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Full text of "L'art de prononcer parfaitement la langue françoise, dedié à monseigneur le duc de Bourgogne. Par le Sieur J.H.D.K. Seconde edition revuë, corrigée, & augmentée par l'auteur. Tome premier second. A Paris chez Laurent d'Houry, ruë Saint Jacques, devant la fontaine S. Severin, au Saint Esprit, 1696. 2 v"

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J. 


; 


L A R T 

f DE 

PRONONCE  R#r| 

PARFAITEMENT  /fe'/ 

LA  LANGUE!#' 

' FRANÇOISE,, 

5 

i Monseigneur 

'dMtX  E d u c mw- 

■ DE 


BOURGOGNE. 

Par  le  Sieur  J.  H.  D.  K. 


Seconde  Edition  revue  , corri^ 
augmentée  par  l’Auteur. 

TOME  PREMIER , 


A PARIS, 

cr  Laurent  d’Houry,  rue 
Jacques , devant  la  Fontaine  S.  Severii 


M.  D C/  XCVI. 
AVEC  PRIVILEGE  BV  ROY. 


■ ■ 


MONSEIGNEUR 

LE  DUC 


ONSEI.GN.EVR ï 


Il  y a quelques  années  que  • 
î\eüs  l'honneur ae  vousfKjènter • 

3.  ii 


. t E PIS.TR E. 

ta  première  Edition  de  ce  TraU 
té  y qui  net  oit  alors  qu'un  ébau- 
ché de  ce  qu'il  efl  aujourd'hui * 
Les  changemens  que  j'y  ai 
S‘ts  y & les  observations  que 
!&'fy  ai  ajoutées  font  en  fi  grand 
$ nombre  , quêtant  prcfentement 
•4?  un  Li'Vre  tout  nouveau  y il  a be- 
'foin  d'une  nouvelle  proteélion , 
La  connoijfance  des  Langues 
n'ejl  pas  indigne  d'un  grand 
Prince  : Ce  far  ne  la  pas  cru  in- 
différente y puifqu  au  milieu  de 
Je  s conquêtes  y il  n a pas  dédai- 
gné de  faire  lui- meme  des  re- 
marques fur  la  Langue  Latine 
pour  l'inflruélion  des  Romains, 
. Il  efl  de  la  gloire  des  grands 
Princes  y AiONSEIGNErURy 


E PI  S T RE. 

de  porter  leur  Langue  çjr  les 
rnceurs  de  leurs  Sujets  encore 
plus  loin  opte  les  bornes  de  leurs 
Empires;  & les  Souverains  ont 
toujours  veu  les  Langues  de 
leurs  Nations  fuivre  le  cours  de 
leurs  victoires  & la  profperité 
de  leurs  Etats . 

. L'Eloquence  Greque  ne  fut 
jamais  plus  florijfante  que  fous 
. Alexandre  ; la  Romaine  , que 
fous  Jugufte  ; & la  Françoifi * 
que. fous  Louis  le  Grand . Cet- 
te  illujlre  Academie  3 qui  fait 
l ornement  de  notre  ficelé  3 en  eft 
une  preuve  incontestable  ; (fÿ 
c eft  un  monument  etemel  du  foin 
quil  a eu  de  la  perfectionner  O* 
de  l'embellir.  . . 

-,  • M . . . "* 

a il j 


EPISTRE. 

•j  ; La  Langue  Françoife  efl  ve- 
nue a tel  point,  qu  on  peut  dire 
quelle  efl  présentement  la  Lan- 
gue générale  de  /’  Europe.  On  la 
parle  dans  toutes  les  Cours , {0 
les  Etrangers  mettent  au  nom- 
bre de  leurs  principaux  devoirs , 
l'obligation  de  l'apprendre  f0  de 
la  fçavoir  parler . 

Je  nat  pas  la  préemption  , 
MON  SEIGNEVR  , de 

me  persuader  que  cet  Ouvrage 
vous  fit  nécejfaire  : les  person- 
nes a qui  votre  éducation  a été 
fi  fàgement  commife  , font  les 
Maîtres  du  beau  langage  : Vous 
êtes  né  au  milieu  de  la  politejfe 
même  3 elle  vous  efl  naturelle  & 
familière  5 bien  loin  d'avoir 


1 


EPI  S T RB. 

befoin  de  Réglés  , 'vous  ' et  es 
déjà  Iq  modèle  de  tout  ce  quil 
y a de.  plus  parfait  & de  plus 
poli . 

Je  nai  entrepris  cet  Ouvra- 
ge, MONSEIGNEVR , 
que  pour  donner  à ceux  qui  ai- 
ment la  pureté  de  notre  Lan- 
gue , les  moyens  de  s'y  perfec- 
tionner, en  leur  faifant  remar - 
uer  tout  ce  que  fai  pu  rajfem - 
1er  de  la  juflejfe  des  agré- 
ment de  la  prononciation  Fran - 
çoifi . C'ejl  la  feule  fin  que  je 
me  fuis  propofée  : Elle  fera  tou- 
jours heureufe , MONSEI- 
GNEUR, fi  ce  Livre  a 
/’ honneur  de  votre  approbation > 

& * moi  tres-glorieufi , puifi 

^ • • • • 
a mj 


i 


EPISTRE.' 

quil  me  donne  occafion  de  vous 
a fîürer  du  très-profond  & très - 
inviolable  refpefl;  > avec  lequel 
je  fuis, 

»•  • » <■  • * 

' A t£'  ^ 

, . • j . ..  ..<■  . •>  • ■ î-. 

J .<  •'  • ’.lOîl 


MONSEIGNEUR, 


& t: 


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Votre  très- humble  8i 
tres*obeïflanc  fer- 
viteur  J.  H.  D.  K. 


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II™ 


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■ PREFACÇ. 


a 


’ A Y eu  dès  ma  plus 
tendre  jeunefie  une  fi 
forte  inclination  pour  l’é- 
tude des  Langues  , que  je  me* 
fuis  appliqué  non  feulement  à ap- 
prendre les  Langues  meres  de 
l’Europe  , mais  encore  tous  les 
Dialeétes  qui  en  font  dérivés. 
Je-  ne  me  fuis  pas  contenté  de 
les  fçav^ir  littéralement  3 pour 
en  entendre  feulement  les  Au- 
teurs , j’en  ai  voulu  fçavoir  \x 
prononciation  à fond  : Et  pour 
y reüffir  avec  plus  de  promtitu- 
de  & de  fureté , j’ai  été  fur  les 
lieux  mêmes  , afin  de  m’exercer 
les  organes  ayec  les  naturels  de 


i 


PREFACE. 

chaque  pais  où  fe  parlent  ces 
Langues.  - 

J’ai  eu  tout  le  loifir  pendant 
le  tems  de  cet  exercice,  de  fai- 
re des  reflexions  fur  les  maniè- 
res de  prononcer  de  chaque  Na- 
tion. J’ai  conféré  toutes  ces  pro- 
nonciations avec  la  nôtre,  & j’ai 
remarqué  que  de  toutes  les  Na- 
tions de  l’Europe  il  n’y  en  avoic 
•point  de  moins  curieufe  .que  la 
nôtre,  en  ce  qui  regarde  la  pro- 
nonciation de  fa  Langue. 

J’ai  même  rencontré  quantité 
d’honnêtes  gens  parmi  les  Etran- 
gers , qui  m’ont  fait  connoîtré 
cette  vérité  par  des  reproches  fin* 
le  peu  de  foin  que  nous  appor- 
tons à prononcer  nos  mots,  ; 

Dans  les  principales  Cours  de 
l’Europe,  où  l’on  fe  fait  un  point 
d’honneur  de  bien  parler  notre 
Langue  , on  s’étonne  que  nous 
en  négligions  la  plus  important© 


T RE  T A Cl, 

■partie  j qui  eft  la  prononciation, 
11  y a même  des  Etrangers  qui 
difenr  avoir  ouï  faire  des  fautes 
de  prononciation  à des  François 
allez  diflingués  , qu’ils  auroient 
honte  de  faire  eux-mêmes.  A la 
vérité,  ce  n’eft  pas  un  grand  mé- 
rite de  parler  régulièrement  fa 
Langue  j mais  il  faut  convenir  que 
ceft  une  grande  honte  à un  hon- 
nête homme  de  ne  la  parler  pas  fé- 
lon les  réglés  & félon  l’ufage  reçû 
de  tous  ceux  qui  parlent  bien. 

C’eft  ce  qui  m’a  fait  entre- 
prendre l’Ouvrage  que  je  don- 
ne au  Public.  Les  Etrangers  mê- 
me ne  m’ont  pas  été  inutiles: 
Le$  queftions  qu’ils  m’ont  pro- 
pofées  fur  nos  maniérés  de  pro- 
noncer les  mots  de  notre  Lan- 
gue , m’ont  animé  dans  mes  re- 
cherches $ & je  pourrois  dire 
que  j’ai  plus  fait  d’obfervations 
parmi  eux  fur  notre  Langue  , 


P R E F A C JE.  ' 

que  je  n’en  ai  jamais  fait  efl 
France. 

J’efpére  que  ces 
ront  pas  moins  ut 
çois  qu’aux  Etrangers  aufqueis 
je  les  ai  propolées  dans  le  tems. 
Les  Sçavans  en  pourront  profi- 
ter comme  ceux  qui  ne  le  font 
pas  ,1  puilque  fi  elles  inftruifent 
les  derniers , en  leur  apprenant 
ce  qu’ils  ne  fçavent  point,  elles 
pourront  perfectionner  les  au- 
tres, en  leur  fai  Tant  faire  des  ré- 
flexions fur  ce  qu’ils  fçavent  dé- 
jà, & peut-être  fur  des  défauts 
aufqueis  ils  pourraient  être  fu* 
jets  faute  d’y  avoir  pris  garde. 

Si  l’Enonciation  , dit  Quinti- 
lien , efl:  la  principale  partie  de 
l’Eloquence,  on  ne  peut  pasdif- 
con venir  que  la  belle  &jufle  pro- 
nonciation ne  foit  la  bafe  & le 
fondement  de  l’Enonciation  , ô£ 
le  premier  ornement  des  Lam* 


Réglés  ne  fè* 
les  aux  Fran- 


Préfacé. 

gués  vivantes  ; on  ne  doit  dotiÔ 
pas  apporter  moins  de  foin  à fe 
faire  une  habitude  de  bien  pro- 
noncer j quon  en  prend  d ordi- 
naire à fe  bien  exprimer. 

Les  plus  beaux  difcours  per- 
dent toutes  leurs  grâces , fi  les 
mots  nen  font  pas  prononcés 
félon  les  réglés  & l’ufage  des  gens 
qui  parlent  bien.  Je  dis  félon  les 
réglés  & l’ufage , parce  que  tous 
les  préceptes  qui  lont  renfermés 
dans  cet  Ouvrage  , ne  roulent 
que  fur  l’accord  quon  doit  faire 
des  Règles  avec  l’Ufage  receu  , 
en  faifant  fubfifter  les  Réglés  , 
autant  qu’il  cft  pofliblc , contre 
l’Ufage  qui  s’en  veut  écarter  5 
mais  toujours  en  les  foûmettant 
À-TUfage,  quand  il  en  a fouve- 
rainement  décidé. 

Les  Grecs  & Jes  Romains 
ètoient  fi  délicats  fur  la  pronon- 
ciation , & ils  laregardoient  com~ 


T R E F A C E. 

ffle  au  point  fi  important,  qu’ils 
en  faifoient  une  étude  particu- 
lière. Ils  avoient  des  Ecoles  pu- 
bliques , où  l’on  enfeignoit  leurs 
Langues  naturelles,  félon  label* 
le  maniéré  de  parler  & de  pro- 
noncer , regardant  l’inftrudion 
de  lajeuneffe  dans  leur  Langue, 
comme  la  voye  la  plus  allurée 
pour  en  maintenir  la  beauté , & 
pour  en  augmenter  la  richeflè. 
En  effet,  leurs  préceptes  étant 
répandus  par  toutes  leurs  Pro- 
vinces , ètablifloient  une  maniéré 
de  parler  reguliere  & uniforme 
dans  chacun  de  leurs  Diale&es  > 
& c’eft  par  là  qu’ils  ont  rendu 
leurs  Langues  les-  plus  accom- 
plies & les  plus  floriffantes  de 
l’Univers,  & qu’ils  les  ont  con- 
fervées  tant  de  fiecles. 
i II  leroit  à fouhaiter , pour  la 
gloire  & pour  l’accroiffement  de 
la  nôtre  j que  cette  maniéré  d’e- 


prefjcé: 

lever  la  jeuneffe  fe  pût  un  joufr 
établir  en  France  , pour  purger: 
notre  Langue  de  quantité  de 
mauvaifes  maniérés  de  parler  6c 
de  prononcer,  où  tombent  fou- 
vent  des  gens  de  toutes  condi- 
tions , fans  en  excepter  quelques 
Sçavans , & qui  même  font  pro- 
fefîîon  de  parler  en  public  5 &c 
cela  parce  qu’on  ne  leur  a pas 
fait  connoîcre  dans  leur  éduca- 
tion la  nccefîité  qu’il  y a de  fça<- 
voir  bien  parler  & bien  pro- 
noncer leur  Langue  naturelle 
préférablement  à toutes  celles 
qui  leur  lont  étrangères. 

On  énfèigne  aux  jeunes  gens 
le  Latin  & le  Grec  avec  beau- 
coup de  foin,  & on  abandonne 
leur  Langue  maternelle  au  ha- 
zard  de  liifage  bon  ou  mauvais. 
Les  Partifans  de  cette  maxime  di- 
iènt  pour  raifon , qu’il  fûffit  d’a- 
voir beaucoup  étudié  & leu  eft 


V RFF  ACF. 

Grée  te  en  Latin  , pour  fçavoir 
mieux  parler  fâ  Langue  qu’un  au- 
tre 5 mais  ils  fe  trompent. 

Le  Latin  & le  Grec  font  des 
Langues  mortes , que  chaque  Na- 
tion prononce- félon  la  maniéré 
idiotique  & particulière  de  pro- 
noncer la  Langue  de  fon  païs. 
Ainfi  ces  deux  Langues  ne  nous 
peuvent  fournir  aucunes  réglés 
pour  apprendre  à prononcer  la 
nôtre. 

Cependant  prefque  tous  ceux 
qui  ont  beaucoup  étudié  & beau- 
coup leu,  fe  croyent  infaillibles 
en  leur  prononciation , faute  de 
confidérer  que  l’étude  ni  la  lec- 
ture ne  fuffifent  pas  pour  bien 
prononcer  , fi  on  ne  fait  les 
inflexions  néceffaires  fur  les  ré- 
glés ou  fur  le  bel  ufage  de  la 
prononciation. 

Quelques-uns  difènt  aufli  que 
la  conv.erfation . des  gens  polis 


PR1FACE. 

fuffit  fans  le  leçon  rs  de  l’ètCidè 
& des  réglés  * mais  cela  ne  re- 
garde tout  au  plus -que  les  ma- 
niérés de  parler  & d’écrire  poli- 
ment. Il  n’en  eft  pas  de  même 
des  maniérés  de  prononcer  : elles 
ne  font  pas  une  impreflion  affez 
fenfible  pour  arrêter  l’elprit  de 
celui  qui  entend  parler , en  for- 
te qu’il  falfe  des  reflexions  for' 
les  défauts  d’une  mauvaife  pro- 
nonciation : & comme  nous  avons 
l’oreille  accoutumée  à la  manié- 
ré de  prononces  de  ceux  avec 
qui  nous  converfons,  il  eft  pref- 
que  impoffible  que  nous  nous  ap- 
percevions  de  leurs  foutes  ni  des 
nôtres.  Ainfi  nous  n’avons  garde 
de  nous  corriger  des  défauts  que 
nous  ne  connoiflbns  pas,  ou  que. 
nous  necroyops  pas  avoir.  Il  n’y 
a-  donc  que  les  réglés  qui  puif- 
fent  nous  faire  découvrir  les  fou- 
tes de  notre  prononciation  > & 


préfacé. 

qui  puilfent  nous  aider  à nous 
en  défaire  ou  à les  éviter. 

L’ufage  clj  un  grand  maître, 
dit-on  encore  5 il  en  apprend  plus 
en  un  an , que  les  réglés  & l’é- 
tude rien  apprennent  en  dix: 
Ceft  une  autre  erreur  où  tom- 
bent la  plûpart  de-ceux  qui  par-  . 
lent  ainfi  , faute  de  connoître  les 
divers  fens  que  nous  donnons  à, 
ce  terme  d’ufige  : Et  comme  plu* 
fieurs  de  ceux  qui  fe  fervent  de  ce 
inot  h fige , fe  trompent  dans  lq 
fens quils  en  ont  conçu  ^en  attri-r 
tuant  indiftindement  à l’ufage 
toute  la  connoilfance  d’une  Lan^ 
gue  vivante,  il  eft  bon  de  leur 
faire  remarquer  les  deux  fens 
que  nous  donnons  à ce  mot  d 
fige  , en  ce  qui  regarde  notre 
Langue. 

On  dit,  apprendre  une  Langue 
par  F u fige , & apprendre  une  Lan - 
gue  de  l’ufige  s & ces  deux  ma- 


AC 

aïefes  de  parler  ont  chacune 
leur  lignification  différente:  car 
apprendre  une  Langue  par  l’ufige, 
lignifie  proprement  apprendre, 
une  Langue  par  le  foin  qu*on  fe 
donne  de  s’exercer  les  organes 
de  la  voix  à parler  & à pronon-» 
cer  comme  ceux  qui  la  parlent  > 
& cette  forte  d’ufàge  s’appelle 
ïufage  d!  exercice.  {Apprendre  me 
Langue  de  ïufige , fignific  pren~ 
dre  comoijfance  de  quelque  manie* 
te  que  ce  foit , des  termes  & des 
façons  de  parler  d'une  Langue  fi * 
Ion  ïufige  commun  ; ou  autrement 
dit  , ïufige  receu  chez,  ceux  qui 
la  parlent  : & cette  forte  d’ufagc 
s’appelle  ufige  commun. 

• Ce  mot  $ ufige  commun  ligni- 
fie donc  proprement  toutes  les 
maniérés  de  parler  & de  pronon - 
cer  que  ïon  contracte  les  uns  des 
autres  ; ou  fi  vous  voulez  , de 
certaines  façons  de  parler  & di 


( 


tret  ace* 

•prononcer  établies  parmi  un  certain 
nombre  de  gens , a force  de  fi  les 
communiquer  les  uns  aux  au- 
tres ; de  lorte  que  les  maniérés 
de  parler,  communes  à une  Na- 
tion , s’appellent  £ ufage  commun 
de  fa  Langue. 

C’eit  fur  cet  ufage  qu’ondoie 
fe  regler  5 mais  comme  il  y en  a 
un  bon  & un  mauvais  , il  faut 
apprendre  à les  difeerner  par  les 
réglés,  ou  par  le  lècours  des  gens 
éclairés.  *Ce  qu’on  appelle  ufage 
d'exercice , elt  proprement  le  foin 
quon  fi  donne  en  s'exerçant  les 
organes , & la  mémoire  à imiter 
V ufage  commun  de  la  Langue  que 
l'on  veut  apprendre. 

Cet  ufage  £ exercice  efl  tout 
différent  de  l’autre  5 car  il  agit 
toujours  fur  /’ ufage  commun , pour 
tâcher  de  fe  le  rendre  propre  8c 
comme  naturel , en  le  copiant 
& l’imitant  autant  qu’on  peut. 


PREFACE : 


Les  Philofophes  pourroientbien 
nommer  cet  ufage  d’exercice  , 
Xufage  actif  de  la  Langue  s & Pau- 

nun,  Vu- 
premier 
pour  l’i- 
miter.' 

C’eft  en  cette  différence  du 
mot  d’ ufage  , que  quantité  de- 
gens  fe  trompent , faute  de  con- 
noître  les  deux  lignifications  que  ‘ 
nous  lui  donnons  communément* 
car  lorfqu  on  dit  que  l’ufage  eft 
un  grand  Maître  , on  doit  en- 
tendre que  c’eft  de  Y ufage  com- 
mun que  l’on  parle,  & non  pas 
de  Yufage  d’exercice  , qui  eft  un 
ufage  particulier  & tout  diffé- 
rent de  Pu  fage  commun.  Il  fauç 
remarquer,,  comme  j’ai  déjà  dit, 
que  V ufage  commun  , ou  la  ma- 
niéré de  s’exprimer  commune  X 
ceux  qui  parlent  une  Langue  , fe 
divife  encore  en  bon  & enmau* 


tre,  qui  elt  1 ufage  conir 
fage  pajjif,  parce  que  le 
agit  toujours  fur  l’autre 


Tl ITT  ACE. 

Vais.  Le  mauvais  ufage  a autant 
de  branches  , qu’il  y a de  mau- 
vais idiomes  , de  jargons  & de 
•clades  dans  la  populace:  c’ell-à- 
dirc  , qu’il  eft  prefque  infini  e 
mais  le  bel  ufage  n’eft  qu’un  : 
c’eft  l’ ufage  receu  de  la  plus  faine 
partie  des  honnêtes  gens , fur  le - 
quel  on  apprend  à bien  parler , & 
par  la  comoifance  duquel  on  ap- 
prend une  Langue  avec  plus  de 
promtitude  dr  de  fureté , pourveu 
qu’on  fçache  faire  le  difeerne- 
ment  de  ce  qu’il  autorife  &:  de  ce 
qu’il  rejette:  & cela  ne  fepeut 
faire  fans  1 ufage  d'exercice  , ôc 
fans  les  réglés  de  i ufage  commun. 

Un  Aleman  , par  exemple  , 
peut  apprendre  notre  Langue 
par  i’uîage  fcul , & U pourra  la 
parler  aufïï  naturellement  qu’un 
François , pourveu  qu’il  foie  aflez 
jeune  pour  pouvoir  fléchir  les 
organes  de  fa  voix  * afin  de  les 


préfacé, 

accoutumer  à former  les  Sons 
de  nos  mots  de  même  que  nous , 
& pourveu  qu’il  ne  converfe 
qu’avec  des  François  qui  ne  par- 
lent point  d’autre  Langue  que  la 
leur.  Cependant  fi  cet  Aleman 
apprend  le  François  parmi  des 
Artifans  ou  parmi  d’autres  fortes 
de  gens  qui  parlent  mal , il  ne  bif- 
fera pas  de  parler  très-mal  notre 
Langue , quoi  qu’il  la  prononce 
auili  naturellement  & avec  la 
même  facilité  que  les  François 
qu’il  aura  ouï  parler , & de  qui 
il  l’aura  apprifc.  Si  d’un  autre 
côté  il  veut  en  peu  de  tems  tout 
apprendre  de  l’ufage-  reçu  , il 
faudra  , pour  fe  perfe&ionner 
dans  notre  Langue  & dans  nos 
belles  maniérés  de  prononcer, 
qu’il  ait  recours  aux  règles , pour 
connoître  ce  bon  & ce  mauvais 
ulage  dont  nous  parlons. 

Aiï&  l’ufage  d'exercice , ou  pour 


PREFACE, 

mieux  dire,  l'habitude  qu'on  fi 
fait  en  s'exerçant  à apprendre  les 
mots , ou  les  façons  de  parler  d'une 
Langue,  n’eft  d'aucune  utilité  pour 
fe  perfectionner  dans  l’ufage  com- 
mun de  cette  Langue , fi  on  ne 
s’applique  à connoître  les  préce- 
ptes que  cet  ufage  commun  a de 
bon  ôc  de  mauvais  : autrement 
l’ufage  d’exercice  nuit  plus  qu’il 
ne  fert  > puifque  faute  de  connoî- 
tre le  bon  & le  mauvais , on  prend 
fouvent  l’un  pour  l’autre , & on 
ne  s’en  défait  que  difficilement. 

Lors  donc  que  quelqu’un  dit 
qu’il  n’a  appris  une  Langue  que 
par  l 'ufage  % on  doit  entendre  que 
c’efl  de  l’ ufage  d'exercice  dont  il 
veut  parler , & des  foins  qu’il  a 
pris  à imiter  ^ ufage  commun  \ mais 
il  ne  faut  pas  croire  pour  cela 
qu’il  en  ait  appris  le  bel  ufage  $ 
car  il  peut , par  fon  ufage  d'exer- 
cice, avoir  fait  un  mauvais  fond 

.de 


j PRÉFACÉ. 

de  l’ ufige  commun  , en  imitant 
grofïiercment  ce  que  cet  ufagea 
de  mauvais.  Par  conféquent  c’eft 
n’avoir  rien  fait  que  d’avoir  ap- 
pris une  Langue  par  Xufage  d'exer- 
cice feulement  : & il  ne  s’enfuit 
pas  delà  qu’on  l’ait  mieux  apprife, 
ou  du  moins  aufîi-bien  que  celui 
qui  l’a  apprife  par  les  Réglés. 

Il  efl  facile  de  connaître  par 
tous  ces^principes  qu’on  peut  fe 
tromperen  l’un  & en  l’autre , foit 
en  apprenant  une  Langue  par  l’u- 
fage  d’exercice  làns^  les  Réglés, 
foie  en  l’apprenant  par  les  Réglés 
fans  s’exercera  y.  joindre  la  con- 
noiflànce  du  bel  ufage. 

Je  me  fuis  un  peu  étendu  fur 
cet  article , parce  que  c’eft  une 
des  principales  objedions  qu’on 
fait  à l’utilité  de  ces  Réglés , par 
l’erreur  où  plufieurs  perfonnes 
font  for  les  deux  lignifications  de 
ce*  mot  d 'ufage,  Si  nous  avions 


PREFACE. 

des  termes  différées  pour  expri- 
mer les  diverlès  lignifications  de 
ce  mot , comme  on  en  a dans  les 
Langues  étrangères , je  n’aurois 
/pas  eu  la  peine  de  tant  dire  de 
chofes  pour  prouver  la  vérité  de 
ce  que  j’avance , & pour  détruire 
les  raifons  de  ceux  qui  s’opiniâ- 
trent à foiitenir  que  ces  deux  for- 
tes d’ufages  ne  font  qu’un.  Les  ter- 
mes dift'érens  des  Nations  étran- 
gères fur  les  fens  que  nous  don- 
nons à ce  mot  en  font  des  preu- 
yes  inconteftables.  Les  La- 
tins expriment  ce  que  j’appel- 
le u fige  commun  par  ces  mots 
ufis  } mos  , confie tudo , modus  lo~ 
ejnendi  nfi  recepius.  Ils  expriment 
l’ufage  que  j’appelle  ufage  d’exer- 
cice  par  le  mot  d ' exercitàtio.  Nous 
donnons  encore  d’autres  lignifi- 
cations à ce  mot  d’ ufage , que  les 
Latins  & les  Peuples  du  Norc 
expriment  différemment,  Nôu$ 


tREFACZ. 

nous  en  ferrons  pour  dire  la  joui  f 
fonce  dunechofei  ce  mot  fignitie 
aufîi  utilité  ; on  s’en  lèrt  encore 
pour  dire  la  permijfion  de  fe  fervir 
de  quelque  chofe  : on  die  au/Iî 
faire  un  bon  & un  mauvais  ulage 
dune  chofe  y pour  dire  5 s’en  fer* 
•vir  bien  ou  mal.  On  ne  peut  pas 
dilcon  venir  de  ces  véritez  > 8c 
cela  étant  3 on  ne  doit  point  re- 
garder comme  une  délicateilè  ou 
une  fubtilité,  les  deux  fens  diffé- 
rens  que  je  donne  à ce  mot  d’ufo - 
ge  en  parlant  de  notre  Langue. 

Il  y a d’autres  gens  qui  préten- 
dent que  c’eft  Je  Public  qui  fait 
l’ufage  d’une  Langue.  & que  tout 
ce  que  le  Public  établit  doit  êcre 
approuvé  des  particuliers  ; que 
çela  étant  il  cft  inutile  de  donner 
des  Réglés  pour  apprendre  à par- 
ler 3^  puifqu  on  n’a  qu’à  écouter  * 
& a conformer  fes  maniérés  de 
paner  a celles  du,Pubiiç  pour  bien 
parler.  e ii 


PREFACE. 

Je  conviens  avec  eux  que  c'eft 
le  Public  qui  forme  l’ufage  d’une 
Langue  vivante  : mais  ce  Publie 
ne  fe  corrige  pas  de  lui-même  > 
& il  a befoin  du  fecours  des  Sça- 
vans  pour  le  redrefler.  Ce  font 
eux  qui  par  les  réflexions  fe  cor- 
rigent eux-  mêmes,  & qui  par  leur 
exemple  corrigent  les  autres  5 ce 
font  eux  qui  confondent  la  pureté 
& la  régularité  de  la  Langue  en 
toutes  fos  parties  5 ce  font  leurs 
maniérés  châtiées  qui  banniflent 
les  mauvais  ufages  qui  pourroient 
s’établir  5 &.  ce  font  enfin  les  re- 
marques qu’ils  donnent  au  Publie 
les  Langues  dans  leur 

, Pétrarque,  Bocace 
Italiens  > Antoine  de  Nebriffo, 
Miranda,  Covarruvias  Efpagnols, 
& quantité  d’autres  fçavans  hom- 
mes de  ces  deux  Nations  n’euf- 
font  pas  travaillé  à purger  leurs 


qui  mettem 
perfe&ion. 
Si  Dante 


PREFACE. 

"Langues  des  mauvais  ufages  qui 
s’y  ècoient  introduits,  & à tirer 
ces  Langues  de  la  barbarie  ou 
elles  ètoient  dans  les  (iecles  pré- 
céderas , elles  (broient  encore  de 
véritables  jargons. 

Notre  Langue  n’auroit  pas  eu 
une  meilleure  deftinée , fi  Oref-  * 
me , Alain  Chartier,  Claude  Sei(- 
Tel,  &ck  n’avoient  pas  auflï  don- 
né leurs  foins  & leurs  talens  à la 
tirer  de  l’obfcurité  où  elle  lan- 
guifïoit  : & depuis  (I  Marot  , 
Henri  Eftienne,  Remi  Belleau, 
Amiot,  & d’autres  Auteurs  du 
fîecle  précédent  >,  ne  lui  eulTent 
pas  fucceflîvement  rendu  le  mê- 
me fervice. 

Les  premiers  ont  commencé 
à dèbarbarifèr  notre  Langue, 
s’il  m’eft  permis  de  me  fervir  de 
ce  terme  $ & les  autres  lui  ont 
donné  une  forme  plus  râifonna- 
ble , quoi  que  ces  derniers ii’ayent 

é iij 


PREFACE. 

fait  qu’ébaucher  la  matière  des 
préceptes  de  notre  Langue  : Sans 
les  Remarques  de  Mr  de  Vau- 
gelas  & celles  de  Mr  Ménagé, 
du  Fere  Bouhours,  & d'autres 
Auteurs  qui  ne  fe  nomment  point, 
notre  Langue  feroit  encore  bien 
•éloignée  de  Pètat  de  perfection 
où  nous  la  voyons  aujourd’hui. 

Puifque  le  Public  a eu  befoin* 
du  fecours  des  particuliers  pour 
corriger  les  défauts,  de  fes  mau- 
vais ufages,  en  ce  qui  regarde 
les  maniérés  de  parler  £c  d’écri- 
re , il  faut  convenir  qu’il  a le 
même  befoin  à l’égard  des  ma- 
niérés de  prononcer. 

” ' Si  quelqu’un  avec  moi  s’étoic 
voulu  donner  la  peine  de  faire 
des  obfervations  fur  nos  maniè- 
res de  prononcer  , comme  on  a 
fait  fur  nos  maniérés  de  parler 
& d’écrire  , notre  Langue  fe 
feroit  corrigée  de  quantité  de 


PRÉFACÉ* 

défauts  de  prononciation  qui  s*y 
croient  glifl'és  par  la  négligea* 
ce  qu’on  a euë  & qu’on  a enco- 
re d’y  faire  des  réflexions  5 62 
les  Etrangers  n’auroient  plus  lieu 
de  nous  reprocher  le  peu  de 
foin  que  nous  avons  de  bien  pro- 
noncer notre  Langue,  l’incerti- 
tude 6c  l’inégalité  de  notre  pro- 
nonciation 5 6c  enfin  le  peu  de 
feurecé  qu’on  trouve  à fe  regler 
fur  l’nfage  du  Public , qui  n’ayant 
été  inftruit  d’aucuns  préceptes, 
y fait  tous  les  jours  quantité  de 
fautes. 

Quelques-uns  de  cesMeflîeurs 
tn’onc  dit  qpe  la  matière  de  la 
prononciation  ètoit  un  ouvrage 
fi  ingrat , fi  épineux , 6c  fi  rem- 
pli de  doutes,  que  les  plus  har- 
dis 6c  les  plus  zélés  ont  appré- 
hendé de  s’y  appliquer  j que  d’ail- 
leurs il  ne  leur  paroifloit  pas  que 
l’ufage  de  notre  prononciation 

c iiij  f 

. ■ • 


PREFACE. 

fût  allez  uniforme  & afTez  bien 
établi , pour  qu'on  pût  en  dref- 
fer  des  Réglés  5 & qu’ainfi  tou- 
tes les  peines  qu’on  le  donneroi* 
fur  cette  matière , feroient  in- 
fru&ueulès. 

Mais  s’ils  veulent  bien  exami- 
ner ce  qui  s’eft  paffé  depuis  cent 
ans  dans  la  prononciation  de  nos 
mots  , ils  reconnoîcront  qu’à 
peu  de  lettres  près  que  nous  ne 
prononçons  plus  , fon  ufage 
n’a  pas  changé  , & qu’il  n’y 
a rien  de  plus  confiant  ni  de 
mieux  établi  dans  toutes  les 
parties  de  notre  Langue  , que 
l’ufage  de  notre  p^pnonciation  ; 
de  lorte  qu’on  en  peut  ti- 
rer des  préceptes  tres-juftcs,  & 
avec  toute  feureté.  J’ofe  même 
avancer  qu’il  n’eft  pas  impoflible 
de  fixer  cet  ufage  par  les  réglés 
qu’on  en  pourroit  donner  , fi  les 
honnêtes  gens  vouloient  y con- 


0 


PREFACE. 

former  leurs  maniérés  de  pro- 
noncer. 

On  pourroit  encore,  à l’exem- 
ple des  Grecs  & des  Romains, 
faire  inftruire  lajeuneffc  des  ré- 
glés de  notre  prononciation,  afin 
que  ces  préceptes  le  repandans 
par  tout  le  Royaume  , puflenc 
établir  une  maniéré  de  pronon- 
cer reguliere  & uniforme , ce  qui 
la  rendroit  fixe  & permanente , 
en  forte  qu’elle  pût  durer  autant 
que' notre  Langue.  . 

: Ceux  qui  fçavent  l’Hiftoire  des 
Langues  demeureront  d’accord 
avec  moi , que  c’eft  toujours  p#r 
la  prononciation  que  commence 
la  décadence  d’une  Langue  j les 
altérations  qui  fe  glilTeiic  peu  à 
peu  .dans  les  maniérés  de  pro- 
noncer , font  infenfiblement  la 
naiflançe  d’une  nouvelle  Langue, 
qui  s’établit  fur  les  ruines  de  l’au- 
tre. . Ainfi  nous  n’avons  rien  de 

•a»  a 


PREFACE. 

plus  important  pour  la  confer- 
vation  de  la  nôtre  , que  d’en  fi- 
xer la  prononciation  $ mais  Ion 
ne  peut  arriver  à ce  but  que  par 
de  certaines  Réglés  telles  que 
font  celles  que  je  propofe. 

Je  les.  ai  recueillies  Ôc  les  ai 
puifées  dans  l’ufage  de  ceux  qui 
font  eu  réputation  de  bien  par- 
ler, tels  que  font  les  gens  de  la 
Cour,  & la  plus  faine  partie  des 
gens  de  Lettres.  J’ai  appuie  cet 
ufage  autant  que  j’ai  pu  fur  no- 
tre ortographe  tant  ancienne  que 
moderne  , parce  que  c’elt  elle  qui 
doit  être  le  fondement  de  mes 
Réglés  S.puifqu’elles  repréfentent 
fur  le  papier  les  fons,  les  mefu- 
res , 6c  le  poids  de  nos  fyllabes 
en  la  maniéré  que  nos  pères  les 
ont  prononcées  autrefois  y & 
comme  nous  les  prononçons  au-* 
jourd’hui.  J’ai  cité  notre  ancien- 
ne ortographe  en  plufieurs  cn«> 


PREFACE. 

droits  de  cet  Ouvrage  pour  au- 
torifer  quelques-unes  de  nos  ma- 
niérés de  prononcer  qui  fe  font 
maintenues  dans  leur  ancienneté 
jufqu  a préfent , Toit  par  l’avan- 
tage que  nous  y avons  trouvé, 
ou  pour  quelque  autre  raifon. 

Je  fçai  qu’on  m’oppofera  l’ir- 
régularité ordinaire  de  notre  or- 
tographe , & delà  on  inférera  que 
ces  Réglés  ne  font  pas  feu  res,  (I 
on  les  fonde  fur  l’ortographe  ; 
parce  que  fi  elle  ne  caraétérilè  pas 
jufie  les  Sons  de  nos  paroles , il 
n’y  a pas  de  fureté  à regler  no- 
tre maniéré  de  prononcer  fur  fin- 
fpection  dé  fes  caractères. 

A cela  je  répons  qu’il  n’y  a 
point  de  Nation  qui  n’ait  là  ma- 
niéré d’ortographier , & qui  n’ait 
fes  réglés , &.  fes  exceptions  aufli- 
bien  que  nous  : fi  nous  avons  quel- 
ques lettres  inutiles,  les  autres 
dations  en  ont  aufli  j on  pourrait 

a vj 


PREFACE . 

même  avancer  dans  l’état  pre- 
fent  de  notre  ortographe  qu’il  y 
a des  Langues  qui  ont  plus  de 
lettres  inutiles  que  la  nôtre.  Les 
Alemans,  par  exemple  , n’ont- 
ils  pas  des  confones  doublées 
atifli-bien  que  nous  ? Mais  il  y a 
plus  j car  ils  ont  des  lettres  dans 
leur  écriture  qui  ne  fervent  de 
rien  à leur  prononciation  : ils 
ont  des  d , des  c , des  h , & des 
p y qu’ils  ne  fe  prononcent  point 
du  tout , comme  on  peut  remar- 
quer en  ces  mots  , Kranck^,  tu- 
gendt  y math , churfürjl , er 
qu’ils  prononcent  comme  s ils 
ètoient  écrits  ainfl , Crank^i  tou - 
gentt , moütt , Cour  fiirft , er  commît. 
Peut- on  voir  une  ortagraphe 
plus  bizarre  que  celle  des  An- 
glois  ? ils  fe  font  une  réglé  de 
caradériler  le  fon  de  1’/  voyelle 
long  par  un  double  ee  ; & ce- 
pendant ils  cara&érilènt  le  mê- 


PRÉFACÉ. 

me  Ton  par  ces  deux  voyelles^, 
comme  on  peut  remarquer  en 
ces  deux  mots  beef  & p copie , 
«qu’ils  prononcent  comme  fi  ces 
mots  ètoient  écrits  ainfi  bif-,  pi - 
fie  5 on  pourrait  donner  des  rai- 
ions  de  cette  bizarrerie  d’orto- 
graphe,  fi  la  brièveté  d’une  Pré- 
face le  permettoic  , & fi  elles 
.ètoient  neceflairesà  notre  fujet: 
da  plûpart  des  Nations  du  Nort 
•ont  trois  maniérés  différentes  de 
^prononcer  les  fons  des  e s & ce- 
pendant ils  n’ont  qu’une  manié- 
ré de  cara&érifer  ces  trois  for- 
âtes de  fons,  en  quoi  nous  pou- 
vons dire  que  notre  ortographe 
cft  plus  régulière  que  la  leur, 
qjuifque  nous  dfftihguons  la  plu- 
part des  fons  de  ces  e par  des 
accens  3 ce  qui  ne  fe  fait  pas  dans 
Ües  Langues  du  Nort , ni  même 
«dans  les  Langues  Efpagnole  ôc 
Italienne,  quoique  ces  dernieres 


PREFACE. 

ne  connoifTent  que  deux  fortes  de 
fons  dV.  Je  dis  plus , fi  on  veut 
bien  examiner  notre  ortographe  , 
on  trouvera  qu’à  l’exception  des- 
confones  doublées  nous  n'y  avons 
prefque  point  de  lettres  inutiles. 
Si  elles  paroiffent  telles  , parce 
qu’on  ne  les  prononce  pas  , elles 
ne  laifîent  pas  d’avoir  leur  utilité  , 
puifque  ce  font  des  lettres  auxi- 
liaires qui  aident  à marquer  la 
mefure  d’une  fyllabe  ou  à diffé- 
rencier la  fignification  d’un  mot  * 
ou  qui  fervent  à la  douceur  de 
notre  prononciation  * telles  que 
.font  les  lettres  finales  dont  la 
prononciation  varie  félon  la  fi- 
cuation  ou  les  mots  fe  trouvent  y 
comme  vous  le  remarquerez  dans 
s les  Réglés  que  je  propofe. 

Si  nous  n’avons  pas  encore  fup- 
primé  dans  notre  ortographe 
quelques  lettres  inutiles  qui  y font 
xcliccs  du  vieux  tenls , c’efl  parce 


PREFACE, 

qûe  le  changement  qui  le  dbî£ 
faire  dans  l’ortographe  des  mots 
dont  la  prononciation  eft  chan- 
gée, ne  peut  fe  faire  qu’avec  le 
tems,  La  parole  va  plus  vîte  que 
l’écriture  & que  l’Impreflion  » 
de  forte  qu’il  fé  pafle  quelque- 
fois bien  des  années  avant  que 
récriture  fe  conforme  à une  pro- 
nonciation nouvelle.  Ajoutez  à 
cela  qu’il  ne  peut  y arriver  de 
changement  à l’ortographe  pour 
la  conformer  à une  nouvelle  pro- 
nonciation que  lorfque  les  Au- 
teurs ou  les  Imprimeurs  fè  corri- 
gent , ce  qui  n’arrive  quelquefois- 
que- bien  long-tems  après  que 
l’ufage  d’une  maniéré  de  pronon- 
cer eft  établi  * ainfi  on'peut  dire., 
qu’aux  doubles  confones  prés  > 
que  l’ufage  n’a  pas  encore  réduit 
»en  confones  fimples , notre  or- 
thographe eft  beaucoup  plus  ré- 
gulière que  celle  des  autres  Lan- 


PREFACE. 

£ues  vivantes.  Si  elle  a quelques 
exceptions , comme  j’ay  déjà  dit, 
il  ell  facile  d’en  donner  une  en- 
tière &:  parfaite  connoiflance  par 
quatre  ou  cinq  Réglés,  comme 
j!ay  fait  dans  le  cours  de  cet 
Ouvrage. 

On  peut  dire  cependant  pour 
juftifier  quelques  endroits  de  no- 
tre ortographe,  que  les  habiles 
gens  ne  fe  font  obllinés  à fuivre 
un  certain  ufage , que  pour  con- 
ferver  l’origiue  des  mots  etran- 
gers , & pour  les  diftinguer  de 
ceux  de  notre  Langue , ou  qui 
lont  de  fon  fonds , ou  dont  l’ori- 
gine ell  plus  éloignée  , &•  par 
conféquent  moins  connuë , com- 
me il  paroît  en  ces  mots  repondre , 
ortographe  ,Jyl!abe , & autres  qu’on 
trouve  encore  dans  les  Diction- 
naires les  plus  nouveaux , ortogra- 
phiésdemême. 

• Quelques-uns  allèguent  encorç. 


PREFACE. 

Hcux  difficultés  contre  l’utilité 
de  cet  Ouvrage  > la  première  eft 
qu’il  n’eft  pas  facile  de  fixer  les 
maniérés  de  parler,  & de  pronon- 
cer d'une  langue  vivante , ou  d’en 
faire  des  Réglés  qui  durent  à cau- 
fe  des  fréquens  chan'gemens  qui 
s’y  font , & particulièrement  en 
la  notre  5 & l'autre  eft  que  l’ac- 
cent  différent  de  quantité  de  nos 
Provinces , ne  fe  peut  corriger  ni 
changer  par  l'étude  des  Réglés. 

Je  répons  à la  première  obje- 
ction , comme  a fait  Monfieur  de 
Vau  gelas  dans  fa  Préface  , que 
c’ell  la  deftinée  de  toutes  les  Lan- 
gues vivantes  d etre  ^jettes  au 
changement  ; mais  que  ce  change- 
ment n’arrive  pas  tout  à coup  : A 
quoi  j'ajoute  que  le  changement 
qui  le  fait  dans  la  prononciation 
eft  bien  plus  lent , &;  moins  fré- 
quent que  celui , qui  fe  fait  dans 
Les  termes  & dans  les  maniérés  de 


PRÉFACÉ. 

parler  d’une  Langue.  De  forte, 
que  fi  les  obfervations  qu’on  a 
faites  il  y a cinquante  ans  fur  nos, 
maniérés  de  parler  &:  d’écrire», 
ont  fubfifté  jufqu’à  préfent,  à la 
réferve  de  quelques-unesquionc 
vieilli , & dont  les  nouveaux  cri- 
tiques ont  fait  des  Notes  5 ces 
remarques  peuvent  bien  elperer 
la  même  fortune  j d’autant  plus 
quelles  font  fur  une  matière  qui 
ell  bien  moins  fujet,te  au  change- 
ment que  l’autre  : & en  cas  qu’il 
en  arrive  dans  la  prononciation 
de  quelques-uns  de  nos  mots , il 
fera  facile  à ceux  qui  travailleront 
après  moi  fur  la  même  matière, 
d’en  faire*des  Notes.  Voici  pour 
la  première  objedion. 

Pour  ce  qui  regarde  la  fécondé  j 
je  répons  que  fi  on  confond  l’ac- 
cent qui  fe  mêle  dans  la  pronon- 
ciation d’une  Langue  avec  la  pro- 
nonciation même  , ou  que  l’on 


t 


- ' ^ 

? REFACE. 

prétende  que  celle- cy  dépende 
ce  l’autre , on  aura  raifon  de  re- 
garder comme  inutiles  les  Réglés 
de  la  prononciation  j mais  il  y a 
bien  de  la  différence  entre  l’un  & 
l’autre. 

L’accent  eft  un  certain  ton  de 
voix  que  des  Peuples  ont  plus  ou 
moins , fe Ion  la  différence  du  cli- 
mat j qui  tient  un  peu  du  chant  : 
Il  eft  tout  à fait  ièparé-de  la  pro- 
nonciation î &;  il  fe  contra# e non 
feulement  dès  l’enfance,  mais  en- 
core dans  un  âge  plus  avancé, 
félonies  Nations  avec  lefquelles 
on  converfe.  Cela  eft  fi  vrai , que 
fi  deux  Allemâns  apprennent  le 
François,  l’un  en  Normandie  ôc 
l’autre  en  Gafcogne  , à quelque 
âge  que  ce  foit  5 l’un  aura  l’accent 
Normand , & l’autre  aura  l’accent 
Gafcon.  Cependant  ils  pourront 
tous  deux  n’avoir  pas  une  mau- 
yaife  prononciation  i ainft  il  eft 


PREFACE. 

très- difficile  de  faire  perdre  l’ac- 
cent à ceux  qui  y font  accoûtu- 
més.  Mais  la  prononciation  efl 
toute  différente  : comme  elle  ne 
regarde  que  l’articulation  des  pa- 
roles, la  maniéré  de  diftinguer  une 
fyllabe  ou  lettre  d’avec  une  autre  5 
& de  connoître  les  lettres  muettes 
& celles  qui  le  doivent  pronon- 
cer , elle  fe  peut  apprendre  par 
des  Réglés  auffi-bien  que  de  vive 
voix. 

y V‘ 

On  ne  prétend  donc  pas  tou- 
cher à l’accent  dans  ces  inftru- 
dions , puifqu’il  ne  fe  peut  cor- 
riger que  par  un  grand  foin , ou 
par  une  longue  fuite  de  tems,  ôc 
que  la  prononciation  n’en  dépend 
pas.  Ce  n’eft  pas , par  exemple , 
l’accent  d’un  Gafcon  qui  lui  fait 
prononcer  un  'yconlone  pour  un 
b,  en  difant  un  hwit, pour  un  habit , 
puifqu’il  prononce  l’une  de  ces 
deux  lettres  feule  ou  fèparémenc  , 


ÏREFACt. 

àuflî-bien  qu«*nous  : ce  n'eft  pas 
£on  accent  qui  lui  fait  donner  un 
fon  de  double  diphthongue  aux 
doubles  voyelles  ai  & au,  & qui 
lui  fait  prononcer  fayire , pour 
faire1,  & faaute , pour  faute : Son 
accent  ne  l’empêchera  pas  de  pro- 
noncer les  doubles  voyelles  de 
ces  mots  , comme  les  lettres  e , 
6c  o , & de  prononcer  les  mots 
de  faire  & faute  , comme  s’ils 
ètoient  écrits  ainfi  fère  & fote , 
puifque  ce  Gafcon  prononce  IV 
du  mot  de  fête,  ôc  Yo  du  mot  de 
cote  aufli  naturellement  que  nous. 
Ce  n’eft  pas  fon  accent-  qui  lui 
fait  donner  un  fon  retentiffant  à 
notre  n nafalç,  & qui  lui  fait  dire 
fanetê , pour  faute.  On  lui  peut 
enfeigner  par  des  demonft  rations 
fenfibles  à prononcer  ces  fortes 
d’#  de  même  que  nous  les  pronon- 
çons j puifque  nous  apprenons 
bien  à prononcer  ces  memes  n à 


. P RE  F AC  Es 
leur  mode!  en  Eipagne  & en  Ita-i 
lie,  où  il  les  faut  prononcer  com- 
me en  Gafcogne , (I  Ion  veut  s’at- 
tacher à la  juite  prononciation  de 
l’Efpaguol  & de  l’Italien.  Un  Ga£ 
con  pourroit  facilement  fe  • faire 
une  habitude  de  prononcer  com- 
me nous  les  mots  que  je  viens  de 
citer, &:  plufieurs  autres,  où  il  en- 
tre de  femblables  lettres , fans  être 
obligé  de  le  défaire  de  fon  accent. 
Ainù  la  difficulté  qui  paroît  à 
çorriger  l’accent  d’une  Nation  , 
ne  prouve  pas  qu’on  ait  autant  de 
peine  à lui  apprendre  à prononcer 
nos  motf  felon  les  réglés  & le  bel 
ufage  de  notre  Langue. 

D’ailleurs  il  nef!  pas  impoffible 
de  faire  perdre  l’accent  j & ce 
n’eft  pas  même  une  néceffité  de 
n’en  avoir  point, pour  bien  parler  $ 
car  pourvu  qu’un  homme  ait  une 
prononciation  corrcde  & polie, 
& qu’il  ne  fafle  point  de  fautes 


PREFACE. 

contre  la  pureté  du  langage , fon 
accent,  s’il  en  a,  ne  l’empêchera 
pas  de  palier  par  tout  pour  un 
homme  qui  parle  bien.  L’accent 
même  bien  ménagé  donne  de  l’a- 
grément au  difcours.  C’eft  une. 
politefle  qne  les  Langues  les  plus 
anciennes  aquierent  par  le  long 
ufage,  comme  on  le  remarque 
dans  celles  de  la  Chine  d’aujour- 
d’huy. 

Les  diverfes  maniérés  de  pro- 
noncer les  différens  genres  de  nos 
difcours , en  font  une  bonne  preu- 
ve , &.  ce  n’efl  proprement  qu’une 
inflexion  de  voix  bien  ou  mal  mé- 
nagée, comme  le  loutient  un  de 
. nos  amis,  dans  quelques-uns  de 
fes  Ecrits.  Ces  raifbns  font  plus 
ique  fufli  Tantes  pour  prouver  que 
l’accent  efl:  tout  à fait  fcpa- 
fé  de  la  prononciation.  Mais 
comme  nous  n’avons  qu’une 
jfeule  maniéré  de  marquer  for  le 


PREFACE. 

papier  tous  les  Sons  des  mots  d& 
notre  Langue,  en  quelque  Pro- 
vince duRoyaume  quelle  fe  parie. 
Il  eft  jufte  auffi  que  nous  n ayons 
qu’une  maniéré  de  les  prononcer 
. qui  foit  uniforme  & générale  par- 
mi tous  ceux  qui  parlent  notre 
Langue^uifqucl’ortographe  &Ia 
prononciation  ne  font  que  des  co- 
pies l’une  de  l’autre  3 car  celui  qui 
lit , copie  l’ortographe , en  mar- 
quant de  la  langue  &;  de  la  voix  les 
cara&eres  qu’il  voit  peints  fur  le 
papier  3 & celui  qui  écrit  ce  que 
l’on  dit , copie  par  des  cara&eres 
les  Sons  des  paroles. 

On  trouvera  des  Réglés  répé- 
tées plufieurs  fois  dans  tout  le 
cours  de  cet  Ouvrage  : mais  je 
l’ay  fait  exprès , au  moins  en  ce 
qui  regarde  celles  que  j’ay  jugé 
les  plus  néceflàires  de  répéter., 
pour  corriger  les  fautes  aufquel- 
leson  ellleplus  fujet , étant  per- 

fuadé 


PRÉFACÉ 

fuadé  qu’il  y aura  bien  des  gens 
qui  ne  liront  pas  ce  Livre  d’un 
bout  à l’autre  : & comme  la  cu- 
riofité  les  pourra  porter  à voir 
quelque  remarque  qui  les  arrê- 
tera plus  que  d’autres , ils  pour- 
ront en  même  temps  y trouver 
celles  que  je  me  fuis  propofées 
de  leur  infinuer. 

Quelques-uns  même  ne  cher- 
cheront ces  endroits  qu  a mefure 
qu’il  leur  naîtra  quelque  diffi- 
culté par  occafion. 

Je  ne  doute  pas  que  ce  que 
j’expofe  dans  cette  Préface,  ne 
foie  receu  différemment  de  quan- 
tité de  gens , auffi-bien  que  tout 
le  refté  de  cet  Ouvrage  5 mais  H 
on  s’attachoit  à contenter  toutes 
les  fortes  d’efprits  qu’il  y a dans 
le  monde,  il  fe  trouveroit  peu 
de  gens  qui  vouluffent  écrire. 
Je  n’ai  point  eu  d’autres  veuës 
que  l’utilité  publique ; & fi  mes 


PREFACE. 

Remarques  donnent  occafioti 
d’en  faire  encore  de  meilleures, 
j’en  ferai  bien  aile , & je  tâcherai 


•fjx, 

avertissement 

fur  ia  Table  fui vaute.  . . * 

Omme  la  beaute  & la  délica- 
tcjje  de  la  Langue  Françoifi 
confie  principalement  dans  la  pro- 
nonciation appuyée  fur  l’ufage  & U 
pratique  , 41  n'y  a point  de  Réglé 
” y ait  bien  des  Exceptions. 

C'eft  pourquoi  quand  on  a donné 
quelque  Réglé , ou  quelques  Exce- 
ptions de  la  Réglé  fur  la  pro- 
nonciation , on  y a joint  auffi-têtdes 
Exemples  , afin  de  rendre  la  pro- 
nonciation plus  fenfib le  & plUs  in- 
telligible. Et  afin  qu' on  puijfe  trou- 
ver plus  facilement  les  mots  qui 
fouffrent  quelque  difficulté  , on  en  ' % 

a fait  une  Table  alphabétique , oit 
le  Leéleur  pourra  avoir  recours  au 
befoin. 

Il  auroit  été  trop  long  & trop  v J 1 

ennuyeux  de  mettre  dans  cette  Ta-  . 

' S » ij. 


avertissement. 

Ue  ms  les  mots  qui  font  contenus 
dans  ce  Livre  yon  ri  y a mis  que  ceux 
qui  font  exceptez,  de  la  Réglé  gene- 
rale. Pour  ceux  qui  fuivent  la  Ré- 
glé , en  scft  contenté  très- fou  vent 
d'en  mettre  la  terminaifon  & lafyl- 
labe  fur  laquelle  tombe  la  difficulté . 
Lors  donc  qu'on  aura  befoin  de  quel- 
que mot  que  l'on  ne  trouvera  pas  en 
fin  lieu  par  fa  première  fyllabe  j il 
faudra  le  chercher  par  fa  finale  on 
par  fit  penultieme.  Par  exemple , fi 
vous  avez,  befiin  du  mot  d ancmo- 
11e  , & que  vous  ne  le  trouviez,  pas 
dans  la  lettre  a,  vous  devez, cher- 
cher fa  finale  ne  dans  la  lettre  n , 
ou  fa  pénultième  one  dans  la  let- 
tre o. 

, comme  les  voyelles  & la  pronon- 
ciation des  autres  lettres  varient  dan  s 
la  Conjugal  fin  des  Verbes  , on  a 
eu  foin  de  mettre  quelques  Conju- 
gaifins  au  long , afin  de  s'y  confor- 
mer pour  les  autres  Verbes. 


A L PH  A B ETIQUE 
DES  MOTS 

^ V.,  ‘$V 

Contenus  dans  ce  Li y re. 


A 


A*-  chaperonné , 
A a, 
jfaçfi, 

Ab*  ïc , Abeïe , 
Abccé  , 

Abfflc , 
jiblç  , 


Pages  6 1.  64.  ^7 
170.  C?*  /vivantes. 

j88.  ^ 

i $88*642, 

3U 
31.  jtf.  38 

*7* 

6ji 


Ablc , cble , ible , eublc,  oble , ublc , venus  dis 

Latins,  648 

Abraham,  * r 7*1 

Abftwdre , . €6% 

Abfoure , ,r'v  ■ ' - é7j 

Accabler,  659 

Acccns,  }6i.  & fuiv. 

De  l'afage  trefent  des  Acccns , 374 

x HJ 


J 


i-7 


141.  acnon, 


TABLE  AjLPHABETI QJJ E 

Accent  aigu,  13  y 

Accroc  , 7 i 9 

f Z’achcteur,  ' > 

Achever , Conjugal [on entière  de  ceVerbe  , 52.5» 
Z’acquereur , 

Acte  , 

Action  , 

Ada»? , 

Adjourcr , 

Adjudicataire  adjudicataire, 

Admirai , admirauté , 

Adre , 

•.  Adroit,  adroit,  , 

Affliger  , 

Agréable , - 

Agrément, 

Ai,  6 4. 66.  67  J 4.  8 6.  lf  f.%61.  %6i.  16  j. 
16 f.  Ai , qui fe  trouve  dura  ta  Cenjugaifon 
du  Verbe  faire , 1 ttfç 

A fujc  , Z44*  tijuks  » 

Aider  t éder,  %6$ 

Aigle,  xj 

Aigu,  accent  aigu,  36 4.  & fuiv.  En  quel 


74*t 
.66 1 
74* 
761 
49 

J» 
49 
*3  4 
3 33 
664 
/ «O 

J4* 


} . 
.f' 


tems  inventé , 

Aifue , 

Aiguille , 

Ai^uilletier  , 

Aiguillette,  • ‘-4-  ' 

Aiguillon , • * 

Aîiutfcr, 

Ail , 

Aille-,  ailles  , aillé  , ailler  , aillent , 6x7 
Ailleurs,  ailli  , aillon  , 

Aim  . 14t.  x^o.  &fuiv.  t$S 


Aimer  , ai mair  , aimé , 


38  6 

ibid. 
ibtd. 
ibid. 
ibid . 
ibid. 
31 1 
éffy 

6)t 

199 


4Z6,  41* 


*V-  • 


•f 


4i  S 
*4J 
434 
16  O 

3* 


des  mots. 

Airi,  17.  *3  iJJ-  2-5°-  &fuïv- 

^/re  final,  6*S.&futv. 

AtCé,  6%L 

AiCct,  6l I.  637.  6‘* 

Ailè'ment , 344 

.rfifiié , efné , z<î* 

utfifle.àifles , aiffe,  ai  (fions,  «iffiez, aillent  ,671 

Air , 

Air  ( nom  de  V illc  ) -Aijf 
Alger,  Al  jair , 43  3 ■ 

Alléguer,  V 

Almanac , 

Alpha, 

Alphabeth  ,30.  Lettres  de  V alphabech  ,36.  4*- 
Am,  i;;.  itfo.  1-90.  &fuiv.X96,  6*8.654. 
Amas,  XS 

Aimffer , ramafler,  &c.  6i8 

Ambijfuité , 161 

A/»bre , anbre , x$6. 

Ame,  IZ7* 

Ame»,  3°-7-  N* 

Amer,  amair,  433-  434 

Amere,  amaire , J 43^ 

Amitié,  ■ ’ 14> 

Amfterdam,  Amftredanv,  Amfteirtdam  , nu 
xji4  307. 

Amusement,  11 4 

An  , 17.  tfj.  153*  *90 .&fuiv.X9t.  6%$.6}} 
An  cre, 

■^«gc , # : v . 

Anglais,  Anglais, 

Anima/,  animar , 

A»nc,  <S7‘ 

Antépénultième , 

1 iüj 


*5 

334 

XoO 

*6* 

9\ 


TA  BLE  ALPHABETIQUE 
Antipater , Antipatarr,  433.  454 

Antoine , 

Aon,  . ijo . &>  fniv.  196 

Aou  , -86.  ifj.  177.  & fuiv.  190 

Aouft  , . ■ 73.  «J 

Aou  ft , 0#ft , 189 

Apo'té,  97 

Apoftre,  jo.  Apôtre,  çt.  97 

Apq/tre.apo/iolique,  131 

Appartwrncnt , apparament , 311 

Apre,  669 

Après , devant  une  confone  ou  une  voyelle , 

*9  7-  703 

A payer,  xi  9 

Archange,  Arrange,  155: 

A r/on  , ax/bn  , 147 

Ardfwrnent , ardaman  , 3 11 

Arc  final,  487.  6 ij.  <$»  6jj 


Argile  ,• 

^rre  , 

^rre  final , 

Arfenir, 

Trachée  artere . 
Articulation  , 
Articuler , 

Articuler , prononcer , 
Artois , 

-rffe, 

Afé, 

-rffer . 


A fie, 

Aflî?wbld , affublé, 

AflV«rance,  afi»  rance, 

Aûeuicr , a(T«rer , 

AlTc^,  devant  une  confone  ou  une  voyelle,  69 8. 
703 


101 

<îî8 

<17.  6 18.  éjj 
7 J* 
7 

10.  yb/v. 

8.  10.  il.  il.  &fuiv.. 

*1 

3U 

6 1$.  /«iv.  63^. 

6 IX 

6ti.  6y 7 

671 

ÎJ3 

180 

ibid. 


t>  ÏS  MOTS. 

Atome,  667 

Aire,  67  y 

Au,  64  TÎ-  74-7T-  *4-  86.  187.  188. 190. 

ijj.  168. 169.  643.  fuiv. 

Au , diphthongtte , 616 

Au,  article,  44 6.  784 

Au  final,  64 j 

Avanthier  , avant utir , . . 453.  4)4 

Aube,,  6}f 

Aucun , devant  une  confine  010  une  voyelle  , 
69(5.  701  «. 

Aude  , mots  terminés  en  aude , 661 

Audience  , Audience , 31X 

Avec,  4*8 

Avec,  devant  une  voyelle , 4 703 

Aveuglement^  /41.J47 

•A«gc , *6j 

Augmenter,  160 

Aume , anmer,  667 

A vois,  avais,  ' • 183 

Auprès , V V*  644 

Aurora,  73.  aorora,  ' 76 

Aurore,  ' 644 

Aufé , 6ix 

^iJpr,  *11.637 

AulTe , mots  terminez  en  aufle , 65 1 

644 

^«ftere,  nnftcrité,  644 

Autant , otant , • 14.644 

Entonne,  k 644 

Aux,  aû. 

Aux  armes,  alarme,  687 

Auxerre,  Auj/êne,  L ' " 145 

Ax,cx , 144 

Axiome,  v 667 

\ * 


TABLE  ALPHABETIQUE 

Ay , *41*  l6l» 

Ayant , aiant , ai-yant , *4$ 

Ayc , ayes , ayent , . ^ . *4* 

Ayeul , aiculc , ai-yêul , J43 

A*urc,  . 7.:  v-. 


I4,? 


B. 


t final,  7fj 

B à queue,  ' 19$.  ioS 

Ba,  f ,l6f 

Ba,  be,  bi , bo , bu,  bai,  béu,boi,  bou  , 

78,  117  ' 


Le  Bailleur, 
Bailli/, 

Bain  , 

Ban , 

Banc  , 

Banc  , 

Balle  , Balle  , 
B a/tille , 

Bavarois  , 
Ba«ge, 

Baye, 

Baycan  , 
Bayonne , 
Bayounettc, 


741 

760 

78 

ibid. 

117 

781 

*î> 

335 

685 

341 

*43 

ibid. 

ibid. 


Be  , bes , &c.  Des  mots  tbmine'z  en  be , bes , 
ber,  ou  en  b(é  , blés  , bler  , bre,bte$  , brer  , 
& de  leurs  pénultièmes,  648.  649.  6j£. 
& [ttiv. 

Be,  4 jj.  be,  ;3$*  Bre  , ibid . 

Beau,.  y 8*  81.  8j.  646 

La  Beawce,  Province , 66 1 

Beauté,.  118#  ïjô.'tffo 


• • 


DES  MOT  5. 

Beaux , devant  une  confone , ou 

une  voyelle  r 

697.  703 

Bk, 

Ai* 

Bc / , ■ ' r ' . 

705 

Belle, 

46* 

Bewjamin  , B*»jamin,  Benjamin,  jz.  & 

x$7 

Be»join , B4»join  , 

2-97 

Bénite, 

*7J 

Beqweter,  beJtter,  ■ 

il* 

Berceau , 

U4 

Berger, 

7ff$ 

Bcrgere  , Bairj aire , 

Berl  an  , brelan  , 

lit.  ti* 

Befiw’n  , befoiim 

34t 

Be/te,  be/tial. 

*3i 

Belle,  bette, 

J?*' 

Be/tiaux, 

i3î*  *41 

Beta  , 

30 

Beveuë,  bev«c. 

179. 180 

Bic n, devant  une  confone  ou  une  voyelle ,693, 

703 

•*.’>•  *•  v 

Bi//ard, 

toi 

Bi lion  , bi-i//on , , V 

• ilt 

Billot , 

api 

Bi%eul,  bilàyeulc. 

143 

Blanr, 

7JF* 

Ble , des  mots  terminez  en  bic. 

6^1 

Blé, 

3. !l  43* 

BJejeve, 

a« 

JBcête  , boarte,  3x8.  boite. 

33  • 

Bœuf, 

7*0 

B01, 

78 

Bois  , boüâ , 

34°*  7*f3 

Vne  boitte , il  Wtc , 

- . t,J 

i vj 

TABLE  ALPHABETIQUE 

Bon,  -//  ..  ,7* 

Bp»,  devant  une  confine  , ou  une  voyelle , 697. 
701 


Bonheur , bonwr  , 
Bo»»e , bo»e , 

Borne , borné , 
BoCphotc , Bos/ore, 
Boté , 
bouge , 
bouger, 

BourY/on1, 

Boulanger , 

Bouquet , 

Bourgeois , Bourges, 
Bouteille  , 

Brayer , 

Brebis , berbis , 
Brèche , 

Bretagne , Bertagne , 
Bretelle , bertelle , 
Breton , Berton , 


180.  28c 

3°f 
47,  118 

1 66 
118.  130 
66  3 
66 y 664 
104 
766 
4 59 
33* 
4<* 
*39 

122. I2J 
4<fl 
122.  I13 

tbtd. 

121 


Brèves,  96.  xoo.’ioj.  128.  129.131 

Brèves.  De  prononciation  des  fyllabes  brè- 

ves , 

Bri/iant , bri-i//ant , 

Broe , . * 

Brouiller , 

Broyer , ' ' r-r 
Brudcr,  Broudre , 

Brun  , 

Bru/che, 

Bu/te , 


C, 


c. 


<47 
2 02 

7Î< 
66  6 
139 

120.  12 1 
*3* 
*3 1 
, ilfid, 

43 


C , pourvoit  nommer  des  k , 43.  &fuivt 


C final , 
çà 


DES  MOT  S. 

C devant  l'a , l’o  , & /’u , 43.  4jf 

C devant  V c /’i , 4 j 

C devant  Ve  & /’i  /e  prononce  comme  f,  1 46 
C yê  prononce  comme  le  k devant  l'a.  , /’ o , é> 
Vu,  ibid . 

ç a queue,  V".  43-4+ 

ç à queue  t & de  fa  prononciation  , 1 47.  & 
fuiv. 

. r 75S-7Ï9 
qui  pourvoit  etre  fupprimé  , 

15S.  199 
149 

<4*- 

660 
16  O 
66l 
660 
*9t- 
76S 

*97 
434 
160 
30/ 

*4* 
loi 
669 
106 
*70 
XI9 

ibid. 


433' 


queue 
pourquoi , 

C mouillé , 

Cable , 

.Se  cabrer. 

Cadenas , J 

Cadrer , 

Calabre, 

Caldéen  , Cald \éan , 

Camp , 

Cananéen , Canan éan  , 

Cancer , çanlàir. 

Canevas, 

Canne,  cane,  , 

Canon , JCanon, 

Capillaire , , V: 

Capres, 

Ca-ptus,  cadras, 

Caque , 

Caqueter  , &c.  caJSrter,  calfater , 

Caraftcre , 

Caffe,  drogue , 6jt.  Cafler, 

Caufe , cofe  ,74.  Caoufa , 76.  Caufe , caou- 
fe,  xtS,  287.  ai* 

Caaftiquc,  - *4-4 

Caatere,  ^ . ibid. 


TABLE  ALPHABETIQUE 

*43 
S39 
44 
i? 

146 
461 

Cent , dieux  ccnfs , devant  une  confone  ou  une 
voyelle,  697.70t. 

Cent  honnêtes  gens,  cen-x-onête gens  , 15}. 
Cen/o-neftcsgens , ibid. 

Ccrtai» , devant  une  confone,  ou  une  voyelle  $ 
696.  7 01 

Ces,  cés,  çais  , 454.454.  4 97'&fuiv. 

Ce , Ces , des  mots  terminera  ce  , ces  , cer  , 
chc , ches , cher  ; c!e  , clés  ,cler  ; cre , cres  , 
crer,  & de  leur  fénultïeme  , 660’ 


Cer  , Pronom  , devant  une  confone , ou  une 
voyelle,  656.701.  70k 

Ces  hommes , cé-rome , 505 

OiTe  , 671.  Cfffer,  67 1 

Cette  femme  , ftefarae , 716 

A cette  heure,  afteufe,  ibid. 

Ceux , ccû  , 39} 

Ch  final , ? 57 

Cha,  che,chi,cho,  chu,  * 164.  2 ©7 
Chacu» , devant  une  confone,  ou  une  voyelle, 
696.  loi  ' , s fi 

Chair  , cher,  ïiS 

Changer,  çanxé,  Jjl 

Champ,  76$ 

Champenois,  3}$ 

Chaos,  Kaos,  j.  156. 16 1 

Chapeaux,  çapots,  S iyo 

Chaperon,  HO.  1x1 


Chiffe , caiffe  à garder  des  Reliques , 6}  * 671 


V*Uwl  I» 

Cé , 44-  4J3*  Ce, 
Ce  cédilles  , 

Cela , 

Célibat , /clibat  ; 
Cellule , 


MOTS, 


b E S 

fchàffenr , chaffcu* , 

Chats  , fats  , 

Ch auà  , ch aoud  , 

Chaume  , 

Ch*,  4/3- Ch*; 

Chef, 

Chers , chaire , 

Chcrub in  , 

Cheval , chcvar  r 
Chéveauv  , chevau, 

Chevre, 

Chevreau  , 

Chevreuil , 

Chevron  , ' 

Chez , devant  une  confone  , eu 
69  8-  703 
Chinois, 

Chiromanfie , chiromaneie , 
Chaeut  d"Eglife , keur  , 

Choriftc , korifte  , 

C horographie  1 korogïaphie , 
CboCes  , fozes  , 

Choyer  , 

Chrétien , 

Cidre, 

Ciel , 

Ciguë, 

Cinabre  , 

Xin$ , fini , 

Cinqr , devant  une  confone , où 
697-  70x 

Accent  circonflexe , ajj.  4 
Civ  il  , fiv  il, 

Clef, 

Cie'tocnt , ‘ - t 


74± 
ijo 
*88.  iS* 

t&r 
f)9-  669 
4j< 
43* 

$ ot 
* 100 
)9  3 
4** 
4<$* 
ibid . 
ibid. 
une  voyelle  f 

333 
*43 
* ijt.  148 

ibid. 

i;4 
Ij  o 
*39 
I<4-  z\% 
66t 

4 S* 
I4l 

66  o 

74  S 
une  voyelle , 


3 éy.  O»  fuiv . 

344 

760 

/ J4I 


TABLE  ALPH-ABETIQJJE 

Clerc , 7$< 

Client , cliunt , 31» 

Clorrc,  H7 

Coiffe  * 8 f.  Coaife,  Jt8.  Coite,  jjo 


178 

317.  & fuiv. 

4<7-  «3 
' 4j8 

*iS 
S 41 
<71 


Co&uc , 

Col,  cou,  } 16 . 

Collège , 

Colonel  , 

Combu/tion  t 

Commodément , 

Comprefle , 

Conception  , 

Conceu,  concfwe  , conçu  , conçue  ,179. 180 
~ * 678 

14  7 
*7* 

\ ' • v • m 

S4l 

• ^ ibid. 

607 

JH 
181.  634 

16} 

<1.  & /««/. 

3ji.  6j«.  6J7 


Conclave , 

Con/Tj , con/u , 

Confefle,  <7t.  Confèffcr , 

Conformément , 

Confirment  , 

Con  jugaifons  des  Verbes  , 

Connoiftre , connaiftre , 

Con  fer  ver  conlcrva/V  , 

Configner , confiner , 

Confones , v. 

Confoncs  doublées  , 

Des  Confones  finales  qui  ne  fe  prononcent  ja 
mais  devant  quelque  mot  que  ce  [oit,  7 45 
Confones  finales  qui  fe  prononcent  toujours , 753 
Des  mots  qui  finijfentpar  trois  confones , 77  g 
Contrôle,  j88.  64% 

Convent,  304.  Couvent,  .303 

Conventuel , 30 j 

CopiP,  copé,  311 

CoppenAaguc,  ■'  - 783 

C°f , 1 ' ' 76ê 

Cordial , Cordial , 14$ 


•’/ MOT  5/ 

■ /-r 

Cdftege, 

Cfffte , cotte , 

00 

1H 

• 

Ctudre , 

'.  >■  66* 

Gou p. 

' 76s 

Coupcure,  coupure. 

%•]$.  t8o 

Cours,  - 

IjO  - 

Court  , - '^V  £ 

ibid.  - : 

Couftcr, 

6)9 

Couftume ; 

ibid. 

Coût  eau  , conte , , -v 

*66. 344 

Cra , cre , cri , cro  , cto  , crai 

, creu,  croi^ 

crou, 

7%.  & ftiiv. 

.Cr*  be , forte  fécrevtjfe , 

6s9 

Crâne, 

66  8 

Crapaud  , 

«44 

Craqueter  , craJtter , cra&cuter , 

a 19 

Cré  , 4 j i - Cre  , 

J3*. 

Créfme  , crème , , ^ 

ïjJ- 

Croa/ie,  Croatie, 

*4l 

Crot, 

b 7 59 

Croift  , ' 

_ «3* 

Croit, 

ibid. 

Croi* , croî , 

b--  , S 9} 

Cf  final , 

77*  . 

Cf  final, 

7JJ*  7 6s 

Cueilli, 

toi 

Ctird,  ICuré, 

•'  *4*'. 

D final , D. 

747 

D final , devant  des  voyelles , 

ondes  h muet- 

tes, 

74} 

Da ,.  de , di , do , du , 

%S9 

Dalmarie , Dalmacrc, 

*43 

Damas, 

*s 

Dume , T 

9* 

Daniel , Taniel, 

*4» 

»■ 


* ' 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Danois, 

Dam  , devant  une  confone , ou 

une  voyelle , 

697.  703 

Dƻbe# 

*59 

De,  ' . ..  •<  ...v  ■/. 

5l% 

De, 

4JJ 

De , des  mots  commence 7 far  de , 

438-  4 *9 

De  ,^des  , &c.  Des  mots  terminez  en  de  , des. 

der , ou  en  dre  , dics;  de  leur-  fénultié- 

me,  64  t. 

De,  des,  /levant  des  h adirées,  187.  175». 
i*>o 

Dèb*«che,  débucher,  66t 

Dèbrowïller , 666 

Déchiqueter , iro 

Dédain  , dédain , 386 

Dédaigner,  fes  dérivez,  440 

DffFcndre , défendre,  44X.  deffendre ,'  461 

Défrayer,  I34 

Défri»t,  ai/ 

Dèguifer  , ■ 16% 

Debyer , j ' , ■ 13* 

Délivrer,  r\  ' * ' 441.441 

Del«ge,  ‘ , 66 j 

Denis  , Deni/è , 44  a 

Deptfïfer , dépeiïèr,  3 j 1 

Dcpaq«eter , depafeter , depateuter , xt9.au. 
& fuiv. 

Dépérir , 441.  44£ 

Depuis,  devant  une  confone , ou  une  voytüe, 

69 8. 703 

Dernier,  devant  une  confone , ou  une  voyelle, 

*97'  7 oi. 

Dérouiller,  6 (,6 

J?c. s , i}/.  Des,  des,  dais , 184.  & fuiv» 


< 


DÈS  MOT  S. 

,'43+-'4j6.  497  &fuiv. 

Des  , mots  qui  commencent  par  la  fylhtbe  des  , 
468.  & fuiv.  474.  479.  490.  jo8 
Des  , article  , devant  une  confone  , ou  une 
voyelle , 4s  <.  6%  6.  677.  6?j.  & fuiv  un- 
tes.  '•  v 

Des  , fuivi  d'une  voyelle , 479 

Des,  dais  , 184.  fuiv. 

Dès,  conjonction , 4}  4.  43*.  & fuiv.  Dés 


497 

Dès  , devant  une  confone,  ou  une  voyelle  , 
698.  703  • 

Dêfabufa , 479.  rftabufcf,  ' 480 

De/agrcable,  479.  d^agreable,  480 

Defaguémenc,  fji 

Z>e/avanrage',  479  ^avantage,  486 

’De/ceiuire , deccndrc , 44 1.  $40.  Dèfcendrc , 


. +6i 

Dïfcouviir , 

De/crirc  , décrire', 

De;  enfans  ,•  déxunfan , 
De/ert , dzett , 

Defèrtion, 

De/faire,  défaire', 
Dwbabiller , babiller  , 
Dcsja  & défia , 
Derintereflcr , fl'z.intdrelTcr , 
t)efir,  440.  ^efir, 
De'fifier; 

Dc/ordrc , 

De  fi/» , defini»  f 
Défiinion  , 

De/unir  , d'zuniïy 
pérniller,  * 

Dt  van/ , 


6 40 

*Ù 

V 6 £7 

K 4*1-/®* 
441 

je* 

3*» 

S09 

480.  îo? 

iip 

501.  jj8 

481.  / 08 

v fO> 

*3* 

70J 


\ 


TABLE  AL  P H AB  ETIQJJE 

Deuil,  8* 

Dé  vin  .deviner , 44® 

Devoir , devoer  , 331.440 .766 

Devoir , Remarque  fut  le  Verbe  devoir , quand 
il  tfi  employé  pour  le  Verbe  falloir  , 70/ 

Devoir  , je  dois  , ils  doivent , 83.  Oi  ; pourquoi 
diphthongue  dans  ces  mots  , ibid . 

Je  devois , ils  dévoient , je  devrois  , tu  devrois  , 
ils  devroient , 8j.  Pourquoi  oi  nef  point 
diphthongue  dans  ces  dernier  es  fyllabss  , ibid. 

Deu*  , deu  , /9J 

Deux.deu^,  74/ 

Deu* , devant  une  confone , ou  une  %oyeüe , 
69 7 7°i 

Deuxième , deuxième,  it/ 

Dez  a joiiert  ’ 43  ^ 

Diable,  648.  C60 

Diftionnaire,  Diflionn/rCj  163 

Diérefe,  34^ 

Différemment , differament , JH 

Dig cCtion  , *43 

Dignité  , is8.  a- 1 f 

Di-gnus  ,,dig-nus , 16  o. ioé 

Dilemme,  Dilemc,  JOÇ 

Diphthongues , 80 

Diphthongucs/^wj/êr,*  ^ 84 

Diphthongues  impropres  t 14*8 6 

Diflyllabe,  90.  91 

Diftillei , „ toi 

Divin  amour , divi-»amour  , joj 

Dix,  di|? , 145.  746.  7îj.  Di*-fept,  di/?- 
fc r,  146.  Di*- neuf,  dix- neuf , i£«f. 

Di*  , devant  une  confone  , o«  voyelle  f 
*97 . 701  • 

Di*ain#  dizain , . *4/ 


DES  M O T 5- 
D i*aine , dizaine  , 

Dîxainieu , Di^ainicr 
Dixième , .dixième , 

Dôme", 

Le  donneur , 

Doyen  , Doïcn  , Doi  yen  , 

Dre  , Des  mots  termine £ en  dre , ' 
Droit  ( fubftantif  ) 

Droit  ( adjc&if  ) Axait  , 

Ds  final. 

Du,  ‘ v 

E. 


Md. 

ibid. 

ibid. 

<67 

7i 1 
ij8 
■661 
3Jy 

au. 

77  3 

784 


E , 26.  6 1.  <4 

-E  , (es  differèns  font,  46.119 

E avec  des  tirets  , 47.48 

E de  trois  fortes  , uj 


E.  De  U prononciation  des  e de  notre  Langue , 
- J 93.  &fuiv. 

£.  Comment  les  Flamant  le  prononcent  ,114. 
^ fuiv. 

E.  Comment  on  peut  diflmguer  nas  «,  J9f.  4 o J. 
& fuiv. 

E devant  a , i,  o * ü,  11,7 

•E  bêlant , 405 

E féminin  , 119. 116. 398.  404 

É final  féminin , # y 90.  64* 

E final  préeedé  d’un  autre  e,  <41 

E féminin  final  précédé  d'une  voyelle, & fuivi 
d’une  s finale,  }9j- 

E fermé  , 10  o.  i;4-  & fuiv. 

^ E fermé  long  , 481.  &fuiv. 

,'Emafculin,  ' 113.  126.  3^8.  404 

De  la  prononciation  de  t e mafeulin  , & delà 
.maniéré  de  le  çonnoitre , '4-0  9.&fuiv. 

Des  mouvement  différent  qu  on  fait  dans  la 


TABLE  A LPHABETI QJJ  E 
■bouche  pour  la  formation  des  e mafculins , ota 
des  e féminins , 40Ç 

E muet , joy.&fuiv. 

E muet , précédé  immédiatement  d’un  i , ou 
d’un  u voyelle , 61  f 

E nafal , tfi..  6*  fuiv. 

E ouvert,  66.  68. 100.  113. 1/4.  iff 

• E ouvert.  De  la  prononciation  de  l’e  ouvert  , 
-6*  de  la  maniéré  de  le  connoitre  , 4jj.  6* 
fuiv. . 1 16.  398.  4 c 3.  404  . 

E ouvert  long  , 487-6* fuiv. 

E , dans  les  dernier  es  fyllabes  des  mots  finis  par 
une  confone  , 4 jg 

E fuivide  deux  confones , 4/61.487.  488 

E dans  la  derniere  fyllabe  d'un  mot  terminé 
en  es,  ou  rs  , a 59 

E qui  fe  trouve  en  la  pénultième  fyllabe  d'un 
mot  qui  finit  par  un  c féminin  , 4 66 

E devant  un  i voyelle,  4 6\ 

E devant  une  1 mouillée , ibid. 

E devant  un  m , ou  n , II 7.  *52, 

Pi  devant  unx,  4 61 

Hfuivi  d'un  z,  * 4lï 

£,  aux  pénultièmes  fyllabes  des  tems  futurs,  ^ 
des  tems  imparfaits , 

E.  Des  c qui  fe  trouvent  dans  les  fyllabes  finales 
des  fécondés  perfonnes  plurieres  des  futurs  , 
411  -n 

Eai , 86.  tyf.  161.  z6z 

Eay , z6z  , 

Eau,  86.  169.  318.^43.  344.  e^e 

, 4J3 

E',  es,  409.  6*  fuiv.  417.6*  fuiv. 

Ee,  5S9 

E'c , pour  C2 , ou  és , 493 


«.-4 


DES  "MOTS.  „ 

Eeau , . 8*.  8x 

.Eb*«cher  , , 6 >t 

Eble>  631 

Eee  , fde , édcs , fge  , fgue  , «gués  , fguent , ele  , 
fies  , eme,  ene . enes , enent , fque  , eques  , 
equcnt , <tc  , «es , f tent , eve , eves , fvent , 

4<S  6.  4^ 7 

EcofiWs , tcoffrfis  . 

Ecrowler  , < . 

Ecujer,  139.  Ecuy-jcr , 

Ede  , edes,  - . ' : 


Edrc, 

Effort , 

Effrontément , 

Egal  * •••:/- 

Ege , fges , &c.  . 

Egue  , egucs,  eguent., 

Ei, 

.Exe, 

Éii,  , 

E/llc,  s V > 

Ein, 

Ele,  fies,  &c.  4*tf.4$7.Eler, 
Elément, 

Elle, 


J3i 
666 
U} 
46  6 

V4y *34 

4** 

j 347 

v • 1; 

* \66 
4 &6>  4 67 

84*  8 6.  ijji  %6z 
61S.  & fuiv.  636 

6 Of 

1«.  XtfO.  1?3.  Z99 

sn 

J 4* 
481' 


Eller  , 46t.  481.  /«/v.  7x3 

Elle*  , Pronom , devant  une  voyelle , o«  «»f 
confone , 696.  70Ï 

Elixxr,  144-  Êlifc/xr 

Em,  ijj.  xjo.  /»iv.  -25 6.  ;fj.  & fuiv. 
Em  final , ' ■ j S f7 

Ema/ller , - 6ft 

Emb««cher , ► 661 

Eme, fines,  . 46$.  467 

Eme , fmes  , ftnmt  ,•  4%9 


* ’• 


» * • 


TABLE  ALPH  ABETI  QJJ  E 

Entent , adverbes  terminez,  en  enaent , 
fuiv.jufquà  «o. 

Entent  -,  Noms  verbaux  terminez  en  emeat,^® 
Emer,  5.14.  Exemple  de  la  conjugaifon  des 
Verbes  terminez  en  enter  , î27 

Etfwwcner  , $ 06 

Empa^eter,  ampafcter,  ampa^euter , 119.  & 
fuiv.  - 

Empereur  , -rfnpereur , 

- Emphatique , en/atique , * ^ zi  7 

Emplir  , #nplir  , ÎSJ 

Employ emploi , 33J 

Employer,  139.  employer,  113 

Employeray,  140 

En,*  ijj.  i90  .&•  fuiv.  196 

En  final,* an  , Jf3-  Sî4-  &fuiv. 

En  devant  une  confine,  ou  une  voyelle,  69  7. 

En  monofyllabe  devant  une  voyelle , 19 1. 
Encenfoir,  T 66 

Endroit , endroit , 334 

Ene  final , 66.Ï 

Ene,  enes,  enent , 466.  467 

Ener , 514  .La  conjugal  fin  des  Verbes  termine £ 
en  ener , Sa8 

Enfer , enfair  , 433*  4 J 4 

Enjabler  eniabler.  }*• 

Eniambcr  & enjamber,  , . iz 

Enjôler,  ' *66 

Enn,  i5S-^7 

E»»ui  , yo6 

E«f«blcr,  ■ 66  o 

Eut  des  troifiemes  perfinnes  des  Vsrbes , joS 
Jî4^. 

Enuflcr,  671 

....  ' , ' entier , 


f 


r "DES 

Eathr , ent iair. 
Entrave, 

Entrer ien , 
Envoyer,  • 
Envoycrai , , • 

Eoi , 

E'ptf/flc , 

"Epaule  , 

Epeler  , 


MOTS. 


4Î5-  4J4 
67S 
*43*  3«. 

13* 

140 
3*8-  3JI 
671 
666 
?*•  104 


3°f 

301 

*39 

ï9 

*9f 

466 

II* 

47 


Epeler , comme  on  peut  faire  epeler  à la  jeu- 

neJfe » 3 6.  Xj 

Epeler,  maniéré  d'epelerles  confond  doubles 
ili.&fuiv. 

Epigraxwwc,  Epigrawe,  1 
Epwglc, 

Ep/ftre , 

Epou/e , 
èpouA* , èpoâ , 

Equc  , eques , equenr , 

Equilibre,  ckilibre, 

Er  , mots  terminés  en  cr , ^ 

Et  , 11t.  400.  & fui*.  4f9.  46o.  48o.  4% 
~r , Infinitifs  termines  en  cr , 4iS  &fuiv. 
Er  é>  ier  quand  ils  ne  font  point  infinitifs , 43% 
Er,  des  Infinitifs  dés  Verbes  terminés  en  er , de- 
vant une  confone  ou  une  voyelle , 699.  70» 
Er  , Conjugaifon  des  Verbes  terminés  en  cr , 6qj 
final,  . 4^4- & fuiv.  45t,?Si 

cru,  eras,  cra  j «ions, criez,  eront . t zo. 
Futur  des  Verbes.  ’ J 

E «;/“  • jW'  «I.  431.  fl}.  &fum. 

ï« , «es . «nat.  4«7-48<.  4S7 

ZhTÎÏ 1 ST  • m”  • «oi“t  ■ s «•  léi 

parfait  des  Verbes . 


TABLE  ALPHABETIQUE 
Prr  4,;‘  *,S 

«rant , '«tante , 117 

s:  : w,  . %£•;* 

Erroné  , erronée , 

11?  i,f 

Es,’  mots  commente^  far  es,  4*8-  47î*  49®- 

yii 


Efbaucher , 
Efclave , 
E/crite,  écrire, 
Efcroc , 
Efbuyer, 

Efc, 

Efe, 

Efé. 

Èfet, 


640 

«7* 

*35” 

7^-7J9 

440 

4?I 

61V 
611.  437 


Hier,  . , r 

Efer  < ix.  Des  Verbes  termines  entier , fi-9 


Efp^cc , 

Efpoir , 

Efl/7 , efle , 

Eflcnciel , X4*--  Effcnnel , 

Eff-c*>  Effe-fc*, 

Efl^er , 

E(%«rai , 

Eft,  A 

’Eftant , cftois  , cite-,' cites  , 

Efter , E fUir, 

•Efmnnc, 

E/time , 

üftomac , • ' 

Eftre.  D#  Fcr&c  cftic  devant  une  conforte  , ou 

une  voyelle , 


660 
j6<6 
16\.  i6v 
ibid. 
*44 

139 

140 
tf  - 488 

460 

433-434 

*4J 

138 

7S6 


' 4 

‘sriri 


' DES  MOTS,  •• 

Etc,  ores,  etent/  4^.4^ 

Eter,  j 14.  Des  Verbes  terminés  en  eter . flr0 
eteu/,  * J " 

jkionle , . 76*> 

E toit , aitai } 

Etrange , Aitranj/wYo,  5 9 J 

étroit , étroit , 43*’ 

itter;  o c 

Ea64,4'  **’  84‘  **’  168,  *7>-  d->iv. 

Ê«ble*  ^ 

^«chariftit  .r  • 

Eve,  oves,  event;  *** 

?ver  ’ * *+•  Conm*ifondes  Verbes  terminés  % 
»cycr  | 

Evoir, 

-a  * m 


Euii , 

ÉmiapuïU  g é le  c,tui  priaient  tu  , *,] 

|«rc final,  . 

Eyrer,  J ■ 

Europe*»  • Europe/*», 

E«rre  final  , ^ 

E»fè  ,618.  &fuiv.  Eufcjc , '*  j 

Exam*», 

E^âmincÇ/'c^aminer  '**- 

Exercice, ' exercice , 

Exhalai  (on  , eg-calaifon  . .. 

Exheredcr,  eg^ereder,  •„ 

Exhibition , cg-tibition , • ; p 

Exhorter , eg^oner  , » ; ■ 

Exhumation , cg^umatidh 
Exil , eg*il , 

■E*ôrde,  eg*ordc. 


^.44.  x4j 
l9\6 

■ sbt/i, 
ibid , 

*^id. 

a4; 

*4i4. 
ibid, 


> 4 


TABLE  ALPHABETIQUE  . 
'Exploit,  33f 

&c,  ' 3 3* 

ExpreflVmcnt,  J 41 

-Exultation , egsultation , *-4? 

"Ez.  final,  ' 41 1- &{uiv. 

Ez  changé  en  es  à la  fin  des  mots , 491.  ou  e* 
ée,.  49} 

m>  -,  • m 

. .■*•  • :U,v.  j • ' If. 

F,  - +** 

F 'finale  , 7JS-  77  o 

F finale  devant  des  voyelles  , ou  des  h muettes  , 

^ 743 

Ff  doublées,  1 ~ 

Fa, 

Fa-,  fc,fi,  fo,  fil, 

F*ble» 

Factieux,  14%.  Factieux , 

Faction  , 141*  Faction  , 

Fai , 

Faim, 

Faire  , fer , 


î!j<Sg> 

• .✓*  * 


44* 

" V® 

448.  660 
ibid. 

, i£tW. 

1 7» 

*3* 

Î83 


Faire.  Remarque  far  fai api  fi  trouve  dans  la 
conjugaifon  du  Verbe  faire , i.iç 

Le  faifte,  vous  faites,  J 83 

//  fait,  &c.  devant  une  confine,  ou  Une  voytfi 
le,  ' 699-704 

Faix , faî , V/,  <9  J 

Familier,  familUir,  4 ' ’ . 431*  4J4 

Fanai,  fanar,  V!  J 1,00 

Fanfare,  fanfàr,  . 6*7 

F«o» , Fa»,  . *9* 

Faoner , faner , 4 

Fa/ce , 


Bauchçç , M 

u 


m 

m 


t 

U V 


“ y**  » 


< -, 


...  ' 


t>  E S MOTS. 


6 s 9: 


Vit 


lï  faut , &c  devant  une  cohfone , ou  une  voyel- 
le, *99-7  04 

Faute , fote y ^ 74.  6 79 

Fayance,  i+j 

F/,  4f3-  F*>  . s*9 

Fe  , fes.  Z>«  m ts  termines  en  fc , fe$ , fer , ou 
en  fle , fles , fier  ; fre  , fres,  frer } phe,  phes , 
pher , & de  leur  pénultième , 

Febrifwge  , 

Feindre 

Femme , famé , 

Fër  ] 

Fermeté  , Lirmté , 

Fêffin,  - 
FeVes  , ( 

Fewtre,  ' ^ 

&tf  L ■ ' ‘ 4 

W;  : 

Fier,  Flair, 

fi  gu  res  pour  fixer  nos  far  oies , 

Rie  ‘ Subflantif , 

FÎU&,  f î-ii/e, 

FUmme , 

5ki 

FIe«« , fleo , 

Rot, 

Fheftc  , 

Foible , faible , 

*Une  fois  , la  foi. 

Fol  , fou , 

Ils  font , î font , 

Fonte, 

For/at , For/ât , 

Forme , foimé , 


t ■—  ' 


66* i 

66  J 
X3X 
310 

l1/ 
1*6. 1X7 
461 
* 678 

6?S 
456. 
tbid.. 

«3*43J-  434 

, • f xo 

66j, 

III 

6/7 
4/3* 
• , • 16 7 
i£i<f. 
ibid.&  131 

U V/  ' 334 

/»* 
3«*  3*7, 
/5>4 
63 
*47 
, 47> 

O llj 


TÀBLE  ALPtfABETfQUE  , 
Tort  y devant  une  confone  , oit  une  voyelle, 
698.  704. 


Fortune , 
ïoflc , creux  y 
Foudre  y 
Fouet , 

Fottlc,  fouler. 

Frais, 

Franc,  ' 

François,  Français, 
François  , nom  d'homme 
Ftaude  , fr aoude , 

*lé>  4 JJ;  Frc  , 
Frcdbnn'er , Ordonner , 
Frelater,  fèrlatcr. 

Trért , 

Frétiller , fertiller  : 
Froid , 

Frowde, , 

Fruftrer , 

Fj  , final , 

Xùut  fuùaes , il  fume; 


"î  y 

4'S<f' 
66* 
131 
756 
33  * 
3J3-  334 

33  9 

' 

ni.  1 13 

402;.  485 

‘ ,13 

73 

773 

/SJ 


4 


G, 


G. 


n ^ 1 . . 40 

u prononciation  du  g , 1 j 4 

Gdur  o^g  fee,  41.  Ijtf.  i;8.  iç, 

G final , 7 47 

G mol , ou  g mouillé , J41.  jj<* 

G nazal  , 137.  i$j- 

G.  De  U prononciation  du  g par  les  tjpagnols . 
_ & les  Italiens  , 109.  (£> J^i-u. 

G fuiyi  d’un  a , o , ou  d’un  u , 4 6 

G mis  devant  un  e ou  un  i , 4^ 

G 2 ’uife  rencontre  au  milieu  d'un  mot • S'il 


des  mots. 

doit  fe  joindre  a la  fyllabe  qui  le  frecede, 
ou  à celle  qui  le  fuit , lorfqu'upes  le  g im- 
médiatement il  y a une  conjone , xod 

€a , v 4° 

Ga  , gué , gui , go  > g° > J;8.i6i 


ij8.  »JJ. 


j ai 


Gageure 
G aj»»er , 

G aillai:  à , 

Game  , dégainer , rengainer  , 

Galant,  gualant, 

Gâlilee», 

Galon  , 

Gare»»e,  garewc, 

Gafcons , 

G^ttche, 

G ««le, 

G a ye  ,140.  Gai-j'C,  • 

Ge,  40.  Gé  , 4JJ«  t 

Ge  ges , &c.  Des  mots  termines  en  ge  , ges , 
geri  gle,  glcs  , glcr;  gne  , gnes,  gner  5 
ere  , grès , grcr  ; gue , guw  , guer  j & de 
, leur  penultifme , «*- 

Gea,  gé,  gi,  geo,  geu  , 


M7 
6 64 
zo4 
668 
4* 
197 
1J7 
305 
104 

66C 

666 

ibidu 

J39 


15* 


Gea  é*  geo.  Exception  des  fylUbes  gea  ©•  geo. 


161 
Geai  , 

81 

Géant,  Geante-,  Geanne, 

Kl 

Geayfze, 
Général  , 

If7, 1 fl. 

z6 1 

i.  < ^ 

IÎ7 

Geneve,  >. 

678 

Genevois, 

* * 

335 

Gentil , ; . 

* 4 

3»* 

Genti//ome,  Genti/omè  , • 

-j' 

3‘4 

Gentixome , Geuceillomme , 
Gcodefie , ; ,, 

W tW  • • 

3*T 

16* 

6 uij 

TABLE  ALPHABETIQUE 

PArrAt»  1 ATrA» 


Geofroy,  Jofroy, 

Gcographic , 

Geois, 

Geôle , 

Geôle  ,goIe,  • , ? 

Geôle,  jôle, 

Geôlier , Jôlicr , 

Geomance, 

G eometrie , 

George,  Jorge,  . - 

Gerbe,  jerbe, 

Gha , ghé , ghi , gho , ghu ,. 

Giron , jùon. 

Glaive, 

Glayeul , 

Globe, 

Gna  , gne , gni , gno , gnu, 

Gnomon  , 

Gnon  , gnuebe  , &c. 

Gobelet , guobciet , 

Coguc  Gog, 

Goguelu , 

Goguenard,  ibid.  Gognard, 

Gorge, 

Gouge , outil  de  Menuifier , 

Grâce , 

Gfatfle  * 6 7 r De  ^ gra*’ffc , G rrce , j c * 
nd , devant  une  confine  ; ou  une  voyelle  . 
*5>7.  70} 

Grande , / e final  de  ce  mot  devant  les  noms  fui . 
•vans , Bretagne , chere,  chofè  , mere  , pei- 
ne, peur , pitié' , Talc , part , chambre , 78} 

Mlle  . * * * tf7i 

3^4.  & fitsv. 


4 JO 
ïtfX 
Sx 

M7 

41 

410 

ibid: . 

2 6 X 

ibid. 

410 

4Î 

IJS 

' 4 S 

*7  3 
*4  3 

JjS.  IQ7 

ibid . 

160 

4» 
160 
IJ* 
y:  1^0 
7 

56.  «66 

9X 


G Mlle 
Grave , 

Grave,  accent  grave. 


r ; DES  MOTS. 

>C  ' ‘ ~ '•  ' ; ‘ " 

^ t T 

fft , ettgwffcr,- 

f , , r • ' 

* '■  * *î  *i*  - < 

» . / •• 

e ; gués , gtrenf , 

e , exceptions  delà  fyllahe  gne, 
i,  *5i- gu*,  ‘ 
enillc  , guemiion , 1*9.  Ginllc, 
eaipe. 


4J* 
4j8.  $71. 

r'f  *3S» 
4* 

»5l 

260 
JJ9 


lènba , gueniche , 1/9.  Gnon,  gnuche , 15  o 

A »'po  /.J  ^ ~ 


4 t* 


eres , 
rèret , 
retidon , 
îcrir , 

lerite , a 

Jcrrc, 

aèt , 

uet-à-pcns , - t 

uètcr , 

tri.  Exceptions  de  U fyllabe  gui , 
uichct , 
uide , • 

uidon  , 
uignc  , 
luillaumc,. 
tuirlande  r 
■ trifc , < 

ï uitairc  r 

H. 


• * » * 

. v t * • * 

« * •••  ^ t 

* • •*  • * ’ 4 ; 

ÏV  ' 

ibidl 

IJ  7.  161 
I6l 

ibid. 
ibid. 
t6o.  xi- 7 

• ‘ 4îf 

1 66 
ibid, 

l6t 
16  L 

ibid. 
1*7 
1 6% 
1 ibid . 
■ibid. 

lit.  i>7 


î.  De  l i prononciation  de  l’h , 1 6i 

i afpirées,  *$$.  lf9-  Ô 

i alpiréc.  JR#/*  f«#r  /e;  h afpixées  , 170.  d» 
fttiv,  •'  «. " "•  *• t,v  v 

fl  afpirées.  P;/  *Wf  le , du , au  , la , de  la, 

Q 7 


rK\ 


a u 

9*' 

* ' 


• . H 


.Oit. 


r> 


;tTA  BLE  À L P H ABE 1 1 QJJ  E 

ala,  &c.  devant  les  h afpirécs  , 187.120' 

H auxiliaires , i6\ 

H muettes,  , 153.181  .&fuivn 

H muettes , Réglé  four  let  h muettes  , 181.  £$» 
fuiv.  . .• 

Habiliter,  réhabiliter, 

Habiller, 

Habiter , 

Habler,.  ::  .oU 

te\  hiche','  ' ^ 

Hacher _ 

Hacqùenée, 

Hagucnau  , ville  d'Alfact , 

Le  Hainaut, 

'Haïr, 

Haire , 

tiâlcr  un  bateau , 

Haleter  , 

Halfebran,  « , 

Hallier , • : ^ V.-  • ; *:• 

Halte, 

Hambourg , 

Hameau , 

H anche  , 1 74*  & fa  dérivez  » 

Hangar  , 

Hanter , 

Hapelourde, 

»Per>  .il 

Haran , 

H arangue , 

Haras?, 

Harceler , 


^ jSf 

. . 5:'l  \ 

19}- 

1-7 J.  6*7.  6 4« 
16} 
170 
■ 176 

■U 

* ibiL 
'7* 

*77 
18& 


•J 

•1 w»î« 


UA'< 


. 177 

• tbid . 
171 
18} 

?» 

*7* 

L«  J7.+ 
170 

177 

178 
170-  *9$ 

J7f 

a 


Hardè  de  cer/  ou  d'autres  bêtes  fauves , 373 

Hardes  1 . 37-r 


•A  / 


DES  MOTS. 

Hardiment , hardiment , j 431  J44.  j 4$ 


< •'  -i 


IC.’W 


Harfleur, 

Haricot  , 

Haridelle  , 

Harlem , 

Harmonie, 

Harnois  , 

Le  harnois  , itfj . &fes  dérivez , 
Haro, 

Harpie,  * * i 

Harpon, 

Hafe , • • 

H*fle,lulle  , ' • ’v  • irr  ' 

Haflé,  l ' - 

Hafter , 

Haftillc , 

Havage  , mefure  de  grain. 

Hauban , 

Haubert , hauturier , terme  de  marine , 
Haye , -pâle  fr  défiguré , 

Haut , 171.  & [es  dérivez  , 

Hautbas , 

La  hauteur , /'hauteur , 

Havre,  • t 

Le  Havre-de-Gracc , 

Havrefec,  ’ . ‘ c * 

Haye, 

La  Haye  en  Hollande , 1 ‘ 

Hasard  ,177*  & fies  dérivez  » 
Hazarder, 

H*,  4*3.  H*, 

Heaume , he-ô-mc , heô-me  ; 

Jj<din , 

Heidelberg 
fïcilbxon  , 


184 
>77 
*7} 

181 
170 
178 
ibid. 
I74.  i8z 
>7? 


171 
5*1 
>74 
171 
17  < 
178 
ibid , 
ibid. 
ibid . 

K - i7  8 

ibid. 
187 
17® 
184 
17C 
ibidt 
if,:  zSf 

;:U{  *jf? 

vid  , 19\ 

ni 

17 1.  1 58 

0 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Hennebon  , 

Hennir  , 

Héraut  £ armes  y 
Herbe , 

Hcr e t forte  de  jeu, 
Herefîe , 

Heretique , 

Hériter , déshériter ,' 
Hcriflon , 


184 

184 

18  z 

>7* 

18» 

m 

18/ 

1?) 


M' 


I V Vi 


Héroïque , héroïquement , heroïfine , Hcroï'- 
ne, 

Héros , 

Hcrpé , terme  de  c baffe , 

Herfè  , 

Heftre, 

Heureua.* , 

Heurlcr, 

Heurter, 

Hibernie,  • 

Hibou  , 

Hideux  , 

Hie, 

H ieble , 

Hier,  80.  Hi air, 
figures  hieroglifes  ou  hicrogjilîqucs , 

S.  Hilaire,  S.  Uair, 

Hirondelle, 

Hiroquws, 

Hiftoire , 

Hiver,  hivair, 1 
Hobrcau  , ou  hobereau  ^ 

Hochet r . 

Hocher  la  tête. s 
Hoir , 

Holai 


181. 18/ 
174.  181.173 
178 

*7  4 
1?  7 
707 

' *71 

18} 

*75 

*7* 
ibid, 

184 

4 S6 

xo 

182. 

531 
164.  Ht 


433-  434 


>\  ? 


433- 


434 

177 

178 
ibid. 
7 66 


DES  MOTS; 

Z>a  Hollande , 

Hollandes,  Hollandtf/s, 
Holface',. 

Ze  Holftein, 

Homme , 

Cet  homme , Home  , 

Hoofleur  , 

Honefte,  ^«honefte. 

Hongre  , 

Hongrcline , 

Hongrie,  <&/</.  Hongrois, 
Honneur,  des  honneur, 
I^onorer , ^«honorer 
La  honte,  1 6y  171.  X’hontc , 
Hontcu/c , 

H-onteux,,  - 
Hoquet, 

Hoqueton, 

Horion, 

Horloge , 

Hormis , 

Horreur , 

Horrible  , horriblement. 

Hors, 

Hofte,  hotfe  , 

*Ua  Hofte , . ' 

Ho  ûiV, 

. Hotte,  jj 

Houbion/.,  .i 

Houlette  , 

Houfpillcr , , . 3 . 

Hou  ne  , ibii.  Vne  tïou'é  , 
pu  Houx , ibid.  & fes  dérive 
Hoyau ,' 
f^jmbir. 


1 7*- 
, ' 33v 

ibid. 

i6  4. 1*3. 196 

* 7*« 
1S4 

- 17* 
^ ibid. 

n:,’  <£g 

18  f 

j8i.  îüf 
ï87 
1x9 
*93 
••  *77 
. f ibid. 
\ibid. 

' 18» 

V-‘  Wf 

. aa7 

C £17.  £lS 

:Ti,i  »7JL 

117 

£31. {Si 
*4* 
"*71 
*7* 
*73 
178 

*77 
17* 
ibid . 


fr 


-f>  « 

fc» 


TABLE  ALPHABETIQUE 


îïuche,  - 

I78C 

Hucher  , 

i7 7 

Hucque , de  mante  que  portent  les  fem— 

mes  dans  les  P aïs -Bas , 

J 73 

Huée , , 

178 

Huer,  : 

177 

Huguenot , 

17S 

Huile,  î 

184-  66 1 

Huis, 

184 

Huifficr  , 

766 

Huit , huitième,  huitain  , 

1*4.  18? 

Huit,  745.  Huitr,  - 

74* 

Huit , devant  une  confone 

, ou  une  voyelle  , 

69 7701 

Huître, 

184 

Humble, 

23. 132. 164.1  S 2. 

Humer, 

17/ 

Hune, 

177 

Hupe, 

. *7/ 

Hure, 

177 

Hutte , > 

ll7. 

Hydropique, 

182. 

Hyme» , 1 

X96 

Hypochondriaque  , hypocondriaque  , Ij4 

I. 


ï De  Pi  fuivi  de  deux  11 , i©4 

j à queue,  & v confene , 31,  31.  & fuiv.  3** 
,39 

i’j  confone  , fuivi  d'un  e , ou  d'une  autre 
voyelle , 149 

ï®,  - 31  S.  310 

, ie , 10  j 242. 

Ja>  jo,  jn,  ' *47 


1 


T>E$  O î S;' 

ïSMê'.  *4*.  6 6o.  Jabler , 

* -•  / < 


ibifi 
7*9 
335 
6 70 
300 
1/4 
<3* 


Jamâû , 

Jappno/s , 

Jaques , 

J a (mm  , jafnw/», 

S«ïaO  „ 

Idiome  , idiotique,  idiotifine,  lit.  113*  & 

, fuiv.  i%7 

Idole ..  ' . . . , , - ^S 

1AK;  ■ . «,4 

te,  8) 

le,  id,-  518.3x0.  4JJ 

le , ie’s , ye , yes.  D«  la  prononciation  des  fylla- 
bes  finale}  le , ies , yc , yes , fans  accent  fur 

Je,  W 

Je.  . De  la  prononciation  de  l e final  du  temps 
prefent  de  l'Indicatif  ou  de  l’Imparfait  du 
Subjonftif  d’un  Verbe  devant  le  Pronom 
perfonnel  je,  , 7.90. (£> fuiv, 

lege  , i*ges , 4^7 

Iêl,  - J 3« 

1 

Icn  , o«  yen  *r:  fu .,a.v 

îtn  , a#*  ''trouve  dans  la  Corijugaifon  des 
. Verbes  tenir  venir , ) 1 * 

lent,..  J 5>JF 

lent  #>  ÿent.  Delà  fyllabe finale  iént  ^r* yent> 

1er , 3*f 

1er  final,  • 4x4.  431 

ï«r.  Des  mots  terminés  en  ier , 760 

1ère',  ieres,  49* 

l«c  ifres , wof;  terminés  en  ierc  ieres,  6 il» 


TABLE,  ALPHABETIQUE 

L*s  * ' 

Jtffuite,  G f fuite , t+9 

Jettcr,  &c.  46tr 

Jrttcr.  Conjugaifm  de  ce  Verbe,  ji? 


Ieo, 
leu  & yeu , 

Jeune, 
eufnc, 
lez , 

lï> 

r, 

/irai,  /irai, 

W > 


.3** 

; . *îi 

ilià.tfrsZy 

. 3X4*  3X7 
'v  ■*  *7* 

64.  <7.  74. 118. 134,- 

'*49 

‘ 3*> 

l‘j  Pronom,  devant  une  voyelle  ou  une  cenfo- 
ne,  101. 191-  6Î0.  69l,6^6.é>'fuiv.6fir 
Devant  uni 1,  ifi.  & fuiv» 

Il  final,  '<  a 14 

Il  fait , i fait,  . . . ïo* 

1/  ira  iltii  \ *87 

«1,  . . . ao4 

Ilia , itlc  , illi  , illo , iltu  3/9 

?ïla , îlle , ilH , illo , illu , 159.  Juiv.  Voye ^ 
la  lettre  1 , page  199.  jufqu’ù 

' x»3 

Ilia , ç^f.  Réflexions  fur  lu  maniéré  d’epeler 
les  fyllabes  ÜU  ,ilk?  jIU  , illo  J illu , z 0 4. 

' '&  Jniv\  ■ 

• ; 66 j 

ZOI.  102. 

<56/ 
toi.  tôt 
. ibid. 

‘ ; ; ibid-. 
v.  ibid. 
?8|8 


111e-, 
légitime , 
Hier  final. 
Illicite , 
iftufioa , 
llluttré} 
I//yric* , 
Ils  , . , 


..1 


Tîi  U'i  tW.VTTA 


: .a*  -.«Utsiîi  iV»ï 


' DES  MOT!. 
lïf  devant  une  eonfone , ou  une  voyelle , (>$  <>-> 


70I 

■'  ÂnW* 

1m,  a;/<  *58.500.  fri*.  634 

ltn  précédé  d’une  eonfone, 

300 

Imparfait,  imparfait, 

iji.  199.301. 

Impatient,* 

30X 

Impertinent , 

tbtd. 

Impie , impie , 

tbtd.çp  199 

Important , important, 

*99  " 

Importun  , 

301 

Imprudent , 

ibid.  ' 

Impunément, 

54* 

Imputer  . 

JOX 

In  ,17.  6f.  a;;.  tfo.&jmv.  300.  6a«r 

*3»  v 

Iri  précédé  d’une  eonfone. 

, 300 

Incident , 

ai;,  joi 

Incifîon , 

30 1.  30a 

Incommode  , 

302 

Indemnité , indemnité  , 

Vh 

Ingeniment , ingeniêarent , 

S 43-  Î44-  H* 

Ingrat , -d/ngrat , 

13.  63.  13a.  3 oi 

I»)urc,  iVtt'hi 

* JP»;- 

Innocent,  inoccnt, 

In  folent. 

302 

Io , .1 

)13.  31 6 

Jod*  , 

36.  149 

Jifi , gwh  , 

• ‘ *4 91 

Jonc  , 

71* 

Ions , tez , yons  , yez  , 

3*7 

Jouet , 

7*. 

Joui» 

74*^  7J° 

J oye, 

140- 

Ir.  Conjugaison  des  Verbes 

termincs  en  ir , 

-w  ‘ v JL  ■ 

. T AB  LE  ALPHABETIQUE  ; 
If.  Les  Infinitifs  des  Verbes  terminés  en  if* 
devant  une  cenfone  ou  une  voyelle , 6S>7- 704 
Zre  final , * 48 7.  61}.  & fuiv.  6)j 

Ife.  Des  Verbes  terminés  en  ire  , 613 

Irlandais , Irlandais , ,53* 

Zfle.  Remarque  fur  les  Imparfaits  termines  en 

iffe , , 67'b&fi*»v+ 

Jvc , ives.  Des  noms  terminés  en  *'ve  & ives , 

tirés  des  mafeulins  en  if,  678 

Jve  , iv es  , ivent , qui  fe  trouvent  dans  la  Con - 
jugaifon  des  Verbes  dont  1‘ Infinitif  fe  termi- 
ne en  ivre , ibid. 

Juge,  6<s3 

J«gcr,  - üid  &66  4 

Jui/,  ' • 7*o-7ft 

Juii/ct , ]ui-i//ct , 

Jupiter,  Jupit/»>,  4J3 

Jaftc , geafte,  145.  prononciation  du 

g, 

Ix , , 144 

1 k.  - <-  • ■; 

K . Z>«  prononciation  de  la  lettre  k , 19  7.  D* 
/ onufage t *9* 


L. 


t..  De  la  prononciation  de  la  lettre  1 , <$*  des 
fyllabes  ilia,  iile,  illi  •,  iIlo>illu,  1 99.  6» 
fuiv. 

La  lettre  1 a beaucoup  de  rapport  avec  notre  r , 

10Q 

L finale,  7SS 

L, mouillée,  xoo 

L mouillées  chez,  les  Peuples  du  Nort,  les  Pf- 


DES  MOTS. 

’pagnolsé'  hi  Italiens,  xoj 

L retranchée,  , , 4*^  J 36 

L.  Du  retranchement  de  i dans  les  Verbes  ter- 
minés en  ellir, 

L fcclic,  . 19?.  xo o 

LL,.  ÎJ<* 

Ll.  De  l'i  fuivi  de  deux  11 , *04.  &fuiv. 

La , v 118 

La , de  la , à la,  - 784 

La , le  , de  la , à la  , devant  les  h adirées , 187 
La  haire,rhaiic,  æL:j 

Lacet , 

L^dre , . 

L'aider , & de  fa  Conjugaifon  , 

X^iûu ë»  £ 

Lame,  • V'  .;v. 

Lamproie, 

Langue , 

Lettres  inutiles  en  notre  Langue  > 

Laon , 


■-h, 


ibidf 
660 

«34 
67% 
.43 

aoo 
340 
48 
ibid . 

si 

s , : o.;. 

1x8.  iif 

S » J 

74*  x£tf>  6%6‘  6 44 

46$ 

. IHs  '.'’‘;-'';V%î:7#îL 

Le  , les , quand  il  ejl  Pronom  relatif  & mis 
> après  un  Impératif,  S°$ 

Le , Etf-voye^le-no»* , e»fffyel  nous , ou  envoyè- 
lçu  nous  , 504 

Le , les  , 1er  final , 66 $ 

Le,  4î}.  Le,  -y  ..  S 39 

LèÂure,  46? 

icgal , ibid, 

‘ , 'aoo 


Larinx,. 

v 

Las.Lt, 

Laurent j Lorent , 
Le,  la,  articles 
Le , Pronom , 


. v 


TABLE  ALPHABETIQUE 
Léger  > \è)ait' , 431-  434*  Legere  léjair*  , 

431  ' r 

Les  , les  , Urs , 284*  é*  jf**w.  434-  4P7*  d* 
fuiv.'  , •;* 

Les , devant  une  confone , ou  une  voyelle , 6 8®. 

&fuiv.  6ÿs.  &fuiv.  > . 

Les  -if»»eî  , lé-zaw^e , joç 

Le;  états , le7aitâ , • --  ç8_ 

Leflc , «7T 

Lettres,  14 

Leur  es  de  l’ Alphabet , 36.  41 

Lettres  <j«i  changent  dans  la  prononciation,  147 
Lettres  fuperflues  en  notre  Langue , 4 S 

Leu  , 1 eue  , lu , lu c , *7$.  »8  o 

Levraut,  Levrette,  - 46* 

Leur,  leurs.  De  /<*  prononciation  des  Pronoms 
leur  & leurs , 71 6.  & fuiv ! 

Leur,  leurs.  Pronom,  devant  une  voyelle  ou 

696.701.  70* 

• i4r 

100 
3i<3*7 

> 11 8 

- 1 . • 6 6J 

331 
78 
268 

* t ibid. 

- ■ H* 

s Si 

. • ‘ 66i 

IX 

1 ■ ; *19 

~ 1 *0® 

34» 


une  confone, 

Lcxive , le/?iv®,  _ 

Libre , 

Licol,  licou, 

Lieben, 

L«gc  , 

Licgee/J,  i 

Lieu , 

Li  f/<c  , 

Linx,  144.  Lainfrr, 
Lionnois  , Lionnaie  , 

Vn  lis , un  lie , 

Litige, 

Livre  , 

Lebes , terme  d' Anatomie , 
Logique , 

Loin  , le/iin. 


ù. 


,,  DES  MOT  S. 

Hoir , 766 

La  Loire , la  Loir  , 617 

Xon^,  y','  749 

Longues,  96. 100. 10/.X18.  119. 131 

tsy  773 

Lucifer,  Luciftir , f-  - 433.  434 

Lune,  • 100 

Luther,  Lutair,  433.434 

'Luxwre,  144.  Lukfutc , * ibid. 

' ' m.  ■;l:  ' 

M,  , T33.  x jo.&fuiv: 

M.  De  la  prononciation  de  V m ,113. 191.191, 
'^1  finale,  196.  198»  & fuiv.  747-7** 
M . Des  pénultièmes  fyllabes , 6 s 4 

Quand  /'m  fe  trouve  au  commencement  ou  à lu 

Jin  d'une Jyl'.abe  * . . / . 113-114 

Mm  , 30  j.  &fuiv.  )$6.  vi 

Mae/navel  , Mahiavel , 1*9 

Maigre.  Remarque  fur  le  mot  de.’maigre , 66  4 
Maintien  , *43 

Xe  Maire , L*  mer  , ?8i 

Maj/ori , \ .v^a, 

Z7»  Maiftre , Mettre , J®*» 

Maixan  , j1.  Maijffan,  l4X 

Maladie , maladi , . _ ‘ 3tr 

Ma»che , -f:'\  ' c>:  v "t 

Mannc\  . 

Manoir,  * 7*4 

Mantes,  mante,  , ; 344 
Mare  deraifins , ' ( 73* 

Mar^«ctcr  , marfeter  # , **9 

Martial,  141.  Martial,  _ #?*$» 

Mdrti»,  Mar^i»,  J®4 


■Yi 


■ t.  \ 

>/  1-  - 


TABLE  A L P H A B E,T  I QjJ  E ' 

M«fie,  malle,'  „ 

M aflc , terme  de  foueurs , 658.671 

Mafi:  na-uire , ou» , Pronom , 381 

Maftin  , matin,  581 

Mauvais,  6x6.  644 

Mayence,  143 

Me , mes , mer  , final , 667 

Me,  4j j.  Me,  335 

Mèchanf  , devant  une  confine , ou  une  voyelle , 

697.  703 

Médaille,  63*. 

Medeci» , ' • . 3 o 2, 

Menagere  , mainaj  aire  , 431 

Mener.  Conjugaifon  de  ce  Verbe , 3x8 

Ment.  Les  Adverbes  terminés  en  raenf  devant 
une  confine  ou  une  voyelle,  698.704 

Mère,  401.  48k 

Mercure , Merciïr,  6.17 

Mes,  mes,  mais,  133.  184.  fuiv.  43,4. 

456.  497.  é*  fuiv.  . . , . 

Mes.  Mots  qui  commencent  par  la  fyllabe  mes  ^ 
468.  /«ru.  473.  490 

Mej , Pronom  , devant  une  confine , ou  une 


voyelle , 

Mes  amis , mè-zamî , 
Mefdire , 

Méfia  nge , 

Méfier , 

Mefme,  30.  Même, 
Me/prendre,  méprendre, 
Me/quin , 

Métaphore,  meta/orc, 
Mienne  , 

Mica*  devant  une  voyelle , 
Milan  ois,  Milanais , 


k • . 4 # 

,K:.V.  . 

. if 


J* 


rftn 


ï.;r.rcv 


Al 


696. 70T 

ÎPJ 
646 

646 

ibid. 
640 

*3F 
x,8 

U7 

3 ** 
703 

*** 


Utile,  . *ot 

Mille  amiticz , mille- z-amitiés ' 153.415 

Mille  honnêtes  gens , mille-2-onêtc  gens  , isj 
Miwcc , maince , 300 

Miracle,  661 

Miroir,  ' 7 66 

Mitre,  - 

Mix/ion,  \ 143 

Modérément,  543*  J 47* 

Mode  frie , 145 

Modifier , 8 

Moins , moains  , 342 

Moinr , devant  une  confone,  ou  une  voyelle , 
6yl.  704  \ 

-Mois,moüa,  340 

^Moitié,  »43 

Mole,  Substantif,  66$ 

Mo» , Pyomom , devant  une  Voyelle  ou  une  con - 
fane , 636.701 

Monophthonguc  , 8/ 

Monofyllabe , 30.  31 

Monftre , 66  a. 

Morceau,  167,  Morlô , 168 

%Jn  more , un  homme  mort , 581. 

Les  morts , la  mort , 5 81 

■_  Mot,  13 

Mot  e£*  parole  en  quoi  different , ibid.  & fuiv. 
Mouchoir,  7*6 

Mo»dre,  ■ 6 6t 

Mo«le , 66 6 

Mowfche,  333 

Moufcjuetaire , Moufquetérc , x6f 

.Mouvoir,  73 

-Munftcr , jtio.  Munftre,  Ui 

Mu/e^lwc,  *47. 


TABLE  ALPHAB 

ETIQUE 

Mufe««,  267.  Mu7.0, 

ztft 

Muriquc , 

" t» 9 

Muhcr , 120.  Moutre , 

lit 

N. 

\ 

N , 13*- 134- & faiv. 

N.  De  U prononciation  de  l'n , 171.  191. 114 
4 N finale,  i o 1.  ïoi.  105.  747.  7^1.  7 61 
N qui  ne  fe  prononce  point  ou  fort  rarement , 


De  l’n  jointe  ttung,  nj 

N.  Des  fénultiemes  fyüabes,  tf  j*4 

Nn,  ^os.&fuiv.qs6. 337 

Nage  , nager  , 66% 

Natal , 214 

Naturel,  * . • 4$8 

'Naufrage,  fi6.6  44 

2 Son  nazal,  65 

Ne,  nés , ner , final t < 667 

:Ne,4yj.  Ne,  ' J)9 

Négoce,  =*  114 

N»rf,  •;  -•  4S* 

Net , « 83 

Nettoyer , netayer,  334. 

Neu/,  743.  Ncujf,  746.  760 

’Ncu/,  devant  une  confone  , ou  une  voyelle , 
697.  701 

Ne«trc , c-jf 

Nicolas,  114 

N igromanric  , N igromjm* ie , 143 

Noble  , ‘ * . 214 

Noir,  noec t 33 1.766 

Noix,  noua,  ; 340 

Nbrmans , ; « # 104 

. ■ no/. 


DES  MOTS/ 

No; , "Pronom , devant  une  confone  , ou  une 
voyelle,  £>6.701 

Noftre,  639 

Notaire,  Notaîr,  173.  Notére,'  1 63 

Notre,  j 6i  Nôtre,  37.  67*. £77.  717 
Nous , 103 

Nou; , devant  Une  voyelle , ou  une  confone , 

• 62o. &fuiv.  69*  j \ 

Noux  efperons , noûs/iifperôn,  , 687 

Noyer , bowï  d'arbre , > 139 

Noyer , Fcrfo  , ibid. 

Ne.  Des  dernierés  perfonnes  plurier.es  des  temps , 
prefens , J94 

Nt.  Des  dernières  perfonnes  plprieres  des  temps ; 

imparfaits  & futur  s des  Verbes , 393 

Numéro,  ,114* 


1 iTi  . ‘.C 


O04  m 


S ÏI 


O,  v $^44.71.74' 

O*  chaperonné  , 170.  & fuiv.. 

O , Réflexions  fur  U prononciation  de  l’o  dey 
Alèmans,  ?-  170 

Oo,  . ' j88.  641 

Obcï,  . « >ttu  V S 9 

Objea,  f *yr  %w*  v.w\n«j  wt»  vù.ivv^*) 

Oble,  finale  1 ^ 631 

Obliger,  • < 6^3.664 

Oblhiclc,  * t 661 

Obmettre , obmifllon  ; 49 

O&ave  j « 678 

Oe,  • a./f.  t$8. 187.  jt8. 330 

Oeil,  . Jia 

Oeillade,  1 


Ocillere,  V i > 


0 

U 


ibidi 


TABLE-ALPHA  B ETIQJL7  F? 

Gciilet , - ■«  16 ï 

Oeu, 

Oeuf,  ' 78-760 

Oeuvre,  zt8 

Qi,  73  ji«.  3i8.j}i.  JJ.4- ^41* 

Qi , 83.  Quand  il  eft  Diçhthongue , & quand. 

il  ne  l‘tfi  pus , ibid. 

Oin  De  la  prononciation  de  la  Diphtbongue 

' oin , <ri  ' 341 

Oir.  Conjugaifon  des  Verbes  terminés  en  oir  p 
6 07 

O/’rc,  final,  616,  &{uiv*. 

ÔiCer  , 611.  6 j7 

Oi /on,  xi9  6 12. 

Oiflje,  oiffes, aiflîons,  641.571 

Q/ftre,  J3V 

Ol,  31É 

Om,.  37/.  190.  fafuiv.  304.  61 8.  634 
0/»bre,  13 1 

£y Onsaf  , S.^Omair,  433.  434» 

O-mnis,  Ow-nis,  . io6) 

On  , 17.  6.3. 133*  1.60.  19  0.  é^  fniv.  304. 
61:8.  633 

On  devait  une  confone , loi 

Qndevant  une  voyelle  , loi.  ipj  193» 

Qn.devant  une  confone , ow  #w«  voyellç,)  68qj 


tic il*  * 


& fuiv.  696.  671 
Q»cle.jbu 
One , on  es , 

Q#guent, . 

Onze,  omième, 

Qpale.^  . • - • . 

Q#»  , 

Qrç&cftre  , Omettre  , Orqucftrc , 
Qfe^final, 


.’lt'fii  • O 

%p 

. 66. Su) 

nT 
7?7-7^ 

zsfr 

t ; i/6> 

487.  6l)..$yfuiv~ 


' ‘f&ë 


* # D £ S M 0 T S. 
Orr.  Dr;  Vertes  terminés  en  orc, 
Orfevre , ' 

Organe, 

Organe  de  la  voix , 

Tartiei  organiques, 

©rgue>  ' v * ' 1 
Oriv»t , Oriu»  , 

Oti«»tal , Oriuwtal , 

Orre , 

Orne  final , 

©Trie , orte , 

©rtographe  F ranfoife 
Ofû, 

O fé  , 

©fer. 


Xi* 


«ru 

4 tfi 
17 
t8 
ibiL 
\ 6 0 
sr  3 

: jzt 

6*8 

. «Tl?.  4iS.  «f3X 

3« 

4 8 

tfi8.  &{uiv.  6} 6 

6it 

ibid.  6 j "f 


— w 9 V»/  J t 

Oa  , 4^.  71. 71.84. *6.zjî.z87.^//iiv.<î4t 


©üâ , 

OÜ2v,  bfic , ouï  , 

Oubli  j 
Oudrc , 

Oüc ,'  ' • - 

Ouï , 

Ouï-  Du  wef  ouï  , 

Ou  te  final , 

Qurre , 

Ourrc  final , 

Ou  trois, 

Ouft , 

OuCé, 

OuCet , 

Outrer, 

Or, 

07, 

Qÿe , oyes , oyent , . 

Oyois  , oj/oil  ; oyions , oyieï , 


3>$ 

• ni 

q 

•r  318 

* 7^-318 

7S* 

4i6.  & fuiv. 

6U 

617. 61Î. 

6£f 

ft8.  &fniv.  6jtf 

6 ii 

ibid. 

*7S 

*44 

<•  318.331 

1 141 

- ..  I+1’ 
H l) 


I 


TABLE  ALPHABETISAS 


P.  • 

P.  De  la  prononciation  du  p , 

ntf 

P final,  744- 747- 

7;j-  76j 

P fuivi  d’un  h Ce  prononce  comme  unes , 117 

Le  p fe  prononce  comme  le  b , 

%i6 

P du  mot  de  Cept  , 

74* 

Pa, 

\6S 

Pa,  pe,  pi,  po,pu, 

Pa  illaflc , t 

. 1I7 

2.01 

Vais  , péis , 

ÎJI 

Païfagc , pftfage , 

3/t 

Pat  fan , P fane  j P«un , Pemne , 

ibid. 

Pai* , pa» , 

S9i 

Panier , 

766 

Vaon , Pan, 

1 96 

Papier, 

fx.  7*É 

Par  devant  une  voyelle  , 

703 

Parchemin  , 

il 

Pardeflu* , devant  une  confone  ou  une  voyelle , " 

69%. 7 03 

Taris , 10  j.  & fuiv.  icS. & fuivi 

Par oi ftre , paraître , 3 34 

Parole,  j 

Parole  articulée , A- & fuiv. 

Parole  écrite , ibid.&  19 

VsLTquetcr  , pvfetcr , 

Par/û? , 1 43 

Par/ialité,  141.  Parcialité , ibtf. 

Pas,  118.119. 76$ 

Pas  , point.  La  différence  qu’il  y a entre  ces 
deux  piots  f 771.  & fuiv. 


O 


$22 

U8.  &fuiv.  f 82 
6}  9 
•tljo 
7*-  é^4- 

<»  7 8 

ibid. 

1 4) 
322 

l$8  113 


DES  M O T K 

Pafaues  , Pa/cal , 15  i1 

Pnfïe-droic , p«ffc-flcur , pafle -partout,  paflc- 
pied  , p«üe-poil,  p^ffe-port , pafle-volant, 
6/8 

P*  fle , pafler,  repaffcr , &c.  6j8.  6jt 

Patient,  patient, 

Pafte  , 

Paftori  de  foulier , 

Patte , 

Paul,  Pol,  74.  Paolo, 

P*«vre , 

P aye,  141.  Paij'e, 

«Payen, 

Payenne , 

Payer , paifer , pai-ycr , 

Pe,  pes,  &c.  Des  mots  terminés  en  pe,  pes, 
per  ; pie , pics  , pler  j-pre,  près,  prer , & de 
leur  pénultième , 6(9 

Pe,  4/3.  Pe,  S19 

Peindre , 

Peiae,  1 $6.46! 

Peg/èr,  *z9 

Pénultième,  9j 

Pénultièmes  brèves.  Réglés  pour  les  pénultièmes 
...  brèves , 649.  jufqu’a  63 O 

Pénultièmes  longues.  Réglés  pour  les  pénultïè~ 
mes  longues , 5 6f.  f $7 . &f viv.  j uf  ju‘à  64$ 
■ Pénultièmes  fylUbes  des  mots  qui  finijfent  par 
«ne  féminin,  6^9.  fuiv% 

Pénultièmes  qui  finijfent  pur  une  va  J ou  a ; 
ibid. 

Des  pénultièmes  fyllabes  qui  finijfent  par  une 
f muette,  * 6f  4 

Des  pénultièmes  fyllabçs  qui  finijfent  par  une 
çonfone , 6jj. 


TABLE  ALPHABETIQUE 
Bénulcièmes  qui  finirent  par  des  confonds  don - 
Mes,  *;*.  6j7 

Vctc,  401.48* 

Perfeaionncr,  141.  Perfectionner,  ibid. 

Perganje,  . Xl 

Pcr^iJ,  119 

Pocher , p«h«  * jSt 

Peti/- . Du  t final  du  mot  pet it , 4 30 

PetiV^  devant  une  confone , ou  une  voyelle, 
*97  • 7°  3 

P™PIc>  1*8. 

Pjl>  1*4.  i*j. &fiuiv.  153.  117  ii& 

P»a.,  pfce,  p/?i,  p/?0j  pMt , 1*4^ 

P/?arm:cie,  /armacie  , i«<j,  1*7 

Pbe , • Des  mots  terminés  en  plie  plies . 

pher, 

Phen/x  j 144*  FcniAx  ÿ 
Fhcnomene , /enomenc , 

Fhiîofophc , Filofo/e  , 

P&renetique , /renetique  , 

Pli  u ) nom  de  plante , fu , 

PNicard 
Pu, 

P;cêP  t 

Ville  , pi//age  , pi-iW*  , pi-  i//age 
Vinceau,  %6 7.  pinfo. 

Pwe, 

Pi?«ure,  pi/turc, 

Pi/te, 

Pir/V,  - ^ 

Pla , pie , pli , plo , plu  ; plai , pieu , plo , plou , 

• 7%-&fuiv. 

Pjaifir , déplaifir , • 1*3.7** 

I I^wtc  , nom  d'homme , 67 1- 

Vie,  453.  PI*,  S39 


66* 
ibid* 
*17 
166, 117 
117 
l6i 

\ êf 

•4  <iS 

66  f 

xi 

x6l 

501 

ixS 

*-**>•  2JJ 

2 + > 


confone 


Vj 


DES 

l*lom& , 

Plume , 

Pkit/er,  Phm'«iV , 

Plu#  , devant  une 
698.  704 
Pluye , „ 

Poêle , po*/le , 

Poète , 

Point , 

Poivre,  Poèvrt, 

Paie  arftique  , fre. 
Polono/'s , Polonais , 
Polyfyllabcs , 

Porc-epic  , 

Porteur  , 

Poftc , 

Po«ce, 

Paudre , poudrer , 

Pouf  devant  une  <vcyilU+  . 
Pôunw/'m , ' 

Panne , maladie  de  ebivud  r 
Pouffer  y 
Poutre , 

Pouvoir, 

P",  Pm, 

Prëcifèment , 

Premier,  premu/r , 


MOT  s; 

II 

4M*  434 
ote  une  voyelle , 


103 


md 


318 

769 

fV 


,-p 


1 40 
318 
317 
770 
«7  S 
656 

m 

90 

7/* 

•74b 

»3J 
C6  I 

6U 

703 

*4i 

«J* 

ibid, 

*7? 

7<U 

J4* 

282. 


Premier,  devant  une  voyelle , ou  une  confone  ^ 


697.  701  ^ . 

Le  preneur,  741 

Près,  pr/ws,  38 6.  Près,  387 

Près , près , 437.  438.  Prée , 4 94 

Pré/eance,  130.  Prclfeauce , • 23 1 

Prc/entiment , 230.  PreflcntimeDt , 131 

Prrnc  , expreffe  , 471.  Preffer  , ibid, 

ü iiij 


TABLE  ALPHABETIQUE 

Prélupofer , preflupofer , ' x+x 

Prefupofition,  230.  Preffuppofition , tjt 

Primarie,  Primarie,  . 

Pr/»ce,  pMjncc , ao, 

£rivil%>  4*7- 

Procureur,  Procureur,  741.  ?4x 

Prodige , 66 

Profeâe  -,  <71.  Profeflèr,  *72i 

Profondément, 

Progrès,  progrès,  38 6.  Progrès,  38 7 

Prononcer , pronon (air , prononce  416.  4Î>9 
Prophétie,  Prophète , . . 

£°av“>  , 71 
VùpMt , papilUiie ; " loi 

Fafm>'  ■ • . .H* 

prononciation  du  q ; n 8 . & fuiv. 

S-final>  IIS.  747-7C/ 

Que , ques , quer  «final , ' «7<j 

Vge , ques , quent.  Des  fyllabes  finales  que  , 
n ques , quent , 

V9eiquer , devant  une  cenfone  ou  une  voyelle  . 
696.  702  J * 

Quelr , quelle* , devant  une  confone  , ou  une 
voyelle , 696.7oz 

grenouille,  Knouïile,  Keunouïlle,  219 
Querelle , ^«erellcr , jwerelleur , gaerelleufe , 

j • 119  * 

-^«cftion,  Mion,  Il& 

Qitfter.  De  l Ortographe  & de  la  prononciation 
,•  des  Verbes  qui  Je  terminent  en  quêter  , comme 
empaqueter , dépaqueter  il0. &fuiv. 

Qï“e..  »«* 


: b ES  MOTS.  - T 

Quan d , devant  une  confone , ou  une  voyelle  , 


69  8.  703 

6£«atre,  Katrc,  ti8.  Quate,  t8a 

Quimper , Quimpair 4 j 3.  4 j 4 
Quintal , 301 

Quinze , quainze , 390,30a 

tgaolibet,  Kolibet,  tig 


R. 


R.  Df  /a  prononciation  de  la  lettre  r , 11/ 

R finale , 71 4-  7*-8-  &fuiv.  747  7*7 

R finale , rfw  awtt  terminés  en  eur,  738.  c£» 
/aiv. 

R .finale  dans  les  ouvrages  de  Poe  fie , 731 

Rr,  4j.tf.1t7. 360 

Rr , voyelle  fuivie  de  deux  rr , 6j8 

Rr  doublée.  Des  fyllaùes  finales  précédées  de 
voyelles,  ' S 97 

Rable,  £48-  660 

Racler,  tftfi 

Raifon,  \ 4if  * 

Ran^,  748 

Ra/âde,  < 149 

Ra/é , ibid. 

Rd,  7 79 

Re  au  commencement  d'un  mot , j 09.  ;i  o . 


fuiv.  31 tf 

Re.  D«  fyüabes  terminées  ente , 196.  R es,' 
tf  00 

Re , res , touchant  la  terminaison  en  te , ou 
rcs,  607.  tflt.  gpfuiv. 

Réagrave,  44^ 

Réajourner,  &e,  ibid . 

•Réafiigner , v • èbHk 

£ y 


Rv 


TABLE  A LPHA.be TI QJJE 

Rébarbatif,  44Ô 

Rébellion , ibid, 

Rfbroufler , 461, 

Rébus , forte  d'énigme 444; 

Récapituler,  ibid, 

Réceqt , ibid, 

Réce'pifTé , ibid. 

Réceptacle,  - ibid. 

Réception , ibid. 

Réchauffer ,4/1.  Réchauffer >.  453 

Récidiver,  44$ 

Récipé,  Ordonnance  d’un  Médecin  y ibid * 
Récipiendaire , ibid* 

Récipient , ibi<L 

Réciproque,  . - \ ibid* 

Réciter ibid. 
Réclamer,  W ibid * 

Reclus , - 4 -fi* 

Récolet , Récolcte  | 4,47 

Récolleétion , ibid. 

Récolte,  ibid, 

• Récompenfer,  ' ibitL 

Réconcilier , ibid. 

Réconforter,  ibid. 

Récreance,  ‘ ibid. 

Récréer,  , ; ibid, 

Æe  récrier , ; Wv.ifia 

Récriminer,  447 

Récrire,  4 j».  Récrite^  . . . . 4;* 

Récru,  4 fii 

Reculer,  ' -::i  . V . . 6*S 

Récufer,  ...  \ : 447. 

Rédiger, 

Rédimer,  : ;v  ibid. 

Réduire,  4 •'  " t... 


r 


t>  es'  Mô-'r  IM*  at 

RédüpUcatif,  1 V*v*  j’  4*4  7 

Réel,  •*  iftWt 

Réféter,  . ^ * T'  - ibid* 

Réfléchir , ^>r»  ‘ ' *•'  *•*•<' 

Réflexion,  tJX  ibid. 

Réformer , < ibid. 

Réfra&aire  , •->  * , • > ibid. 

Refrain  , •• < 1 4®^ 

Réfrigérant  , réfrigefatif  ,*  , - 44^ 

Réfrigération,  -ibid'. 

Refrdigné , ' . t 1 '•■■  "461 

Refroidir , refroidir  , $34- 

Refwge , 565f 

Réfugier,  . . * 44^ 

Réfuter,  *3*  ibid. 

Régenter , ibid.- 

Région  , _ « • ibid: 

Régit , régime , f , . ' « 1 ibid 1 

Hégtftre,  cnrégifti'stÿ  >1,-  ibidj 

Reglement , règlement , f 8»  j4*«‘  H 5; 

Règne,  4^1 

Regretter,  46  a. 

Régulier,  44^ 

Réhabilitation  , réabilitation i8j 
Rehabiliter,  reabiliter,  iSy.44^ 

Reine , 96 

Réitérer  , 447 

Réjobïr  , 45t.  Réjouir,  < j ; -1  4^ 

Relâcher  , 447.  Le  fremer  e féminin. 
Relatif,  44/ 

Relation , • ibid. . 

Rélixation  T ibid.  ‘ 

Relièf,  4^5 

’Bidinkré  t terme  de  pratique  , 44? 

RéaniiTiblc , rémiffion,  quoïqjwfc  delà  pre- 

ü vj 


TABLE  'A  L P H A B E T I QUE 
t miere  fyllabe  du  mot  de  remettre  , fait  femi~? 

nin,  447.448 

Rémunérer  , 4 4 S 

Renés,  4J1.  Rênes, 

Renovation , 

Rent , final , 

Répandre  , 451.  Répandre j 
Réparer  , &c. 

Repartie,  * ' 1 ; ; r •*:  - ! 

Répartir , &c. 


1101 


-Répartition , 

Répercuter , 

Re'pertoire , 

Répéter,  &£•  • > 

Répit,  4 fi.  Répit l 
Replet , 

Répletion , 

Répliquer , 

Répondre,  4j».  Répondre l - 

Reprefailles , 

Réprimander, 

Réprobation., 

Réprouver, 

République, 

Répudier,  &c. 

Répugner , ©»e. 

Réquiûtoirc  , réquifitioft.J  r / - , 

Rer , %tc 

Res.  Mots  qui  commencent  par  la  fyllabe  rcr, 
4 $8.  & fuiv.  475.  4$os 
Re/affer , re/affer  , ' , Y :•  ijt 

Re/aucer,  rc/aucer.,  a 3 a. 

Refcfiauffcr,  *4© 

Réferrer  : . Ht, 

. 4/  -w  ■ 


45} 

448 

J97 
45} 
1;  *4» 

ibid. 

ibid. 

ibid. 

ibid. 

ibid. 

4 J 3 
448 
ibid. 

46t. 

4J3 

4éx 

ibid. 

4«S 

ibid. 

446 

448- 

ibid. 

ibid . 

ibid. 


\Re/pondre,  répondre  y 


î:  DES  MOTS; 

TÇéfetver , 

Réfider, 

Réfidu , terme  de  comptes  t 
Réfigncr , &c. 

Réfine , &c. 

Réfipifccnce , 

Réfifter , &c.  . 

R «fines  de  bride.  Rennes  ville  t 
Réfiola , réfolution , &c» 
Réfolutif , 

Réfonner,  < 

Refi>«drc  , 

Re/pe£l , 

'fyonà: 

Reflort , 

Réflufeitcr , &c- 
Rrftablir  r 
Ré/uer , rejfuer , 

Ré/ultat, 

Réfiikef  > 

Réfiumer , 

Réfurre&ion , &c. 

Rétablir,  451.  Rétablir; 
Réticence , 

Rétif,  4f*.  Rétif  , 

Rétoricien , Ré  torique* 
Rétorquer , ; 7 
Rétra&er,  %'"■  » 

Retraite  * 

Rétrécir,  rétrécir,' 

Rétreindre  , 451.  Rètreindre  ; 
Rétribution, 

Rétroaôif , terme  de  pratique , 
Rétrocéder , &c. 

Rétrogradp?,.  . 


'Ai 


'44* 

ib,d. 
Hid* 
ibid. 
ibid. 
ibid . 
ibidt 

f8l 

44« 
ibid . 
ibid . 

f 6lr 

*3* 
*3X 
4 él> 

44* 

«4® 

219 

44* 

ibid» 

AM 

44» 

4J* 

44^ 

44  8. 

ibidj 

46»' 

*•4/*;- 
4jr 
448  ■' 
ibid» 
ibid.' 
ibid 


.X 


T A B L E.  A L PH  A BrE  T tQJT 

Réveiller,  . Réveiller, 

Rêver.,  4/t*  Réver,  4jij.Refver,  ' 
Réverbérer  , 

Révérend , révérence , 

Révérer , 

Reverfîon , réverfîblc y -, 

Revifion , 

Réunir,  réunion. 

Révolter,  &c. 

Révolu  , révolution. 

Révoquer , révocation  , 

Réuffir , réuffitc , &c. 

Rcvulfion , 

R«z,  final  r 
Rhétorique , 

Rie», 

R00I6, 

Rq/c , ro*e , 

Rolf/*»,  xsj.  Roft, 

Riolfig  nol , 

Rotnller , 

Le  Ro«le  , nom  propre  , 

Royal  , Rotai , 

Royaliftc , Roi’al i fie , 

Royaume,  Rotaume, 

Royauté , Roïauté  , . 

Rr,  . 

Rs.  Mots  terminés  en  rs  , 

*r’ 

HewSettu . Ruilfi», 


7 *9 
s 88 


IJ  8 


77Î-  & 


E 

iëïtfy 
64  o 

44» 
ibid. 
ibid . 
ibid 'U 

449- 
ibid,l 
ibid . 
ibid . 
ibid », 
ibid» 
ibid* 

4tt> 

164 

■ 770 
♦ 6 . 
147 
16  S 

• 11  f 
666 
ibid, 

*Î7 

ibid; 

137 
ibid*; 
fuiv~ . 
4T* 
779 
169, 


S. 


vit 


S.,  >0.  Son  utilité  y jo  jx  - 

S.  De  la  prononciation  de  la  lettre.  Cr  ..  xi*A 


r>  ES  M O'T  s; 

îj  conservées , où  & dans  quels  mots ,.  / j.  g ) $ 
S,  qu’on  ne  prononce  point ,,  fstiv, 

S douce,  130.  &>{uivif. 

S.  finale  , 415 r.  747.  7$* 

S finale , qui  fe  trouve  au  plurier  des  mots  ter- 
minés par  un  C féminin  , 591 

S finale , mots  terminés  en  as , és  , is,  os  , us , 

JS-,  4»5 

S forte , 130 

S mouillée,  149» 

S muetc , çi.  x}4 

S muete  , des  pénultièmes  fyllabes,  4 

S-  retranchées , J 1 O* fuiv»  613.6x4 

S.  entra  deux  voyelles , 1x9» 

S.  Des  mots  terminés  en  J,  48  J.  484 

SC fuivies  d'un  c,  d’un  es,  ou  d’un- cr,  670 
Sa,  Pronom » r 5I4. 

S«bfce,  <48.660 

Sabre,  660 

Sa*.,  ' 7^*7  6-® 

Sacrilège,.  4*7. 

Sage,  . . x**- 

Saloir  „ • 76^ 

San*,  74* 

San; , devant  une  confond  ou  uni  voyelle , 

7©î 

Sawder , fowlcr  y x%9,  66 6r 

Sas,  , 

S*Æèr,  *7*- 

Satire  , {àtiry  . 617 

Saule , 666 

Savoye ,.  .140» 

Sautk , . 6y& 

Saut  y lût,  r J*  4 

&4/«c  , Impératif , fotte-^  - ikid» 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 

Saxon  ,244.  Sakfon , ibid  J 

Scaliger , Scalijair  , 433.  43  4 

Sceau,  feo,  8 %.X6j 

Scé,  4/3.  Scc,  J39 

^ > 4*3  ■ 5c,  ibid. 

Se,  (es.  D«  terminés  en  Ce,  Ces,  618.  & 

. Jfuiv.  6}6 

Scbafoen,  , 24» 

**}c  > 43^ 

Seche,  46r 

Second , devant  une  confone,  ou  une  voyelle , 

697.  70» 

îfj  » 4/* 

Sclo»,  »70Ç 

Selo»  , devant  une  confone  , «w  «»c  voyelle  * 
698,703 

Scntimcns,  fontim,*»,  /jj 

Sep#  , 456.  74J.  Sc/t,  746.  731 

Ser  , fés , fées , 637 

Seraphm , _ 302 

Servante,  fer/ante1,  2jx 

Scs  , tës  , fois  , i8  3. 434.  4/6.  4£7.  &fuivJ 
Scs,  Pronom  , devant  une  confone  , ou  une 
voyelle , 

Ses  enfans , cé-zanfan , 

Seul , Cux. , 

Sevrer , - 

Sexe  , 144.  Sckfe! 

Siamois, 

Siégé  , 

Sie»ne , 

Signe,  fine. 

Similitude , . 

Simple , Cainplc, 

Simpcvme  f \* 


*ï*t 


6)6.  701 
ÎOf 

180 
ibid. 
ibid « 
3ÎÎ 

3x» 
J6J 
lij 

300 
*67 


DES  MOTS; 

Singulier,  Singulier,  433.434 

Si*,,  fy?,  »'4î*  74J-7I J 

S ix , devant  une  confone ,-  ou  une  voyelle  ,697. 
701 

Sixain , fî^ain , , * % 4 y 

Sixième,  fixicrae,  îbid. 

Sobre , *ip 

Soiem,  t V:  y% 

Soin,  Coain,  342, 

LeCoir,  y 66 

Sois , frit  , du  Verbe  cftre,  334 

Soit,  C on j on  Eli  on , 3 3 4*3  3 J 

Soixante,  foi/antc*  i4J- 

Sol,  fou,  v |i<î.  317 

Soleil,  4jg 

Solennel,  IbUncf,  310 

Solitude , 13 

Solvable , folntion , . ” jr 

Sommeil,  « 3x4 

Somme*  aufli , Cornez  auffi , fcvnaufli , 103 

Son,  ' 7 76. &fuiv.  81.  8i.  16*  S7 

Son  , Pronom  , devant  une  voyelle , ou  une 
confone,  696.  7© l' 

Sons  fimples , *4 

Sont  devant  une  voyelle,,  191 

Ils  font , i Ion , r ’ jp4 

Sortie , 14} 

Sortilège,  467 

Sot,  Ji.  167. 


Souabe  , 

659 

Sou* , devant  une  confone , 

ou  une  voyelle , 69  8.- 

7oj 

Sou/fijtier , fooiCncr , 

*6} 

Sonftenir, 

<S}? 

Souk  , 

‘ *7X' 

TABLE  ALPHABETIQUE 
Soutien  , 243.  3 11 

Souverain  , d'où  vient  ce  mot , 71 

Soyons,  Coycz  , Gient , 334 

Sped/ïde  f 6i Si 

Sfibere  , (fere,  ï66.  16  7 

S(è , (Tes , (fions , (fiez  , flçnt.,  641. 6ji 
Se  final,  641 

S té  , 45J.  Sw  , < 

S.tilc.,  ^ n.66  f 

Subjeft,  ' - 4 9 

Suédois  > : 33  J 

Sujet,  119 

Suif,  t . ; 7 61 

Suivant devant  une  confone , ou  une  voyelle  * 
698.  7 03 

Supplément,  >*  M* 

Sdir.  Remarque  fur  la  Prèpojition  fur  , 7 1 j 

Sur  , devant  une  confone , oh  une  voyelle , 698. 
70J 

Suye , -rr  14a 

Syllabes,  yî.&fuiv* 

Syllabes  Jtmples,  . . 80. 

Syllabes  compofées  , ibid . 

Z>e  /’orvire  rfer  fyllabes , 5 1.  & fuiv 


T. 


T;  De  la  prononciation  de  la  lettre  1 1 137 

T dur,  240 

T fuivi  des  Dipbthongues  ia,  ie , io  , ièi<é. 
T final,  * X41.  747.  7ji.  76^ 

T prononcé  comme  d , 141 

T , qui  ne  fe  prononce  par  ou  fort  rarement , *7 
Du  idans  les  Verbes  terminés  en  «ter,  • J36 
T*  Du  mot  de  fept , 7 fi . 


i 


DES  MOTS. 

Ta,  te,  ti , to,  tu,  tj* 

Tabac,  7 j 6.  Remarque  fur  le  c du  mot  de  ta- 
bac , 7 } 7.  & fuiu, 

Tafctas,  * 118. 160 

Tallandier , tailbndicre , 6 33 

Taillé,  101.104 

Tafche , tache , ) 84 

Tafcher , tacher , *83 

Taape  , 6 6 9 

Taureau , toto  , 1 66.  6+é 

Ta^au , terme  de  chafft , 14} 

Taj«,  141.  Tai-ye,  - ibid. 

Te,  tes , ért-  *Des  noms  terminés  en  te  , tes , 
ter  ; tre , très , tsct,  & de  leur  pénultième  > 
*7  S 

Té , 4jj.  Te,  S3* 

Témoignage , ij8 

Tcwps.  Remarque  furie  Jingulier  & le  plurier 
du  mot  de  temps , , - 6 $6 

Tenir , & fa  compofés , x 4 4.31 1 

Terreur,  117. 49* 

Terrible,  terriblement,  xxy.ziS 

Tes , tes,  tais , i8j.  434.  4^6.  497 ■ & fiûv. 
T es.  Pronom,  devant  une  confone  , ou  une 
voyelle,  696  7 c l 

Tc/tamcnt  , »3$ 

Telle,  fo.  131.  Tête,'  î* 

Tefte , tette , mammelle  , S * + 

The  , 4jj.  The,  5Î? 

Thcatre,  .671 

The/e, The^e,  , ! *+7 

Thomas,  164 

Thym , ibid . 

Tia  ,.tie , tio,  quand  ils  font  précédés  d'un  x 
ou  sienne  f, 


TABLE  ALPHABET  I QU  E 

Tie^tié,  J ^45 

Tien , ibid. 

Ticr , ticre,  141 

Tige,  ? <** 

Tiroir,  766 

Tome  , 667 

Ton , 76.  & fiiv. 

T o n , Pronom,  devant  une  voyelle  ou  une  con- 
fine , 696.7  ot 

Tout , 75 

Trace  , , ' 96 

Traiter , trètcr , 1 61 . x 6 z 

Tranquille , tôt 

Tran/adion , Tranxadion , x j o 

Transfuge , 66} 

Transi,  X19 

Transiger , transiger , 130 

Transition  , transition  , ibid. 

Tran/parent,  %i9 

TravaiZ,  ; ^ 314 

Travailler,  631 

Tré  f 455- Tro,  J39 

Treille,  46 1 

Très , devant  une  confone  ou  une  voyelle , 6 98, 
704 

Tre/br,  119 

Treze , treize  ,491.  Traize , 4 9 1 

Trezième,  treizième,  491.  Traizième,  ibid. 
Trilingues,  70 

Triphthongue , 80.  8/.  88 

Trilàyeul , trifayeule  , 143 

Triflyllabc  , 90-  9\ 

Trois , troüâ  ,340.  Troi/?  , 7 4ç 

Trois , devant  une  confone  ou  une  voyelle , 69  7 9 
70V 


DES  MOTS, 

Tronc , 7S* 

Trop , devant  une  conforte  ou  une  voyelle  , 6?*. 
70J 

Trouveray , trouverai > 341 

Troye,  140 

Truye,  ibïi. 

Ts.  ‘ 778 

Tuile,  66$ 

Tu/au,  tuïau,  tui-yau , 13S 


V. 


V,  61.  64'.  70.  73.  nS 

n chaperonés  17  o.  é*  fuiv . 

V v confine,  ji-  & fuiv,  38* 

/«iv.  149 

Va , fyllabe  va , itf/ 

Va,  vc  , vi , vo  , vu , • 1/0 

Va , Il  va  au  Palais,  il  va t au  Palais , 1*4 

Y**ne,  vene,  161.162, 

Falet,/alet,  iji 

Va/e , va^c  , 147.  Bafe , ibid. 

Vau,  36.149 

T>ble  , final , 6 il 

Vc,  ves , &c.  Des  mots  terminés  en  ve , ves , 
ver  ; vre , vres , vrer , & de  leur  pénultième , 


«77 

Vé,  37.  4JJ*  Ve,  $19 

Véhément,  $\i 

oeil,  /l  31*- 

Veine,  461 

Le  Vendeur,  74* 

Venir,  31* 

Veni/e , .Venise  à >47 


TABLE  A LPH  ABETIQJJE 

Ver.  Des  Verbes  terminés  en  ver  y ftT 


Verbes  X>«  confones  finales  des  troifiémes  per- 
fonnes  plurieres  des  V erbes  , 781 

Verglas,  *7- 

Verjus,  4^* 

Vers  , 46® 

Vers-,  vetyinfefte,  J 8 4 

V criailles  , V crfàil , Jfj 

Vertu,  - , t . 4<f 

Vertige,  66  3 

Ve«e,v«ë,  179.180 

Vexation  ,144.  Vexation  , i£irf. 

Ui , 3*8-  34* 

Vicaire,  Viquere,  i6j. 

Vieil,  70J 

Vieille,  vieillard , vieillefle , ' 666 


"Vieux , devant  une  confine , ou  une  voyelle  f 


691.1°)  7 

vi»  , : ; 7 ;•  ’ JOlr 

Vi»-aigre,  vinaigre,  304 

Vingt,  7 J1' 

Vingr , ^«afre-vingt^  devant  une  confine , 01* 
une  voyelle , 69  7.70a» 

Vise?»  vifle,  i/i 

Vi/ce,  . rjar 

Vitre  , vitrer , 67$ 

V iz.  Remarque  fur  le  mot  de  viz , 7;  4 

I7»n,  ij;.  190.  é'fuiv.  3 0 4r 

Un,  17.  63.1//.  160.  190. &Juiv.  304. 
618.  6 jç 

U»,  eu»»,  747 

Un..  Monofyllabe  devant  une  voyelle , 19b 

U» devant  une  confine  , <?»  une  voyelle,  696» 


•U 


té 

340 

iOL 

S9i 

J 6 1 
666 


W,  ... 

'Voit , vojiâr , 

Vois/» , % î 

Voix  , voî , 

Voi t.‘ Inflexion  de  la  voit , 

Voler, 

V os , Pronom , devant  une  confine  , ou  une 
s voyelle  y 701 

.Vof  anceifres,  vo**nfaîtte , 6Zy 

. 6y9 
yotre,  *6.  Vôtre,  , *7 .*76677 

Vpys , mj,  101,103 

VoUf  , devant  une  voyelle  , 0#  confine , 
68  o«  /«i-ü.  671.  65  6 
Vouj  écoutez,  voû-*«icouté , *687 

Vwrte  , •:  . 67* 

Voyelles.,  -1416 

yoyelles.  Pourquoi  ainfi  appellées,  6©.  JJ  A 
yipmbre  des  voyelles , 61 

Voyelles  doubles,  t S6 

lire  final,.  6$f 

Vrc.  Des  Verbes  terminés  en  ure , 61; 


ZJtie  final , 

fcJfc, 

*U£é. 

Ufure , 

Ux , 

Uyc  , nyqs.  f uyçnt , 
Widcr,  v/idre, 
wolle. 


617.  6x8-  6 3Ç 
0lï.&fuiv.  636 

< 61  x 
ibii*  €^637 

. 

144 

14* 

110.  ni 

i < • - - IXO 


î3> 


X. 

£ <# 


X>«  la  prononciation  de  la  Uttre  x,  £44, 


TABLE  ALPHABETIQUE 

X précédé  d’un  e , & fuivi  d’une  voyelle , 
ou  d'une  h muette  , 144.  145 

X , qui  prend  le  fon  d’une  C forte , ibid . 

X , qui  prend  le  fon  d’un  z , 24  y 

X final,  <93-747*7J$-7*J.  7*7-  7***  77/ 
X fiual  devant  des  voyelles  ou  des  h muettes , 

74Î 

X.  De;  «wtt  terminés  en  1, 

Xa , xe , xi  , xo , xu, 

Xaintes , Mainte , 

Xaintonge , /aintonge  , 

Xc , xes , xer , 


48^.  484 
244.  &fuiv. 
*4Î-  *4  S 
14; 

*79. 


Y. 


Y.  Defonufage, 

Y deux  voyelles, 
Y , Adverbe , 

Yen , 

Ycnt, 


IJ 4-  &fuiv . 
*3  t'&fuiv. 
iti.  14414Î 

SSS 
S9S 


Ycr.  Des  Verbes  dont  l’Infinitif  fe  termine  en 
yer,  142 

Yére  , yeres,  , 491 

Yeufe.,  M 

Yeux , 

Yorch  , P. 

• ' 2* 


>44 
ibid. 
ibid . 


Z , no.  1 ji.  & fuiv. 

2.  De  la  prononciation  de  la  lettre  z y 146 


2a  , ze , zi , 20 , zu , 

2 final , 

2 pour  g , 

2.  D«  mots  terminés  m z , 

?aia,  ^ - .s  ' : . 


*47 

i5*-  747-  7/4 
iji 

48  y & fuiv. 

P 2.4> 

Ze, 


iKfttttf 


des  mots. 

Ze , ICS.  Des  mots  terminés  tn  ze , *es,  tfr*. 
* & fuiv. 


-Zélé, 

Zelle./ei,  tfd. 

Zéro  , 

Zig;Çag  » 

Zodiâ(|uc  ) 

Zuric,  Sfvaic , T/uric 


*47 

M* 

*47 

ibid. 

14* 


.1 


m.  'TV 


y;»  de  h ï*bl*  Mÿhdbttieptt  des  mots» 


«MX  SUt  XkgJtXfbsn t 

?C&£$  « 2£Hï  «Çi£S 

; TABLE 

DES  CHAPITRES. 


■î^r 


LIVRE  I. 


Chap.  I.  Y^\E  la  Parole  9 & de 
\tTi .,. ..  k;  jfL  7.  .A*  maniéré  dont 
nous  formons  & articulons  les 
Sons  de  nos  Mots , Page  i 
Ch  a p . IL  De  la  Parole  'écrite , 19 
Chap.  II I.  Des  Lettres  en  géné- 
ral , & de  l'ufage  qu’on  en 
fait  en  notre  Langue  * 

Chap.  I V . Des  Syllabes , ~r& 

Chap.  V.  De  là  Compofition  des 
des  Mots  x 

Chap.  VI..  De  la  maniéré  de  pro- 
noncer les  Sons  dp'  les  Par 9- 


T A B L E 

les,  en  fartant  & en  lifant'r 
9 9 

Chap.  VIL  De  la  valeur  des  Let- 
. * très  de  l'Alphabet  de  notre 
Langue , & de  quelle  maniéré 
: elles  fe  doivent  prononcer , 116 

Çhap.  y III.  Le  U Prononciation 
des  Confines , & de  leurs  liai - 
fions  avec  les  Voyelles , 14.5, 


‘ XI V R E î I.  * 

DEs  Diphthongues , Tripihon- 
gues , & Monophihonguesy 

. 2 53 . 

Ch ap.  I.  De  la  valeur  des  Mo- 
nophthongues  , autrement  di- 
tes , faujfis  Diphthongues , ett 
Diphthongues  impro près , z 5 j 
Çhap.  II.  Des  Diphthongues , & 
de  la  maniéré  de  les  pronon - 

eer>  3i* 

Çhap.  III.  De  la  maniéré  de  mar - 


DES  CHAPITRES. 

quer  dans  notre  Ortographe 
féparation  des  doubles  Voyel - 
les , appelle e par  les  Grammai- 
riens Diércle,  346 

Chap.  IV.  Ve  la  maniéré  d epeler 
les  Confines  doublées 9 352* 

Chap.  V.  Dès  yjkcens, 

a • 17  ■ ' ' : 


-Fin  de  la  Table  des  Chapitres, 


< 1 

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l’art 

I 7r  ’ >■  -»  v >i  » r . *.  A J 

D E 

PRONONCER 

parfaitement  , 

LA  LANGUE 

FRANÇOISE. 

g******  && 

litre  premier. 
De  l’Articulation. 


CHAPITRE  I. 

2)E  LA  PAROLE  , ET  DE  LA  MANIERE 
dont  nous  formons  & articulons  les  Sons 
de  nos  mots. 

HILINTE  & DAMON 
fe  trouvèrent  dans  un  repas 
avec  quelques  Gentilshom- 
mes de  différentes  Provinces  :Aüdef- 
fert  on  fe  mit  à parler  des  nouvelles 

A 


« 


'i  Chap.  I.  Maniéré  de  former 
' du  tems , comme  U arrive  prefque  tou-; 
•jours  -,  &c  quoi  qu’ils  parlaient  aflez 
bien,  & qu’il  parût  à Dam  on  qu’ils» 
n’avoient  point  d’accent  particulier 
qui  pût  faire  connoître  de  quelle  Pro- 
vince chacun  d’eux  ètoit  : Philinte  qui 
a l’oreille  délicare  fur  la  prononcia~ 
tioU  des  Langues  vivantes  dont  il  fçait 
la  plus  grande  partie , & qui  parle  cor- 
rectement la  Tienne , les  diftinguatous, 
& leur  nomma  à chacun  leur  pais. 
Cette  remarque  donna  occafion  de 
parler  des  diverfes  maniérés  de  pro- 
noncer flotté  Langue  *,  mais  comme 
c’ètoit  à la  fin  du  repas , & que  la  com- 
pagnie fe  fépara , fans  examiner  la  cho- 
fé  à fond  j Damon  curieux  d’apprendre 
tout  ce  qu’un  galant  homme  doit  fça- 
voir,  accompagna  Philintè  chézliii, 
U l’ayant  prié  de  l’infimire  dé  la  pure- 
té de  la  prononciation  dont  il  s’ètoit 
fi  bien  expliqué , ils  eurent  enfemble 
l’entretien  que  vous  allez  entendre. 

Damon.  Vous  àvez  ràvfonné  fi-bien 
-fur  la  prononciation  de  la  Langue 
Françoife , que  vous  m’avez  fait  con- 
cevoir un  extrême  defir  d’aprendre  de 
vous  toiit  ce  que  vous  pourrez  rn’efl 


d*  articuler  le  Son  des  Mots,  J 
cftfeigner  , & fi  vous  voulez  bien  en 
prendre  là  peine , vous  me  ferez  un 
plaifir  très-fenfible. 

P h Mme.  Volontiers  *,  mais  avant 
que  nous  entrions  en  matière  , il  eft 
bon  que  vous  fçadiiez  tous  les  ter- 
mes dont  on  fe  fert  pour  rinftruétiorf 
de  cette  importante  partie , afin  que 
Vous  compreniez  plus  aifément  leü; 
préceptes  que  je  vous  donnerai  3 St 
pour  ne  rien  oublier , nous  commen- 
cerons par  le  mot  de  parole  9 & de 
quelle  maniéré  elle  fe  forme.  # 
Dam.  Vous  me  ferez  plaifir,  car  je 
ferai  bilh  aife  de  ne  rien  lailler  écha- 
per  de'  ce  qui  pourroit  fatisfaire  ma 
cutiofité , en  ce  qui  regarde  toutes  les 
parties  de  notre  Langue. 

Phil . La  parole  eft  un  figne  , ou 
une  expreflion  delapenfée,  qui  fe  fait 
par  le  moyen  des  organes  de  la  voix  i 
ou  par  des  caractères  différemment 
figurés.  Il  y a deux  fortes  de  paroles  3 
l’une  s’appelle , la  parole  articulée  ; & 
l’autre,  la  parole  coite. 

La  parole  articulée  , eft  une  parole 
prononcée  de  vive-voix , & qui  fe  ter- 
mine à l’ouyè.  . 

A ij 


'4  C H A p.  I.  Maniéré  de- former 
La  parole  écrite  , eft  celle  qui  re- 

Î>refenre  fur  du  papier  tous  les  Tons  de 
a parole  articulée  par  des  figures  qu’on 
appelle  Lettres , & qui  fe  termine  à 
la  vue. 

Dam.  D’où  nous  eft  venu  cette  in- 
vention ? 

. Phil.  Qnelques-uns  prétendent  que 
|es  Phœniciens  ont  été  les  premiers  a 
la  mettre  au  jour  par  les  Lettres  qu’ils 
apportèrent  en  Grèce.  Lucain  entre 
autres  l’écrit  ainft  dans  le  Livre  3.  de 
fa  Pharfale. 

Phœmccs  primi  J fama  fi  credifur  au  fi 
jManfiurarn  rudibus  vocem'  fignare 
figuris. 

Ce  que  Monfieur  de  Brebcufa  tra* 
duit  en  notre  Langue  par  les. quatre- 
Vers  qui  fuivent,en  parlant  de  Cadmus, 
prince  dés  Phœniciens  , .qui  apporta 
les  Lettres  en  Grece. 

C’cft  de  luy  que  noys  vient  cet  Art  ingénieux 
13e  peindre  la  parole  & de.  parler  aux  )-eux. 

Et  par  des  traits  divers  de  ligures  tracées  , 
Donner  de  la  couleur  & du  corps  aux  penfées, 

Ces  deux  fortes  de  paroles  font  tes 


& d articuler  le  Son  dos  Mots,  ç 
véritables  (ignés  de  nos  penfées  , 8c 
par  lefquels  nous  découvrons  fans 
peine  tout  ce  qui  fe  paire  de  plus 
fecret  dans  notre  efprit.  C’eft  par  ces 
(ignés  que  nous  apprenons  tout  ce 
que  nous  ne  (çavons  pas.  Ces  (ignés 
font  les  miniftres  de  notre  raifon , 8c 
(ans  lefquels  elle  nous  feroit  de  peu 
d’utilité.  En  quoy  nou*  devons  ad- 
mirer la  fageflé  8i  la  bonté  infinie  de 
Dieu  j car  s’il  ne  nous  avoit  pas 
donné  des  moyens  aulli  prompts  8c 
aufli  faciles  , que  ceux  qu’il  nous  a 
donnés  par  l’ufage  de  la  parole , nous 
aurions  è:é  contraints  d’inventer  dés 
(ignés  des  bras , des  mains , des  yeux  » 
& des  autres  parties  de  notre  corps , 
comme  font  les  Muets  pour  nous  Éli- 
re entendre  les  uns  aux  autres  j ce  qui 
auroit  été  bien  incommode  & d’une 
longue  8c  difficile  execution  j mais  on 
n’aûroit  pas  pour  cela  laide  d’inven- 
ter des  figures  qui  euflent  à peu  près 
reprefenté  ces  (ignés  de  même  que 
nous  avons  déjà  fait  par  l’Ecriture,  en 
rcprelentant  les  mouvemens  que  nous 
faifons  de  la  Langue  & des  autres  or- 
ganes de  la  Yoix , lors  que  nous  par- 

A iij 


f C H A P.  I.  fl^aniere  de  former 
Ions  : Ainfi  la  parole  écrite  nous  feroic 
toujours  demeurée.  Mais  l’Auteur  de 
J a Nature  voulant  joindre  l’agréable  Ôc 
l’utile  en  tontes  nos  actions,  nes’eft: 
pas  contenté  de  nous  fournir  fimple- 
ment  les  moyens  de  nous  communi- 
quer nos  penfées  les  uns  aux  autres , il 
a voulu  nous  rendre  ces  moyens  auflî 
faciles  & aufli  prompts  qu’il  ètoit 
néceflaire  pour  nous  faire  entendre  ce 
que  nous  penfons  , & les  mettre  au 
jour  aufti-tôt  qu’il  fe  forme  dans  nor- 
tre  efprit.  Ce  qu’il  a fait  par  le  fecours 
de  la  Langue  & des  autres  organes 
deftinés  à former  la  parole  qu’il  a fi- 
nies aux  parties  les  plus  élevées  du 
corps  humain,  & proche  du  lieu  où 
fe  fabriquent  toutes  nos  penfées»  afin 
que  les  Sons  qui  fervent  à les  expri- 
mer , s’articulent  plus  promtement , & 
qu’ils  fe  faflent  mieux  entendre  ,.&de 
nous-mêmes  & de  ceux  à qui  nous  les 
.voulons  communiquer  de  vive-voix. 

Ces  Sons  feuls , ou  joints  enfemble , 
forment  la  parole,  par  le  moyen  des- 
jnouvemens  de  la  langue , 5c  des  au?* 
très  organes  deftinés  à cet  effet  : & 
c’eft  où  fe  réduit  particulièrement  I® 


& À articuler  le  Son  des  Met t.  y, 
deffein  de  notre  entretien  fur  la  pro- 
nonciation. 

Dam.  Je  vous  prie  de  me  dire  com- 
ment vous  comprenez  cette  formation 
delà/ parole  articulée  > 

F h il.  La  parole  articulée  fe  fait 
comme  j’ai  déjà  dit , d’un  Ton  ou  de 
plufieurs  , qui  fe  forment  d’un  air  qui 
eft  agite  par  les  poumons  dans  une 
efpece  de  tuyau  que  nous  avons  dans 
la  gorge , que  les  Médecins  nomment , 
la  Trachée  artere , 8c  qui  fort  avec  con- 
trainte par  le  Larinx. 

Le  bruit  que  fait  cet  air  dans  la 
voûte  de  la  bouche  5 en.  fortant  de 
cette  trachée  artere  , pouffé  par  les 
poumons  > fe  modifie  en  différentes 
maniérés  dans  la  bouche  par  les  di- 
vers mouvemens  de  la  langue  3 & 
s’articule  auffi  par  ceux  des  autres 
organes  deftinés  à cet  ufagej  d’où  il 
eft  reçu  dans  l’air , 8c  de  la  porté  à 
1-ouye. 

Dam,  Qu’entendez- vous  par  cea 
mots  de  modifier  8c  à' articuler  ? 

Phil.  Modifier  eft  gn  terme  de 
Bhilofophie  * qui  fignifie  donner  une 
façon  , une  firme  à quelque  chafi 

A iiij 


3 


8 C h A p.  I.  Maniéré  de  former 
achever  de  la  former  çfr  de  la  façon- 
ner, Ce  mot  vient  du  Latin , modus  3 
qui  fignifie  façon.  Ainfi  quand  je  dis 
que  le  Son  fe  modifie  en  différentes1 
maniérés  dans  la  bouche,  cela  figni- 
fie qu’il  achevé  de  s’y  former  , & 
qu’il  prend  la  forme  d’un  a , d’un*, 
d’un  i,  d’uno,  ou  d’un  «,  félonies 
différons  mouvemens  qui  fe  font  de  la 
langue  ou  de  la  bouche.  Car  fi  vous  ne 
faites  que  recevoir  Amplement  dans 
la  bouche  l’air  qui  fort  du  nœud  de 
la  gorge,  fans  remuer  la  langue  ni  les 
levres , on  n’entendra  qu’un  bruit  ou 
un  fon  confus  , qui  ne  lignifiera  rien  , 
non  plus  que  fi  vous  fouflliez  dans 
une  flûte  fans  remuer  lest  doigts  fur 
les  trous  deftinés  à former  les  tons 
d Un  air , en  les  bouchant  & ouvranr , 
félon  le  beloin  que  vous  en  auriez  , 
pour  faire  entendre  l'air  que  vous  vou- 
driez joiier. 

De  forte  que  fi  dans  le  tems  que 
vous  faites  fortir  l’air  du  nœud  de  la 
gorge  avec  allez  de  force  pour  faire 
mouvoir  le  Larinx  , vous  ouvrez  la 
bouche  pour  le  porter  à l’ouye , vous 
formerez  un  fon  parfait , qui  fera  ce- 


& d'articuler  le  Son  des  Mots . 9 
lui  de  l'a.  Si  vous  faites  un  mouve- 
ment de  la  langue,  en  la  repliant  pat 
le  bout  vers  les  gencives  inferieures, 
•.vous  : formerez  le  fondons.  Si  vous 
la  pouilez  un  peu  plus  fort  vers  les 
mêmes  gencives , & que  vous  èlargif- 
fiez  un  peu  l’ouverture  de  la  bouche, 
comme  fi  vous  vouliez  rire  , vous 
•formerez  le  fon  d’un  i s & ainfi  du 
refte.  De  forte  qu’en  diverfifiant  ainfi 
les  formes  de  vos  fons  par  le  moyeu 
des  mouvemens  des  organes  deftinés 
a la  parole , vous  formerez  tous  les 
mots  dont  vous  aurez  befoin  , pour 
exprimer  tout  ce  que  vous  pourrez 
imaginer. 

Dam.  Mais  n ai-je  pas  leu  quelque 
chofe  approchant  de  cela  dans  une 
Comédie. 

Phil . 11  efi:  vray  que  Moliere  qui  a 
trouvé  l’art  de  tourner  en  ridicule  les 
chofes  les  plus  .ferieufes , en  a fait  une 
Scène  même  allez  plaifante  dans*  le 
Bourgeois  Gentilhomme  : Il  eft  vray 
encore  que  les  François  nés  dans  le 
cœur  du  Royaume,  accoutumés  dès 
leur  Nourice  à bien  articuler  naturelle- 
ment les  lettres , femblent  n’avoir  au- 

A v 


to  C H A p.  I.  TMtaniere  de  former 
eunbefoin  de  cesdeçons  : mais  comme' y 
nous  avons  deflêin  d’aprofondir  cette 
matière,  8c  de  la  rendre  fenfible,  même 
aux  Etrangers  , je  ne  fçai  point  de 
moyen  plus  prompt  pour  leur  appren- 
dre à bien  prononcer  le  François , que 
celui  dont  ils  fe  fervent  eux- mêmes- 
pour  apprendre  aux  François  à bien 
prononcer  les  Langues  étrangères.  Et 
moi  qui  vous  parle , qui  ai  beaucoup 
voyagé  , & qui  me  fuis  toujours 
•fait  une  étude  des  Langues , je  fçai  par 
expérience  que  c’eft  par  l’étude  de  ces 
différens  modes  de  nos  organes,  que 
les  Maîtres  Allemans , Efpagnols , Ita- 
liens & autres  enfeignent  à prononcer 
leurs  Idiomes  3 & que  je  n’ay  pu  y réüC- 
fir  que  par  ce  feul  moyen  » ainfi  vous 
ne  devez  non  plus  abandonner  cette 
pratique , parce  que  Moliere  l’a  tour- 
née en  ridicule  , que  les  Malades  doi- 
'vent  abandonner  les  Médecins  s parce 
.que  ce  même  Auteur  Comique  a joiié 
la  Medecine  avec  appUudiflement 
dans  plufieurs  de  fes  Pièces. 

Dam.  Je  vous  entends  parfaitement  ; 
mais  je  vous  prie  de  me  dire  ce  que 
lignifie  ce  mot  de  Larwx, 


& d'arriculer  le  Son  des  Mots,  ti 
phil.  Le  Larinx  eft  le  commence- 
ipent  de  la  trachée  artere  5 c’eft  ce  que 
nous  appelions  vulgairement  le  noeud 
de  la  gorge  ; c eft  par  où  entre  l’air  qui 
le  porte  aux  poumons , & par  ou  il 
fort  quand  il  cft  renvoyé  des  poumon» 
pour  former  la  voix. 

Dam.  P allons  à l’explication  des 
mots  d’ articuler  & d’ articu'atiou. 

Phil.  Articuler  eft  un  terme  d’ Ana- 
tomie , donc  les  Médecins  fe  fervent; 
pour  dire  joindre  un  membre  a un  au- 
tre 3 le  mettre  bout  4 bout  d'un  autre 
membre  four  les  faire  remuer  & jouer 
félon  le  befoin  quon  en  a , ou  les  encl a* 
ver  F un  dans  F autre  3foit  quon  parle 
de  Faffemblage  des  os  d'un  Squelette  , 
eu  qu'on  parle  de  la  maniéré  dont  le 
çorps  humain  eft composé . Ce  mot  artj~ 
çuler  , vient  du  Grec  qui  ligni- 

fie membre  en  general , & plus  parti-* 
culierement  les  os  , les  nerfs  & les 
Veines  d'un  membre  dégarni  de  fa  chaire 
pu  fi  vous  voulez  fimplcmcnt  } un 
membre  dégarni  de  fa  chair.  £}e  ce  mpt 
on  a fait  le  mot  Latin  arrus , qui 
lignifie  la  même  chofe  qu’en  Grec , §5 
dont  quelques  Auteurs:  Latins  fe  font 

A vf 


♦ 


il  Chàp.  I.  Maniéré  de  forme ? 
fervis  pour  fignifier  ce  que  nous  appel- 
ions jointures  de  membres . Du  mot, 
artus  , nous  avons  fait  articulas , qui 
fuivant  l’Analogie  des  Diminutifs  La- 
tins , doit  fignifier  petit  membre  , 8C 
qui  félon  le  fens  qu’on  lui  donne , figni- 
fie  jointure  de  membre , ou  partie  de 
membre.  Du  mot  articulas , les  Fran- 
çois ont  fait  celui  à' article  , qui  en 
Ion  propre  fens , fignifie  comme  en 
Latin  , partie  dé  membre  jointure  de 
membre  ; maisplus  particulièrement,  . 
fine  très-petite  partie  de  membre , Scia 
jointure  des  os,  comme  celle  des  doigts, 
du  coude , des  genoux , &c.  De  ce  mot 
article , ouplutoft  du  mot  articulas , 
nous  avons  fait  celui  d’ articuler , qui 
en  fon  propre  & véritable  fens,  figni- 
fie faire  /’ ajfemblage  des  os  les  uns  avec 
les  autres  /foi t par  la  réception  des  têtes, 
ou  éminences  des  uns  dans  les  cavitez. 
des  autres  pour  les  faire  mouvoir , ou 
foit  en  enclavant  dans  les  autres  ceux 
qui  font  fans  mouvement.  Mais  ce  mot 
a d’autres  lignifications  dans  le  fens 
figuré  , comme  vous  verrez  dans  la 
fuite. 

Dam.  Quel  rapport  ont  ces  termes 


& d'articuler  le  Sondes  Mùti.  if 

d’Anatomie  avec  notre  parole  ? 

: ' Phil.  On  ne  s’en  fert  que  figuré- 
ment , & ce  font  nos  anciens  Grair> 
mairiens , qui  faute  de  mots  propres 
pour  lignifier  les  mouvemens  des  or- 
ganes de  la  voix  , fe  font  fervis  du 
terme  d'articuler,  &c.  par  rapport  à 
l’articulation  qui  fe  fait  des  membres 
du  corps  humain,  conliderant  ces 
mouvemens  comme  autant  d’articles 
& de  petits  membres  feparés , qui  font 
. le  corps  d’une  parole,  quand  on  les 
joint  en femble,delbrte  qu’fis  ont  nom- 
mé, articulation,  cette  a&i  on  qu’on 
fait  par  les  mouvemens  de  la  langue, 
des  dents,  des  lèvres*  & du  golier* 
pour  achever  de  former  un  Son , ou 
pour  joindre  & lier  un  Son  avec  un 
autre  pour  en  faire  une  parole.  Et 
tous  ces  mouvemens  d’organes  doi- 
vent fe  faire  avec  autant  de  juftelfe , 
que  ceux  que  nous  faifons  dans  l’ar- 
ticulation de  nos  membres , lorfque 
nous  voulons  nous  en  fervir  pour 
quelque  aétion  : autrement  la  forma- 
tion de  nos  paroles  Sc  la  prononcia- 
tion qu’on  en  feroit , feroient  auffi  dé- 
feftueufes  que  l’articulation  de  4103 


f4  C ri  A p.  1.  Maniéré  déformé?' 
membres  s’ils  ne  fe  mouvoient  pas 
avec  toute  la  vîtelfe  & toute  la  liberté 
dont  nous  avons  befoin , pour  exécuter 
çç  que  nous  voulons.  C’eft  donc  avec 
taifon  que  nous  dirons  en  François  » 
articuler,  lorfque  nous  parlons  de  la: 
prononciation.  Bien  articuler  fes  mots  3 
pour  dire , en  prononcer  diftinttement 
0 nettement  les  Sons.  Car  l'articula* 
fion  eft  une  des  principales  parties  de 
la  prononciation. 

Dam.  Si  la  prononciation  ne  con- 
fifte  qu’en  cela  , il  n’eft  pas  difficile 
de  s’y  rendre  parfait,  à moins  qu’ont 
n’ait  quelque  defaut  dans  les  organes 
qui  en  retarde  ou  en  empêche  les  mou- 
vemens. 

Phil.  A la  vérité  ce  n’eft  pas  le  plus 
difficile  de  la  prononciation  y car  ex* 
cepté  ce  defaut  d’organes  , ou  la  foi- 
blefïe  de  ceux  des  en  fan  s , on  voit 
peu  de  gens  qui  pèchent  dans  cette 
partie  de  la  prononciation  , à moins 
que  ce  ne  fort  des  Etrangers  : & en- 
core cela  ne  leur  vient  que  du  peu  d’ha- 
bitude qu’ils  ont  à exercer  les  mouve- 
mens  des  organes  qui  forment  & qui 
■diverfifient  les  Sons  de  nos  par  ©le  s .J’ a- 


& d'articuler  le  Son  cfes  Mots . 
voue  neanmoins  que  le  foin  de  farcir 
culation  eft  d’une  grande  fujetion  pout 
un  Maître  qui  veut  enfeigner  notre 
Langue  à une  perfqnne  étrangère  r 
dont  les  organes  de  la  voix  font  acr 
coutumes  à fie  mouvoir  autrement  que 
les  nôtres.  Mais  outre  cela  > nous 
avons  trois  principaux  points  à ob- 
ferver  dans  la  maniéré  de  prononcer  y 
fans  lefquels  nous  ne  prononcerons  ja* 
mais  qu’im parfaitement. 

Dam.  Qui  font-ils? 

Pb\l.  Le  premier  eft  d’obferver  la 
prononciation  de  nos  e 3 dont  les 
uns  Ce  prononcent  d’une  maniéré,- 
& les  autres  d’une  autre  y ce  qui  eau- 
fe  des  équivoques  & peu  de  netteté' 
dans  te  langage , & beaucoup  de  fau- 
tes de  Grammaire.  Le  fécond  eft  d’ob- 
feryer  régulièrement  les  Syllabes  lon- 
gues. Sc  brèves , comme  on  les  pbfeuve 
aux  autres  Langues.  Le  troifième* 
d’o.bCerver  les  elifions  qu  fup reliions 
Qu’il  faut  faire  dans  la  prononciation 
des.  confpnes  finales  de  nos  mots* 
comme  en  ces  mots , les  hommes  3 les 
garçons*  où  l’-f  finale  du  mot  les.  devant 
je  mot  àl hommes  fe  prononce,  &oj} 


ï6  CriAp.  î.  Maniéré  déformé? 
elle  fe  mange  devant  le  mot  de  gar* 
font.  L’ufage  du  monde , les  réflexions 
que  nous  faifons  fur  les  manières  de 
parler  ; & fl  vous  voulez , la  liberté  que 
peut  avoir  un  ami  de  vous  faite  obfer- 
ver  ces  trois  ehofes , vous  peuvent  inf- 
truire  de-cette  prononciation. 

Dam.  Revenons  à notre  articulation# 
Vhil.  Articulation  eft  la  liàifon  & la 
jonction  qui  fe  fait  d’un  ou  de  plu- 
fieurs  Sons  complets  pour  former  une 
parole , comme  vous  pourrez  remar- 
quer en  la  prononciation  de  ces  mots, 
ta  xe , prof  cri  re } te  moi  gna  ge,.  ' 
Dam.  Le  mot  à'  Articulation  3 ne 
flgnifie-t-il  que  l’aflémblage  Sclaliai- 
ion  de  ces  Sons  complets  > 

Vhil.  Il  flgnifie  aulfl  une  liaifon  de 
mouvement  d’organe  avec  un  Son , 
tel  qu’eft  celui  qui  fort  fimplcment 
de  la  voix , fans  être  modifié  par  le 
mouvement  de  la  langue,  ou  des  au- 
tres organes  ; qui  pour  lors  n’eft  qu’un 
Ample  Son , lequel  ne  flgnifie  le  plus 
fouvent  rien , s’il  n’eft  joint  avec  quel- 
qu’autre  mouvement  d’organe.  Exa- 
minez , par  exemple  , l’Articulation 
que  vous  ferez  en  formant  ces  mots  g 


ft"  d articuler  le  Son  des  Mots,  ty 
ù,  ma  i Ÿart  •’  Pour  former  le  premier 
mot  qui  eft , a , vous  poufferez  l’air 
qui  eft  dans  Vos  poumons  par  le  nœud 
de  la  gorge  5 5c  alors  vous  ferez  uri 
Son  parfait  5c  complet , qui  eft  celui 
de  1*  , 5c  qu’on  entendra  fort  diftinc- 
tement.  Si  vous  faites  encore  un  mou- 
vement des  levres  en  les  ouvrant  5i 
fermant,  vous  formerez  le  Son  de  ma  : 
Joignez  deux  autres  fortes  de  mouvc- 
mens  de  la  langue  Sc  des  levres  avec 
Je  Son  de  l 'a , qui  eft  dans  le  mot  qui 
fuit  celui  de  ma  , vous  prononcerez 
fort  diftin&ement  le  mot  de  part: 
Voilà  ce  qu’on  appelle  proprement 
Articulation  i c’eft  cet  ajuftement  d’un 
ou  de  plufieurs  differens  mouvemens 
des  organes  qui  fe  fait  pour  former 
une  parole  d’un  ou  de  plufieurs  Sons, 
comme  vous  pourrez  obferver  par  ce 
mot  d*  Ar-cki-tec-  tu-re  > & par  les 
différons  mouvemens  qui  fe  font  dans 
la  bouche  pour  produire  le  Son  arti- 
culé d*  Ar , celui  de  chi , celui  de 
tec , celui  de  tu,  & celui  de  re , qui 
font  enfemble  le  mot  d’ Architecture. 

Dam.  Dites-moi , je  vous  prie , ce 
que  vous  entendez  par  ce  mot , Or- 


i?  Chai*.  I.  Maniéré  de  former 
gane , Si  d’où  il  vient  j car  l’origine 
d’un  mot  me  donne  aifément  la  con- 
noi  fiance  de  fa  véritable  lignifica- 
tion ? 

Phil.  Organe  eft  un  mot  afiez  con- 
nu en  notre  Langue,  Si  qui  fignifie 
proprement  , infiniment,  outil  : Il  vient 
du  mot  Grec  ofytjtt , qui  fignifie  la 
même  chofe.  Mais  on  ne  fe  fert  de 
ce  mot  en  notre  Langue , qu’en  par- 
lant des  facilitez  du  corps  de  l’Hom- 
me, ou  de  quelque  animal  : comme 
quand  on  parle  de  la  vue  Si  de  l’in-, 
ftrument  qui  la  fait  agir  qui  eft  l’œil  5 
On  dit , l’œil  eft  l’organe  de  la  vue , 
ç’eft  finftrument  avec  lequel  on  voir. 
Ainfi  on  dit , l’oreille  eft  l’organe  de 
l’ouyejles  poumons  font  les  organes 
de  la  refpiration  > le  nez  eft  l’organe 
de  l’odorat  j parce  que  l’oreille  eft 
l’inftrument  avec  lequel  nous  écou-t 
tons  •,  les  poûmons , les  inftrumens 
avec  lefquels  nous  refpirons  ; le  nez , 
l’inftrument  avec  lequel  nous  flairons , 
Si  recevons  la  fenteur  de  quelque 
çhofe.  De  forte  que  tout  ce  qui  fert 
£ former  U parole  s’appelle  organe 
de  la  voix  & de  la  parole  , comme 


& cT articuler  le  Son  des  Mots . ï 9 
«pii  diroit , Infiniment  de  la  Parole  & 
de  la  Poix , tel  qu’eft  la  langue , les 
dents  , le  palais , les  l'evres , le  larinx 
eu  le  nœud  de  la  gorge , la  trachée 
artere-,  les  poumons,  &ç.  qui  font  des 
parties  qui  fervent  d’inftrumens  à for- 
mer nos  paroles  , & qu’on  nomme 
proprement,  Parties  organiques  ; ou. 
Organes  de  la  Poix  & de  la  Parole  x 
ou  de  la  refpiration. . 

- Damon.  Me  voilà  bien  inftruit  de 
la  Parole  articulée:  demain  nous  nou* 
entretiendrons  de  la  Parole  écrite. 

Ml  l'Mll  I fil  ' — W* 

CHAPITRE  If. 

t . ■ - - • : . jL  \ 

De  la  Parole  écrite, 

PH i l i n t e , je  croi  vous  avoir 
déjà  dit  que  la  Parole  écrite  eifc 
Btie  peinture  de  la  Parole  prononcée 
ou  articulée , de  même  que'  la  Parole 
prononcée  eft  une  peinture  delà  Pen- 
fée  : Que  cette  Penfée  eft  une  Parole 
cachée  en  nous , qui  fe  manifefte  par 
le  moyen  de  la  Parole  articulée  j Sc 
que  la  Parolç  écrite  eft  une  Parole 


io  CnAt».  II.  Maniéré  de  former 
peinte  , 5c  qui  reprefente  tous  les  Sons 
différens  de  la  Parole  articulée , par 
des  cara&eres  différemment  figurés 
fur  quelque  matière  propre  à les  re- 
cevoir. 

De  vous  dire  comment  on  a trou- 
vé cet  admirable  fecret  de  fixer  par  la 
peinture  nos  paroles  qui  Te  perdoient 
en  l’air  , de  leur  donner  un  corps , 
de  les  rendre  permanentes,  pour  les 
communiquer  aux  abfens  , ôc  de  les 
conferver  par  l’écriture  j 5c  meme  dé 
manifefter  nos  penfées  par  cette  écri- 
ture d’un  bout  de  la  terre  à l’autre, 
ou  de  les  faire  vivre  une  longue  fuite 
de  tems  après  nous  j c’eft  ce  que  j’au- 
rai bien  de  la  peine  à faire. 

Quelques  uns  difent  que  les  Egyp- 
tiens ont  été  les  premiers  qui  ont  trou- 
vé le  fecret  de  fixer  nos  paroles  par 
de  certaines  -figures  d’animaux  , de 
plantes  ou  d’autres  choies,  pour  pein- 
dre ôc  marquer  fur  de  certaines  tables , 
leurs  paroles  5c  leurs  penfées  : Que 
ces  figures  s’appelloient  Hiéroglifes, 
ou  Figures  Hiéroglifiques  : Que  cha- 
cune de  ces  figures  fignifioit  un  mot 
tout  entier.  Par  exemple  , la  figure 


& cC articuler  le  Son  des  Mots,  if 
d’un  œil  fignifioit  Dieu  j celle  d’une 
Abeille , un  Roi  -,  celle  d’un  Epervier , 
la  diligence  , & ainû  des  autres.  Il  eft 
certain  qu’on  fe  fert  de  cette  forte  d’è- 
.criture  dans  les  Royaumes  de  la  Chi- 
ne &du  Japon,  n’ayant  qu’une  feule 
figure  pour  fignifierun  mot,  & quel- 
quefois deux  ou  trois  : Que  qüelques- 
uns  s’ètant  appliques  à remarquer  les 
différentes  maniérés  dont  on  faifoit 
temuer  les  parties  organiques  de  la 
voix , pour  la  formation  des  paroles  , 
pnt  trouvé  l’invention  de  les  reprer 
fienter  fur  une  Table  de  cuivre  ou 
d’autre  matière,  par  des  figures  fem- 
Jblablcs  aux  mouveroens  qu’on  faifoit 
de;  la  langue , & des  autres  parties  qui 
fervent  à former  les  paroles.  On  pré- 
tend que  c’eft  delà  que  nous  eft  ve- 
nu l’invention  de  l’Ecriture,  mais  qui 
A bien  changé  de  forme  depuis.  On 
a écrit  fur  des  écorces  d’ Arbres  , & 
enfuite  fur  des  Plaques  de  cuivre  ou 
d’autres  matières  j & fur  des  planches 
de  bois  avec  des  burins  ou  des  ci- 
seaux , qu’on  appelloit  filles  > d’où 
tious  eft  venu  le  mot  de  ftile  , pour 
fignifier  la  maniéré  d’écrire  & dçcotir 


il  Chàp.  IL  Maniéré  de  former 
cher  par  écrit  ; de  même  que  nous 
employons  quelquefois  figurément  le 
mot  de  plume , pour  fignifierla  même 
■chofe.  On  a écrit  fur  des  peaux  d’A- 
nimaux,  qu’on  aappellées  Parchemin, 
du  rrtot  de  Per  game  parce  que  le  pre- 
- mier  âpreft  qui  s’eft  fait  de  ces  for- 
tes de  peaux  pour  écrire  delfus  , s’eft 
fait  -à  Pergame  Ville  d’Afie.  Depuis 
on  a écrit  avec  des  rofeaux  taillés  en 
forme  de  plume , avec  des  teintures 
•ou  des  encres  différentes , fur  des  ècor^* 
•ces  d’Arbres  extrêmement  minces , & 
particulièrement  fur  de  certaines  peau* 
fines  qui  fe  trouvoient  entre  le  bois 
l’écorce  des  Arbres  3 & c’eft  d’dà. 
eft  venu  le  mot  de  Liber  en  Latin*, 
dont  nous  avons  fait , Livre  en  Fran- 
çois 3 parce  que  Liber  en  Latin  fîgni- 
fie  cette  fécondé  peau  des  Arbres  fut 
laquelle  on  ècrivoit.  Depuis  on  s’eft 
fervi  des  feuilles  d’une  plante  qui  croit 
foit  dans  les  marais  d’Egypte , que  les 
Grecs  ont  appelle  -m-mpot , & les  La- 
tins Papyrus , dont  nous  avons  fait 
notre  mot  de  papier.  Chacun  a écrit 
différemment  de  l’invention  des  Let- 
tres j & il  feroit  difficile  d’établir 


et  Articuler  le  Sort  des  Mots. 
quelque  chofe  de  certain  là-deffus.  Je 
vous  dirai  feulement  que  celles  dont 
nous  nous  fervons  aujourd’hui , re- 
prefentent  fur  le  papier  tous  les  diffe-»- 
xeus  Sons  qui  fervent  a former  no* 

t,  A propos  de  paroles  & de 
mots -.  Faites- vous  quelque  différence 
entre  mot  & parole  ? 

Phil.  Il  n’y  en  a pas  beaucoup  ; eut 
mot  & parole  font  la  même  chofe, 
excepté  que  le  mot  de  mot  a une  li- 
gnification plus  étendue  quç  le  mot 
de  parole , en  ce  que  le  premier  fe 
dit  d’une  parole  prononcée  8c  d’une 
parole  écrite  -,  & que  le  mot  de  parole 
ne  fe  dit  guère*  que  d’une  parole 
qu’on  prononce  de  vive- voix*,  car  on 
ne  dit  pas , en  parlant  d’un  difeours 
écrit  , que  les  paroles  en  font  énergi- 
ques & bien  choifes  , pour  dire , les 
mats  en  font  énergiques  & bien  choifs. 
On  ne  dit  pas  non  plus  , donnez.~moi 
une  parole  de  votre  main > une  parole 
d'écrit  : Oit  efl  la  parole  pour  rife  ? pour 
dire , donne moi  un  mot  de  votre  main, 
un  mot  d'écrit  : Ou  e(jt  le  mot  pour 
rire  f Çes  exemples  fuflïfent  pour 


*4  Ghap.  II.  Manière  déformer 
prouver  que  le  mot  de  parole  a une 
lignification  plus  bornée  que  celui  de 
mot  , qui  le  dit  indifféremment  des 
paroles  écrites  , comme  des  paroles 
prononcées  ; car  on  dit , écrire  un  rnot 
8c  prononcer  un  mot  : mais  on  ne  dit 
point , écrire  une  parole  ou  des  paroles 3 
a moins  qu’on  ne  voulût  parler  des 
paroles  d’un  air  ou  d’une  chanfoni 
car  en  ce  cas  il  faudroit  dire , écrire  les 
paroles  d'un  air  \ je  vous  en  donnerai 
les  paroles  ; j'en  fçai  les  paroles  , &c, 
8c  non  pas , écrire  les  mots  d'un  air  > 
&c.  j'en  fçai  les  mosts. 

Dam.  Revenons,  s’il  vous  plaît, 
a nos  Lettres  ; Combien  en  avons- 
nous  î 

. Phil.  Nous  en  avons  vingt-cinq, 
qui  font  A , B , C , D,  E , F , G,  H, 
I,  J,  K,  L , M , N,  O,  P,  R, 
S,  T,  U,  V,  X,  Y,  Z. 

Les  unes  fe nomment  Voyelles,  qui 
font , A, E, 1,0, (J,  Y. 

Les  autres  fe  nomment  Conlones, 
qui  font , B , C ,'D , T , G,  H,  J,  K, 
L , M , N , P , Q^R , S , T , V , X , Z. 

Les  Voyelles  fervent  à caraétcrifec 
les  Sons  Amples  de  nos  paroles  -,  & 

les 


Chai*.  Iï.  De  la  Parole  écrite.  ïf 

les  Confones  , à cara&érifcr  feule- 
ment les  mouvemens  qui  Te  font  des 
organes  de  la  parole  pour  articuler 
ces  Sons  {impies. 

Ces  Sons  fimplcs  (ont  ceux  qua 
vous  allez  entendre  dans  les  premiè- 
res fÿllabes  des  mots  qui  fuivent. 
jétnzs  , «^igle,  égal,  idole  , «pale 9 
«fore  , jE«chariftie  , oubli  , An gc# 
aittti , ingrat , oncle , humble. 

Le£  mouvemens  qui  fervent  à l'ar- 
ticulation , font  ceux  qui  fe  font  dans 
la  bouche  en  prononçant  les  Con- 
foncs  avec  un  de  ces  Sons  pour  les 
articuler  * telles  que  font  le  b , le  r, 
le  J,  Vf,  le  g,  l'k  y le  kj,  17,  & ain/î  du 
refte , comme  vous  pouvez  remarquer 
en  changeant  ces  mots  d'amas , égal, 
oncle , en  ceux  de  damas,  gai , fron- 
de , où  vous  voyez  ces  Sons  purs  & 
ümples , a,  e,  on , qui  fe  trouvent  dans 
les  premières  fyllabcs  des  mots  amas, 
égal  y oncle,  changés  en  ces  Sons  arti- 
culés de , le,  /n>#,  quc  vous  voyez  aur 
premières  {ÿllabes  des  mots  de* damas, 
le  gai  & froncle  , par  le  moyen  des 
mouvemens  des  organes  qui  fe  font 
faits  dans  la  bouche , pour  prononcer 


Chap.  II.  Dé  la  Parole  écrite, 
les  neuf  Confones  qu’on  a ajoutées- 
aux  premières  fyllabes  de  ces  mots.  - 

Datn.  Combien  avez-vous  de  let- 
tres pour  marquer  tous  vos  Sons  purs 
8c  fimples  ? 

Phil.  On  en  marque  fix  dans  notre 
Alphabet , qui  font  a , e,  i,  o , u,y. 

Dam.  Comment  faites-vous  donc 
pour  faire  connoitre  par  récriture 
tous  les  diffère  ns  Sons  que  vous  ve- 
nez de  nommer? 

phil . Nous  joignons  une  lettre  avec 
une  autre  , qui  jointes  enfemblc  mar- 
quent un  Son  tout  différent  de  celui 
que  chacune  d’elles  avoir,  lors  qu’elles, 
ètoient  feparéès.  Par  exemple  , la  Let- 
tre c,  'marque  un  S6n  tout  différent1 
de  la  lettre  u;  fi  on  joint  ces  deux  let- 
tres enfemble  & qu'on  les  prononce, 
on  entendra  un  Son  mitigé  de  Ye,  8c 
del’#;  & qui  eft  fi  bien  dèguifé  par 
le  mélange  qui  fe  fait  de  ces  deux 
Sons  ,'qtie  l’oreille  la  plus  fine  a de 
la  peine  à remarquer  le  Son  de  l’une 
& de  l’autre.  La  même  chofc  fe  pra- 
tique à l’égard  du  Son  de  la  double 
voyelle  ou. 

Pour  ce  qui  concerne  les  Sons  des 


Chap.  II.  De  là  Parole  'écrite,  vf 

ylJabes  an  , ain  , in  , on  , un  ; vous 
voyez  1 effet  que  fait  1’»  attachée  à 
une  voyelle  , en  lui  donnant  un  Son 
nazal  qui  en  altéré  le  Son  naturel  en 
la  prononçant.  Ainfi  il  vous  doit  être 
indifférent  de  quelle  maniéré  nous 
caraârérifîons  tous  nos  Sons,  pourvu 
qu’on  vous  en  fafTe  faire  la  différen- 
ce , fans  qu’il  vous  refte  aucun  doute.  ' 

Dam.  Je  demeure  d’accord  que  les 

chofès  étant  ainfi  que  vous  le  dites  , 
nous  devons  être  content  de  notre 
maniéré  de  marquer  tous  ces  Sons. 
Mais  outre  qu’il  y en  a encore  deux, 
dont  vous  ne  parlez  pas  , qui  font  les 
e , qui  fe  trouveront  dans  les  premiè- 
res fyllabes  des  mots  de  verglzs  & de 
cela.  Il  y a encore  de  grandes  incer- * 
titudes  à effuyer  fur  les  * finales  des 
fyllabes  , an  , ain , in , on  , un  , dans 
la  prononciation  defquelles  les  Etran- 
gers, & même  des  gens  de  nos  Provin- 
ces, Ce  trompent  bien  fou  vent,  faute  de 
bien  comprendre  le  Son  nazal  qui  fe 
forme  en  prononçant  cette  »,  quand 
elle  efl  immédiatement  précédée  d’u- 
tic  voyelle , & foivic  d?unc  çonfone. 
Pbil.  Les  deux  Sons  des  e des  mot» 

Bij 


2,3  Chap.IÏ.  De  la  Parole  \crlte\ 
de  verg las  & dç  ce  la  , me  donne  en- 
core plus  de  peine  à çara&c'rifer  que 
tous  les  Sons  de  nos  Paroles  > car  on 
pourra  donner  de  courtes  réglés  pour 
apprendre  à les  connoitre.  Mais  nous 
ne  trouverons  pas  la  mptnc  facilite  4 

faire  connoitre  Ie  f°n  nos»  e> n aiaI)* 
qu’une  fculç  lettre  pour  les  cara&é-r 

rifer  tous  trois. 

Dam . Ne  pourrions-nous  pas  nous 
fervir  de  quelque  accent  pour  mar- 
quer la  différence  des  Sons  de  notre  e , 
puis  qu’on  a déjà  commcnçe  4 en 
marquer  un  à la  fin  des  mots , pour 
donner  à ent-  ndre  qu’il  le  faloit  pro* 
noncer  d'une  autre  manière  que  les 
autres  e- 

Phil.  Vous  n etes  pas  le  premier 
qui  avez  eu  cette  penfée  , & il  P,y  a 
pas  de  doute  qu  iî  cette  maniéré  de 
cara&érifcr  les  Sons  de  nos , e , fe 
pouvoir  établir  dans  notre  Ortogra- 

f-he  , elle  apporteroit  une  grande  faci* 
ité  à lale&ure  de  nos  mors  , & tijrç- 
rbit  les  Etrangers  & nous- mêmes,  d’un 
grand  embarras  où  nous  jette  l’incer- 
titude de  la  prononciation  de  ces  for- 
tç$  dv.  Mais  il  n’cft  pas  ençorc  çentf 


Chap^II.  De  la  Parole  lente. 

de  parler  de  cela , achevons  premiè- 
rement ce  que  nous  avions  commen- 
ce touchant  les  autres  lettres  de  notre 
Alphabet. 

'Dam.  Mais  à propos  qu'entendez- 
vous  par  ce  mot  de  Caratte'rifcr, 
dont  vous  parlez  fi  fouvent.  Nauriez- 
vous  point  quclqu’autre  mot  plus  in- 
telligible & plus  François. 

Phil.  J’en  parlerai  encore  bien  da- 
vantage , car  je  ne  fçache  point  de 
unot  qui  exprimé  mieux  lUfàge  que 
nous  raifons  des  lettres  de  notre  Lan- 
gue. -Il  eft  vrai  que  ce  mot  n'eft  gué- 
tes  en  ufage  que  dans  le  figuré  ; mais 
comme  il  a été  fait  du  Grec  cha- 
rafter  , qui  fignifie  proprement  Une 
figure  qu'on  fatt  avec  un  burin , ou  un 
ctfeau  fur  du  marbre , fur  de  la  pierre, 
fur  de  l’airain , ou  fur  quelqu  autre  ma- 
tière que  ce  foit  j & que  ce  mot  figni- 
fie auffi  les  memes  figures , dont  nous 
nous  fervons  pour  marquer  fiir  du  pa- 
pier fes  Sons  de  nos  Paroles , & que 
nous  appelions  à prefênt  Lettres  ; que 
les  Imprimeurs  mêmes  fe  fervent  de 
ce  mot  de  carattére , pour  fignifier  les 
lettres  avec  lefquclles  ils  impriment» 

B iij 


30  Chap.II.  De  ta  Parole  \erite.  ,& 
11  eft  certain  qu’en  prenant  ce  mot  de 
caraftfrifer  dans  fon  propre  Cens , qui 
fignifie  faire  une  figure  fur  quelque 
matière  avec  un  burin  au  quelqu  autre 
inflrument , de  par  confequent  mar- 
quer un  Son  avec  un  c ar attire , nous 
pouvons  hardiment  & fans  (crapule 
-employer  ce  mot  de  carafterijir , en 
parlant  de  l’ortographe  de  nos  mots  3, 
■pour  dire  , repréfenter  fur  le  papier 
■avec  des  lettres  les  Sons  de  nos  Pa- 
roles. 

Dam.  Je  comprcns  fort  bien  ce 
mot  i & je  le  trouve  fort  expreflïf*  Je 
croi  même  qu’on  auroit  de  fa  peine-  à 
s’exprimer  mieux , & en  un  feul  mot* 

P hit.  Revenons  donc  à nos- lettres!. 
Nous  en  avons  vingt  - trois  en  notre 
Langue  , qui  étant  rangées  toutes  de 
(Lite  , comme  vous  les  allez  voir',, 
s’appellent  Alphabet  i c’eft  ainfi  que 
les  Grecs  ont.  nommé  cette  difpo- 
fition  par  ordre  des  lettres  de  leur 
Langue,  parce  que  les  deux  premières 
de  leurs  lettres  s’appelloient  Alpha 
& Beta  y de  même  que  nous  avoni 
nommé  & que  nous  nommons  en-, 
corç  cette  même  dilpofttiou  de  nos 


C hap  . IL  Be.  UPdYole  écrite . 3 T 

lettres  abecé , des  trois  premières  let- 
tres de.inotre  Alphabet  a,  b.  c,  cat 
•alphabet  Sc  . abecé.  eft  la . même  choie 
en  non-ç Xapgud.  j -J.  - - i 

0 Les  ’lnipTimeurs  ajoutent-  encore -à 
ccs  vingt- trois  lettres  celles  de  Yji  a 
queue , & celle  de  l’v  rond  ou  j con- 
fine 8c>  v confine , pourlçadiftinguer 
des  voyelles  ,'iSo  h : ccrqui  rreft  pas 
tan  petit- avantagé  p6ur<  nfitre'  Langue, 
& nous"  en  avons r toute pl’obBga non 
aux  Hollandois qui  ont  été  les  pre- 
miers iinttoduire  ces  lettres  en  norre 
Ortogrâphe,  pour  les  diftinguer,  des 
lettres  * &**  ;rdont;  des, Sons  nbnt  au- 
cun rapport'. avec  ceux  que  font-  les 
j h ejacue  y &:les  <v  rancis  ,v  quand  ils 
font  joints  avec  une  voyelle , comim 
“Vous  pourrez  voir  en  ces  mots  , dia- 
cre , desja  , rude  » Sc  [olvdble  3 où 
vous  voyez  l 'i  du  mot, diacre  , pro- 
•duirtftouc  "un  autre  Son  que  celui  de 
' I*;  a queues  Icl.u  mot  de  desja  ou  déjà 
Sc  ly  du  'niot  <\ç*rude  ,^\in  Son  tout 
différent  de  celui  du  mot  de  filvable. 

• Cette  maniéré  d’ortographier  faci-. 
lite  beaucoup  la  jeélure  des  mots  où 
il  entre  dfcs'L  St  des  u , non  fèuU- 


$z  Chap.  II.  De  UVarole  lente. 

ment  aux  Etrangers , mais  encore  aux 
François  , qui  n’ont  pas  une  con- 
noiflànce  générale  & parfaite  de  tous 
les  mots  de  notre  Langue  , & qui 
par  confequent  pourroient  fouvent  fc 
tromper  dans  la  prononciation  d« 
ceux , où  les  Sons'cfcfFérens  de  ces  let- 
tres i 8c  h,  font  marqués  indifférem- 
ment par  une  même  lettre  St  fans  au- 
cune diftinâion  de  figure , comme  on 
. peut  remarquer  en  ces  mots  , ensa- 
bler , eniamber  , défia  , enteu  , hure  , 
aduis  , aduifer  , uidindicatairc , Ben- 
iaanin  , Sc  quantité  d’autres  qui  fe 
trouvent  ortographiés  dans  le§  Livrer 
qui  ont  été  imprimés  au  commence*, 
ment  de  ce  Siècle  Sâ  même  depuis, 
avec  des  i St  des  tt  voyelles.  Car  il 
cft  certain  qu’un  Etranger  qui  ne  fçau. 
ra  pas  tous  les  roots  de  notre  Lan-* 
gue , prononcera  auffi-tot e-nia-bler, 
C[u* en jab lcr , s’il  n’a  jamais  ouï  pro- 
noncer ce  mot , & qu’il  prononcera 
e-niam-ber  pour  enjamber ,*  de- fia  pour 
déjà  l Li-u-re  pour  Li-vre  ; a-dstis 
pour  avis  ; a-dm-fer  pour  a-vi-feri, 
ji-diu-di-ca-tai-xe  pour  j4d-ju-di-c&- 
tai-re , Bc-nia-mm  pour  Ben-ja^min., 


Chai>.  II.  De  la  Parole  } cri  te.  jj 

quoi  qu’il  fçache  paflablement  lire  en 
notre  Langue.  Et  fi  un  François  trou- 
ve dans  quelque  Livre  de  Médecine, 
d’Architeélure , de  Blafon  ou  de  quet- 
qu’atitre  Science  que  ce  foit , ou  dam 
quelque  Livre  de  voyages  , des  mots 
qu’il  n’ait  jamais  ouï  prononcer , com- 
me pourroient  être  ces  mots , adian- 
the , diurétique  , ovieuîe , vivré ”,  qui 
(ont  des^  termes  de  Médecine  ou  de 
Botanique , d' Architecture  & de  Bla- 
fon; ou  des  mots  dans  quelque  Livre  de 
voyages,  que  fon  n’ait  jamais  ouï  pro- 
noncer, tels  que  pourroient  être  ceux- 
ci  ; Sanjans,  qui  font  de  certains  Ido- 
lâtres des  Indes  ,ainfi  nommés  par  les: 
Portugais , & par  lies  autres  Européens 
qui  demeurent -dans  les  Indes  ; Dcr- 
vis  ou  Derviche  qui  eft  une  forte  de 
Religieux  Mahomet  ans.  Si  , dis- je  ,, 
ce  François:  voit  tous  ces  mots  im- 
primés , comme  ils  le  font  en  effet,, 
pour  Ta  plupart  avec  les  lettres  i Se  » 
voyelles  , indifféremment  & indiftinc- 
té&ent  dfe  celles  qui  ont  le  Son*  des; 
voyelles d’avec  celles  qUi  ont  celui 
des  confones  , en  la  maniéré  qui  fuit  s 
OÎdiantbc  , ou  adïanthunf  > diurétique* 
.<  Bv 


34  Chap.  II.  De  ta  Parole  écrite* 

«uicule  , viure , Banian  , demis  , ne- 
pouvant  régler  , ni  conduire  fa  pro- 
nonciation, que  par  l’infpeéfcion  de  ce& 
fortes  de  lettres  , faute  d’en  connoitrer 
la  valeur -,  il  prononcera  ai-ffi-tôt  acU 
jante  qu’ Or-di-  ante , puis  qu’on  lui  fait 
prononcer  adjacent,  Adjoint , Adju~' 
dicataire , & beaucoup  d’autres quoi- 
que dans  les  anciens  Livres  on  Porto-» 
graphie  avec  un  fimple  j en  l'a  ma- 
niéré qui  fuit  : adiacent , Adiointy. 
Aditidi  cataire.  Il  prononcera  di-vre- 
tique,  au  lieu  de  diu-re-ti-qtie  , ouî- 
cule  àu  lieu-  d'o-vi-cu-le  , viu-re  au» 
heu  de  vivre , 8c  ainfi  des  autres  mots 
qu’il  trouvera  ortographiés  de  meme.. 
$1  lèroit  é fbuhaiter  que  nos : Maîtres,  ^ 
Ecrivains  voulurent  acoututner  leurs; 
Ecoliers  i fùivre  cette  maniéré  d’orto- 
graphier>  .en  diftinguant  les  figures  de: 
nos.  i 8c  de-  nos  u voyelles  , Sc  celles; 
de  nos  / & v conibnesi, 

Danr,.  D’où  vient  que  nous  n’âvons: 
pas  ces.  deux  Confones  d’augmema<- 
Ùon  dans  récriture  , au0i-bien 
.dans  limpreffion  : puis  quelles  en» 
Ion*  la  véritable:  fonéHoiv 
,.x  Mj&.  Il:  eil  bien.  diiScile.  .dien  do®* 


Chàp.  II.  De  U Tarde  écrite.  35 
ner  d’autre  raifon , que  celle  de  l’u- 
filge  qui  ne  les  y a pas  encore  établies. 

. Je  croi  pourtant  que  fi  .quelque  Maî- 
tre un  peu  en  réputation , vouloir  fai- 
re imprimer  ou  ètrire  un  Alphabet, 
fnivant  la  proposition  que  j’avance  ; 8c 
fuivant  cette  Méthode  , enfeigner  à. 
lire  8c  à écrire  à des  Enfans  , il  pour- 
roit  facilement  introduire  cette  ma- 
niéré d’ortographiçr  j mais  je  vou- 
drais que  ces  deux  lettres  j 8c  V fut 
fent  à la  fin  de  l’Alphabet  ? 

• Dam.  Pourquoi  voudriez -vous 
qu’elles  fuflènt  à la  fin  de  l’Alpha- 
bet, plutôt  qu’auprès  des  lettres  dont 
elles  ont  pris  leur  origine. 

Phil.  C’eft  afin  de  faire  perdre  en.- 
tierement  l’idée  du  Son  des  deux 
voyelles  , d’ou  ces  nouvelles  lettres 
' •font  tirées  j 8c  même  afin  qu’on  ne 
confondît  pas  1*  8c  Vu  voyelle  avec 
Yj  à queue  8c  Yv  rond , je  voudrois 
’ leur  faire  perdre  entièrement  ces 
noms  d;  a queue,  d’y  long  8c  d ’j  con- 
fine j 8c  d V rond  8c  dV  confone , en 
leur  donnant  d’autres  noms  y fçavoir  , 
à Vj  à queue  celui  de  jod  ÿ 8c  à l’v 
rond  celui  de  qui  font  des-  les* 

T 


3$  Chap.TI.  De  U Parole  ecrï&i 
très  de  l’Alphabet  des  Hébreux.,  qui 
ont  le  même  Sou  & le  même  Ufage 
qu’ont  nos  j & cjneuè  8c  nos.  v ronds j,. 
en  ces  mots  joli  8c  ferutcc.  Cela  fe-* 
roit  d’autant  plus  r-aifonnable  , que 
les  Sons  de  ces:  deux,  lettres  j 8c  v » 
jointes  avec  des  voyelles  , n’ont  au~ 
cun.  rapport  avec  ceux-  des  i 8c  des 
h voyelles  *,  & puis  quelles,  n’en  font 
point  la  fbn&ion  & quelles  nîen  ont 
plus  k figure  , il  cft  raifonnable  qu’eU 
îes,  ayent  auïïi  un  autre  nom.  C.’eft 
pourquoi  pour  établir  cet  Alphabet,. 
IC  voudrois  faire  appeler  toutes  les 
lettres. de  nos.^^/Pune  après  l’autre*  > 
Au  B.  C.  D.  B.  ïi  G ».  I.  *•  L.  K-  N.  0> 
R>  s.,  x.  U.  X.  Vv  J>  V.  en  las 
maniéré,  qui  fuit,  a , bl,  cl,  dl,  êy 
îffiè , gl,  ache-y  i,kjk,  èlle>,  emm , en»*. 

(jnn  , en- * u , icfe  * 

ijgrec,  Xifdy  jod  ,.vah  : Et  quand  on 
Jèr.Qit  épeler  à la jeuneflè  des  mots  où- 
Rentre  de*  ces  lettres  *,  j-9.u.ÔC  vy 


Hfck  qjje:  font  les  mots  {divans  , diOr~. 
mm*  y jardin- , nmr  y vaLtp , firvice  ^ 
jpvondr.ois  le:s  faire  épeler  ainfc,  dé* 
d(*  ; èrmnae  ,,  a,  ènne:,  té  ,, 
^ * d&e»m.  tjpAy  & y &fft 


Ch  ap.  II.  ire  ta  Farate  écrite,  fp 
de , i,  ènne  > din,  jardin  : enne  , u,. 
i , té  y nuit  ; vaut,  a va  * cil , é , zé> 
hety  valets  ElT^é , err  , fin.  vau,  i* 
vi  > cé,  k , ce  y 1èr vice.  Et  pour  acoo- 
utmer  les  Ecoliers  à épeler  ces.  fortes, 
de  confonds  ainfi  il  Eiudroit  leur 
faire  épeler  fou  vent  ,ja  yje',ji9  jo  ,ju£ 
va,  v/yviy.voy'vu  , en  la  maniéré, 
qui  fiiit,  jod^a^;^  jod>.é jod* 
i*  9 ji  » jod  y o t jo  i jod , u , ju  : vau  x 
3->  va  } vau  ,e,  ve  j.  vau  }j  i , vi  l vau* 
a,  vo;  vau,,  u,  vu.. 

Dam.  Ne  trouveriez^ vous  pas  que 
Je  nom  de  vé fieroit  mieux  à Yv  rond* 
que  celui  de  vau , qpi  paroît  bien* 
étranger , auffi-bien  que  celui  de  jod  ? 
êe  il  me  femble  qu'on  auroit  plutôt 
Élit  de  faire  dire  aux  Ecoliers  , v/M 
*t,  va  5 v/y  o , ve  j.  vé , i , vi  ; <*//,  o » 
vo  yvet  u , vu:  que  vau , a , va  y vau „ 
z , vé  y vau»  i , vi  j.  vau  >4,  vo  y vau» 
H > vu.. 

PhiL  A |a-  vérité  , le  nom  de  , vf.» 
paroît-  plus  doux.  & plus  analogique  v 
& plus,  conforme  aux  noms  qpe  nous; 
donnons  à nos  confones  b^c.  d*  g°. 
*.  P-,  ffc.il  ne  (croit  pas  difEcile  aux 
’j&foiices  dé  l’établir  ; mais,  pour  le: 


$$  Cha.  Il;  De  U Parole  écrite 
jody.  je  ne  fçai  quel  autre  nom  on  lui 
pourroic  donner.  Pour  moi  je  croi  que 
de  quelque  maniéré  qu’on  fade  épeler 
ces  fyllabes  aux  Ecoliers  * on  pour- 
roit  aufli  facilement  les  accoutu- 
mer à nommer  ces  lettres  , comme 
je  le  viens  de  propofer  , qu’on  leur 
fait  nommer  celles  des  fyllabes  , 
cha  y che , chi,  cho , chu  : qna , que  y 
qui  y cf  ho  y c/ hh  y qu’on  leur  fait  épe- 
ler en  la  maniéré  qui  luit,;  cl  y achr, 
a y cha  •,  ce  y ache,  e,  che  •,  cé , achr, 
iy  chi  ; ce , ache , o3  cho  -,  céy  ache3  uy 
chu'îÿ//,  u j a,  ica  j qu\ h,  è ,•  Ke  > 

tJHyHyiy  ici  j qHy  H y Oy  ICO  \ y H\ 

H,  Kli. 

Dam.  Comment  diftinguez  - vous 
ce  jod  Sc  ce  van  dans  les  lettres  qu’or* 
cft  obligé  de  mettre  tout  au  comment 
cément  d’un  mot  car  je  nè  vois  point 
de  différence  dans  TEcriture  & dans'' 
Hmpreflion  entre  ces  fortes  de  lettres 
& les  lettres  communes  , Yj  & /V 
eon  foires  n’étant  pas  autrement  mar- 
qués que  IV  & Y h voyelles  , comme 
vous  pouvez  remarquer  aux  mots  qui 
fuivent  , dont  Its  premières  lettres 
font  capitales  3 facqnes  Sc  Ignace  > 


Chap.  II.  Ve  ta  Parole  écrite . 

Ver  faille  s & Uranie  ? 

Ph.L  C’eft  un  mal  ou  je  ne  vois 
point  de  remède  9 à moins  que  l*ufa- 
ge  ne  vienne  à notre  fecours , & je 
ne  defefpere  pas  que  cela  n’arrive 
quelque  jour  : mais  par  bonheur  le 
mal  n’eft  pas  grand  > & en  attendant 
que  quelque  habile  & zélé  Imprimeur 
nous  tire  de  cette  peine , il  faut  avoir 
recours  à une  petite  réglé ,,  courte  & 
facile  à 'comprendre  , qui  eft  que 
torique  la  lettre  jod  ou  la  lettre  vas* 
fk  trouvent  capitales  au  commence- 
ment d’iin  mot,  foie  parce  qu’il  com- 
mence un-Chapitre, un  Article  ou  quel- 
que période,  ou  pour  quelque  raifon 
que  ce  {bit,  elles  font  réputées  voyelles» 
prennent  le  Son  d'un  , i , ou  d’un  » 
commun»  fi  la  lettre  qui  les  fuit 
immédiatement  après , eft^ine  confo- 
nc  1 comme  vous  pouvez  remarquer 
en  ceux-ci,  Tmaginezj  - vom  , Inno~ 
cem  VIF,  Fçrnace , InflruElion  : Uni~- 
que,  Vfare>  Vfage , Utilement?  > Ura*~ 
vie,  Exceptez  la  lettre  vau  en  ces 
mots , Vray  y Vraye , & c.  Vray  - fem- 
Blance , Vray  -ftm  l/la  b' te , ôcc,  laquelle 
prend  fon  Son.  de  CQü&ne* 


t40  Ch ap.  II.  De  la  Parole  écrite. 

Dam,  Ne  pourroit-on  pas  au  lieu 
du  nom  de  jod  que  vous  voulez  don- 
ner à Vf  À queue  y lui  donner  celui  de\ 
je y &c  donner  à la  lettre,  gr,  le  nom 
de ga,  & fupprimer  tous  les,£,  <dê 
notre  Langue  qui  font  fuivis  d’un  , 
e y ou  d’un,  iy  & fe  fervir  en  leur 
place  des,  j à queue , en  ortographiant 
tous  les  mots  où  il  y a des , g , fuivis 
d’un , e y ou  d’un , i > tels  que  font  ces 
mots  y engageant  y genre , gerbe , gefie, 
gigot  y giron  > gjrofil ?,  &c.  Avec  un, 
jy  à queue  ; ainh,  engajant , jenre  y jer- 
be  , je  fie  y jigoty  jtron  , jirojJ/e  ? Cette 
maniéré  d’ortographier  ne  vous  fem- 
bJc-t-elle  pas  commode  pour  la  faci- 
lité de  la  le&ure  des  mots  ï 

Phil.  A la  vérité , cela  tireroit  les 
Etrangers  du  grand  embarras  que  leur 
caufe  l’èpel^ation  de  ces  lettres  : mais 
ne  croi  pas  que  l’ufage  de  ces  let- 
tres & puiflè  jamais  établir  en  notre 
Langue  , pour  bien  des  raiforis  qui 
(croient  trop  longues  à.  déduire  ici- 
S’il  y avoit  quelque  changement  à 
jfouhaiter  , ce  feroir- , ce  me  (érable  , 
de  diftinguer  par  l’ortographe  la  fon- 
ction & la  valeur  du?£,  qui  fui  vaut 


Chap.III.  De  U Parole  écrite.  41 

les  lettres  qui  le  {ùivcnt  dans  une 
lÿllabç  , rend  un  Son  dur  ou  mol  : 
car  étant  placé  devant  un , a , un , 0 , 
ou  un,  *,  il  a un  Son  dur  , comme 
vous  voyez  au*  fyllabes  marquées  en 
lettres  italiques  des  mots  qui  fuivenç» 
galant, ^guenard,  ambi gu  quand 

il  eft  fuivi  d’un»,  e,  ou  d’un,  i , il  a 
un  Son  mol , comme  vous  pouvez  re- 
marquer aux  premières  fyllabes  de 
ces  deux  mots,  çerbe,  «got.  Ainfi 
pour  rendre  la  levure  de  nos  mots 
plus  facile , il  feroit  bon  d’avoir  deux, 
g , dans  notre  Alphabet  , dont  l’un 
fcroit  dur  , &i’aurre  mol , qui  fe- 
rgien|  diftingucs  par  leur  différente 
figure.  Noue  , g9  mol , par  exemple , 
demeüreroit  comme  il  eft  * il  garde-, 
roit  fa&gure  & fon  nom  > & il  feroit 
employé  dans  tous  les  mots  où  il  eft 
aujourd’hui  fuivi  d’un,  *,  ou  d’un,  ‘ 
ty  comme  en  ceux  qui  fuivent , ntan-  ~ 
géant , geôle , giboulée  > &ron  > man- 
geur e * & on  ècriroit  Amplement  , 
mangant , gole  , giboulée , giron  > man- 
geur e : & notre  > g , dur  feroit  tou- 
jours accompagné  d’un  , n,  8c  pren- 
drait le  nom  de, g/*,  comme  le , 


42-  Chap.  II.  De  laParole  écrire . 

de  notre  Alphabet-,  Airtfrau  lieu  d’é- 
crire ces  mots , galant ,'  gobelets  au~ 
gure , on  ècriroit,  gualant , guobelet 4 
augure  * comme  ' on-  écrit  en  notre 
Langue  ces  mots  , quatre  * quelque  v 
quitte*  quolibet , piquure.  Il  eft  bien 
vrai  que  le , <7  , de  notre  Alphabet 
n’eft  pas  fuivi  d’un , u , 8c  que  cela 
n’arrive  que  lorfqu’on  le  joint  à queU 
que  lettre  pour  en  faire  ;unc  fyllabe:  3 
mais  nous  ne  pourrions  en  faire  do 
même  en  plaçant  la  figuré  du  , gu  i 
dans  l’Alphabet,  comme  celle  du , q , 
fans  y ajouter  un,  »,  pour  le  diftin- 
guer  du  , g , mol.  Ainfi  en  ce  cas  les 
lettres  de  notre  Alphaber.  A.  % c. 

E.  F.  G.  H.  I.  K.  L.  M.  P. 

s.  t.  u.  x;  y.  z.  j.  v.  devroient  être 
nommées  en  la  maniéré  qui  luit , ai 
bé.  cé '.  de.  e.  effe.  gé.  gu.  ache.  u cas. 
elle.  \mme.  erme.  0.  pe.  eu.  erre,  ejfe . 
te.  ».  ixe.  y grec.  z,éd.  jod.  vaù.  Si 
nous  avions  une  fois  accoutumé  nos 
yeux  &:  notre  prononciation  à.  ces 
fortes  de  , g , nous  ne  nous  fouvien*- 
drions  plus  que  les  , ç , durs  ayent 
jamais  été  figurés  autrement  ; & je 
ne  doute  pas  que  cet , u y accQmpa,- 


Ch?Ap.  II.  De  la  Parole  écrite.  4 f 
gnë  du  g ne  fi  liât  fi  bien  dans  la 
élite,  qu’il  ne  paroîtroit  plus  qu’une 
feule  figure  avec  le  tems  \ car  on 
pourroit  le  marquer  ainfi , JJ.  Voyez 

les  pages  158.  & 159; 

Dam.  Suivant  la  propofition  quo 
vous  faites  , il  femble  que  vous  vou- 
liez augmenter  trois  lettres  à notre 
Alphabet  : Ne  voudriez- vous  point 
encore  reformer  notre  c ï 

P hit.  Je  ne  veux  rien  que  ce  que 
fufage  voudra  \ mais  je  croi  qu’il  eft 
permis  de  fouhaiter  & de  propofer  : 
Et  pour  répondre  à là  demande' qu s 
vous  faites  err’ce  qur  regarde  Je-  c s 
je  vous  dirai  qu’on  pourroit  encore 
y changer  quelque  chofe,  fans  aug- 
menter notre  Ortographe  d’aucune 
lettre , que  de  celles  dont  nous  nous 
Servons  a&uellement  , par  le  moyen 
du  f à queue  que  nou-s  employons 
devant  Va , Vo  8c  Vu  y comme-  vous 
voyez  en  ces  mots , il  perp  * , gar çona 
conçu.  Car  on  pourroit  garder  dans 
jiotre  Alphabet  tous  les  c qui  fe  pro* 
jioncent  comme  des  k^y  tels  que  font 
ceux  qui  fe  trouvent  aux  fyllabes 
<ies  mots  fuivans  , cadet  a coàvt , c#rc* 


44  Citait.  II.  De  la  "Parole  écrite l 
èc  nommer  tous  ces  c des  cà , & leà 
faire  nommer  ainli  en  epelant  le» 
fyllabes  où  ils  fe  trouvent  : Et  quant 
aux  c qui  fe  prononcent  comme  des'  • 
f fortes , parce  qu’ils  font  fuivis  d’un; 
a ou  d’un  ij  il  faudroit  toujours  y 
mettre  une  queue  au  deffous  , & leur 
donner  le  nom  de  cé  3 fans  leur  don- 
ner celui  de  cé  a queue  , ni  celui*  de 
cè  cedillès , comme  font  les  Efpagnols* 
qui  les  appellent  cé  con  cedilla , à caufe  . 
* du  petit  c qui  paroît  au  deflous,  au- 
quel nous  donnons  le  nom  de  queue  , 

6c  pour  laquelle  raifon  nous  nom- 
mons c es  fortes  de  c des  cé  à queue , 
Leur  ayant  donc  donné  ces  noms  de 
cà  & dé  cè  y on  les  nommeroit  dans 
notre  Alphabet  en  la  maniéré  qui 
fuit  , A.  B.  C.  ç.  D.  E.  F.  G , &C.  U.  bê. 
cà.  cè.  dé.  e.  èjfè . gè.  &c.  & on  fe- 
roit  epeler  ces  mots  , cadet , code  3 
curé  y cet , civil  3 en  la  maniéré  qui 
fuit  , câ,  a , cà , dé , e , dé , det t cadet; 
Csl  j o y co  s dé , e , de 3 code  ; câ , u, 
eu  y erre , e , ré  3 curé  ; cé , e , té , cet  3 
cet  ; ce , i , ci  3 vau , i , elle , vil  3 civil. 

: Dam.  Si  quelque  perfonne  d’auto- 
{ité  vouloit  établir  cette  maniéré  d’oit 


Chap.1I.  Ve  la  Parole  écrite.  4 f 

tographier  , 6c  de  donner  à chaque 
Son  ou  articulation  de  nos  mots , le* 
cara&ére\;  qui  leur  conviennent  fur  le 
papier  , il  aplapirpit  bien  desd  ifficul- 
tés  qui  font  dans  la  le&ure  de  notre 
Langue. 

phil.  Nous  ne  femmes  pas  encore 
an  bout  de  nos  difficultés  : 6c  celles 
que  vous  venez  de  mettra  eu  avant, 
ne  (ont  pas  des  plus  grandes  que  nous 
Aypns  5 car  il  ne  faut  que  deux  petites 
réglés  générales  pour  le  , c 3 6c  pour 
lç , g , pour  nous  tirer  tout  d’un  coup 
d’affaire  j en  difant  que  le , c , devant 
1’*' , prer>d  le  Son  d’un , / forte  , 6c 
qu’il  prend  celui  d’un , quand  il 
efl  mis  devant  un  , a , un  » 0,  ou  un  , 
H J comme  en  ces  mots , célibat  6c  ci* 
vil , qui  fe  prononcent  comme  s’il  y 
avoit , felibat , pvil  : estdet  , cornu  y 
curé  y qui  fe  prononcent  comme,  s’il 
y avoir,  ht det,  kjirnu , kuré.  Et  que 
le , g , mis  devant  un  e , ou , un , i , 
fe  prononce  cômme  s’il  y avoit  up  , 
j , à queue  ; comme  en  ces  mots , ger- 
be , giron , qui  fe  prononcent  comme 
s’il  y avoir  yjerbe , jiron  : & que  quand 
ce , eft  luivi  d’un , a 9 d’un , ç , pu 


4^  Ch ap.  II.  De  U Parole  \critt. 
d’un , u , il  fe  prononce  comme  un , 
g,  dur  j c’eft-à-dire,  comme  le  9g9  ■ 
en  ces  mots  , galon,  gobelet , augure* 
Mais  une  des  plus  grandes  difhcul- 
tés  que  nous  ayons  dans  notre  orto- 
graphe , c’efl:  la  maniéré  de  cara&éri- 
fer  les  Sons  de  nos,  e , dont  nous 
n’avons  qu’une  feule  figure  pour  en 
marquer  trois , comme  on  peut  voir 
en  ce  mot  de , Fermeté , dont  les  trois, 
e , ont  des  Sons  auflï  différens  les  uns 
des  autres,  que  les  Sons  des,?,  font 
difFcrcns  de  ceux  des , u : & cepen- 
dant nous  n’avons  qu’une  feule  lettre' 
pour  les  caractérifer  tous  trois..  Cette 
maniéré  d’ortographier , & celle  que 
nous  avions  il  n’y  a pas  long  - tems 
avant  la  reformation  de  quantité  de 
fuperfluités  dans  notre  ortograp.he , a 
donné  lieu  à un  Italien  qui  vouloit 
railler  fur  notre  maniéré  d’ortogra- 
phier , de  dire  que  le  François  partait 
comme  il  penfoit , mais  qu’il  n’ècri- 
voit  pas  de  même. 

Dam.  Je  vois  pourtant  un , e , à la 
fin  du  mot,  Fermeté , qui  marque  par 
la  figure  d’un  tiret  qui  cft  au-deffùs, 
la  différence  des  Sons  des  deux  autres: 


4 


Chap.  II.  De  la  Parole  écrite.  47 
Nos  Anciens  ne  fe  font  jamais  avifiés 
de  diftingucr  cct,  e -,  par  ce  cirer. 

Phil.  Il  êll  vrai  que  ce  tiret  au-dcfïîis 
de,  IV,  nous  eft  d’ùn  grand  fecours  : 
niais  cct , e,  ainfi marqué , ne  fe  trou- 
ve qu  a la  fin  de  certains  mots , pour 
les  diftinguer  de , Ve , féminin.  Car 
autrefois  nos  Imprimeurs  ne  faifoient 
point  de  diftin&ion  dans  I’ortographe 
de,  IV,  final  : On  ècrivoit  p/*#*/,  com- 
me plante  > borné,  comme  borne  ; for - 
w/,  comme  forme,  grc.  Et  comme 
les  Imprimeurs  commencent  à le  mar- 
quer au  commencement  & au  milieu 
de  certains  mots , comme  en  ces  mots 
qui  fe  trouvent  dans  les  Livres  de 
nouvelle  Imprefiion , préjugé",  préféré , 
général , pour  en  marquer  le  Son  *,  il 
feroit  à fouhaiter  qu’ils  le  marquaient 
par  tout  généralement  de  même , fans 
en  excepter  les  , e , qui  fe  trouvent 
dans  les  mots  terminés  en,  er,  com- 
me premiér , former , préméditér , grc. 
& qu’on  Ce  fcrvît  encore  d’un  "autre 
tiret  autrement  figuré  , c’eft-à-dire , 
qui  fut  tiré  de  travers  de  haut  en  bas 
dé  la  main  gauche  à la  droite,  pour 
marquer  la-  différence  qu’il  y a de 


4$  Ch  A p.  II.  De  la  parole  écrite. 

celui  que  je  viens  de  marquer  au- 
dcffiis  des  mots  , préjugé,  préféré  % 
général  i formér , prerpiér , préméditer* 
qui  eft  tiré  de  la  main  droite  à la  gau-1 
che  ; afin  que  par  l’inipedion  de  ces, 
e , ainfi  diffingucs  par  le  moyen  de 
ces  tirets , on  en  put  connoître  la  véri- 
table prononciation.  Et  comme  c’efl: 
une  des  plus  grandes  difficultés  que 
nous  ayons  dans  l’ortographc  de  no- 
tre Langue,  je  fais  un  Chapitre  à 
part  de  la  prononciation  des , e , de 
notre  Langue.  Si  cette  maniéré  de 
les  diftinguer  ainiî  dans  notre  orro- 
graphe  par  le  moyen  de  ces  tirets , fc 
pouvpit  un  jonr  établir  en  France , 
nous  aurions  lieu  delperer  que  notre 
ortpgraphe  deviendroit  pour  le  moins 
auflireguliere , que  celle  des  autres 
Langues  , qui  dans  le  fond  ont  des 
manières  d’ortographier  auffi  contrai- 
res à celles  dont  on  fe  fert  pour  les 
prononcer  , qu’il  en  paroît  dans  la 
nôtre.  Car  tout  bien  vu  & examiné  , 
il  faut  convenir  que  s’il  paroît  des 
lettres  inutiles  en  notre  Langue  , 
parce  qu'elles  ne  (ê  prononcent  plus , 
c’cft  parce  que  i’ortographe  n’a  pu 

fuivre 

■4k 


Chap.  II.  De  ta  Parole  Ecrite.  49 
fiiivre  fi  promptement  le  changement 
qui  s’eft  fait  dans  la  prononciation 
' de  nos  mots  ; & que  le  changement 
d’ortographe  qui  fe  doit  faire  en  la 
conformant  à la  nouvelle  prononcia- 
tion , ne  peut  arriver  que  peu  à peu  , 
& à mefure  qu’il  k fait  de  nouvelles, 
impreflions , qui  fuivies  par  l’Ecriture, 
ètabliflènt  infenfiblement  une  orto- 
graphe  conforme  à la  prononciation  y 
comme  il  eft  arrivé  de  notre  tems  , 
où  on  a fuprimé  toutes  les  lettres  inu- 
tiles, parce  qu’elles  ne  le  prononcent 

Î)lus  ,•  mais  qui  fe  prononçoient  dans 
e tems  qu’on  les  ècrivoit  : car  il  ne 
faut  pas  douter  qu’on  n’ait  autrefois 
prononcé  toutes  les  lettres  des  mots 
(itivans , objeft,  Uifttfê  y fubjett , & de 
plufieurs  autres , puifqu’il  n’y  a pas 
long-tems  qu’on  prononçoit  encore 
le,  d,  en  Admirai , Admiraute\  ad- 
jouter , qui  eft  tout-à-fait  fuprimé  dans 
les  Impreflions  nouvelles.  Il  en  eft  de 
même  du  , b , aux  mots  obmettre  Qç 
obmtjfton , qui  commencent! fe  fupri- 
mer  dans  l’ortographe  , auflï-bien  que 
dans  la  prononciation. 

^infi  les  lettres  qui  paroiflent  imU 

c " 


•î 


' > if  o Ch ap.  II.  De  U Parole  écrite. 

tilcs  dans  notre  oitographe  , ne  le 
• ‘ font  pas  tant  que  les  Etrangers  nous 

i";  / ‘ Je  veulent  faire  croire  } tant  par  'la  ‘ 

caifon  que  je  viens  d’atleguer,  que  j 
parce  qu’elles  ont  marqué  véritable-  i 
1 ment  la  prononciation  des  Sons  de 
nos  mots , 8c  qu’on  les  fuprime  tous 
>,  ' les  jours,  à meiurc  que  la  prononcia- 

tion s’en  perd.  Si  on  fe  plaint  de  l’i- 
nutilité des , />  que  hoüs  ne  pronon-  j 
* cons  point,  quoi-que  nous  les  mar- 
quions dans  notre  crtographe  , c’eft 
encore  à tort , puifque  loin  de  nous 
■Ç  /-•  , être  inutiles  dans  la  prononciation  , 
elles  y font  une  fon&ion  trés-nécef- 
faire  : Elles  ont  été  de  tout  tems  la 
marque  d’une  voyelle  longue , comme 
vous  pouvez  voir  en  ces  mots , Apos- 
tre  y tefte  , de  mefme  , dont  , 1/*  ne 
jfç  prononçant  pas , ne  laiflc  pas  de  fer- 
vir  dans  la  prononciation , puifqu’ellc 
rend  la  fyllabe  qui  la  précédé  longue. 

• ’ * Et  pour  preuve  de  ce  que  j’avance  , 

■ f c’eft  qu’on  n’auroit  pas  manqué  de 
les  retrancher  de  notre  orto^raphç 
dès  le  tems  qu’on  a commence  à fu-  ; 
primer  les  lettres  inutiles  de  nos  mots, 
comme  celles  d 'objett  9 fubjeft , //#•  > 

| ’ " ' 1 

...  ' * -ri 


Châi».  II.  De  la  parole  Uritè.  JJ 
fa 3,  contrat , &c. 

Si  on  n’avoit  pas  reconnu  la  neeé£. 
fité  qu’il  y avoir  de  conlerver  ces  for* 
tes  d’/,  pour  faire  fa  différence  d’un 
ftiot  à un  autre.  Comme  de  j enfile  à jet*, 
he , de  pafle,  à patte , dé  te  fie  à w/r* , de 
tnaifire*  mettre , de  /*j  à là , de  il  croifi 
à U Croit , de //vtir  i froid , quand  il  fe 
J>rôftonce  comme  fraid^dc  de  plufieurs 
feutrés  mots  , dont  on  ne  connoît  la 
fignifieation  que  par  la  mefure  des  fÿl- 
labes  prononcées  : Si , dis- je , on  n’a- 
voit pas  connu  lafleceflité  de  ces  let- 
tres^ on  n’auroir  pas  manqué  de  les 
cbnferver,  & elles  y feroient  reftées 
tant  quenotte  langue,  auroit  duré. 

Dam.  Ces  s muettes  n’auroient  pas 
laide  de  donner  de  la  peine  aux  Etràn-* 
gers  dans  la  leébure  de  nos  mots  j caf 
<^uel  moyen  auriez -vous  trouvé  pour 
reur  faire  diftinguer  ït  muette  du  mot 
Jipofire  d’avec  celle  <^ui  fe  prononce 
dans  le  mot  Apofloliqué. 

Phil.  Les  Ifnprhtfeürs  ont  pourvu  â 
te t inconvénient  depuis  quelques  an- 
nées j caf  on  voit  très-peu  d’imprek 
fions  nouvelles  , où  cette  s muette 
ne  foie  entièrement  hors  d’ufàge  9 K 

-C  ') 


G h-  A i>.  1 1.  De  U parole  ecrlteV 
d’une  maniéré  à ne  plus  du  tout  f$ 
rétablir  dans  notre  ortographe  g de 
forte  qu’à  le  bien  prendre  on  n’y  voit 
prefque  plus  de  lettres  inutiles,  puif- 
qu’à  la  place  de  cette  s 3 ils  mettent 
une  figure  telle  que  vous  la  voyez  (A) 
fur  la  voyelle  qui  la  précédait  , comme 
en  ce  mot  Pâques , qu’on  ècrivoit  au- 
paravant Pafques  ; & cette  figure  fait 
le  même  effet  que  faifoit  cette  s muette 
lorfqu’elle  étoit  précédée  d’une^oyel- 
le.  Comme  vous  pouvez  voir  par-  ces 
^exemples  , sfpotre  , jeune , tempête  a 
qu’on  ècrivoit  autrefois  ÿ & que  ^ûel- 
ques-uns  écrivent  encore  avec  une*, 
ainfi  Apoflre , jeufne , tempe  fie. 

Dam . je  croyois  que  cette  marque 
(A)  n’avoit  été  employée  dans  notre 
ortographe  que  pour  marquer  le  re- 
tranchement d’une  lettre , comme  oa 
voit  aux  fÿllabes  de  ces  mots  ,<  eon- 
çeu  y je  piaffe , affeurer , où  on  ne  pro- 
nonce pas  les  e qui  fe  trouvent  im* 
médiatement  devant  Vu.  On  en  fup- 
prime  pourtant  la  plus  grande  partie 
dans  notre  ortographe , les-  regardant 
comme  des  lettres  inutiles  : Je  vois 
Souvent  dans  la  plupart  des  Livres 


IjgPuP.  II.  De  U Parole  écrite . 53 
= nouveaux  , conçu  , je  pujfc  > ajptrer  : 
ôriion  , conclu  , )>  peüjfe  > &c. 

P^/7.  Je  le  croi  ^ufli-bicn  que  vous, 
& que  la  premicfe#vcuë  * qu’ont  eu 
eeux  qui  fc  font  les  premiers  fervis  de 
cette  marque,  ( A)  n’a  été  que  pour 
’ Taire  connoure  l’élifîon  qu’ils  faifoient 
d’uné  lettre , qu’ils  retranchoient  dans 
la  fylïabe  où  c^e  ètoît  $ mais  à pré* 
feftt  que  nos  yeux  commencent  à s’a- 
coutumer  à la/uppreffio’h  des  lettres 
iÿitilcs  j dont  notre  Cartographe  ètoit 
remplie , je  ne  conçois  pas  quelle  né- 
cèffité  il  y a de  fe  fervir  de  cette  mar» 
que,  & d’en  charger  notre  écriture, 
puis  qu’elle  n’eft  d’aucune  utilité  à là 
.feétüre* & a la  prononciation  de  nos 
mots  , ne  nous  marquant  aucune  dif- 
férence de  leurs  Sons.  Car  quant  a la 
marque  qu’elle  fait  dû  retranchement 
d’une. lettre  en  une  fyllabe , je  ne  vois 
pas  qu’elle  nous  foit  d’un  grand  avan- 
tage , puis  qu’il  nous  doit  être,,  indif- 
férent de  fçavoir,  s’âl  y a eu  autrefois 
une  lettre  de  plus  dans  une  fyllabe, 
que  nous  avons  à prononcer  , pourvu 
que  nous  puilfions  regler  avec  feure^é 
notre  maniéré  de  prononcer. nos  mots, 

C iï) 


54  Ch  ap.  II.  De  ta  Parole  )critevH 

fiir  i’inlpeéfcion  des  lettres  qui  les' com- 
pofent , 6c  c’eft  tout  cecjue  nous  cKe*- 
chons.  Enfin  puifque  nous  avons  ur* 
moyen  tour  trouvé  pour  marquer  no». 
fy  par  le  fecours  de  cetje  marque  ( A \ 
nous  devons  mettre  tout  en  ufage 
pour  nous  en  fervir  aufiîjong-  tems 
que  nous  pourrons  x à l’exclufion  de 
toutes  les  autres  lettres  Exprimées  y - 
La  connoiflànccde  ces  lettres  muettes 
n’ètant  nullement  négefTaire  à notre 
maniéré  de  les  prononcer. 

Dam.  Il  eft  vrai  que  cette  marque 
(A)  eft  d’un  grand  fecours  en  notre  \ | 
Langue  , pour  nous  faire  connoitre 
tout  d’un  coup,de  quelle  maniéré  nous 
devons  prononcer  les  voyelles  imm^ 
diatement  fuivies  d’une  s > mais  il  faur> 
qu’elle  foit  feule  en  notre  Langue,. 
Autrement  cette  figure  ne  peut  nous 
faire  diftinguer  jme  fyllabe  longue 
d’avec  une  brève.  Car  fi  un  homme  Ce 
met  en  tête  que*  la  marque  ( A|aïon^ 
ge  toujours  la  fyllabe  qui  la  porte  , 
s’il  *la  voit  fur  le  mot  conçu , il  ne  man- 
quera pas  de  faire  longue  la  demierc 
iyllabe  de  ce  mot , & de  le  prononcer 
«tomme  s’il  y avoit  conçus  y c’eft  pour*. 


Chap.  II.  De  là  Parole  écrite,  fi 
quoi  nous  avons,  intérêt  de  lonhakcr 
que  cette  marque  ne  s’ètabliffe  dans 
notre  Ortûgraphe  , que  pour  -marquer 
les  fyllabes  longues. 

* JPhil.  Je'ne  dèfelpere  pas  qu’elle  ne 
-s’ètabliHè  toùt-à-i^it,  comme  vous  le. 
- dites , & j’y  vois  un  grand  - acheminc- 
Tncïit'v  car  j’ai > déjà  vu  quantité  de  Li- 
vres rççuveaux , oii  les  lettres  iûppri- 
méesne  fe  marquent  plus  gu  ère  s -,  & 
.dans  le  fond  pourquoi  les  marquer 
plutôt  que  celles  qui  fe  trouvent  dans 
ces  mots  , objett' , fobjeEb  , foubmif- 
Jioni  mais  que  cela  fubfifte , ou  non, 
nous,  ne  laiderons  pus  de  donner  des 
•réglés' pour  apprendre^  a connoitre  les 
f muettes. 

Dam.  À t-on  généralement  {oppri- 
mé toutes  les  , f,  qui  ne  fe  pronon- 
cent point  \ 

PhiL  II  n’y  a que  dans  le  mot 

efb,  où  Vf,  a été  confervée  ,'corftme, 

■.  il  e (b.  On  a auffî  confervé  lcs,j,  qui 

Ce  trouvent  a la  fin  des  mots  , comme, 

des  foldats , des  matelots , il  eftlas,  grc* 

parce  que  ces  , s,  font  nécefiàires  non 

feulement  pour  la  liaifon  qu’on  en  fait 

fbuvent  dans  le  difeours , avec  d’autre^ 

— -,  ...•■■  ■ 

C uij 


Ch ap.  II.  De  la  Parole  lcr/te. 
voyelles  qui  commencent  les  mots  qui 
Jes  fui  vent  j comme  en  ceux-ci , les  en- 
fant , des  oranges  , mes  a mis  : Mais 
auffi  pour  diftinguer  dans  notre  Orto- 
graphe  les  nombres  pluriels  d’avec  les 
finguliefs.  Et  quand  n ère  cetcc  $ fi- 
nale ne  varieroit  jamais  dans  la'  pro- 
nonciation , & qu’elle  n’y  ferviroit  de 
rien  , comme  en  ces  mois  y;  fables , 
farcies.  Dames , dont  les  (ÿllabes  fi- 
nales ne  {ont  pas  plus  longues  aux  plu- 
riels qu’aux  finguliers  , ce  leroit  en- 
core une  nécefiiré  qu’elles  réftaflent  en 
notre  Ortographe , qui  doit  être  plus 
régulière  & plus1  épurée  que  la  pro- 
nonciation. * 

Dam.  Je  trouverois  la  marque  de 
notre  / , ou  de  l’accent  fiibftitué  à la 
place  , fort  inutile  fur  les  pronoms 
notre  8c  votre  fuivis  de  leurs  fubftaq- 
tifs  : corme  en  ces  mots , notre  mat - 
fin  , vofre  jardin;  puis  qu’elle  ne  fert 
•de  rien  dans  la  prononciation  8c 
qu’elle  n’en  rend  pis  la  fyllabe  qui  la 
précédé  plus  longue  , car  on  ne  dit 
pas  nôtre  mai  fin  &C  votre  jardin. 

Pbil.  Vous  avez  raifbn  , mais  il  ne 
faut  pas  la  fupprimer  en  ces  mêmes 


% • 
Ch Ap  .,11.  De  la  Parole  écrite,  yj 

pronoms  , lors  qu’ils  font  relatifs  8c 
abfolus , 8c  qu’ils  ne  font  pas  joints 
avec  un  fubftantif.  Par  exemple,  il 
yous  difiez , ce  n’cfl  pas  la  mon  Livre  , 
cefl  le  votre  3 donnez-nous  le  notre  ? 
ce  feroit  mal  dit,  & parlée  en  Picard  3 
il  faudrait  écrire  &prqnoncer  ,.  ce  fl 
le  votre , donnez-nous  le  notre . 

* Dam.  Je  reviens  à ce  que  vous  di- 
tes , que  nous  n’avons  point  de  lettres 
inutiles  dans  notre  ortographe  : Nous 
avons  pourtant  un  »,  8c  un  t ,.  qui  ne 
te  prononcent  point  ou  rarement , tels 
que  font  ceux  qui  fe  trouvent  en  ces 
mots  , ils  parlent  , ils  aimaient  , ils 
prièrent. 

c Phil.  Je  ne  crois  pas  quon  s’avife 
jamais  de  les  fupprimer  , tant  parce 
que  la  fuppreflicJn  de  ces  lettres  défi- 
gurerait entièrement  notre  écriture 
8c  notre  impreîïion  , que  parce  que  fi 
elles  ne  marquent  pas  fur  le  papier  la 
différence  des  Sons  j elles  marquent  du 
moins  la  diftin&ion  des  nombres  plu- 
riers  d’avec  les  finguliers.  Ce  qui  ne  Ce 
peut  faire  à cet  égard  par  la  parole, doit 
du  moins  fe  faire  par  récriture, qui  doit 
erre  naturellement  plus  èxaéfce  8c  plus 

T ' " ■ c v % • 


y 8 Ch  A p . II.  De  la  Parole  écrite. 
épurée  que  la  parole  ; car  fi  nous  pro- 
nonçons , je  parle , tu  parle , il  parle  -9 
vous  parlons  , vous  parlez.',  Us  parlent  ; 
comme  s’il  y avoit,  je  pari , tu  pari, 
i pari nouparlon , vous  parle , i parl% 
nous  devons  fuppléer  par  l’écriture  au 
défaut  de  cette  prononciation.  D’ail- 
leurs , la  derniere  lettre  des  pluriers 
terminés  en  t , eft  aufii  fujette  à va- 
riation en  la  prononçant,  quand  elle 
k trouve  devant  des  mots  commencés 
par  des  voyelles  $ mais  cela  n’arrive 
guéres  qu’en  déclamant , & lorfqu’ôrf 
lit  quelque  ouvrage  de  Poëfie.  Voyez 
le  Chapitre  de  la  prononciation  des 
eonfones  finales. 

Dam,  A propos  de  eonfones , vous 
ne  m’en  avez  point  encore  fait  le  dé- 
tail en  particulier , ni'de  quelle  manié- 
ré elles  fe  prononcent. 

Phil.  Vous  m’avez  fait  tant  de  pro- 
pofitions , que  je  me  trouve  infenfi- 
blement  écarté  de  l’ordre  que  je  me 
fuis  propofé  dans  l’expofition  de  ces 
préceptes.  Retournons  donc  à nos  let- 
tres , & parlons-en  plus  amplement 
dans  le  Chapitre^qui  fuit. 


* , • * . - , '•  \ • 

Ch.  III.  Des  Lettres  en  généré* 


CHAPITRE  III. 


Des  Lettres  en  général  y & de 
ïufage  qu’on  en  fait  en  notre 
Langue* 


T)  H i l i N t E : Toutes  les  lettres  d<? 
JL  l’Alphabet  font  ou  vocales  „ ou 
confonantes.  Les  lettres  vocales  font 
des  cara&éres  qui  repréfentcnt  fur  le 
papier  les  Sons  qui  fe  font  fimplemcnt 
de  la  voix  y fans  aucun  autre  mouve- 
ment que  celui  de  la  langue  8c  de  la- 
bouche  , 8c*  qu’on  peut  prononcer 
toutes  feufes  & feparément  TCi  on  veut}, 
fans  Iefqüelles  il  eft  impofliWe  de  for- 
mer un  Son  parfait  ,8c  dont  enfin  une 
feule  fuffit  pour  compofer  une  fyllabe. 
Ôn  les  appelle  vocales  du  mot  Lati® 
vox,  qui  fignifîe  la  voix  : de  ce  mot 
vox  les  Latins-  ont  fait  vocalts  , qui 
-figoifie  en  ce'fens,  de  voix;,  de  forte 
que  ces  mots  de  lettres  vocales  , ligni- 
fient lettres  de  voix . Nous  ' avons-  de- 
« — ♦ ^ 

jpuis,  retranché  le  mot  de  lettres  * f# 

* ’ ' c vi 


fco  Cn.  IÏI.  Des  Lettres  en  gênerai, 
parlant  de  ces  fortes  de  cara&éres  : 
Ainfi  au  lieu  de  dire  des  lettres  voca- 
les , nous  avons  dit  Amplement  des 
vocales  , en  fous-entendant  le  mot  de 
lettres  , à l’imitation  des  Latins  qui 
les  ont  nommées,VocALES,tout  courr, 
pour  dire  littera  vocales  , en  fous* 
entendant  ce  mot  littera . Ht  pour 
tendre  le  mot  de  vocale  plus  Fran- 
çois , nous  en  avons  fait  celui  de 
voyelle , fur  le  mot  Latin  vocalis , en 
changeant  le  c , en^  grec,  & 1-s  qua- 
tre dernieres  lettres  alis  en  ces  qua- 
ire lettres  , elle  y fuivant  l’Analogie 
d’une  partie  de  nos  féminins  , rires 
des  mots  ^Latins  terminés  en  alis  , 
comme  de  ces  mots  , 'Condition  ali  s , 
faits  y nataralis  , vniverfahs  , mort  a- 
lis  y &c.  dont  nous  avons  fait  en  no- 
tre Langue  , conditionnelle',  telle  , na- 
turelle , vniverfelle  , mortelle  : de  for- 
te que  changeant  le  c du  mot  de 
vocalis  en  y grec  , & les  quatre  let- 
tres finales  alis , en  ces  quatre  lettres, 
elle y on  forme  le  mot  de  voyelle. 

Dam.  Combien  avons-nous  de  ces 
▼oyelles? 

fhil.  Nous  en  ayons  fix  qui  font  > 


I 


6 1 


ér  de  leur  ZJfage. 

j43E,i3o,r,r. 

Dam.  PafTons  aux  autres  Lettres. 

Pbil.  Toutes  les  autres  Lettres  de 
l’Alphabet  font  des  Lettres  confo- 
nantes* 

Dam.  Dites -moi,  je  vous  prie,  quel  ti- 
rage on  fait  de  ces  Lettres,  & pourquoi 
on  les  nomme  Lettres  confonantes  î 

PbtU  Les  Lettres  confonantes  , ou 
pour  parler  plus  à la  mode  , les  Con- 
ibnes  font  des  caradléres  qui  fervent 
a repréfenter  fur  le  papier  les  mouvé- 
mens  qui  fe  font  de  la  langue  , des 
dents , des  lèvres , du  gofier , & des 
autres  parties  organiques  de  la  paro- 
le , pour  articuler  les  Sons  quiYe  for- 
ment lîmplement  de  la  voix.  Ces  leu 
très  ne  peuvent  produire  aucun  Son 
d’elles- mêmes , &il  n’eft  pas  poflible 
de  les  prononcer  fans  l’aide  d’une 
voyelle , ou  du  moins  fans  faire  en- 
tendre un  peu  du  Son  de  l’une  des  fix 
vtoyeljçs  qui  eft  Ve  , c’eft  pourquoi  on 
les  a nommées  Lettres  confonantes : 
comme  qui  cîiroit  , lettres  fonnantes 
avec , ou  pour  parler  plus  intclligible- 
rnent , lettres  fonnantes  avec  quelque 
ebofe , parce  quelles  oc prodnifcntjo^ 


êi  Cn.lll.Des  Lettres  en  gfneraî9 

cun  Son  fi  elles  ne  font  jointes  à quek 
que  voyelle.  Ces  mots  de  lettres  confi- 
nantes nous  viennent  des  mots  Latins  , 
littert  confinantes  , qui  ont  lignifié 
& lignifient  encore  des  lettres  de  ï Al- 
phabet qui  ne finnent  qti  avec  une  autre 
lettre > comme  vous  pouvez  facilement 
remarquer.  Eflayez  , par  exemple,  à 
prononcer  l’une  de  ces  trois  lettres, 
b , d , f , & toutes  les  autres  eonfo- 
nes , n vous  voulez  5 vous  vous  apper- 
cevrez  bien  qu’il  ne  vous  fera  pas  pofo 
fible  de  les  prononcer  fans  le  fecours 
d’une  voyelle , dont  .elles  ont  abfolu- 
ment  befoin  pour  former  un  Son  ar- 
ticulé 6c  compofer  une  lÿllabe.  Les 
Allemans  appellent  ces  (brtes  de  leu 
très  en  leur  Langue,  Mitlautende  huch- 
fiaben,  qui  lignifient,  comme  en  Latin, 
lettres  finnantes  enfemblt,  & lettres 
fonnantes  avec  5 ce  qui  a beaucoqp  de 
rapport  à notre  maniéré  d’exprimer 
«es  fortes,  de  lettres.  Nous  les  nom- 
mons à prélcnt  des  Confines  , tout 
court , fans  y ajouter  le  mot  de  lettres  s 
car  on  ne  dit  plus  lettres  confinan- 
tes , 6c  encore  moins  lettres  confines . 
^in£  vous  voyez  que  la  Voyelle  ne  xe- 

* , 

i . * f ' 


«te  la  voix  Sc  qui'Te  modifie  dans  là 
boucho  & la  C^nfone  regarde  l’ar-  / 
ticulàtion  qui  le  fait  de  ce  Son  par 
d’autres  mouvemens  des  organes  de 
îa  parole.  De  forte  qu’il  faut  confi- 
dercr  les  Voyelles  & les  confones* 

* comme  des  lettres  qui*  ne  peuvenr  . ' V ■ ' 

Eroduire  prelque  aucun  Son  articulé  * 

îs  unes  fans  les  autres.  On  pourroit 
auffi  confiderer  les  confonnes  comme 
des  notes  de  mufiquc,qui  nous  mar- 
quent les  mouvemens  qui  fe  font  de» 
doigts  for  une  flûte , ou  for  quelqu’au- 
tare  infirüment  à vent,  qui  ne  produi- 
font  aucun  Son  fans  le  lècours  du  Son? 
qu’on  fait  fortir  dé  la  flûte  ou  de 
linfirument,  en  fouflànt  dedans  oii 
en  y faifant  entrer  l’air  de  quelque: 

| mafiiere  que  ce  foit.  m 

Dam.  Je  m’étonne  que  nous  n’ayons: 
pas  autant  de  lettres  que  nous  avônr- 
de  Sons  pour  les  cara&érifer  tous  £ 

.car  ilme  fembîe  foivant  ce  que  vous; 

* m’en  avez  déjà  dit  , que  nous  devons: 
en  avoir  fêpt  ou  huit,  fans  compter 
Ifes  Sons  dW  , aitF , in,  on -,  un  :■  8£ 
cependant  jçme  trouve  que  cm^ice* 


f 


1 4CH.  IIÏ.  Des  Lettres  en  général, 
très  voyelles  pour  caraétérifer  tous  ces 
Sons,  qui  font  ( {i*je  ne  me  trompe), 
le  Son  de  Va , le  JSon  d’un  t , celui' 
de  l’ i , celui  de  Y0  , celui  de  Vu  l 
celui  de  l’ai,  celui  de  Vau,  celui  de 
Veu , 8c  celui  de  V 6k  Vous  dites  que 
par  la  jonétion  d’une  lettre  avec  une  * 
autre  , nous  cara&érifons  tous  ces  . 
Sons  : mais  quel  rapport  ont  les  Sons 
de  chacune  de  ces  doubles  voyelles , 
ai,  au,  eu  , ou  , accouplées  deux  i 
deux , avec  le  Son  de  notre, } , ouvert,^ 

& avec  celui  de  notre  0 , 8c  les  Sons 
8c  d'ou  que  vous  donnez  à ces,  , 
deux  dernieres  doubles  voyelles  } Et  -• 
quelle  raifon  nos  Anciens  ont-  ils  pû 
avoir  de  (e  fervir  de  ces  voyelles  ac- 
couplées, pour  marquer  ces  fortes  de 
Sons  , qui  dans  le  fond  font  auffi 
fimples  que  celui  d’un , a , d’un , e , 

©u  d’un , i ? Si  ces  trois  derniers  Sons 
ècoient  doubles  , comme  on  peut  re- 
marquer dans  le  Son  qu’on  fait  en 
prononçant  la  derniere  (yllabe  du  mot, 
pouvoir  ; je  comprendrais  d’abord 
qu’on  auroit  accouplé  ces  voyelles  cn- 
ièmbîe  , pour  marquer  deux  Sons  réu- 
nis imperceptiblement  en  un  feul  par . 


& de  leur  Vf  âge.  £$ 

la  vîtefle  de  la  fubtilité  de  la  pronon- 
ciation. Je  vous  prie  donc  de  me  dire 
fi  vous  fçavez  quelqu’autre  raifoo-  que 
celle  de  l’ufage  ? 

Phil-  Il  eft  aflèz^  difficile  de  vous 
en  donner  de  meilleure  que  celle  de‘ 
l’ufagc.  Je  croi  pourtant  que -fi  les 
Sons  de  ces  voyelles  accouplées , euf- 
fent  été  en  ufage  avant  l’invention 
des  lettres  , on  n’auroit  pas  manqué 
dé  faire  encore  quatre  lettres  pour  les 
cara&érifer , comme  on  a fait  pour 
les  autres  cinq  Sons  ; & on  auroit  auf- 
fi  fait  dçs  caractères  pour  marquer  le 
Son  nafal  qui  fe  fait  de  1 *n , précédée 
d*tine  voyelle , de  fuivic  d’une  confo- 
ne,  "comme  vous  pouvez  remarquer 
au£  fyllabes  des  mots  qui  fui- 
vent  , diftinguées  par  des  cara&ércs 
italiques , *»cre , ainCi , mgrat , fonte  K 
déf«»r , fi  ces  fortes  de  Sons  avoient 
été  en  ufage  dés  le  tems  de  l’inven- 
tion des  lettres.  Mais  apparemment  le 
Son  de  notre , ai  * s’eft  formé  depuis  : 
de  fi  vous  voulez  fçavoir  pourquoi  on 
le  caraétérilê  par  ces  deux  voyelles  , 
ai,  c’eft  parce  que  ce  Son  a été  dou- 
ble autrefois , de  quon  prononçoit  Va 


66  Ch.  III .Des  Lettres  en  gênératy 

& l’i  fi  diftin&cment , qu’on  les  enten-  1 
doit  fort  bien,  quoi  qu’on  les  pronon- 
çât fore  vite.  Cela  étant,  on  ne  pouvoit 
caraétérifer  Ce  double  Son  autrement 
que  par  ces  deux  voyelles , ai.  Depuis  1 
on  l’a  prononcé  plus  vite,  Sf  d’une  ma-  , 
niere  que  le  Son  de  l’i  fè  communiquoit  \ 
avec  celui  de  Va  ; & celui  de  Va  avec  ce- 
lui de  l*/,à  peu  près  comme  lesGafcons 
prononcent  Val  dans  le  mot  de  faire. 

Et  depuis  par  fucccflion  de  tems  ce 
double  Son  s’eft  entièrement  perdu  , 
foit  pour  la  douceur  & la  facilité  de 
la  prononciation  , ou  par  la  complai-' 
fance  qu’on  a eue  pour  les  Dames  , à *' 
qui  ce  double  Son  paroifïbit  trop  dif- 
ficile â prononcer  : & ainfi  â force  de 
mêler  ces  deux  Sons  l’un  avec  l’autre 
par  la  vîteiïê  de  là  prononciation , il 
s’eft  formé  le  Son  d’un  , e , que  les 
Grammairiens  appellent , è , ouvert , 
parce  qu’il  faut  plus  ouvrir  la  bouche 
en  le  prononçant  , qu’en  prononçant 
les  autres,  e.  Et  voila  la  raifon  pourquoi 
on  fe  fert  encore  de  ces  deux  voyelles  , 
ai,  pour  cara&érifer  ce  prétendu  double 
Son , quoi  qu’il  n’ait  plus  que  le  fnnplc 
Son  d’un , r. 


& de  leurZJfagt.  6? 
îl  eft  facile  de  trouver  la  preuve  de 
ce  que  j’avance  , en  fai faut  épeler  un 
mot  François,  où  il  entre  un,  ai,  dan* 
une  fyllàbe  , par  un  Italien  qui  ne  fçau- 
ra  pas  notre  langue , & par  un  Ga£ 
con  qui  ne  fçache  que  le  Gafcon  : 
vous  verrez  que  l’Italien  la  pronon- 
çant plus  lentement  que  le  Gafcon  , 
fera  fentir  diftin&emens  les  deux  Sons 
de  Va  & de  IV  ; & que  le  Gafcon  la 
‘prononçant  avec  plus  de  vîtcflè  & 
plus  de  volubilité  de  langue,  hé  fera 
pas  entendre  la  même  diftin&ion  des. 
Sons  de  Va  &del*/,  & qu’au  con- 
traire , on  entendra  tin  mélange  des 
Sons  de  Va  f&  de  Vi  - Et  quoi  que 
l’oreille  les  démêle  parfaitement,  & 
quelle  fente  fort  bien  le  Son  de  Va 
& celui  de  1’*  , on  ne  laifïèra  pas 
d’entendre  un  double  Son  qui  tient  de 
notre , é , ouvert,  ou  du  moins  d’un , e% 
accouplé  d’un^comme,  et.  Qu'on  faC* 
fe  aùffi  lire  un  mot  étranger  à un  Fran- 
çois , où  il  entre  un , ai , comme  en 
ces  mots  Eipagnols  & Italiens  , Te» 
mais , Dai , Andai  i cjuoi  que  ces  mots 
lui  fbient  prononces  fort  diftindfce- 
ment  par  un  Efpagnol  & par  *in  Ita> 


68  Ch.  III.  Des  Lettres  en  général, 

Jicn * quelque  bon  îe  difpofition  qu’ait 
«e  François  à comprendre  un  Son  c-  * 
tranger , & à le  prononcer  comme  il 
doit  l’être  naturellement.,  il  fera  toû- 
jours  entendre  , en  prononçant  ces 
mots , beaucoup  de  notre  , è , ouvert, 
j u (qu’à  ce  qu’il  foit  tout-à-fait  accou- 
tumé à la  véritable  & naturelle  pro- 
nonciation de  ces  mots,  à force  de  les 
entendre , & de  s’exercer  les  organes 
à les  bien  prononcer.  Je  vous  parle 
pour  avoir  vu  faire  cette  épreuve  , & 
pour  l’avoir  faite  moi -même.  Voilà 
pour  ce  qui  regarde  la  double  voyelfèf  ' 
ai  : parlons  maintenant  de  la  double  f 
voyelle , eu. 

§g 

De  la  double  voyelle , eu.  « 

Ce  que  nous  venons  de  dire  doit 
prefque  fuffire  pour  vous  faire  com- 
prendre la  raifon  qu’on  a eue  de  ca- 
ra&érifer  le  Son  d 'eu , par  un , e , ôc 
un,  u , accouplés  cnfemble  : car  il  ne 
faut  pas  douter  que  nos  Ancêtres  ne 
l’ayent  prononcé  comme  les  Etrangers 
le  prononcent  dans  le  mot , Europa  , 

#ù  ils  font  entendre  diftin&cm:nt  Iç 


& de  leur  Vf  âge.  6$ 

*5>ô ft.de  1 e , &deiy.  La  prononcia- 
tion des  Picards  de  des  Walons , qui 
donnent  une  efpece  de  double  Son  à 
ces  deux  voyelles , ojli  l’on  entend  les 
deux  Sons  de  1V,&  de  ly,mêlés  enlêm- 
ble^,  nous  doit  confirmer  dans  ce  que 
^avance  de  la  prononciation  de  nos 
Ancêtres  j car  ces  Nations  Picardes  & 
WalonneS  confervent  . encore  beau- 
coup des  maniérés  de  parler  & de  pro- 
noncer de  nos  Ancêtres.  Cela  étant,  il 
eft  aifé  de  comprendre  qu’à  mefiire 
que  ce  double  Son  partagé  entre  IV, 
& IV,  s’eft  perdu,  il  s’en  cft  fait  in- 
iênfîblement  le  Son  dV# , qui  n’a  pû 
être  cara&érifé  autrement  que  par  ces 
deux  voyelles.  . 

' 7*  v ©-  \ ■ }\  j «fc  , * Vj'i 

De  U double  voyelle  , ou. 

A l’égard  du  Son  de  la  double  voyelle, 
eu  , il  eft  à préfumer  que  cette  pronon- 
ciation seft  encore  faite  par  hazard 
parmi  nous  depuis  l’inventien  des  let- 
tres j car  il  eft  certain  que  nos  Ancê- 
tres ne  connoiftoient  point  d’autre 
prononciation  de  notre , u , que  celle 
dont  nous  le  cara&érifons  aujour- 


ÿo  Ch.  III  .pes  Lettres  en  gênerai^ 

d’hui  : Que  cette  forte  de  pronon-  s 
dation  d’»,ètoit  en  ufage  parmi  nos 
anciens  Gaulois  , parmi  les  Walons, 
les  Anglois , les  bas  Allemans , les  Fia*  **| 
mans , les  Holtandois , & les  Bretons  5 * 
Ce  que  les  Grecs  ont  toujours  pronon- 
cé à peu  près  de  même  : ôc  cela  n*a 
pas  peu  contribué  à nous,  faire  con- 
server cette  ancienne  maniéré  de  pro-  j 
nonccr  cet , » ; car  le  Grec  a été  long- 
tems  en  ufàge  parmi  les  Gaulois  : & fi 
nous  en  voulons  même  croire  quel- 
ques Auteurs  , les  Gaulois  ont  tous 
parlé  Grec.  On  a donné  le  nom  de 
Trilingues  aux  Provençaux  , parce 
qu’ils ‘'partaient  également  Gaulois  , 
Latin  & Grec.  Il  eft  donc  certain  que 
la  prononciation  de  cet , »,  croit  fort 
en  ulàge  parmi  nos  Anciens , comme 
elle  l’eft  encore  parmi  nous  j mais 
elle  ètoit  inconnue  parmi  les  Latins,  ] 
car  ils  prononçoient  leur  voyelle  # , 
comme  nous  prononçons  le  Son  de  ces 
deux  voyelles  ou  , accouplées  enfem- 
ble  : & c’eft  pourquoi  les  Efpagnols  6c 
les  Italiens  prononcent  leur»  voyelle  , 
de  même.  Mais  lorfquc  les  Romains 
ic  rendirent  maîtres  des  Gaules , Sc  ' 


'&  de  leurZJfage.  yf 
«[U  ils  y cuient  introduit  leur  Langue , 
il  Ce  fit  un  langage,  moitié  Gaulois  j 
moitié  Latin  , qu’on  appella  Roman  , 
à caufé  de  l'on  mélange  du  Romain 
avec  le  Gaulois  : Et  comme  les  Gau- 
lois n’a  voient  point  de  lettres  pour 
cara&érifer  le  Son  de  Vu  des  Ro- 
mains , qui  les  prononçofent  à peu 
près  comme  s’il  y avoir  eu  un  o de- 
vant, & enfin  comme  nous  pronon- 
çons aujourd’hui  notre  double  voyel- 
le, ou , ils  l’écrivirent  de  meme  ; & 
depuis  ce  tcms-là  nous  avons  tou- 
jours marque  ce  Son  par  la  double 
voyelle , ou , qui  dans  le  fond  ne  peut 
plus  naturellement  cara&érifer  la  pro- 
nonciation que  nous  en  faifons , puifi. 
que  les  deux  Sons  de  cet,  o,  & de 
cet,  » , étant  bien  mêlés  l’un  avec 
l’autre , & rciinis  par  la  fubtflité  de 
la  prononciation  en  un  feul  & fimplc 
Son,  forme  celui  de  notre  , ou , que 
nous  avons  toujours  marqué  de  mê- 
me , & dont  nous  conferverons  appa- 
remment l’ortographe , tant  que  notre 
Langue  durera. 

Dam.  Je  ne  m’étonne  plus  fi  nous 
-Vivons  converti  en,  ou  y la  plupart  des. 


ÿi  Ch.  lll.Des  lettres  en général, 
u , qui  fc  trouvent  dans  les  mots  La- 
tins, dont  nous  avons  formé  les  nô- 
tres ; comme  on  voit  en  ces  mots  , 
joug  > que  nous  avons  fait  de,  jugum  > 
pouffer  , de,  pulfare  •,  gouverner , de, 
gubernare  \ toux , de,  tulfis  ; pourri , 
de , putridus  j cours , de , curfus  ; doux , 
de  , dulcis  ; troupe  , de  , turba , en 
tranfpofent  IV,  & changeant  le , b,  en, 
p ; Souverain  , de,  Suprcmus  , en 
changeant  le , p,  de  ce  mot,  en,  b, 
comme  ont  fait  les  Eipagnols,  qui 
difent  S obéra»  o , pour  dire  Souverain  s 
& enfin  changeant  le  , b , en , «y  , 
confbne  , dont  nous  avons  fait  pre- 
mièrement le  mot  de  S ouvrer»  , & les 
Pcëtes  celui  de  Souverem > dont  nous 
avons  fait  enfin  celui  de  Souverain . 
Il  y a encore  quantité  d’autres  mots , 
dont  te  ne  me  fouviens  pas  à pre- 
fent. 

Phil.  Cette  réglé  n’eft  pas  générale  , 
car  rous  les  ou  qui  font  dans  nos 
mots  François , n’ont  pas  été  faits  des 
h qui  (è  trouvent  dans  les  mots  La- 
tins : Nous  en  avons  encore  d’autres 
qui  ont  été  faits  des  o qui  fe  trouvent 
dans  leurs  mots , comme  vous  pouvez 

voir 


& de  leur  VJagè; 
voir  en  ceux  qui  fiiivenc  , tnovere  , 
totus  , probare , &c.  donc  nous  avons 

-,  ces  mocs  de  mouvoir , tout,  protu 
yer<  Ceci  pourroit  encore  confie* 
incr  ce  que  j’ai  déjà  die  de  nos  An- 
ciens,, à qui  il  fembloit  que  le  Son  de 
i-  1/^  des  Romains , tenoit  beaucoup  de 
celui  de  1 o . Nous  avons  même  beau- 
coup de  mots  tirés  du  Latin  , où  il 

des  u , que  nous  prononçons  natu- 
rellement , comme  nous  les  avons  tou- 
jours prononcés  : comme  frufireri 
fortune  , folitude  , & plufieurs  autres 
que  nous  avons  fait  de  ces  mots  fruf. 
trare  > for  tan  a , folitudo  , parce  que 
i mots  ne  fe  font  introduits  en  no— 
txe  Langue,  que  lors  <Juc  la  Latine 
n’a  plus  • eu  d’ufage  que  dans  les  Lî- 
. vres  » où  nous  prononçons  toutes  les 
voyeHes  des  mots  que  nous  lifons, 
de  meme  que  nous  prononçons  celles 
de  nos  mots  François. 

Dam*  Pendant  que  nous  KbmmeS,' 
/ur  les  doubles  voyelles  ; dites-moi, 
s il  vous  plaît , fi  nous  n’en  avons  pat 
4’autres  que  ces  trois,  ai,  eu,  ou. 

Phil.  Nous  en  avons  encore  deuur^* 
qui  /ont  au  & çii.  Mais  la  premiers} 


74  Ch.  III.  T) es  Lettres  en  general, 

cafa&étife  un  Son  qui  nous  eft  déjà 
connu  8c  qui  eft  du  nombre  des  huit 
Sons  dont  nous  venons  de  parier,  fça- 
voir  celui  de  1 ’o;  & la  fécondé  au  con- 
traire , en  cara&érife  deux  qui  font 
celui  de  Yo , & celui  de  Yi , réunis  tous 
deux  en  un  feul  Son  , de  laquelle 
nous  nous  remettrons  à parler  à fond, 
lorfque  nous  (erons  au  Chapitre  des 

Diphthongucs.  - 

Dam.  Pourquoi  a-t-on  admis  dans 
l’Ortographe  de  notre  Langue  cette 
double  voyelle  au , puifque  la  (impie 
voyelle  o , fuffit  pour  caraéfetifer  le 
même  Son  -,  car  fi  un  homme  écrit 
ces  mots  , cofe , fote  , ôtant , P ol  > Lo- 
rent , 8c  qu’il  les  faflê  lire  à un  Etran- 
ger,les  prononcera-t-il  autrement  que 
s’il  voyoit  ces  mots  écrits  ainfi  , cati~ 
Je  3 fatite  , autant  , P aul , Laurent. 

Phil-  Non  -,  & fi  notre  vue  ètoit 
une  fois  accoutumée  a 1 ortographe 
de  ce  Son  par  un  feul  cara&ére , nous 
la  trouverions  pour  le  moins  auffi  bel- 
le que  l’autre  , mais  on  a bien  voulu 
la  garder  en  notre  Langue  pour  con- 
ferver  la  mémoire  des  m^ts  dont  ils 
çnt  été  formés  j 8c  comme  l’ufage  n’a 


& de  leur  Vfage. 

£as  encore  touché  ail  changement  de 
cette  double  voyelle  , notre  Otto- 
graphe  paroîtroit  bizarre  & difforme, 
fi  nous  caradcrifîons  avec  un  0 les 
Sons  qui  le  doivent  être  avec  la  dou- 
ble voyelle  au* 

Dam.  Il  fe  pourroit  faire  aufli  , paf 
la  même  raifon  que  v©us  donnez  de 
TOrtographc  3c  de  la  prononciation 
de  la  double  voyelle  , ou  il  entroit 
.autrefois  deux  Sons  , que  notre-  au 
ait  fêrvi  a caraétérifer  deux  Sons  , 3C 
. que  nos  Anciens  en  faifoient  deux  en 
prononçant  ces  mots  , caufe  , faute , 
chaud . 

Phil . Je  le  croi  de  même  j 3c  ce  qui 
me  confirme  en  cette  opinion  , c’eft 
la  maniéré  dont  les  Italiens  , les  Ef. 
pagnols  & les  aut\es  Etrangers  pro- 
noncent cette  double  voyelle  , foit 
qu’elle  fe  trouve  dans  des  mots  La- 
tins ou  dans  ceux  de  leurs  Langues  ; 
car  ils  prononcent  Y au  de  ces  mots , 
caufa,  aurora , pauper,  aatoritas,  Paulo> 
comme  s’il  y avoit  un  0 entre  Va  6c 
Vu , ou  du  moins  comme  s’il  y avôit 
un  ao  au  lieu  de  Vau , 6c  comme  fi 
ces  mots  ètoiçnt  écrits  en  la  manière 

' * i - — a • 


y 6 Ch.  III.  Des  Lettres  en  général, 

q«i  fuit  j caotifa  > aorora  , paouper , 

aotoritas , Paolo . J ' 

Dam.  Parlons  maintenant  de  1 al- 
femblacrc  qui  fe  fait  de  nos  voyelles  8c 
doubles  voyelles  , avec  nos  confo- 
ncs , pour  cara&érifcr  les  Sons  de 
nos  paroles , 8c  comment  il  faut  faire 
pour  connoître  les  Pcnfécs  de  l’hom- 
me , par  l’infpe&ion  des  lettres  dont 
nous  venons  de  parler. 

Fhil.  Je  le  veux  bien.  L’affemblage 
qui  fc  fait  d’une  voyelle  avec  une 
confone  pour  former  un  Son  com- 
plet..... 

Dam.  A propos  de  Sons , avant 
que  de  parler  de  cette  maniéré  d afe 
femblcr  nos  voyelles  avec  nos  con- 
fones  j dites-moi , je  vous  prie , quelle 
différence  vous  faites  entre  un  Son  8c 
un  Ton  ’ 

Phil.  Le  Son  généralement  parlant, 
eft  un  bruit  qui  fe  fait  en  frappant  fur 
quelque  chofe  de  dur  , comme  fur 
une  pierre , fur  une  enclume  , ou  fur 
quelque  chofe  de  creux  8c  de  vui  de  , 
foit  qulon  frappe  defîtis  ou  dedans  ,ou 
bien  en  faufilant  ou  faifant  entrer  Pair 
jJàas  quelque  chofe  de  long  8c  de 


& 2e  leur  Vfage.  77 

creux  : comme  dans  un  tuyau  , une 
flûte  , une  Orgue , ou  dans  quelqu’àù- 
tre  inftrument  à vent.  Ce  bruit  qui 
fe  forme  d’un  air  qui  {bit  avec  queC 
que  violence  par  le  Larinx , eft  ce  que 
nous  appelions  un  Son . 

Le  Ton  eftrun  ' mouvement  qui  fe 
fait  de  ce  meme  Son, par  le  moyen 
des  pommons  8c  de  la  trachée-artére 
où  le  Son  fe  haullc  & baiflè  par  diflfé- 
rens  degrés  ,•  foit  pour  chanter  quel- 
que Air  j ou  pour  marquer  quelque 
mouvement  de  famé  : comme  de  co* 
1ère , de  joye,  de  triftçflè,  de  crain- 
te , de  hardi dît*  , d’dpérance , d’e- 
tonnement  , de  honte  ou  de  quel- 
qu’autre  paflîon  j hauflant  8c  baillant 
la  voix,  comme  je  l’ai  déjà  dit , 8:  la 
tournant  &*flécjiilïànt  félon  les  diffé* 
jrens  fentimens  qu’on  a des  choies 
qu’on  veut  exprimer.’ Enfin  le  Son  eft 
une  chofe  abfoluc  8c  indépendante  du 
Ton  j le  Ton  au  contraire  ayant  tou- 
jours du  rapport  au  Son , fans  lequel 
il  ne  peut  être  formé,  en  eft  toujours 
dépendant. 

Dam.  J’en  fçai  autant  que  j’en  vou- 
lois  fçavoir  la-dcflùs;  continuons, 

D iij 


7$  Chap.  IV.  Des  Syllabes. 

s’il  vous  plaît  , l’inftru&ion  de  no» 
lettres. 

CHAPITRE  IV. 

Des  Syllabes. 

PH  i l i n t E : L’aflèmblage  qui  Ce 
fait  d’une  voyelle  avec  une  Con- 
fone , ou  de  plufieurs  Confoncs  avec 
une  voyelle  ou  double  voyelle  , ou 
même  triple  voyelle  , pour  former  un 
Son  complet  , eft  ce  qu’ojn  appelle 
Syllabe  , comme  , ba  , be  , bi3  bo , 
hui  b ai,  beu  y bot,  bou:  cra , cre , cri , 
cro  3 cru ; crai , cre  h , croi , crou  : pla , 
fie  , pli  y plo  , plu  } plai  , pieu  , ploï y 
pion  ; Aouft , beau,  lieu,  loua , jouet > 
oui , fat , bot , foi  eut , œuf,  bân  , bain , 
bon , &c.  qui  font  toutes  des  lyllabcs 
complettes  , ou  fi  vous  voulez,  des 
aflemblages  de  lettres  qui  repréfentent 
des  Sons  parfaits  : Et  i’a&ion  qu’on 
fait  de  nommer  les  lettres  d’une  fyl- 
labe  , les  unes  après  les  autres  , pour 
la  former  entièrement , eft  ce  qu’on 
appelle  épeler  me  Jfllabe . . 


' Chai-.  iv;  Des  Syllabes . 79 

• Ainli  le  mot  de  Syllabe , lignifie  pro- 
prement un  Son  complet,  caraéterifé 
fur  du  papier , ou  fur  quelque  matière 
que  ce  Toit.  On  fait  venir  ce  mot  de 
Syllabe  du  verbe  Grec  <r\ jXxafxÇdnjv  qui 
fignifie  en  notre  Langue  , compren- 
dre , contenir , renfermer  en  foi.  De  ce 
mot  ouxxa^flLuv  on  a fait  celui  de 
cuxxalln  qui  lignifie  en. Latin  3 gom- 
prebenfo,  qu’on  ne  peut  exprimer  en 
notre  Langue  que  par  ces  mots , cho - 
Je  qui  comprend , qui  contient,  qui  ren- 
ferme en  foi.  De  forte  que  fous-en- 
tendant  le  mot  de  litterarum  à celui 
de  comprehenfo.  Le  mot  de  o-uxxa.Cn 
fignifijra  comprehenfio  litterarum  , qui 
en  notre  Langue  lignifie  mot  pour 
mot  , comprehenfon  de  Lettres  , ou 
pour  parler  plus  François  , ou  du 
moins  plus  intelligiblement , chofe  qui 
renferme  & qui  contient  des  Lettres } 
car  le  mot  de  comprehenfon  n*a  aucun 
ufage  en  notre  Langue  , qu’en  par- 
lant des  facultés  de  l'efprit. 

Dam.  Une  lettre  ne  fufEroic-elIe 
pas  pour  faire  une  fyllabc. 

Phil.  Oiiy , pourvu  que  ce  foie  une 
Voyelle  j parce  que  la  voyelle  tout* 

D iiij 


$0  Cuap,  IV.  Des  Syflabèfi 

feule  peut  faire  un  Son  parfait , com* 
me  vous  pouvez  voir  en  èpellant  ces 
mots  , a-gré-a-ble  ; o-be-ï  ; u-ni  , où 
vous  voyez  Y a du  premier  mot , 1 \ ôc 
Vi  du  fécond , & Y h du  troifiéme  qui 
font  des  Sons  parfaits  , & par  confé- 
quent  des  fyllabes  complétés  : Mais  il 
n’en  eft  pas  de  meme  de  la  confone  j 
car  comme  elle  ne  fçauroit  produire 
•aucun  Son  d’elle-même  , elle  ne  peut 
faire  une  fyllabe  fi  elle  n’efl:  accompa- 
gnée d’une  autre  lettre  , ÔC  qui  foie 
une  voyelle. 

Les  fyllabes  (ont  fimples  ou  com- 
pofées  : les  fyllabes  fimples  font  d’une 
lèule  voyelle  , ou  tout  au  plus  d’une 
voyelle  ôc  d’une  confone  : comme  > 
J,  U,  le  , me , ne.  Les  fyllabes  com- 

Î>ofées  font  celles  où  il  entre  plufieurs 
ettres  3 comme  vous  pouvez  voir  en 
çes  mots , pour-point , aux  champs. 

Les  fyllabes  où  il  entre  plufieurs 
voyelles  , dont  on  fait  valoir  tous  les 
Sons  réunis  en  une  foule  fyllabe  ^s’ap- 
pellent Diphthongues  ôc  Triphthon- 
: comme  vous  pouvez  voir  en 
ces  mots  , hier  , moi  , lui  , où  vous 
entendez  diftin&emcnt  le  Son  de 


Ch ap.  IV.  Des  Syllabes*  ét 

deux  voyelles. 

Les  Triphthongues  font  des  fyllabes 
ou  on  entend  trois  Sons  dans  chacune. 
Je  ne  vous  en  fçaurois  donner  des 
exemples , parce  que  nous  n’en  avons 
point  en  notre  Langue  , comme  je 
vous  ai  déjà  dit , quoique  nous  ayons 
beaucoup  de  fyllabes  compofées  de 
plufieurs  voyelles , tels  que  font  celles 
qui  fc  trouvent  dans  les  mots  fuivans 
marquées  en  lettres  Italiques  , u4ouft, 
geai , Laon , de  Veau  , deuil , je  chan- 
geois , il  emploient  ; mais  comme  on 
n’y  entend  qu’un  Son  , ou  tout  au 
plus  deux , on  ne  peut  leur  donner  le 
hom  de  Triphthongue  : car  vous  de- 
vez {çavoir  que  le  mot  de  Diphthon - 
gae  fignifie  proprement  une  fyllable  à 
double  Son  , & Triphthonguc  une 
fyllabe  à trois  Sons.  Quelques  Gram- 
mairiens ont  prétendu  que  le  mot  de 
Diphthongue  fignifioit  une  fyllabe  com- 
pofée  de  deux  voyelles  qui  ne  font  qu'un 
Son;  S’ils  veulent  bien  chercher  l’oii- 
gine  de  ce  mot  , après  qu’ils  auront 
vu  qu’il  vient  du  Grec  S'kdvyfos  qui  a 
cté  fait  du  mot  SU  , & de  celui  de 
fào  yïos  qui  en  Latin  veut  dire  Bis  fonm , 

D v 


Chap.  IV.  Des  Syllabes. 

& en  notre  Langue , mot  pour  mot,’ 
deux  fois  Son  , que  nous  expliquons 
par  le  mot  double  Son.  Ils  demeure- 
ront d’accord  que  pour  faire  une  par- 
faite Diphthongue  , il  faut  quelle  foit 
compofée  pour  le  moins  de  deux 
voyelles  , dont  les  deux  Sons  foient 
rtünis  en  une  lèule  fyllabe  , par  la 
vîteflè  & la  fubtilité  de  la  prononcia- 
tion , & en  forte  que  l'oreille  y puiflê 
diftingucr  deux  Sons  ; car  fi  les  deux 
voyelles  ne  font  qu’un  Son  dans  la 
fyllabe , elle  n'eft  plus  Diphthongue  : 
prononcez  , par  exemple , ces  trois 
voyelles  eau  dans  le  mot  fceau,  com- 
me on  le  prononce  à Paris , & com- 
me on  le  doit  prononcer  , quand  ce 
ne  feroit  que  pour  empêcher  l’équi- 
voque qu’on  pourroit  faire  avec  le 
mot  de  fît}  vous  en  ferez  une  Diph- 
thonguc , parce  que  vous  ferez  fentir 
deux  Sons  dans  la  fyllabe  eau  , en 
prononçant  fi  peu  que  rien  IV  du  mot 
fceau.  Si  au  contraire  vous  pronon- 
cés cette  même  fyllabe  eau  dans  le 
mot  beau , ce  ne  fera  plus  une  Diph- 
ihon-gue  , car  vous  ne  ferez  entendre 
Son  dans  la  prononciation  que 


■Chap.  IV.  VCs  Syllabes . - 8$ 

Vous  en  ferez. 

La  double  voyelle  oi  eft  Diphthon- 
gue  dans  ces  mots  , devoir , je  dois , 
ils  doivent  , parce  qu’on  y entend 
deux  Sons  dans  la  fyllabe  où  elle  fe 
trouve  : cependant  cette  meme  dou- 
ble voyelle  oi  n’eft  plus  Diphthongue 
dans  les  dernieres  fyllabes  des  mots 
fui  vans  , je  devois  , ils  dévoient  ; je 
devrois  , tu  devrois  , ils  devroienti 
parce  qu’on  n’entend  qu’un  Son  dans 
la  prononciation  de  cette  double 
voyelle  oi  , qui  par  une  réglé  , fans 
exception prend  le  Son  d’un  e , ou- 
vert dans  toutes  les  terminaifons  des 
tems  imparfaits  des  verbes  j c’eft  d 
dire  , qu’elle  le  prononce  comme  1’# 
qui  fe  trouve  dans  ces  mots  , net  ou 
nets . La  double  voyelle  te  efl  Diph- 
thongue au  mot  Jier , quand  il  efl: 
nom  adjedtif  5 mais  elle  ne  l’eft  pas 
dans  le  même  mot,  lors  qu’il  efl:  ver- 
be ; comme  quand  on  dit  » fier  en 
quelqu'un  : On  ne  voit  point  d’ouvra- 
ge de  P^ëfle  où  ce  mot  de  fier  en  ce 
fèns , ne  foit  de  deux  fyllabes. 

• Vous  concevez  facilement  par  ces 
exemples  , que  les  doubles  voyelles, 

D v) 


*4  Ch ap.  IV.  Des  Syllabes» 

*>,  ei,  au,  eu,  ou,  ne  faifant  qu’uni  : 
Son , font  mal  à propos  mifes  au  rang  ^ 
des  Diphthongues  , puis  qu’elles  nç 
font  qu’un  Son  dans  une  lÿllabe. 

Dam.  Où  les  voudriez-vous  donc 
placer  ? 

Phil.  Il  en  faut  faire  un  Chapitre 
feparé. 

Dam.  Quel  nom  voudricz-vou* 
leur  donner  } 

Phil.  Quelques  Grammairiens  pour 
les  diftinguer  des  voyelles  fimplss , les 
ont  nommées  Diphthongues  impropres,  j 

ou  faujfes  Diphthongues , parce  qu’elles 
ont  été  autrefois  de  véritables  Diph- 
thongues en  notre  Langue , & qu’on 
les  a nommées  pour  lors  de  même  , 8c 
depuis  j pour  les  distinguer  des  vérita- 
bles Diphthongues , on  y a ajouté  le 
mot  d’ impropres  ou  celui  de  faujfes; 

& on  a dit  Diphthongues  impropres  , 

& faujfes  Diphthongues  , à l’égard  de 
ces  doubles  voyelles , ai,  ei , eu , an, 
eu  , qui  n’ayant  plus  qu’un  Son  ne 
peuvent  être  appellécs  Diphthongues 
pures.  J’ai  trouvé  une  vieilft  Gram- 
maire Françoifc  & Allemande  , où  ce- 
lui qui  la  faite  > nomme  ccs  fortes 


Ch  AP.  IV.  Des  Syllabes . $y 
de  {yllabes  Monophthongues  i difant, 
que  toute  fyilabe  compofée  de  .p'lu- 
fie'urs  voyelles  , dont  on  fait  valoir 
tous  les  Sons  en  la  prononçant,  doit 
être  appellée  Diphthongu:  ou  Triph - 
tbongue  : Qifon  la  nomme  Dipbthon- 
gue  quand  elle  eft  compofée  de  deux 
voyelles,  dont  les  deux  Sons  fefont 
entendre  en  la  prononçant  , comme 
vous  pouvez  remarquer  en  la  premie  r 
fyilabe  du  mot  de  cocffe  , oùl’o  & Ve  fe 
font  entendre  tout  deux  diftinéte- 
rnent;  & qu’on  la  nomme  Triphrhon~ 
gue,  quand  elle  eft  compofée  de  trois 
voyelles,  dont  les  trois  Sons  fe  font 
fentir  en  la  prononçant.  Les  François 
n’en  ont  point  i mais  le  mot  Latin 
jilueaHa  nous  en  pourrait  fournir  un 
exemple  dans  fa  fécondé  fyilabe  , qui 
eft  laea  t fi  Vu  de  cette  fyilabe  eft 
voyelle,  comme  quelques  uns  le  pré- 
tendent i car  il  y en  a d’autres  qui 
foûtiennent  que  les  Romains  ont  eu 
de  tout  tems  des  v confoues  : fi  cela 
çft , il  faudrait  dire  Alvearia  , & non 
jihtearia  i & pour  lors  la  fyilabe  vea 
ne  ferait  qu’une  fyilabe  à deux  Sons  , 
au  lieu  quelle  en  aurait  trois,  fi  Vu 
de  uea  èrait  Yoyelle , parce  qu’on  pro- 


86  Ch  ap.  IV.  Des  Syllabes 
nonceroit  a luea  ria , Si  non  al  vea  ria  '\ 
Si  par  confequent  la  fyllabe  tnea  feroit 
Triphthongue . Sciopius  prétend  que 
Vu  a toujours  été  voyelle  j Si  Vofïîus 
fondent  le  contraire.  Comme  il 
nous  importe  peu  li  Vu  d’ A luearia  eft 
voyelle  ou  confone  , Sc  que  fur  la  dif- 
pute  des  Anciens  nous  pouvons  pren- 
dre le  choix  del’ufage  ae  cette  lettre, 
je  m’en  fers  comme  d’une  voyelle  en 
ce  mot  d’AlnearU  , pour  vous  don- 
ner l’idée  d’une  Triphthongue.  Si  au 
contraire  une  fyllabe  eft  compofée  de 
plulieurs  voyelles  , qui  cependant  nç 
produifent  qu’un  Son  lorfqu’on  la 
prononce,  comme  en  ce  mot  beau  s 
dont  les  trois  voyelles  ne  font  qu’un 
Son,  on  doit  l’appeller  Monophthon- 
gue  j car  le  mot  de  Adonophthongue 
(ètartt  compofé  des  mots  Grecs 
Si  de  s qui  tous 'deux  fignifient 

mot  pour  mot  ,/eul  Son  , ) doit  ligni- 
fier une  fyllabe  à un  Son. 

Dam.  Je  trouve  ce  mot , quoi  que 
rare,  allez  propre  pour  l’inftruétion 
que  vous  voulez  donner  de  ces  fortes 
de  fyllabes. 

Phil.  Je  ne  m’en  voudrois  pas  lervic 
ailleurs  que  dans  ce  Livre  ; Mais  coin* 


Chai».  IV.  Des  Syllabes,  gj 
Jtne  je  trouve  ce  mot  de  Àlonophtloon - 
gue  plus  court  & plus  commode  que 
celui  de  Diphtloonguts  impropres  , ou 
faujfes  Diphthongues  ; ou  comme  d’au- 
tres difenc , doubles  voyelles  & triples 
voyelles ,à  l’égard  des  fyllabes  ai,  ei,auy 
eu  y ou  y eai , eau  > aou  ; je  fuis  d’avis  de 
m’en  fervir  toujours  dans  îes  préceptes 
que  je  propofe  pour  la  prononciation 
jde  ces  fortes  de  fyllabes. 

Damon.  Il  eft  vrai  que  de  quelque 
maniéré  qu’on  nous  enfeigne  une 
Science , pourvu  que  ce  foit  par  une 
méthode  fûrc  & aifée  , il  nous  doit 
être  indifférent  comment  nous  l'appre- 
nons ; & les  Maîtres  doivent  être  libres 
fur  les  termes  dont  ils  fe  fervent  pour 
îes  préceptes  qu’ils  donnent  à leurs 
JEcoliers  , pourvu  qu’ils  ne  s’écartent 
point  trop  des  termes  ordinaires  de 
leur  Art,  & que  les  noms  qu’ils  éta- 
blirent pour  l’inftru&ion  de  leurs  Ré- 
glés , puiffent  donner  une  bonne  idée 
lies  chofes  qu’ils  veulent  exprimer: 
Mais  paflons  à l’explication  des  Syl- 
labes. 

Dam.  Combien  avons-nous  de  ces 
Monophthongues  en  notre  Langue. 

PhiL  II  n’eft  pas  encore  tems  de  vau* 


$8  Ch  AP.  IV.  Des  Syllabes] 
répondre  là-delfus,  il  fuffit  que  vous 
fçachiez  ce  que  c’eft  que  Monophthon- 
gue  & Diphthongue  , avant  que  de 
palier  à l’inftru&ion  des  fyllabes. 

Vous  voyez  par  tout  ce  que  je  viens 
de  vous  faire  entendre  des  fyllabes , 
que  ce  font  des  copies  des  Sons  de 
nos  Paroles.  Le  Son  reprefente  a l’o- 
reille l’image  d’une  partie  de  la  Pen- 
fée  , & la  Syllabe  reprefente  à nos 
yeux  fijr  le  papier  l’image  du  Son, 
qui  feul , ou  joint  avec  un  ou  plufieurs 
autres , forme  une  Parole.  Enfin  le 
Sonconfifte  en  l’adtion  de  la  voix,  & 
la  Syllabe  en  la  repréfentation  qui 
s’en  fait  fur  le  papier  par  l’affemblage 
des  lettres. 

Damon.  Je  vous  entend  fort  bien  ; 
mais  revenons  à nos  Dipthongues 
& Triphthongues  : Eft-il  bien  polïî- 
ble  que  nous  n’ayons  aucun  mot  en 
notre  Langue  qui  ait  une  Syllabe  à 
trois  Sons.  On  peut  fournir  aulU 
un  exemple  de  Triphthongue  à ceux 
qui  fçavent  l’Italien  , par  le  mot  de 
miel  , qui  n’a  qu’une  Syllabe  , & 
dans  laquelle  on  entend  trois  Sons 
Allez  diftin&ement  > Çe  mot  lignifie 
iss  miens  j on  y prononce  IV  qui  eft 


* \ 

Ch  AP.  IV.  Des  Syllabes.  $9 

entre  les  deux  i , comme  fi  c?ètoit  * 
un  ai , & comme  fi  le  mot  ètoit  orto- 
graphié  en  la  manière  qui  fuit  miaiy  ; 
ainfi  en  prononçant  vîce  & fubtile- 
ment  le  premier  & dernier  i,  de  ce 
mot  qui  n’a  qu’une  fyllabe , & renfer- 
mant par  la  fubtilité  de  la  prononcia- 
tion ces  deux  Sons  avec  celui  du  mi- 
lieu de  ce  mot , en  fa  feule  fyllabe , on 
fait  une  véritable  Triphthongue. 

Dam.  N’avez-vous  plus  rien  à dire 
de  ces  fortes  de  fyllabes. 

Bhil.  Non , ni  d’aucune  autre  fyl- 
labe pour  le  pré  fi*  ni  : Nous  allons 
parler  de  la  compofition  des  Mots.  ' 

CHAPITRE  V. 

De  la  Compo/îtion  des  Mots . 

PH  1 l 1 ht e : Comme  une  feule 
voyelle  peut  faire  une  fyllabe  , 
une  feule  fyllabe  peut  auflî  faire  un 
mot , ainfi  que  vous  voyez  par  les 
exemples  qui  fuivent,  a,  la  .fin,  il, 
tft,  feul , aux  i champs. 

Tous  ces  petits  mots  que  je  viens 


5>o  Ch*  V.  De  U Comyofition 

de  vous  nommer  s’appellent  Mono- 
syllabes ÿ c’eft-à-dire  mots  d’une  feule 
iÿllabe  , comme  vous  pourrez  remar- 
quer, fi  vous  vous  donnez  la  peine 
de  les  èpeller. 

Les  mots  qui  font  compofés  de 
deux  {ÿllabcs  : comme  , jufte ; fan-té'; 
def-tin , fe  nomment  dijfylabes , Ceux 
qui  font  compofés  de  trois  (ÿllabcs  : 
comme  ceux-ci , Hor-lo-ger ; for-tn-nej 
am-bi-gu , s’appellent  trijjylabes.  Tous 
les  autres  mots  compofés  de  plus  de 
trois  fyllabes  : comme  , in-fen-fi-ble  ; 
def-  a-gre- a-ble  ; im-per-ccp-ti-ble - 
ment  : Conf-tan-ti-no-po-Ü-tain  , &c. 
s’appellent  Polijy/labes  : mais  de  tous 
ces  termes  je  ne  voudrois  me  fèrvir 
que  du  mot  de  Monojyllabe  qui  eft 
afièz  en  ufage  , pour  fignifier  un  mot 
qui  n’eft  compofé  que  d’une  fyllabe, 
& dont  nous  aurons  fouvent  be/oin. 
Pour  ce  qui  regarde  les  autres  mots 
qui  font  compofés  de  deux  , trois , 
quatre  , cinq  fyllabes  & plus  , je  les 
nommerois  , mots  de  plufieurs  Sylla- 
bes ; ou  pour  le  dire  en  un  feul  mot, 
des  Polifjllabes . Voila  tout  ce  qu'on 
peut  dire  de  nos  Lettres  & de  nos 


des  Mots . «Jî 

Syllabes  3 mais  ce  n’efl:  pas  encore  ak 
iez , il  faut  parler  de  l’ordre  des  fylla- 
bes  , & du  nom  qu’on  leur  donne 
fuivant  le  rang  qu’elles  occupent  dans 
un  mot. 

Dam.  Ditcs-moi  premièrement  d’où 
vient  ce  mot  de  Monosyllabe? 

Phil.  Ce  mot  vient  des  mors  Grecs 
(jlci  o<  qui  lignifie  feul , & de  oukk* /?»' 
qui  fignifie  fyllabe  , comme  qui  di- 
rait feule  fyllabe  i Ainli  Monofyllabe 
veut  dire  , mot  d'une  feule  fyllabe  : 
Dijfyllabe  , Trisyllabe  Polifyllabe 
font  auffi  des  mots  tirés  du  Grec  : 
Diffyllabc  lignifie  deux  fyllabes  i Trifi. 
fyllabe  lignifie  trois  fyllabes  ; & Poli- 
fyilabe  , plufeun  fyllabes  ; ce  mot 
vient  du  Grec  oro\ô< , qui  lignifie  beau- 
coup , plufeurs  : Du  mot  de  «s-exur 
avec  celui  de  svWaGh  on  a fait  ce  mot 
de  ’?roKvcv*\ct(lo<  qui  fignifie  mot  de 
flufieurs  fyllabes . 

De  l'ordre  des  Syllabes . 

Phil.  Lors  qu’on  veut  exprimer, 
l’ordre  des  Syllabes  que  contient  un 
jnot,&  le  quantième  rang  qu’elles  y 


Ch.  V.  De  U Cotntojîtion 

occupent  : Si  le  mot  eft  de  deux  fylla^ 
bes  , comme  défit»  , on  nomme  la 
première  iyllabe  qui  eft  des,  pre- 
mière fyllabe  ; & la  féconde  qui  eft 
t i U , la  derniere  fyllabe  : Si  le  mot 
eft, de  trois  fyllabes  comm z général  % 
on  nomme  la  première  gé,  de  même 
que  dans  tous  les  autres  mots  , & on 
recommence  par  la  derniere  qui  eft 
ral , qu’on  nomme  aufîi  de  même  der- 
niere fyllabe  , & en  rétrogradant  on 
nomme  la  fyllabe  n e'  , pennltieme  fyl- 
labe , au  lieu  de  la  nommer  > fécondé 
fyllabe  ;•  Si  le  mot  eft  de  quatre  fyl- 
labes  , comme  infenfible  , après  avoir 
nommé  la  première  qui  eft  in  , Sc  la 
derniere  qui  eft  ble  , & enfuite  la 
pénultième  qui  eft  fi  , on  nomme  la 
fyllabe  s e i*  , /’ antépénultième , au  lieu 
de  la  nommer  la  fécondé  fyllabe  : Si 
le  mot  eft  compofé  de  cinq  ou  fix 
(yllabes  , ou  plus  , comme  cha-ri- 
ta-ble-ment  ; im-per-cep-ti-ble-ment } 
après  avoir  nommé  la  premicre  & 
derniere  fyllabe  du  mot  impercepti- 
blement , qui  (ont  im  & ment , & en 
rétrogradant , la  pénultième  & l’ante- 
penultiéme  de  ce  mot , qui  font  ble  Sc 


des  Mots,  <jj> 

i fi , on  recommence  par  la  tête  du  mot. 
Se  on  nomme  la  fyllabe  per,  fécon- 
de fyllabe , & la  fyllabe  cep,  troific- 
. me  fyllabe  , & ainfi  du  refte , félon  la 
quantité  des  fyllabes  qui  reftent  avant 
la  pénultième  & l’ante-penultiéme. 
Enfin  lors  qu’on  veut  parler  du  rang 
des  fyllabes  d’un  mot  , on. ne  parle 
jamais  de  fécondé  & troifiéme  ou  qua- 
trième fyllabes,  qu’aux  mots  compofés 
de  plus  de  quatre  fyllabes. 

Di tnt.  D’où  viennent  ces  mots  de 
fcnultiéme  & antépénultième  ? 

Phil.  Pénultième  vient  du  mot  La- 
tin penultima  , qui  fignifie  prefque 
derniere  : il  cft  fait  de  deux  mots  de 
penè , qui  fignifie  prefjue , & Sultima, 
qui  fignifie  derniere . Antépénultième 
eft  fait  du  mot  Latin  uintepenultinta , 
qui  eft  fait  à' ante,  qui  fignifie  avant, 
& de  penultima , avant  la  pénultième : 
de  forte  qu’ Antépénultième  fignifie  la 
fyllabe  qui  cft:  avant  la  pénultième. 
Âinfi  nommant  toutes  les  fyllabes  du 
mot  Confantinopolitain , on  commen- 
cera par  la  première  qui  eft  Co  ns,  Sc 
en  reprenant  par  la  queue  du  mot  , 
on  nommera  la  fyllabe  tain  lader- 


$4  Ch.  V.  Ve  la  ComjyoJitioÀ 

niere  fyllabe  ; de  enfuite  la  fyllabe  l » 
la  -pénultième  , & la  fyllabe  po  l 'anté- 
pénultième : de  en  remontant  par-  la 
tête  du  mot , on  nommera  la  fyllabe 
T An  la  fécondé  fyllabe  > la  fyllabe  ti 
la  troifème  fyllabe  , & la  fyllabe  no 
la  quatrième  fyllabe  , de  ainfî  du  refte, 
fi  le  mot  ètoit  de  plus  de  fyllabes  que 
celui-ci  , ce  qui  cfl  fort  rare.  Voici 
des  exemples  de  la  maniéré  qu’on 
nomme  ces  Syllabes , par  les  mots  qui 
fuivent  , où  vous  trouverez  par  les 
caractères  qui  font  au-deffous  de  cha- 
que fyllabe , comment  il  les  faut  nom- 
mer. Vi  fignifie  la  première  ; le  d , la 
derniere  ,•  le  p,  la  pénultième  ; l’a,  l’ an- 
tépénultième i le  2,  la  deuxieme  s le  3* 
la  troifeme  ,*  le  4. , la  quatrième, 

Feftin Fef-tin . 

i.  d. 

Scnfîble Sen-f-ble. 

i.  p.  d. 

Scnfiblement  . . . Sen-fi-ble-mcnfc 

1.  a.  p.  d. 

Infenfîblemcnt . . . In-fen-fi-ble-mentl 

x.  1.  a.  p.  d. 


des  Mots. 

Imperceptiblement . Im-pcr-cep-ti-ble- 

1*  2*  3»  p* 

ment. 

a. 

Conftantinopolitain.  Conf-  tan  - ti-no- 

i*  z* 
po-li-  tain. 
a»  p»  ci* 

X>4W.  Quelle  utilité  tirerai-je  de 
fçavoir  le  quantième  rang  tient  une 
fyllabe  dans  un  mot  ? 

Phil>  Cela  ne  nous  fervira  que  dans 
le  cours  de  rinftruétion  des  réglés 
qu’on  propofe  pour  la  jufte  pronon- 
ciation *,  Et  comme  il  faut  fçavoir  in- 
difpenfablement  la  mefure  que  la  fyl- 
labe  d’un  m >t  doit  avoir  , c’eft-à-dire 
le  tems  qu’on  doit  être  à la  pronon- 
cer , félon  lequel  les  unes  font  appel- 
lées  longues  , & les  autres  brèves  ; 
Et  qu’il  faut  auffi  fçavoir  diftinguer 
les  e mâfculins  , féminins  , ou  ou- 
verts qui  {è  trouvent  dans  une  fylla- 
be  : il  faut  bien  la  fçavoir  nommer, 
félon  le  rang  qu’elle  tient  dans  un 
mot , & la  fçavoir  faire  connoître  à 
ceux  à qui  on  en  veut  donner  quel- 


\ 


$£  Ch.  V.  De  U Compofithtt 

cjucs  préceptes. 

D(im*  Quÿntendcz- vous  par  cc$ 
tnots  de  longues  Ec  de  brèves . 

Phil . Je  vous  l’expliquerai  ailleurs  J 
mais  je  vous  dirai  toujours  par  avan- 
ce  qu’en  notre  Langue  , comme  en 
toutes  les  autres , on  ne  prononce  pas 
toutes  les  lÿllabes  dans  des  tems  égaux; 
& comme  on  eft  plus  de  tems  à pro- 
noncer une  fyllabe  qu’un  autre  , on 
nomme  Longue  celle  fur  laquelle  on 
s’arrête  davantage  , & on  nùmme 
Brève  celle  qu’on  prononce  avec 
plus  de  promptitude  ; vous  avez  des 
exemples  de  ces  Longues  Ec  Brèves  aux 
mots  fuivans  , âme  5 Reine  , grâce , 
qui  ont  leurs  premicres  fyllabes  lon- 
gues s parce  qu’on  eft  une  fois  plus 
de  tems  d les  prononcer , que  les 
fyllabes  qu’on  nomme  brèves  , telles 
que  font  celles  des  mots  fuivans , 
JDame , peine  , trace  , dont  l’oreille 
connoît  qu’elles  fe  prononcent  avec 
plus  de  vîteftè , que  celles  d’^me , Rei - 
ne  Ec  grâce  ± Ec  qu’il  faut  une  fois 
moins  de  tems  pour  prononcer  ces 
fyllabes  brèves , que  les  longues.  Et 
comme  tout  le  monde  ne  connoît  pas 

Us 


des  Mots / 
les  fyllabes  longues  & brèves  de  no- 
tre Langue , & que  les  principaux  pré- 
ceptes de  notre  prononciation  doi- 
vent fournir  des  réglés  pour  connoî- 
tre  la  différence  de  ces  fyllabes.  Il  faut 
indifpenfablement  que  vous  fçachiez 
le  nom  qu’on  donne  aux  fyllabes , fé- 
lon le  rang  qu’elles  occupent  dans 
un  mot,  afin  que  quand  on  vous  mar- 
quera par  quelques  préceptes  , que 
tels  & tels  mots  ont  la  pénultième, 
ou  l’antepenuItiéme  , & la  première 
ou  féconde , longue  ou  brève  , vous 
entendiez  ce  qu’on  vous  dit.  Ainfi 
quand  on  vous  dira  que  le  mot  d ' A- 
poflre  , a la  pénultième  longue  , 8c 
que  celle  du  mot  apoftS  eft  brève, 
vous  comprendrez  qu’il  faut  pronon- 
cer la  fyllabe  pos  du  mot  d Apoftre, 
une  fois  plus  lentement , que  celle  du 
mot  apofté  : Si  on  vous  dit  que  la 
première  fyllabe  du  mot  à' Antoine  eft 
longue  , & que  la  pénultième  en  eft 
brève , vous  connoîtrez  qu’il  faut  de- 
meurer plus  long-tems  fur  la  fyllabe 
An  du  mot  Antoine  , que  fur  la  pé- 
nultième qui  eft  toi , 8c  qui  eft  brève. 
Et  fi  on  vous  dit  que  la  première  8c  1* 


$8  Ch.  V.  Ve  la  Comfofition 
derniere  fyllabe  du  mot  François  (ont 
longues , vous  .vous  étudierez  à pro- 
noncer la  derniere  (yllabe  avec  autant 
de  lenteur  que  la  première.  Mais  ou- 
tre l’utilité  que  vous  pouvez  tirer  de 
la  connoiflànce  du  nom  des  fyllabes, 
félon  quelles  font  placées  dans  un 
mot,  pour  connoître  les  longues  &' 
les  brèves  ; elle  vous  fert  encore  à 
apprendre  la  différence  des  e de  notre 
Langue.  Si  vous  voulez,  par  exemple, 
fçavoir  comment  vous  devez  pronon- 
cer les  e qui  font  au  mot  Reglement, 
on  vous  dira  que  Ve  de  la  prenjiiere 
fyllabe  de  ce  mot  eft  ouyert  /,  c’eft-à- 
dire,  qu’il  fe  prononce  comme  Ve  du 
mot  cher , & que  celui  de  la  pénul- 
tième de  ce  mot  eft  fermé , c’eft-à-dirc1 
'qu’il  fe  prononce  comme  Ve  du  mot 
Jante  , Sc  par  cette  leçon  vous  con- 
noîtrez  parfaitement  de  quelle  ma- 
niéré il  faut  prononcer  ce  mot  : Si  ce 
- mot  de  Reglement  fignifie  uneOrdotu 
nance , ou  une  chofe  qu'on  réglé  , ejuon 
a réglé' , ou  cjuon  réglera  , & qu  on 
vous  dife  que  Ve  de  fa  pénultième  eft 
féminin , & qu’il  fe  prononce  comme 
l’tf  dans  ces  mots  borne  , forte , rude  : 


\ 

des  Me  fs'. 

Vous  ferez  aifément  la  différence  de  la 
lignification  de  ces  mots , en  pronon- 
çant cet  e y d’une  manière  aulli  four- 
de  & auffi  imperceptible  que  celle  de 
Ve  accentué  du  premier  mot  de  Regl/- 
ment  y eft  claire  8c  fenfible  à l’ouyc. 
Voila*  tout  ce  qu’on  peut  dire  des  let- 
tres 8c  des  fyllabes  des  mots  , qui 
compofênt  tout  le  difeours  que  nous 
faifons  en  parlant  , en  lifant  8c  en 
écrivant.  Parlons  maintenant  de  la 
maniéré  de  les  bien  prononcer. 


CHAPITRE  VI. 

De  la  Maniéré  de  bien  -prononcer 
les  Sons  & les  Paroles , en  par* 
lant  & en  lifant. 


PHilinte  : Je  vous  ai  déjà  dit  qud 
la  régularité  de  la  prononciation 
de  nos  mots,  confifte  en  quatre  points,' 
qui  font.  i°.  De  bien  articuler  nos 
Sons  & nos  Paroles  , félon  notre  ma- 
niéré naturelle  8c  idiotique  de  les  pro- 
noncer. i°.  De- bien  diftinguer  la  pro- 

Eij 


ioo  Ch.  VI.  Maniéré  de prononcet 
nonciation  de  nos  e , 8c  de  ne  pas 
prendre  un  e ouvert  pour  un  é fermé, 
ni  un  e féminin  pour  un  /fermé ; car 
c’eft  en  la  prononciation  de  cet  e , que 
pèchent  non  feulement  les  gens  de 
Province  & les  Etrangers  -,  mais  en- 
core des  gens  élevés  à la  Coûr  & à 
Paris.  3°,  De  bien  diftinguer  les  Syl- 
labes longues  6c  brèves  de  nos  mots, 

&c  de  les  prononcer  naturellement, 
félon  l’ufage  des  honnêtes  gens  fans 
y rien  changer,  comme  font  quelques 
ignorans , qui  croyent  qu’une  fylL.bc 
brève  a quelque  chofe  de  plus  mi- 
gnard qu’une  fyllabe  longue  , ou  de 
prononcer  une  longue  au  lieu  d’une 
brève  , par  un  cfprir  de  groflicreté  ou 
de  mifantrope  , craignant  de  palier 
pour  gens  efféminés  qui.  ont  plus  de 
foin  de  bien  parler, que  de  bien  penfer.* 

Car  en  matière  de  Langue  , il  faut 
fuivre  aveuglément  J’ufage  des  hon- 
nêtes gens  & fans  raifonner, quelque 
raifon  qu’on  ait  d’en  reformer  l’abus, 
quand  il  a une  fois  pris  droit  de  Bour-  * ; 
geoilie  , s’il  faut  ainlî  dire  , en  une 
Langue  , foit  par  Ion  ancienneté  ou 
par  la  prote&ion  & l’authorité  des 


. «■  - 


lis  Sons  & les  r drôles , dre.  ibi 

gens  qui  le  confcivenr.  40.  De  pro- 
noncer à propos  les  Confones  finales 
des  mots  qui  font  mis  devant  d’autres 
qui  commencent  par  des  Voyelles, 
de  faire  élifion  de  celles  qui  ne  fe 
doivent'  pas  prononcer  j &:  encore 
moins  d’ajourer  une  Confone  d un 
mot  qui  n’en  dort  point  avoir,  ou  de 
changer  la  confone  finale  contre  une 
autre. 

Dam.  Je  n*cnten$  pas  ce  dernier 
point  : N’avons- nous  pas  une  Règle 
générale  , qui  dit  que  toute  confone 
• finale  fe  p.ononce  devant  un  mot  qui 
commence  par  une  voyelle } & ne  dit- 
on  pas , il  écrit , on  attend , vous  hes  ; 
les  singes , vos  en  fan  s , & c ? Et  avons- 
nous  pas  une  autre  réglé  toute  ccn- 
. traire  , dont  l’ufage  nous  oblige  de  ne 
. point  prononcer  les  confones  finales, 
quand  les  mots  qui  les  fuivent  com- 
mencent par  des  confones  j comnffe  , 
il  fait , on  lit  , vous  dites , les  mains , 
vos  parens  , qu’on  prononce  à peu 
p;ès  comme  s’il  y avoir  , if  ai,  onli, 
voudite , lémains  , vauparans  ? L’ufa- 
ge de  cette  prononciation  eft  fi  bien 
établi  & fi  généralement  reçu  , qu’il 

E Üj 


* 


’ioi  Ch.  VI.  Maniéré  de  prononcer 

va  jufqïi’à  nos  Païfans  , qui  s’apper- 
cevroient  de  la  faute  qu’on  feroit , fi 
on  prononçoit  autrement  devant  eux» 
Phil.  Je  demeure  d’accord  que  vo- 
tre Règle  eft  fort  bonne  & fort  feure, 
mais  cette  Réglé  eft  conditionnelle  5 
elle  a (es  exceptions , que  non  feule- 
ment les  Païfans  ignorent , mais  ruflï 
des  gens  fçavans  & polis,  & qui  même 
fe  mêlent  de  parler  en  public.  Vous 
nïgnorez pas, par  exemple,  qu’il  faut 
prononcer  on  écrit , comme  fi  IV  fina- 
le d’on  ètoit  jointe  à la  lettre  qui  eft 
au  commencement  du  mot  qui  la  fuit, 
qui  eft  celui  d’écrit , & comme  s’il  y 
avoir  on-néert;  mais  vous  ne  fçavcz  pas 
que  c’eft  mal  dit  de  prononcer  IV  du 
mo ton,  quand  il  Ce  trouve  dans  une 
autre  fituation,  telle  que  celle  où  il 
pourrait  être  en  cette  Phrafe  3 A-t-on 
averti  ces  Aiejfieurs  ? Sc  que  c’eft 
prononcer  en  Normand  de  dire , 
atonaverti  ces  AfeJJïeurs  ? vous  pro- 
noncez IV  du  mot  de  bon , quand  il  eft 
fuivi  d’un  fubftantif  qui  commence 
par  une  voyelle  y comme  , ami  ; St 
vous  ne  faites  point  de  difficulté  de 
joindre  IV  de  bon , avec  IV  d’ami  » Se 


les  Sons  &les  Taroles,  &c.  ioj 
de  dire  un  bon-  n ami , 5c  c eft  ainfi  qu  il 
le  faut  dire  aufll.  Mais  fi  vous  enten- 
diez quelqu’un  joindre  cette  n avec 
la  voyelle  d’un  autre  mot , qui  ne  1c- 
roit  point  fubftaiitif,  & prononcer 
„ bone'bo  , pour  dire , bon  & beau  : cette 
prononciation  vous  paroitroit-  elle 
bien  régulière  ? Que  diriez-vous  d un 
homme  qui  diroit  , du  ruban  na  la 
mode  , demain-n  ntt  matin  , pour  dite, 
d:t  ruban  à la  mode  , demain  au  ma- 
tin , fans  articuler  Yn  finale  de  ces 
mots , 5c  qui  dans  le  difeours  familier 
prononceroit  ces  mots  \ Nous  fommes 
auffi  bien  inffruits  de  cette  affa're  que 
vous , comme  s’il  y ayoit,  noufomex 
atîjfi  bien  ’injfruits  de  cette  affaire  que 
vous  , pour  dire  , nou  fomauffi  bien 
in  (fruit s de  cette  affaire  que  vous  j Sc 
de  celui  qui  diroit,  je  n’en  ai  pointu > 
pour  d re  , je  nen  ai  point  eu  , quon 
doit  prononcer  comme  s il  y avoit  ç 
je  n.en  ai  poin  u , fans  pourtant  fai- 
re fonner  Yn  , comme  font  quantité 
de  Badauts  , qui  difent , je  nen  ai 

poin  nu . t 

Dam . Je  ne  demeure  pas  tout  a 

fait  d’accord  , que  ces  mots  , no» 

„ E wj 


104  Ch.  VI.  Maniéré  de  prononcer 

JomezjauJfi  y foient  mal  prononcés  j Qc 
je  les  trouverois  même  plus  réguliers 
que  noufomaujf'u' 

Ph  i-  Cen’eftpasici  le  lieu  de  dif. 
putcr  de  cette  prononciation.  Qu^nd 
vousaurezvù  les  Règles  que  j’en  don-  > 
ne,  vous  demeurerez  d’accord  que  cet- 
te prononciation  de  non  fonse^anjjt,  cil 
contre  le  bel  Ufage,&  même  co’ntrc  les 
Réglés.  V.  le  Ch.  des  Confoncs  finales. 

Dam.  Qui  eft  ce  qui  nous  affinera 
du  bel  Ufâge  ? car  je  croi  que  chacun 
le  cro;t  avoir , & il  y a très  - peu  de 
gens  qui  fe  rendent  jufticc  là-dcffus. 
Exceptez  la  Normandie  , la  Picardie 
& la  Gafcogne  , où  la  prononciation 
eft  tout-à-fait  éloignée  de  notre  ma-'" 
niere  idiotique  de  prononcer  s je  vois 
très-peu  de  perfonnes  diftingués  dans 
les  autres  Provinces  , qui  ne  fe  pi- 
quent de  t;  es -bien  prononcer  (a 
Langue. 

Phil . Il  cft-  vrai  que  la  plupart  s’en 
piquent , Sc  je  demeurerai  même  d’ac- 
cord qu’on  y parle  aulfi  bien  & auffi 
régulièrement  qu’ailleurs  , 8c  je  n’en 
veux  pas  même  exclure  les  Normans, 
les  Picards  8c  les  Çafcons  , qiii  ècri*. 


les  Sons  & les  Paroles,  &c,  iof 

vent  8c  parlent  fort  régulièrement , 

& même  avec  beaucoup  de  politeflè. 
Mais  tel  s’exprimera  avec  beaucoup 
~de  pureté  8c  de  netteté  de  langage, 
çn  parlant  8c  en  écrivant , qui  n’aura 
ni  régularité  , ni  politeflè  dans  fa  pro- 
nonciation , 8c  c’eft  ce  qui  fe  rencon- 
tre (ouvent  parmi  les  gens  de  Provin* 
ce;  car  il  eft  certain  qu’il  y en  a très- 
peu  qui  ne  faiTent  de  lourdes  fautes 
dans  la  prononciation  , 8c  particuliè- 
rement dans  les  longues  8c  les  brèves 
de  n nos  mots. 

Dam.  Où  eft  donc  l’endroit  où  on 
parle  le  mieux  ? 

Phil . Je  vous  ai  déjà  dit  qu’on  par- 
le .bien  par  toute  la  France  t cepen- 
dant il  faut  demeurer  d’accord  que  le 
bel  CJfage  des  manières  de  parler  8c 
d’écrire  , fc  forme  pour  la  plupart  à la 
Cour  8c  a Paris , 8c  de  là  fe  va  répan- 
dre dans  les  Provinces.  Ce  n’eft  pas 
qu’il  n’en  vienne  quelquefois  des  Pro- 
vinces , mais  il  faut  qu’elles  s’établif- 
fent  à la  Cour  8c  à Paris  , avant  que 
d’avoir  cours  dans  le  refte  du  Royau- 
me , autrement  elles  ne  paflent  que 
pour  des  idiotifmes  particuliers  d? 


jo6  Ch*  VI.  Maniéré  de  ftononcer 

Province. 

* Dam<  Pourquoi  voulez -vous  que 
la  prononciation  de  la  Cour  & de  Pa- 
ris (bit  plus  agréable  ? car  il  me  fem- 
ble  qu’il  eft  de  la  prononciation  d’un 
mot , comme  il  eft  des  couleurs  j tel 
aime  le  violet , qui  n’aime  pas  le  verr, 
tel  aime  une  couleur  extrêmement 
bizarre  & defagréable  , qui  n’aimera 
pas  les  couleurs  les  plus  belles  & les 
plus  agréables  aux  yeux  des  autres, 

Phil.  Il  y a bien  de  la  différence 
entre  le  langage  & les  couleurs  *,  car 
les  couleurs,  à la  refervc  de  celles  dont 
on  Ce  fcrt  pour  les  Livrées , ne  diftin— 
guent  perlonne.  Chacun  fuit  en  cela 
îon  inclination,  Sc  un  homme  de  qua- 
lité paflèra  toujours  pour  ce  qu’il  eft, 
avec  un  habit  6c  des  rubans  de  cou- 
leur bleue  , rouge  ou  brune  : Pc  la 
Cour  même  autorife  cette  diverfité  de 
couleurs,  puifque  c’eft  ce  qui  en  fait 
l'agréable.  Mais  il  n*en  eft  pas  de 
même  du  langage  , car  c’eft  la  mar-- 
que  ellentielle  par  où  l’on  diftinguc 
tine  perlonne  qui  a eu  une  belle  édu- 
cation , d’avec  un  homme  du  com- 
mun & pial  élevé  j quelque  f$a- 


les  Sons  & les  Paroles , &c.  107 
vant , qu’il  fôir.  Et  comme  la  plus 
faine  partie  des  gens  de  la  Cour  par- 
lent un  même  langage  , celui  qui  par- 
le autrement  eft  regardé  comme  un 
' homme  de  balle  nailtàncc  & fans  édu- 
cation i & la  chofe  #va  fi  loin  , que 
lors  même  qu’une  perfonne  de  qua- 
lité parle  mal , on  a de  la  peine  à le 
perfuader  qu’il  ait  de  la  naifiance.  Vous 
voyez  donc  par  là,  que  c’eft  le  lan- 
gage de  la  Cour  qui  fait  la  Règle 
de  routes  les  maniérés  de  parler  du 
Royaume  *,  & que  fi  on  ne  s’y  con- 
forme pas  , on  s’éloigne  de  la  poli- 
tefte  &c  de  la  pureté^  qui  eft  infépa- 
rable  de  notre  Langue.  Et  comme  c’eft 
une  néceffité  indifpenfable  de  choifir 
un  modèle  de  langage  de  d’idiome, 
fur  lequel  on  ètablifte  les  Réglés  que 
je  propofe  , je  ne  puis  raifonnablc- 
ment  en  choifir  un  autre  que  celui  de 
la  Cour  : Et  quand  même  il  y en 
auroit  plufieurs  dans  le  Royaume, 
d’auflî  réguliers  de  d’aufli  polis  dans 
leurs  maniérés  de  parler  , ce  dernier 
prévau  droit  toujours  pour  deux  rai- 
fons.  La  première  , c eft  parce  que 
c*eft  l’idiome  de  notre  Prince  : de 

I * vj 


io8  Ch.  VI.  Maniéré  de  prononeer 
l’autre  , parce  que  c’eft  fce  lieu  ou  s’aG. 
fcmble  tout  ce  qu’il  y a de  Perfonnes 
illuftres  & confidérables  des  Provin- 
ces , donc  les  maniérés  de  parler  font 
plus  épurées  que  celles  des  autres 

fcns  de  leurs  Pais  > & qui  les  reti- 
ent & poliiïènt  encore  parla  fréquen- 
tation de  tous  ceux  qui  approchent  le 
plus  de  la  Per  fou  ne  du  Prince  *,  de  for- 
te qu’il  ne  peut  manquer  que  de  tous 
ccs  idiomes  déjà  fort  polis  , il  ne  Ce 
forme  un  langage  plus  régulier , plus 
net  & plus  épuré  que  tous  les  au- 
tres* . f . 

Dam-.  Que  dites-vous  dû  langage 
de  Paris  ? 

Phil.  le  ne  fais  point  de  diffé- 
rence de  .l’un  à l’autre  s à caufè  du 
YQiffnage  de  la.Cour,. 

Dam-  Je  vois  pourtant  quantité  de 
gens  de  Province  , qui'  difent  que- 
Paris  eft  le  lieu  du  Royaume , où  on 
parle  le  plus  mal.. 

Phi  P,  U eft  vrai-;  mais  cela  ne  dé- 
truit. pas  ce  que  je  viens  d’avancci* 
parce  qu’il  y a des  gens  à la  Cour  qui 
patient  auiïï  mal  qu’à  Paris  , mais  il 
Ü3Ut  Ravoir  quelle  forte  de  gens  font.. 


les  S ons  & les  Far  oie  s , érc*  iô£ 
Car  je  ne  parle  que  des  gens  les  plus 
conlîderablcs  de  ceux  qui  font  allés 
polis  pour  les  imiter , & fe  conformer 
à leur  maniéré  de  parler.  Il  eft  cer- 
tain qu’on  parle  aufti  mal  à la  Cour  y 
qu’  en  aucun  endroit  du  Royaume  ; & 
qu’on  parle  encore  plus  mal  à Paris  , 
mais  ce  n’eft  pas  parmi  les  honnêtes 
gens.  Et  fi  on  parle  mal  à Paris  , c’eft 
parce  qu’il  eft  rempli  de  gens  de  dif- 
férentes Provinces  , la  plus  grand* 
partie  delquels  n’ayant  point  d’habi- 
tude à la  Cour,  & ne  s’attachant  qu’à 
gagner  leur  vie , confervc  toujours  l’i- 
diome qu’ils  y ont  apporté  de  chés- 
eux,  ou  s’en  font  un  autre  particulier 
fur  un  autre  corrompu , qui  eft  celui 
des  petites  gens  de  Paris , qui  corrom- 
pent encore  tous  les  jours  fe  leur  par 
la  fréquentation  de  ces  gens  de  Pro- 
vince. 

Dam.  Ce  que  vous  dites  à l’égard 
du  langage , fe  peut  egalement  dire  de 
tout  ce  qui  eft  a Paris  tcar  quoi  qu’it 
foit  rempli  de  gens  les  plus  honnêtes, 
les  plus  civils , &:  les  plus  polis  du 
monde  en  toutes  fortes  de  manières;, 
il  s’y  en  rencontre  encore  un.  plut. 

# 

J ' - ' • • . - 


no  Ch.  VI.  Maniéré  de  prononcer 
grand  nombre  de  très-mal  honnêtes 
dcde  très  - grofliers  , non-feulemenr 
parmi  les  petites  gens,  mais  encore 
parmi  les  gens  au-defliis  du  commun. 
Il  y a beaucoup  de  pieté , 8c  beaucoup 
de  charité  ; mais  il  y a bien  de  l’imi* 
pieté,  beaucoup  de  dureté  8c  d’avarice. 
Il  en  eft  de  même  des  arts  8c  des  mé- 
tiers, puifque  c’eft  l’endroit  du  Royau- 
me où  il  fe  trouve  le  plus  grand  nom- 
bre de  bons  ouvriers  j cependant  on 
ne  peut  pas  dilconvenir  qu’il  ne  s’y 
en  trouve  plus  de  méchans  qu’en  au- 
cune Ville  du  monde  : car  s’il  y a un 
bon  ouvrier  en  France , il  vient  à Paris' 
pour  y faire  fortune  : & s’il  y a un 
mauvais  ouvrier  dans  quelque  endroit 
^ du  monde  , qui  n’y  puifle  gagner  fa 
vie  par  fon  peu  de  fçavoir  faire  , il 
vient  auffi  à Paris , pour  y chercher  à 
travailler  5 ce  qu’il  trouve  facilement, 
parce  que  comme  il  y a des  gens  de 
toutes  fortes  de  conditions, d’humeur 
8c  de  goût , on  y débite  la  mauvaifê 
marchandife,  aufli-biên  que  la  bonne. 

Phil.  Vous  demeurez  d’accord  par 
tout  ce  que  vous  venez  de  dire , que 
Paris  eft  le  centre  de  la  perfection  des 
* 


les  Sons  & les  Paroles  ? &c.  m 
Arts  8c  des  Sciences , aufli  - bien  que 
du  langage  , qui  fans  contredit  eft  le 
plus  idiotique  8c  le  plus  épuré  de  tous 
les  autres  du  "Royaume  : 8c  c’efl  fur 
cet  ufage  que  je  fonde  mes  régies , & 
que  j’établis  mes  préceptes. 

Dam.  Prétendez -vous  que  le  lan- 
gage de  Paris  foit  auffi  régulier  8c 
auffi  poli  que  celui  de  la  Cour  ? 

phil.  Il  y a très-peu  de  différence. 
Celui  de  la  Cour  pourroit  avoir  un 
peu  plus  de  politefTe  , & celui  de  Paris 
tant  foit  peu  plus  de  régularité  : car 
j’ofe  dire  que  fans  la  pratique  des 
gens  de  Lettres  qui  fréquentent  la 
plupart  du  tems  les  gens  de  la  Cour, 
il  ne  laidcroit  pas  de  fe  glifïer  quel- 
ques abus  dans  le  langage  , qui  pour- 
roit peu  à peu  le  dépouiller  de  cet- 
te régularité  & de  cette  idiotique  ma- 
nière de  prononcer  8c  de  parler  , qu’il 
confèrve  depuis  fi  long  - tems.  Car 
quoi  que  ce  foit  Pufage  du  public  qui 
èrahlillc  la  maniéré  de  parler, & que  ce 
public  foit  compofé  de  tout  ce  qu’il  y 
a de  gens  les  plus  confidérables  8c  les 
plus  polis  dans  une  Nation , il  eft  ccr- 
tain  que  c’eft  la  fréquentation  des 


m Ch.  VI.  Maniéré  de  prononcer 

habiles  gens  qui  foûtient  8c  confervd 
le  bon  ufage  d’une  Langue , 8c  qui 
en  corrige  les  abus  , quand  il  s’en  in- 
troduit quelqu’un.  Cela  Toit  dit  en 
paflànt,  pour  détromper  quantité  de 
gens  , 8c  principalement  les  Etran- 
gers , qui  croyent  qu’il  y a des  Pro- 
vinces 8c  des  Villes  en  France  oè  la 
prononciation  cft  aufli  bonne  8C 
meilleure  qu’à  la  Cour  & à Paris  , 
comme  à Orléans , à Blois , 8c  dans 
tous  les  lieux  f tuez  le  long  de  la 
Loire,  ouïes  maniérés  de  prononcer 
s’écartent  tous  les  jours  de  la  pro- 
nonciation naturelle  8c  idiotique  de 
notre  Langue.  Ce  que  je  prétends 
prouver  dans  la  fuite  par  notre  an- 
cienne Ortographe , par  les  mots  dont 
nous  avons  formé  les  nôtres , 8c  pat 
plulîeurs  autres  raifons , qui  vous  fe- 
ront demeurer  d’accord  , que  la  réglé 
8c  la  raifon  ont  plus  de  part  dans  les 
bonnes  maniérés  de  prononcer  8c  de 
parler  de  la  Cour  8c  de  Paris  , que  k 
caprice  de  l’ufagc. 

Dam.  Je  vous  entends  fôuvent  par- 
ler de  ce  mot  à' Idiotique  ; 8c  cepen- 
dant je  ne  l’ai  point  encore  ouï  dire 


les  Sons  dr  les  P drôles , dre.  n$ 
â perfonne.  Je  vous  prie  de  me  dire 
ce  qu’il  fignifie , & d’où  il  vient  > 
Phil.  Je  ne  m’en  voudrois  pas  fer- 
vir  ailleurs  , que  dans  l’inftruàion  de 
mes  préceptes  ; mais  pufjfque  vous  dé- 
lirez en  fçavoir  l’explication  , j e vous 
dirai  que  je  m’en  fers  pour  lignifier 
une  chofc  qui  marque  le  véritable  8c 
n .turcl  genie  d’une  Nation  ou  d’une 
Langue  : Il  vient  du  mot  Grec  7JW  , 
qui  veut  dire  en  Latin  , proprius , pe - 
culiarïs  , & en  François  , propre  & 
peculier  , s’il  m’eft  permis  en  l’explica- 
tion que  je  fais  de  ce  mot , de  Francifer 
celui  de  peculiaris , qui  donne  une  idée 
plus  nette  du  mot  de  propre  en  ce 
fens.  D’/JW  on  a fait  en  Grec  /<Tio7«* 
qui  lignifie  en  Latin  proprietas  , dont 
nous  avons  fait  le  mot  de  propriété 
D’/V/ornf,  IcsGrccs  ont  fait  iS'iuuci  qui 
lignifioit  la  même  chofe  , mais  il  figni* 
lioitaufii  une  certaine  maniéré  de  par- 
ler ou  décrire  propre  & particulière  à un 
uiuteur.  D'/cTWu*  on  a fait  />/wV/c/uor, 
qui  lignifioit  manière  de  parler  tirée 
dt*  Peuple , d’où  nous  avons  tiré  les 
mots  d Idiome  8c  Id  otifme.  Ce.  mot 
dé  Idiome  nous  fert  pour  lignifier  uns 


H4  Ch.  VI.  Maniéré  de  prononcer 

façon  de  parler  décrire  , particu- 
lière a une  Ville  oh  a une  Province, 
tirée  de  la  Langue  générale  de  la 
Nation  : Et  le  mot  à' Idiotifme  nous 
fert  à lignifier  une  façon  de  parler 
détachée  des  Réglés  générales  d'une. 
Langue  , & qui  eft  particulière 
a un  langage  : Par  exemple  , fi 
quelqu’un  difoit  , je  m en  fuis  fait 
pour  deux  ecus  » pour  dire  , il  ni  en 
coûte  deux  ecus  , on  appelleroir  cet- 
te façon  de  parler  , je  m'en  fuis  fait, 
un  Idiotifme  Gafcon  : Quand  je  dis  , 
vendez,  - vous  des  chapeaux  , c cft  un 
Idiotifme  François  pour  un  Allemand 
qui  m’entendra  parler  , parce  que  fé- 
lon fa  Langue  & félon  la  Latine , il 
croira  que  je  voudrai  dire,  vende f ne 
pileorum . Et  après  lui  avoir  dit  la 
ràifon  de  cette,  irrégularité  , il  appel- 
lera cette  maniéré  de  parler  propre  à 
notre  Langue  un  .Idiotifme  François . 
Par  cette  explication  il  cft  facile  de 
connoître  la  véritable  lignification  de 
ce  mot  ; car  vous  voyez  que  cette  ma- 
niéré de.  parler  , vendez,- vous  des  cha- 
peaux"y  & celle-ci , mon  hofejfe  , pour 
ma  hofejfe  ; & celle  de  prononcer 


S » - r<  *'*«.» 

•c  %■  ÎK* , ' *■  >*;'  ! s • ' > *./  , \ '•  , - V, 

les  Sons  dr  les  Paroles , dre.  iif  • 

‘ /avais  , au  lieu  de  j’avois  , ont  été 
tirées  du  commun  ufage  du  Peuple  , 

& que  par  leur  antiquité  elles  Ce  font 
comme  naturalifés  en  notre  Langue  : 
C’eft  pourquoi  un  Auteur  Latin  a dc- 
fini  le  mot  à'Idiotifme  par  cette  Phra- 
Ce,-Genuinus  & non  adultérât  us  lo- 
quendi  modus  , qui  figmfie  en  notre 
Langue  façon  de  parler , naturelle  & 

. fans,  aucune  alteration.  Ainfi  en  par- 
lant d’une  Langue  des  maniérés  de 
parler  qui  y font  affectées  , je  croi 
qu’on  ne  peut  employer  un  terme 
plus  expreffif  que  ce  mot  à'Idiotique , 
pour  dire  naturel  ou  naturelle  & fans 
aucune  corruption.  Patîbns  à d’autres 
leçons , & parlons  de  la  valeur  de  cha- 
cune des  Lettres  de  notre  Alphabet. 


i 


Il 6 Ch ap.  VII.  De  la  valeur 


CHAPITRE  VII. 

De  la  valeur  des  Lettres  de  /’ Al~ 
phabct  de  notre  Langue  , & de 
quelle  maniéré  elles  fe  doivent 
prononcer. 

PH  i l i n t e : Nous  avons  ample- 
ment pa'lé  delà  manière  de  fer- 
mer & d’articuler  les  Sons  de  nos 
Paroles , & comme  nous  les  çara&é* 
riions  fur  le  papier.  Nous  avorîs  ex- 
pliqué ce  que  c’eft  qu’une  Lettre  , ce 
que  c’eft  qu’une  Syllabe. & de  la  ma- 
nière qu’on  l’aftemble  avec  une  autje 
dans  l’Ortographe  , pour  marquer  les 
paroles  qui  compofcnt  notre  difeours. 
U ne  nous  relie  plus  qu’a  parler  de  la 
Valeur  de  chaque  Lettre  en  particu- 
lier & de  l’emploi  que  nous  en  fai- 
sons , pour  caraétérifer  tous  les  Sons 
de  nos  Paroles.*  Vous  Içavez  que  no- 
tre Alphabet  eft  compofé  de  Voyelles 
de  Confones.  Commençons  parla 
première  forte  de  ces  Lettres. 


des  lettres , &C,  ivf 
Nous  avons  fix  Voyelles  qui  font, 
rjA.  E.  /.  O-  V*  T.  avec  lefquclles 
nous  caraétérifons  généralement  tous 
les  Sons  qui  peuvent  entrer  dans  la 
Compofition  de  nos  mots  , & fans  lef. 
quelles  il  cft  impofTi  Slc-de  former  une 
fyllabe  ni  un  mot  François.  Vous  en 
avez  des  exemples  en  ces  cinq  mots, 
uil-ma  nac , dé-tré-né-rer  , fi-nir  , ho- 

I f ° ^ 

no-rt , u-jH-rc  , myr-tc. 

Dam,  Toutes  ces  Voyelles  fe  pro- 
noncent-elles par  tout , de  même  que 
vous  venez  de  les  prononcer } 

Phil%  Oiiy  , exceptez  quand  on 
les  joint  avec  d’autres  Voyelles  , com- 
me j’ai  déjà  dit , où  pour  lors , elles 
changent  de  Son  , comme  lors  que 
vous  mettez  un  e avec  un  u , un  a 
avec  un  i , ou  un  o avec  un  »,  & 
ainfi  du  refte  j car  pour  lors  le  Son 
de  Vu  (c  change  en  celui  d 'eu  : celui 
de  Vi  fe  change  en  celui  d 'ai  ; & ce- 
lui de  Vu  en  celui  d 'ou.  L’ e change 
auflï  quelquefois  de  Son  devant  unç 
m , ou  n , comme  on  peut  remarquer 
aux  premières  {ÿlhbes  des  mots  fui- 
yans  , employer  , enfant , entendre • 

Il  y a auili  d’autres  Voyelles  qui 


*i$  Chap.  VII.  De  U valeur 

fe  prononcent  une  fois  plus  lentement 
que  les  autres  , félon  les  lettres  qui  • 
les  fuivent  ou  qui  les  precedent  > 
comme  en  ces  mots  , beauté  & bot/ , 
r où  vous  voyez  que  la  première  fÿlla- 
be  du  mot  de  beauté  fe  prononce 
avec  plus  de  lenteur,  que  celle  du 
mot  b oté* 

La  Voyelle  e ne  fe  prononce  pas 
toujours  comme  au  mot  dégénérer > 4 

car  il  y a des  fyllabes  où  elle  fe  pro- 
nonce comme  la  double  voyelle  ai > 
comme  vous  pouvez  remarquer  au 
mot  cher,  ou  Ye  (e  prononce  comme 
lai  du  mot  chair  j & il  y a des  fylla- 
bes où  cette  voyelle  e , ne  s’entend  - 
presque  pas  5 comme  en  ces  mots , 
tafetas , rude  , borne.  Bt  vous  devez 
fçivoir  que  cette  différence  de  pro-  j 
nonciation  eft  auffi  fenfîble  & aufïi  ai- 
fée  à connoître  , pour  peu  qu’on  ait 
d’oreille  , que  celle  que  vous  pouvez 
trouver  en  la  prononciation  de  1 i ôc 
de  P u.  Je  vous  cite  ces  deux  Let- 
tres pour  exemple  , parce  qu’il  y a des 
Nations  qui  confondent  fouvent  les 
Sons  de  ces  deux  lettres  * & h , SC 
• qui  ont  plus  de  peine  à les  diftinguer 


des  Lettres  , &c.  n$ 
que  nos  François,  à connoîcre  les  dif- 
férens  Sons  de  nos  >. 

Dam.  D’où  vient  que  nous  n’avons 
point  de  Lettres  pour  caraétérifer  les 
difFérens  Sons  de  ces  e ? 

Pbil.  Je  croi  que  cette  differente 
prononciation  des  e , ne  sert  établie 
qu’après  l’Invention  de  notre  écriture 
Françoife.  Je  fç^i  bien  que  nous  avons 
une  forte  dV  , dont  la  prononciation 
n’a  jamais  été  en  ufage  parmi  les  Ro- 
mains ni  les  Grecs  , qui  eft  Ve  que 
nous  appelions  féminin  , dont  le  Son 
n’a  pretque  aucun  rapport  avec  celui 
de  nos  autres  e.  Pour  moi  je  croi 
qu’il  nous  eft  venu  des  Alemans  & 
des  Peuples  Septentrionaux,  après  que 
les  François  Le  furent  emparés  des 
Gaules  & qu’ils  y eurent  établi  une 
partie  de  leur  Langue  , dont  il  fc 
forma  un  langage  moitié  Aleman , 
moitié  Gaulois  3 parce  que  ces  Na- 
tions , tout  .au  contraire  des  Romains, 
aimoiçnt  fi  fort  la  prononciation  des 
Confbnes , qu’ils  mangeoient , com- 
me ils  font  encore  , la  plupart  des 
voyelles  qui  fe  trouvoient  dans  les 
mots  de  plus  de  deux  fyllabes , 8c  par-  * 


no  Chap.  VIÎ.  Ve  ht  valeur*  "?j 

ticulierement  les  voyelles  des  fÿlIàbeS 
finales  de  leurs  mots  i comme  on  peut 
remarquer  en  ces  mots  Alemans , 
Lieben  , Jlfunfter  > Wolle  , ou  1 e de 
la  première  fyllabe  du  mot  Lieben  , • ’ 

ne  s’entend  point  du  tout , & celui 
de  fa  derniere  fyllabe  a le  Son  de  no- 
tre e final  qui  fe  trouve  fans  accent, 
comme  en  ces  mots , Scribe , plante , 
borne  \ Celui  de  Manjler  Tonne  com- 
me celui  de  notre  mot  de  Chaperon  , 
quand  nous  le  prononçons  dans  les 
Vers  , c’eft-à-dire  en  trois  fyllabes  , | 

Cha-pc-ron  : & ils  prononcent  celui 
du  mot  Welle , comme  notre  e final 
Tans  accent. 

Dam . Ils  prononcent  donc  Ve  du 
mot  Manfler,  à peu  près  comme  nous 
prononçons  notre  double  • voyelle  , 

CH  ? . { 

Phil.  Il  entre  quelque  chofe  de  ce  ] 
Son  dans  la  prononciation  qu’ils  font 
de  ce  mot  , & dans  celle  qu’ils  font 
de  tous  leurs  mors  de  plus  d’une  fyl- 
Iabe  terminés  en  er  ; tels,  que  {ont 
ceux-ci  , Mut  ter , W ’ider  5 Brader  : 
Mais  ils  ne  prononcent  pas  IV  avant  , 
Ve  , comme  beaucoup  de  François 

croycnt 


des  Lettres  > iiï 

-croyent  j car  quand  ils  entendent  pro- 
noncer ces  mots  par  les  Alemans , ils 
croyent  quils  difent  Munfire  , mou - 
ttVyWidre , brou  dre.  S’ils  veulent  bien 
faire  réflexion  fur  la  prononciation 
que  nous  faifbns  nous- memes  du  mot 
jïmfterdam , ils  comprendront  facile- 
ment la  prononciation  de  cet  er  final , 
car  nous  ne  difons  pas  tout  à fait 
u4?njfrcdam , & il  ne  s’en  faut  guères 
que  nous  ne  prononcions  Am Cteur- 
dam  s mais  cette  prononciation  de 
teur  Ce  fait  d’une  manière  fi  brève  par 
ceux  qui  pronpneent , qu’on  ne  s’ap- 
perçoit  pas  que  Ve  de  cette  fyJIabe  fe 
prononce  comme  la  fyllnbc  eu.  Il  n’y 
a pourtant  rien  de  plus  vrai , & on  doit 
prononcer  ce  mot  d ' Amfterdam  , com- 
me je  viens  de  le  dire.  Cela  foit  dit 
en  palfant  pour  ceux  qui  difent , l’ZT- 
vêque  de  Munftre  , ou  V Evêque  de 
Munflêr , comme  s’il  y avoit  Munfi- 
tain  car  il  ne  faut  prononcer  ni  d’u- 
ne manière  , ni  d’une  autre , mais  feu- 
lement comme  fi  Ve  de  ce  mot  ètoic 
féminin  , comme  il  l’cft  en  effet  5 & 
c’eft  auffi  pourquoi  j’ai  dit  qu’il  fc 
prononçoic  comme  Ve  de  chaperon  i 

F 


ju  Chap.  VIL  Ve  la  valeur 

car  fi  vous  prononcez  ce  mot  en  trois 
fyllabes,  vous  trouverez  que  dans  les 
deux  premières  fyllabes  qui  font  cha- 
-pe  ,\'e  eft  finis. doute  féminin  ; &c  Ci 
vous  ajoutez  à chape  la  fyllabe  ron  , 
vous  prononcerez  a peu  près  chapett— 
ron  } de  forte  que  fi  nous  ne  pronon- 
cions pas  la  fyllabe  peu  avec  laprom- 
titude  que  nous  failons , on  1 enten- 
drait diftin&emcnt.  Mais  comme  je 
viens  de  dire  , on  prononce  cet  e 
d’une  maniéré  fi  brève  , que  c’eft:  touj: 
ce  que  peut  faire  l’oreille  la  plus  dé- 
licate., que  de  s’en  appercevoir. 

Nous  avons  de  certains  mots  en 
notre  Langue  , dont  la  fyllabe  re  fe 
prononce  encore  , par  quelques  gens 
du  menu  peuple  , à peu  près  comme 
celle  d’er  d.ns  le  mot  uimferdam , 
tels  que  font  ceux-ci',  Bretagne,  Bre- 
ton , brebis , bretelle  , frelater , qu  on  a 
prononcé  & écrit  autrefois  Bcrtagne , 
Ber  ton  , berbis , berteîle , ferlater;  l’on 
écrit  encore  berlan  , & cependant  on 
ne  prononce  pas  berlan  , c eft-a-dire 
la  fyllabe  ber  comme  celle  de  berceau  ; 
ceux  qui  veulent  prononcer  ce  mot, 
comme  il  eft  écrit  , prononce  à pep 


des  Lettres  a &c.  115 

•près  beurlan . 

-D,*?».  Vous  me  parlez  là  d’une 
prononciation  bien  irrégulière  , il  me 
fdünble  qu’il  n’y  a plus  que  quel- 
ques vieilles  gens  , ou  des  petits 
Bourgeois  de  Paris  , qui  prononcent 
heurt  an  pour  brelan. 

Phil.  Je  ne  vous  cite  pas  cette  ma- 
niéré de  prononcer  , afin  que  vous  la 
fuiviez  : ce  que  j’en  fais  n’efl:  que 
pour  vous  faire  comprendre  la  pro- 
nonciation de  Ver  t dont  nous  venons 
de  parler , & pour  vous  faire  fçavoir 
la  penfée  où  je  fuis  , que  nos  an- 
ceftres  ont  prononcé  ces  mots  de 
Bretagne  , bretelle , brebis  , comme  ils 
les  ècrivoient  5 & je  ne  doute  pas 
qu’on  n’ait  auflï  prononcé  & écrit 
ces  mots  d z frétiller , fredonner , fre- 
later , comme  fertiller , fer  donner , fer- 
lât er  ; 8c  cela  eft  fi  vraisemblable  * 
que  la  plupart  des  vieilles  gens  qui 
font  dans  les  petites  Villes  & même 
dans  Paris  , ont  de  la  peine  à pro- 
noncer tous  ces  ‘mots  autrement.  Je 
connois  même  quantité  d’honnêtès 
gens  8c  qui  parlent  bien , qui  ont  en- 
tore  de  la  peine  à prononcer  la  pre* 


1*4  Ch ap.  VII.  De  U valeur 

miere  iyllabe  de  frelater , & qui  pro- 
noncent prefque  toujours  feurlater. 
On  n’a  point  en-cote  décidé  fur  la 
prononciation  St  la  maniéré  d’ortb- 
graphier  le  mot  de  brelan  : car  les 
uns  difent  berlan  , & l’cowvent  de 
même  5 St  les  autres  brelan  , & récri- 
vent autfî  de  même.  Cette  incerti- 
tude confirme  tout  ce  que  je  viens 
d’avancer. 

Dam.  Les  Alcmans  ne  prononcent- 
ils  point  leurs  e autrement  que  vous 
venez  de  le  faire  entendre  2 

Phil.  Ils  ont  encore  le  ouvert 
qu’ils  prononcent  comme  nous  , St 
Ve  fermé  qu’ils  prononcent  a peu 
près  comme  nous  , mais  non  pas  fi 
diftin&cment  ; je  croi  même  qu’ils 
ont  contra&é  cette  prononciation  d'e 
des  Romains  ; & ce  qui  me  confirme 
dans  cette^ipinion  , c’eft  ce  peu  d’in- 
clination qu’ils  ont  pour  la  pronon- 
ciation des  voyelles  , qu’ils  n’ont  ja- 
mais prononcé  d’une  manière  fort 
diftinéte , comme  on  peut  encore  re- 
marquer , fi  l’on  veut  bien  faire  at- 
tention fur  la  prononciation  qu’ils  fe- 
ront en  lifant  quelque  difeours  La- 


des  Lettres  , &c.  n$ 

tin  •}  mais  cela  n’eft  pas  de  notre 
inftru&ion.  Revenons  à la  raifon 
pour  laquelle  nous  n’avons  qu’un  ca- 
ractère , pour  marquer  fur  le  papier 
les  trois  différens  Sons  de  nos  e , &C 
demeurons  d’accord  apvès  tout , qu’on 
n’en  (çaiiroit  donner  d’autre  raifon, 
que  l’ufage  de  notre  écriture  qui  ne 
l’a  pas  encore  établi  ; Mais  il  y a lieu 
d’efperer  , que  s’il  ne  s’y  en  établit 
point  , on  trouvera  peu  à peu  des 
moyens  de  différencier  ces  e , par  de 
petites  marques  qu’on  pourroit  met- 
tre au-deflus  , comme  je  l’ai  déjà  dit 
ailleurs,  & dont  je  parlerai  pins  am- 
plement au  Chapitre  particulier  que 
je  fais  des  e François.  Tout  ce  que 
nous  avons  à dire  à prefent , c’tft  que 
nous  en  avons  trois  , dont  l’un  eft 
mafculïn  , &c  qui  à la  fin  des  mots  fe 
‘marque  d’un  petit  - tiret  au-defTus , 
tiré  de  la  main  droite  à la  gauche , 
comme  vous  voyez  en  ces  mots,  fau- 
te', bonté , Café.  L’autre  s’appelle  e 
ouvert , qui  fe  trouve  ordinairement 
à la  fin  des  mots  fuivi  d’une  confone, 
comme  , fec  , bonnet  , cher , &c.  8c 
il  fe  prononce  comme  notre  double 


i%6  Ch ap.  VU.  î>t  la  valeur.'  - 

voyelle  ai v.  Le  troifiéme  eft  IV  femi-,  - 
x>in  qui  fe  trouve  à la  fin  des  mots* 
fans  aucune  conlbne  après , ni  fans  au- 
cun tiret  au-dcfliis.  Comme  vous  pou- 
vez voir  en  ces  mots  , commode , bor 
ne , agate,  bride,  dont  les  <?  ne  fonnent' 
point  dans  la  prononciation  *,  & cela 
eft  fi  vrai,  que  fi  vous  donnez  à orto- 
graphier  ces  mots  a un  Etranger , qui 
écrira  fûivant  ce  qu’il  vous  entendra 
prononcer  , & fuivant  les  lettres  de  ; 

(à  Langue , il  ne  manquera  pas  d’èr 
çrire  , commod  , born  , agat , brid. 

Vous  avez  ici  un  exemple  des  trois  e, 
dans  un  feul  mot , qui  eft  fermeté, 
qui  réduit  par  fyllabes  fait  fer-me-té, 
dont  IV  de  la  première  fyllabe  eft' 
ouvert  , 3c  fe  prononce  comme  là 
double  voyelle  ai.  Le  fécond  eft  fé- 
minin , qui  fe  prononce  fort  foible-,  • 
ment  ôc  imperceptiblement  comme 
ÎV  du  mot  chaperon.  Le  troifiéme  eft 
mafeulin  , & fe  prononce  comme  tous 
les  /,  marqués  d’un  tiret  au-defiùs, 
qui  fe  trouvent  4 la  fin  des  mots.  Eç 
fi  vous  donniez  ce  mot  à ortogra- 
phicr  à un  Etranger  , félon  la  pro- 
nonciation que  vous  en  feriez  , 


des  Lettres  , &c.  nj 
qü’il  fçut  que  notre  è ouvert  fe  pro- 
nonce comme  notre  double  voyelle- 
'ai , il  èeriroit  fans  hélitcr  fairtatf. 

Nous  n’avons  rien  à dire  des  au- 
tres voyelles  , linon  qu’elles  fe  pro- 
noncent toutes  comme  en  Latin  , ex- 
ceptez notre  e féminin  qui  a un  Son- 
inconnu  aux  Romains , aufll-bien  que- 
notte u , .dont  je  vous  ai  déjà  parlé». 
& que  nous  prononçons  d’une  autre, 
maniéré  que  les  Latins  Pont  pronon- 
cé , & comme  le  prononcent  encore 
aujourd'hui  les  Italiens,  les  Efpagnote 
& les  Alemaris.  Toutes  nos  voyelles 
fe  prononcent  plus  lentement  les  unes 
que  les  autres  , {clon  les  lettres  qui 
les  fuivent  , ou  qui  les  précèdent 
dans  la  fyllabe  qu’elles  composent, 
& félon  l’ufige  qu’on  en  a confcrvé 
jufqu’a  prefcnc , comme  vous  pouvez 
voir  par  les  mots  fuivans  , aage  , ame, 
hofle  , pifle  ; dont  les  premières  fyl- 
labes  fe  prononcent  avec  mo’ns  de 
promtitude  , que  celles  des  mots  qui 
fuivent , Page , Dame  , il  mit , 
hotte , hutte f Dans  lcfquels  mots  on 
appelle  les  unes  fyllabes  brèves  , & 
les  autres  fyllabes  longues.  C’cft  de— 

" S iiij 


-12.8  Chàp.  VII.  De  la  valeur 
quoi  je  donnerai  une  ample  ex^  lica* 
tion  dans  un  Chapitre  feparé  , que 
je  fais  des  fyilabes  longues  tk  brèves 
de  notée  Langue. 

u 

Dam.  N 'avons-nous  que  de  deux 
fortes  de  Longues  & de  Brèves  en 
notre  Langue  2 

Phil.  Si  nous  en  voulions  croire  la 
délicatelîe  de  certains  grammairiens, 
^nous  trouverions  en  notre  Langue 
deux  fortes  de  fyilabes  longues  j fçar- 
voir  une , dont  le  Son  dure  un  teins 
davantage  que  celui  d’une  Brève , 
comme  vous  pouvez  voir  en  ce  mot 
las , qui  a fa  fyllabe  longue  par  rap- 
port au  mot  la  , qui  l’a.  brève  $ car 
vous  fentez  bien  , en  m’entendant 
prononcer  ces  deux  mots  , que  je 
mets  une'  fois  plus  de  rems  à pro- 
noncer Je  mot  las  , que  celui  de  là. 
L’autre  forte  de  Longue  , doit  avoir 
un  Son  qui  dure  un  demi  tems  plus* 
que  la  Longue  commune , comme  vous 
pouvez  remarquer  en  m’entendant 
prononcer  l’a  de  la  première  fyllabe 
du  mot  pafte , qui  eft  plus  long  d’un 
demi  tems , que  Va  du  mot  pas. 

Dam.  Je  conçois  bien  que  Va  d« 


des  Lettres , &€.  e i ip 
ïâ  fyliabe  pas  au  mot  de  pafle  , fe 
prononce  d’une  maniéré  un  peu  plus 
lente  & plus  traînée  , que  celui  du 
mot  pas  i mais  il  faut  avoir  l’oreille 
bien  fine  pour  faire  cette  diftin&ion. 

Phil.  Pas  tant  que  vous  diriez  bien* 
mais  enfin  ce  feroit  trop  entrepren- 
dre à prefent  % St  trop  exiger  de  no’s 
François , dont  la  plupart  ne  fçavent 
ce  que  c’eft  que  de  longues  St  de 
brèves  , que  de  leur  demander  des 
obfervations  fi  délicates.  Ilfuffitpour 
le  prefent  de  leur  faire  fimplemcnt 
connoître  l’importance  qu’il  y a d’ob- 
ferver  les  fyllabes  longues  & brèves 
de  nos  mots  , & de  leur  en  faire 
connoître  les  raifbns  ; & après  leut 
avoir  fait  entendre  la  différence  qu’il 
y a de  ces  fortes  de  fyllabes, ondoie 
fe  contenter  d’en  établir  feulement 
deux  fimples  mefures  j fçavoir  une  lon- 
gue en  general , St  une  brève  de  mê- 
me , fans  entrer  dans  le  détail  des 
fyllabes  longues  , qui  font  un  tiers 
plus  longues  que  les  autres  longues. 
Faites  obferver  , par  exemple  , les 
longues  & les  brèves  à un  homme  de 
Province,  en  ces  mots  las  St  pafle', 

F v 


ijo  Ch  ap.  VII.  Delà  valeur 
vous  verrez  qu’il  les  prononce  fou-i 
vent  comme  la  & patte  ; alors  vous 
ferez  pleinement  èclaicci  de  tout  ce 
que  j’ai  dit , pourvu  que  vous  lui  en- 
tendiez prononcer  l'a  de  pafte , com- 
me celui  de  las  ; ou  celui  delà , com- 
me celui  de  patte  : Mais  fi  vous  lui 
allez  parler  de  demi  tems  plus  lon- 
gue qu’une  autre  longue  , vous  le 
rebuterez  j c’eft  pourquoi  nous  nous 
en  tiendrons  à ces  deux  Réglés  en 

feneral.  Et  fi  quelque  délicat  en  fou- 
aite  d’avantage , on  pourra  dans  la 
fuite  le  contenter. 

Dam . A vous  entendre  parler , il 
femble  que  cet  ufage  de  longues  8c  de 
brèves , en  notre  langue,  foit encore 
douteux. 

Phll.  Il  n’eft  rien  de  plus  certain , 
de  plus  confiant , 8c  même  de  plus  an- 
cien que  cet  ufage  , ni  de  mieux  éta- 
bli parmi  les  gens  qui  parlent  bien. 
So  yez  perfuadé  que  vous  n’en  trou- 
verez pas  un  leul , qui  prononce  la 
première  lyllabe  du  mot  beauté  , com- 
me celle  du  mot  bon  , qui  eft  brè- 
ve i qui  prononce  le  mot  cours  qui 
cfi  long. , comme  celui  de  court  qui 


des  lettres , efc:  13Ï 

eft  bref  5 le  mot  de  frais  qui  eft 
long  , comme  celui  de  froid  qui  cft 
bref  j ni  qui  prononce  il  croifl , pour 
dite  , il  devient  grand  , comme  il 
croit  , pour  dire  , H penfe  que  ; ni 
enfin  qui  prononce  , jeufne  , pour 
dire,  abfbinence  de  manger  , comme’ 
jeune , f 

Dam. 
cela  } 

Phil . Prefque  tous  les  gens  de 
Province  y manquent  -,  & s’ils  bb fer- 
vent quelque  régularité  en  ces  cinq: 
mots  , qui  pour  être  crop  maniés  du 
public  font  par  confequenr  moins 
douteux  , ils  manquent  en  plus  de 
cinq  cens  autres  mots.  Nous  avons 
même  beaucoup  de  Parifiens  afiess 
bien  clevés  , qui  faute  de  fçavoir  la 
confequcnce  de  l’obfervation  de  ces 
tôngucs  & brèves  , contractent  de 
très  - mauvai fes  habitudes  en  les  pro- 
nonçant, & dont  ils  ont  bien  delà- 
peine  à fe  défaire  , foit  à caufe  qu’ils  • 
fréquente  des  gens  qui  parlent'  mal 
foit  parce  qu’ils  hantent  des  gens  de* 
Province  , dont  fou  vent'  là  pronon- 
ciation eft.vitieufe. 


dire  , qui  nefi  pas  vieux . 
û eft-ce  qui  n’obferve  pas 


F Vf) 


î$i  Ch ap.  VII.  De  U 'Dateur 

Dam,  Obfcrve-t-on  ces  Longues 
dans  la  prononciation  des  doubles 
voyelles  £ 

P h il.  Il  n’en  faut  pas  douter.,.  & 
c’efl:  pour  cela  que  je  vous  en  ai 
donné  des  exemples.  Mais  revenons 
à nos  voyelles.  Lorfqu’ellcs  fe  trou- 
vent feules  dans  une  fyllabe  , elles, 
gardent  le  Son  que  vous  avez  déjà, 
entendu  dans  les  mots  que  je  vous 
ai  prononcés  au  commencement  de 
ce  Chapitre  , qui  font  : Almanac-y. 
dégénérer , fini , honoré,  ufare , myrte,. 
Toutes  ces  voydles  changent  un  peu 
de  Son  , lorfqu’eiles  font  miles  de- 
vant des  m ou  des  »,  fiivies  d’une 
autre  conlone  , ou  qu’elles  fe  trou- 
vent à.  la  fin  d’un  mot , comme  vous: 
pouvez  remarquer  par  les  premières 
iyllabes  des  mo-ts  qui  fui  vent,  **»ple, 
faim- , tmp'tfùit  , ambtc  , humble  ,, 
fsindzz , /«g rat , conte  , brun  , où  vous  - 
voyez  quç  ces*  voyelles-  perdent  ce 
Son  clair  qu’elles  rendent , loriqu’on 
les  prononce  feules  ou  accompagnées, 
d’une  autre  confonc , & quelles  ren* 
denr  un  Son  confus  , étant  pronom- 
«ses  avec,  ces  m ou  #,  fiivies  dlaifr 


ies  lettres  ,éc*  15$ 

très  confones. 

Dam,  D’où  nous  cft  venu  cette 
forte  de  prononciation  d’w,  ou  d’#f 

Phil.  Il  eft  bien  difficile  de  vous 
rendre  raifon  là-defiùs  j car  tous  les 
Etiangers  font  fonner  1»  comme  fi 
elle  ètoit  fuivie-d^une  voyelle  & com- 
me nous  prononçons  celle  du  mot 
jtme».  Les  Latins  l’ont  prononcé  de* 
même.  Ils  la  prononçoicnr  au  mot 
de  Manlius , comme  nous  la  pronon- 
çons en  l’adverbe  Latin  an.  Ce  n’cft 
pas  qu’elle  ne  perdit  beaucoup  de  fa 
force  & du  Son  rétenti fiant  qu’elle 
produit  quand  on  la  prononce  avec 
une  voyelle  qui  la  fuit  , comme  en 
ces  mots  , natura  , bene , mus,  CaE 
ies,  Latins,  pronon çoient  quelquefois 
cette  # à la  fin  d’une  fyllabc  à peu 
près  comme  nous.  Un  de  leurs  Au- 
teurs appelloit  UDe  n faufiê  celle  qui 
fe  prononçoit  dans  les  premières  /yl- 
labes  des  mots , *»guis , *»cora  , in * 
crêpât  , mgenuus  * & autres.  In  bis 
tnim  non  verum  n , fed  adulterinum 
ponitwr , dit-il , nam  fi  ea  littera  effet, 
Lingua  palatum  tangeret.  Voyez  la 
nouvelle  Méthode  de  E.  Royal,.  Traits: 


î$4  Chap.  VU.  Z)é  /ü  mien* 

des  Lettres  page  738. 

Quoi-qu’il  en  foit  , cette  manier© 
de  prononcer  les  » qui  Te  trouvent  à 
la  fin  d’une  fyllabe  , fans  frapper  de 
là  langue  vers  le  palais  , eft  très- 
difficile  aux  Etrangers..  Il  faut  que 
cette  prononciation  vienne  des  Gau- 
lois, & que  de  pere  en  fils  elle  ait  pafic  • 
jafqua  nous-,.&  qu’elle  fe  foie  tou-* 
jours  confcrvée  de  même. 

Dam.  Eft-ce  là  tout  ce  que  nou*. 
avons  à dire  touchant  les  voyelles  > 

Phil.  Nous  n’avons  qu’à  parler  de  - 
là prononciation  de  Yï  Sc  de  ly  grec.  / 
L’;  voyelle  fe  prononce  par  tout  de 
meme  que  vous  avez  ouï  dans  le  mot- 
fini  : mais  il  change  de  Son  , ou  pour 
mieux  dire  , il  le  perd  tout  à fait 
lôrfqu’il  eft  accompagné  de  deux  //^ 
comme  en  -ces  mots  , taillé,  œiltét  v 
féiillèt*  Mais  ce  n’eft  pas  ici  l’endroit  • 
de  parler  de  cette  forte  de  pronon- 
ciation. Voyez,- les  fyllabes  9JlUa  ille, . 
illi , illà  , ilia , à l’articlg  de-  la  pronon-  - 
ciation  de  17. 

Pour  ce  qui  regarde  la  lettre  y grec,., 
je  la  trouve  fort  inutile  en  beaucoup- 
de.  fyllabes  , où. nos  Ecrivains  la  pl$- 


dès  Lettres  , érc. 

tient  5 mais  très-nécefiaire  en  d’autres 
mots  de  notre  Langue  , où  elle  y fait- 
une  fonction  toute  particulière  ÔC 
détachée  de  celle  de \'i  commun,  ÔC 
que  pour  cette  raifoii  les  Réforma- 
teurs de  notre  Ortographe  devroientt 
laiiïcr  telle  qu’elle  cft  dans  les  fylla- 
bes  où  elle  fe  trouve  , fans  en  alté- 
rer la  figure  , puisqu'elle  y fait  une  • 
autre  fonction  que  IV  commun. 

Dam.  A vous  dire  le  vrai , je  trou- 
va cette  lettre  non  feulement  fort  fu- 
perfluë  dans  notre  Alphabet  , mais.. 
roême  fort  embarralTànte  dans  notre 
Ortographe*,  car  que  nous  importe- 
t-il  décrire  Rot  avec  un  ou  Roy; 
a,vec  un  y grec* 

Phil»  Je  demeure  d’accord  que  fi' 
notre  y grec,  ne  fervoit  qu’à  marquer 
le  Son  de  notre  i , on  pourrait  ablb- 
lùment  s’én  paffèr  j . ÔC  que  quand-1 
nous  ortographierions  ces  mots,  -Afy-- 
le  , Hydromel , Hyfoye  , Style , P or - 
fbyre , Satyre  , Syllabe  , A?nydon  , ÔC  : 
autres  mots  tirés  du  Grec  , avec  un  /, 
plutôt  qu’avec  un  y grec  i la  Ictture 
n’en  feroit  pas  moins  facile  , puifque- 
cet  y. -grec  ne  produit  pas  un  autüç„ 

' y *• 


Ch ap.  VIL  De  U valeur 

Son  que  notre  g,  dans  les  mpts  tiré» 
du  Grec  , ou  des  autres  Langues  j 
mais  comme  il  y a quantité  de  fa- 
meux Ecrivains  qui  s’oppofènt  à la 
réformation  de  cet  y grec  , pourcon- 
ferver  la  mémoire  des  mots  dont  il» 
ont  été  formés  , il  pourroit  bien  fub- 
fifter  encore  quelque  tenas  en  notre 
tangue. 

Dam.  Quelle  rai  (on  a-t-on  démet- 
tre un  y grec  au  lieu  d’un  > commun, 
a la  fin  de  certains  mots  de  notre 
Langue  , qui  ne  font  dérivés  d’au- 
cuns mots  qui  renferment  des^  grecs 
en  eux,  comme  en  ces  mots,  Roy, 
Foy  , Loy  , j’aimeray  , Iny  , dont  les 
trois  premiers  viennent  des  mots  La- 
tins , Rex,  fîdes,  le* , & les  deux 
derniers  des  mots  Efpagnols  & Ita- 
liens , amarre , amer à ? 

Phil.  Je  ne  connois  point  d’autre 
raifon  que  l’Ufige  qui  a introduit 
mal-à-propos  cet  y grec  dans  notre 
Orrograohc  , Sc  fans  aucun  fonde- 
ment d’ctymologie  ni  de  diftinctionf 
de  lignification  de  mot,  comme  vous 
venez  de  remarquer  ea  la  citation 
de  ccs  mots. 


des  Lettres,  dre.  i$7 
Dam.  Je  voi  pourtant  des  Livres 
nouvellement  imprimés  où  l’on  com- 
mence à ortographier  quantité  de 
mots  où  ces  y grecs  ètoient  en  lita- 
ge-, par  un  * fimple  , comme  la  plu- 
part des  voyelles  finales  des  prétérits 
& des  participes  pafiifs  qui  s’orto- 
graphioient  par  , un  y grec  , & qui 
’ s’ortograph'cnt  maintenant  par  un  i 
fimple.  Cela  pouiroit  bien  avec  le 
tems  nous  faire  voir  la  fiippreflion  de 
cçs  y grecs.  Je  voi  même  beaucoup 
d’Auteurs  Modernes  qui  ortogra- 
phient  Yy  grec  , qui  fe  trouve  entre 
deux  voyelles  par  un  /,  avec  deux 
points  au- de  (Tus  , comme  en  ce  mot,' 
Royaume  , Royauté , Royalifie  , &c. 
qu’ils  ortographient  avec  un  s mar- 
qué de  deux  points  au-de fTus  , en  la 
maniéré  qui  fuit  : Rctaume  , Ro'iat , 
Roïalifte  , Roïauté , &c.  & cela  me 
paroît  d’autant  plus  extraordinaire, 
que  les  mêmes  Auteurs  ortographient 
le  mot  de  Roy  avec  un  y grec , quelle 
raifoq  a-t-on  de  changer  Y y grec  en 
dans  le  mot  de  Royaume  & Royau- 
té , & non  pas  dans  le  mot  de  Roi  , 
pùifque  cet  y grec  n’a  pas  d’autre  Soi* 


ys  . ' • - ' Y*~ 

*3$  Chap.  VU.  De  la  niateuf 

que  celui  de  IV  ? 

Phih  Pour  vous  dire  mon  (cnti- 
menc , notre  y grec  ne  devroic  être 
jamais  employé  que  lorfqu’il  Ce  trou- 
ve entre  deux  voyelles  j car  c’cft  li 
qu’il  cft  dans  fa  force  de  dans  là:  véri- 
table fonction  qu’il  doit  avoir  de 
caraétérilcr  le  Son  que  produit  no- 
tre i,  entre  deux  voyelles , qui  natu- 
rellement doit  être  double  , comme 
vous  pouvez  remarquer  en  ces  mots,: 
payer.  Doyen , tuyau,  qui  fe  pronon- 
ccnt  comme  fi  on  les  trouvoic  orto- 
graphies  ainfi  , pai-yer  , Dot-yen  y. 
uti-yau.  Au  lieu  que  fi  ces  mots.- 
èroient  ortographiés  par  un  i Fran- 
çois marqué  de  deux  points  au-defius, 
comme  on  a déjà  commencé  en  la1 
maniéré  qui  fuit  :’païtr , Doien,  tut  au, 
on  prononcera  pa-ier,  Do  ien,  tu-iau,, 
ou  fi  vous  l’entendez  mieux  par  l’an- 
cienne ortographe  , pa-yer , Do-yen, 
tu-yau  , & on  péchera  contre  le  bon 
Ufage  de  notre  prononciation  ; car 
alîiirément  il  fuit  non  feulement  pro- 
noncer ces  trois  mots  , comme  s’ils 
ètoient  écrits  avec  deux  a voyelles, 
ou  avec  un  / voyelle  de  un  y grec  j,. 


dès  Lettres , érc.  13^ 
mais  encore  tous  les  mots  où  les- 
jr  grecs  Ce  rencontrent  entre  deux 
voyelles  , comme  défrayer,  de'layer 
broyer,  brayer , choyer,  employer,  en - ' 
loyer  f Noyer  nom  d’arbre  , & noyer- • 
verbe  5 Ecuyer  ,gruyer,ejfuyer,  apuyer, 
& .quantité  d’autres  mots  de  ir.ême 
Ortographe. 

Dam.  Cet  i ainfi  marqué  pourrait 
faire  le  même  effet  que  ly  grec , & 
fc  rendre  double  de  même. 

Phtl.  Il  cfl  vrai  mais  il  faudrait- 
donc  fupprimer  tous  les  y grecs; 
puisque  nous  avons  ces  caractères 
tous  introduits  dans  notre  Ortogra- 
phe  , qui  y font  une  fonction  toute:, 
particulière  & même  fort  néceffairej 
pourquoi  s’avifert-ton  de  le  fuppri-, 
mer  & de  charger  notre  écriture  de 
deux  points  fur  l’i  , qui  n’en  a be- 
soin que  d’un. 

Dam.  Vous  avez  raifon  ; mais 
n’avons-nous  point  d’exceptions  delà 
réglé  des  ^ grecs  entre  deux  voyelles 

-JPhil . Oiii , car  il  faut  excepter  tous, 
lès  mots  dont  les  y grecs  fe  trouvent: 
aux  pénultièmes  des  mots  qui  finit- 
par  un  e féminin  3 c’eft-à-dir®; 


T4°  Chap.  VII.  De  U valeur 

par  un  e qui  rfeft  point  marqué  au- 
deiïùs  d’un  tiret , que  nos  Grammai- 
riens appellent  par  abus  accent  aigu 
ainfi  marqué  ( ' ) tels  que  font  ces 
mots  , Sauoye  , *Troye  , Lamproye , 
joye  , pluye  , Truye  , fuye  , dont  les 
y grecs  n’ont  que  le  Son  d’un  i fim- 
ple , mais  qui  fe  prononce  d’une  ma- 
niéré lente  & traînée  , & fans  faire 
beaucoup  fonner  IV  qui  les  fuit.  Pro- 
noncez donc  ccs  mots  comme  fi  ly 
grec  ètoit  marqué  comme  on  mar- 
que .les  fyllabes  longues  en  Latin, 
& comme  s’ils  ctoient  écrits  ainfi , 
Savoy  , Troy  , Lamptoy  ,p!uy , Truy, 
fn y t fans  pourtant  racotircir  le  mot  de 
la  fyllabe  finale  e , qui  doit  fonner, 
mais  imperceptiblement  & d’une  ma- 
niéré fort  foible  , comme  on  la  pro- 
nonce au  mot  vie . Prononcez  de  mê- 
me tous  les  y grecs  qui  fe  trouvent: 
dans  les  futurs  des  verbes  terminés 
en  yer  , comme  , Remployer  ai tu 
employer as  , &c.  fejfuycrai  , j'ap* 
jugerai,  ôcc. 


des  Lettres  , dre.  141 
Exception  de  cette'  Exception. 

Exceptez  pourtant  ccs  mots , Taye, 
paye , gaye  , adjeéfcif  féminin,  baye , 
& toutes  les  perfjp.nes  des  verbes 
terminées  en  ayç  , ayes,  ayent ; com- 
me je  paye  , tu  payes  , il  paye  , ils 
payent , où  il  faut  fuivre  la  réglé  des 
y grecs  fitués  entre  deux  voyelles. 
Prononcez  donc  , Tai-ye  , pai-ye , 
f ai-je  i je  pai-ye  , tu  pat-yes  , &c. 
Ajoûtez-y  aufli  les  dernieres  perfon- 
nes  des  tems  préfens  des  verbes  ter- 
minés en  oye  , oyes  , oyent  , uye , 
uyes  y uy&nt  j j’employe  , tu  employés, 
ils  employent  ; j’ejfuye , tu  ejfuyes  , ils 
ejfuyent  , que  vous  devez  prononcer 
de  meme  > mais  dont  il  ne  faut  pas 
tant  faire  fonner  Ve  qui  fuit  Vy  grec, 
que  dans  les  perfonnes  des  verbes 
terminées  en  aye , ayes,  & ayent. 

Remarque . 

Il  y a encore  une  Remarque  à fai- 
re fur  rortographe  de  Vy  grec  entre 
deux  voyelles  , qui  fêlant  outre  ces 


341  Chàp.  VII.  De  U valeur 

deux  Sons  , deux  autres  Sons.dans  là 
fyllabe  qui  le  fuit  dans  les  premières 
éc  fécondés  perfonnes  plurieles  des 
tems  imparfaits  & des  préfens  du 
fubjonffcif  des  verbes  terminés  en  yer^ 
doivent  être  fuivis  d’un  i voyelle  , 
comme  vous  pouvez  voir  en  ces  im- 
parfaits j je  payois  , tu  p a y ois  , il 
payoit  ; nous  payions  , vous  payiez  : 
j’envoyois  , tu  envoyois  , tl  envoyait} 
nous  envoyions  , vous  envoyiez,  : j v- 
fuyois  , tu  ejfuyois  , il  ejfuyoit  ; nous 
ejfuyions  , vous  ejfuyiez  , & en  ces 
préfens  des  fubjon&ifs.  Il  faut  que 
je  paye  , que  tu  paye  , quil  paye  * 
■que  nous  payions  , que  vovs  payiez,  : 
que  j' envoyé  , que  tu  jenvoyes  , quil 
envoyé  ; que  nous  envoyions , que  vous 
envoyiez  , & ainfi  des  autres  perfon- 
nes de  ces  fortes  de  verbes  , dont 
l’infinitif  fe  termine  en  yer. 

Dam.  Je  vois  pourtant  de  certains 
Ecrivains  qui  mettent  1’*  devant  Yy 
grec  , aux  mots  dont  vous  venez  de 
parler* 

Phil . La  différence  n’eft  pas  gran- 
de , & je  croi  qu’il  eft  arbitraire  de 
mettre  Yi  devant  ou  après  Yy  grec. 


des  Lettres , &c.  14$ 

<n  ccs  fortes  de  mots  -,  mais  il  eft 
pins  régulier  de  le  meme  après  & 
moins  iujct  à difcution.  Si  quel- 
qu’un le  conteftc  , on  ne  laiffèra 
pourtant  pas  de  lui  répondre.  m 


Autre  Exception. 

Mous  ayons  encore  à excepter  de  la 
réglé  des  y grecs  entre  deux  voyelles, 
les  mots  fui  vans  *,  ayant  , ayeul  , 
Ayeule. , btf ayeul , bifayeule  s trifayeul9 
tnfayetile  , cayer , payen  , Mayence , 
Eayance  , Bayonne  , gl ayeul , Baye  an , 
Bayonnetîe  , le  Chevalier  Bajard, 
Tay.au , terme  de  Chaflç  \ Nayades, 
{brte  de  Nimphcs  , dont  les^  grecs 
ne  fe  prononcent  que  comme  un  i 
Simple.  Prononcez  donc  , a~iant 9 
tU-ieul  , pa-ien  , &c.  ou  û vous  le 
comprenez  mieux  par  Yy  grec  a-yant, 
a-ycul  , pa-yen  , ôcç.  & non  pas 
,ai-yant  3 at-ycul9  pa-yen  , comme  font 
quantité  de  gens  de  Province  , faute 
de  Içavoir  les  réglés  du  bon  Ufage. 

1 )am.  N’avez- vous  plus  'rien  à dire 
>de  Y y grec? 

phil.  J’oubliois  à dire  qu’en  atten* 


*44  Ch ap.  VII.  De  U valeur 

dant  qu’il  fe  faflc  quelque  réfoi> 
mation  dans  l’ortographe,  de  notre  y 
guec  , il  feroit  bon  de  le  conserver 
particulièrement  au  commencement 
de  *ous  les  mots  où  il  Te  trouve 
ùiivi  d'ùne  voyelle  , comme  en  ces 
mots  j Torch  , Ville  d’Angleterre, 
yeux  y yeufe,  efpcce  de  chêne  qui  eft 
toujours  verd  ",  8c  ce  feroit  même  une 
faute  d’ortographe  très  - grande  que 
de  ne  pas  le  fervir  de  Yy  grec  en 
ces  mots  , à moins  que  la  diftin&ion 
de  notre  i voyelle  d’avec  notre  i con- 
fonne , ne  fut  fi  généralement  connu 
Sc  èfablie , qu’on  ne  fe  pût  non  plus 
méprendre  en  l’une  & en  l’autre, 
comme  en  la  lettre  g , & en  celle 
de  p , car  il  faut  que  cette  diftinéfcion 
ne  fuit  pas  moins  fenfible. 

Dam.  Que  dites -vous  d’un  mot 
que  nous  avons  en  notre  Langue , 
qui  de  tout  tems  s’eft  ortographic 
par  un  y grec  î 

Phil.  Vous  voulez  parier  de  l’ad- 
verbe relatif  y qui  fignifie  ,à,  au,  ou 
dans  : comme  quand  on  dit  , M*  eft- 
il  a Paris  , au  Palais  , dans  le  Jardin  ? 
On  répond,  il  y efi , ou  il  nyefi  pas . 

'»  Damon» 


- * des  Lettres , &c.  t4ÿ 

Dam,  Ce  mo:  à la  vérité  (eroit  bien 
difforme  & bien  nud  dans  notre  orto- 
igraphe  , s'il  ètoit  écrit  ou  imprimé 
avec  un  i commun.  Pour  moi  je  croi 
'qu’il  fera  privilégié  , & qu’il  durera 
tant  que  notre  Langue  durera.  Paf- 
ions  maintenant  à la  prononciation 
» des  Confones. 


chapitre  vin. 

De  ta  prononciation  des  Confones 
& de  leurs  liai  fin  s avec  les 
Voyelles * 

* . * t 

PHiitNTE  : Nous  avons  dix* 
neuf  Confones  en  notre  Alpha- 
bet  , qui  font  : b . c.  d.fig.  h.  /. 
ni,  n,  p.  c/,  r.  fi  t.  x . z „ j.  long , oa 
jod,  i)  confone , ou  van.  De  toutes  ces 
lettres  nous  n’avons  que  le  c , le  g, 
l’h  * le  p,  le  r , Vf,  l*x  & le  *,  , qui 
■changent  de  fon  dans  la  prononcia- 
tion , félon  les  lettres  avec  lefquels 
on  les  joint.  Les  autres  fe  prononcent 
toujours  d’une  même  maniéré  , foie 
qu’elles  foient  mifes  avant  ou  aprè» 


^4$  Ch.  VÏ1I.  De  U fŸôHùnciatiûfÊ 

les  voyelles  , fi  vous  en  exceptez  Içs 
m ou  les  n , dont  j’ai  déjà  parlé. 

* * T)  • 

Art.  I.  De  U prononciation  du  c» 

Le  c Te  prononce  comme  le  ^ de- 
vant 1*4,  l*o  & l’a,  il  prend  le  fon  du 

comme  cvtao#  , cordial , Car/  .'  Pro- 
noncez kjMMi  kprdial , Kttré.  Mais 
devant  IV  & IV , il  Te  prononce  com- 
me nous  prononçons  ÏV  en  Latin  & 
en  François  , lors  quelle  n’eft  point 
entre  deux  voyelles , comme  vous  pou- 
vez voir  en  ces  mots , célibat , civil  % 
qu’il  faut  prononcer  comme  s’il  y avoir 
Célibat , fivil. 

Dam.  Vous  ne  m’apprenez  rien  de 
nouveau. 

phil.  Il  eft  vrai , mais  beaucoup  de 
gens  peuvent  ignorer  ce  que  vous  {ça- 
vez , quand  ce  ne  (croit  que  les  Etran- 
gers *,  & d’ailleurs  les  inftruétions  qui  • 
femblent  n “être  faites  que  pour  ceux 
qui  veulent  apprendre  , ne  iaiflènt  pas 
d’avoir  leur  utilité  pour  les  gens  fça- 
vans  , par  les  réfléxions  qu  elles  leur 
font  faire.  Mais  revenons  à notre  c; 
Nous  en  avons  encore  un  qu’on  ap- 


dtsCorfines  > iqp 

pelle  le  ç à queue , à caufe  de  cette 
petite  marque  crochue  qu’on  met  de£ 
(bus^  qui  paroît  comme  une  queue* 
'qui  fait  le  même  effet  de  notre  s for- 
te , c’eft  à-dire  notre /*qiii  n’eft  point 
entre  deux  voyelles , comme  vous  pou- 
vez voir  en  ces  mots  for  fat,  arçon* 
vonçu  , qu’on  prononce  comme  s’il  y 
avoir , forfat , arfin  3 confu. 

Dam . D’où  vient  que  nous  ne  nous 
fêrvons  pas  tout  à fait  de  ce  ç a queue* 
aufïi  bien  devant  Ve  & 1 V , que  devant 
les  autres  voyelles  » 

Phil.  Cela  devroit  bien  -être , & il 
feroit  d’autant  plus  aifë  a en  intro- 
duire l’uiage , qu’il  fe  trouve  déjà  tout 
établi  dans  notre  ortographe  , & que 
plus  nous  allons  en  avant , plus  nous 
lèntons  en  avoir  befoin , puifque  fup- 
primant  la  plupart  des  e de  notre  Lan* 
gue , qui  ne  fe  prononcent  plus  dans 
la  fyllabe  ceu  , il  faut  indifpenfable- 
ment  nous  (èrvir  de  ce  jp  à queue  à la 
place  du  c commun  , n nous  voulonj 
continuer  la  fyllabe  ceu  dans  fa  pro- 
nonciation ordinaire  5 comme  vous 
Voyez  en  la  derniere  fyllabe  du  mot 
reettt  y de  laquelle,  retranchant  Ve , il 


nt  Ch.  VIÏI.  D<?  ta pmcndatloH 

refteroit  reçu  , .qu’on  j^rononcerok: 
comme  s’il  y avoir  reky  > fi  1>on  n« 
changebit  ce  c commun  en'  un  ç À 
queue.  Nous  avons  encore  beaucoup 
d’autres  (yllabes  en  notre  Langue, 
que  nous  ne  pouvons  pas  orcogra-* 
pilier  avec  d’autres  lettres  qu’avec  ce 
ç à queue  , comme  en  ces  mots  , je 
commençais  , il  commençait,  y ils  effa w 
paient,  il  délaça,  perçant  , que  nous 
ne  pouvons  ortographier  avec  deux  Jf, 
comme  on  peut  faire  les  mots  * de 
Maçon  & façon  , quoi-qu  on  ne  fe 
fbit  point  encore  avifé  de  changer  le  £ - 
de  ces  mots  , & celui  de  leurs  dérivés, 
non  plus  que  celui  de  forçat.  Nous 
aurions  be(oin  de  quelques  perfonnes 
d’autorité  pour  établir  cette  forte  de  ç 
dans  l’écriture  & dans  l’Impreffion, 
ou  du  moins  pour  mettre  le  qui^  ne 
change  jamais  de  prononciation  a la 
place  du  c commun  , pour  caraéfce- 
rifer  le  (on  de  cette  forte  de  c y de 
écrire  les  mots  de  ces  fyllabes , cay  co, 
eu  par  \a  y kj>  > k**  s comme  kjidet , 
kordial , KurS y au  lieu  dc/;adet  9 cor- 
‘ dial , Cure'.  Ainfi  notre  c commun, 
pu  c fans  queue  y ne  {endroit  plus  quq 


des  Confines , &c . 

.pour  cara&erifer  le  Ton  d’une  s forte  v 
êc  lorfqu’on  le  verroit  dans  l’ortogra- 
phe  de  ces  mots , qaoi  qu’a  nous  in- 
connus, carcade  , cercidcs , copanfud  , 
êcc.  ne  connoiflant  point  d’autre  effet 
de  la  marque  du  c , que  celui  de  ca- 
raéterifer  le  fon  de  notre  s forte,  on 
prononcetoit  fans  helicer*,  farfede  , 
Jforfîdes , fopanfud,  &c.  Mais  en  atten- 
dant que  cet  ufage  s’ètabliffe , que 
beaucoup  de  générations  après  la  no- 
tre ne  verront  peut-être  jamais  j nous 
flous  en  tiendrons  toujours  à notre 
première  réglé  , qui  eft  que  le  c de- 
vant Va,  Ve,  ou  Vu  , eft  dur  &fe pro- 
nonce comme  un  &c  devant  l’« 
& 1**  comme  une  s forte. 

Le  c change  encore  de  prononcia- 
tion lorfqu’il  eft  joint  avec  une  h , 
car  pour  lors  il  prend  le  fon  d’un  ç à 
queue  mouillé  , ou  fi  vous  voulez  d’u- 
ne s forte  mouillée , comme  vous  pou- 
vez remarquer  par  les  fyllabes  fuivan- 
tes , cha  , che , chi , cho , chu , qui  fe 
trouvent  en  ces  mots  chapeau  9 cher  t 
chiche  3 choc  , fichu. 

Dam.  Qu’entendez-vous  par  ceSj 
mots  de  c mouillé , ou  i mouillée? 

6 i'j 


150  Ch.  VIH.  De  la  prononciation 

P h il.  Vous  fçavez  déjà  que  le  ç.  £ 
queue  6c  l 's  forte  , c’eft  à dire  celle 
qui  n’eft  pas  entre  deux  voyelles  , fe 
prononcent  l’un  comme  l’autre.  Ces 
fortes  de  lettres  rendent  un  fon  fiflé 
dans  la  prononciation  qu’on  en  fait,  - 
6c  l’on  oblerve  qu’en  prononçant  l’u- 
ne ou  fauve  j on  entend  une  efpece 
de  fiflement  qui  eft  fec  6c  qui  devient 
en  meme  tems  mouillé  par  un  autre 
mouvement  de  la  langue , qui  s’èlargif- 
fant  par  les  deux  côtés  ,6c  fe  pliant  un 
peu  en  deux  par  le  bout,  en  fe  voû- 
tant contre  le  palais  , s’hume&e  6c  for-  ' 
me  un  autre  fon  que  celui  de  IV  forte 
pqur  le  rendre  mouillé , ce  qui  ne  pour- 
roit  fe  faire  fans  cette  forte  de  mouve- 
ment *,  c’eft  pourquoi  vous  entendez 
prononcer  ce  ch  comme  un  ç à queue  , 
ou  comme  une  s force , à ceux  qui  n’ont 
pas  la  liberté  de  la  langue,  6c  qui  di- 
lent  des  çapots , des  pats , des  ç oz.es  3 
pour  dire,  des  chapeaux , des  chats  , 
des  chofes. 

Dam.  Ne  pourrpit-on  pas  corriger 
ce  defaut  de  prononciation  î 

Phil.  Il  eft  difficile  quad  cela 
vient  du  defaut  de  la  langue  qui  ne  fq 


des  Confines , à* fi,  iji 

délie  qu’avec  l’âge  & à la  longue , tk 
quelquefois  jamais.  Je  croi  pourtant 
qu’à  force  de  s’exercer  à former  le  Son 
de  ce  ch , on  pourrait  corriger  le  de- 
faut de  le  prononcer  comme  un  ç à 
queue.  J.*  connais  des  filles  qui  par 
ce  moyen  fe  font  défaites  entièrement 
de  la  mauvaife  habitude  qu’elles 
avoient , non  feulement  de  prononcer' 
le  ch  comme  le  f à queue  , ou  com- 
me notre  s forte,  mais  encore  le  jod 
comme  notre  & , & qui  difoient , pan- 
*/,  des  fou  & des  pilons  , pour  dire» 
changer , des  choux  èc  des  pigeons  > car 
notre  * rend  auflî  un  Son  fiflé , mais 
plus  doux  que  celui  du  f à queue  , & 
par  confequent  le  Sou  mouillé  que 
jnous  formons  de  ce  * , par  les  me- 
mes mouvemens  que  nous  employons 
.à  former  celui  du  ch  , cft  beaucoup 
plus  foible  6c  plus  délicat.  » 

Dam.  J*ai  connu  des  filles  avec  les- 
quelles il  n’a  pas  fallu  prendre  tant  de 
peines  pour  les  defacoûtumer  de  cet- 
te ridicule  maniéré  de  prononcer 
des  s pour  des  ch  , & des  ^ pour 
des  g.  La  raillerie  feule  qu’on  leiirxk 
faire  dafie&er  cette  prononciation 

G iiij 


ifi  Ch.  VIII.  De  la  froKonclatim 

enfantine  , leur  en  a fait  perdre  tout», 
à-fait  l’habitude; 

Phil.  Je  croi  bien  que  cela  s’èft  fait- 
/ans  violence  du  côté  de  la  langue  , 
mais  non  pas  tout-à-fâit  du  côté  de 
l’efpr-it , qui  fe  plaifoit  dans  cette  mau- 
vaife  habitude  par  une  impertinente 
penfçe  qu’elles  avoient  que  les  Sons 
mouillés  du  ch  & du  j , qui  fe  for- 
ment a pleine  bouche  avoient  quel- 
que chofe  de  trop,  rude  & de  trop 
grofller  , & que  les  Sons  de  Vs  & 
du  xj  y Soient  plus  doux  & plus  agréàr 
blés  : fans  coniîderer  que  c’eft  une 

f rande  erreur  de  vouloir  être  plus  hà- 
ile  que  la  Nature*  Tout  ce  qui  eft 
affe&é  & contraint  en  matière  de  lan- 
gage , eft  encore  plus  ridicule  qu’en 
toutes  les  autres  manières  de  faire.  Il 
ne  faut- jamais  s’écarter  du  naturel  , 
ni  de  i’ufage  ordinaire  & idiotiqup 
d’une  langue  , quand  il  eft  générale- 
ment reçu -des  honnêtes  gens.  G’eft 
à quoi  on  doit  bien  prendre  garde,  & 
à ne  point  rendre  fa  prononciation 
plus  délicate  qu’elle  ne  doit  être,  com- 
me il  arrive  à quelques-uns  qui  croïant 
rendre  la  prononciation  de  leurs  mots. 


des  Confines , &c. 
plus  agréable  8c  plus  polie  , ajoutent 
des  x*  à la  fin  de  certains  mots , qui  ne 
doivent  point  en  avoir  , & qui  difent, , 
mille-Kamitiés , cen  z*  onête  gens  , pour 
dire  , mille  amitiés  & cent  honnêtes 
gens  y ou  du  moins  mille  honnêtes  genu  • 
Si  on  appréhende  que  le  t du  mot  de 

■ cent  ne  fafle  un  "mauvais  Son  avec  Ve 
• qui  fuit  ; qui  feroit  cento-neftes  gens  J 

& qui  font  une  fyllabe  brève  d’une 
longue , croyant  par  là  donner  un  aie 
fautillant  8c  plus  vif  à leur  prononcia- 
tion 5 qui  difent  de  la  crime , pour 

■ de  la  créfme  , Perfaîl , Notair  , pour 
dire  , y'erfailles , Notaire-  Ces  per- 
fonnes  là  ne  peuvent  paflèr  que  pour 
dés  gens  de  mauvais  gouf , pour  des 
ignorans  &c  pour  des  fots  , qui  s’écou- 
tent parler.  Ils  feroient  moins  blâ- 
mables s’ils  parloient  naturellement  le 
langage  que  leurs  Nourrice  leur  a 

- appris.  ; 

Dam.  Si- on  n’aime  pas  à rendre- fa 
prononciation  agréable- , on  ne  (ç 
corrigera  jamais  de  fes  défauts.  ■ 

Phil.’  La  prononciation;  deviendra 
toujours  - agréable  , quand,  on  s’atta- 
. chcra  à fuivre  celle  qui  éft  félon  l’ufagef 

G v 


;jRj54'.Ctîw  Vm  De  là  prononciation* 

-des  honnêtes  gens.  Quelque  rude‘& 
.‘grofliçre  que  paroiffè  ia  maniéré  de 
.prononcer  un  mot , elle  ne  l’eft  plus 
lors  quelle  eft  une  fois  réçûë  de  l’u- 
fage  : celle-ci , par  exemple.  Il  va  £ 
ia  AfeJJi,  il  va  at i Palais  , &c;  pa- 
roît  bien  plus  rude  que  celle  de  il  vkt 
À la  Mejfe  , il  vat  an  Palais  ; & ce- 
pendant l’ufage  n’ètant  point  pouf 
va?  à la  Mejfe  , quoi-qu’il  y ait  un  f, 
qui  devroit  rendre  la  prononciation^ 
plus  douce  &c  plus  coulante , il  ne  laif- 
îè  pas  de  déplaire  à,  ceux,  qui  parlent, 
régulièrement  , & ne  paflera  jamais 
•parmi  les  gens  qui  parlent  bien , que 
pour  une  méchante  habitude  priic 
dans  la  Ptovince , par  négligence  ou 
par  un  mauvais  diicefrnement. 

La  prononciation  des  fyllabes  brè-L 
yes  , 8c  celle  des  / fermés , à,  quelque-  I 
chofe,  d la  vérité  , de  plus  doux  qde 
celle  dos  fyllabes  longues  8c  des 
•verts  mais  il  ne  faut  pas  pour  cela.- 
toucher  a la  prononciation  idiotique  - 
de  ces  fyllabes  8c  de  ces  en  chan- 
geant ces  fyllabes  ou  ces  e<  contre 
(feutres,  fi  on  neveut  pafïèr  pour  un 
. pré.eieux  ridicub  3 ÿc  . pour  un  homme 


des  C-onfones , &c.  155  ' 

-qui  s’écoute  parler.  Si  d’un  autre  cô- 
-té  on  affeéke  de  ne  fe  point  foncier 
.comme  on  parle , & qu’on  fuive  tou- 
tes les  mauvaifcs  habitudes  qu’on  £ 

, contractées  avec  des  gens  qui  parlent 
-mal , fans  fc  foucier  de  les  corriger  9 
•affeCtant  même  de  prononcer  des  fyl- 
lâbes  longues  pour  des  brèves , & des 
# ouverts  pour  des  é fermés , ou  au*  _ 
très  fortes  de  lettres  qui  fe  prononcent 
à pleine  bouche,  on  paffèra  pour  un 
.homme  groffier  & mal  èleve..  Voila 
les  jugemens  qu’on  fait  de  ceux  qui 
.tombent  dans  l’extrémité  de  vouloir 
trop  pla>re  , & de  ceux  qui  tombent 
dans  celle  de  ne  s’en  foucier  point 
. du  tout  ; cela  foit  dit  en  paflant. 

Dam.  J’ai  connu  des  gens  d’aflèz" 
mauvais  goût  , pour  croire  que  l’af- 
r ft Ration  de  ces  fyllabes  longues  ôC 
. des  e ouverts  , donnoit  un  air  plus* 
mâle  â leur  prononciation  , & qui  au- 
roient  été  honteux  de  prononcer;'/» 
comme//,  difant que  cela  avoit quel- 
que chofe  de  trop  efféminé , Sc  qu’il! 
falloir  dire  j’ay  , & prononcer  la  fyk~ 
labe  ay  comme  IV  dans  le  mot  cher. 

Phi.  3’ en  ai  connu  auflî  àquit^uç 

Cvi 


Ch.  VIII.  De  la prononciathfk.' 

les  préceptes  du  monde  ne  feroient 
pas  quitter  l’habitude  de  prononcer 
ces  mots  de  boule  , maitrejfe  , table ï 
qui  ont  la  p nultiéme  fy  llabe.  brève  , 
comme  celle  de  ces  mots  , moule , 
Abetfe  , fable,  qui  l’ont  longue.  Mais 
nos  pré  reptes  ne  font  pas  pour  eux**  \ 
cpntinuons. 

"•  v'’  • 

Exceptions. 

Le  ch  fe  prononce  comme  un  . 
en  ces  mots  , Chœur  d'Eglife , Chœur  > 
de  Mujtque  , Chorifle  , Chorographie  9 
Éuchariftie  , & enfin  dans  tous  les 
mots  dérivés  du  Grec  , qui  ont  été 
rendus  en  Latin  par  ch  , ou  qui  ont 
été  formés  des  Langues  Orientales  a 
comme , Archange  , Orchefjre  , Chaos , 
Hypochondriaque  , Zacharie , Epicha- 
*ïs , &c.  Prononcez  donc  , kcur , 
r ijl e , Arkjtnge , &c. 

Art.  n.  De  la  prononciation  dit  g. . 

Nous  avons  trois . fortes  de  g.  Le 
premier  s’appelle  g mol  ou  g mouille. 
fécond  s’appelle  g dur  ou -g-fec» . 


dès  Confortes , &c.  I5X 

Et  le  troifiéme  m’appelle  g nafal , qui 
cft  toujours  fuivi  d’une  n en  la  ma?» 
nier-e  qui  fuit  gn.  Le  g.  mol  ou 
mouillé  , fe  forme  d’un  mouvement 
qui  fe  fait  de  la  Langue  en  l’èlargif- 
fant  par  les  côtés , & fe,  pliant  un  peu 
parle  bout  tout  de  même  que  quand 
elle  veut  former  le  Son  de  notre  ch.3 
mais  avec  moins  de  force  8c, plus  de 
délicateflè.  Le  Son  articulée  de  cette 
forte  de  g , ne  peut  fe  faire  que  par 
Laide  d’un  e ou  d’un  i > comme  vous 
pouvez  voir  en  ces  mots  , geay  j d 
çarea  ^général , gibier,  geôle,  gageure. 

"Le.  Son  dp  g fec  fe  forme  d’un 
mouvement  qui  fe.  fait  de  la.  langue, , 
en  lâ  foulevant  un  peu  & la  recour- 
bant vers  la  racine  contre  le  goficr, , 
comme  fi  on  vouloit  former  le  Son  » 
d’un  ^ mais  d’une  maniéré  plus  foi-  ?. 
ble  8c,  plu*  délicate,  .Le  Son*  de. cette  - 
forte  de  g ne  fe  peut  articuler  fans 
être  accompagné  d’un  a ou  d un  0 , 
on  d’un  u.9  comme  vous  pouvez  voir 
en  ces  mots  , galon  , gorge  » ambigu  5 

g uerei , Guidon.  \ 

Le  g naz>al  eft  celui  qui  eft  touh 
*1  jours-accompagné  d!unç  n , cçmmfi 


Ch.  Vin.  De  h pr&nonciatiof* 

vous  les  voyez  par  ces  fyllabes , g»a9 
gné , gni  , gno  y gnu,  Le  Son  de  ce  g 
fe  forme  d’un  des  mouvemens  qui; 
fbnt  le  g mouillé  y & d’un,  autre  mou* 
vcment  qui  répond  à la  racine  - dus 
nez  pour  former  1 ’#►.  Ce  qui  fait  deux 
articulations  imparfaites  , qui  font 
celles  du  jr,  & celle  de  1 *»  , dont  il' 
ne  fe  forme  qu’un  Son  participant  dess 
deux,  comme  vous  avez  déjà  pû  re.» 
marquer  en  prononçant  les  cinq  {ÿl- 
làbes  dé  ce  g y & comme  vous  pou* 
vez  encore  remarquer  par  les  mot» 
iuivans  ou  ces  fyllabes  fe  trouvent,. 
témoignage  , gagnez  , dignité , rojjt-y 
gnol , ag  ntt  s, 

Sjüabesdestrois  g. 

De  g mouillé,  gea , gé , gi  y geo  > gffti 

Me  g dur,  ga , gué , gui,  go  , gtf* 

Prononcez  comme*. 

gha,ghéyghhghoyghHi 

Me  g nAz>al.  gna,gne,  gni,  gno,  gntt* 

Dam,  Vous  marquez  une  h après» 
le  g,  pour  montrer  qu’il  doit  avoir 
un  Son  fec  dur  , comme  font;  1er 


des  Confines  >&c.  ij£ 
r&aliens.  Il  me  femble  que  j’aimeroiç. 
-mieux  cette  manière  de  le  caradérifèr* 
:que  celle  de  votre  jon&ion  d’#  au  g^ 
►marqué  ainfî , gu.  Car  celui  qui  ver— 
•roit  ces  fyllabes  , gha,ghe  , ghi > gho3 
i ; .'ainfî  écrites  , ne  peut  .point  du 
tout  prendre  un  g mol  pour  un  ^ dur9 
-car  cette  h qui  y cft  attachée  l’en  em- 
pêche y en  effet , qui  fera  le  François 
ou  l’Italien  qui  ne  prononcera  pas  cc. 

: mot  gheree , comme  nous  prononçons 
gueret,  s’il  trouve  une  h dans  la  pre- 
mier© fyllabe  de  ce  mot , - au  lieu 
d’un  u. 

p bit.  Les  Alemans  lui  pourroient: 
donner  un  Son  guttural , à caufe  de  Yfo 
& les  Efpagnols  aufli.  Mais  ce  n’efL 
pas  ici  l’endroit  d’en  parler.  Pafïona 
.aux  Exceptions  de  ces  Réglés. 

Exceptions  de  la  Réglé  du  s,  duiv 

On  excepte  là  fyllabe  gue  en  ces 
.■  mots  , guenon  * guenuche  , guenille  » - 
guenülàn  , guenipe  , gogue , goguenard^ , 
& c.  goguelu  , & en  tous  les  mots  ter- . 
minés , en  gue  , gùes  , guent  où  Ye  ne  - 
• s!éntend  prefquc  point  j il.  faut,  pra- 


ï£ôC'h.  VIII.  DeldfMHncUtlàtk 

noncei  feulement  le  £ en  lui  donnant 
un  Son  fee , -comme  on  fait  an  g La- 
tin 9 lors  qu’on  prononce  le  mot  dk 
dignus  , ou  quand  nous  voulons  pro- 
noncer le  g de . ces  mots  , augmenter , 
gnomon , &c.  Prononcez  donc  gnon%  . 
gn  uche  j gniUé  , &c.  go  g,  gognarder  » . 
&c.  f allégué  , , &c.  Et  quoi- 

que ce  £ joint  à T« , paroiflè  tronquer 
tous  ces  mois  d’une  fyllabe  chacun  9 . 
de  la  maniéré  que  je  vous  les  viens  de 
marquer  ; cette  fyllabe  du  £ s'entend  ' 
pourtant  fort  diftin&ement  dans  la 
prononciation  , & particulièrement- 
dans  la  Poëlîe  ; en  lifant  ces  mots  , on  > 
pefèfifort  fur  l’articulation  de  ce;£,\ 
qu!  on  y fait  entendre  parfaitement  le 
Son  d*un  e muet  , qui  fonne  à peu 
près  comme  celui  que  vous  entende*  -, 
dans  ces  mots  , canevas > cadenas  & 
taffetas...  - '•  1 

Dam.  Prononcez  - vous  lès  e des 
autres  fyllabes  gue  , autrement  que.* 
celle  dont  vous  venez  de  parler?  • 

Phil.  Oui,  car  outre  que  le  Son  de 
l’iiutre  fyllabe  gue , eft  plus  doux  dans 
les  autres  mots,  comme  en  ceux-ci,, 
Gjsetrc , gue  res  > guct-a-pens,  guher  *->. 


dès  Confortes , &c«  îét 

gue  r et , guérite  , guéridon , guérir,  &cfc 
& plufieurs  autres  dont  Ve  n’eft  pas. 
de  même  que  celui  qui  Te  trouve  dans 
la  fyllabc  gue , des  rnots  dont  j’ai  fait 
mention  en  la.  première  Exception  de 
ces  Réglés  ;,car  tous  les  autres  e font 
ou  fermés  ou  ouverts. 

£ ' • "v 

Remarques  fur  les  Sy  llabes  finales^ 

gue. 

• >4,-' ■■  •**;***  . - v * V ^ n ' ■ v « 

ye  final  fe  fepare  de  Vu  qui  le  pré- 
cédé , &c  fait  deux  fyllabes  dans  les 
mots  terminés  en  ne , comme  en  ces^ 
mots  , ambiguë , ciguë , aiguë  » &c. 
Dites  donc  ambigu-ë , cigu-ë , aigu-c,,. 
mais  fans  faite  beaucoup  fentit  Ve, 

Exceptions  de  la  Syllabe , gui».  * 

Îla  Syllabe  gui  eft  diphthongue  ». 
en  ces  mot?  , aiguille  » jiiguille -- 
, aiguillette  , aiguillon  » &c.. 
aï  gui  fer  y ambiguité  > > nom 

de  Ville  & nom  de  Maifon  &.  de 
Famille.  Dites  donc  aigui-ille  , 
iferi  car  fuivant  la  Rcgîe  générale  de- 
la  prononciation  des  fyllabes , ga}gu^y 


I 


'■-#  • • 


Çh.  Vllï.  De  la  prononctafi&H 

gui  > go  9 gu  , qui  fe  doivent  pronon- 
cer, comme  s’ils  ètoient  écrits  en  fa 
maniéré  qui  fuit , gba , ghe , ghi , gho , 
ghu  : on  doit  prononcer  ces  mots* 
Guichet , Guitarre  > Guillaume  , d/- 
guifer  , guigne  , Guirlande  , Guide  * 
Guidon  , Guill'edin , guipure , &c.  com- 
me Ghtchet-,  Ghillaume , déghifer , &c. 
dont  la  fyllabe  £#*  n’a  qu’un  Son* 
Mais  il  n’en  eft  pas  de  même  aux  jfyl- 
labes  de  ces  mots , aiguille , aiguillon  *. 
& autres  que  j’ai  déjà  nommés  ; dont 
ïa  fyllabe  gui  rend  deux  Sons  , qui 
font  celui  de  Vu , & celui  de  Yt  ,•  de 
forte  que  fi  vous  prononcez  le  mot  de 
Guidon  & celui  à'aimifer , vous  n’en- 
tendrez qu’un  Son  dans  la  fylfâbe  gui' 
du  mot  de  Guidon  , ôcvous  en  enten- 
'drez  deux  dans  la  pénultième  fyllabe 
du  moi  ai  guifer. 

Exception  des  Syllabes , gea  & geo;. 

J avois  oublié  d’excepter  des  fylla- 
bes , gea  & geo  , celles  des  mots  fui- 
vans  , Géant , Géante  9 ou  Géanne  r 
Géographie  , Géométrie  > Géamance# 
Géodefe  ? &c. 


*-  - ’ 

' ■% 


. - , . êtes  Confonet , érci.  1&Ç 

Exception  du  g naz,al, 

Lt  g nazal  perd  fa  prononciation,, 
•en  ces  mot  s , figne , figner , &c.  confi - 
gner , &c.  fonbfigner , &c.  & il  fo  pro- 
nonce comme  une  ».  Prononcez  donq. 
fine  , finer , confiner , & le  refte. 

Ab. T.  III.  De  la  prononciation^ 

» dfe  /'  h. 

^ ' ç'V"-' • ‘ '•  * * . ’*«“•  - Aj  s s»  ’ „T~t* 

V b eft  une  lettre  qui  marque  for 
Jfe  papier  Pafpiration  que  nous  fefons- 
du  gofier,  avec  le  Son  que  nous  for- 
mons d’une  voyelle.  Nous  en  avons- 
-de  trois  fortes  > Sçavoir  , des  b ajpi — 
ries  y des  b muettes  , & des  h auxi - 
Maires. 

Les  h afpirées  font  celles  qui  fo 
prononcent  par  un  fouffië  qui  fe  fait: 
dans  la  bouche , fans  aucune  articula- 
tion, comme  vous  pouvez  remarquer 
en  ces  mots  , le  bamois  > la  hache  9, 
la  honte , où  vous-  entendez  l’alpira-* 
tion  fonfible  de  ces  h. 

Les  h muette*  font  celles  qui  ne 
s’afpirent  point  du  tout  y comme  il! 


ï £4  C h . VIII.  Delà proftùncia0io&  '] 

paroîc  en  ces  mots , Hiftoire  , hom- 
me , humble , Rhétorique  , Eucharifiicy 
Chrefiien , Thym , Thomas. 

Les  h auxiliaires  (ont  Gelles.qur  ai- 
dent à former  l’articulation  d’un  Son* 
en  fe  joignant  avec  une  confone,  com- 
me vous  pouvez  entendre  en  ces  fÿl- 
labes  , ch  a , che  , chi  , cho , chu  y Sc 
en  celles-ci , pha , phe , phi  , pho , phuy 
qui  produifênt  une  articulation  toute 
contraire  à celle  que  ces  confones  font  <■  ] 
quand  elles  font  feparées  de  Y h.  Car 
Y h par  ion  aipiration  coupe  l’articu- 
lation de  notre  c , qui  par  la  foiblefiè 
du  mouvement  qui  le  forme  , prend 
lie  Son  d’un  ç à queue  , & qui  enfin 
ne  Ce  pouvant  tout-à-fait  articuler , (è- 
convertit  en  ce  Son  mouillé  du  ch,. 
par  la  force  du  foufik  de  Y h , comme 
vous  pouvez  remarquer  en  ces  fylla- 
bes,  cha  , che , chi , cho  > chu. 

L’autre  changement  de  Son  fe  fait 
a peu  près  de  meme  dans  la  formation 
de  celui  du  ph  , où  l’afpiration  de  Yh 
interrompt,  tout -à- fait  l’articulation 
du  p;  carié  battement  des  lèvres  qui 
lfe  forme,  étant  affoibli  par  le  fouffiè 
que.  fait  cette  h , ne  peut  produite 


m 


m 


des  Confines  * &c.  itlf 
^jne  le  Son  d’un  b > qui  ic  changeant 
«n  celui  d’un  v conlone  , produit  en-, 
ün  le  Son  de  notre  f par  la  force  du 
ibuffle  de  f h . 

Dam.  Voila  bien  des  mouvemens 
différens  pour  produire  le  Ion  d’une/*. 

PhU.  Ji  n’y  a que.ee  mouvement 
feul  qui  forme  le  p , qui  paroît  dans 
l’articulation  de  cettç  fi  car  h vous 
jettèz  la  veuë  lur  ces  quatre  fyllabes, 
fa  , ba  , va  , fa  , vous  verrez  que 
i articulation  de  ces  quatre  fyllabes  ne 
provient  que  du  plus  .ou  du  moins  de 
battement  que  nous  fefons  des  lèvres 
fin  la  prononçant.  Ainfi  prononcez  pa> 
vous  ferez  un  fort  battement  j faites- 
le  moins  fort.,-  vous  formerez  le  Son 
de  ba  ; fa:tes-le  encore  moins  fort  ÔC 
plus  délicatement  , vous  ferez  celui 
de  va  s fondiez  en  même  tems  que 
vous  faites  ce  mouvement  des  lèvres 
pour  articuler  le  Son  de  va , vous  fe* 
fez  infailliblement  celui  de  faf 

Remarques  fur  Vorto graphe. 

T)aw  Quelle  nécelîite  y a-t-il  que 
, nous  nous  (ervions  de  -ccs  deux 


*$3  Ch.  VÏIÏ.  De  Uf  renonciation 

très  ph  pour  caraétériLr  l’articulâtion 
des  Sons  de  nos  fyllabes  , pha  > phe  > 
phi , pho  , , puifque  nous  le  pou- 

vons faire  avec  la  feule  lettre/?  No^ 

, tre  Ortographe  feroit-elle  moins  bel- 
le & moins  commode  , ifï  nous  «cri* 
vions  ces  mots  , Pharmacie , Sphère , 
PhiïoCophe , Bofpitare , > nom  dô 

plante , avec  une  /,  en  la  maniéré  qui 
fuit  , i^rmacie  , Sphe re  , Bos/>re, 
JFiloÇofe  9 Fat 

FhiU  Nous  n’obfervons  cette  Orto- 
graphe que  dans  les  mots  qui  vien- 
nent de  la  Langue  Grecque  , & au* 
très  Langues  étrangères  , comme  en 
ceux  que  vous  venez  de  nommer  ; cat 
dans  les  mots  François , 8c  même  dans 
ceux  qui  font  tirés  du  Latin , où  il  y a 
-des/,  nous  ne  nous  fervons  point 
d’autres  lettres  que  de  nos/,  pour  en 
«araétérifer  l’articulation.  11  fe  peut 
faire  aufli  que  nos  Anceftres  ayent  vou- 
lu conferver  dans  notre  Ortographe 
ce  p h , parce  qu’il  caraétérifoit  une 
•différente  articulation  de  notre  /,  en 
ce  que  ce  ph  marquoit  une  afpiration 
plus  forte  , 8c  que  le  p s’etitendoit 
im  peu  plus  diiHn&cmcnt.  On  me  rè- 


des  Cmfonesy  &c.  i€f 
tJOndra  que  comme  nous  prononçons 
également  le  ph  comme  notre  f , & 
que  nous  ne  fefons  plus  cette  diftin- 
îfcion  de  ph  plus  fortement  aipirez 
que  Vf  y comme  fefoient  les  Latins  & 
comme  ont  fait  nos  Anceftres  , dans 
la  prononciation  de  ce  ph , nous  jr 
devons  conformer  notre  Ortographe. 
J’en  demeure  d’accord  , mais  il  faut 
attendre  que  cela  foit  tout -à- fait 
établi. 

Dam . J’ai  déjà  vu  quantité  de  Li- 
vres nouvellement  imprimés , où  l’oa 
ortographie  tous  les  ph  des  mots  ti- 
rés du  Grec  par  des  jf.  Ce  commen- 
cement nous  doit  faire  efperer  que 
dans  peu  nous  {ùivrons  cette  maniéré 
d’ortographier  dans  l’écriture  & dans, 
l’Impreffion.  Je  ne  doute  pas  qu’il 
n’y  . ait  quantité  de  gens  (çavans  qui 
s'oppoferont  à cette  forte  d’Ortogra»- 
phe  ; mais  il  faudra  s’en  confoler,  en 
faveur  de  la  Jeuneüè  , qui  en  vieiU 
liflant  s’accoutumera  peu  à peu  à con- 
former Ton  Ortographe  aux  Impref- 
lions  nouvelles. 

Phil.  Cela  pourra  bien  arriver  , Sc 
je  voudrois  déjà  que  cela  fut  établi. 


h&î  Ch.  VIII.  De  U prononciation 

tant  pour  la  facilité  de  notre  Le&ure^ 
que  pour  la  commodité  des  Etrangers* 

& de  ceux  qui  ignorent  la  Langue 
iatine  & la  Grecque.  i 

Dam.  N'avons -nous  pas  encore 
quelques  mots  tirés  ‘de  la  Langue 
Grecque  , & des  autres  Langues  ètran* 
gérés  ^ dont  le  ch  fe  prononce  autre- 
ment que  notre  ch  François. 

Thil.  Oiii  , car  je  ne  £çache  pas 
que  nous  en  ayons  dont  * le  ch  ne  fe 
prononce  comme  un  ^on  comme  un 
c dur  .,  comme  vous  pouvez  voir  en 
ces  mots  , Chaos  , Char  on  , Chœur  de 
Mufti]  ne  j Orcheftre  , Chorifte  , que 
quelques  Ecrivains  nouveaux  com- 
mencent à ortographicr  par  un  c dut* 
comme , Caos  , Caron , Corifte.  Je  vou- 
■dtois  pourtant  Iaiiïèr  le  mot  d'On- 
cbefire  avec  fon  ch  , ou  bien  fubfti- 
tuer  un  qu  à fa  place  , & l'écrire 
ainfi  , Orqueftre  , & garder  la  mê- 
me Ortographe  de  ch , aux  mots  de 
Chœur  de  Muftque  & Chœur  d\E- 
glifc  3 pour  les  diftingucr  du  mot  de 
<caur  , que  l’on  trouve  dans  les  ani- 
maux. 

’r . * ' "•  » *>•  ■ ' ■ \ * 

' . ‘ , ' • ' i T»  . 


des  Confines  3 \6$ 

Remarque. 

Xe  mot  de  Machiavel , cft  au/fi  du 
Nombre  de  ceux  dont  le  ch  fe  pro- 
nonce comme  un  ^ ; Prononcez  donc 
Makjavel.  Mais  on  ne  doit  ortogra- 
phier  ce  mot  que  par  un  ch , ainfi 
Machiavel.  C’eft  une  réglé  que  Ion 
garde  dans  prefque  tous  les  noms 
propres. 

Dam.  Combien  avons  - nous  do 
mots  où  les  h s’alpirent  en  notre 
Langue  ? 

Phil.  Nous  en  avons  plus  de  cent , 
& plus  de  cent  cinquante  dont  les  b 
font  muettes. 

Dam.  Comment  pouvez-vous  di- 
stinguer les  h afpirées  d’avec  les  muet- 
tes ? 

Phil.  Plufîeurs  Grammairiens  onc 
donné  des  réglés  lidcftiis  : mais  on 
en  eft  toujours  revenu  à de  certaines 
liftes  qu’ils  ont  données  à la  fin  de 
leurs  réglés , où  ils  ont  marqué  les  h 
alpirées , difant  que  les  h qui  fe  trou- 
t voient  dans  les  autres  mots  François 
<qui  notaient  pas  dans  leurs  liftes  # 

■ - H 


I/O  Ch. .VIII.  T)e  la  pmôtociath* 

dévoient  être  réputées  pour  muettes. 
Meilleurs  de  l’Académie  Françoife 
ont  auffi  pris  foin  de  marquer  dans 
leur  Dictionnaire  les  h qui  s’afpircnt. 
Cependant  pour  contenter  ceux  qui 
aiment  à Te  faire  des  réglés , & a mé- 
nager leur  mémoire , j’en  dominerai 
içi  quelques-unes , & je  commencerai 
par  les  mots  où  les  h s alpirent. 

Réglés  four  les  h afpirées. 

Les  h s’afpirent  quand  elles  fe  trou- 
vent dans  nos  mots  tirés  des  Alemans, 
ou  de  ceux  des  Provinces  ou  Royau- 
mes du  Nort , où  il  y a des  h,  com- 
me vous  pourrez  remarquer  par  les 
mots  qui  fuivent, 

Haran , qui  vient  de  1 Aleman  ham 

m Harnais , de  l’Aleman  harnifeh , 

Havre,  Port  de  Mer,  dtM’Aleman 
Haflvn  , & du  Hollandois  Haven . 

Hacher  , de  l’ Aleman  & du  Hol- 
landois hackfx , qui  lignifient  hacher 
de  la  viande  far  morceaux . 

Hanter , de  l’AIeman  handthieren , 
gt)i  lignifie  faire  çomjperce,  négocier» 


des  Confines , &c.  ijt 

H aire , de  l’Alcman  haarig,  qui  fi- 
gnifie rempli  de  poil,  de  cheveux , de 
crin  : ou  bien  de  ce  mot  compofé 
bdrhkjeidy  qui  fignifie  habit  de  crin , 
qui  eft  le  terme  par  lequel  ils  expri- 
ment notre  mot  de  haire. 

Halte  y du  mot  Aleman  halte» , 
qui  fignifie  s'arrêter. 

H entier , ou  hurler,  de  l’AIemân 
hessien. 

* Haye,  du  Hollandois  haag. 

Halebarde , dé  l’Aleman  hellebard. 

Here , forte  de  Jeu  , de  l’Aleman 
herr,  ou  plutôt  du  Hollandois  heer, 
qui  fignifient  tous  deux  Seigneur . 

La  Hollande  , du  Hollandois  HoU 
landt,  mot  compofé  de  holl,  qui  li- 
gnifie creux  i & de  landt , qui  fignifie 
fais . 

ffafier , de  l’AIeman  hafien . 

Haut , del’Aleman  hoch. 

Hafe,  de  l’ Aleman  hafe,  qui  figni- 
fie lièvre . 

Havrefac,  de  l’Aleman  haberfack^, 
mot  compofé  de  celui  de  haber , qui 
fignifie  avoine  ; &de  celui  de  fack^, 
qui  fignifie  Un  fac . Ainfi  haberfacY, 
veut  dire  fac  à l'avoine. 

Hij 


171  Ch.  VIII.  De  la  prononciation 

Hochepot, , du  Hollandois  huy  s-pot, 
qui  lignifie  le  pot  au  fett  de  la  maifort ,■ 
- ôc  plus  particulièrement  une  efpece 
de  ragoût , qu’on  fait  de  deux  autres 
fortes  de  viandes  & autres  ingrediens, 
qu’on  fait  en  Hollande,  que  nos  Cui- 
finiers  ont  imité , & auquel  ils  ont 
donné  le  nom  de  hochepot. 

Hache  , de  l’Anglois  hutche , qui 
lignifie  toute  forte  de  cojre , & plus, 
particulièrement  une  huche  a puîtrir.  ■ 

Houblon , du  Fiaman  hopp , ou  de 
l’Aleman  hopjf. 

Haïr,  de  l’Aleman  hajfen. 

Heaume , de  J’Aleman  helm. 

'Honte , de  l’Aleman  ho  hn , qui  li- 
gnifie moquerie , dont  on  a fait  le. 
Verbe  hohnen,  qui  lignifie  fe  moquer 
de  quelqu’un  en  lui  faifant  honte. 

Hardi » du  Hollandois  hart , qui 
lignifie  cœur  > ou  de  l’Aleman  hertz. „ 
qui  lignifie  la  même  choie  > ou  bien 
du  mot  hart  Aleman  & Hollandois  , 
qui  lignifie  dur.  Les  Ecrivains  de  la 
balle  Latinité  ont  appelle  duré  les  : 
hommes  vaülans  6c  hardis  $ & nos 
anciens  Ecrivains  François  les  put 
aulfi  appeliez  dm* 


des  Confines,  ért.  173 

Harde  de  Cerfs , ou  d’autres  bêtes 
fauves,  de  l’Aleman  herde,  qui  figni- 
fle  troupeau. 

Hucque  , efpcce  de  mante  que  por- 
tent les  femmes  dans  les  Païs-B.is-, 
du  Flaman  huyckj , qui  fignifie  la  mê- 
me chofe. 

Et  quantité  de  pareils  mots  que 
nous  avons  tirés  des  Alemarrs , des 
•ÊJamans  8c  des  Anglois,  Parlons  à 
p efent  des  mots  tirés  du  Latin. 

L'h  s’afpire  aufli  dans  les  mots  qui 
commencent  par  des  h , qnc  nous  a- 
vons  tirés  des  Latins  ou  des  Grecs  , 
qui  n’ont  point  d’h  au  commence- 
ment, comme  vous  pourrez  remar- 
quer en  ceux  qui  fuivent. 

Harangue , qu’on  prétend  faire  ve- 
nir du  mot  Latin  aringo . 

Hibou  i qu’on  fait  venir  du  mot 
Latin  bubo , dont  on  a fait  hubus , 
hybus , hybuvius , 8c  enfuite  hibou. 

Herijfon , qui  vient  du  mot  Latin 
ericio,  ablatif  d 'ericitts,  qui  fignifie  la 
même  chofe. 

Houlette , du  mot  Latin  agolum , 
dont  on  a fait  agoletta  ; 8c  enfuite 
aoletta  & à’aoletta , houlette. 

H iij 


YJ 4 C h.  VIII.  Dé  la prortèttciatîofl 

Hérot,  du  mot  Grec  j 

Héron  y du  mot  Grec  ifuS'icç , qui 
lignifie  la  même  choie. 

Harpie , qui  vient  du  mot  Grec  ] 
ipnia  , qui  fignifie  la  même  chofe. 

Hangar,  du  Latin  angarium  , qui 
lignifie  un  lieu  couvert  en  façon  de 
halle , dont  le  tout  eft  porté  des  deux 
codés  fur  des  pilliers  de  bois  à clair, 

& où  les  Laboureurs  mettent  à cou- 
vert de  la  pluye  les  harnois  & char- 
rues dans  les  balles  cours. 

Hanche , du  mot  Efpagnol  & Ita- 
lien anca,  qui  vient  du  Grec  dyr.ii  , 
qu’on  a dit  pour  dyK*yy  qui  fignifie 
coude . 

Hajlé,  du  Latin  ajfue , qui  veut 
dire  rôti , dont  on  a fait  ajfulus  & afi 
fulatus , &c  enfuite  ajlé  en  notre  Lan- 
gue , & depuis  hajlé. 

Herfe,  infiniment  de  Laboureur, 
du  Grec  , dont  les  Latins  ont 
fait  hirpexy  & enfuite  herpex  ; & nous 
herce , qu’on  a depuis  écrit  herfe  avec 
un ef,  & que  nous  avons  tiré  de  l’a- 
blatif herpice , en  retranchant  la  fyl- 
labe  pi , comme  nous  auons  fait  au 
mot  d'hojpite , ablatif  d 'hofpes,  pour 


des  Confines,  &c.  l7ï 
faire  notre  mot  François  hofie.  Car 
vous  {çaurez  eh  paflânt  , qu’une  par- 
tie de  nos  mots  tirés  du  Latin  , auflï- 
bien  que  ceux  des  Efpagnols  & des 
Italiens,  ont  été  faits  des  ablatifs  La- 
tins , comme  vous  pouvez  remarquer 
en  ceux-ci  : Origine,  piété,  genre  , 
concombre , pauvre,  pajjion rai/on  , 
faumon , & quantité  de  mors  terminés 
en  on,  qui  viennent  des  ablatifs  La- 
tins , Origine , pietate  , genere  ,-  cucu- 
tnere , paupere , pajfione , ratione , fai- 
mone. 

Hameau , du  Grec  «fwt , qui  veut 
dire  enfemble  i parce  que  le  hameau 
eft  un  amas  de  diverfes  maifons. 

Humer,  du  mot  Latin  fumer  e , qui 
a été  dit  dans  la  Lignification  de  bile - 
re , en  changeant  Vf  en  h. 

Hupe , du  Latin  upupa , qui  lignifie 

hérjjfon. 

Habler,  du  Latin  fabuUrù 

Hors,  du  Latin  forts. 

Hormis , du  mot  Latin  forts  Sc  de 
Mi (fus , comme  qui  diroit  mis  hors. 

Hardes , qu’on  prétend  faire  venir 
du  mot  hard , qui  fignifie  a prefent 
en  notre  Langue  un  lien  de  jeune  bois* 

H üij 


*7^  Ch.  VIII.  De  la  prononciation 

dont  on  etraint  les  fagots  avec  un 
noeud  coulant , qui  a été  fait  du  mot 
Latin  arÜare , qui  lignifie  ferrer  & 
ctraindre  : Et  comme  on  fait  un  pa- 
quet des  hardes,  linge,  8z  autre  menu 
bagage  d’une  periônne,  qu’on  lie  avec 
une  coi  de  ou  autre  choie  propre  à eéc 
ufage  -,  on  a nommé  hardet  tout  l’cqui- 
page  qu  fine  perfonne  porte  avec  foy. 

Nous  avons  encore  quantité  d’au- 
tres mots  tires  des  Latins  ou  des 
Grecs  qui  n ont  point  d'h  , ou  dont 
les  h ne  le  prononcent  point  ; comme 
en  ces  mots  , hermine  & Hermite , 
qui  viennent  de  ces  mots  Latins  * 
Armellimu  8c  Eremita. 

Exceptions  des  mots  qui  n'ont 
point  de  Réglés. 

Voici  une  partie  des  mots  originai- 
rement François  , 8c  qui  font  fi  an- 
ciens dans  notre  Langue  , qu’on  n’a 
pu  en  découvrir  l’origine  j ou  lî  on 
en  a trouvé  quelques-unes,  elles  font 
fort  douteufes. 

Hacqnenee  , hafiille  , vieux  terme 
pe  campagne  , qui  lignifie  menuè^t 


des  Conforts , &c.  'rjf 
•Viandes  de  porc  fiais , comme  boudins, 
faucilles , gribelettes  , 8c  autres  piè- 
ces de  cochon  à rôtir  qu’on  envoyé 
à fes  amis  quand  on  a tué  des  cochons. 
Il  y a apparence  que  ce  mot  de  hafiille 
eft  un  diminutif  du  mot  de  hafie , 
qui  {è  difoit  il  y a environ  cent  ans , 
pour  dire  broche  , & qui  fe  dit  encore 
en  pareille  lignification  dans  plufïeurs 
Provinces  de  France.  Selon  ce  fêns, 
hafiille  fignifieroit  brochette  : & il  eft 
à croire  que  ces  menues  viandes 
s’embrochoient  dans  des  broches  de 
bois , & même  qu’on  les  envoyoit  à 
fes  amis  toutes  embrochées  dans  ces 
brochettes’,  qui  enfuite  s’attachoient 
à la  broche  avec  des  ficelles  pour  les 
faire  rôtir,  comme  l’on  fait  encore 
aujourd’hui  quand  nous  faifons  rôtit 
des  grives , des  aloiiettes , des  beccaf. 
fines , ou  autres  oifeaux.  Mais  repre- 
nons nos  Réglés. 

Hasard , hure , hoquet  ,hoejueton  9 
horion , une  houe y du  houx,  hucher , 
hune,  hotte,  heurter , hefire  , hdler  un 
Bâteau,  haricot,  hap e lourde ,hobre au, 
ou  hobereau , ou  houbereau  ; Huilier, 
Jf  aile  bran , huer,  qui  fignifie  appeler 


tj%  Ch.  VIII.  De  la  prononciation 

haut,  crier  ; hocher  la  tefle , hochet , 
houjfe  ,fe  hubir,  cohue,  houfpiller,  hap- 
per, haras,  harceler,  haridelle , haro 9 
terme  de  Coutume  de  Normandie  $ 
harpon , Havage , mefure  de  grain  au 
pais  Chartrain  3 hâve , pâle  6C  défi- 
guré 3 hauban  , hautbois , haubert , 
hauturier,  terme  de  Marine  3 Hem% 
Héraut , Officier  de  guerre  & de  céré-' 
monie  3 herpé , terme  de  Chafïè  ; 
hideux  , hie , infiniment  de  Paveur  \ 
hoc , forte  de  Jeu  3 kola,  hongre ■, 
Hongrie,  pais  3 Hongrois , nation  ) Hon- 
gre line  , hoyau  , huée  , Huguenot  } 
& encore  quelqu’autrcs,  aufquels  on 
peut  ajouter  tous  ceux  qui  dérivent 
non-feulement  de  ces  derniers  mots- 
ci  , mais  encore  de  tous  les  mots  fim- 
ples  ou  radicaux , qui  font  compris 
dans  cette  réglé , dont  les  h s ’afpirent, 
ioit  qu’elles  foient  mifcs  au  commen- 
cement ou  au  milieu  des  mots  , com- 
me de  harnois , enharnacher , &c.  de 
hurler,  hurlement  ; de  hérijfon,  hé- 
riffé  3 de  huant,  participe  de  huer  i 
& de  chat,  chat-huant  : de  hanche , 
èhanché,  déhanché',  de  hasard,  ha- 
sarder 3 de  hotte , hotteur , hottée  » 


des  Confortes]  &c.  l?9 

de  houx  y houfline , houfloir , &c.  d« 
haut , hauteur , haufïèr  , rehaufïèr  # 
(urhauflèr , &c.  Exceptés  Y h du  ver- 
be exhaujftr , qui  ne  fe  prononce 
point , ni  dans  toute  fa  conjugaifon» 

Remarque . 

En  général , il  faut  remarquer  que 
dans  toutes  les  conjugaifons  des  ver- 
bes les  h Te  prononcent , comme  cel- 
les que  je  viens  de  marquer  à l'infi- 
nitif : par  exemple,  harajfer , je  ha- 
rajfty  &c.  je  haraffoü , je  harafferai  ; 
& ainfi  du  refie. 

Dam.  Il  me  femble  que  vous  fai- 
tes dériver  beaucoup  de  mots  de 
l’Aleman , dont  plufîeurs  Auteurs  ne 
conviendront  pas  avec  vous. 

Phil.  Il  eft  vrai  que  beaucoup  d’Ety- 
mologiftes  prétendent  que  le  mot  de 
hurler  y vient  du  Latin  ululare  : que 
le  mot  de  haut , vient  du  Latin  altuf  : 
que  le  mot  hardi  y vient  de  l’Italien 
ardito  , qui  a été  fait  du  Latin  au - 
dere  , dont  on  a fait  enfuite  aldi- 
ro  3 & ardire  , & les  Italiens  ardito  : 
que  le  mot  hache  a été  fait  du  Lati^ 

H vj 


i$o  Ch.  VIII,  De. la  p ronàftdatïott 

afcia  ; que  honte  a été  fait  de  l’Italien 
tinta  y qui  a c-tc  tiré  du  verbe  inufité 
Mire  y dont  on  a fait  autrefois  honnir 
en  notre  Langue,  qui  fignifioit  des* 
honorer  quelqu'un  , lui  faire  affront, 
lui  faire  honte  : que  le  mot  de  hanter, 
vient  du  Latin  habitare  ; que  le  mot 
de  houblon , vient  du  Latin  tupulw  , 
tiré  de  l’ancien  mot  ttpulut  t dont  on 
a fait  opului  ; & que  de  l’ablatif  opul» 
en  mangeant  la  voyelle  » on  a fait 
le  mot  de  houblon. 

Je  fais  même  dériver  le  mot  de 
hameau  du  Grec  qu*  *,  & cependant 
beaucoup  d’autres  le  font  dériver  du. 
mot  ham,  ancien  mot  de  la  Langue- 
Tioifè  , qui  fignifie  une  demeure  t 
d’autres  de  l’ancien  mot  Flaman  heym, 
qui  fîgnifie  domicile.  Mais  toutes  ces 
opinions -U  ne  dètruifênt  pas  mes 
Régies  ; car  {bit  que  ces  mots  ayenc 
etc  tirés  du  Latin  de  la  maniéré  que 
les  Etymologiftes  le  prétendent , ou 
qu’ils  ayent  été  tirés  de  l’Aleman  y 
comme  eux-mêmes  le  croyent , 8c  que 
je  m’en  tienne  à la  derniere  étymo- 
logie , ces  Réglés  fubiîfteiont  tou- 


r des  Confortes , &C.  i$t 
Dam-  N’avons-nous  point  d’excep*- 
tfons  de  ces  Regle-s  > 

Phil-  Nous  en  avons  fi  peu , que  cO 
n’eft  pas  la  peine  d’en  parler.  S’il  vous 
relie  encore  quelque  doute  fur  ces 
forces  d *h , vous  avez  le  Diélionnaire 
nouveau  tout  François  , qui  marquç 
celles  qui  fc  doivent  alpirer. 

. Dam - N’avcz  <- vous  pas  quelques 
^Réglés  à nous  donner  pour  les  h qui 
font  au  commencement  des  mots  ra- 
dicaux , & qui  ne  fe  prononcent  pas  l 
Phil.  Après  vous  avoir  donné  des 
Réglés  pour  connoître  les  h qui  s’af? 
pirent , vous  n’en  n’auriez  pas  bcfoin 
d’autres , puifque  Içachant  bien  con- 
noître celles  qui  s’afpircnt,  vous  de- 
vez indifpenfablement  connoître  cel- 
les qui  ne  s’alpirent  pas  : Mais  pour 
vous  contenter  , je  m’en  vais  von$ 
en  donner  une  qui  elt  prefque  géné- 
rale , & qui  achèvera  de  vous  donner 
une  pleine  connoilTance  de  ces  fortes 
de  lettres. 

Réglé. 

Les  h font  muettes  & ne  s’alpirent 
point  dans  tous  nos  mots  commencé? 


fSi  Ch.  VIII.  De  la  prononciation 

par  une  h , qui  viennent  du  Latin  où. 
il  y a aufli  une  h au  commencement , 
comme  vous  pouvez  voir- en  ces  mots, 
habile , haleine,  herbe , hirondelle,  he- 
norer,  humble , qui  viennent  des  La- 
tins , habiles , halitus , herba,  hirundo , 
honorare , humilie. 

Il  faut  obferver  la  même  Réglé 
pour  les  mots  qui  viennent  directe- 
ment des  mots  Grecs  commençans  par 
des  voyelles  ou  par  des  diphthongucs 
alpirées , comme  en  ces  mots , h or» 
monie , herejie , hifioire , horloge  , hy * 
dropique , qui  viennent  de  ces  mots , 
«Çyusv/*  , etïpte/f , îçopU  , dpohiytùi , 
të pa>7riKCf. 

Exceptions. 

Exceptez  les  h des  mots-  drivant  y 
hennir,  &c.  haleter,  &c.  harpie  de 
héros , qui  s’aüpirent , quoi  - que  ces 
mots  viennent  des  Latins  & des  Grecs, 
binnire,  halitare , «ç«s,  ipmu. 

Exceptions  de  ces  Exceptions. 

Exceptez  pourtant  les  mots  d*heroli - 
%h*  3 héroïquement , heroïfme  > & ce- 


des  Confines,  é"C* 
lui  d 'héroïne  , dont  les  h ne  fe  pro- 
noncent point , quoi  - que  tous  ces 
mots  ayent  été  faits  du  mot  héros » 
dont  Vh  s’alpire. 


Autres  Exceptions. 

Les  h s’afpirent  aufîî  dans  Jet 
noms  des  Villes  &’  des  Provinces  des 
Pais  - Bas , de  l’Empire  & des  Royau- 
mes du  Nort  , où  il  entre  des  b , 
comme  en  ceux-ci,  H annexait.  Ville 
d’ Al  face  ; le  Hainaut  , le  Holflein  » 
Harlem  , Hambourg  , Htdelsheym  , 
Heidelberg , Hedin , Heilbron  , Cop- 
penhague  ou  Coppenhaguen , mais  dont 
1»  finale  efl;  muette , & qu’on  dit  en 
Latin  Coppenhaga.  Quelques  Auteurs 
la  nomment  Hafnia*  La  ' Haye  en 
Hollande  , qu’on  appelle  en  Latin 
Haga  Comitnm , qui  lignifie  la  Haye 
des  Comtes. 

On  dit  pourtant  l’Holface  & 1 'Hi~ 
hernie  , fans  afpirer  les  h ; mais  ces 
deux  mots  ne  font  plus  gueres  en 
ufage , il  faut  dire  le  Holflein  8c  l’/r- 
lande , au  lieu  de  l’Helface  8c  de  Y Ht» 
hernie.  - 


ï$4  Ch.  Vlîl.  Ve  U prononciation 

Les  h s’afpirent  auffi  dans  la  plupart 
des  noms  des  Villes  de  Normandie  , 
& dans  tous  ceux  des  Villes  Sc  Bourgs 
de  Breragne,  comme  Harfleur,  Hon. 
fleur,  le  Havre-de-Gract , CarkJoaix9 
Hennebon  , Rohan , & non  pas  Rouan, 
comme  beaucoup  de  François  qui  ne 
font  pas  de  Bretagne  prononcent , ÔC 
qui  difent  le  Duc  de  Rouan  pour  dire 
le  Duc  de  Rohan , en  afpirant  1*&  com- 
me font  les  Bretons , qui  ne  manquent 
gueres  à prononcer  les  h qui  doivent 
être  afpirées  : mais  quand  ils  les  af. 
pireroient  un  peu  moins  fort  , il? 
n’en  feroient  que  mieux. 

.Autres  Exceptions, 

Nous  avons  encore  cinq  mots  tî- 
!rés  du  Latin  â excepter , dont  les  b 
ne  s’afpirent  point , de  pour  lelquels 
on  ne  peut  faire  aucune  Régie  qui 
convienne  à celles  que  je  viens  d'é- 
tablir pour  les  mots  tires  du  Latin , 
où  il  entre  des  h ,*  car  les  mots  Latins 
d’où  ceux-ci  viennent , n’ont  point 
dCh.  Les  voici,  huître , huile,  hieble, 
huit , huis , qui  ont  été  formés  de  eç| 


des  Confines,  &c.  r8y 
ïnots  , offre* , oleum  , ebulus , otto  , 
tiftium. 

Il  faut  obferver  ici  la  même  Réglé 
que  j’ai  propoféc  à la  fm  de  l’article 
des  mots  ou  les  h le  doivent  alpirer  y 
qui  eft  , que  les  h qui  font  muettes 
dans  les  mots  radicaux,  le  font  aulfi 
dans  leurs  compofés , comme  honorer , 
deshonorer  ; honneur,  deshonneur  j hon- 
nête, déshonnêtes  heriter  de  quelqu'un, 
déshériter  quelqu'un  ; habiller  , desha- 
biller : & ainlî  du  relie. 

Remarquez  que  l'h  de  rehabiliter 
ôc  de  réhabilitation  cil  conlonne 
quoi  qu’on  ne  l’afpire  pas  ; quel- 
ques-uns même  écrivent  reabilita - 
tion  & reabiliter. 

Remarque  Jiir  la  prononciation  de 
•huit  , de  huitième  , & de 
•V.  hui  tain. 

Quoique  Yh  de  ces  mots  huit,  huitiè- 
me & huitain  ne  s’alpire  pas , elle  fait 
pourtant  la  fon&ion  d’une  confonne; 
cell-à-dire , quelle  ne  foufFre  point 
delilîon  de  la  voyelle  finale  du  mot 
gui  la  précédé  > non  plus  que  le  t 2$ 


1Î6  Ch.  VIH.  De  la  prtmonclatlax 

»r.  ou  tinc  autre  conforme.  Ainfî  on 
dit  compofe  de  huit,  ÔC  non  pa$  com- 
pofe  d’huit;  le  huitième,  du  huitième, 
nu  huitième , & c.  & non  pas  l' huitiè- 
me , de  l'huitieme , h l’huitième  J li 
huit  Ain , & non  pas  l'huitAin. 

Autre  Remarque. 

La  même  Réglé  touchant  les  mot* 
de  huit  & de  huitième,  doit  fcrvir  pour 
tous  les  mors  qui  commencent  pat 
des  h alpirées  \ car  leurs  h leur  doi- 
vent tenir  lieu  de  confonne  j c*eft-à- 
dire,  qu’on  doit  obferver  la  pronon- 
ciation des  lettres  finales  des  mots 
qui  les  precedent , comme  fi  ces  h 
ètoient  de  véritables  confonnes.  Vous 
direz , par  exemple  , la  hauteur  , la 
honte , la  haire , & non  pas  l’hauteur,  ' 
ïhonte,  l’haire . Mais  pour  {çavoir  fi 
vous  m’entendez , je  voudrois  vous 
demander  fi  vous  m’en  direz  la  raifon? 

Dam . Je  vous  eiuens  bien  lorfque 
vous  me  dites  que  17»  tient  lieu  de 
confonne  -,  car  on  ne  peut  pas  dire 
l'honté,  comme  on  dit  l'amitié,  parce 
que  l’clifion  qui  fe  fait  des  voyelle'f 


des  Confortes , 187 

aux  articles  3es  noms  fubftantifs  qui 
commencent  par  des  voyelles  , ne  fe 
fait  que  pour  éviter  la  rencontre  de 
la  voyelle  de  l’article  , & de  celle  du 
mot  qui  la  fuit  immédiatement  : ce 
qui  fe  fait  par  la  douceur  de  la  pro- 
nonciation , comme  nous  remarquons 
en  ces  articles , le,  du,  au  ; la , de  la, 
à la  , fuivisdumot  amitié , dont  on 
mange  les  voyelles  en  parlant  & en 
écrivant  en  la  maniéré  qui  fuit  : L'a- 
mitié, de  V amitié , a l'amitié.  Et  com- 
me les  Voyelles  de  ces  articles , le  , 
du,  au  ; la,  de  la,  a la  , ne  fe  man- 
^ * gent  que  loi  ^ ’ es  fuir. 


prétendez  que  \'h  aipirée  qui  fe  trouve 
au  commencement  d’un  mot , n’ètant 
pas  une  voyelle , doit  être  regardée 
comme  confône,  & qu’on  ne  doit  fai- 
re aucune  élifion  de  la  voyelle  de 
l'article  qui  la  précédé. 

Phil.  Cela  doit  être  ainfi  véritable- 
ment. Et  comme  en  prononçant  ces 
mots , le  Prejlre , la  bonté } du  Preflre, 
de  la  bonté  ; au  Preflre , à la  bonté 
nous  ne  faifons  aucune  élifion  des 
voyelles  de  leurs  articles , parce  quç 


commence 


vous 


i$8  Ch.  VIIÏ.  De  la pronônciaiiâft 

les  mots  qui  les  Tuiven? commencent 
par  des  confones  j on  ne  doit  auflï 
faire  aucun  changement  à l’un  de  ces 
petits  mots  , le  , la  , du , de  ta>  an  y 
à la , quand  ils  font  mis  devant  un 
mot  commencé  par  une  h alpirée, 
non  plus  que  fi  le  mot  e toit  commen- 
cé par  une  confonne , comme  le  ha- 
sard, du  hasard,  an  hasard  ; la  ha- 
rangue , de  la  harangue  , à la  haran- 
gue ; la  Hollande , de  la  Hollande , a 
la  Hollande. 

.Dd/w.Seroit-ce  mal  dit  de  dire  /’ Hol- 
lande , de  l’ Hollande , al' Hollande?  . 

Phil.  Si  Ch  du  mot  de  Hollandé 
ètoit  muette  , ce  feroit  fort  bien  dit  s 
comme  par  exemple  en  ces  mots  * 
harmonie , htfloire , horloge , où  vous  ne 
pouvez  pas  vous  difpenfer  de  dire , 
l'harmonie , de  l'harmonie  , a l’harmo- 
nie i l'hifioire , de  l’hifioire , a l’hifioi- 
re  i l’horloge  , de  l’horloge  , a l’hor- 
loge j parce  que  cette  h étant  muette, 
& ne  faifant  aucune  fonction  dans  la 
prononciation  , doit  être  comptée 
pour  rien , & comme  fi  elle  nèroit  pas 
au  commencement  du  mot , dont  on 
*ie  confidere  que  la  voyelle  qui  la  fuit. 


dp  s Confines  , à e.  189 
pour  la  lier  avec  la  lettre  du  mot  qui 
la  précédé,  en  forte  qu’elle  ne  fade 
point  de  mauvais  Son  dans  la  pronon- 
ciation *,  car  il  feroit  auffi  defagréable 
d’entendre  dire  la  armonic,  de  la  ar- 
monie , a la  armonic  , que  la  amitié  ? 
de  la  amitié y a la  amitié.  C’eft  pour- 
quoi pour  éviter  ( comme  j’ai  déjà 
dit  ) la  rencontre  de  ces  Sons , qui. 
font  une  prononciation  defagréable  , 
on  mançe  les  dernières  lettres  des 
petits  mots  qui  precedent  ceux  qui 
commencent  par  des  voyelles  , ou 
par  des  h muettes  j & on  met  une  pe- 
rite  apoftrophe  à la  place  , en  la  ma- 
niéré qui  fuit,  r , de  T , a l'  ; l’amour, 
Phiftoire  , l’aurore  , Pborofcope  , de 
Phorofcope  , à l'horofeope  ; l’herejte  , » 
&c.  Voyez  le  Chapitre  des  Confon- 
nés  finales. 

Dam.  Quel  rapport  route  cette 
Réglé  a-t-elle  avec  notre  h afpirée 
ou  notre  h muette? 

JPhil.  Il  eft  vrai  que  cette  Réglé  ne 
regarde  que  la  maniéré  de  prononcer 
les  confonnes  finales , félon  que  les 
mots  qui  les  fuiyent  commencent  par 
<Jç$  conformes,  ou  par  des  voyelles,  £ 


l$o  Ch.  VIII.  De  la  prononciation 

Mais  on  ne  peut  pas  fç  difpenfer  d’en- 
donncr  ici  quelques  leçons  par  avan- 
ce , pour  donner  une  pleine  connoif- 
fance  des  h afpirées , quand  elles  font 
accompagnées  de  leurs  articles. 

Dam,  Vous  n'en  nommez  que  fix, 
qui  font/*,  du,  au  j la,  de  la,  à la. 
Que  dites-vous  des  trois  autres,  loi, 
des , aux  ? 

Phil . Il  faut  obferver  la  même  Rè- 
gle pour  leurs  confonnes  finales  , fi 
vous  ne  voulez  tomber  dans  l'incon- 
vénient que  tombent  la  plupart  des 
gens  qui  parlent  mal , & qui  pronon- 
cent les  harnois , des  héros , aux  HoU 
landais  , comme  fi  ces  mots  ctoient 
écrits  ainfi , lé  z>arneis , dé  z,cros  , an 
JZolandois  > joignant  dans  la  pronon-: 
ciation  les  s ou  les  x de  ces  trois  pe- 
tits mots,  les,  des , aux , aux  premiè- 
res voyelles  des  mots  qui  les  foivent , 
fans  prendre  garde  qu’il  y a devant  ces  - 
voyelles  des  h afpirées , qui  faifant  la 
fon&ion  des  confonnes  , à caufe  de 
leur  afpiration  , doivent  produire  le 
même  effet  que  produifenc  toutes  les 
autres  confonnes  ; & que  par  con- 
séquent les  cpnfqnncs  finales  des  arti. 


des  Confines  y &c.  i$t 
clés  qui  les  precedent  ne  fe  doivent 
non  plus  prononcer,  que  celles  des 
articles  qui  precedent  ces  mots , les 
garçons , les  filles  , des  chapeaux , des 
bonnets  , aux  Tuileries . 11  faut  donc 
bien  fçavoir  la  Règle  des  confbnnes 
finales , pour  ne  point  manquer  dans 
la  prononciation  des  mots  qui  fuivent 
ceux  qui  commencent  par  ces  fortes 

d7>. 

j Dam,  Il  me  femblc  que  vous  en 
avez  dit  allez , pour  en  donner  une 
ample  inftru&ion. 

Thil.  Vous  n*y  êtes  pas.  il  y a en- 
core dix  petits  mots,  dont  les  confon- 
nes  finales  fe  prononcent , ou  ne  fc 
prononcent  pas , félon  que  le  mot  qui 
les  fuit  commence  par  une  confonne, 
ou  par  une  voyelle,  Les  voici , il,  ils , 
en,  on , un,  font.  Par  exemple , */efi, 
ilj  ont,  en  Angleterre  , on  attend,  un 
arbre,  ils  font  enfermés.  Si  vous  pro- 
noncez tous  ces  petits  rnots  avec  ceux 
qui  les  fuivent , on  vous  entendra  pro- 
noncer diftin&ement  toutes  les  con- 
fonnes  finales  qui  marchent  devant 
Içs  autres  mots  ; à la  referve  du  mot 
sis,  dont  on  ne  prononce  point  i*/> 


i<>2.  Ch.  VIII.  De  la  prononciation 

& dont  l’i  a le  Son  d’un  z,.  Mettons  aq; 
contraire  ccs-pctits  mots  devant  d’au- 
tres mots  qui  commencent  par  des 
.confones , & voyons  l’effet  qu’ils  pro- 
duiront en  les  prononçant , il  fait , 
ils  font , en  France , on  crie , un  Livre , 
ils  font  morts.  Faites-les  prononcer  par 
par  une  perfonne  qui  parle  bien , elle 
dira , i fai , î fon , en  France , on-crie , 
un- Livre  ; 8c  elle  n’articulera  prêt  \ 
que  pas  Vn  finale  des  mots,  e/t,  on3 
un. 

Suivant  ce  précepte,  vous  pouvez 
* hardiment  regler  votre  prononciation 
à l’égard  desX  qui  font  au  comment 
cernent  des  mots , tant  de  celles  qui 
s’afpirent  , que  de  celles  qui  font 
muettes  , en  confiderant  les  alpirées 
comme  des  confones , 8c  les  muettes 
.comme  des  voyelles.  Prononcez  dorçc 
les  confones  finales  de  ces  petits  mots, 
il , ils  j en  , on  , un , font , accompa- 
gnés des  mots  dont  ils  dépendent,- 
comme  il  harangue  , ils  hurlaient , en 
Hollande  , on  hasarde , un  héros  , ils 
font  honteux , comme  fi  les  mots  qui 
jles  fuivent  ètoient  commencés  par  des 
confones  j 8c  dites , î harangue , î hur * 


v des  Confines,  &c.  193 

lai , an-Holande  , on-ha&arde  , un-he - 
%roSi  î fon  honteu  : & prononcez  au  con- 
traire les  confones  finales  des  mêmes 
fiX  petits  mots  devant  des  h muettes, 
comme  fi  ces  fortes  d'h  croient  des 
voyelles  i & dites , il  habille , ils  hu- 
milient, eh  honnête  homme , on  habi- 
te , un  heretique  , ils  font  honores  ; 
comme  fi  ces  mots  ètoient  écrits  en 
la  maniéré  qui  fuit , ilabille , humi- 
lie , an-nonaîtomc , on-nabite  , un-ne- 
r étique  , î fontonorés . Il  eft  de  grande 
cfcnièquence  de  ne  (e  pas  méprendre 
jdans  la  prononciation  de  ces  fix  pe- 
tits mots  fiiivis  d’autres  mots  , qui 
commencent  par  des  h : car  rien  ne 
donne  une  plus  grande  idée  de  grof. 
fierété  & de  mauvaifè  éducation  d’u- 
ne perfonne  , que  lorfqu’on  lui  en- 
tend dire , déz,ero  , pour  dé  héros  » 
V ézjolandais  , pour  lé-Hollandois  ,*  on- 
na^arde , pour  on-ha^arde  ; An- No- 
lande , pour  en-Holande  ; un-naran  , 
pour  un-haran  i déx,aran  , pour  dé- 
haran . 

J’ai  même  entendu  dire  un  nero  , 
pour  dire  un  z,ero , à des  gens  de 
Province  qui  fc  piquent  de  bien  par- 

JL , 

'# 


1 


194  Ch. VIH  Delà fronànciation 

Ici:  , Ôc  qui  fout  fçavans,  & même  à 
des5 Avocats.  Je  vous  laide  à penfor * 
quelle  raifon  ils  peuvent  avoir  de 
croire  que  le  fingulicr  du  mot  de 
z.ero , fou  ero  > & qu’on  puilie  dccli-r 
ncr  ce  mot  ainfi  , l’ero  > de  Vcro  , a. 

Vero  • & au  plurier , les  eros , des  erosf 
MX  eros.  Cela  fo.it  dit  en  patent. 
Mais  je  vous  affiné  que  j ai  entendu 
plus  de  trente  perfonnes,  & déport 
habiles  gens , prononcer  de  même, 
parlons  maintenant  de  Ja  maniéré  de 
prononcer  la  lettre 

j Dans.  Dites  - moi  , je  vous  prie  , ' 

avant  que  commencer  d autres  leçons, 
pourquoi  nous  ne  retranchons  pas 
tout  d’un  coup  ces  h muettes  de  notre 
Ortographe  , puifqu’elles  y font  aum 
inutiles  que  les  lettres  qu  on  a déjà 
commencé  à (opprimer  dans  les  nou- 
velles Impreflionsl  Et  pourquoi  faut- 
il  nous  embarafl’er  de  Régies  pour  ap- 
prendre .1  démêler  les  h qui  fe  pro- 
noncent d’avec  celles  qui  ne  fe  pro- 
noncent  pas  ? 

PhiL  Ce  feroit  un  grand  avantage 
a la  vérité  , fi  ces  lettres  muettes  è- 
toient  tout- à -fait  bannies  de  noue 


des  'Confortes , &c‘. 

ôrtographe  s tant  pour  ceux  qui  écri- 
vent , que  pour  ceux  qui  lifent,  & 
particulièrement  pour  les  Etrangers , 
ou  autres  perfonnes  , qui  n’ayant  pas 
une  connoHfance  parfaite  de  tous  les 
mots.de  notre  Langue , font  Bien  fou- 
vent  embaralTés  comment  prononcer 
nos  Mais  je  n’y  vois  point  encore 
de  remede  $ car  quelque  changement 
qu’on  ait  fait  jufqu’à  prefent  dans 


notre  maniéré  décrire  , je  ne  vois 
pas  qu’on  fe  foit  encore  mis  en  devoir 
de  fiipprimer  les  h muettes  j elles  ont 
de  trop  puiflans  Parti  fans, & on  a beau- 
coup d’égard  pour  les  endroits  d’ou 
elles  font  forties , & pour  les  gens  qui 
les  ont  établies  : Enfin,  on  les  retient 
toujours  dans  notre  ortographe , pour 
conferver  l’étymologie  de  nos  mots. 

Dam.  Cette  raifon  me  paroît  a fie? 
jufte  mais  on  pourroit  ri’y  avoir  pas 
tout  l’égard  que  vous  dites,  & je  m’en 
apperçois  déjà,  puifqu’on  commence 
à Supprimer  les  h attachées  à la  fyllabe 
• ch  j dans  les  mots  où  elle  fe  prononce 
comme,  un  ^ aufli  bien  que  les  h qui  fe 
trouvent  immédiatement  précédées 
fl’un  / 5 comme  en  ces  mots  Archange , 


Ch.  VIII.  De  la  prononciation 
Théorie , quon  trouve  ortographiés  ) 
par  un  (impie  c.,  ou  par  un  (impie 
ainfi  qu’il  fuit , jircange  , Tèorie  : 8C 
que  même  le  ph , que  les  gens  fçavans 
confervent  avec  tant  de  perfeverance , 
commence  à Te  convertir  en/ dans  la 
plupart  de  nos  nouvelles  Impreffions. 

Phil.  Cela  peut  être , & je  fouhaii- 
terois  même  que  cela  fût  déjà  établi; 
maisj’ay  bien  delà  peine  à croire  'que 
nous  voyions  (i-toft  la  fuppreflionde 
nos  h muettes  au  commencement  des 
mots,  comme  en  ceux-ci  habile x he- 
ritier, hifioire , homme , humilité , défi- 
habiller,  déshonnorer  -,  & qu’on  écrive 
abile , entier , ifloire , omme , umilité  , 
d'efiabiller , defonorer. 

Dam.  Cela  dèfigureroit  à la  vérité 
beaucoup  notre  écriture  8c  notre  Inv* 
prelîion  : mais  ne  pourroit-on  pas  dè- 
guifer  notre  h , comme  on  a fait  no<« 
tre  i voyelle  depuis  quelques  années , 
en  lui  fefant  une  queue  pour  la  ren- 
dre confone  comme  notre  / à queue  , 
8c  la  marquer  ainfi  ^ ? Cela  étant* 
les  Ecrivains  8c  les  Lecteurs  auraient 
lieu  d’être  contens. 

Phil.  Oiiy,  mais  il  faudroit  qu$ 


des  Confortes , érc.  x$rj 
Quelque  Puiflance  s’en  mêlât  absolu- 
ment : car  après  ce  que  tant  d’habiles 
gens  ont  écrit  & propofé  fur  la  re- 
formation'de  l’Ortosraphe,  donc  les 

• \ / • N * ' . 1 • 

peines  ont  etc  inutiles,  il  ny  a pas 
d’apparence  qu’il  y arrive  un  change- 
ment tel  que  nous  le  fouhaitons  , que 
par  hazard  & par  fucceflion  de  teins. 
En  attendant  mieux  , il  faut  nous  en 
-tenir  aux  Régies  qu’on  peut  donner 
fur  l’écriture , & fur  la  prononciation 
de  ces  deux  fortes  d'h  , & fur  ce  que 
vous  en  pourrez  apprendre  par  les 
Dictionnaires  tout  François  imprimez 
depuis  quelques  an^s. 1 

Art.  I V.  De  la  prononciation 
de  la  lettre  k. 

Le  k fe  prononce  comme  notre 
On  ne  s’en  fert  en  notre  Langue  qu’en 
ortographiant  les  mots  étrangers  * 
comme  K arabe , forte  d’ambre  ; Kati, 
plante  j Karafon , Province  du  Roy  de 
Perfe  *,  Makjda-,  nom  d’une  Reine 
d’Ethiopie  3 Kebek Capitale  Ville  de 
Canadas  3 Kaoüane , efpece  de  Tortue  3 
icarati  certain  degré  de  bonté  & de 


1^8  Ch.  VIII.  De  la  prononciation 

perfe&ion  de  lor  ; Karatras , forte  de 
plante  fàuvage  qui  croît  en  l’Ameri- 
que  ; K ieder,  forte  de  Fai  fan  ou  Coq 
fauvage  qui  Ce  trouve  en  Laponie  ; 
Kynancie,  terme  de  Médecine , elpe- 
ce  d’Efquinancie  -,  Cynocéphale  » efpece 
de  gros  Singe  , fort  & fauvage  , qui 
Ce  trouve  en  Egypte  *,  Kynge , nom 
d’une  Reine  de  Pologne  3 Kyrielle , 
Jtlkalt , forte  de  Sel , appelle  ainfi 
en  terme  de  Chymie. 

Dam.  C’eft  dommage  que  cette 
lettre  ait  un  employ  fi  borné  en  no- 
tre Langue  , & que  nous  la  regardions 
comme  un  cara&ere  inutile  *,  car  elle 
pourroif  avec  ifllucoup  de  juftice  6c 
de  raifon  remplir  la  place  de  notre  c * 
devant  les  voyelles  a , à,  ù,  comme  j’ai 
déjà  dit  en  l'Article  du  c,  & écrire, 
Capitaine , K œnr3  Kupidon , au  lieu  de 
Capitaine  , coeur  3 cupidon  3 Sc  fuppri- 
mer  le  ç à queue  , pour  ne  pas  avoir 
la  peine  de  le  changer  dans  la  con- 
jugaifon  des  verbes  terminés  en  ccry 
comme  commencer , percer  , ejfacer  : 
Ou  fi  nous  manquons  à mettre  une 
' codifie  ou  queue  au  deffous  du  ç , 
tjui  fait  la  fyllabe  pay  «U  la  lÿllabfc 


t;  ' des  Confines , &e.  199 

ço>  quon  trcyÀ:  fouventdans  la  con- 
jugaifbn  d’un  cie  ces  verbes  , comme 
vous  pouvez  voir  aux  mots  qui  fui- 
Vent , commençant , commençons , per-* 
çant y perçons > j'ejfaçois , &' c.  nous  ren- 
drons notre  écriture  ridicule,  & très- 
difficile  à lire  à ceux  qui  ne  fçavcnt 
pas  tous  les  mots  de  notre  Langue , 
ni  la  valeur  de  ces  ç a queue  , & qui 
lifent  les  fyllabes  çant , çons , & ça 
de  ces  mors  , comme  on  prononce 
les  premières  fyllabes  de  conte,  & de 
Capitaine  ; & qui  lifent  .encore  la 
plupart  la  fyllabe  fça  du  mot  fçavoir , 
celle  de  çon  du  mot  de  Maçon  s com- 
me les  fyllabes  fça  du  mot  de  Scapu~ 
laire  , & celle  de  çon , comme  la  pre- 
mière Syllabe  du  mot  de  conte» 

Art.  V.  De  la^r enonciation  de  U 
lettre  1 , & des  fyllabes  ilia , 
ille -,  illi , illo , illu. 

Phtl.  La  lettre  / fe  prononce  par  le 
mouvement  de  la  langue  y qui  fe  rc- 
dre  fiant  par  le  bout , touche  au  pa- 
lais , & fait  un  Son  fec  , qui  forme 
}es  fyllabes  la , le , li , lo  , lu , comme 


loo  Ch.  VIII.  De  la  prononciation 

vous  pouvez  voir  aujÉpemieres  Syl- 
labes des  mots  fuivan s?lame9  Légat, 
hbre  , Logique  , Lune.  Gctte  lettre  / 
a beaucoup  de  rapport  avec  notre  l'rt 
Sc  cela  cft  fi  vrai , que  ceux  qui  ne 
la  peuvent  prononcer , font  entendre 
le  Son  d’une  /.  C’eft  ce  qu’on  peut  re- 
marquer , fi  on  fait  attention  fur  la 
prononciation  des  enfans  qui  ne  fça- 
vent  pas  encore  prononcer  les  r. 

Dam.  Il  y a des  Provinces  en  Fran- 
ce où  l’on  paroît  aimer  mieux  les  r 
que  les  / ^ car  on  leur  entend  pro- 
noncer la  plupart  de  leurs  / finales  en 
r,  prononçant  animar , fanar  chevary 
pour  dire  animal , fanal , cheval. 

Phil.  La  lettre  l qui  devient  mouillée 
eft  celle  qui  eft  précédée  du  S^n.d’un 
iy  Sc  fuivic  d’une  autre  /,  en  la  ma- 
niéré qui  fuit , ilia*  on  ille , ou  illi , 
ou  illo , ou  illu.  Elle  fe  fait  par  un 
autre  mouvement  de  la  langue , tout 
contraire  à celui  qu’elle  fait  lorfqu’elle 
veut  former  le'  Son  de  17  feche  : car 
au  lieu  de  fe  redreflèr  par  le  bout  vers 
le  palais  , elle  fe  recourbe  vers  les 
dents  d’enbas,  5c  s’élargit  par  le  bout 
& vers  le  milieu , comme  fi  elle  vou- 


( 


( 


v ff 


des  Confines , érc.  16 1 
loit  former  un  i , qui  fe  trouve  inter- 
rompu dans  fa  formation  par  le  batte- 
ment de  la  langue  vers  les  dents  d’en, 
bas , d’où  il  fe  fait  de  needfite  le  Son 
moiiillé  de  17,  en  mêlant  le  mouve- 
ment de  la  langue  qui  forme  le  Son 
de  17  , avec  celui  qui  fait  le  Son  de 
17,  comme  vous  allez  remarquer  aux 
fyllabes  ilia  , ille , illi , Mo , illu  , qui 
fe  trouvent  en  ces  mots , paillajfe  , 
taillai  cueilli , billot , feuillure.  Cette 
Régie  n’efl:  pourtant  pas  fans  Excep- 
tions , comme  vous  allez  voir. 


Exceptions . 

Lés  fyllabes  Me  , Mi,  Mu , perdent 
leur  Son  moiiillé , 5c  fe  prononcent 
comme  fi  elles  n’avoient  qu’une  l , 6c 
que  cette  / retint  fon  Son  fec  & na- 
turel. Mais  pour  parler  plus  intelli- 
giblement , elles  fc  prononcent  com- 
me en  Latin  , quand  elles  fe  trouvent 
immédiatement  au  commencement 
d’un  mot,  comme  en  ceux-ci , illégi- 
time , &c.  illicite , &c.  illuftre , &CC. 
Mujion , Ôcc.  Iilyrien , 6tc.  Ces  {yllabes 
fe  prononcent  auffi  de  même  aux 

I v 


J 


201  Ch.  VIII.  Dâ  la  prononciation 

mots  qui  fuivent , tranquille , fcc.  di^ 
Jlilter , fcc.  argille , etoille , mille  > Ca- 
pillaire, pupille, pupillaire  , que  quel- 
ques-uns écrivent  prefentement  avec 
une  feule  /,  ainfi  qu’il  fuit,  tranqui - 
/<? , diftiler , argile  3 èfoi/e , w/'/e  , C<i- 
pilaire  , pupile  , pupilaire  j fc  qu’on 
devroit  pourtant  écrire  de  même  , 
puifqu’on  ne  les  prononce  que  -com. 
me  s’il  n’y  àvoit  qu’une  l dans  les 
jfyllabes  ilia,  ille  , illi  , illo,  illu  de 
ces  mots. 

Dam.  Pourquoi  voudriez-vous  laif* 
fer  les  deux  II,  dans  ces  mots  , illégi- 
time , illicite  , illufire , illufion , Illyrten, 
&c. 

Vhili  II  ed  bon  de  les  y laifTér  , 
parce  que  ces  / ont  une  prononcia- 
tion un  peu  plus  forte , & qu’on  pefe 
davantage  delTus  en  les  articulant  , & 
qiiafi  comme  fi  on  les  vouloit  pronon- 
cer comme  doubles  *,  de  même  qu’on 
Fait  à peu  près  ces  mots  Latins , Ma , 
illorum , illud.  fcc.'  mais  pas  tout-à- 
fait  fi  fort  : ce  qui  ne  fe  fait  pas  aux 
mots  fui  vans  , tranquille,  difiiller,  è- 
toille , fcc.  dont  les  deux  II  ne  fe  pro- 
noncent que  comme  une  fimple  l , 


c 


s des  Confines , &c.  icf$ 
& dont  le  Son  eft  fec  & fermé  , com- 
me vous  pouvez  le  remarquer  en  pro- 
nonçant tranquile , difiiler,  e toile. 

Remarque . 

• Les  Peuples  du  Nort  ont  bien  de  la 
peine  a prononcer  ces  / mouillées  ; 
mais  les  Efpagnols  & les  Italiens  les 
•prononcent  avec  autant  de  facilité 
que  nous.  Les  Italiens  les  caraétéri- 
fent  avec  ces  trois  lettres  gli , comme 
vous  voyez  en  ces  mots , pigltare  , wc- 
glie , voglio  , qui  lignifient  prendre 
femme,  je  veux  : & les  Efpagnols  par 
^ deux//  feulement , comme  vous  voyez 
^ en  ces  mots . callar,  G aile  go  , z,ambul- 
liâo  j polio , lalluvia , qui  lignifient  en 
notre  Langue  , m/ty  , GalUcien  , 
plonge,  poulet,  lapluj/e . De  forte  que 
ces  deux  Nations  prononcent  ccs 
mots , comme  nous  les  prononcerions 
fi  nous  1 s voyïons  écrits  à notre  mo- 
de , cil  la  maniéré  qui  fuit , pillare , 
moille , voillo  , caillar,  G aille  go , farp- 
bouiflido  , poillo , laillouvia . 


204  Ch.  VIII.  De  U prononciation 

...»  k ^ , v» 

Réflexions  fur  la  maniéré  d’épeler 
les  fylUbes  ilia,  ille,  illi,  1II6, 
illu. 

Dam.  Voilà  une  manière  de  mar- 
quer les  fyllabes  mouillées  qui  fe  for- 
ment de  notre  i , fuivi  de  deux  II , bien 
extraordinaire  5 & il  femble  que  vous 
les  vouliez  épeler  d’une  autre  m^* 
niere  que  les  Maîtrcs-d’Ecole  ne  les 
font  épeler  à leurs  Ecoliers , en  leur 
apprenant  à lire  : car  félon  ce  que 
vous  propofèz , il  faut  épeler  ces  mots, 
gaillard,  taillé , bouillon , en  la  maniéré 
qui  fuit  j ga-illard , ta-illé , bo-uillon  ; 

& dire , ge , a , ga , i > deux  elle , a , 1 
err,  dé,  illard , gaillard  ; te,  a, 
i , deux  elle , é , illé , taillé  j bé , o , 
u , bou , i , deux  elle , o , enn  , illon  , 
bouillon  *,  8c  non  pas  en  la  maniéré 
ordinaire , gaiUlad  , t ail-lé , boüi-llon , 
qu’on  leur  fait  épeler  ainfi , ge , a , i , 
ell , gail , i , elle , a , erre , dé , illard, 
gaillard  *,  té,  a,  i,  elle,  tail,  i , elle, 
é , illé,  taillé  i bé , o,  11,  i , ell , boüil, 
i,  elle , o , enne,  on  , illon boiiillon. 

Phil*  Pour  moy  je  ne  fuis  point 


des  Confines  a dre.  2oy 
pour  cette  derniere  manière  d’èpekr 
ces  fortes  de  iÿllabes',  de  j’ay  vu  des 
Alémans  qui  m’ont  avoué  que  ce  qui 
les  empêchoit  de  comprendre  le  Son 
naturel  de  ces  /"mouillées  , c'ètoic 
cette  feparation  qu’on  leur  fefoit  faire 
de  ces  deux  fortes  d7,  en  épelant  la 
fyllabe  où  elles  fe  trouvent , dans  la- 
quelle ils  entendoient  deux  Sons  di£* 
ferens,  qui  ècoit  celui  d’une  / mouil- 
lée , de  celui  d’une  / feche  , qui  les 
cmpêchoienr  d attrapa  la  véritable 
prononciation  de  ces  fÿllabes  mouil- 
lées : ce  qui  n’arrivoit  pas  quand  on 
leur  fefoit  cpelcr  ces  fyllabcs  ainfi, 
ilia  , ille , illi , illo  » illti , fans  fepa- 
ration : & la  maniéré  d’èpeler  ces  for- 
tes de  fyllabes  me  paroît  pour  le  moins 
suffi  aifée  que  l’autre  , de  plus  utile. 
Il  feroit  même  bon  que  Içs  Impri-  1 
meurs,  oblèrvalïènt  de  les  partager  en 
-la  maniéré  que  je  le  propolè  dans  le» 
divifions  qu’ils  font  au  bout  de  leurs 
lignes,  au  lieu  de  les  partager  comme 
ils  font , 8c  de  mettre  une  / fur  une 
lÿllabe  , de  une  autre  / fur  l’autre  * 
comme  f4/7  à la  fin  d’une  ligne  , de  le 
au  commencement  d’une  autre  * paut 


iù6  Ch.  VIII.  De  la  prononciation 

imprimer  le  mot  de  taillé , puilqu’ii  . 
eft  confiant  que  la  fyllabe  $lh  Fran- 
çoifc  ne  fe  peut  divifer  en  l'épelant* 
ou  en  écrivant  , fans  changer  da  Son. 

Il  y a encore  une  autre  raifon  qui  me 
femble  n’avoir  point  de  réplique  , 
c’eft  qu’ils  joignent  fouvent  deux  con- 
fones  enfèmble  au  commencement 
d’une  fyllabe  qu’ils  veulent  (êparec 
d’une  autre  qui  la  précédé,  comme 
en  ces  mots , dt-gnus  , ca-ptus  , o-mnisy 
dont  ils  poufiroient  pourtant  feparer 
les  fyllabes  ainfi , dtg-ntu  , cap- tus  , 
em-nit.  Il  eft  bien  plus  raifonnablc 
de  joindre  les  deux  confones  //  dans 
une  fyllabe , puilque  jointes  avec  1#  , 
elles  n’en  font  qu’une  , plutôt  que 
de  les  feparer  l’une  de  l’autre , pui£ 
que  cette  feparation  en  fait  changer 
le  Son. . 

Dam.  Tout  ce  que  vous  vanez^de 
propofer  fera  aufli  difficile  à établit 
parmi  les  Maîtres  d’Ecole  & les  Im- 
primeurs , que  votre  k pour  le  c dur 
& votre  fi  à queue  $ car  il  fera  bien 
difficile  de  leur  ôter  de  la  tête  que 
ces  fyllabes  ilia , ille , illi , Ulo , ilia , 
détachées  du  mot  où  elles  doivent 


r. 


t 


r ' ' des  Confines  ,&c.  107 

. être  , ne  fe’doivcnt  prononcer  & épe- 
ler comme  en  Latin , & comme  on 
épele  les  mots  fuivans , capilUre  ,Me- 
cebra,  illicitns  > illorum , Mue. 

Phil.  Je  ne  vois  pas  qu’on  doive 
trouver  plus  étrange  de  prononcer 
nos  fyllabes  Françoifes  , ilia  , Me , 
illi , illo , Mti,  comme  les  Efpagnols 
prononcent  leurs  fyllabes  mouillées 
lia , lie , lit , llo  ,//«,&  de  cara^léri- 
{èr  de  même  ces  Sons  moiiillez  par 
Ma  , Me , ///* , *7/o , illti , que  nous 
trouvons  étrange  de  marquer  les  Sons 
moiiillez  qui  fe  forment  de  notre  c 
avec  un  h par  ch  a , che , chi , cho  , cl?», 
& le  Son  de  notre  g nazal  par  , 
gne  y gai , gno 1 , gnu*  Car  toutes  ces 
trois  fortes  de  fyllabes  fe  trouvent  en 
Latin  comme  en  François , avec  cette 
différence  , que  nous  les  prononçons 
autrement  en  notre  Langue  que,  nous 
ne  fcfons  en  Latin.  Si  on  ne  peut  fe 
méprendre  dans  la  prononciation  de 
ce$  fyllabes  Françoifes  gna , gne  , gniy 
gno  j gntiy  qu’on  pourroit  feparer  ain- 
fi  en  les  épelant  g-na  , g-ne , g-ni , 
ôcc.  comme  on  nous  objecte  qu’on 
peut  faire  en  nos  fyllabes  Ma , Me  y 


• ■ - - 

‘ioS  Ch.VIII.  De  ta  prononciation 

illi , &c.  en  prononçant  iUla  , il-lct,. 
il-ti , &c.  comme  on  fait  en  Latin , 
pourquoi  veut-on  qu’on  fe  méprenne 
dans  la  prononciation  de  ces  dernie- 
fes  (yllabes ilia , file,  illi,  &c.  quand 
on  fçaurà  qu’elles  ne  (ont  pas  Latines, 
de  qu’elles  appartiennent  à des  mots 
François  ? Il  eft  vrai  qu’un  Etranger 
voyant  ces  fyllabes  chas  chc  , chi > 
cho , chn  ; gna , gne , gui , gno , gnu  ; 
ilia , ille  , illi , illo , illu , feparées  de 
leurs  mots , fans  fçavoir  à quelle  Lan- 
gue elles  appartiennent , ne  manque- 
ra pas  de  les  prononcer  comme  kje, 
kf>  kj , kj> , kjf  ; g-na,  g-nè , g-ni, 
g-no , g-mt  ; il-la , il-le  , il-li  , il-l(t , 
il-lu  ; & nous  les  prononcerions  auflï 
de  même  fi  nous  les  voyions  dans  des 
mots  étrangers.  Mais  fi  l’une  de  ces 
lyllabcs  Ce  trouvoit  dans  un  mot  Fran- 
çois qui  ne  fut  pas  connu  à tout  le 
monde , il  ne  faut  pas  douter  que 
nous  ne  la  prqpon  ci  allions  félon  no- 
tre maniéré  naturelle  de  prononcer 
ces  fortes.  de  lÿllabes  : & un  Etranger 
qui  fçauroit  lire  notre  Langue,  eu 
feroit  la  même  chofe , pourvu  qu’il 
fût  perfuadé  que  le  mot  ou  il  trouve* 


des  Confines  % &c.  109 

foie  Tune  de  ces  fortes  de  lÿllubes, 
fût  François. 

Dam.  Il  eft  vrai  que  nous  pronon* 
çofts  beaucoup  de  fyllabes  en  Latin 
tout  autrement  que  nous  ne  les  pro* 
nonçons.  en  notre  Langue  naturelle  » 
car  nous  ne  prononçons  pas  ces  mots 
Latins  , C baratter , Chelidoriia  , Af- 
chiepifcoptts , Chorus , Bachus , comme 
flous  prononcerions  ces  mots  Fran- 
çois , chapeau  > cher.  Architecte  , cho- 
quer, chucheter.  Les  Elpagnols  pro- 
noncent leur  ch , comme  tch  j de  for- 
te que  pour  prononcer  le  mot  mu - 
ehacho  , qui  veut  dire  en  leur  Langue 
petit  garçon  , ils  prononceront  moue- 
chatcho  : & cependant  ils  prononcent 
les  eh  qui  fe  trouvent  dans  les  mots 
Latins , comme  des  k^.  Nous  pronon- 
çons ces  mots  Latins,  ignarus , digneris , 
ign'ts , comme  fi  on  nous  les  fcfoit  è- 
peler  en  la  maniéré  qui  foit , ig-na - 
rus  » di  gne-ris , ig-nis. 

Phil.  C’efi:  la  vérité  , mais  cette 
Régie  neft  pas  fort  générale  : car 
les  Efpagnols  & les  Italiens  pronon- 
cent lesjr  en  Latin  , comme  ils  pro- 
noncent idiotiquement  les  leurs  j car 


ttô  Ch.  VIII.  De  la pronmcUtlôfï 

ils  difent  Vi rdginis,  6c  les  Efpagnols 
Fi rghinis  : çes  derniers  prononcent 
leurs  g devant  les  <?,  & les  y comme 
nous  prononçons  nos  g durs , c’eft- 
à-dire  ceux  qui  font  fuivis  d’un  h , 
en  afpirant  dans  la  moment  de  l’ar- 
ticula:ion  qu’ils  font  de  ce  g la  voyel- . 
le  qui  le  fuit  : de  forte  qu’ils  pro- 
noncent leurs  mots  de  mttger  , qui 
lignifie  femme  » heregia , qui  fignific 
herejie  , comme  nous  les  prononce- 
rions à p:u  près  s’ils  ètoient  marqués 
par  fyllabes  en  la  maniéré  qui  fuit  , 
moug-he'er , hereg-hîa , en  afpirant  Y h 
aufli  fort  que  celle  du  mot  de  héron , 
& celle  du  mot  de  hibou , & en  pro- 
nonçant le  g un  peu  plus  fort  que 
nous  : Mais  ceci  n’eft  plus  de  notre 
.Inftru&ion.  Nous  aurions  trop  de 
chofes  à dire  for  la  maniéré  dont  les 
Etrangers  prononcent  les  mots  de  la 
Langue  Latine  , & celle  dont  nous  les 
prononçons  nous-mêmes.  Paflons  à 
d’autres  préceptes. 

Dam . J’ai  encore  une  demande  à 
vous  faire  touchant  la  manière  d’cDe- 
ler  nos  fyllabes  ilia , ille  , illi , &c. 
lorfque  la  voyelle  qui  la  précède  ell 


‘ des  Confortes , &c.  itï 

lin  i commun  : car  fuivant  votre  S y- 
ftème,  il  eft  conftmt  que  Vi  fe  dé- 
pouillant de  Ton  Son  naturel , pour 
aider  à former  le  Son  moiiillé  de  U 
doublée  qui  la  fuit,  il. ne  doit  plus 
relier  de  voyelle  pour  former  la  fylla- 
be  qui  précédé  cét  i , puifque  le  Son 
de  ce  même  i eft  tout-à-fait  confon- 
du dans  celui  des  deux  II  qui  le  fui- 
vent;  Comment  ferez-vous  pour  épe- 
ler ces  mots , bïllart  , fille  , pliage  , 
&c  1 car  vous  ne  pouvez  pas  feparcr 
en  épelant  la  confone  qui  précédé  Xi 
de  cette  fyllabe  ilia , ille , Sec.  &c  di- 
re t.illac,  b-illet , p-illf , comme  vous 
pourriez  faire  aux  fyllabes  gna,  gne  > 
gni  > Sec. 

Phil.  Tout  ce  qu’on  peut  vous  ré- 
pondre là-delTus , c’eft  que  comme  il 
y a peu  de  régies  fans  exceptions  , 
celle-ci  en  a une  qui  eft  aifée  à com- 
prendre j qui  eft , qu’en  ce  cas  Xi  fans 
être  précédé  de  voyelle , fe  double 
dans  l’èpelation  * en  forte  qu’il  y en 
a un  qui  donne  le  Son  d la  confone 
qui  le  prêche  , & l’autre  qui  aidé  d 
former  le  Son  moiiillé  des  deux  II  , 
aufquelles  il  eft  attaché  ; de  forte 


ïu  Ch.  VIII  . De  td  'pronôncUtiofi 

qu’on  èfele  ces  mots,  tillac , billet '} 
fille,  billon , brillant , &c.  en  la  ma- 
niéré qui  fuit , té,  i*  ti%  i , deux  11% 
à , cé , , tillac  : les  autres  mots 

doivent  être. épelez  de  même.  Pro* 
noncez  donc  , billet , pille' , billon  * 
brillant , comme  s’ils  ètoient  écrits 
ainfi  , bi-illet , pi-illé  , bi-illon , 
ittauti  Sec.  Qifon  fc  récrie  tant  q'uon 
voudra  fur  cette  maniéré  d’épeler,  je 
la  foutiens  toujours  plus  aifée  que  la 
maniéré  ordinaire^lcs  Ecoles,  Se  pour 
les  Etrangers  , & pour  ceux  qui  tic 
fçavenc  pas  encore  lire  notre  Langue* 

• ’(  .pv  '•*  » ■'  > t M 

Remarque, 

La  fyllabe  ille  double  Ton  i dans  la 
prononciation  du  mot  de  Jnillefi 
Prononcez  donc  ce  mot  , comme  s’il 
ètoit  écrit  avec  deux  i , en  la  manière 
qui  fuir , Jui-illet . 

Da?».  Vous  avez  uni  exemple  dans 
ly-grec , qui  appiiye  votre  Syftême  ; 
car  j’ay  vu  des  Maîtres  de  Langue  en 
Italie  qui  le  fefoient  èpellr  à des  Ale- 
mans,  comme  s’il  avoir  été  double  : 
On  leur  fefpic  épeler  ces  mors  ,Doyeny 


des  Confines,  ère . 2.1$ 

fayf9  Ecuyer,  en  la  maniéré  qui  fuit. 
Dé,  o,  y-grec  , Doy , y-grec  , e , ènne, 
yen , DQyen , &c.  Ils  leur  fefoient  pro- 
noncer. & çpeler  tous  les  ^-grccs  en- 
tre deux  voyelles , comme  s’ils  avoient 
çté  doubles  , en  la  maniéré  qui  fuit 
aux  m.ots  fuivans  , pay-ye' , Ecuy-yer  , 
employ-yer , &c.  N’avezvous  plus  rien 
à dire  de  17  f 

. P htl.  Rien,  linon  que  quand  elle  fe 
trouve  à la  fin  d’un  mot  précédée 
d’un  o , elle  fe  prononce  quelquefois 
comme  ou  , & quelquefois  comme  oU 
y oyez  le  Chapitre  des  Monophthonr 
gués  tout  à la  fin.  Parlons  de  la  va- 
leur de  Xm» 

A blt.  VI.  De  la  prononciation 

de  /’m. 

La  prononciation  de  Vm  fe  pro- 
nonce çn  notre  Langue  , comme 
en  la  plupart  des  autres  Langues  , 
lors  qu’elle  fait  immédiatement  le 
commencement  d’une  fyllabe  ou  d’un 
mot  : c’eft-à-dire  ? qu’elle  fe  prononT 
c.c  par  le  fecours  du  battement  de  la 
Uyre  d’enbas  ? contre  pelle  d’enhaut, 


114  Ch.  VIII.  De  la  prononciation 

comme  vous  pouvez  remarquer  en 
ces  mors  , mon,  ma,  me-rite  ^i-mi-ter, 
mar-mot  y mu-rit  , fi-ni  > &c.  Mais 
quand  elle  fe  trouve  à la  fin  d’une 
fyllabe , elle  change  de  Son , comme 
*m-pley  t-taim , im-portun  , fom-bre, 
hum-ble.  Voyez  le  Chapitre  des  Mo- 
nophthongues , à ■ l’Article  5. 

• • *.  .• 

Art.  VII.  De  la  prononciation 

de  V n. 

Vu  fe  prononce  en  notre  Lan- 
gue , comme  en  la  plûpart  des  autres 
Langues , lors  quelle  eft  immédiate-, 
ment  mile  au  commencement  d’iine- 
fyllabe  : c eft-a-dirc , quelle  s’articule 
avec  la  voyelle  ou  double  voyelle  qUr* 
la  fuit,  en  repliant  le  bout  de  la  lan- 
gue vers  le  palais  , &:  en  fefant  un 
petit  mouvement  dans’  la  racine  du 
nez , qui  joint  avec  ce-  mouvement  du 
bout  de  la  langue , fait  ce  Son  reten- 
tifiànt  qit’on  etitend  dans  les  premiè- 
res fyllabes  dc  ces'  mots  y natal , né~ 
ffoce  , Nicolas,  ndble  y numéro. 

**  Quand  l 'n  fe  trouve  à la  fin  d’une  (yî- 
labw,  elle  perd  le  Son  naturel  de  reten- 


des  Confines,  &c.  ny 
tiftànt  qu’elle  avoit  étant  entre  deux 
voyelles  , ou  immédiatement  au  com- 
mencement d’une  fyllabe  j car  elle  ne 
s’articule  qu’à  demy , &:  encore  eft-ce 
d’une  maniéré  fi  foible  & Ci  peu  fen- 
fible,  qu’on  ne  s’en  apperçoit  point, 
comme  vous  le  pourrez  remarquer 
par  les  fyllabes  marquées  en  lettres 
italiques  dans  les  mots  qui  fuivent  , 
manc he  > peindre  , /'«cident , onguent, 
défunt. 

. - * 'j' ' * % *Cv' 

Autre  maniéré  de  prononcer  l* n. 

L’n  change  de  Son  Iorlqu’elle  eft 
jointe  à un  p qui  la  précédé,  & fait 
aüfli  changer" de  Son  au  g avec  lequel 
elle  fc  joint  : car  au  lieu  qu’on  devroit 
prononcer  chacune  de  ces  lettres  fé- 
lon leur  Son  naturel  qui  eft  fec,  elles 
prennent  l’une  & l’autre  un  Son  mol 
& moiiilJé  , comme  vous  pouvez  voir 
en  ces  mots,  gagner,  dignité , rojfi- 
gnol.  Les  uns  appellent  ces  deux  ca- 
ractères joints  ainfi  enfemble  un  ç 
nafal  , a caufe  des  mouvemens  qui  le 
font  dans  le  nez  en  les  prononçant  ? 
& d’autres  les  appellent  une  n moiiil-» 

• - . ..  . . < 

0 


U 


il 6 Ch.  VIII.  pe  la  prononciation 

lée  , à caufè  du  mouvement  que  la 
langue  fait  dans  la  bouche  en  s’élar- 
giflànt  par  les  coftés  3 au  lieu  qu’elle 
fc  redreflè  vers  le  palais  quand  on 
veut  prononcer  le  Son  naturel  de  cet- 
te ».  Les  Efpagnols  cara&érilênt  ce 
Son  mouillé  de  gn  par  une  petite  li- 
gne au  deflus  de  Yn  ainfi,  comme 
ni  no , peftanas  , panuelo  , que  nous  c- 
cririons  feion  notre  Ortographe , ni - 
gno , peftagnas , pagnuelo  : &il$pro*. 
noncent  le  gn  des  mots  Latins , com- 
me nous  le  prononçons  ; c’eft-à-dire, 
qu’ils  difent  ag-nas  & non  a~gnm , 
comme  font  les  Italiens , qui  pronon- 
cent & écrivent  en  leur  Langue  leur 
gn  comme  nous , & qui  le  pronon* 
cent  de  même  dans  les  mots  La- 
tins. 

Art.  V III.  De  la  prononciation 
du  p . 

s *.  ■**?!•<*'.*  '*  • • * 

Il  n’y  a rien  a dire  fur  la  pronon^ 
ciation  de  la  lettre  p , fin  on  quelle 
fe  prononce  de  la  même  maniéré  que 
le  b , mais  en  fefant  un  plus  fort 
battement  des  des  lèvres^  qu’en  la 

formation 


d<*s  Confines , &c.  i\-j 
formation  du  b , comme  vous  pouvez 
voir  en  prononçant  l’une  & l’autre  de 
ces  deux  lettres  dans  les  fyllabes  fui- 
vaD  tes» 


1U' 


Syllabes  avec  un  p. 


B a » pe>  pi,  po , Triais  , pete , pi „ 

Pi*'  rc , po\i , pur. 


» 


Syllabes  avec  un  b. 


Ba>  be,bi,  bo , Æ^Iais  , bec,  Si. 

bu.  ble,  fomet,  £#rin. 

Les  Aîemans  appellent  cette  lettre 
p , cin  harti  b , qui  veut  dire  en  leur 
; Langue  un  b dur.  Quand  cette  lettre  p 
eft  (uivie  d’une  h , elle  fc  prononce 
icomme  uncf,  comme  vous  verrez  aux 
ïÿîlabes  marquées  en  cara&ercs  itali- 
ques des  mots  qui  fuivent  ; Empha- 
tique , pher- orrene,  TVjlofophe,  mc- 
taphotc , Phfique  > phlébotomie , phre - 
jiçrique  jpltf/fie , &c.  Prononcez  donc, 
’en/dtique  , y^nomene  , jîlofoj^ , &c. 
Voyez  ce  que  j’en  dis  au  Chapitre  de 
la  prononciation  des  Confones. 

s 


✓ 


*i8  Ch.  VIII.  De  la prononciation 

Remarque  fur  l’Orto graphe  de 
ce  ph. 

Quand  ces  mots  de  phlegme , & de 
phlepmatique  s employent  figurement 
dans  le  difcours  , pour  dire  moderar 
tion , -patience , modéré , patient > on 
les  écrit  ordinairement  avec  une  f , 
comme  flegme , flegmatique.  Mais  en 
matière  de  Chymie  , où  il  y a une  au- 
tre lignification , il  eft  bon  de  1 écrire 
avec  un  ph. 

Art.  IX.  De  la  prononciation 
du  q. 

Le  q eft  toujours  fiiivi  d’un  »,  8c 
fe  prononce  toujours  comme  un  K , 
comme  vous  voyez  aux  cinq  (yllabes 
qua,  que , qui , quo  , quu , qui  font 
dans  les  mots  qui  fuivent , quaitc  , 
que ftion , calibre , quolibet , pi^r»»- 
re,  que  vous  devez  prononcer  com- 
me s’ils  ètoient  écrits  ainfi , K atre  > 
Xefiion , eKilibrey  xolibet  > figure* 


1 


des  Confines  ,&c. 
Exception. 


J’ai  oublié  de  dire  que  le  q ne  fouf- 
fre  point  d’«,  quand  il  iè  trouve  à la 
fin  ci  un  mot’,  comme  on  petit  remar- 
quer en  ces  mots  eboq  & coq. 

Exceptions  de • la  prononciation 
du  q. 

"Le  de  la  fÿllabe  que , eft  féminin, 
ôc  ne  s’entend  prefqùe  point  en  ces 
mots , ÿwnoiiille , qusrtWe , ^relier, 
&c.  queteWi  ur , ^relleufe , empaque- 
ter t &c.  dépaqueter  t Sec.  caqueter , 
&cc.  caqueteur  , caqueteuÇe , caquetoi- 
re,  coûter,  &c.  craqueter , Scc.  be- 
-que ter,  &c.  dèchi^ter,  Sec.  marque- 
ter , &ç.  par^eter , Sec.  Prononcez 
donc  ces  mots  à peu  pi  ès  comme  s’ils 
ètoient  écrits  ainfi  , k nouille , ampa- 
Kter,  Sec.  caKter , &c.  dans  le  difeours 
Familier  : Mais  dans  la  Poëfie  , faites 
fêntir  dans  la  iyllabe  que , un  peu  du 
Son  de  Ve , & à peu  près  comme  s'il 
y avoit  K«*noiiille , ampaKe«ter , ca^ 
Xf»rer,&c% 

Kij 


2.io  Ch.  VIII.  De  la  prononciation 

Il  faut  obfcrver  la  même  prononcia- 
tion dans  les  fyîlabes  finales  que , ques, 
quent,  comme  en  celles  qui  Ce  trou- 
vent en  ces  mots,  coque  , bar que,  tu 
marques,  ils  mar quent,  où  les  e font 
féminins. 

Obfervez  la  même  prononciation 
dans  le  mot  quérir , où  Ve  cft  aufli  fé- 
minin -,  & dites  aUe'  k ri , pour  dire 
allez,  quérir  : Mais  dans  le  difeours 
foûtenu , ou  en  lifant  des  Vers,  faites- 
y entendre  foiblement  & imperceptr- 
blement  le  Son  d’un  e ; comme  auffi 
aux  fyîlabes  finales  que  , que  s y quent , 
comme  je  vous  ai  déjà  dit  au  fiijet 
des  mots  de  quenouille , caqueter , & 
empaqueter, 

Remarque  fur  l'Orto graphe  & fur 
la  prononciation  des  verbes  em- 
paqueter, dépaqueter,  caque- 
ter , & de  tous  ceux  qui  fe  ter- 
minent en  queter. 

Le  t de  la  fyllabe  finale  des  verbes 
empaqueter , dépaqueter , caqueter,  co- 
que ter,  déchiqueter , marqueter , par- 


des  Confines , &c.  m 
ejueter  , bequeter  , & a ut  es  terminés 
en  ejueter , Te  double  clans  les  trois 
premières  perfonnes  fingulicres  , & 
dans  la  troifième  peiTonne  du  plurier 
de  leurs  tetris  prefens , tant  de  l’indi- 
catif, que  du  fubjon&if  : & IV  qui 
précédé  le  t doublé , Ce  prononce  com- 
me un  è ouvert  *,  ou  fi  vous  voulez  , 
comme  la  fyllabe  ai  dans  le  mot  de 
fait.  Voici  un  exemple  de  conjugai- 
fon  que  je  vais  donner  pour  l’orto- 
graphe , & pour  la  prononciation  de 
tous  les  verbes  terminés  en  ejneter* 

Infinitif. 

Ecrivez.  Prononcez. 

Eknp*7**ter.  ampafyf. 

Participe  actif. 

Ecrivez.  Prononcez. 

Empaquetant.  ampaktan. 

Participe  passif. 

Ecrivez.  Prononcez. 

Empaq/tfté.  ampakté. 


m Ch  . VIII.  De  la  prononciation 

Indicatif. 

Le  teins  prsfent. 

Ecrivez.  Prononcez. 

J*empa  guette.  j’ampakjtite . 

Tu  empa^tte.  tu  ampakaite. 

Il  empa^tte.  il  ampakaite ,. 

Nous  empale-  nom  ampaktôn,, 

tons. 

Vous  empa^#etez.  vous  ampakjes. 
Ils  empannent.  iz,  ampakaite. 

Le  tetns  imparfait. 

Ecrivez.  Prononcez. 

Tcmpa^/etois.  fampaktês. 

— Tu  empa^werois.  tu  ampaktes, 

* Il  empa^wftoit.  il  ampakjai. 

Nous  empala*-  nous  ampaktiôn . 
tions. 

Vous  empa que-  'vous  ampakjies, 
ticz. 

Ils  empa^toient.  iz,  ampaktes. 

Le  tems  pajftf. 

Ecrivez.  Prononcez. 

J’cmpa^«eiais,&c.  j'ampakté , &c. 

rs^r  , * * ' f ’^-A*  ' . - *• 

1 


î* 


' * • des  Confines , &c.  iaj 

Le  tems  à venir, 

.Ecrivez.  Prononcez. 

J’empannerai  j j' ampakterf , &c. 
&c., 

L’ Impératif. 

Ecrivez.  Prononcez. 

Empa^«rtte.  amp  akf.it  s. 

Qo^il  empagr^tte.  qu'il  ampakfite, 
Empagwtons.  arnpkktôn. 
Empa^»^tez.  ampakjes. 

Qu^ils  empa^«£t-  k ’/x.  ampakfite, 
tent. 

Lf.  SUBjoNCTIF. 

~ f“  * ’ . • Le  tems  prefent. 

Ecrivez.  Prononcez. 

Que  j’empa<7#£tte.  k’  j’ampakjtite^ 
Que  tu  empa^tft-  k’  tti  ampakfite, 
tes. 

Qu’il  empa^«^tte.  k il  ampakaite. 
Que  nous  empa-  k’  nom  ampakr 
quêtions.  tidn . 

Que  vous  empa-  k’  vous  ampak? 

quêtiez.  tifs. 

Qu’ils  empaler-  k’  jz>  ampakfitc» 
tent. 

K iii) 


214  VIII.  De  la prononciation 

Le  tems  imparfait. 

Ecrivez.  Prononcez. 

Que  j’èmpa que-  k ’ j ’ampaktdjfe  , 
ca(îè,&c.  &c.  - ' . • 

L’imparfait  conditionnel. 

Ecrivez.  Prononcez. . 

J crcpa^^terois  , j’ampakjerês , & c. 

&c.  • 

Remarque . ‘ . 

* j»  /' 

Les  & catera  que  j’ai  marques  A la 
4m  des  premières  perfonnes  des  tems 
de  ce  verbe  , marquent  que  la  (ÿllabe 
que  fe  prononce  & s’écrit  par  toutes 
les  autres  perfonnes  de  même  qu’à 
la  première.  Remarquez  auffi  que 
toutes  les  s finales  précédées  d’un  e 
accentué  ne  fe  prononcent  point. 

Autre  Remarque.  9 

ï . .*;•*,  . # •' 

Quoy  que  je  n’aye  pas  marqué  d’*  • 
après  le  k dans  l’inftruttion.  que  j’ai  • 
voulu  donner  de  la  maniéré  de  pro- 
noncer les  e , qui  fe  trouvent  dans  la 


' des  Confines , &c.  i if 
(ÿllabe  que  , laquelle  on  trouve  dans 
la  conjugaison  des  verbes  terminés  en 
que+r , il  ne  faut  pas  avoir  égard  à 
romiflion  que  j’ai  faite  de  ces  e ; 
car  je  ne  l’ai  faite  que  pour  faire  mieux 
comprendre  aux  Etrangers,  & irêmc 
à quelques  François  , la  maniéré  de 
prononcer  Ve  de  cette  fyllabe  que  , 
quand  il  eft  muet  : & il  ne  faut  pas 
pour  cela  biffer  de  faire  entendre  un 
peu  le  Son  de  cet  e , & particulière- 
ment lorlqn’on  parle  en  public  3 mais 
il  faut  que  cela  fe  faffc  avec  tant  de 
délicatéffè  & de  fübtilité  de  langue  , 
qu*on  ne  s’en  apperçoive  prefque  pas. 

Art.  X.  De  la  prononciation 
de  la  lettre  r. 

La  lettre  r ne  change  point  de  pro- 
nonciation en  quelque  endroit  d’un 
root  qu’elle  fe  trouve  -,  car  on  ne  la 
prononce  pas  autrement  dans  le  mot 
de  raifort  , que  dans  celui  d 'oraifon , 
& dans  celui  de  fer»  Les  Efpagnols 
lui  donnent  un  Son  plus  fort  que 
nous , & la  prononcent  comme  dou- 
ble quand  elle  fe  trouve  au  comme»- 

K v. 


il '6  Ch.  VIII.  De  U fronoticiatîon 

cernent  des  mots,  comme  en  ceux-ci, 
rato  , reyr , rio  y qu’ils  prononcent 
comme  s’il  y avoit  rrato  , rrétr,  f yïo . 
Les  Gafcons  les  prononcent  aufli  de 
même  : pour  dire  , vous  avez,  rai- 
fort, ils  difent , vous  avérrezon , pro- 
nonçant les  deux  rr  en  ces  deux  mots 
joints  enfemble  , comme  nous  pro- 
nonçons les  deux  rr  du  mot  Latin 
terror. 

Cette  prononciation  des  Espagnols 
& des  Gafcons  a donné  lieu  à quel- 
ques-uns de  croire  que  nous  pronon- 
cions nos  r d’une  maniéré  plus  forte 
au  commencement  des  mots , qu’au 
milieu  : mais  c’eft  une  erreur  , com- 
me vous  voyez  par  ces  deux  mots  de 
raifort  & à'oraifon  , ,&  par  l’r  qui  fe 
trouve  dans  la  phrajfè  qui  luit , vous 
avez  raifort  , que  nous  prononçons 
comme  fi  on  ne  felbit  qu’un  mot  des 
trois  enfemble  en  la  maniéré  qui  fuit, 
vouzavfraizon. 

Quand  il  Ce  trouve  deux  rr  dans 
une  iyllabe , nous  n’en  prononçons 
qi*’une  i mais  celle  que  nous  ne  pro- 
nonçons pas,  nousfert  à rendre  lon^ 
gue  la  voyelle  qui  la-  précédé.  Ainfi 


des  Confines,  &c.  ny 
nous fefons  eliilon  delVen  prononçant 
les  fyllabes  tar,guer,  ôcclor,  des  mots 
de  banc. , gtte re , clone  ; & nous  de** 
meurons  un  peu  for  la  prononciation 
de  leurs  premières  fyllabes  pour  les 
rendre  longues  : de  forte  que  nous 
prononçons  ces  mots  comme  s’ils  è- 
toient  écrits  en  la  maniéré  qui  fuit  , 
tare , guitare , guère. 

Exceftion  de  la  Réglé  des  deux  rr. 

Excepté  ces  mots  erreur , errant , 
erroné,  erronée,  terreur , horreur,  dont 
les  deux  rr  fe  prononcent  diftin&e- 
ment  & feparément  l'une  de  l’autre , 
de  même  que  nous  prononçons  en 
Latin  ces  mots  «Vor,  ttrrot  , horror. 

: Dam.  Ur  ne  double-t-elle  pas  dans 
les  mots  de  terrible  , terriblement  , 
horrible  Sc  horriblement,  quand  on  les 
prononce  ? 

Phil.  Quoi-que  le  mot  de  terrible 
vienne  de  terreur,  on  n’en  prononce 
pourtanr  les  deüx  rr,  que  eommé  s’il 
n’y  en  avoit  qu’une  \ car  on  pronon-* 
ce  les  premieies  fyllabes  des  mots 
Je rrible  & terriblement,  comme  celle 

Kvj 


2.2.8  Ch.  VIII.  De  U prononciation 

du  mot  d c guerre.  Quant  à la  double 
rr  des  mots  d’horrible  &.  horriblement, 
on  n’en  prononce  pas  rout-à-fait  les 
deux  Sons  fi  diftin&ement , que  dans  . 
les  mots  d 'horreur  & de  terreur  ; mais 
on  lui  donne  au  moins  un  Son  un 
peu  plus  fort , que  celui  qu’on  donne 
aux  deux  rr  du  mot  de  verre  ou 
guerre , quand  on  les  prononce  : ou- 
tre que  la  lyllabe  hor  dans  horrible  & 
horriblement  eft  brève,  comme  elle  Je 
doit  ctre  aux  mots  d'errant , erreur,  SC 
en  tous  les  autres , dont  les  deux  rr 
fe  prononcent  & s’articulent  diftindte- 
ment  & feparément  l’une  de  l’autre,  . 

Remarque. 

'**••4*  ' ‘-V  ' /•  '*  Lrvj  . ' •; 

; L V qui  (è  trouve  à la  fin  des  mots 
eft  fujettc  à changer  de  prononciation* 
fiiivant  les  mots  qui  la  fuivent.  Voyez 
l’Article  des  r finales  au  Traité  des 
•Confones  finales. 

Art.  X I.  De  la  prononciation 
de  la  lettre  C 

la  prononciation  de  .l/fe  forme. 


» 


des  Confines  y &c.  119 

par  un  fîflement  qui  fe  fait  du  bout 
de  la  langue , en  la  pouffant  contre  les 
dents , comme  vous  pouvez  vous  ap- 
percevoir  en  prononçant  ces  mots , 
fige  t pl  j fîmilitude  , fobre  , fujet.' 
Nous  en  avons  de  deux  fortes  en  no- 
tre Langue  : nous  avons  une  f forte, 
qui  eft  celle  qui  fe  prononce  au  com- 
mencement des  mots  & des  fyllab.es  , 
ou  quand  elle  eft  immédiatement  pré- 
cédée d’une  confone , comme  en  ce 
motrde  fa ge , & en  celui  de  perCi\ , & 
en  ces  mots  d’abfenir  , transparent  , 
peu  fer,  tranû.  Nous  en  avons  une 
autre  qu’on  appelle  f douce,  qui  fè 
fait  par  un  fîflement  plus  doux  , en 

Î>ouftànt  le  bout  de  la  langue  contre 
es  lèvres  avec  un  peu  plus  de  délica- 
teflè , & qui  a le  Son  d’un  z,.  Elle  fe 
trouve  toujours  entre  deux  voyelles  , 
comme  vous  pouvez  remarquer  aux 
mots  qui  lui  vent , rafide , rzfè , mu- 
sique , d'-f ordre , rtfiltat , rafon , mai- 
fin  , caufi.y  epoufe , hontcufc , oi fin, 
amufimenty  tic  for* 


< * y I 


4 


* 

U 


ijo  Ch.  VIII.  J>e  la  prononciation 

Exception  de  VS  forte • 

- - *> 

Excepté  ces  mots  tran( a&ion , trait- 
figer  , Pcc.  transitoire  , transition  » 
dont  Tes  /Te  prononcent  comme  des 
Prononcez  donc  , transaction  , fr*#- 
z*tger,  &c.  transitoire , & le  refte. 

Exception  de ' V S > 

-f  ' * » ■ < . . . 4 i . • V ^ i.*T} 

L’/ quoi-qu’ entre  deux  voyelle^,  (ô 
prononce  comme  une  /'forte  c’eft- 
d-dire3  comme  fi  elle  ètoit  double  , & 
comme  on  la  prononce  dans  les  mots 
de  fage  & de  f enfer,  aux  mots  fuivans* 
prefeance,  prefcntir,  &c.  préfentiment  i 
& aux  fécondés  fyllabes  des_  mots  , 
preSipoJition , préfupofeV , &c*, 

Cette  f te  prononce  auffi  comme  fi 
elle  ètoit  double , quand  elle  fe  trou- 
ve immédiatement  après  la  préposi- 
tion réïterativenr,  comme  encôs  mots* 
r^faflèr  * &c.  rcficrër,  &c.  refaliier , 
&c.  reCmcer,  & c.  r*terrer3  &c*  refel* 
1er  , &c.  rrfemeler  , &c.  refüer  , &c. 
refiler,  &c.  refoâdery  &c.  refortir  * 
&c.r#fonner , &c.  qui  fignifient,/^  r 


I 

► 


»■ 

i 


ï 


des  Confines , &c. 

encore  une  fois  ,facrer  encore  une  fois, 
f Altier  me  fécondé  fois  ; 8c  ainfi  du  refte. 
On  ortographie  pourtant  la  plupart 
de  ces  mots  avec  deux  f,  en  la  ma- 
niéré qui  fuit , refafer,  refit er,  ref. 
fonner : 

Dam.  Je  trouve  qu’on  a raifon  ; 
car  tout  le  monde  n’eft  pas  obligé 
de  fçavoir  la  Réglé  que  vous  venez 
de  propofer  ; & je  ne  vois  pas  qu’on 
(è  puiflè  pafïèr  d ortographier  tous  ces 
mots  avec  deux  f tant  que  notre  y' 
douce  aura  cours  dans  notre  Ecriture 
& dans  nos  Impreflions  : cela  peut 
même  faire  des  équivoques.  Le  mot 
de  refonner  que  vous  venez  de  nom- 
mer m’en  fournit  un  exemple  : car 
quelle  différence  voulez -vous  faire 
par  l’ortographe  de  refonner , quand 
il  lignifie  fonner  une  fécondé  fois  , 8t. 
quand  il  fignifie  rendre  un  grand  Jfon  ? 

Phil  On  la  pourroit  faire  par  la 
prononciation  : car  ourre  que  IV  Yïfe 
la  prépofirion  réïterative  re , étant 
féminin  ne  fe  fait  prefque  pas  enten- 
dre dans  le  mot  refonner  , Vf  qui  fuir; 
,cetté  prépofirion  re  étant  forte,  fait 
une  grande  différence  de  la  fignifie  a- 


I3t  Ch.  VIII.  Delà  prononciation 
tion.  Mais  il  n’eft  queftion  ici  que  de 
l'ortographe  de  ce  mot, que  j’ai  trouvé, 
aufli-bien  que  les  autres  mots,  ortogra- 
phié  de  cette  maniéré , dont  il  eft  bon 
d’avertir  les  Etrangers , & de  ne  Ce  pas 
tromper  dans  la  prononciation  des  f 
qui  s’y  trouvent.  Car  Ci  j’avois  à m’en 
fei  vir  , j’èdrirois  rejfajfer , rejferrer  » 
rejfonner , rejfaucer , refiûer , & ainfî 
du  refte , avec  deux  Jf>  pour  ôter  tout 
fujet  d’incertitude  aux  Lecteurs.  Et 
même  fi  j’en  ètois  crû  , en  attendant 
que  notre  z>  s’ètabliflè  tout- à -fait 
dans  notre  Ortographe  , on  ècriroit 
les  mots  de  préfeance  , préfentiment , 
préfupojition  , préfitpofer , avec  deux  Jf. 
Ainlî  prejfeance , prejfentiment , prejjk» 
pojition , prcjfitpofer • 

' y i . ’t  ' ‘ ■'  1* ± b-  ; 

Remarque  fur  l’f  qu'on  ne  pro- 
nonce point . 

Vf  ne  Ce  prononce  point  en  de  cer- 
tains, mots  de  notre  Langue  : & pour 
lors  elle  rend  longue  la  voyelle  qui  la 
précédé,  comme  vous  pouvez  :emar- 
quer  aux  mots  fuivans , pajle  , teüe  , 
vijle9  hofle , fiujie . Les  Grammairiens 


V. 


r * • , : ; 

• ) - , .'*•••  * 1 * < 

<&/  Confines , efc.  2.33 
| - ont  été  obligés  de  faire  de  grandes 
liftes  par  ordre  d’ Alphabet  des  mots 
où  toutes  ces  f muettes  fe  trouvoient, 
pour  le  foülagement  des  Etrangers, 
faute  de  pouvoir  donner  des  Réglés 
aflèz  feures  pour  faire  trouver  la  pro- 
nonciation de  ces  fortes  d fi  qui  don- 
noient  bien  de  la  peine  à ceux  qui  ne 
{çavoient  pas  encore  lire  en  notre 
Langue.  Car  quel  moyen  de  difti  li- 
guer Vf  muette  de  ces  mots  , Pafejuesy 
befle , vif  j y Apoftre  , fltifte  , 8c  plu- 
fieurs  autres  , d’avec  celle  de  ceux-ci, 
Pafcal  y beftial , pifle , Jlpoflohqpte , pu- 
ftule  y 8c  quantité  d’autres  , fi  on  ne 
donne  une  Réglé  pour  connoître  la 
prononciation  de  ces  f,  ou  fi  on  ne 
fait  une  lifte  des  mots  où  elles  (e 
prononcent,  8c  de  ceux  où  elles  ne  fe 
prononcent  pas. 

Nous  fommes  en  partie  hors  de  cet 
embarras , puis  qu’outre  que  la  plu- 
part des  Dictionnaires  nouveaux  mar- 
quent la  prononciation  des  f muettes 
8c  dés  f prononcées  , le  fecours  de 
l’accent  circonflexe  qui  eft  devenu  à la 
mode  depuis  quelques  années , nous 
a entièrement  tirés  de  la  confufioiv 

’ v :•  4*  ’ ** 


V 


134  Ch.  VIII.  De  la  prononciation 
& du  defordre  où  Ce  trouvait  notre, 
maniéré  de  cara&érifer  les  Sons  de 
nos  f.  Car  enfin  ce  n’eft  pas  allez 
d’écrire , fi  on  ne  fe  fait  entendre  com- 
me fi  on  parloit  *,  & de  même  qu’on, 
doit  regarder  l’écriture  comme  la 
peinture  de  nos  paroles.  Nous  de- 
vons aufli  la  faire  reflèmbler  à la  pro- 
nonciation , fi  nous  voulons  qu’on  ti- 
re quelque  connoiflànce  des  Sons  de 
nos  paroles  par  rinfpeéfcion  des  lettres 
qui  les  répréfentent  fur  du  papier. 

Nous  n’avons  donc  plus  rien  à dire 
des  f muettes , finon  qu’on  les  a fup- 
primées  entièrement  dans  les  nouvel- 
les Imprcffions  : mais  que  comme  on 
les  a trouvées  néccfTaites  à la  pronon- 
ciation de  nos  paroles , a caufê  qu’elles 
rendoient  longues  les  fÿllabes  qui  les 
précedoient,  onafubftitué  à leur  pla- 
ce une  petite  marque  faite  en  chevron 
rompu  , qu’on  met  au  defiiis  de  la 
voyelle  qui  précédoit  cette  f finale  , 
qui  fait  le  même  effet  que  Vf  muette  ; 
&pour  marquer  qu’elle  doit  être  pro- 
noncée d’une  maniéré  plus  lente  & 
plus  traînée  qu’elle  n etoit  avant  que 
Vf  de  ù,  fyllabe  devint  muette  , com- 


des  Confortes , &c.  135 

me  vous  pouvez  remarquer  aux  fylla- 
bes  où  les  fk  prononcent , telles  que 
pourraient  être  celles  qui  Te  trouvent 
çn  ces  mots  , Baftille  , Befiianx , 
7 'eftament,  p'tfte , Pofte,  Bufte , brnfijtte, 
combuftion , fa  fie , qui  font  toutes  brè- 
ves , 8c  qui  deviendraient  longues  fi 
on  cefloit  de  prononcer  les  fi  de  ces 
fyllabcs. 

Dam.  Marque  - 1 - on  la  fuppreflîon 
de  toutes  nos  fi  muettes  avec  un  ac- 
cent circonflexe  ? 

Phil.  Les/Tupprimées  des  premières 
iyllabes  des  mots  qui  commençoient 
par  efi  défi,  me  fi,  refi , fe  marquent  avec 
une  figure  ainfi  marquée  ( f)  qu’on  ap- 
pelle accent  aigu , 8c  que  l’on  met  au 
deflus  de  la  voyelle  qui  les  précédé  , 
comme  vous  pouvez  voir  en  ces  mots , 
écrire , décrire  , me  prendre,  répondre , 
qui  ont  été  ortognphiés  avec  une  fi 
en  la  maniéré  qui  fuit,  eficrire,  défi 
crire , mefiprendre , rejpondre , 8c  qu’on 
trouve  encore  ortographiés  de  même 
dans  les  Di&ionnaires  imprimés  tout 
nouvellement.  Mais  quant  à fe  fervir 
desaccens  ù la  place  des  fi,  il  vaudrait 
mieux  y mettre  des  accens  graves  que 


2 $6  Ch.  VIII.  Ve  la  prononciation 

des  acccns  aigus  , puitqu’il  eft  certain 
que  les  e qui  precedent  ces  f muettes 
(ont  ouverts , pour  les  diftingucr  des 
é fermés  qui  fe  trouvent  au  commen- 
cement des  mots , comme  en  ceux-ci, 
éviter , débiter , méditer , réciter , fépa- 
rer,  préparer , prépofer  , qui  font  tous 
fermés  , & qui  naturellement  doivent 
être  marqués  d’un  accent  aigu. 

Si  on  veut  confiderer  l’origine  de 
Fu 'âge  de  cet  accent , dont  on  n’a 
commencé  à fe  fervir  dans  le  commen- 
cement de  ce  Siècle , & même  aupara- 
vant, que  pour  diftingüer  les  e mas- 
culins d’avec  les  e féminins  qui  Ce 
trouvoient  à la  fin  des  mots , tels  que 
pourroient  être  ceux  de  ces  autres 
mots , plante  & planté , borne  & bor~ 
né , dupe  & dupé , chajfe  & chajfé , 
force  & forcé,  ÔC  quantité  d’autres 
qu’on  marquoit  dans  l’Ecriture  & 
dans  rimpreffion  indiftin&ement  (ans 
accent  ; car  on  ècrivoit  chajfe  pour 
dire  chajfé , comme  le  mot  de  Chajfe: 
Et  puilqu’on  a commencé  à fe  lervîr 
depuis  quelques  années  à rendre  ces 
accens  plus  communs  en  les  marquant 
for  les  e > non -feulement  à la  fin  des 


des  Confines , &c,  237 

mots , mais  encore  au  commencement 
& d la  fin , comme  on  a fait  en  ces 
mots , -préparé  , délivré , rédigé , df- 
//rer , dégénéré  ; il  ne  coûteroit  pas 
plus  de  marquer  les  e des  premières 
fyllabes  des  mots  qui  commencent 
par  les  fyllabes  ef,  def  mef,  ref,  avec 
un  accent  grave,  quand  on  en  veut 
fupprimer  les  f,  que  de  les  marquer 
avec  un  accent,  aigu , fi  on  veut  que 
la  fuppreflion  de  cette  f nous  foie  urir 
le , en  nous  tirant  de  l’embarras  qu- 
elle nous  donne  de  fçavoir  fi  elle  lé 
doit  prononcer , ou  non  : car  nous  re- 
tombons dans  un  autre  inconvénient, 
en  ce  que  prenant  la  marque  d’un  e 
fermé  pour  un  e ouvert  aux  premières 
fyllabes  de  ccs  mots , écrire , décrire , 
méprendre , répondre  , de  la  maniéré 
qu’on  les  marque  aujourd’hui , nous 
nous  voyons  prefque  obligés  de  le* 
prononcer  comme  ceux  qui  fe  trou- 
vent aux  premières  fyllabes  de  ces 
mots  , préparé , dégénéré , rédigé. 

Dam . Votre  oreille  ne  vous  trompe- 
t-elle  point  i car  je  n’y  trouve  pas  une 
différence  fi  fenfible  ? 

Phil.  Quand  vous  aurez  fait  reflç- 


2.3S  Ch.  VIII.  De  la  prononciation 

xion  que  de  tout  teins  on  a pronon- 
cé les  e de  ces  fyllabes  de  même  , 
comme  vous  pouvez  remarquer  en- 
core en  ccs  mots  de , efiimc  , defti>îa 
mefcjHtn , rejpeCt , dont  nous  pronon- 
çons les  e des  premières  fyllabes  com- 
me des  è ouverts  , &*que  vous  ne 
(çauriez  même  prononcer  autrement  ; 
vous  demeurerez  d’accord  que  quoi 
qu’on  ait  cefte  de  prononcer  les  f des 
premières  fyllabes  des  autres  mots  où 
il  y en  avoit , on  n’a  point  difconti- 
nué  de  prononcer  les  e comme  on 
les  prononçoit  au  commencement  de 
la  formation  de  ces  fortes  de  mots. 
Ainfi  cette  maniéré  de  prononcer  eft 
aflèu.rément  la  plus  régulière  & la  plus 
naturelle  que  nous  ayons  en  notre 
Langue  *,  mais  elle  eft  fort  corrompue 
dans  beaucoup  d’endroits  : Il  n’y  a 
qu’à  la  Cour  où  elle  s’efl  confervée 
fans  aucune  alteration  , par  plufieurs 
raifons  que  je  dirai  une  autre  fois  } 
car  il  eft  tenis  dç  finir  cet  Article. 
Pelons  à la  maniéré  de  prononcer 
notre  u : - 


&&  des  Confines , &c.  239 

Art.  XII.  la  prononciation 


de  la  lettre  t. 


La  prononciation  de  la  lettre  t Ce  . 
forme  par  un  battement  qui  fe  fait 
du  bout  de  la  langue  contre  la  partie 
du  palais  la  plus  proche  des  gencives 
d’enhnut.  La  lettre  d Ce  prononce  par 
le  même  mouvement  de  la  langue  j 
mais  avec  cette  différence,  qu’il  fe 
fait  avec  moins  de  force  que  celui 
qu*on  employé  pour  former  l’articu- 
lation du  t , comme  vous  pouvez  re- 
marquer en  prononçant  ces  (yllabes 
accompagnées  de  leurs  exemples, 

v?"--'  1 , . v • • . j"  *1’, 

Syllabes  avec  un  t. 


tu,  tiré y tortu,  tulipe» 


Da , de  , di , do , Damas,  dévot  » 
du.  dtx  ,dor,  Dttcl 


Exemples* 

Ta,  te  , ti,  to  , Tardif,  terme  l 


Syllabes  avec  un  d. 

Exemples, 


24o  Ch.  VIII.  Ve  la  prononciation 

Les  Alemans  ont  bien  de  la  peine 
à diftinguer  la  prononciation  de  ces 
deux  lettres  *,  car  ils  difent  louvenc 
Taniel  pour  Daniel , 8c  drouver  pour 
trouver  : 8c  quoi  qu’ils  ayent  ces  deux 
lettres  dans  leur  Alphabet  aulfi-bien 
que  nous , lorfqu’ils  nomment  ces  let- 
tres , particulièrement  en  Éaviere > en 
Suiiïè , 8c  vers  la  haute  Alemagne , ils 
ajoutent  le  mot  hart  au  t , qui  figmfie 
dur  y 8c  le  mot  yyeich  au  d,  qui  fignifie 
mol,  8c  difent  ein  han  t , ein  vrsic'o  d> 
dont  l’un  veut  dire  un  t dur , 8c  l’autre 
un  d mol  j parce  qu’ils  di.ftingucnt  fi 
peu  le  Son  de  ces  deux  lettres , qu’ils 
prendraient  toujours  l’un  pour  l’au- 
tre, s’ils  n’y  ajoûtoient  pas  ces  mots 
de  hart  8c  de  weich.  Nous  n’avons 
pas  befoin  de  ces  mots  pour  diftin- 
guer la  prononciation  de  ces  deux 
lettres  , non  plus  que  les  italiens  ni 
les  Efpagnols , quoi  que  ces  derniers 
ayent  changé  en  d une  partie  des  t 
des  mots  tirés  du  Latin,  comme  en 
ces  mets , amado , perdido , todo , qui 
viennent  des  ablatifs  Latins  amato , 
perdit o , toto.  Mais  ils  ne  prennent  ja- 
mais l’une  pour  l’autre  car  ils  ne 

s’aviferont 


rG8à 


. ■ • des  Cùnfones , &c.  141 

s'aviferont  jamais  de  dire  Doledo  pour 
Tolede , ni  dodo  pour  todo.  Ils  pronon- 
cent toujours  ces  lettres  comme  on 
les  leur  a apprifes  à prononcer  dans 
leur  jeunelîe  3 fans  y rien  changer  : Je 
i dis  ces  lettres  ; car  il  n’en  eft  pas  de 
-même  à l’égard  de  Vv  confone  Sc  du 
b , qu’ils  prononcent  fouvent  l’un 
pour  l’autre  *,  & ils  ne  prétendent  pas 
pour  cela  pécher  contre  la  prononcia- 
tion de  leur  Langue  : tantôt  ils  di* 
fent  bamosy  tantôt  vamos , qui  veut 
dire  allons  : tantôt  for  mi  bida , tan- 
tôt for  mi  vida , qui  veut  dire  four 
ma  vie.  Les  Grecs  ont  fouvent  pro- 
noncé le  t pour  le  d.  Les  Latins  auflï 
prononçoient  & ècrivoient  fouvent 
l’un  pour  l’autre  , comme  ces  mots^ 
atque  & adque , haut  & haud.  Nous  \ 

prononçons  le  d final  en  notre  Lan- 
gue comme  un  t , quand  le  mot  qui  le^ 
fuit  commence  par  une  voyelle  , ou 
par  une  h muette  , comme  quand  il 
ira , un  galand  homme  y un  grand  amiy 
qu’on  prononce  ainfi,  quant  il  ira,  un 
galant  homme , un  grant  ami , &c. 

Voyez  la  prononciation  du  t au  Cha- 
pitre des  Confoncs  finales. 

L ; ' i 


b 


ni  Ch.  VIII.  De  la  prononciation 

Exceptions, 

Le  t (uivi  des  diphthongues  ta,  te , 
i$ , perd  fa  prononciation  naturelle , 
ou  prend  le  Son  d un  c > ou  d une  f 
forte.  Ainfi  on  prononce  partialité’ , 
martial  , ejfentiel  » factieux  , faffiion, 
attion,  perfectionner,  &c.  comme  s’ils 
ètoient  écrits  avec  un  c , ou  avec  une 
f , en  la  maniéré  qui  fuit  , parcial , 
marcial , ejfenciel , facfieux  , facjion, 
acjion,  perfecjtonner . 

Exceptions  de  ces  Exceptions. 

Le  t retient  fa  prononciation  natu- 
relle dans  les  dernieres  fyllabes  des 
mots  terminés  en  tier  & en  tiere  , 
comme  vnctier,  heri tier,  entier,  lai- 
tiere , li tiere , entière,  matière , &c  au- 
tres mots  de  pareille  terminaifon. 

Le  t retient  encore  fa  prononcia- 
tion naturelle  dans  les  fyllabes  tia , 
fie  3 tio , quand  elles  font  précédées 
d’un  ou  d’une /,  foit  quelle  foit 
muette  ou  prononcée , ou  que  la  fup- 
prefllon  en  foit  marquée  par  un  accent 
au  delfus  de  la  voyelle  précédente  , 


des  Confortes , &c.  24$ 

comme  befliaux , Sebaflien , Ejlienne, 
Chrétien , digefiion , mixtion . Comme 
auffi  çn  ces  mêmes  fyllabes  tia , tic , 
tio , qui  Te  trouvent  dans  les  conju- 
gaifons  des  verbes  terminés  en  tier , 
ter  y tir , & tre  ; comme  en  ces  mots, 
chajiiant , vota  chafliez „ notes  chaftions, 
Scc.  votes  plantiez,  , notes  plantions  ; 
votes  fortiez,  , notes  fortions  ; votes 
permettiez, , nous  permettions,  qui  fe 
trouvent  dans  les  conjugaifons  des 
verbes  chafiier , planter  , fortir , per- 
mettre. 

Le  t retient  auffi  fa  prononciation 
naturelle  en  toutes  les  fyllabes  finales 
terminées  en  tié , & en  tie,  comme 
amitié , moitié,  pitié  ,•  [ortie , partie , 
modefiie  , hofiie  : Exceptez  aux  fylla- 
bes finales  des  mots  fuivans , Croatie, 

\ Dalmatie , Prophétie,  Primatie , & des 
mots  terminés  en  mantie  , comme 
Chiromantie  , Nigromantie , dont  le  t 
fe  prononce  comme  un  c.  Dites  donc 
Croacie  , Dalmacie , Prophecie  , Pri- 
macie . 

Le  t retient  auffi  fa  prononciation, 
naturelle  dans  la  fyllnbc  tien  , de  ces 
mots  entretien,  maintien , foteticn , ôc 

L Ü 


144  Ch. VIII.  De  la  prononciation 

en  tous  les  tems  du  verbe  tenir , & 
de  Tes  compofés , comme  je  tiens,  tk 
tiens , il  tient  , ils  tiennent,  je  tien- 
drai, Sec.  je  maintiens,  Sic.  j’obtiens , 

Sic.  il  appartient,  je feutiendrai,  &c. 

mabftiens . 

Art.  XIII.  De  la  prononciation 
de  la  lettre  x. 

L’at  eft  une  double  confone , dont 
la  prononciation  fe  fait  par  le  Son  dii 
^ & l1 's,  comme  vous  pouvez  voir  en 
ces  fyllabcs  xa  , xe  , xi , xo , xu ; 
ax,  ex,  ix , ox,ux,  qui  fe  trouvent 
dans  ces  mots , vexation , fexe , éli- 
xir , Saxon  , luxure  } Ajax  , nom 
d’homme  ; EJfex  , Pals  5 Phénix  , 
Linx,  qu’il  faut  prononcer  comme 
s’il  y avoir  ver. fation , Jlrfe,  e'liKjïr, 
Sarfin  , lurfure,  AjaKs,  EJfiKs,  Fe - 
niKs , Lainkj . 

i l\  ' ‘ ■•-.iF’  h ' Jr*»  j 

Exception. 

Dans  les  mots  commencés  par  la 
fyllabe  ex  , fui  vie  d’une  voyelle  ou 
d'une  h muette , l’*  devient  plus  foi- 


des  Confines , &c.  24?  ; 

ble  & plus  mol  convertit  le  Son  du 
K en  gy  & celui  de  1/en  z,.  Pronon- 
cez donc  les  mots  fuivans  examiner  f 
exercice  , exil , , exultation , <ta*- 

h al  ai  fin,  exheWder,  exhibition , e 
fer,  exhumation  y comme  s’ils  ètoient 
écrits  avec  un  £ fuivi  d’un  z.  , en  law 
maniéré  qui  {uit,  examiner,  egzercice, 
egz.il , egzjorde , egzultation , egzalai- 
fin  , egze're'der  , egzibition  , eg^orter, 
egzumation. 

: L’a:  prend  le  Son  d’un  z*  dans  la 
prononciation  des  mots  fuivans , deu- 
xieme , fixieme , dixième , Jixain , 
xain  y dix  aine  y dixamiet.  Prononcez 
donc  deuxième  , fizième  , dixième  , 
Jizain  , dizain  , dizaine  , dizainier. 
Quelques-uns  écrivent , & font  im- 
primer dizain, , dizaine , & di%ai- 
nier. 

L’a:  prend  le  Son  d’une  /forte  en 
la  prononciation  des  mots  fuivans , 
Auxerre , Bruxelles , Xaintonge , Xain- 
tes , S.  Maixanty  Aix  nom  de  Ville, 
lexive , fiixante , Jix,  dix.  Dites  donc 
Au/erre , Bru/elle , Saint  on ge  } Sainte, 

S.  Mai/an,  Ai/ , le/ive , fii/ante.  fi/ 


24  6 Ch.  VIII.  De  la  prononciation 

Le  mot  de  dix  - fept  fe  prononce 
comme  s’il  y avpit  dtjf-fet , & celui  de 
dix-neuf  comme  s’ilyavoit  di^e-neuf. 

Avertijfement  fur  /’ Ortographe. 

Quelques-uns  écrivent  la  plupart  de 
^tes  noms  de  Villes  avec  deux  Jft 
au  lieu  de  Yx , & les  mots  de  Xaintes 
& Xaintonge  avec  une  /,  au  lieu  de 
P# , comme  Aujferre , Bruffelle , Sainte, 
Saintonge , S . Maijfan , , foiffan- 

te . Mais  ces  trois  mots  d/A?  & 
gardent  toujours  leurs  dans 

POrtographe.  Ecrivez  donc , dur 
hommes , dix  femmes , /a?  couteaux , Jix 
aunes , &c.  quoiqu’ils  fe  prononcent 
autrement.  Voyez  le  Chapitre  des 
Confones  finales. 

K 

A je  t.  XIV.  D*  la  prononciation 
de  la  lettre  z. 

Le  z>  eft  une  lettre  fiflante  auffi-bien 
que  Vf  & dont  le  mouvement  qui 
fe  fait  de  la  langue  pour  en  former  le 
Son , eft  plus  foible  & plus  délicat  que 
celui  qui  fe  fait  pour  prononcer  Vf, 
somme  vous  verrez  en  ces  iÿllabçs  ». 


des  Confines , &c.  147 

*4 , x>6  i z>i  , fi,o , zjH  , qui  fe  trouvent 
en  ces  mots  , z>ai»  > z,ele , z,igz,ag  > 
Zodiaque  , attire.  Cette  lettre  n’eft . 
gueres  en  ufage  en  notre  Langue  > 
mais  Ton  Son  l’cft  bien  autant  que  ce- 
lui de  iy* forte  : Et  puifque  cette  let- 
tre z*  fait  la  même  fon&ion  dans  no-‘ 
tre  Ortographe  que  Vf  douce  , on  de- 
vroit  s’en  (ervir  en  tous  les  mots  où. 
Ion  eft  obligé  de  radoucir  notre  f> 
& ortographier  Vafe , Thefe , Venife  , 
nfe mufe  , par  la  lettre  ^ Ainfi  , 
Vaz*e  , Thez,e  , Venise,  rox,e , mu%e. 
Cela  étant , nous  n’aurions  que  faire 
de  tant  de  Réglés  & d’Exceptions  pour 
diftinguer  Vf  forte  d’avec  Vf  douce  , 
comme  en  ces  mots  reduplicatifs , 
refacrer,  reftigner,  refaifr,  refaler , re- 
fajfer , refarcelU , terme  de  Blafon , &c. 
ni  de  faire  tant  de  changement  d’or- 
tographe  comme  on  eft  obligé  de  fai- 
re , comme  en  ces  mots  , rejfembler  , 
rejfentir , rejferrer,  rejfortir  , refouve- 
nir,  qu’on  devrait  écrire  par  une  fim- 
ple  ff  pour  garder  l’ètymoïogie  de  ces 
mots,  ou  pour  marquer  qu’ils  ont  une 
lignification  réïterative  , comme  ceux 
que  je  viens  de  nommer , qui  font., 

L iiij 


248  Ch.  VIII.  De  U prononciation 

refacrer,  refaigner,  refaijir, &c.  Voyez 
l'Article  de  la  prononciation  de  \'fi 

Remarque. 

Le  Zj  aux  mots  de  Z elle  & de  Zu- 
rich , noms  de  Villes  , fc  prononce 
comme  une  f forte.  Dites  donc  le 
Duc  de  Sel , la  Ville  de  Suric  ,•  & non 
pas  le  Duc  de  Zel  , & la  Ville  de 
Zuric.  La  raifon  de  cette  mèprifè  eft, 
que  ces  mots  ne  font  pas  encore  fore 
maniés  du  Peuple  François  , & que 
nous  ne  les  prononçons' que  comme 
nous  les  voyons  écrits  *.  Mais  fi  nous 
étions  voifins  de  ceux  qui  les  pronon- 
cent tous  les  jours  , loin  de  pronon- 
cer le  Zj  comme  une  f douce , nous 
lui  donnerions  un  Son  encore  plus  fort 
que  celui  de  \'f  forte  : car  pour  peu 
que  l’on  fade  d’attention  fur  la*  pro- 
nonciation des  Habitans  de  ces  Villes, 
ou  de  leurs  voifins  , qui  prononcent  le 
z , comme  nous  prononçons  les  lettres 
ts  jointes  enfemble,  on  s’appercevra 
bien  que  fî  nous  ne  pouvons  pas  pro- 
noncer TfuriCy  & le  Duc  de  Tfels  nous 
dirons  du  moins  Sfurich  » & le  Duc  de 
Sfil.  L.  : 


.'.y./ -des -.Confines y . M9 

Vf  la  Confine  jod  -,  autrement 
dite  l')  à queue , qu'on  nomme 
• vulgairement  j confone.  : 

..LejWfe  prononce  comme  le  ^im- 
médiatement fuivi  d’un.*,  ou  d’une 
voyelle  j comme  vous  pouvez  remar- 
quer en  ces  fyllabes  ,ja , je , ji>  ja,  ju, 

. qui  fe  trouvent  aux  mots  fui  vans , jaf- 
min  , Jefmte  , j’irai , joli , jufie , qu’il 
faut  prononcer  comme  fi  ces  mots  è- 
toient  écrits  avec  un  g , en  la  maniéré 
qui  fuit  , geafmtn  , Gefnite  , g irai  > 
çeoli  > gexfte  , fuivant  notre  maniéré  de 
cara&érifer  notre  g mol.  Voyez  l’Ar- 
ticle de  la  prononciation  du  g. 

Ve  la  Confine  vau , autrement  dite 

v rond , ou  v confone. 

» - -,  - * • — k 

Le .•?««.. eft  une  lettre;  labiale  ? qui 
fe  forme  par  les  mêmes  mouvemens 
d’organes  que  celui  du  h . On  les  ap- 
pelle tous  deux  des  lettres  labiales , 
parce  qu’elles  fe  forment  toutes  deux 
par  le  battement  qui  fe  fait  de  la  lè- 
vre d’enbas  contre  celle  d’enhaut  , 

L v 

- y» 

; . 

' v -# 

À 


^ t 


ifô  Ch.  VIII.  De  la  prononciation 

comme  vous  pouvez  remarquer  par 
les  fyllabes  qui  fe  forment  de  l’une  ôc 
de  l’autre  lettre , b a , be , bi , bo -,  bu  ; 
va , ve , vi , vo , La  feule  différen- 
ce qu’il  y a de  la  formation  du  b à 
celle  du  vau,  eft  un  petit  fouffle  qui 
coupe  le  battement  qui  fe  fait  des  li- 
vres pour  former  le  b , de  dont  le  fou£. 
fle  forme  le  Son  du  vau,  comme  vous' 
pouvez  remarquer  en  ces  fyllabes  9> 
va  y ve,  vi-,  vo , vu.  Et  fi  en  formant: 
le  vau  vous  faites  un  foufïle  encore-' 
plus  fort , vous  formerez  le  Son  de’ 
Vf,  comme  vous  pouvez  remarquer 
par  ces  fyllabes  , fa  , fe  , fi , fo  ,fu. 
Vous  avez  ici  des  Exemples  de  ces 
' ' trois  lettres. 

Syllabes-  avec  un  b.  '*  * • - 


Ba  , be,  bi  j bo  j B alet.  Berger,  bi - 
bu.  le,  bocage , butin. 

Syllabes  avec  un  vau.  ' 


Exemples 


Va,  ve,  vi , vo 
vu. 

(ÉbL  1 ' -iv- 1 


V *let,  verger, vile, 
vocation,  vttl 'g  aire . 


des  Confines,  zfi 

Syllabes  avec  une  f. 

Exemples. 

Fa  , fe,  fi,  fo  , Falot , féminin , fî- 
fil.  gue  fomenté, fumé. 

Vous  voyez  par  ces  Exemples  le  rap- 
port que  le  Son  de  la  lettre  vau  a 
avec  celui  de  la  lettre  f,  qui  ne  dif- 
féré que  de  plus  ou  moins  de  foufïle 
qu’on  fait  en  formant  l’une  ou  l’autre. 
Auflï  les  Alemans  8c  les  Flamans , donc 
la  maniéré  de  prononcer  eft  plus  for- 
te 8c  plus  rude  que  la  nôtre , la  pren- 
nent fouvent  pour  celle  du  vau , ne 
pouvant  pasj  donner  le  tempérament 
qu’il  faut  à ce  foufïle  pour  former  les. 
Sons  de  ces  lettres  i car  ils  difent  fou- 
vent'  un  Falet  , pour  un  Valet  ; une 
Serfante , pour  me  Servante.  Cela 
nous  fait  voir  que  la  maniéré  de  pro- 
noncer dépend  beaucoup  du  tempé- 
rament 8c  de  l’humeur  d’une  Na- 
tion. LcsEfpagnols  auffi-bien  que  les 
Gafcons  prononcent  indifféremment  le 
b pour  le  vau , 8c  le  vau  pour  le  b : 
les  uns  difant  bamos,  pour  vamos  > 


ajiCh.  VIII.jd?  la  pyoït.  des  Confi 

for  mi  bida , pour  for  mi  vida  ; varca , 
pour  b arc  a ; bous  , pour  vous  ; un 
havit  y pour  un  habit . Les  Romains 
ont  auffi  confondu  ia  prononciation 
de  ces  deux  lettres  : On  en  trouve 
encore  des  Exemples  dans  les  vieux 
Marbres  , & dans  les  Pande&es  de 
Florence , comme  bafe  , pour  vafe  ; 
cibica , pour  civ'tca  ; Jibe  , pour  Jîve  ; 
vobem , pour  bovem  ; vefiias  f pour 
befiias. 

Remarque  fur  l’Ortographe  du  mot 
de  Viflc. 

Ce  mot  de  viffe , fignifis  une  cheville  de  hoir'  ou. 
de  fer  cannelee  en  rond,  pour  entrer  dans  un  écrou  j 
& il  fe  trouve  dans  tous  les  Diétionnaires  , tant 
nouveaux  qu’anciens  , ortographié  en  maniéré  de 
liionofyllabe  a»nfî  , vis  : Mais  mal  , parce  que 
fuivant  le  Génie  de  notre  Ortographe  , ce  mot 
ainfi  écrit  ne  le  peut  prononcer  que  comme  s’il  y 
avoir , vs.  Car  on  ne  s’éil  point  encore  avifé  de 
prononcer  IV  finale  des  mots  , rubis , agis,  punis > 

6c  des  autres  dépareille  terminaifon  ; à moins  que 
ce  ne  fut  en  lifant  des  Vers,  ou  lorfque  ces  mots 
font  immédiatement  fuivis  d’autres  mors  commen- 
cez par  des  voyelles  , comme  agis  à fa  droite  ; 
encore  cette  s finale  fe  prononce-t-elle  comme  un 
K « en  la  maniéré  qui  fait,  agi^afadroite. 

FIN  DV  I.  LIVRE. 


LIVRE  IL 

DE  L'ART 
DE  PARLER 

• v ; E T D E 

prononcer  parfaitement 

la  Langue  Françoife. 

Des  Diphthongues , Triphthongues, 
& Monophthongues . 

Hilinte.  Je  vous  ai 
déjà  dit  que  les  Syllabes 
dont  on  fefoit  valoir  dans 
la  prononciation  tous  les 
Sons  des  voyelles  dont  el- 
les ètoient  compofées  , s’appelloient 
Diphthongues  , & Triphthongucs  \ 
c’eft-à-dire,  Diphthongues  quand  elles 


2.J4  Liy . II.  Ch.  I.  Des  Diphth • 

Îiroduifoient  deux  Sons  chacune  en 
es  prononçant  ; & Triphthongues 
quand  elles  en  produifoient  trois  : 
Et  qu'au  contraire  lès  Syllabes  cora- 
pofées  de  plufieurs  voyelles  qui  ne 
rendoient  qu’un  Son  en  les  pronon- 
çant , s’appelloient  Monophthongues. 
C’eft  par  ces  dernieres  que  nous  al- 
lons commencer  les  préceptes  , que 
nous  donnerons  touchant  la  valeur, 
de  ces  fortes  de  Syllabes. 

Damon . D’où  vient  que  vous  ne 
commencez  pas  par  les  Diphthon- 
gues  ? 

Philinte.  Il  eft  indiffèrent  de  com- 
mencer par  les  Diphthongues  , ou  par 
les  Monophthongues  : Mais  puifque 
vous  le  voulez  fçavoir  , Je  vous  dirai  ' 
que  c’eft  à caufe  des  m ou-  des  » qui 
fè  trouvent  quelquefois  à la  fin  de  ces 
fortes  de  fyllabes , comme  en  ces  mots, 
ambigu , fendu , pointu , dont  les  deux 
premiers  ont  chacun  une  monoph- 
thongue  dans  leur  ptémiere  fÿllabe , 
& le  troifième  nne  diphthongue  : 8C 
cela  étant , il  faut  de  neceffité  que  les 
préceptes  touchant  I’ufage  que  nous 
fefons  de  ces  fortes  de  fyllabes  , pré- 


\ 


Triphth.  & Monofhth . % j j 

cedent  ceux  qu’on  doit  donner  tou- 
chant celui  des  Diphchongues  * pour 
ne  pat  auoir  la  peine  de  donner  deur 
préceptes  pour  un. 

1 — r‘  11 — ?Tî r — )■■■  - 

CHAPITRE  L 

• . : _ i 

Ve  la  valeur  des  Monophthongues , 
autrement  dites  faujfcs  Vïph- 
thongues , ou  Viphthongues  im- 
propres. 

NOus  avons  vingt-cinq  Monoph- 
thongues  , y comprenant  les 
voyelles  nazales  des  fyllabes  an , ein , 
in , on  , un.  J’entens  vingt-cinq  Mo- 
nophthongues  littérales.  Les  voici- 
toutes  : [ Âi  y ay , eay , et  : ] [ au  , 
eau  : ] [ eu,œu,  ce:  ] [ou,  aou  : ] 
[*  am  y em  , an  y en,  aon  : ] [ aim , ain, 
etn  : ] [ im , in  : ] [ om  , on  : ] [ um, 
un  i ] comme  vous  pouvez  voir  aux 
fyllabes  des  mots  fui  vans  marquées  en 
lettres  italiques  : [ Traiter  , cfTay  , 
2,eay  , peine  : ] [ ^«tant  , beau  : J 
[ peuple  , œuv re,  œillet  i ] [ b<?#toh  ; 


ztf  Liv.ll.  Ch.  I.  Des  Dhhth . 

fouler , ] [ am pie , * wploi  pl*»te , 
f»fant  , P aon  : ] [ faim » ainCi  » fein- 
dre : ] [ /wpoicun , i#grat  : ] [ om- 
bre , onde  : ] [ humble  » défunt.  ] 
Toutes  ces  vingt-cinq  Monophthon- 
gues  ne  produifent  que  neuf  Sons  r 
comme  vous  avez  pu  remarquer  par 
ces  petits  crochets  perpendiculaires , 
qui  féparent  les  fyilabes  qui  n’ont 
qu’un  même  Son , quoique  différem- 
ment ortôgraphiées  , comme  vous 
voyez  en  celles-ci , ai»  ay  » eay , et » 
qui  fc  prononcent  toutes  comme  1 V 
dans  le  mot  de  net  ; & ainfi  du  refte. 
Et  c’eft  pourquoi  je  nomme  toutes  ces 
vingt-cinq  Monophthongues  des  Mo - 
nophthongues  littérales » par  rapport  à 
la  cara&érifation  quelles  font  ae  ccs 
fortes  de  Sons. 

Dam.  Pourquoi  mettez -vous  au 
rang  des  Monophthongues  les  fyilabes 
an»  ein , in»  on9  un»  puifque  vous  di- 
tes que  vous  ne  faites,  monophthon-. 
gues  que  les  fyilabes  compofées  de 
plufieurs  voyelles  qui  ne  produifent 
qu’un  Son  3 car  la  plupart  de  ces  fyl- 
labes  que  vous  nommez  natales»  n’ont 
qlnune  voyelle  \ 


Triphth.  & Monophth.  1J7 

Phil.  Si  nous  ne  mettions  pas  ces 
fortes  de  fyllabes  au  rang  des  Monoph- 
thongues  , il  les  faudroit  mettre  au 
rang  des  voyelles  , puifque  les  m ou 
les  n qui  les  compofcnt , ne  s’articu- 
lent point  -,  ou  fi  elles  s’articulent  , 
c'eft  d’une  maniéré  toute  differente  , 
& fi  peu  fenfible , qu’on  ne  s’en  apper- 
çoit  prcfque  pas. 

Les  Sons  de  ces  fyllabes  font  propre- 
ment des  Sons  voyels  , qui  fe  pour- 
roi  ent  cara&érifer  parfaitement  fans 
l’aide  d’aucune  confone  , & qui  cepen- 
dant fc  cara&érifent  comme  vous 
voyez  avec  une  voyelle  & une  confo- 
ne , faute  de  cara&ére  en  notre  Lan- 
gue : Et  fi  les  Grammairiens  n’ont  pas 
mis  les  cara&éres  de  ces  Sons  au  rang 
des  voyelles , c’eft  à caufe  des  m ou 
des  n dont  ces  fyllabes  ètoient  com- 
pofées  y qui  leur  fembloient  n’avoir 
aucun  rapport  avec  nos  autres  voyel- 
les , faute  de  confiderer  la  nature  du 
Son  do  ces  fortes  de  fyllabes , dont 
on  devoit  regarder  les  m ou  les  n > 
non  pas  comme  des  lettres  , puis- 
qu'elles ne  s’articulent  point , mais 
comme  de  petits  caradéres  auxiliai- 


Liv.  II.  Ch.Ï.  Des  Diftith, 

res , qui  aident  à marquer  ce  Son  na- 
zat  &c  confus  que  nous  fefons  de  ces 
voyelles , en  coupant  l’articulation  que 
doit  faire  la  lettre  m en  la  lettre  » , 
fi  elles  ctoient  immédiatement  fùivies 
d’une  autre  voyelle  , comme  vous 
pouvez  voir  en  prononçant  ces  deux 
inots  ample  (k  <*mi , où  vous  remar- 
quez fenfîblement  que  Xm  de  la  pre- 
mière fyllabe  du  mot  ample , ne  s’ar-* 
ticule  prefquc  point , & que  celle  de 
la  derniere  fyllabe  du  mot  ami  s’arti- 
cule , & fe  fait  entendre  parfaitement. 
On  ne  doit  donc  pas  trouver  étrange 
que  nous  mettions  ces  fyllabes  na- 
zales  au  rang  des  Monophthongues,  . 

Dam.  Puifque  ces  m ou  ces  « ne 
font  que  des  cara&éres  auxiliaires  , 
comme  vous  dites , qui  fervent  à mar- 
quer le  Son  nazal  & confus  de  ces 
fortes  de  fyllabes , pourquoi  ne  fiip- 
primez-vous  pas  rout-à-fait  dans  l’Or- 
tographe  ces  m & ces  » , qui  ne  s’arti- 
culent point  ? Et  pour  marquer  la 
fonction  qu’elles  font  dans  la  pronon- 
ciation de  leurs  Sons , que  ne  vous 
fêrvez-vous  d’un  tiret  au  defTus  de  la 
voyelle , comme  font  les  Efpagnols 


7*hnpth.  & Âiortophtk,  tjt) 
fur  leurs  »,  en  la  maniéré  qui  fuit , ni 
pe  pourroit-on  pas  retrancher  ces  m 
6c  ces  n de  leurs  fyllabes,  Sc  fe  fervic 
d’un  tiret  au  deflus  des  voyelles  qui 
les  précèdent,  comme  font  les  Efpa- 
gnols  à l’égard  des  »,  dont  ilschan- 

fent  le  Son  ? Car  vous  fçavez  aufïi- 
ien  que  moi,  qu’ils  prononcent  Si 
articulent  leurs  » de  même  que  nous  > 
mais  que  lorfqu’ils  y joignent  le  Son 
d’un  g,  elles  changent  tout  à-fait  de 
Son  : Celui  du  g , qui  s’eft  perdu  Si 
confondu  dans  la  prononciation  de 
V»3  fe  caraétérife  par  un  petit  tiret 
qu’on  met  au  deflus  de  \'n  ; Sc  ce  ti- 
ret fait  le  même  effet  dans  leur  Or- 
tographe  , que  le  g dans  la  nôtre,’ 
quand  il  eft  joint  à une  n ; car  ils 
prononcent  ces  mots,  peftahas,  ninez., 
venir , nino  , cahuto  , comme  nous  les 
prononcerions  , fi  nous  les  voyons 
écrits  en  la  maniéré  qui  fuit , peftagwts , 
nignez.)  regnir , nigno , cagnuto.  Ainfl 
à l’exemple  de  cette  Nation  , je  voù- 
drois  mettre  un  tiret  fur  les  voyelles 
qui  précèdent  les  m ou  les.».,  pour 
marquer  le  changement  qui  fe  fait  de 
Jou;  Son  , en  formant  les  Monoph- 


t6o  Liv.  II.  Cir.  I.  Dès  Diphthl 
tho  gués  nazales , a?n , airn , ein , on  % 
un  J &c.  en  la  maniéré  qui  fuit , ^r, 
ei,  o , #2,  & ortographier  toutes' les 
autres  Monophthongues  nazales  de 
même  que  celles  qui  fe  trouvent  en 
ces  mots  , ample  , craindre  3 honte  a 
&c.  qu’on  pourroit  écrire  &c  imprimer 
ainfi , aple , craidre , hôte . 

Philinte.  Si  l’ufage  s’en  mêl'oit 
qu’il  l’établît  entièrement , & qu’il  le 
mît  au  rang  de  nos  voyelles  , je  le 
fuivrois  avec  plaifir  : Mais  outre  que 
je  n’y  vois  point  d’apparence.,  je  croi 
que  les  Imprimeurs  auroient  bien  de 
k peine  à s’y  accoutumer  , à caufe 
de  la  commodité  qu’ils  ont  de  faire 
les  abréviations  de  leurs  m ou  de 
leurs  n , par  lè  moyen  de  ces  tirets. 
Ils  fe  verroient  obligés  de  les  fup- 
primer  dans  les  Impreflions  quils 
feroient  dans  la  fuite  , fi  ces  'fortes 
de  Monophthongues  devenoient  en 
ufage  dans  notre  Ortographe»,  Ces 
abréviations  ne  font  pourtant  plus 
gueres  en  ufage  parmi  les  bons  Im- 
primeurs, Quoi  qu’il  en  foit  » il  faut 
prendre  les  Monophthongues  comme 
on  les  trouve  j & s’en  fervir  félon  lu* 


i 


Trifhlh.  & Monofhth.  i6l 
%€  reçu , & donner  des  préceptes  de 
Temploi  qu’on  en  doit  faire  félon  cet 
ufage  reçu.  Commençons  donc  par 
jes  Monophthongiies , ai,aji  &c. 

Art.  I.  Des  MonofhthongueS)  ai 
ou  ay,  eai  ou  eay,  & ei. 

Je  ne  parlerai  point  ici  de  l’origine 
de  cette  double  voyelle , & comme 
elle  a peu  à peu  changé  de  Son. 
Voyez  le  Chapitre  troifième,  pagt  65. 
66.  67.  & 68.  Je  dirai  feulement 
que  cette  double  voyelle  ou  Monoph- 
thongue  fe  prononce  comme  Ve  de 
ces  mots,  net,  fel,  fer i comme  vous 
voyez  aux  mots  fuivans  , ejfay  , traiter , 
geay  : plaine  , pour  dire , etendu'é  de 
terres  toute  unie  fans  montagnes  Çr  fans 
vallées  : pleine , pour  dire,  qui  nefi 
pas  vuide  , qui  efi  remplie  : vaine  , 
qui  (e  dit  , d'une  perfonne  qui  a de 
l'orgueil  & de  la  vanité  ; & qui  fe  dit 
aufïi,  d'une  chofe  qui  efi  inutile  & de 
nulle  valeur  : veine , qui  fignifie , un 
petit  vaijfeau  par  où  fe  tranfiorte  & 
fe  conduit  le  fang  par  toutes  les  parties 
de  l'animal  : & ainfi  du  relie  , qu’il 
faut  prononcer  comme  fi  ces  mots  è-  ^ 


1&Z  LiV.  lï.  Ch.  I.  Des  Diphth . 

toient  écrits  en  la  maniéré  qui  fuit  , 
fréter  , efjè , g e , 't/ène , ôcc. 

jj 

A'verùjjement  fur  les  accens  de  ces 
mots»! 

Comme  l’accent  aigu  eft  oppofé  à 
l’accent  grave , & que  cet  accent  aigu 
s’eft  infenfiblement  introduit  dans 
notre  Ortographc  pour  marquer  les 
/ fermés  , je  me  fers  de  cet  accent 
grave  qui  lui  eft  dire&ement  oppofé, 
pour  marquer  les  e ouverts  dans  l’in- 
ftru&ion  de  ces  préceptes , pour  les 
diftinguer  des  é fermés  qui  leur  font 
oppofés. 

Exceptions  de  la  prononciation  de 
cette  Monophthongue  y ai  ou  ay, 
eai  on  eay. 

La  Monophthonguc  ai  ou  ay , eai 
ou  eay  , fe  prononce  comme  un  é fer- 
mé dans  la  terminaifon  des  tems  pré- 
térits ou  futurs , comme  vous  pouvez 
voir  en  ces  mots , je  parlai  ou  je  par - 
lay  y je  changeai  ou  je  changeay  , je 
parlerai  ou  je  par  1er ay  j parce  qu’on 


Triphth.  & Monophth • 1 6$ 

écrit  indifféremment  ces  dernieres  fyl- 
labes  avec  un  y-grec,  ou  avec  un  j. 
Prononcez  donc , je  parlé,  je  changé , 
je  parleré , &c. 

Autre  Exception, 

Cetre  Monophthongue  ai  ou  ay 
(è  pronçnce  aulli  comme  un  é fermé, 
en  ces  mots  , j’ai  ou  j’ay , aifné  3 aifi 
née  , plaiftr  , deplaijir  , aider  , &c. 
Prononcez  donc , j’é,  éf»é9  éfnée , plé- 
Jir,  dtpléfir , éder,  &c. 


Remarque . 

Dam . Vous  pourriez  bien  étendre 
encore  cette  Réglé  : car  j’entens  beau- 
coup de  gens  qui  fe  piquent  de  bien 
parler  , qui  prononcent  cette  Mo- 
nophthongue  en  beaucoup  de  mots 
comme  un  é fermé  , & particulière- 
ment aux  pénultièmes  fyllabes  des 
mots  terminés  en  aire , comme  en  ces 
mots  , Dictionnaire , Vicaire , Gram- 
maire , &c.  de  qui  les  prononcent 
comme  s’il  y avoit , DiUionére , Vi- 
quére,  Grammére . 


✓ 


. 2.64  ^1V.  Ch.  ^es  fitphth. 

Phil**  Pour  le  mot  de  Gfammérl 
prononcé  par  un  é fermé  fur  la  pénul- 
tième fyllabe , il  n’eft  pas  fupportable, 
à caufe  de  f équivoque  que  cette  irre- 
guliere  prononciation  fait  avec  le  mot 
de  grand,  -mere*  Cependant  peu  de 
gens  fe  peuvent  accoutumer  à faire 
certe  diftindlion.  J’entens  aufli-bien 
que  vous  beaucoup  de  gens  pronon- 
cer cet  ai  aux  mots  terminés  en  aire , 
comme  un  / fermé  : Je  n’ai  rien  à 
dire  là-defliis , finon  qu’il  fautefperer 
que  les  réflexions  que  les  habiles  gens 
feront  fur  l’ortographe  de  ces  mots  , 
en  pourront  corriger  l’abus  avec  le 
tems.  Ce  n’eft  pas  que  la  quantité 
d’honnêtes  gens  qui  manquent  en 
l’obfervation  de  cette  Monophthon- 
gue  aux  pénultièmes  iyllabes  de  ces 
mots  terminés  en  aire , ne  puiflc  un 
jour  établir  cet  ufage  dV  fermé  à la 
place  de  l’*i , en  de  certains  mots  • 
mais  pour  Y ai  de  ces  mots,  plaire  , 
faire , affaire  , taire , douaire , Bréviai- 
re , vulgaire , Grammaire , j’ai  de  la 
peine  à croire  qu’il  fe  prononce  ja- 
mais comme  un  é fermé  s car  cette 
prononciation  fent  bien  le  précieux 

ridicule 


Trifhth . & Uonùfhth . 167 

ridicule  en  ces  mots  de  Dittionére , 
N otér c , Moufqnetére  , pour  dire 
Dictionnaire , Notaire , Moufquetaire, 
où  elle  ne  paroît  pas  tout  - à - fait  il 
extraordinaire  $ parce  que  cela  peut 
provenir  d’une  habitude  prife  de  jeu- 
^pelïè  à Paris , ou  ailleurs , dont  on  ne 
s’eft  pas  mis  en  peine  de  fe  défaire, 
n ayant  jamais  fait  de  réflexion  fur 
l ortographe  de  ces  mots  , & que  le 
grand  nombre  de  gens  qui  pèchent 
en  cette  prononciation  en  cxcufe  l’a- 
bus. Mais  pour  les  autres  mots  de 
plaire,  faire , affaire , que  de  certai- 
nes gens  prononcent  comme  ple're, 
fe're , àjfere , il  cft  certain  que  le  chan- 
gement qu’on  fait  du  Son  d^cct  ai 
en  celui  de  1’/  fermé,  fait  paroître 
une  prononciation  forcée  & affe&ée, 
qui  n’tfl  point  naturelle , ni  contra-  . 
(Siée  par  habitude  , & qui  donne  une 
idée  de  ridicule  à celui  qui  s’en  fert. 

Remarque  fur  /'ai , qui  fe  trouve 
dans  la  conjugaifon  du  verbe  > 
faire. 

La  monophthongue  ou  double 

M 


2.66  Liv»  II*  Ch. I»  DesDiphth. 

voyelle  di , le  prononce  comme  un  e 
muet  ou  féminin  *,  c eft-à-dire,  com- 
me Ye  dans  le  mot  de  taftas  > aux 
mots  qui  fuivent  , faifant , nous  fai - 
fons  i je  fai  fois  , tu  f 'ai fois , il  fai foit  ; 
nous  faifons  > vous  faifie ils  fai - 
foient.  Prononcez  donc  fefant  avec 
un  e muet  , nous  fefons  > &c.  Quel- 
ques-uns commencent  a jes  écrire  & 
à les  ortographier  de  même  , auffi- 
bien  qu’au  tems  futur  de  ce  verbe  , 
je  feray  , tu  feras  ,-.&c.  On  a écrit  au 
commencement  de  ceSiecle  je  fairay , 
tufairasjôcc.  Mais  l’ufage  n’en  eft  plus. 

A r t.  1 1.  De  la  Monophthonguc 

» au , à"  eau. 

La  monophthongue  au  , fe  pro- 
nonce comme  un  o.  Vous  en  avez 
des^exemples  en  ces  mots,  Laurent , 
taureau , couteau  i qu’il  faut  pronon- 
cer comme  s’il  y avoit , Lorcnt , toro , 
couto . Voyez  ce  que  j’en  ai  dit  au 
Chapitre  troifîème,  pages  74.  & 75. 
& au  Chapitre  quatrième,  page  Si» 


T riphth.  & Monophth*  1 
Exception. 

Exceptez  ces  mots  fcc  au  Ôc  fléau, 
qui  doivent  être  prononcez  comme 
des  diphthongues  j c’eft  à-dire  , quil 
faut  faire  entendre  , en  les  pronon- 
çant , un  peu  du  Son  de  Ye  feminin. 
Prononcez  donc  feo , en  fefant  valoir 
les  deux  Sons  de  Ve  feminin  & de 
Yo  dans  une  fÿllabe  ; mais  d’une  ma- 
nière fi  fubtile  & E ferrée , qu’on  ne 
fente  Ye  qu’à  demi.  Prononcez  ar.fli 
le  mot  de  fléau  de  même.  Il  eft  bon 
auffi  que  1 on  prononce  ces  deux  mots 
ainfi , pour  les  diftingucr  dans  la  pro- 
nonciation des  mots  de  fit  & de  flot. 

Quelques-uns  font  auffi  une  diph- 
thongue  de  la  derniere  fyllabe  dés 
mots  qui  fuivent , morceau,  mu  fi  au , 
pinceau,  rui ffiau  , ro fiau,  en  fefànt 
fèntir  le  Son  de  Ye  de  cette  fÿllabe  ; 
mais  i's  le  font  d’une  maniéré  encore 
plus  brève  & plus  délicate  , qu’aux 
mots  de  fieau  & de  fléau.  Cette 
prononciation  eft  allez  régulière  , 
quand  on  y peut  apporter  ce  tempé- 
rament î autrement  elle  eft  fort  ba- 

M ij 


ié8  Liv.II.  Ch.I.  DesViphth. 

daude  : J’aimerois  mieux  prononcer 
la  fyllabe  eau  comme  un  o fimple , 
fans  y rien  faire  fentir  de  IV  féminin, 
que  de  le  trop  faire  entendre,  & dire 
Amplement  morfo , mu&o , pinfi , rutfi 
/o,  rofo  : quoique  l’excès  de  l’un  & 
le  defaut  de  l'autre 'ne  vaillent  rien 
du  tout , le  defaut  du  dernier  eft  tou- 
jours plus  (iipportable  , que  l’excès 
du  premier.  Obfcrves  la  même  pro- 
nonciation dans  les  mots  de  peautrt , 
& de  veautrer , quoique  le  mot  de 
veau  fe  prononce  comme  vo. 

La  fyllabe  beau  au  mot  de  heaume, 
' eft  de  deux  fyllabes.  Prononcez  donc 
he-ô-me , & non  pas  heo-me* 

A rt.  1 1 1.  Ve  U Monophthongue 
eu , ce u , & œ. 

Cette  monophthongue  fe  prononce 
comme  la  première  fyllabe  des  mots 
fui  vans , p?#ple , œ«vte , bleuë,  lieue , 
queue , œi/let , œ/7leton , œi/lade  , œilr 
■ lere , adje&if  féminin  , dont  on  ne 
fe  fert  qu’avec  le  mot  de  dent  ; com- 
me dent-œillcre  , pour  dire,  une  dent 
qui  a fi  racine  proche  de  l’oeil • 


T riphth.  & Monophth.  269 

La  prononciation  de  cette  mo- 
ftophthongue  , eft  un  mélange  du 
Son  de  Ye  avec  celui  de  Vu  , cjui  le 
trouvent  tellement  confondus  l’un 
dans  l’autre  par  la  vîteflè  & la  fubti- 
lité  de  la  prononciation , que  l’oreille 
la  plus  fine  n’y  peut  entendre  qu’un 
fimple  Son.  Cette  monophthongue 
a eu  autrefois  deux  Sons , comme  vou* 
le  pouvez  voir  au  Chapitre  troifiéme, 
page  6S.  il  eft  difficile  à faire  com- 
prend) e ce  Son  aux  Etrangers  , (ans 
le  fccours  de  la  vive  voix  j car  les 
Italiens  & les  Efpagnols  n’ont  aucune 
voyelle  , foit  double  ou  fimple  , qui 
approche  du  Son  que  nous  donnons 
à cette  monophthongue.  Les  Italiens 
& les  Espagnols  la  prononcent  com- 
me eou,  & à peu  près  comme  nous 
la  prononcerions  en  ce  mot  d *E-oâ- 
ropa  ; avec  cette  différence  que  Ye  3C 
Sc  Vou  qui  paroifient  faire  deux  Syl- 
labes , n’en  font  qu’une. 

Les  Alemans  la  prononcent  auffi  de? 
même  : mais  il  ne  feroit  pas  difficile 
. de  leur  faire  concevoir  la  prononcia- 
tion que  nous  fefons  en  notre  Langue 
de  cette  monophthongue  eu , en  leur 

' M ü) 


ijo  LlV.  II.  Ch.  I.  Des  Diphth. 
difant  quelle  Te  prononce  comme  les 
Alemans  de  la  bafle  Saxe  prononcent 
leurs  6 , chaperonnés  d’un  petit  t au 
defliis , mais  qui  ne  paroît  que  com- 
me un  petit  e dans  les  caractères  de 
petit  Romain  , que  les  Imprimeurs 
nomment  fuperieurs  , comme  vous 
pouvez  voir  en  l’o  qui  fuit  ainfi  mar- 
qué, o 9 dans  les  mots  lui  vans,  Schon , 
Vermdgen , Konigh  , Horen,  Kofilich* 
De  forte  que  fi  vous  prononciez  à 
quelqu’un  d’eux  les  mots  qui  fuirent, 
aveu,  peu  y feu  y des  noeuds,  un  œuf , 
Sc  qu’il  voulût  les  écrire  pour  les  re- 
tenir, ne  {cachant  pas  encore  notre 
maniéré  d’ortographier , il  ne  man- 
querait pas  de  les  ortographier  en  la 
maniéré  qui  fuit , avo,  poy  fo,  de'e  m, 
m of . 

Réflexions  fur  la  prononciation 
des  o , Alemans • 

T appelle  les  o ainfi  marquez, , des  d 
chaperonnés  , fuivant  l’idée  qu’un 
Grammairien  Aleman  m’en  a donnée 
far  le  mot  de  cucullata  vocalis  , dont 
il  Je  fert  pour  nommer  les  voyelles  , 
à y o , u y qui  Jont  ainfi  marquées  en 


Triphth.  & Monophth . 27X 

leur  Langue  , pour  les  dijlinguer  de 
celles  qui  ne  le  font  pas.  Ce  mot  cu- 
cullata  , ayant  été  fait  de  cucullus, 
qui  fegnifie  capuchon  ou  chaperon, 
eu  quelqu  autre  habillement  de  tête  *, 
il  me  femble  quon  ne  peut  exprimer 
ce  terme  de  cucullatum  en  notre  Lan- 
gue j autrement  que  par  celui  de  cha- 
peronné. 

Dam.  Les  Alemans  prononcent-ils 
leurs  voyelles  communes  t ou  non  mar- 
quées , autrement  que  nous  ? 

Philinte.  Cela  ri e fl  pas  de  notre  In- 
ftruftion  : mais  comme  j'ai  déjà  cité 
quelques  mots  Alemans  > & que  fen 
pourrai  encore  citer  quelques-uns  dans 
le  cours  de  cet  Ouvrage , il  ejl  Ion  que  % 
nous  en  touchions  quelque  chofe . Vous 
fçaurez.  donc  que  les  Alemans  pronon- 
cent. leurs  a & leurs  o comme  nous  y 
& leurs  u , comme  nous  pronon  f ans  no- 
tre double  voyelle  ou.  Ils  prononcent 
au  contraire  leurs  à chaperonnés  com- 
me ntfus  prononçons  nos  è ouverts , en 
ces  mots  , cher  , fec  , cyprès  , leurs 
0 chaperonnes  comme  je  votes  l'ai  déjà 
dit  j & leurs  u chaperonnés  à peu 
près  comme  nom  prononçons  nos  u 

M iiij 


*7iLiv.  II.  Chap.  II.  Des  Diphth, 
voyelles  dans  les  mots  t ufure , future 
fur  i & même  en  plufieùrs  endroits  t 
tout  de  même  que  nous  les  prononçons, 
Jl  efi  vrai  que  dans  la  haute  Allema- 
gne on  donne  un  Son  plus  clair  a cet 
' uc  chaperonné , & qui  approche  beau- 
coup de  notre  i voyelle  \ & qu'il  fe  pro- 
nonce même  tout-à-fait  comme  notre  i 
voyelle,  & principalement  d Drefden , 
a Prague , dans  la  Silefie , dans  la  Mo* 
ravie  , dans  l'Autriche  , en  Bavière 
& dans  les  autres  Provinces  cïr con- 
voi fine  s : car  au  lieu  qu'on  prononce 
le  mot  glu  ck  dans  la  bajfe  Alemagnè  , 
comme  fi  nom  le  voyions  écrit  ainfi ; 
gluc , on  le  prononce  dans  les  endroits 
i que  je  viens  de  citer  , comme  s'il  etoit 
écrit  ainfi , glic.  - * 

Voici  des  Exemples  de  ces  voyelles 
marquées  ou  chaperonnées , & de  celles 
. ; qui  ne  le  font  pas  , que  vous  trouverez, 
dans  les  mots  /divans.  « ■ 


à communs. 

Irfcht  * Mtfchc , 
ChaJ/e , PuiJ/ance  y 
Pr^cht. 
Magnificence, 


d chaperonnés. 

liger  , M<ichrig , 
Chajfeur -,  Puijfant , 
Pft?  chtig. 
Màgrifique. 


T rîphth.  & Monofhth . 17$ 
o chaperonnés. 


0 communs. 
Koften  , fchon  , 
confier  , déjà , 
g^b. 

greffier* 

n comnjuns. 

Der  m»th  , 
le  courage , 
die  Sch#I  , 

Ecole  , 

Das  B#ch , Livre . 


Koftlich,  feh 911; 
fomptueux , béait) 
groblich. 

grojfierement. 

, » 
« chaperonnés. 

Fwhren,  m//de, 

> 

h«pfcha 

joli. 


Dam.  je  ne  craignois  pas  de  fai- 
re trop  durer  cet  article , qui  ne  re- 
garde plus  notre  Infiruftion  , je  vous 
formerons  une  oppofition  a la  Réglé 
que  vous  venez,  de  donner  de  la  pro- 
nonciation de  ces  fortes  de  voyelles 
Alemandes  , que  vous  nommeTjchape- 
ronnées  i car  j’ai  entendu  fouvent  pro- 
noncer notre  oc  chaperonné  dans  tes  en- 
droits d’ Ale  magne  ou  on  parle  le 
mieux , à peu  près  comme  nous  pro- 
nonçons notre  monophthongue  ai3  & 
même  d’une  maniéré  un  peu  plus  clai- 
re & plus  élevée , & à peu  près  com- 
me le  prononcent  les  Gafcons  y ou  fi 

M V 


174  ï-iv.  II.  Ch.I.  "DesDiphth. 

vous  voulez,  , comme  les  Picards  çfr 
les  Wallons  prononcent  la  monoph- 
thongue  ei  dans  le  mot  de  peine  ; 
c’efi-à-dire , qu'on  lui  donne  un  Son 
qui  tient  de  l’ ai  des  Gafcons  , c£* 
de  /'ei  des  Picards  ; De  forte  que  les 
Alemans  les  plus  polis , & qui  par- 
vient le  mieux  leur  Langue , pronon • 
p oient  ces  mots  , Koftlich  , fchan  , 
grobUch , comme  s’ils  avoient  ete  écrits  t 
ainf,  xaiftlich  , fchaîn  , graiblich  > 
eu  y Keiftlich , fcheîn  , ^greiblich  j & 
non  pas , iteuftlich , cheûn , greublich, 
comme  Vous  prétendez,  qu’on  doit  pro- 
noncer en  u4lemagne. 

Phil.  Cela  ne  détruit  pas  les  Réglés 
que  fen  viens  de  donner  ; & je  de- 
meure d’accord  qu’à  Letpfich  & a 
Drefden , & dans  tous  les  endi  oits 
d’ Allemagne  où  on  parle  avec  plus  de 
politejfe  & de  régularité , on  prononce 
les  o çjr  les  u chaperonnés  a peu  près 
comme  vous  le  dites . Mais  fi  je  cite 
la  prononciation  des  bas  jdlemans  en 
ce  qui  regarde  celle  de  ces  fortes  de 
voyelles  y c’efl  parce  que  leur  maniéré 
de  les  prononcer  a plus  de  rapport  avec 
le  Son  de  nos  monophtkongues  âi  gr 


Triphth.  & Monophth.  17$ 

ci  •,  & avec  notre  u voyelle  : outre  que 
l’idiome  Aleman  de  la  bajfe  Saxe  efi 
fins  connu  dans  les  pais  du  Nort , 
que  celui  de  la  haute  Alemagne. 
Car  on  peut  dire  qu'il  arrive  en  notre 
Royaume  peu  d' Etrangers  de  ces  côtés- 
la  qui  nayent  connoijfance  de  l'idiome 
bas  Aleman . Il  y en  a meme  qui  j,  re- 
tendent que  la  prononciation  des  bas 
Alemans  pour  ces  fortes  de  voyelles , 
efi  plus  régulière  que  celle  de  Leipfich 
& de  Drefden. 

Dam.  Vous  pourriez,  avoir  des  rai- 
fons  pour  la  trouver  anjfi  régulière  s 
mais  vous  auriez,  de  la  peine  a nous 
perfuader  quelle  foit  aujji  polie  & aufi 
fi  conforme  à l'idiome  général  de  la 
Uation  Alemande  , que  celle  qui  efi 
en  ufage  dans  les  endroits  que  je  viens 
de  vous  citer , & dans  la  plupart  des 
Villes  de  la  haute  Alemagne  , où  on 
parle  bien . Et  comme  c'efi  l’ ufage  re- 
çu des  gens  les  plus  corifiderables  d’une 
Nation , qui  fait  la  politejfe  d'un  lan- 
gage, (fr  non  la  réglé  , qui  en  ce  cas 
doit  ceder  a l’ ufage  ; il  c&  certain  qu'il 
faut  préférer  cette  maniéré  de  pro- 
noncer à celle  des  bai  Alemans.  Vous 

M v) 


if6  Liv.II.Ch.  I.  Des'Dîfhth . 

ne  manquerez*  pas  de  me  dire  qti’ de- 
vant qu’on  fe  fût  avisé  de  marquer 
ces  fortes  de  voyelles  , on  les  accompa- 
gnoit  d'un  e , & principalement  l’a  & 
l’o  qu’on  écrivoit  ainf , ae , & oe  : 
de  forte  qu’on  ecrivoit  aelter , au  lieu 
f/rflter,  ^oeffncn,  au  lieu  d’ofinen* 
Phil.  Je  demeure  d’accord  de  tout 
ce  que  vous  dites  i & même  que  pour 
marquer  les  u , qu'ils  prononçoient  com- 
me nous  prononçons  notre  u voyelle  t 
ils  fe  fervoient  d’ y-grecs  , qui  étaient 
faits  comme  des  u quarrés  par  le  bout , 
ou  approchant , & fermés  par  le  haut , 
aufquels  ils  ajoûtoient  une  tre s-petite 
queue  au  dejfous  ; & que  fouvent  ces 
y-grccs  étaient  accompagnés  d’un  e. 
De  forte  qu'ils  écrivaient  brye  , an 
lieu  de  bru  ; myede,  au  lieu  de  mu  do  » 
fchyerten  , au  lieu  de  fchu  tten  j & 
quantité  d’autres  mots  où,  il  entroit  de 
ces  fortes  d’d  , & qu’ils  pronon f oient 
comme  les  nôtres*  Et  qu  enfin  les  let- 
très  capitales  des  a & des  o chape- 
ronnés n’ayant  jamais  été  marquées  , 
les  Alemans  ont  été  obligés , comme 
ils  le  font  encore  , d’y  mettre  un  e , 
pour  en  diftinguer  la  prononciation  x de 


Triphtb.  & Monopbth.  2.77 
celle  des  a tfr  des  o communs  : & ils 
ïcrivoient , comme  ils  écrivent  encore 
ces  mots  , Aebtiffin  , four  acbri/fin  ; 
Aehnlich , pour  a'hnlich  -,  Aclter , pour 
4 Iter  : Oel  , pour  oi  $ Oedc  , pour 
oede  ; OeflFnen  , pour  o ffnen  , quand 
la  nécefftté  les  oblige  oit,  comme  elle  les 
oblige  encore , de  je  fervir  de  lettres 
capitales  pour  ces  mots  ou  d’autres  qui 
commencent  par  un  ac  ou  un  o chape* 
ronné.  C’efi  aujji  par  cet  endroit 
que  je  vouloir  vous  prouver  que  les 
bas  Alemans  ont  raijon  de  prononcer 
ces  voyelles  chaperonnées , comme  noue 
prononçons  nos  monophthongues  ai , & 
eii  j & que  cette  maniéré  de  prononcer 
efi  plus  régulière.  Mais  je  ne  prêtent 
pas  pour  cela  qu’elle  prévaille  a Vu* 
fage  reçu  dans  tous  les  endroits  de  la 
haute  Ale  magne  , où  on  parle  bien 
& particulièrement  à Leipfich  & il 
Drefden , où  la  prononciation  efi  fans 
contredit  la  plus  polie , la  plus  régu* 
Itéré , & la  plus  conforme  au  génie 
général  de  la  Nation . 

Je  dis  régulière , puifque  l’uftge  Vent* 
portant  fur  la  Réglé , on  s’en  doit  faire 
me  de  le  fuivre  quand  il  efi  une.  fois 


LiV.II.  Ch.I.  DesDiphthi 

reçu  des  gens  les  plus  confiderables  &let 
plus  habiles  de  la  Nation  : car  pour 
lors  l’ufage  devient  anomalie , d’a- 
nomalie il  pajfe  en  Réglé  i puifque  c'efi 
une  faute  de  ne  pas  fuivre  une  ano± 
malie  reçue  , ni  plus  ni  moins  que  fi 
quelqu’un  fefoit  difficulté'  de  je  fervir 
en  notre  Langue  du  mot  j’irai , qui  efi 
le  futur  du  verbe  aller  , parce  qu’il 
ne  fuit  pas  la  Réglé  des  futurs  des  au- 
tres verbes  terminés  en  er. 

Dam.  Jl  faut  auffi  convenir  que 
cette  maniéré  de  prononcer  ces  fortes 
de  voyelles  marquées  , a quelque  cho - 
je  de  plus  ferme , de  plus  mâle  , & de 
plus  relevé  que  celle  des  bas  Ahmans, 
C’efi  auffi  la  raifon  pourquoi  on  a ap- 
pelé leur  idiome,  plate  Teutfch,  qui 
fignifie  , plat  Aleman.  Ce  n’eft  pas 
que  félon  nous  , la  prononciation  de 
ces  fortes  de  voyelles  marquées  ne  pa - 
roiffe  plus  douce  & plus  analogique , 
que  celle  qui  efi  en  ufage  dans  la  hau- 
te Alemagne  : mais  en  matière  de  lan- 
gage , il  faut  fuivre  l’ufage  le  plus 
idiotique , & le  plus  conforme  au  gé- 
nie çfr  à l’humeur  de  la  Nation  qui  le 
parle • 


T riphtb.  à*  Monophth.  ij$ 
Revenons  à notre  Monophthongue 
eu  9 qui  a beaucoup  d’Exceptions. 

Exceptions  de  U maniéré  de  pro- 
noncer U Monophthongue  > eu. 

v Phil.  Cette  Monophthongue  eu  * 
fe  prononce  comme  notre  u Simple, 
lorsqu'elle  fe  trouve  dans  les  person- 
nes des  rems  prétérits  & imparfaits  , 
dont  les  infinitifs  fe  terminent  en  oir, 
ou  en  re , comme  de  concevoir  , je 
conceus , tu  conceus  y il  conceut  ; nous 
cencenmes  , vous  conceûtes , ils  conceu - 
rent  ; je  conceujfe , tu  conceujfes  , &c. 
d’avoir , j’eus  , &c.  j’eujfe  , &c.  de 
pouvoir , je  peusy  &c.  de  croijlre  y je 
creus  y &c.  je  creujfe  , &c.  Elle  fuit 
auSïi  la  même  prononciation  dans  les 
participes  paffifs  terminés  en  eu,  & 
en  euéy  comme  conceu,  conceué  ; leu  y 
leué  i creu , creuè,  Scc.  Comme  au  fil 
dans  les  pénultiém^  fyllabes  des 
mots  terminés  en  eure,  lorfqu’ils  font 
dérivés  de  quelque  verbe,  comme 
d'enfler,  enfle  ure  ; de  piquer,  pi  que  ti- 
re i de  couper,  coupeure,  &c. 

Eu  prend  encore  le  Son  de  notre  u 


iîo  Liv.  IL  Ch.  I.  VefDiphth, 

voyelle  aux  fubftantifs  terminés  en  eue, 
comme  veué,béveu'è,entreveu‘é,recreué9 
recette.  Prononcez  donc  cette  Mo» 
nophthongue  en  ces  mots , comme 
fî  elle  èroit  écrire  ainfi  , je  conçus , 
&c.  je  pus,  je  pujfe,  &c.  je  crus , 8cc* 
conçu , conçue  i lu , lue  > coupure , vue, 
be'vue. 

Cette  Monophthongue  prend  auflï 
le  Son  de  notre  u , quand  elle  (è 
trouve  aux  mots  fuivans  , ajfeurer  , 
&c.  ajfeurance , &c.  feur , &c.  cheute, 
Euflache  , ‘&c  & en  la  première  fyl» 
labe  du  mot  heureux  , & de  Tes  déri- 
vés. Prononcez  donc  ajfurer , &c* 
ajfurance  , &c.  fur , &c. 

Dam . Le  mot  de  bonheur  eft- il  dtl 
nombre  de  ceux-ci  l 

Phil,  Non  , il  fuit  la  Réglé  géné- 
rale -,  & ce  feroit  parler  en  badaut  que 
de  dire  bonur , comme  quantité  de 
gens;  difent  à Paris. 

Remarque  fur  ÏOrto graphe. 

On  commence  fort  dans  l’Ecriture 
& dans  l’Improflion  à ortographier 
cette  Monophthongue  avec  un  u,  ea 


Tripbth*  & Monophth*  281 

tous  les  mots  où  Ve  de  cette  (yllubc 
ne  fe  prononce  point  : Ainfi  on  è- 
crit  , conçu,  conçue ; vû , vue,  &c. 
Exceptez  pourtant  le  mot  d’Euftacbe, 
& celui  d'heureux , & de  Tes  dérivés, 
qui  gardent  toujours  leur  ancienne 
ortographe. 

Dam.  Il  me  fcmble  que  la  plupart 
de  ceux  qui  parlent  en  public  , ne 
prononcent  pas  la  première  fyllabe 
d heureux , heureufe  , heureufement , 
comme  notre  u. 

Phil.  Ils  n’en  font  pas  mieux  pour 
cela  j car  on  ne  doit  pas  prononcer 
autrement  en  parlant  en  public  & en 
lifant  , qu’on  prononce  en  conven- 
tion , quand  on  a une  prononciation 
un  peu  régulière  ; & je  fuis  feur  que 
ceux  qui  prononcent  de  la  manière 
que  vous  dites,  font  les  premiers  à pro- 
noncer dans  la  converfation  le  mot 
heureux,  comme  s’il  n’y  avoir  point  d’* 
dans  la  première  fyllabe.  J’en  ai  vu 
plufieurs  qui  prononcent  de  même. 

On  peut  à la  vérité  donner  des 
ornemens  à fon  difeours  par  le  gefte 
& par  la  voix , & en  unifiant  quel- 
ques confones  finales  avec  des  voyel-* 


i$i  Liv.  II.Ch.1,  DesDifhth. 

les  qui  commencent  les  mots  qui  les 
fui  vent , en  fouit  en  ant  fa  voix  5 & 
enfin  en  articulant  plus  régulièrement 
les  {yllabes  de  fes  mots  : car  quelque- 
fois il  nous  èchape  en  converfation 
de  manger  quelques  confoncs  , com- 
me de  dire  trente-quate  Soldats > pour 
trente  - quatre  Soldats  , 6cc.  ce  qui 
n’efl: pourtant  pas  une  faute,  puifque 
l’ufage  l’autorife  j mais  il  eft  certain 
que  la  prononciation  fero*it  plus  ré- 
gulière & plus  mâle , fi  on  pronon- 
çoit  IV  du  mot  de  quatre  en  parlant 
en  public. 

Pour  ce  qui  regarde  la  pronon- 
ciation des  voyelles  ou  des  diph- 
thongues  : comme  celles  que  nous 
avons  en  notre  Langue , ne  font  pas 
plus  difficiles  â prononcer  dans  le 
difeours  familier,  que  dans  le  dis- 
cours foûtenu  , on  ne  les  doit  aflù- 
rément  jamais  prononcer  autrement 
en  public  , qu’en  particulier.  On  a 
entendu  des  Prédicateurs  & des  Avo- 
cats prononcer  en  public  la  fyllabe 
finale  er , comme  la  fyllabe  air,  8c 
dire  confervair  , premiair , pour  dire 
conferver , premier , fans  faire  fonner 


k;  , -y^ - - - =r  V - . - . '^rvl  .*  •/■  ■*  , \ — t. 

Triphth . d*  Monophth.  283 
1V>  mais  plus  particulièrement  quand 
1 les  mots  qui  îuivoient  cette  r finale 
I commençoient  par  une  voyelle.  On 
les  a entendu  prononcer  pavois  , au 
lieu  de  j'avais,  &c.  On  a écrit  con- 
tre cette  manière  de  prononcer  *,  on 
les  a frondés  j & enfin  ils  fe  font  cor- 
| liges  : ou  fi  vous  voulez  , ceux  qui 
(ont  venus  après  eux,  en  ont  corrigé 
l’abus.lls  ont  eu  beau  dire  que  cette  ar- 
ticulation de  confone  un  peu  forte , Sc 
cette  ancienne  diphthongue  oi,  avoit 
quelque  choie  de  plus  emphatique  & 
de  plus  convenant  au  difeours  fou- 
tenu  , que  la  maniéré  négligente  ÔC 
relâchée  de  prononcer , dont  on 
ufoit  dans  le  difeours  familier  ; on 
à point  eu  égard  à leurs  raifons , i’u- 
fage  la  emporté  5 & nos  plus  zélés 
Partions  du  langage  de  leur  jeunefiè, 
ont  enfin  fi  bien  cédé  à l’ufage  d’au- 
jourd’hui , qu’ils  n’ofent  plus  pro- 
noncer que  comme  nous.  On  fçait 
bien  que  les  maniérés  de  parler  d’u- 
ne convention  , ou  d’un  difeours 
familier , ne  peuvent  être  fi  épurées 
que  celles  d’un  difeours  qui  fe  fait 
en  public  : mais  la  maniéré  de  pro- 


r. 


2.84  LiV.  II.  Ch.  I.  Des  vffhtÇé 

nonccr  les  mots , doit  être  aufli  natu- 
relle que  celle  dont  on  fe  fert  dans 
le  langage  familier,  quand  on  parle 
bien  j & elle  parortra  toujours  fade 
& contrainte , quand  elle  ne  ferajpas 
conforme  à notre  prononciation  or* 
dinaire. 

Dam . Il  eft  vrai  qu’on  ne  trouve 
que  trop  de  ces  gens , qui  croyent 
faire  des  merveilles  quand  ils  pro- 
noncent les  mots  de  leur  difcours  en 
public  , autrement  qu’ils  ne  font 
quand  ils  font  dans  le  particulier  avec 
leurs  amis.  J’en  entendis  ces  jours 
padês  deux  qui  fe  piquent  allez  de 
bien  parler  , & qui  en  public  affc&o 
rem  pfufieurs  fois  de  prononcer  dau, 
pou cjd/x  i lais  j pour  lés  ; mais  r pour 
mes , &c.  Et  cependant  qui  ne  peu- 
vent s’empêcher  de  prononcer  dans 
la  converfation  , dés , lés , mes.  Je  leur 
demandai  la  raifon  de  ces  deux  for- 
tes de  prononciations  i ils  me  dirent 
que  la  prononciation  de  la  fyllabe 
ais , leur  paroiffoit  plus  emphatique 
& plus  mâle  que  celle  de  la  fyllabe 
és . Voilà  tout  ce  que  j’en  pus  tirer. 
Phil.  Ils  ne  font  pas  les  feuls  qui 


T riphth.  & Monophtb.  28  j 

fe  veulent  diftinguer  des  autres  par 
ces  prononciations  extraordinaires  : 
c*eft  un  effet  de  leur  vanité  > car  ils 
croyent  quelquefois  être  en  droit  par 
un  peu  de  réputation  qu'ils  ont  d’ha- 
biles gens , & d’exceller  en  leur  pro- 
feflion,  de  faire  des  modes  nouvelles 
pour  le  langage  , & pour  les  maniè- 
res de  prononcer  les  mots  : en  quoi 
ils  fe  trompent  pour  la  plupart  du 
tems,  car  fouvent  ils  font  feuls  de 
leur  parti  \ & je  crains  bien  que  la 
mode  qu’ils  ont  voulu  établir  de  pro- 
noncer en  public  eureux , pour  areux, 
& ces  mots  dais  , mais , tais  , fais  > 
lais  , poiir  dés  , mes  , tés,  J 'es , lés  , 
comme  tous  les  honnêtes  gens  les  pro- 
noncent dans  le  particulier  avec  leurs 
amis  , n’ait  la  même  deftinée  qu’onr 
eu  les  diphthongues  des  fyllabes  fina>* 
les  des  tems  imparfaits , qui  font 
tout-à-f  tit  hors  d’ufage  , aurti  - bien 
que  la  prononciation  des  e ouverts 
dans  la  fyllabe  finale  des  infinitifs 
terminés  en  er,  comme  aimer,  par* 
1er , prouver . 

Dam - En  effet,  je  ne  vois  point 
| d’honnêtes  gens  , pour  peu  qu’ils 


1Î6  Liv.  II.  Ch.  I.  Des  Difhth. 

foienr  polis  en  leur  Langue  , qui  ne 
difent,  apportez-moi  mes  gans  , dés 
plumes  , où  font  mes  Laquais  , f/s 
freres  & fes  fœurs  *,  & non , mais  gans, 
dais  plumes  , mais  Laquais , fais  fre- 
res & fais  feeurs  : & il  n'y  a aflùré- 
ment  que  des  gens  d’Orléans , ou  des 
Villes  feituées  le  long  de  la  Loire  „ 
qui  prononcent  de  la  forte. 

P h il.  Vous  pouvez  inforer  de  là 
que  cette  prononciation  cft  rout-à-fait 
grofliere  & tout-à-fait  hors  d’ufage 
parmi  les  honnêtes  gens  : & que  cela 
étant,  on  ne  doit  point  la  fuivre  dans 
le  difeours  foùtenu  , fous  prétexte 
qu’elle  emplit  plus  la  bouche  de  celui 
qui  parle  , &c  les  oreilles  de  ceux  qui 
l’c coûtent.  Car  fi  on  a égard  à cette 
raifon  , il  s’enfuivra  que  toutes  nos 
fyllabes  brèves  fe  prononceront  d’o- 
refnavant  longues  par  ceux  qui  par- 
leront en  public  : & qu’au  lieu  de 
dire  & prononcer  Noble,  Philofophe, 
voyaore , on  prononcera  Noble  , Phi- 
losophe , voyage  ; & on  renverfera  tou- 
te l’économie  de  notre  prononcia- 
tion. 


* Triphth.  & Monophth.  2.87 

Autre  Exception  de  la  Monoph - 
thongue  eu , œu  , & ce. 

La  monophthongue  œ qui  fe  trou- 
ve aux  mots  qui  font  tirés  du  Grec, 
fe  prononce  comme  notre  é ouvert, 
ou  fi  vous  voulez  comme  notre  mo- 
nophthongue ai , comme  vous  pou- 
vez remarquer  en  ces  mots . œconome> 
(économie  , (économat , (economique  , 
1 économiquement  , œcuménique  > le 
Mont  O et  a ; Oedeme,  Tumeur  froide  ; 
Oedipe , nom  d’homme  i Oefophage  , 
terme  d’Anatomie.  Prononcez  donc, 
'économe , économie , Sec.  édeme , Sec. 

A RT.  I V.  De  la  Monophthongue 
ou , & aou. 

La  monophthongue  ou  , Se  aou  , 
fe  prononce  comme  les  Elpagnols  , 
les  Italiens  Se  les  Alemans  pronon- 
. cent  la  voyelle  u : Elle  forme  , quand 
on  la  prononce  , un  Son  mitigé  de 
Yo , Se  de  Vu  , qui  eft  bien  éloigné 
de  la  prononciation  rude  & difficile 
de  Yo , & de  Yu , quand  on  veut  faire 


i88  Liv.  II.  Ch.  I.  Des  Dlphth* 

valoir  les  deux  Sons  dans  une  même 
fÿliabe  , comme  on  l’a  fait  autrefois 
en  prononçant  un  o avec  la  double 
voyelle  ou  i tic  comme  le  prononcent 
encore  aujourd’hui  les  Flamans  tic  les 
Hollandois  en  ces  mots  , ohdt , k°udt, 
Stadthouder , qu’ils  prononcent  a peu 
près  comme  nous  prononcerions  , 
o-oudt , ko-otidt  y Stadt-ho-ouder  , fi 
nous  les  voyions  _ainfï  écrits.  Voyez 
le  Chapitre  rroifîème,  page  69.  pour 
fçavoir  de  quelle  maniéré  nos  An- 
ciens formèrent  cette  diphthongue 
oh,  tic  comme  elle  a peu  à peu  dé- 
généré en  fÿliabe  d’un  feul  Son , par- 
ticipant de  Vo , tic  de  Vu  , qui  eft  no- 
tre Son  d'ou  ; de  même  que  notre 
ancienne  diphthongue  au  , s’eft  ren- 
due par  {ûccelïion  des  tems  une  fyl- 
labè  d’un  feul  Son.  Car  il  ne  faut 
pas  douter  que  notre  monophthon- 
gue  an,  n’ait  été  autrefois  une  véri- 
table diphthongue  en  notre  Langue, 
8c  qu’on  ne  l’ait  autrefois  prononcée 
parmi  nous  , comme  on  l’entend 
prononcer  encore  par  les  Normans , 
qui  pour  dire  caufe , fraude  , chaud  » 
&c.  prononcent  comme  s’il  y avoir , 

fia- ou  de. 


Triphth.  & Monophth,  189 
fra-oude,  ca-oufe  , cha-oud  ; parce 
«que  les  Alemans , dont  cette  Nation 
eft  dècenduë,  ont  prononcé  & pro- 
noncent encore  leurs  u , comme  nous  ^ 
prononçons  nptre  double  voyelle  ou. 
■Ainfi  il  n’eft  pas  difficile  de  com- 
prendre comment  cette  fyllabe  a per- 
du fon  double  Son , & eft  devenue 
infenfiblement  monophthongue,  pour 
peu  d’atrention  que  l’on,  falïè  en  la 
prononciation  que  les  Normans  & 
les  Gafcons  font  de  cetcc  double 
voyelle  au,  8c  celle  que  les  Flamans 
& Hollandois  font  en  celle  de  leur 
double  voyelle  ou,  ' 

Dam.  N’y  a-t-il  point  d’Exception 
de  la  prononciation  de  cette  mo- 
nophthongue ou , ou  aou  ? 

Phil.  H n’y  a que  des  Exemples  à 
vous  donner , comme  dans  les  mots 
qui  fuivent , gouteux , loup , poumon  > 
le  mois  d ’yioujl,  faoulery  8c  . car  on 
doit  prononcer  le  mois  d’O#  > & fou- 
ler , 8cç.  comme  s’il  n’y  avoit  point 
d 'a  devant  1W 

♦ *’v . 


19 o Liv.IÎ*  Ch. I.  Des  Vtphth* 
Remarque, 


{upprimer  Va  de  la  mon< .x  0 

aon  , dans  l’Ecriture  Sc  dans  l’Im- 


Suite  du  Chapitre  des  Monoph- 
thongues. 


in , on , un. 

P H il  inte.  Les  m ou  les  n de 
ces  monophthongues , ne  s'arti- 
culent qua  demi,  & rcyident  un  Son 
‘confus  , qui  fc  perd  dans  h voyelle 
qui  les  précède.  Prononcez  par  exem- 
ple ce  mot  $ ample  en  deux  fylfabes 
feparées  ainfi  , am-ple , le  Son  de  l 'm 
qui  fe  trouve  à la  fin  de  la  première 
fyllabe  de  ce  mot  netant  qu a demi 
articulé,  fe  perdra  dans  le  Son  de  la 


On  commence  même 


preflion. 


Art.  I.  T)e  la  prononciation  des 
Monophthongues  am , em , aim, 
om,  um  i an  , aon , en , ain, 


# 

. Trifhth . dr  M.oiïcphth.  191 
voyelle  qui  préede  l’ r/i , ,en  altérant 
Ton  $on  clair  & net  de  voyelle , & en 
lui  en  fefant  prendre  un  confus  : ce 
qui  ne^  pouiroit  pas  fe  faire  G Vm 
ou  1 » ètoient  immédiatement  fuivies 
d’une  voyelle , comme  en  ce  mot , 
amour,  que  vous  ne  fçauiiez  pro- 
noncer fans  féparer  Va  de  ce  mot,  de 
1 m qui  le  fuit.  Car  en  1 épelant , vous 
direz,  a-*,  emme,  o,  u,  err,  mour, 
a-mour  i où  vous  entendez  le  Son 
de  Va  dans  tout  fon  naturel , & dans 
là  valeur  pure  & lïmple,  & fans  aucu- 
ne alteration , & celui  de  Vm  tout  de 
même  dans  Ion  Son  naturel  & réten- 
tilîànt.  Et  afin  que  les  François  & les 
Etrangers  conçoivent  le  Son  confus 
de  1 m ou  de  Vn  par  des  Exemples  de 
mots  , quils*ne  peuvent  prononcer 
gueres  autrement  que  nous,  je  leur  vais 
donner  deux  Exemples  de  mots  Latins, 
qui  font  cinütiu  & cuntttu  ; étant 
bien  feur  qu’ils  auront  bien  de  la 
peine  a articuler  F*  de  ces  mots  aulfi 
parfaitement,  qu’ils  feroient  au  mot 
de  concipio  ; ou  ( comme  j’ai  déjà  dit  y 
à force  d’appuyer  fur  la  prononciation 
de  Vu  en  l’articulant , ils  font  tëntir 

N ij 


V 


% 

v)i  Liv.  II.  Ch.  I.  Des  Diphth. 

le  Son  d’un  e muet,  quoique  très- 
foiblement , en  difant  conecipio  j ce 
qu’ils  ne  fçauroient  faire  aux  mots  de 
cinElw  & cunÜm  , que  très-difficile- 
ment. Si  les  Etrangers  font  attention 
fur  la  prononciation  que  nous  félons  . 
de  la  monophthongue  de  ces  deux 
mots  y 5c  de  celle  qu’ils  en  font , 8c 
qu’ils  veuillent  bien  en  même  tems 
obferver  les  mouvemens  que  font  les 
organes  de  la  parole , en  rabattant  un 
peu  la  prononciation  de  la  voyelle 
qui  précédé  Ym  ou  1’»  finale  d une 
fyllabe  , fans  remuer  les  lèvres  ou  le 
bou;  de  la  langue  contre  le  palais  -,  ils 
prononceront  auffi  naturellement  5c 
'auffi  régulièrement  que  nous  les 
monophthongues  qui  font  dans  les 
mots  fuivans  , am bigu  , employer  , 
c ftaim , imparfait , nom bre , humble  > 
plan  y enhnt  , fain?  iwgrat,  concQily 

défunt.  . , 

La  plûpart  des  François  n ont  pas 

;befoin  de  cette  leçon  -,  mais  les  Gaf- 
cons , 8c  tous  ceux  des  Provinces  de 
France  qui  parlent  à peu  près  comme 
eux , en  ont  befoin  auffi- bien  que  les 
Etrangers  ; 8c  j’ofe  même’ avancer 


Trifbth.  & Monophth.  19$ 
qu’il  y a beaucoup  4e  gens  élevés  à 
Pàris  qui  en  ont  autant  de  befoin 
qu’eux  , parce  que  n’ayant  pas  pris 
garde  aux  Réglés  du  bon  8c  naturel 
ufage  de  notre  prononciation  , foie 
par  négligence  ou  par  ignorance,  ils 
ont  contradfcé  une  cerrâine  habitude 
de  prononcer  cette  m ou  cette  n d’u- 
ne maniéré  forte  & retentitfânté  , à 
peu  près  comme  celle  des  G .feons , 
qui  prononcent  1 ’»  prefque  avec  au- 
tant de  force  que  s’il  y avoit  quelque 
voyelle  après , croyant  fc  faire  diftin- 
guer  par  cette  prononciation  groffie- 
rement  imitée  , que  leur  mauvais 
goût  leur  a fait  trouver  plus  mâle  8c 
8c  plus  amphatique  que  la  nôtre. 

Dam . J’ai  bien  connu  de  ces  çens- 
lâ  , 8c  qui  auroient  été  bien  fâche* 
d’avoir  perdu  cette  mauvaife  habi- 
tude. J’en  ai  même  connu  un  qui 
ètoit  fi  charmé  de  cette  forte  de  pro- 
nonciation ,*  qu’il  croyoit  qu’il  n’y 
avoit  que  les  Badauds  qui  ne  l’avoienc 
point.  Il  difoit  que  les  Efpagnols  8C 
les  Italiens  prononçoient  leuçs  n d’u- 
ne maniéré  fort  retentifiante  , en 
quelque  endroit  d’un  mot  où  elle^ 


- É5>4  Liv.1I.Ch  ï.  I>esT>ifhth . 

fe  trouvaient , & comme  s’il  y avoit 
une  voyelle  au  bout  : & qu’il  avoir 
même  eu  des  Maîtres  de  Langue  en 
Efpagne  & en  Italie  qui  lui  avoient 
montré  a prononcer  les  » devant  les 
confortes  comme  s’il  y avoit  quel- 
que peu  du  Son  d’une  voyelle  ; & 
qui  lui  avoient  appris  â prononcer 
ces  mots,  tempo,  confejo , f h ente , à 
peu  près  comme  nous  les  prononce- 
rions , fi  nous  les  trouvions  écrits  en 
la  maniéré  qui  fuit,  temepo,  conefejo » 
fnenete  ,•  mais  prononçant  Ye  qui  pa- 
roît  dans  ces  trois  mots  avec  tant  de 
promtitude  , qu’on  ne  s’en  apperce- 
voit  prefque  pas , & à peu  près  com- 
me nous  entendrions  celui  de  Ye  qui 
fe  trouve  dans  le  mot  de  ta  fêtas, 
qu’on  pourroit  dans  un  befoin  faire 
de  deux  (ÿllabcs,  en  prononçant  taf 
tas.  Je  demeurai  d’accord  avec  lui 
de  ce  qu’il  difbit  de  la  maniéré  que 
les  Etrangers  prononcent  nos  n : 
mais  comme  notre  maniéré  de  pro- 
noncer ces  n dans  les  mots  de  leur 
Langue,  leur  paroîtroit  barbare  (s’il 
4ifious  eft  permis  de  fr  fervir  de  ce  ter- 
me) à la  mode  des  Romains  qui  ap- 


Trifhth.  à-  Uonophth.  195 
pelloient  barbare  tout  ce  qui  n’ètoit 
ni  de  leur  pais , ni  conforme  à leurs 
maniérés  de  faire  & de  parler  , la 
leur  pourroit  bien  palier  pour  bar- 
bare parmi  eux  *,  & encore  plus  dans 
la  bouche  d’un  François  que  dans 
celle  d’un  Etranger , & meme  d’un 
Gafcon  , dans  la  bouche  duquel  elle 
eft  moins  dèfagreable  , parce  qu’elle 
paroît  plus  naturelle. 

phil . Pour  moi  je  ne  trouve  point 
étrange  qu’un  Gafcon  prononce  ces 
n de  même  , parce  qu’il  le  fait  par 
une  habitude  qu’il  a contrariée  dès 
l’enfance  : j’ofe  même  avancer 

- qu’un  peu  de  cet  air  de  prononcer 
ces  » à la  mode  des  Gafcons  mêlé 
dans  une  prononciation  bien  régu- 
lière, n’y  fieroit  pas  mais  mais  il  ne 
faudroit' pas  qu’elle  fût  imitée  *,  il 
faudroit  qu’elle  fut  toute  naturelle  , 
& dans  la  bouche  même  d’un  Gafcon 
qui  parleroit  bien  j car  elle  paroitroit* 
ridicule  & affe&ée  dans  la  bouche 
d’un  Parifien,  ou  d’un  autre  Fr:n- 

çois.  â 

Dam.  Continuons , s’il  vous  plair, 
nos  préceptes. 


Liy.  IL  Ch.  I.  DesDiphth. 

De  la  prononciation  des  Monoph - 
thongues , am , em  3 an , aon  , 
en. 

Phil.  Ce  s monophthongues  fe  pro- 
noncent  par  tout  comme  Ta  fylL.be  a », 
en  la  maniéré  que  je  viens  de  vous 
dire , fans  appuyer  fur  l'articulation 
de  IV.  Prononcez  donc  , ambre  3 
Adam,  plan,  paon , faon , ancre  de 
Navire  , encre  à écrire  > comme  s’il  y 
avoit  anbre , plan  , pan  , fan  , ancre. 
Exceptez  les  m du  mot  d ’ Amjler dam, 
& de  tous  les  noms  des  Villes  ou 
Bourgs  de  Hollande  ou  du  Nort  ter* 
mines  en  am  , comme  Rotterdam  , 
Saddam  , Opdam  , &c.  Quelques- 
uns  exceptent  auflî  Vm  finale  du  mot 
Abraham  ,•  & je  croi  qu’ils  ont  rai  Ion. 
comme  aufli  celle  du  mot  de  Siam , 
Royaume  dans  les  Indes  , dont  les  m 
* retiennent  leur  Son  naturel.  Exceptez 
auflî  IV  qui  fe  trouve  à la  fin  des  mots 
qui  fuivent , Amen  , hymen , examen, 
qui  retiennent  auflî  leur  Son  naturel 
auflî-bien  que  celui  de  leurs  e ; car  on 
prononce  ces  mots  comme  en  Latin* 


Triphth.  & Monophth , 19J 

Autres  Exceptions , 

Exceptez  auflî  les  dernieres  fyllabes 
de  ces  mots  , Cananéen , Caldéen  , 
Caliléen , dont  IV  de  la  fÿllabe  en 
retient  fa  • prononciation  naturelle 
comme  en  Latin  : il  ne  faut  donc 
pas  prononcer  Caldéan  , mais  Cal- 
déen, 

Le  mot  Européen  , fe  prononce 
pourtant  comme  Européan. 

On  excepte  encore  le  mot  benja- 
min , & celui  de  benjoin , où  l’e  de  la 
monophthongue  en  , retient  fa  pro- 
nonciation naturelle.  Ne  prononcez 
donc  pas  banjamin , ni  banjo  in , mais 
benjamin,  & benjoin, 

(•  fl  'lli-  * r : ' . » * V • * 

Exception . 

Vo  dans  le  mot  faor.ner , qui  fe 
dit  d’une  Biche  lorfqn’elle  fait  des 
faons  , fe. prononce.  Dites  donc  fa - 
o-ner  t & non  pas  faner,  félon  la 
Réglé  générale  ci -deflùs,  dont  ceci 
cft  une  Exception.  N 


2.9S  Lîy.II.  Ch.I.  DesDtpkth* 

Art.  II.  DesU$mphthongu.es 
aim , ain , & cin. 

Ces  monophthortgues  fe  pronoh- 
cent  toutes  comme  notre  fyllube  fi- 
nale ain  , ou  ci*.  Prononcez  donc 
ces  mots,  ejfàim , faini , pain,  plein, 
plainte  i &e.  comme  s'ils  è' oient  è- 
crits  en  la  manière  qui  fu  t , ejfain  » 
féi'iè , pain  , plain  * plainte  * fans  faire 
Tonner  1 m ou  ïn  qui  termine  la  fyl- 
labe. 

•Arï.  III.  Des  Monophthongues 
im  j & in* 

> * * .;  • * ‘A.  f • •“  . ' 

La  monophthongue  if* , ne  fe  tjroto- 
ve  gueres  qu’au  commencement  des 
mots.  Elle  a une  prononciation  très- 
difficile  en  notre  Langue  pour  ceux 
qui  n’y  font  pas  accoutumés  » & par- 
ticulièrement pour  les  Parifiéns  qui 
n’ont  paS  étudie  » ou  qui  nont  point 
encore  fait  de  féjour  dans  les  Pro- 
vîntes $ car  on  remarque  que  lès 
gens  de  Province  n’ont  pas  tant  de 
peine  à la  prononcer  t mais  ils  ne 


7'rtpbth . Ô*  Monophfh»  199 
font  point  d’exception  de  la  Réglé 
que  j’en  vais  donner  ; qui  eft  , que 
cette  monophthongue  fe  prononce  à 
peu  près  comme  nos  habiles  Régens, 
& particulièrement  les  Jéfuites  , nous 
font  prononcer  la  (yllabe  in , en  ces 
mots  : Index  , tinttwn  , inflruere  } 
c eft-à-dire  ( pour  me  faire  entendre  , 
fi  je  puis  aux  Etrangers , fans  le  fe- 
cours  de  la  vive  voix  ) qu’il  faut  un 
peu  rabattre  le  Son  de  1 ’i  fur  Vm, , 
{ans  faire  toucher  le  bout  de  la  lan- 
gue au  palais.  Prononcez  donc  ces 
mots  , importun  , impie  , imparfait  -, 
Sec.  comme  vous  prononceriez  les 
premières  fyllabes  de  c es  mots  Latins, 
import  un  tu , impius , imper fettus , fans 
pourtant  faire  fonner  votre  m i Se 
non  pas  comme  s’il  y avoir , appor- 
tant , ainpie , ainparfait , comme  fait 
la  plupart  de  la  Bourgeoific  de  Paris, 
& même  quelques  gens  au-defliis 
d’eux  : les  uns  faute  de  {Ravoir  le 
bon  ufage  , Se  les  autres  manque  de 
robferver. 


3oo  Liy.'IL  Ch.  I.  Des  Diphtb. 

Art.  IV.  T>e  la  Monophthon- 
gue ? in. 

Cette  monophthongue  fc  pronon- 
ce de  même  que  la  monophthongue 
im , & fuit  auiîi  les  mêmes  Réglés  SC 
les  mêmes  Exceptions. 

Avertrjfement  fur  les  Exceptions 
des  Monophthongue  s im , & in. 

La  monophthongue  im  , ou  in9 
précédée  d’une  conione , ou  des  let- 
tres , Ce  prononce  toujours  conf- 
ine ain , ou  ein , comme  vous  voyez 
par  ces  mots , yftæple , mince  , ja (min, 
quinte.  Prononcez  donc  ces  mots  , 
comme  s’il  y avoit  un  4 , ou  un  e , 
devant  Vin , en  la  m inière  qui  fuit , 
fiinple  , mcttnce  , j afin  ain , qu  attire  ; 
& non  pas,  Jtnpte , jafbtin  > & quinze, 
comme  font  la  plupart  des  gens  de 
Province , qui  la  prononcent  comme 
on  la  prononce  en  Latin  dans  le  mot 
de  tinffum.  Mais  lorlque  cette  mo- 
nophthongue im  , ou  in  , fe  trouve 
au  commencement  d’un  mot  , (ans 


Triphtb . & Monophth.  3GI 

qu’elle  (oit  précédée  d’aucune  con- 
cerne , elle  fuit  la  Rcgle  que  j’ai 
propofee  en  l’Article  précèdent  , & 
comme  vous  pouvez  voir  aux  pre- 
mières fyllabes  des  deux  mots  fui- 
vans  , importun  , ingrat  ; car  il  y a 
bien  de  la  différence  entre  le  Sonde 
première  fyllabe  du  mot  ingrat , Sc 
celui  de  la  première  fyllabe  du  mot 
pinte.  Il  fèroit  à propos  que  les  Pré- 
cepteurs fifTent  (ouvent  prononcer 
ces  fortes  de  fyllabes  & de  mots  à 
leurs  Ecoliers.  En  voici  quelques 
Exemples  qu’on  pourroit  leur  don- 
ner , pour  les  exercer  dans  la  pronon- 
ciation de  ccs  fortes  de  fyllabesr 

Mots  commencés  par  im  & par 
in , é*  dont  U faut  prononcer  U 
première  fyllabe  comme  celle  de 
tin&um. 

Imparfait,  impatient,  im pie  , im per- 
tinent, importun  , imprudent , imputer » 
Info  lent , incommode , incident , injure? 
ingrat  j incifon * 


joi  Liv.  II.  ChI.  DtsPifhth* 

Mots  ou  la  Monôpbthongue  im  y 
ou  in , efl  précédée  d'une  confia 
, ne  > & où  cette  Monophthongue 
fe  prononce  comme  U fyllahe 
iain. 

Prine* , Chérubin  , Séraphin  , jafi- 
min  , épingle  , du  vin  , Mede cin  , 
jfeftin  , v«fin  , coufin , Martin , quin- 
ze , Charlv-Qtfnz  , quin toi , & le 
refte  , qu’il  faut  prononcer  comme 
j’ai  déjà  dit  en  la  maniéré  qui  fuit  * 
défiai n , Martain  , quamzje , & c. 

Les  Maîtres  de  Langue  qui  mon- 
trent le  François  aux  Etrangers  , doi- 
vent auffi  observer  cette  méthode. 

Avertijfement. 

Les  Parifîens  devroient  bien  prenfi 
dre  garde  à obferver  cette  pronon- 
ciation d’<»,  au  commencement  d’un 
mot  \ car  il  y en  a quantité  qui  le 
prononcent  comme  ai n , & qui  di- 
fent  un  aingrat , pour  dire  un  ingrat. 
Il  n’y  a rien  qui  fente  tant  le  Badaut 


Tripl  th.  & MoMphth*  30$ 

que  cftie  pionortciation. 

Les  gens  de  Province  font  une  fau- 
te toiite  contraire  *,xar  ils  prononcent 
fans  aucune  exception  > toutes  les 
monophthongues  in  , foit  qu’elles 
fbient  précédées  d’ütie  eônfone,  Ou 
non , comme  Vin  dans  le  mot  Latin 
de  infiruere. 

Refit  arque* 

L*  fe  féparé  de  fà  monôphthon- 
güe  dans  le  mot  de  divin  , quand  il 
eft  fuivi  d’un  fubftantif  commencé 
par  une  voyelle  , pour  fe  joindre  au 
mot  qui  le  fuit,  comme  divin  amour * 
Prononce^  donc , divi-n  amour* 

Autre  Remarque . 

Quoique  le  mot  vinaigre  patoifïè 
être  de  deux  mots , fçavoir  de  celui 
de  vin*  & de  celui  à’aigïè  , il  n’en 
fait  pourtant  qu’un  dans  la  pronon- 
ciation , & dans  l’Ortographe  aufli. 

Dam*  Quelle  raifon  pouvez  -vous 
"donner  de  ces  diftinétions  de  p 


$ô4  Liv.  IL  Ch.  I • Des  Dhhfhl 

noncer  ces  monophthongues  tm  > oïl 
ifi  ? 

phil.  Il  n’y  en  a pas  d’autre  à don- 
ner que  celle  de  l’uiàge. 

Art.  V.  Des  Monophthongues 

om,  & on  } um,  dr  un. 

Nous  n’avons  rien  à dire  de  ces 
monophthongues , linon  que  nous  les 
prononçons  comme  nos  habiles  Re- 
gens nés  & élevés  à'  Paris , pronon- 
cent ces  mots , Confcriftm , Angélus, 
& cmlhu  , &c.  en  rabaiflant  & en 
obfcurcifïant  ( comme  j’ai  déjà  dit 
de  ces  fortes  de  monophthongues  ) 
tant  foit  peu  le  Son  de  l 'o  > ou  de 
Vu  , fans  faire  toucher  le  bout  de 
la  langue  au  palais  , pour  empê- 
cher l’entiere  articulation  de  Vm , oii 
de  Y».  Prononcez  donc , concombre  > 
humble  , défunt , &c.  comme  concon- 
bre , hunble , défun  , fans  faire  fonner 
les  ». 

Remarque . 

L’»  du  mot  de  Convent , le  change 
en  u y dans  la  prononciation.  Ainfi 


Triphth.  & Monophth.  305 
®n  prononce  Couvent , quoi  qu’on 
écrive  Convenu  Mais  il  n’en  eft  pas 
de  même  des  mots  qui  en  dérivent, 
comme  Conventuel , conventuellement , 
qui  fu  vent  la  Réglé  de  leurs  mo- 
nophthongues. 

Remarque  fur  toutes  les  Monoph - 
thon  gués  terminées  en  m , ott 

en  n. 

Um  , ou  Yn , de  ces  fortes  de  mo- 
nophthongues  étant  fuivie  d'une  au- 
tre m , ou  d’une  n,  dans  un  même 
mot , fe  fcpare  de  fa  voyelle  , pour  fe 
joindre  à Ym  qui  la  fuir,  & qui  ( fui- 
vant  le  génie  de  notre  prononciation  , 
qui  eft  de  prononcer  toutes  nos  con- 
fones  doublées  comme  fi  elles  ètoient 
fimples  ) ne  fe  prononce  aufli  que 
comme  une  fimple  n?  * ou  ».  Pro- 
noncez donc,  Epigrammc , dilemme , 
pomme  , canne  , garenne  , innocent  % 
bonne  ; comme  fi  ces  mots  ètoient 
ainfi  marqués  , Epigra-me , dilc-me  , 
po-me , ca-ne , gare-ne , i-noçant , bo- 
ue ; 8c  non  pas  , Epigran-me , dilen - 
me , pon-me , can~ne,  garen-nCi  in-no- 


30 6 Liv.  II.  Ch.  T.  Des  Diphth, 

cant , comme  font  les  Normans. 

1 * - . * ' « i#  » 

* Exceptions. 

Exceptez  ce  mot  emmener , dont  1» 
monophthongue  fuit  la  Réglé  -géné- 
rale en  toute  fi  conjugaifon.  Pro- 
noncez donc  , an-mener , &c.  comme 
auffi  ces  mots  , ennuy , ennuyer , & 
leurs  dérivés , dont  les  monôphthon- 
gues  fuivent  aullî  leurs  Réglés  géné- 
rales , & dont  IV  fe  prononce  comme 
un  a.  Prononcez  donc , ennuy  , en- 
nuyer > ennuyeux , &c.  comme  s’il  y 
avoir,  an-nuy , an-nuyer,  an-nuy eux. 

Dam.  Les  Normans  n’ont  pas  tant 
de  tort  de  prononcer  yom-mc , 8c 
can-ne , puifquc  ces  mots  font  orto- 
graphiés  avec  deux  m , & deux  n . 
Car  ces  deux  m aflèmblées  dans  un 
même  mot  marquent  la  maniéré  dont 
il  les  faut  prononcer , parce  que  l’u- 
ne doit  appartenir  à la  première  fyl- 
labe,,  & l’autre  à la  fécondé  -,  & cela 
étant  elle  demeure  monophthongue, 
& le*  doit  prononcer  comme  toutes 
les  autres  : l autre  m , étant  fiiivic  d’u- 
ne voyelle,  fait  une  autre  fyllabe , qui 


Tripkth.  & Monopkth . 307 

Çt  prononce  comme  nos  autres  Sylla- 
bes communes. 

Phil.  Il  fe  peut  faire  que  ces  mots 
ayent  été  épelés  autrefois  en  la  ma- 
niéré que  vous  le  propofcz  , & que 
les  Maîtres  d’Ecole  le  faflent  encore 
èpelei  de  même  aux  Enfans  Normans  : 
ce  qui  auroit  peut-être  donné  occa- 
f\oh  de  faire  une  monopkthonguc  de 
la  première  Syllabe  du  mot  de  pommey 
& d’autres  lèrablables  , & une  Sylla- 
be commune  de  la  derniere , en  pro- 
nonçant ces  fortes  de  mots.  Car  les 
Normans  n’articulent  pas  cette  m , 
ou  n finale  autrement  que  nous 
quand  elle  eft  Suivie  d’une  confone. 
Il  fe  pourroit  faire  auflî  qu’autrefois 
nos  Ancêtres  ayent  prononcé  les  m & 
les  n doublées  de  leurs  mots,  comme 
on  les  prononçoit  en  Latin , & com- 
me nous  prononçons  & épelons  ces 
mots  , flamma , Epigrœmma , anttus, 
fefant  fonner  & retentir  Vm  ou  V» 
de  la  première  Syllabe,  comme  nous 
félons  lonner  Vm  & Vit  finales  des 
mots  Amfterdam , & Amen  $ & qu'ils 
ayent  prononcé  Vm  ou  1’»  de  la  Syl- 
labe Suivante , comme  nous  les  prô- 


308  Liv.  II.  Ch.  T.  Des  Diphth, 

nonçons  quand  elles  le  - trouvent  att 
commencement  d'un  mot  immédia- 
tement devant  une  voy.lle  , comme 
je  le  viens  d,e  faire  voir  par  le  mot 
de  jiamnta. 

Il  fe  peut  faire  aulfi  qu’on  ait  autre- 
fois épelé  nos  deux  mm , ou  nos  deux 
nn  , toutes  deux  enfemble  dans  une 
fyllabe  , en  fefant  deux  mouvenJens 
redoublés  coup  liir  coup  du  bout  de 
la  langue  & des  lèvres  * pour  la  pro- 
nonciation des  deux  mm  doublées  ; 
ou  en  repliant  le  bout  de  la  langue 
vers  le  palais,  & le  touchant  avec 
force  , pour  articuler  diftin&ement 
& feparément  les  deux  Sons  des  deux 
nn  comme  vous  pouvez  fort  bien 
remarquer  en  l’aflbmblage  que  je 
fais  des  lyllabes  des  mots  juivans  , 
Epï.gra-mmc , po-mme , bo-nne , qu’on 
a peut-être  fait  épeler  aux  Enfans  en 
la  maniéré  qui  fuit , pé , o , po , deux 
èmmes  , e , mme , pomme  ; bé,  o, 
ho  , deux  ènnes  , e , nne  , bonne. 

Je  marque  ces  deux  confones  dou- 
blées tout  proche  l’une  de  l’autre  » 
pour  mieux  faire  comprendre  la  dif- 
férence qu’il  y a entre  la  prononcia- 


Yriphth.  & Monofihth,  309 

tion  que  les  Normans  font  de  ces 
fortes  de  confones  doublées,  & celle 
que  nos  Ancêtres  en  fcfoient  5 car 
autrement  j’aurois  pû  les  féparer  , 8c 
en  mettre  une  fur  une  fyllabe  , 8c 
l'autre  for  celle  qui  la  fuit  , en  la 
marquant  ainfi,  Ep'tgram-me , comme 
on  les  èpele  en  Latin  : Mais  à canfc 
que  cette  maniéré  d’épeler  m’a  déjà 
lèrvi  dans  cet  Article , de  démonftra- 
tion  pour  la  maniéré  de  prononcer 
des  Normans  , , j’ai  crû  qu’écrivant 
Epigra-mme  ainfi  , la  difon&ion  en 
auroit  été  plus  fenfible.  Mais  foit 
que  nos  Aniêcres  ayent  prononcé  nos 
m 8c  nos  » doublées  comme  les  La- 
tins , ou  qu’ils  les  ayent  prononcé 
comme  les  Normans  , ces  maniérés 
de  prononcer  font  hors  d’ufige  , & 
je  ne  doute  pas  que  notre  Ortographe 
ne  s’y  conforme  dans  quelques  an- 
nées , puifqu’on  a déjà  commencé  à 
fopprimer  une  partie  de  nos  confo- 
nes doublées.  Revenons  à nos  Ex- 
ceptions. 

Exception  de  l’Exception. 

Ve  de  la  première  fyllabe  du  mot 


jio  Liv.  II.  Ch.  I.  Des  Dtyhfh. 

de  femme , fe  pronoace  comme  un  de 
Prononcez  donc  , famé  ; & l'épelez 
ainfi , efFe , c , fa,  deux  èmames  , e , 
me  -,  famé.  Je  dis  épelez  ainfi  , 
parce  que  nous  prononçons  toutes 
les  confones  doublées  qui  fe  trouvent 
dans  nos  mots , comme  fi  elles  ètoient 
. fimpks.  Voyez  le  Chapitre  de  Ig 
maniéré  d’èpeler  les  Confones. 

Le  premier  e du  mot  folennel,  & de  lès 
dérives  , fe  prononce  comme  un  a. 
Prononcez  donc  , fola-nel , fuivant 
notre  Réglé  pour  les  Confones  dou- 
blées. On  a écrit  autrefois  ce  mot 
avec  une  m & une  »,  folemnel , fb- 
lemnitê , & on  l’a  prononcé  comme 
on  l’ècrivoit  ; & il  fe  prononce  en- 
core de  même  en  de  certaines  Pro- 
vinces. Depuis  on  l’a  prononcé  avec 
un  *,  en  fêlant  fonner  Ym  : & enfin, 
on  a fupprimé  tout-a-fait  la  pronon- 
ciation de  cette  m . 

Autre  Exception. 

Um  fe  prononce  dans  les  autres 
mots  de  notre  Langue , quand  elle 
eftfuivie  d’une  »,  comme  nous  pro- 


Triphth.  & Monophth . 311 

lionçons  vrnnis  en  Lutin  \ c’eft-à-dire, 
que  ces  deux  lettres  jointes  enfem- 
|>Le , gardent  chacune  leur  Son  naturel 
& retentilïànt.  Prononcez  donc  ces 
mots  , calomnier , calomnie , calom- 
nieux i &c.  Agamemnon , Hymne  , 
jcomme  ü vous  les  trouviez  écrits  dans 
quelque  difc.ours  Latin.  Prononcez , 
indemnifer , &c.  indemnité  de  même, 
à la  relèrve  de  le  de  la  première 
lÿllabe  qu’il  faut  changer  en  a.  Ainfi 
il  faut  dire , indemnité,  tndamntfer . 

Ve  change  aufli  fon  nom  en  a en 
•toutes  les  autres  monophthongues 
■terminées  tn  em , fuivies  d’une  autre 
m # comme  en  ces  mats , apparem- 
ment , ardemment , différemment , &c. 
qu’il  faut  prononcer  comme  s’il  y 
avoit , ap par  aman , ardaman  , diffe - 
raman, 

Exception. 

On  ne  prononce  point  \m  de  la 
•lÿllabe  dam > au  mot  de  damner,  & 
en  tous  fes  dérivés , où  elle  fe  trouve 
fuivie  d’une  » ; mais  l’élifion  de  cet- 
te m dans  la  prononciation  rend  la 
lÿllabe  longue.  Prononcez  donc  , 


3i  i Liv.  II.  Ch.  I.  fies  Diphth* 

damné , condamné  , condamnable  » 
comme  fi  vous  les  trouvi.z  ainfi  mar- 
qués , ddné  j conddné , oondanable  , 
&c. 

Art.  VI.  Z)£  /«  prononciation 
des  Monophthongues  ail,  eil , 
il,  œil,  eüilj  üeil. 

Ces  fortes  de  monophthongues  ne 
fe  trouvent  jamais  qua  la  fin  des 
mots  , comme  en  ceux  - ci , travail , 
Soleil , péril,  l'œil,  cerfeiiil , cercueil. 
r>  On  a bien  de  la  peine  à faire  com- 
prendre aux  Etrangers  la  maniéré  de 
prononcer  ces  fortes  de  monoph- 
thongues , autrement  que  de  vive 
vo  x : car  ( exceptez  les  Efpagnols  & 
les  Italiens  , qui  connoifiênt  cette 
prononciation  comme  nous  par  leurs 
lettres gl , &c  par  leur  double  II)  il  y a 
très-peu  de  Nations  à qui  la  pronon- 
ciation de  ces  fortes  de  fyllabcs  (oit 
pleinement  connue  comme  à nous. 
Il  en  faut  pourtant  dire  deux  mots  : 
peut-être  que  la  lecture  qu’on  en 
fera  avec  attention , ne  fera  pas  inu- 
tile aux  Etrangers  qui  voudront  ap- 
prendre 


T riphtb.  & Monophth,  31J 

prendre  la  manière  de  former  les 
Sons  moiiillés  de  ces  fortes  de,  mo- 
nophthongues. 

Nous  formons  cette  prononciation 
par  le  moyen  d*un  Son  mouillé  que 
nous  félons  de  celui  de  17 , avec  ce- 
lui de  \'l9  par  deux  differens  mouve- 
mens  de  la  langue,  dont  l’un  fait  un 
Son  lâche  Sc  un  peu  humide , & l’au- 
tre un  Son  ferme  & fec  : celui  de 
17 , qui  eft  le  Son  humide  , fe  forme 
par  un  mouvement  que  la  langue  fait 
en  s’élargiflant  tout-à-fait  par  les  cô- 
tés & par  le  bout,  & en  fc.  courbant 
par  le  milieu  vers  le  palais  *.  & le 
Son  de  17 , qui  eft  le  Son  fec , fc 
forme  par  un  autre  mouvement  tout 
contraire  de  la  langue , qui  s’étre- 
cilTant  par  les  côtés  & par  le  bout  , 
fe  redrellè  contre  le  palais  vers  les 
dents  d’enhaur.  Le  Son  de  17  , 
coupe  l’articulation  de  celui  de 
17  ; & celui  de  17,  empêche  la  for- 
mation parfaite  du  Son  de  17  : 
Ainfi  de  ces  deux  Sons  à demi  arti- 
culés , il  fe  forme  ce  Son  moüil.é 
que  nous  fefons  en  prononçant  les 
deux  lettres,  il,  qui  fe  trouvent  â la 

O 


3i4  Liv.  II.  Ch.  I.  DesDiphth. 

fin  de  ces  monophthongues , comme 
vous  pouvez  vous  appercevoir  en 
prononçant  la  derniere  fyllabe  des 
mots  fuivans , travail  ,fommei\ , Vœi\. 

- * N ‘ 

Exceptions. 

Exceptez  de  cette  Régie  tous  les 
mots  terminés  en  il , fans  autre  voyel- 
le devant  Vil  final , comme  vous  voyez 
en  ces  mots  , civil , fil , il  j viril,  exil , 
dont  17  finale  garde  un  Son  fec  & 
naturel  : car  nous  n’avons  que  le 
feul  mot  de  péril,  & celui  de  babil, 
de  tous  les  mots  de  cette  terminaifon, 
dont  la  derniere  fyllabe  ait  un  Son 
mouillé. 

Autre  Exception. 

VI,  au  mot  gentil,  ne  fe  prononce 
pas  i la  derniere  fyllabe  de  ce  mot 
produit  un  Son  mouillé  en  la  pro- 
nonçant, lorfqu’il  eft  fuivi  du  mot 
d homme.  Ainfi  on  dit,  Gentillome  , 
& non  pas  Gentilome  , comme  beau- 
coup de  gens  de  Province  difent , 
quand,  ils  prononcent  le  mot  de 


Triphth.  & Monophth . ^ij* 
Gentilhomme . On  ortographie  des 
Gentils-hommes  au  plurier,  8c  on  pro- 
nonce des  Gentizjême.  Les  Normans 
difent  Genteillomme  ; mais  il  ne  faut 
pas  les  imiter. 

Remarque . 

Il  y a une  remarque  à faire  fur 
1 Ortographe  de  ces  deux  monoph- 
thongucs.  eüil , & üeil  ; qui  eft  , 
qu  après  le  g 8c  le  c,  il  faut  écrire 
ueil , dans  qu  il  (bit  befoin  de  mettre 
deux  petits  points  au-dcflus  de  Vu  ; 
parce  que  le  g 8c  le  c qui  precedent 
Vu  de  cette  forte  de  fyllabe  / empê- 
che de  Ce  méprendre  en  le  prenant 
pour  un  H confone  , comme  vous 
voyez  en  ccs  mots , orgueil , cercueil , 
écueil , recueil , où  il  eft  impoflible 
que  vous  prononciez  Vu  de  ces  mots 
autrement  que  comme  un  u voyelle  : 
& cela  ètanc , vous  n’avez  que  faire 
de  diftinguer  par  l’écriture  la  pro- 
nonciation de  cet  u . Mais  pour  ce 
qui  eft  de  la  monophthongue  eüil, 
il  faut  neceftàirement  marquer  Vu  qui 
«*y  trouve  de  deux  points  au-ddlùs^ 

O ij 


jï6  Liv.  II.  Ch.  I.  Des  Diphtlj. 

pour  marquer  que  ce  n’eft  pas  un  u 
confone,  principalement  dans  récri- 
ture *,  autrement  ou  prononceroit 
c-vil)  pour  eiiil  ,•  de-vil , pour  deuil  ; 
favte-vil , pour  fauteuil.  Pour  dans 
les  Impreflions , il  n y auroit  pas  grand 
mal  quand  on  ne  marqueroit  plus  du 
tout  ces  h voyelles  , puifqu’on  com- 
mence à Te  fervir  par  tout  des  v 
ronds , où  les  u Tonnent  comme  des 
confones  -,  & qu’on  ortographi efervù 
teur  , & non  pas  feruiteur. 

Art.  VII.  De  la  prononciation 

de  la  Monophthongue , ol. 

Cette  monophthongue  Te  pronon- 
ce par  tout , comme  on  prononce  en 
Latin  le  mot  de  fol.  Prononcez  donc 
la  derniere  fyllabe  des  mots  qui  fui- 
vent  de  même  , parafol,  'vitriol,  viol , 
vol , entrefol  > Rojfgnol,  &c, 

Exception. 

On  excepte  de  cette  Réglé  les 
quatre  mots  fuivans , col , licol , fol , 
fol , dont  la  fyllabe  ol  Te  prononce 


Triphth.  & Monophth . 317 

! comme  notre  double  voyelle  0u . 
Prononcez  donc  , cou  , licou  , /à#  , 
fou.  Plufieurs  commencent  à orto- 
graphier  ces  quatre  mots  comme  oa 
les  prononce. 

. Exception . 

Quand  col  lignifie  un  palïagc  entre 
deux  montagnes,  pour  lors  il  luit  la 
Réglé  générale  , & garde  fa  pronon- 
ciation naturelle.  Comme  aulîl  en 
parlant  des  parties  du  Corps  humain, 
il  faut  dire , le  col  de  la  matrice , le 
col  de  la  vejfie  ; pour  dire,  l'entrée 
ou  r embouchure  de  la  matrice , ou 
de  la  vejfie . 

fin  du  Chap.  des  Monophthongues . 

jr-  " ^ „ 

;.V  • 

.? ?, . > KL'-y*- - ‘ * * 'd* , j/P'  *•.-*'  I , , V-V 


3i$  Liv.  II.  Ch.  II.  Des  Diphth* 


CHAPITRE  IL 

DES  DIEHTHONGVESy 
Et  de  la  maniéré  de  les  frononccr. 

P H il  inte.  Je  vous  ai  déjà  dit, 
que  la  Diphthongue  eft  une  fyl- 
labe  qui  a deux  voyelles  , dont  on 
fait  valoir  les  deux  Sons , comme  vous 
voyez  en  celles  qui  font  en  ces  mots, 
cotfe , hier , puijfance.  Ainfî  il  eft  inu- 
tile d’en  parler  davantage. 

Dam.  Je  comprens  parfaitement 
ce  que  c’eft  que  Diphthongues  : 
Mais  dites-moi , je  vous  prie , com- 
bien nous  en  avons  ? 

Phtl.  Nous  avons  dix  Diphthon- 
gues en  notre  Langue  , qui  font , ia  , 
ie , te  h , io  , oi  , ni , eau,  ou  a , eue  , 
oïii , ou  ony.  En  voici  des  Exemples  : 
Diabolique-,  lif-vre,  lieu , pio-che  Rou- 
vrir , puif  - fance  , fce~au , foii-age  , 
fouet,  oui , ou  <?«y. 

Ces  Diphthongues  ne  font- 
elles  point  fujettes  à conteftation  > 


Triphth.  &Monophth.  $1$ 
JPhil.  Quand  elles  le  feroient  , ce 
ne  pourroit  être  qu’en  Poëfe  , ou 
dans  quelque  difcours  foûtenu , où 
on  eft  quelquefois  obligé  de  pronon- 
cer toutes  les  {ÿllabes  fort  diftin&e- 
ment.  Mais  il  eft  certain  que  dans 
un  difcours  familier,  elles  font  non 
feulement  inconteftables  dans  les 
Exemples  que  je  viens  de  nommer , 
mais  encore  dans  ceux  dont  ces 
Diphthongues  fe  féparent-  en  deux 
fyllabes  dans  les  Ouvrages  de  Poëfie , 
comme  dans  ces  mots  , violent  > vio- 
lence  , viol  , &c.  Diocefe  , période  > 
Galiote  , diamant , union  , publier  , 
Louis , &c.  où  on  les  doit  prononcer 
en  lifânt  en  la  maniéré  qui  fuit,  vi-o - 
tant,  vi-o-lance , vi-ol  9 &rc.  Di-o-ce-fe , 
pe-ri-o-de  , Ga-li-o-te  > di-a-mant  , 
H-ni  on  , pu-bli-ery  Lou-is , &c;  Ce 
qui  n’arrive  pas  dans  la  Profe  , où  on 
entend  fort  intelligiblement  pronon- 
cer à ceux  qui  parlent  bien , ces  dou- 
bles voyelles  comme  des  Diphthon- 
gues , en  la  maniéré  qui  fuit , vio - 
lant  ■>  vio-lance  , viol  ; Dio-cefe , pe- 
rio-de , Ga-lio-te , dia-mant , u-nion  ? 
pu  blier > Loü-is, 


510  Liv.  II.  Ch.  II.  Desbiphth. 

Réglé  I.  De  U biphthongue , 

ia. 

II  n’y  a rien  à dire  de  la  diphthon- 
gue,  ia>  finon  qu’en  Poëfie  elle  eft 
prefque  toujours  de  deux  voyeües. 
Exceptcz-en  ces  mots,  milliaffe , mil - 
, diable  , diabolique  , où  les 
deux  Sons  de  m , font  renfermés 
dans  une. feule fyllabe. 

Reg.  II.  De  U Dlphthongut 
ie  j ou  ié. 

Nous  n’avons  de  véritables  diph- 
thongues  dans  les  Ouvrages  de  Poc- 
fie  aux  fyllabes  finales  des  mots  ter- 
minés en  ié , qu’en  la  terminaifon 
de  ces  mots , pitié,  moitié , amitié  , 
inimitié , ; & en  leurs  pluriers  , 

comme  les  piés , tes  amitiés , &c. 
Dans  les  autres  mots  cette  fyllabe  f« 
fépare  en  deux,  comme  marié.  Pro- 
noncez donc  en  lifânt  des  Vers , ma- 
ri-é. 


Triphth.  & Monophth.  311 

Reg.  III.  De  la  prononciation 
des  fyllabe s finales  ie  , ies  , ye, 
y es , fans  accent  fur  les  e. 

Ve  de  la  {yllabe  finale  ie  8c  tes  , 
ye  8cyes  , fe  fait  très-peu  fentir  : mais 
il  a la  propriété  de  rendre  longue  la 
voyelle  i qui  le  précédé,  comme  vous 
pouvez  remarquer  en  ces  mots  , copie, 
maladies  , orties , j’etudie  , il  ejfuye. 
Prononcez  donc,  copT , maladï , ortt, 
j’etudï,  il  eJpiT.  Mais  fur  tout  ne  man- 
quez pas  de  faire  entendre  le  Son  de  Ve 
de  cette  (yllabe,  mais  que  ce  (bit  d’une 
maniéré  aufli  peu  fenfible  que  Ve  qu’on 
entend  dans  le  mot  canevas , quand 
on  le  prononce  un  peu  vîte. 

Reg.  IV.  De  la  Diphthonguc 
iel,  ef  ien. 

Cette  diphthongue  eft  rarement  de 
deux  fyllabes  en  PoëJie. 

Remarque  fur  la  prononciation  des 
fyllabes  ien,  £7-  yen., 

La  fyllabe  ien , fe  prononce  comme 

O V 


'3 *2,  Liy.II.  Ch.  IL  DesViphth. 

tan  , ou  y an , quand  elle  fe  trouve 
entre  deux  conîbnes  , pourveu  que 
ce  ne  foit  pas  des  »,  comme  Audience, 
client  , clientèle  , patient , Oriental. 
Prononcez  donc  Audiance  , chant  , 
tliantele , paciant , OriantaU 

Exceptions. 

Exceptez  la  fyllabe  Un,  ou  yen, 
quand  elle  eft  fuivie  d’une  n , comme 
ia  mienne  , la  penne  , Payenne , &c. 
dont  Ve  retient  Ta  prononciation  na- 
turelle. Exceptez  auflï  la  fyllabe  Un, 
qui  fe  trouve  dans  la  conjugaifon  des 
verbes  tenir  8c -venir,  8c  de  leurs  com- 
pofés , comme  je  tiens,  tu  tiens,  il  tient, 
ils  tiennent  : je  tiendrai , 8cc.  je  fou - 
tiens , 8cc.  je  vien( , 8cc . je  viendrai, 
&c.  je  me  fouviens  , &c.  Exceptez 
auflï  celle  qui  fe  trouve  dans  le  mot 
de  Chrefiien , & fes  dérivés , comme 
Chrejlienne , S^c.  où  lV.de  cette  fylla- 
be ien,  garde  fa  prononciation  natu- 
relle. Exceptez  auflï  la  fyllabe  ien  , 
ou  yen , qui  fe  trouve  à la  fin  des 
mots  , comme  en  ceux-ci , entretien  , 
foutien , le  mien , le  fen,  Payen. 


Triphth,  & Monophth.  315 

K.  £ G.  V.  Ve  la  Syllabe  jînalç 
ient,  & yent. 

L'e,  P»  & Je  t de  la  fyllabe  ient, 
&yent,  ne  fe  prononcent  point  quand 
elles  Te  trouvent  à la  fin  des  dernières 
perfonnes  plurieres  des  verbes  termi- 
nés en  ter,  ou  en^*r,  au  moins  P# 
& le  t i car  on  entend  un  peu  le  Son 
de  Ve  qui  eft  femitiin  , & qui  par  con- 
fequent  eft  fort  fourd  & fort  foible> 
& qui  ne  laiftè  pourtant  pas  de  faire 
une  fyllabe , comme  vous  pouvez  voir 
en  ces  mots , ils  convient,  ils  etndient , 
ils  ejfnyent.  Prononcez  donc  ces  mots 
comme  s’ils  ètoient  écrits  , î convï , 
iz,  etudï,  izj  ejfuï.  Mais  il  faut  faire 
entendre  un  Son  fourd  & prefque 
imperceptible  d’un  e , incontinent 
-après  la  prononciation  de  P; , ou  de 
P y-grec  de  la  fyllabe  finale  de  ces 
fortes  de  mots.  Il  eft  bon  aufli  en 
lifant  des  Vers  , & meme  quelque- 
fois dans  un  difeours  foutenu  , de 
faire  fentir  le  t final  de  ces  fortes  de 
terminaifons  , quand  elles  (ont  im- 
médiatement fuivies  d’un  mot  qui 


324  Liv.  ÏÏ'r  Ch.  IL  Des  Dipith» 

commence  par  une  voyelle.  Voyez 
l’Article  de  la  prononciation  des  let- 
tres finales  nt , au  Chapitre  des  Con- 
fones  finales. 

Remarque, 

Dam.  Que  fignifie  cette  petite  ligne 
en  travers  que  vous  marquez  au  deftus 

de  Vi , & au  deflus  de  V y.  arec  final  de 

_ A* 

ces  trois  mots  , convi , etuai , ejftii  ? 

phil.  Vous  la  tnfuverez  d’ores-en- 
avant  en  beaucoup  de  fyll  .bes , dont 
je  vous  marquerai  la  mefure.  Cette 
petite  ligne  fignifie  qu’il  faut  traîner 
la  fyll  abc  , & la  prononcer  plus  len- 
tement. 

Reg.  VI.  De  la  prononciation 
de  la  Syllabe  ier. 

La  fyllabe  ter , qui  fe  trouve  à l’in- 
finitif d’un  verbe  , eft  toujours  de 
deux  fyllabes  en  Poëfie,  comme  ju- 
flifier , oublier , marner.  Ep  lez  donc, 
jHjhîji-er,  oubli- er,  mani-er.  Ailleurs  cet- 
xe  fyllabe  eft  diphthongue  j comme. 
Chevalier , premier , papier,  &rc.  Ep  lez 
donc , Che-va-lier , pre-mier , pa- pier. 


Trifhth.  & Monophtb.  $iy 

R E G.  VII.  De  la  Syllabe  , 

iez. 

La  fyllabe  iez,  , aux  fécondes  per- 
tonnes  pliirieres  des  verbes  qui  onc 
l’infinitif  terminé  en  ier,  eft  de  deux 
fyîlabcs  , comme  de  juftifier , vous 
juftifiez,.  Prononcez  donc , vous  ;//- 
ftiji-ezj. 

Dans  les  verbes  dont  les  infinitifs 
fe  terminent  autrement  qu’en  ier , la 
fyllabe  iez,  eft  di  :hthonguc  , comme 
de  garder  , vous  gardiez Epelez 
donc , vous  gar-diez,  ; parce  que  ces 
fécondes  perfonnes  font  du  tems  im- 
parf^,  & que  les  autres  font  du 
tem^prefent.  Car  f\  cette  féconde 


perfonne , juflifiez, , ètoit  du  tems  im- 
parfait de  l’indicatif,  ou  du  prefent 
du  conjonftif , il  faudroit  néceflàire- 
ment  y ajouter  un  y grec  j comme, 
je  jujlifiois , tu  jujlifiois  , il  jufiifioit  j 
nous  juflifiyons  vous  jufitfiyez, , que 
vous  jufiifiyez,-  Et  par  confequent  cette 
.fyllabe  finale  ycz, , nugmenteroit  en- 
core d’une  autre  fyllabe. 


H6  Liv.  IL  Ch.IL  DefDtphth'. 

R e g.  VIII.  J Delà  Syllabe  ieu* 
& y eu. 

La  fyllabe  ieu  eft  diphthongue  foil- 
lemcnc  en  ces  mots  , Die u,  lien  » 
Monfeur,  pieu  , épieu  , ejfteu , mieux, 
•vieux  > deux . Dans  les  autres  mots 
cette  fyllabe  fe  fépare  en  deux  j 
comme  en  ces  mots , glorieux  , fe - 
rieufe  , curieux.  Epelez  donc , gto- 
ri-eux , fe-ri-eu-fe,  cu-ri-eux. 

La  fyllabe^#  cft  toujours  diphthon- 
gue  , comme  ■jeux,  yeufe , joyeux, 
cayeu , camayeu , &c.  où  cette  fyllabe 
fe  prononce  toujours  ainfi , 
yeu-fe , joi-yeux , ca-yeu , cam(^0' 

Reg.  IX.  Z>*  Difhtbongue  , 
io. 

La  double  voyelle  io  , eft  toujours 
diphthonguc  dans  la  conjugaifon  d un 
verbe , (bit  en  Poëfîe , ou  en  Profê  ; 
comme , nous  aimions , nous  trouvions 9 
nous  parlerions . Epelez  donc , nous 
ai-mions  , nous  trou  vions  , noua  par- 
le-rions.  Dans  les  autres  mots  cette 


Trifhth.  & Monophth . 317 

cliphthongue  fe  fépare  prefque  tou- 
jours en  deux  ; comme  en  ces  mots, 
condition  , compatriote  , médiocre  , 
qu’on  prononce  ainfi , con-di-ci-on , 
com-pA-tri-o-te , r»e-dt-o-cre . 

Remarque  fur  l’Ortographe  des 
Syllabes  ions  , iez  , yons , 
yez. 

Il  faut  ajouter  un  y-grec  aüx  fylla- 
bes  ions  & iez,,  en  ia  maniéré  qui 
fuit,  iyons , iyez, , lorfqu’clles  fe  trou- 
vent dans  les  perfonnes  plurieres  du 
tcms  imparfait  de  l’indicatif,  & du 
te  ms  prefent  du  fubjon&if  d’un  ver- 
be terminé  en  ter  , comme  du  verbe 
prier:  Je  priois , tu  priois , il  prioit  : 
vous  priytns , vous  priyeT^,  ils  prioient: 
£hte  je  prie  , que  tu  prie , qu’il  prie  ÿ 
■ que  nous  priyons  , que  vous  priyez,  , 
qu’ils  prient.  Et  lorfque  le  verbe  eft 
terminé  en  yer,  on  met  X y-grec  avant 
Vt  y dans  la  fyllabe  yons  ou  ye ^ ; 
comme  vous  allez  voir  en  l’Exemple 
qui  fuit  du  verbe  appuyer  ; fap - 
puyois  y tu  appuyois  , il  appuyoit  ; nous 
appuyions  , vous  appuyiez*  , ils  ap~ 


32.8  Liv.  IL  Ch.  IL  Des  Difitb* 

puyioient  : JPj*e  )’ Appuyé  , que  tu  Ap- 
puyés , qu'il  Appuyé  } que  nous  Ap- 
puyions > que  vous  appuyiez» , qu’ils 
appuyent. 

Reg.  X.  De  la  prononciation 
des  Diphthongues  oe , oi , eoi, 
& oy. 

Ve  de  la  fyllabe  oe , Te  prononce 
comme  notre  double  voyelle  ai , ou 
comme  Ye  du  mot  net  : de  forte 
qu’étant  mis  immédiatement  après 
un  o , cela  fait  une  fyllabe  , dont  le 
Son  de  Vo,  & celui  de  cette  forte  d'e, , 
forment  une  des  plus  parfaites  diph- 
thongucs  que  nous  ayons  en  notre 
Langue  , en  réunifiant  le  Son  de  l'o  , 
avec  celui  de  la  double  voyelle  ai, 
en  une  feule  fyllabe  \ comme  vous 
pouvez  voir  en  ces  mots  , coefe  , 
boete  , poele , qu’on  prononce  com- 
me s’ils  ètoient  écrits  ainfi , coaT-fe , 
boai-te  , poaï-le.  On  excepte  la  fyl- 
labe oc,  en  ces  mois.  Poète , Poème, 
poét  que  , Poèfie  , poétiquement , qu’on 
fait  d’ordinaire  de  deux  fyllabes  en 
Poëfie  : Mais  dans  le  difeours  fami- 


' I 


Triphth»  & Monophth*  $19 
lier  , eJlo  eft  aftùrément  diphthon- 
gue  : Sc  cela  eft  Ci  vrai , que  les  Poè- 
tes mêmes  la  font  diphthongue  en 
ces  derniers  mots  en  bien  des  ren- 
contres. Je  croi  même  qu’il  eft  inu- 
tile de  marquer  la  réparation  des 
voyelles  de  cette  (ÿllabe  par  deux 
points  au  deftus  , puifque  ces  deux 
points  ne  fervent  qu’à  diftinguer  les 
voyelles  qui  (onnent  féparément  St 
indépendamment  des  autres  , d’avec 
celles  dont  le  Son  eft  confondu  avec 
celui  de  Ci  voifine  ; comme  vous 
pouvez  voir  en  ce  mot  Heroine , 
qu’on  prononce  & qu’on  cpele  ain- 
G , e-ro-i-»e , & qu’on  prononceroit 
fans  la  marque  des  deux  points, 
e-roai-nc . Mais  il  n'en  eft  pas  de  mê- 
me de  la  (ÿllabe  oe , au  mot  de  coefe , 
ôc  de  cette  même  (ÿllabe  oe , en  celui 
de  Poète , qui  Ce  prononce  dans  un 
mot  comme  dans  l’autre , Sc  dont  Ce 
pon&ué  ne  fert  ni  à marquer  une 
jféparation  de  Son , ni  à en  diftinguer 
la  prononciation. 

Dam.  Il  me  femble  que  voila  bien 
des  paroles  pour  trois  mots  que 
flous  avons  en  notre  Langue  , qui 


3$ô  Liv.  II.  Ch.  II.  Des  Diphth. 

s’ortographient  par  oe.  Car  exceptes 
ces  trois  mots , coefe  * boete , poele  , 
que  vous  avez  nommés , je  croi  que 
vous  n’en  trouverez  point  du  tout* 
Phil.  Vous  avez  raifon  ; & je  vois 
même  que  la  plûparr  des  Ecrivains 
nouveaux  fupprfment  entièrement 
cette  Ortographe  en  ces  trois  mots  , 
& en  ceux  qui  en  font  formés , en 
fubftituant  la  fyllabe  oi  en  la  place  de 
la  double  voyelle  oe  : & qu’au  lien 
d’écrire  coefe  , caefure , boete , &c.  ils 
écrivent  coifc  , co'tfure  , boite , &c. 
Pour  l’Ortographe  du  mot  Poète , je 
croi  qu’elle  durera  autant  que  notre 
Langue  ; mais  je  croi  qu’on  en  fup- 

fjrimerales  deux  points  au  delTus  de 
*e.  J’ai  encore  deux  mots  à dire  de 
la  fyllabe  oe  qui  n’a  qu’un  feul  Son  , 
& qui  n’eft  point  diphthongue. 

Reg.  X I.  De  U prononciation 
de  la  Syllabe  oe , qui  n'a  qu'un 
Son  y dr  qui  rieft  point  diph- 
thongue. 

La  fyllabe  oe  au  commencement 

des  mots  3 économie,  cedipe , cecttme* 


Triphth.  & Monophth.  53  î 

nique  , œdeme  , csfophage  , Sc  autres 
qui  commencent  de  même  , pourveu 
que  Ve-  de  cette  fyllabe  oe  ne  foit 
point  marqué  de  deux  points  au 
defliis  , fe  prononce  .comme  notre 
double  voyelle  ai.  Prononcez  donc, 
aiconome , aï  de  me , aifophage. 

Reg.  XII.  Ve  U prononcia- 
tion de  U Viphthongue  oi , eoi, 
oh  oy. 

La  fyllabe  oi , toi,  ou  oy , fe  pro- 
nonce par  tout  en  notre  Langue  com- 
me notre  fyllabe  oe  au  mot  coefé r 
ou  comme  notre  0 joint  avec  ai  ; 
comme  vous  pouvez  remarquer  en 
ces  mots,  noir,  poivre , devoir.  Bour- 
geois, employi  qu’on  prononce  com- 
me s’il  y avoir,  noer,  poevre , devoer, 
Bourjoes  , amploay.  Voilà  la  Réglé 
générale  de  la  prononciation  de  cet- 
te Diphthongue  5 mais  elle  a de» 
Exceptions. 

La  première  Exception  qui  n'en 
fouffre  aucune,  c’eftque  cette  Diph- 
thongue fe  change  en  une  fyllabe 
d'un  Son,  qui  eft  celui  de  notre  dou- 


332.  Ltv.  II.  Ch.  II.  î>es  Eiphth. 

ble  voyelle  ai , en  toutes  les  termi- 
naifons  des  te  ms  imparfaits  des  ver- 
bes où  cette  Diphthongue  fe  trouve  , 
comme  en  ces  deux  imparfaits  : Je 
l fois , tu  lifois  ; il  lifoit , ils  lifoient  : 
Je  lirois , tu  lirois  ; il  liroit , ils  li- 
raient ; qu’il  faut  prononcer  comme 
fi- ces  mots  ètoient  écrits  ainfi  : Je 
lifat , tu  lifaï  } i Itfai  3 ï lifat  : Je  li- 
rai, tu  lirai  ; i lirai , i lirai» 


Autre  Exception. 


La  féconde  Exception , mais  qui  en 
fouffre  d’autres  , eft  que  cette  diph- 
thongue oi , fe  prononce  aufiî  comme 
notre  voyelle  ai , aux  noms  Natio- 
naux , tels  que  font  ceux-ci , Hollan - 
dois  , Anglois  , Irlandois  , Ecojfois  , 
Lionnois » Milanais , Polonois , Fran- 
çois , &plufieurs  autres  > qu’il  faut 
prononcer  comme  fi  ces  mots  ètoient 
écrits  en  la  maniéré  qui  fuit , Holan - 
dais  y Anglais  i Irlandais , &c. 


Exception  de  cette  Exception. 
Exceptez  ces  noms  de  Nation 


Tripht.  & Monopht. 

Suédois  , Danois  , Champenois  , Gene- 
vois, Génois,  Liégeois,  Bavarois  \ 1q 
mot  de  Gaulois  , & les  noms  de  quel- 
ques autres  Nations  fort  éloignées  de 
nous  , comme  Siamois  , Chinois , Hi- 
r o quoi  s , &c  dont  la  diphthongue  oi 
garde  fa  prononciation  naturelle  , 
comme  aulB  aux  noms  propres  d’hom- 
me 8c  de  femme  j comme  François  9 
Françoife  , Ambroife  , Benoit  , 8cc, 
aux  noms  de  Villes,  de  Riviere,  de 
Païs  8c  de  Provinces  -,  comme  Am- 
boife  , le  Quenoy , Rocroy  , Pontoife , 
j&c.  Roye , la  Riviere  d'OiJe  , la  Loire , 

&c.  le  Retelois  , le  Gatinois  , l'Ar- 
tois , &c.  Mais  la  réglé  n’eft  pas  ge- 
nerale pour  les  noms  de  Païs  j car 
on  dit  le  Aiilanais , le  Lionnais  , 8ccP 
Dam.  Il  eft  vrai  que  cette  pronon- 
ciation furprendroit  un  peu  les  oreil- 
les délicates.  r 

Phil.  De  même  qu’elle  pourroit 
vous  furprendre , h vous  entendiez  di- 
re Saint  Français , pour  Saint  Fran- 
çais , & Saint  Benait , pour  Saint 
Benoit . 

Autre  Exception  de  la  diphthongue  oi. 

JLa  diphthongue  ci  fe  prononce  com- 


A r 


354  Liv.'  II.  Ch.  II.  Des  Dipbil  ' 
me  notre  double  voyelle  ai  aux  motâ 
fuivans  neroyer , Scc.foible , &c.  endroit, 
froidir  9 Sic.  froid , froideurs , droit 
adje&if , &c.  roidir , Sic.  roide , étroit , 
Sec.  croire , &c.  croijire  , &c.  Et  en 
tous  les  Verbes  terminés  en  oiflre  3 ou 
en  ottre  , comme  paroiftre , Sic.  con - 
tioitre  t Scc.  croître , Scc.  Comme  aufli 
en  ces  mots,  que  y*  fois , que  yâ//  , 
qu’il  fait  j que  nous  foyons , que  vont 
foyexi  t qu’ils  foient.  En  en  ce  Verbe 
noyer  ; car  quand  ce  mot  eft  fubftan- 
tif,  ladiphthongue  oi  retient  Ton  Son 
naturel.  Prononcez  donc  nayer  > &c. 
net ay  er , Scc.  faible , Scc. 

La  diphthongue  oi  conferve  Ton  Son 
naturel  en  ce  mot  froidure  ; comme 
aufli  en  ce  mot  de  droiture  3 Si  en  ceux- 
. ci  droit  Sc  droite 3 quand  ils  font  em- 
ployés figurément  j comme  9 c'eft  un 
nomme  droit  , pour  dire , un  loommè 
équitable.  Ne  dites  donc  pas  froidure, 
droiture  3 droit , Sic, 

Exception  de  foit  , quand  il  efl  con * 
jonction. 

Il  faut  fçavoir  que  quand  le  mot; 


Triphth.  & Motiophth. 

de  foit  eit  conjon&ion  , il  garde  1* 
Son  naturel  de  fa  diphthongue  i car 
ce  {èroit  mal  dit  de  dire , fait  qut 
•vous  cela  , ou  non  , &c.  Et 

cette  prononciation  paroîtroit  auflï 
ridicule  , quelle  paroît  groffiere  , 
quand  on  dit  pavois , pour  j'avais.  . 

J.’oubliois  encore  les  adjectifs  adroit 
& droit  , dont  la  diphthongue  fe 
change  aulli  en  ai.  Mais  fi  ce  mot 
de  droit  ell  fubftantif,  il  retient  fa 
prononciation  de  diphthongue  ; car 
ce  {èroit  fort  mal  prononcé  de  dire  , 
il  foutient  fon  drait , il  étudié  en  Dr  ait , 
pour  dire , il  foutient  fon  droit , il  etu~ 
die  en  Droit.  Et  cela  paroîtroit  auflï  ri- 
dicule, que  fi  on  entendoit  quelqu’un 
q.ui  pour  dire  Bourgeois , prononecroit 
JB  ourge  ai  Si  comme  on  fait  en  quelques 
endroits  de  Bretagne  & de  Normandie, 

Dam . Qui  eft-ce  qui  prononce  de 
même  ? 

Phil.  Jel  ’entens  tous  les  jours  pro- 
noncer à de  bons  Bourgeois  dans  les 
Provinces,  aufli- bien  que  les  mots 
d’Epxloit  y je  vous  envoyé*  je  conçois  » 
dont  ils  prononcent  la  diphthongue  oi, 
çomme  la  double  voyelle  ai , difant  un 


3 $6  Liv.II.  Ch.  II.  Des  Dlfhth* 

Expiait, jetons  envase, je  conçais.Je  vous, 
dirai  bien  davantage , car  j’entens  fou- 
vent  cette  manière  de  prononcer  dans 
la  bouche  de  pluficurs  Avocats  8c 
Prédicateurs  en  Province , qui  d’ail- 
leurs parlent  6c  écrivent  paflable- 
ment. 

Dam.  Qif eft-ce  que  c’eft  que  ces 
tfr-catera  s que  vous  marquez  par- 
cette  abbreviation  , grc  ? 

Phil . C’eft  pour  faire  connoître 
qu’en  tous  les  mots  dérivés , ou  com- 
pofés  des  mots  ainli  marqués  en  queue 
de  cet  &c , la  diphthongue  oi  fe  doit 
prononcer  de  même  ; comme  de 
nettoyer , prononce  zje  netaye , je  ne - 
tayerai  : de  foible  , prononcez  fai- 
blejfe , faiblement , 8cc.  Vous  trouve- 
rez ces  lorres  d’abbreviations  par  tous 
les  préceptes  que  je  donne  ailleurs 
dans  ce  Livre , qui  lignifient  la  mê- 
me chofe. 

Dam.  J’entens  beaucoup  de  gens  , 
& même  des  gens  de  Lettres  , qui 
prononcent  le  mot  de  François  , 
quand  il  lignifie  un  homme  né  en 
France  , comme  nous  prononçons  Je 
nom  de  S.  François  : Que  penfezr 

vous 


Triphth.  & Monophth.  337 

vous  de  cetr.e  prononciation  ? 

VhiU  Je  ne  fçai  pas  quelle  raifon 
on  a de  prononcer  ainfi  ce  mot , qui 
a été  un  des  premiers  noms  nationaux 
dont  on  a commencé  à prononcer  la 
diphthongue  comme  notre  double 
voyell 9>ai } car  il  me  (èmble  que  la 
raifon  nous  oblige  à prononcer  la 
diphthongue  oi  de  notre  nom  natio- 
nal , comme  nous  prononçons  celle 
qui  fe  trouve  en  ceux  de  nos  nations 
voifines  , quand  ce  ne  feroit  que  pour 
le  diftingucr  du  mot  de  François  , nom 
d’homme.  L ’ufage , direz  - vous  , eft 
le  maître  de  la  prononciation , & il 
n’y  a point  de  répliqué  à ce  qu’il  a 
une  fois  établi.  On  en  demeure  d’ac- 
cord , mais  il  faut  le  voir  tout-â-fait 
établi  dans  cette  prononciation  extra- 
ordinaire pour  le  liiivre  , & jufqties- 
là  il  doit  être  permis  à tout  le  monde 
d’en  dire  fon  fentiment  , de  le  com- 
battre autant  qu’bn  pourra , & d’em- 
pêcher qu’il  ne  s’introdiiife  quand  il 
n’eft  pas  bon  j car  à moins  que  ce  ne 
foit  quelque  puilïànce  qui  s’en  mêle 
particulièrement , & qui  marque  avoir 
quelque  inclination  pour  cette  pro- 

P 


33S  Liv.  IL  Ch.  IL  DesDipfjth. 

nonciation  diftinguée  , je  ne  crois 
pas  qu’un  petit  nombre  de  gens  fça- 
vans  Toit  capable  de  lui  donner  un 
cours  qui  dure  long  - rems. 

Dam.  On  vous  répondra  , que  fi 
vous  prononcez  bien  les  dernieres 
fyllabes  de  ces  mots  Suc  dois , {)a  nois, 
Siamois,  comme  celle  du  mot  de  S . 
François’,  Pourquoi  ne  voulez- vous 
pas  que  l’ulàge  fe  déclaré  en  faveur  de 
la  diphthongue  du  mot  national  de 
François  ? 

Phil.  Dès  que  cet  ufage  fera  éta- 
bli ainfi , je  vous  allure  que  je  ne  fe- 
rai pas  des  derniers  à le  fuivre.  Mais 
je  doute  que  jamais  il  le  foit , ou  du 
moins  qu’il  fe  conferve  Iong-tems. 
Et  j’ofe  même  avancer  qu’il  en  feroit 
de  même  de  cette  diphthongue  , com- 
me de  celle  des  terminaifons  des  im- 
parfaits , que  quelques  Sçavans  vou- 
lurent faire  revivre  il  y a envirôn  vingt 
ans,  quoi-qu’il  y en*eût  déjà  plus  de 
trente  qu’elle  ètoit  hors  d’ufage  dans 
ces  terminailons  : de  forte  que  la  plu- 
, part  de  ceux  qui  parloient  en  public, 
affe&oicnt  de  la  prononcer  à pleine 
bouche , comme  on  l’avoit  prononcée 


' Triphth . dr  Monophth.  339 
autrefois , en  fefant  {onner  les  deux 
voyelles»  dans  la  même  fyllabe  pour 
donner , difoient-ils , une  prononcia- 
tion plus  ferme  & plus  malle  à ces 
terrainaifons.  Cependant  cet  ulâgene 
fut  pas  de  durée , & il  s’eft  tellement 
aboli  depuis  , que  les  moins  polis 
auroient  honte  aujourd’hui  de  pro- 
noncer cette  diphthonguc  dans  ces 
terminai  Ions  d’imparfaits,  autrement 
que  comme  notre  double  voyelle  ai. 
Notre  mot  national  de.  François  , cft 
trop  manié  du  peuple  pour  croire 
qu’il  n’ait  pas  la  même  fortune  des 
noms  de  nos  Nations  voifincs.  Peut- 
• être  que  Ci  nous  avions  aulîî  fouvent  en 
bouche  les  mots  de  Suédois  , Danois, 
Hiroquois  , que  nous  avons  ceux  de 
Hollandois  » Anglais  , Ecojfois  , &C 
d’autres  Nations  circonvoifînes , dont 
nous  parlons  tous  les  jours  j ces  mots 
pourroient  changer  la  prononciation 
de  leurs  diphthongues  , comme  nous 
avons  fait  en  parlant  de  nous  & de 
nos  Nations  voifines  ; mais  comme 
on  parle  moins  de  ces  Nations  , 
que  de  celles  qui  font  à notre  porte , 
on  n’a  pas  fongé  à changer  les  diph- 


340  Liv.  II.  Ch.  II.  Des  Dtphthl 

thongues  de  leurs  mots  ; &c  quand 
on  y fongeroit  * il  ne  laifleroit  pas 
d’en  échaper  toujours  quelqu’un  qui 
conferveroit  fa  diphthonguè  , com- 
me vous  voyez  en  ce  mot  de  Lié- 
geois , celui  de  Champenois , celui  de 
Genevois , & en  quelques  autres.  Je 
fçai  bien  que  quelques  - uns  difent 
F Académie  Françoife  ; d’autres  la 
Comédie  Françoife  , & non  /’ ^Aca- 
démie Fr  an  fai fe  & la  Comédie  Fran - 
faije  : Mais  cette  forte  de  prononcia- 
tion ne  décide  lien  pour  celle  de  la 
Diphthonguè  du  mot  national  de 
François  & de  Françoife. 

AVERTISSEMENT. 

LA  plupart  des  Parifens  pronon- 
cent ces  mots , des  noix , du  bois, 
trois  , mois  , des  pois  , voir  , com- 
me s 'ils  etoient  écrits  en  la  maniéré 
ejul  fait  ; des  noüâ  , du  boüâ  , 
troua , moüâ  , des  poiiâ , voüâr , &c. 
Cette  prononciation  eft  fort  irrégulière , 
& elle  nef  pas  à imiter , car  elle  fent 
fon  homme  grojfier  & parejfenx , qüi 
ne  daigne  pas  Je  contraindre  en  rien. 


Trlphth * & Uonopht.  341 

ni  s'affujcttir  à la  moindre  Réglé.  S'ils 
fefoient  réflexion  fur  la  prononciation 
de  ces  mots  de  fois , bois  , voix,  choix, 
Loix  , pouvoir  , devoir  , &c.  qu'ils 
prononcent  régulièrement  fans  peine  & 
Jdns  contrainte % aufft-bien  que  vous  & 
moi  ; & qu’il  ri  eft  pas  plus  mat-aifé 
de  prononcer  la  diphthongue  oi  , en 
ces  mots  de  1101'X  , bois  , trois  , mois, 
pois , voir , que  celles  de  ces  autres  mots, 
pour  peu  qu'ils  veuillent  s’obferver  } la 
honte  qu'ils  auroient  de  cette  grojfere 
prononciation  , les  en  fer  oit  bien-tôt  .def- 
acoutumer.  Vous  ne  manquerez,  pas 
de  me  dire  comme  tous  les  autres , 
qu’il  ri y a que  des  Badauts  qui  pro- 
noncent ainjt.  Il  y a pourtant  de  fort 
habiles  gens  qui  prononcent  ces  mots  de 
meme , mais  mal. 

Dam.  A la  vérité  lorfque  j'étois 
bien  jeune  •,  j'avois  contrarié  cette  ha- 
bitude avec  quantité  de  gens  ; mais 
depuis  je  me  fuis  apperçû  aufft-bien 
que  vous  , que  cette  pronor.ciat.on  etoit 
fort  irrégulière  & badaude , aufft-bien 
que  celle  de  je  trouvairai  pour  je  trou- 
verai , & je  m’en  fuis  defacoutttmé 
fans  peine ; car  il  ri  y à qu'a  faire  des 


541  Liv.  ÏI.  Ch.  IL  Des  Dipkth. 

réflexions  fur  ces  fortes  de  prononcia- 
tions , & s’obferver  feulement  huit 
jours  de  tems  fur  ce  defaut  , pour 
s'en  défaire  aifémcnt , aujft-bien  que  de 
beaucoup  d'autres  qui  ne  valent  pas 
mieux- 

R e g.  X 1 1 1.  De  la  pronom  a- 
tion  de  la  Diphthongue  oin. 

La  diphthongue  oin  fe  prononce 
comme  s’il  y avoit  un  a devant  IV. 
Ainfi  on  prononce  befoin  , moins , 
foin  , pourpoint  > loin  , comme  s’il  y 
avoit  befoain  , moains  , foain  , pour- 
poaint , loain . Mais  il  faut  lur  tout 
prendre  garde  de  ne  point  peler  fur 
la  prononciation  de  l’«  de  cette 
diphthongue  : Suivez  la  Réglé  que  je 
propüie  à l’Article  dos  monophthôn- 
gues  an  y ain  , in  > on  , utf» 

Reg.  XIV.  De  la  Diphthongue  , 
ui.  , ' 

La  diphthongue’#/  eftprefque  par- 
tout diphthongue  ,tant  en  Profe  qu’en 
Vers,  exceptez  pourtant  celles  qui  fe 


Triphth.  & Monophth.  343 

trouvent  en  ces  mots  druide,  truite, 
fuir  , ruine  , bruine  , dont  quelques 
Poètes  feparent  les  deux  voyelles  pour 
augmenter  c<y  mots  d’une  îyllabe  , & 
d’autres  les  font  diphthongues  j de 
forte  que  les  uns  difent  drui-de  , fuir, 
trui-te  , die.  & les  autres  dru-i-de  , 
fu-ir  , tru+i-te , &c.  mais  quoi  qu’il  en 
foit  elles  font  toujours  diphthongues 
en  Proie. 

R E G.  XV.  Des  Diphthongues  à 
trois  Voyelles.. 

Ces  fortes  de  diphthongues  ont  été 
nommées  par  quelques  Grammairiens 
Triphthongues  littérales  , parce  qu'el- 
les ne  font  qu’un  Son  ( quoiqu’elles 
foient  compofées  de  trois  lettres , ) ou 
tout  au  plus  , deux  Sons  dans  une  mê- 
me lÿllabe  compofée  de  plus  de  deux 
voyelles  , comme  vous  pouvez  remar- 
quer en  la  triple  voyelle  eau  , qui  le 
trouve  en  beau  de  en  fceau.  Cette 
diphthongue  cft  rare  en  notre  Lan- 
gue , & on  ne  s’en  lèrt  guères  qu’en 
ce  mot  de  fceau , avçc  quoi  on  marque 
■ les  Armes  ou  la  Dcvife  de  quelque 

P lllj 


- . V • 


344  Lr v.  II.  Cri.  II.  Des  Diphth. 

Prince  ou  de  quelque  Etat  ; en  celui 
de  fiau , vaiffeau  1 mettre  de  l’eau 
& en  ceux  - ci  , fléau  , de  l’eau  , 
les  SeptPfiaumes  : & IV  de  cette  diph- 
thongue  en  ces  fortes  de  mots  (ônne 
très-peu.  Dans  les  autres  mots  de  no- 
tre Langue , cette  diphthonguc  dégé- 
néré en  fyllabe  d’un  fèul  Son  , & fe 
prononce  comme  la  voyelle  0.  Pro- 
noncez donc  manteau  , flambeau, 
couteau , comme  s’il  y avoit  manto , 
flambo  , couto . 

Les  gens  des  Provinces  ne  (ont  pas 
grands  obfcrvateurs  de  cette  Diph- 
thongue  , en  qupi  il  ne  faut  pas  les 
fiivre;  parce  que  l’inobfervation  de 
cette  diphthongue  caufe  des  équivo- 
ques qu’il  faut  éviter  autant  que  I’cc- 
cafion  nous  en  fournit  les  moyens, 
car  autrement  quelle  différence,  fera- 
on  entre  des  eaux  & des  os  ; entre  un 
fléau  à battre  du  bled  , & un  flot  de 
mer  ; entre  un  feau  a mettre  de  l’eau, 
ÔCun  fit,  pour  dire  unhomme  fans  ef 
prit  (jr  fans  jugement,  &c.  li  vous  n’ob- 
fervez  pas  la  diphthongue  de  ces  mots. 
Quelle  impertinente  prononciation 
n’eft-ce  point  quand  on  entend  pro- 


v» 


Triphtb.  & MoHôphth.  34^ 
noncer  à une  perfonne  de  Province 
le  mot  de  Garde  du  Sceaux  s comme 
fi  la  diphthongue  eau , ètoit  écrite  par 
un  0 ? Eau  eft  encore  diphthongue  au 
mot  de  heaume  ; mais  en  Poëfïe  là 
diphthongue  Te  fepare  en  deux  fyl- 
labes.  Lifez  donc  he-o-me  en  lifant 
des  Vers,  & prononcez  heo~me  dans 
le  difeours  familier. 

Reg.  XVI.  Des  doubles  Diph- 
thongue s oüa  , oüe  , oüi. 

La  diphthongue  oüa  n’eft  diph- 
thongue en  Poëfie  qu*en  ces  mots 
foüage , fouace  , toüaille  » elle  fe  fe- 
pare en  deux  dans  les  autres  mots. 
Ainfi  on  prononce  en  lifant  des 
Vers , lou-a-ble , &c.  au  lieu  de  dire 
lo'ùa-ble  , fuppofé  que  la  Poëfie  fuive 
,1’ufage  de  ces  fortes  de  diphrhongues. 

Les  diphthongues  oüe  8c  oui , font 
fort  douteufes  -,  il  s’en  faut  rapporter 
à l’ufàge  pour  celles  qui  fe  trouvent 
dans  les  Vers  , mais  elles  font  tou- 
jours diphthongues  dans  le  difeours 
familier. 

Fin  du  Chapitre  des  Diphthongues, 

P T 


34 6 L.  II»  Ch.  III.  De  la  maniéré 


CHAPITRE  III. 

J)e  la  maniéré  de  marquer  dans 
notre  Ortographe  la  féparatioft 
des  doubles  Voyelles  , appellée 
par  les  Grammairiens  Diérefe. 

OU  a n d on  veut  marquer  par 
1 écriture  ou  l’imprcffion  3 la 
réparation  des  Sons  de  deux  voyel- 
les configuës  l’une  à l’autre  dans  une 
même  fyllabe  , on  met  deux  points 
au-deflus  de  la  dernière  des  deux 
voyelles , qui  Te  trouvent  dans  la  lÿl- 
labe  , comme  vous  le  voyez  par  les 
fyllabes  qui  fuivent  accompagnées  de 
leurs  exemples.  . . 

aë  . . . Pb  déton,  IJraëï , Ifr délifte. 
aï  . . . haï , naïf,  naïveté, 
aii  . V . Saul , Efaii. 
eï  . . . obéir , obeïffant,  Néréide. 
eu  . . . réunir , reunion , reiijjir. 
ci  . . . ftoïque , héroïque , héroïne. 
©ü  . . . jdlcinous,  P trous . 


de  feparer  les  doubles  Voyelles . 347 
Cette  maniéré  de  féparcr  les  voyel- 
les  s’appelle  en  terme  de  Grammaire 
diérefe , mot  qu’on  a fait  du  verbe  Grec 
fteript 7y  , qui  fignifie  divifer , ftpa- 
rer  , dont  on  a fait  le  mot  de  JW/pe«f 
qui  fignific  dtvifion , féparation.  Cette 
réparation  de  voyelles  dans  notre  or- 
tographe , par  ces  deux  points  au  def- 
fus  d’une  voyelle  , eft  fort  néceflairc 
pour  rendre  l’écriture  & l’impreflïon 
bien  intelligible  non  feulement  aux 
Etrangers  , mais  encore  aux  Fran- 
çois *,  car  autrement  on  pronoHccroit 
les  doubles  voyelles  ai  , et  oï , &c. 
dans  des  mots  inconnus  , comme 
celles  qui  fe  trouvent  aux  mots  de 
fréter  , peine  , ^voir  ; & un  Etran- 
ger liroit  auflk-tot  naïf  que  na-ïf 
c-beif-fant  <\\£  o-be-if-fant  j de  he-roi-ne 
<±uljc-ro-ï-ne. 

Dam.  J’ai  veu  beaucoup  de  gens 
dans  les  Provinces  qui  prononçoient 
e-beif-fanti  & o-beir , pour  o-be-ïf-fant, 
& o-be-ïr. 

Phtl.  11  y a beaucoup  de  gens  en 
Bretagne  qui  prononcent  ces  mots  de 
même.  Mais  fi  ces  Meilleurs  fefoient 
attention  à cette  Réglé  , ils  s’appçr- 

P vj 


348  L.  IL  Ch.  III.  ne  U maniéré 

cevroient  bien  que  la  prononciation 
d’obeir  eft  tout-à-fait  défe&ueufib. 

Dam.  Il  me  femble  que  je  vois 
dans  les  Impreflions  deux  points  fur 
Vu  voyelle , qui  fe  trouve  entre  deux 
voyelles  , comme  en  celles,  qui  Ce 
trouvent  aux  mots  fuivans  : Louable , 
joiier,  jouons  , jouir , fouiller  , &C. 

Phil . Cette  ortographe  s’oblèrve 
en  ces  fortes  de  fyllabes , afin  de  dis- 
tinguer Vu  voyelle  d’avec  Vv  con- 
for.e , car  fans  cette  marque  on  pro- 
nonceroit  lo-vable  , jo-vcr  , jo-vons , 
jo-vir  , fo-viller , &c.  Mais  à prefent 
qu’on  ne  fe  fert  point  d’autres  lettres 
que  de  Vv  confine  , pour  marquer  les 
S ans  des  u qui  ne  font  point  voyel- 
les , je  croi  qu’on  Ce  pourroit  bien 
palier  de  marquer  de  deux  points  ces 
fortes  d'u  voyelles  qui  fe  trouvent 
entre  deux  voyelles  ; puifque  Vu  com- 
mun , autrement  dit  Vu  quarrf , ne 
fe  peut  prononcer  autrement  que 
comme  un  u voyelle , & particulière- 
ment dans  l’Impreffion  , où  on  ne 
manque  pas  d’oblcrver  régulièrement 
la  difîin dbion  des  ces  deux  u > car  un 
Etranger  qui  ne  fçaura  pas  la  valeur 

-,  ^ / i . 


de  fepareŸÎes  doubles  Voyelles.  340 
de  nos  lettres  fans  avoir  jamais  oüi 
prononcer  les  mots  de  louable  te  de 
folvable  , ne  fe  méprendra  pas  dans 
la  prononciation  de  ces  deux  mots, 
pourvu  qu’ils  les  voye  ortographiés 
de  même  que  vous  les  voyez  -,  te  il  ne 
dira  pas  lo-va-ble  pour  lo'üa-ble  ; ni 
fo-lüa-ble  pour  fol-va-ble. 

Dam.  Les  Maîtres  Ecrivains  ne  fe- 
ront pas  pour  vous  5 car  les  v con- 
fones  dans  le  milieu  de  leurs  mots  ne 
leur  plaifent  pas  trop. 

P'hil.  Us  peuvent  avoir  leurs  rai- 
fons  te  nous  les  nôtres  i mais  pour 
moi  je  ferois  toujours  plus,  de  cas 
d’une  ortographe  un  peu  régulière, 
que  d’une  belle  écriture  qui  n’imi- 
tât pas  1 ortographe  de  nos  Imprefi- 
fions  : mais  continuons  nos  autres 
préceptes. 

La  voyelle  u , précédée  d’une  voyel- 
le ou  d’une  confone  te  fuivie  d’un  e 
final , qui  n’eft  point  marqué  d’aucun 
accent  , rejette  fes  deux  points  fur  1* 
final , comme  vous  pouvez  voir  en  ces 
mots  , moue , joué  , roué  s nue , rue. 

Dam ■ Si  on  a égard  a ce  que  vous 
Ycnez.de  dire,  touchant  les  u com- 


3P  II.  Ch.  III.  De  la  manière 

muns  entre  deux  voyelles  , ces  deux 
points  nç  feront  pas  forr  néceflàires 
fur  les  lÿllabes  finales  des  mots  ter- 
minés en  ouï»  tels  que  font  ceux-ci  ; 
T adotiè  t Cor  doué , mouè , joué,  rôtit 
&c.  puis  qu’ils  doivent  entrer  dans  la 
Réglé  des  u entre  deux  voyelles. 

Phil.  Je  laiflerois  palier  ceux-ci 
avec  leurs  è poné&ués  encore  quelque 
tems  , en  attendant  que  I’ufage  des 
v confoncs  fut  établi  dans  notre 
Ecriture  comme  dans  nos  Impreflîons, 
•uffi-bien  que  de  Ve  final  de  la  fyllabe 
né  précédée  d une  confone , telle  que 
vous  poûvez  remarquer  en  c es  mots , 
ternis , perdue  , contiguë  , ambiguë  y 
vendue  3 rué , nue , &c.  quoique  cet- 
te marque  de  deux  points  ne  foit  pas 
plus  néceffàire  en  notre  ortographe, 
que  dans  Ve  final  des  mots  termine! 
en  ie  ; comme  vie  , Pie  , maladie, 
ortie  , copie  , trahie , punie  , qui  nç 
fouffre  aucuns  points  ni  dans  l’Ecrit 
ture , ni  dans  les  Impreflïons, 

Remarque  fur  la  double  Voyelle  aï, 

Va  de  la  (ÿllabe  aï  fo  prononce 


de  [épurer  les  doubles  Voyelles.  35* 

comme  un  é fermé , en  ces  mots  : 
Abdie  , Pais  , P ai f âge  , Païfagifte* 
p ai  fan  , Paifanne , de  pat  fer , &c.  Pbo- 
noncez  donc  Abe'ie  , Pe'ïs , Peïfage , 
Peifagifte  > Pé'ifan  , Péifane  , dkpfi- 
fer , Ôcc.  Quelques-uns  ortographient 
tous  ces  mots  avec  un  y-grec , comme 
Abaye  , ■Prfj'x  > Payfan  , &c.  & ils 
prétendent  avoir  raifcn  , en  ce  que 
fe  prononçant  comme  double 
en 6 notre  Langue  , on  ne  fçauroit 
manquer  de  prononcer  Abay-yc , P47- 
ye',  Pay-yfan  ; mais  cette  Réglé  n’a 
‘lieu  que  pour  les  y^grecs  entre  deux 
voyelles  , qui  en  ce  cas  fe  doublent 
véritablement  dans  la  prononciation, 
comme  j’ai  dit  en  parlant  de  l 'y-grec 
entre  deux  voyelles. 


L.  IL  Ch.  IVv î>e  la  maniéré 


‘CHAPITRE  IV. 


fines  doublées . 

Es  Confones  doublées  fe  doi- 


vent prononcer  en  notre  Lan- 
gue comme  fi  elles  èroient  fimplesj 
comme  accablé , accordé  , addonné , 
addition  , addrejfe , fuffrage  , touffe , 
exaggeré , aggrandi , emballé , belle  , 
Epigramme  , Grammaire  , comme , 
homme  , Garenne , £0»#?  , approu~ 
vé , arraché , bourre  , ajfeuré , 

, attaqué  , houlette  , &c.  qu’il 
faut  prononcer  comme  acablé, 
acordé , adoné , adition  , adrejfe  , fu- 
frage  , fw/f , exagéré , agrandi , 4»- 
£4// , j Epigrame  , Gramaire  , 

C0W0  , iow? , Garaine , » aprouvé \ 

araché , £0^0  , açuré,  ch  ace  , ataqué, 
houlete  > &c.  Et  comme  les  Etrangers 
& quelques  gens  de  Province  pro- 
noncent ces  fyllabes  comme  doubles  , 
& que  par  là  ils  s’acoutüment  à une 


Ve  la  maniéré  d’épeler  les  Cou - 


t fi  peler  les  Confines  doublées.  3^3 

prononciation  oppofée  au  véritable 
genie  de  la  nôtre , il  eft  bon  de  les  leur 
faire  épeler  en  la  maniéré  c^ui  fuit. 
Accorde'  , a , a , deux  ce  , o , err. 


cor , a c o R dé  , e , dé  Acorde'. 

Addresse  , a , a,  deux  dé  , err , e, 
dre , adre  i deux  eiT,  e , ce  Adrece. 

Suffrage  , e(T , u , fU , deux  cfF, 
err , a f* a , Sufra  , gé  , e , ge 
S u F R A GE. 

Exaggere'  , e , e , ics , a gza , Exa, 
deux  gé  , e gé,  Ex  âge  , err , e , ré. 
Exagéré'. 

Aggrandir  , a , a , deux  gé  err, 
a enn  , gran  Agran  , d , i , di , 
Agrandi. 

Emballe'  , e , em  , an  , bé , a,  ba, 
A n b a , deux  ell  e,//,  Anbal  f'. 

Belle  , be , e , be , deux  ell , e , le 
B E L E. 


Epigramme  , e , e , Pé , i , pi,  Epi, 
gé,  err , a , gra  Epigra  » deux  emm, 
e $me , Epigramme. 

Comme  , cé , o , co  , deux  emm,  c, 
me , C o m e. 


Garenne  , gé  , a , ga , err , e , re , 
Gare,  deux  cnn , e , ne  G arene. 
Bonne  , bé  , o , bo  , deux  cnn , e. 


354  L.  II.  Ch.  IV.  De  la  maniéré 

ve  B o ne. 

Approuve'  , a , a , deux  pé  , err, 
o,  u,  prou  , A p ro  u , vau  , é vé 
Aprouve'. 

Arrache' , a , a,  deux  err , a , ra% 
Ara,  cé , ache  , c ch/ , A r ache'. 

Bon r re  , bé  , o , u,  hou  . deux 
rr  , e,  re,  B oure. 

Chasse'  , cé  , ache  , a cka  , deux 
eflf,  e , ce,  C h A c t'.  , ' 

Attache',  a , a , deux  té  , a ta,  ' 
A T A , JCU  , u , e kj  , A T A K e'. 

Nos  Syllabes  Françoifes  , ilia,  ille, 
tilt  , illo  , illu,s&  doivent  audi  èpejer 
de  même. 

Caille',  cé  , a ca  , deux  ell  ^ i,  e, 

* ille , C ai  l le'. 

Bouillon  , bé  , o , u , hou,  i> 
deux  ell,  o,  enn,  illon.  Bouillon. 

Feuillu  , eff,  e , u , feu  , i , deux  * 
elle , u , illu  , Feuillu. 

Il  eft  confiant  que  cette  maniéré 
d’èpeler  ces  fortes  de  fyllabcs , cft  iftcn 
plus  commode  &c  plus  conforme  à no- 
tre maniéré  de  les  prononcer  , que 
celle  dont  on  fe  fert  dans  les  Ecoles 
pour  épeler  les  confones  doublées 
qui  s’èpelant  deux  fois  , doit  être 


d’e peler  les  Confines  doublées.  355' 
tout  à-fait  cmbaralîànte  pour  ceux  qui 
les  èpelent  ; & on  ne  doit  pas  s’é- 
tonner fi  les^Etrangers  s’y  trompent 
fifouvent  & s’ils  ont  tant  de  peine  à 
attraper  le  véritable  point  de  notre 
prononciation  5 car  il  n’efi  pas  poflî- 
ble  qu’en  épelant  une  confone  dou- 
blée en  deux  différentes  fyllabes, 
comme  on  leur  fait  faire  en  leur  ap- 
prenant à lire  , ils  ne  lui  donnent  un 
Son  tout  différent  de  celui  qu’elle  re- 
çoit de  notre  véritable  & naturelle 
prononciation.  Et  on  ne  doit  pas 
s'étonner  fi  les  gens  de  Province  ont» 
tant  de  peine  à fe  corriger  des  fautes 
qu’ils  font  en  la  maniéré  de  pronon- 
cer ces  fortes  de  confones  , puifqtfe 

Icëux  qui  leur  ont  appris  à lire , ont  etc 
les  premiers  à leur  faire  prendre  l’ha- 
S bitude  de  les  prononcer  deux  fois, 
comme  vous  allez  être  entièrement 
8 perfuadé  par  trois  mors  que  je  vais 
épeler  en  la  manière  dont  on  fe  fèrt  ’ 
dans  les  Ecoles  j & que  les  Etrangers, 
les  Normans  & les  Gifcons  pronon- 
cent comme  elles  font  écrites  & mal, 
ue . 
ne 


1’ufiige  de  notre  prononcia- 
le  permet  pas  en  ces  fortes 


puifq 

tion 


. 


$$6  L.  II.  Ch.  IV.  De  la  maniéré 

de  lettres. 

Belle, Pomme, Bourre. 

Belle,  be  , e , ell  >Jbel , cil  , e , 
le , B E LE. 

Pomme  , pé,o,  eratti -,  po  m y 
emm , e , me , Pom  me. 

B o u r r e , bé , o , u , err  , bour , 
err , e , re , B o u r r e. 

Ne  remarque-t-on  pas  diftinéte- 
ment  dans  chacun  de  ces  trois  mots, 
les  deux  Sons  de  ces  confones  5 car  le 
mot  belle  y eft  prononcé  , comme 
nous  prononçons  hélium  en  Latin , 
* & comme  les  Italiens  prononcent  leur 
mot  belle  : Et  il  eft  certain  que  l'E- 
tranger  à qui  on  aura  appris  à épeler 
ce  mot  de  même , le  prononcera  tou- 
jours avec  deux  II  comme  en  Latin, 
/i  on  ne  l’avertit  que  cette  pronon- 
ciation eft  contre  notre  ufage  idioti- 
que  de  prononcer  ces  II  doublées. 

Le  Son  de  lafyllabe  pom  en  pomme , 
ne  déroge-t-il  pas  tout  à-fait  du  Son 
naturel  que  nous  lui  donnons , aufti- 
bicn  qu’en  tous  les  mots  où  il  y a 
deux  mm  ou  de\ix  nn  , comm:  Epi- 
gramme  , homme  , bonnet  , canne  , 
jinne  , tonne , puis  qu  en  féparant  les 


d'e pelCY  les  Confortes  doublées.  3 57 
deux  m , ou  les  deux  » , lors  qu’on 
les  èpele  on  fait  donner  un  Son  d ’#* 
ou  d ’»  aux  pénultièmes  fyllabes  de 
ces  mots  , qu’un  François  naturel  pro- 
nonceroit  Epigram  , hom , bon , can , 
ton  , s’il  les  trouvoit  ainfi  féparées  ; 
de  forte  qu’y  joignant  ces  fyllabes  mey 
net  9 ne  , à ces  fragmens  de  * mots  , 
Epigram  > hom  , bon  , can , ton  , on 
prononcent  indubitablement  Epigram- 
me , hom-me  , bon-ne y can-ne , An-ney 
ton-ne  : ce  qui  eft  contraire  au  bel 
ufage  de  notre  prononciation.  Il  y a 
même  des  gens  de  Province  qui  fe 
font  tellement  habitués  à prononcer 
ces  m & «es  n doublées  comme  ellÜs 
font  écrites  , qu’ils  prononcent  aulïï 
les  fimples  de  même  , comme  : Tho- 
mas » promener , promettre  , Canicule  > 
donation  , domicile  , qu’ils  prononcent 
comme  fi  ces  mots  ètoieac  écrits  en 
la  manière  qui  fuit  : Ton-mas , pronT 
mener , pron-mettre  , Can-nicule , don* 
nation  , don-micile.  Cette  maniéré  de 
prononcer  eft  fort  commune  en  Bour-' 
gogne.  Si  c’eft  un  Etranger  qui  pro- 
nonce ces  m ou  ces  n doubléesj 
comme  la  maniéré  de  prononcer  ces 


358  L.  II-  Ch.  IV.  De  la  Manière 

m ou  » à la  fin  d’une  fÿllabe  lui  eft 
inconnue  , au  lieu  de  prononcer  ce* 
doubles  lettres  comme  on  les  pronon- 
ce en  Normandie  , il  les  prononcera 
comme  en  Latin , parce  que  Tes  Maî- 
tres les  lui  ont  fait  épeler  de  même. 
Si  on  fait  aufii  épeler  le  mot  bourre 
à un  Etranger  & à un  François  Ga fl 
con  , il  prononcera  fêparémenc  tou- 
. tes  les  deux  r de  ce  mot  > & de  tous 
1 ts  autres , où  cette  r doublée  fe  trou- 
ve , comme  Navarre > barre  , guerre , 
terre , Pierre  , comme  nous  les  pro- 
nonçons en  Latin  dans  le  mot  de 
terra  : & il  ne  s’avifera  jamais  de  fe 
corriger  de  cette  fauflè  prononcia- 
tion , parce  qu’il  l’a  croira  bonne  8c 
d’autant  plus  raifonnable  , que  fon 
Maître  lui  a appris  à prononcer  de 
même,  8c  qu’il  lui  a fait  connoître 
par  l’oreille  8c  par  les  yeux  , que  ce 
mot  s’écrivant  avec  deux  rr}  fe  doit 
auffi  prononcer  de  même , fans  con- 
fiderer  que  l’ufage  reçu  en  matière 
de  Langue  8c  de  prononciation  l’em- 
porte par  deffus  les  Réglés  8c  la  rai  fon. 
Ainfi  pour  éviter  toutes  ces  pronon- 
ciations irrégulières , il  feroit  bon  que 


d’epelcr • les  Confines  doublées,  359 
les  Maîtres  qui  montrent  à lire  ap- 
prirent à épeler  nos  confones  dou- 
blées , qüi  ne  Tonnent  que  comme  fi 
elles  croient  {impies  s en  la  manière 
_ que  je  viens  de propofer 5 c’cfbà-dire 
en  les  joignant  toutes  deux  en  une 
fyllabe  , pour  empêcher  qu’on  ne  les 
prononce  comme  doubles  , comme 
on  fait  indubitablement  quand  on  les 
èpelc  ftparément , en  prononçant  l’u- 
ne dans  la  fyllabe  précédente  , 8c  l’au- 
tre dans  la  lyllabe  fuivante.  Nos  fyl- 
labes  ilia , tlle , illi , illo  , illn  moüil- 
lées , doivent  aufli  s’èpeler  de  meme, 
puis  qu’elles  peuvent  d’elles- mêmes 
former  un  Son  parfait  fans  avoir  be- 
foin  du  fecours  de  celle  qui  les  pre- 
cedent. 

Dam.  N’y  a-t-il  point  d’exceptions 
de  toutes  les  maniérés  d’èpeler  ces 
fortes  de  fyllabcs. 

Phil.  Nous  avons  le  mot  d’ennuy 
& Tes  dérivés.  Voyez  l’Article  des 
Monophthongues  terminées  en  m ou 
en  »,  fui  vies  immédiatement  d’une 
autre#w  ou  »,  au  Chapitre  des  Mo- 
nophthongues» 


7fio  L.  II.  Ch.  IV.  De  U maniéré 

Autre  Exception  dès  rr  doublées . 

Les  rr  doublées  en  ces  mots  er - 

• s s 

reur  » errone  , erronee , errant , terreur , 
horreur , s’èpelent  aufli  féparément  5 
& on  les  prononce  doubles  comme 
les  Gafcons , & comme  nous  les  pro- 
nonçons en  Latin  dans  le  mot  error • 
Les  deux  rr  d’horrible  & horriblement 
fe  prononcent  en  une  même  fyllabe, 
où  Ton  îî’entend  que  le  Son  d’une, 
feule  r , mais  qui  jfe  prononce  avec 
plus  de  force  que  celle  qui  fe  pro- 

» nonce  aux  autres  mots  de  notre  Lan- 
gue , où  il  y a des  r doublées,  com- 
me en  ceux-ci  : Navarre  , barre , 
guerre  , Sec.  épelez  donc  horrible , 
horriblement : ainfï  ache,  0,0,  deux 
err , i , rri , horri  , bé  , ell,-c  , ble , 
horrible  : & prononcez  la  fyllabe  m, 
avec  plus  de  force  que  celle  du  mot 
aguerri  ; c’eft-  a - dire  quil  faut  tenir 
le  milieu  de  IV  double  qu’on  pro- 
nonce au  mot  horreur , Sc  edui  de 
celle  qu’on  prononce  en  celyi  de 
guerre  : Tout  cela  eft  un  peu  bien 
délicat , aufli  ne  fera-ce  pas  une  gran- 


d"èpelerles  Confines  doublées.  $6i 
de  taure  de  le  prononcer  comme  l’un 
ou  comme  l’autre  de  ces  mots , pour- 
vu qu’on  obferve  que  IV  doublée  de 
ces  deux  mots  , horrible  & horrible- 
ment , rend  la  voyelle  qui  la  précédé 
plus  brève  que  celle  de  terrible  & 
terriblement , qui  n’étant  pas  compri- 
fè  dans  cette  Exception  , fuit  la  Ré- 
glé générale  des  rr  doublées  , qui 
allongent  les  voyelles  qui  les  précè- 
dent , & dont  par  conféquent  lés 
premières  lyllabes  doivent  être  lon- 
gues. 


CHAPITRE  V. 

Des  Accens. 

PHilinte  : Il  eft  bon  que  nous 
difions  quelque  choie  des  accens 
avant  que  d’entrer  en  matière  fur  l’in- 
ftru&ion  que  nous  allons  donner  dans 
le  premier  Chapitre  du  Livre  fuivanr, 
touchant  la  maniéré  de  prononcer  nos 
e ; parce  que  je  ne  puis  vous  en  don- 
ner une  parfaite  connoiflànce , qu’en 
les  diftinguant  par  les  accens  : Et 

Q_ 


✓ 


361  Liv.  II.  Ch.  V.  Des  Accens . 

comme  c’cft  le  hazard  qui  les  a intro- 
duits en  notue  ortographe  , Sc  que 
l’ufage  qu’on  en  fait  , eft  bien  diffé- 
rent de  la  fin  pour  laquelle  ils  ont  été 
inventes , il  ne  fera  pas  hors  de  pro- 
pos que  vous  fçaehiez  ce  que  c’eft. 

Dam . Vous  me  ferez  plaifir. 

Phil.  Les  accens  font  de  petites 
figures  que  les  Anciens  ont  inventées 
pour  marquer  le  ton  & les  infléxions 
de  la  voix  dans  la  prononciation  des 
mots. 

Dam.  Ou’entendez  - vous  par  ces 
mots  d'inflexion  de  la  voix  ? - 

Phil.  Inflexion  de  la  voix  fignifie 
ttn  changement  qui  fe  fait  de  la  voix 
en  la  relevant , & en  la  rabaiffant.  Ce 
mot  dTj inflexion  vient  des  verbes  La- 
tins inflettere  & de  flettere  qui  figni- 
fient  tous  deux  , plier , courber  , tor- 
dre , fl- chir , Sec.  De  ces  deux  verbes 
Latins  on  a fait  infexio  , qui  fignifie 
l’ Alton  de  plier , de  courber  , de  fle- 
.chir  ; l'athion  de  rendre  flexible  & fou- 
pie  : Sc  de  ce  mot  infexio  nous  avons 
fait  en  notre  Langue  celui  d’inflexion, 
qui  fe  dit  en  parlant  de  la  voix,  pour 
fignifier  l’aûion  qu’on  fait  de  la  fie- 


Liv.  II.  Ctr.  V.  Des  Àccens.  36$ 

chir  , de  la  plier  & de  la  rendre  lou- 
plc  & flexible  pour  lui  faire  changer 
de  ton  , félon  les  befoins  qu’on  en  a.  ' 
On  dit  aufli  flexible  en  parlant  de 
la  voix  i lors  qu’elle  cft  capable  de 
prendre  toutes  fortes  de  tons  , & 
quelle  pafle  facilement  d’un  ton  à un 
autre.  Cela  foit  dit  en  paflânt  pour 
faire  mieux  comprendre  ce  que  c’eft 
qu  inflexion  de  la  voix. 

Ces  inflexions  de  la  voix  ne  fe  peu- 
vent faire  que  de  trois  maniérés.  La 
première  fe  fait  en  élevant  la  voix  fur 
une  fyllabe  -,  & la  fécondé  , en  la  ra- 
baiflant  fur  celle  qui  fuit  > comme  vous 
pouvez  remarquer  par  ce  mot  Latin 
Pârens , où  la  voix  s’élève  fur  la  pre- 
mière fyllabe  , & fe  rabaifle  en  meme 
tems  fur  la  derniere  : La  troifiéme  fe 
fait  en  élevant  & baiflant  en  même 
tems  la  voix  fur  une  même  fyllabe, 
comme  vous  pouvez  remarquer  au 
mot  Romarins  , où  la  voix  s’élève  & 
fe  baillé  en  même  tems  fur  la  pénul- 
tième fyllabe.  On  pourroit  faire  com- 
prendre ces  inflexions  de  voix  en 
notre  Langue  par  ces  mots  Parque, 
L'ifle , borne  , que  je  marque  exprès 

Qjj  - 


3^4  Liv.  II.  Ch.  V.  Des  Accens. 
d’un  accent  , pour  vous  faire  connoi- 
tre  que  la  voix  s’éleye  dans  la  pro- 
nonciation de  leurs  premières  fyllabes, 
& qu’elle  fc  rabaiflè  dans  celle  de 
leurs  dernieres  fyllabes  j auffi-bicn 
qu’en  ces  mots  Verglas  , Parquet , 
Vertu  : Et  en  ces  autres  mots , dage , 
Apôftre , Capture,  où  la  voix  s’élève 
& fe  rabaifl'e  en  meme  tems  fur  leurs 
pénultièmes  fyllabes  en  les  pronon- 


9ant*  - , . 

Les  Anciens  ont  marque  ces  trois 

fortes  d 'inflexions  de  voix  par  des  pe- 
tites figures  que  nous  appelions  ac- 
cens , comme  vous  les  pouvez  remar- 
quer par  celles  qui  fuivent , cara&é- 
rifées  en  la  maniéré  qui  fuit  ( ' ) 


La  première  s’appclloit  accent  aigu, 
qui  fervoit  à caraétérifer  l’élévation 
de  la  voix  fur  une  fyllabe  , & fe  tpar- 
quoit  par  une  petite  ligne  qui  mon- 
tait de  la  main  gauche  à la  droite , en 
la  maniéré  qui  fuit  (')  pour*  mon- 
trer par  eette  petite  ligne  qui  mon- 
toit  ninfi  de  bas  en  haut,  que  la  voix 
devoit  monter  de  même. 

La  fécondé  fe  nommoit  X accent 


L iv.  II.  Cri.  V.  Des  Accent.  $6$ 
grave  , qui  fei  voit  à-  caraïbe  ri  fer  l’a- 
baifiement  delà  voix,  & fe  marquoit 
au  contraire  par  une  petite  ligne  qui 
defeendoit  de  la  main  gauche  à là 
droite , en  la  maniéré  qui  fuit  ( ' ) pour 
donner  à entendre  que  la  voix  devoit 
defeendre  & s’abaiffer. 

La  troifième  s’appelloit  Y accent  cir- 
conflexe , qui  caradfcérifoit  l’élévation 
& l’abaillènaent  de  la  voix  fur  une 
meme  fyllabe,  & qui  fe  marquoiç  par 
les  deux  figures  de  Y accent  .ai g h & de 
Y accent  grave , pofés  vis-à-vis  l’un  de 
l’autre , comme  vous  le  voyez  ( w ),  3e 
que  depuis  on  a figuré  d’une  maniéré 
plus  ferrée  , en  faifant  toucher  les 
deux  pointes  d’enhaut  de  ces  deux 
accens  , comme  on  fait  aux  che- 
vrons d’ Armoiries,  en  la  maniéré  qui 
fuie  ( a ) 

Les  Grecs  "figurèrent  depuis-  cet 
accent  par  une  maniéré  dév  renver- 
fé,  ainfi  (a  ) & depuis  ils  changè- 
rent la  figurent  de  cet  v renverfé  en 
celle  d’une  s couchée  , en  la  manié- 
ré qui  fuit  ( 5/5  : ) C’eft  pourquoi  iis 
nommèrent  cet  accent  > 

flui  lignifie  courbé  3 plié  à Y entour  ; 


$66  Liv.  II.  Ch.V.  Dès  Accent; 

car  ce  mot  Grec  vient  de  ^cawr* 
qui , mot  pour  mot , lignifie  circum - 
trahere  , & que  nous  exprimons  en 
notre  Langue  par  ces  mots  , tirer 
à l'entour  ; mais  qui  en  ce  fens  (é 
difoit  pour  circumflettere  3 qui  ligni- 
fie courber  & plier  k l’entour  3 d’où 
les  Latins  ont  fait  le  mot  de  cir- 
cumflexus , & Nous  celui  de  circon- 
flexe s mais  ils  n’ont  pas  laifle  de 
conferver  toujours  l’ancienne  figuré 
de  cet  accent , comme  vous  le  voyefc 
( a ) à la  place  de  1’  «>  couchée  des 
Grecs. 

Les  Anciens  ont  défini  différem- 
ment ces  maniérés  de  marquer  les  in- 
flexions de  la  voix.  Quelques  uns  les 
ont  nommées  notes  de  voix  : Les  au- 
tres moderamenta  vocis  , comme  qui 
diroit  Yaftion  de  gouverner  3 de  con- 
duire 3 de  rhefurer  fa  voix  : D’autres 
les  ont  nommées  accentiuncuU  j d’atf- 
tres  , voculationes , qu’on  ne  peut  gue- 
res  exprime^  en  notre  Langue  que  pâr 
cés  mots  , petites  parties  de  tons , & 
petites  parties  de  voix  > d’autres  lés 
<ont  nommées  lame  des  mots  5 d’ ad- 
ores les  ont  définies  par  les  mots 


Liv.  II.  Ch.  V.  Des  Accens.  $67 

-tonus  & ténor , qui  tous  deux  ligni- 
fient ton  > mais  le  dernier  fignifie  auflî 
fuite  , continuation  , comme  qui  di- 
rait ton  & fa  fuite , parce  que  la  voix 
s’élevant  fur  la  fyllabe  d’un  mot , il 
s’enfuit  qu’elle  s’abaiiïè  en  même 
teins  fur  la  fyllabe  fuivante  , ou  fur 
la  même  fyllabe  où  elle  s’ètoit  èlcvce. 
Et  enfin  les  Grecs  ont  défini  ces  ma- 
niérés de  marquer  les  infléxions  de 
la  voix  par  le  mot  de  nrp ovpS'ia. , qui 
mot  pour  mot  fignifie  ad  canttu  ou 
ad  cantum  en  Latin  \ & en  notre 
Langue  , fuivant  le  chant  , ou  félon 
le  chant  ; car  ce  mot  de  ‘srporvS'iet 
cfl  compofé  de  nrpes  , & d’wJV  : <afç 
efi:  une  prépofition  , qui  en  ce  fens 
fignifie  ad  en  Latin  , & qtii  dans  le 
même  fens  veut  dire  en  notre  Lan- 
gue , a , au  , aux -y  i la , félon  , fuivant; 
Et  le  mot  d’w<T>»'  efl:  un  nom  qui 
fignifie  cantw  , & en  notre  Langue 
chant , ain  Ciyprofodia  , ad  cantus , & 
félon  le  chant  , ne  lignifient  qu’une 
même  choie.  Cette  maniéré  de  dé- 
finir le  ton  de  la  voix , en  pronon- 
çant les  mots  , nous  fait  connoître 
que  comme  on  ètoit  plus  exaéfc  à mar- 

Qj”) 


368  Liy.  II.  Ch.  V.  Des  Accent. 

quer  l’inflééfcion  de  la  voix , en  chan- 
tant qu’en  parlant  familièrement , il 
fembloit  qu’on  ne  pouvoit  connoîtrc 
la  véritable  mefure  d’une  fyllabe  que 
par  le  moyen  du  ton  qu’on  lui  don- 
ne en  chantant. 

Les  Grecs  les  appelloient  aufli  revet, 
qui  lignifient  tons  ; Ils  appelloient  l’ac- 
cent aigu  o’£üV  t opte , & les  Latins, 
accentns  acntns  ; &c.  ils  nommoient 
l’accent  grave  /3xpùr  ivios , &c  les  La- 
tins accent  us  gravis.  L’accent  circon- 
flexe <gtpingô (xi'iof  rôvofy  & les  Latins  • 
accent  ns  circumflexns.  Ils  les  nommè- 
rent aulîi  o|vr  aeposaS'i* , jSstpuy  tz/poset- 
J'itf  , & 'tnpiff7r*HAt\n  nrpoffaS'ia  , & les 
Latins  accentns  acntns  , accent m gra- 
vis & accentns  circnmflexns.  De  ces 
mots  ad  cantus  , on  prétend  que  les 
Latins  ayent  fait  le  mot  d’ accentns , 
qui  eft  toujours  refté  en  leur  Lan- 
gue , comme  celui  d’accent  en  la 
nôtre. 

Les  Anciens  ne  cara&érifoient  point 
ces  maniérés  de  marquer  les  tons  d’u- 
ne fyllabe  dans  la  prononciation  de 
leurs  mots , parce  qu’elles  leur  ètoient 
comme  naturelles , & que  le  feul  ufa- 


Li  v.  IL  Ch.  V.  Des  Accens.  369 
ge  fuffifoit  pour  les  accoutumer  à 
l’obfervation  de  ces  tons , fans  qu-’rls 
euflènt  befoin  de  les  voir  marqués 
dans  l’ortographe  de  leurs  mots.  On 
prétend  même  que  du  tems  de  Saine 
Jérôme , les  Grecs  ni  les  Latins  ne  les 
marquoient  point  encore  j mais  depuis 
tant  pour  arrêter  la  prononciation  de 
leur  Langue , que  pour  la  communi- 
quer aux  Etrangers , 8c  pour  leur  faci- 
liter les  moyens  de  prononcer  leurs 
mots  aulfi  régulièrement  qu’eux  •,  ils 
jugèrent  à propos  d’inventer  des  ca- 
ractères fort  fimples , dont  ils  mar- 
quèrent leurs  fyllabes , qui  font  ceux 
que  nous  voyons  aujourd’hui  dans 
leur  ortographe , 8c  qui  font  tout  le 
fujet  de  ce  Chapitre.  Nous  n’en  avons 
l’ufage  en  notre  Langue,  que  depuis, 
le  milieu  du  Siècle  paflè  , quoi-que 
tout  différent  de  ce’ui  que  les  Anciens 
Grecs  8c  Latins  en  faifoient , comme 
vous  allez  voir. 

Damon ..  Depuis  quand  les  Grecs 
ont-ils  commencé  à marquer  leurs 
accens  \ 

P loi1.  Il  eft  allez  difficile  de  vous  le 
dire  mais  on  croit  que  ce  n’a.  été 


37°  Liv.  II.  Ch.V.  Des  Accent', 
que  lorfque  les  Romains  ont  com- 
mencé à s’inftruive  de  la  Langue  Gre- 
que,  & à envoyer  leurs  enfans  étu- 
dier à Athènes. 

Damon.  Si  nous  pouvions  intro- 
duire cette  maniéré  d’inflexion  de 
voix,  comme  nos  Anciens  l’avoient  , 
& la  marquer  de  même , nous  pour- 
rions efperer  que  notre  Langue  de- 
viendroit  un  jour  une  des  plus  belles 
Langues,  8c  des  plus  régulières  de 
PUnivers. 

phiUmc.  Vous  ne  devez  pâs  douter 
que  nous  n’ayons  ces  inflexions  de 
voix  dans  les  mots  de  notre  Langue , 
aufli-bien  que  les  Grecs  8c  les  Latins 
les  ont  eues:  Et  il  n’y  a même  point 
de  Langues  vivantes  qui  ne  les  ayértc 
aufli  j mais  la  queftion  eft  de  fçavoir 
où  les  placer , 8c  de  marquer  ces  tons 
avec  la  meme  régularité  que  faifoient 
nos  Anciens  , fans  donner  un  ton  à 
une  fyllabe  pour  un  autre.  Leur  dé- 
licatefle  alloit  fl  loin  ü-deflus , que 
non* feulement  ils  obfervoient  les  a£- 
cens  de  leurs  mots  , mais  encore  les 
fyllabes  longues  8c  brèves  ,•  dront  ils 
faifoient  une  différence  toute  parti- 


Liv.  II.  Ch.  V.  Des  Accent,  yfi 

culiere  j Et  le  peuple  même  ètoit  fi 
accoutumé  à cette  maniéré  de  pro- 
noncer , qu’on  rie  pouvoit  donner  un 
ton  pour  un  autre  a la  fÿllabe  d’un 
-mot , ou  faire  une  fyllabe  plus  longue 
ou  plus  brève  qu’il  ne  falloir  dans  les 
Vers  d’une  Comedie  , que  tout  le 
peuple  ne  fe  récriât  contre  l’irrégu- 
larité de  cette  prononciation  , fans 
pourtant  que  perfonne  eût  d’autre 
réglé  que  le  difcernement  de  l’orei/ie, 
qui  ètoit  fi  bien  accoutumée  à juger 
des  (ÿllabes  longues  & brèves  d’un 
mot  & du  ton  qu’on  devoir  lui  don- 
ner , qu’on  ne  fe  pouvoit  pas  tromper 
foi-mème , fans  s*en  appcrcevoir  auflï- 
tôt,  Mais  ce  feroit  bien  demander  des 
chofes  tout  d’un  coup  , que  d’exiger 
de  nos  François  une  régularité  pareil- 
le à celle  des  Grecs  & des  Romains, 
Nous  ferions  aflèz  de  progrès  en  no- 
tre Langue  , fi  nous  pouvions  obte- 
nir d’eux  un  peu  d’uniformité  dans  la 
prononciation  des  longues  & des  brè- 
ves. Car  vous  devez  fçavoir  qu’il  efi 
• des  longues  & des  brèves  , comme 
des  inflexions  de  la  voix.  Nous  avons 
des  opiniâtres  en  France , qui  préten- 

CLvj 


37i  Liv.  II.  Ch.  V.  Des  Accens . 

dent  qu’il  n’y  a ni  longues  ni  brèves 
en  notre  Langue  , & qui  cependant 
ne  fçauroient  dire  une  parole  fans 
prononcer  une  fyllabe  plus  brève  ou 
plus  longue  qu’une  autre  \ & nous  en 
avons  d’autres  qui  traitent  de  chÿme- 
rcs  ou  de  délicateflè  outrée  , l’éléva- 
tion ou  l’abaiüèment  de  la  voix  fur 
les  fyllabes  d’un  mot  , & qui  cepen- 
dant la  marquent  auflï  fenfiblement 
dans  la  prononciation  de  leurs  mots, 
que  vous  & moi  j mais  non  pas  avec 
tant  de  régularité , que  je  le  propofe. 

Dam.  C’eft  qu’apparemment  ils 
n’ont  point  d’oreille  , ou  qu’ils  ne 
font  jamais  de  réfléxion  fur  nos  ma- 
niérés de  prononcer  ; & lïiivant  ce 
que  vous  venez  de  dire , ils  n’ont  pas 
befoin  de  Réglés. 

Phil.  S’ils  parlent  régulièrement  & 
* qu’ils  foient  du  nombre  de  ces  gens 
fçavans  & polis  , fur  lufage  defquels 
j’établis  mes  préceptes  ; ils  n’en  ont 
befoin  que  pour  y faire  des  réflé- 
xions  pour  appuyer  mes  Réglés  & 
pour  fç  redrefler  eux- mêmes  , s’il 
leur  arrive  de  pécher  quelquefois  con- 
tre leur  propre  ufage.  Mais  fi  ceux 


Liv.  II.  Ch.  V.  Des  Accens,  37J 

donc  je  veux  parler  font  du  nombre 
de  ceux  qui  prononcent  à tort  & a 
travers , & qui  prononcent  une  brève 
pour  une  longue  , & une  longue  pour 
une  brève  , ou  qui  èlevent  la  voix  fur 
une  fyllabe  en  prononçant  un  mot  au 
lieu  de  l’abbaiflcr  -,  il  faut  bien  né- 
ceflairement  leur  donner  des  pré- 
ceptes pour  les  obliger  à Ce  défaire 
de  leur  mauvais  ufage  , s’ils  font  affèz 
dociles  pour  Ce  laiflèr  corriger  là- 
deflus  , & s’ils  veulent  bien  profiter 
des  confeils  que  je  leur  donne. 

Mais,  comme  je  vous  ai  déjà  dir, 
ce  feroit  trop  entreprendre  de  don- 
ner des  préceptes  fur  les  infléxions  de 
la  voix  dans  la  prononciation  des 
mots , &fur  l’obfervation  des  fyllabes 
longues  & brèves  : Il  faut  attendre 
encore  quelques  années , & laifler  cet 
Article  pour  les  plus  curieux.  Ceci 
eft  encore  trop  nouveau  , il  faut  fe 
contenter  pour  le  prefent  de  donner 
feulement  des  Réglés  pour  la  pronon- 
ciation des  longues  & des  brèves, 
que  tous  les  honnêtes  gens  pronon- 
cent avec  beaucoup  de  régularité  , de 
à laquelle  l’oreille  eft  déjà  toute 


374  Liv*  II*  Ch.  V.  Des  Accens . 

acoutumée.  Mais  ceci  n’eft  pas  en- 
core de  notre  inftruéfcion  , achevons 
ce  Chapitre  des  accens , & fefons  voir 
l’ufage  que  nous  en  fefons  aujour- 
d’hui. 

De  ïufage  prefent  des  Accens . 

Dam.  Vous  m’avez  bien  fait  plai- 
fir  de  m’inftruire  de  l’origine  des 
accens  3 

Phil.  Je  n’ai  pu  me  difpenfer  de 
vous  faire  un  détail  qui  vous  aura 
peut-être  été  un  peu  ennuyeux  , & 
qui  le  fera  peut-être  encore  plus  à 
celui  qui  lira  ceci  après  nous  ; mais  il 
en  coûte  plus  à celui  qui  parle  ou  qui 
écrit , qil  a celui  qui  écoute  ou  qui  lit  ; 
car  ceux-ci  ont  la  liberté  de  prendre 
ce  qui  leur  plaît  & de  laiflèr  ce  qui 
n’eft  pas  de  leur  goût , & particulière- 
ment en  matière  de  préceptes , où  ce- 
lui qui  les  donne  ne  fçauroit  trop  s’é- 
tendre , afin  de  ne  laiflèr  rien  à fou- 
haiter  & à ceux  qu’il  veut  inftruire  8c  à 
ceux  qui  veulent  apprendre  la  délica- 
tefiè  de  notre  prononciation , ne  trou- 
vant rien  de  fuperftu  dans  l’explica- 

/'  \ - 


\ 


Liv.  II.  Ch.  V.  Des  Accens.  375 
tion  qu  on  leur  donne  des  chofes 
qu’ils  veulent  fçavoir  j ou  du  moins 
. fi  ce  qu’ils  lifent  leur  paroît  inutile  & 
fuperflu  , ils  ont  la  liberté  de  pafl'er 
par  deflus  l’article  , comme  feront  ap- 
paremment quantité  de  gens  qui  ne 
font  pas  fi  curieux  que  vous. 

Dam.  Bien  loin  de  m’ennuyer  , je 
vous  aifure  que  j’ai  pris  un  grand  plai- 
fir  à écouter  l’hiftoire  que  vous  m’a- 
vez faite  de  l’origine  des  accens  , & de 
l’ufage  qu’on  en  a fait  dans  les  Siècles 
pafles. 

Phil.  Je  vous  ai  déjà  dit  que  l’ufa- 
ge  que  nous  fefons  aujourd'hui  des 
accens , n’a  aucun  rapport  avec  celui 
qu’en  fefoient  les  Grecs  & les  Ro- 
mains , & que  cet  ufiige  n’a  jamais 
été  connu  ni  dan?  la  prononciation 
de  nos  mots , ni  dans  notre  ortogra- 
phe  5 & que  depuis  le  commence- 
ment de  notre  Langue  juiqu’aux  trois 
quarts  du  Siècle  pafle  , ou  peu  s’en 
faut,  on  ne  içavoit  ce  que  c’ètoitquc 
d’accent  ni  dans  l’Ecriture  , ni  dans 
les  imprelïïons  des  Livres.  Si.  vous 
prenez  la  peine  de  voir  les  Livres 
François  imprimés  ayant  les  années- 


fié  Liv.  II.  Ch.  V.  Des  Accens. 

1570.  vous  ne  trouverez  aucun  des 
trois  accens  dont  nous  avons  parle: 
car  on  ècrivoit  planté  comme  plante  i 
borné  comme  borne  > mafqué  comme 
mafque  , & ainfi  du  refte.  Depuis  on 
a commencé  à diftinguer  les  e par  un 
accent  aigu , qui  donnoit  a entendre 
que  le  Son  en  devoit  erre  plus  clair 
élevé  que  l’autre  , dont  le  Son  etoit 
plus  fourd  & moins  fenfible , comme 
vous  pouvez  remarquer  aux  mots  fiii- 
vans  i cofté , cojle  > placé , place  ; fer- 
mé , ferme  j ridé , ride  } borne  , bor '• 
ne  } jugé,  juge  ; traité,  traite  ifaujfé , 
faujfe  ; voilé , voile  ; voûte  , voûte  i 
mais  cette  diftin&ion  n’avoit  lieu  que 
pour  les  e qui  fe  trouvoient  à la  fin 
des  mots , ou  fuivis  d’un  autre  e dans 
une  fyllabe  finale  , comme  en  ces 
mots  *,  fermée  , aimée  , armée  , &c. 
& dans  le  même  tems  on  s’avilà  de 
faire  fervir  l’accent  grave  : mais  cela 
n’eut  lieu  que  pour  trois  monofyllabes 
qui  croient  la,  où  , à , dont  les  deux 
premiers  font  adverbes  de  lieu  , 8c  le 
dernier  eft  prépofition , pour  les  dis- 
tinguer des  autres  monofyllabes  la, 
ou  Si  a , dont  le  premier  eft  un  arti- 


Liv  II.  Ch.  V.  Des  Accent.  577 
cle  féminin , & aufli  un  pronom  rela- 
tif féminin  ^ le  fécond  , une  con- 
jon&ion;  & le  troifième  , une  troifiè- 
m-  pcrfonne  du  verbe  avoir , comme 
vous  allez  voir  par  les  Exemples  qui 
fuivent. 

Là,  où, à,  avec  des  La  , ou , a , fans 
accens . accens . 

Il  eft  la  : il  fut  La  vertu  , la 
pris  la  : où  eft-il  î femme  , la  danfe  5 
l’endroit  où  je  le  je  la  verrai  tantôt  -, 
vis  : il  eft  a Paris  : il  la  tient  , bien 
à la  Campagne  : il  ou  mal  : belle  ou 
apprend  à dan  fer.  laide  : bonne  ou 

mauvaife.  Il  a un 
Maîcrc  : il  dbien 
fait  : il  a difné. 

On  s’eft  encore  fervi  de  cet  accent 
grave  fur  les  monofyllabes  ça  , foit 
qu’il  fût  interje<5t?on  ou  qu’il  fût  ad- 
verbe j comme  , ça  vîte  qu’on  s’ap- 
prête j ça  Meilleurs &c.  venez  çai 
courir  ça  & la. 

On  s’eft  encore  fervi  de  l’accent 
grave  fur  ces  mots  compofés  5 delà , 
au  delà  , par  delà  , en  delà  ; deçà , 
de  deçà , en  deçà  , au  deçà  ; comme  » a 


578  Liv.  II.  Ch.  V.  Des  Accens. 

cent  pas  delà,  ; au  delà  des  bornep; 
■par  delà  les  Monts  j tirez  - vous  un 
peu  en  delà  ; tournez-voiis  en  delà  , 
pour  dire  , de  l’autre  côté,  il  cft  deçà, 
pour  dire  , il  ef  de  ce  côté- ci  ; 
deçà , de  là,  pour  dire,  de  côte'  & d’au- 
tre ; les  Païs  de  deçà  , pour  dire , les 
Pats  cjui  font  de  ce  côté-ci  ; tournez- 
vous  en  deçà,  pour  dire,  de  ce  côté-ci} 
il  cft  en  deçà  ou  au  deçà  de  la  ri- 
vière , pour  dire  , qu’il  nef  pas  au  de- 
là de  la  rïviere  : Il  cft  fort  droit  , il 
ne  penche  ni  en  deçà  ni  en  delà. 
Voilà  tout  Tillage  qu’on  a fait  des  ac- 
cens , & qu’on  en  fait  encore  aujour- 
d’hui , & on  s’en  eft  tenu  là  près 
d’un  Siècle  , fans  rien  augmenter  ni 
diminuer. 

Dam.  Vous  ne  parlez  point  de 
l’accent  circonflexe  ? 

Phil.  On  n’a  commencé  à s’en  fer- 
vir  qu’un  peu  avant,  le  milieu  de  ce 
Siècle  , & ce  font  les  Imprimeurs 
Hollandois , qui  fuivis  & appuyés  de 
nos  Ecrivains  modernes  , ont  intro- 
duit l’ufage  de  cet  accent , mais  pour 
une  autre  fin  que  celle  qui  commence 
à s’établir  $ car  il  eft  certain  que  l’u- 


Liv.  II.  Ch.  V.  Des  Accent.  yj$ 

fagc  de  cet  accent  circonflexe , ne  s’eft 
établi  que  pour  marquer  dans  notre 
ortographe  le  retranchement  d'une 
lettre  , comme  vous  pouvez  remar- 
quer aux  mots  fuivans  \ aage  , roole , 
reccu  t crtu  > v^u  , cofte  , bruüer  ; je 
peuùe  , tu  peuGes  » il  peuGt  > qu’on 
écrit  à prefent  avec  cet  accent  cir- 
conflexe, en  la  maniéré  qui  fuit  : âge  y 
rôle  y reçu  , cru  , vu  , brûler  i je  pujfe9 
ôcc.  Et  cependant  il  fcmblc  que  de- 
puis quelques  années  cet  accent  ne 
doive  plus  fervir  en  notre  ortographe, 
que  pour  marquer  l’allongement  d u- 
ne  voyelle  , comme  vous  voyez  en 
ces  mots  : tacher  , bête  , île  , hôte , 
embûche  y dont  les  pénultièmes  fylta- 
bes  font  plus  longues  que  celles  des 
mots  fuivans  : tacher , cete  , bile  , fo- 
te  y huche.  Et  il  feroit  à fouha’tcr  pour 
nous  & pour  les  Etrangers  , que  l’on 
en  demeurât  là  , & que  ect  accent 
neût  point  d’autre  employ  que  celui 
de  faire  longue  la  voyelle  fur  laquelle 
il  eft  aflis , autrement  nous  tomberons 
dans  un  aufh  grand  inconvénient  que 
celui  auquel;  nous  étions  avant  l’ulâ- 
ge  de  cet  accent  i car  la  letture  de  nos 


$$o  Liv.  II.  Ch.  V.  Des  Accens. 

mots  ne  fora  pis  plus  aifée  par  la  fup- 
preflion  des  lettres  inutiles  , qu’elle 
ètoit  auparavant , fi  à la  place  de  ces 
lettres  on  y fubftituc  des  figures  qui 
ne  fignificnt  rien , ou  qui  fignifient  une 
prononciation  pour  une  autre,  com- 
me vous  allez  fenfiblement  remarquer 
par  l’exemple  de  trois  ou  quatre  mots. 
Si  vous  écrivez,  par  exemple,  reçu , 
conçu  , cru , vu  , hardiment , fans  ac- 
cent , vous  l’écrivez  comme  vous  le 
devez  naturellement  èci  ire  , & vous 
ne  couvrez  aucun  rifque  de  vous  trom- 
per dans  la  prononciation  de  ces  mots, 
non  plus  que  vous  feriez  dans  ceux- 
ci  ; objet,  fujet  , parfait,  fi  vous  les 
voyiez  déchargés  des  lettres  inutiles 
dont  ils  ètoient  auparavant  remplis, 
comme  ils  ètoient  ci-devant  en  la  ma- 
niéré qui  fuit  : crzu,  vtu , reczu , con- 
clu , hardiment  : Si  au  contraire  pour 
marquer  le  retranchement  des  lettres 
inutiles  de  ces  mots  > vous  mettez  un 
accent  circonflexe  à la  place  de  la 
voyelle  fupprimée  , & que  quelque 
Etranger  & même-un  François,  veuille 
regler  la  prononciation  de  ces  mots 
fur  l’inlpe&ion  des  caractères , donc 


Liv.  II.  Ch.  V.  Des  Accens.  381 

il  les  verra  écrits  ou  imprimés  j il  ne 
manquera  pas  de  faire  longue  la  Syl- 
labe de  laquelle  on  aura  fupprimé  une 
lettre  , 6c  à la  place  de  laquelle  on  y 
aurafubftituc  un  accent  circonflexe,  & 
de  prononcer  ces  mots  : cru  , reçu  , 
vu  t conçu. , hardiment , & autres  fem- 
blables  mots  , comme  nous  pronon- 
cerions les  dernieres  fyllabes  de  ceux- 
ci  » crus  , reçus  , vus  , conçus , s’ils 
ètoient  mis  devant  d*autres  mots  com- 
mencés par  des  confoncs,  c’eft-â-dire 
d’une  manière  longue  & traînée  , 
( j’y  mets  cette  condition  pour  mar- 
quer que  l’i  finale  de  ces  mots  ne  fe 
prononce  pas  : ) & quant  à la  pénul- 
tième fyllabe  du  mot  hardiment,  ilia 
prononceroit  comme  la  première  du 
root  iule , mais  mal  * C’efl:  pourquoi 
ilferoit  à propos  que  tous  les  Ecrivains 
modernes  ne  marquaflcfit  aucun  ac- 
cent à la  place  des  voyelles  fupprimées, 
non  plus  qu’on  fait  aux  lettres  qui  ont 
été  retranchées  des  mots  objett,fub- 
jeft , parfaitt , & autres  qu’on  écrit 
& imprime  préfentement  ainfi  ,•  objet , 
fujet , parfait , fans  marquer  aucun  ac- 
cent fur  la  voyelle  qui  précedoit  la 


381  Liv.  II.  Ch.  V.  Des  Accens. 
lettre  fupprimée.  Je  vois  déjà  quan- 
tité de  bons  Ecrivains  qui  en  ufent  de 
même , à l’égard  des  mots  où  il  y a 
des  voyelles  (opprimées  , comme  en 
ces  mots  : veu , receu  , conceu  , qu’ils 
ortographient  Amplement  en  la  ma- 
niéré qui  fuit  : vu  , reçu , conçu , fans 
y mettre  aucun  accent  non  plus  qu’aux 
mots  à' objet  & de  fujet  i mais  ils  n’en 
ulent  pas  de  même  en  ce  qui  regarde 
les  lettres  fupprimées  qui  rendoient 
longue  la  fyllabe  à laquelle  elles  è- 
toient  attachées  , comme  en  ces  mots: 
aage  , Controlle , Pafques  . qu’on  orto- 
graphic  préfentement  ainlï  *,  âge , Con- 
trôle , Pâque*  , parce  que  ces  lettres 
qui  étant  doublées  allongeoient  la  fyl- 
labe , & P s muette  marquée  dans  Por- 
tographe  fêlant  le  même  effet  dans  la 
prononciation , doivent  avoir  un  ac- 
cent qui  marque  non  feulement  la  fup- 
prclïion  de  leurs  compagnes  , mais  en- 
core la  me  (lire  de  leur  fyllabe.  Et  je 
ne  doute  pas  qu’avec  le  tems  cette 
maniéré  d’ortographier  ne  s’ètablille 
tout- à- fait  dans  la  fuite.  Il  feroit  mê- 
me à fbuhaiter  que  notre  accent  cir- 
conflexe Ier  vît  à marquer  dans  notre 


x- 


Liv.  II.  Ch.  V.  Des  Accens.  38j 

ortographe  généralement  toutes  ics 
fyllabes  longues,  fans  faire  diltindfcion 
de  celles  qui  le  font  par  une  voyelle 
doublée  ou  par  une  s muette  , & 
qu’on  écrivît  ces  mots  \Stile , Geôle , 
J âge,  rable  , dure  , &c.  en  la  maniéré 
qui  fuit  : Stile  , Geôle , Juge  , rable  , 
dure. 

Dam.  Cela  étant , vous  tomberiez 
dans  un  autre  inconvénient  à l’égard 
des  e -,  car  au  lieu  de  prononcer  ces 
mots  Pere  , Mere  , Siégé  , Liege , 
College  , fi  vous  les  écriviez  Comme 
vous  propolêz  avec  un  accent  circon- 
flexe fur  leurs  pénultièmes  fyllabes, 
en  la  manière  qui  fuit:  Pere  , Mere  , 
Siêgei  Liège  , College  , vous  leur  don- 
neriez un  Son  bien  extraordinaire , & 
tout  autre  que  celui  qu’ils  doivent 
avoir,  quand  on  les  prononce  bien; 
car  vous  diriez  , Paire  , Maire , Siaif- 
ge  , Liaijge  , Colaifge , ce  qui  {èroit 
paroîtroit  bien  groflier. 

Phil.  J’en  demeure  d’accord  , mais 
cela  ne  regarde  que  l’inftrudtion  de  la 
maniéré  d’ortographier  & de  pronon- 
cer les  e , dont  nous  parlerons  au 
Chapitre  fuivant , & nous  vous  fatis- 


3$4  Liv-  Ch.  V.  Des  Accens , 

ferons  fur  tout. 

Dam.  N’avez-vous  plus  rien  à dire 
de  i’ufage  prefent  des  trois  accens , 
qui  font  employés  dans  notre  orto- 
graphe. 

Phil.  Je  n’ai  pas  encore  tout  dit  ce 
que  j’avois  à dire  de  Y accent  aigu. 
Je  vous  avois  dit  qu’on  avoit  commen- 
cé à s’en  fervir  en  notre  ortographe, 
pour  diftinguer  Ve  final  mafculin  d’a- 
vec Ve  final  féminin  , & qu’on  en  ètoit 
demeuré  là.  Mais  depuis  les  Impri- 
meurs Etrangers  ayant  reconnu  l’uti- 
lité qu’on  recevoit  en  la  leéture  de  nos 
mots  , par  la  diftin&ion  de  \'e  mafçu- 
lin  & du  féminin  , ont  jugé  à propos 
de  marquer  les  e mafculins  auflii  bien 
au  commencement  des  mots  qu’à  la 
fin , comme  vous  voyez  en  ces  mots  : 
député i félicité,  récité.  Et  cette  orto- 
graphe  a été  fuivie  de  quantité  de  bons 
Ecrivains  en  France , & même  de  nos 
Imprimeurs  j Enflure  dequoi  on  s’eft 
hazardé  de  marquer  non  feulement 
les  e mafculins  qui  fe  trouvoient  au 
commencement  & à la  fin  des  mots  j 
mais  encore  tous  cetix  qui  fe  trou- 
voient dans  un  mot  , comme  vous 

pouvez 


IiV.  II.  Cri.  V.  Dès  Accent , $3? y 
pouvez  voir  en  ceux-ci-,  dégénéré , 
déféré , générofitè. 

Dam.  Il  me  femble  que  vous  m’a- 
vez dit  que  nous  avions  trois  fortes 
dV  : Comment  font-ils  pour  marquer 
le  tro’fième  , s’ils  ne  fe  fervent  que 
de  l’accent  aigu  ? car  fi  nous  n’avions 
que  deux  e , une  marque  fuffiroitpouc 
diftinguçr  l’un  de  l’autre. 

Phil.  C’eft  icy  le  nœud  gordien  de 
l’affaire , & ce  qui  doit  faire  le  fujec 
du  Chapitre  fuivant  , pour  tirer  les 
Etrangers  & les  François  mêmes , de 
l’embarras  où  les  jette  cette  quantité 
d’accens  aigus  , indiftinttement  mis 
fur  toutes  fortes  dV  ; car  fi  on  regar- 
de l’accent  aigu  comme  la  marque  de 
notre  e mafeulin , comme  il  l’eft  en  ef- 
fet, & qu’on  veuille  regler  fa  pronon-  ' 
ciation  furl’infpedion  de  cet  accent*  il 
eft  certain  qu’on  ne  rencontrera  jamais 
jttfte  fur  la  prononciation  des  e i ca t 
on  prononcera  IV  du  mot  de  progrès  , 
comme  le  dernier  de  celui  de  degrés  $ 
Ve  dü  mot  près s qui  lignifie  proche  , 
comme  celui  du  mot  de  prés  , qui  eft 
le  plurier  de  pré  ; & IV  de  dédain , 
comme  celui  de  délicat . Je  cite  ces 

R .. 


LiV.  IL  Ch.  V.  T)es  Accent. 
mots  de  progrès  3 près , dédain poifif 
vous  donner  une  démonftration  plus 
fenfible  de  Ve  ouvert , & qui  foit  fans 
répliqué  5 car  on  ne  peut  pas  difcon- 
venir  que  leurs  e ne  fe  prononcent 
comme  notre  double  voyelle  ai  , & 
qu’étant  obligé  de  les  prononcer  com- 
me s’ils  etoient  écrits  en  la  manière 
qui  fuit , prograis  t prais  , daidaim  ; 
il  faut  indifpenfablement  en  changer 
l’accent  qu’on  doit  mettre  fur  leurs  #» 
& au  lieu  d’un  aigu  en  mettre  un 
grave  en  la  maniéré  qui  fuit , progrès  9 
pris  3 dédain  : Car  la  même  raifon  qui 
a introduit  notre  accent  aigu,  qui  étoit 
dans  le  milieu  du  fiécle  pafle , tout-à- 
fait  inconnu  en  notre  ortographe,pour 
diftinguerl’#  mafeulin  d’avec  T#  fémi- 
nin , nous  doit  auffi  fervir  à diftinguer 
cet#  mafeulin  d’avec  Ve  ouvert  par  un 
accent  grave , quoique  cet  accent  foit 
auffi  peu  connu  dans  notre  ortogra- 
phe , que  l’ètoit  l’accent  en  notre  Lan- 
gue dans  le  milieu  du  fiécle  pafle. 

Darn.  Ceci  me  paroît  bien  nouveau 
& difficile  à établir,  parce  que  cette 
quantité  de  différens  accens  charge- 
toit  beaucoup  les  lignes  de  notre  Ecri» 


LiV.  II.  Crt-  V.  Des  accent’.  387 
ttlre  & de  notre  Impreffion  5 ce  qui 
feroit  & fort  incommode  & bien  de(- 
ftgréable  a la  veuc. 

Phil.  Cela  n*eft  pas  fi  nouveau  que 
vous  croyez , & je  ne  defefpere  pas  que 
l’avantage  qu*on  remarquera  de  la 
diftinétion  de  ces  deux  accens , ne  les 
ctablifle  tout-à-fait.  J’y  vois  même 
déjà  quelque  difpofition  par  l’intro- 
du&ion  d’un  autre  accent  qui  eft  le 
circonflexe , qu’on  trouve  dans  beau- 
coup de  nouvelles  Impreflions  fur  les 
dernieres  fyllabes  des  mots  de  progrès, 
abfcès,  après , auprès , décès  , [accès , 
Cyprès , excès  , & de  quantité  d’aurres 
mots  dont  les  dernieres  fyllabes  ont 
des  e ouverts  : Et  comme  cet  accent 
circonflexe  pourroit  caufer  de  la  con-* 
fufion  dans  l’ortographe  des  autres 
mots  , où  les  e ouverts  ne  font  pas 
longs , comme  ceux  que  je  viens  de  ci- 
ter , fi  on  fe  mettoit  en  tète  de  faire 
fervircet  accent  circonflexe  indiftinéke- 
ment  fur  tous  les  e ouverts  , tant  brefs 
que  longs  > il  ne  faut  pas  douter  qu’on 
ne  racourcît  cet  aècent  d’une  jambe 
pour  en  faire  un  accent  grave.  Si  on 
confidere  que  l’ufage  de  notre  accent 

R ij 


$38  Liv.  II.  Ch.  V.  Des  jiccensi 
circonflexe  ne  s’eft  d’abord  établi , qil6 
pour  marquer  le  retranchement  d’une 
lettre , & que  depuis  on  l’a  fait  fervir  à 
marquer  l’allongement  de  la  voyelle 
fur  laquelle  il  ètoit  mis,  comme  vous 
pouvez  voir  en  ces  mots,  male yléte  , 
vite,  &c.  on  ne  manquera  pas  de  s’ap- 
percevoir  que  plaçant  cet  accent  ^cir- 
conflexe fur  des  e ouverts  brefs  , on 
cauferoit  de  l’embarras  aux  Etranger# 
& même  aux  François,  qui  ne  fçau- 
roient  pas  tous  les  mots  de  notre  Lan* 
gue , en  leur  fefant  prononcer  une  fyl- 
labe  longue  qui  doit  être  brève , com- 
me vous  pouvez  remarquer  par  le# 
mots  fuivans , dédain , decendre  yrcpon~ 
dre^d ont  on  prononcerait  les  premières 
fyllabes  longues  , fl  pour  diftinguet 
leurs  e des  e mafculins , on  les  marquoit 
d’un  accent  circonflexe  , ainfl  dédain , 
decendre , répondre , &c.  car  on  com- 
mence à marquer  de  cet  accent  les  e 
ouverts  longs  des  fyllabes  finales  dont 
on  a changé  le  z final  en  s , comme 
on  peut  voir  en  ces  mots  progrez , pro - 
cez,  anprez  , qu’on  ortographie  par 
une  s , ainfi  progrès , procès , auprès . 
De  forte  qu’après  avoir  fait  de  ferieut- 


* * 


Liv.  II.  Ch.  V.  Des  Accent', 

fes  réflexions  fur  l’ufage  prêtent  de 
cet  accent  circonflexe,  il  ne  faut  pas 
douter  qu’on  ne  fe  ferve  en  fa  place 
de  l accent  grave  pour  marquer  les  c 
ouverts  brefs  , & qu’on  ne  fupprime 
tout  à fait  l’ufage  du  circonflexe  à 
la  fin  des  mots  terminés  en  es  \ d’au- 
tant plus  que  l’allongement  de  ces 
fortes  de  fyllabes  finales  n’a  pas  be- 
foin  d’être  marqué  d’un  accent  cir- 
conflexe , puifque  Xs  finale  par  une' 
réglé  qui  ne  fouffre  point  d’exception 
le  marque  aflez,  lo-rs  quelle  eft  pré- 
cédée d’une  voyelle  ou  d’un  e accen- 
tué , comme  vous  pouvez  voir  pat 
l’exemple  de  ces  mots  : appas , aimés  ^ 
ajjîs , repos  , abus  t.  dont  les  demie- 
tes  fyllabes  font  longues. 

Quand  à ce  que  vous  dites , que  cette 
quantité'  d’accens  chargeroit  trop  les- 
lignes  de  notre  Ecriture  & de  notre 
Impreflâon , 5c  qu’elles  n’en  feroient 
pas  plus  belles  , j’en  demeure  d’ac- 
cord  avec  vous  ; mais  ce  défaut  ( fi 
vous  prétendez  que  c’en  foit  un  ) feroic 
encore  plus  fupportable , que  celui  de 
n’avoir  qu’un  caraétére  en  notre  orto- 
graphe , pour  marquer  trois  différent 
Sons» 


£$6  Liv.  Tï.  Ch.  V.  Z)es.  AccenK 
D’ailleurs , fi  nos  yeux  ètoient  unef 
fois  accoûtumés  à cette  forte  d’orto- 
graphe  , nous  ne  la  trouverions  pas 
plus  étrange  ni  plus  difforme  qu*on' 
trouve  celle  de  la  Langue  Greque  * 
dont  les  mots  font  charges } non  feule- 
ment d’accens,mais  encore  d’autres  pe- 
tits caractères  que  lesGrecs  nommoient 
des  efprits  âpres  & des  efprits  doux  » 
dont  les  premiers  font  faits  comme  des. 
petits  ( c ) & les  autres  comme  des  vir- 
gules (,)  ainfi  qu’il  paroît  aux  Exem- 
ples fuivans  , a/jui9  <j/u)  , u(9  qui  fi- 
gnifient  , cnfernble  3 je  fuis  , tu  es « 
Mais  outre  cette"  raifon  qui  doit  fuf- 
fire  pour  favorifer  l’ufage  de  nos  ac- 
cens  , nous  avons  encore  à dire  que 
notre  Ecriture  n’ëtant  pas  plus  char- 
gée par  la  marque  d’un  accent  gra- 
ve , que  par  celle  d’un  accent  aigu  » 
puis  qu’il  ne  coûte  pas  plus  de  met- 
tre l’accent  de  la  main  gauche  à la 
main  droite , que  de  la  droite  à la 
gauche  , il  nous  eft  indifférent  de 
nous  fervir  d’un  accent  grave  ou  d’un 
accent  aigu.  Je  ne  voudrais  pourtant 
pas  trop  me  hazarder  à me  leivir  de 
cet  accent  grave  ailleurs  que  dans  ces 


Liv.lt  Ch.V.  Ves  Aecm. 

préceptes  *,  il  fuffit  que  je  le  propofe  , 
on  y fera  enfuite  telle  iéfléxion  qu*on 
jugera  à propos  9 & je  me  mets  fore 
peu  en  peine  du  refte. 

Dam.  J’ai  pourtant  remarqué  dans 
▼os  écritures  particulières  plufieurs 
mots  où  vous  marquez  les  e ouvert» 
avec  des  accens  graves. 

P h il.  Il  eft  vrai  , mais  comme  peu 
de  gens  s’en  font  apperçûs  à caufe 
du  peu  de  différence  qu’il  y a d’un  ac- 
cent à l’autre , je  me  fuis  hazardé  de 
plus  en  plus  à les  mettre  en  ufage , Sc 
avec  d’autant  plus  de  confiance , que 
j’ay  remarqué  que  les  accens  aigus 
mis  pour  des  accens  graves  choquent 
la  veuë  8c  le  bon  fens  9 comme  je 
vous  l’ai  déjà  fait  obferver  *,  8c  je 
ne  defefpere  pas  que  cet  accent  gra- 
ve s’ètabliflant  à la  fourdine  dans  no- 
tre ortographe  fans  qu’on  s’avife  de 
l’en  chafler , ne  fafle  faire  peu  à peu 
des  réfléxions  aux  habiles  gens , qui  en 
xonnoiflant  futilité  , ne  l’y  ètablifle 
tout  à fait.  Je  ne  me  fers  pourtant  de 
cet  accent  grave  que  fur  les  t où  je  le 
Vois  déjà  marqué  d’un  accent  aigu  mal 
. à propos.  Autrement  je  nem’ aviferois 


•$  9 z Iiv.  n.  Ch-  V.  Des  tccenr.  > 
pas  de  le  marquer  fur  Ye  où  il  n’eft 
point  marqué,  à moins  que  ce  ne  foie 
dans  ce  Chapitre  pour  faciliter  l’inftru- 
ttion  de  mes  Réglés.  Je  mécontente-- 
rai  de  propofer  l'avantage  qu  on  tire- 
ra de  cet  accent  grave  -,  en  profitera- 
qui  voudra  : mais  je  ne  pretens  pas 
être  le  premier  à m’en  lervir.  < 


Tiff  du  premier  Tome* 


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