REVUE
D'ALSACE
i
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THE UNIVERSITY
OF ILUNOIS
LIBRARY
HELB
v.sa
{
I
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REVUE D'ALSACE
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REVUE D'ALSACE
NOUVELLE SERIE
SEPTIÈIE ANNEE
TOME SEPTIÈME
COLMAR
BOBSAU, PUCË DU MAKCHÉ-Al'-P£IiT-fiÉÏAlL, N* 23
1878
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DOCUMENTS
POOR SERVIR A
LA NUMISMATIQUE DE L'ALSACE
N« 4
Recueil de bractéates alsadeimes inédites ou peu
connues, tirées des principaux cabinets publics
et particuliers.
Tous les amatears de numismatique alsacienne connaissent
bien cette corieuse suite, qui sollicite leur alteotion par la
sîngnhrité de ses types et les difficultés de classement qu'elle
présente. Bans ce nouTean fasdcnle, nous nous sommes
donnés pour objet non pas de présenter aux numismates un
nouveau système de clas.sificatiou, mais simplement un exposé
des principaux types, inconnus à BersteU ou môme complè-
tement inédits, que nous avons rencontrés dans le cours de
nos recherches dans les Musées, ou dans les cabinets particu-
liers de réfranger, et surtout de l Autriche et de l'Allemagne.
Toujours un peu négligée dans les ooUections françaises,
«>n«ne du reste la suite alsacienne en général, la série des
691740
6
BBVDE D'ALB4C»
bractéates alsadennes ne peut, en effe^ être étudiée à fond
que dans les médailliero allemands, et ce sont ces derniers
qui, jusqu'à présent^ nous ont fourni le plus de nouveautés.
— L'incertitude qui règne dans les attributions de la plupart
de ces deniers (car c*est là plutôt la véritable déncmiination
qui conyient aux pièces dont il est ici question, et qui n'ont
rien de commun avec les bractéates proprement dites), n'em-
pêche pas les numismates d'être tous d'accord sur un point,
c*est quils sont indubitablement â*origine alsacienne, et
sortent en grande partie des ateliers du Bas-Rbin, tels que
Strasbourg, Wissembourg, etc.; l'abbaye de Wissembourg
pourrait surtout, à notre avis, en reTondiquer bon nombre
pour elle. Mais, nous le répétons, nous ne voulons tenter ici
aucune attribution nouvelle; nous serions d'ailleurs obligés
de nous en tenir à des conjectures plus ou moins hasardées;
rappelons seulement que Tattribution de ces deniers à TAlsace
est surtout confirmée, d'abord, par une physionomie et des
types qui leur sont particuliers, puis, par leur provenance
qui est presque toujours alsacienne. Nous citerons les grands
dépôts de bractées découverts à Guémar et à Sausheira, dépo-
sées aujourd'hui dans les cartons du Musée de Colmar, et tant
d'autres qui ont disparu pour jamais dans le ereuset des fon-
deurs, et dont des témoignages éloignés viennent seuls nous
révéler l'existence. Il y a cependant une exception ; c'est la
trouvaille d'Ulingen, près de Rastadt, qui est de beaucoup la
plus intéressante des trouvailles de ce genre, par la variété
et la nouveauté des types qu'elle a fournis. Elle a été, par
bonheur, acquise en entier par le prince de FUrstenberg; et
feu M. de PMeuho£en, le conservateur de son superbe médail-
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mnOBMATIQDB DB L'ALSAOB
7
lier, eu a donné nne description complète, aooompagnée de
planefaes» dans la Bum mmiimaUqw firançaisê de 1868
Cest pourquoi nous n'y reviendrons pas. Nous avons pu der-
nièrement, grâce à Tobligeance de M. Sigiarnood RieUler,
l'étudier noas-méme, snr les lieux, avec tontes les fedlitée
déBlraUes, et nons pouTons affirmer que parmi tous les
deniers alsaciens, il n'en est peut-être pas qui excite davan-
tage la curiosité et qui mérite plus Tattention da spécialiste,
qoe ceux qui ont pris place dans le cabinet de Donaueschin-
fUL Nons n'avons pas en la bonne fortuue, comme M. de
Pfcffenhofen, de mettre la main sur une série complète de
moooaies nouvelles et inconnues, et celles que nons publions
ai^oord'hui ne sont que des glanes éebappées à nos préde-
«esBeurs, mais noua serions heureux si, en mettant en lumière
ces monuments encore si peu étudiés^ nous ponvions attirer
snr enx Tattention des ssvanls et susciter enfin une nouvelle
tentative de classification.
Puis, en décembre 1876.
Arthur ëngel.
ABRÉVIATIONS
Do. Médaillier da prinee de FOntenberg, à OonaiMschingen.
Médaillier du Musée de llmiieh.
f^olm. Médaillier de la Bibliothèque de Colmar.
■^f'". Médaillier de l'Université de Straibonrg.
Médaillier du Musée de Dresde.
C'*- Médaillier du Musée de Grenoble.
^P- Médaillier du Musée de Leipzig.
Module en inillimôti-es. — Pds. Poids en grammes.
Mod
N.-B. — Timt» k$ pièen ééerites sont d'argent.
8
BBVCB D'aLSACE
A» BusU à drniii revers divers,
1 . — Buste couronné à droite, tenant une épée de la
main droite et un bouclier de la gauche; dans le champ,
étoile à six rayons.
Rf. Edifice à deux portails et deux grandes croLx, entre
lesquelles une étoile à huit rayons.
Mod. 17. — Do. — Gravée, pl. 1.
8. — Même buste à droite, sans Fétoile.
Rf, Edifice très simple à un portail, surmonté de trois
grandes croix.
Mod. 14. — Do.
3. — Buste nu à droite, une croix sur la poitrine, tenant
de la main droite un sceptre terminé en fleur de lys, et de
la gauche un calice.
Rf, Edifice à un portail contenant une croix et deux
ingnons surmontés de croix, entre lesquelles plane une
couronne.
Mod. 19. — Mu. — Gravée, pl. I.
4. — Buste nu à droite, une croix sur la poitrine, tenant
de la main droite un calice, et de la gauche une clé.
Edifice à un portail contenant une croix, et deux
longues croix entre lesquelles plane une couronne.
Mod. 1& — Cabinet de M. Vallier, à Grenoble.
5. — Buste nu à droite, une croix sur la poitrine, tenant
de la main droite un calice et de la gauche une crosse.
Rf. Edifice à un portail contenant une croix, et deux
pignons surmontés de croix, entre lesquelles plane une
couronne.
Mod. 16. ^ Do.
C— Même buste, coiûc d une mitre arrondie, tenant de
la main droite un livre et de la gauche une crosse ; der-
rière, étoile à six rayons.
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NUMISMATIQUE DE L'ALSAOB
9
Rf. Sommet d'un édifice, de forme arrondie, surmonté
d'une croix que soutieancnt deux anges.
Mod. 15. — Do.
7. — Même buste, mitré, tenant de la main droite un
livre Q) et de la gauche une croix.
Rf, Le même, mais le toit de Fédifice est pointu, et Ton
aperçoit une fenêtre au-dessous.
Mod. la — Do.
8. — Buste couronne à droite, tenant de la main droite
un sceptre fleurdelisé sur l'épaule, et de la gauche une
croix ; derrière, étoile à sept rayons,
Rf, Edifice à trois portails, celui du centre contenant
une croix, et surmonté de deux tours entre lesquelles deux
antres croix.
Mod- 19. — Do. — Gravée, pl. I.
9. — Buste couronné à droite ; dans le champ, à droite,
un oiseau (?) ; â gauche, étoile à cinq rayons.
Rf. Edifice très simple, à un portail, et surmonté de
trois croix.
Mod. 16. — Do.
10. — Buste couronné à droite, tenant un sceptre fleur-
delisé.
Rf. Edifice à sommet horizontal et trois portails de
même niveau, surmonté de deux croix.
Mod. 13. — Do. •
B. BusU dt Jaci; revtrs divers
41 — Buste nu de face, une croix sur la poitrine, bénis-
sant de la main droite et tenant de la gauche un livre.
Rf. Agneau pascal à gauche.
Mod. 15. — Fabrique médiocre. — Do.
i% — Même buste.
Edifice à un portail et à toit pointu, accosté de deux
10
BEVQB D*AL64C1S
colonnes surmontées de croix, entre lesquelles une étoile
à six rayons.
Mod. 15. — Fabrique plus soigaée. — Do. — Gravée, pL I.
13. — Même buste, tenant de la main droite un calice
surmonté d'une croix et de la gauche une crosse.
Rf. Edifice à trois portails, surmonté d'une large tour
crénelée et accosté de deux tourelles.
Mod. 17. — Do.
14. — Même buste, très allongé, bénissant de la main
droite et tenant une crosse de la gauche.
Rf. Double croix supportée par deux anges.
Mod. 15. — Do., et Colm. du même coin.— Gravée, pl I.
15. — Buste nu de fece, bénissant de la main droite, et
tenant une crosse de la gauche.
Rf. Ange debout à droite, supportant une croix, devant
laquelle une étoile à six rayons.
Mod. 17. — Mu.
16b — Même buste, une croix dans la main gauche.
Rf. Le même.
Mod. 17. — Str. — Gravée, pl. I.
17. — Même buste, une croix sur la poitrine, tenant de
la main droite une croix et de la gauche une crosse.
Rf. Le même, mais la croix n'est figurée qu'au trait.
Mod. 15. — Str.
18. — Même buste, tenant de la main droite une croix
et de la gauche un objet indéterminé.
Edifice à toit horizontal, surmonté de deux croix,
entre lesquelles une étoile à huit rayons.
Mod. 16. — Do. — Gravée, pl. lU, sans numéro
19. — Buste nu de fece, deux croix sur la poitrine, tenant
de la main droite une crosse et de la gauche un livre.
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NUMKniA.'nQUB xn l'alsaob
u
Rf. Ange debout à gauche, supportant une croix; au
milieu, une étoile.
Mod. 15. — Str. — Gravée, pl. IL
20. — Buste nu de face, une très petite croix sur la poi-
trine, bénissant de la main droite et tenant de la gauche
une croix.
RI, Edifice à an portail et trois tourelles surmontées de
croix.
Mod. la — Mu.
21. — Mâme buste, la figure plus pleine, une croix figurée
par quatre points sur la poitrine ; il tient de la main droite
une croix et de la gauche une crosse.
Rf, Edifice à un portaU et trois croix.
Mod. 15. — Style primitif. - Do.
21 — liiôme buste, la chevelure figurée par une série de
points ; il tient de la main droite une croix, et bénit de la
gauche, la paume de la main ouverte.
Rf. Edifice primitif à grand toit pointu, surmonté d'une
croix et accosté de deux tourelles portant également des
croix.
Mod. 16. — Dr.
23. — Buste nu de face, bénissant de la main droite et
tenant de la gauche une croix.
Rf. Edifice à un portail contenant une croix, surmonte
d un a^rneau pascal allant à gauche, et accosté de deux tou-
relles pointues.
Mod. la — Colm., trouvaille de Guémar. — Pds., 0,602.
24. Même buste, bénissant de la main droite et tenant
de la gauche une crosse accostée d*une étoile à six rayons,
Rf* Le même.
Mod. 16. — Do.
asvuE d'alsàcs
25. — Même buste, portant un collier formée d'annelets;
il tient de ia main droite une palme et de la gauche une
crosse.
Jî/i Edifice à un grand portail contenant un calice et
deux petites portes latérales. Il est surmonté d'une tour
crénelée, accostée de deux tourelles tenniaées en boule.
Mod. 20. — Do, — Gravée, pl. I.
Tous ces deniers de gnuid module sont rares.
26. — Buste nu de face, avec un rabat et deux croix
superposées sur la poitrine, tenant de la main droite un
objet indéterminé et de la gauche une crosse.
Rf. Edifice à un portail contenant une croix, et une tour
crénelée accostée de deux appendices inclinés et terminés
en boule ; la tour est séparée du portail par une ligne hori-
zontale d'annelets, et présente elle-même une porte.
Mod. 20. — Dr. — Gravée, pl. I.
'il. — Même buste, tenant une crosse de ia main droite
et un livre ouvert de la gauche. Sur la poitrine, collier
forme d'annelets et se prolongeant verticalement vers le
bas. — A gauche, dans le champ, étoile à sept rayons ; à
droite, au-dessus du livre, annelet entouré de neuf autres
annelets plus petits.
Rf. Grand édifice à un portail et deux fenêtres; le toit,
incliné, est surmonté d'une tour crénelée et accostée de
deux tourelles se terminant en boule.
Mod. 19. — Do. — Gravée, pl. 1.
28. — Même buste, avec le rabat et un annelet sur la
poitrine, tenant de ia main droite une crosse sous laquelle
une étoile à six rayons, et de la gauche une croix.
Rf, Edifice à un portail contenant une croix, et une
tourelle pointue surmontée d'une croix, accostée de deux
clochetons terminés en boule, et surmontés également de
croix.
Mod. 20. — Do.
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MUMISMATIQUE DB L'ALSACK
13
29. — Buste mitre de tacc. tenant un livre de la main
droite et une crosse de la gauche; à côté, une étoile à six
rayons.
Rf. Edifice à un portail renfermant un calice, et deux
tourelles pointues surmontées de croix, entre lesquelles un
aigle regardant à gauche.
Mod. 16. — Do. — Gravée, pl. I.
90i — Même buste, tenant de la droite une crosse et de
la gauche un IWre Q).
Rf, Edifice à un portail surmonté d*une tourelle pointue
portant une croix, et accostée de deux tourelles terminées
en boule.
Mod. 15. — Mu. — Gravée, pl. 1.
31. — Buste nu Q) de&ce, bénissant de la main droite
et tenant de la gauche un objet indéterminé.
Rf. Edifice à un portail contenant un calice, et deux tou-
relles pointues surmontées de croix, entre lesquelles un
aigle regardant à gauche.
Mod. la — Do. — Gradée, pl. î.
32. — Buste de &ce, largement drapé, et tenant de la
main droite une crosse.
Rf* Edifice primitif à un portail contenant une croix et
surmonté d'une sorte de ^oùte, portant une croix et ren<
fermant un point. A droite et à gauche, deux tourelles
pointues portant également des croix.
Mod. 19. — Fabrique barbare. — Do.
33. — Même buste, couronné, un drapeau dans la main
droite et une épée dans la gauche.
Rf. Edifice à un portail et une tourelle pointue; dans le
champ, d gauche, grande étoile à six rayons.
Mod. 19. — Do.
34* — Môme buste, couronné, tenant de la main droite
un globe surmonté d'une fleur de lis et de la gauche une
croix.
14
REVUE D'âL&AGE
Rf. Deux anges soutenant une croix sur un toit pointu
percé d'une fenêtre.
Mod. 16. — Do.
G. Busu à gûwbti rtwrs divtrs
35. — Buste mitrè à gauche, bénissant de la main droite
et tenant de la gauche un objet allongé; sur la poitrine
une croix.
Rf. Agneau pascal à gauche,
Mod. 16. — Do. et collection Prissay à Dijon.
36. — Buste couronné à gauche, tenant de la main droite
une croix.
Rf, Edifice à un portail sunnonté d'une tour crénelée.
Mod. 15. — Collection Prissay à Dijon.
37 — Buste nu à gauche; devant, objet allongé; der-
rière, une crosse.
Rf. Edifice primitif à un portail et trois croix.
Mod. 17. — Do.
38. — Même buste; devant, une croix.
Rf. Même édifice, sans portail.
Mod, 15. — Gr. — Gravée, pl. I.
39. — Buste couronne a gauche, tenant de la main droite
un globe surmonté d une croix, et de la gauche un globe
surmonté d'une fleur de lis.
R/* Aigle, les ailes étendues, regardant à gauche.
Mod. 15. — Do. — Gravée, pl. I.
40. — Buste couronne à gauche, tenant de la main
droite une croix et de la gauche un sceptre fleurdelisé.
RJ. Sommet d'un édifice surmonté d*un toit pointu
accosté de deux étoiles.
Mod. 15, — Do. et Dn — Gravée, pl. t
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NUMISMATIQUE DE L'ALSACE
15
W. — Buste couronné à gauche, tenant un sceptre fleur-
delisé.
Rf. Edifice à une voûte, surmontée d'une tour pointue
accostée de deux tourelles.
Mod. 15. — Pièce très mince et de âa>rique toute parti-
ticuUère.— Golm., trouvaille de Saushdm. — Grayée, pl. 1.
42. — Buste mitre (bicorne) à gauche, bénissant de la
main droite et tenant de la gauche une crosse. Sur la poi-
trine, une croix et deux annelets.
Rj, Portail crénelé.
Mod. 15. — Colm., trouvaille de Sausheîm. — Pds. 0,551.
-Gravée, pl. II.
43. ~ Buste nu à gauche, bénissant de la main droite
et tenant de la gauche une crosse. Dans le champ, étoile à
rayons.
jy. Edifice à trois portails, celui du centre allongé et
contenant une croix, et trois tourelles d égale hauteur,
swmontécsde croix; les tourelles latérales se terminant
en boule.
Mod. 17. — Do.
44. — Buste mitré (bicorne) à gauche, tenant d'une
fflain une crosse et de Tautre un livre.
Rf' Edifice à un portail contenant une croix, et deux
tourelles entre lesquelles un agneau pascal à gauche.
Mod. 16. - Golm., trouvaille de Guémar. — Pds. 0,574
à 0,589.
U existe de norabituscs vuiétis de ce type, dti reste trii commim.
48. — Buste nu à gauche, bénissant de la main droite
et tenant de la gauche un attribut indistinct.
f<f- Edifice à un portail contenant une croix, et deux
croix entre lesquelles plane une couronne.
Mod. 15. — Do. — Gravée, pl. IL
16
BEVUB D'ALSACB
40, — Môme buste, tenant un objet terminé en fleur de
lis.
Rf. Temple à un portail contenant une étoile à cinq
rayons, et une tourelle pointue surmontée d'une croix et
accostée de deux autres tourelles.
. Mod. 17. — Golm., trouv. de Guémar. — Pds. 0,620.
47. — Buste nu à gauche, tenant une croix devant lui;
derrière, étoile à huit rayons.
Rf. Edifice à deux portails et deux tourelles, entre les-
quelles une étoile à huit rayons.
Mod. 17. — Do. — Gravée, pl. II.
48. — Buste mitré (bicorne) à gauche, bénissant de la
main droite et tenant de la gauche une crosse.
RJ. Même édifice.
Mod. 17. — Do. — Gravée, pl. II.
49. Buste mitré (bicorne) à gauche, bénissant de la main
droite et tenant de la gauche une crosse.
RJ. Edifice à trois tourelles et un portail contenant une
roue fermée à cinq rayons.
Mod. 15. — Colm., trouvailles de Guémar et de Sausheim.
— Nombreux exemplaires; Tarrangement des annelets et
de la croix sur la poitrine très variable. —Pds. 0,535;
0,556; 0,572; 0,588; 1 gr. 571 et 1 gr. 572.
Voici les analyses, faites à Berne, des pièces appartenant aux principaux
types de la trouvaille de Sausheim :
Afgaot Cuivre Or
Strasbourg : Ange à la croix 975 25 _
Evcqucs de Bâle : Annelets 975 35 _
• • 070 1.5 10
» Petit évêque à la croix 975 15 10
Zofingen : Profil mitré ; . ^ qoq qo
» Tête de face couronnée m) 90 10
» Tête de face voilée 900 45 155
950 40 10
Lion passant â gauche, 9 950 5 45
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HDIIIBMATIQUE DE L'aLSACE 17
«0. - Buste nu à gauche tenant une crosse; au-dessus
étoile à six rayons. *
Rf. Temple à trois portails et trois tourelles surmontées
de croix.
Mod. 15. - Do.
51. - Même buste, bénissant de la main droite et tenant
une crosse de la gauche.
Ri. Le même.
Mod. 16. — Mu.
D. Cavalier ; revers dhers
82. — Cavalier à droite, la lance en arrêt.
Rf. Temple a un portail et trois tourelles surmontées
de croix.
Mod. 15. — Do.
La même; dans le portail, une roue Q).
Mod. 15. — CoUn., trouv. de Sausheim. — Pds. 0,580.
^i. - Môme cavalier, sans la lance ; derrière, un annelet.
Temple a deux portaUs continus, renfermant chacun
deux annelets; et une tourelle pointue surmontée d'une
croix et accostée de deux étoiles à six rayons.
Mod. la - Do. - Cf. Berst. 295. - Gravée, pl. II.
84 Môme cavalier, sans l annelet.
^ Le même, le toit de forme arrondie,
Mod. 16. — Do.
53. - Cavalier à droite, tenant une bannière.
Rl- Edificeàunportailet deux tourelles, entre lesquelles
le croissant de la lune tourne à gauche.
Mod. 15. - Do. - Gravée, pl. IL
%, — Même cavalier.
Rf' Edifice à trois portails et une tour crénelée conte-
nant une croix, accostée de deux tourelles.
Mod. 15. - Mu. — Gravée, pL IL
KotwBe Série - 7» Année %
18
RfiVUS D'ALSACE
57. — Cavalier du 53.
R[. Celui du même numéro; la tourelle accostée de
deux drapeaux.
Mod. 16. — Do. et Mu. — Gravée, pl. II.
£. Perwmagt assis à gauche ^ revers du tempk
58. — Persoanage couroané, assis à gauche, bénissant
de la main droite et tenant de la gauche un sceptre sur*
monté d*une fleur de lis.
JR/I Temple à trois tourelles surmontées de croix ; dans
le portail, une roue à cinq rayons.
Par suite d'une erreur du graveur, cette roue se trouve incomplètement
reprisentie sur la planche.
Mod. 16. — Fabrique barbare; sur d'autres exemplaires
il est difficile de distinguer le sceptre d'avec une crosse
(cf. Collection Prissay à Dijon). — Colm., trouvaille deGué-
mar. ~ Pds. 0,551, 0,559 et 0,593. — Gravée, pl. II.
F. Buste a gauche^ au revers du lion
59. — Buste mitre (bicorne) à gauche, tenant une croix
de la main droite et un objet indéterminé de la gauche.
Sur la poitrine une croix.
Bf, Lion à gauche.
Mod. 17. — Do. — C£ Berst-, 285. — Gravée, pl. II.
G. Bttst* cwromtiy au revers de Faigk
60. — Buste couronné à gauche, tenant de la main droite
le globe crucigère et de la gauche un sceptre fleurdelisé.
Rj. Aigle, les ailes étendues, regardant à gauche.
Mod. 17. — Do.
H. Tete à gauche^ au revers de la crosse
fâ. — Téte nue (?) à gauche.
Rf. Crosse entre deux étoiles à cinq rayons.
Mod. 17. — Dr. — Gravée, pl. II.
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NUtfIBBIATIQUB DE L'àLSACB
19
1. Abbi recevant une crosse des Tuains (Twi ange; au revers
trois personnages
63. — Abbé mitrè à gauche, recevant une crosse des
mains d*ua ange.
R[. Personnage assis à gauche, tenant une croix, devant
laquelle se tiennent deux figures debout, dont l'une, les
deux bras étendus, présente à la croix un objet indistinct,
consislaiu en deux boules superposées.
Mod. 18. — Leip. — Gravée, pl. II.
6i Même pièce; dans le champ, au-<lessus de l'ange,
étoile à huit rayons et S.
Rf. L'objet présente à la croix parait être un enfant.
Mod. 16. — Dr.
J. Même type, au revers du temple
(fô.— Type du n** 63; sur la poitrine, étoile à sept rayons
et annelets.
Rj, Temple de forme particulière, traversé par une
longue croix. Dans le champ, quatre petites étoiles à sept
rayons.
Mod. 15. — Str. — Gravée, pl. II.
CO. — Même type, mais le temple ofifre trois portails et
trois tourelles portant des croix.
Mod. 15. — Dr.
K. ^mU i droiUy séparé par me lance ^um peiUe figure regar-
dant à gauche^ au revers de Pagneau pascal
67. — Buste nu a droite, séparé par une crosse ou une
lance d'une petite figure regardant à gauche.
Rf Sur un portail contenant une croix, agneau pascal
regardant à droite ; dans le champ, deux étoiles à huit
rayons.
Mod. 15, — Str.— et Berst, SufpL 217. —Gravée, pl. IL
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20
BKVm D'AUSàGB
L. Pgrstmu^t ttnmtt m Bvre ouvert devant m busU ^abbiy au
revers de l'agneau pascal
Qg. _ Buste nu à droite, tenant une crosse; devant lui,
une petite figure tenant un livre ouvert,
je/. Celui du n* 67.
Mod. 15. — Dr., Do., Leip. et Collections de MM. Erb-
stein frèreSf à Dresde. — Gravée, pl. II.
M. Buste à droite-, au revers du Saint-Michel terrassant le
dragon
60. Buste mitrè à droite, tenant de la main droite une
crosse et de la gauche une croix.
Rf, Saint-Michel terrassant le dragon.
Mod. 16. — Str. — Gravée, pl. III.
N. Buste de face; au revers^ groupe de deux personnages
70. — Buste couronné (? — la coiffure ressemble plutôt
à un assemblage de trois croix) de face, orné d'un collier
auquel pend une croix. Il tient de la main droite une fleur
de lis et de la gauche un globe crucigëre.
Rf, Personnage assis à gauche, tenant une crosse; devant
lui, une petite figure lui présente un objet circulaire.
Mod. la — Dr. — Gravée, pl. III.
O. Buste de face^ au revers du buste h droite
71. — Buste couronné 0) de face, tenant de la main
droite une iûleur de lis et de la gauche uq objet indéter-
miné.
Rf. Buste mitré à droite, tenant une croix.
Mod. 17. — Str. - Gravée, pi. 111.
P. Guerrier sur une tour^ au revers du portail
72 Guerrier à droite, sur une tour, tenant une bannière
et un bouclier.
Rf Portail contenant une croix entre deux tourelles
surmontées de croix, entre lesquelles plane une couronne
fermée.
Mod. 16. Mu., Do., etc. — Gravée, pl. IIL
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NUHISAI4IIQUB BB L'ALSAGD
ai
DEUXIÈME SÉRIE
nèNB miilkoes
Q. Etoiit à six rayons
73. - Etoile à six rayons, cantonnée de points.
Mod. 16. — Dr. — Gravée, pl. IIL
R. Etoile figmrmt mu rout au rrotrs
74. Etoile formée de six losanges autour d'un annelet
U Roue formée de six T concentriques.
Mod. 13. - CoUection Trinks à Prague. - Gravée,
rattribntioii de cette pièce à l'Alsace est douteuse.
S. AigU
LrV?''''n '^'"'^^ "^^^^ déployées.
Mod. la ~ Do. — Gravée, pl. III.
T. EuiU dam un cercle en relief
7«. - Au milieu d'un cercle en reUe£ étoile à six
rayons, dont le centre est un annelet. ^ ^ ^
dcTn!^" ~ '^''^'^^'^ les mains
M. Deraangeont, à Montbéliard. - Gravée, pi III.
U. Deux oiseaux st faisant face
2' ^o^.T^''^'^'^ ^"^"^ quelquefois, entre
^ étoile a cmq rayons. Grénetis.
J^ûd. ta - M. Demangeont. - Gravée, pl. III.
Seiiii.ce «ne modification de la pièce dccrlte par M. de PfafFenhofen
«» lC*tW mtmisMatique? (i868, TrowvailU iflllingen, 9.)
V. ilnmj dt laviUe de Tbann (?)
Ecusson ouvert, au milieu duquel un sapin {}).
Mod. 13. Bas billon. - Do., où elle est classée à Thann.
Le style et le métal de cette pièce me fout croire quelle n est pas de
22
BBTQE D'ALSACE
W. Crtix
70. — CiT)ix cantonnée de quatre étoiles à six rayons.
Mod. 15. — Golm., trouvaille de Sausheim. — Gravée,
pl. III.
80. — La même, de frappe médiocre.
Mod. 13, — Colm., trouvaille de Guémar. — Pds. 0,255.
81. — Croix cantonnée de quatre annelets.
Mod. 15. — Colm., trouvaille de Sausheim. — Gravée,
pl. III.
82. — La même, variée, de fabrique plus yi ossière.
Mod. 14. - Colm., trouvaille de Guémar. — Pds, 0,284.
— Gravée, pl. 111.
83. — Même type, sans les annelets.
Mod. 12. — Colm., trouvaille de Guémar. — Pds. 0,244.
— Gravée, pl. III.
84. — Même type, les annelets variés.
Mod. 17. — Colm., trouvaille de Guémar. — Pds. 0,890
— Gravée, pl. III.
85. — Même type; grosse croix cantonnée de quatre
autres plus petites.
Mod. 11 et 12. — Colm., trouvaille de Guémar. — Pds
0,750 et 0,979. - Gravée, pl. IIL
— Croix de forme variée; grénetis.
Mod. 12. — Colm., trouvaille de Guémar. Pds. 0,773 et
0,502. — Gravée, pl. III.
87. — Croix dans un cercle en relief.
Mod. 13 — Colm., trouvaille de Guémar.— Gravée, pl. IIL
X. Etoile dam un cercle en reUef
88. — Etoile à six rayons dans un cercle en relief.
Mod. 15. —Colm., trouvaille de Guémar. —Gravée, pl. 111.
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REVUE D'ALSACE
PI 11.
DKMKRS MUKTS ATTRI BU KS A l. AI.SACK
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NUMIBMATIQ€B DE L'ALSAOE 33
Y. CaSet mire diux taurelUs
80. — Calice surmonté dune croix, entre deux tourelles
portant également des croix.
Mod. 16. — Do. — Gravée, pl. 111.
Z. Typa d'édifices divers
90. — Tour (ou couronne), au-dessous de laquelle une
roue à cinq rayons.
Mod. 15. — Do. — Gravée, pl. III.
01. — Temple à une tourelle surmontée d*une croix et
accostée de deux croix.
Mod. 15— Do. — Gravée, pl. III.
01 — Tour crénelée à un portail, accostée d'une croix
et d'un annelet.
Mod. 15. — Do.
LA
MUSIQUE ET L'ACOUSTIQUE
APERÇU généj;al
sur leurs rapports et sar leurs dissemblances
La mBBiqae et racoatisqael L'art le plus dégagé des réali-
tés de ce monde, l'art dont l'instinct divinatoire des poètes a
fait la langue des anges, et une branche spéciale de la phy-
sique! La traduction de nos st-ntiments les plus intimes et
les plus élevés à l aide de mélodies et d'harmonies, et Tétude
physique et mathématique des sons qui forment ces mélodies,
oes harmonies f Quels rapporte peut-il exister entre deux
ordres de manifestations aussi distinctes, aussi opposées, de
rftme humaine? N'est-ce point confondre par trop ostensible-
ment les produits de la raison a?ec ceux de i imagination, que
de parler de tels rapports?
Ces relations pourtant ne sont point des fictions; elles
existent : entrevues, pour ainsi dire, dès la phis haute anti-
quité, elles ont été l'objet des méditations des phUosophes et
des savants de toutes les époques, et ont été étudiées à l'aide
de procédés de plus en plus rigoureux, à mesure que la
science théorique et expérimentale et que l'art musical lui-
môme se sont déTeloppés et perfeclîonnés.
La science est parvenue, non seulement à connaître le
méaanisme intime du son, à constater qu'il résulte d'unmou-
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LA MUSIQUË £T L'ACOUBTIQIIB 25
▼ement oscillatoire des parties des corps sonores et du milieu
aérien où nous sommes plongés, et qu^un son est d'autant
plus aigu que ces oscillations sont plus rapides, mais encore
à compter rigoureusement le nombre de ces oscillatione par
unité de temps, depuis le son le pins graFe jusqu'au plus aigu
que notre oreUle puisse percevoir, à mesurer la longueur des
ondes, à déterminer le nombre relatif de Wbratfons ncces-
nires poar que deux ou plusieurs sons simultanés forment
pour nous un accord consonnant ou dissonant. Et, dans ces
dernières années, la science, on peut îodire sans exagération,
a atteint, dans l étu le des sons, les limites du merveilleux!
Dès l'origine, on avait tout au moins soupçonné la raison du
degré de gravité ou d acuité des sons; plusieurs phUosophes
grecs ont cherché déjà dans Tharmonle ou dans le désaccord
des nombres, considérés abstractivement, les raisons physl-
qucs et métaphysiques de Tharmonie et de la dissonance des
8M8 sûnullanés. Il restait cependant une énigme profonde à
deviner; elle semblait déOer la puissance de la théorie et de
refpérimentation. Deux sofis. quoique équivalents comme tons,
quoique répondant ex-ictemeut à Ja même note, peuvent dif-
férer par cette qualité intime que nous appelons le Umbrê.
Le la normal qu il soit donné par le diapason, parla voix
humame, par ie violon, par la flûte, par te cor. . répond
toujours an même nombre (870) de vibrations par seconde, et
cependant te nom senl des instruments que je viens de citer
éfeiUe^en nous des impressions différentes, tant est différente
«qualité, te timbre des sons que chacun d eux produit.
Doù peuvent dériver des variations aussi considérables
dans la nature intime de sons dus à des ondulations rigoureu-
sement égales en longueur? Mais aUons bien plus loin. U
parole, la voix humaine articulée, te grondement du tonnerre,
•e rugissement de l'Océan, les milte et mille bruite sourds m
^^nts qui frappent sans cesse notre ouïe, sans que nous y
'waions môme attention, tous ces sous, d'espèces sans nombre.
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26 RBVDB D'ALSAOB
relèvent de mouvements ondulatoires txcités dans l'air par
des causes diverses. Notre iateJligence, aidée de roreille la
plus délicate, ne soapçonoe pas même ici Texistence d'un
ton musical. Gomment un môme mode de mouvement du fluide
aérien peut-il éveiller en nous des impressions aussi profon-
dément différentes? La question n'avait reçu que des répouses
très vagues et presque hypothétiques; on supposait, et avec
raison, que le timbre du son devait dépendre de la forme
inierne des ondes sonores, de la manière dont y sont distri-
buées les condensations et les raréfactions du miUeu sonore;
mais cette explication demandait à être singulièrement éclair-
€îe elle-même, pour prendre définitivement rang dans la
science. Les superbes travaux de M. Helmholtz ont jeté la
plus vive lumière sur la c[ne8tion et ne laissent, pour ainsi
dire, plus de lacunes à combler.
Les tons les plus purs de nos instruments de musique, ceux
delà voix humaine elle-même, ne sont jamais simples. Lors-
que, par exemple, nous frappons l'une des notes graves d'un
de nos pianos les mieux construits, nous entendons, non seu-
lement le ton fondamental, le ton principal de la corde, mais
une suite do tons de plus en plus aigus,d*autant plus étendue
que notre oreille est plus délicate et plus aUmUve. Ce sont ce
qu'on appelle les sons harmoniques de la corde. Les nombres
de vibrations qui répondent à ces sous croissent comme la
suite des nombres naturels : 1 , 2, S, 4, 5, 6, 7, 8 ... ; en d'au-
tres termes, outre la note principale, on entend la première
0(;tave, la quinte, la seconde octave, etc. Selon l'instrument
qui rend le son, les uns ou les autres de cessons secondaires
sont plus ou moins prédominants par rapport aux autres, et
c'est précisément de cette prédominance spécifique, c'est de
l intensité relative des sons harmoniques accompagnant tou-
jours le son fondamental, que dérive le timbre de chaque
instrument, celui de la voix humaine avec toutes ses variétés.
Parmi ces sons Iiarmoni(iues, il en est dont la coexistence
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LA MUiU<ïU£ AT L'ACOUSTIQDB jgj
produit pour nou8 des accords agréables, ou désagréables, ou
absolument faux; il en esl qui ikî trouvent pas m ê me de place
dans notre gamme. De là iiaitla diversité iiiânie des timbres
de nos instruments de musique.
Si, à une association de tons liarmoniqaes, nous snbstitaons
un mélange de tons pris aa hasard, nous aurons le bniit, qui
semble le contraire de toute note musicale.
^ Je ne puis songer à présenter ici, même en court résumé,
l^eosemble des expériences inattaquables sur Ie.>quelles repose
lïnterprélation de M. Hclmlial!z. Il s en trouv e pourtant deux
qui sont trop belles el trop frappantes pour que je les passe
sous silence. Si le timbre d'un sou dérive effectirement de
la seule coexistence de plusieurs sons simultanés, il est yisible
que nous devrons pouvoir faire rendre à un même instrument
de musique le timbre de tous les autres, à la seule condition
qae nous sachions le/orcsr à reproduire, dans le même ordre
et arec la même intensité, les sons secondaires d'où naît le
timbre de ctaaeun d'eux. C'est à quoi l'on parvient d'une façon
qm tient presque du prodige. Si l'on soulève les étouffoirs
dun piano et si, à la partie où le couvercle laisse yoir les
cordes et les marteaux, on prononce distinctement les Toyelles
A E. r, 0, U, en les cliantant, et en mettant la voix d*accord
airec l'une des cordes, avec le h, par exemple, on mtend
^^'^^^mmrépéf^rcùmmmé^ks cette
expérience excite l'étonnement de tontes les personnes qui
yassislent pour la première fois. J en cite une autre plus
flippante encore. Elle est due au grand physicien anglais
Wbealstone, que la science a perdu, il y a peu d'années. Dans
nne salle de concert, et à la place habituellement occupée par
1 orchestre, se trouvent rangées quelques harpes; nul autre
>»^trunient de musique n'est visible; nul artiste, pour tirer
'-^^ desharpesl Ët cependant, ô prodige! celles-ci font
entendre une symphonie complète; instruments à cordes,
"ûte, clarinette, basson, cor. . ., rien n'j manque, nul timbre
96
BEVUE D'ALBAGE
n'y Mt défaut. Qu'est-ce donc qui fait rendre aux harpes ces
8008 variés? Âu-dessous d'elles, dans une cave voûtée, ae
trouve un vrai orchestre, dont nul son toutefois ne peut par-
venir aux auditeurs; mais les organes sonores des divers
instruments de cet orchestre sont mis en rapport avec les
harpes par de simples barreaux de bois sec, qui jouent Id le
mône rôle (lue Vaine des instrmnc'nls h co.nles, (jui trans-
mettent fidèlement aux harpes toutes les vibrations souter-
raines, et qui forcent ainsi leurs cordes à parler comme l'or-
cheslre. L'expérience surprenante de Wheatstone a précédé
de plusieurs années l'interprétation de M. Helmholts et Ta
ainsi en quelque sorte vérifiée à Tavance.
Les faits que je viens de signaler, et que j*aurais pu déve-
lopper considérablement, nous font voir des relafioDS évidentes
entre l'acoustique et la musique ; mais ils ne laissent pas
non plus de doutes sur la nature, sur 1 espèce de ces rela-
tions.
La physique ici analyse et dissèque en quelque sorte les
matériaux a?ec lesquels Tart produit ses créations , les sons,
à l'aide desquels le compositeur exprime ses plus sublimes
inspirations. La science, en tout cela, se contente de nous
faire connaître les éléments avec lesquels Part opère; elle
n'essaie ni de se fondre avee Fart, ni, bien moins encore, de
s*y substituer .
La science peut-elle aller beaucoup plus loin? Peut-elle
expliquer raclion des sons cl de leurs combinaisons sur la
partie sensitive de notre être? Peut-elle aller beaucoup plus
loin enrorc, peul-elle rendre compte de l'impression que pro-
duit la musique sur notre être pensant?
Beaucoup de philosophes Tout cru à diverses époques et le
croient encore. Sans parler de ceux qui, systématiquement,
réduisent toutes nos manifestations intellectuelles à de simples
phénomènes physiologiques, beaucoup croient que TefFet de
la musique n'est que le résultat pur et simple de sensations
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LA MUSIQUE ET L* ACOUSTIQUE
29
agréables ou désagréables, comme le sont, par exemple, les
impressions du poiM, de rodoi"at. L'art le plus immatériel
qu'ait créé, et dont dispitse lo génie de i'iiomnie, Fart dont la
seule existence est une réfutatiou des idées matérialistes, ne
serait ainsi que le produit d'impressions physiques! Sans
descendre aussi bas, oa plutôt, essayant de s'élever bien plus
haut, d*aatres font dériver l'action de la musique des combi-
naisons mathématiques que forment entre elles les vibrations
sonores.
Le lecteur, je n'en doute pas, s'attend à ce qu'un physicien
doublé d'un nialliémalicien, si même il ne tombe pas dans les
exagérations précédentes, cherche du moins à démontrer que
la science domine l'art, qu'elle lui impose ses lois, qu'elle ex-
plique, sinon ses effets sur l'âme, du moins les procédés qu'il
emploie pour arriver à ces effets. Le but du travail que j'offre
aujourd'hui aux lecteurs de la Revue ttAkace, est cependant
tout opposé, en bien des points. Je vais, an contraire, montrer
que si la science fournit à Tart des données que tout musicien
un peu instruit devrait désormais posséder, il est, d'un autre
Côté, des limites très nettes et très faciles à poser, qu'elle
ne saurait franchir; que, même bien en deçà de ces limites,
il est bon nombre de problèmes où la science, tout en inler-
Teuaat sous une forme utile, est pourtant obligée de se plier
aux exigences de l'art; qu'il est, en un mot, des questions
que le savant ne peut même pas aborder, s'il n'a étudié la
musique.
C'est précisément sur l'une de ces dernières questionr, c*est
sur la structure de la gamme diatonique que j'appellerai tout
(l'abord raltention du lecleur. Le sujet est bien loin d'élre
aussi simple qu'on pourrait le penser.
Notre gamme est formée, comme chaci;n le sait, de sept
intervalles, procédant par degrés ascendants de tons entiers
et de demi-tons, dans l'ordre suivant :
1 RÊ 1 m <4 FA 1 SOL 1 U t SI >i OT
90
BEYUB D'ALSAOB
Toutefois, les tons entiers ne sont eux-mêmes pas formés
d'iniemlles égaux, et, pour que la gamme diatonique soit
rigoureusement juste, il faut que le nombre de vibrations
répondant à chaque note soit arec celui de la note suivante
dans le rapport des chiffres :
0X8:9 RÉ9M0 MH5H6 FA8:9 SOLOrlO L\8:î) SHrS:i6 (T
En partant du iiotnl)re de vibraliotis S7U, admis mainte-
nant généralement pour le /a, on trouve aisément que les
nombres de vibrations qui répondent à chaque note de la
gamme sont :
m RÊ MI FA SOL LA SI LT
522 587,25 652.5 696 783 870 978,75 1044
Au premier abord, le lecteur pourrait croire qu'il s'agit
ici d une abstraction théorique, ou môme d'une sorte de con-
venUon arbitraire. 11 n'en est nullement ainsi, comme on va
le voir.
Parmi les accords que chacune des iiotes a cnndantes forme
avec la note fondamentale ni deux sont fram licrnent disso-
naids : l'accord de seconde majeure ut ré fct l'accord de sep-
tième ut-sL l/intervûUe tO-ut, celui de Toclave est an con-
traire tellement consonnant qu'il ne forme pas un accord
proprement dit Les quatre autres, la tierce majeure ui mi,
la quarte ta fa, la quinte ut-sol, et la sixième ut la, à partir
de la quinte, ont été successîyement admis comme des accords
consonnants. Bien que le terme d'accord diss^narit n'ait rien
de commun avec celui iraccord faux, il n'en est pas moins
vrai que notre oreille est moins blessée par une légère alté-
ration subie par un accord dissonant que par celle que subit
un accord consonnant. Or, la science a déterminé, avec une
rigueur sans égale, et à l'aide de procédés qni sont de nature
à étonner, les nombres de vibrations relatifs des accords con-
sonnants. Pour qu'une tierce, une quarte, une quinte...,
aoît parfaitement juste, il laut que les nombres de vibrations
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LA MUSIQUE ET l' ACOUSTIQUE
ai
répondant aux deux notes soient entre eux dans les rapports
suivants :
TltllCt: Ml.NELRL TIERCE iLVJEUUE AllTE QL'LNTE SIXTE
5:6 4:5 3:i 2:3 3:5
Quant à l'octave, le rapport est de 1 à 2. Le lecteur peut
s'assurer que, dans la gamme ci-dessus, ces rapports se trou-
Tenl exactemeut observés; ainsi, par éxemple, on a :
Ué est à 80l comme S32 est à 783, comme 2 est à 3.
n est dès ee moment facile de déterminer les notes disso-
nantes ré et si. Pour qae la quarte ré-sol mi juste, il fant en
effet qu'on ait :
Ré est à sol conimo 3 est à 4, comme X est à 783.
D'où l'on tire : X ^ 587.2o.
On trouve de même la valeur de si, en remarquant que,
pour que la tierce sol-si soit juste^ il fiiut qu'on ait :
Soiesiksi comme 4 est à 5, comme 788 est à 978,75.
Telle est la construction de la gamme diatoniqae, tiiéorigm,
en tU majeur. Au premier at)ord, le lecteur ne doit pas com-
prendre pourquoi je me sers prudemment du mot théorique,
et pourquoi, au contraire, celte j^amme ne serait pas essen-
liellenieiit pratiiine. La rciuiioii d'une note quelconque avec
l'// forme en effet u:i accord parfaitement juste, qu'il soit
consonnant ou dissonant. Il semble donc que le musicien le
plus scrupuleux pourrait seserWr a?ec confiance d*un instru-
ment qu'on physicien aurait accordé en partant de ces prin-
cipes. Voyons cependant tout de suite ce qui en est, même
avant de nous occuper des gammes en d'autres tons. Au lieu de
comparer les six notes ascendantes de l'octave à Vnt fonda-
mental seulement, réunissons les deux à deux entre ellc:^ :
le résultat de cette comparaison e^l frappant. Tous les accords
sont justes, à lexception do deux : la tierce mineure ré-fa
et la quinte ré-la ; le ré étant admis comme point de départ
avec ses 5S7,âo vibrations, il faudrait, pour que la tierce et
Ift quinte deriassent jostes, que le fa répondit à 704,7 et le
22
BBVUE D' ALSACE
/o à 880.875 vibrations; or, ces notes en représentent dans
notre gamme G9G et 870. Acceptée telle (iiicllo, cette gamme
donne donc lieu à deux accords fniix. P.)ur accorder un
instrument à sons fixes, le piano, par exemple, de façon à
corriger dans la limite du possible ces accords faux, il faut
donc fauner un tant soit pea les accords justes au bénéfice
de ceux qni ne le seraient pas assez; et cela déjà pour les
cordes qui répondent à la seule gamme é'tU majeur (celles
des touches blanches) ; il faut, en un mot, diminuer, tempé*
rer la justesse trop absolue de certains accords pour obtenir
une justesse moyenne lolérable. Si, du piano aux sous inva-
riables, nous passons aux instruments à corde», où l'exécu-
tant est maître de donner aux sons le degré d'acuité qu il
▼eut, nous arrivons à une conelusion qui, peut* être, fera rire
par son caractère paradoxal. C'est que, sur ces instrumeats,
on est obligé de jouer sans cesse légèrement faux pour ne pas
aboutir & des tons d*une fausseté intolérable, — alors même
qu'on reste dans le seul ton à\U majeur ! Je vais mettre cette
assertion baroque hors de doute et de plus permettre ù cha-
cun de la Vc^rifier.
Que ceux de mes lecteurs, qui ontde l'oreille et qui savent
tirer du violon un son pur et soutenu, accordent parfaite-
ment juste les trois quintes formées par les cordes à vide;
qu'ils appuient le second doigt sur le la et le troisième sur
le ré, et qu'ils accordent aussi juste que possible la tierce
majeure uf-nU et ensuite la quarte soM. Ën comparant alors
le 9ol avec celui de la corde à vide», ils reconnaîtront, à leur
grand ctouacmeiit peul-ôlre, que roclavc ;nnsi oblcnue est
intolérablement fausse. La raison de celte singularité est très
simple. Le la à vide faisant 870 vibrations et le violon étant
accordé par quintes justes, le wrj fait 870X-f vibrations, soit
l^îo:;: iercen fait870x4. soit 580; le «tf en fait 580xf,8oil
S86,67. D'un autre côté, l'fi<, accordé en tierce juste avec la
Chanterelle, m 1805Xp soit 1044 vibrations, et le 4o( accordé
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LÀ MUSIQUE £T L'AGOUSTIQUE 88
en qurfe jasteavec cet tit, fait iOUXj-, soit 783 vibrations ;
or, Toctave jiisie de ce sol h vide ferait 38G.67X2, soit 778.84
vil)ration.s; le sol juste, par rapport à ut et m, fait donc dix
vibrations de trop. Comme les accorda d'octave ne tolèrent
aucune altération, il faut, par suite, que le violoniste tempère,
ou, pour dire le mot propre, faum légèrement le iol de la
qoarte et Vut de la tierce.
La science, on le voit par ce premier exemple, ne peut
donc pas nous imposer ses procédés inflexibles, pour accorder
M seule gamme d*tt/ majeur; il faut quelle laisse l'oreille de
Tartiste libre de corriger le trop de justesse en un seris, pour
obtenir une justesse suffisante en un autre sens; mais, en
même temps, elle nous montre clairement le pourquoi de la
nécessité de cette sorte de concession. Ce qui est déjà frap-
pant, quand nous ne nous occupons que de la gamme en ut
majeur, va le devenir au plus haut point par Texamen des
tntres gammes.
Le compositeur recourt à des gammes de divers tons, non
pss seulement comme le pensent beaucoup de personnes, p(jur
donner à une mélodie le degré d acuité ou de gravité qui lui
convient, mais aussi parce que le timbre de beaucoup d'instru-
ments varie et prend un caractère particulier arec les divers
tous dans lesquels on écrit, et surtout enfin, parce qne les
modulations qui servent à passer d*un ton en un autre sont
pour Tartisle une source puissante d'effets tout spéciaux.
Le ton d'une gamme dépend, non de la note qui la com-
■Mnce, mais de respîce, du nombre relatif et de l'ordre res-
pectif des tons entiers et des demi-Ions qui la forment. Kn
écrivant : SoUa si ut ré mi fa sol, nous ne sortons pas pour
cela du ton d'î^/ majeur ; mais si nous altérons certains tons,
81 nous écrivons, par exemple, A/ dièse, ou si-bémol, ou fa-
<3ie8e, sî-bémol et mi-bémol, le ton de la gamme^ ainsi que
celui de toutes les mélodies qne nous composerons avec elle,
passe en «a migeur, en fa majear, ou en w/ mineur. Pour
81
BEVUE D'ALSAOB
que la note qui commence une gamme soit réellement la note
fondanmialet la iomque, il fiiut» si eUe doit êire miyeare,
que les tons entiers et les demi-tons s*y succèdent dans le
même ordre qne dans la gamme dW majear, et il en est de
même pour les gammes en mode mineur.
Prenons comme exemples les gammes en si et en r^-bémol
majeurs, pour que les tons et demi-tons s'y succèdent suivant
Tordre :
^ i y» i i \ 'A
lï fout visiblement que nous altérions, comme il suit, les
diverses notes qui les composent :
SI UTjl Rɧ la FAl S0I| LAt SI
RÉIp Mlt^ FA SOI> LAl^ SIb Ut RÊ|^
Hais quelle est maintenant, sons forme numérique, c'est-
à-dire en nombre relatif de vibrations, la valeur de toutes ces
altérations de tons entiers et de demi-tons? Les tons entiers
si-ut , ut -ré , ré -mi , mi -fa, los demi-tons la -si, ut-ré ,
sont-ils les mômes que leui-s correspondants ni-ré, ré-^m,
si-ut ? En quoi consiste au juste Taltération de dièse et de
bémol, à l'aide de laquelle nous changeons ainsi le ton d*nne
gamme? Le ton, le degré d'acuité d'une note est-îl le
même que celui de la note bémoHsée immédiatement supé^
rieure?
Ces questions sembleront peut-être naïves à bien des per-
sonnes qui jouent d'an instrument quelconque, ou surtout
qui ont la prétention de connaître la musique par principes:
elles ne le sont pourtant nullement en réalité; elles sont en
litige déjà depuis l'époque do Rameau. Les physiciens ont à
diverses reprises, et de nos jours môme, proposé des solutions,
disons plutôt des systèmes très divers, quoique topjours très
tranchés ; d'un autre côté, les musiciens, se souciant peu des
verdicts de la sdenre, se sont obstinés à n'écouter que leur
oreille et leur sentiment. Cherchons à voir qui a tort ou
raison.
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LA. mXHQXm ET L'AjOOXTSTIQUS
L'idée la plus naturelle, celle qui se présente la (iremière
à l êsprit, c est de faire ies demi-tons obtenus à l'aide des
dièaes et des bémols semblables aux demi-tons natnrels fiOfa
et M, afin d'obtenir l'identité complète des nourelles gammes
i«c la gamme diatoDîque juste en ut majeur. Cette méthode
cependant, nous allons le voir tout de suite, conduit à des
résultats inacceptables pour l'oreille.
Les demi-tons si-ut et mi-fa répondant au rapport 16:16,
quant au nombre de vibrations que doi?ent Ikice tes denx
flotea, il Ikudra, pour diéser on pour bémoliser une note quel-
«mqne, multiplier par j| ou par || te nombre de yJbrations
qoî répond à cette note. Ainsi, par exemple, pour diéser Vui,
nous multipUerons 522 par 16 et nous diviserons le produit
P«r 15; pour bémoliser le ré, nous multiplierons 587,25- par
15 et nous diviserons le produit par 16. En procédant ainsi,
quant à nos deux gammes, en ii et en ré bémol, nous arrivons
aux nombres suivants :
^ 489,375
^ïf 556.8
*É 626,4
^ 652,4
^4 74M
835,2
^4 928
978,75
8/9,102
8/9
24/25
8/9.102
8/9
9/10
15/15,82
RKb 530,55
Mit' 611.72
FA 696
SOL^ 734,i
Làj^ 815,63
Sd' 717,58
UT 522
i# 1101,1
9/10
8/9,102
15/18^82
9/10
8/9
9/9,102
15/15,82
Ou voit que, dans celte manière d*acGOider un instrument,
les iotervaUes des tons et des demi-tons diflèrent eonsidéra-
blemeni de ceux de leurs ourrespondanto dans la gamme dW
™«ieur; on vdt aussi que les tons diésés sentent plus aigus
W les tons bémolisés qui les suivent. Ainsi, tendis que te
^ dièse ferait 626,4 vibrations, le mi bémol n'en ferait que
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96
JkEVDB D*AL8ACB
61i,4. Ces défauts ont condail les théoriciens à adopter pour
les demi-tOQS art^mlslQ rapport uniforme 24:25. Ainsi,
poar diéser le la, il fiiut multiplier le nombre 870 de vibra>
tions du h normal par 25 et diviser le produit par 24; pour
bémoliser le il fout multiplier 489,875 par 24 et diviser
le produit par 25. Le tableau suivant donne la gamme chro-
matique complète à laquelle conduit celte méthode; et la
gamme ainsi obtenue répond, en quelque sorte, au dernier
mot de la scieace, quant à la subdivision des ions.
Gamme chromatique complète
Nombic
d0 Tibnttom
OT 1004
UT ^ 1002,4
SiJ 1019,5
SI 978,75
SI> 930,6
LA 1 îM)6,25
LA (normal) 870
LA l? 833,2
SOL j( 815,63
SOL 783
SOLI^ 751,68
FA»
FA,.
FA>
MI#.
Mï ..
Ml K
RÉ*
RÉ i?
UTK
UT..
4t lAnlioM
357
696
668,16
679,69
653,5
626,4
011,72
387,23
563,76
343,73
522
A l'aide de ce tableau, il est facile de construire unegamme
diatonique dans n'importe quel ton, il sullil d'y choisir les noies
de telle sorte que les tons et les denii-tons se succèdent dans
Tordre voulu. A ce tableau j'enjoins un autre petit, quiîntéres-
serale lecteur. Il indique la position exacte qu*il faut donner à
l'index, sur les cordes de Talto et du violon, pour obtenir les
trois ou quatre premiers demi-tons consécutifs sur chacune
de ces cordes. Ces indications feront le mieux voir au lecteur
combien, dans ce système de gamme, les demi-tons diésés
diffèrent des demi-tons bémolisés de la note suivante.
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LA. MUSIQUE BT L 'ACOUSTIQUE
S7
Position do l'indez sur les cordes de l'alto et du violon
Nombre Longueur libre
de vibrations de la cunic
FAj 1450 («97
FA 1392 0,3094
FAI^ 1336,32 0,3223
M»} i3S»,38 0,3157
*305 0,33 Ifi do Tiolon.
SI| loin, 51 0,28IfJ
SI — ... 978,75 0,2n:{:{
939,6 0,3()o(i
006,25 0,31G8
^ WO 0,33 La du violun.
652,5 0,297
02G,.i 0,3004
011,72 0,3108
^" 587,25 0,33 JMduviolofl.
435 0,292
^'^^ il7,6 0,3094
^'ï 'i07,8! 0,3108
301,5 0,33 âMduvioloD.
RÉ
'^'^ ^ 281,88 0,3333
893,625 0,32
* 275,875 0,3456
^'^ 261 ' 0,36 Oitderidto.
Arant de diseater tes amtages elles dterantages de celte
gamme, il est nécessaire de rappeler celle qui est en usage
exclusirement jusqu'ici. Chacun sait que, sur le piano et sur
l*orgae,nne seule et môme touclic înoirc) répond au dièse et
au bémol de deux notes consécutives : ainsi, uns même touche
donne w/-dièse et /a-bcmoL Mais ici encore, nous rencontrons
(lenx systèmes différents de gammes dites tempérées. L'un,
quoique tout à fait scientifique, a, chose assez étrange, été
proposé par Rameau, n consiste à diviser rocta?e en douze
mterralles absolument semblables, de telle sorte que le rap-
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^ BEVOE D'ALSACE
port des nombres de vibrations soit le même pour tous les
demi-tons de l'échelle chromatique. Ce système, cité dans tous
les traités de physique, n'a jamais pu prévaloir, et cela par
une raison très simple. Notre oreille est absolament incapable
da juger d'une égalité de dirision comme celle dont il est ici
question; pour Tobtenir, il fiiudrait que les facteurs ou les
accordeurs d'orgue et de piano fussent tous pourvus d'une
échelle de douze diapasons parfaitement accordés en demi-
tons égaux, avec lesquels ils pussent mettre d'accord un à un
lestons de leurs instruments. La construction d'une semblable
échelle serait très facile, sans doute; mais son emploi serait
une sujétion des plus pénibles dans la pratique. L'autre mé-
thode, qu'on peut appeler la méthode naturelle, et qui est, je
crois, généralement suivie par les accordeurs de piano, con-
siste à faire porter les lég^ altérations indisptnsables sur
ceux des accords qui les tolèrent le mieux, et à respecter les
autres. Les octaves ne tolèrent pas la plus légère modiOcation,
et il est d'ailleurs inutile de leur en faire subir une. [Après
elles, viennent les quintes, pour lesquelles l'oreille est très
exigeante aussi ; un calcul aisé montre, à la vérité, qu'il
serait impossible d'accorder un piano par quintes justes;
mais on cherche du moins à les altérer le moins possible.
Les accords de tierce, de quarte, de sixte, à l'égard desquels
Toreille est moins exigeante, subissent donc principalement
le tempérament nécessaire pour que la justesse moyenne de
la gamme devienne supportable.
J'ai dit que cette gamme tempérée naturelle est la seule
en usage dans notre musique moderne. Est-elle destinée à
être un jour complètement mise de côté etàMre place à la
gamme toute scientifique que nous avons trouvée ci-dessus?
C'est ce que pensent, non seulement plusieurs savants, mais
même quelques artistes.
M. Blaserna, profimur à l'Université de Rome, a publié
Kicemm«it un ouvrage des plus remarquables, et dont on ne
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LA MU8IQUK £T L'aCOUSTIQUE
89
saurait dire trop de bien V Ce livre sera lu avec fruit et avec
plaisir par chacun : par tous ceux du moins qui aiment mieux
aller eu a?aat que reculer, et qui préfèrent i& Jour à la nuU.
,L*anteur 8*y montre non sealement phy^den instruit et
correct, mais encore critique impartiai et éteTé en matière
d*art. n pose afee soin les limites qui séparent la sdence de
Tart; comme critique, il sait rendre justice à tontes les écoles
et ne craint point de dire à sa patrie ce qu'il faut qu'elle
fasse po'ir se tenir au rang qu'elle a occupé si longtemps en
musique; tout en faisant de quelques-uns des compositeurs
de son pays Téloge qu'ils méritent, il sait apprécier ceux des
autres nations et ceux qui, par la grandeur de leur génie,
appartiennent à Thumanité entière et non à tel ou tel pays;
il a compris à quelle hauteur incomparable s'est élevé Beet-'
hoven, dont la musique passe pour Tantipode de la musique
italienne; il a le courage de dire que, quand les passions mau-
vaises (disons : ridicules) se seront apaisées et qu'au lieu de
siffler, on se donnera la peine d'écouter, on reconnaîtra de
côté et d'autre que R. Wagner pourrait bien être un homme
de génie', et, en certains points, qui n'ont plus rien de commun
arec la science ou Tart, il se laisse aisément reconnaître
comme Fami du progrès, confiant dans rarenir de Inhumanité.
Qn*en ces temps de trouble et d'épreuve, où tous les hommes
qui pensent et sentent de la même manière font bien de se
serrer la main, M. Blaserna me permette de lui donner id un
témoignage de ma sympathie!
Dans l'un des derniers chapitres de son ouvrage, M. Bla-
serna discute et présente, ayec toute la clarté possible, ce qui
semble donner à ht gamme sdentifique la supériorité sur notre
gamme tempérée. A Tappui de cette supériorité, il dte une
preuTS pour ainsi dire parlante: «M. Helniholtz s'est liait
*U ton et la matiqM, Librairie Gema^&aillière et G* (BiblioUièqae
iatnnafioiiale).
40 BBVUB D'ALSACE
construire un harmonium, qui lui permet de jouer ù yolonté
avec la gamme exacte et avec la gamme tempérée, pour voir
sii existe réellement entre elles ane différence appréciable.
Pour peu que roreille s'y habitae, la différence devient très
sensible. Avec la gamme exacte, les accords consonnants de-
viennent beaucoup plus doux, plus clairs et plus transparents;
les accords dissonants, plus forts et plus mordants; la gamme
tempérée, an contraire, mêle le tout dans une teinte uniforme;
sans caractère tranché. Dans la première, les sons résultants
ont une importance plus jurande, et, en générul, la musique
prend un caractère plus décidé, plus franc, plus robuste et
plus doux. Ce fait prouve que les résultats de la théorie ne
sont pas de pures spéculations ou des exagérations pédan-
tesques, mais qu'ils ont, au contraire, une véritable valeur,
qui ddt les faire accepter également dans la pratique. . De
tout rensemble de sa discussion, d'ailleurs très ir](éressante,
M. Blaserna conclut que la gamino tempérée doit être aban-
donnée définitivement dans un avenir prochain. < Si, dit-il,
nous supportons celle-ci, cVsl uniquement parce que nous
avons 1 oreille systématiquement faussée depuis notre enfance.»
Quelque spécieuses que soient les raisons données par
M. Blaserna, quel que poids qu'aient ici les belles expériences
de M. Helmholtz, il m'est impossible de me rallier an juge-
ment précédent, soit au point de vue delà musique, soit même
à celui de la physique seul .
La condamnation et l'abolition de la gamme temi)érée con-
duisent à des conséquences beaucoup plus graves qu'Une peut
sembler au premier abord, dans la praUque de notre musique
moderFie. Elles entraînent, en effet, d'une part, l'aboUtion du
piano et de l'orgue, car, pour accorder ces instruments sui-
vant la nouvelle-gamme, il faudrait ajouter à chaque octave
sept touches (sept conks ou tuyaux) pour distinguer les dièses
des bémols, ce qui, pour le piano, serait une impossibilité
et, pour l'orgue, tout au moins une immense difficulté. D'autre
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LA MusiyuB srr l'agoustique il
pari, si elles n'enlraîiient pas, comme il me paraît probable,
rabolition de bon nombre d'antres instruments essentiels à
lin orchestre, elles rendent du moins beaucoup plus ditacile
1 étude et l'usage de ces instruments. La flûte, le basson, la
clarinette, etc., ete., sont des instruments à sons fixes, qu'il
serait absolument impossible de construire pour deux espèces
de demi-tons; les exécutants peuTent, sans doute, modifier
l^rement, à Taîde de Temboucbure, le ton d'une même note,
mais le peufent-ils assez pour les exigences de la nouvelle
gamme? C'est ce dont ils jugeront par eux-mêmes, d'après
ce qui va suivre. Ef.fin, dans l'usago des instruments à cordes
même, sur lesquels l'exécutant donne la hautmr TOulue à
certains tons {non à tous, il s'en faut), la gamme, dite exacte,
conduit encore à des difficultés qu'il n'est pas permis de pas-
ser sous silence. Le violon, l'alto, le rioloncelle, ne peuvent
s'accorder que par quintes très justes. Le ia du violon et de
Pallo faisant 870 vibrations, le r^en fait 870 X 4, soit 580 ;
or ler^ de la gamme juste répond à 586.25 vibrations: il
suit de là, que pour jouer parfaitement juste sur ces instru-
ments, on ne pourrait plus se servir de la corde du ré k vide,
m d'aucun des sons harmoniques de cette corde, car tous
seraient relativement faux.
Mais passons sur des difficultés pratiques qui, si grandes
qu'elles soient, seraient à surmonter, si effectivement l'em-
ploi de la gamme scientifique échappait à la critique et devait
conduire réellement à de plus beaux effets en musique, et
examinons de près cette gamme.
Déjà, dans la seule gamme en ?/^majeur, nous avons ren-
contré une quinte absolument inacceptable pour une oreille
qui ne serait pas aussi faussée systématiquement : la quinte
fe-la. Mais passons à la gamme complète ou chromatique; j'y
choisis presque au hasard. Le si naturel fait 978,75 vibra-
tions; la quiote supérieure, pour être juste, devrait en faire
978,76 x-j-, soit 1468,125. Or, le/o-dièse de la gamme chro-
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42
BEVOE D'ALSAOB
malique en lait 725X'2, soit 1450. Cette différence donne lieu
à une quinte que je ne puis qualifier que d'horrible, et je vais
mettre chacaa à même de s'en assurer. La quinte si-fa-^lèsê
s'obtient, eomme on lésait, sur le ?iolon, en appuyant Tindex
à la fois et bien également sur les cordes h et mt. Celles-ci
ayant la longoenr habituelle 0",88, il faut, pour que le st et
sa quinte soient justes, que le doigt soit placé à 0*,298S de
distance du chevalet. Pour substituer à notre /Vi-dièse Umpé'
rée le /a-dièse de la gamme scientifique, il faut que nous
reculions l'index de façon que sa distance au chevalet
derienne Û",â97 ; mais, dans ces conditions, nous ne pour-
rons plus, avec la même doigt, conserver la distance
0",:2933, nésessaire pour que la note s» reste j liste. Le lecteur
y parTiendm on plaçant sous Tindes une courte et mince
règle en bois, qu'il obliquera sur les cordes de façon que
la partie libre des cordes soit 0*,2988 sur le Ai et 0',397 sur
la chanterelle. Un violoniste qui verra faire ces apprêts
aura la chair de poule avant même que l'archet passe sur
les deux cordes, et il est permis de douter qu'aucune habitude
nous fasse jamais accepter la quinte ainsi produite! Je prends
un autre exemple. Dans l'accord complet de septième du ton
de r^-mineur (ou mt jwi st-bémol u^-dièse), les deux notes
altérées, st et tU, forment ensemble une tierce mineure; nous
savons que, pour qu'une telle tierce soit juste, il faut que les
nombres de vibrations répondant aux deux tons soient entre
eux comme 5 est à 6. Le si-bémol faisant 939,6 vibrations,
il faudrait donc, pour que la tierce devînt juste, que 1 w/-dièse
en nt 939.6 X ^, soit 1 127,5X2; or, l'w/-dièse de la gamme
scientifique n'en fait que 551,72, soit 1103,5, ce qui nous
donne le rapport 939,6 : 1103,5, soit ô : 5,87, au lieu de 5 : 6.
La tierce mineure ainsi obtenue serait donc extrêmement
fiinsse; elle ne serait plus même un accord possible.
n ne sera pas difficile au lecteur de trouver, dans Jaganmie
dite exacte, d'antres tons formant entre eux, non des accords
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LA MUSIQUE ET L'ACOUSTIQUE 43
nuis des accords dont il pourra lui-même véri-
fier rintolérable fausseté, s'il sait se servir convenablement
d'un instrument à sons variables à volonté (violon, alto, vio-
loncelle).
De tout ce qui précède, nous condnrons qae, d^one part
sans doute, la gamine scientifique, par la jaateese absolue
qu'elle donnerait à certains accords, conduirait effectivement
à des résultats remarquables de sonorité, mais que, d'autre
part^ eUe nous condamnerait à bannir de l'harmonie toute
nne série d'accords indispensables, qu'elle fausserait à un
trop haut degré. L'art de la musique perdrait ainsi certaine-
ment plus qu'il ne gagnerait. Si l'harmonium de M. Helm-
holtz semble conduire à des conclusions tout opposées aux
précédentes, la raison en est, je pense, très simple. H est
toujours facile à un exécutant babile de déguiser dans une
certaine mesure les défectuosités de son instrument; en évi-
tent sur un harmonium accordé zàmtiMiemmt les accords
douteux ou Ihux, rinstrument certes devient supérieur à tout
autre.
Que le lecteur me permette une digression qui, bien qu'un
peu étendue, sera ici à sa place, et qui, loin de détourner son
attention, lui fera encore mieux saisir l'ensemble des vues
que je développe.
M Blaserna, que je dte encore une Ibîs, et avec plaisir,
présente dans son ouvrage quelques réflexions critiques, très
justes à bien des égards, mais trop sévères en d'autres sens,
quant à l'mflnence qu'exerce l'usage général, disons Vabus
du piano sur le goût musical, sur l'oreille du public. C'est à
lesiaoslon de cet instrument qu'il attribue, en grande partie
du mMns, l'emploi exclusif et invétéré de la gamme tempérée ;
je reviendrai tout de suite sur ce côté de la question. Mais je
signale d'abord plusieurs justes griefii que Ton peut articuler
^^ontre le piano. Cet instrument est à sons fixes multiples;
" ûe peut tenir indéfiolment Faoeord; et, lorsqu'à n'est pas
44
BBVUB D*AL8AGB
parfailcmoiil construit, il le perd fort vite, et exige les soius
d'un homme spécial intelligent.
Il suit de là que les neuf dixièmes des pianos sont habituel*
lement disoords, et qulls acclimatent ainsi les oreilles des
exécutants et des auditeurs à des accords qui, de fait, n'ap-
partiennent plus à aucune gamme. Il est une autre défectuo-
sité dont les conséquences ne sont pas moins graves. Bn dépit
des progrès considérables qui ont été réalisés dans sa con-
struction, le piano n'en reste pas moins un instrument hsom
courts; il ne se prèle point à rexéculion de compositions à
mouvement très lent et à notes soutenues et prolongées; la
mémoire et la pensée de l'auditeur sont obligées ici de sap*
pléer sans cesse à ce qui manque à la dorée réelle des sons.
Il résulte de là que les pianistes, lorsqu'ils ne sont pas sou-
mis à une discipline très sévère, prennent Thabitude d'altérer
les mouTements, de presser ou de ralentir à leur guise sous
prétexte de donner de l'expression, mais, en réalité, parce
qu'ils ne savent plus obvier dans une certaine mesure à la
défectuosité inhérente à leur instrument. Ce travers devient
surtout frappant chez certains exécutants, lorsqu'ils essaient
de rendre sur le piano des moroeaoz écrits pour instruments
à cordes on pour orchestre; c'est ainsi qn'il m'est arrivé
d'entendre des mains peu scrupulenses convertir le sublime
allegretto de la symphonie en la de Beethoven en une espèce
de marche au pas accéléré! Les pianistes les plus accomplis
se laissent, en certains moments d'inadvertance, tomber dans
ce défaut. Il me souvient d'avoir assisté (eu 1842) à un con-
cert donné au Conservatoire de Paris en mémoire de Beetho-
ven; entre autres compositions du grand maître, le programme
annonçait la sonate en r^-minenr pour piano et violon, et le
concerto en mi-bémol pour piano avec orchestre. Dans le
premier aXkgro de la sonate, Listz, alors dans la plénitude
de son talent, se laissa aller à une fougue par trop désordon-
née; Allard, qui l'accompagnait, en fut réduit à estropier, j'allais
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Lk MU8IQXJB BT L'ACOUSTIQUE
45
dire, à racler s» partie! Si je me sers de qiialiûcations pa-
reilles, ce Il est assurément pas dans une intention moqueuse;
ce violoniste sympathique, d'un talent si pur et ai distingué,
était la ?iGtime innocente de l'intempérance de son partner.
Dans le eoncertOt les rôles changèrent singulièrement A
plusieurs reprises, je vis Listz se lever d*un air inspiré, «gî-
ter sa vaste chevelure, comme un lion secoue au vent sa cri-
nière, essayer d'entraîner ou de retenir les mouvements, à
80D gré trop réguliers: mais lo gvdnd artiste, qui alors diri-
geait rorchestre, n'entendait pas plaisanterie en matière de
rhylhme; la baguette de llabeneck savait contenir les plus
impatients, stimuler les plus indolents; bientôt la sybilie,
écnmant sur son trépied, dut so calmer, le coursier indomp-
table sentit le firein; et, pour parler sans métaphore, Listz fit
ce qu'il avait de mieux à faire: le virtuose sans égal se fit,
avec l'orchestre entier, l'humble, mais inimitable interprète
de l'œuvre du génie; jamais grande œuvre ne fut plus admi-
rablement rendue !
Soyons justes et vrais. En dépit des défauts qu'il est per-
mis (Je lui reprocher, et dont quelques-uns peuvent être beau-
coup atténués par le talent de l'exécutant, le piano, bien
construit, bien accordé et employé avec bon sens, conservera
toqjours un beau rôle, non seulement dans nos salons, mais
encore dans nos concerts et au milieu de l'orchestre; le œn-
certo de Beethoven dont je viens de parler, est une des plus
magnifiques preuves qu'on puisse fournir en faveur de cette
assertion. Le piano possède d'ailleurs une haute qualité, j'al-
lais dire une vertu, qu'on ne peut trop apprécier : il est ror-
chestre du solitaire, do rcxilê! Et puis (une réflexion philo-
sophique n'est jamais de tropj, qui est sans reproche en ce
monde? Hommes ou chosesl Les instruments à archet tiennent
à juste titre le premier rang dans notre musique. Le violon
cependant a sur ht conscience un méfiait bien autrement grave
qu'aacim de eeox ga*on peut reprocher au piano; à lui me
46
BBVOB D'ALSAiOB
semble reTenir la paternité incontestable du chevrotement,
des Bons tremblés oa irénolés; c^est, en tout cas, par les fio-
lonîstes qae fai pour la première fois entendu pratiquer cet
abominable ornement Aujourd'hui, il n'est plus possible d*en-
tendre produire une note pure et également soutenue. Flûtes,
bassons, cors..., gosiers liumains mâles et femelles, tous
impitoyablement tremblotent; l'orgue môme a été doté d'un
registre de cheyroteraent ! Un programme perfide m'annonce-
t-ii le pasHage d'une voix renommée et me promet-il, par
exemple, la sublime prière d'Agathe :
Leise, leise, fromme Weisc... *
ou la plainte touchante de Floreslan :
In des Lebens Frùhiiagstagen ist das Gluck von mir
geflohn -
aussitôt l'inquiétude me saisit : Ta-t-elle on ya-t-il chevro-
ter? Rarement ma peur est vaine ! Sur le violon, le tremblo-
tement s'obtient en (Usant roukr vivement en avant et en
arrière, sans glisser, le doigt qui appuie sur la corde ; il se
produit ainsi un trille, formé, non de tons ou de demi-tons,
mais de quarts, de huitièmes de tons. N'étant pas chanteur,
je ne saurais dire comment il s'obtient avec la voix : mais la
chose n'eâtpas diQicile, à ce qu'il parait. Violonistes et chan-
teurs (et orgues de Barbarie) pensent donner ainsi VesDpreS'
sion. On oublie qu'un tremblement, quel qu'il soit, est en
définitive un symptôme de fiiiblesse : nerveuse, musculaire ou
morale, peu importe. Dans la déclamation et dans la musique,
remploi des sons tremblés ne peut être considéré que comme
un procédé artificiel, que comme une harmonie iraitative,
grossière et sans goût, de Témotion, de la passion; il sert à
l'artiste à simuler ce qui lui fait défaut et ce qu'il ue peut
dès lors que fausser chez ses auditeurs.
Pour revenir à nos diverses espèces de gammesje pense que
* Freischaiz. » Fidelio.
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Lik MUSIQUB ET L'ACOITSTIQUE
47
l'emploi exclusif de la gamme tempérée ne doit être attribué, ni
au piano, ni aux autres instruments à sons Gxes. Avec les
instruments à archet, l'exécutant est absolument libre de
donner à chaque note le degré d*Bcaité qui lui plait; et cepen-
dant il est obligé de kmpérer autant que cela a lien sur le
piano. Sur le tableau qui indique les nombres de Tibratlons
répondant à chaque note de la gamme scientifique, on voit
que, si le fa naturel est de 696 vibrations, le m/-dièse n'en
a que 679.7 ; on voit aussi que, si la chanterelle du violon a
O^.âS de longueur, il faut, pour obtenir le /a, placer le doigt
à O'",3094 de distance du chevalet, tandis que, pour obtenir
le mi-dièse, il fout le placer à0",8i68, c'est-à-dire le reculer
de 0»,0074; il est permis de douter qu*aucun violoniste se
hdsse jamais amener à foire une pareille différence entre fa
et mi-dièse. Toutefois, sur ces instruments, accordés tous
aajonrd*hai par quintes parfaitement justes et impossibles
dans n'importe quelle espèce de ganjme, le tempérament
diffère nécessairement un peu de celui qu'on est forcé d'em-
ployer sur les instrunients à sons fixes; il se fait en quelque
sorte de sentimeni; et, quelque singulière que puisse sembler
eeUe assertion, j'igoute qu'il varie continuellement, et que,
rigoureusement parlant, le degré qa*nn artiste habile donne
à une même note dépend sans cesse du rapport de cette note
avec celles qui la précèdent, raccompagnent ou la suivent
Notre gamme tempérée, en un mot, ne constitue ni une
invention, ni un système; elle repose, à l'insu même de la
plupart des musiciens, sur un fait physique et mathématique,
auquel nous ne saurions riea changer. Et telles sont les
vraies raisons de son emploi général. Dès l'origine de l'usage
des sept notes de la gamme diatonique, on a dd s'apercevoir,
non seulement dans les combinaisons harmoniques, mais même
dans les successions mélodiques, qu*en exagérant la justesse
de certaines notes, on portait forcément préjudice à celle
d'autres noies. Voilà l'énoncé du fait physique. Sa raison
48
RBVUB D'aLSAOB
mathématique est que les fractions qui représentent les rap-
ports des vibrations des diverses notes de la gamme ne peu-
vent se combiner iadiUéremment dans tous les ordres, sans
donner lieu à de nouveaux rapports, qui ne répondent plus
à aucun accord juste. La science, qui nous a appris à déter-
miner si admirablement les rapports nécessaires des vibrations
dans les accords, consonnants ou dissonants, est obligée, dans
la construction de la gamme, de courber son exactitude aux exi-
gences de l'oreille et de l'art; mais, et je ne ic dis pas sans une
légiliuie (lerté comme physiiien, c'est elle même qui nous
apjirend clairement le pourquoi de cette concession indispen-
sable, qui nous dit la raison pour laquelle nous ne pouvons
accepter la gamme exacte.
Une objection spécieuse cependant peut, semble-t-il, être
opposée i ce verdict de la science contre elle-même. Elle est
des plus intéressantes à examiner.
Les divers accords que nous employons aujourd'hui n'ont,
il s'en faut, pas été admis tous dès l'origine dans l'harmonie;
les grands maîtres ont introduit peu à peu dans leurs com-
positions des combinaisons de sons réputées d'abord par trop
dissonantes, et la critique des conservateurs outrés des
règles, disons la critique des sots, n*a jamais manqué de leur
faire expier ces infractions, qui bientôt pourtant passaient
elles-mêmes à Tétat de régies. On pourrait donc se demander
si Thabitude et Téducation n'aeelîmateraîent pas finalement
aussi notre oreille à ces accords, prétendus faux de la gamme
exacte, et si alors, outre le bénéfice d'un ensemble de con-
sonnances parfaitement justes, nous n'auriofis pas celui d'ac-
cords d un effet tout nouveau. Je montrerai bientôt la diffé-
rence mathématique qui existe entre un accord réellement
&UX et un accord si dissonant qu*on voudra d'ailleurs; mais
voyons d*abord dans quels cas, et sons quelles conditions,
l'oreille peut efiéclivement M&er des suites de sons absolu*
mentanti-mnsîcales, et l^art en tirer même parti.
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LA HDSIQUE ET L'aOOUSIIQUE
49
Ceux de meslecleors, pea nombrenzsansdoutejquiontla
la charmante autobiographie da Matou Hoorr \ se rappellent
un oonseîi donné ans eompositears par ce génie précoce, à la
fois artiste, sarant et philosophe. « Nous entonnâmes un duo,
tiré d'un opéra tout récent, qui nous réussit à merveille, car
il semblait écrit exprès pour nous. Les célestes roulades s'é-
lançaient perlées de nos cœurs, parce qu'elles consistaient
la plupart ni passages chromatiques (j'ai le regret d'avoir
oublié le nom du compositeur; c^était un fier artiste, à mon
sens). Je saisis cette occasion pour faire observer que notre
espèce est essentiellement chromaUqae, et que, par suite, tout
compositeur qui voudra écrire pour nous, fera très bien d'ar-
wnger chromaliquement ses mélodies, et tout le reste,*
Cbacon ne partageait pas cette opinion, paraît-îi; car, tandis
que notre jeune artiste, avec la tendre Miesmie, l'objet de sa
première flamme, et avec son ndcle ami Mucius, exécute un
xno en genre clh-o:iiatique, une tuile brutale tombe aumilien
d'eux, accompagnée d'une imprécation terrible : Ces maudits
chats se tairont-iis ane fois! « 0 les barbares, dénués de tout
sentiment de l'art, qui restent insensibles aux plaintes les
plus poignantes des ine£hbles peines d'amour, et qui ne rêvent
que vengeance, mort et destruction f . Telle est la réfle.vion
méprisante de Mourr à l'égard de noire espèce et de notre
sentiment do beau.
Bh bien! que le lecteur ne rie pas, Mourr nous fait un très
grand tort, quand il nous reproche de ne pas savoir apprécier
legenre chromatique. Ces gammes impossibles que pratiquent
certains individus de l'espèce féUne, ces longues et lentes
traînées de sons qui passent par tous les degrés imaginables
M l'échelle et qui nous paraissent à juste titre si horribles
«ww les concerts de chats, nous les employons nous-mêmes,
j Lebefis-Aimchien des Kalers Jfwr, benmsgegeben von T. A. Hofp-
NoayeJJe Séiie - ?• Année 4
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GO
BBVUB D'ALBAGE
et forcément, dans bien des cas ; noire oreille y semble accli-
matée, et non seulement elles ne nons heurtent pas, mais
nons en tirons de très twns effets. Hais, est modus m rébus I
Je dis : nous les employons foreémmi. Il nons est, en effet,
impossible, en chantant, de lier deux notes, sans que la voix
passe par tous les degrés intermédiaires; il nous est Impos-
sible, sur les instruments à cordes et dans les changements
de position de la main gauche, de lier deux notes, sans
passer aussi par tous les tons intermédiaires. Ët cependant
ces liaisons, ces traênées chromcUiques, lorsqu'elles sont faites
habilement, ne se perçoiyenf pas même ; et, lorsqu'elles sont
fiâtes avec go&t, elles deviennent un moyen puissant d'ex-
pression, dont Fauditeur ne devine pas Forigine
Quel est donc le seeret de cette tolérance apparente de To*
reille, de cette satisfaction de notre sens musical à l'égard
d'un effet hideux en lui-même? Ce n'est assurément pas l'ha-
bitude. Pour que le genre de liaison dont nous parlons soit
acceptable, il faut que la jonction des deux notes se fasse
avec une rapidité sufiSsante et sans trop d'insistance ; il faut
surtout que la traînée commence et finisse par une note juste,
qui fuke oublier les sons Intermédiaires. Hors de là, la liai-
son, si elle n*e8t tout à fitlt intolérable, est du moins de mau-
vais goût. Soit dit en passant, les virtuoses des gouttières ne
sont pas les seuls qui oublient cette règle, que dicte la phy-
sique, aussi bien que Part. Lorsque ces conditions sont rem-
plies, nous supportons au contraire la traînée, quelque longue
qu'elle soit. Tous les violonistes connaissent le trille de May-
seder : il s'obtient en faisant glisser nn doigt du haut en bas
d*une corde, et en frappant le trille avec le doigt suivant
Pour que Toreille ne srât pas blessée, il finit que les batte-
ments soient très rapides et que les sncoessions de secondes
qu'ils produisent soient justes. Si le violoniste supprimait les
battements, en faisant ainsi glisser le doigt, il ne produirait
qu'un alïreux miaulement.
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LA MU8IQUB BT L'ACOUSTIQOE
51
Au fond, et en y regardant de près, nous voyons que noire
oreille n'accepte nullement en elles-mêmes ces traînéen de
sons que Hoffmann appelait, par ironie, passages chromatiques.
Miis l'artiste, qoand il est forcé de les employer, sait les mas-
quer et les placer léllemeiit à rtrrière-plaa que lear laideur
diqiaralt et qu'éUes rehaussent Teipressloa des tons jastes^
Ed nn moty et quoi qu'on en ait dit souTent, noire oreille
peut, à la Térité, se blaser sur les consonnances fausses, elle
peal s'y habituer à force d'en entendre, mais elle ne les accepte
pas pour cela, et, par atamme, elle revient toujours aux into-
nations correctes, quand elle en a le choix. Si jamais, contre
loate probabilité, les accords faux de la gamme scieotifiqae
deraient &ire infasion en mosiqae, oene serait que sons une
fimne artistement dégnisée, et ils ne ibraienl, à aaean titre,
partie de l'harmonie proprement dite.
L'élttde des diverses gammes et des aeeords nous place,
comme le lecteur a pu le voir, en face d'une sorte dedilemme
paradoxal. D'une part, notre oreille réclame des consonnances
ausâi justes que possible, et, d'autre part, il nous est physique-
ment impossible de construire une gamme absolument juste.
C'est précisément ce dilemme qu'élude la gamme, non pas
tempérée systématiquement, comme celle que proposait
Rameau, mais tempérée tnt^ificltveinen^oa deaentimmi,€imm
cdle qu'emploient les artistes, sur les instruments à cordes,
on les accordeurs de bon sens, pour le piano. Quelques per-
■onncs ont touIu expliquer on même résoudre le dilemme
précédent, en disant que la mélodie et l'harmonie sont deux
choses distinctes dénature, que, par suite, la gamme de l'une
ne peut convenir à l'autre. Mais cette assertion, outre qu'elle
ne réduit pas la difficulté pratique du problème, constitue
bien certainement une erreur de physique et de musique. Il
est sans doute plus diiMIe à notre oreille d apprécier la jus-
tesse d'une consonnance, lorsque nous entendons séparément
les tons qui la forment, que quand nous les entendons simnl*
m
REVUB D*AL8AGB
tanément; mais cette difi^ultô dérive d'un défout d^exercice
et peut être vaincue complètement ; elle n'impliqae,en aucaiie
façon, une différence de nature entre la perception successive
et la perception simultanée des tons. Les sons qui se suivent
dans une mélodie forment tout aussi bien entre eux des
accords, consontiants ou dissonants, que ceux que nous
entendons à la fois dans un accord proprement dit. C'est la
mémoire correcte de c-es accords, qui permet uniquement à
un chanteur, par exemple, de chanter juste une mélodie pri-
vée temporairement d'accompagnement Ck>mme exemple entre
mille de ce genre, je cite le suave et céleste adieu de Lolien-
grin au cygne ' ; malheur au chanteur sHl allait, tandis qu*il
est abandonné à lui-même, imaginer une gamme, une tona-
lité autre que celle que de cinq en cinq mesures vient lui
offrir rorchestre dans l'accord /a-?</-dièse! Tel est, dans l'er-
reur dont je parle, le côté que condamne la physique môme.
Au point de vue purement musical, l'erreur est peut-être
plus grande encore, du moins aujourd'hui. Je m'explique,
quant à cette espèce de réticence, à Taide d'une citation, qui
sera saisie de tous mes lecteurs s'occupent un tant soit peu
sérieusement de musique. Les quatuors, pour instruments à
cordes, de Haydn, de Mozart, et d'ailleurs de beaucoup d'au-
tres compositeurs plus modernes, si différents entre eux, si
originaux qu'ils puissent être, revêtent cependant u^énérale-
ment une forme commune. Ils présenteut une partie princi-
pale (mélodie, traits, etc.) exécutée par l'un des instruments,
avec accompagnement des trois autres. La mélodie, le chant,
touten alternant souvent d'un instrument à l'autre, se détache
nettement de l'accompagnement et de l'harmonie, qui servent
à le faire ressortir en formant, en quelque sorte, l'arrière-
plan. Je dis généralement; il me serait facile de citer ccpea-
Lohengrin, opéra romantique en trois actes, mosiqae et paroles de
lUchard Wagner.
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LA MUSIQUfi ET L'AGOVSTIQUB 53
danl quelques exceplîofis remarquables à cette forme com-
mune: el je me hAte de dircqucii m'enonçant, comme je viens
de le faire, ce n est point une sorte de critiifue malséante qae
je fais. Parmi Jes œuvres dont il est question, il se trouve
des chefs-d'œuvres du genre, qiiî resteront éternellement
beaux et neafs. Les premiers quataors de Beethoven, ceux
que l'on entend le plus fréquemment, revêtent aussi en partie
cette forme, quoique avec de profondes modifieitions déjà; une
tendance nouvelle s'y niontn% on (iïef. de pinson i-'us iiiar-
qaée. A partir du œizième qualuor (/«-mineur), la transfor-
malion est coiiii^lèle. Les onzième, douzième, treizième, quin-
zième et seizième eoiislituent de< créations à part et une
musique nouvelle. Je ne serai démenti par aucun arUste
sérieux, lorsque je dirai que ces œuvres sont jusqu'ici sans
égales; sur le domaine modeste de ce qu'on est convenu d'ap-
peler musique de chambre, le pas accompli par tk^ellioven
est aussi immense, ce génie immortel s'y révèle d'une manière
aussi puissante, que sur le domaine de la syni|.|inuie. Dans
cette musique prrandiose. les quatre parties r,rmen( un (oui
l'idissoiuble ; l 'accompaguement, avec tout, l'ensemble des effets
liarraoni(pies. y devient lui-même un chant d'un caractère à
part, qui se fond dans la pensée principale et la complète.
Soit dit en passant, c'est peut-être cela, plus encore que la
grandeur même de la pensée, qui fait que ces dernières
œuvres ne sont pas saisies de prime abord par d^^s intelli-
gences non préparées, et ce qui les fiit i.)m;)rei,(l;e généra-
lemait sous le titre de musique mmule. alors qu'elles sont
précisément tout le contraire, alors qu'elles découlent de
l'inspiration la plus purel Quoi qu'il en soit, il y aurait un
n "1 sens criant à voir encore ici dans la mélodie et l'harmonie
deux choses distinctes en nature, même au seul point de vue
^ la physique des sons.
6 -A. HniN.
(l^ fi» h la pro€haùi9 UvntùonJ.
DÉPÊCHES MILITAIRES INEDITES
t
SDR
LTOYABION DE IBH
VOSGES ET ALSACE
Nani^, le 9 mars 1815.
À Momieur k Maréchal Oudimtf gmmnmar générai
àMei9.
Honaieiir le Maréchal,
Je reçois en ce moment, 6 heures du matin, le rapport du
commandant d'armen de Plmlsbourg, qui m'annonce que les
deux bataillons du 6' régiment d'infanterie légère sont partis
de cette place le 8, à deux heures de l'après-midi, pour Lons-
le-Saulnier: ils ont été, comme ceux du 4' régiment, com-
plétés à 500 hommes. Lear armement et leur équipement
sont bons, ainsi que la chaussure, mais il leur manque 160
habits, 100 vestes, SOO pantalons, 100 capotes et 100 schakos.
I« colonel passe à Strasbourg pour fiire Tachât des eflétsde
grand équipement et qu'il emmènera à Beifort où il rejoindra
son régiment. Il espère que dans huit jours les effets d'ha-
billement nécessaires seront prêts et qu'ils seront expédiés
en même temps que les batailloos à liOns-le-Saulnier.
•
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l'Invasion bb 1815
n est à remarquer que ce régiment et le 4* ont été obligés
de prendre des hommes dans le 8" bataillon pour compléter
les deux premiers, de manière qa'il ne reste aux S*' batail-
lons et aox dépôts que des hommes rappelés non habillés
(d'autres attendent leur réforme) et les ouvriers.
. . . Je vous prie bien, Monsieur le Maréchal, de vouloir
bien agréer Fassurance de mon respeet et de mon parfait
dévouement
Le Lkutenant-ginérai,
GOMTB PaGTHQD.'
Paris, le 19 mars isis.
Général, je vois, par votre rapport du 14, que vous vous
proposez de faire partir de Phalsbourg, le 17, et de diriger
sur Grenoble le â* bataillon du 6' régiment d'infanterie légère,
fort de 600 hommes. Mais, d'après de nouvelles dispositions
prescrites par Sa Majesté, oe bataillon, ainsi qne le 4* batail-
lon du même régiment, ne doivent pas «joindre les denx
premiers bataillons à Tannée des Alpes, Ils sont destinés à
se rendre à l'armée de la Moselle.
Ainsi, rappelez ce bataillon, si vous l'avez fait mettre en
marche, et dirigez-le sur Metz, où il recevra les ordres de
M. le Lieutenant-général Gérard.
Beoe?e2, Général, etc.
Le Maréchal ministre de la Guerre,
Pringb d'ëgkhûhl.
* Tontes ces dépêches ont élé copiées sur les originaax,qui font partie
du riche cabinet de H. Dufresne, de Metz.
Ô6 UEVUK D'âLSÂC£
PuLICB
générale Nancy, le 15 mars 18i5.
Monsieur le Gonile,
J*ai rhonnenr de vous informer que le sous-préfet de
Sarrebourg vient de foire arrêter le nommé Jean Perrier,
eanonnier au i*' régiment d'artillerie de la mnn'ne, venant
de Phaisboiirg et se rendant à Moulins, pour y jouir de la
solde de retraite. Celhomme»*est [)erm'S do rrierdauslos bu-
reaux même du soua-i)réret : Vive i\Lm>)(re/ir ! Je suis soidat de
lEmperenr, et autres propos semblabh.'s. Jl a (Mé remis entre
les mains de la Gendarmerie, pour cMre conduit de Brigade
en Brigade à Nancy, où il sera remis à vt Irc disposition. J'ai
cru devoir rendre compte de ce fait à Son Exc. le Directeur
général de la police du royaume. J'aurai riionticnr de vous
faire connaître sa réponse aussitôt qu'elle me parviendra.
Receveis. . .
le ^éfet du département de ta Ifwrtfte,
De Miqub.
Au général Paethod, e^, la ^ 1>» m% à Nancy.
— L'arrivée de Napoléon à Paris exempta le Directeur
général d'une réponse qui aurait pu ne pas êu e très agréable
an eanonnier Perrier.
MlNltTÉRB
^ ^^'^^ Paris, le » ma» I8is.t
Général, l'inlcnlif)» de TEmpcreur est que les Comman-
dants militaires fassent insUller les nouveaux préfets nommés
par Sa Majesté partout où elle a jugé à propos de faire rem-
placer ceux qui avaient été mis à la tête de l'administration
par l'ancien Gouvernement.
Donnez sur le champ les ordres nécessaires aux {généraux
commandant les départements qui coniposcnl voire division,
pour qu'ils remplissent, à cet égard, les intentions de l'Em-
* Tontes les lettres datées de Paris émanent du Ministère de la guerre.
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l'invasion de itilo
87 -
pereur et fiissent même arrêter les anciens préfets, s'ils
trouvaient quelque opposition à rétablissement de ceux qui
doivent les remplacer.
Agrées, Générai, etc.
Le minisire de la Guerre,
Maréchal prince d'ëgkmuul.
I>iuris, te avril 18IS.
tiéoéral, Je tous prérienKque TEmpereur vient d'ordonner
la formation de la 4* Division de réserve de Cuirassiers. . .
Le S* régiment de Cuirassiers, qui est à Pont* à-Mousson,
devant faire purlie de la 3' Division de Réserve, (jiii doit i^e
réunir eu Alsace, vous donnerez l'ordre à ce Régiment de
compléter ses deux premiers escadrons avec tous lesciievaux
disponibles, et vous les ferez mettre en marche à Tépoque
fixée par l'ordre de roule ci-joint, pour se rendre à Strasbourg.
Je fOQS prie, Général, de m'instruire du départ de ces
Escadrons et de me faire connatti'e leur composition exacte.
Recevez, etc.
Paris, le S avril 181S.
Monsieur le Comte, J'ai l'honneur de vous informer que,
conformément aux intentions de r£mpereur, M. Mourcet',
oujor à la suite du S6* de ligne, est nommé Commandant
d'armes à Pbaisboorg, en remplacement de M. le Colonel
lUguet de Brandon. Ce dernier devra quitter cette place dans
lesdooze heures de Tarrivée de son successeur.
Je vous invite à veiller à Texécution de cet ordre et à m'in-
formcr de l'arrivée de M. Mourcet à Phaisbourg. Cet officier
reçoit l'ordre de se rendre sur le champ en po.^te à sa deati-
nalion. Je vous adresse ci-juiut ses lettres de service.
Recevez. . .
' Anriré le 13 à Nancy. Le 23 janvier, M. Lomprenr avait été nommé
adjudant de plaoe.
' fis
BEVUE D'ALSAOB
Paris, le 12 avril 1815.
Général, J'ai été informé qu'il se présentait sur les fron-
tières beanooup de militaires nés dans la Belgique on dans
les départements situés sur la rire gauehe du Rhin, et qui
demandent à rentrer dans les Régiments où ils ont précédem-
ment servi.
Il est dans l'intention de Sa Majesté d'accueillir les offres
de serrice de ces militaires, dont vous me ferez passer des
Ëtats nominatifis, à mesure qu'ils se présenteront. Vous ferez
incorporer de suite ceux qui y consentiront, suivant Tarme
dont ils font partie, dans les régiments employés sons vos
ordres. Ceux qui persisteront à vouloir rejoindre leurs anciens
drapeaux seront provisoirement rois en subsistance dans ces
mêmes corps, et, d'après les renseignements que tous me
transmettrez sur leur compte, j'aviserai aux moyens de satis-
faire par suite à leurs désirs.
Recevez. . .
Le Jliaréchal-dc-camp, Sccrclairc génér<Uf
CÉSAR m IjAVILLB.
l'aris. le 15 avril 181S.
Général, J'ai l'bonneur de vous prévenir que rjSmpereur,
jugeant à propos d'employer dans son grade M. le lieutenant-
général d*Hastrei, qui commande le département des Vosges,
m'a fait connaître ses intentions, pour que ce général se ren-
dît de suite à Paris. Il y recevra de nouveaux ordres.
Sa Majesté a désigné, pour remplacer le général d'Hastrel,
M. le Maréclial-de-camp Raoul qu Elle a admis à reprendre
du service. Le général Raoul reçoit Tordre de se rendre sur
le champ en poste à Epinal.
Vous trouverez ci-joint ses lettres de service.
Recevez. . .
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L'nvAnoN 08 1815
80
Paris, avril 1813 (Expédié le 39).
Général, J'ai donné des ordres à M. le Directeur d artillerie
de Strasbourg pour faire expédier sur Yincennes la quantité
de 119 Toitures d'artillerie, par oooTd de 25 Toitura, qai
devront partir chaqae jour et qui seront attelées par des che-
nuz de réquisition de gtte en gîte d*étape. Les conTois devront
être pourvus de relais. . . à Sarreboarg, du 8 an 9 mai, etc.
J'ai donné des ordres à MM. les Préfets et soas-Préfels pour
faire fournir exactement des chevaux de réquisition.
Je vous recommande, général, de vous assurer de Texécu-
tion de ces dispositions, de lever toutes les difficultés qui
pourraient se rencontrer dans l'exécution de ces transports et
d'activer par tous les moyens le départ et la marche de ces
convois dans Tétendae de votre commandement.
Ges voitures de campagne sont destinées à former an équi-
page d'artillerie de réserve à Yincennes, et il est très impor-
tant qu'elles y soient aux époques que j*ai fixées.
Recevez. . .
Paris» te 7 mal 1815.
Général, vous trouverez ci-joint S exemplaires d'une cir-
culaire que j'adresse aux Généraux et officiers chargés du
commandement des Bataillons d'élite, sur les soins et les
égards dont les gardes nationaux doivent être l'objet
Je vous invite à secofider les intentions exprimées dans
cette circulaire; ce sont celles de Sa Majesté.
Veuillez bien m'accuser réception de cette lettre.
Agréez
.60
WPnm D*ALSikOB
des Corps francs Paris, le 3 jain 1815.
Le Général Thiry, mon clier Général, conlinue à se plaindre
de ce que le colonel Viriot, recrulant pour son propre loniple,
lui Ole les moyens de recruter pour le sien, que cela con-
trarie le but de ses opérations, qu'il en résulte des scliii$mes
individuels» etc.
Je ne conçois pas que le générât Thiry \ ayant lecoromau-
dément supérieur de tous les corps francs, puisse avoir intérêt
à ce que l'un recrute de préférence à Tautre. Ces altercations
doivent nuire au service de l'Empereur et jo vous invite à
prendre des mesures pour les faire cesser.
Je vous répète que le général ïliiry a le roinniandenient
supérieur sur tous les corps francs, mais ([uc les détails de
recrutement et d'armement regardent les chefs.
D après la demande du général Tliiry, vous pouvez mettre
à sa disposition deux ou trois milliers de pondre, pour être
mis dans des dépôts secrets, nuis il faut Téconomiser.'
Quant à la demande que foit le général Thiry de faire
payer son aide-de-camp comme Chef d'escadron , je la lui
accorderai aussitôt que j'aurai un étal de situation, qui me
prouve qu'il a réussi à lever un corps franc.
Recevez. . .
Parts, le 5 Join IStS.
Général, Dans les deux lettres que vous m'avez écrites le
28 et le 26 mai. vous demandez qu'il soit envoyé à Phals-
bourg des fusils pour l'armemcnl des gardes nationales.
•l'ai riioiineurde vous prévenir que le Dit eclcur d'artillerie
de Strasbourg a reçu l'ordre d'en envoyer 1600 dans celte
place. Ckit ordre lui a été réitéré le 26 mai.
ReceTes. . .
' Nommé io 1 niai.
' Ecrit de suite au Directeur do 1 artillerie à Metz.
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l'invasion db 1H15
Paris, Ii< 7 juin 4815.
Général, je vous préviens que je fais diriger de Sarrelouis
sur Toul par relais le 14- B » de la Moselle.
Ce Bataillon compte déjà un assez grand nombre de déser-
teurs. Vous Toudrez bien donner des ordres pour que, da
moment de son eiilrée dans votre division, il soit surveillé
jasqu*ison arrivée à Toul, où il tiendra garnison.
Recevez. . .
PoBcfmifiiaire ï**^» ^ ' i»*» ««•.
Général, j'ai l'honneur de voas adresser les signaiemens
de plusieurs émissaires du Comte de Lille, qui doivent se
rendre en France, soit pour y fomenter des troubles, soit pour
fiiire santer la poudrière de Besançon.
On n*apa savoir s*il était question des magasins à pondre
de la place ou de la manufacture qui est près de cette ville;
mais il paraît qu'un système généralement adopté par les
Iransl'iiges françois est de l'aire sauter, dans toutes les places
de la Franco, les magasins à poudre, ainsi qae les manafac-
tures où on la fabrique.
Je vous prie d'envoyer ces signaiemens aux Commandants
des places de votre Division, en leur ordonnant de foire sur-
veiller, avec le plus grand soin, les personnes qui se rendront
dans ces places, et de faire arrêter ceux des émissaires du
Comte de Lille qui pourraient s'y présenter.
Je vous prie aussi de ni'accuser réception de cette lettre
et de m'informer du ré.sultat de votre vigilance.
Recevez. . .
Le Conseiller (i l An f, Secn'laire, générait
B"" Marchant.
62
BRVDB D'AUMOB
Ministère
DE
LA ougaas
Signahmem âê phulmn Bminakreê du Qomk ék UBê
N"* 5. Signalement du Hochard, qui était mai des logis
dans les dragons de la garde impériale, et est parti avec la
maison du roi et est passé adjudant dans le dépôt d» cavalerie
démoiité, qui est à Hoestach. IL est ateacieo, âgé de S8 à 84
ans, taille de 8 pieds 6 poaces, cheveux blondB-rooz, barlie
idm^ IhtToris ufem, soardle blonds, yeaz bleue, nez moyen,
boacbe grande, ayant des moustaches rousses, figure pleine,
accent un peu allemand.
N^. Cet individu est un émiesaire envoyé en France par
le duc de Berry et autres. On a leeonnu quil était émissaire
par la liste trouvée ches le Comte de Tragof, chef d'Etat*nugor
du due de Berry et du duc de Rochecbouart, où il était dit
qu'il était envoyé en mission.
Paris, le 11 Jain 1815.
Général, je vous adresse d-'ynni une Lettre pour M. le M»'
de Camp Gassagne \ auquel je donne Tordre de se rendre en
poste à Philippeville
Veuilles bien la ftire porter par ordonnance extraordi-
naire, afin que Tarrivée du général Gassagne n'éprouve aucun
retard.
Receves. . .
* Le général baron Pierre Cassagne, qui défendit le mieux qu'il pût,
«m 1814, le département des Vosges, était né à Toulouse, en 1763. Il
monrot le se novembre 1833. C*éteit on brave génénl et va bon tdmi-
nistratenr. Ses actes le prouvent II s'était flié à Naney.
J'ai public l'année dernière, à Epinal, ses dépdehes snr Tlnvasion
dans les Vosges (Mim. de ia Socm d'émulatMm,J
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l'invasion de 181Ô
6^
Paris, le 13 jotn ttts.
Général, j'ai l'honneur de vous informer que, conformé-
ment aux ordres de l'Empereur, M. le MarécliaUde-camp Raoul,
qui commande en ce moment le département des Vosges,
reçoit l'ordre de se rendre sur le champ à Metz, pour être à
la disposition de M. le Lieutenant-général Comte fielliard, qoi
poarToira à son remplacement
Receves...
AimtLBRIB ^^^^ j^j^jjj jgjç
Général, J'ai ràooneur de todb préTenir,en réponse à votre
lettre du 10 de ce mois, qu'il n'existe plus dans les arsenaux
de France aucune pièce à la Rostaing, et qu'ainsi, celles que
que TOUS demandiez pour Ja défense des Vosges ne peuvent
TOUS être envoyées.
Les canons de 4 de campagne peuTent très bien y suppléer
dans presque toutes les circonstances et les remplacent aTun-
tagensement; rapproTisionnement de ces derniers n*est que
tfnn seul caisson par pièce, qui doit suffire en ce moment
pour le serTice auquel est destinée l'artillerie qui vous a été
envoyée; les places qui sont à proximité des opérations que
^ vous trouverez dans le cas d'exécuter pourvoiront au
remplacement des munitions que vous coosommeriez, mais
saus augmenter le nombre de vos caissons.
Par orèn du Jftntfdie,
B*"Btain.
Paris, le 47 juin 1815.
Monsieur le Lieutenant-Général, fai reçu vos deux lettres
du 9 juin courant relatives, tant au dénuement des moyens
pécuniaires où le Munitionnaire général de vivres laisse le
garde-magasin des vivres d'Ëpinal qu'à la nécessité d'établir,
BBVmE d'alsaob
indépendaimnent du magadn d*ËpiDal, qui est le seul qull
y ait dana les Vosges» trois aatres magasins de vivres et four-
rages à Saint-Dié, La Bresse et Saint-Hanrice.
Je vous préviens que je donne l'ordre au Munitionnaire
générai des vivres, non sealcmeot d'organiser de suite* pour
les 7i?reti et pour les fourrages^dans les trois places que vous
m'avez indiquées, les services temporaires pour assurer la
Bubsistanee des troupes qui seront employées à la défense
des points fortifiés du département des Vosges, mais encore
de procurer, tant aux préposés qu'il chargera de ces servicM
temporaires qu'an garde- magasin des vivres d'Epi nal. les
moyens en numéraire effeclif proportiouné à l'importance de
leurs services effectifs.
Je vous prie de me fiiire connaître les mesures qui auront
été prises à cet égard.
Receves. . .
Colmar, le f » Juin 1815.
Monsieur le Général,
La division de réserve de Garde nationale de Nancy, que
le Ministre m*avait annoncé devoir se porter sur Epi nal et
Saint-Dié pour la défense des Vosges, n'arrivant pas, il
pourrait arriver qu'une partie des gardes nationales sous
mes ordres fût obli<;ée de garnir et de défendre les ouvrages
conslruits près de la crête des montagnes, où il n'y a abso-
lument aucune ressource pour les subsistances. Dans ce cas,
il serait nécessaire que les vivres soient assurés sur l'autre
revers à S^-Dié, Bpinal et Remiremont Je viens donc vous
prier de donner vos ordres pour que radministration se mette
en mesure k cet égard.
Les moyens de défense se multiplient chaque jour ici et
TAlsace est en bonne position, il n'est pas probable que l'en-
nemi puisse forcer les Vosges, mais je ne sais comment est
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L INVASION DE 1615
66
gardée k frontière de la Lorraine allemande. S11 survenait
quelqu'événement dans celte partie, je vous serais très recon-
naissant de m ea informer.
Agréez. . .
Le Lieulenunt-Général commandant les gardes nationales
de la 5" m%
HOUTOB.'
Ueenoiament opéré à Fhalsbour^ des hommes de la garde nationale
levés spontanément, en avril 1815, dans les départements de la
Heurthe et des Vosges, opéré en vertu des ordres de S. £z> le
ICinistre de la guerre, en date du 25 juillet.
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Cf
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402
304
394
1190
Certifié à Nancy, le août 1 8 1 5.
U I^rff^ et. la 4* Dit?, m*.
* n avait été désigné par le roi pour inspeeter, m 1815, le régiment
de Monsieur. 4« de li^^nc, à Nancy, et de Berri, e* léger, à Phaisbourg. Son
adjoint était le Marécluil-de-camp haron Porson. Le comte Hourcier (de
la Petite-Pierre) divait in^[»ecter le 5" cuirassier<i à Poiit-'i-Miusson, le
10» dragons à Toul, los dragons de ilerri (G") à Nancy el ceux, de âlon-
•i«ir(4*)àE|nnal.
. Rm«Il« Steto. > r* Année. 5
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68
BBVUB D'AIS&CB
Epinal, le 14 oclobro 1815-
Monsieur le Comte,
Malgré que je ii*ai pas à me plaindre de Messieurs les
Bavarois, je ne trouve pas qu'ils aient mis de Teau dans leur
vin, puisqu ils ne veulent pas encore souffrir que je com-
mence rorganisation des compaiiriies provisoires. Ils parlent
de leur départ, mais n'en disent pas Tépoque, qui ne me paraît
pas cependant éloigné. Je fais des vœux bien ardents pour
être bientôt débarassé d'eux et pouvoir agir sans contrainte.
Le gM d'Hastrel ne m*a pas encore répondu, f ai eu l'hon-
neur, mon Général, de lui parler de votre désir, j'en ai éga-
lement fait pari à M. le duc de Feltre. Comme il paraît qu'il
nous faut de nouvelles lellres de service, je vais écrire à ce
sujet au Ministre. . .
J'ai riionneur d'être. . .
Le MaréehaMe'eampf
MANDimLLB.*
kM,k Um^.'ff^ ViUaie, à Nancy.
' Ami du Maréchal Clarcke, le général do Mandevillc naquit ;'i Avesne
en 1780, et mourut à Saverne en 1850. 11 est enterré prés de son ami à
Neuwillor.
—Le baron de ZoUer, K-g^ bavarois, commandait dans les
Vosges.
lIlNlSTiHB
DB
u'GORRRB Paris, le 19 décembre 1813.
Monsieur, J'ai rhonneur de vous prévenir qu'environ 6000
hommes de troupes, formant le contingent de la Saxe qui
doit faire partie de Fermée d'occupation, marchant en deux
divisions, partiront de S"=-Marie-aux-Mines, les 19 et 21 dé-
cembre, et iront loger à ;
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L'WyASIDN DE 1815
«7
!• (li^^s^on r division
S. Dié 19 2^
Séjour 20 2â
Baccarat 21 33
LunéFiile 22 24
Nancy 2s 28
Séjour 24 26
Tonl... 25 27décembre
D'où ils se rendront à Void.
Je vous prie, MonFîeur. de veiller à ce que toutes les
mesures nécessaires soient faites pour assurer leg différens
services pendant la marche des troupes et de m'informer de
fiOQ passage.
J'ai l'honneur. . .
Le duo db Feltrb.
Colmar, le « nwn MU.
A Monsieur le CmU de Casteja, préfet du dépati^. du
Monsieur le Comte,
Je Tiens de receroir votre lettre du 28 février, par laquéUe
vous me oommuniquez que les nommés Plisson et Harmand,
prévenus d'însulles fiiites à des soldats autrichiens sur les
Jww de Belfort, furent arrêtés et mis à la disposition du
Procnreur du Roy.
Envi3ag3ant l'incondiiite de ces inculpés comme uneétour-
dci ie de jeunes gens qui, d'après la déposition des militaires,
a été redressée sur le champ par les autorités de Bellbrt,
j ose vous prier. Monsieur le Comte, de ne plus fàire procéder
contre eux, qui auront reconnu leurs torts par Tarrestation
es BETOB D'ALSAOB
quïls ont subie et dont rextraragaDce paroit suffisamment
corrigée par la loi.
.Agréez Tassurance de ma considération la plus distinguée.
JU Général m eheft
Frihont.
En marge: Remercie?^ le g''\ r/iais exiger que justice soit
faite. Envoyé le 5 mars 1816. N" 1725.
— Le lieutenant au 8* bataillon de cbasseius Jos. Sehôn-
schutB a profité des presses lithographiques de 6. Engelmann,
à Mulhouse, pour reproduire les traits du général Frimont
et ceux du lieutenant-général baron Lederer et du colonel
de Wiland (Grand iu-fo!io). Le baron de Frimont est repré-
senté couvert de dccoralions et en tenue de colonel du 9* régi-
ment des Hussards autrichiens. Derrière lui, on voit ses esca-
drons en bataille dans la plaine de Cîolmar que dominent les
hauteurs voisines des Trois-Ëpis.
Ces lithographies assez rares sont comprises dans les pre-
miers essais d*Engelmann.
A. BatroiT.
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L'INSTRUCTION OBLIGATOIRE
DAMS LE
COMTÉ DE RIBAUPIERRE
AYANT LA RÉVOLUTION
Usdeuxpièces qtd suivent, extrait des archives de Scdnte-
Marie^iuaf-Mines» eôté d'Alsace, nous paraissent mériter
^étre connue dm pub&c.
1789. Chnad Oonsistoire
Monsieur Vernet, pasteur de celte Eglise, s'élant plaint
plusieurs fois de la négligence des pères et mères de celle
Eglise à envoïer leurs enfana aux écoles et instructions
publiques, mais sans fruit; pour remédier à ce désordre, le
grand Gousistoire a été assemblé le 16* aoiist (789, daus lequel
il a été résolu par l^unaniHiité des suffrages des Pèrts et Ghefe
de ftmille, qui se sont même engagés par leur signature à
ce qui suit, saToir :
1* d*en?oïer leurs enfans aux écoles puMiques, à peine,
en y manquant, de païer le maître d école ni plus ni moins,
et dêlre contraints au païenieiil de l'écolage en cas de refus;
'2' de donner à notre dit Pasteur un témoignage;
3* de consentir que les danses et les jeux seront oéiTendns
les jours de Dimanche, sous peine au délinquant de suspen-
sion de la S** Gène au troisième aTertlssement; que ceux qui
Tentent être dispensés d'aller à fiehery soient tenus d'arertir
70
REVUE D'ALS/kOB
FAncien du quartier une fois pour toutes des raisons qui les
Cû empêchent; que ceux des rillages d Echery, de la Petite
Liep?re, Biaise et Fertruy seront tenus de ûdre la môme
chose par rapport aaz senrices de S*" Marie ; que persoime ne
sera dispensé de s'approcher de la S** Gène sans marque,
excepté ceux qui sont en service ; que tous ceux qui crient
contre le ministre, au lien de venir lui représenter respec-
tueusement leurs raisons, seront obligés de venir lui deman-
der pardon de leur insolence; que tout mcubrede la commu-
nauté françoise sera authorisé à reprendre tout enfant qu'il
trouvera en rtle parlant allemand avec un autre de la même
cmnmuniun.
1789. Bftgleinsnt cenoenaiit l€s éecdss
Le 11* octobre 1739 a été lu et approuvé en grand Con-
siste^ assemblé à Marie le Règlement suivant^ concernant
les Ecoles, qui regarde les Pères et Mères, les Maîtres d'Ecoles,
les Enfans et le vénérable Consistoire.
BmxAr de» Pères et Mères à ed égard:
1* Les Pères et Mères envoleront leurs Enfims aux Ecoles
publiques pour y être instruits et élevés en la discipline du
Seigneur et cela depuis rage de six ans pour les lieux où
résident les miiîtres d'Ecole et de diîc ans pour les villages,
et s'ils ne les envoient pas, ils seront obligés de payer les
Maîtres d'Ecole ni plus ni moins que s'ils envoïaient leurs
enfans à l'école, et celte obligation commencera dès que leurs
enfens auront atteint Tftge marqué ci-dessus Jusqu'à ce que
alantété examinés par le Pasteur, ils auront été sufiBsamment
instruits. Les cas de maladie, ou autres semblables, sont id
exceptés.
2° Quand un Père ou une Mère voudra en voie r son enfant
à l'école, lui ou elle l'amènera premièrement au Pasteur
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INSTRUCTION OBLIGATOIRE ÙK RIBAUPIERRE
71
qui l'iosérera dans un livre et le recommandera au maître
d'école.
S" L'enfant, une fois introduit dans les écoles, ne pourra
plus en être retiré ni même s'en absenter une semaine
entière sans permission du Pasteur, mais continuera d'y ailer
jusqu'à ce qull sache lire coulamment, écrire passablement,
et répondre d*ane manière satlsfiiisante aux questions qui
lai seront faites sur la Religion.
4* Quoiqu'il serait bon qne les filles sussent aussi écrire,
cependant ou ne l'exige pas absolument.
o' Quand on aura quelque plainte à faire contre les maîtres
d'école, on s'adressera à l'Ancien da quartier, qui en fera
son rapport au Consistoire.
Devoir des maîtres d Ecole :
Les Maîtres d*EcoIe vaqueront eux-mêmes à llnstmc-
tloo de la jeunesse confiée à leurs soins, sans pouvoir se
décharger de ce soin sur qui que ce soit, sans permission
expresse de TAncien du quartier, (}ui ne la leur accordera
que dans la cas d'une absolue nécessité.
2" I/Ecole se fera en langue française sans qu'il suit eu
ancune façon permis d y parler allemand, pas même sous
prêt, xte d interprêter aux enfans ce qu'iLn n'auront pas com-
pris; oii ne s'y servira point non plus de livres allemans ni
moitié allemand pendant les heures destinées k l*Ecole.
S* Les étrangers et ceux qui ne sont point de la Commu-
nion françoise pourront fréquenter nos assemblées en s as-
sujettissant aux Loix qui y seront observées ot en priant
l'Ecolage : permis néanmoins aux Régents quand TEcolesera
finie de disposer de leur tems, comme il leur plaira.
^' Afin que [qs maîtres d'Ecole puissent d autant mieux
vaquer à Tinstruction de la jeunesse, et que tes enfans soient
plus atteatiiîi et puissent mieux profiter des leçons qu*on leur
fera, on n'exercera pendant l'Ecole dans le lieu où. les enfans
72
BBVOB D'ALSACB
seront aBsemblés aacnn métier qui fasse da brait, et on fera
en aorte qa*il y ait auffisamment place pour les Ecoliers en
ôtant tout métier ou meuble qui pourra embarasser la
chambre où se tiendra TEcole.
5* Les mattres d'Eeole tiendront régulièrement Kcole deux
fois par jour, exceptés le jeudi et le samedi jours auxquels
ils ne la tiendront qu'une fois; sans pouvoir y manquer sau3
permission du Pasteur.
Q" Lorsqu'il y aura quelque faite dans la semaine, on tien-
dra deux Ecoles le jeudy.
7* Chaque Ecole sera de deux heures Thyrer, safoir, depuis
la Toussaint jusqu'à Pasque; elle commencera à huit heures
pour le matin et finira à dix; le soir on y entrera à midi et
on en sortira à trois heures : l'été, savoir depuis Pasque
jusqu'à la Toussaint on y entrera à sept heures pour le
matin et on en sortira à neuf; le soir l'Ecole commencera
aussi à midi et finira à trois heures.
8° Les maîtres d'Ecole auront soin d'entretenir parmi leurs
écoliers, le bon ordre, la paix et la tranquillité; pour cet efEét
il pourra chfttier avec k Terge seulement, sans que père ni
mère puissent s*en formaliser, tout enfant qu'il appercem
manquer à son devoir soit en badinant avec ses voisins, soit
en les interrompant soit encore en ne faisant pas ce qui lui
aura été prescrit.
9" Les enfans^quî dans l'Ecole'ou hors de TEcole auront
été surpris à jurer, se battre, manquer de respect à qui que
ce soit, ou parler allemand avec d'autres de la même commu-
nion en seront châtiés à proportion de leur fiiute.
lO" Afin que le maître d'Ecole soit d'autant mieux informé
de la conduite des enfiins qui lui auront été confiés, il ehoi-
rira parmi eux un Ecolier sage et diligent qui observera les
fautes de ses camarades et lui en fera le rapport.
li* L'Ecole commencera aux heures susdittes par l'invoca-
tion du Nom de Dieu ; pour cet effet un des enfans récitera
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mSTBnOnON OBLIfiATOIBB DB lUBAOPIERBE 73
i genoux tes autres étant debout une courte prière compo-
sée à ce siqet; oe qui étant &it, chaque enfant reprendra sa
pitoe : et le maître d'Ecole leur prescrira à chacun une tftche
silon leur portée, et H prendra garde tantôt à Tan tantôt à
l'autre pour voir de quelle manière chacun 8*acqnitte de
son devoir.
15° La première heure de l'Ecole sera employée à faire
lire tous les écoliers et à faire épeier ceux d entre eux qui
ne le sauront encore point; la demie heure suivante à visiter
les eiemples de ceux qui apprennent à écrire; et le reste à
fiaire i^éter la section du catéchisme que le Pasteur devra
expliquer le Dimanche sui?ant Gela fait, on les fera prier
Dieu, et on leur ordonnera de se retirer en bon ordre et à
se montrer honnêtes et civils envers un chacun.
13° Le soir on fera la même chose que le malin excepté
qu'au heu de répéter la section du Caléchisme, on donnera à
ceux qui savent lire un verset de Pseaurae ou de TEcriture
sainte à apprendre par cœur, qtt*on leur fera réciter le lende-
main à la môme heure; et, s'ils sarent écrire on y ajoutera
an exemple tiré de l'Ecriture sainte ou quelqu*autre qui con-
tiendra des maximes de sagesse.
14* Dpux fois la semaine on dictera à ceux qui sauront
écrire quelque chose d'édifiant pris du Nouveau Testament,
du Catéchisme, ou de quelque livre de pîéfé: on leur corrigera
ensuite ce qu'ils auront (sic) pour leur apprendre l'ortho-
graphe.
16'' La dernière Ëcole de la semaine sera emploïée à repas-
ser ce qu*on aura fait et appris les jours précédons; on y
fera un rolle dé ceux des enfons qui auront été assidus à
i*ficole pendant la semaine et qui s'y seront bien conduits,
lequel rolle sera présenté au Pasteur le Dimanche matin.
10' Il y aura deux fols par semaine une Me de musique,
où les enfans seront exercés pendant une heure à connoître
tes notes des Pseaumes, et à leur donner le ton; et pour la
•
74 BBVUB D*ALSACB
ditte Ecole le maître sera paie à part tant de l'Eglise, que des
Pères de famille .
Dwoir des Es^fcm :
Les Enfansse rendront assidoement à TEcole an x heures
prc'scrittcs ; ceux qui enlreruul après la prière, ils seront mis
au dernier rang; s'il en vient après la première dcmiiî heure,
ils resteront debout pemîaiU une demie heure, et quand à
ceux qui viendront après la seconde demie heure on les fera
mettre à genoux, et ils y demeureront jusqu'à la fln de TE-
eole; et slls manquent tout à foil, ils en seront châtiés, à
moins qu*il8 n'apportent une excuse valable de leur defhut.
2* Les Enfans auront tout le respect et toute la soumission
possible pour le Maître qui les instruit.
8° Ils s'appliqueront de tout icur possible à faire tout ce
que le Maître dlilcolc leur aura prescrit.
4" lis entreront dans TEglise avec le Maître d'Et'ule cl se
placeront vis à vis de la Chaire; pour cet effet ils se ren-
dront de bonne heure à r£lcoie a?ant que le serTice Divin
soit commencé, afin de suivre leur Ma!tre quand il ira faire
la lecture, et ils Tassisteront dans le chant des Pseaumes.
Devoirs du vénérable Consistoire :
1° Le vénérable Consistoire, tant le Pasteur que les Diacres
et Anciens qui le composent veilleront d'une manière parti-
culière, à ce que les articles ci-dessus exprimés, soient exacte-
ment et inviolablement observés; à celte fin ils s'engagent
à visiter les Ecoles pour le moins deux fois tous les mois,
laquelle visite ne durera jamais moins il une licure.
2' Cehii qui fera la visite aura le pouvoir de faire châtier
celui des enfans qu'il jugera l'avoir mérilé.
3" Les Anciens recevront les plaintes des Maîtres d'Ecole
contre les Ënfans, et celles des Pères ou mères de famille
contre les maîtres d'Ecole, pour en faire leur rapport au véné-
rable Consistoire qui tâchera d'y mettre ordre.
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mSTBUGTION OBUGATOIEB D£ BIBAUPIERBE
75
4" Afin d'encourager les enfans à faire leur devoir, il y
aura quatre prix établis pour être distribués à ceux d'entre
les Ëcoliers dont on aura le plus sujet d'être content : le
premier et le plus honorable sera ponr celui qui pendant
toute Tannée aura le mieux fréquenté Fficole, le second ponr
celui qui saura le mieux son Catéchisme; le troisième pour
celui dont l'écriture sera la plus belle et la plus correcte; le
quatrième enfin pour celui qui lira d'une manière à se faire
le mieux entendre.
o' Le Lundi après Pasqucs à une heure après midy le
Ténérabie Consistoire s'assemblera pour examiner les enfans,
tant d'£chery que de S^^' Marie, et pour juger sans partialité
à qui Ton doit assigner les prix ci-dessus mentionnés et la
distribution s*en fera le lendemain dans l'Eglise après leSer-
viee Divin.
6* Toutes les fois que les Anciens distribueront les mar-
ques ils ne manqucroiit pas d'exhorter les particuliers qui
auront des enfans à prendre soin de leur éducation, et à leur
faire rendre compte de ce qu'ils auront appris à l'Ecole,
comme aussi de censurer ou d'encourager les enfans selon
la manière dont ils s'acquitteront de leur devoir à cet égard.
V Les articles mentionnés dans le présent Règlement qui
regardent les Pères et Hères de famille seront lûs publique-
ment chaque premier jour de Tannée; ceux qui regardent
les maîtres d'Ecole et les Ecoliers seront écrits en caractères
lisibles sur des papiers collés sur une planche et suspendus
dans les Chambres où se tiendront les Ecoles pour l'instruc-
tion d'un chacun; enfin ceux qui regardent le vénérable
Consistoire seront lyoutés à notre Discipline ecclésiastique
et auront la même anthenticité que les autres qui y sont
contenus.
Cette pièce est tirée des archives du Consistoire de l'Eglise
réformée française de Sainte-AIarie-aux-Mines. Bile ne con-
78
BBvnB d'alsaob
ceroait donc qa'une partie de la population alsacienne de la
commune. Non-sealement le côté Lorraine restait en dehors
de ces mesures» mais les réformés allemands, les luthériens
et les catholiques du cdté d'Alsace n'étaient pas atteints par
dles. Us le furent plus tard par un arrêté dont voici la tra-
duction :
EzlraU des Pratoeoies de poUM de la eommuM de SainU'
Marie-^im-Mines (côté d'Abaoe')
Par devant nous. Georges-Joseph Liechlenberger, graud-
bailU du comté de Ribaupierre et du bailliage de Sainte-
Marie*aux-Min6s, est personnellement comparu M, Théobald
Schmidt, procureur fiscal desdits comté et bailliage, lequel
nous a représenté que la jeunesse, dans tontes les communes
du comté, est élevée dans rignoranoe la plus grande et la plus
condamnable, par suite de la négligence des parents, tuteurs,
maîtres et maîtrises. La plupart des parents, poussés par le
désir du gain, n'envoient pas leurs enfants aux Ecoles publi-
ques et lea occupent de bonne heure à divers travaux ; d'au-
tres, par insouciance, ne surveillent pas leurs enfants comme
ils le devraient et les laissent s'abandonner à Toisiveté, plutôt
que de leur faire fréquenter l'Ecole. Une telle incurie, très
funeste à l'Etat et à chaque commune en particulier, ne Fest
pas moins à la chrétienté. En conséquence, le comparant pose
les conclusions ci-après :
Plaise à nous, ordonner et enjoindre, à tous et principale-
lement aux parents et tuteurs, d'envoyer leurs enfantS; dont
ils out charge, aux Ëcoies publiques, et cela depuis leur
septième année jusqu'à es que, pour leur état, ils soient assez
instruits dans la lecture et dans l'écriture ;
Que si Tun d'eux manque, sans excuse, à l'Ecole, durant
une semaine, les parents ou tuteurs soient condamnés à une
amende de quatre sous, laquelle sera portée an double en cas
de récidive. Et, pour que certains parents ne puissent arguer
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IMSTBCGTIOM OBUOATOUUS DE BIBAUPIERRE
77
raisonnablement de leur pauvreté, l'écolage des enfants sera
soldé, suivant Tutiage, par la fabrique de i'Ëgliâe ou par la
Commune ;
Nous piaiae également ordonner aux parents, tuteurs,
maîtres et maîtrises dWoyer leurs en&nts propres ou ceux
dont la eharge leur est commise à rinstmction publique reli-
gieuse, sous peine de deux sous d'amende pour chaque absence
non justifiée ou pour laquelle on n'aura point, au préalable,
reçu de permission; ladite peine sera doublée à chaque
réi-idive ;
£q outre^ que tous les troi^i mois il soit dressé par les curés
ou pasteurs un état des contrafentions signalées; cetétat sera
transmis au Becereur de l'Eglise on à ceux qui auront reçu
autorité à oetcffiAt, lesquels feront les rentrées et en remet-
tront le produit au curé ou pasteur. Genx-ei partageront les
fonds reçus de la sorte entre ceux des enfants qui se seront
distingués par leur assiduité, et ce à titre d'encouragement;
Et, comme le mauvais gouvernement des enfants provient
de la négligence des parents et autres chargés de leur sur-
TeiUance, à cette fin que les parents, tuteurs, maîtres et maî-
trises ne puissent prétexter d'ignorance, nous plaise ordonner
que l'arrêté à interrenir touchant ces objets soit transcrit au
Kgistre de la ville et du bailliage, inscrit au grelfe de police
et publié dans toutes les communes.
De tout quoi il demande acte, et a signé à Toriglual : SchmxU
(avec paraphe).
(Suit un arrêté conforme qui n'est guère que la copie de
conclusions du procureur fiscal.)
Donné à RibeanviUé, le SO STril 1778.
Signé : 6.-J. Liei^tenberger.
{Cmmmiqué par M. G. Muhlenbeck.)
L'ECOLE LATINE DE RIQUEWIHR
CHAPITRE DE L'HISTOIRE SCOLAIRE D'ALSACE
Quand oo parle de nos jours d*ane école latine, ou se repré-
sente un grand établissement à programme compliqué, au
personnel enseignant plus ou moins nombreux, un lycée,
un gymuase. Les centres populeux en ont seuls le privilège.
Il n'en a pas toujours été ainsi. Riquewihr a possédé une
école latine jusqu'au jour où la révolution de quatre-vingt-
neuf, en englobant le chef-lieu de l'ancienne seigneurie wur-
tembergeoise dans la grande unité de la République, lui
enlera ses institutions particulières. Nous essayerons de retra-
cer l'histoire de ce modeste établissement, qui préparait ses
élères jusqu'à l'entrée de l'Université; on verra qu'avec des
ressources restreintes et dans une sphère étroite, nos pères
ont su fonder et entretenir pendant plus de deux siècles une
école très utile, par moments prospère, et rendantaux familles
des services incontestables. Les renseignements dont nous
disposons concernent trois époques de cette histoire, le temps
qui suivit l'introduction de la Réforme à Riquewihr, la fin
de la guerre de trente ans et le milieu du siècle dernier.
Le duc Christophe de Wurtemberg publia, en 1659, un
règlement scolaire {SOwUorânmig) ordonnant de fonder dans
les petites localités (m den kk 'mm Dôrffern mid Flecken) des
écoles primaires; dans les localités plus importantes (m alkn
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ÉOOLB LATOn DB BIQUEWIHR
79
undjeden Siadten, sie seien grm odêr klein, desgkichm eU^
dm der furnehimten Dôrffem od^ Fiedsm), on devait y
joindre des écoles latines \ On. n'avait pas attendu à Riqne-
wihr la publication de cet édit pour organiser rinstrnclion
publique. Immédiatement après Tintroduetion de la Réforma-
tion, qui eut lien en 1536, le duc George de MoiUbéliard avait
en soin d'établir une classe d'enseignement latin à coté de la
classe allemande. Le docteur Louis Baler avait été chargé de
la diriger. Elle acquit un certain renom, à partir de 1547,
s His rintelligente direction du savant Jean Ulstetter. Il était
natif de Nuremberg et avait été pastear à Hunainhr; il était
le gendre de Paul Pagina, recteur de Técole d'Isny (1527) et
pins tard professeur à Cambridge. Cette parenté lui valut sans
doute d'utiles conseils et des encouragemenis précieux dans
l'œuvre à laquelle il avait été appelé. Sa réputation s'étendit
bien au delà du temps où il vécut, grâce à une importante
collection de lettres de ses contemporains, quiao trouvait dans
la bibliothèque schôpflinienneet qui a péri avec elle dans la
catastrophe de 1870'. Nous n'avons pas, pour ces premiers
temps, d autres détails sur notre établissement; il continua,
après la mort dUlstetter, à initier la jeunesse de Riquewibr
el des environs dans la langue savante du temps, suivant,
pendant quelques années encore, l'impulsion que lui avait
donnée cet homme de mérite. A mesure que le souvenir s'en
effiiçait, l'éclat passager que notre école avait jeté s'affaiblis-
sait. Vers le milieu de la guerre de trente ans, son état était
désespéré et il fallut an acte de vigueur pour lui rendre la
ne et la santé.
Nous possédons dans nos archives communales une pièce
' RàUMER, Geschichle der Pœdagogik, I, p. 2ôi s({.
' Rœhrich Gescliichle der Jlefomntion im EUa^^i, II, p. 228. — Son
fib, Israël Ulstetter, fut pendant quelque temps diacre à Téglise de
Riquewibr et devint, après qae le culte protestant eut été organisé à Gol-
marflô mai 1575), diacre dans cette ville ; il mourat Tannée suivante, 1576
(AocHOLL, Einfuknmg der Re formation in Colmar, p. S02).
80
BEVUB D'ALSAGB
non datée, mais qui est probablement de 1636 ou 37; elle
portL' le titre : Gravamina uber die lieicfiemveylensche Schuly
et nous donne le résultat d'une enquête sur le triste état des
écoles de Riquewihr. L'analyse que nous allons en donnar
nous permettra de nons faire une idée de cet établissement
et des mœurs scolaires du temps.
Les enfimts des deux classes latine et allemande étaient
réunis dans la même salle, mais occupaient des tables parti-
culii res. Deux maîtres en avaient la directiou et la caisse de
l'église leur émargeait un traitement considérable pour le
temps {dahero sie aus den Kircheiigpfàîkn wohl hesoldel imd
tmiêrhaUmmrdeu). Le document cite les noms des recteurs
pour les quarante dernières années et (ait Téloge des serTioes
qu'ils ont rendus. On remarquera que ces quarante ans nons
ramènent bien près de l*époqu6 d'Ulstetter; il n'y a qu'une
lacune d'enyiron vingt ans. Le nom de ces humbles pionniers
delà science mérite bien d'être tiré de Tonbli. Ils s'appelaient
Scliold, Jean Tonsorius (Scliererj père, Nicodème Sitzlin,
Jean Molilor (Millier), Jean Gossmann, Mallhieu Piscalor
(Fischer). Nous avons sur ces précepteurs à peine d'autres
renseignements que leurs noms; quelques-uns d'entr'eux
étaient maîtres ès arts ; entre autres Jean Tonsorius, Nie Sitslin
(promu à Tubingue ie 12 août 1594), J. Molitor ùpromu à la
même Uniyersité le 6 février 1588) et Piscator, né à Grails-
beim dans le Wurtemberg (promu le 5 août 1584); il devint
diacre à Riquewihr, où il décéda le 7 décembre 1635. La
classe latine comptait en moyenne dix élèves; on les poussait
jusqu'à la lecture des auteurs et à la rédaction de travaux
personnels La déchéance de Técole est attribuée à l'incspa-
' Die Prœcepta wnd qnœttiones grammaUeet, damU $ie ûnfangs dU
formulas decîinandi et conjugandi ncht ergriffe», hêmach aueh diê «n-
dern accidentia nominis et vcrbi mit den uchrigvn pnrtihiis orationis et
generalibus regulis ctymohigiœ^ aucli noch andfrc hivhcre antores nnd
kctiones pro captu pvcrorutn vorgvlcscn. dannis daiin die (Jcissigsten
Knaben bereils feine Argumenta compomrt haben und in dem ExereUio
mutko vnteniehut worden.
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ÉCOLE LATINE DE RIQUEWIHB ' 81
cité du précepteur David Schackh, alors en fonctions, et de
son aide, le proviseur Jean-Conrad Tonsorius fils. On reproche
à ce dernier de négliger ses devoirs scolaires^ en vue du
ministère pastoral auquel il aspirait; il était né à
Riqaewihr et avait été promu miitire ès arts à Tnbingue le
16 août 1619. Des inconvénients de toute nature résultaient
do mauvais état de la discipline et de rinstrnction. Des
familles évangéliques, chassées de Colmar en 1 638 \ s'étaient
réfugiées sur le territoire Avurlembergcois; on ne pouvait leur
olïrir le moindre équivalojil de ce qu'elles avaient perdu à Col-
mar; les familles de Kiqucwilir envoyaient leurs enfants au
dehors et le receveur seigneurial, David Rôtlilin, avait appelé
pour l'instruction de ses fils un précepteur particulier.
Les reproches qu'on adresse aux deux instituteurs sont
très graves; tantôt ils s'absentaient sans permission et l'éetde
était en vacance; tantôt ils se rendaient, pendant les heures
de classe, dans la chambre de l'un d'eux et s'y amusaient à
boire et à jouer. Les voisins entendaient alors dans la salle
d'école un vacarme affreux; c'étaient les élèves qui prolitaieut
des loisirs que leurs maîtres leur accordaient. Il se passait
des semaines sans que les cahiers fussent inspectés; on conçoit
rétatoùils srtrou valent. Les enfants faisaient l'école buisson -
uière. Quelquefois le maître se réveillait de son indolence;
la fièvre de discipline le prenait et les coups pleuvaient drus
wa le dos des malheureux ^ On comprend que,dan8 ces con-
' Lerse. (ieschichte der Ucformalion in Colmar, p. 30.
' Dnsii dtr Schnlmci.^ter zu hart nnd nicht alleiregen der rjcbur nnch
disciplivtrH und ziirhtifjrt, sonderu rs biswpilen mit ungeu:œhnlicli€n
Sddœgen und Tretcn zu yrob luaclil, auch die Kinder mûfUifvMUn^ Wl
qttrmger Vnaeken willm und 0w vnmœmgm Zorn, glM TewfeUkk^'
à«r hHiH, dot iDahr tmd htweiiUeh, — Il font qae les correcllont
idminislrce» par le précepteur aient dépassé tonte mesure, poisqu'on
lui en fait un reproche. \ cette époqne, les moyens do discipline n'é-
t^ionl pas bion d/>Iica(s. [Ino «Hran^ie fêle scolaire en fait foi. A quelques
minutes de lUqu.iwihr, st-lève une colline boisée qui. malgré son nom
de funeste augure (elle s'appelle iluthenbUckek), est 1 endroit de prédi-
Nouvelle Série - 7' Aunce. 6
83
BEVUE D'ALSACE
dilions, rinstruclion el li\ conduite des élèves laissaient fort à
désirer. Leurs polissouneries ne cessaient pas même à leglise
pendant le service divin. En un mol, l'état de Técole exigeait,
dans l'intérêt commun des parents et des en&nts, un prompt
remède. Ce remède se fit attendre pendant plusieurs années.
La gaerre continuait et la haute Alsace en éprouvait de plus
en plus les funestes effets. Quand on est préoccupé des dan-
gers qui liiCDaccnt la propriété et la vie. on ne prend pas le
temps de rélorniLT une ccole. Enlin, en (OU), un an après
la conclusion do la paix, les anciens règlcnicnls furent refon-
dus et amendés. Nous allons y jeter un coup d'œil.
Le premier chapitre traite de renseignement à donner.
Les heures de classe s'étendaient en été de six à neuf Ifi
matin, en hiver de sept à dix, et Taprès^dîner de midi à trois
heures. Défense aux enfents de s'absenter sans motif sérieux
dûment constaté. La classe commeiirail par l'appel des élèves.
La section latine occupait une place séparée de la section
allemande; il était défendu aux élèves des deux sections de
jouer ensemble aux heures de récréation. Chacune avait son
surveillant (Coryphœwt), qui notait les infractions et foisait
réciter les leçons.
Chaque section était partagée en trois groupes. Le premier
{die hiitianfev ] apprenait l alphabet, le second s'exerçait à
la lecture dans le c;itécbisnie. le troisième lisait les psaumes
et les proverbes de Salomon. Les exercices de mémoire com-
loclioti ilt;s enfants. Au temps jadis, qiinnd los bouleaux avaient poussé
déjeunes branches, 1 iiistiliUeiir y »-onduis:iil son écolft ol Ion faisait la
provision de verge.s pour l'année. Le soir, 1 on rejilr.iit en curlége et en
chantant. Uagonbach {KirekengesehichU, t. IV, p. ô(ii) nous a conservé
l'une des chansons qu'on entonnait dans le PalalUiat vers ld65 : Ihr
Vœter und ihr .Viidvrldn, — Nun selund wie fcir gehn hcrein — Mit
Birkcnholz bclndrn. — Wclchcs una xcnhl dicm-n kann — Zu Nutz und
Schnden — Eu'r W'ill innl Goltcs gcbot — l'un dazu gdripben hnf. —
Dass wirjetzl unsere Uuiiie — Uebenn eigiien Leib — Traycn mil leich-
tem Uuthe.
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ÊOOLB LATINE DE RIQUKWIUB
88
portaient le catéchisme de Brentz * et des passages choisis
ùm la Bible. U était enjoint de ne pas s'écarter dans les
explications de la doctrine lathérienne. Les exercices d*é-
critore accompagnaient ceux de lecture. U était recommandé
aux élè?es de tenir leurs cahiers proprement, et aux maîtres
d'en faire tous les soirs la révision ; tous les quinze jours, ils
écrivaient un nouveau modèle, quelque [lassoge biblique, que
les Piéves copiaient à la maison. Les leçons de l'après-midi
commençaient par le chant; le mardi elle vendredi, il y avait
une leçon d'arithmétique.
Quant aux élèves de langae latine,ils apprenaient les iâcsr-
cUia Etymologiœ et Syntaxm, introduits dans le Gymnase
de Hontbéliard, et renseignement était arrangé de teile sorte
que Ton pouvait passer de Riqnewihr à Hontbéliard et niée
tersà sans se sentir depay é l
Le chapitre deuxième est intitulé : De la crainte de Dieu.
Les leçons commencent et Unissent par la prière. La sortie
de l'école se fait deux à deux, sous la conduite des deux
maîtres, la section allemande prenant la tête. Les jours de
service divin, les élèves se rassemblent dans la salle d'école
et sont conduits dans le même ordre à l'église. Au sortir de
roifice, les enfants sont ramenés à l^école, où on les examine
sur le sermon entendu. Ils apprennent le catéchisme par
cœur et les maîtres ont à veiller à ce que. dans les récitations,
chaque verset soit distincleinenl prononcé.
Le chapitre troisième traite de la discipline. Les élèves ont
• Jean Brentz, lo réformateur du Wurleniborj:, publia son eatécbisme
en 1527; il en publia un'^ ôilition aupinoiilécî en 1559.
^ Mil dm luleittis-chpii Knaln-n aoll .«natl Vor- als Nachmitlags die
Forma informandi so in prircepli!: ids in exerciliis Etymologiœ et Syn-
taxm wiê inben xu Mumpelgart bey dem keMiehe» CyifMMMW «W«r-
iin^g gOioUe» werâw uni iokhe$ darumb toetl heede Schuelen unter
' n i DireeUmo hegriffen, <o gehukrt sich nuch eine gleiche pariM t zu
hnilen und dan nuch bcderseils Scholares die der Sprnch halben eiUweder
hinauff odcr Iwrab gp^'-hickl, » 7 htn>j anfgehaUcn, sondern alsobaid
mU den andeni angekailen und fortyelrieben icerden.
8é
REVUS D'ALSACE
à se présenter à l'école bien lavés et bien peignés ; il leur
est défendu de manger pendant les heures de classe; on peut
faire toutefois une exception en faveur des tout petits enfants.
Ceux qui apprennent !• latin sont astreints à faire la conyer-
sation dans cette langue. Il est défendu à tous de raconter à
la maison ce qui s'est passé à Técele et surtout de dire du
mal de leurs précepteurs d*aToir la tôte couverte dans la
salle, de se quereller. Il leur est interdit de vagabonder dans
les rues, et surtout sous les arcades devant la maison com-
mune. Les jeudis et les samedis, après diner. les précepteurs
les conduiront à la Hart, communal inculte à cette époque ;
là, ils pourront prendre leurs ébats. Défense de se baigner,
surtout dans le lavoir public \ La présence d'enfiints atteints
d*un6 maladie contagieuse.n'estpas tolérée*.
dé règlement fut copié sur nn tableau qu'on suspendit à
l'école, et, tous les trois mois, les précepteurs en disaient
la lecture en y ajoutant les explications convenables. Il est
uaturelydu resle,qu'ii ait beaucoup de ressemblance avec d'au-
' 5te soUen auch weder doftcim noâi andermoo efmê auMcfttOifrer»,
«tel vmiger ihre Prœeeptons gegm ikre icJler» noch gegm Jmandm
andern verunglimpffen.
^ Ce lavoir se trouve à l'enlrce de la ville, joignant la porte; ce n'est
pas cependant la simple convenance locale qui motiva cette singulière
interdietion des bsins, puisqu'elle se trouve duis ploaieiurs anciens règle-
ments Bcolaires, en môme temps qne la défense d'aller en tralnean on
de faire des boules de neige. Aesiate flumina, hyeme gliutiempum non
ingrediantiir (Ecoles do Stralsund). — Eiherno tempore globit «lioMS
alios impetere, rhedis per dediria in prœcipiU'i Inm invehi. . . nemini
permUtilur (Ecoles de Hîile), cf. Hagenbach, hnchengeschicJite, t. IV,
p. ôGl, Note. — Le célèbre pédagogue du XVI" siècle, Trotzendorf, a
introdoit la mfime défense dans son règlement : Née œstate frigidia
€upùg Uiwmtùr,nee hyme glaeiei u endentoryiMt nms globoa jaeulantor.
— Ailleurs, la défense est moins formule, comme dans la règle citée par
PfafT {Geschichte des UnterrichtweseM 4n Wurtemberg, p. SI) : In agvù
sine /u 9.st&u.<; noli baineare. Comparez VBistoirt de la pédagogique à»
Raumer, passim.
' Keiner der mil dcm Lrbgnnd, ansleckender Sucht oder mil Lœussen
(mefMfer) hehafft wd helade» itt^ 90U in der Sehuel geduldet werden.
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ÉCOLE LATINE DB BIQUBWIHR
85
très règlements de la même époque et qu'il procède en der.
nier lieu de la Evangelisehe Kirehm- md Sehukrdmngy
publiée par Melanchton en 1S28.
On s^éfanme de prime abord que notre règlement ne parle
que des garQons. L'instruction des filles aurait-elle été totale-
ment négligée? Cela n'est pas probable, quand on voit ailleurs
ouvrir des écoles de lilles (Brauusc/iweiger Kirchenordnnng
de 1528), et quand ou lit dans Bugenhaj^cn (cité par Scliaef-
fer, De f influence de Luther sur l'éducation, p. 197) la recom-
mandation Buivaute : c On créera des écoles pour les filles. . .
Les filles apprendront à lire; on leur fera apprendre de
courtes explications du Ilécalogue, du Symbole des apôtres et
de rOraison dominicale, des Sacrements du baptême et du
corps de Christ, etc. > Nous ayons, an surplus, en ce qui
concerne Riquewihr, une preuve directe de l'exislencc d'une
école de filles. C'est une quittance qui constate le paiement
de récolage.*
Le successeur de Conrad Tonsorius fut Malakauder (VVeicii-
mann). dont nous ne connaissons que le nom.
Les destinées de notre école nous sont inconnues pendant
près d*un siècle ; il est à supposer qu'elle continua de rendre
humblement les services qo*on lui demandait. Le Consistoire
deRiqnewihr' eut de noureau à s'en occuper en 17 5S; dans
' An nerrm Daniel auffier Brueken, Spitalpfi^er, von wegen des
Wilhflm Maurer DtBcftterh'n, rfrt.^.^ es in die Schul gangm ist seil anno
und îH dnrein gangen bis auff ifiiJ ; in den vir jnreii ist r.-i ein
hatb jar darauits gehlieben, und ist das Schulgehl yir.< jnr I //., tricjjl
fich die vierthalb jtir 3 (î. % undistdas Jloilz aile jar cm rkrling,j€der
vùrUng «n Aa/6e/i /i., Iriefft sich 5 vierling 'A andertlialb gulden.
Datwm dmSTiig de» ÂugustmùnaU 46tr. Sunma S ft.
SuiannaFietorerin, Stàv^usu Rekhenueiller.
Cette Siisanne Pistorélait la fille d'an ancien surintendant de Riqne-
wihr, Michel Pistor, mort en 1605.
' L'ancien Consistoire de Hiiniewihr avait l'adMiinistralion de toutes
les pnntiss/'s de I.i seigneurie d Horl)ourf,'-Riqiiewil)r; elles étaient au
noiuljre de (quatorze. Sa coiopéteiiM s'étendait, non seulement sur les
86
BEVUE D'ALSACE
sa séance du ^'i octobre de celte année, ie règlement fut révisé
et divers abus, qui s'étaient introduits avec le temps, furent
corrigés. Le titulaire s'appelait alors Jean Nardin \ qui mou-
mt le 7 avril 1757, après avoir dirigé l'école pendant plus de
vingt ans. Le nouveau règlement ne contient rien de saillant;
c'est un exposé très verbeux des principes moraux et religieux
qui doivent inspirer l'instruction de la jeunesse. Après la
mort de Nardin, le Consistoire résolut de nommer à sa place
un maître lettré, uyant fait des études académiques, ailn de
ramener l'école à son ancienne prospérité ^ Par suite de cet
arrêté, un jeune étudiant en théologie de l'Université de Stras-
bourg, George Daniel Griiner, de Ribeauvillé, fut installé dans
ces fonctions ie 20 mai 1167. Les émoluments de sa charge
consistaient en SO livres tournois pour ses fonctions d'orga-
niste, 110 livres pour ses services scolaires, 18 quarts de
seigle et 9 mesures de vin; en outre, il avait le logement
libre à la maison d'école.
Le successeur de Criiiier fut Daiiiel-Aiidfé Eberhardl, qui
mourut en juin 1777 et céda la place à Jean-George Resch,
candidat en théulo^fie, de llunawihr. Le 12 mars 17 8â, il fut
affaires ecciôsiaslique* et scolaires, mais encore sur les questions nialri-
iiioniales ((iispiMi>;es et divorces* <H sur hi pulicc des iinrurs. Il se com-
posait (lu stirint'Midaiit. do ileiix as-M'ssours l'i'clcsiasiifiui's et d'un con-
seiller laïque, délégué par le gouvernoini'iit [Hochfursll. icurlemb. italh).
*■ La, bmii\9 Nardin est origÎDairedu pays de Uootbéliard; vers 1700,
Jean-Frédéric Nardin était pastenr ft Hérieonrt, puis à Blamont; vers la
mt^nie épnqne, Léonard Nardin était chambellan du dnc Léopold Eber-
hard. Tnmsporloe ;i l{ii|ni'\vilir, elle fit souche d'instituteurs, et les
vieilles gens ont encore prolitc des leçons d'un inslilateor} UOlUiué Nar-
din, qui vécut au commencemtMit d«; e • siérle.
* t ...Die Slelle durch ein tiichligcs Subjcctum zu bedlzen und zwar
dfireb etfM» LUeratum, die Sekuie nadi «nd «oek mit âer HÛlfe SoUet
wkder ta dew mHgen SUind zu hringm^ tn loeleAem «te ehidessen gewt-
sen, da die Ktnder so weil diirin gebradU wonfe», da$s sic von hier
nnrh ân- Vvivrrs-it'rtnnil in da.t Slipendinm zn Tiibingen gehen kœnnen. »
Le comt>: (ieorge de .MoitUjrliard avait fondé six bourses à l'Université
de Tubingue en faveur d cludiauts en théologie originaires de sa
seigneurie alsacienne.
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ÉCOLE LATDŒ DK BIQUËWIHR
87
nommé sous-diacre et, le mai suivant, il fut rmplacc par
Jean-Daniel Meyer, d'OslIieiui. Lui aussi obtint les fonctions
de pous-diacyre et contribua, sous la ïei reiir, à Tarrestation
du dernier surintendant, Jacques Frédéric Titot. Le dernier
rectear de notre école fut Léopold-Louis Yallet des Barres^
qui, après avoir été examiné en théologie par le Consistoire,
fut chargé par le gouvernement de Hontbéliard, par arrêté du
5 novembre 1789, ft faire pour la garde nationale un service
religieux en dehors des heures ordinaires, parce que les exer-
cices militaires empêchaient ces soldats citoyens de participer
aux services de la communauté.'
L'antique institution disparut, pour ne plus se relever, dans
la tourmente révolutionnaire. Quelque modeste qu'elle ait été,
nous avons cru Intéressant d*en raviver la mémoire, ne fût-
ce que pour relever un des traits caractéristiques de Tancien
Riquewihr.
£d. Enspelder,
pa$t«ur d Riquewihr
* Léopold-Lrtuis tlescentlail il • (■.■N.r;o-!:ii.>ii!ie Vail ^t d-^s IJarrc^, sur-
intendant de 17.J7-17GS. CeUe latiiillc rniv^vn en AUeiiagne pendant la
Terreur, et l'un de sos membres est actuellement eolonel à Erfurt.
SCÈNES ET PAYSAGES DES VOSGES
I. Le lac Noir
Sauvage et sévère, avec son cadre de hautes montagnes,
se» escarpements abrupts, ses forôts de sapins, le lac Noir
remplit le fond d'un cirque élevé. En face de la gorge qui
donne accès au lac et par où s'écoulent ses eaux, mugit une
blanche cascade. Une ceinture de grands blocs éboulés enlace
le lac. Quand la nappe d'eau s'abaisse au Diveau da canal
d'éooalement de son barrage, les blocs prennent une nuance
blanche nettement dessinée et une plage de sable B*étale à
leur base. Sur la rive droite, vous Yoyez une belle forêt de
sapins. L*autrerive, plus nue, plus rapide, ne présente guère
gue da gazon entre ses éboulements et ses rochers dressés
tout droit. Au-dessus de la cascade du fond, qui tombe d une
hauteur de vinç;t mètres, une série de vallons s'étagent eu
gradins avec leurs tapis de verdure séparés par des escar-
pements gris. Escarpements et gazons sont franchis par le
ruisseau de la cascade, qui tour à tour s'élance» sautille ou
se recurîlle, suivant les aspérités ou raplanîssement de son
parcours, d'autant plus fort que la pluie ou la neige est plus
abondante. De la neige, nous en voyons encore, tout en haut
de hi gorge, à 200 on 800 mètres au-dessus du lac. Elle est
Tidble depuis la plaine, cette tache de neige éblouissante. Je
crois la toucher du doigt,du sentier où je suis, et je mets une
heure pour ratteiiidre.à partir de la digue, après avoir grimpé
eu m'aidaut des pieds et des mains le long des arêtes de
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SCÈNES ET PAYSAGES DES VOSGES
89
granit et contourné des couloirs en cheminée trop raides,
resserrés et glissants. En plein mois d'août, la neige a pris
une texture grenue, transformée eu glace au contact du sol.
C'est un petit glacier temporaire, comme celui des lianes du
Hohncck, au Wormspel. A sa place, autrefois, un gladerplos
grand, puissant et fort, a raboté les gradins de granit qni
dominent ce lac et déposé les matériaux de )a moraine sur
laqoelle s'appnie le barrage.
Le barrage transforme le lac en résenrofr d*eau pour les
temps de sécheresse. Travail fécond, excellent à tous les points
de vue et bien digne d'imitation dans nos vallées des Vosges.
Avant sa construction, le lac Noir déversait inutilement ses
eaux pendant la fonte des neiges et lors des pluies, et son
appoint, avec celui du lac Blanc.grossissait à certains moments
d'une manière démesurée le torrent de la Weiss, qui se gon-
flait au point de sortir de son lit et d'éprouver des déborde-
ments violents. Venaient ensuite des temps de sécheresse, le
torrent tarissait, ne donnant pins d'irrigation aux prairies,
m de force motrice aux usines. On songea à endiguer les
hcs, afin de retenir leurs eaux aux moments de surabon-
dance, pour les employer pendant l'été. On fit bien. La con-
struction du barrage commença en 1856 et fut achevée aux
frais et à l'initiative des industriels de la vallée. Comme les
constructeurs ne connaissaient ni la hauteur d'eau fournie
chaque année par les pluies et les neiges, ni le volume possible
à retenir ou à réserfer, les tâtonnements étaient inéviUbles
dans un premier travail de cette nature. Plusieurs années de
soite, on remit la main à la tftche pour élever les digues,
augmenter la capacité des réservoirs. Une réparation impor-
tante, que j*ai eue à surveiller au barrage l'été dernier, m'a
**nné occasion de fouiller à loisir tous les alentours. Ne vous
u&patîentez pas trop, si je vous retiens un peu plus long-
temps.
Voici d'abord le seuil d'écoulement que je veux vous faire
90
BEVUE D'ALSACE
voir de près. Altentioii donc et regardez bien. Le barrage
recouvre lancienne rii^oli? naturelle où les eaux ont passé.
A Taspect des escarpemeuls, des parois rocbeuscs qui se dres-
scnldevant vous, vous pensez que le roc ni»sf-if forme aussi le
seuil d'écoulement du lac et sert de base immédiate au bar-
rage. Point du tout, car, si tous aviez pu voir arec moi la
tranchée ouverte à douze mètres de profondeur pour le bétou
de la digue, vous auriez trouvé, au lieu d'une masse de gra-
nit continue, un amas de menus matériaux, du sable, des pierres,
de gros blocs mêlés ^ans ordre, sans trace de slraliûcation
non plus. Mais cet amas est si fortement tassé qu'on le croi-
rait presque une roche compacte, que le pic entame avec
peine, comme si ses divers éléments étaient cimentés. Tout
l'ensemble rappelle les moraines formées par les glaciers,
malgré l'absence de galets striés et de rocbes polies. Un cou-
rant d*ean n'aurait pas déposé une pareille digue de débris
juste an débouché du lac et à rentrée d'une gorg» très déclive.
A défeut de stries et de polis, le dépôt présente des veines
d'argile très fine mêlées au ssble et tontes pareilles à la boue
glaciaire. D'ailleurs, les gradins graniiitiues au-dessus de la
cascade sont unis à leur surface, comme s'ils avaient subi de
puissants coups de rabot sous la pression du iilacier. qui a
également comprimé sous son poids les éléments de la moraine,
en passant là comme passe sur nos routes un gigantesque
rouleau compresseur. Au pied de la cascade, nous pouvons
encore observer le travail de sédimentation et d'érosion des
eaux dans un bassin fermé, et dont le niveau varie. Les escar-
pements rocheux semblent descendre dans le lac de ce côté
avec leurs parois toutes drdtes. Sons la ebute même, il y a
un amas de blocs de toute grosseur, anguleux ou arrondis,
précipités au bas de la cascade lors des ^xrandcs crues. Une
plage de saille stratiliée à [lente plus douce s'étale tout alentour,
déposée Icntcuîenl dans le lac sous le niveau de ses eaux,
puis par le ruisseau de la cascade, quand ce niveau s'abaisse
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SCÈNES £T PAYSAGES D£S VOSGES
91
souslelTet des prises d'eau pratiquées parles vannes du bar-
rage pendant la saison d'été. Sur les points où l'eau des
sources supérieures s'infillre tout doucement, vous sentez le
sable céder et rebondir sous vos pas comme un ressort élas-
tique. Cela provient de couches de tourbe intercalées dans
le sable et formées à l'intérieur du bassin. Tourbe et sable
reofarment des branches d*arbres, voire des troncs entiers
de sapin qui deviendront du lignite. Que de fidts intéres-
sants, que de choses nous pourrions constater encore, tout en
admirant le paysage. La géologie s'apprend ici comme au
milieu d'un rôvc charmant.
Pourquoi le nom de lac Noir? Je perds, à en chercher
lexplicaliou, tout mon latin. A dire vrai, les eaux du lac Noir
lie sont pas plus uoires que ne sont blanches les eaux du
lac Blanc. Puisez-en un verre dans l'un ou l'autre bassin,
c'est id et là comme le cristal le plus pur, une onde limpide,
transparente. Transparenie^ia nappe du lac Noir le parait
surtout à certaine heurT'du matin par les belles journées
d'été, avant le lever du soleil, alors qu'aucune brise ne souffîe
encore. La brise se \ëve avec le soleil, aspirée par les mon*
tagnes. Si vous arrivez à l'heure due, sans crainte de fatigue,
le lac vous offre une scène ravissante de beauté. Pas la
intiiidre ride à la surface de Teau, pas un bruit dans l'air.
Rien ne détourne l'attention, si ce n'est le mugissement dis-
cret de la cascade ou le chant de réveil des oiseaux ; encore
les oiseaux sont-ils rares et la cascade se tait souvent. Tout
demeure tranquille sur la rive du lac. Le regard plonge dans
ses profondeurs sans pouvoir les mesurer. L'image des objets
environnants se reflète dans son miroir avec une pureté de
ions, une netteté admirables. Montagnes, rochers, forêts, ciel,
verdure se montrent à la fois dans l'onde et au-dessus de
l'onde, comme s'ils étaient dédoublés. Quel magnifique labieau!
niais, surtout, quelle sérénité et quel calme! Que ne suis-je
assez artiste pour saisir et lixer celte scèue sous sou aspect
92
AEVUS D'ALSACB
du moment! Elle est si mobile, si fugitive. De longtemps nous
ne la verrons plus dans sa beauté présente, le moindre souille
d'air, un rien suilisant pour i altérer. Ainsi, dans la vie,
nos impressions et dos sentiments les meilleurs trouvent à
peine nu instant ponr se manifester sans que le vent des con-
tradictions ne trouble ou ne dissipe leur calme serein.
Le bassin du lac forme une curette de {^anit, entaillée
comme à remporte-pièce dans le flanc delà montagne. Impos-
sible de fkire le tour de la nappe d'eau à pied an nireau de
sa surface. Sur la gauche de la cascade le rocher descend à
pîc pour plonger à une grande profondeur. Plus haut, les
escarpements s'étagent par gradins, mais sans former de
parois continues, alternant avec des haldes de blocs éboulés,
arrachés de leur tête par la gelée et les intempéries, puis
accumulés en longues traînées mobiles sur les pointes moins
dédires. Le ton grisfttre de oes pierres trancbe arec la rer-
dure des mousses et des bruyères. Bruyères et mousses se
( cramponnent partout où reste un peu de terre régétale. Cette
terre derient^lle assez épaisse, les buissons et les arbres y
prennent racine, notamment de petits pins que le vent tour-
«
mente et que la neige écrase souvent. Si vous montez dans
les couloirs entre les grands rochers, vous y trouvez des
^ lacets tendus pour les chevreuils aux branches d'arlires
repliées. Vous y entendez aussi, pendant les premiers jours
de septembre, les gais appels des myrtillenses, quiront cueil-
lir avec des peignes en bois les baies noires et sucrées de la
brimbelle, au milieu des escarpements et des bruyères.
Paurres filles de la montagne, la cueillette des brimbelles
est pour elles une féte. En traraillant bien, chacune peut,
dans la journée, ramasser un panier de fruits. Rfais, an prix
de quelles fatigues! La hrimbellc ou la myrtille noire se vend
à quatre .sous la livre. Un pnnier pèse de 30 à 40 livres. On
en fait des confitures; on la sèche pour la conserver pendant
l'année, ou bien encore on la distille pour en tirer une bonne
eau-dc-Tie. Il vient d'ailleurs de nos montagnes quatre espèces
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SCÈNES BT PAYSAGES DES VOSGES
83
de myrlîlles : la myrtille noire ou brimbelle, Vaccînum myr-
iillus des l)otaiiistes, on aWemmà Uekielbeere on Sehwarzheere^
commune dans tout le pays, depuis la forôt de lîagucnau,
dans la plaine, jusqu'au sommet des montagnes; la myrtille
des marais. V. idigmosum, Jœgdrheer ou Rossbeer, à fruit
plus grand, d'un bleu foncé et à saTear très douce, fréquente
dans les pâtorages tourbeux en plaine et au felfe des Vosges;
la myrtille rouge, F. vi^ Uka ou Preisseèeere, à fruit d'un
rouge écarlate, d*nne saveur plus âpre, qui vient dans les
bruyères et les pâturages élevés; enfin la myrtille des mousses,
V. oxycoccos, Moosbeere ou Torfimre, (|ui croît surtout dans
es tourbières mousseuses, sert à préparer une confiture et à
la nourriture du coq de bruyère.
Pour aller du lac Noir au lac Blauc, il faut une demi-
heure, près d'une heure pour atteindre l'hôtel Petitdemange
au-dessus du lac Blanc L'hôtel se trouve à 1120 mètres d'al-
titude, le point le plus élevé des Hautes-Charmes à ISOO, le
lae Blanc à 1050, le lac Noir à 980, Orbey à 450. Un bon
sentier conduit d*nn lac à Tautre. U monte jusqu'à l'hôtel,
suivant une pente régulière, traversant entre les deux lacs
une nouvelle forêt de pins et de sapins delà plus belle venue,
bien fraîche peiuiantles journées chaudes d été. Dans la forêt,
la pensée des V'osges vous olTrc, en juillet, de vrais tapis de
fleurs, comme ailleurs la myrtille ou la bruyère rose. Il y en
la de toutes les couleurs, bleues, jaunes et blanches, avec les
nuances intermédiaires, tantôt indigo-pourpre, tantôt présen-
tant à la fois le pourpre, le jaune et le blanc. J'en ai cueille
des bouquets de six variétés différentes. Âdmires-les donc un
peu, ces pensées sauvages. A côté, les fraises pourpres si
décèlent par leur parfum, puis, un peu plus tard, les fram-
boises avec la potentille jaune, la carapanîlle bleue et la
Btellaire. A mi-chemin des deux lacs, se trouve une grande
tourbière, cachée par un rideau de bois, mais que vous aper-
cevrez bientôt en vous approchant de la digue du lac Blanc,
94
BETUB D'ALSAOB
sur la gaiicliG. Sur la droite le regard, si vous le déiounioz,
embrasse d abord le vallon de Pairis, noyé dans de légères
brames, puis celui de Blancrupt. Le Blancrupt est le ruis-
seau qui 8*échappe du lac Blanc il saute de cascades en cas-
cades, tontes blanches d^écume, quand les vannes du barrage
sont ouvertes et toutes bien dignes de fixer un moment l'at-
tention, même pour quiconque a tu les chutes plus grandes
des Alpes suisses. Réunies avec celles du lac Ndr, les eaux
du Blancrupt forment, au-dessus d'Orbey, la Weiss, affluent
de la Fecht.
Nous voici sur le barrage du hic Blanc. D'un côté, s ouvre
la gorge qui livre passage au ruisseau, de l'autre p3 dressent
les rochers escarpés qui dominent le lac avec un aspect de
vieilles tours en ruines. Un de ces rochers porte le nom de
châimi Sans. C'est le plus élevé et sa silhonetto se découpe
sur le del bleu. Le versant du lac que longe le sentier est
seul boisé. Les autres consistent en escarpements trop raîdes,
où viennent à peine quelques buissons. Citons, parmi les
buissons, le rhododendron, rose des Alpes perdue dans ce coin
des Vosges, le seul point de nos montagnes où nous connais-
sions celle plante, non inscrite encore clans les catalogues de
la flore indigène. Avec le rhododendron se trouve aussi le
sorbier, aux fruits rouges, aliment favori des grives. Ces sor-
biers sont tellement chargés de baies que les branches plient
sous leur poids. Quand le soleil de midi frappe le lac de ses
rayons, Tceil ne peut supporter le miroitement de ses eaux,
ni réblonissante blancheur de son bassin rocheux et de ses
plages de sable à la fin de Tété. Quand Torage gronde sur les
sommets, les nuages sombres envahis.scnt les cirques des
deux lacs, cl tourbillonnent en se uéchiraul sur leurs parois
déchiquetées avec une furie sauvage. Ils passent très vite
au-dessus des dignes du seuil d'écoulement, se forment en un
clin d'uni et se dissipent avec une rapidité égale, sousl'elïet
d'un fort courant d'air qui règne en ce point. Les masses
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SCÈNES ET PAYSAGES DES VOSGES
(l'air comprimées à l'issue des cirques, qù l'espace se resserre
brusquement, déterminent un vent violent, au point qu'un
homme a souvent de la peine à se tenir debout sur la crête du
barrage, alors qu'au fond do la vallée, l'air est parfaiiemeat
tranquille.
Avant la constroetioo des barrages, qui ont transformé le
lac Blanc et le lac Noir en réservoirs, les afflux â*eau causés
par les pluies excessives ou par la fonte des neiges se dissi-
paient en quelques heures sans ctianger sensiblement le
Kîveau des lacs. Dans la vallée inférieure, le torrent donnait
lieu, au printemps et en automne, à des débordements dange-
reux, suivis pendant l'été de sécheresses plus ou moins
intenses, La disposition des lieux devait tout naturellement
appeler la création de réservoirs aux lacs d'Orbey. Elevés
à rentrée des couloirs qui livrent passage aux eaux, les bar-
rages construits mesurent, Tun 25, Tautre 50 mètres de
développement, sur une épaisseur de 16 mètres, avec une
hauteur au-dessus du niveau naturel de 6 mètres au lac Blanc
et de li mètres au lac Ndr. Ils se composent de deux murs
secs en blocs de granit L'intervalle entre ces deux murs a
été rempli avec des rochers, du sable, de la terre provenant
delà déconipusilion du granit. L'ii massif de béton hydrau-
lique traverse la diguo à 3 mètres du parement ([iii fait face
au lac, afin d empéclier les iiitrations. Pour éviter la dislo-
cation du mur vertical du côté de l'eau sous l'action de la
gelée, on l a garanti par un talus de gros blocs simplement
juxtaposés. L'écoulement des eaux s effectue au moyen de
tuyaux en fonte solidement fixés à la base du barrage, dette
conduite débouche du côté du lac dans une cage ménagée dans
le mur de soutènement. Du côté opposé, elle est munie â*un
ajutage avec une vanne, qui 8*ouvre et se forme au fond
d'une chambre destinée aussi à mettre ce mécanisme à l'abri
de la gelée. Le canal d éiouicmcnt à murs parallèles se pro-
longe en dehors de la chambre. Le canal d'amenée s'évase
96
REVUE D'ALSACE
vers le lac sur toute sa longueur. Tout le réservoir se remplit-
il, les eaux surabondantes s'écoulent par un déversoir de
superficie, arrasé à un mèlre au-dessus du niveau du barrage
et revêtu d'an dallage solide pour éviter les alfouillcmenls.
De plus, un parapet d'un mètre également, élevé du côté du
lac» protège Toumge contre le choc des vagues que les vents
du sud et de Touest soulèvent parfois avec violence à la sur-
filée des eaux. Tai vu telles de ces vagues atteindre, lors de
fortes bourrasques, deux mètres et plus d'élévation contre les
parois de la digue du lac Blanc.
Les deux barrages sont construits de même, avec cette
dillérence que l'ouvrage atteint une plus grande élévation
au lac Noir qu'au lac Blanc, afin de contenir un afriux d'eau
plus considérable. Ensemble, ils assurent une réserve d'en-
viron trois millions de mètres cubes, soit 1 ,800,000 pour le
lac Noir et 1,200,000 pour le lac Blanc, le bassin d'alimen-
tation du lac Noir étant de 288 hectares environ et celui du
lac Blanc de i6S hectares. Année moyenne, la hauteur d'eau
fournie par les neiges et les pluies équivaut, dans cette partie
des Vosges, à 1500 millimètres, avec des rarlations de 1000
à 2000 millimètres. Entre les eaux tombées à la surface du
bassin de réception des deux lacs et celles retenues par les
barrages des réservoirs, la proportion est de deux à un. Cela
veut dire que les barrages retiendraient seulement la moitié
des eaux tombées, si elles arrivaient d'un coup. Mais, dans
rintervalle des pluies, une partie des eaux recueillies peut
être lâchée à volonté. L'an passé, en 18T6, le lac Blanc a
déversé, par le canal établi à la crête du barrage, depuis le
mois de lévrier jusqu'à la fin de jub. D serait facile d'aug-
menter la retenue de 500,000 mètres cubes pendant les années
humides, en élevant de deux mètres le niveau du déver-
soir. Cette réserve assure aux usines la force motrice néces-
saire en temps de sécheresse, tout en servant encore pour
rirrigatiou des prairies de la vallée pendaut Tété, alors que,
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SCÊNU IT PAYSAGES DES VOSGES
97
nos les l)aiTage8,les lacs ue fourniraient plus rien. Tout cela
avec une dépense de 70,000 francs pour les frais de construc-
tion primitifs, et 8000 à 4000 francs de frais aunuels de garde
et d'entretien.
Après ces beaux résultats, pourquoi ne TOyons-nOQSpas se
multiplier les entreprises analogues? Depuis la création des
réservoirs d'Orboy, les industriels de Guebwiller et ceux de
la vaUée de Masevaux ont également fait des retenues aux
Neuweyer, au Stemsée et an lac du Ballon. On a construit
au-dessus de Soultzeren, dans le val de la Fecht, les réser-
voirs du lac Vert et du Fohrenweyer. Mais il serait aisé d'em-
magasiner l'eau en plus grande quantité dans les vallées
des Vosges. D'une part, l'opposition des cultivateurs et, du
côté des fabricants, la responsabilité en cas de rupture des
digues enlraveut Icxécution de ces ouvrages éminemment
utiles. Les paysans dOrbey ont vu d'un œil défiant et se sont
longtemps opposés à rendiguement des lacs, sous prétexte d'un
préjudice pour leurs prairies ; mais, depuis qnlls éprouvent
les effets utiles des retenues d'eau pour leurs irrigations, ils
reviennent de leur opposition pour réclamer la multiplication
des réservoirs. Quant au danger des ruptures, on 1 exagère
beauROup et une bonne exécution des travaux l'écarté com-
plètement. Au lieu de {grands bassins comme ceux de l'Algérie,
on peut se contenter de petites retenues étagées dans les val-
lées, de distance en distance, selon l'abondance des eaux et
les dis{)ositions du terrain. C'est le système que nous appli-
l'iotis dans les Vosges, système qui présente des avantages
évidents pour rirrigation des prairies, comme pour les moteurs
des usines, sans exposer à des risques graves comme les bar-
'«ges de grandes dimensions. Ne voyons-nous pas certains
barrages du midi de l'Espagne, construits par les Maures,
«noorebîen conservés aujourd'hui, malgré un entrelien assez
négligé? En Algérie, le réservoir de l'H-^bra résiste bien
aussi, malgré une capacité de 35,000,000 de mètres cubes et
BEVUE D'ALSACE
une élévation de 34 \miiv6. Le barrage du Furent, au-dessns
de Saint-Etienne, atteint même 50 mètres de liaiiteur; mais
il est en maçonnerie pleine, ainsi que ceux de l AIgérie et de
l'Espagne Pendant sa session de 1876, le Conseil général de
la Haute-Alsace émit un vœu pour l'élaboration d'un projet
de loi finseepUble de ravoriser l'établissement des réserroirs,
en dégageant la responsabilité directe des constructeurs. Ce
qui vaudrait mieux, c'est que le gouvernement exécutât ces
travaux avec le concours pécuniaire des plus intéressés, en
vue de régulariser le régime de l'Ul, œuvre dont profiterait
toute la plaine d'Alsace.
De fait, l'idée des réservoirs d'eau jiest pas nouvelle, même
en Alsace. Nous avons sous Un yeux d'anciennes cartes du
XVI' âècle, qui indiquent i'existence de nombreuses digues
formant autant de réservoirs étagés le uns au-dessus des
autres dans toutes nos vallées. Par malbeur, la guerre des
paysans a détruit la plupart de ces ouvrages. Ceux de ces
réservoirs qui rendaient TIll navigable jusqu'à Altkircb, ceux
qui régularisaient le cours delà Thurr, n'existent plus depuis
ces tristes temps. Mais, suivant l'exemple donné dans la
vallée de la Weiss, les proi rictaires d'usines et de febriques
de la vallée de la Tnurr ont fut étudier cinq projets de
barrages, dont un seul, consiruil eu aval du château de Wil-
denstein, donnerait une retenue de 3,000,000 mètres cubes.
Dans la vallée de Munster, nous avons aussi étudié la con-
struction de sept réservoirs nouveaux, susceptibles de retenir
8,500,000 mètres cubes en sus du volume d'eau fourni par
la retenue du lac Vert et du Fohrenweyer.
On a commencé par construire les barrages qui présen-
taient le plus de facilité d'exécution, en toucbantaux retenues
naturelles des lacs a^scz nombreux dans les Vof^ges. C'est le
cas des réservoirs d Orbey. du lac Vert, du Slei n^ce, des
Neuweyer, du Ballon, sur le versant alsacien, puis du lac du
Corbeau et du lac de Biauciicmer, près de La Brosse en Lor-
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SCÈNES ST PAYSAGES DBS TOSOBS
99
raine. Au lac du Ballon, dont lancienne digue, élevée par
Vauban, lors de la construction des forts de Neuf-Brisach,
avec de sinipie^ n-mblais en terre, s'est rompue en 1740, Ja
prise d'eau s'eilectue au moyen d"un canal creusé dans le roc
et réglé par une vanne à 18 mètres de la surface da lac. Vous
ne m'en Toudrez pas de tous entretenir un peu de ces réser-
voirs d*eau des Vosges. La question mérite une attention
sérieuse. Elle se trouve à Tordre du jour dans les pays de
montagnes, en France comme en Espagne et en Italie, en
Algérie, en Chine et dans 1 'Inde. En Alsace les réservoirs
construits dRHS un ijtit [)urement industriel, ont couvert en
peu de temps les frais. Personne na oublié les désastres
causés à Toulouse, au mois de juin 1875, par le débordement
de la Garonne, avec une perte de 75,000,000 francs, sans
compter la mort d'un millier de personnes. Or, la lamed'ean
nuisible de la Garonne, cause de tout ce mal, ne dépassa
guère cent millions de mètres cubes. Trois on quatre barrages,
comme celui de l'Habra, qui a coùlé quatre à dnq millions
de francs, auraient suffi pour arrêter cet excédant d'esn Aineste.
Preuve péremptoire en faveur de l'utilité et de la valeur
rémunératrice des barrages-réservoirs, grands et petits.
La plupart de nos lacs des Vosges, pour ne pas dire tous,
doivent leur formation à des digues morainiques déposées
par d'anciens glacii.rs. maintenant disparus. Elie de Beaumont
attribuait l'onV^ine du lac Noir et du lac Blanc à des t écrou-
lamcnls qui ont eu lieu dans des cavités situées dans l'inté-
rieur des montagnes à l'occasion des dernières secousses qui
s'y sont Dût sentir, et peut-être à Tépoque des éruptions vol-
caniques, qui ont produit à leur pied, dans la plaine du Rhin,
le massif du Kayserstuhl et les petits îlots basaltiques de
Richewihr et de Gundershofen Par leur aspect cratéri-
forme, certains de nos lacs, surtout le Sternsée de la vallée
deMasevaux, res>cmb!o[it cHi\ lacs avec amphitliéàtre de Meer-
feld, de Gilicnfeid et de JJauu, dans i'Ëiel, ou bien encore
100
BBVUE d' ALSACE
au lac Pavin. en Auvergne. xN'onobstant, je n'oserais afiirmer
que l'apparition des lacs vosgiens résulte d'elTondrements.
Leur origine tnorainique est trop manifeste sur la plupart
ûm points. Même aux lacs d'Orbey, l'action des glaciers se
reconnaît aisément, nous l'avons vu tout à l'heure. La profon-
deur des deux bassins peut bien soule?er des objections, car,
dans le iac Blanc, j*ai constaté arec la sonde 68 mètres de
hauteur d*eau, tandis que les blocs détachés reooumnt le
bord oriental jusqu^à 80 mètres d^élération au-dessus de son
niveau. Mais tout Taspect du sol environnant rappelle Taction
glaciaire, les moraines qui constituent les dignes qui ont
donné naissance aux autres lacs des Vosges, aux lacs de
Gérardmer et de Longemer, aux lacs de Blanchemer, du Cor-
beau et de Fondromaix, de Soultzeren et de Seewen. Ces
autres nappes d'eau remplissent des vallons à fond plat, barrés
par des digues de débris erratiques, d'anciennes moraines
frontales. Plusieurs de ces lacs aussi sont enTshis par la
tourbe; nombre de bassins, aujourd'hui à sec et susoeptiblea
de se prêter à la création de réservoirs, doivent leur origine
à des moraines.
Âu lac Noir, 25 août 1Ô77.
Ch. Grao,
Membue du Clnb alpin français.
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HISTOIRE
DE
L'ANCIEN COMTÉ DE SAAllWEllDEN
ET DE
LA PRÊYOTË DE HERBITZHEIH
rSuiteJ
CHAPITRE IV
Le comté de Saarwerden sous la domination de
la maison de Nassau-Saarbrnok
Le comte Jean-Louis de Nassau-Saarbruck, affaibli par
l'ûge et fatigué d'un règae qui avait duré plus de soixante-
dix ans, Qk le partage de ses Ëtats entre ses trois fils, sairant
acte du mardi après Jubilate (mai) 1544. Philippe, rataô,
est le eomté de Saarbrack arec ra>ooer!e de Herbitsheira ;
Jean, le second, reçut la seigneurie d'Ottwiller et celle do
Hombourg; et son troisième fils, Adolphe, reçut la part qui
appartenait à son père de la seigueurie de Kirchheira, savoir:
le château de Tannenfels et ses dépendances, la ville et
le château de Kirchheim avec leurs dépendances el la part
il avait à prétendre dans les seigneuries de Frankenatein,
WôUsteia et Aiten-Bamberg. Le comté de Sairverden et les
102
REVUE D'ALSACE
seigneuries de Lahr et de Malill)erg, qui étaient grevés du
douaire de leur mère, Catherine de Sîiarwerden, et de celui
de Béatrice de Salm, veuve du com!e Jacques de Saarwerden,
demeurèreut indivis entre les trois frères'.
Le comté de Saanrerden avait reçu un accroissement
notable par l'engagement que Henri, sire de Fénélrange^ avait
ftit en 1421 à Philippe I*', comte de Nassau-Saarbrack, de la
moitié de la sdgnearie de Diemeringen, qui comprenait le
château et la ville de ce nom, Weyer ( Wigere^ village détruit),
Dehii n gen , BUtten et Wellerdingen ( VôUerdingen), moyennant
la somme de quatre mille florins', et la maison de Nassau -
Saarbruck sut se maintenir par la >:vÀW. dans la possession
des villages de Bulteu et de Vullerdingeu, qui élaieul si fort
à sa convenance.
La seigneurie d'ilingen {l/dingen) qui avait appartenu à la
maison de Saarwerden, fut conférée dans la suite en âef mas-
culin aux barons de Kerpen, qui la possédaient encore vers
la fin du XVIII* siècle'. Le Wmthum de ce village, publié
par 6rimm\ est de Tan 1700. Le baron Jean Ferdinand de
Kerpen avait alors obtenu Tinvesliture de celte sdgneurie
lilliputienne et le Geriehi du village siégeait comme d'an-
cienneté sous le tilleul qui s'élevait sur la place communale,
et il était présidé par le receveur seigneurial.
Le comte Jean-Louis de Nassau-Saarbruck termina, le
18 juin 1545, le cours de sa carrière terres're. Le mardi de
la Saint-Barthélemi de la môme armée, les trois frères, Phi-
lippe, Jean et Adolphe, jurèrent l'observance du pacte béré«
ditaire làit par leur père an sujet du comté de Saarwerden,
et reçurent, conjointement avec leur mère, Thonamage de
leurs sujets de Saarwerden et des deux seigneuries trans-
rhénanes.
* KCELLNKU, Inc. citât. , 1. 1. p. 252. - Ibidem, l I, p. 190.
* Kremer, Geschichtc des arien, GegeUeekUs^ 1 1, p. 228.
* Weislhumer, 1. 11, p. M.
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103
La veuve du conile Jean-Louis se retira dans le château
paternel de Saarwerden, où elle termina ses jours le vendredi
après 1 Exaltation de la croix 1547 ; sa tit jiouille mortelle fut
inhumée dans l'anliqne é\;\\SL' de Houquenoin*.
Ëo 1551, Jean de Nassau -Saarbruck, coinle d'Otlwiiler, ût
ses reprises du cardinal de Lenoncourl, évèque de Metz, pour
les fiefd messios enclavés dans le comté de Saarwerden ; il en
feçat Tinvestilure que François de Beaucaire, successeur du
cardinal de Lenoncourl sur le siège messin, lui renouTela
en 1557'.
Un différend 9*étant élevé entre Philippe, comte de Nassau-
Saarbniek. et Jacques, comte de Deux-Ponts-Bitclie, au sujet
des droits que celui-ci prétenlait avoir diiis le comte de
SaiU'wenlen, les parties cotilendatites convinrent de s'en
rapporter à l'arbitra;,''; de Jean de Scliwarzenl) )uru^. Inilli de
Sarregueminen:. et de \\'o!f di^ Wickersiieim; ces deux arbitres
se réunirent le 17 juillet 13ôâ, a Oermiugen, et moyennèrent
entre les parties un arrangement, par suite duquel le comte
Philippe de Nassau-Saarbruck céda au comte Jacques de
Deuz-Ponls-Bitche le village d'Âcken, qui dépendait du comté
de Saarwerden, avec les habitants, hommes, femmes et
enfants, et toute juridiction contre la forêt dite Wersinger-
hardt. la chapelle de Wersing ( W'àrschinyy et la forêt dite
Lelzel*.
Le comte Philippe, qui s était retiré à Strasbourg pour y
rétablir sa santé délabrée, y finit ses jours le 19 juin 1554',
sans laisser de postérité; Jean et Adolphe se partagèrent
Topulent héritage qui venait de leur échoir; l*un reçut le
comté de Saarbruck et Tautre le comté de Saarwerden avec
* Kœllner. Lqc. citai., t. I, p. 255 et erratam sur la deniîëra page.
' Sgh\^br, Loe. àtaLt t. II, p. 243.
' Wùraching était une censé située à environ ISOO mètres de Rim-
liii-r. elle a été dÂtruite vers 1800.
* Archives du Uas-Rhin. G. E. 'A:V\.
» KftEMER, Orig. nassoic.» t. U, p. 467.
104 REVUE D'ALSAGE
les seigneuries de Lahr et de Mahlberg. Ce partage n'eut
qu'une durée éphémère. A peine cinq années s'étaient-elles
écoulées que le comte Adolphe suivit son frère dans Téternité;
il mourut à la fleur de l'âge, le 26 novembre 1559, vivement
regretté et sans enfants. Son frère Jeao, comte d'Oltwiller,
qui, depuis la mort de Philippe, a7ait pris le titre de comte
de Nassau-Soarbmck, devint puissant par la réunion sur sa
tête des vastes possessions de la maison de Nassan-âaarbrock
et de celle de Saarwerden, et obtint, en 1568, l'investiture
des fief^ messins de François de Beaueafre, évêque de Metz.
C'est pendant le règne d Adulphe que la réforme s'intro-
duisit dans le comté de Saarwerdcn. Quoiqu'il eftt donné son
plein assentiment à la nouvelle doctrine, il ne l'a jamais
embrassée publiquement, et n'employa ni la violence, ni la
contrainte, pour la faire adopter à ses sujets; une tolérance
éclairée et toujours égale caractérisa son trop court règne,
et il ne fovorisa jamais un culte aux dépens de Tantre.
Sons le règne de Jpan IV, comte de Nassau-Saarbruck, une
partie de la population suivit l'exemple de son souverain et
embrassa la religion prolestante; mais malgré le jus refor-
mandi qui lui compétait, comme seigneur jouissant de la
supériorité territoriale, il n'cmplnya jamais l'exemple de la
force pour opérer des conversions. C'est sons le règne du
comte Adolphe, vers 1558, que des réformés français que les
persécutions religieuses avaient fait fuir de leur patrie, s'éta-
blirent dans le comté de Saarwerden; mais c'est surtout sous
le règne du comte Jean IV que des calvinistes de France et des
Pays-Bas, les uns chassés par les édits contre les réformés, les
autres persécutés par llnquisition, y trouvèrent asile et pro-
tection, grftce aux démarches actives que le célèbre disciple
de Calvin, Guillaume Farel, qui se trouvait alors à Metz, fit
faire, tant auprès de ce prince qu'auprès d isracl Ashatius,
son surintendant à Saarwerden*. Les calvinistes rétablirent
' Kœhrich, MiUheilungm aus derCeaehi^ierevangdisehmKinihe
des Ekauest L U, p. 133.
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SAARW£RD£N ET HERBITZUEIM
105
les villages d'AItwiller, do Gorlingen. de Burbach, de Rau-
weiler et de Kirberij;. qui étaient pre.sqiie enticrenieiit ruinés
et détruits. Le comte Jean encouragea leurs eiïurts, leur donna
des terres à cultiver et leur accorda la liberté du culte; il
attira même dans cette contrée des ministres calvinistes, pour
que ses nouveaux sujets pussent entendre la parole de Dieu
dans leur langue, et Toua une partie des revenus des églises
protestantes à la construction de temples calvinistes, de pres-
Iqrlères et de maisons d'école pour le nouveaa culte, mais
seolement à titre de gracieuseté. Là où il n*y avait pas de
temple, les réformés s'assemblaient en plein champ, le
ministre montait sur une charrette ou sur des arbres amon-
celés, pour prt>cher, et ensuite tous ensemble, hommes, fem-
mes et enfants, entonnaient des psaumes. Dès l'année 1575,
ou trouve comme ministres du culte réformé, Pierre Armo-
sianus, à Gorlingen, et M. Dubaucq, à Burbach. A une époque
OÙ les esprits étaient partout parvenus an dernier degré d'exal-
tation religieuse, le comte Jean IV sut éviter tout conflit, toute
contestation entre ses anciens et ses nouveaux sujets, entre
les protestants et les calvinistes, en assignant à ceux-ci des
villages entièrement séparés de ceux habités par les protes-
tants, et où ils pouvaient vivre selon leur culte et assister
librement à leurs prêches. Les villages où .s etalilireiil les
réformés fran(;ais .sont encore appelés de nos jours les villages
français (fiie wckchm JJiirfer) el le nom français d'une foule
de leurs habitants traduit leur descendance.
Le comte Jean IV fut occupé, pendant tout son règne, à
guérir, par une administnition sage, les maux qu'avait souf-
ferts le comté de Saarwerden, qui prit an accroissement
rapide de population et de richesse; il encouragea Tagricnl-
tore et remit en valeur les terres abandonnées ; il rétablit les
villages d'Eywiller el de Diedendorf qui étaient entièrement
détruits ^ L'exploitation régulière des vastes et belles ferôts
* Summarischer Berichl, p. 16.
106
BEVUE D'ALSACE
qui couvraient le sol des comtés de Suarbruck et de Saar-
A^'erden fut longtemps une sourrc de bons nroduils pour la
maison de Nassau-Saarbruck et augmenta considérablement
SCS revenus'.
lits différends qui s'étaient élevés entre le comte Jean lY
de Nasaau-Saarbruck et le comte palatin George*Jean de
Veldenz, au sujet de leurs droits respectifs à Lohr, Sinnwiller
(SkioiUar) et dans quelques autres localités, furent soumis à
rexamen des conseillers respectifis des deux seigneurs et
définîtivement réglés par une transaction du 25 avril 1570*.
Les deux seigneurs proniirenl de se restituer réciproquement
les serfs qui pourraient avoir quitté les terres de l'un d'eux
pour aller demeurer sur les terres de Tautre, Le comte de
Nassau-Saarbruck céda au comte palatin de Veldenz tous les
gens, biens et droits généralement quelconques quMl possédait
à Lohr, contre une rente annuelle de vingt simmers d'avoine
dite amt-simmer; il lui céda aussi la dime à Durstel et tims
ses droits sur le Steiobaclierhof ; par contre, le comte George-
Jean céda an comte de Nassau tous les biens et droits quel-
Cimqnes qnfl possédait h Rexint^en, la grosse et petite dîme
à Sinnwiller (Slewilkr) et à EHenbacliS le droit de patronage
de l'église de Siiunviller ffiui étiiit filiale de liolirl. et promit
de lui livrer annuellement le> six rezeaux de seigle que les
sires de Fénétrange avaient à prétendre à Lolir. pour droit
d'hébergement; il lui céda enfin sa métairie à Mackwiller, la
partie de la dtme que l'église de Lutzelstein avait le droit de
percevoir dans cette localité et la forêt de Gammerwald, près
de Sinnwiller.
Le comte Jean IV, qui avait réani tout lliérifage de son
> Obrecett, PoUtischeê Bedeneken vtm Land und LetU, p. 96.
* Archives du Bas-Rhin, S. EL 352.
* Le village d'EUenbach a disparu depuis longtemps, il était très
ancien ; il cii osl fait mention dans u ic charte de l'abbaye de Wissem-
boorg da 30 jaîn 847; sa banlieue a été réanie à celle de Drulingen.
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8AÀIIW£IU>KN ET UEROlTZilEIM
107
père, se voyait [)rîvé d'enfiiiits légitimes; il fit donation, en
1571, aux frères Albert et Phili['pe, comtes de Nassau-Woil-
biurg, ses coiniii.s, du comlc de Sacirwerden. avec tous les
biens, propriélt's. droits de souveraineté et de juridiction y
attachés, au détriuicul de sa sœur Germaine-Catlieriue de
Nassau-Saarbruck. qui avait donne s;i maiu, en 1537, à
Emicli IX, comte de Linan^'e-Dabo. Quoique celle donation,
longtemps méditée, fût autorisée non seulement par le pacte
héréditaire de la maison de Nassau-Saarbruck, mais encore par
la renonciation éventuelle que Catherine, du consentement du
eomte Emich IX, son mari, avait faite à tout héritage contre une
eoistitution de dot de dix mille florins, renonciation qu'elle avait
prorais de respecter par un seraient solennellement prêté, en
platrinlsa main droite sur son sein gauche, selon l'ancien
mode usité en Ai'.emagneS elle causa des contestations aussi
vives {|i;c longues cnlre la branche des Nassau-Weiibuurg et
la niaisoa de Lioauge-Dab.). Le comte Jean IV avait cru faire
respecter sa volonté en léguant à Jean«Pbilippe I*' et Emich X,
comtes de Linange-Dabo, ses neveux, la somme de dix mille
florins, ils se réservèrent tous leurs droits de succession
éventuelle en cas de défaillance masculine et prolestèrent
contre toute cession à ce contraire.
Gomme le procès pendant devant la Chambre impériale de
Spire, au sujet du comté de Saaru'erden, semblait prendre
une tournure favorable aux intérêts de la maison de Nassau-
Sa-dibruck, le comte Jean IV aj outa à son nom le titre de
comte de Saarwerdeu et engagea ses agnats, Albert et Phi-
lippe, à prendre possession du comté. Ces seigneurs prirent
les mesures nécessaires pour garder les fruits de la libéralité
de leur cousin ; ils se firent solennellement reconnaître par
leurs nouveaux sujets et reçurent leur hommage et leur serment
de fidélité. Cette cérémonie se fit avec la plus grande pompe,
' Summamcher Dendil, p. 14.
108
BEVUE D ALSAOB
le 2 mai 1571, sur la prairie qui s'étend devant la ville de
Sttarwerden et qu'on appelle communément die MiihlmattK
Les comtes Albert cl Philippe prirent en main, du consentement
de leur cousin Jean IV, le gouvernail des all'aires et firent
publier, dès l'année 1573, dans le comté de Saarwerden, par
leur bailli Jean Streif de Lauenstein, un remarquable règle-
ment iur la rente, l'écbange et le retrait ligoager.
Le comte Jean IV, mùr pour Tétemité, termina sa carrière
terrestre à Saarbruck, le 2S noyembre 1574, et arec lui
s'éteignit la lignée de Nassan-Saarbrnck fondée par le comte
Jean III. Les comtes Albert et Philippe se mirent eu posses-
sion, non seulement du comté de Saurwcrden, mais encore de
tous ses Etats, qu'il leur avait léi^ués par ses dispositions
testamentaires du 12 octobre 1563, et obtinrent de l'empereur
Maximilien II un mandatiim de non ttirbando. Ils prirent le
titre de comtes de Nassau-Saarbruck et de Saarwerden et en
placèrent les armoiries dans leur écnsson. Selon Spener*, ils
portaient parU et coupé de dem : m premier, étasur emé de
croix recroieeettéee m pied fiché dar, au Hen d^argerU couromé
«for, ^eeide Sàarbruck; m demièmy de eoMe, à taiglc à
deux têtes d'argent, au vol déployé, becquetée et memhrée d'or
et lanpnée de gueules, qui est de Saarwerden; au troisième, d'or
à la f accède sahlc^ qui est de Mœrs; au quatrième, d'or à deux
léopards de gueules, passant l'un sur l'autre, qui est de Weil-
bourg; au dnquièm, dazur semé de biUettee dor, au lion de
même, arméet lampaeeédegueidee^quieetdeNaeeau; aueixiime,
de einople à la croix en sautoir dor, eemé de daussè croisettee,
trois dans diague canton, gui était de Mehrenberg*; au sep-
Même, dor auHon de sable, qui est de MaMberg; et au hui-
' Erkrhard, Loe. eiuu.y p. 69.
* Opu$ htraïdiettm, tairai. XXIX.
' Mebreiiberg, ebâteaa situé «lans le eomté de Nassan-Weilboiirg, était
le chef-lieu d'une seigneurie qui comprenait div-scpt villages; en 1328,
lors de le défaillance en rac'^ rnâlc des dynastes dt- Mehreaberg, celte
seigneurie tomba par mariage à la maison de Nassau.
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SAARWERDEN ET HBRBirZHEIM
109
Uème^ étor à h faace de guettiez, qt$i est de Lahr. Su!7ant
l'armoriai de Luck', ils portaient écartelé au premier de Saar-
bruck, au deuxième de Mœrs, au troisième de Saarwerden, au
quatrième de Nassau, sur le tout Lahr parti de Mahiberg.
Quoique le testament de Jean IV portai, pour les comtes
Philippe I" et Emich X de Linange-Dabo, la clause de la
nullité de lear legs de dix mille florins, slls formaient des
oppositions à la dernière Tolonté da testateur, ces seigneurs
qui se voyaient exclus de la succession de Catherine de Saar-
werden, leur aïeule maternelle, opposèrent à cette exhéréda-
lion toutes sortes de cbicanes et cherdièrent à revendiquer
le comté de Saarwerden comme fief féminin, qui devait
retomber à la ligne féminine, au défaut d'héritiers mâles.
Ils se portèrent, en 1588, partie intervenante dans le procès
pendant à la Chambre impériale de Spire entre la maison do
Lorraine et celle de Nassau-Saarbruck, au sujet de la posses-
sion du comté de Saarwerden, et plaidèrent la nullité de la
cession ou donation faite de ce comté aux comtes Albert et
Philippe de Nassau- Weilbourg par Jean lY, comte de Nassau-
Saarbruck, au préjudice de Théritière légitime'. La maison de
Linange-Dabo ne fut jamais établie dans cette succession tant
convoitée ; elle poursuivit vainement ses droits an congrès
d'Osnabruck, qui les lui réserva pourtant ; cette réserve fut
cause qu'elle renouvela, en 1G98, ses prétentions, à la Diète
de Ratisbonne, et lorsque la I\évolution française éclata, le
procès pendant à la Chambre impériale entre la maison de
Linange et celle de Nassau-Saarbruck n*avait pas encore
reçu de solution.
Les frères Albert et Philippe, de la branche de Nassau-
Weilbourg, que la défaillance de la lignée de Nassau-Saar-
bmck avait rendus riches, puissants et forts, ne craignirent
' Manuscrit déposé à la bibliothèque de Strasbourg, brûlé pendant le
siège (le 1870.
^ Lëhmann, Die Burgen der Pfals, t. lU, p. 234.
110
REVOB D'AIiSAOE
pas de s'affaiblir réciproquement par le partage de leurs
états (le partage t^gal des Etals souverains, à l'instar des for-
tunes particulières, était alors très commun en Allemagne).
Le comte Albert reçut Oltwillcr, Hombourg, Kirchheim, Lahr
et Mahiberg, et Philippe les comtés de Saarwerden et de
Saarbruck et la seîgnearle de Stauff ^
 la nouvelle de la mort du comte Jean lY de Nasaaa-
Saarbruck, Charles HI, duc de Lorraine, résolut de faire
valoir les prétentions do sa maison sur le comté de Saar-
werden, il enrôla lies troupes et fil tous les préparatifs néces-
saires pour s'en emparer de vive force, mais, menacé du ban
de l'Empire, il dut renoncer à ses projets de conquête et
attendre la décision ûnale de la GUumbro impériale de
Spire'.
C'est ainsi que lorage qui menaçait depuis si longtemps
le comté de Saarwerden fut encore dissipé; les relations avec
la Lorraine devinrent plus pacifiques. On se rapprocha et,
après des négociations, on conclut, le 2S août 1581, Téchange
suivant':
Le comte Philippe III de Na?sau-Saarl)ru k céda et aban-
donna à Charles III, duc de Lorraine, sa pari d,i village de
Salzbroun cL de la saline de ce lieu, avec la facullé de couper
tout le bois nécessaire à la saline dans la lorêl dite Almut,
située entre Herbitzheim et Koskastel. sous la ré crve et sans
préjudice des droits d'usage et de pÂlurage dont cette forêt
pourrait être grévée, et il a été convenu que dorénavant le
vilUge de Salzbronn ne serait plus considéré comme une
dépendance de Herbitzheim, mais qu'il serait compris dans
la banlieue d'Atbe (Saar-Âlbe).
Le duc de Lorraine, de son coté, se déporta, au proQl du
comte Philippe, des droits d advocatie et de liaute juridiction
' Kœllner, Loc. cilat , i I, p. 987.
« Ibidem, t. I, p. 288.
' Apptndix cit,, p. 7>
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a/UkRVS'£RD£N ET U£RBITZH£IM
111
qu'il prétendait snr Tancienne abbaye de Herbitziieîm et dans
les villages qui en dépeiidait'iit; il lui céda en outre sctze
muids' de sel de renie sur la saline de Salzbronn, ef, en cas
qiit' cette saiiuc dut cesser delre exploitée, sur celle de
Dieuze.
Philippe m s^opposa, non sans succès, à l'introduction dans
SCS états do nouveau calendrier, que le pape Grégoire Xill
essaya de faire adopter aux protestants^ Il confirma, en
les us et coutumes qui régissaient ses Etats, et, en 1598, il
fixa la compétence des juridictions inférieures et ordonna
que Ton ne pourrait porter devant la juridiction d*appel qoe
les causes dont le taux dait supérieur à quinze florins.
Vers la lin du XVr siècK', Tccuvre de la riruriuation était
accomplie dans tout le comté de Saarm rdcn ; Bouquenom
a?ait embrassé la nouvelle doctrine; toutes les paroisses
étaient administrées par des ministres protestants ou calvi-
nistes, qui se montraient plus intolérants que les prêtres
e&tholiques de celte époque. Le culte catholique était interdit,
il ne fut pas permis à ceux qui étaient restés fidèles à la
foi de leurs pères d*adorer Dieu à leur manière, et ils furent
en butte aux insultes et aux outrages de ceux qui s'étaient
ralliés à ta réforme. lOn i.'iOo, tous les ministres du comté se
réiiiiirout en couvont, sous la présidence de Jean Kuliner, qui
fut le premier pasteur prote:i!ant à Bouquenom, et prirent
une mesure digne d'éloges. Ils arrêtèrent que ciiaiiue paroisse
aurait son registre où le pasteur inscrirait les actes de bap-
tême et de mariage'.
' î.e muid de sel était composé de 16 vaxels, le vaxel <lo 16 pots ; le
polètiiit snppcKi' peser deux livivs h poitls du muid do sel serait de
512 livres; ce poids vnriail d; pdii au-dessus ou au-dessous (Calmet,
Notice de Lorraiiir, v. Kosi<'r''>V
' Le nouveau calendrier fut adopté dans l'évèché de Metz le 24 DO-
Yembre 13^ et autorisé le 10 décembre suivant, qai fut compté pour le
20 da même mois.
' Manuscrit appartenant & la famille de feu M. J.-N. Kablé, pbaima-
cien à Saar-Union.
118
BEVUE D'âLSACE
Philippe m avait épousé, en premières^ noces, Henriette,
comtesse de Mandersclieid, et, en secondes noces, Isabelle, lille
de Jean, comte de Nassau- Dilicmbourg. L'une et l'autre
union furent stériles. Ce prince cessa de vivre le 12 mars
1602; il eut pour successeur son neveu Louis, comte d'Ott-
willer, qui avait reçu dans le partage de la succession pater-
nelle, Otlwiller, Hombourg, Kirchbeim et Lahr, et qui, comme
dernier survivant des nombreux fils du comte Albert, avait
recueilli toutes les terres des aînés.
Louis, qui avait eu le bonheur de réunir toutes les posses-
sions de sa maison, commença son règne sons d*benreux
auspices et se ménagea l'invesliture du comté de Saarwerdcn,
que le cardinal Charles de Lorraine, évêqne de Metz, lui
accorda sans trop de difficnllés. Jean-Kberard Streif de
Lœwenslein {Lmimstein), son bailli à Bouqucnom, se rendit
en son nom à Vie, où il reçut, le 15 mai 1603. de ce prélat, de
main et de bouche, les fiefs mouvant de i'évôché de Metz,
savoir : le chftteau et la ville de Saarwerden, la ville de Bou-
quenom et la cour de Wiberswiller ; il loi rendit ensuite
hommage et promit, au nom de son maître, de remplir tontes
les obligations auxquelles un fëal vassal était tenu et obligé
par droit et par coutame.
Depuis longtemps, ladvccalie de l'ancienne abbaye de
Wernerswiller était devenue un objet do litige entre la
maison de Nassau -Saarbruck et celle de i3eux-Pouts; le
comte Louis, dominé par des idées de paix et de concorde,
s'arrangea en 1603 avec le comte palatin Jean I- de Deux-
PûDts sur ce diiîérend, et lui céda tous ses droits d'advocatie
et de supériorité territoriale sur cet antique mona8tère\
Presque tous les actes du comte Louis portent Tempreinte
d'une utilité bien&isante; en 1607, il fit donation à rhôpital
de Saarbruck d'une rente annuelle de cent florins à prélever
sur les revenus de Tancienne abbaye de iierbilzheim'.
» KcELLNER, Loc, citat., 1. 1, p. 310, » ibidem, 1. 1, p. 312.
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SAAB'WBBDBN BT HEBBITZHBIU
113
Après la mort du cardinal Charles de Lorraine, Anne
d'Escar.s, cardinal de Givry, (jui lui succéda sur le siège épis-
copal de Metz, accorda au comte Louis de Nassau-Saarbruck
rinvestilure des fiefô enclavés dans le comté de Saarwerden
et relevant de son église, et le bailli de Bouqaenom, Jean-
Eberard Streif de Lauenstein fit, le 1* septembre 1609, au
Dom de son maître et comme fondé de sa procuration, ses
reprises de ces fiefe et prôla serment de fidélité à révêqae de
Metz, devant sa cour féodale Kéant à VicS
Depuis quelques années, il s'était élevé entre le duc
Ileiiri II de Lorraine et le comte Louis de Nassau-Saarbruck
des contestations au sujet des Tillages de Wieswiller et de
Wulflingcn; les oUiciers lorrains prétendaient que ces villages
appartenaient au comté de Bilche, tandis que les employés du
comte Louis affirmaient qu'ils dépeodaient du comté de
Nassau-Saarbruek. U existait encore différents démêlés entre
les deux malsons, au sqjet de diverses prétentions qu'elles
formaient Tune contre Tautre. Le duc Henri II et le comte
Louis, animés d'un esprit sincère de concorde, nommèrent des
commissaires pour terminer les différends qui les divisaient.
Dans des conférences tenues à Saaralbe on arrêta une trans-
action qui lui sanctionnée par les deux princes, savoir : à
Nancy, par le duc Henri H, le 6 septembre, et à Saarbruck,
par le comte Louis, le S octobre 1621'; cette transaction
porte en substance:
Le comte Louis de Nassau-Saarbruck cède à Henri U, duc
de Lorraine, toutes ses prétentions sur la souveraineté des
villages de Wieswiller, de Wdlflingen, de Remeringen et de
Grundwiller' et les dîmes à Reuchlingen, contre les droits de
souveraineté et de haute justice sur les villages de Fechinjren,
de Saarweliingen, d'Oermingeo, de Zettiugen et de Siltziieim,
* Arrêt de r^to», p. 7.
* Àppenitx ett., p. 13.
' Villages de l'anondisgement de Sarregaemiiies.
Nouvelle Série. — 7" Année.
8
114
BEVUB D'ALSACE
et tous les droits, rentes, revenus et propriétés qui apparte-
naient à la maison de Lorraine, dans toute l'étendue de
FaTOuerie de Herbitzheim.
Les deux princes, dans le but d'augmenter le commerce et
de favoriser l'industrie, firent, le S4 mars 1612, un traité
pour rendre la Saar navigable, depuis le village de Herbitzheim
jusqu'à Saarbmck; il y fut stipulé que Ton creuserait la
rivière dans les endroits où elle était trop large, qu'on la
nettoierait là où elle était embarrassée, qu on couperait les
bois qui croissaient sur ses bords, que la navigation demeu-
rerait libre et tranche de tous droits et péage pour les maisons
des deux princes, et qu'au surplus il serait perçu les mêmes
droits et péage qu'auparavant^
Dans le cours de la même année, le célèbre condottière
Mansfeld, qui avait vu sa fortune écbouer devant les murs
de Saverne^ traversa avec ses bandes mdisdplinées le comté
de Saarwerden et la Lorraine allemande, où elles commirent
de tels dégâts, qu'un siècle plus tard sa mémoire y était
encore ou horreur; le village d'Ottu-iller fut surtout cruelle-
ment éprouvé, la plupart de ses habitants furent massacrés,
sou L'i^lise fut livrée aux flammes et les cloches enlevées'.
Le différend qui divisait depuis si longtemps la maison de
Nassau-Saarbruck et celle de Geroldseck, au sujet de la moitié
indivise des seigneuries de Labr et de Mahlberg, fut terminé,
en 1625, par une transaction intervenue entre Jacques dt
Geroldseck et le comte Louis de Nassau-Saarbruck. Cette
transaction laissa à la maison de Nassau-Saarbruck la pos-
session de la moitié de ces seigneuries contre la somme de
cent mille llorins, que le comte Louis promit de payer avec
les intérêts légaux sur les revenus du bailliage de Labr*.
' Kœlinkr, Luc. citât., t I, p. 311.
* Rœbbioh, Sekîektate ier evangeUtehm Londgmmden âetSItatset
xvœhrcnd 4e» dreissigjœhrigm Krieget, t H, p. 168.
» ScHWEDER, Loe, cOot., t. H, p. 326.
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8AABWEBDEN ET HEIIBITZHEIM
115
En 1626» ime maladie peatiltatielle sévit a?ec inteiuité
dans le comté de Saanrerden. Les soins généreux que le
comte Louis prodiguait à ses sujets furent les derniers bien-
faits d'un pere; la mort le surprit le 22 novembre i627, jour
anniversaire du décès d'Anne-Marie de liesse, sa femme. Sou
fils Guillaume-Louis lui succéda dans le comté de Saarbruck,
qu'il reçut pour sa portion héréditaire, avec la pré voté de
iïerbilzheim, Ottwiiler, mie partie de Hombourg, le bailliage
dlogenbeim et Usingen. Idatein, Wiesbaden et Labr forent
attribués à Jean, son deuxième fils (les seigneuries de Labr
et de Mablberg Tenaient d'être Tobjet d'nn partage, en Yertu
doqael Tune avait été attribuée à la maison de Nassau-Saar-
bruck, tandis que l'autre était échue à la maison de Bade).
I« troisième iils, Ernest-Casimir, reçut Weilbourg, Gleiberg,
Mehrenberg, Kirchheim et l'autre partie de Hombourg.
Le quatrième et plus jeune fils, Otton, reçut le quatrième
lot des possessions paternelles, et on lui ajBfecta KirciUieim
pour sa résidence'.
Le comté de Saarwerden, qui était toujours une pomme de
discorde entre la maison de Lorraine et celle de Nassau-
Saarbruck, devait demeurer dans indivision jusqu'à la déci-
sion du tribunal suprême de TEmpire, où le procès était pen-
dant depuis un siècle.
Le comte Guillaume-Louis parvint à la régence dans les
Circonstances les plus épineuses; les troupes de l'empereur
Ferdinand II, sous les ordres du colonel Cralz de S.'haffers-
heim, après avoir ravagé et pillé les bords de la Saar, avaient
pénétré au cœur de la Lorraine et occupaient Vie et Moyenvic,
^les appartenant à l'évéque de Metz; l'édit de restitution
des biens ecclésiastiques, que le chef de l'Empire avait rendu
le 6 mais 46S9 et qull était résolu à &ire exécuter avec
rigueur et violence, ne put manquer d*alarmer un prince
protestant La sentence inattendue que rendit, le 7 juillet de
È> Kœlmeb, Loc. citai., 1. 1, p. 318.
ne
BETUB D*ALBiLOB
la même année, la Chambre impériale, au sujet du comté de
Saarwerden, Tint augmenter ces alarmes. Cet arrêt ne satisfit
ni Tune ni Vautre des parties lîtigantes. La ville de Bou-
quenom, le cbfltean et la ville de Saarwerden et la cour de
Wiberswiller, avec leurs dépendances, furent reconnus pour
fiefs masculins de révôclié de Metz, et l'investiture qui en
avait été accordée en 1527, par le cardinal Jean de Lorraine,
évC^que de Metz, à Antoine, duc de Lorraine, son frère, fut
validée. La possession de ces fiefs fut adjugée à François II,
duc de Lorraine. Le comte de Nassau-Saarbruck fut condamné
à la restitution des fruits perçus, dont le montant s'élevait à
plus de deux millions d*écus d*Empire. Les autres parties du
comté de Saarwerden, c*est-à-dire les villages qui en dépen-
daienti furent reconnus comme de francs-alleux libres et indé-
• pendants et adjugés à la maison de Nassau-Saarbruck*.
Les mésintelligences qui régnaient entre les deux maisons
ne furent pas calnices par cet arrêt, dont l'exécution franche
fut constamment éludée. Le prince Guillaume-Louis et les
princes de sa maison déplorèrent amèrement la perte des
villes de Bouquenom et de Saarwerden, joyaux précieux que
Tarrét de la Chambre impériale venait d'arracher de leur
couronne féodale, et la maison de Lorraine ne regretta pas
moins les beaux villages que le tribunal suprême de l'Empire
avait déclarés allodiaux.
Le duc de Lorraine, François IV, fit aussitôt marchar des
troupes sur Saarwerden, qui n'était pas en état de leur
opposer la moindre résistance. La ville de Bouquenom fut
occupée violemment et celle de Saarwerden enlevée par esca-
lade. A peine le comte Guillaume-Louis avait-il eu le temps
de faire enlever nuitamment les archives du comté de leur lieu
* Auftxe VMrhaffle Erzehhmg decM», so sih begtbm hat t» antrtUimg
der Ponsession der Craffschafl Sarwerden. 1630, iii-l", p. 45.
' François II conserva la qualificalion de duc do Lorraine et do IJar,
quoiqu'il eût cnl.^ soa trône à son fils Charles IV; il mourut à Kancy,
le 14 octobre IWi.
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SAASWBSDSH ET HBBBUZBBDI 117
*
de dépôt, de Boaqnenonii et de les fidre transporter à la hftte,
par des Toitariers de Haekwiller, dans sa résidence de âaar-
brack^ Les soldats lorrains se répandirent dans Unit le comté;
la prévôté de Herbilzlieim, qui était demeurée conslarament
en dehors du litige, fut envahie; cette malheureuse contrée
fut traitée avec la plus grande rigueur; les campagnes furent
livrées à une soldatesque indisciplinée; tous les officiers et
employés du comte de Nassau-Saarbruck furent emprisonnés
ou expulsés du pays. Les habitants ne restèrent pas &
l'abri des persécutions; ils furent forcés par la violence,
les menaces les plus terribles et la crainte des cfafttiments
tes plus rigoureux à foire hommage au duc de Lorraine
et à lui prêter un serment de fidélité qui n'était pas de
bon aloi.
L'honorable Nicolas Cans, bailli du comté, résista aux
injonclions des envoyés lorrains et resta inéhranlablc dans
son attachement envers la maison de Nassau-Saarbruck. La
bourgeoisie de JBoaqueoom, encouragée par la noble résis-
tance de son premier magistrat, refusa de slndiner devant
les commissaires lorrains; mais, lorsqu'elle se vit en butte
aux exigences d'une soldatesque effrénée et menacée de voir
ses demeures réduites en cendres, elle céda à la nécessité et
passa sons les iburehes caudines des envoyés de Charles IV.
L'oifider qui commandait dans la Tille de Saarwerden Ait
désarmé et conduit prisonnier à Bouquenom; on s'empara de
son cheval et de ses effets. Saarwerdcn fut traite en ville
conquise et subit les traitements les plus rigoureux. Les Lor-
rains s'emparèrent môme du village de Lohr, qui appartenait
au priuce palatia de Lûtzelstein, des villages de Postorf et de
Mettingen, qui dépendaient de la seigneurie de Steinzel, et de
la seigneurie de Diemeringen, qui appartenait aux rhingraTes
Otton-Louis et Jeam-Phîlippe.
Le comte Guillaume-Louis, dans llmpuissance d'opposer au
118 BEVDB D'ALS&CB
duc de Lorndne des forces sufifisantes, ne put que dénoncer à
rEmperenr et aux Ëtats de l*Ëmpire rinjuste agression de ce
prince; on loi fit des représentations infiractnensM, la Chambre
impériale de Spire le somma yainement de restituer, sons
peine d'une amende de dnquante marcs de bon or, les villes,
bourgadei et villages qu'il avait violemment occupés, et de ne
plus prendre le litre de comte de Saarwerden, qu'il avait
usurpé; il n'en continua pas moins ses actes despotiques. Son
conseiller et premier maître d'holcl, Nicolas de Serinchamps,
à qui il avait remis la plénitude de son autorité, crut affermir
la puissance de son maître par remploi des moyens les plus
rigonreux. Les armes de la maison de Nassau-Saarbruck furent
arrachées partf)at et remplacées par les armoiries lorraines; les
pasteurs évangéliques et les instituteurs, leurs femmes et leurs
enfiints, fiirent bannis. Treize ministres, parmi lesquels se trou-
valent Âmbroise Bingel de Bouquenom, Jean Conrad de Btttten,
Conrad Dormeyer d'Oermingen, Samuel Scliierbart d'Eywiller,
Jean Pfeifer de Ilerltitzheim, Jean-Henri Buttner de Hars-
kirchen, Heinricii de Wolf:*kirclien, Dayid Iliemeyer de Dom-
fessel (cGlui-ci était un vieillard de soixante-huit ans), furent
arrêtés à rentrée de la nuit et conduits par cinquante fusi-
liers à Saarwerden, où on leur eiqoignit de quitter, dans les
vingt^quatre heures, le territoire du comté, sous peine de la
vie et de la perte de tons leurs biens, avec menace que si run
d*eux poussait Taudace jusqu'à revenir dans ses foyers, sa
téte tomberait sous la hache du bourreau*.
Le registre des actes de l'ancienne paroisse protestante de
Bouquenom porte, dans la mention suirante, un témoignage
irrécusable, quoique laconique, des violences des Lorrains
pendant la néfaste année 1629 : I&c ineipit exUium Domini
Ambrom Bingtlii gui fmt pukm ptr deœs IMharmgiœ,
Hier darf vxM getagt werdm wiê ekukna Frais Polonlb :
Finis lYotêstantorum Miffionis tt IMterta^,
> BcsHBiOB, Io6. ciftrt., l. II, p. 138.
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SAARV^-ERDEN ET HERBITZHEIM
119
Les ministres ibgitife se retirèrent è Saarbruck, où le
comte Guillaurae-Loiiis les accueillit avec le plus vif intérêt.
Ce prince fit de vaines remontrances à Albert de Roche,
commissaire lorrain, sur l'expulsion des pasteurs et le bar-
bare traitement dont ils avaient été l'objet. Le commissaire
du duc de Lorraine fit une réponse pleine de menaces et de
fierté et donna ordrt à ane compagnie de soldats de parcourir
tout le pays, accompagnée du bourreau, et d'arrêter tous les
ministres qui pourraient encore s*y trouver. LWcier qui
commandait cette troupe reçut l'ordre le plus impératif de
Ikire pendre ft Paritte le plus proche celui qui opposerait la
moindre résistance, de faire surveiller toutes les routes, tous
les chemins qui conduisaient hors du comté et de commander
à ses soldats de tirer sur les ministres qui auraient déjà
atteint la terre étrangère. Tous les presbytères furent ensuite
occupés par des soldats et livrés au pillage. Toutes les églises,
tous l«s biens des églises furent abandonnés aux catholiques,
et des curés catholiques furent institués partout. Tous les
habitants furent en butte aux plus odieuses Tentions; les
soldats se faisaient nourrir à discrétion, contraignant leurs
hôtes par la force et l'outrage et répondant à leurs prières et
à leurs sollidtations par la raillerie et le mépris. La prévôté
de Herbitzheim fut traitée avec non moins de barbarie ; les
insultes, les vexations de tout genre, hs confiscations, le ban-
nissement, tout fut employé. François II crut bien servir le
ciel en poursuivant de sa haine les protestanî=; du pays qu'il
venait d'incorporer à la Lorraine, il prit des mesures contre
Thérésieet chercha à rétablir partout la religion catholique.
Le pape Urbain ViU favorisa son dessein et lui accorda le
droit de patronage sur toutes les paroisses du comté de Saar-
werden qu'il avait rétablies et sur celles qu'il pourrait réta-
blir à ra?enir. L'Eglise triomphait, elle n'avait plus d'adver-
saires. Le duc François II jugea que pour affermir la conver-
sion de ses nouveaux sujets et maiutcuir la religion catho-
120
REVUE D'aLSACB
lique henreusciLient rétablie dans les villes et villages du
comté de Saarwerden, il ne pouvait rion faire de plus avHii-
t'igeux à son dessein, pour la gloire de Dieu, le bien et l'uli-
lilé de ses sujets, que de fonder un collège dans la ville de
Bouquenom pour les Révérends Pères de la Compagnie de
Jésua, selon le projet qu'il en avait formé depuis longtemps;
en conséquence, il fonda et établit, par une ordonnance rendue '
à Nancy le i" décembre 1680, un collège de jésuites dans
cette Tille et le dota des biens de l'abbaye de Herbitzheim\
Cette fondation se fit du consentement et arec Tapprobation
du pape Urbain Vlïl. François II imposa aux Révérends
Pères, eutr autres conditions, celle d'enseigner les humanités
jusqu'à la rliétorique inclusivement, de rendre en même temps
populaire l'enseignement de la langue allemande, qui était la
langue de ses sujets allemands formant le tiers de la popula-
tion de ses états, de prêcher en allemand à Bouquenom et
d'entretenir constamment dans cette ?ille six élères sacbant
la langue allemande et destinés à desaerrlr les cures du
comté de Saarwerden et celles de la prévôté de Herbitzheim.
Il arrêta que si, parmi ces six étudiants, il se rencontrait de
< beaux esprits », capables d'une instruction solide, il seraient
envoyés, aux frais du collège de Bouquenom, à l'université
de Pont-à-Mousson, pour y étudier la pbilosopliie et la théo-
logie, et qu'ils y seraient entretenus jusqu'à la fin de leurs
études. Il ordonna que, pour perpétuer le souvenir de celte
fondation, une inscription en caractères de bronze serait
placée sur le portail de l'église de Bouquenom et sur celui
du collége^
Les jésuites qui furent appelés à diriger cet établissement
étùent de la proTînce de Mayence; ils 8*eflbrçaient de remé-
dier au défaut d'instruction et de rendre en même temps
populaire renseignement des humanités. Ils tâchèrent de
' DomCalmet, Preuves de l'hi$toire de Lormine, t VH, p. GCXCVn.
» Ibidem, t. VU, p. CCXCVII.
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SAARWERDEN ET HERBITZHEIM
i2i
gigner lei luthdrienB par la persuasion t en leur distribuant
le pain salutaire de l'Evangile >, et, quoique doués d'une foi
religieuse ardente, ils s'abstinrent de faire tomber de la
chaire des semences de haine et de di-scordo et de prononcer
contre les sectaires des anatlièraes foudroyuutsV
Le duc François II, persuadé que l'instruction scnle pou-
vait former des mœurs vraiment chrétiennes, fonda et établit
à fiouquenom, le 1" mars 1631, un couvent de religieuses de
la congrégation de Notre-Dame, dont l'ordre venait d*étre
institué par le célèbre Pierre Fourrier, dans- le dessein de
créer des écoles pour les jeunes filles, et avait conquis rapi^
dément une réputation justement méritée.
Le duc de Lorraine députa à l'empereur Nicolas Foamier,
conseiller d'Etat, pour lui rendre compte de la manière dont il
setait saisi du comté de Saarwerden, en exécution de l'arrêt
de la Chambre impériale de Spire. Le chef de l'Empire
répondit à l'ambassadeur qu'il éprouvait une grande satisfac-
tion qu'après un si long et si coûteux procès le duc, son
mattre, se fût mis en possession du comté, et que, bien que
cette prise de possession pécbftt contre les formes ordinaires,
il n'en saurait résulter aucun préjudice pour lui*. Dans le
même temps, le duc François n euToya Mauljean, son conseiller
et secrétaire, à Ratisbonne, avec ordre de s'adresser au duc
de Bavière, pour tâcher de l'intéresser à ses affaires et de
poursuivre auprès de la Diète impériale la confirmation de la
prise de possession du conilc de Saarwerden. Ses instructions
portaient de réfuter les accusations calomnieuses formulées
par les comtes de Nassau-Saarbruck devant la Chambre impé-
riale, en objectant que les villages dont on avait pris posses-
sion n'avaient jamais formé un comté particulier, que ces
' Ménioiro dos habitant^ proit^staiits de Boaquenom adressé, verslTôl,
au procureur ^'t^néntl de la Lorraine.
' BibliolhèiiULï de Metz, Inventaire des litres de Lorraine, tome X,
layette 2* de Saarwerden.
BEVUE D'ALBACB
TîllagM ataient toiyonni 4té des dépendances des Tilles et
diftteanx de Boaquenom et de Saanrerden, que la nomination
de leurs maires et gens de jastice ayait tonjonrs été fldte
par les comtes de Saanrerden, que le bailli do Bouquenom
avait de tout temps exercé la jaridiclion sur les habitants de
tous les villages, en tous cas civils et criminels, qu'il n'y
avait qu'un sceau de tabellionage et que tous les habitants
étaient tenus à des corvées envers le château de Saarwerden.
Quant à Herbilzheîm, le sieor Mauljean devait soutenir que
le duc de Lorraine avait eu raison de s*en saisir « comme
étant un ban joignant de Bouquenom », lequel avait été
enlevé par les comtes de Nassan-Ssarbruck, après en avoir
chassé les religieuses de Saint-Benoit, d'autant plus que le
duc François II n'en prétendait retenir que Favouerie, aban*
donnant les revenus des cinq villages qui formaient la Kellerti
de cet ancien couvent, pour la fondation d'un collège de
jésuites à Bouquenom, auquel le pape Urbain Vlil les avait
incorporés*. Le duc François envoya à Vienne, en 1682, le
R. P. Merigot, jésuite, pour obtenir de Tempereur Ferdi-
nand II la confirmation du collège de Bouquenom et repré^
senter au chef de Ffimpire que les biens de rancienne abbaye
de Herbitaheim ayant été usurpés par les comtes de Nassau*
Saarbruck, en 1568, depuis le traité de Passau, et ayant ëté
unis par bulle audit collège, la confirmation de cette union,
qui était de pure grâce, n'était point du ressort du Conseil
aulique'.
Le prince lorrain chercha à s'attirer l atlacliement des habi-
tants de Bouquenom par les promesses les plus magnifiques :
Tagrandissement de leur ville, la reconstruction de leur église,
la fondation de plusieurs établissements utiles, tels étaient les
projets qui devaient changer l'aspect de l'antique cité. Le doc
de Lorraine, malgré la défense de Tempereur Ferdinand II,
* Ibidem^ laycltô 3« de Saarwerden.
■ Ibidem.
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BAABWEBDEN BT HERBTTZHXIM
18S
eontinna à ijoater à ties titres et qualités, sur les soeanz et
dans les actes publics» le titre de comte de Saarwerden.
Enfin, à force de prières et de suppUcations, les protestants
da comté de Saarwerden finirent par arracher an dne de
Lorraine la permission de professer leur culte; mais ce prince
n'accfirdait d'une main que ce qu'il avait l'intention de retenir
de l'autre; les trente-huit communautés qui constituaient le
comté de Saarwerden et la prévôté de Herbilzheim obtinrent,
il est vrai, la révocation de l'édit qui interdisait leur culte,
mais CD ne leur accorda qu\m seul ministre et on ne leur
permit de s'assembler qu'à Boaquenom, où devait résider le
ministre. Leur choix se fixa snr Jost Holler, Tan des pasteurs
expulsés et qui emplissait alors les fonctions de vicaire à
Eunbeim, en Alsace, et celui-ci se vit dans la nécessité, avant
d'entrer en fonctions, de promettre par serment qui! ne prê-
cherait pas contre l'honneur de Dieu, de la Sainte- Vierge
Marie et des Saints, et qu'il ne commettrait aucun acte atten-
tatoire à la couronne lorraiuc'.
Cependant, le comté de SaarAverden continuait à soulTrir
des exigences des soldats ; Tautorité sans contrôle dont jouis-
sait M. d'Atlel, conseiller d'Etat du duc de Lorraine et gou-
verneur du pays que ce prince venait d'annexer à ses états,
son administration arbitraire et Tinsolence des fonctionnaires
subalternes, firent tomber cette contrée dans un tel état de
•
démoralisation et de faiblesse, qu'elle ne devait plus oUHr
aucun sujet de crainte au duc François II et à son fils, le duc
Charles IV. Pendant trois années entières, les habitants de ce
petit Etat eurent à supporter les iniquités et les vexations des
afficiers lorrains, lorsque le rliingrave Othon-Louis vint, au
mois d'août 1633, les délivrer de leurs odieux oppresseurs.
Heureux d'échapper à la tyranuique domination du prince
lorrain, ils saluèrent de leurs cris de joie le drapeau de la
Suède, aceneilUrent le rhingrave Otton-Louîs comme un libé-
* Rœhmoh, Loe. eiUU., t. U» p. 143.
m
REVUE D'ALSACE
rateur et rendirent avec empressement hommage à cette
couronne et aux princes confédérés. Le rhingrave fît saisir
la bibliothèque dont le duc de Lorraine avait fait don au
collège des jésuites de Bouquenom; il renvoya à Strasbourg,
où elle alla curicliir la bibliothèque de l'Université do cette
Tille (dans la suite la bibliothèque du séminaire protestaut)'.
Peu après, le général suédois quitta cette contrée après
avoir laissé à Bonquenom une garnison de trois compagnies.
Après le départ da rhingrare, les troupes lorraines inon-
dèrent le comté de Saarwerden et investirent Bouqaenom,
mais au bruit de la marche du général suédois, qui accourait
au secours des assiégés, elles décampèrent avec la précipi-
tation de la crainte.
Au mois de mars 1635, le chancelier de la couronne de
Suède, Axel Oxentjerna, directeur de l'Union évan?élii|ue. fit
restituer au comte Guiliaume-Louis de Nassau-Sarrebruck le
comté de Saarwerden, avec les fiefs de l'ancienne mouvance
de révécbé de Metz, d<Hit le duc de Lorraine fut déclaré déchu,
à raison de roccupation violente quUl en avait &ite. Le comte
Guillaume-Louis se rendît à Bouquenom, où Frédéric-Richard
Mockel, résident suédois à Strasbourg, lui fit, le 2S avril 1685,
la remise solennelle de son ancien patrimoine, au milieu des
transports d allcgresse de la population tout entière, qui
s'empressa de rendre hommage à son ancien seigneur et de
lui prêter serment de fiflélitc'.
Cependant, les Français avaient fait leur jonction avec les
Suédois dans le Palalinat, mais les armées alliées furent
forcées de fuir devant Tépée victorieuse de Galles; afin de
marcher avec plus de rapidité et d*échapper aux enne-
mis, les Franco-Suédois furent réduits à brûler leurs voitures
et leurs équipages et à enterrer leurs canons. Après onze
jours de marches forcées, Tarmée confédérée arriva dans le
* Charles Meiil, BibUotlùque de la ville de Utrasbourg, p. 6.
' KŒtLNER, Loc. cilat., t. I, p. 3.
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SAASWBBIKBN ET HEBBITZBEDf
125
dénûment le plus absolu sur les bords de la Saar, où elle res-
pira. Gallas poursuivit les alliés Tépée dans les reins, s'em-
para de VandreTanges, viak camper à deux lieux de Sarre-
guemtnes et fit séquestrer, au nom de Tempereor, les comtés
de Saarbruck et de Saarwerden, par le commissaire impérial
Starm, qui força toutes les autorités à rendre hommage au
chef de TËmpire. Les troupes impériales inondèrent tout le
pays. Aux calamités de la guerre se joignirent d'antres maux
plus cruels encore qu'elle a coutume d'enfanter. Pendant que
les Croates se livraient impitoyablement au pillage, la famine
et la peste ravageaient cruellement les rives de la Saar et
enlevaient les trois quarts de la population.
Cependant Gallas, jugeant que sa position n'était pas tenable
en Lorraine et ne voulant pas courir les chances d'une
bataille avec une armée décimée par les maladies, qui exer-
çaient sur elle une action désastreuse, avait levé le camp,
abandonnant à la générosité des ennemis une foule de malades,
dont la plupart furent massacrés sans pitié par les Suédois.
H se hâla de pgner l'Alsace, s'empara, le 45 novembre 1686,
de Saverne et investit les places fortes qui étaient en posses-
sion des Franco-Suédois.
L'année IGSO s'ouvrit sous de tristes auspices pour les Impé-
riaux. Le cardinal de la Valette, gouverneur de Metz, ravi-
tailla les places fortes de l'Alsace et défît les ennemis dans
plusieurs rencontres. Le prince Bernard de Saxe-Weimar
reprit Saverne, enleva le fort de la Petite-Pierre, mena ses
troupes dans la Lorraine allemande et établit ses quartiers à
Fénétrange\
Le général Rosen surprit Bouquenora et Saaralbe et s'em-
para de Deux-Ponts: il soumit Saarwerden et contribua puis-
samment à chasser les Autrichiens de la Lorraine allemande.
Cependant l empereur, qui avait de grands sujets d'être
mécontent des trois £rères Guillaume-Louis, comte de Nassau-
' theat, ewrop,, t III, p. 610.
126
BEVUE P*ATiBAOB
Saarbraeky Jean, comte de Nassau-Idstein, et Ërnest-Gasîmir,
comte de Nassan-Wdlbonrg, les fit dter devant la Chambre
impériale où ils forent déclaré, en 1687, coupables du crime
de lèse-majesté. En conséquence de cet arrêt, Ferdinand n
donna les pays cisrhénans de la maison de Nassan-Saarbmck
à Charles IV, »1uc de Lorraine, en récompense des services
que ce prince avait rendus à la maison d'Autriche*. Les succès
des l'Iran co-Weimarieus empêchèrent rexécution de cette
donation.
Le comte Guillaume-Louis s*était retiré à Metz, où il
menait une existence paisible, attendant en silence des
conjonctures plus foyorables de ralliance de la France arec
la couronne de Suède, n mourut dans cette Tille, le S8 août
1640. Son épouse, Amélie de bade, Tavait rendu père de trois
fils, qui ftirent confiés à la tutelle de leur mère et qui derin-
rent, dans la suite, les tliefs de trois nouvelles branches. Jean-
Louis lut fauteur de la branche dOltwiller, Gustave-Adolphe
le chef de la lignée de Saarbruck, et Walrade Fauteur de
celle d Usingen.
La misère était alors générale dans le comté de Saarwerden,
les villes et les villages n'étaient plus que des monceaux de
ruines et présentaient Taspect le plus désolant; plusieurs
villages avaient même complètement disparu et leurs terri-
toires étaient incultes.
Dag. Fisguer.
(La, mite À prochaine Horaism^
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NOTES BIOGRAPHIQUES
SUR LES
HOMMES DE LA RÉVOLUTION
STRASBOURG ET LES ENVIRONS
Suite
TURGKIIEIM (Jean de), pôl'e.
1758. Membre de la tribu du Miroir.
1774. Sénateur à la même tribu.
178i. Amraeister.
178G. Directeur du l^ailliage de Wasselonne.
1787. Directeur de celui de la Ruprechtsau. Membre de la
Chambre des XIU. Membre du bureau de bien&i-
sance.
Juin^. Nommé, par le roi Louis XVI, député du Tiers-
Etat à l'Assemblée générale provinciale d'Alsace, qui
s'est constituée le 18 août et dôtuia ses travaux le
9 décembre suivant H y occupait la présidence du
bureau des travaux pub]ic&
1/88. Juge ù la Chambre des contrata Le roi n'ayant pas
jugé à propos de convoquer les Assemblées provin-
ciales du royaume, Fadministratlon resta confiée aux
Commissions intermédiaires, dont ilfitpartieiusqu'au
15 février 1789. •
iSB BEVUE D'ALSACE
23 mars 1789. Membre de rAsscmblée dos Etats généraux
à Versailles. La mission était difficile ; la noblesse
réclamait le maintien do ses droits seigneuriaux, les
tribus élevaient des prétentions sans fin, les bouchers
même, comme plus tard, en 1830, exigeaient la
réduction des droits d'entrée sur les bestiaux, et la
bourgeoisie voulait être exemptée de tout tirage de
la milice par tout le roj'aume. j\Ialgré cola, il accepta
le cahier des doléances (|ui traçait sa ligue de con-
duite, et pai'tit pour Versailles.
Mai — . II écrivait à Dietrich :
Nous avons rondu le iniiiislr<^, spcrétairc d'Htal de In g:uorrp,
allenlif sur la sitiialion i»olilii|iie d(^ Slraslxini j,' elsur la nécessité
d'y envoyer un cuuiniissaire ruyal en (|ualili' do ini'dial. ur.
Le 6 juillet suivant, Dietrich était nommé à ces
fonctions, en remplacement de Gérard, malade par
suite des violentes discussions avec les bouchers.
14 juillet — . Il annonce la prise de la Bastille.
20 — . Sa lettre est lue au Grand-Conseil, à l'hôtel actuel du
commerce, appelé alors die Nene Pfalz, et qui fut
saccagé le lendemain, 21, par la populace.
4 août — . Lors de la séance historique tenue cette nuit à
Versailles, il déposa, sur le bureau de TAssemblée
nationale, la déclaration suivante :
Li ville de Strasbourg, d-devani Ri^iublique souveraine, s*cst
soumise librement à la Kranee, il y a cent ans. File a obtenu,
pour jîai^Hî de celte soumission vuluntaire, une capilnlaliun de
Louis XIV, liue unique, qui lui conûrme ses privilèges el sa
Constitution particnliftre. Nos coramettanu nous ont donné un
mandat impératir pour en demander la maintenue. Ces privilèges,
la ville ne les réclame pas pour so soustraire à la moindre des
charges communes de l'EUit : elle y contribue dans des propor-
tions supérieures à ses forces et aux contriluitinns des autres
provinces ; mais elle désire de conserver sa Constitution distincte
du régime de la province.
Nous écrirons cependant des demain ù nos coraniettants, pour
leur peindre Tentliousiasffle patrioiuiuc (lui anime toutes les pro-
vinces, et leur déterminaUon uniforme de se soumettre à la loi
commune, qui va régénérer la France, et nous ne doutons pas
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LES HOMMES DB LA EftVOLimON
139
que la ville ne s'empressi' de faire tous les sn( rilicos qui sont en
son pouvoir, à la Patrie commune, dont ellf tient son 'bonheur
depuis vmi ans, el (qu'elle ne lui abandonne avec confiance ses
pluB chers intérêts.
La rédaction des décisions prises dans cette nuit
du 4 fut discutée dans la séance du lendemain 5.
Chacun cherchait à sauver quelques débris du nau-
frage des privilèges et des revenus. 11 demanda, à
Toccasion de la suppression des juridictions seigneu-
riales, do faire une exception pour TAlsace, où beau-
coup de princes étrangers y possèdent des droits
féodaux, garantis par des traités avec la France, mais
en tout cas de ne les abolir que moyennant une
indemnité à tlxer, ce qui fut admis dans la séance du
11 et sanctionné par le roi le 13 suivant.
Le Moniteur universel du 5 août, en résumant ces
séances, dit :
l-es députés de Strasbourg se souraetltMil, pour leurs commet-
tanls, à 1 égaillé entière de réparlilion des impôts, sous la seule
réserve de Tadministration et des privilégesde leur ville, ù laquelle
Ils ae réfèrent sur ees objets consignés dans ses capitulations, et
relatills, en grande partie, à sa situation si importante et si pré-
dense au Royaume.
Par suite de toutes ces nouvelles, Tancien Magis-
trat donna successivement sa dômission, et à la date
du 12 août, il ne restait déjà plus que les souvenirs
des xm, des XV, des XXI, des Cïonsuls et des dOO
échevins.Dietricli, commissaire du roi depuis à peine
un mois, avait aussi offert de se retirer, mais, cédant
à des instances unanimes, il consentit à remplir au-
près de la magistrature strasbourgeoise, rôorgaiiJsée
dès le 13, les fonctions de représentant du gouver-
nem^t.
Septembre--. De Paris, TQrokhâm lui annonçait :
Vous seres maire de Strasbourg, mais nous sommes à la Teille
d*nne grande révolution.
10 octobre — . H présente à TAssemblée nationale les obser-
vations arrêtées le 1** de ce mois en assemblée des
Monnlle Série. — 7«* Année. ^
REVUE D'ALSACE
échevîns^représeiitants librement élus de la commune
de Strasbourg.
On pensait que la lecture de ces observations amè-
nerait PAssemblée à quelques concessions; mais il
n'en fût rien, les IntÔrôts de Strasbourg ftirent sacri-
fiés, ses institutions foulées aux pieds, et de sa Con-
stitution il ne fut pas plus question que si jamais
elle n'avait existée.
Déoourai^c par cette marche des choses, et fatigué
des contradictions journalières de TAssemblèe, il
demanda et obtint un congé pour raison de santé.
Octobre — . Arrivé à Slrasbuur<f voi^ la fin do ce mois, il
envoya sa démission de député à TAssemblée natio-
nale, où son collègue de Schwendt resta seul sur la
brèche à défendre les libertés grandement compro-
mises du vieux Strasbourg.
2 décembre — . n se démit également de ses autres fonc-
tions ; mais, ayant à cœur de se justifier aux yeux des
échevins qui, plus d'une fois, critiquèrent ses vues
politiques, il se décida à les publier sous le titre de :
Rapport à la commune de Strasboui^g sur la situation
de P Assemblée nationak au mois d'octobre de Vannée
courante, lorsque je la quittai, 1789.
n indique, dans ce rapport, les causes qui Pont forcé
à donner sa démission, n y rend compte de tout ce
qui s'est passé à Paris, depuis l'ouverture de l'Assem-
blée nationale jusqu'à fin octobre 1789.
Cet écrit, qui renferme beaucoup de vérités, reflète
l'esprit praticien et patriotique du vieux Ammeister,
et avec franchise il vous fait sentir le soufQe domi-
nateur du moment, le(iucl, plus tard, engendra la
Terreur et toutes ses cruautés.
Retiré à la campagne, il ne s'occupa plus que de
ses afEaires particulières.
Nous avuns de lui :
1^ De Jure legislatorio Merovacomm et Carolingonm
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UB HOMMES DB LA RÉVOLUTION
idi
Galliœ Rcgum circa Sacra* Argentorati in-4%
1772. Sa thèse de docteur.
2» Mémoire de droit public sur la ville de Strasbourg
et TALsace en général Strasbourg, 1789.
TURGKHEIM (Behnhaed-Feédérig de), fils.
1789. Vicaire du corps des marchands. Attaché àla maison
de banque de son père, Jean de TOrckheim, rue
Brûlée. Il en devint plus tard le chef.
8 février 1790. Elu officier municipal
11 novembre — . Maintenu.
8 janvier 1791. Signataire de la proclamation de la muni<^
palité aux Strasbourgeois lors des rassemblemmts
et troubles qui eurent lieu près de Saint^Pierre-le-
Vieuz.
14 novembre —, De nouveau éluofiacier municipal; il avait
le bureau des établissements publics et du commerce.
1* juillet 1793. n parut un méchant pamphlet dans les
termes suivants :
Vous êtes avertis qu'on procédera le 9 de ce mois à l'enrôle-
ment des aeiie ceats liommes que le Dassin doit oflirir. On croit
devoir vous piévenir que le maira ne s^enrélen pas, parce qnll
veut se fiiire nommer député pour la seconde léglslatore, étant
inslruii p:ir les rapiwrts de ses chiens courants do rcmpressomont
qu'unt tons les j,tiis honnêtes de si' tlcharnisscr du ce m;uivais
sujet et de le rcmplâcer par riiuiiiu'lo t t vi rtiieux de Tiirckheiin.
20 août 1792. Destitué oûicier municipal par Garnot» Prieur
et Ritter.
6 décembre— . Elu maire en romplaceuient de Lachaussc
et de Braun, qui ne restèrent en fonctions qu'environ
quatre mois.
18 janvier 1793. Destitué par Couturier, Rûhl etDentzel, et
remplacé, pendant quelques jours, par Saum père,
qui, peu après, fait place au Savoyard Monet.
U septembre — . Monet ordonne à l'officier municipal Jung
de £Edre venir à la maison commune Tûrckheim,
ancien maire, ci-devant noble, pour luiintlmer Tordre
13S
BBVUB D*AL8A0B
de se rendre au Séminaire, faute de n'aToir pas obéi
à la proclamation du gônéral divisionnaire Dièche.
Informé à temps, il passe le Rhin et se réfugie chez
son frère aîné jusqu'après la chute de Robespierre^
27 juillet 17d4.
10 octolve — . Pendant son absence, un vil individu vint
déclarer au Comité de survdllance des jacobins avoir
vu sortir de la maison TOrckheim, ex-maire et homme
suspect» une femme avec un panier couvert d^un linge
blanc et allant au Marohé-Neu^ n* 5, maison Hertz.
La déclaration fiit aussitôt renvoyée au maire, qui
ordonna à Waghette une visite des lieux. La maison
fut fouillée de la cave aux greniers, sans qu'on trou-
vât rien, et ce fht Wa^iette qui en recueillit tous les
désagréments.
81 — . Imposé par SaintJust et Lebas à 160,000 livres, qui
furent régléesles 7,17 et 22 novembre en 30,000 livres,
- le Ck)mité de sûreté générale du Bas -Rhin ayant
déclaré, le 7 décembre, qu'il lui sera délivré une quit-
tance iiuale,et que Ton se contentera des 30,000 livres
payées.
Voici le jugement sur son compte que nous en a
laissé la Société des jacobins :
Tiirckheim, arisloiTati' (Icclaié, qui ne s'est point fait de scru-
pules de dire baulement, el toutes les fois que Toccasiou s'en pré-
sentait, qu'il n'aimait pas la révolution.
U était officier mtmicipal avant le 18 août, il a signé lâ fameuse
adresse contre la déchéance dn roi, et a voté dans le sens des
trois corps administratifs, pour la non exécution de la loi qni
prononce la dérliéancc do Louis XVI.
Il est un des suspendus par dé(Tel de l'Assemblée législative.
il u protégé en mille occusious les aristocrates, les fanatiques,
et a vexé plusieurs prêtres patriotes et d^autres citoyens employés
dans les malsons de cbarllé, dont il avait Padmlnistration.
Finatoneot, c'est un de ces riches banquiers qui ont acheté de
TEmpereur des titres qui les dispensaient d'éire des hommes.
Pareilles calomnies ne sont point étonnantes,
quand Monet» dans son discours sur la coi^uration
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION
133
de l'Etranger, prononcé au dub des jacobins le 10 mai
1794, disait avec assurance :
Avant que Schneider eut terminé sur i'échafaud sou infâme
carrière, rèmigré TQrckbeiiii soutenait nos prisonniers du
Fort-Vanban, quHl n*y avait, à Strasbourg, qu*an seul iionnéte
homme C'était Schneider.
Gomme son père, il ne fit point partie de la Sodété
des amis de la Constitution, tout en étant partisan.
ULRICH (ÂNDRÉ).
1789. Homme de lettres, GrandYae de la Grange, 6, à Stras-
bourg. *
SJauTier 1790. n fonde et rédige les Wac^ieniUdie Na/ch-
Hchten, qui prirent fin le 80 décembre 1791.
8 téTiier . DIetrich le nomme secrétaire-Interprète de la
nouvelle municipalité, pour laquelle il est proposé.
6juillet— . Membre delà Société des amis de la ConsU*
tution; il prononce un discours à sa réception, et
dépose quelques propositions en &Teur de la langue
allemande. '
7 février 1792. D est à l'Auditoire avec la Société.
6 décembre—. Elu officier municipal sous Fréd. de Tûrck-
heim.
18 janvier 1793. Suspendu provisoirement par Couturier,
Rûhl et Dentzel.
11 février—. Les mômes représentants enjoignent à la
municipalité de lo faire expulser do la ville, dans le
plus bref délai, sans qu'il puisse se retirer en Alsace
et dans lo pays de Bitsclie.
Mars — . n va à Besançon déposer en faveur de Dietrich.
7 juin — . A peine est-il de retour, que son arrestation est
ordonnée par les trois corps constitués du Bas-Rhin.
U échapi»e aux poursuites.
18—. Dans la cinriuièmo section de la ville, Schneider l'at-
taque dans un écrit intitulé : Les cris au désert.
27 juillet — , Dans une lettre de Paiis aux jacobms de Stras-
REVUE D'ALSACE
bourg, Laveaux le qualifie de finiit see, de brouil-
lon, qui Ta toujours été et le sera toujours. Un de ces
êtres qui ne se corrigent jamais. Le serpent meurt
dans sa peau, si vous le réchauffez dans votre sein, il
vous perce le cœur, je vous prédis que vous vous
repentirez de votre indulgence envers ce coquin.
29 novembre — . Il est arrêté et incarcéré dans une maison
d'arrêt de Strasbourg, par ordre de Schneider, dit le
registre des écroux ; mais le geôlier Léonard fils, dans
la colonne d obsorvations, ajoute qu'il ignore les
motifs de rarreslation.
Il est aussitôt transféré à Besançon, d'où on le
ramène à ses frais pour être guillotiné.
15 décembre — . Il arrive à Strasbourg, le jour où Schneider
a été exposé au poteau. Cette heureuse circonstance
lui sauve la vie, et peu de temps après il est rendu à
la liberté.
2 septembre 1791. Tisserant. aux jacobins, le désigne comme
l'un des chefs de la faction Dietrich ; mais la chose
n'eut point de suite, leur rcMe était terminé par suite
de la chute de Robespierre.
17 janvier 1795. Le représentant Bailly le nomme notable
de la commune.
1800. Nommé par le préfet secrétaire de la Commission
administrative des hospices civils. Il est l'auteur et
l'imprimeur du Recueil des pièces authentiquas servant
à rhïstoire de la Révolution à Strasbourg (appelé :
Livre bleu par rapport à sa couverture).
UNGERERfils.
1789. Boucher à Strasloourg.
12 mai 1793. A la réunion de la sixième section de la ville,
il atteste avec Stuber avoir entendu Schneider, ex-
pretre alloinand, dire, dans le club des jacobins, que
le Comité des douze sections est une assemblée illé-
gale; que la majorité de ce Comité est composé d'aris-
tocrates et de feuillants avérés j que ce comité tend.
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LES HOMMES DB L4 BËVOLUTIOK
196
par ses principes, à corrompre l'esprit public ; que ce
Comité s'oppose formoUemont aux pouvoirs consti-
tués; qu'il formo un Etat dans l'Etat; qu'il est le
centre de la contre-révolution dans le département;
qu'il agit do connivence avec les Prussiens et les
Autrichiens; qu'il est urgent de supprimer totalement
ce Comité.
Schneider y répond le 4 juin suivant.
25 octobre — . Le Comité de sûreté générale, dont Schnei-
der est membre, ordonne que Ungerer sera déporté
hors des frontières de l'Alsace. On change d'avis et
il est mis au Séminaire jusqu'à la chute de Robes-
pierre.
VOGT (FO, père.
Avant 1789. Fourbisseur, au pont de la Grande-Boucherie,
à Strasbourg. '
Juillet 1790. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
14 novembre 1791. Elu notable.
7 février 1792. Il suit les amis de la Constitution à l'Auditoire
du Temple-Neuf, avec lesquels il reste juaqu^au jour
de la fermeture de la salle, le 27 juin, pour passer aux
jacobins.
6 décembre — . De nouveau élu notable. Il était alors
commandant d'un bataillon de la garde nationale et
employé dans les bureaux de la municipalité de
Strasbourg.
18 janvier 17d3. Destitué comme notable.
17 octobre — . H figure sur une liste de proscription.
14 novembre—. Destitué commandant de la garde natio-
nale, mis en état d'arrestation pour être conduit en
prison à D^on, comme otage, jusqu'à la paix.
25 n est rayé du club des jacobins.
10 janvier 1794. Baudot et Lacoste parviennent à le faire
arrêter dans la nuit» et conduire aussitôt à D\jon;
BBVOB U'àlSkCE
seulement dans rarrôté U est qualifié par erreur d* em-
ployé dans les greniers de la ville.
19—. Âux jacobins, on donne lecture d^une lettre des pri-
sonniers de Dijon, dans laquelle il relève la qualité
d^employé des greniers de la ville, tandis qu^ était
alors scribe dans les bureaux de la commune. H se
dit père de dnq enfants, dont un, âgé de 18 ans, lisdt
la guerre en Vendée.
Les sans-culottes le qualifient de Jacobin de 1788,
homme du peuple avec tout son nerf et ses vertus,
il jouit de Testime de tous les vrais sana-culottes de
Strasbourg.
26- .. La âtoyenne Massé lui MX savoir que sa femme et
ses en&nts se portent bien, qu'^ est restée très
courageuse, et qu^à la levée des scellés, on n^a rien
trouvé de suspect.
12 février — . De Dijon, il adresse, avec ses ooUègnes, au
dub des jacobins, V Histoire de la propagande et des
miracles qu'elle a faits à Strasbourg pendant son
séjour ikins cette commune en frimaire de Van II
(1793).
13 mars — . La Société des jacobins, examinant la liste des
incarcérés, passe à Tordre du jour sur rex-commau-
dant Vof^t, ce qui ne IVi pas empêché de rentrer le
lendemain à Strasbourg.
27 — .Monet, Teterel et Mainoni dénoncent à la Société
épurée, at'liliée aux jacobins de toute la République,
la l>rochure du 12 février, contenant des calomnies
contre eux et de fausses inculpations.
10 mai — . Monet, dans son discours sur la conjuration de
l'Etranger dans le Bas-Bliin, ne peut s'empêcher de
dire que Vogt était du complot marchant de pair avec
celui de Paris pour renverser le gouvernement révo-
lutionnaire et républicain, que les jacobins ont sage-
ment agi de le proscrire de leur sein, que Schneider
lui écrivait de TAbbaye, le 20 février 1794, que sa
position, triste eu elle-même, était plus afOigeaute
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LES HOlIMBB DE LA B£vOLUTION ii)7
encore par la certitude où il était, d'avoir causé son
infortune et son arrestation, et que m*'mo Simond,
de son côté, donnait à Vogt Tassurance ([ue sa réclu-
sion no sera pas do longue durée. Par contre, le cor-
donnier Jung avouait que Tàme de Vogt était Tégout
de tous les vices.
SÎ4 juillet — . De Paris, le représentant Riihl donne les ren-
seignements suivants sur Vogt :
L'ayeiil niali'i nel de sa femme est le même que le mien, const^-
quemmeut ma cousine. C'esl un bon ai iiste et un des fuurbis-
aenn les plus renommés de la république ; je ne lui ai parlé (lu uoe
fois dans ma vie^ et Jignore quels sont ses principes, il a été très
attaché à Dietrich, le traître, dont la mémoire sera toujours en
exécration à tout vrai n^publicaln. Ce bruit cependant peut être
faux et je suis bien elitigiié d'en {garantir la vérité.
17 janvier 1795. Bailly le nomme notaljle au Conseil de la
de la commune, ajoutant (jue le grade qu'il occupait
dans la garde nationale, n'existant plus dans la nou-
velle organisation, il a cru exprimer le vœu de ses
concitoyens, en le nommant à la municipalité, parce
qu'il n'a jamais cessé de mériter leur confiance.
5 février —. Maintenu notable sous le maire Keppler.
31 mars 1800. U est remplacé par Vogt» charpentier.
WAMGEN DE GEROLDSBCK (Louis de),
rae de la Toussaint, n" 18, à Strasbourg.
1789. Membre de TAssemblée provinciale d'Alsace.
Septemljre 1791. Membre du Conseil d'administration du
district de Strasbourg, de corps se constitua peu de
temps après et nomma son Directoire, dont il fut l'un
des quatre membres sous la présidence de M.de Sancy.
8 joillet 1792. Signataire de 1' adresse envoyée à l'Assemblée
nationale lors de renvabissement des Tuileries, le 20
juin, et demandant la poursuite et la condamnation
des auteurs.
13-U novembre — . A l'élection tenue à Wissembourg, il
est de nouveau élu membre du Directoire départe-
mental, dont Monet était le procureur général
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138 BBVUB D'ALSACE
7 février 1793. Encore en fonction, il vise un état des émis-
grés du Bas-Rhin.
22 juin — . Vice-président de cette administration, il déboute
Tabbé Rumpler, enfermé au Séminaire, de sa plainte
contre le maire Monet.
3 octobre — . Destitué comme ci-devant noble, dont la
famille a émigré, fouillant, qui a refusé de signer
l'adliésion à la révolution du 31 mai, et qui a appuyé
ladressa fédéraliste de l'administration du départe-
ment de la Meurthe, où il avait des propriétés.
5 — . Il signe encore comme administrateur du Directoire.
14 — .Le Comité de sûreté générale du Bas-Bhin ordonne
sa réclusion.
11 décembre — . Sur sa réclamation, le même Comité passe
outre et lui refuse le certificat de civisme, ce qui
l'oblige à quitter Strasbourg.
14 - . Il sera écrit à la municipalité et an Comité de surveil-
lance de la commune de Grépy, prés Brienne, dépaiv
tement de PAube, de rarrôter et Mre conduire à
Strasbourg.
8 septembre 1794. Aux jacobins, Tisserant le classe chef du
parti Dietdch. *
17 janvier 1795. n revient dans ses foyers, le représentant
Bailly le nomme administrateur du district de Stras-
bourg.
30 — « Membre du Comité de la Société populaire régénérée,
il signe le règlement de la nouvelle Société d'après
rarrèté de Bailly du 17 dudit.
81 —, nMtappelàses concitoyens pour obtenir des secours.
Octobre—. Lors des troubles d'Obemai, il y fut envoyé
comme commissaire par l'administration du Bas-
Rhin, pour procéder à l'enquête demandée. Celle-ci
ayant été faite dans un sens favorable à la commune,
le représentant FHcot n'y donna pas suite.
18 avril 1797. Démissionnaire de radmiiiistration du Bas-
Bhin.
1800. De reeh^ membre du Conseil général du Bas-lihin,
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LES HO&OfBS DE LA RÉVOLUTION
139
il fiit 61a commissaire administratif des hospices
deStradM)urg.
1806-1810. Maire de Slrasbourg; il reçut Tempereur et .
rimpémtrioe Joséphine, en 1809, et Blarie-Looise, en
mars 1810.
WEBER (Samuel-Reinhardt).
23noY6mbre 1747. Né à Strasbourg, où il était licencié en
droit avant 1783.
1783. Secrétaire de la Cliambre des économies et de celle
des forôts.
1786. Chef de la tribu de FAncre.
1788. Secrétaire de la CSiambre des impôts et interprète à
celle des contrats.
8 tMBt 1790. Gomme membre de Fancien Magistrat, il est
élu officier munidpal.
80 avril — . Substitut du procureur municipal. M** Mathieu.
Membre de la Société des amis de la Constitution.
11 novembre — . Maintenu substitut de X. Levrault
6 septembre 1791. Gomme tel, il proteste contre rinfôme
pan^hlet, accusant Dietridi, Levrault et Noisette
d*aroir été les instigateurs d'une tentative d'assassinat
contre le cardinal de Rohan, alors à Ettenheim.
14 novembre — . Confirmé substitut de Michel Mathieu.
7 février 1793. A l'Auditoire avec la Société des amis de la
Constitution, et ce jusqu au 27 juin suivant, jour de la
fermeture de la salle.
22 août ~. Camot, Prieur et Bitter le nomment procureur
de la commune à la place de Michel Mathieu.
Janvier 1798. H autorise Hervé à compter 800 livres
à Biviére, chargé de remettre au représentant RCIhl,à
FGuria^unelettre que ce dernier dit n'avoir jamais reçue.
8 octobre — . Destitué procureur par Milhaud et Guyardin,
comme aristocrate, agent de Dietrichet colporteur de
ses adresses.
14—. Ordre de TOloigner à vingt lîeues des frontières de
l'Alsace. Il indiquera sa résidence.
140
BBVQB D'ALSAOB
11 décembre —. Rentré clandestinement à Strasbourg, il
est conduit au Séminaire jusqu'à nouvel ordre.
Après la chute de Robespierre, 27 juillet 1794, il est
mis en liberté.
17 janvier 1 795. Bailly le fait juge au tribunal civil du district
de Strasbourg.
1797. Receveur général des hospices civils de Strasbourg.
WEBËB (Daniei^Faêdéeug).
31 janvier 1752. Né à Strasbourg, où il était charpentier.
1786. Chef de cette tribu dans la rue de ce nom.
2 mars 1790. Capitaine de la garde nationale, et, comme il a
reçu le juif Marx Berr dans sa compagnie, la Société
des amis de la Constitution lui adresse une lettre de
remercîments.
81 — . 11 est reçu membre de cette Société.
13 avril — . A son entrée, il prononce un petit discours
approprié à la circonstance et empreint du plus pur
pati'iotisme.
7 février 1792. U est à TAuditoire avec les ûdôles à la Consti-
tution.
6 décembre — . Notable de la commune.
18 janvier 1793. Maintenu, mais pour peu de temps.
31 octobre — . Saint- Just et Lcbas l'imposent à 2000 livres,
qu'il paie les 11 et 21 décembre suivant
11 décembre — Cionduit au Séminaire avec son frère Tex-
procureur.
22 avril 1794 Décédé, après sa sortie du Séminaire.
WEILER (F.).
Avant 1780, Docteur en médecine à Strasbourg.
8 févi'ier 1790. Proposé pour la nouvelle municipalité.
Juillet — . Membre de la Société des amis de la Constitution.
7 février 1793. Il est avec elle à TAuditoire du Temple-Neuf.
14 octobre 179a Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhi^
arrête qu'il sera reclua
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LES HOMMES DE LA BÉVOLUTION 141
31 — . Imposé par Saint-Just et Lebas à 30,000 livres, sur
lesquels il paie les 6 et 11 novembre 10,500 livres. Il
paraîtrait que le surplus lui a été remis.
21 novembre — . Il est rais au Séminaire.
22 . Il réclame son ôlai'gissement ; mais, comme il est
reconnu feuillant convaincu, on passe outre ; seule-
ment pour ne pas laisser soulfrir ses malades, il lui
sera donné deux plantons patriotes et intelligents,
à 3 livres chacun par jour.
1" décembre — . Il ose sortir du Séminaire avec un planton.
2-i— . Ce planton lui est retiré.
Après la chute de Schneider, il est m»» en liberté,
WËYHËE (£x»ins).
ATOnt 1789. Négociant à Strasbourg
80 novembre 1790. Membre de la Société des amis de la
Constitution.
7 février 1793. Il est avec elle à TAuditoire.
6 décembre — . Elu notable et, peu de jours après, nommé
officier municipal.
18 janvier 1793. Mamtenu.
6 avril — . Il signe la réquisition d'uniformes complets
pour les gardes nationaux de Strasbourg.
3 octobre — . Destitué par Milhaud et Guyardin, comme
chef des municipaux-feuillants.
31 - . Imposé par Saint-Just et Lebas à 20,000 livres, qu'il
paie les U et 9 novembre.
31 mars 1800. Notable sous Livio.
21 mai 1802. Membre du Conseil général du Bas-Rhin.
WILD [j£UkN-GEOFFBOl).
1786. Secrétaii»4reoevâur du vingtième au bureau du
tratâe]avm&
8 février 1790. Fïroposê pour la municipalité.
30 septembre — . En eette qualité, reçu membre de la
Société des amis de la Constitution.
7 février 1792. Avec elle à l'Auditoire du Temple-Neuf jus-
qu'à la fermeture de cette saUe, le 27 juin suivant.
142 BsyuB d'albaob
10 septembre 1793. Le Comité des jacobins arrête d^envoyer
une députation à la municipalitô pom* le faire incar-
cérer sans hésiter, comme ayant mérité depuis long-
temps co traitement. Cette députation ira chez le
généralDiôche, pour qu^ prenne les mesures conve-
nables, afin que cet oiseau ne s'évade pas, et malheur
à celui qui oserait lui donner asyle.
Ënferm* ' nu Séminaire, il n'en sortit que fin décem-
bre, après la chute de Schneider.
26 mai 1794. De nouveau mis en état d^arrestation conmie
ex-employé de la municipalité» destitué pour cause
d'aristocratie et meneur de section.
La chute de Robespierre lui rendit la liberté en août
suivant
Octobre Le maire André lui donne un emploi à la
municipalité.
17 janvier 1795. Cîomme tel, le représentant BaîUy le nomme
juge de paix du troisième arrondissement de la ville.
Iv octobre — . U est chargé de recevoir les cotisations pour
suivre et arriver au remboursement, par.FEtat, de
Femprunt forcé de SaintpJust etLébasdu 31 octl793.
WILHELM.
Mars 1791. Vicaire apostolique de la cathédrale de Stras-
bourg et secrétaire presbytéral, nommé par Tevèque
constitutionnel Brendel, en vertu du décret de TAs-
semblée nationale, du l'2 juillet 1790.
8 novembre 1792. 11 répond à Tarrété épiscopal en ces
termes:
Lps sex;igi riairt's catholiques romains, citoyens du Séminaire,
non siMilemi'Mi y iviiiiis aux termes de la loi du 2(5 août, mais
même y reurerniés, au désir de rarrêté du 5 novembre, déclarent
par les présentes au citoyen évèque iircndel que, pour oser en
bonne conscience fidre leur culte dans réalise cathédrale, il fim-
drait qu'ils se trouvassent d'accord en opinions religieuses avec
ledit citoyen évêque.
Or, s'ils s<^ fussent trouvés dans ce cas, ils n'auraient pas été
dénoncés comme des prêtres insermentés, par six imbéciles de
leurs cantons, et ils ne jouiraient pas aujourd'hui de la gloire de
se voir incarcérés pour la cause de Dieu.
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LB8 HOMMES DE LA RÉVOLUTION 143
Its ^tent que, seloD lenr manière Cinatiqiie de croire. Us ne
penvenl. ni ne doivent pas plus eélébnr ies saints mystères dans
les é<îlises (le conformistes, qu'ils n.>, doivent ou ne peuvent les
célébrer dans les temples des protesUmts.
ZIMMER (Jean-Frédéric), père,
qiud Saint-Thomas.
1760. Nomménotairele24mai et ^^reffier aux inventaires
le 14 juin. Plus tard, notaù-e de l'Université de Stras-
bourg, NotaiHm Academicus. Administrateur de la
paroisse protestante de Saint-Pierre-le-Jeune. Rece-
veur de la fondation de Saint-Thomas.
26 mal 179a Gomme ancien stettmeister, élu membre du
district de Strasboui-g.
Sjuillet — . Le district, s'étant constitué, le nomma du
Directoire déi^artemental.
Janvier 1791. Jtmi Mieux intentionné, dans une lettre à ses
confrères qui cultivent la terre, tâche de leui^ prouver
que la vente des biens ecclésiastiques est la ruine des
paysans, que les canonspayés jusqua présent étaient
moindres que les nouvelles contributions.
^^"^'^ S'-i'ie, dit l'auteur anonyme,
jODimals chaque fois une diminution d-î mes canons : me mau-
qnaiNl du blé pour ensemencer mes terres, surtout de l orge, je
le recevais sans difficulté de Zimmer, raeeveur de b ftndatimi de
!>aint-Ihoinas; ce l,rave homme était aussi aimable envers moi
que ses devanciers envers mon ix-re et mes aïeux.
26 février Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
15 septembre Maintenu au Directoire du district.
7 février 1792. U suit les amis de la Constitution à TAuditoire.
14 mars 1793. Président d'âge du Directoire du disMct
3 octobre Destitué du Directdre comme aristocrate, qui
a refusé d'adhérer à la révolution du SI mai.
14—. Le Ck>mité de sûreté générale du Bas-Rhin anéte qu'il
sera éloigné à vingt lieues des frontières dol'Alsace,
™^ tenu d'indiquer son nouveau domicfle.
31 Imposé par SaintJust et Lebas à 50,000 livres.
enovemhre-. Il paie à compte 8000 livres.
144
REVUE D'ALSACB
15 — . Le Comité de sûreté générale du Bas-Rhin, vu le peu
de zèle que montre Ziramer père à payer sa contri-
bution, décide de le f;iire mettre sur le champ en état
d'aiTestation. Incarcéré au Séminaire, il n'obtint sa
liberté qu'après la chute de Robespierre, en août 1794.
17 janvier 17U5. Bailly le nomme notable de la commune.
1797. Commissaire du Directoire exécutif près l'adminis-
tration municipale de Strasbourg, dont Dômichel était
président
ZIMMER (George-Frédéric), fils.
Avant 1787. Licencié.
26 mai 1787 au 24 février 1827. B succéda à son père, Jean-
Frédéric, comme notaire à Strasbourg.
26 février 1791 . Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
7 février 1792. Avec elle à PAuditoire jusqu'à la formetore
de cette salle, le 27 juin.
81 octobre 1793. Imposé par SaintJust et Lébas à la même
somme que son père, 50,000 livres.
15 novembre—. Vu son peu de zèle à payer cette contri-
bution, le Cîomité de sûreté générale arrête quil sera
admonesté; que cependant sa contribotion serait
réduite à 20,000 livres, à condition de la payer sur le
champ.
19 — . Il verse 2000 livres.
21 — . Ledit Comité lui délivre son certificat de civisme, et
réduit de nouveau sa contrD3ution à 12,000 livres.
24—. Si, dïci au 26, à midi, sa taxe n"est point payée, il ira
au Séminaire. Ce qui eut lieu.
Il n'en sortit qu'après la chute de Robespierre, en
août 1794
Etienne Barth.
(Les Hommes de 1793 ù la prochaine livraison.)
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ÉTUDE
SUB
QUELQUES POINTS OBSCURS OU CONTROVERSÉS
LHISIOIRE DE SAINTE-MARIE-AUX-MINES
Avant 1790,1a comnuine actueliti de Sainte-Marie-aux-minc9
était divisée en deux portions, formant cliucuue une commune
distincte, ayant son administration propre, ses lois et même
sa religion. Billing et Grandidier attestent que, de leur temps,
la langue allemande était presque seule parlée dans Tune et
la langue française dans Tautre. La portion méridionale de
Sainte-tfarie appartenait au comté de Ribaupierrè ; la sep-
tentrionale était lorraine. Entre les deux eoulait le Landwas-
ser on Landbaeh, formé par la réunion au lieu dit Bréliagotte
(hameau auj m rd*hni englobé dans la Tllle) du ruisseau d*Her-
gochamps ou de Liverselle et de la Liepvrette. En amont du
Bréhagolte. le ruisseau d'Hergochamps séparait seul la Lor-
raine de l'Alsace, et il en était ainsi jusqu'à sa source appelée
• la Gineselle ».
L'assertion de Billing, de Grandidier et de tous les con-
temporains de la Révolution française, relative au langage des
habitants de Sainte-Marie (Alsace), est conforme à la réalité
Roimlle SMe - 7* Année. 10
DE
oftté d'Alsace
146
BXVUB O'AtSACB
des faite. Vers la fin du XVIIP siècle, les communautés de
la rive droite do la Liepvretle étaient absolument germani-
sées. Peut-être paraitra-t-il de quelque intérêt de rechercher
oommeoi celte germanisation s'est opérée. C'est ce que je
?aîB essayer de faire.
Au mlliea du XVI* siècle, Sainte-Marie d'Alsace n'existait
pas encore. A cette époque, on ne connaissait que Mergenkilch,
Marîenkirch, Mariakirch, petit hameau élevé depuis peu anx
cantons dits < le Rain et le Pré de Sainte-Marie-Madelaiue »,
sur un terrain payant la dîme à l'église « Marie-Madeleine »,
située sur la rive lorraine, et qui. jusques en 15 lo, avait
servi de pâturage commun aux riverains des deux bords.
Tant que le sol sur lequel se bâtit le bourg de Sainte-Marie
d'Alsace put sembler improductif, nul ne songea à en reven-
diquer la possession. Les seigneurs de Lorraine roccupèrent,
sinon de droit, au moins certainement de fiiit. Une douzaine
de maisons, les seules construites à Mergenkilch avant i51S,
leur payaient un droit de ménantie et continuèrent à le payer.
Un accord, intervenu entre Sclimassmau de Ribaupierre
et Antoine de Lorraine (loi2-15l5}, ne décida pas absolu-
ment de lu (juestion de propriété : il permit, en effet, aux
sujets lorrains de faire pâturer leur bétail sur le territoire
en litige, et Schmassman s'obligea à indemniser les habitants
de Fertrupt qu'il avait maltraités et empêchés do travailler
aux mines ouvertes par la Lorraine sur un point de ce
môme territoire, & Suscité. Après la réunion deTAlsace à la
France, Louis XIV, en 1669, crut, paralt-il, devoir, par nn
édit spécial, afBrmer à nouveau ses droits sur Sainte-Marie,
bourg alsacien. « Tout ce qui se trouve à droite de la hau-
teur et de l'eau vers le midi sera et demeurera entièrement
séparé de la Lorraine. . . distrait du ban de Marie-Madeleine
(Lorraine) et ',^•^rde le nom de Sainte-Marie, côté d'Alsace,
etc. • Ou trouve des traces de ces contestations jusque dans
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HISTOIRB XXB SAINTB-IIABIB-AUX-MINBS
147
les préliminaires et dans rioBtrument lai-méme de VEutih
p&iteheBuhe à» il i9.
jQsqae Yen le XVI* siècle,le nom donné à la contrée sou-
mise aux Ribaupierre sur la rive droite delà LiepTrette était
celai de val de U^Yre et d'Eschery. On n'y royait point,
ayant i500, d'agglomérations compactes de maisons capables
de former, ni une ville, ni même un bourg, mais des habita-
tions éparses, ça et là quelque peu groupées, noyaux primi-
tifs qui, en se soudHut entre eux. ont formé, par la suite des
âges, une partie de la ville actuelle. C'étaient le Pré, Sainte-
Marie- Madeleine (Alsace), Saint-Philippe, Liverselle, Bréha-
gotle, etc. Vers le même temps que Mergenkilch» ou, pour
mieux dire, un peu auparavant, un hameau d*une certaine
importance s'était élevé en aval, le longdurniaseletduFeur-
truptou de Fortelbacb. Il en existait, d'ancienneté, deux
autres, l'un à l'extrémité orientale, l'autre à l'extrémité occi-
dentale de la vallée : c'étaient les deux Saint-Gotllaume, qui,
pour avoir été antrefois occupés par les moines d'un couvent
syanteu un Saiut-Guillame à sa léte, en avaient pris le nom,
comme ils prireiit tous deux celui d'Eschery, ou Eckkericli,
du vénérable A( hericli, homme noble et protecteur du môme
couvent, à ce que rapporte Richer de Senones, contredit sur
ce point par une charte de CUariemagne, du 14 septembre
774, oii le D' FOrstmann, de Dresde, trouve déjà le nom
d'Ëckerlch sons la forme < Achinis ragni >. Quoi qu'il en soit,
à côté du Saint Guillaume devenu l'Eschery actuel, se trou-
vaient dispersés des groupes plus ou moins nombreux de
maisons, à Fàunoux (aujourd hui Rauenthal), à Sorlhftte, à
la Barre (La Côte ), à la Petite Lièpvre. etc. L'autre Saint-
Guillaume, le Saint-Guillaume oriental, perdit, on ne sait com-
ment, ce nom, pour redevenir exclusivement Saint-Biaise,
comme au et au XI" siècle.
Le courent dont j'ai parlé fut le premier siège connu de
148
RBVUB D'ALaAOB
radinioistratioii régionale; plus tard, Fabbayede Moyemnou-
tiers dirigea le couveot lai-même. Plas tard encore^* siècle),
des nobles bâtirent le château d^Ëschery (Hbh Eckkerich) du
produit des mines qolls aFaient décooTcrtes et exploitées
dans le val, «t prirent ou reprirent possession des domaines
peu à peu abandonnés par la négligence des moines de
Moyenrnouliers. Après rextinction des Eckkerich, leur châ-
teau passa par moitié aux seigneurs de Lorraine et à ceux de
Ribaupierre. Ceux-ci y entretinrent un gouverneur, qui,
devenu plus civil que militaire, et trouvant le château, con-
stniitau petit Rombach (commune de Sainte^Groix-aux-Mines),
de (kible ressource, Tint loger an Landhaus de Saint-Biaise,
à rentrée du wallon de Fertrupt, à Textréme limite du Pré
de Sainte*Marie-Madeleine.
Le gouverneur ou Landrichter administrait le val. A côté
de lui, l'on trouvait au XVP siècle une autre autorité absolu-
ment indépendante de son pouvoir : c'était le Bergrichter,
juge 0(1 {2:ouverneur des mines, qui réglait les affaires de la
confrérie des mineurs (Jùiappscàafi) et celles des mineurs
eux-mêmes.
Cette double administration était indispensable. Le val de
LièpTre et d'Eschery, avec ses forêts, ses pâturages, ses cours
d*eatt, ses babitants bourgeois, appartenait au LandethtrTf
seigneur foncier de Ribaupierre seul : celui-ci, depuis Scbmass-
man I, les tenait en flef deTabbayede Murbach, dont il avait
recherché la protection. Les mines, au cunh aire, formaient
un ûef d'Empire, concédé par Charles-Quint aux Ribaupierre
et aux archiducs d'Autriche indivisément.
Ces mines avaient été plus ou moins explorées dès le XI"
et le XII" siècle, au rapport de Richer. Il parait qu'elles ne
tardèrent pas à tomber dans un abandon presque complet,
jusqu'au moment où les Lorrains, dont Texemple fut suivi par
Brunon de Ribaupierre (fin du XV* siècle), s'en occupèrent
de nouTeau. Leur richesse éveilla l'attention et» soit que les
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HBITOIBB DE BAIMTS-MABlB-AtfX-KQIES
149
sdgnturs de Ribeau?iUé fassent hors d*état de les exploiter
seuls, soit qu'ils cberebassent à obtenir contre les réelama-
tkms des Lorrtias an appai dans la fomtiie impériale, ils
rÔDSsireat à se les fidre concéder i titre de fief d*Bmpire
indivis entre eux et Ferdinand d'Autriche. Les mineurs y
accoururent en foule.
Tl8 se logèrent, naturellement, dnns le voisinage immédiat
des galeries en cxploitntion, c'est-à-dire dans les vallons, jus-
que-là presque déserts, de la Burgonde. du Fissthal et du
Fertrupt, à Suscité ou Siltcn, sur le Pré el aux abords du
Rain de Sainte-Marie- Madeleine, où, dans Tespace de moins
d'an demi-siècle, ils élevèrent, si nous en croyons Sébastien
Honster, près de douze cents maisons.
Or, ces mineurs étaient pour la plupart des étrangers.
Tenus de Saxe et d*antres pays de l'Allemagne : leur langue
était donc l'allemand. Tandis que les vassaux naturels de
Ribaupierre, bourgeois et manants indigènes des communau-
tés du Val. parlaient le français ou le patois vosgien, appa-
renté au français, les membres de la Jûiappsrhnfft, sujets
d'Autriche-llibaupierre, n'entendaient que le pur allemand.
En d'autres termes, les anciens hameaux de Saint-Biaise et
d'Eacbery étaient au XYI* siècle exclusivement françaia; les
nouveaux bameaux, au contraire, savoir Fortelbacb et Marien-
kirch, colonies saxonnes, étaient germains.
Si Ton considère que toutes les commnnes limitrophes de
Saînte-Marie-d'Alsace avaient et ont encore une môme langue,
parlée à Aubure, à Fréland, à la Poutroye. au Bonhomme,
aussi bien qu'à Sainte-Croix-aux-Mines et à Sainte-Marie de
Lorraine, Ton sera porté à admettre, a priori, que l'étroit
îlot formé dans cet océan de français par Sainte-Marie d'Al-
sace n'avait pas un langage particulier, pas plus qu'il n'avait
de monnaie particulière, hors de cours chez les voisins.
Il est impossible de croire que Ribeauvillé, pays riche et
ISO BEVUB D*ALSAGB
fertile, ait envoyé des colonies dans les landes stériles d'Esclie-
Tf, Il est non moins impossible de supposer qae les habitants
primitife dn vn\ de Uèprre alsacien, dans l'hypothèse qu'ils
aient été de langue allemande, soient restés confinés dans
une plaine relative, alors que leurs adversaires venus de
l'Ouest, maîtres de celte même plaine du côté de Lorraine,
se seraient bornés, au miiii, à occuper la cime des montagnes.
Aujourd'hui encore, pour peu que Tou étudie la physiononiie
des rirerains de la Liepvrette, on reconnaîtra qu'ils sont de
deux races nettement caractérisées. Les anciennes familles dn
côté droit de la rivière ont la même taille^ la même expres-
sion, le même accent, le même esprit, j'sjouterai encore
les mêmes noms qae celles du côté gauche. Elles contras-
tent singulièrement avec cenx de nos concitoyens de race
germanique, qui, plus grands, plus vigoureux, d'une intelli-
gence plus étendue, mais moins fine, ont éh' moins éprouvés
par un long séjour dans une vallée froide et humide.
Mais, sans insister sur ces considérations trop théoriques,
et quittant le domaine de la spéculation pour aborder les
preuves matérielles, voyons ce que nous indiquentles docu-
ments du passé 1. . . Ils tendent uniformément à établir que:
1* La langue principalement en usage au XVI' siècle, dans
le val de Lièpvre alsacien, était la française ;
9r Des Allemands, venus da dehors, s'établirent dans le
val, à partir de la fin du XV' siècle. D autres les rejoignirent
vers 1560; de nouvelles immigrations euient lieu de 1637
à 1690, vers 1730, de 1730 à 1789. Ainsi se perdit peu à
peu l'usage du français, qui fut remplacé par lailemand.
Quant au premier point, il me suMra de rappeler que les
indigènes du val de Lièpvre, quoique séparés administrati-
vement, étaient absolument d'accord pour tout le reste. Les
jours de fêle solennelle, les bahitants de Sainte-Marie de Lor-
raine se rendaient avec croix et bannières, en véritable pro-
cession, à Saint-Pierre sur l'Hâte, qui était réglised'Eschery;
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mSTOlHE DE SAINTE-MAltlE-AUX-MlNES
lôl
d*antre8 fois, au contraire, c'étaient tes gens â*Âlaace qni
allaient processionnellement à Sainte-Marie-Magdeleine, Té-
glise du cùlé lorrain. Les actes publics, délibérations de jus-
tice, livres terriens, registres de l'Etat civil (1562), etc., sont
tous français. 11 en est de même du nom des localités et des
personnes: quand, par exception, un nom propre est allemand,
on le trouve toujours orthographié selon la prononciation
française. . . Je n'insisterai pas, du reste : tous cens qui se
aont occupés de l'histoire de Sainte-Marie sont d*accorâ à ce
SDjet, et, sll restait an lecteur quelque doute à propos d'une
question de détail, je pense qu'il se trouvera levé par ce
qui Ta suirre.
J îii déjà dit que des mineurs saxons avaient fondé Fer-
trupt et Marienkirch, où ils s'étaient d'abord établis, entre
Saiiit-Blaii-e à Test et Kschery à ruiie.st. Ils ne poussèrent
pas fort loin les premiers progrès de leur colonisation. Ainsi,
à Sainte-Marie même, ils ne dépassèrent guère les environs
de la place de la Fleur. Quelques-uns d'entre eux seulement
s'aventurèrent jusque dans les régions de Saint-Philippe, où
l'on venait d'ouvrir des galeries. Lorsque, probablement vers
le milieu du XVI* siècle et à une date assez peu antérieure à
1568, les seigneurs de Ribaupierre se virent obligés de con-
stater officiellement l'existence des nouveaux hameaux, en
leur créant un ban, l administration locale cul a régir, d'une
part, les anciens hameaux qui étaient alors exclusivement
habités par des bourgeois indigènes. Suint-Blaise, I^iverselle,
Saint-Philippe (occidental), Brchagotte, Eschery, Surriiàtc,
Faunoux, la Barre et la Petite Lièpvre, et, d'autre part, les
régions allemandes récemment peuplées, savoir : Fertrupt,
Sainte-Marie, Sainte Philippe (oriental), la Fourcelle.
Vers le milieu du XVI* siècle, la tourmente religieuse qui
agitait TAllemagne porta à Sainte-Marie de nouveaux colons.
Egueuolphe IQ de Ribaupierre venait, à l âgedc vingt ans
BEVUB D'ALBAOB
de succéder à son grand-père Guillaume. Elevé par une mère
plus qu*à demi protestante, qui était en correspondance
réglée arec qaelques-ans des apôtres de l'époqae, arec Bol-
linger par exemple, et surtout avec Hathis Erb, prédicant
suisse sans confession doctrinale bien arrêtée, que Georges
de Wurtemberg avait installé comme surintendant ecclésias-
tique dans sa principauté de Riquewihr, réformée depuis 1B88,
Eguenolphe inclinait aux idées nouvelles. Mais, tandis que la
pliijMirt des souverains de ce temps ne souffraient sur leurs
domaines qu'une seule confession, la leur, Eguenolphe se
montrait plus tolérant, peut-être parce que sa propre foi n'é-
tait point encore fixée parmi tant de Uoctrines qui se dispu-
taient l'empire des esprits, peut-être parée que les circon-
stances, et aussi l*autorité que Mathis Erb exerçait sur lui,
lui en liiisaient une loi.
Le Tal d*Eschery, par sa situation même aux confins de
l'Allemagne et de la France, par la focilité que toot étranger
avait de s'y établir sous prétexte do chercher de l'ouvrage
aux mines, et plus encore par son peu d importance au
point de vue politique, était un lieu de refuge admirable.
La promulgation de Tlnlérim (1548) et la paix religieuse
d'Augsbourg (1555) avaient, du consentement mutuel des
catholiques et des prolestants, décidé en Allemagne de la
proscription des non luthériens. Georges de Wurtemberg ne
les Toyait qu*a?ec impatience sur ses terres foisines de
Sainte-lfarie, à Riquewihr, à Hunawihr, k Ostheim, à Au-
bure; plusieurs fois déjà, il les arait menacés et les tuteurs
de son fils Ifrédéric devaient, en 1560, les chasser définiti-
Tcment.
Tracassés ailleurs, beaucoup d'Allemands de sectes diver-
ses s'établirent à Fertrupt et à Sainte Marie, à côté des pre-
miers arrivés de la Knnppschafft. Mais, comme le nombre
des rélugiés augmentait chaque jour, ils furent obligés de
dépasser les limites entre lesquelles les mineurs s'étaient
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HISTOIRE 8AINT£-MABIE-AUX-MIMES
183
cantonnés jusque-là; en peu de temps, ils encombrèrent le
quartier déjà germanisé. en\-ahirent ensuite la place de la
Fleur et s"étal)lirent jusque dans le Bréimgolte. C'est ce que
nous apprend une requête présentée, en 1561,àËgueuolphe,
[Hir des délégués de la Knappschafft.
Cette confrérie avait fait l>fttir une égliie, une quinzaine
d'années auparavant» sur le Pré même, à peu près à l'entrée
de Fertmpt; oUe en salariait le desserrant Gelui-d, quoi-
qull se qualifiât de catholique» ne semble pas SToir été d'une
orthodoxie scrupuleuse, non plus que ses ouailles. H mourut
en 1568 et la Régence d'Ensisheim appela Tattention d'Egue-
uolphe sur le choix de son successeur. Elle avait clé avertie
que le défunt pr(^cliait des doctrines lulhéricnnes.Les mineurs
s'émurent de celte accusation, non justifiée à leur avis, et
défendirent la mémoire de leur pasteur. A iea entendre,
celui-ci était catholique, apostolique et romain; rien dans ses
sermons ne sentait l'hérésie. Il est mi que, de facto^ il était
marié, mais llntérim permettait le mariage des prêtres et,
dans Tespèce, on n'en pou?ait rien conclure de déflirorable
an desservant du Pré; le foit de son mariage ne prouvait
rien contre ses doctrines, maïs seulement que Dieu ne lui
avait pas accordé la grâce de la chasteté. Les mineurs, aussi
orthodoxes que leur curé — on le voit, — ajoutaient que
vivre avec une femme attitrée valait mieux pour un prôtre
que l'impure chasteté (unkeusche Keuschheit) où vivaient la
plupart de ses confrères.
Au commencement de 1561, la iifnappscAa^f^, catholique, en
1558, de la fiiçon qu'on vient de voir, était devenue absolu-
ment luthérienne. Sous prétexte de défendre les intérêts
de la vraie religion, c'est-à-dire des doctrines admises par
la confession d'Augsbourg, les mineurs eicigërent d'Egne-
nolphe le renvoi des nouveau venus, < Anibaptistes,Galvinistes,
Schwengsfelder , Winckler, Satller, Gabrielistes. Bilgerer,
que les honnêtes travailleurs ne souffrent point dans leurs
154
REVUE D' ALSACE
galeries, de peur d'avoir la conscience troublée par leurs
mauvaises doctrines. . . ». En réalité, cr qui remuait bien
autrement la bile des honnêtes membres de la Jùiappschnfft,
c'est la difficulté qu'ils éprouvaient à « trouver désormais logis
à leur convenance et à pourvoir à leurs besoins, les sectaires
s'étant emparés des meilleures maisons, de môme qn*au
marché, ils achètent sans compter et tout le plus beau, pour
s'en régaler eux-mêmes en (brêt ou pour lefàire tenir à leurs
frères d'Allemagne ' ».
Le seigneur de Ribaupierre se trouva fort embarrassé par
cette mise en demeure. S'il repoussait la demande des mineurs,
il pouvait craindre qu'ils ne s'adressassent plus haut, à Ensis-
heim par exemple, comme ils le firent réellement parla suite.
Il lui était non seulement pénible, mais difficile, de chasser de
ses domaines les individus qui s'y rencontraient d'autre confes-
sion que de celle d'Âugsbourg. La Kmpptsehqfft alléguait que
les sectaires n'étaient pas soufferts du côté de Lorraine, « qui,
cependant, est encore du Papisme > ; elle menaçait de porter
ses plaintes à Teropereur; elle promettait, au contraire, si elles
étaient écoutées d'Eguenolphe, un dévouement absolu à la
maison de Ribaupierre; mais elle oubliait ou feignait d'ou-
blier que — le voulût-il — le seigneur ne pouvait proscrire
les non luthériens; il avait dans le val de trop nombreux
sujets, attachés, non pas aux doctrines d'un calvinisme fort
pur, mais k la façon calviniate de comprendre la Réforme.
' n ne semble pas que les affiûras de la Knappsehafft allassent des
mieux en temps-là. Diverses pièces (1570 iilôSO) relativesà des bogue-
nots venus de Franco indiiiin-nl que plusieurs d'entre eux sont arrivés
possesseurs d'uue certaine fortuue qu'ils ont mise dans les mines et
perdae.
Un meendie détniisit, en 1575, nne notable partie de Sainte-Marie
d'Âlsace.
In Knappsekaffl accusai l les nouveanx venus d'être canse de sa raine,
par lé développemenl qu'ils avai ent donné à Tindoslrie „unb fie tiâ^cr
uni baè Srig uiit item gUrf^auff mt> anWrem gébtac^t unb mberbt."
HISTOmB DE SAl^iTE- MARIE- AUX-MI14£S
155
Ces sqets lai avaient présenté leorconfesBion de foi dès 1558,
10 moment de son mariage avec la comtesse d^Erbach ; il
• l'avait approuvée ; il ne pouvait donc la condamner tout à
coup; il le pouvait d'autant moins (juo ces calvinistes n'étaient
pas des immigrants, mais des hourgcois du val
Ces bonnes gens se souciaient médiocrement des discussions
Ihéologiques et n'étaient guère portés, de nature, aux aren-
tores de la pensée. Le mou?ement dit des anabaptistes avait,
en 1535, agité momentanément les esprits de queiqaes-ans
d'entre eox, mais par contre-coup seulement, à propos du sac
du prieuré de Uèpvre. Depuis ce temps, ils s'étaient tenus à
récart et s'y fussent, sans doute, tenus toujours, si les insti-
gations secrètes de leur seigneur ne les avaientdisposésfiTo-
rablement « pour le pur Evangile ». Ils se firent calvinistes,
uniquement parce que le calvinisme était la religion des mis-
sionnaires de leur langue; s'ils avaient su plus d'allemand,
ils eussent été luthériens.
* L'insistance que la Régence d'Ensisheim mettait à provoquer le
départ des calvinisti-s d'Escliery s'i'xpliquo par des motifs purement
politiques. On ne voulait pas soutlrir, dans une ville frontière, des réfu-
giés d'an pays voisin, réfugiés dont les intrigues pouvaient devenir
eompronieUantes et dont la senle présmce était pour le pays un danfer
sérieux. Entre autres documents, qui prouvent à quelles représailles
s'exposait le val de Li<vvre, jo citerai une lettre d Eguenolplio à la
Répenro, datée du 21 si'pl.Mnhre 1575. Le sei^'neur de Itiliaupiern' y
demande du secours contre le duc de Guise, qui a l'intention d occuper
les passages de la Haute-Alsace. Le 36 du même mois, les deux Berg-
rMOer de Sainte-Marie donnent avis à Egaenolphe qne des eoureors
allemands, de la compagnie d'un certain capitaine Ilans Friderich,
vionnont, sur l'ordre de leur chef, de les prévenir confidentiellement
qui^ h; duc de Guise et son frère, en marche de Ilambervillers à Saverne,
ont l iulenliou de détruire les nids de linguenots du val de Lièpvre, de
Baiscbweiler et de Phaisbourg. „bo man jeberieit bie ^ugcnottcn uf^atte
Icimattftid^en unb bot m^len Sttm alba aiUtu^en..." D après la déclar
ration, sans doute exagérée, des coureurs, Gaise menait arec lui six mille
hutiimes de pied (Si^fl^en), quatre mille cavaliers français, dont un
certain nomlire armé de Ion eues arquebuses (mittangcn -Rorcn), mille
reitres allemands, deux pièces de sié?e ^2)Jaucrtired)crinticu) et douze
pièces de campagne. L'attaque, fixée au vendredi, u eut point lieu.
166
REVUE D ALSACE
Vers 1550, un nommé Elie s'en vint habiter le val. Il tra-
vaillait aux mines, en apparence, du moin?; dans le Trai. son
métier était d'évaDgéliser. Autrefois abbé dans le Hainaut il
s'y était converti à la Réforme, et, après 1543, c'est-à-dire
tprès le supplice de Pierre Brusly, livré au bûcher dans la
Tille de Tonmay, il était allé à Strasbourg, où il avait épousé
la venvedn martyr calviniste. Pierre Brusiy, comme on lésait,
avait été le successeur immédiat de Calvin à l'Eglise française
de Strasbourg. Il y a donc apparence qne sa femme n'était pas
sans relations avec le ministre qui l'avait lui-même remplacé,
c'est-à-dire avec Pierre Garnier. et que maître Elie put ainsi
le connaître avant que de se rendre à Sainte-Marie, où nous
le trouvons travaillant le jour de ses mains et le so'r parlant,
commentant la Bible, iaisant de sa demeure un lieu de réu-
nion. Il baptisa même on enfant et administra la cène sous
les deux espèces, à c laquelle participèreot environ treize
personnes ». De tels agissements, enregistrés avec soin et
sans aucun blâme, par les premiers réformés du val, n'étaient
point licites, si Elie n'avait, au préalable, reçu l'imposition
des mains. D'un autre côté, le silence des pasteurs subsé-
quents, qui ne le comptent point comme ayant été effective-
ment parmi les leurs, permettrait de supposer, ou qu'EIie
agit sans mandat réo:ulier, ou que des motifs personnels et
peut-être le souvenir du supplice de Brusiy l'empêchèrent
de le produire. Il disparut de la vallée sans qu*on sCtt
autre chose de lui. Vers 1553 (?), le nombre des réformés
parait avoir été déjà de qoelqu'importance, car ils deman-
dèrent à Eguenolphe et obtinrent de lui la permission d'en-
tsndre l'Evangile de la bouche d'un ministre approuvé. L'E-
glise de Strasbourg leur prêta Jean Locquet, ancien moine
augU8tin,qui avait été des premiers qui prêchèrent la Réforme
à Bourges, vers 1540. Théodore de Bozc j)arle avec éloges
dans son Histoire de ce Locquet, • (jui depuis a été excellent
ministre des Eglises, vivant encore aujourd'hui «n telle répu-
UiaTOIR£ DE î>A.INTE-MARI£-AUX-lfIME8
157
tatioii que méritent sa piété et savoir. . . ». Il faut nécessai-
rement, pour qu'il ait obtenu un tel éloge de la part de de
Bèze, que Locquet ait clé un calviniste des plus décidés; les
bourgeois du val de Lièpvre, prêchés par lui, ne purent donc
a?oir que des idées d'une orthodoxie gencTOise indiscutable.
Après Locquet, vint Morel de Gollonges, qui fut envoyé
diraetement par le Consistoire de Genève, non plus à titre de
prédicant missionnaire, mais pour être Traiment ministre à
demeure (1555 à 1557). D'après les eonventions de la paix
d'Aagsbourg de 1555, Eguenolphe ne pouvait tolérer de sec-
taires calrloistes ; il D*a?a{t môme pas strictement le droit de
souffrir qne les vassaux qu'il tenait de Murbach abandon-
nassent les principes catholiques. Morel, après un court séjour
à Eschery, fut donc contraint d'aller résider à Aubure, dont
le temple lui était ouvert et où se rendait tous les dimanches
une nombreuse assemblée de frères du val. Il prépara Tor-
ganisation da TEiglise calviniste de Sainte-Marie, mais il ne
put Tachever. Les pasteurs de Genève le rappelèrent dans Isa
premiers jours de 1557, pour lui confier l^Eiglise de Paris.
Il présida, comme on sait, it premier synode national de
France, celui qui dressa la Confession de fiai de 1559 ; il fut
ensuite aumônier de Renée de Ferrare. Une requête des haM-
tants du val, datée du 20 avril 1557, demanda a Eguenolphe
un nouveau pasteur, qui les enseignât comme l'avait fait
jusque-là François Morel (roas bann bi^^er Franciscus Morel
get§an). Ce nouveau pasteur fut Pierre Marbœuf, envoyé,
comme son prédécesseur, par TËglise de Genève. Il acheva
l'œuvre d'organisation entreprise par Morel, et, plus heureux
que lui, obtint de résider à Eschery. En mai 1558, il présenta
à Eguenolphe une confession de fol préparée, comme il ledit
lui-même, par Morel de CoUonges, et la vit approuvée du
seigneur de Rîbaopierre et des comtes d'Erbacb. Elle fut
imprimée, et probablement à Sainte-Marie même, où se trou-
vait alors uu imprimeur réfugié ; elle était suivie d'une disci-
iSB
MEVaS D'AL8A,€a
pline de l'Eglise et d'une sorte de catéchisme. La discipline a
été conservée dans son texte français original; elle renferme
beauGOop moins d'articles et entre dans infiniment moins de
détails que celte qui M pins tard la règle des Eglises réfor-
mées de France. Quant à la confession de foi de Narbœaf,
ane traduction allemande manuscrite tend à faire admettre
qu'elle n'était pas une confession proprement dite, mais un
exposé par lequel le ministre entendait combattre certaines
accusations. Il est vrai qu a côté de celte pièce, où le nom de
Marbœuf ligure inscrit au titre même, il en est une autre,
Bekantnufis des Glaubens der franziisinchen Gcmein zu Maria-
kirch im LcherthaH , dont le texte signalé par Rohrich
(^BirformationmEappoii^n, p. IH), aété publié par M.Drion.
C'est une traduction d*une confession ayant beaucoup d'ana-
logies avec cellede 1569 des Eglises de France. Sous la phrase
allemande, on devine souvent Texpression française, absolu-
ment calviniste, souvent prise de Calvin même, mais les
articles sont autrement disposés, autrement coupés que ceux
adoptés par les synodes de France. Ce document est une tra-
duction; ce qui le démontrerait, s'il pouvait y avoir la moindre
hésitation à ladmettre. c est l'existence d une variante d'une
autre plume, où la pensée primitive se rencontre parfois sin-
gulièrement défigurée et incompréhensible.
Pierre Marbœuf mourut à Ëschery en 1561. Au moment
o& la Knappsehaffi dressa la requête ci-dessus signalée tou-
chant Vexpulsion des sectaires non luthériens, il venait d*être
remplacé par Ârnauld Banc, Nîmois, firançais de langue, par
conséquent, et calviniste comme ses devanciers.
Les circonstances au milieu desquelles Arnauld parut à
Eschery étaient singulièrement graves. Nous avons vu com-
ment la hnappsckaft, convertie au luthéranisme, cherchait à
se débarrasser de ceux qui n'adoptaient pas expressément les
articles de la confession d'Augsbourg, et le cherchait avec
une ardeur d'autant plus grande que les intérêts temporels
HJfiTOIUE DE 8AIMTS MABI&-AUX-MIN£S
160
des mineurs leur semblaient plus compromis. Il n'existait
point, pour Eguenolphe menacé, d'autre moyen de salut que
de réussir à négocier un compromis entre les sectaires alle-
mands et les français, et cela même était malaisé. Il le tenta
néanmoins, tant la nécessité était grande. Arnauld dut lui
enroyer un long commentaire sur le sacrement du baptême
et divers antres points de doctrine, afin de prouTer que les
calTinistes n'avaient rien des idées des anabaptistes, après
quoi on avisa à une entente plus complète.
La Knopptehafi possédait en propre réglisebfttie par elle
sur le Pré. Un pasteur luthérien, Pierre Hogger, y prêchait
librement depuis le jour où le desservant papiste, cessant
d'être soldé par la caisse des mineurs, avait at)andonné le
poste. Pierre Hogger était entretenu par cette cuisse. Les
bourgeois, bien loin d'être aussi bien partagés que les mineurs,
n'avaieot à leur disposition aucun lieu public d'assemblée ;
ils se réunissaient, tantôt chez Tun, tantôt cbes l'autre d'entre
eux, et, comme ils devenaient de plus en plus nombreux, ils
ne trouvaient plus de local privé assez vaste pour les conte-
nir tous. Aussi, dans le temps môme que les luthériens pré-
sentaient requête à l'elTet de contraindre toute la population
à embrasser les doctrines wittcmbergcoises, eux en présen-
taient une (8 février 1361) pour obtenir la permis.siou de
construire, à leurs frais, un édifice servant de temple, soit à
Eschery, soit à Sainte-Marie, si toutefois on n'aimait mieux
leur accorder, pour les besoins de leur culte, Téglise exi-
stante de Surlhftte, que le prêtre catholique venait d'abandon-
ner. En 1560 encore, ce prêtre avait tenté de B*opposer à Har-
bœuf, qui, dans une lettre latine (nouvelle preuve que Iffarbœuf
n*entendait pas Tallemand), adressée ComiU deBapeBteiny se
plaint amèrement des ennuis que lui cause le saer^ieuhês
d'Eschcry, qui ne faisait pas mine de vouloir abandonner un
poste, dans lequel un certain nombre d'habitants le soute-
uaienl de leur iuûuence. Il u'y avait pas plus d'apparence
RBVOE D'aLSACB
que les luthériens concédassent aux réformés Tusage complet
de leur église du Pré, trop éloignée, au demturant, pour
qu elle pùt utilement et régulièrement servir aujt gens
d'Eschery.
En janvier 1561, l'église de Surlbâte perdit son dernier
prêtre catholique. Dès le 26 de ce mois, Matbis Ërb écrit à
Sgaenolpbe pour lui reeommander de le remplacer par deux
diacres, qui prêcheraient, Tan en firançais, Tantre en allemand.
Le 8 février, les habitants demandent an homme instruit» qoi
les enseigne en leur langue, nomination parfaitement justifiée
par 66 fait que les Allemands ont depuis quelque temps un
pasteur de leur nation. Eguenolphe accueillit favorablement
cette requête, comme il avait accueilli les précédentes. Il y
était engagé d'avance. Lui-niètne, en effet, s'était chargé de
bftter le départ du desservant catholique d'Eschery. il s'était
rendu chez le greffier des mines, Wilbeim Scbira (Guillaume
Girard), avait attendu que ce desservant, nommé Noa, fût à
son poste, puis il était entré dans Péglise^ avait pris par la
main le prêtre qui officiait et l'avait conduit jusqu'au dehors
du saint lieu, dont il ferma aussitôt les portes.
Pour assurer sa victoire, Egucnolpbe chercha à obtenir
un accord entre les luthériens et les réformés. Il y réussit
en apparence, dès le mois de juin. Arnauid Bauc, à quelques
réserves près, déclara être prêt à accepter la confession
d Augsbourg. Cet acquiescement, préparé par les soins de
Mathis Erb et de Sulzer, autiste de Bêle, fut suivi d'un
décret du seigneur, par lequel les luthériens entrèrent en
exclusive jouissance de réglîm du Pré et les réformés de
réglise de Surlbâte. Ni les catholiques, ni leurs adversaires,
ne se montrèrent pleinement satisfeits.
Les premiers essayèrent d'installer un autre prêtre à la
place de Noa. Ainsi. Haubinsack écrit, au mois d août 1561,
pour prévenir le seigneur que l'évêque de Strasbourg a envoyé
à la < McsskircUe » un maudit prêtre rogneujc (fitUlosmi Gritui'
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HISTOIBB DE 8AIMT&-UAKI£-AUX-IkaNES ^ 161
MMr), qui ne sait ni allemand, ni français, el enem mdns
de latin, mais que lui, Haubfnsaek, a reçu ccemiaérablede la
bonne manière et de façon à lui ôter toute envie d'aller jus-
qu'à Escliery ».
Il nous reste de ces intri^'ues quelques documents curieux.
C'est d'abord une façon de procès-verbal dressé par Glady
ThirioD,maired'Eschery,atinde disculperArnauld de plaintes
portées contre lui, puis un recensement établi par le même
fonetioouaire, en langue oifidelle,c*est-àHlireen allemand, et
où se trouvent portés les noms des boniigeois de Sainte-Marie,
de Fertrnpt, d^Eschery, etc., possédant ou non maison à eux,
ainsi que ceux des yeuvea de bourgeois, qui se sont déclarés
membres de TEglise française (fo ber n)el[d;en Stix^ ami^ângig
feçnnt. .). La pièce est complétée par une autre, qui indique
ks membres de la Jùiappschcyjfl, partisans des opinions cal-
vinistes .
Je relève quelques-uns des noms portés comme étant de
bourgeois d'Eschery :
Wilhelm Schira Anthoi^ MOller Hanns Ropert
Gladt Nicklaus Jacob Schumacher Hanns MtUler
Hanns Mary Ruob Youpriell FrantsZymmermaon
Gladt Kfinig Hanns Spynnailer Fninntz Kollynn
WUbelm Peronn Hans Kaufmann Gladt Durnm
Steffan Kremer Hans FUrmanii Jerig Kirschner
Anthonj Tboraa Gladt Grus Hanns Blesis Muschj
Rem Muschj Hanns Dietrich Muschj Schmidt, etc.
Certes, à la première vue, l'immense majorité de ces noms
parait allemande. On en reconnaît, cependant, qui sont essen-
tiellement français, écrits comme on les prononçait. Les autres,
inalgré le travestissement qn*ils ont subi, ne laissent pas aussi
que d'être français. Si je consulte, en effet, le registre de
l'état dvil de l'époque, c'est-à-dire les actes de baptême de
1S6S et années suivantes, je ne tarde pas à me convaincre
que :
Nouvelle Série — 7» Année. 11
102 ^ BEVUE D'ALSACE
Wilhelm Schira est l'ancien du Consistoire et greffier des
mines, Guillaume Girard.
Steffan Kremer est Etienne Lemercier.
Rem Mttscfaii est Remy Mougin.
Klaus SpynnaUer est Claude d'Epinal.
Haims UûUer est Jean on Hanns Damonlin.
Ânthonj Hailer est Antoine Boulanger.
Muschj Schmidt est Mougeon Haréehal, ancien da Consistoire.
Frannlz Kollynn est Fraocds Collignon, ancien do Consistoire.
Jerig Kirschner est Georges Lepelletier.
Gladt Crus Ilanns est Claude Grandjean.
Hans Kaufmaun est Jean Marcliand, et ainsi de suite.
Les Fiirmann deviennent les Charreton ; les Zymmermann
les Charpentier. La famille Toussaint prend dans les textes
allemands le nom d'Allheilig, etrapothicaire, appelé à Ribeau-
TUlé Sapam, est connu dans le yal de Uèpm sous le nom
de GtofNm, comme le Papetier de Sainte^Marie devient ailleurs
Herr Papiirmaeher.
J'ajouterai que plusieurs fiimilles dont il est ici question
existent encore; ainsi les Boulanger, les Maréchal OU Marchai,
les Dumoulin, les Gollij^non, etc.
Il n'y avait point encore, en 15G1, de véritables noms de
&miUe pour désigner celles de la bourgeoisie, ou, du moins,
ces noms étaient encore assez rares. La plupart des individus
étaient connus dans nos vallées, comme ils le sont encore
dans bien des campagnes, sous leur seul nom de baptême,
auquel on adjoignait une désignation nettement caractéristique,
soit rindicationde la demeure (ainsi : Clanss, Colas, Nicolas...
du Mr«), soit celle du lieu d'origine de llndiTido (comme
del^afîc«,d'J5^fïaO'Soit celle du métier exercé par lui (Gladt,
Gladj, Glande. . . Charpen(if r), soit un qualificatif quelconque,
Grandjesiu, Pp/î7demenge, (;/'a?/^/emenge, etc. Ces appellations
diverses, n'étant d'anruue langue particulière, étaient de toutes
et pouvaient se traduire dans celle de n'importe quel écri-
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mSTOIRE DE SAINT£-MARIE-AUX-MIN£S
nin, tu illemand loat aussi bien qu'en latin, en grec et
même en hébreu. Je dois signaler cependant, pour le val de
Lièpvre, un fait assez singulier; les noms desfouctions publi-
ques ou des fonctions exercées dans les mines sont toujours
allemands ; on trouvera toujours le Bergrichter, le Landrichier
et, mémo encore au XVU" siècle, le Todengràber et non le
fossoyeur.
Quelques individus portent plusieurs désignations, qui
les rendent assez difficiles à découTrir. C'est ainsi, pour
n*en dter qu'un, que nous rencontrons assez souvent porté
eomme témoin d'un baptême un certain Fladanbeek, dont les
registres français d'état civil n'écrivent pas autrement le nom.
La famille a Tair de disparaître assez tôt du ral de Lièpvre;
au moins ne l'y retrouve-t-on plus au XVII" siècle. Une sorte
de liste de proscription nous indique ce qui est arrivé de
Fladenbeck; cette liste de tous les Lorrains, habitants d'Epinal
et Français, qui demeurent sur Sainte-Marie, côté allemand,
depais moins de trois ans, à en croire les rapports, porte
Bastian Helbart, lequel est fladenbeck, c'est-à-dire une sorte
de confiseur, et est venu d'Ëpinal avec des papiers en bonne
forme. Le nom de Hallebarde se maintient dans le Bréiiagotte,
etc., après que l'autre a cessé de se rencontrer.
Je suis porté à ne considérer comme ayant été des noms
de flunille déjà faits que cenx pareils à Kilnig, qui ne donnent
aucune indication spécialement persunnelle. (Jiiaat à recon-
naître sûrement (juelle était l'originale, de la forme française
ou de la forme allemande du nom, cela est au moins diflicile,
quand d'autres pièces ne viennent éclairer de quelque jour
l'origine de l'individu, ou quelque autre circonstance sem-
blable. Je crois cependant qu'en thèse générale, il convient
d'admettre que la langue qui donne la caractéristique la plus
précise est l'originale; cette remarque ne peut guère s'appli-
quer aux noms tirés de professions on de métiers, mais elle
trouve parfois un emploi utile pour de certains autres. Après
7
RE7UB D'AL840B
la révocation de l'édit de Nantes, beaucoup de Français
gagnèrent les pays étrangers et surtout la Prusse, où les noms
de plusieurs d*entre enr se germanisèrent au moyen d'une
tradactioii par à peo près : ainsi, Rossignol fit Nachtrogel,
dont la signification est beaucoup plus vague. Parmi lesnoms
les plus rarement traduits, soit de l'allemand en français,
soit réciproquement, et cela précisément parce que, nlndi-
quant aucune qualité propre au sujet, ils sont déjà de véri-
tables noms de famille, je trouve celui de Ktinig, orthographié
Cunic, Cunicq ou Gunit dans les pièces françaises, selon la
prononciation habituelle et essentiellement française dij;pays.
Un Claude Kiinig se trouve ancien du Consistoire et ofûcier
de justice en i668. Or, le 14 janvier 1575, je rencontre men-
tion du baptême de Jeanne, fille de Claude Leroy. On^ponr-
rait croire que ce Claude Leroy et notre Glande Eûnig sont
identiques, si une note de police ne portait parmi ceux qui
ff demandent à devenir bourgeois de notre gracieux sri-
gneor » vers 1365, un M. Claude Leroy et ses frères Pierre
et Demenge, venus de Biencourt en Barrois, le premier
comme prédicant persécuté, les autres comme cultivateur et
commerçant. La difficulté de démêler certaines familles, et
entre autre celle-ci, s'augmente par le fait du départ des Le-
roy pour Badonvillers, en 1576 et l£»8â; de Badonvillers, ils
revinrent à Sainte-Marie, en 16S4, avec la communauté cal-
viniste de cette localité, puis gagnèrent la Suisse.
Je dte ces détails pour montrer à quels embarras conduit
l'étude des noms du XVI* siècle et combien on risquerait de
se méprendre, si Ton jugeait de la nationalité des individus
qui les portent par la forme eu laquelle on les rencontre
écrits.
Le lecteur a pu voir, par les extraits que j ai donnés du
recensement de 1561, que, parmi les noms de baptême com-
muns à l'époque, se trouvaient, entre autres, ceux de Claude,
de Nicolas et de Guillaume. Quand le pays fût devenu réfiinné,
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HISTOIRE DE SAIMTE-MABIË-AUX-HIMBS
166
ces trois noms Atrtnt k peu près proscrits. Nos actes de bap-
tême ne Ibnt mention d'aucun nouveau Guillaume depuis 1562
joagu^à 1622, où il en reparaît un. De 1562 à 1596, point de
Claude; il en est de même pour les Nicolas. Le prénom de
Demenge (Mougin, Muschi, Mougeon, Sontag) devient aofld
extrê?nement rare. En revanche, les noms bibliques les plas
désagréables abondeDt. Il y a foison d Âbraham, de Gédëon,
d'Israël, de Jonas; je trouTe même un Absolom. Les noms
les plus fréquents ponr les gar^s sont ceux de Darid, de
Jean, de Jaoob, de Paul, de Pierre, de Samuel, et la très
grande m^lé desfilles obtient ceux plus euphoniques d Eli-
sabeth, de Uarie, de Judith, de Sara et de Suzanne. En feuil-
letant ees registres de baptême, du reste fort mal tenus, on
se rappelle involontairement l'aventure de ce bonhomme de
Genève, que le Consistoire Ut mettre en prison, parce qu'il
voulait obstinément nommer Claude son iWs, à qui le ministre
destinait le nom d'Abraham. Il a fallu, sans doute, que les
pasteurs du val de Lièpvre usassent plus d'une fois d*antorité
pour obtenir l'abandon de prénoms naguère ftvoris, portés
dans chsque fomille, en quelque ssrte, et si ce n'est par le
père, au moins par un aïeul.
Il ne Ihnt pas croire que les bourgeois subirent sans résis-
tance le joug des ministres qu'on leur envoyait de Genève.
Ce que Calvin et ses sectaires appelaient le Consistoire, véri-
table tribunal d'inquisition et des plus odieux, ne fut pas
reçu sans luttes dans le val de Lièpvre. Les réformés usèrent,
pour se maintenir, de la tactique qui leur avait réussi à
Cenève ; ils appelèrent à leur aide les frères du dehors'.
Ëschery defint un foyer de prédication, envoyant ses mis-
sionnairas un peu partout, à Honturenz, dans le département
^ ' Haubinsack fait de ces réfugies un portrait peu ibttéî « Ua ne font
nen de toute Tannée, écrit-il, mais ces singuliers personnages ont soin
daller ostensiblenienl à l'ouvrage aux jours chùmés partout, a Noël, par
eKempIe. . . Ils passent le temps à débiter des nouvelles « ncuc ^citungcn..»
m
BBVm D'ALBAiGB
actuel de Haule-Saône, à Badonvilliera, à Metz, etc. Tour à
tour y passaient, soit pour prendre un mot d'ordre, soit pour
s'y reposer temporairement, soit pour préparer quelque mys-
térieuse incursion dans tes contrées roisines, les ministres
Pierre de Cologne, Tbevenin Dommari, Peintre dit Lâcha-
pelle, Jean Gamier, Louis Desmazures, Zancliius, Robert de
Banti, Jean Cousin, Pierre Viriot, La Carrière, sans eompter
Claude Leroy que j ai déjà nommé et les ministres attitrés du
lieu même. Claude Antoine de Vienne, sieur de Clervant, de
Courcclles et de Muntoy, était l'intermédiaire politique des
intrif2:iies religieuses de tout ce monde et jette quelque reflet
d'honneur militaire sur ces conciliabules. Ce Clervant est le
même qui, fait prisonnier en 1575, à Tâge de soixante-cinq
ans, refusa, malgré toutes les menaceside se laisser échanger
contre Besme, Tassassin de Coligny, prisonnier des huguenots.
Ptorlbis, les complots ourdis dans le val dépassent la portée
ordinaire des conférences: ainsi, le gentilhomme La Coche
parait y avoir recruté des hommes d'armes, pour attaquer le
duc d'Aumale posté en Lorraine avec des troupes catholiques ;
au moins plusieurs lettres de la Régence d'iiusisiieim don-
nent-elles à l'entendre.
Arnauld Bauc (Arnould Bauce, Arnolf ) vit le commence-
ment de cet état de choses. D'un caractère peu accommodant
avec ses paroissiens, malgré la souplesse qu'il montrait dans
ses rapports avec ses supérieurs, il ne put rester longtemps
à Ëschery. MU. Caspari et Drion se sont montrés asses durs
à son égard, Taccusant de mensonge, ainsi que les anciens
de son Consistoire, parce quils avaient accepté la déclaratioxL
d'Âugshourg. Us ont oublié, assurément, que Calvin lui-
même avait toujours conseille d'en a^^ir comme on fit. Jamais
le réformateur ne varia sur ce point. En 1538, il écrivait de
Strasbourg pour blâmer Antoine ('ordier, qui avait refusé,
malgré ses conseils, de communier avec du pain azyme. Une
autre letUe de lui, de 1555, porte: *In refrus medii8,utiuni
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HISTOIRE DE SAINTE- MAUIE AUX-MIMES
167
wternirUus, facUm me aeflexibUm praébeo >. Il admettait la
communion par l'hostie ou par le pain ( lettre du 7 octobre
io43), mais il voulait que l'on résistât « jusqu'au sang » à la
croyance à la transsubstantiation, « superstition intolérable ».
De Bèze ne parla pas autrement au colloque de 1586, et les
comtes Georges de Montbéliard (lettre à Mathis Erb, 1556) et
Frédéric (12-16 janvier 1573), tantôt recbercbèrent inutile-
meot, taotôt obtinrent des transactions analogues à celle con-
Tonue par Amauld Banc, à la suite d*un plébiscite de son
tronpeao.
Où Ârnanld commit nne fonte, ce ne fut pas en acceptant
anaecommodementsTec des adversaires religieux qui eussent,
à coup sùr, ruiné la communauté réformée par le maintien
de leurs plaintes contre les non luthériens, ce fut bien plutôt
parce qu il voulut abuser des bénéfircs qu'il était en droit
d'attendre de sa soumission. Le 8 juin 1561, Kguenolphe
avait accordé aus Franç^iis l'usage exclusif de l'église de Sur-
IhAle et aux luthériens l'entière possession de l'église du Pré.
On pouvait espérer que les deux partis, égalements satisfaits,
jouiraient en paix de ces feveurs. Malheureusement, il fut
bien loin d*en être ainsi Le pasteur luthérien Pierre Hogger
crot de son devoir de se rendre une dernière fois au temple
de Sarlfaftte, afin de prévenir ses ouailles spirituelles qu%
Taveuir il ne prêcherait plus que sur Ip Pré. A peine avait-il
fait sonner les cloches pour asseinhler les fidèles qu'Arnauld
Bauc accourut, suivi do ses partisans. Pierre lloggcr fut chassé.
Les mineurs témoignèrent un vif courroux, en apprenant la
mésaventure de leur pasteur, et même quelques-uns d'entre
eux, enrôlés dans la compagnie des arquebusiers, prirent les
armes. On eut quelque peine à cakner le tumulte. Quant à
Ârnanld, non content d*avoir triomphé de son collègue, il
profita de ce qu*un grand nombre de viwx bourgeois se trou-
vaient réunis dans son église; il leur déclara qu*il ne souf-
.liirait point qu'ils allassent en d'autre prêche qu'au sien, les
168
RBVUE O*AL8A0B
menaça de ne point baptiser leurs enfants et de ne point bénir
leurs mariages B*ils se montraient rebelles à ses admonesta-
lions; enfin, il lenr demanda de s'engager par serment à ne
pas écouter d*aatre prédicateur. Les bonrgeds (tNirgev {u
@gtrt(^ unb im ^re^egoit), irrités, s'adressèrent à Gguenolphe
et lui signalèrent les tyranniques agissements du pasteur.
Leur requête témoigne d'une singulière émotion; il semble,
en la lisant, qu'ils protestent, non seulement contre les abus
du ministre, mais encore contre le trouble jeté dans leurs
consciences par toutes ces subtilités théologiques, auxquelles
ils n'entendent rien. A leur indignation se mêle je ne sais
quelle tristesse contenue : t Le nouveau prédicant installé
dans notre Yieille église communale d'Ëschery. . . Nous, vieux
bourgeois de Votre Grâce, qui rayons été toute notre vie et
qui ne souhaitions autre chose, nous voir ainsi forcés par un
prédicant d*aller. . . Que nous n*ayons pas été endoctrinés de
la parole de Dieu autant que ceux d'aujourd'hui, est-ce de
notre fauteîelc. • Eguenolplie prit pilié de ces bonnes gens et
enjoignit à Arnauld de les laisser en paix. (î)an ruo bap
nit t^ctcn, roûrben roir gebûrii(^e SKittcl fud^en muffen ba^ onfer
SSnbctt^anen 9lu^ gc^olfen moc^t racrben.) Arnauld feignit d'a-
Toirété calomnié. Accompagné des officiers de justice et heim-
bourgs, il se rendit chez le maire d'Eschery, Claude Tbirion,
et fit dresser procès-verbal de ses déclarations et de celles
de ses acolytes. Geux-el affirmèrent qu'ils avaient suivi tous
les sermons de leur prédicateur et qu'ils ne l'avaient jamais
entendu refuser le baptême, ni les épousailles à qui que ce
fût, qu'il n'avait jamais chassé aucun chrétien du temple, etc.
Ce jésuitisme ne sauva point Arnauld. Les rancunes des
anciens bourgeois demeurèrent éveillées ; la guerre commença
entre les habitants primitifs du val et les nouveaux, réfugiés .
Tenus de la Savoie, alors en proie aux troubles religieux, et
dont le nombre devait s'accroître bientôt (1562) de calvinistes
ehassés par la guerre de religion de l'Anjou, de la Picardie^
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HISTOIRE DE SAINTE- MARI£-AUX MIME8
169
de la Champagne, de Lyon, de Dijon, du Dauphiné et surtoat
d'Epinal et de la Lorraine. On Fit se re[)rodinre, sur une
pelito échelle, la lutte qui avait ensanglanté Genève quand
les gens du pays, les libertins, avaient cheroliô à se débarras-
ser du joug des sectateurs étrangers de Calvin; seulement, Isa
rôles étaient intervertis. Les liberlios de Sainte-Marie avaient,
non Bealemeat l'appoi de la Régence, maïs enoors celui des
mineuiB. Ils recréât en outre celui de Mathis Erb, homme
pieux, partisan de Tesprit éraagélique, sans être sectateur de
Tun des interprètes de la lettre pure, et conseiller intime
d*Egneno]phe. Erb chercha ft calmer les haines si maladroile-
ment émues. Il invita Arnauld et sou Consistoire à une con-
férence, sous prétexte de délibérer avec eux au sujet d'une
requête qu'ils venaient d'adresser au seigneur de Ribau-
pierre. Celte requête était probablement relative aux images,
car il en existe plusieurs de ce temps~là et une, entre
autres, qui, dressée par ministère du tabellion de Sainte-lfarie
deLorraine,était singulièrement offensante^non seulement par
sa forme insolite, mais aussi par les termes comminatoires
dont elle était remplie. Arnauld ne parut pas. Wilhelm Schira,
lliomme d*action du parti, se présenta seul. 11 protesta de
son dévouement à la famille de Ribau pierre, prétendit que
lui et les siens n'avaient pas voulu susciter de diflicultés,
qu'ils avaient pensé défendue les Français contre les calom-
nies co!()nrlées par certains membres de l'église allernaiide,
que leur but était de combattre les supersUlions pratiquées
sur le Pré et ailleurs, et qui étaient causes de perpétuels
froissements. i£rl) engagea les plaignants à Tunion et écrivit
à Ëguenolphe pour qu*il essayât de rétablir la paix sur les
bases d'une égalité complète entre les deux Eglises et les
deux pasteurs, dont aucun ne devait s'attribuer de supério-
rité sur l'autre. Le 14 juillet, Eguenolphe donna rendez-vous
au ministre et à ceux de ses adhérents qui comprenaient
Tallemand ; il les convoqua pour le jeudi suivant en l'église
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BEVUE D^ALSACE
du Pré. « De toutes ses démarches, disait-il, il n'avait recueillî
qu'un redoublement de mésintelligence entre les deux com-
munions, au lieu de la paix et de l'union qu'il cherchait. Une
dernière fois, il voulait tenter d'arriver à une conciliation
néceeeaire >. Je ne sais ce qui résulta de la conférence prési-
dée par Eguenolphe; mais, le 21 août suivant, la Régence
d'Ënsisheim intima l'ordre d'expulser les sectaires du val de
Lièpvre, et les mineurs, voyant que cette mise en demeure
n'était point suivie d'effét, recoururent aux dénonciations.
Ils furent dé^nvoués par quelques-uns de leurs commandi-
taires qui hahiluieiit Strasbourg (19 octobre 1501), mais trop
tard. Les plaintes de.^ mineurs minants avaient eu tout l'effet
qu'ils en attendaient. Eguenolplie, se sentant suspect à la
Régence, se décida à faire acte de vigueur. Les deux partis,
luthériens et réformés, avaient commis d'égales fautes : il
importait de les réduire à Tobéissance. Ce ne fut pas sans de
cruelles hésitations qu'Ëguenotphe parvintà prendre une déter-
mination. Il demanda conseil partout et d abord à son beau-
père, le comte Eberhard d'Erbacb. La réponse de celui-ci
(22 septembre) est d'un homme effrayé. « Sur toutes choses,
gardez qu'il ne s'élève des troubles, car vous seriez perdu ^
Le meilleur avis que je puisse vous donner, est de prier et
de prier sans relâche! » Puis venaient que](|ues idées qui,
malgré leur vague et leur désordre, étaient plus reilécbieâ :
« Faites que vos prédicantâ s'arrangent; donnez-leur une
Constitution religieuse, mais que ce ne soit pas la nôtre,
d'Erbach; nous sommes déjà très mal notés ! Prenez celle de
Strasbourg, celle au moins qu'y introduisit Bucer ! UaîtreMa-
this EO chargera de l'arranger. . . J'entends que vous avez un
maître d*éeo1e français qne vos mineurs voient de bon œil et
qui a déjà été in docir'mn : à voire [liace. je tii enquerrais
auprès des mineurs, aTui de savoir si sa nomination leur
agréerait... Il serait bon que vous pussiez accorder vos
prédicants au sujet des cérémonies, et Ton me dit que le
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mSTOIBE DS SAlNTË-MAftlE-AUX-llIMBB
171
Prtnçaîs ne demande pas mieux; en homme de sens, il s'ac-
commodera bien de la confe.vsion d'Augsbourg. . . Si M. Ar-
nolplie était obli^^ô de {)artir, je donnerai.^ coni^é aussi au
pasteur aileniKiid .. . » Nicolas, t<erviteur d'Erbacli, est plus
calme : « Mettez en place d'Arnolphus le maître d'école de
Sainte-Marie ou un autre, mais, au préalable, faites le aller
à Montbéliardi afin d'y être examîDé ; faites-loi signer une
confession de foi touchant la Sainte-Gène et le reste, puis
dèbarrassez-TOus de Berr fiUer, en le nommant Totre Bqf-
pretHeani, et nommez un autre Allemand à son poste; que le
ministre français et Tallemand souscrÎTent la confession
d'Aui^sbourg; mettez tout en œuvre pour empêcher de nou-
velles plaintes de la j^art de vos mineurs et contentez l'empe-
reur au sujet des calvinistes! > Le 3 novembre, Eguenolpbe,
enlin déicrminé. annonça à Sulzer. que la paix n'ayant point
été obtenue entre les divers religionnaires du val d Eschery,
iJ allait permettre à Peter Hoger de prendre un congé, vu
son état de maladie et de faiblesse, et le remplacer par un
certain Herr Jacob, au sujet duquel nous n'avons point de
renseignements. Arnauld Bauc, atteint de la même maladie
et ftiblesse que son rival, prit de lui-même un congé et fut
remplacé temporairement par le ministre Jean Figon, envoyé
par l'Eglise de Metz.
« Le 10 janvier 1562, rapportent les Amiafca de Liicke,
il y eut à Ehchery réunion de pieux et .^avants [lersoniiages
françait-, savoir Petrus Golonius, Zancbius et \Yernerius. »
LUcke ne dit point pourquoi ces doctes ministres vinrent
d'aussi loin, par une telle saison, mais il est probable que
des motifis d'assez grande importance déterminèrent cette
démarche etassemblèrênt Pierre van Geuleii, ministre de Metz,
Jérôme Zancbius et Jean Garnier, ministres de Strasbourg.
Quoi qu'il en soit, ce conciliabule fut suivi de scènes étran-
ges, dont voici l'histoire :
Hoger usait du congé qu'il avait reçu pour cause de santé ;
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172
BEVUB D'ALSACE
la chaire du Pré restait vide. Uq dimanche, l-^guenolphe parut;
il présenta aux miueurs Uerr (Àjurac/, c e.^t-à-dire le théolo-
gien Conrad Finck, de Mulliouse, leur annonça qu'ils devaient
le considérer comme leur pasteur, puis, comme scandalisé de
trouver encore dans l'église tant d'idoles et d'objets d'idolâ-
trie, il oommanda à Fiock de les faire disparaître dès le lea»
demaio. Le landi donc, Tautel en pierre fiit jeté à la porte de
l'église; on le remplaça par une simple table delxns; on lança
également sar le Pré an crucifix, un baptistère, an tabernacle.
Les mineurs, pour partisans qu'ils parussent des noavelles
idées, murmurèrent. Courroucés de ce qu'on en agissait de
la sorte dans une église bâtie par eux et (30ur eux, ils écla-
tèrent en menacCvS contre les calvinistes soupçonnés d'être les
instigateurs secrets de l'entreprise. Une lettre anonyme, sans
date, dénonça Tafiaire aux officiers autrichiens. Cette lettre,
attribuée par eux aa BergrielUer (Veltin Ck>lin), ils la trans-
mirent à leurs supérieurs. Les plaintes parvinrent jusqu'au
trône impérial. Le 5 mai i562, Ferdinand adressa une lettre
menaçante à son yassal Eguenolphe. De son côté, la Régence
d'Ensisheim, à la première nouvelle qu'elle avait reçue du
délit, en avait exigé réparation ( 27 mars 1562) : elle deman-
dait le rétablissement des choses dans leur état antérieur
(voir Contmuaiîo Sleidum, t. Vil, pp. 2804)00). Conrad Finck
rentra à Mulhouse, où il reprit ses fonctions pastorales (1554
à 1567J. Il fut remplacé sur le Pré par l'ancien curé de
Sainte-Marie-Madeleine (côté lorrain). Gelui-ci, nommé Nicolas
François, converti depuis peu au protestantisme, prêcha les
luthériens, comme plus tard il prêcha les réformés, quand
il tai devenu ministre d'Eschery, c'est-à-dire avec une cer-
taine indépendance d'opinions et sans parti pris doctrinaire.
Ë MUHLENBBGK.
tLa fin h la prochaine livraison. J
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LA
MUSIQUE ET L'ACOUSTIQUE
APERÇU GÉXÉIUL
sur leurs rapports et sur leurs dissemblances
Fin,
Nous voyons très nettement Jasquld comment la scienee
accompagne Tart, comment l*a60iutique eôtoU la mosique,
sang jamais se confondre a?ec elle. L*art puise dans la science
la connaissance intime des éléments avec lesquels il crée ; la
sdence précise les lois fondamentales des combinaisons de
ces éléments entre eux, en faisant plier toutefois son exacti-
tude malhémati(jue devant les exigences de l'art; mais, ici
même encore, elle explique le pourquoi de cette concession
nécessaire. La marche naturelle de cet exposé va noos con-
duire à des questions de plus en plus élevées, dans l'examen
desquelles le même fait nons frappera.
L*une des premières, qui s'est présentée à nons an dâ)ut
même, est celle-ci : la science peut-elle expliquer Faction des
sons et de leurs combinaisons sur la partie sensiti?e de notre
élret Ainsi posée, la question est presque purement physio-
logique et peut se faire identiquement quant à tous nos autres
sens, quant à toutes nos autres sensations. Pour y répondre,
il faudrait que nous connussions le mécanisme précis de nos
174
REVUE D'ALSACE
sens (système nerveux), la nature intime de l'agent (électri-
cité) qui y est enjeu, et enfin la nature intime de notre être
pensant et sentant (^ûme). La science nous conduira tôt ou tard
à la première de ces connaissances ; des progrès considérables
ont été faits déjà daos cette directioQ. Ainsi qae je Tti montré
dHDS on ouYrage spécial S nous ne pourons arriver à la
seconde connaissanee qu'en éliminant successivement toutes
les hypothèses Ikusses on absurdes, qnant à la nature de ra-
gent intermédiaire; toutefois, comme celui-ci n^est pas, ainsi
qu*on YtL admis si longtemps, spécial aux êtres vivants, mais
se manifeste partout dans la nature, la puiss;ince de la science
reste encore très étendue dans ce travail d élimination des
erreurs possibles d'interprétation. Il n'en est plus de même
quant à la troisième espèce de connaissance, celle qui con-
cerne la nature de notre propre être et de ses rapports avec
le monde externe; nous pouvons encore, dans une certaine
mesure, arriver à savoir ce qu'il n'est pas; mais, en ce monde,
nous n'aurons jamais la plus légère notion de ce qu'il est
réellement, car notre être ne saurait s'inspecter et s'étudier
lui-même. Bt, quant à nos rapports avec Textérieur, nous
nous trouvons dans une double impossibilité contradictoire;
nous ne pouvons pas plus nous concevoir un seul instant
privés de ces rapports que nous ne pouvons concevoir le com-
ment de leur existence.
Toutefois, si, au lieu de chercher à sonder la nature des
choses, nous acceptons comme un fait expérimental pur et
simple nos relations avec le monde externe par l'intermédiaire
de nos sens, et si nous nous bornons à en étudier les lois, la
question change. A côté de la réponse éternellement négative
en ce monde, s'en présente une qui devient affirmative; à
côté d'une porte à jamais fermée au savoir humain, s'en trouve
une que la science a déjà entr'ouverle et qui, sans aucun
doute, s'ouvrira de plus en plua. iMais, eu ce seus limité mémt,
^ Analyse élémeiUaire âe VUniinn.
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LK MUSIQUE ET L'aCOUSTIQUE
175
les progrès de la science ont été très inégaux, selon les direraes
espèces de sensations à étudier. C'est dans l'étude des phéno-
mènes de la Fisioa et de l'ouïe qu'ils ont été le plus consi-
dérables.
J'aurai ici à continuer identiquement ce que j'ai fait depuis
le début ; j*aarai à signaler des résultats très beaux et incon-
testables ; mais j*aurai aussi à rabattre certaines assertions
de la science, qui sont tout au moins temporairement trop
ambitieuses.
Nous ayons vu que, pour chaque accord, la physique a
déterminé rigoureusement le nombre relatif de Tibrationi des
sons qui le produisent. C'est ce que j*Ri déjà montré flous
diverses formes, et j'y reviens sous une nouvelle face.
Nous avons vu que la gamme en -uiHjeur est, aritliméti-
quement parlant, formée par la suite de rapports :
UT »/• RÉ •> Ml »•/!• FA •/• SOL ««/b LA > SI "/» UT
on si nous prenons pour point de comparaison la note fonda-
mentale
SECONDE TIERCE yUAUTE QUINTE SIXIEME SEPTIÈME
1 •/• V* V* 7» V«
La seule inspection de ces diverses fhictions nous fait aper-
cevoir ce qui caractérise mathématiquement un accord juste.
Tontes, en effet, constituent des rapports simples et faciles
à saisir. Si au rapport 2:3, ou 322:783, qui repréienle la
quinte ut-sol, nous substituons, par exemple, les nombres
pris au hasard 527 : 789, nous avons, aritliméliquement, une
fraction difficile à saisir, irréductible^ et, musicalement, nous
STons une quinte fausse. Mais comment la simplicité arith-
métique ou la complexité répond-elle à une sensation, soit
agréable, soit pénible? La forme mathématique du phénomène
est connue. Mais quelle en est k raison première? M. Helm-
holts a cherché à donner une solution, en partant de consi-
dérations basées sur la structure anatomiqne de Toreille, et
REVUE D'ALSAOB
en se fondant sur d'autres données encore. Il semble résulter
d*études très exactes que roreille renferme une sorte d'ap^-
reil musical dont les cordts, en nombre prodigieux, sont
accordées cbtcane poar un ton particulier et ee mettent à
fibrer, dès que les ondes de ce ton les frappent» mais seule-
ment dans ce cas. Quelque correctes que Ton suppose des
recherches anatomiques aussi délicates et difficiles, quelque
valeur que puissent avoir les conclusions qui en ont été
tirées, je ne puis m'erapêcher de dire que ki difficulté princi-
pale n'est pas résolue par elles. Quand bien même l'appareil
auditif serait, comme cela est d'ailleurs très admissible, disposé
de manière à analyser et à trier les sons, c'est, en dernière
analyse, toujours notts qui, à notre propre insu, établissons
le rapport mathématique des sons entre eux, et qui «mam
impressionnés par la justesse ou la &us8eté du résultat; peu
importe d'ailleurs ce que telle ou telle école de philosophie
Toudra foire de ee nous. En un mot, la question qui nous
occupe est d*abord toute de physique, passe ensuite sur le
domaine de la physiologie, et puis, en dernier lieu, s'arrête
sur celui de la psycholoi^ie. Je suis loin de dire que, sur ce
terrain, elle devienne alisulument insoluble: je pense seulement
que les explications tirées de la physique pure échouent
nécessairement ici.
Si la loi mathématique qui détermine la justesse ou la
fausseté d*une oonsonnanoe se saisit à première vue, il ne
me semble plus en être ainsi de celle qui ftût que tel accord
nous apparaît comme consonnant et tel autre comme dissonant
Que le lecteur me pardonne si jinterrîens personnellement
dans la discussion et si je cesse de parler collectivement, au
nom de la science. Je le fais par un sentiment naturel de
réserve et de modestie, parce que mon opinion diffère de celle
de plusieurs physiciens éminents de notre époque, aux yeux
desquels la question semble facile, et aussi parce que, selon
moi, en matière de consonnances et de dissonaneeS) chacun
en est réduit à juger d'après ses propres Impressions.
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LA MUSIQUE ET L'AGOUBTIQUB
177
On dtt qa*an accord de deux notes, de deux ions, est d'eu-
tant plus consonnanl, plus agréable, que le rapport des nom-
bres de vibrations est plus facile à saisir, et aussi que les
sons harmoniques, qui accompagnent toujours les sons fonda-
nieulaux, sont cux-nièrnes ensemble dans un rapport plus
simple. Tout d'abord, et en ce qui concerno cette der-
nière raison, je ferai remarquer (jue, puisque le timbre des
divers instruments dépend de la prédominance particulière
de tels ou tels sons liarmoniqucs sur tels ou tels autres, ou
plus généralement encore de la forme interne des ondes sono-
res, il devrait arriver qa*ttn accord, très consonnant snr un
instrument, le fût beaucoup moins sur un autre, et surtout
que, si i*un des sons était donné par tel instrument et Tautre
son par tei autre, la consonnance lût altérée; ceftit, à ma
connaissance, n'a jamais été si^alé. En ce qui concerne Teffet
de la simjijicitc plus ou moins grande des rapports numé-
riques des vibraliuns sur le degré de consonnance, je ferai
remarquer que, si cette face de 1 "intei prelation était correcte,
ce degré de consonnance devrait aller en diminuant rapide-
ment depuis la quinte (2 : 3) jusqu'à la tierce mineure {6 : 5),
qui, numériquement, tient le milieu entre la quinte et la dis*
sonance bien Dranche de seconde (9 : 8). Or, si Je pars de
mon impression personnelle, je dirai que la tierce mineure
m*est tout aussi agréable que la quinte, et qu'il en est de m6me
de la sixte (tierce mineure renversée), exprimée numérique-
ment pourtant par une fraction qui est fort loin d'être simple
(S: 8). Comme mathématicien, je l'avoue d'ailleurs, il m'est
impossible d'apercevoir en quoi la fraction 9:8 (accord de
seconde majeure) est plus diûiciie à saisir que la frac-
tion 5 : 3.
II est peut-être plus lacilc d'apercevoir la raison mathéma-
tique de la dissonance ou de la consonnance d'un accord
formé de plusieurs tons. Si nous réduisons au même dénomi-
nateur la suite de fractions qui forment la gamme en «(-
Il «Bfilto SMt - 7* Année 1^
176 RBVCB D'ALSACE
majeur, par exemple, nous arrivons à la série des nombres
sairantes :
UT RÉ Ml FA SOL LA SI I3T RÉ Ml FA
U VI 30 32 36 40 45 48 Si 60 64
SOL LA SI irr
72 80 90 96.
L*accord le plus consonnani de loas, raccord parfiiil u^mt-
so/, est donc donné par les nombres relalil's de vibrations 24-
30-3G. Ces nombres [irucèdcnl. connneon le voit, par différences
arithmétiques é^'ah-s (<>). et, de pins, cette différence estelle-
mème avec le nombre fondamental 24 dans le rapport très
simple de 1 à 4. U n'en est nullement ainsi de l'accord com-
plet, disionaai et caractéristique, de septième, sol-si-ré-fa;
les différences (9, 9, 10) qu'on obtient en ce cas sont inégales
et dans un rapport complexe avec le nombre de la note fon-
damentale : 9 :S6 et 10: 86. Je me hâte dédire que je n*in-
diqne qa'ane sorte d*expression numérique des faits et que
je n'explique rien. Un autre fait frappant se présente à nous;
il est généralement admis, si je ne me trompe, de sorte que
je n'ai plus à le disniter ii"î][)rès nia ^e\ih' impression per-
sonnelle. Notre (ireiile ne t^-lère pas de la même manière les
altérations même légères que nous faisons subir à la justesse
des dirers accords, et c'est sur ce fait que repose la manière
la plus correcte d'accorder le piano. La plus minime altéra-
tion apportée à un ton qui doit être à Tunîsson ou à Toctare
avec un autre produit un effet intolérable. Immédiatement
après vient la quinte; il me paraît très douteux qu*nne
oreille délicate acce{)îe jamais pour la quinte ré-la le rapport
587,25:870, donné par la gamme dite exacte, alors que la
quinte rigoureusemint jtisie exigerait les nombres de vibra-
tions 580:S70. A raiilr»» l'xiréuiilé, là où rorcille supporte
le mieux mie alir-raliou, cc.sl TuD'ord de seconde, majeure et
surtout mineure, qui se présente. La confiance des physiciens
en cette tolérance va toutefois, je pense, beaucoup trop Ioîd»
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LA MUSIQUE ET L'AOOUBTIQUB
179
lorsqu'ils proposent de siibslitiier le demi-ton artificiel donné
par le rapport 24 : 25 au demi-ton naturel donné par le rap-
port 15: 16. Celte plus grande tolérance de notre oreille dans
un cas que dans Tautre s'expliquerait arithméiiqQemeat, ai
aile allait en croissant régulièrement depuis la quinte jusqu'à
la seconde mineure, c'est-à-dire si elle augmentait arec les
nombres des vibrations qui forment les numérateurs et les
dénominateurs de nos fractions ; mais c'est là ce qui n*a pas
lieu du tout. Les tierces, majeures ou mineures, supportent
de légères allcralions tout aussi bien que la quarte, et mieux,
à mon avis du moins, que la sixte.
En résumé, tout en admettant qu'il existe à la fois une
raison piiysiciue et une raison physiologique sur lesquelles
repose la différence que nous faisons etitrc les accords ron-
sonnsnts et les accords dissonants, tout en admettant que
ces raisons sont déjà entrevues, je pense pouvoir dire, sans
(iure tort à aucun savant, qu'elles sont loin d'avoir encore
le caractère de netteté et de certitude qu'on est en droit de
désirer; j'ajoute qu'à côté de ces raisons, physique et physio-
logique, il s'en trouve nécessairement une troisième toute
psychologique, que l'homme ne connatlra jamais ici-bas.
La marche naturelle de cet exposé nous conduit enfin en
face d'une des questions les plus élevées qui se puissent pré-
senter à nous, de Tune de celles qui ont été le plus débattues,
tacitement ou ouveriemeut: car elle s impose à toute doctrine
de philosophie qui a la prétention d'interpréter logiquement
la nature do Tbomme.
La science, nous sommes-nous demandé, peut-elle aller
beaucoup plus loin encore, peut-elle expliquer l'impression de
la musique sur notre être pensant?
D'après l'ensemble des rues que j'ai développées dans ce
travail, le lecteur, sans d ule. devine déjà la réponse qu'an
nom delà science elle même, je ferai à celte question. Dès
la première phrase, j ai appelé la musique : l'art le plus
180
RETUB D'ALSACB
dégagé des réalités de C(3 monde, l'art dont l'instinct divina-
toire des poètes a fait la langue des anges. En langage scienti-
fique, cela signifie que, plus que les autres arts, plus que la
poésie même, la musique, tout en arrivant à nous par noter-
médiaire obligé des sens, 8*adresse pourtant en dernière ana-
lyse i ce qnHl y a de plus pur en nous, à cette partie de notre
être dont, en dépit de toutes les négations systématiques, le
simple bon sens, aussi bien que la raison du savant, ftit un
priiu ipe distinct des éléments de notre corps. Cela signifie, en
un mot. que la pensée musicale, comme la notion du beau
en général, n'apparlient qu'à l'àme, et. je l'ajoute formelle-
ment, ne peut s'e.xpliquer que par l'àme.
Qu'il me soit permis de citer l'opinion du savant éminent
auquel la physique des sons, l*acoustique, doit certainement
ses progrès récents les plus considérables, et qui aurait eu
le plus le droit de hasarder une explication de physique pore
pour rendre compte de Inaction de la musique sur nous.
t La sensation de l'accord musical pur n^est certainement
que le premier degré de la beauté musicale. La consonnance
et la dissonance ne sont, par rapport à la beauté intellec-
tuelle de la nmsique, que des moyens:, mais des moyens réels
et puissants. Dans la dissonance, le nerf acoustique e.st
tourmenté par le choc de sons incompatibles; il désire entendre
la consonnance paisible et pure de sons harmonieux; il se
sent attiré vers la consonnance, et, lorsqu'il la trouve, il s'y
complaît La consonnance et la dissonance ralentissent ou
activent alternativement i*écoulement des sons, et notre intel-
ligence admire, dans leurs mouvements invisibles, Fimagede
ses propres idées et de ses propres sentiments. Elle saisit le
mouvement rhythmique toujours varié des ondes sonores,
comme sur le bord de lu mer elle admire le mouvement des
vagues. Dans ce dernier spoclacle. l'observateur, en pré-
sence de forces naturelles mécaniques, agissant aveuglément,
n'emporte iinalement qu'une impression de désert; dans
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LA MUSIQUE ET L'ACOUSTIQUE
181
rexéeotion d*aiie œurre artistique, les monTements snirent,
aa contraire, les flots de pensée de l'âme de Tarliste. Tantôt
les ondes sonores s écoulent douceniont, larilOt elles sautillent
agréablement, tantôt elles ont tous les accents de la passion,
elles font passer, avec leur vigueur primitive, les sentiments
inconnus que Tarliste a dérobés à son âme, dans celle de l'au-
diteur, qu'elles transportent dans les régions de l'étemelle
beauté, qa*un petit nombre de favoris de la divinité a reça
mission de noos fiiîre connaître. — Mais ici s'arrête la sdence. >
C'est par ces belles paroles que H. Helmholtz a terminé
aoe conférence sor les causes physiologiques de Tharmonie
musicale, tenue à Bonn.
C'est en elTet là que s'arrête la science, appliquée à Tintcr-
prétation {)hysique et physiologique de la puissance de l'art
musical. Sans franchir les termes admissibles, M. Helmholtz
a cependant été en ce sens aussi loin que possible. Mais ce
n'est point ici, il s'en faut, qu'est borné ce qui, dans nos
sciences, est plus beau peut-être que la connaissance même
des phénomènes, si complète qu'elle soit, qu'est bornée la
force de la méthode tdmtifiqw, employée à tirer des conclu-
sions de cette impuissance apparente de la science, employée
à découvrir ce qui découle naturellement de la distinction de
l'art et de la sdence. Sans faire aucun programme, il me
sera, je pense, permis de marcher, aussi loin que possible,
dans cette direction avec mes lecleurs.
J"ai entendu bien des persuiines, d'ailleurs intelligentes et
ne manquant pas mèmn t ilalement du sens musical, dire que
la musique ne saurait exprimer des idées, qu'elle est un art
tout de sensations, et quecequile prouve le mieux, c'est que,
sans l'exécution instrumentale ou vocale, sans l'audition, il
n'existe plus même de musique. U y a dans une telle asser-
tion une double erreur trop criante pour que je ne la mette
pas en pleine lumière. Je n'ai, il me semble, pas besoin
de consacrer beaucoup de tempe à établir qu'une phrase
182
REVUE D'ALSACE
musicale quelconque, belle ou laide, noble ou triviale, est par
elle-même une idée. La posr^ibilité des cpithèles que j'emploie,
et que personne ne récusera, justiûe mes assertions mieux
que tout raisonnement Personne au monde ne les appliquera
jamais à une odeur, à une saveur, à une sensation quelconque 1
la question est seulement de savoir si la pensée, si ridée musi-
cale ne peut naître en nous ou nous arriver du dehors et
nous émouvoir que sous la forme d*une suite de sensations.
Certes, une belle œuvre musicale nous émeut bien plus, lorsque
nous l'entendons exécuter convenablement, que lorsque nous
nous la reproduisons par souvenir, si vif que puisj^e être ce
souvenir; certes, une symplionie nous remue plus profondé-
ment, quand elle est rendue par un bon orchesire, que quand
elle ne Test que par le piano seul, par exemple, ou que quand
nous en lisons simplement la partition. Tout cela est incon-
testabie et 11 fiiudrait être insensé pour le nier ; mais qu'en
réâulte-t^il? Un beau tableau, un monument grandiose d'ar-
chitecture nous impressionnent-ils donc par hasard autant,
quand la mémoire la plus fidèle nous les retrace, que quand
nous sommes en leur présence? Il n a jamais passé par la
tôle d'aucun homme raisonnable de dire que l'art dramatique
ne repose que sur des sen^^ations; et cependant, qui ))ourrait
nier qu'une grande œuvre ne nous émeuve pas iiiliiiimeiit
plus, quand, au Du àlre, elle est rendue i7'i*an/6 par de grands
arlistt's, (jue quand nous nous bornons à la lire V Je suis
loin de dire qu'il n'y ait pas, quant à Timpression produite
sur nous, une différence en ce sens entre une œuvre musi-
cale et une poésie, selon que nous les entendons, l'une bien
exécutée, Tautre bien déclamée, ou que nous nous bornons à
les lire. Toutefois, la différence repose au moins autant sur un
défaut d'éducation musirale que sur l'essence des deux genres
de beauté. Nous apprenons à parler avant d'apprendre à
clrinter ou même seulement avant d'entendre de la musique:
nous apprenons à lire et à écrire longtemps avant qu'on
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LA MUSIQUE ET L'ACOUSTIQUE
183
DOUB enseigoe tant bien que mal récriture et la leeture de la
musiqae. Une éducation convenable diminneraît singulière-
ment la différence des effets de ces deux genres de lecture
sur nous. ,]'njnule qu'en nous prenant ni(^me tels que nous
fait notre éducation actuelle, toute personne ayant le senti-
ment de l'art préférera de beaucoup s'en tenir au souvenir
TÎf et correct d'une belle œuvre musicale, plutôt que de se
risquer à l'entendre interpréter par des artistes peu scrupu-
leux quant au rbythme, ou habitués à eheorùler, ou capables
de prendre trop au pied de la lettre les préceptes chromatiques
du matou Mourrl
Je complète la discussion précédente par une preure en
quelque sorte parlante, dont TéTidence frappera chacun. Com-
ment un artiste pourcait-il composer, d'un jet et sans tâton-
nements, une symphonie, une reuvre pour orcliestre avec
chœur, s'il n'entendait nettement et vivement toutes les mélo-
dies, toutes les harmonies, avec tous leurs timbres variés, à
mesure qu'elles prennent Tétre dans son âme? Je connais, il
est vraii des personnes qui s'imaginent que, pour écrire, un
compositeur s^assied à son piano et laisse ses doigts errer
à rarentnre sur les touches; d*où il résulterait que ce
seraient les doigts qui créeraient, et que rintelligenoe se borne-
rait à inscrire! Je ne cite que pour mémoire cette explication
passablement plaisante. Chacun sait, par des récils d'anec-
dotes, comment écrivaient Haydn. Mozart. Ce n'était point au
piano, assurément!. . . Le {)ln?5 jjrraiitl {)armi les grands cré-
ait, tandis qu'il errait à pas l apiili s dans la campagne, dans
une forêt, ou assis sur le tronc fourchu d'un vieil arbre.
Beethoven, on le sait, a eu l'infortune de perdre l'ouïe dès le
milieu de sa vie; il ne lui a pas été donné d'entendre les
chefe-d'œurre de la dernière partie de sa carrière: la création
la plus immensément belle qui soit sortie d'un cerveau
humain, la symphonie avec chœur est, dans scs^efe <fe ssnm-
dons physiques, restée une inconnue pour lui 1 Je n'ajouterai
184
REVUE D'ALSAŒ
rien de plus. Je dirai seulement, en passant, que, pour qui-
conque sait réfléchir, la musique, bien loin de ne reposer qae
sur des impre.^^sions physiques, est. dans son existence même,
poe des preares les plus frappantes de rezistence d'un prin-
cipe îmnmtériel pensant dans Thomme.
Je pense que personne ne prendra en mal à nn physicien
d'appliquer sa méthode scientifique pour aboutir à une telle
assertion.
Je viens de parler d'un défaut d'éducation musicale. J'ai
à revenir sur ce sujet à deux points de vue distincts. Je l'exa-
mine une première fois sous une forme digressive, que
chacun cependant me pardonnera, je l'espère.
Ën parcourant la biographie des compositeurs modernes,
on est saisi d'une émotion profonde et douloureuse devant le
sort de plusieurs d'entre eux ; disons, de tous ceux qui, se
sentant la puissance d'ouvrir à Tart des vois nouvelles, ont
eu Tabnégation, la conscience et le courage de ne pas sacrifier
au goût du Jour et de persévérer dans le beau, tel qu'ils le
concevaient. Geux-lft, presque ^ans exception, ont plus d'une
fois en leur vie dù « manger leur pain trempé de larmes ».
Je n'ai point à rappeler les .sottes critiques, les niaises tracas-
series dont Beethoven a été l'objet, parfois môme de la part
d'amis, compétents en apparence; on sait que ses dernières
œuvres, les plus grandioses, ont passé pour celles d'un fou;
je ne suis pas convaincu que, mpeitOf ce ne soit pas là encore
ropinion de certains critiques. Si je n*avals pour principe de
laisser am moria la poix, je pourrais citer d'étranges correc-
tions qu'on historien célèbre de la musique, compositeur lui-
même, a tenté de faire, entre antres, à la symphonie pasto-
rale, alors en gravure à Paris; heureusement l'épreure passa
avant le tirage entre des mains plus scrupuleuses et plus
sensées ( j'ai dans ma bibliothèque une partilirm de la sym-
phonie avec chœur, que je soupçonne très fort d'avoir éprouvé
une avarie de môme origine). On sait combien amers ont été
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LA MUSIQUE ET L'AGOUSTIQUE 186
1m derniers jours de Weber; il a ea Tétrange^ satisfaction
d'assister de loin au {deiii succè-? de son Freischutz, lacéré
et approprié aux fxif/piices de la scène parisienne par un
habile, dont il a aiilé à raice hi fortune. Et notre pauvre Ber-
lioz!.. . Si je n'en étais empêché par un devoir de discrétion,
je donoerais de carieux et navrants détails sur les luttes et
les épreuves qa*a en à subir cette nature énergique. Aiyoïir-
d*bai la justice se fait lentement pedSseAitfdiv; on commence
à reconnaître que la France a perdu en Berlioz nn de ses
grands hommes. — Il y a en sans doute dans toutes les car-
rières intellectuelles des hommes émlnents, méconnus et mal-
heureux; le nombre n'en est que trop grand, hélas! Mais on
est pourtant frappé de ce fait, c'est que les peintre?, les sculp-
teurs, les poètes célèbres ont tous, à de bien rares exceptions
près, conquis de leur vivant déjà la plus belle partie de leur
renomméei tandis que c'est précisément le contraire qui a
lieu pour les grands compositeurs, à certaines exceptions près
aussi, dont il est focîle d'apprécier Torigine.
Le &it que je signale, et dont la réalité ne peut échapper à
personne, repose directement sur les conditions essentielles de
la perception du beau. Pour que nous puissions saisir et com-
prendre dans ron ensemble une œuvre d*art â*on caractère
élevé et d'une valeur réelle, il faut de toute nécessité que nous
soyons assez longtemps en présence d'elle pour que notre
mémoire puisse en retenir les plus minimes détails et que
notre intelligence soit ainsi mise à même de saisir les rap-
ports des parties. Ces conditions peuvent toujours être rem-
plies quant à une œuvre de ptinture, de sculpture, de
poésie. Par suite de notre éducation et de nos habitudes, elles
le sont encore quant à une œuvre dramatique, du moins dans
une certaine mesure. Il D*en est nullement ainsi quant à des
œuvres musicales quelque peu développées et compliquées.
Dans rexéeotlon d'une symphonie, d'un opéra, d'une CBUvre
étendue quelconque, les mélodies avec leurs développements,
136
BEVUE D'ALSACE
les harmonA, les diverses formes des accompagnemeutStpas-
aent au vol devant notre esprit et se répètent rarement assez
souvent pour se graver dcfmitivcmejit dans la mémoire la
plus exercée ; elles ne nous saisis.-^cnt et ne nous impression-
nent ainsi que d'une nianièro transitoire: nous ne saurions
apercevoir leur dépendance et le l'^^le de cliacuiie dans l'en-
semble de l'œuvre. Que dis je? c't^t à peine si nous saisis-
sons toujours le vrai caractère de l'une ou l'autre, prise isolé-
ment. En un mot, et pour nous résumer, il est impossible à
l'intelligence musicale la mieux dotée de comprendre, de s'as-
similer et de juger correctement, d après une seule et pre-
mière audition, une œuvre musicale étendue, d*un caractère
sérieux et élevé. La lecture patiente de la partition, ou Tau-
dition répétée un nombre de fois suffisant, ne fCit-ce d^abord
qu'au piano, est une condition imposée à quiconque veut
juger équilablement une grande œuvre.
M. HelmhoUz dit avec vérité qu'un petit nombre d'élus ont
reçu du ciel la mission de nous transporter dans les régions
de réternelle beauté; mais, pour que ce iioas devienne collec-
tif, pour qu'il ne se réduise pas lui-même à un nombre res-
treint de favorisés, il faut du moins encore que chacun, de
son côté, fasse quelques efforts pour s'élever, et qu'il se montre
digne de ce qui lui est envoyé d'en liant. Ce n'est point de
cette oreille, c'est bien ici le cas de le dire, qu'entend le gros
du public. £n allant écouter pour la première fois un opéra,
un oratorio, une symphonie, chacun, sans préparation aucune,
s'institue juge et se dispose à user à l'occasion du droit brutal
qu'à la porte il acquiert en payant ; si, dans Tœuvre, qu'U
mknd parfois sans Cécouter^ il ne trouve pas immédiatement
quelques points saillants et soisissables qui l'impressionnent,
la fiitigue arrive, et avec elle rimpalience, la critique imper-
tinente. Pour bien des personnes, d'ailleurs, il faut en con-
venir, la musique est un art dagrénunt: elle implique
esseiilieilemeiit la galle; loule pensée de sérieux semble
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LA MUSIQUB BT L'AGOUBTIQUE
187
iDeompatible afec elle. PendaDt Tan des passages les plus
sombres de la tragédie ^ d*Antîgone, alors que le chœur vient
dire la sinistre fatalité du destin, une voix me souffla à Foreille
d no ton de mépris : « Quand tout va de travers, ceux-là 8*a-
mnsent et chantent. « Cette réflexion judicieuse de mon voisin
à rOdéon résume l'opinion de bon nombre de gens. Ce ne
sont pas là toutefois les auditeurs les plus iriJignes; bien gui-
dés, l)C!iur d'entre eux finissent par sentir et comprendre.
Les pires sont ceux fjui, sans être (dus capables de compren-
dre en une première fois, arrivent avec un jugement tout
fait que leur a incuhiué quelque érudit. « C'est de la pyro-
technie et non de la musique! > me dit à haute voix un
Inconnu qui assistait, à côté de moi, à la première représen-
tation ' de Freisrkaiz au Grand-Opéra; voilà tout ce que cet
auditeur prévenu avait compris à la scène sans pareille de la
' La Irngt^die de Soplioele, Iratluile tros fidèlement, a l'-lé inonlp*" avec
be;uii'nu[) do suin à I Odôoi), à Paris. I,a iiiiisi(jiic des rliuMiis, (jii, plus
Coneoletueiit, la musique dos diverses enU'ées du cha'ur antique, aviùt
été écrite par Hendel:»ohn. Elle a été analysée très fiivonibleroefit par
diffêrents critiques et, en tète, par Berlioz. N'ayant entendu qn^une seule
fois cette œavre dn grand composileur, je ne hasarderai ancon juu'ement;
je dirai st?ulement (ju -, roiirn ' d' nisou, le caractère général de ces
chœurs n'a ahsolnni iit rien de conmiun avec la joie.
' On se rap|)elle (jue Frei>cliQfz a <''l<'" rr-présenl'', avec un fjrand luve
de mise en scène, à l'Opéra de Paris. Les récitatifs, très remarquables,
avaient été composés par Berlioz; la musique des ballets était Urée des
compositions de Weber même, très bien choisies aussi par Berlioz, qui
avait, onire autres, magnifiquement < r< liestré l'Invitation h la valu, l'un
des plus beaux morceaux de piano de Weher.
J'aflirme i "i qu'^quoi que Von en ait dit, la superbe parlitioti (ieWeb-T
û a en cette occasion éti-, dai s son ensemble, ni bien rendue par les
acteurs, ni bien comprise ])ar le public Je ne sais s'il en a été autrement
depuis au Théâtre-Lyrique ; je me permets d'en douter. Le libretto de
Freischûlz, contre l'ordinaire, admir.ilileinent conçu et écrit d'un bout
à l'autre, no peut, selon moi, être traduit <'l Iran^jiorlé sur la sr. ne fran-
çaise, sans perdre ron<idéral)'ein-Mil de son caracti-re el ^riiis d 'venir par
places presque puéril. Et, quoi qu on fasse, I cirel de la muïique en est
atteint par coatre-coop.
188
REVUE D'AIi8&0B
Ibnte de9 balles. < Qaelle jolie chose que cette symphonie
pastorale*! ce chant d*oiseau après Forage I> dirait une dame
sortant d*un concert dn Conservatoire de Paris. < Bah! ce
n*est plus de la mosique, cela ! » lui fut-il répondu, d*uae
▼oixqui n'admettait point la réplique. La dame, après tout,
ne disait qu'une sottise, en oubliant la place du chant d'oi-
scaii. qu'elle admirait; monsieur son mari, au contraire, qui
évidemment avait été renseigné à l avance par un savant
connaisseur, appliquait, à tort et à travers, à cette admirable
œuvre tout entière, une critique qui ne porte juste que sur
huit mesures de Vandante (c'est, soit dit eu passant, la seule
fois que Beethoven se soit permis de l'harmonie iraitalive
réelle, et il Ta Tait d'une façon charmante. On peut pardonner
à Hercule de badiner une fois en sa vie). Je dis que les pires
sourds en musique sont ceux qui ne veulent pas entendre.
Des intelligences, en quelque sorte incultes et étrangères à
rétude de Tart, pourvu qu'on ne les ait pas prévenues et
qu'elles soient douées de bonne volonté, finissent toujours, à
ibroe d'entendre répéter une grande œuvre, par en saisir au
moins certaines parties et par en être émues. C'est ce qui
explique parfaitement comment tant do belles créations musi-
cales, après avoir été accueillies avec défaveur, parfois avec
de viles huées, ont fini par exciter Tenlhousiasme d'un même
public. Je pourrais citer des milliers d'exemples à l'appui de
cette assertion ; je m'arrête à un seul, qui est tristement
caractéristique, et qui est tout récent encore. Ainsi que
presque toutes les grandes œuvres de Berlioz, la DammUon
de Fautt a été, à Torigine, accueillie avec plus que de la
' La symplionîe pastm de est fortncj dn cinq parties: 1" Le premier
allegroy sensations ilniics pn arrivant à la canipajrne; 2" l'andanle,
aoèiio près du ruisseau; a" le menuet, réunion joyeuse de villageois;
4* Vorag$: 5* le final, chant des bergers. Ces trois dernières parties
ne peuvent être disjointes. C'est à la fin de la seconde que Beethoven a
reproduit, d'ailleurs sous la forme la pins mosieale, le chant dn rossi-
gnol, de la caille et da eoncon.
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LA MUSIQUE ET l'ac'OUSTIQUE
«89
déliTeur; aujourd'hui, celte musique transporte la foule, qui
uagnëre était disposée à la siffler. Telle sera indubitablement
la fin glorieuse de Benvemsio CelUiU, des Tro^MS. . tom-
bés dès les premières représentations, sans que le public se
soit même donné lu peine d écouter. Telle sera, à Paris aussi,
celle de Loheugrin, des Matins chanteurs, de Tristan et
JseitU. . .jdont les noms seuls excitent aujourd'hui, dans cer-
tains milieux, des grincements de dents et un décliaîuemeot
de passions, absolument étrangers à la question d'art.
La remarque précédente est rassurante sans doute, au
point de vue de l'art en général. Elle peut suffire à certains
philosophes, qui planent au-dessus de ce monde (lorsque leur
existence est assurée sur terre): < Le beau, disent-ils, peut
être Toilé quelque temps, mais il est impérissable dans son
essence. » On ne saurait exiger, en vérité, qu'elle inspire la
même quiétude à Tartiste, qui, après tout, est homme aussi,
et qui a besoin du pain quotidien du corps et de l'esprit.
L'assurance d'être admiré d'îd à vingt ans, et d'avoir enfin
droit au soleil, quand peut-être il aura quitté cette terre, ne
saurait lui être adjugée comme une consolation suffisante.
Il me semble que celle remarque devrait être pour tous un
grand enseignement. Si elle concerne plus particulièrement
le sort des grandes œuvres nmsicales, et par contre-coup celui
des compositeurs, elle n'en est pas moins générale; elle ne
s'applique que trop souvent à toutes les œuvres de l'intelli-
gence et à la destinée de tous les hommes qui apportent leur
quote-part au développement de l'esprit humain. — Foules
toujours prêtes à acclamer les génies malfaisants qui, sous le
prétexte d'une vaine gloire, ne vous conduisent qu'à la
destruction et à la ruine, et qui perpétuent parmi vous le culte
du crime heureux, ô vous tous, grands et petits, respectez et
écoutez ces ftmes d'élite qui descendent parmi vous pour
vous relever et vous consoler: ce que vous ne savez appré-
cier aujourd'hui, vous l'admirerez peut-être demito. Et, si
190
BBVOB D'ALSACE
décidément vous ne comprenez point, n'insnllez point, et ayez
un peu de cœur. Ne refusez pas à Tarlisle, au poète, au
savant, qui vous apportent le I)eau, le grand et le vrai, sous
toutes leurs formes, ce que vous prodiguez à ceux qui ne vous
apportent que le mal !
Nous avons dit qu'il est impossible d'expliquer d'une
manière purement physique et physiologique la seule iropres-
Bîon que produit en nous un accord consonnaiit ou disso-
nant; et qu'à eôlé des raisons de Tordre physîque,nou8 sommes
obligés d*en chercher une psychologique, dépendant de la
nalure de notre être animique. Nous arons fait un grand
pas de plus, et nous avons reconnu que, quelque grande
qu'on fasse, dans Teffet de la musique, la part de Taction
physique des sons sur la partie sen.^ilive de noire être, il n'en
demeure pas moins certain (juc ia pensée isiusicale. dans
rin]{)rcs!çinn produite sur notre être inlellectuel, dans le juge-
ment f[ui> nous portons sur elle, et entia dans sa création
même, n'a plus rien de commun avec nos sens. A bien plus
forte raison arrivons-nous à une couclusioo semblable, lorsque
nous nous demandons d'où dérive le caractère, non pas seu-
lement d'une œuvre dans son ensemble, mais même celui
d'une simple pbrase isolée ; lorsque nous nous demandons
pourquoi une mélodie nous apparaît comme belle ou laide,
noble ou triviale, gaie ou triste, lugubre ou sereine... Ce
serait le comble de Tabsurdité que d'en chercher la raison
dans reffet que produit sur le nerf auditif et sur le cerveau
la succession des sons dans tel ou tel ordre. La raison psy-
chologique reste ici seule en action; elle écbappe à une expli-
cation proprement dite et repose sur la loi do création même
de notre être animique: ou. pour parler d'un^-» façon plus
réservée, c'est du moins là toni ce que nous pouvons en dire
ici-bas. En ce sens, la musique rentre dans les cotulilions des
autres arts et de la poésie. On a fuit de tout temps des efforts
incroyables pour expliquer ce qui constitue le beau et le laid,
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LA. MUîiigUK ET L ACOLSTIQUE
191
pour les définir. De toat temps aussi, on aamit reconnu la
tanité de ces explications, de ces définitions, si Ton s'était
donné la peine de comparer les résultats auxquels elles
conduisent avec ceux qu'on tire des définitions correctes dea
sciences, par exemple. D'une définition exacte de l'ellipse, le
géomètre tire les propriétés et la construdion de cette courbe.
De la défini tien correcte d'un gaz. le physicien tire, dans une
certaine mesure au.ssi. la connaissance des propriétés de cette
classe (le corps. Des définitions, quelles qu'elles soient, du
beau, jamais artiste ou poète n'a tiré, je ne dirai pas un moyen
de créer le beau, maïs seulement un moyen de le faire recon-
naître à coup sûr par quelqu'un qui ne serait pas par lui-
même doué de la faculté de le sentir. Uart, dans sa base
même, échappe à la démonstration scientifique; et cependant
c'est là où leur scission semble le plus complète que la parenté
entre Tart et la science est la plus sublime; tandis que Tar-
liste s'efforce vers Téternellement beau, le savant tend vers
rétemellemcnt vrai. Et le vrai n'est pas plus susceptible
d'une délinilion alisolue que Iiî beau; on lus sent, on ne les
démontre pas, dans leur essence.
Il n'est j)as d'art qui ait donné lieu à plus d'exagérations
que la musique, dans les opinions qui ont été émises sur
l'étendue de son p luvoir. Tandis que, pour les uns, elle n'est
pas même appelée à exprimer des idées, d'autres ont été jus-
qu'à dire qu'elle est un art essentiellement descriptif. 11 suffit
pourtant de se laisser guider par les simples règles du bon
sens pour éviter de tels égarements.
La musique constitue une langue à part, appelée à expri-
mer des idées i part aussi. Une mélodie quelconque, une suite
d'accords se résolvant liarmoniquement les uns parles autres
sont des idées, aussi bien que nlmporte quelle manifestation
de ractivilé de notre ftme. Ces idées sont seulement d'une
autre espèce que celles que rendent, en général du moins, nos
langues articulées. La musique, certes, ne saurait peindre un
192
BEVUE d'ALSAOB
paysage, une scène de la nature morte ou TiTante, ni (Dieu
en soit loué !) une bataille. Mais elle peut éveUler en nous les
mômes senlimiMiis, les mêmes émotions que ces scènes, et elle
le fait d'une manière souvent plus intense, toujours plus
pure et plus élevée, que ne le fait la réalité, bien que, par la
nature mémo de ses accents, elle laisse dans le vague et l'in-
défini les formes des contours. Le vrai caractère de la musique,
alors cependant dans Tenfance encore, est admirablement
exprimé dans le beau mythe que nous a légué le plus artiste
des peuples, et que la musique de Gliick eût dCt noas rendre
sacré (je dis : sâ< un artiste sans conscience et sans
scrupnle n*a point craint de le traîner sur la scène en une
triTîale parodie). Orptaée ne peiffnaU pas les rochers, les
Ibièts, les fleures, les monstres sauyages; il les animait, il
les ftisait mouvoir, il les détournait de leur cours, il les
adoucissait. Il n'a point décHi Fenfer et ses tourments; il en
a attendri le sombre roi et a suspendu lescoups des Furies
vengeresses. Et, lorsque de vraies furies eurent mis en pièces
le corps du chantre immortel,
...Dans les antres qui gémirent,
Le lion répaadit des pleurs.
La musique peut éyeiller en nous des émotions du même
ordre que celles qui naissent à la Tue des scènes du monde
réel; mais elle peut bien plus encore, elle peut traduire des
sentiments qu'aucune lanipie articulée ne rendra jamais, et
* Mes lecteurs, j'en suis cerlain. me trouveront bien sévère; plas d'an
sans donta a ri de la charge musicale de II. Offenbaeh. Sous forme géné-
rale, et en ce qui concerne les applaudissements que Ton prodigue à de
semblables trivialités, je ne puis m'cmpêcher de dire que, quelque sûrs
que nous soyons de possodiT ex(*l^siv^•ment la vérité, il ne serait que
juste de respecter du moins ce qui se trouvait parfois de beau et d élevé
dans ces mythes païens, que nous méprisons tant et auxquels pourtant
nous ayons tant emprunté. Et, quant à la question d'art, il me semble
que ce n'est point un compositeur (pii devrait do^ceadre à un manque
de respect aussi indigor? envers l'une des plus hautes glorifications de
la puissance de l'art musical !
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LA. MUSIQUE £T L'AOOU»TIQUS
193
qui répondent aux aspirations les plus élevées de l'âme. Les
accents dont elle dispose, les éniDliuiis qu'elle excite, sont au
gré de l artis'e assez (luissaiil pour créer et doué d'assez de
bons sens pour se gouverner lui-même.
Dans l'opéra et dans l'oratorio, dans le drame théâtral,
comme dans le drame sacré, il esi évident que tout l'ensemble
de la parUUoD, dans ses plus minimes détails, doit toujours
répondre aux sentimeats q\k'indiqiêeiU les paroles, qu'il s'a-
gisse d'ailleurs de» parties du cliant ou de eelles que rend
l'orchestre seul. C'est, quant à la musique de théâtre, ce qui
a été admirablement compris par GIQck d'abord, et puis par
d'autres grands artistes. C'est ce qui a été, par Wagner, porté
aux dernières limites du p ssible, mais nullement i l'exagé-
ration, quoiqu'on en ail dit. Dans ce genrede musique, il y a
une connexion intime entre les sentiments annoncés par la
langue arliculée et ceux que ia langue musicale exprime en
les anipliliant, en les nortant à leur plus haut degré d'inten-
sité. Ouand une œuvre de ce genre est bien conçue, il devient
impossible de di.^joindre la musique de la scène dramatique
quïndique le librelto, fût-il même mal fait, et nous sommes
souvent éto?inés, en rentrant en nous» do Tintérôt que la
beauté musicale nous iîtit porter à un sujet pauvrement rendu
par le librettiste. A plus forte raison en est-il ainsi, quand,
par hasard, les paroles du drame sont quelque peu dignes de la
musique. Pour arriver alors, en y substituant d'autres paroles
d'un sens différent, à quelque chose de parfaitement bouffon,
il n'est pas nécessaire d'aller, à beaucoup près, aussi loin que
ce professeur d'un séminaire, qui avait ajusté les paroles d'un
hymne chrétien sur la musique du chœur des chasseurs de
Freischiitz. — Maintes fois les librelti.stes cherchent, dans des
drames connus depuis Irmgtemps, les sujets du drame musical
que le compositeur se charge de développer. L'épreuve est
ici décisive pour larlisle et pour la musique, parce que l'au-
diteur est forcé de comparer ce qui avait pour lui revêtu jusque-
Roavflto Béri* - 7* Amièe.
194
BKVUB d'ALSAGB
là la forme littéraire avec ce qui rerêt maintenant la forme
musicale. Cette espèce de parallèle obligé est redoutable, dans
certains cas, et cependant la musique l*a plus d'une fois sup-
porté victorieusement. Dans le troisième acte d*OffM>f le
génie de Bossini a certainement su s'élever à la hauteur de
celui de Shakespeare. Et, s*il m*est permis de citer une œuvre
d'un contemporain, }e dirai que, dans Fimt, en dépit de la
fiilblesBc peu justifiable du lihretto S M. Gonnoda su maintes
* Je ne connais que l œuvie représentée à l'ancien TliéàtrtvLyrique de
Paris, et je ne sais sMI a ét& foit des modifications au libretlo, pour la
sc6ne da Gnnd-Opéra — Lorsqu'on librettiste se charge d'arranger
pour un compositeur le sujet d'un ilratne devena en qaelqae sorte monu-
mcnliil, (t^l que Marluîtli, Ilaiiilot, (Uliello. . son premier souci devrait
être de respecler la coideur générale du inodtMe, de ne faire que le>i cou-
pnres et les modifications exigées naturellement pour le passage du
drame parlé au drame ehanté, afin de permettre an eompositaor d'éyaU-
1er dans l'esprit de { auditeur des sentiments d'un même ordro qoe eeoz
que le poMe avait d «puis longtemps développés dans le drame. — C'est
pourtant presque toujours le contraire que font la plupart des arrangeurs,
afin, semblerait-il, de rendre à l'artiste la tichc pins difficile et plus
ingrate. — Quelque opinion qu'on puisse avoir du I-alst do Goethe,
tonjours est-il que ce drame, d'une structure si étrange, restera un type
auquel personne ne touchera plus. C'était le cas ou jamais d'observer
la règle élémentaire précédente. — Or, il semble que le librettiste ait
pris à tâche de dépouiller l iniitutioa française de toute la couleur locale
indostractible que Goethe a donnée à son drame. — Je ne ferai qu'une
citation. Au début du drame, au moment où Faust porte à ses lèvres la
coupe empoisonnée, on entend dans le lointain l'hymne joyeux da jour
de Pâques {Christ est ressuscité), U savant blasé et dégoûté de toutes
les choses de cette terre est ram ^ié m ilgrc lui aux fraîches et pieuses
impressions de sa jeunesse; la coupe t'imli,; do ses mains : « Erde, du
hast mich vieder! » s'écrie-t-il, en sentant une larme couler le long de
ses joues. Dans cette scène profondément émouvanle, qui sert en quel-
que sorte de clef de voûte au drame, et dont le génie de II. Gonnod
eût tiré un admirable oITet, le librettiste a substitué à l'hymne religieux
un chaut de campagnards joyeux partant pour la moisson. Quelque gra-
cieuse que soit la musique de câ chant, il est certain que tout le sens
profond du drame est ici rompu. — Etait-il vraiment nécessaire de pous-
ser le contrains jusqu'à donner à un jeune premier, atteint d'un
amour malfieureux pow Marguerite^ le nom (Siebel) de l'un des quatre
PHiuL-oauv que Faust, h sa première sortie avec Hépbistophelès» troan
^lUbieti dans la cave d'Aaerbach?
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LA HUraQDB ET L'aCODSTIQUE |95
fois se placer à côté de son paissant ri?al, que 1* Allemagne
appelle TOLncpisir de la poésie.
Eo dehon de Tonitorio et du drame, où la musique est con-
damnée, sons peine d'être mauvaise, à rendre un ordre déter-
miné de sentiments, de passions, il est des cas où, quoique
séparée de la parole, quoique tout instrumentale, elle traduit
eneore certains sentiments indiqués à l'avance par le com-
positeur. Il me sufllt, comme exemple, de rappeler la sym-
phonie pastorale tout enlière. Dan.s un genre bien ditïérent,
je citerai le majestueux adagio du douzième quatuor de Beet-
hoven (chant de grâce rendu à Dieu, après une guérlson);
il répond dans toute la plénitude de la Leauté au titre donné
parle compositeur. Jamais hymne exprimant an plus pro-
fond sentiment de reconnaissance n'est sorti, en langue arli-
colée, de la bouche â*un croyant I
Bans aucune des manifestations dont nous venons de parler,
la musique ne décrit ou n'tmtïe; mais elle fait naître en nous
et nprime pour nous, avec des accents particuliers, des
sentiments, des émotions, des passions d'une espèce donnée.
Remarquons-le tout de suite formellement, dans t us ces cas où
le sens est spécifié à l'avance, ce n'est point Ja musique qui
gagne par le tableau, par la scène, par les sentiments parti-
cnllers qu'elle est chargée de traduire: c'est tout l'inverse
qui e^t vrai; c'est la musique qui embellit ce qu'elle rend et
qui le transporte parfois entièrement en dehors de ce monde.
L'art n'a nul besoin de ces sortes de spécifications pour
rester ce qu'il est. Haydn, Mozart, Beethoven et, après eux,
d'autres grands artistes, ont écrit on grand nombre d'œurres,
sans aucune indication quelconque d'un snyet particulier.
Ces œuvres, ainsi dénudées en apparence, n'en sont pas moins
des che&-d*œuTre. Cette remarque m'amène tout naturelle-
ment à parler d'une tendance étrange, qui prédomine chez
beaucoup d'intelligences, d'ailleurs très bien douées. Bien des
Pononnes ont essayé d'Auman^eo quelque sorte les grandes
196
BBVCB D'ALSACS
symphonies de Beethoven* (entr'autres), de broder sur elles
des scènes de la vie privée ou publique. Je ne veux, à aucun
titre, peiner les inventeurs de ces sortes de romans musi-
eaux ; je les engage seulement à les garder discrètement pour
eux; car, ce qui en ce genre plaît à l'un semble fort souvent
puéril ou faux à un autre. Les symphonies en «i-bémol, en
/«/-bémol, eu /a. . ., n'ont assurément rien à gagner à de
pareilles fanlai^ies. Ber lliuven a dit, en parlant des premières
mesures de sa symphofiie eu ///-mineur : « C'est ainsi que le
destin frappe à nos portes. » U caractérisait ainsi la couleur
du premier aiUgro. Gardona-nous d'njouler quoi que ce soit.
Ce formidable morceau terrasse et jette Tauditeur dans une
telle angoisse qu'on se hftte d'oublier les plus bdks scènes
qu'on aurait la velléité de greffer sur lui.
Le beau, avons-nous dit, ne peut pas plus être démontré
en musique que dans les autres arts et qu*en poésie. Hais
alors, objectera-t-on, à quels caractères le reconnaît-on t La
beauté en littérature, en pointure, en sculpture, a des siècles
d'épreuve; à défaut de démonstration, elle a pour mesure la
comparaison des eeuvres de même espèce entre elles. La
musique, au contraire, est lui art relativement moderne, au-
quel lait, par suite, défaut la sanction des ftges. 11 est d ailleurs,
* Le Idctenr qui, plus loin, m'entendra bl&mer rexclosÎTione, m'ao-
cii<f^r,T peut-être d'y l'tiv tombé tout le preniîer, parce que le nom de
tJ" 'llinven revient si snnvont s«iii> ma plume. Il m eùt été bien facile de
inultiplior les citations do uums Uarlislis, et défaire preuve derudition
(à peu de frais en vérité). Dans nn travail aussi condensé et pourtant
aussi étendu que celui-ci, j'ai cru, au contraire, devoir rester très sobre
en ce sens et iio faire que des citations où mon opinion personnelle flit
celle tic tout le ni«)iido. Si javais .-n à parler de drame, c'est Shakespeare
que j'aurais surtout nommé; ayant à donner des exemples inattaquaMi's
en matière de musique, j ui cité de préférence les dernières œuvres d un
des génies les plus incontestablement complets dont l'art paisse se glo-
rifier. Si cette dernière assertion devait faroavw on contradictrar, je
déclare très carrément que je passerais outre» dussé-je, à mon tour, être
accusé de cet orgueil* dont on jette si sonvent le reproche & la tête des
Mvants.
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LA MUSIQUE ET L'AGODSTIQUB
197
on le sait, bon nombre de personnes qui pensent que le lieaii
elle laid, le bien et le mal, sont des diises tout de conven-
tion et d'éducation; qui pensent que ce qui est hideux ou
criminel à nos yeux peut être magniûquc ou juste à ceux
d'un Chinois, d*un Japonais ; qui admettent qu'il n'y a de mfti
que ce qui est préva par le Gode. Le lecteur, sans doute, ne
8*attend pas à ce que je porte la discussioa sur ce terrain-là.
Si nous Dous laissons ici encore guider par la vraie méthode
scientifique, c^est-à-dire par les simples lois du lion sens et
par l*ob8erTation impartiale des faits, comme je me suis efforcé
de le fiJre arec mes lecteurs dans tout le cours de cet exposé,
nous arriTons à des conclusions beaucoup plus rassurantes,
quant à la possibUité d*un jugement correct en matière de
mniiqoe.
Nous ne naissons certainement pas juges de toute pii'cc,
en esthétique, qu'il s'agisse de musique, de peinture, de poé-
sie, peu importe. Je connais, je l'avoue, des personnes à
jamais incapables de saisir un rliylhme un peu plus compli-
qué que celui de la valse ou de la polka, ou de distinguer un
accord fiiux d'un accord juste; mais c'est heureusement là
Texception, et hi plupart d'entre nous naissent avec la faculté,
du mdns en germe, de saisir la phrase musicale comme la
phrase articulée. Chez la plupart aussi, ce germe, ainsi que
celui de toutes nos autres focultés» peut ôhre développé, à un
plus ou mmns haut degré, par une éducation convenable. Ici,
toutefois encore, une distinction profonde est à faire. Dans la
poésie, dans Part, dans la science, autre chose est de savoir
créer, on d'être seulement apte à comprendre ce que d'autres
ont créé, loutre ces deux genres d'aptitudes s'élève un mur
d'airain, qu'aucune éducation, auiumc volonté ne saurait
renverser. Si je m'arrête un instant sur celle distinction,
évidente à mon avis par elle-même, c'est parce que j'ai
entendu des hommes intelligents la nier forraelleincnt, et aller
jusqu'à dire qu'il suffît d'une volonté énergique pour deve-
196
BBVtPB D*AL8AQB
nir, ad libitum, un Miiiiel-Auge, un Shakespeare, un New-
ton, un Mozart. Si le nombre de ocs fnrorisés dfi la divinité
n'est pas plus grand, c'est, dit-on, parce que chacun ne recon-
naît pas clairement leur utilité et, par suite, n'applique pas
ses forces à devenir digoe de se faire inscrire parmi eux.
Une pareille assertion se réfute à la rigueur d'elle-même
pour chacun, à la seule condiUoa qu*en rentrant en lui-même,
il sache se Jauger avec un peu de bon sens et de modestie,
La soutenir avec trop dinsislance, c'est simplement prouver
qu'on n'appartient pas même à la catégorie de ceux qui sont
aptes à comprendre. Un argument, cependant. H n'a jamais
manqué d'hommes qui se croient appelés à gouverner leurs
semblables, qui ont appliqué toutes les forces de leur volonté
à atteindre ce but; il n'en est que trop qui ont réussi, à l aide
d'heureux coups de force, à se faire acclamer p )ur un moment
comme les sauveurs des litals. Ambition, égoïsme, intérêt
personnel bien compris, tout conspirait à les rendre, sinon
par amour pour le prochain, du moins par amour pour eux-
mêmes, inventifs en a'éationa utiles et durables. Combien y
en a-t-il cependant qui aient su créer et laisser derrière eux
autre cbose que des ruines et la tradition du mal qa'ils ont
engendré ? — Mais quittons le domaine de ces tristes réalités ;
reveuons à ceux qui, modestement, cherchent à comprendre
le beau, et qui, humblement, remercient le ciel de les en avoir
rendus capables. Le germe de celte faculté est, disons-nous,
plus commun qu'on ne le dit en général, et, pour l'éveiller^
même chez l'enfant, il ne faut souvent qu'une étincelle. Il me
souvient d'avoir, à l'âge de di.\ ou onze ans, assisté à la pre-
mière représentation {icut-êlre de Freischulz eu France';
' (18-3Ô on IH2'\. ! C'est, si je ne nie (rompe, an on doux :\m apn"'?
seulement que l œuvre du Wehcr, estropiée par Caslil-Blaze, est apparue
sar la scène à Paris. Un témoin in li;;ii«;, dont je ne, puis mellre la véra-
cilé.en doate, m'a raconté, à cette opotjuo déjà, qu'entr'antres innova-
tions et corrections, le cliarmunt chœur déjeunes filles du dernier aete
élut chanté par une enfant d'une quinzaine d'années! C'est ici qu'il est
permis de dire, sans réticence : Ab utio disee omnes/
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LA MUnQUB ET L'ACOUBTIQUB
199
c'était sur un bien modeste petit théâtre d'une petite ville de
province. Acteurs et orchestre, sans doute, laissaient à dési-
rer; mais chacun était de bonne volonté et consciencieux,
ee qui rachète maintes défectuosités. L'enfant. certe8,eùt été
excusable de prêter le plus d'attention à la scène, an drame,
si émonvants pour loi. C'est pourtant la musique qui prit le
dessus sur toutes les distractions accessoires, et qui, dès
rouvertors, eieita en lui un enthousiasme inexprimable. J*ai
coiiserTé, je l'avoue, m profond sentiment de gratitude pour
la mémoire du grand artiste, qui avait su ravir ainsi Tftme
d*un enfant, et dans ce monde, encore si nenf pour lui, lui
révéler déjà l'existence d'un autre monde bien supérieur.
Après un demi-siècle d'intervalle, ce souvenir est demeuré
l'un des plus vifs et des plus bienfaisants de mon entrée
dans le monde de la pensée. — .le suis loin, sans doute, de
soutenir que l'on puisse dire : Ab um disce onuir^s: mais ce
qui est vrai de l'un l'est du moins d'un plus grand nombre
qu'on ne l'admet en général. Paris a été, daos ces dernières
années, témoin d'une expérience décisive en ce sens. De
modestes hommes du peuple apportent en foule leur pécule
pour assister aux concerts de H, Pasdeloup, éconter dans un
silence religieux et applaudir des oeuvres réputées difficiles
entre toutes. Ge même publie, je le sais, donnera son appro-
bation è des œuvres bien inférieures; on lui fora accepter
votontierede la corUrebande musicale; mais ceci ne change
rien à la question. Ici doit intervenir seulement le travail de
l'éducation, aussi indispensable en musique qu'eu toute autre
chose.
On commence à admettre assez généralement aujourd'hui
que I clude de la musique, comme celle du dessin, etc., doit
faire partie de toute éducation un peu complète. L'étude et
la culture de la musique d'ensemble surtout sont utiles, dit-
on, parce qu'elles détournent la jeunesse de distractions plus
frivoles ou pernicieuses. J'applaudis de grand cœur à ce point
200
BBVUB D'ALSAŒ
de 7ue utilitaire. L*art se trouve mis aiosi immédiatement
soos la protection des défenseurs de Tordre moral, de la reli-
gion, de la famille, de la propriété, de tout ce qu*on défend à
outrance. . . quand on le possède. Gela est fort heureux! Mais
j'estime que d^autres raisons encore militent en faveur de
Tart. — .Te commonce tout d*abord par renverser Tassertion,
en t-e qui i iicernc rédiK-ation en général, on du moins par
Vc'gnfisrr en quelque sorti\ Si l'étude de la musique doit faire
partie de toute éilucaliùii un peu élevée, l'inverse est tout
aussi vrai, e'est-à-dire qu'il est impossii)ie d'être artiste ou
seulement appréciateur compétent des arts en général, si l'on
ne possède pas en outre uu ensemble de connaissances qui,
au premier abord, peuvent y sembler tout à Hiit ét^ang^res.
— L'un de nos critiques littéraires les plus éminents disait
qoll n*est plus permis aujourd'hui à un poète d*ignorer les
éléments tout au moins de nos sciences naturelles et exactes;
d'ignorer les grandes lois que ces sciences ont proclamées,
et les interprétations qu'elles ont données des migestoeux
' phénomènes de la nature; en analysant une des poésies ' de
Lamartine, dont il fait ressortir les beautés, Gustave Planche
critique l'une des stroplios. et dit avec juslessc qu'il est des
hécues astronomiques qui sont devenues impardonnables
chez un grand poète. — (le tjue F'ianclie dit des poètes î<"a-
dresse identi(|uemenl. non seulement et surtout aux artistes,
miis même aux personnes qui veulent sérieusement sentir,
comprendre et juger les œuvres d art de n'importe quelle
espèce .
£n ce qui concerne la partie technique de chaque arl, Tas-
serlion précédente est évidente de vérité. Le sculpteur, le
peintre, le compositeur, qui ne possède pas les notions fonda-
mentales de la géométrie dans Tespace, de Toptique, de Ta-
coustique, est privé d'un puissant appui, dans la partie toute
matérielle de son art. C'est, quant à la musique, ce que la pre-
* Les FaoUch.
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LA MUSIQUE BT L'ACOUSTIQUE
miôre moitié de ce travail aura mis hors de doute, je l'espère.
La routine sans d nite peut suppléer à l'étude scientilique;
mais n'est-il point triste de voir un homme intelligent se con-
damner h ne savoir qu'au bout de dix ans de travail ce que
la science loi appreodrait en six mois? Soit, dira-l-on; yoilà
pourJa partie technique et matérielle; mais qoimporte la
acience à Tait proprement dit? Un compositeur risqaerait-il
par hasard de commettre des èémus asironmiqtiet, comme
celles que Planche reprochait à Lamartine? Ne riez pas trop,
lecteurs. Un compositeur justement estimé, Romberg, ayant,
dans un oratorio, à peindre rbarroonie des eieux, a cherché
à rendre le roulement des sphères célestes par celui de six
paires de timbales. Je ne sais quelle est la valeur de cette
œuvre en elle-même: mais ce qui est certain, c'est qu'il y a
ici un lapsus monstrueux, comme art et comme science. Ce
qu'il y a précisément de sublime dans le spectacle des cieux.
c'est le calme et le silence absolu, dans lesquels s'accomplis-
sent les phénomènes célestes. Si le compositeur veut faire sentir
cesublime, il faut qu'à l'aide des sons m^me, il sache éveiller
en uous le sentiment du silence profond et majestueux. Pour
le phyMicien, l'idée seule du roukmmt de» sphères implique
une résistance, un travail, une usure, une fn. Le bruit, s'il
était possible dans les deux, annoncerait une ruine prochaine .
C'est ridée précisément contraire qui s'empare de nous, quand
l'cBil éperdu plonge dans l'espace céleste.
Artistes, croyez-en le physicien ; ne craiguez point d'étu-
dier les éléments dos sciences voisines de votre art. Vous
vous convaincrez bientôt que, dans la nature, il n'y a d'aride
que notre manière de la considérer. Lisez V Exposition du
sf/sfème du monde de Laplace, k Ciel de ('tnillemin, rUnicers
del*oucliet,et tant d'autres ouvrages, où des liomme^ dévoués
ont mis les mystères de l'infinimcnt petit et de l'infiniment
grand à la portée de quiconque est de bonne volonté, ont mis
la mofesié de la nature à la portée de tous; élevez parfois vos
RBTDE O'ALSAXJE
regards vers ces fleurs immortelles des cieux, vers ces étoiles
dont la science nous révèle les lois : voire art n'y perdra
point £t 8i une foule injuste siffU une œuvre où vous aurez
mis une parcelle de votre âme, regardez encore une fois le
ciel; voaB y trouverez la force de persévérer dans le beau.
A cette foule qui n*e8t point appelée à créer dans Fart, au
public, simple auditeur bénévole on malévole en musique,
par exemple, une condition sHmpose absolument, dès qu*il Teut
exercer son droit de critique : c*est Téquité. Elle slmpose à
quiconque Teut mériter le nom d*bonnête bomme, et pour-
tant, hélas! c'est celle dont on s'inquiète le moins. lie beau
n'a pas seulement une forme, il en revêt mille. Si nous ne
nous habituons de bonne heure à l'accepter sous des faces
diverses, nous en devenons bientôt incapables; nous tombons
dans l'exclusivisme, dans [ engouement et, par un contre-coup
presque forcé, dans l'inconstance. Noua commençons par nous
éprendre du maître dont la manière répond le mieux à notre
caractère, ce qui est d'ailleurs naturel et presque légitime;
mais, au lieu de suivre ce maître dans les transformations,
dans les progrès, qui caractérisent le géide, nous voulons lui
imposer fort immodestement notre propre petite manière.
Nous en venons à condamner Beethoven avec Beethoven,
Rossini avec Rossinî, Verdi avec Verdi. Et comme, en défi-
nitive, Fesprit le plus retardataire, le plus immobile, ne peut
pas tourner toujours dans le même cercle, nous finissons par
nous lasser et nous rejetons un beau jour ce que, la veille
encore, nous déclarions seul admirable. A force d'errer ainsi,
nous en arrivons à ne plus savoir sentir par nous-mêmes, à
ne plus savoir juger que sur le dire d'autrui; nous condam-
nons ou nous acclamons une œuvre d'après le nom qui se
trouve au bas. Dans la collection des Ueder de Schubert s'en
trouve un, qui est beau entre tons {ÂàMul), Un jour, on
apprend que ce morceau a été composé par un jeune étudiant
inconnu. A partir de ce moment, il avait perdu toute valeur
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LA MUSIQUE ET L'ACOUSTIQUE
aux yenz de certains juges. H est évident qu'une fois parrenu
à cet extrême, on est devenu incurable.
Les légendes d'Orphée, d'Amphion, nous montrent ce que
les nations civilisées de l'antiquité pensaient de la puissance
de la musique. iNouh n'avons aucune notion exacte de ce
qu'était cet art chez les Grc(s. par exemple. Les accords,
l'harmonie en étaient exchis ; les chœurs étaient chantés à
l'unisson ou à l'octave; d'après les descriptions qui nous
restent des instruments, la musique d'orchestre ne pouvait
pis même exister. Et cependant Tart était tena hautement en
honneur et respecté. Il est permis de croire qne la musique
grecque était surtout le récit chanté, tel qne, sous Tune de
sesfiMes au moins, Richard Wagner Ta introduit dans le drame
musical. Une partie de sa puissance pouvait, ee semble, repo»
ser dès lors sur la mélodie inhérente à la langue grecque
(de même qu'à la langue latine), mélodie dont nos langues
modernes n'ont conservé aucune trace et dont nous ne pou-
vons pas nous faire \i\ plus légère idée. Que dirions-nous si,
à l'instar d'un des Gracques, il prenait fantaisie à un député
de nos parlements de se faire accompagner à la tribune par
une petite flûte, pour soutenir sa voix ? Il est plus que douteux
que ce soit à ce genre d'instruments ^ que recourraient nos
élus, s'ils avaient a chercher un point d'appui dans les élé-
ments de nos orchestres. — Platon craignait pour les mœurs
publiques et pour la stabilité de la république, parce qu*un
innovateur audacieux proposait d*ijouter une corde de plus à
la lyre. Nous sommes loin aujoucd*hui d*étre dotés de cette
sensibilité artistique presque maladive, et ce n'est assurément
point lintroduction d*un accord, si dissonant qu'il lût» qui
pourrait compromettre le sort des Etats. Si nos jeunes répu-
bliques modernes n*avaienl pus, dans les privilégiés du passé,
des ennemis plus dangereux que dans les savants qui tentent
de réformer la ij;amme, h:ur sort serait parfaitement assuré
dans l'avenir. — L'art n'a poiut décliné, soyous-eu sûrs. La
BBVUS D'ALSAŒ
muse céleste donne à pleines mains à qui en est digne; mais
ne lai demandons pas l'impossible On a souvent parlé de la
poiseanoe de moralisalion que la bonne musîqae pourrait
aTdr sar les masses, et de l utilité qu'il y a. par suite, d*ea
répandre renseignement. Nal doute que le eommeree journa-
lier avec le beau, sous quelque fbrme qu'il se manireste, ne
finisse par élever et développer Tâme; le eulte du beau est
rune des mille formes de la prière à laquelle les dévots n*en
veulent reconnaître qu^une seule* Nul doute même que Tes-
pèee des œuvres littéraires et artistiques qui, à une époque
donnée, sont en faveur chez le public, ne serve de mesure,
de thermomètre à l'état moral de la nation à cette époque.
Mais, encore une fais, ne demandons pas trop à la muse, et,
en fait de moralisation du peuple, comptons surtout sur l'effet
de l'exemple donné par les castes qui OLt la prétention da
diriger les masses; soyons quelque peu exigeants de ce
côté.
Dans le même but de moralisation, compris comme 11 peut
rétro par certaines gens, on a classé la musique en profane et
en sacrée; et il va sans dire que c'est celte dernière qui, seule,
doit être ensdgnée, Tautre n'étant propre qu'à corrompre le
sens moral
Il y a id une large restriction à faire dans remploi de
l'épilhète de profane, en tant qu'on veut lui faire signifier,
non seulement ce qui n'est pas diri<;é immédiatement vers la
pensée religieuse, mais ce qui éloigne même de cette pensée.
Il n'est, iiélas! pas conlestahle un seul instant qu'il se
trouve des artistes qui, oublieux du respect qu'ils doivent à
l'art et à eux-mêmes, et ne cherchant qu'une prompte vogue,
nlmporte à quel prix, mettent la muse an service de n'im-
porte quel sujet, et emploient un talent souvent incontestable
à exprimer des sentiments vils et bas, à éveiller chez l'andi-
teur des pensées honteuses, à rabaisser encore davantage ce
que la musique aurait en la puissance d'ennoblir. ~ Si ce
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LA. mniQXJK ST l'aooustiqub
906
n'était souiller aa plume que de faire des citations, il serait
facile de trourer, dans le coars des Tiogl-diiq années qui
Tiennent de 8*écouler, de nombreuses prodactions de cet ordre.
De telles œuvres, littéraires on musicales, sont plus que
profanes; elles sont malsaines, non seulement pour lepaoTie
peuple, mais plus encore pour les classes dites lettrées. De
telles œnvres, disons-le bien baut, peuvent être spirituelles,
entraînantes de verve, originales même : elles ne sauraient
être bclICvS, dans la vraie acception de ce terme. Ce qui est
réellement beau ne peut être profane; les sujets d'Orpliée,
d'Alc-este, d'Iphigénie, et en partie d'Armide, sont païens,
comme il est reçu de dire, et cependant l'admirable musique
de Glttck ne fera naître dans aucune &me autre chose que
des sentiments nobles et élevés; ce serait un contre-sens inju-
rieux que de lut appliquer Tépithète de profane 1 Sans doute
la musique, lorsqu'elle ajoute ses accents à la prière, est plus
puissante qu'aucune langue articulée à transporter Tftme du
fidèle vers son Créateur; c'est ce que l'intuition d'un poète a
admirablement exprimé :
La piété emprunte à la musique ses sons
Et la musique prend les ailes de la piclc;
Et, ainsi que Toiscau qui salue le soleil,
Elles selancent vers le ciel, et en selevant elles
chantent.*
* When autumn nights were long and drear,
And forest waUcs were dark and dim^
How sweetiy on thc pilgrim's car
Was wont to steal thc hermît's hymnl
Dévotion "borrows music's tone
And Music took dcvotion's wîng;
And, like thc bird that hails thc sun,
Thcy bour to heaven, and soaring sing!
W. Scott .T mis ces deux clKirrn.inti^s strophes coinni'' épigraplie au
chapitre XX d ivanlioc. Malgré 1 origine «j[u il leur donne, il est permis
de croire qu'elles sont de lui-uiêine.
BEVUE D' ALSACE
lidB, quelque Bentiment qae traduise le yrai beau, il ne
peut qu'élever notre âme.
Nous ayons dit que l'existence môme de la musique implique
en nous celle d'un principe inimulériel auquel est dévolue la
fonction de la pensée. Je reviens sur ce sujet à un autre point
de vue, plus élevé encore, s'il est possible, qui ne semblera
digressif à aucun de mes lecteurs; je le fais en toute sincérité,
dussé-je par hasard, une fois en ma vie, sembler d'accord avec les
défenseurs de l'ordre morsl, et risquer d*aTQir leur approbation.
Plus que les autres arts, plus que la poésie elle-môme, la
musique a le pouvoir de nous détacher des choses dlci-bas,
de nous transporter dans un autre monde, dans des régions
éthéréesoù la vertu se divinise, où le crime même, sans cesser
d'être crime, perd du moins son aspect trivial. Mais, est- ce
au pays des rêves seulement, n'est-ce qu'à des songes, si
beaux qu'ils puissent être d'ailleurs, qu'aboutit l'art divin?
Le songe, croyons-le bien, répond id à rintultion d*une
Térité pins baute. On a dit souvent, et toujours avec raison,
que Tune des preuves les plus convaincantes de rimmortalité
de l'ftme et d'une vie future^ c'est le besoin insurmontable
de justice qu'éprouve Vhométe homme, à la vue de toutes les
iniquités monstrueuses, de tous les crimes qui se commettent
autour de lui, de toutes les douleurs imméritées qui l'en-
tourent, et qui pourtant peuvent ue pas rallcindre directe-
ment. Aticune vibration de la masse cérébrale n'expliquera
jamais cette soif du bien, si rarement et si incomplètement
satisfaite ici-bas; aucune philosophie positive n'en éludera
les conséquences. La seule notion du bien moral implique
l'existence de l'ftme, et la soif inextinguible de cette âme vers
la justice implique la nécessité d'un autre mode d'existence
pour elle. Ce n'est pas le seul besoin de faire une belle strophe
qui a poussé Scbiller à dire :
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LA M08IQVB BT L'AOODSTIQUB
907
Souffrez courageusement, foule sans nombre,
SoufVrez pour le monde meilleur!
Là-haut, au-dessus de la tente étoilôe,
Ua Dieu grand et bon récompenserai
•• •••
Frères, au-dessus de la tente ctoilcc
Dieu jugera comme nous aurons jugé.'
(Soit dit en pansant, les hommes â*ordre feraient bien de se
rappeler cette dernière strophe.)
La science et Tart, le besoin du m! et dn beau impliquent
aoisi Texistence d*nn principe supérieur pensant ; n*impli-
quent-ils point une autre conséquence?
« La plus belle découverte scientifique, la plus belle sym-
phonie ne nous console point de la perte d'un être chéri, et
reste impuissante devant une tombe. » Telle est l'apostrophe
iujarieuse que certaines personnes jettent à la tête du savant,
de l'artiste. Il ne faut vraiment pas un esprit bien inrentif
pour découvrir de telles vérités ; les émettre sous cette forme,
c'est tout simplement comprendre la sdenoe et Tart à rebours.
L'homme, disons plutôt certains hommes sont poussés par
nn besoin irrésistible, non pas seulement à Tétude des phé-
nomènes de la nature et à la détermination des lois qui les
représentent, mais encore, et surtout peut-être, à la recherche
des causes qui donnent lieu & ces phénomènes, à la recherche
de la nature de la matière, de la force, dn mouvement, de la
▼ie, de l'âme. . . Dès que leurs efforts se portent de ee côté,
ils ne tardent point à s'apercevoir qu'ils devinent asssz la
nature des choses pour que leur aspiration soit pleinement
légitimée; mais à .s'apercevoir aussi qu'avec les moyens dont
ils disposent, jamais, en ce monde, leur aspiration ne pourra
être complètement satisfaite, jamais ils ne pourront arriver
à une pleine connaissance. Sentant ainsi tout à la fois leur
^ Ode h la Joie. — Ou siiit ({lu; liticllioven a mis celte belle poésie
dant le final do sa nenviéine symphooia.
808
BBVDB D*ALBAOB
force et leur faiblesse, la sainteté de leur désir et l impossibi-
lité de le combler en ce monde, ces hommes peuvenl conce-
Toir i*espérance légitime que ce qui leur est refusé ici bas
leur sera léTélé aillears. — £t \k précisément, où la science
semble biblir et les abandonner, elle les conduit au but le
plus sublime.
A ces sommités, Tart B*amt a^ec la sdenoe en on faisceau
indissoluble et nous conduit au même but
L'homme, disons aussi bien plutôt certains hommes sont
portés, par un besoin irrésistible, à créer le beau sous toutes
ses formes. Plus lieureux que le savant dans la recherche
des causes, les élus parmi ces hommes alleigutjil parfois, dans
les limites du possible en ce monde, le but de leurs désirs,
comme conception pure de finieliigence. La question change,
lorsqu'il s'agit de réaliser celte conception et do la transmettre
aux autres hommes. Ici, toutefois, une différence profonde se
montre eolre les divers modes de manifestations du beau. Le
poète, le peintre, le sculpteur, l'architecte, peuvent réaliser
leur pensée, la rendre accessible à tout le monde, sans le con-
cours nécessaire de leurs semblables, on du moins sans que
ce concours soit de nature à altérer Tcenvre une fois conçue,
n n*en est plus ainsi quant au compositeur. Une fois sa con-
ception rendue sensible par des signes, une fois la partition
écrite, il lui faut, pour la rendre sensible à tous, le concours
d'un nombre plus ou moins grand de personnes ayant reçu
une éducation musicale complète, capables, non seulement de
sentir et de comprendre, mais encore de repmduire à l'aide
d'un instrument chacune des parties élémentaires de la pen-
• sée. Ce seul énoncé nous dit qu'il est impossible de réaliser,
autrement que sous la forme d'un à peu près plus ou moins
satisfaisant, rexécutlon d'une grande couvre musicale, telle
qu'un opéra, un oratorio, une symphonie avec chœur. . . .
L'exécution, par la force même des choses, reste toujours plus
ou moins inférieure à ce qu'elle est, non seulement dans la
LA MUSIQUE ET L'AOOUBTIQUE
pensée de l'artiste, mais même dans celle d'un auditeur bien
doué, qui s'esl assimilé l'œuvre, soit par la lecture, soit par
plusieurs auditions tolérables. Et, qu'on le remarque bien, en
m'expiimant comme je le fais, je place les choses dans les
conditions les plus tavorabies ; j admets en quelque sorte a
priori que les exécutants sont tous de bonne volonté et bien
disciplinés. Si nous rentrions dans la réalité pratique» doiu
risquerions de tomber dans le trivial, à force de rester vraie.
Qui n'a entendu parler des tribnlatione, des douleurs éproo-
Téea par de grands compositeurs, lorsque, pour la première
fols et pldns encore dllinslons, ils ont essayé de Urrer nne
grande œuvre à la scène? Qui ne 8*est senti révolté an rédt
des Indignes concessions que rartiste est parfois obligé de fidre
i de prétendus virtuoses, chanteurs ou chanteusest — Ser-
iez, en parlant de Freischûtz, dit que Welier a dû éprouver
un de ces moments de bonheur ineffable, s'il lui a été donné
d'entendre une artiste clianler la Prière (T Agathe, comme il
l'avait conçue, et d'être aimé d'une telle femme! — Weber
n'a point eu ce bonheur, soyons-en assurés. El, le sort lui
eût-il été favorable, il lui fallait encore, pour entendre son
FreischUtz, quatre autres solistes de même valeur, et, outre
l'orchestre, une quarantaine de choristes tolérables. — Qui
de nous ne s'est réjoui d'aller enQn entendre telle grande œuvre,
depuis longtemps rêvée, et n'est rentré déçu ou indigné? —
Voilà, je le répète, pour le côté trivial et terre à terre de la ques-
tion; mais en restant, comme il convient, an point de vue le
plus élevé, nous sommes bien obligés de reconnaître que le beau
musical, dans sa pureté, est irréalisable en ce monde. Il nous
est donné de le concevoir d'une manière assez nette pour ne plus
pouvoir douter de la réalité de son existence, mais pour recon-
naître en même temps qu'il est hors do notre portée ici-bas.
Loin de conduire l'homme de cœur et de bon sens au décou-
ragement, celle dernière pensée le relève vers un espoir
suprême. Le juste, le poète, l'artiste, le savant, se donnant
Nottftlto Sérit. - Amiéff.
010
IkEVUB D'aLSACI
id la roain, peurent, pleins d'une sublime confiance, redire
iTec Schiller et Beethoren :
Ainsi que, joyeux, ses soleils volent
Par les orbes majestueux des cieux.
Frères, parcourez Yotre carrière,
Joyeux, comme un héros court à la yictoirel
Frères, au-dessus de la tente ètoiièe
Doit demeurer un Père chéri I
G.-A. HiRN.
Logelbacb, 4 septembre i877.
4
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Dins le cftnton de Dannemarie, arrondissemeiit de BelforI,
setronTe le village de Hagenbacb, berceau d'une famille
noble qui eut le malheur de voir sortir de sou sein Pierre
de Hng(}}hach, lieutenant de Cliarles-le-Téraéraire, duc de
Bourgogne, et l'un des types les mieux réussis des brigands
féodaux. Les valets sont pires que leurs maîtres; c'est un
proverbe que le sire de Ilagenbach réussit à merveille à
mettre en pratique pendant son existence; le duc de Bour-
gogne, qui fut le prince le plus violent de son siècle et qui
ne reculait devant aucun moyen pour agrandir ses Etats et
créer un nouveau royaume de Bourgogne, avait cependant
certains moments de générosité, lorsque la passion dormait
en lui; sa nature irascible et impétueuse cachait des senti-
ments chevaleresques ; tandis que son lieutenant Hagenbach
n*eut jamais du noble que le nom; c'était un profond scélé-
rat, dont la vie ne fut qu*un tissu de crimes et d'infiimies.
L'archiduc Sigismond d'Autriche, souverain du Brisgau et
d'une grande partie de la Haute-Alsace, fatigué de ses démê-
lés continuels avec les Suisses et de leurs incursions sur sas
domaines, et atin de leur donner un puissant ennemi pour
voisin, avait vendu, au moi'» de juin 1469, pour quatre-vingt
mille florins d'or, à Charles le-Téméraire le comté de Fer-
rette, le Sundgau, le Brisgau et d'autres terres appartenant
à la maison d'Autriche, sous la condition que ce prince ne
î
813 RSVtlE D'ALSACE
porterait aucune atteinte aux droits et franchises des habitants,
et que ces domaines seraient restitués à la maison d'Autriche
moyeoaant le remboursement de la somme STancée. Le doc de
Bourgogne pritalors possession de ces contrées et, de la sorte,
établit sa domination sur les deux rives du Rhin. Il plaça à
leur tête» comme Lanâoogtt Pierre de Hagenbach, qui était
depuis longtemps au service de la maison de Bourgogne; c'é-
tait lui qui avait commandé Partillerie bourguignonne au
siège de Dinant, que le Téméraire rédui.iit cii cendres après
l'avoir mise à sac et au pillage et avoir fait noyer dans la
Meuse 800 de fes défenseurs liés deux à deux (août 146H).
Oa racontait que Hagenbach arait commencé sa fortune
d'une manière singuUère. Quand le ?ieux duc Philippe-le-Bou
devint chauve, et que beaucoup de gens se faisaient tondre
pour lui faire plaisir, il y eut pourtant des récalcitrants qui
tenaient à leur chevelure; Hagenbach s'établit, ciseaux en
main, aux portes de rhdiel, et, lorsqu'ils arrivaient, il ks
fiiisait tondre sans pitié (Hf ichilxt, BkMtt de FhmcB),
Voilà l'homme que le duc de Bourgogne nomma gouver*
neur du Sundgau et du Brisgau. Hagenbach s'y prit d'une
façon k rendre odieuse dans ces contrées la domination bonr^
guignonne. II voulait établir une violente uniformité dans
ces pays qui avaient des coutumes très variées, et où les
villes, les communes et les seigneurs jouissaient de libertés
afTectantles formes les plus diverses. Sous prétexte d'y établir
l'ordre, il foula aux pieds tous les droits et toutes les tradi-
tions. Il frappa les populations d'un impôt vexatoire et arbi-
traire, appelé la Mauvais denier, et envoya à i'échafaud tous
ceux qui résistaient. Joignant le cynisme à la cruauté, il outra-
geait chaque jour les mœurs publiques, en commettant des
rapts et des viols.
« La première chose qu*il fit, ditHichelet, ce fut de rétablir
la sûreté des routes à force de pendre; le voyageur ne risquait
plus d'être volé, mais d'être p adu. 11 se chargea ensuite de
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les comptes entre la Tille libre de Mnlhooss et les
sqjetB du dae, comptes obacars, les uns et les autres étant à
la fois eréanciers et débiteurs; pour foire payer Mulhouse, il
lui coupait les Tirres. Il disait aux gens de Uulhonse que
leur ville ne serait jamais qu'une étable à vaches tsnt qu*elle
serait ralliée des Suisses, et que, si elle se soumettait an due,
elle deviendrait le Jardin des roses et la couronne du pays.
t Hagenbach établit un autre compte avec les seigneurs;
il les somma de recevoir les sommes pour lesquelles le sou-
verain du pays leur avait jadis engagé des châteaux ; sommes
minimes, et tel de ces châteaux était engagé depuis 150 ans.
Les détenteurs se souciaient peu d'être payés ; mais Hagen-
bach les payait de force et Tépée à la main. L'un de ees sei-
gneurs engagistes était la riche ville de Bâle, qui, pour
vingt mille florins prêtés» tenait deux villes, Stein et Rhein-
felden; un matin, Hsgenbach spporte la somme; les Bâlois
auraient bien voulu ne pas la receyoir.
c II dispntsit aux nobles leur plus cher privilège, le droit
deefassse. Il disputa aux petites gens leur vie, leurs aliments,
frappant le blé, le vin, la viande du mmwaiê dmkr; c'était
le nom de celte taxe détestée. Thann refusa de payer, et elle
paya de son sang; quatre hommes y furent décapités. •
Des sujets de son maître Hagenbach passa aux voisins; il
vexa, menaça Mulhouse, Colmar, Strasbourg, Bàle: il voulait
faire accepter la protection de la Bourgogne. Les Suisses, qui
tvaient accordé à Mulhouse des droits de corabourgeoisie, inter-
cédèrent souvent auprès du landvogt bourguignon ; mais ils
n'en reçurent que des moqueries. Il leur répondit un jour :
« J'écorcherai Tours de Berne, pour m'en fiiire une Iburrore. »
Il devait plus tard apprendre à ses dépens que Tours savait
défendre sa pesu. Dès son arrivée en Alsace, il avait planté
la bannière ducale sur une terre qui appartenait à Berne;
celle-d ayant porté plainte^ le duc avait répondo : < H ne
mimporte guère que mon gonvemenr soit agréable à mes
914 REVUE d'âlsace
gens et à mes Toisins; e*est assez qull me plaise, à moi! *
Dès lors, les Suisses renoncèrent à ^alliance du duc et firent
un traité avec Louis XI (13 aoùl 1470). Gharles-le-Téméraire
rendit alors la terre usurpée.
Hageubacb, qui se sentait npi)uy('- par son puissant maître,
laissait de temps en temps échapper des plaisanteries mena-
çantes à rencontre des villes libres d'Alsace. Il disiiil de
Straiiboarg: « Qu'ont'ils besoin de bourgmestre ? ils en auront
un de ma main, non pins un tailleur, un cordonnier, mais un
dno de Bourgogne > ; et de Bâle : < Je voudrais Taroir en
trois jours 1 >
Gliarles-le-Téméraire, Tenant de Nancy, entra en Alsace an
mois da décambre U78; mais ce n*étaît pas pour &ire droit
aax justes plaintes des populations. Il amenait arec lui 6000
caTaUers, tons étrangers et Wallons, ne connaissant point la
langue du pays et animés des plus mauvaises dispositions.
Gesl son gouverneur Ilagcnbach qui se chargea de lui faire
connaître ses nouvelles possessions. Colmar n'eut (jue le temps
de fermer ses portes. Hàle s'arma et prit toutes les mesures
nécessaires pour se prémunir coutre les entreprises d'un si
redoutable voisin. Toute la contrée était en prières. Mulhouse,
contre qui il avait proféré des menaces terribles, désespéra
de son salut: le Téméraire était venu l'assiéger ; les rues y
étaient pleines de gens qui récitaient les prières des agoni*
sants ; ils chantaient des litanies ; ils pleuraient ; lenrs gémis-
sements gagnèrent les petits enfiinis enz-mèmes. Heorense-
ment pour Mulhouse, une crue subite de 1111 changea la
campagne environnante en un lac immense. Lednc se retira,
furieux de n'avoir pu s*en emparer, et remit la vengeance
à une époque qui ne devait pas arriver.
Charles -le- Téméraire avait fait son entrée à Brisach le
24 décembre 1473. accompagné de son féroce lieutenant. Ils
étaient tellement craints que tous les habitants allèrent en
procession au-devant d'eux. Le duc lit ranger sa troupe en
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PIEBRB DE HAGBNBAOH
916
btlaiUe sur la place et lear fit prôtflr na sermeat pur et
simple, où leurs prifiléges n^étaient nuIlemeDi mentionnés.
Il sortit, escorté de Hagenliaeh, qui rentra bienidt arec vn
millier de WaHons ; eenz-ci se mirent à piller et à vider ; les
habitants obtinrent à grand*peine que le duc éloignât ces
brigands de la ville ; il approuva même Hagenbach, en disant :
« TuAt mîenz, il a bien Ait; ils le méritent; il liint les tenir
ferme. »
Gharles-le-Téméraire partit ensuite pour se rendre en
Bourgogne , laissant en Haute-Alsace son lieutenant Hagen-
bach, qui semblait fou de joie et d'insolence : « Je luispape,
criait-il, je suis évêque, je suis empereur et roi! »
Hagenbach se maria le 24 janvier 1474 et prit, pour célé-
brer ses noces, cette même ville de Thaou qu'il avait récem-
ment enssnglantée et ruinée. Ce mariage fut une occasion
d'extorsions, pois de réjouissances folles, d'étranges baccfaa-
naiss, de brces Inbrlqnes. M. de Barante raconte que Hagen-
bach s'amnsa à Adre mrttre les femmes nues et bi téte
couverte d*nn vdls^ pour voir si leurs maris pourraient tes
nconnaitre.
Jouissant de Timpunilé la plus absolue et croyant que rien
ne lui était impossible, Hagenbach tenta une chose bien grave,
la suppression des corj)S de métiers et des bannières des villes,
c'est-à-dire la désorganisation et le liésarmement de celles-ci ;
tout cela, disait-il, il le faisait en haina des monopoles :
' Quelle belle chose que chacun puisse, sans entrave, tra-
vailler, commercer comme il le veut ! »
Les Suisses tâchèrent d'obtenir justice; ils envoyèrent des
députés au duc Gharlss, qui les traîna jusqu'à Dijon, sans
daigner leur répondre, il n'avait pas encore visité la Bour-
gogne depuis la mort da son père ; il ût à Dijon une entrée
d*un ihste inoui (IS janvier 1474). Dans la harangue qu'il
sdressa aux Etats du dnché et du comté, il lenr rappela l'exi-
stence indépendante du royaume deBourgogne, « qf» cm»
216 RBVUE D'ALSACaS
fhmw mU i(m0imip»u9urpéêtd^kéhitffaliâutMf€B que tout
ks doUmi Mm avoir à regreit «/ gu^U awH m 9oi
âeê ehofes qu'il n'appartenaiê de eavoir à fwU qîfà ft4i ». Son
dessein était de réunir Tancien royanme de Lorraine on
d'Austrasie à celui de Bourgogne, qui avait jadis compris la
Savoie, une partie de la Suisse et le Daiiphiné. Il espérait
même que le roi René lui léguerait la Provence.
Le discours de Gliarles-ie-Téméraire aux Etats de Dijon
confirma les craintes et excita la colère des Suisses ; il repar-
tit pour les Pays-Bas sans aroir accordé satiafiiction à leurs
ambassadeurs, et le retour de ceux-ci fut suivi d'un résultat
incroyable : les Suisses oublièrent leur haine aécalaira contre
la noblene de r Alsace et de la Haute-Allemagne; le reeien-
timtnt d*Qn commun outrage réeondlia ces mortels ennemis;
les archiducs d'Autriche eux-mêmes se rapprochèrent des
républicains de THelfétie , grâce à rintermédiaire du roi de
France, qui entretenait avec ces derniers des relations ami-
cales depuis plusieurs années, et qui négociait avec eux, en
ce moment même, une alliance contre le duc de Bourgogne.
Le 25 mars 1174, un traité d'alliance offensive et défensive
fut signé à Constance entre le duc Sigismond d'Autriche, le
margrave de Bade, les villes de. Bàle, Strasbourg, Colmar,
Hagenau, Schlestadf et Mulhouse, d'une part, et de l'autre les
honorables communes confédérées des villes et cantons de
Zurich, Lucerne, Berne, Uri, Schwitz, Unterwalden, Zug et
Claris. Fribourg, Saint-Gall. Appenzell ratifièrent plus tard
ce traité, que te roi Louis XI garantit par deux de ses sgents.
Le duc Sigismond scella la réconciliation de la maison d'Au-
triche avec les Suisses par un pèlerinage à Notre-Dame
d'ffînsledlen, au milieu de ces montagnes tant de Ibis témoins
des désastres de ses pères. Les conséquenees du traité de
Constance ne se firent point attendre : les riches cités de Stras*
bourg et de Bêle s'étaient engagées àpréter à Sigismond, sons
la caution de Louis XI, les quatre-vingt mille florins que le
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FnSBBB DB BASBNBàOB
dae d'Autriche derait à Gharles-le-Téménire. Daoi les pre-
mien jours d*arril, Sigîsmond signifia au due de Bourgogne
qu*U était prêt & solder sa dette et réclama en conséquence
ses domaines de Souabe et d*Alsace (Vby. H. Martin, BsMre.
de Frmwêj tome YII, pp. 86 et suiv.).
Hagenbach, Tauteur principal de la haine qne les Alsa-
ciens portaient au duc de Bourgogne, allait être frappé par
l'orage qu'il a\ai[ attiré sur sa tête. Il avait établi sa rési-
dence à liriaacli, et, chaque jour, il cherchait à augmenter la
fureur du peuple contre lui. On racontait de lui des choses
effroyables: il aurait dit : » Vivant, je ferai mon plaisir;
mort, que le diable prenne tout, àme et corps; à la bonne
heurel > 11 poursuivait d'amour une Jeune nonne; les parents
rayant fàit cacher, il eut Timpudence incroyable de faire
publier par le crieur public qu'on eût à la ramener, sous
peine de mort — Un jour, il était à l'église en propos d'a-
mour avec une petite femme, le coude sur Tautel qui était
tout paré pour la messe; le prêtre arrifa. < Gomment, prêtre,
ne Tols-tu pas que je suis là? Va-t en, ra-t-en! * Le prêtre
oflicia à un autre autel; Hagenbach ne se dérangea pas, et
l'on vit avec horreur qu*il tournait le dos pour baiser la belle,
i rélé?alion de l'hoslie! (Michelet, tome VI, p. 142.)
Charles-le-Téméraire ne voulait pas restituer au duc
SigisMiond ses domaines; ce n'était point l'affaire du duc de
Bourgogne qui, de métne que tout acheteur à réméré, comp-
tait sur l'insolvabilité de son débiteur et se considérait comme
propriétaire de son gage; c'était encore moins l'affaire de
Hagenbach, qui menait joyeuse vie sur les bords du Rhin et
qui pillait et rançonnait le pays. Le duc de Bourgogne sou-
leva des difQcultés sur le mode et le lieu du paiement; et
son lieutenant, apercevant des symptômes de rébellion parmi
ceux qu'il considérait comme ses sqjets, résolut de prévenir
pur la terreur un soulèvement imminent. A Brisach se trou-
vait une garnison composée de 900 fimtassins alleniands,dont
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BBVUB D'ALSACE
il n*était pas sûr, car il ne lear avait poiot payé de solde
depuis longtemps; il fit venir 800 Mbanê étrangers, Wékîkn
ou Picards. Mais, par ane impradenee inconcevable, il ne dés-
arma point les bourgeois.
Ceux-ci, après avoir juré de secouer la tyranide du sire
de Hagenbach ou de mourir, mirent à leur tête Frédéric
Wœgeliii, le chef de la garnison allemande. Le landvogt, se
doutant de la conspiration ourdie contre lui et craignant la
défection des soldats allemands, fit annoncer en chaire, le
dimanclie de Pâques, (jiie soldats et bourgeois devaient aller
le lendemain travailler sans armes hors de la ville à un fossé
nécessaire à la défense de la place. Comprenant qu'une fois
sorlis, on fermerait les portes sur eux et que la ville tombe-
rait ainsi à la merci de Hagenbach et de ses trabans, Wœ-
gelin convint avec les habitansquUl irait lui réclamer la solde
arriérée de ses hommes, que ceux-ci prendraient les armes,
et que, sur le refus probable du landvogt» tous entoureraient
son logis et s'empareraient de sa personne, avant qu'il fût
secouru par ses aides. Gela fut exécuté: on saisit Hagenbach,
et les trabans quittèrent précipitamment Brisach, abandon-
nant leurs armes et tous leurs elTets, (jui leur furent rendus
ensuite par les bourgeois : car leur séjour avait été trop court
pour qu'ils eussent pu se faire haïr.
Ceci eut lieu le 10 avril. Les autorités de Brisach procé-
dèrent immédiatement à une instruction criminelle contre
Hagenbach. Le SO du même mois, le duc Sigismond arriva
dans cette ville et convoqua pour le 9 mai le tribunal qui
devait juger le lieutenant de Gharles-le-Téméraire. Le 4 mai,
Hagenbach fut conduit en charrette dans une tour, appelée
parles documents de Tépoque Tour de la question ouTViur de
Veau {Fohtrihunn ou YFastsrfAtinn) \ On raconte que e'eet
' Cfi qui fait horiiKMir à In population do Brisach, c'est que celte tour
ne contenait aacon inslrument (1>> torture; on en demanda quelques-nus
aux Bàlois, qui se firmt un pkn$ir de les fournir.
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l'IERRE DK li^^GENliACH
919
là, après ayoir subi la question, queHagenbadi, tes membres
rompus, gisant sur un Ht, poussant de profonds gémissements
que ses gardiens ne pouvaient arrêter^ entendit les pas de
cavaliers qui passaient sous la porte de la tour, et qu'ayant
demandé ce que c elait, il lui fut répondu que c'étaient des
gens inonté.s sur des chevaux hongres, espèce employée à
Bàle, et qu'il s'écria : « Hélas! ce sont des Suiascs; cest
maintenant fait de moi ! *
C'étaient, en effet, des Suisses, qui venaienlpour le juger;
il y en avait deux pour chacune des villes de Bàle, Soleure
et Berne; huit furent fournis par Brisach et deux par cha-
cune des villes de Strasbourg, Schlestadt, Golmar, Kenzingen,
Fribourg en Brisgau et Neubourg; en tout 26 jurés ou asses-
seurs {Onchwornên ou ^etatYsmi), présidés par Thomas
Sehntts, prévôt d'Ensisheim. Ce fut le 10 mai queHagenbaeh
comparut devant ce tribunal ; ses fers Tempéchant de mar-
cher, on Ty conduisit en brouette, au milieu de la multitude
qui criait : > Judas I Judas! >
Le D' Schreiber a donné, en 1840, dans les TascheribUcher
de Fribourg, du procès de llagcnbach une relation palpitante
d'intérêt, donc voici la traduction' :
« A 8 heures du matin ( le 10 mai 1474). les juges se réu-
nirent devant la maison du hourgineslre Stielin. qui, d'après
la tradition, était située sur la plate-forme actuelle, non loin
ÙGhTour du puits. C'est une de celles qua détruites le bom-
bardement de 1793. L'audience se tint en plein air, confor-
mément à un vieil usage germanique, peut-être aussi à cause
de la foule des assistants. Un des assesseurs, Henri Iselin, de
Bftie, se présenta comme accusateur public au nom du nou-
veau landvogt'. Hagenbach avait choisi pour son avocat un
des jurés de Brisach. Iselin établit son accusation sur les
• Cotto Iraducliuii est cmprnnli-n à M. Hnol {Dr^ Vosges an liinn).
' Hei inann d'Ëptingcn, nomme par le duc Sigismond à la place de
Hagenbacl).
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quatre poinlB iuivants: l' Pierre de Hagenbedi aurait, dam
le cours de Tannée dernière (1478), à Thann, Ikit décapiter,
sans sentence judiciaire, quatre honnêtes et honorables bour-
geois, et en cela contrevenu aux lois de l'Empire; —
2° et 8° Le mêma aurait, lorsqu'il Gt son entrée à Brisach
et prit possession de cette ville, juré devant Dieu et tous les
saints (en scellant de son sceau l'acte qui en fut dressé), qu'il
n'y introduirait aucune nouveauté et n'y établirait aucun
nouvel impôt, mais qu'il laisserait toutes clioses dans leur
ancien état, et qu'il n'appellerait non plus dans Brisach aucune
troupe firancaiae; et» néanmoins, il y aurait, au mépris de son
serment et de Pacte revêtu de aon sceau, introduit de pénibles
innovations, notamment en supprimant les tribus, le Conseil
de viUe et le Sebultbeiss; il y aurait établi de lourds impôts
et redevances contraires à la coutume, et, de ce non content,
il aurait appelé dans la ville des Français et des Picards qu'il
aurait placés chez les bourgeois, où ils ont tout consommé,
et qui, à un sigal donné, devaient, d'après ses ordres, égorger
ceux chez qui ils logeaient. En outre, aurait ledit Hagenbach
fait fabriquer des bateaux à soupape pour, après le massacre
des hommes, transporter sur le Rhin et noyer dans ce fleuve
les femmes et les enfants; — 4° Enfin, aurait ledit Hagenbach,
à Brisach, abusé (missbrancM), contre leur volonté, de diver-
ses femmes mariées, jeunes filles et même religieuses ; lamelle
chose il se serait permise, non seulement en ce lieu, mais
encore dans plusieurs autres villes,contrairement aux lois de
la justice et de la pudeur. En conséquence, requérait ledit
accusateur que ledit Hagenbaeh lût déclaré coupable de
meurtre, de parjure, de desseins criminels et de viol, et, pour
ce, condamné daus son corps et sa vie (an Leib tmê lêbm).
« Après eet exposé de l'accusateur public, il y eut une
suspension d'une certaine durée, parce que l'assesseur de
Brisach que Hagenbach avait d'abord choisi pour avocat
n'osa se risquer ou ne fut pas autorisé par le tribunal à
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PIBBBB DB HA6BMBACH 2Si
•
prondre la ptrole poar son dieiit. Alors, le second aseesieur
de Bâle, Jean Irmin, s*offdt et fat agréé eomme défenseur de
raecosé. Après s*étre concerté avec d*autres assesseorsi il
répondit à Tensemble de raeeusalion : Que le sire Pierre
de Hagenbach, en sa qualité d'ancien landvogt du duc de
Bourgogne, était fondé à prétendre qu'il ne devait compte de
son Administration à nul autre juge qu'au duc son maître.
En ce qui concernait le3 chefs spéciaux d'accusation, il répon-
dit à chacun d'eux de la manière suivante : Quant au pre-
mier, sans doute,à ThannJIagenbach avait fait décapiter quatre
bourgeois, mais uniquement parce qu'ils étaient à la téte
d'une insurrection; cette insurrection, il en avait informé tout
à la fois l^empereur et le duc, son maîre, qui, tous deux, lui
STaient feit dire de punir les conpables; il n'a?ait donc en
cela rien Adt antre chose que ce qui lui était ordonné. Quant
an second, il était sans doute vrai que Hagenfaacb, lors de
son entrée à Brisaeh, s'était engagé par serment solennel et.
per lettre réversale à n*7 introduire aucune nou?eauté; mais,
Is bourgeoisie de Brisaeh ayant plus tard renonrelé, sans
SDCone réserve, son serment de fidélité au duc de Bourgogne
lui-même, dès lors l'engagement pris par l'accusé avait cessé;
et celui-ci u'avait, antérieurement à cette époque, établi aucun
nouvel impôt ou contribution de son chef, mais agi en toutes
choses conformément aux ordres de son maîire. Quant au
troisième, enfin, comment Hagenbach en avait agi avec cer-
taines femmes ou filles, Upen avaieni plus d'un qui siégeaient
m CêtU anjuHienM màne^ qui m avait fait autant, sans être
pour cela condamnét à mort; en outre, ces femmes, Taccusé
Iss avait payées et n*aTait agi que de leur plein consente-
ments En conséquence de ce, il concluait à ce que Hagen-
bach fikt acquitté de Paccusation.
• Suivant M. Rosmanii, (jui a lionné un»* analyse du procès do Hagen-
bach, c'est ce dernier lui-oièue (jui aarait répuudu : « Je u'ai jamais
tût ridenoe à personne, moû toujours payé mMetkon wrgwL »
BEVUE D'ALSACB
Lorsqn'en suite la parole revint à Henri Iselin, celui-ci
déclara, après en avoir conféré avec ses conseils (?uit den
seinenRaih)\ qu'il n'était pas en état de rt^pliquer à cette
plaidoierie. Après avoir l éitéré celte déclaration par serment,
il fut dispensé de la suite de l'accusation qui fut soutenue,
au nom du landvogt autrichien, par le maréchal de Tarchi-
duc Sigismond, qui était présent Geliii-ci passa de nooma
tn rerae, dans un habUe discours, les di?er8 articles en les
appuyant sur des textes de loi, igoutant : que les crimes et
actes honteux reierés contre Hagenbacb, ainsi qua d'autres
dont il ne parlait pas, étaient assez notoires dans le pays pour
n*aTairnnllenient besoin de prennes; que, cependant, il offrait
si on le désirait, de fournir immédiatement ces preuves.
Irmin répliqua que son client ne pouvait être convaincu sans
preufes; mais que, si l'on voulait dire que Ilagenbach se serait
accusé lui-même au milieu des tortures, ces aveux n'auraient
pas étu spontanés, mais arrachés par la douleur. Alors, sur
la deujaude du maréchal, ou appela les six témoins jurés
(geschworene sechs Z^jigen), qui avaient assisté à la torture
de llagenbach. ils déclarèrent tous unanimement, soua la M
de leur serment, qu'ayant d'être mis à la question, Hagen-
bacb n'avait rien voulu répondre à aucun point particulier;
mais qu'après avoir été convenablement igehdrig) susptndn
avec des poids aux pieds et aux mains, il s'était écrié : t Lâ-
ch^md, je rais tout avouer I > et qu'alors, descendu et les
mains libres, il avait, sur chacune des questions qui lui étaient
faites, avoué tout ce que l'accusateur lui reprochait, et beau-
coup d'autres choses encore qui étaient consigriées dans le
procès-verbal du grever provincial. Après l'audition de ces
4 av,i.u3rtn>ui jiiuitiulu eiaii assisit; de const^
même pour la défense, d après l'analyse du procès faite
Hagenbach aurait eu quatre défenseurs, parmi lesquels 1
consulte de Brisach; maia on voit que c'est Irmin qui i
et qu'il ne s'en tire pas mal.
il on était de
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PiBBaS DE HAOENBACH
témoins, le maréchal continua son réquisitoire et conclut à
ce que, maintenant que I on était sùr de l'aveu libre et spon-
tané de Hagenbacli, le Schultheiss consullàt les assesseurs
sur ce qui était de droit. A quoi Irmin répliqua qu'il avait
bien entendu que laveu de l'accusé n'était nullement spon-
tané, mais au contraire arraché par la torture, et qu'il avait
craint d'être de nouveau et plus cruellement mis à la ques-
tion, 8*il n'avouait pas tout ce qa'on roulait; ajoutant que,
dans tout ce qui lui était reproché, il n*avait réellement agi
queaurles ordres du très sérénissime empereur et du duc,
son mettre. Sur quoi, le maréchal prit de nouveau la parole
en ces termes : « Supposé, mais non admis, que Hagenbach
eût reçu plein pouvoir de notre empereur ou du duc de Bour-
gogne, ceux-ci n^avaient pu penser, ni Tan ni Pantre, quil
l'exercerait sans souci de l'équité. Supposer une telle pensée
à l'empereur, ce serait l'accuser lui-même de lèse-majesté,
car ce serait admettre que l'empereur aurait délégué son
autorité pour un usage contraire aux Con3tilulions mêmes du
Saint-Empire romain. » Or, comme cela était complètement
inadmissible, il concluait de nouveau (.le maréchal) à ce que
l'accusé fût déclaré coupable. Irmin répliqua que, lorsque
éclata la révolte de Thann, l'accusé avait reçu, en ce qui
concernait les rebelles, qui commettaient si ouvertement le
crime de lèse-mqesté envers le duc de Bourgogne et son
landvogt, plehi pouvoir de les punir, sans qu'il fdt besoin de
procéder à leur égard selon les formes judiciaires. En consé-
quence, il réclamait en ikveur de l'accusé un délai pour Ibur*
nir la preuve de rantorisation reçue, et que jusque-là il fftt
sursis aux débat*. On n'eut aucun égard à cette dernière
demande d' Irmin en faveur de son client, laquelle fut consi-
dérée comme insignifiante, et aussitôt les débats furent clos.
Les jurés se retirèrent pour délibérer, et, à leur retour, le
déclarèrent coupable. Le Schultheiss ayant de nouveau
recueilli les opinions sur la peine à appliquer au délinquant
RBVU£ D'aLSAGE
(Daînquinkn)t la déeiaioii Ait que Hagenbach derait être
exécuté par le glaive. Lui-même, debout au milieu des juges,
inclina sa tête vers eux et implora (redoutant qiielqu'aggra-
valion) leur miséricorde. Irmiii seul fut assez courageux pour
émettre de nouveau sa préci'dente proposition : qu'il ne pou-
vait être régulièrement rien entrepris contre Hageubach,
tant que l empereur et le duc de Bourgogne ne se seraieat
pas expliqués sur les pouvoirs qu'ils lui avaient donnés. Alors
Tint le tour pour le Hérault impérial (kaiseriichen Beroid),
Gaspard Hurter, de dépouiller le condamné de sa dignité de
chevalier, en lui enletant son épée, ainsi que ses gants et
éperons. Gomme Hagenbacli ne portait plus aacan de ces
insignes, le hérault, se toomant vers iai, lui adressa ces
mots : • Je regrette pour toi, Pierre de Hagenbach, que tu
aies encouru pour tes mé&ils le jugement qui t'a condamné
à mort. Je devrais t'enlerer les glorieux insignes de la dignité
de cheTalier. Je ne les trouve plus sur toi. Maintenant donc,
au nom du céleste protecteur Saint-George, en Thonneur
duquel tu fus jadis armé chevalier, je le décrie ici publique-
ment comme un homme indigne et dépouillé des honneurs,
rang et grandeur de chevalerie. Braves chevaliers, et vous,
nobles écuycrs qui aspirez à la chevalerie, restez dignes de
votre nom, méditez cet exemple I ' »
Huit exécuteurs (Scharfric/Uer) ' se disputèrent Thonneur
d'enlever la vie au laiidvogt déchu. On choisit celui de Ciolmar,
tm petit homme aveeme courie épée, emblème bien 8tffnyiee0
gm, lonç[ue r heure est venue, le jplus petit nfffU pour réduire
enpoueeière te ptdesant or^tieiiSlimfl;. Cependant, Tobscurité se
iiiisait. Les débats avaient duré tout le jour jusqu'à 7 heures
* Cette fonnnle si digne et si sobre ne ressemble point sa diseonrs
emphaiique prêté au hérauU d'armes par M. de Baiante dans son iftf-
toire deg ducs de Bourgogne.
* le Schnrfrichier cUiit le coupe-tête des nobles; les vilau» avaient
un bourreau appelé Hmcker, qui i«s pendait.
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PIERRE DE UAQSNBACU
dn 80îr. On apporta des torches; les vingt-sept juges mou-
lèrent à cheval ; au milieu d'eux s'avançait le condamné,
assisté de son confesseur; le peuple en foule courait derrière.
Le funèbre cortège sortit par la Porte d'en haut et se rendit
sur le lieu du supplice; là, Hagenbach se dressa encore une
fois au milieu du cercle et dit : < Je ne regrette pas la vie ;
j*ai souvent exposé la mienne; mais ma mort entraînera celle
de plus d'un honnête homme, car le duc Charles en tirera
vengeance. Néanmoina, pardonnez-moi tons pour Tamour de
Diea et de sa mère, la yierge Marie. Pries tous pour moi ( >
I 11 demanda encore (ainsi qa*il Vmii réglé par son tes-
tament) qae Tarchidnc fit délivrer à l*égiise de Brisach sa
chaîne €l*or et ses seise chevaux. Ensuite, Il se mit à genoux,
les mains liées, et fut décapité K Son corps Ait porté à Hagen-
bach, dans le tombeau de ses pères. >
On voit au musée des Unterlindende Colmar, soug un globe
de verre, une tête rousse, hideuse, les dents serrées, repo-
sant sur deux mains et qu'on prétend être celle de Ilajîen-
bach. C'est une erreur; ces restes sont ceux d'un chevalier
de Saint-Jean, de la commanderie de Fribourg en Brisgau,
martyrisé en Terre-Sainte par les Sarrazins; ils furent rap-
portés en Europe par les frères d'armes de la victime, et
longtemps vénérés comme reliques à Fribourg; les Français
les enlevèrent, en 1796, de la cathédrale de cette ville et les
envoyèrent à Ck>lmar.
P.-E. TUEFFERD.
^ Sdon la relation rapportée par M. Rnsmann, bourreau s'acquitta
avec dextérité de son oftlce : il sépara maitremetU la Ule d» tronc.
Kcnmlte 8M» — 7* Année. 16
MATERIAUX
POUR S£RVIR A
L'HISTOlBfi DE U GUERRE DE TRENTE ANS
tirés des archives de Colmar '
Négociations du résident de Suède Mockbel avec
le résident de France Melchior de l'Isle, pour
procurer à Colmar, de l'aveu de la ville, dll
chancelier AxelOxenstirn et durhingrraveOtton-
Louis, la protection de la France; recours au
maréchal Gaumont de La Force; traité couolu
sous la réserve de la ratification des deux cou-
ronnes; travaux de fortification.
Après le désastre de Nordlingeii, les chefs da parti protes-
tant, Oxenstirn à leur tôle, sentirent que c'en était fait de la
prépondérance de la Suède dans les affaires communes de
l'Union. En même temps que Colmar tournait les yeux vers
la France, le chancelier mandait, le 9 septembre 1634, au
résident Mockhel, à Strasbourg, que, malgré les pertes subies
à Nordliogea, la partie n*était pas perdue; il fallait implorer
le secours de Dieu, rassembler les débris de l'armée et la
mettre sur un pied respectable. Ozeiistim espérait que, dans
cette épreuve, Strasbourg ne se laisserait pas ébranler, et
* Voir la livnisoii de Octobre-Novembre-Décembn 1877.
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mSTOniË DE LA GUERRE DE TRENTE ANS
227
qull serait à la haatenr de tous tes sacrifices imposés par
les drconstances. QaantàGolmar et à quelques autres villes
d*Âlsace, il partageait l'avis de Mockhel que, dans un moment
donné, il leur serait avantageux d'accepter la protection fran-
çaise, moyennant la garantie de capitulations, plutôt que de
risquer leur salut, corps et âmes, en se remettant soua le
joug des armées espagnoles et impériales.
Dans une seconde lettre du 12 septembre, Oxenstirn, qui
venait d'apprendre que les châteaux de Thanu et de Beifort
avaient été remis entre les mains de ia France^ engage le
résident à faire mettre les autres places fortes en état de
soutoiir un siège, en ijoutant que, si la nécessité Tezige, il
ne Terrait pas d'inconrénient à coafier également aux troupes
françaises la protection de Gdniar et de Sélestadi
Golmar, de son cdté^ prend tontes les mesures pour parer
aux éventualités. On fait venir de Benfeld deux canons nou-
vellement coulés par le fondeur Quinckelberger; on invite le
capitaine Adrian à se rendre à Colmar; on se procure les
munitions qui faisaient défaut. Eu ce qui les concerue, les
généraux suédois secondent de leur mieux ces efforts et en-
voient à Colmar les régiments de Scha^vlitzki et deLoewiza :
c'était un renfort de 850 hommes pour la garnison. Les
troupes suédoises qui tenaient la campagne, et notamment la
cavalerie qui veillait à la sûreté de la rive gauche du Rhin,
reçoivent l'ordre de combiner leurs mouvements de manière
à couvrir la place. On maintient provisoirement à Ensisbeim,
qtt*il avait été question d'évacuer, une petite garnison de
75 hommes, suflisanto pour arrêter un instant les progrès de
Tennemi dans la hante Alsace.
Ces précautions n'empêchaient ni la ville, vi le fésident
Mbd[hel de sentir que le secours de la France pouvait senl
prévenir une catastrophe. Le danger devenait de plus en plus
pressant. Le rhingrave Oltuu-Louis, qui n'avait pu prendre
part à la bataille de Nordlingen, se rapprochait de l'Alsace,
228
BEVUE D'ALSACE
suivi de près par le duc de Lorraine et le fameux Jean de
Wertii, à la tôle de six régiments de cavalerie, de deux régi-
ments de Croates et de 3000 mousquetaires. Avant de passer
le pont de Kehl, le rhingrave dut soutenir plusieurs engagc-
menls, dont des lettres de Strasbourg, du 18 et du 19 sep-
tembre, entcetienneat la ville. Par suite de l*e[)Coinbreineat
des voitures sar le pont, où Strasboarg prétendait percevoir
le péage, les troupes suédoises, refoulées dans leur mardie,
psrdîreut aoe partie de leur arrière-garde. Olton-Lonis même
faillU tomber entre le mains de Tennemi, le 17 septembre, à
WildstiBtt. Cependant il étaitresté mettre du passage du Rhin:
mais, dès ce moment, Mockhel préToyait quMl serait obligé de
se retirer et, dans ce cas, il ne restait à Golmar, après le
secours du Tout-Puissant, que l appui éventuel de la France,
dont la proteclion s'élctidait déjà sur les seigneuries de Bel-
fort et de Délie. De concert avec la ville, il était entré en
négociations avec le résident de France et, en cas de besoin,
il avait l'espérance que la garnison française de Belfort se
rendrait à Golmar et que, do son côté, le maréchal de La
Force enverrait du secours. Mockhel n'oubliait pas de rappe-
ler à la Tille le danger que courait le régime restauré en
i6SS, dans la persuasion que les hommes qu'il sTait ramenés
au pouToir sauraient défendre leur position. En ce moment,
on eontinuait de s'occuper des fortifications : Mockhel presse
la Tille d*acheTer la contrescarpe et d'englober le moulin de
MHieden dans les ouvrages. Ce Ait pour ces traTauzdedéfiBiise
que Golmar se procura alors 8600 palissades par Toie de
réquisition.
Indépendamment de l'état-major, la Suède était représen-
tée à Golmar par un commissaire, chargé d'assister le magis-
trat de ses conseils, au besoin de ses actes, et correspondant
avec le résident qui le nommait. Brombacb, qui aTait jusque-
là rempli ces fonctions, rei^ot à cette époque une autre des-
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UISTOIRË DS LA GU£BRE D£ TRENTE ANS 2S9
tinttioii, et Hockhel le remplaça par Jean-GnUlaume Tafinger,
aecrétaire de la diambre da comte de Hohenlobe.
Le lieatenantHM)lonel de ROicken, qui commandait la place,
aTaît reçu, le 18 septembre, du rhingrave Olton- Louis les
ordres nécessaires pour la défense de la ville. Il prêla à la
ville le serment de faire son devoir et, sur sa demande, le
magistrat convoqua, le 21 septembre, à 4 heures du matin,
le conseil des écbeyios, pour s'aasurer des dispositions de la
bourgeoisie.
Le greffier-syndic donna lecture d'un rapport sur la situa-
tion critique où Ton se trouyait.il expliqua que, < nonobatant
les échecs que la Suède aTait subis, Golmar ne serait pas
abaadoDné : la garnisoD était tout déronée^ et aa dehon la
France Tdllait. Pour aaarer les vieilles immunités, il ne s'a-
gissait que de rester uni, de se souvenir da serment prêté,
de ne reculer, ni devant le danger, ni devant les sacrifices,
pour assurer le salut commun. Il plaira sans doute aux éehe-
vins de manifester la résolution dont ils sont animés; cepen-
dant, si Tun ou Tautre avait un meilleur avis à proposer, le
magistrat était prêt à l'entendre •.
Le conseil des échevins s'associa unanimement à ces sen-
timents. Il fut résolu qu'on se défendrait jusqu'au dernier
homme, qu'on ne marchanderait ni sa vie, ni son sang, ni
son bien et, pour commencer les sacrifices, le magistrat et le
conseil votèrent une contribution générale d'une mesure par
foudre de vin (Cf. Ptot mias., lettre du 25 septembre à
Moekhel).
Hockhel tenait la ville au courant de toutes les nouvelles
capables de lui hausser le cœur. Le duc de Lorraine ne foi-
aaitguèra de progris dans le Margraviat II avait inutilement
sommé Offenbourg de se rendre. Le rbingrave jugeait que
ce prince descendrait la vallée du Rhin, pour n joindre le gros
des Impériaux, ce qui assurerait au moins pendant l'hiver
la tranquillité de Golmar. L'armée suédoise se fortiûail au*
280
BETUB D'ALBACB
tour de Francfort, par la jonction des troupes de liesse et de
Liinebourg. Le feld-roaréchal Bannîer avait sous ses ordres
20,000 Saxons. Enfin, le maréchal de La Force occupait Boux-
willer et les environs. Il est vrai que son attitude était pas-
sive, et Mockhel se demandei dans sa leitre du 21 septembre,
sli agira ou non.
Cette lenteur était affectée : elle avait pour bat de &ire
mienx sentir à Ozenstirn le besoin qa*îl avait de la France.
Mais lea négociations n*en tratnaient pas moins plus qu'il ne
convenait à Mockhel et à Golmar. Â ce moment le résident
de Suède reprenait une combinaison déjà traitée à Francfort
et à laquelle la ville s'était laissé ramener (Cf. Rapport an
conseil des échevins) ; il s'agit de Sélestadt, quïl proposait
de sncrifier seul à la France, qui y aurait mis garnison, en
s'engageant en revanche à secourir Colmar en cas de siège
ou de blocus.
Les événements se chargèrent d'éclairer Mockhel sur l'é-
tendue des sacrifices que la situation commandait. Le rhin-
grave Okhon-Louis avait quitté Strasbourg ; le 26 septembre,
il était à Seiz. De l*aatre côté da Rhin, l'armée bavaroise de
Jean de Werth passait la nuit à Rastadt. lie fleuve seul sépa-
rait les deux armées et, dans cetle situation critique où, de
Taven du rhingrave même, il ne savait à quoi se résoudre, il
envoya une dépêche à Mockhel pour lui recommander à la
fois l'achèvement des fortifications de Strasbourg et la con-
clusion du traité qui devait livrer à la France les places de
la haute Alsace, où la Suède avait encore des garnisons. On
sait que ce vaillant soldat mourut à quelques jours de là
d'une maladie aiguë.
Malgré le mystère qui entourait les négociations, Stras-
bourg en eut connaissance et s'en alarma. En vertu de son
droit de convoquer et de présider la diète des villes impériales,
il crut pouvoir intervenir et fit remettre aux résidents de
France et de Suède une note, datée du 27 septembre. Dans
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HISTOmB DB LL CtUBBBB SB TBBMTB ANS 981
ee doeamenk, Strasbourg ne disBimnle pas qa*aa point où en
Bont les choses, il ne pense pas qne ses obsemtions soient
accueillies : cependant, comme le traité à interrenîr doTaît
réserver la ratification des deux couronnes, il espérait qn'on
pourrait encore tenir compte de son avis.
Gela posé, Strasbourg demande qa*on étende aux autres
Tilles protestantes, telles que MQnster, le bénéiice des garan-
ties stipulées en faveur de Golmar.
En ce qui concerne cette dernière ville, il veut aussi que
le traité de protection réserve formellement les droits de
l'Empire et les franchises municipales; qu'il soit interdit aux
commandants de place français d'établir de nouveaux péages
endroits de douane; que les vllies qui acceptent la protection
puissent continuer à correspondre stcc leurs alliés et notam-
ment avec Strasbourg; enfin, que le traité ne les relève pas
des obligations qui leur incombent comme membres de VV-
nion de Heilbronn, soumis aux contributions dues à la caisse
commune.
Gomme Strasbonig Tavait prévu, le traité était à la vdlie
d'être signé : il porte la date du 9 octobre. Etant conclu avec
la France, il est probable qu'on (It usage du calendrier gré-
gorien. Soit qu'on se fût in^ipiré des vues de la ville de Stras-
bourg, soit plutôt que les conditions fussent imposées par la
situation générale, elles répondent entièrement aux vœux
exprimés dans la note du 27 septembre.
L'importance de cet instrument, qui n'a jamais été publié,
non plus que son annexe, ne permet pas de n'en donner que
des extraits ; en voici le texte fidèlement reproduit de Tori-
ginal :
Le bien public des affaires comnaunes requérant de reti-
rer les armes de la couronne de Suéde des principales
places de l'Alsace, pour les mettre sous la protection de
saMai'^treschrestienac, les Ministres des deux couronnes
soubsignea sont tombez d'accord, pour les villes et chat-
BEVUE D'ALSACE
teaux de Cotmar, Scblettstat, Marckelsheîm, Turckheim,
Easisheim, Mûaster, Kaisersperg, Ru&c, Mtirbac, Geb-
willer, Daoo, Polyeiler, Oberberkheim, Hohenlandsperg,
Rotenburg ynd (sic) Maszmûnster et Hohenkœnkesbeig,
quelles seront mises sous la protection de [la] France,
aux conditions suiuantes et à la ratification de leurs sou-
Terains et supérieurs :
Premièrement et en gênerai que, par ladicte protection,
le R07 très Cbrestien nentend point déroger aux droicts de
Tempire et de la liberté des Estats alliez, ni de contrevenir
• ou prœiudic[i]er aux traittez d'alliance &ict8 à Hailbron
et depuis a Francfort, soit pour la bonne intelligence re-
quise et nécessaire entre iceux et spedelement touchant
les communications ordinaires des villes impériales, ains
ploustost destablir et confirmer tout cela de plus en plus,
tellement que, non obstant la dicte protection, le tout
demeurera en Testât accoustume et convenu es articles du
traitté de la dicte alliance, et mesmes que les gouuemeurs
des places et guarnisons que le Roy très Chrestîen voudra
ordonner en dictes places, apporteront toute assistance à
l'accomplissement d'iceux, autant que faire ce (sic) pourra.
Secondement que les alliez auront libre passage f>ar
toutes les dictes places et retraitte en icelle en cas de néces-
sité, comme aussi leur seront au besoin fournis viures,
munitions de guerre et aultres necessitésà prix raisonnable,
et tout cela au contraire dénié et refusé aux ennemis, contre
Icsq kIs et leurs excursions sa Mai'* protégera et défendra
les dites places auec leurs dépendances, autant que faire
ce pourra, et resteblera (sic) en icelles la seureté et liberté
du commerce public, sans permettre qu'aucuns nouueaux
pcagrcs et imposts soyent introduits au prseiudice du com-
merce public et de la liberté des Princes et Estats alliez,
sous quelque praetexte que ce soit.
En troisicsme lieu que toutes lesdictes places et leurs
dépendances demeureront en la possession et au mcsme
estât, tant pour le faict de la Religion que de la Police,
auquel elles se trouvent présentement, iusques à la pacifi-
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BUTOIBB 1» LA OUSBBB SB TBBMTl AMS
888
cation des guerres d'Alemagnc {sic), laquelle arrivant, elles
seront remises à un chacun, selon le contenu du traittc de
paix qui sera faict. Et d'autant qu'es villes de Colmar et
Schetstat {sic) y a cinq gros canons appartenans à Mons, le
Marquis de Baden et à la ville de Strasbourg, comme aussi
quelques petites pièces de campaigne de la couronne de
Suéde, est accordé qu'ils seront preallablement rendus à
ceux à qu'ils appartiennent, comme aussi les munitions
et grains qui appartiennent aux munitionnaires Suédois
et non auxdictcs villes.
Finalement que les articles particuliers concernant la
ville de Colmar, desquels les ministres des deux dictes
Couronnes sont tombez d'accord avec les députez de la
dicte ville, seront poinctucUement observez de bonne foy
et sans aucunne contravention.
Faict et accorde soubs la ratification des souverains et
supérieurs, le 9 octobre 1634.
FRroERiG Richard Mogkiiel,
Coaseill'*. et Résident de la Couronne de Suéde eu Alsace.
Les articles particuliers, aa nombre de treize, forment un
traité Béparé, dont voici également le texte :
ArtUiies ccmwnus et accordés entre les deux BesiderUs de la
Couronne de Suedenetde la Fftmce, touchant la protec-
tion de la tnUe Itnperiaie de Colmar.
1. — La ville Imperialle de Colmar, auec tous ses bour-
geois et habitans, comme aussi son territoire, dépendances
et appartenances, seront receu en la protection du Roy
Tres-Chrestien, pour y estre et demeurer iusques à la
Pacification de ceste guerre présente, en Allemagne, la-
quelle arrivant, la dicte ville sera remise en Testât tout
entier auquel elle a esté avant le commencement de ces
troubles en Allemagne et Bohême, de l'année 162a
3. — La dicte ville sera conservée en tous ses privilèges,
franchises, immunités, droicts et coutumes desquels elle a
iouy iusques à maintenant, sans diminution quelconque.
234
REVUE D'ALSACE
d. — Les afibires d*estat et de iustice de la dicte Tille
seront gouvernées comme par cy-devant, par la mesme
forme de gouuernement, sans que sa Maiestè prétende de
changer chose quelconque en Telection et iurisdiction des
Magistrats, ny au nombre et qualité des personnes.
4 — Et pour le faict de la Religion, il est convenu et
accordé que les deux Religion, Protestante et Catholique,
y seront entretenus en leurs exercices, libertés et fran-
chises, ainsi que de présent la susdicte ville et habitans en
iovissent, sans y rien changer ou innover soubs quelque
prœtexte que ce soit.
5. — Les Monastères, Abbayes, Egcliscs Collégiales, Pra:-
positurcs, qui appartiennent à la dicte ville, oucetrouucnt
en la protection d'icelle, y seront maintenus en l estât
auquel elles sont présentement, sans diminution du droict
de Patronat et aultres droicts appertenans a la dicte ville,
dans laquelle on ne permettra point que [de] nouveaux
ordres y entrent, que ceux qui y sont de présent.
6. — La guarnison que le Roy mettra dans la ville, comme
aussi les fortifications nécessaires, seront entretenus et
faictes aux tlespcns de sa Maiestè, sans que pourtant elle
prétende en tirer aucune rétribution, recompense ny ad-
vantage.
7. — Et dautant que les bourgeois et habitans de la dicte
ville ont depuis quelques années beaucoup pati, sa Maiestè
trouvera bon de ne les poinct charger de plus grande guar-
nison qu'ils ne peuuent soupportcr, et pour le présent pas
plus de six cent hommes de pied ( y compris deux cent
cinquante que la dicte ville a desia levez) et de cinquante
carabins.
8. — Le gouverneur que le Roy mettra dans la ville,
sera obligé de tenir bon ordre et discipline entre les soldats
de la guamison, a ce qu'ils ne fieicent aucun tort aux habi-
tans de la ville et plat pays, et cas advenant qu'il [y] ait
plaincte d^un bourgeois contre le soldat, fera bonne et
briefve iustice. Comme au réciproque si le soldat a subiect
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HOTOIBB DB LA OUBRBB DE TRENTE ANS
235
de se plaindre du bourgeois, le Magistrat ordinaire de la
yille sera tenu de &ire aussi bonne raison au soldat.
9. — Le logement des soldats et disUibution des quar-
tiers de la ville sera donné par ceux que le Magistrat d*i*
celle députera, sans que aultre s'en doive mesler.
10. — La dicte ville ayant [tant] du temps de la Guarnison
Impériale que Suédoise tousiours entretenu à chasque
porte quelque boar^-eois pour servir et ayder tant à la
garde d'icclles que pour veiller sur l'entrée et sortie des
denrées et du péage et tribut qui leur appartient, sera
maintenue en telle coustumc.
11. — Le gouuerneur entrant dans la ville, il sera faict
inventaire des canons, armes et munitions qui se trouue-
ront dans icelle, lesquels seront après la dicte pacification
remis et restituées à la dicte ville, en pareille quantité et
qualités.
12i — £t combien que par cy devant, tant du temps de
la Guarnison Impériale que Suédoise, les clefe des portes
et entrées de la ville soient esté tousiours portées au logis
du premier Magistrat d'icelle, si est ce qu'il a esté accordé
que de chasque porte la moitié de[s] clefs soit rendue au
logis du Gouverneur et i'aultre en celuy du dict premier
Magistrat, à fin que du commun consentement de tous
deux, les portes s'ouurent et se ferment.
13. — Finalement comme le R07 par sa protection ne
prétend point de dimminuer (sk)^ ains plustost de conser-
ver les droicts et privilèges de la dicte ville, aussi est sa
Maiesté contente qu'elle demeure et persiste dans TAllianoe
faicte à Hailbron et dans la bonne correspondance des
aultres alliez.
yiSUSSJXSSt DB ïàIBLB,
geotilhomme ord* de la chambra
du Roy tris Chrestien, cons*'
deslat et Ambassad' résident
s;i Mnicsté presenlemeat à Stras-
bourg.
Fbidebiq Richard Mockhel,
conseil' et Résident de la Gou-
rofuie de Snede en Alsace.
BEVUE D'ALSAGE
Sous la même date, MUnster obtint également des gatanties
particulières, tant pour lui que pour les villages qui ccnstl-
tuaieiil ensemble la cité et vallée de Saint-Grégoire.
Le traité une fais signé, il s'agissait d'en assurer l'exécutioa.
Dans ce but, de L lsle, accompagné des députés deCoIraur, se
rendit au quartier général français pour porter l'instrument
à la coonaissanœ du maréchal Jacques Bompar Cauraont de
la Force. Mockbel, que le soin des affaires retenait à Stras-
boorg, écrivit le 80 septembre (10 octobre) an maréchal
poar s*ezcaser et pour recommander les députés à sa bien-
▼eillanoe.
Ce fut arec une joie profonde que la yille remercia, le S
octobre, le négociateur suédois de Theureux résultat de ses
efforts. Elle croyait voir une nouvelle ère de paix et de pro«
Hpérité s'ouvrir à son profit; elle comptait que le traité était
la meilleure sauvegarde « de la gloire de Dieu, des vieilles
franchises germaniques et de la liberté religieuse ». Cepen-
dant Mockhel jugeait mieux de la situation : dans la lettre
par laquelle il avait annoncé, le 30 septembre, la conclusion
du traité, le passage suivant montre qu'il ne se faisait pas
illusion : t Quant à l'unique but que je me suis proposé dans
cette affaire, à savoir la gloire de Dieu, le maintien de sa
parole et de la liberté politique de la ?iile, le salut général
de tons les habitants, il &ut instamment prier le Tout-Puis-
sant pour qu*on Tatteigne. »
Les Impériaux ne s'attendaient pas à yoîr la France inter-
▼enlr pour leur enle?er le fruit de leurs succès. A la première
nouTelle que les Suédois doTaient abandonner aux troupes
françaises le chftteau de Belfort, le margrave Guillaume de
Bade, qui exerçait, au nom de TEmpire, le commandement
suprême sur le haut Rhin et qui était revêtu de plus de
l'onice de grand-bailli des pays antérieurs, avait donné, le
5 octobre (ii. st.), au partisan Oriel ordre de se saisir du fort;
mais, vul'iasuflisaQce de ses forces, prévoyant qu'il ne pour-
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HISTOIRE DE LA GUERRE DE TRENTE ANS
237
nit pas en disputer la possession, ii protestait eontre rentrée
des Français, qu'il considMlt comme un acte d'hostilité non
justifié et comme une atteinte aax droits de la maison â*Aa-
triche sur la roche et la seigneurie de Belfort. Ce fut pour
répondre à cette protestation que Melchior de L'Isle adressa
le 10 (20) octobre, de Colmar, où il était arrivé la veille avec
Mockhel, au margrave Guillaume la lettre suivante :
Monseigneur,
Les peuples de cette province ayant recogneuladooceur
et seureté dont iouissent ceux que le Roy très chrestien,
mon maistre, honore de sa protection, ont creu ne pou-
uoir en aucune feçon mieux pouruoir à leur salut et à la
oonseruation de tout le pays, qu'en ayant recours à icelle.
C'est pourquoy sur les considérations que ladite maiestë
a eu de la désolation générale de ce pays, et sur l'instance
qu'ils lui en ont ûicte, elle les a receu en sa royale protec-
tion iusques à une pacification générale en AUemaigne,
sans sur ce moyen preiudicier en aucune &çon aux droits
de l'Empire, ny aux franchises et priviieges de ces peuples.
De quoy j'ay creu deuoir donner aduis à vostre Altesse,
afin que tant ceste ville que les autres places qui se trou-
uent honorez de la protection du Roy, ne soyent point
inquiétez ny troublez par les soldats de vostrc garnison,
et que toute bonne correspondance soit entretenue de part
et d'autre. Ce qu'attendant de vostre Altesse, ie me dis etc.
Le margrave se borna à accuser réception de cette com-
munication : ii refusa d'y répondre immédiatement, en allé-
guant qa*eUe était de trop grande considération ;ee récépissé
est daté de Biisach, SI octobre. Le même jour, le résident de
France signa un acte qoi, sous la réserve des franchises de
la commune, étendait la protection française à la ville de
TOrkheim.
Cest ainsi que la France prenait pied sur la rive gauche
du Rhin. Dès le commencement de Tannée, le comte de Salm
888
BEVUE D'ALSACE
lui avait remis Savenie et Haguenau. Précédemment déjà,
les princes de Monlbéliard avaient conclu un traité semblable,
en vertu duquel Horbourg et Riquewihr avaient rerii de
petites garnisons françaises, sous le commandement d'un oili-
cier du nom de Lachaulne.
X. MOSSMANN.
(la «tttte h la prochoMe Uvraiion.)
DOCUMENTS INÉDITS
pour servir à Tbisloire de l'Uicieiiiie
SËIGNËUlUE DU BAN-DË-U-RÛCHË
Le Ban-de-la- Boche, en allemand Steinthal, a acquis une
notoriété presque universelle, grâce au long ministère du
pasteur Oberlin, qui, à la fia du siècle dernier et au commen-
cement de celui-ci, y accomplit une œuvre de civilisation
chrétienne, au triple point de vue social, charitable et reli-
gieux. Toutefois, ce n'est point à ce point de Tue que nous
voulons publier des documents inédits ou peu oonnus, quel-
qulntérwsants qu'ils soient; nous pourrons peut-être plus
tard en mettre aussi au jour.
Les pièoes que nous ayons IMntention de ftiire connaître
remontent pour la plupart à une époque antérieure et se rap-
portent aux ancfens possesseurs de la contrée. Ce sont des
documents qui peuvent servir à l'histoire de Tandenne sei-
gneurie ou comté du Ban-de-la-Roche. Nous en indiquerons
au fur et à mesure la provenance et nous en donnerons le
contenu intégral ou partiel suivant leur importance, en y
ajoutant quelquefois des annotations. Mais nous serons heu-
reux si leur publication provoque des recherches fructueuses
(en allemand Zum Stein)
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240 REVUS D'ALSAOB
de la part des amis de Thisloire d'Alsace qui auraient con-
naissance de pièces analogues ou qui pourraient noua fournir
des renseignements utiles.
Mais, tupanYant, nous croyons devoir donner une eonrte
notice historique sur la contrée dont il s^agit, afin de rander
plos claires et plus compréhensibleB les documents qui 8*7
rapportent
Le Ban-de-Ia-Rocbe est une contrée pittoresque et monta-
gneusCi située dans la partie supérieure de la vallée de la
Bruche, sur le Tersaot occidental du Ghamp-dn-Feu, système
de montagnes détaché de la partie orientale des Vosges, et sur
les limites de la Lorraine et de la Basse-Alsace. Son terri-
toire occupe une surface de 8 à 9000 arpents, comprise entre
la Bruche et deux étroites yaliées latérales ; il se compose de
huit villages : Rothau, Neuvillers et Wildersbacli dans la
première vallée, et Fouday, Solbach, Waldersbach, Beliefbsse
et Belmont dans la seconde.
Le nom donné à ce territoire ou ban lui vient d'un an-
cien ch&teau dit « de la Roche > Qnm Slein), autrefois habité
par des seigneurs qui vivaient de rapines, détroussant les
passants qui ne pouvaient payer le tribut qu'ils en exigeaient.
Le chClteau, situé an aonunet de la montagne au bas de lar
quelle est bâti le village de Bellefoese, Ait détruit à diflérentes
repriaee : la première fois en 1099 et enr dernier lien en
1471.
L'an 1467, Ulric de Rathsamhausen remit cette seigneurie
à son fils Gérothé, qui, par son brigandage, rendit la route
du val de la Bruche très périlleuse. Les Slrasbourgeois, qui
en souffraient beaucoup, firent plusieurs expéditions contre
lui, et eoûa, de concert avec les troupes del'éTÔquede Slras-
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ANOIBMMB SnaMEUBIB DU BA1H>»-LA-B00HB
bourg cl celles du duc de Lorraine, en devinrent vidorieur.
Le seigneur de liathsambauseai depuis lors, n'eut plus le
Ban-de-la -Roche en propriété, mais en fief. Ce Géroihé
(George-Guérotbé) fut enterré, eo i491«dan8 i*églifleâe Fou-
day, où sa trouve eueore sa pierre tomnlaire.
La seigneurie du Ban-de-ïa-Roche était originairement an
fief impérial, composé de dix villages, en y comprenant Saint-
Biaise et Blancherupt, qni eo furent détachés plos tard. Ce
fief fut possédé, dès le commencement du XIY* siède, par
les sieurs de Rathsamhausen de la Roche (ou « à la Pierre >,
|ttm @tetn).
Au commencement du XVI' siècle, l'évêquede Strasbourg,
Albert de Bavière, duquel les Rathsamhausen tenaient en
fief les châteaux de Breitemherg (Haut-Rhin), accorda aux
trois frères, George, Albert et Samson de Rathsamhausen, la
permission de vendre ce dernier château, à charge par eux
de donner à l'érèché un équivalent dudit fief. La ville de
Soultzmalt se rendit acquéreur.
L'évéque de Strasbourg étant mort snr ces entrefaites, ce
ftit à son successeur, Guillaume IR de Hohensteiii, qu'en l*an-
née 1507, les sieurs de Rathsamhausen domièrent les deux
villages de Sainl-Blaise (Helmansgereuth) et de Blancherupt
(Bliensbach) avec tous les droits de seigneurie qui y étaient
attachés. L*évéqne Guillaume leur rendit ces deux villages,
mais à titre de fief masculin. En 1690, par suite de l'extinc-
tion de la race masculine de Rathsamhausen de la Roche,
levêque de Strasbourg retira le fief à lui, et en investit un
sieur de Ghamley. En 1719, ce fief passa h la maison de
Rohan, qui le posséda jusqu'à la Révolution française.
Les autres parties de la seigneurie du Ran-de-la-Roche res-
tèrent entre les mains de la famille de Rathsamhausen jus-
qu'en 1584. A cette époque, du consentement de Tempereur,
la seigneurie fut vendue aux comtes de Yeldents. L'eztinc-
* tion de la ligne masculine de celte femilto fit passer le fief,
Roayeile Série - 7* Année. 16
m
BBvmB d'aubâgb
aux fîiles, et, en J694, à la princesse palatiae Dorothée, da-
chesse de Deux-Ponts.
En 1720, ce fief fut conféré au sieur d'Angervilliers, inten-
dant d'Alsace, et après lui à sa fille atnée, la duchesse de
Ruffee, qui moanit sans enbnts, de sorte que la seigneurie
du Bau-de>Ia-Roche fut ensuite donnée à M. le marquis de
Paulmy d*Ârgençon, ministre d*Âlsaee, et fut érigée en comté
en son honneur, en 1762. Dès le mois de mars 1771, M. de
Paulmy d*Argençon Tendit son comté pour la somme de
820,000 francs à M. le baron Dietrich, slettmeister de Stras-
bourg, qui fit transporter immédiatement tous les titres et
colligendcs des communes dans celte ville, où ils sont restés,
paraît-il, pour la plupart.
Ces documents ont-ils été délruils lors de l'incendie de la
bibliothèque en 1870? Ont-ils disparu auparavant ? Quelqaes-
uns existent-ils encore, dispersés en ditTérents endroits? C*est
une question qui pourra peut-être s*éclaircir un jour.
La fomille de Dietrich, en rendant les forges de Framont
et ses propriétés du Ban-de-la-Roche à M. Ghnmpy, en 1799,
t remis à ce dernier les anciens titres de la seigneurie. La
ftmille Ghampy, à son tour, a aliéné à différents acquéreurs
ses propriétés de Rothau en 1878, et a quitté l'Alsace pour
se fixer en France. Elle a cru devoir garder tous les anciens
papiers et parchemins qui se rapportent à la seigneurie du
Ban-de-la-Roche.
C'est dans ces archives, qu'elle a bien voulu mettre à notre
disposition, que nous avons puisé les documents que nous
croyons utiles de conserver pour riiiâtoire du pays et que
nous offrons à la Revite d'Alsace.
Les documents dont il s'agit forment deux catégories. Les
nus sont des pièces détachées, la plupart originales, en fran-
çais on en allemand, contenues dans un grand carton. Les
antres sont des copies de pièces on des traductions en la-
çais, trancrites dans un grand registre in-folio.
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AKaimiNB BBiaNSDBIB DU BAN-DB-LA-BOOBB
243
Dans Id carton se trouTent :
1* Des lettres de fief accordées ptr les emperoars d'Au-
Irîche, de Tan 1578 à Tan 1689, aax seigneurs du Baa-de-la-
Roche. Ces parchemins, au nombre de huit, sont écrits en
allemand et munis de grands sceaux en cire rouge.
2° Une liasse de quinze pièces, allemandes pour la plupart,
relatives à l'achat et à la vente du Ban-de-la-Roche par les
Batbsamhaaseii et la maison de Veldentz, de 1580 à 16Si.
8* Une vingtaine de pièces relatives à la possession du fief
par le sieur d^Angervilliers, del7S0àl786. Lettres patentes,
revenus fi charges de ta seigneurie.
4° Une dizaine de pièces relatives à l'érection du Ban-de-
la-Koche en comté, en faveur du marquis de Paulmy. Lettres
patentes, état des bâtiments seigneuriaux» des forges et des
ibrèts; de 1762 à 1771.
5* Quelques pièces se rapportant à racquisition du comté
par M. le baron de Dietrich. Lettres dinvestiture, aveux et
dénombrement des biens, drdts et ebarges en 1771 .
Il existe en outre un certain nombre d'autres documents
qui ne peuvent être rangés dans ces différentes catégories.
Telles sont les quatre pièces suivantes, les seules que, pour
le moment, nous extrayons du carton, et qui permettent de
jeter un coup d*œil d'ensemble sur Thistoire du Ban-de-la-
Roehe et sur ses andennes archives.
La première est un résumé chronologique des changements
qui sont survenus parmi les possesseurs de la seigneurie, de
1871 à 1794. Ce travail est sans date et sans signature, mais
il doit remonter au commencement de ce siècle.
Les trois autres pièces sont en quelque sorte des catalogues
énuméraut les documents qui existaient dans les archives
vers ie milieu du siède dernier, et qui devaient encore s'y
trouver en 1771, lorsque M. de Dietrich devint possesseur du
samm b'alb&ch
comté. Les dates sont placées en marge, mais elles nesoÎTOnt
pas toqoiirs l'ordre chronologîqne.
Nous reprodoirons ausd exactement que possible les
originaux, en oonserrant même rorthographe inctirreete de
certains noms propres, à moins qn*îl ne s'agisse de ikntes
d'inadvertance des coidstes.
Ë. DiETZ,
INifliMrd Jlolftm.
{Lu âoemml» la yroehamê Uvnùon.)
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HISTOIRE
DB
L'ÂNCIËN COMTÉ M SAARWËfiDËN
ET DB
LA PRÉVÔTÉ DE HERBITZHEIH
rSuiteJ
En J 641, te duc GbarleB IV de Lorraioe se Baidt derechef
du oomté de Searwerden et de quelques autres possessiona
de la maison de Nassan-Saarbruck et se prépara à défendre
aTec opiniâtreté la firontière de la Lorraine contre les troupes
fhinçaises. Il ne fallut pas longtemps aux Français pour
réduire ce pays, que Charles fut oblige d'abandonner. La
France se mit en possession des pays situés le long de la
Saar.
Cependant, les conférences ouvertes à Munster et à Osna-
bruck depuis cinq années, pour rétablissement de la paix,
touclièrent à leur fin ; toutes les difficultés pour régler les
prétentions des parties, dont les intérêts étaient si différents
et si opposés les uns aux autres, étant levées, le traité de paix
fut signé le 24 octobre 1648. L'article 4 du traité d'ûsnabruck
ordonna t la restitution aux comtes de Nassan-Saarbruck de
tous leurs comléB, bailliages, territoires, honneon et biens
BBVDB D'ALSAOB
ecclésiastiques et séculiers, féodaux etallodiaux, nommément
1«8 comtés de Saarbruck et de Saarwerden, tant de part et
â*aiitre respeetiTemeat, les droits, actions, exceptions et béné-
fices de droit qui sont à déterminer par les lois de TEmpire,
tant à canse des choses a^ugées au réTisoire, par sentence
du septième juillet 16Î9, que pour les dommages soufferts, si
mieux les parties n'aiment accommoder Taffiiire è Tamiable,
sauf le droit qui peut appartenir aux comtes de Linange-DalM)
dans le comté de Saarwerden > .
Après la paix de Westphalie, l'armée française avait repassé
le Rhin ; le général Rosen quitta, au mois de septembre 1649,
ses cantonnements de l'Alsace, franchit la montagne de
Saverne pour se diriger sur Trêves; il espérait surprendre,
chemin faisant, le château de Lorenlzen, dont le colonel lorrain
s'était emparé peu de temps auparavant, mais il ne put Ten-
lerer d'emblée; il somma le gouverneur de se rendre, ne lui
laissant qu'un délai de sept minutes. Gelui-ci, effrayé, obéit
et capitula. La garnison obtint ia feculté de sortir stcc les
honneurs de la guerre; elle M escortée jusqu'à Bitche*.
Rosen se dirigea ensuite sur Metz, laissant le général Maro-
lettB à Bouquenom. Le comté de Saarwerden, accablé de
contributions et tourmenté de passages continuels, fut réduit
aux abois. Peu après, les Lorrains revinrent, se saisirent de
Bouquenom, reprirent Lorenlzen et occupèrent tout le pays.
Six régiments lorrains restèrent cantonnes dans un pays
épuisé par la guerre et la disette et dont la population avait
presque péri en entier, par le fer, la famine ou des maladies
pestilentielles. La ville de Saarwerden n'était plus qu'un
monceau de décombres et ne put jamais se relever complète-
ment de sa ruine; le beau et florissant village de Harskircben,
qui compte aii^ourd'hui près de 1200 Ames, n*avait plus alors
que huit ftmilleB.
» Heiss, Histoire de l'F.mpirc (Traités de paix), t. II, p. 67.
» ThdoL «iirop., t VI, p. 795.
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Une convention conclue à Nuremberg, le 2 mai 1650, pour
TexécutioD de la paix de VV^estphalie, avait fixé un délai de
trois mois, dans lequel le duc de Lorraine serait tenu de faire
à la maison de Nassau-Saarbruck la restitution da comté de
Saarwerden, do bailliage et da ehftteau de Homboorg et de la
prérdté de Herbitzheim.
Une autre oonrentioii, da 27 jain soÎTant, également conclae
à Naremberg^ imposa le eomté de Searwerden à la somme
de dix mille six cent quntre-Tingts florins, ponr sa part des
cinq millions d*écas qne lUmpire devait à la Suède, d'après
le traité de Westphalie^
Leduc de Lorraine, malgré la convenlion de Nuremberg,
refusa de se dessaisir du comté de Saarwerden, sous le pré-
texte que l'Empire lui devait quelques arrérages de subsides
que l'empereur lui avait promis qunnd il s'engagea dans la
guerre contre la Suède et la France.
A cette époque, quoique la ville de Bouquenom eût conservé
son ministre protestant Jost Holler, l'exercice de tout autre
culte que le culte catholique y était défendu ; des roesnres
aussi sévères étaient adoptées ponr tout le comté ; il n'y avait
que les châteaux de Lorentcen et de Diedendorf où les protes-
tants pussent se livrer à Texercice public de leur culte'.
La paix avait fiiit revenir la veuve du comte Guillanme-
Lonis à Saarbruck; elle y termina, le 18 novembre 1661, une
carrière pleine de sonda et de revers, laissant la tutelle* da
ses enfants mineurs à son fils aîné, Jean-Louis. Celui-ci gou-
verna les états paternels jusqu'à la majorité de ses frères
puînés et les partagea avec eux en lGo9. Il choisit Ottwiller
et Hombourg. Gustave-Adolphe reçut Saarbruck et Saarwer-
den, sauf la part de ce comté qui était tombée à la branche
de Nassau- Weiibourg, et WaJrade, le plus jeuue, eut
Usingen^
* LoxDORP, Acla publica, l VI, p. 592.
* Manuscrit de M. Kablé, cité ci-dessas.
* KcELLNER, Luc. cUat., t. I, p. 334.
BSVUB D'ALS&GB
Quoique le trailé d'Osnabruck eût assuré à la maison
de Nassau-SaarbrucK la possession pleine et entière du
comté de Saarwerden, ayec toutes ses dépendances, sauf
les parties où les droits primitifo de l'éTêque de Metz
n'étaient pas éteints, le duc Charles IV de Lorraine en
éluda constamment l'exécution et ne se soudait nullement
de fkdre la restitution ordonnée. Le comte Jean-Louis
de NassBtt-Saarbrnck s'adressa, en 1658, à la Diète de
Rstisbonne, pour réclamer Inexécution franche du traité de
paix*, mais toutes ses démarches échouèrent devant Tobstina-
tion du duc de Lorraine. La Diète de Ralisbonne fut encore
mise en demeure, en 1654, par les comtes de Nassati-Saar-
bruck, d'enjoindre au duc de Lorraine de faire celte restitu-
tion et de ne plus porter le titre de comte de Saanverden'.
liOuis XIV, qui se disait garant des fameux traités qui
Tenaient de régler le sort de TAllemagne, chercha vainement
à rétablir la bonne intelligence entre le duc de Lorraine et la
maison de Nassau-Saarbruck et se crut obligé de ftiire quel-
ques tentatiTes pour amener le duc Charles lY à rendre aux
comtes de Nassau-Saarbruck le comté de Saarwerden et la
prévôté de Herbitzheim, dont il les avait injustement dépouillés.
Charles IV, fidèle à son système de tergiversation, soutenait
que les griefs de la maison de Nassau-Saarbruck n'étaient
pas fondés, que la contestation au sujet du comté de Saar-
werden était pendante au tribunal suprême de l'Empire et
qu'il était prêt à se soumettre à sa décision'.
Le comté de Saarwerden et la prcv(Mé de Herbitzheim, qui
avaient été entièrement ravagés et pour ainsi dire changés en
désert pendant la terrible lutte trcntenaire, commençaient à
se relever de leurs nûnes. Le lieutenant-colonel lorrain
• LoNDORP, lue. cit., t. VI, p. 589.
• U môme, t. VII, p. 474.
• Voir le traité du 36 lévrier 1661 entre la France et le dne de Lor-
raine.
SAAR\\'£RD£N ET liERBITZHEIM
Charles de Broussey, gonrerneor de cette contrée, fit quelques
lonables effort» poar rendre à la culture les terres abandon-
nées par leurs anciens possesseurs, il encouragea la recon-
slructîon des maisons détruites pendant la guerre, admit de
nouveaux colons et n'établit qu'une légère redevance sur les
maisons ou terrains abandonnés aux nouveaux venus. Les
communes s'efTorçaient aussi de mettre de l'ordre dans leurs
finances et d'obtenir des atermoiements de leurs créanciers.
Cependant, le duc Charles IV recommençait avec une nou-
velle ardeur ses persécutions contre les protestants et cher-
chait à déraciner, par des règlements sévères, la religion
réformée. U ordonna, en 1664, que les enûmts des protestants
seraient élevés dans des écoles catholiques, qu'ils seraient
instruits dans la religion catholique et qu'ils ne pourraient
apprendre d'autre cathéchisme que le cathéchisme catholique,
que les mariages des protestants et les baptêmes de leurs
enfonts se feraient dorénayant par le curé catholique, confor-
mément aux usages de l'Eglise romaine'. « Mais, comme toutes
les religions du monde ne trouvent jamais que d'i mauvais
prosélytes quand le cœur n'a point de part aux conversions,
on vit l)iont(3l les inccnvénients qui empêchaient l'exécution
de ces règlements, aussi les luthériens restèrent-ils en pos-
. session de professer librement leur cultel »
Le pasteur protestant du comté de Saarwerden. Jost Holler,
fut enlevé par la mort k son troupeau, en 1667, et ce
ne fut qu*aa bout d'une année, et à force de démarches,
que les habitants luthériens obtinrent qu*i! lût pourvu à
son remplacement. Ils désignèrent pour ces fonctions Jean-
Henri Winzheimer, de Darmstadt, et M. de Romecourt, gou-
verneur de Bitcke, Saarwerden, Faikenstein et Reichshofen,
le nomma nHnkire au comté de Saarwerden, par décret dn
26 juillet 1688*.
^ Manuscrit de feu M. Râblé. " La môme.
• RodiiiucH, Loc. cUat.f t. II, p. 140.
250
RETUB D ALBAOB
En 4669, le dac Charles IV maria son fllB, Charles-Henri,
prince de Vaudémont, qu*il aTaît eu de la prineesse de Gante-
croix, avec Anne-Elisabeth de Lorraine-Elbeuf, et sollicita
auprès de l'empereur Térection en duché de Saar-Land, et
principauté immédiate de l'Empire, de la terre de Lixheim,
des comtés de Bitche et de Saarwerden, de la barounie de
Falkenstein, de celle de Pénétrante et des terres de Marmou-
lier, Saargueraines, Saareck et Saaralbe, dont il lui arait
fiait donation. Le duc de Lorraine, bien qu*il eût assuré la
réversion de cette principauté dacale à la couronne ducale,
an défont d^hoirs mâles da prince de Vaudémont, porta, par
ce démembrement de la plus grande partie de la Lorraine
allemande, le mécontentement de ses sujets à son combleS
Sur ces entremîtes, le comte Gustave-Adolphe de Nassau-
Saarbmck, fort de son droit, reconrut à la Diète générale de
TEmpire, ouverte en 1669, à Ratîsbonne; il y exposa ses
griefs au sujet de rinfraclion du Irailé de paix qui devait
meltre fin aux longues querelles de sa famille avec la maison
de Lorraine. Appuyant ses instances du crédit de Louis XIV,
il poursuivit avec chaleur la restitution de son ancien patri-
moine. Le refus du duc de Lorraine de remplir le traité de
Westphalie avait indisposé la Diète de Hatisbonne, et le
recours du comte Gustave- Adolphe y éprouva la faveur qu'il
avait dû espérer; elle ordonna, le 14 juillet 1670, que le duc
Charles IV serait tenu de remettre, mais par provision seu-
lement, au comte de Nassau-Saarbruck, les villages du comté
de Saarwerden et la prévôté de Herbitzheim, qu*il détenait
depuis si longtemps, et de 8*en tenir seulement aux villes de
Bouquenom et de Saarwerden et à la cour de Wiberswiller,
qui lui avaient été adjugés par la Clvimbre impériale de
Spire, en 1629, jusqu'à ce que les arbitres nommés pour
juger l'affaire au fond eussent rendu leur seuteuce\ On profita
* DiGOT, Histoire de Lorraine, t V, p. 389.
• Theal. europ,, t. X, p. 249.
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B&ASWEBDIEN BT BSBBUZHEDI
851
des troubles de la Lorraine et de rabsence da doc Cbaries 17
pour mettre à exécotion le réeès de la Diète. Deox commis-
saires impérianz se rendirent dans le oomté de Saarwerden,
j firent publier à son de trompe la résolntion de la Diète et
délièrent les habitants du serinent de fidélité qu'ils STaient
prêlé au duc de Lorraine. Le 13 octobre 1670, le comte
GustaTC-Adolplie de Nassau -Saarbruck se rendit, arec ses
frère? Jean-Louis, comte d OllwiHcr, et Walrade, comte
d'Usingen, et ses cousins Jean, comte de Nassau-Tdslein, et
Frédéric, eonile de Nassau-Wcilhourg, dans la bourgade de
Lorenlzen, où il reçut des commissaires impériaux, avec la
plus grande solennité, au bruit d'une musique guerrière et
des saires d'artillerie et aux arclamations de la multitude, la
remise de son patrimoine; les habitants lui rendirent hom-
mage et lui prêtèrent le serment de fidélité. Un splendide
banquet auquel assista le peuple, ivre de joie et d'espérance,
couronna la journée. Le lendemain, les mêmes formalités et
les mêmes cérémonies eurent lieu à Herbitzheim, où le libre
exercice de la religion catholique fat assuré aux habitants'.
C'est ainsi que la maison de Nassau-Saarbruck fut rétablie
dans la partie allodiale du comté de Saarwerden et la prévôté
de Herbitzheim, dont elle était dépouillée depuis si long-
temps.
Un des premiers soins du comte Gustave-Adolphe fut d'in-
terdire à Georgos d'Aubusson de la Feuillade, évôque de
Metz, l'entrée de ses Etats que ce prélat avait le projet de
visiter. 11 détruisit la maison des jésuites, à Bouquenom, où
ils étaient revenus, et fit chasser 170 écoliers qui j faisaient
leurs études^ Il s'occupa aussi de pourvoir les paroisses de
nouveaux pasteurs, et bientôt l'action bienfàîsante de son
gouvernement se fit partout sentir*.
* GOTFRIED, ChrunUine, p. 127.
' DiGOl', Histoire de Lorraine, t V, p. 395.
* RoEHBlOB, Xoc. cUat., 1. 1, p. 344.
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I
BBVra D'AIiSAOB
Le dne Gharles IV, de son côté, jogeaat qae le décret préa-
lable de la Diète de Ralisboniie était siuo^tilde de rédama-
tiens, protesta contre la prise de possession du comté de
Saarwerden .
En 1671, le comté de Saarwerden fut traversé par un eorps
darmée française, qui y commit les plus épouvanlablei»
ravages. Les fortiûcalions de Bouquenom et de Fénétrange
furent rasées, par ordre du maréchal de Gréqui ; toutes les
réclamations, toutes les plaintes des comtes de Nassau et du
rtiingrave de Daun furent inutiles et ne parvinrent pas à
arrêter cette œuvre de destruction'.
L*espoir qu'avait conçn le comte Gustave-Adolphe de
régner paisiblement sur ses états liéréditaires ne fut pas de
longue durée. L*Empire s'uolt, en 167S, étroitement avec la
Hollande, TEspagne et le duc de Lorraine contre la France,
et bientôt la guerre s'alluma sur les deux rives du Rhin.
Accablé de contributions extraordinaires, tourmenté de pas-
sages continuels, foulé et excédé de charges de toute espèce,
le comté de Saarwerden fut alors plus malheureux que jamais.
Les troupes françaises donnèreut un libre cours à leurs sen-
timents désordufinés, tous les lieux de leur passage furent
témoins et victimes de leurs excès et de leurs violences.
Dès le commencement des hostilités, le comte Gustave-
Adolphe, qui avait refusé de signer une promesse de ne pas
servir contre l'armée française, fût arrêté à Saarbruck, par
ordre du marquis de Rochefort, et conduit prisonnier à Metis;
il ne recouvra la liberté qu'après une détention de cinq mois ;
toutes les démarches qu'on fit pour le détacher de la patrie
fiirent infructueuses^ et à peine fut-il libre qu 11 se rangea
sous la bannière de l'Empire*.
En 1677, le théAtre de la guerre fut porté sur la Saar; le
prince Gharles Y de Lorraine passa le Rhin sur te pont de
' Thcat. exirop., t. X, 2" partie, p. 476.
* Kœllneb, Loc. cUal., t. I, p.
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SAARWERDEN ET HEBfiITZHEIH
968
Strasbourg et marcha yers la Moselle, pour faire sa jonction
arec Tannée impériale qui s'était avancée sur la Saar ; il
8*eropara de Saarbruck, ville à laquelle le commandant fit
mettre le feu, après s y être yailiamment défendu. Se trou-
vant maître de toute la contrée, Charles s'avança vers le pays
messin dont s'approchait le maréchal de Créqui. Charles
résolut de lui livrer bataille, il essaya vainement de l'attirer
dans la plaine ; pendant six semaines, on s observa de part et
d'autre. Charles, qui eut beaucoup de peine à subsister, gagna
Bouzonvillc, passa la Moselle au-dessous de Sierk, traversa le
pays de Luxembourg, atteignit la Meuse, saccagea Mouzon,
leva des contributions énormes dans toute la province et se
mit en marche par les Ardennes, pour fidre sa jonction avec
le prince d'Orange, qui investissait Gharleroi. Mais, la veille,
le blocus avait été levé, de sorte qu*il ne resta d'autre parti à
prendre à Charles que de se frayer une route à travers le
pays ennemi et de regagner TAIssee. Ayant passé la Moselle
à Wasserbillich, il remonta la Saar jusqu'à Saarbruck, tenant
continuellement tête au maréchal de Créqui, qui, toujours à
ses côtés, décrivait une ligne parallèle à celle qu'il parcourait.
Il prit le cliemin du Palalinat, gagna Kaiserslautern et Lan-
dau, traversa le Rhin à Phillipsbourg et marcha sur Stras-
bourg. Créqui traversa le comté de Saarwerden, déboucha en
Alsace par les défilés de Saverne, franchît le Rhin et livra,
non loin de Wllstett, aux Impériaux, un combat insignifiant
qui ne ralentit point la marche du prince Charles sur TAIsace.
Créqui repassa ce fleuve et se porta rapidement sur Saverne,
se doutant bien que raraiée impériale ne tarderait pas à lui
tomber sur les bras. Le duc de Lorraine s'avança vers Stras-
bourg, passa le Rhin sur le pont de cette ville pour suivre
Tannée f^ançaise^ Il la trouva campée sur la montagne du
Kochersperg, près du château en ruines de ce nom ; et, ayant
envoyé le général-major Schullz, avec un gros détachement
^ Mémoires de ViUars (collection iilicbaud, série III, U IX, p. 16).
25é
VBVUE D'ALBA,0B
de cavalerie pour la reconnaître, le eomfe de Haran poussa
jusqu'à la grande-garde des Français. Peu s'en fallut qu'il ne
la renversât et qu'il n'engageât une affaire générale. Le raaré-
clial de Créqui envoya trente-six escadrons conire les Impé-
'riaux qui furent battus et mis en déroute. Ce combat eut lieu
le 7 octobre*. Le comte Gustave-Adolphe de Nassau-Saarbruck,
général-major de l'armée impériale, ayant été blessé, tomba
entre les mains des Français. 11 obtint la permission de se
Ikire transporter à Strasbourg où, malgré tons les secours de
Tart qni Ini furent prodigués, il mourut deux jours après.
Son corps Ait embaumé et déposé dans réglise de Saint-
Thomas.
Les avantages et les revers de la campagne se balançaient,
mais à peine les Impériaux avaient-ils pris leurs quartiers
d'hiver, que Créqui assiégea Fribourg en Brisgau, ville
importante dont la prise jeta les cours d'Allemagne dans la
GonsteruatioD.
Les pays situés sur la Saar, épuisés, accablés de contribu-
tions et tourmentés de passages continuels, souffraient des
manz affreux. Les soldats français dévastaient et ravageaient
cette contrée avec une incroyable sauvagerie; ils étaient un
objet de terreur et d*effiN>i pour les malheureux habitants et
étaient toujours prêts à se livrer au pillage et à tous les
excès qui en sont la suite.
Le comte Gustave-Adolphe de Nassau-Saarbruck, qui avait
eu plusieurs enfants de son épouse Eléonore-Glaire, fille du
comte Gralon de Hohenlohe, avait institué pour son succes-
seur et héritier de ses états, son fils ainé, Louis Craton, &
peine âgé de quatorze ans. Sa veuve, nommée tutrice de ses
enfanta par Fempereur Léopold I", prit en main le gouver-
nail de Tadministration et 8*eiforça de cicatriser les plaies
encore vivaces du pays.
* TiuaU ewrop., t. XI, p. IISO.
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SAABWERDEN ET UERBITZHEIM
255
Charles Y, duc de Lorraine^ ne Ait pas compris dans la
paix Gondoe à Nimègue, en 1678, parce que les eondittons
de Louis XIY étaient trop dores pour qu'il y sonscrirlt. La
Lorraine resta tous la domination de la Praoce. Gomme ta
souTcraineté sur les évccliés de Metz, Verdun et Toul arait
été cédée en plein à la France par le traité de Miinsler,
Louis XIV établit, en 1579, à Metz, un trii)unal politique
ayant pour attribution de réunir à la France les terres ou
ûefs qui avaient pu dépendre des trois évècliés et qui en
avaient été distraits, à quelque titre que ce fût. Cette Chambre
porta des arrêts qui déclarèrent les fiefs des maisons de
Nassau, de Bitchc, de Deax-Poats et de Hanau, relevant jadis
de l'évécbé de Meta, arrière-Tassanx de la France; regardant
les aliénations des fiefo releTsnt andennement de cette église,
non comme des matières de droit public à régler par la diplo-
matie, mais comme des afEûres particulières sijjettes aux
procédures, elle se mit à la place des arbitres consentis par
la France et TAllemagne, pour interpréter ces mots Tagues
et élastiques <r ctm eorum districtu >, lesquels araient été
insérés dans le traité de Westpbalie.
L'éyôque de Metz, Georges d'Aubusson de la Feuillade,
ayant obtenu, le 2 mars 168U, de la Chambre royale établie à
Melz, commission tendant à ce que les vassaux de son évê-
ché fussent condamnés à faire la reprise de tous les fiefs
mouvants de 1 egliâe de Melz, à fournir en bonne et due forme
les aveux et dénombrements de leurs fîefs, terres et seigneu-
ries, et de leurs dépendances, à représenter les titres et docu-
ments y relatifs et à fournir les renseignements en yertn
desquels ils avaient joui et jouissaient encore de ces terres et
seigneuries, fit assigner < le prétendu seigneur » du comté
de Saarwerden, de Bouquenom et de la cour de WiberswiUer,
an domicile du sieur Mathias Happe, prévôt de Bouquenom,
pour qnll fftt condamné à lui rendre les devoirs qu*il lui
devait comme vassal de son église. Charles-Henri de Lorraine,
256
BEVOB D'AL8A(»
prince de Vaodémcmt, se crut fondé à intenrenîr dans cette
instance et avoua que le fief de Saarwerden était mou?aiit de
révêché de Melz, qu'il le possédait comme donataire de feu le
duc Cliarles IV de Lorraine, son père, et qu'il offiraîl de
rcTidre à qui de droit les de?oirs prescrits par la loi et la
coutume féodale.
La comtesse de Nassau-Saarbruck, au nom et comme mère
et tutrice de ses enfants, ayant été sommée de faire hommage
à révÔque de Metz pour les comtés de Saarwerden et de
Saarbruck, qui étaient des ûefs dépendant de son église, se
oourba dcYant les prétentions de ce prélat et offrit de le
reconnaître pour son sdgneor suzerain.
La Chambre royale rendit, le 41 juillet 4680, un arrêt par
lequel il fiit ordonné « au pritindu t^gneur » du comté de
Saarwerden, de Bonquenom et de la cour de Wiberswiller, de
faire ses reprises de l'église de Melz, de rendre foi et hommage
en personne, pour raison de ces terres et seigneuries, sous
peine de commise, et de fournir ses aveux et dénombrements
en bonne et due forme et par le menu ; il fut fait défense et
inhibition audit prétendu seigneur du comté de Saarwerden
et à ses officiers, vassaux et sujets, de reconnaître un autre
souverain que le roi de France et une autre justice supérieure
que celle du Parlement de Metz; il fut encore ordonné que
i'évéque de Metz comprendrait le comté de Saarwerden et ses
appartenances dans les reprises qu'il était tenu de faire du
roi pour les biens et les droite dépendant de son église'.
La prérdté de Herbltzheim (HérhOum) fut également
réunie à la couronne de France, par arrêt de la Chambre
royale de Metz, du 20 mai 4680, sous le prétexte qu'elle était
une dépendance de Saaralbe.
Lorsque les descendants de la maison de Nassau-Saarbruck
se virent menacés d'une prétention alarmante sur leurs pos-
sessions, ils étaient d'abord résolus à repousser avec fierté
> Voir le Reeueii des arréu de la Chambre royale de MeU^
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MAABWBBDdBM BT HBBBXXZBBDf
267
la sommatioii de rdréque de Metz, maiB, comme Us craignaient
les saites Aeheasaa d*une opposition intempestîTe, ils offrirent
de ftire seulement leurs reprises de ce prélat pour les Tilles
deSaarbruck, d*OttwiUer, de Saarwerden et de Bouquenom,
qui pooTaient être des iiefii dépendant de son église, et
demandèrent la séparation de leurs possessions et propriétés
allodiales, dont les comtés de Saarbruck et de Saarwerden
étaient parsemés. L'évôque de Metz, qui ne souffrait pas de
contradicteurs, exigea d'eux l'acte de foi et hommage pour
les deux comtés, sans aucune excepUdn ni réserve.
Jean-Louis, comte d'Ollwiller, sut se soustraire à l'acte de
foi et hommage qu'on exigeait de lui; il ût, par acte du
16 juin 1680, cession à son fils, Frédéric-Louis, de tous ses
Etats, et ses parents des branches d'Usingen, d'Iditein et de
Weitbourg lui cédèrent également tons leurs droits sur le
comté de Saarwerden\ pour qu'il pût en recevoir l'investi-
ture en son nom du roi de France, à qui la directe de ses
domaines et seigneuries était dévolue, aux lieu et place do
l'évêque de Metz, qui, retranché du corps germanique, était
rangé dans la classe des eximés inhabiles à exercer la
snseraineté sur un ancien état immédiat de TEmpire.
Les descendants de la maison de Nassau-Saarbrnck et la
comtesse douairière Eléonore-Glaire, au num de ses enfants,
invoquèrent ralloiiialiléd'un grand nombre de leurs domaines,
sur lesquels l'évéché de Metz n'avait jamais exercé la suze-
raineté; sensibles à la perte de leur indépendance, ils expo-
sèrent que « cette manière de procéder était toute nouvelle,
inouïe et réprouvée par tous les droits, écrits, de nature et
de gens i. La comtesse adressa de très justes plaintes au roi
Louis XIV, en fidsant appel à sa bonté et à sa générosité,
et en le suppliant d*aToir égard à son veuvage, au bas Age de
ses pauyres enlknts et au misérable état où le mal de guerre
avait réduit eux tous et le peu de terres qu'ils possédaient
* K<BLuant, Lœ, eiUU., t. I, p. 371.
iNoavelio Série — T Année.
BEVUE D*AKiSAOB
paiflibteineDt» et de ne pas permetUe qnDs fiuBeiit plus long-
temps inquiétés et foulés eatièrement sous les pieds per de
semblables poarsuites.
Toutes leurs supplications, toutes leurs plaintes, toutes
leurs représentations furent inutiles. La voix de la justice ne
put se faire entendre contre un agresssur puissant. La
comtesse douairière de Nassau-Saarbruck, au nom et comme
tutrice de ses enfants, et Frédéric-Louis, comte de Nassau-
OltwiUer, comme portaur des ûefs de Saarwerden et de Saar-
bruck, furent forcés de subir renvaliiasement juridique de
leurs états et de se rendre à Metz, pour prêter foi et hommage
défaut la Chambre royale, au roi de France, au iîea et place
de réf éque de Metz, qui était inhabile à réclamer ilnvesti-
turs du temporel de son éf êché. Cette cérémonie eut lien
dans les ibrmes Toulues par la eoutun» iéodale^ le 9 jan-
fier 1681 .
La couronne de France acquit ainsi une foule de petit Etats
dont les légitimes souverains furent obligés de courber la
tête et de placer leurs possessions sous le lien vassalitique de
Louis XIV. Les décisions de la Chambre royale de Metz, qui
empiétèrent en pleine paix sur l'Empire germanique de la
manière la plus poignante, révoltèrent toute l'Allemagne et la
France elle-même; soutenues par la force, elles étaient exé-
cutées impitoyablement; tous les liens qui rattachaient à
l'Allemagne les domaines rsTendiqués par la France furent
brisés et leurs possesseurs obligés de se soumettre à Is Juri-
diction du Parlement de Metz, mais, en considération de cette
soumission, leurs droits territoriaux et régaliens leur furent
confirmés, en tant que la jouissance de ces droits était compa-
tible a?ee la souTeraineté de la couronne.
Jua^ment indignée d'un tel excès de despotisme, tonte
l'Allemagne se préparait à une nouvelle levéa de boucliers,
mais la révolte des Hongrois et l'attitude hostile de la Tur-
quie suspendirent la guerre que l'empereur avait l'intention
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SAABWEBDSM ET HERBITZEEIM
aoo
de déclarer à la France. La paix se rétablit et le traité de
Ratisbonne, qui fut signé le 15 août 1684, maintint la France
dans Ift possession provisionnelle de toutes les terres dont
la réunion avait été pronoucée par la Chambre rojale de
Metz'.
Une nouvelle province, sous le nom de province de Saar ou
Sarre, fut formée des partie de la Lorraine et du Weslrich
que cette rivière arrose et des terres d'Empire qui ea étaient
yoîsines on qui y étaient enclavées. L'administration en Ait
conQée à Anfaâne Bergeron de la GoupiUière^ avee le titre
d'intendant de justice, police et finances; sa résidence fot
fixée à Hbmboiirg-ear-la-Blies. Son premier soin fut d'oiga-
nîKr la justice dans les pays noayellenient réanis. Tons les
bailliages, les régences, les chancelleries, les dicastères des
diverses seigneuries forent soumis an Parlement de Metz
et défense fut faite aux possesseurs de ces terres et à leurs
habitants d'appeler à une autre juridiction.
Cependant le prince Charles-Henri de Vaudémont, en faveur
duquel le duc Charles IV de Lorraine avait érigé le duché de
Sarreland, après qu'il eut rendu hommage à la couronne de
France, chercha à dépouiller la maison de Nassau-Saarbruck
du cb&teau de Saarwerden, qui venait d'être restitué à ses
anciens possesseurs, comme fief mouvant de révêché de Metz.
Il fit sommer, par acte judiciaire, tous les oiïïciers et employés
du comté de Saarwerden et de la prévôté de Herbitzheim de
casser leurs fonetîons et de sortir du territoire. La prétention
du prince de Vaudémont sur ce pays occadonna une instance
devant le Parlement de Mets. Le procureur général Raveaux,
en exécution des ordres du roi, fit écarter la prétention de
ce prince et le fit déclarer décbu de tous les fiefe lorrains
qui constituaient son apanage^
L'état de cette contrée était déplorable, elle était presque
' Tfmtt. europ., t. XII, p. 630.
a KcELLMsa, Loc. ciUU., 1 1> p. 373.
260
BEVUB D'ALSACE
transformée en une vaste solitude, les terres demeuraient
partout sans culture, les l)ras manquaient à l industrie. L'in-
tendant de la Goupilliere s occupa de repeupler le pays et d'y
opérer les améliorations que son état réclamait. En confor-
mité des ordres du roi, les habitants eurent la faculté de
défricher les terres incultes et de nettoyer les prairies situées
ie long de la Saar et d*en jouir sans en rien payer, savoir :
des terres pendant dix années et des prairies pendant trente
années. Le roi ordonna, par plusieurs arrêts pris en Conseil
d*Etaty que ■ ceux qni aoront desserté et mis en valeur les-
dites terres en demeureront paisibles possesseurs hérédi-
taires, après ledit temps de dix années, en payant seulement
la dlme des fruits en provenant aux propriétaires et seigneurs
et les droits seigneuriaux, et que ceux qui auront mit en
valeur des prés abandonnés en jouissent en toute propriété
après trente années » .
Pendant que cette contrée faisait des efforts inouïs pour se
relever de ses ruines, Louis XIV, qui aimait à promener sa
cour, vint visiter, au mois de juillet 1683, le pays que son
Parlement de Metz lui avait conquis. Il établit son quartier
général à Bouquenom. Le dauphin, le duc d'Orléans, le maré-
chal de Luxembourg, Gréqui, Guillaume Egon deFurstenbergt
éfèqvLB de Strasbourg, et une fonle de seigneurs formaient
son cortège. La misère et la douleur qui frappaient les regards
du roi formaient un triste contraste STec le luxe qu'étalaient
les courtisans. Louis XIV alla Tîsiter les travaux de la cita-
delle qnll fiiisait construire entre Strasbourg et le fort de
Kehl, sans entrer dans la capitale de l'Alsace', revint à Bou-
quenom et se rendit ù Saarbruck et à Saarlouis.
Le roi séjourna neuf jours à Bouquenom. et, ayant été
informé que, pendant tout le tempf^ nue le duc Charles IV de
Lorraine avait é\é. privé de ses Etats, les jésuites de Bou-
quenom n'avaient cessé de rendre des ser?ices essentiels, tant
^ TheaL europ., t. II, p. 510.
8AABWSRDSN ET HBRBITZHEIM
261
par rapport à Teiiaeigneiiitnt de la langue allemande que pour
la religion, il leur assigna sur le trésor royal une pension de
six cents lirres, pour les mettre en état de subvenir à leurs
plus pressants besoins et de continuer leurs travaui: jusqu'à
ce qu*il eût mis à exécution sa résolution de remplacer de
nouireau leur ancienne fondation, dont ils avaient été dépouillés
en 1670.
Le camp qui était alore établi sur les bords de la Saar,
près de Houqiieriom, fut une lourde charge pour toute la
contrée, qui, tour à tour dévastée par les gens de guerre et
pressurée par les employés du roi, était obligée de faire de
sublimes ilïorts pour exister. Les habitants subissaient des
vexations et des humiliations de toute sorte, les soldats étaient
tellement habitués an désordre qu'il n'était pas au pouvoir
des eheb les ndeux intentionnés de tûn régner parmi eux
la discipline.
Cependant Louis XIV recommençait contre les protestants
les persécutions des règnes précédents et» en 1685, il y mit
le comble par limpolitique révocation de Tédit de Nantes.
L'inquiétude et Tanxlété planaient sur les protestants du
comté de Saarwerden, leurs temples furent fermés par ordre
du comte de Bisscy, commandant pour le roi en Lorraine; ils
furent profanés et quelques-uns ruinés et même détruits de
fond en comble. Des bandes de soldats parcouraient toute la
contrée, allaient de village en village, de maison en maison,
présentaient aux protestants une formule écrite d'abjuration
et les forçaient, par des menaces de toute sorte, à la siî]jner.
Les bibles et tous les livres de prières des protestants lurent
saisis et publiquement brûlés. Le sieur Simon, grand-prévOt
de Lorraine, fut envoyé dans le comté de Saarwerden pour
en expulser tous les calvinistes fintnçais qui s'y étaient réfu-
giés^ On recourut à l'emploi de la violence pour forcer les
baUtants à aller à la messe et à se convertir; on employa
1 Lbpaqb. Le» commîmes de la ISmflh», 1 1, p. 348.
REVUE D'ALSACE
rargent, et môme dm moyens plus immoraux enoon, ponr
les décider à retourner à la foi catholique, et là, où ces moyens
échouaient, la violence et la prison y suppléaient; toutDOu-
veau converti était obligé de signer une attestation que sa
conversion n'était pas le résultat de la contrainte, mais l'effet
d'une volonté libre et spontanée. Tous les prévôts des villages,
tous les greffiers, tous les employés furent obligés d'abjurer
OU de quitter leurs fonctions ; on reprocha à ceux qui avaient
préféré leur foi à leurs places de mépriser le serrioe du roi,
et on les coutraignit à retendre leurs fonctions, sous peine
d*une amende de cent ou deux cents écns, et d*abjurer. Tous
les auliergistes, calwretîers, bouchers, boulangers, barbiers»
furent classés parmi les gens du rd, et tous les protestants
qui exerçaient de telles industries ftirent cités derani la jus-
tice, qui les condamna à quitter leur religion ou leur étaL
Les nouyeaux convertis étaient exempts de toutes charges et
redevances, surtout de logements militaires, que les proies*
tants supportaient seuls . Un assez grand nombre d'habitants
parvinrent à gagner la frontière et à se réfugier dans le
comté de la Petite-Pierre qui, comme terre d'Alsace, était à
l'abri des persécutions enfantées par la révocation de l'édit de
Nantes. Les vexations de tout genre, les confiscations,
l'exemple de la force, de la violence, tout fut essayé pour
Taincre la résistance des protestante. A Bouquenom et à
Lorentien, les églises furent restituées au culte catholique et
l'éTêque de Meta, Georges d'Aubusson de la Feuillade, vint
lui-même, pendant Tété de 1686, les réconcilier et les purifier
de leurs souillures. Le ministre protestant du comté, Jean-
Beari Winsheimer, donna Texemple de la soumission, fit
abjuration à Metz et prêcha en grande solennité le retour à la
foi catholique*. Il chercha à juslilier sa conduite et adressa à
ses anciennes ouailles une brochure apologétique, où il disait
que sa conversion était le résultat de sa conviction, tandis
^ KOSLLMEB» LoG. ôtoi, 1 1. p. 379.
SAARWERDEN ET HKRBITZHSIM
963
qu'elle n*étalt gae le réealtet de la peur et de la fidbjesse.
Objet do mépris uairerael, il traîna une exiatenee misérable
jusqH*à sa mort, qui arrira pea après.
L'obserTance de toates les 6Hes cattioliqnes M séTèrement
prescrite. Les nouveaux convertis n'étaient pas à l'abri des
vexations, ils (Paient tenus d'assister régulièrement au caté-
chisme sous peine de dix livres d'amende, ceux dont la
conversion n'était que simulée eurent surtout à supporter les
vexations des olTiciers du roi. Le collège des jésuites, fondé à
Bouquenom par le duc Charles W de Lorraine et détruit par
le comte Jean-Louis de Nassau-Saarbruck en 1670, fut rétabli
et ces religieux, doués d'une foi religieuse ardente, 8*effi>r-
eèrent de Umq triompher la religion catholique dans les cam-
pagnes; on se pressait à leurs sermons et leur tendance an
prosélytisme souleva les plaintes des protestants.
Le Conseil de la régence de Saarbmck remit à Tambassa-
denr français, à la IMète de Ratfsbonne, en 1686, un mémoire
où il signalait toutes les mesures arbitraires et toutes les
Tiolenceii exercées contre les protestants des comtés de Saar-
werden et de Saarbmclc^
Looîs XIV avait fait bâtir, non loin de Vaudrevanfçe, sur le
territoire de Listroff, dans l'isthme d'une presqu'île que forme
la Saar, une ville à laquelle il donna le nom de Saar-Louis et
qu'il lit fortifier avec le plus grand soin. Il y étahlit, par un
édit du mois de février 1685, un présidial ({ui étendait sa
juridiction sur le bailliage d'Allemagne, Phaisbourg, Saar-
boorg, Saarguemines el les comtés de Bitche, Saarwerden,
Saarbruck, Deux-Ponts, Bliescastel, Saint- Wendel, Hombourg
et Ottwiller, et qui ressortissait, quant J.à Tappel, au Parle-
ment de Metz, et le pays n'eut qu*à se féliciter de son
institution.
Le voisinage de rÂUemagne fit bientôt renoncer & remploi
de la violence en matière de fiâ; on craignit Tappui des pro-
* Theat. ewrop., t XII, p. 976.
1
264 BEVUE d'al&ace
testants du Rhin et Ton renonça même aux persécations juri-
diques. Un édit du 10 février 1687 accorda, non seulement la
franchise de dix ans aux étrangers qui viendraient s'établir
en la province de la Saar. mais encore la liberté entière de
religion, à c^nditiou de bâtir des maidoos et de défricher des
terres'.
Cependant il se forma, en 1687, à Augsbourg, une ligue
pour arrêter les progrès de Lonis XIV ; la plupart des prinees
de TËurope y entrèrent Louis, de son cdté, réctamait la suc-
cession de rélecteur palatin, au nom de la dachesse d'Orléans,
et Toolut imposer à Cologne un éTéque de son choix. L'am-
bition du roi de France alluma une nouvelle guerre qui ne
finit qu'en 1697, par le traité de Byswick, dont le quatrième
article condamna toutes les infiraetim fiites au traité de
Weiitptaalie par la Chambre de réunion de Metz, abolit les
arrêts rendus par cette Giiambre, « monuments cPune puis-
sance et dune fierté dangereuses », et restitua à l'Empire ger-
manique toutes les terrcvS et seit^ueuries qui, situées hors de
1 Alsace, eu avaient été détachées par cette Chambre'.
Dag. Fischbr.
fLa suite a la prochaine livraison J
* Lepagk, Les rowmnnrs de la Mrurthe, t. I, p. ^18.
• Waizbnegger, Corpus juris publ. s. r. Jmperii, p. 660.
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DES COMTeA^®^'-^^^
?urg.
m.
Adolvbi.
comte de Nauaa,
de Wieabadeo «t d'I
t UTO.
ifti.
FHEDEHIC.
comto dt; WciJbouis,
t WW.
JEAN-ERNEST.
prince de Weilhour;:.
.de
I
I/-
GHARLBS-AUGUSTE.
prioce de Weilboais,
I7SS.
GHARLESCHRISTIAN.
t 1788.
FREDEItlC-GUlLLAiniB,
dflc de Nasiav,
t 1818.
ALBBR1
t 1388J
OULLAUNE-GEORGE-AUGUSn,
né le 14 juU) 179S,
a bMti Ueingen, f 18S9.
ADOLPHE,
doe de Nassau,
né Je»JaUl«il8l7.
/
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NOTES BIOGRAPHIQUES
SDR US
HOMES DE lA DEVOLUTION
STRASBOURG ET LES ENVIRONS
SuiU
Les 685 de 1793
1. AeInnI, Josepli.
2. Âdam atné.
3. Adorne.
4. Albert aîné, Jean-EtieiUM.
5. Alcan, Abraham.
6. Alexandre, G.-François.
7. AUiery.
8. Altmayw.
9. Ammann.
10. André, Jean-François.
11. Andrès, Philippe.
19. Anstect, Jean.
13. Aitogast,!.
ii. Armand-Maizière.
15. Arnest, Josepb-Philippe.
16. Arriez.
47. Attbry, Denis^ean.
18. Aubugeoia^AnL-Jeui-Baptiste.
19. Aubuason, Fnnçois-Midwl.
30. Aneroff.
91. AD6chtoger,leaiii-Fràiéric.
22. Aymal, Jean-Baptiste.
23. Iî;er.
U. Fî.Tr.
25. Ba3rr, Marx.
96. fiaillond, CharMosepb.
97. Bailly de Joilly, Edinfr-L.-!!.
28. Bajot, J.-F.
29. Baldner, JeaD-Daniel.
30. liallet.
31. Bar, Jean-EUenne.
39. Barbat, Frédéric.
33. Barbier, Louis-Laur.-CamiUe.
U. Bardel.
35. Bardot, Jean.
36. Barlholmé. Jean-Jacques.
37. Basl.
38. Balant, ClaiuMierre-Philib.
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266
BEVUE D'ALSACE
39. Baudot, Ifaro-Antotne.
40. Baudrier, Josepli.
41. BaudrilloD.
42. Raiim;inii, Roch.
43. naumgartnor.
44. Beauseigneur, Jean-Pierre.
48. Beauseigneur, Pierre.
46. Beck, J.
47. Becker Jean.
48. Renoit, Briilii>.
49. H'MiUil>()le, Piorrc-Louis.
50. Berger, Jacques.
51. Berghauer.
52. Bernadon, Pierre.
53. Bernard, i.nuis.
54. Beri iiyer, Jean-Frauçois.
55. Berlrand, Jean.
56. Basson.
57. Bevalet.
58. Beyer, Jean-Daniel.
59. Bierlyn, Jean-Uenri.
60. Birckic.ht.
Cl. Blanier, Hainiond.
6S. Bleinck.
63. BœU, JeaiM^aspard.
64. Bœtiger, Michel.
65. Bohn.
66. Bonlcmps, Jean-Baptiste.
67. fiorie-Cambort, Jean.
68. Bomert.
69. Bossénius, Chrétien-Geoffrol.
70. Bourrier.
71 . Rourgif;non, .lacques.
li. ilouriol, traiiçois.
73. Bouteille.
74. Boy, Adrien.
7.-. Rra ndlé, Sébastien.
76. Bramarbas.
77. Rns d'Or.
78. lirauii aine, Jean-Daniel.
79. BrauQ¥rald, Louis.
80. Breck.
81 . Rremsinger, Andr(^.
82. Brendel, Fran«oi»'Antoine.
83. Brevet, François.
84. Brey, Frédéric.
85. Bronner, Francois.
86. Brual.
87. Rrnder, Jean.
88. Brunck, Charles.
89. Bfthrer, Jean-Frédéric.
90. Bnry, l.-Loois.
91 . Buicnscbœn, Frédéric.
1)2. Caillel.
93. Caire, Ca.simir-M.
94. Cantrcz, Charles.
95. Capitaine.
96. Garondelet, Louis.
97. Carrey, Louis.
08. Cari, Jean-Frédéric.
09. Cari, Philippe-Jacques.
100. Cariiot, Lazare-Nic.-Marg.
101. Casimir.
102. Catolre, Fnnç.-Henri-Gésar.
103. Cauvin.
104. Cavaignac, Jean-Bapliste.
105. Cayon, C.
106. Chabé.
107. Chagnet, Aubin.
108. Chandon, François.
ion. Chapuis, François-Laurent.
110. Chasscloup-Laubal (de).
111. Chebrelle, Henri.
113. Chenest, Pierre.
113. Cfaenevet père, Charles.
114. Cherbouosl, Denis.
115. Cliristiaiii. Henri.
HG. Christmano, Marie-Louis.
117. Clavel.
118. Clément
119. Clerc.
120. Cohendet, Joseph.
121. Collumbel, Uypolite.
122. Cnmba.
Iâ3. Combès, Pierre-Mathieu.
134. Gondere, Raimond4ean.
125. Conrad, PauL
126. Cordouan, Loois^imalile.
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LES HOUMES DE
LA RÉVOLUTION
267
H7. Cotta, Christophe-Frédéric.
428. Couchcry.
lâîL Coulmann, Georges-Fri'idéric
430. Courlîn.
1^ Courtot, Antoine.
131. Cousin.
433. Couslard.
43-i. Couslard, Anne-Pierre.
435. Coustillas.
13a. Coulailloux.
13L Couturier, Jean-Pierre.
IM. Crécial, François.
439. Crétin.
440. Cunier, David-Ch -Henri.
441. Dangler.
Hi. Dannbach, Philippe-Jacques.
443. Danner, François-Joseph.
Ui. Darbas.
lil. Daum.
IM^ Debergeas.
447. Delâtre, A.-F.
iÂSL Delleville.
ÏÂâ. Delteil, Antoine.
l.'îO. D'Elwert, Guillaume-Antoine.
451. D'Elwert, Joseph-Antoine.
lal. Demeurey, Charles.
453. Démougé, François-Maxime.
loi. Dendinger, Nicolas.
15i* Dentzel, Georges-Frédéric.
456. D'Epinay, François-Xavier.
15!L Desmarets, Kené-Marcus.
ISEx Dessolliers, P.
lâiL Didier. Jean.
IM. Didier, Jean-Nicolas.
iùi^ Diéchc, Antoine-Claude.
Ifii. Dielsch, Jean-George.
Ifil. Dieudonné.
IfLL Donnât, Dominique-Théodore.
465. Doppet.
466. Dorn.
Ifil. Doron, Nicolas.
ÏMa Dorsch, Antoine-Joseph.
IfîlL Druot, Nicolas-Benoit.
IIIL Dubois, L.-H.
171. Dudin.
17i. Duéz, Jean-Jacques.
173. Duplaquet, Louis.
17 i. Dupont.
17.;. Duport, Jcan-Marie-Paturay.
176. Durand.
177. Durant, Joseph-Alex.-Jacques.
178. Duriége.
171). Duroy, J.-M.
1 Si> . Duverger, Pierre.
ISl . Duzel.
lS-2 Eberhardt, Jacques.
183. Eberié, Martin.
184. Edcl.
1R;>. Edelmann aîné, Frédéric.
l.sii. Edelmann cadet, Gcof.-Louis.
187. Ehrlenhollz, Jeati.
188. Ehrmann, E.-Frédéric.
l.so. Ehrmann, Jean-François.
lîiii. Emmerich, J.-M.
101 . Engel, Mathias.
19^. Engel, Philippe-Jacques.
193. Engelbach, Aug.-Frédéric.
104. Ensfclder.
19:ï. Ensfelder jeune, Jean-Daniel.
196. Escher, Jean-Baptiste.
197. Eylelwein.
498. Fabian, Jean.
499. FahrKTndcr.
iOO. Ferrai.
2ÛL. Ferrières.
202. Ferry.
2Û1. Fibich, Jean-Philippe.
204. Fibich, HIs.
205. Fiesse.
206. Fischer.
207. Fischer, George.
2Q&. Fischer, Jean-George.
209. Flach, llls.
210. Flambart, Jean-Prosper.
211. Fleischmann, Jacob.
212. Fonrouge, A.
211. Fougières, Jean.
214. Fournler.
268
REVUE D'ALSACE
21^ Foussedoire.
Français.
211. Franck, Jean-Daniel.
ilK. Freiss, Jacques.
2ilL Fresne.
22Û. Fressine, A.-L.
221. Frey.
222. Fricaud, François.
22a. Fridolsheim, Jean, fils dWbr.
224. Frics, Jean-Michel .
22a. Frics, Jean-Philippe.
22fî. Friez.
221. Frouarl, G.
225. Friihinsholtz, G.
229. Fuchs, Jean.
2aiL Funck.
Fûssinger.
232. Galbaud, César.
23a. Gallay, Guillaume.
234. Garabs, F.-C.
23a. Gardier, Jean.
23fî. Garigue, Jean-Claude.
231. Garnerin, J.-Bapt.-OIivier.
235. Garnier.
2211. Garnier, Jean-François.
2ifl. Galteau.
241. Gaucher, père, Pierre.
242. Gauthey, François.
24a. Gay, Jean-Baptiste.
244. Geissenmaycr.
24i. Genêt.
m Genshirt, fils.
241. Genlhon, Antoine-Charles.
248. Gérard, Marie-Jos.-Fr.-Adam.
24a. Gerhardl, Philippe.
2aû. Germain, Nicolas.
2âL Gérold, J.
222. Gerst.
2^ Gigaiid, Jean-Raptisle.
254. Gilberti, Antoine.
2aa. Gilliet, Philippe.
2a&x Gillot, Jcan-Chrélicn
2al. Gimbel, Tobie.
258. Gimpel, IL
2aïl. Girault, François-Pierre.
2fîÛ. Giroux, fils.
2lil. Glèze, Charles.
202. Gnilius, Jean-Henri
Goberl, Dominique-François.
2fi4. Gœrgen, Philippe-Jacques.
2fia. Gœury, Nicolas-Charles.
26fî. Gotlis, Pierre-Claude.
2fîl. Gouguet, Jean-Jacques.
2M. Goujon, Jean-Marie-CI.-.\lex.
âfîa. Goupy, Philippe.
231L Goutard, Bernard.
211. GrafTenauer, Jean-Philippe.
212. Grammaire.
223. Grandmougin, père. J.-B.-Nic.
214^ Greuhm ainé, Charles-Fréd.
27ri. Grillet tils, Jean-Biiptiste.
2IÊ. Grillet i>ère. Jean-François.
222. Grimmeisen.
2Iâ. Grimmer, G.
223. Grimmer, Jean-Frédéric.
280. Grisard, Claude-&iarie.
2&1. Gross.
2S2. Grosse, Jean-Frédéric.
283. Grosse, Jean-George.
284. Gruber, Jean-George.
285. Grùn.
28fi. Gueffemme, François-Joseph.
2S2. Guenot. François.
28S. Guersching, George.
259. Guillerin, Charles.
2aû. Gûntzrolh fils, Chrétien.
201 . Gûntzrolh iH>re.
292. Gûttel, Jean-Etienne.
2!}3. Gûttelraann.
294. Guyardin, Louis.
2Qa. llartwein, Henri.
2ÎÎ0. llasenfratz.
2Û1. Hassclmann.
2M. Hauck.
299. Haupl, Frédéric.
300. Ilaussmann, Nicolas.
3Û1. Hausswald, Ignace.
302. Ileim, Joseph.
LES HOMMES DE
LA BÉTOLUnON
260
30S. HeiDrich.
304. Helck, P.-Joseph.
30"). Ilolnistottcr, Pli.-GeOl^gfrJean.
30G. llemmel, Frédéric.
307. Henninger.
308. Henry, Jean-Nicolas.
300. Hente, Cliarles.
310. riôiault(leStehelles,N.-Jean.
31 i. Ilering. (ils.
312. Hervé, Ilyacinlhe.
313. Uess. Frédéric.
3U. Hess, PliHIppenlacqiies.
315. Hess (de), Maurice.
311). Iless-Rhelnfels (de), Charles.
317. Hetzol, Thiébaut.
318. Heubach, Charies-Cbrétien.
310. Hlnchinger.
320. HoGlidœrflèr, Jean-Pierre.
321. Ilo.lel.
322. Hoffmann. Jean.
323. Honel, Nicolas.
324. ilorack.
325. Horbel, Joseph.
326. Hugard. Jean-Charles.
327. Hugot.
328. Jlulli.
329. Hummel, Jean.
330. Isnardi. Pierre-François.
331. Jacob, C.
332. Jacquot, Félix.
333. Ja'ckié, Fréderir.
334. .I;r^-i, Jeau-lkpUsLe.
33a. Jauies.
336. Jardet, Jacques.
337. Jeanne].
338. Johnnnol.
330. Joinard, J(>an.
3-40. im'n, Jean-Marie.
341. Josl, Jacques.
349. Jndée, L.
343. Jung, Jean.
311. Jimp, Jean-George.
34"). Junkcr. Philippe-Jaoqiies.
346. Jurandon, Pierre.
347. Jast(deSaini-),Ant.-L.-Léon.
348. Jnslet cadet, Pierra-Anloine.
340. Kicmmerer. Jean-Jacques.
350. h>rling, Michel.
3'il. Kamm. Jean-.Vndré.
352. Karcher, André.
353. Kéfein.
354. Keil, Léopold.
355. Kiechel, Jean<Frédèric.
356. Kioffer.
357. Kieuliu, ainé J.-Cbristophe.
358. Kim.
350. Klauer, Charles.
360. Klée, Jean-Jaoques
301 . Klein, Jean.
302. Klein, P.-IIenri.
303. Knecbl, Jean-Daniel.
364. Knoll. Balthaiard.
365. Koch, Jean-Daniel.
366. Kohler.
367. Koll), .fean-Jacques.
368. Koru, Frédéric.
369. Kotelût.
370. Kranss, FTançoi^Joseph.
371 . Krcss, Philippe.
372. Kiiyler, xVndrt.
373. Kngler. F.
374. Kugler (Senior), F.
375. Kugler, Jean-Frédéric.
376. Labartasse, J.-Booillon.
377. Labeaame, Philibert.
378. Laelaie.
379. Liicosle, Jean-Haptisle.
380. Lxmmcraianu.
381. Laforgue.
383. Laforgue, fils.
383. Lagrange, Bernard.
384. Lagrols, Guillus.
385. Landholt.
386. Lanfrey, François.
387. Langert.
388. Langler.
380. Lantières Ligelles.
390. Laqaiante,përe,J.-T.-d'Aquin.
930
BEVUB D'ALSACE
391. Laaer.
392. Uogier.
393. Lanrent.
39i. I.aurpnl aîné, Joseph.
30ri. Lauieiil cadet, Nicolas.
396. Laurent, Claude-Hilaire.
991. lATeaux, Jean-Ottries.
396. Uvilte.
399. LavraïKl, C.-L.
400. Lebas, Philippe.
401. Leclère, Charlcs-Frauçois.
402. Lédir, Pierre.
493. Lefebvre, François.
494. LeTebvre, Us» Fraiiç.-Xavier.
405. Legracicux, Stanislas.
406. Leicht, Henri.
407. Lémanc, A.
408. Le Mouuier, lléné.
499. Léonard.
419. Léonard fiis.
411. Léonhardt, Chrétien-Louis.
412. Leoricr fils, Joseph.
413. Lepicq, Antoine
414. L'Espagnol.
415. Lespomarède, Fortuné.
416. Leslerpt, François.
417. Les Vignes, MarUal.
418. LoYy-\Yolff.
419. Lichtcnberger, Jean-Frédéric.
499. Lienhardt, François.
481. Litaiie. François-Martin.
422. Lix, Thiébaut.
423. Loin-, Aiulié.
i-U. Lorenlz. J.
425. Louis, Jean-Antoine.
426. Lusigny, Etienne.
427. Haderlioffer, George-Ignace.
428. Ifagnen, Josepli.
429. Magnier.
430. Mainoni, Joseph- Antuine.
431. Mallarmé, Frauç.-Héaé-Aug.
432. Marcbais.
433. Marchand, Léoninrd.
434. liarelle. Unis.
435. Marin, Prosper.
436. Martin, Jfaeques-AlifalttiD.
437. Marx, Michel.
438. Mass(^, Mathieu.
439. Matthaeus, Jean-Christophe.
440. Maurer, J.
441. Mayer, atné.
442. Mayer, cadet» Joseph.
443. Mayer, Simon.
4-44. Mayran.
445. Mazot, Josei)h-HYpolile.
446. Mechling, Jean-Duniel.
447. Mengue. R.
448. HénioUe, fils, V.
449. Menler.
450. Merckel.
451. Merlin, Antoine-Christophe.
452. UerU, Michel.
453. Metz, Jean-Loals.
454. Melzger, fiis.
455. Meyer, André.
456. Meyer fils, André.
457. Meyer, G.
458. Michelot, Jacques-Charles.
459. Michelot, fils, Jean-PaoL
460. Milhaud, Jean-Baptiste.
461 . Monet, père, Augustin.
462. Monet, Pierre-François.
463. Monnet.
464. Moreau.
465. Mougeat, Oomin.-Ferdinand.
466. Moutier, Guillaume.
407. Moyaiix, fils. Joseph-Barlh(^l.
468. Moyaux,ptîrc, Nicolas-Joseph.
469. Muhlberger, Gaspard.
479. Millier.
471. MûUer, Jean<Baptiste.
472. MûUer, Je.in-Philippe.
473. Mûller, Philippc-Jucques,
47i. Mulotte, Philippe,
475. iNachbauer, Joseph.
476. Nachtsheim.
477. Nanta.
478. Nestlin, Jeaonlaoqnes.
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UB BOMKIB OB LA, Bt?OUniOII
271
479. Ncumann, François.
480. Neunreuter, J.
481. Mirxile, Fraovoiâ-Godcfiûi .
481. Nlou.
483. NoUo, Cbiide.
484. Obcrliii, Nicolas.
485. Ocrtel, Jean-Chrélien.
486. Ohlmann, François-Joseph.
487. Olivier, Paul.
488. Ortiieb.
489. Ostertag, André.
490. OU, Daniel.
491. OU, Michel.
49â. Pabsl.
483. Pageot.
484. PaiUot
495. Panel, André-Nicolas.
496. Pardon, Jcan-Bapt.-Florenl.
497. Parent, Loui&Joseph.
498. Paul.
489. Peoate.
S8D. Mrigny» Charles.
501 . PelerscD, Pierre.
502. Petifîny. ,\nne-Ron(^-Josop!i •
503. Petigny, .loan-.Autoine-Tous-
sainl-liibet.
504. PetiD.
505. Pétuaud, André.
500. Peureux, Jean-Baptiste.
507. Pfeffinger.
508. Pfeififer, Cliarles-Frédéric.
SOO. Pflûger ainé, J.-A.
510. PUurr, alnë, Jean-TiiéopiiUe.
511. Piarr, cadel, François.
512. Pouquet.
513. Prieur, C.-A.
514. Prieur, Tibule.
515. Probst.
516. Prosandé, Jean-FMdéric.
517. Prosl, Antoine.
518. Prudhomme, Pierre.
519. Puel, Guillaume.
590. Purnot.
Bit. (tnirin.
522. Radès.
523 Uaeser, Frédéric-David.
5i4. Rasche, Chrétien-Samuel.
585. Rauch, Antoine.
586. Raotenstraueb, Jean.
527 Raymond, Jean-Blicbel.
528. Ueibcl, .leun-George.
529. Reul)eil, Jean.
530. Heuillot.
531. Revel, Jacques.
532. Richard, Charles.
533. Richaud, II.-J.
534. Ricot, Joan-Tbomas.
535. Ries, Jean.
538. Rigolot, Alexis.
531. RisC, Louis.
538. Ritter, B.-J.
539. Riva, André.
540. Rivage, Michel.
541. Rivaud, i\.
548. Rivet, GuiUaume-Francois.
543. Robert.
544. Robinol.
51."). llobinot, Antoine-Vincent.
540. Hobiuui, Bernardin.
547. Rocba.
548. Rffiderer, Frédérlo^aoqnes.
549. Rœderer, Geoffroi.
550. Raderer, J.-Phiiippe. .
551. Rœssler.
552. Romand, Jean.
553. Rooss, Louis.
554. Rosat, Jean.
555. Rosières, François.
556. Rouge, père, François.
557. Rougemont.
558. Royer, Jean-Baptiste.
559. Ruamps, Pierre-Charles.
560. Ruault, Chartes-Henri.
561. Rubin, Joan-Baptlste.
562. Ruchet, David.
563. Rudloir, Charles.
564. Rûhl, H.-Philippe.
565. Rnmplflr» abbé^Franç.-Loai8.
272
RBVUE D'ALSACE
566. Rnmpler» Heori-lgiuice.
567. Ruppert.
568. Saget, Etienne.
569. Sancy (de), Bruxel.
570. Sarez, Simon.
571. Sauriat, Jean-Charles.
578. Scaer. Lauréat.
573. SchselTter. George.
574. Si'haU, Jacques.
575. Scherer, Jean.
576. Schilling.
577. Scbkessiiig.
878. Schmitllieoiier, Jean.
570. Schmlttheoner, Jean-Théoph.
580. Sthmitz.
581. Sclnieegans, Jean-Valentin.
583. Schneiber.
583. Schneider.
584. Schndder, George.
585. Schneider, J.-George(EaIoge).
586. Schnellcr, .loseph-Michel.
587. Schœil jeune, L.-GuiU.-Fréd.
588. Schoaler, Jean-Henri.
589. Schropp.
590. Schûgler.
591. Schulimiichpr, Toblas.
592. Sduillfr, F.-J.
593. Schwahu, Jeaa-Conrad.
591. SdrmirtE, lem.
595. Sch?rartz» Jean-Chiude.
896. Schwarlz, Jean-George.
697 . SchweighaBusser, Jean-Michel
598. Schwengsfold , Charles.
599. Schwind, Charles-François.
690. Schwiagdenbamiiier, Phil-P.
601. Sengel.
cm. ^Hh{'.
G03. .Silberrad, Jean-Samuel.
604. Simon, Jean-Frédéric.
605. Simon. Nicolas.
606. SinxNid. Daniel.
607. Simond, PhiUbert
608. Sommervogel, Xavier.
609. Spangelbcrg, Harlin.
610. Specli.
611. Spielmann, Louis.
612. Slahl, George-Frédéric
613. Slamm, Daniel.
614. Stampf, Jean-George.
615. StardL, Jeaihfacques.
616. Slempièl.
617. Stero, Jean-Georges .
(318. Stierling, Michel-.Vtulré.
619. StœbiT, père, Elie-Louis.
620. Slolz.
681. Stonhlen, Francols-loaeph.
689. Striffler François-Ignace.
633. Strohl, Jean-Daniel.
624. Sluber, Jean-Daniel.
625. Sultzer, Jean-Michel.
686 Tachet, Nicolas.
687. Taffln, Charles.
628. Téterel, Antoine.
629. Télerel. LiOUis.
630. Thomas.
631. Tisserant, Nicolas-Joseph.
638. Tissert.
633. Tœrdel.
634. Toustaint, Pierre.
635. Touzay, Louis.
636. Touzay, .Michel.
637. Uhlenbut.
638. Ulrieil, André.
639. Ulrich» Jean-Daniéi.
640. Valenlin, Ignace.
641. Vérins, Jean-Frédéric
642. Voniirr, François.
643. Vialars, Scipion.
644. Vienne.
645. Vincent.
646. Vissant, Jean-Daniel
647 . Vitasse, Jean-BapUste.
648. Vix, Jacques.
649. Vix. Jean-George.
650. Vogt.
651. Volck.
652. Vullier, J.
653. Wagheue.père, Jean-Jacques.
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#
LES HOMlfBS DB
LA RâvoLirnoM ?73
654. Wagner, Jean-George.
635. François-Joseph.
656. Wassner, Jean-Thomas.
657. Weiler, Jeau-IIeuri.
658. Wdller, i.
fi59. Wetarani.
660. Weishnar, Jean^éllx.
661. Weiss, G.-F.
662. Weiss, Michel.
663. Welcker, Frédéric-Antoine.
664. Wencker.
665. Westermaiia, Fniiiç.4o6eph.
666. Welzel.
667. Widokind, J.
668. Widenlœcber, Joseph.
660. Wieger. Jâun-Flrdéric.
670. Wild.
671. Wilhclm, ConradnJos.-Allt.
672. Willich, George.
G73. Willisbach.
674. Wilmar (de), Loais.
615. WUvQt(dft).
676. Willelsbach, Michel.
677 . Wiltmann, Jean-Geoffroi.
678. Wohringer, Gustave.
679. Wolir. ûls, Marx.
680 Wolff, Jean-Ouilel.
68 i. Zabem, Andrt.
G8-2. Zny, La/;in1.
(3S:j. ZeiliKickcr, Jacques.
G84. Zimroermann.
685. ZiUenlier. Jean-Dtnial.
AGH.\RD (Joseph).
Né en 1753 à Toubepain, département du Jura, où il était
menuisier avant 1789.
1791. Ouvrier à rar.senal de Strasbourg.
7 février 1792. Membre do la Société des jacobins, où il est
est encore inscrit le 25 octobre 1794.
ADAM, alnè.
1798. Juge au conseil de guerre de Tarmée de la Moselle.
25 janvier 1794. Juge près la CSommission révolationnaire
ambulante, instituée par les représentants du peuple
Lacoste et Baudot pour les deux départements du
Rhin.
ADORNE,
rue Brûlée.
1789. L avait la spécialité pour les instruments de physique.
10 septembre 1793. Membre du Comité de surveillance de
la Société des jacobins, il est député à la municipalité
et au général Dièche pour demander Tarrestation du
NouTelte Séii0. — 7-* Anato. 13
2M
BBTUI D'ALBàOI
professeur Di^ttorich, qui a însolté Téobaipe tricolore,
ainsi que de Noisette et de Wild, lesquels, depuis
longtemps, devraient ôtre reclus.
Il approuve la demande de Stierling, réclamant le
remplacement de Bella, receveur-régisseur principal
du séquestre des biens des princes étrangers posse»*
sionnés dans la République.
21 décembre 1793. Le Ck)mité de surveillance et de sûreté
générale lui accorde une carte de sûreté à échanger
contre un bon civique dès qu^il présentera un certi-
ficat de dvisme dans les formes prescrltea
AJuBEBU ( JBàN-EnBNMB), alnè,
dit le grand ou le noir, pour le distinguer de son frère cadet,
dit le petit ou le rouge.
1765. Avocat plaidant et consultant au Conseil souverain
d'Alsace à Colmar.
1784. Membre de la Chambre royale des consultations à
Colmar.
5 octobre 1789. Secrétaire de la Chambre de police à Stras-
bourg.
31 mars 1790. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution de Strasbourg.
29 mai 1791. Etant procureur do la Commune à Colmar, il
dénonce à la municipalité deux petites pièces de vers
aristocratiques à son adresse et conclut à la proscrip-
tion la plus sévôre de ce libelle incendiaire, à la brû-
lure par la main du bourreau.
2 septeml)i o 1792. Il est élu député du Haut-Rhin à la Con-
vention nationale.
15 et 19 janvier 1703. Dans le procès du roi Louis XVX, il
vote la détention et le banissement à la paix.
19 février — . Elu juge à Coiiiuu', et peu après appelé par les
représentants du peuple comme juge au tribunal cri-
minel du Bas-Rhin.
1" août — . £u cette qualité, il lance une adresse à ses con-
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LES UÛMMSâ DK LA BÉVOLUTIOM
275
dïùyeoB, dans UicpieUe il développe, en oonnaissance
de cause, le bon et le mauvais c6té des assignats.
21 octobre 1795. De nouveau élu député du Haut-Bhin à
PAssemblée législative.
21 novembre — . Ajccusateur public prés le tribunal criminel
du Bas-Rhin ; il assure ses condtoyens quil ne cessera
de surv^er Texécution des lois protectrices de la
sûreté des personnes et des propriétéa
1797-1800. Membre du Gonsdl des Cinq-Cents pour Farron-
dissement de Selestadt
1800. Elu député du fias-Rhin au Corps législatif.
ALGAN (Abraham).
1756. Né à Nancy, où il était négociant avant 1789 ; puis à
Paris et en dernier lieu à Stn^K>urg, rue des Juifs.
81 octobre 1798. Imposé par SainfeJust et Lebas à 15,000
livres, payées les 6 et 10 suivants. U se &it ensuite rece-
voir aux jacobins, où il figure encore le 25 oct 1794.
ALEXANDRE (G.-Franoo]s).
1761. Né à Paris.
1789. Employé à la loterie de Strasbourg et peu après direc-
teur du magasin des vivres de la 5' division militaire
dans la môme ville.
Mai 1790. Membre de la Société des amis de la Constitution.
18 février 1791. De retour d'une mission à Colmar, dont les
commissaires royaux, Dumas, Hérault et Foissey,
l'avaient chargé, il lit une lettre de la Société de
Colmar à celle de Strasl Mjmy, exprimant le plus sin-
cère et le plus ardent pâtriolisme. Il a eu la satisfac-
tion d'y embrasser le brave Stockmeyer au nom des
Strasbourgeois.
30 avril — . Membre du Comité de correspondance de la
Société des amis de la Constitution.
11 novembre — . Notable de la Commune de Strasbourg.
7 février 1792. li passe aux jacobins.
376
BEYUB D'ALSAGS
5 avril Genx-ci renvoient à Paris pour déposer à la
CionYention nationale Taote d^aocusation dee sans-
culottes contre Pez-niaire de Dietrich et les adminis-
trateurs du département du Bas-Rhin.
23 mai — . De retour, il signe la lettre des jacobins de
Strasbourg à toutes les Sociétés afiUiées» pour leur
peindre la dtuation politique de nos frontières.
24 juin Cité devant le juge pour cette adresse inoeur
diaire; la salle de lectures du club est fermée par
ordre du maire Dietrich.
20 lévrier 1798. Le représentant BentaboUe, à Paris» informe
le maire M onet < qu^Àlexandre allait retourner à
Nancy; quand sa place au Cîomité des achats de
vivres lut supprimée, mais il reste kà, parce qull aura
une bonne place à la marine >.
25 novembre 1798. Membre d*une Commission pour la réo^
ganisation complète de la Société des jaoolnns et de
son Comité de surveillance à Strasbourg.
18 décembre—. Occupant le ikuteuil de la présidence au
dub des jacobins, et remontant aux massacres d^é-
rode, jusqu^aux dragonnades deLouis XIV, il cherche
à prouver qu'il serait nécessaire d*en iSsiire autant des
suspects; Taccusé serait tout simplement interrogé,
jugé et puni par le peuple. Ainsi agissaient les Ro*
mains dans les beaux jours de la République.
28 avril 1794. Au Comité de surveillance des jacobins et à
celui de salubrité pubUque à Strasbourg, il est élu
notable de la Commune.
2 août 1794. D adhère à Padresse de la municipalité de Stras-
bourg à la Convention nationale, lors de la conspira-
tion de Robespierre, Couthon, SaintJust et Lebas.
18—. Uest chargé par les jacobins de rédiger l^&dresse à la
Convention nationale pour maintenir les mesures
efficaces et révolutionnaires prises par les représen*
tants Lacoste et Baudot
9 septembre 1794. Refuse de succéder à Monet comme maire
de Strasbourg, n ne pourrait accepter ces fonctions
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LES HOMMES DE LA BËVOLUTION
277
ayant trois mois, ayant à administrer mie oonq»tabi*
lité d*au moins 50 n^ons; d^aiHeurs, il ne possède
pas assez les connaissances locales requises.
25 — . Au dub, il pose la question :
Si, dans une République naissante, divisée par des partis, eu
batte au traits de la malTelUaoce et 4 la féroeltè des despotes et
de leuB satellites, il ne ikndrait pas poeer des bornes aux droits
de tous les citoyens, pour enlerer aox malvciUants le pouvoir de
nuire?
En terminant son discours, il propose un anétéen
trois articles, adopté à Tunanimité par la Société.
ALLIEHY ou ALHËRY.
1791 . Ganonnier de la garde nationale de Strasboui^^.
8 octobre 1793. Membre du dub des jacobins» du (2omité
de surveillance et de sûreté générale de la Commune
de Strasbourg.
25 décembro — . Ce Comité le propose pour notable de la
Commune.
5 janvier 1 794. Maintenu membro du Comité de surveiUanoe
de la Commune par le représentant du peuple Bar.
ALTMAYER
1793. Membre du tribunal criminel delà Moselle, et plus
tard accusateur public près ce môme tribunal.
25 janvier 1791. Accusateur public près la Commission
révolutionnaire ambulante instituée par Lacoste et
Baudot pour les deux départements du Rhin.
ÂMMAMN ou HâMBIâMN,
d*Oberhausbergen.
1790-1791. Membre du Directoii'e du district de l'administra-
tion de Haguenau.
8 octobre 1793. Conseiller général du département du Bas-
Rhin, en remplacement de Taristocrate Braun.
8 novembre — . Le représentant Saint-Just le conserve à la
Commission départementale, en sgoutantqd'fl n<s sera
878
RBVUE D'ALSAOE
pas compris dans rarrestation qui frappe ses ankes
collègues da département
18 février 1794. n remet 400 livres environ à Weiss, secrè-
taire-greffîer du tribunal révolutionnaire de Sdmei-
der, qui en &it la déclaration au juge de paix Mar-
chand, à Strasbourg.
ANDRÉ (JsàN-FbANCOis).
1764. NéàToul.
1791 . Membre de la Société des amis de la Gonstitulioii de
StrasiDourg.
7 février 179"^. Il quitte cette Société pour rester avec les
jacobins au Miroir.
1792. Avocat-avoué au tribunal du district de Strasbourg.
21 août — . Membre du Conseil général du département du
Bas-Rhin .
21 janvier 1793. Procureur-général-s^Tidic du Bas-Rliin à la
place de Monet, nom nie maire de Strasbourg. Dans
cette position, disent Liebich et Lauth, députés à Pa-
ris par les douze sections de la commune de Stras-
bourg, dans un précis sur la situation de cette ville,
présenté à la Convention nationale en mars 1793,
André t)arvint à écarter des concurrents fâcheux, pour placer
tlob de ses parents an détnrteiiieiit el un de ses bean-flrèns à
la mnniclpalitô. Ce n'est pas les injarler, a^iontent ces coaunis-
saires, que de dire qu'ils n'avaleot été jnsqu^alon oonnos que
par leur grande nullité.
6mai— . Dans une lettre aux législateurs à Paris, il se
défend des attaques dirigées contre lui .
7 mai —.11 adresse au représentant Bentabole, à Paris,
copie do sa démission de procureur-général-syndic du
Bas-Rhin, envoyée à la Convention nationale ; mais,
à la date du 21 octobre suivant, il est encore en
fonctions.
17 mai — . La garde nationale est sous les armes ; il s'agit
d^envoyer des bataillons de volontaires en Vendée et,
pour électriser la jeunesse, il se présente pour voler
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L£B HOMMES DE LA RÉVOLUTION
279
à la défense de la Rèpablique et de la liberté. Je n'ài
ttmvé nulle part qa^ lût parti.
8 oetobre — . Membre du Comité de surveillance et de sûreté
générale du Bas-Rhin.
23 octobre — . Au club dos jacobins, il réunit les sufYragea
unanimes pour composer le Conseil deniaudc parles
représentants du peuple alors à Strasbourg.
2 novembre — . Arrêté par ordre de Saint-Just et Lebas. En
prison à Strasbourg, il voulut se justifier de Taccusa-
tion d'entente qui aurait eu lieu entre l'administration
etTennemi; mais les représentants refusèrent toute
explication, on hâta niômo son départ, et, vers la fin
de novembre, il était incarcéré à Metz. On fit ties dé-
marches pour son élargissement, et ce ne fut que le
24 février 1794 qu'il fut mis en liberté par ordre du
représentant Foussedoire.
11 mars 1794. Il se présente au club des jacobins, où les
membres et les tribunes lui témoignent, par leurs
applaudissements, toute la joie qu'ils ressentent de
le revoir dans leur sein. Il monte à la tribune et leur
dit :
Je ne puis vous exprimer, citoyens, toul le plaisir que Je res-
sens de me trouver au milieu de vous; J'ai beaucoup souffert,
mais foutes mes peines et mes ebagrins soot oubliés; il est donc
arrivé, cet beureux moment où jo pourrai, de concert avec vous,
épancher mon cœur et Iravaillcr à rafTermisscmenl de notre liberté
et au bonheur de rhuraanitt-. .Mais il manquo encore quelque chose
à mon bonheur et à celui de mes compagnons d'infortune ; quoi-
qn'élargls des prisons de Uetz» notre Justiftcation n'est pas com-
plète, puisque nous avons encore Strasbourg pour lieu d'arrêt Le
patriote ne peut souffrir que le soupçon plane longtemps sur sa
téle; je demande que la Société <^meltc son opinion sur notre
compte, el, si elle nous juge innocents, (ju'elU; lâche d'oblenir
notre entier élargissement et prenne de graudcs mesures pour
arracber des prisons tons les patriotes qui y gémissent.
La demande fut unanimement accueillie.
28 août — . Membre d'une commission de six membres,
réclamée à grands cris par Noisette et Burger, enfer-
280
REVUE D ALSACE
méB ddpais longtemps au Séminaire et qui ne cessent
de demander leur liberté.
Âprôs la chute de Robespierre et celle de Monet, le
représentant du peupleFoussedoire déclare que, pour
le bien de la ville, il ne peut nommer un Strasbour-
geois pour maire; Alexandre ayant refusé, U ne peut
prendre qu'André. CTest le 9 septembre 1794 qu^ fut
nommé à ces fonctions, pour, en janvier 1795^ par
ordre du représentant Bailly de Juilly, feire place à
Ifichel Mathieu, ancien procureur de la (Commune de
Strasbourg.
9S mars 1796. Procureur près Tadministration départemen-
tale du Bas-Rhin, ou Directoire exécutif.
1797-1796. Membre du Conseil des Cinq-Cents.
8 avril 1798. Commissaire du Directoire exécutif près Tad-
ministration centrale du Bas-Rhin; il sévit contre un
libelle intitulé : BetUcatéc/Usm pour ks (err^ pré-
sents.
Sous Napoléon I**, député au Corps législatil
10 juin 1811. Conseiller à la Cour impériale de Colmar.
7 novembre 1833. Président de Chambre à la Cour royale
de Colmar.
Décédé en fonctions en 1848. U avait été un jacobin
modéré.
Véron-Réville, dans son histoire de la Révolution
dans le Haut-Rhin, Tapprécie de la manière suivante :
André, d(' Stnsbonrg, plein de connaissances et de luraitTCs;
be:iucoup de talent et de i»atriotisme; est fait i)our rendre les plus
grands services à radrainistralion : il unit la prudence ù la fer-
meté, n jouit de 1 eslime que mérite une probité reconnue.
ANDRÈS (PmuFFE).
1793. Membre de la municipalité de Bœrsch.
21 novembre—. De Molsheim, Nestlin et Fussinger, du
tribunal révolutionnaire de Strasbourg, lui donnent
ordre de se transporter dans les communes du dis-
trict pour eu retirer tous les vases d'or, d'argent et de
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LIS HOMMES DE LA BtVOLimON
coiTre, et en général tout ce qui a flerri au fimatiame»
efc renvoyer sur le ehamp à Wasselonne.
Dans les communes qui se sont signalées comme
les archi-ennemis de leor patrie, en ûtvorlsant les
desseins des tyrans, il devra briser et exterminer, tant
au dedans qn^au dehors des églises, chapelles, cime-
tières, tous les signes et monuments qui tirent leur
origine de la superstition et de la bêtise. Il devra leur
imposer en outre une contribution en chemises, sou-
liers, manteaux, redingotes, et surtout une taxe en
argent payable par les fanatiques et les plus riches,
dans Tespace de douze heures, sous peine de prison
et de conhacation de leurs biens au profit de la Ré-
publique.
n rendra compte de sa conduite dans les quarante-
huit heures.
1798. Comme ex-agent municipal de Bœrsch, il est élu
représentant du canton d'Obernai extra muros aux
assemblées primaires du Bas-Rhin.
ANSTETT (Jean).
1789. Curé à Oberbergheim, puis à Schnersheim lors de
son abjuration.
3 octobre 1793. Membre du club des jacobins, il est nommé
membre du Directoire du département du lîas-Uhin.
31 — . En cette qualité, il dénonce au Conseil do surveil-
lance et de sûreté générale lliehl, ex-prévôt de Kiit-
tolsheim, et trois prêtres insermentés, qui se trou-
vent à Osthoffen. C'est Glavel qui est chargé de Tar-
restation.
13 novembre — . n quitte radministration départementale
du Bas-Rhin, pour courir la campagne oomme com-
missaire révolutionnaire taxateur permanent dans le
Eocfaersberg. Il avoue n*avoir perçu que 171588 livres
dans ce canton, où il avait, oomme euré, éssuyé quel-
ques mortifications. De là beaucoup de vengeance,
de haine, de passions Asatis&ire vis-é-vis des cultiva-
BBVUS D'ALBAGB
teursqui lui déplaisaient. C'était un dénonciateur
dangereux, frappant de tous côtés au nom de Schnei-
der, dont il était un des agents dévoués.
Dans le Kochersberg, il était contre-carré par le chef
de bureau Bremsinger, qui rédigeait aux paysan^
contre bon argent, des plaintes contre lui.
15 décembre —, Arrêté par ordre de Mainoni et conduit
au Séminaire pour ses liaisons suivies avec Euloge
Schneider.
16 — . Neumann est chargé de rinterroger, mais aa mise en
liberté est prononcée.
Après la Terreur, il se retire à Bramath, où il de-
vient agent municipal, et c'est en cette qualité qull
est élu, en 1798, pour représenter le canton aux as-
semblées primaires du Baa-Bbin.
ARBOGAST (L.). de Mutzig.
1789. Avocat non plaidant au Conseil souYeiain d'Alsace.
Professeur de mathématiques au corps royal d'artilie-
rie et de physique au collège national de Strasbourg,
dont il fut principal.
Octobre 1790. Membre de la Société des amis de la Con-
stitution à Strasbourg.
1 1 novembre -. Notable de la Commune et, comme tel, il
signe, le 27 mars 1791, la mise en état d^airestation
de Jœglé, curé de la paroisse de Saint-Laurent, pour
insultes faites à Févéque constitutionnel BrendeL
26 août 1791 . Député à FAssemblée nationale.
2 septembre 1792. A l'élection tenue à:Haguenau, élu dé-
puté à la Convention.
Malgré la chaude recommandation de YArgos, son
élection paraissait douteuse; on lui reprochait son
absence de la séance où le sort dë Lafayette était en
jeu, son peu d'empressement à la journée du 10 août
etàce quien fhtla suite. Malgré cela, U fut élu à
une forte majorité.
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LES HOMMES DE LA RÉV<niimON
15-19 janvier 1793. Lors du procès de Louis XVI, il se pro-
nonce pour la détention et le bannissement & la paix,
refusant son vote sur la question du sursis.
Juillet 1795. Le reprêemUnt du peuple Jard-Panvillers,
chargé de Torganisation de TEcole centrale à Stras-
bourg, le nomme professeur de mathématiques et de
géométrie, il y est encore en 1803 ; cette Ecole fut
supprimée en 1804, lors de la création du Lycée.
Décédé en 1805.
ARMAND-MAIZIÈJIE.
11 mars 1793. Membre du Comité de surveillance et de cor-
respondance de la Société populaire. H signe la déci-
sion portant que le citoyen Waghette sera rayé de
la liste des membres du Comité de surveillance des
jacobins.
ÂRNEST (JOBEPH-PaiLiPPE).
1754. Né à Lunéville.
Avant et après 1789, adjudant de place à Strasbourg.
Juin 1790. Membre de la Société des amis de la Constitu-
tion jusqu'à sa dissolution, 27 juin 1792.
22 août 1798. Membre du dub des jacobins.
28 septembre — . il dénonce au Comité de surveillance de
cette Société : 1"* Charles Lecler, chapelier, place
d^Ârmes ; 2" Knûrr fils ; 3' Charrois ; les deux derniers
canonniers de la garde nationale.
80 novembre — . Il dénonce encore Kleinmann, ex-XV.
27 décembre — . A Thôtel de Darmstadt, à Strasbourg, au
bas d'une lettre collective, il ajoute :
SI Schneider est dans le besoin, je m'angage à lui donner tous
les mois 35 livres; je dois cette reconnaissance aux principes
purs et.an bien quil a produits dans cette ville, à moins qu*on ne
me donne des preuves du contraire.
11 avril 1794 Secrétaire du Comité de surveillance de la
Commune de Strasbourg.
8 mai — . ÂcQuâant de place>il arrache à une femme ungros
flot, en forme de co(»rde blanche, et demande son
arrestation.
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BBVUE D'ALSAGS
16 mai — . Âu Ck>iiiité de surveillance des jacobins, il dé-
nonce céltli de surveillance de la Commune, lequel,
ditpil, contient encore quelques membres qui pleu-
rent la mort du traître Dietrich. Sommé par Teterel
de les indiquer, il ne peut répondre.
25 octobre — . Il était encore aux jacobins.
ARRIEZ,
capitaine au 6^ bataillon du Doubs.
!• novembre 1793. H est envoyé en toute hâte aux repré-
sentants du peuple Saint-Just et Lebas, à Strasbourg,
par le général de division Michaud, avec une lettre
signée le marquis de Saint-Hilaire et adi'cssée au
citoyen en C. D. 17, 18, place d'Armes, à Strasbourg.
Cette lettre, interceptée aux avant-postes de la divi-
vision Michaud, semblait prouver quïl existait entre
l'ennemi et des citoyens, même des fonctionnaires,
des intelligences pour livrer la place. Cet absurde
écrit n'était que l'œuvre (Vun faussaire; mais Saint-
Just ne voulut pas entendre raison, et, dans la nuit
du 2 au 3 novem})re, presque tous les membres du
district, du département et de la municipalité furent
arrêtés et transférés à Metz, Besançon et Ghâlons,où
ils restèrent emprisonnés pendant plusieurs mds.
De ce nombre étaient les citoyens les plus honnêtes
et les plus dévoués à la République, tels que: Andié,
OberUn, les frères Edelmann et autrea
Ce tour ayant réussi, on jugea bientôt à propos de
l'employer de nouveau. Zimmermann, d*^«g sa pétir
tion du 15 février 1794 au Ciomité de sûreté générale
de la Convention, y &it allui^on.
AUBHT (DENis-JBiN).
1737. NéàAlençon.
Avant 1789, miUtaire, plus tard (1789), a(^udant de place à
Strasbourg.
i& décembre 179a Le Cbmité de surveillance et de sûreté
•
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LBB H0MMS8 DB LA B&VOLUTIOM
9B6
générale du Bas-Rhin arrôte qu'outre ses appointe-
ments, il recevra une gratification do 100 livres.
Dans le même mois, il est reçu membre du club
des jacobins.
Il passe capitaine au 37* régiment d'infanterie de
ligne.
9i mai 1794. Sa femme dénonce au san&HRilotte Massé,
lequel en informe le Comité de surveillance, qu'un
prêtre réfractaire loge chez Dietseh, drapier, quai des
Bateliers, au second.
5 juillet ^ . GommissaiiB des gaerres à Landau, il réclame
à Monet renvoi du vin rouge, de Teau-de-vie et du
sacre mis en réquisition chez les riches de Strasbourg,
et nécessaires pour la table des représentants Hentz
Qoi^on et Rougemont
ÂUBUGrEOIS (AimnNBJBAN-BApnsTB).
90 mars 1793. Président d'âge du Comité révolutionnaire
de Strasbourg.
On arrête que la présidence sera de la durée d'un
mois et à tour de rôle, en prenant chaque fois le jaco-
bin le plus âgé.
AU6USS0N (Fbançois-Mighbl).
1755. Né à Tours.
Avant 1789, aux subsistances militaires.
1793. Inspecteur principal des vivres à l'armée du Ilhin.
Cette même amiée, il fut reçu aux jacobins, où il
figure encore le 25 octobre 1794.
AUEROFF.
1792. Membre du club des jacobins.
11 mars 1796. Membre du Ciomitéde surveillance et de cor-
respondance de cette Société, il approuve et dgne la
radiatioQ de Waghette.
286 BEVUE d'alsaob
AUFSCHLAGEH (Jean-Frédéric).
Février 1792. Membre da dub des jacobins aa Miroir.
1798. InsUtutetiT à Strasbourg, il a trouvé bon d^abjuier
rimposture et de n^enseigner dans la suite que la
ample morale de la nature.
9 avril 1797. Employé au bureau des finances de la muni-
dpalité, il prononce un discours, dans le temple de la
Liberté, sur les devoirs des électeurs.
1798. Elu pour représenter Strasbourg aux assemblées pri-
maires du Bas-Bhin. Us étaient au nombre de qua-
lante-et-un pour ce canton.
1805. Sous-chef au bureau des recettes de la ville.
Auteur d'une histoire d'Alsace en trois volumes»
imprimée à Strasbourg, eu 1825.
AVMÀL (jEMf-BAPnSTB).
1748. Né à Paris.
Chirurgien-major de 1" classe.
Mars 1792. Membre du club des jacobins.
179B. Un des quatre-vingt-dix de la sainte propagande à
Strasbourg.
18 octobre —. Président des jacobins, il assiste à rassem-
blée générale des autorités constituées, des Sociétés
populaires et du peuple de Strasbourg dans le temple
de la Raison, à Peffet de développer les principes
rèpublicains.et d^élever le département duBas-Bbin à
la hauteur des circonstances.
23 octobre — . Proposé par les jacobins pour ûdre partie
d'un certain Conseil réclamé par les représentants du
peuple alors à Strasbourg, mais dont les attributions
sont restées inconnues.
24 octobre — . D'une Commission de huit membres, qui pro-
cédera à la nomination de vingt et un citoyens pour
composer les trois corps administratife révolution-
naires du Bas-Bhin.
18 novembre — . U signe rappel des sans-culottes strasboui^
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LBS HOMMES DE LA RÉVOLUTION
987
geoia aux Sociétés a£Bliée6, pour réclamer l'envoi
d'une colonie de vrais patriotes, pour les aider dans
Texécution des grandes mesures nécessiiées par les
circonstances :
VenŒ, frftras, sauvons ensemble la chose publique, ou sachons
nous ensevelir sons ses décombres.
1789. Serrurier & Strasbourg.
1793. Membre du club des jacobins.
21 Janvier 1793. Les commissaii-es do la Convention natio-
nale, Couturier, Rûhl et Denzel, le nomment notable
de la Cîommune.
13 mai — . Membre du Comité permanent de la VIII' section
de la ville do Strasbourg, il signe, avec douze de sos
collègues, une dénonciation à la Convention natio-
nale, demandant le baimissement de la ville, même
de la République. d'Euloge Schneider, accusateur
public.
8 octobre et 5 novembre 1793, 30 janvier et 23 avril 1794.
Elu par la Société populaire notable de la Com-
mune.
1793. Greffier au tribunal révolutionnaire de Strasbourg.
Membre du club dos jacobins.
18 novembre -. Il signe la mise en liberté de Joseph Moser,
d'Avolsheim, contre 5000 livres à verSOT dans quinze
joui's à la caisse dudit tribunal.
23 novembre — . La trésorerie révolutionnaire lui paie mille
lives pour dépenses du tribunal
23 décembre — . Il certifie conforme une dépèche des repré-
sentants Lacoste et Baudot au général Diéche, com-
mandant la place de Strasbourg, demandant des sou-
liers pour les soldats de Tarmée de Bhin-et-Moselle.
Il vaut mieux, disenUIs, que les liabitants des villes soient
sans souUers que les défiensenn de la patrie.
888
BBVmS D'ALSACE
22 août 1791. Greffier du juge de paix Scliœll; il nous donne
les résultats d'une cause contre François Poirson,
d'IUkirch, comJamné à la déportation perpétuelle, et
sa femme, née Ulmer, mise à mort.
I-e maire de celte commune, dil-il. le citoyen Sengel, aiiraît
bieu voulu, dit-on, s'emparer de leur belle propriété; leurs meu-
bles et effets ayant deja eie employés A l*uâge des fiemiiies pa-
bliques de Schneider, Taffin et Glavel.
BMRR (Maex).
Un Israélite de Strasl)ourg. La seule famille autorisée, depuis
1771, à résider au Judenho^ au Finckwiller, à Stras-
bourg.
20 février 1790. Reçu membre de la Société des amis de la
Constitution à Strasbourg, qui fit insérer dans les
feuilles le discours prononcé à cette occasion par le
récipiendaire, en y ajoutant :
La Société croit s'honorer par le premier témoignage donné
publiquement en Alsace du mépris d'un injuste préjngiV que |>cul
affaiblir la demande qui lui a faite au nom du nouvel admis.
Elle s'est déterminée, par ce motif, à la faire imprimer.
31 octobre 1793. Imposé par Saint-Just et Lebas à 25,000
livres ; il réclame.
15 novembre — . Le Comité de surveillance et de sûreté
générale arrête que Marx Bterr, connu par son civisme
et par la constance avec laquelle il s"est montré dans
les moments les plus critiques pour les \Tais républi-
cains, sera réduit à 10^000 livres, qu'il solde le 19 sui-
vant.
S'il a fait partie du club des jacobins, il n'y était
plus le 25 octobre 1794.
ËTlENIiJS BaETB.
{La iuUe à la prochaine livraisonJ *
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L'ASSASSINAT
va
COMTE ANDRÉ DE SONNENBERG
(1611)
. . • Das Roich iât trotz einem yienig-
Jtthfigen LandlHedens noeh {mmer eina
Mdrdovrabe. . .
G<BTZ DB BSBUCHIÎICBir.
Au milieu de Tannée 1511, Guillaume de Ribnupierre,
landvogt en Alsace et Brisgaii, recevait Idrdre do se f^aisir
du noble Herninrin de Brandschilt \ réfugié à Brisacli et qui
était véhémentement soupçonné d'avoir pris la part la plus
active à l'assassinai d un des ])Ius illustres seigneurs de l'Em-
pire, le comte André de Sonnenberg.
Cet ordre, en texte imprimé. quej*BÎ trouvé dans les papiers
de la famille de Ribaupierre, n*est accompagné d'aucun docu-
ment indiquant les mesures prises par le représentant de
rempereur, qui, très prudent et circonspect, resta (irobable-
mentfnactir, et c'est ailleurs que j'ai dû rechercher les détails
de ce lamentable éfâsode de vengeance.
Lft père d'André de Sonnenberg avait acquis autrefois du
* La famille Brandsehilt était d'origine alsacienne. Ses armoiries par-
lantes se composaient d'un Âca portant six fiuces alternativement de
gneoles et d'argent an tison enflammé brochant snr le toot (HsBTzoa).
NooTtlle Série. - 7- Année. 19
290
RE\T;E d' ALSACE
eomte de Werdenberg la seigneurie de Walbourg et m\i
obtenu, des grâces de l'empereur Frédéric III, le titre de
comte attaché à cet apanage.
Sous le trop long n-gne de l'apathique Frédéric IIl, l'éclat
du trône d'Allemagne s'était à peu près éteint et Maximilien I*",
qui lui aaecéda en 1492, ne put parrenir à le raviver. Les
Etats, gouvernés par des princes revêtus de la dignité d'élec-
teur, demeuraient indivisibles par droit absolu, mais les autres
fiefs étaient le plus souvent partagés, à la mort du père, entre
les enfiints mftles, et ainsi les dynasties s^affiiiblissaient an
grand détriment du corps, autrefois si redoutable, qui s'appe-
lait l'Empire germanique.
Ce démembrement répf^té,non seulement à la suite d'héri-
tages, mais encore par des aliénations partielles, suscitait
trop souvent des querelles de Humilie toujours sanglantes et
entraînait enfin des désordres sans fin et sans remède.
Les cadets de fiimille, les seigneurs i bout de ressources,
se sentaient poussés à d'odieux brigandages, qu'on érigeait
pour pouvoir les excuser en prouesses guerrières et qui, de
nos jours, seraient considérés avec raison comme des crimes
de droit commun et dignes du dernier supplice.
On se réunissait, à la vérité, en diète pour régler les affaires
les plus importantes; toutefois, l'indolent Frédéric s'abstenait
de paraître à ces assemblées, et plus tard son fils Maximilien,
toujours befloigneux,n*y arrivait que dans le but d*extorqaer
rargent nécessaire à ses nombreux projets.
Le fidble lien qui unissait les Etats de Germanie se serait
Infoîlliblement rompu sans la splendeur de la puissance otto-
mane, alors à son apogée, et qui, menaçant d'inonder toute
l'Europe, obligeait encore, malgré leurs haines et leurs dis-
cordes privées, les seigneurs dAliemague à se serrer quelque-
fois autour du trône impérial.
C'est au milieu de cette époque tourmentée que le eomte
André de Sonnenberg fit ses premières armes. Doué d*un
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l'assassinat du comte andbé de bonnembbbg
991
caractère franr et chevaleresque, il avait embrassé avec Tar-
deur du dévouement la cause de Maximilien.
Capitaine jrénéral pendant la guerip de Bourgogne, il
conquit, en J4â6, une bannière françaifie. Plus tard, on le
retrouve marchant à la tète d'un corps important lar Bruges,
pour délivrer son maître, alors encore roi des Romains. Dans
un combat livré par lui aux bourgeois, sept mille de ces
derniers restèrent sur le champ de bataille. Il se distiogua
enfin, à plusieurs reprises, dans les guerres des Paya-bas qui
suivirent.
Dans la campagneque Maximilien entreprit, en 1490, pour
reprendre le duché d'Aulriche. envahi par Mathias Gorvin.
le comte André montait vaillamment à l'assaut deStuhlweis-
senbourg, puis se battait en héros contre les Turcs, maîtres
de la Croatie.
Quoique âgé déjà, il reparaît» en 1504, dans la guerre de
suceession de Landshut contre le palatin Rupert et, moins
heureux cette fois dans le rude métier qui ravaît illustré, il
est fait prisonnier au moment où il tente de rejoindre, à Kuf-
stein, avec sa cavalerie celle de l'empereur, son maître et
souverain.
C'est seulement vers 1510 que, fatigué de la guerre, le vail-
lant champion de Maximilien prit la détermination d'aller
Tine tranquille dans ses vastes domaines de la Souabe. Mais
il ne devait trouver le repos que dans la tombe, et Dieu per-
mit qu*un vieux soldat,io vulnérable sur les champs de bataille,
tombftt victime du plus lâche des gnets-apens.
Le eomfe André était depuis longtemps en discussion avec
Félix de Werdenbcrg, qui ne pouvait se consoler de la vente
de la seigneurie de Walbourg ' clTer.luce par sua père. Chris-
tophe Scheiick. de Liinbouriî. avait été désigné, d'un com?nun
accord et par les deux parties, pour régler arbitraiement le
* Sébastien Munster prétend que le litige fat soulevé an siyet de la
seigneurie de Ueiligenberg.
383
BBVQB D'ALSAOB
litige dont la soIuUod paraissait, en tout cas, devoir être toate
pacifique.
Le 5 mai 1511,|||kodré de Sonnenberg revenait de son
domaine de Bfissen, accompagné de son chapelain et de trois
pages; il dteranchait lentement, en se livrant au plaisir de
la chasse, vers son château de la Sclieer. Le soleil, s'inclinant
déjà vers roccidenl, marquait à peu près 3 heures, lorsque
arrivé à la hauteur de la commune de Hunderfingen, le vieux
comte aperçut, à l'entrée d'une clairière de la forêt qu'il tra-
versait, une troupe d'environ dix cavaliers, qui paraissaient
être en emboscade. Ne pouvant se rendre compte de leurs
intentions, il envoya Tnn de ses suivants poar les reconnaître.
Les cavaliers répondirent qn1ls étaient TtoUiehÇ^^eiSonnea'
berg rassuré crut pouvoir poursuivre tranquillement sa route.
Mais bientôt le chef de la bande, qui n'était autre que Her-
raann de Brandschilt, s'écria : Tirez! Quelques-uns des
hommes d'armes déchargent à l'instant leurs arbalètes sur
le comte, qui, n'ayant pas été atteint» est assailli à coups
d'épée. Son cheval est. tué et lui-môme tombe bientdt, frappé
à mort. En yain le chapelain se jette au milieu des meurtriers
et demande en grftce d'assister son maître dans cet instant
suprême; il est repoussé sans pitié et le comte, qui a déjà
rendu Tftme, est insulté encore par ses misérables assassins.
La voix publique désigna immédiatement le sire de Wer-
denberg comme étant, sinon l'auteur direct, au moins l'insti-
gateur de cet horrible for&it, qui répandit la consternation
dans tont le pays d*a]entour. «
Du reste, le soir même, Christophe de Werdenberg dénon-
çait son frère aux comtes de Truchsess \ gendres d'André de
Sonnenberg. L'accusation portée contre Félix de Werdenberg
* La famille Truchsess (de Walhonrp^ possédait la charge de grand-
écuyer tranchant de rEinpire. Un membre de cette famille considérable
(Henri Thiduess) rapporta à 1 empereur d Allemagne le gant que le
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l'assamimat du ooitn amdié i» bomnkkbbbo 283
était appuyée de preuves irrécusables, entre autres d'une
lettre livrée par le baron de Zimmern, dans le manoir duquel
les meurtriers avaient trouvé l'hospitalité.
Voici la traduction de cette lettrt carieuse à plus d'un
titre :
A mon cher et bien aimé parent, Jean Werner, baron
de Zimmern, en mains propres
Noble, cher et bien aimé coudn, je dois me rendre à
Ulm vers la mi-carôme et ne sais si je reviendrai avant
votre départ pour Heilbronn.
Pour ce, je viens vous prier, au nom de notre vieille
amitié, de me rendre un service. Un Wtbcbe^ du pays de
Lorraine, m'a infligé une humiliation. Permettes-moi
d'envoyer huit à dix cavaliers à Wîldenstein, mais gardez
l'affaire secrète et surtout n'en divulguez rien à mon frère
Christophe. J'ai grande envie de m'arranger de manière
que ces Wihches me laissent en repos et apprennent à
respecter les Allemands.
Si je puis quelque jour me revancher du service que vous
allez me rendre, je le ferai, croyez-le bien, aux dépens de
mon bien et de mon existence. Dès que vous aurez besoin
de mon secours, venez à Mùselbourg et je vous assisterai,
serait-ce contre le diable et sa grand'mère.
Rcpondez-moi par ce courrier et n'oubliez que je suis
toujours prèt,ct en toute occasion, à sacrifier pour vous et
ma fortune et ma peau.
Sur ce, Dieu vous garde. Datum, Mercredi avant L<r/ar/,
de l'année mil cinq cent et onze.
Les démarches auprès des corps de la noblesse, les appels
aux tribnnaaXf les suppliques à l'empereur, tout fut employé
tnalhenreux Conradin, dernier des Ilohenstiuffen, j«fa du haut de Técha-
faud, à Naples (1268). En souvenir di3 cet acte de fidélité, les Truchsess
avaient obtenu le privilège de porter dans leur éca les armes pleines de
Sonabe : desslrle à trois léopards d*or.
* Le dimanche de ImUire tooibaif, en 1511, au ï*' avril. Le faXi
accompli le 11 mai avait donc été longaement prémédité.
KBVOB O'ALSAOB
par les parents d'André pourol)lenir la mise en accusation
de Félix de Werdenberg, mais celui-ci devait échapper à la
justice des hommes, dans ces temps troublés où la féodalité,
qui a Dût tant de mal au pouvoir souverain comme aux
peuples, annihilait rautorité suprême et noyait rÂUemagne
dans le sang des querelles intestines.
L^empereur, qui se proclamait tout puissant et invincible
dans les actes publics; celte majesté sainte, qui prétendait au
gouvernement de tout [ univers *, n'avait pas même le pou-
voir de venger, selon les droits de la justice, l'assassinat du
plus noble et du plus ûdèle de ses si^ets.
P.-6. Frantz.
* Ihro Knij. 3fajMe! fhi^ ahrisl vttUlieh Haupt vndein ïïerr aikr
Provinzen, ncrrsrhaiftfn, ja auch dcr ganzm WeU nnrf aller dero 7hp-
tern, des auch was undrrc Fursten, Herrn itnd privât Prrsonen haben,
von dero zu habcn geachlel werden (Consultation judiciaire 1591).
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LE SCHNEEBERG
ET
LE COMTÉ DE DABO
en 1778
ÉTUDE SUR LES MONTAGNARDS VOSGIENS
par u» professeur alkmand^
L'auteur de cette étude sur la partie montagneuse des
Vosges dont leSchneebergest le point culminant avait résidé
dix-huit mois à Strasbourg avant d'entreprendre ses excur-
sions dans la Montagne. Bien qu'il eût été admis dans la
société de l'Âmmeistre de Tarckheim et des pastears Stuber
et Blessig, son nom est resté ineonou. En sa qualité de
t phîlantbropiste * >, il n*a pas d'instincts haineux et on doit
* Bibliothek der besten Zeitschrifftcn, in-8'*, s. 1. ii. d., ronfermant les
obsttrattoiis sar divers voyages en Alsace, dans les Vosges et de l'antre
eAté du Rhin, 105 p. (catalogue Heilz, n* 9l>B9,BibUothiqn9 provinciak
de Strasbourg).
* Les fondateurs du philan^ropinismus (V. le Conversatîom-Lexikon,
nt'utlingtni, 18311 avaient pris noiir ba<(^ de rédiicalion des enfants le
système do Jeuii-Jacqnos Pi(inss\iu. système avait pour principe
essentiel de ne jamais ciiiplo\ t'r aiinm inoyoïi coiîrcitif cuulrc la jeunesse.
On ne devait, dans leurs étades, jamais empêcher les enlànts de faire ce
qui leûr plaisait. Ce nouveau mode d'éducation, qui en valait bien
296
REVUE D'ALSAGB
lui en savoir gré. Il est ainsi bien supérieur au célèbre éco-
nomiste anglais Young, dont l'amère jalousie éclate à chaque
page de son voyage, si vanté de nos jours.
Par la brutale peinture de ses descriptions, notre voyageur
est de réoole des écrifains réalistes de la fin du XYUI* sièeie.
Une vive agitation régnait alors daos les esprits et les remoaik
dans toux les sens. Tout homme de lettres se eroyiit nn pro-
fond économiste. Aossi ragricnlture, Tindustrie, le commerce,
réconoiiiic politique forment la base des recherches de notre
professeur. Comme tout le monde, il ne veut parler que du
peuple et n'étudier que le peuple. Pour lui, la description
de la chaumière dii malheureux réformé Schenck est bien
plus intéressante que celle du palais du prince-évéqoe.
S*il parle d*nn gentilhomme, c'est qne M. de Birkenwald est
son confrère, est homme de lettres. Toutes ses sympathies
sont pour les pauvres montagnards — bien à plaindre vrai-
ment — car il les trouve au cabaret, ayant la double satisfac-
tion de bien boire et de narguer les employés de l'autorité.
On 118 doit pas, du reste, prendre trop au sérieux ses
utopies philanthropiques, car parfois il avance des réflexions
assez saugrenues, fruit peut-être de préjugés enracinés.
Vers la même époque, un avocat de Nancy, M. de Sivry,
parcourait en minéralogiste les Vosges. Dabo, Saint-Quirin
ont été visités par lui, mais il n*a pas gravi le Schneeberg
Ses dtscriptions concordent toujours avec celles du professeur
d'outre-Rhîn.*
d'autres, fut très goûté en AlI'^maf,'MC el il fat pratiqué môme pendant
ce siècle. Basedow, originaire de Deisau. fonda le premier èlablissernent
de phUanthropinùmus en 1774 Les élèves les plus célf'hres furent
Campe, qui créft une nuùson d'édaeation près de flambourg ; Ch.-F.
Weise et Saixmann, qai s'étoblit à Schepfenthal, en Tbarinire. Ce dei^
nier a donné en deux volumes (178 la relation des excursions qu'il fit
en AIIema,'ne avec ses élèves (rens>ii{;nementsdas àTextrème obl^eance
de M. le pasteur VVinter, de Fénétrange).
* Observations minéralogiqueis faites dans une partie des Vosges et de
l'Alsace. Nancy, 1782, ia-Q".
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L£ SCUM££BEaa ET LE COMTÉ 0£ DABO
297
J'ai pn ajouter aux notes de celai-ci deux appendices qui
complètent son travail. Le premier, extrait d'un ouvrage du
docte dom Calmet, est l'amusante histoire du spirite qui
bouleversait la maison du curé de Walscheid, « malgré que
toutes les prières du Rituel eussent été employées >. Le
aecond appendice est le rapport in extenso de Tépizootie qui
ravageaity en 1778, les étables du comté de Dabo. Ces deux
pièces étant assez difiSciles à trourer, j*d cm bien faire en
les ajoutant à Ja narration de notre touriste humanitaire.
Il est inutile de parler du pays yisîté: Obersteigen, Dabo,
Abreschwiller, Saint-Quirin, Saverne el ses ciiàteaux, Birken-
wald sont assez connus. De bien intéressants ouvrages ont
paru sur presque tous ces lieux qu'eutoureul de vastes forêts
et qui, depuis plus d'un siècle, ont toujours su passiouuer,
par leur étrange té, F historien et le poète.
Cependant quelques lignes peurent encore être oonsacréee
au comté de Dabo, malgré les nombreux éerits dont il a été
l'objet':
Propriété plus que séculaire des Linange-Dabo, cette petite
contrée était, avant 1879, de deux diocèses. Les paroisses de
Dabo et d'Oberslcigcn relevaient de celui de Strasbourg,
archiprétré de Bettbur. Walscheid, église mère d'Abresch-
willer et de Voyer, et Hommert dépendaient de celui de Metz
^ V. ce qu ont publié MM. Alexandre, Beauliea, L. Benoit, Bretagne,
D. Carrière, G. Chevandier, Colle, D. Fischer, Klein, H. Kohn, D' Kfiss,
Lopage. RoUiaïQller, RflhU Salmon, Schœpflin, Sebweighasiiser, ete.,
Speeklé et Uérîan ont donné la ma du chàtean de Dabo, dont il y a une
gravure des plus rares dans la richissime collection de M. I?. Cfiauf-
four à Cûlinar Le plan dus fiir'ifi-'ritioiis telli'S qu'elles dtn'aieut être
faites, après la prise du château, est conservé au luiniâtère de la guerre
à Paris.
Sur SaTerne, il existe l'excellente notice de feu Klein et sortoat l'ioi'
portante monographie de notre collaborateur à la i7«i;tie d^Altaeet Bl D.
Fischer, qai a décrit presque tontes les localité| parconraes par le
« philanUuropiste ».
886
fiEYUB D'àlSàOE
arcbidiacoaé de Sarrebourg*. (I^iUë de la Biblioihèque de
Metz).
Le comte et i'érêque se disputaient la nomination de»
curés, le motif mis en avant par la prélat était « Thérésio
da patron »•
Si Ton soit les données histariqnes modernes, deux peu-
plades de deux pronnces différentes haletaient ce petit pays :
l*les THboques, qui s'étendaient jusqu'aux sources de la
Zoro, un des cours d'eau du bassin alsatique; 2° les Médio-
malriks, séparés de l'Alsace par la Bièyre, la rivière des
Castors, et !« Sarre, larivièredes Cerfs. Ce qu'il a été trouvé
de monuments antiques dans les vallées qu'arrosent ces conrs
d'eau, est prodigieux. On en voit dans les Musées de Ciolmar,
dt Saveme, de Nancy, de Metz, et même dans celui de Saint-
Germain. Tous ceux qui avaient été transportés à Strasbourg
ont disparu lors de l'incendie de la Bibliothèque en 1870.
Il en reste encore dans la contrée; mais, depuis ces dernières
années, l'ignorance en a beaucoup détruit sur les bords de la
Bièvre. On a fait, entre autres, une digue avec des pierres
antiques.
Au point de vue linguistique, le comté de Dabo est encore
plus curieux à étudier. Le dialecte alsacien est parlé à Dabo,
dont les habitants ont conservé les coutumes, les mcsurs, le
type de Tancienne province qui les protégeait ; à Walscheid,
à Hommert, c'est le patois du Westrich ou du pays de la
Sarre; enfin à Abreschwiller, à Voyer, on entend le pur
roman
* Vere ITR), il y avait 70 communiants à Iloinraert et Ilarreberg, 530
à Dabo, 700 à Walscheid et ses annexes. La cure rapportait 800 livres
à Dabo ol 903 à Walscheid. L'impression annotée dn Ponillé manuscrit
du diocèse de Metz, faite par M. H Lepage, le zélé archiviste du dépai^
tfiincnt do In M^nii th.-, ôt;iit prestjue terniiiv-o, loiNquc l'incendie de
rini[)riiiiericKousseau-Pallûzàil8U délroisil le fruit de plusieurs années
de travail. •
D'après H. de Beaulieu, les couiles de Linange, poui- repeupler leur
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LE SCaN££tiSBG EX LK COMTÉ DE DABO
889
En 1790, les dépatés alsaciens de l'Assemblée nationale
détachèrent, bien légèrement, d'après les intéressés, le comté
de Dabo de la province d'Alsace \ sauf Engenthal, qui resta
du canton de Wasselonne, et le réunirent au département de
la Mearthe, district de Sarrebourg. Jamais les montagnards
ne purent s'habituer à ce changement. Ils furent obligés de
se soumettre à des administrateurs, qui, malheureusement,
ne comprirent rien à leurs coutumes, à leurs droits et aux
glorieux traités qui les protégeaient De li, une haine sourde,
qui éclata sourent d'une manière terrible.
Notre voyageur parcourait donc au mois d'août 1778, dans
un cercle bien restreint, des régions distinctes par la race et
le langage de leurs habitants. Bien qu'il n'y fit pas grande
attention, son excursion humoristique peut mériter d'être
reproduite et j'ose ia présenter ici en toute confiance.
A. Benoît.
« Pendant mon séjour à Wangen ^ j'entendis sur le compte
des montagnards des Vosges tant de récils à faire frémir, tels
que meurtres, brigandages, assassinats, que mon désir de
chercher à les connaître devint de plus en plus violent. On
me disait aussi merveille d'un grand rocher qui se trouvait
sur le sommet du Schneeberg, montagne située à quatre lieues
sud-ouest de l'habitation où j'étais. On pouvait, disait-on, le
pays désert, appelèrent des colons, picards, lorrains, aaver^^nats, et
même de la Saisie italienne dans ces deax derniers vilh^s ; des Alle-
mands s'établirent à Dabo, à Walscheid, à Obersteigen, à Hommert. Il
est à remarquer que, inv' jr*' que Ks soigneurs aient adopté le culte
évangélique, les h ibilanls ii'sti'nînt r lEhoIiqiics romains.
* On connaît do^ ni cinai 's ;ui\ ,iriii"s iJos ooniles l.iiiaii:.'û-Dabo.
Feu Dorlan ei possédait dans son richo médailli r. Le traité de Lunô-
Tilleannihila eomplétemenl 1 » privil^s de ces petits princes souverains.
' Village & 23 kilomètres oaest de Strasbourg, seigneurie ecdésias-
tique.
3Û0
RSVUE D' ALSACE
faire osciller avec le doigt. Comme les habitants des forêts
(car en Alsace le paysan de la plaine ne désigne les montagnes
que sous le nom de « forêts », et il appelle les pâtres et les
bûcherons des < sauvages >) mouraient été dépeints sous les
couleurs les plus noires, je pris la précaution, lors de mon
premier Tojage, de me faire accompagner par le domestique
de mon bôte chez son bûcheron, qui devait me servir de
guide au Schneeberg. C'était la première fois que je faisais
une Yéritable excursion dans les montagnes pour en connaître
les sites et les habitants. J'avais vu, il est vrai, les montagnes
de la Hcsse, mais en chaise de poste, et celles de la Misnie
que je vis dans ma jeunesse ne sont rioQ en comparaison des
Vosges. La satisfaction que j'éprouyai à les parcourir fut si
grande, si noble et si pure que j'en coiiserverai toute ma
▼le le plus agréable sou?enir.
< Leurs contreforts ondulent dans la plaine et sont partout
courertsde vignes, d^arbres fruitiers et de châtaigniers. Leurs
sommets sont couronnés d'arbres, quelquefois ils sont dominés
par des rochers hauts et escarpés, sur lesquels l'industrie
humaine a réussi, au prix de raille efforts, à y apporter de
la terre végétale et à y planter des vigues. Des chênes y ont
poussé à travers la mousse leurs racines dans les interstices
du roc. Beaucoup de collines servent de carrières et la poudre
y bit sauter la pierre. Les plus renommées sont celles du
Kronthal près de SouItz-les-Bains. Rien de plus sauvage et
de plus majestueux par Taspect, rien de plus intéressant par
la formation, les cavernes et les diverses couches que celles
quisonl abandonnées. J'y rencontrai le plus souvent du quarz,
du granit, du grè5 et du calcaire. Le massif des Vosges est
couvert de forets naturelles, qui ne sont pas dues à la silvi-
cullure. L-s cbèues, les sapins, les pins, les ormes, les sor-
biers, les peupliers, les aulnes y sont les espèces dominantes.
• Quelques chaumières, demeure des pâtres, se trouvent
disséminées dans les vallées; des villages aux malsons très
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LK SCHMEEBBBa XT LK COMTÉ DE DABO
901
écartées l'une de l'autre* sont bâtis dans les plus grandes.
Je parcours le Wolflingerthal l'Engenthal et le Schneetlial.
Quoique les Vosges soient parsemées de routes^ dont la prin-
cipale, celle de Sarerne, est une magnifique chaussée créée
comme les autres à grands frais et ayec beaucoup de peine,
le transport dans certaine partie est très difficile et ponr
ainsi dire impossible. Le chêne et le sapin f pourrissent
depuis des siècles, et même à la place où je suis, malgré la
feible distance (deux lieues) qu'il y a pour aller dans la plaine,
on trouve beaucoup d'irbres cntièreoKMit ou à moitié pourris
que le veut déracine. On pourrait utilement s'en servir, je
pense, en les brûlant pour em{)loycr les cendres dans les
verreries, si on ne peut pas absolument les utiliser comme
bois de construction.
< Le bftcheron auquel j'étais adressé, me conduisit dans sa
chaumière, située avec plusieurs autres au-dessus de TEngen-
Ihal sur le penchant de la colline à égale distance de son
sommet et du fond de la valléa La montagne, en s'Indinant
d'abord petit à petit, forme d'abord des champs bien cultivés
et finit à sa base par se transformer en prairies. Les chau-
mières touchent presque la forent; elles sont construites en
pierres informes avec des murs très épais, soutenant un petit
toit en bardeaux : chacune d'elles était entourée de quelques
arpents de terres, séparés du voisin par des murs en pierres
sèches entremêlées souvent de morceaux de bois. Des champs
étaient semés d*avoine, qui mûrit encore à cette hauteur';
mais on ne voyait ni orge, ni seigle, ni blé. La pomme de
terre est la grande cniture de la montagne. Les arbres frui-
tiers qu'on y trouve sont les pommiers, les poiriers et les pru-
* Dans le v.il d'Orbey, la mt'me construction est idoptée.
' La première de ces vallées est df la commune de Wanpenbonrj;. Les
deux aatres dépendent d'Engenthal. Ou s'y livre avec succès et proQt à
rédoeation des abeilles.
* D'après le IF Kinehleger, l'avoine erott encore à 800 et même &
950 mètres d'alUtade.
m
BSVUB D'ALSAOS
niers, mais ceux-ri portent rarement des fruits. Les cerisiers
n'y mûrissaient pas à cause de l'altitude du sol. Presque tous
les clos des enrirons étaient de magoiûques prairie!}. Les
maisons à un étage étaient tournées avec la partie postérieure
ms le Nord et la porte était placée an Sud ou Ters ta mon-
tagne, de sorte qu'en revenant des prés ou de chez le voisin,
on doit faire le tour de Thabitation pour en trouver rentrée.
L'écurie est partie intégrante de la demeure et en occupe à
peu près la moitié. Le grenier sert de grange et de magasin
à foin.
• En entrant cliez mon guide, je fus suffoqué par l'odeur
de la fumée; car. malizré que Ion fût en été, le poêle était
fortement chauffé. Gela tient à ce que les hivers rigoureux
habituent les montagnards à supporter une forte chaleur même
pendant i*été, qui, bleu souvent, est assez froid. Puis, on a
le bois à volonté et sous la main, sans avoir besoin de rache-
ter. Aussi le fonmean est-il toujours rempli. Il était grand
et informe, fait d argilo et occupant pre'-'que la moitié de la
chambre*: il fumait beaucoup. Je ne pus me résigner à sup-
porter cette atmosphère, et quoiqu'on eût ouvert la seule
fenêtre de la chambre, il fallait plus d'air à mes poumons.
JMnsistei donc avec beaucoup de force pour que mon guide
me conduisît snr-le-champ au Schneeberg. Avant de partir,
nous nous restaurâmes, moi avec du vin et du rOli que
j'avais fait emporter, et lui avec du lait et du fromage, deux
objets qui ne sont pas à dédaigner pour un véritable habitant
du pays.
« Les enfants, tant qu'ils ne peuvent pas aider leurs parents
à récolter les pommes de terre ou à garder les bestiaux,
courent presque tous en chemise. Plus terd, on leur donne
quelques vêtements passables. Us mènent une vie dure qui
les fortifie de bonne heure et favorise leur croissance.
* J'ai vu les c]i hris d on semblable calorifère dans une cbaumière au
Cra, près de la Poutroie.
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LB SCHNEEBERG ET LE COMTÉ DE D4B0
303
« Dans la chaumière, Jevis des lits, une annoire, uneofTre,
une table, un escabeau, un banc, quelques couteaux, fies
cuillers en bois et un crucifix. C'était Tunique mobilier qui
garnissait riuimble chambre. Il faut y ajouter une Bible et
un livre de prières. Autour de la maison, il y avait des
pioches, des pelles, une cirière une hache, des pots; les
bestiaux étaient À la montagne, quelque poules sautillaient
çàetlà.
c Nous commençâmes de monter du côté de l'Est par une
espèce d^escalier tournant et après aroir gravi la moitié de
la hauteur, nous nous trouvâmes ao Nord et nous arrivâmes
au sommet du côté de l'Ouest. Le chemin serpente ainsi,
afin qu'on puisse monter avec des traîneaux pour chercher
le bois*. 11 f;iut une bonne heure pour arriver au sommet,
en partant de la chaumière située au I^'ord, au pied ou peut-
être déjà à mi-côte. Si nous avions pris un sentier plus
direct, nous serions arrivés bien plus vite, mais avec beau-
coup plus de fatigue.
< Le chemin était partout endigué avec du bois; nous
traversâmes une fois un pont formé de troncs d'arbres et
sîtué dans une échancrure. où les torrents ont enlevé la terre
végétale et mis la roche à nu. Nous franchîmes une espèce
de préi ipice et nous vîmes dans le fond un ruisseau. La
montagne s'est ici fendue pendant un grand orage, et à tra-
vers la fente on ne voit au fond que des rochers. Les sapins,
les chênes, les ormes et les bouleaux ne nous enlevaient pas
tout à fiiit la vue. Les arbres mugissaient au-dessus de nous
comme les vagues soulevées parle vent. Mon plaisir augmen-
tait à mesure que nous montions. Sur les rochers au-dessus
de nos tètes, croissaient beaucoup de mùders sauvages, de
' « On monte au Schneeberg par do hanttis fntMies de sapin et de
hêtre, sur le sol vospien parsemé d iinrnenses blocs de ce grés.:^ I.e chomin
dont parle notre voyageur, est une Schlitte, chemin forestier, illustré par
Théophile Schaler, dont on déplore la perle réeemte.
BEVUE D'ALBàGB
d04
myrtilles et de fraisierî. Le sommet est dégarni d'arbres; il
est couvert de genêts, de genévriers et de bruyères. Au milieu
se trouve un grand rocher fort élevé, qui s'étend du côté
de TEst comnae un mar à une hauteur de cinquante pieds.
Tout prèa de ce rocher, pousse un houx el plus loin un
misérable petit sorbier, qui, probablement, n*y Tîm pss
longtemps et qui a être apporté là par quelque oiseao.
Notre première idée fut de jeter nos regards sur le pays.
Quel spectacle grandiose et émouvant! Vers l'Ouest, l'oril
plonge bien avant dans le Pays messin et la Lorraine par
dessus une masse de hautes montagnes noirâtres, couvertes
de sombres forêts, de vallées parsemées de cabanes et de
troupeaux,' de grands étangs et d'énormes masses de rochers;
▼en le Nord, on aperçoit la Basse-Alsace et le Palatinat;
Ters l'Est, les pays de Bade et de Wurtemberg, le tout par-
semé de ▼illes et de Tillages; vers le Sud, une chatne da
monts à perte de Tue. On embrnsse tout cela de quelques
regards. Il est impossible de dépeindre la douce satisfaction
que je ressentais. J'éprouvais autant de plaisir à ce spectacle
qu'à celui que je vis par un temps de pluie, à une autre
asceasioQ, lorsqu'un nuage m'efitoura de brouillards humides
et sombres, qui, me quittant tout-à-coup, allèrent se perdre
bien au-deseos de la montagne. Le Schneeberg n*est pas aussi
haut que le Ballon, ni qne le mont Sainte-Odile, ni que le
Donon \ Celui-ci forme dans la petite principauté de Salm,
derrière le Ban-de-Ia-Roche, les limites de TAIsace et de la
Lorraine. Mais il est bien le mont le plus haut à partir de
sa base, du côté du pays de Nassau V
« Quant à la roche {LoUefelsen\ qu'on nous assurait pou-
?oir être remuée avec le doigt, c'est une assez grosse pierre,
* Le Ballon a 1436 mètres; le Donon iOiO; le ScbDeeberg 967;
Sainte-Odile 700.
• Le pays de Nassau, prés Saar-Union, est à peu près à 10 kilomètres
aa nord.
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LB lOBMBBBBBO IT LB OOIRÉ DB OJLBO
806
longue de six pieds snr qaalre de large, liais pour la remuer,
il me ikllat employer les deax mains. Soa point d'appui n*est
pas aa miliea, comme on me ravait dit» mais elle repose sar
tfûis pieds pointas qoi se troarenl aux angles et celui du
milieu est plus long que les autres. Sur un des rochers, et
ils sont entassés les uqs sur les autres, je vis une croix. Mon
guide me dit que ies illustres chanoines de l'église cathédrale
de Strasbourg Taraleat fait sculpter dans la pierre {your éloi-
gner les sorcières, qui se rassemblaient dans ce lieu écarté,
pour de là foire éclater les épidémies dans le bétail, et depuis
que les prêtres avaient i)éni la roche et la croix, ies sorcières
ne s*étaientplas ayenturées sur le Schneeberg. Je lui deman-
dai alors si le bétail n*était plus malade depuis. — Hélas, reprit
mon homme, c'est maintenant que le pays de Dabo est dans
la terreur. — Les gens d'ici ne savent rien du Blocksberg, mais,
d'après la tradition populaire, les rochers des hautes mon-
tagnes sont partout hantés par de bons ou de mauvais génies
Tous les peuples croient aux sorciers, et comme ici le Schnee*
berg est la montagne la plus élevée, il fimt que cette hauteur
soit le Blocksberg du pays *.
* V. l'Appendice, n* I.
* La célèbre montagne des Soreièrae près de Halle.
Le Blocksberg alsacien ne fat pas favorable à l'excarsion qu'y fit, en
1859, le docteur Kirschleger. Parvenus au sommet, couronné par d'im-
menses rochers dénudés de grès et au moment d herboriser, le tonnerre
gronde, les nuages fuient, le vent gémit et hurle, une pluie froide tombe
me force, et les amis de la botanique extra murot sont heorenx de
troiiTer on abri dans des etTeraes oa des aafraetooeités du loe et de
povToir y aOamttr da fea. La pluie cesse enGn et l'on espère jouir de la
vue magnifique et imposante qu'on attendait avec tant d'impatience.
Mais, liélas ! cette jouissance ne fut rien moins que complète; partout
des orages locaux, des brouillards, des pluies, une fausse lumière projetée
sur l'ensemble. On reprit tristement à 5 heures du soir le sentier de
Wangenbourg (Flore d^Akace, p. 247).
Le S4 joillet 1865, le doetenr ent plus de bonheur, il monta an som-
met du Schneebergpar d'excellents sentiers. Il y vit un autel druidique,
formé d'énormes roches , avec des cuvettes semblables à celles du
Hohnack. On s'amusa à remuer le LolUlfeUen. L'idée d'une mer rhé-
Noiulle SMe - T* Amiés. ^
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806
BBVUB D*ALS&GB
c Un Teai froid se faisait sentir, une petite grottean levant
me serrit d*abri ponr dîner, car farais enoere apporté mon
Tin et ma mnde. Un nid de chat-hoant était an-desnis de
moi dai» nn roeber. Sauf la masse imposante dn grès Tosgien,
le sommet de la montagne présente une sarfaee assez nnîe.
Un grand espace est couvert de joncs et de roseaux. Ce serait
un ancien étang comblé petit à petit, d'après la tradition *.
Vers le Nord-Est rSugenthal, vers le Sud le Scbneethal,
comprenant pluseors masures isolées. De la place où j'étais,
j*en remarquai nne, e*était la demeure d'un réformé nommé
Schenek, accusé tout récemment d*a¥oir tué un pfttre dont le
corps avait été trouvé dans la forêt, percé d'une balle. Mon
guide ne m'a?ait dit que du bien du pauvre fneiilpé et tout
le monde le regardait comme un type d'honnêteté, car il n'a-
vait jamais fait de mal à personne. On ne pouvait se figurer
qu'il fût le criminel. L'assassiné avait beaucoup d'ennemis,
étant un grand séducteur de femmes et de fiUes. Avant d'ex-
pirer, il avait eu le temps d'indiquer comme son meurtrier
un montagnard dont il avait séduit la fille. Mon guide, malgré
qttll crfiit à l'innocence de Schenek, ne voulut pas se rendre
avec moi dans la dmumîère de ce dernier, et aucun pourboire
ne put le faire changer d idée. Est-ce son catholicisme qui le
faisait ainsi regimber ou toute autre cause ? Je ne sais.
nane, dont les flots avaient rongé les flancs do ees masses creusées en
tout sens, revint à la mémoire. Admirable vue vers les quatre points
cirdinaux ; les Alpes firent défaut. (Sans être sorcier, c'était signe de
beau temps.) Les flancs de la montagne, ajoute Frédéric Kirschleger,
sont converte de limyères fleuries qui , fort souvent , sont à fleurs
bUmehes (AnnaU$, p. S13).
Les montagnards désignent aons le nom de kriai ê» sorcier une mal»*
die (lu sapin, provenant d'un arrêt de sève, qui se manifeste à l'origine
par un rameau déformé et qui csl une cause de forte dépréciation pour
l arbre (H. Jj'xjche, Manuel de botanique forestière. Nancy, 1873, in-Ô",
p. 281).
' Ce plateau frappa également les regards du docteur Kirsclileger :
« La végétation prénd le canelàre maiéeagenx lUigineux, c'est one tene
humide et profonde où dominent le Calhtma, le JfyrttUMS, etc. »
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LE SOHNBBBEBa ST IB OOHTt OS OABO
807
< On TOfait sur la montagne en face 8*él6?er de la ftimée;
mon goide me dit gue c'était li et qu'il n'y aniait aansdoote
personne. Je Ini 0Td<mna! de m'attendreet je me dirigeai vers
la demeure de Schenck. Elle était enclavée dans six ou huit
jours de terre entourés d'un mur sans ciment. La plus grande
partie de l'enclos consistait en un pré arrosé par une source.
Le jardin aux légumes, dans lequel poussaient quelques arbres
fruitiers et des pommes de terre, touchait la maison. La femme
y traTaiUait justement, lorsque je m'approchai de la porte;
elle vint à ma rencontre avec sa hone. Elle avait dû être belle
dansia jeunesse, car elle avait des traits distingués; elle
était forte et bien portante; mais on voyait qu*ane doulenr
sourde la minait. Elle me montra d'abord quelque défiance,
puis, pendant les trois visites que je lui ûs, elle me raconta
ses peines.
« Ils étaient Suisses et avaient été quelque temps en con-
dition en Alsace, et principalement dans les Vosges. Elle y
était venne avec sa mère, étant encore en bas ftge. Schenck
avait réussi, à Ibrce d'économie et de travail, à acquérir
une petite fortune et elle aussi. Lnsqu'ils se marièrent, ils
louèrent cette petite ferme, ne consistant qu'en prés et bois;
sans terres qui puissent produire du vin ou du pain. Mais
l'élevage des bestiaux les mit en mesure de payer de plus
en plus cher, de sorte que leur canon se montait actuellement
à quarante florins par an. Ils l'avaient toujours très réguliè-
rement acquitté, ainsi que leurs contributions. Jamais, Ils
n'avaient eu affaire à la justioe pour fraude envers r£tat ou
pour procès avec les rmsins. Le mari coupait du bois pendant
l'hiver et il était aidé par son fils déjà assez grand.
< Deux jeunes filles, de 16 à 17 ans, étaient déjà en mesure
de gagner leur pain, soit qu'elles allassent en condition, soit
qu'elles aidassent dans le ménage. La famille avait acheté le
droit de brûler des cendres pour les verreries avec la fougère,
le bois mort et las pommes de pin. C'était un bon revenu
308
BKVUE D'ALB40I
pour elle, car les enfluits p<m?aieiit y être employés. Le plus
grand pooTait déjà semr de domestique et le plus petit des
garçons et la plus jeune des filles, quoique âgés de 6 à S ans,
étaient si grands et si forts qu'ils paraissaient avoir douze ans.
Le ménage était riche comparativement à celui des autres
montagnards. Aussi croyait-on partout que les Scbenck avaient
le bon sort et arait-on cherché à avoir leur ferme, mais tou-
jours inutilement. Ds avaient nn troupeau de vingt i trente
vaches, et actuellement ila jcraignaient qu*on leur prit tout
leur avoir. La fille ainée n'avait jamais eu de relations avec
le berger tué et on ne lui avait jamais connu le dessein de
l'épouser. Lorsque le crime fut commis, le père était sur une
montagne éloignée de plus d'une lieue. Il pouvait le prouver
par témoins. Son fusil avait été plus de six mois au grenier,
sans qu'il s'en servît. La fille ainée me le chercha, il était
chargé avec des pois; le père ayant voulu tuer un chien
errant, qui venait toogours à la iërme. Sll était parti avec
Itt vaches, c'est qu'on l'avait menacé de 1$ meOn à h torture K
n viendrait se présenter et prouver son innocence, sll pou-
vait avoir un sauf-conduit et s'il ne connaissait pas l'îniqullé
des juges. La victime avait aussi désigné deux autres monta-
gnards ; mais comme ils étaient pauvres et catholiques, on
les laissait tranquilles. Enfin, le décédé avait en outre for-
mellement déclaré que ce n'était pas Sdienck qui l'avait tué
et qu'on ne devait rien lui ftire. Cependant les biens de celoi-
ci étaient séquestrés à cause de sa fhite et on vouhdt même
le brûler en elflgie et chasser sa femille après l'avoir minée.
Je causai pour la première fbis avec les enfonts sur la mon-
tagne où ils faigaieut des cendres avec de la fougère et da
bois. Ils étaient tous très bien faits, surtout la fille aînée qui
avait des yeux et des cheveux noirs, des joues rondes et rouges,
et UQ nez long et pointu qui lui allait à merveille. C'était
> L'infortuné Louis XVI fit sapprimer la question préparatoire m
1780.
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LB SUUMJUIBUia n LB OOlfTÉ SI DABO
809
une geatiUe bergère qui méritait bien une idylle. Son inno-
cence et sa naïveté étaient dignes de TArcadie. Je savais
qa*ii n'y avait pas é» temple dans le paya et qa*ila étaient
thUgfis d^aUer à Wolfisheim \ près Strasbourg, locsqulla vou-
laient communier. Les parents étaient obligés d'instruire
leurs enfiints, parce qu'ils ne voulaient pas les envoyer à
TEcole catholique. Ils célébraient le culte divin cbez eux et
le père était le prêtre de la famille. Je comparai un jour leur
vie à celle des patriarches, mais j'ajoutai prudemment que je
doutais s'il y avait chez eux autant d'innocence :
< — £t pourquoi pas ? me répondit la âlle aînée, en fixant
sur moi ses yeux noirs et brillants. Son regard, sa mine, son
ton étsient asseï oonvaincants pour détruire tout soupçon.
—Ces! dommage qu'elle ne puisse pas être devant ses juges
l'avocat de son père, pensai-je.
« Plus tard, à Engenthal, on me raconta que le pâtre, un
peu avant d'être tué, avait passé près d'un chasseur l II me
paraît assez probable que celui-ci l'aura pris pour une bête
sauvage. D'autant plus que Taccident arriva à la tombée de
la nuit On crut aussi que les brigands qui étaient nombreux
dans le pays, auraient bien pu ftire le coup.
* Un temple réfbrmé avait été \AA dans ce village appartenaot ta
prisée de Hesae-Darmetadt.
* Oa plutôt on braconnier. La passion de la chasse est ane des plaies
da comté de Dabo. Rien n*arrtMc le chasseur de la montagne ; avec son
mauvais fusil, il tne pins de gibier que les opulents adjiuiicataires des
chasses. Les cerfs et K^s coqs de bruyère finiront par ilisparaître complè-
tement. Cinq ou six. montagnards se réunissent ordinairement pour
ehaiser et le produit est venda et partagé. Le braconnage est le senl
déCuitda montagnard; l'étranger est toiyoors respecté. Onpent par-
eoorir seul la montagne, le jour ou la noit. on n'a rien & craindre. (Cette
note était écrite depuis longtemps, lorsque nous lûmes dans le compte-
rendu de la séance de la Délégation d'Alsace-Lorraine, du 8 décembre
1877, que plusieurs habitants de Soldalenthal (écart d'Abreschwiller)
avaient envoyé une pétition an sujet des dégâts commis par les cerfe.
Ces Intéressants animaux n'ont donc pas tons disparu. — Tant mi9uxl }
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810
< Je m*étal8 renda une aatre îoàB dans ]a moniagiie ayee
deux tonrietea. Noua saiviona le chemiii de Wangenbooig, et
malgré que mes camarades se troovassent un peu fatigués et
qu'ils souffrissent, par suite d'une forte pluie, d'un rhume
de cerveau et de quelques autres indispositions, je me Irou-
yais en bonne santé, quoique le plus £rêie et celui qui était
habillé le plus légèrement.
« Vers le soir, je m'arançai encore on peu plus avant dans
la Yallée, habitée non seulement par des «diarbonniers, des
scieurs de planches, des pfttres, mais encore par des monta-
gnards d*antres proCassions K
c Les maisons ne sont pas toutes écartées les unes des
autres on entourées de prairies. Dans les villages, quelques-
unes ont un jardin et en dehors un peu de terrain. La vallée
d'Engenthal serpente dans la montagne pour aller se perdre
dans la plaine près Wasselonne. C'est avec Schneethal et
Wolfthai une dépendance de la paroisse d'Obersleigen, où, si
je ne me trompe» il y a aussi la Gour ou tribunal de justice.
c Le fiscal du comté de 0abo demeure à Abreschwiller et le
bailli à Saveme. Dans les vallées, les gardes forestiers sont
en même temps cabaretiers et maires. On les accuse de
soustraire à leur profit beaucoup de bois et d'amoindrir ainsi
le revenu des seigneurs les comtes de Linange. En montant
la forêt, j'entendis de la musique, et après m'étre dirigé da
côté d'où elle venait, je me trouvai dans une auberge où Ton
célébrait la fête du village Je m'amusai pendant un cortain
temps à voir danser les jeunes gens; puis j*al]ai joindre dans
une autre chambre les hommes plus âgés qui causaient de
chose et dWre, à côté d'un verre de vin. Je m*empreBBal,
* Le Daboyen, dans la bellu saison, passo toute la semaine à travailler
dans la forêt; une huile faite grossièrement 1 abrite. Le dimanche, il va
à la maison chereher des provisions el assister aux offices. La nuit alors
se passa souvent an cabaret
' Le 15 août, ffile de la Vierge, est la m d'Obersteigen.
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LB SUUMJCKBUa Wt U OOMXft I» l>àBO
811
pour gagner la confiance de ces bonnes gens, de leur vwier
totyonra de ma itouteilie.
< Quand, après aroir soldé ma dépense, je tooIus me diri-
ger an commeneement de la nnît vers ane autre auberge,
située à une demi-lieue plus bas et où j'avais laissé mes deux
compagnons de voyage, je vis venir vers moi sur le seuil de la
porte un de mes voisins de table, homme d'une physionomie
sérieuse et honnête, qui me dit en frappant de la main sur
mon Goutean de chasse :
« — Voilà ee qne tous avez maintenant de mieux I
« — Gomment oela?répondis-je, y aurait-Il à craindre des
assassins on des brigands dans un tnjet ausri courtt SaTOE-
TOus quelque chose?
« — Enfin, reprit mon homme, votre couteau de chasse
est YOtre sauve-garde; prenez garde à tousI
€ Et en disant cela, il jeta un regard sur un individu de
mauTaise mine qui se trouYaît là, qui ne m*avait presque
jamais adressé la parole, se dissimulait le plus possible et
avait assez Tair d*un voleur. La mémoire me vint que cet
homme 8*était une fois absenté pendant une heure. A son
retour, il laissait toujours paraître sur ses traits une certains
crainte et une grande inquiétude. — Si quelqu'un a formé
quelque projet sur ma bourse, ce ne peut être que celui-là,
pensai-je. Cependant, seul, il ne m'osera attaquer. Il faut donc
Adre en sorte qu*il ne puisse pas me rencontrer arec ses
camarades. Je pris donc la résolution de le prendre pour
gdde.
« — Mon ami, lui dis-je, je suis étranger et il fait nuit;
ne pourriez-vous pas me conduire vers mes camarades qui
se trouvent là-bas, à Eogenthal, dans la maison forestière?
* 11 commença à bégayer une masse d'excuses, sa femme
rattendait, il devait se rendre de suite à la maison, etc.
< — Votre femme, lui répondis-je, est une brave femme,
Wam B'AXAAfll
et elle ae réjouira loraqa'aUe staia qne tous am fldt m
bonne aetion,ra montrant le cheniin à nn étranger!
< Et» aana attendre aa réponse, je eaiaiade ma main guielie
son braa droit pour avoir ma main droite libre et ponvoir, en
cas de besoin, saisir de suite mon couteau de chasse. Je le
conduisis ainsi avec moi et, tout en cheminant, je lui parlais
comme un ange. Il répondait d'une manière entrecoupée et
en tremblant :
c — Si j*ayai8 appris senlement» bégayait-il de temps tn
temps, à connaître pins tôt un bomme aussi bon; car, ici
dans la forêt, les gens sont si méebantsl
c Le éheminse fit bien. La erabite de cet bomme provenait
pent^tre anssi bien de moi et de mon couteau de chasse cpie
des reproches d'une mauvaise conscience. En attendant, il
pouvait se tranquilliser. Comme il ne voulait pas accepter di
souper avec moi, je lui fis préparer quelque chose avec une
bouteille de yin, je lui donnai aussi un petit pourboire. Dans
la aoite, j'appris cependant qu'il ne jooissait pas d'une fort
bonne réputation.
c Ghes le gaide-forestier, aubergiste de Dabo, nous avons
trouvé des vétérinaires et noos avons de suite èbercbé à noos
entretenir avee eux. Cétafent des gens assez instruits, qui
avaient étudié à une bonne école spéciale. L'épidémie sur
les bestiaux exerçait particulièrement ses ravages dans les
montagnes forestières de l'Alsace et de la Lorraine. Elle était
mortelle ^ Une femme mourut dans son étable par suite des
exhalaisons de son bétail. Un des artistes racontait qu'un de
ses doigts ayant touché une vache malade, il dnt prendre
soin de sa main, nne tache ndre et snppnrente s*étant fiût
voir. Avant l'arrivée des vétérinaires, quarante bétes étaient
mortes dans le aenl village de Dabo. Depuis leur arrivée, cinq
aenlement avaient péri. Ils avaient été obligés de promettre
de payer grassement pour avoir quelques aides, tant les habi-
» Voir l'Appendice a" IL,
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U flflHIlMHMmO IT LB OOHIÉ SB DABO
813
tants avaient de répugnance à soigner les bétes atteintes. Us
avaient employé utilement des remèdes externes et internes.
D'après eux, répidémie pro7«DaU d'une sorte de cbeniUes,
qui 8*étiient beaaoonp nraltipliées pendant Tété et qui araient
détrait totatoment les légumes dans lea jafdins. A mon
humble avis, l'épidémie pourait provenir de la grande cba*
leur et de la sécheresse de l'été de l'année 4778. Le bétail
s'était trop échaufTé sur les montagnes et par suite du manque
d'eau, il était obligé à se désaltérer à des sources glaciales
sortant des rochers et s'écoulant dans les vallées. En outre,
les bôtas avaient été rarement abreuvées. D'un autrs cété,
comme les rniaseaux reçoivent des naines de la montagne
beaucoup de vitriol et d'araeoic, lea premièree bétes atteintes
ont pu gagner la maladie en buvant de ces eaux iitides.
Quand une épidémie est sur le point d'éclater, il y a bien
des causes qui peuvent y contribuer et gftter encore plus le
sang. Une température plus fraîche et un peu pluvieuse me
paraît alors le remède le plus efficace contre le fléau
« Nulle part, on ne fait autant de contrebande et de fraude
qu'à Dabo. Du temps qu'on cherchait le vin dans lo Haut-
Rhin, je voyais tous les jours des voituriers fidre le tour de
Strasbourg pour échapper à la douane. Dans les auberges, il
y avait du sel apporté de la Lorraine, et j*ai entendu de mes
propres oreilles à Engenthal, dans ht maison forestière, un
homme répondre an sujet de sa profession devant le garde
forestier, comme toujours maire et cabaretîer ' : « Je fais la
contrebande, et je voudrais bien voir celui qui essaierait de
* L'épisootie avait éclaté au moto de déeambre 1776 dus le paya da
Forbaeh. L'intendant de Calonne (devemi depuis si célèbre) s'empressa
de prendre les mesures les plas efficaces. Trois vétérinaires furent en-
voyés \ Forhach . entre autres les maréchaiiX'experts des régiments de
la Reine et du Royal-Nassau.
* On peut encore se rafraîchir chez les gardes forestiers de la mon-
tagne. Lear cordiale hospitalité était un des bons souvenirs d'une
ascanion dans les Vosges.
814
BEVUE D'AL8A€B
me la défendre. » En disant cela, je le ris prendre sa charge
et payer son écot à monsieiir !• maire.
c Les habitants de Daho s'adonnent cependant quelque peu
à ragriculture. Us ont plus de terres labourvbles que les
autns haletants de la montagoe. La plupart sont bûcherons,
seieurs de planches, charbonniers et même quelques-uas éle-
veurs de bétail.
* Les ruines de l'ancien cliâteau de Daho se trourent sur
les rochers d'une haute montagne.
' Il 7 a aussi à Ëngenthal un château appelé WangBih
bourg, qui tire ck>n nom des barons de Wangen. Ge château
est en mbies et il est peu intéressant, d'autant plus quil se
trouve dans un ibnd. Cependant le garde forestier de l'en-
droit était mécontent en nous voyant visiter ces ruines sans
lui avoir demandé permission : « Ce n'est pas peu que de
visiter un castel de si haut renom dit-il. Pour lui, il s'a-
gissait peut-être d'avoir un petit pourboire, chose importante
aux yeux d'un honnête cabaretier
< Chez les anciens Francs, U existait une coutume d'après
laqueUe tout voyageur pouvait être tué, s'O abandonnait le
grand chemin, sans foire entendre on cri de sauve-garde.
Aussi, à cette époque, on ne voyageait pas en philosophe, en
géographe ou en touriste, pour prendre connaissance des
divers peuples. li n'en est plus ainsi dans notre Europe mo-
derne. Cependant un étranger qui délaisse les grandes voies,
est regardé presque partout comme un vagabond, un brigand
* Gilce à H. Weyw> il j a maintenant à Wangenbourg un très bon
hôtel, où on peut, comme anx Trois-Epis, an Hohwald, passer me saison
estivale. La cascade du Nideck, l'église de Haslach, le château d'Oeh-
senstein, offrent de magnifiques buts de promenade. Le village était nne
haute justice appartenant à M. h haron do Wangon. L'é-Iise roiiferme
encore des tombes anciennes. D'après Cantener, la commune aurait près
de neuf lienes de tour; il est vrai de dire qu entre chaque voisin, il y a
quelquefois plus d'une demi-heure de marche. On rencontre assez
souvent de ces paroisses dans les Vmges. Wangenbourg dépendait du
Directoire de la noblesse hnmédiale de la Basse-Alsace.
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Ll BfflïNlRHRIW HT IM OOHXt DB DABO
815
OU un espion, même là, où, d'après ropinion de tout îionnête
homme, il n'y a rien à espionner. Bien souTent môme, les
paase-ports ne peuvent protéger contre les maoTsis soupçons
et répUiète d'espion. Les Yoyagea» qui s'arrêtent quelque
temps dans une contrée pour se rendre compte des habitants,
de leur industrie, on qui y sont pour y fhire quelque étude
philosophique sur les mcenrset le caractère d'une population,
sont, principalement en Allemagne, exposés à cette insanité
patriotique de la populace et à l'ennui de se voir traités
d'espions. C'est dans ce pays, que la basse classe est plus
acharnée à se nuire qu'ailleurs les souverains. La distance
d'un mille y suffit pour rendre les hommes méfiants les uns
enTers les autres.
« Nous avions, pour aller à Lettenbach \ un chemin bien
agréable trayersant des collines et une reliée bien cnltiTée,
et à mesure que nous approchions de la verrerie, noua ren-
contrions une civilisation plus avancée. Lettenbach est situé
d'une manière ravissante dans une vallée qui s'étend du
couchant au midi, son loin de la source de la Sarre ^ On y
voit des prés, des champs et des jardins fertiles. En descen-
dant du cdté de ronest, le hameau touche immédiatement à
hi plaine de Lorraine vers Sarrebourg et non Ssarbrflck, et,
id je ne me trompe, l'endrdt est de ce ressort Les pro-
priétaires de la verrerie résident à Mets. Busching, dans sa
7' édition de la Géographie de la France de Tannée 1777, ne
fait mention d'aucune verrerie en Lorraine, en Alsace ou
dans le pays messin; il paraît en général que cet auteur a
puisé presque toutes ces citations dans ÏAkatia ilkairakk de
* Hamein célèbre par aa verrerie fondée par les moioes de Marmoa-
tier, Mignetirs de Sai&Khiirin, bon^ da pays messin, diocèse de Heti,
twm mmtno pecuniœ danmo.
* La Sarre (i Strasbourg, avant 1870, Saar ; ù Nancy et à Metz, Sarre)
prend sa source sur le revers septonlriunal des Vosges, et non aa châ-
teau de Salm, situé dans la vallée de la Bruche.
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816
nmiB D'ALBAfll
Scbœpflin, qui, comme on le sait, s'attachait plus à 1*h!8toîre
te antiquités qu'au reite. Depuis ce temps, il y a eu beau-
oonp de changements. Dans le petit district seul où je suis
en ce moment, il y a trois verreries K A Lettenbach, il y a
quatre-vingts oavri6r8,on ytSibriqae des Titres, des bouteilles,
des verres à bière, à vin, à patte, ete. Par suite de rétablis-
sement de la fabrique, l'endroit a beaueoup gagné en popu-
lation. On y trouve des artisans, des merciers, des marchands
de toute sorte et de bons moulins, plusieurs hôtels et auber-
ges. De vastes bâtiments servent d'entrepôt pour le verre, et
sont pleins des produits de la manufacture, ce qui donne une
tiaute idée de Tactivité de oette usine. On m'a dit que plusieurs
tonnes d*er sont engagées dans ses affaires commerciales.
Pour la visiter, il m*a follu demander la permission à un te
associés qui était là. J'ignore s'il ne s*était pas figuré que
j'étais moi-même verrier ou que j'étais eu relation avec des
concurrents, ou a-t-il voulu Himplement plaisanter, lorsqu'il
m'a demandé si je ne voulais pas profiter de l'organisation et
du système de fabrication pour créer une verrerie semblable.
Je lui répondis en riant que je me ferais plutôt couper la tête
que de vouloir laire du verre; et dès lors, il ne fit plus de
difficulté. Je ii*ai pas trouvé id une bien grande différence
entre les ikbriques de glaces que j'ai déjà vues ou celles tet
j'ai lu la description.
« Ce propriétaire de la fabrique est, du reste, un exemple
de ce que peut faire le zèle, la prudence, Tordre et l'esprit
d'entreprise. On m'a raconté qu'il avait été aide berger et
qu'il avait commencé avec quelques sous un petit commerce
de rubans, et un trafic plus grand succédant à un plus petit,
il avait pu arriver à être ce qu*il est aujourd'hui : un des
plus riches négociants du pays. G*étaient les fruits de Téco-
nomie, de l'ordre et de Factirité qui régnaient dans son
intérieur.
* La CarUhiitte d'iiarreberg, comte de Dabo (Alsace), de Plaine de
Walwb, ta comte de LOtielbourg (Lorraine) et de Lettenbac^(Evêehi8).
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UE t>CUN£EB£Ra ET LE COMTÉ DE DABO
317
« On parle le patois roman à LetteDbach.
€ Après avoir quitté cet endroit, j'ai traversé Abresclnvil-
1er grand village du comté de Daho, qui ressemble à une
petite ville. Il y a beaucoup de marchands et d'ouvriers. J'ai
fait une visite au procureur fiscal seigneurial Baumgart , qui
m*a dit qu'on trouve eocore dans les montagnes de vieux
troncs de 7igne^ môma an milieu des grandes forêts. Jadis, •
selon loi, il régnait dans ces contrées montagneuses nna bien
pins grande actiTité indostrielle qa*aiqonrdlini; ce qui proa«
Terait qne bien des endroits étaient habités et coltiTés, qui
ne le sont plus de nos jours. Ainsi, on voit des raines d'babi-
tations et de vieux châteaux, là où il n'y a plus du tout de
village. Moi-même, j'ai vu plusieurs de ces ruines.
« Mais, selon moi, jamais les montagnes n'ont été plus
peuplées que de nos jours, ni mieux cultivées. Les ruines
montrent seulement que les chevaliers cherchaient dans les
profondeurs desmontsgnes un abri sûr pour eux; tandis que
leurs siqets habitaient ordinairement la plaine. Il n'y avait
donc pas dans les Vosges une population plus forte que dans
le cours du tiède actuel*.
* Le plus riche village dn comté, dit Sehœpflin, par les avantages
qoa loi donne la Sarre pour le eommeree des bois* Je ne sais poni^
qnoi le savant historien donne la jnstice et le patronat de eette localité à
l'évôque de Metz. En 1784. le bailli du comté, M. d'Elvert, et le greffier
Muret demenraient à vSavernc, le procureur fiscal Verniory résidait à
Abreschwiller. L'évêque prétendait peut-être nommer le curé en verta
de soQ droit de création. — Abreschwiller est la patrie da vertueux
Gange, le pbllanQiro|ie portefaix pendant la Terreur, du générallordy et
de M. Chatrian, nn des anteors des « Romans nationaux »,
* M. de Siny parle aussi de la vigne 'd' Abreschwiller. Selon M. Jou-
ve, les vignes ne manquaient pas près de Senones, d'£tival, etc. A
quoi attribuer leur disparition?
* V. dans les Mt^moires de la Société philomatique de Sainl-Dié, 1877,
p. 11, une très savante dissertation sur l'ancienne population des Vosges,
par H. Jouve : « Les moines ont sa grouper des populations moins
denses qn'anjoardlrai, mais eUet «xittaieiii, ils ne les ont point créées »,
dit le savant professeur.
318
BBVDB D'ALSACK
< Je pris mon chemio depuis AbrasGhwiller par quelqaei
Tillages de la Lorraine, dans lesquels on parlait le dialecte
alsacien. J'ai également traversé d'autres localités où on s'ex-
primait en français. Le paysan lorrain me parut nsiblement
plus pauvre que celui d'Alsace. De misérables cabanes, des
champs mal cultiTés, des figures minables se ?ojaienten plus
grand nombre.
c On lit dans Bosching que le pays produit beaucoup de
Yin ; je trouve qu'il fournit plutôt du blé, qui est expédié en
Alsace, province qui, en retour, lui donne du Tin.
« Les animaux domestiques ne sont pas, en Alsace, d'une
bien grande taille, particulièrement les chevaux; mais ils
soHt encore plus chétifs en Lorraine. Depuis longtemps on a
l'habitude d'atteler les chevaux de trop bonne heure; de
plus, ils sont mal nourris et fatigués outre mesure; de sorte
que la race devient de plus en plus malingre et chétive, et
de nos jours on voit de ces malbeureuses bêtes attelées, qd
ressemblent à des pouldns d*nn an\ Cependant, on ren-
contre cerbdns fermiers et même des régions élevées pour-
vus d'excellents attelages.
« Le sel et les carrières sont les richesses de la Lor-
raine, qui me paraît pouvoir êtra classée dans la troisième
classe de la science économique, en partant d en haut, tandis
que toute l'Alsace peut entrer dans la deuxième classe;
cependant, quelques parties de cette dernière province appro-
chent de la première (f ! j
« L'élevage des bestiaux pourrait être bien plus important
en Lorraine qu'en Alsace. Cependant on voit encore de grands
troupeaux de moutons, de porcs, etc., traverser ces contrées.
Ils sont expédiés du Wurtemberg et du reste de rAUemagne
sur Paris.
' Aa bout d'nn siècle, on pournit adresser les mêmes reproches aax
cnltiTatean.
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UB SaSDfBIBBBa ST LB OOUTft DB OiàBO
819
c Ptaaisbonrg est la clé de la Lorraine; c^est ane ville
bien Itfttie^ avec de nonrelles fortifications près des Vosges,
non loin de la Yîlle de SaTeme, dont elle garde le défilé
comme la plaoe d*Hnningiie snnreille le pays vers Bâle. La
grande route de Strasbourg à Paris traverse cette localité.
« Malgré qu'on n'apprend pas à connaître ce qu'un pays
a de plus curieux en suivant les grandes voies, je pris ma
route par cette belle chaussée qui, en elle-même, est ce qu'il
y a de plus remarquable ici. Je ne troave pas exagérées les
descriptions qui en ont été faites. Je ne puis dire qu'elle a
été eonatmite par-dessns les montagnes, mais bien qu'elle a
été percée à travers. Ce qae les missionnaires de la Cihine
racontent de tels grands diemins de oe pays, de la grande
muraille bâtie sur de bautes montsgnes, ne doit pas être
plus merveilleux, si on fait la part des exagérations. On a,
à force de travail, fait disparaître et écarter de très grandes
roches. Le pavé est taillé dans le roc. Je fus agréablement
surpris de trouver daus un coin sauvage et inhabité une
inscription sculptée sur une paroi de rocher, qui perpétue
la merreille et le souvenir de l'entreprise. De distance en
distance, des sources sortent du roc, principalement près
d*une beUe grotte, où se trouvent des bancs pour le voyageur
btigué
■ Lorsqu'on descend de la montagne et qu'on distingue
tout-à-coup Saverne dans la plaine avec sa rivière, son châ-
teau, ses jardins, ses nombreuses ruines féodales perchées
sur les hauteurs des environs, la plaine s'étendant bien au
loin et émaillée d'une foule de villes et de villages, on éprouve
plus de peine à descendre la montée qu'à la gravir. J'em-
ployai bien une demi-heure à contempler ce beau paysage
' Le voyageur Fr.-J. Gondercede (Amm, Breslan, 1783, 1. 1, p. 33)
tnmvft an mois de mars 1774 que la place forte de Phalsboarg était une
petite viUe comme Sarrebonrg.
* le unU du Charlti. Le voyageur parcovnit la noavelle et
randeene rente.
880
BHvra d'alsaoi
el je ne pus pas m'empêchtr de m*iriéter chaque fois que
mes regards se perdaient dam IMinmeine horizon, et jen^eiiB
pas tort de tant tarder, car la ?ille eai mal bâtie et les habi-
tants ne me plurent pas.
• J'escaladai tous les châteaux ruinés, aussi bien le Greif-
fenstein que le Hoh-Barr et les Haut- et PeUt-Gerols-Ëck.
Ces trois derniers burgs sont alignés sur des sommets d'égale
hantear et ne sont séparés l'on de Tautre que par une petite
dépression de terrain et non par des vallées.
c Greiflfenstein est I Topposé ?ers l'oceident; il est perché
seul sur une haute montagne boisée. Du fond de la vallée, on
n'en voit qu'une tour. La Zorn et sa profonde vallée séparint
tous les châteaux. Je gravis le Greiffenstein un dimanche.
On y voit encore les restes bien conservés de salles et prin-
cipalement 1<8 mines d'une vaste chapelle tournée vers le
fond de la montagne. C'est id que semble avoir été rentrée
dn château et non sur le devant, où la colline Adt Ihce à la
plaine de Saveme. Presque tout le burg repose sur d'énormes
rochers. Les pans en avaient été taillés et Tintérieur formait
différenteiî pièces, dont quelques-unes devaient être construites
triangulairement. Sous le rocher étaient des souterrains, dont
les entrées étaient presque toutes recouvertes de grilles. On
me dit plus tard que ces ruines servaient de repaire à des
brigands, à de faux monnayeurs et à d'autres gens tarés. Ces
nobles débris, environnés de forêts, Isolés, au milieu de mrats
sauvages et peu fréquentés, sont trte propres à recevoir de
pareils gens. L'obscurité de l'entrée ne me frappa [)asd*abord.
Mais après nous être arrêtés silencieux dans la salle intérieure,
nous entendîmes un bruit sourd. Il nous parut in?rai8ein-
blable que, près de la cathohque ville de Saveme, quelqu'un
se permît le dimanche d'abattre des arbres. Nous écoutâmes
tout d'abord et nous découvrîmes bientôt que ce bruit était
celui d'un marteau et que le plancher sur lequel nous nous
trouvions était doucement ébranlé. Gomme rien ne nous
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LE SGHNEEBJbUG ET LS COMTÉ DE DABO 321
forçait de risqoer notre.TÎe poar faire punir les malfaitenrs
de la terre entière, et que nous supposâmes avec raison que
si une personne se trouvait sous nous, plusieurs pouvaient
également y être, avec lesquelles peut-être nous nous accom-
moderioQS fort mol, n'ayant que de aimpies couteaux de
chasse pour toute arme défenaîTe, nous sortîmes de suite à
petit pas en longeant rentrée couverte.
c Le château du Haut-Barr est à peu de distance sur la
montagne en fice vers Torlent. Ce qu*il y a de plus remar-
quable, est un puHs taillé dans le roc et dont on tire Tenu
d'une profondeur extraordinaire, il y a aussi une petite cha-
pelle. A rentrée du château est une inscription portant que
révôque de Blanckenhcim l'a restauré pour la sécurité du
paya. Je n'ai pu déchiffrer la date; 1H33, selon mon ami; je
crois plutôt que c'est 1583 et l'historien Schœpûia est de mon
avis. Les paysans disent Boppar en parlant du château.
< Tous les turgs du Yasgau ont été construits dans des
conditions extraordinaires de solidité. Les murs ont souvent
de chiq à six pieds d'épaisseur et sont revêtus de pierres de
taille jusqu'au faîte. C'est une barbarie sans nom de les avoir
tous détruits! Le plus grand nombre résistèrent aux mortiers
et aux canons et durent ôlre pris parla famine ou en faisant
sauter les murs avec la poudre. L'intérieur de l'un d'eux
avait en superficie un jour de terre et on y récoltait effecti-
vement des grains. Ces masses imposantes donnent une grande
idée de nos ancêtres. Ce qui leur manque en magnificence
et en ornementation, se trouve remplacé par la force et la
solidité. Quelle idée splendide d'établir sa demeure sur une
hauteur d'où la vue domine tout le pays et de pouvoir être
avec ses propres yeux le gardien de ses vassaux ! Nous n'a-
vons plus, il est vrai, du tout besoin de ces châteaux. Les
grands seigueuisont absorbé les petiis gentilshommes: un
seul homme commande à des millions d êtres et peut se servir
de mille mains étrangères pour s'aider à gouverner. SI nous
XoiiTdte Siite. — 7- Annéo.
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m
R£VU£ D ALfiACE
ne sommes pis pins malheureus qa*à cette époqut, nom
8011111166 certainement rarement plus heureux. Les époqaas
moins civilisées araieut moins do b«^soins et plui de moyens
de les satisfaire. Nous avons actuellement beaucoup plus de
Ji)esoins et bien moins de ressources pour les contenter. Le
peuple s'épuise petit à petit de plus en plus. •Ëo détruisant
les châteanx, on brisa rorgsnisatîon mosealilre des sujets.
Ausd de nos jours, le peuple est-il Juste asses heureux pour
pouToir dire qu*il n*est pas malheureux.
<r Le jardin do chftteau de Saverne est très beau. Sur le
côté éclairé par le soleil du matin et de raidi, il y a des
vignes; de l'autre côté, on voit des petits bois; sur la partie
du midi, juste derrière le château, on trouve des parterres
de ù&aia et uoe foule de choses agréables. Entre les forêts
el les vignes, on a creusé une pièce d*eau solitaire, formée
par les eaux de la Zom, que Ton voit couler dans un Imntain
bordé de longues allées. Le château a été incendié, il y a
quelque temps.
« L*abbaye de Marmoutier a aussi de splendides jardins»
Le pays est plein de châtaigniers.
» Birkenwald *, village considérable dans la montagne,
vers l'Engcnthal, est célèbre comme étant la demeura d'un
des plus savants et des plus éclairés gentilshommes de l'Al-
sace. M. de Birkenwald échangea une longue correspondance
avec Voltaire. U reçoit souvent la visite de savants français
et il ne méprise pas les écrivains allemands. Mais il lui fout
un bon lecteur, car il est complètement aveugle, n perdit un
CBil i la guerre et Tautre suidt bientôt le sort du premier.
Je m'entretins fort agréablement pendant une grande heure
avec ce charmant vieillard que l'on m'avait dit doué d'un
^ Birkenwald ressortait au Directoire de la noblesse immédiate de la
Basse-Alsace. Le château a ê[o reproduit dans l'Alsace noble. Il appar-
tient aojourd'hni à M. le baron Gustave de Latouche, ancien membre
da Conseil général du Bas-Rhin et alUé aux Birkenwald (V. b NotsIlQ<
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LE SCU.NKbUSRG £1' LE COMTÉ DE DKBO
333
sens physionomique très fin; car, à ce qu'on prétend, il peut
juger un homme d après sa voix et son langage.
* Les gentilshommes alsacitins ont l'habitude, en parlant
à des professeurs ou à des sa?ants, d'employer le pronom f7,
Er, Gela peut s'expliquer ainsi : lorsque la langue allemaDde
commença à se polir et à se perfectionner, TAIsaoe Tenait
de passer sons la domination française. La littératore fran-
çaise prima tout et la langue française gagna de joor en jour
du terrain. La langue allemande, par contre, an lieu de
perdre de sa rudesse et de s*épurer, resta dans la provlDce
aussi barbare que dans les siècles anciens. On l'abaissa et
on la laissa tomber d'une manière incroyable; car on la mêla
à un v(5ritable mic-mac de français. Gela devint à la fin un
baragouin germano-français. Par suite, un gentilhomme
alsacien parlant à Klopstock, à Lessing ou à tout autre grand
teriyain allemand, dira er. M. de Birkenwald me qualifia
de cette dissonance grossière» mol, jadis humble professeur de
philanthropie; mais an bout de quelques minutes, il se servit .
dn pronom plus élégant et plus poli «oiia,
« Il est vrai que ce fut la seule fois que j'entendis cette
expression saugrenue en Alsace, car la noblesse, comme celle
de Berne, [larle habituellement le français. Quoiqu'il en soit,
si les savants et les professeurs se laissent traiter d^une
manière aussi méprisante, non seulement ils le méritent,
mais ils méritent encore d*étre expulsés de la République
des lettrée et d'être relégués an milieu des veilleurs de nuit
dans les ranp de la vile populace I >
Après cette vigoureuse sortie sur le respect dû i sa « per*
sonne >, notre professeur continue ses courses, fixant toujours
son attention sur l'état de l'agriculture et la situation de
la production ouvrière et du commerce. Avant de visiter la
Suisse, il ûi un voyage à pied par la Basse- Alsace \ dans le
* Près de Bnunatb» il Toit de grandes plantatioiis de légumes.
834
BEVUS D'ALSAOK
Palatinat, il revint parMannheim etCarlsruhe à Strasbourg.
Il jïi travailler le gravier aurifère du Rhin.
€ Dû prétend, dit-il, que les orpailleurs meurent tous à
rhOpital, Je le gtoub Tolootiera et je iroure qu'on fait très
bien de ne pas lecherdier dans TIll ou dans la Bruehe iei
parcelles d*or que ces rivières renferment >
Son voyage sur le Rbia lui inspire encore une autre
réflexion :
« Je YOttdrais pouvoir calculer, dit-il, la valeur du bois
▼olé sur les riTSS par les gens qui descendent le Rhin sur
des bateaux ou radeaux. Us prennent tout le bois quil leur
&ut pour cuire, et le fleuve est constamment couvert de
barques ! Je m*étonne qu'après cela, on laisse encore le bois
façonné sur les bords du fleuve. Je veux bien que les pauvres
mariniers y gagnent quelque chose ; mais cuique suum, »
Notes
I
JjQ lutin de la maison de cure de Walscheid
t J*ai reçu, le 85 août 1746, une lettre d*un fort bonoèle
homme, curé de la paroisse de Walscbe, village situé dans
les montagnes des Vosges, au comté de Dabo ou Dagsbourg,
dans la Basse-Alsace, diocèse de Melz, qui a Strasbourg 10
lieues vers le midi. Par celte lettre, il me dit que le 10 juin
1740, à 8 heures du matin, lui étant dans sa cuisine avec sa
nièce et sa servante, il vit tout-à-coup un pot de fer qui fut
mis à terre, et y flt trois ou quatre tours, sans qu'il y «ût
personne qui le mit en mouvement Un moment après, une
pierre d'euTiron une livre pesant, fiit jetée de la ehsmbre
voisine dans la même cuisine, en présence des mêmes per-
sonnes, sans qu'on vît la main qui la jetait Le lendemain.
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LE 8CHNBKBSBG BT LE COMTÉ DE DABO
833
à 9 heures du matin, quelques carreaux de vitres forent
cassés, et quelques pierres furent jetées à travers ces car-
reaux avec une dextérité qui parut surnaturelle. L'esprit ne
fit jamais de mal à persoane, et ne fit rien que pendant le
ionr ait Jamais pendant la nuit. Le curé empîoya les prières
noarquées par le rituel, pour bénir sa maison, et depuis ce
temps-là, le génie ne brisa plus de fifres, mais 11 continua de
jeter des pierres sur les gens du curé, sans toutefois lei bles-
ser. Si l'on apportait de l'eau de la fontaine, il jettait des
pierres dans le seau; il se mit ensuiti à serrir dans la
cuisine. Un jour, comme la servante plantait des choux au
Jardin, le génie les arrachait à mesure et les mettait en mor-
caaaz; la serrante eut l»eau à tempêter, oienaesr, Jurer à
rallemanda, le génie continua ses liadineries.
< Un Jour qu'on arait bêché et préparé on carreau au
jardin, on trouva la bêche enfoncée de deux pieds en terre,
sarYB qu*on vit aucun vestige de celui qui l'avait ainsi fichée
en terre; on remarqua sur la bêche un ruban, et au côté de
la bêche, deux pièces de deux sols, que la servante avait
serrées la veille dans une petite boite. Quelquefois il prenait
plaisir à déplacer la vaisselle de fayence et d'étain, et de la
ranger en rond dans la cuisine ou dans le porche, ou même
dans le cûnetière, et toujours en plein jour. Un jour, il rem*
plit un pot de terre d*herbes sauvages, de sons, de feuilles
d*arbre, et ayant mis de Teau, le porta au jardin dans l'allée.
Une autre fois, il le suspendit au cramail sur le feu. La ser-
vante ayant cassé deux œufs dans un petit plat pour le souper
du curé, le génie y en cassa deux autres en sa présence, la
servante ayant seulement tourné le dos pour y mettre du sel.
Le curé étant allé dire la messe, il trouva au retour toute sa
vaisselle, ses meubles, son linge, pain, lait et autres choses
répandues dans la maison.
< Quelquefois il fi>rmait sur le paré des cercles, tantôt
avec des pierres, tantôt arec du blé ou des feuilles, et dans
326 BBVOB D'ALSAOB
nn moment, aux yeox des assîsttnts, tout cela éUit renrersé
el dérangé. FaUgué de tout ce manège, le curé fit Tenir le
maire du lieu, et lui dit qu'il était résolu de quitter la maiion
curiale. Bans ces entrefaites, arriva la nièce du curé, qui
leur dit que le génie avait arraché les choux du jardin, et
avait mis de l'argent dans un trou en terre On y alla et on
j trouva la chose comme elle l'avait dit«. On ramassa l'ar-
gent, qui était celui que le curé avait mis dans son poêle, en
un lieu non fermé, et, un moment après, on le trouva de
nouveau avec des liards deux à deux répandus dans sa eoi-
Bine.
« Les agens du comte de Linange étant arrivés à Walflche,
allèrent chez le curé et lui persuadèrent que tout cela était
l'effet d'une sorcellerie; ils lui dirent de prendre deux pisto-
lets et de les tirer à l'endroit où il remarquerait quelques
mouvements. Le génie jeta en même temps dans la poche
d'an de ces offlders deux pièces d'argent, et, depuis ce temps,
il ne se fit plus sentir dans la maison.
< Cette circonstance de deux pistolets qui terminèrent la
scène de l'esprit follet qui inquiétait le bon curé, lui fit croire
que ce lutin n'était qu'un certain mauvais paroissien, que le
curé^ avait été obligé de faire sortir de sa paroisse et qui,
pour se venger, avait fait dans la maison curiale tout ce que
nous venons de voir. Si cela était, il s'était donc rendu invi-
sible, ou il avait eu le crédit d'employer en sa place un génie
fkmilier qui intrigua le curé pendant quelques semaines ;
mais sll n*était point en corps dans cette maison, qu'avait^ll
* Le cnré se nommait André Albert, né à Freybouse (canton de Gros-
Tenqvin), il occupa sa place de 1738 h 1774. Il avait la dîme dn village
et de ses dépendances. Michel Albert le remplaça; la Révolution le
surprit, sans l'abattre, car il partit pour l'exil.
Schœpllin traite rudement le village de Walscheid, cu/tw titeote»
nliquû inH it ferocu, dil-il (ibofta, L I, p. 193). AbresehwiOer M
détaobé de la paroisse de Walsebeid avec Toyer. Un pen avant
Tannée 1780, ce dernier village fiit aussi érigé en eore.
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LB aoHRmnrao bt lb oonté db dabo
397
à craindre dt coaps de pistolets qu'on aurait po tirer sur
luit Et 8*il était en corps, comment pounit-il se rendre
iofisiblet' >
n
Préoin de la maladie épizootique qui a régxié dans
le comté de Llnange-Dabo et dépendanoes, en-
Toyé à M. Bertin, ministre et secrétaire d*Btat»
par M. de Galaiziàre, intendant de Strasbourg*.
c Depuis le 15 août, uns maladie particulière paraissait
attaiiuer les I>e8tiaax dans quelques tillages de ce comté.
Gomme le pajaan, toujours craintif sur Tidée seule de ce qu'il
pourrait loi en coûter en réclamant les secours des gens
instruits, est dans Tusage d'attendre la dernière nécessité,
ou que le danger soit réel et présent pour se déterminer à
employer les moyens ou curatife, ou préservatifs, et que, dans
ces états d'indolence, il ne se donne pas même la peine
d'examiner ou de checcber les causes de ces épidémies qui
souTsnt l'environnent; par une conséquence naturelle, il en
résulte communément qne ces causes se multiplient, s*sggra-
▼ent, deriennent pires, que la maladie se propage, que les
accidents augmentent, et que le caractère et la nature de la
maladie s^envenime. Voilà précisément ce qui rient d'arrirer
aux viiiag<}8 d'Abresclnviller, Walscheid, Dabo, chef- lieu et
dépendances, par rapport à l'épizootie en question. Les habi-
tants qui, dans les premiers moments, n'avaient pas fait
grande attention à cette maladie, commencèrent enfin à s'ef-
firayer des progrès que leur négligence leur a?ait laissé dire,
et ils prirent le parti de réclamer par requête les secours de
M. de Is Galaizière, qui, sur le chsmp, Ht partir les sieurs
Adolphe et Guise, tous deux élères de TEcole Tétérinaire de
* DoM Galmet, Traité des HfpanHoiu ie» Etprits. Senones, I7ô9,
t. I, p. 225.
• GaseUe d'agricuUure. Paris, 1778, in-4s p. 675.
REVUE D'ALSAOB
Paria. RendiM à Dabo, ils se parkagèreiit les oommiuiiatéi
dans lesquelles la maladie régnait arec le plus de force. Le
sieur Adolphe 8*étaot transporté à Dabo et dépendances, où
85 bœufe, 9 vaches, 4 chtvaux, 4 ânes, avaient déjà péri de
celte maladie, y trouva 80 pièces de bétail attaquées et infec-
tées de cette épidémie. Il employa sur le champ les remèdes
et les moyens que nous indiquerons plus bas, avec tant de
tawès qu'il n'en a perdu aucune; ses soins et ses précautions
poar garantir les antres animaux, lui ont si bien réassi
qn'anenn autre n*en a été afEaclé par la suite.
c Le sienr Gnise ent en partage les villages de Walsche
et d^AbreschwilIer; dans le premier, 40 pièces de bêtes à
cornes étsient déjà mortes. Il y tronva 260 t^lèees attaquées
de la maladie, à laquelle cinq seulement ont succombé, parce
qu'elles avaient été mal traitées, dans le principe, par un
charlatan qui se trouvait là. Cet élève a de plus garanti de
toute invasion 110 pièces dans ce même endroit. A Abresch-
willer, le même Guise a traité quinze pièces attaquéea de la
même maladie et aucnne n*a péri ; SOS antres ont été préser-
vées de tonte oontsgion par ses soins et par le moyen des
préservatifs qu'il leur a administrés. Avant son arrivée dans
ce lieu, 17 bêtes à cornes étaient mortes de la maladie.
« La vérité de cet exposé est constatée parles certificats des
maires et préposés desdits lieux, envoyés et exisians dans
les bureaux de riutendance à Strasbourg.
Ei^é dê la makuH»i symptânm et itaitmmt
c de cmel fléan s'est manifesté dans le courant d*août,
avec tant de rapidité que, depuis le 15 au 29 août, il élalt
péri à Dabo 52 pièces, à Abreschwiller 17, et à Walscheid
40, en tout 109 su quatorze jours, comme il eat constaté par
les cerliûcats.
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LB SOHNRKBKRO BT LB OOUTÉ OB IMkBO
Caum des tymptômu
< 1 ° Les grandes et conliauelles chaleurs de Tété, qui ont
séché en partie lea lacs et les marais ; 3** la disette de bonne
eta jponr abreuver les bestiaux: 8* les miasmes putrides
exaltés par la chaleur; 4* l*lierbe que pAturaient ces animaux.
Gstte herbe étant sèche^ noire et chargée d*une partie de ces
miasmes, ou au moins d*une espèce de ronille, ne pouvait que
leur fournir une nourriture malfaisante. Ajoutez à cela les
chenilles qui ont été celte année très nombreuses, et qui, en
tombant des arbres, s'attachaient aux plantes et étaient con-
séquemment avalées par les bestiaux; 5" des écuries très
basses, mal ou point aérées, plus mal situées, ayant au jour
des fumiers en grand tas, qui, par les chaleurs, ne pouTaient
manquer de produire des exhalaisons très putrides. Les
symptômes les plus apparens et les mieux rérifiés étaient :
1' Une respiration gênée, une écume ou bave sortant de
la bouche; des tumeurs critiques qui se manifestaient indif-
féremment sur toutes les parties du corps : ces symptômes,
quoique très graves, n'influaient en rien ou pour peu sur
les autres fonctions animales, qui ne se ralentissaient qu'au
moment de la mort : phénomène extraordinaire et très rare;
8* nn bœuf attaqué de la maladie ayant flenté, on imprégna
de la fiente du blé, qui fut donné un moment après à an
poulet; oeTulatîle en creva an bout de deux beures qu*il Teut
mangé; on ouvrit un des dépôts critiques et on laissa couler
une goutte de la matière qui en coula, sur une pièce d'ar-
gent. Cette pièce devint noire en très peu de temps et rendit
du vert de gds; 5* le bourguemestre de Walscheid, pour
avoir écorcbé un de ses bœufs crevé avec une tumeur critique,
est mort des suites d'an semblable dépôt qu'on négligea de
soigner. Une fille, pour avoir mangé de la viande d'un bœuf,
qui fiit tué aa premier symptôme de maladie, en est morte,
et sept antres personnes ont été en très grand danger pour
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BEVUB D'ALSACB
la même cause, mais H. Grosse, chirargîen hatnle de Sarre-
boarg, leur a administré des remèdes oonrenables, asses à
temps pour les saoTer tontes. D a été ocenpé trois semaines
à leur guérison; 6° un jeune paysan voulant eonnattre par
lui-même l'état de la bouche d'un de ses bœufs malades, et
s'étanl sans doute approché de très près, a été infecté par la
respiration de l'animal, au point qu'il a eu les lèvres rem-
plies de pustoles.
CuraUon, traitement et préeervat^ê
< On a commencé par éloigner autant qnll a été possible,
ls8 causes physiques, en aérant les écuries, en écartant le
voisinage des fumiers, surtout ceux dans lesquels avaient
pourri des végétaux; en ne donnant à boire aux animaux
qu'une eau pure et claire ; en parfumant les étables plusieurs
fois le jour avec de la graine de genièvre alternativement et
du vinaigre. Les animaux attaqués, chez lesquels nul dépôt
critique ne s*était encore manifesté, avalaient tous les jours
une ou deux potions antiseptiques fiiltes avec les infusions de
kina, de baies de genièvre, auxquelles on ajoutait du nitre,
du eampbre et de la tbériaque, quand la nature paraissait
trop engourdie, [lest arrivé que, malgré ces remèdes sus-indî-
qués, elle ne faisait encore aucun effort, alors on la sollicitait
avec une espèce de cautère, qu'on établissait au moyen de la
racine d'ellébore introduite entre cuir et chair, et qu'on avait
grand soin d'entretenir jusqu'à guérison; on en agit de même
dans les tumeurs vraiment critiques opérées par la nature,
en ayant soin de les ouvrir dans toute leur longueur et d'y
fàire nattre une suppuration au moyen de digesti& fidts arec
l*onguent badUoon et les cantharldes.
« Je ne ferai aucun délai! des boissons adoucissantes,
délayantes et nitrées; ces remèdes étaient rendus plus ou
moins actifs suivant l'exigence des cas; les saignées, les
lavements, les purgatUs, à la fin, ont trouvé leur place. Je
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ut soHNBBBna n le oouri dk tuœo
831
ne dois point oublier de dire que le soufre a été employé
intérieurement aTee soccès
Orner kure des cadÊorei
« Les é\ëve3 n'ont pu ouvrir que les cinq cadavres dont
j*ai parlé plus hHut; il» oui trouvé la rate enflammée et même
gangrenée; 2* le sang des yeines absolument aqueux, pheuye
de oolllquation ; 8* ila ont trouvé deux diaphragmes sphaeelés
avec des ooTertnres et des écartements dans k partie char-
nue, symptôme qui les a étonnés, mais que Je regarde comme
l'effet et la suite du sphaeel .
< A Strasbourg, le *S octobre 1778.
• Signé : Laghaubss,
aneim méd$ein dSst Jrméu du Bsy^ de fttûpiki mMÊirê,
dMurgé dê fkupMon m Vabnim d$ M, Bênodin. >
m
M. de Birkenwald
Le « savant » Charles-Ferdinand Dupré de Dordhal sei-
gneur de Birkenwald, d'extraction lorraine, était membre de
la noblesse de la Basse-Alsace.
n naqnit le i 5 février 178S et il mourut le 19 janvier 1788.
' D'après if. Salle, vétériiiaire en premier an 9* régimeiit de dragonSt
les eanses invoqoées eoat des lieux eomnims stos valeur. Les symp-
tômes assez vagues, pea précis, ne penvent en rien faire supposer que
cette maladie soit la peste bovine. Les lésions n'ont rien d'assez carac-
téristique pour affirmer que cela soit cette terrible maladie. Une seule
chose surprend, c'est que les vétérinaires n'aient pas en reeovrs à la
séqaestaiHon» k risolement
Un tut frappe dans cette relation, c'est la faciUté de contagion ; et la
mort des sujets contaminés, hommes ou bêtes, permettrait de sup-
poser que l'a&ction observée en 1778 serait plutôt le charbon qae la
peste bovine.
* Château et ferme, canton de Uienze.
BBVUB D'ALBAiOB
U fut inhumé dans le chœar de 1 église de Birkenwald. De
son mariage avec Marie-Elisabeth de Musiel, il n*eut qu'une
fille, Fanny, qui eut le fief de Birkenwald, sous la gaide noble
de sa mèro.
A la RéTOlotion, la mère et la fille émigrèrent et elles pas-
sèrent ffaelqnes années à la Cour de Vienne \ Le premier
Consul les fit rayer de la liste des émigrés et leur fit rendre
leurs biens. II maria la jeune fille à M. le marquis de Gri-
maldi-Monaco, son oiïlcier d'ordonnance .
Leur union ne fut pas de longue durée, car le marquis
mourut à Paris, en 1803.
Le veuTage ne fit qu*embellir les charmes de IP de Bir-
kenwald et peut-être aurait-elle volé à de nonveanz liens,
lorsque Tinexorable mort vint la frapper presqu'une année,
jour pour jour, après la mort de son mari. Elle habitait Flo-
rence et était une des rares étoiles de la petite Cour de la
célèbre comtesse Albani la reuve du prétendant Charles-
Edouard, remariée alors en secondes noces au poète Allieri,
t Tennemi des Rois ». Celui ci expirait la même année que le
marquis de GrioMldi et il laissait le champ libre à un jeune
pdntre, Francols-Xavier Fabre, qui devait lui snecéder dans .
les bonnes grftoes de la veuve du dernier Stuart.
Fabre fit, en 180S, le portrait en pied de la marquise de
Grimaldi. Il la représenta dans un site sauvage au moment
où, se dirigeant à travers une forêt de cyprès et de saules
pleureurs vers la tombe ouverte de son mari elle soulère
* M. Schœll, avocat à SaTeme, a bien vonla me donner ces renseigne-
ments, qu'il veuille bien recevoir mes vifs sentiments de reconnaissance.
Il possède aussi, dans son intéressante coUoclion sur S;ivorne et sas
environs, le portrait de M^^" de Birkenwald. M. Dagobert Fischer, de
StTerne, a été aussi pour moi d'un grand secours ; nul plus qae loi o'eit
eipable d'aider un oonfrftre.
' Voyez, pour le sqonr de la comtesse près de Cobiiar, la Pettle GuuUi
d'Alsace de M. de Neyremand, 1863.
' On lit sur la pierre sépulcrale : GIÛ. BAT. GRIMALDI DËLU
PI£TRA. NDCCCIU.
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LB flfIHNBRBKRO BT LE COMTÉ DE DABO
333
son voile de deuil, qui cachait ses traits (et sa chevelure à
la chien), pour regarder d'un air dolent l'Amour qui cherche
à la retenir en enlaçant de ses petites mains son Jtoau bras.
Cette peintare était^le une alioaion à l'amonr secret da
peintre? FU>re, qui avait alors trente ans, devait sans doute
préférer la jeune yettve à l'amitié sénile de la comtesse.
Quoiqu'il en soit, celle>ei, victime de sa beauté, expira à
Gênes, empoisonnée par son médecin, dont elle avait dédaigné
la main. Elle laissa Birkcinvald à sa mère désolée.
Le portrait du peintre de Montpellier a été gravé*; en
voici la description :
S9MS k trâit :
F. Xaverio Fabre dipinse. Pietro Erimini disegno. Pietro
Bettelini incise. Roma 1806.
(Au-dessous.) La Marchesa Fanny Grimaldi Monaco di
Genova, nata Baronessa di Bûrckenwald, Dama dclla Croce
Stella.
CUPIDO PANNIAM
OOMJUaiS, ANTE DIKM RAFFI, DESIDERIO TABEtiCENTEM
NOVA CUKA SOLLICITANS
(illl mi£tUf les amuiries de Grimaldi-Birckemuald surmontées de
la courmau 4t matfuis^ et au bas la dicûratim dt la Croix itû&t.)
Puis:
A Sua Bccellenza Don Luigi Grimaldi, Marchese délia
Pietra Vairana, Conte di S. Felice, utile Signore di S. An-
gelo e Raciscanino,Nobili Genoveee, e Barone Napoletano,
etc., etc., Fratello di S. £. Gioy. Batt^. Grimaldi
Morte a Parigi il di 4 Febb*. 1805 e sposo délia M*\ Fan-
ny che losegui nella Tomba il di 6 Febb». 1804. in Firenze.
Nicolo Pagni D. D. D.
Nicola d'Antony impresse.
* Hauteor 0,5;.^ , largeur 0,38.
DOCUMENTS INÉDITS
pour servir à ndstoire de randenae
SEIGNEURIE Dli BAN-DE-U-ROCHE
(en allemand Zum Stein)
Fin
I
Quelqiies notes sur le domaine duBan-de-larRoohe,
Znmstesn ou ohftteau de la Roche
SA MOUVANCE
Les premiers possessenrs eonnns de ce fief sont Heberhard
d*And]aii et ses fils.
1871. 'Ils le Tendirent à Dietrich deBotemhaiiaen (Ralh-
aamhansen). — Le dernier poaseasenr de cette lunille Ait
Jfean-Frédéric de Rotemiiauzen.
21 mars 1580. — Rodolphe II, empereur d'Autriche, Tau-
lorisa à vendre ce fief.
8 juin 1584. — Il est vendu au comte palatin de Veldentz.
il juillet 1613. — Lettre d'investiture de George-Gustave,
fils de Geoarge-Jean Yeldenta, par Matthias.
6 avril 16S1. — Lettre dlnvestitaie en bTenr dn même,
par Ferdinand second.
Oigitized by
AKCIBNNB SBIGMEUBIB DU BAK>DB>LVBdCBB 886
4669 (aU*). — C'est probablement* une inmtitare en
fiiTeor de Léopold-Loais de Yeldentz, petit- fils de i*acquéretir
George- Jean et fils de Jean -Frédéric.
Il est mort à Strasbourg, en 1694, sans enfants mâles.
Il a laissé une princesse palatine, nommée Dorothée Vel-
deutz, qui se mit en possession du fief et le conserva jusqu'en
1720 ; ell« avait épousé un duc des Deux-Ponts, Gustave-
Samuël-Léopold. Maia le M était vacant à défaut d'eniknts
mâles.
AoDst i7S0. — Louis XY le ftit eomme éehu à sa maison
et, en aonst I7S0, en a iuTesti M. Nicolas-Prosper Bauya
d'Angervillers, son oonseitler d'état, intendant de la Haute*
et Basse-Alsace, à condition qu'il serait réservé à descen-
dance masculine, et à défaut de mâles, à sa ilile aînée et à
ses descendants mâles.
Mais les lettres réserven t la sur fie en faveur de la princesse
des Deux-Ponis, Dorothée Veldents.
LsB mêmes lettros accordent la surriranoe à M** de Man-
poo, épouse de M. d'Angerrillirs.
80 Juillet 1788. — H. d^AngerviUers se démet entre les
mains du roi, mais en btrenr de Marie-Jeanne-Louise, sa fille
unique.
4 aoust 1728. — Lettres d'investiture en faveur de ladite
Marie-Jeanne-Louise et des descendants mâles, < sans aucune
chose nous en réserver ni roteoir que le ressort et la souve-
raineté, les foi et hommage, les roprisas féodalea aux muta-
tions, les aveux on dénombrements dans les cas où ils sont
d'usage en notre province d'Alsace.
« En cas de décès sans postérité mâle, lesdits fiefe et
dépendances retourneront à notre disposition et à la dispo-
siliun des Rois, nos successsurs. >
* Cette expranon dubitative s'explique par la note mise on marge, 4
côté de la date. Le document original était en alleniand et l'anlenr du
présent travail ignorait sans doute cette langue.
995 BEVUE D'ALSACE
Cette demoiselle d^Angervillers épousa M. Jean-Réiié de
LonguerU, marquU de Maison. . ^ „
Ella épousa en secondes noces le marquis de Ruffec
Acte de davest dans les mains du roi.
10 janvier 17S8. - Lettres d'investiture en faveur de la
dite et de sa descendance màle. soit de son mariage avecle
r^arquis de Ruffec, soit des a^iires moriOgaj^tlkpi^
léaUimment contracter dans la mUe, à condition que lelW
aéra possédé de mâle en màle pour un sêuh sans pmwsir
^JrlSle spéciale, à défaut d'enfanls mâles de la dite
Marie-Jeanne-Louîse de Bauyn, il passera à sa fille aînée et
à ses descendants mMes. EUe épouse en secondes noces
M. Antoine-René de Voyer d'Argemïon, marquis de Pau my.
Mars 1 7 58. - Investiture en faveur du marquis de Paulmy,
Antoine-René de Voyer d'Argenson. . n a u
Mars 1162. — Erigé en comté sous le nom de Ban oe »
Roche, «sans que ces présentes puissent faireaucun chMge-
ment aux mouvances.
«Entendons néanmoins qu'en cas dexlinction des descen-
dants mftles du marquis de Paulmy et à leur défaut de sa
fille atnée et de ses descendants mttes, les fiefs terres ei
seigneuries, appartenances et dépendances, érigés pariw
présentes en comté, reUmmsrwt à leur premSirs «awr»,
tUres et qualités. .
25 avril 1771. — M. de Voyer de Paulmy se déme» eni»
le mains du roi, avec prière d'en investir M. Dietrich.
Avril mi. — Lettres d'investiture en faveur de M.Jean
Dietrich pouvant jouir comme M. de Paulmy, à condition que
la lignée mascuUne dudit sieur Dietrich venant à manquer,
lesdils flcfe et dépendances érigés en titre de comté, retour-
neront à notre disposition et ceUe des rois nos successeurs.
16 décembre 1772. - xVveux et dénombrement au Conseil
souverdin d Alsace.
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AXCIENNB S&iaXIi^UKlË DU BAH-Di-LArBOCHE 887
S8 août 1775. — Autres aveux et dénombrement; il est
probable que ce sout les derniers fournis (à cause de la révo-
lutioo). M. Jean Dietrich est mort à Strasbourg en 1794.
n
Etat des titres et pièces conoernant le Ban-de-la-
Roohe; pièces contenues en la liasse étiqpietée ;
PIÈCES TfMhvja nga ARCHIVES DE YELDENGB^
1585. — Copie collationnée de la quittance délivrée par
les tuteurs du tils de feu Jean-Frédéric de Rathsamhausen
à la pierre, à George-Jean, comte palatin du Rhin, duc de
Bavière et eomte de Veldents, pour la somme de 47,000 flo-
rins, prise de la fente des fie6 împérianz possédés par leur
mineur et Tendus audit comte palatin.
1698. — Fireille copie de la cession des 8/4 du Ban-de-la-
^ Roche avec ses appartenances, ftilte par Jean-Auguste et
Philippe-Louis, comtes palatins du Rhin, tant en leurs noms
qu'en celui de leur frère George-Jean, à George- Gustave leur
frère, pour la somme de i 8.000 florins.
1604. — Investiture accordée pour le susdit fief par
Tempereur Rodolphe II à George-Gustave, comte palatin du
Rhin.
ni.
Pièces produites à la commission féodale par feue
la dame duchesse de Kuffeo
1404. — Translat flrancois de linvestitnre accordée par
Robert, roi des Romains, à Chirothée (GérothéJ et Thierry
de Rathsamhausen à la pierre.
* Cette pièce et la suivante se trouvent sur la même feuille in-folio ;
on y lit en haut de la iiiart."; la note suivante, écrite d'une autre maia,
probablement de rhoiniiic d affaires de M. de Dietrich, qui était en pos-
session da fief depuis le mois d'avril 1771 :
« U Septembre 1771 j'ai demandé à l'intendanee eopie de tontes
ces pièces devant lesqoelles il n'y a pas de liasse.* >
HoqtcUo Siilfc — 1* Année ^
8il8
EEVUB D*AL8A€B
15!21. — Idem, de Charles V à Uiric de Raihsamhauseû et
à ses cousins.
i563. — Idem, de remperenr Ferdinand à Jacques de
Battaflambaosen et Wolff Tliierry, son cousin.
1577. — Idem, de remperenr Rodol^ à Jean-Frédéiie
de Bathflamhanain. *
1680. — - Lettres patentes dndit Bmperenr oetroiées an
même vassal aux fins de pouvoir vendre le fief.
1584. — Contrat de vente de ce fief passé par les tuteurs
de Samson de Rathsamhausen, fils du susdit Frédéric, en
faveur de Georges-Jean, comte palatin du Bbiu, et de ses héri-
tiers féodaux.
1604. — Inrestiture aecordée par Temperenr Rodolphe H
à George-GustaTe, comte palatin dn Rhin.
16S1. — Mem, de Temperenr Ferdinand II an mdme.
1661. — Idem, de l'empereor Ferdinand RI à Léopold-
Louis, comte palatin du Rhin.
4659. — Idem, de l'empereur Léopold au môme.
1720. — Lettre patentes du Uoi portant don de ce fief à
Nicolas-Prosper Bauyn d'Angerviilers, conseiller au Conseil
d'Etat, intendant de Justice, Police et Finances, en Alsace.
1728. — Reprise de ee fief bite par ledit fBsrala?ec l'acte
de ]a prestation des foy et hommage.
Idem. — Arrêt dn Conseil d'Etat qui permet audit raasal
de rétablir la forge et usines appartenantes dans le Ban-de-
la-Roche, en tel endroit qu'il jugera à propos.
Idem. — Lettres patentes conformes audit arrêt avec l'ar-
rêt de l'enregistrement qui en a été fait au Conseil d'Alsace.
1728. — Acte de devesl de ce fief de la part du susdit
vassal en fiiTeur de sa fille unique et de ses héritiers mfllei
à naître d'elle.
Idem. — Lettres patentes conibrmes audll devest, à la
snite desquelles se trouve transcrit Tarrét d'enregistrement
du Conseil souverain d'Alsace.
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AMOtBMKB SSiaïUiUAUi DU BAN-AB^LA BOCUfi
939
Idem. — Lesdiles lettres patentes avec l'enregistrement
fait au Contrôle générai des finances et au Parlement de
Paris.
Idem. — ArrdI du Parlement de Paris qui ordonne ledit
eoregifitfement.
Idem. — Idem, da Conseil eouTeraîa d^Ateaoe aux mèmee
fins.
Idem. — Reprise hito par cette Yiesalle, arec l'acte de la
prestation de fby et hommage.
17SS. — Acte de devest de ladite vassalle après le décès
de son premier époux.
Idem. — Antres lettres patentes octroiées par le roi à la
dite Tassalle, eur le derest de ce fief par elle iSiit après le
décès de son premier éponz, le siear Marquis de Maison, por-
tant lesdites lettres que les enfiints mâles à naître d'elle et
de son ftitor éponz, le S" Marquis de Rufbc, succéderont à
rinfini dans ce lief, Taîné toujours préféré. Les enregistre-
ments qui eu ont été faits tant au Parlement de Paris, en
1785, qu'au Contrôle générai des finances à Paris, en 1788,
qu'au Conseil souverain d'Alsace, en 1786, sont transcris sur
le même cahier.
1785. — Arrêt dn Parlement de Paris qui ordonne le sus-
dit enregistrement.
4786. — Idem, du Conseil souverain d'Alsace.
Idem. — Reprise faite audit Conseil par ladite vassalle.
Acte de la prestation des foy et hommage.
N,'JB,^ Aux archives, il se trouve rinventaire des pièces
concernant le Ban-de-la-Roche, qui en ont été retirées par
M. d'Angervillers pour M. le Marquis de Rulfec le 15 novem-
bre 1788.
BSVUB D'AUSACB
IV.
Beooimaissaiice de MadMa Duchesse de HafTec des
pièces qm lui ont été remises le 6 aoust 1748*
POUR COPIE
Etat des pièces qui m'ont été remises par M. de MontrtQÎl.
StToir :
(A M. d'Angervilliers.)
1720. — Lettres d'investiture accordées à M. d'Anger?il-
tiers da fief Zam Stein, de 17 SO.
1794 (1** ibrge). — Lettres patentes données en 1724^ pour
raison du même fief sTec Tanest d'eniegistrement an Gon-
hS\ d'A]flaoe pour établissement d*nne forge.
1728. — Lettres d'investiture de 1728 pour Mad» et Maff^
d'Angervilliers avec l'arrest d'enregistrement du Conseil
d'Alsace.
Lettres d'investiture pour Mad"' d'Angervilliers, de 1728,
STec les actes de devest de M. et M"' d'Angervilliers.
1728. — Arrest du Conseil d'Alsace de 1728, pour pres-
tation de kf et hommage de M. d'Angervilliers, de 1738.
(A Mad* la Duchesse de Ruffec)
Janvier i788. ^ InrestHure pour H"* la Duchesse deRuf-
fec dudit fief, de janvier 1738.
1745. — Enregistrement desdites lettres au Parlement de
Paris, le 23 décembre 1745.
Arrest d'enregistrement du Conseil d'Alsace du 16 sep-
tembre des lettres d'investiture de 1728.
Arrest d'enregistrement du Conseil d'Alsace du 2 décembre
des lettre dlnvestiture de 1728, accordées ftlf ad"* d'Ange^
Tilliers avec la prestation de fcaj et hommage, au nom de
H. le président de Maison.
Arrest d'enregistrement du Conseil d'Alsace des lettres
patentes de 1738.
* Ce titre se trouve à la nurse sapérieure de U pièee,écrit d'une autre
maiii.
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ANCIBMMI SBlOMBDBm BU BâM-DKArROCHB
3él
S8 mai 1786. — Reprise du ûef &it au Conseil d'Alsace
par M. de Huifec, du â8 mai 1786.
Je reconnais que les pièces cy-dessas mentionnées m'ont
été remises par M. de Montrenil à Strasbourg, an 8* aoost
1748.
Signé sur Tortginal : D^ANeramms ns Roftic.
Les documents les plus anciens se trouvent dans le grand
registrt dont nous avons parlé et qui forme la seconde source
à laquelle nous allons maintenant puiser.
(Test un gros volume in-folio, relié en parchemin, conte-
nant 829 feuillets manuscrits et numérotés, et un certain
nombre d'autres feuillets restés en blanc L'écriture parait
être de deux on trois mains différentes.
Ce recueil a été commencé lorsque M. le baron de Dietrich
entra en possession du comté. Son homme d'affiiires a reçu
les titres originaux des mains d'un M. de Klinglin \ dès le
mois de mai 1771, et, après les avoir classés, les a fait tra-
duire et copier. Mais ce livre ne porte point de signature de
son auteur.
Au commencement se trouve un répertoire général et
détaillé de toutes les pièces contenues dans le volume. Nous
n^ donnerons que ce qui concerne le classement des originaux
en quatre parties.
* C'est sans douta un membre de la ikmille da fiunemc préteur royal
de Strasbourg, FrançoifrJoseph de Klhigliii, diegraeié et mort snbitemeot
en 1752, et qui lui-même avait été fundô de pouvoirs du sieur d'Anger-
villiers, à l'eifot de prêter pour lui foi et hommage au Roi, à Colmar, en
1728.
Voir quelques délails sur la famille de Klirirrliii dans un article publié
par M. Etienne Barth, dans le IV« tome de la Revue d'Alsace, 1873,
page 548.
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343
RBVUE d'ALSAOB
AYertissement ou abrégé du présent Recueil
LeB titres contenus an présent recueil, traduits tant' snr
des originanz qoe sur quelques projets informes, ont été
distribués en quatre parties.
(Nonu — Ces originaux aux projets m'ont été remis le 18 Mai 1771
par M. de KUnglin.)
Ckmknu ék la 1r partie
Nota. — J'ai joint les originaux de cette V partie aox autres vieux
documents*.
La première partie contient des transactions, contracts de
vente, règlements entre le Seigneur et les Communautés,
lettres d'investitures, GolligQndes et renouveUements des reve-
nus, reutes et droits seigneuriaux. — Par ces documents il
appert que le Bau de la Roche, autrement la Seigneurie dite
à la Pierre (en allemand snm 6tetn), était on fief relevant de
l*£mplre, et que la dtme tant en foin qu'en grains à Ober-
elientaeim relevait en flef du Laadgraviat de Néllenbourg,
dépendant de la maison d'Autriche.
Les autres titres pourront être d'une grande utilité pour
faire revivre et valloir des droits Seigneuriaux, qui peut-être
ont été négligée par le long laps de temps et par les guerres
survenues ou qui sont ignorée depuis le changement de domi-
nation.
Coniêm de h partie
Nota. — Les originaux de celle 2« partie restent rassemblés en liasse.
La seconde partie renferme différents écrits touchant la
découverte et exploitation des anciennes mines et ihiges du
Ban de la Roche. Le foit qui en résulte est qu'en 1668 l'fim*
pereur Ferdinand sur le prétexte que le Ban de la Roche
rdevait en flef de rAulriche antérieure et que le droit des
mines était un Régalien, qui ne pouvait compéter qu au Sei-
* Cette note se trouve en marge, ainsi que les antres semblables.
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ANOIBNMB SBIQHEUBIB DU BAN-DE-L\-ROOHB 813
gneur direct, envoya à cet effet des commissaires gur les
lieux; le S' de Rathsamhause s'opposa à cette prétention,
exposant qae ladite Seigneurie avait de toat temps été et
éldt encore fief immédiat de TEmpire, que eonséqnemment
la maiflon d'Aatriche n'avait rien à y prétendre; ce nonob-
stant, ledit Emperear et ensuite Tarehidoe son fils admodiè-
rent les mines en question au prince George-Jean, comte
Palatin de Yeldence, à qui apparemment elles étaient de
quelque convenance utile.
Ce procédé réveilla les S" de Rathsamhause qui, après
avoir fait la recherche et production de tous leurs titres, dis-
posèrent enfin Tarchidnc à céder et à désister, de manière
qa*en 1580 ledit eomte Palatin rononvella son bail avec eux
et révoqua le premier. Cette ferme a donné Heu à plusieurs
contestations et probablement à la vente dont mention s'en
suit.
ùmiUm d» ta parUe
îkntk. ^rai joint les originaux aux astres titres d^achat delà Seigneurie.
En 1584 les S" de Rathsamhause vendirent au Comte
Palatin de Yeldence la Seigneurie du Ban delà Roche à chargt
par lui d'obtenir sur ce l'agrément de l'Empereur et de l'Em-
pire, dont ladite Seigneurie relevait à titre de fief masculin.
Gstte vente toi faite et passée pour 47,000 florins dont l'achep-
teur et respectivement débiteur assigna le payement sur le
Prince de Lorraine, qui lui était redevable d'une pareille
somme affectée sur la Seigneurie de Pfaltzbourg, ce qui fut
accepté par toutes les parties intéressées.
En le Prince de Lorraine consigna ladite somme à
la monnaie de Strasbourg; les Ratbsambaose la reçurent des
mains des officiers de ladite monnaie; mais ayant trouvé
qu'il leur était encore deubs (dû) quelques arrérages d'inté-
rêts et que d'ailleurs ce remboursement avait été M\ en
espèces si hautes qu'ils y perdaient au delà de la mdtié, ils
844
BEVUB D*AL8ACB
demandèrent une indemnité à Teffet de quoi ne pou?ant
obtenir du prince la jastîce qu'ils dériraient, ils s'adreBsèrtnt
tant ao Roj de Francs et an cardinal Richelieu, qa*à l'arclii-
due d'Autridie et au comte de Véldence, pour qu'il leur plût
octroyer dee lettres dlntercearion ; mais toutes oes démarches
et solLicitationa sont deyenues infruetuenses.
Contenu de la 4°' partie
jfyftj^ — J'ai Joint les originaux de cette 4" partie à la procédure conUe
les Ralhsrtmhausen.
Outre ce désagrément, lesRathsamhause ont encore essuyé
celui de se Toir assignés au Gons^ aulique à la requête du
Comte de Veldence,qui prétendit qnils avaient malapropoa
fendu et qulls retenident arec une pareille injustice plusienra
fonds, terres et revenus, faisant partie de la Tente de 1584.
L'Empereur nomma pour commissaires ou examinateurs de
cette discussion le prince de Wtlrtemberg et le comte de Ri-
beaupierre : par devant qui les parties produisirent leurs
pièces d'écritures et contestèrent spéciatement sur la division
et distraction de l'allodial d'aTOC le féodal ; il ne parait cepen-
dant point qu*il soit h cet égard interrenu aucun jugement
définitif:
Ici se trouTO la t Table des pièces et titres contenus au
présent recueil >, au nombre de 90 : 28 pour la 1** partie,
S6 pour la seconde, 15 pour la troisième et 87 pour la qua-
trième. Cette table n*est qa*nne énumécation des en-tête de
chaque pièce avec les dates, tels que nous les donnons avec
les pièces elles-mêmes.
E. DiETZ,
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DOCUMENTS
POUR SERVIR A
LA NUMISMATIQUE DE L'ALSACE
N« 5
V
Deui-ioamois de la ville de Thauu
PAR
le D' Arnold XiOBchin
{Traduction littérale)
A la même ccillection de laquelle émane la magnifique mé-
daille du oomte Gharles-Loais de Salz, que nous avons décrite
dans le précédent cahier de la Smnu mmimaHquet appar-
tient aossi llntéressante monnaie qui ibrme la matière de
cet article. Elle n'est pas, à la Térité, MdUe, pour parler le
jargon ordinaire des numismates, mais néanmoins inconnu^
346
RISVUE D'ALSAOR
et, en tous cas, jusqu'à une prochaine trou?aille, une rareté
de premier ordre.
Le savant bénédictin de Saint-Biaise, dans la Forêt-Noire,
le P. Marqnart Herrgott, qal a publié le premier cette pièce
au siècle dernier \ la place parmi les produits de Tatelier
monétaire de Léopold m d*Ântriebe; Toici ce qo*ll en dit :
Epigraphe huius monetœ sichabct : f LEOPOLDI DVX:
AVSTRIvE. Parmulam Austri a cing'it insigne Draconis, quod
prius pro laurea habcbatur, et memoriam ordinis T)raconict
seu Draconitarum a SIGISMVNDO Hun^. et Roh. Rege insti-
tué perennat ut nuper a Revercndiss. SMITERO, comen-
datore Ord. Melitens et metropolitanœ Ecclcsice Viemms :
Canonico, edocti suimus, qui in litteris ad nos datis multa
de primis Ordinis huius Equitibus, et insigniis praeclare
dissent. — In postica effigies S. THEOBALDI initrati,ca-
pite nimbo cincto, dextra, quasi benedicensis, elata,simstra
pedum tenentis, cum inscriptione S. TH£OBALDVS : in
imo scutum Austrtacum,
Muséum San-Blasianum. — Arg. Pond. J. Den.
Pendant les cent vingt-deux ans qui se sont écoulés depuis,
celte monnaie tomba de nouveau dans l'oubli, c'est pourquoi
elle manque dans l'estimable recueil de Berstett sur la numis-
matique de l'Alsace. Cette circonstance, aussi bien que
certaines inexactitudes qu'on peut relever dans Tancienne
description, m'autorisent à revenir sor ce sujet
Je me servirai dn môme exemplaire qae Herrgott avait
acquis de M. de Schwandtner pour la collection dn chapitre
de Saint-Blaîse, et qui pins tard a passé avec celle-ci à Saint-
Paul, dans le Lavantlhale (Basse Carinthie).
Avant tout, quant à ce qui regarde laltribution de cette
monnaie à Thanu. en Alsace, elle est certainement fondée.
Dans U splendide ouvrage : ilonumenta Auguslœ domns AnMica:
(1750-72, 4 tomes en sept parties iii-folio], Tomus II, pars /«, Pl. VU,
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ÉTDDB SUR LES MONNAIES ALSACIIMMBB
347
Saint-Thiébaud comme iwtron de la ville et l'écu à la fasce
d'Autiicbe ne laissent aueon doute à cet égard. Si on attri-
buait celte pièce à Vicence, en dépit de son aspect général, il
ikudrait aoppoeer d*abord la présence de Timage et da nom
da Saint sur des monnaies de cette Yllle au moyen-âge, ce
qui, jusqu'à présent, à ma connaissance, ne s'est pas encore
rencontré Par contre, il s'agit de savoir quel est le duc
Léopold d'Autriche dont il est question dans la légende, car
il y a deux princes de ce nom qui se suivirent immédiate-
ment sur le trône : Léopold III ou le Preux, qui tomba à
Sempacb, en 1886, et son fils Léopold IV (aussi appelé le
Superbe, 1 1411).
Un premier indice nous est fourni par les lettres X et a,
qui paraissent dans la légende, si on les compare avec les
lettres similaires, usitées tout près de là pour les tournois des
ducs de Lorraine et leurs subdivisions. On obtient le tableau
suivant :
X E a
Raoul, 1 1846 rare fréquent —
Jean I« (1846-1890) > > rare
Charles I" (1890-1491) . . . fréquent rare fréquent
Ce qui permet de conclure que la pièce en question de l'ate-
lier de Thaun doit être attribuée avec beaucoup plus de vrai-
semblance à Léopold IV qu'à son père.
' Dans le Verzeichnisis der fleiligm der Munzen, un des rares appen-
dicos ati nroschenkabàiel do Joachim, paru en 17-16, on lit à la page 21 :
« Theobaldus, ormite do Vicence, en Italie, t 106(). Sur les monnaies de
Thann », ce qui a fait croire à ilcrrgott que ta Saint ligarait sur les
momuies des deux villes en question. Au reste, le patron do Tbana
n'est pas. comme le témoigne son signalement, ee dernier ermite (dont
lafêtecoîDcideavec leThéoliaIdiis,confe8sear,le3octobre), mais nnéréqne
dont la fête est célébrée le 1*'' juillet dans les diocèses de Constance,
Bàle et Trêves. — Sur le culte de Saint-Thiohand ;i Thann. cf. Revue
d'AUace, 2« année, nouvelle série, J873. Les Origines de Thann, par X.
Mussniann (Note du traducteur).
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848
BBVUB O'ALSàGE
Ce qui aide encore à Oxer la date de la pièce, c'est la figure
énigmatiqne de l'avers, qui entoure les armes de l'Autriche.
Herrgott y voit une couronne de lauriers, pour moi, ce sont
les iosignes à'vM ordre de chevalerie, ceux du Dragon de
HoDgrie. Si ma snpposltioD est juste, la probabilité derient
une certitude que te demi-tournois appartient bien au duc
Léopold ly et non à son père, puisque la fondation de cet
ordre est contemporaine du règne du fils.
Il est vrai que, sur ce point, les opinions sont partagées,
puisque plusieurs sont d'avis que Sigismond avait fondé l'or-
dre du Dragon à la fin de novembre 1385, à l'occasion de son
mariage avec Marie de Hongrie. Mais, dans ce cas, jusqu'à la
bataille de Sempach (9 juilletl886), il n'y aurait qu'on ioter-
Talle de quelques mois, et il fondrait admettre qu'après avoir .
été honoré de Tordre, Léopold n*a rien eu de plus pressé que
de le reproduire immédiatement sur les monnaies des pays
antérieurs de T Autriche. Aussi, si l'on tenait absolument à
cette attribution, serait-il beaucoup pins naturel de voir dans
cette figure une tresse, du moment qu'on sait que Léopold U
appartenait à la société de la Tresse fondée par son frère
Albert in, et qu'il est représenté avec cet ornement sur de
vieux Tîtrauz. Seulement, on peut objecter que cette tresse,
même si eUe était en cheveux, était enfermée dans un four-
reau droit et raide, en cuir ou en métal, et qu'il n'aurait pas
été possible de lui foire contourner Téeusson.
Mais je doute beaucoup que l'ordre en question du < Dragon
renversé ou vaincu » remonte à 1885; je m'en liens bien
plutôt à l'autre donnée, d'après laquelle Sigismond l'a fondé
en 1387, à l'occasion de son couronnement (31 mai) comme
roi de Hongrie. A cette époque, il fut lui-même, à peine ftgé
de 22 ans, promu chevalier par le député vénitien Pantaléon
Barbo, et, à cette époque, les circonstances étaient de nature
à expliquer l'allusion assez siguiflcative que renferment les
insignes de l'ordre, qui sont un dragon vaincu avec les ailes
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£TUDX sur lis HONMAISb ALSACIEMMBS 349
paralysées. Le prétendant Charles-Robert était mort, la r(Mne
Mark- délivrée (4 juin) ; les résislances généralement dump-
iées ; par sou couronnement, Sigismond était devenu roi légi-
time de Hongrie. — Donc la monnaie lie peut appartenir
qu'à Léopold IV, poiaqae l'ordre du Dragon y apparaît Outre
eela, je ne pois interpréter les sigles incertains L-A, supposés
par Herrgottdans le champ, et qu*il explique p&rLaunaeum,
Ils font partie intégrante dn dragon et correspondent peut-
être à l'extrémité des ailes et des pattes, tandis que la soi-
disant feuille de trèfle serait la tète du monstre*.
L'histoire de Léopold IV se trouve complètement en har-
monie avec la conclusion à laquelle nous sommes arrivé par
les explications précédentes. Après la mort de Léopold III, le
due Albert m réclama aussitôt, comme Talné de la iSimillei
la tutelle de ses neveux Guillaume, Léopold, Ernest et Fré-
déric, et elle loi fbt reconnae sans difficulté par le doc Guil-
laume au nom de ses Irères. Par la remarquable charte du
10 octobre 1386. le duc Guillaume laLilia premièrement la
prise de possession de la succession de son père ordonnée
pour le compte du duc Albert, en déclarant que < son sei-
gneur et parent, le duc Albert, avait accepté sa tutelle et celle
de ses frères, et qu*il prenait à sa charge leurs domaines et
leurs vassaux, les profils, les guerres et toutes les dettes
passives ». Indépendamment de cela, il était encore stipulé
que le duc Albert t devait entrer en possession de toutes les
principautés, de tous les domaines des mineurs, de leurs pays
et de leurs vassaux, les administrer et gérer, eu user et jouir,
en agir et disposer complètement sa vie durant, sans que ni
le duc Guillaume, ni ses frères, ni leurs héritiers, ni leurs
' Sur bfoadation del'ordre du Dragon, cf. Gebhabdi, 6«n. Gesch ichte
der erblichen !leichsstœnde in DeiUschland, t. II. p. 48 et sq.— P. IIyp.
Heliot.s, Histoire des ordres tvmnsticjues religieux et militaires et des
congrâjations )>t'culièrcs, t. VIII, cliap. LI, p. 395 et seq. Paris, 1721.—
Ailleurs, il est aussi question dans le Testament de F. de Pozzo, de
Vérone^ de Uatiilmee, en 1387, des mOttet étoeoniTi,
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350 REVUS d'alsacu
états, ni leurs vassaux, ni qui que ce soit puissent jamais y
faire opposition ou attaquer la concession en aucune manière.
Et, de même, quand uous aurons atteint Page de seize ans,
nous serons en droit de réclamer notre part conformément
anx actes de partage, qui doireat être maintenus dans toutes
leurs dispositions », etc.
En vertn de son droit de tutelle, le duc Àlliert III pouvait
donc accorder, en l'an 1887, en tout droit et justice, aux
bourgeois de sa ville de Than nie privilège de frapper et fondre
à perpétuité notre monnaie, < avec la taille et avec tous les
droits dont jouissent nos autres villes d'Alsace et deSundgau,
et de posséder et gérer le change avec tous les droits que la
justice et la coutume comporte, sans iraude ^ >.
Peu après, le duc Léopold IV, ayant atteint sa majorité
(il était né en lS7i), réclama sa part de Théritage paternel,
et obtint les pays antérieurs, où il établit sa principale rési-
dence pendant la première moitié de son règne. Ainsi c'est
à Thann, entr autres, que se conclurent les importantes
négociations relatives à l'engagement de la seigneurie de
Badenweiler.
Nous trouverons également sur la date d'émission de cette
monnaie quelques points de repère plus précis. Peu de
semaines avant que le roi Sigîsmond de Hongrie eût prononcé
sa sentence sur la guerre fratricide qui avait éclaté après la
mort du duc Guillaume, au sujet de la tutelle du duc Albert V,
le duc Ernest se fit recevoir, le 16 février 1 409, avec plusieurs
nobles autrichiens et styriens, dans Tordre du Dragon.
n s'agissait pour le duc de se ménager un rapprochement
avec le roi, et il s'engagea avec ses hommes liges à fiiire
partie de < la Compagnie du Dragon », parce que Sigîsmond
avait une grande prédilection pour l'ordre quil avait créé,
* Daté de 1387, septembre, à Thann. Voir Schœpflin, AUatia
d^hmatka, t. U, p. S85, N« mo {Ex artkMo TawnMtis oppidi).
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£TUDK 8U& LES MOMMAISS ▲LSACIBNMSS 351
car les autres avantages y attachés, comme le droit de juri-
diction attribué au roi, et par suite au duc, dans toutes les
querelles où un chevalier da Dragon, hoogrois ou austro sty-
rien, pouyait être mêlé, comme ttmi robligalioo de lui
prêter appui, étaient plas importants pour les snaerains da
pays que pour les prinoes qui reloTaienl de leur directe.
A oette époque, en effet, le duc Léopold Vf ii*était rien
mohis que sur un bon pied avec Sigismond, et le duc
Ernest cherchait, comme je Tai dit plus haut, à opérer sa
réconciliation.
Tout au coutraire, si nous retournons à Tan 1405, nous
trouvons justement une situation politique opposée. Alors, en
effet» c'est le duc Léopold IV qui conclut a? ec le roi Sigis-
mond une alliance offensive et défensive, et n'en excepte que
le roi des Romains, Robert, son frère le duc Frédéric, enfin
rarchevéque de Salzbonrg, mais non ses frères, les dncs
Guillaume et Ernest. C'est alors, ou peu après, que Léopold
serait entré dans l'ordre du Dragon, dont il fit représenter
l'insigne sur la monnaie, probablement pour montrer au roi
quel prix il attachait à son alliance; circonstance qui, dans
Tbistoire monétaire autrichienne de cette époque, autant que
je sache, ne se reproduit pas. Notre pièce doit donc par cela
avoir été émise après l*an 1405 et avant la mort subite du
duc Léopold, le 8 juin 1411 ; et nous pouvons maintenant,
après ces préliminaires, en venir à une description et à un
examen plus minutieux de la pièce :
i LaVPOLD». D — VX: AVSTRTE. Dans un cercle
quadrilobè Técu à la £aâce d'Autriche entouré des insignes
de Tordre du < Dragon vaincu >.
Rf S. THQO— BALDVS. Le saint assis en costume épis-
ooiMd, bénissant de la noain droite et tenant de la gauche
la crosse ; à ses pieds le même écusson autrichien.
Mod. 23. Pds. 1,91 gr., tient d'après la pierre de touche
Mlothsdefin.
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808
BBVDB D'AL8AGB
D'après la râleur nominale primitive, j'ai lieu de croire
que la pièce est un demi-tournois émis à trèwS bas titre. Cette
éTaluation s'accorde avec le poids brut; il esfc vnique depuis
longtemps le poids de fin n*y correspond pas, à moins que la
pierre de (onche, qai est une épreare fort incertaine, B*ait
donné un résultat par trop fiioti£ Malhenreusement» je n'ai
plus, dans ee moment, Toccasion de le vérifier. Si la pièce
n'est réellement qu'à 9 loths de fin, son titre (1,1 gr.) atteint
à peine 1/8 de celui des gros ou tournois de Strasbourg, qui
étaient encore en 1427 à 14 3/4 iolhs, et devaient contenir
8,1 gr. de ûn \
Les gnerree dans lesquelles le duc Léopold 17 était con-
stamment engagé, particulièrement depnis Tan 1461, sa
malheureuse expédition en Ttalie, et surtout ses qumlles STse
ses frères, à roccasion de la tutelle d'Albert V, expliqueraient
suffisamment le titre inférieur de la monnaie; ce qui con-
stituait au moyen-âge, comme on le sait, une mesure finan-
cière fréquemment employée. Cependant ce n'était là, pour
les l)ourgeois de Ttiann, qu'un léger préInde de ce qui les
attendait sous le gouTemement du grand iNiilli bourguignon,
Pierre de Eiagenbach, en 1478 \
Il me reste encore à signaler une contradiction qui semble
ressortir du privilège de battre monnaie, baillé è Thann par
le duc Albert TIT, le 1" septembre 1387, quand on le rap-
proche de la grande convention monétaire conclue seulement
treize jours plus tard, par le même duc arec Téréque de
* Die Chroniken der Stœdle, t. IX, Strasbourg, p. 1005.
' Cf. Dans la Chronique bernoise du greflier de justice Diepold Schil-
ling» le ehapitre intitnlé : < Comment Hagenbacb a fait décapiter certains
nofâbles de Thann, de ion ehef et sans antre forme de procès, et comme
il a laissé leurs cadavres gisant dans les mes pendant plnsienrs jours. *
Il avait ordonné leur supplice, parce qu'ils lui avaient fait des représen-
tations sur l'imposition du mauvais denier et sur les autres charges dont
il les avait frappés, contrairement à leurs franchises et à leurs bonnes
coutumes.
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ÉTUDE SUE LES- M0NNAIB8 ALSAdENNSS 858
Strasbourg, les comtes de Habsbourg-Laufenbourg, Kybourg,
NeueIlboll^«,^ etc., étendue plus lard aux Tilles saieses.
Dans cette convention, Thann est nommé non comme ate-
lier monétaire, mais seglement eomme un des lieux où les
pfennings à 10 loths des seignenrs et Tilles contractants
doTaient aTOir libre cours'.
En admettant qoe la date des deux docaments soit exacte,
on ne TOit réellement pas comment expliquer pourquoi le
duc, peu de jours seulement après avoir accordé le droit de
monnayage, aurait omis de mentionner l'atelier monétaire
qu'il venait de fonder à Thann. On serait presque tenté de
supposer une erreur de copie, ou une &Qte d'impression
dans la date de l'un on de l'autre document, et d'admettre
que le prîTilége n*ait été accordé qu'en i888 ou 1889, ou
Wee, ce qui est plus probable, que la conTention monétaire
datée du 18 du mois de septembre 1887, peu de mois après
la bataillede Serapach, ait été conclue avant le jour de Saint-
Gilles de Tau 1387, parce qu'il y a lieu de croire que c'est
précisément cette convention qui a donné lieu aux bourgeois
de Tiiann de réclamer de leur duc le droit de battre mon-
naie.
Cet atelier de Thann a-t-il pris naissance dès le XIV* siècle
et est-il resté entre les mains des bourgeois? C'est ce qu'on
ne saurait dire. D'après la frappe de la pièce eo question,
il est plus probable que, sous le règne du duc Léopold IV,
Tatelier fut géré par ses officiers. Cela s'accorderait avec l'as-
sertion de Berstett, qui dit que la ville n'a commencé qu'en
1418 à frapper des monnaies spéciales, en y employant l'ar-
gent qu'elle tirait des ricbes mines de la Tallée de Saint-
Amarin.
M. le protoeur Luschin a eu TobUgeance de m'adresser,
en date du 26 novembre 1876, quelques renseignements
' Cf. II. Meyeb, Du BracUaten dir Schweù, p. 10.
Nouvelle Série. - 7-* Année. S3
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354
BSVUB ]>*ALBACB
complémentaires pour lliiléressaiit article doul on vient de
lire la traduction :
c L'ordre du Dragon, tel qu'il est représenté sur notre
monneie, se retrouTe encore absolument semblable sur les
sceaux d*Emest» due d'Autriche, des années 140S, 1404^1408,
et d*Albert lY, de 1S96. On en trourera tes copies fidèles dans
les MUeiâUuinffm der k, k. OsnM'Commisskmgur BrkaUung
der Baudenhinale, t XII, p. 184, et t. XllI, p. 18S« Yienne,
1867-1868.
t La preuve que le duc Léupold IV était chevalier de
Tordre du Dragon dès 1394 résulte du Codex existant aux
archives de Vienne, sous le n" 473 : Si. Chrisiophori cm
Ariperg Bruederschc^i-Buech, qui donne, fol. 8 et 9, les armes
du due Léopold IV arec les insignes de l*ordre du Dragon et
la dale de 1394. >
Arthur Enoel.
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ÉTUDE
SUR
QUELQUES POINTS OBSCURS OU CONTROVERSÉS
DB
L'HISTOIRE DE SAINTE-MARIE-AUX-MINES
odtô d'A]8aoe
Fm.
Dans le milieu d avril, I^Eglise française de Strasbourf
qui s'arrogeait une façon de droit épiscoï»! sur les églises
réformées d'alentour, fut avertie par PigoB et par deux anctens
que les frères d^Eschery étaient grandement trooblés. Aussitôt
elle dépêcha sur tes lieux deux commissairas pour infor-
mer.
C'était Jérôme Zanehins, savant théologien italien, devenu
chanoine de Saint-Tbomas, un modéré du temps, inventeur,
pour le compte des prolestants, de l'usage des restrictions
mentales, et qui, peu après, fut obligé de quitter la place pour
aller vivre à Chiaveniia, alors dans les Grisons; il était accom-
pagné de Jean 6arnier,a?ignonnais, dont Théodore de Bèse lui-
même biftmeleaôle trop ardent. Gesétranges assoeiés firent une
Arte d'enquête à Sainte-Marie, puis se rendirent au (ihfttean
de Ribeauvillé» où ils dressèrent rapport de ce çu'ils avaient
•pprîs, îe tout pour servir de guide au • Baro • de Ribaupierre,
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3^6
BBVUE D*At8ACB
Us reconnaissaient que Baue s'était rendu impossible, mais
rejetaient la responsabiUté da déclin de i'Ëi^ise d'fiâchery
snr le prédicateur da Pré, Nicolas François, dont les sarcasmes
ne tarissaient pas sar le compte de Torganisation calviniste.
Il fallait, selon eux, pour porter remède à ces maoz : !• Don-
ner à Arnauld Bauc son congé définitif: 2" Obtenir de l'Eglise
de Metz qu'elle consentît à envoyer à Sainte-Marie Pierre de
Cologne, homme docte, de caractère concilituit et, de plus,
maître des deux langues parlées dans le val Si les Messins
se décidaient à se priver des services de leur ministre, Figon
irait le remplacer; sinon, Figon demeurerait dans sa place
actuelle; 8* Le prédicateur du Pré, n'ayant pas nomination
définitive, serait averti qu'il eUt à changer de ton ou à sa
retirer (10-14 avril 1562). On le voit, les deux partis allaient
s^unir; tout présageait un accomodement, aux dépens des
calvinistes purs satisfaits, d'autre part, par la destruction des
images du Pré. Cependant, l'empereur devenant pressant, il
* VEncyclopédie de M. Lichtenberger ne fait nulle mention de PUm
de Cologne. Il était né à Gand et s'appelait m réalité Van Gealeo. Son
précepteur le nomma Colonins, qai fut mal entendn. Il fal, snr la recom-
mandation de Robert Estienne, avec qui il était fort lié, admis an Cénacle
de Genève, où Calvin et de Bèze mirent la dernière main à son instnic-
tion. Clcrvaut remmena dt? C.enève et le plaça à Metz en qualité de
nnnistre, en lô.'iH. Tour n tour pors/'cuté ot autorisé, honoré et empri-
sonné, Pierre de Cologne, après la destruction del Eglisede Metz (1569),
se léftigia à Hoidelberg , où il prèeha en allemand. Il moorat dans cette
Tille» « à la fleor de l'ftge », dit Bayle. Il laissait on fils» qui devint pro-
fesseur à Leyde, et une fille qui fat mère du célèbre orientaliste Louis
de Dieu.
On a de Piorro de Colopne diverses traductions de l'allemand et du
latin, presque toutes relatives à la (|uesliorj do la cène. Son principal
ouvrage est une apologie de la confession d'Augsbourg, bien entendue,
touchant le mdme point Ce livre, ainsi qu'une réplique à un pampblst
de l'évèque de Mets, Beaueairede Pegnillon, est de 1566. Il fiit Imprimé
à Genève, chez François Perrin, que Colonins avwt appris à connaîÉB
;\ Sainte-Marie, où il résida et impriina.Deux exemplaires seulement sortis
des presses de notre valU-o subsistent, dit-on, et sont conservés à
Uruxellcs.
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mSTOUtB DE SADmS-HABIBpAUZrlIINBS
867
importait d'aviser. Les délégués de la bourgeoisie et ceux de
h KnappschaJJt rureni réunis (juin 156âJ à la maison de
justice de Sainle-Marie, afin de délibérer, en présence d'Ijgae-
nolphe, sur la réponse à donner à Ferdinand.
Le seigneur de Ribaupierre commença par déclarer que,
personnellement, il était prêt à tous les sacrîGces pîutôl que
de renier sa foi et de donner nux fidèles le scandale d'une
restauration de Tidolâtrie. Les assistants se partagèrent: les
uns opinèrent pour qu'on se montrât fort tolérant dans les
affaires purement extérieures (adiaphora bnb aJUttelbing). Ils
jugèrent qu^il fallait remettre en pJaoe les objets sortis de
l'Eglise, en que l'on pou?aît, au demeurant, sans scandale, ni
péché aucun. Les autres alléguèrent qu'en agissant de la
sorte, on avait à craindre, non seulement de commettre un
acte d'idolâtrie^ mais encore de troubler les foibles dans la
foi et de fortifier ainsi le parti des papistes. Après une lonj,ue
discussion, on se décida à remettre Taulelen sa place primi-
tive, seulement on supprima le cruciûx pour le remplacer par
un tableau représentant la cène et la mise en croix; on mit
le baptistère eu lieu réputé convenable, et le tabernacle reçut
une destiDalion DOUTelie; on en fit un tronc pour recevoir les
collectes et les aumônes. Apt-ès quoi Ton écrivit à l'empereur
que fout était remis comme devant La Régence, apaisée par
ce semblant de soumission, se montra satisfaite et exigea
seulement le n»nvoi définitif des anabaplisles, calvinistes et
antres sectaires réfugiés. Des mandats imprimés furent publiés
en conséquence, mais Ejruenolphe réussit encore à tourner la
difTiculté. Il lança lui-même un édil, par lequel il interdit à
tout hôtelier ou bourgeois de loger quelqu'étranger non muni
d une permission spéciale et dépourvu de papiers en règle,
déiirréspar les autorités de sa dernière résidence. Figon, peu
après, partit ponr Badonvillers ; il fut remplacé par Nicolas
François, qui signa une vague confession de foi, n engageant
à rien de bien précis. Il semble quels danger conaraun rendit
358
REVUB D*ALSAGB
Allemands et Français plus traitables; on peat mdme roir
par les registres de baptême que — chose inouïe I — on flarr
Joseph, successeur inconnu de Hoger, servit un jour, par
procuration, il est vrai, de parrain k un enfant calviniste!
Durant de longues années, les seigneurs de Ribaupierre
parvinrent à empêcher sur leurs terres l'exécution du man-
dat de religion applicable à tous les pays antérieurs d'Au-
triche. Malgré les réclamations presque incessantes des cou-
eelUers de la Régence, ils continuèrent à donner asile aux
(tagitifr Tenus de France et de Lorraine. Il est mi que cette
lutte d^adresse engagée par Ëguenolphe contre les ordres de
son souverain faillit, à plusieurs reprises, détenir pour lui
fort dangereuse. Ainsi, un ministre, Tfiomas Buyrette, jadis
pasteur à Lyon, réfugié ensuite en Savoie, où il parvint à
intéresser à son sort le comte palatin du Rhin, Christophe,
duc de Bavière, fut recommandé par celui-ci à Ëguenolphe;
mais il dut être renvoyé» ses prédications — probablement
trop calrinistes — risquant d'entraîner des troubles. Vaine-
ment son protecteur intercéda pour lui : • Quoique rous ayei
encore permis et en partie enjoint k quelques-uns de fos
yassaux, bourgeois et chrétiens de l'église d*Eckerlch d'établir
et recevoir un ministre particulier..., nonobstant toutes
prières et supplications, l'église du lieu a été et est restée
fermée jusqu'à ce qu'il ail été envoyé en dernier lieu auxdils
chrétiens, contre leur gré, un ministre du comté de Monlbé-
liard, qui a déjà une cure à desservir et qui, à raison de sa
doctrine.... n'est point propre an ministère (lettre de
Christophe à Ëguenolphe, datée de Hddelberg, S5 janvier
1569) ».Les églises d'Bscbery et de Saint-Biaise^ celle-ci récem-
ment affectée au culte réformé, furent fermées pour quelques
mois. La lettre du duc Christophe tendrait à faire croire que
le successeur de Buyrette, désigné comme ministre de Mont-
béliard, professait des doctrines luthériennes : cela est au
moins peu probable ; je crois plutôt qu^Ëgueooipbe mit tu
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HVtTOIBB OB aAIMTB-lCARlB-AUX-lIlNBS 859
pratique les conseils que lui avait donnés son beau-père en
1561. Un autre pasteur du yal, nomme Jean Haran, « lequel
n'était, ni de PaoJ, ni d'Apollon, ni de Calvin, ni de Zwingle,
mais de Christ », fut eité devant la Chambre d'Ensisheim
(1578) pçur avoir prêché et baptisé au Bonhomme. Il se tira
dn danger en rejetant tout sur les suggestions d'Eguenolprie
et se faftta de quitter le pays en déclinant par lettre les hon-
neurs du martyre.
Ce ne fut qu'après la mort d'Eguenolphe, sous la minorité
de son nis Eberhard, que la Kégence obtint le renvoi, non des
calvinistes précisément, mais deeeux-Ià seulement qui étaient
venus du dehora, réfugiés français, lorrains ou savoyards.
Les autres continuèrent en paii Texereiee de leur culte. Si
MM. Rœrich et Caspari ont soapçonrié le contraire, c'est faute
d'avoir en à leur disposition les documents péremptoires sur
lesquels je puis m appuyer. Citons seulement les registres de
baptême dont les indications concordent avec celles fournies
d'autre pari.
En 1585 la paraisse réformée compte . . iSS baptêmes.
208.
1587 56 1
En i 888 la paroisse réformée compte . . i22 *
1589 74.
«590 69.
1591 ... 71.
A dater de ce momenl, les chiffres n'osdlient plus guère
qu'entre 53 et 98. Ën 1610, cependant, on trouve le minimum
de 32 baptêmes. Le nombre en remonta, quelque peu après
1624, quand une colonie française, celle des calvinistes de
Hadonvillers, vint se fixer à Sainte-Marie.
VEgHse réformée du val de Lièpvre a?ait eu des relations
spirituelles arec celles de Sira.sbourg, de Genève et de Neu-
* Retour de quelques bannis qui avaient apparemment cru qa'on les
laisserait en repos après une démonstration de départ (?)
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860
cbâtel ; tlle en avait eu de religieuses, mais surtout de poli-
tiques, arec Metz. Ainsi, de Bèze cils François Peintre,
dit La Chapelle, Tun des nombreux ministres suppléants
d'Esctaery, comme ayant été appelé à Metz par ceox de la
religion en 1588. Oe La Chapelle, ayant prêché et chanté on
psaume dans une maison particulière, ftat entendu d*an cha-
noine logé proche de là et emprisonné. Il tut délivré sur les
instances du duc des Deux-Ponts, qui « avouait ledit pour
être de sa maison et à son service >. Lors de la peste de Metz
(1568), c ceux de la Religion furent premièrement visités et
trèssoigneusement consolés par les pasteurs; finalementi parce
que le peuple les roulait épargner, forent assistés par un
nommé Guillaume Brayer, député à cela, comme aussi il y
était fort propre, étant plein de zèle et de constance (de
Bèze, Bsl)^. Ce Guillaume Brayer, qui courut les dangers
évités à Thypocrile lâcheté des pasteurs en titre, se retroure
en 1576 à Sainte-Marie, où il fut ancien du Consistoire.
J'ajouterai qu'au XVII' siècle, Metz fournit au val un grand
nombre de ministres, ainsi Pierre Joly, de la famille de Paul
Ferry, le Bachelez, Técuyer Couët du Virier, également de la
fomille de Ferry. Pour ne pas sortir des limites du XVI* siècle,
je rappellerai seulement les noms de Pierre de Cologne^ né
à Gand, et qui, au rapport de Bayle, devint plus tard ministra
à Heldelberg, où il prêchait dans les deux langues, Figon et
Louis Desm azurés, que de Bèze nomme simplement Louis,
« dès autrefois secrétaire de l'ancien cardinal de Lorraine,
mais homme de bien et de bon savoir, lequel, contraint pour
la religion de partir de la rille de Saint -Nicolas, se retira
dedans Metz >. Louis Desmazures mourut à fischery. Une note
du registre des baptêmes porte : c Le 17 de juin de cette
présente année 1574^ mourut M. Louys des Masures, fidèle
serriteur de Dieu : fut le même jour ensépulturé au noureau
cimetière, étant le premier qui y a été enseveli. La poursuite
(ht d^une bien grande compagnie de frères et de sœurs de
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UISTOIAE DS 8AIMTE-MABIB-AUX-MINBS
361
notre Eglise, regrettant la perte d'un si bon et vertueux per-
sonnage*. . Sa veuve, Anne Berman, fit « aux pauTres » des
legs imporlants et leur donna, entr'autres, une somme asses
forte destinée aa chauffage des écoles età l'entretien des écoliers.
BadooviUers avait eu ayec le val de Lièprre des relations
d'un intimité plus cordiale. Quelques pasteurs, Flgon, et plus
tard Mathieu Barlbol, avalent quitté Sainte-Marie, pour évan-
géliser la ville lorraine et y prêter assistance au minisire
Du Cloox et à ses collègues; mais ce n'était pas tant cet
échange de prédicateurs qui unissait les deux églises que les
* Louis des 31asures naquit vers à Tournav. l.e premier mission-
naire de la Réforme en noire région fut un ancien abbo du pays de
Tournay, nommé Elle. Quelles relations l'unissaient à son compaU-iote
des Masures? On n'en sût rien, mais il est permis de svpposer que les
événements de 1550 à 1562 farentmieox liésqn'onnele pensait josqu'id.
Le nom d'Elie était probablement un nom de guorn^ comme ceux de
Jonas. de La Chapelle, de Lrt Rivière, pris par de FJèze, I»eintre et Le Mas-
son, enfants perdus du parti. Cependant, je trouve mention, à la date
du 29 décembre 1566, d'un baptême auquél sert de témoin « Marguerite,
▼enre de maistre £Iy ». Rien ne prouve assurément que cotte Marguerite
ait été la renre de Pierre Brosly» veuve d'nn seeond mari c^lement,
reveone pour un temps dans un pays depuis longtonps quitté par elle ;
maïs quelques indices nous autorisent à ne pas repousser au moins une
telle supposition. Pour l'ordinaire, nos registres inscrivent purement et
simplement les noms des pens du commun ; aux riches, ils accordent
un m*"», à quelques rares laïques inlluents dans les mines le Uerr, près-
qu'aux seuls gens d'Eglise hmaittn complet; encore est-il à remarquer,
qu^dés que cesse la fonction, cesse l'emploi de cette làçon de particule.
Des Masures seul est parfois mieux traité. Il mourut, non pas à Stras-
houri' et en 1580, comme semblent l'admettre les biographiw, mais à
Kschery en 1571. l.i' ret.'istre brouillon des bapt»'^mes porte une note qui
est létjéremerit liiodifiée par lerej^'i^tre copie: « L'an 1571, le 17" jour de
Juing fut muet maistre Louys des Masures, serviteur de Dieu. La sépul-
ture a esté ftiete le mesme jour au lien d'Esehery. . . » On ne tenait pas
compte des décAs» mais seulement des baptêmes» de ceux qui ont rendu
raison de leur foi et des mariages. L'insertion de la note relative à la
mort de des Masures est un hommage rendu au père spirituel de la vallée,
à l'ancien secrétaire du rardinal Jean de Lorraine et du jeune duc de
Lorraine, au collahonilcur de Pierre de Cologne, au traducteur dé ! K-
neide, à l'auteur de quelques tragédies et de quelques poésies diverses.
389
ttRVUB D'ALSAOB
rapports de famille et de commerce existants entre leon
membres. La femme de Dombalte, tabellion du val d'Ëachery,
était souvent témoin de quelque baptême à BadonTillîers, où
Glande Desmaznres jouait le rôle qu*avait pris Louis en
Alsace. Ce Claude Desmazures avait épousé une Gollignon.
Des alliances assez nombreuses unissaient les personnes; de
plus, l'industrie était h môme dans les deux localités, oîi
l'orfèvrerie était principalement cultivée, c'est-à-dire la passe-
menterie, la fabrication de galons d'or et d'argent, et où l'on
voyait également un grand nombre de boutonnière et d'épin-
gllers. Le seul commerce qui paraisse propre & Badonvillers
est celui de Tarquebuserie. Quand,donc, en 1694, les réformés
chassés de la ville sœur furent obligés de se choisir un aeile,
il se dirigèrent tout naturellement vers te val de Lièpvre et
y portèrent leur expérience technique et leurs ateliers.
Ces ateliers prospéraient quand la guerre de trente ans
vint les ruiner de fond en comble. Les Suédoi-^ s'établirent
à Sainte Marie d'Alsace en 1636, et y maltraitèrent fort leurs
alliés naturels, les protestants, qui paraissent avoir été plus
mdemeut traités que ne furent les catholiques de Lorraine.
Les principaux bourgeois furent contraints de quitter le lieu.
Les ministres, qui venaient d'inaugurer un nouveau temple,
construit à Sainte-Marie même, aux frais de la communauté
(1684), s'enfuirent des premiers. L'un d'eux, Jacques Faltet,
était jeune encore; quoique né dans le val, il ne voulut jamais
yretourner et resta en Suisse; il était paurre. L'autre, Claude
Perrochel, possédait de grat.des propriélés,principilementaux
cantons de Faunoux (aujourd'hui le Rauenthal) et delà Haute
Broque; il avait marié son jeune fils Félix à Tune des plus
riches héritières d'Bschery, une demoiselle Finance ; psr
vanité singulière, il avait fait placer ses armoiries sur les
vitres deTéglise nouvelle. Claude Perrochel revint à son trou-
peau. Quant au pasteur allemand, il ne partit (lue lorsqu'il
Y ftit absolument contraint, sa femme venait il accduclier au
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HISTOIRE DB SAOnV-MARlB AUZ-MIKB8
963
sein de la plus lamentable misère, dénuée d a strict nécessaire;
tout sabeide de la part des minears, dont la caisse soldait les
employés de Téglise, Aiisait défout. Les galeries de mines
araient été abandonnées; quelqaes-unes ne furent jamais
exploitées par la suite, étant on effondrées on enrataies par
les eaux. L'incendie, le meurtre, la famine, la peste, en nn
mot, les Suédois avaient passé par le val. Les communautés
ne comptaient plus que de rarei bourgeois; si l'on compare
les registres de l'état ciTii de 1637 à ceux des années immé-
diatement antérieures, on ?oU que les baptêmes sont autant
de merreilles : les mariages contractés le sont presque tous
entre reufe et reuves.
Ls Knappschaffl ne se rétablit jamais. L^ezploitation en
règle des mines cessa. On attaqua bien encore ça et li quel-
ques filons, mais presijue à l'aventure, encore ne fut-ce qu'au
XVIII* siècle. La Knoppschn(f t h'mait des biens; l'Eglise
luthérienne s'en chargea et prit l'engagement, en échange,
de solder pasteur et maiire d'école et d'assister les iniirmes,
les Teures et les orphelins.
Quand la paix fut faite, le val de Lièpyre était un désert
à repeupler. Des édits royaux rappelèrent les anciens bour-
geois. Peu d*entr*eux refiurent, mais quantité d'étrangers et
surtout des Suisses allemands aeconrnrent. Nous assistons,
en conséquence, à une nouvelle colonisation par des immi-
grants de langue allemande, seulement, celte fois, les hameaux
jusque-là restes fnmçais d'Eschery, Surlhûte, Faunoux, etc.,
les reçurent de préférence. Là, en effet, se trouvaient des
mines, qui, plus récentes et plus superficielles que celles de
Fertrupt, promettaient un bénéfice plus &cile. On peut se
rendre compte des effets de cette nouvelle inrasion par Texa-
men des lims terriens. Je prends ceux dressés en 1686 par
le tabellion Louis Marehand, et j'en extrais au hasard le n* iO
de chaque section. Le lecteur ne convaincra ainsi que l'office
de Sainte-Marie, relativement nouveau, est déjà en parlie
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30é
BBTUB D'ALSAOB
allemand dès les premières années duXVlI* siècle, ces livres
donnant les noms des propriétaires successif du sol depuis
I tonée 1625 environ. L'office d'Ëscherj, comme on le mn,
ne devient allemand que pins tard. Pour établir cette preuTe,
je prends eomparatirement les deux ou trois premiers noms
portés pour chaque section et qui sont ceux des individus
inscrits avant 4686, puis les deux ou trois derniers noms
inscrits pour la même section et qui sont ceux des posses-
seurs de la fin du XVIII- siècle et du commencement du XIX%
DOS livres ayant été tenus à jour jusque vers 1820
En appliquant ce procédé, comme je Tai dit, au n' 10 de
chaque section pour l'office de Sainte-Marie, cest-à-dire pour
Feurtru, Sainte-Marie, la Fonrcel, Saint-Philippe (partie), je
trouve, avant 1686, dans ces quartiers, sur 12 inscrits :
Français, 5;
Allemands, 7.
Les mêmes loi alltés fournissent pour la ûo du dernier siècle
et le début de celui-ci :
Français, 1:
Allemands, 10 (sur 11).
Quant à loffice d'Eschery. je relève, avnnt 1686. pour Sainl-
Blaise, Bréhagotte, Saiiil-Philippe (partie), Liverselle, Sur-
Ihâte, Faunoux, Eschery, La Barre, Petite Lièpvre, sur un
total de 23 inscrits :
Français, 17;
Allemands, 6.
A la fin du siècle dernier, j'y rencontre, sur 21 proprié-
taires:
Français, 1 1 ;
Allemands, 10.
' Il m'a été impossible do prondni loiijours un mr-iiie iioiribnide noms,
quelciues parcelles ayant passé dans le mèim laps do temps par un noin-
iure de possessenn moindre que trois.
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HISTOIRB DB 8AIIITB-M ABIB-AUZ*1I1NBB
365
On peut suivre ainsi les progrès que font les Allemands,
et la preuve que j'eu donne est aisée à multiplier. Ce ne
Alt pis sans quelque résistaoce de la part des anciens hoat-
geois que les arrirants prirent pied dans la partie du Taf jus-
qu'alors épargnée. Cette résistance se porta surtout sur le
terrain religieux.
n llint convenir qu*au point de vue historique, le mouve-
ment calviniste était absoluniciil artificiel et illogique. Un
peuple qui s'est lait un© relitjion à sa mode par l'activité tur-
bulente ou latente de quinze siècles ne peut être ramené
tout d'un coup à l'état moral, intellectuel, politique et social
où il se trouvait quinze siècles auparavant..
Les séides de Calvin et surtout lui-même méconnurent la
valeur de tout antre ihctenr que la Bible : loin de considérer
leur entreprise comme une tendance au progrès, j*ai le regret
de ne pouvoir la considérer que comme In réaction la plus
insensée qui se soit jamais produite contre les conquêtes
propres de 1 intelligence humaine. Il n'est d'analogue — et
encore la comparaison n'cst-ell« pas absolument exacte —
que la tentative faite par les Wahabites de T Arabie. Dès que
l'eflervescence première fut un peu calmée, on put voir
combien, au fond, les doctrines réformées répugnaient aux
populations. Les registres consistoriaux de 1640 à 1650
sont remplis d*admonestations à des individus qui < ftl-
faisaient des signes de croix sur des enfants malades >, qui
« épousaient à la papauté », qui « prenaient mari ou femme
de religion contraire », qui * payaient des violons », qui
t blasphémaient »,ce qui veut souvent dire qui médisaient du
Consistoire. Au milieu du XVII* siècle, les haines religieuses
étaient partout singulièrement refroidies; il s'était fait comme
une sorte d'apaisement La noblesse française^ effrayée du
rigorisme et de Pétroitesse d'esprit des ministres, retournait
en masse au catholicisme; ailleurs, on parlait de transactions.
Certains pasteur.s calvinistes en chercbaieut eux-mêmes. Paul
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ggg REVUE D ALSACE
Ferry à Metz, Durceus en Ecosse, s occupaient de rénnîr les
léformésaux luthériens. La même pensée se fit jour avec un
certaia éelai, jusque dans le val de Lièpvre. Un ministre de
Sainle-llarie, Jean Meiiel, publia, vers 1664, un traité aujour-
d'hui introQTabie, qui fil du bruit parmi les 8a?anls de l'é-
poque et où il conaeiUait de rédproquesconcessioiw. GeMeUet
avait été l'aumônier d'Anne de Coligny, femme du comte de
Wurleniberg-Montbéliard, princesse d'un esprit filiWe, d'une
famille céh^bre. même à la cour de Louis XIV, par la légèreté
de ses mœurs. Anne éUit zélée calviniste, c^mme son aïeul
ramiral, mais elle avait dù céder aux sullicitations de son
mari, au^ fou qu'elle, épris de théologie jusiiu'à lire quinze
eenta fois la Bible d'un bout à l'autre, luthérien, du reste, et
d'une orthodoxie ferouche. Elle s'était rangée à la confésaion
d'Augsbourg, mais, faute de pouvoir consulter un colloque à
sa guise, elle amîl an moins prié Mellet de lui préparer nne
élude comparée des diverses doctrines protestantes. Comme
on devait s'y attendre, les conclusions de faumônier avaient
été conformes aux désirs de la cour; il npinaen faveur d'une
conciliation. Un ministre imbu de telles idées eût pu, sans
doute, vivre en bonne intelligance avec des cullègues d'autre
doctrine; mais Jean Mellet ne s'entendit point avec les réfor-
més allemands venus de Suisse. Gouët du Vivier, qui lui
snoeéda, était de la femille de Paul Ferry, l'nn des chefs de
ce parti de conciliateurs que Ton nommait alors les Sywri-
listes. Son orthodoxie ne devait pas être fort intolérante.
Malgré la facilité qu'ils trouvèrent, selon toutes apparen<;€S,
dans l'humeur des pasteurs « français » de l'époque, les
réformés < allemands » demandèrent et obtinrent un ministre
de leur langue (1666); il est à croire que d'autres motifs que
des motifii purement religieux inspirèrent leurs démarches.
Ces motilb ne sont pas malaisés à découvrir. La population,
en général, était fort émue contre la police exercée par le Con-
sistoire, et qui dépassait en tyrannie tont ce qoe nous pourrions
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UISÏOIKE DB SAINTJ£-MAiU£ AUX-MlMfiS
aujourd'luii imaginer; les Allemands étaient mai représentés
dans relte assemblée, et, par surcroît, celle-ci avait réellement
dilapidé les fonds en caisse. Quelques extraits du refpslre
consistorial veot en fooruirla démonstration. Peut-être sera-
t*il bon, avant d*en Tenir adz preuTee écrites, de dire ce que
c*était au juste que ce fomeux Consistoire et de qui il était
composé.
On distinguait dans la pratique un petit et un grand Con-
sistoire. Celui-ci se composait de tous les pères de famille de
la religion ; ou ne rassemblait que dans les occasions impor-
tantes. Lb petit Consistoire STait des séances régulières ; ses
membres discutaient, un dimanche à Sainte-Marie, le diman-
che diaprés à Escbery, se contaient, on peut le dire, les can-
cane de la semaine, en informaient et fiiisaient, s'ils le jugaient
convenable, comparaître les intéressés. Le petit Consistoire
se composait de douze anciens, élus par le suffrage des fidèles
Le membre sortant était rééligible ; mais, comme la modestie
chrétienne empêchait qu'il se représentât, il désignait deux
membres pour le remplacer. Les noms des trois candidats
étaient lub en chaire pendant trois dimanches consécutils.
Après la troisième proclamation, le ministre se plaçait devant
Tautel et remeillalt les suffrages. Chaque père de famille lui
soufflait à Torellle le nom de son préféré; monsieur le minis-
tre prenait note de cette confession, supputait in petto le
nombre des voix recueillies et proclamait ensuite les résul-
tats de ce naïf 8crulin. Les chefs du Consistoire étaient les
diacres; il y en avait un pour Ëschery, un pour Sainte-Marie.
Plus tard, il j en eut un allemand. Ceci posé, voyous par ses
registres quels étaient les attributions et surtout les agisse-
ments de ce collège d*< élus >:
1. — 2$ octobre 1635. Comme ainsi soit que le mardi 27
décembre de Tannée 1633 passée, nous aurions procédé à
la bénédiction du mariage de Zacharie Vouriat et Marie,
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BBVOB D*AL8A0B
fille de feu Grandcuny,tous deux d'Eschcry, ce néanmoins
le lendemain de la conlirmation et célébration dudit
mariage, ladite Marie s'étant trouvée enceinte d'un autre,
violant la promesse faite à Dieu et à son parti, et ainsi délin-
quante. Raison pourquoi, cedit mariage ne s'étant pas
trouvé seulement fallacieux, frauduleux et abusif, mais qui
plus est directement contraire à la parole de Dieu, laquelle
au Deutéronome, chapitre 22, prononce sentence de mort,
mais aussi contraire aux ordonnances de l'Eglise ortho-
doxe et consistoires notables de l'Eglise réformée selon la
parole de Dieu, et ainsi laditeMarie délinquante convaincue
d'adultéré énorme. A cette cause ledit Zacharie insistant
d'être séparé, ce néanmoins Tayant admonesté et exhorté
suivant l'ordonnance de Son Excellence Monseigneur
de Ribaupierre, de prendre ladite Marie délinquante en
merci et se rallier avec elle selon que les lois divines et
humaines le permettent en tel cas, mais lui, considérant
rénormité du &it et grandeur du forfait non jamais vu ni
ouï ni peut-être perpétré en ce lieu, après lui avoir donné
terme compétent pour prendre avis, lequel étant expiré,
de sa pure, franche et libre volonté, a déclaré que pour le
contentement de tous ceux qui lui appartiennent et attou*
chent, mais principalement pour le repos de sa conscience,
ne peut et ne veut entendre à aucune réconciliation, de
lors comme maintenant, et maintenant comme pour lors,
à cet effet nous ayant instamment priés et requis d'avoir
liberté de se pouvoir remarier où il trouvera son mieux.
Nous, pasteur, et anciens et diacre de cette Eglise, insis-
tant sur le devoir de nos charges, et selon la liberté que
lui donne la parole de Dieu, ciant autorisés par le décret de
Son Excellence Monseigneur de Ribaupierre, lui déclarons
qu'il est en sa liberté de se pourvoir où il plaira à Dieu dc
l'adresser.
2. — 25 juillet 1638. Ce jour on n'a point tenu dc Con-
sistoire à cause de l'armée du comte de Turraine laquelle
furent trois jours logés dans ce lieu de Sainte-Marie, les
anciens et diacre étant réfugiés dans les bois et lieux cir-
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mSÏOIRE OB SAIKTE-MARIE-AUX-MINES 369
I
convoisins pour la crainte de plus que barbare cruauté des
soldats contre les pauvres gens.
3. — 13 novembre 1639, Sara Domballe habitante à Col-
mar a fait réparation au Consistoire pour avoir épousé sou
mary soldat à la papauté—
4. — 18 mars 1640. Sera remontré à Sara Domballe rési-
dante à Colmar à sa première arrivée ici de sa fiiute com-
mise ayant par idolâtrie et superstition envoyé par com-
mission envers un certain saint pour pensant recevoir par
iceUe de lui guérison de quelque maladie*
ft. — 36 avril 1640. Judith, fille à M. Dieudonné maire à
Eschery, comme aussi Jeanne fille de feu Toussaint Re-
nault ont feit réparation au Consistoire pour avoir dansé».
6. — 16 décembre 1640. Ceux qui ont demandé de com-
muniquer à la Sainte-Céne du Seigneur à Noël 1640,
Joseph Peltierle jeune, ayant attestation de Basle.
Jean Pairat, drapier, aussi attestation de Kenne,
Daniel Papelier, aussi attestation de ladite église de
Bienne.
7. — 22 septembre 1641, Sera donnéà Suzanne, veuve dé
Jean Maire, de Ribeauviller pour lui subvenir à payer
i'écolage de ses enfants 4 fr. à condition qu'ils iront auprès
d'un maître de notre profession.
8. — Le 6 mars 1642, par ordre du Consistoire fut donné
à la femme à Nicolas Le Clerc, lui étant luthérien et sa dite
femme de notre profession, laquelle étant en couches et
ledit son mari malade, étant en grande nécessité, lui avoir
donné pour cause de sa femme 4 fr.
9. -~ 21 novembre 1642. Daniel Gbodey a mal à propos
et faïussement parlé contre lesanciensen taverne publique,
a été censuré du Consistoire^
la— 15 avril 1643. EUsabeth, veuve deFélix Perrochet,
Esther Grandhomme, Marguerite Didier, Judith Didier^
Sara Mathieu femme à Jean le Maire, Isaac Mougin, Pierre
Marchant, etc.» etc., ont été censurés pour avoir dansé.
11. — 13 mai 1643. A été ordonné que Monsieur Bachelles
NouveUo Série — ?• Année. ^
370
RKVUt D'ALSACE
et Daniel Lasus s'enquêteraient ^ers Mons' le Lieutenant
à quel sujet Beajamin Corvisier n*ètaît capable de la chaiige
d'ancien.
42. — 4 février 1646. Zacharie Vouriat a été au Consis-
toire pour avoir été pris de vin et avoir fait du débat coq-
tre sa femme .
13. — 22 mars 1646. Claude Gardon a été censuré au
Ck>nsi8toire pour avoir été longtemps dehors et n'avoir
point apporté de témoignage des églises qu'il devait avoir
firéquentées et croyant qu'il ait été de la messe.
14. — 10 mai 1646. Elisabeth Pihle a été censurée au
Consistoire pour avoir été épouser son mari à Hunawihr.
15. — 30 juin 1647. Monsieur Le Bachellez ministre étant
en chaire le dimanche matin dudit 30 juin 1647 dit que le
diacre cl Ei^ùhery et les anciens avaient faussé le serment
qu'ils avaient fait devant Dieu et les hommes; il a été
recherché de leur crier merci, ne l'a voulu faire. Ils ne se
sont assemblés au Consistoire durant le temps qu'il a été
audit lieu.
16. — 17 mai 1648. David Georges a été au Consistoire
pour avoir dansé et s'avoir abstenu de communiquer plu-
sieurs fois.
17. — ai novembre 1649. Paul Didier doit ôtre censuré
pour avoir proféré parole blasphématoire contre ceux qni
avoient assisté en Êdsant Féglise de Sainte-Marie, disant
que depuis le temps que ledit temple était iàit que toutes
sortes de malheurs 8*en étaient ensuivis et plusieurs autres
discours qu'ils ne devaient être dits par un homme ayant
charge d'ancien comme lui.
18. — 23 avril 1651, A été ordonné de donner à Jean
Brique le bon gardien six francs pour chasser les chiens
du temple.
19. — 25 juin 1651. La vieille Elisabeth Thouvenin, mère
à Pierre Thouvenin, âgée d'environ quatre-vingt-dix ans a
fait abjuration de la foi papistique, Dieu lui ayant ouvert
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HISTOIRE D£ BAIMTJB-HARIE-AUX MINB8
871
les yeux de la foi et lui ayant donné la yraie connaissance
du saint Evangile nonobstant qu'elle était aveugle des
deux yeux...
20. — 29 octobre 1651. Tante Elisabeth demande des
souliers à bas pour elle et celle qui la mène.
24. — Mars 1652. Elisabeth Vourion femme à Simon
Lhuilier a été censurée au Consistoire pour avoir été en
un baptême à l'église papistique.
22. — 22 juillet 1652. Jacob Irmel et sa femme ont été
censurés en Consistoire pour avoir dansé au festin de Joseph
Vîneau, frère et beau-frère d'iceuz.
23. — I fuin 1653. Se présentent pour communiquer i de
Sainte-Marie, 14 des terres de Berne^ 15 des terres de Zu-
rich, 1 de Zoffingen, i de Metz, 1 d*Aarau«
21. — Novembre 1654. La fille Jean Le Maire avec une
autre qui s*appelle Anne qui demeurent à Richivir pour
avoir assisté au festin de la fille Bouchard. — Les deux
filles Bouchard ont été fort censurées pour avoir assisté au
mariage de leur sœur.
25. — 23 mars 1656. Tante Elisabeth l'aveugle a comparu
au Consistoire et a reçu censure pour avoir fait des signes
de croix auprès d'un enfent malade.
— 13 avril 1656. David François a comparu au Con-
sistoire avec d'autres pour avoir joué aux cartes nuit et
jour et ont été censurés.
27. — 21 mai 1656. Pierre Grandpierron a comparu au
Consistoire pour avoir dit en disputant avec Thomas Pa-
quet étant ancien que Ton prenait des sots pour être anciens
et a été censuré.
28. — 17 décembre i6$6. Plus pour chose notoire à ceux
qui viendront en charge en lisant cet article prendront
connaissance de ce qui s'est passé en ce cas, c'est que Jean-
non fenune à Jean Brique! maréchal à Bréhagoutte étant
accusée pour le &it de sorcellerie par beaucoup de sor*
cîéres et sorciers qui ont été brûlés à Sainte-Marie du côté
de Lorraine et beaucoup d'autres indices, ce que ayant et
REVUE D'ALSACE
voyant le pasteur et les anciens cette femme être ainsi
accusée criminellement, ils n'ont pu qu'ils ne la retran- •
chent de la Sainte-Ccne jusqu'à ce qu'elle se justifie de ce
crime — ce qu'elle n'a su taire — ce que sachant elle et
son mari ont pris recours à Monseigneur le comte deRibau»
pierre avec grandes instances de faire que ledit pasteur et
les anciens la reçoivent a la communion de la Sainte-Cène.
Ce que ledit seigneur, après beaucoup de sollicitations, a
ordonné de la recevoir en ladite communion et pour des
considérations qui ne se nomment point ici qu'il ne vou-
lait prendre en ce temps connaissance de ces accusations
pour des raisons particulières dont le Consistoire après
avoir fait redoubler la compag'nic ont fait venir ladite
Jcannon pour comparaître et ouïr ses défenses, n'ont
reconnu autre chose en elle qu'une arrogance bien grande,
mais de peur d'offenser Monseigneur à cause ducomman-
'dement fait, ils l'ont admise à participer à la Sainte-Gène
avec regret ne voyant aucune piété en elle.
29. — 17 février 1658, Paul Pouschberg fils... sera appelé
au Consistoire pour avoir été si hardi que d'avoir monté
dedans la chaire du ministre à l'heure du prêche et y faire
des discours frivoles, étant là beaucoup de gens assemblés.
30. — 16 août 1659. Jean Goetz sera averti de se trouver
ès prôcbes plus diligemment qu'il n'a Mi par le passé.
31. — 14 mars 1660. Jean Broulat demeurant à Richivir
sera appelé en Consistoire pour avoir dansé.
32. — 9 mai 1660. La sage femme nommée Barbel a été
en Consistoire à cause qu*eUe a recueilli l'enfent de Nicolas
Herment lequel est venu trop tôt et n'en ayant averti le
Consistoire, pourquoi elle a été eensurée..*
33. — s8 novembre 1660. La femme Gabriel Prélat de
Sainte-Marie ayant dansé à Ribeauvillé sera appelée en
Consistoire.
34. — 19 février i66«. Paul Pouschperg le jeune ayant
proféré et dit en plein marché parlant de la femme ChriS'
tophe Vaisseau rappelant bécasse en se moquant , sera
appelé en Consistoire pour en être censuré.
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mSTOJBB DB aAIMTB-MABIB AUZ IOIIBS
373
35. — 26 novembre 1662. Marguerite Guelot a été avertie
de ne point recorder d'enfants au logis qui peuvent aller
à l'école ou bien on lui retranchera les 2 francs que l'Eglise
lui donne par semaine à cause que l'école se déserterait
(Marguerite Guelot était la maîtresse même d'école).
36. — 15 décembre 1675. Combien qu'il y ait grande
quantité de pauvres, ce néanmoins il n'est pas possible
qu'on puisse aider à tous à cause de la grande pauvreté
survenue à beaucoup de bonnes gens qui sont devenus
pauvres à cause des guerres et qui par ci devant Êdsaient
bien de la charité, mais, hélas I leurs ruines font compas-
sion quoiqu'on ne les puisse assister et le peu qu'on reçoit
aux recettes ordinaires n*est presque rien à cause du peu
de gens qui se trouvent aux saintes assemblées et quant
aux recettes qui se devraient fidre de ceux qui doivent des
intérêts aux pauvres, il est impossible d'en tirer quoi que
ce soit pour le présent, à cause des guerres et de la ruine
survenues à beaucoup de gens qui devaient. Et je prie
aussi ceux qui viendront après moi de ne me blâmer s'ils
ne trouvent qu'on att écrit de dimanche à autre, comme
cela devrait être, mais le plus souvent quand on pensait
tenir Ckinsistoire, il fellait foire logements des gens de
guerre. C'est pourquoi j espère que ceux qui me succéde-
ront jugeront charitablement de ce que j'écris ci-dessus.
Quant aux scandales, ils ne sont pas firéquents durant
ces pauvres temps, à cause que les scandaleux de ci-devant
ont bien souvent disette et les ivrognes scandaleux n'ont
pas toujours eu de quoi pour acheter du vin, car on a
vendu le pot jusqu'à 5 francs et un demi écu blanc.
On me permettra de m arrêter dans mes extraits, tran-
scrits presque au hasard. Tout lecteur impartial conviendra
que Ton ne devait pas se sentir à Taise sans an pareil régime.
Or, les Allemands étaient peu nombreux dans le Consistoire,
et, par conséquent, plus gênés encore qae les Français par
80D ombrasBuse tyrannie. De plos, ils devaient tenir à ne
974
tarruB d'alsacb
point porter la responsabilité de la situation financière de la
communauté. Cette situation était des plus précaires, et, comme
elle léBultait d'une déplorable administration antérieare, d'im
gaspillage effiranté de la fiyrtane dite c des pauTrei >, dila-
pidée à Tenyi par les ministres et par les andens qui la détour-
naient à leur proflt, les nouveaux frères avaient, jusqu'à un
certain point, le droit de demander à faire table rase du passé.
Trop de détails seraient fastidieux; on me permettra cepen-
dant de donner quelques indications sonuuaires au sujet de
ce que je viens d'avancer :
En 1684, la paroisse calviniste s'était trouvée en état de
bfttir de ses propres deniers l'église de Sainte-Marie, bourg.
Elle jouiasait d'un revenu considérable pour Tépoque et pour
la contrée, dû aux libéralités de plusieurs familles et surtout
des Raillard et de M"" Anne Rerman, veuve Desmazures,
qui avait légué un certain capital destiné aux besoins des
écoles. Les malheurs de 1687 avaient obligé d'ébrécher cette
fortune; les anciens avaient emprunté de l'argent dit < des
pauvres > et leurs Aimilles restaient le devoir encore vers
1666; des ministres, Le Bachelez entr'autces, et surtout Octa-
vien Amyrault, avaieni usé du reste pour leurs besoins per-
sonnels; la communauté restait devoir à plusieurs villes, à
Saint-6all surtout, une somme assez forte dont le paiement
devait être effectué par Klein, gendre d'Amyrault, Allemand
habitant Mulhouse, qui s'était chargé de rembourser la caisse
des pauvres d'une partie de ce que son beau-père en avait
détourné. Outre l'aiigent, les réformés avaient laissé se perdre
un nombre assez grand de propriétés foncières psssées par
prescription aux mains de locataires et de divers occupants;
on s'occupait, il est vrai, de la recherche de ces biens, mais
sans grand espoir de les récupérer. Les traités de Munster et
d'Osnabrack garantissaient la liberté de conscience en Alsace;
mais ils prenaient pour base l'état religieux accepté par la
paix de 1655 ; c'est dire que les calvinistes étaient plutôt
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HIBTOIltB DB 8AINTB-BIARIB AUX^MIMBS
875
tolérés que reconnus. On les ignorait officiellement. Ils ne
pouyaieok, en conséquence, se recrater qu'au dehors; le pro-
aélytieme sar plaee leur était à peu près interdit Le nombre
des memlires de leur Bglise tendait done à décroître d*autaat
plus rapidement qu'aux expatriation», aux décès, se joignaient
les mariages mixtes a?ec luthériens ou luthériennes; ces
unions étaient devenues d'autant plus fréquentes que le Con-
sistoire, par qui elles étaient autrefois interdites, était devenu
lui-même un ?ain épouvantait. Sa puissance n'était plus ni
écoutée, ni obéie. Bon nombre de familles importantes étaient
retournées au culte romain : les Marchai, les Dieudonné, les
Domballe, derniers saecesseurs de Claude Dehavit de Dom-
halle, la tebellion calviniste du XYÎ^ siècle, les GoUignon, ele.
Les ressources financières de la communauté baissaient de
plus en plus, par suite de ces désertions. Obligés de pourvoir
aux firais du culte, de payer pasteurs et maîtres d'école, de
subvenir aux besoins des pauvres, les réformés commençaient
à trouver la charge lourde. Le roi Louis XIV, de passage à
Sainte-Marie, avait ordonné les plans d'une église catholique
et avait établi un maître d'école pour les enfiuts non protes-
tants. De là un surcroît de dépenses, qui empêchait les août-
ê^mOi et heknôourgs d'aider des fonds de la commune leurs
frères calWnistes dans la détresse. L'eus^ent-ils voulu, du
reste, que la chose devenait impossible, à cause de la sur-
veillance que las officiers catholiques exerçaient sur eux et
qui est attestée par des lettres de quelques-uns. L'intendant
rendait au culte romain la moitié de l église de Surlhâte et
lui restituait la petite dim« d'Eschery, achetée au XYI* siècle
par quelques bourgeoisd'E.^her7, dont les héritiers en avaient
fait don à la paroisse réformée. L'abbaye de Moyenmontiers
elle-même, à laquelle personne ne songeait plus depuis des
sièelee, fiiisait mine de contester à la &mil?e de Rîbaupierre
ses anciennes possessions et envoyait (28 mai 1681) au Land-
richter Fattet assignation à comparaître à Metz « pour y
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ftBVOB D'ALSACE
apporter les titres et papiers et documents en vertu desqueli
luy ouïes détenteurs dadit prioré (d'Eschery) eojoayssant...».
La misère, qui était grande d^à en 1666, fût an comble à la
fin du siècle. Un procèa qui s'engagea entre TigMae et Pan
de ses andens paatenrs, au aiyet d'une somme d'argent que
celui-ei réclamait, Ait le signal d'une révélation intestioe.
1^8 Allemands, devenus peu à pen, sinon plus nombreux,du
moins aussi nombreux que les Français, las d'une situation
qu'ils n'avaient pas faite, obtinrent une séparation complète.
De 1720 à 1740, des recrues leur vinrent d'Allemagne.
Une nouvelle compagnie s'était formée en vue de l'exploita-
tion des mines. A la suite de ses chelSi, les Erœber, Isa
Schreiber, les Gttnther, les Finck, d'autres Saxons et Hano-
Triens accoururent. Us s'établirent principalement à Escbery,
à Snribftte, au Ranenthal. Presque tons étaient luthériens.
Les derniers descendants des familles primitives, les Maire,
les Petildemenge, les Coltel, les Bouvier, les Benoît, les Ante-
nat, furent refoulés vers la Petite Lièpvre ou s'en vinrent
s'enrôler en ville parmi les ouvriers des fabriques de tissus
que Ph. Steffan y fondait. Ces ateliers, ayant prospéré et s'é-
tant multipliés, attirèrent un grand nombre de Suisses» d'in-
dividus du Palatinat, de tisserands de Mulhouse^ etc. Ge con-
cours d'étrangers achoTa de changer la physionomie do val
A la fin du XVm* siècle, il était derenu allemand de langue,
an point que des membres de l'Eglise française de 1562, un
Antenat, par exemple, demandaient par grâce au Directoire
du département de u'êtro plus contraints d'envoyer leurs
•nfants h un catéchisme français auquel ils n'entendaient rien.
Le français, cependant, resta pour plusieurs une ftçon de
langue sacrée. On priait et l'on chantait en français, comme
les cathoUques prient et chantent enlatin. On voulut prendre
quelques mesures pour maintenir l'emploi de la langue
pateniélle. Il était trop tard. Vainement défendit-on l'usage
de Tallemand dans les écoles ou hors des écoles. La sœur
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HUTOIBB ra 8AXMTB*lIàBIB-A0Z-iailBB
S77
aînée reçut yaineraent poar mission singulière cellt de gour-
mander et môme de châtier de la main les petits frères qai
8*<Niblieraient josqu'à se aenrir eDtr*eux de la langue pro-
aerite; fainement alla-t-oo juaqa'à des signes extérieurs de
reoonnaissanoe et par conséquent d'hostilité, les Français se
fouant au ?ert et les Allemands an rouge; on temps Tint où
Eschery fut tout allemand ou à peu près. Quand, après 1840,
cette annexe dut recevoir un pasteur, elle le voulut luthérien.
Aujourd'hui, la population réformée de la commune entière
de Sainte-Marie est le sixième de la population totale ; k
Eschery, elle est d*un peu plus du quart du nombre total des
habitants, mais il n'y a plus que des réformés allemands,
les familles qui se classeraient généalogiquement parmi les
Firançais se sont elles-mêmes germanisées. Pour en venir là,
il a Ikllu Teffort de deux siècles. L*Eglise luthérienne, alle-
mande, dès son origine, Tétait restée presque jusqu'au bout;
le premier sermon prononcé en français par un pasteur de
la confession d'Augsbourg le fut en 1853, troia siècles après
les temps de Locquet et de François.
ËUG. MUHLENBECK.
HISTOIRE
DB
L'ANCIEiX COMTÉ DE SAARWERDEN
ET DB
LA PRÊYOTË DE HËRBITZHEIM
fSuUeJ
GQAPITRB V
Démembrement du oomté de Saarwerdeix
La paix de Ryswick fit recouvrer ses Etais à Léopold I",
fils de Charles V, duc de Lorraine, mais en ne lui laissant ni
places fortes ni troupes; elle le mil dans l'heureuse impuis-
sance de faire la guerre. La ville de Bouquenom, encore sai-
gnante de ses blessures, la cour de Wîberswîller et Saar*
werdeu, descendu alors au rang d*an humble TîUage, forent
attribués à la Lorraine, conformément à Tarrêt rendu en 4629
par la Chambre Impériale de Spire. Bouquenom, qui mérilait
à peine le nom de ville, ne comptait alors que soixante-et-
nn chefs de familles et cinq veuves ou filles'.
Aussitôt que Léopold 1" fut paisiblement tem sur le trône
' Mémoire sur l'Etat de la Lorrome à (a «a dt» IVIP siMe, imprimé
à Nancy, eu 1858, p. 28.
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8AARWBRIUEN ET HBBBITZHIUM
879
dacal, il établit à Bonqaenom, par an ëdit renda en 1695,
une prévôté bailliagèn qui comprenait la TiUe de ce nom et
le Tillage de Saarwerden. Le i:illage de WiberswiUer ftiisait
partie de la seigneorie du Gol-de-Gygne (âisAc0on«nftaÀ),
dépendant du bailliage de Fénétrange. La prévôté de Boa-
quenora ressortissait au bailliage de Saargueraines, elle se
composait d'un prévôt, chef de police et gniyer, d'un lieu-
tenant-prévôt contrôleur enlagruerie, d'un assesseur, garde-
marteau en la gruerie, d'un substitut du procureur général de
Nancy, de deux tabellions, d'un haissier exploitant et de
deux sergents. La résidence de Tun des tabellions était fixée
'à Booqnenom, l'antre réridait à Saarwerden.
Le duc Léopold I** se montra d*abord pen ISiTorable aux
protestants de Boaqnenom et de Saarwerden et adopta des
mesures sévères contre eux; mais les précautions qu'il crut
devoir prendre regardaient principîilement les étrangers pro-
fessant la religion luthérienne. Il ne toléra à Bouquenom que
ceux qui y étaient établis avant la paix de Ryswick; il fit
défense à tout ministre protestant de Tenir dans cette ville
poar y catéchiser et obligea les enfiints nés de mariages mixtes
à assister aux offices da calte catholique. Las assemblées des
prolestants étaient interdites et aucun protestant ne ponvait
Talablement acquérir d'an catholique une maison on des biens
quelconques sis à Bouquenom.
Ce prince, mieux éclairé sur les véritables intérêts de sa
couronne, vint à résipiscence et rendit, le 22 mars 1707,
l'ordonnance suirante, qu'il adressa à ses officiers de la pré-
TÔté de Bouquenom :
« Quoique nous tous ayons ordonné d*empècher que nos
aiyets de Bouquenom et de Saanrerden, de la religion d'Augs-
bourg, n'augmentassent le nombre des fiimilles luthériennes
par le mariage de leurs enfants, au préjudice de la tolérance
qui leur avait été accordée par feu le duc Charles IV, notre
très honoré grand- oncle, qui soit en gloire, nous vous faisons
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BKVDB D'ALBACB
la présente pour rous faire dire qae, par bonnes conBidéra-
tions et sans tirer à eonséqaence, dods avons permis à nos-
ilits sigets de Ronquenom et de Saarwerden, de la religion
lathérienne, de marier leurs enùuils, à charge de bfttir des
maisons dans lesdits lieux, sans néanmoins qu*il leur serait
loisible d*aTdr anenn exercice libre dans leur religion, par
le ministre ou le maître d école, ce à quoi nous vous ordon-
nons de tenir la main. »
Cette ordonnance fait sensiblement connaître que la volonté
du duc Léopold, disaient liss protestants de BouqaenomS était
de traiter les luthériens comme ses autres sujets; dès qu'il
leur était permis de marier leurs enûints, c'était autoriser de
nou?eanx établissements; en leur enjoignant de bfttir des
maisons, c'était leur IHlre connaître qu'il ne leur était pas
défendu d'acheter celles qui pourraient lenr oonTOnir; en
leur interdisant Texercice public de leur religion, c'était
une dispense pour pouvoir la professer en particulier.
Depuis cette époque, les luthériens ont librement marié
leurs enfants; il leur sufQsait de prendre une permission du
juge, pour laquelle ils étaient tenus de payer cinq livres ;
après la célébration du mariage, ils étsient obligés de la £iire
enregistrer ches le curé et cet enregistrement coûtait encore
trente sous. Us en agissaient de même lors de la naissance
d'un enfant et donnaient au curé cinq sous argent de France
pour l'enregistrement de la permission qu'il accordait de le
baptiser selon le rite protestant.
L'autorité ducale a si bien reconnu l'importance qu'il y
ayait d'augmenter le nombre de ses sujets que, quand un
étranger venait épouser une ûlle protestante, elle robligeait
à résidence. Quand un garçon protestant quittait Bouquenom
pour aller se marier aiUeurs, les père et mère étaient passi-
bles d'une amende plus ou moins forte, mais elle n'était
jamais moindre de trois à quatre cents livres.
* Manuscrit de feu U. Kablé.
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SAABWEBDEN ET HSRBITZHEDf
881
Un bourgeois luthérien ayant voulu s'établir ailleurs, pour
le bien de son commerce, ne put quitter sa demeure qu'en se
Boumeltant à payer toute sa vit la subvention, comme s'il
demeurait à fioaquenom . U a payé cet impôt peadant plas de
TÎngi-quAtre ans et, qaoiqa*il eût établi an eoHuit en son lien
•t place dans cette Tille, il a oontiniié à y être imposé sar un
pied anasi élevé qu'an catholique de la première classe.
Le prince Henri de Yandemont, qui avait reçu de Ghariss 17,
duc de Lorraine, son père, le daché de Sarreland en apanage,
était résolu à contester au duc de Lorraine, Léopold I", les
villes de Bouquenom et de Saarwerden, qui étaient comprises
dans sa donation ; mais la mort du prince Gharles-Thomas,
son fils, décédé sans alliance en 1704, le fit renoncer à son
dessein et, en i708, il fit avec le duc Ijéopeld I* on traité de
braille, par lequel il lui céda la proprié^ de tous ses biens
contre la jouissance riagère de la principauté de Gommercy.
En 1704, le duc Léopold I*' et les princes de la maison de
Nassau-Saarbruck Orent procéder à la délimitation de leurs
états respectifs ; celte opération, qui fut conduite avec autant de
zèle que d'inteiligeace par François Didier, procureur et rece-
veur des finances à Saarguemines. et Jean-Jacques Becbt,
bailli du comté de Saarwerden, fut ensuite sanctionnée par
le duc Léopold I** et les princes de Nas8au-Saarbruck\
En 1781, le jour de la Nativité de Notre-Dame (8 sep-
tembre) et les deux jours suivants, les religieuses de Bou-
quenom célébrèrent, dans Téglise paroissiale, la béatification
du bienheureux Père Fourrier, foudaleur de leur ordre'.
Ce fut une grande fête, non seulement pour la petite popula-
tion catholique de la ville, mais encore pour une foule de
fidèles accourus de près et de loin ; c'était le spectacle d'une
population tout entière se pressant à grands flots dans l'en*
ceinte sacrée, pour recevoir les saints sacrements; on en
* ÀrehiveB do Bas-Rhin, E. 5188.
* Le B. P. Fourrier Ait béatifié le S9 janvier 1730.
382
comptait plus de cinq mille. Le dernier jour, à vêpres, le
R. P. F. Kiecler, curé de Bouquenom, donna l'habit de norice
à Salomé MtUler. Les jeunes prince* et princesHes de Bircken-
feld 8*étaiMil empressés d'honorer cette imposante solennité
de lenr présence et s'en montrèrent édifiés .
Les religiensis de Bouqnenom Itarent Tobjet oonstinl de
la sollieitude des éTéques de Mets, et, lorsqu'ellas enrent
commencé, en 178Î, la construction de leur cbapeUe et de
leur cour, l'évêque Henri-Charles, duc de Goislin, y contribua
pour une somme de mille écus au courg de France*.
Le collège des jésuites que Louis XIV avait rétabli a Bou-
quenom avait de la peine à subsister; le duc Léopold rem-
plaça, en 1710, leur fondation en leur cédant comme dédom-
magement le fief de Brandelfing, situé en partie dans le comté
de Bitcbe et en partie dans le district de Saargnemines. Ce
oollége tomba |ieu à peu et il n*était plos fréquenté, lorsque
les classes reçurent, en 1749, une nouvelle activité al uns
plus graude extension.
Le duc Léopold I" confirma, par décret du 29 janvier 1721,
l'établissement des religieusss de la congrégation de Notre-
Dame dans la ville de Bouquenom^
La protection que le duc de Lorraine accordait au culte
catholique lui fit tain de* rapides progrès, dans la prévôté de
Bouquenom, sur la réformatioa qui fut abandonnée par la
grande majorité des habitants; et, en 1751, on n> comptait
plus que soixante familles luthériennes, tandis que le nombre
des familles catholiques s'élevait à plus de trois cent cin-
quante'.
La maison de Lorraine renouvela plusieurs fois ses préten-
tions sur cette partie du comté de Saarwerden qui avait été
reconnue allodiale par Tarrêt rendu par le tribunal supréms
^ Journal du curé Kieder, aux archives de Saar-UnioA.
* Dou Galmbt, Notkt de Lomme, t. VL, sappl., p. 81.
* Utnascrit dté.
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SAARWERDEM ET HERBITZUEIM
38a
de l'Empire, en i6t9. De leur côté, les prinees de la maison
de Nassau-Saarbruck aspiraient aussi à recouvrer les ûefs
messins de Saarwerden et essayèrest d« faire valoir leurs
prétentions à la Diète générule de l'Empire, pour obtenir la
révision de rarrét qui les avait dépouillés du plus beau ileu-
nm de leur couronne féodale. Mais toutes leurs démarches
demeurèrent infractoeoses et la maison de Lorraine resta en
possession de ces fiefs, qni facent compris dans la cession de
la Lorraine fiiite i la France par le traité de Vienne, le
$0 octobre 1785.
Par ce traité, on le sait, les duchés de Lorraine et de Bar
furent cédés, à titre de souveraineté, à Stanislas Leckzinski,
roi de Pologne, dont la fille avait épousé Louis XV, avec
réversion à la couronne de Fr&nce; mais Stanislas, docile aux
volontés de Louis XV, céda à la France le gouvernement
militaire et Tadministration des deux duchés, dont la prise de
possession n*ettt lien qne le 81 mars 1787.
Sous le règne de Stanislas, les protestants de Bouquenom
eurent encore de lourdes charges à supporter; quoiqu'il n*y eût
point de proportion entre leurs biens et ceux des catholiques, et
que caux-ci fussent plus norabreui et de beaucoup plus riches,
les protestants payèrent plus de la moitié de toutes les impo-
sitions; des corvées, des logements et des convois militaires,
des impositions en denrées et en fourrages, proportionnément
beaucoup plus forts que ceux auxquels élaîent assujettis les
halntants catholiques, vinrent se joindre aux nombreux sacri-
fices eiigés d*eux, et, lorsqu'on reconstruisit, en 1751, le
presbytère catholique de Bouquenom, ils furent chargés des
trois quarts des corvées'. Deux jeunes protestants étant allés
s'établir ailleurs, on refusa de les admettre à la succession
de leur père; il leur avait délaissé une maison, elle fut
confisquée et donnée an conrent des religieuses de la congré-
gation de Notre-Dame.
* Namuerit dté.
384 BEYUB d'alsacb
Les bourgeois Henri Karcher et Nicolas Kablé, de Booqoft-
nom, au nom et se disant fondés de procuration des luthé-
riens de cette Tille, adressèrent, vers le milieu du siècle der-
nier, aa procarear-général du duché de Lorraine, un mémoire
où ilB exposèrent leors plaintes et leafs doléances; en même
temps qu'ils j dépeignirent, avee les couleurs de la rérité, la
vie paisible et laboriease des relîgionnaires. Us disaient :
€ La religion (catholique) ne sonifre en rien, les luthé-
riens ne font aucun exercice (de leur culte), ils ne caoBent
aucun scandale à personne, ils n'entraînent aucun catholique
dans la réforme ou le libertinage, ils vivent tranquilles sans
ùâce de tort k qui que ce soit, ils ne forment aucune assemblée
secrète, on ne Toit aucune cabale parmi eux; le curé du lieu
ne trouve rien de répréhensible dans leur conduite ; ils ne
s'appliquent qu'au travail et au commerce, et si quelques-uns
d'entr'enz ont amassé des biens, ils ne le doivent qu'à lear
industrie, aux peines qu'ils se donnent, à réconomie avec
laquelle ils vivent ; la religion ne domine pas avec tyrannie
sur les cœurs, elle veut les gagner et non pas les compter*. »
Le roi Stanislas, par son édit du mois de juin 1751, donna
à ses Ëtats une nouvelle organisation judiciaire ; il établit à
Bouquenom un siège de prévôté, composé d'un prévôt com-
missaire-enquêteur et examinateur, d'un lieutenant-prévôt,
d'un avocat-procureur feisant fimctîon de ministère public,
d'un greffier, d'un huisrier-audiender, de deux huissiers ordi-
naires, de quatre procureurs et de deux notaires. Jm appels
de ce siège ressortisaaient au bailliage de Saarguemines .
Les jésuites de Bouquenom reconstruisirent, en 17W et
1757, leur collège et l'église qui en faisait partie. Les bâtî-
menU du collège sont vastes et soUdes; le premier corps a
deux étages, outre le res-de-cbaussée ; le sscond n'a qa'an
* La minute sans date de ce mémoire se conserve parmi le» doonBMati
de la famille Kablé.
' G&LMBT, Notkê de la Lorraine, t. Il, suppl., p- 1<X*
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SAARWERDSM ET HERBITZHSIM
385
éiagQ, mais on a donné aux fondements et aux murs la soli-
dité nécessaire pour pouvoir le surmonter d'un étage. Au-
dessus de la porte d entrée se voit encore le monogramme deâ
jésuites: A. M. D. G. (ad mqjorem Dd gloriam).
A la mort de Stanislas, arrivée en 1766, Boaqàenom et
Saarwerden suivirent le sort de la Lorraine et forent réanis
à la France. Les jésuites durent quitter Bouquenom; le ool-
lége subit une réorganisation et d^autres maîtres y ftirent
installés; c'étaient des prêtres séculiers ; mais, eu 1780, il fut
desservi par des chanoines réguliers de la congrégation de
Notre-Seij,'iieur, qui s'intitulaient: Canonici regularii collegis
in Botuiumm gymnasiarchi . Le roi Louis XY confirma cet
établissement par lettres patates du 1" août 4768. On y
enseignait les humanités jusqu*à la rhétorique inclosiTement,
on y enseignait aussi les langues française et allemanâe^ Ces
lettres patentes assignaient aux prêtres séculiers chargés de
l'enseignement des appointements et ordonnaient aux admi-
nistrateurs de pourvoir à leur subsistance et nourriture, qu'ils
taxaient à la somme de trois cents francs par an, que chaque
professeur ajouta à ses appointements. Le traitement du prin-
cipal était fixé à onze cents livres, celui du professeur de
rhétorique à neuf cent cinquante li?res, et chacun des cinq
régents avait un traitement de huit cents livres.
La paix de Ryswick avait restitué à llimphre germanique
le comté de Saarwerden, fatigué du despotisme de Louis XIV,
sauf Bouquenom, le village de Saarwerden et la cour de
Wiberswiller, qui, comme nous l'avons dit précédemment,
en avaient été détachés comm* fiefs messins dont la maison
de Lorraine avait été dûment investie; elle avait rétabli la
maison de Nassau-Saarbruck dans ses anciens droits de sou-
veraineté sur la partie allodiale du comté de Saarwerden et
brisé le joug de sa dépendance envers la France. Les princes
de Nassau-Saarbruck, qui regrettaient vivement k perte de
' DuRiVAL, Description de la LorraitiCt t. II, p. 248.
NooTelle Séria — ?• Année ^
386
BEVUE D ALSACE
BoaqnenoiD, ehef-lien du comté et siège de radministration,
s'unirent pour construire une nouvelle ville qu'ils destinèrent
à devenir le chef-lieu de leurs possessions et le siège de leurs
dicaslères. lia bâtirent, en 1706, sur le territoire de Zollingea
et la rife gauche de la Saar, vis-à-vis de Bouquenom, la riile
de New-Saarwerden, qui fut appelée Tulgairement Neustadt;
ils 7 firent des eonstnictions dispendieuses commandées par
Totilité publique. Os y établirent le siège de leurs dieastèrei
et contribuèrent, à finis communs, à la construction des bâti-
ments néceseaires aux services publics. Ils firent à la ville-
naissante de magniûques dotations pour tous les besoins reli-
gieux et accordèrent aux habitants qui s'y établirent quelques
privilèges. Les protestants, que Tintolérance religieuse aviit
chassés de Bouquenom, de Saarwerden et de la Lorraine,
vinrent s'établir dans la nouvelle ville, refuge sacré où ils
se trouvaient à Tabri des vexations et des persécutions des
officiers lorrains.
La construction de la nourelle ville Ait poussée avec une
grande actiyité; quatre années suùirent à l'exécution de cette
magnifique entreprise, et, dès l'année 1710, les autorités y
étaient établies. L'établissement de cette ville donna une
nouvelle valeur au comté de Saarwerden et fut l'événement
le plus brillant du XVIII* siècle pour cette contrée.
Aussitôt que les princes de la noaison de Nassau-Saarbrock
se virent dans la paisible possession du comté de Saarwerden,
ils s*occupèrent à briser les entraves qui gênaient les protes-
tants dans Tezercice de leur culte et à y établir des paroieseï
protestantes, selon les besoins de la population, tout en ména-
geant le culte catholique, là où il était professé. Dès Tannée
1698, quatre paroisses furent érigées aux quatre points les
plus éloignés du comté, savoir : à Pistor^ Lorentzen, Kes-
kastel et Hirschland. Chacun des paateufs avait neuf com-
munes à desservir.
Les rélbrmés firançais qui s'étaient réfàgiés dans le comté
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SAARWERDEM ET HBRBTTZHEIM 3g7
deSaamarden commençaient à respirer et purent ee Wvret
librement à l'exercice de leur culte. Ils construisirent une
église et un presbytère à Diedendorf et, dèi le S4 mai 1698,
M Samuel de Perroudet* fut appelé à y ezereer lea fbDCtiona
pastorales. Pendant la oonatroction de l'église et da presby-
tère, le pastear logeait au château de cette localité et y célé-
brait le serrlce divin.
Le temple de New-Saarwerden, dont la construction venait
d'être achevée, fut inaugurée le dimanche des Rogations de
l'année 17 10, en présence d'un grand concours de personnes,
et le pasteur Gustave He^ren8cl]midl^ de Pister/, fat appelé
à la desserte de la paroisse qui avait été érigée dans la ville
naissante.
Les princes de la maison de Nassan-Saarbruck établirent à
New-Saarwepden une Régence commune (GeoieifMeiki^iteam/),
qui était à la fois un conseil administratif et judiciaire, un
BaumeiHerthim ou Direetornm pro raiis cfmdominialibus et
un tribunal intermédiaire entre les premiers juges et le tri-
bunal suprême de l'Empire. Exercer la justice comme chan-
cellerie de ressort, veiller aux intérêts de la rsligion et à la
conservation du domaine, surreiller Tadministration des com-
munes, des fabriques et des établissements de cfaarifé, prendre
les mesures propres à assurer une bonne police, telle était la
iâcbe que les princes de Nassau imposèrent au nouveau
Directoire.
L'établissement de ce tribunal de ressort, siège intermé-
diaire entre la justice locale et la Chambre impériale, fut un
grand bienfait pour les habitants du comté qui étaient obligés
de recourir à la justice de deuxième instance. Antérieure-
ment, ils souffraient des pertes de temps considérables pour
chercher une juridiction d'appel sur une terre lointaine.
Ce Conseil connaissait aussi de toutes les aifidres eontisfo-
* Né en 1667 à Gex.
* n était originaire dUlm.
888
BEVIJB D'ALBAGB
riales et les maîtrises y ressortissaient. Il était composé d uo
grand-bailli qui était à la nomination de la branche de
Naflsaa-Saarbrack, d*uo bailli dont la nomination appartanait
à la brancho de Nasaaa-Weilboarg, et d*nn trésorier (lom^
Khmbet) qui était nommé par les denx branchée, et la prési-
dence en appartenait altemativement, pendant denx annéis
consécutives au graiid-bailli nommé par le comte de Nassau-
Saarbnick, et ensuite, pendant une annt^e seulement, au
bailli nommé par le comte de Nassau- Weilbourg. A ce Conseil
étaient attachés un greffier, deux arocats, un procureur-ÛMîal,
un huissier-eergent, «n apparitenr et trois sergents-exploi-
tants. D y avait encore, à NewSaarwerden, nn médecin, un
chirurgien, un pharmacien et nn capitaine-commandant de la
force publique, lesquels tenaient tous leur nomination des
seigneurs du pays. Il y avait de plus un receveur des fiibii-
qnes et des fondations religieuses et un greffier gruyer\
Les habitants du comté de Saarwerden et de la prévôté
de Herbilzheim se plaignaient des nombr«uses impositions
seigneuriales auxquelles ils étaient assujettis et ne craigaireat
pas de < pousser leur aveugle désobéissance • jusqu'à porter
leurs griels à la Chambre impériale de Welsiar. Qiioiqulls y
eussent été condamnés par une sentence du 14 août \ 7f 1, ils ne
persistèrent pas moins dans leur coupable résistance et réso-
lurent de s'opposer par la force à rexécution de Tarrêt raidn
par le tribunal suprême de TEmpire. Lorsque les troupes du
cercle du Haut-Rhin chargées d'exécuter cette sentence se
présentèrent dans le comté de Saarwerden et la prévôté de
Herbitzlieim, elles furent repoussées. Cette audace inouïe et
cette opposition, < réprouvée également par les lois divines et
par les lois humaines excitèrent l'indignation des commis-
sairee impériaux qui rendirent, le 18 septembre suivant, à
Worms, une ordonnance par laquelle ils arrêtèrent que les
* Archives du Bas-Rhin, fonds du comté de Nassaa-Saarwerdeii, £•
6130.
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SAABWËRDEN BT HEBBITZaEIM S89
htbitaats da comté de Saarwerden et de la prérôté de Her-
bîtehcim seraient tenus de se présenter, par leurs délégués,
devant eux, dans l'espace de douze jours, à Francfort, et de
l«ur justifier, par des quittances en due forme, de Taequitte-
ment. non seulement de toutes les impositions seigneurialss,
mais encore de tous les frais anzqaels a?att donné liaa l'exé-
cution miUtairo de la senlence de la Chambre impériale;
Binon, ils y seraient contraints par roie d'exécution militaire
et par des ibroes suffisantes à pîed e| à cheval
Vers le milien da XVIII* siècle, commença pour cette contrée
une ère nouvelle. Le prince Guillaume-Henri donna des soins
particuliers au culte. Les paroisses calholiques, comme les
paroisses protestantes et réformées, furent desservies d'une
manière régulière, les misérables chaumières se changèrent
en maisons d'habitation confortables, les impôts liirent dimi-
nué& Mais les habitants du comté de Saarwerden, k l'excep-
tion de ceux de la ville de New-Saarwerden, et ceux de la
prévôté de Herbitiheim étaient encore considérés comme des
serfe, comme une adhérence à la glèbe, et nul d'entre eux ne
pouvait changer de demeure sans la permission de l'autorité.
Le comté de Saarwerden et la prévôté de Herbitzheim, quoique
soumis à la même administration, étaient considérés comme
étrangers l'un à l'autre pour tout ce qui concernait le servage
de leurs habitants. Aucun serf ne pouvait aller d*un terri-
toire à l'autre sans payer un droit de péage, et lavouerle de
Htrbitsheim avait ses tribus ou corporations entièrement
séparées de celles du comté de Saarwc^den^
Le prince Guillaume-Henri, tout en ménageant les deniers
du peuple, répara les routes publiques, veilla à la sûreté des
chemins, encouragea l agricuiture et remit en valeur les terres
abandonnées et incultes. Les étrangers accoururent et la popu-
lation augmenta d*une manière sensible. Le nombre des pas-
* Archives de Weyer, village du canton de Drnllngen.
' Archives da Bas-Rhin, E. 5136.
«BVUB D'ALSACE
leurs prol«8tant8 fut porté à huit, celui dfs ministres réformés
à quatre et cdui des curés catholiques à sept. Le nombre des
instituteurs prottstants était de vingt-ciuq, celui des réformés
de six et celui des catholiques égalemeat de six. La nomlDa-
tioa des ministres protestaals et réformés tppsrtemât à la
seigneurie et ils touchsient lear traitement sur les rerensi
des Jkbriiiaes des églises. La coUatioii des curés catlioUqoeB
était réssnrée à réTêque de Mets. Les curés caihoIiqosB ne
touchaient qu'un raodiqu§ traitement de douze florins cinq
schillings, recevaient douze cordes de bois de chauffage et
avaient de modedles presbytères. Les luthériens possédaient
toutes les églises, à l'excepliou de celle da Kirberg qui appar-
tenait aux catlioliques; la plupart des églises étaient somnisis
au simuUaneum, soit au pn^t du culte catholique, soit au
profit du culte réformé. L*église catholique de Kirberg était
une filiale de Téglise d'Ohersteinzel et desserrie par le cnié
de ce lieu. Le curé de Boaquenom desservait les églises de
Schopperlen et de Rimsdorf . Les catholiques étaient toujours
soumis à la juridiction ecclésiastique de levêque de Metz.
Le comté de Saarwerden et la prévôté de Herbitzbeim
avaient été possédés et administrés en commun avec la
branche de Nassau- Weilbourg; mais, pour éviter désormais
les tiraillements et les débats fréquents auxquels cette posses-
sfon commune donnait lieu entre les deux branches, ils forent
morcelés et partagés, par acte du 27 mai 1745. Guillaume-
Henri en reçut deux tiers pour sa part et l autre tiers fut
attribué au prince Charles-Auguste de Nassau-Weilbourg.
Le lot de Guillaume-Henri comprenait, outre la ferme de
Wiberswiller et divers biens disséminés dans diverses ban-
lieues, les localités suivantes : 1° Altwiller; 2° Berg; 3" Bii-
sert, 4" Buscherhof; 5» Btttten;6» Diedendorf; V Domfessel;
S* Drulingen ; 9- finswiller'; lO* Eschwiller; 11* Gœrlingen;
12* Harskirchen; 18* Hinsingen; 14* Hirschland; 15- Er-
* bi8willer> village da canton d'Albestrof.
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SAARWBBDBM BT HBaBITZBUK
m
berg; 16° Lorentzen; 17' Mackwiller: 18» Metttngen en partit;
19» Oermingen; 20° Ottwiller; Sl^Possdorf enpirUc;
willer; 28» Rexingen ; 24' la censé Roderhof et la moitié da
territoire dit Roderbao*; 25- Siewillar; 86* SteinEel en partie-
87- Tbal; 28* Wiiler; 89- Weyer; et WolfekîrclieD.
Le prince Charles-Âagnste de Naaaaa-Weilbourg reçut
dtDaeoolotlesoommaDesstilTaiites: 1« Burbach; 2» Eywiller;
8* Herbitzfadm ; 4« Keskistel; 5° New-Saarwerden ; 6" Pis-
torf; 7«» Rimddorf; 8" Schopperleri; 9' Silzheirn; 10» Vœller-
dingen; et 11° Zollingen. Il forma, des localités qui lai étaient
échues, le bailliage de New-Saarwerden, qui resiortisiait à
la Kégeaca d'Usingea. Le sigillé de ce bailliage représentait
le lion de Saarbrack ayec cette légende: Funt. Nmm. WeUb.
Saarwerd. Jmbt$, Le prince de Nassaa Weîlbonrg se
Gomplnt à embellir la riile de New-Saarwerden et à y
eoostmire quelques édifices commaadés par rutillté publique.
Ces embellissements et ces constructions eurent l'avantage
d'attirer dans cette localité un grand nombre d'étrangers. Le
château, dont il voulait faire sa résidence, ne fut pas acheré;
la Révolution le trouva seulemeat éleré au-dessus du pre-
mier étage\
Le comte Guillaume- Henri de Nassaa-Saarbmck fit da
village de HarskirGhen le cheMieu des localités gui renaient
de Ini être attribuées par le partage de (745. Il y établit le
n'égedeees dicastèrts et y fit des constructions et des embel-
lissements qui donnèrent à cette localité l'aspect d'une petite
* Le territoire appelé Roderbm dépendait de la baronnie de Fénétrange
et du comté de Saarwerden, tant pour la justice et les antres droits, fl
avait été divisé en deux parties lors de Tarpentage général de la baron-
nie de Fénétrange fait en 17i>5. L'une avait été attribuée à Wiberswiller
et l'autre fut annexer ;\ EnswiUer.
' Il a été achfîté, il y a quelques années, par M. l'abbé Kœni/î, curé
de Munster, qui en employa les matériaux pour la restauration de l égliso
de cette localité (voir l'Ancienne collégiale de Munster, par AJ. Arthur
Benott, p. 15, note 11*).
300
BEVUE D'ALBAGB
ville; on y remarquait lurtout l'hôtel du bailliage et la pri-
son. Le bailliage de Harskirchen ressortissait à la Régence
de Saarbruck et son slgUU représentait les armoiries pleines
de Nassau-Satrbruck, avec cette légende: Nassoo: Sarb: Y:
Depuis longtemps le pont de BooqQenom, qui reUait les
deux lÎTeB de la Saar, menaçait raine et, en 1751, il fat
emporté par les eaax. Le roi Stanislas le fit rétablir, Tannée
d'après, par M. de Baligand, ingénieur^ à la grande satisfac-
tion des habitants de la contrée, et surtout de ceux de Bou-
quenom. Ceux-ci avaient pris l'habitude de traverser la Saar
pour se rendre à New-Saarwcrden. où ils achetaisnt la livre
de sel un sou meilleur marché qu'au magasin de Bouqnenom.
Le comte Gnillaame-Henrî fit pladeurs voyages à la cour
de France pour négocier un arrangement définitif avec cette
puissance, au sojet des prétentions qu'elle formait sur quel-
ques-unes de ses possessions, et échangea avec elle plusieurs
villages qui étaient à sa convenance contre d'aulrns qui, ptr
leur situation géographique, formaient enclaves dans les
comtés de Saarwerden et de Saarbruck. Après diverses négo-
ciations préliminaires. M. Mathis, commissaire du gouverne-
ment français, et M. Stutz, conseiller du prince de Nassau-
Saarbruck, reçurent mission de leurs gouvernements respec-
tif de régler à Tamiable tous les différends qui les divisaient
Ils se rendirent à Bouquenom et» grAce à leurs dispositions
conciliantes, ils conclurent, le 15 février 1766, relativement
an comté de Saarwerden, une transaction qui porte en
substance :
Le prince de Nassau-Saarbruck renonçe à perpétuité à sea
prétentions sur Bouquenom, Vieux-Saarwerden et Wibers-
wilier; de son côté, le roi de France cède au comte de Nassau-
Siarbruck tous les droits qui compétaient à la Lorraine sur
' Arehives à» Star-UnioD, Registres dus délibérations et réslemeats
de la ehambro de polioe.
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SAAB^VBRDBN ST BBBBUZHBDI
les autres parties du comté de SaarweKieo, appartenant à la
maison de Naseau-Saarbruck, comme proTÎooe immédiate de
Tfimpire.
Le comte Gaillaume-HeDri cède et abandonne à la France
les villages d'Enawiller et de Roderhof, tons ses droita et see
propriétëB allodialea à Hanster, Wiberewilicr, Hottingen et
Kalbhaosen, sa part de la seigneurie de Geroldseck' et des
villages de Mettingen, de Steinsel et do Possdorf, dépendant
de la baronnie de Fénétrange, et enûa tous ses droits sur
Dreihamhach et Rodt.
Par coutr«, le roi de France cède au prince de Nassan-
Saarbruck les rillagea de BOst et de Bœrendorf, dépendant
de la baronnie de Fénétrange, tooa ses droits sur Wolbkirchen
et tons ses biens et domaines à Eirberg, Weyer, Bfltten et
Diedendort II est arrêté en ontre qne tout ce qal a?ait appar-
tenu, dans le comté de Saarwerden, à la maison de Lorraine,
denendrait la propriété irrévocable de la maison do Nassau-
Saarb^uck^
Tous les péages sont abolis entre les parties française et
allemande du comté de Saarwerden et tous les habitants
auront la foculté d'y exercer indistinctement leur industrie et
d*y posséder des biens. Le commerce est déclaré libre entre
les sojels des deux pays ; le libre exercice des deux religions,
catholique et prolestante, est maintenu; toulafois, dans les
localités cédées par la France, les catholiques conierreront
le droit de se livrer aux cérémonies extérieures de leur
culte.
Cette transaction fut sanctionnée par le roi de France, le
11 mars suivant, et par le prince de Nassan-Saarbruck, le
SO du même mois ; elle fut ensuite soumise à bi rati0cation
du chef de TEmpire et sanctionnée par ce prince, le 15 février
' Geroldseek était l'une dos quatre seigneuries qui composaient la
baronnie de Fénétnmge.
' Archives eommunalM de Bibt.
BBVUB D'ALBAOB
1768; elle renferme des conventions analogues au sujet da
comté de Saarbruck, elle règle les limites précisée entre U
France et les Etats de la maisoa de Nassaa-Saarbruck. Tous
les titres et docnmeats relatib aux terres qui Teoaieat d*être
cédées au comte Gaillanme-Henri fareot retirés des dépôts et
remis à Georges-Philippe Lex, son fondé de pouvoirs, par
Léopold-Gharles Lefebvre, président, et Mathias-Félicien de
Hurdt, conseiller à la Chambre des comptes de Lorraine,
les deux commissaires en cette partie.
Avant celte convention, les habitants de Bouquenom etda
Vieux Saarwerden étaient assujettis à un droit onéreux lors-
qu'ils faisaient des acquisitions dans les possessions nassauvien-
uiB, et réciproquement les Nassannens pour leurs acquisitions
en Lorraine. Le traité les affraneUt de ce droit et leur accorda
la liberté d'acheter et de vendre dans les Etats respectits du
roî de France et du comte de Nassau-Saarbruck, sauf les
droits de mutation accoutumés, pour lesquels les sujets des
deux pays étaient traités également et sans aucune distinc-
tion. Le prince de Nassau, jaloux de conserver la bieuTeillance
de son puissant voisin, remplit avec le plus grand scrupule
tous les engagements qui avaient été contractés.
Âu début de Tannée 1771, H. Mathis, commissaire général
de limites pour le roi de France, fit remise an prince de
Nassau-Ssarbruck, représenté par M. Jérôme-Maximilien de
GUnderode, président de sa Régence et son conseiller intime,
des villages de Baerendorf et de BUst. Cette ramise se fît
a?ec beaucoup de solennité; les habitants de chaque village
furent convoqués et obligés de rendre hommage à leur nou-
veau maître et seigneur, et il leur fut enjoint de ne recon-
naître d autre justice de première instance que celle du
grand-baUliage de Harskirchen, et d*autie Régence que celle
de Saarbruck*.
» Arebives commuuales de Haeieiulorf. Le procès-verbal de la remise
oe cette commune porte la date du 26 jauvier 1771.
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HAABWBBDBN ST BEBBITZHBIM
385
Ptr la convention de 1766, il avait été stipulé que, comme
le droit d'aubaine n'avait jamais eu lieu entre les ËtaU rM*
pectifis du roi de France et du prince de Nassau-Saarbrack,
il ne pourrait y èire introduit à l'avenir, et que leurs siiyeta
respeetift j étaient appelés à raeneiUir, comme par le paaaé,
librement et sans empéetaement, toutes les snooessions qui
pourraient leur y échoir. Gette stipulation fut de noufeau
confirmée par une convention conclue entre les deux Etats
le 19 août 1774».
Quoique le prince de Nassau fit profession de fdi de la reli-
gion protestante, il savait préférer son intérêt tarritorial, des
sujets nombreux, In paix intérieure, à la raine satisfaction
d*un fanatisme religieux qui eftt appauvri ses terres ; il souf-
frait dans ses Etats la religion catholique et montrait des dis-
positions bienveillantes pour ses sujets qui professaient ce
euUe. liO roi de France prit aussi à cœur les intérêts des
catholiques de ce petit coin de terre et conclot, le 16 décem-
bre 1766, avec le conile Guiliaumi-Henri, une convention au
sujdt de la constructism de plusieurs églises pour la célébra-
tion du culte catholique dans ia partie du comté de Saar-
werden qui appartenait au prince. De nouvelles églises furent
bâties à Berg, Ëschwiller, Hurskirchen, Lorentzen, Oermingen
et Weyer, et, comme Louis XV avait contribué par sa muni-
ficence à cette construction, le choix de conserver Tancienne
église ou de prendre la nouvelle fut laissé aax catholiques; ils
optèrent pour l'ancienne k Berg, Harskirchen, Oermingen et
Weyer, et pour la nouvelle à Lorentzen et Ëschwiller".
Les limites des possessions respectives de la France et du
prince Charles-Chrétien de Nassau-Weilbourg. pour le tiers
que ce prince possédait dans le comté de Saarwerden et
ravouerie de Herbitsheim, furent réglées par une convention,
conclue le S6 avril 1776, entre le sieur Esprit-Glaude-Pierre
* Ordonnances ^Ahace, 1 1, p. 838.
* KCELLNSB, Loc. citât., t I.
896
BETUE D' ALSACE
de Sivry, président à mortier aa Parlement de Lorraine, fondé
de pouvoirs du roi de France, et le sieur Jean-Antoine Rusch,
conseiller du prince de Nassau-Weiibourg et son fondé de
pouvoirs'.
Le roi de France fut laissé dans la possession et la soufe-
raîneté des yillea de Bouqaenom et de Vieux^Saarwerden,
ainsi qu'elles avaient été adjugées à la maison de Lorraint
par la sentanoe de la Chambre impériale, du 16 jaîllat 1689.
Le prince de Nassan-Weilbourg céda au roi Tétang appelé
Strassenweyer, situé aux bans deSchopperten et de Bouque-
nom, sous la condition que la partie qui était située au ban
de Schopperten passerait sous la domination de la France.
Par contre, le roi de France céda à perpétuité au prince de
Nasaau-Weilbourg l'étang nommé le Glassbuchelweyer, situé
au ban de Gastei (Eeskasiel), avec les terres et prés en dépen-
dant. Il fût oonvenu que le pont construit sur la Saar entre
Bonqaenom et New-Saarwerden serait commun et mi-partie
pour la propriété, la sonveraineté et l'entretien, et que Ton
y planterait une borne séparative des deux Etats, à distança
égale des deux rives de 1h rivière, dont le milieu formerait
la limite des deux souverainetés. Il fut arrêté que ledit pont
serait affranchi de tout droit de passage, de pontenagc, et de
toutes impositions quelconques, que les habitanta de Bou-
qnanom et de Vieuz-Saarwerden jouiraient de toute exemption
de péage et de haute conduite par terre et par eau dans lis
lieux appartenant au prince de Naasau-Weilbourg, pour les
blés, grains, foins, avoines, regains, bestiaux, vins et toutes
autrea choses quMls achèteraient ou chercheraient dans toute
l'étendue du comté de Saarvverden. Le roi de France accorda
aux sujets du prince de Nassau-Weilbourg l'exempliun des
droits imposés sur les cuirs qu'ils transporteraient d'une
partie du comté de Saarwerden et da Tavouerie de Herbitz-
* ConveiUMm entre le roi et le prince de NaeBaMrWeObowrgt eoneernmt
(m Hmiut de kure State rtepeelifs Paris, 1776. in-4'.
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8AABWBBDBH ST HEBBITZHEDI
397
heim, en panmiit par Bouquenom et Vieui-Saarwerdcii. H
fiit stipulé qae ehacan Jouirait de la iSumlté d'acheter et de
Tendre tels biens qu'il jugerait à propos, et quMI pourrait
rentrer sa récolte librement et sans être soumis à aucune
formalité.
Il fut arrêté que le droit d'aubaine ne pourrait être établi
dans les Etats respectifs du roi de France et du prince de
Nassau-Weilbourg. et que leurs sujets respectif recueille-
raient librement et sans empêchement les successions qui
pourraient leur échoir.
Enfin, il fut stipulé que le droit dit Weggeld^ qui se percerait
au profit des communes pour Tentretien du pavé» continuerait
à être perçu et qu'il serait rétabli à Bouqnenom et i Vieux-
Siarwerden, où il avait été aboli en 1739.
L9 prince Guillaume-Henri de Nassau-Saarbruck, qu'une
attaque d'apoplexie avait emporté, le 24 juillet 1768, avait
laissé ses Etats à son fils Louis, qui n'avait pas encore l'âge
de majorité. Sa mère et sa tutrice naturelle, Sopbie-Cbriatine-
Gharlotte-Frédérique-Erdmuthe, née comtesse d*Erbach, prit
en main le gouTemail de Tadministration qu'elle s'empressa
de remettre à son fils, dès qu'il eut obtenu du chef de l'Em-
pire une dispense d'âge pour gouverner ses Etats. Bile se
retira dans le château (Witlumgschhss) de Loreatzeii; elle y
contracta une intime liaison avec un jésuite de Bouquenom
qui la fit rentrer dans le sein de l'église catholique. Elle
vécut dans la retraite et fut peu à peu oubliée, n'ayant auprès
d'elle que qudques sernteurs déroués. Les érénements de
la Révolution la forcèrent à quitter cet asile et à passer le
Rhin; elle se réfugia ensuite à Aschaffenbourg» où elle finit
ses jourS) le 1" juin 1795.
Le prince Louis signala son règne par de sages réformes,
il s'occupa du perfectionnement des écoles, il encouragea les
sciences et les beaux-arts, réglementa les foires et marchés et
entreprit la constroction de nouvelles routes dans le comté
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106
BBVUB D*ALSAOB
de Saarwerden. Enhardis par les premières concessions qu'ils
avmieut arrachées au prince Louis, les sujets du comté de
Saarwerden réclamaient rabolition des innombrables abus
que les siècles passés sous Tempire da poaroir absolu y avaient
implaotés. Ils se plaignaient d*être écrasés sous le poids des
impôts, de la dime et des droits féodaux. Limpôt du sang lear
était surfont odieux ; ils ne récriaient contre Tabus du mode
de recrutement qui «nievait aux travaux des champs les bras
les plus valides, les ûls de famille, les domestiques et tous
ceux qui étaient en état de porter les armes; un cri una-
nime de réprobation s'était élevé contre la mesure arbitraire
qui forçait les parents à libérer à prix d'argent leurs eniants
du service militairs, quand 'même ceux-ci, pour ne pas les
mettre dans la géne, manifestaient Tintention de servir et de
vouloir finir lenr temps sous les drapeaux^ Mais toutes leurs
prières, tontes leurs sapplications furent inutiles.
Le prince Louis avait épousé, en 1766, la princesse Wllhel-
mine-Sophie-Eléonore de Schwartzbourg-Rudolstadt, dont il
eut, le 9 mars 17G8, un (ils qui reçut les prénoms de Henri-
Louis-Gtiarles- Albert. Ce prince avait à peine onze ans lors-
que son père le fiança à Mademoiselle Marie-Françoise-Maxî-
miliennt de Saint^Hauris, princesse de Uontbarrej, fille du
prince de Mootbarrey , ministre de la guerre du roi de France
Louis XVI, laquelle avait déjà atttônt Tâge de sdze ans.
c Ge mariage, dit le prince de Ifontbarrey*, présentait de
grands înconvénieuts. L'extrême disproportion d'âge entrâtes
deux futurs époux at la dilïérence d^ religion offrirent d'abord
des obstacles embarrassants, mais le désir ardent que le prince
régnant paraissait avoir de celte alliance les eut bientôt
levés. ■
Les arrangements préparatoires et les conventions entre
les parties furent bîentdt terminées. Gomme la princesse de
* Archives communales de Bûst, n' 9.
■ Mémoires^ t. II, p. 367.
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BAARW'ERDEN ET HERBITZHEIM
380
Montbarrey était catholique et que le prince de Saarbruck
désirait maintenir dans ses Etats la religion protestante dans
la pureté de la confession d'Augsbourg, il publia, le 25 mars
1779, la loi de famille, qui stipulait que la religion é^angé-
liqiie était la religion dominante et qu'en cas de changement
de religioa de la part du prince régnant, tons ses si^jets qui
proféssaient le protestantisme seraient maintenns dans leors
droits, libertés et privilèges, et dans la joaissanoe des biens
d'église, des dotations et fondations pienses, sans pouvoir y
être gênés ni molestés. Ce règlement pour la conî^ervafion de
la religion évangélique fut confirmé quelques mois après par
le prince Charles-Guillaume de Nassau-Usingen et le prince
Charles de Nassau- VVeilbourg et accepté comme loi de
famille par toute la maison de Nassau, sous 1^ garantie des
Etats protestants de rfimpire et de Frédéric-le^ Grand, roi de
Prusse*. Le contrat de mariage portait que les futurs époux
seraient mariés à Saarbruck, sous les deux communions pro-
testante et catholique, que la princesse héréditaire aurait le
plein exercice de sa religion, que les enfants mâles qui pro-
viendraient de ce mariage seraient élevés dans la religion
protestante et les filles dans la religion catholique jusqu'à
l'âge de dix-sept ans, et qu'à l'expiration de ce délai, elles
pourraient opter entre les deux religions. Le contrat de
mariage, après qu'il eut été signé, non seulement par les
pères et mères des futurs époux, mais encore par les princes
chefe des branches collatérales de la maison de Nassau, fai
présenté à la signature du roi et de la reine de France. Le
mariage fut béni, sous la forme des deux religions, à Saar-
bruck, le 6 octobre 1779, mais la réunion et la consommation
finale en furent fixées au mois d avril 1789.
L'épouse du priuce régent, Wilhelmine-Sophie-Eléonore de
Schwarzbourg-Rudolstadt, mourut en 1780, après une longue
et douloureuse maladie, à Tége de 29 ans, laissant des regrets
> E<BUJaB, loe. eitaL, 1. 1, p. 473.
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400
BEVUE ^!aL8ACB
uniyersel8\ Le prince Louis conf racla, en 1787, un mariage
morganatique avec son ancienne maîtresse, Catherioe Kess,
de Fecbingen, fille d'un gardeur d'oies, dont il existe encore,
dit-on, des parents à Harskirchen. 11 Téleva tu rang de
baronne d'Ottwiller. li avait conçn pour allé une pasaioa
désordonnée et en avait eu plnaienrs enbnts. La mort de
la princesse avait laissé le champ libre à leurs amours, et la
belle maîtresse, qui eonservait la m4me ftveur et un grand
crédit, Toulut se faire épouser et se faire reconnaître pour
leur souveraine par les peuples auxquels le princt comman-
dait. L'empereur d'Allemagne, Joseph II, lui décerna le titre
de comtesse d'Ottwiller; ella mourut à Idannlieun le 11 décem-
bre 1829, à rfige de 72 ans.
Dao. Fœcmni.
(La fin à la prochaine livraisanj
* KcELLKER, Loc. cUot., 1 1, p. 473.
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LE f OTER ALSACIEN
LÉGENDES ET TRADITIONS POPULAIRES
zn
UNE SOIRÉE AU HAGENECK
Ceci se rapporte à nn souyenir du passé. Heureux sourenir,
toujours présent à notre nsémoire, et dont l'impression nous
reste, vive, profonde, ineffaçable, comme un beau rêve!
Rappelons-nous la famille de Hageneck réunie pour la cau-
serie sur la terrasse du manoir. Autour du chftteau, les vieux
châtaigniers qui élèFcnt dans l'obsearité leur brtDcbige
dépouillé à demi, annoncent rapproche de l'hiw. Voyei à
Iravara la croisée entr'ouTerte une bûche de chêne flamber
an foyer de ta grande salle. Ce 8ofr,cependant,rair est si donx,
le ciel si pur, si calme, que chacun se sent attiré au dehors
pour admirer le charme d'une nuit splendide. Quelle poésie
dans la scène I Devant nous le vallon s'ouvre obscur eu partie,
en partie éclairé. Un de ses versants disparait dans Tombre,
tandis que lautre versant se montre en pleine lumière. Gomme
cette lumière se reflète ara un éclat adouci sur une des liices
de la tour du manoir, en contraste ara Taspect tout noir de
la foca voisine! Cachée discrètement derrière nndes sommets
de la montagne, la lune éclaire la plaine jusqu'au Rhin bru-
Noavelld Série — 7* Année. ^
402
meux. Nul bruit ne s'élève des forêts. Même le ruisseau se
tait, lui d'habitude si babillard. Tout le site semble se recueil-
lir, pénétré de mystère. L'heure se prête aux épanchemeots
intimée.
Qui oublie jamais, qui ne se rappelle afee bonheur ces
causeries ftimilières o& la pensée s'exprime simplement comme
elle découle du cœur, sûre de trouver toujours un écho sym-
pathique 1 Donc, au moment dont je veux parler, l'entretien
engagé aur la terrasse du Hageneck excitait plus d'attention
encore que de coutume. Toute la famille y prenait part avec
un intérêt visible : le baron Magnus, son intime le peintre
Michœl et le Père prieur, les dames de la maison, même les
enflints. Dans ce cercle affectueux, la pensée était en commun
comme tout le reste. Tout le monde s'aimait. Ptinea et plai-
sirs de chacun devenaient le partage des autres. ITy a-t-il
pas un ineffable bonheur à sentir ainsi les coears vibrer à
l'unisson? Si la conversation entamée provoquait un intérêt
si vif, cet intérêt s'explique par la grandeur du sujet. On
s'entretenait de l'immortalité, de la vie future et de la per-
sistance des affections terrestres dans le ciel. La transfigura-
tion des attaches d'iei-bas, la f^eité de la vie à venir, i'iffl-
mortalité, thème magnifique et grandiose à méditer en ftM
de ce firmament splendide, sous le charme de cette nuit serefaie,
dont les perspectives inspiraient comme un avant-goût de
rinfini. Ce fut Lina, l'héritière du château, qui détermina
l'entretien.
Lina venait de confier à sa mère son intention de se retirer
au cloître. Quitterait-elle le foyer chéri où tout souriait à sa
jeunesse ? Âh I le sentiment de la peine que causerait son
départ à toute la maison, la pensée de se séparer de ceux
qu'elle aimait si tendrement, dont elle était tant aimée, TafOi-
geait au fond de fftme. Mais plus fort devenait alors le mou-
vement intérieur qui la poussaitEt, tout bas, die disait àsa
mère et elle répétait en la suppliant avec une émotion
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um eomÉB au BAiaBHBOK
40B
contenue : « Mère, je n'en puis plus. Il foat partir et dès
demain. » Sa mère, rembrassant, Ja dissuadait» lui eooseiUait
de réfléchir, d'attendre. Elle de répondre : < Non, bonne
mére, de grflcel L*an passé, à pareil jour, je me promenais
dans l'allée des châtaigniers en méditant. Jlnterrogetfo fave-
nir et je priais. Je songeais au bonheur de ma vie. Je sentais
la fragilité de ce bonheur. Une tristesse indicible troublait
ma joie. La pensée de ne pouvoir conserver à mon affection,
toujours et toujours, ceux que j'aime me nayrtit le cœur.
Le sentiment de mon impuissance en face de Timmensité de
mes aspirations me (Usait le Wde dans rime, brusquement,
au miliett de la plénitude de l'exislenoe. Plus je cherchais à
assurer notre félicité, plus je me sentais défidllir. A la vue
des feuilles mortes tombant de leurs brandies, sons nn soleil
d'automne, beau comme celui d'aujourd'hui, j'apercevais tous
les êtres chéris qui nous sont enlevés de même, sans pouvoir
les retenir contre ce cœur auquel ils semblent cependant si
fortement attachés. Or, pendant que je cheminais absorbée
dans ma douleur, tout à coup je m'entendis appelée par une
Toix d'nne douceur suave : « Je t'attends, ma fille; j'entends
tes prières j». Et d'autres voix répétaient en ehcrar : c Sœur,
venez, le Seigneur vous a choisie et vous appèUe. Venes,
venez t » Ge concert de voix mystérieuses m'arrivait distincte-
ment, bien que je ne pusse apercevoir personne. Je ^entendait
dans le silence de la forêt, mêlé au bruissement du vent dans
la cime des grands arbres et au murmure de la source
auprès de laquelle je m'étais assise. Partout où je vais, les
mêmes voix me suivent. Dans l'oratoire, quand je prie, elles
m*entoureni Elles m'appellent la nui^ an milieu du som-
meil. Toi^jonrs : « Je t'attends, ma fille. — ScBor, venei,
le Seigneur vous a choisie I » Depuis trois jours, l'appel est
plus pressant, continu, irrésistible. Une puissance invisible
m'entraîne. Laissez-moi obéir et la suivre, poor la paix de
mon ftmel >
404
BBVQB D'AtiSAGB
Et la Jeune flUe lemint m confidence a?ec des sanglots
dans la wîx et eUe eerra sa mère étonlement contre sa poi-
trine. La mère comprenail la focation et s'y résignait sans
plus dire un mot de résistance. Tontes denx se tenaient la
miin dans la main, le regard perdn dans les profondeurs dn
cial, image et symbole de la cité bienheureuse et aamte, oft
it nV aura plus ni mal, ni deuil, ni douleur. Afin de se con-
soler d'une séparation désormais résolue et définitive pour
ce monde, elles éleTaient leur âme fers ce séjour h remr, où
la pureté dn cœur, la paix, l'amonr mutuel, régneront sans
limite et sans Ûn, où ceux qui se sont rencontrés ou aimés
sur la terre se ferront réunis pour ne plusse séparer. Seules
et sans témoin, à cette heure de la nnil, après le sacrifia
accompli au fond du cœur, la mère et TenHint goûtaient uns
ineffable douceur à s'abandonner à la volonté dWine. OuWlast
le passé et n'enrisageant que l'avenir, elles cherchaient à
s'expliquer mutuellement quelle devait être cette rie étemelle
des élus, que l obU de l'homme n'a pas Tue, dont son oreille
n'a pas entendu parler, que son cœur a tant de peine à com-
prendre. Gomme éllee étaient arrivées à cette conclusion que
toutes les jouissances, tous les plaisirs des sens, toutes les
splendeurs de la vie mondaine, ne sont rien auprès des
délices de cette autre vie remplie d'un enthousiasme crois-
sant, Lina du Hageneck affirma comme unique et constants
préoccupation de son existence Tardent désir de voir tous ISB
siens réunis au sein de l'immortalité. Les voix mystérieuses
qui rappelaient lui promettaient Timmortolité et la vie éter-
nelle pour les êtres chéris en récompense de sa retraite. Ët,
en témoignage, depuis le Jour où les voix célestes ont com-
mencé à lui parler, une guirlande d'Immortelles WanchM,
fleurs toujours fraîches et vives, s'était épanouie autour de
la source sous les châtaigniers du vallon.
C'est sur ces entrefaites que parut sur la terrasse le baron
Magnus avec le peintre Michael et le Père prieur. A quelques
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UNI 80IBÉB AU HAOIHIBOK
406
pas aaiTaîent les autres habitués du château, et un jeune
hommeiaeeondé dans Tombre et venu depuis nn moment déjà,
regardait ie deL Magnus avait saisi les dernières ptroles de
sa pupiile Uns sur la merveilieuse apfiuitlon deslmmorteiles
de la source. H avait tu ces jolies petites fleurs dans leur
coin retiré pour la première fois le matin même. Il avait été
surpris de les trouTer, mais sans y attacher d'autre attention,
et demanda à la jeune fille pourquoi leur découverte la faisait
rêver. Line répondit que les immortelles devaient être venues
par la main du bon Dieu ou des anges. Véritable miracle^
signe de bonheur pour la maison. Autrement, comment expli-
quer dans cette saison avancée répanomssement subît de la
guirlande si brillante et si bellet Jamais personne n'avait
aperçu auparavant de fleur en ce point La mère de Una
croyait à un prodige. Mais le baron Magnus secoua la tête
d*un air de doute. Michael fit comme le baron. De son côté,
le bon Père prieur se prononça pour un fait surnaturel. Lîna
appuya les affirmations du Père prieur et de sa mère. Repre>
nant la conversation de tout à Tbeore, elle présenta les
Immorteiles de la souroe comme un symbole, une image, un
gage de rimmortalité et de réternelie vie. La splendeur du
ciel présente à son regard Tinspirait, et de limpression sccu-
sée par les magnifiques perspectives de ce del physique elle
concluait au ravissement des élus dans la Cité de Dieu pen-
dant l'éternité. Une émotion religieuse gagnait l'assiatance et,
au mol de Cité de Dieu, le jeune homme pensif accoudé
dans l'ombre demanda à réciter une page de Saint-Augustin
venue à sa mémoire :
«Nous nousélevftmes plus haut et nous parcourûmes tous
les objets matériels, jusqu'au del lui-même, avec le soleil, les
étoiles et tous les astres. Puis nous nous enibnçftmes plus
avant dans ces profondeurs, continuant de penser i vous,
Seigneur, de parler de vous, d'admirer vos ouvragep. Enfin
nous arrivâmes à nos ftmes, mais nous passâmes encore par-
I
BBVOB D'ALB&CB
deasoB, pour atteindre celte région de la plénitude inSnie,
où TOUS nourrissez étemelleiiient m élus de Taliment de la
Térité, où la vie est la sagesse même» où tout oe qui existe
puise Teiistence, et non seulement tout ce qui existe, mais
ce qui a existé et oe qui existera, tandis qu'elle-même u*a
point de fieiite, mais existe aujourd'hui telle qu'elle a été et
sera toujours, ou, pour mieux dire, elle ua pas été et ne aen
point, mais elle est seulement parce qu'elle est éternelle. . .
Et, pendant que nous pariions et nous élancions avec ardeur
Tors cette céleste contrée, nous en touchâmes le bord d'un
coup d'aile de notre ccsur; et, après ces prémices de ?ie spi-
rituelles, nous redescendîmes, en soupirant, à ces accents de
notre bouche, à cette parole humaine qui ne naît que pour
mourir, souffle fugitif, pur néant, Seigneur, auprès de votre
Terbe éternel, qui rit en lui-même sans vieillir jamais et
qui renouvelle toute chose. — Nous disions donc : Si une âme
pouvait s'élever complètement au-dessus du tumulte de la
chair, se délivrer des vains fantômes de la terre, des eaux,
de l'air et des deux, s'échapper à elle-même en s'oubliant,
en oubliant ses pensées, ses imaginations et ses rêves, et toute
langue humaine, et toutes choses qui commencent et qui
finissent (car, si elle les écoute, elles lui disent : Nous ne nous
sommes pas fidtes nous-mêmes, e*est TEtemel qui nous a
créées) ; si donc toutes se taisaient ... et qu'alors cet Etre
étemel lui parlât lui-même, non pas par la voix d'aucune
créature, ni même par celle d'un ange ou d'une nuée du ciel,
mais directement lui-même et lui seul, comme en ce moment
où le vol de notre pensée nous a élevés jusqu'à la sagesse
étemelle et suprême. . . et, si cet étatse continuait, si cette
âme se sentait absorbée, abtmée dans le bonheur de sa sublime
▼irion, de telle sorte que ce court mommit, cet éclair d'nifui-
tion, après lequel nous avons tant soupiré, fat pour elle une
▼îe immortelle, ne serait-ce pas là Ta ccom plissement de cette
parole : Entre dans la joie du Seigneur ? *
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Dm aOlBÉI AU HAflBMBGK
407
Lorsque le jeune homme s'arrêta, il m trouya avoir inter-
prété précisément l'entretien de Une et de sa mère lYant
l'arrivée de la société. Toutes deax lui envoyèrent un sourire
d'assentiment pour le remercier d'avoir si bien rendu leur
pensée. Karl s'inelina devant ce témoignage auquel steociait
aussi le Père prieur. Le peintre Michael le félicita de s'en-
tendre si heureusement avec les dames. Cette observation
laissait percer une légère pointe de malice plus sensible
dans la forme que fondée dans Tintention. Quant au baron
MagQus, il s'étonnait un peu du mysticisme de son jeune
ami, le savant de la maison. Que Line s'extasiAt ou tomb&t
dans le ravissement devant Tapparition mervdllense de sa
guirlande d'immortelles, cela ne devait surprendre personne
et tenait à sa nature de jeune fille, où prédomine le sentiment.
Mais un savant adonné à l'étude des sciences exactes, occupé
de l'observation de faits positifs et précis, qui vous récite et
vous interprète des textes des Pères de l'Eglise, des médita-
tions mystiques, cela lui semblait incompréhensible et il expri-
mait tout haut son étonnement. L'entretien n'en continua pas
moins sur le mémo thème. Karl développa son commentaire.
— Tous ceux qui ont aimé, qui ont désiré la vérité, qui ont
rêvé une (élidté suprême, qui ont brûlé du désir de pénétrer
dans les mystères de ce moode, qui se sont laissé ravir à
toutes les étincelles de beauté qu'ils trouvaient dans les ombres
d'ici-bas, tous ceux-là ont-ils songé sérieusement à ce que
c'est que d'être admis à posséder réellement, sans partage, la
vérité et le beau? S'ils se sont attachés arec une foi sincère,
vivante, à la certitude de l'avenir qui nous est promis et nous
attend, ils ont vu cet avenir comme une réalité toute proche
de nous. Us savent ce que peut être Téclaircissement de toutes
lee ignorances, la perception claire de tant de choses qu'ils
avaient soif de comprendre, la possession d'une beauté infini-
ment au-dessus des images qui les faisaient languir de désir, la
pleine jouissance d'un amour auprès duquel les rêves les plus
4M
doux flonl sBilItiiieDiile pâles et froides impressions. Pensona-
iioas è b léUdté de posséder étemeUemeot on objet sus
tMhe, 8«D8 fidbteflse» stns défidlhmee, un objet wtiBfiûstntl
la ibis tous les besoins da eœor et de Fespiit» dePtanoor
duquel nous puissions jouir sans trooMe, sans ebangraiea^
stns fin? Une pareille certitude doit nous détacher de la fie
qui nous en sépare, et nous donner aussi par la solidité
d'une telle espérance le courage de tout supporter. Que dis-
je? le ixmbeur de cette vie et les affections terrestres, la
beantâ passagère de oe monde, les faibles lueurs de la science
d*id-ba8 nons èlèrent on nons font aspirer de toute la puis-
sance de noire être à la joie, àla beauté et à la sdenoe infi-
nies données par Tamcor étemel dans le sein de Dieu. Oui,
quel que soit l'idéal que notre espérance ait placé an eîelï
quand nous avons conscience que cet idéal est sorti de ce que
nous avons de plus élevé et de meilleur en nous, nous pou-
vons avec assurance lever les yeux rers lui, nous pouvons le
chérir comme notre plus cher trésor, sans nous laisser trou-
bler par le doute. Le monde à venir, runirers invisible ne
peut être trop étroit pour contenir oe que notre âme est
capable d'embrasser.
— Illusion poétique, reprit Magnus. Généreux et beau rèfe,
tout cela, inspiration de la jeunesse. Jeunes gens, conssrrss
ces illusions. Soyez heureux de les posséder. Puissiez-vous
les avoir toujours et rester aous leur charme dont je connais
la douceur. Cette douceur, que ne puis-je encore la sentir?
Le dell revenir I rimmortalité 1 Séduisantes perspectives
ouvertes à nos as^rations à l'aurore de la vie. Il fidt bon les
rappeler à quiconque les a éprouvées un jour ou un instant
Cette belle nuit se prête au souvenir. Hais est ssge réelle-
ment qui sait goûter la féh*cité présente. Sachons jouir de
notre bonheur présent sans le chercher au delà. Pour qui
sait le trouver, le ciel est sur la terre. J'en prends i témoin
le regard de Lina, plus persuasif malgré ses rêves que les
iounortelles de la source.
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mm B01BÈM AU EAGIIOMK 409
— Moi, fit Lina, la terre ne me suffit pas et J'ai besoin du
ciel où tendent tous les élans de mon cœur, et tel que ma foi
le montre, plus lieaaque mes plus charmants rôres. Si le monde
tenestre nous offre parfois de gracieuses Tisions, plus magni-
fique est l'attrait dn monde céleste et les joiei à venir me
sont garanties par la joie présente. Tout le bonheur de la vie
maintenant tient au sentiment d'affection qui nous unit. Au
sein de la rie éternelle, ce sentiment doit pénétrer notre être
avec une énergie toujours croissante sans aucun trouble. Le
trouble dans cette vie vient d'une pensée triste. L'attache-
ment que nous nous portons ne nous permet pas de retenir
les êtres ehéris que la mort nous enlève. Yoilà la douleur
Inévitable, implacable, dont Tédat subit au fond intime de
l'âme refiroidit ses ardeurs et arrête ses élans. Voilà pourquoi
la vie terrestre se ternit au meilleur moment et pourquoi
nous aspirons à l'immortalité bienheureuse, où il n'y aura
plus de séparation pour ceux qui s'aiment unis dans la vie
éternelle et s'aimeront sans trouble et sans limites. Ët ainsi
la réalité du ciel surpasse les plus beaux rêves.
Karl sjouta : A ceux qui nous demandent des preufes
et la raison de notre confiance en l'immortalité, nous répon-
drons qu'il ne s'agit pas ici de démonstration mathématique
et que les sentiments de notre cœur sont des arguments aussi
légitimes, tout aussi solides que les raisonnements de notre
intelligence. A ceux qui nous défendent d'njouter foi au sen-
timent sur le reproche de rayaticisrae, je ne veux pas per-
mettre de dépouiller l'âme humaine, de n'y laisser vivante
que la seule raison. Arrachez-vous à l'oiseau ses ailes sons
prétexte qu'elles peuvent Tégarer et que ses pieds sont plus
sûrs? Non seulement l'homme conçoit l'immortalité, mais
encore il y aspire, it l'aime, il en a besoin, il la lui fout pos-
séder. Nous sommes donc en droit de l'affirmer arec assu-
rance, l'immortalité est une réalité aussi certaine que si
nous la touchions du doigt. Sans elle, tout se rapetisse, tout
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410
BEVUE D'AI;.S4CB
8*obscarcit, tout étouffe dans les étroites limites de notre vie
présente, si incertaine, si courte, dont la vanité éclate dans
un accent de désespoir. Avec elle, notre être s'élère el fl'a-
grandit, la moindre de nos actions, la moindre de nos paroles
a an retentissement indéfini dont nons percevons rétemel
écho et les ombres les plus noires s'éclairent Ârec la croyance
au ciel, la souffrance prend une signification et derient
répreuYe; l'homme a un recours contre nnjnstice, contre la
tristesse une consolation et une épreuve. Avec la vie à
venir, nous échappons aux lois aveugles, qui régissent
l'aveugle de8tinée,nous devenons ce que nous avons conscience
d'être, les enfanta de Dieu dont l'esprit réside en nous, el il
nous est donné par la vertu de notre désir, de nos efforts, de
fortifier, d'accroître en nons cet élément spirituel enté à
jamais sur la substance divine, en laquelle nous vivons dans
une communauté toujoors plus intime et plus glorieuse.
— Vous parlez du ciel comme des personnes qai en vien^
sent ou y demeurent, mes chers poètes. Lina, Karl, à vous
entendre, on croirait boire à la coupe enchanteresse de l'ira-
mortalité. La jeunesse prend aisément ses rêves pour la réa-
lité, et, dans ses poétiques éiaus, elle voit en beau tout ce
qu'elle conçoit. Pour avoir connu cet enthousiasme, j*en ai
senti plus profondément les déceptions. Que d'espérances j'ai
portées dans mon cœur qui n*ont jamais abouti! Mais une chose
n'est pas par la raison qu'on la désire ou qu'elle répond à
un besoin. Le besoin nons presse de tous côtés, sous tant de
formes, le plus souvent sans moyen de le satisfaire, en nous
laissant seulement le sentiment de notre impuissance ou de
notre misère. Misère de lame, impuissance du cœur. Impuis-
sance du cœur que le mouvement de toutes les aspirations
généreuses entraine et que resserre le conflit des confoîlises
hostiles. xMisère de l'Ame qui aspire à la perfection infinie et
qui s'affaisse sous le poids de ses ûiiblesses. Au lieu du bon-
heur poursuivi sans relftche, la douleur s'assied en maîtresse
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ONE ttOIAÊB AU HAGSNSGK
à notre foyer désolé. Quand l'idéal nous attire, le mal nous
accable. La vérité que nous cherchons devient mensonge, la
confiance un désespoir, la vie un tourment Point d'écho pour
la prière demandant secours ou délivrance. Point de trêve à
noatounDent8.Ëpui8éscl*efibrtBet au terme de nos recherches,
une expérienee amère nous montre l«i hommes méchants» le
ciel mnetp IHen absent. Si Diea existe et sll est bon, pourquoi
Bommes-nons misérables? Si Dieu manque, que derient rim-
mortalité?
Après ces paroles du baron, il y eut un silence. Un flot
d'amertume lui gonflait la poitrine. Maintes fois ses amis
l'entendaient exhaler sa plainte avec un accent anxieux
comme celui d'un esprit qui s'efforce de ramer sa foi éteinte,
mais impuissant à ressaisir ses espérances perdues. Garac-
tère élevé et généreux, eroyant par le ccsor, mais désabusé
par rexpérience, froissé jasqoe dans ses dernières fibres par
le speeteele dn mal partout dominant, il ne pouvait se plier
à l'idée d'un Dieu bon et à l'action de sa providence, en
présence de la malice des hommes ou des misères de la nature
humaine. Dans ses accès de mélancolie sombre, il laissait
éctiapper et répétait Ja lamentation désespérée du prophète :
« Eh quoi? Dieu nous conduit I Et il nous conduit aux ténè*
bras et non à la lumière I II tourne et retourne sa main sur
nous, n brise nos os et nous enveloppe de fiel. U nous plonge
dans la nuit comme les morte pour rétemité. Si je crie, si
je prie, il repousse ma prière ; il se jette sur moi comme
l'ours ou le lion sur leur proie. Vous me faites violence, ô
mon Dieu! 0 Seigneur, est-ce donc là la vie? J'ai perdu toute
joie et toute paix. J'ai perdu le sens de tout bien. J'ai dit : La
vie n'a plus de bat Je n'espère plus en Dieu. > Lors de ces
mouveroente d'humeur sombre, Magnus ne souffrait point de
contradiction. Mais il se ravisait de lui-même après un instent,
quand il craignait d*avoirfiroissé Tun ou Tautre autour de lui.
La bonté remportait et le ramenait. Tout & Theure ai irritable,
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^ KBVUB D'ALSACE
il reprenait doucement : Est-ce l'âge qui me refroidit et
m'attriste? Je ne sais, mais je Toadraia que 7008 n'en éproa-
vassiez rien. L'affection sur la terre, je la oomprenda, car Je
la vois. G'eat an fait d'expérience. Pour m'ea assurer, U me
«nffil de regarder autour de moi et de sentir l'attochement
te ndens. liais quel gage ce bonheur actuel donne-t-il pour
raT«nir> La pensée de l'arenir ne vient-elle pas plutôt
ternir la satisfaction du présent? Quand arrive l'heure
de la séparation, au terme de la vie, quand au delà du tom-
beau le vent aura balayé ma cendre, comment nous retrou-
ver? L'immortalité, l'union éterneUe arec tous ceux que nous
aimons, je la désire de toute la force de meu ftme. Seulement,
qui me montre le lien entre l'être présent et la destinée
future? Où est la certitude du revoir T
^ Autant Magnas se sentait affecté péniblement, autant Karl
8'était animé. Cet entretien agissait d'une manière bien diffé-
rente sur le seigneur de Hageneck et sur son jeune protégé.
Celui-ci parlait avec chaleur en s'élevant jusqu'à l'en-
thousiasme. Quoique d'humeur taciturne et encUn à la mé-
lancolie, il s'animait vite sons l'effet des objections, non pss
par amour propre ou pour Imposer une opim'on personnelle,
mais afin de fitire prévaloir le juste et te yrai. Son caractère
sexprimait dans sa devise : t S*appuyer sur l'obstacle pour
s'élancer au delà. . Aussi semblait-il rechercher les difficultés
comme à plaisir pour s'habituer à les vaincre. Ne pensez pas
d'ailleurs que la vie lui ait ménagé les peines. Le baron Mag-
nus le rencontra un jour aux prise» avec une situation diffi-
cîte. Il s'intéressa à lui et de ce moment Karl devint l'ami
du château. Mais écoutons la suite de Tentietien interrompu.
Ce fut le Père prieur qui reprit d*abord la parole. Le bon
Père regretteil la tournure prise par la discnssiou : « Gom-
ment pouTons-nous seulement mettre en doute la certitude
du revoir, disait-il, à quoi bon troubler notre quiétude par
ua trop grand souci de l'avenir? Dieu, dont nous ne doutons
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UNE SOIBÉS AU HAGBNECK
pas, nous a promis une vie future sans fin. En quittant ce
monde, le divin Rédempteur a dit qu'il allait nous préparer le
lieu de Timmortalité. Gomment et où sera ce lieu, peu importe
maintenant. La croyance ea son existence doit nous suffire
à toas, tant qne nous sommes, et nos objections n'apportent
pas la moindre lumière sur le mystère du elel. Dès lors, il
Taut mieux nous abandonner avec confiance à notre fin. Pre-
nons la yie ayec simplicité, comme chaque jour noos la foii
Que nous sert Tanxieuse recherche d'une vérité inaccessible
à la faiblesse de notre raison? Je n'admets point de contro-
verse ou stérile ou impuissante. La controverse, non seule-
ment n'éclaire pas, mais elle suscite le doute et ainsi devient
coupable. L'autorité de la sainte Eglise nous garantit Tezis-
ienee bienbaureuse. Ne scrutons pas ses enstignements.
Vivons doucement. Gomme la paix est une condition ou un
efifot de la Tie bienheureuse, il dépend de nous de réaliser le
ciel sur la terre en possédant la paix dès à présent >
— Non pas la paix, mais la lutte, reprit Karl. La lutte est
ici-bas notre partage avant de nous mener à la paix. Cette
lutte pourtant élève l'homme au-dessus de sa nature et le
grandit par l'épreuve, en le rapprochant de la nature divine
souTerainement belle et juste. Sans l'épreuve qui nous oblige
à surmonter, à réprimer des penchants pervers, quel mérite
aurions-nous à nous laisser aller au cours d*une existence
amollie, où rien ne pousserait seulement notre liberté à se
manifester en choisissant entre le Uen et le malt Sans le mal
qui nous opprime, quel motif nous amènerait à élever le
regard plus haut que terre, à aspirer à un état meilleur et
plus parfait? Dieu nous brise et nous broie, niais il est bon.
La douleur devient l'aiguillon qui nous stimule à remonter
vers le Père* notre principe et notre ûn, bonté inGoie et
grandeur suprême, dont la jouissance ou la possession nous
donne le ciel et réalise le bonheur au sein de Téternité. Rien
de créé ne nous rassasie dans notre désir de vivre, pas plus
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414
BEVDB D*AIi8A0B
que dans notre passion d'aimer. Demandons-le nous, pour-
quoi, dans notre cœur et dans les rêves de notre jeunesse, ce
Tide insondable où notre &me semble si souvent se peràre et
aTQÎr froid? Pourquoi cette inconsolable tristesse qui fait le
fond de tonte âme humaine, dont le baron Hagnus vient de
laisser échapper nn écho, et qui jette une plainte d'autant
plus pénible qu'elle s'élève d'une mer plus vaste et plus ora-
geuse? C'est que l'iuûiii nous appelle au dedans et au dehors;
c'est que nous entendons sa voix; c'est que dans la vie pré-
sente il nous manque. Tant que dure cet exil loin de Dieu,
nous nous agitons sans trêve, en le demandant à tout avec
angoisse et d'un cri désespéré. Mais Dieu est notre père et il
nous attire, et sa possession devient pour nous l'existence
céleste et, tant que nous sommes, nous serons recueillis dans
son sein. UEden n'est qu'un symbole, le vrai paradis, c'est
le monde renouvelé pour être notre commune demeure* Les
destinées des êtres unis sur terre se préparent sous l'influence
des mômes causes ; elles se nouent et se consomment ensem-
ble ; la Providence se complaît à rassembler en ce monde sous
son regard ceux qu'elle veut tenir en son sein dans l'éternité.
Ne craignons rien, que notre affection s'affermisse et ne se
trouble pas au seuil de la mort, tremblante devant les per-
spectives d'un del plein de mystère. Celui qni nous a rap-
prochés comme les grains d'un seul é^ saura nous garder
sur la même tige, et la main qui devra nous cueillir n'aura
point de peine à nous transporter ensemble dans la môme
aire immortelle.
Ce discours continuait, lorsqu'une voix plus jeune et très
vive l'interrompit, venant d'une allée du parc: « Quelle idée!
Gens sérieux de là-haut! Raisonner et disputer une nuit
durant sur un ddt indiscutable! Bst-ce bien la peinede perdre
le meilleur de son temps à se tourmenter? Pourquoi ne pss
discourir plutôt sur le dur de lune, afin de constater si nous
ponnions voir la tète des diâtaigniers à sa lumière î Hub
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VVM 80IBÉB AU HAOEMBCK
415
rimmorUlité et le ciel, mon simple sentiment en prouve
l'existence. Je désire le ciel et l'éternelle vie. Cela suffit, moa
désir sera comblé. > Aa même instant parut sur la terrasse
Anaïs, sœur de Lina, terminant son interruption par nn joyeux
éclat de rire. Elle portait dans un pli de sa robe un bouquet
de fleors et tenait de Tautre main un gros chien. « Voilà pour
les incrédules qui ne veulent pas croire à Tapparition des
immortelles. Moi, je viens de les cueillir toutes fraîches à la
source de Lina. Tenez, prmiez tous. > Et se tournant vers
Lina : « Toi, grande sœur, tu t'en feras une couronne de
sainte, de mes jolies immortelles. Quant à Karl, il n'en aura
pas une. > Puis la fantasque en&nt sauta au cou de sa mère,
rembrassa, Tétreignit, siffla son chien et repartit en fredon-
nant
Pnsque aussitôt retentirent à travers les croisées ouvertse
de la grande salle les sons d'une musique aux accents pres-
sés, tumultueux, déchirants, quelque chose comme un cri
d'angoisse profonde suivi d'un violent cri de révolte. Puis
venaient des accords plus doux, mais pleins d'émotion, un
appel mystérieux, une mélancolique plainte, des soupirs si
bas que la son restait perceptible à peine. Ces modulations
s'élevaient et s'abaissaient tour à tour, suivant le mouvement
de la sym^onie et le sentiment qu'elles exprimaient Karl
tressaillit et devint plus rdvenr. La conversation avait cessé
sur la terrasse. Tout le monde se taisait. Au moment où la
musique s'arrêta, un rayon de la lune effleura le groupe réuni
sur la terrasse et jusqu'alors dans l'ombre. Magnus était assis
le front dans la main, tout entier à ses pensées. Lina avait l'œil
fixé sur sa mère, avec son regard limpide et pur. Michael*
dans sa gaîté insouciante, répétait de légers piopos. L'heure
avancée détermina la société à rentrer, qudque la nuitrestftt
magnifique. Quand Lina et sa mère passèrent, Karl se détourna
pour dérober une larme. « Lina priera pour vous», dit la
mère. Et te baron murmura : t Piuvre ami I >
Charles Gbjuk
NOTES BIOGRAPHIQUES
SUR LBS
HOfflES DE U RÉVOLUTION
A
STRASBOURG £T LES ENVIRONS
Suite
BAILLOND (GHÂBLBS-JoeEra).
1768. NéàPussîgny.
1789. Etudiant en droit à Paris.
1791. Envoyé garde-magasin militaire à Strasbourg, il 6Bt
reçu à la Société des amis de la Constitution .
7 lévrier 1792. H passe à celle des jacobins, où il est encore
inscrit le )ib octobre 1794.
BAILLY DE JUILLY (Braa^Loins-fiABiiHÉLBiiT),
officier de la Légion d*honneiir.
1760. Né à Troyes.
1788. Oratorien et professeur au collège de Juilly; de là sa
dénomination.
1790. Avocat au parlement de Paris, et, peu de temps après,
administrateur du département de Seine-et-Marne,
qui le nomma, eu 1793k député à la Cionvention na-
tionale.
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LBB HOIOIBS D8 LA tftTOLOTSm
417
1793. Lors du procès Louis XVI, ilse prononça pour l'aDDel
au peuple, la détention, le bannissemant deux ans
après la paix, et ensuite pour le sursia.
Citoyens, dit-il à ses collègues de la Convention, Je n'examine,
rai point dans ce moment si vos comnipttans vous ont déféré des
pouTOire judiciaires^, niais je vous cil«rai un fait. Dans Passem-
în««ïf*'!? î «Parteinent de Seine^t-Marne, lorsqu'on eut
noBUBé les dépotés k b GonvenUon naiionale, on était si persuadé
qu Us ne sfiraieni point les juges de Louis XVI qu'en procédinl
â la nomination du liaut-juré, on eal soin dlnviler les éiedeun
à ne choisir que des patriotes fermes et intrépides, parce que
on dit qu'Us avaient A juger Louis Capet. D'après ce fait, dont
je pnmds à témoin mes collègues, convaincu que la seule mesure
de Ugallser la marcbe que nous avons suivie jusqu ici est la
SMictIon dn peuple, je dis : Oui.
Mai 1704. Secrétaire de la Conveution, envoyé en mission
à Strasbourg dans les derniers mois de 1794. Il rendit
compte à cette assemblée des maux que la ville et
868 liabitants avaient soufferts pendant le règne de
la Terreur, lui annonçant qu'il avait éliminé tous les
employés attachés à la faction de Robespeire^ et
épuré les Sociétés politiques.
22 janvier 1795. n libéra cent soixante-deux honnêtes dto*
yens, retenus encore dans les prisons da Séminaire
et de Phôtel de Darmatadt
6 février — . Brasndlé, anrîen secrétaire^iiyoint du district
de Strasbourg» lui dénonce le projet de noyade dedx
miUe Strasbourgeois, conçu en novembre 1793 par
SainWust, Lebas et autres.
Bu Alsao^ il continua roBuvre de légénération
commencée par son prédécesseur, Foussedoire, en
ramenant le calme et la confiance dans uns ville,
d'où Ils avaient si longtemps été VMinwia
De retour à la Convention, dans la Journée orageuse
du SO mai 1795, il occupa le fiiuteuil en remplacement
de Vemier, dont le grand âge ne supportait plus les
&tigues de la présidence. En août suivant, il s'éleva
contre Dubois^ncé, qui signalait à la GonvenUon
SMMIa Séiie — r Année. tgj
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418
BEVUE D'AL8A.CE
les progrès des royalistes; mais, voyant les jacobins
applaudir au discours de ce dernier, Bailly se retourne
vers eux, et leur dit :
Messieurs de la ci^vant Montagne, tous n'êtes pas encore les
maîtres.
n devint ensoite membre du Comité de sûreté géné-
rale» où il rendit de grands services par sa modération
et par la force de caractère qa*il opposa constamment
aux jacobins.
21 octobre 1795. Le département du Bas Rhin le nomma
député à la Législative. Il passa plus tard avec les
deux tiers des membres de ce corps dans le Conseil
des Cinq-Cents, où il se rangea du parti clichien.
4 septembre 1797. Compris sur la liste de déportation, pour
ses liaisons avec les principaux chefs de ce parti; le
député Malés, ayant fstit observer que Bailly était
prêtre assermemU et marié, parvint à obtenir sa
radiation.
1798. Encore du Corps législatif, il y fut attaqué par Gauran,
comme un royaliste échappé à la déportation de sep-
tembre et comme un lâche.
9 novembre 1799. Préfet dn Lot; une grande modération,
la plus intégre probité, caractérisent son administra-
tion; cependant» elle n*a pas été exempte de repro-
ches: des agents indignes de sa confiance le compro-
mirent n se justifia, son honnêteté était inattaquable^
mais non son administration, n Ait remplacé, en 1819»
par Petit de Beauverger. Retiré à la campagne, il ne
s'occupa plus que de ses aflbires et de réduoation de
sesenfents.
1819. En revenant de Rouen, sa voiture versa. Il eut les
deux bras brisés. On crut le sauver par une double
amputation, mains en vain. H mourut à Tâge de
59 ans.
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LES HOMMES DE LA. BÉVOLUTIOM
419
BAJOT (J.-F.).
On des quatre-vingt dix propagandistes venus de Métz pour
répandre» à Strasbourg, les idâes révolutionnaires.
18 octobre 1793. Signataire du procès-verbal des maiimes
étemelles» qui ont électrisé les Strasbouigeois dans
le temple de la Raison.
90 novembre — . Membre de la Société des sans-culottes^ il
signe une adresse aux représentants Baudot el Le-
mane ainsi conçue :
Le |}euple de celle grande dié savoure eofln les délicieux fruits
de 11 vérité; il se porte ea foule dans le temple qui lui est con-
sacré, pour entendre ses donx aoceos. Le temple n*est plus assea
vaste poiir le contenir commodément, celui de Saint-Thomas est
tr;>s propre pniir un (Hablisseraenl aussi utile; ainsi, les repré-
senUaits sont invités de lui accorder ce Io<.al, el de lui délivrer
un mandai sur le coffre des riches aristocrates pour faire les frais
qui y seront nécessaires.
Lesdits représentants aiTôtent que le temple de
Saint-Thomas servira dorénavant aux séances de la
Société populaire.
Quelque temps après, Bajot s'adresse de nouveau
aux mêmes représentants pour obtenir, pour ladite
Société, le temple des réfonnos, GrandYue du Bou-
clier, Saint-Thomas étant trop petit et peu commode.
Les représentants adhérent à la demande.
2 décembre — . Il sif^ne la proclamation de la propagande
révolutionnaire aux citoyens de Strasbourg et des
deux dépai'tements du lihin, leur apprenant que lui
et ses frères sont venus pour les sauver et leur pré-
senter la vérité sur les dangers qui les entouraient.
BALDN£R (Jean-Daniel).
1775. Né à Strasbourg, où il était étudiant
1798. A ràge de 18 ans, employé dans les bureaux de la
commune.
20 septembre 1794. Membre du dub des Jacobins aulfiroir,
dissous trois mois après.
4S0
BEVro D'ALSACE
BALLET.
8 novembre 1793. Gendarme de la compagnie sédentaire à
Strasbourg, le Comité de sûreté f^énérale du Bas-Rhin
ordonne à la Caisse de la trésorerie révolutionnaire
de lui payer 250 livres pour récompense de sa dénon-
ciation.
Septembre 1792. Député à la Convention nationale pour le
département de la Moselle. Il si^ea constamment au
sommet de la montagne.
1798. LorB du procès du roi, 'sur la question : Y aurOrtrU
appà au peuple? il déclare que, ne voulant pas voir
son pays désolé par la guerre civile, il dit non. Sur la
peine à infliger à Louis XYI, il répond froidement la
mort» tout en repoussant le sursis
A la fin de cette fatale années il fût envoyé en mis-
sion à rarmée du Nord et dans les départements de
la Hosélle et du Bas-Bhîn.
5 janirler 1794. Arrivé à Strasbourg, il organise un Comité
de surveillance de douze membres, pris parmi les
sans-culottes les plus exaltés, qui fxA spédalement
chargé de prendre et d^exécuter toutes les mesures
de sûreté générale qu'exige la répression des entre-
prises des ennemis du peuple et de la libertA
11 fait arrêter Grimmer, pour avoir dilapidé les reve-
nus et les propriétés nationales pendant qu'il était
agent du district de Wissembourg.
Dans cette petite ville, il fit de notables change-
gements. tant au district que dans la municipalité.
Comme à Strasbourg, il y installa une commission de
douze membres, pris dans le sein des jacobins, pour
Taider dans ses projets.
Plusieurs membres de l'ancien district furent con-
duits et emprisonnés à Strasbourg; les municipaux
Bartholdi, Ulrich, Musculus et Heidenreich, transférés
BÂR (jBAN-EnBNNB).
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LES HOMMia DB LA RàVOLOTIOH 4gl
ai toute hflte à Paris, portèrent leurs têtes sur Técha-
aud, peu avant la chute de Robespierre.
A Landau, il sévit de môme, et après avoir exécuté
toutes ses cruautés, il retourna à Paris, occuper le
POT*e de secrétaire à la GonvenUon après ie 27 juillet
Hus tard, il proposa à la Convention nationale la
Ration du jugement de la Commission militaire de
Rochefort contre le représentant Déchézeau et por-
tant la peiJie de mort. Il demanda aussi què toute
radiation de la Uste des émigrés fût suspendue.
8 octobre 1795. Il entra au Conseil des Anciens avec les
deux tiers des membres de la GonvenUon, 'poop dis-
paraître ensuite de Thorizon politique.
BARBAT (Frédéric).
1766. Né à Chadelay, département de risôre.
1789. Professeur à Chadelay.
1791 . Chef de brigade à Strasbourg.
7 février 1792. Membre du club des jacobins.
25 octobre 1794. Trois mois avant son épuration, encûce
inscrit comme tel.
BARBIER (Louis-LAuaENT-GAMiLLB).
1758. Né à Strasbourg.
Avant 1789. Homme de lettres.
Avril 1790. Reçu membre de la Société des amis de la Cton-
stitution. n était alors premier commis, suppléant le
secrétaire général de radministration départementale
du Bas-Rbin.
Novembre 1702. D remplace Hoffinann comme secrétaire
général de cette administration; poste quil conserva,
à peu d'années pràs^sous tous les régîmes qui se sont
succédés Jusqu'en 1890. U n> a pas une seule pièce
importante qui ne porte sa signature pendant les
années de la Révolution.
33 novembre 170a. Le Comité de surveillance et de sûreté
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4SU R1CVDE d'als&gb
générale duBas-Rhin, présidé par Monet, lui acconia
le certificat de déisme.
36fêviier 1794. Ennemi Juré d*Euloge Schneider, ayec FSeasé,
secrétaire-adjoint de radministration du Ba&>Bhin, il
rédige un pamphlet contre l'ex-accusateur public, et
dans lequel, nous dit le révolutionnaire J.-D. Wolff,
ff on passe d'une accusation à une autre sans rien
prouver » .
Ce pamphlet fiit adressé en forme de lettre an
Comité de salut public de la Convention nationale,
par les administrateurs du Directoire du Bas-Rhîn.
C'était une réponse aux mensonges et aux impoe*
tures répandus diuis un écrit de Schneider, adressé
de TAbbaye à Robespierre aine, le 6 février 1794.
25 mai — . Le club des jacobins le fait figurer sur une Me
de soixante-dix-sept suspects,
mars 1796. Président de l'administration centrale du
Bas-Bhin.
1798- 1799. Juge^ppléant au tribunal civil de Strasbourg.
1799- 1800. 11 est juge.
1800- 1801. Secrétaire général à la mairie de Straabouïg, poste
quil conserva jusqu'en 1B30.
BABDEL (La dtoyenne),
connue sous le nom de Bariblbb, Grandiras de la Grange,
n'il.
10 décembre 1793. Avec la citoyenne Rœgner du n' 28, elle
se présente au Comité de surveillance de la Société
des jacobins pour l'informer, qu'Anne Stassellieydorfifi
fripière, qui a obtenu un certificat sûreté, n'est que
l'espionne des aristocrates et des prêtres réfractaires.
La femme Metz et sa fille, du n" 11, la Ruprecht et
Saget, du n" 10, attesteront les faits.
La dénonciation est envoyée au Comité de surveil-
lance et de sûreté générale du Bas-Bhin, qui lit enfer-
mer rinculpée au Lycée.
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UBS HOMMES DB LA BftVOLUnOK
42S
BâRDOT (Jean).
1758. Né à Sézanne, département de TÂube.
Ayant 1789. Aubergiste à Sézanne.
1793. Arrivé comme militaire à Strasbourg» il est reçu aux
jacobins.
d5 octobre 1784. H y est encore inscrit
BARTHOLMË (Jean-Jacques).
1768. Né à HeUigenstein.
Avant 1789. Tonnelier à Strasbourg.
21 janvier 1793. Nommé notable de la commune.
8 octobre et 5 novembre — . Maintenu.
24 mars 1794. Avec Lâemmermann, il dénonce au Comité de
sûreté générale du Bas-Rhin le cafetier Biedling, au
Foele des Tonneliers, comme un aristocrate fiefifô,
chez lequel il se tient des conciliabules nocturnes.
80 janvier et 23 avril — . Proclamé notable du Conseil géné-
ral de la commune par la Société des jacobins, dont
il était membre depuis avril 1793^
26 octobre — . D y est encore inscrit comme tel.
BAST.
Décembre 1793. Employé dans les bureaux du Comité de
surveillanoe et de sûreté générale du Bas-Bhin.
14 décembre — . U touche 150 livres.
25 décembre Avant de se séparer, ledit Cïomité lui &it
encore payer 75 livres sans autre indication.
n était membre du dab des jacobins; mais le 25
octobre 1794, il n*y était déjà plus.
BATAUT (Glaude-Pierre-Puilibert).
1784. Né à Ghâlons-sur^ône.
Avant 1789. Il y était écrivain.
Après 1789. Employé à l'hôpiUil militiiire de Strasbourg, il
se fait recevoir aux jacobins le 11 novembre 1793.
4M BBVUB d'albaoe
BAUDOT (Marg-Antoinb).
1789. Médecin à Gharolles. Il abjura son éftat» comme étant
entàché de charlatanisme.
1791. D6pat6 suppléant à rAssemblée législative pour le
département de Saône-et-Loire.
Septembre 1793. Député à la Gonyantion nationale.
Octobre — . D demande un décret d^ceusatlon contre Mau-
ry,Dillon, Courvoisieret de Cîhoiseul-Gtouffier, comme
ayant correspondu avec les frères de Louis XVL
15-19 janvier 1793. Il vota la mort de Louis XVI et Texécu-
tion dans les vingt-qnatre heures. Il refusa l'appel au
peuple, ainsi que le sursis.
Lors de la révolution du 31 mai, il était en mission
à Monta uban, avec ordre de suspendre les autorités
constituées de cette ville.
Envoyé comme commissaire de la Convention à
Tannée de Rhin-et-Moselle, il déploya toute sa sévé-
rité contre les émigrés et les prêtres» et fit incarcérer,
à Metz et à Strasbourg, un grand nombre de ces
citoyens.
9 novembre — . H lança son premier sôrôté aux Stra8bou^
geois :
Les actions, les manières, le style, tout, dans une république,
doit porter Tempreinfe la liberté. Les plirasos longues appar-
tiennent au régime des monarchies, le laconisme est le propre
d'une république.
Dix lignes suffisent et au-delà, pour chaque objet d'une pétfliol.
Cens qui eo écriront davantage, seront suspectés de vouloir netln
des longueurs à la révolution, etc.
18 novembre— . H ordonne que les vins desridies deStias»
bourg sont mis en réquisition pour les hôpitaux mili-
taires; la municipalité et douze braves sans-culottes,
nommés par la Société populaire, feront cette nuit les
visites domiciliaires.
19 novembre n Informe son ami et collègue Charles
Duval, que c'en était fait de l'esprit public sur la rive
du lOiin, sans les opérations révolutionnaires de Saint-
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LS8 HOMMES DB LA BÉVOLUTION
4^
Just et Lebas, lesquels ont donné Télan patriotique,
qui doit amener les idées et les actions des habitants
au niveau de la liberté et de Tégalité, que Tannée du
Rhin et celle de la Moselle font merveilles, que la
fusillade continue près de Strasbourg et que tout
annonce joie et succès. Passant aux Sociétés popu-
laires dos départements voisins, elles ont envoyé des
propagandistes trempés au fer chaud du père Du-
chesne, pour régénérer la ville de Strasbourg. L'es-
prit public gagne chaque jour par leur zèle et leurs
lumières ; les harangues d'un côté, la guillotine de
Tautre, font espérer un succès complet.
Il termine en se plaignant des juifs, qui auraient
dû se dévouer entièrement à la cause de la liberté.
Ils ont trahi dans plusieurs endroits, et Ton serait en
peine d'en compter dix reconnus patriotes dans les
deux départements du Rhin. Il demande s'il ne con-
viendrait pas de s'occuper â*une légénération guillo-
tinière à leur égard.
90 novembre 1793. Il assiste , en grand costume, à la
fôte de l'Être suprême, dans le temple de la Raison.
Son discours félicite le peufile d'ôtre délivicé de la ter-
reur et de la tyrannie; il montre le prôtre tovgours
d^acoord avec le tyran pour enchaîner le genre hu-
main, et abusant du nom du del, pour empêcher
l^omme d'uHer des droits de la nature. Le peuple
ddt employer tous ses moyens pour compléter Tobu-
vre de la Révolution. Pendant son discours, une
masse de reliques et dUndulgenoes fàrent brûlées
devant un autel dressé à cet effet De là, on se rendit
sur la place de la Responsabilité (du chftteau), quinze
chariots de vieux titres furent livrés aux flammes, les
e£Qgies des despotes ecdésiastiques, qui ont régné
dans Strasbourg, purifieront par cet auto-da-fô une
atmosphère qu'ils avaient souillée pendant leur vie.
93 novembre — . Au dub des jacobins, il parle contre la
tyrannie des rois, il tonne contre les scélérats qui
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* 496 BBVUB D*ALaAGB
regrettent Tancien régime; il invite ceux qui enten-
draient le moindre discours, qui verraient le moindre
signe en iàyear de la royauté, « à poignarder sur le
dtomp ceiix qui seraient coupables de ce forfaU » .
28 novembre 1793. Informé par le général Dièdie qoe les
communes de Molsheim, Mutzlg et autres, étant inCpo-
tées d'aristocrates, méritent la plus grande sorveilr
lance, il nomme 8iû>le-champ deux commissaires, à
Teffet de remplir la demande du général
C'est à peu près à cette date qu'il accorda les tem-
ples de Saint-Thomas et des léùxméB aux séances de
la Société populaire.
S4 novembre — . Sur la demande des jacobins, il ordonne
que les douae sections de la ville ne seront plus assem-
blées en permanence, mais seulement dans les cas
prévus par la loi.
6 décembre — . Aux jacobins, il développe les grandes
mesures que Ton doit prendre dans un instant, où la
terreur est à Vcrdre du jour, et il menace ceux qui
s'y refuseraient de la hache qui est suspendue eut la
Ute des pervers .
9 décembre — . Il continue sa thèse menaçante sur le
même ton.
13 décembre — . A 7 heures du soir, quelques patriotes s'é-
taient rendus chez lui, pour Tinformer des atrocités
commises par Ealoge Sclnieider et des projets qu'il
nourrissait. Frappé du poids et de la vérité de ces
dénonciations, il promit de le suspendre dès le lende-
main et de le mettre en état d'arrestation à 20 lieues
des fontières. Cette promesse allait s'accomplir, quand
Saint-Just et Lebas arrivèrent inopinément à Stras-
bourg et firent arrêter Tex-accusateur ilans la nuit.
22 décembre — . Ce sont des chaussures pour la troupe qu'il
met en réquisition chez les riches.
10 janvier 1791. Il fait arrêter Gotta, Martin, Boch, Buten-
schœn, Wolff, Jung, Massé, Vogt, Glaner, Dauin et
Bergbauer.
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LES HOMMES DE LA BÉTOLVTION
427
22 janvier 1794. Il fait remettre par le receveur de l'emprunt
sur les riches égoïstes de Strasbouri?, 245 livres à
Rousseau, chef de bureau au département des Vosges,
envoyé à Metz pour mesurf's de sûreté publique et
de propagation de principes révolutionnaires,
janvier — . Il requiert les autorités civiles et militaires de
Strasbourg de M foomir, dans les vingt^iuatre heu-
res, une liste de tous les détenus dans les maisons
d'arrêts, de fidre placer des sentinelles à toutes les
portes desdits lieux, et d'arrêter tontes lettres ou bil*
lets envoyés aux détenus ou par eux adressés.
35 janvier — . n ordonne im échange de dixmillions enassi-
gnats contre pareille somme en espèces : savoir, trois
millions argent à fournir par Strasbourg, le surplus
per le département. L*écliange doit être terminé dans
la décade.
Le même jour, il crée une Commission de sfac mem-
bres, ayant pouvoir de rendre des jugements exécu-
tables dans les vingt-quatre heures, et dtms les lieux
qu^elle désignera comme les plus susceptibles d'avoir
sous les yeux des exemples. Elle était ambulante en
Alsace.
2 mars — . De retour à la Convention, il est élu secrétaire.
27 juillet — . On renvoya à l'armée des Pyrénées orientales,
où il resta jus(îu'au niuis de mai 1795. A son retour,
il eut connaissance du décret qui le mettait en état
d'arrestation. Il se retira en Suisse et de là à Venise,
où il séjourna jusqu'après le 25 septembre 1795, pour
ensuite remplir les fonctions de chef de division au
ministère de la guerre sous le général Bernadette,
devenu roi de Suède. Retiré dans ses foyers, il reprit
sa profession de médecin. Pendant les Cent jours, il
remplit une courte mission en Bretagne, et se trouva
ainsi placé dans la catégorie des Conventionnels votans,
qui furent bannis de France après 1815.
4 février 1816. U partit de nouveau pour la Suisse et ce ne
fiit que par la protection d'un médecin de Lausanne
488
BBVIIB D'ALB&OB
qu'il put trouver une retraite à Avenche, sur les con-
fins du pays de Vaud et du canton de Fribourg, dans
une maison destinée aux aliénés, n y passa cinq
mois et se rendit ensuite à Liège, où il trouva enfin,
dans un asile assuré^ un terme aux vicis&itudeB de
sa vie politique.
Avant 1780. Receveur de la loterie à StraBt>oarg.
Avril 1798. Employé àla caiBse desvivres, il eetreça mem-
bre de la Sodété des jacobins.
8 décembre — . Le comité de surveillance et de sûreté géné-
rale ajourne sa demande d^un certificat de civisme.
7 décembre — . D lui est accordé.
95 octobre 1794. Encore membre des jacobins.
1797 à 1805. Receveur du bureau de loterie, rue des Halle-
bardes, n** 78, à blrasbouig.
98 novembre 1798. Membre de la Société des jacobinef, ilea
demande répurement immédiat aux représentants
Saintnlust et Lebas, vu que raristoeratie et le modé-
rantisme» d*après les principes des sanMlottes^
doivent être entièrement anéantis.
Dans une seconde lettre du même jour, il réclame
des mêmes la suppression de la permanence des
douze sections de Strasbourg.
Novembre 1798. H était curé de Matzenbaim, quand U abjura
nmposture dans le temple de la Raison à Strasbourg*
Le maire Monet ne nous donne pas les expressioDS
de sa profession de foi.
99 novembre 1793. Membre de la Société des jacobins, H
pose à SaintJust et Lelws identiquement les mêmes
demandes que son ami Baudrillon.
BAUDRIER (JosBFH).
BAUDRILLON.
BAUMâNN (RoGH).
BAUMOARTNER.
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LBB HOmOS DE LA BÉVOLUTION
4»
BEÂ.UâElGNEUR (Jban-Piebbb), pàr^
me de la Pould.
1741. Né à Ghàtenois.
Avant 1789. Ingénieur à Strasbourg.
Juin 1791. Membre de la Société des amis de la Gonstitu-
tîon.
1792. Membre laïc de la paroisse de Saint-Jean-aux-Ondes.
7 fÔTrier 1792. Il passe aux jacobins.
9 ièvrififf 1793. Le maire Monet, dans une lettre à André,
procureur-général, lui dit franchement :
To connais raristocfatie et le ftnatlene de Rondoiiin, entrepre-
nenr des fortiflcations, il faut lui faire faire la culbute pour y plaoa*
Beauseigneur ; il faut absolument qiip ta réponse soit envoyée ce
matin aux commissaires Couturier et Dcnizei, eu même temps
que rarrélé que je le demande. Dans la même réponse, il y a des
renseignements à damer sur Jacquinoi', qui, au reste, sont moins
pressants, parce que Beauseignenr fils que je songeais à fidra
mettre à sa place, restera avec son pèce, 8*U obtient celle qn*il
demande; au reste, monsieur le procureur général ne va pas
croiro qup ce n'est là que de Tinlrigue, ce sont des foulas
aristocrates, des ^^ edins que Ton met à la porte, pour en confier
la clef à de bons saiis-( uloites.
8 octobre, 5 novembre 1793, 30 janvier et 28 avril 1794. Elu
notable du Conseil général de la commune de Stras-
bourg.
2 août — . Signataire de l'adresse de la municipalité à la
Convention nationale, lors de la conspiration ourdie
par Robespierre, Gouthon, Saint-Just et Lebas.
Le même jour, il est désigné pour remettre cette
adresse au représentant Duroy alors à Strasbourg, et
rinvita à la transmettre à la Convention.
25 octobre — % U est encore aux jacobins.
1797. fintreproaeur des fortifications à Strasbouig.
Sous rempire. simple employé àbez Tentrepreneur
du génie militaire.
' n éuit garde d'artillerie à Técole, en 1792
Dlgltlzed by Gopgle
430
BKVUS D'ALSACS
BEAUSEIGNEUR (Pierre), fils.
1768. Né à Strasbourg.
1792. Gasernier, attaché au corps royal du génie.
9 février 1793. Le maire Monet songeait à le mettre à la
place de Jacquinot, alors garde d'artillerie à Técole de
Strasbourg.
CiOnime élôve ingénieur, il passa dans TartlUerie.
Octobre — . Gapilaîne de cette arme, il est reçu membre de
la Société des jacobins . .
26 octobre 1794. B y est encore inscrit
BËCK (J.).
Janvier 1791. Membre delà Société des amis de la Con-
stitution.
1793. IGnistre au Séminaire protestant de Strasbourg.
7 février—, n passe aux jacobins.
22 novembre 179S. Au club de cette Société, il adhère à deux
lettres aux représentants Saint-Just et Lebas, la pre-
mière demandant la suppression de la permanence
des douze sections de la ville, et la seconde, Tépure-
ment des Comités de surveillance.
Ordonnez, el d'après la censure des sans-culottes, nous purge-
rons oes Gonitès des penomies suspectes et dsngeremes; alon
elles seront saptes toutes, et les mesures de santé seront pleine-
ment exécutées.
BECUŒR (jBàN).
1744. Né à Metz.
Avant 1789. Militaire.
1791. Brigadier de gendarmerie à Strasbourg.
22 novembre 1792. Membre de la Société des jacobins.
25 octobre 1794. Il y est encore.
BENOIT (Bruttts),
offîcier au 1" régiment d'in£guaterie.
1792. Membre de la Sodété des jacobins.
SO mars 1793. Membre du Ck>mitè révolutionnaire de cette
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LES HOMMES DE LA RÉVOLUTION
431
Société, il se charge de donner sous peu des détails
sur Dumoncliau, ex-SGrfj^ent-inajor du '2' bataillon des
Vosges, dénoncé à la surveillance du Comité.
20 mai 1793. Au club, il prononce un discours sur la guerre
de la Vendée. A la nouvelle des [irogrès des Chouans,
les jacobins jurent unanimement de voler au secours
de lem^s frères en danger, malgré réloignement de
deux cents lieues ; soixante-dix se font inscrire, mais
très peu sont partia
BENTABOLE (Pberrb-Louis).
1753. Né à Landau.
1783. Reçu avocat à Colmar.
1791 . Commissaire du roi prés le tribunal civil du district
de Haguenau, séant à Saverne.
27 novembre — . Sur la présentation de Tabbé Bevallet, vi-
caire épiscopal du Bas-Rhin, il est reçu membre de
la Société des amis de la Constitution à Saverne,
avec les plus \ifs [applaudissements» comme patriote
fameux dans la Révolution, membre du club des
jacobins, porte le procès- verbal de la séance. Quelques
mois après, il était élu président de cette Société.
Sn août 1792. Membre de Tadministration du département
du Bas-Rhin.
Plus tard, procureur général du Directoire du même
département
2 septembre — . A Baguenau, il est élu le troisième, député
du Bas-Rhin à la Convention nationale.
13 janvier 1798. De Paris, il mande à Monet, maire de
Strasibouig:
Le dteret qui vous envoie de nonveanx commiasaiKséttit û^vh
tant plus néoessaîre, qu*il paraît bien évidemment, par ce que
vous rae marquez et ce que j'apprends d'ailleurs, que les premiers
commissaires' n'ont rien tait et n'auraient rien fait qui vaille.
Tâchez donc d'en tirer bon parti; je pense qu'ils sont maintenant
chez vous el que vous faites de la bonne besogue.' Je vous i^com-
mande la suspension de la municipalité de Saverne.
* Aeubel, Merlin et Ilaussmann. — * aûhi. Couturier et Deotzel.
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4312 BBVDB D'ALBàGB
16-19 jan^iar 1793. IlvotelamortdeLouisXVI,refuaerappel
au peuple et le sursis.
20 février — . Nouvelles communications à Monet :
Je sais que le Bns-Hhin a besoin plus que jamais d'une grande
énerijie. jp vous prie d'engager les conomissaîres à ne point quit-
ter le déparlement sans avoir déposé tous les genres d'autorités
entre les mains des patriotes, car il est menacé aux approclMBde
la guerre, dès que tes commissaires l^aaront quitté. H &ut qnlls
régénèrent les principales municipalités» notamment celle de Sa-
verne. qu'ils destituent les mauvais juges de paix, juges de dis-
trict, les officiers de la garde nationale gangrenés. Il y a de fort
mauvais juges de paix dans la ville et dans le canton de Saverae,
il faut un ou deux bons commis.sairos î"! Saverne.
2d avril — . Cest aux sans-culottes composant le Comité de
correspondance de la Société de Paris qu'il s'adresse :
On a décrété la déclaration des droits de rhoramc dans la Con-
stitution, elle n'a ni le earaetère de grandeur et de morale, qui
convient à la nation ei aux circonstances d'une régénération Incon-
nue jusqu'à présent et qui doit s'étendre, pour ainsi dire, dans
tout ninlvers. Je crains bien de cette prédpiutioo, qne la Con-
stitution à fidre ne soit pas ce qu'elle devrait être, mais aura la
ressource de Taoceptatlon du peuple et de fiiire proposer les chan-
gements utiles.
8 décembre — . Maynoni, président du Comité de surveil-
lance et de sûreté générale du Bas-Rhin, dépose une
lettre du Comité de sûreté générale de Nancy, dans
laquelle Bentabole est quaÙfié de directeur des sub-
sîBtanoes. Elle sera communiquée à Alexandre, de
radministration des vivres.
Mars 1794. A la Convention, avec Gouthon, Il défend son
collègue Hérault de Séchelles, mais en vain.
eoctobre -, Membre du CSomlté de sûreté générale du
paya.
Dans la même année, Il est adljo^i^ ^ *
Hôntaut pour demander des explications au général
Dumouriez, alors à Paris, au sqjet de sa conduite
contre deux bataillons de volontaires, qui avaient
égorgé des déserteurs émigrés.
(La nùU h la proMnê UvnùonJ
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NOTICE
SUR hk
SITUATION D£ LA YILLË DË BËLFORT
à l'iDstant de son mvestisseiieDt |>ar les Alliés
LE 21 DÉGISMBRE 1818
La Notice que nous publions anjourdliaî sur le blocns de Belfort
en 1813 contient des indications qni ne se trouvent pas dans le
Journal de M. Triponp, paru en 1874 dans la Beruf. C'est donc un
document .'i rnnstîrver aussi pour l'fiisloire militaire de Belfort. I! est
dû à un contemporain du blocus, M. I*aul George. Le (ils aîné de
celui-ci en a donné le manuscrit à M. Henri Bardy, qui en communique
le texte anx lecteur* de la Reme d^Altuee,
Le âi décembre 181S, à onze heures do soir, on apprit la
nonreile que Tarmée alliée a?ait passé le Rhin à Bftie;
le 88 du même mds, la place fut déclarée en état de siège,
le 24, elle fut inrestie, à deux heures de Taprès-midi, pur un
corps bavarois.
L'étal-major de la place se composait alors de :
M. Lbgrakd, chef de bataillon, commandant d'ances;
M. Jear, capitaine, adjudant de place;
Nowellè Série - Année. ^
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BBVUB D'ALSAOB
H. Floramce, capitaine de hnssarda en retraite (cet offi-
cier fîit nommé par M. le commandant d'armes poor fàire.
de concert avec H. Jear, le serrice de la place pendant le
siège);
M. Marcon filR, lieutenant en retraite (cet officier fot éga-
lement désigné par le commandant d'armes pour faire le
service d'adjudant au château);
M. Laloiibardièue, chef de bataillon, fut aussi chargé du
commandement de l'artillerie da fort.
Les corps qui composaient la garnison, forte de deux mille
huit cents hommes, étaient ceux dont la descriptiou suit
68* régiment dlnfanterie de ligne (dépôt).
14* > de chasseurs à cheval (id.)
2* * dlnUinterie de ligue \
On procédé, le 20 décembre, à la nomination da Conseil de
défense, qui fat composé de :
MM. LisoRAio), commandant d'armes;
Eail, colonel do 68* régiment;
Deloub, major du f4* chasseurs à dieval;
Lalohbardièris, commandant d*artillerie;
Emon, capitaine du génie.
Le joor de linvestîssement, les approvinonnements] de
bouche de la place étaient nuls, soit par l'effet de riropéritie
des agents da gouvernement ou de la trahison. La garnison
il-
87*
79"
8f
98*
54*
18*
détachements.
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WVESTISSEMBNT DB LA VILLE M BBLFOitT 485
avait à peine ponr quelques jours de quoi se nourrir en pain-
line tentitiye faite, trop tard, pour s'en procurer dans le^
▼illages voisins échoua complètement, puisque, pendant que
nos troupes étaient à Danjoutin occupées à fouiller les gre-
niers et les écuries, l'ennemi se montra et força les fonrra.
geurs à la retraite.
Cette posiUon pénible n'abattit pas le courage des bniyes
de la garnison : elle était composée de Français. Le Conseil
de défense pensa qae Ton trouverait des ressources en vivres,
tant chez MM. les commissionnaires et négociants que chez
les cultivateurs aisés et propriétaires de la ville et des fau-
bourgs; on forma, en conséquence, une commission qui était
chargée de faire des visites à l'efifet d'en enlever le superflu.
MM. Grasset, quartier-maître du 6B- régiment dlnftnteriê
de ligue, et Bonnier, quartier^maîlre du 14* régiment de
chasseurs à cheval, furent désignés. Le maire de la ville, qui
aurait dû présider cette commission, 8*était caché dans sa
cave; il n'osait paraître en rien; il abandonna la bourgeoisie
à l'arbitraire militaire : de là les vexations et les injustices
qui se répétèrent pendant le blocus.
La première opération de celte comramission fut de s'em-
parer des grains et farines déposés à la halle de la ville et
qui appartenaient à différents parUculiers. Des perquisitions
eurent ensuite lieu à main armée chez les dfojens présumés
avoir des vivres au delà de ce qui leur était nécessaire pour
leur subsistance de deux mois et on leur enleva l'excédant.
Des réquisitions en vins furent frappées chez des marchands,
ainsi que des huiles, vinaigres, sel, morue, bougie, riz, chan-
delles, avoines, etc.
Au bout d'environ deux mois, les denrées que l'on s'était
procurées étaient presque consommées, et néanmoins la gar-
nison n'avait pas envie de se rendre. Le Conseil de défense
s'imagina qu'en payant les denrées que l'on supposait se
trouver encore chez quelques particuliers, on pourrait pro-
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436
BEVUE D'ALSACE
longer la défense de la place; le motif était louable, sans
doute; mais le fait est que le nommé Bonnier, quartier-
maître du 14" rcgimeat de chasseurs, ayant eu l'administra-
tion des grains enlevés par voie de réquisitions, avait fait de
grandes économies et roulait en retirer de l'argent dans des
ventes simulées, si vrai que des marchés forent Ma et
défaits.
Mais la garnison manquidt d'argent On fit payer les
contributions de 1818 et celles courantes; on frappa une
contribution de 6000 francs sur les plus riches citoyens. Les
tabacs du gouvernement furent vendus; des madriers et bois
de construction, destinés aux travaux de défense de la place,
furent également vendus; on se procura, au moyen de toutes
ces ventes, une somme de 28000 firancs, dont une faible
partie fut employée à payer un léger à-compte au soldati
sur la solde qui lui était due, et le restant à rachat de grains
à un prix exhorbitant.
C'est ainsi que la garnison, qui n'avait pas pour huit joUTS
de vivres lors de l'investissement de la place, parvint à se
maintenir pendant cent et treize jours; mais, il faut malheu-
reusement le dire, les mesures ne furent pas toujours dictées
par la sagesse et la modération. L'astuce, la violence et la
méchanceté la plus criante furent souvent employées pour
arracher aux malheureux habitants le peu de denrées qu^ils
auraient désiré conserver.
Comment auraient-ils pu s'en dessaisir T Le terme du
blocus, qui, dans le principe, avait été fixé à deux mois,
paraissait indéfini. Dans les premiers jours de Tinvestisse-
mcnt, on avait enlevé à main armée tout ce que les particu-
liers avaient en denrées, c'est-à-dire de surplus pour deux
mois. Ces deux mois écoulés, la garnison tenait et ne pen-
sait pas à se rendre. Le particulier, déponiUé, se trouvait en
proie au dénùment le plus absolu et ne prévoit pas la fin
de sa misère, puisque tant et aussi longtemps que Ton ponr-
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INTESTiaamiBlIT DB Lk TIUiB DE BILFOKr 4S7
rait proearer un pea de pain aa soldat, la ville ne serait pas
rendue.
Certes, le soldat est précieux à Pfitat, mais le citoyen doit
lai êire cher aussi; il est enfant de la même famille, et sMl
ne porte pas les armes, il les a précédemment portées; il
élève des enfants qui les porteront un jour, et son industrie
fournit à l'Etat les moyens de solder les braves militaires
qui le défendent.
Je dois cependant à la vérité de dire qu'il fut question,
dans le projet de résistance indéfinie, de distribuer des
rations en vivres aux malheureux; mais cette mesure, que
rhumanité et la justice commandaient, n*eut aucun effet. Les
pauvres ne restèrent cependant pas sans ressources : des
soupes économiques leur furent distribuées: les particuliers
aisés se plurent à les soulager. C'est ninsi que des êtres
bienfaisants soulageaient les malheureux, pendant que d'au-
tres aussi riches, mais animés par l'égoïsme le plus dégoû-
tant et par le génie du mal, repoussaient les paurres qui
leur demandaient des secours, renouvelaient dans Bellbrt les
atrocités révolutionnaires et se livraient à des dénonciations
eatomnieuses.
Enfin, Tépoque du 12 avril arriva. Toutes les ressources
étaient épuisées; la garnison était réduite à moitié, et le
soldat qui restait était exténué par la fatigue et par les nom-
breuses privations qu'il avait éprouvées pendant trois mois
et demi. Il fiadlut se rendre; ou négocia, et cette brave gar-
nison, dont an sort plus juste aurait dù couronner les longs
et pénibles efforts, fut obligée, le 16 avril 1814, après être
sortie de la place avec les honneurs de la guerre, de déposer
les armes dont elle s'était si glorieusement servie et qu'elle
arrosait des larmes du désespoir en les abandonnant.
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438 BEVDB d'alsacs
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Voilà les ratious avec lesquelles le soldat a élé substanté
pendant le siège; cbacun sait que des hommes désœuvrés^
410
BXTUB D'ALSAOB
qui ne reçoivent que pour un et deux, n*ont presque rien.
Les ibnmisseurs, les distributeurs des oompagniesy ebacan
retient quelque diose; aussi ne faut-il pas B*étonner s'il en
est mort 800 pendant le blocus!
La contagion et la misère n'ont pas épargné les habitants.
Sur une population de 4759 habitants, il en meurt, année
courante, de 89 à 92. Il en est mort, depuis Je 1" janvier
1814 jusqu'au U juin, 252.
Communiqué par H. Henri Babdy.
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FR.-CH. KELLERMANN
Kellermann naquit à Strasbourg le 28 mai 1735. Ses
ancêtres avaient quitté la Saxe pour venir s'établir en Alsace,
peu d*années après ia réunion de Strasbourg à la France.
Louis XIV avait nommé Christophe, le grand-père de Keller-
mann, prévôt des marchands (1687).
François-Christophe Kellermann, le futur maréchal de
France et duc de Valray, entra très jeune dans la carrière
des ai mes. Kii 1750, il faisait partie, comme cadet, du régi-
ment de Lœvendal, et il parcourut rapidement les grades
inférieurs de l armée. Pendant la guerre de Sept- Ans (1756-
1763), il était lieutenant dans les volontaires d'Âlsace et se
distingua à la bataille de Berghen, gagnée par le maréchal
de Broglie sons les murs de Francfort
En 1765 et 1771, il fut chargé de missions de confiance en
Pologne; la seconde, en compagnie de MM. de Yioménil et de
Choisy. Il organisa la « avalcrie de la Confédération et se
trouva en rapport avec les chefs politiques et militaires de
ce malheureux pays, qui était déchiré par les dissensions
civiles.
Kellermann, en récompense de ses services diplomatiques,
obtint en 1780 le grade de colonel du régiment de colonel-
ffénéral'hu89ard&; en 1788, il fut nommé maréchal de
camp.
L*année suivante, il adopta franchement les principes de
la Révolution; après la journée du 10 août, il reconnut
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442 BEVUE d'albâcb
raatorité de 1* Assemblée législatîTe. Dans le connut de 1798,
on lui conOa le commandement de Tarmée de la Moselle,
réunie sur la frontière du norJ-esl, pour s'opposer à Vinva-
sion des Autrichiens qui avaient passé le Rhin à Spire. Dans
les premières semaines du mois de septembre de celte année-
là, il se replia de Metz sur Saint-Dizier et, à la suite d'habiles
manœurres, il opéra, près de Saiate-Menehould, avec vingt
mille hommes, sa jonction a?ec Dumouriez.
Celui-ci, après avoir défendu les défilés de TArgonn^ ces
Themopyles de la l^hmee, contre Brunswick qui Tenait de
s'emparer de Verdun, avait été obligé de so replier de
Grandpré sur Sainte-Menehould pour ne paH être coupé; car
Clairfayt avec ses Autrichiens et le prince de Ligue avec ses
émigrés s'étaient emparés des pas^^ages de la Croix-au-Bois
et du Chêne-Populeux (18 septembre). Dumouriez n'avait
plus que quinze mille hommes; aussi, comme Fabius Gunc-
tator, refusa-t^il dans son camp de la Lune la bataille à
Brunswick qui en avait quatre-vingt mille. G*est dans la nuit
du 19 au 20 que Dumouriez fut rejoint par Kellermann. Le
«0, & 8 heures du matin, les Prussiens se déployè^ot en
bataille pour attaquer Dumouriez dans son camp. Kellermann
occupait la hauteur où se trouve le moulin à vent de Valmy ;
caché par les brouillards, il ne fut aperçu par Brunswick qu'à
7 heures du matin.
C'est dans ces plaines, où les armées des rds allaient être
repoussées par celles de la France républicaine, que, bien des
siècles auparavant, Attila, vaincu par Aetius, avait perdu le
quart des cinq cent mille barbares qu'il traînait au sac des
Gaules (441).
Brunswick fit avancer 58 bouches à feu ; Kellermann, de
son côlé, mit en ligne ses batteries. Parmi les jeunes officiers
qui l'entouraient se trouvaient le duc de Chartres (plus tard
Louis-Philippe) et le duc de Montpensier, son frère.
Bientôt l'air s'ébranla, dit Louis Blanc dans son Bitoire
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de. la RévokUUm, Jes écbos de la vallée mugirent et le front
des deux armées parut tout en feu. Gœth^ était là; étudiant
les effets de la canonnadc c C'est un broît singulier, écrivait-
il au retour, un bruit qu'on dirait composé du bourdonne-
ment de la toupie, du murmure des ondes et du sifflement
des oiseaux. Par degrés, vous arrivez à éprouver une sensa-
tion extraordinaire, qui ne saurait être exprimée que par
comparaison. C'est comme si vous étiez dans un endroit
excessivement chaud et dont la chaleur vous pénétrerait de
toutes parts, de manière à tous faire sentir que tous tous
trouTez parftitement en harmonie aTec l'élément qui tous
entoure. La Tue ne perd rien de sa force et de sa netteté;
mais il semble que chaque objet devient d'un rouge foncé, ce
qui en rend l'impression plus vive. »
Or, tandis que, la bride sur le cou de son cheval, Gœthe
se laissait ainsi distraire, pur le bruit du canon, de son Faust
que précisément alors il méditait, les jeunes volontaires de
I armée de Kellermann déployaient, sous le feu, la fermeté de
vieux soldats. Leur attitude hénffque Ait telle que Brunswick
en resta comme saisi de stupeur. Au plus fort de la canon-
nade, ayant aperçu la cavalerie française à pied, et dont les
chevaux non bridés mangeaient encore le foin, il se relourjia
Ters ses officiers et leur dit : « Voyez, messieurs, à quelles
troupes nous avons affaire, qui attendent avec sang-froid que
nous soyons sur elles pour monter à cheval et nous
charger. »
Vers dix heures, cependant, deux obus partis des batteries
prussiennes causèrent un peu de confusion dans l'armée
française, en ftisant sauter deux caissons près du moulin, et
Kellermann eut son cbeTal tué sous lui. Le roi de Prusse croit
le nôoment fiiToreble pour Tattaque; lui-même il ordonne à
son înfiiinlerle de se former en trois colonnes et de marcher
en avant. De son côté, après avoir tout préparé en vue d'un
choc décisif, Kellermann, le visage rayonnant d'enthousiasme,
414
BBVDB D*ALBàOB
8*écrie : c Vu» ia pairiel aUons wdncre pour elle! > Ge cri,
qai remporta depuis tant de victoires, retentit aanitôt sur
toate la ligne d*une manière fbrmidable. Les coloones enne-
mies, qui s'ayançaient en bon ordre, 8*étonnent et commen-
cent à flotter. Brunswick, son télescope à la main, examinait
attentivement, du haut de sa position, la contenance des
Français; découragé, il laisse tomber ces mots : < Nous ne
nous bâtirons point ici! » Deux fois, le roi de Prusse, qui
frémissait de colère, youlat pousser ses soldats à Tattaquc,
deux fois ils dorent se replier. Vers sept heures du soir, la
canonnade cessa. La perte, de chaque côté, 8*élait élOTée à
environ 900 hommes, tués ou blessés.
L*affiûre de Yalmy, sans être précisément une victoire, eat
toute rimportance â*une grande bataille. Là venaient d'appa-
raître, la face éclairée par la lueur des canons, ces hommes
au cœur indomptable, aux muscles d'airain, qu'on allait voir
parcourir l'Europe au pas de charge et chasser devant eux,
comme autant de faibles troupeaux, les plus puissantes
armées. Là, enfin, Gœthe pot dire le soir à ceux qui l'inter-
rogeaient sur les résultats de la journée: ^BneàUwtld»
ce jour date une nmmBê ère dam fhùtoùre du monde, et vm
pourrez dire: Xy ék», >
Le lendemain, Kellermann écrivit simplement au ministre
de la guerre : « Les ennemis avaient prolongé leurs troupes
sur ma droite, sous la protection d'une immense artillerie. Je
m'étais rangé en bataille et j'avais présenté le combat de sept
heures du matin à sept heures du soir. La journée s'est passée
en une canonnade de quatorze heures. J'ai gardé ma position
Jusqu'à dix heures du soir; ensuite, j'ai pris un autre camp
sur la droite de l'ennemi. > A la fin de sa dépêche, il signa-
lait les officiers qui s'étaient distingués : Chartres, M ontpen-
sier, etc., et se louait des excellents procédés de DomourieSi
qui avait fait abnégation de tout désir de briller et atiit
secondé de sou mieux le corps d'armée posté à Yalmy.
1B.-0B. XUJJERMANN
445
Le découragement, la disette, les maladies s'emparèrent de
l'armée de Brunswick. Une retraite désastreuse commença
pour elle; elle éracua Verdun; quelques semaines après le
20 septembre, il ne restait plus sur le sol iraocais d*autres
élrangers que des blessés et des moribonds.
Kellermann se mit à la poursuite de Tennemi, mais sa
poursuite ne parut pas assez vigoureuse à Gustine, sous les
ordres duquel il avait été placé. Une lettre de ce général,
datée de Mayence le 30 octobre 1792 et lue dans une séance
de la Convention nationale, accusait formellement le vain-
queur de Valmy d*a?oir négligé de s'emparer de Trêves et
de Goblentz et de ne pas s'être porté assez rapidement de la
Moselle sur la Sarre. Gustine affirmait qu'avec un peu de
hardiesse, ces succès auraient pu être obtenus sans coup-
férir ; que tous les magasins de réserve de l'ennemi seraient
tombés entre ses mains. Enfin, il accusait Kellermann d'être
incapable et d'être jaloux de commander.
Ces reproches n'étaient pas fondés. Le conventionnel Carra,
dans la séance du 4 novembre, s'écria: < Gomment voulez-
vous qu'avec quinze mille hommes qui restaient à Keller-
mann, après la séparation du corps d'armée de Dumouriez,
et avec les quinze mille hommes de Valence, c'est-à-dire avec
trente mille soldats harrassés, couchés dans laboue^ il se jetât
sur l'armée prussienne qui en comptait cinquante-cinq mille,
qui avait quatre journées d'avance sur nos troupes et était
rentrée sur les terres allemandes? »
Kellermann vint en personne plaider sa cause devant la
Convention (U novembre). « Je viens, dit-il, de montrer sur
la carte, au Conseil exécutif, soixante camps que j'ai tracés
et parcourus en moins de trois mois, pour opérer ma jonc-
tion avec Dumouriez, le 19, et soutenir, le SO, par Tintrépî-
dité de vingt mille soldats de la liberté, le choc de quatre-
vingt-dix mille esclaves! Vos commissaires m'ont suivi pas à
pas; ils ont vu si Kellermann, qui depuis trente ans com-
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44G
REVUE D'ALSACE
mande des armées, a manqué aux principes et à la dignité
d'un soldai républicain dans Tâmc. • Il entra ensuite dans
des détails stratégiques et démontra qu'il eût été impossible
de devancer les troupes hessoises et prussiennes et que son
armée était exténuée de fatigue et privée de tout.
Un mouTement approbateur accueillit les paroles du
général calomnié; et, pour mettre an terme à un dissentiment
ficheux, le Conseil exécutif le plaça à la téte de Tarmée des
Alpes. < Je pars, dit-il dans le même discours, je pars; il
B*aglt maintenant de planter le drapeau de la liberté et la
SBÎnte table des droits de riiomme à Télranger; c'est pour
délivrer Rome que vous allez franchir les Alpes. Oui. nous
les franchirons, si j'en crois mes pressentiments et le courage
des troupes de la République. Citoyens, comptez sur un vieux
soldat qui sait mieux agir que parler! >
Kellermann alla prendre son nouveau commandement et
établit son quartier général à Chambéry. C'est pendant qu'il
était en SaToie que Gnstine renouvela contre lui ses accu-
sations; cette insistance ébranla un moment le Directoire
exécutif qui, au commencement de mai 1793, le rappela de
son poste; mais, à la date du i8 du même mois, un décret de
TAssemblée portait que : « Kellermann, mandé à Paris pour
rendre compte de sa conduite, n'a point démérité de la
patrie. • On le chargea en même temps du commandement
par intérim de l'armée de Vendée, dont le général Biron
était tombé malade. 11 fut mis, peu de temps après, à la tète
des armées des Alpes et d'Italie; mais on le chargea préala-
blement d'organiser à La Rochelle l'armée qu'on formait sur
les côtes de l'Océan.
Pendant que Kellermann organisait celle nouvelle armée,
le général Brunei, placé sous ses ordres, fut maiidenu dans
le commandement de l'armée des Alpes. Kellermann vint se
mettre à sa tête an mois de juin 1798 La ville de Lyon
s'étant révoltée contre la Convention, il fut chargé de la difU-
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FB..OH. KELLEBMAMN
447
cile mission dV rétablir l*ordre; on lui adjoignit les repré-
sentants Gautliier et Dul)ois-Grancé. Le 8 août, il somma la
grande cité de se rendre dans une henre de délai. H réitéra
sa sommation deux jours après; mais les insurgés lui répon-
dirent à coups de canon. Kellermann l)i>ml)arda alois Lyon;
mais, trouvant iju'il ne la réduisait pas assez proniptemeut à
robéissance, certains convention ne is, tels que Robespierre et
Amar, attaquèrent violemment Kellermann et Unirent par
obtenir du ministre de la guerre sa destitution et son rem-
placement par le général Doppet (14 septembre). La Société
des Jacobins Texclut de son sein, et il tai jeté en prison où
il passa treize mois. Le 9 Thermidor ne lui rendit pas la
liberté; ce ne fut que trois mois après qu'il fut délivré, après
avoii- été jugé, sur sa demande, le 8 novembre 1794, par le
tribunal révolutionnaire qui rac(juitla et dont il reçut des
éloges. < LMiistoire, dit le président de ce tribunal, uFiira sur
la tète de Kellermann les lauriers cueillis sur le Mont-Blanc
à ceux moissonnés à Vaimy. >
Kellermann demanda alors à la Gonirention à être réin-
tégré dans son grade; ce qui eut lieu le 7 mars 1795. Il alla
ensuite reprendre le commandement de Tannée des Alpes et
dllalie, qui n^étaît que de quarante-sept mille hommes et
avec laquelle il tint tête à Tarmée austro-sarde qui eu avait
cent cinquante nulle (1795).
Pendant qu'il était à la téte de l'armée des Alpes, il fut
Tobjet de nouvelles iocriminations. En 1796, il fut remplacé
par Bonaparte; il s'effaça complètement devant ce jeune
général qui allait étonner le monde par aon audace et son
génie militaire. Kellermann sentit qu*il devait se résigner à
jouer un rôle tout à ^fait secondaire et tftcber de contribuer
sans arrière-pensée aux succès de son successeur.
En 1798, Kellermann fui chargé par le Directoire de réor-
ganiser la cavalerie. Après le 18 Brumaire, Napoléon le
nomma successivemeot membre du Sénat» puis président de
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418
ce oorps, membre do Gonfleil de la Légion d'honneur, maré-
chal de Franee et grand-«ordon de la Légion d*honnear. Lors
de la campagne de 1805, il commandait le corps de résenre
an quartier général de Strasbourg. Pendant la campagne de
1806-1807, il commandait Mayence où il r«sta ju>qa'en 1818.
En 1809, il avait été créé duc de Valmy et avait reçu, à tilre
de dotation, le donnaine de Johannisberg, qui lui fut enlevé
après les événements de 1815. Après la désastreuse campagne
de 18IS, il prit à Mets la direction des résenres et de la
8' diriaion militaire; il remplit fidèlement cette mission im-
portante pendant rinvasion de 1814. Toutefois, à la chute de
r£mpire, il accepta la restauration des Bourbons et fiit
confirmé par LooIh XVIII dans les honneurs que lui aTSit
conférés Napoléon. H fui succe^ssivement nommé commi^'saîre
du roi dans la 3" divisiori militaire, pair de France et grand-
croix de Tordre de Saint- Louis.
Kellermann mourut le 12 septembre 1820, dans sa pro-
priété située dans la vallée de Montmorency, où il avait passé
les dernières années de sa longue carrière. Son éponse l'avait
précédé dans la tombe huit années auparavant Dana son
testament, il demanda que son cœur (ùt transporté ft VtAmy
et déposé sons le monument qu'on érigerait sur le champ da
bataille, avec i"in.scriplion suivante :
« Ici sont morts glorieusement les braves qui ont sauvé la
France, au 20 du mois de septembre 1792. Un soldat qui
avait rhonneur de les commander dans cette mémorable
journée, le maréchal Kellermann, duc de Valmy, dictant après
Tingt-huit ans ses dernières volontés, peo de temps arant sa
mort, a voulu que son cœur fût placé au milieu d^eux. >
Son désir fut scrupuleusement rempli. Son fils, le général
François-Etienne Kellermann (mort en juin 1885), déposa
son cœur sous la pyramide en pierre qui fut érigée au mois
d'octobre 1820 sur le terrain illustré par la canonnade dn
20 septembre 1792. P.-E. Tueffbbd.
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QUELQUES DÉPÊCHES INÉDITES
DB
L'ARMÉE DE RHIN ET MOSELLE
1793-1795 '
MouvêmmUs mUUairea — Services des vivres et de tlmbille-
mnt — Le conventionnel J^lieger
I
AAnte £TAT-MAJOR GÉ^iÉRAL
de là Moselle —
Au quartier général, à, Uliescasici. lo 15 frimaitiel798,
l'Ut a* de Ja Bépoliliqae ftancatse* nue et indtvtalble.
LIBERTÉ ÉGALITÉ
Il est ordonné à chaque commandant de place de faire
passer au quartier général de Bliescastel, en poste, les cinq
sixièmes des chemises, culottes, souliers et capotes qulls
pourront avoir en magasin.
n est ordonné à tous commandans de place de faire con-
duire & l'armée tous fuyards et autres soldats, qui, munis
d'un billet d'hôpital, ne seroient plus malades. Il est défendu
d'accorder aucune subsistance aux liomraes ci-dessus dési-
gnés que celles nécessaires à leur retour à leur corps. Il sera
établi à Sarreguemines un bureau où Ton indiquera à chaque
soldat l'endroit où est son corps.
'Tontes les dépêches ont été oopiées sur les orifinMix.
IfOQTeUe Série. — 7<"* Aimée. 29
460
KEVUB d'ALSAGB
L'intention du général d'armée, citoyen commandant, est
que tu me mettes à portée de lui faire connaître au plutôt les
troupes qui composeiii ta garnison et quello est leur force
effective sous les armes.
Salut et frateroité.
Qvsm,
n
?^ï!lï:jli!^^ Employés de la paOeamhtirês
Effectif fwmmes 1889 livres de vicmdê
J'ai reçu des administrateurs généraux des sobsistaiifies
mlfitaires, section de la Tîande, la quantité de dMM
qualre-vwgl-neuf livres de viande pour la subsistance des
Employés de la poste aux lettres, pendant le courant des mois
de juillet, août et septembre 1793.
Fait à Scbiltigheim, le S Brumaire i79â, Tan 2* de la
République française.
m
Nous, mairt, officiers municipaux et Gonsdi général de la
commune de Bourdonnay, déparlement de la HeurthC) district
de Château-Salins, sur la demande à nous faite par le
citoyen Jacques Jacquot, garçon, natif dudit Bourdonnay, pré-
sentement fourrier d'armée à l'armée du Rhin, d'an certificat
de civisme, disons que ledit Jacquot s'est toujours montré
bon républicain depuis le commencement de la Révolution
française, ami des lois et de la paix, et durant tout le temps
qu*il a résidé dans notre commune, et que Jamais il n'est par-
venu à notre connaissance aucun trait d'incivisme de la part
dudit Jacques Jacquot, jusqu'au 1" octobre 1792, époque de
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L'ABHÉB de SBSH BT MOaSLLB
451
son entrée au serrice des armées, doot il n'y a que les supé-
rieurs qui en puissent connaître.
En conséquence de ce, et sur Tavis du Comité de surveil-
Imee, noas accordons audit Jacquot ledit certificat de cifisme,
depuis le eommencenient de la Révolution française jusqu'au
moment où il est entré an service desdites années de la •
République française.
Donné en la salle commune de Bourdonnay, le 22* jour du
mois de Brumaire 1793, Tan 2' de la République française,
une et indivisible.
R. Merel, Galland, off.; J. Chevet; J.-Louis Garnich;
J. Godard, procureur ; F. Humbert, officier ; Bar-
bier, off.; J.-N. Blondlot, off.
Vu par nous, membres du Comité de siirreîHance du
canton de Bourdonnay, le certificat de civisme ci-contre et,
d'autre part, approuvons ledit certificat dans tout son contenu.
A Bourdonnay, le 22' jour Brumaire, 1793, l'an 2* de la
République française, une et indivisible.
RbKT HbRBL, F. HUHBERT, F. UOMB, MOBIiOT, S0C.
IV
d«teJ&U« RÉPUBUQUE FRANÇOISE, UNE ET INDIVISIBLE
D« de Hoieanx C^"'^^ cartoiicht)
— Aa quartier jéDéral de Meookirclien, le IS Germiiial. .
ran r de la Répabllqiie Araoçoise une et indlvlaible.
LIBERTÉ ÉGALITÉ
le général dkiskm Mortaiix au citoyen Bidok, général
de brigade
Je te préviens, mon camarsde, qu'ayant évacué du pays
que j'occupe tout ce qui pourrait être utile à la République,
en fourrages, bestiaux et effets, ma division reprend demain,
13 germinal, ses derniers cantonnemenfa à Rliescastel, où
45d
BETUB D'ALSAOB
j'établirai mon quartier général. Ma gauche sera appuyée à
Sarrebruck.
Salut et fraternité.
MOREAUX^
V
Le 24 floréal, Tan deux de VÈre républicaine, les cit. Meycr
et Gherandier, Gommissaires pour Téquipement des troupes
de la République, doiv^ à Michel Gaillard :
50 d*^ et 8 paires bas de coton n* 6, à 88 fr... 19S5.6.8
8 îd. n*7 à44 » W
Total •. 2(357.6.8
Nous, soussignés, membres de la Commune, nous sommes
transportés dans les magasins de la République, et, en pré-
sence da O Ghevandier, commistaire, chargé par radminis-
tration de l*habillement, équipement, etc. d^. troupes, et le
cit. M*^ Gaillard, avons examiné les bas ci-dessns et lesaTons
estimés au prix du maximum. En foi de quoi, nous STOIIS
signé le présent, i\ Commune alTranc/iie\ le 24 floréal, Tan
deux de la Képublique, une, indivisible et démocratique.
Paul Ghabier, Jacob, Ghevandier,
oIT. municipal, of. m»>, commissaire.
VI
Arvér Gros Hcmerslror, le 2 prairial. Pan 1» de la B^P«WlflW
de la Moselle françolse, ane et indivisible.
MIJERTÉ ÉGALITÉ
Vincent, général de divismi, au citoyen général Bidois^
commandant en chef à SarreUbre
Hier, citoyen général, les gendarmes ont fait une belle
erreur; j*ai fiiit mettre en liberté un caporal de grenadiers
et envoyé nn sergent à Sarrelibre ; ils se sont trompés, il f^i
réparer cette erreur ; je le préviens que je vais toire con-
* Mort jeaue ; il aurait été mi grand général.
' Lyon.
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L'ABUÉE de BHIN BT MOflSLLB
4S8
duire à Sarrelibre le sergent désigné dans le procès-verbal,
tu renverras le caporal.
Tu recevras en même temps deux déserteurs qui me sont
arrivés hier.
Le Gooroi d'iiommes ne partira que dans aoe heure ou
deux après le départ de la présente.
Salut et fraternité.
VnfCBRT*.
VII
An reçu de l'ordre du général Ylnoenf, le citoyen Long-
ehamp, caporal au 1* B" des corps francs, détenu en la
maison d'arrêt de Sarrelibre, a été mis en liberté.
Sarrelibre, le 2« prairial, 2' année républicaine.
Le Roy, concierge.
VUI
Le citoyen Biaise, garde-magasin de rhabîllement des
troupes, est invité et autorisé à délivrer au O Joseph une
paire de bottes à la hussarde, pour servir de modèle et rester
chez le représentant du peuple.
Nancy, le 7 messidor, an 2- de la Hep., une et ind.
L'aUfoint au représentant du peujUe,
Lenain.
IX
lia u"??^ Il 'ILi'irlicr gèn.Tal, à Bitche, le 30 messidor, l'an 2* de la
«8 la ^oseiie République frani;oise, une. indivisible et démocnUique.
UBBRTlt . âOAUTi
Ordre générai du âO memdor otc i** tàemUdor
Le tribunal militaire du 1" arrondissement de l'armée de
la Moselle a condamné à la peine de mort Nicolas-Hilaire
* Ké à Montierender (Haute-Marne), mort maire de cette ville
454 BEVUE d'alsaoe
Picquet, cavalier au il* régiment, convaincu d'avoir assassiné,
le 17 de ce mois, uu habitant de la comuiune de Bepenkorn.
Certifié Gonforme au registre :
L*adiud> g'' chef de brigade,
AUG. MfiBMBI.
X
Mot du 2S Ihermidot
Mot d'ordre: Otoyem^ BépMqu»;
Ralliement : iZeconfiotMon/e.
L*a4fudani çMr^ eketdt Mjfod»,
AUO** IfBBHBr.
XI
AlMÉB 1»B LA MOSKLB
Mots d ordre et de raUkmmU àuSSauSO ^htetidor, fanÈdi
la MépubSgw, une, indUdsibh et démoeratiipie
Mots ( Peuple sonrerun;
( de raUieHmt : Vengé.
L*ad(^udant général, chef de brigade*
MOUXOR*.
XII
de li"i!iSelto ÉTAT-MAJOU GÉNÉRAL
Aa quartier général, à Trêves, le M Vendémiaire, l'an S*ilaiâ
République françoise, une, indivisible cl démocratique.
LIBERTÉ ÉGALITÉ
Ordre général dft ié au iS
Le général, informé que plasieura Tivandiers de Tarmée
'Maréchal de Fhuiee.
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L'ABMÉB de BHIN et IIOBBLLB
496
trouvent le moyen de se servir des fourgons attachés aux
bataillons et autres voitures appartenant à la République
pour le transport du vin qu'ils sont autorisés d*acheter, pour
réprimer un pareil abus, ordonne que toute boisson qui sera
trouTée sur des voitures appartenant à la République, sera
confisquée au prolU de la nation sans préjudice de plus fortes
peines eoatre le viTindier préTsna d'avoir violé le présent
ordre.
Les divisions recevront avec Tordre du jour des modèles de
bons de sobsistances; il est enjoint à tous les corps d*en
observer strictement la forme à compter du 16 Tendémiaire.
Pour la joamée de demain, les râlions de fourrage, pour
les chevaux de toutes les armes, seront délivrées avec avoine.
Gertiiié conforme au registre :
Lodjudant général,
MOUTOR.
xni
da Iaf£te11d ÉTAT-MAJOR GÉNiBAL
Aa quartier général, à Trêves, le l'' Nivôse, i'aji 3*, etc.
LUIBRTé É6ALITÂ
Ordré ffMrai du au 2 IHvâtB
L'armée est prévenue que le quartier général partira
demain, S*, pour être rendue le S à Viilers-la-Tour.
Certifié conforme au registre :
raéffudant général , dtefde brigade,
Ceassbloup.
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456
BIVDB D*AZiSA€B
XIV
de U^pMB ÉTAT-lIàJOT^GliNÉRAL
LIBERTÉ (njs" i* •« «'pubiiqni) ÉGALITÉ
An quartier ^(jncral, à Villors-I.i-Tour, le neuf Pluviôse, l'an 3» de
la Hépablique frani;oise, une, indivisible el démocratique.
Le général Moremix, commandant F armée de la Moselk^ au
cUoyen Bidois, g&aéral de brigade
Je Tiens donner avis, mon eamarade, au comniissairei des
efleta qui existent dans le magasin d'habillement de Sarre-
libre, en rengageant à prendre les mesures conTenables pour
ne pas les laisser dépérir et les employer utilement.
Je ne pois en ce moment Venvoyer le dépôt dn 1* bataillon
de Parthônay, jusqu'à ce que Ton ait pria des mesures géné-
rales pour tous les dilïérenls dépôts.
Salut et fraternité.
MoRiAin.
XV
Armée devant s* BATAILLON DE LA MAMCHB
Loxembonig
Etat des effets d^ habillement dont les citoyens dénommés ci-
après ont un extrême besoin, savoir :
Le Boqlanoer (' [!" H Mougbet l k k .
L* de la 8* l une v bas. de la < une paire de bas,
Compagnie funchapoau 6.Coinp^r~P^^"^
*^ " \ Ln bonuul de police. || y
CertiQé par nous, membres composant le Conseil d'admi-
nistration dudil bataillon, le 2" lloréal, an S% etc.
Jaunety chef de B*»; Lemoucheux, C*; Manger,
serg^-miy''; Dam, caporal; Noiselle, sergent; Dali-
dan, tf-l*; Blandamour, ep** four. Vu par nous,
commissaire des Guerres, Dof our.
Tu et approuTé par le général de division, attendu Tur-
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L'aBM££ D£ BHIN ST MOSELLE
457
gence où se trouvent les soldats qui n'ont pu se procurer les
effets demandés par le commissaire général de l'armée, •
Dkbrun.
Va rétat ci-dessas des effets dont les offiders an 9* B** de
la Manche ont un présent besoin, lequel est approuvé par te
général de division Debrnn et visé par le commissaire des
guerres chargé de la police.
Considérant qu'en vertu de l'arrêté du Comité de salut
public en date du 19 pluviôse dernier et la lettre de la Com-
mission des approyisionnemeats du 15 ventôse suivant, les
officiers des corps sont autorisés à prendre dans les magasins
de la Répablique les effets d'habillement dont ils ont besoin,
en les payant an prix de -l'estimation.
Nous, commissaire ordonnateur de la 4* division militaire,
aatorisons le garde-magasin de Tagence de Thabillement à
délivrer aux deux ofOciers dénommés and. état les effets qui
y sont portés, qu'ils payeront conformément aux dispositions
de l'instruction de la Commission.
Fait à ^ancy, le â floréal, Tan â* de la Rép. une et ind.
Bersohnet.
XVI
^RhrTe^" Extrait de la revue faite par moi, commis-
Mcseiie guerres employé à la sixième divi-
Divisioaj Ambert ^^^^ conformément à l'article quatre de la loi
du 4 messidor dernier, pour servir à la déli-
vrance des fournitures ordonnées par ladite
loi:
Ambert, général de division.
Fait et arrêté au quartier général, à Belheiro,
le 24 frucUdor, l'an S*.
Cootobseb},
* Fils (la conventionnel. Sa oominatioD, va son jeune âge, excita
rétornement de l'armée.
458 BKVUS D'ALa^GE
XVII
Armée do ^TAT (Jc la somme de 888M G'.S* remise au payeur
siomiie de Tarmée pour le roontanl des fournitures accor-
dées au général de diviaioa Anibert par la loi do
4 Messidor d', doot le détail suit:
Savoir :
Drap bleu national 5/4, 3 aunes i/6 à i6î,10 814.11.8
id. blanc, id. 1 id. 3/4 à m 218.15.0
id. écarlate, id. 0 id. i/12à225 18.15.0
Gadisbieu. 5/12 3 id. — à 18,10 55.10.0
id. blanc, id. 2 id. 8/4 à 15 41.05.0
ToUe de coton 7/8 â id. — à 20 40.00.0
*888.16.8
Je soussigné, payeur divisionnaire, reconnais avoir reçu
du cit. Ambert, général de division, la somme de 888 francs.
16 sols, 8 deniers, pour le montant des objets ci-dessus
dénommés.
A Franckenthal, le 4* jour complémentaire, 8* année répu-
blicaine.
Blachbtte.
XVUI
ABMéB / (La Liberté) x
1 Etal-m^or 1 liIBBRTB
M I général. Le peuple I , _ ,
n»». - \ seul esl souverain. IEgALUÉ, FbATBEWTB
asm m RIOSBLLE VRépubUque française/
Au quartier général, à Herxiieim, le se? Bmmaire, an 4»do 1»
RéinbUqae fittncoiM, une el fndMaible.
Lê général ék divinm ehrf de FEtai-maJor général de Cannée
au commandant de la place de SarrMre
Je suis instruit, ciloyen, que par insouciance, négligence
ou mauvaise volonté, les différents commandants des places
frontières ne font point arrêter les militaires de toutes ames
qui, par lâcheté ou par amour du brigandage, abandonient
* En assignats.
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L'ABMÉB de SmN BT MOflKr.T.B
450
leurs drapeaux pour rentrer dans l'intérieur ; le nombre en
est considérable, et les excès auxquels ils se livrent font
horreur ; Je mal ne serait pas si grand, ou tout au moins
n^aurait pas duré si Jougtemps, à les autorités ci?ile8 et mili-
taires eussent vonla faire leur devoir. On m'objeetera, peut-
être que, dans beaucoup d*endrQit8, on manquait de force
armée. Et la garde nationale, tonte composée de citoyens
intéressés au maintien de Tordre et de la tranquillité
publique, retuscrait-clie de marcher contre des brigands aussi
lâches qu'ils sont cruels?
Je yous ordonne donc, citoyen, sous votre responsabilité
personnelle, de faire arrêter tout militaire qui se présenterait
dans la place que tous commandez, prenant la route de Tinté-
rienr, sans être muni d'un congé en bonne forme ou â*nn
billet d'hôpital déterminant le lieu où doit se rendre le mili-
taire qui en est portenr; lorsguMIs seront arrêtés, tous me
préviendrez, en me donnant les motifs de l'arrestation; je
TOUS enverrai des ordres eu conséquence
Salut et fraternité.
LiEBERT.
P. S. — Vous voudrez bien m'accuser réception de la
présente.
XIX
Oderarm. du Bhin, ek.
Au citoyen commandant la place, à Sarrelibre.
(Cachet Umbre sec à la fumée : la République.)
Je, soussigné, reconnais avoir reçu des magasins de la
République, en effets, la quantité d'étoffes propres à mon
usage, conformément à la loi du 5 thermidor.
Savoir :
Treis aunes et demie drap bleu n**,
Un cinquième drap éearlate,
Trois aunes un quarts cadis écarlate,
BBVOB O'ALBAGE
Une aane trois huitièmes, cadis blanc,
Une anne et demie de toile de sept imitièmes, dont
quittance.
Mets, le 18 frimaire. Le condnetenr général de Tartillerie,
P.*G. Lecomte.
XX
Le garde magasin des effets mililaires, à Nancy, délivrera
deux paires de souliers pour deux cavaliers du 2* régiment,
passant à Tinfanterie et allant 4 Metz ponr y être embrigadés,
ainsi que deux paires de bas.
Nancy, le IS frimaire, 4* année.
Le représentant du peuple chargé de Torganisation de la
cavalerie, PFLIEGER.
(Cachet ovale : te népublique) Représentant dn iwiiple, Bip. Pr. («n nng»)
Les objets ci-dessus ont été délivrés par le citoyen Biaise,
Nancy, le 12 tr. au 4. L'adjud' g'', Insp' g*', Gourselles.'
XXI
11 est ordonné au garde magasin des effets mililaires de
Nancy de délivrer au Conseil d'administration du 21' régi-
ment de cavalerie, vingt-cinq étrilles, autant de peigaes,
éponges et brosses, yingt-dnq licols avec longes, vingt-cinq
bridons d'abreuvoir. Nancy, le 18 frimaire, an 4 de la Répa-
bliqne. Le représentant du peuple, PFLIEGER.
(Cachet)
(Cmmimietaim de M. A. Benoit.)
' Il avait qaitté Paris ponr éviter Chariot, Aatovr d*iine brochure très
remarquable, malheureusement trop pen eonnae : L'Observateur impar-
tial anr armées de la Moselle, de Sambn^t-Mwte «t RhixtrMouU^i
Paris et Strasbourg, 1797,
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TROIS LETTRES INÉDITES
DE
J--J. Oberlin, de Dietrich et du chevalier de Kéralio
Letirê adressée par JérémMacguM merUn\ de Strasbourg,
à M. OsUlef de Qmrmitie, ancien Meulsnant criminel au
présidiai de Bouen, seeritabre perpétuel de l Académie de
eeUeviUe,
Strasbourg, 28 plnviôso,
l'an 3 de la AépaJtiliqae ane et iQdiTisii)le.
Ami citoyen,
C'est arec la joye la plus Tire qae je riens d'apprendre par
notre ami Ângot qae tu as été remis en liberté. Eh liieni
îe sois dans le même cas. J'ai été arrêté par le petit Savoyard
de S4 ans, Honet, Cfni avait su se saisir de la place de maire
chez nous et qui a vexé tous les gens de lettres, de même
que les négociants de la commune. Nous sommes enfin déli-
vrés de ce scélérat et de ses complices. Espérons que le règne
* J. J. Oberlin était membre de l'Académie de Rouen. C'est lui qui a
Wt recaydr dans c«tte docte assemblée l abbé André Grandidier.
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BBTDE D'ALSAGE
de la liberté sera aussi Téqoque de la renaissance des lettres.
Adieu, mon cher, doiine-moi de tes npuvelles.
Obubun.
Je suis encore inquiet sur le sort du ci-devant baron de
Ste-Groix'. Il a été englobé dans les troubles du Comtat et
je n'ai plus de ses noarelies depuis. Queile perte encore pour
lee lettres I
n
Lettre adressée le 2 novembre 1792, par Dieirick, anden
maire de Strasbourg, au commissaire civil du département
du Haut-Rhin à l'armée du Haul-Min MyppoUte Colombel,
Bade, lè t novembre 47M>
Vaa l" de la RéimbliqDe fraiifiaiie.
Citoyen commissaire,
L'Assemblée législatire, à laquelle on avait bussement
exposé que j étais à Paris et que je me tenais caché, a déddé,
dans la nuit du 27 au 28 août dernier, que je serais traduit
par la force armée à la barre où j'avais été mandé le 2 sep-
tembre i elle a décrété qu'il y avait lieu à accusation contre
moi.
Dès le dix septembre, j'exposais à l'Assemblée, dans une
lettre dont j'ai Thonnenr de tous envoyer un exemplaire, les
motife qui m*araient forcé de quitter la ronte de Paris, où
j'allais me justifier, et je m'engageais à obéir aux décrets
qu'elle avait rendus contre moi, dès que les vrais principes
de la liberté et de Tégalité seraiont proclamés. La Convention
nationale a répondu à mes espérances. Plein de conflance
* De Clermonl-Lodèvfi, baron de Sainte-Croix, i»é en 174(3, à Mor-
noiron (Comtat venaissin), mort en 1809 ; orientaliste, membre de
l'Académie des sciences.
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TfiOU LSTTBBS INÉDITES 488
dans la justice et dans l'entière conviction que le penpie,
dirigé par ces utiles impulsions, protégera la vie des ciloyens,
môme de ceux contre lesquels on s'est efforeé de rercîter, je
ne veux plus tarder à remplir ma promesse.
Je TOUS demande, au nom de fa loi, de l'exécuter en ma
personne, au jour et à l'heure que je voua somme de m'indi-
qucr. Je Tiendrai à Saint-Lonfs me constituer en état d'arres-
Moo entre tob mains, aûu que vous requerriés la force
armée de me traduire à la barre pour ne me quitter que
lorsque la Convention aura prononcé sur ma liberté. C'est à
moi, et non à l'Etat, de faire les frais de ma translation à
Paris ; ainsi ne soyez pas arrêté par la crainte de la
dépense.
Le porteur a Tordre d'attendre Totre réponse. Vous êtes
trop fidèle obsenraleur des kia pour fqu'il me soit permis de
douter deTOtre empressement à satiiifaire à celle que je vous
demande d'accomplir.
(Atakkm du Haut-Mm,) 1>œxbich.
m
SOraU d'une kttre par laquelle k chevalier de Kéralio*
annonce la mort cfe Vollaire à M. le baron de FapeSir,
chancelier du duc de Deux-fonte (i9 jum 1776).
Vousauvés appris la mort de Voltaire; sa dépouille ter-
restre doit être actuellement à Femey où on l'a transporté.
Voilà la cabale encyclopédique sans général, elle va tomber
^ M. de Kéralio était à cette époque précepteur dee flofiuts de la com-
tesse (le Forbach. Il devint plus tard inspecteur de douze écoles mili-
taires. Ce fut lui qui, le premier, distin;^ua Napoléon Bonaparte à
I école de Brienne, et, grAce à sa recoinmandatioti spéciale, le futur
Céttr fiit admis à l'Ecole militaire de i^aris (Norvins).
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et il n'y aura pas grand mal à cela; il en sera de même du
jansénisme et du moUnisme à la mort de raicbevêque de
Ptris^; il n'y aara pas de mal encore.
Âdîen, monsfear, oontiiitiés-moi Totre amitié et emnirtés
biea poaitiTemeat sar celle que je roue ai yôoée ponr la rie.
Le Ghr de Kérauo.
i(knmm$meaUonde M, G. Frantz.)
* Chrittophe de Betomont.
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MATERIAUX
roua SERVIR A
L'HISTOIRE DE LA GLERRE DE TRENTE m
Urês des archives de Calmar'
Arrivée de troupes françaises & CSolmar; mesures
transitoires; déclarations explicatives du traité
de protection, que la cour de France refuse de
reconnaître ; concert avec le duc Henri de Ro-
han pour la défense du pays contre le duc de
Lorraine et Jean de Werth ; préliminaires de
Pima; mouvements du duc de Lorraine sur la
rive gauche du Rhin ; approche du duc de Ro-
han; refus de l'Union x^rotostante d'adhérer à la
paix de Prague entre la Saxe et l'Empire.
Informé par les intéressés mêmes da traité conclu entre
les deux résidents de France et de Suède, le maréchal Cau-
moDt 1a Force enyoya, le 13 octobre, du camp devant Lan-
daa, à son fils, le marqais de Gaalelmorou, l'ordre de se
rendre aree son régiment à Sélesladt et à Golmar, pour y
tenir garnison. Le 19, M. de BoarseriUe, à la tête des com-
pagnies destinées à cette dernière place, se tronrait à Kerg-
heîm, d'où il annonça son arrivée an magistrat. Le
octobre, Bourseville et son major Rospide s'entendirent avec
Voir la Itvimsoa do Avril-llaiiliiiii 1878.
M ouTtlto Sédt. — 7** Annfe. ^
466
BBVDB d'ALSACB
le greffier-syndic Mogg pour les rations auxquelles les offi-
ciers auraient droit Précédemment déjà, le munitionoaire
général Rose avait invité la ville à fournir aux soldats, pour
son compte, le pain dont ils auraient besoin. Golmar ne cessa
point d être chargé de ce service, et la suite des dossiers
témoigne des avances qu'on dut faire pour ce objet, et des
difficullés quon eut souvent pour rentrer dans les déboursés.
A dater de ce moment, les affaires militaires de la ville pas-
sèrent aux mains de la France. Eu novembre, la garnison fut
renforcée d'une compagnie du régiment d'Hoquincourt. La
prise de possession des troupes firançaises donna lieu à diver-
ses mesures d*ordre, telles que la rédaction de linventaire
du matériel de guerre, le transport à fienfeld de canons
appartenant à l'armée snéddse, le règlement d'une avance
de blé tirée par la ville des magasins suédois. L'inventaire du
matériel est joint au dossier. Il constate l'existence de 86
canons de tout calibre, depuis 30 livres de balles jusqu'à un
quart de livre; de 20,979 livres de poudre; de 80,408 boulets ;
de 169 doubles arquebuses; de 661 mousquets, arquebuses
simples et mousquetons; de diverses armes blanches, d ar-
mures, de cuirasses et d'objete d'équipement. Ce document
présente un grand intérêt : comme il énumère les pièces en
désignant les lieux où elles étaient en batterie, il permet de
suivre tout le périmètie de l'enceinte et de reconnaître les
divers ouvrages dont elle se composait.
Dès le premier moment, Golmar s'était mis en devoir d'ob-
tenir la ratiQcation du traité de protection, tant par la France
que par la Suède. Il avait écrit à cet effet, le-^
au vice-chancelier, que les affaires de l'Union avaient appelé
à Pâris, et, le IS octobre, au grand-chancelier Oxenstirn.
Ce dernier manda, le octobre, de Mayenoe, su résident
Mockhel, qu'il validait ses acles. A Paris, la nouvelle du traité
fut moius bien accueillie. Dans un moment où la situatioa
des protestants semblait désespérée et où, sans le bras de la
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HIEtTOIBB DI LA. GtnSBBB DB TRENTE ANS
467
France, il paraissait impossible que leur résistance continuât,
Richelien comptait 8*en tirer à de meillearcfl conditions. Les
néipciations engagées avec Lœfller se ressentirent immédia-
tement de cette impression. On lui objecta que Taccord inler-
vena entre de llsle et Mockbel B*était fait plutôt par crainte
et par nécessité que par une affection sincère pour le roi, et
que Sa Majesté ne pouvait se charger de la protection d'une
ville si mal pourvue d'artillerie et de munitions, ni y entre-
tenir une garnison à grands frais, quand elle a'en tirait
aucun revenu. Le cardinal Richelieu tit encore remarquer
qu'il serait étrange de s'obliger à maintenir la religion pro-
testante à Golmar, quand on ne savait même pas de quelle
manière die y était établie avant ces événements. Les repré-
sentations de Lceiller ne servirent de rien; les traités du 9
octobre furent déclarés non avenus, et la diplomatie pour-
suivit son entreprise sur nouveaux frais, sans tenir compte
des faits accomplis en Alsace, dont la France recueillait déjà
le fruit (Lettres de J.-IL Mogg, du 12 et du 20 novembre).
Le i** novembre, Lœfiler signa, an nom de la Suède et de
rUoion protestante, un traité qui, en cas de rupture ouverte
de la France avec TEmpire, mettait TAIsace * en dépôt et en
la protection » du roi, « avec les places et villes qui en
dépendent ». Une copie de l'instrument est jointe au dossier.
Provisoirement, Richelieu fit mine de vouloir tout remettre
en Alsace sur Tancien pied; le maréchal Caumont la Force
reçut ordre de retirer la garnison de Colmar. Le vice-chan-
celier IxeOIer ne s'alarma point de cette mesure, et, dans un
entretien qu'il eut avec Jean-Henri Mogg à son retour à
Strasbourg, le il novembre, il lui' expliqua qu'aux termes
du traité qu'il venait de signer, Tarmée ne serait pas moins
tenue de défendre Golmar contre les Impériaux, et que, si le
corps recruté par la ville, et qui ne complaît encore que 400
hommes, était insulllsant, elle en serait quitte pour ouvrir
de nouveau ses portes à une garnison suédoise. Cependant
438 WSBWB H'àlBhXM
il engagea Hogg à le 8iii?re à Worms, où le chancelier Oien-
stirn allait réunir «ne assemblée restreinte de l'Union, pour
loi sonmcHre, entr'aolres, le traité récemment condnà Parie.
En conséquence, le syndic partit le i8 norembre poar
Worms, en Compagnie de Lœfller et des députés de Stfas-
bourg.. d'Ulm, d'Augsbourg et de Nuremberg.
Quand, en Alsace, on eut connaissance du refus de Riche-
lieu de ratifier les traités du 9 octobre, réraolion fut profonde.
Melchior de l'Me, le résident de France, ne fut pas le moins
irrité, et, dans une lettre du U norembre au maréchal
Gaumont de la Force, dont l'original est au dossier, il s'en
explique avec une humeur peu diplomatique : « Mesaieun
les Suédois, dit-il, s'estonnent fort de ce qu'on desadaoue
en court les conditions du traitté fiiîct entre MonaT. Hockhel
et moy, et disent tout haut qu'on se veut prévaloir de leur
malheur, croyants que pour le besoin qu'ils ont de leurs gens
en la carapaigae, on veut emporter les places d'Alsace sans
aucune condition, mais que ce n'est pas le moyen de gaigner
les cœurs de ces peuples; outre que Golmar n'est point réso-
lue de se rendre à autres conditions et en accepter de plus
dures qu'elle ne ferait soubs l'Empire, qui les appelle tous
à 8oy et leur donne la carte blanche ». Ce dernier trait por-
tait juste : au moment de partir pour Worms, Mogg mandait
à ses commellauls qu'à ses yeux, rien ne serait plus dési-
rable pour la ville de Colmar que d'être comprise dans la
paix que Télccteur de Saxe négociait avec l'Empire, et, sui-
vant toutes les apparences, on ne se faisait pas faute à
Worms d'invoquer l'exemple que ce prince donnait au parti
protestant On s'est complu à présenter la conduite de
rélecteur Jean-George !• comme uniquement dictée par sa
jalousie contre Oxenstirn, qui lui avait été préféré comme
directeur de l'Union. On aurait pu peut-être lui prêter des
vues et des sentiments plus élevés. Quand une guerre dure
depuis seize ans, quand l'expérience a prouvé qu'à mouis
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mSTOIBE DX Là, QUEBKB DE TRENTE AMB
469
du secours de rétranger, les belligéranls ne sont plus en
ctat de conliauer leurs premiers efforts et leurs longs
sacrifices, ne valait-il pas mieux pour les protestants
s'entendre avec les catholiques, alors que Teoipereur se
montrait disposé à transiger? £n traitant avec Ferdinand H,
non pas seulement pour son compte, mais encore pour les
autres états protestants qui seraient de son avis, l'électeur
de Saxe ne faisait-il pas preuve de plus de patriotisme, de
dévouement à la cause commune, voire de dôsitiléressemenl,
que tous ces princes qui désolaient la pairie allemande philùl
en vue de leur agrandissement (jue dans l'intérêt et en faveur
des droits particuliers des états, et dont la pression seule
retenait encore un certain nombre d'alliés sous le drapeau
de rUniont C'est dans ces termes que s'exprimait une lettre
d*un caractère privé, datée du 21 novembre, véritable mani-
feste de rélecteur de Saxe, que Mogg recueillit à Worms et
dont il fit part à ses commettante. Représentant convaincu
du parti qui, à Colmar, assumait depuis deux ans la respon-
sabilité des événementsjl sentait qu'il fallait, non seulement
conjurer les maux de la guerre, mais encore sauvegarder les
intérêts protestants menacés de tant de côtés. On ne pouvait
absolument se fier, ni aux avances plus on moins équivoques
de Ferdinand II, ni aux sympathies intéressées de la France
catholique. Le député de Golmar comprenait que le traité du
1" novembre était nne médiocre barrière contre ses envahis-
sements sur le terrain confessionnal. L'article VH allait jus-
qu'à obliger les états protestants à « rétablir sans délai le
libre exercice de la religion catiioIi(iuc dans toutes le-^ églises
des lieux occupés par eux sur les catholiques, depuis les
derniers mouvements de l'an 1618 ». Celte stipulation ne
pouvalfr^Ue pas devenir, entre les mains de la France, une
arme contre le régime restauré à €k»lmar en 163i? Mogg
sentait qull fiillatt à tout prix détourner ce danger. Malheu-
reosement, il ne lui était pas fodle de suivre son inspiration,
470
BEVUE D'ALSACE
d'agir comme il l'entendait. Oxenstirn n'était pas encore arrivé
à Worras. Le vice-chancelier Lœfiler était dans les meilleures
dispositions pour Golmar; mais le syndic n'osait faire à son
insu les démarches auxquelles il se sentait porté, de crainte
de le froisser et de se l'aliéner (lettre du 20 noTombre). Le
21 novembre, il fut rejoint par son ancien collègue de Franc-
fort, Jonas Walch, récemment promu stettmestre, qui loi
apportait sans doute les dernières instructions de la ville. Le
chancelier Oxenstirn arriva le même jour, en compagnie de
M. de Feu(juière, « conseiller du roi en son Conseil delat et
maréchal de ses camps et armées, ambassadeur extraordinaire
pour Sa Majesté en Allemagne > : sa présence permit aux
deux envoyés de faire la démarche qu'ils avaient concertée.
Four faire comprendre à rassemblée de Worms la situation
critique de Golmar, ils lui présentèrent un mémoire sans date,
où ils rappelaient que c'était en vertu d'un traité non ratifié
par la couronne de France, qu'une garnison française avait
pris possession de la ville, et qu'à moins de Pintervenlion de
l'Union, leurs commettants n'étaient assurés de conserver ni
leurs privilèges, ni leurs droits, ni leur juridiction, et même
que, dans les éventualités qui pouraient se produire, une
protection efficace contre les dans^ de la guerre ne serait
rien moins que certaine.
Cette démarche dénotait une nécessité pressante, à laquelle
il fallait porter remède au plus tôt. Malheureusement, la
marche des négociations avec Feuquière no faisait pas pré-
voir une entente prochaine. Pour donner cependant une appa-
rence de satisfaction aux députés de Golmar, rassemblée et
l ambassadeur tombèrent d'accord avec eux pour leur délivrer
une double déclaration. La première, au nom des étals pro-
testants réunis à Worms, était une simple prise en considé-
ration de leur demande, portant qu^on aura égard aux inté^
rêts de Golmar, et qu'on y pourvoira suivant les convenaooas
des députés, soit lors de la conclusion du traité définitif avec
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HISTOIRE DË LA GUERRB DE TRENTE AH8
471
la Pnnce, soit an moyen d'une convention particulière (Décla-
ration du Directoire électoral palatin, du 7 décembre). Par
la seconde, datée du 17 décembre, Feuquière prit envers Gol-
mar rengagement suivant :
« Sur ce que les députés de la yilfe imperialle de Golmar
nous ont tesmoîgné qu'on leur avait voulu persuader que le
Roy prenant leur protection et tenant ses garnisons en leur
dite ville, les troubleroit en leurs priuilcges, franchises et
libertez, tant pour le faicl de leur relligion qu'autrement,
nous leur certifiions que sa Ma'* n'en a aulcune pensée, et
qu*att contraire elle les protégera dans leurs dictes libériez
et prinileges, tant en tadlcte ville qa*ez dépendances d*ioelle,
es mesmes possessions ez quelles ils estoient en Tan rnil six
eens dix-huict, ainsy que leurs dépotes ont tesmoigné le
désirer. »
Cependant le maréchal Caumont la Force, retenu dans
le Palatinat, ne poavait pins couvrir suffisamment la haute
Alsace. Les députés de Golmar apprirent à Worms qu'une
nouvelle armée, f^ous le commandement du célèbre Henri de
Rolian, était affectée à la défense du pays. A leur retour, ils
en firent part à leurs commettants, qui envoyèrent aussitôt
au général une députation pour le complimenter et pour
s'entendre avec lui. Elle était porteur d'une lettre du-^-j-
décembre, qu'elle remit au duc au camp de Rambervillers.
Il remercia la ville de sa courtoisie et lui recommanda d*étre
attentive à tout ce qui surviendrait dans son voisinage. Sa
réponse est datée du 8 janvier 1635.
Le 25 janvier, il avait son camp à Anglesau (Engelsod,
Angeot), d où il annonça à la ville son entrée en Alsace, en
la priant de lui envoyer des députés pour conférer avec lui
sur les moyens de maintenir la tranquillité. Il leur donnait
rendez-vous à Montbéliard. Ce fut encore Mog^, assisté d'un
antre membre du magistrat, qu'on chargea de cette mission.
BIVTJB D'ALfiAGB
Ils partirent aussitôt et trouvèrent le duc campé à Roppe
(Roppacli).
Plusieurs lettres insérées dans le ProL Miss, mirent
Strasbourg au courant de ee qui se passait. Uelfort était de
nouveau oonipé par les Impériaux. Le due de Robaa ne
8*attendait pas à de la résistance; dans le cas contraire, il
mettrait tout en œurre pour rédnire la place (lettre du 16
janvier, v. st.l. Il comptait aussi chasser les Impériaux d'En-
sisheim, avec le secours qu'il tirerait de Colmar. Le duc
avait sous ses ordres 10,000 hommes d'infanterie et 1700
chevaux. Le mercredi 21 janvier, il commença à battre Bel-
fort a?ec du gros canon venu de Montbéliard. Mais, d'un
antre côté, Jean de Werth et le duc de Lorraine s'avançaient
vers Brisach avec 4000 dragons et 6000 chevaux, et, pour
prévenir les desseins de Varmée firançaise, la garnison d'En-
sisheim avait été renforcée de 800 mousquetaires (lettre du
23 janvier).
Le duc de Rohan était prévenu de ces mouvements par
M. de Bourseville. Dans une lettre du 12 février, n. st.,
datée du camp de Roppe, il remercie le commandant de
Golmar de ses avis et lui annonce que, sous peu de jours, il
allait marcher à la rencontre de Tennemi. Entre temps, il lui
recommande de foire bonne garde, pour éviter que (blmar
ne subisse le sort de Philipsbourg, dont la perte C-^ janvier)
avait causé à tout le parti protestant une émotion dont le
dossier offre plus d'une trace.
Pendant celte campagne qui, en plein hiver, s'annonçait
comme devant être si fertile en péripéties, les premiers
bruits qui avaient couru à Worms d'un traité entre rélec-
teur de Saxe et l'Empire se confirmèrent de toutes parts.
On apprit que Jean-George I*' avait signé, le 18 novembre,
à Pirna, les préliminaires de la paix, ,< à condition que 1«
princes, villes et états protestants jouiront de tons leurs pri-
vilèges, libertés et franchises > comme en 16S6. L'électeur
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mSTOmB DE LA, GUERRE DE TRENTE ANS
473
n*aTait pas négocié fieiilement en son nom ; il entendait com-
prendre dans le traité Télecteur de Brandebourg, le prince
palatin, le duc de Wiirtemberi; ot la ville de Ratisbonne.
Une lettre de Melchior de risle, du ^^^^^'^ ,ayaitapporté
ces détails à la ville de Golmar, en lui annonçant que l^nion
protestante tiendrait une nouvelle diète à Worros, < pour voir
quelle résolution on prendra sur le traité que Saxe a fait t.
De son côté, Mockhel envoya, en diverses rédactions, le texte
même de ces préliminaires.
Un des textes que le résident de Suède avait transmis le
81 décembre avait causé une vive alarme à Golmar : à ce
moment, ce n'était pas la situation de 16S6 que le traité devait
prendre pour base du iiatu quo atUe. On prétendait qu*il
ramènerait exactement au 2 novembre 1627 le terme où
devaient se renfermer les innovations politiques et religieuses
que la maison d'Autriche voulait bien tolérer.
G*eût été une menace directe pour Golmar et pour le régime
restauré en 4682. La patente impériale qui avait conféré à
rarcbiduc Lîopold le soin d'extirper Thérésie de Golmar, était
du 17 juillet 1627. Ce prince avait transmis ses pouvoirs aux
subdélégués, le octobre coniniission avait terminé
ses opérations du novembre au dé« cnil)re II y aurait
eu là une question litigieuse, qu'il importait au plus baut
point à la ville de faire résoudre à son avantage. Ce Tut dans
ce but qu'elle envoya, le 6jan?ier, le greiïler-syudic à Stras-
bourg, qui se montra tout disposé à défendre les intérêts de
ses voisins, le jour où l*Union aurait à se prononcer.
Même au résident de l'Isle, il paraissait dillîcile do repous-
ser la paix qu*on offrait aux protestants. A ses yeux, Tappui
de la France n'était ni assez patent, ni assez vigoureux pour
les en détourner. S'ils la refusaient, disait-il, « il faudrait
catégoriquement se résoudre à une guerre, si on en a les
moyens, qui seront bien difficiles à trouver en ce temps ».
«
474 BEVUB D'ALBAGB
Un ag^ent que la ville commençait à employer, Jean-Balthasap
Sartorius ou Schneider, lui annonçait, de son côté, le 24 jan-
vier, que le comte palatin de Neubourg était sur le point
d'aller trouver Tempereur, pour rentrer eu grflce auprès de
lui, et qu'il essayait de persuader au margraTe de Badeu*
Durlaeh de racoompagner.
A ee moment, le duc de Lorraine, posté i Brisechi repre*
nait roffeasîTe sur la rire gauche. Le jan?ier, un détaclie*
ment de cavalerie surprit 40 hommes d'infanterie du colonel
Wildei8en,dont 35 restèrent sur le c irreau. Deux jours après,
un corps d'Impériaux sous les ordres du duc de Lorraine
passa le Rhin à Brisach, 60 cornettes de cavalerie à Neuen-
bourg, et, après avoir opéré leur jonction, les ennemis se
logèrent dans le Rietb, près de Markolsheim, et dans les viU
lages Tolsina. On annonçait en même temps, à Golmar, que
4000 hommes dlnfiinterie allaient déboucher de Brisach avec
de la grosse artillerie, pour entreprendre le siège, donthi ville
était menacée depuis la bataile de Nordlingen (lettre du 98
janvier à la ville de Strasbourg). On apprit, en outre, que le
duc de Lorraine formait à Brisach un parc de siège avec des
mortiers, et qu'il n'attendait plus que l'arrivée de Jean de
Werth ayec l'infanterie. A Texoeption des chAteaux de Hor-
bourg et de Guémar, il occupait tons les postes autour de
Golmar. Cette situation était d*autant plus critique que la
saison et les grandes eaux mettaient de grands obstades
è la marche du duc de Rohan.
Au commencement de février, des avis que reçut le duc de
Lorraine l'obligèrent à quitter ses posil ions. Le ,3- février,
de grand malin, les différents corps établis sur la rive gauche
se replièrerjt sur Brisach, sous les ordres du prince et de ses
deux lieutenants, les \vachtmeî>tres généraux deSaliselMercy.
Les Impériaux ne gardaient que Rouffach, Riquewihr et le
pont dlllbœusem. Ils se firent suim dans leur retraite psr
plusieurs conseillers de Tflrkbdm et de Ksysersberg, pour
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HISTOmS DE LÀ GUERRE DE TRENTE AKS
475
punir ces deux villes d'avoir traité avec Louis XUI. Le duc
de Lorraine avait, à plusieur? reprises, sommé le comman-
dant de Guémar de se rendre et, le lundi 2 février, il s'était
présenté ane dernière fois devant le fort, avec 15 escadrons
de dragons; le commandant répondit qu'il n'avait à lui rendre
que de bons cott|M9. La conduite de ce brave officier contraste
arec la Iflcheté du gentilhomme français qui commandait à
Rooffach et qui capitula sur la première sommation du duc
de Lorraine. Ramené à Colmar sous escorte, il passa derant
un conseil do guerre et fut condamné à mort (lettre du
février à la ville de Strasbourg).
Le duc de Lorraine resta à Brisach avec son état-major,
tandis que sa cavalerie prenait position à Fribourg et dans
le margraviat. Mais il n'avait pas abandonné ses desseins sur
Golmar, et fiilsait préparer à Brisach des échelles de siège.
Cependant on profita de son départ pour rompre les ponts
d'FIlhteosern et de Sundhofen, de sorte qu'il ne restait, pour
passer l'Ill, que le pont de Horbourg. défendu par le château
(lettre du -Jj février à la ville de Strasbourg). De son
côté, le duc de Lorraine faisait travailler à un pont de
bateaux à Neuenbourg, où il avait encore une fois dirigé sa
cavalerie (ProL miss.y lettre du 14 février). Peu après, les
cavaliers lorrains battaient de nouveau l'estrade sur la rive
gauche du Rhin.
En ce moment, Fermée française étaiten pleine marche dans
la haute Alsace. Le doc de Rohan avait, depuis peu de jours,
porté son quartier général successivement à Dannemarfe et
à Zillit:hcini {Zi/leis). Le II février, un premier corps de GOOO
hommes, sous les ordres du maréchal -de-camp Tibaut. prit
ses quartiers à Guebwiller. Le 1 1, il arrivait à Rouffacli, qu'il
fallut enlever de force. La garnison, composée d'environ 80
soldats, et la plupart des habitants se retirèrent dans le cliâ-
lean, en emportant de grandes quantités d*étain pour les
convertir en balles. Le IS, le doc de Rohan, accompagné du
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47»
BBTUB D'ALBAOE
maréchal-de-carap Tibaut, du colonel Balilly et d'un nom-
breux état-major, vint inopinément à Col ma r, sous rescorte
de deux compagnies de cavalerie. On lui rendit les honneurs
comme à an prince de FEmpire, et, le jour suivant^ il visita
les fortifications; il repartit dans la joamée, aprèH avoir
obtenu de la ville qn*elle foomiraît du pain à son année.
Cette visite produisit le meillenr effet, et tous ceux qui appro-
chèrent le duc étaient pleins d'espoir et enchantés de son
accueil {Prot. miss., lettre du 14 février h la ville de Stras-
bourg).
Le duc de Rohan élait retourné à Guebwiller et dn là à
Zillisheim, laissant Tibaut occupé du siège du château de
Bouffach. Ce général écrivit, le février, à Golmar,
pour demander deux canons et des munitions. Le , il
lui envoya un cavalier pour lui annoncer que ie chftteau s'é-
tait rendu.
, Les Impériaux, de leur côté, ne restaient pas inactife-Dans
la nuit du 44 au 15, un parti de 1000 chevaux es'^aya d'en-
lever la cavalerie française; il furent « vertement repoussés
et le champ de bataille demeura aux Français », qui ne per-
dirent que dix hommes, tandis que les assaillants en laissèrent
plus de trente sur la place, ainsi que quelques prisonniers.
En faisant part de cette nouvelle à la ville, le-^ février,
le duc de Roban ajoute : c II y a apparence qu*une autre
fois, ils y penseront mieux devant que nous attaquer >. Mais,
dans une seconde lettre du même jour, « unze heures da
soir », entièrement de sa main, il se montre moins rassuré',
il avait appris que le duc de Lorraine avait encore une fois
franchi le Rhin avec toute son armée, et cette nouvelle le
déterminait à se rapprocher de Golmar, « afin d'occuper le
premier les postes et logements > que Tennemi avait pris lors
de sa première invasion, et il engage à faire « rompre le pont
de Horbonrg, celui qui est le plus loin de te ville et le plus
proche de Brisach >.
Digitized
H18T0ISI SB LA. GUIBBB SB TBBMIB ANS 4^
Un nouvel échec de l'ennemi an arant de Neuenbonrg
semble l'avoir fait renoncer pour le moment à ses projets sur
l'Alsace (lettre du 20 février à la yille de Strasbourg). Le
bruit courut qu'il aTait abandonné le Brisgao, pour se retirer
dans le mai^rariat et en Wflrlemberg. Quant au duc de
Rohan, il poursuint tranquillement sa marche vers la basse
Alsace; le 20 février, il coucha à Colmar et, le 22, il se rendit
à Ribanvillé, où il établit son quartier général. L'armée
française avait pris position depuis Saint-IIippolyte jusqu'à
Rouffach, la cavalerie occupant Saint-Hippolyle, Guémar,
Kiensbeira, Ammerschwihr et Rouffach, l'infanterie Bergbeim]
Ribauviilé, Riquewihr, Kaysersberg, Ëgnisheim. Certaines
de ces petites villes avaient à loger jusqu'à 2 et 8000 hommes
(lettre du 88 lévrier). G^est dans cette situation que le duc
de Rohan reçut avis de Golmar que, le -^^ mars, vers midi,
l*ennemi avait de nouveau débouché par le pont de Brisach,
et qu'il avait déjà logé quelques troupes à Logelnheim. Il
répondit que, le lendemain soir, il serait à Golmar avec
toute son armée. Il y était encore le 21 mars; sous cette date
et du camp de Colmar, il écrivit au commandant de Sélestadt
pour lever la défense faite précédemment par loi, de laisser
las villes du haut pays vendre leurs vins et leurs autres
denrées en tasse Alsace et en Lorraine.
Pendant qu'il tenait le duc de Lorraine en échec sur le
haut Rhin, les maréchaux Gaumont la Force et Brézét
manœuvraient dans le Palalinat sur les deux rives du fleuve,
el combinaient leurs mouvements avec ceux du duc Bernard
de Saxe. La correspondance du résident de France, Melchior
de risle, intéressante sous plus d'un rapport, les lettres de
Strasbourg, souvent accompagnées des nouvelles qui lui par-
venaient des deux maréchaux, mettaient Golmar au courant
de ce qui se passait au nord de l'Alsace. Hais ce qui loi
tenait peut-être le plus à cœur, c'étaient les délibérations de
la diète de Wbrms sur les préliminaires de Pirna.
47B
KEVUB D'AUSACE
La Tille avait reçu de Strasbourg» le 14 février, Tavis que
cette assemblée se réunirait de oouyeau, avec iavitation de
8*y foire représenter; mais la situation était trop critique
pour mettre ses envoyés en route, et, le 16 février, la viUe
remit ses pouvoirs au député de Strasbourg, le Imlin.
Malgré son épuisement, l'Union protestante ne put se rési-
gner à ratifier la paix conclue sans son aveu par l'électeur de
Saxe. La France fonicnt.iil ses répu^niances, et promit plus
que jamais de venir en aide aux confédérés. On sait quel fut
le résultat de ses efforts. Les préliminaires de Pirna furent
confirmés à Prague, le 80, mais d'abord rien que pour le
compte de la Saxe, et les états qui en demeurèrent exclus,
cherchërentdans Tappui de la France les moyens de continuer
la guerre contre la maison d'Autriche.
Ce dossier renferme encore une lettre dedel'Isle, du
avril, qui mérite d'être raeutiounée. Un sieur Verdot avait
obtenu de la cour de France « par surprise » des lettres
patentes eu vertu desciuelles il s'était mis en possession du
prieuré de Saiat-Valentiu à Rouffach. Mais cet établissement
avait été incorporé, sous la maison d'Autriche, aux jésuites de
Sélestadt, qui eurent le crédit de faire casser et annuler les
lettres octroyées à Verdot. Le résident de France fut chargé
d*aa8urer Texécution de ces nouvelles dispositions, et il écrivit
à la ville de Colmar, où Verdot s'était retiré, pour la prier
dose saisir de sa personne jusqu'à ce qu'il eftt restitué les
fruits du prieuré perçus par lui et rendu compte des con-
cussions qu'il avait commises à Rouffach et à Guebwiller
c comme prétendu commissaire du roy ».
X. UOSSHAHN.
fha stttfe procftotnement.^
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DOCUMENTS
POUR SERVIR A
LA NUMISMATIQUE DE L'ALSACE
N» 6
Harii tuffMl iiédil d lgéidphe de Rikeiipierre
MO. NO. EGENOLPHI. D: IN. RVPESPOL: Ecu ccar-
telc au premier et au quatrième d'argent à trois tètes de
corbeaux ou de faucons arrachées de sable couronnées d'or,
qui est Hohenack; au deuxième et au troisième d'argent
semé de billettes d'azur, au lion de gueules, armé, lam-
passé et couronne d'or, qui est Geroldscck am Wasichm;
sur le tout, de Ribeaupierre, qui est d'argent à trois écus-
sonsde gueules. L'écu, oraà de ses lambrequins, est timbré
4B0
BBVUB D'ALBAOB
de trois casques ; celui du milieu est surmonté d'un homme
ya à mi-corps, coiffé d'un chapeauà plumes et portant sur
la poitrine, répétés, les trois écussons de Ribcaupierre:
celui de droite est surmonté d'un demi-vol, et celui de
gauche d'une queue de paon. — A droite et à gauche de
récu, la date 15-64.
Rf. FERDINANDI. IMPERAT. AVGVSTL P. F.
DECRETO. Douhle aigle impériale, nimbée et chargée en
cœur d'un globe crucigère portant le chiffre 60; la croix
surmontée d'une couronne.
GuldmAaUr, Pds. 24 gr.445.— Mod.35.5mm.— anique?
du moins jusqu'à présent. L'argent parait très fin et la
pièce n'a pas drculé. — Musie de Carkrvhe,
On sait que Ribeauvillè (en allemand Rapps&sweilir) est
une petite ville située à 16 kilomètres nord de Colmar, à
rentrée de la pittoresque valléedu Strengbach,et dominée
par les ruines des (fivers châteaux qui ont servi de rési-
dence aux seigneurs de Ribeaupierre ou Raffthtm.
Le florin ci-dessus emprunte aux circonstances dans
lesquelles il a été frappé un intérêt tout particulier pour
les numismates alsaciens. C'est de plus le premier monu-
ment numismatique que l'on puisse classer avec certitude
aux Ribeaupierre, et le savant ouvrage de M. Tabbé Ha-
nauer va nous fournir tous les rcnscip:ncments nécessaires
sur le monnayage et les tentatives de monnayage de ces
puissants seigneurs.
Les Annaks des Dotninicaim de Colmar nous apprennent qUC
les Ribeaupierre ont monnayé dès le XIII* siècle, alors
qu'ils ne possédaient pas encore de concession de mon-
nayage. L'annaliste s'exprime avec une clarté qui ne laisse
aucun doute sur la réalité du fait: Dominus de RappohUm
incepit mvam vionetam jaccre qita fève cum dtnariis Friburgenssrm
concordûbat. Si jusqu'à présent on n'a pu reconnaître les
produits de cet atelier, c'est parce qu'ils se confondent
sans doute avec la masse des deniers muets que l'Alsace
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&TUDB SUB LIS M0NHAZB8 ALBiLdliniBS
481
a émis en si grande abondance, précisément aux XII« et
XIII* siècles; il est bien évident que des seigneurs mon-
nayant sans autorisation et probablement en cachette ne
se souciaient guère, sans égards pour les numismates de
l'avenir, de mettre sur leur monnaie — qui n'était à pro-
prement parler que de la fausse monnaie — leur nom.
ieurs armes, ni aucun symbole qui pùt la faire reconnaître.
Qn fait que nous n'entreprenons pas d'expliquer, c'est
que, dés que la liberté du monnayage leur fut garantie par
des diplômes impériaux, ils négligèrent d'en user. Nous
parlons ici de la charte de Wenceslas, accordée à Bruno
de Ribeaupierre en 1596, et dudiplômedelSQO, par lequel
Charles^uint confirme leurs privilèges, parmi lesquels il
compte même celui de fabriquer des monnaies d'or et
d'argent {guUm und si&ermuntz). Il ne parait pas que les
Ribeaupierre aient profité de ce droit, quoique possédant,
depuis le XVP siècle, des mines d'argent considérables.
M.Hanauer Yoit, certainement avec raison, la clef de l'énigme
dans c l'opposition que la confédération de la Rappmmauz
et, après sa dissolution, les archiducs d'Autriche disaient
à tout nouvel atelier. Si les Ribeaupierre ament monnayé,
ils auraient travaillé eux-mêmes le produit de leurs mines,
et c'est à quoi, ni la confédération, ni les archiducs ne vou-
laient consentir > \
Nous voici arrivés à la fin du XVI* siècle, c Dans une
cour tenue par l'archiduc à Fribourg en 1596 >, dit
encore M. rabbèHanauer, cEgénolphe de Ribeaupierre
manifesta ouvertement le désir de monnayer. Mais on
écarta sa demande. Les officiers de la Régence lui répon-
dirent qu'il ne trouverait aucun avantage à battre mon-
naie, et que l'amitié des princes d'Autriche était le meil-
leur héritage qu'il pùl laisser aux siens. t>
C'est ici que vient se placer la curieuse monnaie en
question, que nous croyons n'ctrc qu un essai, fabriqué en
vue de rappeler et d'aftirmer le droit de monnayage reçu
' SUiéa économiques sur fAka» oneiduie el «UNfenw, t. II, p. 104.
Noavelle Série — 7* Année.
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482 BEVUË D'ALSACE
en 1550, et dont les bénéficiaires n'avaient pas fait usage
jusqu'à ce moment. Sa conservation parfaite, la circon-
stance qu'un seul exemplaire en est parvenu jusqu'à nous,
le soin minutieux apporté à sa fabrication, tout, jusqu'au
titre du métal et au poids même de la pièce, semble annon-
cer quelle n'a été frappée qu'en vue de servir de type à
une émission future; peut-être même l' intention d'E'^c-
nolphe était-elle de la présenter comme modèle à la cour
de 1596: rappelons ici qu'elle porte la date 1594. — On ne
pourrait affirmer que la pièce fat sortie d'un atelier exis-
tant alors à Ribcauvillé, qui, certainement, n'en a pas eu
à ce moment; elle a pu aussi bien être frappée à Ensis-
heîm, à GuebwUler, ou dans tout autre atelier du voisi-
nage. Elle rappelle assez par son style général et la forme
des lettres, les écus d*André d'Autriche, abbé de Murbach
et Lure à la même époque. Ce qui semblerait encore con-
firmer notre supposition, que ce florin n'est qu'un essai
et une simple affirmation du droit de monnayage, c'est
qu'il n'a pas été connu des contemporains ; il ne se trouve
en eflfet dans aucun des pbccats et muentzbwcher du temps ;
elle n'est comprise dans aucune mturUzârJnwigj et Luck lui-
même, dans son Syl/ogc numismatumiiegantierttmt paru en 1620
et comprenant les monnaies les plus remarquables frap-
pées de 1500 à 1600, dans cet ouvrage dédié précisément,
et non sans une certaine pompe, à un seigneur de Ribcau-
pierre, Luck ne mentionne pas notre monnaie, ce à quoi
il n'aurait pas manqué s'il en eût eu connaissance.
« En 1619, le lils d E-enolphe, Eberhard, renouvela ses
démarches. Il ne demandait qu'à feire marquer de SOQ
effigie deux ou trois mille florins à la monnaie d'Ensisheim.
Cette demande fut encore repoussée, comme un empiéte-
ment sur les droits des archiducs. Eberhard insista. Pour
montrer qu'il ne monnayait que par une concession spé-
ciale de ces princes, il s'olTrit de fliire mettre sur la circon-
férence de ses pièces : Dccnto Imp. Ferd. II. nec non archiiutm
Austria: (lettre du 10 février 1G20). Tout fut inutile.
< La guerre de Trente-Ans et les malheurs qui fondirent
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ÉTOSB 8Dfi LIS UOMNABS AI8ACIBNIII8 4B8
sur l'Alsace amenèrent ensuite les Ribeaupierre à perdre
de vue ces velléités de monnayage, qui étaient pour eux,
avant tout, une satisfaction de vanité, s '
Telles furent les destinées du monnayage des Ribeau-
pierre. Nous ne parlerons pas ici de certaines monnaies
bien connues frappées ea Allemagne, dans le courant
du présent stéde, par des descendants de la funiUe des
Ribeaupierre; quoique portant, en toutou en partie, les
armes et les titres des anciens seigneurs, elles ne peuvent
avoir pour nous qu*un médiocre intérêt et ne doivent
certainement pas prendre place dans une suite ezclusive-
ment alsacienne.
Qu'il nous soit permis, en terminant, de porter tous nos
remerctments à M. Ad. Cahn, de Francfort, qui, le pre-
mier, nous a signalé cette intéressante monnaie, et' à
M. le Brambach, conservateur du Musée grand-ducal
de Carlsruhe, qui a bien voulu nous permettre de la
publier.
Arthdb Ekoel.
Paris, 25 mai 1878.
* Hanaubb, 1. 1, p. 104.
LA BUCHE DE NOËL
ET
LE REVENANT DE GENIVAL
Voici comment, dans une noie qu il nous remet, M. Talion
parlo de la bûche de Noël :
. Le soir de Noël, on avait I habitude, dans les villages
des cnTirous de Belforl, de se réunir, jeuoes et vieux, autour
d*un grand feu qu'on allumait dans une Tasle cuisine. Les
voisins, les amis et les parents goûtaient de la douce chaleur
de ce feu, en attendant Theure d'aller à l'office de la nuit qae
l'on apptilait les Matines.
t Dcins ces réunions, on devisait, on racontait à tour de
rôle, qui un conte, qui une aveulure, qui une histoire. Les
sorciers, les revenants surtout étaient l'objet de ces entretiens
fàmiUers. On avait soin d'entretenir le feu au moyen de
menus bois ajoutés à la grande iranch» = tronc = bùcUe,
que l'on appelait la bûche de Noël.
t A l'heure de minuit, quand la cloche du mâiU = mou-
iier appelait les fidèles, on se rendait à l'église pour assister
à l'office qui, d'habitude, durait fort longtemps. Les and^
gardaient la maison et entretenaient le feu de la bûchCÛO
Noël. Au retour de 1 uftice, on faisait un repas que Ton appe-
lait reeeignm = remanger — recenare.
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LA BUCHE DE NOËL ET LE REVENANT DE GENIVAL 485
« La bûche qui avait servi au feu de la soirée des Matines
était conservée dans I à ire pendant toute lu journée de Noël.
Le soir, quand on cleignail le feu, elle était plus ou moins
profondément carLonisée. On ia.reUrait de l'âtre, ainsi que
les tisons non consumés, pour les remettre au feu le jour
des Noaes. Ce qui en restait i Ja fia de la journée était reli-
gieusemeut recueilli pour un usage ultérieur. Dans le courant
de l^été, quind un orage s'annonçait menaçant, le clicf de
famille allumait un petit feu snr l'âtre, au moyen des tisons
et de la bûche de Noël. Il jetait aussi dans la Ikmme des
rameaux de buis, bénis le jour de Pàques-ileuries. Cet usage
avait pour but de préserver la maison et la famille des
atteintes de la tondre. Après l'orage, ce qui restait de la
bûche était encore religieusement recueilli pour être remis
au feu à la veillée des Matines suivantes qui consumait entiè-
rement les derniers témoins de Tusage pratiqué et respecté
les années précédentes.
« On employait de préférence une bûche de bois de hêtre,
appelé dans le pays Foyard=zFoda Fée. .
On raconte qu'à Bessoocourt, pendant une soirée de Noël,
il fut question du revenant de Genival. Ce revenant a Ja
mission de détourner de leur chemin les personnes qui pas-
sent près de la colline des bloueehies = pruniers, après dix
heures da soir, de les égarer jusqu'à la pointe du jour et de
les empêcher ainsi de rentrer chez elles dans la nuit. Aussi,
le revenant inspire au village une grande terreur quand on
parle de lui et de ses victimes. Une des jeunes lillcs qui
étaient à la veillée traita de conte de vieille femme ce (îii'rlle
avait entendu. J'irais sans trembler, dit-elle, au haut du
Genival, persuadée que le revenant n'y viendrait point et,
en tous cas, ne me ferait pas perdre mon chemin pour
revenir à la maison. Les jeunes garçons la prirent au mot et
«
BIYUB D'aLBAiGB
excitèrent son amour-propre. La jeune fille se leni,8'engi-
geant à erier, à bien haute Toiz, quand elle serait arrivée :
m vùichi ff hâ dê dfnM! Une Tieille domestique de la
fiimillc, qui avait entendu le défi et qui sayait qoe la jeune
fille ne reculerait pas, lui remit discrètement, au sortir de la
maison, du beurre et du sel qu'elle lui conseilla de placer
dans sa poche. Munie de ce viatique, la jeune fille s'élança
comme une flèche dans la direction de la colline et, lors-
qu'elle se fut bien assurée d'être arrivée sur la crête, elle
cria de toute la forée de ses poumons:
M» wiM y M de dfnii4\
Mais bientôt une voix caverneuse lui répondit :
Sain im beurre et tai sâ
Te n' fen iro'p de d'fnivâf
Catherine, pleine de frayeur, regagna avec précipitation la
maison d'où elle était sortie et, depuis ce moment, on croit
plus que jamais, à Bessoncourt, au revenant de Genival pu
au génie de la hauteur qui domine le vallon situé entre
Bessoncourt et Denn^.
Poar les gens de Denney, le revenant de Genival est deveoa
uu mouton noir qui apparaît la nuit au fond du vallon et qui
a donné au pont jeté sur le ruisseau le nom de PorU du
mouton, J L.
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HISTOIRE
DE
L'ANCIEN COMTÉ DE SAAIiWEKDEN
m DB
LA PRÉVOTÉ DE HERBITZHEIM
Fin
CHAPITRE VI
Le pays de Saarwerden pendant la Révolution
A Taurore de la Révolulioii, lorsque la France reçut une
nouvelle organisation et fut divisée, par le décret de l'Assem-
blée cûDstiluanle du 26 février 1790, en 83 départements,
la yilie de Bouqaenom et le village de Vieuz-Saarinrerden
forent réunis an département de ia Moselle et compris dans
le district de Bitche; il formèrent, arec les villages de Kal-
hausen, Rahlingen et Schmittwîiler, une justice de paix dont
le siège fut établi à Bouquenoni et qui ressortissait au tri-
bunal fivil de Bitche.
Pendant la tourmente révolutionnaire, Bouquenom ressentit
le contre-coup des grandes commotions qui boulerersaient
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488
la France. Le eoaTint de la congrégation de Notre-Dame fot
sopprimé et lee relîgieaees rentrèrent an sein de leur ûuniUe.
Le cnré et ses deux vicaires dédarirent publiquement^ en
chaire, que leur eonsdence ne leur permettait pas de
prêter serment à la conslilulion civile dû clergé; ce refus
entraîna leur destitution et ils furent remplacés par des
prêtres assermentés. L'abbé Restignac, principal du collège,
et tous les professeurs donnèrent leur démission de fonction-
naires publics, sans préjudice pour leur qualité de religieux, à
laquelle ils déclarèrent tenir toujours; un seul d'entre eux,
M. Jacques Gunther, prêtre, régent de sixième, renonça à
son état de religieux et se retira du eollége'. Cet établisse'
ment fonctionna encore quelque temps, puis il fut fermé.
Le comté de Saanverden, la seigneurie rhingravienne de
Diemeringen et celle d'Asswiller, enclavés dans le territoire
français, ne oonserraient que des rapports politiques avec
rAllemagne, et lorsque, sous le règne de Louis XYI; Tesprit
d'innoration, aTant-eoureur des grandes crises politiques,
agitait toutes les têtes et que rhorison s*assombrissait, le
prince Louis de Nassau -Starbruck, malgré sa résistance au
mouvement, s'efforçait de conjurer la tempête qui allait
s'élever sur ses Etals en faisant quelques sacrifices au bien
général; il décréta Tabolition de tous les monopoles et de tous
les privilèges, la réforme d'un grand nombre d'abus et de
droits féodaux, la liberté du commerce du tabac et des eaux-
de-Tie, la supprossion de la dime des pommes de terre et des
conrées personnelles, la libre exportation des grains, la dimi-
nution des impôts et des amendes et donna au peuple une
tardive satisfaction par le renvoi de M. de Hammerer', préai-
dent de son conseil de Régence, à qui les préjugés de la nais-
* Registre de la municipalité de Bouqaenom.
* C'était, dit le priaea de llonibwrey, dans ses JtfiAnoûvs, tlH, p.*»»
un intrigant habile, le prince de Nassau en fit son agent principal, tut
pour ses amoon que pour ses afbiros de finance et de poiiliqae.
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SAABWBRDSN ET HBBBIXZHBIM 489
sance et de l'éducation rendaient ces réformes odieuses. Il se
flattait vainement de tenir continuellement ses sujets dans
la dépendance et ne prévoyait guère quUls s'empresseraient
d'adhérer anx grands changements qui allaient avoir lien en
France. Vesprit public da comté de Saarwerden était d'ail-
lenrs fevorable anx Français, surtout dans la partie qui
appartenait au prince de Nessau-Weil bourg, où il sciait
introduit un amour plus grand d'indépendance, que le voisi-
nage de Bouquenom favorisa. Le prince de Nassau-Weilbourg,
qui voyait arriver Torage, donna ordre à ses officiers de
vendre les nombreux biens qu'il possédait dans la prévôté de
Herbitsheim et qui étaient connus sous la dénomination de
èmg vaemUét, Ses ofSders vendirent par adjudications publi-
ques, des 20 et 80 novembre, 1" et 2 décembre 1791, une
assez grande quantité de ses biens à plusieurs habitants de
la commune de Herbitzheim. Ces ventes étaient faites à termes
payables à la recette de New-Saarwerden, les procès-verbaux
qui les constatent furent ratifiés par la Régence de Weil-
bourg'.
Les habitants du comté de Saarwerden, bien qu'ils ne par-
lassrat pas la langue française, aimaient la France, avec
laquelle ils étaient constamment fn relation; ila savaient
apprécier l'avantage des grandes agglomérations politiques.
Excités d'ailleurs par le décret de la Convention nationale, du
10 novembre 1792, qui engageait tous les peuples voisins de
la frontière à se soulever contre leurs souverains, et séduits
par les mots sonores de liberté, de constitution, d'égalité et de
fraternité; ils étaient las d'être toujours tenus dans une
espèce d'asservissement; ils exprimai^^nt partout le votu de
leur annexion à la France. Les habitants des seigneuries de
Diemeringen et d'Asswiller, résolus à secouer un joug devenu
désormais insupportable, demandaient à grands cris d'être
fondus dans la grande nation. Une fermentation générale et
BiteiÊia éa arrUt de fa eour d^apfdéeCoImmr, année 1841, p. 297.
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480 BEVUB D*AL8A€B
•ztnordinaire agitait tous les esprits et des cris de liberté
s'échappaient de toutes les boaches. Toutes les communes
de ces états microsoopîques enclavés dans le territoire fran-
çais, après aTOîr réclamé leurs droits de souveraineté, se réu-
nirent en assemblées primaires et adressèrent à la Conm-
tion nalionalede nombreuses pétitions pour la prier de décider
du sort de leur pays et demander qu'il fût admis à participer
au nouvel ordre de choses qui régnait en France. Le comité
diplomatique de la Gonvenlion, après avoir examiné la légi-
timité du vœu des habitants de cette contrée, le droit qu'ils
avaient de se prononcer en faveur de la réunion à la France;
la situation topographique de ce pays, entièrement enclavé
dans le territoire de la République, et les intérêts de ses
habitants, entièrement identiques à ceux des Français, pro-
posa de leur ouvrir le sein de la France et d'accepter leur
vœu d'être admis dans la grande famille. Le décret de réunion
fut adopté d*enthousiasme, le 14 février 1793; il porte :
« La Ck>nvention nationale, constante dans ses principes
d*aider et de secourir tous les peuples qui voudront conquérir
leur liberté, sur le vœu libre et formel qui lui a été adressé
par plusieurs communes étrangères, ci rcon voisines ou encla-
vées, réunies eu assemblées primaires, faisant usage de leur
droit inaliénable de souveraineté, à l'effet d'être réunies à la
France somme partie intégrante de la République, après avoir
entendu le rapport de son comité diplomaUque, déclare au
nom du peuple français qu'elle accepte ce vœu et, en consé-
quence, décrète ce qui suit :
« Les communes du pays de Saarwcrden et de Harskirchen,
ainsi que celle d'Asswillcr, sont réunies au territoire de la
République et seront réparties entre les départements du Bas-
Rhin, de la Moselle et de la Meurthe, suivant le mode qui
sera déterminé par un décret particulier. »
Pendant que les habitants du comté de Saarwerden, dans
lenr élan vers Tindépendance, demandaient avec m seul
Digitizec i
AAABWXRDBN ET HEBBITZHBIM
m
esprit et d^one seule voix leur réunion à la France et expri-
maient leur TŒu de toute manièro, le prince Louis de Nissau-
Saarbruck comprit enfin que les droits des peuples ne pou-
vaient plus être regardés comme chimériques ; il s'efforça de
calmer refFervescence populaire par de nouvelles concessions
et décréta, le 20 janvier 1703, rabnlition du servage {Lei-b-
eigemchaft). Mais ces hommes, qu'on considérait encore vers
la fin du XVIIl" siècle comme une adhérence à la glèbe,
avaient appris, dans leur vie flpre et laborieuse, le sentiment
le plus noble du cœur humain, Tamour de la liberté, et aspi-
raient au plus précieux de tous les biens, à Tlndépendance
et à l'affrancbissement des liens qui les attachaient au sol.
Tous les biens domaniaux, toutes les propriétés des princes
de Nassau furent réunis au domaine de la République. Le
prince de Nassau-Saarbruck, qui venait de perdre quatre-
vingt mille florins de revenus, fit d'infructueuses représen-
tations à la Convention nationale, qui les rejeta sous le pré-
texte que les habitants du comté de Saarwerden avaient
brisé eux-mêmes les liens qui les attachaient à leur ancien
gouvernement et qu'ils n'avaient fait que ressaisir leurs droits
de souveraineté.
Tandis que les communes du pays de Saarwerden arbo-
raieut le drapeau tricolore, plantaient, selon l'usage du temps,
des arbres de liberté et célébraient leur annexion à la France
par des IStes et des réjouissances publiques, la Convention
nationale, malgré ses importantes occupations, donnait ses
•oins à leur organisation, d'après les institutions en vigueur
en France, et comme leur répartition entre les départements
limitrophes avait fait naître des dilTicultés locales et que la
célèbre assemblée désirait ménager tous les intérêts et attacher
tous les cœurs à la Révolution, elle donna à cette contrée la
preuve la moine équivoque de sa aympatbie par l'adoption
des mesures suivantes :
Après avdr entendu le rapport de son comité de division,
BEVUE D*ALBA,GB
elle décréta, le 8 frimaire de l'an II (28 novembre 1798)
que la partie do décret du 14 février relative à la répartition
de ces oommaDea entre les départements da Baa-Rliin, de la
Moselle et de la Meurthe était rapportée ; elle érigea en dis-
Irict, qu'elle incorijora au département du Bas-Rhin, les
communes du pays? de Saarwerdcn, celle d'Aswiller, et celles
de La ci-devaut seigneurie de Dieraerini^^en, dont romission
dans ce décret lui avait été signalée. Les commîmes de Bou-
qneDom et de Yieax-Saarwerden furent dîAtraite^ du district
de Bitche et incorporées au nooyeao district dont le chef-lieu
fut établi à New-Saarvrerdeu. Le siège du tribunal civil fat
fixé à Bouquenom. Le district fut divisé en six cantons
microscopiques dont les chefs-lieux furent établis dans les
communes de Bouquenom, New-Saarwerden, Harskirchen,
Drulingen, Diemeringen et WoifBkircben.
Le premier comprenait les communes de Bouquenom el
Yienx-Saarwerden ;
Le second se composait de New-Saarwerden, Keskastel,
Herbitzheim, Silzbeim et Oermingen;
Le troisième comprenait Harskirchen, Willer, Bîsseii» Hm-
singen, Altwiller, Dieileiidorf, Scliopperten et Zollingen;
Le quatrième renfermait Drulingen, Weyer, Siewiller,
Mackwiller, Asswiller, Biist, Rexingen, Berg, Thaï, Eywiller
et Ottwiller ;
Le cinquième comprenait Diemeringen, Ratzwiller, Deh-
lingen, Lorentzen, Domfessel, TcBllerdiogen, Rimsdorf et
Bfltten ;
Et le sixième renfermait Wolfskirchen, Pistorf, Burbach,
Hirschland, Gœrlingen. Kirberg, Rauweiler, Eschweiler et
Bisreodorf.
Le représentant du peuple RObl' avait été chargé de i or-
» Rûhl (Philippe-Jacques), théologien protestant elconselller du comte
de Linange, naquit & Strasboorg; il fut député à l'Assemblée législative,
puis à la Convention nationale ; il fut membre da Comité desahitpnbuc
SAARWBBDBN ET HBBSITZHEIM
498
ganîsation du nouveau district et de prendre les mesures les
plus propres à coosolider Tannexiob de ce ptys au territoire
français. Mais, ayant été obligé de se tendre & son poste à
Paria, il fit nommer les citoyens Karcher et Uichaad commis-
saires chargés de la formation des manidpalités et des jus-
tices de paix cantonales. Les citoyens Chrétien Teutsch, juge
de paix de Drulingen, et Henri Kari'lier, procureur de la
commune de Bouquenom, furent chargés, par un arrêté des
représentants du peuple à l'armée de la Moselle, Richard et
Ëhrroann, du 6 du deuxième mois de Tan U (S7 octobre 179S}»
de l'administration provisoire et de la surveillance des
revenus, capitaux, rentes et redevances, qui devaient être
perçus au profit de la République dans les ci-devant pays de
Nassau et de Salm (DiemeringenJ et la ci-devant seigneurie
d*AsswiIler, ainsi que celle des biens et effets des émigrés de
ces pays.
Appelé à élire un député à la Convention nationale, le nou-
veau district envoya siéger sur ses bancs le citoyen Karcher,
de Bouquenom, connu par son ardent patriotisme et Ténergie
de son caractère. Le Directoire du district était à peine installé
qu'il s'occupa à dresser l'état des personnes éraigrées; cet
état fut approuvé le 26 ventôse de Tan II (16 mars 171I4J par
le Directoire du département du Bas-Rhin; il comprend cent
quarante-quatre personnes de tout rang et de toute condi-
tion, depuis la princesse Joséphine-Charlotte de Nassau-
Saarbruck, qui depuis son veuvage avait résidé au cbftteau
de Lorentzen, jusqu'à son nègre Coma.
Quelque temps après, les communes de Bouquenom et de
New-Saarwerden, qui n'étaient séparées que par la Saar,
et entra au Comité de sûreté gonéralo. Ce fut lui qui brisa la sainte
anif)oule h Ileiins. Aprts la chute de Robespierre, il s'opposa aux
mesures réactionnaires. Arrêté comme complice des insurrections popu-
laires, il prévint sa condamnation, eu se donnant la mort en ITUÔ. Ou
a de Ini : Redierehes hi^oriques et généalogique» amr ta maison de
iànange-nabo, Stnsbonrg 1789, grand iii-4«.
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^ HBVUB D'ALBAGE
exprimèrent le yoeu d'être réunies en une seule commune;
le comité de divisioa de la Convention fui chargé d'examiner
les avantages réciproques de celte réunion ; il proposa une
nouvelle division du district de New-Saarwerden, que la
Convention sanctionna par un décret du 28 prairial, an U
(16 juin 1794). L'ancienne ville de Bouquenom et la ville
neuve de Saarwerdeu furent réunies en une seule commune,
sous la dénoininalioii de Saar-Union. La nouvelle commane
fut divisée en deux sections : la première se composait de
Bouquenom et la seconde de New-Saarwerden. Le siège de la
justice de paix et de la municipalité fut fixé dans la première
section, ou au ci-devant Bouquenom, où la maison commune
présentait les emplacements et les aisances nécessaires pour
le? services publics. Le district prit le nom de district de
Saar-Union. Le canton fut composé de la nouvelle commune
et de celles de Vieux-Saarworden et d'Oermingen. Les com-
munes de KeskasteL Herbitzlieim et Silzheim, qui avaient fait
partie du canton supprimé de New-Saarwerden, furent réu-
nies au canton de Harskirchen. Le canton de la Petite-Pierre
fut distrait du district de Wissembourg et réuni à celui de
Saar-Union. Les communes de Hambach, Weislingeu et
Volcksburg furent détachées du canton et réunies à celui de
Diemeringen; celles de Gungwiller, Durslel, Adamswiller et
Beltwiller furent distraites du même canton de la Petite-Pierre
et incorporées à celui de Drulingen.
La Constitution du 5 fructidor an III (22 août 1795) sup-
prima les districts et décida que chaque déparlement serait
divisé en cantons; elle mit fin à nmportancede la commune
en réunissant toutes les communes en une seule inunicîpalité.
Saar-Union perdit 1 espoir d'obtenir le siège d'un tribunal
civil par Teffet de cette Goastitu lion, qui ne laissa subsister
qu*un tribunal par déparlement, chargé de juger en première
Instance les causes du département et en appel celles des
départements venons. Une cour criminelle, composée de cinq
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8AAKWKRDBN ET HEBBITZHEIM
416
membres et d'un jury, fut instituée dans chaque cbef-lieu de
département. Quatre tribunaux de police correctionnelle
furent établis dans le département du Bas-Rbin ; les cantons
de Dîemeringen, Drulingen, Harskirchen, Saar-Union et
Wolfekirehen furent compris dans Farrondissement judiciaire
de Saverne et soumis au tribunal correctionnel de cette ville.
LfC canton de la Petite-FMerre rossorlit au tribunal correc-
tionnel de Wissemi)Ourg. Ot élal de ciioscs n'eut qu'une
durée éphémère, il fut modifié par la loi du 7 ventôse an VII
(25 février 1799) qui créa dans le déparlement du Bas-Rhin
un cinquième tribunal de police correctionnelle dont le siège
fat fixé à Saar-Union ; on détacha pour le former les cantons
de Diemeringen, Drulingen, Harskirchen, Saar-Union et
Wolfskirchen de Tarrondissement judiciaire de Saverne, et
le canton de la Petile-Pierre de Tarrondissemcnt judiciaire de
Wissembourg. Ce Irihunal fut installé le 29 ventôse an Vil
(19 mars 1799); il tenait ses audiences le 6 et le 9 de la
décade pour les affaires correctionnelles, et les tridis étaient
consacrés aux affaires des délits ruraux et forestiers. L'exis-
tence de ce tribunal fut éphémère et il fut supprimé en 1800
par la nouvelle organisation que reçut la France.
Les niunicipalités colleclives furent supprimées et chaque
commune reçut un corjis municipal, composé d"un maire, d'un
ou plusieurs adjoints, suivant la population, et d'un conseil
municipal. La ville de Saverne fut élevée au rang de cbef-lieu
d'arrondissement du département du Bas-Rhin, siège d*une
sous-préfecture, par la loi du 17 ventôse an VIII (8 mars
1800). Son arrondissement fut formé des communes qui com-
posaient les cantons de llarskirclien, Saar-Union, Wolfskir-
chen, Drulingen, Diemeringen. la Petite-Pierre, Ingwiller,
Bouxwiller,Hoclifelden, Saverne et Marmoutier. Ces communes
étaient alors au nombre de cent soixante-quatre, villes,
bourgs on villages, dont quarante-neuf étaient situées au delà
(tes Vosges, et le reste faisait partie de la Basse-Alsace ; elles
496 REWn D'ALBàOB
fùreiit soumises à la jaridiction du tribunal ciril de première
instance dont le siège fiit éUbli à Sarsrne.
Un arrêté des consuls du 21 brumaire an X (18 norembre
1801) créa une nouTelle circonscription dos cantons de
Tarrondissement de Saverne, réduisit leur nombre deODse à
sept, et fit perdre à Ingwillcr, Diemeringen, Harskîfcben et
Wolfskirchen leur rang de chef-lieu et leur siège de justice
de paix.
Le sort du canton de Saarwerden fut définitivement fixé
par la paix de Luné?iUe, qui fat signée le 9 ttyrier 180i.
Par ce traité, la France eut en toute souveraineté tout les
paya situés sur la rive gauche du Rhin qui ayaisnt fait partie
de l'Empire germanique.
Quelque temps après la réunion du comté de SaarwerdeD
à la France, la commune de Herbitzheim se prévalut de la
loi du 28 août 1792, qui avait été rendue pour rattaclier les
masses à la Révolution et qui, dans Tensemble de ses dispo-
sitions, décidait que les biens vacants, possédés ou vendus par
les seigneurs féodaux, étaient une usurpation des droits de la
commune où ces biens étaient situés, pour soutenir que les
anciens biens vacants situés sur son lerritoîrs étaiMlt sa pro-
priété. Elle introduisit contre l'Etat, qui se trouvait aux droits
du prince do Nassau-Weilbourg, une action en revendication,
et, par jugement arbitral du 9 vendémiaire an IV, elle obtint
la possession de ceux qui n'avaient pas été vendus et la délé-
gation du prix de ceux qui avaient été aliénés en 1791
En 1802, lors de la réorganisation du culte, les paroisses
de SaHr-Union et de Weyer forent érigées en cures csnto-
nales de l'évêché de Strasbourg, l'une pour le canton de Ssa^
Union, l'autre pour celui de Drulingen.
Après que le traité de Lunéville eut validé l'annexion do
comté deSaarwerden au territoire de la République française,
M- la comtesse tfOttwiller, veuve donsirière de feu le
* ArrttB de to cour d^appél de Colmar, année 18A1, p* S96.
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SAABinmDIN KP BBBBmBBDf
497
Pimce Louis de Nasiau-Saarbruck, fit feîre des démarches
auprès du gouvernement français pour se faire reconnaître
bailliage de Harskirchen, pour une somme assez considérable
ainsi que pour les înléréts qui en étaient dus depuis 1789
Les communes, de Jeur côté, formaient contre la comtesse des
conlre-prétentions qui ne reposaient que sur des présomp-
lons Un décel impérial du 8 mars mi «connut la légi-
imi.té des prélention. de Ja comtesse, fixa le monUnl de «a
créance à ia somme principale de 22,618 fr. 61 c, et ordonné
que cette somme, ensemble les intérêts arriérés, Jui serait
acquittée par lesdlles communes, au moyen d une rcpartiUon
a faire entre elles.
A peine ce décret était-il rendu que la comtesse douairière
d Oltwiller écrivit à M. le préfet du Bas-Rhin différentes let-
tfM, où elle réclamait le paiement de sa créance arec les
intérêts arriérés depuis 1789. Mais, comme un décret du
«vendémiaire an Xlll (n octobre J804) sur la liquidation
des dettes des quatre départements de la rive gauche, inter-
disait toutes poursuites pour les arrérages et intérêts des
dettes anlérieure^i au 1- vendémiaire an Vfll, le préfet du
Bas-Rhin prit, le 6 mars 1812, un arrêté portant que la
comtesse d'Ollwiller ne pouvait prétendre que les intérêts dus
depuis ledit jour. 1« vendémiaire an VIII, que la créance
• élevant en capital à 22,3 18 fr. 51
et en intérêts arriérés de 11,861 fr. 85 à
^« 6 % 8,760 . 84
de 10,666 fr. 66 à raison de 6 % 6,648 i 11
Ensemble 37^97 fr. 46
wrait répartie entre les communes de l'ancien bailliage de
Harskirchen, au centime le franc de la contribuUun foncière
acquittée en 1811.
Les événements politiques qui ont amené, en 1S7K l an-
NoDvelle Série - 7' Anti«e 33
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^(jQ BsyoB d'albaob
nezion de FAlsace et de U Lorraine à l'Empire germanique,
sont connus; l'ancien comté de Saarwerden, qai s'était donné
librement à lu France, soixante-dlx-huit an8 aapara?ant, lui
fut enlevé par la conquête avec les pays que la conquête loi
avait donnés.
APPENDICE
A. Législation du comté de Saaffwerden
Le comté de Saarwerden était un pays de droit éïirit,régi
par les principes du droit romain, modifié par une coutume
locale qui a été recueillie et consignée par écrit, en 1777, au
moyen d'une enquête faite parmi les avocats et les hommes
de loi de la juridicUon de Harskirchen, réunis en assemblée
par les officiers da prince de Nassau-Saarbruck; transmise
d'ancienneté, comme toutes les coutumes, elle était fondée
sur un usage qui avait force de loi et qui avait lieu de plcm
droit à défaut de contrat de mariage; elle élait ainsi conçue;
1. En cas de décès de l'un des conjoints, s'il y a des enfants,
les meubles et choses réputées telles se partagent par moiUe
entre le survivant et les enCuits du prédécédé; en cas de
non existence d'en&nte, le survivant des époux est seul Iien-
tier de tous les meubles, à charge néanmoins d'acquitter
toutes les dettes personnelles, réelles et hypothécaires; «
époux ont fait une disposition contraire, cette difipOMhon
servira de loi entre eux.
8. Les acquêts des biens, meubles et immeubles, faits pen-
dant le mariage, sont communs entre le mari et la femme e
plein droit et sans qu'il soit nécessaire d'en faire menUon
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8AARWEBDEN BT HBBBirZHEIM
489
dans le contrat d'acqaisiUoo, mais, qaand l'un des époux
wndra faire l'acquisiUon d'un bien dont il pourra disposer
de plein droit, il fout que l'autre y consente et q.ie son
eonsentement soît exprimé dans le contrat d'acquisition; il
est permis au mari de disposer des acquêts du nrant de sa
femme, cependant ii est bon d'exiger, s'U eat possible, l'acces-
sion de la femme au contrat.
3. Le siirnvant des époux a rusufniit des acquêts, qu'il y
ait des enfants ou non de leur mariage.
4. Le survivant des époux n'a aucun droit sur les biens
propres du prédecédé. Si celui-ci n'a pas laissé d'enfants, ses
biens retombent à ses plus proches parents, pourvu qu'il
n'en ait pas disposé par testament en fareur de son conjoint
survivant; si l'époux prédécédé a laissé des enfants, I usa-
fruit de ses biens appartient à son conjoint surviv ant, à char-e
par celui-ci d'entretenir lesdils enfanis. Cet usufruit se perd
par le convoi en second maria-e. En cas de décès de l'un des
enfants, l'autre liérile ses biens, et, si tous les enfants vien-
nent à mourir, leurs biens retombent au plus proche parent
de la famille, à l'exclusion du survivant.
o. Les père et mère ont la jouissance de t(»us les biens géné-
ralement quelconques appartenant à leurs enfants. Le temps
de la jouissance n'e^t jamais réglé sur l'âge des enllints, parce
qu'elle cesse aussitôt qu'ils ne sont plus à la charge des père
et mère; cette jouissance ne produit aucune obligatio/i parti-
culière que celle de la nourriture.
6. Les époux peuvent s'avantager pendant le mariage, soit
qu'il y ait des enfants, soit qu'il n'y en ait point.
7. Les descendants succèdent ab irUestat selon la disposition
du droit commun, les ascendants et les collatéraux n'ont rien
à prétendre à la succession ab infestai entre descendants.
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gQQ BEVUE D'ALSACE
8. Le retrait lignager n a pas Iteu en CM de tente * biens
propres ou acquêts ^
9 Quand une succession s'ouvre, si le défunt a disposé de
ses biens pnr un Icslament fait dans les formes présentes
ses lici iiiers doivent exécuter cet acte de sa
s'il n'en a pas disposé, son héritage est échu à ses hénticrs
naturels et légitimes, selon les us et coutumes ci-dessus men-
tionnés et la disposiUon du droit commun .
Ces deux règles s'observenl pour la succession d'un noble
aussi bien que pour celle d'un roturier.
Les tuteurs ou curateurs sont proposés ou approuvés par
le procureur d'office au grand-bailUage ; ils sont tenus de
prêter serment en justice de bien exercer cette charge et ne
procurer en toute chose Tavantagc et le profit du ^mineur,
les inventaires seront dressés par les procureurs d office, en
présence des héritiers majeurs et des tuteurs des enfants
mineurs, et description exacte y sera faite des biens, meubles
et immeubles, titres et dettes de la succession.
10. Quand le survivant ou l un des conjoints meurt, le
maire est tenu d'informer de ce décès le procureur d office ,
celuiHîi, sll le juge à propos, apposera les scelles, qui ne
seront lev#8 qu'au moment où on dressera l'inventaire Le
survivant ne peut pas se dispenser de faire dresser inven-
taire de la succession de son conjoint, sous prétexte de vouloir
rester en vi.luité. Les officiers du prince ne sont pas assu-
jettis à cette prescripllon, et il dépend uniquement d'eux a
faire dresser un inventaire des successions de leurs épous
prédécédées, aussi longtemps qu'Us restent en viduilé et qui»
ne convolent pas en secondes noces.
11. Nonobstant que la loi civile ne déclare majeurs que
> Le retrait lignager éUdt anciennement usité au comté de Saar^r;
den; les sujets iias.nnviena exerçaient sur les l)ieiis aciuis ^'^^J"^^^
gers le droit de reUait, ex eapUe iniigeMtus incoagnamus veiciv
SAABWEBDEN ET HEBBTTZHEIH 601
ceux qui ont alteint la vingt-cinquième année, il est cepen-
dant permis aux garçons de se marier k Tàge de ?iQgt ans,
et, à partir de lear mariage, ils jouissent des pririi^ges des'
miyears et ils ont la Jibre disposition de leurs biens.
12. Les testaments doivent être faits dans les formes près-
crites par les loin civiles. Il est défendu aux ecclésiastiques
de dresser des testaments pour leurs paroissiens, et les legs
en faveur des établissements de main-morte sont expressément
interdits.
18. Les douaires ou pensions que les maris laissent après
leur mort à leurs veuves doivent être proportionnés à la
fortune de celui qui l'assigne sur son i)ien propre; en outre,
ils ne sont que rarement constitués et seulement par les
veufs.
14. La femme se trouve sous la puissance du mari, et les
effets de celte puissance regardent l'honneur, le proGl et le
devoir du mari.
15. Si la femme possède des biens paraphernaux, leur
administration ou leur aliénation ne dépend qna d'elle-même,
à moins qu'elle n'ait cédé son droit au mari par un coûsen-
lement formel.
16. Il est loisible au prince de changer quand il veut les
dispositions des anciennes coutumes ou seulement l'une d'elles.
Ce droit loi appartient en qualité de souverain, et sa volonté
fait la loi de ses sujets, pourvu qu'elle ne soit pas contraire
aux constitutions de l'Empire germanique.
17. Il n'existe aucun recueil, ni par écrit ni imprimé, des
us et coutumes usités dans le grand- bailliage de Harskirchen;
ils sont établis par un usage immémorial qui les a tellement
autorisés, qu'ils tiennent depuis longtompe lien de loi dans le
comté de Saarwerden.
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g03 BEVUE D'ALSACB
Telles sont les lois et coutumes qoî, de tous temps, ont
été en vigueur dans le comté de Saarwerdcn, et l'acte de
notoriété qui fut rédigé à cet efBet, le 10 février 1777. par
les officiers du grand-bailliage de Harskirchen, le procureor
d'oflice et les jurisconsultes de son ressort, fut cerliflé véri-
table par le Conseil de la Régence de Saarbruck, le 22 avril
suivant
dette Régence était à la fois un conseil judiciaire et admi-
nistratif, un tribunal intermédiaire entre le premier juge et
le tribunal suprême de TEmpire, et une cour féodale chargée
de juger les différends que le seigneur direct pouvait avoir
avec ses vassaux, les contestations que les vassaux pouvaient
avoir entre eux et les difficultés entre les vassaux et leurs
justiciables. La partie qui se croyait lésée par la justice locale
pouvait appeler à la Régence de Saarbruck, depuis la sup-
pression de la Régence de New-Saarwcrden qui a eu lieu
par suite du partage du comté de Saarwerden.
Dans le principe, le GeriM ou Conseil municipal de chaque
villaiTC exerçait l'administration de la justice et sa compé-
lence s'étendait à toute espèce de causes; il exerçait aussi la
juridiction gracieuse ou volontaire et recevait les acles de
vente, de transport, de dernière volonté, les contrats de
mariage et généralement tous les actes et contrats (lue les
parties voulaient revèUr du caractère d'authenticité. Chaque
GeriefU ou Conseil municipal était composé d'un maire
(Maier), de plusieurs échevins (Sdiëffen) et d'un bourgmestre
{IJeimaier). Le nombre des éclievins devait être au moins de
deux; ils élaient nommés, ainsi (lue le maire, par le seigneur
ou son représentant; le Etimaier, qui était chargé de la col-
lecte des deniers seigneuriaux, était élu par les Imbifants du
village, mais son élection était soumise à la confirmation de
l'autorité seigneuriale\ Dans la suite, la juridicUon gracieuse
Ait confiée au greffier du bailliage, dépositaire et garde du
* Arcliives du Bas-Ubin, E 5136.
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8AAKWERDKN BT HBRBITZHBIM
008
sceau du bailliage (Amstachreiàert VeruM&r uné Bukr des
Sigêb der Cfrf^achaff). Le grefiOer était en même temps chargé
de la rédactioa des arrêtés et de Pexpédition des diverses
affaires d^administration. Le Geriehi local, qui était dirigé on
présidé par le maire du lieu, exerçait aussi l'administration
de la justice criininelle, mais rinformation des crimes et des
délits était faite par les odiciers du bailliage. Dans la suite, la
jaridiclion criminelle fut exclusivement attribuée à ces ofli-
clers, et, aussi longtemps que le comté de Saarwerden était
indivis entre les branches de Nassau-Saarbruck et de Nassau-
Weilbourg, elle appartenait aux officiers des deux branches
en commnn\
Les comtes de Nassau-Saarbruck introduisireut dans le
comté de SaarvvenJeti la loi qui, de loule anciennolé, régissait
le comté de Saarbruck. Aux termes de cette lui, aucun sujet
du comté ne pouvait se vouer à l'état ecclésiasliquc sans la
permission du souverain, et il était interdit formellement au
fils unique d'embrasser cet état \
En 1573, les comtes Albert et Philippe de Nassau-Saar^
bruclv, comtes de Saarwerden, lirenl publier par Jean Streîf
de Lauensteiu. leur bailli à Bouquenora, un règlement sur
les contrats de mariage, de vente, d'échange et d'engagement,
sur le retrait lignager et sur les ofticiers ministériels du
bailliage. Ils ordonnèrent en même temps l'abolition et la sup-
pression de la jouissance alternative des prairies. On sait que
ces prés, appelés WetAsehnaUen, étaient laissés dans Tindi-
vision quant à la propriété, qu1ls n'étaient partagés que par
rapport à la jouissance et (jiie tous les ans chaque propriétaire
obtenait en jouissance un autre lot que celui dont il avait
oui l'année précédente, l/existeiice de ces prairies était
aussi ancienne que rétablissement de la propriété ûxe et
* Là même.
* Kremer, Histoire de la race ardfmoùe, tomo P- 202, et t. U,
p. 634.
004 BBVOE S*AL8Aiai
limitée cbes les Germains. On sait que, dans l origine, ils
n^araient pas de champs particuliers et délimités, et que le
maîçistrat leur faisait chaque année le partage des terres.
Lorsqu'ils furent devenus propriétaires du sol, ils laissèrent,
par altacfiement aux: anciennes coutumes nationales, en com-
munauté les pàtura!^^'^s, les arbres, les forôls, les terres vaines
et vagues, en un mot les propriétés qui offraient à l'iiomme
des produits spontanés.
Dès que Léopold I«, duc de Lorraine, eut recouyré ses
Etats, en conformité de la paix de Ryswick, il introduisit à
Bouquenom et à Saarwerden, qui yenaient de lui être attri-
bués, la coutume de son duché, laquelle a été imprimée pour
la première fuis à Nancy, en 1596, sous le titre de: Coustunus
du dudié de Lorraine ès bailliages de JSancy, Vosges elAlk-
Lors du partage du comté de Saarwerden, en 1745, le
prince Charles-Auguste de Nassau-Weilbourg introduisit
dans les terres qui ▼enaient de lui être attribuées la coutnme
de Wellbourg, laquelle stipulait que les apports des époox
étaient réservés et que la communauté, réduite aux acquêts,
était partageable dans les proportions suivantes : savoir, deux
tiers pour le mari ou ses héritiers et un liera pour la femme
ou ses héritiers.
Les juife qui étaient établis dans les terres nassauviennes
étaient considérés comme des étrangers qui n'appartenaient a
aucun pays allemand; ils vivaient sous l'empire de réglemente
qui les protégeaient à peine contre la violence et les inauvais
traitements; ils ne pouvaient acheter de maisons ni dun-
nieubles quelconques sans l'autorisation préalable des auto-
rités, ni être admis au titre de bourgeois, ni avoir la jouÎB-
sanœ du droit d'incolat et étaient lenus de payer un droit de
capitatlon au seigneur qui, par contre, s'engageait à les pro-
téger et à les tolérer dans ses Etals. Le trafic auquel ils
avaient l'habitude de se Umr, et les nombreux abus qud
SAABWEBDEN ET HESBITZHEIM
505
entraînait à sa suite, décidèrent le prince de Nassaa-Weil-
lK)urg à donner aux gens de cette nation, qai s'étaient domi-
ciliés dans ses Etats, le 2 février i771, un nonyeau règle-
ment au sujet des formalités à observer dans les marchés et
les transactions iïiteryenus entre juifs et chrétiens.
Ce règlement renferme des dispositions qa on ne lira peut-
être pas sans intérêt : il prescrit la tenue, dans chaque com-
mune, d*un registre particulier où le préFÔlou maire inscrira
jour par jour les contrats et marchés que les jnife feront avec
les chrétiens, et qui ne dépasseront pas quinze florins. Lorsque
les contrats et marchés dépassent cette somme, ils doivent être
rédigés au bailliage. Tout prêt excédant cinquante florins est
interdit, mais il leur est permis de faire des niarciié.-^ de bes-
tiaux dépassant cette somme. Toute usure est défendue, et
les seuls intérêts qu'ils peuvent exiger sont les intérêts légaux.
Il leur est interdit d'acheter des fruits pendants par branches
on par racines, et ils ne peuvent acheter des immeubles
qu'après en avoir reçn Tautorisation spéciale de l'autorité
supérieure.
Nous avons précédemment dit que le Conseil de la Régence
de Saarbruck était le tribunal d'appel pour les Imbilants du
bailliage de Harskirchen. £n matière contentieuse, la juridic-
tion s'y exerçait de deux manières ; il connaissait en dernier
ressort des actions personnelles et mobilières, jusqu'à la
valeur de six cents florins de capital, et des actions immobi-
lières jusqu'à vingt-quatre florins de rente onde fermage; il
décidait eu deuxième instance sur toutes les sommes supé-
rieures à ce taux, sauf l'appel devant la Chambre impériale
de Wetzlar qui était, à l'égard de la Régence de Saarbruck,
la Cour suprême*. Le comte Louis de Nas^^au Saarbruck
modifia l'organisation de la Régence et y introduisit des
réformes qni avaient pour but d'éviter aux plaideurs des frais
inutiles. Le règlement qu'il émit, le S janvier 1778, sous
* FûRSTBNTHAL, Real^EncyclopœdU, t. 1", p. 86.
S06
BEVUB l>*AIi8A0B
le nom de : Kamlei md Process-Ordnuug. établit une chan-
cellerie de ressort, un tribunal d'appel dont toutes les attri-
butions étaient clairement définies. Ce règlement (ut imprimé
à Saarbruck, dans Timprimerie de Tadministration, dans le
format in-folio, et se compose de trois cent vingt-huit pages.
Les justices villageoises élaient restées longtemps en droit
de rendre la juslice, mais les magislrals étaient tenus déjuger
toujours en corps; aucune des branches de leur pouvoir judi-
ciaire ne pouvait se déléguer à un seul d'entre eux. Le règle-
ment du S janvier 1778 leur enleva enfin le droit de juger et
attribua la connaissance des affaires litigieuses exclusi-
vement aux juges des bailliages. Ceux-ci statuaient en dernier
ressort jusqu'à cinquante florins.
Antérieurement à raniiexion de Bouquenora et de Saar-
werden à la Lorraine, les poids et mesures étaient uniformes
dans tout le comté; on s'y servait du pied du Rhin, qui équi-
valait à 0*814. La perche contenait di.x pieds du Rhin. L'aune
était égale à la demi-aune de Paris, équivalant à 0"o94. Oa
s'y servait de la livre poids de marc. La mesure pour les vins
et antres boissons était la même que la mesure (Ohm) de
Strasbourg, et était égale à 45,81, mais elle se divisait en
vin!j:l-deux pots, le pot en quatre quarts ou chopinos, et la
chopiae eu quatre quarts de chopine. La mesure pour les
grains était un boisseau appelé Simmer, qui cuuleuail
trente-deux litres, il fallait quatre de ces boisseaux pour faire
un sac ou rezal de cent vingt-huit litres ; chaque boisseau se
divisait en moitié, quarts, huitièmes et seizièmes de boisseau;
on donnait le nom de Mass au seizième de boisseau. H «t
à présumer que ces boisseaux dérivaient des mômes étalons
que le boisseau de Wissembourg, duquel il ne différaient que
d'un soixantième; on employait dans les deux contrées le nom
de Smmer pour désigner des mesures de grains. Le pied de
Lorraine, qui a 0-291 ou 10 pouces 9 lignes de Paris, était
en usage à Bouquenom et Saanverden depuis leur annexioa à
la Lorraine.
8AABWEBOEN ET BZRBITZHEIM
507
B. Hommes remarquables nés dans le comté de
Saarwerden
Vieaz-Saarwerden a diinné nai&sance, vers la ùn du XV*
siècle, à Jean, qui, né de parents obscurs, embrassa la vie
monastique et fut appelé par son mérite à la tôte de Tabbaye
de Sturlzeibronn : il figure dans le cataloji^ne des abbés de ce
monastère sous le nom de Jean de Saarwerden, il finit ses
jours eu
New-Saarwerden est la patrie de Jeaii-Jacciues Sdiilt
général de brigade, ne le 15 mai 1761. Il était volontaire
dans la légion de Nassau, le 26 janvier 1779, fit partie de
l'armée sur les côtes de Bretagne pendant les années 1779 et
1780 et se trouva à 1 attaque de Ttle de Jersey, le 19 février
1781 ; il servit comme of&cier à l'armée des Pyrénées orien-
tales jusqu'à la paix avec l'Espagne, qui eut lieu en l'an III:
il y était parvenu au grade de général de brigade, le 19 ven-
démiaire an 111. Passé à l'armée de l Ouest, il contribua à la
soumission dos habitants de la Vendée. Eu l'an VUl, il fit
partie de larmée de réserve; en Tan IX, il fut appelé au
commandement de l'armée de Milan ; il était commandeur de
l'ordre de la Légion d'honnenr et se dislingua dans plusieurs
batailles ^angée9^ Mis à la retraite lors de la seconde Restau-
ration, il se relira à Mongclol.
Bockenheimer (Jean), qui fut ainsi appelé de la ville qui
l'avait vu naître, fut justicier des mines et receveur de Wal-
drevanges; il fut annbli par Charles 111, duc di^ Lorraine, en
considéralion des services qu'il avait rendus à ce prince, par
lettres données à Nancy, le 6 novembre 1570. v\ à la vérifi-
cation desquelles la Chambre des comptes de Lorraine pro-
céda sans aucune taxe de finance. Il porta <f argent à deux
* Hertzog, Elsasser Chronkk, lib. III, p. 51.
* Victoires cl conquêtes, l. XXVi, p. 190.
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506 BBVDB D'AIAàOB
ehevroM étaw, accompagné de irok quintefenUks de gueules
pointées dor, deux m chef et me enpoiiUeK
Bonquenom (Jean) était originaire de la ville dont il por-
tait le nom; il fut, pendant trente-deux ans, châtelain et rece-
Tcur de Lunéville. Il fut anobli, en considéralion de ses ser-
vices, par Henri IH, duc de Urraine, suivant lettres du
\G avril 1624. Il portait d'or à trois huretles damr, à m
bmc saillant d'argent mis en pal sur le tout*,
Henri de Bouquenoin, architecte, vivait au XVI- rfècle et
donna des preuves remarquables d'une grande aptitude pour
les travaux du génie militaire et lart des foriifications; il
construisit la tour neuve de la Porte des Allemands qui est
une des portes historiques de Metz, avec le pont et les côlés
de ce pont*.
Bouquenom a vu naître, le 22 mars 1780, le baron Antoine-
Virgile Schneider, qui entra au service comme adjoint-surnu-
méraire du génie en 1800. Schneider se distingua en Espagne
dans les campagnes de 1808 et 1810, et, lors de la campagne
de Russie, ou siège de Danlzick, et particulièrement dans une
reconnaissance qui tVit exécutée le 6 juillet 1815, sous les
murs de Strasbourg, sur les positions autrichiennes; il fit la
campagne d'Espagne en 18-23; il fut nommé maréchal de
camp en 1825; il commanda le corps d'occupation de Murée
en 1828 et fut nommé lieutenant-général le 12 août 1830.
Ministre de la guerre du 12 mai 1889 au 1" mars 1840, il
améliora le sort des officiers par diverses ordonnances sur la
solde et la remonte; le 28 novembre 1840, il fut investi du
commandement des troupes de la division hors Paris, qui ont
puissamment coopéré aux travaux des fortifications de la
> Pelletier, yobiliaire ou Armoriai général de la Lorraine, toi 60.
* Là même, folio 07.
• Oaubt, BiMioihè^ ââ lorraine, p. 483.
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SAARWEBDEN ET HERBIXZHEDC fiOO
capitale; il était grand-croix de Tordre royal de la Légion
d'honneur, président do Ciomité consultatif dlofanterie, direc-
teur du personnel et des opérations au ministère de la guerre;
il est l'auteur d'une histoire des Iles lonniennes; les élec-
teurs de l'arrondissement de Saneguemines l'envoyèrent,
pniidanl plusieurs législatures, siéger à la Chambre des
députés, où il prit place dans le rang des conserrateurs; il
est mort à Paris le 11 juillet 1847, âgé de 67 ans'.
Besançon (Nicolas), maréchal-des-iogis au 17- régiment de
dragons, dont le nom mérite d'être arraché à un injuste
oubli, naquit à Boiiquenom. Les exploits de ce brave soldat
sont racontés de la manière suivante par les auteurs des
Tables du Ttmpla de la gloire' ; t Le 4 prairial an IL il
chargea seul deux cents hussards de Wurmser, se fit jour
jusqu'à un général autrichien qu'il attaqua au milieu de sa
troupe; il allait le Ikire prisonnier, lorsque l'Autriehien, pour
se sauver, se laissa glisser de cheval et s'enfonça dans un
marais, où il fut impossible de l'atteindre. Deux ans après,
Besançon se distingua dans un engagement qui eut lieu près
de liopfingen : sept chevau-légers menaçaient trois chasseurs
de notre infanterie légère; il courut aussitôt sur les cavaliers
ennemis, renversa les trois premiers, en blessa un quatrième
qu'il fit prisonnier, et força les autres à prendre la fuite. Le
SO vendémiaire an Y, ce sous-offîcier, près d'Ëinmedingen,
se précipita sur un peloton de hussards qui sabraient nos
tirailleurs, et l'obligea à la retraite; ce brave l'ut frappé au
front d'une balle au moment où, vainqueur dans un combat
singulier, il enlevait un drapeau. »
Schœll (Maximilien-Samson-Frédéric) naquit en 1766, à
Harskirchen. Il fit ses premières études au gymnase de Boux-
* MxiLLIÉ, Biographie des célébrités militaires, l. II, p. 522.
• Victoires et conquêtes des Français, t. XXV, p. 39.
BEVUE D*ALSACB
wîUer, 8008 le 8avanl Bast, et alla, à quinze ans, à l Univer-
sitô de Slraslwarg où il étudia, sous le célèbre Koch, riiistoire
et le droit public. Il fut successivement précepteur, avocat,
Hbrah e et diplomalc. Après avoir rempU plusieurs missions
diplomalique^, il resta attaché à Tambassade de Prusse, à
Paris. Ou a de lui : V Collection des actes, pièces offidOes,
règlements et ordonnances relatifs à la confédération du Jm.
1808, iu-8°; 2" Mt^erlom de liltératnre ancienne ou CJmx
dfmUrsdMÎques, grecs et latins, i8Û2, deux parties, in-8';
8* T^hm des peuples de tEurape, classés d'après leur
lafigm. e'c. iSlO. 1812, in-8-; 4* Prém de la Révolu-
non française., 1810, in-i8; 5* DesmpUm abrégée de Rom
ancienne, daprès Ligorius, etc., 1811, in-18; 6- JSWrtWft *
chronologie, 1812, 2 vol. in-18; T Histoire abrégée dè la
UUérature grecque, depuis son origine jusqna la pnse de
CkmsUmtmople par les Turcs. 1813, 2 vol. in-8- 2' édition,
182S-1824, 8 vol. in-8»; 8» Recueil de pièces officielles desti-
nées à détromper les Français sur les événenmie qui se sont
passés depuis quelques aimées, 1814-1816, 9 vol.
9» Histoire abrégée de la liU&atnrerommneASih, iiVoUn S'j
4œ Congres de Vienne, recueil de pièces offUMes, 1816,
2 vol. iu-8'; 11" Histoire abrégée d^ s traités de paix entre ks
ptdssances de r Europe, depuis la paix de WestphaliejusguW
IraUéde FOris duÈO novembre i815, 1817-1818, 15 vol. m 8-.
Sehœll a entièrement refondu Touvrage de Kocli, qu il a aug-
menté et continué. Il est éditeur déâ Tables géMogiqm de
maisons souveraines rf« nord et de rest de
posthume de ce savant. Plusieurs articles de la Biograpm
universelle sont de M. SchœU\ Son Histoire des iraUés de poix
est le seul de ses ouvrages que l oii consulte encore. Il moorol
le 6 août 18S3.
» IUbbe, ViEiLH DE BoisjouN ET Saditb-Bbovb, BtofffOpWe
vmelU de$ eontmporains, t. IV. p. 1S86.
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HAABWBRDBN BT EBRBITZHBIM
611
G. La Bonne-Fontaine
Dana l'une des visites que fit le comte GuîHanme-Henri
de Nassaa-Saarbruck à son comté de Saarwerden, les sources
qui jaillissent, dans une situation charmante, sur le territoire
du villa^^e d Allvviller, près de la censé de Neuweyer, à quatre
kiiomètres de Ilar.skirclien, attirèrent ses regards et réml-
lèrent chez lui le goût des construclions. La plus considérable
de ces sources a?aifc reçu le nom de la Bonne-Fontaloe, elle
n'a été découverte qu'au commencement du XYIH* siècle;
la seule analyse qui en ait été faite date de 4761». Sa fraî-
cheur n'est pas au degré de leau commune; l'eau en est
claire et limpide, elle a une odeur légère cl fugue, sa saveur
est saline et un peu astringente; elle paraît froide en été et
chaude en hiver, de temps en temps on voit s'y former de
petites ébulitions; elle jouit, dit-oo, d'une vertu apéritive,
diuréUque, tonique, détersive, stomachique et légèrement
purgative. Le comte Guillaume-Henri la fit encaisser dans
nn bassin d'une belle construction en pierres. Ce bassin a une
profondeur de trois mètres vingt-cinq centimètres et une
ouverture de près de deux mèlres; son trop plein s écoule
dans l'étang de Neuweyer, par un canal qui est couvert d'un
enduit jaunâtre et ochrocé.
Le prince Guillaume-Henri, voulant signaler son règne
dans cette contrée par la construction d'une maison de plai-
sance qui attestât tout l'orgueil de sa race, tourna ses regards
«nr la censé de Neuweyer, dont la situation agréable parais-
sait fkvorable à ses vues. 11 construisit dans le voisinage de
celte ferme un château pour lui servir de demeure quand il
venait visiter son comté de Saarwerden et, en môme temps,
de rendez- vous de chasse, et fonda, près de ce château, un
établissement de bains qui était composé de douze cuves.
» FAluaàs-MâBiaouRT, Annuaire du naa-lUun pour 1808, p. 67, et
^^eicriptMnieStraébourg, p. S20.
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BKVUB D*AIJBàOB
Malgré toutes les dépenses qu'il Ût pour doter cet établisse-
ment de toutes les commodités désirables, sa vogue n eut
qu'une durée éphémère et il fut peu fréquenté.
La Révolution française, qui derait bouleverser toute
l Allema;.ne. ravit au prince Louis de Nassau-Saarbruck, non
seulemenl ses Etals, mais encore ses propriétés privées qui
furent placées sous séquestre. Trop sensible au malheur de
sa patrie et à la perte de son patrimoine, il termina sa ear-
rière k Aschaffenbourg, to 2 mars 1794, ne laissant qu un fils,
Henri-Louis-Charles-iUbert, à qui il transmit ses droits sur
les Etats de Nassau-Saarbruck. Trois années s'étaient a peine
écoulées que ce prince, qui résidait à Klosler-Heilbronn
rnourui à la fleur de 1 âge, d'une chule de cheval, en voulant
se rendre à Anspacli. Il rendit l'âme le Î7 avril 1797, à lâg»
de vingt-neuf ans un mois et dix-huit jours.
Charles-Guillaume, prince de Nassau-Usingen, son cousin,
hérita de ses prétentions sur les Etats de Nassan-Saarbruck.
A cette époque, il existait encore deux tantes du jeune prnice
qui venait de périr d'une manière si misérable. C'étaient les
deux sœurs de son père : !• Anne-GaroUne, princesse de
Nassau-Saarbruck, veuve en premières noces de Frédéric-
Henri-Cxuillaumc, duc de Holstcin-Glucksbourg, etépouseen
secondes noces de Frédéric-Gharlcs-Ferdinand, ducdeBruns-
wick-Bevern,feld.marôclial danois»; 2° Wilhelmine-Henrietle,
princesse de Nassau-Saarbruck, veuve douairière de Louis-
Armand de SeîgUères et BeUeforières, marquis de Soyecourt,
en son vivant Ueutenant-général des armées du roi de
France'.
» Elle devint veuve de son eeeond mari en 1809 et se retira à Glucto-
bourg(Schleswig); elle finit ses jours en 182 î. «UaYécul
» Après la mon de son m.iri, arrivée le 7 septembre 1/90, «
relirôe à Pari.; arrêtée pcnthnt la Terreur, elle fut <^«'*JJ*' * 'VrSle
trii'ie .'t ne recouvra la liberté qu apres la chule de RoWWW»
uiana, en 1800, sa fille unique Adrienne. marquise de Soyecou , .
eomte de Saliitfr-Anlaire. et prit son domicile à Saarbraek, ou elle vécu
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BAàxmaaaax et bbbbiizbbdi 518
Ses deux tantes, qui étaient habiles à se porter héritières,
chacune pour moitié, et à recueillir ses propriétés allodialee
qui étaient frappées de séquestre, n'attendirent qu'un moment
ftYorabie pour faire valoir leurs prétentions. Lorsque la réro-
loUon du 18 brumaire de l*an VIW eut amené un ordre de
choses nouveau, elles sollicitèrent du gouvernement consu-
laire la levée du séquestre qui frappait les propriétés que
leur avait délaissées leur neveu. Le gouvernement ayant
déféré à leur demande, elles recueillirent toutes les propriétés
aliodiales, tous les domaines qui araient appartenu à leur
neveu dans raneien comté de Saarwerdeo, c'est-à-dire dans
les cantons de Saar-Union et de Drnlingen. Ces biens et
ces domaines consistaient en fermes, en belles prairies, en
terres labourables et eu magnifiques forêts, de la contenance
de plus de trois mille six cents hectares, et étaient situés aux
bans et communes de Bust, Oltwiller, Weyer, Biltten, Loren-
zen, Domfessel, Oermingen, Harskirchen, Altvilier, Dieden-
don^ Woliiiidrehen, Bnrendori; Rauwlller, Escbwiller et
Ratzwiller. M** la duchesse de Brunswick-Bevern et M"" la
msrquise de Soyccoart, arant même qu'elfes eussent pris
possession de cet opulent héritage, en vendirent les deux
dixièmes à M. Augustin-Nicolas Ghœl, propriétaire à Paris,
suivant contrat passé devant M* Demantart, notaire en ladite
ville, le 12 fructidor an XII (30 août 1804). Il paraîtrait que
l'administration des domaines eût refusé de faire la délivrance
de tous les biens délaissés par le prince de Nassau, préten-
dant qu'ils dépendaient du domaine de TEtat nassaurien, et
joiqa'en 1827. An mois d'août 1818, Uademoiselle de Sainte-Aulaire
donna sa main à SI. le duc Decazcs. En considération de ce mariage et à
la demande de Louis XVIII, roi de France, le roi d^. Daii-^inarck donna
aux futurs époux et à leur descendance le titre et la terre de Glucks-
bonrg. En 1827, M°" la marquise de Soyecourt se rendit chez la com-
tesse deSaiutc-Aulaire, sa lille, et mourut le 21 seplombrc au château de
la Grave, près de Libonrne, à l'âge de 77 ans. Avec elle s'éteignit la
&mille de Nassaa-SBarbraek-Saarbmek.
MmnreUe Séile - 7* Année. 83
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514 BBVDE D'AUBACE
qu'ils étaient retombés au domaine français par l'effet du
traité de Lunéville. Mais après la chute de l'Empire, lorsque
les événements politiques eurent ramené pour la seconde
fois le roi Louis XVIIl sur le trône de ses pères, M»' la
duchesse de Brunswlck-Bevera et M- la marquise de Soye-
court sollicitèrent de la bienveillance du monarque restauré
la rcslitulion pleine et entière des domaines, terres, prés,
forêts, maisons, termes, droits et actions, rentes, cens et
redevances, connus el inconnus, qui dépendaient de la succes-
sion de leur neveu et qui étaient situés dans l'arrondissement
de Sayerne. Le roi déféra à leur prière et rendit, le 4 octobre
1815, une ordonnance aux termes de laquelle tous les
domaines et leurs dépendances et appartenances, qui prove-
naient du dernier prince de Nassau-Saarbruck, leur fiiient
restitués sans en rien excepter ni réserver. Elles en forent
mises immédiatement en possession; le procès-verbal qui
en fut dressé, le 23 décembre 1815, nous donne la longue
nomenclature de tous les domaines et de tous les biens qui
furent restitués aux héritières du prince de Nassan» quoique
la plupart ne fussent pas des propriétés allodiales transmis-
sibles par succession, mds dépendissent du domaine de
l'Etat.
A peine M""" la duchesse de Brunswick-Bevem était-elle
mise en possession de sa part d héritage, qu'elle vendit les
deux cinquièmes des immeubles qui en dépendaient, à
MM. Jean-François^oseph Menuet, banquier, et à Georges-
Adolphe Ostertag, docteur en médecine, demeurant à Stra:^-
bourg, moyennant la somme de «MOOO firancs, suivsnt
contrat passé devant M* Zimmer, alors notaire audit Stras-
bourg, le 15 juin 1816. Quelques semaines plus tard. M"" la
marquise de Soyecourt leur vendit aussi un dixième de son
héritage, moyennant la somme de iOUOOO francs, suivant
acte passé devant le môme notaire Zimmer, le 14 août
suivant
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SAABWEBIffiN ET HBRBITZBEIH 515
Presqu'au môme instant, la totalité des biens qai dépen-
daient de la succession du prince de Nassau, et qui étalent
situés dans l'ancien comté de Saarwerden, passa aux mains
de M. Christophe Mérian-Hoffmann, riche propriétaire à Bàle.
M. Ghœl lui revendit les deux dixiètne.s de ces immeubles,
par contrat passé devant M- Blanchard, pour lors notaire à
Haningue, le 27 juin 1816. Les trois dixièmes de ces biens
que lu marquise de Sayecourt s'était réaerFés furent vendus
par elle à M. Mérian-Hoffmann, suivant contrat passé devant
M« Lacombe, alors notaire à Strasbourg, le 14 août 1816, et
les sienro Mennet et Ostertag lui en vendirent les cinq
dixièmes par eux acquis et loi en passèrent contrat devant le
notaire Lacombe, le 19 du même mois.
M. Mérian-Iîoffraann, séduit par ia situation de la source de
Bonne-Fontaine et l'abondance de ses eaux, s'est plu à res-
taurer et à embellir le château de ce nom et Taicien établis-
sèment des bains et à leur donner tons les attraits capables
de fixer les baigneurs. Mais les généreux efforts et les grands
sacrifices qu*il fit, pour donner à ces eaux plus qu'innocentes
une célébrité à laquelle la nature ne les avait pas destinées,
furent stériles, et rétablissement des bains a été converti en
une ferme qui est l'une des exploitations les plus considérables
de TAlsace-Lorraine.
Le domaine de Bonne-Fontaine, avec ses dépendances, resta
aux mains de M. Mérian-Hoffmann pendant vingt ans; enfin,
par contrat sous signatures privées, du 40 octobre 1836,
d^é en réInde de M* Triponé, notaire à Strasbourg;, le
décembre suivant, il le vendit à la Société civile de Bonne-
Pontaine, composée de MM. Nicolas Kœchlin, député, Edouard
Kœchlin et Carlos Forel, manufiicturiers, les trois domiciliés
à Mulhouse. Cette société le revendit à M. le baron Frédéric
de Meckienbottiig, pour la somme d*un million deux cent mille
franc^ suivant contrat passé devant M* Piet et Hailig, notaires
à Paris, le i4 août 1844; il passa ensuite aux mains de
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516 BBVUB D*AL8AGB
If. RaphtSl de Ferrari, marqais de Galliera, propriétaire à
Paris, qui le revendit à M. Louis-Alexandre, baron de Klop-
steîn, maire dé la commune de VaUet-Châtillon pieurthe),
suivafit contrat reçu par M* Gripon, notaire à Parie» le
i2juinl8Gt.
Originairement, ce domaine se composait de trois mille six
cents hectares ; il a été morcelé, des parties ont été vendues,
et aujourd'hui il se trouve réduit à environ treiz ecents hect-
ares.
Il y avait, dans le comté de Saarwerden, deux fiefs qui
relevaient de la maison de Nassau-Saarweiden : le château
de Diedendorf et la belle ferme dite Lauterbâcherhof, située
dans la banlieue de. Vœllerdingen.
D. Le château de Diedendorf
Jean IV, comte de Nassau-Saarbruclv, et ses cousins Albert
et Philippe, de la branche de Weilbourg, donnèrent, à titre de
fief, à Jean Streif de Lauensteln, bailli du comté de Saar-
werden, une métairie sise à Diedendorf, avec tous les biens
qui en dépendaient, suivant lettres d'investiture du 12 février
1670». Le château qui s'élève dans le Toisinage de cette ferme
paraît avoir été construit à cette époque, ainsi que Hodique
la date de 1577 qui se trouve sculptée intérieurement au-
dessus de la porte d'entrée do la cour. Jean Streif de
Laueubtein en ût sa résidence et le transmit à ses descendants,
qui le possédèrent pendant plus d'un siècle et demi.
Otto-Ferdinand Slreif de Lauenstein, seigneur de Nieder-
willer, capitaine de cavalerie au service de France, mourut
à Diedendorf, le 19 février 1622, à Tâge de 76 ans, sans
laisser de postérité.
Sa nièce, Ciiailolle-Quadt de Lanseron, épouse d'Ernest
Friedmanu de Muuchhausen, prit possession du château de
» Archives dn Bas-Rhm, S. E. 5196.
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8AABWBBDEK ET HERBITZHBIM
617
Dîedendorf et en reçut rinvestiture da prince de Nassan-
Saarhruck. Quoiqu'elle fût la plus proche parente du dernier
rassal, son agnat, Charles Streif de Laaenstein, lieutenant-
colonel au régiment de cavalerie Royal-Allemand, an service
de France, forma opposition à cette investiture; il eu résulta
un litige qui se termina d une manière désavantageuse pour
M"* de Mtinclîhausen. Le liculenant-colonel Streif de Lauen-
stein reçut la co-investiture du (ief de Dîedendorf, dont il prit
possession conjointement avec M"** de Mttnchhansen. sa cou-
sine, mais il y renonça en faveur de cette dernière, aux
termes d*une transaction intervenue entre eux le 28 jan-
vier 1780.
A peine M. et M™* de Mûnclihausen étaient-ila tranquilles
possesseurs du château de Dîedendorf que, du consentement
du seigneur direct, ils le vendirent à M. Auguste-Guillaume
de LUder, grand-bailli du comté de Saarwerden, par acte du
17 septembre 1730.
Ce seigneur mourut en 1781, laissant le château de Dîe-
dendorf à ses quatre fils, Frédéric^hrétien, Gbarles-Auguste,
Gharles-Frédérie et Charles-Henri, qui en furent investis le
17 août 1782*. Quelque temps .-iprès, Charles-Frédéric de
Lilder, grand-bailli du comté de Saarwci den, réunit sur sa
tête toutes les parties du fief délaissé par son père, mais il
le réfuta en 1758 en faveur du prince de Nassau-Saarbruck.
A partir de ce moment, le château de Dîedendorf passa rapi-
dement dans diverses mains.
Guillaume-Henri, prince de Nassau-Saarbrnck, le vendit
en toute propriété à Gustave, baron de Geisspitzheîm, et à
Henriette-Louise-Ghristine-Frédéri(|iie de Bode, son épouse,
moyennant la somme de dix-neuf mille florins, suivant
contrat du 16 février 1763. La propriété vendue consistait
dans le château de Diedendorf et ses dépendances, une
métairie (Sehwêiierei), sa cour et ses écuries, quarante-six
* Aiehives dn Bas-RhiB, S. E. 5186.
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518
BBVUE D*ALaACB
arpente et quart de jardins et vigaes, quatre-vingt-ox arpents
et quart de prés et deux cent quarante arpents et quart de
terres labourables, aux bans de Diedendorf et de Wol6-
kireben.
Ea 1769, le baron de Geispilzheim et sa femme, née de
Bode, vendirent ce cliàteau et ses vastes dépendances à
M. Jean-Baptiste de Verlhac, lieutenant du roi et commandant
de Fort-Louis, en se réseryant le banc d'honneur et le droit
d'inbumation à Téglise. En 1791, M. de Verlhac revendît ce
domaine au général de Frimont, sons les mêmes réserves et
y compris la dlme et tous les droite que les princes de Nassan-
Saarbruck avaient reconnus aux précédents propriétaires.
M. de Friment le vendit, à fonds perdus, à M. Braun, de
Fénélrange, qui plus lard en fut dépouillé par une expropria-
tion forcée. Le sieur Jenn-Lébrecht Rauscti fils, négociant à
Strasbourg, s*en rendit adjudicataire à la barre du tribunal
civil de Saveme, et le vendit à H. Glaude-Josepb Harmand,
inspecteur des domaines à Lunéville, pour la somme de
vingt-trois mille francs, suivant contrat passé devant
M* Rencker, alors notaire à Strasbourg, le 11 août 4819.
M. Harmand revendit ce château à M. Bella. M. Mérian-
Ildffmann, de Bàle, qui était créancier de ce dernier, reçut
cette propriété en déduction d'une partie des fonds qu il lui
avait prêtés. M. Christophe Mérian-Hoffmann, rentier à Bàle,
la recueillit dans la succession de sa mère, Valérie Hoffmann,
dont il était le seul héritier, suivant acte de partage entre
M. Mérian, son père et lui. dressé à Bâle le 8 décembre 1884,
et la vendit, par contrat du 10 octobre 1836, à M. Nicolas
Kœchlin, ancien député, agissant pour et au nom de la Société
civile de Bonne- Fontaine, dont il était administrateur. La
maison de commerce éteblie à Tbann sous la raison Kestner
père et fils, acquit ce domaine de la Société civile de Bonne-
Fonlaine, suivanf.conlrat reçu par M* Glaudon, notoire à
Mulhouse, le 29 janvier 1845. La maison de commerce
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SÂABWEBDEN ET HBBBEIZHBDC
519
Keslner père et fils le revendit, par acte passé derank
M* Mulotie, Dolaire à Saar-UnioD, ie 17 septembre 1858, à
IL Raphaël de Ferrari, marquis de Ferrari, doc de Galliera,
domicilié à Paris. Gelui-ci le reyendit, avec le domaine rural
de Bonue-Pontaine, à M. Louis-Alexandre baron de KIopsteIn,
propriélaire et maire de Val-et-Cbàlilloii, près de Girey, sui-
vant contrat du ii juin 1861.
Le château de Diedeodorf coosiste en maisons d'habitation
et bâtiments économiques, tels que grange, écuries, fenil, cel-
lier, cave, avec cours, jardins potager et rerger, vignes, prés^
source, pnîts et manège hydraulique, le tout d*un seul tenant
et d*une superficie de neuf hectares et ceint de murs et de
clôtures en palissades.
Peu de temps après avoir fait l'acquisition de ce domaine,
Di. le baron de KIopstein le revendit à M. Striûler.
E. La ferme dite Lutterbacherhof
La métairie appelée Lutlerbach, Lauterbach ou Lutter-
bacberhof, située au territoire de Ymllerdlngen, rillage dépen-
dant du comté de Saarwerden, a été possédée pendant plu-
sieurs siècles par les nobles de Nimsgern, qui la tenaient en
foi et hommage des comtes de Saarwerilen, puis des comtes de
Nassau-SaarbruckV Kri 1608, Bernard Nimsgern de Langen-
feld en reçut une nouvelle investiture et se recoiinul le vassal
du comte de Nassau-Saarbruck. Il vendit en 1613 Ja moitié
de cette ferme à Philippe Eberbard Streif de Lauenstein, bailli
de Herbilzheim, qui la transmit à ses descendants. Celte
moitié fut partagée, en 1670, entre les Streif de Lauenstein
et M. de Bousée. L'autre moitié resta aux mains des héritiers
de Nimsgern, qui en vendirent, en 1700, les neuf dixièmes à
M. de Hoffmann, de Deux-Ponts. Celui-ci en acquit aussi,
' Archivas da Ba»-Rhin, E. 5184.
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520 filVUB D'ALBàOB
rannée d'après, l'autre dixième de Jeaa-Jacqaes Uaydn, à qni
il était advenu par héritaf e.
H. de Hoffmann acquit encore, en 1702, la moitié de Tantre
moitié de cette ferme, d*Ottion-Eberliard Streif de Laaenstein,
de manière qu'il réunit sur sa téte les trois quarts de la
totalité, pour lesquels il reçut Tinvesliture en 1707. Le der-
nier quart, qui avait été transmis par héritage à Marie-
Catherine de Bousée, épouse de Jean-Guillaume de Belten-
dorf, ad?int aussi dans la suite à M. de Hoffmann. Celui-ci
transmit la totalité de ce flef à son fils, M. de HofDDann de
Pfettersbdm, oonsdller du duc de Deuz-Pûnts, qui, à la
suite d'un long procès, dut le rétrocéder au comte de Nassau*
Saarbruck.
Lors de l'annexion du comté de Saarwerden à la Répu-
blique française, en 1793, ce domaine devint propriété de
l'Etat; il consistait alors en deux parties disUnclfis; l'une com-
prenait les bâtiments de la ferme, les terres arables et les
prairies et avait une superfide de cent cinquante*neuf hect-
ares quatre-vingt-onze arcs et trois centiares; et l'autre se
composait d'une forêt de haute-futaie, de la contenance de
deux cent vingt-neuf hectares quatre-vingt-sept arcs quatre-
vingt-quinze centiares.
. Tout le diimaine est entièrement délimité par des pierres-
bornes et forme la section A du plan cadastral de Vœller-
dingen; il a pour limites les bans de Saa^Union, Keskastei,
Oermingen et Yoellerdingen.
Gomme les férmages ne se payaient pas régulièrement, le
gouvernement crut qu'il serait dans l'intérêt de la nation de
vendre tout le domaine par adjudication publique, et le fit
diviser en trois lots. Le premier comprenait la forêt; le second,
la ferme avec le tiers des biens en dépendant, ou rinquante-
trois hectares trente ares vingt-quatre centiares ; et le troi-
dème lot se composait des deux autres tiers des biens, avec
cent six hectares quatre-vingts ares. La fofèt, quoique estifflée
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à TÎI prix, ne trouva pas d'amateur et fut déclarée forêt doma-
niale. Le deuxième lot, arec la ferme et le tiers des bieoa,
fiit adjugé aa fénnier, le sieur Baeh, qui l*a transmis à ses
descendants, et le troisième lot fut acquis par le sieur Georges
Staath, négociant à Herbitzheim\ pendant son mariage
avec Suzanne Halde; quelques années après cette acquisition,
Georges Staath eut la douleur de perdre sa femme, et, comme
elle ne lui avait pas donné d'eniants, il se vit dans la pénible
nécessité de vendre les biens qu*ll avait acquis pendant son
union arec ladite défonte. Il s'entendit fadiement avec ses
liéritiers collatéraux pour vendre les cent six hectares quatre-
vingts ares (cinq cent dnqnante-quatre arpents) de terres et
de prés, faisant autrefois partie de la censé dite Luderbacher,
à Anne-Gilbert, baron de Laval, général de division, comman-
deur de l'ordre de la Légion d'honneur. Le contrat en fut
passé devant M' Lacombe, notaire à Strasbourg, le 22 mars
1808. Le général de Laval construisit, dans une position
avantageuse et sur un terrain riche en sources, une ferme
consistant en maison d'habitation, grange, écuries et autres
bâtiments nécessaires à une grande exploitation rurale. Il
laissa, à son décès, la moitié de ce domaine à son fils unique,
Camille de Laval; l'autre moitié en advint à Marie-Anne-
Hypolite de Bourg, veuve du général, demeurant à Rodern
(Haute-Alsace), à cause de la communauté de biens qui avait
existé entre elle et son mari.
M. Anne-Marie-Mathias, baron de Laval, propriéUire à
Huratel (Puy-de-Dôme), et Louise-Marie Malay de Laval, son
épouse, seuls héritiers de Camille de Laval, s'entendirent avec
la veuve du général pour vendre ce domaine, avec d'autres
biens situés aux bans d'Oermingen et de Herbilzheim, à
M. Joseph Jannesson, ancien préfet de TËma oriental, domi-
' Commonication bienveillante da M. le maire de Vœllerdiogen.
BKVUB D'ALSàOB
cilié à Strasbourg'. La Tente en fut faite moyennant la somme
de soijnnfe mille francs, soirant acte passé devant M* Ren-
cfcer, notaire à Strasbourg, le 18 novembre 1810.
M. Jannesson agrandit les bâtiments de cette censé, embellit
la maison de maître et en fit une habitation d'été aussi
confortable que saine.
Celte censé a toujours élc exploitée par des fermiers;
M. Jannesson la transmit à ses enfants, qui en vendirent la
plus grande partie à des particuliers de Saar-Uriion, d'Oer-
mingea et de Vwllerdingen. Les bâtiments de la ferme, avec
trente-huit hectares vingt-et-un ares 8oîxante^ou»e centiares
de terres et de prés, furent vendus à M. Germain, qui en est
encore propriétaire. Le Lutterbacherliof est actuellement un
petit hameau composé de six maisons d habitatîon.
On raconte que c'est dans la ferme de Lutterbacherliof'
située au milieu des forêts, que Philippe Melanchton étoit
venu, en 1524, tenir des conférences auxquelles assistèrent
les religieuses de Herbitzbeim, qui ne tardèrent pas à par-
tager ses opinions réformatrices et à embrasser le luthéra-
nisme, sauf deux, qui s'enfuirent à Saint-Nabor (Sdnt-
A?old).
F. Moulins du comté de Saarwerden
Le comté de Saanverdcn et Pancienne prévôté de Her-
bitzbeim étaient émaillés de vingt-sept moulins à fiirine,qni
tous étaient des emphylhéoses, savoir: vingt-quatre relevaient
de la maison de Nassau-Saarwerden; deux, ceux de Burbach
et de Gœrlingen, dépendaient du château de Diedendorf : et
la directe de celui de Drulingen eu appartenait aux nobles
de Steincallenfels, seigneurs d*Â8Swiller*. Dans ce nombre
n'étaient pas compris les moulins de Saarwerden et de Boo-
* Jannesson na(juit à Savei ne, le 33aoât 1770 et mourut à Slrasboiirg,
le 20 janvier 186-i, à 1 ùge de 85 ans.
* Archives de la Baise-Alsaee, S. E. 5136.
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6AAKWEKDBN ET HBBBITZHEIH
m
(laenom, qui étaient des emphythéoses relevant da duché de
Lorraine.
6. Appendice au chapitre r*
Nous aTQns dit au chapitre I" de eette histoire^ -que Fol-
mar, comte de Saarwerden, avait épousé Stéphanie, dont le
nom de famille est demeuré inconnu. Depuis l'impression de
ce chapitre, des documents francomtois nous ont appris que
Stéphanie, Tépousedu comte Folmar de Saarwerden, élaitfille
de Thierry ou Théodorlcil, comte de Monlbéiiard et arrière-
petite-filie de Louis, comte de Moncion, et de Sophie de
Lorraine. Elle était cousine issue de germain de Renaud ou
Reginald, le dernier comte de Lutselbourg, qui était également
arrière-pelit-tils du comte Louis de Moncion.
Ce sont probablement les prétentions que le comte Folmar
de Saarwerden forma sur l'opulent héritage du dernier descen-
dant de Tillustre maison de Lutzelbourg, qui donnèrent lieu
à la guerre que lui firent Etienne de Bar, évôque de Metz,
et Mathieu, due de Lorraine; et il paraîtrait que son fils
Louis I*' ait aussi cherché à faire valoir les prétentions que
sa mère Stéphanie de Monlbéiiard loi avait transmises sur
le château de Lutzelbourg. Ce seigneur a joué en Franche-
Comté un rôle assez important comme légat ou juge institué
par l'empereur Frédéric I" pour maititenirson autorité dans
ce pe|8. Il est cité plusieurs fois dans les documents fran-
comtois.
Cornes Luékwkus de Sarreverdê figure comme témoin dans
une charte émise le S6 aoôt i486 à Mulhouse par l'empereur
Frédéric I", en faveur de l'abbaye du Lac de Joox". Une
autre charte de la môme année se termine ainsi : Actumapud
' Page 118, t. VI delaiïeutt*.
' Nous devons la communication de ces documents h l'oblif^'oance de
M. I>éon Viellard, de Morvi liais, et nous l'en remercions bien vivement.
• M. de GmoiNS de Sabaz, Rectorat de Bourgogne, p. 190.
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6M
BBVUB D*AL8AaB
OrottMuryiwBtàBmkm dum cornes de Saloemia curiam mm
kgaU tft Burgundia sont cités dans une charte de 1188'.
Ludovieus Dei ffraUa cornes ds Sahsmia hnperiaSs auk én
Btirgimdia justfciarius figure dans un document de la même
année*. Cornes Ludovieus de Sarwerde, magister Daniel, tune
legaius Burgundiœ apparaissent comme témoins dans une
charte que l'empereur Frédéric 1*' donna à Haguenau en
làTeur de l^abbayede Saint-Etienne de Be8ançon^ Ludomeus
eomss d$ Salnema est cité comme témoin d*ane charte du
1** juillet 1196 en faveur des possesseurs du château de
Rosières ^ et cornes Lmhvicm de Sokkrdo figure, vers il98,
comme témoin d'une charte en faveur deTéglise de Baume*.
D. Fiscera.
' Clerc, ffMoirt tft Fnmthê'ComU, 1 1, p. 388.
' Ibidem .
^ Archives départementales de Qaata-Saône. EUU iespenonnett i 1
p. 283.
* E. Bealrix de Chàlons, p. 87.
' Gbbvalibr, HiiMn dû Poligny, 1. 1, p 332.
* anImh 1 1, p. asts.
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NOTES BIOGRAPHIQUES
SUR LES
HOMMES DE LA HÉVOLUÏION
A
STRASBOURG ET LES ENYIRONS
Suite
BERGER (JAQQtnss).
1750. Né à Lyon.
1789. Artiste dramatique de peu de mérite, attaché au
théâtre de Strasbourg.
1791 . Membre de la Société des amis de la Constitution.
7 février 1792. Il passe aux jacobins.
1792. Chargé du dépôt général des ornements religieux
confisqués dans les églises, chapelles et couvents.
a novembre 1793. L'administration départementale du Bas-
ïUiin»ayant été cassée parSainWust et Lebas, Berger
et quatre autres sont maintenus en fonction, et for-
mèrent une commission provisoire pour Fexpédition
desaffoirea
6novembre— . Membre du Comité de surveillance de la
Société des jacobins.
Quelques jours après, Baudot le nomme membre
d'mi Ciomité de salubrité, ayant mission d'épurer les
Sodétés i^tlipies de Strasbourg.
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BBVQB D'ALBAOB
24décembre 1793. L'iniporUuice do la dénonciation du sans-
culotte Mas.sé contre Rumplor, secrétaire, Soniniervo-
gel et Finck, Toblijj^e à envoyer la pièce au Comité de
sûreté générale pour y faire droit.
26 janvier 1794 . Il assiste à la levée des scellés chez le sans-
culotte Massé.
Peu de temps après, il est arrêté, mais appuyé par
Monet, il fût mis en liberté en mars suivant
23 avril — . Elu notable de la commune.
2 août — n signe Tadreese de la municipalité à la Conven-
tion nationale lors de la conspiration de Robespierre
et autres.
5 septembre — . Notable sous le maire André.
17 Janvier 1795. BaiUy le nomme membre du comité révo-
lutionnaire du district de StraEft>ourg.
1796. n occupe une place de commissaire de police ft Stras-
bourg, car c'est en cette qualité qu'il est élu, la môme
année, pour représenter le canton de Strasbourg aux
Assemblées priniaii'es du Bas-lUiin.
Sous l'empire, il donnait dos leçons de danse et de
maintien, rue des 1^ rères, 18, à Strasbourg.
BERGHAUER,
deBarr.
11 abjura la prêtrise.
1793. Il fut appelé à la présidence du district de Barr. A
peine instidlé, le Conseil général de ce district exposa
ses plaintes sur la conduite de ce fonctionnaire, dans
une délibération présentée aux représentante du
peuple à Strasbourg; mais, appuyé comme il 1 était
par son intime ami Euloge Schneider, rafiGûre n'eut
point de suite.
24 octobre — . La municipalité de Barr répéta ses accusa-
tions, en ajoutant deux procès-verbaux à l'appui, qui
démasquaient la manière despotique et drâgereose
de cet individu. ^
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LES HOMKBB DE Lk RfiTOLimON SSfi
21 et 22 novembre 1793. Sur ses rapports, le tribunal révolu-
tionnaire du Bas-Rhin condamne :
lo Samuel Chayen, de Niedernai, âgé de 20 ans, à
six ans de fer et au poteau, pour avoir demandé 8
livres pour une livre de plumes de lit;
2o François-Mathias Ausel» chairon à Dambach,
41 ans, à mort et confiscation de ses biens, pour avoir
dit que Pennemi viendra en Alsace;
8« Joseph Labni, aubergiste à Saint^Maurice^ 58 ans,
à 6000 livres, pour vente de vin au-dessus du maxi-
mum.
Le soir de la fête de la Raison à Barr, prenant Tes-
prôtre Funckparlebras, il lui fitfedre le four delà
salle, le présenta auxBarroises, espérant que Tune ou
l'autre lui oflHraitsa main, et à la même soirée, quand
Schneider demandait à la société une contrilDution
volontaire en faveur de Funck, Bergliauer ajoutait
qu'il espérait que personne n'oserait offi^ir de misé-
rables pièces de cinq livres.
10 janvier 1794. Les représentants du peuple chaigent le
général Dièche de Tarrèter dans la nuit, comme sus-
pect et dangereux, ses papiers seront visités et, de
suite, il'sera transféré à Dijon sous bonne escorte.
10 avril ~. Le comité de surveillance et de sûreté générale
du BasHEUiin, ayant demandé à la Société populaire
épurée de JBarr des renseignements sur les làits et
gestes de Berghauer, reçut les suivants :
Berginiier était tout moulé sur Schneider, sa manière de pen-
ser et d*agîr fat conforme an caractère de celui-ci. Us se ressem-
blaient surtout en vengeance, envie de régner et despotisme. C'é-
tait en outre un fimatiqne qui faisait ûter par un de ses agents
la consécration aux ornements d'éylise, lorsqu'ils furent trans-
portés au dt-partement. Si les citoyens et citoyennes ven;ii(>iil au
district pour présenter des pétitions ou pour consulier Ifs ;idmi-
nistraleurs, il les regardait d'un air méprisant, il les abordait
rudement et ne leur répondait qu'en les menaçant de la guillo-
tine. U disposait arbitrairement des détenus, prétendant être
Investi de ce pouvoir par le Goinité de sAreté générale. Il mit en
IBS BOmisS SB ImL BftvoumoN
liberté les aristocrates connus, sans en avertir le district. 11 fit
trembler tout le monde par son despotisme saivrdotal. Un jour^
il menaça le maire Uc Saint-Pierre pour avoir trop imposé Bûcher,
rifibe aristoeratef dans b lépArtiiioD de la eontribattoo léioltt-
ttonnalre, loi donnant à entendre qoe ce crime loi ooftienit b
téte. n fit mettre Bncher en liberté sans oonsenteaie&tdn district,
qni l'avait fait arrêter comme suspect.
En un mot, toute sa conduite à Barr ne respirait que despo-
tisme, tyrannie el extravagance.
A la fin de sa carrière, il semblait avoir beaucoup
de liaisons avec des fEtmilles aristocrates, quil avait
ci-devant détestées.
BERNADON (Pibrrb).
1729. Né à Boisseron, district de Castres.
1789. Sous aide-nujor à Forl-Loais.
2 juillet 1794. Retraité à Strasbourg, U se fiBdt leœvoir à la
Société des jacobins, dissoute six mois après.
BËRNARD (Louis).
1731 . Né à Tonneiis, CMe-d'Or.
Avant 1789. Imprimeur c;n taille-douce, à Strasbourg.
Juillet 1790. Membre de la Société des amis de la Consti-
tution.
7 février 1792. Il passe aux jacobins.
10 septembre 1793. Gomjnissaire d'un comité de cette So-
ciété, il déclare, avec ses cinq collègues, que le club a
décidé et arrêté d'envoyer une députation à la muni-
cipalité, pour rinviter à fiaire incaicérer sans hésiter
Dietterich, professeur, qui a insulté Téchaipe tricolore,
ainsi que Noisette et WUd, qui, depuis Icmgtemps, ont
mérité ce traitement
Cette même députation se rendra chez le comman-
dant de la place, pour quMl puisse prendrelesmesoreB
convenables, afin que ces oiseaux ne s*évadeDt pB,
et malheur à celui qui oserait leur donner asile.
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LB8 ROinCBS DE LA BÉTOLOTION 529
BERRUYER (Jean-François).
6 janvier 1787. Né à Lyon.
1753. MiUtaire.
1766. Sergent au régiment d'infanterie d'Aumont, il assiste
an siège de Mahon.
1761 . Lieutenant pour une action d^éclat pendant la guerre
de sept ans.
1767. Capitaine.
1787. Lieutenant-colonel.
1791. Colonel des carabiniers royaux et aide-de-camp du
maréchal Luckner.
13 mars 1792. Membre de la Société des jacobins, il pro-
nonce un discours à sa réception au Miroir.
8 mai — . Réunion extraordinaire des jacobins, pour appro-
fondir les motifs de son départ précipité de Strasbourg
et de celui du maréchal Luclmer.
La même année il est nommé colonel général des
carabiniers royaux.
1793. Générai en chef de Parmée de rOuest.
17 avril 1804. Décédé gouverneur des Invalides.
BERTRAND (Jean).
Avant 1789. Négociant et ftibricant de draps à Bischwiiler.
26 août 1791. Membre de l'administration départementale
du Bas-Rhin.
1792. Membre de la Société des jacobins.
2 septembre — . A Haguenau, il est élu député à la Conven-
tion nationale; mais n'étant pas à Paris en janvier
1793, il ne prit aucune part au jugement de Louis
XVI.
1793. Membre du Conseil général du Bas-Rhin.
Mara — . n alla à Besançon déposer contre le maire de Die-
tiich, qui fot acquitté.
1793. Dans les derniers mois de cette année, à son tour, il
fut transporté et emprisomié à Metz.
U mars 1794. Remis en liberté par ordre du représentant
Rougemont et principalement sur les sollicitations
MouveUe Séri». — T- Aiuto. 34
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530 BEVUE D*AL8ACB
de la Société des jacobina de Strasbourg, dont il était
membre.
Mai 1794. Membre du district (]o Haguenau.
21 octobre 1795. Elu député à FAssemblée législative.
m avril 1798. Administrateur du département du Bas-Rhin.
179B-1799. Membre du Conseil des Ginq-Gents, en vertu de
rélection de 1795.
17 juillet 1799. PrésîdentderadministrationcentraleduBas^
Bhin.
1805. Maire de Bisdiwmer.
BESSON.
1792. SoMat au 10" bataillon d.; la Côte-d'Or; meiiibre du
club des jacobins à Strasbourg.
14 novembre 1793. La caisse de la Trésorerie révolution-
naire lui verse cent livres de gratilication pour sa.
dénonciation
12 décembre — . Le Comité de surveillance et de sûreté
générale autorise son président, Mainoni, d'écrire au
Conseil d'administration du 10* bataillon de la Côte-
d'Or pour l'inviter à permettre à Besson de remplir la
fonction de sous-secrétaire au Condté de sùretè géné-
rale du Bas-Rhin.
24 décembre — . C'est au général Dléche qu'il feut s'adres-
ser.
20 décembre — . Avant de rc séparer, le Comité de surveil-
lance et d(î sûr(>té générale lui verse deux cents livres,
à titre de gratilication. 11 retourne à son bataillon.
BEVALEÏ (L'abbé).
Mars 1791. Vicaire épiscopal de Tévéque constitutionnel
Brendel et secrétaire du Conseil épiscopal.
22 octobre — . U désavoue le discours de son coUègue et
ami Schneider sur le mariage des prêtres.
27 novembre — . Membre affilié aux Sodétés populaires de
Strasbourg, Colmar et Belfort; il se rend au son de
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LB8 H0M1IB8 DB LA BÉVOLDTION 581
celle de Savei ue, dont il était aussi membre, pour lui
présenter Bentabole,
patriote fameux dans la Réîolulion et membre du clab des Jaco-
bins de Strasbourg.
Inutae d'^ioutep qu'à l'aide de ce cerliûcat, Benta-
bole fut admis haut la main.
7 février 1793. A son tour, U se fkit recevoir membre de la
Société des Jacobins de Strasbourg.
7 novembre—. U informe les prêtres enfermés au Sémi-
naire, en vertu de la loi du 2G août 1792, que, sur
l'avis de Dércser, supérieur du Séminaire et du Con-
seUépiscopal, ils pourront célébrer leurs messes dans
la cathédrale a telle heure qu'ils voudront.
BEYER (JEàN-DANIEL).
1748. Né à Platan, en Pologne.
Avant 1788. Tondeur de draps à Strasbourg.
1703. Membre des jacobins ou Société populaire après le
7 février 1)92.
1793. Comme membre do la Société, il déclare que tous les
traîtres à la patrie, tous les royalistes, fédéralistes et
intrigans, doivent être punis de mort; mais justice
pour rinnoeence.
Une autre fois, à la même Société, il prédit la mort
à tous les traîtres à la patrie, et demande justice pour
l'innocence.
25 octobre 1794. Il est encore aux jacobins.
BIERLYN (Jean-Henri).
1758. Né à Strasbourg.
Candidat en théologie.
1789. Instituteur protestant à Strasbourg.
1792. Membre du dub des jacobins.
3 octobre 1798. Traducteur au département, les représen-
tants Milhaud et Guyardin le nomment membre de
la municipalité.
18 octobre — . Avec la Commission municipale, il assiste à
932 BBVUB D*ALSAOB
la fête célébrée dans le temple de la Raison ; il a pu
entendre un propagandiste demander que le peuple
énonçât son vœu sur les prêtres.
Noos n'en voulons plus rcconnatlre, fol ta réponse des assis-
tants et de l>x-thèologien.
5 novembre 1793. Elu notable par la Société populaire.
22 novembre — . Avec vingt-neuf autres sans^ulottes. il
demande aux représentants du peuple SaintrJoal et
Lebas la suppression de la permanence des don»
sections de la viUe et répurement des Comités de BU^
vaillance.
24 novembre — . Il appuie la motion de Téterel, de feîre
abattre la Tour de la cathédrale jusqu'à la plate-forme.
Elevée par la superstition du peuple, elle en rappelle
les anciennes iTreurs.
2 décembre — . Il n adliére pas à Tarticlc 111 de rairété
municipal, s'opposant à la destruction des statues ea
pierre du même édiiice.
8 mars 1794. Il signe la délibération de la municipalité,
nommant le maire et Tagent national pour installer
le .nouveau Comité de sur\'eiUance de la commune,
l** mai Il signe un avis incendiaire aux Strasbourgeois :
L'sristocratie paraît se relever avec confiance, un cri odieux
(Vive le Roi !) s'est fait entendre, il fout que la lumitTe et le glaive
soient portés dans Tanlre des conspirateurs, pour sauver la hbcric
et la patrie.
26 et 30 mai — . Officier municipal, il prend part à la con-
damnation de cent vingt^ix personnes susj
y en avait déjà près de trois mille enfermées dans les
prisons à Strasbourg.
13 juin—, Monet, dans son rapport au Conseil municipal,
le qualiûe administrateur du bien public et le pro-
pose comme tel pour faire partie d'une Commission
chargée de présenter des mesures de sûreté générale
et de salut public.
Le même jour, commissaire de police, il compli-
mente la munidpaUté d'avoir débarrassé la RépuDU-
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LBS HOMMBS DE LA. RÉTOLIITION
583
que d'un tas d'ennemis de la souveraineté populaire;
mais la mesure n'est pas radicale, il y en a encore
beaucoup à mettre au sec, et il est urgent d'aviser;
il s'en occupera,
juillet 1794. Sur la proposition du jacobin Morelle, le club,
en jurant la mort aux tyrans et principalement aux
Anglais, comme le peuple le plus avili et le plus exé-
crable du globe, Bierlyn si<Tne la liste de souscription
pour la confection d'un grand vaisseau de guerre qui
devra contribuer à la destruction de la perfide Al-
bion. La chose en est restée à Tétat de proposition.
2 août — . Signataire de l'adresse envoyée par le Conseil
général do la ville de Strasbourg aux membres de la
Convention nationale, lors de la conspiration ourdie
par Robespierre^ Couthon, Saint-Just et Lebas^ qui
semblaient» dit Tadresse, n'avoir rendu des services au
peuple que pour acquérir des moyens plus sûrs de
le trahir.
15 août — . Comme administrateur du bien public, chargé
de la surveillance des maisons de suspicion, Stoiinaire
et CioUége^ il ordonne que les détenus mangeront tous
à une table commune.
9 septembre Le représentant Foussedoire le raye du
corps municipal, dont il était alors le vice-président,
pour le remplacer par Mattheus, et son rôle fut pour
ainsi dire terminé.
BIRCKICHT.
1789. Teinturier à Strasbourg.
1792. Membre du club des jacobins.
8 octobre 1793. Membre suppléant du C!omité de surveil-
lance et de sûreté générale du fias-Rhin.
3 novembre— . Il condamne Pierre Mayno, reconnu pour
le plus riche de Strasbourf,^ à ijuaLre heures d'expo-
sition au poteau de la guillotine.
3 — .11 approuve une liste de 248 personnes de la ville.
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.1- •
534 BBYUB D'ALSACE
leooDiMies suspectes par le Comité de sûreté géiiérale
du Bas^Bhîn.
5 novembre 1793. Offlder municipal.
S5~. Avec Zizentzer, il est chargé de sceller les papiers de
Gomba, chasseur du Ciomité secret» mis en état d•a^
restation.
1" décembre — . Il autorise D. Stamm à prélever une con-
tribution sur les riclies des communes du district de
Strasbourg, à payer dans les vingt-quatre heures, de
faire arrêter tous ceux qu'il croira suspects, et notam-
ment les déportés de Strasbourg, qui devront 88
retirer à vingt lieues des frontières.
2—. Il s'oppose à l'ordre de Saint-Just et Lebas, d'abattre
les statues de la cathédrale et de dégrader rédifice.
13—. Il dénonce les fuyards du village de Wierscbeim.
2î - . Signataire du procès-verbal du Comité de surveillance
et de sûreté générale, ordonnant que tous ceux qui
ne paieront pas la somme exigée par les représentants
Saint-Just et Lebas, seront enfermés au Séminaire.
23—. A la séance suivante, il approuve la proposition de
déchausser les riches, pour procurer des souliers aux
troupiers qui, dans les plaines de Bischwiiler et de
Haguenau, poursuivent, pieds nus, Fennemi.
23—. Envoyé au Séminaire pour y examiner les péUtioDS
des détenus et en rendre compte au Comité
25—. Il clôture le procès-verbal des séances du Comité do
surveiUance et de sûreté générale, aboU par une loi.
27—11 adhère à une lettre coUeclive rédigée en feveur
d"E. Schneider.
30 janvier 1794. Elu de rechef officier municipal.
8 mars — . Il installe les nouveaux membres du Comité de
surveillance de la commune.
7 avril — . Il fait appel aux Strasbourgeois pour obtenir des
vêtements, du linge et des chaussures.
A rarrivée du représentant Bailly, il retourne à ses
cuves de teinture, place Dauphine, qu il n aurait ja-
mais dû quitter.
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LES HOMMES DE LA. BÊVOLUTIOH
533
BLàNIER (lUniOND).
1753. NéàCnhors.
Avant 1789, nLgociaiit à Strasbourg.
1790. Membre de la Société des amis de la Constitution.
7 février 1792. Il la suit à rAudltoire.
17 février — . Il y prononce un discours disculpant le maire
Dletrich d^avoir proposé la mise en état de guerre de
la ville de Strasbourg.
Juillet — . Il passe au club et devint un jacobin de la pire
espèce. Plus tard, il fut agent secret du pouvoir exé-
cutif à Paris.
25 novembre 1798. La Société des jacobins le nomme d'une
commission qui aura à présenter des moyens de levée
des citoyens du Bas-Bbin.
12 décembre — . Il se présente au Comité de surveillance
et de sûreté générale pour lui faire part des inquié-
tmles et des méfiances qu'il a sur quelques employés
du Comité secret de Tarmée du Rhin.
11 janvier 179 A. Au club, il se plaint amèrement de la non
valeur toujoui-s croissante des assip^naLs et i)roî)ose
de déclarer les personnes qui no les respectent pas,
indignes du nom do républicains et de les exclure de la
Société des hommes libres. Adopté.
19 février 1791. De retour à Paris, il écrit aux jacobins do
Strasbourg :
.\près avoir satisfait au service do la lîi'i)ubliqiu\ je me suis
occupé aussitôt à remplir la promesse (pie j'ai fiile à la Société
pour les bustes ilcs martyrs de la liherlé, j'espère que nous en
orneruiis bieutùt toute notre salle,, et qu aucua n'en sera excepté,
puisque je les ai tous achetés. Toot va bien, à Paris on travaille
d'importance les notaires qui ont trempé dans les emprunt pour
fiiire la contre-révolution. j*ai appris que plusieurs imagos de ces
soi-disant patriotes se sont empoisonnés ou assassinés, c'est la
le son (les traîtres et des conspinitenrs. mais c'est nu déjeuner
de moins pour l;i j^nilliaiiie. N )us avons besoin de lunle la sur-
veillance pour les deinas(iiier; tenez ferme et «jue l:i terre ou la
calotte du lirmament s'ouvre ; restons termes et ça ira comme
nous voudrons. Le premier d'entre nous qui oseroit flécbir quil
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596
BEVDB D'ALSAGB
périsse, ar nous devuns garder jusqu'à la fm la fermeté et la
fierté des jacobins. Je ne doute pas que Baudot et Lacost ne tr»«
vaillent ceux qui oseroieat manifester le moindre acte atlentolre
à la République. Vive les sans^nlottes de toute la République t
5 septembre 1791. A la préfecture et devant le représentant
Foussedoire, il fut le premier qui osa attaquer le maire
Monet, lui reprochant cFavoir abusé do son pouvoir
* on encourageant les horreurs de la Terreur.
25 octobre — . Il est encore aux jacobins.
juillet 1822. Un mémoire est soumis aux créanciers de
la masse de feu Haimond Blanié, négociant et entre-
preneur à Strasbourg.
BLEINGE.
Octobre 1793. Membre de la propagande révolutionnaire
casernée au collège de Strasbourg, à raison de 15 livres •
par jour.
Tous avaient la même tenue. Une longue capotte,
un bonnet rouge, un grand sabre traînant à terre; la
majeure partie portait la barbe et la moustache.
13 décembre — . Aux jacobins, il vote la mort de tous les
gens suspects» après quelaCSonvention nationale aura
établi une Commission populaire pour les ju|(ér.
BŒLL (Jean-Gaspard).
1790. Avocat à Wissembourg, où il est né.
1791. Il quitte l'académie mUitaire de Golmar, à laquelle il
fut attaché cinq ans comme professeur et secrétaire
intime du fondateur, le célèbre PMel, pour retourner
dans sa ville natale.
1793. Juge au tribunal du district de Wissembourg et peu
après directeur du jury.
Février 1793. Juge pendant trois mois au tribunal criminel
du BafikRhin à Strasbourg, puis président de ce tribu-
nal en remplacement d^wert.
1798. Envoyé à Paris au ConseU des Canq-Cents, et un des
opposants au général Buonaparte au 18 brumaire
an Vm (8 novembre 1799).
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LES HOIOIES DB LA. BtVOLVTION
587
De retouràWissembourg, ily fut nommé président
du tribunal clvii; mais son sincère attachement au
maintien et à Texécution des lois, le jetèrent dans
Topposition au consulat à vie, et plus tard à la recon-
naissance de Tempire, ce qui lui valut dix mois de
détention dans la citadelle de Strasbourg. La cata-
stnophe du duc d'Enghien àEttenheim, fut le prétexte
de cette détention, et il n^obtint sa liberté qu'en don-
nant sa démission de président du tribunal civil de
Wissembourg.
Sans fortune, mais fier de son indépendance, il
refusa tous les emplois qui lui furent offerts par l'em-
pire, et de ce moment k'i, il fut surveillé par la police.
Lors des Cent jours, sollicité par ses concitoyens,
il accepta et fut nommé député de l'arrondissement
de Wissembourg; mais Tarrivét] des troupes alliées
en France, Tempècha de se rendre à son poste à Paris.
C'est en vain que la Resta aration et le Gouverne-
ment de juillet frappèrent à sa porte. Il refusa tout
emploi, pour ne s'occuper que de ses alïaires et de sa
femille.
li est décédé à Wissembourg le 18 décembre 1833,
entouré des regrets et de Testime de ses concitoyens.
BŒTIGER (Michel).
1736. Né à Strasbourg, où il était jardinier.
1791. Membre de la Société des amis de la Constitution.
7 février 1792. Il passe aux jacobins.
25 octobre 1794. Il y est encore.
BOHN (La citoyenne).
17 novembre 17d3. Ayant dénoncé au Comité de surveil-
lance et de sûreté générale du Bas-Rhin, Valentin
Bûrel, laboureur à Yendenheim, elle touche de la
caisse de la trésorerie révolutionnaire cent livres, à
titre de récompense.
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53B BBVUB D'ALSAOE
BONTEMPS (Jbam-Baptistb).
1774. Né à Strasbourg.
1793. Agé de 19 ans, employé aux Charrois, il est reçu
membre de la Société des jacobins.
25 octobre 1794. Il est encore inscrit comme tel.
BORIE-GAMBORT (Jean].
Â.vaiitl789. avocat Plus tard administrateur du départe*
ment de la Gorràze.
1791. Député de oe département à FAssembiée législative.
Septembre 1792. A la Cionvention nationale, où il appuya
les dénonciations portées contre le général GuBline;
il se fit remarquer par rezaltation de son républioa-
nisme.
5-19 janviw 1798, Il vota la mort de Louis XVI sans appel
au peuple et sans sursis
Il montra beaucoup d'animosilé contre les proscrits
du 31 mai, et fut le plus impitoyable ennemi des
prêtres et des fonctionnaires publics, contre lesquels
il sévit avec une ri^nieur qu'on peut nommer cruauté.
uillet — . Commissaire de ia Convention nationale à ^a^
mée du Rhin.
19 août — . De StrasbourjT, avec ses collègues Ruamps et
Milhaud, il informe le Comité de salut public à Paris
qu^ils sont sans cesse occupés à procurer à Tarmee
et aux forteresses tout le nécessaire en vivres et ea
munitions de guerre, qu'ils ne prendront de repos
que lorsque les hordes des despotes seront extermi-
nées. Qu'il ont pris des arrêtés sévères pour rechauffer
lecréditdes assignats-Enfin, sur leur appel, 3000 répu-
blicains des campagnes se sont ralUés à la garde
nationale de PEaffenhoffen, et gardent les gorges du
Bœrenthal, prêts, au moment d'une bataiUe décisive
à enfoncer de toute part les rangs ennemis.
6 octobre De Wissembourg, tt approuve les desUtutions
et les remplacements des autorités de Strasbourg,
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LES HOUMBS DE LA BfiVOLUTIOM
S80
arrêtées par ses coUôgaes Mîlhaud et Guyàrdin le
8 courant.
15 octobre 1798. Avec huit de ses collègues aux armées du
Rhin et Moselle, il établit à Strasbourg une armée
révolutionnaire provisoire de 1000 hommes, extraite
de celles de Rhin et Moselle.
Plus deux tribunaux provisoires de trois juges cha-
cun, qui suivront Tarmée révolutionnaire. Tout indi-
vidu reconnu coupable, puni de mort, sera exécuté
dans les vingt-quatre heures, et de suite livré à Texé-
cuteur.
Et enfin une Commission ele quatre membres auto-
risée à s'adjoindre les personnes nécessaires pour
rexécution de cet arrêté.
28 décembre — . Euloge Schneider, enfermé à Tabbaye, dans
une adresse aux jacobins de Paris, dit :
Les Feuillants brisèrent la guiUoUne devant ma iwrle. Elle y
resta jusqu'au lendemain à dix heures du matin, sans qu'aucun
ronc.tionnnire public ail ose rr< hercluir les coupables, et pourlaat
le représentant liorie était alors à Strasbourg.
Fin 1793. L'ennemi taisait des eHorts désespérés pour péné-
trer en France. Borie et Riiainps multipliaient leurs
appels ^ux départements voisins :
Ne marchez pas, mais volez, accourez de toutes parts 1 et vous
sauverez la patrie.
Un instantils crurent conjurer le péril, en recourant
au procédé &vori du temps : ils firent arrêter les
généraux Férino etLandremont; mais le dénouement
prévu n^en arriva pas moins.
Novembre 1793. Rappelé à Paris, ilfut chargé d'une mission
dans la Lozère et le Gard, où il se montra féroce. Il
avait promis de réunir les protestants et les catholi-
ques de ces contrées; il les réunit en efifet, mais sur
l échafaud, dans la tombe. Joignant la dérision à la
férocité, il conduisait, en habit de représentant, les
farandoles autour de l'écliafoud et forçait les parents
d'assister à ces fêtes sauvages et sanglantes. Uzès»
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540
BEVCT D'ALSACB
Mais, Nime& et autres lieux furent le théâtre de ces
horreurs.
ao mai ITdS. Borie, contre lequel le cri général s'était élevé,
fut décrété d'accusation, comme auteur de cette joa^
née qui a coûté la vie au député Feraud
25 octobre 1796. 11 eut encore assez d'amis pour se foire
amnistier et assez de partisans pour devenir, après le
18 brumaire, an Vni (8 novembre 1799), juge du tri-
bunal civil de Cîognac
Il mourut en 1805, retiré à Sarlat (Dordogne).
BORNERT.
1789. Instituteur à Strasbourg.
1792. Membre au club des jacobins.
1798. U dénonce,au Comité de surveillance decette Société,
le baron de Dampierre, ex-capitaine au régiment ci-
devant Artois, qui doit loger chez l'imprimeur Heitz,
pi oche du Temple-neuf.
25 octobre 1794. Il est exclu de la Société des sans-cubUes.
BOSSÉNIUS (Ghrëhen-Geoffroi).
11 juillet 1789. Notaire royal à Strasbourg.
1793. Membre du club des jacobins.
80 janvier 1794. Secrétaire-greffler-ac^oint provisoire du Con
seil-général de la municipalité de Strasbourg.
23 avril — . Remplacé par Duron.
25 octobre — . 11 ne fait plus partie des jacobins.
20 avrU 1818. U céda son étude à M" Hickel.
• BOURdER (La citoyeune),
de Stnisbourg.
14 décembre 1798. Le Comité de surveillance et de sûreté
générale du Bas-Rhiu lui fait payer 150 Uvres pour
dénonciations.
BOURGIGNON (Jacques).
1769. Né à Metz.
1789. Musicien au 5* régiment d'artillerie à Strasbourg.
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LBB HOmiBB DB LA BfiVOLUTKIN
5él
Mai 1790. Agé de 21 ans, il est reçu membre de la Société
des amis de la Constitution au Miroir.
7 février 1792. Il passe aux jacobins.
21 juillet 1794. Le comité de surveillance de la commune le
propose pour compléter son Comité, réduit à six
membres, au lieu de douze quMl était en principe.
25 octobre — . Il est encore inscrit aux jacobins.
fiOUBIOT (François).
1764. NéàFavemay.
Juin 1792. Militaire en garnison à Strasbourg, quand il fut
reçu au club des jacobins.
25 octobre 1794. Il y ligure encore.
BOUTEILLE.
1792. Membre de la Société des jacobins.
26 novembre 1793. Secrétaire-adjoint de Hermann, commis -
saire du Comité de sûreté générale duBas-Hhin pour
la levée de Timpôt forcé et des taxes révolutionnaires
dans les communes du département; il certifie que
Gerst, dePfafifenho£fen, agent nommé par E Schnei-
der, a perçu 113,973 Uvres,
sur lesquelles il a versé au payeur
Blanchot 108,677 »
n reste pour frais et dépenses de
cinquante-sept hommes, tant à pied
qu'à cheval, pendant dix-neuf jours . . 5,296 livres.
3 septembre 1791. Il dresse le compte de Jacques Vix, de
Dossenheim, collecteur, de Daniel Stamm, qui a en-
caissé 27,619 livres
et versé à Blanchot que 26,559 »
I Différence en moins 1090 livres
BOY (Adrien).
1764. Né à Ghamplitte.
Avant 1789. Il y était chirui'gien.
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5tô BBVUS d'alsacs
1792. Devenu chirurgien en chef de Tarmée du Rhin, il est
reçu membre de la Société des jacobins.
31 juillet — . En cette qualité, il informe l'imprimeur Treut-
tel que c'est cette Société qui s'est chargée, par amitié
pour Laveaux, de rédiger le Courrier de Strashourg.
C'est à Mainoni qu'il devra envoyer toutes les pièces.
La Société exige o[ae rien ne soit inséré dans ce jour-
nal, sans avoir passé sous ses yeux, et qu'il ne se
permette jamais de retrancher un seul mot des arti-
cles à imprimer, etc.
octobre 1793. Proposé pour foire partie d'un Gionaeil
rédamé par les représentants du peuple, mais auquel
on n^a pas donné suite.
21 octobre ~. DMne commission qui aura à nommer vingt-
etrun autres citoyens, lesquels auront à composer les
trois corps administratilà révolutionnaires du Bas-
Rhin.
20 novembre — . Jour de la féte de la Raison, célébrée pour
la première fois dans la cathédrale de Strasbourg, il
prononce un petit discours démocratique, portant
pour devise :
Point (Je '^viia aux fripons, aux aristocrates, aux iiilriganiset
aux modérés. S'ils sont connus, la fille de GnUtotta teur leod te
braSr nous le demandons, nous le voulons.
22 novembre— . Avec vfaigt-neuf autres jacobins, il demande
à Saint-Just et Lebas la suppression de la permanenœ
des douze sections de la ville, et Tépurement des
comités de surveillance d'après la censure des sans*
culottes.
26 janvier 1794. Aux jacobins, il demande au président poui^
quoi il a lu la lettre du sans culotte Massé avec tant
de nonchalance, tout connne si ce frère ne méritait
pas un pou plus d'énergie
18 février -. Au temple de la Haison, il lient un nouveau
discours, se terminant ainsi :
J'aime mieux qiii> Ton iruilloiinc dix mille aristocrates, dU
mille si élérals, que de voir périr un bon, un vertueux républi-
cain, etc.
Olgitized by
LES HOinOBB DB LL BftTOUJTIOlI 648
11 mars 1791. Membre d'une commission qui doit suivre la
piste d'une conspiration, à la tète de laquelle doit être
Euloge Schneider, et dont la perle des ligOHS dd Wis-
sembourpf a peut-être été une suite.
12 mars — . Au club, il lit un projet d'adresse à la Cionven-
tion nationale, portant :
L'aristocratie est expirante; elle n'est plus à craindre; i'intri-
goe, rnmbition, riromoralité, la corruption; voilà les ennemis
rciloulables de la pairie, etc.. Il faut les surveiller.
Nous ne connaissons de pouvoir que celui du peuple et le vôtre,
etc.
liraves montajînards, mcmbivs du salul public, fiai»pe7. les intri-
gants, les monarchistes cl les ambitieux, parlez cl tous les enne-
mte de la lilwrté seront anéantis.
Cette adresse est vivement api)laudie par le ser-
ment « à la terreur des ambitieux et des intrigants. >
BRiËNDLÉ (Sébastien).
1790. Expéditionnaire au bnreaa de comptabilité du district
de Haguenau.
Janvier 1791. Secrétaire du district de Strasbourg, il est reçu
membre de la Société des amis de la Constitution.
7 février 1792. Il passe aux jacobins.
5 décembre 1793. Secrétaire du Comité de sûreté frénérale
du Bas-Rliin, il expédie l'arrêté de ce comité, qui en-
joint au directeur do la poste de ne plus ouvrir les
lettres arrivant à Strasbourn^, (ju'on présence des
membres de la propagande, de Jung et de Vilvote du
Comité.
8 décembre Le même Comité le charge de prendre des
renseignements sur la fortune des jardiniers des
faubourgs.
15 décembre—, n expédie Parrété du môme Comité, por-
tant que moyennant le don de 8000 francs offert par
George Méder, lénnier de la censé Altbronn, il sera
mis en liberté.
S5 décembre ^. Il lai est accordé 1800 livres, savoir :
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BSVUB D'AUa&CB
!• 300 livres pour traitement;
2» 300 livres pour gratitication;
1900 livres pour voyage à Paris avec Dopet.
a janvier 1794. n signe les interrogatoires de Schneider,
Taffin. Clavel, Anstett et Nestlin. Il était alors secré-
taire du Comité de sûreté générale de la commune.
28 janvier-. Administrateur du Directoire du district de
Strasbourg. U ordonne la levée des sceUés sur les
caves des riches et le transport des vins dans celle de
rhôtel des Deux-Ponts, sous la surveillance de ^
municipalité et de douze braves sansHîulottes nommés
par la Société populaure. ^ ^ a
6 février Président du Ctonseil général du dteWct de
Strasbourg, il dénonce au représentant BwUy un
projet de noyades : , ^ .^^
Au mois de décembre 1793. étant secrétolwHM^oint du dismd
de Strasbourg, je fils requis par un nommé Claner, ; ^
eette administration, de remplir provisoiremeui la [dace dt s
taire d'un soi-disant Comité de sftrelé t;énérale eiab l. par Sa>n^
Justet Lebas dans ce département. J'ai exercé cette onction pe^
dant quinze jours. Dièche, {général commandant la Pl^ce, Jin*™
malin au Comité, j'entendis parler de bateaux.
usage on les destinait; lorsqu'on s'apperçut que Je P««MS
ratiention au discours qui se tenait, on fit silence en r^opman-
dantàDiècbede feite son rapport par ,
soir; en effet, le soir arrive une lettre de Diècbe, elle ne fu i
hautement lue; je ne Tal jamais eu entre les nia.ns e l ui
seulement arrêté que le compte qu'avait ren.lu D.echc, elat j^
ment aux bateaux, serait renvoyé ù qui de droU. i lus que
mettait de soins à me caclier celte affaire, plus que je
découvrir le secret. Je demandai le lendemain à iWMnU mem»^^^^
du dit Comité (aujourd'hui chef de brigade à l'armée du Rmn ,
ce que c^élalt donc que ces bateaux ; apprends» me dit-i ,
représentami qui sont ici. veulent sacrifier 6000 c.^>en. de
Strasbourg; mate ceU n'aura certainement pas .
ment veut-on s'y prendre, continuai-je? On veut, reprit Marnons
commander le nombre en «luestion à poste flxe; on ^^^^T^
générale, toute la garde nationale serait sous les ^'"'"^J'^fg^ii
désii;nés seulement marcheraient vers le Rhin, on . .
acroire qu'il y aurait une expédition sur KeW, quaml ^^^^^
embarqués et éloignés du bord, on tirerait de nos nw"»
Oigitized by Co#^
LES HOMMES DE Là. BÉVOLUTION
545
quelques coups do canon sur la rive paiichn opposée, pour enga-
ger reniiemi au cr»mlial. cl ;i mitraille sur les bateaux ; de eette
manière ceux-ci seraient entre deux feux et ne pourront échapper
k la Duni; étant à présent dans le secret, Moinoni me dit que, dès
que ce cruel projet serait arrêté, il m'en donnerait avis, pour que
nous deux en instruisions nos concitoyens; mais lieureusement
les choses en sont restées là! Voilà, citoyen, ce que Je sais des
bateaux; puisse celte déclaration désiller les yeux de quelques
individus, «[ui ne veulent pas croire aux maltieurs qui ont acca-
blé notre commune.
23 avril 17d4. Président du Directoire du district de Stras-
bourg.
2 août —.Administrateur du Directoire du district de Stras-
bourg, il signe une délibération motivée par les
événements qui viennent d'avoir lieu à Paris» assu-
rant les Alsaciens que toutes les mesures énergiques
sont prises pour maintenir la tranquillité publique et
empêcher les malveillants de lever une téte insolente.
U est chargé de remettre cette délibération au
représentant Duroy présent à Strasbourg.
25 octobre — . Il n'est plus aux jacobins.
17 janvier 1795. Bailly le nomme du Conseil général deTad-
ministration du district de Strasbourg.
1795 à 1807. Notaire à Marlenlieim avec cautionnement de
400 francs.
BRAMAEBAS.
Un des quatre-vingt-dix de la propagande révolutionnaire,
trempé au fer chaud du père Duchesne, caserné à
Panden collège des jésuites à raison de 15 livres par
jour.
Octobre 1793. Dans une des séances publiques des jacobins,
il qualifie les habitants du Bas-Rhin de traîtres, ven-
dus à l Autiiche. Il faut les transporter dans l'inté-
rieur du pays et conûsquer leurs biens.
BRAS Dm
1793. Cailrargien-dentiste à Strasbourg.
23 avril 1794. Membre du club des jacobins, il est élu nota-
85
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546
RBVUB D*ALSàGB
ble du Conseil général de la commune, sous riu-
fluence de Monet.
2 août 1794. Signataire de l'adresse de la municipalité de
Strasbourg à la C!onvention nationale, lors de la
découverte de la conspiration contre elie, par Robes-
pierre, Gouthon, Saink^Just, Lebas et autres.
25 octobre — . Il avait quitté la Société des jacobins.
BRAUN (Jean-Daniel), aîné.
1730. Né à Strasbourg, où il était négociant commission-
naire-ezpéditeur.
1789. n propose de former un Comité permanent, composé
de deux échevins de chaque tribu, renouvelable
par année, et ayant mission de surveillance sur le
magistrat.
Février 1792. Membre des jacobins au Miroir.
31 octobre 179;î. Imposé par Saint- Just et Lebas à 30,000
livres qu'il paie les 5 et 7 suivant.
25 octobre 1794. Encore au club des jacobins.
BRÂUNWÂLD (Louis).
Avant 1789. Teintui'ier à Strasbourg.
1792. Président du Comité central de la Société des amis
de la Constitution ou dos Feuillants au Miroir, qu'il
ne quitta qu'à sa dissolution, le 27 juin 1792 à i" Audi-
toire, pour passer aux jacobins.
21 janvier 1793. Nommé notable par les représentants Cou-
turier, Rulil et Dentzel.
8 octobre, 5 novembre 1793, 30 janvier et 23 avril 1794. Les
jacobins le maintiennent notable.
25 octobre 1794. il est encore inscrit au club.
BRËGK.
1790. Entrepreneur des fortifications à Landau.
Août 179B. Il habite Strasbourg.
octobre Saint-Just et Lebas rimposent dans rempront
de neuf millions à 30,000 livres; il réclame.
Oigitized b>
LES HOmiES DE LA. BÊVOLVTION
547
23 novembre 1793. Membre da club des jacobins, avec vingt-
neuf autres sans culottes, il demande à SaintJust
et Lebas Tépurement des comités de surveillance,
entachés d^aristocratie et de modérantisme. H leur
demande en outre la suppression de la permanence
des douze sections de la commune.
25 novembre — . Lui-même est en cause devant les jaco-
bins, qui veulent le radier de la Société, comme fils
d'émigré et n'ayant jamais donné des preuves d'un
civisme pur et énergique. Il inont(? à la tribune pour
se disculper des attaques, et déclare que son père est
actuellement à Neuf-Brisach, donc en Alsace, qu'il
est surpris que, depuis trois mois qu'il est à Stras^
bourg, on porte un jugement aussi faux sur ses sen-
timents. C'est lui qui est le fondateur de la Société
populaire de Landau, le premier qui monta la garde
aux portes de cette petite place frontière, qui Ta
député, en 1790, aux fédérations de Paris et de Stras-
bourg. Au 10 août dernier, il fut chargé d'aller pré-
senter le vœu de son pays pour Tacceptation de la
Constitution républicaine, et c'est au retour de ce
voyage que, trouvant Landau bloqué, il 8*est retiré à
Strasbourg, ce qui explique sa présence dans cette
ville.
Les jacobins lui reprochent d'avoir correspondu
avec un prêtre émigré; pour la justification, il oppose
celle quMl a reçue des représentants Saint-Just et
Lebas, mais on lui objecte que ces citoyens, mal
informés ou trompés, ont pu être induits en erreur.
KnanitA u doit dire les motifs de son arrestation et
de son élargissement :
Il y a deoxmois, que je fis passer à un prêtre ml^ré une
somme d'argent, mais ce caloUn n'étoat pas inscrit sur la liste
des émigrés, on m'a absout.
Toutes ces explications n'ayant point para suffi-
santes, sa radiation des jacobins et maintenue.
548 BEvm: d'alsaob
Le comité de surveillance et de sûreté générale du
Bas-Rhin maintient les 30,000 Uvres de tax»\
7 décembre 1793. Le même Comité en arrête le paiement
sans délai.
16 et 18 décembre — . n règle cette somme.
10 mai 1794. Monet, dans un discours à la Société des jaco-
bins, sur la conjuration de rétranger dans le Bas-
Rhin, approuve la proscription de son sein de Bredt
et autres.
1804. Agent correspondant des transports militaires de la
5* division à Stradaourg.
BREMSIN6ER (ktœiBÈ).
Avant 1780. Homme do loi à Strasbourg.
31 mars 1790. L\m des deux secrétaires de la Société de
correspondance nationale de Strasbourg, formée pour
la fête de la fédération tenue sur la plaine des bou-
chers le 5 avril suivant.
5 décembre 1793. Au comité de surveillance et de sûreté
générale du Bas-Rhin, le président Mainoni dépose
sur le bureau une loltre adressée au maire Monet, par
Bremsinger, et datée de Metz le 2 dit, à Tépoque où
pinceurs patriotes strasbourgeois s'y trouvaient em-
prisonnés.
2 septembre 1794 au 12 septembre 1797. Notaire à Stras-
bourg.
1798 à 1799. Elu juge au tribunal civil de Strasbourg.
ÎW août 1800 au 13 janvier 1811. Ayant cessé ces foucUons,
U ireprit son notariat
BRENDËL (François-Antoine).
4 octobre 1736. Né à Lahr (Bade), û passa son enfance à
Memmelshoflfen, viUage au canton de SoulU-sous-
forôts, où ses parents avaient un petit commerce.
1789. Depuis vingt ans docteur en théologie et professeur
de droit canon à PUniversitô éitoîopale ouStounaire
catholique de Strasbourg.
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LES HOMMES DB hk BÉTOLUTION
549
8 février et 11 novembre 1790. Elu notable du Conseil mu-
nicipal de Strasbourg.
dO février 1791. n prête le serment civique dans la cathé-
drale et comme on lui adressait des reproches à ce
sujet, il disait à qui voulait Tentendre, que ce serment
n'avait rien de contraire à ses convictions et au dogme
de la religion catholique apostolique et romaine,
qu'au surplus il l'avait d^jà prêté comme conseiller
municipal, et qu'il était tout prêt à le renouveler
comme prêtre, si lescirconstuncosroxigeaient, consi-
dérant Tori^anisation civile du clergé français comme
anti-canûni([uo mais non anti-catholique.
Après la suppression de l'ancien évèchô de France,
les évêquos devant être élus d'après la loi du 24 août
1790 par les assemblées électorales des départements,
Brendel réunit les suffrages et fut proclamé évèque
du Bas^Bhin le 6 mars suivant
On assure que des électeurs protestants prirent
part au vote 1 C'était assez pour le décrier et le perdre
dans Topinion publique. Avant son entrée en fonc-
tions, il fut qualifié d*évôque luthérien, même mena cé.
Les commissaires du roi, Dumas Foissey et Hérault,
alors en mission à Strasbourg, se virent obligés de le
protéger et de Tabriterdans leur hôtel Dans la cathé-
drale il fut insulté par Jteglé, curé de Saint-Laurent,
au moment où il allait officier pour la première fois
comme évéque constitutionnel assermenté.
12 mars—. Le cardinal de Rohan, le Grand-Chapitre et
autres fonctionnaires ecclésiastiques protestèrent
contre son élection et déclarèrent que, par son accep-
tation, il se rendait coupable auteur d'un schisme.
13 mars—. Consacré à Paris évêfiuo du Bas-Rhin.
25 mars — . Installé dans la cathédrale de Strasbourg avec
ses douze vicaires apostoliques.
1" mai — . La Société populaire de Saverne Tassure du res-
pect, de Tobéissanco et du dévouement de tous les
citoyens (jui la compose.
550 BSVUE D'ALSiLOB
13 mai 1791. Il répond :
Les amts d*iiiie Constitiuion qui sMdenlifle si parfaitement avec
resprit de noire sainte roli^-ion, seront toujours, aux veux d'un
pasteur citovon, la partie la plus précieuse de ses ouailles, a
raison des principes religieux et à la fois civiques, dont ils (ont
professiou de donner chaque jour des leçons publiques et Texe»-
Pidële à ce double devoir que tous tous êtes ptrtieBliènnait
imposés, frères et concitoyeos. votre Société naissante ménte de
Êxerles regards de te pairie sous un autre aspect encore. Telle
une terre robuste n'attend pour réparer le relard de sa force
végétatrice que l'action d'un soleil plus ardent, telles vos âmes .
généreuses, déjà patriotiques avant la réunion, n'ont ^^f^
que de la chaleur résulUnl d'un foyer commun, pour s'éUocw
avec plus d énergie dans la bonne vole, et pour atteindre» piesip»
dès votre début, vos sœnn aînées.
ie regarderai toujoure comme une obligation des plu^ s u r^s
et en même temps des plus chères à mon cœur, d'alimeiiier en
vous, par la double relation de pasteur et de frère, cette flamme
épurée de civisme, qui vous donne entiu une patrie, qui vous la
fait aimer et qui est sans contredit le seul droit au litre glorlMX
de citoyen français; ce qui doit vous engager, frtws «JJ»^
toyens. à marcher d'un pas fermeel soutenu ws le but gieneia
que votre patriotisme se propose, c'est le spectacle des succè
avec lesquels nos frères des autres départements se sont déjà
montrés dans la même carrière. Voyez comme le ténébreux lana-
tisme a déjà fui à l'aspect du flambeau lumineux qu'ils «"^ P|^"*
devant eux et présente à de^ citoyens abusi-s par rmgratitudew
la mauvaise foi. Vovez l'avide hypocrisie se sentant
chaque jour un coin de son voile perttde, être obligée de WO""
de porte en porte. Il lui reste encore. Il est vrai, un dennw
retrancbement, mais vous nMves pas hésité d*en faire les app^-
cbes. vous avex eu le bon esprit de le reconnaître, et déjà une
part vous eslassurte à Thonneur de le forcer avec les seules armes
de l'instruction que vous propagerez et de votre sou^nssion ao»
lois qu'il ne faut que connaître pour les admirer, pour les
Vos suiïra-es, frères et concitoyens, m'iionorent, ^^J^^V
gérai rien pour les justifier. Vos sentiments mon é^ M" "
nature à adoucir les amertumes dont on tente de hérisser mo
apostobt ; puissé-Je m'en rendre digne ainsi que du uire œ
votre ami, frères et concitoyens !
11 juin im II lance sa lettre pastorale,
prières publiques dans toutes les églises du dlocôse
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LES HOUMBS DE LA RÉVOLTITIOM
551
pour la prospérité et les succès des armes de la
nation.
3 septembre 1793. A Haguenau, à Têlection des députés du
Bas-Bliin à la Convention nationale, il est élu prési-
dent du bureau; son concurrent était Thomassin.
1793. La Société des jacobins demande sa mise en arresta-
tion avec onze autres prêtres des deux cultes.
20 novembre 1793. Il dépose ses lettres de prêtrise sur l'au-
tel de la i)atrie dans le temple de la Raison, pour y
être brûlées.
Tout culte religieux public oyant cessé en France
en 1794, ce nouvel évôijue cessa ses fonctions pour
ne plus les reprendre. 11 n"y eut plus d'évèques à
Strasbourg qu'après le concordat du 15 juillet 1801.
4 juin 1802. L'abbé J.-P. Sa urine le remplaça; comme évéque
constitutionnel, il n'a jamais été reconnu par le pape.
1798. Chef du bureau des archives du département du Bas-
Rhin, où il resta jusqu'à sa mort, le 22 mai 1800. Un
cort^ de plus de quatre cents citoyens accompa-
gnait le sarcophage; l'administration centrale était en
téte, et toutes les religions y étaient représentées.
Le citoyen Bottin tint un discours, qui fut imprimé
dans les deux langues.
BREVET (François).
1763. Né à Monchant, district d'Etampes.
1788. Il y était étudiant.
8 septembre 1794. Nommé commissaire des guerres à Stras-
bourg, il est reçu membre des jacobins, et quitte la
Société quelque temps après pour aller à Farmée.
Etienne Barth.
(la, suite à la prochaine liv raison. J
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
BlbltothètiiM de M. SohwelgluBnfl«r, archiviste-paléographe.
Lingoistiqae — Origine des langues — Roman et Provençal - Patois
— Argot — Tronbadonra — Tronvères — Poêles des XV, XVI* et
Xm* siècles— M|slères — Moralités — Farces — Soties — Romans
de chevalerie — Contes — Nouvelles — Facéties — Chroniques -
Histoire de Paris — Histoire littéraire — Paléographie - Bibliogra-
phie - Histoire de l'imprimerie — Bibliothèque nationale et biblio-
thèques spéciales. — Paris, imp. de Ch. Noblet, 1878. 1 vol- gr-«n S^
de vm-S(H pages.
Le catalogue de cette bibliothèque a été dressé par M. Ch.
Mehl, ami et émule (V Alfred Schweighœuser. 11 est précédé
d'une note introductive à laquelle nous ferons un emprunt
discret pour donner au lecteur, qui n'a point connu Schweig-
IwBUser, une idée de l'estime et de l'affection qu'avaient pour
cette intelligence et ce caractère d'éUte ceux qui ont eu la
bonne fortune de le connaître et de le fréquenter. Après avoir
dit sa pensée au s^Jet des collections qui ont été livrées aux
enchères depuis vingt ans, M. MéU ajoute qu'on ne trouvera
presque jamais dans ceUe de son ami « le goût d'un homn^
« cherchant & s'entourer de ces œuvres historiques ou lit»-
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BULLETIN BIBLIOGBAPHIQUB
55a
« raires appelées à le seconder dans ses études et ses travaux,
«et destinées, suivant l'heureuse image d'un délicat, «« à
a« nous accompagner dans notre vie, pour ensuite nous servir
«« de témoignage après notre mort
Les livres, ajoute-tril, qui composaient la bibliothèque de
notre regretté ami, ne font point éprouver ce sentiment Ils
ont été réunis par un bibliophile aussi érudit, aussi savant
qu'il était modeste, et tous, si Ton en excepte quelques-uns
qui ont été offerts par des amis, se rapportent aux études
qu'il avait tant affectionnée?. M. Mehl pense que, de long-
temps, il n'a paru en vente publique une collection de livres
aussi complète^ aussi bien conditionnée, aussi parfaite dans
sa spécialité que celle dont il a accepté la douloureuse mis-
sion de publier le catalogue.
Ce catalogue renferme 1732 numéros des ouvrages se ratta-
chant aux origines de la langue et à l'histoire littéraire de
France. M. Mehl a ajouté à chacun de ces numéros les indi-
cations bibliographiques les plus précises; il a ainsi fait de
sou travail un modèle qui no peut être imité que par un
homme instruit et un bibliophile éclairé. C'est un monument
modeste mais solide, qui donne à la bibliothèque de Schweig-
hœuserune des meilleures places dans les annales philolo-
giques et Uttéraires de l'Alsace, à laquelle Schweighccu.er
appartenait par la naissance, par l'éducation et par la fidélité
h toutes les amitiés qull y comptait.
Le plus ancien de ses amis d'enfance, M. Auguste Himly,
a prononcé sur sa tombe quelques mots auxquels s'associent
tous ceux qui ont été à môme de bien connaître l'ami défunt.
« Alfred Schweighœuser, » art-il dit en terminant, « laisse
« gravé, au plus profond de nos cœurs, le souvenir d'une came
• loyale et sincère entre toutes, — d'une âme à, toquelle je dis
« avec espoir et confiance : Au revoir ! »
Recherches sur la consillufion de la comiDlinB à Colmar. — Nou-
velle édition augtnerilée des Hstes nominaUves des prévôts, bourg-
mestres et obrisn.estres de Colmar, par X. MoasiiAHH, archiviste de
la ville. - Colmar. imp. de V J.-B. Joog, 187a Ia-8* de 175 p.
554 REVUE d'alsàcb
•
M. MoBsmaim continue à s'occuper, avec une ardeur et une
patience dignes d*encouragements, de la Constitution et du
droit municipal de Vancienne yille libre dont il est le zélé
archiviste. En d'autres temps, M. Mossmann avait publié, sur
ce siqet, dans le BuUetin de Tune de nos sociétés savantes,
une première étude qui fiit remarquée. Revenu à son précieux
dépôt, il reprend ce travail en sous-œuvre, le complète au
moyen des titres qu'U a sous la main, donne souvent le texte
de CCS titres au bas des pages, commente ou éclaircit cps
textes dans le cours de son récit Tel est en peu de mots
l'objet de l intéressant fascicule que nous avons le plaisir de
signaler aux lecteurs de la Rtu-iie.
Si ce consciencieux travail n'est pas encore rhistoirede
Tune des plus importantes cités qui formèrent l'ancienne
décapole, ou i)eut afrirmer, sans risquer d'être contredit, qu'il
en renferme les matériaux authentiques les plus indispen-
sables.
On ne se rend généralement pas compte du labeur auquel
un arcbiviste est condamné pour reconnaître et déchiffrer des
documents, sans lesquels aucun écrivain ne peut jeter quelque
lumière sur l'histoire d'une viUe, diine province ou d'un
£Ut : c^est le travail le plus ingrat et d'ordinaire le plus mal
apprécié par cela môme qu'il est l'unique source de la scieuce
historique. Ce que M. Mossmann a fait, depuis de longues
années, à titre accidentel pour la ville de Mulhouse, il le fait
en ce moment pour la ville de Golmar, h titre officiel, et c est
à ses heures de loisir que le public est redevable des connais-
sances spéciales qu'il jette dans la circulation. On ne peut
que Ten féliciter et Ten remercier.
Le travaflde M. Mossmann a d'ailleurs un mérite autre
que celui de la mise en lumière de textes inédits. Les faits, les
événements que ces textes appuient, sont fortcompétemmwit
rattachés par l aut.nir à Thistoiro générale des Etats et
Souverains dont la ville de Colniar dépendait C'est surtout a
ce point de vue que la lecture du fascicule devient instructive
et souvent attrayante, quoique dépourvue de toute Circon-
stance anecdotique, c'est-à-dire que, sans s'écarter des règles
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BULLETIN BIBLIOGBAPHIQUB 556
de récole, M. Mossmann sait encore tirer de son propre fond
de quoi répondre aux exigences d*un public éclairé.
La partie qui nous a le plus intéressé se compose des cha-
pitres qui se rapportent à Thistoire des XV* et XVI* siècles.
A rin?erse de ce qui se passe dans la plupart des provinces,
les auteurs alsaciens se sont surtout attachés aux siècles qui
se rapprochent le plus de nos origines. Le second moyen-âge
a eu aussi sa part dans leurs rocherches, mais celles-ci se
sont circonscrites aux événements ou aux éi>isotlcs saillants,
et presque tous nos écrivains ont négligé de mettre au jour
les textes sur lesquels étaient basés leurs récits. C'est à peine
si, pour riiistoiie de Colmar, on avait quelques points de
repère certains. 'M. Mossniann, (\u\ aurait pu se montrer
moins avare des textes i)our ci-tte époque, ne laisse pas que
de combler jusqu'à un certain ])oint la lacune dont il s*a,i;it,
eu incorporant la substance des i)ièces qu'il a sous la main,
dans la rédaction des chapitres auxquels nous faisons allusion.
Un appendice excellent termine son travail. 11 contient la
liste des Scbulthciss (prévôts) et de leurs lieutenants de 1220
à 1521 ; celle des bourgmestres et des obrismestres de 1296 à
1781. Voilà de précieux documents pour la future histoire
consulaire du chef-lieu de Fancien département du Haut-
Bhin.
Aperçu sur l'histoire politique et religieuse de l'Alsace,
par F.-J.-E. SrrzMANN. — IJfilfort, imp. et lib. de Pélol fils, 1878.
In-12 de 8i pages. — i*rix : 2 francs.
Edité dans la forme des petits livres destinés aux écoles,
cet aper(;u peut, avec d*autres du môme genre, occuper une
place à la suite des abrégés de Thistoire d'Alsace de Strohel,
du chanoine Hunckler, de Ragon et autres. Ses parties histo-
riques révèlent des efforts pour s'élever, sans y parvenir, à
la hauteur dus abrégés dont il est question. Le travail de
M. Sitzmann fait un peu d'histoire contemporaine, dans quel-
ques pages qui lui ont valu une médaille à l'exposition sco-
laire du territoire de BeU'ort en 1870.
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556 BBTDB D*AL8A0B
Soldat, moine et maître de danse, on tncmoires d'un Alsacien
duXVIIP siècle, par RoD. Reuss. — Strasbourg, imp. de G. Fisch-
bacb, 1878. In-12 de 46 pages.
Ghannante biographie dont il suflira de reproduire les pre-
mières lignes pour donner au lecteur une idée du sentiment
qui Ta engendrée.
fl Les législateurs et les conquérants fameux, les grsn&
poètes et les savants de génie sont assurés de Vimmortalité,
de cette immortalité relative au moins, que Thistoire peut
seule garantir aux hommes, et qui, trop souvent, s*efface avec
les monuments qui devaient en perpétuer le souvenir. S'ils
ne cèdent pas eux-mêmes à la tentation de transmettre aux
siècles futurs le récit de leurs exploits, de leurs inventions et
de leurs triomphes, cent plumes adulatrices en retraceront le
tableau. La haine elle-même et l'envie contribueront involon-
tairement à préserver leurs noms de Toubli, eu les dénigrant
dans leurs satires et leurs pamphlets.
« Pendant de longs siècles, l'histoire s'est contentée de con-
naître ainsi la vie et la carrière des grands et des puissants
de ce monde, dédaignant la foule obscure qui ne semblait
créée que pour féconder les sillons par la sueur de ses veilles
et fertiliser de ses ossements les champs de bataille. De nos
jours cependant, le lent mais irrésistible avènement de la
démocratie a produit un changement dans l'esprit des histo-
riens et les idées du puhlic. On a compris que le Uvre de
l'histoire n'est point tout entier le Uvre des £ois et que l'étude
des classes inférieures et moyennes donne en définitive un
tableau plus exact et plus fidèle que celle de quelques indivi-
dualités privilégiées, vivant en dehors deThumanité, parce
qu'elles vivent au-dessus d'elle. »
Cest dans ces dispositions d'esprit que l'auteur aborde
l'esquisse de son héros, Jean-Balthasar Schaeffer, de Ribeau-
villé, qui fut soldat, moine augustin et ensuite mattre de
danse. Le récit de cette existence traversée par les plus tra-
giques caprices du sort, est d une lecture attrayante et en
même temps instructive par le tahleau des mOBUTS et des
institutions du temps oii iSchœffer vivait
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BULLETIN BIBHOQBAPHIQU&
557
Reiseschilderungen und natiirgeschlchtliche Aufzeioh-
nungen von i. August Michel. — Tableau dcx exrui\<ions et des
travaux scientifiques dp. L Aug. Michel, avef. ime planche représen-
lanl le pavillon du glacier de l'Aar, par Alg. Stœbkr. — Mulhouse,
imp. de liriistlein et C", 1878. Petit ïnS" de 267 pa-tjs.
Ce recueil est une dette du cœur que M. Auguste Stœber a
voulu payer à la mémoire de son collègue et de son ami,
^r. J.-A. Michel. L^édition eu langue allemande était com-
mandée par la nature du sujet; il s'agissait de réunir en un
volume les travaux et les écrits du défunt. Or, la plupart de
ces écrits, qui datent de longtemps, étaient en langue alle-
mande et M. Aug. Stœber a bien fait de les colliger sans
altération. Précédemment M. Stœber, sur la demande de la
Société industneOe, avait consacré à M. Michel une notice
nécrologique dans laquelle il a mis en lumière les qualités
que tout le monde, à Mulhouse, reconnaissait à l'homme qui
a rendu de grands services à l'enseignement public en cette
ville. Aujourd'hui il achève de solder ce qui était dû à
l'homme de science et à son caractère. M. Michel fut brillam-
ment apprécié dans le monde scientifique : « Entomologiste
passionné, dit M. A. Gerber-Bœrwart, tous les moments qu'U
pouvait dérober à ses occupations multiples, étaient consar
crés à la recherche et à l'étude de tous les ordres d'insectes,
mais plus spécialement des lépidoptères dont il avait unefort
belle collection. C'est lui qui, à Mulhouse, a le plus puissam-
ment contribué à répandre dans la jeunesse le gOÛtde cette
science cliarmaiite.... Comme collection locale, ceUe de
M. Michel a une grande valeur, car, pendant plus de quarante
ans, il a recueilli un nombre considérable d'espèces, dont
beaucoup étaient enUèremcnt nouvelles pour la faune alsa-
cienne. »
A ce titre et k beaucoup d'autres qu'il serait trop long d c-
numérer, M. Stœber a fait une œuvre méritoire de consacrer
à la mémoire de son ami le recueil que nous annonçons.
ggg BEVUE D'ALBA^CE
Colmererditschi Komedi. — Comédies en allemand colfflarieD,
par J. Mangûld. pâtissier. — Colmar, inip. de V* I.-B.liing, 1878.
In-12 de 128 pages.
Ce petit volume, imprimé avec soin, contient Vœuvre patrio-
tique d'un poète dont tous les produits sont forts goûtés àCol-
mar.D'exeellentspfttés, de savoureuses compositions poétiques
font les délices des concitoyens de M. Mangold. La réputation
des pâtés n'a guère franchi les limites de l'ancienne ville
libre, tandis que celle des poésies est répandue dans toute la
province. Quelques-unes de celles-ci ont même eu les hon-
neurs de la traduction en vers français, qui ne manquent p^
non plus d'originalité. On a bien fait de ri^unir en un petit
livre : L'éloge du célihat, les trois mariages dans la vallée i»
halaù et le boniieur de Jean et de Margicerite en légitim
mariage.
Compte-rendu des travaux de la Chambre de commerce de Colmar
pour l'année l«77. — Colmar, imp. de V C. Decker, 187B.lB-8*de
60 pages.
La question des postes pour l'encaissement des effets de
commerce, les voies navigables, canaux et rivières, les che-
mins de fer, les douanes, la législation commerciale et indu
strielle, l'administration intérieure et afEaires diverses sont .
les questions d'intérêt public, dont la ChanAre de commerce
s'est occupée pendant l'année et au sujet desquelles son
compte-rendu donne d'utiles informations.
Etat de régUse d'Alsaoe avant la RéTolution, par M. Scai«w.<i
caré de Saales, officier d'Académie. — 1" partie : te diocèse de Stras-
hoorg. — Colmar, imp. de M Hoffmann, 1877. 1 vol. în-«* de XU-
S03 pages. Chea Louis Lorber, libraire, place Nen?e, 8, et à Stras-
bourgs chez X.-H. Uroni, libraire, 84, rue des Hallebardes.
Le clergé alsacien se livre, depuis des années et avec une
louable ardeur, & l'étude de notre histoire locale. M le curé
de Saales est un de ceux qui, de prime^ut, prend une bonne
place parmi ses devanciers.
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BDLLETIN BmUOO&APHIQUE
559
On nous apprend cVunc fa(;on si incomplète notre passé et on
oublie si vite en ces temps de crise verti<^ineus(\ (iiie M. Sclii-
ckelé n'a point dédaigné de nous redire, avec l autorité d'un
écrivain qui ne veut avancer que preuves en mains, quelle
était Torganisation de l'Eglise en Alsace dix ans avant la
Révolution, qui a modifié de fond en comble cette organisa-
tion. C'est presque de l'histoire contemporaine. Après avoir
lu son premier essai, on est obligé de convenir que si ce qu'il
nous retrace n'était point chose absolument inconnue, c'était
du moins chose presqu'entièrement oubliée.
Deux diocèses, sans compter ce que leur prenaient les dio-
cèses limitrophes, se partageaient alors la province d'Alsace.
C'étaient le diocèse de Strasbourg et celui de B&le. Quelle
était leur organisation? Voilà le champ d'étude que M. le
curé de Saalcs s'est proposé d'explorer.
Quant au premier de ces diocèses, les archives de l'évôché
de Strasbourg lui ont fourni le moyen de nous renseigner.
On trouve, en effet, dans le premier fascicule de son travail
la description précise des circonscriptions ecclésiastiques
dudit diocèse. Ce document manquait à nos sources de l'his-
toire locale et Ton ne peut (pie louer Tauteur de Tavoir mis
en lumière. Ses recherches devaient forcément Tamener à
nous donner préalablement des notions générales sur la con-
stitution et les droits de l'Eglise de Strasbourg; ces notions
font l'objet do Tintroduction, et ce n'est pas la partie la moins
intéressante ni la moins instructive de son travail, car 1 intro-
duction est un petit traité, ex professa, de droit canonique
mis à la portée de toutes les intelligences. Sous ce rapport
encore, M. le curé de Saales a rendu service à notre petit
monde littéraire, qui le consultera fréquemment dans le cours
de ses travaux.
La deuxième partie du livre de M. le curé embrassera le
diocèse de BAle. Elle nous fournira des points de comparaison
intéressants. Tandis qu'au diocèse de Strasbourg les anciens
archiprêtrés ont subsisté jusqu'à la Révolution, nous les ver-
rons au diocèse de Bâle devenir les doyennés ou décanats
que l'on y rencontre à la même époque et dont le Uber nuxr-
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500 RSVirB D*AL840B
earum de Trouillat-Vautrey nous donne déjà une définition
assez complète. Il ne faut pas douter que M. le curé de Saales
saura jeter sur ce sujet autant de lumière qu^il en a répandu
dans la première partie, relativcuient à la composition des
paroisses, sur la constitution du diocèse de Strasbourg.
Kous attendons avec impatience ce complément d'un livre
auquel nous souhaitons bon succès dans notre BépubUque
des lettres alsaciennes.
BnUetIn de la Société belfortaine d'émulation. - 3' année,
lff75-1876. - Belfort, imp. de Pélot lils, 1877. 1 voU io-S- de
256 pages
Ce Bulletin e?^t plus considérable que les deux précédents.
Il contient une notice de M. Léon Viellard traitant.^ un point
de vue assez original, do la défense de la trouée de Belfort
dans les temps anciens et subsidiairement de la constitution
de la propriété entre les mains des hommes de guerre OU dc
la noblesse du pays. Il y a dans les seize pa-es de cettenot^
des idées qui, pour être adniistîs, auraient ])esoin d une justi-
fication que l'on ne saurait rencontrer dans un cadre aussi
restreint, mais que l'auteur pourra peut-être produire dans
les Bulletins suivants. Cette notice est suivie de deux lettres
inédites des généraux Boyer et Kléber, puis d'une notice
intéressante sur U principauté de Bénévent et son gou-
Temeur pour le compte du prince, M. de Taleyrand. Le gou-
verneur dont il 8'a^t, M. de Beer, était issu d'une fannile
alsacienne, et les renseignements que l'auteur do la notice,
M. Dietrich, fournit sur ce personnage, ont leur place mar-
quée dans notre histoire biographique.
Le reste du BuUetin est consacré h. la deam^tion géologm^
etmmèràhgiqm di* territoire <te5e{^ort. par M. Pansot Ce te
description complète d'une manière compétente et avan a-
geuse celle que MM. Joseph Kœchlin-ScWumberger et Bei^
donnèrent, en d'autres temps, du même territoire aux trm
de Fancien département du Haut-Rhin.
Le travail de U. Parisot peut être considéré
bonne fortune pour lascieuce et pour le Bulletin quilepuD
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BULLETIN BIBLlOGlUkPHIQUB
561
Sstoire des comtes souverains de Montbéliard, d après les
docaments authentiques, par P. E. TLEFbP.uu, doclour en droit, juge
WBL tribanal civil de Montbcliard. — Monlbéliard, impriui. de H.
Barbier, 1877. 1 toI. iii-8* de VlII-660 pages, avec un supplément de
77 pages et ano carte de rancienne prineipauté avant 1789.
Le livre que nous annonçons ne pouvait, eu égard & son
importance^ être publié que par la Société ffEmuUMon de
MmithéMardf dont il forme une des meilleures et des plus
solides parties de ses mémoires. Aussi n*a-t-elle pas hésité à
livrer le manuscrit à Timpression dès que Tauteur a été en
mesure de le lui fournir.
La manière de faire de l'auteur a ceci de particulier : c'est
qu'elle ne couipreiul pus seuhnueiit que l'histoire des princes
et des comtes de Montl)éliard. M. Tucfferd a écrit simultané-
ment, et sans qu'il paraisse l'avoir voulu, Tiiistoire politique,
relitifieuse, civile et militaire de Tancienne principauté. On
trouve, en eftet, réunis dans son livre les divers éléments des
annales et jusqu'à un certain point les principaux traits de
la vie populaire de la contrée. De plus, le pays de Montbéliard
ayant presque toujours partagé le sort politique de l'Alsace,
il en résulte que ce livre est un aUatique du premier degré,
et comme aucune de ses pages n'est marquée au coin de la
fantaisie littéraire, la Berne doit le signaler spécialement à
Tattention de ses lecteurs.
Le curieux et le travailleur trouveront dans la succession
proprement dite des dynastes, le récit, bien écrit, ou Texposi-
tion des événements qui n'ont cessé, durant le mojcn-âge, de
rattacher directement le comté de Montbéliard à Thistoire de
rancienne province d'Alsace, depuis l'origine dudit comté
jusqu'à son retour à la France.
Le supplément de cet excellent livre n'en est pas la partie
la moins précieuse, ni la moins intéressante. Il est certaines
pages qui ont pour but et pour conséquences de faire dispa-
raître bien des obscurités sur nos origines, de mitrailler bien
des erreurs professées par de bons esprits et répandues dans
presque tous les livres ou monographies composés au moyen
de recherches insuffisantes ou en l'absence d'une critique
RooTeUe Série. ~ 7> Année. ^
RKVUB D'ALBAGB
quelque peu approfondie. Sans &îre de ces erreurs Tobjet de
dissertations ennuyeuses pour le public de nos jours, M. Tuefr
ferd a cependant jugé nécessaire d*en prendre quelques-unes
k partie et de les réduire à néant.
Nos félicitations aussi pour la loyale bibliographie qui lui a
fourni la matière de la note N" 1 du supplément.
Bulletin de la Sooièté pliUomatiqiM-vo8oi«ime^ V* année,
1875. — Saint Oié» imp. de L. flambert, 1876. 1 toI. ia^ de 69 p.
et plnaieiin plancties.
Après des efforts ininterrompus, après des luttes prolongées,
un ami des sciences et du progrès, M. Henri Bardy, est pa^
venu h constituer à Saint-Dié une société héritière des tradir
tions et du patriotisme dont Fréd. Eirschleger fut, il y a ]»en
des années, le digne et sympathique représentant à Stras-
bourg, ainsi que dans toute TAlsace et les Vosges. G*est de
son premier Bulletin que nous venons, tardivement, entrete-
nir un instant les lecteurs de la Berne*
Ce Bulletin renferme, outre les statuts de la Société, la liste
de son bureau d'administration et celle des associés, divers
petits travaux qui permettent d'aftirmer a ;)rion que la Société
possède, les éléments nécessaires pour remplir d'une façon
brillante le programme qu'elle s'est tracé : « Développer le
« goût des choses littéraires, scientifiques et artistiques;
« rechercher et conserver tout ce qui se rattache à Thistoire
« du pays; former un musée de toutes les richesses archéolo-
n git^ues et naturelles de la contrée et des montagnes des
« Vosges. »
Pour justifier l'opinion émise plus haut, il nous suffira de
transcrire le titre des communications faites au Bulletin de
début. Ce sont : 1«» Une notice historique sur l'ancien château
de Taintrux, par G. de Golbéry. Elle est accompagnée de deux
planches représentant l'ancien manoir et la construction
relativement moderne qui l*a remplacé; 2* Une journée dans
la ville d'Arles, par G. de la Comble. A six pages de texte sont
annexées cinq planches représentant le portail de Saint-Tro-
phime, la vue intérieure du cloitre, une vue intérieure de la
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BOLLBTiN BmuocaiAnnQUK
563
ruine des arènes, la vue de l'église des Aliscamps et enfin la
porte sarrazine avee une tombe à tuiles de recouvrement, la
base et le chapiteau dHine colonne de la porte de Téglise des
Aliscamps et trois monogrammes ou signes maçonniques;
3» Une note de M. CL Grad sur l'existence de lliomme dans
les Vosges à l'époque glaciaire; 4* Le résumé des observa-
tions météorologiques à Scbirmeek de 1854 à 1864, par Billot
5* Le commencement d'une bibliographie vosgienne, compre-
nant le Catalogne des ouvrages de géologie et de minéralogie,
et, pour clore le Bulletin, les procès-verbaux des séances du
bureau d'administration.
De l'organisation judiciaire et de la législation d'Alsace avant
1789, par Julrs Kruc-Bassr, président du tribunal civil de Bergerac.
Paris, imp. Arnoud de Rivière etC«, 1874. Broc.h. petit in-S*» de 20 p.
L'Alsaoe avant 1789 ou État de ses institutions provinciales et
locales» de son régime ecclésiastique, féodal et économique, de ses
mœurs et de ses eonlnmes sous Tancienne administration française,
par J. Kbuo-Bassb, président da tribwial civil de Betgarac. ^ Berge-
rac, imp. Falaaodier, 1877. 1 toI. in-B" de 361 p.
Bans le premier de ces écrits, M. Krug-Basse s^est borné à
donner une définition sommaire des diverses Juridictions qui
existaient en Alsace avant la Révolution. Le Conseil souve-
rain, les Bégences de Saveme et de Bouzwiller, le Directoire
de la noblesse immédiate, les tribunaux intermédiaires formés
par le Magistrat de Strasbourg, les justices inférieures des
villes et des villages, les justices seigneuriales, les tribunaux
extraordinaires ou officialités et justices des rabbins, maî-
trises des eaux et forêts, sièges de maréchaussée, juges-gardes
des monnaies, forment le cadre de ses recherches sur l'an-
cienne organisation judiciaire de l'Alsace.
Dans le second, M. Krug-Basse est moins laconique que
dans le premier; s(\s études embrassent un horizon beaucoup
plus étendu et son livre a nécessairt iiient des proportions
plus volumineuses. Quant à sa méthode ({"«wposition, elle ne
diffère guère de celle (li\s nombreux méuioires inédits que les
premierâ agents de l'adoiinistration française rédigèrent aux
564
BBVUB D'ALSAGB
XVn* et XVIIP siècles sur la consistance de la province au
point (le vue des divers .services dont ils étaient chargés. Cette
méthode est excellente; elle a le mérite de présenter, dans un
cadre relativement restreint, un aperçu d'ensemble, tidèle et
compétent, des matières ayant des points de contact qui les
classent logiquement dans une catégorie spéciale. Les pre-
miers rédacteurs de nos annuaires l'avaient suivie avec plus
ou moins de succès, et il faut reconnaître que cette méthode
n*a pas peu contribué à vulgariser les notions que tout dtojen
doit posséder sur la topographie, la consistance, TorganisatioD
administrative et Téconomie politique de son pays.
n ya de soi que le livre de M. Krug-Basse doit être placé
sur un échelon beaucoup plus élevé. On va en juger à la
simple lecture des tètes de chapitre que nous transcrivons et
qui suffiront, en même temps, pour porter & la connaissance du
lecteur les matières contenues dans le volume que nous avons
rhonneur de recommander à son attention.
Le chapitre I"' traite de TAlsace, de son étendue, de sa
population et de ses divisions territoriales; le chapitre II
est consacré h radministratimi générale; le chapitre 111 à
Tadministration des villes et des cenniiunautés; le chapitre IV
à ladministration de la justice; le chapitre Và l'état militaire;
le chapitre VI au culte catholique; le chapitre VII aux cultes
dissidents ; le chapitre VIII au régime féodal ; le chapitre IX
à la noblesse et à la bourgeoisie; le chapitre X à l'instructiou
publique; le chapitre XI à la situation économique de TAlsace,
et le chapitre XII aux mœurs et coutumes des gens du pays.
Histoire des institutions politiques, constitutionnelles et
juridiques de l'évêché de Bâle. dos villes et des sei-iieuries
de cet Klat, par A. QuiguEHKZ. — Oel.^moiil, imp. de J. Dœcbat,
1811. 1 vol. in-S** de VI-5i8 pages. — Prix : 5 fraacs.
Voici un livre important qu'A faut ajouter au catalogue,
déjà très riche, des travaux historiques de M. Quiquerez. Lln-
fàtigable écrivain, le patriote à toute épreuve du Jura bernois,
Pami et le collaborateur de toutes les publications scienti-
fiques ou littéraires du pays, a voulu tirer encore des inépnî-
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
S65
sables richesses qu'il a amassées, la matière de l'une de ses
meilleures et de Time de ses plus précieuses publications. Le
livTe que nous annonçons, résume en effet, dans un cadre
condensé, les éléments concernant les institutions politiques
et judiciaires de Tancien évêché, des villes et des seigneuries
qui étaient comprises dans la circonscription diocésaine.
Nous n'aurions que rembarras du choix, si, au moyen de
citations, nous voulions donner au lecteur autre chose qu'une
idée générale de la substance de ce volume. Les matières les
plus diverses y sont abordées et il nous suffira d'en énumérer
un certain nombre pour atteindre le but que cette annonce
doit viser. Le droit du souverain, l'étendue du territoire, la
division ecclésiastique de Tévêché, l'origine de la puissance
temporelle, le pouvoir lé.i^islatif, les lois criminelles et cinles,
les lois ecclésiastiques et financières, le droit de paix et de
guerre, les subsides et les déi)enses publiques, les impôts, les
corvées, les droits de cours d'eau, les di'oits réguliers sur le
sel, les mines, carrières, postes, èi)aves, pontena<;e, désbérence,
aubaine, naturalisation, bâtardise, noblesse, foires et marchés,
la banalité, le retrait lignager, les biens de main morte, les
poids et mesures, le droit monétaire de l'évêché, ses mon-
naies et ses médailles, les monnaies de la ville de Bàle, les
droits de justirr. de tabollionage, le haut chapitre de l'évêché,
les grands olhciers héréditaires, les conseils du prince, le
catalogue des évêques, les Etats du pays et leur origine,
l'ordre de préséance, l'institution des villes et des campagnes»
la condition primitive de celles-ci, etc., etc., sont les princi-
pales choses dont il est traité dans le livre I" de Texcellent
ouvrage qui nous occupe.
Le livre II est non moins riche en renseignements, notices
et documents divers. On sent, au premier examen, que l'au-
teur a voulu nous donner la primeur ou la crème, soigneuse-
ment épurée, des innombrables richesses entassées dans ses
collections. Le monde littéraire lui en sera reconnaissant et
les travailleurs auront recours à ses lumières quand Us vou-
dront approfondir Tune ou l'autre des questions que M. Qui-
querez s'est contenté d'effleurer.
Ô66
BEVUE D' ALSACE
Une réserve en terminant Nous aurions désiré un peu plus
de lo'^iquc ou de méthode dans le groupement des matières.
La lec^ture en fût devenue plus facile, plus attrayante» en ne
forçant pas l'attention à passer trop brusquement à des siijetB
disparates ou dMne nature trop différente les uns des autres.
Les recherches aussi seraient devenues plus faciles. A cette
critique près, nous n'avons que le plus grand bien à dire du
travail de l'un des plus anciens et des plus lidèles collabora-
teurs de la Heuue d'Alsace,
Pages InMItes pour servir à l'Ustoire dM pènàUtét de
VmudiWkB République de Mulhouse avx XVX*. XVU* et
mil* Môcles. par Àvo. &eœbrh. — Molhonse. imp. de V* Bader elC,
1877. In-8 de 40 paxes. Tiré à 80 exemplaires.
Cette plaquette, toute de circonstance, retrace, en peu de
pages, les diverses transformations que le droit administratif
et le droit judiciaire ont subies depuis l'an 1231 jusqu à 1 ac-
cession dé la petite BépubUque de Mulhouse à la République
française. M. Stœber foit suivre ces pages de l'analyse de
soixante-quatre décisions ou jugements concernant autant de
crimes, délits ou contraventions réprimés par les juridictions
auxquelles ils ressortîssaient Chacune de ces analyses som-
maires est suivie de notes fort intéressantes pour Thistoire
de Mulhouse.
BiBtge Notlsen sur Staiistik des Tabakbanes in Elsass-Iothrin^en. -
Quelque» note» relatives à la sUUstiqne de la caltare du tabac en
Alsace-Lorraine, par Auo. Schmittsi, direcleor de la manufacture de
Strasbourg, publiées par le IF Bickea, assesseur de la présidence.
Strasbourg^ imp. de G. fisebbaeh, 1877. Inrl2 de 64 pages, cbes
Noiriel, libraire.
Au lendemain du désastre, tout ce qui était empreint de la
marque française fiit ûnpitoyablement dénigré, dédaigné,
repoussé. Il y eut même de vulgaires fanatiques qui voulurent
expurger la langue allemande des mots usuels empruntés à la
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BULLETIN BlBLIOORAPHiqUI
567
langue française. Tout ce qui n^était pas d^ongine gotMque,
était par cela même inflexiblement condamné. Louis Yeuillot
éprouva, au lendemain du 2 décembre, la même frénésie à
Tendroit de nos auteurs classiques quil voulut, lui aussi,
expurger de tout ce qui respirait les souvenirs de Tantiquité.
Ces ridicules entreprises ont toutes échoué devant la con-
science publique et rimperturbable bon sens des peuples. A
sept années de distance, nous voyons en Alsace-Lorraine de
grands efforts se produire, pour réhabiliter les choses et les
institutions que la conquête avait supprimées. Ainsi on est-il
de la culture du tal)ac, morte, bien morte aujourd'hui en
Alsace, et à laquelle on cherche, avec raison, à rendre la vie
en adorant le lendemain le monopole ou Tidolc que l'on avait
brisée la veille. Les notes de M. l'assesseur tendent à ce but,
qui, d'ailleurs, est aussi celui de la pensée gouvernante.
La démonstration statistique est faite ex professa, mais il y
a gros k parier que la conclusion pratique ou légale, si jamais
on y arrive, ne sera point celle que l'on prône et qu'une fois
remise sur jambes, Tinstitution sera boiteuse, parce que Ton
se sera évertué à lui donner un cachet différent de celui
qu*elle avait avant 1870 en Alsace-Lorraine.
Œuvres Inédites de Dom Galmet. — Origine de h cérémonie
dn Roy-boit. — Conjectures sur les coquillages qu*on trouTe sar la
terre et sur les montagnes, par F. Dinago, aroeat. — Saînt-Dié, imp.
de L. Homberl, 1877. — In-8* de 67 pages.
Cet opuscule est le second de la série que IL Dinago s*est
engagé à fournir. Il nous réserve pour le troisième fasdcule
soit l'histoire de l'abbaye de Senones, soit ITdstoire de Tab-
baye de Munster. Ces deux publications, dit-il, seront très
intéressantes et plus importantes que les autres études de
Dom Calmet non encore imprimées. Nous sommes de ceux
qui engagent vivement notre compatriote h poursuivre son
projet jusqu'à l'entière divulgation des reliques du bénédictin.
568
BBVOB D'ALBACB
Lunéville et ses environs, par Arth. Benoit. — Lanéville, imp.
de G. George, 1877. In 8 de 54 pages
Ce petit écrit est la relation d'une excursion Mstorico-pitto-
resque écrite par un ho m me de goût et un patriote dans k
bonne acception du mot. Blamont est la première localité
qu'il visite et quMl fait connaître au lecteur dans son pa^sé
et dans le présent. Il en est de même pour Lunéville, beau-
coup plus riche en souvenirs. Le précepteur Jean-George
Keyssler est mis à contribution à cet égard et on lit avec
intérêt les lettres qu'il écrivait, en 1731, au père do ses élèves
sur Lunéville et la cour du duc de Lorraine. On y trouve la
biographie on ne peut plus intéressante du professeur Jamerai
Du Val» à Tacadémie des cadets, et de Philippe Vayringe,
mathématicien. L'itinéraire de Lunéville à Nancy y a sa place
et à plus forte raison aussi l'ancienne capitale du duché de
Lorraine.
La Franœ et TAlaaoe dans le passé, par H. Daksas. — Psris,
Amyot, éditear, S» rue de la Paix. Broch. in-8" de 67 ptfes.
Cette brochure est un extrait à\x Précis des travaux de
l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, année
1872-73, imp. de IL Boissel. L'auteur est d'origine alsacienne;
son savoir et son caractère ont laissé au pays des scmveuu'S
durables et une estime à l'abri de toute atteinte. L'homme
tout entier, le patriote patient et digue, l'homme de foi se
retrouve intact dans le mémoire qu'il a écrit pour VAcaclémie
de Rouen. Pour ceux qui ont connu l'auteur, pas n'est
besoin d'ajouter que la science et le style font de son étude
un byou précieux à incorporer dans nos bibliothèques alsa-
tiques.
L'Alsace à Moral. — Etude historique publiée h l'occasion (iu
centenaire, par P. Ristrlhlbf.r — Pari», cheï H. Cbampion, libraire,
15, qnai Malaipiais. In-S" de 50 pages.
Centenaire de Voltaire. — Un tourisle allemand à Fciney on 1770.
par P. RisTKLHi BER. — Paris, Isidore Lizeux, éditeur, 2, rue Bow
parte, 1878. in-12.dd 35 pages.
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BULUETIN BIBUOOBAIHIQUK
569
Qaalre Ballades suivies de notes, par P. RisiBLemi. — Génère,
iinp. de J.-G. Fick, 1876. In-S* de 44 pages.
M. Paul Ristelhuber a réuni dans la première de ces bro-
ehures tout ce qui se trouve disséminé dans nos alsatiques et
tout ce quMl a découvert dans nos archives concernant la par-
ticipation de TAlsace et des Alsaciens à la guerre soiftenue
par les Suisses contre le duc de Bourgogne et spécialement
k la bataille de Morat M. Ristelhuber « a préféré laisser
parler, tour & tour, les témoins de ce passé », que de tirer
lui-même « des différentes chroniques un récit pondéré ».
Cette manière de faire, que nous approuvons sans réserve
dans cette circonstance, a le mérite de nous donner, dans un
cadre restreint, le texte même des écrits se rapportant au
fait de guerre qui a assuré le triomphe de la nationalité suisse
sur un de ses plus redoutables ennemis.
M. 'Ristelhuber ajoute d'ailleurs de précieux renseignements
biographiques à chacun des })ara<^rapli(^s concernant les Alsa-
ciens qui prirent une part active à la résistance des Suisses
contre Charles-le-Téméraire. Cela donne i\ son modeste tra-
vail de circonstance une valeur hi:>toriquo que nous aimons
à faire ressortir.
Non moins érudit, non moins consciencieux et sagement
critique, est son Tonrhte allemand à Ferwsy, écrit à Tocca-
sion du centenaire de Voltaire. C'est une superbe plaquette,
imprimée avec un certain luxe et dans laquelle on lira avec
plaisir le jugement que les célébrités allemandes, contempo-
raines de Voltaire, portaient sur cette grande individualité.
« Nous sommes tous plus ou moins voltairiens, sans le savoir
et sans nous nommer ainsi... La puissance de Voltaire a été
telle, qu'aujourd'hui les biens intellectuels pour lesquels U a
lutté toute sa vie avec un zèle infatigable, un dévouement
passionné, avec toute arme de Tesprit et surtout sa terrible
ironie, la tolérance, la liberté, la dignité humaine, la justice,
sont devenues pour nous des éléments vitaux aussi naturels
que l'air auquel nous ne songeons que quand il nous manque ».
Le Touride alkitmid qui a fourni à M. Ristelhuber le point
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570 REVUE d'alsa.cs
de départ de. sa charmante esquisse voltairienne, est Frédéric
de Stolberg, le condisciple et Tami de Gœthe. Ls s'étaient
donné rendez-vous à Francfort, et c'est Frédâncqiii se fit
a le narrateur du voyage à Fcrney. Les lettres sont adres-
sées à sa sœur Henriette, qu'il appelait Poulette. »
M. Ristelhuber traduit en français ces lettres sur le texte
donné par Jansscn dans sa vie de Frédéric de Stolberg. Elles
sont d'un intérêt marqué, et cheuiin faisant, M. Ristelhuber
ne manque pas de rectifier, par des notes très compétentes,
les erreurs géographiques ou autres qu'il rencontre. Bref, son
travail est celui d'un érudit, d*un critique et d'un littérateur
de mérite.
Quant aux Quak-e baUades dont il nous reste à dire quelques
mots, voici quelle en est Torigine et quel en est l'objet :
En 1875, la section littéraire de l'institut genevois offrait
un prix àflameilleure reproduction en vers firançais des quatre
ballades intitulées : DU Kraniehe des Iby<m = Les grues
ajhycui,éd Schiller; KlemBoland = Le PetU Bohnd, d'Uh-
land; Der getreue EdcaH = Le fidèle Eckari, de Gœthe, et
DasUedvom hwmMann ^*Lahaïladedii brave hmme,
de Btirger.
M. Ristelhuber se mit à l'œuvre et fit des efforts pour repro-
duire la poeti(iue des originaux, mais en se conformant aux
rhythmes consacrés. M. Ristelhuber ne fut pas le lauréat du
concours, bien que, selon le rapporteur du jury, le travail du
vainqueur contint des vers inadmissibles dans la poésie
française.
La traduction de notre compatriote a été imprimée magni-
fiquement par M. Fick avec des notes fort intéressant^
du traducteur sur chacun des auteurs allemands dont il
avait essayé de rendre en français les créations poétiques
mises au'concours. La ballade de Bttrger nous paraît surtout
bien sentie et bien rendue.
Diabnrgundisch.Hlstorie, eineReim-Chronik von Hans-Euhart
TcscH, 1477. Als Beilragzura vierten Jahrhunderlfeier der Schiacht
von Marten (82. Joni 1876) « BiHmr» de Bourgogne. Chronique en
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BULLETIN BDUOOBAPHIQtm
671
▼ers de Jp.an-Frard Tusoh, 1477. Editée à l'occasion du quatrième
centt'iiaire iK' \.\ h ilaille df Monit, par Edmond Uk.ndling, archiviste
et bihiiolh nMire dt; la ville d'î Schi-^stadt, avec la collaboration
d*AiT,. Stœber, bibliotlu caire et conservateur du Musée tiistorique
de Mulhouse. — Mulhouse, itnp. de Brùsllein et C% 1876. In-8' de
111 pages ; chez Eug. Barth, hbraire à Coimar.
Cette poétique composition parut à Strasbourg en Tannée
1477. On n*en connaît plus en Alsace qu'un seul exemplaire;
il appartient iklabibliothèque de Sehlestadt, qui en est devokue
propriétaire par Pacquisition de la collection de livres sur
TAlsace, composée par feu M. Dorlan, ancien représentant
du peuple et avocat en cette ville. On a supposé que cet incu-
nable sortait des presses de Mentelin et que le nom de l'au-
teur cachait sous un pseudonyme le fils du beau-frère de
riniprimeur. Les nouveaux éditeurs se livrent à cet égard à
d'intéressantes recherches bi])li();^M aphiques pour éclairer la
question et pour déterminer quelle fut l'édition princeps de
ce poème sur la guerre de Bourgogne.
Ils ont jugé que roccasion du quatrième centenaire de la
bataille de Morat était favorable pour faire revivre ce poème
et en enrichir nos collections. Nous ne pouvons que les féli-
citer d'avoir eu ce courage et les en remercier.
FrAdArig Kurtz.
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TABLE DES MATIERES
CONTENUES DANS LE TOME VII DE LA NOUVELLE SÉRIE —
JANVIER - FÉVRIER - MARS
Pagej
Arthur Kngei.. — Documents pour servir a la niimism?itiqiipdc
iWlsare — iN* A — Recueil de hrai-Jlèates alsacu'iiiics j'"'»^
ou ivu connnt'i tirées des Vnni ipnux cabinpis P""''
types iiicounus à Uerslell ou même compléieiueiil inédits . . . . it=M
fitisTnVK-\i)i)i.iMiR llinN. — Ln miisi(|UO et rnmistique —
ApiT(,u^oiii'r;tl sur Unirs rapports ft Imirs '^'''■''''"^''''V''^'^^^
La science rsl piirvcuut' ;i ^Hniiiailn' lo rni'cam^iik-
son — La théorie et rexperiineiilation niii :iin'iiit k-?^ 1*'*''^'^
du merveilleux — F.xi)ositioii «m :ui;tl\se dos '"'0*^"^_~",P'^
section des matériaux avec lesquels fart P^o^m'^ ses créatiuua
— Stru(;ture des gammes —Moyens de veriin andii des prn=
Mi''mes rt^solus — Exemples — Accords consounanis cl
sonants — Discussions, etc. elc *
Arthur Benoît. — Dépêches militaires inédites sur IMovasion
de iSlo — Vos^-ps et Alsnce — l)epêrli''s lUi '''''''■'''''''^
ral comte l*achti)d — Du miiiisiiv de i;i ^nierre. prinrr d b k-
mùhl — Dm préfet de la Meiirllie de Miipie - Du
de-camp César de Lnville Du baron .MarchauL -
Evain — Du lieutenant-général Moliior — Du m ire lial-ite-
f^mp Mandeville — Du duc de Keiire ei du t;*^"»?"'' „ .
mont
G. MoHLENBECK. — LMnstructioH obli^^atoire dans le comté de
Riliaupierre - 1739-1773 — Deux pièces concernant cette
mal ère
Ed. Ensfei.der. — l/école latine de Riguewihr — C^^P^^*^
rhistoir.' scolaire d'Alsace — Riiiuewihr =^..P'^'^^^'''''',
155Î) jus(|u'en 1789, une école latine — Histoire J^'j^^
école — Professeurs et instituteurs qui i ont succeb^vemcni
dirigée
Ch. Grad. — Scènes et paysages des Vosges — Le lac Noir —
Descriptions — Altitudes — Barrages — Leurs consiruaions
— Résultats
Dagobkrt Fisr.HF.R. — Histoire de Tancien comté de Saarwerden
et de la prévole d llei hil/.heiin - Cliap. IV — Le '"umte sous
la domination de la maison de Nassau-Saarl)ruck -- P-'^tage
du comté entre le.s fUs de Jean-Louis de iNassau-i^aarbTTO
etc.. etc mJï^
TABLS DES MATIÈRES
573
PafM
Etienne Barth. — Notes biographlqaes sur les hommes de la
Révolution à Stra^boiiri,' et U's environs — Jean de Turekheim
père — Bei iUiard-KreUéric de Turckheira fils — André Ulrich
F. Vo^t père — Loois Wangen de Géroldseck — Samuel Ber-
nard Wcher — Daniel-Frcdt^rii; Weber — Louis Wevpt-r —
Jean-Gt'ofTrui Wild — VVîlheIrn — Jean-Frédéric Zirainer père
— Georgu-Frcderic Ziramer fils 127-144
AVRIL - MAI — JUIN
E. MoHLERBRCK. — £lude sur quelques points obscurs ou con-
troversés de l'histoire de Safiite-Marie-aux-Mines— Au millen
du XVI« siècle. Siiinti -Murie nVlait qu'un fiameau — Le côté
Alsace était s*)umis aux UihaupiHrrc — Le coté Lorraine con-
linua à dêpeudr»*, des ducs de Lorraine — Il y eut ainsi eleux
administrations juxtaposées — Les deuK côtes étaient de
langue franvaise - La ianftue alleinandi' ne fut introduite que
par les mineurs venus de la Saxe — Ils tinissenl par former
une Société qui eut son r^lemenl particulier et qui, au XVIh
siècle, fut t (Hinue .sous le nom de Knapi schafj't et embrassa
le lulliéranisme — Ses premières cérémonies — Ses premiers
pasteurs, etc.. etc 145-172
6.-A. HiRN. — La musique et Tacousllque ~ Aperçu général sur
leurs rapports et leurs dissemblances — La science peut-elle
expliquer l'action des sons et de leurs (combinaisons sur la
partie sensitive de notre être? — Question purement physlo*
logique examinée par l'auteur — Le défiîut d'éduc ation musi-
cale est l'ori;;ine des erreurs (jue l'on professe iiéneraleraenl à
cet égard — Citation de faits et d'anecdotes à l'appui de ia
thèse, etc., etc 173-810
P,-E. Tlefferd. — Pierre de Ila^enbach — Berceau de sa
femille — Déinèlés de l'archidnc Sij,'ismond avec les Suisses
— Ilenffafîc le Sundgau, le Brisgau et d'autres terres à Cliar-
les-le-Téméraire — Pierre de Hagenbach est insiitué par lui
Landvojt des pays engagés — Faits et gestes dndit Landvogt
dans radmniislr'aiion de ce pays — L'orage s'amoncelle — Ou
Jure de secouer la tyrannie — Pierre est saisi à Vieux-Brl>
sach — 1! est mis en jn;^'emerit — Sa dëfCDSe pariselio — Sa
condamnation — Son exécution îil-225
X. MossMAMN. — Matériaux pour servir à l'histoire de la guerre
de Trente ans, tiré des archives de Colmar — Négociation du
résident de Suède, Mockhel, av.'c le résident de I rance, Mcl-
chior de l'Isle, pour procurer à Colmar, de l'aveu de la ville,
du chancelier Oxenstirn et du rhingrave Othon-Louis, la pro-
tection de la France — Recours au maréc.al de Caumoiit de
la Force — Traité conclu sous la réserve des deux couronnes
— Travaux de fortilication 226-238
E. DiKTz. — Documents inédits pour servir à l'histoire de Tan-
cienne seigneurie du Ban-de la-Rochc — InlroductioD à ces
docnmeDts — Courte notice sur te comté 239-244
574 BEWB d'alhage
Dag. Fischer. - Histoire de Tanoien comté de ^^arwerfen el
de la prévôté de Herblltheim - Bn 1641, Charles IV de Lor-
raine se saisit de nouveau du comté - Le traité d Osnabruck
en ordonne la reslUulioa auxcomles de iNassau-SrarbrucW —
Le traité de Munster met (In à la guerre, mais ne rétablit pas
encore la bonne intelligence entre le Lorrain çt^ le eoinle de
Nassjui Saarbrm k — intervention de Louis XIV, garant de
rexéculiou du naitê, etc., etc • w-w»
Etienne Bartii. - Notes biopraphiques snr les hommes de la
Révolution à Strasbourg' et les environs — Les b8;> i'/' t '«^
— \chard. Adam. Adurne, Albert, Alcan, Alexandre, Alhery..
Allinayer, Ammann. André, Anstett, Arbogast, Armand-Mai-
sière/Arnest, ArrUa. Aubry. Aubugeo», Aobnsson, Aymal,
B«r
JUILLET — AOUT — SEPTEMBRE
F -G Frantz. — L'assassinat du comte André de Sonnenberg
'Herraannde Brandschdl, refugiéà Brisach, est soupçonné d y
avoir pris part active — Renseigoemenis sur la femilte Son-
neoberg el le comte André
Artm. Benoit. — Le Schneeberg et le comté de Dabo en 1778.
— Elude sur les montagnards vosgiens par un professeur
allemand — Notice sur le professeur et la conit-ee explorée
par lui — Di s. ription humoristique de la contrée par ledit ^
professeur — Appenilices destinés à compléter sa relation... aw^«»
E. DiETZ. — Documents inédits pour servir à Thlstolre de l'an-
tienne seigneurie du BaiHle-la-ftoehe — Notes sur le domame
— Premiers et derniers possesseurs — D'Andlau el Rainsam- ^^^^
haust'n — Titres et pièces concernant le ban..
Artu. Engel. — rk>cuments pour servir à la n"»!;"*?^ ^ «.-osi
TAlsace — N« 5 — Demi-toumols de la ville de Thann
E. MoHLBKBECK. - Etudc sur quelques points obscurs ou con-
troversés de l'histoire de Sainle-Marie aux-Mines, cOlé Alsace
— Les frères d'Echery sont grandement troublés — Legnse
Françoise de Straslwurg envole des commissaires — Inierven-
lion du baron de Ribaupierre — L-^s refu;îiés fran(;ais,^ lor-
rains ou savoyards sont renvoyés — Itigueurs d s Suédois —
La Knapmhaft disparaît — Après la guerre de Trente ans,
le val était un désiMt h n^peupler — Censures du (-oiisisioire
— Gestion de la fortune des pauvres — Saxons et "a"^y"f:U^
accourus pour reprendre l'exploitation des mines — Conciu- ^jj^^^
sloa
Dag. Fischer. — Histoire de l'ancien comté de Saarwerden et
de la prévôté de llerbilzlieim — Chap. V. l>émemj)remeniau
comté de Siarwcrden - La paix de Ryswick rend à Léopoio
flls du duc de LomLie, s^s EUts, mais sans places fort»
ni troupes — Bouquenom est érigé en prévôté ''*"]'*8e'^
Conditions faites aux dissidents — Eublisseraent de U con-
grégation des ReUgleotts de Notre-Dame à Bouquenom —
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TABUB DBS UATIÉRE8 575
2î!î?r«^!îî'^ ^' J^^^ ^^f^""' impnsÔPs niix dissidents furent ^
encore rès Ourdes - Recoiislruclioo Uu collège des Jésim "
- Modifications à la monde Stanislas- Besiiiue aux omuîs
de Nassau Sa.rwPrden, Taneien comlé reçut une organlMtton
nouvelle - Une Réjîence est établie à Novy-Snarwc^deTete: 37S400
^^^^ IJiographiques sur les hommos de la Révtf-
lution à Slrasbourc et les environs - Bailloud, B iilh de Jiiiliv.
Barlholmé. Bast, Bataut. Baudier, Baudot, Baudrllloo. Ban-
gj|2j^g2"'"^'^''i"cr, Beauseigncur, Beck, Becker, Benoit.
4i6-433
OCTOBRE - NOVEMBRE - DÉCEMBRE
"enri Bardy. — Notice sor la situation de la vifle de Belfort
lors de son investissement par les allies, le U décembre 1813
tial-majur de la place - Garnison — Conseil de défense
p _ m-uo
îr»nl«''^*î' T Horarocs de guerre. François-Christophe
iieiiermann, duc de Valmy 441.443
dépêches inédiles concernant l'armée
de lUiin et Mose le - 1793 à 179o - Mouvements militaires
pniaïî. ^ ^^"^ l'habillement — Le conveuUounel
riiieger , 44^60
^'lJ^,\^7- r '^^^''^^ '^"'"^^ 'l'édites de JérémleJacquesOberlid.
ae Uieirich ei du chevalier de Keralio 461^464
X. MossMANiN. — Matériaux pour servir à l'histoire de la guerre
ae 1 rente ans — Arrivée des troupes françaises à Colmar —
M-^siires transitoires — Traité de protection — U France
î^ilfS feconnaitre — Défense du pavs contre le du(; de
iwralne et Jean de Werih - Pl^limiuairês de Pirna— Mou-
jemenis du duc de lorraine sur la rive gauche du Rtiin —
i-e duc de Bohan va à sa rencontre — L*union protestante
«adhère pas à la paix de Pra-ue 465-478
Arth. Engel. — Documents pour servir à la numismatique de
I Alsace — N- 6 — Florin d argent inédit d'Ej;enulphe de Ri-
oaupierre — Représ^Miiaiion par une jjravure— Description
spécifique — Rensei^^nements historiques 479-483
^* LâiL' ~~ ^"Pcrstitions et usages populaires au territoire de
wiiort — La bûche de Noël — Le revenant de Genival 484-486
Dac. Fischer. — Histoire de l'ancien comté de Saarwerden et
de la prév(Mé d'Herbitzh. im — Fin —Le pays de Saarwerden
pendant la Révolution — Appendice — A. La lej^islation du
comté — B. Ses hommes remar(|uables — C. La Bonne-Fon-
Jniie — I). Le ( hâteau de Diedendort* — E. La ferme dite
Lutterbacherbûf — F. UouUn du comté 487-524
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576 REVUE D* ALSACE
EnBNins BABTH. ~- Notes biographiques sur es hommes de la
Révolution ù Slrasbour- et ses environs - l^»-*- "'^«f.f ~"
Berghauer-Bernadon - Bernard -Berrayer- Bertrand -
Sn - Bevalet - Beyer - Bierlyn;- B.rp. hi - H an er
I_ n,i.ll - Bohn - Rontenips - R.)rie-C;inil)ort - Bornerl
— Bossénius — Bûurcier — Bour«mi<n..n - Boulei le —
Itov — Brandié — Bramarbas — Brasd or — Braun —
Sannwild - Brendel - Brevet - Breck - Bremsinger... 5«5^l
Frédéric Kurti. - Bil)lio^rapliie - l. ^^^^^Ijl^^Pf
mi\m d'Alfred Schweighaeuser, par Ch. -^i^hl - il. we-
chefches sur la constiluflon de Colmar, par \ M9fJ"^^J"" "
m. Aperçu sur Thistoire d'Alsiu e, par J -K- \" ^
IV. Soldai, moine et maître de danse, par^od. ««"^s 7
V. Tableau des travaux seienlifiquasde J.-A. Micnei, pr '!"»'
Slœber- VI. Comédies populair.«s P^'-/»-^»«"S^'*'vm pi;. îê
vaux de la rhamiir.' de commerce de C*>»niar - VUl- tU^l^
l'Eglise d'Alsace avant la Uév.duiion, par M. le caré Scwaeic
— IX. Bullclln de la Société belforlaine^ ^If")" i^îa "
X Histoire des comtes de MMiubdiard. par P.-b » jen^^*» ,
xi. Bullelin de la Sodété pliilomaiitiue vosgienne - I. Al-
sace avant 4789, par Krng-Basse — MU. Histoire des insll-
tulions politiques de révè. hé de Bàle, par A. "
XIV. Pages inédites des péualilés de rancicane l\iM'''l;'''l^*,
de Mulhcmse. par Aug. Slœber - XV. Çnltare dii tabac, par
A. Schmitler - XVI. Oeuvres inédits de Dom Calmet, p.irF.
Dina^o — WIl. Lnnéville et ses environs, par A Beiiou
XVIII. La France et l'Alsace dans le passe, par H. IWnws ,
XIX. L^AIsace à Moral; le centenaire de Vultaiiv ; <1» '
lades, par P. Kist-lhuber — XX. Chronique de Jean-Liara
Tusch, par Ed. Wenitliiig et Aug. Stœber
Table des maiières •
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