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Full text of "Dans les Alpes nouveaux récits par Juliette Lamber"

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DANS 




V 


NOUVEAUX RF.CITS 


P A K 


JULIETTE LAMBER 



RUE VIV1ENNE, 2 BIS, ET BOULEVARD DES ITALIENS, 15 

A LA LIBRAIRIE NOUVELLE 


1868 

Tous droits réservés. 


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I 


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UN JOUR D’ORAGE 


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DANS 


LES ALPES 


UN JOUR D’ORAGE 

I 


Dans une petite anse du rivage de la Mé- 
diterranée trois jeunes gens sont assis. Il 
fait un temps lourd, orageux; le ciel gronde 
au loin avec lenteur et s’abaisse pesamment 
sur les Alpes neigeuses, tandis qu’il reste 
haut et pur sur la mer et les vallons qui 
l’avoisinent ; la nature semble envahie par la 
nonchalance, plutôt que dominée parla colère. 


4 


UN JO U K D’OR A O K. 


L’an des trois jeunes gens, peintre déjà cé- 
lèbre parmi ses amis, s’appelle Jérôme Alain. 
Léger autant qu’actif, c’est un de ces papil- 
lons étourdis que l’on ne parvient à fixer qu’en 
leur enfonçant des épingles au milieu du 
corps. Maurice, son hôte, qui est parvenu , 
non sans peine , à retenir Jérôme quelques 
jours dans sa villa, s’étonne de le voir immo- 
bile contempler langoureusement le vaste 
horizon des montagnes. Il en fait tout haut 
la remarque et prie son second ami de se 
joindre à lui pour féliciter le peintre de sa 
sagesse et de sa tranquillité ; mais Lucien, qui 
arrive d’Allemagne, le pays des songes, où 
il a terminé ses études, est absorbé lui- 
même dans une vague admiration. Maurice , 
n’obtenant pas de réponse, se tait, puis bien- 
tôt rêve à son tour. 

Ils étaient commodément étendus dans 
d’immenses fauteuils de granit creusés par la 
mer. Auprès d’eux, Maurice avait fait placer 
une corbeille remplie d’oranges qu’ils pe- 


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•s 


UN JOUR D’ORAGE. 5 

laient avec distraction, et dont les écorces, 
pareilles à de longs rubans d’or, voguaient 
sur l’azur de l’eau. La lumière pénétrait avec 
peine, et par un détour gracieux, sur les ro- 
ches de la petite anse. Elles étaient à moitié 
dans l’ombre, presque noires, tandis que 
leurs crêtes brillantes étalaient des parures 
de lichens jaunes, gris d’argent, et verts. La 
dernière tempête avait laissé sur les arêtes 
du granit des algues dont Maurice considé- 
rait les dessins étranges, œuvre d’insectes 
microscopiques. La mer continuait de se ba- 
lancer en uu va-et-vient d’une mollesse incom- 
parable. Parfois un flut empanaché, messager 
orgueilleux des tempêtes, se précipitait avec 
bruit vers le rivage ; mais, repoussé par son 
propre élan, il tordait son écume frémissante 
comme les tronçons coupés d’un serpent 
énorme. Les galets poudreux , desséchés par 
le soleil, s’entrechoquaient de plaisir sous les 
baisers des grands flots qui ranimaient leurs 
couleurs éteintes. A les entendre, ils étaient 


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UN JOUR D'ORAGE 


exilés sur la jolie plage; ils eussent voulu 
être repris et roulés de nouveau. Les galets 
sont insatiables de mouvement et ne se 
trouvent jamais assez ronds! Des centaines 
d'anémones blanches, roses et violettes, mol- 
lusques en fleurs, égayaient les mousses bai- 
gnées par l’eau transparente. 

Lucien regardait avec étonnement, au mi- 
lieu de ces mousses, de petits coquillages 
courir en tous sens avec une vivacité singu- 
lière : c’étaient des Bernard-l’IIermite cachés 
sous leur froc d’emprunt, méchants diables 
déguisés qui dévorent les doux habitants des 
coquilles, se logent dans la demeure que les 
malheureux ont construite avec leur propre 
substance, y vivent sans remords, et promè- 
nent triomphalement cette propriété acquise 
par le crime. Des crevettes diaphanes glis- 
saient autour des Bernard-l’Hermite, échap- 
pant aux lentes anémones et aux crabes velus 
et honteux qui se cachent dans des retraites 
sombres. 


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1 


UN JOUR D’ORAGE. 


Jérôme, l’œil perdu dans l’espace, n’avait 
pas cessé de regarder la chaîne des Alpes - 
couverte de neiges et l’horizon gonflé de la 
mer. 

— C’est beau, dit-il tout à coup en se re- 
levant sur le coude, mais c’est impossible à 
rendre. J’ai l’immensité en haine; elle m’é- 
crase. T’ai-je écrit, Lucien, que, depuis ton 
départ pour la savante Allemagne, je suis 
parvenu à me convaincre que l’infini n’existe 
pas ? 

Le jeune étudiant, toujours attentif au 
mouvement des coquillages, ne répondit 
point à l’interpellation du peintre. 

— Cher Jérôme, dit alors Maurice en riant, 
peux-tu m’apprendre où s’arrête l’étendue ? 

— Très-volontiers: l’étendue s’arrête der- 
rière les nuages, aux confins de l’air. 

— Qu’est-ce que les étoiles? 

— Des lampions négligemment accrochés, 
et que les brises légères du Midi culbutent 
par centaines. 


i 


8 


UN JOUR D'O RAG E. 


— Le soleil ? 

— Un feu nul entretenu, un appareil de 
lumière breveté sans garantie du Tout-Puis- 

t 

sant. 

— La lune ? 

— Oh ! mon cher, une lanterne qu’on a 
oublié d’éclairer. 

Lucien, sans s’inquiéter d’une conversa- 
tion qu’il avait dédaigné de suivre, dit au 
peintre avec enthousiasme : 

— Cette mer est d’une couleur admirable ; 
quel bleu, mon ami ! 

— Assez de rêves, monsieur l’Allemand , 
répondit Jérôme; si vous vous perdez dans 
l’azur, nous ne vous retrouverons plus; j’es- 
père qu’en bon patriote vous nous rapportez 
de l’étranger plus de science que de poésie. 

— Mais puisque tu ne crois pas à la science, 
qu’est-ce que cela te fait? dit Maurice. 

— J’aime mon pays, et je veux que nous 
soyons aussi avancés dans la connaissance 
des chimères, aussi forts en erreurs que ceux 


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UN JOUR D’OR AO B. 


ô 


de l’autre côté du Rhin.... C’est à toi que je 
m’adresse, Lucien, réponds à ma question. 

— Laisse-moi tranquille, répliqua Lucien ; 
moque-toi du grand si tu ne peux pas le 
comprendre, et plaisante l’infini, mais res- 
pecte mon amour pour le bleu, pour la science 
et la poésie allemandes, ou je te bats. 

— O bel étudiant germain ! je reconnais 
dans vos discours l’un des, meilleurs argu- 
ments des écoles que vous avez fréquentées. 

— Jérôme, tu m’impatientes. 

— Oui, cher Lucien, la mer est d’un bleu 
admirable; sais-tu pourquoi? 

— I)is-le. 

— Je te le demande à toi, grand chercheur 
des causes. 

— Très-bien, tu veux t’instruire, pauvre 
ignorant. Connais-tu le Bosphore? 

— J’y vais de ce pas. 

— Son azur, mon ami, est dix fois plus 

foncé que celui-ci, il est presque noir, et tu 

répugnerais à le peindre : les choses réelles 

t. 


10 


UN JOUR D'ORAGE. 


manquent parfois de vérité ! J’ai fait une expé- 
rience avec l’eau du Bosphore, je l’ai mise 
dans une carafe, et elle est restée du plus pur 
indigo. Ce qui te prouve que la Méditerranée 
est bleue parce quelle est bleue. 

— Non, c’est le ciel qui donne sa couleur 
à la mer, dit le peintre ; quand il est sombre, 
elle est sombre aussi. 

— Sans doute le ciel peut la voiler, mais 
elle ne cesse pas pour cela d’être bleue ; le 
rouge pendant la nuit n’est-il plus le rouge? 

— La science appliquée a toujours pour 
moi un faux air de mystification, repartit Jé- 
rôme. 

Maurice riait sous cape du sérieux de Lu- 
cien, et comme une impertinence en provoque 
souvent une autre, il chercha du regard au- 
tour de lui quelque chose qui pût lui servir 
de prétexte pour se moquer de la naïveté du 
peintre. 


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Il 


UN JOUR D'ORAGE. 


Il 


Le malheureux Jérôme ne serait pas sorti 
entier ce jour-là des mains de ses bons amis, 
si l’apparition d’une jeune fille sur la haute 
passerelle qui conduit de la route au rivage 
n’était venue interrompre leurs méchants dis- 
cours. 

Cette fille portait le costume des monta- 
gnardes piémontaises •: la jupe d’indienne 
bleue très-courte , et un corsage noir ouvert 
sur une large pièce de drap rouge qui donnait 
à son teint bruni un éclat singulier. Elle était 
d’une beauté étrange. S’appuyant sur la rampe 
de la passerelle, elle regarda les jeunes gens 
avec une fixité pleine de hardiesse. De ses 


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12 


UN JOUR D'ORAGE. 


grandes prunelles vertes entourées d’un cercle 
phosphorescent jaillissaient des étincelles. 
Sur sa tête, qu’une masse de cheveux d’un 
blond ardent protégeait seule des ardeurs du 
soleil , couraient des lumières semblables à 
celles qui frémissent sur l’or en fusion. À sa 
ceinture pendait un sac de cuir sur lequel des 
cartes étaient grossièrement peintes. 

Maurice, qui habitait le littoral depuis plu- 
sieurs années, reconnut une de ces femmes 
que les montagnards croient possédées du 
démon, et qu’ils appellent des devineresses. 

— Mes amis, une diseuse de bonne aven- 
ture! s’écria-t-il. 

— Elle est superbe! dit Jérôme. 

— Si elle pouvait me révéler le secret de 
la divination? pensa tout haut Lucien. 

Maurice, qui savait un peu le patois pié- 
montais, appela la jeune fille. Elle répondit 
par un signe de tête, s’approcha d’un ravin 
qui portait en chantant ses eaux limpides à la 
mer, y but dans sa main creusée, et rafraî- 


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UN JOUR D’ORAGE. 


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chit son visage couvert de poussière. Elle 
traversa ensuite le sable mouvant avec légè- 
reté, et sautant sur les rochers comme eût 
fait une chèvre, elle tomba au milieu des trois 
jeunes hommes. 

— Voilà une belle entrée! dit le peintre. 

Lucien, Maurice et Jérôme comprenaient le 
bon italien, que la devineresse parlait avec 
facilité. 

Après quelques phrases de politesse, ren- 
voyées de part et d’autre , Maurice dit à la 
jeune fille de s’asseoir auprès de lui sur une 
petite roche que les rayons brûlants du soleil 
ne pouvaient atteindre, ce qu’elle refusa. Elle 
se tint debout, en pleine lumière. Ses beaux 
cheveux d’or brillamment éclairés formaient 
une auréole autour de son visage, et lui don- 
naient ce quelque chose de fantastique que 
les devins cherchent d’ordinaire dans l’ombre. 
La mer, qui commençait à gronder, venait 
parfois jeter en sifflant des flots d’écume à ses 
pieds. 


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UN JOUR D’ORAGE. 


— Qui de vous, signori, dit-elle, veut con- 
naître sa destinée*/ Je suis plus voyante les 
jours d’orage; un éclair me montre le fond 
des cœurs, et l’Esprit aime à s’agiter en moi 
durant la tempête. 

— Ce langage est plein de promesses, re- 
partit Maurice en français. Allons, Jérôme, 
profite des bonnes dispositions de notre jolie 
sorcière. 

— Commence, toi, répondit le peintre; 
cette femme me trouble ! 

— A Lucien donc! Je ne trouve pas la vie 
assez amusante pour en ôter les surprises, et 
je serais désolé de savoir ce que doit être mon 
avenir le plus probable. 

Lucien, dans l’enchantement, pria la devi- 
neresse de lui dire sa gaie ou triste aven- 
ture. 

„ La jeune fille avait auprès d’elle une roche 
aplatie ; elle chercha dans son sac le plus beau 
de ses jeux, en compta les cartes avec atten- 
tion, le posa sur la roche, et le fit couper et 


15 


UN JOUR D’ORAGE. 

recouper au jeune étudiant. Ses yeux bril- 
laient d’un feu sombre, qui eût fait penser à 
des montagnards que l’âme de Satan brûlait 
au fond de cette âme. Elle commença de par- 
ler avec une animation fiévreuse, suivant de 
son regard magnétique l’effet de ses discours 
sur le visage de Lucien. 

— Toutes les douleurs de votre existence, 
lui dit-elle, vous sont arrivées à la même date ; 
vous avez fini parle remarquer malgré vous; 
mais vous êtes brave et vous avez lutté avec 
courage pour défier le sort. Cela me plaît î 
N’est-ce pas que le malheur est têtu ! Comme 
il s’acharne après ses victimes aux mêmes 
époques ! Pourtant, lorsqu’on lui résiste, on 
le lasse, et vous le vaincrez.... Je vois que la 
plus grande occupation de votre vie sera d’ap- 
prendre ce que les autres ignorent. Vous de- 
viendrez fort savant, et votre réputation s’é- 
tendra dans le monde entier.... Vous ne vous 
marierez pas, et cependant vous serez heu- 


reux. 


16 


UN JOUR D’ORAGE. 


— Malepeste! tu n’es pas à plaindre, s’é- 
cria Jérôme ; heureux et célibataire, le bon- 
heur sans l’esclavage ! 

La devineresse frappa du pied avec impa- 
tience à cette interruption du peintre, et pour- 
suivit : 

A 

— Je crois inutile de vous dire les petits 
événements de votre existence, quoique je les 
aperçoive très-bien, car vous êtes de ceux qui 
sont assez grands, assez élevés au-dessus des 
autres pour qu’il soit facile de tout lire en 
eux..,. A vous de me questionner mainte- 
nant ! 

— Pourrais-je connaître le titre de mon 
premier livre et le nom de la femme que 
j’aimerai? demanda Lucien. 

La devineresse réfléchit un moment et ré- 
pliqua : 

— Votre premier livre? une chose écrite, 
imprimée!... c’est extraordinaire... je me 
trompe sans doute... mais non... oui, je vois 
plusieurs fois un mot : divination . Vous 


I 


UN JOUR D’ORAGE. 17 

parlez des devins et des devineresses. Ah ! 
mon nom, Gésarine Borelü, y est tout en- 
tier... Mille grâces, signor, pour tant de 
gloire 1 

— Gomment s’appelle la femme qui doit 

faire mon bonheur? demanda encore Lu- 

0 

cien. 

— Je n’ai point dit qu’une femme ferait 
votre bonheur, signor; rappelez-vous mes 
paroles : « Vous ne vous marierez pas, et 
cependant vous serez heureux. » Vous aurez 
de grandes affections pour plusieurs dames, 
mais vous n’aimerez d’amour que le savoir, 
comme j’aime l’Esprit! 

— À genoux, Jérôme, dit Maurice. 

— De quel crime suis-je coupable ? 

— Tu as cru que Lucien pouvait devenir 
un suborneur ? 

— Je me repens, je demande grâce, et je 
prie cette belle inspirée de me dire à moi 
quel sera le sujet de mon meilleur tableau. 

— Impossible, repartit la devineresse qui 


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UN JOUR D'ORAGE. 


serra son jeu de cartes dans son escarcelle ; 
l’Esprit m’a quittée. 

— Je vous payerai double. 

— C’est par plaisir plus que pour l’argent 
que je devine, signor, répondit-elle avec 
fierté. 

— Bravissima! s’écria Lucien ; voilà trois 
ans que je cherche une devineresse comme 
vous ! 

Et lui mettant sa bourse dans la main, il 
ajouta : 

— Prenez ceci, je le veux!... A présent, 
Césarine , puisque je dois parler de vous 
dans mon premier livre, il faut que vous me 
racontiez votre histoire. 

— Mon histoire commence à peine, dit- 
elle, et je préfère vous raconter celle de la 
mia madré. 

Lucien allait répliquer. 

— La mia madré était aussi une devine- 
resse, ajouta Césarine. 

Elle se recueillit et sembla regarder au 


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UN JOUR D'ORAGE. 


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dedans d’elle avec la passion qu’elle avait 
mise à regarder dans l’âme du jeune savant; 
puis elle commença ainsi : 


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20 


UN JOUR D ORAGE. 


III 


Le père de la mia madré était chevrier 
dans les marais des environs de Rome, et la 
femme du chevrier, mon grand-père, devi- 
nait l’avenir et guérissait les gens de la fièvre. 
Un soir, on l’enleva par ordre d’un monsei- 
gneur-cardinal, en disant qu’elle était sor- 
cière. La femme du chevrier avait alors vingt 
ans et une beauté merveilleuse ; elle est pri- 
sonnière encore ou morte, monseigneur le 
cardinal dit qu’il ne s’en souvient plus... Le 
chevrier, mon grand-père, cacha sa fille après 
qu’on lui eut pris sa femme. Plus tard, la 
voyant belle, et découvrant que l’Esprit la 
poussait à prédire, il l’envoya dans le Génois 


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UN JOUR D’ORAGE. 


21 


où il y a beaucoup moins de cardinaux qu’à 
Rome. 

Sur le doux rivage de Gênes, la mia madré 
fut heureuse. Elle se tenait à l’entrée du port 
tout le jour ; on la consultait, et souvent on 
venait la chercher pour aller guérir la fièvre 
ou dire la bonne aventure dans les plus riches 
maisons de la ville. 

Elle avait pour voisin de chambre un jeune 
montagnard qui partait chaque matin et ren- 
trait chaque soir aux mêmes heures qu’elle. 
Le garçon était de Giage, près du col Ardent, 
sur un plateau des Alpes marines. Il était 
très-beau de figure, grand de corps, coura- 
geux, travailleur, et bon comme un monta- 
gnard. 11 se nommait Giuseppe Borelli, et fai- 
sait la cour à sa voisine. Pendant trois années, 
la mia madré répondit en se moquant aux 
douces paroles de son amoureux; mais, un 
jour, elle prit plaisir à les entendre, et, fina- 
lement, elle épousa Giuseppe. Le chevrier, 



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UN JOUR D’ORAGE. 


fille que ce mariage le consolait de toutes ses 
peines. 

Quatre ans de bonheur passèrent. Lorsque 
j’arrivai dans le monde j’étais bien attendue, 
et la mia madré se réjouit d’avoir une fille. 
Son Giuseppe eût préféré un garçon, parce 
qu’à Giage les filles ne sont point regardées 
comme des enfants. Je grandis et je connus 
toujours mon père triste : il regrettait sa mon- 
tagne; mais la mia madré qu’il aimait de 
tout son cœur ne voulait pas le suivre à Giage. 
Pourtant, à l’entendre, rien n’était plus beau 
que le col Ardent, le col de Tende et la chaîne 
des petites Alpes. J’avais fini par le croire, et 
je rê’vais de courir dans les bois, sur les pla- 
teaux verts, et sous le grand ciel, au lieu de 
rester tranquille et sage à côté de la mia 
madré , pendant qu’elle disait la bonne aven- 
ture. Ma seule crainte était de ne plus voir 
dans la montagne la mer bleue et les vagues 
dont le mouvement occupait tous mes jours 
et toutes mes heures. Mon père, auquel je 


UN JOUR D’ORAGE. 


23 


parlai de mes gros soucis, me raconta que du 
plateau de Ciage on voit deux mers, celle 
d’Italie et celle de France. 

Je venais d’avoir douze ans, lorsqu’un ma- 
tin on reçut chez nous des nouvelles de Ciage 
par une lettre du curé. Le père de mon père, 
sur le point de mourir, appelait son fils au- 
près de lui; il gardait un troupeau depuis 
cinquante ans, et voulait le remettre pour la 
saison aux mains de Giuseppe; la lettre disait 
encore que mon père pourrait revenir dans le 
Génois au commencement de l’hiver. 

Après la lecture de ce malheureux papier, 
le pauvre Giuseppe prit un grand bâton qui 
m’avait servi plus d’une fois à jouer au cheval 
dans notre chambre, nous embrassa, et nous 
dit adieu en pleurant. 

— Reviendras- tu bientôt? demanda la mia 
madré . 

— Oui, dans trois ou quatre mois... Æinsi, 
tu ne veux pas suivre ton mari, tu ne le veux 
pas? répéta mon père. 


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UN JOUR D’ORAGE. 

— Mais à Giage que ferais-je? je ne pour- 
rais pas deviner, répondit-elle. 

— Oh non! si M. le curé qui est le juge, 
le maire et le roi de notre village, savait 
que tu as tiré une seule fois les cartes, il 
te ferait chasser du pays comme une crimi- 
nelle. 

— Adieu, adieu, dit la mia madré. 

F Je les adorais autant l’un que l’autre, et je 
m’écriai malgré moi : 

— Ah ! vous me coupez le cœur en deux! 

Mon père me saisit dans ses grands bras 
et me fit en sanglotant mille caresses. 

— Yois-tu, ma Gésarine, murmura-t-il, ta 
mère aime mieux l’Esprit que nous. 

Ah! signori, si vous aviez vu la mia madré 
après ces paroles ! Elle changea entièrement 
de visage; ses grands yeux noirs nous fixèrent 
avec désolation; sa voix mourante répéta 
deux fois : « Il faut que je choisisse ! » Elle mit 
ses deux mains sur son front, puis sur sa poi- 
trine, et elle les écarta vivement, comme si 


UN JOUR D’ORAGE 


elle chassait quelque chose.... Enfin ses re- 
gards devinrent moins brillants, ses mains 
tombèrent le long de son corps, et elle perdit 
la connaissance d’elle-même... Mon père san- 
glota de plus belle; moi, je me mis à genoux 
devant la mia madré , je la suppliai de ne 
point mourir, et je lui jurai que je l’aimais 
plus que mon père... Elle revint à la vie. 

— Partons, nous dit-elle, j’ai choisi !... C’est 
toi qui l’as voulu, Giuseppe ; Dieu veuille que 

tu ne t’en repentes pas bientôt! 

* 

Mon père, fou de joie, n’entendit point ces 
dernières paroles. Il quitta la chambre en 
chantant un refrain de son patois qui finit par : 
in er piemonte ritornerai ! Quand il reparut, 
il nous dit qu’il avait acheté une mule. La 
mia madré sourit. 

■ — Cornélia, dit mon père d’un air heureux 
à sa femme, je vois aujourd’hui l’amitié que 
tu as pour ton Giuseppe, qui t’a aimée seize 
ans plus que sa montagne. 

Il fit un paquet de nos vêtements, descen- 

2 


26 


UN JOUR D'ORAGE 


dit devant nous l’escalier de notre maison, et 
trouva moyen de placer la min madrc , nos 
habits et moi, sur la mule. 

— A Ciage ! s’écria-t-il, en jetant au ciel 
son grand bâton qu’il ressaisit ensuite par le 
milieu. 

La mia madré riait dans le chemin de la 
joie de son Giuseppe, et pleurait de sa peine 
à elle. 

Que la campagne me sembla jolie à voir! 
Les orangers et les citronniers paraissaient 
couverts de neige; tous les arbres étaient en 
fleurs ou en fruits ; les oiseaux chantaient 
dans les buissons; les petites sauterelles au 
milieu des blés, les rainettes dans les oliviers, 
annonçaient de leur grosse voix le retour du 
beau temps. 

Au coucher du soleil nous étions déjà sur 
une colline assez haute, et nous pouvions re- 
garder par-dessus les vallons remplis d’oran- 
gers. Je crus que je devenais plus grande. A 
chaque instant mon père nous j etait des bottes 


UN JOUR D'ORAGE. 


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d’herbes odorantes. Nous montions toujours. 
J’entendis des torrents gronder, et je les vis 
courir, briser leurs eaux sur les rochers avec 
de la belle écume blanche. Mon père et moi 
nous étions dans l’enchantement, mais la min 
madré était pâle et souffrante; le feu qui fai- 
sait briller son regard était éteint en elle ; sa 
main froide s’agitait convulsivement dans la 
direction de Gènes et semblait envoyer un 
adieu désespéré au mystérieux compagnon 
qu’elle avait quitté pour suivre mon père. 
Elle essayait d’arracher de son cœur, la pau- 
vre devineresse, le souvenir d’un amour que 
je connais à présent et qu’aucun autre ne 
peut remplacer. Get amour, mon père, pour 
ne pas déplaire à sa Cornélia , l’appelait 
l’amour de l’Esprit ; les montagnards le nom- 
ment la passion du Diable ; moi, je suis cer- 
taine que c’est Dieu et non Satan qui est en 
nous. 


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28 


UN JOUR D’ORAGE. 


IV 


A ces mots, le peintre bondit sur son ro- 
cher et s’écria: 

— Voilà un joli blasphème ! 

— Qui peut vous donner cette croyance? 
demanda Lucien vivement. 

— J’ai lu toutes les histoires des prophètes, 
répohdit Césarine, et ils n’éprouvaient pas, 
en voyant, autre chose que ce que nous éprou- 
vons. 

— C’est possible, répliqua le peintre, quant 
à l’impression; mais il s’agit justement de 
savoir si ladite impression vous arrive d’en 
haut ou d’en bas, du ciel ou de l’enfer! 

— Comme il vous plaira, repartit la devi- 


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UN JOUR D’ORAGE. 2 J 

neresse d’une voix brève... Voulez-vous que 
je continue? ajouta- t-elle en s’adressant à 
Lucien. 

— Je vous en conjure, dit le jeune étu- 
diant. 




2 . 





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31 


* 


UN JOUR D'ORAGE. 

tait dans la nuit, tandis que la mer recevait 
les premières clartés du jour. 

— J’ai quitté ce doux rivage plein de lu- 
mière, murmura la mia madré , et j’entre 
dans une nuit obscure dont je ne sortirai 
peut-être pas. Je ne vois rien que de vague 
dans ma destinée... tout est troublé, tout est 
sombre, tout est vide en moi ! l’Esprit irrité, 
jaloux de mon mariage, vient aujourd’hui de 
m’abandonner pour toujours... Je l’ai voulu... 
Césarine, ajouta-t-elle tout à coup, chère 
fille de mon sang, si tu pouvais deviner ce 
qui m’arrivera dans ce village! Essaye de lire 
à travers le voile de mes yeux jusqu’au fond 
de mon âme, où l’avenir de mon existence est 
écrit. 

Elle me prit dans ses bras ; je me pressai 
contre elle; son regard fixe m’engourdis- 
sait tout entière ; elle appuya ses lèvres 
brûlantes contre les miennes... Mes paupières 
s’alourdirent et se fermèrent... J’essavai alors 
de deviner!... Mon cœur battait avec un grand 


32 


UN JOUR D'ORAGE. 


bruit qui se répétait dans mes oreilles et de 
chaque côté de mon front. Je ne sentis plus 
du tout ma volonté ; mais quelque main invi- 
sible conduisant mon esprit en voyage à tra- 
vers les mois et les jours de l’avenir, j’aper- 
çus une femme pâle au bord d’un lac noir. Je 
jetai- un grand cri en reconnaissant la rnia 
madré ; et je rouvris les yeux pour chasser 
F image... 

— Que vois-tu, que vois-tu? me demanda- 
t-elle avec inquiétude. Dis-le-moi, Césarine: 
il est peut-être encore temps de retourner à 
Gênes! 

Mon père, qui nous avait un peu dépassées, 
accourut en criant: 

— Nous voici à Ciage ! 

— Tout est fini, dit bien bas lu mia ma- 
dré. 

Quel village ! et comme il me parut triste ! 
Les maisons étaient faites en voûte comme des 
caves; il fallait se coucher pour y entrer, 
tant les portes étaient basses. Mon père nous 


UN JOUR D’ORAGE. 


33 


dit que c’était à cause de la neige; la neige! 
ce mot fit trembler la mia madré . 

L’une des maisons de Ciage appartenait à 
mon grand-père qui l’avait quittée pour aller 
garder son troupeau à deux heures de mar- 
che du pays. Pauvre maison ! pauvres cham- 
bres toutes nues! pauvres petites fenêtres 
étroites! pauvres meubles grossiers! comme 
la mia madré pleura en vous voyant! Moi, je 
regrettai notre petit logement de Gênes si 
bien orné, et la vue de la mer. On me cou- 
cha sur le lit; qu’il était dur! Mon père allu- 
ma un grand feu au milieu de la case; il n’y 
avait pas de cheminée, mais seulement un 
trou au toit; la mia madré ouvrit la fenêtre 
et la porte pour faire sortir la fumée. Bientôt 
une douzaine d’enfants envahirent notre de- 
meure; leurs mères vinrent aussi : c’étaient 
nos voisines et nos petits voisins. Après 
nous avoir souhaité la bienvenue à Ciage, on 
nous apporta les deux plats qu’on offre aux 
étrangers: du macaroni aux haricots et une 


34 


UN JOUR D’ORAGE. 


tarte aux petits pois. Mon père eut l’air de 
se régaler; il remercia ses voisines, et prit 
plaisir à reparler son patois. 

Tout à coup, un jeune garçon d’environ 

♦ 

quatorze ans entra; ses cheveux étaient em- 
plis de poussière, ses vêtements déchirés 
avec intention ; il avait les bras croisés sur 
la poitrine et se tenait immobile, attendant, 
selon l’usage des messagers de mort à Ciage, 
qu’on fit silence autour de lui. Les femmes et 
les enfants se turent, et le jeune garçon pro- 
nonça la phrase ordinaire : 

— Le père n’est plus qu’une âme ! 

— Où est son corps? demanda le pauvre 
Giuseppe en pleurant. 

— Les bergers et moi, nous avons apporté 
son corps à l’église de Ciage, répondit le mes- 
sager. Que le fils du vieux me suive et vienne 
enterrer son père ! 

— Courage, sois un homme ! dit une 
femme au désolé Giuseppe, qui sortit en san- 
glotant. 


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35 


UN JOUR D’OR AG R. 

Les voisines ramassèrent la cendre de 
notre foyer, elle s’en couvrirent la tête, et ce 
furent des gémissements sans fin. De leur 
côté, les enfants jetaient de tels cris que la 
mia madré me demanda, à moi qui ne le sa- 
vais pas, ce que toute cette comédie signifiait. 
Comme nous n’entendions pas grand’chose au 
patois de Ciage, les voisines finirent par nous 
• quitter, au grand contentement de la mia 
madré , qui s’assit près du feu éteint, m’at- 
tira sur ses genoux , et fixa longtemps sur 
moi ses yeux gonflés de larmes. Il me vint 
l’idée de la distraire, et je lui demandai la 
permission d’ouvrir une armoire que nous 
avions devant nous. Elle m’appela curieuse, 
et me laissa faire. 

L’armoire était pleine , et j’en tirai plu- 
sieurs costumes du pays : d’épaisses jupes 
de laine, des corsages qui serrent la taille et 
s’ouvrent sur une pièce de flanelle rouge, 
des chemises garnies de grosse guipure de 
Gênes formant collerette, de larges rubans de 


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36 


UN JOUR D’OR AGE. 


velours et de soie pour rouler ses cheveux en 
couronne autour de la tête. La mia madré , 
qui avait toujours conservé ses vêtements de 
paysanne romaine, essaya l’un de ces cos- 
tumes pour faire plaisir à son Giuseppe. 
Lorsque mon père rentra, il était triste, abattu, 
mais en voyant sa femme habillée à la mode 
de Ciage, il sourit et l’embrassa de tout son 
cœur. Je lui dis de reprendre à son tour ses * 
habits de montagnard, que peu à peu il avait 
quittés à Gênes; il alla dans sa chambre et 
revint au bout d’un instant avec une culotte 
de drap roux fermée au-dessus du mollet par 
de gros boutons noirs, des bas de laine blanche, 
d’énormes souliers à boucles, une ceinture 
rouge autour des reins , un gilet très-long, 
une veste courte qui se prêtait cà tous les mou- 
vements du corps, le haut bonnet de tricot 
écarlate, un manteau roulé sur l’épaule, 
et son bâton de pâtre à la main. Mon père 
était grand, beau, bien fait; ce' costume le 
grandissait et l’embellissait encore. La mia 


madré prit plaisir à regarder son Giuseppe, 
et se leva sur le bout des pieds pour lui dire 
à l’oreille des paroles que je n’entendis pas. 
Mon père fit encore lui-même un paquet des 
vêtements dont nous avions le plus besoin, 

t 

amena la mule devant notre porte, et nous 
dit que nous allions partir pour rejoindre le 
troupeau. Il voulut me placer comme à Gènes 
à côté de la mia madré , mais je demandai «à 
courir en liberté autour de mes chers pa- 
rents. 

Le jeune garçon qui nous avait annoncé la 
mort du grand-père nous rejoignit hors du 
village; il s’appelait Baptiste, et il aidait à 
garder notre troupeau. 

Nous voilà donc tous les quatre en route, 
la mia madré heureuse de quitter Ciage qui 
lui déplaisait, mon père content de se retrou- 
ver dans sa montagne, moi ravie de me sentir 
libre et d’avoir un jeune camarade qui parais- 
sait tout disposé à m’obéir et à m’aimer. Au 
bout de deux heures de marche dans une 


38 


UN JOUR D'ORAGE. 


belle foret de mélèzes, nous étions auprès 
d’un grand chalet et de nos bêtes. Le temps 
était magnifique. Dans notre troupeau il n’y 
avait que des vaches blanches; elles portaient 
au cou des campanettes qui faisaient une jolie 
musique lente etdouce. En face de notre mon- 
tagne, on voyait paître sur un escarpement 
le troupeau des vaches rouges; puis sur un 
grand plateau vert toutes les vaches mouche- 
tées de noir ou de roux. Il y avait encore la 
montagne des veaux et celle des brebis. 

Le chalet était encombré d’ustensiles pour 
faire cailler le lait et façonner le fromage. 
J’appris à porter sur la tète de grandes jarres 
pleines sans les répandre. Baptiste n’avait que 
deux ans de plus que moi, et il jouait encore 
de tout son cœur. Je m’amusais beaucoup. 

La mia madré , assisé tout le jour ou cou- 
chée près de son Giuseppe au bord du torrent, 
ne parlait point de Gênes. La nuit, elle regar- 
dait durant de longues heures les étoiles bril- 
lantes, que mon père lui apprenait à recon- 


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39 


UN JOUR D’ORAGE. 


naître. Elle riait de tout, mais aussi elle pleu- 
rait pour très-peu de chose. Lorsque mon 
père se levait de bonne heure, j’allais em- 
brasser la mia madré dans son lit. Je la trou- 
vais souvent extraordinaire. Elle répétait dix 
fois les mêmes mots. Un matin elle me dit 
avec des yeux brillants pareils à ceux que je 
lui avais vus au moment de notre départ de 
Gênes : 

— Ni mari adoré, ni enfant ne consolent 
de l’abandon de l’Esprit. Comment ai-je pu 
être infidèle à celui qui emplissait mon âme 
de lumière? pourquoi ai-je quitté celui qui 
daignait encore faire tressaillir un cœur cou- 
pable? Je suis une ingrate, je me repens et 
je souffre. 

La mia madré en prononçant ces paroles 
était fort pâle; elle n’avait plus sur les joues 
ces couleurs roses quelle avait prises dans 
la montagne, et que mon père, et moi nous 
étions si joyeux de lui voir; il me sembla 
qu’elle avait beaucoup maigri, et je la 


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40 


UN JOUR D’ORAGE. 


quittai brusquement * pour lui cacher ma 
peine. 

Le -soir, Baptiste parla pour la première 

fois de r hiver et dit qu’il était très-amusant 
* 

de le passer à Giage. Les maisons sont chaudes, 

ajouta-t-il, lorsque la neige les recouvre; on 

$ 

on a du bois de la commune autant que Ton 

en veut; toutes les provisions sont faites; le 

✓ 

froid de la montagne est très-sain; on reste 
ensemble autour d’un bon feu, on travaille, 

r 

ou bien l’on va dans les_grandes étables où 

les jeunes garçons etlesjeunes filles chantent, 

et où les vieux racontent de vieilles histoires. 

Mon père écoutait Baptiste avec plaisir et 

l’encourageait à continuer ; mais lamiamadre 

éclata en sanglots et s’écria : 

— Oh ! cela ; je ne le pourrai jamais, jamais I 

% 

Mon père très-ému lui dit que nous re- 
tournerions à Gênes aussitôt les premiers * 
froids; il eut toutes les peines du monde à la 
consoler, et le lendemain elle fut malade et 
garda le lit. 


N 


UN JOUR D’ORAGE, 


41 


VI 


Le 25 juillet, jour de la fête de Saint- 
Jacques, patron de Ciage, mon père nous 
permit d’aller à la messe, la mia madré , Bap- 
tiste et moi. Nous nous arrêtâmes à Ciage, 
dans la maison de mon grand-père, pour 
mettre nos plus beaux habits. Baptiste nous 
dit de nous presser, que nous étions fort en 
retard. A notre entrée dans l’église, nous 
vîmes que la messe était commencée depuis 
longtemps. Je fis un peu de bruit pour trou- 
ver des places, malgré les recommandations 
de la mia madré. Lç curé de Ciage se re- 
tourna vers nous avec colère, et dit tout haut 
en italien : 


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12 


UN JOUR D'ÛRAGB.j 


— Qui se permet de troubler le recueille- 
ment dans la maison de Dieu? 

Chacun alors nous regarda. Un brigasque 
qui était venu pour la fête et avait connu la ' 
mia madré à Gênes,- répondit au curé. 

— C’est une devineresse ! 

* * 

, Les femmes, jalouses de nous voir mieux 
habillées qu’elles, répétèrent ce malheureux 
mot et allèrent jusqu’à dire : 

— C’est une sorcière ! 

Alors le curé, voyant qu’on n’écoutait plus 

la messe, s’écria d’une voix qui ressemblait à 

✓ ; 

celle du tonnerre : 

— Les âmes possédées du démon doivent 
fuir les églises. 

A ces paroles, la mia madré , Baptiste et 
moi, qui étions agenouillés près de la porte, 
nous sortîmes. Les enfants nous poursuivirent 
en nous accablant d’injures. Baptiste frappait 
à tort et à travers, mais les coups pleuvaient 
sur lui de toutes parts. 

Depuis plus d’une heure nous avions quitté 


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IJN JOUR D’ORAGE. 43 

ce pays détesté, que la mia madré se sauvait 
encore, croyant entendre derrière elle le ga- 
lop des enfants de Ciage. La sueur qui cou- 
lait de son front se mêlait à ses larmes. Pu- 
vera, povcra mia madré! Enfin elle tomba 
épuisée au bord du torrent et murmura : 

— Une devineresse 11e devrait jamais se 
marier! 

Mon père était peut-être assis au bord de 
ce torrent qui voyait le désespoir de la mia 
madré , et il songeait peut-être en souriant 
au prochain retour de sa chère femme.... 
Mais les eaux qui se précipitaient à grand 
bruitdansla direction de notre chalet ne cou- 
rurent pas aussi vite que Baptiste, qui arriva 
près de son maître la tête perdue, et lui redit 
toute la scène de l’église. Mon père vola jus- 
qu’à nous; ses .yeux pleins de fureur et ses 
poings fermés menaçaient le ciel. Je l’aperçus 
au bout d’un sentier; la mia madré lui tour- 
nait le dos et remettait en natte ses longs 
cheveux que notre course avait entièrement 


44 


UN JOUR D’ORAGE. 


défaits. Gomme elle était belle ! En la regar- 
dant, toute la colère de Giuseppe tomba 
goutte à goutte avec ses pleurs. 

— Cornélie, dit-il, tu n’étais pas faite pour 

un pauvre montagnard entêté, et mon bon- 

• 

heur te rend bien malheureuse. Je te fais trop 
de chagrin, et tu cesseras de m’aimer un 
jour. 

Il vint se mettre à genoux auprès de la mia 
madré, lui demanda mille fois pardon; puis 
tout à coup il la prit dans ses bras comme un 
petit enfant et l’emporta. Elle voulut des- 
cendre à terre , mais il lui répondit par de 
gros baisers. Ses cheveux n’étaient pas ratta- 
chés , ils traînaient dans la poussière ; j’ac- 

\ 

courus pour les soutenir, et je les portai si 
gravement que la mia madré finit par rire de 
tout son cœur, mon père aussi et moi avec 
eux. Baptiste crut nous entendre gémir, et il 
accourut au-devant de nous; il pleurait en- 
core, et me dit qu’il était bien étonné de nous 
voir si joyeux. Je lui racontai ce qui s’était 


UN JOUR D'ORAGE. 


45 


passé; alors il murmura très-bas d’une voix 
tendre : 

— Lorsqu’on s’aime et que l’on se marie, 
l’amitié fait oublier tous les chagrins. 

Le soir de ce jour la miamadre^ utlafièvre, 
et aucune des herbes de notre montagne ne 
put cette fois la lui enlever. Mon père lui jura 
qu’ après le mois de septembre nous quitte- 
rions le plateau de Ciage, et qu’il ne lui de- 
manderait jamais d’y revenir. Cettepromesse 
parut rendre quelque force à la pauvre ma- 
lade, eLcalma mon tourment. 

Le 15 août approchait; c’est l’époque où 
les femmes de la Briga, de Bornigo et de 
Ciage viennent surprendre les pâtres dans 
les prairies, et font mesurer devant elles le 
lait que donnent leurs vaches, pour savoir à 
combien de fromages elles auront droit au % 
bout de la saison. La grande salle du chalet 
était toujours pleine; la mia madré se ca- 
chait souvent dans sa chambre; mais moi 
j’aimais à voir tout ce monde, et grâce aux 

3 . 


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<16 


UN JOUR D’ORAGE. 


leçons de Baptiste, je commençais à bien 
parler le patois du pays. 

C’était aussi le temps de la fenaison. La 
montagne des vaches blanches appartenant 
à la commune de la Briga, les jeunes filles et 
les jeunes garçons brigasques arrivaient par 
bandes pour couper le foin. Après la moisson, 
difficile et fatigante, la fenaison est une fête ; 

, on travaille et l’on joue. Entre la part de 
prairie faite à chacun, il n’y a pour toute 
barrière que de hautes herbes auxquelles 
personne ne touche, car celui ou celle qui se 
permettrait d’y donner le moindre coup de 
faucille serait déshonoré. Les filles se tiennent 
sur les petits plateaux, et les garçons, avec 
leurs crochets de fer aux pieds, fauchent sur 
les escarpements. On chante en chœur, et 
souvent un mot jeté par quelque malin court 
d’un bout à l’autre de la troupe, se répète, 
et l’on entend au loin de nombreux éclats de 
rire. Les vaches écoutent ces bruits. Parfois 
Lune d’elles, reconnaissant quelque jeune 


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UN JOUR D'ORAOB. 


« 


voix , s’échappe , abandonne le troupeau 
quelle suit fidèlement d’ordinaire, franchit 
les barrières d’herbes qui la séparent de ses 
maîtres, et va se rouler à leurs pieds en mu- 
gissant. Chacun la nomme du nom de ceux à 
qui elle appartient ; on l’entoure, on lui parle, 
on la caresse. Baptiste et moi, nous allions à 
tous moments chercher ainsi l’une de nos 
bêtes. Les faneurs couchent sous les roches 
creusées, s’enveloppent dans des draps de 
laine, et se font un lit d’herbe sèche et par- 
fumée. Ceux qui ne dorment pas regardent 
les étoiles, que tous les montagnards aiment, 
et ils chantent au milieu des nuits claires des 
cantiques à la madone, que les échos chan- 
tent après eux, que le grondement de l’eau 
accompagne, et auxquels répondent les voix 
des pâtres éloignés. Mon père a raison : la 
montagne est belle et gaie pour un monta- 
gnard ! 

Lu mia madré devenait chaque jour plus 
malade. Cependant aucune des femmes venues 


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48 


UN JOUR D'ORAGE. 


de la Briga ou de Giage ne lui avait rappelé 
la scène de l’église. Baptiste prétendait savoir 
que beaucoup de gens, ayant eu connaissance 
de la maladie de la mia madré, s’étaient 
repentis de leur dureté envers elle, et que le 

curé lui-même, qui était plus violent que 

/ 

mauvais, avait dit trois fois en chaire qu’il ne 
fallait point condamner les pécheurs sans les 
entendre. 

Lorsque le temps des mesurages fut passé, 
mon père recommença de soiguer la mia 
madré. Elle avait beaucoup changé, et elle 
était si faible qu’elle pouvait à peine se tenir 
debout. Mon père ne la quittait plus, et ne 
s’occupait guère du troupeau. 11 nous appela 
un jour, Baptiste et moi, et nous dit de nous 
préparer à conduire la mia madré au pic de 
l’Enfer, où les gens de la Briga, de Ciage, de 
San-Dalmas et de Tende, vont guérir leurs 
fièvres et retrouver leur appétit lorsque par 
hasard ils l’ont perdu. 

Notre mule nous servit encore. Mon père 


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UN JOUR D’ORAGE. 


40 


établit sur son dos la mia madré, et me 
recommanda cent fois d’être douce, bonne, 
sage, de bien soigner sa Cornélie, et de la 
ramener sans fièvre au plateau. Je lui promis 
en pleurant tout ce qu’il voulut. Baptiste 
se chargea de provisions pour quatre jours. 
Nous étions déjà très-éloignés de mon père 
lorsque la mia madré me demanda de faire 
signe à son Giuseppe de venir auprès de nous; 
il accourut. 

— Encore un adieu , murmura-t-elle en 
l’embrassant avec force, le dernier... 

— Le dernier ! répéta mon père ; que dis- 

* 

tu, Cornélie? Si tu te sens trop malade, reste, 
je t’en conjure. 

— Du courage, mon Giuseppe, ajouta-t-elle 
avec un doux sourire. 

Nous partîmes. Il fallut passer dans de 
grands bois remplis d’enfants qui cueillaient 
des fruits sauvages. La mia madré ayant 
refusé de traverser la Briga, Baptiste nous fit 
escalader la haute colline de la Maschera, 


50 


U N JOUR D’ORAGE. 


descendre un peu à Saint-Sauveur et tout à fait 
à San-Dalmas, sur la route de Coni. Nous 
montâmes ensuite par le chemin de la Minière 
d’argent jusqu’au vallon des Merveilles; là, 
des figures d'hommes taillées dans le rocher 
nous montrèrent du doigt la Testa ciel Inferno. 
Une heure après, nous entrions dans la plus 
haute vallée du pic. Je comptai neuflacs; ils 
étaient noirs.;. La vision que j’avais eue le 
jour de notre arrivée à Ciage reparut à mes 
yeux... Piien ne m’avait encore semblé plus 
triste que cet endroit. Le soleil en se cou- 
chant avait répandu sur les roches une lu- 
mière couleur de flammes. Je n’aperçus que 
de petits arbustes desséchés, et pas un seul 
de ces beaux arbres qui montrent aux gens 

que l’on peut vivre en paix là où ils ont 

/ 

grandi. L’eau des lacs' dormait froide, immo- 
bile, au lieu- de chanter et de secouer son 
écume comme l’eau des torrents de la mon- 
tagne des vaches blanches. Dans la cabane 
où s’abritent les malades qui viennent aux 


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UN JOUR D'ORAfiR. 5» 

lacs pour guérir leur fièvre et retrouver leur 
appétit, il n’y avait personne. Aidée de Bap- 
tiste, je descendis la mia madré de notre 
mule, je l’entourai de couvertures et je la 
couchai dans la cabane; elle était très-lasse 
et ne tarda pas à s’endormir. Baptiste, après 
avoir mangé, suivit l’exemple de sa padrona , 
et je fisbientût comme mon petit compagnon. 

Le jour nous éveilla tous les trois. En re- 
voyant la vallée de l’Enfer, les lacs noirs, je 
me ressouvins encore de ma vision. Je sup- 
pliai la mia madré de retourner en arrière 
jusqu’aux lacs des Merveilles, qui guérissent 
aussi de la fièvre et sont moins désolants à 
regarder. Mais elle me dit que ce lieu plaisait 
à son âme, et qu’elle ne le quitterait point. 
..Elle voulut aller s’asseoir au bord du lac 
• Lungo, et Baptiste l’y porta. Je puisai pour 
elle de l’eau glacée clans le lac; elle nous dit 
que cette eau lui faisait du bien et rafraîchis- 
sait sa poitrine en feu.' L’air était léger et 
pur. En immense troupeau de chèvres appa- 


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I 


52 UN JOUR D’ORAGE. 

rut tout à coup sur les roches. Les bêtes im- 
patientes, corne contre corne, se placèrent à 
l’entour du grand lac Lungo, et burent plus 
lentement qu elles ne voulaient, car l’eau leur 
parut froide ; il y en avait au moins deux 
cents, elles étaient ou blondes, ou noires, ou 
blanches. Les chevriers nous adressèrent 
quelques mots de bienvenue. La mia madré 
me dit quelle croyait se retrouver au milieu 
du troupeau de son père, et pleura douce- 
ment. Le soleil, un peu triste, sécha ses 
larmes sur ses joues et les larmes que la nuit 
avait versées sur les petits arbustes. Comme la 
veille, le soir venu, je couchai la mia madré 
dans la cabane; de même, elle eut l’air de 
s’endormir, et je me laissai prendre par le 
sommeil; mais, quand le jour m’éclaira, je 
cherchai en vain la mia madré auprès de 
moi. Je crus rêver encore... elle avait dis- 
paru î Je criai, j’appelai : Baptiste seul ré- 
pondit. Je courus avec lui au bord du lac 
Lungo, la pauvre malade y était ! 


UN JOUR D'ORAGE. 


53 


— Baptiste, dit-elle, prends la mule et va 
chercher ton maître. Il faut qu’il se hâte s’il 
veut m’embrasser avant que je meure. 

N 

Lejeune pâtre resta un moment épouvanté 
et immobile, puis il s’élança vers la mule 
qui passait à quelque distance, et partit au 
galop. 

Mes yeux étaient secs et brûlants; je ne 
pouvais prononcer une parole, tant ma gorge 
était serrée par la douleur. Je tombai à ge- 
noux devant la mia madré , et je pris ses deux 
mains dans les miennes en tremblant. 

— Gésarine, me dit-elle d’une voix claire, 
rien ne peut me sauver, je suis perdue, per- 
due... Ainsi, sois courageuse, poverina ; at- 
tends pour te désespérer que j’aie cessé de 
vivre. Je vais te parler de choses que tu ne 
raconteras jamais à ton père ni aux gens de 
Ciage. Écoute ! Je lis aujourd’hui dans mon 
âme aussi aisément que je lisais autrefois 
dans celle des autres. Je puis compter, se- 
conde par- seconde, les heures de ma courte 


54 


UN JOUR D’ORAGH. 


existence : ton père me trouvera morte! 
Écoute, écoute !... Si, comme toutes les filles 
de notre race, tu sens un jour l’Esprit en toi, 
ne te marie point, mon enfant, ou ma des- 
tinée sera la tienne. Ne crois pas que ma 
venue à Ciage m’ait tuée, je souffrais aupa- 
ravant, à Gènes même je n’aurais pas vécu, 
j’aurais langui une année encore ou deux 
peut-être. Ton père m’a montré tant d’amour 
depuis trois mois que je ne veux pas mar- 
chander quelques jours à mon sort. Ce que 
je regrette, c’est le passé, le temps où l’Es- 
prit régnait seul dans mon âme, où lui seul 
me guidait, où je n’étais esclave que de mes 
volontés intérieures, où je lisais, comme en un 
livre ouvert, dans l'avenir de ceux qui me 
consultaient. Depuis mon mariage je n’ai eu 
que de rares inspirations; mon amour pour 
Giuseppe m’a toujours remplie de tendres 
craintes et a troublé ma clairvoyance. Une 
devineresse ne doit jamais se marier, n’oublie 
pas cela, ma Césarine, et fuia Te. village, la 


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UN JOUR D'ORAGE. 


ville où tu craindras d’aimer, si l’Esprit te 
possède. Va sans attachement, sans liens, où 
l’Esprit te conduira; donne-toi tout entière à 
lui; ne subis que sa loi secrète; qu’aucune 
affection ne te retienne en un lieu de la terre ; 
marche sans cesse, et n’aie pour parente, pour 
amie, que la liberté! Oui, tu seras voyante, 
chère fdle de mon sang ! L’Esprit te par- 
lera comme à moi plus clairement les jours 
d’orage... Addio,addio! ... Je désire être .en- 
terrée là, sous ce rocher; ils ne voudraient 
pas de moi dans leur terre bénie. Addio, ma 
Césarine; pleure- maintenant! 

Elle pencha sa tète sur mon, épaule, et 
ferma ses beaux yeux pour ne plus les rou- 
vrir. Ah ! quel long jour de larmes amères, 
et quel lieu désolant ! Chevriers et chèvres 
nous avaient quittées. Je criai parfois tout 
haut ma douleur; pas un petit oiseau, pas 
une mouche ne me répondit; mes larmes 
coulèrent dans le grand lac noir, qui sembla 
dire : « Qu’est-ce que ces gouttes légères et 


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56 


UN JOUR D’ORAGE. 


brûlantes veulent à mes eaux glacées ? » Lors- 
que le soleil commença de tourner autour de 

/ 

la montagne, j’eus peur, et je me jetai à 
genoux en face de lui. Je le suppliai de s’ar- 
rêter un moment au-dessus de moi; il re- 
monta un peu, mais pour redescendre plus 
vite après. Ma tête et mon cœur me faisaient 
un mal insupportable. J’étais au pic de l’En- 
fer ! Si la mia madré , comme je l’avais en- 
tendu dire, était possédée du démon? Si 
Satan allait venir me l’enlever?... Je pris la 
pauvre morte dans mes bras, je la serrai de 
toutes mes forces, et je sentis le courage de 

la défendre contre l’esprit du mal lui-même 

/ 

s’il se présentait en personne. J’avais une 
fièvre violente, le délire, et j’étais dans une 
agitation extraordinaire. J’interrogeai l’ho- 
rizon avec les yeux de mon corps, et j’essayai 
en vain de découvrir mon père ; mais tout à 
coup je le vis distinctement avec les yeux de 
ma pensée...* Le pauvre Giuseppe! il courait 
plus vite encore que n’^avait couru Baptiste. 


UN JOUR D'ORAGE. 


57 


Son cœur pleurait et saignait ; que de choses 
il se jurait! hélas! trop tard... Mon père 
entra dans la vallée, et bientôt je l’aperçus 
réellement. 11 faisait à peine clair lorsqu’il 
s’approcha de la mia madré', et cependant il 
comprit tout de suite qu’elle ne vivait plus. 
Comment raconter son désespoir? Tout ce 
que je puis dire, c’est que la devineresse 
était plus aimée qu’aucune femme ne le sera 
jamais. .. ce qui ne l’a pas empêchée de mourir 
d’ennui et d’esclavage! 


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♦ 


53 


UN JOÜ R D’OR A G B. 


VII 


Césanne se tut. Ses yeux iixgs regardèrent 
dans la chaîne des Alpes la Testa dcl Infertio. 
Couvert de nuages coin me les autres sommets, 
le pic laissa brusquement glisser son manteau 
de brume jusqu’à sa base. Il se trouva seul 
éclairé dans tout le paysage, mais d’une façon 
sinistre; les collines qui le précèdent res- 
tèrent dans l’ombre, et les champs d’olivieTs 
noircirent. Les feuilles épaisses de l’oranger 
et les fines aiguilles des pins avaient ce fré- 
missement singulier précurseur des tempêtes ; 
les vagues, contrariées par .deux vents, se bri- 
saient les unes contre les autres avant d’arri- 
ver à la plage ; les éclairs au loin se succé- 


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/ 


r UN JOUR D'ORAGE. 

daient presque sans interruption, et le bruit 
de la foudre encore sourd arrivait jusqu’à la 
petite anse, répété par l’écho des montagnes. 

Les trois jeunes gens respectèrent la rêve- 
rie de la devineresse qui dura longtemps. 

— N’avez- vous plus rien à nous dire, Césa- 
rine?, demanda enfin le jeune étudiant. Dou- 
tez-vousde l’intérêt que nous prenons à votre 
récit? Voyez, nous avons encore des larmes 
' dans les yeux. 

— Je n’ai plus à vous parler que de moi, 
dit-elle. 

— Nous écoutons. 


GO 


UN JOUR D’ORAGE. 


% 


VIII . 

• \ 

Après avoir accompli la dernière volonté 
de la mia madré , mon père voulut se jeter ' 
dans le grand lac Lungo. J’eus toutes les 
peines du monde à le ramener sur la mon- 
tagne des vaches blanches. 

Beaucoup d’années se sont écoulées depuis. 
J’avais douze ans, et j’en ai vingt. Huit fois je 
suis retournée avec Baptiste et mon père gar- 
der le troupeau : huit fois nous sommes allés 
porter des fleurs sur le rocher qui recouvre 
la povera mia madré . Durant huit années, 
j’ai passé l’hiver dans la maison des Borelli. 
J’ai vécu au milieu de gens à qui j’inspirais 
tout à la fois de la pitié pour le mal qu’ils 


UN JOUR D’ORAGE. 


Cl 


m’avaient fait, et de la crainte pour celui 
que je pouvais leur rendre si je devenais sor- 
cière. J’ai été bien des dimanches à l’église, 
et je me suis agenouillée souvent avec déso- 
lation sur la dalle où la rnia madré avait reçu 
le dernier coup de la mort. Le prêtre, se re- 
prochant un accès de colère qui avait tué une 
créature de Dieu que les siens aimaient avec 
passion, répara ses torts en s’occupant de 
moi. 11 m’instruisit, et s'efforça, dit-il, de 
chasser par la lumière de la science l’esprit 
des ténèbres qui tournoyait à l’entour de mon 
’ âme. Le curé savait beaucoup de choses et il 
me les apprit toutes. 11 était Toscan d'ori- 
gine, et parlait la belle langue italienne. Il 
me fit lire les livres saints. Ce qui me frappa 
le plus ce fut l’histoire des prophètes, et ce 
qu’ils éprouvaienten prédisant. Lamia madré 
m’avait beaucoup dit que ses cartes ne lui 
servaient qu’à faire patienter les gens lorsque 
l’Esprit tardait à paraître en elle; qu’elle sen- 
tait la venue de l’inspiration par un battement 

4 


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62 


UN JOUR D'ORAGE. 


de cœur; qu’elle aimait à la fois les lieux sau- 
vages et déserts quand elle avait besoin de se 
recueillir, et la foule lorsqu’elle voyait dans 
les autres; qu’enfin l’Esprit parlait plus clai- 
rement en elle durant les orages... Ses der- 
nières paroles avaient été celles d’une prophé- 
tesse : « Il ne faut pas que ceux qui prédisent 
aient d’autre attachement en ce monde que 
celui de l’Esprit. » Je regardai donc lu mia 
madré comme une envoyée de Dieu, rappelée 
par lui de bonne heure, et non comme 
une fille de Satan vouée aux flammes de 
l’enfer. 

Cet automne, mon père était malade. J’allai 
seule au tombeau de lu fniu madré. Baptiste 
ayant voulu m’accompagner, je lelui défendis. 
Lorsque j’arrivai à la Testa del Inferno, je 
me sentis tout à coup prise d’une émotion 
singulière. J’avais mon cœur serré comme 
dans l’attente d’une grande nouvelle; Qui pou- 
vait venir me l’apprendre auprès du lac dé- 
sert? J’écoutai en moi-même, je regardai au 


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UN JOUR D'ORAGE. 


G3 


fond de mon aine. Ma volonté me quitta et 
l’Esprit vint se mettre à sa place; j’éprouvai 
comme un soulagement et une plénitude, de 
la joie plutôt que de la souffrance. Je me crus 
enveloppée de nuages et transportée dans les 
airs j usqu’au chalet des pâtres de la montagne 
des vaches blanches. Mes yeux se fermèrent, 
et pourtant ils virent; mes oreilles, dans le 
silence, entendirent... 

Baptiste passait et repassait devant mon 
père malade. Troublé et rougissant, il semait 
à tort et à travers dans les jarres des herbes 
pour faire cailler le lait. Il s’arrêta bientôt et 
dit résolument : • , 

— Maître , savez-vous que Césarine est 
bonne à marier? 

— Oui, répondit mon père avec tristesse, 
car il songeait à son amour pour la mia madré , 
et tu la veux, n’est-ce pas? 

— Je vous la demande , maître , répondit 
le pâtre en tremblant. 

— Eh bien, je te la donne, et tu seras heu- 


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64 


UN JOUR D’ORAGE. 


\ 


reux, toi; tu n’auras pas à combattre l’Esprit 
en elle. 

— Non, dit Baptiste, M. le curé affirme 
qu’il a chassé peur toujours le démon de son 
âme. 

— Le démon! répéta mon père, tais-toi, 

i 

et ne parle point de choses que ni toi, ni moi, 
ni le curé, nous ne pouvons comprendre. 

J’avais songé un peu à épouser Baptiste; je 
lui avais même laissé croire que je l’aimais. 
L’Esprit, en me faisant entendre cette conver- 
sation, me montra que je devais renoncer à 
épouser le seul ami de ma triste enfance. Mon 
père n’avait jamais cru, lui, que l’inspiration 
de la mia madré vînt du diable, mais Bap- 
tiste? Une grande fierté s’empara de moi. 
Comment avais-je pu trouverdigne de maten- 
dresse un pâtre ignorant qui ne connaissait 
de l’avenir que l’annonce du vent et de la 
pluie? t?a révolte entra dans mon cœur. 
J’essayai, de prier pour la mia madré , mais 
je ne pus m’agenouiller, quelque chose m’o- 


UN JOUR D’ORAGE. 


65 


bligeant à me tenir debout. «Marche, marche, 
me dit une voix inconnue ; tu portes les se- 
crets des autres dans ta pensée, et il faut que 
tu les répandes, sans quoi ils s’amasseront 
dans ton esprit comme les nuages dans le 

ciel; tu ne pourras supporter leur poids, ils 

\ 

éclateront comme les tempêtes... Pars, des- 
cends dans les plaines, à droite ou à gauche, 
et laisse-toi conduire par une main amie. » 

Àh ! mon père , ah ! la montagne, Baptiste, 
le curé, le troupeau, les nuits avec des étoiles, 
le temps des foins, l’eau qui chante, la voix 
lointaine des pâtres , le lever du soleil au ri- 
vage de Gênes, reverrai-je tout cela? J’appelai 
la mia madré à mon secours ; elle accourut 
et me dit : « Suis-le ! j’assiste à vos fiançailles ; 

% 

prends garde de lui être infidèle, il tue! » Je 
revins au lac des Merveilles ; les grands ro- 
chers avec des figures d'hommes me sou- 
rirent ; Jes arbres, les fleurs, les herbes avaient 
des voix qui me répétaient sur tous les tons : 

« Tu es bien heureuse d’être libre et de pou- 

4 . 


06 


UN JOUR D'ORAGE. 


voir t’arracher à la montagne! » Les oiseaux 
chantaient : « Tu voleras comme nous! » Une 


devineresse ne doit avoir pour parente, pour 
amie, que la liberté! m’avait dit la rma 
madre en mourant... Mais étais-je une devi- 
neresse*/ 


J’entrai à l’auberge de là Minière; j’avais 
un peu d’argent, j’achetai des cartes, et j’es- 
sayai de m’en servir comme j’avais vu la 
mia madré le faire tant de fois. L’Esprit me 
parla, et je dis aux ouvriers de la mine des 
choses si extraordinaires que tous voulurent 
savoir leur bonne aventure. .J’étais devine- 
resse! je pouvais abandonner la montagne, 
courir le monde... E viva la libertà ! 

Avant de quitter l’auberge et la vallée des 
Merveilles, j’écrivis à mon père que l’Esprit 
s’était emparé de moi, et, pour qu’il n’en 
doutât point, je lui répétai mot pour mot sa 
conversation avec Baptiste.. Je lui dis que la 
mia madré m’était apparue et m’avait or- 
donné de courir le monde. J’ajoutai que, se 


A 


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rappelant les souffrances de sa Cornélie, il ne 
devait pas me poursuivre et nf obliger de re- 
tourner à Ciage. Enfin, je le priai de raconter 
cà Baptiste comme quoi j’étais' possédée du 
démon... 

J’ai passé l’hiver à Nice, et me voici! 



68 


UN JOUR D'ORAGE. 


IX 

— Où allez-vous? demanda Jérôme. 

— Où va la nue poussée par le vent? 

— 11 me semble, dit Maurice en français, 
que nous devrions engager cette belle fille à 
rentrer auprès de son père. ~ 

— Point du tout, répliqua vivement Lu- 
cien ; ^1 ne faut pas qu’elle échappe à la 
science. 

— Je proteste avec toi, dit Jérôme au 
jeune étudiant, et je veux léguer le portrait 
de Césarine Borelü fux générations futures. 

— Addio y signori , dit la devineresse, et 
mille grâces pour l’attention que vous m’avez 
prêtée. Souvenez-vous de Césarine Borelü ! 


UN JOUR D’ORAGE. 


«9 


— Restez ! s’écrièrent le peintre et l’étu- 
diant. 

— Signor savantissime, repartit la Jolie 
fille, je vous ai raconté tout ce que je sais de 
moi. Signor peintre, ajouta-t-elle avec ma- 
lice, je ne suis point faite pour servir de 
modèle. * . 

Et Césarine, malgré les supplications de 
Lucien et de Jérôme, s’élança sur les rochers 
et s’enfuit avec la légèreté d’un oiseau. Lu- 
cien courut derrière la jeune montagnarde, 
mais sur la première marche de la passerelle 
un éclair brûlant l’obligea de fermer les yeux. 
Lorsqu’il les rouvrit, la devineresse avait dis- 
paru. 

— Prends garde, lui cria Jérôme, lu vas 
tomber dans les flammes de l’enfer !< 

Lejeune homme promena ses regards de 
tous côtés et interrogea l’horizon pendant 
quelques minutes ; n’apercevant pas la belle 
sorcière, il revint s’asseoir sur les rochers. 


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10 


UN JOUR D'ORAGE. 


X 

— Est-ce sérieusement que tu t’es fait pré- 
dire le futur par cette femme étrange? de- 
manda le sage Maurice à Lucien. 

Gomme il ne recevait point de réponse, il 
ajouta gravement: 

— Je pense que des êtres doués d’une façon 
particulière peuvent voir en nous ce que nous 
y voyons nous-mêmes, nos craintes, nos dé- 
sirs, et les faits accomplis de notre existence; 
mais je suis convaincu que des choses qu’ils 
no.us prédisent ne sont que des projets de 
notre esprit, et non des réalités certaines de 
l’avenir. 

— Mon cher, répliqua Lucien, je m’inquiète 


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UN JOUR D’ORAGE. Tl 

peu, je t’assure, de connaître l’arrêt fatal de 
mon destin, et j’ai consulte cependant tous 
les somnambules, devins’et sorciers dont j’ai 
entendu parler. 

— 11 a un système sur la divination ! re- 
partit gaiement Jérôme. En sa qualité de 
nourrisson allemand, il se croit forcé de tout 
approfondir. Sache donc, jeune audacieux, 
que les phénomènes de la nature sont inexpli- 
cables; on ne peut que les dépeindre ou les 
peindre, jamais en trouver la cause première. 
L’art, qui procède raisonnablement vis-à-vis 
de ces phénomènes, laisse seul des traces, 
tandis que la science se détruit elle-même en 
progressant! 

— Aurais-tu* fait des decouvertes. sérieuses 
depuis que tu t’occupes de la divination ? de- 
manda Maurice à Lucien. 

— Je suis arrivé à croire, répondit le jeune 
étudiant, que la prévision de l’avenir, qui a 
d’abord été un mystère, puis un art, devien- 
dra un jour une science, car, s.aul le respect 


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que je dois à Jérôme, je mets la science après, 
c’est-à-dire avant l’art. 

— Oslrogoth! dit le peintre, je suis certain 
que tu vas faire un discours qui te coûtera 
beaucoup de travail d’esprit pour prouver 
tout simplement que cette sorcière a dit vrai 
en déclarant que tu es un grand homme en 
herbe, et qu’un jour le monde entier parlera 
de ta glorieuse personne. 

— Justement, cher Jérôme, et tu me tires 
d’embarras avec tes plaisanteries. Je ne 
savais comment rappeler cette phrase de la 
devineresse, qui, bien ou mal appliquée, a 
été pour moi un trait de lumière. S’il est plus 
facile de prédire la destinée de ceux qui occu- 
pent une plus grande place dans le monde et 
que leur valeur met le plus en évidence, la 
divination peut se comparer à l’astronomie. 
Que l’on étudie la société comme on étudie le 
ciel, qu’on se dise que tous deux sont les 
milieux dans lesquels l’homme et l’étoile se 
meuvent, et, si l’on procède pour la science 


UN J'OUR D’ORAGE. 


T4 

humaine comme pour l’astronomie, on pourra 
aisément prédire les phases du mouvement 
d’une existence comme on prédit celles du 
mouvement d’un astre. Ainsi que l’affirme ma 
devineresse, il sera plus facile d’observer les 
planètes, c’est-à-dire les grands hommes, 
que les étoiles de sixième grandeur et cette 
foule confuse d’êtres à peine ébauchés qui 
fourmille dans la voie lactée. Ne connaissez- 
vous pas des gens qui tournent sans cesse 
dans le même cercle que les autres et ne se- 
ront jamais que des satellites? et n’y a-t-il 
pas un grand nombre de créatures humaines 
que l’on peut, sans malveillance, comparer à 
des nébuleuses? 

— Si c’est là le mot du système, il me 
plaît, dit Jérôme. 

Lucien entraîné par la chaleur de ses pro- 
pres paroles, suivait, sans crainte du para- 
doxe, sa pensée à mesure qu’elle se déroulai! 
dans son esprit : 

— Combien pouvons-nouscompter d’étoiles 

» 

5 


*1 


74 


UN JOUR D’ORAGE. 


fixes dans l'humanité? recommença-t-il. Les 
plus lumineux d’entre nous ressemblent à ces 
comètes qui errent d’aventure en aventure, 
n’ayant point encore cette belle marche pré- 
cise des sphères qui obéissent à la loi univer- 
selle et se laissent diriger dans l’espace par 
leurs attractions légitimes. Les étoiles ensei- 
gnent aux hommes que des milliers d’êtres 
peuvent vivre en bonne intelligence, glisser 
les uns autour des autres, s’unir dans une 
commune évolution, au lieu de courir en sens 
inverse pour se heurter à chaque instant. 

— Bravo! dit le peintre, voilà qu’il ensei- 
gne sa science avec des images, et je com- 
prends. Reste clair, cher Lucien. 

— La vue du ciel, continua le jeune étu- 
diant, donne bien plutôt à l’esprit de l’astro- 
nome l’idée des distances qui séparent les 
astres entre eux que l’idée de leur agglomé- 
ration. Si l’on essayait de calculer les dis- 
tances qui se trouvent entre les individus, on 
saurait pour l’homme, comme on le sait pour 
#*• 


UN JOUR D’ORAGE. 


75 


l’astre, quelle impulsion il a reçue, où il 
va, et quel choc il est en danger de rece- 
voir. 

— O Mercure, dieu de l’éloquence, viehs 
au secours de mon jeune ami ! s’écria Jérôme 
en joignant les mains d’une façon comique. 
Des raisonnements pareils à celui-ci, cher Lu- 
cien, me causent de véritables pesanteurs à 
la tête. Ce sont des entassements de nuages! 
Je m’oppose à l’élaboration plus complète de 
ton système comme dangereuse pour la santé 
de nos trois cerveaux. 

— La société n’est comparable qu'à une 
planète, et non au ciel tout entier, dit Mau- 
rice au jeune étudiant. Elle se compose de 
parties qui tendent sans cesse à former une 
seule masse, un seul corps. 

— Mon système est bon, répliqua Lucien; 
on y trouve à la fois ces amas confus, ces 
accumulations, comme disait Galilée, d’étoiles 

9 

qui se groupent d’instinct et sont faciles à 
gouverner, puis des astres solitaires qui do- 


i 


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16 


UN JOUR D'ORAGE, 


minent les conditions générales et suivent 
une destinée à part, quoique soumis aux plus 
grandes lois de l’univers. J’ajoute encore ces 
belles comètes indisciplinables que vous n’o- 
bligerez jamais à subir vos théories d’ordre, 
de mesure et de sagesse. J’ai horreur de cette 
grosse masse que vous pétrissez avec de la 
chair humaine, horreur de votre égalité bar- 
bare, et je suis certain que mieux vous réus- 
sirez à centraliser, à condenser les forces de 
votre boule sociale, plus aisément elle écla- 
tera!... Oui! le ciel et l’humanité, l’astre et 
l’être intelligent ont des destinées communes. 
Les astrologues, mes amis, étaient de grands 
savants ; ils avaient découvert entre l’étoile 
et l’homme des rapports dont nous avons trop 
dédaigné l’étude. La science, comme l’art, 
comme la philosophie, ne devrait jamais 
rompre avec la tradition. 

— Ceci est la pensée triomphante du ro- 
mantisme allemand, dit Jérôme. C’est vieux 
et faux. 


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UN JOUR D'ORAGE. 


T7 


— Je sais enchanté de ma trouvaille, ajouta 
Lucien. 

— Ta trouvaille n’en est pas une, repartit 
sensément Maurice. Toutes les analogies sont 
faciles pour peu qu’on les suive avec esprit. 
Quand on prend pour comparaison le plus 
mince organisme, on peut avoir par lui la no- 
tion du plusgrand; tout mode de l’être donne 
l’idée de l’être, tout type même inférieur peut 
être comparé aux types supérieurs. 

— Ma parole! ils sont malades, dit Jérôme 
en se levant, et j!ai peur de gagner leur folie. 
Je vais me promener, puisqu’il m’est impos- 
sible de les y envoyer. 

— Pour revenir à tes démons, cher Lucien, 
reprit Maurice, est-il vrai que tu aies eu quel- 
quefois des preuves de divination? 

— D’irréfutables, mon ami. Tu sais que je 
ne suis ni mystique , ni même spiritualiste, 
mais partisan des seules choses réelles, comme 
nous disons en Allemagne. Aussi ai-je voulu 
rapporter des révélations positives de l’avenir 


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78 


UN JOUR D'ORAGE. 

à des causes naturelles. Je viens de trouver 
une explication ou comparaison, comme tu 
voudras, qui satisfait mon esprit et l’oblige à 
se tenir hors des voies trompeuses du surna- 
turel. Le don de prophétie existe ; c’est une 
faculté humaine et non divine ou diabolique; 
elle nous paraît encore une sorte d’hallucina- 
tion, elle deviendra un jour du génie, ou la 
connaissance et la sensation extraordinaires et 
supérieures des choses. Moi, je serai de ceux 

qui combattent les préjugés sur la divination, 

» 

et recherchent le- pourquoi de certains états 
de l’esprit plutôt que d’en nier les effets. Une 
étude patiente, avec les moyens dont nous 
disposons aujourd’hui, peut mener à toutes 
les découvertes. N’ est-on pas arrivé à prédire 
la course des vents qui personnifiaient le ca- 
price dans l’antiquité? J’admets qu’il n’y aura 
jamais plus de savants devins qu’il n’y a de 
savants astronomes, et que vouloir connaître 
sa destinée pour cent sous, avec des charla- 
tans, lorsqu’on n’est qu’une nébuleuse, me- 


UN JOt'R D’ORAGE. 


■70 


nace d’embrouiller singulièrement la question ; 
mais j’adjure notre humaine philosophie de 
ne point bannir de ses temples à ciel ouvert 
les prophètes, les pythonisses, les sorciers, 
les sibylles, dont Césarine est peut-être une 
descendante. 

— La divination ne sera jamais une science, 
répéta Maurice en haussant les épaules. 

— Si l’on avait affirmé, au vni c siècle, à 
des hommes aussi savants pour cette époque 
que tu l’es pour celle-ci, qu’on prédirait l’his- 
toire future des astres fixes ou errants, com- 
bien eût-on trouvé d’incrédules? Il n’y a qu’en 
Allemagne, mon cher, où l’on sache à la fois 
concilier le respect de la tradition et l’audace 
de la recherche hors des routes battues, dans 
des champs tout à fait neufs. 

— Et où l’on s’égare, avec l’approbation du 
bon public, à la poursuite de ce qui doit tou- 
jours rester un mystère pour la science elle- 
même... 

— Messieurs les docteurs germanisants, 


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80 


UN JOUR D’ORAGE. 


cria Jérôme delaroute, voilà une belle averse 
qui se prépare pour rafraîchir vos pauvres 
têtes ! 




FAUSTIN E 



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FAUSTINE 


I 


Déjà la neige avait chassé les Tendasques 
de leurs campagnes situées à mi-hauteur 
du col de Tende; déjà la Roya coulait plus 
lourdement entre les rochers assombris par 
l’approche de l’hiver. Dans la prairie, cù pen- 
dant l’été les rares bourgeois de Tende se * 
promènent, les pâquerettes frileuses sem- 
blaient grelotter sous la rosée froide. Toutes 
les feuilles des arbres, arrachées par le vent 
qui tourbillonne au sortir des gorges de la 
montagne, étaient précipitées et à jamais en- 
sevelies dans le (leuve torrentiel. 


* 


i 


84 


FAUSTIN E. 


Au commencement de la saison d’automne, 
les fêtes sont nombreuses à Tende; il y a 
chaque jour une réunion de jeunes gens, cha- 
que dimanche un bal ; c’est l’époque où l’on 
se choisit, où l’on se fiance. Tandis que les 
vieux parents, lassés par les travaux difficiles 
de la moisson et des semailles , se racontent 
les petits détails de la vie solitaire des cha- 
lets, les jeunes filles et les jeunes hommes, 
heureux de se retrouver après trois mois de 
séparation, se livrent à tous les plaisirs de 
leur âge. 

Dans une des maisons de Tende, deux 
femmes étaient assises auprès d’un feu pé- 
tillant, dont la gaieté semblait vouloir les 
distraire de leur silencieuse rêverie. 

— Comment lui dire que je l’aime ? de- 
manda tout à coup la plus jeune avec un gros 
soupir. Jamais il ne m’a fait un seul compli- 
ment. Hélas, c’est impossible ! 

— Alors, repartit la plus vieille, mon 
Michel prendra une femme qui me déplaira ; 


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F A U S T I N E. 


8ô 


j’aurai une belle-fille que je détesterai peut- 
être... Je veux que tu lui parles de ton 
amour, ajouta- 1— elle avec impatience. Je 
t’assure qu’il n’a jusqu’à présent choisi per- 
sonne. Va au bal ce soir; je le prierai de te 
faire danser. S’il t’invite, sois courageuse et 
dis-lui que tu l’aimes. Ne crains pas de lui 
raconter que tu souffres pour lui depuis cin^ 
années, que tu n’as point osé lui montrer ta 
tendresse, mais que tu en avais confié le 
secret à sa mère, et que tu attendais tous les 
jours un regard de ses yeux. 11 est fier, cela 
peut le flatter beaucoup. Crois-moi, tout 
finira comme nous le désirons depuis long- 
temps. 

— Si vous parliez à Michel, vous-même, 
pour savoir... 

— Je ferai ce que tu voudras, ma petite, 
mais prends garde que la chose ne soit plus 
difficile après. 11 a tant dit de fois, l’enfant, 
qu’il défendait à sa mère de se mêler de 
son mariage, qu’il est capable de te repous- 


86 


FAUSTIN E. 


ser, si moi, la première, je lui parle de 
toi. 

— Allons, j’essayerai d’avoir du courage, 
voisine... J’en aurai! ajouta la jeune fille, 
dont les yeux devinrent secs et brillants. 

— Retourne chez ta mère, ma Faustine, 
reprit la vieille, va te faire belle. Tâche d’être 
forte au-dedans de toi comme une vraie 
femme ! Mais tout à l’heure, à ce bal, n’oublie 
point de te montrer soumise envers Michel. 
Tel que je le connais, il ne voudrait pas d’une 
fille volontaire. Courage, petite, et songe que 
ma plus grande joie serait de pouvoir t’ap- 
peler ma fille ! 

Faustine quitta la maison de celui quelle 
aimait d’un amour passionné. Cet amour, 
allait-elle avoir l’audace de le déclarer? 
C’était chose difficile pour la pauvre enfant 
qu’un pareil aveu. Son cœur battait sourde- 
ment, et elle était rouge et troublée comme 
toutes les filles qui portent pour la première 
fois dans leur tête le projet d’une action 


j 


s: 


FAUSTIN 13. 

trop hardie. Ce Michel indifférent était bien 
aimé ! 

La jeune Tendasque monta dans sa chambre 
pour mettre son fichu le plus riche. Après 
qu’elle en eut arrangé tous les plis avec soin, 
elle ouvrit sa fenêtre et s’accouda sur son 
balcon. L’image de Michel s’offrit, comme 
toujours, à ses yeux. Savoir plaire à cet adoré, 
en trouver le moyen, c’était l’unique pensée 
de Faustine ! 

Petite fille, déjà elle aimait à jouer avec 
Michel, et le préférait à tous ses autres cama- 
rades. Mais le jour où elle avait compris qu’il 
pouvait devenir plus que son frère, quel 
rêve !... C’était dans la prairie, un dimanche. 
Faustine courait et chantait en cueillant des 
fleurs. Tout à coup deux amoureux passent 
silencieusement auprès d’elle, la main dans 
la main, leurs regards confondus, un même 
sourire aux lèvres. Comme fatigués de la 
charge de leur bonheur, ils se reposent au 
bord de la Roya. L’amoureux prend la taille 


X. 


88 F A U S T I N E. 

v 

de l’amoureuse : ils se taisent encore ! Ce si- 
lence parut à la jeune fille cent fois plus 
joyeux que sa chanson, et elle se dit qu’il 
valait mieux tenir dans sa main la main d’un 
amoureux que les plus belles fleurs. Elle jeta 
son bouquet et s’assit à son tour au bord de 
la Roya. Le fleuve grondait sur les rochers 

•4 , 

qui ralentissent sa marche impétueuse; elle 
écouta le bruit de l’eau en songeant, et 
l’image de Michel vint doucement se poser à 
ses côtés. * 

Depuis cinq ans, Faustine promène cette 
image sans espérer de voir la réalité prendre 
la place d’un trop long rêve... Combien de 
fois cependant n’a-t-elle pas essayé de parler 
à Michel de son amour ! Mais sitôt qu’elle 
s’attendrit, il plaisante, et sa légèreté à lui, 
sa fierté à elle, ont vite renversé le discours. 
Michel ne veut voir dans l’affection de sa 
voisine que le bon souvenir de leur amitié 
d’enfance. Aussi, dans ses conversations avec 
Faustine, une phrase revient-elle sans cesse 


4 


F.VUSTI N E. 89 

» 

qui déchire l’âme de la malheureuse fille : 
« Je puis tout te dire à toi; il me semble que 
tu es ma sœur ! » 

Pauvre Faustine ! à la pensée de la ten- 
dresse fraternelle de son voisin, des larmes 
brûlantes coulent sur ses joues. Elle quitte 
son balcon pour que les gens qui passent dans 
la rue ne la voient pas pleurer, et fait bien, 
car, un instant plus tard, le pas de Michel 
résonne dans le petit couloir qui sépare sa 
maison de celle du jeune homme*Elle a l’idée 
de courir à sa rencontre, de lui avouer immé- 
diatement toute sa passion; mais après avoir 
ouvert la porte de sa chambre, elle s’arrête. 
Il lui paraît qu’à la danse, devant toutes ses 
compagnes, elle sera plus forte et dissimulera 
mieux sa désolation ou sa joie. Comme, après 
tout, c’est une fille courageuse, sachant vou- 
loir, elle se jure de confier à Michel son se- 
cret d’amour le soir même, pour n’avoir pas 
à se repentir toute sa vie d’un mouvement de 
fierté mal entendu. 


1 


90 FAUSTINE. 

Michel partait le 1 er novembre pour Nice, 
où il passait tous les hivers chez un riche 
Italien qui en avait fait son. jardinier. C’était 
une belle et bonne place dont les parents du 
jeune homme se montraient orgueilleux. Le 
1 er novembre était proche. Michel disait à sa 
mère qu’il avait le désir de se marier au prin- 
temps suivant, et que son intention était de 
chercher une amoureuse parmi les monta- 
gnardes qui séjournent l’hiver à Nice. Or, 
Faustine alte.it servir des étrangers à Monaco 
durant la mauvaise saison; elle ne pouvait 
donc laisser partir Michel sans lui confier sa 
tendresse. S’il se riait de ses aveux, qu’im- 
porte! Pour les cœurs fermes, le désespoir 
lui-même vaut mieux qu’une espérance men- 
songère. 

Faustine arrangea sa- coiffure qu’elle ne 
trouvait pas assez jolie, et roula de nouveau 
ses cheveux en couronne autour de son front; 
elle les entoura d’un velours neuf auquel elle 
promit toutes sortes d’honneurs s’il voyait le 


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F A U STI N E. 


91 


jour de ses accords avec Michel. Le teint de 
la jeune fille bruni par les chaleurs de l’été 
donnait à ses grands yeux noirs beaucoup 
d’éclat. Faustine était petite, très-forte des 
épaules et des hanches, comme toutes les filles 
de la montagne habituées à porter de bonne 
heure des fardeaux énormes sur la tête. Elle * 
avait cependant le pied et la main d’une 
finesse rare, beauté peu comprise chez les 
Tendasques, mais que sa fréquentation avec 
les étrangers lui avait fait apprécier à elle- 
même, et que Michel, jardinier à Nice depuis 
plusieurs années , pouvait aisément com- 
prendre. 

Le bal offert tous les dimanches par les 
jeunes garçons de Tende aux jeunes filles 
avait lieu dans la salle de la commune. On 
l’appelait le bal de la vendange. Un trophée 
de corbeilles qui avaient servi à porter le 
raisin mûr, pleines encore de pampres secs, 
ornait le fond de la salle. Toute fille honnête 
avait le droit de se présenter cà ce bal sans 


92 


FAUSTIN E. 


souci des rafraîchissements et des violons que 
les jeunes Tendasques payaient généreuse- 
ment. V 

Faustine arriva l’une des premières, et se 
fit inviter par ceux qui, déjà présents, la cour- 
tisaient un peu. Très-fine, comme la plupart 
des montagnardes, elle ne dédaigna point de 
mettre une ruse à son service. 

Lorsque Michel entra dans le bal , engagé 
par sa mère à faire danser leur jolie petite 
voisine, il eut toutes les peines du monde à 
pénétrer jusqu’à Faustine, tant le cercle de 
ses adorateurs était nombreux. La jeune fille 
rougit de plaisir en le voyant, et lui parla bas 
à l’oreille, au grand dépit de ses autres amou- 
reux. Elle lui dit quelle avait un vrai chagrin 
de ne pouvoir accepter son invitation, parce 
que, selon elle, il était le meilleur danseur de 
Tende. Aussi pourquoi ne lui avoir point fait 
part dans la journée du bon désir qu’il avait 
de l’inviter à danser? Ils étaient si proches 
voisins! 


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FAUSTINE. 


9'i 


Michel reconnut sa faute et pria la jeune 
fille de lui garder toutes les danses qu’elle 
n’avait pas promises, ajoutant qu’il resterait 
jusqu’à la fin du bal pour danser avec elle ; 
puis, comme il ne voyait plus guère à inviter 
que les gardeuses de banquette, il alla jouer 
aux cartes dans le fond de la salle. Mais, en 
jouant, il jetait parfois un coup d’œil sur les 
danseuses, et reconnaissait que celle qu’il 
avait invitée n’était ni la plus lourde ni la plus 
laide. Quand son tour vint de danser avec 
Faustine, il eut beaucoup de plaisir à jeter ses 
cartes sur la table et à répondre à l’appel de 
la gaie musique. 

La jeune fille avait suivi les mouvements 
du jeune homme avec une émotion crois- 
sante. Lorsqu’il l’attira sur son cœur pour 
valser, il lui sembla voir tout tourner dans la 
salle, et elle crut qu’elle allait perdre la tête. 

— Petite voisine, dit Michel, tu t’es trop 
fatiguée, et tu ne pourras finir le bal avec 


moi. 


01 


FAUSTINE. 


— La danse ne m’a jamais dpnné la fièvre, 
répondit-elle. 

— Qu’est-ce donc qui fait ainsi trembler 
ton corps et rend tes mains si brûlantes? 

— C’est la joie. 

— La joie d’être au bal, donc? 

— Non, de danser avec toi, ajouta-t-elle 
résolument. 

— En vérité, Faustine, tu te ris de ton 
voisin ; tu m’as répondu tout à l’heure que 
j’étais le meilleur danseur de Tende, et voilà 
que maintenant tu me laisses entendre que 
je suis le plus aimable des garçons du pays. 
Sais-tu bien que je ne te permettrai pas de te 
moquer ainsi de moi ! 

Faustine baissa les yeux; une grosse larme, 
pressée par sa paupière, jaillit jusque sur son 
corsage. Michel aperçut cette larme, et, 
entraînant la jeune fille plus tendrement au 
milieu des valseurs : 

— Pardon, murmura-t-il à son oreille, je 
ne veux point te faire de la peine , mais 

t 


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FA U STI NE. 


95 


comment croire que tu parles sérieuse- 
ment? 

— Bien sérieusement, répéta-t-elle avec 
tristesse, et si tu t’occupais un peu plus de ta 
pauvre voisine, tu verrais qu’elle s’occupe 
beaucoup de toi. 

— Que vas-tu donc me dire? 

— Ce qu’il faut que tu saches enfin, répon- 
dit Faustine, en s’appuyant défaillante sur 
l’épaule de Michel. Mon secret m’étouffe... 
Je t’aime, je t’aime depuis cinq ans. 

— Une fille qui déclare son amour à un gar- 
çon, cela ne s’est jamais vu honnêtement. Si 
je ne te connaissais pas... Tu dois être vrai- 
ment prise de passion. 

, — Tais-toi, ne parle pas si haut, Michel, 
si quelqu’un t’entendait je serais perdue. 

— Sois tranquille, voisine, je ne te com- 
promettrai pas, repartit le jeune homme avec 
un bon sourire. 

— Oui, je t’aime, recommença Faustine 
avec des yeux brillants. Ta mère, la mienne 


9C 


FAUSTJNE. 


et moi, nous attendons depuis cinq années un 
mot de ta bouche. Si tu refuses mon amour, 
tu nous rendras malheureuses toutes les trois 
pour jamais. 

— Quelle fille étonnante! dit Michel; tu 
es bien hardie. Ma foi, il me semble agréable 
d’être pareillement aimé quand on n’a rien fait 
pour cela, et si je n’étais pas un peu engagé 
avec une autre... 

— Avec une - autre... avec qui? demanda- 
t-elle d’un ton plein de menace. 

i 

— Une Saourgienne. 

— Bravo ! Michel, tu t’amuses de moi : un 
Tendasque n’épouse pas une Saourgienne! 

— C’était l’extraordinaire de la chose qui 
me plaisait. 

— N’en trouves-tu pas dans mon amour, 
de l’extraordinaire?... réponds, Michel!... 
Aime-moi, aime-moi, je t’en conjure! 

Enivré par la danse, par la musique, par 
les regards brillants de la jeune fille, Michel 
répliqua : 


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V 


♦ 


FAUSTIN E. 


'J7 


— Je n’ai jamais senti mon cœur battre 
plus fort qu’en ce moment. 

— Ah! murmura-t-elle, si tu. pouvais 
m’aimer! 

— Mais je te croyais toi- môme sur le point 
d’entrer en accord avec ton cousin André, 
dit le jeune Tendasque. 

— J’ai pour mon cousin André de l’amitié, 
mais point d’amour, répondit simplement la 
jeune fille. 

Le bal ne se termina que vers minuit. La 
joie de Faustine, l’entraînement de son voisin, 
furent bientôt remarqués. Tous les amoureux 
de la jeune fille semblèrent vouloir servir son 
amour en montrant trop visiblement leur en- 
nui. Michel, qui était fort vaniteux, se sentant 
regardé, envié de quelques-uns, applaudi du 
grand nombre, se crut heureux et s’imagina 
qu’il partagerait aisément l’amour de sa voi- 

« 

sine. 

m 

La mère du jeune homme était venue passer 
la soirée chez la mère de Faustine, dont la 

ü 


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98 


F A U S T 1 N E. 




maison s’ouvrait sur la grande rue de Tende. 
Les deux femmes, assises au coin du feu, 
avaient laissé la porte ouverte pour mieux 
entendre les bruits du dehors. Elles atten- 
daient avec impatience le retour de l’un des 
jeunes gens. Ah! s’ils revenaient ensemble ! 
Combien de projets commencèrent les deux 
vieilles, que de vœux à la Madone furent faits 
ce soir-là ! Les pères dormaient dans leurs lits, 
chacun chez eux. Est-ce que les hommes sa- 
vent s’occuper de mariage? disaient les bon- 
nes femmes. Quand ils sont mariés, ils croient 
volontiers que la monde peut finir! On a en- 
tendu de ces hérétiques prétendre que si les 
jeunes gens restaient garçons, il n’y aurait 
pas grand mal à cela. Heureusement les mères 
veillent pour unir leurs fils à leurs filles! 

Mais, au milieu de la poi te éclairée par la 
lumière du foyer, que voientles vieilles? Serait- 
ce beau et bon d’en croire ses yeux ? Non, ce 
n’est pas un songe ! Michel et Faustine, en- 
lacés l’un à l’autre, regardent leurs mères en 


V 


F A U STI N K, 


09 


souriant d'un air plein de malice. Celles-ci 
poussent des cris de joie et se précipitent vers 
les deux jeunes gens qu’elles embrassent ten- 
drement. 

— Voisine, dit Michel à la mère de Faus- 
tine, je vous ramène votre fille. Je n'aurais 
point voulu, pour l’honneur du voisinage, la 
laisser aller seule à cette heure. Croiriez-vous 
qu’en plein bal elle a fait une déclaration à 
un jeune homme? C’était à moi heureuse- 
ment, et je n’en suis pas fâché. Allons, per- 
sonne n’aura cherché son amoureuse aussi 
loin que Michel Dona, et personne ne l’aura 
trouvée plus près. 

Faustine proposa de faire griller des châ- 
taignes et de boire un peu de ce bon vin de 
Tende, dont le premier bal de la vendange 
venait de fêter si gaiement la récolte. 

La félicité la plus complète régnait dans 
l’âme des deux mères, qui ne la dissimulaient 
pas. Elles finirent plus d’un projet commencé 
pendant la veille. Si Michel pensa qu’on 


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100 


F AUSTINE. 


rengageait un peu vite, en revanche il ne 
put se défendre de participer à l’émotion des 
heureuses femmes. 

Le lendemain le bonheur fut complet. Les 
pères, avertis de ce qui s’était passé, se ré- 
jouirent à leur tour, mais plus bruyamment; 
ils entraînèrent le jeune homme au cabaret; 
là, ils lui apprirent, avec la franchise et l’en- 
thousiasme que donne le vin, qu’il réalisait 
leur espérance la plus chère. Comment rester 
indifférent à toute cette joie des autres, et 
comment, lorsqu’elle déborde de la sorte, 
n’en pas recueillir un peu pour soi? 

A Tende , bientôt l’on ne parla plus que de 
l’accord de Faustine et de Michel. Chacun 
trouvant leur fortune égale, c’est-à-dire les 
carrés de leurs terres à peu près semblables, 
leur maison de même grandeur, le ling£, 
que les femmes étendent pour la lessive au 
bord de la Roya, en quantité presque pa- 
reille dans le ménage des parents, leurs châ- 
taigniers aussi nombreux de part et d’autre, 


FAUSTINE. 


101 


on déclara que tout était bien et on compli- 
menta les deux familles. A chaque compli- 
ment nouveau, chez la mère de Faustine, on 
versa et l’on but de ce café noir de France 
dont les vieilles femmes de Tende épuisées 
par le travail sont si friandes. 

Le dimanche suivant, il y eut encore une 
autre réjouissance. Comme la fille était sage, 
les garçons allèrent de grand matin planter 
des fleurs sous sa fenêtre. Lorsque Faustine 
s’éveilla, elle entendit des coups de pioche 
au pied du mur de sa maison, et les rires 
joyeux des jeunes Tendasques. Tout à coup 
la voix de son bien-aimé domina celle des 
autres, et il chanta une chanson amoureuse 
qui appelait la bien-aimée à son balcon. Elle 
s’habilla en toute hâte et ouvrit précipitam- 
ment sa fenêtre le cœur plein de reconnais- 
sance et le visage baigné de larmes d’amour. 

Contrairement à l’usage, elle se mit à ge- 
noux, devant tout ce monde, et s’adressant à 
son amoureux : 

6. 


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102 


FA U STI N R. 


— Je te remercie de m’aimer, lui dit-elle, 
tu me rends la plus fière des filles de Tende ? 

— Bravo! bravo! s’écrièrent à la fois les 
garçons. 

— Michel t’a-t-il donné Ja bague? de- 
manda très-haut un jeune homme vers qui 
chacun se retourna. 

— Non, répondit vivement Faustine. 

— Alors il peut encore se dédire. Prends 
garde à toi, petite cousine ; ne te monte pas 
trop l’esprit. 

— Va-t’en, trouble-fête! dirent quelques 
voix avec colère. 

— C’est André, le cousin, ajouta le meil- 
leur camarade de Michel; il est jaloux! 

Faustine jeta sur le garçon qui s’éloignait 
un regard d’amitié et de gratitude. Personne 
au monde ne pouvait lui rendre un plus grand 
service, et elle n’ignorait pas que celui qui se 
laissait ainsi chasser était un ami et non un 
envieux. 

— Michel, passe l’anneau de mariage au 




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FAUSTIN E, 


103 


doigt de Faustine, devant nous; monte à côté 
d’elle! fut le cri général. 

— Mais je n’ai point d’anneau, dit Michel 
avec un peu d’impatience. 

— J’en ai un, répliqua la jeune fille en se 
penchant au balcon; je l’ai porté cinq ans 
sans espoir qu’il me serait un jour donné par 
toi! 

— Elle l’aime depuis cinq ans ! répétèrent- 
ils tous avec surprise. Une si belle fille, riche 
autant que lui ! Est-il heureux ? Allons, Michel, 
va l’embrasser pour cette confession-là! 

Lui, flatté des paroles de sa voisine, au lieu 
de monter par l’escalier de la maison, grimpa 
sur l’épaule d’un de ses camarades, et, attiré 
par les deux mains de Faustine, sauta sur le 
balcon. Alors il embrassa dix fois son amou- 
reuse aux applaudissements des jeunes Ten- 
dasques. 

— L’anneau ! l’anneau ! dirent-ils, comme 
s’ils assistaient à une comédie dont ils vou- 
laient faire la fin. 


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104 


FAUSTIN E. 


Faustine, rougissante, entr’ ouvrit son fichu 
et dénoua un ruban bleu au bout duquel était 
suspendu un joli anneau de mariage qu’elle 
offrit à Michel. 11 le lui mit au doigt en di- 
sant : 

« Je jure par le Christ que je te prendrai 
pour femme. » 

Dans les usages du Tende et des pays qui 
entourent le pic, peut-être dans tout le Pié- 
mont, un jeune homme qui a fait ce serment 
et passé, comme disent les montagnards, 
l'anneau de mariage au doigt d’une jeune fille, 
ne peut plus en épouser une autre, à moins 
que l’accordée, c’est ainsi qu’on l’appelle, ne 
dédaigne elle-même le serment et celui qui 
l’a prêté. L’Église , adoptant cet usage , en a 
fait une loi. 

L’émotion de Faustine, sa joie, furent alors 
si grandes qu’elle tomba sans connaissance 
dans les bras du jeune homme. La mère de 
l’accordée vint en pleurant prendre sa fille, 
tandis que Michel rejoignait ses amis. 


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FA.USTINE. 


105 


Certains que le bonheur seul avait fait perdre 
à Faustine l’usage de ses sens, les camarades 
de l’accordé coururent chercher leurs pisto- 
lets, les emplirent de poudre, et tirèrent plus 
de cinquante coups sous les fenêtres de la 
jeune fille. 

Tout ce bruit l’éveilla. Elle ouvrit les yeux 
et regardant sa bague avec amour : 

« Tu me consoleras de son absence durant 
le long hiver, dit-elle, cher petit anneau; 
avec toi, je ne craindrai plus ni la souffrance, 
ni la faiblesse, ni la jalousie. » 

Le père de Michel invita les camarades de 
son fils à entrer chez lui. On y but largement, 
et le soir la gaieté du second bal de la ven- 
dange s’en ressentit ; il fut, de l’avis des jeunes 
Tendasques, plus brillant qu’il ne l’avait ja- 
mais été. 



106 


F A U STI N E. 


II 


Le 1 er novembre arriva, époque à laquelle 
les deux accordés devaient aller, chacun de 
son côté, chez leurs maîtres , Faustine à Mo- 
naco, et Michel à Nice. 

Beaucoup de Tendasques quittent la mon- 
tagne et ses neiges pendant l’hiver. Filles et 
f garçons, des enfants, des vieillards même qui 
ne sont pas assez riches et n’ont pu amasser, 
durant l’été , assez de grain et de châtaignes 
.pour passer sans argent la mauvaise saison,, 
se rendent par troupes nombreuses en Pro- 
vence et dans le comté de Nice. 

Ils vont travailler au soleil , cultiver une 
•terre généreuse, et gagner un pain facile. 


FAT; STI NE. 


107 


ê 

Tous font la route à pied, en chantant des 
chansons qui parlent de la joie du retour. Un 
chariot précède la troupe, portant les vête- 
ments et les provisions. 

Les parents de Faustine et ceux de Michel 
étaient assez riches pour ne pas être forcés de 
s’éloigner de Tende et de la montagne durant 
rimer. Cet hiver-là, ils allaient pouvoir chas- 
ser l’ennui des longues veillées en parlant de 
noce; ils se séparèrent donc de leurs enfants 
les larmes aux yeux, mais le sourire de l’es- 
poir aux lèvres. 

Faustine partait avec Michel, qui lui était 
plus cher que ses parents et que la montagne ; 
elle s’efforça de ne point songer au cruel mo- 
ment où il faudrait lui dire adieu. Monaco, 
par les diligences, est d’ailleurs si près 
de ISice ! Elle pourrait voir encore plus d’une 

w 

fois son amoureux jusqu’au printemps. L’heu- 
reuse fille, laissant éclater son bonheur, 
égaya toute la troupe par ses rires. Avec 
quelle vivacité, quel esprit, elle se moqua 


103 


F A U S T I N K. 


de ceux qui marchaient trop nonchalam- 
ment ! 

— Joie si grande ne peut durer! dit une 
vieille femme , impatientée des plaisanteries 
de la jeune Piémontaise. 

— Mal advient à ceux qui prédisent le mal, 
repartit un viëil homme d’une voix grave; 

Faustine regarda Michel ; il n’avait pas voulu 
entendre. Qu’importaient à l’accordée les pa- 
roles de la vieille! Elle se remit à rire et à 
chanter. 

Le soir, un peu las, on arriva à Breil, où, 
après avoir soupé, on se coucha dans une 
grange, tous ensemble sur le foin nouveau, et 
chacun bien entouré de son drap de laine. 
Faustine dormit aux côtés de Michel, sa main 
dans la main de son bien-aimé. 

A l’aube, les vieux s’éveillèrent : debout, 
debout! 11 fallait marcher encore, et l’on 
marcha, un peu moins vaillamment que la 
veille, parce que l’on était déjà fatigué. Avant 
de gravir les lacets nombreux du col de Bruis, 


PAUSTINE. 


109 


les femmes s’arrêtèrent pour boire du vin et 
les hommes du genièvre, cette bienfaisante 
liqueur qui fait revenir les mourants à la vie. 
A Sospello, on se reposa de nouveau toute 
une nuit, et le lendemain on gravitpour la se- 
conde fois les lacets nombreux d’un col. Maisà 
l’auberge qui se trouve au sommet du pic de 
Braus, la gaieté reparut presque entière. Il 
n’y avait plus qu’à descendre jusqu’à l’Esca- 
renne, d’où l’on peut se rendre à Nice en voi- 
ture pour cinq sous. Descendre est facile; on 
court malgré soi, on se pousse un peu, et l’on 
rit de tout son cœur. La fin du voyage appro- 
che, caries gens de Tende ne s’éloignent pas 
beaucoup de Nice. Il fait plus chaud, le so- 
leil brille ; on rencontre des fleurs sur les 
versants du chemin; et puis on entre dans un 
pays ami, où le Tendasque est bienvenu, où 
il ne craint ni la neige, ni les voleurs de la 
montagne ! 

Faustine et Michel devaient se quitter à 
Nice. La jeune fille prit la diligence de Mo- 


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no 


FAUSTINE. 


naco, et dit adieu en pleurant à son cher 

4 

accordé, 

-w- Pourquoi, répéta-t-elle deux fois, ne 
puisse servir à Nice et demeurer auprès de toi ! 

Tout ira mieux ainsi, répliqua Michel 
après un silence, Il me semble que je suis 
content d’être un peu seul. Je m’en vais 
m’examiner, comme disent les prêtres, afin 
de savoir si je t’aime aussi pour moi ; jus-^ 
qu’à présent, ma petite Faustine, je t’ai sur-» 
tout aimée pour ton bonheur et celui de nos 
parents. 

Elle eût voulu reprocher à Michel ce vilain 
discours, mais la diligence partait, et elle ne 
put faire comprendre que par signes à son 
bien-aimé toute la peine qu’il lui avait 
causée, 

La route est difficile de Nice à Monaco, et 
la jeune fille put songer longuement aux der- 
nières paroles de Michel. Elle comprit que 
jusque-là il n’avait guère eu le temps de ré- 
fléchir, et qu’il avait été comme emporté par 


FAUSTIN E. 


111 


les actions des autres. La ruse ne s’ignore 
pas, et ces brusques accords étaient bien le 
produit de la ruse. Si Michel allait mainte- 
nant résister à l’entraînement qu’on l’avait 
en quelque sorte obligé de subir? Il était va- 
niteux, et un mot de ses camarades, la jalou- 
sie de cette fille de Saourge si vite oubliée, 
pouvaient tout détruire. A cette pensée un 
mouvement extraordinaire agita la jeune 
Tendasque ; la violence, la méchanceté, la 
haine cruelle, firent pour la première fois leur 
entrée en son cœur, et elle regarda étonnée 
au dedans d’elle. D’un caractère énergique, 
Faustine essaya de ne point penser aux agi- 
tations de son âme ; elle arrêta son attention 
sur les énormes rochers qui surplombent la 
route et semblent toujours prêts à écraser les 
petites voitures qui passent; elle revit les 
pentes escarpées qui lui parurent plus rapi- 
des, les précipices qu’elle trouva plus pro- 
fonds. Lorsque la diligence, lancée à la des- 
cente des côtes , se pencha sur l’abîme, elle 


112 


F A U S T I N E. 


eut peur et cria tout haut. L’inquiétude, la 
souffrance vague, des pressentiments d’un in- 
connu malheureux, tourmentaient son pauvre 
esprit. Elle aimait sans être certaine d’être 
aimée ; elle avait tendu sa main à une main 
qui, après s’être ouverte un moment, allait 
peut-être se fermer! Son cœur, échappé 
d’elle-même, ne serait-il point repoussé par 
Michel, et ne lui reviendrait-il pas tout plein 
de ces mauvaises pensées qu’un cœur errant 
peut ramasser en voyage ? 

Mais pourquoi cette tristesse et ces doutes? 
Son cher petit anneau brille à son doigt; il 
est impossible à Michel de reprendre sa pa- 
role! Elle l’aimera tant d’ailleurs, elle le ren- 
dra si heureux, qu’il n’aura jamais à se repen- 
tir de s’être laissé trop aisément convaincre. 

Après la Turbie, le paysage devient riant ; 
les yeux sont bien plus attirés par les jolies 
pentes des collines, dont les ondulations gra- 
cieuses se perdent dans la mer, que par les 
roches sombres et chancelantes qui dominent 


FAUSTIN E. 


U3 


Roquebrune et voilent les pics neigeux de la 
chaîne de Tende. La Méditerranée si bleue, la 
senteur enivrante des citrons, la vue des beaux 
-citronniers aux feuilles rares et aux fruits 
nombreux, chassèrent les noires idées de la 
jeune fille. Combien elle préférait à l’oranger 
le citronnier, dont les bois se penchent mol- 
lement vers la terre , et qui laissent le so- 
leil pénétrer dans ses rameaux ! Le citronnier 
n’a point le dur visage, l’ombre froide de 
l’oranger taillé en boule. 

A mesure qu’elle approchait de Monaco, 
Faustine se sentait plus consolée. Comme 
tous les Tendasques et les gens de la Briga, 
elle savait comprendre à la fois les beautés 
de la montagne et celles du rivage de la mer. 
Très-attachée à ses maîtres, elle espérait que 
sa padrona se réjouirait de l’annonce d’un 
mariage que la jeune servante désirait depuis 
longtemps. 

Elle arriva donc, et, bien accueillie, elle 
reprit ses occupations habituelles. 


214 


FAUSTINE. 


III 


Le dimanche, Faustine écrivit à Michel une 
lettre tendre, soumise, reconnaissante, et qui 
devait émouvoir la bonne âme de son amou- 
reux* Elle attendit la réponse, car la réponse 
se fit longtemps attendre* Enfin elle reçut 

une lettre qu’elle baisa cent fois avant de 

/ 

l’ouvrir. Hélas ! c’était la répétition des der- 
nières paroles de Michel, et de plus au lieu 
de dire dans une phrase : « Quand nous nous 
marierons, » il avait écrit en grosses lettres : 
Quand on me mariera ! » 

Ainsi ce bonheur n’était pas encore à Faus- 
tine ; il eût sans doute été trop grand, et il 
fallait de nouveau lutter pour l’obtenir. Du 


FAUSTINE. 


115 


courage, de la patience, la jeune Tendasque 
en saurait avoir. Mais cela suffirait-il ? Com- 
ment vaincre un ennemi tel que la vanité ? 
Le meilleur moyen pour garder ce Michel 
était sans doute de feindre l’indifférence à son 
égard, de répondre à sa vilaine réponse qu’il 
était libre de ne pas se laisser marier. Le dire 
dans un moment de colère eût été peut-être 
possible, mais l’écrire ! S’il prenait l’écriture 
comme témoignage, s’il s’en servait pour rom- 
pre ses accords, s’il la montrait au prêtre, 
l’anneau, le cher anneau, ne représenterait 
plus rien qu’un petit cercle d’or ! Tout serait 
détruit par un mot qu’elle ne pensait point, 
qu’elle ne devait pas écrire, qu’elle ne pour- 
rait même jamais prononcer! En relisant la 
lettre de Michel pour la vingtième fois, Faus- 
tine crut voir que ce n’était là qu’une plai- 
santerie, et que son cher voisin avait voulu la 
faire un peu trembler. S’efforçant de se tenir 
à cette idée, elle écrivit à son amoureux que 
certainement on le marierait, qu’on l’obligerait 


% 


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116 


FAUSTIN E. 


à être heureux, que sans doute c’était parce 
quil y faisait tant de façons qu’on le chérissait 
si fort, qu’ enfin l’on préférait ses reproches 
aux paroles d’amour d’un autre, et que la 
crainte du malheur avec lui valait cent fois 
mieux que l’assurance du bonheur avec le 
prince -de Monaco lui-même ! Michel, cette 
fois, garda le silence. Il ne répondit qu’à une 
autre lettre pressante, douloureuse, violente. 
Son ennui éclatait à chaque mot. Ne s’était-il 
pas engagé? Ne l’avait-on pas mis dans l’im- 
possibilité de se reprendre ? Que voulait-on de 
plus que son serment ? Pourquoi le tourmenter 
ainsi ? Faustine, après avoir lu cette lettre, 
demanda à sa maîtresse la permission d’aller 
à Nice le dimanche suivant et de ne revenir 
que le lundi dansla journée. On le lui permit. 
Combien la route lui parut triste encore ! Le 
dos tourné à la mer, elle ne vit que la mon- 
tagne, la neige, les roches nues, les torrents 
noirs et profonds, quelques oliviers tristement 
poussés dans la terre ingrate. Plus elle appro- 


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FAUSTINE. 


117 


chait de Nice, plus sa souffrance était grande, 
et plus la pauvre fille croyait voir dans son 
émotion l’annonce d’un malheur. 

Connaissant les domestiques de la maison 
dans laquelle Michel servait comme jardinier, 
elle alla tout droit chez le maître de son 
amoureux en descendant de la diligence. Mi- 
chel n’y était plus! On lui dit que ce garçon, 
si gai autrefois, devenait chaque jour plus 
sombre, que lui, si bon ouvrier, ne faisait plus 
rien et/cherchait toutes les occasions déplai- 
sir, qu’enfin on avait été forcé de le mettre à 
la porte. Faustine pleura beaucoup à cette 
nouvelle, et vit par là que le cœur de son ac- 
cordé devait être envahi par quelque mauvais 
sentiment. Elle demanda si c’était un Tendas- 
que qui avait remplacé Michel. On lui répon- 
dit que oui, et elle courut dans le jardin, es- 
pérant apprendre quelque circonstance de 
l’épreuve nouvelle dont elle était menacée. 
Sa surprise fut grande en reconnaissant son 
cousin André, celui-là même qui avait pour 

7 . 


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118 


FAUSTIN E. 


ainsi dire forcé Michel à lui donner son an- 
neau, et que les jeunes gens de Tende avaient 
chassé le jour où ils étaient venus planter des 
fleurs sous sa fenêtre. Elle crut vaguement 
entrevoir que ce garçon pouvait l’aider en 
quelque chose vis-à-vis de son accordé, et lui 
tendant les mains avec amitié : 

— Tu m’as rendu un bon service, André, 
lui dit-elle; mais si tu le veux, aujourd’hui, 
il t’est facile de m’en rendre un meilleur 
encore. Tu es obligeant comme un saint, tu 
ne rejetteras pas ma prière. Sais-tu pourquoi 
Michel ne m’écrit plus ou m’écrit de vilaines 
lettres, pourquoi il est triste, pourquoi il 
s’étourdit, pourquoi il est devenu paresseux, 
pourquoi il s’est laissé mettre à la porte de 
cette maison, à laquelle il tenait beaucoup, 
disait-il ? Crois-tu que ce soit seulement par 
désolation d’avoir à m’épouser? 

Le garçon hésitait à répondre. 

— Ne me cache rien, je t’en conjure, je , 
suis brave et forte, va 1 


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FAUSTIN E. 


119 


— Eh bien, je crois que ceux des cama- 
rades de Michel qui avaient quelque vue sur 
toi se sont moqués de lui. On lui a répété 
de toutes façons que tu l’avais ensorcelé, et 
que moi-même j’avais été gagné à ton parti. 
Dans cela il y a un peu de vrai. J’ai voulu 
obliger Michel à te donner l’anneau de ma- 
riage et à faire son serment devant ses amis, 
parce que je sais qu’avec lui les derniers 
venus ont toujours raison et qu’il faut le lier 
pour le tenir. Nous nous étions trouvés en- 
semble, un mois auparavant, à la foire de 
Saourge, et il m’avait paru qu’il tournait trop 
autour d’une Saourgienne. En bon Tendas- 
que, je ne voulais pas qu’un enfant de Tende 
prît une femme à Saourge; les gens de la 
Briga nous auraient chansonnés pendant vingt 
ans ! Ta mère et la mienne sont cousines, ton 
caractère me plaît, et, puisque je t’explique 
tout, j’ai forcé Michel à faire un serment, non 
pour lui, non pour moi, mais pour ton 
bonheur et ta tranquillité : ils ont donc rai- 


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120 


F AUSTINE. 


son de dire que je suis gagné à ta cause. 

— Eh bien ! tu vas m’aider à chasser du 
cœur de Michel tous les mauvais sentiments 
qui combattent mon amour en lui. 

— Depuis que je l’ai remplacé dans ce 
jardin, répliqua André, il me jalouse et dit 
sans cesse à nos camarades qu’il se vengera 
de moi; mais je ne le crains pas, me sachant 
les bras aussi forts que les siens. Nous nous 
battrons un jour, et ce sera fini; je t’assure 
que je ne ferai que me défendre. Enfin, cela 
n’est guère inquiétant, et je ne t’en parlerais 
pas s’il n’y avait autre chose de très-grave. 

— Quoi donc? André. 

— C’est bien difficile de raconter ça à 
une fille... Michel, ma pauvre cousine, est un 
garçon sans honneur, sans parole ; Michel en 
aime une autre que toi ! 

— Malheur ! malheur î II en aime une 
autre ! s’écria Faustine, dont la voix tremblait 
de colère. Je sens que ce mot-là me rend 
mauvaise; qu’il prenne garde, l’infidèle! Je 


FAUSTINE. 


121 


ne veux pas qu’il soit heureux sans son ac- 
cordée! Est-ce une Tendasque qui a pris 
l’épouseur d’une Tendasque? 

— Non, c’est la Saourgienne dont je t’ai 
déjà parlé. 

— Ah ! ma peur s’envole ! On n’épouse pas 
une Saourgienne ; Michel s’amuse, mon bon 
André. 

— Chère Faustine, tu voudrais pouvoir 
pardonner à Michel ! Mais il va disant partout 
qu’il épousera la Saourgienne, malgré tes 
droits, malgré ses parents et les tiens. Il 
ajoute que si tu refuses de consentir à son 
mariage il te donnera de l’argent... Ne brise 
pas cette plante, ma petite, le maître y est 
fort attaché. 

Faustine était pâle; ses yeux, pleins des 
feux de la haine, brillaient d’une façon ex- 
traordinaire; son pied impatient frappait la 
terre. Le désir de la vengeance triomphait en 
elle de la douleur. 

— 11 faut que je le voie tout de suite, dit 


122 


FAUSTINE. 


la jeune fille d’un ton bref. Si je le rencontrais 
avec cette Saourgienne, je crois que cela me 
ferait plaisir ! 

— J’ai peur pour toi, Faustine, et j’ai peur 
de toi. Michel ne t’aime pas; écoute mon 
conseil : choisis parmi tous les garçons de 
Tende celui que tu voudras, et laisse ce vani- 
teux épouser une Saourgienne; il sera assez 
puni, je te l’assure. 

— Oserais-tu braver Michel et lui dire que 
tu me prendrais volontiers pour femme, 
André ? demanda-t-elle brusquement au jeune 
jardinier. 

— Si j’oserais! Je devine tes intentions et 
j’accepte de te servir. Nous irons ensemble 
au bal où Michel danse le dimanche avec la 
Saourgienne, et là je te promets de faire sans 
crainte, pour ton bonheur ou pour ta ven- 
geance, tout ce que tu me demanderas. 

— Merci, André, tu es un vrai ami et un 
vrai Tendasque ! 

— Va t’asseoir à l’ombre dans un des coins 


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FAUSTIN E. 


123 


du jardin, cousine ; le bal ne commence qu’à 
trois heures. 11 faut que je finisse mon ou- 
vrage et que je m’habille un peu pour ne pas 
te donner de honte. Songe aux paroles que 
tu prononceras devant tout le monde, et qui 
seront répétées à tes parents comme à ceux 
de Michel. 

Elle s’assit sous un oranger, au bord d’une 
grande pièce d’eau; le soleil était brûlant, 
mais l’ombre épaisse. La fraîcheur du lieu, 
une orange qu’elle cueillit et mangea, apai- 
sèrent sa soif ardente et le feu qui brûlait sa 
poitrine. La jeune fille alors s’efforça d’être 
calme ; elle voulutattendrepatiemmentl’heure 
où son cousin la conduirait au bal, et comprit 
que les menaces irriteraient Michel outre 
mesure. Les plaisanteries, la pitié fausse de- 
vaient mieux réussir avec un garçon suscep- 
tible et vaniteux. 

Mais plaisanter, mentir, quand le cœur 
déborde de colère, quand l’injure, les repro- 
ches montent aux lèvres, cela est difficile 



\ 


124 FAUSTIN E. 

sans doute, impossible peut-être... Cepen- 
dant, si l’on parle haut devant beaucoup de 
monde, si l’on attire les regards, si l’on ar- 
rête un moment la danse pour réunir des 
amis et des inconnus autour de soi, il faut 
pouvoir se jurer qu’on ne s’emportera pas, 
quoi qu’il arrive, qu’on restera maîtresse de 
ses yeux, maîtresse de sa bouche, maîtresse 
de son cœur. 

La pauvre Faustine se répète qu’il n’y a 
nulle douleur comparable à celle de n’être 
point aimée par celui qu’on aime. L’absence, 
la séparation, la jalousie sont déjà choses 
assez cruelles quand on se croit un peu chérie. 

Comme la violente montagnarde va souffrir 
de la jalousie maintenant ! Revoir un être 
adoré vers qui l’âme et le corps s’élancent, et 
le trouver froid ! Comprendre qu’on l’ennuie, 
que chaque mot de tendresse l’importune, 
qu’il donnerait autant pour n’être pas aimé 
de son amoureuse qu’elle pour être aimée 
de lui; l’affreuse épreuve, mon Dieu! Une 


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FAUSTIN E. 


125 


fille d’ailleurs s’attire le blâme et le mépris 
en avouant un amour qui n’est point partagé. 
On ne lui permet que les larmes secrètes, 
des larmes qui souvent refusent de couler. 

« Et si je perds la tête, se disait Faustine, 
si la douleur me rend folle, si lasse à ne pou- 
voir plus vivre, je me tue ?... Alors peut-être 
un grand soupir de contentement s’échappera 
de la poitrine de Michel ; il sera enfin débar- 
rassé de moi î Oui, il faut vivre, ennuyer, 
importuner; il faut défier les larmes si elles 
ne veulent pas couler, si elles coulent oser les 
montrer ! C’est un plaisir que la vengeance 
lorsqu’on n’en a point d’autre! Non la ven- 
geance qui ne dure qu’un instant et s’oublie, 
mais celle de tous les jours, de toutes les 
heures; la vie est tellement courte !... Si 
Michel refuse de m’épouser, ajouta tout haut 
Faustine emportée par la colère, j’empêcherai 
son mariage avec la Saourgienne, et il ne 
pourra être heureux qu’en déshonorant ses 
amours. Au prix du déshonneur, une fille de 


126 


FAUSTIN E. 


Tende accepterait-elle le bonheur le plus dé- 
siré? Non, mille fois non ! » 

Aussitôt qu’ André eut fini sa toilette, il 
vint chercher sa cousine. 

— As-tu décidé quelque chose? lui de- 
manda-t-il. Vas-tu rendre à Michel son ser- 
ment de paille ? 

— Il est trop tard, André. Quoi que je 
fasse à présent tout le monde saura bien que 
c’est lui qui m’a repoussée. Si je ne veux pas 
être traitée comme une créature de peu de 
chose, il faut que je soutienne mon droit. 

— Cependant, écoute, ma petite... 

— La connais-tu, cette Saourgienne? Est-ce 
qu’elle est plus jolie que moi, plus grande ? 

— Faustine, dit André, d’une voix grave, 
s’il arrive un malheur, sais- tu bien que tes 
parents pourront m’en accuser ? 

— Que crains-tu donc ? 

— Ton emportement. 

— Sois tranquille, je sais enfermer mon 
cœur dans ma tête. Est-ce que je tremble ? 


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F A U S T I N E. 


127 


Est-ce que tu ne vois pas que je suis calme? 
Viens, tu apprendras ce que je peux faire de 
moi. 

Après avoir quitté le jardin de l’ancien 
maître de Michel, les deux jeunes gens mar- 
chèrent longtemps silencieux. Arrivés à l’ex- 
trémité de la rue de France , ils entendirent 
le bruit des sifflets de bois au son desquels 
aiment à danser les Tendasques. 

— Tiens, c’est l’air de la valse pendant la- 
quelle j’ai avoué mes sentiments à Michel , 
dit Faustine sans émotion apparente; tant 
mieux ! 

Ils entrèrent dans une cour fermée par d’é- 
normes aloès. Au milieu de cette cour, un seul 
arbre, un dattier, étalait orgueilleusement 
ses palmes nombreuses. 

— Je désire que Michel soit arrivé avant 
nous , dit Faustine en prenant le bras de son 
ami; je ne voudrais pas l’attendre. Ah ! je 
l’aperçois là-bas avec une fille de Saourge. 
Oui, tu as raison, André, il l’aime î II la re- 


128 


FAUSTINE. 


garde avec amour, il la presse dans ses bras. 
Je t’avoue même, mon cousin, quoique cela 
me torture, qu’il ne m’a jamais pressée, re- 
gardée, aimée ainsi. Le moment est venu; 
laisse-toi conduire. Tu entends ma voix, 
comme elle est douce ; tu l’entends, n’est-ce 
pas ? Ce que je sens dans ma poitrine ne peut 
se découvrir. J’ai du courage, et je suis ce 
que je croyais. 

Le bal était composé en grande partie de 
filles et de garçons de Tende. La plupart des 
danseurs et les musiciens eux-mêmes s’arrê- 
tèrent en apercevant Faustine. 

Elle s’avança vers Michel avec lenteur. 
Celui-ci, en la voyant, devint pâle. Sa bouche 
murmura des paroles de menace, et il se pré- 
cipita vers son accordée. Quittant alors le bras 
d’André, et s’appuyant contre le tronc du haut 
palmier, Faustine attendit que Michel fût au- 
près d’elle. Ses pieds entrecroisés, ses mains 
pendantes, son sourire dédaigneux, montraient 
assez que la violence ne pouvait l’émouvoir. 


FAUSTIN E. 


129 


Michel avait prévu une scène de larmes , de 
supplications, à sa première rencontre avec * 
Faustine. Il demeura interdit en face de la 
jeune fille froide et méprisante. 

En un instant, elle fut entourée par vingt 
de ses compagnes, prêtes à la défendre contre 
Michel, dont toutes blâmaient la conduite. 

La Saourgienne pleurait et se lamentait 
très-haut. 

— Que viens-tu faire ici? demanda Michel 
plus doucement qu’il ne l’eût voulu lui-même. 

— Je viens voir mon bien-aimé, répondit 
Faustine. 

— Une fille doit demeurer chez ses parents 
ou chez ses maîtres. 

— Chez mes parents, je ne le puis; chez, 
mes maîtres, m’en as-tu donné l’exemple? 
D’ailleurs nul ne peut blâmer une accordée 
de faire six lieues pour obtenir une douce pa- 
role de son accordé. 

. — Je ne te dirai plus jamais de douces pa- 
roles ; je ne t’aime pas ! 


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130 


FAUSTINE, 


— Qui aimes-tu donc ? 

— Madeleine, de Saourge, avec qui je dan- 
sais tout à l’heure. 

— Celle qui pleure là-bas si lâchement ? 
répliqua Faustine. 

Puis écartant de la main ses compagnes, 
elle ajouta : 

— Laissez-moi regarder une Saourgienne 
qui veut épouser un Tendasque, ça doit être 
curieux. 

— Faustine , quitte le bal ! dirent les jeunes 
filles avec frayeur. 

— Qu’elle aille regarder la Saourgienne ! 
s’écrièrent les garçons de Tende. 

On fit place à l’accordée. Michel était hon- 
teux des gémissements de Madeleine, et trou- 
blé du calme de sa voisine. 

— Lève donc les yeux, la Madeleine, reprit 
fièrement Faustine en s’adressant à sa rivale. 
Quand on est ce que tu es, il ne faut pas avoir 
de honte. Puisqu’il te convient de voler un 
épouseur de Tende à une Tendasque, apprends 


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FAUSTINE. 


191 


que tu ne le voles ni à la plus laide ni à la 
plus bête. Mais il ne sera pas dit, la fille, que 
je te laisserai faire. Je suis là pour empêcher 
que tu ne remportes la victoire!... Tiens, Mi- 
chel, ajouta Faustine en se tournant vers l’in- 
fidèle, je t’aime assez pour te pardonner cette 
mauvaise action. Tu t’es figuré sans doute que 
j’étais très-jalouse et qu’une fois mon mari 
tu ne pourrais plus t’amuser. Tu as voulu te 
distraire avant la noce, et, en vérité, tu n’as ' 
eu que le tort de t’y prendre un peu tard. Je 
ne t’en veux pas, et je te laisse à tes amours 
de contrebande. 

— Bravo! bravo ! s’écrièrent à la fois tous 
les garçons et toutes les filles de Tende. 

— Reconduis-moi, André, continua-t-elle 
en prenant le bras de son cousin ; tu ne croi- 
ras plus, n’est-ce pas, que Michel veut épou- 
ser cette Saourgienne? 

* r 

— Voilà le Judas, voilà le traître! dit 
Michel, qui désigna le bon André avec son 
poing fermé. 


132 


FAUSTINE. 


— Oui , répliqua le jeune homme en s’a- 
vançant vers Michel d’un air plein d’audace, 
je t’ai vendu, j’ai tout appris ce matin à Faus- 
tine, et j’ai même ajouté que tu n’étais pas 
digne d’une fille comme elle. 

— Merci, tu vaux mieux peut-être? 

— Certainement! Je ne déshonorerais pas 
le pays, comme tu le fais. 

— Tu m’as déjà pris ma place et tu vou- 
drais m’enlever ma femme. 

— Sa femme! répéta tout bas Faustine 
avec bonheur. 

— Cela m’a réussi pour l’une et me réus- 
sirait probablement pour l’autre. En tout cas, 
j’aimerais mieux être le rebut de Faustine 
que le premier choix de la Madeleine de 
Saourge. 

— Merci , André , merci ! murmura l’ac- 
cordée à l’oreille de son cousin. 

— Laisse-les, Michel, dit là Saourgienne 
en sanglotant; viens avec moi. 

— Sortons, André, c’est à nous de partir, 


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FAUSTIN B. 


133 


dit Faustine, qui s’éloigna rapidement avec 
son ami. 

— Je ne veux pas qu’il l’épouse ! Elle ne 
sera jamais à lui, je le jure! s’écria Michel 
avec colère , tandis que les jeunes filles de 
Tende l’empêchaient de rejoindre leur com- 
pagne. 

L’accordée marchait vite dans la rue de 
France. 

— Es-tu contente de moi ? lui demanda son 
cousin. 

— Oh ! oui, cher André ; mais pressons le 
pas. Mes forces, où sont-elles? J’ai peur qu’il 
ne coure derrière nous ; si tu te retournais?. . . 
L’aperçois-tu?... Non, ah 1 tant mieux. Comme 
je tremble! C’est moi qui pleurerais à pré- 
sent!... Je veux prendre la voiture de Monaco 
tout de suite. Il faut que je sois seule ou avec 
des gens qui ne sachent rien de ma peine , 
sans quoi mon cœur se briserait en morceaux. 

— Est-ce que tu épouseras Michel? dit 
André après un silence. 



131 


F AU STINE. 


— Lui, ou personne autre, répondit-elle. 

— C’est dommage. 

— Pour qui donc? 

— Pour moi peut-être, 

— Est-ce que tu m’aimes ? 

— Ah! Faustine, si tu voulais jeter dans 
mon cœur une graine d’amour, il me semble 
qu’elle y pousserait aisément. 

— André, prends garde à toi! L’amour est 
une herbe mauvaise dont on ne peut pas 
arracher les racines. Ma destinée est écrite 
clairement devant mes yeux : « Michel ou la 
vengeance ! » Ce qui console les filles ne me 
consolera jamais... ! Je suis méchante, ajouta la 
montagnarde avec exaltation ; oui, une chose 
m’amuserait en ce moment, ce serait d’être 
aimée comme j’aime, avec désespoir... Mais 
non, André, point par toi ; tu m’as fait trop 
de bien pour que je te veuille du mal. Dé- 
tourne-toi de ma route ; demain tu ne pourras 
plus me suivre, et ton amitié se retirera d’elle- 
même ! Ton amour ferait probablement le con- 


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traire, car l’amour, vois-tu, se plaît dans la 
bataille. 

— Je resterai ton serviteur et ton ami, ré- 
pliqua le jeune homme : tes idées sortent d’un 
esprit plus grand que le mien ! 


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136 


FAUSTIN E. 


« 


IV 


Faustine, à Monaco, finit tristement la sai- 
son chez ses maîtres, et attendit chaque jour 
de son accordé un billet qui ne vint pas. Con- 
naissant la vanité de Michel, la jeune fille 
se dit quil ne voulait point demander par 
lettre des excuses, mais que certainement il 
comptait s’expliquer à Tende. 

Une fois dans le même pays tous deux, 
si la Saourgienne conservait encore une in- 
fluence sur le cœur de Michel, il serait facile 
de la détruire. Pourquoi Faustine avec son 
courage, sa passion, son esprit comme le 
disait André, ne parviendrait-elle pas à triom- 


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FAUSTIN E. 


137 


pher d’un caprice comme celui dé son bien- 
aimé pour cette Madeleine si faible, si peu- 
reuse, si sotte enfin ? 

Avec quelle émotion Faustine gravissait' 
chaque dimanche le chemin escarpé et rocail- 
leux qui conduit les piétons de Monaco à la 
Turbie ! Assise au pied de la vieille tour ro- 
maine, elle regardait sur les versants du col 
de Tende les pins verts se débarrasser de leur 
voile de neige; il lui semblait entendre tom- 
ber des arbres sur l’herbe de belles goutte- 
lettes emplies du soleil et qui donnaient à la 
montagne ce vêtement de gloire dont parlent 
les livres saints. Elle eût voulu, l’impatiente 
Fille, enlever au rivage de la mer tous les 
rayons qui mûrissent les citronniers, toute la 
chaleur qui rend le ciel et les vagues si 
bleus, pour les porter là -bas au pic de 
Tende, bien enfermés dans ses deux mains, 
et les répandre sur cette froide glace qui re- 
tardait la venue du printemps , son départ et 
celui de Michel. 

8 . 


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138 


FAUSTINE. 


Faustine avait remarqué que dans l’espace 
les cris de douleur ou de plaisir peuvent être 
répétés , mais qu’ils n’obtiennent jamais de 
réponse, et que le regard le plus attentif ne 
voit ni les arbres, ni l’air, ni l’eau prendre de 
la peine avec personne. Il faut, quand on 
veut être entendu, s’adresser plus haut que 
l’espace, où les prières seules peuvent voler. 
La jeune montagnarde priait donc la Madone 
qui protège les filles de faire fondre la glace 
et de ramener le printemps; la Madone 
l’exauçait avec la lenteur que les saints met- 
. tent à exaucer les vœux, forcés qu’ils sont de 
répondre à des supplications souvent con- 
traires. 

L’accordée s’était promis d’attendre pour 
retourner au pays le jour de la fête de la 
Vierge du Laguet, dont l’église est proche de 
la Turbie. Cette Vierge est très-puissante. 
Chaque année vingt mille pèlerins, quelque- 
fois plus encore, viennent l’invoquer pour 
être guéris de leurs maux de corps ou d’es- 


FAUSTINE. 


i3!) 

prit. Que de miracles elle a dû faire pour tous 
ceux qui souffrent de douleurs secrètes ! Elle 
a sauvé tant de mourants, rendu l’usage de 
leurs jambes à tant de paralytiques, donné la 
parole à tant de muets! Faustine acheta pour 
la Vierge du Laguet, qui aime les bijoux, une 
belle chaîne d’or. Quoique la chaîne fût très- 
jolie au cou de la jeune fille, celle-ci jura 
cependant de la porter à la Madone, le 
18 mai, afin d’obtenir d’elle qu’elle proté- - 
geât ses amours. La Vierge du Laguet 
n’exauce les vœux de ses fidèles que le jour 
de sa fête, pour donner à ses miracles plus 
d’éclat. 

Après avoir vu bien des fois, le dimanche, 
la glace fondre sur la montagne, le moment 
du départ de Faustine pour Tende et le jour 
de la fête de la Vierge du Laguet arrivèrent 
enfin. 

Il faisait ce beau temps chaud et frais qu’on 
trouve en mai sur les hauteurs voisines de la 
mer. Tous les sentiers, tous les chemins, la 


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HO 


FAUSTIN E. 


grande route qui va de Nice en Italie et de 
l’Italie à Nice, étaient couverts de pèlerins. 
Dans le vallon du Laguet les jeunes gens et 
les jeunes filles chantaient des cantiques, et 
il s’élevait au ciel comme une grande voix 
louangeuse qui faisait battre le cœur d’espé- 
rance. Mais, entre les couplets des cantiques, 
les plaintes, les cris des malades remplis- 
saient l’âme de tristesse et d’inquiétude jus- 
qu’à ce que les beaux chants d’amour et de 
foi eussent redonné l’espoir. 

Selon l’usage, riches et pauvres, à genoux 
les uns auprès des autres, mêlant leurs pleurs 
et leurs prières, se tiennent par la main et 
entourent d’une chaîne d’étrangers, tout à 
coup devenus frères, les affligés qui appel- 
lent le miracle au seuil de l’église. 

Vers le soir, après que chacun a bien prié 
et bien chanté, d’un seul élan, tous lèvent les 
bras au ciel en criant : « Grâce ! grâce ! » 
C’est à ce moment que la xMadone fait ses 
miracles. Les malades touchés de la grâce 


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X. 


FAUSTIN E. 


141 


perdent aussitôt connaissance. On les porte 
dans l’église, d’où ils sortent en voyant, s’ils 
sont aveugles; en parlant, s’ils sont muets ; 
en marchant, s’ils sont paralytiques. La fête 
dure trois journées et trois nuits. 

L’accordée avait offert sa chaîne d’or à la 
Madone. Le premier jour et la première nuit 
elle n’avait prié que pour les malades; mais, 
le second matin, dès que le soleil eut re- 
poussé les vagues de la mer pour s’élancer 
dans l’espace, Faustine commença d’invoquer 
la Vierge pour elle-même avec ardeur. 

« Bonne Madone, sainte Madone, arrêtez 
vos regards sur une pauvre fille, dit-elle; je 
ne suis point malade de corps, mais combien 
je souffre! Faites parler le cœur de Michel, 
muet pour moi ! Chassez de son esprit l’image 
d’une créature indigne de son amour, et 
donnez- lui un peu de tendresse pour la 
pauvre Faustine, si peu que ce soit... Si vous 
m’accordez ce bonheur, je jure d’être soumise 
à Dieu, de le bénir pour les autres maux 


/ 


142 F AUSTINE. 

qu’il m’enverra; je jure d’être toute ma vie 
religieuse envers vous, charitable, de faire 
plus de bien aux autres qu’à moi-même, et 
de ne jamais demander pour ma part de féli- 
cité sur la terre que l’amour, le seul amour 
de Michel ! » 

Et comme les pèlerins criaient : « Grâce ! 
grâce ! » elle répéta en sanglotant : « Grâce 
pour moi! » 

— Pauvre petite , dit une voix amie à côté 
d’elle, tu aimes donc toujours l’ingrat? 

— André, André, répéta Faustine, que je 
suis contente de te revoir ! Est-ce que tu viens 
d’arriver seulement ? 

— Non, je suis ici depuis hier. J’ai prié de 
tout mon cœur pour les malades auprès de l’é- 
glise. Lorsqu’un miracle se fait, si j’ai bien 
chanté et demandé grâce, il me semble que 
ma prière est pour quelque chose dans ce mi- 
racle, et je suis heureux comme si j’avais sauvé 
un mourant de la mort. 

— Tu as une excellente âme, cousin. 


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PAUSTINE. 


143 


r— Oui, je le crois, car si je dis une mau- 
vaise parole, si je me détourne de ceux que 
le malheur accable, si je refuse au lieu de 
donner, je me prends en haine, et il me semble 
que par mon tourment je me punis plus que 
Je bon Dieu ne me punira. 

— Cousin, je voudrais te ressembler, mais 
je ne suis point bonne de nature. Avant de 
faire du bien, je veux qu’on m’en ait fait à 
moi-même, et je pense volontiers que pour le 
mal il faut rendre le mal. Je prie en ce mo- 
ulent, parce que j’espère; si j’étais certaine 
que ma prière sera repoussée, je braverais la 
Madone et tous les saints du paradis pour que 
la mort me soit envoyée ! 

Lejeune homme, effrayé des paroles de son 
amie, s’agenouilla auprès d’elle et lui prit la 
main : 

— Prends garde, dit-il, tu te révoltes, et 
Dieu écrase les révoltés comme des vers de la 
terre. 

— Sainte Madone , protégez-moi , recom- 


144 


FAUSTINE. 


mença Faustine en pleurant. Voyez mon âme, 
il lui faut le bonheur ! 

La jeune fille, les mains jointes, le front 
baissé sur la poitrine , cria « grâce » encore à 
la fin du cantique, et parut attendre l’effet de 
son ardente supplication. 

Ne sentant aucun miracle s’accomplir en 
elle, Faustine releva la tête avec impatience, 
et, se tournant vers son compagnon , elle lui 
demanda s’il avait rencontré son voisin après 
la scène du bal, et s’ils s’étaient pris de que- 
relle. 

— Nous nous sommes battus pour toi, ré- 
pondit simplement le jeune homme, mais tout 
s’est bien passé. Aujourd’hui Michel me parle 
et prétend qu’il n’a plus aucun souvenir de 
notre brouille ; tout à l’heure il me disait en- 
core... 

— Michel est ici ? s’écria Faustine. 

— Ah ! je ne voulais pas te le dire, répliqua 
tristement le Tendasque. Voilà un secret qu’il 
eût été charitable à moi de mieux garder. 


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FAUSTINE. 


145 


— A quel endroit l’as-tu vu ? 

— Auprès de l’église , à gauche ; en te le- 
vant, tu l’apercevras. 

— Oui, c’est bien lui ! André , est-ce la 
Saourgienne qu’il tient ainsi par la main de- 
vant la Madone? Et Faustine qui demande 
grâce, tandis qu’ils prient à deux con tre elle !... 
Hélas! mon Dieu, c’est bien lui! Il n’a plus 
son visage d’autrefois. Comme il se courbe , 
comme il s’humilie! Sa préférée en a déjà fait 
sans doute un suppliant et un misérable. Au 
revoir, André, je ne veux aucune grâce de la 
Vierge du Laguet, qui se laisse adorer par une 
Saourgienne ! 

Faustine, en disant ces mots, s’était relevée 
avec violence. La rébellion , plus encore que 
la douleur, était dans son âme. 

— Reste, reste, répétait le bon André, 
reste, je prierai avec toi, et nous aussi nous 
serons deux. 

— Ah! leurs têtes se penchent l’une vers 
l’autre, s’écria-t-elle; ils se parlent, d’amour 

9 


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146 


FAUSTIN E. 


et la Madone semble leur sourire ! Je voudrais 
avoir le courage d’aller lui arracher ma chaîne 
d’or! Mais il me faudrait pour cela passer 
trop près de la Saourgienne. 

Faustine s’échappa des mains d’André qui 
essayait de la retenir. Elle courut au milieu 
des pèlerins, l’air égaré, troublant leur extase. 
Plus d’un la suivit du regard en murmurant 
avec pitié : 

« Sainte Madone, si vous avez maudit cette 
fille, pardonnez-lui! » 

Faustine marchait, marchait toujours, impa- 
tiente d’éloigner de son oreille le bruit des 
chants du vallon, au-dessus desquels elle 
croyait distinguer la voix de la Saourgienne, 
Ce fut après une bien longue course qu’elle 
cessa d’entendre les sons qui la poursuivaient. 
Abattue de corps, la pauvre fille s’assit au 
versant d’une colline couverte de chétifs oli- 
viers. 

Le paysage était triste et sombre. A peine 
voyait-on le ciel par-dessus les hautes mon- 


FAUSTINE. 


147 


tagnes. La chaleur pesante de midi faisait 
taire les oiseaux, et pas un travailleur n’ap- 
paraissait sur les routes ou dans les terres. 

Enfin, la pauvre abandonnée était seule, 
sans témoins de sa douleur, et trouvait le si- 
lence. Elle allait pouvoir se parler à elle- 
même, se répondre, se comprendre, s’encou- 
rager... Elle se veut forte, résolue à vivre. 
En vivant, il lui est facile de donner un adou- 
cissement à son désespoir : la vengeance ! 

Combien de fois le pardon lui sera-t-il de- 
mandé par Michel? C’est elle qu’on suppliera 
bientôt, elle qui aura le pouvoir de repousser 
alors! Et l’anneau que Faustine a baisé tant 
de fois, comme il va lui servir ! Elle le regarde 
avec une joie étrange. Cher anneau qui de- 
viendra une arme à son doigt; plus qu’un 
stylet ! Ah ! si elle ne peut faire le bonheur de 
Michel, elle peut au moins détruire celui de 
la Saourgienne. On la maudira sans doute. 
Mais si Faustine refuse son pardon, Madeleine, 
forcée d’aimer hors de l’Église, sera maudite 


118 


FAUSTIN E. 


aussi ! Elle les retrouvera tous deux dans les 
flammes de l’enfer! Michel brûlant pour n’a- 
voir pas tenu un serment fait à Dieu, cette 
fille pour s’être laissé déshonorer. Gomment 
avoir peur d’une souffrance soufferte par eux, 
avec eux ? 

« Ta vie est tracée, Faustine, se dit la Pié- 
montaise ; ton époux est assis à tes côtés, tu 
es maintenant l’accordée du malheur! Il dor- 
mira dans ton lit; il s’éveillera quand tu t’é- 
veilles; il te frappera tout le jour jusqu’au 
sang; il épuisera les larmes de tes yeux , 
jettera de la cendre sur ta nourriture, et ren- 
dra pour toi les fruits sucrés amers ; il t’ap- 
prendra à détester le travail, consolation des 
résignés. Avec lui tu riras de ceux qui pleu- 
rent, tu désireras le trouble dans les fêtes. Le 
mal est père du malheur, mon époux, et il 
veut que ses belles-filles soient mauvaises ! 
Non, je ne mourrai pas; non, je ne deviendrai 
point folle de désolation; ils seraient trop 
contents, celui que j’aime et celle que je hais !» 


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FAUSTINE. 


H9 


Faustine se releva pour marcher encore. 
Bientôt elle revit la grande mer bleue. Que de 
golfes, que de villes et do villages elle re- 
garda sans les admirer. Le défi continuait de 
jaillir de ses yeux brillants; il lui semblait 
que toute cette belle nature lui était ennemie, 
et elle se redisait, comme à la vieille tour ro- 
maine de la Turbie, que la montagne et les 
profondeurs de l’espace sont indifférentes aux 
cris du désespoir, que le ciel se plaît à voir 
éclater les tempêtes, que l’abîme aime à don- 
ner la mort, que l’eau ravage de préférence 
le champ du pauvre, et que la mer se referme 
avec empressement sur le malheureux qui se 
noie. 

Mais la fatigue ayant repris ses droits sur 
le corps de la pauvre fille, elle s’assit de nou- 
veau sur le bord du chemin , et demeura pen- 
dant quelques heures dans une insensibilité 
presque complète. Repos d’un moment qui 
ne devait point apaiser cette âme orageuse! 

André était resté courbé à sa place après la 


150 


F A U STI N E. 


fuite de sa cousine, et il avait ardemment 
supplié la Madone de ne pas maudire son amie. 
Dès que les premières ombres du soir descen- 
dirent sur les versants,' il se mit en route à 
la recherche de Faustine. Il pensait bien 
qu’instinctivement elle aurait suivi le chemin 
de la montagne qui conduit à l’Escarenne. 
Lent et recueilli, il marcha au milieu des pè- 
lerins sans troubler leurs prières. 

Lorsqu'il fut hors du vallon du Laguet, il 
pressa le pas. La nuit magnifique permettait 
aux regards du jeune homme d’interroger les 
horizons lointains. N’apercevant aucune trace 
de sa cousine, inquiet, il courut devant lui, 
appelant: « Faustine, Faustine ! » L’écho seul 
répondit. Craignant quelque acte de folie, il 
se pencha sur le bord de tous les précipices. 
Vers le matin seulement il vit la jeune fille à 
demi couchée sur une roche, les vêtements 
humides de rosée, les joues brûlantes de fiè- 
vre et les yeux égarés. 

— Faustine, lui dit-il, c’est André, c’est 


FAUSTINB. 


1S1 


ton cousin qui te parle ; il serait venu plus tôt 
te rejoindre s’il n’avait pas longtemps prié 
la Vierge du Laguet pour que tu oublies Michel 
et que tu lui pardonnes. 

— Déjà ! répondit-elle d’une voix sombre. 
Voilà donc la parole que je vais entendre sans 
cesse résonner à mon oreille. Je jure qu’elle 
n’entrera jamais dans mon cœur. Oublier mon 
amour, c’est impossible. Je l’ai caché trop 
profondément en moi durant cinq années, et 
rien ne pourra me l’arracher ! Quand Michel 
lui-même viendrait me demander de ne plus 
l’aimer, me nommerait cruelle , je lui répon- 
drais que la vengeance seule qui endort la 
haine peut vivre à présent dans mon âme. Si 
tu m’aimais de passion au lieu de m’aimer 
d’amitié, tu comprendrais ce que je te dis; 
mais tu es bon et doux, tu ne saurais éprouver 
l’amour. 

— Veux - tu que j’essaye , ma Faus- 
tine ? 

— Oui, je veux bien que tu souffres pour 


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152 


FA U STI NE. 


moi ce que je souffre pour un autre, dit-elle 
avec emportement. 

— Faustine, Faustine, tu es mauvaise! Je 
ne t’aimerai que si tu me promets de faire un 
effort courageux et d’oublier Michel. 

— Garde ton amour de sage; je ne te le de- 
mande pas, Tu mets des conditions à l’amour, 
toi; tu raisonnes, moi je souffre... Ah! n’être 
pas aimée, quel supplice! et pourquoi l’en- 
dure-t-on? Si l’on était laide, on pourrait 
reprocher sa laideur à Dieu ; pauvre, on re- 
procherait sa pauvreté à ses parents; bête, 
on s’en prendrait de sa bêtise à soi-même ! 
Qui donc accuser? Personne que lui! Et je me 
dessaisirais de mon unique consolation, la 
vengeance, la longue vengeance ! 

En vain, pendant le voyage qu’ils firent en- 
semble de l’Escarenne à Tende, André essaya- 
t-il d’adoucir par de tendres paroles le dés- 
espoir et la haine de son amie; tout paraissait 
au contraire les augmenter. La vue de cette 
route qu’elle avait suivie avec son accordé à 


FAUSTIN E. 


153 


l’automne ; un banc de pierre sur lequel tous 
deux s’étaient assis et où Michel lui avait dit 
quelques mots d’affection ; cette auberge où 
ils s’étaient reposés une nuit : tout cela sur- 
excitait encore la passion et la douleur de la 
pauvre fille. 

Lorsque Faustine, arrivée à Tende, entra 
dans la maison de son père, il était tard. 
Comme le soir où elle était revenue du bal 
avec Michel, la porte ouverte laissait voir 
auprès d’un grand feu la mère de son ac- 
cordé et la sienne. Les deux femmes veil- 
laient et semblaient encore attendre leurs 
enfants. 

Quand elles aperçurent la jeune fille pâle 
et sombre au milieu de la maison, ni l’une ni 
l’autre ne se leva pour l’embrasser, pas un 
cri de joie ne s’échappa de leur bouche; 
toutes deux se détournèrent en pleurant. La 
nouvelle de l’infidélité de Michel leur était 
connue, et déjà elles avaient gémi et souffert 
avec l’absente. 

9 . 


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154 


F AU STINE. 


Le choix que le jeune homme avait fait 
d’une Saoudienne devait attirer sur lui le 
blâme de sa famille et de Tende tout entier; 
aussi l’un des premiers mots que prononça la 
mère de Michel fut-il celui de vengeance ; 
elle approuva toute la haine, répéta toutes 
les menaces de celle qu’elle avait si vivement 
désiré avoir pour belle-fille. 

Le lendemain de son retour, Faustine, ac- 
compagnée de sa vieille amie, alla mettre op- 
position chez le curé au mariage de l’infidèle. 
En sortant de la cure, les deux femmes se 
jurèrent, la main dans la main, le regard 
animé d’une même passion, que la Saour- 
gienne ne posséderait jamais Michel comme 
époux tant que l’une d’elles aurait un souille 
d’existence. Faustine, joyeuse d’être comprise, 
sentit son exaltation s’abattre; mais elle garda 
sa haine dans le calme, et s’apprit à vivre avec 
elle comme avec une amie qu’elle ne voulait, 
plus quitter. 

Un matin le père de Michel reçut une lettre 


F A US TI N B. 


155 


de son fils dans laquelle ce dernier donnait 
des explications sur les motifs qui l’avaient 
forcé d’abandonner Faustine. De la Saour- 
gienne, pas un mot! Connaissant la violence 
de son père, la passion de sa mère, l’inGdèle 
demandait qu’on s’engageât par lettre à ne 
lui faire aucune scène de reproches s’il reve- 
nait à Tende. 

Après s’être longuement consultés, les deux 
mères, Faustine, les deux pères convinrent 
qu’il fallait garder le silence. 

« Obligeons-le à venir nous braver en face, 
dit l’accordée. » 

Quinze jours plus tard, Michel exaspéré de 
la feinte indifférence de ses parents écrivit 
une seconde lettre dans laquelle il n’était 
question que des qualités de la Saourgienne 
et des défauts de Faustine. C’était une véri- 
table déclaration de guerre. Tous ceux a 
Tende qui furent admis à lire ce papier s’ef- 
frayèrent des conséquences qu’il pouvait avoir. 
Rien ne rendra l’emportement du père et de 


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156 


FAUSTINE. 


la mère de l’infidèle à la réception de cet au- 
dacieux défi. 

Faustine seule restait calme ; sa haine trou- 
vait là un aliment digne d’elle. Après une pa- 
reille injure qui donc eût osé lui parler de 
générosité, de pardon, d’oubli? 

« Viens, avait répondu le père à son fils ; 
je ne te tuerai point, c’est toutce que je peux 
te jurer. Ceux de mon âge savent tenir leur 
serment.» 

Quelquefois, la mère de Michel et Faus- 
tine causant de l’accueil qu’on ferait à l’infi- 
dèle s’il reparaissait, se donnaient pour ainsi 
dire à elles-mêmes la représentation de ce 
drame. 

— Nous le verrons suppliant, disaitlamère. 

— Il menacera, répliquait Faustine. L’en- 
tendez-vous parler de cette Saourgienne, de 
ses vertus, de sa beauté ? Comme nous nous 
disputerons! comme je l’afironterai! Je veux 
le faire trembler, s’il est faible ; s’il est fort , 
étonner son courage. 


FAUSTINK. 


157 


— Alors, reprenait la mère de Michel, s’il 
menace, je m’écrierai : « Va-t’en, et que 
l’amour de ta Saourgienne te console de la 
perte de l’affection de tes parents et de la 
perte de ton honneur. » 

— Oui, oui, répétait Faustine, et s’il ne 
s’en allait pas, s’il défiait encore, son père 
alors dirait : « Je te maudis ! » 

— Que ne vient-il? ajoutait la mère d’un 
air sombre. 

Deux mois s’étaient écoulés déjà depuis le 
retour de Faustine. Michel, après la réponse 
de son père, n’avait point répliqué, et durant 
six longues semaines on avait en vain attendu 
de ses nouvelles. 

Faustine s’impatienta de ce silence; sa 
passion eût préféré les injures ; mais ce qu’elle 
désirait ardemment c’était la lutte directe, 
face à face, l’échange de ces paroles pleines 
de colère qui apaisent le cœur, enfin la pré- 
sence de l’infidèle. 

Les parents de Faustine et ceux de Michel 


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158 


Faustin e. 


étaient parmi les rares propriétaires de Tende 
qui ne sont point forcés de passer l’été dans 
la montagne et possèdent des terres auprès 
de la petite ville. 

Un soir, à l’heure du retour des champs, 
l’accordée aperçut un jeune homme qui ou- 
vrait avec précaution la porte de ses voisins 
et se glissait chez eux comme un voleur. Il 
lui sembla reconnaître Michel. Un grand cri 
jeté par sa vieille amie confirma ses supposi- 
tions. Contenant avec peine les battements 
de son cœur, elle appela son père et sa mère. 
Ne fallait-il pas que la scène fût complète ? 
Les deux familles devaient donc être réunies. 
On allait juger Michel, les témoins ne pou- 
vaient être trop nombreux. Le père de Faus- 
tine suivit sa fille, mais la mère, craignant 
quelque scandale, courut chercher le curé. 

Faustine entra donc chez l’accordé avec 
son père. En la voyant, Michel se troublç. 
Au visage contracté de son père, aux yeux 
brillants de sa mère, il a déjà compris qu’il 


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159 


FAUSTIN R. 

n’obtiendra d’eux aucune concession. Faus- 
tine, ses parents offensés, vont ajouter encore 
à la dureté de l’accueil qu’il reçoit. 

Il se tient debout. Les deux vieillards, assis 
l’un près de l’autre, interrogent du regard la 
mère de Michel et Faustine. N’est-ce pas 
toujours aux femmes de dire les premières 
paroles dans de telles circonstances? 

— Que veux-tu de nous? demanda brus- 
quement la mère. 

— Je veux que vous m’aidiez à repren- 
dre une parole que j’ai donnée en vue de 
votre bonheur, et qui, si j’étais forcé de la 
tenir, me rendrait le plus malheureux des 
hommes. 

— Tu es libre de ne pas épouser Faus- 
tine. 

— C’est vrai, mais je n’ai pas le droit d‘en 
épouser une autre. 

— On peut être heureux avec une Saour- 
gienne sans être obligé de devenir son mari, 
répliqua le père de Faustine. 


ICO 


FAUSTIN E. 


— Mais si votre fille empêche mon mariage, 
elle ne pourra non plus se marier, ajouta 
Michel croyant toucher le cœur du vieillard, 
qui n’avait point d’autre enfant. 

— Que Faustine n’apporte jamais comme 
toi le déshonneur dans ma maison, c’est tout 
ce que j’entends exiger d’elle. 

— Faustine, Faustine, rends-moi mon an- 
neau et mon serment, je t’en supplie, s’écria 
Michel en joignant les mains. 

— 11 prie, vous aviez raison, repartit Faus- 
tine en se tournant vers la mère de l’accordé. 
Que lui répondre? 11 n’a de courage qu’en 
écriture. 

Quelqu’un entra. 

— Voilà monsieur le curé , dit Michel en 
relevant la tête ; je suis sauvé ! 

Le curé sourit avec dédain, et s’approchant 
de Faustine : 

— Qu’est-ce que ce garçon vient faire ici ? 
lui demanda-t-il. 

— Monsieur le curé, répliqua Michel, je 


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FAUSTINE. 


161 


viens prier Faustine d’être généreuse, chari- 
table, chrétienne; de me pardonner, de me 
rendre mon serment et mon anneau, de re- 
tirer l’opposition à mon mariage qu’elle a 
faite entre vos mains. Apprenez-lui, monsieur 
le curé, que l’Évangile ordonne l’oubli des 
injures. 

Faustine et'la mère de Michel à ce discours 
perdirent contenance. Les deux vieillards se 
levèrent avec respect, sentant leurs rancunes 
à la merci du prêtre et n’ayant pas même 
l’idée de discuter une parole dictée par la 
Madone, par Jésus ou par le bon Dieu. 

Le prêtre réfléchit un instant. 

— Il ne faut pas, dit-il avec fermeté, que 
le coupable, en réclamant l’absolution, per- 
siste dans sa faute. Or, nul n’est plus cou- 
pable que celui qui essaye de se soustraire à 
un serment fait à Dieu. 

Ce fut au tour de Michel à trembler. 

— Un serment fait à des hommes, continua 
le prêtre, c’est aux hommes de le défendre. 


I 


y 


16i FAUSTINK. 

Dieu n’affirme ses droits que dans les con- 
sciences et par la voix de ses ministres. Si 
votre conscience vous absout, c’est que Dieu 
s’est retiré d’elle, mais moi, son représentant 
sur la terre, je vous condamne! 

Faustine triomphante serra la main de sa 
vieille amie de toutes ses forces. 

Michel accablé se signa voyant déjà le 
diable en lui. La condamnation d’un prêtre 
est une terrible épreuve pour un Italien. L’ac- 
cordé avec cela était dévot. 

— Mais, balbutia-t-il vaincu, si j’aime une 
Saourgienne ! 

Le curé eut un mouvement superbe. 

— Il ne faut point parler d’amour à Dieu, 
jeune homme, dit-il, mais de devoir. Or, votre 
devoir est d’épouser Faustine, la seule qui 
puisse être considérée par l’Église comme 
votre femme légitime. Ne vous croyez pas 
tenu envers une fille qui vous a engagé dans 
la voie de la paresse et de la désobéissance. 
Vous pouvez d’un mot faire le bonheur de vos 


FAUSTINE. 


163 


parents, être approuvé du ciel, de votre con- 
science, béni par moi. Allons, brebis égarée, 
rentrez au bercail ! 

Michel sanglotait. 

En voyant son voisin prêt à céder, Faus- 
tine éprouva tout à coup une insurmontable 
répulsion pour ce mariage qu’elle avait si 
passionnément désiré. Quoi ! les menaces, les 
défis amassés par elle, devenaient inutiles 
avec ce garçon sans courage ! Michel avait 
supplié d’abord, et maintenant il se laissait 
battre avec des mots. 11 abandonnait, par 
crainte de l’Église, cette Saourgienne qu’il 
avait une première fois délaissée pour Faus- 
tine, qu’il avait reprise, et pour laquelle il 
avait quitté sa place, renié un serment ! Quel 
amour, quel caractère, quelle union ! 

Faustine n’en voulait plus! Non, tout cela 
était trop misérable, et elle se sentait un vé- 
ritable dégoût pour ce cœur si faible et si 
inconstant. Mais comment expliquer la cause 
de cet éloignement subit, à qui le dépeindre? 


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161 


PAUSTINE. 


Au prêtre? Ne défendait-il pas qu’on lui 
parlât d’amour, à plus forte raison de haine ! 
Aux deux pères qui déjà prenaient la main de 
Michel et l’attiraient à eux? A la mère de 
l’accordé, à sa vieille amie, qui avait tout 
compris jusque-là? Non, pas même à elle! La 
pauvre femme, émue, les yeux pleins de 
larmes, murmurait avec une tendresse pas- 
sionnée : « Tu seras ma fille ! » 

Michel s’avança vers Faustine. Elle bondit 
de côté comme un chat sauvage pour ne pas 
être touchée par lui- Alors le cœur en révolte, 
elle le regarda en face avec des yeux étince- 
lants. 

\ 

— Lâche, lui dit-elle, je te rriéprise ! 

Et elle s’élança hors de la maison, sans que 
Michel stupéfait, sans que le prêtre, les deux 
vieilles, les deux pères, cloués à leur place, 
songeassent à la poursuivre. 

Elle descendit avec une rapidité folle la 
rampe qui conduit de Tende à la route de 
France et aux bords de la Roya. Le bruit 


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FAUSTINE. 


165 


de sa course , tout ce qui s’agitait dans sa 
tête, l’empêchèrent d’entendre qu’on la sui- 
vait. 

Tout à coup, elle s’arrêta au bord du fleuve 
torrentiel. Il courait comme elle avait couru, 
follement. 

— Ah! s’écria- 1- elle, que pareille à la 
Roya j’aimerais à me briser sur les roches. 

— Faustine, chère Faustine, murmura une 
voix derrière elle. 

— André, toujours toi, quand je souffre! 
Ta bonté m’impatiente, à la fin. Pourquoi 
m’as-tu suivie ? 

— Je t’ai vue sortir de la maison de Mi- 
chel, fuyant comme une insensée du côté de 
la Roya... J’ai cru que tu allais te tuer, j’ai 
couru derrière toi, et je ne te quitterai que 
si tu me jures de vivre. Tu sais tenir tes ser- 
ments, toi! 

— Je ne me tuerai point! Si l’amour ago- 
nise en moi, la haine y est vivante encore. 
Faustine morte, Michel épouserait la Saour- 


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106 


FAUSTIN E, 


gienne! Adieu, André, adieu! Je vais en 
France; dis à mes parents qu’ils ne me cher- 
chent point. Je veux qu’on m’oublie, qu’on 
me laisse en paix ! 

Elle s’éloigna malgré les tendres paroles 
de son cousin. Faustine voulait être seule. La 
solitude était nécessaire à cette âme orgueil- 
leuse et indignée. 

Ses yeux par hasard s’arrêtent sur son an- 
neau; cet anneau dont elle a fait un confident, 
un ami, quelle a baisé tant de fois, ce témoi- 
gnage de l’amour de son accordé ! Le gar- 
dera-t-elle? Non. Il faut qu’elle s’en sépare ! 
Elle l’arrache de son doigt, et le jette dans 
le torrent, qui ne le rendra pas à Michel. 

André accompagnait sa cousine du regard ; 
il la vit lancer sa bague d’accordée dans la 
Roya. 

— Elle n’aime plus Michel, pensa-t-il, 
mais elle aime sa haine, et elle y restera 
peut-être aussi attachée qu’à son amour ! 

• • 


r 


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FAUSTINE. 


167 


Terminerai-je en racontant que l’âme de 
Faustine s’est apaisée, qu’elle a condamné 
elle-même son orgueil, et que, revenue à 
Tende, elle a épousé son cousin? Je ne puis 
m’y décider, dût le bon André en souffrir 
longtemps. Mais s’il plaît au lecteur de marier 
Michel et la Saourgienne, je l’avertis qu’une 
loi du Parlement italien, datée de janvier 
\ 866, et qui décrète le mariage civil, l’y au- 
torise pleinement. 


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LA FILLE 


CHASSEUR D’AIGLES 


\ 


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LA FILLE 


DU 


CHASSEUR D’AIGLES 


I 

Le père et la fille s’entendaient merveilleu- 
sement ; ils avaientles mêmes goûts, les mêmes 
fiertés. Jamais l’ennui n’apparaissait dans 
leurs longs tête-à-tête. Durant l’hiver ils vi- 
vaient seuls à San-Dalmas, au pied du col 
de Tende, refusant d’aller comme tous leurs 
voisins dans une étable pour causer, travailler, 
manger, dormir ou veiller en commun. Ils 
lisaient un petit nombre de livres qu’ils eus- 
sent pu redire mot à mot de mémoire, mais 


/ 


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172 


LA FILLE 


dont les personnages, amis bien connus, 
avaient pour eux des attraits toujours nou- 
veaux. Quand l’existence est monotone, les 
lectures n’ont pas besoin d’être diverses pour 
charmer. 

Le père et la fille ne goûtaient pas avec un 
plaisir égal les quatre ou cinq livres compo- 
sant leur bibliothèque. 11 préférait les aven- 
tures de bandits, donnant pour raison de son 
choix que ses héros pouvaient vivre en Italie 
ou y avoir vécu. Elle adorait les contes de fées, 
dans lesquels un beau chevalier, £n costume 
de fer, pénètre par ruse ou par force au fond 
de l’antre des Magots, y découvre une prin- 
cesse enchaînée, gémissante, qu’il plaint, 
qu’il délivre, qu’il épouse et rend heureuse. 

Chaque printemps, le chasseur d’aigles et 
sa fille faisaient, avec leurs bêtes, l’ascension 
du pic de Tende, où le père avait défriché un 
morceau de forêt dans un vallon, à une grande 
hauteur, endigué un torrent, bâti un chalet. 

Les exigences d’une propriété nouvelle, qu’il 


DU CHASSEUR D’AIGLES. 


H 3 


comptait donner en dot à sa Mariane, firent 
oublier pendant plusieurs années au chasseur 
une passion violente : celle de chasser les ai- 
gles. Mais lorsque sa terre lui parut suffi- 
samment creusée, retournée, plantée, mise à 
son point de rapport, il se lassa du métier 
de laboureur, et reprit celui de chasseur 
d’aigles. 

Un beau matin, il dit adieu à sa fille et 
sortit du chalet fièrement, sa carabine sur 
l’épaule. 

— Je ne veux plus courber la tête, s’écria- 
t-il du ton d’un homme heureux d’échapper 
à l’esclavage, je ne veux plus travailler des 
heures entières le dos voûté, les jambes pres- 
que immobiles. Je veux me sentir libre 
comme autrefois, sous le grand ciel! 

— Ne vous attardez pas dans la montagne, 
mon père, dit Mariane ; soyez de retour avant 
le coucher du soleil. 

— Oui, mon enfant... Ah! le fameux chas- 
seur d’aigles ! continua le vieillard en riant 

10. 

K 


ni 


LA FILLE 




avec pitié de lui-même : il oubliait son sac 
aux aiglons. J’entends bien cependant ne pas 
le rapporter vide. Cherche-le-moi. 

— Voici votre sac, mon père. Souvenez- 
vous que depuis quatre ans vous n’avez point 
escaladé de roches, que votre pied doit être 
moins sûr, et que votre œil n’est plus exercé 
à découvrir les aigles autour de leur aires. 

— Bonjour, Mariane! Arrache l’herbe dans 
le carré de lentilles, et soigne bien nos bêtes 
jusqu’à ce soir ! 

— Comment pouvez -vous abandonner ainsi 
votre terre et votre enfant ? reprit la jeune 
fille. 

— Lorsqu’on a l’ambition d’épouser un 
chevalier, il vaut mieux être fille d’un chas- 
seur d’aigles que fille d’un laboureur, répli- 
qua le vieillard, content comme un Italien 
qui croit avoir trouvé un trait d’esprit. 

Le montagnard s'éloigna. Suivant un che- 
min étroit et rapide au bord du torrent qui 
coupait en deux le petit vallon, il disparut dans 


* 


DU CHASSEUR D’AIGLES. 


175 


la gorge, non sans avoir envoyé quelques 
adieux moqueurs à sa fille. 

Derrière une longue table de mélèze, plu- 
sieurs bancs recouverts d’un toit de vigne 
vierge étaient adossés au chalet. Mariane 
s’assit sur un de ces bancs; son regard par- 
courut avec une joie un peu égoïste le cher 
vallon dont son père lui abandonnait le soin 
et pour ainsi dire la propriété. Ses champs lui 
parurent plus beaux et plus larges. Elle se 
promit de les cultiver plus amoureusement 
encore, ce qui eût paru impossible à tout 
autre qu’à Mariane. 

Bientôt la jeune fille se leva pour aller dé- 
tacher ses bêtes qui, de l’étable, appelaient 
avec impatience leur maîtresse. La nuit et ses 
ombres font peur à la plupart des animaux, 
comme une chose mystérieuse, incompréhen- 
sible, et le matin leur apporte toujours la sé- 
curité et l’appétit. 

Mariane, en se livrant à ses occupations, 
suivit tout le jour par la pensée son père 


176 


LA FILLE 


dans la montagne. 11 lui avait tant de fois 
conté ses chasses, leurs ruses et leurs dan- 
gers, quelle s’animait à distance avec lui, 
escaladait les roches difficiles, franchissait les 
torrents, et fredonnait la chanson favorite du 
vieux montagnard : 

a L’aigle chasseur, aime à saisir, — à saisir 
pour le dévorer, — l’agneau dans le troupeau. 
— Le chasseur d’aigles aime à son tour, — 
à prendre vif pour l’étouffer, — l’aiglon dans 
son nid. » 

. Peu de gens chassent l’aigle au pic de 
Tende. Rien n’est plus dangereux, et dans 
aucune poursuite il ne faut déployer autant 
de courage et de sang-froid. Cette chasse, 
d’ailleurs, est fort lucrative quand elle est 
heureuse. Voici comment: 

Tous les pâtres qui conduisent des trou- 
peaux sur les hauteurs de la chaîne de Tende 
sont nommés par les communes, assermentés, 
et tenus de rapporter à l’automne plusieurs 
aiglons ou le cadavre d’un aigle. Occupés à 


DU CHASSEUR D’AIGLES. 


177 


traire leurs nombreuses laitières pendant le 
jour, à faire du fromage pendant la nuit, les 
bergers ne peuvent abandonner leurs bêtes. 
Ils achètent donc aux chasseurs d’aigles, 
moyennant de bel argent, le produit de leur 
chasse. A la commune on sait bien avec quelle 
facilité les choses s’arrangent. Bah! où .les 
conditions des serments sont-elles remplies à 
la lettre ! L’aigle étant l’ennemi des trou- 
peaux, il importe peu qu’il soit détruit par 
des chasseurs ou des bergers. 

Le soleil marque dans le ciel les premières 
heures du soir; Mariane attend son père. 
Dans le chalet la polenta fume sur la table. 

La jeune fille interroge la gorge par la- 
quelle le chasseur d’aigles est sorti le matin 
du vallon. Cette gorge s’ouvre au pied d’une 
colline basse, sans arbres, couverte seulement 
d’une herbe épaisse. 

Sur la colline, tout à coup, le chasseur 
d’aigles paraît. Il court comme un homme 
poursuivi par son plus terrible ennemi et 


178 


' LA FILLE 


descend la colline avec une rapidité effrayante. 
Mariane, inquiète, s’élance à la rencontre de 
son père. 

Les yeux du chasseur sont fixés sur un point 
noir qui grossit et se meut entre les bois et le 
ciel. Mariane s’arrête épouvantée. Elle vient 
de reconnaître un aigle ! , 

Le chasseur traîne avec lui son sac dans 
lequel des aiglons s’agitent et gémissent dou- 
loureusement. L’aigle qui vole entend-il ces 
plaintes? 

— Laissez votre sac! s’écrie Mariane. 

— Ouvre le chalet, vite, vite! répond le 
père. Si je puis arriver au grand mélèze, je 
me jette derrière la porte que tu refermes, et 
j’ai l’aigle avec les aiglons. 

Mariane est déjà dans le chalet; elle se 
penche un peu et regarde../ 

Un aigle royal, dont les ailes rousses dé- 
ployées occupent un espace énorme, plane 
au-dessus du vallon. Le vieillard sort d’un 
taillis en faisant tournoyer d’une main ha- 


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DU CHASSEUR D'AIGLES. 170 

bile et vigoureuse sa carabine autour de sa 
tète; il se précipite sous le grand mélèze 
dans les branches duquel les larges ailes de 
l’aigle vont s’embarrasser. Mais l’ennemi du 
chasseur prend terre non loin de l’arbre. 
Alors, rasant le sol, il attaque avec fureur 
le- montagnard par derrière, lui déchire la 
nuque d’un formidable coup de bec, et le 
jette à genoux. Le père de Mariane Lâche les 
aiglons qui, bien enfermés, continuent de 
gémir. L’aigle demeure un instant immobile 
auprès d’eux ; il réfléchit sans doute... Bientôt 
il saisit le sac et emporte fièrement dans les 
airs ses petits qu’il a sauvés. Il abandonne 
le chasseur : sait -il que son adversaire est 
frappé à mort? 

Mariane baigne d’eau fraîche la blessure 
de son père. Le vieillard a les yeux fermés. 
Cependant il les rouvre encore. 

— Mon enfant, murmure-t-il d’une voix 
affaiblie, je meurs, je vais te quitter, te dire 
le plus triste adieu ! Ne vends pas ce vallon ; 


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180 


LA FILLE 


garde-le pour ta dot... Couche-moi sous le 
grand mélèze dans un lit de pierres, profond 
si tu peux... Hélas ! hélas ! je la laisse seule... 
Pauvre Mariane 1 

Il répéta plusieurs fois encore : « Pauvre 
Mariane! » Puis vinrent des mots sans suite, 
sans liens; puis le montagnard se tut, sou- 
pira profondément et fit un grand effort pour 
mourir. Sa main froide s’échappa de celle de 
sa fille, ses regards s’éteignirent, son cœur 
cessa de battre. 

Oui, pauvre Mariane! elle sera seule dans 
la grande montagne, seule dans le petit vallon, 
seule lors de son retour à San-Dalmas. 

Le désir de quitter la vie avec son père 
traverse son esprit exalté par le désespoir. 
Si elle avait sa mère, un parent, une affec- 
tion, elle n’aurait point cette pensée cou- 
pable, criminelle; mais n’est-elle pas seule 
au monde ? 


» 


« 


• t 


DU CHASSEUR D’AIGLES. 



181 



/ 


4 


Durant toute une longue nuit, agenouillée 
auprès du mort ou couchée à ses côtés, la 
fille du chasseur d’aigles se désola sans tarir 
la source de ses larmes, sans lasser l’écho in- 
sensible aux accents de sa douleur. 

Mais le matin elle entendit dans la forêt les 
hurlements des loups qui, durant l’été, par- 
courent la montagne et rôdent à l’entour des 
troupeaux. Mariane alors sentit son courage 
renaître. L’idée que son père, qu’elle-même, 
deviendraient la proie des bêtes si elle se 
laissait écraser par son chagrin, lui donna la 
force de se tenir debout. Elle alla chercher 

V 

des instruments de labourage propres à 

11 

« 


182 


LA FILLE 


creuser la terre et à la rejeter sur les bords 
d’une fosse profonde; puis la jeune monta- 
gnarde entreprit son triste ouvrage avec 
volonté, avec ardeur. Il semblait à la fille du 
chasseur d’aigles que les lèvres pâlies de son 
père murmuraient tout- bas : 

— Hâte-toi, mon enfant, hâte-toi ! l’air et 
le soleil tourmentent la chair des trépassés. 
Mon âme s’agite en mon pauvre corps et ne 
veut le quitter qu’ après que tu l’auras couché 
dans un lit de terre profond, profond, aussi 
profond que tu pourras le creuser ! 

— Père, je le creuserai profond, votre lit 
de terre, répondait tout haut Mariane, car les 
loups que j’entends là-bas pourraient ouvrir 
votre tombe et troubler votre long som- 
meil 1 

Lorsqu’elle eut creusé la fosse, les dernières 
paroles du chasseur lui revinrent à la mé- 
moire : n’a-t-il pas demandé un lit de 
pierres ? Il faut le lui bâtir ! Comme elle dor- 
mira tranquille alors, dans sa maisqn de San- 


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DU CHASSEUR D’AIGLES. 


183 


Dalmas, durant les nuits d’hiver, où la neige 
tombe, où la bande affamée des loups hurle 
sous les grands murs des cimetières ! 

Épuisée de lassitude, elle entre dans le 
chalet et mange un peu de sa polenta re- 
froidie. 

Que les pierres vont être lourdes! Pour- 
quoi le chasseur avait-il l’habitude de porter 
à l’extrémité du vallon toutes celles qu’il 
trouvait dans sa terre ? Mieux vaudrait ra- 
mener le mort à la maison, l’enfermer, et 
courir au col de Tende pour chercher une 
mule ou quelque ouvrier. Mais l’auberge est 
à quatre heures de marche du chalet; Mariane 
sent bien que ses forces la trahiraient en 
chemin. 

— Il n’y a donc rien de vrai dans les livres 
de contes, rien de vrai dans les livres de re- 
ligion, s’écria l’orpheline. Ah ! les fées ni les 
saints n’existent pas, sans quoi ils verraient 
tous qu’il est temps de me secourir! 

Elle retourne auprès de son père. 


184 


LA FILLE 


Qu’est-ce donc? Une voix d’homme jeune 
et forte rompt le silence de la grande soli- 
tude. Mariane écoute ; qui peut chanter en ce 
lieu? Un chasseur? Alors, il aura pitié du 
chasseur mort, et il lui bâtira un lit de 
pierres. Hélas ! celui qui chante dans le bois 
épais soupçonnera-t-il qu’il y a si près de lui 
un petit vallon habité? 

La jeune fille pousse de sa voix la plus 
désolée le cri de détresse des montagnards : 
« Aou, aou ! » On ne lui répond pas ! Mariane 
prête l’oreille avec attention... Que chante le 
passant sur la collipe ? Ce n’est ni le refrain 
des chasseurs de chamois, ni celui du mes- 
sager d’un pâtre. C’est un air vénitien. Le 
chanteur est un voleur de la bande de Leo- 
nardo de Venise. On disait que cette bande 
se dispersait en été. Puisse le brigand n'avoir 
pas entendu le cri de Mariane ! puisse-t-il ne 
pas découvrir le petit vallon ? 

C’en est fait ! un lévrier apparaît sous -les 
hauts mélèzes; un jeune homme le suit; il a 


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DU CHASSEUR D’AIGLES. 


185 


vu le vallon, il a entendu le cri de détresse, 
il accourt, il se dirige vers l’orpheline. 

— Fées bienfaisantes, murmure la jeune 
fille, vous savez que je ne puis souffrir da- 
vantage, et vous ne m’enverriez pas un vo- 
leur en ce moment!... Oh ! non, ce n’est pas 
un bandit, c’est plutôt un chevalier, se dit 
Mariane. Comme il a l’air noble et fier !... 

Le chanteur est auprès de la jeune fille. 
En voyant un mort, il ôte son grand chapeau, 
s’agenouille et se signe. Ses beaux cheveux 
blonds s’éclairent sous les rayons du soleil, 
et son front blanc, découvert, adoucit l’ex- 
pression d’un regard trop hardi. 

— Ce mort est votre parent? demande-t-il 
à la montagnarde, en se relevant. 

— Mon père. 

— Est-ce la maladie qui l’a tué? 

— Il était chasseur d’aigles, un aigle l’a 
vaincu, répond Mariane. 

— Votré père a quitté la vie aussi glorieu- 
sement que les soldats frappés à la bataille. 


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186 


LA FILLE 


( 


— Vous voulez honorer un pauvre chas- 
seur, je vous en remercie, répliqua tristement 
l’orpheline. 

— N’avez-vous plus votre mère ? demanda 
encore l’étranger; ou serait-elle allée chercher 
un prêtre ? 

— Ma mère attend mon père dans l’autre 
monde depuis le jour de ma naissance, ré- 
pondit la jeune fille. 

— Allez-vous donc demeurer sçule ici jus- 
qu’au retour de l’hiver? 

— Seule avec mes bêtes. 

— Et vous reviendrez dans ce chalet au 
printemps prochain ? 

— Oui, signor; dit Mariane en sanglotant. 

— Ne pleurez pas, ma chère, vous êtes 
jeune, belle, vous vous marierez aisément. 
Peut-être vous êtes-vous déjà promise à 
quelque brave montagnard ? S’il vous faut un 
messager pour aller prévenir votre amoureux, 
disposez de moi. Je ne veux pas vous savoir 
abandonnée dans ce vallon. 


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DU CHASSEUR D'AIGLES. 


187 


— J’v habiterai sans peur chaque année, 

\ 

reprit Mariane en essuyant ses yeux. Je ne 
me marierai pas. 

L’étranger regarda longuement l’orpheline 
de son regard le plus doux. 

— Si vous n’avez personne qui puisse vous 
venir en aide/ dit-il, acceptez mes services ; je 
suis assez courageux pour vous défendre, j’ai 
assez de temps pour veiller su r vous, j e me crois 
assez de cœur pour compatir à votre chagrin. 

— Et quelle récompense demanderez-vous 
pour tant de bontés? 

— Celle d’être considéré par la fille du 
chasseur d’aigles comme son ami. 

— Signor, dit Mariane reconnaissante , je 

i 

vois à vos paroles qu’une bonne fée vous en- 
voie à mon secours. Vous bcâtirez avec moi au 
chasseur mort un lit de pierres; votre chien 
gardera le trépassé pendant que nous irons 
prendre dans la gorge, au fond du vallon, 
de gros éclats de roche. 

— Je suis prêt, répondit le jeune homme. 


\ 


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188 


LA FILLIi 


Mariane, plus vaillante, fortifiée par la 
présence de son nouvel ami, courut chercher 
une civière sous un hangar. 

L’étranger déposa sur la table de mélèze, 
à la porte du chalet, son fusil et sa veste de 
drap. Toute la nuit, et jusqu’au soir du len- 
demain, ils portèrent de lourdes pierres. 
Mariane, plus habile que son compagnon, les 
arrangea et les réunit avec une sorte de ci- 
ment fait de sable et d’eau, dans le fond du 
trou qu’elle avait creusé. 

Au moment de se séparer du corps meurtri 
et décomposé de son père, l’orpheline éprouva 
,un véritable apaisement. Enfin, elle couchait 
le chasseur d’aigles en un abri sûr! Ce fut sans 
cris, sans désespoir, qu’elle le recouvrit de 
terre. Pour la montagnarde , le long sommeil de 
son père dans le vallon n’avait rien de terrible. 
La terre à ses yeux était une amie vivante 
qui a des entrailles et dont le sein réchauffe 
en hiver les corps glacés. Ce n’était point 
éette boue noire, froide, insensible, que les 




DU CHASSEUR D’AIGLES.- 


180 


femmes des villes entrevoient dans leurs plus 
affreux cauchemars. 

Quand la triste cérémonie fut terminée : 

— Il peut dormir maintenant, dit la jeune • 
fille; son âme heureuse .va monter au ciel. 
Vous êtes mon ami, sigpor étranger. Mille 
grâces pour votre aide et vos excellentes pa- 
roles! Entrez dans le chalet et reposez-vous 
x sur le lit du chasseur. Moi, j’ai encore un de- 
voir à remplir. 

Le jeune homme entra dans la salle du 
chalet; comme il était très-las, il s’endormit 
presque aussitôt. Mariane, les bras chargés 
d’herbes odorantes, vint un peu plus tard, à 
la lueur d’un bâton de résine, ranger les 
vêtements du mort dans une espèce de grand 
coffre qui sert d’armoire aux montagnards de 
la chaîne de Tende. Ses tristes rangements 
terminés, elle ferma la porte de la salle, ou- 
vrit celle de sa chambre, se jeta tout habillée 
- sur son lit, et, la tète pesante, douloureuse, 
elle s’endormit à son tour. 

il. 


# 


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LA FILLE 


DO 


III 


Lorsque Mariane se leva, le matin, aucune 
tristesse n'était répandue sur le vallon; tout 
y souriait, tout y fêtait le retour de la lu- 
mière. Et cependant le chasseur ne vivait 
plus î 

— Gomme la mort chagrine peu la nature, 
se dit l'orpheline, car je ne puis prendre pour 
des larmes les gouttes de fraîche rosée qui 
tombent du ciel sur l’herbe. Rien, non, rien ne 
pleure avec moi la perte de mon pauvre père ! 

La jeune fille souffrait beaucoup, et elle 

% 

eût volontiers reproché à sa chère montagne 
son indifférence; mais réfléchissant que c'était 
sa seule parente, le seul attachement qui lui 


» 


DU CHASSEUR D’AIGLES. 101 

restât, elle fut plus indulgente et pardonna 
aux collines, aux champs, aux bois, leur 
gaieté. Bientôt même, reprise par sa tendresse 
pour la montagne qu'elle se plaisait à per- 
sonnifier, Mariane ne vit plus dans les sou- 
rires de son amie que des efforts généreux pour 
la distraire et la consoler de son malheur. 

Les gens de San-Dalmas ont bien raison 
d’appeler la fille du chasseur d’aigles « la 
Songeuse î » Quand les commères prétendent 
que Mariane a plus de goût pour le ciel de la * 
montagne, pour les cris des bêtes, que pour 
les voûtes des églises et les chants religieux, 
elles ne la calomnient pas. 

Sans mère , souvent abandonnée par le 
chasseur d’aigles, son père, l’imagination 
ardente, même pour une Italienne, Mariane, 
dès son enfance, a peuplé sa solitude de per- 
sonnages fantastiques, et s’est appris à voir 
dans les choses des êtres vivants. La mon- 
tagne, ses bois, ses collines, le ciel, la terre, 
prennent des formes dans la pensée de la 


t 


102 


LA FILLE 


Songeuse, se revêtent d’habits de lumière 
ou d’ombre, ont des qualités, des sentiments, 
des passions. Tout ce qui a une voix, la brise, 
les oiseaux, les torrents, a pour Mariane un 
langage. 

La fille du chasseur, après avoir fait sa 
paix avec la montagne et s’être laissé un 
instant bercer par ses songeries, se dirigea 
vers ses bêtes qu’elle avait oubliées depuis le 
fatal retour de son père. Étendues les unes à 
côté des autres, les brebis et les chèvres 
essayèrent en vain d’aller à la rencontre de 
Mariane. Leur pis gonflé et douloureux les 
faisait gémir à chaque mouvement. Pauvres 
bêtes ! elles souffraient depuis la mort du 
chasseur. Peut-être de la prairie avaient-elles 
suivi d’un œil intelligent tout le drame qui 
s’était passé sous le grand mélèze? L’orphe- 
line ne se souvenait pas d’avoir entendu ses 
chèvres ou ses brebis l’appeler. 

Mariane courut à l’étable et rapporta ses 
plus grandes jarres quelle emplit d’un lait 


« 


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DU CHASSEUR D’AIGLES. 


193 


• crémeux et abondant. Bientôt les chèvres et 
les brebis furent sur pied et rendirent à 
leur maîtresse les caresses qu’elle leur prodi- 
guait. 

La jeune montagnarde retourna au chalet, 
en ouvrit la porte avec précaution et déposa 
ses jarres pleines sur la table. L’étranger 
dormait encore. Une lumière pâle éclairait 
son beau visage. 

La Songeuse, à qui tous les héros dès contes 
de fées apparurent à la fois dans la personne 
de cet étranger devenu si vite un ami, le 
contempla avec extase. Ne serait-ce point le 
fils du roi caché sous des habits de chasseur? 

Le grand lévrier vint doucement lécher les 
mains de Mariane et lui demander un peu de 
ce bon lait qui fumait sur la table et dont la 
mousse de neige s’échappait des jarres. Elle 
lui en laissa boire tant qu’il en voulut. 

Le chien rassasié, Mariane reprit triste- 
ment ses occupations habituelles. Elle alla 
chercher dehors un fagot de bois sec. Mais en 


I 


101 LA FILLE 

déposant sa lourde charge auprès du foyer, 
elle fit un peu de bruit. L’étranger se ré- 
veilla. 

/ 

— Ai-je dormi! dit-il gaiement; vous de- 
vriez me refuser ma nourriture ce matin; je 
suis un paresseux ! 

— Notre travail d’hier vous a fatigué pour 
plusieurs jours, répondit Mariane. On voit à 
vos mains que votre métier n’est pas de porter 
des pierres. 

— Je suis chasseur. 

— Chasseur de loups, chasseur de cha- 
mois? 

— Chasseur d’aigles quand vous voudrez ! 

Mariane rougit et tourna le dos au jeune 
homme. Mêlant alors avec une feinte attention 
de la farine et de l’eau, elle pétrit une pâte 
épaisse quelle découpa en morceaux et sema 
. dans le lait qui chauffait sur le feu. 

L’étranger s’assit auprès de l’âtre, en face 
de Mariane. La tête penchée sur sa poitrine, 
les bras croisés, il avait l’air sombre et dur. 



4 


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DU CHASSEUR D’AIGLES. 


195 


L’expression douce, presque tendre de son 
visage s’était effacée complètement. 

11 songeait à lui, à ses propres douleurs, 
sans doute, car ses yeux ne voyaient pas ce 
qu’ils fixaient. 

La jeune montagnarde débarrassa un coin 
de la grande table du chalet, toute couverte 
d’ustensiles de ménage. Après l’avoir lavée 
soigneusement, elle y plaça du vin, des fruits, 
et versa la polenta bouillante dans des plats 
de terre qu’elle mit en face l’un de l’autre. 
L’étranger vint machinalement prendre sa 
place vis-à-vis de Mariane. 

Par la porte ouverte, la fille du chasseur 
d’aigles apercevait le grand mélèze sous le- 
quel son père était couché... Des larmes brû- 
lantes coulèrent sur ses joues. En entendant 
les soupirs de son hôtesse, le jeune homme 
secoua les lourdes pensées qui courbaient 
son front. Il s’entretint avec Mariane de tout 
le travail qu’elle aurait à faire jusqu’à l’au- 
tomne, supposant bien que la montagnarde 



19G 


LA FILLE 


trouverait dans cette conversation un sujet 
d’apaisement. 

— Oui, dit-elle, le travail calme le chagrin. 
Je veux qu’au moment où les pâtres descen- 
dent des hauteurs, chassés par la neige, ma 
moisson soit rentrée, mon grain battu, mes 
semailles faites. 

— Comment emporterez-vous votre grain? 
lui demanda-t-il. 

— Comme les pâtres emportent leurs fro- 
mages, avec des mules, qu’on leur amène à 
eux de Tende, et qui viennent pour nous 
chaque année de San-Dalmas. 

’ — Mais songez que jusqu’à l’époque de 
votre départ il y a encore trois mois ! 

— Personne ne sait que mon père est 
mort, excepté vous-. Les malfaiteurs de la 
montagne ne sont jamais venus rôder autour 
du vallon du chasseur d’aigles. 

— Mais l’an prochain tout le monde saura 
que vous êtes orpheline. 

— J’y ai pensé cette nuit. Je louerai un 


DU CHASSEUR D’AIGLES. 


197 


vieil ouvrier que mon père eût choisi lui- 
même. 

— Voulez-vous me permettre, demanda le 
jeune étranger après un silence, de rester ici 
quelques jours ? Peut-être vous serai-je encore 
utile. 

— Ne prenez point tant de mal pour moi, 
signor. Il vous serait trop difficile de devenir 
paysan. Vous n’avez jamais travaillé à la 
terre, et je ne suis pas certaine que vous 
soyez un chasseur... Votre parole, votre air, 
me permettent de croire que, pareil aux 
chevaliers dont j’ai lu les aventures dans mes 
livres , vous avez caché votre grandeur sous 
des habits grossiers. 

— Je pourrais vous dire la même chose, 
reprit-il en souriant. Vous avez bon air, si- 
gnora, sous votre costume de montagnarde. 
Vous me rappelez la princesse Orso, enfermée 
par de mauvais génies dans, un vallon sans 
issues, et dont vous devez connaître l’his- 
toire. 


198 


LA FILLE 


Mariane rougit, mais le compliment ne 
parut pas lui déplaire. 

— D’ailleurs, continua l’étranger, si je ne 
suis pas laboureur, je n’aurai que plus de 
mérite à vous rendre service; acceptez donc. 

— Non, je vaux trop peu, dit-elle hum- 
blement ; vous perdriez votre peine. 

— J’ai l’idée tout à fait contraire, repartit 
le jeune homme avec assurance. 

Elle le regarda, pensant qu’il allait rire et 
se moquer : il parlait sérieusement; dans ses 
grands yeux brillaient la tendresse et l’audace. 

Le cœur de la jeune fille s’agita singulière- 
ment; une émotion à la fois pleine d’angoisse 
et d’attrait l’envahit et l’enchaîna un instant à 
ce regard. Inquiète, elle voulut sortir de la 
salle. L’étranger lui saisit la main et l’obligea 
de s’asseoir auprès de lui. Elle tremblait. Il 
essaya de la calmer par de douces paroles, 
qui la rendirent plus craintive encore. 

— Votre amitié me fait peur, murmura- 
t-elle. Vous qui savez ce que vous êtes, 


DU CHASSEUR D'AIGLES. 


199 


dites -moi si j’ai raison ou tort de vous 
craindre. 

Il se tut. 

— Apprenez-moi au moins votre nom? 
continua Maria né, toujours plus troublée. 

— Paolo, répliqua-t-il d’un ton dur et 
froid. 

— Paolo, est-ce tout ? Vous chantiez dans 
la montagne un air vénitien. 

— Oui, je suis de Venise. 

— Gomme les hommes de Léonardo le 
Vénitien I 

— Gomme eux. 

— Sainte madone, appartiendriez-vous à 
une bande de voleurs?... Répondez, signor, 
dit l'orpheline suppliante. 

— Non, répliqua Paolo, mais le mieux est 
que je vous quitte. 

Il prit son fusil et fit signe à son chien de 
le suivre. 

— Je voudrais savoir si je dois ma recon- 
naissance à un honnête homme ou à un ban- 


200 


LA PILLE 


dit, demanda Mai’iane en saisissant à son tour 

✓ 

la main de l’étranger avec hardiesse. 

Il la repoussa. 

— Adieu, adieu! cria -t- il sans se re- 
tourner. ' 

— Parti ! se dit tristement la jeune • fdle ; 
un méchant serait resté. Je lui ai fait de la 
peine. Pauvre Paolo ! Ah! puisse-t-il ne 
revenir jamais ! 

L’étranger marchait vite, très-vite; il dis- 
parut bièntôt dans le sentier de la gorge où 
Mariane et lui, le jour précédent, étaient allés 
chercher des pierres pour la tombe du chas- 
seur d’aigles. 


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DU CHASSEUR D’AIGLES 


201 


IV 


Épuisée par ses émotions, l’orpheline ne se 
sentait point la force de travailler. La chaleur 
était accablante ; un orage se formait clans le 
col de Tende. Mariane s’agenouilla sur la 
tombe du chasseur d’aigles. 

Retrouvant là quelque courage, elle com- 
mença d’arracher l’herbe dans le carré de 
lentilles que son père lui avait ordonné de 
nettoyer le matin de sa mort, et sarcla tout 
un jour, sans plaisir et sans ardeur pour la 
première fois de sa vie. Mille pensées se 
croisaient dans l’esprit de la Songeuse. Paolo, 
certainement, était déjà loin du vallon. 11 
avait dû comprendre les avertissements de 


202 


LA FI LL R 


Forage et s’efforcer de gagner F une des grottes 

« 

où le montagnard surpris peut se réfugier 
quand éclate la tempête. 

L’air brûlant dévorait la fraîcheur des fleurs 
qui se courbaient alanguies; les feuilles re- 
pliées sur elles-mêmes souffraient sans gémir. 
Ni les arbres, ni la brise, ni les oiseaux, ni le 
petit monde des prairies ne chantaient... 

Le soir, des nuages sombres s’avançant 
l’un vers l’autre avec menace s’entrechoquè- 
rent bruyamment au milieu du silence. L’écho 
répéta et grandit le bruit de leur lutte. Pour 
les montagnards, ces nuages noirs sont pleins 
d’âmes des méchants trépassés qui se battent 
et font jaillir de leurs blessures les flammes 
de l’enfer. La fille du chasseur, avant la mort 
de son père, riait souvent de cette idée. Tout 
à coup la Songeuse se sentit possédée par 
elle. Les vieilles superstitions piémontaises 
entrèrent dans un cœur affaibli par l’épreuve. 
Mariane ne vit plus une tempête, mais le dé- 
chaînement des puissances infernales. Sa 


« 


DU CHASSEUR D’AIGLES. 


203 


vieille amie la montagne tremblait de tout 
son grand corps; l’orpheline aussi trembla. 

Qui sait ce qu’est devenue l’âme du cher 
trépassé? Se rappelant les vertus de son 
père, Mariane s’efforce de résister à ses 
craintes. Le chasseur d’aigles est un saint du 
paradis : sa fille peut- elle en douter? La 
bonne âme du vieillard, en quittant sa pauvre 
dépouille, a dû monter tout droit vers Dieu. 
Pendant la dernière nuit, d’ailleurs, les che- 
mins du ciel, pleins d’étoiles brillantes, ont 
paru à l’orpheline merveilleusement éclairés. 
Le mort ne s’est donc pas trompé de i*oute et 
il revit parmi les bienheureux. Bienheureux, 
qui plus que lui mérite de l’être ? Il a obligé 
souvent, donné beaucoup, sans jamais rien ' 
demander. Sa chasse n’a détruit que des ani- 
maux malfaisants, ennemis des troupeaux. 
Oui, elle s’est envolée, l’âme du défunt, par- 
dessus les nuages noirs! Ah! que le saint 
veille sur sa fille orpheline ! 

Les brebis et les chèvres effrayées par les 


204 


LA FILLE 


éclats de la foudre escaladèrent toutes en- 
semble la barrière de la prairie et accoururent 
autour de leur maîtresse. Elle les enferma 
dans l’étable et cessa de travailler. 

Pauvre fille ! elle a la fièvre , son corps 
souffre, son cœur s’agite avec violence et 
trouble ses pensées. L’orage, la fatigue l’ont 
brisée; son chagrin, le vent sans fraîcheur, 

l’oppressent. La montagnarde se demande si ' 

» 

l’existence est lourde à ce point quand on la 
porte sans aide. Elle supplie la Madone de la 
lui faire un peu plus légère, sans quoi elle en 
sera écrasée. 

Mais le ciel empli comme une outre gon- 
flée verse une pluie abondante. Mariane entre 
dans le chalet. Elle essaye de se reposer sur 
le lit du chasseur; aussitôt elle se lève. Un 
éclair brûlant pénètre dans la grande salle et 
l’illumine un instant d’une façon sinistre. 

4 , * 

.L’orpheline allume une torche de résine. La 

lumière chasse l’éclair, dit-on, et les esprits 

* , 

mauvais qui courent à sa suite. 


<* 


DU CHASSEUR D'AIGLES. 


805 


Que d’inquiétudes les orages causent aux 
montagnards; combien de dégâts irréparables 
ils peuvent leur faire! L’orpheline pense à sa 
récolte, à ses terrasses sur le versant de la 
colline, élevées à grand’peine par son père. 
Si quelque torrent se forme, elles seront dé- 
truites. Toute sa belle et bonne terre, amassée 
entre des murs de pierres sèches, sera en- 
traînée comme de la boue jusqu’au pied du 
pic de Tende! 

Malgré la pluie, les éclairs, les menaces de 
la foudre, malgré la tourmente, le chasseur 
d’aigles eût été, la sape sur l’épaule, une 
lanterne à la main, lutter contre la fureur de 
l’eau. 11 n’a point tant de peine aujourd’hui : 
il est au ciel, il ne verra plus les nuits noires, 
il n’entendra plus le tonnerre. 

Si le mort est paisiblement couché dans la 
terre, si son âme est heureuse, pourquoi sa 
fille est-elle si tourmentée ? La pauvre enfant 
croit sentir à sa souffrance que son père 
souffre encore. L’âme du chasseur attardée 



200 


LA FILLE 


peut-être est prisonnière au milieu des nuages 
noirs... Les âmes des méchants la battent et 
se vengent sur elle avec toute la cruauté que 
les mauvais ont pour les bons. Les heures du 
soir s’écoulent lentement. L’orpheline, pour 
le distraire, prend un livre, l’ouvre aux pages 
qui la charment le plus ; mais lire quand la 
fièvre brûle votre tête est impossible ; elle y 
renonce. 

Secouée par le vent qui souffle avec rage et 
pénètre par la cheminée, la torche de résine 
ne jette qu’une lueur vacillante; des ombres 
mystérieuses glissent au plafond ; un drap de 
laine frissonne sur le lit du chasseur et se 
gonfle... La chèvre préférée de la monta- 
gnarde, détachée sans doute, frappe de ses 
cornes la porte qui sépare la salle du chalet 
de l’étable. Mariane lui ouvre. La pauvre bête, 
folle d’épouvante, se précipite vers le lit du 
chasseur avec cet instinct qu’ont les faibles 
de chercher les forts dans le danger. Ne 
trouvant pas son maître, elle pousse des cris 


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DU CHASSEUR D’AIGLES. 


207 


lamentables que les autres chèvres et les 
moutons répètent. Mariane écoute avec frayeur 
ces plaintes et les sifllements de la tempête... 
Toutes les ombres qui courent autour d’elle 
préparent son esprit à quelque terrible vision ; 
son cœur, d’où le sang se retire avec tumulte, 
lui semble pareil à la roue d’un moulin qui 
tourne à vide ; il se fait dans ses oreilles et 
dans son sein un bruit qui bientôt domine 
tous les autres. 

Le délire s’empare de ses esprits; son 
trouble et sa peur atteignent leurs dernières 
limites... Mais les bêtes se taisent; la chèvre 
s’élance vers la porte, au bas de laquelle on 
entend une respiration haletante. Qu’y a-t-il? 
On marche, on court sur le sol humide. Qui 
peut venir à cette heure, en ce lieu, durant 
cet orage ? 

Le diable seul, ou quelque traînard qui, 
du haut de la colline, a vu de la lumière dans 
le vallon. La jeune fille reste clouée à sa 
place. On secoue la porte. Elle est si peu 


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•208 


LA FILLE 


solide que, secouée encore une fois de la 
sorte, elle se brisera en morceaux. 

— Qui est là ? demande faiblement l’orphe- 
line. 

— Ouvrez, ouvrez ! répond une voix impé- 
rieuse. 

C’est la voix d’un homme jeune, d’un mal- 
faiteur peut-être , qui va exiger de Mariane 
qu’elle lui donne l’hospitalité. Pourquoi, pour- 
quoi son seul ami l’a-t-il abandonnée? pour- 
quoi l’a— t-elle laissé partir? La jeune fille 
saisit sur la table le couteau de son père, 
le cache dans un des plis de sa jupe, et 
ouvre... 

C’est la pluie elle-même, c’est un torrent 
qui entre! L’eau coule des vêtements de 
l’étranger comme du ciel et inonde la salle. 
Un chien, semblable à celui de Paolo, tourne 
autour du voyageur, aboie joyeusement, 
tandis que son maître frappe des pieds, 
arrache son manteau, et jette son grand 
feutre loin de 'lui. Mariane tend les deux 


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DU CHASSEUR D'AIGLES. 


209 


mains à cet homme. Chasseur ou brigand, 
c’est un ami. 

— Soyez le bienvenu, balbutie-t-elle, en 
rougissant. Si vous m’aviez dit votre nom à la 
porte, je ne vous aurais point fait attendre. 

— Étais-je sûr d’être bien accueilli le jour 
même où vous m’avez chassé ? 

— Je ne vous ai pas chassé, signor. Ah ! 
que j’ai eu peur depuis votre départ ! 

— Moi j’ai souffert du froid, dit Paolo. 
Mais puisque vous me recevez avec belle 
humeur, je vais oublier mon mal au plus 
vite. 

Mariane allume un grand feu; la salle 
s’éclaire gaiement et les ombres disparaissent. 
L’orpheline va rattacher sa chèvre qui fuit le 
grand lévrier de Paolo; elle laisse entrebâillée 
la porte de l’étable. Les bêtes voyant le feu, 
l’hôte de leur jeune maîtresse, le chien lui- 
même d’un peu loin, cessent leurs cris la- 
mentables. 

Avoir affronté la pluie dans la montagne et 

12. 


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*210 


LA FILLK 


trouver un bon gîte, être accueilli en ami par 
une jolie fille, disposent le cœur le plus sombre 
et le moins attendri au contentement et à 
rémotion. S’être sentie abandonnée dans une 
maison déserte, avoir eu l’épouvante de sa 
solitude, de l’orage, des apparitions de l’enfer, 
de l’arrivée d’un brigand audacieux, et offrir 
l’hospitalité à un homme jeune, beau et brave, 
qui vous a pour ainsi dire sauvée du désespoir 
la veille, préparent le cœur le plus fier à la 
confiance. 

— Chère Mariane, dit Paolo après qu’il se 
fut réchauffé, nous sommes libres tous deux, 
nous n’aimons ni l’un ni l’autre hors de ce 
petit coin du monde; savez-vous ce que nous 
devrions faire? 

— Oh ! taisez-vous bien vite ! répliqua la 

montagnarde. 

« 

— Je parlerai!... Nous devrions nous ac- 
corder à la façon des gens de Tende. 

— Mais hier soir votre seule ambition était 
de devenir mon ami, reprit -elle avec ma- 


DU CHASSEUR D’AIGLES. 


211 


lice. Vous avez fait bien du chemin depuis! 

— Oui, j'ai considérablement marché, dit 
le jeune Italien en riant, et je serais enchanté 
d’apprendre que cela m’a servi à quelque 
chose. Dites-moi que je me suis avancé vers 
mon but... 

— Vers quel but, signor? 

— Celui de me faire un peu aimer de 
vous. 

— Un peu est chose facile après le service 

t 

que vous m’avez rendu. 

— Mariane, chère Mariane, si déjà vous 
m’aimez un peu, essayez de m’aimer beau- 
coup. 

— Beaucoup, dit-elle plus grave, c’est, je 
crois, impossible. 

— Non, répliqua Paolo avec emportement, 
il faut que vous m’aimiez d’amour! Vous êtes 
la compagne que je cherche : étrange, sans 
parents, sans amoureux encore. J’aime les 
yeux noirs, brillants et hardis comme les 
vôtres; j’aime votre taille un peu forte et 


212 


L A. FILLE 


fière comme doit l’être celle de la fille d’un 
chasseur d’aigles; j’aime vos cheveux soulevés 
et indociles qui se. détordent et s’échappent 
sans cesse de leurs liens. Je vous ai rêvée 
avant de vous connaître, maintenant je vous 
veux! Votre douleur plaît à mon âme aigrie, 
votre solitude m’attire. Avec quelle joie, sur 
un mot de votre bouche, je délaisserai pour 
toujours l’existence que jé mène, Mariane; 
vous êtes l’encouragement au bien qu’il me 
fallait rencontrer! 

— Mon Dieu! murmura la jeune fille, que 
va-t-il m’apprendre? 

— Je serai chasseur d’aigles ou laboureur, 
selon ce que vous ordonnerez, continua Paolo 
en prenant les mains de la belle montagnarde. 
Ne me repoussez pas ainsi, cura mial Je 
vous jure de quitter pour vous mes compa- 
gnons que je méprise, et dont je suis à la fois 
l’esclave et le chef. 

— Vous êtes?... balbutia la pauvre enfant 
défaillante. 


du' CHASSEUR D’AIGLES. 


213 


— Léonardo le Vénitien. 

— Sainte madone, gardez votre servante ! 
Il osait me parler d’accords! C’est trop de 
honte, trop d’épreuves! s’écria l’orpheline , 
que tant d’émotions accumulées brisèrent, 
ainsi que le vent brise les jeunes arbres. 

— Mariane, je t’en supplie, sauve-moi, ou 
je me souviens que je suis un brigand! 

Elle n’entendait plus. La tête renversée en 
arrière, et comme frappée par la foudre, elle 
s’affaissa sur elle-même et perdit connais- 
sance. Léonardo la porta sur le lit du chas- 
seur. La respiration de Mariane était difficile, 
presque éteinte; il dénoua les rubans de son 
corsage et détacha les lourdes jupes que les 
filles de Tende serrent autour de leur taille. 

La beauté de Mariane lui apparut plus 
complète en ce désordre. Il crut voir quelque 
agate de la montagne dont les purs dessins, 
les fraîches couleurs éclatent aux yeux ravis 
lorsqu’on brise leur gangue grossière. La 
passion ardente, son avidité, ses audaces, en- 


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214 


LA FILLE 


vahirent les sens et le cœur de Léonardo, qui 
ne fit rien pour se dompter. 

La pauvre Mariane eut pendant toute la 
nuit une fièvre violente, le délire. Mais le 
matin, elle s’endormit d’un sommeil profond 
qui devait effacer le souvenir de ses rêves. 


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DU CHASSEUR D’AIGLES. 


215 




V 


Léonardo, pour que les brebis et les chè- 
vres , par leurs bêlements , n’éveillassent 
point la jeune fille, les avait sorties de bonne 
heure de l’étable et conduites dans la prairie. 

La montagne est splendide après l’orage ; 
on dirait qu’elle a ouvert son grand sein pour 
respirer; elle est plus vivante, le sol fume, 
l’eau chante haut dans les torrents ; l’herbe et 
les fleurs courbées se relèvent avec des fré- 
missements de plaisir; les chauds rayons du 
soleil, pressés, impatients, glissent à travers 
les feuilles humides et font disparaître à la 
hâte les traces de la pluie; toutes les bêtes 
crient, chantent, voltigent et* fêtent un beau 


21G 


LA FILLE 


jour. La paix règne de nouveau et déploie 
dans le ciel son magnifique étendard bleu. 

Le Vénitien regarde la petite vallée; comme 
elle est calme, différente des gorges sombres, 
des hauts pics, au milieu desquels il mène 
cette vie pleine d’agitations, que les courses 
effrénées fatiguent outre mesure, que les ruses 
basses, les lâches attaques, les fuites hon- 
teuses déshonorent. Enfin, Léonardo est las 
de son métier de voleur ! Sa royauté, dont il 
était si fier autrefois, lui répugne aujourd’hui ! 
Les derniers actes de son commandement ne 
lui ont-ils pas démontré que l’homme avide 
de pouvoir est fatalement le sujet, le servi- 
teur obéissant des mauvais instincts de ceux 
qu’il gouverne? 

— Arrière ma royauté! Arrière! s’écrie Léo- 
nardo. 

Souverain du col de Tende, chef à dix-neuf 
ans, le Vénitien s’est appliqué à faire revivre 
le type légendaire du bandilo italien. Ami 
des paysans, des faibles, ennemi de l’autorité 


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217 


% 


ê 


DU CHASSEUR D'AIGLES. 


par état, par goût, il est la terreur des gen- 
darmes. Il a pour protégés les contrebandiers 
qui reviennent de France au printemps et 
pénètrent en Piémont par le col de Bruis. 
Ces contrebandiers, honnêtes montagnards 
quelquefois, risquent de payer une forte 
amende pour faire leur provision de sel à 
juste prix , car le sel du bon roi Victor vaut 
le double du sel français. 

Le paysage au milieu duquel s’accomplis- 
sent les exploits du Vénitien, son caractère, 
celui des hommes avec lesquels il a formé sa 
bande, gens simples, exilés vénitiens comme 
lui , tout s’est prêté à faire de Léonardo ce 
qu’on appelle dans les Alpes un bon bandit. 

Cependant, depuis la fin de l’hiver, la bande 
du jeune chef s’est tout à coup grossie d’une 
autre bande, formée, on ne sait où ni com- 
ment, de déserteurs, de fripons, de repris de 
justice. Malgré sa répugnance, celle de ses 
amis, le Vénitien a été obligé d’enrégimenter 
ces malfaiteurs. A force de sang-froid, d’au- 

13 


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218 


LA. FILLE 


dace, il est parvenu durant quatre mois à dé- 
fendre les voyageurs volés , à combattre l’in- 
fluence des assassins, à vaincre la révolte 
dans sa troupe. Mais, hélas! il n’a pu faire 
que cette troupe ne se recrute chaque jour de 
scélérats plus corrompus, accueillis avec plus 
d’enthousiasme par les nouveaux enrôlés, 
avec plus de répulsion par les Vénitiens. 

Depuis la formation de la bande de Léo- 
nardo, ses hommes se dispersent au prin- 
temps. La vie est alors peu coûteuse, facile 
en Italie, et les routes du col de Tende sont 
trop fréquentées vers le milieu de chaque été. 
D’ailleurs, des bataillons entiers de gendar- 
mes se répandent dans la montagne et en 
occupent les refuges ; ils veillent sur les 
chasses du roi Victor. Léonardo ne reprend 
donc chaque année le commandement de sa 
troupe qu’à l’approche de l’hiver, au 1 er no- 
vembre. 

Ce printemps, les Vénitiens, en se séparant 
de leur jeune chef, ne lui ont pas dit au re- 


/ 


DU CHASSEUR D'AIGLES, 


219 

voir, mais adieu ! Résolus à s’exiler plus loin 
de Venise, ils ont refusé de partager la res- 
ponsabilité des crimes que commettra infail- 
liblement la nouvelle bande de Léonardo à la 
saison prochaine. Ils sont allés à TSice, en 
France, chercher du travail et l’oubli de 
leurs méfaits. Léonardo, signalé à la fron- 
tière, n’a pu suivre ses compagnons. 

Le voulait-il? Abdiquer un pouvoir, si misé- 
rable qu’il soit, est toujours difficile. Avant de 
congédier les hommes de sa nouvelle bande, 
le chef leur a donné rendez-vous pour le 
1 er novembre aux alentours de l’auberge du 
col de Tende. Jusque-là, les bandits sont en 
vacances. Le Vénitien s’est donc réservé la 
possibilité de reprendre un commandement 
infâme si, durant l’été, ses bons scrupules 
succombent en lui sous la pernicieuse passion 
de l’autorité. 

Errant à travers la montagne, caché par 
les pâtres, songeant à l’abandon de ses amis, 
à la scélératesse de ses recrues, Léonardo a 


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220 


LA. FILLE 


rencontré Mariane, belle, singulière, éprouvée 
par la douleur, et seule au monde. Aucune 
femme n’avait encore ému ce cœur très-jeune 
et très-orgueilleux. Son arrivée au vallon 
après la mort du chasseur d’aigles, ses con- 
versations avec la belle montagnarde, sa fuite, 
son retour pendant l’orage, ont frappé l’es- 
prit du Vénitien avide d’imprévu, d’extraor- 
dinaire. Tant d’aventures l’avaient séduit, la 
grâce et la fierté de la fille du chasseur le 
charmèrent. Ce roman lui parut bien com- 
mencé. 11 se demanda s’il n’était pas temps 
encore pour lui de se détourner d’un chemin 
trop coupé de précipices ; il rêva une exis- 
tence simple, cachée, et, dans ce frais val- 
lon, des amours au cours paisible. 

Hélas! durant la nuit, de même que la 
tempête a fait un torrent fangeux de l’eau 
limpide qui court dans le vallon, de même le 
courroux de Mariane a transformé la tendresse 
nouvelle de Léonardo en passion impure. 
Mais, aussitôt après l’orage, on voit l’eau re- 


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DU CHASSEUR D'AIGLES. 


221 


devenir claire et couler avec mollesse; serait- 
il donc impossible, après le tumulte des sens, 
de ramener la douceur dans l’amour? Toute 
cette belle sérénité de la nature, le lendemain 
d’un ouragan, répondait : Non, cela n’est pas 
impossible ! 


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222 


LA. FILLE ’ 


VI 

Quoique le soleil fût déjà haut monté sur 
les collines, Mariane dormait encore. Léonardo 
s’assit à l’ombre de la vigne vierge sur un 
des bancs adossés au chalet. Il se plut à pen- 
ser qu’il commençait avec un beau jour une 
▼ie nouvelle, et laissait la tourmente derrière 
lui. 

Voici Mariane! Appuyée à la porte de la 
grande salle, elle cherche quelqu’un dans le 
vallon; elle ouvre la bouche pour appeler... 
Une pâleur subite envahit son beau visage. 
Le nom de Paolo arrive faiblement à ses 
lèvres. La fille du chasseur porte avec effroi 
les mains à son front; d’affreuses images pas- 


DU CHASSEUR D’AIOLES. 223 

sent devant ses yeux... Mais, considérant le 
ruisseau grossi, l’herbe humide, elle dit bien- 
tôt : « Quel épouvantable orage ! » Alors elle 
songe aux éclairs, au vent, à la pluie, aux 
cris de ses bêtes, à sa fièvre; elle sourit de 
ses craintes, ses joues perdent leur pâleur, 
un voile épais s’étend sur ses rêves... 

Léonardo n’a vu Mariane qu’abattue par 
le chagrin et par les veilles; la brise de la 
montagne, le repos, rendent au teint bruni de 
la jeune fille les fraîches couleurs des jours 
tranquilles. Son beau regard un peu noncha- 
lant semble avoir gagné dans les larmes plus 
de limpidité; sa bouche gracieuse et fine 
aspire l’air pur avec des mouvements enfan- 
tins, sa poitrine se gonfie, éclate sous les ru- 
bans mal noués de son corsage. 

Cette grande beauté, jeune, forte, franche, 
de la fille du chasseur d’aigles, inspire à Léo- 
nardo une admiration sans réserve, un amour 
sincère. La reconnaissance envers le vieux 
destin, qu’il a tant de fois maltraité, entre 


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‘2*24 


LA FILLE 


dans son cœur et le pénètre de part en part. 

— Mariane , dit-il à travers le feuillage, 
ton serviteur est là î 

Elle jette un cri de frayeur. 

— Mes rêves sont-ils vrais? Depuis quand 
êtes-vous revenu? Avez-vous passé la nuit 
dans le chalet? demande avec emportement 
la jeune fille sans attendre les réponses de 
Léonardo* 

— Calme-toi, ma bien-aimée, lui répond 
le jeune homme qui sort du feuillage, entoure 
de son bras la taille de Mariane et l’attire 
sous la tonnelle. Assez de tristesse, assez de 
pleurs; que m’importent tes rêves! L’orage 
est passé, le ciel sourit, ton père est un saint 
et chante les louanges de Dieu ! N’essaye pas 
de m’échapper... Je veux te voir! Ta beauté 
m’est nouvelle; je te connais si peu ! Je t’aime, 
et mon amour me ravit. Chère Mariane, je 
vais devenir excellent pour toi, bon pour moi. 
Tu sais ce que c’est qu’une fée; eh bien! tu 
es la fée de mon existence. Tu as frappé sur 


V 


DU CHASSEUR D’AIGLES. ' 223 

mon âme avec une baguette magique; elle 
était violente comme la révolte, tu Tas faite 
tendre comme l’amour. Je t’aime... tu me 
sauveras, n’est- ce pas? 

Jamais la pauvre orpheline n’a senti un pa- 
reil souille glisser sur elle ! Les chaudes brises 
d’août qui anéantissent les forces du travail- 
leur le plus courageux sont moins brûlantes. 
Le bras de Leonardo l’enlace et paraît à la 
jeune fille une chaîne de fer qu’elle n’essaye 
pas de briser. Tout son corps frissonne; elle 
penche sur l’épaule du Vénitien sa tête appe- 
santie; ses yeux se ferment, et ses lèvres ne 
résistent plus aux baisers. 

— Tu m’aimeras, murmure-t-il de sa voix 
caressante. 

— Je t’aime, dit-elle bien bas. 

• Paolo heureux, enivré, secoua la tête, 
comme pour la débarrasser d’un mauvais sou- 
venir. 

— Au travail, au travail! s’écria-t-il; de- 
bout, paresseuse! est-ce ainsi que des labou- 

13 . 


22C 


LA FILLE 


reurs doivent perdre leur temps à jaser ! On 
se dit en travaillant d’amoureuses paroles. 11 
faut que les brins d’herbe qu’on fauche, les 
grains qu’on sème, les fruits qu’on cueille, la 
moisson, tout me serve de prétexte, à moi, 
pour conter mon amour à Mariane? 

— Au travail donc ! répéta-t-elle gaiement. 

Elle se coiffa d’un grand chapeau niçois 
doublé de rose qui répandit sur son visage de 
jolies lumières; puis se débarrassant de sa 
jupe de dessus, de son étroit corsage, elle 
alla travailler, la poitrine recouverte seule- 
ment d’un fichu de soie, et ses beaux bras 
nus. 

Léonardo, lui aussi, retira sa veste pour 
avoir les mouvements plus libres, et il échan- 
gea son feutre noir contre un chapeau d’osier 
finement tressé que portait le père de Ma- 
riane. 

Ce qui pressait le plus, c’était de cueillir 
des cerises pour les faire sécher au soleil, et 
de bêcher un champ dans lequel on pouvait 


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DU CHASSEUR D’AIGLES. 


227 


encore semer des pois tardifs. Léonardo voulut 
que Mariane cueillît les cerises, et il com- 
mença de bêcher le champ avec un grand 
courage, avec trop de courage même! Les 
apprentis dans les travaux de la terre dé- 
ploient toujours une force excessive; pour 
bien labourer, il faut être lent, grave, très- 
mesuré. Au bout d’une demi-heure, le pauvre 
commençant avait déjà les reins brisés. Tout 
courbé, le front ruisselant de sueur, il regar- 
dait parfois la montagnarde, qui souriait ma- 
lignement. Celle-ci, perchée sur un arbre à 
quelque distance de son ami, lui jetait des 
bouquets de cerises pour l’obliger, disait-elle, 
à se reposer un peu. 

Mais Léonardo s’était donné une tâche, et, 
cette tâchée finie, entendait qu’on le récom- 
pensât de sa peine par de gros baisers. Vrai- 
ment il fallait qu’il y tînt fort à ces baise rs* 
pour fendre la terre avec tant d’ardeur. 

Quand le soleil et la montre de Léoqardo 
marquèrent midi, les deux amoureux rappor- 


te 


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228 


LA PILLE 


tèrent au chalet, dans une corbeille à deux 
anses, toutes les cerises que la jeune fille 
avait cueillies. Le grand lévrier du Vénitien 
les précédait en aboyant. On déjeuna sous la 
tonnelle dont Léonardo chérissait l’ombre, et 
l’on mangea les cerises de Mariane. Qu’elles 
étaient douces, mûres à point, belles, déli- 
cieuses ! 

La fille du chasseur d’aigles avait cet esprit 
alerte, vif dans les réponses, qu’ont la plu- 
part des montagnards de la chaîne de Tende. 
Son babillage amusa Léonardo. Pour elle, 
éblouie par la conversation du Vénitien, sé- 
duite par l’éclat de ses beaux yeux, touchée 
de son tendre amour, elle s’efforcait de ne 
pas se souvenir, de ne pas prévoir, de ne pas 
interroger. Ils parlèrent longuement de la 
récolte. Les lentilles ne rendraient pas beau- 
coup, mais en revanche les foins seraient 
magnifiques. Le seigle couché par l’orage se 
faucherait difficilement, mais les épis étaient 
lourds et nombreux. En somme, l’hiver pro- 


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DU CHASSEUR D'AIGLES. 


229 


chain n’était pas exposé à trop de priva- 
tions. 

L’hiver! ce mot glace la gaieté des amou- 
reux qui se taisent en même temps... La fille 
du chasseur fronce les sourcils; ses yeux 
s’emplissent de terreurs; sa main crispée 
s’attache à l’épaule de son ami. 

— L’hiver! répète Mariane; je ne l’ai pas 
rêvé, tu es Léonardo le Vénitien ! 

— Oui, reprit-il, se croyant certain alors 
d’être aimé, j’ai été- chef de bandits durant 
cinq hivers, je ne le suis plus, je ne le rede- 
viendrai jamais! Auprès de toi, déjà, je ne 
puis songer sans amertume, sans dégoût, 
sans honte, à ma vie passée. Je te jure, Ma- 
riane, que je n’ai point commis de crimes, 
seulement des erreurs, des fautes, et que j’ai 
fait du bien tant que j’ai pu. Encourage-moi 
au repentir, il me semble que la réparation 
m’est encore permise. 

— Serait-ce vrai, balbutia- t-elle, ce qu’un 
contrebandier, ami de mon père, nous apprit 


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230 


LA FILLE 


de vous quelques jours avant notre départ 
de San -Daim as? 

— Que vous apprit-il, Mariane? 

— Que vous êtes bienfaisant, ami des pau- 
vres et des faibles. 

— J’avais sans doute rendu service à cet 
homme. 

— Oui. Il était fier de vous connaître. Four 
moi, j’accablais de mes reproches celui qui 
parlait du Vénitien avec admiration. Un bri- 
gand, lui dis-je, ne peut faire que le mal, 
surtout s’il commande aux autres, parce que 
les brigands chpississent d’ordinaire pour les 
commander le plus mauvais d’entre eux. 

— Et mon ami le contrebandier, que ré- 
pliqua-t-il à ce discours? 

— Que vous n’êtes point un méchant, que 
vous avez été obligé par les poursuites de 
l’Autriche de vous cacher dans le col de Tende, 
et que, réduit à la misère par la dureté de 
vos parents, vous êtes devenu un voleur. Il 
ajouta que vous n’avez jamais tué personne, 


DU CHASSEUR D’AIOLES. 2.‘U 

et que, cet hiver même, vous avez empêché 
une bande de malfaiteurs de commettre des 

crimes dans la montagne. Mon père, à cela, 

« 

repartit, je m’en souviens! «Les nouveaux 
venus tueront Leonardo, et si tout ce qu’on 
dit de ce bon bandit est vrai, ce sera dom- 
mage! » Dommage! m’écriai-je révoltée. Ah! 
vous aimez les brigands, mon père! Moi, je 
voudrais pouvoir les tuer tous, comme des 
bêtes malfaisantes. Autrefois les chevaliers 
leur faisaient la chasse ; pourquoi les cheva- 
liers n’existent-ils plus? Maintenant, ajouta 
Mariane, d’un air sombre, je fais comme le 
contrebandier, comme mon père, je m’ap- 
plique à trouver beau dans sa conduite, vrai 
dans ses paroles, un bandit, un brigand ! Où 
cela me conduira-t-il?... Tout droit à la 
honte!... Combien de temps ai-je résisté au 
charme du mal? Un jour et une nuit!... 
Encore, si j’écoutais la voix de mes rêves, 
continua- 1- elle avec égarement, elle me 
dirait : « Mariane, es-tu certaine d’être au- 


> r 


« ' 


* . * 

> » 


•232 


LA FII.LR-* 


jourd’hui l’honnête fille que tu étais hier? » 

La montagnarde, l’œil sec, se tordait les 
mains avec violence. Elle alla se jeter la face 
contre la tombe de son père, criant des mots 
sans suite, appelant à son aide le saint qui 
resta sourd. 

Léonardo, depuis l’aurore , avait joui avec 
délices de cette existence calme et facile. Le 
souvenir de ses luttes, de ses haines, s’était 
en quelques heures éloigné de son âme. La 
solitude le travail , la compagnie d’une 
belle amoureuse lui eussent fait oublier bien 
vite sa passion du commandement. La brus- 
que résistance de Mariane, ses insultes, lui 
rappelèrent trop vite comment il savait im- 
poser à la rébellion sa volonté dominatrice. 
Debout, impatient, il regardait la fille du 
chasseur d’aigles se rouler sur la tombe de 
son père. La faiblesse de Mariane l’eût pro- 
fondément attendri, ému; sa colère l’irritait. 
Il se disait que cette jolie fille n’était pas à 
lui, qu’il faudrait chaque jour la reconquérir. 


DU CHASSEUR D’AIOLES. 23H 

Ah ! la conquête, il en était las comme de 
son métier de brigand. 11 avait trop long- 
temps exigé, volé. Comme il eût aimé celle 
qui . après avoir été prise, se fût offerte , 
donnée !... 

11 s’approcha de la jeune paysanne. 

— Mariane, lui dit-il d'un ton dur et hau- 
tain, tu peux par un mouvement généreux 
nous sauver, par ton orgueil nous perdre. 
Choisis vite! 

— Il n’y a qu’un salut pour moi, ré- 
pondit-elle, c’est d’échapper à ton amour. 

— Si tu veux aimer encore Paolo Ricci, il 
fera de toi sa femme! ajouta le Vénitien en 
essayant une dernière fois de la calmer et de 
se contenir. 

Elle se releva audacieuse et méprisante. 

— Votre femme ! 

Il lui saisit le bras, et le serrant à le bri- 
ser : 

— Sois donc plutôt une fille déshonorée 
par un brigand ! dit-il. 


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231 


LA. FILLE 


— Dieu saint ! il ne m’est plus permis de 
douter de ma perdition ! s’écria Mariane. Ce 
n’était pas la fièvre, le délire seulement qui 
épouvantait mon sommeil; c’était le crime. 
A présent, aimer serait faire grâce ! La mort, 
la belle mort, me plaît mieux que cette vie 
d’épreuves et de souillures ! Devenir la proie 
des loups est moins affreux à ma pensée que 
d’être la proie d’un voleur ! 

S’arrachant à l’étreinte brutale du Véni- 
tien qui s’efforce en vain de la retenir, folle 
d’exaltation, elle s’élance vers le chalet. Que 
va-t-elle y faire ? Léonardo la suit. 

Le couteau du chasseur d’aigles est sur la 
table; c’est ce couteau quelle vient cher- 
cher ! Elle le saisit avec violence, l’appuie 

sur sa poitrine... Ah ! sa main se contracte 

* 

et résiste. Le sang rougit son fichu de soie ; 
mais la plaie refuse de se faire profonde î 
Des sanglots s’échappent de la gorge serrée 
de Mariane ; des larmes inondent son visage; 
elle s’irrite contre elle-même, s’accuse de la- 


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DU CHASSEUR D'AIGLES. 


23Ô 


cheté, se dit que la honte veut être lavée 
avec du sang, non avec des pleurs, et cepen- 
dant le couteau tombe à ses pieds. 

Léonardo est auprès de celle qu’il aime : il 
déchire son fichu. Heureusement la blessure 
est légère! il la baise avec passion. L’essai 
de la mort que la fille du chasseur vient de 
faire pour échapper au déshonneur provoque 
son respect. Les larmes, la faiblesse, l’atten- 
drissennent de Mariane lui donnent l’assurance 
d’une conquête définitive. 

Mais la victoire acceptée fait naître dans 
le cœur d’un conquérant généreux le désir de 
relever le vaincu. Il est triste de voir dans le 
fier adversaire de la veille un esclave humi- 
lié. Léonardo, absous, vit aussitôt son âme 
tourmentée par un immense désir de répara- 
tion, et il se jura d’épouser la fille du chas- 
seur d’aigles. 


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‘23G 


LA. FILLE 


VII 


Mariane se demandait sans cesse comment 
Paolo, avec son esprit, sa bonté, avait pu 
devenir un voleur. Plusieurs fois elle le pria 
de lui conter son histoire. Réfléchissant un 
matin que le récit de ses aventures ne pou- 
vait le diminuer aux yeux e la belle monta- 
gnarde, il fit sa confession entière : 

— Je suis , dit-il, le fils d’un orfèvre de 
Venise. J’avais dix-neuf ans lorsque je formai 
le sérieux projet, avec vingt jeunes garçons 
de mon fige, de renverser la domination de 
l’Autriche. Mon père était riche ; seul, j’étais 
instruit. Mes compagnons, fils de pêcheurs, 
m’obéissaient aveuglément. 


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DU CHASSEUR D’AIGLES. 


237 


— Êtes-vous enfant unique, Paolo ? de- 
manda Mariane, trouvant que son ami ne lui 
parlait pas assez de sa famille. 

— J’ai quatre frères bien établis à Venise. 
Patriote farouche comme les très-jeunes gens, 
je leur reprochais continuellement avec ai- 
greur leur tranquillité. Peut-on vivre heu- 
reux et calme sous la domination de l’Au- 
triche ! m’écriais-je à chaque heure du jour. 
Toutes les épithètes dures, insolentes, dou- 
loureuses pour des cœurs vénitiens, je les 
adressais sans cesse à chacun de mes parents. 
Je les troublais, je les faisais souffrir. Crai- 
gnant que je ne les compromisse sans profit 
pour notre cause, ils essayaient de m’apaiser 
par des raisonnements que j’appelais inté- 
ressés et honteux. Bref, je crois que mon 
père, ma mère, mes belles-sœurs, mes frères, 
me désiraient depuis longtemps où l’Autriche 
m’envoya bientôt ; hors de Venise. Ils m’a- 
vaient souvent demandé de voyager, et ne 
m’eussent point 'marchandé l’argent. Moire 


LA FILLK 


238 

complot découvert, mon exil prononcé, ils 
m’offrirent de me faire une rente. Je refusai 
leurs dons avec indignation. Plus amer après 
la défaite, je ne pardonnais pas à leur égoïsme 
d’avoir eu raison contre moi. Je me crus 
un homme supérieur aux autres hommes, 
une âme généreuse et méconnue, une de ces 
natures que le monde mal gouverné n’a pas 
le droit de réglementer, et je me mis sans 
remords, sans hésitations, hors la famille et 
hors la loi ! J’avais dix-neuf ans, Mariane, ne 
l’oublie pas. Mes compagnons, dont je con- 
tinuai d’être l’oracle, enhardis par mes beaux 
discours, fortifiés par mon audace, me suivi- 
rent dans la chaîne de Tende. Je leur ensei- 
gnai des maximes d’honneur pleines de fan- 
taisie qu’ils acceptèrent sans les discuter, 
toujours soumis à mes vouloirs , toujours 
convaincus de mes bonnes intentions, et pas- 
sionnément attachés à ma personnne. Si autre- 
fois, continua un peu tristement le Vénitien, 
à l’époque où je n’étais coupable que de 


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DU CHASSEUR D’AIGLES. 


239 


trop d’enthousiasme pour une noble cause, 
mon orgueil a repoussé les secours de mes 
parents, tu comprends, Mariane, avec quelle 
exigence, le respect que je dois aux miens, 
le peu de dignité qui me reste, m’ordonnent 
à présent de me laisser oublier par ma fa- 
mille, jusqu’à ce qu’une belle action soudaine 
ou une longue repentance m’aient relevé 
dans ma propre estime. 

— Je comprends très-bien, mon Paolo, dit 
Mariane joyeusement, et je veux que tu ne 
doives rien maintenant qu’à notre travail et 
à notre amour. 

— Consens-tu, aujourd’hui, à devenir ma 
femme ? 

— Je le désire avec passion ; mais où et 
comment veux-tu que nous nous épousions ? 

— J’ai rendu quelques services au curé 

* 

de Limone, répliqua Paolo. Il est l’oncle d’un 
de mes compagnons vénitiens. Cent fois, il 
est venu au milieu de ma bande pour la 
prêcher, nous promettant, si nous nous con-^ 


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,1 


«• 


*2 10 If A FILLE 

» 

w . — ' 

vertissions au bien, d’obtenir notre grâce 
.lorsqu’à l’automne le roi Victor chasse dans 
la montagne. J’irai chercher le vieux curé de 
Limone ; je lui dirai que je quitte, pour t’é- 
pouser, le métier de bandit, et il nous mariera, 
j’en suis certain ! 

— Va, cher Paolo, et que notre amour te 
garde ! Si ce mariage me condamne aux yeux 
de beaucoup de gens, il me purifiera devant 
Dieu et mon père. Pars donc pour Limone , 
sors du vallon de bonne heure. Autour d’ici, 
tu ne cours aucun danger ; mais jure-moi de 
ne marcher que la nuit sur la route du 
Col. 

— Je veux être heureux, je serai pru- 
dent. 

11 dit adieu à Mariane et quitta le vallon, 
content comme un homme qui va faire la pre- 
* mière bonne action de sa vie. 

Mariane éprouva plus d’apaisement que de 
tristesse après le départ du Vénitien. La Son- 
geuse trouvait un certain plaisir à se sentir 


± 


DU CHASSEUR D’AIGLES. 


241 


seule pour penser librement aux épreuves 
quelle avait subies depuis huit jours. Elle 
employa toutes les ressources de son esprit a 
réfléchir sur sa situation, à juger Léonardo. 
Ces réflexions et ce jugement ne furent point 
contraires à son amour. Mariane, en rêvant 
d’un mari, comme rêvent toutes les jeunes * 
filles, n’avait jamais entrevu à ses côtés 
un montagnard grossier. Quoique chasseur 
d’aigles, quoique aimant à lire, écrivant 
bien l’italien, son père lui-même ne lui pa- 
raissait point un modèle pour l’époux quelle 
désirait. Léonardo, par sa conversation, par 
son air distingué, par son amour passionné, 
par ses aventures, réalisait bien cet être ex- 
ceptionnel, demi-réel et demi-fantastique, 
résumé étrange des qualités et des défauts de 
vingt héros de contes. Mais Paolo était un 
bandit! Mariane valait-elle plus? Un bandit 
de la condition de son amant n’était-il pas 
l’égal, sinon le supérieur, d’une fille humble, 
ignorante et pauvre ? 11 connaissait les belles 


l.A FIH. R 


242 

dames de Venise, et il avait choisi Mariane ; 
il était revenu vers elle ; il avait travaillé, la- 
bouré, pour lui plaire ; il allait lui donner 
son nom de Paolo Ricci ! Tout cela ne devait- 
il point faire pardonner une offense dont le 
coupable cherchait avec ardeur la réparation? 

■ Oui, cent fois oui ! D’ailleurs, le destin com- 
mun de Paolo et de Mariane était écrit en 
gros caractères. Comment se tromper dans 
cette lecture? La mort subite du chasseur 
d’aigles, l’apparition du Vénitien, les visions 
terribles de Mariane anéantissant sa volonté, 
l’amour de Léonardo, son désir d’une exis- 
tence plus calme, la solitude de Torpheline, 
l’indillérence de cœur des deux jeunes gens 
jusqu’à leur rencontre, tout leur disait : 
« Soyez l’un à l’autre! » Si le ciel par la 
voix du vieux curé de Limone approuvait 
leur union, l’avenir leur réservait assurément 

> 

le .bonheur. 

Mais Paolo reviendra- t-il? Que la nuit 
s’écoulera lentement à l’attendre, et que les 


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DU CHASSEUR D’AIGLES. 


243 


* 


heures du lendemain seront longues! 11 est 
âgé, le curé de Limone. Fasse le bon Dieu 
qu’il soit vivant encore, et que le Vénitien ne 
soit pas surpris par les gendarmes du roi ! 

La Songeuse laissait son esprit courir à la 
suite de Paolo et tourner autour de lui comme 
faisait le grand lévrier du Vénitien. Sa fau- 
cille était immobile dans sa main inactive; 
# elle ne coupait plus l’herbe haute et fleurie. 

Vers le soir, Mariane ferma les yeux pour 
mieux suivre Paolo, qu’il lui semblait voir trop 
vaguement les yeux ouverts... Elle s’endormit 
jusqu’à l’aube et s’éveilla le cœur plein d’es- 
pérance et d’émotion tendre. 

Après le repos, le travail. L’un aussi bien 
que l’autre trompe l’-attente. La fille du chas- 
seur d’aigles, très-occupée, passa le jour ai- 
sément. Quand tombèrentles ombres du second 
soir, elle vit venir la nuit sans effroi et sans 
fièvre. 

De beaux bruits animaient le vallon ; le 
frémissement des feuilles, toujours doux à 


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211 


LA FILLE 


entendre, le murmure de l’eau, les cris des 
petites bêtes, la voix des rossignols, nombreux 
dans les solitudes boisées, et qui chantent, 
disent les pâtres, des cantiques sur la gran- 
deur de la montagne. Une lumière étrange, 
glissant à travers les mélèzes noirs, éclairait 
le flanc des collines et le dessous des bois. La 
lune se leva énorme, entourée de nuages d’un 
jaune sombre, à qui elle semblait faire la * 
chasse et qu’elle dévorait avidement. Dans la 
salle immense du ciel, les étoiles brillantes 
glissaient les unes derrière les autres, comme 
en une danse mesurée et cérémonieuse. Tout 
était à la fois clair, voilé, mystérieux, et pa- 
reil aux paysages que les contes montrent à 
l’esprit, lorsque les chevaliers pénètrent dans 
le royaume des fées bienfaisantes pour cher- 
cher le talisman qui doit leur rendre le cœur 
d’une princesse. 

Le rossignol chante! Mais une autre voix 
jeune et vibrante domine la sienne... c’est la 
voix du Vénitien, c’est l’époux! Il se montre 


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DU CHASSEUR D’AIGLES. 


215 


aux yeux ravis de sa bien-aimée. Ah ! le curé 
de Limone n’est point avec lui... Le curé de 
Limone est mort! 

À cette nouvelle, la fille du chasseur eut un 
dernier mouvement de révolte; mais la réso- 
lution sincère que Paolo montrait de l’épouser 
triompha de ses résistances. Il voulait se re- 
mettre en route pour aller chercher le curé de 
la Giage ou celui de Tende. La montagnarde 
savait trop bien qu’en montant jusqu’à la 
Giage ou en descendant jusqu’à Tende, le 
Vénitien serait infailliblement pris par les 
gendarmes. Elle s’opposa donc à ce départ, 
et remit à la fin des chasses du roi l’époque 
de son mariage. 

Quelques jours suffirent à Paolo pour dis- 
siper les tristesses de Mariane. Ils reprirent 
gaiement leur vie de tendresse et de travail. 
Jamais cœurs ne furent plus épris, amants 
plus désireux de s’améliorer; jamais chau- 
mière ne fut plus ornée de verdure, jamais 
nid si bien caché au fond des bois. 

14 . 


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2-JC 


LA FILLE 


La paix, la solitude pour l’esprit, l’amour 
pour le cœur, l’air pur et le travail des bras 
pour la santé, voilà de beaux apports dans un 
jeune ménage , et ce que la fortune donne 
rarement. Pour le plaisir des yeux, une fraîche 
campagne, un vrai jardin, où nulle fleur ne 
fleurit sans être admirée. Aussi quelle ardeur 
à s’épanouir ! 

Sur le bord du ruisseau s’entremêlent les 
myosotis aux pétales mignons, au feuillage 
lin et pâle, et les « aimez-moi » à la feuille 
épaisse, au grand œil bleu effrontément ou- 
vert. Les reines-des-prés, toujours debout, 
un pied dans la terre, un pied dans l’eau, 
regardent passer avec indifférence ces fleurs 
roses tremblantes qu’un souffle humide dé- 
tache de leur tige et que le moindre courant 
emporte à la dérive, les racines en l’air. Dans 
la prairie s’étalent par milliers des lavandes 
au parfum insolent, de lourdes marguerites, 
hères comme toutes les grosses fleurs, des 
clochettes blanches qui n’ont de clochettes 


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DU CHASSEUR D'AIGUES. 


247 


que le joli nom, puis des scabieuses violettes, 
des bluets tout roses, des chardons tout 
bleus et des boutons d’or reluisants. A travers 
l’herbe pressée, on aperçoit les luzernes blan- 
ches ou roses et le trèfle jaune avec sa fleur 
pareille au tricorne d’un gendarme, puis le 
petit serpolet en légions qui se faufile sous 
les grandes lavandes et se donne beaucoup de 
peine pour faire monter ses senteurs plus 
haut que celles de ses rivales. La tige bien- 
faisante du lin semble défier le bleu inutile 
du myosotis; le champ grave des pommes de 
terre se couvre de coquettes fleurs lilas; les 
fèves communes répandent une odeur fine et 
enivrante. Les rochers, eux aussi, ont voulu 
se vêtir de beaux habits pour fêter les amours 
de Mariane ; toutes leurs crevasses sont em- 
plies de jeunes buissons de rhododendrons 
aux bouquets un peu sévères de forme, mais 
charmants de couleur. Sur les versants es- 
carpés se déploie le gazon des pariétaires. 
Enfin, dans la forêt, les vieux sapins chauffés 


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LA FILLE 


248 

par la chaleur du jour répandent leur forti- 
fiant parfum de résine. Sous leur ombre 
épaisse les ronces donnent des fruits , et 
parmi les pierres moussues se dressent sur 
leurs petits pieds des fraisiers chargés de 
fraises. 

Le Vénitien, pénétré par cette poésie de la 
montagne que la Songeuse comprenait mer- 
veilleusement, laissait éclater son enthou- 
siasme et son émotion. 

-t Ce qui me plaît dans les fleurs, disait 
Mariane , c’est moins leur odeur que leur vi- 
sage. J’aime à voir en elles, comme aux 
tournois des chevaliers du vieux temps , des 
dames qui luttent de beauté. Je les juge 
toute seule, je les fais reines ou esclaves, à 
mon gré. Des messagers toujours prêts, mais 
un peu désobéissants, les papillons, portent 
de ma part la gloire ou l’humiliation à celles 
dont le sort est entre mes mains. 

Durant les beaux soirs, le Vénitien et son 
amie, couchés sur l’herbe, après une longue 


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DU CHASSEUR D’A I H LE S. 


219 


♦ 

journée de travail, jasaient ainsi des heures 
entières. Ils avaient répudié le passé. Amou- 
reux du présent, ils ne l’oubliaient que pour 
songer à l’avenir. 

— La montagne est bien séduisante, je 
l’aime, et j’y suis heureux! répétait souvent 
le jeune homme; mais je la quitterai avec 
plaisir pendant quelques mois. Nous irons, 
Mariane, nous asseoir sur les bords de la Mé- 
diterranée, chère aux Vénitiens. As-tu vu 
quelquefois des hauteurs du pic de Tende se 
dessiner au loin les rives de la mer d’azur, les 
masses grises des oliviers, et, comme des prai- 
ries d’herbe sombre, les champs d’orangers? 

— J’ai vu tout cela, répondait-elle, j’ai 
contemplé le ciel de Provence, celui d’Italie, 
et je préfère la chaîne de Tende. 

— Nous y reviendrons. 

— Mais qu’importe ! reprenait Mariane. 

. N’es-tu pas exilé toi-même? Je dois désirer 
une souffrance que je partagerai avec toi. 

— Ambitieuse, tu veux te faire trop aimer. 


250 


LA FILLE 


VIII 


Le fils de l’orfévre de Venise promit à sa 
compagne qu’il irait rejoindre ses vingt com- 
pagnons vénitiens en France; qu’une lois au 
milieu d’eux, il rédigerait et ferait signer par 
les vingt hommes de sa première troupe une 
demande en grâce adressée au roi Victor, et 
dans laquelle, suppliant le roi de lui permet- 
tre de rentrer en Piémont avec ses amis pour 
y vivre honnêtement, il renierait toute parti- 
cipation de lui et des siens aux exploits de 
la nouvelle bande du pic de Tende. 

Mariane ne doutait pas que le roi Victor ne 
pardonnât à des Vénitiens, exilés par P Au- 
triche, bons bandits et repentants. 


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DU CHASSEUR D’AIGLES. ,251 

Elle espérait donc revenir au printemps de 
l’année suivante habiter avec Paolo son cha- 
let dans le vallon. 

Heureux, aimés, contents d’eux et de leur 
amour, ils jouissaient pleinement d’une exis- 
tence faite à leur goût et s'efforcaient d’en 
bannir tous les soucis. Quand le bruit du cor 
royal résonnait sur les hauteurs du pic de 
Tende, Mariane accourait auprès de son cher 
Paolo, et, peureuse, l’entraînait pour le ca- 
cher dans le coin le plus sombre de la chau- 
mière. Lui résistait, disant qu’il voudrait être 
arrêté et conduit au roi, qu’il obtiendrait plus 
tôt sa grâce. — Sa grâce! reprenait Mariane. 
H n’était pas encore assez obéissant pour la 
mériter. 

Dès que la fille du chasseur parlait sérieu- 
sement, elle tenait un autre langage. Paolo 
faisait de tels efforts pour devenir meilleur, 
qu’il eût été difficile de ne pas reconnaître 
que son amour lui-même était dominé par un 
immense désir de perfectionnement* 


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LA FILLE 


‘252 


Le bonheur est une grande école. Heureux, 
apaisé, l’ancien chef de bandits apprit à se 
juger. 11 eut confiance en sa conversion, se 

V 

sentit à chaque instant plus résolu dans sa 
volonté de pratiquer le bien, et s’émerveilla 
de ne retrouver en lui ni aigreur, ni tristesse, 
ni dégoût. Il parvint même à penser aux en- 
nemis de Venise sans «colère. En était-il 
moins bon Vénitien? Non. Sa passion politi- 
que, au lieu de bouillonner et de s’échapper 
comme une eau sans issue, s’écoulait calme 
en un lit profond , attendant l’heure où sa 
force devînt utile. Son cœur attendri, en 
perdant ses impatiences, n’avait point perdu 
son avidité de dévouement à la libération de 
Venise. Mais l’amour lui mit tout à coup dans 
l’âme une sorte de pudeur patriotique. Il se 
dit que l’action pour une noble idée n’est 
point permise aux étourdis, aux exaltés qui 

risquent de la compromettre. Défendre une 

« 

grande cause ne doit pas être non plus un 
sentiment intéressé. Tout homme perdu de 


DU CHASSEUR D’AIGLES. 


233 


réputation, qui trouverait en son patriotisme 
un moyen trop facile de se relever dans l’es- 
time des autres, n’a pas le droit de servir sa 
patrie. Donc, pensait le Vénitien, Léonardo le 
bandit sera complètement réhabilité à ses 
propres yeux avant de redevenir un ennemi 
actif des Autrichiens, qui ne font pas à Venise 
autre chose que ce qu’il faisait lui-même 
sur la route de Tende à Cunéo. 

Paolo redisait souvent à son amie qu’il avait 
rencontré cette fée bienfaisante, à la réalité 
de laquelle tant de gens, pour cause, refusent' 
d’ajouter foi, et que tant d’autres cherchent 
en vain toute leur vie. Le jeune homme rap- 
, portait i\ sa tendresse pour Mariane les pro- 
grès accomplis dans son caractère; il croyait 

« 

découvrir que l’amour est le grand moralisa- 
teur, la religion par excellence. 

Mariane ajoutait que l’amour, en agrandis- 
sant le cœur, agrandit l’esprit. La monta- 
gnarde dépassait chaque jour sa propre me- 
sure d’intelligence et de sentiment. Avec une 

15 


» > 


254 




LA FILLE 

a rdeur sans cesse en éveil, elle s’appliquait à 
co mprendre les idées de son ami, à lui rendre 
bonheur pour bonheur. 

Quand les seigles jaunirent, il fallut tra- 
vailler beaucoup, et les amoureux travaillè- 
rent. Tout se finit à temps et bien î Mais . 
après la moisson et les semailles, la triste in- 
quiétude fit sa rentrée dans le vallon et dans 
l’âme de la fille du chasseur d’aigles. 

Les messagers des pâtres pouvant descen- 
dre d’un moment à l’autre, il fallait que Paolo 
s’éloignât du chalet. Le cor du roi ne réson- 
nait plus sur les hauteurs du pic de Tende. 
Si le Vénitien tardait davantage à sortir du 
Piémont pour gagner la France, il s’exposait 
à rencontrer des gendarmes autour des fron- 
tières ou quelques-uns des hommes de la 
bande criminelle qu’il voulait fuir. 

Trois mois de lune de miel s’étaient écou- 
lés depuis la venue de Paolo dans le vallon, 
et, pareil à la lune de la montagne, leur 
amour avait dévoré tous les nuages. 


% 


# 


* 


9 


DU CHASSEUR D’AIGLES. 


255 

Parjer de séparation devenait pressant. 
Mariane en parla. Elle possédait mille francs 
que le chasseur d’aigles promenait de San- 
Dalmas au chalet, attendant une occasion de 
les placer par l’achat d’un bon morceau de 
prairie. La jeune paysanne obligea son cher 
Paolo de prendre la moitié de cet argent, 
afin qu’il n’eût à souffrir d’aucune privation, 
pendant son voyage. 

Tout était prêt pour le départ du Vénitien. 

' Chaque soir, il jurait à son amie qu’il lui di- 
rait adieu le lendemain. Elle promettait d’al- 
ler le rejoindre à la première nouvelle de son 
arrivée à Nice, et le suppliait de partir. Lais- 
ser Mariane exposée à. tous les dangers de la 
solitude paraissait impossible à Léonardo. 
Désolée de ces retards, inquiète, la jeune 
femme lui proposa de l’accompagner. 

11 refusa, et, cherchant une excuse à sa 
faiblesse, il essaya de prouver à sa compagne 
que sa résolution avait toujours été de 11 e la 
quitter que le premier soir de novembre* 


L 


•25(5 LA FILLE 

époque du rendez-vous donné par lui à ses 
recrues. Les brigands devaient l’attendre aux 
alentours de l’auberge du Col. Il voulait pro- 
fiter de leur réunion pour passer en France. 

% 

Les gendarmes et les douaniers, prévenus par 
leurs espions de ce rassemblement, ne le 
chercheraient pas à la frontière. 

Le 1 er novembre fut un triste jour pour les 
deux amants. Mariane, plus confiante que 
Paolo, s’efforça de voir dans ces adieux l’as- 
surance d’une prochaine réunion et d’une 
félicité complète. 

< Quand l’heure de la séparation eut sonné, 
le Vénitien, après avoir cent fois embrassé Ma- 
riane, appela son lévrier Fanti, dressé à pré- 
venir ceux qu’il accompagnait de l’approche 
des gendarmes. Fanti pouvait être d’une 
grande utilité à l’ancien chef de bandits dans 1 
le voyage difficile qu’il allait entreprendre. 
Mais le lévrier ne répondit pas à l’appel de 
son maître. Qu’était-il devenu? Mariane se 
souvint de l’avoir vu la veille courir dans la 


DU CHASSEUR D’AIGLES. 


251 


direction du pic de Tende. Paolo s’inquiéta 
de la disparition de son chien et perdit des 
instants précieux à le chercher. 


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•25S 


I.A F IL LU 


IX 


Lévrier de race pure, Fanti était vaniteux, 
léger de cœur. Depuis trois mois, il s’ennuyait 
à en mourir. Couché tout le jour au soleil, 
bâillant, enfermé entre des collines, il regret- 
tait son métier de chien de bandit. Les rires 
de Leonardo, ses chansons, sa gaieté, témoi- 
gnages de son bonheur, n’avaient pas un 
seul instant ému l’égoïste lévrier; la douceur 
de la voix de son maître, au contraire, l’irri- 
tait. Le chef, obéissant à une femme, ne com- 
mandant plus, perdit tout prestige aux yeux 
du chien. 

Lorsque le froid revint, Fanti, plus délaissé 
que jamais, commença de faire quelques ex- 


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DU CHASSEUR D'A 1 0 [. ES. 


8.A9 

cursions dans la montagne pour s’échauffer 
et pour se désennuyer. 

Un jour qu’il parcourait avec tristesse le 
théâtre de ses exploits, il découvrit, à quel- 
que distance de l’auberge du Col, une masse 
d’hommes agitée, murmurante, au milieu de 
laquelle le nom de son maître était cent fois 
répété. Ce nom de Leonardo le fit bondir de 
joie. Comme il le préférait à celui de Paolo, 
tendrement prononcé par Mariane ! Fanti 
court vers cette troupe. Mais bientôt il s’ar- 
rête avec inquiétude. Pas un seul de ses vieux 
amis vénitiens ne lui apparaît. 11 hésite, il 
réfléchit, et, ne comprenant pas, il croit plus 
sage de retourner au vallon. 

Les brigands ont aperçu le messager du 
chef; des hourras nombreux l’accueillent : 
« Fanti! voilà Fanti' » s’écrient-ils tous en- 
semble. Puis chacun d’eux l’appelle; il vient, 
on le flatte, on l'honore. Ce triomphe tourne 
la tête du vaniteux lévrier. Il oublie sa pru- 
dente réflexion et s’efforce de faire entendre 


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260 


LA FII-LE 


à la troupe, par ses aboiements, ses fuites du 
côté du vallon, ses retours précipités, qu’il 
veut la conduire à son maître. 

Les malfaiteurs, depuis douze heures, at- 
tendaient Léonardo. En ne voyant parmi eux 
aucun des compagnons duVénitien, il se dirent 
qu’ils étaient abandonnés delapremière bande, 
qu’ils allaient être reniés, trahis, poursuivis 
peut-être. Ayant une médiocre confiance les 
uns dans les autres, ils regrettèrent le jeune 
chef, si brave, si audacieux, qui savait main- 
tenir l’ordre autour de lui, et faire peur aux 
plus hardis. Ils se reprochèrent de l’avoir 
éloigné par leurs menaces de révolte, et se 
fussent inévitablement querellés sans la sou- 
daine arrivée de Fanti. La présence du lévrier 
calma toute colère. Cependant on s’étonna de 
ne point voir venir Léonardo derrière lui. 
Bientôt l’agitation du chien fit comprendre 
que le chef ne le suivait pas. 11 était sans 

doute retenu par quelque crainte ; il courait 

\ 

* un danger. 


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DU CHASSEUR D’AIGLES. 


201 


Dix hommes, parmi les plus désireux de 
ramener le chef, se détachèrent de la troupe, 
suivirent Fanti et se laissèrent guider par le 
chien, dont la joie témoigna clairement qu’il 
avait obtenu ce qu’il voulait. 

Les dix hommes marchèrent longtemps 

précédés du lévrier. A mesure qu’ils s’éloi- 
* 

gnaientde l’auberge du Col, leurs inquiétudes 
augmentaient. Allaient- ils trouver le chef 
prisonnier des gendarmes? Ils tinrent conseil 
et s’arrêtèrent à un quart d’heure environ du 
chalet de Mariane. 

Tout à coup ils entendent le bruit du sifilet 
avec lequel Leonardo appelle d’ordinaire 
Fanti; c’est le même son impatient qu’ils 
connaissent. Le chef est vivant! il ne silîle- 
rait pas son chien de la sorte s’il était prison- 
nier; les gendarmes, certainement, lui au- 
raient lié les mains. Fanti disparaît. Les 
brigands, délivrés de leurs craintes sur Léo- 
nardo, en conçoivent pour eux-mêmes. 

— Si c’était un piège? s’écrie l’un des 

15 . 


202 


LA FILLE 


malfaiteurs. Le Vénitien et ses compagnons 
sont là; nous sommes perdus! 

Ils prennent la fuite. Mais Fanti revient 
vers eux, se met en travers de leur route, va 
jusqu’à les mordre pourries retenir. Con- 
vaincus que le chien les attire dans un guet- 
apens, ils le frappent; Fanti se défend, ils le 
tuent. 

Cet incident fait réfléchir les dix hommes. 
Le lévrier ne peut plus conduire son maître 
sur leurs traces ; d’ailleurs les ombres de 
la nuit envahissent les gorges de la mon- 
tagne. Ne devraient-ils pas se cacher, sur- 
prendre le chef, s’il médite quelque attaque 
contre la nouvelle bande? 

L'un des brigands, plus entreprenant que 
les autres, propose de risquer seul l’aven- 
ture. 11 quitte ses camarades, descend dans le 
vallon, et aperçoit le Vénitien auprès d’une 
femme en pleurs, à laquelle il paraît vouloir 
dire à chaque instant un dernier adieu. 

Le voleur retourne vers ses amis, leur fait 


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DU CHASSEUR D'AIGLE!}. 


263 


.en riant part de sa découverte, et bientôt 
tous les dix se présentent à la porte du cha- 
let. En voyant ces dix briginds armés , la 
fille du chasseur pousse un cri de détresse. 

Le danger rend à Paolo son courage et son 
audace. 

— Que me voulez-vous ? demande -t -il 
d’un ton impérieux à ces hommes. 

— Pardon , capitaine , si nous vous dé- 
rangeons, répondent-ils avec impertinence. 

— Qui vous a conduits. jusqu’à ce chalet ? 
dit encore Léoriardo. 

— Votre chien Fanti, que nous venons de 
tuer, croyant qu’il nous attirait dans ungnet- 
apens, réplique l’un des malfaiteurs. 

— Ne vous souvenez-vous donc plus, ca- 
pitaine, reprend un autre, du rendez-vous 
que vous aviez donné à votre bande en la 
quittant ? Depuis douze heures nous vous at- 
tendons autour de l’auberge du Col, et nous 
nous exposons, ainsi réunis au même endroit, 
à être cernés par les gendarmes. 


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261 


LA FIL LU 


— Pourquoi m’attendez-vous ? dit-il, con- 
tenant mal sa colère. ]\’avez-vous pas deviné, 
à l’absence de mes Vénitiens, à la mienne, 
qu’eux et moi, nous ne voulons plus avoir rien 
de commun avec votre troupe, et que nous 
vous cédons la place? 

— Tais-toi, ne leur parle pas ainsi, mur- 
mure Mariane à l’oreille de Paolo, ils te tue- 
ront. 

Les malfaiteurs se consultent du regard. 
Une résolution^ sinistre se lit un instant dans 
leurs yeux. 

— Tu nous suivras! s’écrient-ils. 

— Je n'ai jamais cédé à la menace, répond 
le Vénitien, qui s’arme d’un pistolet. Prends 
le couteau du chasseur, Mariane, et défen- 
dons-nous ! . 

/ 

Les brigands hésitent. Ce qu’ils veulent 
avant tout, ce qu’ils sont venus chercher, 
c’est un chef vivant, c’est Léonardo, ami des 

montagnards, et capable seul de maintenir 

» 

l’ordre dans leur troupe nombreuse. 


Le défi du Vénitien , au lieu de les révol- 
ter, les séduit. Sa bravoure provoque dans 
le cœur de ces hommes une admiration su- 
bite. 

— Cédera(s-tu à la prière ? disent-ils en je- 
tant leurs armes. 

Leonardo se tourne vers Mariane, dont les 
yeux le supplient de ne point résister à ces 
méchants. 

— Sortez ! dit le Vénitien ; je consens à 
vous suivre. 

— Capitaine, nous sommes las, permets- 
nous de passer la nuit dans ce chalet, deman- 
dent les brigands. 

— Sortez ! je vous l’ordonne, répète le 
chef. 

Ils obéissent avec défiance. 

Dès qu’ils sont hors du chalet, Mariane 
éclate en sanglots. 

— Fuyons, fuyons ! s’écrie-t-elle égarée. 
11 ne faut pas que tu retombes dans les mains 
de ces misérables. 



/ 


*26G LA FILLE 

— Hélas! il est trop tard, et je suis trop 
puni de ma faiblesse. Cependant, lorsque je 
songe que ces dix hommes pouvaient te trou- 
ver seule, je m’approuve d’être resté... Je les 
suivrai donc pour que tu aies le temps de 
retourner à San-Dalmas. Tu m’attendras cha- 
que soir ; j’échapperai à ces brigands, je te 

• 

le jure. Allume un grand feu, et laisse ou- 
vertes toutes les nuits les portes de ta mai- 
son. Je la reconnaîtrai ; c’est la plus proche 
du chemin des mines d’argent. Que deux 
mules soient toujours sellées dans ton écurie, 
et puissent en une heure nous porter hors du 
Piémont. Refais à ma taille un habillement de 
ton père. Si je tarde, ne doute point de moi, 
de mon amour, je t’en supplie, Mariane. Ne 
cherche pas à me rejoindre. Je préférerais 
cent fois te voir morte qu’au milieu de ces 
criminels. Adieu, ma joie, mon courage, 
mon Jionneur, ma femme! je t’aimerai jus- 
qu’à mon dernier soupir! 

i 

Il quitte le chalet, le vallon, le travail, la 


f 


du chasseur d'aigles. 


807 


paix, l’amour ! retrouvera-t-il tout cela? Ma- 
riane, immobile à la place où son ami l’a 
laissée, voit l’édifice de son bonheur écroulé. 
Elle regarde autour d’elle : plus rien que des 
ruines! Cet avenir rempli d’heureuses pro- 
messes pour la bien-aimée de Paolo Ricci, se 
montre plein de menaces et d’épreuves à la 
compagne du Vénitien. 


I 


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•2G8 


l a. Fir.r.E 


/ 




X 



Lorsque les premiers messagers des pâtres 
traversèrent le vallon du chasseur d’aigles, 
Mariane les pria de lui acheter deux: mules et 
de les lui ramener au plus tôt. Elle leur conta 
la mort de son père brièvement, et refusa 
d’entrer dans ces nombreux détails que les 
montagnards aiment à savoir sur les rares 
événements dont ils ont connaissance. En 
vain ils l’interrogèrent; elle ne répondit à 
aucune de leurs questions. 

Trois jours après leur départ du vallonnés 
messagers, en repassant, lui laissèrent deux 
mules jeunes et fortes. Mariane retourna dans 
sa maison de San-Dalmas, et y arriva la 


* 


9 


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DU CHASSEUR D’AIGLES. 


2G9 


veille de la foire de Saourge, où elle envoya 
vendre ses chèvres et ses brebis. 

La fille du chasseur d’aigles retrouvait par- 
tout le souvenir de son pauvre père. Ses voi- 
sins et ses voisines, comme les messagers des 
pâtres , l’accablèrent de questions sur l’agonie 
du vieux montagnard , sur l’époque de cet 
accident , la façon dont Mariane avait vécu 
depuis. Durant une semaine, elle fut la proie 

t 

des curieux. Quelques galants, éloignés jus- 
qu’ alors par l’orgueil du chasseur, commen- 
cèrent à tourner autour de l’orpheline. 
Mais, plus mystérieuse et plus fière que 
jamais, elle repoussa leurs hommages et sut 
faire comprendre sans insolence à de gros- 
siers montagnards quel abîme des rêveries 
avaient creusé entre eux et celle qu’ils appe- 
laient la Songeuse. 

✓ 

Les fêtes qui suivent la rentrée des trou- 

% 

peaux à San-Dalmas se terminèrent trop len- 
tement au gré de Mariane. Cependant, l’é- 
poque du départ des vieilles gens pauvres, 


t 


27D 


LA FILLE 


des filles et des garçons pour l’Italie ou la 
France étant venue, ceux qui ne quittent 
point la froide montagne Renfermèrent dans 
les étables. Mariane se sentit enfin à l’abri de 
toute curiosité, de toute surveillance. 

Durant fa nuit, elle entretenait un grand 

feu et laissait sa porte ouverte. Ses mules 

bien nourries dormaient le jour , et chaque 

soir sellées, attachées court, elles se tenaient 

« 

debout jusqu’au matin. La maison du chas- 
seur, accrochée à la colline entre la route de 
Cûni et le chemin de la minière d’argent, 
était isolée au milieu d’une grande prairie. 
Le Vénitien pouvait venir s’y cacher à toute 
heure, sans crainte d’être découvert par un 
amoureux ou une confidente de Mariane. 

Hélas! lèvent seul ouvrit durant trois lon- 
gues semaines la porte de la maison de l’or- 
pheline; seules, les rafales de neige y en- 
trèrent. 

Parfois le désir d’avoir des nouvelles de 
son bien-aimé mettait en l’esprit de la fille du 


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chasseur l’idée d’aller dans une étable écou- 
ter le récit des exploits de la bande du Véni- 
tien ; mais la crainte de se trahir la retenait 
toujours. 

Léonardo, le chef des bandits de la chaîne 
de Tende, était-il prisonnier des siens ou 
mort? Pourquoi tardait-il tanta venir? Lassée 
d’attendre, résolue à tout braver pour revoir 
son Paolo, Mariane, après bien des hésita- 
tions, se décida enfin à le chercher dans la 
montagne. 

Une nuit elle éteignit son grand feu, se 
couvrit de l’épais manteau du chasseur d’ai- 
gles, et quitta sa maison. Elle prit le chemin 
de la grotte des Merveilles où Paolo lui avait 
dit que sa bande se réfugiait durant les tem- 
pêtes de neige. La grotte des Merveilles étant 
l’asile le plus proche du chalet de Mariane, 
celle-ci pensait que, libre ou surveillé, le Vé- 
nitien devait y amener ses hommes. 

Elle allume sa lanterne; elle part, la triste 
voyageuse! Mais la fine poussière du givre. 



212 


LA FILLE 


- 


qui tourbillonneàrentour des arbres l’aveugle, 
le froid glace ses membres, les violentes ra- 
fales de la bise s’échappent en sifflant de 
toutes les gorges, arrêtent la marche difficile 
de Mariane, et menacent de la renverser. 
La neige trompeuse emplit les précipices et 
les cache à l’œil ébloui. Comment reconnaître 
son chemin quand les rochers recouverts . 
d’un immense tapis blanc ont perdu leurs 
formes? L’orpheline entend les loups hurler 
dans la montagne. Ah! qu’elle serait mieux 
en une chaude étable avec les jeunes gens 
qui chantent, les vieilles femmes qui filent 
et tricotent à moitié endormies, et les vieil- 
lards qui content des histoires aux petits 
enfants ! 

Engourdie de corps, mais l’esprit exalté, 
fiévreux, la compagne du Vénitien marche 
toujours; elle croit que la chaleur de son 
cœur la réchauffera; elle voit l’amour éclairer 
son chemin. Il faut qu’elle marche encore, 
sans crainte du froid, sans peur des loups et 


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DU CHASSEUR D'AIGLES. 


213 


des mauvaises rencontres, qu’elle ne craigne 
ni la fatigue ni la souffrance. Elle veut re- 
trouver son Paolo ou mourir! 


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•271 


LA FILLE 


XI 


La grotte des Merveilles est large de dix 
mètres, haute de quinze et très-longue. On y 
entre par des couloirs étroits, presque en 
rampant; elle a deux issues. Vingt bandits 
cachés là y tueraient un régiment, parce que 
les soldats n’y pourraient entrer qu’un à un. 
C’est le plus admirable repaire qui soit au 
monde. Quand la neige couvre la colline sous 
laquelle cette grotte est creusée, il y fait une 
chaleur douce. Quelques torches l’illuminent 
comme le plus splendide des palais. De fines 
stalactites laiteuses, aux formes diverses» 
étranges, s’éclairent et prennent la transpa- 
rence du plus beau marbre* Des cristallisa- 


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tions de toutes couleurs miroitent au milieu 
des blanches stalactites. L’encombrement des 
merveilles accrochées à la voûte de cette 
grotte donne l’idée d’un art un peu lourd, 
fantastique, fruit de l’imagination de quelque 
génie de la terre. Le sol, formé de la pous- 
sière du schiste, est plein de paillettes rouges,* 
bleues, vertes, plein de mica et d’argent. Par 
d’invisibles crevasses, l’air circule dans la 
grotte et permet à de riches végétations d’en 

tapisser les parois. 

/ 

Au milieu de la caverne, trente -huit bri- 
gands, enveloppés de leurs manteaux, dor- 
ment profondément. Non loin de l’une des 
issues, le chef est assis dans l’ombre; il pense 
à Mariane. 

Deux sentinelles* couchées auprès des en- 
trées de la grotte, gardent la troupe des at- 
taques du dehors. 

Pendant les six premiers jours de sa ren- 
trée au milieu de sa nouvelle bande, Léonardo 
n’a point essayé de fuir* Désireux de ramener 


276 


i 


LA FILLE 


la confiance des misérables qu’il commande, 
de laisser à son amie le temps de retourner 
à San-Dalmas et de préparer pour lui et pour 
elle les movens de sortir du Piémont, il a re- 
pris son autorité, et, dissimulant sa répu- 
gnance, il est redevenu le capitaine des vo- 
Jeurs du pic de Tende. Mais le septième soir, 
impatient d’échapper à ses odieux compa- 
gnons, il est parti seul, sans lumière, tandis 
que les brigands, lassés par de nobles exploits, 
goûtaient les bienfaits cl’ un sommeil répara- 
teur. Léonardo a couru dans la montagne 
couverte de neige, il a franchi par miracle 
des précipices, descendu sans se rompre les 
os des escarpements glacés. 

% i 

A l’aube, jugeant prudent de ne marcher 
que la nuit, il s’est caché dans une grotte 
qu’il croyait connue de lui seul, et il s’y est 
endormi. Ilélas! le méchant destin a voulu 
que l’un des pelotons de sa troupe répandue 
dan§ la chaîne pour le chercher entrât juste- 
ment là. 


* 

♦ 


« 


DU CHASSEUR D'A I G LES. 


277 


Le Vénitien découvert s’attendait à être bru- 
talisé par la bande infâme, jugé, fusillé. Il 
sortit de la grotte silencieux et méprisant. 
Aucun de ses hommes ne put lui arracher une 
parole. En chemin, ses résolutions furent pri- 
ses. Il braverait la troupe entière et vendrait 
chèrement sa vie. 

Le détachement qui ramenait Léonardo re- 
vint le dernier au lieu du rendez-vous. Quelle 
ne fut pas la surprise du Vénitien en enten- 
dant des exclamations de joie folle s’échapper 
de toutes les poitrines de ses brigands. 

« Le chef! voilà le chef! Bravo ! » s’écrièrent- 
ils. 

Mille témoignagesde tendresse, dedévotion, 
mille doux reproches furent adressés à Léo- 
nardo en cette belle langue italienne, sonore, 
émouvante dans la bouche des plus misé- 
rables. * . . 

De beaux jours commencèrent alors pour la 
bande. Une obéissance résolue de la part des 
hommes, une coupable complaisance de la 


p 

* 


LA FILLE 


•218 

part du chef adoucirent en quelques jours, 
comme par miracle, la rudesse des uns, les 
scrupules de l'autre. 

Quant à cette vertu de longue repentance 
dont Paolo désirait trouver l’occasion pour se 
relever dans sa propre estime et dans celle 
de son amie, le Vénitien n’y pensait plus. 

Comme il lui eût été facile de' la pratiquer, 
au milieu des brigands qu’il commandait, 
s’il n’eût été ressaisi par ses plus mauvais 
instincts de vanité ! Ah ! que la pauvre Ma- 
riane croie toujours qu’il est le prisonnier de 
la troupe criminelle, car, pour un amour sem- 
blable à celui de la fille du chasseur, la dé- 
chéance, l’avilissement de Paolo seraient plus 
terribles que son oubli ou sa mort. 

Son oubli, la belle montagnarde n’a pas à 
le craindre. Il l’aime encore! il voudrait la 
garder pure, ne point la mêler à sa vie pré- 
sente, la revoir au printemps, lorsque renais- 
/ 

sent les fleurs des prairies dans la chaîne de 
Tende, lorsque chantent les oiseaux, lorsque 


% 


DU CHASSEUR D’AIGLES. 


i~0 

les nuits et les jours sont doux. Laboureur en 
été, brigand l’hiver, amoureux sous un ciel 
clément, chef pendant les tempêtes des mau- 
vaises saisons, il songe à réaliser cette exis- 
tence des demi-dieux anciens, qui tantôt ha- 
bitaient l’Olympe, s’y reposaient de leurs 
fatigues, et tantôt habitaient la terre, cher- 
chant au milieu du tumulte des passions hu- 
maines à secouer les langueurs de leur féli- 
cité. 

La sentinelle, qui gardait l’une des issues 
de la grotte des Merveilles, accourut tout à 
coup auprès du chef. , 

— Capitaine, dit-elle, on marche au-dessus 
de nous. 

Léonardo écoute. 

— Je n’entends qu’une seule personne, ré- 
pond-il; c’est quelque montagnard surpris 
par la tempête, et qui vient me demander 
asile. Qu’on ne lui fasse aucun mal, et qu’on 
l’amène auprès de moi. 

La sentinelle obéit. 


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280 


LA FILLE 


Les faibles lueurs d’une lanterne pénètrent 
par l’entrée de la grotte et s’éteignent brus- 
quement. Un montagnard entre; il est coiffé 
d’un chapeau de feutre à larges bords et com- 
plètement enveloppé d’un grand manteau 
brun, dont les plis sont couverts de glaçons. 

Les torches à demi brûlées ne jettent plus 
dans le repaire qu’une clarté douteuse. 

— Auquel de nous veux-tu parler? au 
au chef? demande la sentinelle à l’étranger 
qui balbutie un oui craintif. Bonhomme , tu 
as fièrement peur, ajoute le bandit en con- 
duisant le montagnard à Léonardo. Je n’ai 
pas besoin d’éveiller les autres, tu ne viens 
pas pour nous combattre. 

Le chef renvoie la sentinelle à l’entrée de 
la grotte. Les brigands dorment toujours et, 
les ombres jqui entourent Léonardo sont de- 
venues impénétrables aux yeux de ceux dont 
la lumière fumante des torches éclaire le 
visage. 

— Paolo! mon cher Paolo! murmure la 


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DU CHASSEUR D’AIGI.ES. . 2«1 


fille du chasseur d’aigles, qui entoure de ses 
deux bras le cou de son ami. 

— Mariane! je te revois! répond tout bas 
le Vénitien avec passion; ah! je tremble à 
mon tour. Si mes brigands s’éveillaient ! 
Reste, ma bien-aimée, ou plutôt, va-t’en ! Je 

voudrais te retenir et je voudrais te chasser 

/ 

d’ici.. .«Tu as froid, viens que je te réchauffe... 
Non, retourne à San-Dalmas! J’aime mieux 
te savoir dans la montagne, menacée par les 
loups... 

— Pourquoi m’as-tu laissée sans nouvelles 
de toi si longtemps? demande-t-elle avec 
reproche. 

Paolo hésite et se trouble. 

— Mariane , tu m’avais promis de ne pas 
douter de mon amour; tu en doutes! J’ai es- 
sayé je te le jure, d’échapper à ces misérables. 

— Grand Dieu, ne peux-tu donc t’arracher 
de leurs mains? 

Le charme de l’amour opère. La présence 

de Mariane trouble le Vénitien, lui montre un 

16 




\ 


282 


LA FILLE 


instant l’abîme où il est retombé. Cette main 
qu’il presse Ÿ attire hors de la route mauvaise, 
ce cœur qui bat près de son cœur chasse le 
démon qui s’en était emparé et y ramène la 
tendre affection. 

— Tu as bien fait de venir, Mariane, je me 
sens une force nouvelle, je suis capable de 
toutes les audaces à présent pour me réunir 
à toi, et nous sauver tous deux! As-tu des 
mules? 

— Chaque nuit elles sont sellées; l’habille- 
ment de mon père est arrangé à ta taille ; 
j’ai le passe-port de ton ami le contrebandier 
à qui je l’ai demandé pour toi. 

- — As-tu aussi un passe-port en ton nom ? 

— Oui. 

• 

— N’oublie rien de ce que je vais te dire. 
Tu conduiras tes mules la nuit prochaine à la 
gorge de Berghes, sans lumière. Arrivée au 
bout de la gorge, .tu couvriras tes mules de 
grelots, tu les attacheras ensemble, et tu leur 
accrocheras à la tête des falots allumés pa- 


DU CHASSEUR D'AIGLES. 


283 


reils à ceux que portent les mules des voi- 
tures de poste. Après avoir tourné tes mules 
du côté de San-Dalmas, tu les frapperas avec 
violence. Elles partiront certainement au ga- 
lop vers leur écurie. J’amènerai ma troupe 
dans le défilé de Gauderana. En apercevant 
les lanternes, en entendant les grelots des 
' mules dont le bruit sera répété par tous les 
échos de la gorge, ils croiront qu’une voiture 
de poste s’avance. La mauvaise réputation de 
ma bande rend les voyageurs plus rares sur 
. la route de Côni; mes hommes sont en ce 
moment avides de butin, ils se précipiteront 
sur la route, et je m’enfuirai. Tandis que tes 
mules seront dans la gorge de Berghes et que 
les brigands descendront sur la route, j’irai 
me cacher sur le grand rocher couvert de 
pins-parasols, où tu me rejoindras avec l’ha- 
billement de ton père. Paraissant alors fuir la 
bande du Vénitien, criant que nous sommes 
poursuivis par ses hommes dont on entendra 
les cris au loin, nous entrerons en France. 


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284 


LA FILLE 


Après-demain, Mariane, je serai libre, tout à 

% 

toi et à notre amour! Je verrai bientôt la Mé- 
diterranée, le ciel de Provence, qui me sou- 
riront eomme autrefois le ciel et la mer de 
Venise! Sors d’ici, hâte-toi; retourne dans ta 
maison. Ajoute à mon plan tout ce que tu 
voudras, mais qu’à huit heures du soir, de- 
main, tes mules avec leurs grelots soient lan- 
cées dans la gorge de Berghes. Adieu! à 
bientôt le bonheur ! 

Il la conduisit jusqu’à l’entrée de la grotte, 
malgré l’attitude de la sentinelle qui voulait 
retenir le montagnard, dans l’espérance de 
le rançonner un peu ou de s’amuser de sa 
frayeur. 

«i 

— Capitaine , demanda curieusement le 
voleur après la sortie de Mariane, qu’est venu 
vous dire cet homme? 

Léonardo se tut et retourna lentement à sa 
place. 

La sentinelle suivit le Vénitien et l’interro- 
gea de nouveau. 


DU CHASSEUR D’AIGLES. 


28 Ô 


— Tu le sauras demain, répliqua d’un air 
indifférent Léonardo. 

— Dites-le-moi maintenant, pour que je le 
raconte aux autres... 

— Ce montagnard est venu m’avertir qu’un 
riche Américain se rend en Italie par la route 
du Tende. L’Américain a écrit à YAlbergo 
rwzionale qu’on lui prépare un dîner de prince 
pour demain soir à neuf heures. 

— Il sera par conséquent vers huit heures 
dans le défilé de Gauderana, repartit joyeuse- 
ment la sentinelle. Ah ! quel bon coup nous 
allons faire ! 

Le désir impatient des joies de l’amour 
avait repris possession de l’âme du Vénitien. 
11 ne doutait pas d’ailleurs que sa fable n’eût 
auprès des brigands le succès qu’il en atten- 
' dait. 

Le lendemain , tous les hommes de la 
troupe s’entretinrent avec la sentinelle, qui 
parut à Léonardo très-fière de son rôle, et ne 
manqua point d’exagérer les renseignements 


i 


LA FILLE 


28 .) 


que le cheflui avait donnés. Les voleurs s’en- 
tendirent aisément avec le Vénitien au sujet 
de cette expédition, et il fut convenu que la 
bande entière se rendrait à huit heures du 

soir dans le défilé de Gauderana. . 

% 


DU CHASSEUR D'AHil.ES. 


XII 


Mariane quitta San-Dalmas avec ses deux 
mules sans lumière et sans bruit. 11 lui sem- 
blait que, comme un soldat, elle partait pour 
une grande bataille, et elle appelait à elle 
tout son courage , toute sa force d’âme. Dans 
la lutte que la fille du chasseur entrevoyait, 
ce n’était point des ennemis vivants, les 
hommes de la bande de Léonardo quelle avait 
à combattre 5 chose affreuse, c’était une créa- 
ture fantastique et terrible, sans sexe et sans 
nom, un génie vengeur, qui chuchotait des 
paroles dont le sens arrivait au cœur de Ma- 
riane, non à son esprit. Cette voix mystérieuse 
répétait : « Je ne pardonne point à ceux qui, 


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•2S8 


LA FILLE 


assez intelligents, assez instruits pour com- 
prendre le bien, ont recherché le mal! » En 

r 

vain Mariane repoussait la vision; elle ne 
cessait point de courir sur son chemin, illu- 
minant la nuit sombre. 

» 

Lorsque la jeune femme fut à la gorge de 
Berghes, endroit sauvage, caché sous de 
grands rochers noirs qui surplombent la 
route, elle mit pied à terre, s’agenouilla sur 
la neige, appuya son oreille contre l’une des 
parois du rocher, et entendit vers le défilé 
de Gauderana le bruit sourd que la troupe 
nombreuse de Léonardo faisait en mar- 

4 

chant. 

L’heure est venue de sauver le Vénitien, de 

✓ 

l’arracher à sa destinée mauvaise. Avant de 
se relever, Mariane supplie la Madone, le 
Christ son fils, Dieu père du Christ, l’Esprit- 
Saint, l’âme du chasseur d’aigles, tous les 
bienheureux saints du ciel, de protéger la 
fuite de Paolo Ricci, le pécheur repentant. 
Elle oublie les fées. Ses vieilles croyances 


DU CHASSEUR D'AIGLES. 


Ü8H 

piémontaises reprennent de nouveau dans 
l’épreuve leur empire sur son esprit. 

La fille du chasseur allume ses lanternes, 
bien assujetties d’avance au collier des mules, 
enlève vivement la paille dont elle a entouré 
la sonnette des grelots, se charge du paquet 
contenant l’habit de son père, tourne ses 
mules du côté de San-Dalmas et frappe les 
pauvres bêtes de toutes ses forces. 

Les mules, effrayées par la lumière qu’elles 
voient s’agiter brusquement devant elles, in- 
quiètes du bruit soudain de leurs grelots, 
s’emportent et partent au galop dans la di- 
rection de leur écurie. 

Mariane essave alors de monter sur les ro- 

** * * 

elles qui forment une arche au-dessus de la 
gorge de Berghes; mais l’escalade est diffi- 
cile, périlleuse; Paolo n’y a pas songé. La 
pauvre fille du chasseur, son paquet de vête- 
ments attaché autour de la taille, s’aide des * 
pieds et des mains pour avancer plus vite-* 
hélas ! la neige est épaisse sur les versants, 

17 


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290 


LA FILLE 


et Mariane ne trouve nulle part la moindre 
végétation où s'accrocher. 

Elle craint que son ami, venu par la hau- 
teur, n’arrive plus vite qu’elle au rendez- 
vous. Comme l’escarpement est rapide, la 
jeune femme croit être dans un de ces affreux 
cauchemars où l’on a la volonté d’agir, où 
l’on se débat contre une puissance malfai- 
sante qui engourdit les membres et les force 
à rester inertes. 

Le son des grelots des mules résonne au 
loin, tantôt répété par les échos de la mon- 
tagne, tantôt assourdi par l’épaisseur des ro- 
chers. Quelquefois le silence semble se faire 
tout à coup. L’angoisse de Mariane alors re- 
double. Les mules sont arrêtées par les bri- 
gands; la ruse déjà découverte, Paolo n’aura 
plus le temps de gagner la frontière, on va le 
poursuivre ! 

Sur la neige blapche, au-dessous du bois 
de pins parasols, une forme s’agite. Mariane 
fait un effort suprême pour gravir l’escarpe- 


* 


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DU C'JIASSKUK D’AIGLES. 


291 

ment; elle y parvient. C’est Paolo qui s’avance 
vers sa bien-aimée. En un moment, le Véni- 
tien est revêtu de l’habit de montagnard. Le 
temps court, il faut le suivre! Se parler, 
s’embrasser ferait perdre aux amoureux une 
seconde, et cette seconde en s’enfuyant pour- 
rait emporter à elle seule le bonheur, la vie 
de Paolo et de Mariane. 

Ils descendent sur la route. La main dans 
la main , ils marchent vers la frontière de 
France, qui paraîtrait proche à des voya- 
geurs paisibles, et semble s’éloigner aux yeux 
du Vénitien et de sa compagne. Pourquoi 
n’ont-ils pas songé à prendre une troisième 
mule ? 

— bientôt nous serons à l’abri du danger, 
heureux pour toujours; courage, ma vaillante 
Mariane! dit Paolo. 

— Allons plus vite, courage! répète-t-elle* 
déjà épuisée par la fatigue. 

Ils aperçoivent les lumières du poste des 
douaniers français; mais, derrière eux, ils 


LA FILLE 


•2'J2 


distinguent, ils entendent le son des grelots 
des mules qui se rapproche. 

— Nous sommes suivis! s’écrient-ils en 
môme temps. 

Une sueur froide glace le front de Mariane, 
ses jambes fléchissent, elle ne peut plus faire 
un pas. A droite de la route est un énorme 
rocher à pic , à gauche la violente Roya. Où 
se cacher? Les lanternes que la fille du chas- 
seur a solidement attachées à la tête des 
mules doivent éclairer tout ce qui se trouve 
sur leur passage. Paolo prend Mariane dans 
ses bras et l’emporte. Les mules gagnent 
du terrain. Nul espoir de les éviter mainte- 
nant. 

Le Vénitien dépose à terre son précieux 
fardeau et se prépare à la résistance. Un pis- 
tolet dans chaque main, il se place devant son 
amie. 

— Mariane, point de faiblesse, dit-il; tes 
mules, épouvantées par les cris des malfai- 
teurs, ont peut-être rebroussé chemin; elles 


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DU CHASSEUR n’AIGI.ES. 


•203 


reviennent seules vers toi pour nous sauver! 

La fille du chasseur se relève. 

Ah! sur chacune des mules deux brigands 
sont montés ! 11 faut se défendre contre 
quatre. 

Mariane retombe anéantie aux pieds de 
Leonardo; elle sanglote et délire. 

La lumière des lanternes frappe le chef en 
plein visage. Ses hommes le reconnaissent. 
Mariane jette un dernier cri de frayeur, et, 
redevenue subitement vaillante, elle couvre 
le Vénitien de son corps. 

— La fille du vallon ! dit l’un des vo- 
leurs. 

Les voilà maintenant certains que Leonardo 
a voulu leur échapper. 

— Rends-toi ! s’écrient-ils ensemble. 

11 leur répond par deux coups de pistolet 
qui frappent deux hommes et les renversent. 
Mais aussitôt le chef reçoit lui-même une 
balle dans la poitrine; il chancelle et s’ap- 
puie contre le rocher. 


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LA. FILLE 


201 

Les douaniers français, entendant sur la 
route des coups de pistolet, sortent de leur 
poste et se dirigent vers le lieu du combat. 

Deux des malfaiteurs, fermes encore sur 
leur mule, aperçoivent les falots des doua- 
niers; ils prennent la fuite. 

— Paolo! les brigands se sauvent, dit la 
fille du chasseur avec une joie folle. 

Mais Paolo ne répond pas. Elle le cherche 
dans l’obcurité. 

Sainte Madone ! il est renversé , il est 
étendu par terre, il ne fait plus aucun mou- 
vement. Les misérables ont tué leur chef! ils 
ont tué le bien-aimé de Mariane! 

La montagnarde se révolte contre une 
épreuve qu’elle trouve injuste pour elle, con- 
tre une punition quelle déclare excessive, 
imméritée pour le Vénitien. 

Oh ! lorsqu’un être adoré, digne encore de 
vivre, meurt, si Ton savait à qui s’en pren- 
dre? Le rocher est endurci, pourquoi le dé- 
chirer de tes mains, pauvre Mariane ? Tais-toi, 


ne CHASSEUR D'A IG I. ES. 


20.Î 


ne menace pas le ciel; il est sourd, il ne peut 
rien contre la mort! 

— La neige froide glace les membres de 
mon Paolo ! s’écrie la montagnarde avec dé- 
sespoir. Je veux donner la chaleur de mon 
corps vivant, la donner toute, donner mon 
sang, ma vie, mon dernier souille pour rani- 
mer celui qui n’est plus. 

Tout mouvement devrait s’arrêter dans 
l'univers à la minute où l’existence des êtres 
aimés finit. La vie des créatures et des choses 
paraît une insulte aux grandes douleurs. 
L’avenir de ceux qui restent se voile entière- 
ment d’un voile noir; toutes les routes se 
ferment. Ils partent seuls, les trépassés, pour 
•un long voyage! On ne les suivra pas. Ils ont 
mal dit adieu. Est-ce que, s’ils avaient voulu 
retenir les palpitations de leur cœur adoré, ils 
ne les auraient point retenues? Non. Les plus 
braves et les plus aimants ne se retournent 
pas, lorsque la mort impérieuse leur a fait un 
signe. 


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En frappant le Vénitien, la vieille moisson- 
neuse , insatiable de tortures , s’est donné le 
spectacle d’un vrai désespoir; elle a fait une 
veuve comme il lui est agréable d’en faire. 
L’existence de Mariane lui appartient désor- 
mais minute par minute ; ce sera pour la fille 
du chasseur d’aigles mourir lentement que 
de survivre à Paolo ! 

Les douaniers emportèrent au Fontan le 
corps de l’amant de Mariane. Elle ne leur 
conta rien de son histoire, et fit enterrer le 
Vénitien en terre sainte et française. 

Après l’enterrement, elle alla seule à Nice. 
Là, retrouvant les compagnons de Léonardo, 
elle les supplia de venger leur chef et leur 
ami. Elle obtint de l’un d’eux qu’il portât 
pour tous une demande en grâce au roi Vic- 
tor. Lorsque les Vénitiens eurent obtenu l’au- 
torisation de rentrer en Piémont, ils s’allièrent 
aux montagnards, aux gendarmes, et, tou- 
jours accompagnés de l’amie de Paolo, ils dis- 
persèrent et détruisirent la bande infâme. 


nn ni assbvr d’aig i.f.s. 


29' 


Au printemps, Mariane retourna dans le 
vallon du pic de Tende; mais ni les messa- 
gers des pâtres à l’automne, ni les pâtres 
eux-mêmes en descendant des hauteurs, ni 
les habitants de San-Dalmas, durant le long 
hiver, ne revirent la fille du chasseur d’aigles. 


17. 


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LE DIABLE BLANC 



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LE DIABLE BLANC 


Le Diable blanc planait sur la chaîne de 

Tende ; il avait déployé ses ailes glaciales 

/ 

entre les champs et le ciel. Les bois de la 
montagne étaient réchauffés, il y a une se- 
maine encore, par le soleil ardent qui brille 
derrière les nuages sombres, au-dessus du 
(iénois et de la Provence; maintenant plus de 
troupeaux sur les versants, plus de feuilles 
aux châtaigniers, plus d’eau courante, plus 
de belles nuits et de beaux jours ! mais le 
silence, le froid, la neige, le grand manteau 
du Diable blanc étendu sur toutes choses. 

A Limone, la cloche de l’église annonce 


yo2 


LE DIABLE BLANC. 


par ses tintements lugubres un enterrement. 
Quelques jeunes filles, des vieillards en grand 
nombre, sortent de la dernière maison du 
village. Au milieu d’eux un cercueil décou- 
vert est porté à la main, non sur les épaules, 
pour que les plus petits enfants de Limone 
puissent, selon l’usage, souhaiter au trépassé 
ce qu’ils appellent «l’adieu sans réponse:» 
Dans le cercueil il y a deux morts vêtus de 
leurs habits : une jeune femme endimanchée 
et un jeune homme portant le costume des 
soldats Italiens. Ils ont cessé de vivre en s’ai- 
mant, car leurs bouches semblent se presser 
encore, etleurs bras sont si passionnément en- 
trelacés qu’il a été impossible aux vivants de 
les dénouer. Il neige à gros flocons et le cor- 
tège en deuil marche avec lenteur ; la terre 
glacée ne résonne point sous ses pas. Cou- 
verts de givre, les amis et les parents des 
morts ont l’air de morts eux-mêmes. La 
cloche du village ne tinte plus. Refuse-t-elle 
d’appeler à l’église ceux que le prêtre seul 


LE DI ALLE HLA NC 


303 

peut faire revivre au ciel? Les petits enfants 
frileux, retenus au foyer par le froid, n’ac- 
courent pas sur le chemin pour féliciter les 
morts de leur prochaine entrée au paradis. 
Le triste enterrement ! A travers le silence 
quelques sanglots déchirants éclatent et se 
taisent aussitôt , comme effrayés de leur 
propre bruit. 

Le curé se tient debout avec ses servants 
hors de l’église. Qu’est-ce donc ? 11 arrête 
le convoi de la main, et dit d’un ton mena- 
çant que Dieu ne reçoit jamais au royaume 
céleste ceux qui n’ont pas eu le courage de 
supporter les épreuves de la terre et se sont 
donné eux-mêmes la mort. 

La foule entière proteste, et jure d’une 
seule voix que les deux trépassés ont été vic- 
times de la cruauté du Diable blanc ! Sans en 
paraître très-convaincu, le ministre du bon 
Dieu livre cependant passage au cortège, qui 
entre avec impétuosité dans l’église et va dé- 
poser le cercueil jusque sur les marches de 


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i.rc m.vîH.K in.Axr. 


l’autel, comme pour le placer sous la protec- 
tion du Tout-Puissant lui-même. 

Le prêtre regarde sévèrement les deux 
morts, dont les dernières pensées ont dû ô(re 
des pensées d’amour, non de contrition. Ces 
enfants, il les a connus, presque élevés; il 
eût béni leur tendresse si, vivants, ils fussent 
venus lui demander de les marier. Comme ils 
sont enlacés ! IJn amour plus fort que la 
mort les unissait ! Le prêtre s’émeut et se di- 
rige vers l’autel. Un cri de joie s'échappe 
des cœurs désolés. Mais avant de réciter des 
prières saintes pour les pauvres amoureux, le 
curé fait signe à la mère de la morte de s’ap- 
procher du cercueil. 

— Racontez-moi, dit-il, ce que vous savez 
de leur mort, et ne cachez rien de la vérité, 
car si vous trompez le prêtre vous ne pouvez 
tromper Dieu. 

La mère pleure, se signe, et ne peut arti- 
culer un mot. Le père alors s’avance et parle 
ainsi : 


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LE DIABLE BLANC. 


305 


— Avant-hier notre fille nous dit que Jean, 
son fiancé, a déserté, qu’il est dans la mon- 
tagne, quelle va le chercher, et elle nous 
demande si nous l’aiderons à le cacher. La 
mère répond oui ; je n’ajoute rien, parce que, 
moi aussi, j’ai déserté dans ma jeunesse par 
amour pour ma femme. La mère attendit sa 
fille toute la nuit; à sept heures, hier matin, 
elle n’était pas encore revenue. Je priai qua- 
tre de mes amis, qui sont présents, de m’ac- 
compagner dans la montagne et de se mettre 
en peine avec moi pour ma fille. Le froid était 
si vif, la neige tombait si épaisse, que nos 
yeux se troublaient. Déjà nous marchions de- 
puis deux heures quand l’ un de nous jeta un 
grand cri ; il venait d’apercevoir ma fille et le 
soldat pressés l’un contre l’autre et couchés 
sur la terre glacée. Ah ! quel spectacle ! 
Le Diable blanc se penchait sur le visage des 
pauvres amoureux ; ils les avait regardés 
mourir ! Chacun de nous le reconnut ce mau- 
vais démon du froid, à ses yeux sans couleur, 


# 


30fî 


LE DIABLE BLANC. 


à sa figure de glace, à ses cheveux pareils à 
des branches d’arbres couvertes de givre, à 
son grand manteau fait de flocons de neige 
assemblés. Je sentis mon cœur se refroidir et 
je serais couché là à côté de mes enfants, 

V 

victime comme eux du diable, si mes amis 
n’avaient formé la chaîne autour de moi et 
n’avaient chassé le mauvais esprit par leurs 
menaces. Pourquoi ai-je eu la force d’amener 
ici ma fille unique et bien-aimée? 

Le prêtre étend avec érriotiôn les bras sur 
le cercueil, la cloche recommence ses tinte- 
ments, les amis et les parents des morts en- 
tonnent le triste chant d’adieu, les femmes 
gémissent et pleurent. Quand toutes les pa- 
roles saintes, nécessaires aux âmes de la 
chaîne de Tende pour entrer en paradis, fu- 
rent chantées, que le dernier amen fut dit, 
la cloche, les parents, les amis, les femmes se 
turent. On se pressa autour du cercueil pour 
le reprendre et le porter au cimetière. C’est 
le moment où le prêtre adresse quelques 


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LE DIABLE BLANC. 


307 

mots de consolation à ceux que les morts vont 
abandonner. 

— Ne craignez rien, vous tous qui aimiez 
ces pauvres enfants, le Dieu bienfaisant m’a- 
vertit qu’à cette heure il marie et réchauffe 
deux âmes délivrées des corps en poussière 
que nous avons sous les yeux. Allons rendre 
à la terre ce qui appartient à la terre. Pleu- 
rons sur nous, mais ne faisons pas au Sei- 
gneur l’injure de pleurer ceux qui sont heu- 
reux auprès de. lui ! 

Ils quittèrent l’église un peu calmés par les 
paroles du prêtre, et de même, quelques in- 
stants plus tard, ils sortirent du cimetière pour 
se rendre dans la maison du père de la morte. 
Le repas des funérailles, du pain, du vin, 
était servi sur une table. On s’entretint des 
.morts, de leur jeunesse,, de leur grand 
amour, et l’on commença de faire à Lirnone 
la légende des deux amoureux morts en- 
semble, frappés par le Diable blanc. 

Jamais, dans la chaîne de Tende, on ne ra- 


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I.IÎ DIABLE RI. ANC. 


ms 

conte F histoire du Diable blanc sans la faire 
précéder de l’enterrement du déserteur et de 
sa liancée. A ceux rpii douteraient de l’exis- 
tence du malfaiteur, on montre ses coups! 
Les gens de peu de foi sont aujourd’hui si 
nombreux, que l’on ne saurait trop bien s’y 
prendre pour les amener à la croyance du 
Diable blanc comme à celle du Diable noir. 
Ceux qui ont peur des démons craignent le 
Seigneur, plus puissant et plus terrible à lui 
seul que tous les diables réunis. 

Quand donc les premiers anges mauvais se 
révoltèrent, Dieu, pour se venger d’eux, créa 
un globe de flamme qu’il jeta dans l’espace 
et le donna pour prison au Diable noir, chef 
des révoltés, ainsi qu’à tous ceux qui avaient 
voulu précipiter de son tronc le Seigneur trois 
fois bon. En assignant au terrible Lucifer, • 
pour lieu d’exil, un royaume de feu, Dicn pro- 
portionna la grandeur de la vengeance à la 
grandeur de la faute. Le courage insensé, 
l’audace sacrilège du Diable noir méritaient 


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l.E DIABLE BLANC. 


300 


la torture cruelle, non une punition humi- 
liante. 

Le règne de Dieu, après la défaite de Lu- 
cifer, devait encore une fois être troublé. In 
ange rusé, (jue la fatale expérience du Diable 
noiV avait fait réfléchir, crut pouvoir réussir 
à détrôner le lloi des Rois par de petits 
moyens. Soupçonneux, inquiet, jaloux, il ne 
chercha point, comme Lucifer, à s’entourer 
de cohortes nombreuses. Sans hardiesse, sans 
vaillance, il craignit d’attaquer en face le 
maître du ciel, l’attira dans un piège et le 
trahit bassement. 

Le Très-Haut, forçant alors ce lâche con- 
spirateur à venir au milieu de la foule des 
anges, lui dit : 

— Lucifer avait l’orgueil, tu as l’envie; il 
avait la passion ardente, un cœur exalté : je 
l'ai maudit, livré au feu et à la flamme. Toi, 
tu fais le mal froidement, sans chaleur, avec 
calcul et lente réflexion ; je créerai pour te 
punir un élément nouveau: la glace ! Tu au- 


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310 


I.E DIABLE BLANC, 


ras pour compagne la neige stérile. Partout 
où vous passerez, elle et toi, la mort en 
même temps passera. Ce royaume de feu que 
j’ai donné «à Lucifer, et dont la possession 
l’enorgueillit déjà trop, tu l’habiteras avec 
lui. Vous lutterez tous deux sans relâche, et 
de la lutte du feu et du froid un monde nou- 
veau se formera, une terre naîtra peu à peu, 
dont les destinées m’appartiendront ! 

Nul ne redira les premiers combats du 
Diable blanc sur le globe de llamme. 11 en- 
tassa neige sur neige, torrents sur torrents de 
glace. Chaque printemps il se désespère; 
chaque automne le ramène triomphant dans 
la chaîne de Tende. Alors tout frissonne, tout 
s’assombrit; les oiseaux cessent de chanter, 
les ^arbres se dépouillent, et, comme Dieu 
l’a prédit, '4^ .mort passe où le Diable blanc a 
passé. 

Mais du haut du pic de Tende, quand lassé 
d’avoir empli les gorges de neige» d’avoir 
entassé sur les sommets des montagnes de 


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LE DIABLE BLANC. 


311 


glace, le Diable blanc regarde à ses pieds ; que 
voit-il? La chaude Provence et le Génois cou- 
verts de fleurs : pays bénis de Dieu, dont la 
main fait bondir en cascades rafraîchissantes, 
au milieu des campagnes toujours vertes, le 
froid péniblementamassé par le Diable blanc. 


FIN. 



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prlotte. Le Bal de Sceaux. La Bourse. 
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Tome 2. — la paix do ménage. La 
fausse Maîtresse Etude de femme. Autre 
Etude de Femme. La grande Breleclie. 
Albert Savarns. 

Tome 3. — mémoires dm deux jeunes 
mariées. Une Fille d'Eve. 

Tome 4. — LA P P. SIMM DS TRRNTE ANS. 

La femme abandonnée. I-a Grenadière. Le 
Message. Gobseck. 

Tome 5. — le contrat de mariaoe. Un 
Début dans la vie. 

Tome 9. — modeste mionon. 

Tome 7. — béatrix. . 

Tome 8. — Honorine. Le colonel Cha- 
bert. La Messe de l’Athée. L’Interdiction. 
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SCÈNES DE LA VIE OE PROVINCE 

Tome 9. — orsole mirookt. 

Tome iO. — eugénie orandét- 
Tonte II. —i.es célibataires — i. Pier- 
rette. Le Curé de Tours. 

Tome 11. — les célibataires — h. Un 
Ménage de Garçon. 

Tome 13. — les Parisiens *n province. 
L’illustfe Gaudissart. La Mnse du dépar- 
tement. . . ... ... 

Tome 14. — les rivalité*. La Vietlle 
Fille. Le Cabinet des Antiques. 

Tome 15. — le lts dans la vallér. 
Tome 16. — illusions péhdoRs — r. Les 
deux Poètes. Un grand homme de province 
a Paris, 1” partie. 

Tome 17 . — illusions perdues — h. 
Un Grand homme de province, 2* partie. 
Eve et David. 

SCÈNES DE LA VIE PARISIENNE 

Tome 18, — splendeurs et misères 
des courtisanes. Esthcr heureuse. A 
combien l’amour revient aux Vieillards. Où 
mènent les mauvais chemins. 

Tome 19. — la dernière incarnation 
de vaotrin. Un Prince de la Bohême. Un 
Hoptme d’a flaires. Gaudissart II. 
Comédiens sans le savoir. 


Les 


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Fille 


indications de l auteur : 

Tome 20. — histoire des treize. 
ragus. La duchesse de Langeais. La 
aux yeux d’or. 

Tome 21. — le père ooriot. 

Tome 22. — césar birotteau. 

Tome 23. — la maison ndcinoen. Les 
Secrets de la princesse de Cadignan, Les 
Employés. Sarrasine. Facino Cane. 

Tome 24. — les parents pauvres — 
La Cousine Betle. 

Tome 25. — les parents pauvres — 
Le Cousin Pons. 

SCÈNES OE LA VIE POLITIQUE 

Tome 26. — USÉ ténébreuse appaire. 
Un Episode sous la Terreur. 

Tome 27. — l'envbrs de l'histoire 
contemporaine. Madame de la Cbantene. 
L’Initié. Z. Marias. 

Tome 28. — lé député d'arcis. 

SCÈNES OE LA VIE MILITAIRE 
Tome 29. — les chouans. Une Passion 
dans le Désert. 

SCÈNES DE LA VIE DE CAMPAGNE 

Tome 30. — le médecin de campa», e. 
Tome 31. le curé de villaub. 

Tome 32. — les paysans. 

ÉTUDES PHILOSOPHIQUES 

Tome 33. — la peau de chaoriN. 

Tome 34. — la recherche de l’aésulu. 
Jésus-Christ en Flandre. Melmoth récon- 
cilié. Le Chef-d'œuvre ineonnu. 

Tome 35. — l’enfant saodit. Gataba ra. 
MassimiUa Doni. 

Tomé 36. — les Mahana. Adieu. Le he- 
quisltlonnaire. Kl Verrtugo. Un Drame an 
bord de la mer. L’Auberge rimge. L’bdixir 
de longue vie. Maître Cornélius. 

Tome 37. — sur Catherine de médicis. 
Le Martyr calviniste. La Confidêln e des 
Ruggieri. Les deux Rêves. 

Tome 38. — lodislameert. Les Pros- 
crits. Sèraphita. 

ÉtUDES ANALYTIQUES 
Tome 39. — physiologie du mariaoe. 
Tome 40. — petites misères de la tu 

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A lbert de Broqlie 2 

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Traduction N. Fournier 
'werfher, avec notice, d f H. Heine 4 

HERMANN ET DOROTHÉE. 4 




COLLECTION MICHEL LÉVY.— 1 FR. LE VOLUME. 


25 


OLIVIER 6QLDSMITH »»*• 
Traduction N. Fournier 

LS VICAIRE DI WAEErlELD, *J e * 

de lord Maeaulay , Irad. G. Guizot 1 

LÉON GOZLAN 

LS SARIL DS PODDRS d’OR J 

LA COMÉDIE ET LES COMÉDIES». • • • J 

LA DERRIÈRE »<SCR BRUS j 

LA FAMILLE LAMBERT J 

LA FOLLE DD J 

LE ROTAI RS DS CHASTILLT * 

!»• MANOEl DE 6RAHDF0RT 

l’adtrs MORDS I 

LÉON HILAIRE 

MOÜVBLLES FARTAUISTE». I 

HILDEBRAND 

Traduction Léon ff'oc.quier 

LA CHAMBRE OBSCUR* J 

SCÉRKS DE LA VIE HOLLANDAISE. • • • * 

ARSÈNE HOUSSAYE 

l'amour COMME IL EST J 

LE» FEMMES COMME ELLES SORT. ... Y 

LA VERTO DE ROSIRE I 

CHARLES HUGO 

LA CHA18S DE FAILLE I 

F. VICTOR HU60 

Traducteur - 


•a 


ALPHONSE K A R R (Suite) vol. 

FED BRES8IBR 1 

LES FLEURS ■» 1 

GENEVIÈVE i 

LES ODÊFSS 6 

HORTERSE 1 

MENUS PROPOS i 

MIDI A QDATORZE HEURES. 1 

LA PÊCHE EN EAD DOUCE ET EN EAU SALÉE. 1 

LA PÉNÉLOPE NORMANDE ( 

UNE POIGNÉE DE VÉRITÉS 1 

PROMENADES HORS DE MON JARDIN. .'. 1 

RAOOL i 

ROSES NOIRES ET ROSKS BLEUES. ... i 
LES SOIRÉES DE SAINTE-ADRESSE. ... 1 

SOUS LES ORANOBRS 1 

SOUS LES TILLEULS 1 

TROIS CENTS PAGES i 

VOTAGE AUTOUR DE MON JARDIN. ... i 

KAUFFMANN 

BRILLAT LE MENUISIER 1 

LÉOPOLD KOMPERT 

Traduction Daniel Stauben 

LES JUIFS DS LA BOHEME 1 

SCÈNES DU GHETTO t 

OE LACRETELLE 

LA POSTE AUX CHEVAUX i 

■ 1AFAR6E 

nie Marie Cappelle 

HEURES DE PRISON < 

MÉMOIRES 1 

6. OE LA LANDELLE 

LES PASSAGÈRES 1 


ls Faust anglais de Marloxoe. ... i 
sonnets de Shakspeare. ...... i 

F. HUGONNET 

SOUVENIRS D’UN CHEF DS SUREAU 
ARABE I 

JULES JANIN 

L’ANE MORT 1 

UN CCEC R POUR DEUX AMOURS i 

LA CONFESSION I 

CHARLES JOBEY 

l’amour d’un nègre i 

PAUL JUILLERAT 

LES DEUX BALCONS t 

ALPHONSE KARR 

AGATHE ET CÉCILE 1 

LE CHEMIN LE PLUS COURT. ..... I 

OLOTILDE I 

CLOVIS GOSSELIN i 

CONTES ET NOUVELLES. ....... i 

DEVANT LES TISOMS I 

LA FAMILLE I 

LES FEMMES I 

ENCORE LES FEMMES. i 


CHARLES LAFONT 

LES LÉGENDES DE LA CHARITÉ 1 

STEPHEN OE LA M AOELAINE 

LE SECRET D*UNE RENOMMÉE i 

JULES OE LA MADELÈNE 

LES AMES EN PEINS 1 

LE MAROUIS DES SAFFRAS 1 

A. OE LAMARTINE 

ANTAR i 

BALZAC ET 8ES ŒUVRES 1 

BENVENUTO CELLINI I 

BOSSUET ( 

CHRISTOPHE COLOMB I 

CICÉRON i 

LES CONFIDENCES I 

LE CONSEILLER DO PEUPLE 6 

CROMWELL { 

FÉNELON i 

LES FOYERS DO PEUPLE 2 

Geneviève. Histoire d’une servante . . t 

GRAZIELLA ............. I 

GUILLAUME TELL i 

HÉLOlSR ET ABÉLARD . 1 

HOMÈRE ET SOCRATE 1 

JACQUARD — GUTENBERG 1 


; 


il 


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LIBKAIRIES DE MlChiSJL LÈVT FHÉRÉl 




A. DE LAMARTI NE (Suite) vol. 

JEAN-JACQUES ROUSSEAU 1 

JEANNE D’ARC i 

M ,ne DK SÉVIGNH i 

NELSON i 

RÉGINA I 

ÉÜSTEM 1 

TOUSSAINT LOÜVERTÜRE i 

VIE DU TASSE 1 

L’ABBÉ DE LAMENNAIS 

le livre dd PEOPLE.avec une étude de 

M. Ernest Renan 4 

paroles d’un croyant, avec une étude 
de M . Sainte-Beuve i 

VICTOR DE LAPRADE 

PSYCHE i, i 

CHARLES DE LA ROUNAT 

LA COMÉDIE DE L’AMOOR 1 

H. DE LATOUCHE 

ADRIENNE 

AYMAR i 

CLÉMENT XIV ET CARLO REHTINAZZI. . . 1 

FRANCE ET MARIE { 

FRAOOLBTTA i 

ÜRA.NGENEUVB 

LÉO i 

UN MIRAGE i 

OLIVIER BRUSSON i 

LE PETIT PIBRRB I 

LA VALLÉE AUX LOUPS . . . i 

THÉOPHILE LAVALLÉE 

HISTOIRE DE PARIS ... * 2 

CARLE LEDHUY 

LE CAPITAINB d'aVENTURES. i . . . . < 

LE FILS MAUDIT I 

LA NUIT TERRIBLE. 1 

LOUIS L U RI NE 

ICI L*OM AIME 

FÉLICIEN MALLEFILLE 

LE CAPITAINE LAROSE i 

MARCEL 1 

MÉMOIRES DE DON JUAN 2 

MONSIEUR CORBEAU 1 

CH. MARCOTTE DE QUIVIÉRES' 

DEUX ANS EN AFRIQUE. AVPP Ulie ÎI1- 

troduction du bibliophile Jacob. . . i 

MARIVAUX 

théatrb. Précédé d’une notice par 
Faut de St- Victor i 

X. MARMIER 

AU BORD OB LA NEVA i 

LES DRAMES INTIMES { 

UNE GRANDE DAMB RUSSE { 

HISTOIRES ALLEMANDES ET SCANDINAVES. 1 

LE DOCTEUR FÉLIX MAYNARO 

UN DRAME DANS LES MERS ROlIKALES. . t 

JOURNAL n’UNK D A MF ANGLAISE. . . f { 

VOYAGES ET AVENTURÉS AU CHILI. . , i 


LE CAPIt AiÉÈ M AYriE-RPia T*J. 

Traduction Allyrt Buriàu 

LES CHASSEURS DK CHEVELU RIS. . » • 1 

iÉHT 

UN AMOUR DANS l’àVENIR 4 

ANDRÉ 'CHÉNIER 4 


LA CHASSB AU CHASTRB • ... • 
LE CHATEAU DES TROIS TOURS. • 

LE CHATEAU VERT . . 

UNE CONSPIRATION AU LOÜVRK . 


4 

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LES DAMNÉS DK L’iNDE 1 

UNB HISTOIRE DE FAMILLE. ..... 4 

UN HOMME HEUREUX 1 

ONE NUIT DU MIDI i . . . 1 J k S . 4 

LES NUITS ANGLAISES 4 

LES NUITS d’orient ; I 

LBS NUITS ITALIENNES. . i 

SALONS ET 80UTBRRAINS DE PARIS. . . 4 

LE TRANSPORTÉ. i 

PAUL MEURICE 

LBS TTBAN8 DE VILLAGE. ...... 4 

PAUL DE MOLÈNES 

AVENTURES DU TEMPS PASSÉ. . . i . ft 
CARACTÈRES BT RÉCITS DU TEMPS . . 4 

CHRONIQUES CONTEMPORAINES. .... i 

HISTOIRES INTIMES 1 

HISTOIRES SENTIMENTALES BT MILITAIRES i 
MÉM. D’UN GENTILH. DU SIÈCLE DBRNIKR. 1 

MOLIÈRE 

œuvres complétés . — N ouve lie édition 
publiée par P hil arête Chasles. . . 5 

M-»* MOLINOS-L AFITTE 

l’kdücation DU FOYER i . i . . . , I 

HENRY MQNNIER 

MÉMOIRES DE M. JOSEPH PRUDHOMMI. 2 

CHARLES MOfiSELET 

M. DE CUPIDON 1 

LE COMTE DE IRONT ALIVET 

Ancien ministre 

rien î 18 années de gouvernement par- 
lementaire. 3 e édition | 

LE COMTE OÊ MOYNIER 

BOHÉMIENS ET GRANDS SEIGNEURS. . . 

HÉGÉSIPPE MOREAU 

œuvres, avec une notice par Lotns Ra* 
tisbonne. i 

FÉLIX MORNAND 


BgRNBRBTTE. . . i 
LA VIE ARABE. . . 


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LES BUVEURS D'EAU 

LE DERNIER HF.NOEZ-VOUS ' , 

MADAME OLYMPE . . 

LE PAYS LATIN 

PROPOS DR VILLE RT PROPOS DE THEAÎRÉ. i 
LE ROMAN DE TOUTES LES FÉMMES. . | 

SCÈNES DE CAMPAGNE } 

SCÈNES DE LA VIE DE BOHEME. • . 1 

SCÈNES DE LA V1B DE JB U NS S SÀ . i . | 

LE SABOT ROUGE • . . J 

LES VACANCES DM CAMILLE, • i , . I 


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COLLECTION MICHEL LËVt. — ï FK. LE VOLUME 


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Lll PARISIENNES A PARIS 1 

PAUL OE MUSSET 

LA BATOLETTE. . . i 

PBTLABRENS 1 

KADAR 

LE MIROIR AUX ALOUETTES. ..... 1 

quand j’étais étudiant 1 

HENRI NICOLLE 

LE TUEUR DE MOUCHES. ....... 1 

Edouard ourliac 

LES SARNACHES i 

PAUL PERRET 

LES BOURGEOIS DE CAMPAGNE 1 

HISTOIRE D’UNE JOLIE PEMME 1 

LAURENT PICHAT 

LA paIemne 1 

AMÉDEE PICHOT 

UN DRAME EN HONGRIE I 

l’écolier de waltbr scott 1 

LA PEMME DU CONDAMNÉ 1 

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EDGAR POE 

Traduction Ch. Baudelaire 


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HISTOIRES EXTRAORDINAIRES i 

NOUVELLES HISTOIRES EXTRAORDINAIRES. A 

F. P 0 N S A H 0 

ÉTUDES ANTIQUES 1 

A.'ÛE PONTMARTIN 

CONTES D’UN PLANTEUR DE CHOUX. . . 1 

CONTES ET NOUVELLES t 

LA PIN DU PROCÈS . t 

MÉMOIRES D’UN NOTAIRE 1 

OR ET CLINQUANT 1 


POURQUOI JE RESTE A LA CAMPAGNE • 1 

L’ABBÉ PRÉVOST 

Manon i.escadt, prêcèdfce d’tine Étude 
par John Lemoinne 1 

ANNE RAOCLIFFE 

Traduction N. Fournier 

LA PORÉT OU l’abbaye UE SAINT-CLAIR. 1 
L’ITALIEN OU LE CONFESSIONNAL DES 


PÉNITENTS NOIRS. 1 

JULIA OU LES SOUTERRAINS DO CHATEAU 

DE MAZZ1NI 1 

LES MYSTÈRES DU CHATEAU o’UDOLPHE. i 
LES VISIONS DO CHATEAU UES PYRÉNÉES, i 


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LES HAREMS DO NOUVEAU-MONDE. . . i 

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CE QO’ON PEUT VOIR DANS UNI RUE. • A 

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LE COQ DU CLOCHER. ........ A 

LE DERNIER DES COMMIS-VOYAGEURS . . A 

ÉDOUARD MONOERON . J 

l’industrie EN EUROPE A 

jérÔ'ir paturot îi la recherche de la 
meilleure des Républiques. . ... A 
jérôme paturot à la recherche d’une 
position sociale A 

MARIE BRONTIN . . . S • . A 

MATHIAS L’HUMORISTE A 

PIERRE MOUTON. ...» A 

LA VIE A REBOURS. ......... 1 

LA VIE DE CORSAIRE I 

W- REYNOLDS 

LES DRAMES DE LONDRES 

— LES FRÈRES DE LA RÉSURRECTION. ! 

— LA TAVERNE DU DIABLE * 

— LES MYSTÈRES DU CABINET NOIR. I 

AMEüÉE ROLLAND 

LES martyrs du i 

NESTOR ROQUtPL AN 


«KO AIN : LA Vig PARISIENNE A 

JULES 0£ SAINT-FÉLIX 

SCÈNES DE LA VIE DE GENTILHOMME . i 
LE GANT DE DIANE. ....... i A 

MADEMOISELLE ROSALINOI- ...... A 

GEORGE SANO 

ADRIANl ..... ........ i 

LES AMOURS DE L*AGE d’OR i 

LES BEAUX MESSIEURS UE BOIS-DORÉ. 2 

LE CHATEAU DBS DESERTES i 

LE COMPAGNON OU TOUR DB FRANCE. . i 

LA COMTESSE DE RODOLSTADf i 

CONSUELO. ..... 3 

LÉS DAMES VERTES i 

LA OANIELLA . , J 

LE DIABLE AUX CUAMFS. ...... < 

LA FILLEUIE i 

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HISTOIRE DE MA VIE AO 

L’HOMMB DB 3 

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lélia — Mélella - Mi Ichior — Cora. i 

LUCREZIA FLORIANI — LaVilliï .... I 
CE MEUNIER d’aNOIRaULT. . 7 ... . I 

NARCISSE A 

LE PÉCHÉ DE M. ANTOINE 2 

LE PICCININO 2 

promenades autour d’un VILLAGE. . . 1 

LE SECRETAIRE INTIME. ....... t 

SIMON ”. . . • A 

tevrbîno — Léoue Léooi A 

l’uscoqus A 


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COMÉDIES 3 

OPÉRAS 3 

OPÉRAS-COMIQUES . 5 

COMÉDIES-VAUDEVILLES. ....... 10 

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CONTES SANS PRÉTENTION 1 

FRÉDÉRIC SOULIÉ 

AO JOUR LE JOUR I 

LES AVENTURAS DE SATURNIN PICHET . 2 

LE BANANIRR — EULALIB PONTOIS. . . 1 

LE CHATEAU DES PYRÉNÉES 2 

LE COMTE DE rOIX i 

LE CONTE DE TOULOUSE { 

LA COMTESSE DE MONRION i 

CONFESSION GÉNÉRALE 3 

LS CONSEILLER D’ÉTAT i 

CONTES ET RÉCITS DE MA ORAND’mÉRE. 1 

CONTES POUE LES ENFANTS. 1 

LES DEUX CADAVRES. . . f i 

DIANE ET LOUISE { 

LES DRAMES INCONNUS 5 

— LA MAISON N« 3 DE LA RUE DE PRO- 
VENCE I 

— AVENTURES o’UN CADET DE FAMILLE . t 

— LES AMOURS DE VICTOE BONSBNNS. . 1 

— OLIVIER DUHAMEL. 2 

UN ÉTÉ A MEBDON i 

LES FOROERONS ( 

HUIT JOURS AU CHATEAU 1 

LA LIONNE 1 

LE MAONÉTISEUlC . 1 

CN MALHEUR COMPLET { 

MARGUERITE i 

LE MAÎTRE D’ÉCOLE { 

LES MÉMOIRES DU DIARLE 3 

LE PORT DE CRÉTEIL 1 

LES PRÉTENDUS 4 

LES QUATRE ÉPOQUES 1 

LES QUATRE NAPOLITAINES 2 

LES QUATRE SIEURS ( 

ON RÊVE D’AMOUR — LA CHAMBRIÈRE. 1 

SATHANIEL . { 

SI JEUNESSE SAVAIT, SI VIEILLESSE POU- 
VAIT . 3 

LE VICOMTE DE BEHERS ( 

ÉMILE SOUVESTRE 

LES ANSES DU FOTER t 

AU BORD DU LAC 1 

AO BOUT DU MONDE { 

AU COIN DU FEU 

CAUSERIES HISTORIQUES BT LITTÉRAIRES. 3 

CHRONIQUES DE LA MER . ( 


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LES CLAIRIÈRES J 

CONFESSIONS D’UN OUVRIER J 

CONTES ET NOUVELLES J 

DANS LA PRAIRIE J 

LUS DERNIERS BRETONS J 

LES DERNIERS PAYSANS J 


DBUX MISÈRES. ..... 

... 


LES DRAMES PARISIENS. . 

... 


l’échelle de femmes . . 

... 



... 


EN FAMILLE 

... 


EN QUARANTAINE 



LE FOYER BRETON. . . • 

... 


LA «OUTTE D’EAU .... 

... 


HISTOIRES D’AUTREFOIS. . 

... 


l’homme et l'argent. . 



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LA MAISON J 

LE MAT DK J 

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PENO.vNT LA MOISSON J 

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PIERRE BT JEAN J 

PROMENADES MATINALES J 

RÉCITS ET SOUVENIRS. . J 

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SCÈNES DE LA VIE INTIME J 

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SOUVENIRS u’ON BAS-BRETON ..... * 

soov. d’un vieillard. La dernière étape t 

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THÉÂTRE DE LA JEUNESSE * 

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LIS FILS DI FAMILLB 3 

GILBIRT IT GILBERT! 3 

LES RECRITS DE L’OREILLER 3 

LIS SEPT PÉCHÉS CAPITAUI 6 

— l'orgueil 2 

— L’ENVIE — LA COLÈRE 2 

— LA LUXURE — LA PARESSE. . . . 1 

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BALZAC, SA VIE ET SIS OIUVRES t 

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LES MÉMOIRES D’UN VALET DI PIED. . 1 

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LE MARQUIS DE FAZAVAL. ...... i 

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MBS AVENTURES AU SÉNÉGAL 1 

LE DOCTEUR L. VÉRON 

MÉMOIRES D’UN BOURGEOIS DE PARIS. . 5 

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NAUD 1 

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LE COMTE F. OE 8RAMM0NT 

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4 50 

LA CINQUANTAINE. . . 

_ 

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50 

LA COMTESSE DE SALISBURY . — 

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la femmb de quarante ans . 

— 

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CONSCIENCE L’iNNOCENT. ... — 

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L INNOCENCE D*UN FORÇAT . . 

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LA DAME DE MONSOREAU ... — 

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LE PERSÉCUTEUR. . . 

_ 

» 

30 

LA DAME DE VOLUPTÉ 

1 30 





LES DEUX DIANE — 

2 20 

CHAMPFLEURY 




LES DEUX REINES — 

1 50 





DIEU DISPOSE — 

1 80 

LES GRAND8 HOMMES DU 






RUISSEAU 


F 

60 

LES DRAMES DE LA MER ... — 

* 70 





LA FEMME AU COLLIER DE VE“ 


LA COMTESSE DASN 



— ‘ 

* 70 





FERNANDE — 

» 90 

LES GALANTERIES DE LA COUR 




• 

UNE FILLE DU RÉGENT. . . \ — 

» 90 

DE LOUIS XV. . , . 

— 

3 

> 

LES FRÈRES CORSES — 

. 60 

— LA RÉGENCE .... 

— 

» 

90 

GABRIEL LAMBERT ...... — 

» 90 

— LA JEUNESSE DE LOUIS XV. 

— 

» 

90 

GAULE ET FRANCE — 

» 90 

— LES MAÎTRESSES DU ÉOI . . 

— 

» 

90 

UN GIL-BLAS EN CALIFORNIE. . — 

> 70 

— LE PARC AUX CERFS . . . 

— 

» 

90 

GEORGES — 

> 90 





LA GUERRE DES FEMMES ... — 

1 65 

ALEXANDRE DUMAS 




# 






HISTOIRE D UN CASSE-NOISETTE. — 

* 50 

ACTÉ 

— 

» 

90 

l’horoscope — 

> 90 

AMAURY 

— 

» 

90 

IMPRESSIONS DE VOYAGE: 


ANGE PITOU 

— 

1 80 

UNE ANNBB A FLORENCE. . . — 

* 90 

ASCANIO 


1 

50 

l’arabib heureuse .... — 

2 10 

AVENTURES DE JOHN DAVY8 . . 

— 

1 80 

LES BORDS DU RHIN. ... — 

1 30 

LES BALEINIERS 

— 

1 30 

LE CAPITAINE ARÉNA .... — 

* 90 

LE BATARD DE MAULÉON . • . 

— 

2 

» 

LE CORRICOLO — 

1 65 

BLACK 

— 

» 

90 

DE PARIS A CADIX — 

1 65 

LA BOULE DE NBIGE. . . . 

— 

» 

90 

EN SUISSE — 

2 20 

BRIC-A-BRAC 

— 

1 

20 

LE MIDI DE LA FRANCE . . — 

1 30 

LE CAPITALNE PAUL . . . 

— 

> 

70 

QUINZE JOURS AU SlNAÏ . . — 

* 90 

LE CAPITAINE RICHARD .... 

— 

> 

90 

LE SPÉRONARE — 

1 50 

CATHERINE BLüM. 

— 

> 

70 

LE VÉLOGB i — 

i 65 

CAUSERIES — LES TROIS DAMBS. 

— 

i 30 

' LA VILLA PALMIÉR1 .... — 

» 90 

CÉCILE 

— 

* 

90 

INGÉNUE 

1 80 

CHARLES LE TÉMÉRAIRE . S . 

-U 

1 30 

ItABEL DE BAVIÈRE ...il ' — 

1 30 


i2 


LIBRAIRIES DE MICHEL LÉVY FRÈRES. 


ALEXANDRE DUMAS (Suite) fr.c. 


ITALIENS et flamand». . . 


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4 50 

i vanhtïb de Walter Scott . 


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4 70 

JEHANNB LA PUCBLLB . . . . 


— 

* 90 

LES LOUVES DE MACHBCOUL . 


— 

2 50 

MADAME DB CHAMBLAY . . . 


— 

4 50 

LA MAISON DE GLACB. . . . 


— 

4 50 

LE MAITRE d’àRMKS .... 


— 

* 90 

LUS MARIAGES DU PERE OLIFUS 


— 

» 70 

LES MBDIC1S 


— 

* 70 

MES MÉMOIRES. (Complot). . 


— 

8 * 

~ Ire série. (Séparément) 


— 

3 60 

' — *> série . ( — ) 


— 

4 50 

MÉM. DK 6ARIBALDI. (Complet) 

— 

4 30 

— i ra série. (Séparément) 


— 

* 70 

— 2® série. ( — ). 


— 

> 70 

MÉMOIRRS D’UNE AVEUGLE. . 


— 

4 70 

MÉM. D’UN MÉDECIN — BALSAMO 

— 

4 » 

I.B MENEUR DE LOUPS . . . 


— 

» 90 

LES MILLE ET UN FANTOMES 


— 

* 70 

LES MOniCANS DB PARIS . . 


— 

3 60 

LES MORTS VONT VITE . . . 


— 

4 50 

NOUVELLES 


— 

» 50 

UNE NUIT A FLORENCE . . . 


— 

* 70 

OLYMPE DE CLÈVES 


— 

2 60 

OTHON l’aQCHER. . . A . . 


— 

» 50 

LE PAGE DU DUC DB SAVOIE 


— 

4 70 

PASCAL BRUNO * 


— 

* 50 

LE PASTEUR D’ASHBOURN . . 


— 

4 80 

PAULINE 


— 

* 60 

LA PÊCHE AUX FILETS . . . 


— 

* 50 

LB PÈRE GIGOGNE 


— 

4 50 

LE PERE LA RUINE. . . . . 


— 

» 90 

LA PRINCKS8R FLORA. . . . 


— 

* 70 

LES QUARANTE-CINQ 


— 

2 50 

LA REINE MARGOT 


— 

4 65 

LA ROUTK DE VARBNNBS . . 


— 

* 70 

LE 8ALTEADOR 


— 

* 70 

8ALVATOR 


— 

4 * 

SOUVENIRS d'aNTONY . . . . 


— 

* 90 

STLVANDIRE 


— 

» 90 

LS TBSTAMBNT de m. chauvklin . 

— 

» 70 

LES TROIS MOUSQUETAIRES. . 


— 

4 65 

LE TROU DE L’ENFER . . . . 


— 

* 90 

LA TULIPE NOIRE 


— 

* 90 

LB VICOMTE DB BRAGELONNE. 


— 

4 75 

LA VIS AU DÉSERT 


>- 

4 30 

UNE VIE d’aRTI8TE 


— 

* 70 

VINGT AN» APRÈS 


— 

2 20 


ALEXANDRE DUMAS FILS fr. c. 


CBSARINB 

LA DAME ADX CAMÉLIA». . • • 
ÎIN PAQUET DK LETTRE». • • • 
LE PRIX DE PIGEONS. . . . • • 

XAVIER EtIRA 

LES FEMME» DU NOUVEAU" MONDE. 

PAUL FÉVAL 

LES AMOURS DB PARI». • • • « 
LE BOSSU OU LE PETIT PARI8IEN. 
LE FILS DU DIABLE. • • • • • 
LE TUEUR DE TIGRES. . 


» 

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— 3 

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Léon gozlan 

LES NUIT» DU PERE-LACHAISE. » 

CHARLES HUGO 

LA BOHÊME DOREE. .••••• 

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l'amour d'un nègre. .... 

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Geneviève. Hist. d une Servante 

GRAZIELLÀ ...» 

LA JEUNESSE • • * * 

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l'insurrection de l'inde. De 
Delhi h Cawnpore 


— » 


— 1 


» 

> 

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» 

1 

» 

» 

» 


70 


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. S g g © g g SS© § S S SvSë -• S £ SS8S 


& 


MUSÉE LITTÉRAIRE CONTEMPORAIN. — FORMAT IN-4' 


33 


MÉRY tr.c. 

ON ACTI DI DÉSESPOIR. ... — >60 

U B0NH1UR d’0N MILLIONNAIRE. — >60 

LS CBATIAD DSS TROIS TOOKS. — » 70 

LS CHATIAI) d’ODOLPHB. ... — - » 50 

DNS CONSPIRATION AO LOOTRI. — » 70 

Ll DIAMANT A MILLS PACSTT1S. — » 60 

BISTOIRI DI Cl QOI n'|ST PAS 

ARRIVÉ — >50 

LIS NÜITS ANGLAISER. . . . «. — » 9(J 

LIS NOITS ITALIINNSS — » 90 

SIMPLI BISTOIRI. ...... — >70 


EUGÈRE DE MIRECOURT 

LIS CONFISSIONS DI NINON DS 
LINCLOS 

HENRY MUR6ER 

LBS AMOORS o’OLITISR .... 

Ll BONHOMMS JADIS. ..... 

MADAME 

LA MAITRISAS AOI MAINS ROOGBS 
Ll MANCHON DS FSANCINI. . . 
SCÈNES DI LA VIS DS BOHEME. . 

Ll SOUPIR DSS FUNÉRAILLES. . 

JULES SAHDEAU 

SACS IT FARCHBMINS 

SCRIBE 

CARLO BROSCHI 

FRÉDÉRIC SOULIÉ 

AU JOUR L» JOUR 

▲VENT. DE SATURNIN FICHBT • 

LE 

LA COMTESSE DE MONRION. . • 
CONFESSION 0ÉNÉRALI* . • • • 

LES DEUX CADAVRES. • • • • • 

LES DRAMES INCONNUS 

— LA MAISON N* 3, RUE DI PRO- 

VENCE . 

— LES AVENTURES D*UN CADET 

DE FAMILLE . 

— LES AMOURS DI VICTOR BON- 

SENNE 

— OLIVIER DUHAMEL • . • « • 


FRÉDÉRIC SOULIÉ (Suite) Tr.c. 

KOLALIE PONTOIS — >30 

LES FORGERONS — >60 

HUIT JOURS AU CHAT1AU. ... — >70 

Ll LION AMOUREUX. ..... — » 30 

LA LIONNE. — >70 

LE MAITRE D’ÉCOLE. — >30 

MARGUERITE — >60 

LES MÉMOIRES DU DIABLE. . . — 2 » 

Ll PORT DI CRBTBIL — >70 

LIS QUATRE NAPOLITAINES. . . — 1 50 

LIS QUATRI — >50 

•I JEUNESSE SAVAIT. SI VIEIL- 
LISSE POUVAIT — 1 50 

ÉMILE SOU VESTRE 

DEUX MISÈHES — >90 

l’homme et l’argent .... — >70 

JEAN PLEBIAU — >50 

LE MENDIANT DI SA1NT-ROCH. . — » 70 

PIERRE LANDAIS — a 50 

LIS RÉPROUVÉS ET LES ÉLUS. — i 50 
SOUVENIRS d’un BAS-BRETON. . — i 50 

EUGÈNE SUE 

LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX. . . — 5 > v 

— L’OROUEIL — i 50 

— l’envie — > 9J 

— LA COLÈRE — » 70 

— LA LUXURE — » 70 

— LA PARESSE — >50 

— l’avarice — » 50 

— LA GOURMANDISE — » 50 

LA SONNE AVENTURE — 1 50 

GILBERT ET GILBERT! .... — 2 70 

Ll DIABLE MÉDECIN — 2 70 

— LA FEMME SÉPARÉE DI CORPS 

ET DE BIENS ’— » 90 

— LA GRANDE DAME — >50 

— LA LORITTI — » 30 

— LA FEMME DI LETTRES ... — >10 

— LA BELLE FILLE — > {'0 

LIS MÉMOIRES D'ON MARI. . . — 2 70 

— UN MARIAGE DE CONVENANCES. — l 50 

— UN MARIAGE D'ARGENT ... — >90 

— UN MARIAGE D'INCLINATION. — >60 

LIS SECRSTS DE L’OREILLER. . — 2 20 

LIS FILS DI FAMILLE — 2.70 

VALOIS DE FQRVILIE 


CONSCRIT DI L’AN VIII. . . — » 90 


K 


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— 3 70 


— > 30 

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— 2 50 

— > 70 

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34 LIBRAIRIES DE MICHEL LÉVY FRÈRES. 

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ÉMILE AUBIER fr- «. 

DISCOURS DR RECEPTION A L’ACA- 

DÉMIR FRANÇAISE ........ 1 * 

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LA QUESTION ALGÉRIENNE S prOpOS (le 
la lettre adressé» 1 par l'Empereur au 
maréchal de Mac-Mahon 1 * 

LOUIS BLANC 

LA RÉVOLUTION" DE FEVRIER AU 

LUXEMBOURG 1 » 


B L A N 0 U I et ÉMILE OE G I R A R D I H 

! DE LA LIBERTÉ DO COMMERCE BT DE 

LA PROTECTION DE L’INDUSTRIE . . 2 » 

H. BLAZE OE BU R Y 

N. LE COMTE DE CHAMBORD — UN MOIS 

A VENISE t » 

BONNAL 

j ABOLITION DU PROLÉTARIAT 1 » 

1 LA FORCE ET l’iDÈR 1 » 

fi. BOUL LA Y 

| RÉORGANISATION ADMINISTRATIVE. . . 1 » 

CHAMPFLEURY 

RICHARD WAGNER >50 

RENÉ CLÉMENT 

ÉTUDE SUR LE THÉÂTRE ANTIQUE. . 1 > 

ATHANASE COQUEREL FILS 

sermon d’adiru prêche dans l’église 
de l’Oratoire >50 

PROFESSION DE FOI CHRÉTIENNE. . . » 50 

LE CATHOLICISME ET LE PROTESTAN- 
TISME considérés dans leuroiigine 
et leur développement 1 > 

le bon samaritain, sermon prêché 
en 1864, dans les églises de Lusi- 
gnan et de Reims 

l’ÉOOÎSME DEVANT LA CROIX. SCI'IHOH 

sur Luc, prêché dans les églises de 
Vauvert , Anduie , Sommières , 

Ur.ês et Clairac ...» 50 

i LES CHOSES ANCIENNES ET LES CHOSES 


nouvelles, sermon prononcé en 
1 864, dans les églises de Poitiers, 
Reims, Nîmes, Montpellier, Mon- 
lauban et Lyon » 50 

LA SCIENCE ET LA RELIOION, SeiTOOn 

prêché en 1864, dans les églises 
• de Nîmes et de Dieppe » 50 

L. COUTURE 

DU BONAPARTISME DANS L UISTOIRR DE 

FRANCE 1 > 

DU GOUVERNEMENT HÉRÉDITAIRE EN 

FRANCK 1 50 

UN CURÉ 

A NOTRE SAINT-PÉRE LE PAPE ... 1 > 

CHARLES DIDIER 

QUESTION SICILIENNE . 1 > 


UNE VISITE AO DOC DK BORDEAUX. . i » 

ERNEST OESJ ARDINS 

NOTICE SUR LE MUSEE NAPOLÉON III 

et promenade dans les galeries. » SO 

00 FAURE 

BU DROIT AU TRAVAIL > 3Q 


_ ALEXANDRE DUMAS fr. c. 

RÉVÉLATIONS SUR L'ARRESTATION D*É- 
MILK THOMAS >90 

ADRIEN DUMONT 

LIS PRINCIPES DE 1789 . ..... | > 

LÉON FAUCHER 

LE CRÉDIT FONCIER » 30 

OCTAVE FEUILLET 

DISCOURS DE RÉCEPTION A l’aCA- 

DBMIE FRANÇAISE ........ i » 

, LE MARQUIS DE GABRIAC 

DR L ORIGINE DB LA GUERRE li’bf ALIE . 4 » 

ÉMILE DE 6 1 R A R D I N 

l’abolition de l’autorité 1 » 

ABOLITION DE L’ESCLAVAGE MILITAIRE. 1 » 

AVANT LA CONSTITUTION >50 

L’EXPROPRIATION ABOLIE PAR LA DETTE 

FONCIÈRE CONSOLIDÉE 2 » 

LE GOUVERNEMENT LE PLUS SIMPLE. 1 » 

LA CONSTITUANTE ST LA LÉGISLATIVE. I > 

LE DROIT DK TOUT DIRE 1 » " 

L ÉQUILIBRE FINANCIER PAR LA RÉ- 
FORME ADMINISTRATIVE i » 

JOURNAL D’UN JOURNALISTE AD SECRET. 1 * 1 

LA N0TB DU XIV DÉCEMBRB. . . . . i » 

l’ornière DES RÉVOLUTIONS 1 » 

la paix. 2« édition 1 > 

RESPECT DE LA CONSTITUTION. . . . i S 

LE SOCIALISME ET L’iMPOT I » 

SOLUTION DB LA QUESTION D’ORIENT. 2 50 

GLADSTONE 

deux lettres au lord Aberdeen 
sur les poursuites politiques exer- 
cées par le gouvernement napo- 
litain i » 

JULES GOUACHE 

LES VIOLONS DK M. MARfflAST. ...» 50 

LE COMTE D’HAUSSONVILLE 

CONSULTATION DB MM. LES BATON- 
NIERS DB L’ORDRE DES AVOCATS. . 1 » 

LETTRE AUX BATONNIERS DE L'ORDRE 

DES AVOCATS 1 » 

M. DE CAVOUB ET LA CRISE ITALIENNE, i > 

LÉON HEUZEY 

CATALOGUE DE LA MISSION DE MACÉ- 
DOINE ET DE THKSSALIE >50 

VICTOR HUGO ET CRÉMIEUX 

DISCOURS SUR LA PEINE DE MORT (Pro- 
têt de l’Evénement ) l ■ 

LOUIS JOURDAN 

LA GUERRE A l’ ANGLAIS. 2» édit, , i > 

LAMARTINE 

BU DROIT AU TRAVAIL > 

LETTRE AUX DIX DEPARTEMENTS. . . » 

LA PRÉSIDENCE > 

DU PROJET DB CONSTITUTION . . . . > 

UNE SEULE CHAMBaK >30 

ÉDOUARD LEMOINE 

ABDICATION DU ROI LOUIS-PBILIPFf. . > 50 

JOHN LENGINNE 

affaires de bomb 1 > 


— j 

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BRQQHUftSS lUVERSJfiS, 


« 


A. LEY1ARIE tr. «• 

■imbu i’m demande en autori- 
»a»i8ii de jqurnal. — Simple queij- 
Uoa de propriété 2 » 

Etienne Maurice 

BÉCIWTRAUIATION ET DÉCENTRALISA* 

HORS 1 • 


LE COMTE DE MONT ALIYET 

OBSERVATIONS SUR LE PROJET DE LOI 
! RILATir AUX CONSEIL9-OÉNÉRAGX. 4 > 

U ROI LOGIS-PHILIPPE BT SA LIST* 


CIVILE >50 

LE BARON DE NERVO 

L’ADMINISTRATION DES FINANCES SOCS 

LA RESTAURATION 1 • 

LES FINANCES DE LA FRANCE SOUS LE 
RÉGNS RE NAPOLÉON III 4 » 

D. NISARD 

LES CLASSES MOTENNES EN ANGLE- 
TERRE ET LA qOUBQEOISlE EM 
FRANCE 1 > 


DISCOURS PRONONCÉ A L'ACADÉMIE 

française en réponse au discours 
de réception dç M. Ponsard .... 1 » 

UN PAYSAN CHAMPENOIS. 

* timon spr son prcypt de Consti- 


tution >50 

CASIMIR PERIER 

LS su no ET DE (863 i > 

LA RÉFORME FINANCIERS DS 1862. • i > 

GEORGES PERROT 

CATALOGUE DE LA MISSION d’àSIE- 

MWBORS >50 

ANSELME PETETIH 

ns l'amkbxion DE LA SAVOIE. 2 id. 4 » 


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NOUVEA* SYSTÈME DE NAVIGATION 

fondé sur le principe de l’enver- 
gencc des corps roulants snr l’eau 4 50 

A. PONROY 

LE maréchal buoeaud 4 > 

F. PONSARD 

DISCOURS DS RÉCEPTION A L'ACADÉMIE 

française 4 > 

PREVOST-PARADOL 

DE LA LIBERTÉ DES CULTES EN FRANCE. 4 > 

DEUX LETTRES SUR LA RÉFORME DU 

CODE PÉNAL . 4 > 

LES ÉLECTIONS DE 1863 1 » 

DU GOUVERNEMENT PARLEMENTAIRE ET 

DU DÉCRET DU 24 NOVEMBRE ... 4 > 

QUELQUES RÉFLBXIONS SUR NOTRE SI- 
TUATION INTÉRIEURE >50 

ESPRIT PRIVAT 

LE DOIGT DE DIEU 4 > 

ERNEST RENAN 

CATALOGUE DES OBJETS PROVENANT 

DE La MISSION DK PHÉNICIE. . . . > 50 

SAINTE-BEUVE 

A PROPOS DES BIBLIUTUÈQ. POPULAIRES 50 

SAINT-MARC CIRAROIN 

DU DÉCRET DU 24 NOVEMBRE OU de 

la réforme de la Constitution 


de 4852 4 > 

GEORGE SAND 

LA GUERRE 4 > 

6. SAND ET V.. BORIE 

TRAVAILLEURS ET PROPRIÉTAIRES . . 4 > 

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