 
chappes  d*or  sur  fond  blanc  et  une  chappe  velours  noir  avec 
firanges  d'argent^  dans  le  panier,  quarante  volumes  in^bîio: 
les  œuvres  de  saint  Augustin,  treize  volumes;  les  œuvres  de 
Dom  Martène,  neuf  volumes;  les  œuvres  de  saint  Jérôme, 
cinq  volumes;  le  Recueil  des  conciles,  douze  volumes;  un 
Droit  canon,  un  volume.  Dom  Maugérard  soutint  que  les 
oruemeuts  et  les  livres  lui  apparteuaieut;  mais  on  lui  lit 


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Ui  IX-LIBRB  AàNS  LIS  TIOIS  ftvâCfltS  485 

obsorm  qpi»  ces  demien  iKurtaient  encore,  quoique  presque 
entièrenieiit  ratarées,  dee  mentioiis  qui  contredisaient  son 

dire  ;  on  pouvait  encore  distinguer  S.  Vmcentii,  ordinis  S.  Bene- 
dicti,  Cong.  S.  S.  Witoni  et  Hi/dnlphi  sur  le  premier  ouvrage 
cité;  8.  Arnulphi  sur  le  second,  S.  Clementis  sur  le  troisième 
et  sur  le  cinquième.  Les  assertions  du  bénédictin  paraissaient 
donc  fausses;  aussi  la  saisie  fut-elle  maintenue. 

Des  élèves  aspirans  d^artillerie  étaient  en  pension  à  Saint- 
Amould  et  à  Saint^Glément 

Abbiye  nqrsle  de  Saiat-innMnt 

iSoNcfî  Vûwendn  Metenti»  CongregaHonù,  Sanetonm 
yUcm  ét  Hydulphù 

Ex  monasterio  S.  Vincentii  mete^isis  1660. 

c  II  y  a  une  bonne  bibliothèque,  dit  Dom  Calmet,  et  elle  se 
perfectionne  tous  les  jours.  Sigisbert  de  Gemblours  a  long- 
temps présidé  aux  éotdes  de  ce  monastère  et  on  a  de  lui 
quelques  manuscrits.  • 

Une  description  de  Téglise  porte  que  le  chœur  était  séparé 
de  la  nef  par  un  jubé  à  colonnes  de  marbre  et  trois  grilles  de 
fer.  0  Le  portail  niamiihque  a  Hd'  bâti  depuis  peu;  il  a  deux 
tours  dans  lesquelles  sont  douze  belles  cloches.  » 

Le  11  mai  1790,  le  son  de  celles-ci  annonça  aux  religieux  la 
fin  de  leur  paisible  existence  claustrale.  Le  catalogue  de  la 
bibliothèque  fut  coté  et  paraphé;  on  marquait  onie  cents  in-f*, 
mille  soixante-dix  m-4*,  cinq  cent  quatare-vîngt-treiae  in-8*, 
deux  mille  quatre  cent  soixante  in-12  et  trois  cent  vingt  in-16, 
formant  le  total  de  cinq  mille  dnq  cent  quarante-trois  volumes. 

En  1792,  Tabbaye  fut  transformée  en  prison. 

L'incendie  du  1"  septembre  1705  ruina  le  monastère,  la 
bibliothèque  riche  de  onze  mille  volumes  fut  brûlée  ;  on  sauva 
cependant  quelques  épaves.^  Pour  réparer  Téglise  et  con- 

>  Entre  aiitm  le  Tolune  aux  $mm  de  l'é? éqne  Fuuuiie  dont  la 
gisrare  a  été  donnée. 


486 


stniire  le  noinraaii  portail,  on  fit  arimt  de  toat  Le  tor^Mu 

des  six  eoloimes  du  hddftqwia  du  aukttre-ftatel,  du  gnuié 

du  pupitre,  des  candélabreB  et  de  la  lampe  tôt  sacrifié; 

l'argent  que  Ton  en  retira  serrlt  aux  nonrelles  eonstructioBs, 
ainsi  que  les  pierres  d'un  jubé  deutelé,  qui  fut  impitoyable- 
ment rasé. 

IMM178  roysle  de  Safat-Symplioïka 

Mm  muMÊMinù  a*  fllMIMOI'MNI  JMrWIltfc 

Les  bénédictins  de  ce  couvent  continuaient  depuis  1768  le 
collée  tenu  par  les  Jésuites  supprimés.  Us  tenaient  un  pen- 
sionnat 

Le  12  mai  1790,  Tardiitecte  Fontaine  etPayocat  Juzan  de  la 
Tour,  GonunissaireB  nommés,  arrivèrent  à  la  porte  du  eon- 
▼ent;  ils  forent  reçus  par  le  prieur  et  les  moines,  qui  les  con- 
duisirent dans  toute  la  maison.  Dans  l'église  Us  virent  une 

châsse  revêtue  de  lames  d'arj^ent,  contenant  des  reliques  du 
saint  patron  placées  sur  le  maître-autel;  dix-sept  tableaux 
forent  mentionnés. 

A  la  bibliothèque  ils  feuilletèrent  quelques  manuscrits, 
entre  autres  on  fort  beau  pontificat  * 

On  estîmales  livres  à  près  de  quatre  mille  dnq  cents  volumes, 
n  n*y  avait  pas  d'ordre  à  la  bibliothèque,  car  elle  était  trop 
étroite  depuis  qu'en  1768  on  y  avait  placé  les  livres  provenant 
des  Jésuites.  Beaucoup  de  volumes  étaient  sur  les  rayons, 
d'autres  pêle-mêle.  Depuis  lon^emps  les  bénédictins  son- 
geaient à  créer  une  nouvelle  bibliothèque  plus  spacieuse.  On 
remit  aux  commissaires  deux  catalogues  :  celui  du  couveut  de 
308  pages,  relié  en  veau,  de  format  in-folio,  et  un  second,  un 
peu  plus  petit,  relié  en  parchemin,  contenant  ce  qui  avait 

«  M.  Pagoei  avait  de  ee  «mivent  dM  Titrauz  dalii  de  16M  eim 


 1 

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UB  B-Unii  MM  LB  TROB  ftvACHte  487 

apparlenn  «ix  Jésuites.  On  ne  garantissait  pas  la  quantité 

portée,  rien  n'y  ayant  été  fait  depuis  1768,  et  beaucoup  de 
livres  classiques,  d'iiistoire  et  de  littérature,  ayant  été  prêtés 
aux  professeurs  et  aux  élèves,  et  bien  d'autres  étaient  jx'rdus. 
On  compta  ensuite  six  cent  treize  in-f ,  huit  cent  cinquante- 
cinq  in-i"  et  trois  mille  cinquante-un  de  divers  formats;  il  y 
avait  dans  la  bibliothèque  deux  globes  montés  de  18  pouces 
de  diamètre,  l*un  terrestre,  Tantre  céleste. 

Après  avoir  consulté  le  Registre  de  vêture,  les  religieux 
furent  interrogés  s'ils  entendaient  quitter  le  monastère.  On 
remarque  la  déposition  do  Dom  Amiot,  préfet  des  classes  et 
professeur  de  philosophie,  32  ans  ;  de  Dom  Colmar,  professeur 
de  troisième,  40  ans;  de  Dom  Keibell,  régent  de  cinquième, 
84  ans,  qui  t  entendent  être  citoyens  et  prêtres  séculiers.  • 

Les  bénédictins  messins  avaient  formé  la  Société  UUérairê 
gêntuuuMnédieémê,  dont  le  dége  central  était  dans  leur  ville; 
le  secrétaire  était  Dom  Jean  François  et  Dom  Tàbouillot  en 
fut  élu  membre  le  4  mai  1789.  Cette  académie  archéologique 
et  linquistique  avait  été  fondée  en  1752.  Sa  devise  était  : 

Quod  Sapimos  Conjungat  Amor. 
Elle  avait  pour  symbole  une  Minerve  assise,  au  pied  de 
laquelle  on  lisait  ces  mots  : 

JhiiiUcaCommoda, 
puis  deux  génies  portant  une  ruche  devant  un  arbre  pour  y 
recueillir  un  essaim  d*abeille8;  aux  quatre  c6tés  du  dessin  se 
trouvaient  les  inscriptions  suivantes  : 

▲MXOO  VOOBBB, 
TOmtM  ét  BOOnURA, 

vn  wmk  MAJOE 

HOO  MOirmtAlIT  VIAM. 

Le  programme  était  en  latin.  La  Sociéité  littéraire  germano- 
bénédictine  fut  emportée  par  la  Révolution.' 

>  Domumn.  Dom  TabonOlot  (SodiU  ^imdiMotk  H  mstoin  de 


486 


■ITUI  D'ALBMS 


De  V abbaye  de  Sainte-Olossinde. 
Ce  Itvre  apartient  à  l^abbeie  de  ScdnMjHossinde  de  Metz, 

Oe  forant  le  chanoine  Nioche  et  le  docteur  Marchand,  offi- 
ciers municipaux,  qui  eurent  la  triste  mission  d'aller  inven- 
torier chez  les  dames  de  Sainte-Glossinde  le  17  mai  1790,  de 
s'informer  de  leur  âge  et  de  leur  demander  ai  elles  voulaient 
rester  religieuses. 

La  bibliothèque  était  aitaéo  an  premier  ëtige,  près  des 
appartonents  abbatiaux;  elle  eonteiiait  des  Ihres  da  piété  et 
les  meilleurB  auteurs  andens  et  modernes  :  cinquante  volumes 
in-f*  et  cinq  cents  volumes  de  divers  formats.  Il  y  avait  beau- 
coup de  livres  liturgiques  à  l'usage  de  la  maison,  réimprimés 
par  ordre  de  Tabbesse,  M""Hottman,  morte  en  1762.  Sur  le  titre 
il  y  avait  ses  armoiries.  L'inventaire  devait  renfermer  bien 
des  curiosités  :  un  grand  plat  antique  plaqué  en  émail,  une 
tierge  en  poterie,  un  pied  de  reliquaire  arec  armoiries  en 
argent,  etc. 

L*abbesBe,  M"*  de  CShoiseuI-Beaupré,  déclara  être  née  le 
6  ma!  1720.  Metz  était  terre  bénite  pour  t  les  filles  >  de  cette 

illustre  maison.  Une  autre  comtesse  deChoiseul  était  abbesse 
à  Saint-Louis,  où  se  trouvait  comme  chanoinesse  M°"  de 
Choiseul-Meuse  et  comme  coadjutrices  Âdrienne  et  Félicité 
de  Choiseul  et  Sidonie  de  Choiseul-Gouffier. 

Le  manuscrit  du  livre  de  diant  particulier  de  Tabbaye 
Sainte-Glossinde  est  à  la  Bibliotbèque  publique  (n*  714, 
xvnT  S.}. 

Lors  de  rétablissement  des  Capucins,  Pabbease  leur  donna 

un  gros  volume  décoré  sur  les  plats  de  ses  initiales  en  grec 

au  milieu  de  deux  branches  de  lauriers;  sur  le  titre  on  lit: 
Le  1"  février  1602,  M""  de  Candalle,  coadjutrice  de  S.  Ghs- 
êinde,  a  donné  ce  pnt  livre  aux  capudnt  de  Mets.  Ou  trouve 


dans  la  correspondance  de  Paul  Ferry  une  lettre  adressée  à 
IfOuise  de  Foix  de  Caudale. 


M.  Guigard  a  donné  le  blason  de  Louise  de  Nogaret  de  la 

Valette,  abbesso,  tille  naturelle  du  duc  d'Epernon,  morte  en 
1647.  Ses  armoiries  sont  entourées  d'une  couronne  et  sur- 
montées d'une  crosse  abbatiale.  Aux  angles  on  voit  deux  A  A 
entrelacés  (Louise  de  la  VaUtte).  (Volumes  à  la  Bibliothèque 
nationale.) 

Le  16  décembre  1792|  on  brû]a  sur  la  place  de  la  Loi  (place 
d*ArmeB)  le  portrait  en  pied  de  Louis  XY  qui  était  à  l'hôtel 
de  ville  et  qui  avait  coûté  800  livres;  beaucoup  de  livres  trai- 


tant  du  blason  ou  de  généalogies  nobiliaires  eurent  le  même 
sort  Le  citoyen  Trotebas,  membre  du  district,  accompagné  de 
rarcbiviste  Léman,  avait  été  les  trier  à  rintendanee*  Un 
Moveri  et  la  Oinèalogie  de  laJamiUe  de  Vergy  tarent  pris 
dans  le  tas  de  Sainte-Glossinde.  Les  abbayes  de  bénédictins, 
et  sortent  Saint-Amonld  (nn  Dom  PeDetier),  fonmirent  aussi 
lenr  contingent  pour  cette  inepte  cérémonie,  dont  le  procès- 
wbal  est  cité  in  eastansepar  M.  Chabert 


Ex-Ubria  diomut     AnUmj  Metmuit, 


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w  n-UM»  Aàm  Ln  tm  Mais  491 

Le  prieur  dt  eette  niaisoii,  M.  Ohanret,  «Tait  pabUé  dans  le 

Mercure  de  France,  en  1760,  un  mémoire  stir  les  limaçons.  Il 
avait  aussi  quelques  pétritications  provenant  surtout  de  Bar-» 

Sx4Sbm  amotnAoê  fratrum  Sirmmianm  Orâimê  8muêi 
Avguttmi  eanolrii  mdemU, 


Us  étaient  aumôniers  de  Thôtel  de  ville  et  les  colonnes 
antiques  du  portail  de  leur  église  furent  transportées  dans  les 
Jardins  de  la  Malmaison.  La  visite  officielle  eut  lieu  le  14  mai 
1790;  la  Ubliothèque  avait  1168  bouquins,  dont  266  in-folio, 
205  id-4*,  616  in-8%  22  în>12  et  60  in-16. 

OipQoina 

Conve7itu3  metetisis  Capitciuoru.  Catalogo  inscriptus, 
£x-bibliotheca  Cap  ànorum  Conv.  tnetetisis. 

Leur  fondateur,  révdque  de  Basilite,  Antoine  Foumier, 

'  Bnchoz  cite,  comme  amateurs  de  fossilat  et  de  minéranx,  l'ingé- 
nieur de  Montlibert,  seigneur  de  Seconrt,  qni  forma  son  cabinet  à 
Nancy  oi  lo  transporta  ensuite  à  Metz  ;  le  conseiller  au  Parlement 
Antoine  rechercliait  les  mi^mes  séries,  mais  sou  départ  pour  llie>de' 
France  entraîna  l'abandon  de  son  cabinet. 

Sous  le  Directoire,  le  chirurgien  en  chef  de  l'hôpital  militaire, 
Gorcy,  né  à  Pont-à-Mousson,  étudia  les  fossiles  des  environs  de  Meti; 
il  trait  les  deux  coquillages  àïu  le  Coq  ei  la  Aule,  et  mn  tiMA  qm>a 
piAfeendaH  Mra  d'in  koauM  d»  plus  de  huit  piedi.  Set  «olleetieai  eal 
Hé  disperiéei. 


M  UVOB  D'âlAâGI 

sttifragaiit  de  Mets,  leur  laissa  à  sa  mort,  en  sa  belle 
bibliothèque,  qui  ftit  encore  augmentée  dans  la  suite  par  des 

dons  particuliers.  L'inveiiUire  indique  en  effet  cinq  cents  in-f*, 
quatre  cent  dix  in-4''  et  deux  mille  cinq  cent  soixante-dix  de 
diverses  grandeurs. 

Les  capucins,  les  récollets  et  les  sœurs  Colettes  recevaient 
annuellement  des  secours  de  la  ville. 

Un  nodr  imprimé  à  Mets  montre  les  en&nls  de  saint 
François  allant  adorer  le  divin  eniànt 

Les  capucins  quoique  nnds  pieds 
Ne  laisseront  pas  A*j  aller, 
On  pourra  les  fsire  quêter 
Pov  ù&n  à  l*Enliuil  la  bonillie, 
Yive^. 

(Sur  rair  :  Frirt  àndfé  cUmII  4  Gvég^) 

» 

Grands  Carmes 
QtméU  oHHqmom  nutemis. 

D'après  l'armoriai,  les  Carmes  avaient  pour  blason  de  sable 
chappé  d'argent. 

Leur  bibliothèque  était  des  plus  médiocres,  dit  Dom  Dieu- 
donné.  Les  commissaires,  en  1790,  déclarèrent  qu'il  n'y  avait 
point  de  salle  de  bibliothèque;  on  y  trouva  cependant  deux 
mille  cent  quatre^vingtpsept  volumes  de  toute  grandeur  et,  en 
outre,  un  lot  de  vieux  livres  non  catalogués,  puis  la  Gef  d» 
cabinet  et  jotimal  de  Luxembourg,  etc.;  on  indique  ensuite 
cent  douze  in- f',  soixante-neuf  in-4^  quatre  cent  quarante  in-b' 

'  Comment  se  fait-il  que  tous  ces  recueils  de  noêls,  imprimés  à 
Nancy,  à  Saint-Mihiel,  à  Neufchateau,  à  Metz,  etc.,  se  ressemblent 
tous?  Tous  Tosgiens!  mais  pour  comprendre  le  patois  des  montagnards 
Toegiens,  il  fini  a?ofe  rfaidé  dattt  leur  pittoresque  pays.  Tous  cet 
BoMs  doivent  provenir  de  Troyes,  sauf  ceux  essentieUement  locaux,  et 
ceux-là  aottt  tréa  rares;  il  est  plus  faeUe  de  toujours  c<9ier  la  mémo 
rengaine  imprimée  qne  d'aller  pniaer  aux  sonreea.  Fiat  h»! 


LES  BX-LIBRIS  DANS  LBS  TROIS  ÉVÊCHÉS  493 

et  cent  cinquante-huit  in-1 2.  Dans  l'église,  trois  tableaux,  dont 
deux  servent  de  retable.  La  bibliothèque  a  deux  manuscrits 
des  Carmes. 

M.  de  Bouteiller  a  raconté  les  pérégrinations  de  Tautel  des 
Carmes,  qui  se  trouve  actuellement  au  château  de  Mont- 
TEvêque,  près  de  Senlis;  une  faible  partie  est  au  château  de 
Gueuzlin,  près  do  Douai.* 

M.  Paguet  avait  collecté  quelques  vitraux  des  églises  des 
Carmes  et  de  Saint-Georges.  On  a  conservé  sur  place  quel- 
ques débris  de  l'église;  on  peut  encore  se  rendre  compte  de 
la  légèreté  des  fenêtres  ogivales. 

La  ville  payait  tous  les  ans  une  redevance  aux  carmes, 
parce  qu'ils  étaient  obligés  de  dire  les  messes  pour  le  repos 
des  âmes  des  suppliciés.  Ces  religieux,  avec  les  dominicains 
et  les  récollets,  étaient  souvent  inscrits  au  budget  municipal 
comme  prédicateurs  de  l'A  vent  ou  du  Carême  h  la  cathédrale. 


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éM 


■ma  s'auaa 


Ex-libris  formé  par  une  découpure  dans  ime  feuille  de 
cuivre  sur  laquelle  ou  frotte  un  tampon  noirci. 

Leur  bibliothèque  fut  en  peu  d'auuéoâ  bien  fournie  et  ils 
eurent  des  tableaux  de  quelque  valeur. 

Charles,  peintre  du  duc  do  Lorraine,  changea  une  toile 
italienne  représentant  Jupiter,  ani$  prèi  de  êcn  aigle,  menor 
^ont  Stmélé  en  un  Qirist  assisté  d*im  ange  donnant  à  SmM 
Thérèse  on  dou-de  ia  croix.  Ce  flit  dans  ce  oon?ent  que 
Sébastien  Ledere,  devenu  deirais  si  célèbre,  grava  sa  planche 
de  saint  Bloi,  évèque  de  Noyon. 

Le  GouTent  avait  onae  chambres  de  reUgieux  et  trois  cham- 
bres d*h6te. 

L'inventaire  du  10  août  1790  porte  sept  cent  dix-sept  in-f , 
deux  cent  quarante  in-4°  et  quatre  cents  divers,  et  livres  à 
Vindex  cinq  cents.  L'ex-chanoine  François  Nioche  et  le  docteur 
Hubert  Marchand  inventoriaient. 

L'église  estaigourd'hui  la  bibliothèque  publique  et  le  cloître 
servit  longtemps  de  musée  d'antiquités.  Ces  vieux  débris,  qui 
paraissent  un  peu  &de8  quand  on  a  vu  les  galeries  du  Vatican, 
étaient  bien,  dans  ce  demi-jour,  mystérieux.  8*ils  n*avaient 
pas  pour  eux  la  beauté,  ils  avaient  limmense  avantage  d^être 
topiques;  c'est  ce  qui  les  rendait  aussi  intéreasants  que  cette 
multitude  de  marbres  du  Musée  Pio  ClmênHna, 

On  a  estimé,  sans  exagérer,  à  plus  de  sohanto  mille  volumes 
le  nombre  des  bouquins  mis  sur  le  pavé  grâce  au  démeublement 
des  couvents  et  à  la  contiscation  des  biens  des  émigrés.  Comme 
partout  ailleurs,  la  négligence  amena  bien  des  pertes  dans  cet 
immense  amas  déposé  dans  les  salles  du  rez-de-chaussée  de 
l'Intendance  ;  on  commença  à  en  dresser  un  catalogue  qui  ne 
fut  pas  terminé  et  ils  furent  timbrés  de  ces  mots  :  District  de 
Metz;  <  des  ventes  faites  après  décès,  dit  Begin,  dévoilèrent 
bien  des  turpitudes.  »  Le  catalogue  de  Grisel,  on  1792,  était  à 
peUie  commencé,  lorsqu*on  ordonna  de  former  unebibliothèque 
pour  r£cole  centrale,  puis,  à  Toiganisation  da  cuUe,  on 


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UB  B-UBM  Mm  Ui  IMB  MOKÊ» 


m 


permit  —  et  c'était  justice  -  à  Tévêque  et  au  directeur  dn 
séminaire  de  choisir  les  livres  à  leur  convenance  pour  les 
bibliothèques  épiscopale  et  du  séminaire.  Quelques  émigrés 
rentrés  obtinrent  la  restitution  de  leurs  livres  non  brûlés  (??)• 
Ëniin  le  total  des  boaquios  de  1790  avait  subi  une  très  forte 
diminutioii,  lonqu^on  MBgea  à  approprier  TégUee  dee  petite 
Cmnes.  Su  1812,  leeatalogue  porteit  vingt-un  mille  neuf  cent 
quatre-vîngt-oDse  volumes.  Le  eomte  de  Jaobert  avait  renh 
pkMâ,  en  180A»  lliomiête  Duhamel  S  qui  avait  eommenoé  à 
mettre  un  peu  d*ordre  dans  ce  fouillis  et  qui,  comme  biUio- 
thécaire  départemental  en  1795,  avait  opéré  le  transfert  des 
livres  au  gouvernement  (palais  de  justice).  En  1803,  la  biblio- 
thèque devînt  communale  et  elle  ne  fut  ouverte  au  public 
qu'en  novembre  1811. 

Par  suite  de  l'inexécution  des  décret6  de  l'Assemblée 
nationale,  un  grand  nombre  d'ouvrages  et  de  manuscrits  pré- 
cieux disparurent;  mais  nous  laissons  &  d'autres  le  soin  de 
fure  connaître  si  les  pertes  irréparables  qu'éprouvèrent  le 
département  et  la  ville  doivent  être  attribuées  à  une  économie 
mal  comprise  ou  à  lincurie  des  liommes  chargés  de  veUler  à 
Peséeution  des  mesures  si  sagss  prescrites  par  PAssemblée 
nationale.* 

La  circulaire  suivante  montre  qu*à  Fuis  on  avait  quelque- 
fois tort  : 

Parii,  le  21  ftimain  ta  YIL 

GitOTen, 

Tons  les  eartnlairet  des  cideTant  instituts  relif^ienx  qui  se  troitfeiit 

disséminés  dans  les  direra  dépôts  littéraires,  bibliothèques  et  archÎTes 
de  la  République  doirent  •'tre  réunis  à  Paris.  Ces  titres  fruits  des 
siècles  barbares,  se  lient  trop  essentiellement  à  leur  histoire  pour  en 
être  distraits.  Il  faut  qu'ils  attestent  à  la  postérité  ce  que  l'ambition  et 
l'ftTarice  des  corporations  privilégiées  ont  obtenu  de  la  crédule  igno* 

^  n  iwla  MMH-Ublialhéeidra. 

•  S.  Sâon.  La  JMt  séwWifrlM»^  1868^  •?&. 


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498 


•rai  tt^àuum 


nmn  ét  moê  pànt  9k  ««Hb  lair  taenl  tfpikku  Vhauwuê  iMa* 
tion  qai  B*est  fiûte  daoi  Peqpiit  hunaiii. 

Vous  vovdrwi  donc  bien  fidro  noheieliflr  tout  ee  que  Im  dépôts  de 
▼otra  département  poesèdent  en  ee  genre  et  l'ndreHer  à  Péris  ans 
eontenrtlent  de  In  Bibliothèque  nationale,  rue  de  la  Loi  Je  m'en 
repose  t«r  votre  zèle  pour  l'exécution  de  cette  meevre  et  je  snis 
penaaâé  qne  la  confiance  qn'U  m'inspiie  ne  sera  pas  déçae. 

Salât  et  Iraternité, 

FUAMÇOIS  DB  NEUFCHATSAa. 

Par  Biiito  de  cet  ordre»  beaucoup  de  biUioibèquea  déyarte- 
mentalea  perdirent  ce  qa^èlkB  possédaient  de  pins  rare,  à  la 
grande  aatû&etion  des  chercbeum  pariaiens.  (Y,  le  Oabmtit 
M  torigm,  Paris,  1866,  t  H,  p.  129). 

Gélestins 

CéMinoirum  de  MeHa 

Cdestmomm  meteruium  G.  91, 

Iste  volumen  est  Convenhu  JBeaU  Marie  CelesHnorum  de 

Métis, 

Cest  livre  apertient  aux  frères  Celcstins  de  Mets. 

Ua  fiirent  supprimés  en  1774.  Ils  avalent  les  plus  beau 
jardins  de  la  vilte.  En  1760,  le  père  Perette  était  un  fleuriste 
énérite.  En  1771,  Télecteur  de  Trêves,  prince  de  Saxe^  vint 
avec  sa  somir,  Tabbesse  de  Remiremont,  admirer  le  jardin  des 

récollets;  il  leur  paya  500  francs  le  caleu  d'une  magnifique 
tulipe. 

M.  de  Bouteiller  a  écrit  Thistoire  de  ce  couvent  L^arsenal 
du  génie  le  remplaça.  On  voyait  dans  celui-ci  Taérofitat  qui 
avait  servi  lors  de  la  bataille  de  Fleurus. 

Le  docteur  Morlauue  recueillit  la  miraculeuse  Vierge  des 
CélesUns  et  en  fit  don  à  l'église  de  Saiut-Clément  Quelques 
inscriptions  funéraires  et  des  fragments  provenant  de  Tégliae 
sont  au  Musée  archéologique  de  Meta. 

D'après  M.  Frost,  ce  sont  les  céleBtina  qui,  aprte  les  béné- 


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UB  n4iiHi  um  tm  nm  Mnte  491 

dictins,  fournirent  le  plus  de  manuscrits.  Il  y  en  a  quarante- 
trois  à  la  bibliothèque,  dont  quelques-uns  viennent  de  Saint- 
Clément.  Par  suite  du  legs  Dattel,  iiy  a  Verdun  De  Imitatione 
Chriiti  (xr  siècle),  suuiVBGrit  andeiineiiieiit  «ix  Célestins  de 
Meti. 

Ocmmnm  metemê, 

COLLIOS  BOTAL  Dl  &  LOUIS. 

Pi^pHlon  mv.  dt  iculp*  1766,  Ames  de  France  entourées  du 
cordon  des  ordres  du  roi  et  de  palmes,  livres,  ^obe,  etc.,  et 
surmontées  de  la  couronne  royale  ;  au-dessus,  sur  une  bande- 
role, rindication  ci-dessus. 

Cette  gravure  sur  bois  servait  en  outre  à  décorer  les  certi- 
ficats des  prix  décernés  aux  élèves  du  collège  royal  établi 
dans  les  b&timents  du  prieuré  depuis  1775.  Douze  jeunes 
gentilshommes  étaient  élevés  gratuitement 

Les  chanoines  réguliers  étaient  très  instruits;  plusieurs 
fhrent  membres  de  la  Société  dos  sciences,  lettres  et  arts  de 

Metz.  Ils  firent  graver  à  leurs  frais  une  belle  vignette  pour 
VAtlat^  de  Buchoz,  qui  les  cite  souvent'  Le  prieur  et  principal 
Michelet  avait,  d'après  lui,  un  beau  cabinet  rainéralogique. 
A  sa  mort,  sa  collection  fut  négligée.  Plus  tard,  le  prieur 
Gîllet  eut  un  herbier;'  il  créa  un  jardin  botanique  dans  la 
maison  et  fit  constnire  une  fort  belle  serre  pour  les  arbres 

*  BMvooap  de  MettiM  1m  imitèrent  :  H.  dt  Brye,  MOtétairt  de  la 
ville;  de  Montigny,  nhanoine  de  la  eaUiédnle,  ete. 

'  Les  apothicaires  Thirion  et  Biliaire  ayaient  aussi  des  herbiers;  le 
premier  fit  des  cours  publics  de  chimie,  qui  lui  valurent  une  pension 
de  n(K)  livres  de  la  ville.  Puis  venaient,  en  fait  d'amateurs  de  bota- 
Qii^ue,  le  major  de  la  citadelle  La  Mothe,  le  docteur  Michel  du  Ten> 
Nouvelle  Série.  —  il-  année.  88 


4» 


■IfOB  h^éÊMUM 


exotiques.  Les  chanoines  avairnt  en  outre  quelques  pierres 
p;allo-roniaines,  entre  autres  un  bas-relief  trouvé  à  Metz  et 
décrit  par  Emmery. 

Les  commissaires,  le  30  octobfe  1790,  reçurent  le  catalogue 
de  la  biblioflièqiie,  contenant  hoit  pages  in-folio;  on  y  remar- 
quait lliistoire  de  Luiembourg  en  huit  Yolumea,  les  oeuvres 
de  Bufion,  de  Rousseau,  de  Voltaire,  etc.;  plus,  il  y  avait  trois 
cents  volumes  non  catalogués  k  cause  de  leur  peu  de  valeur. 
La  clef  delà  bibliothèque  était  perdue;  les  commissaires  char- 
gèrent le  serrurier  Caillot  d'en  faire  une.  Les  armoires  en 
sapin  de  la  bibliothèque  avaient  chacune  onze  tablettes.'  On 
compta  cinq  cent  soixante-seize  volumes  in-f*,  trois  cent 
soixante-douze  in-4%  mille  sept  cent  cinquante-un  in-8*,  mille 
quatre-vingt  dix-huit  de  divers  formats  reliés  et  sixin-f*,  vingt 
in-4%  cent  cinquante-sept  in-8*  et  deux  mille  huit  cent  soixante- 
seize  volumes  divers  non  reliés,  formant  le  total  de  trois  mille 
volumes. 

a«tar,  Dapré  de  Goictla,  l«pliamaei«iBécniir.  Lm  tiflui  Loninial, 
Hian  et  PerioUefl  étaient  dea  «  flenristee  >  de  renom,  dit  BocluMk  Le 

bailli  de  Tschudy,  le  président  de  Chaielles,  la  présidente  de  Nenrroa» 
morte  retirée  chez  les  Carmélites  de  Paris,  avaient  des  jardins  tnchan- 
tears  à  Colombfv,  Lorry-devant-le-Pont  et  Arr}'. 

Herpin  et  Buchoz  ont  doniio  la  vue  de  ces  deux  derniers  jardins.  On 
trouve  également  dans  V Atlas  de  Buchoz  la  vue  de  Fristo  et  le  jardin 
de  Bouâers,  charmante  gravure  de  Fontaine  qui  demeurait  rue  de  la 
Princerie.  Bégin  a  parlé  longuement  de  MM.  de  Tschudy  et  de  Cha- 
Mllea.  En  1775,  les  pépiniArei  de  Sinum  «mt  d^jà  «Mm,  Ltelieiiltnn 
ftit  to^jonn  en  Imnaenr  à  Meti^  et  on  forait  nn  cnrienz  «^nienle  en 
traitant,  «ree  toni  l*linmonr  qne  mérite  le  eqet,  nûitoire  de  ses 
fomentée  mirabeUee  cenfltei,  oflèrtee  à  tom  let  ionveraini  de  peeiage 
et  envoyées  annuellement  en  étrennes  à  la  Gonr. 

I/abbé  d'Huart,  sons  BL  de  Saint-Simon,  avait  la  surreillanee  dos 
magnifl^nes  jardins  de  Fntosli  et  j  ealtivait  les  plantée  ke  pins  niea. 

*  Le  sons-principal  avait  dans  la  diaulm  VEnq/dopéditt  des  veonefli 
aeadémiqoes  et  des  eaUeis  d%islelra  nainralle. 


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UB  BH4HUB  M»  LIS  TM»  tVÉOilS  4M 

Un  second  incident  marqua  la  deBcente  nationale  :  le 
libraire  Marchai,  par  suite  de  ses  fournitures,  avait  fait  saisir 
le  cabinet  de  physique  et  Iq6  scellés  y  étaient  apposés  à  la 
venue  des  commissaires. 

Tous  les  livres  donnés  en  prix  étaient  décorés  sur  les  plats 
des  armes  royales  de  France. 

Jérattas 

CoUeffH  Meientiê  SoâetoHt  «/mm. 


Le  collège  datait  de  1622  et  il  devint  de  suite  très  florissant; 

jusqu'à  Tépoque  de  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  les 

jeunes  réformés  messins  eu  suivaient  les  cours  et  disputèrent 
avec  succès  les  palmes  à  leurs  camarades  de  la  communion 
romaine.  La  ville  donna  do  nombreux  secours  aux  Jésuites  et, 
jusqu'au  moment  de  leur  expulsion,  elle  payait  367  livres 
10  sols  pour  les  deux  régents  de  philosophie. 

Les  Jésuites  eurent,  malgré  l'appui  de  la  bourgeoisie,  à 

Boufl&ir  la  mauvaise  humeur  du  duc  de  Coislin,  qui,  comme 
son  illustre  voisin  de  Verdun,  leur  ôtale  pouvoir  de  confesser. 
Puis  vinrent  contre  eux  les  sourdes  attaques  du  Parlement  et 
leur  chute  éclatante. 

Un  grand-vieaire,  doyen  dn  chapitre,  Henri  d'Haianeoiirt, 
eut,  en  1657,  Tingénieiise  idée  de  Uhe  les  frais  d'une  dislri- 


500 


REVUE  D^ALSACE 


bution  de  prix  et  de  donner  des  livres  à  ses  armes.  Il  avait 
été  en  lf>43,  avec  l'évêquc  de  Madame,  un  des  témoins  de 
l'installation  des  R.  R.  P.  P.  dans  la  rue  de  la  Chèvre,  oîi  ils 
demeurèrent  jusqu'aux  décrets  d'expulsion.  Les  volumes  aux 
armes  des  généreux  bienfaiteurs  se  trouvent  difficilement;  ils 
sont  généralement  très  bien  reliés. 


Le  catalogue  Henri  (Paris,  octobre  1863)  en  indique  un. 
D'après  VEjc-libris,  c'était  un  don  du  chanoine  de  Saint- 
Sauveur,  Aubertin,  aux  récollets  ;  le  volume  avait  passé  de  la 
bibliothèque  de  ces  derniers  dans  celle  de  M.  d'Haraucourt 
L'élève  couronné  se  nommait  François  André  et  le  préfet 
Jean  le  Clerc  (sceau),  29  août  1757  (n°  109,  20  fr.) 

Le  chanoine  Henri  d'Haraucourt  est  enterré  à  la  cathédrale. 

La  ville  de  Metz  fournit  aussi  aux  frais  de  la  distribution 
des  prix,  et  on  peut  attribuer  aux  Jésuites  l'écusson  suivant, 
représentant  les  armes  de  la  ville  surmontées  de  la  Pucelle. 


LES  BX-LIBRIS  DANS  LES  TROIS  ÉVÊCHÉS 


Le  président  au  Parlement,  Louis  Fremyn,  mort  en  1609, 
fit  én  1663  les  frais  de  la  distribution  des  prix.  Les  armoiries 
frappées  sur  les  plats  indiquent  que  les  livres  proviennent  de 
sa  bibliothèque.' 

'  L'exemplaire  de  la  bibliothèque  de  la  ville  fut  donné  en  prix  le 
SO  août  1663  à  François  Granet.  Au  bas  de  l'attestation  latine  il  y  a  le 
sceau  du  collège  et  la  signature  du  préfet  Nicolas  Fleury.  Le  portrait 
du  président,  tiré  à  toute  marge  par  Sébastien  Leclerc,  fait  pendant  au 
titre. 


502 


RBVUE  d'ALSàCC 


En  1670,  l'archevêque  d'Embrun  donna  aussi  des  livres 
ornés  de  ses  blasons.  Le  jour  de  la  distribution,  on  joua  tine 
tragédie  latine  :  Mors  CoriolanL^ 

Neuf  manuscrits  provenant  des  Jésuites  sont  à  la  biblio- 
thèque de  Metz.  Les  bénédictins  parisiens  virent  chez  eux,  en 
1709,  l'histoire  manuscrite  des  évêques  de  Metz  par  le  R.  P. 
Benoît,  ouvrage  que  le  duc  de  Coislin  défendit  d'imprimer. 

^  ViAnsoK.  Histoire  du  premier  collège  de  Metz.  (Mém.  de  l'Âcad.), 
Metz,  1874,  223. 


tn  n-UMB  Mm  lm  «m»  trtoiti  SOI 

Les  bénédictins  de  Saint-Arnould  et  d'autres  couvents  héri- 
tèrent des  dépouilles  des  Révérends  Pères. 

MisiiiMi 

Minmortm  metetinum. 

De  la  Bibliothèque  des  Minimes,  C.  ^00. 

Les  religieux  eurent  une  singulière  affaire  à  la  iin  du 
ZTU*  siècle  :  un  quidam,  nommé  Claude  Carré,  les  accusa 
d^avoir  touché  à  Ymuse,  en  son  nom,  une  somme  de  vingt 
millions  provenant  d'un  onde  décédé  dans  cette  ville,  et 
d^avoir  déchiré  une  feuille  d*un  registre  de  paroisse  de  Verdun. 
Un  de  leurs  manuscrits,  U»  qvuaire  JShumgHes  (zr),  avait 
appartenu  aux  dames  de  Vergaville,  près  de  IMeuze:  JEb>- 
monatterio  monalium  B.  Mariœ  de  Vergavittc,  1698.  Il  s'en 
trouve  encore  cinq  autres  à  la  Bibliothèque  publique.  Vers 
1750,  ils  obtinrent  la  fermeture  de  la  ruelle  Boudât,  rendez- 
vous  des  soldats  pour  se  battre  et  des  filles  de  mauvaise  vie. 

Le  père  Jean-François  Le  Membre,  bibliothécaire,  reçut 
les  commissaires  :  Tarcbitecte  Fontaine  et  Tavocat  Juzan  de 
la  Tour,  qui  arrivèrent  le  12  mai  1790.  II  leur  présenta  un 
catalogue  in-folio  sur  pardiemin,  qui  fut  de  suite  coté  et 
paraphé;  il  comprenait  trois  mille  quatre  cent  quatre-vingt 
volumes,  mais  il  y  en  avait  en  réalité  dans  la  salle  quatre 
mille  cent  soixante  ;  parmi  les  manuscrits,  deux  étaient  UU- 
nilles  (n*  62  et  647). 

Les  religieux  déclarèrent  vouloir  ôtre  citoyens  et  prêtres 
séculiers. 

Lazaristes 

Ex-libris  Covgreqationis  Miasiomê  domm  Afetemis, 
Ila>4ibri8  CongregatUmiB  domui  et  êeminarii  MeUnsig. 

Les  laiaristes  tenaient  le  séminaire  Sainte-Anne  et  &d- 


BaiMt  des  miaiioM  à  U  eampagne.  Quatre  de  Imn  mt&va- 

crists  sont  à  la  bibliothèque  de  la  ville.  Nous  en  avons  déjà 
parlé. 

Dmiiiiiii&i 

DR  LA  BIBLIOTHEQVB  DES 
FRXBS8  PR£CURVBfi  DM  METS 

Amoiiies  de  Tordre,  placées  sur  iu  manteau  herminé  sur- 
monté de  la  tiare  papale,  entre  un  chapeau  de  cardinal,  une 
mitre  et  la  crosse;  autour  on  Ut  : 

os  IV  aiaiioiHabAa  aas  <ivaHa  duasuaAUs  aa  iiaiz' 
avec  le  rosaire  pendant  et  quatre  fleurs  de  lis. 

Hauteur,  0%6d;  largeur,  0",72. 

On  trouve  encore  ces  mentions  : 
IHm  préjhêurê  de  Meùi 

A  la  Bibliothèque  des  Jacobins  de  Mets 

JEx  Commum  bibUothtoa  frainm  predioaionm  wrtgmiMW. 

La  ville  donnait  annuellement  400  livres  pour  la  pension 
de  deux  régents  de  phUosophie. 
Les  religieux  présentaient  aux  commissaires  un  cahier  de 

trois  feuilles,  dont  dix  pages  écrites  contenant  le  catalogue  de 
quatre-vingt-dix-sept  volumes  in-f"  et  neuf  cent  cinquante-cinq 
autres,  formant  toute  leur  bibliothèque.  Trois  manuscrits  sont 
à  la  bibliothèque  de  Metz. 

BéoolletB 

EaMriB  F.  F,  BêcoQeet  OmwentuB  Jietentii. 
Ex  Bibîwtheca  SeeoUeehnm  Oowmt.  Metensiê, 

En  1775,  d'après  le  catalogue  Ëmmery  (1849, 311),  il  parut 
des  épigrammes  sur  les  livres  brûlés  avx  Bécollets. 
Les  statues  de  saint  Gunstophe  et  de  saint  Jacquet  de 


Digiti/Oû  by  Ct^O^lc 


UB  B-UftMi  MM  LM  IMB  tfiOÊÊÊ 


m 


Té^se  paroissiale  de  SaintrSimplice  venaient  de  ces  reli- 
gieux, qui  avaient  dans  leur  couvent  vingt-sept  cellules  et 
trois  chambres  d'hôte. 

£i6  21  mai  1790,  Os  déclarèrent  nVoir  ni  médailles,  ni 
mobilier  précieux;  ce  qui  c  a  paru  exact  en  examinant  le 
local  1,  disent  les  enquéreurs.  Comme  partout  aîUeura,  on 
demanda  le  registre  de  Tdtnre  pour  demander  ai  on  foulait 

rester  ou  quitter. 

Un  manuscrit  des  Hécollets  est  à  la  bibliothèque  de  Metz. 
Les  Trinitaîres  n'en  fournirent  pas  plus.  Le  Musée  archéolo- 
gique a  deux  statuettea  de  l'église. 

TrinitiiNS 

J>omuê  Sandm  SWmtatw  Metemiê, 

Le  couvent  contenait  douze  cellules. 

Claude  Bail,  membre  du  Directoire,  se  rendit  chez  les 
Trinitaire.s  le  2'J  janvier  1791.  Il  vit  dans  leur  église  un  buste 
de  bois  doré,  deux  statues  en  couleur,  etc.  La  bibliothèque 
était  chétive;  on  n'y  trouva  que  cent-vingt-quatre  in-f,  quatre- 
vingt-quatorze  in-4*,  quatre-vingtniix-sept  in-8*  et  six  cent 
vingt-quatre  in-12.  Un  manuscrit  est  à  la  bibUotlièqae  de 
Mets.  Us  avaient  quatre  grandes  tapisseries  de  18  pieds  de 
long  sur  11  de  large. 

Vers  1776,  Charles-Gaspard  Dorvaux,  docteur  en  Sorbonne, 
ministre  de  la  maison  de  Metz,  provincial  de  Champagne,  et 
le  procureur  général  de  la  Rédemption,  rachetèrent  à  Tunis 
et  à  Alger  bon  nombre  d'esclaves  chrétiens,  les  tirèrent  des 
Etats  barbaresques  et  les  ramenèrent  en  Corse. 

La  bibUothèqne  a  on  manuscrit  provenant  des  bénédictins 
de  Sainte-Bariw;  e*eet  leur  Missel  (xT  siècle).  0»  Uon  t^par' 


Digiti/oa  by  Gi^o^lc 


506 


MVDI  D*AUÉC1 


Oongr^Uon  Notre-Dame 

Le  monastère  était  bftti  sur  des  constructions  antiques.  La 

bibliothèque  ne  contenait  que  deux  rayons  :  trente-trois 
volumes  sur  le  premier  et  quatre  cent  quatre-vingt-sept  sur 
le  second,  reliés  en  veau,  eu  parchemin  ou  brochés. 

Gomme  presque  tous  lee  couvents  de  femmes  à  Mets,  les 
religieuses  tenaient  un  pensionnat* 

On  trouve  à  la  bibliothèque  de  Metz  trois  de  leurs  manus- 
crits (xym*  siècle). 

Dans  un  noél  de  Colliguou  (.Metz,  1624)  : 

Lm  damea  Angoatinet 

En  congrégationa, 

Pour  fonuttr  leur  doctrine, 

Reçoivent  les  leçons 

De  ce  divin  Ënfiint 
Qui  ne  fait  que  de  uaître; 
Leur  ronstitnlion,  don,  don, 
Auront  bien  de  Tr'-clat,  la,  la, 
Venant  d'un  si  bun  maître.' 

Llnventaire  des  Carmélites  ne  figure  pas  aux  archives.  Un 
recueil  de  cantiques  (xviii*  siècle)  qui  leur  avait  appartenu  a 

été  versé  au  dépôt  de  la  bibliothèque,  et  quelques-uns  des 
ornements  de  leur  église  se  voient  au  trésor  de  la  cathédrale. 


*  Les  tœnrs  Collettes,  de  la  Madelaine,  du  Refuge,  de  la  Visitation, 
do  la  Doctrine  chrétienne;  celles-ci  tenaient  en  ontrc  des  écoles 
publiques,  ainsi  que  les  Ursuliues  et  l^s  sœurs  de  la  Propagation  de 
la  foi. 

*  Sur  l'air  :  Les  BatMrgeoû  ék  Ohartm, 


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UB  n-UBMI  BÉ»  UB  m»  ÉVtotB 


MMT 


Dominic&inâs 
Du  mamuUrê  des  mmm  préckeretteê  de  Metz, 

Le  15  juillet  1790,  on  catalogue  cent  volumes  à  l*usage  des 
religieuses,  ouvrages  de  piété  et  d'histoire.  Les  archives 
étaient  dans  une  petite  chamhre  donnant  sur  le  jardin;  il  y 
avait  en  outre  deux  petites  armoires  fermant  à  trds  clefe, 

contenant  les  titres  de  propriété  et  de  rente  sur  l'hôtel  de 
ville  de  Paris. 

Le  5  mars  1793,  on  avertit  la  municipalité  que  l'on  venait 
de  trouver  cinq  pièces  de  tapisseries  en  laine  dans  une 
cachette  sur  le  grenier  de  l'église:  on  ordonna  le  transfert  au 
district,  après  procès-verbal,  car  jamais  on  ne  verbalisa  tant 
qu*à  cette  époque  où  la  vie  d'un  homme  comptait  pour  si  peu. 

Bénédiotinss  de  Montigny 

Les  pérégrinations  des  livres  de  ces  humbles  religieuseB, 
fondées  par  l'évêque  de  Madaure,  sous  Tinvoeation  de  Sidnt- 

Antoine  de  Padoue,  termineront  les  notes  sur  les  couvents  de 
Metz.  Les  libraires  Joseph  Barbier  et  Adam  arrivèrent  dans 
la  commune  le  27  novembre  17*.K)  j)()ur  estimer  la  bibliothèque 
du  couvent;  cent-vingt-deux  volumes  furent  déclarc'^s  de  nulle 
valeur  et  le  reste  encore  moins;  deux  bibles  se  trouvèrent  cotés 
2  f.  10  sols.  On  trouva  parmi  les  bouquins  les  Cotnmentaires  de 
Calvin,  le  Catéchisme  de  Louis  de  Grenade,  les  Chroniques  de 
SasHt-BeneU,  etc.  Le  charron  Etienne  Beauchône,  bon  citoyen, 
ftit  institué  gardien  ;  mais  le  monastère  ayant  été  loué,  on  jugea 
à  propos  de  transporter  chez  lui  la  bibliothèque.  Dès  qu*on 
apprit  à  Mets  ce  premier  voyage  des  livres,  en  s'empressa  de 
se  rendre    Montigny  et  de  les  retirer  de  chez  le  charron 


Mvys  i»'aliaci 


pour  les  joter  sur  une  charrette  aprte  un  second  procès- 
verbal,  et  on  les  conduisit  à  Saint-Amonld,  oii  le  citoyen 
Gobert,  préposé  à  la  bibliothèque,  en  donna  reçu. 

AET8DB  BdOIT. 


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LITTÉRATURE  POPOUIRE  DR  L'ALSACB-LORRAINE 


BAVARDAGES 

Dl 

lESDÀlfiS-MOH  DE  SIUSBÛDRS 

entremêlés  de  quelques  antres 
COMMÉRAGES  ALSACIENS 


XVII 

NOUS  AURONS  LA  FÊTE' 

Sais-tu,  petite  Brigitte,  le  maire 

M'a  dit  qu'on  allait  avoir 
Fête,  malgré  le  curé,  sa  colère, 

Malgré  son  mauvais  vouloir, 
Et  si  dimanche  il  va  tonner  en  chaire, 
Ça  ne  pourra  rien  changer  à  Paflbire, 

*  Yoir  lit  livniwms  éu  1«,  S«  et8*  tdmaHsm  188S. 

*  Cette  chansoa,  à*m  inooiuiv,  tnmtmiM  par  tiaditioii  onle^  a  été 
publiée  par  M.  Auguste  Stœber  dani  des  artidee  du  SamilagMatt, 
fénnia  plut  tard  en  brochure  soue  le  titre  :  D^r  Eoekenberg, 

Cest  «ne  description  très  fidèle  des  fêtes  de  viUage  en  Alsace^  et 
■as  chaasen  làTOiite  des  Jennce  gens  de  Kocheisbeif. 


Digitized  by  Google 


Car  de  nos  danses  le  pauvre  a  profit  : 
Riche,  indigent,  chacua  r^ouit. 

Blentdt,  dimanebe,  on  ya  louer  la  fiMe 

Comme  on  faisait  autrefois. 
Que  le  curé  gronde,  crie  et  tempête! 

Croit-il  nous  faire  des  lois? 
G^e  au  sermon!  il  nous  va  d'importance 
Laver  la  tôte  k  propos  de  la  danael 
Hais,  flans  cpiitter  notre  livre  des  yeux, 
Ecoiitoiifl*le,  d*im  air  silendeu. 

Ah!  maintenant  il  faudrait  qu'on  prépare 

De  beaux  habits  pour  ces  jouis, 
Car  pour  le  bal  on  s'attife,  on  se  pare,  . 

Chacun  met  ses  beaux  atours. 
Les  gars  ont  fleurs  aux  chapeaux,  et  les  béDes 
Plis  empesés  aux  chemises,  dentelles, 
Tabliers  blancs  contenant,  ô  bonheur! 
Les  pains  d'épice  offerts  par  le  valseur. 

Faut  souliers  fins  afin  d'être  légères  ; 

(Les  miens  sont  déjà  tuut  prêts.) 
Jolis  bas  blancs  bien  tirés,  praiide  affaire I 

Et  tous  les  autres  apprêtai. 
Quand  à  la  danse  on  arrive  bien  belle, 
L'on  trouve  vite  un  cavalier  fidèle  : 
Chaque  garçon  avec  vous  veut  valser, 
Et  Ton  ne  reste  jamais  sans  danser! 

A  notre  auberge  chacun  se  régale, 

Sans  grande  peine,  à  sauter, 
Mais  au  poteau  du  milieu  de  la  salle, 

n  ne  £Mit  pas  se  heurter. 
Tu  la  connais  :  Léne,  de  chez  le  maire. 
S'y  cassa  presque  le  nez,  triste  affaire! 


UrrtftATUBB  PWOLàiBB  M  L'ALSACB-LORIUIIIB 

Et,  me  heurtant,  me  fit  faire  un  faux  pas. 
Et  toi,  beau  coq,  hélas  !  tu  m'échappas  ! 

Chère  Brigitte,  ne  va  pas  r^andre, 

Mais  garde  bien  le  secret 

Si  quelque  tille  le  pouvait  apprendre, 

Bien  trop  tôt  on  le  saurait! 
Et,  vois-tu  bien?  moi,  je  connais  les  tilles 
Qui  voudraient  être  qui  les  plus  gentilles, 
Moi,  Lise  et  Léne  viendraient  se  dresser 
Devant  nous  autres  pour  nous  éclipser. 

Mais  pour  danser  il  nous  faut,  ma  Brigitte, 
Choisir  d'habiles  valseurs. 

Promets  an  tien,  afin  quil  ne  te  quitte, 
Un  joli  bouquet  de  fleurs  ! 

Moit  mon  valseur  est  de  belle  prestance. 

L'un  est  lourdaud,  Tautre  raide  à  la  danse 

Oui!  Mais  le  mien  sait  si  bien  m'enlever! 

Pareil  valseur  ne  se  peut  retrouver. 

Le  bal  prend  tin.  Avant  qu'on  ne  reparte, 

A  table  chaque  garçon 
OÛre  du  vin  bien  sucré,  quelque  tarte, 

Un  bon  rôti,  du  poisson! 
Chaque  valseur  reconduisant  sa  belle 
Lui  (ait  la  cour.  Bientôt  devant  chez  elle 
La  sérénade  qu'elle  entend  lui  fait 
Plaisir  extrême,  en  fermant  son  volet 

Haguenau,  2G  septembre  1881. 


•  51S 


XVIII 

CHARLES  BERDELLÉ 


>t  Inffirîc|iilfff,lienpj|pljtf|lOnMpae|i|im^^^ 

LE  REPAS  DE  NOCES  RUSTIQUE 

de  Catherme-Manomrdd<hw-^anci^^ 
Jacques  de  NiedersehUffokhemt  raeonU  par  la  Marie-OdUê' 
dê-<heÊ-Jean'Fierr&-PaneUiHiégomt^Ba 

Qu'il  faisait  donc  bon,  la  semaine  do  Pâques, 
Aux  noces  de  la  Catberine-Manon- 
De-chez-rancien-maire-Jean-de-chez-Jean-Jacquea' 
De  Niedenchiefiolsheim.'  Jamais!  oh!  mais  non I 
Jamais  on  n*a  fût  de  pins  belle  bombance: 
On  servit  tout  ce  quil  y  a  de  plus  fin. 
Quels  beaux  repas  !  miment!  si  beaux  qu'à  la  fin 
Nous  étions  d*avis,  tous,  que  Ton  recommence! 
Tu  Tondrais  apprendre  ce  que  nous  mangions? 

Laissons  les  bouillons, 

Bouillis,  cornichons  ! 
Parlons  des  saucisses  et  des  saucissons, 

De  maint  plat  qui  fume 

D'excellent  légume 
Couvert  d'un  lard  de  fort  engageant  aspect 
Après  du  boudin  Ton  nous  sert  du  ciTOt» 

*  NicdenehiBfibliiMiBi  el  Btteeadorf  wmt  d«B  tOUicm  voiiiBi  IHu 
de  l'antre  dn  etnton  de  Agnenaii.  Les  meta,  qn*M  méprit  de  l'ortho- 
graphe orfiaiin  now  rtenlieoBB  par  dee  tratto-d'aslea,  tndaieeni 
eheqne  fob  on  eenl  mot  do  texte  aleieien. 


Digitizoû  by  C3t.)0^lc 


UlrtlATinUI  Nfa.â1IB  m  L'AiSACMOtlAOn  618 

Des  pommes  de  terre  avec  beaucoup  de  graisse. 
Puis  du  bou  tilet  si  bien  garni  de  lard 
Et  si  bien  rôti  que  personne  n'eu  laisse 

Le  moindre  brin  !  du  mouton,  du  canard, 
Du  veau,  du  poulet  suivi  d*une  grosse  oie, 
Et  maints  bons  flacons  qui  nous  mettent  en  joie. 
Des  tartes,  des  Kouguelhonpfe*  et  des  gftteaoz 

Aussi  bons  que  beaux, 

Pas  faits  à  la  hftto  : 
Trois  heures  la  mère  en  tra?ail]a  la  pftte, 
Et  pendant  trois  beures  ne  reposa  pas  ! 
Eh  bien  donc!  que  dis-tu  d'un  pareil  repas?* 
Fallait  voir  surtout  combien  la  compagnie 

Etait  bien  choisie! 
On  y  trouvait  nos  plus  gros  cultivateurs. 
Tous  gens  très  huppés,  et  les  instituteurs, 
Et  l'appariteur,  et  l'adjoint,  et  le  maire, 
Tous  pleins  du  louable  désir  de  bien  iiaire: 

En  effet  chacun. 
Pour  être  plus  frais  à  pareille  bataille, 

Amyaitàjeun, 
Tout  prêt  à  se  bourrer  de  la  boustifaHle. 
Aht  e*e6t  que  les  paysans  ne  sont  pas  sots. 
Les  gens  de  la  ville,  beaucoup  plus  nigauds, 
N'ayant  apporté  ni  cuillers  ni  fourchettes, 
Comme  on  le  fait  pourtant  à  tout  grand  repas, 
Pendant  qu'on  s'empressait  de  vider  les  plats 


'  hè  EoagMlhopf  «m  Kovgatlhoapf  (la  pnmnieialioii  mie  nlvaiii 
In  localité!)  est  nae  pfttiiMrle  fidta  avêo  de  la  fàrine,  dw  omÎÊ,  da 
bearre,  da  lait,  des  raisins  secs,  dans  des  moules  d'siie  f<wiM  partiev- 
lidra.  Cette  pfttiwerie  est  très  aimée  en  Akace. 

'  OMe  tinde  ett  priae  presque  textaelleweat  de  la  boaeho  d*an 
paiiiB  qfli,  dana  ka  années  80^  perlait  de  son  TSpas  de  file. 
RoeveUe  Séné.  -  11-  aenéa.  88 


514 


itvn  D*AUâfli 


Penauds  regiurdAÎent  le  fond  de  leurs  aaaiettea 
Ju8qa*à  ce  qne  Jean  vint  à  leur  procurer 

De  chez  les  voisins  des  outils  à  baftrcr.' 
Frau(;ois-lc-pan^u-<le-rhoz-le-fîros-Jean-George 
S'en  faisait  passer  (fallait  voir!)  par  la  gorge, 
Li(iui(les,  solides!  car  «on  ne  fait  pas» 
(Pensait  le  gourmand)  «un  aussi  bon  repas 
A  toutes  les  noces.  H  faut  qu'on  profite. 
Surtout  quand  un  honune  cossu  tous  invite!» 
Ainsi  fûsait-il.  Un  voisin  délicat  * 
Pour  oArir  du  boeuf  lui  présente  le  plat 
Le  boBuf  était  miment  d^i^parence  exquise! 
François-lo-pansu  lui  répond  :  «Oh  la  la! 

Faut-il  donc  manger  tout  cela?» 
Tout  eu  regardant  d'un  air  de  convoitise 
La  pièce  de  viande.  Voyant  sa  méprise 
Ses  voisins  lui  disent:  «Prenez  le  raorceau 
Et  mangez-le,  car  ce  ne  serait  pas  beau 
De  faire  un  afiront  à  celui  qui  régale. 
Manger  ce  bouilli?  ce  n'est  qu'un  jeu  d'enfant 
Pour  tous!»  Il  le  prend,  le  découpe  et  Tavale 
Aux  huit,  neuf  dixièmes,  puis,  presque  étouflant, 
Il  dit  :  «Le  morceau,  fichtre!  est  un  peu  trop  grand!»  ' 
Mais  ça  ne  Tempéche  d'avaler  le  reste, 
Et,  quand  les  plats  passent,  de  bien  s*en  servir. 
Deux  fois  plvLiAt  quHine.  Rien  n^est  indigeste 
Pour  lui,  car  il  a,  Ton  doit  s'en  souvenir! 
Un  grand  appétit  et  le  veut  assouvir! 
Il  dit  h  la  lin,  se  tapant  sur  le  ventre: 
•Que  mon  sac  e£>t  plein  et  tendu  !  plmi  rien  n'entre! 


'  Airivé  à  «a  itpM  de  aooM  à  Nifldefwhaffrialwim  iim  Imtmaén 
188a 


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UTTÉlATimB  fOmâni  m  L*AUAa-LOIBAim 


615 


Ah!  si  je  pouvais  avaler  pour  demain, 
Je  ne  céderai»  pas  encor  le  terrain !•* 

Alors,  au  milieu  d'un  rire  épouvantable, 

L'on  quitte  la  table, 

L'on  va  plaisanter, 
£t  sauter,  et  chanter.  ♦ 

Par  les  sauts,  la  danse, 

D^ontlant  leur  paose, 
kea  gens  de  la  noce  de  très  bon  matin 
Sont  tout  prêts  k  recommencer  le  fesUn. 
On  mange  poissons,  et  légumes  et  viande  I 
François-le^pansu,  pas  malade,  demande 
Et  mange  à  lui  seul  un  énorme  poulet 

Pendant  ce  temps-là  chacun  slngurgitait 
De  mets  variés  une  telle  montagne 
Qu^aux  gens  de  la  ville  vraiment  ça  fit  peur! 
Et  près  de  nous,  simples  gens  de  la  campagne. 
Plus  d'un  beau  Monsieur,  plus  d'un  fier  ricaneur, 
Malgré  son  esprit,  son  orgueil  put  apprendre 
Comment  des  sons  bien  éduquét:  vont  s'y  prendre 
Aux  repas  de  noces  pour  y  faire  honneur. 

Bios,  22  mars  1880. 


*  ÂrriTé  dans  1«  dcnières  années  dn  règne  de  Lenis-Philippe  dut 
nn  dîner  électoral 


I 

I 

LE  GATEAU  DE  FOIRE 

(Histoire  arrivée  à  Qagaenaa  à  la  foire  de  Saint-Martin  de  18ô8>' 

Je  Tais  vous  raconter  une  très  belle  histoire  ' 

Dont  je  fus  le  témoin  autrefois  à  la  foire 

De  Saint-Martin.  Bien  sûr  <,';i  vous  amusera 
Et  ma  petite  hibtoirti  au  cœur  \qu&  touchera! 

Uu  tout  jeune  homme  h\,  par  fille  très  majeure  * 
Se  trouva  retenu,  peut-être  un  bon  quart  d'heure 
Auprès  d'une  boutic^ue,  où  la  marchande  ofirait 
Âu  public  des  gâteaux.  La  tille  désirait 
S'en  faire  payer  un.  Mais  auprès  de  la  tente 
Le  gar^n  restait  coi,  se  laissant  c^oler 
Par  la  fiUe,  qu*hélas!  il  ne  veut  régaler. 
Que  n^estrelle  plus  jeune!  Elle  TarTête  et  tente 
LMmpossible,  espérant  enfin  le  décider, 
A  force  de  prier,  enjôler,  minauder. 
Mai>  la  marchande,  qui  voit  où  le  bat  les  blesse, 
Veut  tirer  le  garçon  de  ^a  grande  détresse, 
Et  lui  dit  :  c  C'est  honteux  pour  un  garçon  si  beau,  | 
1  Si  jeune,  de  ne  pas  ofiùrir  un  seul  gftteau 
c  A  cette  vieille  fillel  •  I 

JSt  la  sotte  pécore  , 
Rougit,  pâlit,  se  sauve,  et  court  peutrêtre  encore.  ^ 

Bioz,  31  janvier  1881.  I 


*  yanteor  6t  «ndostoir  tai  préMnt  à  U  séanea  oomm»  spaetaïav, 
tt  il  m  pnaûi  PezMtitade. 


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LirTÉaATcni  porvum  m  l'alsaohxhiraihi 


917 


HISTOIRE  D'ALMANACH 

JJicUée  à  M.  Eeguiato, 
YitioMBt  asifée  en  IBM* 

C'est  dans  Uhlwiller  qa*ime  drôle  d'histoire, 
Amis,  se  passa.  Si  vous  Tonlez  m'en  croire, 
Prdtee  moi  Toreille,  et  Teuillei  m*écouter  : . 
Dafts  tous  ses  détails  je  yais  la  raconter. 

C'est  Tappariteur  remuant  sa  sonnette 

Qui,  dans  le  village,  à  tous  les  coins  répète  : 

t  Grelin I  J^nl  GreUng!  Klinklin!  je  vous  fais  savoir 

f  Que,  ponr  presque  rien  le  public  peut  avoir 

c  Làrbas,  h  Faubeige,  au  bout  de  ce  village, 

f  Fichus  et  rubansi  On  se  montrera  sage 

t  D*ett  prendre,  car  tous  ces  objets,  on  les  dit 

c  Terriblemenl'  beaux!  Le  maiehand  ihil  crédit!  » 

Dana  tout  le  village  aussitôt  on  s'enflamme! 
Les  filles  de  L)ekel;  la  sosur  et  la  femme 
De  Klaus;  Lenel,  Knthel  et  Nann  aussitôt, 
fit  Gréte,  et  bien  d'autres  vont  prendre  d'assaut 

L'auberge.  Le  nez  que  vous  fait  Taubergiste 

No  peut  se  décrire.  Il  s'étonne,  il  résiste 

Aux  riots  en  disant  :  «  Que  diantre!  aucun  uiarchaud 

«  Ne  loge  chez  moi!  non!  personne  n'y  vend 

€  Rubans,  ni  hchus,  ni  semblables  articlesl  » 

'  L'antour  do  la  farce  <^tait  M.  Rc^nlato,  préparateur  de  chimie  en 
con^é  dans  le  villaf,'o.  Le  texte  allemand  lui  fut  di'-dié  et  parut  daua  le 
Uans  im  Schnockrloch.  numéro  du  avril  IHGl,  avant  de  paraître 
dans  le  Recuetl  de  poésies  publit^cs  par  rauteur  en  1K*j5. 

'  Terriblement  beau,  horril>loiiit<rit  joli.  Associations  de  mot!  très 
familières  aux  paysans  du  cautou  de  Uaguenau. 


518  unit  iTâiJUfli 

Les  femmes  d'abord  lui  répondent  qu'il  ment. 
Mais  alors  l'aïeule,  mettant  ses  besicles, 
Prenant  Talmanach,  l'ait  cesser  leur  babil 
Par  ce  simple  mot  :  t  C'est  le  premier  avril!  ■ 

L'histoire  uous  montre  que  lorsqu'à  nos  belles 
L'on  parle  de  robes,  rubans  ou  dentelles, 
De  jupes,  chiffons  ou  corsages,  l'on  peut 
Les  mener  sans  peine  partout  oà  Ton  veut, 
Et  que,  si  Ton  veut  leur  dresser  des  embûches» 
Les  meilleurs  iq^pAts  seront  les  lanfreluches. 


AU  RETOUR  DE  LA  FONTAINE 

Hiitoire  arrirée  à  Phalsbonrg  1«  36  mai  1859 

Voyez  donc  ces  deux!  qu'elles  sont  bien  eu  Iraml 
Car,  Tune,  tenant  une  cruche  à  la  main 
Et  l'autre,  portant  sur  la  tête  une  seille, 
Racontent,  bavardentl  vraimeotl  c'est  merveille! 
Si  longtemps  debout!  ça  doit  les  fatiguer! 
Alors  un  brave  homme',  pensant  les  narguer, 
Vint  leur  apporter  à  chacune  sa  chaise 
Et  leur  dit  :  «  Mes  belles,  mettez-vous  à  Vaise!  » 
Mais  elles,  de  rire,  pis  que  chez  Guii^nol  : 
«  Vous  Ôtes  bien  bon!  mais  le  soleil  nous  gône. 
«  Monsieur!  voudriez-vous  vous  donner  la  peine 
c  De  nous  apporter  encore  un  parasol  1  » 

Bios,  le  22  lévrier  1881. 


'  L'auteur  et  traducteur  de  ce  conte  fut  lui-in/*'me  le  '  brave  homme» 
en  question.  Le  texte  alsacien  fut  rédigé  le  jour  même  où  l'histoire 
arriva. 


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LintMAmi  PQtQUUU  M  L^AUACB-UmftAJIfB 


819 


LÀ  VEILLËE  DES  PILEUSES 

Soèxie  zmstâqu.e  alaaoiezxne 

hoL  «edne  rtfpr^MtâB  UpolSe  de  la  M^Jbêne  de  chez  Han84e- 

Mercier.  Un  cercle  de  jeunes  yaysam  et  de  jeunes  paysannes 
y  tiennent  ta  conversation  suivante  : 

Mi-Lin 

Voyez  cette  l'niîche  guiilaudo 
^  De  tilles,  de  jeunes  garçons. 

Chacun  a  porté  sa  provende 
D'histoires,  de  belles  chansons! 

Cest  id  qne  chacun  habille 
Son  prochain!  c'est  notre  métier! 
Sur  quel  dos  verra-t-on  Tétrille 
Passer,  sans  le  faire  crier? 

Commençons  nos  rengaines, 
Mironton,  mironton,  mirontaines! 

En  parlant  des  fredaines 
De  ce  fameux  Jeanuot. 
Il  est  louche  et  pâlot, 
Boiteux,  et  surtout  sot! 

Pourtant  il  voudrait  plaire! 
Lui  si  laid,  lui  si  sot  vient  nous  faire 
La  cour.  On  le  fidt  taire 
£n  lui  disant  nigaud. 

RMBLWELÈ 

Avant  tout,  moi  je  vous  signale 

Lliomme  à  quatre-z-yeux  qui  près  de  nous  s'installe 
Le  petit  Français,  l'employé  des  tabacs 


un»  d'albaoi 

Qui  près  de  nous  lilleâ  vient  perdre  ses  pas 
Et  parle  si  mal  qu'on  ne  le  comprend  pas! 
Au  lieu  de  danser  avec  nous  villageoisefi 
Aux  idtea,  à  Brumatb,  il  prit  des  beuseoiBeB 

Des  belles  portant 

Un  énorme  volant, 
Des  bandeaux  bouftants,  la  robe  à  crinoline. 
Qu'à  nous  il  revienne,  et  lui  faisant  la  mine 
Nous  dirons  :  Eh  bien!  allez  donc  courtiser 
Les  belles  que  vous  sûtes  faire  valser. 

FRAJTTZ 

Quoi!  tu  voudrais  te  pendre 
Pour  un  si  piètre  amantl 
Moi,  Ton  pourrait  me  prendre 
Un  pareil  inconstant, 
Sans  que  je  ne  me  mette 
A  le  redemander 
Par  tambour  ni  sonnette  : 
Ou  pourrait  le  garder. 

Mtf-Lin 

Ah!  c'est  de  la  même  façon 
Que  Meï  regrette  ce  garçon 
Qui  Cait  son  tour  de  France. 
Pourquoi  te  livrer,  ma  belle,  à  la  souffrance. 
Au  deuil?  Ne  trouve-^îl  là^bas 
Des  filka,  et  n'aorais^tu  pas 
Maints  garçons  au  village 
Pour  te  rendre  volage? 

m 

Que  ton  discours  m*est  odieux! 

Ah!  que  n'as-tu  vu  ses  adieux! 
Tu  changerais  do  gamme. 


UITtlàTDU  nmJMM  M  L*AUâa-LOMUtl»  Ml 

fl  II  m'embrassa,  dit  :  i  Mon  trésor, 

t  Mets  au  doigt  cette  bague  d'or  !  » 
D'amour  mon  cœur  s'enflamme 
Quand  il  y  pense  encorl 

t  Viens,  ma  belle  dit>il, 
c  A  ma  loi  t,  me  dit-il, 

t  Sois  tidèlel  »  dit-il, 
«  Comme  moi  !  b  me  dit-il, 
«  Moi  je  t'aime  »,  dit-il, 
•  C'est  écrit!  »  me  dit-il, 
c  Fais  de  mdmel  b  dit-il, 
ITartrU  dit! 

«  Quoiqu'il  faille  »,  a-t-il  dit,  a  quitter  ce  coin, 
0  Oui  !  ce  doux  coin, 
f  Je  te  serai  lidèle. 
<  Troinre>t-on  séduisants  minois  an  loin, 
fl  Minois  au  loin, 
<  Tu  restes  la  plus  beUel 
«  Veux-tu  m'attendre?  •  m*a4ril  dit, 

D'un  son  de  voix  si  doux, 
«  Le  cœur  plus  tendre  »,  m'a-t-il  dit, 
a  Au  rendez-vous 
«  Je  serai  ton  époux!  »  * 

Tu  voudrais,  après  ce  discours 

Que  je  sois  infidèle? 
Oh  non  !  à  lui  sont  mes  amours, 

Je  ne  suis  pas  cruelle, 
Et  puisqu'il  m'a  voué  son  cœur. 

Malgré  toute  distance 


'  Les  répétitions  des  dit-il,  m'a-t-iJ  dit,  sont  du  plus  pur  réalisme. 
Je  ne  dirai  pas  de  la  couleur  locale,  rar  ces  répétitions  oiseuses  d'une 
même  phraie  dolTent  se  retroa?er  uu  pou  partout.  —  C.  B. 


1 

Moi  je  veux  faire  son  bonheur 
Aussi  par  ma  coa&tftocd. 

MEÏ-K^TU 

Tu  fus  très  bien!  Abl  si  le  mien 

Etait  aussi  fidèle! 
n  ne  supporte  aucun  lien, 

Court  après  chaque  belle. 
De  la  blonde  à  la  brune,  Jean 

Voltijje  et  les  courtise 
L'une  après  Tautre.  En  moins  d'un  an, 

Le  village,  il  Tépuise. 

Mais  Je  Yeux  le  laisser  courir 
Dès  sa  première  frasquel 

Dieu  me  préserve  de  iiruuir 

A  mari  si  fiintasque  ! 
Si  je  prends  un  homme,  ma  foi  ! 
Je  veux  qu'il  ne  soit  que  pour  moi. 

Non  pour  un  autre  masque. 

HAKS 

Tais-toi  donc,  car  moi  je  pourrais 
Chanter  une  autre  note, 

Disant  que  femme  au  grand  jamais 

N  e  doit  porter  culotte, 
Ni  jamais  traiter  de  soulard 
Son  mari  rentrant  un  peu  tard 

Comme  Mi  mainte  sotte. 

MXI-LISB 

Ici  vous  voyez  le  mépris 

Que  font  de  nous  nos  bons  maris. 

Tendant  que  la  femme  travaille, 
Son  mari  sort,  et  fait  ripaille 


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urréiiATtmB  rorauftt  m  L'ALaACB-uHUUim  Ott 

A  l'auberge!...  Il  ne  se  méprend 
Ce  Yieux  proverbe  qui  prétend  ; 

•  Le  nôtre, 

c  Le  vôtre, 
I  L'on  est  tout  comme  Paatre.  » 

HAJ» 

Allons,  les  femmes!  Taisez-vous! 
Vous  faites,  comme  nous,  vos  coups. 
De  Pargent!  Le  café,  sans  doute, 
Comme  le  vin,  la  bière,  en  coûte, 
Et  la  parure  en  coûte  plus! 
On  sait  qne  pour  en  &îre  abus, 
t  La  nôtre, 
t  La  vôtre, 
t  L'une  est  tout  comme  Tantrel  » 

RÊSB 

Cessez  de  tant  vous  disputer. 
Car  j*ai  de  quoi  vous  raconter  : 
L*on  étendit  de  la  litière 

De  la  porte  de  Jean 
Au  volet  de  la  cuisinière 

Qu*il  voit  depuis  un  an!  ' 

TOUS 

Quels  grands  yeux  ont  dû  faire 
Ce  beau  couple  d'amants? 


'  Dans  certains  Tillages  de  Basse-Abace,  les  amatears  de  scandales 
font  qticl(|tiofni«  à  de  panvrea  amants  la  mauvaise  farce  de  joncher  de 
paille  et  de  fiMullage  le  chemin  qui  va  de  la  porte  du  garçon  «  an  Tolet  • 
de  la  fille  (an'»  LadelJ. 


KEVUE  D'ALSACE 


Mais  ils  ne  devraient  <îuère 
Attendre  plus  longtemi»! 

MBI 

C'est  que  Françoise  n^ose 
Plus  sortir  en  plein  jour. 
Parce  que  cbacun  i^ose 
Sur  Jean  et  son  amour! 

MEX-USB 

Ahl  d  fêtais  Fhmçoise, 
Je  ferais  autrement 

Malgré  ce  qu'on  dégoise, 
J'irais  vers  mon  amaut, 
Disant  :  «  En  diligence 
t  Fais  afficher  mes  bans, 
•  Pour  réduire  au  silence 
«  Un  tas  de  médisants!  • 

TOUS 

Foin  de  la  médisance 
Et  de  tous  les  médiants! 

HABS-LB-OHÂBBOH 

Ça  bâillonnerait  mainte  bouche 
Parlant  des  malheurs  des  voisins, 
n  faudrait  que  ebaeun  ne  mouche 

Que  son  nez,  non  ceux  des  prochains. 

8IPP  âê  chet  am-u-OHABM» 

Qu'on  l)aliiye,  eu  ville,  au  village 
Devant  chez  soi,  mais  pas  plus  loin, 
Mal};ré  vents,  neige,  pluie,  orage 
il  fera  propre  en  chaque  coin. 


UnteATUlB  POPULiOl  OB  L^ALBACB-LOMAINB  fiSÔ 

TOUS  (en  chœur) 

Qa*on  balaye,  en  ville,  au  village, 
Devant  ches  soi,  mais  pas  pltia  loin! 

C'est  que  les  garçons,  en  I  honneur  de  Françoise, 
Ont  fait  plus  d'un  pas  de  boucher! 

Ciiacun  d'eux  par  suite  coutre  elle  en  dégoise, 
£iu  qui  voulaient  se  rarracher  I 

FBANTZ 

Vous  iillea,  voyiez  d'nn  esprit  jaloux 
Les  garçons  manquer  à  leur  rendes-vous 
Pour  fiûre  la  cour  à  votre  rivale; 
Aussi  chacune  de  vous  la  ravale. 

Mais  le  monde  est  instruit,  hélas! 
Des  causes  d'un  pareil  fracas 
Et  n'en  fait  pas  grand  cas  I 

Assez  médit,  les  garçons,  et  vous  toutes, 

Il  commence  à  se  faire  tard. 
Si  vous  le  voulez,  nous  casserons  des  croûtes, 

Trêve  à  Tesprit  Imvard. 
Voici  du  pain  bis,  du  bon  marc  et  des  pommes.' 
£h!  qu'on  s'en  régale,  les  tilles,  les  hommes, 

L'on  entend  le  crieur  de  nuit 
Qui  dit  :  «  Ecoutez,  il  sonne  neuf  heures!  » 

Faisant  trêve  à  tout  bruit, 
Entonnez  des  chansons,  et  de  vos  meâUenres, 

'  Comoamationi  par  les^Un  on  condutordiiiiiMnMiil  1m  vtilMw 
Knialeiioni  Hkmbrod  om.  Ztknmrbni  (pain  d0  nmif  hami^  ^  de  dix 
heures). 


■ 


6M  MVOI  ti'àUUM 

Les  tilles  tout  haut.  ('ha(|ue  «xarçon  fera 
La  basse.  La  chanson  nous  reposera 
Des  tracas  du  jour.  Puis  nous  pourrons  nous  dire  : 
t  Bonsoir!  demain  nom  nous  remettrons  à  rire! 
•  Bonsoir! 
•  Â  revoir!  • 

Haguenau,  le  17  juin  1B81. 


SATYRE  CONTRE  LES  GARÇONS 

(Février  ISO^J 
Faite  mir  la  demande  d'une  jeune  fille  * 

0  garerons,  vous  vous  acharnez 

A  nous  faire  sans  cesse 
La  cour,  quand  par  le  bout  du  nez 

Nous  vous  menons  en  laisse. 

Oh!  combien,  nous  filles,  nous  aimons  vous  voir 
Nous  combler  d*an  tas  de  tendresses, 

Chercher  à  nous  plaire  du  matin  au  àoir 
Et  nous  accabler  de  caresses. 

Vous  nous  répétez  les  propos  les  plus  doux  : 
«  Mon  cœur,  mon  bijou,  mou  amie!  » 

Et  nous  cependant  nous  nous  moquons  de  vous 
Et  rions  de  votre  folie. 

0  garçons,  vous  vous  acharnez 
A  nous  faire  saus  cesse 


'  Au  bal  de  carnaval  1862,  à  Phalsbourp,  une  jeune  fille  s'étAiii 
plainte  à  l'auteur  de  ce  qu'il  ne  parlait  que  des  femmes  et  des  filles 
dans  ses  poésies,  il  fit  aussitôt  et  lui  dédia  le  texte  alsacien  du  poème 
ci-deuns. 


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UTTÉRATUR£  POPULAIRE  DE  L'ALSACK-LORRAIMB 


La  cour,  quand  par  le  bout  du  nés 
Nous  TOUS  menons  en  laisse. 

Aux  fêtes,  vous  aimez  bien  nous  régaler 
De  vin  doux  et  de  pain  d*épice, 

Pensant  de  la  sorte  nous  affiioler 
Et  saisir  un  moment  propice. 

Mais  nous  avalons  pain  d*épice  et  vin  doux 
Sans  souffirir  que  Ton  nous  embrasse. 
Puis  nous  TOUS  quittons  et  nous  rentrons  chez  nous 

En  riant  de  votre  grimace. 

0  garçons,  vous  vous  acharnez 

A  nous  faire  sans  cesse 
La  cour,  quand  par  le  bout  du  nez 
Nous  vous  menons  en  laisse! 

Rioz,  le  28  janvier  1881. 


m  BON  CONSEIL 

(T«te  alBMioii  inédit) 

Chaque  localité  possède  de  ces  langues 
De  vipères,  sachant  épicer  leurs  harangues, 
Des  journaux  ambuhnts,  distillant  le  venin 
Et  le  mensonge  aussi,  pour  nuire  à  leur  prochain. 
Ce  sont  de  vrais  balais,  pas  pour  Mer  Tordure 
Devant  les  portes,  non  !  pour  la  mettre  en  peinture, 
Pour  on  souiller  le  seuil,  la  maison  du  voi?-iu. 
Qui  ne  pourrait  ici  les  noniiuer  par  douzaines 
Ces  bavardes  prenant  pour  très  bonnes  aubaines 


588  UTOI  A^ALSM» 

De  mater,  flétrir  la  r^ntation 
Dlionndtes  gens,  ou  bien  de  briser  l'union 
Bans  nn  ménage  heureux,  d*exdter  des  afiaires 

Entre  de  bons  amis.  0  Ainestes  mégères  ! 

Qui  pourrait  calculer  et  dire  exactement 

Tout  le  mal  qu'ont  causé  vos  langues  de  serpent? 

Aussi  détiez-vous  des  méchantes  femelles, 

Riche  ou  pauvre,  enfin  tous,  citadins,  paysans. 

Ne  les  suivez  jamais  à  la  chasse  aux  nouvelles, 

Mais,  sans  crainte  traitez  leurs  discours  de  cancaiM. 

Rioz,  1*'  mars  1881. 

Ch.  BsBDELLâ. 


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NOTES  BIOGRAPHIQUES 

BUB  LSB 

HOMMES  DE  LA  RÉVOLUTION 

STRASBOURG  £T  LES  ENVIRONS 


SuiU 


STAHL  (GEOROB-FitéDÉRic). 

Né  en  1757  à  Bischheim  au-Saum  —  Avant  1789.  Bras- 
seur à  Strasbour*^'  —  1790.  Cafotier,  rue  du  Jeu-des-enfants 
—  Janvier  1701 .  De  la  Société  des  amis  de  la  constitution  — 
7  février  1792.  De  celle  des  jacobins  —  3  octol)re  1793. 
Nommé  du  Conseil  municipal  —  8  octobre.  Membre  sup- 
pléant du  Comité  de  surveillance  et  de  silreté  générale  du 
Bas-Rhin  —  8  octobre.  Maintenu  notable  de  la  commune  — 
22  octobre.  Trésorier  du  Comité  de  sûreté  fçénérale  du  Bas- 
Rhin,  Monnet  lui  délivre  un  mandat  de  6000  livres  dont  il 
aura  à  tenir  compte  —  2  novembre.  Il  approuve  une  liste 
de  deux  cent  quarante-huit  suspects  à  incarcérer  —  5  no- 
vembre. De  nouveau  élu  notable  —  14  décembre.  H  lève  lee 
scellés  chez  Laurent,  ex-vicaii*e  épiscopal  —  21  décembre. 
U  aert  d'intermédiaire  à  Schneider,  enlermé  à  TAbbaye,  à 
Paria— 94  décembre.  Au  Séminaire»  U  examine  lea  pétitions 
et  reçoit  les  rédamations  des  prisonniers  —  25  déoembfe. 
Avant  de  se  dissoudre,  le  Ciomité  de  snrveiUanoe  et  de 
sûreté  générale  du  Bas>Rhin  lui  ordonne  de  régler  les 
comptes  —  80  janvier  et  38  avril  1794.  Confirmé  notable  — 
26  octobre.  Encore  aux  Jacolilns  —  1797.  Administrateur 

NoattUe  atm.  —  11-*  année.  84 


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530 


REVUE  D  ALSACE 


municipal  Boos  la  présidence  de  Démichel  —  1798.  Admi- 
nistrateur muniaipal  sous  la  présidence  de  Grand-Mougin. 

STAMPF  (Jean-George). 

Né  on  I7r)0  à  Strasbourg,  où  li  était  militaire  avant  17>î9 . 
Comme  tel  il  est  reçu  à  la  Société  dos  amis  de  la  constitu- 
tion, en  juillet  1790  —  En  février  179'i,  de  celle  des  jacobins 
—  Septembre  1793.  Au  Club,  il  figure  dans  une  dispute  où, 
sur  l'invitation  du  président,  il  arrête  un  jacobin  qui  trou- 
blait la  Société  —  3  janvier  1794.  Il  sert  de  témoin  à  J.-G. 
Sch  wartz  contre  Baldner  -  26  octobre.  Encore  aux  Jacobins. 

STARGK  (Jban-Jagqubs). 

Né  en  1758  à  Strasbourg,  où  il  était  tabletier-toumear 
avant  1789  —  15  mars  1791.  Do  la  Société  des  amis  de  la 
constitution,  qu'il  ne  quitta  qu  en  Juin  179'2,  à  l'Auditoire  — 
30  janvier  et  '^^3  avril  1794.  Elu  notable  <le  la  commune,  sous 
Monet  —  26  avril.  Reçu  membre  de  la  Société  des  jacobins, 
où  il  est  encore  inscrit  le  25  octobre  suivant  —  Ën  1824,  il 
était  encore  tourneur  rue  des  Hallebardes,  n°  5. 

STEMPFEL. 

Ayant  1789,  aubergist(<  à  la  Gbarrue,  au  Faul>ourg  de- 
pierres  —  1791 .  I>e  la  Société  des  amis  de  la  constitution  — 
14  novembre  1791.  Elu  notable  du  Cunseîl  municipal  de  la 
commune  —  7  février  17'JJ.  Il  eut  bien  aimé  faire  partie  des 
deux  Sociétés;  mais  aux  termes  du  règlement,  il  lut  rayé 
de  la  liste  des  Jacobins  et  n'y  rentra  plus  —  3  juillet.  Comme 
notable,  il  signe  l'adresse  de  la  municipalité  à  l'Assemblée 
natiomde,  lors  des  troubles  du  20  juin,  à  Paris  —  21  août. 
Garnot,  Prieur  et  Hit  ter  le  nomment  membre  de  ladminis- 
tration  du  Bas-Rhin  —  11  novembre.  A  l'élection,  tenue 
dans  réglise  Saint-Jean  à  Wissembourg,  il  est  élu  scruta- 
teur du  bureau  pour  Télection  des  membres  de  l  adminis- 
tration  départementale  du  Bas-Rliin.  et  à  cette  occasion, 
Schneider,  dans  son  Argos  du  27,  fait  une  furieuse  sortie 
contre  lui,  le  traitant  d'homme  portant  Teatt  sur  les  deux 
épaules,  appartenant  à  tous  les  partis  et  à  aucun  —  81  oc- 


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LB8  HOHJOS  DR  Là  BÈfOUmOK 


tàbn  1796.  Impo86  par  SainWust  et  Lebas  à  5000  Ihnrae,  qu'il 
a  réglé  les  6  6l  7  novembre  suivant  — >  1894.  Aubergiste  à  la 
Gbasae  royale,  &abourg  de  Saveme. 

STERN  ( JBAN^jteOBOB). 

Menuisier  à  Strasbourg  avant  1789  —  Février  1792.  Mem- 
bre de  la  Société  des  jacobins  —  6  décembre,  18  janvier, 
8  octobre,  5  novembre  1793  et  30  janvier  1794,  il  est  élu  par 
le  peuple  notable  de  la  commune  —  23  avril.  Officier  muni- 
cipal —  26  et  30  mai.  11  approuve  et  ordonne  l'arrestation 
de  passé  cent  de  ses  concitoyens  qualifiés  de  suspects  — 
13  juin.  Les  mesures  révolutionnaires  proposées  par  Bier- 
lyn  sont  de  son  goût,  il  faut  les  appliquer  —  24  juillet.  Au 
Club,  il  ouvre  une  liste  de  souscription  pour  confectionner 
un  vaisseau  de  guerre  contre  la  perfide  Albion  —  2  août, 
n  félicite  la  Convention  nationale  de  la  fermeté  déployée 
contre  Robespierre,  Couthon,  Saint^Just  et  Lebas  —  25  oc- 
tobre. Biffé  des  Jacobins  —  *^  novembre  et  10  décembre, 
n  assiste  &  linventaire  des  effets  de  rex-maire  Monet 

STEBEUilNG  (BIichbl-Andbé), 
à  nSléphant,  Finckwiller,  n*  12. 

Né  en  1739  à  Saint-Esprit.  Il  arriva  après  1770  à  Stras- 
bourg comme  écrivain  —  En  1789.  Procureur  fiscal  de  Qua* 
tzenheim,  BrOschwickersheim  et  Winlzenheim.  En  même 
temps  procureur-vicaire  au  Magistrat  de  Strasbourg — 1790- 
1792  Gommis-grefQer  assermenté  du  tribunal  du  district  de 
Strasbourg  —  Mai  1793.  Memiare  de  la  Société  des  Jacobins^ 
il  était  alors  employé  au  département  du  fias-Rhin  ~  1«  oc- 
tobre. Il  dénonce  au  Comité  de  surveillance  permanent  des 
Jacobins,  BeUa,  recevenr  du  séquestre  des  princes  étrangers 

95  octobre  1791  n  est  encm  aux  Jacobins— 1797  à  1806. 
Greffier  du  tribunal  criminel  du  Bas-Rhin  —  9  avril  1796. 
Scrutateur  du  bureau  définitif  de  TAssemblée  électorale 
tenue  à  rAudltolre  —  1798.  Elu,  par  Strasbourg,  membre 
des  Assemblées  primaires  du  Bas-Rhin. 


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688 


STCEBER  (Elie-Louis)  père. 

Oôs  1784,  greffie^a€yomt  de  la  Gbanoellerie  de  ^sehwUler 

—  Gkefiier  du  6  mars  1787  à  avril  1791,  épo<iae  à  laquelle  il 
prit  le  titre  de  notaire  —  11  décembre  1790.  Seerôtaire  du 
duo  de  Deux-Ponts  —  En  1790,  membre  du  district  de 
Haguenau  —  96  août  1791.  En  cette  qualité  U  est  élu  membre 
de  Tadministration  du  département  du  Bas-EUiin,  laquelle 
8*étant  constituée  peu  après,  le  nomma  membre  du  Direo* 
toire  sous  la  présidence  de  Victor  de  firoglie— 8  juillet  1799l 
n  signe  redresse  du  IKrectoire  à  TAiisemblée  nationale,  lors  ' 
des  attentats  du  20  juin  —  dl  août  Maintenu  par  Gamot, 
Prieur  et  Ritter  —  12-14  novembre.  A  Télection  tenue  à 
Wissembouig,  il  sort  le  quatrième  comme  administrateur 
du  Bas-Rhin,  fonctions  auxquelles  il  fut  maintenu  jusqu^à 
Tarrivée  de  SaintJust  et  Lebas,  en  octobre  1793  —  2  nov. 
n  est  arrêté,  conduit  à  Thètel  de  ville  et  de  là  à  Metz,  Jus- 
qu*en  août  1794.  Ciommencement  de  1795,  sur  sa  demande» 
il  est  relevé  de  ses  fonctions  d^administrateur  du  district  de 
Haguenau  1797  à  1804.  Receveur  général  du  Bas-Rbin,  à 
Btrasbouig,  promenade  de  TÊgalié»  aiijourdliui  Broglie  — 
De  1800  à  1805.  Du  Conseil  général  du  Bafr-Rhin. 

STOLZ.' 

25  novembre  1798.  Ministre  de  la  religion  luthérienne,  il 
al]»iare  et  se  déclare  n^avoir  été  qu*un  charlatan  salarié;  aussi 
la  Société  des  jacobins  arrête  que  son  nom  sera  transcrit  au 
procès-verbal  de  la  sésnoe. 

SÏÛUHLKN  (F&àMçoi&aoaBPB). 

Né  en  1780  à  Molsheim  —  Avant  1789.  licencié  en  droit, 
puis  avocat  postulent  au  Conseil  de  régence  à  Saveme,  et 
finalement  trésorier  de  la  Tour  aux  pfennings  à  Strasbourg 

—  Septembre  179t.  Du  Conseil  général  d'admlnistratioii  du 


^  Je  n'ai  pas  trouré  de  ministre  protestant  de  ce  nom;  mais  un  curé 
callioliqiM,  à  DorliaheiiB,  en  17S8. 


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UB  wuam  M  LA  wkmjmm 


6S8 


district  de  Sttafliwaig  —  8  fulllet  1798.  Reçu  membre  de  la 
Société  des  jacobins  —  8  octobre.  Destitué  comme  protec- 
teur des  aristocrates  et  principal  aatenr  des  mesures  ind- 
viquendontradministration  du  district  s^est  rendn  coupable. 
Wagner,  de  Mutzig,  le  remplace  — 14  octobre.  Sa  rédusion 
au  Séminaire  est  ordonnée  par  le  Comité  de  sûreté  générale 
du  BsS'Rhin  —  81  octobre.  Imposé  par  Saint-Jast  et  Lebas 
à  10/XX)  livres  —  6  novembre.  Il  paie  cette  somme,  et  quélr 
ques  jours  après,  il  est  mis  au  Séminaire  —  21  novembre, 
n  réclame  sa  liberté,  mais  le  Comité  de  sûreté  générale 
décide,  qu'avant  de  se  prononcer,  il  sera  encore  une  fois 
discuté  sur  Boa  compte.  La  chute  de  Schneider  le  mit  en 
liberté,  et  il  resta  aux  Jacobins  jusqu^auxSd  octobre  1794 
17  Janvier  1795.  —  Bailly  le  nomme  juge  suppléant  au  tri> 
bunal  civil  du  district  de  Strasbourg  —  De  1797  à  1799. 
Commissaire  dips  guerres  à  Strasbourg.  Diaprés  la  nouvelle 
organisât!  on  de  1800,  il  ne  resta  plus  qu*un  seul  commissaire 
des  guerres  pour  tout  le  Bas-Rhin,  le  citoyen  Ducrot.  Dans 
les  places  autres  que  Strasbourg,  les  maires  étant  chargés 
du  service  courant  —  1805.  De  nouveau  commissaire  des 
guerres  à  Strasbourg  et  membre  du  Conseil  d*administra- 
tl<»i  de  lliépital  militaire. 

Sous  la  Restauration,  il  avait  créé  un  cabhiet  d^afEedres» 
rue  des  Hallebardes,  à  Strasbourg. 

STRIFFLER  (François-Ignace). 

Avant  1780,  homme  de  loi.  Tout  en  habitant  Barr,  il  était 
affilié  en  1798  au  Club  des  jacobins  de  Strasbourg  —  16  dé- 
cembre. Le  Comité  de  surveillance  et  de  sûreté  générale 
du  Bas-Rhin  le  propose  à  SaintJust  et  Lebas  pour  le  Direc- 
toire du  département  ^  V  janvier  1794.  Nommé  à  ces  fonc- 
tions, il  ordonne  rétablissement  provisoire  d'une  école  gra- 
tuite de  langue  française  dans  toutes  les  communes  de  la 
Basse-Alsace.  H  est  à  déplorer  que  cette  heureuse  idée  n'ait 
point  été  poursuivie  par  les  administrations  qui  se  sont 
succédé  —  5  octobre.  Vic&-préeident  du  Directoire  du  dis- 


584 


BKvra  d'alsaci 


triot  —  95  octobre.  BUR  ans  Jacobins  —  $Jan?tor 1796.  No- 
taire â  Obecnai  Jnsqa^u  14  novembre  1896 . 

STAOHL  (jEàN-DANIEL). 

Natif  de  Bnimaih  — 1793.  Aide  du  maître  d'école  Isàet,  à 
Dorlisheim  —  19  novembre  1798^  n  dénonce  Jean-JacqoeB 

Fischer,  pasteur  protestant  à  Dorlisheim,  pour  avoir  entravé 
les  progrès  de  la  Révolution,  lequel,  âgé  de  61  ans,  est  con- 
damné  à  mort. 

STOBER  (  JKàN-GBOBOB). 

1750.  Pasteur  à  Waldbach,  Ban -de -la-Roche  —  De  ITfi^^  à 
1703.  Pasteur  de  Téglise  collégiale  de  Saint-Thomas,  à  Stras- 
bourg —  8  février  1790.  Elu  not2ble  de  la  commune  — 
2  novembre.  La  Société  des  amis  de  la  constitution  lui  vote 
une  lettre  de  remercîment  pour  le  sermon  patriotique  qu*il 
a  prononcé  le  31  octobre  dernier  à  Téglise  Saint-Thomas, 
l'inviter  à  continuer  un  si  beau  zèle  et  lui  témoigner  le 
plaisir  qu^elle  éprouverait  de  le  voir  assister  à  ses  séances 
— 11  novembre.  Elu  notable  — 30  novembre.  Membre  de  la 
Société  des  amis  de  la  constitution — 27  mars  1791.  Membre 
de  ia  municipalité,  il  arrête  que  Jœglé,  curé  de  la  paroisse 
de  Saint'Laurent,  sera  mis  en  état  d^arrestation  pour  rébel- 
lion contre  révéque  constitutionnel  Brendel — 7  février  1792. 
n  passe  aux  Jacobins  —  S3  novembre  1793.  Dans  le  temple 
de  la  Raison,  il  abjure  en  ces  termes  : 

BiBCeres,  citoyens,  la  déclaration  d'un  vieillard  qui,  ayant  passé  sa 
vie  à  chercher  la  vérité  et  à  combattre  pour  elle,  ose  se  donner  le  nom 
tablime  de  pliiloM^e.  Les  obstacles  que  le  fimatiame  et  la  sapentition 
m'oppoiërent  eonetamment  quand  je  m'eiforçaie  d'enseigner  &  mes  con- 
âtoyens  une  morale  sain^  pnr^  en  nn  mot  philosophique;  ces  obstacles 
ne  sont  plus.  Je  bénis  le  jonr  où  le  soleil  de  la  vérité  est  venn  se  Umr 
SOT  le  sol  des  Français. 

J'ai  vou<^,  t  itoyons,  et  je  vouo  encore  une  haine  éternelle  au  fana- 
tisme et  à  l'imposture,  surtout  à  celle  de  la  prêtrise.  —  £t  la  liberté 
qni  mit  d'écrasor  le  fiuatisme^  son  pins  emel  ennemi,  aAwmira  de 
jour  en  jonr  les  bases  de  la  République  1  Qu'elle  tIto^  qu'elle  triomphe 
àjanaisl 


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LBS  HOMMES  DB  LA  a^VOLOTIOM 


686 


Le  même  jour,  an  Comité  de  sarreillaiioe  et  de  sûreté 
générale  du  fiaB-Rhio,  présidé  par  Monet,  on  arrête,  que 
renonçant  à  la  soperstition  da  culte,  il  sera  recommandé  à 
la  municipalité  pour  subvenir  à  sa  nourriture. 

Bien  avant  le  25  octobre  1794,  il  est  biflé  de  la  Société  des 
jacobins. 

SULTZER  (jRàN-MlGHBL). 

Né  en  1740  à  Strasbourg.  Serrurier  avant  1789,  place  de  la 

Cathédrale  —  24  mai  1792.  De  la  Société  des  jacobins  — 
18  janvier  1793.  Notable  de  la  commune  —  8  octobre.  Main- 
tenu —  10  octobre.  Du  Comité  de  surveillance  de  la  Société 
des  jacobins  —  30  janvier  1794.  Officier  municipal  —  7  avril, 
il  fait  appel  à  ses  concitoyens  j)our  obtenir  des  effets  et 
chaussures  pour  Tarmée  du  Rhin  —  23  avril.  Elu  de  nou- 
veau officier  municipal  —  26  et  30  mai.  Il  approuve  Tarres- 
tation  de  passé  cent  suspects  de  la  ville  —  13  juin.  Il  adhère 
aux  inesures  de  sûreté  générale  proposées  par  Bierlyn  — 
24  juillet.  Il  est  pour  la  confection  d'un  vaisseau  de  premier 
rang  contre  la  pedide  An^deterre  —  2  août.  Il  félicite  la  Con- 
vention nationale  pour  les  mesures  énergiques  employées 
contre  RoJjespierre  et  autres  —  5  septembre.  Maintenu  offi- 
cier municipal  sous  le  maire  André  —  25  octobre.  Présent 
aux  Jacobins  —  27  novembre  et  10  décembre.  Il  assiste  à 
rinventaire  des  eSet»  Monet. 

TAQUET  (Nicolas)  ou  DACHERT. 

Avant  1788,  menuisier  à  Strasbourg  — 1799,  du  Club  des 
Jacobins  —  27  décembre  1793.  Devant  le  tribunal  criminel- 
révolutionnaire  à  Strasbourg,  présidé  parMainoni;  il  dépose 
avec  Louis  Rooss  contre  Jeanldicbel  Scbauer,  pelletier,  dont 
la  maison,  Marchéaux-Poissons,  76,  fut  rasé.  Sous  les  deux 
noms,  U  n'est  plus  aux  Jacobins  le  35  octobre  1794. 

TAFFXN  (Charles),  originaire  de  la  Savoie. 

Un  ex-cbanoine  de  la  cathédrale  de  Ifetz,  puis  curé  de  la 
paroisse  de  Saint-Georges  à  Haguenau,  et,  en  dernier  lieu. 


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586 


REVUE    b  ALSACE 


vicaire  apostolique  de  l'évèque  Brendel  —  1792i.  De  la  Société  ■ 
des  jacobins  —  21  juin  1792.  Au  Club,  il  signe  une  circu-  I 
laire  aux  SooiMéB  affiliées^  pour  leur  paindre  la  situation  n 
politique  des  frontières    34  juin.  H  est  cit6  dewit  le  Juge  II 
pour  cette  adresse  incendiaire,  et  la  ssUe  des  lectures  des  II 
Jacobins  est  fermée  par  la  police  —  En  Boars  et  avril  1793,  I 
président  du  Directoire  du  district  de  Hagnenau;  lors  des  I 
troubles  du  Kocherd>erg,  il  se  transporte,  avec  Schramm.  1 
dans  les  communes  du  même  district  —  5  mai.  Nommé  , 
président  du  tribunal  révolutionnaire  du  Bas-Rhin,  qui  ne 
fonctionna  que  cinq  mois  après — 98  Juin.  Encore  présidant  , 
du  Directoire  du  district  deHagueau;  il  aasiate  à  uneséance  i 
de  la  Sodété  populaire  de  Saveme  et  saisit  cette  occasion  i 
pour  y  faire  la  définition  du  patriotisme,  et,  après  avoir  ' 
engagé  les  citoyens  à  voler  à  la  défense  des  frontières,  il  .  f 

clot  son  discours  en  disant  qu'il  saurait  leur  inculquer  le  i 
patriotisme,  si  ce  n'est  par  la  voie  de  la  douceur,  du  moins 
par  celle  de  la  force. 

L'auteur  auquel  j'emprunte  ce  récit  ajoute  que  celangagQ 
brutal  fut  vivement  applaudi  par  l'a  ssciiibiL'o.  I 

Quelque  temps  après,  le  Comité  de  surveillance  de  la 
Société  républicaine  de  Haguenau  adresse  aux  membres  du 
Directoire  du  Bas-Rhin  une  plainte  contre  Taffin,  qui,  par 
sa  fausseté  reconnue  et  ses  indignes  cabales,  a  chassé  des 
employés  capables  pour  en  mettre  d'autres,  à  peine  capa- 
bles de  dire  oui  et  non  en  affaires  d'administration.  CSinq 
messagers  du  district,  des  maîtres  d'écoles,  des  marquilliers, 
remplissent  les  nouvelles  fonctions.  Taffm  est  le  plus  grand 
intrigant,  aussi  tartuffe  qu'un  moine  de  l'ancien  régime; 
enfin  un  honune  bas  et  vil,  qui  a  promis  d'avilir  et  de  per- 
sécuter les  patriotes  de  Haguenau  aussi  longtemps  qu^ 
pourra.  Nous  demandons  sa  suspension,  celle  de  son  sscré- 
taire  et  ami  Hàlleas,  et  le  remplacement  de  ses  créatures  — 
15  octobre.  Neuf  représentants  du  peuple  présents  aux 
armées  de  Rhin-et-Moselle  créent  un  tribunal  révolution- 
naire à  la  suite  deTarmée,  et  les  membres  de  celui  du  4mai 
étaient  naturellement  désignés  pour  le  composer  ~S38  octo- 


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us  HOMMBS  DK  LA  &&TOLDTI(»l 


587 


bre.  A  la  séanoe  extraordinaire  des  Jacobins  et  do  Comité 
de  sûreté  générale  da  Bas-Rhin»  il  est  proposé  pour  juge  du 
dit  tribunal,  n  en  ftit  le  préddent  —  24  oetolMre.  Saint-Jnst 
arriire  inattendu  à  Straabouig,  et  dés  le  lendemain  il  le 
sommede  lui  dire  combien  de  têtes  11  a^t  d^à  fedt  tomber. 
Aucune,  fut  sa  réponse;  le  temps  nous  a  manqué,  et  depuis 
vingt-quatre  heures  que  nous  sommes  institués,  nous  n'avons 
fait  que  vérifier  les  dossiers  et  travail 'é  à  faire  respecter  les 
assignats.  «Gomment,  répli(jua  Saiiit-.Iust,  depuis  deux  fois 
vingt-quatre  heures  en  fonction  et  point  encore  fait  sauter 
vingt-quatre  têtes?  Va  dire  à  ta  commission  cjue  si  elle  ne 
veut  pas  faire  tomber  de  tètes,  je  ferai  abattre  les  leurs,  et 
cela  sans  retard.  Vous  n'avez  pas  été  nommés  pour  forcer 
le  cours  des  assignats  et  vérifier  des  dossiers,  mais  j)onr 
exterminer  les  aristocrates  dont  ce  département  fourmille.» 

Cependant  on  n^était  pas  resté  inactif,  car  leprooés-verbal 
de  la  première  séance  du  Conseil  d^administration  de 
rarmée  révolutionnaire,  signé  TafBn«  président,  et  Weiss, 
secrétaire,  nous  apprend  qu^il  partira  dés  avjourdliuî, 
38  octobre,  une  force  armée  de  trente  cavaliers,  avec  un 
nombre  proportionné  de  sansculottes  armés  à  pied,  pour 
enlever  des  villages  les  plus  menacés  et  les  plus  suspects 
toutes  les  denrées,  bestiaux,  etc.,  pour  les  transporter  der- 
rière rarmée.  Cest  Hélmstetter,  de  Bergzabem,  connaissant 
les  localités^  qui  est  chargé  de  Texécution  —  26  octobre  au 
S7  décembre.  Ce  tribunal  prononça  près  de  250  condamna- 
tions, dont  31  tètes  ont  roulésur  Téchafaud — 14  novembre. 
D  prend  Tarrété  suivant  : 

«  Les  amendes,  le  poteau,  les  galères  n'ont  pu  jusqu'ici 
■  forcer  les  assignats  et  faire  respecter  la  loi. 

«  Le  premier  qui  sera  convaincu  d'avoir  enfreint  la  taxe 
«  ou  avili  les  assignats,  en  les  prenant  avec  perte,  sera  puni 
fl  de  mort 

•  Si,  dans  les  deux  fois  vingt-quatre  heures,  les  bouéhe- 
>  ries  ne  sont  point  garnies  de  la  viande  nécessaire  pour  la 
«  Bubstentation  de  la  ville,  et  surtout  de  porc,  les  plus 


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688 


«  richoB  dm  boodheiB  seioni  anétéfl^  déportés  el  leo»  bians 
«  oonfisqaés  • 

90  novembfe.  Gomnie  président  do  tribanal  révohitloiii- 
naire^  il  assiste  à  la  féte  de  la  Raison,  tenue  dans  la  cathé- 
drale» et  du  haut  de  la  chaire  0  déclare  à  la  multitude  avoir 
toqjoius  porté  la  soutane  ayec  dégoût  et  horreur,  mais  que 
le  moment  étant  Tenu,  il  8*e8t  empressé  des^en  débarrasser. 
J*ai  eu  le  malheur  d'être  un  serviteur  de  TEfl^liae^  mais  je 
ne  Fai  été  que  pour  la  démembrer,  car  je  puis  me  flatter 
avoir  porté  plus  d*un  coup  mortel  au  pape,  aux  évéques  et 
aux  prètrea  J^algure  donc  officiellement  et  je  lacère  mon 
brevet  de  prêtrise— 198  novembre,  n  lance  Farrété  suivant  : 

c  Tout  individu  qui  sera  convaincu  d^avoir  caché  ou 
t  Koustrait  des  biens  ou  efifets  appartenant  à  des  personnes 
t  condamnées  à  mort  et  à  la  confiscation  de  leurs  biens,  ou 
•  à  des  émigrés,  sera  regardé  comme  traître  à  la  patrie  et 
I  puni  comme  tel.  > 

Dans  le  compte  que  son  greffier  rend  au  district  de  Stras- 
bourg, nous  trouvons  en  dépense  :  85  livres  au  tailleur  qui 
a  ikit  un  pantalon  au  président  Taffln  ;  800  livres  données 
audit  président  en  dehors  de  ses  appointements;  36  livres 
pour  une  paire  de  pistolets  pour  le  même  —  7  décembre. 
D  liiit  payer  90  livres  à  Chrétien  Pfeiffer,  procoreur 
de  Dambach,  qui  a  veiiialiBé  contre  F.-H.  Ancel,  de 
sa  commune,  pour  propos  anti-révolutionnaires —7  décem» 
bre.  CoEjointement  avec  Schneider,  il  se  justifie  au  Cîomité 
de  sûreté  de  la  convention  des  jugements  rendus  par  le 
tribunal  révolutionnaire  du  Bas  Rhin  —  15  décembre- 
Mainoni  le  làit  arrêter  et  Hougeot  linterroge  au  Séminaire 
— 16  décembre.  G*e8t  en  vain  qu'il  cherche  dans  son  inter- 
rogatoire à  couvrir  un  de  ses  vols,  de  Tau^orité  du  départe- 
ment. On  lui  met  sous  les  yeux  :  1*  L*arrê:é  qui  [)orte  que 
les  rélMlles  dans  Tex-préfecture  de  Haguenau  paieront  les 
frais  de  déplacement  de  la  force  armée,  mais  après  qulls 
auront  été  jugés  tels  par  le  tribunal;  3^  Un  second  arrêté, 
qui  casse  Itenée  révolutionnaire  quHl  avait  levée  de  son 
chef;  lui  or lonnant  de  rendre  compte  d*une  somme  de 


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689 


BSijûOO  Hms  lUégalemeiit  perçue  et  non  resUtoée,  et  loi 
défendant  dHmposer  d'ultérieures  taxes.  Ces  pièoee  Teurent 
bientôt  conYaincn,  et  lliypocrite,  paialSBant  céder  à  la 
yiolenoe  du  remords,  comme  si  un  lurétre  de  sa  trempe 
pouvait  sentir  des  remords,  prétendait  avoir  agi,  dans 
presque  toutes  les  circonstances,  contre  le  vœu  de  son 
cœur,  avoir  été  lorcé  de  céder  à  Tascendant  impérieux 
de  Schneider,  dont  il  craignait  le  caractère  violent  et 
vindicatif  et  s'était  &it  un  principe  constant  de  ne 
jamais  le  contrarier,  mais  de  suivre  aveuglement  llmpul- 
slon  de  sa  volonté.  Llnstruction  ajoute  :  <  Quel  aveu  dans  la 
bouche  d'un  homme  qui  fidsait  alors  les  fonctions  de  juge, 
qui,  à  tontes  heures,  prononçait  sur  la  fortune,  sur  la  vie  de 
ses  concitoyens!  *  — 19  décembre.  Demain,  20,  il  sera  trans< 
féré  aux  d  devant  Petits-Gapudns,  et  moyennant  12  livres 
on  lui  fournit  du  magasin  deux  paires  de  bas  de  laine  — 
20  décembre.  CPest  à  l'hôtel  de  Darmstadt  quil  fût  transféré 
et,  de  sa  prison,  il  s'adresse  au  président  et  aux  membres 
du  Ciomité  de  sûreté  générale,  pour  leur  dire  que  l'exhibi 
tion  des  pouvoirs  de  Cterst  les  convaincra  de  la  réalité  de 
l'existence  de  ceux  accordés  par  les  représentants  du 
peuple  Lacoste  et  Mallarmé^  à  Schneider,  d'organiser  dans 
les  promieis  Jours  d'octobre  un  Cîonseil  d'administration  de 
l'armée  révolutionnaire,  et  qu'en  sa  qualité  de  président  du 
dit  Conseil,  U  devait  signer  les  extraits  du  procôs-verbal 
délivrés  aux  commissaires  envoyés  de  sa  part  dans  les  cam^ 
pagnes,  et  comme  la  justification  dépend  de  la  production 
de  Toriginal  existant  ches  Schneider,  il  a  induloitablement 
le  droit  d'àssister  à  la  levée  des  scellés  et  à  l'inventaire  qui 
en  sera  fSùt.  Âprôs  avoir  donné  copie  des  pouvoirs  en  ques- 
tion, il  termine  en  disant  :  «Cette  preuve,  ajoutée  à  celle  que 
vous  a  fourni  l'ordre  daos  mon  travail,  doit  vous  convaincre 
que  tout  ce  qui  dépendait  de  moi  se  faisait  bien,  autant  bien 
qoH  était  donné  à  un  apprenti  des  fonctions  dont  peu  de 
jours  avant  je  n'avais  pas  les  premiers  rudiments.  •  Et  par 
post-ecripitm  :  <  J'ai  déclaré  dans  mon  interrogatoire  qu'Eloge 
Schneider  m'avait  chargé  de  faire  pour  lui  la  demande  en 


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540 


Bim  d'alsacb 


mariage  de  la  cftoyenne  Stamm.  »  Quelques  semaines  aprào, 
Umit  fin  à  ses  jouis  an  se  tirant  on  coup  de  pistolet  dans  sa 
prison,  h6téL  de  Darmstadt,  à  Strasbourg. 

TÉTBRBL  (Louis)  aîné). 

Né  en  1758  à  Lyon.  Militaire  avant  1789  —  1"  avril  1793. 
De  Paris,  son  frère  Antoine  lui  adresse  une  lettre  à  remettre 
à  la  Société  des  jarojjins  de  Strasln>nrfj.  Il  était  alors  aide- 
de-camp  du  ^l'iiéral  Dit'che,  et  c  esl  avec  ce  grade  qu'il  est 
reçu  membre  des  sansculottes  en  mai  suivant  —  21  dér. 
Au  Club,  il  s'inscrit  le  premier  pour  faire  partie  d"un 
bataillon  de  {gardes  nationaux,  coinposo  des  jaunes  p[ens  les 
mieux  exercés  et  les  plus  vigoureux,  pour  rejoindre  l'armée 
du  Rhin  —  10  janvier  1701.  Chez  le  général  Dièche,  il 
déclare  à  la  femme  Massé  que  son  mari  n'a  jamais  été  répu- 
blicain —  3  février.  De  Dijon,  Massé  répond  à  cette  accusa- 
tion :  «  Il  sied  bien  à  ton  aide  de-camp  Téterel,à  cet  imbécile, 
à  ce  patriote  de  deux  jours,  de  faire  nn  pareil  outrage  à  un 
homme  qui  le  dédaignerait  même  pour  son  valet  dans  sa 
prison.  Qu'il  apprenne,  ce  héros  d'antichambre,  à  se  battre, 
penser,  à  lire  et  à  écrire,  avant  de  se  constituer  juge  du 
patriotisme!  >  —  25  octobre.  Encore  inscrit  aux  Jacobins. 

TÉTEREL  (Antoine)  cadet,  dit  TÉTEREL-DE-LETTRE. 

Né,  dit-on.  à  Lyon,  en  1759,  d'une  famille  noble.  Il  a 
étudié  la  prêtrise.  Au  commencement  de  1789,  il  arriva  à 
Strasbourg  comme  professeur  de  français  et  de  mathéma- 
tiques. En  1790,  membre  de  la  Société  des  amis  de  la  con- 
stitution, mais,  sur  sa  demande,  rayé  du  tableau  des  socié- 
taires le  2:3  novembre  1790  —  22  mai  1792.  Du  Comité  des 
Jacobins;  il  informe  toutes  les  sociétés  affiliées  du  procès 
fait  au  frère  La  veaux,  et  leur  donne  des  renseignements  sur 
la  situation  politique  de  nos  frontières —  10  août  Chaud 
patriote  qui  a  voté  à  Paris  et  a  combattu  au  10  août,  mais 
toujours  de  mauvaise  humeur  de  se  voir  en  si  mauvaise 
compagnie  —  21  août.  De  retour,  Camot  le  nomme  admi- 
nistrateur provisoire  du  Bas-Rhin  —  12  novembre,  à  Téleo- 
tlon  qui  eut  lieu  à  Wissembouig,  il  est  élu  membre  du 


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LU  Boum  M^LA  Htmimoif  Ml 

Directoire  du  Bas-Rhin,  malgré  une  brochure  portant  : 
<  Mértez-vous  de  Téterel,  un  aventurier  de  rintôrieur,  dont 
l'ori^rine  n'est  connue  de  personne,  à  sa  rencontre,  le  bon 
Dieu  en  aurait  peur  et  honte  de  l'avoir  créé.  »  —  21  nov. 
Ph.  Simond,  député  à  la  Convention  nationale,  est  enchanté 
de  cette  nomination.  —  23  décembre,  il  est  à  Paris  et  an- 
nonce au  Club  renvoi  do  nouveaux  commissaires  de  la  Con- 
vention, et  à  cette  occasion  il  a  eu  une  petite  altercation 
avec  des  députés  qui  prétendaient  qu'il  fallait  envoyer  à 
Strasbourpf  des  hommes  conciliants.  «  Je  leur  ai  dit,  avec  le 
ton  que  vous  me  connaissez,  quand  je  vois  la  patrie  en  dan- 
gers :  Léf^islatours,  ou  vous  ne  connaissez  pas  mon  départe- 
ment, ou  vous  ignorez  la  langue  française,  il  ne  faut  pas 
concilier  quand  il  s'agit  de  traîtres,  il  faut  casser  et  recasser 
jusqu'à  ce  que  la  République  soit  sauvée,  je  parle  plus  phy- 
siquement que  moralement,  entendez-vous,  mandataires 
d'un  grand  peuple  !  » 

En  mars  1793,  Liebick  et  Lauth,  dans  leur  précis  sur  la 
situation  de  Strasbourg,  présenté  à  la  Convention  au  nom 
des  douze  sections  de  la  ville,  ne  se  gênent  pas  de  le  peindre 
comme  n'ayant  aucune  connaissance  de  l'administration, 
ne  sachant  pas  un  mot  d'allemand,  dont  l'usage  est  indis- 
pensable à  un  administrateur  du  Bas-Rhin,  qui,  malgré  cela, 
a  été  porté  au  Directoire  par  une  cabale,  au  grand  étonne- 
ment  et  avec  la  plus  vive  indignation  de  tous  les  gens  de 
bien.  Les  faits  qui  le  distin^^uent  le  plus,  sont  ses  fréquents 
voyages  à  Paris,  il  y  est  venu  solliciter  des  commissaires  et, 
en  dernier  lieu,  il  y  est  encore  venu  calomnier  la  commune 
de  Strt-sbourg,  ce  sont  ses  seuls  travaux  connus  dans  l'ad- 
ministration —  1"'  avril.  Il  charge  son  frère  de  la  remise 
d'une  lettre  aux  Jacobins,  dénonçant  Dumouriez,  Boumon- 
ville  et  Custine,  comme  traîtres.  La  liberté  court  de  grands 
dangers,  Riihl  protège  aujourd'hui  ceux  qu^il  a  poursuivi  il 
y  a  quelques  jours.  Le  peuple  à  Strasbourg  est  propre  au 
patriotisme,  seulement  il  y  a  cinquante  tètes  pour  la  guillotine. 
Veillez  jour  et  nuit  que  tout  soit  en  permanence.  Avertissez 
notre  brave  Diôche.  Dites  à  cet  oilicier  sansculotte  de 


Digitizcu  Lj  ^•'.j^j^ic 


m 


BIVini  D*ALBACB 


tout  voir,  s'assurer  si  les  balles  et  les  boulets  sont  de  calibre 
et  la  poudre  bonne  —  3  avril.  Il  commence  à  respirer; 
Duraouriez  ne  détruira  pas  la  Hépul)li(iae  et  de  la  part  de 
Custine  il  n'y  a  rien  à  craindre  ;  cei)endant  il  reconnnande 
de  nouveau  aux  Jacobins  de  veiller,  puis  il  tombe  à  bras 
raccourcis  sur  le  député  Rûhl,  et  termine  en  déclarant  que, 
dans  le  département  même,  pour  sauver  son  pays,  il  aurait 
le  couriige  d'immoler  les  traîtres  —  Vice-président  de  la 
Société  des  jacobins,  il  parait  à  la  barre  de  la  Convention, 
demandant  le  rapport  des  décrets  des  17  mars  et  1"  avril, 
et  le  maintien  de  Couturier  et  Dentzel,  ajoutant  que  le  sang 
était  prêt  à  couler  à  Strasbourj?  si  les  mesures  qu'il  propo- 
sait n'étaient  point  adoptées.  C'est  en  vain  que  Liebich  et 
Lautb  ont  cherché  à  prouver  le  contraire  dians  la  séance  du 
lendemain  —  4  avril  II  informe  le  maire  Monet  : 

Paris  est  fort  tranquillo;  on  so  mot  on  mesure  ponr  en  reponsser  les 
ennemis,  qui,  ensuite,  payeront  de  leur  tête  leurs  scélératesses;  cela  est 
si  vrai  quo,  faute  de  cette  mesure,  nous  n'en  finirions  pas. 

Je  Toofl  «iToie  wi«  Meonde  copie  du  décret  du  8  avril;  IHeteicb  doit 
^tvo  jttgé;  quant  à  Pémigratioii  par  le  départementi  il  était  donc  iiiipor> 
tact  de  renvoyer  les  patriotes;  les  choses  aont  changées  et  ça  ira. 

Tous  les  brigands  de  feuillants  tremblent  à  Paris;  je  n'entends  pas 
les  affaires  :  je  r/r.t  quf  cela  ne  suffit  pn». 

Tout  est  ici  en  permanence;  je  dois  retourner  à  mon  poste  et  je  par- 
tirai à  minait. 

Rûhl  a  en  peor,  et  il  nous  a  venda;  il  croyait  qne  tout  était  perdn; 

il  Tonlait  se  sauver.  Je  crois  que  les  étrangers  à  Strasbonrg,  comme  le 
disent  les  Feuillants,  *mt  autant  de  courage  et  de  vertu  que  les  çens  à 
Bàle  d'or;  nous  ne  sommes  {»as  encore  sauvés,  mais  nous  vaincrons,  au 
bien  nous  iraitierotis  avec  noua  les  traitres  dans  la  tombe;  voUà  mon  ser- 
ment et  j'y  tiendrai  Bentabolle  nom  a  bien  servi  hier,  quoique  BSU 
ait  dit  que  Je  ne  devais  pas  me  mêler  de  gouverner,  mais  esssgrer  de 
faire  des  figures  géométriques. 

17  mai.  Membre  du  Directoire,  il  slnscrit  comme 
volontaire  pour  aller  combattre  en  Vendée,  d^où  11  eal 
revenu  au  plus  vite  pour  accepter  le  mandat  de  visiter 
lee  SodétéB  populaires  du  Bas-Rhin,  leur  dire  que  le  patrio- 
tisme n^existe  plus  en  Alsace,  que  Strasbourg  n^êStoompoBé 
que  de  oontr&«6volutionnaires,  qu'en  fût  de  patriotes  il  n*y 


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LB  BOMIIIS  1»  LA  BimilTKNI 


648 


a  que  lui  et  Monet,  quil  faut  y  enyoysr  desiéroltttioiuuiires 
éprouvés,  des  hmomes  capables  de  régénérer  la  sodété, 
maib  qui  ne  se  mettraient  en  rapport  qu'aveo  Monet  et  les 
repréeentants  du  peuple  présents  dans  cette  yQle--10  août 
8*adgoosant  aux  jaoobtauâ^  toujours  sur  le  même  ton,  fl 
entend  qu'à  Teieiiqïle  de  Paris,  le  peuple  straabourgeois, 
c'est-à-dire  les  oaTrier%  fassent  tomber  sans  pitié  les  lèles 
des  trattras»  et  cela  par  principe  d^omanité,  afin  de  ton- 
•  server  en  entier  le  peuple  soaverain.  Tel  est  son  vœu  le 
plus  cher,  teQe  est  sa  prôfesaioD de  fol-*8  octobre.  Membre 
du  Comité  de  sorv^Uance  et  de  sûreté  générale  da  Bas-Rhin 
jusqu'au  25  décembre  solvant  —  9S  octobre.  Ejsdit  CSomIté 
et  la  Société  des  jaoobtais  le  proposent  pour  composer  un 
ctirtain  Conseil  demandé  par  les  repi'ésentants  du  peuple 
alors  à  Strasbonrg  —  2  novembre.  SainWust  et  Lebas 
cassent  radministntenr  du  Bas-Rhin,  mais  il  est  maintenu 
pour  former  une  Commission  provisoire  —  3  novembre. 
Quatre  autre  terroristes  lui  sont  accointa  —  25  novembre. 
Vva  des  dnq  membres  do  Comité  de  surveillance  des  Jaco- 
bins, qui  se  réunira  demain,  26,  à  celui  de  la  Propagande  — 
I^jà  avant  l'arrêté  de  Saint-Just  et  Lebas  du  25  novembre, 
ordonnant  d^abattre  les  statues  de  la  cathédrale,  il  avait 
proposé  la  démolition  de  sa  flèche,  qu'il  qualifiait  de  con- 
traire à  Tégalité.  Dans  les  derniers  jours  de  novembre  1798, 
sur  la  proposition  du  représentant  Baudot,  il  est  nommé 
membre  d'un  comité  pour  répurementetTorganisatioD,  non 
seulement  de  tous  les  Comités  de  surveillance,  mais  aussi  de 
la  Société  des  jacobins;  c'était  préparer  le  triomphe  du  parti 
français  et  la  perte  de  celui  allemand  représenté  par  desétran- 
gers — 16  décembre.  Âprés  la  chute  de  Schneider,  Saint-Just 
et  Lebos  établirent  à  Strasbourg  un  tribunal  criminel,  dont  il 
fut  assesseur  sous  la  présidence  de  Mainoni.  Il  siégea  pen- 
dant environ  deux  mois  et  ne  fut  pas  aussi  cruel  que  celui 
du  5  mai  1793  —  19  décembre.  Aux  Jacobins,  il  s'élève  avec 
beaucoup  de  chaleur  contre  la  proposition  de  Bouillon,  qui 
demandait  la  mort  des  suspects  qui  seraient  légalement 
convaincus  d'attentats  révolutionnaires  —  21  décembre.  Le 


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544 


RSYLE  UALSACK 


noaveau  tribunal  dont  il  est  assesseur  ordonne  à  tous  les 
juges  de  paisc,  commissaires  de  police.  a<yoiiitB  et  oommiw- 
Mires  des  rues,  de  se  rendre  à  Taudience  pour  renseigner 
sur  ceux  qui  ont  conspiré  en  faveur  de  l'ennemi  et  de  Taris- 
tocratie  à  Strasbourg  et  dans  le  département  — 25  au  27  dôa 
n  condamne  à  14,250  livres  d'amende,  avec  exposition  aa 
poteau  de  la  guillotine^  une  épicière  et  deux  jardiniers  de  la 
ville.  Peu  avant  le  10  janvier  1794,  en  compagnie  de  Monet  et 
de  propagandistes,  il  fit  une  tournée  à  Landau  et  inoaroéra- 
dans  cette  ville  soixanteKlouze  des  meilleurs  patriotes. 
A  son  retour,  il  ordonne  d*arrôter  Butenschoen,  son  oom- 
pagnon  en  Vendée,  accusé  d'avœr  cherché  à  rétablir  la  per- 
manence des  douze  sections  —  10  janvier.  Au  soir»  aux 
Jacobins,  il  prit  la  défense  du  sansoulotte  Massé,  connu 
par  son  dévouement  patriotique  et  laissant  une  nooibreufle 
fimille  qui  a  besoin  de  secours  ;  mais  Massé,  du  diéteaa  de 
Dijon,  repousse  cette  avance  :  «  Teterel,  ddevant  De  Lettre, 
a  longtemps  porté  le  masque  du  plus  pur  patriotisme;  mais 
depuis  les  mesures  révolutionnaires,  il  a  quitté  son  déi^uise- 
ment;  il  s'est  montré  poltron,  méchant  et  ambitieux.  11  £ait 
en  ce  moment  la  coar  aux  hommes  dont  il  a  dit  le  plus  de 
mal,  parce  que  ces  hommes  régnent  et  quMls  le  protègent  » 
—  30  janvier.  Ex-juge  du  tribunal  criminel,  il  est  élu  officier 
municipal — 4  février.  Témoin  d'un  versement  de  23,736  livres 
fait  à  Labaume,  trésorier  des  Jacobins  —  19  février.  Il  est  à 
Paris,  probablement  pour  se  laver  des  accusations  portées 
contre  lui;  car,  à  la  séance  des  Jacobins  du  6  avril,  il  est  dit 
qu'il  a  été  calomnié  par  le  bataillon  de  TUnion  à  la  barre 
de  la  Convention  nationale;  on  lui  a  reproché  des  faits 
aussi  absurdes  et  faux  que  perfides  de  la  part  de  ses  enne- 
mis. On  fait  la  motion  d'écrire  à  la  Convention  pour  établir  la 
vérité.  Oui!  Teterel  fut  toujours  la  terreur  des  intrigants, 
des  modérée  et  des  lôdéralistes.  Ses  frères  d'armes  qui  l'ont 
vu  en  Vendée,  assurent  qu'il  s'est  montré  digne  partout  de 
la  réputation  dont  il  jouit.  On  arrête  une  adresse  à  la  Ckm- 
vention  et  au  Comité  de  salut  public  pour  assurer  sa  con- 
duite patriotique  et  énergique»  tant  à  Strasbouig  qn*en 


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LB  801001  M  LA  fttVOLOTIOM 


646 


Vendée  ^  7  aTiil.  Avec  la  mqnieipalitè  il  ftdt  appel  à  ses 
OQndtoyens  pour  obtenir  dee  efifete  pour  rarmée — 98  ayriL 
HaiDteno  officier  municipal  —  1*  mai.  Signataire  d'une  pro- 
clamation  aux  Strasbourgeois,  à  l^occasion  d'un  cri  odieux 
qui  se  fait  entendre  et  dont  les  expressions  criminelles  s'en 
retracent  chaque  nuit  sur  les  murs,  celui  de:  Vive  le  roil  — 
25  mai.  Du  Comité  de  surveillance  des  jacobins,  il  envoie  à 
celui  de  la  commune  une  liste  de  passé  cent  suspects,  qui 
furent  arrêtés  les  26  et  30  suivant  —  13  juin.  Il  partage  les 
vues  de  BierhTi  et  apfiroavo  les  mesures  de  rigueur  propo- 
sées —  2  août.  Lors  de  Tarrestation  de  Iloliospierre  et  de 
ses  complices,  il  s'empresse  de  signer  l'adresse  de  la  muni- 
cipalité à  la  Convention  nationale,  et  fut  chargé  de  la  porter 
au  représentant  Duroy,  alors  à  Strasbourg  —  9  septembre. 
Destitué  par  t'oussedoire —  25  octobre.  Il  n'est  pas  sur  la 
liste  das  membres  du  Club  des  jacobins  —  En  décembre,  lors 
de  Tarrivée  de  Bailly»  il  quitta  la  ville,  en  môme  tempe  que 
Monet»  pour  ne  plus  y  revenir. 

THOMAa 

Un  des  90  propagandistes  arrivé  à  Strasbourg  en  octobre 
1793  —  19  décembre  1793.  Au  Club,  il  vote  la  mort  des  sus- 
pects reconnus. 

TISSERAND  (Nicolas-Joseph). 
Né  en  1756  à  Saint-Dié  (Vosges)  —  Avant  1789,  maître 
d'écriture  française  à  Strasbourg,  place  d'Armes,  41.  Il  en- 
seignait aussi  les  parties  du  commerce  —  1*' septembre  1790. 
De  la  Société  des  amis  de  la  constitution  —  7  février  1792, 
De  celle  des  jacobins  —  Eu  1792.  Avoué  au  district  de  Stras- 
bourg —  Aprèe  le  10  août  1792.  Procureur-syndic  du  district 
de  Strasbourg,  en  place  de  Popp  —  8  avril  1798.  En  cette 
qualité  ildânoDcei  Monet,  un  nid  d'environ  qnatoraecoquinB 
de  prétree,  ebez  A.  Matbie,  boulanger  au  Met^ergieesen* 
et  donne  les  in^trootions  pour  leur  arrestation  ~  18  avril, 
de  Molaheim,  Neellin  le  dénonce  aux  Jacobins,  comme  en- 
nemi juré  de  la  République  —  Id  juin.  H  informe  Jung, 
municipal,  qu'AmmerscbvfnUe,  ex-préfet  do  Collège  national 

lloQV«ll0  fléito»  —  11"*  unét.  85 


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5«6 


etprôtre  de  Tancien  régime,  est  logé  chez  l'aristocrate  Men- 
net,  négociant  —  G  juillet.  11  requiert  Juog,  de  demander  à 
Durr,  sellier,  s'il  n'a  pas  en  dépôt  des  vins  d'émigrés,  d'ecclé- 
siastiques et  notamment  de  l'abbaye  de  Marmoutier  — 
18  octobre.  Il  assiste  à  l'Assemblée  générale  des  autorités  et 
des  sociétés  populaires  dans  le  temple  de  la  Raison  — 
30  octobre.  Dans  une  tournée  avec  l'armée  révolutionnaire, 
n  impose  138  particuliers  des  communes  de  la  Bruche  à 
1,570,000  livres,  Barr  seul  à  300,000,  et  dans  une  seconde 
tournée  sept  communes  à  967,000.  Outre  le  prélèvement 
de  ces  taxes,  il  était  encore  chargé,  avec  Nestlin,  d'arrêter 
tous  les  suspects,  saisir  leurs  papiers,  numéraire,  chevaux, 
bestiaux  et  denrées,  et  de  faire  conduire  le  tout  à  Stras- 
bourg —  13  novembre.  Secrétaire  des  saosculoltes,  il  signe 
une  adresse  aux  sociétés  aftiiiées  : 

La  jattieeiiatioiiale  et  le  salât  de  la  Bépobliqne  sont  enfin  à  Tordre 
du  jour,  nons  avons  juré  la  Rt'imblique  nne  et  indivisible  :  qo'elle 
triomphe,  ou  que  nous  périssons  tous  ! . . . .  Son  salut  tient  en  bonne 
partie  au  sort  de  cette  frontière  ;  c'est  donc  ici  où  il  faut  que  les  amig 
de  la  diose  publique  se  réunissait.  YeneSi  frèrss»  smTons  ensemble  In 
cibese  pnbUqne,  on  snobons  nons  ense? elir  sons  ses  décombres,  ete. 

Peu  de  jours  après  il  se  relirait  de  la  Société  des  jacobins, 
mais  pour  peu  de  temps  —  16  novembre.  Il  informe  le  Co- 
mité de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin,  que  Guttler,  huilier, 
peut  être  imposé  et  payer  300,000  livres  —  22  nov.  Comme 
procureur-syndic,  c'est  aux  juifs  qu'il  en  veut,  et  sur  sa  ré- 
quisition la  Commission  provisoire  du  district  arrête  : 

La  circoncision  sur  l'enfant  mâle  leur  est  interdite,  ainsi  que  lo  port 
de  la  barbe  longue,  lis  abandonneront  aussi  une  langue  qu'ils  ne  con- 
naissent paa,  et  de  lenis  Unes  hébrenz,  et  principalement  dnTalmnth, 
Il  en  sera  fût  nn  antodaféw 

C'est  à  cette  époque  et  après  avoir  été  pendant  longtemps 
l'ami  de  Schneider,  qu'il  tomba  en  disgrâce  auprès  de  celui-ci, 
qui  le  tait  citer  en  justice  avec  de  riches  aristocrates  comme 
malfaiteurs.  La  Commission  révolutionnaire  du  Bas  Rhia 
le  condanma  à  la  privation  des  droits  do  citoyen,  à  l'expo- 
sition au  poteau  de  la  guillotine  et  à  remprisponement  jus- 


Digiti/oû  by  Cjt.)0^lc 


LB  HomB  m  LA  ntmmm 


647 


qu'à  la  paix  —  7  décembre.  Schneider,  dans  sa  justification 
à  la  Convention,  attaque  vivement  Tisserand,  pour  les  rai- 
sons qui  suivent  : 

Lors  de  la  réquisition  pour  l'approvisionnement  de  l'armée,  les  cam- 
pagnards fanatiques  cherchèrent  à  les  empêcher  ou  à  les  anéantir,  et 
iai  âdmiBtetrsteiin  publics»  dont  k  devoir  était  de  faire  exécuter  lee 
oidrei  rélatift  à  1«  réquisitloii,  fiworinieBt  m  contrsire  leur  «ndaee, 
en  ne  liTiant  point  au  glaive  de  la  jotiee  eei  mdjhitenrB,  et  en  faisant 
des  rapports  diamétralement  opposés  aux  pouvoirs  constitués.  Tisserand 
se  trouvait  de  ce  nombre  :  conïme  depuis  longtemps  par  sa  liaison  avec 
les  riches  aristocrates,  par  sa  démission  de  la  Société  populaire  dans 
lee  momenta  les  plus  critiques,  par  son  indnlgence  envera  le  ci-devant 
Directoire  da  diatriot,  dont  il  ne  dénonça  jamaiB  let  menées  centre- 
révolntionnaires,  généralement  regardé  comme  un  homme  vénal;  la 
Commission  l'a  condamné  à  la  privation  du  droit  de  citoyen  et  à  l'em- 
prisonnement jusqu'à  la  paix.  Il  n'ignore  poiut  que  ce  jugement  a  déplu 
à  quelques  personnes  à  qui  les  localités,  les  personnes  et  la  cause  elle- 
même  est  inconnue  ;  mais  qu'importe  I  La  Commission  a  donné  un 
exemple  lalntaire  et  cela  suffit  pour  tranquilliser  sa  eonscienee. 

Par  haine  contre  Schneider,  il  s^allia  aux  ennemis  de 

celui  qui  Tavait  déshonoré  et  devint  un  de  ses  plus  acharnés 
accusateurs;  on  prétend  même  quMl  est  le  rédacteur  du 
Résumé  des  interrogatoires  subis  par  les  complices  de  Sclmeider, 
dont  les  pièces  soyit  déposées  au  Comité  de  sûreté  générale,  et  qui 
contribua  pour  hoaucoup  à  sa  condanmation  à  mort,  quoi- 
que portant  la  signature  deMaiiioiii.  Cette  pièce  futimprimée 
le  2  janvier  1794  par  ordre  de  la  Suciété  populaire  —  Après 
la  chute  de  Schneider,  15  décembre  1793,  il  recouvrit  sa 
liberté  et  rentra  dans  Fadministration  provisoire  du  district 
de  Strasbourg?  —  23  décembre.  Sa  pétition  au  Comité  de 
sûreté  générale  du  Bas-Rhin,  pour  faire  rendre  compte  à 
Nestlin,  sera  remise  à  Slieser  (un  nom  estropié)  pour  en 
faire  son  rapport  au  Comité  —  28  janvier  1794.  Il  lève  les 
scellés  sur  les  caves  renfermant  les  vins  mis  en  réquisition 
—  4  fév.  Témoin  d'un  versement  de  23,736  liv.,  effectué  à 
Labaume,  caissier  des  Jacobins  —  28  août.  Au  Comité  de 
sûreté  générale  du  Bas-Rhin,  il  est  nommé  d'une  commis- 
sion pour  examiner  les  incessantes  réclamations  de  mise 
en  liberté  de  Noisette  et  Burger,  enfermés  au  Séminaire  — 


54S 


REVU!  D'ALSACE 


3  septembre.  D'une  autre  commission,  chargée  de  présenter 
la  liste  des  chefs  de  la  faction  Dietrich  —  2ô  octobre.  D 
figure  sur  la  liste  de  la  Société  des  jacobins,  avec  la  qualité 
d*a4judant-général  de  la  garde  Dati<male  de  SUaabouTi;.  Il 
était  alora  procureur  du  district  de  Haguenao  Ea  1797. 
délégué  pour  une  enquête  contre  André  Weinnm,  de 
Haguenau. 

TISSERT. 

Membre  delà  Propagande,  venu  pour  régénérer  les  Stras» 

bourjyeois  —  19  décembre  1793.  Au  Club  des  jacobins,  ap- 
pelé à  so  prononcer,  11  vote  la  mort  des  suspects  reconnus, 
c'est-à-dii'e  la  LoLalité. 

TŒRDEL. 

Membre  de  la  Propagande,  venu  en  octobre  1793  pour 
relever  Tesprit  des  Strasbour^feois  —  13  décembre.  An  Club 
des  jacobins,  appelé  à  voter,  il  se  prononce  pour  la  tuort  de 
tous  les  gens  suspects,  après  qu'une  Commission  populaire 
aura  été  établie  par  la  Convention  nationale. 

T0U8TAINT  {Pjebbe). 
Né  en  1747  à  Péris  —  Avant  1789  commis  aux  admini- 
strations publiques,  à  StraslMMiig  —  1790.  Employé  aux 
fourrages  mitttairee  de  la  place  — >  Mai  1790.  Reçu  membre 
de  la  Société  dee  amis  de  la  constitution  —  7  février  1792. 
De  celle  des  jacobins  —  28  octobre  1793.  Au  Comité  de  sur- 
veillance et  de  sûreté  générale  du  Bas-Rhin  —  5  novembre. 
Il  informe  ce  Comité,  qiie  Vigne,  rue  du  Dôme,  2,  a  pour 
marteau,  à  sa  porte,  une  belle  tleur  de  lys,  et  qu'il  peut  être 
imposé  à  200,000  livres  —  15  novembre.  Il  lève  les  scellés 
chez  le  libraire  Treutel  et  déclare  n'avoir  rien  trouvé  de 
suspect  dans  les  papiers,  au  contraire,  une  correspondance 
d'un  bon  civisme  —  23  novembre.  Le  Comité  le  charge  de 
se  renseigner  sur  RoUin,  vicaire  épiscopal  de  Nancy,  qui 
réclame  un  cei  titicat  de  civisme  —  29  novembre.  Chargé  de 
Tinventaire  des  caves  de  Rondouin  —  12déc.  Sur  d»?s  ouver- 
tures faites  par  Blanier,  le  Comité  de  surveillance  et  de 
Sûreté  générale  du  Bas-Rhin,  considérant  que  leCiomilé 


* 


Digitized-by  GoO§Te 


UB  «nain  m  la  KÉmumii 


649 


secret  de  Itenée  da  Rhin  eet  eompœé  de  gens  qol  ne  ni6- 
rltenl  pas  la  confiance  de  la  République,  étant  presque  tous 
des  étrangers,  il  arrête  que  les  représentants  du  peuple,  le 
général  en  chef  de  Tarmée  et  le  citoyen  Magnier  seront  in- 
vités de  prendre,  sans  délai,  les  mesures  les  plus  promptes, 
pour  épurer  le  Comité  secret  des  membres  suspects;  qu'ils 
seront  remplacés  aussitôt  par  des  sujets  dignes  de  la  con- 
fiance de  la  République,  et  que  Toustaint  se  rendra  dans  la 
journée  de  demain  près  le  général  en  chef  de  l'armée  du 
Rhin  pour  Tinstruire  des  mesures  que  le  Comité  vient  de 
prendre  —  15  décembre.  Il  interroge  Nestlin  et  Martin,  en- 
fermés au  Séminaire  —  18  décembre.  Il  inlerrog^^  Clavol  — 
25  mai  1794.  Du  Comité  de  surveillance  des  jacobins,  il 
adresse  à  celui  de  la  commune  de  Strasbourg  une  liste  de 
gens  suspects  avec  invitation  de  les  faire  incarcérer;  ch  qui 
eut  lieu  les  26  et  30  mai,  au  nombre  de  passé  cenl — 28  août 
Il  est  nommé  pour  faire  connaître  aux  représentants  les 
crimes  de  Burger  et  Noisette,  qui  demandent  leur  liberté 

—  35  octobre.  Encore  membre  de  la  Société  des  jacobins. 

TOUZAY  (MiGBEL),  aîné. 
Né  en  17^  à  Bleret,  district  d'Âmboise.  —  Militaire  avant 
1788  —  Arrivé  au  commencement  de  1794,  comme  chef 
d'escadron,  à  Strasbourg,  il  fui  reçu  membre  des  Jacobins 
le  4  août  —  Le25  octobre  suivant,  il  y  est  encore. 

TOUZAY  (Louis;,  cadet 
Né  en  1756  à  Amboise,  militaire  à  Strasbourg  avant  1789 

—  1792.  Lieutenant  de  gendarmerie  nationale,  lorsqu'il  se 
fit  recevoir  membre  du  Club  des  jacobins,  le  3  janvier  1793, 
et  OÙ  U  est  encore  le  25  octobre  1794. 

UHLENHDT. 

Un  Allemand  — 1792.  De  la  Société  des  Jacobins— 8  déc 
1793.  A  nUdi,  il  vient  an  Comité  de  surveillanoe  et  de  sûreté 
générale  da  Ba»>RbiD,  pour  y  déposer  une  lettre  adressée 
de  TAllemagne  à  Holtzapfel,  de  Strasbonrg.  Il  n^est  pas  dit 
ce  que  cette  trouvaille  renférmait.  Quelques  mois  après,  il 
était  radié  des  Jacobins. 


660 


Ufin  »*âi«âCi 


ULEUCH  {ksoBÈ). 
kWDk  17B8.  Batelier  à  Strasiboarg  ~  Ifàn  1790L  Da  la 
8ooi6t6  des  Jaoobins  ^  18  Janvier  17d^  Nommé  notable  de 
la  commune  par  Gonturier  et  Dentsel  ^  8  octobre  et  5  nov. 
Bfaintena  notable  ^  S2  novemkne.  Au  Glob  des  jacobins»  fl 
demande  à  Saint-Just  et  Lebas  la  soppreBslon  de  la  perma- 
nence des  douze  eeetione  de  la  ville  et  Pépurement  dea 
comitée  de  surveillance,  entachés  d^aristocratie  et  de  mod6- 
lantisme — 80  janvier  et  23  avril  1794.  Notable —25  octobre. 
B  n^est  plus  membre  du  Club. 

ULRICH  (Jean-Daniel). 
Avant  1789.  Homme  de  lettres  à  Strasbourg,  où  il  e&t  né 
en  1749  —  1791 .  Second  commis  de  comptabilité  au  Secr^ 
tariat  du  district  de  cette  ville.  Membre  de  la  Société  dea 
amis  de  la  constitution  —  8  août.  A  Télection  au  Chéteau, 
il  est  nommé  membfe  de  radmloistration  du  Bas-Rbjn  — 
7  ffivrier  1792.  De  la  Société  des  Jacobins  —  21  août.  Sua- 
pendu  par  Camot— 81  octobre.  Secrétaire  dans  les  bureaux 
du  district  de  Strasbourg  —  8  octobre  1798.  Guyardin  et 
Milhaud  le  nomment  au  Directoire  du  district  de  cette  ville 
— 16  décembre.  Propoeé  à  SaIntJust  et  Lebas  pour  remplir 
les  fonctions  d^admioistrateur  du  département  du  Bas-Rhin 
—  1*  janvier  1794.  Membre  du  Direct«^re  du  Bas-Rhin»  il 
ordonue  rétablissement  pravisoire  d^ne  école  gratuite  de 
iirançais  dans  toutes  les  communes  du  Bas-Rhin  —  2  juillet 
B  demande  au  représentant  Hentz  que  les  adhérents  des 
prêtres  soient  chassés  de  toutes  les  fonctions  publiques;  que 
la  gloire  d'être  comptés  parmi  les  membres  des  Sociétés 
patriotiques  leur  soit  enlevée;  que  leur  existence  même 
devienne  étrangère  à  la  République;  qu'enfm  ils  soient 
tellement  surveillés,  circonscrits,  que  jamais  leurs  souffles 
ne  puissent  atteindre  Tatmosphère  de  la  République  — 
5  juillet.  Il  ratifie  les  ordres  de  Tarent  national  Mainoni 
à  Guefifemme,  chef  d'escadron  de  gendarmerie,  de  fouiller 
les  villages,  ramasser  tous  les  suspects  et  les  conduire  en 
prison  à  Strasbourg  —  23  juillet.  11  signe  :  président  du 


UB  mmilB  M  LA  ■ÉVOtOTHMI 


561 


IXraokdre  do  Bas-Rbtn  —  95  JaQlet  n  deniande  à  Hto^ 
proToqaer  Tordre  de  k  démolition  de  tous  lee  dodiars  de 
FAlsace,  exceptés  ceux  le  long  du  Rhin,  reconnus  utiles  aux 
observations  militaires,  et  celui  du  temple  dédié  à  FÊlre 
sopiréme  à  Strasbourg,  monument  aussi  bardi  que  précieux 
et  unique  de  Tandeone  arcbitecture  —  8  août,  n  lélidte  la 
Convention  nationale  de  sa  fermeté  an  milieu  des  abîmes 
creusés  par  Robespierre  et  ses  complices — S9  août.  Encm 
préddent  du  Directoire  du  Bas*Rbin  —  95  octobre.  Encore 
membre  des  Jacobins  81  octobre.  Administrateur  ~~ 
9  décembre.  Préddent  de  cette  même  administration  — 
17  janvier  1796.  fiailly  le  nomme  commissaire  de  police  du 
9*  arrondissement  de  Strad>ourg  —  30  janvier.  Membre  du 
Comité  de  la  Société  populaire  r^oérée,  il  prend  part  à  la 
rédaction  du  nouveau  règlement  ^  1798.  Comme  ex-com^ 
miasaire  de  police,  U  est  élu  membre  des  assemblées  pri- 
maires du  Bas-Rhbk  pour  le  canton  de  8trad>ouj(g. 

VALENTIN  [Ignace). 
Janvier  1792.  De  la  Société  des  amis  de  la  constitution 
jusqu^au  27  juin  suivtmt,  jour  de  la  fermeture  de  Taudiloiie 
—  1792.  Sergent  do  la  justice  de  paix  du  2'  arrondissemcn! 
de  Strasbourg  —  179:3.  Membre  de  la  Société  des  jacobins  — 
8  octobre  1794.  Greffier  de  la  justice  de  paix  du  2"  arrondis- 
sement, il  appose  les  scellés  chez  Monet  —  25  octobre.  Il 
n'est  plus  membre  du  Club  des  jacobins  —  179!^.  Huissier 
près  le  juge  de  paix  du  2"  arrondissement  de  Strasbourg  — 
180Q-1805.  Greffier  du  même. 

VÉRIUS  (Jean-Frédéric). 
Né  en  1733  à  Strasbourg,  oti  il  était  fabricant  de  peignes 
avant  1789  —  1790.  De  la  Société  des  amis  de  la  constitu- 
tion   7  février  1792.  Il  resta  avec  les  Jacobins  au  Miroir  — 
25  octolwe  17d4.  Il  y  est  encore. 

VEXINIESl  (FbANÇOiB). 
Né  en  1735  à  Besançon.  Arrivé  à  Strasbourg  commea^ln» 
dant  général  A  rarmée  du  Bbin,  il  est  reçu  membre  de  la 
Société  des  Jacobins  en  décembfe  1793  —  25  mai  1794.  Le 


5» 


Comité  de  surveillance  des  Jacobins  le  porte  sur  une  liste 
de  suspects,  en  le  qualifiant  de  ms^or  de  place — 25  octobre 
17M.  U  «fit  encove  aux  JaoobiDS. 

VIALABS  (8cii>iDM). 
Né  en  1746  à  Montpellier.  Uilitaira  avant  1780;  e^eet  ainsi 
qnll  arriva  à  StrasboonK  fin  1790  —  Janvier  1791.  De  la 
Société  des  amis  de  la  oonstitation— 7  lévrier  1799.  H  passe 
à  celle  dee  Jacobins,  où  il  est  encore  inscrit  le  25  octobre  1794. 

viennf:. 

Membre  de  la  Propagande;  venu  do  Nuits  en  octobre  1793 
—  2  f1écpml)re.  Il  signe  l'adresse  de  cette  bande  révolution- 
naire aux  habitants  de  Strasbourg  et  des  départements  du 
Rhin. 

VINCENT. 

L'origine  de  ce  propagandist»'  ost  inconnue.  Il  arriva  â 
Strasbourg  en  octobre  1793  —  19  décembre.  Aux  Jacol)irisi 
il  vote  la  mort  des  contre-révolutionnaires  et  des  suspects. 

VISSANT  ou  WAISSâND  (Jean  Daniel). 

Né  en  1737  à  Strasbourg,  où  il  était  orfèvre  avant  1789  — 
1790-1792.  Essayeur  à  la  Monnaie  de  Strasbourg  —  Octobre 
1792.  De  la  Société  des  Jacobins  ^  16  novembre  1798.  Nommé 
aux  pesées  et  vérifications  des  matières  d'or  et  d^ucgent, 
livrées  au  dépsrtement  du  Bas>Rhin  par  les  quatre  districts 
du  ressort  —  8  février  1794,  U  procède  ft  une  pesée  en  détail 
et»  le  5,  en  bloc»  d'où  il  résulte  1  marc  6  onces  or,  189  marcs 
argent  et  vermeil,  et  1485  toques  en  or  et  en  argent»  esti- 
mées 12,994  livres  le  tout,  transporté  de  suite  au  secrétariat 
du  district  pour  y  être  emballé,  en  attendant  l'envoi  ft  la 
Convention  nationale.  Mais  d'un  extrait  présenté  plus  tard 
par  Weiss,  greffier  du  tribunal  révolutionnaire,  les  1485 
toques  se  trouvent  réduites  à  404.  Les  rats  avaient  rongé  le 
restant  —  25  octobre.  Il  est  encore  membre  de  la  Société  des 
jacobins  —  1797-1805.  (inducteur  principal  deti  ponts  et 
chaussées  à  Uaguenau. 

VITASSE  (Jean-Baptiste). 

Né  en  1751  à  Metz»  où  il  exerçait  la  profession  de  cloutier 


is  MmiB  M  Là  ttfOLonoa 


ayant  1789.  AxtM  à  Straaboaig  flomiiio  mlinaire  à  la  oom- 
pagnie  âjBê  otnrrim,  il  fat  reçu  membre  de  la  SoelM  des 
jacobins  en  décembre  1 79&  Il  y  est  enoora  inaorit  le  25  octobre 
1794. 

VIX  (Jean-George). 
Né  en  1750  à  Strasbourg,  où  il  était  commis  avant  1789  — 
1790.  Premier  commis  de  comptabilité  an  secrétariat  du 
Directoire  de  district  de  Strasbourg  —  Décembre  1790.  De  la 
Société  des  amis  de  la  constitution  —  7  février  1792.  De 
celle  des  jacobins  —  22  novembre  1783.  Âu  Club,  il  demande 
aux  représentants  du  peuple  la  suppression  de  la  perma- 
nence des  douze  aectiona  et  Tépurement  des  conûtôs  de 
surveillance  —  25  octobre  1794.  Présent  au  Club. 

VIX  (Jacques). 
1789.  Habitant  du  village  de  Dossenheim,  canton  de 
Bouxwiller  —  1792.  Il  est  reçu  membre  de  la  Société  des 
amis  de  la  constitution  à  Strasbourg.  Après  le  7  février  1792, 
il  passe  aux  Jacobins,  qui  le  tirent  nommer  en  1793  com- 
missaire du  canton  d'Oberhausbergen  —  11  octobre  1793. 
Anstett,  administrateur  du  Bas  Rhin,  informe  le  Comité  de 
sûreté  gônérale  du  département  que  Riehl,  ex-prévôt  de 
Kûltolsheim,  est  caché  chez  Vix,  commissaire  de  ce  canton. 
Glavel  est  envoyé  pour  l'arrêter  —  15  décembre.  Agent  de 
Stamm  pour  la  levée  des  taxes  révolutionnaires,  il  accuse 
une  recette  nette  de  29,149  livres  dans  neuf  communes  de 
son  canton;  mais  n'ayant  versé  au  payeur  Blanchot  que 
26,559  livres»  il  en  résulte  un  découvert  de  2590  livres  dont 
aucune  trace  —  17  décembre.  Il  requiert  la  municipalité  de 
la  commune  de  SchUtigheim  de  lui  payer  dans  les  vingt- 
quatre  heures  25,000  livrée  pour  contributions  forcéea  Le 
maire  ayant  remarqué  que  les  chiffres  du  bordersau  étaient 
altérés,  ses  pouvoirs  insuffisamment  constatés,  on  fit  venir 
le  Juge  de  paix  et  le  collecteur  mis  en  sûreté  à  l'hôtel  de 
Darmstadt.  Après  s'être  justifié,  il  Ait  relftché  —  1797-179B. 
Commissaire  du  JXacMoke  exécutif  du  canton  dX)berhaus- 


6M 


VOOT. 

▲tuiI  1789.  Fombbmat  à  SInulxrarff  ~  1791.  Ganomte 
de  la  nanto  xutkmale  de  Strasbourg,  rue  dee  Joilli,  6  — 
151anirlerl799.  DelaSooAél^  des  am^  de  la  conettation — 
7  Idvrier.  H  reele  au  Ifiroir  vnc  lea  Jacobtna  ^  80  mars 
1798.  Le  Goutté  fAvolotioonaire  le  dénoDoe,  lui  et  aa 
femme,  pour  avoir  tenu  des  propos  afiatocratiques  et  dit, 
en  outre,  qu'il  comptait  bieotèt  dtra  fidt  eoiimel  par  le  poo- 
Toir  esécntif  —  S2  novembre.  Aux  Jaooidna,  il  signe  la 
demande  ans  représentante  de  la  suppreaak»  de  la  pma* 
nenoe  des  douze  sections  et  d*onlonner  roulement  des 
comités  de  surveillance-- 10  décembre.  Au  CSub,  U  vote  la 
mort  dee  suspects  après  triage  Mt  Plus  tard,  il  a  été  incar- 
céré, car,  le  18  mars  1794,  la  SooiéCé  des  jacobiu^  esamlnanl 
la  liste  des  reclus,  le  signale  comme  un  patriote  consommé 
el  le  reecmmsnde  au  représentant  Bougemont,  qui  le  fit 
mettre  en  liberté  —  25  octobre.  Il  est  encore  inscrit  aux 
Jacobins. 

VOLGK. 

Poissonnier  à  Strasbourg  a  vant  1789  — 1791.  De  la  Société 
des  amis  de  la  constitution  —  7  février  1792.  Il  passe  aux 
Jacobins  —  5  janvier  1794.  Membre  du  nouveau  Comité  de 
surveillance  de  la  commune  de  Strasbourg,  formé  par  Bar 

—  20  mai.  Il  invite  le  Comité  de  surveillance  du  1"  canton 
de  Golmar  de  faire  arrêter  Lemp  et  le  transférer  à  Strasbourg 

—  21  mai.  Pareille  invitation  à  celui  de  Bordeaux  d'incar- 
cérer Siccard,  ancien  commissaire  des  guerres  sous  La fuyet  te, 
et  le  faire  conduire  dans  la  maison  d'arrêt  de  Strasbourg. 
Enfin,  le  5  juin,  il  donne  des  renseignements  à  mots  cou- 
verts sur  deux  hommes  audacieux  qui  ont  menacé  la  liberté 
publique  dans  Strasbourg  (qui  doivent  être  Saint-Just  et 
Ltebas)  —  25  octobre  1794  Plus  aux  Jacobins. 

VULLIER  (J.X* 
1703.  Frocnreur^iyndic  du  district  de  Ssirebourg.  Arrivé 
à  Straabonrg  dans  les  premiers  Jours  d*oetobre  1798,  m 
llnvitation  de  Monet,  pour  fiiire  partie  delà  Fropaganda 


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UB  BOimii  M  LA  RÉVOLUTION 


566 


rftvohttloiiiiaiffa.  Aucun  nom  n*a  été  autant  «ttiopiè  que  le 
sien  —  18  ootobre.  CTest  ainsi  quMl  anitte  à  Tafiaeniblée 
générale  des  autorités  et  des  sociétés  popolains  dans  la 
tampls  de  la  Raison  —  90  novembie.  U  demande  à  Lémane 
et  Baudot  le  temple  de  SaintpThomaii,  Tanoienne  salle  de 
spectacle  aUemand,  rue  Sainte-HélèDe,  n^étant  pîiis  assez 
vaste  pour  la  féunkm  des  ssnsculottes.  Feu  de  temps  après, 
}1  s'adresse  aux  mêmes  représentants  pom'  obtenir  le  temple 
réformé,  Grande  rue  du  Bouclier  —  2  décembre.  Si^ataire 
de  l'adresse  de  la  Propagande  révolutionnaire  aux  habiUmts 
de  Strasbourg  et  des  départements  du  Rhin.  Quelques  jours 
après,  dans  une  séance  des  Jacobins,  où  Schneider,  parais- 
sant revenir  d'une  erreur,  mêlait  ses  applaudissements  à 
ceux  de  la  Société,  qu'il  avait  cherché  un  instant  auparavant 
à  entraîner  dans  une  conspiration  dont  il  tenait  les  fils  et 
dont  l'exécution  était  sur  le  point  de  s'opérer,  Vullier  et 
autres  propagandistes  ne  lui  dissimulèrent  plus  leur  opiniou 
sur  sa  conduite  et  ses  projets  : 

Nons  sommes  yenns  ici,  lui  dirent-iU,  par  l'organe  de  Voilier,  aree 
l'idée  que  tu  étais  nn  bon  citoyen;  nous  n'avons  pas  tardé  à  nous 
désabuser;  nous  voyons  aujourd'hui  ton  cœur  à  découvert,  nous  en 
sondons  les  replis  les  plus  cachés;  le  moment  n'est  peut-être  pas  encore 
TMHi  ds  te  fidr»  eonnittre  au  peuple;  dans  pea  ta  lem  on  monitre  à 
Mt  yens,  ta  Vu  ûégjk  ans  nOcm. 

Dans  la  nuit  du  14  décembre  Schneider  était  arrêté. 

WAGHETTE  (.Jean-Jacques),  père. 
Né  en  1741  à  Strasbourg,  où  il  était  ramoneur  avant  1780 
—  Avril  1791.  Membre  do  la  Société  des  amis  de  la  consti- 
tution —  7  février  1792.  Il  passe  aux  Jacobins  —  7  février 
1793.  Président  du  Comité  de  surveillance  de  cette  société, 
il  reçoit  les  dénonciations  coutre  la  famille  Thiebuld  — 
11  mars.  Rayé  du  Comité  de  surveillance  des  Jacobins,  pour 
avoir  traité  ses  collègues  de  jeanfoutres  dont  il  se  fout  — 
S  octobre.  Officier  municipal  —  8  octobre.  Confirmé  dans 
ses  fonctions  — 10  octobre.  Chargé  d'une  visite  domiciliaire 
chas  Mertz,  du  Ifarché-Neui;  5  —  26  norambre.  UmUom 
d*Qiie  flommiMion  pour  pféaenter  Isa  moyens  d^opéferla 


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56G 


levée  des  citoyens  du  Bas-Rhin  —  6  décembre.  Àa  Club 
des  iacobins,  traité  de  protecteur  d'aristocrates,  on  demajade 
sa  radiation.  Il  convient  de  ses  torts,  prie  la  Société  de  n^at* 
tribuer  ses  fautes  qu'à  une  erreur,  liroteHie  de  son  rèpul>li- 
oanisme  et  rédame  l'indulgence  de  ses  frères.  Il  demande 
que  si  le  Jugement  de  la  Socièlé  lui  est  défavorable,  on  exa- 
mine ses  comptes  pour  les  dcms  patriotiques  et  les  collectée. 
8a  Justification  est  appuyée,  el  Ton  ajoute,  qn^  est  un  des 
andans  membres  de  la  Société,  plein  de  adle,  desensiliilitiâ, 
qu*il  a  toujours  cherché  à  maintenir  lliarmonie  entre  les 
patriotes,  et  que  s*U  s'est  un  peo  écarté  du  sentier  du  répu- 
blicanisme, c^est  par  la  feiblease;  mais  cette  ftiblesse  esl- 
elle  même  un  grand  défaut  dans  un  moment  comme  ce» 
lul-d,  où  11  fiiut  de  la  force  et  de  Ténergie  pour  tenasser 
lliydre  toujours  reuaissant  du  fanatisme  et  de  raiistocraHe. 
On  demande  rstjoumement  jusqu'à  ce  qu^  se  soit  fortifié 
davantage  dans  les  idées  du  jscobinisme  —  8  décembre. 
Plarr,  teinturier,  proteste  contre  cet  i^oumement  II  conai- 
dère  Waghette  comme  indigne  de  faire  partie  du  nomtïre 
des  vrais  sansculotles,  n'étant  pas  capable  de  faire  changer 
la  façon  de  penser  de  sa  femme  et  de  sa  famille  —  30  mai 
1791.  Sa  femme  est  incarcérée  comme  aristocrate  et  fana- 
tique —  30  juin.  Du  Comité  de  surveillance  do  la  Société 
popidaire  —  5  octobre.  Aux  Jacobins,  il  est  proposé  à  Bailly, 
pour  membre  du  département  du  Bas-Rhin  —  7  octobre. 
Du  Comité  de  surveillance  des  hôpitaux  militaires  de  Stras- 
bourg —  25  octobre.  Il  est  encore  membre  du  Club  — 
20  janvier  4705.  Membre  du  Bureau  de  conciliation,  établi 
près  le  tribunal  du  district  de  Strasbourg. 

WAGNER  (Jkan-George). 

Né  en  à  Mutzig,  où  il  était  cultivateur  avant  1789  — 
En  1792.  Notable  de  la  commune  à  Mulzig  —  3  octobre  1793. 
Membre  du  Conseil  général  du  département  du  Bas-Rhiu 
—  10  décembre.  Proposé  à  Saint-Just  et  Lebas,  pour  admi- 
nistrateur du  Bas-Rhin  —  1"  janvier  1794.  Membre  du 
Directoire  du  Baa-Rhin,  il  ordonne  rétabliasement  d^una 


m  BQiaas  m  Là  BÊroi.DTioii  667 

éode  gratuite  de  français  dans  toutes  ks  eommanes  du 
Bas-Rbia  —  26  février.  Avec  ses  collègues,  il  signe  ane  lettre 
au  Comité  de  salut  publie  de  la  Gonyentioii  nationale,  en 
réponse  aux  impostures  publiées  par  Schneider,  alors  à 
TAbbaye  —  24  avril.  Il  informe  la  Convention,  que  le  Bas- 
Rhin  n'a  point  de  suppléant  vaccant  pour  remplacer  à 
rassemblée  le  traître  Simond  —  29  juillet.  Reçu  membre 
des  Jacobins  —  1"  août.  De  Paris,  Lacoste  informe  la  Société 
des  jacobins  de  la  chute  de  Robespierre.  Wagner  et  ses  col- 
lègues du  Directoire  arrêtent,  que  la  lettre  sera  imprimée 
pour  lui  donner  la  plus  grande  publicité;  le  Club  s'étant 
abstenu  —  3  août.  Il  signe  à  cette  occasion  la  lettre  de  féli- 
citations, adressée  par  le  Directoire  à  la  Convention  natio- 
nale —  25  octobre.  Encore  membre  des  Jacobins  —  9  dé- 
cembre. Egalement  en  fonction  —  1798.  Elu  aux  assemblées 
primaires  du  Bas-Rhin  pour  le  canton  de  Molshaim. 

WAHÉ  (François-Joseph). 
K onst  dit,  quil  était  vicaire  à  Strasboui^,  quand  0  abjura 
en  noysmhre  1793,  pour  se  fttire  recevoir  au  Club  du  Miroir. 

WASNER  (Jean-Thomas). 
Né  en  1751  à  Strasbourg,  où  il  était  sculpteur  avant  1789 
—  1791*.  De  la  Société  des  amis  de  la  constitution  —  7  février 
1792.  De  celle  des  jacobins  —  18  novembre  1793.  Sansculott«i 
père  de  famille,  il  est  allé  renforcer  Tannée  du  Rhin  — 
20  septembre  1 794.  Du  Comité  de  surveillance  de  Stra8lx>urg, 
il  informe  celui  de  la  sûreté  générale  à  Paris,  que  Saum  ûls 
est  justiciable  du  tribunal  crimlDel  du  Bas-Rhin  —  25  oc- 
tobre. Encore  aux  Jacobins  — >  En  1834  Sculpteor,  me  des 
Fsissns,  &  Strasbourg. 

"'WEILER  (Jban-Qbnbi). 
N6  en  1740  à  Strasbourg.  —  Avant  1780,  boucher,  rue  du 
Dôme,  il  succède  à  son  père,  lequel,  en  1788,  était  séDateur 
de  la  tribu  de  cette  corporation — 2  sept  1780.  Dans  une  rèn* 
nion  des  échevins  il  propose  la  suppression  du  titre  de  pré- 
teur, de  le  remplacer,  comme  à  Paris,  par  celui  de  chef  de  la 
bourgeoisie,  ou  de  maire  élu  par  la  commune,  qu'il  désire  voir 


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666 


déférer  à  Fréd.  de  Dietrich  —  8  janvier  1790.  Au  Poêle  des 
cordonniers,  il  prend  part  à  la  fondation  de  la  Société  de  la 
Révolution,  qui  se  constitua  le  15  suivant;  mais  le  11  février 
elle  prend  le  nom  de  Société  des  amis  de  la  constitution, 
ce  qui  n'était  pas  de  son  goût  —  8  février.  Elu  notable  du 
Ck)nseil  de  la  commune.  Cependant,  le  15  juillet,  il  se  fait 
recevoir  membre  de  la  Société  des  amis  de  la  constitution 

—  11  novembre.  Maintenu  notable  —  14  novembre  r#91. 
De  même  —  14  janvier  1792.  Il  passe  officier  municipal;  de 
Dietrich  étant  encore  maire  —  24  janvier.  A.  la  Société  des 
amis  de  la  constitution,  ou  déoonoe  une  brochure  dans  la> 
quelle  il  est  dit  : 

Quelle  honte  ponr  Strasbourg,  d'être  gouvernée  par  lia  tM  de  bon* 
chers,  brasseurs  et  cafetiers  ;  par  des  Wciler,  etc. 

7  février.  Il  reste  au  Miroir  avec  les  Jacobins  —  3  juillet. 
Comme  officier  municipal  il  signe  l'adresse  de  la  mairie  à 
l'Assemblée  nationale,  demandant  d'ordonner  des  pour- 
suites contre  les  auteurs  de  la  journée  du  20  juin  —  22  août. 
Il  est  exlu  de  la  municipalité  par  Camot,  Prieur  et  Ritter 

—  30  oct.  1793.  Imposé  par  Saint  Just  et  Lebas  à  500O  liv,, 
qu'il  paie  le  11  novembre  —  7  octobre  1794.  Nommé  officier 
municip3l,  il  logeait  alors  rue  de  la  Nuée-Bleue,  21  —  7  oc- 
tobre. Du  Comité  de  surveillance  des  hôpitaux  militaires  de 
Strasbourg  —  25  octobre.  Il  est  encore  aux  Jacobins  — 
17  janvier  1795.  Bailly  le  nomme  notable  de  la  commune 
•  1805.  Inspecteur  dee  boucheries  de  la  ville. 

WEILLER  (J.) 
Avant  1789,  Uoendé  en  droit  à  Strasbourg  ~  80  septem- 
bre 1790.  De  la  Société  des  amis  de  la  constitution»  19  mare 
1791.  £nToyé  avec  Laurent  et  Rivage,  pour  révolutionner  le 
Pàlatinat  —  7  février  17991  H  reste  au  Miroir  avecles  Jaeo- 
bins  »  25  octobre  1794.  n  n*en  est  plus  membre. 

WEINDII  (ÂNDBÉ). 

Avant  17M.  Médecin  à  Haguenan  —  Janvier  1791.  De  la 
Société  des  amis  de  la  constitution  à  StrastMurg —7  février 
179SL  Deoélle  des  jacobins  an  Miroir  -*  19  déoemkxe.  Nommé 


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us  BOMHIB  M  Là  BtVOLOTU» 


659 


ofaef  du  Gonsell  mimidpal  à  Hagueiura  —  1798.  Trésoffer 
da  tribonal  criminel  lévolatioimaiie  da  BaS'Rhin  —  8  déc. 
1798.  Le  Comité  de  sonreillaiioe  et  de  sdreté  générale  du 

Bas-Rhin  approuve  son  certificat  de  civisme  —  21  décembre. 
11  soumet  son  compte  de  recettes  et  de  dépenses,  d'après 
lequel  il  est  reliquataire  de  118,919  livres  -  25  octobre  1794. 
Il  n'est  plus  aux  Jacobins  du  Miroir  —  20  avril  1795.  Son 
compte  est  appuré  par  une  différence  de  7668  livres,  dont  il 
n'a  aucune  justification  —  1795.  Président  du  Conseil  muni- 
cipal de  Haguenau  —  1797.  Lui  et  ses  collègues  de  la  muni- 
cipalité sont  accusés.  Il  se  retii  e  —  1797.  Entrepreneur  des 
fortifications  à  Haguenau  —  1800.  premier  consul  le 
nomma  acUoiot  municipal. 

WEISS  (G.-F.). 
Institnteur  à  Strasbourg  en  1788— 1792.  De  la  Société  des 
jacobins  ^  Novembre  1798.  Q  adresse  à  Monet  la  déolara- 
tion  suivante  : 

Depuis  dnq  aas  je  sols  instftateiir  d«s  orplieliiu*,  je  leur  ai  frit 
«iiMT  las  rertns  civiques  et  soeitlei»  lliuiiaiiité,  las  droits  de  numime^ 
Is  liberté  et  l'égilité;  cependant  j'ai  quelquefois  prêché;  j'ai  étudié^ 

conjointement  avec  la  philosophie,  la  théologie,  cette  science  qui  a 
causé  tant  de  maux  au  genre  humain,  qui  l'a  plongé  dans  l'ignorance, 
l'erreur  et  la  superstition,  et  qui  jamais  n'aurait  dû  exister.  J'y  renonce 
de  tout  mon  cœur. 

25  octobre.  U  n'est  plus  membre  da  Club. 

ElIUSa  fiABTE» 


BULLETIN  BIBLlOGIUrUlQLE 


I 

I^ntla  217  et  Btrubowg  —  ISnat  sur  la  réonlon  dd  Btn»- 
bourg  à  Is  Franoe,  d'aprtt  dei  doeuieais  «ffieids  et  inédils, 

par  A.  Lborblui  —  Konvelle  édition  —  Paris,  L.  Hachette  et  C*, 

éditeurs,  Boulevard  Saint-GemiMii,  79,  1881.  —  1  ToL  iB*8"  de 

VIII-42i  pp.  -  Prix  7  fr.  50. 

Voici  un  livre  de  saine  raison,  basé  sur  une  étude  scrupu- 
leuse et  éclairée  des  événements  qui  ont  déterminé,  en  1681, 
la  réunion  de  la  République  de  Strasbourg  à  la  France.  D  est 
digne  d*une  appréciation  critique  que  Pun  de  nos  collabo- 
rateurs voudra  bien  écrire  quelque  jour.  En  attendant,  nous 
devons  le  mentionner  dans  ce  bulletin  et  en  donner  un  aperçu 
qui  suffira  pour  appeler  Tattention  des  esprits  sérieux  sur  le 
sujet  qui  y  est  traité. 

«  Les  termes  les  plus  outrageants*,  dit  M.  Legrelle  dans 
«  son  avant-propos,  suffisent  à  peine  aux  Allemands  pour 

•  bien  exprimer  à  cette  occasion  (la  prise  de  Strasbourg) 
«  leur  ressentiment  contre  la  France,  et  il  n'est  guère,  selon 
■  eux,  de  noms  plus  dignes  des  malédictions  de  leur  race  tout 

•  entière  que  ceux  de  Louvois  et  de  Montclar,  les  deux  prin- 
«  cipauz  auteurs  de  cette  rapide  et  pacifique  annexion.  Les 
«  admirateurs  des  vieilles  institutions  féodales  y  voient  une 
«  brèche  fatale,  ouverte  par  la  main  d'un  monarque  français 
«  dans  un  inviolable  rempart  du  Saint-Empire.  Pour  les 

•  libéraux,  la  prise  de  Strasbourg,  c'est,  avant  tout  peutrêtre, 

•  la  suppression  d'une  de  ces  petites  républiques  autonomes 
«  qui  auraient  pu  assurer  le  triomphe  de  Tidée  républicalue 


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BOLLinir  BUUOGRAmW»  661 

•  sur  le  prineipe  monarchique,  si  on  leur  eut  pennls  de 
«  vivre.  Les  uns  et  les  autres  déplorent  de  concert  dans  cet 

«  événement  un  coup  d'éclat  qui  acheva  de  consacrer  la 

•  suprématie  d'un  simple  royaume  sur  leur  vaste  et  ambi- 

•  tieuse  patrie.  De  là  ces  débordements  d'une  impuissante 
«  colère  qui,  bien  des  années  avant  la  dernière  guerre,  dégé- 
«  néraient,  parfois  aussi,  en  doléances  mélancoliques  et  en 
«  attendrissement  larmoyant  

«  Quoique  Strasbourg,  à  llieure  quil  est,  n*ait  plus  que  le 
«  droit,  de  par  la  loi  des  traités,  d*évei]ler  une  immense  et 

•  incurable  douleur  de  ce  côté  des  Vosges,  nous  ne  croyons 

•  pas  inutile,  il  s'en  faut,  de  rechercher  la  valeur  exacte  des 

•  accusations  rétrospectives  qui,  à  la  longue,  ont  amené  les 
«  troupes  prussiennes  devant  notre  ancienne  conquête  de 

«  1681  et  donné  satisfaction,  par  la  force,  aux  injurieuses  * 

•  revendications  de  la  science  germanique.  

«  Les  archives  de  notre  Ministère  des  Affidres  étrangères 

«  contiennent,  à  elles  seules,  assez  de  documents  inédits 
«  pour  nous  permettre  d'apprécier  le  mérite  des  déclarations 

•  violentes  parties  tant  de  fois  des  Universités  et  des  Cours 
«  allemandes.  » 

Ce&  citations  définissent,  mieux  que  nous  n'aurions  pu  le 
faire,  l'objet  de  l'excellent  livre  qui  est  sous  nos  yeux.  Il  est 
divisé  en  neuf  chapitres  qui  intéresseront  au  plus  haut  degré 
ses  lecteurs.  Bien  n'y  est  laissé  aux  déductions  arbitraires, 
tout  y  est  fondé  sur  des  preuves  puisées  aux  bonnes  sources, 
les  archives  de  la  ville  et  celles  des  Chancelleries  étrangères. 
De  l'ensemble  de  ce  beau  trayail,  vraiment  impartial  et  scien- 
tifique, il  ressort  que  les  accusations  portées  contre  la  France 
par  la  science  historique  de  la  Germanie,  à  l'occasion  de  la 
prise  de  Strasbourg,  n'ont  aucun  fondement;  que  le  traité  de 
paix  de  Munster  avait  donné  à  Louis  XIV  des  droits,  mal 
définis  si  l'on  veut,  mais  des  droits  positifs;  que  les  évène* 
ments  de  1672  à  1679  avaient  clairement  démontré  que  la 

Nouvelle  Séne.  -      année.  86 


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BEVUE  D*ALSACE 


dtaation  antérieure  k  1681  devait  néeessairement  aboutir  à 
la  solution  vivement  désirée  par  la  partie  éclairée  du  magis- 
trat et  de  la  population. 

U 

Oatolre  abrégée  des  plut  aaeiennea  Ubliolhéqaea  et  des 
premiers  imprlmenm  de  Straabougf  dédiée  à  H.  I«oiBit 
Smn,  bibliothécaire  en  chef  de  le  ville  de  Bftle,  par  Gta.  Bommu». 
"  Straeboiug»  imp.  de  R.  SchiUts  et  O,  1882.  —  1  toL  de 
11-900  pp.  —  A  Strasbonig,  chei  Fiédéric  Bull,  lihtairie  de  l'Uni- 
venité. 

La  première  partie  des  notices  qui  composent  ce  livre  a 
paru  en  1876  et  1877  dans  la  Bévue  étAUnce^  sons  le  titre 
de  :  Livres  et  hihUoOièques  à  Straehmrg  au  Mùyenk-Age,  ' 
Vivement  sollidté  d'en  donner  une  traduction  allemande, 

M.  Schmidt  a  dû  se  décider  à  livrer  cette  traduction,  2t 
laquelle  il  a  pu  ajouter  le  résultat  des  recherches  et  des 
découvertes  qu'il  a  faites  sur  le  même  sujet  depuis  ses 
dernières  communications  à  notro  recueii  Tel  est  l'olyet  de 
la  première  partie  du  livre  que  nous  annonçons,  et  qui  est 
écrit  en  langue  allemande  sous  le  titre  qui  figure  en  français 
en  tête  de  ces  lignes. 

La  seconde  partie  se  compose  de  :  Notices  sur  Ub  tmprr- 
meurs  de  Strasbourg  avant  1520,  Ce  nouveau  travidl  du 
collaborateur  de  la  Revue  d' Alsace  offre  un  grand  intérêt 
pour  rhi>t()ire  littéraire  de  TAlsace  au  Moyen-Age.  Nous  nous 
bornons  à  le  signaler  aujourd'hui  »  nous  réservant  d'en 
donner  prochainement,  avec  Tassentiment  de  Tauteur,  une 
traduction  qui  permettra  aux  lecteurs  français  de  rester  au 
courant  des  travaux  àe  l*un  des  membres  les  plus  éminents 
et  les  plus  estimés  de  notre  ancienne  et  briDante  Université 
française  de  Strasbourg. 

Quand  la  langue  d  un  pays  conquis  est  proscrite  des  actes 

■  Yoyei  :  Tome  de  1876^  pp.  48S  à  454,  et  tome  de  1877,  pp.  59  à  8S. 


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BULLBTtii  niiLiomraïQUB 


568 


publics  et  de  la  vie  parlementaire,  c'est  pour  nous  un  devoir 
de  lui  rendre  rhommage  qui  lui  est  dû. 

ni 

Lea  contes  en  vers  d'Andrieux,  saivis  de  lettres  inédites  arec 
moûcm  et  notes,  par  P.  Ristxlhubbb.  —  Burb,  CHuuraTay  frères, 
éditeun,  1888.  —  8»  da  XXXy-887  pp.  —  Prix  6  fr. 

Ëst-ce  le  poète,  le  penseur,  Téradit  ou  seulement  le  biblio- 
phUe  qui  a  déterminé  M.  Ristelliuber  à  rajeunir,  dans  une 

charmante  édition,  les  contes  (CAndrieiix,  Tacadémicien  d'ori-  * 
gine  strasbourgeoise  ?  Il  serait  difficile  de  répondre  à  une 
question  aussi  complexe  qui  se  pose  naturellement  au 
premier  examen  du  livre.  Cependant,  en  y  regardant  de  plus 
près,  on  est  porté  à  croire  que  ces  différents  mobiles  ont  eu 
une  part  égale  dans  la  détermination;  car  si,  d'une  part, 
Tédition  a  la  touche  que  le  bibliophile  affectionne  et,  au  point 
de  vue  de  Pannotation,  celle  du  littérateur  érudit,  elle  a, 
d'autre  part,  le  mérite  et  la  portée  d*un  excellent  livre 
d'actualité. 

Journellement  Ton  entend  répéter  que,  dans  ses  évolutions, 
la  société  moderne  engendre  des  vices  et  des  situations  qui 

n'ont  pas  d'analogues  dans  le  passé.  Lisons  le  souper  des  six 
sages  d'Audrioux,  son  éintre  au  pape,  lu  bulle  d'Alexandre  VI, 
l'hôpital  des  jous,  le  meunier  de  Sans-Souci,  le  doyen  de 
Badajoz,  etc.,  etc.,  et  nous  verrons  que  les  vices,  les  travers 
et  les  égarements  fustigés  par  le  poète  font  pâlir  les  vices, 
les  travers  et  les  égarements  que  Ton  reproche  à  notre 
temps.  C'est  peut-être  aussi  une  des  raisons  —  non  la  moins 
louable  —  qui  nous  a  valu  le  beau  recueU  que  ces  lignes  ont 
pour  but  de  signaler  aux  lecteurs  de  la  Bévue, 

Une  excellente  notice  biographique  et  littéraire  sur 
Andrieux  et  ses  poésies  a  été  élaborée  par  M.  RIstelbuber  et 
placée  en  tête  du  volume,  qui  se  termine  par  huit  lettres 
inédites  concernant  l'œuvre  théâtrale  du  poète.  Ces  lettres 
ont  paru,  pp.  2t>4  à  273,  de  l'année  courante  de  cette  Revue. 


064 


UVUB  0*AUAai 


IV 

Actes  de  la  Société  jurassienne  d'émulation,  réunie  à  Saîat> 
Imîer  le  28  septembre  1881.  —  32^  session.  —  Saint-Imier,  imp. 

d'Ernost  Grossniklaus,  1882.  —  Petit  H"  de  315  pp. 

Conformémeut  au  plan  qu'elle  s'est  tracé  à  son  origine,  la 
publication  annuelle  de  cette  Société  commence  par  un  coup 
d'œil  sur  les  travaux  de  l'année  dans  laquelle  a  lieu  la 
session.  Divisés  en  sections,  les  membres  qui  en  font  partie 
'  simposent  le  devoir  d*organis6r  des  confârenees  publiques 
dans  leurs  districts  respectifs  :  c'est  ainsi  qu*en  1881,  la 
section  de  Porrentmy  en  a  donné  trois,  dont  le  roman  du 
renard,  des  expériences  sur  Mectricité  dynamit^ue,  une 
visite  dans  un  musée,  les  jardins  d'enfants,  l'école  enfantine 
Frœbel,  le  jour  de  Tan  dans  l'antiquité  et  une  conférence 
littéraire  ont  fait  les  frais. 

La  section  de  Saint-Iiiiier  eu  a  donné  onze,  dans  lesquelles 
les  sujets  suivants  ont  été  traités  :  Les  jeux  au  Japon,  Théo- 
philo Gauthier,  le  nihilisme  et  Tespérance,  les  patriotes  du 
Vallon  en  1733,  Schliemann  et  ses  fouilles  à  Troie  et  à 
Hycènes,  les  temps  féodaux  dans  le  Jura,  Talphabet,  des 
pyramides  à  TAcropole,  Mirabeau,  rirlande  et  la  circulation 
du  sang. 

La  section  de  Bienne  en  a  donné  huit,  alimentées  par  :  Les 

jeux  au  Japon,  un  poète  coiffeur  (Jasmin),  trilogie  de  Ricbard 
Wagner,  les  Nibelungen,  Vereiugétorix,  les  salines  suisses,  le 
docteur  Puguut,  souvenir  de  la  peste  en  Egypte,  Benjamin 
Francklin,  Schlicinauii,  ses  fouilles  à  Troie  et  à  Mycèiies. 

indépendamment  de  ces  cuiifci  euces,  les  sections  ont  fourni 
des  travaux  sur  Thistoire,  l'archéologie,  la  littérature,  les 
sciences  naturelles  et  mathématiques,  et  enfin  sur  des 
matières  d'utilité  publique,  parmi  lesquelles  nous  distinguons 
un  rapport  de  M.  le  D' Schwab  sur  Tassistance  publique  dans 
le  Jura  et  les  réformes  dont  elle  est  susceptible.  Ce  travail  a 
rétendue  et  le  caractère  sérieux  que  le  s^jet  comporte^  Les 


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BULLETIN  BIBUUGRAPHIQUE  6(6 

réformes  désirables  sont  exposées  avec  précision,  avec  un 
sens  compétenti  et  les  conclusions  sont  formulées  avec  une 
clarté  qui  ne  laisse  rien  à  désirer. 
M.  X.  Kohler,  président  honoraire,  fournit  d'abord  une 

charmante  notice  historique  et  biographique  sur  les  derniers 
maires  de  Saint-Iinier  sous  les  princes-évêques  de  Bâle.  L'un 
de  ces  maires  fut  le  célèbre  graveur  B.-A.  Nicollet  II  avait 
sollicité  cette  fonction  et  Tavait  obtenue,  mais  il  n'en  prit 
point  possession  et  démissionna  pour  rester  à  Paris  et  se 
créer  la  célébrité  qu'il  méritait  dans  Tart  de  la  gravure.  On 
lira  avec  amour  la  notice  tout  entière,  et  surtout  Tappré* 
dation  critique  de  Tosuvre  de  Nicollet,  tracée  de  main  de 
maître  par  M.  Kohler.  On  lira  également  avec  amour,  à  la  fin 
du  volume,  la  notice  nécrologique  que  le  même  auteur  a 
consacrée  à  la  mémoire  d'Auguste  Quiquerez,  «  le  patriarche 
des  études  historiques,  Thomme  de  bien,  le  patriote  libéral, 
le  travailleur  infatigable  qui  était  l'honneur  du  pays  d'Ajoie  », 
ainsi  que  l'ont  qualifié  les  journaux  qui  ont  annoncé  sa  mort. 
La  Bévue  d'Alsace,  dont  il  fut  l'un  des  premiers  collabo- 
rateurs, doit,  elle  aussi,  s'associer  aux  regrets  que  la  perte  de 
ce  vaillant  et  inappréciable  chef  de  tile  a  causés  dans  le 
monde  savant  du  pays.  £Ue  aura  l'occasion  d'exprimer  ses 
regrets  particuliers  à  propos  de  l'une  de  ses  dernières  œuvres 
qui  vient  de  paraître,  grftce  aux  soins  de  la  Société  juras- 
sienne d*émulation,  et  intitulée  :  BtsUàre  de  la  réunion  de 
fanden  Mché  de  Bâle  au  eanhn  de  Berne  — 1813  à  1818^ 
et  Eittoire  de  la  BévoltUion  dam  le  Jura  bemoie  — 1830 
à  1831. 

Signalons  encore  dans  ce  volume  une  excellente  étude 

historique  et  religieuse,  par  M.  le  curé  Mamie,  sur  Saint- 
Imier  et  sa  légende,  puis  quelques  pièces  de  poésie  :  La 
peinture  et  la  musique,  Vécrin  du  cœur^  les  rires  et  les  larmes^ 
par  Marie  Juillard  et  Virgile  Bossel. 


mm  D*AUACB 


V 

Bulletin  de  la  Société  des  sciences  historiques  et  natu- 
rèQas  de  l'Yonne.  —  Année  1881.  —  35*  Tolnme.  —  JLn^erre, 
imp.  de  O.  Bosillé,  1882.  —  1  toL  ia^  de  LTII-173  pp.  —  An 
leerétMiat  de  la  Société  à  Anxem^  el  à  Paris»  chez  0.  MassoB, 
litraire,  bonleTard  SainVOermain,  190,  et  A.  Claadin,  libraire^  me 
Génegand,  8. 

Ce  iascicnle  fut  suite  au  premier  que  nous  avons  annoncé, 

page  143  de  la  Revue  <t Alsace  de  l*ftnnée  eouraiite.  Il  com- 
mence par  une  monographie  critique  sur  les  chroiiiqueurs 
senonais  du  Moyen- A  qe,  Odoranne,  Clarius  et  Geoffroi 
DE  CouRLON.  Dans  les  quatorze  premières  pages  de  ce  fasci- 
cule, M.  Challb  fait  magistralement  la  part  de  ce  qui  peut 
être  consulté  avec  fruit  dans  les  livres  de  ces  trois  auteurs  et 
de  ce  qui  doit  en  être  élagué  comme  entaché  des  erreurs 
communes  à  la  plupart  des  imitateurs  des  premières  chro- 
niques du  Moyen-Age.  Une  étude  historique  sur  le  pays 
sononais,  par  M.  E.  Vaudin,  occupe  les  soixante-et-une  pages 
suivantes,  et  fixe  l'esprit  du  lecteur  sur  l'état  du  pays  des 
Senones  avant  l'occupation  romaine,  sur  les  monuments 
gaulois  dans  la  région,  les  polissoirs,  les  dolmens,  les  crom- 
lechs, les  menhirs  et  les  tumuli  qui  y  ont  été  reconnus.  Le 
chapitre  II  de  cette  étude  traite  de  la  situation  du  pays  après 
la  soumission  de  la  Gaule  à  «  son  antique  ennemie  du 
développement  de  la  prospérité  qui  en  fot  la  conséquence, 
des  arènes,  des  aqueducs  et  des  voies  qui  furent  établis  par 
les  Romains,  des  villes  et  des  villages  qui  se  formèrent,  des 
premiers  apôtres  du  christianisme  dans  cette  région  et  de 
Tantique  métropole  de  la  Senonie,  Sens,  qui  a  <  gardé  de  son 
antique  splendeur  le  souvenir  que  Thistoire  transmettra  aux 
âges  iùturs,  en  leur  apprenant  à  vénérer  en  elle  Tune  des 
vieilles  gloires  de  la  patrie,  l'un  des  vestiges  sacrés  des 
ancêtres     Du  même  auteur  une  excellente  notice  sur  les 
trésors  d*art  de  Sens,  les  pierres  gallo-romaines,  le  musée  de 


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BULLBnN  UBLIOGEAraiQUB 


567 


la  salle  synodale,  la  bibliothèque,  les  tableaux  et  le  trésor  de 
la  cathédrale.  A  une  époque  où  renseignement  de  l'art  du 
dessin  fait  de  si  grands  progrès,  M.  Vaudin  a  pensé  que  «  le 
moment  était  venu  de  signaler  en  détail  les  trésors  devant 
lesquels  chacun  peut  aller  puiser  une  intelljgente  distraction 
et  les  plus  utiles  enseignements  ».  En  quelques  pages, 
M.  Challe  esquisse  ensuite  le  tableau  historique  des  grandes 
voies  de  conununicatlon,  des  péripéties  que  subirent  leur 
destmetion  et  leur  rétablissement  à  travers  les  ftges,  et  enfin 
le  triomphe  de  Tunité  administrative  qui  a  doté  le  pays  des 
grandes  et  moyennes  artères  de  la  viabilité,  correspondant 
aux  développements  du  commerce  et  de  l'industrie  de  nos 
jours.  La  numismatique  tonnerroise  et  un  manuscrit  de  la 
bibliothèque  sont,  do  la  part  de  M.  Jolivot,  l'objet  de  deux 
notes  descriptives  intéressantL's.  Môme  remarque  rapide  sur 
une  notice  concernant  le  conventionnel  Saint-Fargeau,  par 
M.  Challe,  et  une  note  sur  les  objets  antiques  trouvés  à 
Chatel-Censoir,  par  M.  K  Pallier.  Une  compilation  bien 
conçue  et  méthodiquement  présentée,  par  M.  Max  Quantin, 
sur  le  comté  d*Auzerre  au  XV*  siècle  fait  suite  aux  travaux 
précédents.  Elle  est  le  fruit  de  recherches  auxquelles  8*est 
livré  Tauteur  dans  les  comptes  de  recettes  et  dépenses  de  ce 
comté,  conservés  aux  archives  de  la  G6te-d*0r.  M.  Quantin 
dit  que  son  travail  est  une  sorte  de  mosaïque  pouvant  être 
utile  à  des  études  générales  quand  on  voudra  les  faire.  Nous 
sommes  de  cet  avis,  et  nous  ajoutons  que,  sans  les  travaux  de 
cette  nature,  l'histoire  se  bornera  à  répéter  ce  que  l'on  sait 
plus  ou  moins  bien  déjà,  sur  la  vie,  les  faits  et  gestes  des 
grands,  sans  rien  nous  apprendre  des  conditions  du  peuple 
dans  nos  duchés,  nos  comtés  et  nos  seigneuries  sous  les 
r^pmes  passés.  Les  éléments  de  comparaison  que  M.  Quantin 
fournit  aux  écrivains  futurs  et  aux  lecteurs  de  la  SoeiHé  du 
sckneei  kithriques  âe  VFcme  se  rattachent  :  au  domaine 
ducal,  aux  redevances  dues  au  duc,  aux  officiers  du  duc  de 


BKVUfi  ALSACE 

Bouigogne,  «a  chftteaii  d*Aiizem,  à  la  gafde  de  Saint- 
Qfinrais,  aux  redeyancas  divenes,  à  la  taille  bouxgeoise,  aa 
droit  de  main -morte,  aux  aides  ou  impdts  indlreets,  aux 

gabelles  et  greniers  à  sel,  aux  messagers,  aux  guerres  anglo- 
bourguignonnes,  aux  confiscations,  aux  exécutions  crimi- 
nelles, aux  amendes  pour  délits,  aux  maladies  épidémiques, 
à  la  convocation  des  vassaux,  et  à  des  faits-divers  dans  le 
comté.  Un  roman  d'aventures  de  saint  J6r6me,  par  M.  le 
D'  Bicque,  une  note  sur  les  echlnoconus  tnroniens,  par 
IL  Cotteau,  avec  une  planche,  une  note  sur  Tétage  turonien 
de  TYonne»  par  M.  Lambert,  avec  trois  tableaux  de  coupe,  de 
répartition  et  de  comparaison,  terminent  le  volume  que  uou^ 
venons  de  signaler  sommairement. 

Le  bulletin  de  1882  nous  arrive  au  moment  de  remettre  ce 
court  aperçu  à  Timprimerie.  La  Mevue  en  pariera  dans  son 
premier  trimestre  de  1883. 

VI 

Mémoires  de  la  Société  historique  du  Cher.  —  3«  série, 
tome  II  —  3'  livraison.  —  Bourges,  imp.  de  H.  Sire,  1882.  —  in-i* 
de  113  pp.  ayec  une  carte. 

La  Bévue  d'Alsace  a  consacré,  en  1880,  p.  433  à  434,  une 
courte  mention  aux  deux  premières  livraisons  de  la  troisième 
Série  des  mémoires  de  la  SocUté  hiatorigue  du  Cher,  La  troi- 
sième livraison  que  nous  venons  de  recevoir  termine  le 
tome  II  des  intéressants  travaux  de  cette  Société.  Tandis  que 
dans  l*Tonne,  IL  Challe  a  jeté  un  coup  d*œil  général  sur 
lliistoire  de  la  viabilité  dans  les  temps  reculés,  M.  Hippol}  te 
Boyer  s'est  livré,  dans  le  Cher,  à  des  recherches  sur  les 
anciennes  voitures  publiques  du  Berry.  Ces  recherches  sont 
précédées  d'un  rapide  aperçu  sur  les  voies  gallo-romaines, 
sur  leur  sort  dans  les  Gaules  à  la  décadence  de  Tempire 
d*Occident|  les  dégradations  qu'elles  subirent  aux  invasions, 
et  le  délaissement  dont  elles  furent  roljet  sous  le  régime 


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BULLBTDI  BULIOGIUPBIQUB  669 

féodal.  M.  Boyer  aborde  ensuite  l'histoire  da  relèTement  de 

la  viabilité,  à  mesure  que  le  pouvoir  royal  se  développa  aux 
dépens  (les  feudataircs.  Cette  belle  étude  permet  au  lecteur 
de  se  faire  une  idée  exacte  des  difficultés  politiques  et  sociales 
qu'il  fallut  surmonter  successivement  à  travers  le  Moyeu- 
Âge,  pour  arriver  à  une  reconstitution  de  la  viabilité 
publique,  dont  l'état,  à  la  veille  de  la  Révolution,  n'était  encore 
que  mdimentalre  dans  nos  provinces.  Cest  ainsi  que  Bourges, 
la  capitale  du  Berry,  n'avait,  en  1782,  qu'une  ou  deux  fois  par 
semaine  de  communication  régulière  avec  les  bureaux  des 
autres  villes  de  la  province  ;  mais  le  coclie  de  Taris  et  celui 
de  Lyon  avaient  trois  départs,  ce  qui,  eu  égard  à  la  longueur 
du  parcours  et  à  l'état  des  routes,  réduisait  k  une  communi- 
cation régulière  par  huit  jours  entre  ces  deux  villes  et 
Bourges,  en  admettant  que  le  même  coche  parcourût  la 
distance  en  trois  journées  pour  l'aller  et  autant  pour  le 
retour.  La  situation  n'était  pas  meilleure  dans  les  autres 
provinces,  car  en  jetant  un  coup  d'œil  sur  d'anciens  alma- 
nachs,  voir  même  du  commencement  de  ce  siècle,  on  constate 
que  beaucoup  de  chef-lieux  de  département  n'étaient  en 
communication  qu'une  ou  deux  fois  par  semaine  avec  les 
arrondissements.  C'est  ainsi  que  Belfort,  par  exemple,  avait 
encore,  dans  les  premières  années  de  la  Restauration,  son 
coche,  dont  le  bureau  était  au  Banrf"  rouge  de  Colmar,  et  qui 
fiûsaît  le  service  postal  et  de  messagerie  entre  ces  deux 
vUles  le  lundi  et  le  vendredi  de  chaque  semaine.  Les  recher- 
ches de  M.  Hyppolite  Boyer  ont  pour  base  solide  les  sources 
authentiques  qu'il  a  consultées  et  des  pièces  probantes  qu'il 
publie  à  la  tin  de  son  beau  travail. 

Une  dissertation,  due  &  M.  Paul  Mureau,  sur  le  lieu  de 
naissance  du  célèbre  jurisconsulte  Antoine  Bengy,  des  notes 
sur  le  Kansas,  par  M.  Victor  Rathier,  des  recherches  de 
M.  F.  Dumonteil  sur  Paffidre  ou  l'assassinat  de  sept  per- 
sonnes dans  la  nuit  du  29  au  30  octobre  1796,  et  dont 


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570  REVUB  d'alsacs 

les  antenn  sont  restés  inconnus,  tenninent  la  deuxième 
livraison. 

La  troisième,  que  nous  venons  de  recevoir,  clôture  le 
tome  II  et  renferme  encore  des  travaux  originaux  importants. 
M.  H.  Boyer  en  ouvre  la  série  par  une  notice  sur  les  oritçiiies 
de  Sancerre.  Après  avoir  écarté  une  opinion  erronée  sur 
Torigine  de  cette  ville,  opinion  basée  sur  des  exercices  étymo- 
logiques trop  hardis,  Tauteur  arrive  à  une  conclusion  qui  est 
commune  à  beaucoup  d*autres  villes  et  qui  Mi  remonter  leur 
origine  à  une  époque  antérieure  à  la  conquête  des  Gaulée.  Cest 
un  peu  la  question  de  VAlsoeê  eeUiqtte  et  gauloise,  '  (Paprèi 
les  motiuif  ents  de  lu  plus  haute  autiqnité,  que  M.  H.  Hoyer 
fait  revivre  h  propos  des  origines  de  Sancerre.  M.  A.  Boulé 
fournit  ensuite  au  bulletin  une  notice  sur  Louis  Marquis 
d'Arpajon,  gouverneur  du  Berry  de  1715  à  1736.  A  cette  notice 
succède  le  catalogue  descriptif  de  nombreuses  séries  moné- 
taires du  musée  de  Bourges.  L*une  de  ces  séries,  composée 
de  trente-deux  variétés  empreintes  de  caractères  inconnus, 
dit  le  catalogue,  et  qui  sont  en  effet  indéchiffrables,  sauf 
peut-être  au  moyen  de  Talpbabet  runique  ;  entin,  le  tome  est 
termiiit"  j)ar  une  excellente  notice  de  M.  Hippolyte  Boyer  sur 
le  corps  des  marchands  de  Bourges. 

Frédéric  Evrtz. 


'  Voyez  Beiw  cCAhace,  lb72,  p.  ô  à  48. 


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TABLE  DES  MATIERES 


CONTENUES  DANS  LE  TOME  XI  DE  LA  NOUVELLE  SÉRIE  —  1882 


JANVIER  -  FÉVRIER  -  MARS 


Pagos 


G.-A.  HiRH.  —  La  Vie  future  et  la  Science  modcroe  (Fin)  — 
Preuves  qa'apporte  la  science  à  l'appui  de  la  notion  d'ane 
Tie  future  —  L'existence  d'un  élément  constitutif  intangible, 
impalpable,  élément  animiiine,  est  indestructible  —  Réfuta» 
tioa  des  raisonnemonti»  tendant  à  matérialiser  les  phéno- 
mènes de  l'ordre  physique  —  Force  et  matière,  circulation 
de  la  vie,  théorie  vibratoire  de  la  nature  —  IlospoiiHabilité 
humaine  —  Elément  pensant  et  animique  —  La  perpétuité 
et  l'immortalité   5»  38 

E,  Qabsbr,  —  La  famille  de  Rosen  —  Aperça  historique  sur 
le  r61e  qu'elle  a  joué  en  Alsace  —  Inventaire  des  titres  généa- 
logiques et  honorifiques  —  Arbres  généalogiques  —  Contrats 
de  mariages  —  Testaments  —  Donations,  pactes  de  famille, 
traités,  partages  —  Lettres-patentes,  brevets,  etc..  etc   39-  60 

Arth.  Rkwoit.  —  Les  ex-Uhris  dans  les  trois  évéchéa  —  Tonl 
Metz  —  Verdun  —  Bibliographes  et  collectionnenrs  toulois 
(Suite)  —  Les  évègues  bibliophiles,  avec  trois  gravures  dVj- 
libris  —  Messieurs  les  chanoines  —  Description  de  leurs 
ex-1ibris  —  Bibliothèque  du  séminiiire  diocésain   61-  85 

Ch.  Bkrdf.llk.  —  Littérature  populaire  de  TAlsacc-Lorraine 
—  Bavardages  des  commères  de  Strasbourg  entremcMés  de 
quelques  autres  commérages  alsaciens  —  Conversation  dans 
l'intimité  entre  Ursule  et  Julienne  près  de  la  Maison-Rouge  — 
Conversation  intime  à  la  fontaine  par  quatre  servantes  stras- 
bourgeoisea  —  Conversation  sérieuse  sous  les  Petites-Arcades 
entre  dame  Ursule  et  dame  Salomé   86-1 U 

X.  MossMANM.  —  Matériaux  pour  servir  à  l'histoire  de  la  guerre 
de  trente  ans  tirés  des  archives  de  Colmar  (Suite)  —  Dé- 


572  REVUE  d'alsace 

Pages 

marches  de  Colmar  en  rae  des  négociations     Peu  de  gûreté 

dos  routes  --  youvoUe  apparition  du  duc  de  Lorraine  — 
ColmaricDS  prisonniers  à  Oflfenbouri?  et  Philipsbourg  —  In- 
solence des  gooTerneors,  victoire  des  alliés,  reprise  dos 
négociations  —  Quel  sort  réservé  à  l'Alsace?  —  Mort  de 
Richelien  —  Lettre  de  Mazarin  —  Donations  faites  par  la 

Sn^de  à  la  ville  de  Colmar   112-122 

Etiknnb  Barth.  —  yot<'3  biopra)>hi(iuois  sur  les  hommes  de  la 
Révolution  à  Strasbnui  j  et  les  «.'nviroiis  (Suite)  —  Sancy  - 
Sarftz  —  Saiirial  -  Scaer  —  Scbat/  —  Si  li:t'lYtf  r  —  Scliorer 

—  Schilling  —  Schlœssing  —  Schmitthenner  —  Schmitx  — 
Schœll  —  Schouler  —  Schnéegans  —  ScIhk  ider  —  Etiloge 
Srhnftidnr   12^-137 

Faip.  K  JBTZ»  —  Bulletin  bibliographique  —  L  Histoire  d*un 
proverbe  mnlhonsien,  d'r  Fiirsteberger  v'rgesse  =  compter 
sans  son  h6te,  par  Ang.  Stceber  —  H.  Distractions  poétiques 
an  Florival  —  vallée  de  Gucbwilb  r,  par  G.  Gcyelin  —  IlL 
La  liberté  des  Cimetières,  par  Ch.  Schmidt  —  IV.  Bulletin 
de  la  Société  des  Sciences  historiques  et  naturelles  de 
l'Yonne  —  V.  Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  his- 
torique de  rOrléanais   138-144 

AVRIL  —  MAI  -  JUIN 

Artit.  Bkvoit.  —  Les  ex-Uhris  dans  les  trois  évêrhi^s  —  Toul 

—  Metz  —  Verdun  (Suite)  —  Bibliophiles  et  collection- 
neurs tonlois  —  Bibliotli^qne  des  couvents —  .\bbaye  royale 
de  8t-Léon  -  de  St-E[)vre  —  de  St-Mansuy  —  Les  capn» 
cins  —  Les  cordelicra  —  Les  doniinir.iins  —  Lfta  doTTiini. 
caines  —  du  Tiers-ordre  —  Les  bénédictins  —  Congréga- 
tion Notre-Dame  —  Graveurs  tonlois  é^ejc-îibris  —  Collec- 
tionneurs —  Appendices  —  Noël  —  Complaintes  —  Devises 
touloises  —  Deux  ex-Uhris  reproduits   145-169 

P.-J.Talloh.  —  Légendes  et  traditionsrecucilliessurSt-Dizier, 
Villars-le-Sec,  Croix,  Montbouton,  Féche-l'Eglise,  Lebetain 
et  le  hameau  du  Val  —  Culte  druidique  —  La  fée  —  Pas 
du  diable  —  Le  Matra  —  Les  fonatines  Jean-Maurice 
le  chasseur  —  La  fosse  aux  Larrons  —  Plateaux  de  Croix 

—  Fauteuil  taillé  dans  le  roc  —  Les  Chamborans  de  1815 


y  Google 


TABLE  DES  MATIÈRES 


573 


Pages 

—  Fontaine  de  Montbonton  —  Pèlerinage  —  Lepetain  — 
DéconTertes  —  La  grotte  —  Les  fontaines  dn  Val   170-1S>G 

Ch.  I^ekokllé.  —  Littérature  populaire  de  l'Alsaie-Lorraine 
(Suite)  —  Dame  Kurtzlorcr  et  dame  Zivolniann  pendant  le 
blocus  de  1814  —  Après  le  blocus  Les  paysannes  déso- 
léea  —  Les  demoiselles  Spitznasel  et  Krnmh&ïgel  —  Le» 
dames  A.  et  B.  pondant  le  second  blocns  —  Après  le  second 
blocus  —  La  foarrnre  de  mariage  —  Les  dames  Dickhans, 
Catherine  et  Suzanne  —  Enigme  —  Solution   197-231 

D.  IlOcKBL..  —  Réglementation  d'une  forêt  communale  d'Alsace 

anic  XI*  et  xvi«  siècles  —  Dop.nmftnt  B  —  En  Tfi  articles. .  .  232-255 

X.  MossMAyy.  —  Guerre  de  trente  ans  —  Matériaux  tirés  des 
archives  de  Colmar  pour  servir  à  son  histoire  (Suite)  ■ — 
Mort  de  Louis  XIII  —  Diète  de  Fraucfort  —  Guébriant  se 
replie  sur  la  rive  gauche  du  Rhin  —  Il  repasse  sur  la  rive 
droite  —  Sa  mort  —  Défaite  de  Tntlingen  —  Arrivée  de 
Tureuno  —  Colmar  se  rapproche  Je  Strasliourg.  —  Saufs- 
condnits  pour  le  traité  de  paix  —  Moog,  député  à  Paris  — 
Sa  mort   256-263 

Paul  RisTBLBurBB.  —  Huit  lettres  inédites  d'Andrienx  aux 

comédiens  ordinaires  du  roi  et  an  baron  Taylor  —  1825-1831  264-273 

Eti  mnk  Babth.  Hommes  de  la  Révolution  à  Strasbourg  et  les 
environs  (Suite)  —  Le  terroriste  Jeaa-Qeorge  Schneider  — 
Ses  faits  et  gestes  —  Sa  mort   •   274-284 

Fbéd.  Kcrtz.  —  Bibliographie  —  L  Histoire  de  Tabbayc  de 
Senoncs  par  D.  Calmet,  id.  F.  Dinago  —  II.  Mémoire  sur  une 
insurrection  à  Colmar  en  1424,  par  X.  Mossmann  —  III.  La 
vieille  noblesse  de  la  Haute-Alsace,  par  M.  Kindler  do  Knob» 
loch,  IV.  L'archt'^ologie  et  les  beaux-arts  dans  l'arrondisse- 
ment de  St-Dié,  par  Henri  Bardy  —  Y.  Le  château  de  Vie 
au  XYii'  siècle,  par  Arth.  Benoit   285-288 

JUILLET  -  AOUT  -  SEPTEMBRE 

P.-E.  TvMWvnhi}.  —  L'Alsace  artistique  —  Notices  sur  plus  de 
cent  quarante  artistes  alsaciens  des  temps  reculés  et  des 

temps  modernes  -  Ottfrid  de  Wissembourg,  miniaturiste. 
82U  à  8(j'J  —  Le  moine  Villo,  orfèvre,  xi**  siècle  —  Herrade 
de  Landsperg,  miniaturiste,  1135  à  1195   289-313 


L  ,    .  .  y  Google 


674 


RBVUE  D'ALSACE 


Pa^es 


Arth.  Bk!TOit.  —  Les  ex-libris  dans  les  trois  échévés,  Metz, 
Tonl  et  Verdun  (Suite)  —  Bibliophiles  et  collectionneurs 
messins  —  Historique  —  Les  évêques  —  Le  grand  cardinal 
de  Lorraine  pscudo-évôgne  —  Le  fils  naturel  de  Henri  IV 

—  Henri  de  Vcrncuil  —  George  d'Aubusson  de  la  Feuillade 

—  ga  bibliothèque  —  son  ex-librii  —  Le  duc  de  Coislin  — 
Claude  de  Saint-Simon  —  Louis- Joseph  de  Montmorency- 
Laval  —  Chapitre  de  la  cathédrale  —  Séminaire  Sainte» 
Anne  —  Les  monastères  de  Metz  —  Abbaye  royale  de  Saint- 
Clément,  atec  deax  gravures   314-335 

Ed.  Gassbr.  —  Fonds  et  revenus  dn  prieuré  de  Saint  Morand 
d'Altkirch  et  do  Itibeauvillé  en  1772  —  Terres  lahouniblfia 

—  Prés  —  Vignes  —  Jardin  —  Moulin  —  Dixmes  —  Lau- 
dpmcs  dps  (lixmM  —  Droit  du  Falh  —  Stoinharli  —  Rihpan- 
Tillé  —  Ramersmatt  —  Riespach  —  Spechbach  —  Werentz- 
hansen  —  Wittersdorf  et  Erolingen  —  Hesingen  —  Walheim 
Carspach  —  Henflin^en  —  Roppentzwiller  —  Heidwiller  — 
Tagolsheim  —  Ilausgauen  —  Ranspach-le-huut  —  lierentz- 

willer  —  Stnieth  —  Aspach  —  Charges  de  prieuré   .•i:)<>-349 

D.  HOcKBL.  —  Document  B.  (Fin)  —  Art  62  à  76  —  Forge- 
rons —  Bois  de  carbonisation  —  Glandage,  etc.  —  Règle-  I 
ment  de  1585  —  Règlement  de  1595  —  Banliene  de  Ritters-  | 
hoffen  —  de  Niederbetschdorf —  d'Oberbetschdorf  —  Règle-  j 
ment  concernant  Ica  t^ardes   350-369  | 

Ch.  Bbrdellé.  —  Littérature  populaire  de  l'Alsace-Lorraine,  • 


A»  «niti»  —  L'ftnfant  mnnstrfl  —  La  serrurière  —  Cathfirinft 
et  Christine  —  La  dame  du  pasteur  —  La  dame  Werncr  — 
Le  meilleur  des  mondes  —  Le  cheval  à  trois  jambes  —  Ma 
préférée  —  Dame  Bttchïer  —  L'Alsacien  sur  la  cathédrale 
de  Strasbourg  —  En  route  vers  la  tasse  de  café  au  lait  — 
RihoHP!  —  f^niiHnlfltinn  —  Carnaval  —  Cancana  —  Marfama 
Surpf  —  Licenciés  —  Dames  Babbelmeyer  et  Schnawler  — 
l{hinchiss('iisp>i  —  Prt's  de  la  ta.sst'  de  raté  an  lait  —  La 

chope  et  la  pipe   370-409 

Etibswb  Babth.  —  Notes  biographiques  sur  les  hommes  de  lâ 
Révolution  à  Strasbourg  et  les  environs  (Suite) —  Schnoller 

—  Schttgler  —  Schuller  —  Schumacher  —  Schwahn  — 
Schwartz  —  Schwoj^hanisser  —  Schwen«.sfeld  —  Schwind 

—  Schwingdenhammer  —  Sengel  —  Séthé  —  Silberrad  — 


TABLE  DES  MATIÈRES  575 

Pages 

Simon      Simone!  —  Sommcrvogol  —  Spaii}^eU)crg  —  Speck 

—  Spielmann  —  Stamm  Daniel   410-427 

Fuie.  KuBTz.  —  Bibliographie  —  I.  Correspondance  politiqne 

adressée  an  Magistrat  de  Strasbotirg,  par  E.  de  Bouteiller  et 
Engène  Hepp  —  II.  Mémoires  de  la  Société  d'émulation  de 
Montbéliard.  1881   428-432 

OCTOBRE  —  NOVEMBRE  —  DÉCEMBRE 

L.  Hkcnier.  —  Cinq  lettres  inédites  de  P.-J.  Prondhon  à  son 

ami  Jouvenot,  correcteur  d'imprimerie  —  Février  1835, 

Août  1839.  Juin  1851.  Novembre  et  Décembre  1855    433-444 

P.-E.  TuEPPRRn.  —  L'Alsace  artistique  (Suite)  —  Holinaud  et 
les  calligraphes  miniaturistes  de  Lucelle  —  Guta.  calligraphe 

—  Albert  de  Strasbourg,  architecte  —  Sabine,  statuaire  — 
Erwin  Je  Stcinbach,  statuaire  —  Calli^raplies  du  couvent 
d'Untcrliudon  deColmar —  Les  Wurmser,  peintres —  Ulrich 
Rittcr,  architecte  —  Wa'lfelin,  sculpteur  445-477 

Arth.  Bbmoit.  —  Les  ex-libris  dans  les  trois  évéchés.  Metz. 
Toul,  Verdun  (Suite)  —  Neuf  gravures  dans  le  texte  —  Ab» 
bayes  royales  de  Saint-Arnonld  —  de  Saint-Symphoriea  — 
de  Sainte-Glossinde  —  Antonistes  —  Auptistins  —  Capn- 
cins  —  Grands  Carmes  —  Petits  Carmes  —  Claristes  — 
Célestins  —  Chanoines  réguliers  —  Jésuites  —  Minimes  — 
Lazaristes  —  Dominicains  —  Récollets  —  Trinitaires  — 
Notre-Dame  —  Dominicaines  —  Btipédictines   478-508 

Ch.  B&BDELLi.  —  Littérature  populaire  de  l'Alaace-Lorraine 
(Fin)  —  Commérages  alsaciens  —  Nous  aurons  la  féte  — 
Repas  de  noces  rustique  —  G&tf  au  de  foire  —  Almanach  — 
La  fontaine  —  Les  tileuses  —  Bon  cunseil   509-528 

Et.  Babth.  —  Notes  biographiques  sur  les  hommes  de  la  Révo- 
lution a  Strasbourg  et  les  environs (j^utte) —  Stuhl  —  Stampf 

—  Starck  —  Stempel  —  Stem  —  Stierling  —  Stœber  — 
Stolz  —  Stouhlen  —  Striffler  —  Strohl  —  Stnber  —  Snltger 

—  Tachet  —  TafBn  —  Téterel  —  Thomaa  —  Tisserand  — 
Tissert  —  Toerdel  —  Toustaint  —  Touzay  —  Uhlenhut  — 
Ulrich  —  Valentin  —  Vérius  —  Vemier  —  Vialara  — 
Vienne  —  Vincent  —  Vitasse  —  Vix  —  Vogt  —  Vullier  — 
Waghctte  —  Wagner  ' —  Wahe  —  Wasner  —  Weiler  — 
Wcinum  —  Weias   529-559 


d  biK^oogle 


576  REVUE  d'ai^ce 

Pa«ea 

Fkkdkric  Kurt».  —  Bibliograpliie  —  I.  Lonis  XIV  et  Stras- 
bourg ;  essai  sar  la  réonion  à  la  France,  par  A.  Lbobmab 
—  II.  Histoire  abrégée  des  ping  anciennes  bibliothègaeg  et 
des  premiers  imprimeurs  de  Strasbourg,  par  Ch.  Schmidt  — 
III.  Les  contes  d'Andricux  par  P.  Ristklhctber  —  IV.  Actes 
de  la  Sociéié  Jurassienne  d'Emulation  à  Porrcatruy  —  V. 
Bulletin  de  la  Société  des  sciences  historiquei<  et  nutu relies  de 
VTonne  —  VI.  Mémoires  de  la  Société  historique  du  Citer...  560-5 7Q 

Tabi.f.  drs  matik»f.9  dft  l'anni^ft  1882   571-576 


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