J.
;
L A R T
f DE
PRONONCE R#r|
PARFAITEMENT /fe'/
LA LANGUE!#'
' FRANÇOISE,,
5
i Monseigneur
'dMtX E d u c mw-
■ DE
BOURGOGNE.
Par le Sieur J. H. D. K.
Seconde Edition revue , corri^
augmentée par l’Auteur.
TOME PREMIER ,
A PARIS,
cr Laurent d’Houry, rue
Jacques , devant la Fontaine S. Severii
M. D C/ XCVI.
AVEC PRIVILEGE BV ROY.
■ ■
MONSEIGNEUR
LE DUC
ONSEI.GN.EVR ï
Il y a quelques années que •
î\eüs l'honneur ae vousfKjènter •
3. ii
. t E PIS.TR E.
ta première Edition de ce TraU
té y qui net oit alors qu'un ébau-
ché de ce qu'il efl aujourd'hui *
Les changemens que j'y ai
S‘ts y & les observations que
!&'fy ai ajoutées font en fi grand
$ nombre , quêtant prcfentement
•4? un Li'Vre tout nouveau y il a be-
'foin d'une nouvelle proteélion ,
La connoijfance des Langues
n'ejl pas indigne d'un grand
Prince : Ce far ne la pas cru in-
différente y puifqu au milieu de
Je s conquêtes y il n a pas dédai-
gné de faire lui- meme des re-
marques fur la Langue Latine
pour l'inflruélion des Romains,
. Il efl de la gloire des grands
Princes y AiONSEIGNErURy
E PI S T RE.
de porter leur Langue çjr les
rnceurs de leurs Sujets encore
plus loin opte les bornes de leurs
Empires; & les Souverains ont
toujours veu les Langues de
leurs Nations fuivre le cours de
leurs victoires & la profperité
de leurs Etats .
. L'Eloquence Greque ne fut
jamais plus florijfante que fous
. Alexandre ; la Romaine , que
fous Jugufte ; & la Françoifi *
que. fous Louis le Grand . Cet-
te illujlre Academie 3 qui fait
l ornement de notre ficelé 3 en eft
une preuve incontestable ; (fÿ
c eft un monument etemel du foin
quil a eu de la perfectionner O*
de l'embellir. . .
-, • M . . . "*
a il j
EPISTRE.
•j ; La Langue Françoife efl ve-
nue a tel point, qu on peut dire
quelle efl présentement la Lan-
gue générale de /’ Europe. On la
parle dans toutes les Cours , {0
les Etrangers mettent au nom-
bre de leurs principaux devoirs ,
l'obligation de l'apprendre f0 de
la fçavoir parler .
Je nat pas la préemption ,
MON SEIGNEVR , de
me persuader que cet Ouvrage
vous fit nécejfaire : les person-
nes a qui votre éducation a été
fi fàgement commife , font les
Maîtres du beau langage : Vous
êtes né au milieu de la politejfe
même 3 elle vous efl naturelle &
familière 5 bien loin d'avoir
1
EPI S T RB.
befoin de Réglés , 'vous ' et es
déjà Iq modèle de tout ce quil
y a de. plus parfait & de plus
poli .
Je nai entrepris cet Ouvra-
ge, MONSEIGNEVR ,
que pour donner à ceux qui ai-
ment la pureté de notre Lan-
gue , les moyens de s'y perfec-
tionner, en leur faifant remar -
uer tout ce que fai pu rajfem -
1er de la juflejfe des agré-
ment de la prononciation Fran -
çoifi . C'ejl la feule fin que je
me fuis propofée : Elle fera tou-
jours heureufe , MONSEI-
GNEUR, fi ce Livre a
/’ honneur de votre approbation >
& * moi tres-glorieufi , puifi
^ • • • •
a mj
i
EPISTRE.'
quil me donne occafion de vous
a fîürer du très-profond & très -
inviolable refpefl; > avec lequel
je fuis,
»• • » <■ • *
' A t£' ^
, . • j . .. ..<■ . •> • ■ î-.
J .< •' • ’.lOîl
MONSEIGNEUR,
& t:
T
iu
'lraT
ri
v
Votre très- humble 8i
tres*obeïflanc fer-
viteur J. H. D. K.
-*
. • Ç**r rj -V •«
. . .
II™
"V '"'V* '"'V* r'VJ *Tvî r?V> «T&-> rXlJ 'X^J «Ts» rcv>
■ PREFACÇ.
a
’ A Y eu dès ma plus
tendre jeunefie une fi
forte inclination pour l’é-
tude des Langues , que je me*
fuis appliqué non feulement à ap-
prendre les Langues meres de
l’Europe , mais encore tous les
Dialeétes qui en font dérivés.
Je- ne me fuis pas contenté de
les fçav^ir littéralement 3 pour
en entendre feulement les Au-
teurs , j’en ai voulu fçavoir \x
prononciation à fond : Et pour
y reüffir avec plus de promtitu-
de & de fureté , j’ai été fur les
lieux mêmes , afin de m’exercer
les organes ayec les naturels de
i
PREFACE.
chaque pais où fe parlent ces
Langues. -
J’ai eu tout le loifir pendant
le tems de cet exercice, de fai-
re des reflexions fur les maniè-
res de prononcer de chaque Na-
tion. J’ai conféré toutes ces pro-
nonciations avec la nôtre, & j’ai
remarqué que de toutes les Na-
tions de l’Europe il n’y en avoic
•point de moins curieufe .que la
nôtre, en ce qui regarde la pro-
nonciation de fa Langue.
J’ai même rencontré quantité
d’honnêtes gens parmi les Etran-
gers , qui m’ont fait connoîtré
cette vérité par des reproches fin*
le peu de foin que nous appor-
tons à prononcer nos mots, ;
Dans les principales Cours de
l’Europe, où l’on fe fait un point
d’honneur de bien parler notre
Langue , on s’étonne que nous
en négligions la plus important©
T RE T A Cl,
■partie j qui eft la prononciation,
11 y a même des Etrangers qui
difenr avoir ouï faire des fautes
de prononciation à des François
allez diflingués , qu’ils auroient
honte de faire eux-mêmes. A la
vérité, ce n’eft pas un grand mé-
rite de parler régulièrement fa
Langue j mais il faut convenir que
ceft une grande honte à un hon-
nête homme de ne la parler pas fé-
lon les réglés & félon l’ufage reçû
de tous ceux qui parlent bien.
C’eft ce qui m’a fait entre-
prendre l’Ouvrage que je don-
ne au Public. Les Etrangers mê-
me ne m’ont pas été inutiles:
Le$ queftions qu’ils m’ont pro-
pofées fur nos maniérés de pro-
noncer les mots de notre Lan-
gue , m’ont animé dans mes re-
cherches $ & je pourrois dire
que j’ai plus fait d’obfervations
parmi eux fur notre Langue ,
P R E F A C JE. '
que je n’en ai jamais fait efl
France.
J’efpére que ces
ront pas moins ut
çois qu’aux Etrangers aufqueis
je les ai propolées dans le tems.
Les Sçavans en pourront profi-
ter comme ceux qui ne le font
pas ,1 puilque fi elles inftruifent
les derniers , en leur apprenant
ce qu’ils ne fçavent point, elles
pourront perfectionner les au-
tres, en leur fai Tant faire des ré-
flexions fur ce qu’ils fçavent dé-
jà, & peut-être fur des défauts
aufqueis ils pourraient être fu*
jets faute d’y avoir pris garde.
Si l’Enonciation , dit Quinti-
lien , efl: la principale partie de
l’Eloquence, on ne peut pasdif-
con venir que la belle &jufle pro-
nonciation ne foit la bafe & le
fondement de l’Enonciation , ô£
le premier ornement des Lam*
Réglés ne fè*
les aux Fran-
Préfacé.
gués vivantes ; on ne doit dotiÔ
pas apporter moins de foin à fe
faire une habitude de bien pro-
noncer j quon en prend d ordi-
naire à fe bien exprimer.
Les plus beaux difcours per-
dent toutes leurs grâces , fi les
mots nen font pas prononcés
félon les réglés & l’ufage des gens
qui parlent bien. Je dis félon les
réglés & l’ufage , parce que tous
les préceptes qui lont renfermés
dans cet Ouvrage , ne roulent
que fur l’accord quon doit faire
des Règles avec l’Ufage receu ,
en faifant fubfifter les Réglés ,
autant qu’il cft pofliblc , contre
l’Ufage qui s’en veut écarter 5
mais toujours en les foûmettant
À-TUfage, quand il en a fouve-
rainement décidé.
Les Grecs & Jes Romains
ètoient fi délicats fur la pronon-
ciation , & ils laregardoient com~
T R E F A C E.
ffle au point fi important, qu’ils
en faifoient une étude particu-
lière. Ils avoient des Ecoles pu-
bliques , où l’on enfeignoit leurs
Langues naturelles, félon label*
le maniéré de parler & de pro-
noncer , regardant l’inftrudion
de lajeuneffe dans leur Langue,
comme la voye la plus allurée
pour en maintenir la beauté , &
pour en augmenter la richeflè.
En effet, leurs préceptes étant
répandus par toutes leurs Pro-
vinces , ètablifloient une maniéré
de parler reguliere & uniforme
dans chacun de leurs Diale&es >
& c’eft par là qu’ils ont rendu
leurs Langues les- plus accom-
plies & les plus floriffantes de
l’Univers, & qu’ils les ont con-
fervées tant de fiecles.
i II leroit à fouhaiter , pour la
gloire & pour l’accroiffement de
la nôtre j que cette maniéré d’e-
prefjcé:
lever la jeuneffe fe pût un joufr
établir en France , pour purger:
notre Langue de quantité de
mauvaifes maniérés de parler 6c
de prononcer, où tombent fou-
vent des gens de toutes condi-
tions , fans en excepter quelques
Sçavans , & qui même font pro-
fefîîon de parler en public 5 &c
cela parce qu’on ne leur a pas
fait connoîcre dans leur éduca-
tion la nccefîité qu’il y a de fça<-
voir bien parler & bien pro-
noncer leur Langue naturelle
préférablement à toutes celles
qui leur lont étrangères.
On énfèigne aux jeunes gens
le Latin & le Grec avec beau-
coup de foin, & on abandonne
leur Langue maternelle au ha-
zard de liifage bon ou mauvais.
Les Partifans de cette maxime di-
iènt pour raifon , qu’il fûffit d’a-
voir beaucoup étudié & leu eft
V RFF ACF.
Grée te en Latin , pour fçavoir
mieux parler fâ Langue qu’un au-
tre 5 mais ils fe trompent.
Le Latin & le Grec font des
Langues mortes , que chaque Na-
tion prononce- félon la maniéré
idiotique & particulière de pro-
noncer la Langue de fon païs.
Ainfi ces deux Langues ne nous
peuvent fournir aucunes réglés
pour apprendre à prononcer la
nôtre.
Cependant prefque tous ceux
qui ont beaucoup étudié & beau-
coup leu, fe croyent infaillibles
en leur prononciation , faute de
confidérer que l’étude ni la lec-
ture ne fuffifent pas pour bien
prononcer , fi on ne fait les
inflexions néceffaires fur les ré-
glés ou fur le bel ufage de la
prononciation.
Quelques-uns difènt aufli que
la conv.erfation . des gens polis
PR1FACE.
fuffit fans le leçon rs de l’ètCidè
& des réglés * mais cela ne re-
garde tout au plus -que les ma-
niérés de parler & d’écrire poli-
ment. Il n’en eft pas de même
des maniérés de prononcer : elles
ne font pas une impreflion affez
fenfible pour arrêter l’elprit de
celui qui entend parler , en for-
te qu’il falfe des reflexions for'
les défauts d’une mauvaife pro-
nonciation : & comme nous avons
l’oreille accoutumée à la manié-
ré de prononces de ceux avec
qui nous converfons, il eft pref-
que impoffible que nous nous ap-
percevions de leurs foutes ni des
nôtres. Ainfi nous n’avons garde
de nous corriger des défauts que
nous ne connoiflbns pas, ou que.
nous necroyops pas avoir. Il n’y
a- donc que les réglés qui puif-
fent nous faire découvrir les fou-
tes de notre prononciation > &
préfacé.
qui puilfent nous aider à nous
en défaire ou à les éviter.
L’ufage clj un grand maître,
dit-on encore 5 il en apprend plus
en un an , que les réglés & l’é-
tude rien apprennent en dix:
Ceft une autre erreur où tom-
bent la plûpart de-ceux qui par- .
lent ainfi , faute de connoître les
divers fens que nous donnons à,
ce terme d’ufige : Et comme plu*
fieurs de ceux qui fe fervent de ce
inot h fige , fe trompent dans lq
fens quils en ont conçu ^en attri-r
tuant indiftindement à l’ufage
toute la connoilfance d’une Lan^
gue vivante, il eft bon de leur
faire remarquer les deux fens
que nous donnons à ce mot d
fige , en ce qui regarde notre
Langue.
On dit, apprendre une Langue
par F u fige , & apprendre une Lan -
gue de l’ufige s & ces deux ma-
AC
aïefes de parler ont chacune
leur lignification différente: car
apprendre une Langue par l’ufige,
lignifie proprement apprendre,
une Langue par le foin qu*on fe
donne de s’exercer les organes
de la voix à parler & à pronon-»
cer comme ceux qui la parlent >
& cette forte d’ufàge s’appelle
ïufage d! exercice. {Apprendre me
Langue de ïufige , fignific pren~
dre comoijfance de quelque manie*
te que ce foit , des termes & des
façons de parler d'une Langue fi *
Ion ïufige commun ; ou autrement
dit , ïufige receu chez, ceux qui
la parlent : & cette forte d’ufagc
s’appelle ufige commun.
• Ce mot $ ufige commun ligni-
fie donc proprement toutes les
maniérés de parler & de pronon -
cer que ïon contracte les uns des
autres ; ou fi vous voulez , de
certaines façons de parler & di
(
tret ace*
•prononcer établies parmi un certain
nombre de gens , a force de fi les
communiquer les uns aux au-
tres ; de lorte que les maniérés
de parler, communes à une Na-
tion , s’appellent £ ufage commun
de fa Langue.
C’eit fur cet ufage qu’ondoie
fe regler 5 mais comme il y en a
un bon & un mauvais , il faut
apprendre à les difeerner par les
réglés, ou par le lècours des gens
éclairés. *Ce qu’on appelle ufage
d'exercice , elt proprement le foin
quon fi donne en s'exerçant les
organes , & la mémoire à imiter
V ufage commun de la Langue que
l'on veut apprendre.
Cet ufage £ exercice efl tout
différent de l’autre 5 car il agit
toujours fur /’ ufage commun , pour
tâcher de fe le rendre propre 8c
comme naturel , en le copiant
& l’imitant autant qu’on peut.
PREFACE :
Les Philofophes pourroientbien
nommer cet ufage d’exercice ,
Xufage actif de la Langue s & Pau-
nun, Vu-
premier
pour l’i-
miter.'
C’eft en cette différence du
mot d’ ufage , que quantité de-
gens fe trompent , faute de con-
noître les deux lignifications que ‘
nous lui donnons communément*
car lorfqu on dit que l’ufage eft
un grand Maître , on doit en-
tendre que c’eft de Y ufage com-
mun que l’on parle, & non pas
de Yufage d’exercice , qui eft un
ufage particulier & tout diffé-
rent de Pu fage commun. Il fauç
remarquer,, comme j’ai déjà dit,
que V ufage commun , ou la ma-
niéré de s’exprimer commune X
ceux qui parlent une Langue , fe
divife encore en bon & enmau*
tre, qui elt 1 ufage conir
fage pajjif, parce que le
agit toujours fur l’autre
Tl ITT ACE.
Vais. Le mauvais ufage a autant
de branches , qu’il y a de mau-
vais idiomes , de jargons & de
•clades dans la populace: c’ell-à-
dirc , qu’il eft prefque infini e
mais le bel ufage n’eft qu’un :
c’eft l’ ufage receu de la plus faine
partie des honnêtes gens , fur le -
quel on apprend à bien parler , &
par la comoifance duquel on ap-
prend une Langue avec plus de
promtitude dr de fureté , pourveu
qu’on fçache faire le difeerne-
ment de ce qu’il autorife &: de ce
qu’il rejette: & cela ne fepeut
faire fans 1 ufage d'exercice , ôc
fans les réglés de i ufage commun.
Un Aleman , par exemple ,
peut apprendre notre Langue
par i’uîage fcul , & U pourra la
parler aufïï naturellement qu’un
François , pourveu qu’il foie aflez
jeune pour pouvoir fléchir les
organes de fa voix * afin de les
préfacé,
accoutumer à former les Sons
de nos mots de même que nous ,
& pourveu qu’il ne converfe
qu’avec des François qui ne par-
lent point d’autre Langue que la
leur. Cependant fi cet Aleman
apprend le François parmi des
Artifans ou parmi d’autres fortes
de gens qui parlent mal , il ne bif-
fera pas de parler très-mal notre
Langue , quoi qu’il la prononce
auili naturellement & avec la
même facilité que les François
qu’il aura ouï parler , & de qui
il l’aura apprifc. Si d’un autre
côté il veut en peu de tems tout
apprendre de l’ufage- reçu , il
faudra , pour fe perfe&ionner
dans notre Langue & dans nos
belles maniérés de prononcer,
qu’il ait recours aux règles , pour
connoître ce bon & ce mauvais
ulage dont nous parlons.
Aiï& l’ufage d'exercice , ou pour
PREFACE,
mieux dire, l'habitude qu'on fi
fait en s'exerçant à apprendre les
mots , ou les façons de parler d'une
Langue, n’eft d'aucune utilité pour
fe perfectionner dans l’ufage com-
mun de cette Langue , fi on ne
s’applique à connoître les préce-
ptes que cet ufage commun a de
bon ôc de mauvais : autrement
l’ufage d’exercice nuit plus qu’il
ne fert > puifque faute de connoî-
tre le bon & le mauvais , on prend
fouvent l’un pour l’autre , & on
ne s’en défait que difficilement.
Lors donc que quelqu’un dit
qu’il n’a appris une Langue que
par l 'ufage % on doit entendre que
c’efl de l’ ufage d'exercice dont il
veut parler , & des foins qu’il a
pris à imiter ^ ufage commun \ mais
il ne faut pas croire pour cela
qu’il en ait appris le bel ufage $
car il peut , par fon ufage d'exer-
cice, avoir fait un mauvais fond
.de
j PRÉFACÉ.
de l’ ufige commun , en imitant
grofïiercment ce que cet ufagea
de mauvais. Par conféquent c’eft
n’avoir rien fait que d’avoir ap-
pris une Langue par Xufage d'exer-
cice feulement : & il ne s’enfuit
pas delà qu’on l’ait mieux apprife,
ou du moins aufîi-bien que celui
qui l’a apprife par les Réglés.
Il efl facile de connaître par
tous ces^principes qu’on peut fe
tromperen l’un & en l’autre , foit
en apprenant une Langue par l’u-
fage d’exercice làns^ les Réglés,
foie en l’apprenant par les Réglés
fans s’exercera y. joindre la con-
noiflànce du bel ufage.
Je me fuis un peu étendu fur
cet article , parce que c’eft une
des principales objedions qu’on
fait à l’utilité de ces Réglés , par
l’erreur où plufieurs perfonnes
font for les deux lignifications de
ce* mot d 'ufage, Si nous avions
PREFACE.
des termes différées pour expri-
mer les diverlès lignifications de
ce mot , comme on en a dans les
Langues étrangères , je n’aurois
/pas eu la peine de tant dire de
chofes pour prouver la vérité de
ce que j’avance , & pour détruire
les raifons de ceux qui s’opiniâ-
trent à foiitenir que ces deux for-
tes d’ufages ne font qu’un. Les ter-
mes dift'érens des Nations étran-
gères fur les fens que nous don-
nons à ce mot en font des preu-
yes inconteftables. Les La-
tins expriment ce que j’appel-
le u fige commun par ces mots
ufis } mos , confie tudo , modus lo~
ejnendi nfi recepius. Ils expriment
l’ufage que j’appelle ufage d’exer-
cice par le mot d ' exercitàtio. Nous
donnons encore d’autres lignifi-
cations à ce mot d’ ufage , que les
Latins & les Peuples du Norc
expriment différemment, Nôu$
tREFACZ.
nous en ferrons pour dire la joui f
fonce dunechofei ce mot fignitie
aufîi utilité ; on s’en lèrt encore
pour dire la permijfion de fe fervir
de quelque chofe : on die au/Iî
faire un bon & un mauvais ulage
dune chofe y pour dire 5 s’en fer*
•vir bien ou mal. On ne peut pas
dilcon venir de ces véritez > 8c
cela étant 3 on ne doit point re-
garder comme une délicateilè ou
une fubtilité, les deux fens diffé-
rens que je donne à ce mot d’ufo -
ge en parlant de notre Langue.
Il y a d’autres gens qui préten-
dent que c’eft Je Public qui fait
l’ufage d’une Langue. & que tout
ce que le Public établit doit êcre
approuvé des particuliers ; que
çela étant il cft inutile de donner
des Réglés pour apprendre à par-
ler 3^ puifqu on n’a qu’à écouter *
& a conformer fes maniérés de
paner a celles du,Pubiiç pour bien
parler. e ii
PREFACE.
Je conviens avec eux que c'eft
le Public qui forme l’ufage d’une
Langue vivante : mais ce Publie
ne fe corrige pas de lui-même >
& il a befoin du fecours des Sça-
vans pour le redrefler. Ce font
eux qui par les réflexions fe cor-
rigent eux- mêmes, & qui par leur
exemple corrigent les autres 5 ce
font eux qui confondent la pureté
& la régularité de la Langue en
toutes fos parties 5 ce font leurs
maniérés châtiées qui banniflent
les mauvais ufages qui pourroient
s’établir 5 &. ce font enfin les re-
marques qu’ils donnent au Publie
les Langues dans leur
, Pétrarque, Bocace
Italiens > Antoine de Nebriffo,
Miranda, Covarruvias Efpagnols,
& quantité d’autres fçavans hom-
mes de ces deux Nations n’euf-
font pas travaillé à purger leurs
qui mettem
perfe&ion.
Si Dante
PREFACE.
"Langues des mauvais ufages qui
s’y ècoient introduits, & à tirer
ces Langues de la barbarie ou
elles ètoient dans les (iecles pré-
céderas , elles (broient encore de
véritables jargons.
Notre Langue n’auroit pas eu
une meilleure deftinée , fi Oref- *
me , Alain Chartier, Claude Sei(-
Tel, &ck n’avoient pas auflï don-
né leurs foins & leurs talens à la
tirer de l’obfcurité où elle lan-
guifïoit : & depuis (I Marot ,
Henri Eftienne, Remi Belleau,
Amiot, & d’autres Auteurs du
fîecle précédent >, ne lui eulTent
pas fucceflîvement rendu le mê-
me fervice.
Les premiers ont commencé
à dèbarbarifèr notre Langue,
s’il m’eft permis de me fervir de
ce terme $ & les autres lui ont
donné une forme plus râifonna-
ble , quoi que ces derniers ii’ayent
é iij
PREFACE.
fait qu’ébaucher la matière des
préceptes de notre Langue : Sans
les Remarques de Mr de Vau-
gelas & celles de Mr Ménagé,
du Fere Bouhours, & d'autres
Auteurs qui ne fe nomment point,
notre Langue feroit encore bien
•éloignée de Pètat de perfection
où nous la voyons aujourd’hui.
Puifque le Public a eu befoin*
du fecours des particuliers pour
corriger les défauts, de fes mau-
vais ufages, en ce qui regarde
les maniérés de parler £c d’écri-
re , il faut convenir qu’il a le
même befoin à l’égard des ma-
niérés de prononcer.
” ' Si quelqu’un avec moi s’étoic
voulu donner la peine de faire
des obfervations fur nos maniè-
res de prononcer , comme on a
fait fur nos maniérés de parler
& d’écrire , notre Langue fe
feroit corrigée de quantité de
PRÉFACÉ*
défauts de prononciation qui s*y
croient glifl'és par la négligea*
ce qu’on a euë & qu’on a enco-
re d’y faire des réflexions 5 62
les Etrangers n’auroient plus lieu
de nous reprocher le peu de
foin que nous avons de bien pro-
noncer notre Langue, l’incerti-
tude 6c l’inégalité de notre pro-
nonciation 5 6c enfin le peu de
feurecé qu’on trouve à fe regler
fur l’nfage du Public , qui n’ayant
été inftruit d’aucuns préceptes,
y fait tous les jours quantité de
fautes.
Quelques-uns de cesMeflîeurs
tn’onc dit qpe la matière de la
prononciation ètoit un ouvrage
fi ingrat , fi épineux , 6c fi rem-
pli de doutes, que les plus har-
dis 6c les plus zélés ont appré-
hendé de s’y appliquer j que d’ail-
leurs il ne leur paroifloit pas que
l’ufage de notre prononciation
c iiij f
. ■ •
PREFACE.
fût allez uniforme & afTez bien
établi , pour qu'on pût en dref-
fer des Réglés 5 & qu’ainfi tou-
tes les peines qu’on le donneroi*
fur cette matière , feroient in-
fru&ueulès.
Mais s’ils veulent bien exami-
ner ce qui s’eft paffé depuis cent
ans dans la prononciation de nos
mots , ils reconnoîcront qu’à
peu de lettres près que nous ne
prononçons plus , fon ufage
n’a pas changé , & qu’il n’y
a rien de plus confiant ni de
mieux établi dans toutes les
parties de notre Langue , que
l’ufage de notre p^pnonciation ;
de lorte qu’on en peut ti-
rer des préceptes tres-juftcs, &
avec toute feureté. J’ofe même
avancer qu’il n’eft pas impoflible
de fixer cet ufage par les réglés
qu’on en pourroit donner , fi les
honnêtes gens vouloient y con-
0
PREFACE.
former leurs maniérés de pro-
noncer.
On pourroit encore, à l’exem-
ple des Grecs & des Romains,
faire inftruire lajeuneffc des ré-
glés de notre prononciation, afin
que ces préceptes le repandans
par tout le Royaume , puflenc
établir une maniéré de pronon-
cer reguliere & uniforme , ce qui
la rendroit fixe & permanente ,
en forte qu’elle pût durer autant
que' notre Langue. .
: Ceux qui fçavent l’Hiftoire des
Langues demeureront d’accord
avec moi , que c’eft toujours p#r
la prononciation que commence
la décadence d’une Langue j les
altérations qui fe glilTeiic peu à
peu .dans les maniérés de pro-
noncer , font infenfiblement la
naiflançe d’une nouvelle Langue,
qui s’établit fur les ruines de l’au-
tre. . Ainfi nous n’avons rien de
•a» a
PREFACE.
plus important pour la confer-
vation de la nôtre , que d’en fi-
xer la prononciation $ mais Ion
ne peut arriver à ce but que par
de certaines Réglés telles que
font celles que je propofe.
Je les. ai recueillies Ôc les ai
puifées dans l’ufage de ceux qui
font eu réputation de bien par-
ler, tels que font les gens de la
Cour, & la plus faine partie des
gens de Lettres. J’ai appuie cet
ufage autant que j’ai pu fur no-
tre ortographe tant ancienne que
moderne , parce que c’elt elle qui
doit être le fondement de mes
Réglés S.puifqu’elles repréfentent
fur le papier les fons, les mefu-
res , 6c le poids de nos fyllabes
en la maniéré que nos pères les
ont prononcées autrefois y &
comme nous les prononçons au-*
jourd’hui. J’ai cité notre ancien-
ne ortographe en plufieurs cn«>
PREFACE.
droits de cet Ouvrage pour au-
torifer quelques-unes de nos ma-
niérés de prononcer qui fe font
maintenues dans leur ancienneté
jufqu a préfent , Toit par l’avan-
tage que nous y avons trouvé,
ou pour quelque autre raifon.
Je fçai qu’on m’oppofera l’ir-
régularité ordinaire de notre or-
tographe , & delà on inférera que
ces Réglés ne font pas feu res, (I
on les fonde fur l’ortographe ;
parce que fi elle ne caraétérilè pas
jufie les Sons de nos paroles , il
n’y a pas de fureté à regler no-
tre maniéré de prononcer fur fin-
fpection dé fes caractères.
A cela je répons qu’il n’y a
point de Nation qui n’ait là ma-
niéré d’ortographier , & qui n’ait
fes réglés , &. fes exceptions aufli-
bien que nous : fi nous avons quel-
ques lettres inutiles, les autres
dations en ont aufli j on pourrait
a vj
PREFACE .
même avancer dans l’état pre-
fent de notre ortographe qu’il y
a des Langues qui ont plus de
lettres inutiles que la nôtre. Les
Alemans, par exemple , n’ont-
ils pas des confones doublées
atifli-bien que nous ? Mais il y a
plus j car ils ont des lettres dans
leur écriture qui ne fervent de
rien à leur prononciation : ils
ont des d , des c , des h , & des
p y qu’ils ne fe prononcent point
du tout , comme on peut remar-
quer en ces mots , Kranck^, tu-
gendt y math , churfürjl , er
qu’ils prononcent comme s ils
ètoient écrits ainfl , Crank^i tou -
gentt , moütt , Cour fiirft , er commît.
Peut- on voir une ortagraphe
plus bizarre que celle des An-
glois ? ils fe font une réglé de
caradériler le fon de 1’/ voyelle
long par un double ee ; & ce-
pendant ils cara&érilènt le mê-
PRÉFACÉ.
me Ton par ces deux voyelles^,
comme on peut remarquer en
ces deux mots beef & p copie ,
«qu’ils prononcent comme fi ces
mots ètoient écrits ainfi bif-, pi -
fie 5 on pourrait donner des rai-
ions de cette bizarrerie d’orto-
graphe, fi la brièveté d’une Pré-
face le permettoic , & fi elles
.ètoient neceflairesà notre fujet:
da plûpart des Nations du Nort
•ont trois maniérés différentes de
^prononcer les fons des e s & ce-
pendant ils n’ont qu’une manié-
ré de cara&érifer ces trois for-
âtes de fons, en quoi nous pou-
vons dire que notre ortographe
cft plus régulière que la leur,
qjuifque nous dfftihguons la plu-
part des fons de ces e par des
accens 3 ce qui ne fe fait pas dans
Ües Langues du Nort , ni même
«dans les Langues Efpagnole ôc
Italienne, quoique ces dernieres
PREFACE.
ne connoifTent que deux fortes de
fons dV. Je dis plus , fi on veut
bien examiner notre ortographe ,
on trouvera qu’à l’exception des-
confones doublées nous n'y avons
prefque point de lettres inutiles.
Si elles paroiffent telles , parce
qu’on ne les prononce pas , elles
ne laifîent pas d’avoir leur utilité ,
puifque ce font des lettres auxi-
liaires qui aident à marquer la
mefure d’une fyllabe ou à diffé-
rencier la fignification d’un mot *
ou qui fervent à la douceur de
notre prononciation * telles que
.font les lettres finales dont la
prononciation varie félon la fi-
cuation ou les mots fe trouvent y
comme vous le remarquerez dans
s les Réglés que je propofe.
Si nous n’avons pas encore fup-
primé dans notre ortographe
quelques lettres inutiles qui y font
xcliccs du vieux tenls , c’efl parce
PREFACE,
qûe le changement qui le dbî£
faire dans l’ortographe des mots
dont la prononciation eft chan-
gée, ne peut fe faire qu’avec le
tems, La parole va plus vîte que
l’écriture & que l’Impreflion »
de forte qu’il fé pafle quelque-
fois bien des années avant que
récriture fe conforme à une pro-
nonciation nouvelle. Ajoutez à
cela qu’il ne peut y arriver de
changement à l’ortographe pour
la conformer à une nouvelle pro-
nonciation que lorfque les Au-
teurs ou les Imprimeurs fè corri-
gent , ce qui n’arrive quelquefois-
que- bien long-tems après que
l’ufage d’une maniéré de pronon-
cer eft établi * ainfi on'peut dire.,
qu’aux doubles confones prés >
que l’ufage n’a pas encore réduit
»en confones fimples , notre or-
thographe eft beaucoup plus ré-
gulière que celle des autres Lan-
PREFACE.
£ues vivantes. Si elle a quelques
exceptions , comme j’ay déjà dit,
il ell facile d’en donner une en-
tière &: parfaite connoiflance par
quatre ou cinq Réglés, comme
j!ay fait dans le cours de cet
Ouvrage.
On peut dire cependant pour
juftifier quelques endroits de no-
tre ortographe, que les habiles
gens ne fe font obllinés à fuivre
un certain ufage , que pour con-
ferver l’origiue des mots etran-
gers , & pour les diftinguer de
ceux de notre Langue , ou qui
lont de fon fonds , ou dont l’ori-
gine ell plus éloignée , &• par
conféquent moins connuë , com-
me il paroît en ces mots repondre ,
ortographe ,Jyl!abe , & autres qu’on
trouve encore dans les Diction-
naires les plus nouveaux , ortogra-
phiésdemême.
• Quelques-uns allèguent encorç.
PREFACE.
Hcux difficultés contre l’utilité
de cet Ouvrage > la première eft
qu’il n’eft pas facile de fixer les
maniérés de parler, & de pronon-
cer d'une langue vivante , ou d’en
faire des Réglés qui durent à cau-
fe des fréquens chan'gemens qui
s’y font , & particulièrement en
la notre 5 & l'autre eft que l’ac-
cent différent de quantité de nos
Provinces , ne fe peut corriger ni
changer par l'étude des Réglés.
Je répons à la première obje-
ction , comme a fait Monfieur de
Vau gelas dans fa Préface , que
c’ell la deftinée de toutes les Lan-
gues vivantes d etre ^jettes au
changement ; mais que ce change-
ment n’arrive pas tout à coup : A
quoi j'ajoute que le changement
qui le fait dans la prononciation
eft bien plus lent , &; moins fré-
quent que celui , qui fe fait dans
Les termes & dans les maniérés de
PRÉFACÉ.
parler d’une Langue. De forte,
que fi les obfervations qu’on a
faites il y a cinquante ans fur nos,
maniérés de parler &: d’écrire»,
ont fubfifté jufqu’à préfent, à la
réferve de quelques-unesquionc
vieilli , & dont les nouveaux cri-
tiques ont fait des Notes 5 ces
remarques peuvent bien elperer
la même fortune j d’autant plus
quelles font fur une matière qui
ell bien moins fujet,te au change-
ment que l’autre : & en cas qu’il
en arrive dans la prononciation
de quelques-uns de nos mots , il
fera facile à ceux qui travailleront
après moi fur la même matière,
d’en faire*des Notes. Voici pour
la première objedion.
Pour ce qui regarde la fécondé j
je répons que fi on confond l’ac-
cent qui fe mêle dans la pronon-
ciation d’une Langue avec la pro-
nonciation même , ou que l’on
t
- ' ^
? REFACE.
prétende que celle- cy dépende
ce l’autre , on aura raifon de re-
garder comme inutiles les Réglés
de la prononciation j mais il y a
bien de la différence entre l’un &
l’autre.
L’accent eft un certain ton de
voix que des Peuples ont plus ou
moins , fe Ion la différence du cli-
mat j qui tient un peu du chant :
Il eft tout à fait ièparé-de la pro-
nonciation î &; il fe contra# e non
feulement dès l’enfance, mais en-
core dans un âge plus avancé,
félonies Nations avec lefquelles
on converfe. Cela eft fi vrai , que
fi deux Allemâns apprennent le
François, l’un en Normandie ôc
l’autre en Gafcogne , à quelque
âge que ce foit 5 l’un aura l’accent
Normand , & l’autre aura l’accent
Gafcon. Cependant ils pourront
tous deux n’avoir pas une mau-
yaife prononciation i ainft il eft
PREFACE.
très- difficile de faire perdre l’ac-
cent à ceux qui y font accoûtu-
més. Mais la prononciation efl
toute différente : comme elle ne
regarde que l’articulation des pa-
roles, la maniéré de diftinguer une
fyllabe ou lettre d’avec une autre 5
& de connoître les lettres muettes
& celles qui le doivent pronon-
cer , elle fe peut apprendre par
des Réglés auffi-bien que de vive
voix.
y V‘
On ne prétend donc pas tou-
cher à l’accent dans ces inftru-
dions , puifqu’il ne fe peut cor-
riger que par un grand foin , ou
par une longue fuite de tems, ôc
que la prononciation n’en dépend
pas. Ce n’eft pas , par exemple ,
l’accent d’un Gafcon qui lui fait
prononcer un 'yconlone pour un
b, en difant un hwit, pour un habit ,
puifqu’il prononce l’une de ces
deux lettres feule ou fèparémenc ,
ÏREFACt.
àuflî-bien qu«*nous : ce n'eft pas
£on accent qui lui fait donner un
fon de double diphthongue aux
doubles voyelles ai & au, & qui
lui fait prononcer fayire , pour
faire1, & faaute , pour faute : Son
accent ne l’empêchera pas de pro-
noncer les doubles voyelles de
ces mots , comme les lettres e ,
6c o , & de prononcer les mots
de faire & faute , comme s’ils
ètoient écrits ainfi fère & fote ,
puifque ce Gafcon prononce IV
du mot de fête, ôc Yo du mot de
cote aufli naturellement que nous.
Ce n’eft pas fon accent- qui lui
fait donner un fon retentiffant à
notre n nafalç, & qui lui fait dire
fanetê , pour faute. On lui peut
enfeigner par des demonft rations
fenfibles à prononcer ces fortes
d’# de même que nous les pronon-
çons j puifque nous apprenons
bien à prononcer ces memes n à
. P RE F AC Es
leur mode! en Eipagne & en Ita-i
lie, où il les faut prononcer com-
me en Gafcogne , (I Ion veut s’at-
tacher à la juite prononciation de
l’Efpaguol & de l’Italien. Un Ga£
con pourroit facilement fe • faire
une habitude de prononcer com-
me nous les mots que je viens de
citer, &: plufieurs autres, où il en-
tre de femblables lettres , fans être
obligé de le défaire de fon accent.
Ainù la difficulté qui paroît à
çorriger l’accent d’une Nation ,
ne prouve pas qu’on ait autant de
peine à lui apprendre à prononcer
nos motf felon les réglés & le bel
ufage de notre Langue.
D’ailleurs il nef! pas impoffible
de faire perdre l’accent j & ce
n’eft pas même une néceffité de
n’en avoir point, pour bien parler $
car pourvu qu’un homme ait une
prononciation corrcde & polie,
& qu’il ne fafle point de fautes
PREFACE.
contre la pureté du langage , fon
accent, s’il en a, ne l’empêchera
pas de palier par tout pour un
homme qui parle bien. L’accent
même bien ménagé donne de l’a-
grément au difcours. C’eft une.
politefle qne les Langues les plus
anciennes aquierent par le long
ufage, comme on le remarque
dans celles de la Chine d’aujour-
d’huy.
Les diverfes maniérés de pro-
noncer les différens genres de nos
difcours , en font une bonne preu-
ve , &. ce n’efl proprement qu’une
inflexion de voix bien ou mal mé-
nagée, comme le loutient un de
. nos amis, dans quelques-uns de
fes Ecrits. Ces raifbns font plus
ique fufli Tantes pour prouver que
l’accent efl: tout à fait fcpa-
fé de la prononciation. Mais
comme nous n’avons qu’une
jfeule maniéré de marquer for le
PREFACE.
papier tous les Sons des mots d&
notre Langue, en quelque Pro-
vince duRoyaume quelle fe parie.
Il eft jufte auffi que nous n ayons
qu’une maniéré de les prononcer
. qui foit uniforme & générale par-
mi tous ceux qui parlent notre
Langue^uifqucl’ortographe &Ia
prononciation ne font que des co-
pies l’une de l’autre 3 car celui qui
lit , copie l’ortographe , en mar-
quant de la langue &; de la voix les
cara&eres qu’il voit peints fur le
papier 3 & celui qui écrit ce que
l’on dit , copie par des cara&eres
les Sons des paroles.
On trouvera des Réglés répé-
tées plufieurs fois dans tout le
cours de cet Ouvrage : mais je
l’ay fait exprès , au moins en ce
qui regarde celles que j’ay jugé
les plus néceflàires de répéter.,
pour corriger les fautes aufquel-
leson ellleplus fujet , étant per-
fuadé
PRÉFACÉ
fuadé qu’il y aura bien des gens
qui ne liront pas ce Livre d’un
bout à l’autre : & comme la cu-
riofité les pourra porter à voir
quelque remarque qui les arrê-
tera plus que d’autres , ils pour-
ront en même temps y trouver
celles que je me fuis propofées
de leur infinuer.
Quelques-uns même ne cher-
cheront ces endroits qu a mefure
qu’il leur naîtra quelque diffi-
culté par occafion.
Je ne doute pas que ce que
j’expofe dans cette Préface, ne
foie receu différemment de quan-
tité de gens , auffi-bien que tout
le refté de cet Ouvrage 5 mais H
on s’attachoit à contenter toutes
les fortes d’efprits qu’il y a dans
le monde, il fe trouveroit peu
de gens qui vouluffent écrire.
Je n’ai point eu d’autres veuës
que l’utilité publique ; & fi mes
PREFACE.
Remarques donnent occafioti
d’en faire encore de meilleures,
j’en ferai bien aile , & je tâcherai
•fjx,
avertissement
fur ia Table fui vaute. . . *
Omme la beaute & la délica-
tcjje de la Langue Françoifi
confie principalement dans la pro-
nonciation appuyée fur l’ufage & U
pratique , 41 n'y a point de Réglé
” y ait bien des Exceptions.
C'eft pourquoi quand on a donné
quelque Réglé , ou quelques Exce-
ptions de la Réglé fur la pro-
nonciation , on y a joint auffi-têtdes
Exemples , afin de rendre la pro-
nonciation plus fenfib le & plUs in-
telligible. Et afin qu' on puijfe trou-
ver plus facilement les mots qui
fouffrent quelque difficulté , on en ' %
a fait une Table alphabétique , oit
le Leéleur pourra avoir recours au
befoin.
Il auroit été trop long & trop v J 1
ennuyeux de mettre dans cette Ta- .
' S » ij.
avertissement.
Ue ms les mots qui font contenus
dans ce Livre yon ri y a mis que ceux
qui font exceptez, de la Réglé gene-
rale. Pour ceux qui fuivent la Ré-
glé , en scft contenté très- fou vent
d'en mettre la terminaifon & lafyl-
labe fur laquelle tombe la difficulté .
Lors donc qu'on aura befoin de quel-
que mot que l'on ne trouvera pas en
fin lieu par fa première fyllabe j il
faudra le chercher par fa finale on
par fit penultieme. Par exemple , fi
vous avez, befiin du mot d ancmo-
11e , & que vous ne le trouviez, pas
dans la lettre a, vous devez, cher-
cher fa finale ne dans la lettre n ,
ou fa pénultième one dans la let-
tre o.
, comme les voyelles & la pronon-
ciation des autres lettres varient dan s
la Conjugal fin des Verbes , on a
eu foin de mettre quelques Conju-
gaifins au long , afin de s'y confor-
mer pour les autres Verbes.
A L PH A B ETIQUE
DES MOTS
^ V., ‘$V
Contenus dans ce Li y re.
A
A*- chaperonné ,
A a,
jfaçfi,
Ab* ïc , Abeïe ,
Abccé ,
Abfflc ,
jiblç ,
Pages 6 1. 64. ^7
170. C?* /vivantes.
j88. ^
i $88*642,
3U
31. jtf. 38
*7*
6ji
Ablc , cble , ible , eublc, oble , ublc , venus dis
Latins, 648
Abraham, * r 7*1
Abftwdre , . €6%
Abfoure , ,r'v ■ ' - é7j
Accabler, 659
Acccns, }6i. & fuiv.
De l'afage trefent des Acccns , 374
x HJ
J
i-7
141. acnon,
TABLE AjLPHABETI QJJ E
Accent aigu, 13 y
Accroc , 7 i 9
f Z’achcteur, ' >
Achever , Conjugal [on entière de ceVerbe , 52.5»
Z’acquereur ,
Acte ,
Action ,
Ada»? ,
Adjourcr ,
Adjudicataire adjudicataire,
Admirai , admirauté ,
Adre ,
•. Adroit, adroit, ,
Affliger ,
Agréable , -
Agrément,
Ai, 6 4. 66. 67 J 4. 8 6. lf f.%61. %6i. 16 j.
16 f. Ai , qui fe trouve dura ta Cenjugaifon
du Verbe faire , 1 ttfç
A fujc , Z44* tijuks »
Aider t éder, %6$
Aigle, xj
Aigu, accent aigu, 36 4. & fuiv. En quel
74*t
.66 1
74*
761
49
J»
49
*3 4
3 33
664
/ «O
J4*
} .
.f'
tems inventé ,
Aifue ,
Aiguille ,
Ai^uilletier ,
Aiguillette, • ‘-4- '
Aiguillon , • *
Aîiutfcr,
Ail ,
Aille-, ailles , aillé , ailler , aillent , 6x7
Ailleurs, ailli , aillon ,
Aim . 14t. x^o. &fuiv. t$S
Aimer , ai mair , aimé ,
38 6
ibid.
ibtd.
ibid.
ibid .
ibid.
31 1
éffy
6)t
199
4Z6, 41*
*V- •
•f
4i S
*4J
434
16 O
3*
des mots.
Airi, 17. *3 iJJ- 2-5°- &fuïv-
^/re final, 6*S.&futv.
AtCé, 6%L
AiCct, 6l I. 637. 6‘*
Ailè'ment , 344
.rfifiié , efné , z<î*
utfifle.àifles , aiffe, ai (fions, «iffiez, aillent ,671
Air ,
Air ( nom de V illc ) -Aijf
Alger, Al jair , 43 3 ■
Alléguer, V
Almanac ,
Alpha,
Alphabeth ,30. Lettres de V alphabech ,36. 4*-
Am, i;;. itfo. 1-90. &fuiv.X96, 6*8.654.
Amas, XS
Aimffer , ramafler, &c. 6i8
Ambijfuité , 161
A/»bre , anbre , x$6.
Ame, IZ7*
Ame», 3°-7- N*
Amer, amair, 433- 434
Amere, amaire , J 43^
Amitié, ■ ’ 14>
Amfterdam, Amftredanv, Amfteirtdam , nu
xji4 307.
Amusement, 11 4
An , 17. tfj. 153* *90 .&fuiv.X9t. 6%$.6}}
An cre,
■^«gc , # : v .
Anglais, Anglais,
Anima/, animar ,
A»nc, <S7‘
Antépénultième ,
1 iüj
*5
334
XoO
*6*
9\
TA BLE ALPHABETIQUE
Antipater , Antipatarr, 433. 454
Antoine ,
Aon, . ijo . &> fniv. 196
Aou , -86. ifj. 177. & fuiv. 190
Aouft , . ■ 73. «J
Aou ft , 0#ft , 189
Apo'té, 97
Apoftre, jo. Apôtre, çt. 97
Apq/tre.apo/iolique, 131
Appartwrncnt , apparament , 311
Apre, 669
Après , devant une confone ou une voyelle ,
*9 7- 703
A payer, xi 9
Archange, Arrange, 155:
A r/on , ax/bn , 147
Ardfwrnent , ardaman , 3 11
Arc final, 487. 6 ij. <$» 6jj
Argile ,•
^rre ,
^rre final ,
Arfenir,
Trachée artere .
Articulation ,
Articuler ,
Articuler , prononcer ,
Artois ,
-rffe,
Afé,
-rffer .
A fie,
Aflî?wbld , affublé,
AflV«rance, afi» rance,
Aûeuicr , a(T«rer ,
AlTc^, devant une confone ou une voyelle, 69 8.
703
101
<îî8
<17. 6 18. éjj
7 J*
7
10. yb/v.
8. 10. il. il. &fuiv..
*1
3U
6 1$. /«iv. 63^.
6 IX
6ti. 6y 7
671
ÎJ3
180
ibid.
t> ÏS MOTS.
Atome, 667
Aire, 67 y
Au, 64 TÎ- 74-7T- *4- 86. 187. 188. 190.
ijj. 168. 169. 643. fuiv.
Au , diphthongtte , 616
Au, article, 44 6. 784
Au final, 64 j
Avanthier , avant utir , . . 453. 4)4
Aube,, 6}f
Aucun , devant une confine 010 une voyelle ,
69(5. 701 «.
Aude , mots terminés en aude , 661
Audience , Audience , 31X
Avec, 4*8
Avec, devant une voyelle , 4 703
Aveuglement^ /41.J47
•A«gc , *6j
Augmenter, 160
Aume , anmer, 667
A vois, avais, ' • 183
Auprès , V V* 644
Aurora, 73. aorora, ' 76
Aurore, ' 644
Aufé , 6ix
^iJpr, *11.637
AulTe , mots terminez en aufle , 65 1
644
^«ftere, nnftcrité, 644
Autant , otant , • 14.644
Entonne, k 644
Aux, aû.
Aux armes, alarme, 687
Auxerre, Auj/êne, L ' " 145
Ax,cx , 144
Axiome, v 667
\ *
TABLE ALPHABETIQUE
Ay , *41* l6l»
Ayant , aiant , ai-yant , *4$
Ayc , ayes , ayent , . ^ . *4*
Ayeul , aiculc , ai-yêul , J43
A*urc, . 7.: v-.
I4,?
B.
t final, 7fj
B à queue, ' 19$. ioS
Ba, f ,l6f
Ba, be, bi , bo , bu, bai, béu,boi, bou ,
78, 117 '
Le Bailleur,
Bailli/,
Bain ,
Ban ,
Banc ,
Banc ,
Balle , Balle ,
B a/tille ,
Bavarois ,
Ba«ge,
Baye,
Baycan ,
Bayonne ,
Bayounettc,
741
760
78
ibid.
117
781
*î>
335
685
341
*43
ibid.
ibid.
Be , bes , &c. Des mots tbmine'z en be , bes ,
ber, ou en b(é , blés , bler , bre,bte$ , brer ,
& de leurs pénultièmes, 648. 649. 6j£.
& [ttiv.
Be, 4 jj. be, ;3$* Bre , ibid .
Beau,. y 8* 81. 8j. 646
La Beawce, Province , 66 1
Beauté,. 118# ïjô.'tffo
• •
DES MOT 5.
Beaux , devant une confone , ou
une voyelle r
697. 703
Bk,
Ai*
Bc / , ■ ' r ' .
705
Belle,
46*
Bewjamin , B*»jamin, Benjamin, jz. &
x$7
Be»join , B4»join ,
2-97
Bénite,
*7J
Beqweter, beJtter, ■
il*
Berceau ,
U4
Berger,
7ff$
Bcrgere , Bairj aire ,
Berl an , brelan ,
lit. ti*
Befiw’n , befoiim
34t
Be/te, be/tial.
*3i
Belle, bette,
J?*'
Be/tiaux,
i3î* *41
Beta ,
30
Beveuë, bev«c.
179. 180
Bic n, devant une confone ou une voyelle ,693,
703
•*.’>• *• v
Bi//ard,
toi
Bi lion , bi-i//on , , V
• ilt
Billot ,
api
Bi%eul, bilàyeulc.
143
Blanr,
7JF*
Ble , des mots terminez en bic.
6^1
Blé,
3. !l 43*
BJejeve,
a«
JBcête , boarte, 3x8. boite.
33 •
Bœuf,
7*0
B01,
78
Bois , boüâ ,
34°* 7*f3
Vne boitte , il Wtc ,
- . t,J
i vj
TABLE ALPHABETIQUE
Bon, -// .. ,7*
Bp», devant une confine , ou une voyelle , 697.
701
Bonheur , bonwr ,
Bo»»e , bo»e ,
Borne , borné ,
BoCphotc , Bos/ore,
Boté ,
bouge ,
bouger,
BourY/on1,
Boulanger ,
Bouquet ,
Bourgeois , Bourges,
Bouteille ,
Brayer ,
Brebis , berbis ,
Brèche ,
Bretagne , Bertagne ,
Bretelle , bertelle ,
Breton , Berton ,
180. 28c
3°f
47, 118
1 66
118. 130
66 3
66 y 664
104
766
4 59
33*
4<*
*39
122. I2J
4<fl
122. I13
tbtd.
121
Brèves, 96. xoo.’ioj. 128. 129.131
Brèves. De prononciation des fyllabes brè-
ves ,
Bri/iant , bri-i//ant ,
Broe , . *
Brouiller ,
Broyer , ' ' r-r
Brudcr, Broudre ,
Brun ,
Bru/che,
Bu/te ,
C,
c.
<47
2 02
7Î<
66 6
139
120. 12 1
*3*
*3 1
, ilfid,
43
C , pourvoit nommer des k , 43. &fuivt
C final ,
çà
DES MOT S.
C devant l'a , l’o , & /’u , 43. 4jf
C devant V c /’i , 4 j
C devant Ve & /’i /e prononce comme f, 1 46
C yê prononce comme le k devant l'a. , /’ o , é>
Vu, ibid .
ç a queue, V". 43-4+
ç à queue t & de fa prononciation , 1 47. &
fuiv.
. r 75S-7Ï9
qui pourvoit etre fupprimé ,
15S. 199
149
<4*-
660
16 O
66l
660
*9t-
76S
*97
434
160
30/
*4*
loi
669
106
*70
XI9
ibid.
433'
queue
pourquoi ,
C mouillé ,
Cable ,
.Se cabrer.
Cadenas , J
Cadrer ,
Calabre,
Caldéen , Cald \éan ,
Camp ,
Cananéen , Canan éan ,
Cancer , çanlàir.
Canevas,
Canne, cane, ,
Canon , JCanon,
Capillaire , , V:
Capres,
Ca-ptus, cadras,
Caque ,
Caqueter , &c. caJSrter, calfater ,
Caraftcre ,
Caffe, drogue , 6jt. Cafler,
Caufe , cofe ,74. Caoufa , 76. Caufe , caou-
fe, xtS, 287. ai*
Caaftiquc, - *4-4
Caatere, ^ . ibid.
TABLE ALPHABETIQUE
*43
S39
44
i?
146
461
Cent , dieux ccnfs , devant une confone ou une
voyelle, 697.70t.
Cent honnêtes gens, cen-x-onête gens , 15}.
Cen/o-neftcsgens , ibid.
Ccrtai» , devant une confone, ou une voyelle $
696. 7 01
Ces, cés, çais , 454.454. 4 97'&fuiv.
Ce , Ces , des mots terminera ce , ces , cer ,
chc , ches , cher ; c!e , clés ,cler ; cre , cres ,
crer, & de leur fénultïeme , 660’
Cer , Pronom , devant une confone , ou une
voyelle, 656.701. 70k
Ces hommes , cé-rome , 505
OiTe , 671. Cfffer, 67 1
Cette femme , ftefarae , 716
A cette heure, afteufe, ibid.
Ceux , ccû , 39}
Ch final , ? 57
Cha, che,chi,cho, chu, * 164. 2 ©7
Chacu» , devant une confone, ou une voyelle,
696. loi ' , s fi
Chair , cher, ïiS
Changer, çanxé, Jjl
Champ, 76$
Champenois, 3}$
Chaos, Kaos, j. 156. 16 1
Chapeaux, çapots, S iyo
Chaperon, HO. 1x1
Chiffe , caiffe à garder des Reliques , 6} * 671
V*Uwl I»
Cé , 44- 4J3* Ce,
Ce cédilles ,
Cela ,
Célibat , /clibat ;
Cellule ,
MOTS,
b E S
fchàffenr , chaffcu* ,
Chats , fats ,
Ch auà , ch aoud ,
Chaume ,
Ch*, 4/3- Ch*;
Chef,
Chers , chaire ,
Chcrub in ,
Cheval , chcvar r
Chéveauv , chevau,
Chevre,
Chevreau ,
Chevreuil ,
Chevron , '
Chez , devant une confone , eu
69 8- 703
Chinois,
Chiromanfie , chiromaneie ,
Chaeut d"Eglife , keur ,
Choriftc , korifte ,
C horographie 1 korogïaphie ,
CboCes , fozes ,
Choyer ,
Chrétien ,
Cidre,
Ciel ,
Ciguë,
Cinabre ,
Xin$ , fini ,
Cinqr , devant une confone , où
697- 70x
Accent circonflexe , ajj. 4
Civ il , fiv il,
Clef,
Cie'tocnt , ‘ - t
74±
ijo
*88. iS*
t&r
f)9- 669
4j<
43*
$ ot
* 100
)9 3
4**
4<$*
ibid .
ibid.
une voyelle f
333
*43
* ijt. 148
ibid.
i;4
Ij o
*39
I<4- z\%
66t
4 S*
I4l
66 o
74 S
une voyelle ,
3 éy. O» fuiv .
344
760
/ J4I
TABLE ALPH-ABETIQJJE
Clerc , 7$<
Client , cliunt , 31»
Clorrc, H7
Coiffe * 8 f. Coaife, Jt8. Coite, jjo
178
317. & fuiv.
4<7- «3
' 4j8
*iS
S 41
<71
Co&uc ,
Col, cou, } 16 .
Collège ,
Colonel ,
Combu/tion t
Commodément ,
Comprefle ,
Conception ,
Conceu, concfwe , conçu , conçue ,179. 180
~ * 678
14 7
*7*
\ ' • v • m
S4l
• ^ ibid.
607
JH
181. 634
16}
<1. & /««/.
3ji. 6j«. 6J7
Conclave ,
Con/Tj , con/u ,
Confefle, <7t. Confèffcr ,
Conformément ,
Confirment ,
Con jugaifons des Verbes ,
Connoiftre , connaiftre ,
Con fer ver conlcrva/V ,
Configner , confiner ,
Confones , v.
Confoncs doublées ,
Des Confones finales qui ne fe prononcent ja
mais devant quelque mot que ce [oit, 7 45
Confones finales qui fe prononcent toujours , 753
Des mots qui finijfentpar trois confones , 77 g
Contrôle, j88. 64%
Convent, 304. Couvent, .303
Conventuel , 30 j
CopiP, copé, 311
CoppenAaguc, ■' - 783
C°f , 1 ' ' 76ê
Cordial , Cordial , 14$
•’/ MOT 5/
■ /-r
Cdftege,
Cfffte , cotte ,
00
1H
•
Ctudre ,
'. >■ 66*
Gou p.
' 76s
Coupcure, coupure.
%•]$. t8o
Cours, -
IjO -
Court , - '^V £
ibid. - :
Couftcr,
6)9
Couftume ;
ibid.
Coût eau , conte , , -v
*66. 344
Cra , cre , cri , cro , cto , crai
, creu, croi^
crou,
7%. & ftiiv.
.Cr* be , forte fécrevtjfe ,
6s9
Crâne,
66 8
Crapaud ,
«44
Craqueter , craJtter , cra&cuter ,
a 19
Cré , 4 j i - Cre ,
J3*.
Créfme , crème , , ^
ïjJ-
Croa/ie, Croatie,
*4l
Crot,
b 7 59
Croift , '
_ «3*
Croit,
ibid.
Croi* , croî ,
b-- , S 9}
Cf final ,
77* .
Cf final,
7JJ* 7 6s
Cueilli,
toi
Ctird, ICuré,
•' *4*'.
D final , D.
747
D final , devant des voyelles ,
ondes h muet-
tes,
74}
Da ,. de , di , do , du ,
%S9
Dalmarie , Dalmacrc,
*43
Damas,
*s
Dume , T
9*
Daniel , Taniel,
*4»
»■
* '
TABLE ALPHABETIQUE
Danois,
Dam , devant une confone , ou
une voyelle ,
697. 703
Dƻbe#
*59
De, ' . .. •< ...v ■/.
5l%
De,
4JJ
De , des mots commence 7 far de ,
438- 4 *9
De ,^des , &c. Des mots terminez en de , des.
der , ou en dre , dics; de leur- fénultié-
me, 64 t.
De, des, /levant des h adirées, 187. 175».
i*>o
Dèb*«che, débucher, 66t
Dèbrowïller , 666
Déchiqueter , iro
Dédain , dédain , 386
Dédaigner, fes dérivez, 440
DffFcndre , défendre, 44X. deffendre ,' 461
Défrayer, I34
Défri»t, ai/
Dèguifer , ■ 16%
Debyer , j ' , ■ 13*
Délivrer, r\ ' * ' 441.441
Del«ge, ‘ , 66 j
Denis , Deni/è , 44 a
Deptfïfer , dépeiïèr, 3 j 1
Dcpaq«eter , depafeter , depateuter , xt9.au.
& fuiv.
Dépérir , 441. 44£
Depuis, devant une confone , ou une voytüe,
69 8. 703
Dernier, devant une confone , ou une voyelle,
*97' 7 oi.
Dérouiller, 6 (,6
J?c. s , i}/. Des, des, dais , 184. & fuiv»
<
DÈS MOT S.
,'43+-'4j6. 497 &fuiv.
Des , mots qui commencent par la fylhtbe des ,
468. & fuiv. 474. 479. 490. jo8
Des , article , devant une confone , ou une
voyelle , 4s <. 6% 6. 677. 6?j. & fuiv un-
tes. '• v
Des , fuivi d'une voyelle , 479
Des, dais , 184. fuiv.
Dès, conjonction , 4} 4. 43*. & fuiv. Dés
497
Dès , devant une confone, ou une voyelle ,
698. 703 •
Dêfabufa , 479. rftabufcf, ' 480
De/agrcable, 479. d^agreable, 480
Defaguémenc, fji
Z>e/avanrage', 479 ^avantage, 486
’De/ceiuire , deccndrc , 44 1. $40. Dèfcendrc ,
. +6i
Dïfcouviir ,
De/crirc , décrire',
De; enfans ,• déxunfan ,
De/ert , dzett ,
Defèrtion,
De/faire, défaire',
Dwbabiller , babiller ,
Dcsja & défia ,
Derintereflcr , fl'z.intdrelTcr ,
t)efir, 440. ^efir,
De'fifier;
Dc/ordrc ,
De fi/» , defini» f
Défiinion ,
De/unir , d'zuniïy
pérniller, *
Dt van/ ,
6 40
*Ù
V 6 £7
K 4*1-/®*
441
je*
3*»
S09
480. îo?
iip
501. jj8
481. / 08
v fO>
*3*
70J
\
TABLE AL P H AB ETIQJJE
Deuil, 8*
Dé vin .deviner , 44®
Devoir , devoer , 331.440 .766
Devoir , Remarque fut le Verbe devoir , quand
il tfi employé pour le Verbe falloir , 70/
Devoir , je dois , ils doivent , 83. Oi ; pourquoi
diphthongue dans ces mots , ibid .
Je devois , ils dévoient , je devrois , tu devrois ,
ils devroient , 8j. Pourquoi oi nef point
diphthongue dans ces dernier es fyllabss , ibid.
Deu* , deu , /9J
Deux.deu^, 74/
Deu* , devant une confone , ou une %oyeüe ,
69 7 7°i
Deuxième , deuxième, it/
Dez a joiiert ’ 43 ^
Diable, 648. C60
Diftionnaire, Diflionn/rCj 163
Diérefe, 34^
Différemment , differament , JH
Dig cCtion , *43
Dignité , is8. a- 1 f
Di-gnus ,,dig-nus , 16 o. ioé
Dilemme, Dilemc, JOÇ
Diphthongues , 80
Diphthongucs/^wj/êr,* ^ 84
Diphthongues impropres t 14*8 6
Diflyllabe, 90. 91
Diftillei , „ toi
Divin amour , divi-»amour , joj
Dix, di|? , 145. 746. 7îj. Di*-fept, di/?-
fc r, 146. Di*- neuf, dix- neuf , i£«f.
Di* , devant une confone , o« voyelle f
*97 . 701 •
Di*ain# dizain , . *4/
DES M O T 5-
D i*aine , dizaine ,
Dîxainieu , Di^ainicr
Dixième , .dixième ,
Dôme",
Le donneur ,
Doyen , Doïcn , Doi yen ,
Dre , Des mots termine £ en dre , '
Droit ( fubftantif )
Droit ( adjc&if ) Axait ,
Ds final.
Du, ‘ v
E.
Md.
ibid.
ibid.
<67
7i 1
ij8
■661
3Jy
au.
77 3
784
E , 26. 6 1. <4
-E , (es differèns font, 46.119
E avec des tirets , 47.48
E de trois fortes , uj
E. De U prononciation des e de notre Langue ,
- J 93. &fuiv.
£. Comment les Flamant le prononcent ,114.
^ fuiv.
E. Comment on peut diflmguer nas «, J9f. 4 o J.
& fuiv.
E devant a , i, o * ü, 11,7
•E bêlant , 405
E féminin , 119. 116. 398. 404
É final féminin , # y 90. 64*
E final préeedé d’un autre e, <41
E féminin final précédé d'une voyelle, & fuivi
d’une s finale, }9j-
E fermé , 10 o. i;4- & fuiv.
^ E fermé long , 481. &fuiv.
,'Emafculin, ' 113. 126. 3^8. 404
De la prononciation de t e mafeulin , & delà
.maniéré de le çonnoitre , '4-0 9.&fuiv.
Des mouvement différent qu on fait dans la
TABLE A LPHABETI QJJ E
■bouche pour la formation des e mafculins , ota
des e féminins , 40Ç
E muet , joy.&fuiv.
E muet , précédé immédiatement d’un i , ou
d’un u voyelle , 61 f
E nafal , tfi.. 6* fuiv.
E ouvert, 66. 68. 100. 113. 1/4. iff
• E ouvert. De la prononciation de l’e ouvert ,
-6* de la maniéré de le connoitre , 4jj. 6*
fuiv. . 1 16. 398. 4 c 3. 404 .
E ouvert long , 487-6* fuiv.
E , dans les dernier es fyllabes des mots finis par
une confone , 4 jg
E fuivide deux confones , 4/61.487. 488
E dans la derniere fyllabe d'un mot terminé
en es, ou rs , a 59
E qui fe trouve en la pénultième fyllabe d'un
mot qui finit par un c féminin , 4 66
E devant un i voyelle, 4 6\
E devant une 1 mouillée , ibid.
E devant un m , ou n , II 7. *52,
Pi devant unx, 4 61
Hfuivi d'un z, * 4lï
£, aux pénultièmes fyllabes des tems futurs, ^
des tems imparfaits ,
E. Des c qui fe trouvent dans les fyllabes finales
des fécondés perfonnes plurieres des futurs ,
411 -n
Eai , 86. tyf. 161. z6z
Eay , z6z ,
Eau, 86. 169. 318.^43. 344. e^e
, 4J3
E', es, 409. 6* fuiv. 417.6* fuiv.
Ee, 5S9
E'c , pour C2 , ou és , 493
«.-4
DES "MOTS. „
Eeau , . 8*. 8x
.Eb*«cher , , 6 >t
Eble> 631
Eee , fde , édcs , fge , fgue , «gués , fguent , ele ,
fies , eme, ene . enes , enent , fque , eques ,
equcnt , <tc , «es , f tent , eve , eves , fvent ,
4<S 6. 4^ 7
EcofiWs , tcoffrfis .
Ecrowler , < .
Ecujer, 139. Ecuy-jcr ,
Ede , edes, - . ' :
Edrc,
Effort ,
Effrontément ,
Egal * •••:/-
Ege , fges , &c. .
Egue , egucs, eguent.,
Ei,
.Exe,
Éii, ,
E/llc, s V >
Ein,
Ele, fies, &c. 4*tf.4$7.Eler,
Elément,
Elle,
J3i
666
U}
46 6
V4y *34
4**
j 347
v • 1;
* \66
4 &6> 4 67
84* 8 6. ijji %6z
61S. & fuiv. 636
6 Of
1«. XtfO. 1?3. Z99
sn
J 4*
481'
Eller , 46t. 481. /«/v. 7x3
Elle* , Pronom , devant une voyelle , o« «»f
confone , 696. 70Ï
Elixxr, 144- Êlifc/xr
Em, ijj. xjo. /»iv. -25 6. ;fj. & fuiv.
Em final , ' ■ j S f7
Ema/ller , - 6ft
Emb««cher , ► 661
Eme, fines, . 46$. 467
Eme , fmes , ftnmt ,• 4%9
* ’•
» * •
TABLE ALPH ABETI QJJ E
Entent , adverbes terminez, en enaent ,
fuiv.jufquà «o.
Entent -, Noms verbaux terminez en emeat,^®
Emer, 5.14. Exemple de la conjugaifon des
Verbes terminez en enter , î27
Etfwwcner , $ 06
Empa^eter, ampafcter, ampa^euter , 119. &
fuiv. -
Empereur , -rfnpereur ,
- Emphatique , en/atique , * ^ zi 7
Emplir , #nplir , ÎSJ
Employ emploi , 33J
Employer, 139. employer, 113
Employeray, 140
En,* ijj. i90 .&• fuiv. 196
En final,* an , Jf3- Sî4- &fuiv.
En devant une confine, ou une voyelle, 69 7.
En monofyllabe devant une voyelle , 19 1.
Encenfoir, T 66
Endroit , endroit , 334
Ene final , 66.Ï
Ene, enes, enent , 466. 467
Ener , 514 .La conjugal fin des Verbes termine £
en ener , Sa8
Enfer , enfair , 433* 4 J 4
Enjabler eniabler. }*•
Eniambcr & enjamber, , . iz
Enjôler, ' *66
Enn, i5S-^7
E»»ui , yo6
E«f«blcr, ■ 66 o
Eut des troifiemes perfinnes des Vsrbes , joS
Jî4^.
Enuflcr, 671
.... ' , ' entier ,
f
r "DES
Eathr , ent iair.
Entrave,
Entrer ien ,
Envoyer, •
Envoycrai , , •
Eoi ,
E'ptf/flc ,
"Epaule ,
Epeler ,
MOTS.
4Î5- 4J4
67S
*43* 3«.
13*
140
3*8- 3JI
671
666
?*• 104
3°f
301
*39
ï9
*9f
466
II*
47
Epeler , comme on peut faire epeler à la jeu-
neJfe » 3 6. Xj
Epeler, maniéré d'epelerles confond doubles
ili.&fuiv.
Epigraxwwc, Epigrawe, 1
Epwglc,
Ep/ftre ,
Epou/e ,
èpouA* , èpoâ ,
Equc , eques , equenr ,
Equilibre, ckilibre,
Er , mots terminés en cr , ^
Et , 11t. 400. & fui*. 4f9. 46o. 48o. 4%
~r , Infinitifs termines en cr , 4iS &fuiv.
Er é> ier quand ils ne font point infinitifs , 43%
Er, des Infinitifs dés Verbes terminés en er , de-
vant une confone ou une voyelle , 699. 70»
Er , Conjugaifon des Verbes terminés en cr , 6qj
final, . 4^4- & fuiv. 45t,?Si
cru, eras, cra j «ions, criez, eront . t zo.
Futur des Verbes. ’ J
E «;/“ • jW' «I. 431. fl}. &fum.
ï« , «es . «nat. 4«7-48<. 4S7
ZhTÎÏ 1 ST • m” • «oi“t ■ s «• léi
parfait des Verbes .
TABLE ALPHABETIQUE
Prr 4,;‘ *,S
«rant , '«tante , 117
s: : w, . %£•;*
Erroné , erronée ,
11? i,f
Es,’ mots commente^ far es, 4*8- 47î* 49®-
yii
Efbaucher ,
Efclave ,
E/crite, écrire,
Efcroc ,
Efbuyer,
Efc,
Efe,
Efé.
Èfet,
640
«7*
*35”
7^-7J9
440
4?I
61V
611. 437
Hier, . , r
Efer < ix. Des Verbes termines entier , fi-9
Efp^cc ,
Efpoir ,
Efl/7 , efle ,
Eflcnciel , X4*-- Effcnnel ,
Eff-c*> Effe-fc*,
Efl^er ,
E(%«rai ,
Eft, A
’Eftant , cftois , cite-,' cites ,
Efter , E fUir,
•Efmnnc,
E/time ,
üftomac , • '
Eftre. D# Fcr&c cftic devant une conforte , ou
une voyelle ,
660
j6<6
16\. i6v
ibid.
*44
139
140
tf - 488
460
433-434
*4J
138
7S6
' 4
‘sriri
' DES MOTS, ••
Etc, ores, etent/ 4^.4^
Eter, j 14. Des Verbes terminés en eter . flr0
eteu/, * J "
jkionle , . 76*>
E toit , aitai }
Etrange , Aitranj/wYo, 5 9 J
étroit , étroit , 43*’
itter; o c
Ea64,4' **’ 84‘ **’ 168, *7>- d->iv.
Ê«ble* ^
^«chariftit .r •
Eve, oves, event; ***
?ver ’ * *+• Conm*ifondes Verbes terminés %
»cycr |
Evoir,
-a * m
Euii ,
ÉmiapuïU g é le c,tui priaient tu , *,]
|«rc final, .
Eyrer, J ■
Europe*» • Europe/*»,
E«rre final , ^
E»fè ,618. &fuiv. Eufcjc , '* j
Exam*»,
E^âmincÇ/'c^aminer '**-
Exercice, ' exercice ,
Exhalai (on , eg-calaifon . ..
Exheredcr, eg^ereder, •„
Exhibition , cg-tibition , • ; p
Exhorter , eg^oner , » ; ■
Exhumation , cg^umatidh
Exil , eg*il ,
■E*ôrde, eg*ordc.
^.44. x4j
l9\6
■ sbt/i,
ibid ,
*^id.
a4;
*4i4.
ibid,
> 4
TABLE ALPHABETIQUE .
'Exploit, 33f
&c, ' 3 3*
ExpreflVmcnt, J 41
-Exultation , egsultation , *-4?
"Ez. final, ' 41 1- &{uiv.
Ez changé en es à la fin des mots , 491. ou e*
ée,. 49}
m> -, • m
. .■*• • :U,v. j • ' If.
F, - +**
F 'finale , 7JS- 77 o
F finale devant des voyelles , ou des h muettes ,
^ 743
Ff doublées, 1 ~
Fa,
Fa-, fc,fi, fo, fil,
F*ble»
Factieux, 14%. Factieux ,
Faction , 141* Faction ,
Fai ,
Faim,
Faire , fer ,
î!j<Sg>
• .✓* *
44*
" V®
448. 660
ibid.
, i£tW.
1 7»
*3*
Î83
Faire. Remarque far fai api fi trouve dans la
conjugaifon du Verbe faire , i.iç
Le faifte, vous faites, J 83
// fait, &c. devant une confine, ou Une voytfi
le, ' 699-704
Faix , faî , V/, <9 J
Familier, familUir, 4 ' ’ . 431* 4J4
Fanai, fanar, V! J 1,00
Fanfare, fanfàr, . 6*7
F«o» , Fa», . *9*
Faoner , faner , 4
Fa/ce ,
Bauchçç , M
u
m
m
t
U V
“ y** »
< -,
... '
t> E S MOTS.
6 s 9:
Vit
lï faut , &c devant une cohfone , ou une voyel-
le, *99-7 04
Faute , fote y ^ 74. 6 79
Fayance, i+j
F/, 4f3- F*> . s*9
Fe , fes. Z>« m ts termines en fc , fe$ , fer , ou
en fle , fles , fier ; fre , fres, frer } phe, phes ,
pher , & de leur pénultième ,
Febrifwge ,
Feindre
Femme , famé ,
Fër ]
Fermeté , Lirmté ,
Fêffin, -
FeVes , (
Fewtre, ' ^
&tf L ■ ' ‘ 4
W; :
Fier, Flair,
fi gu res pour fixer nos far oies ,
Rie ‘ Subflantif ,
FÎU&, f î-ii/e,
FUmme ,
5ki
FIe«« , fleo ,
Rot,
Fheftc ,
Foible , faible ,
*Une fois , la foi.
Fol , fou ,
Ils font , î font ,
Fonte,
For/at , For/ât ,
Forme , foimé ,
t ■— '
66* i
66 J
X3X
310
l1/
1*6. 1X7
461
* 678
6?S
456.
tbid..
«3*43J- 434
, • f xo
66j,
III
6/7
4/3*
• , • 16 7
i£i<f.
ibid.& 131
U V/ ' 334
/»*
3«* 3*7,
/5>4
63
*47
, 47>
O llj
TÀBLE ALPtfABETfQUE ,
Tort y devant une confone , oit une voyelle,
698. 704.
Fortune ,
ïoflc , creux y
Foudre y
Fouet ,
Fottlc, fouler.
Frais,
Franc, '
François, Français,
François , nom d'homme
Ftaude , fr aoude ,
*lé> 4 JJ; Frc ,
Frcdbnn'er , Ordonner ,
Frelater, fèrlatcr.
Trért ,
Frétiller , fertiller :
Froid ,
Frowde, ,
Fruftrer ,
Fj , final ,
Xùut fuùaes , il fume;
"î y
4'S<f'
66*
131
756
33 *
3J3- 334
33 9
'
ni. 1 13
402;. 485
‘ ,13
73
773
/SJ
4
G,
G.
n ^ 1 . . 40
u prononciation du g , 1 j 4
Gdur o^g fee, 41. Ijtf. i;8. iç,
G final , 7 47
G mol , ou g mouillé , J41. jj<*
G nazal , 137. i$j-
G. De U prononciation du g par les tjpagnols .
_ & les Italiens , 109. (£> J^i-u.
G fuiyi d’un a , o , ou d’un u , 4 6
G mis devant un e ou un i , 4^
G 2 ’uife rencontre au milieu d'un mot • S'il
des mots.
doit fe joindre a la fyllabe qui le frecede,
ou à celle qui le fuit , lorfqu'upes le g im-
médiatement il y a une conjone , xod
€a , v 4°
Ga , gué , gui , go > g° > J;8.i6i
ij8. »JJ.
j ai
Gageure
G aj»»er ,
G aillai: à ,
Game , dégainer , rengainer ,
Galant, gualant,
Gâlilee»,
Galon ,
Gare»»e, garewc,
Gafcons ,
G^ttche,
G ««le,
G a ye ,140. Gai-j'C, •
Ge, 40. Gé , 4JJ« t
Ge ges , &c. Des mots termines en ge , ges ,
geri gle, glcs , glcr; gne , gnes, gner 5
ere , grès , grcr ; gue , guw , guer j & de
, leur penultifme , «*-
Gea, gé, gi, geo, geu ,
M7
6 64
zo4
668
4*
197
1J7
305
104
66C
666
ibidu
J39
15*
Gea é* geo. Exception des fylUbes gea ©• geo.
161
Geai ,
81
Géant, Geante-, Geanne,
Kl
Geayfze,
Général ,
If7, 1 fl.
z6 1
i. < ^
IÎ7
Geneve, >.
678
Genevois,
* *
335
Gentil , ; .
* 4
3»*
Genti//ome, Genti/omè , •
-j'
3‘4
Gentixome , Geuceillomme ,
Gcodefie , ; ,,
W tW • •
3*T
16*
6 uij
TABLE ALPHABETIQUE
PArrAt» 1 ATrA»
Geofroy, Jofroy,
Gcographic ,
Geois,
Geôle ,
Geôle ,goIe, • , ?
Geôle, jôle,
Geôlier , Jôlicr ,
Geomance,
G eometrie ,
George, Jorge, . -
Gerbe, jerbe,
Gha , ghé , ghi , gho , ghu ,.
Giron , jùon.
Glaive,
Glayeul ,
Globe,
Gna , gne , gni , gno , gnu,
Gnomon ,
Gnon , gnuebe , &c.
Gobelet , guobciet ,
Coguc Gog,
Goguelu ,
Goguenard, ibid. Gognard,
Gorge,
Gouge , outil de Menuifier ,
Grâce ,
Gfatfle * 6 7 r De ^ gra*’ffc , G rrce , j c *
nd , devant une confine ; ou une voyelle .
*5>7. 70}
Grande , / e final de ce mot devant les noms fui .
•vans , Bretagne , chere, chofè , mere , pei-
ne, peur , pitié' , Talc , part , chambre , 78}
Mlle . * * * tf7i
3^4. & fitsv.
4 JO
ïtfX
Sx
M7
41
410
ibid: .
2 6 X
ibid.
410
4Î
IJS
' 4 S
*7 3
*4 3
JjS. IQ7
ibid .
160
4»
160
IJ*
y: 1^0
7
56. «66
9X
G Mlle
Grave ,
Grave, accent grave.
r ; DES MOTS.
>C ' ‘ ~ '• ' ; ‘ "
^ t T
fft , ettgwffcr,-
f , , r • '
* '■ * *î *i* - <
» . / ••
e ; gués , gtrenf ,
e , exceptions delà fyllahe gne,
i, *5i- gu*, ‘
enillc , guemiion , 1*9. Ginllc,
eaipe.
4J*
4j8. $71.
r'f *3S»
4*
»5l
260
JJ9
lènba , gueniche , 1/9. Gnon, gnuche , 15 o
A »'po /.J ^ ~
4 t*
eres ,
rèret ,
retidon ,
îcrir ,
lerite , a
Jcrrc,
aèt ,
uet-à-pcns , - t
uètcr ,
tri. Exceptions de U fyllabe gui ,
uichct ,
uide , •
uidon ,
uignc ,
luillaumc,.
tuirlande r
■ trifc , <
ï uitairc r
H.
• * » *
. v t * • *
« * ••• ^ t
* • •* • * ’ 4 ;
ÏV '
ibidl
IJ 7. 161
I6l
ibid.
ibid.
t6o. xi- 7
• ‘ 4îf
1 66
ibid,
l6t
16 L
ibid.
1*7
1 6%
1 ibid .
■ibid.
lit. i>7
î. De l i prononciation de l’h , 1 6i
i afpirées, *$$. lf9- Ô
i alpiréc. JR#/* f«#r /e; h afpixées , 170. d»
fttiv, •' «. " "• *• t,v v
fl afpirées. P;/ *Wf le , du , au , la , de la,
Q 7
rK\
a u
9*'
* '
• . H
.Oit.
r>
;tTA BLE À L P H ABE 1 1 QJJ E
ala, &c. devant les h afpirécs , 187.120'
H auxiliaires , i6\
H muettes, , 153.181 .&fuivn
H muettes , Réglé four let h muettes , 181. £$»
fuiv. . .•
Habiliter, réhabiliter,
Habiller,
Habiter ,
Habler,. :: .oU
te\ hiche',' ' ^
Hacher _
Hacqùenée,
Hagucnau , ville d'Alfact ,
Le Hainaut,
'Haïr,
Haire ,
tiâlcr un bateau ,
Haleter ,
Halfebran, « ,
Hallier , • : ^ V.- • ; *:•
Halte,
Hambourg ,
Hameau ,
H anche , 1 74* & fa dérivez »
Hangar ,
Hanter ,
Hapelourde,
»Per> .il
Haran ,
H arangue ,
Haras?,
Harceler ,
^ jSf
. . 5:'l \
19}-
1-7 J. 6*7. 6 4«
16}
170
■ 176
■U
* ibiL
'7*
*77
18&
•J
•1 w»î«
UA'<
. 177
• tbid .
171
18}
?»
*7*
L« J7.+
170
177
178
170- *9$
J7f
a
Hardè de cer/ ou d'autres bêtes fauves , 373
Hardes 1 . 37-r
•A /
DES MOTS.
Hardiment , hardiment , j 431 J44. j 4$
< •' -i
IC.’W
Harfleur,
Haricot ,
Haridelle ,
Harlem ,
Harmonie,
Harnois ,
Le harnois , itfj . &fes dérivez ,
Haro,
Harpie, * * i
Harpon,
Hafe , • •
H*fle,lulle , ' • ’v • irr '
Haflé, l ' -
Hafter ,
Haftillc ,
Havage , mefure de grain.
Hauban ,
Haubert , hauturier , terme de marine ,
Haye , -pâle fr défiguré ,
Haut , 171. & [es dérivez ,
Hautbas ,
La hauteur , /'hauteur ,
Havre, • t
Le Havre-de-Gracc ,
Havrefec, ’ . ‘ c *
Haye,
La Haye en Hollande , 1 ‘
Hasard ,177* & fies dérivez »
Hazarder,
H*, 4*3. H*,
Heaume , he-ô-mc , heô-me ;
Jj<din ,
Heidelberg
fïcilbxon ,
184
>77
*7}
181
170
178
ibid.
I74. i8z
>7?
171
5*1
>74
171
17 <
178
ibid ,
ibid.
ibid .
K - i7 8
ibid.
187
17®
184
17C
ibidt
if,: zSf
;:U{ *jf?
vid , 19\
ni
17 1. 1 58
0
TABLE ALPHABETIQUE
Hennebon ,
Hennir ,
Héraut £ armes y
Herbe ,
Hcr e t forte de jeu,
Herefîe ,
Heretique ,
Hériter , déshériter ,'
Hcriflon ,
184
184
18 z
>7*
18»
m
18/
1?)
M'
I V Vi
Héroïque , héroïquement , heroïfine , Hcroï'-
ne,
Héros ,
Hcrpé , terme de c baffe ,
Herfè ,
Heftre,
Heureua.* ,
Heurlcr,
Heurter,
Hibernie, •
Hibou ,
Hideux ,
Hie,
H ieble ,
Hier, 80. Hi air,
figures hieroglifes ou hicrogjilîqucs ,
S. Hilaire, S. Uair,
Hirondelle,
Hiroquws,
Hiftoire ,
Hiver, hivair, 1
Hobrcau , ou hobereau ^
Hochet r .
Hocher la tête. s
Hoir ,
Holai
181. 18/
174. 181.173
178
*7 4
1? 7
707
' *71
18}
*75
*7*
ibid,
184
4 S6
xo
182.
531
164. Ht
433- 434
>\ ?
433-
434
177
178
ibid.
7 66
DES MOTS;
Z>a Hollande ,
Hollandes, Hollandtf/s,
Holface',.
Ze Holftein,
Homme ,
Cet homme , Home ,
Hoofleur ,
Honefte, ^«honefte.
Hongre ,
Hongrcline ,
Hongrie, <&/</. Hongrois,
Honneur, des honneur,
I^onorer , ^«honorer
La honte, 1 6y 171. X’hontc ,
Hontcu/c ,
H-onteux,, -
Hoquet,
Hoqueton,
Horion,
Horloge ,
Hormis ,
Horreur ,
Horrible , horriblement.
Hors,
Hofte, hotfe ,
*Ua Hofte , . '
Ho ûiV,
. Hotte, jj
Houbion/., .i
Houlette ,
Houfpillcr , , . 3 .
Hou ne , ibii. Vne tïou'é ,
pu Houx , ibid. & fes dérive
Hoyau ,'
f^jmbir.
1 7*-
, ' 33v
ibid.
i6 4. 1*3. 196
* 7*«
1S4
- 17*
^ ibid.
n:,’ <£g
18 f
j8i. îüf
ï87
1x9
*93
•• *77
. f ibid.
\ibid.
' 18»
V-‘ Wf
. aa7
C £17. £lS
:Ti,i »7JL
117
£31. {Si
*4*
"*71
*7*
*73
178
*77
17*
ibid .
fr
-f> «
fc»
TABLE ALPHABETIQUE
îïuche, -
I78C
Hucher ,
i7 7
Hucque , de mante que portent les fem—
mes dans les P aïs -Bas ,
J 73
Huée , ,
178
Huer, :
177
Huguenot ,
17S
Huile, î
184- 66 1
Huis,
184
Huifficr ,
766
Huit , huitième, huitain ,
1*4. 18?
Huit, 745. Huitr, -
74*
Huit , devant une confone
, ou une voyelle ,
69 7701
Huître,
184
Humble,
23. 132. 164.1 S 2.
Humer,
17/
Hune,
177
Hupe,
. *7/
Hure,
177
Hutte , >
ll7.
Hydropique,
182.
Hyme» , 1
X96
Hypochondriaque , hypocondriaque , Ij4
I.
ï De Pi fuivi de deux 11 , i©4
j à queue, & v confene , 31, 31. & fuiv. 3**
,39
i’j confone , fuivi d'un e , ou d'une autre
voyelle , 149
ï®, - 31 S. 310
, ie , 10 j 242.
Ja> jo, jn, ' *47
1
T>E$ O î S;'
ïSMê'. *4*. 6 6o. Jabler ,
* -• / <
ibifi
7*9
335
6 70
300
1/4
<3*
Jamâû ,
Jappno/s ,
Jaques ,
J a (mm , jafnw/»,
S«ïaO „
Idiome , idiotique, idiotifine, lit. 113* &
, fuiv. i%7
Idole .. ' . . . , , - ^S
1AK; ■ . «,4
te, 8)
le, id,- 518.3x0. 4JJ
le , ie’s , ye , yes. D« la prononciation des fylla-
bes finale} le , ies , yc , yes , fans accent fur
Je, W
Je. . De la prononciation de l e final du temps
prefent de l'Indicatif ou de l’Imparfait du
Subjonftif d’un Verbe devant le Pronom
perfonnel je, , 7.90. (£> fuiv,
lege , i*ges , 4^7
Iêl, - J 3«
1
Icn , o« yen *r: fu .,a.v
îtn , a#* ''trouve dans la Corijugaifon des
. Verbes tenir venir , ) 1 *
lent,.. J 5>JF
lent #> ÿent. Delà fyllabe finale iént ^r* yent>
1er , 3*f
1er final, • 4x4. 431
ï«r. Des mots terminés en ier , 760
1ère', ieres, 49*
l«c ifres , wof; terminés en ierc ieres, 6 il»
TABLE, ALPHABETIQUE
L*s * '
Jtffuite, G f fuite , t+9
Jettcr, &c. 46tr
Jrttcr. Conjugaifm de ce Verbe, ji?
Ieo,
leu & yeu ,
Jeune,
eufnc,
lez ,
lï>
r,
/irai, /irai,
W >
.3**
; . *îi
ilià.tfrsZy
. 3X4* 3X7
'v ■* *7*
64. <7. 74. 118. 134,-
'*49
‘ 3*>
l‘j Pronom, devant une voyelle ou une cenfo-
ne, 101. 191- 6Î0. 69l,6^6.é>'fuiv.6fir
Devant uni 1, ifi. & fuiv»
Il final, '< a 14
Il fait , i fait, . . . ïo*
1/ ira iltii \ *87
«1, . . . ao4
Ilia , itlc , illi , illo , iltu 3/9
?ïla , îlle , ilH , illo , illu , 159. Juiv. Voye ^
la lettre 1 , page 199. jufqu’ù
' x»3
Ilia , ç^f. Réflexions fur lu maniéré d’epeler
les fyllabes ÜU ,ilk? jIU , illo J illu , z 0 4.
' '& Jniv\ ■
• ; 66 j
ZOI. 102.
<56/
toi. tôt
. ibid.
‘ ; ; ibid-.
v. ibid.
?8|8
111e-,
légitime ,
Hier final.
Illicite ,
iftufioa ,
llluttré}
I//yric* ,
Ils , . ,
..1
Tîi U'i tW.VTTA
: .a* -.«Utsiîi iV»ï
' DES MOT!.
lïf devant une eonfone , ou une voyelle , (>$ <>->
70I
■' ÂnW*
1m, a;/< *58.500. fri*. 634
ltn précédé d’une eonfone,
300
Imparfait, imparfait,
iji. 199.301.
Impatient,*
30X
Impertinent ,
tbtd.
Impie , impie ,
tbtd.çp 199
Important , important,
*99 "
Importun ,
301
Imprudent ,
ibid. '
Impunément,
54*
Imputer .
JOX
In ,17. 6f. a;;. tfo.&jmv. 300. 6a«r
*3» v
Iri précédé d’une eonfone.
, 300
Incident ,
ai;, joi
Incifîon ,
30 1. 30a
Incommode ,
302
Indemnité , indemnité ,
Vh
Ingeniment , ingeniêarent ,
S 43- Î44- H*
Ingrat , -d/ngrat ,
13. 63. 13a. 3 oi
I»)urc, iVtt'hi
* JP»;-
Innocent, inoccnt,
In folent.
302
Io , .1
)13. 31 6
Jod* ,
36. 149
Jifi , gwh ,
• ‘ *4 91
Jonc ,
71*
Ions , tez , yons , yez ,
3*7
Jouet ,
7*.
Joui»
74*^ 7J°
J oye,
140-
Ir. Conjugaison des Verbes
termincs en ir ,
-w ‘ v JL ■
. T AB LE ALPHABETIQUE ;
If. Les Infinitifs des Verbes terminés en if*
devant une cenfone ou une voyelle , 6S>7- 704
Zre final , * 48 7. 61}. & fuiv. 6)j
Ife. Des Verbes terminés en ire , 613
Irlandais , Irlandais , ,53*
Zfle. Remarque fur les Imparfaits termines en
iffe , , 67'b&fi*»v+
Jvc , ives. Des noms terminés en *'ve & ives ,
tirés des mafeulins en if, 678
Jve , iv es , ivent , qui fe trouvent dans la Con -
jugaifon des Verbes dont 1‘ Infinitif fe termi-
ne en ivre , ibid.
Juge, 6<s3
J«gcr, - üid &66 4
Jui/, ' • 7*o-7ft
Juii/ct , ]ui-i//ct ,
Jupiter, Jupit/»>, 4J3
Jaftc , geafte, 145. prononciation du
g,
Ix , , 144
1 k. - <- • ■;
K . Z>« prononciation de la lettre k , 19 7. D*
/ onufage t *9*
L.
t.. De la prononciation de la lettre 1 , <$* des
fyllabes ilia, iile, illi •, iIlo>illu, 1 99. 6»
fuiv.
La lettre 1 a beaucoup de rapport avec notre r ,
10Q
L finale, 7SS
L, mouillée, xoo
L mouillées chez, les Peuples du Nort, les Pf-
DES MOTS.
’pagnolsé' hi Italiens, xoj
L retranchée, , , 4*^ J 36
L. Du retranchement de i dans les Verbes ter-
minés en ellir,
L fcclic, . 19?. xo o
LL,. ÎJ<*
Ll. De l'i fuivi de deux 11 , *04. &fuiv.
La , v 118
La , de la , à la, - 784
La , le , de la , à la , devant les h adirées , 187
La haire,rhaiic, æL:j
Lacet ,
L^dre , .
L'aider , & de fa Conjugaifon ,
X^iûu ë» £
Lame, • V' .;v.
Lamproie,
Langue ,
Lettres inutiles en notre Langue >
Laon ,
■-h,
ibidf
660
«34
67%
.43
aoo
340
48
ibid .
si
s , : o.;.
1x8. iif
S » J
74* x£tf> 6%6‘ 6 44
46$
. IHs '.'’‘;-'';V%î:7#îL
Le , les , quand il ejl Pronom relatif & mis
> après un Impératif, S°$
Le , Etf-voye^le-no»* , e»fffyel nous , ou envoyè-
lçu nous , 504
Le , les , 1er final , 66 $
Le, 4î}. Le, -y .. S 39
LèÂure, 46?
icgal , ibid,
‘ , 'aoo
Larinx,.
v
Las.Lt,
Laurent j Lorent ,
Le, la, articles
Le , Pronom ,
. v
TABLE ALPHABETIQUE
Léger > \è)ait' , 431- 434* Legere léjair* ,
431 ' r
Les , les , Urs , 284* é* jf**w. 434- 4P7* d*
fuiv.' , •;*
Les , devant une confone , ou une voyelle , 6 8®.
&fuiv. 6ÿs. &fuiv. > .
Les -if»»eî , lé-zaw^e , joç
Le; états , le7aitâ , • -- ç8_
Leflc , «7T
Lettres, 14
Leur es de l’ Alphabet , 36. 41
Lettres <j«i changent dans la prononciation, 147
Lettres fuperflues en notre Langue , 4 S
Leu , 1 eue , lu , lu c , *7$. »8 o
Levraut, Levrette, - 46*
Leur, leurs. De /<* prononciation des Pronoms
leur & leurs , 71 6. & fuiv !
Leur, leurs. Pronom, devant une voyelle ou
696.701. 70*
• i4r
100
3i<3*7
> 11 8
- 1 . • 6 6J
331
78
268
* t ibid.
- ■ H*
s Si
. • ‘ 66i
IX
1 ■ ; *19
~ 1 *0®
34»
une confone,
Lcxive , le/?iv®, _
Libre ,
Licol, licou,
Lieben,
L«gc ,
Licgee/J, i
Lieu ,
Li f/<c ,
Linx, 144. Lainfrr,
Lionnois , Lionnaie ,
Vn lis , un lie ,
Litige,
Livre ,
Lebes , terme d' Anatomie ,
Logique ,
Loin , le/iin.
ù.
,, DES MOT S.
Hoir , 766
La Loire , la Loir , 617
Xon^, y',' 749
Longues, 96. 100. 10/.X18. 119. 131
tsy 773
Lucifer, Luciftir , f- - 433. 434
Lune, • 100
Luther, Lutair, 433.434
'Luxwre, 144. Lukfutc , * ibid.
' ' m. ■;l: '
M, , T33. x jo.&fuiv:
M. De la prononciation de V m ,113. 191.191,
'^1 finale, 196. 198» & fuiv. 747-7**
M . Des pénultièmes fyllabes , 6 s 4
Quand /'m fe trouve au commencement ou à lu
Jin d'une Jyl'.abe * . . / . 113-114
Mm , 30 j. &fuiv. )$6. vi
Mae/navel , Mahiavel , 1*9
Maigre. Remarque fur le mot de.’maigre , 66 4
Maintien , *43
Xe Maire , L* mer , ?8i
Maj/ori , \ .v^a,
Z7» Maiftre , Mettre , J®*»
Maixan , j1. Maijffan, l4X
Maladie , maladi , . _ ‘ 3tr
Ma»che , -f:'\ ' c>: v "t
Mannc\ .
Manoir, * 7*4
Mantes, mante, , ; 344
Mare deraifins , ' ( 73*
Mar^«ctcr , marfeter # , **9
Martial, 141. Martial, _ #?*$»
Mdrti», Mar^i», J®4
■Yi
■ t. \
>/ 1- -
TABLE A L P H A B E,T I QjJ E '
M«fie, malle,' „
M aflc , terme de foueurs , 658.671
Mafi: na-uire , ou» , Pronom , 381
Maftin , matin, 581
Mauvais, 6x6. 644
Mayence, 143
Me , mes , mer , final , 667
Me, 4j j. Me, 335
Mèchanf , devant une confine , ou une voyelle ,
697. 703
Médaille, 63*.
Medeci» , ' • . 3 o 2,
Menagere , mainaj aire , 431
Mener. Conjugaifon de ce Verbe , 3x8
Ment. Les Adverbes terminés en raenf devant
une confine ou une voyelle, 698.704
Mère, 401. 48k
Mercure , Merciïr, 6.17
Mes, mes, mais, 133. 184. fuiv. 43,4.
456. 497. é* fuiv. . . , .
Mes. Mots qui commencent par la fyllabe mes ^
468. /«ru. 473. 490
Mej , Pronom , devant une confine , ou une
voyelle ,
Mes amis , mè-zamî ,
Mefdire ,
Méfia nge ,
Méfier ,
Mefme, 30. Même,
Me/prendre, méprendre,
Me/quin ,
Métaphore, meta/orc,
Mienne ,
Mica* devant une voyelle ,
Milan ois, Milanais ,
k • . 4 #
,K:.V. .
. if
J*
rftn
ï.;r.rcv
Al
696. 70T
ÎPJ
646
646
ibid.
640
*3F
x,8
U7
3 **
703
***
Utile, . *ot
Mille amiticz , mille- z-amitiés ' 153.415
Mille honnêtes gens , mille-2-onêtc gens , isj
Miwcc , maince , 300
Miracle, 661
Miroir, ' 7 66
Mitre, -
Mix/ion, \ 143
Modérément, 543* J 47*
Mode frie , 145
Modifier , 8
Moins , moains , 342
Moinr , devant une confone, ou une voyelle ,
6yl. 704 \
-Mois,moüa, 340
^Moitié, »43
Mole, Substantif, 66$
Mo» , Pyomom , devant une Voyelle ou une con -
fane , 636.701
Monophthonguc , 8/
Monofyllabe , 30. 31
Monftre , 66 a.
Morceau, 167, Morlô , 168
%Jn more , un homme mort , 581.
Les morts , la mort , 5 81
■_ Mot, 13
Mot e£* parole en quoi different , ibid. & fuiv.
Mouchoir, 7*6
Mo»dre, ■ 6 6t
Mo«le , 66 6
Mowfche, 333
Moufcjuetaire , Moufquetérc , x6f
.Mouvoir, 73
-Munftcr , jtio. Munftre, Ui
Mu/e^lwc, *47.
TABLE ALPHAB
ETIQUE
Mufe««, 267. Mu7.0,
ztft
Muriquc ,
" t» 9
Muhcr , 120. Moutre ,
lit
N.
\
N , 13*- 134- & faiv.
N. De U prononciation de l'n , 171. 191. 114
4 N finale, i o 1. ïoi. 105. 747. 7^1. 7 61
N qui ne fe prononce point ou fort rarement ,
De l’n jointe ttung, nj
N. Des fénultiemes fyüabes, tf j*4
Nn, ^os.&fuiv.qs6. 337
Nage , nager , 66%
Natal , 214
Naturel, * . • 4$8
'Naufrage, fi6.6 44
2 Son nazal, 65
Ne, nés , ner , final t < 667
:Ne,4yj. Ne, ' J)9
Négoce, =* 114
N»rf, •; -• 4S*
Net , « 83
Nettoyer , netayer, 334.
Neu/, 743. Ncujf, 746. 760
’Ncu/, devant une confone , ou une voyelle ,
697. 701
Ne«trc , c-jf
Nicolas, 114
N igromanric , N igromjm* ie , 143
Noble , ‘ * . 214
Noir, noec t 33 1.766
Noix, noua, ; 340
Nbrmans , ; « # 104
. ■ no/.
DES MOTS/
No; , "Pronom , devant une confone , ou une
voyelle, £>6.701
Noftre, 639
Notaire, Notaîr, 173. Notére,' 1 63
Notre, j 6i Nôtre, 37. 67*. £77. 717
Nous , 103
Nou; , devant Une voyelle , ou une confone ,
• 62o. &fuiv. 69* j \
Noux efperons , noûs/iifperôn, , 687
Noyer , bowï d'arbre , > 139
Noyer , Fcrfo , ibid.
Ne. Des dernierés perfonnes plurier.es des temps ,
prefens , J94
Nt. Des dernières perfonnes plprieres des temps ;
imparfaits & futur s des Verbes , 393
Numéro, ,114*
1 iTi . ‘.C
O04 m
S ÏI
O, v $^44.71.74'
O* chaperonné , 170. & fuiv..
O , Réflexions fur U prononciation de l’o dey
Alèmans, ?- 170
Oo, . ' j88. 641
Obcï, . « >ttu V S 9
Objea, f *yr %w* v.w\n«j wt» vù.ivv^*)
Oble, finale 1 ^ 631
Obliger, • < 6^3.664
Oblhiclc, * t 661
Obmettre , obmifllon ; 49
O&ave j « 678
Oe, • a./f. t$8. 187. jt8. 330
Oeil, . Jia
Oeillade, 1
Ocillere, V i >
0
U
ibidi
TABLE-ALPHA B ETIQJL7 F?
Gciilet , - ■« 16 ï
Oeu,
Oeuf, ' 78-760
Oeuvre, zt8
Qi, 73 ji«. 3i8.j}i. JJ.4- ^41*
Qi , 83. Quand il eft Diçhthongue , & quand.
il ne l‘tfi pus , ibid.
Oin De la prononciation de la Diphtbongue
' oin , <ri ' 341
Oir. Conjugaifon des Verbes terminés en oir p
6 07
O/’rc, final, 616, &{uiv*.
ÔiCer , 611. 6 j7
Oi /on, xi9 6 12.
Oiflje, oiffes, aiflîons, 641.571
Q/ftre, J3V
Ol, 31É
Om,. 37/. 190. fafuiv. 304. 61 8. 634
0/»bre, 13 1
£y Onsaf , S.^Omair, 433. 434»
O-mnis, Ow-nis, . io6)
On , 17. 6.3. 133* 1.60. 19 0. é^ fniv. 304.
61:8. 633
On devait une confone , loi
Qndevant une voyelle , loi. ipj 193»
Qn.devant une confone , ow #w« voyellç,) 68qj
tic il* *
& fuiv. 696. 671
Q»cle.jbu
One , on es ,
Q#guent, .
Onze, omième,
Qpale.^ . • - • .
Q#» ,
Qrç&cftre , Omettre , Orqucftrc ,
Qfe^final,
.’lt'fii • O
%p
. 66. Su)
nT
7?7-7^
zsfr
t ; i/6>
487. 6l)..$yfuiv~
' ‘f&ë
* # D £ S M 0 T S.
Orr. Dr; Vertes terminés en orc,
Orfevre , '
Organe,
Organe de la voix ,
Tartiei organiques,
©rgue> ' v * ' 1
Oriv»t , Oriu» ,
Oti«»tal , Oriuwtal ,
Orre ,
Orne final ,
©Trie , orte ,
©rtographe F ranfoife
Ofû,
O fé ,
©fer.
Xi*
«ru
4 tfi
17
t8
ibiL
\ 6 0
sr 3
: jzt
6*8
. «Tl?. 4iS. «f3X
3«
4 8
tfi8. &{uiv. 6} 6
6it
ibid. 6 j "f
— w 9 V»/ J t
Oa , 4^. 71. 71.84. *6.zjî.z87.^//iiv.<î4t
©üâ ,
OÜ2v, bfic , ouï ,
Oubli j
Oudrc ,
Oüc ,' ' • -
Ouï ,
Ouï- Du wef ouï ,
Ou te final ,
Qurre ,
Ourrc final ,
Ou trois,
Ouft ,
OuCé,
OuCet ,
Outrer,
Or,
07,
Qÿe , oyes , oyent , .
Oyois , oj/oil ; oyions , oyieï ,
3>$
• ni
q
•r 318
* 7^-318
7S*
4i6. & fuiv.
6U
617. 61Î.
6£f
ft8. &fniv. 6jtf
6 ii
ibid.
*7S
*44
<• 318.331
1 141
- .. I+1’
H l)
I
TABLE ALPHABETISAS
P. •
P. De la prononciation du p ,
ntf
P final, 744- 747-
7;j- 76j
P fuivi d’un h Ce prononce comme unes , 117
Le p fe prononce comme le b ,
%i6
P du mot de Cept ,
74*
Pa,
\6S
Pa, pe, pi, po,pu,
Pa illaflc , t
. 1I7
2.01
Vais , péis ,
ÎJI
Païfagc , pftfage ,
3/t
Pat fan , P fane j P«un , Pemne ,
ibid.
Pai* , pa» ,
S9i
Panier ,
766
Vaon , Pan,
1 96
Papier,
fx. 7*É
Par devant une voyelle ,
703
Parchemin ,
il
Pardeflu* , devant une confone ou une voyelle , "
69%. 7 03
Taris , 10 j. & fuiv. icS. & fuivi
Par oi ftre , paraître , 3 34
Parole, j
Parole articulée , A- & fuiv.
Parole écrite , ibid.& 19
VsLTquetcr , pvfetcr ,
Par/û? , 1 43
Par/ialité, 141. Parcialité , ibtf.
Pas, 118.119. 76$
Pas , point. La différence qu’il y a entre ces
deux piots f 771. & fuiv.
O
$22
U8. &fuiv. f 82
6} 9
•tljo
7*- é^4-
<» 7 8
ibid.
1 4)
322
l$8 113
DES M O T K
Pafaues , Pa/cal , 15 i1
Pnfïe-droic , p«ffc-flcur , pafle -partout, paflc-
pied , p«üe-poil, p^ffe-port , pafle-volant,
6/8
P* fle , pafler, repaffcr , &c. 6j8. 6jt
Patient, patient,
Pafte ,
Paftori de foulier ,
Patte ,
Paul, Pol, 74. Paolo,
P*«vre ,
P aye, 141. Paij'e,
«Payen,
Payenne ,
Payer , paifer , pai-ycr ,
Pe, pes, &c. Des mots terminés en pe, pes,
per ; pie , pics , pler j-pre, près, prer , & de
leur pénultième , 6(9
Pe, 4/3. Pe, S19
Peindre ,
Peiae, 1 $6.46!
Peg/èr, *z9
Pénultième, 9j
Pénultièmes brèves. Réglés pour les pénultièmes
... brèves , 649. jufqu’a 63 O
Pénultièmes longues. Réglés pour les pénultïè~
mes longues , 5 6f. f $7 . &f viv. j uf ju‘à 64$
■ Pénultièmes fylUbes des mots qui finijfent par
«ne féminin, 6^9. fuiv%
Pénultièmes qui finijfent pur une va J ou a ;
ibid.
Des pénultièmes fyllabes qui finijfent par une
f muette, * 6f 4
Des pénultièmes fyllabçs qui finijfent par une
çonfone , 6jj.
TABLE ALPHABETIQUE
Bénulcièmes qui finirent par des confonds don -
Mes, *;*. 6j7
Vctc, 401.48*
Perfeaionncr, 141. Perfectionner, ibid.
Perganje, . Xl
Pcr^iJ, 119
Pocher , p«h« * jSt
Peti/- . Du t final du mot pet it , 4 30
PetiV^ devant une confone , ou une voyelle,
*97 • 7° 3
P™PIc> 1*8.
Pjl> 1*4. i*j. &fiuiv. 153. 117 ii&
P»a., pfce, p/?i, p/?0j pMt , 1*4^
P/?arm:cie, /armacie , i«<j, 1*7
Pbe , • Des mots terminés en plie plies .
pher,
Phen/x j 144* FcniAx ÿ
Fhcnomene , /enomenc ,
Fhiîofophc , Filofo/e ,
P&renetique , /renetique ,
Pli u ) nom de plante , fu ,
PNicard
Pu,
P;cêP t
Ville , pi//age , pi-iW* , pi- i//age
Vinceau, %6 7. pinfo.
Pwe,
Pi?«ure, pi/turc,
Pi/te,
Pir/V, - ^
Pla , pie , pli , plo , plu ; plai , pieu , plo , plou ,
• 7%-&fuiv.
Pjaifir , déplaifir , • 1*3.7**
I I^wtc , nom d'homme , 67 1-
Vie, 453. PI*, S39
66*
ibid*
*17
166, 117
117
l6i
\ êf
•4 <iS
66 f
xi
x6l
501
ixS
*-**>• 2JJ
2 + >
confone
Vj
DES
l*lom& ,
Plume ,
Pkit/er, Phm'«iV ,
Plu# , devant une
698. 704
Pluye , „
Poêle , po*/le ,
Poète ,
Point ,
Poivre, Poèvrt,
Paie arftique , fre.
Polono/'s , Polonais ,
Polyfyllabcs ,
Porc-epic ,
Porteur ,
Poftc ,
Po«ce,
Paudre , poudrer ,
Pouf devant une <vcyilU+ .
Pôunw/'m , '
Panne , maladie de ebivud r
Pouffer y
Poutre ,
Pouvoir,
P", Pm,
Prëcifèment ,
Premier, premu/r ,
MOT s;
II
4M* 434
ote une voyelle ,
103
md
318
769
fV
,-p
1 40
318
317
770
«7 S
656
m
90
7/*
•74b
»3J
C6 I
6U
703
*4i
«J*
ibid,
*7?
7<U
J4*
282.
Premier, devant une voyelle , ou une confone ^
697. 701 ^ .
Le preneur, 741
Près, pr/ws, 38 6. Près, 387
Près , près , 437. 438. Prée , 4 94
Pré/eance, 130. Prclfeauce , • 23 1
Prc/entiment , 230. PreflcntimeDt , 131
Prrnc , expreffe , 471. Preffer , ibid,
ü iiij
TABLE ALPHABETIQUE
Prélupofer , preflupofer , ' x+x
Prefupofition, 230. Preffuppofition , tjt
Primarie, Primarie, .
Pr/»ce, pMjncc , ao,
£rivil%> 4*7-
Procureur, Procureur, 741. ?4x
Prodige , 66
Profeâe -, <71. Profeflèr, *72i
Profondément,
Progrès, progrès, 38 6. Progrès, 38 7
Prononcer , pronon (air , prononce 416. 4Î>9
Prophétie, Prophète , . .
£°av“> , 71
VùpMt , papilUiie ; " loi
Fafm>' ■ • . .H*
prononciation du q ; n 8 . & fuiv.
S-final> IIS. 747-7C/
Que , ques , quer «final , ' «7<j
Vge , ques , quent. Des fyllabes finales que ,
n ques , quent ,
V9eiquer , devant une cenfone ou une voyelle .
696. 702 J *
Quelr , quelle* , devant une confone , ou une
voyelle , 696.7oz
grenouille, Knouïile, Keunouïlle, 219
Querelle , ^«erellcr , jwerelleur , gaerelleufe ,
j • 119 *
-^«cftion, Mion, Il&
Qitfter. De l Ortographe & de la prononciation
,• des Verbes qui Je terminent en quêter , comme
empaqueter , dépaqueter il0. &fuiv.
Qï“e.. »«*
: b ES MOTS. - T
Quan d , devant une confone , ou une voyelle ,
69 8. 703
6£«atre, Katrc, ti8. Quate, t8a
Quimper , Quimpair 4 j 3. 4 j 4
Quintal , 301
Quinze , quainze , 390,30a
tgaolibet, Kolibet, tig
R.
R. Df /a prononciation de la lettre r , 11/
R finale , 71 4- 7*-8- &fuiv. 747 7*7
R finale , rfw awtt terminés en eur, 738. c£»
/aiv.
R .finale dans les ouvrages de Poe fie , 731
Rr, 4j.tf.1t7. 360
Rr , voyelle fuivie de deux rr , 6j8
Rr doublée. Des fyllaùes finales précédées de
voyelles, ' S 97
Rable, £48- 660
Racler, tftfi
Raifon, \ 4if *
Ran^, 748
Ra/âde, < 149
Ra/é , ibid.
Rd, 7 79
Re au commencement d'un mot , j 09. ;i o .
fuiv. 31 tf
Re. D« fyüabes terminées ente , 196. R es,'
tf 00
Re , res , touchant la terminaison en te , ou
rcs, 607. tflt. gpfuiv.
Réagrave, 44^
Réajourner, &e, ibid .
•Réafiigner , v • èbHk
£ y
Rv
TABLE A LPHA.be TI QJJE
Rébarbatif, 44Ô
Rébellion , ibid,
Rfbroufler , 461,
Rébus , forte d'énigme 444;
Récapituler, ibid,
Réceqt , ibid,
Réce'pifTé , ibid.
Réceptacle, - ibid.
Réception , ibid.
Réchauffer ,4/1. Réchauffer >. 453
Récidiver, 44$
Récipé, Ordonnance d’un Médecin y ibid *
Récipiendaire , ibid*
Récipient , ibi<L
Réciproque, . - \ ibid*
Réciter ibid.
Réclamer, W ibid *
Reclus , - 4 -fi*
Récolet , Récolcte | 4,47
Récolleétion , ibid.
Récolte, ibid,
• Récompenfer, ' ibitL
Réconcilier , ibid.
Réconforter, ibid.
Récreance, ‘ ibid.
Récréer, , ; ibid,
Æe récrier , ; Wv.ifia
Récriminer, 447
Récrire, 4 j». Récrite^ . . . . 4;*
Récru, 4 fii
Reculer, ' -::i . V . . 6*S
Récufer, ... \ : 447.
Rédiger,
Rédimer, : ;v ibid.
Réduire, 4 •' " t...
r
t> es' Mô-'r IM* at
RédüpUcatif, 1 V*v* j’ 4*4 7
Réel, •* iftWt
Réféter, . ^ * T' - ibid*
Réfléchir , ^>r» ‘ ' *•' *•*•<'
Réflexion, tJX ibid.
Réformer , < ibid.
Réfra&aire , •-> * , • > ibid.
Refrain , •• < 1 4®^
Réfrigérant , réfrigefatif ,* , - 44^
Réfrigération, -ibid'.
Refrdigné , ' . t 1 '•■■ "461
Refroidir , refroidir , $34-
Refwge , 565f
Réfugier, . . * 44^
Réfuter, *3* ibid.
Régenter , ibid.-
Région , _ « • ibid:
Régit , régime , f , . ' « 1 ibid 1
Hégtftre, cnrégifti'stÿ >1,- ibidj
Reglement , règlement , f 8» j4*«‘ H 5;
Règne, 4^1
Regretter, 46 a.
Régulier, 44^
Réhabilitation , réabilitation i8j
Rehabiliter, reabiliter, iSy.44^
Reine , 96
Réitérer , 447
Réjobïr , 45t. Réjouir, < j ; -1 4^
Relâcher , 447. Le fremer e féminin.
Relatif, 44/
Relation , • ibid. .
Rélixation T ibid. ‘
Relièf, 4^5
’Bidinkré t terme de pratique , 44?
RéaniiTiblc , rémiffion, quoïqjwfc delà pre-
ü vj
TABLE 'A L P H A B E T I QUE
t miere fyllabe du mot de remettre , fait femi~?
nin, 447.448
Rémunérer , 4 4 S
Renés, 4J1. Rênes,
Renovation ,
Rent , final ,
Répandre , 451. Répandre j
Réparer , &c.
Repartie, * ' 1 ; ; r •*: - !
Répartir , &c.
1101
-Répartition ,
Répercuter ,
Re'pertoire ,
Répéter, &£• • >
Répit, 4 fi. Répit l
Replet ,
Répletion ,
Répliquer ,
Répondre, 4j». Répondre l -
Reprefailles ,
Réprimander,
Réprobation.,
Réprouver,
République,
Répudier, &c.
Répugner , ©»e.
Réquiûtoirc , réquifitioft.J r / - ,
Rer , %tc
Res. Mots qui commencent par la fyllabe rcr,
4 $8. & fuiv. 475. 4$os
Re/affer , re/affer , ' , Y :• ijt
Re/aucer, rc/aucer., a 3 a.
Refcfiauffcr, *4©
Réferrer : . Ht,
. 4/ -w ■
45}
448
J97
45}
1; *4»
ibid.
ibid.
ibid.
ibid.
ibid.
4 J 3
448
ibid.
46t.
4J3
4éx
ibid.
4«S
ibid.
446
448-
ibid.
ibid .
ibid.
\Re/pondre, répondre y
î: DES MOTS;
TÇéfetver ,
Réfider,
Réfidu , terme de comptes t
Réfigncr , &c.
Réfine , &c.
Réfipifccnce ,
Réfifter , &c. .
R «fines de bride. Rennes ville t
Réfiola , réfolution , &c»
Réfolutif ,
Réfonner, <
Refi>«drc ,
Re/pe£l ,
'fyonà:
Reflort ,
Réflufeitcr , &c-
Rrftablir r
Ré/uer , rejfuer ,
Ré/ultat,
Réfiikef >
Réfiumer ,
Réfurre&ion , &c.
Rétablir, 451. Rétablir;
Réticence ,
Rétif, 4f*. Rétif ,
Rétoricien , Ré torique*
Rétorquer , ; 7
Rétra&er, %'"■ »
Retraite *
Rétrécir, rétrécir,'
Rétreindre , 451. Rètreindre ;
Rétribution,
Rétroaôif , terme de pratique ,
Rétrocéder , &c.
Rétrogradp?,. .
'Ai
'44*
ib,d.
Hid*
ibid.
ibid.
ibid .
ibidt
f8l
44«
ibid .
ibid .
f 6lr
*3*
*3X
4 él>
44*
«4®
219
44*
ibid»
AM
44»
4J*
44^
44 8.
ibidj
46»'
*•4/*;-
4jr
448 ■'
ibid»
ibid.'
ibid
.X
T A B L E. A L PH A BrE T tQJT
Réveiller, . Réveiller,
Rêver., 4/t* Réver, 4jij.Refver, '
Réverbérer ,
Révérend , révérence ,
Révérer ,
Reverfîon , réverfîblc y -,
Revifion ,
Réunir, réunion.
Révolter, &c.
Révolu , révolution.
Révoquer , révocation ,
Réuffir , réuffitc , &c.
Rcvulfion ,
R«z, final r
Rhétorique ,
Rie»,
R00I6,
Rq/c , ro*e ,
Rolf/*», xsj. Roft,
Riolfig nol ,
Rotnller ,
Le Ro«le , nom propre ,
Royal , Rotai ,
Royaliftc , Roi’al i fie ,
Royaume, Rotaume,
Royauté , Roïauté , .
Rr, .
Rs. Mots terminés en rs ,
*r’
HewSettu . Ruilfi»,
7 *9
s 88
IJ 8
77Î- &
E
iëïtfy
64 o
44»
ibid.
ibid .
ibid 'U
449-
ibid,l
ibid .
ibid .
ibid »,
ibid»
ibid*
4tt>
164
■ 770
♦ 6 .
147
16 S
• 11 f
666
ibid,
*Î7
ibid;
137
ibid*;
fuiv~ .
4T*
779
169,
S.
vit
S., >0. Son utilité y jo jx -
S. De la prononciation de la lettre. Cr .. xi*A
r> ES M O'T s;
îj conservées , où & dans quels mots ,. / j. g ) $
S, qu’on ne prononce point ,, fstiv,
S douce, 130. &>{uivif.
S. finale , 415 r. 747. 7$*
S finale , qui fe trouve au plurier des mots ter-
minés par un C féminin , 591
S finale , mots terminés en as , és , is, os , us ,
JS-, 4»5
S forte , 130
S mouillée, 149»
S muetc , çi. x}4
S muete , des pénultièmes fyllabes, 4
S- retranchées , J 1 O* fuiv» 613.6x4
S. entra deux voyelles , 1x9»
S. Des mots terminés en J, 48 J. 484
SC fuivies d'un c, d’un es, ou d’un- cr, 670
Sa, Pronom » r 5I4.
S«bfce, <48.660
Sabre, 660
Sa*., ' 7^*7 6-®
Sacrilège,. 4*7.
Sage, . . x**-
Saloir „ • 76^
San*, 74*
San; , devant une confond ou uni voyelle ,
7©î
Sawder , fowlcr y x%9, 66 6r
Sas, ,
S*Æèr, *7*-
Satire , {àtiry . 617
Saule , 666
Savoye ,. .140»
Sautk , . 6y&
Saut y lût, r J* 4
&4/«c , Impératif , fotte-^ - ikid»
TABLE ALPHABÉTIQUE
Saxon ,244. Sakfon , ibid J
Scaliger , Scalijair , 433. 43 4
Sceau, feo, 8 %.X6j
Scé, 4/3. Scc, J39
^ > 4*3 ■ 5c, ibid.
Se, (es. D« terminés en Ce, Ces, 618. &
. Jfuiv. 6}6
Scbafoen, , 24»
**}c > 43^
Seche, 46r
Second , devant une confone, ou une voyelle ,
697. 70»
îfj » 4/*
Sclo», »70Ç
Selo» , devant une confone , «w «»c voyelle *
698,703
Scntimcns, fontim,*», /jj
Sep# , 456. 74J. Sc/t, 746. 731
Ser , fés , fées , 637
Seraphm , _ 302
Servante, fer/ante1, 2jx
Scs , tës , fois , i8 3. 434. 4/6. 4£7. &fuivJ
Scs, Pronom , devant une confone , ou une
voyelle ,
Ses enfans , cé-zanfan ,
Seul , Cux. ,
Sevrer , -
Sexe , 144. Sckfe!
Siamois,
Siégé ,
Sie»ne ,
Signe, fine.
Similitude , .
Simple , Cainplc,
Simpcvme f \*
*ï*t
6)6. 701
ÎOf
180
ibid.
ibid «
3ÎÎ
3x»
J6J
lij
300
*67
DES MOTS;
Singulier, Singulier, 433.434
Si*,, fy?, »'4î* 74J-7I J
S ix , devant une confone ,- ou une voyelle ,697.
701
Sixain , fî^ain , , * % 4 y
Sixième, fixicrae, îbid.
Sobre , *ip
Soiem, t V: y%
Soin, Coain, 342,
LeCoir, y 66
Sois , frit , du Verbe cftre, 334
Soit, C on j on Eli on , 3 3 4*3 3 J
Soixante, foi/antc* i4J-
Sol, fou, v |i<î. 317
Soleil, 4jg
Solennel, IbUncf, 310
Solitude , 13
Solvable , folntion , . ” jr
Sommeil, « 3x4
Somme* aufli , Cornez auffi , fcvnaufli , 103
Son, ' 7 76. &fuiv. 81. 8i. 16* S7
Son , Pronom , devant une voyelle , ou une
confone, 696. 7© l'
Sons fimples , *4
Sont devant une voyelle,, 191
Ils font , i Ion , r ’ jp4
Sortie , 14}
Sortilège, 467
Sot, Ji. 167.
Souabe ,
659
Sou* , devant une confone ,
ou une voyelle , 69 8.-
7oj
Sou/fijtier , fooiCncr ,
*6}
Sonftenir,
<S}?
Souk ,
‘ *7X'
TABLE ALPHABETIQUE
Soutien , 243. 3 11
Souverain , d'où vient ce mot , 71
Soyons, Coycz , Gient , 334
Sped/ïde f 6i Si
Sfibere , (fere, ï66. 16 7
S(è , (Tes , (fions , (fiez , flçnt., 641. 6ji
Se final, 641
S té , 45J. Sw , <
S.tilc., ^ n.66 f
Subjeft, ' - 4 9
Suédois > : 33 J
Sujet, 119
Suif, t . ; 7 61
Suivant devant une confone , ou une voyelle *
698. 7 03
Supplément, >* M*
Sdir. Remarque fur la Prèpojition fur , 7 1 j
Sur , devant une confone , oh une voyelle , 698.
70J
Suye , -rr 14a
Syllabes, yî.&fuiv*
Syllabes Jtmples, . . 80.
Syllabes compofées , ibid .
Z>e /’orvire rfer fyllabes , 5 1. & fuiv
T.
T; De la prononciation de la lettre 1 1 137
T dur, 240
T fuivi des Dipbthongues ia, ie , io , ièi<é.
T final, * X41. 747. 7ji. 76^
T prononcé comme d , 141
T , qui ne fe prononce par ou fort rarement , *7
Du idans les Verbes terminés en «ter, • J36
T* Du mot de fept , 7 fi .
i
DES MOTS.
Ta, te, ti , to, tu, tj*
Tabac, 7 j 6. Remarque fur le c du mot de ta-
bac , 7 } 7. & fuiu,
Tafctas, * 118. 160
Tallandier , tailbndicre , 6 33
Taillé, 101.104
Tafche , tache , ) 84
Tafcher , tacher , *83
Taape , 6 6 9
Taureau , toto , 1 66. 6+é
Ta^au , terme de chafft , 14}
Taj«, 141. Tai-ye, - ibid.
Te, tes , ért- *Des noms terminés en te , tes ,
ter ; tre , très , tsct, & de leur pénultième >
*7 S
Té , 4jj. Te, S3*
Témoignage , ij8
Tcwps. Remarque furie Jingulier & le plurier
du mot de temps , , - 6 $6
Tenir , & fa compofés , x 4 4.31 1
Terreur, 117. 49*
Terrible, terriblement, xxy.ziS
Tes , tes, tais , i8j. 434. 4^6. 497 ■ & fiûv.
T es. Pronom, devant une confone , ou une
voyelle, 696 7 c l
Tc/tamcnt , »3$
Telle, fo. 131. Tête,' î*
Tefte , tette , mammelle , S * +
The , 4jj. The, 5Î?
Thcatre, .671
The/e, The^e, , ! *+7
Thomas, 164
Thym , ibid .
Tia ,.tie , tio, quand ils font précédés d'un x
ou sienne f,
TABLE ALPHABET I QU E
Tie^tié, J ^45
Tien , ibid.
Ticr , ticre, 141
Tige, ? <**
Tiroir, 766
Tome , 667
Ton , 76. & fiiv.
T o n , Pronom, devant une voyelle ou une con-
fine , 696.7 ot
Tout , 75
Trace , , ' 96
Traiter , trètcr , 1 61 . x 6 z
Tranquille , tôt
Tran/adion , Tranxadion , x j o
Transfuge , 66}
Transi, X19
Transiger , transiger , 130
Transition , transition , ibid.
Tran/parent, %i9
TravaiZ, ; ^ 314
Travailler, 631
Tré f 455- Tro, J39
Treille, 46 1
Très , devant une confone ou une voyelle , 6 98,
704
Tre/br, 119
Treze , treize ,491. Traize , 4 9 1
Trezième, treizième, 491. Traizième, ibid.
Trilingues, 70
Triphthongue , 80. 8/. 88
Trilàyeul , trifayeule , 143
Triflyllabc , 90- 9\
Trois , troüâ ,340. Troi/? , 7 4ç
Trois , devant une confone ou une voyelle , 69 7 9
70V
DES MOTS,
Tronc , 7S*
Trop , devant une conforte ou une voyelle , 6?*.
70J
Trouveray , trouverai > 341
Troye, 140
Truye, ibïi.
Ts. ‘ 778
Tuile, 66$
Tu/au, tuïau, tui-yau , 13S
V.
V, 61. 64'. 70. 73. nS
n chaperonés 17 o. é* fuiv .
V v confine, ji- & fuiv, 38*
/«iv. 149
Va , fyllabe va , itf/
Va, vc , vi , vo , vu , • 1/0
Va , Il va au Palais, il va t au Palais , 1*4
Y**ne, vene, 161.162,
Falet,/alet, iji
Va/e , va^c , 147. Bafe , ibid.
Vau, 36.149
T>ble , final , 6 il
Vc, ves , &c. Des mots terminés en ve , ves ,
ver ; vre , vres , vrer , & de leur pénultième ,
«77
Vé, 37. 4JJ* Ve, $19
Véhément, $\i
oeil, /l 31*-
Veine, 461
Le Vendeur, 74*
Venir, 31*
Veni/e , .Venise à >47
TABLE A LPH ABETIQJJE
Ver. Des Verbes terminés en ver y ftT
Verbes X>« confones finales des troifiémes per-
fonnes plurieres des V erbes , 781
Verglas, *7-
Verjus, 4^*
Vers , 46®
Vers-, vetyinfefte, J 8 4
V criailles , V crfàil , Jfj
Vertu, - , t . 4<f
Vertige, 66 3
Ve«e,v«ë, 179.180
Vexation ,144. Vexation , i£irf.
Ui , 3*8- 34*
Vicaire, Viquere, i6j.
Vieil, 70J
Vieille, vieillard , vieillefle , ' 666
"Vieux , devant une confine , ou une voyelle f
691.1°) 7
vi» , : ; 7 ;• ’ JOlr
Vi»-aigre, vinaigre, 304
Vingt, 7 J1'
Vingr , ^«afre-vingt^ devant une confine , 01*
une voyelle , 69 7.70a»
Vise?» vifle, i/i
Vi/ce, . rjar
Vitre , vitrer , 67$
V iz. Remarque fur le mot de viz , 7; 4
I7»n, ij;. 190. é'fuiv. 3 0 4r
Un, 17. 63.1//. 160. 190. &Juiv. 304.
618. 6 jç
U», eu»», 747
Un.. Monofyllabe devant une voyelle , 19b
U» devant une confine , <?» une voyelle, 696»
•U
té
340
iOL
S9i
J 6 1
666
W, ...
'Voit , vojiâr ,
Vois/» , % î
Voix , voî ,
Voi t.‘ Inflexion de la voit ,
Voler,
V os , Pronom , devant une confine , ou une
s voyelle y 701
.Vof anceifres, vo**nfaîtte , 6Zy
. 6y9
yotre, *6. Vôtre, , *7 .*76677
Vpys , mj, 101,103
VoUf , devant une voyelle , 0# confine ,
68 o« /«i-ü. 671. 65 6
Vouj écoutez, voû-*«icouté , *687
Vwrte , •: . 67*
Voyelles., -1416
yoyelles. Pourquoi ainfi appellées, 6©. JJ A
yipmbre des voyelles , 61
Voyelles doubles, t S6
lire final,. 6$f
Vrc. Des Verbes terminés en ure , 61;
ZJtie final ,
fcJfc,
*U£é.
Ufure ,
Ux ,
Uyc , nyqs. f uyçnt ,
Widcr, v/idre,
wolle.
617. 6x8- 6 3Ç
0lï.&fuiv. 636
< 61 x
ibii* €^637
.
144
14*
110. ni
i < • - - IXO
î3>
X.
£ <#
X>« la prononciation de la Uttre x, £44,
TABLE ALPHABETIQUE
X précédé d’un e , & fuivi d’une voyelle ,
ou d'une h muette , 144. 145
X , qui prend le fon d’une C forte , ibid .
X , qui prend le fon d’un z , 24 y
X final, <93-747*7J$-7*J. 7*7- 7*** 77/
X fiual devant des voyelles ou des h muettes ,
74Î
X. De; «wtt terminés en 1,
Xa , xe , xi , xo , xu,
Xaintes , Mainte ,
Xaintonge , /aintonge ,
Xc , xes , xer ,
48^. 484
244. &fuiv.
*4Î- *4 S
14;
*79.
Y.
Y. Defonufage,
Y deux voyelles,
Y , Adverbe ,
Yen ,
Ycnt,
IJ 4- &fuiv .
*3 t'&fuiv.
iti. 14414Î
SSS
S9S
Ycr. Des Verbes dont l’Infinitif fe termine en
yer, 142
Yére , yeres, , 491
Yeufe., M
Yeux ,
Yorch , P.
• ' 2*
>44
ibid.
ibid .
Z , no. 1 ji. & fuiv.
2. De la prononciation de la lettre z y 146
2a , ze , zi , 20 , zu ,
2 final ,
2 pour g ,
2. D« mots terminés m z ,
?aia, ^ - .s ' : .
*47
i5*- 747- 7/4
iji
48 y & fuiv.
P 2.4>
Ze,
iKfttttf
des mots.
Ze , ICS. Des mots terminés tn ze , *es, tfr*.
* & fuiv.
-Zélé,
Zelle./ei, tfd.
Zéro ,
Zig;Çag »
Zodiâ(|uc )
Zuric, Sfvaic , T/uric
*47
M*
*47
ibid.
14*
.1
m. 'TV
y;» de h ï*bl* Mÿhdbttieptt des mots»
«MX SUt XkgJtXfbsn t
?C&£$ « 2£Hï «Çi£S
; TABLE
DES CHAPITRES.
■î^r
LIVRE I.
Chap. I. Y^\E la Parole 9 & de
\tTi .,. .. k; jfL 7. .A* maniéré dont
nous formons & articulons les
Sons de nos Mots , Page i
Ch a p . IL De la Parole 'écrite , 19
Chap. II I. Des Lettres en géné-
ral , & de l'ufage qu’on en
fait en notre Langue *
Chap. I V . Des Syllabes , ~r&
Chap. V. De là Compofition des
des Mots x
Chap. VI.. De la maniéré de pro-
noncer les Sons dp' les Par 9-
T A B L E
les, en fartant & en lifant'r
9 9
Chap. VIL De la valeur des Let-
. * très de l'Alphabet de notre
Langue , & de quelle maniéré
: elles fe doivent prononcer , 116
Çhap. y III. Le U Prononciation
des Confines , & de leurs liai -
fions avec les Voyelles , 14.5,
‘ XI V R E î I. *
DEs Diphthongues , Tripihon-
gues , & Monophihonguesy
. 2 53 .
Ch ap. I. De la valeur des Mo-
nophthongues , autrement di-
tes , faujfis Diphthongues , ett
Diphthongues impro près , z 5 j
Çhap. II. Des Diphthongues , &
de la maniéré de les pronon -
eer> 3i*
Çhap. III. De la maniéré de mar -
DES CHAPITRES.
quer dans notre Ortographe
féparation des doubles Voyel -
les , appelle e par les Grammai-
riens Diércle, 346
Chap. IV. Ve la maniéré d epeler
les Confines doublées 9 352*
Chap. V. Dès yjkcens,
a • 17 ■ ' ' :
-Fin de la Table des Chapitres,
< 1
■ç _ c x
t
»V ïs'.l.
* ’>" % \Vv^
'av*
^ Æ •
X" ç
jr’-
•t • ■»
1 ii* i*v^ •. > -J
4 •
jj£ Vi > vvv^‘4j*** 4 "•*■ -
. '.'a**':
< V- ■
A .
.v4
•
y v
ÿv-À
*
‘jtf.
jlt:
-.v. *• v». Vn frt
• *-
T .
îî. V
r . t j ' %\
«W.
^
• ;. ~-j * Z ■ 4
t »
r’V ,» - i
'"■•V
S i'-’
IsL -»<
7 ‘»Vy T
>
. ^
. ^ i
, J ■ i w* 4
r
r^ào|;
* ' ’ v •"
\ ' r
t ~ *
y
V ^
* <C/ . *■
t a.
« . *.ii.
tu •
. 1 1
iï 'fa *
fife#
%. vS ï
%\ ' !
1
/Al *'f
*
iis /■
:
*»-
t’ART
s
1
l’art
I 7r ’ >■ -» v >i » r . *. A J
D E
PRONONCER
parfaitement ,
LA LANGUE
FRANÇOISE.
g****** &&
litre premier.
De l’Articulation.
CHAPITRE I.
2)E LA PAROLE , ET DE LA MANIERE
dont nous formons & articulons les Sons
de nos mots.
HILINTE & DAMON
fe trouvèrent dans un repas
avec quelques Gentilshom-
mes de différentes Provinces :Aüdef-
fert on fe mit à parler des nouvelles
A
«
'i Chap. I. Maniéré de former
' du tems , comme U arrive prefque tou-;
•jours -, &c quoi qu’ils parlaient aflez
bien, & qu’il parût à Dam on qu’ils»
n’avoient point d’accent particulier
qui pût faire connoître de quelle Pro-
vince chacun d’eux ètoit : Philinte qui
a l’oreille délicare fur la prononcia~
tioU des Langues vivantes dont il fçait
la plus grande partie , & qui parle cor-
rectement la Tienne , les diftinguatous,
& leur nomma à chacun leur pais.
Cette remarque donna occafion de
parler des diverfes maniérés de pro-
noncer flotté Langue *, mais comme
c’ètoit à la fin du repas , & que la com-
pagnie fe fépara , fans examiner la cho-
fé à fond j Damon curieux d’apprendre
tout ce qu’un galant homme doit fça-
voir, accompagna Philintè chézliii,
U l’ayant prié de l’infimire dé la pure-
té de la prononciation dont il s’ètoit
fi bien expliqué , ils eurent enfemble
l’entretien que vous allez entendre.
Damon. Vous àvez ràvfonné fi-bien
-fur la prononciation de la Langue
Françoife , que vous m’avez fait con-
cevoir un extrême defir d’aprendre de
vous toiit ce que vous pourrez rn’efl
d* articuler le Son des Mots, J
cftfeigner , & fi vous voulez bien en
prendre là peine , vous me ferez un
plaifir très-fenfible.
P h Mme. Volontiers *, mais avant
que nous entrions en matière , il eft
bon que vous fçadiiez tous les ter-
mes dont on fe fert pour rinftruétiorf
de cette importante partie , afin que
Vous compreniez plus aifément leü;
préceptes que je vous donnerai 3 St
pour ne rien oublier , nous commen-
cerons par le mot de parole 9 & de
quelle maniéré elle fe forme. #
Dam. Vous me ferez plaifir, car je
ferai bilh aife de ne rien lailler écha-
per de' ce qui pourroit fatisfaire ma
cutiofité , en ce qui regarde toutes les
parties de notre Langue.
Phil . La parole eft un figne , ou
une expreflion delapenfée, qui fe fait
par le moyen des organes de la voix i
ou par des caractères différemment
figurés. Il y a deux fortes de paroles 3
l’une s’appelle , la parole articulée ; &
l’autre, la parole coite.
La parole articulée , eft une parole
prononcée de vive-voix , & qui fe ter-
mine à l’ouyè. .
A ij
'4 C H A p. I. Maniéré de- former
La parole écrite , eft celle qui re-
Î>refenre fur du papier tous les Tons de
a parole articulée par des figures qu’on
appelle Lettres , & qui fe termine à
la vue.
Dam. D’où nous eft venu cette in-
vention ?
. Phil. Qnelques-uns prétendent que
|es Phœniciens ont été les premiers a
la mettre au jour par les Lettres qu’ils
apportèrent en Grèce. Lucain entre
autres l’écrit ainft dans le Livre 3. de
fa Pharfale.
Phœmccs primi J fama fi credifur au fi
jManfiurarn rudibus vocem' fignare
figuris.
Ce que Monfieur de Brebcufa tra*
duit en notre Langue par les. quatre-
Vers qui fuivent,en parlant de Cadmus,
prince dés Phœniciens , .qui apporta
les Lettres en Grece.
C’cft de luy que noys vient cet Art ingénieux
13e peindre la parole & de. parler aux )-eux.
Et par des traits divers de ligures tracées ,
Donner de la couleur & du corps aux penfées,
Ces deux fortes de paroles font tes
& d articuler le Son dos Mots, ç
véritables (ignés de nos penfées , 8c
par lefquels nous découvrons fans
peine tout ce qui fe paire de plus
fecret dans notre efprit. C’eft par ces
(ignés que nous apprenons tout ce
que nous ne (çavons pas. Ces (ignés
font les miniftres de notre raifon , 8c
(ans lefquels elle nous feroit de peu
d’utilité. En quoy nou* devons ad-
mirer la fageflé 8i la bonté infinie de
Dieu j car s’il ne nous avoit pas
donné des moyens aulli prompts 8c
aufli faciles , que ceux qu’il nous a
donnés par l’ufage de la parole , nous
aurions è:é contraints d’inventer dés
(ignés des bras , des mains , des yeux »
& des autres parties de notre corps ,
comme font les Muets pour nous Éli-
re entendre les uns aux autres j ce qui
auroit été bien incommode & d’une
longue 8c difficile execution j mais on
n’aûroit pas pour cela laide d’inven-
ter des figures qui euflent à peu près
reprefenté ces (ignés de même que
nous avons déjà fait par l’Ecriture, en
rcprelentant les mouvemens que nous
faifons de la Langue & des autres or-
ganes de la Yoix , lors que nous par-
A iij
f C H A P. I. fl^aniere de former
Ions : Ainfi la parole écrite nous feroic
toujours demeurée. Mais l’Auteur de
J a Nature voulant joindre l’agréable Ôc
l’utile en tontes nos actions, nes’eft:
pas contenté de nous fournir fimple-
ment les moyens de nous communi-
quer nos penfées les uns aux autres , il
a voulu nous rendre ces moyens auflî
faciles & aufli prompts qu’il ètoit
néceflaire pour nous faire entendre ce
que nous penfons , & les mettre au
jour aufti-tôt qu’il fe forme dans nor-
tre efprit. Ce qu’il a fait par le fecours
de la Langue & des autres organes
deftinés à former la parole qu’il a fi-
nies aux parties les plus élevées du
corps humain, & proche du lieu où
fe fabriquent toutes nos penfées» afin
que les Sons qui fervent à les expri-
mer , s’articulent plus promtement , &
qu’ils fe faflent mieux entendre ,.&de
nous-mêmes & de ceux à qui nous les
.voulons communiquer de vive-voix.
Ces Sons feuls , ou joints enfemble ,
forment la parole, par le moyen des-
jnouvemens de la langue , 5c des au?*
très organes deftinés à cet effet : &
c’eft où fe réduit particulièrement I®
& À articuler le Son des Met t. y,
deffein de notre entretien fur la pro-
nonciation.
Dam. Je vous prie de me dire com-
ment vous comprenez cette formation
delà/ parole articulée >
F h il. La parole articulée fe fait
comme j’ai déjà dit , d’un Ton ou de
plufieurs , qui fe forment d’un air qui
eft agite par les poumons dans une
efpece de tuyau que nous avons dans
la gorge , que les Médecins nomment ,
la Trachée artere , 8c qui fort avec con-
trainte par le Larinx.
Le bruit que fait cet air dans la
voûte de la bouche 5 en. fortant de
cette trachée artere , pouffé par les
poumons > fe modifie en différentes
maniérés dans la bouche par les di-
vers mouvemens de la langue 3 &
s’articule auffi par ceux des autres
organes deftinés à cet ufagej d’où il
eft reçu dans l’air , 8c de la porté à
1-ouye.
Dam, Qu’entendez- vous par cea
mots de modifier 8c à' articuler ?
Phil. Modifier eft gn terme de
Bhilofophie * qui fignifie donner une
façon , une firme à quelque chafi
A iiij
3
8 C h A p. I. Maniéré de former
achever de la former çfr de la façon-
ner, Ce mot vient du Latin , modus 3
qui fignifie façon. Ainfi quand je dis
que le Son fe modifie en différentes1
maniérés dans la bouche, cela figni-
fie qu’il achevé de s’y former , &
qu’il prend la forme d’un a , d’un*,
d’un i, d’uno, ou d’un «, félonies
différons mouvemens qui fe font de la
langue ou de la bouche. Car fi vous ne
faites que recevoir Amplement dans
la bouche l’air qui fort du nœud de
la gorge, fans remuer la langue ni les
levres , on n’entendra qu’un bruit ou
un fon confus , qui ne lignifiera rien ,
non plus que fi vous fouflliez dans
une flûte fans remuer lest doigts fur
les trous deftinés à former les tons
d Un air , en les bouchant & ouvranr ,
félon le beloin que vous en auriez ,
pour faire entendre l'air que vous vou-
driez joiier.
De forte que fi dans le tems que
vous faites fortir l’air du nœud de la
gorge avec allez de force pour faire
mouvoir le Larinx , vous ouvrez la
bouche pour le porter à l’ouye , vous
formerez un fon parfait , qui fera ce-
& d'articuler le Son des Mots . 9
lui de l'a. Si vous faites un mouve-
ment de la langue, en la repliant pat
le bout vers les gencives inferieures,
•.vous : formerez le fondons. Si vous
la pouilez un peu plus fort vers les
mêmes gencives , & que vous èlargif-
fiez un peu l’ouverture de la bouche,
comme fi vous vouliez rire , vous
•formerez le fon d’un i s & ainfi du
refte. De forte qu’en diverfifiant ainfi
les formes de vos fons par le moyeu
des mouvemens des organes deftinés
a la parole , vous formerez tous les
mots dont vous aurez befoin , pour
exprimer tout ce que vous pourrez
imaginer.
Dam. Mais n ai-je pas leu quelque
chofe approchant de cela dans une
Comédie.
Phil . 11 efi: vray que Moliere qui a
trouvé l’art de tourner en ridicule les
chofes les plus .ferieufes , en a fait une
Scène même allez plaifante dans* le
Bourgeois Gentilhomme : Il eft vray
encore que les François nés dans le
cœur du Royaume, accoutumés dès
leur Nourice à bien articuler naturelle-
ment les lettres , femblent n’avoir au-
A v
to C H A p. I. TMtaniere de former
eunbefoin de cesdeçons : mais comme' y
nous avons deflêin d’aprofondir cette
matière, 8c de la rendre fenfible, même
aux Etrangers , je ne fçai point de
moyen plus prompt pour leur appren-
dre à bien prononcer le François , que
celui dont ils fe fervent eux- mêmes-
pour apprendre aux François à bien
prononcer les Langues étrangères. Et
moi qui vous parle , qui ai beaucoup
voyagé , & qui me fuis toujours
•fait une étude des Langues , je fçai par
expérience que c’eft par l’étude de ces
différens modes de nos organes, que
les Maîtres Allemans , Efpagnols , Ita-
liens & autres enfeignent à prononcer
leurs Idiomes 3 & que je n’ay pu y réüC-
fir que par ce feul moyen » ainfi vous
ne devez non plus abandonner cette
pratique , parce que Moliere l’a tour-
née en ridicule , que les Malades doi-
'vent abandonner les Médecins s parce
.que ce même Auteur Comique a joiié
la Medecine avec appUudiflement
dans plufieurs de fes Pièces.
Dam. Je vous entends parfaitement ;
mais je vous prie de me dire ce que
lignifie ce mot de Larwx,
& d'arriculer le Son des Mots, ti
phil. Le Larinx eft le commence-
ipent de la trachée artere 5 c’eft ce que
nous appelions vulgairement le noeud
de la gorge ; c eft par où entre l’air qui
le porte aux poumons , & par ou il
fort quand il cft renvoyé des poumon»
pour former la voix.
Dam. P allons à l’explication des
mots d’ articuler & d’ articu'atiou.
Phil. Articuler eft un terme d’ Ana-
tomie , donc les Médecins fe fervent;
pour dire joindre un membre a un au-
tre 3 le mettre bout 4 bout d'un autre
membre four les faire remuer & jouer
félon le befoin quon en a , ou les encl a*
ver F un dans F autre 3foit quon parle
de Faffemblage des os d'un Squelette ,
eu qu'on parle de la maniéré dont le
çorps humain eft composé . Ce mot artj~
çuler , vient du Grec qui ligni-
fie membre en general , & plus parti-*
culierement les os , les nerfs & les
Veines d'un membre dégarni de fa chaire
pu fi vous voulez fimplcmcnt } un
membre dégarni de fa chair. £}e ce mpt
on a fait le mot Latin arrus , qui
lignifie la même chofe qu’en Grec , §5
dont quelques Auteurs: Latins fe font
A vf
♦
il Chàp. I. Maniéré de forme ?
fervis pour fignifier ce que nous appel-
ions jointures de membres . Du mot,
artus , nous avons fait articulas , qui
fuivant l’Analogie des Diminutifs La-
tins , doit fignifier petit membre , 8C
qui félon le fens qu’on lui donne , figni-
fie jointure de membre , ou partie de
membre. Du mot articulas , les Fran-
çois ont fait celui à' article , qui en
Ion propre fens , fignifie comme en
Latin , partie dé membre jointure de
membre ; maisplus particulièrement, .
fine très-petite partie de membre , Scia
jointure des os, comme celle des doigts,
du coude , des genoux , &c. De ce mot
article , ouplutoft du mot articulas ,
nous avons fait celui d’ articuler , qui
en fon propre & véritable fens, figni-
fie faire /’ ajfemblage des os les uns avec
les autres /foi t par la réception des têtes,
ou éminences des uns dans les cavitez.
des autres pour les faire mouvoir , ou
foit en enclavant dans les autres ceux
qui font fans mouvement. Mais ce mot
a d’autres lignifications dans le fens
figuré , comme vous verrez dans la
fuite.
Dam. Quel rapport ont ces termes
& d'articuler le Sondes Mùti. if
d’Anatomie avec notre parole ?
: ' Phil. On ne s’en fert que figuré-
ment , & ce font nos anciens Grair>
mairiens , qui faute de mots propres
pour lignifier les mouvemens des or-
ganes de la voix , fe font fervis du
terme d'articuler, &c. par rapport à
l’articulation qui fe fait des membres
du corps humain, conliderant ces
mouvemens comme autant d’articles
& de petits membres feparés , qui font
. le corps d’une parole, quand on les
joint en femble,delbrte qu’fis ont nom-
mé, articulation, cette a&i on qu’on
fait par les mouvemens de la langue,
des dents, des lèvres* & du golier*
pour achever de former un Son , ou
pour joindre & lier un Son avec un
autre pour en faire une parole. Et
tous ces mouvemens d’organes doi-
vent fe faire avec autant de juftelfe ,
que ceux que nous faifons dans l’ar-
ticulation de nos membres , lorfque
nous voulons nous en fervir pour
quelque aétion : autrement la forma-
tion de nos paroles Sc la prononcia-
tion qu’on en feroit , feroient auffi dé-
feftueufes que l’articulation de 4103
f4 C ri A p. 1. Maniéré déformé?'
membres s’ils ne fe mouvoient pas
avec toute la vîtelfe & toute la liberté
dont nous avons befoin , pour exécuter
çç que nous voulons. C’eft donc avec
taifon que nous dirons en François »
articuler, lorfque nous parlons de la:
prononciation. Bien articuler fes mots 3
pour dire , en prononcer diftinttement
0 nettement les Sons. Car l'articula*
fion eft une des principales parties de
la prononciation.
Dam. Si la prononciation ne con-
fifte qu’en cela , il n’eft pas difficile
de s’y rendre parfait, à moins qu’ont
n’ait quelque defaut dans les organes
qui en retarde ou en empêche les mou-
vemens.
Phil. A la vérité ce n’eft pas le plus
difficile de la prononciation y car ex*
cepté ce defaut d’organes , ou la foi-
blefïe de ceux des en fan s , on voit
peu de gens qui pèchent dans cette
partie de la prononciation , à moins
que ce ne fort des Etrangers : & en-
core cela ne leur vient que du peu d’ha-
bitude qu’ils ont à exercer les mouve-
mens des organes qui forment & qui
■diverfifient les Sons de nos par ©le s .J’ a-
& d'articuler le Son cfes Mots .
voue neanmoins que le foin de farcir
culation eft d’une grande fujetion pout
un Maître qui veut enfeigner notre
Langue à une perfqnne étrangère r
dont les organes de la voix font acr
coutumes à fie mouvoir autrement que
les nôtres. Mais outre cela > nous
avons trois principaux points à ob-
ferver dans la maniéré de prononcer y
fans lefquels nous ne prononcerons ja*
mais qu’im parfaitement.
Dam. Qui font-ils?
Pb\l. Le premier eft d’obferver la
prononciation de nos e 3 dont les
uns Ce prononcent d’une maniéré,-
& les autres d’une autre y ce qui eau-
fe des équivoques & peu de netteté'
dans te langage , & beaucoup de fau-
tes de Grammaire. Le fécond eft d’ob-
feryer régulièrement les Syllabes lon-
gues. Sc brèves , comme on les pbfeuve
aux autres Langues. Le troifième*
d’o.bCerver les elifions qu fup reliions
Qu’il faut faire dans la prononciation
des. confpnes finales de nos mots*
comme en ces mots , les hommes 3 les
garçons* où l’-f finale du mot les. devant
je mot àl hommes fe prononce, &oj}
ï6 CriAp. î. Maniéré déformé?
elle fe mange devant le mot de gar*
font. L’ufage du monde , les réflexions
que nous faifons fur les manières de
parler ; & fl vous voulez , la liberté que
peut avoir un ami de vous faite obfer-
ver ces trois ehofes , vous peuvent inf-
truire de-cette prononciation.
Dam. Revenons à notre articulation#
Vhil. Articulation eft la liàifon & la
jonction qui fe fait d’un ou de plu-
fieurs Sons complets pour former une
parole , comme vous pourrez remar-
quer en la prononciation de ces mots,
ta xe , prof cri re } te moi gna ge,. '
Dam. Le mot à' Articulation 3 ne
flgnifie-t-il que l’aflémblage Sclaliai-
ion de ces Sons complets >
Vhil. Il flgnifie aulfl une liaifon de
mouvement d’organe avec un Son ,
tel qu’eft celui qui fort fimplcment
de la voix , fans être modifié par le
mouvement de la langue, ou des au-
tres organes ; qui pour lors n’eft qu’un
Ample Son , lequel ne flgnifie le plus
fouvent rien , s’il n’eft joint avec quel-
qu’autre mouvement d’organe. Exa-
minez , par exemple , l’Articulation
que vous ferez en formant ces mots g
ft" d articuler le Son des Mots, ty
ù, ma i Ÿart •’ Pour former le premier
mot qui eft , a , vous poufferez l’air
qui eft dans Vos poumons par le nœud
de la gorge 5 5c alors vous ferez uri
Son parfait 5c complet , qui eft celui
de 1* , 5c qu’on entendra fort diftinc-
tement. Si vous faites encore un mou-
vement des levres en les ouvrant 5i
fermant, vous formerez le Son de ma :
Joignez deux autres fortes de mouvc-
mens de la langue Sc des levres avec
Je Son de l 'a , qui eft dans le mot qui
fuit celui de ma , vous prononcerez
fort diftin&ement le mot de part:
Voilà ce qu’on appelle proprement
Articulation i c’eft cet ajuftement d’un
ou de plufieurs differens mouvemens
des organes qui fe fait pour former
une parole d’un ou de plufieurs Sons,
comme vous pourrez obferver par ce
mot d* Ar-cki-tec- tu-re > & par les
différons mouvemens qui fe font dans
la bouche pour produire le Son arti-
culé d* Ar , celui de chi , celui de
tec , celui de tu, & celui de re , qui
font enfemble le mot d’ Architecture.
Dam. Dites-moi , je vous prie , ce
que vous entendez par ce mot , Or-
i? Chai*. I. Maniéré de former
gane , Si d’où il vient j car l’origine
d’un mot me donne aifément la con-
noi fiance de fa véritable lignifica-
tion ?
Phil. Organe eft un mot afiez con-
nu en notre Langue, Si qui fignifie
proprement , infiniment, outil : Il vient
du mot Grec ofytjtt , qui fignifie la
même chofe. Mais on ne fe fert de
ce mot en notre Langue , qu’en par-
lant des facilitez du corps de l’Hom-
me, ou de quelque animal : comme
quand on parle de la vue Si de l’in-,
ftrument qui la fait agir qui eft l’œil 5
On dit , l’œil eft l’organe de la vue ,
ç’eft finftrument avec lequel on voir.
Ainfi on dit , l’oreille eft l’organe de
l’ouyejles poumons font les organes
de la refpiration > le nez eft l’organe
de l’odorat j parce que l’oreille eft
l’inftrument avec lequel nous écou-t
tons •, les poûmons , les inftrumens
avec lefquels nous refpirons ; le nez ,
l’inftrument avec lequel nous flairons ,
Si recevons la fenteur de quelque
çhofe. De forte que tout ce qui fert
£ former U parole s’appelle organe
de la voix & de la parole , comme
& cT articuler le Son des Mots . ï 9
«pii diroit , Infiniment de la Parole &
de la Poix , tel qu’eft la langue , les
dents , le palais , les l'evres , le larinx
eu le nœud de la gorge , la trachée
artere-, les poumons, &ç. qui font des
parties qui fervent d’inftrumens à for-
mer nos paroles , & qu’on nomme
proprement, Parties organiques ; ou.
Organes de la Poix & de la Parole x
ou de la refpiration. .
- Damon. Me voilà bien inftruit de
la Parole articulée: demain nous nou*
entretiendrons de la Parole écrite.
Ml l'Mll I fil ' — W*
CHAPITRE If.
t . ■ - - • : . jL \
De la Parole écrite,
PH i l i n t e , je croi vous avoir
déjà dit que la Parole écrite eifc
Btie peinture de la Parole prononcée
ou articulée , de même que' la Parole
prononcée eft une peinture delà Pen-
fée : Que cette Penfée eft une Parole
cachée en nous , qui fe manifefte par
le moyen de la Parole articulée j Sc
que la Parolç écrite eft une Parole
io CnAt». II. Maniéré de former
peinte , 5c qui reprefente tous les Sons
différens de la Parole articulée , par
des cara&eres différemment figurés
fur quelque matière propre à les re-
cevoir.
De vous dire comment on a trou-
vé cet admirable fecret de fixer par la
peinture nos paroles qui Te perdoient
en l’air , de leur donner un corps ,
de les rendre permanentes, pour les
communiquer aux abfens , ôc de les
conferver par l’écriture j 5c meme dé
manifefter nos penfées par cette écri-
ture d’un bout de la terre à l’autre,
ou de les faire vivre une longue fuite
de tems après nous j c’eft ce que j’au-
rai bien de la peine à faire.
Quelques uns difent que les Egyp-
tiens ont été les premiers qui ont trou-
vé le fecret de fixer nos paroles par
de certaines -figures d’animaux , de
plantes ou d’autres choies, pour pein-
dre ôc marquer fur de certaines tables ,
leurs paroles 5c leurs penfées : Que
ces figures s’appelloient Hiéroglifes,
ou Figures Hiéroglifiques : Que cha-
cune de ces figures fignifioit un mot
tout entier. Par exemple , la figure
& cC articuler le Son des Mots, if
d’un œil fignifioit Dieu j celle d’une
Abeille , un Roi -, celle d’un Epervier ,
la diligence , & ainû des autres. Il eft
certain qu’on fe fert de cette forte d’è-
.criture dans les Royaumes de la Chi-
ne &du Japon, n’ayant qu’une feule
figure pour fignifierun mot, & quel-
quefois deux ou trois : Que qüelques-
uns s’ètant appliques à remarquer les
différentes maniérés dont on faifoit
temuer les parties organiques de la
voix , pour la formation des paroles ,
pnt trouvé l’invention de les reprer
fienter fur une Table de cuivre ou
d’autre matière, par des figures fem-
Jblablcs aux mouveroens qu’on faifoit
de; la langue , & des autres parties qui
fervent à former les paroles. On pré-
tend que c’eft delà que nous eft ve-
nu l’invention de l’Ecriture, mais qui
A bien changé de forme depuis. On
a écrit fur des écorces d’ Arbres , &
enfuite fur des Plaques de cuivre ou
d’autres matières j & fur des planches
de bois avec des burins ou des ci-
seaux , qu’on appelloit filles > d’où
tious eft venu le mot de ftile , pour
fignifier la maniéré d’écrire & dçcotir
il Chàp. IL Maniéré de former
cher par écrit ; de même que nous
employons quelquefois figurément le
mot de plume , pour fignifierla même
■chofe. On a écrit fur des peaux d’A-
nimaux, qu’on aappellées Parchemin,
du rrtot de Per game parce que le pre-
- mier âpreft qui s’eft fait de ces for-
tes de peaux pour écrire delfus , s’eft
fait -à Pergame Ville d’Afie. Depuis
on a écrit avec des rofeaux taillés en
forme de plume , avec des teintures
•ou des encres différentes , fur des ècor^*
•ces d’Arbres extrêmement minces , &
particulièrement fur de certaines peau*
fines qui fe trouvoient entre le bois
l’écorce des Arbres 3 & c’eft d’dà.
eft venu le mot de Liber en Latin*,
dont nous avons fait , Livre en Fran-
çois 3 parce que Liber en Latin fîgni-
fie cette fécondé peau des Arbres fut
laquelle on ècrivoit. Depuis on s’eft
fervi des feuilles d’une plante qui croit
foit dans les marais d’Egypte , que les
Grecs ont appelle -m-mpot , & les La-
tins Papyrus , dont nous avons fait
notre mot de papier. Chacun a écrit
différemment de l’invention des Let-
tres j & il feroit difficile d’établir
et Articuler le Sort des Mots.
quelque chofe de certain là-deffus. Je
vous dirai feulement que celles dont
nous nous fervons aujourd’hui , re-
prefentent fur le papier tous les diffe-»-
xeus Sons qui fervent a former no*
t, A propos de paroles & de
mots -. Faites- vous quelque différence
entre mot & parole ?
Phil. Il n’y en a pas beaucoup ; eut
mot & parole font la même chofe,
excepté que le mot de mot a une li-
gnification plus étendue quç le mot
de parole , en ce que le premier fe
dit d’une parole prononcée 8c d’une
parole écrite -, & que le mot de parole
ne fe dit guère* que d’une parole
qu’on prononce de vive- voix*, car on
ne dit pas , en parlant d’un difeours
écrit , que les paroles en font énergi-
ques & bien choifes , pour dire , les
mats en font énergiques & bien choifs.
On ne dit pas non plus , donnez.~moi
une parole de votre main > une parole
d'écrit : Oit efl la parole pour rife ? pour
dire , donne moi un mot de votre main,
un mot d'écrit : Ou e(jt le mot pour
rire f Çes exemples fuflïfent pour
*4 Ghap. II. Manière déformer
prouver que le mot de parole a une
lignification plus bornée que celui de
mot , qui le dit indifféremment des
paroles écrites , comme des paroles
prononcées ; car on dit , écrire un rnot
8c prononcer un mot : mais on ne dit
point , écrire une parole ou des paroles 3
a moins qu’on ne voulût parler des
paroles d’un air ou d’une chanfoni
car en ce cas il faudroit dire , écrire les
paroles d'un air \ je vous en donnerai
les paroles ; j'en fçai les paroles , &c,
8c non pas , écrire les mots d'un air >
&c. j'en fçai les mosts.
Dam. Revenons, s’il vous plaît,
a nos Lettres ; Combien en avons-
nous î
. Phil. Nous en avons vingt-cinq,
qui font A , B , C , D, E , F , G, H,
I, J, K, L , M , N, O, P, R,
S, T, U, V, X, Y, Z.
Les unes fe nomment Voyelles, qui
font , A, E, 1,0, (J, Y.
Les autres fe nomment Conlones,
qui font , B , C ,'D , T , G, H, J, K,
L , M , N , P , Q^R , S , T , V , X , Z.
Les Voyelles fervent à caraétcrifec
les Sons Amples de nos paroles -, &
les
Chai*. Iï. De la Parole écrite. ïf
les Confones , à cara&érifcr feule-
ment les mouvemens qui Te font des
organes de la parole pour articuler
ces Sons {impies.
Ces Sons fimplcs (ont ceux qua
vous allez entendre dans les premiè-
res fÿllabes des mots qui fuivent.
jétnzs , «^igle, égal, idole , «pale 9
«fore , jE«chariftie , oubli , An gc#
aittti , ingrat , oncle , humble.
Le£ mouvemens qui fervent à l'ar-
ticulation , font ceux qui fe font dans
la bouche en prononçant les Con-
foncs avec un de ces Sons pour les
articuler * telles que font le b , le r,
le J, Vf, le g, l'k y le kj, 17, & ain/î du
refte , comme vous pouvez remarquer
en changeant ces mots d'amas , égal,
oncle , en ceux de damas, gai , fron-
de , où vous voyez ces Sons purs &
ümples , a, e, on , qui fe trouvent dans
les premières fyllabcs des mots amas,
égal y oncle, changés en ces Sons arti-
culés de , le, /n>#, quc vous voyez aur
premières {ÿllabes des mots de* damas,
le gai & froncle , par le moyen des
mouvemens des organes qui fe font
faits dans la bouche , pour prononcer
Chap. II. Dé la Parole écrite,
les neuf Confones qu’on a ajoutées-
aux premières fyllabes de ces mots. -
Datn. Combien avez-vous de let-
tres pour marquer tous vos Sons purs
8c fimples ?
Phil. On en marque fix dans notre
Alphabet , qui font a , e, i, o , u,y.
Dam. Comment faites-vous donc
pour faire connoitre par récriture
tous les diffère ns Sons que vous ve-
nez de nommer?
phil . Nous joignons une lettre avec
une autre , qui jointes enfemblc mar-
quent un Son tout différent de celui
que chacune d’elles avoir, lors qu’elles,
ètoient feparéès. Par exemple , la Let-
tre c, 'marque un S6n tout différent1
de la lettre u; fi on joint ces deux let-
tres enfemble & qu'on les prononce,
on entendra un Son mitigé de Ye, 8c
del’#; & qui eft fi bien dèguifé par
le mélange qui fe fait de ces deux
Sons ,'qtie l’oreille la plus fine a de
la peine à remarquer le Son de l’une
& de l’autre. La même chofc fe pra-
tique à l’égard du Son de la double
voyelle ou.
Pour ce qui concerne les Sons des
Chap. II. De là Parole 'écrite, vf
ylJabes an , ain , in , on , un ; vous
voyez 1 effet que fait 1’» attachée à
une voyelle , en lui donnant un Son
nazal qui en altéré le Son naturel en
la prononçant. Ainfi il vous doit être
indifférent de quelle maniéré nous
caraârérifîons tous nos Sons, pourvu
qu’on vous en fafTe faire la différen-
ce , fans qu’il vous refte aucun doute. '
Dam. Je demeure d’accord que les
chofès étant ainfi que vous le dites ,
nous devons être content de notre
maniéré de marquer tous ces Sons.
Mais outre qu’il y en a encore deux,
dont vous ne parlez pas , qui font les
e , qui fe trouveront dans les premiè-
res fyllabes des mots de verglzs & de
cela. Il y a encore de grandes incer- *
titudes à effuyer fur les * finales des
fyllabes , an , ain , in , on , un , dans
la prononciation defquelles les Etran-
gers, & même des gens de nos Provin-
ces, Ce trompent bien fou vent, faute de
bien comprendre le Son nazal qui fe
forme en prononçant cette », quand
elle efl immédiatement précédée d’u-
tic voyelle , & foivic d?unc çonfone.
Pbil. Les deux Sons des e des mot»
Bij
2,3 Chap.IÏ. De la Parole \crlte\
de verg las & dç ce la , me donne en-
core plus de peine à çara&c'rifer que
tous les Sons de nos Paroles > car on
pourra donner de courtes réglés pour
apprendre à les connoitre. Mais nous
ne trouverons pas la mptnc facilite 4
faire connoitre Ie f°n nos» e> n aiaI)*
qu’une fculç lettre pour les cara&é-r
rifer tous trois.
Dam . Ne pourrions-nous pas nous
fervir de quelque accent pour mar-
quer la différence des Sons de notre e ,
puis qu’on a déjà commcnçe 4 en
marquer un à la fin des mots , pour
donner à ent- ndre qu’il le faloit pro*
noncer d'une autre manière que les
autres e-
Phil. Vous n etes pas le premier
qui avez eu cette penfée , & il P,y a
pas de doute qu iî cette maniéré de
cara&érifcr les Sons de nos , e , fe
pouvoir établir dans notre Ortogra-
f-he , elle apporteroit une grande faci*
ité à lale&ure de nos mors , & tijrç-
rbit les Etrangers & nous- mêmes, d’un
grand embarras où nous jette l’incer-
titude de la prononciation de ces for-
tç$ dv. Mais il n’cft pas ençorc çentf
Chap^II. De la Parole lente.
de parler de cela , achevons premiè-
rement ce que nous avions commen-
ce touchant les autres lettres de notre
Alphabet.
'Dam. Mais à propos qu'entendez-
vous par ce mot de Caratte'rifcr,
dont vous parlez fi fouvent. Nauriez-
vous point quclqu’autre mot plus in-
telligible & plus François.
Phil. J’en parlerai encore bien da-
vantage , car je ne fçache point de
unot qui exprimé mieux lUfàge que
nous raifons des lettres de notre Lan-
gue. -Il eft vrai que ce mot n'eft gué-
tes en ufage que dans le figuré ; mais
comme il a été fait du Grec cha-
rafter , qui fignifie proprement Une
figure qu'on fatt avec un burin , ou un
ctfeau fur du marbre , fur de la pierre,
fur de l’airain , ou fur quelqu autre ma-
tière que ce foit j & que ce mot figni-
fie auffi les memes figures , dont nous
nous fervons pour marquer fiir du pa-
pier fes Sons de nos Paroles , & que
nous appelions à prefênt Lettres ; que
les Imprimeurs mêmes fe fervent de
ce mot de carattére , pour fignifier les
lettres avec lefquclles ils impriment»
B iij
30 Chap.II. De ta Parole \erite. ,&
11 eft certain qu’en prenant ce mot de
caraftfrifer dans fon propre Cens , qui
fignifie faire une figure fur quelque
matière avec un burin au quelqu autre
inflrument , de par confequent mar-
quer un Son avec un c ar attire , nous
pouvons hardiment & fans (crapule
-employer ce mot de carafterijir , en
parlant de l’ortographe de nos mots 3,
■pour dire , repréfenter fur le papier
■avec des lettres les Sons de nos Pa-
roles.
Dam. Je comprcns fort bien ce
mot i & je le trouve fort expreflïf* Je
croi même qu’on auroit de fa peine- à
s’exprimer mieux , & en un feul mot*
P hit. Revenons donc à nos- lettres!.
Nous en avons vingt - trois en notre
Langue , qui étant rangées toutes de
(Lite , comme vous les allez voir',,
s’appellent Alphabet i c’eft ainfi que
les Grecs ont. nommé cette difpo-
fition par ordre des lettres de leur
Langue, parce que les deux premières
de leurs lettres s’appelloient Alpha
& Beta y de même que nous avoni
nommé & que nous nommons en-,
corç cette même dilpofttiou de nos
C hap . IL Be. UPdYole écrite . 3 T
lettres abecé , des trois premières let-
tres de.inotre Alphabet a, b. c, cat
•alphabet Sc . abecé. eft la . même choie
en non-ç Xapgud. j -J. - - i
0 Les ’lnipTimeurs ajoutent- encore -à
ccs vingt- trois lettres celles de Yji a
queue , & celle de l’v rond ou j con-
fine 8c> v confine , pourlçadiftinguer
des voyelles ,'iSo h : ccrqui rreft pas
tan petit- avantagé p6ur< nfitre' Langue,
& nous" en avons r toute pl’obBga non
aux Hollandois qui ont été les pre-
miers iinttoduire ces lettres en norre
Ortogrâphe, pour les diftinguer, des
lettres * &** ;rdont; des, Sons nbnt au-
cun rapport'. avec ceux que font- les
j h ejacue y &:les <v rancis ,v quand ils
font joints avec une voyelle , comim
“Vous pourrez voir en ces mots , dia-
cre , desja , rude » Sc [olvdble 3 où
vous voyez l 'i du mot, diacre , pro-
•duirtftouc "un autre Son que celui de
' I*; a queues Icl.u mot de desja ou déjà
Sc ly du 'niot <\ç*rude ,^\in Son tout
différent de celui du mot de filvable.
• Cette maniéré d’ortographier faci-.
lite beaucoup la jeélure des mots où
il entre dfcs'L St des u , non fèuU-
$z Chap. II. De UVarole lente.
ment aux Etrangers , mais encore aux
François , qui n’ont pas une con-
noiflànce générale & parfaite de tous
les mots de notre Langue , & qui
par confequent pourroient fouvent fc
tromper dans la prononciation d«
ceux , où les Sons'cfcfFérens de ces let-
tres i 8c h, font marqués indifférem-
ment par une même lettre St fans au-
cune diftinâion de figure , comme on
. peut remarquer en ces mots , ensa-
bler , eniamber , défia , enteu , hure ,
aduis , aduifer , uidindicatairc , Ben-
iaanin , Sc quantité d’autres qui fe
trouvent ortographiés dans le§ Livrer
qui ont été imprimés au commence*,
ment de ce Siècle Sâ même depuis,
avec des i St des tt voyelles. Car il
cft certain qu’un Etranger qui ne fçau.
ra pas tous les roots de notre Lan-*
gue , prononcera auffi-tot e-nia-bler,
C[u* en jab lcr , s’il n’a jamais ouï pro-
noncer ce mot , & qu’il prononcera
e-niam-ber pour enjamber ,* de- fia pour
déjà l Li-u-re pour Li-vre ; a-dstis
pour avis ; a-dm-fer pour a-vi-feri,
ji-diu-di-ca-tai-xe pour j4d-ju-di-c&-
tai-re , Bc-nia-mm pour Ben-ja^min.,
Chai>. II. De la Parole } cri te. jj
quoi qu’il fçache paflablement lire en
notre Langue. Et fi un François trou-
ve dans quelque Livre de Médecine,
d’Architeélure , de Blafon ou de quet-
qu’atitre Science que ce foit , ou dam
quelque Livre de voyages , des mots
qu’il n’ait jamais ouï prononcer , com-
me pourroient être ces mots , adian-
the , diurétique , ovieuîe , vivré ”, qui
(ont des^ termes de Médecine ou de
Botanique , d' Architecture & de Bla-
fon; ou des mots dans quelque Livre de
voyages, que fon n’ait jamais ouï pro-
noncer, tels que pourroient être ceux-
ci ; Sanjans, qui font de certains Ido-
lâtres des Indes ,ainfi nommés par les:
Portugais , & par lies autres Européens
qui demeurent -dans les Indes ; Dcr-
vis ou Derviche qui eft une forte de
Religieux Mahomet ans. Si , dis- je ,,
ce François: voit tous ces mots im-
primés , comme ils le font en effet,,
pour Ta plupart avec les lettres i Se »
voyelles , indifféremment & indiftinc-
té&ent dfe celles qui ont le Son* des;
voyelles d’avec celles qUi ont celui
des confones , en la maniéré qui fuit s
OÎdiantbc , ou adïanthunf > diurétique*
.< Bv
34 Chap. II. De ta Parole écrite*
«uicule , viure , Banian , demis , ne-
pouvant régler , ni conduire fa pro-
nonciation, que par l’infpeéfcion de ce&
fortes de lettres , faute d’en connoitrer
la valeur -, il prononcera ai-ffi-tôt acU
jante qu’ Or-di- ante , puis qu’on lui fait
prononcer adjacent, Adjoint , Adju~'
dicataire , & beaucoup d’autres quoi-
que dans les anciens Livres on Porto-»
graphie avec un fimple j en l'a ma-
niéré qui fuit : adiacent , Adiointy.
Aditidi cataire. Il prononcera di-vre-
tique, au lieu de diu-re-ti-qtie , ouî-
cule àu lieu- d'o-vi-cu-le , viu-re au»
heu de vivre , 8c ainfi des autres mots
qu’il trouvera ortographiés de meme..
$1 lèroit é fbuhaiter que nos : Maîtres, ^
Ecrivains voulurent acoututner leurs;
Ecoliers i fùivre cette maniéré d’orto-
graphier> .en diftinguant les figures de:
nos. i 8c de- nos u voyelles , Sc celles;
de nos / & v conibnesi,
Danr,. D’où vient que nous n’âvons:
pas ces. deux Confones d’augmema<-
Ùon dans récriture , au0i-bien
.dans limpreffion : puis quelles en»
Ion* la véritable: fonéHoiv
,.x Mj&. Il: eil bien. diiScile. .dien do®*
Chàp. II. De U Tarde écrite. 35
ner d’autre raifon , que celle de l’u-
filge qui ne les y a pas encore établies.
. Je croi pourtant que fi .quelque Maî-
tre un peu en réputation , vouloir fai-
re imprimer ou ètrire un Alphabet,
fnivant la proposition que j’avance ; 8c
fuivant cette Méthode , enfeigner à.
lire 8c à écrire à des Enfans , il pour-
roit facilement introduire cette ma-
niéré d’ortographiçr j mais je vou-
drais que ces deux lettres j 8c V fut
fent à la fin de l’Alphabet ?
• Dam. Pourquoi voudriez -vous
qu’elles fuflènt à la fin de l’Alpha-
bet, plutôt qu’auprès des lettres dont
elles ont pris leur origine.
Phil. C’eft afin de faire perdre en.-
tierement l’idée du Son des deux
voyelles , d’ou ces nouvelles lettres
' •font tirées j 8c même afin qu’on ne
confondît pas 1* 8c Vu voyelle avec
Yj à queue 8c Yv rond , je voudrois
’ leur faire perdre entièrement ces
noms d; a queue, d’y long 8c d ’j con-
fine j 8c d V rond 8c dV confone , en
leur donnant d’autres noms y fçavoir ,
à Vj à queue celui de jod ÿ 8c à l’v
rond celui de qui font des- les*
T
3$ Chap.TI. De U Parole ecrï&i
très de l’Alphabet des Hébreux., qui
ont le même Sou & le même Ufage
qu’ont nos j & cjneuè 8c nos. v ronds j,.
en ces mots joli 8c ferutcc. Cela fe-*
roit d’autant plus r-aifonnable , que
les Sons de ces: deux, lettres j 8c v »
jointes avec des voyelles , n’ont au~
cun. rapport avec ceux- des i 8c des
h voyelles *, & puis quelles, n’en font
point la fbn&ion & quelles nîen ont
plus k figure , il cft raifonnable qu’eU
îes, ayent auïïi un autre nom. C.’eft
pourquoi pour établir cet Alphabet,.
IC voudrois faire appeler toutes les
lettres. de nos.^^/Pune après l’autre* >
Au B. C. D. B. ïi G ». I. *• L. K- N. 0>
R> s., x. U. X. Vv J> V. en las
maniéré, qui fuit, a , bl, cl, dl, êy
îffiè , gl, ache-y i,kjk, èlle>, emm , en»*.
(jnn , en- * u , icfe *
ijgrec, Xifdy jod ,.vah : Et quand on
Jèr.Qit épeler à la jeuneflè des mots où-
Rentre de* ces lettres *, j-9.u.ÔC vy
Hfck qjje: font les mots {divans , diOr~.
mm* y jardin- , nmr y vaLtp , firvice ^
jpvondr.ois le:s faire épeler ainfc, dé*
d(* ; èrmnae ,, a, ènne:, té ,,
^ * d&e»m. tjpAy & y &fft
Ch ap. II. ire ta Farate écrite, fp
de , i, ènne > din, jardin : enne , u,.
i , té y nuit ; vaut, a va * cil , é , zé>
hety valets ElT^é , err , fin. vau, i*
vi > cé, k , ce y 1èr vice. Et pour acoo-
utmer les Ecoliers à épeler ces. fortes,
de confonds ainfi il Eiudroit leur
faire épeler fou vent ,ja yje',ji9 jo ,ju£
va, v/yviy.voy'vu , en la maniéré,
qui fiiit, jod^a^;^ jod>.é jod*
i* 9 ji » jod y o t jo i jod , u , ju : vau x
3-> va } vau ,e, ve j. vau }j i , vi l vau*
a, vo; vau,, u, vu..
Dam. Ne trouveriez^ vous pas que
Je nom de vé fieroit mieux à Yv rond*
que celui de vau , qpi paroît bien*
étranger , auffi-bien que celui de jod ?
êe il me femble qu'on auroit plutôt
Élit de faire dire aux Ecoliers , v/M
*t, va 5 v/y o , ve j. vé , i , vi ; <*//, o »
vo yvet u , vu: que vau , a , va y vau „
z , vé y vau» i , vi j. vau >4, vo y vau»
H > vu..
PhiL A |a- vérité , le nom de , vf.»
paroît- plus doux. & plus analogique v
& plus, conforme aux noms qpe nous;
donnons à nos confones b^c. d* g°.
*. P-, ffc.il ne (croit pas difEcile aux
’j&foiices dé l’établir ; mais, pour le:
$$ Cha. Il; De U Parole écrite
jody. je ne fçai quel autre nom on lui
pourroic donner. Pour moi je croi que
de quelque maniéré qu’on fade épeler
ces fyllabes aux Ecoliers * on pour-
roit aufli facilement les accoutu-
mer à nommer ces lettres , comme
je le viens de propofer , qu’on leur
fait nommer celles des fyllabes ,
cha y che , chi, cho , chu : qna , que y
qui y cf ho y c/ hh y qu’on leur fait épe-
ler en la maniéré qui luit,; cl y achr,
a y cha •, ce y ache, e, che •, cé , achr,
iy chi ; ce , ache , o3 cho -, céy ache3 uy
chu'îÿ//, u j a, ica j qu\ h, è ,• Ke >
tJHyHyiy ici j qHy H y Oy ICO \ y H\
H, Kli.
Dam. Comment diftinguez - vous
ce jod Sc ce van dans les lettres qu’or*
cft obligé de mettre tout au comment
cément d’un mot car je nè vois point
de différence dans TEcriture & dans''
Hmpreflion entre ces fortes de lettres
& les lettres communes , Yj & /V
eon foires n’étant pas autrement mar-
qués que IV & Y h voyelles , comme
vous pouvez remarquer aux mots qui
fuivent , dont Its premières lettres
font capitales 3 facqnes Sc Ignace >
Chap. II. Ve ta Parole écrite .
Ver faille s & Uranie ?
Ph.L C’eft un mal ou je ne vois
point de remède 9 à moins que l*ufa-
ge ne vienne à notre fecours , & je
ne defefpere pas que cela n’arrive
quelque jour : mais par bonheur le
mal n’eft pas grand > & en attendant
que quelque habile & zélé Imprimeur
nous tire de cette peine , il faut avoir
recours à une petite réglé ,, courte &
facile à 'comprendre , qui eft que
torique la lettre jod ou la lettre vas*
fk trouvent capitales au commence-
ment d’iin mot, foie parce qu’il com-
mence un-Chapitre, un Article ou quel-
que période, ou pour quelque raifon
que ce {bit, elles font réputées voyelles»
prennent le Son d'un , i , ou d’un »
commun» fi la lettre qui les fuit
immédiatement après , eft^ine confo-
nc 1 comme vous pouvez remarquer
en ceux-ci, Tmaginezj - vom , Inno~
cem VIF, Fçrnace , InflruElion : Uni~-
que, Vfare> Vfage , Utilement? > Ura*~
vie, Exceptez la lettre vau en ces
mots , Vray y Vraye , & c. Vray - fem-
Blance , Vray -ftm l/la b' te , ôcc, laquelle
prend fon Son. de CQü&ne*
t40 Ch ap. II. De la Parole écrite.
Dam, Ne pourroit-on pas au lieu
du nom de jod que vous voulez don-
ner à Vf À queue y lui donner celui de\
je y &c donner à la lettre, gr, le nom
de ga, & fupprimer tous les,£, <dê
notre Langue qui font fuivis d’un ,
e y ou d’un, iy & fe fervir en leur
place des, j à queue , en ortographiant
tous les mots où il y a des , g , fuivis
d’un , e y ou d’un , i > tels que font ces
mots y engageant y genre , gerbe , gefie,
gigot y giron > gjrofil ?, &c. Avec un,
jy à queue ; ainh, engajant , jenre y jer-
be , je fie y jigoty jtron , jirojJ/e ? Cette
maniéré d’ortographier ne vous fem-
bJc-t-elle pas commode pour la faci-
lité de la le&ure des mots ï
Phil. A la vérité , cela tireroit les
Etrangers du grand embarras que leur
caufe l’èpel^ation de ces lettres : mais
ne croi pas que l’ufage de ces let-
tres & puiflè jamais établir en notre
Langue , pour bien des raiforis qui
(croient trop longues à. déduire ici-
S’il y avoit quelque changement à
jfouhaiter , ce feroir- , ce me (érable ,
de diftinguer par l’ortographe la fon-
ction & la valeur du?£, qui fui vaut
Chap.III. De U Parole écrite. 41
les lettres qui le {ùivcnt dans une
lÿllabç , rend un Son dur ou mol :
car étant placé devant un , a , un , 0 ,
ou un, *, il a un Son dur , comme
vous voyez au* fyllabes marquées en
lettres italiques des mots qui fuivenç»
galant, ^guenard, ambi gu quand
il eft fuivi d’un», e, ou d’un, i , il a
un Son mol , comme vous pouvez re-
marquer aux premières fyllabes de
ces deux mots, çerbe, «got. Ainfi
pour rendre la levure de nos mots
plus facile , il feroit bon d’avoir deux,
g , dans notre Alphabet , dont l’un
fcroit dur , &i’aurre mol , qui fe-
rgien| diftingucs par leur différente
figure. Noue , g9 mol , par exemple ,
demeüreroit comme il eft * il garde-,
roit fa&gure & fon nom > & il feroit
employé dans tous les mots où il eft
aujourd’hui fuivi d’un, *, ou d’un, ‘
ty comme en ceux qui fuivent , ntan- ~
géant , geôle , giboulée > &ron > man-
geur e * & on ècriroit Amplement ,
mangant , gole , giboulée , giron > man-
geur e : & notre > g , dur feroit tou-
jours accompagné d’un , n, 8c pren-
drait le nom de, g/*, comme le ,
42- Chap. II. De laParole écrire .
de notre Alphabet-, Airtfrau lieu d’é-
crire ces mots , galant ,' gobelets au~
gure , on ècriroit, gualant , guobelet 4
augure * comme ' on- écrit en notre
Langue ces mots , quatre * quelque v
quitte* quolibet , piquure. Il eft bien
vrai que le , <7 , de notre Alphabet
n’eft pas fuivi d’un , u , 8c que cela
n’arrive que lorfqu’on le joint à queU
que lettre pour en faire ;unc fyllabe: 3
mais nous ne pourrions en faire do
même en plaçant la figuré du , gu i
dans l’Alphabet, comme celle du , q ,
fans y ajouter un, », pour le diftin-
guer du , g , mol. Ainfi en ce cas les
lettres de notre Alphaber. A. % c.
E. F. G. H. I. K. L. M. P.
s. t. u. x; y. z. j. v. devroient être
nommées en la maniéré qui luit , ai
bé. cé '. de. e. effe. gé. gu. ache. u cas.
elle. \mme. erme. 0. pe. eu. erre, ejfe .
te. ». ixe. y grec. z,éd. jod. vaù. Si
nous avions une fois accoutumé nos
yeux &: notre prononciation à. ces
fortes de , g , nous ne nous fouvien*-
drions plus que les , ç , durs ayent
jamais été figurés autrement ; & je
ne doute pas que cet , u y accQmpa,-
Ch?Ap. II. De la Parole écrite. 4 f
gnë du g ne fi liât fi bien dans la
élite, qu’il ne paroîtroit plus qu’une
feule figure avec le tems \ car on
pourroit le marquer ainfi , JJ. Voyez
les pages 158. & 159;
Dam. Suivant la propofition quo
vous faites , il femble que vous vou-
liez augmenter trois lettres à notre
Alphabet : Ne voudriez- vous point
encore reformer notre c ï
P hit. Je ne veux rien que ce que
fufage voudra \ mais je croi qu’il eft
permis de fouhaiter & de propofer :
Et pour répondre à là demande' qu s
vous faites err’ce qur regarde Je- c s
je vous dirai qu’on pourroit encore
y changer quelque chofe, fans aug-
menter notre Ortographe d’aucune
lettre , que de celles dont nous nous
Servons a&uellement , par le moyen
du f à queue que nou-s employons
devant Va , Vo 8c Vu y comme- vous
voyez en ces mots , il perp * , gar çona
conçu. Car on pourroit garder dans
jiotre Alphabet tous les c qui fe pro*
jioncent comme des k^y tels que font
ceux qui fe trouvent aux fyllabes
<ies mots fuivans , cadet a coàvt , c#rc*
44 Citait. II. De la "Parole écrite l
èc nommer tous ces c des cà , & leà
faire nommer ainli en epelant le»
fyllabes où ils fe trouvent : Et quant
aux c qui fe prononcent comme des' •
f fortes , parce qu’ils font fuivis d’un;
a ou d’un ij il faudroit toujours y
mettre une queue au deffous , & leur
donner le nom de cé 3 fans leur don-
ner celui de cé a queue , ni celui* de
cè cedillès , comme font les Efpagnols*
qui les appellent cé con cedilla , à caufe .
* du petit c qui paroît au deflous, au-
quel nous donnons le nom de queue ,
6c pour laquelle raifon nous nom-
mons c es fortes de c des cé à queue ,
Leur ayant donc donné ces noms de
cà & dé cè y on les nommeroit dans
notre Alphabet en la maniéré qui
fuit , A. B. C. ç. D. E. F. G , &C. U. bê.
cà. cè. dé. e. èjfè . gè. &c. & on fe-
roit epeler ces mots , cadet , code 3
curé y cet , civil 3 en la maniéré qui
fuit , câ, a , cà , dé , e , dé , det t cadet;
Csl j o y co s dé , e , de 3 code ; câ , u,
eu y erre , e , ré 3 curé ; cé , e , té , cet 3
cet ; ce , i , ci 3 vau , i , elle , vil 3 civil.
: Dam. Si quelque perfonne d’auto-
{ité vouloit établir cette maniéré d’oit
Chap.1I. Ve la Parole écrite. 4 f
tographier , 6c de donner à chaque
Son ou articulation de nos mots , le*
cara&ére\; qui leur conviennent fur le
papier , il aplapirpit bien desd ifficul-
tés qui font dans la le&ure de notre
Langue.
phil. Nous ne femmes pas encore
an bout de nos difficultés : 6c celles
que vous venez de mettra eu avant,
ne (ont pas des plus grandes que nous
Aypns 5 car il ne faut que deux petites
réglés générales pour le , c 3 6c pour
lç , g , pour nous tirer tout d’un coup
d’affaire j en difant que le , c , devant
1’*' , prer>d le Son d’un , / forte , 6c
qu’il prend celui d’un , quand il
efl mis devant un , a , un » 0, ou un ,
H J comme en ces mots , célibat 6c ci*
vil , qui fe prononcent comme s’il y
avoit , felibat , pvil : estdet , cornu y
curé y qui fe prononcent comme, s’il
y avoir, ht det, kjirnu , kuré. Et que
le , g , mis devant un e , ou , un , i ,
fe prononce cômme s’il y avoit up ,
j , à queue ; comme en ces mots , ger-
be , giron , qui fe prononcent comme
s’il y avoir yjerbe , jiron : & que quand
ce , eft luivi d’un , a 9 d’un , ç , pu
4^ Ch ap. II. De U Parole \critt.
d’un , u , il fe prononce comme un ,
g, dur j c’eft-à-dire, comme le 9g9 ■
en ces mots , galon, gobelet , augure*
Mais une des plus grandes difhcul-
tés que nous ayons dans notre orto-
graphe , c’efl: la maniéré de cara&éri-
fer les Sons de nos, e , dont nous
n’avons qu’une feule figure pour en
marquer trois , comme on peut voir
en ce mot de , Fermeté , dont les trois,
e , ont des Sons auflï différens les uns
des autres, que les Sons des,?, font
difFcrcns de ceux des , u : & cepen-
dant nous n’avons qu’une feule lettre'
pour les caractérifer tous trois.. Cette
maniéré d’ortographier , & celle que
nous avions il n’y a pas long - tems
avant la reformation de quantité de
fuperfluités dans notre ortograp.he , a
donné lieu à un Italien qui vouloit
railler fur notre maniéré d’ortogra-
phier , de dire que le François partait
comme il penfoit , mais qu’il n’ècri-
voit pas de même.
Dam. Je vois pourtant un , e , à la
fin du mot, Fermeté , qui marque par
la figure d’un tiret qui cft au-deffùs,
la différence des Sons des deux autres:
4
Chap. II. De la Parole écrite. 47
Nos Anciens ne fe font jamais avifiés
de diftingucr cct, e -, par ce cirer.
Phil. Il êll vrai que ce tiret au-dcfïîis
de, IV, nous eft d’ùn grand fecours :
niais cct , e, ainfi marqué , ne fe trou-
ve qu a la fin de certains mots , pour
les diftinguer de , Ve , féminin. Car
autrefois nos Imprimeurs ne faifoient
point de diftin&ion dans I’ortographe
de, IV, final : On ècrivoit p/*#*/, com-
me plante > borné, comme borne ; for -
w/, comme forme, grc. Et comme
les Imprimeurs commencent à le mar-
quer au commencement & au milieu
de certains mots , comme en ces mots
qui fe trouvent dans les Livres de
nouvelle Imprefiion , préjugé", préféré ,
général , pour en marquer le Son *, il
feroit à fouhaiter qu’ils le marquaient
par tout généralement de même , fans
en excepter les , e , qui fe trouvent
dans les mots terminés en, er, com-
me premiér , former , préméditér , grc.
& qu’on Ce fcrvît encore d’un "autre
tiret autrement figuré , c’eft-à-dire ,
qui fut tiré de travers de haut en bas
dé la main gauche à la droite, pour
marquer la- différence qu’il y a de
4$ Ch A p. II. De la parole écrite.
celui que je viens de marquer au-
dcffiis des mots , préjugé, préféré %
général i formér , prerpiér , préméditer*
qui eft tiré de la main droite à la gau-1
che ; afin que par l’inipedion de ces,
e , ainfi diffingucs par le moyen de
ces tirets , on en put connoître la véri-
table prononciation. Et comme c’efl:
une des plus grandes difficultés que
nous ayons dans l’ortographc de no-
tre Langue, je fais un Chapitre à
part de la prononciation des , e , de
notre Langue. Si cette maniéré de
les diftinguer ainiî dans notre orro-
graphe par le moyen de ces tirets , fc
pouvpit un jonr établir en France ,
nous aurions lieu delperer que notre
ortpgraphe deviendroit pour le moins
auflireguliere , que celle des autres
Langues , qui dans le fond ont des
manières d’ortographier auffi contrai-
res à celles dont on fe fert pour les
prononcer , qu’il en paroît dans la
nôtre. Car tout bien vu & examiné ,
il faut convenir que s’il paroît des
lettres inutiles en notre Langue ,
parce qu'elles ne (ê prononcent plus ,
c’cft parce que i’ortographe n’a pu
fuivre
■4k
Chap. II. De ta Parole Ecrite. 49
fiiivre fi promptement le changement
qui s’eft fait dans la prononciation
' de nos mots ; & que le changement
d’ortographe qui fe doit faire en la
conformant à la nouvelle prononcia-
tion , ne peut arriver que peu à peu ,
& à mefure qu’il k fait de nouvelles,
impreflions , qui fuivies par l’Ecriture,
ètabliflènt infenfiblement une orto-
graphe conforme à la prononciation y
comme il eft arrivé de notre tems ,
où on a fuprimé toutes les lettres inu-
tiles, parce qu’elles ne le prononcent
Î)lus ,• mais qui fe prononçoient dans
e tems qu’on les ècrivoit : car il ne
faut pas douter qu’on n’ait autrefois
prononcé toutes les lettres des mots
(itivans , objeft, Uifttfê y fubjett , & de
plufieurs autres , puifqu’il n’y a pas
long-tems qu’on prononçoit encore
le, d, en Admirai , Admiraute\ ad-
jouter , qui eft tout-à-fait fuprimé dans
les Impreflions nouvelles. Il en eft de
même du , b , aux mots obmettre Qç
obmtjfton , qui commencent! fe fupri-
mer dans l’ortographe , auflï-bien que
dans la prononciation.
^infi les lettres qui paroiflent imU
c "
•î
' > if o Ch ap. II. De U Parole écrite.
tilcs dans notre oitographe , ne le
• ‘ font pas tant que les Etrangers nous
i"; / ‘ Je veulent faire croire } tant par 'la ‘
caifon que je viens d’atleguer, que j
parce qu’elles ont marqué véritable- i
1 ment la prononciation des Sons de
nos mots , 8c qu’on les fuprime tous
>, ' les jours, à meiurc que la prononcia-
tion s’en perd. Si on fe plaint de l’i-
nutilité des , /> que hoüs ne pronon- j
* cons point, quoi-que nous les mar-
quions dans notre crtographe , c’eft
encore à tort , puifque loin de nous
■Ç /-• , être inutiles dans la prononciation ,
elles y font une fon&ion trés-nécef-
faire : Elles ont été de tout tems la
marque d’une voyelle longue , comme
vous pouvez voir en ces mots , Apos-
tre y tefte , de mefme , dont , 1/* ne
jfç prononçant pas , ne laiflc pas de fer-
vir dans la prononciation , puifqu’ellc
rend la fyllabe qui la précédé longue.
• ’ * Et pour preuve de ce que j’avance ,
■ f c’eft qu’on n’auroit pas manqué de
les retrancher de notre orto^raphç
dès le tems qu’on a commence à fu- ;
primer les lettres inutiles de nos mots,
comme celles d 'objett 9 fubjeft , //#• >
| ’ " ' 1
... ' * -ri
Châi». II. De la parole Uritè. JJ
fa 3, contrat , &c.
Si on n’avoit pas reconnu la neeé£.
fité qu’il y avoir de conlerver ces for*
tes d’/, pour faire fa différence d’un
ftiot à un autre. Comme de j enfile à jet*,
he , de pafle, à patte , dé te fie à w/r* , de
tnaifire* mettre , de /*j à là , de il croifi
à U Croit , de //vtir i froid , quand il fe
J>rôftonce comme fraid^dc de plufieurs
feutrés mots , dont on ne connoît la
fignifieation que par la mefure des fÿl-
labes prononcées : Si , dis- je , on n’a-
voit pas connu lafleceflité de ces let-
tres^ on n’auroir pas manqué de les
cbnferver, & elles y feroient reftées
tant quenotte langue, auroit duré.
Dam. Ces s muettes n’auroient pas
laide de donner de la peine aux Etràn-*
gers dans la leébure de nos mots j caf
<^uel moyen auriez -vous trouvé pour
reur faire diftinguer ït muette du mot
Jipofire d’avec celle <^ui fe prononce
dans le mot Apofloliqué.
Phil. Les Ifnprhtfeürs ont pourvu â
te t inconvénient depuis quelques an-
nées j caf on voit très-peu d’imprek
fions nouvelles , où cette s muette
ne foie entièrement hors d’ufàge 9 K
-C ')
G h- A i>. 1 1. De U parole ecrlteV
d’une maniéré à ne plus du tout f$
rétablir dans notre ortographe g de
forte qu’à le bien prendre on n’y voit
prefque plus de lettres inutiles, puif-
qu’à la place de cette s 3 ils mettent
une figure telle que vous la voyez (A)
fur la voyelle qui la précédait , comme
en ce mot Pâques , qu’on ècrivoit au-
paravant Pafques ; & cette figure fait
le même effet que faifoit cette s muette
lorfqu’elle étoit précédée d’une^oyel-
le. Comme vous pouvez voir par- ces
^exemples , sfpotre , jeune , tempête a
qu’on ècrivoit autrefois ÿ & que ^ûel-
ques-uns écrivent encore avec une*,
ainfi Apoflre , jeufne , tempe fie.
Dam . je croyois que cette marque
(A) n’avoit été employée dans notre
ortographe que pour marquer le re-
tranchement d’une lettre , comme oa
voit aux fÿllabes de ces mots ,< eon-
çeu y je piaffe , affeurer , où on ne pro-
nonce pas les e qui fe trouvent im*
médiatement devant Vu. On en fup-
prime pourtant la plus grande partie
dans notre ortographe , les- regardant
comme des lettres inutiles : Je vois
Souvent dans la plupart des Livres
IjgPuP. II. De U Parole écrite . 53
= nouveaux , conçu , je pujfc > ajptrer :
ôriion , conclu , )> peüjfe > &c.
P^/7. Je le croi ^ufli-bicn que vous,
& que la premicfe#vcuë * qu’ont eu
eeux qui fc font les premiers fervis de
cette marque, ( A) n’a été que pour
’ Taire connoure l’élifîon qu’ils faifoient
d’uné lettre , qu’ils retranchoient dans
la fylïabe où c^e ètoît $ mais à pré*
feftt que nos yeux commencent à s’a-
coutumer à la/uppreffio’h des lettres
iÿitilcs j dont notre Cartographe ètoit
remplie , je ne conçois pas quelle né-
cèffité il y a de fe fervir de cette mar»
que, & d’en charger notre écriture,
puis qu’elle n’eft d’aucune utilité à là
.feétüre* & a la prononciation de nos
mots , ne nous marquant aucune dif-
férence de leurs Sons. Car quant a la
marque qu’elle fait dû retranchement
d’une. lettre en une fyllabe , je ne vois
pas qu’elle nous foit d’un grand avan-
tage , puis qu’il nous doit être,, indif-
férent de fçavoir, s’âl y a eu autrefois
une lettre de plus dans une fyllabe,
que nous avons à prononcer , pourvu
que nous puilfions regler avec feure^é
notre maniéré de prononcer. nos mots,
C iï)
54 Ch ap. II. De ta Parole )critevH
fiir i’inlpeéfcion des lettres qui les' com-
pofent , 6c c’eft tout cecjue nous cKe*-
chons. Enfin puifque nous avons ur*
moyen tour trouvé pour marquer no».
fy par le fecours de cetje marque ( A \
nous devons mettre tout en ufage
pour nous en fervir aufiîjong- tems
que nous pourrons x à l’exclufion de
toutes les autres lettres Exprimées y -
La connoiflànccde ces lettres muettes
n’ètant nullement négefTaire à notre
maniéré de les prononcer.
Dam. Il eft vrai que cette marque
(A) eft d’un grand fecours en notre \ |
Langue , pour nous faire connoitre
tout d’un coup,de quelle maniéré nous
devons prononcer les voyelles imm^
diatement fuivies d’une s > mais il faur>
qu’elle foit feule en notre Langue,.
Autrement cette figure ne peut nous
faire diftinguer jme fyllabe longue
d’avec une brève. Car fi un homme Ce
met en tête que* la marque ( A|aïon^
ge toujours la fyllabe qui la porte ,
s’il *la voit fur le mot conçu , il ne man-
quera pas de faire longue la demierc
iyllabe de ce mot , & de le prononcer
«tomme s’il y avoit conçus y c’eft pour*.
Chap. II. De là Parole écrite, fi
quoi nous avons, intérêt de lonhakcr
que cette marque ne s’ètabliffe dans
notre Ortûgraphe , que pour -marquer
les fyllabes longues.
* JPhil. Je'ne dèfelpere pas qu’elle ne
-s’ètabliHè toùt-à-i^it, comme vous le.
- dites , & j’y vois un grand - acheminc-
Tncïit'v car j’ai > déjà vu quantité de Li-
vres rççuveaux , oii les lettres iûppri-
méesne fe marquent plus gu ère s -, &
.dans le fond pourquoi les marquer
plutôt que celles qui fe trouvent dans
ces mots , objett' , fobjeEb , foubmif-
Jioni mais que cela fubfifte , ou non,
nous, ne laiderons pus de donner des
•réglés' pour apprendre^ a connoitre les
f muettes.
Dam. À t-on généralement {oppri-
mé toutes les , f, qui ne fe pronon-
cent point \
PhiL II n’y a que dans le mot
efb, où Vf, a été confervée ,'corftme,
■. il e (b. On a auffî confervé lcs,j, qui
Ce trouvent a la fin des mots , comme,
des foldats , des matelots , il eftlas, grc*
parce que ces , s, font nécefiàires non
feulement pour la liaifon qu’on en fait
fbuvent dans le difeours , avec d’autre^
— -, ...•■■ ■
C uij
Ch ap. II. De la Parole lcr/te.
voyelles qui commencent les mots qui
Jes fui vent j comme en ceux-ci , les en-
fant , des oranges , mes a mis : Mais
auffi pour diftinguer dans notre Orto-
graphe les nombres pluriels d’avec les
finguliefs. Et quand n ère cetcc $ fi-
nale ne varieroit jamais dans la' pro-
nonciation , & qu’elle n’y ferviroit de
rien , comme en ces mois y; fables ,
farcies. Dames , dont les (ÿllabes fi-
nales ne {ont pas plus longues aux plu-
riels qu’aux finguliers , ce leroit en-
core une nécefiiré qu’elles réftaflent en
notre Ortographe , qui doit être plus
régulière & plus1 épurée que la pro-
nonciation. *
Dam. Je trouverois la marque de
notre / , ou de l’accent fiibftitué à la
place , fort inutile fur les pronoms
notre 8c votre fuivis de leurs fubftaq-
tifs : corme en ces mots , notre mat -
fin , vofre jardin; puis qu’elle ne fert
•de rien dans la prononciation 8c
qu’elle n’en rend pis la fyllabe qui la
précédé plus longue , car on ne dit
pas nôtre mai fin &C votre jardin.
Pbil. Vous avez raifbn , mais il ne
faut pas la fupprimer en ces mêmes
% •
Ch Ap .,11. De la Parole écrite, yj
pronoms , lors qu’ils font relatifs 8c
abfolus , 8c qu’ils ne font pas joints
avec un fubftantif. Par exemple, il
yous difiez , ce n’cfl pas la mon Livre ,
cefl le votre 3 donnez-nous le notre ?
ce feroit mal dit, & parlée en Picard 3
il faudrait écrire &prqnoncer ,. ce fl
le votre , donnez-nous le notre .
* Dam. Je reviens à ce que vous di-
tes , que nous n’avons point de lettres
inutiles dans notre ortographe : Nous
avons pourtant un », 8c un t ,. qui ne
te prononcent point ou rarement , tels
que font ceux qui fe trouvent en ces
mots , ils parlent , ils aimaient , ils
prièrent.
c Phil. Je ne crois pas quon s’avife
jamais de les fupprimer , tant parce
que la fuppreflicJn de ces lettres défi-
gurerait entièrement notre écriture
8c notre impreîïion , que parce que fi
elles ne marquent pas fur le papier la
différence des Sons j elles marquent du
moins la diftin&ion des nombres plu-
riers d’avec les finguliers. Ce qui ne Ce
peut faire à cet égard par la parole, doit
du moins fe faire par récriture, qui doit
erre naturellement plus èxaéfce 8c plus
T ' " ■ c v % •
y 8 Ch A p . II. De la Parole écrite.
épurée que la parole ; car fi nous pro-
nonçons , je parle , tu parle , il parle -9
vous parlons , vous parlez.', Us parlent ;
comme s’il y avoit, je pari , tu pari,
i pari nouparlon , vous parle , i parl%
nous devons fuppléer par l’écriture au
défaut de cette prononciation. D’ail-
leurs , la derniere lettre des pluriers
terminés en t , eft aufii fujette à va-
riation en la prononçant, quand elle
k trouve devant des mots commencés
par des voyelles $ mais cela n’arrive
guéres qu’en déclamant , & lorfqu’ôrf
lit quelque ouvrage de Poëfie. Voyez
le Chapitre de la prononciation des
eonfones finales.
Dam, A propos de eonfones , vous
ne m’en avez point encore fait le dé-
tail en particulier , ni'de quelle manié-
ré elles fe prononcent.
Phil. Vous m’avez fait tant de pro-
pofitions , que je me trouve infenfi-
blement écarté de l’ordre que je me
fuis propofé dans l’expofition de ces
préceptes. Retournons donc à nos let-
tres , & parlons-en plus amplement
dans le Chapitre^qui fuit.
* , • * . - , '• \ •
Ch. III. Des Lettres en généré*
CHAPITRE III.
Des Lettres en général y & de
ïufage qu’on en fait en notre
Langue*
T) H i l i N t E : Toutes les lettres d<?
JL l’Alphabet font ou vocales „ ou
confonantes. Les lettres vocales font
des cara&éres qui repréfentcnt fur le
papier les Sons qui fe font fimplemcnt
de la voix y fans aucun autre mouve-
ment que celui de la langue 8c de la-
bouche , 8c* qu’on peut prononcer
toutes feufes & feparément TCi on veut},
fans Iefqüelles il eft impofliWe de for-
mer un Son parfait ,8c dont enfin une
feule fuffit pour compofer une fyllabe.
Ôn les appelle vocales du mot Lati®
vox, qui fignifîe la voix : de ce mot
vox les Latins- ont fait vocalts , qui
-figoifie en ce'fens, de voix;, de forte
que ces mots de lettres vocales , ligni-
fient lettres de voix . Nous ' avons- de-
« — ♦ ^
jpuis, retranché le mot de lettres * f#
* ’ ' c vi
fco Cn. IÏI. Des Lettres en gênerai,
parlant de ces fortes de cara&éres :
Ainfi au lieu de dire des lettres voca-
les , nous avons dit Amplement des
vocales , en fous-entendant le mot de
lettres , à l’imitation des Latins qui
les ont nommées,VocALES,tout courr,
pour dire littera vocales , en fous*
entendant ce mot littera . Ht pour
tendre le mot de vocale plus Fran-
çois , nous en avons fait celui de
voyelle , fur le mot Latin vocalis , en
changeant le c , en^ grec, & 1-s qua-
tre dernieres lettres alis en ces qua-
ire lettres , elle y fuivant l’Analogie
d’une partie de nos féminins , rires
des mots ^Latins terminés en alis ,
comme de ces mots , 'Condition ali s ,
faits y nataralis , vniverfahs , mort a-
lis y &c. dont nous avons fait en no-
tre Langue , conditionnelle', telle , na-
turelle , vniverfelle , mortelle : de for-
te que changeant le c du mot de
vocalis en y grec , & les quatre let-
tres finales alis , en ces quatre lettres,
elle y on forme le mot de voyelle.
Dam. Combien avons-nous de ces
▼oyelles?
fhil. Nous en ayons fix qui font >
I
6 1
ér de leur ZJfage.
j43E,i3o,r,r.
Dam. PafTons aux autres Lettres.
Pbil. Toutes les autres Lettres de
l’Alphabet font des Lettres confo-
nantes*
Dam. Dites -moi, je vous prie, quel ti-
rage on fait de ces Lettres, & pourquoi
on les nomme Lettres confonantes î
PbtU Les Lettres confonantes , ou
pour parler plus à la mode , les Con-
ibnes font des caradléres qui fervent
a repréfenter fur le papier les mouvé-
mens qui fe font de la langue , des
dents , des lèvres , du gofier , & des
autres parties organiques de la paro-
le , pour articuler les Sons quiYe for-
ment lîmplement de la voix. Ces leu
très ne peuvent produire aucun Son
d’elles- mêmes , &il n’eft pas poflible
de les prononcer fans l’aide d’une
voyelle , ou du moins fans faire en-
tendre un peu du Son de l’une des fix
vtoyeljçs qui eft Ve , c’eft pourquoi on
les a nommées Lettres confonantes :
comme qui cîiroit , lettres fonnantes
avec , ou pour parler plus intclligible-
rnent , lettres fonnantes avec quelque
ebofe , parce quelles oc prodnifcntjo^
êi Cn.lll.Des Lettres en gfneraî9
cun Son fi elles ne font jointes à quek
que voyelle. Ces mots de lettres confi-
nantes nous viennent des mots Latins ,
littert confinantes , qui ont lignifié
& lignifient encore des lettres de ï Al-
phabet qui ne finnent qti avec une autre
lettre > comme vous pouvez facilement
remarquer. Eflayez , par exemple, à
prononcer l’une de ces trois lettres,
b , d , f , & toutes les autres eonfo-
nes , n vous voulez 5 vous vous apper-
cevrez bien qu’il ne vous fera pas pofo
fible de les prononcer fans le fecours
d’une voyelle , dont .elles ont abfolu-
ment befoin pour former un Son ar-
ticulé 6c compofer une lÿllabe. Les
Allemans appellent ces (brtes de leu
très en leur Langue, Mitlautende huch-
fiaben, qui lignifient, comme en Latin,
lettres finnantes enfemblt, & lettres
fonnantes avec 5 ce qui a beaucoqp de
rapport à notre maniéré d’exprimer
«es fortes, de lettres. Nous les nom-
mons à prélcnt des Confines , tout
court , fans y ajouter le mot de lettres s
car on ne dit plus lettres confinan-
tes , 6c encore moins lettres confines .
^in£ vous voyez que la Voyelle ne xe-
* ,
i . * f '
«te la voix Sc qui'Te modifie dans là
boucho & la C^nfone regarde l’ar- /
ticulàtion qui le fait de ce Son par
d’autres mouvemens des organes de
îa parole. De forte qu’il faut confi-
dercr les Voyelles & les confones*
* comme des lettres qui* ne peuvenr . ' V ■ '
Eroduire prelque aucun Son articulé *
îs unes fans les autres. On pourroit
auffi confiderer les confonnes comme
des notes de mufiquc,qui nous mar-
quent les mouvemens qui fe font de»
doigts for une flûte , ou for quelqu’au-
tare infirüment à vent, qui ne produi-
font aucun Son fans le lècours du Son?
qu’on fait fortir dé la flûte ou de
linfirument, en fouflànt dedans oii
en y faifant entrer l’air de quelque:
| mafiiere que ce foit. m
Dam. Je m’étonne que nous n’ayons:
pas autant de lettres que nous avônr-
de Sons pour les cara&érifer tous £
.car ilme fembîe foivant ce que vous;
* m’en avez déjà dit , que nous devons:
en avoir fêpt ou huit, fans compter
Ifes Sons dW , aitF , in, on -, un :■ 8£
cependant jçme trouve que cm^ice*
f
1 4CH. IIÏ. Des Lettres en général,
très voyelles pour caraétérifer tous ces
Sons, qui font ( {i*je ne me trompe),
le Son de Va , le JSon d’un t , celui'
de l’ i , celui de Y0 , celui de Vu l
celui de l’ai, celui de Vau, celui de
Veu , 8c celui de V 6k Vous dites que
par la jonétion d’une lettre avec une *
autre , nous cara&érifons tous ces .
Sons : mais quel rapport ont les Sons
de chacune de ces doubles voyelles ,
ai, au, eu , ou , accouplées deux i
deux , avec le Son de notre, } , ouvert,^
& avec celui de notre 0 , 8c les Sons
8c d'ou que vous donnez à ces, ,
deux dernieres doubles voyelles } Et -•
quelle raifon nos Anciens ont- ils pû
avoir de (e fervir de ces voyelles ac-
couplées, pour marquer ces fortes de
Sons , qui dans le fond font auffi
fimples que celui d’un , a , d’un , e ,
©u d’un , i ? Si ces trois derniers Sons
ècoient doubles , comme on peut re-
marquer dans le Son qu’on fait en
prononçant la derniere (yllabe du mot,
pouvoir ; je comprendrais d’abord
qu’on auroit accouplé ces voyelles cn-
ièmbîe , pour marquer deux Sons réu-
nis imperceptiblement en un feul par .
& de leur Vf âge. £$
la vîtefle de la fubtilité de la pronon-
ciation. Je vous prie donc de me dire
fi vous fçavez quelqu’autre raifoo- que
celle de l’ufage ?
Phil- Il eft aflèz^ difficile de vous
en donner de meilleure que celle de‘
l’ufagc. Je croi pourtant que -fi les
Sons de ces voyelles accouplées , euf-
fent été en ufage avant l’invention
des lettres , on n’auroit pas manqué
dé faire encore quatre lettres pour les
cara&érifer , comme on a fait pour
les autres cinq Sons ; & on auroit auf-
fi fait dçs caractères pour marquer le
Son nafal qui fe fait de 1 *n , précédée
d*tine voyelle , de fuivic d’une confo-
ne, "comme vous pouvez remarquer
au£ fyllabes des mots qui fui-
vent , diftinguées par des cara&ércs
italiques , *»cre , ainCi , mgrat , fonte K
déf«»r , fi ces fortes de Sons avoient
été en ufage dés le tems de l’inven-
tion des lettres. Mais apparemment le
Son de notre , ai * s’eft formé depuis :
de fi vous voulez fçavoir pourquoi on
le caraétérilê par ces deux voyelles ,
ai, c’eft parce que ce Son a été dou-
ble autrefois , de quon prononçoit Va
66 Ch. III .Des Lettres en gênératy
& l’i fi diftin&cment , qu’on les enten- 1
doit fort bien, quoi qu’on les pronon-
çât fore vite. Cela étant, on ne pouvoit
caraétérifer Ce double Son autrement
que par ces deux voyelles , ai. Depuis 1
on l’a prononcé plus vite, Sf d’une ma- ,
niere que le Son de l’i fè communiquoit \
avec celui de Va ; & celui de Va avec ce-
lui de l*/,à peu près comme lesGafcons
prononcent Val dans le mot de faire.
Et depuis par fucccflion de tems ce
double Son s’eft entièrement perdu ,
foit pour la douceur & la facilité de
la prononciation , ou par la complai-'
fance qu’on a eue pour les Dames , à *'
qui ce double Son paroifïbit trop dif-
ficile â prononcer : & ainfi â force de
mêler ces deux Sons l’un avec l’autre
par la vîteiïê de là prononciation , il
s’eft formé le Son d’un , e , que les
Grammairiens appellent , è , ouvert ,
parce qu’il faut plus ouvrir la bouche
en le prononçant , qu’en prononçant
les autres, e. Et voila la raifon pourquoi
on fe fert encore de ces deux voyelles ,
ai, pour cara&érifer ce prétendu double
Son , quoi qu’il n’ait plus que le fnnplc
Son d’un , r.
& de leurZJfagt. 6?
îl eft facile de trouver la preuve de
ce que j’avance , en fai faut épeler un
mot François, où il entre un, ai, dan*
une fyllàbe , par un Italien qui ne fçau-
ra pas notre langue , & par un Ga£
con qui ne fçache que le Gafcon :
vous verrez que l’Italien la pronon-
çant plus lentement que le Gafcon ,
fera fentir diftin&emens les deux Sons
de Va & de IV ; & que le Gafcon la
‘prononçant avec plus de vîtcflè &
plus de volubilité de langue, hé fera
pas entendre la même diftin&ion des.
Sons de Va &del*/, & qu’au con-
traire , on entendra tin mélange des
Sons de Va f& de Vi - Et quoi que
l’oreille les démêle parfaitement, &
quelle fente fort bien le Son de Va
& celui de 1’* , on ne laifïèra pas
d’entendre un double Son qui tient de
notre , é , ouvert, ou du moins d’un , e%
accouplé d’un^comme, et. Qu'on faC*
fe aùffi lire un mot étranger à un Fran-
çois , où il entre un , ai , comme en
ces mots Eipagnols & Italiens , Te»
mais , Dai , Andai i cjuoi que ces mots
lui fbient prononces fort diftindfce-
ment par un Efpagnol & par *in Ita>
68 Ch. III. Des Lettres en général,
Jicn * quelque bon îe difpofition qu’ait
«e François à comprendre un Son c- *
tranger , & à le prononcer comme il
doit l’être naturellement., il fera toû-
jours entendre , en prononçant ces
mots , beaucoup de notre , è , ouvert,
j u (qu’à ce qu’il foit tout-à-fait accou-
tumé à la véritable & naturelle pro-
nonciation de ces mots, à force de les
entendre , & de s’exercer les organes
à les bien prononcer. Je vous parle
pour avoir vu faire cette épreuve , &
pour l’avoir faite moi -même. Voilà
pour ce qui regarde la double voyelfèf '
ai : parlons maintenant de la double f
voyelle , eu.
§g
De la double voyelle , eu. «
Ce que nous venons de dire doit
prefque fuffire pour vous faire com-
prendre la raifon qu’on a eue de ca-
ra&érifer le Son d 'eu , par un , e , ôc
un, u , accouplés cnfemble : car il ne
faut pas douter que nos Ancêtres ne
l’ayent prononcé comme les Etrangers
le prononcent dans le mot , Europa ,
#ù ils font entendre diftin&cm:nt Iç
& de leur Vf âge. 6$
*5>ô ft.de 1 e , &deiy. La prononcia-
tion des Picards de des Walons , qui
donnent une efpece de double Son à
ces deux voyelles , ojli l’on entend les
deux Sons de 1V,& de ly,mêlés enlêm-
ble^, nous doit confirmer dans ce que
^avance de la prononciation de nos
Ancêtres j car ces Nations Picardes &
WalonneS confervent . encore beau-
coup des maniérés de parler & de pro-
noncer de nos Ancêtres. Cela étant, il
eft aifé de comprendre qu’à mefiire
que ce double Son partagé entre IV,
& IV, s’eft perdu, il s’en cft fait in-
iênfîblement le Son dV# , qui n’a pû
être cara&érifé autrement que par ces
deux voyelles. .
' 7* v ©- \ ■ }\ j «fc , * Vj'i
De U double voyelle , ou.
A l’égard du Son de la double voyelle,
eu , il eft à préfumer que cette pronon-
ciation seft encore faite par hazard
parmi nous depuis l’inventien des let-
tres j car il eft certain que nos Ancê-
tres ne connoiftoient point d’autre
prononciation de notre , u , que celle
dont nous le cara&érifons aujour-
ÿo Ch. III .pes Lettres en gênerai^
d’hui : Que cette forte de pronon- s
dation d’»,ètoit en ufage parmi nos
anciens Gaulois , parmi les Walons,
les Anglois , les bas Allemans , les Fia* **|
mans , les Holtandois , & les Bretons 5 *
Ce que les Grecs ont toujours pronon-
cé à peu près de même : ôc cela n*a
pas peu contribué à nous, faire con-
server cette ancienne maniéré de pro- j
nonccr cet , » ; car le Grec a été long-
tems en ufàge parmi les Gaulois : & fi
nous en voulons même croire quel-
ques Auteurs , les Gaulois ont tous
parlé Grec. On a donné le nom de
Trilingues aux Provençaux , parce
qu’ils ‘'partaient également Gaulois ,
Latin & Grec. Il eft donc certain que
la prononciation de cet , », croit fort
en ulàge parmi nos Anciens , comme
elle l’eft encore parmi nous j mais
elle ètoit inconnue parmi les Latins, ]
car ils prononçoient leur voyelle # ,
comme nous prononçons le Son de ces
deux voyelles ou , accouplées enfem-
ble : & c’eft pourquoi les Efpagnols 6c
les Italiens prononcent leur» voyelle ,
de même. Mais lorfquc les Romains
ic rendirent maîtres des Gaules , Sc '
'& de leurZJfage. yf
«[U ils y cuient introduit leur Langue ,
il Ce fit un langage, moitié Gaulois j
moitié Latin , qu’on appella Roman ,
à caufé de l'on mélange du Romain
avec le Gaulois : Et comme les Gau-
lois n’a voient point de lettres pour
cara&érifer le Son de Vu des Ro-
mains , qui les prononçofent à peu
près comme s’il y avoir eu un o de-
vant, & enfin comme nous pronon-
çons aujourd’hui notre double voyel-
le, ou , ils l’écrivirent de meme ; &
depuis ce tcms-là nous avons tou-
jours marque ce Son par la double
voyelle , ou , qui dans le fond ne peut
plus naturellement cara&érifer la pro-
nonciation que nous en faifons , puifi.
que les deux Sons de cet, o, & de
cet, » , étant bien mêlés l’un avec
l’autre , & rciinis par la fubtflité de
la prononciation en un feul & fimplc
Son, forme celui de notre , ou , que
nous avons toujours marqué de mê-
me , & dont nous conferverons appa-
remment l’ortographe , tant que notre
Langue durera.
Dam. Je ne m’étonne plus fi nous
-Vivons converti en, ou y la plupart des.
ÿi Ch. lll.Des lettres en général,
u , qui fc trouvent dans les mots La-
tins, dont nous avons formé les nô-
tres ; comme on voit en ces mots ,
joug > que nous avons fait de, jugum >
pouffer , de, pulfare •, gouverner , de,
gubernare \ toux , de, tulfis ; pourri ,
de , putridus j cours , de , curfus ; doux ,
de , dulcis ; troupe , de , turba , en
tranfpofent IV, & changeant le , b, en,
p ; Souverain , de, Suprcmus , en
changeant le , p, de ce mot, en, b,
comme ont fait les Eipagnols, qui
difent S obéra» o , pour dire Souverain s
& enfin changeant le , b , en , «y ,
confbne , dont nous avons fait pre-
mièrement le mot de S ouvrer» , & les
Pcëtes celui de Souverem > dont nous
avons fait enfin celui de Souverain .
Il y a encore quantité d’autres mots ,
dont te ne me fouviens pas à pre-
fent.
Phil. Cette réglé n’eft pas générale ,
car rous les ou qui font dans nos
mots François , n’ont pas été faits des
h qui (è trouvent dans les mots La-
tins : Nous en avons encore d’autres
qui ont été faits des o qui fe trouvent
dans leurs mots , comme vous pouvez
voir
& de leur VJagè;
voir en ceux qui fiiivenc , tnovere ,
totus , probare , &c. donc nous avons
-, ces mocs de mouvoir , tout, protu
yer< Ceci pourroit encore confie*
incr ce que j’ai déjà die de nos An-
ciens,, à qui il fembloit que le Son de
i- 1/^ des Romains , tenoit beaucoup de
celui de 1 o . Nous avons même beau-
coup de mots tirés du Latin , où il
des u , que nous prononçons natu-
rellement , comme nous les avons tou-
jours prononcés : comme frufireri
fortune , folitude , & plufieurs autres
que nous avons fait de ces mots fruf.
trare > for tan a , folitudo , parce que
i mots ne fe font introduits en no—
txe Langue, que lors <Juc la Latine
n’a plus • eu d’ufage que dans les Lî-
. vres » où nous prononçons toutes les
voyeHes des mots que nous lifons,
de meme que nous prononçons celles
de nos mots François.
Dam* Pendant que nous KbmmeS,'
/ur les doubles voyelles ; dites-moi,
s il vous plaît , fi nous n’en avons pat
4’autres que ces trois, ai, eu, ou.
Phil. Nous en avons encore deuur^*
qui /ont au & çii. Mais la premiers}
74 Ch. III. T) es Lettres en general,
cafa&étife un Son qui nous eft déjà
connu 8c qui eft du nombre des huit
Sons dont nous venons de parier, fça-
voir celui de 1 ’o; & la fécondé au con-
traire , en cara&érife deux qui font
celui de Yo , & celui de Yi , réunis tous
deux en un feul Son , de laquelle
nous nous remettrons à parler à fond,
lorfque nous (erons au Chapitre des
Diphthongucs. -
Dam. Pourquoi a-t-on admis dans
l’Ortographe de notre Langue cette
double voyelle au , puifque la (impie
voyelle o , fuffit pour caraéfetifer le
même Son -, car fi un homme écrit
ces mots , cofe , fote , ôtant , P ol > Lo-
rent , 8c qu’il les faflê lire à un Etran-
ger,les prononcera-t-il autrement que
s’il voyoit ces mots écrits ainfi , cati~
Je 3 fatite , autant , P aul , Laurent.
Phil- Non -, & fi notre vue ètoit
une fois accoutumée a 1 ortographe
de ce Son par un feul cara&ére , nous
la trouverions pour le moins auffi bel-
le que l’autre , mais on a bien voulu
la garder en notre Langue pour con-
ferver la mémoire des m^ts dont ils
çnt été formés j 8c comme l’ufage n’a
& de leur Vfage.
£as encore touché ail changement de
cette double voyelle , notre Otto-
graphe paroîtroit bizarre & difforme,
fi nous caradcrifîons avec un 0 les
Sons qui le doivent être avec la dou-
ble voyelle au*
Dam. Il fe pourroit faire aufli , paf
la même raifon que v©us donnez de
TOrtographc 3c de la prononciation
de la double voyelle , ou il entroit
.autrefois deux Sons , que notre- au
ait fêrvi a caraétérifer deux Sons , 3C
. que nos Anciens en faifoient deux en
prononçant ces mots , caufe , faute ,
chaud .
Phil . Je le croi de même j 3c ce qui
me confirme en cette opinion , c’eft
la maniéré dont les Italiens , les Ef.
pagnols & les aut\es Etrangers pro-
noncent cette double voyelle , foit
qu’elle fe trouve dans des mots La-
tins ou dans ceux de leurs Langues ;
car ils prononcent Y au de ces mots ,
caufa, aurora , pauper, aatoritas, Paulo>
comme s’il y avoit un 0 entre Va 6c
Vu , ou du moins comme s’il y avôit
un ao au lieu de Vau , 6c comme fi
ces mots ètoiçnt écrits en la manière
' * i - — a •
y 6 Ch. III. Des Lettres en général,
q«i fuit j caotifa > aorora , paouper ,
aotoritas , Paolo . J '
Dam. Parlons maintenant de 1 al-
femblacrc qui fe fait de nos voyelles 8c
doubles voyelles , avec nos confo-
ncs , pour cara&érifcr les Sons de
nos paroles , 8c comment il faut faire
pour connoître les Pcnfécs de l’hom-
me , par l’infpe&ion des lettres dont
nous venons de parler.
Fhil. Je le veux bien. L’affemblage
qui fc fait d’une voyelle avec une
confone pour former un Son com-
plet.....
Dam. A propos de Sons , avant
que de parler de cette maniéré d afe
femblcr nos voyelles avec nos con-
fones j dites-moi , je vous prie , quelle
différence vous faites entre un Son 8c
un Ton ’
Phil. Le Son généralement parlant,
eft un bruit qui fe fait en frappant fur
quelque chofe de dur , comme fur
une pierre , fur une enclume , ou fur
quelque chofe de creux 8c de vui de ,
foit qulon frappe defîtis ou dedans ,ou
bien en faufilant ou faifant entrer Pair
jJàas quelque chofe de long 8c de
& 2e leur Vfage. 77
creux : comme dans un tuyau , une
flûte , une Orgue , ou dans quelqu’àù-
tre inftrument à vent. Ce bruit qui
fe forme d’un air qui {bit avec queC
que violence par le Larinx , eft ce que
nous appelions un Son .
Le Ton eftrun ' mouvement qui fe
fait de ce meme Son, par le moyen
des pommons 8c de la trachée-artére
où le Son fe haullc & baiflè par diflfé-
rens degrés ,• foit pour chanter quel-
que Air j ou pour marquer quelque
mouvement de famé : comme de co*
1ère , de joye, de triftçflè, de crain-
te , de hardi dît* , d’dpérance , d’e-
tonnement , de honte ou de quel-
qu’autre paflîon j hauflant 8c baillant
la voix, comme je l’ai déjà dit , 8: la
tournant &*flécjiilïànt félon les diffé*
jrens fentimens qu’on a des choies
qu’on veut exprimer.’ Enfin le Son eft
une chofe abfoluc 8c indépendante du
Ton j le Ton au contraire ayant tou-
jours du rapport au Son , fans lequel
il ne peut être formé, en eft toujours
dépendant.
Dam. J’en fçai autant que j’en vou-
lois fçavoir la-dcflùs; continuons,
D iij
7$ Chap. IV. Des Syllabes.
s’il vous plaît , l’inftru&ion de no»
lettres.
CHAPITRE IV.
Des Syllabes.
PH i l i n t E : L’aflèmblage qui Ce
fait d’une voyelle avec une Con-
fone , ou de plufieurs Confoncs avec
une voyelle ou double voyelle , ou
même triple voyelle , pour former un
Son complet , eft ce qu’ojn appelle
Syllabe , comme , ba , be , bi3 bo ,
hui b ai, beu y bot, bou: cra , cre , cri ,
cro 3 cru ; crai , cre h , croi , crou : pla ,
fie , pli y plo , plu } plai , pieu , ploï y
pion ; Aouft , beau, lieu, loua , jouet >
oui , fat , bot , foi eut , œuf, bân , bain ,
bon , &c. qui font toutes des lyllabcs
complettes , ou fi vous voulez, des
aflemblages de lettres qui repréfentent
des Sons parfaits : Et i’a&ion qu’on
fait de nommer les lettres d’une fyl-
labe , les unes après les autres , pour
la former entièrement , eft ce qu’on
appelle épeler me Jfllabe . .
' Chai-. iv; Des Syllabes . 79
• Ainli le mot de Syllabe , lignifie pro-
prement un Son complet, caraéterifé
fur du papier , ou fur quelque matière
que ce Toit. On fait venir ce mot de
Syllabe du verbe Grec <r\ jXxafxÇdnjv qui
fignifie en notre Langue , compren-
dre , contenir , renfermer en foi. De ce
mot ouxxa^flLuv on a fait celui de
cuxxalln qui lignifie en. Latin 3 gom-
prebenfo, qu’on ne peut exprimer en
notre Langue que par ces mots , cho -
Je qui comprend , qui contient, qui ren-
ferme en foi. De forte que fous-en-
tendant le mot de litterarum à celui
de comprehenfo. Le mot de o-uxxa.Cn
fignifijra comprehenfio litterarum , qui
en notre Langue lignifie mot pour
mot , comprehenfon de Lettres , ou
pour parler plus François , ou du
moins plus intelligiblement , chofe qui
renferme & qui contient des Lettres }
car le mot de comprehenfon n*a aucun
ufage en notre Langue , qu’en par-
lant des facultés de l'efprit.
Dam. Une lettre ne fufEroic-elIe
pas pour faire une fyllabc.
Phil. Oiiy , pourvu que ce foie une
Voyelle j parce que la voyelle tout*
D iiij
$0 Cuap, IV. Des Syflabèfi
feule peut faire un Son parfait , com*
me vous pouvez voir en èpellant ces
mots , a-gré-a-ble ; o-be-ï ; u-ni , où
vous voyez Y a du premier mot , 1 \ ôc
Vi du fécond , & Y h du troifiéme qui
font des Sons parfaits , & par confé-
quent des fyllabes complétés : Mais il
n’en eft pas de meme de la confone j
car comme elle ne fçauroit produire
•aucun Son d’elle-même , elle ne peut
faire une fyllabe fi elle n’efl: accompa-
gnée d’une autre lettre , ÔC qui foie
une voyelle.
Les fyllabes (ont fimples ou com-
pofées : les fyllabes fimples font d’une
lèule voyelle , ou tout au plus d’une
voyelle ôc d’une confone : comme >
J, U, le , me , ne. Les fyllabes com-
Î>ofées font celles où il entre plufieurs
ettres 3 comme vous pouvez voir en
çes mots , pour-point , aux champs.
Les fyllabes où il entre plufieurs
voyelles , dont on fait valoir tous les
Sons réunis en une foule fyllabe ^s’ap-
pellent Diphthongues ôc Triphthon-
: comme vous pouvez voir en
ces mots , hier , moi , lui , où vous
entendez diftin&emcnt le Son de
Ch ap. IV. Des Syllabes* ét
deux voyelles.
Les Triphthongues font des fyllabes
ou on entend trois Sons dans chacune.
Je ne vous en fçaurois donner des
exemples , parce que nous n’en avons
point en notre Langue , comme je
vous ai déjà dit , quoique nous ayons
beaucoup de fyllabes compofées de
plufieurs voyelles , tels que font celles
qui fc trouvent dans les mots fuivans
marquées en lettres Italiques , u4ouft,
geai , Laon , de Veau , deuil , je chan-
geois , il emploient ; mais comme on
n’y entend qu’un Son , ou tout au
plus deux , on ne peut leur donner le
hom de Triphthongue : car vous de-
vez {çavoir que le mot de Diphthon -
gae fignifie proprement une fyllable à
double Son , & Triphthonguc une
fyllabe à trois Sons. Quelques Gram-
mairiens ont prétendu que le mot de
Diphthongue fignifioit une fyllabe com-
pofée de deux voyelles qui ne font qu'un
Son; S’ils veulent bien chercher l’oii-
gine de ce mot , après qu’ils auront
vu qu’il vient du Grec S'kdvyfos qui a
cté fait du mot SU , & de celui de
fào yïos qui en Latin veut dire Bis fonm ,
D v
Chap. IV. Des Syllabes.
& en notre Langue , mot pour mot,’
deux fois Son , que nous expliquons
par le mot double Son. Ils demeure-
ront d’accord que pour faire une par-
faite Diphthongue , il faut quelle foit
compofée pour le moins de deux
voyelles , dont les deux Sons foient
rtünis en une lèule fyllabe , par la
vîteflè & la fubtilité de la prononcia-
tion , & en forte que l'oreille y puiflê
diftingucr deux Sons ; car fi les deux
voyelles ne font qu’un Son dans la
fyllabe , elle n'eft plus Diphthongue :
prononcez , par exemple , ces trois
voyelles eau dans le mot fceau, com-
me on le prononce à Paris , & com-
me on le doit prononcer , quand ce
ne feroit que pour empêcher l’équi-
voque qu’on pourroit faire avec le
mot de fît} vous en ferez une Diph-
thonguc , parce que vous ferez fentir
deux Sons dans la fyllabe eau , en
prononçant fi peu que rien IV du mot
fceau. Si au contraire vous pronon-
cés cette même fyllabe eau dans le
mot beau , ce ne fera plus une Diph-
ihon-gue , car vous ne ferez entendre
Son dans la prononciation que
■Chap. IV. VCs Syllabes . - 8$
Vous en ferez.
La double voyelle oi eft Diphthon-
gue dans ces mots , devoir , je dois ,
ils doivent , parce qu’on y entend
deux Sons dans la fyllabe où elle fe
trouve : cependant cette meme dou-
ble voyelle oi n’eft plus Diphthongue
dans les dernieres fyllabes des mots
fui vans , je devois , ils dévoient ; je
devrois , tu devrois , ils devroienti
parce qu’on n’entend qu’un Son dans
la prononciation de cette double
voyelle oi , qui par une réglé , fans
exception prend le Son d’un e , ou-
vert dans toutes les terminaifons des
tems imparfaits des verbes j c’eft d
dire , qu’elle le prononce comme 1’#
qui fe trouve dans ces mots , net ou
nets . La double voyelle te efl Diph-
thongue au mot Jier , quand il efl:
nom adjedtif 5 mais elle ne l’eft pas
dans le même mot, lors qu’il efl: ver-
be ; comme quand on dit » fier en
quelqu'un : On ne voit point d’ouvra-
ge de P^ëfle où ce mot de fier en ce
fèns , ne foit de deux fyllabes.
• Vous concevez facilement par ces
exemples , que les doubles voyelles,
D v)
*4 Ch ap. IV. Des Syllabes»
*>, ei, au, eu, ou, ne faifant qu’uni :
Son , font mal à propos mifes au rang ^
des Diphthongues , puis qu’elles nç
font qu’un Son dans une lÿllabe.
Dam. Où les voudriez-vous donc
placer ?
Phil. Il en faut faire un Chapitre
feparé.
Dam. Quel nom voudricz-vou*
leur donner }
Phil. Quelques Grammairiens pour
les diftinguer des voyelles fimplss , les
ont nommées Diphthongues impropres, j
ou faujfes Diphthongues , parce qu’elles
ont été autrefois de véritables Diph-
thongues en notre Langue , & qu’on
les a nommées pour lors de même , 8c
depuis j pour les distinguer des vérita-
bles Diphthongues , on y a ajouté le
mot d’ impropres ou celui de faujfes;
& on a dit Diphthongues impropres ,
& faujfes Diphthongues , à l’égard de
ces doubles voyelles , ai, ei , eu , an,
eu , qui n’ayant plus qu’un Son ne
peuvent être appellécs Diphthongues
pures. J’ai trouvé une vieilft Gram-
maire Françoifc & Allemande , où ce-
lui qui la faite > nomme ccs fortes
Ch AP. IV. Des Syllabes . $y
de {yllabes Monophthongues i difant,
que toute fyilabe compofée de .p'lu-
fie'urs voyelles , dont on fait valoir
tous les Sons en la prononçant, doit
être appellée Diphthongu: ou Triph -
tbongue : Qifon la nomme Dipbthon-
gue quand elle eft compofée de deux
voyelles, dont les deux Sons fefont
entendre en la prononçant , comme
vous pouvez remarquer en la premie r
fyilabe du mot de cocffe , oùl’o & Ve fe
font entendre tout deux diftinéte-
rnent; & qu’on la nomme Triphrhon~
gue, quand elle eft compofée de trois
voyelles, dont les trois Sons fe font
fentir en la prononçant. Les François
n’en ont point i mais le mot Latin
jilueaHa nous en pourrait fournir un
exemple dans fa fécondé fyilabe , qui
eft laea t fi Vu de cette fyilabe eft
voyelle, comme quelques uns le pré-
tendent i car il y en a d’autres qui
foûtiennent que les Romains ont eu
de tout tems des v confoues : fi cela
çft , il faudrait dire Alvearia , & non
jihtearia i & pour lors la fyilabe vea
ne ferait qu’une fyilabe à deux Sons ,
au lieu quelle en aurait trois, fi Vu
de uea èrait Yoyelle , parce qu’on pro-
86 Ch ap. IV. Des Syllabes
nonceroit a luea ria , Si non al vea ria '\
Si par confequent la fyllabe tnea feroit
Triphthongue . Sciopius prétend que
Vu a toujours été voyelle j Si Vofïîus
fondent le contraire. Comme il
nous importe peu li Vu d’ A luearia eft
voyelle ou confone , Sc que fur la dif-
pute des Anciens nous pouvons pren-
dre le choix del’ufage ae cette lettre,
je m’en fers comme d’une voyelle en
ce mot d’AlnearU , pour vous don-
ner l’idée d’une Triphthongue. Si au
contraire une fyllabe eft compofée de
plulieurs voyelles , qui cependant nç
produifent qu’un Son lorfqu’on la
prononce, comme en ce mot beau s
dont les trois voyelles ne font qu’un
Son, on doit l’appeller Monophthon-
gue j car le mot de Adonophthongue
(ètartt compofé des mots Grecs
Si de s qui tous 'deux fignifient
mot pour mot ,/eul Son , ) doit ligni-
fier une fyllabe à un Son.
Dam. Je trouve ce mot , quoi que
rare, allez propre pour l’inftruétion
que vous voulez donner de ces fortes
de fyllabes.
Phil. Je ne m’en voudrois pas lervic
ailleurs que dans ce Livre ; Mais coin*
Chai». IV. Des Syllabes, gj
Jtne je trouve ce mot de Àlonophtloon -
gue plus court & plus commode que
celui de Diphtloonguts impropres , ou
faujfes Diphthongues ; ou comme d’au-
tres difenc , doubles voyelles & triples
voyelles ,à l’égard des fyllabes ai, ei,auy
eu y ou y eai , eau > aou ; je fuis d’avis de
m’en fervir toujours dans îes préceptes
que je propofe pour la prononciation
jde ces fortes de fyllabes.
Damon. Il eft vrai que de quelque
maniéré qu’on nous enfeigne une
Science , pourvu que ce foit par une
méthode fûrc & aifée , il nous doit
être indifférent comment nous l'appre-
nons ; & les Maîtres doivent être libres
fur les termes dont ils fe fervent pour
îes préceptes qu’ils donnent à leurs
JEcoliers , pourvu qu’ils ne s’écartent
point trop des termes ordinaires de
leur Art, & que les noms qu’ils éta-
blirent pour l’inftru&ion de leurs Ré-
glés , puiffent donner une bonne idée
lies chofes qu’ils veulent exprimer:
Mais paflons à l’explication des Syl-
labes.
Dam. Combien avons-nous de ces
Monophthongues en notre Langue.
PhiL II n’eft pas encore tems de vau*
$8 Ch AP. IV. Des Syllabes]
répondre là-delfus, il fuffit que vous
fçachiez ce que c’eft que Monophthon-
gue & Diphthongue , avant que de
palier à l’inftru&ion des fyllabes.
Vous voyez par tout ce que je viens
de vous faire entendre des fyllabes ,
que ce font des copies des Sons de
nos Paroles. Le Son reprefente a l’o-
reille l’image d’une partie de la Pen-
fée , & la Syllabe reprefente à nos
yeux fijr le papier l’image du Son,
qui feul , ou joint avec un ou plufieurs
autres , forme une Parole. Enfin le
Sonconfifte en l’adtion de la voix, &
la Syllabe en la repréfentation qui
s’en fait fur le papier par l’affemblage
des lettres.
Damon. Je vous entend fort bien ;
mais revenons à nos Dipthongues
& Triphthongues : Eft-il bien polïî-
ble que nous n’ayons aucun mot en
notre Langue qui ait une Syllabe à
trois Sons. On peut fournir aulU
un exemple de Triphthongue à ceux
qui fçavent l’Italien , par le mot de
miel , qui n’a qu’une Syllabe , &
dans laquelle on entend trois Sons
Allez diftin&ement > Çe mot lignifie
iss miens j on y prononce IV qui eft
* \
Ch AP. IV. Des Syllabes. $9
entre les deux i , comme fi c?ètoit *
un ai , & comme fi le mot ètoit orto-
graphié en la manière qui fuit miaiy ;
ainfi en prononçant vîce & fubtile-
ment le premier & dernier i, de ce
mot qui n’a qu’une fyllabe , & renfer-
mant par la fubtilité de la prononcia-
tion ces deux Sons avec celui du mi-
lieu de ce mot , en fa feule fyllabe , on
fait une véritable Triphthongue.
Dam. N’avez-vous plus rien à dire
de ces fortes de fyllabes.
Bhil. Non , ni d’aucune autre fyl-
labe pour le pré fi* ni : Nous allons
parler de la compofition des Mots. '
CHAPITRE V.
De la Compo/îtion des Mots .
PH 1 l 1 ht e : Comme une feule
voyelle peut faire une fyllabe ,
une feule fyllabe peut auflî faire un
mot , ainfi que vous voyez par les
exemples qui fuivent, a, la .fin, il,
tft, feul , aux i champs.
Tous ces petits mots que je viens
5>o Ch* V. De U Comyofition
de vous nommer s’appellent Mono-
syllabes ÿ c’eft-à-dire mots d’une feule
iÿllabe , comme vous pourrez remar-
quer, fi vous vous donnez la peine
de les èpeller.
Les mots qui font compofés de
deux {ÿllabcs : comme , jufte ; fan-té';
def-tin , fe nomment dijfylabes , Ceux
qui font compofés de trois (ÿllabcs :
comme ceux-ci , Hor-lo-ger ; for-tn-nej
am-bi-gu , s’appellent trijjylabes. Tous
les autres mots compofés de plus de
trois fyllabes : comme , in-fen-fi-ble ;
def- a-gre- a-ble ; im-per-ccp-ti-ble -
ment : Conf-tan-ti-no-po-Ü-tain , &c.
s’appellent Polijy/labes : mais de tous
ces termes je ne voudrois me fèrvir
que du mot de Monojyllabe qui eft
afièz en ufage , pour fignifier un mot
qui n’eft compofé que d’une fyllabe,
& dont nous aurons fouvent be/oin.
Pour ce qui regarde les autres mots
qui font compofés de deux , trois ,
quatre , cinq fyllabes & plus , je les
nommerois , mots de plufieurs Sylla-
bes ; ou pour le dire en un feul mot,
des Polifjllabes . Voila tout ce qu'on
peut dire de nos Lettres & de nos
des Mots . «Jî
Syllabes 3 mais ce n’efl: pas encore ak
iez , il faut parler de l’ordre des fylla-
bes , & du nom qu’on leur donne
fuivant le rang qu’elles occupent dans
un mot.
Dam. Ditcs-moi premièrement d’où
vient ce mot de Monosyllabe?
Phil. Ce mot vient des mors Grecs
(jlci o< qui lignifie feul , & de oukk* /?»'
qui fignifie fyllabe , comme qui di-
rait feule fyllabe i Ainli Monofyllabe
veut dire , mot d'une feule fyllabe :
Dijfyllabe , Trisyllabe Polifyllabe
font auffi des mots tirés du Grec :
Diffyllabc lignifie deux fyllabes i Trifi.
fyllabe lignifie trois fyllabes ; & Poli-
fyilabe , plufeun fyllabes ; ce mot
vient du Grec oro\ô< , qui lignifie beau-
coup , plufeurs : Du mot de «s-exur
avec celui de svWaGh on a fait ce mot
de ’?roKvcv*\ct(lo< qui fignifie mot de
flufieurs fyllabes .
De l'ordre des Syllabes .
Phil. Lors qu’on veut exprimer,
l’ordre des Syllabes que contient un
jnot,& le quantième rang qu’elles y
Ch. V. De U Cotntojîtion
occupent : Si le mot eft de deux fylla^
bes , comme défit» , on nomme la
première iyllabe qui eft des, pre-
mière fyllabe ; & la féconde qui eft
t i U , la derniere fyllabe : Si le mot
eft, de trois fyllabes comm z général %
on nomme la première gé, de même
que dans tous les autres mots , & on
recommence par la derniere qui eft
ral , qu’on nomme aufîi de même der-
niere fyllabe , & en rétrogradant on
nomme la fyllabe n e' , pennltieme fyl-
labe , au lieu de la nommer > fécondé
fyllabe ;• Si le mot eft de quatre fyl-
labes , comme infenfible , après avoir
nommé la première qui eft in , Sc la
derniere qui eft ble , & enfuite la
pénultième qui eft fi , on nomme la
fyllabe s e i* , /’ antépénultième , au lieu
de la nommer la fécondé fyllabe : Si
le mot eft compofé de cinq ou fix
(yllabes , ou plus , comme cha-ri-
ta-ble-ment ; im-per-cep-ti-ble-ment }
après avoir nommé la premicre &
derniere fyllabe du mot impercepti-
blement , qui (ont im & ment , & en
rétrogradant , la pénultième & l’ante-
penultiéme de ce mot , qui font ble Sc
des Mots, <jj>
i fi , on recommence par la tête du mot.
Se on nomme la fyllabe per, fécon-
de fyllabe , & la fyllabe cep, troific-
. me fyllabe , & ainfi du refte , félon la
quantité des fyllabes qui reftent avant
la pénultième & l’ante-penultiéme.
Enfin lors qu’on veut parler du rang
des fyllabes d’un mot , on. ne parle
jamais de fécondé & troifiéme ou qua-
trième fyllabes, qu’aux mots compofés
de plus de quatre fyllabes.
Di tnt. D’où viennent ces mots de
fcnultiéme & antépénultième ?
Phil. Pénultième vient du mot La-
tin penultima , qui fignifie prefque
derniere : il cft fait de deux mots de
penè , qui fignifie prefjue , & Sultima,
qui fignifie derniere . Antépénultième
eft fait du mot Latin uintepenultinta ,
qui eft fait à' ante, qui fignifie avant,
& de penultima , avant la pénultième :
de forte qu’ Antépénultième fignifie la
fyllabe qui cft: avant la pénultième.
Âinfi nommant toutes les fyllabes du
mot Confantinopolitain , on commen-
cera par la première qui eft Co ns, Sc
en reprenant par la queue du mot ,
on nommera la fyllabe tain lader-
$4 Ch. V. Ve la ComjyoJitioÀ
niere fyllabe ; de enfuite la fyllabe l »
la -pénultième , & la fyllabe po l 'anté-
pénultième : de en remontant par- la
tête du mot , on nommera la fyllabe
T An la fécondé fyllabe > la fyllabe ti
la troifème fyllabe , & la fyllabe no
la quatrième fyllabe , de ainfî du refte,
fi le mot ètoit de plus de fyllabes que
celui-ci , ce qui cfl fort rare. Voici
des exemples de la maniéré qu’on
nomme ces Syllabes , par les mots qui
fuivent , où vous trouverez par les
caractères qui font au-deffous de cha-
que fyllabe , comment il les faut nom-
mer. Vi fignifie la première ; le d , la
derniere ,• le p, la pénultième ; l’a, l’ an-
tépénultième i le 2, la deuxieme s le 3*
la troifeme ,* le 4. , la quatrième,
Feftin Fef-tin .
i. d.
Scnfîble Sen-f-ble.
i. p. d.
Scnfiblement . . . Sen-fi-ble-mcnfc
1. a. p. d.
Infenfîblemcnt . . . In-fen-fi-ble-mentl
x. 1. a. p. d.
des Mots.
Imperceptiblement . Im-pcr-cep-ti-ble-
1* 2* 3» p*
ment.
a.
Conftantinopolitain. Conf- tan - ti-no-
i* z*
po-li- tain.
a» p» ci*
X>4W. Quelle utilité tirerai-je de
fçavoir le quantième rang tient une
fyllabe dans un mot ?
Phil> Cela ne nous fervira que dans
le cours de rinftruétion des réglés
qu’on propofe pour la jufte pronon-
ciation *, Et comme il faut fçavoir in-
difpenfablement la mefure que la fyl-
labe d’un m >t doit avoir , c’eft-à-dire
le tems qu’on doit être à la pronon-
cer , félon lequel les unes font appel-
lées longues , & les autres brèves ;
Et qu’il faut auffi fçavoir diftinguer
les e mâfculins , féminins , ou ou-
verts qui {è trouvent dans une fylla-
be : il faut bien la fçavoir nommer,
félon le rang qu’elle tient dans un
mot , & la fçavoir faire connoître à
ceux à qui on en veut donner quel-
\
$£ Ch. V. De U Compofithtt
cjucs préceptes.
D(im* Quÿntendcz- vous par cc$
tnots de longues Ec de brèves .
Phil . Je vous l’expliquerai ailleurs J
mais je vous dirai toujours par avan-
ce qu’en notre Langue , comme en
toutes les autres , on ne prononce pas
toutes les lÿllabes dans des tems égaux;
& comme on eft plus de tems à pro-
noncer une fyllabe qu’un autre , on
nomme Longue celle fur laquelle on
s’arrête davantage , & on nùmme
Brève celle qu’on prononce avec
plus de promptitude ; vous avez des
exemples de ces Longues Ec Brèves aux
mots fuivans , âme 5 Reine , grâce ,
qui ont leurs premicres fyllabes lon-
gues s parce qu’on eft une fois plus
de tems d les prononcer , que les
fyllabes qu’on nomme brèves , telles
que font celles des mots fuivans ,
JDame , peine , trace , dont l’oreille
connoît qu’elles fe prononcent avec
plus de vîteftè , que celles d’^me , Rei -
ne Ec grâce ± Ec qu’il faut une fois
moins de tems pour prononcer ces
fyllabes brèves , que les longues. Et
comme tout le monde ne connoît pas
Us
des Mots /
les fyllabes longues & brèves de no-
tre Langue , & que les principaux pré-
ceptes de notre prononciation doi-
vent fournir des réglés pour connoî-
tre la différence de ces fyllabes. Il faut
indifpenfablement que vous fçachiez
le nom qu’on donne aux fyllabes , fé-
lon le rang qu’elles occupent dans
un mot, afin que quand on vous mar-
quera par quelques préceptes , que
tels & tels mots ont la pénultième,
ou l’antepenuItiéme , & la première
ou féconde , longue ou brève , vous
entendiez ce qu’on vous dit. Ainfi
quand on vous dira que le mot d ' A-
poflre , a la pénultième longue , 8c
que celle du mot apoftS eft brève,
vous comprendrez qu’il faut pronon-
cer la fyllabe pos du mot d Apoftre,
une fois plus lentement , que celle du
mot apofté : Si on vous dit que la
première fyllabe du mot à' Antoine eft
longue , & que la pénultième en eft
brève , vous connoîtrez qu’il faut de-
meurer plus long-tems fur la fyllabe
An du mot Antoine , que fur la pé-
nultième qui eft toi , 8c qui eft brève.
Et fi on vous dit que la première 8c 1*
$8 Ch. V. Ve la Comfofition
derniere fyllabe du mot François (ont
longues , vous .vous étudierez à pro-
noncer la derniere (yllabe avec autant
de lenteur que la première. Mais ou-
tre l’utilité que vous pouvez tirer de
la connoiflànce du nom des fyllabes,
félon quelles font placées dans un
mot, pour connoître les longues &'
les brèves ; elle vous fert encore à
apprendre la différence des e de notre
Langue. Si vous voulez, par exemple,
fçavoir comment vous devez pronon-
cer les e qui font au mot Reglement,
on vous dira que Ve de la prenjiiere
fyllabe de ce mot eft ouyert /, c’eft-à-
dire, qu’il fe prononce comme Ve du
mot cher , & que celui de la pénul-
tième de ce mot eft fermé , c’eft-à-dirc1
'qu’il fe prononce comme Ve du mot
Jante , Sc par cette leçon vous con-
noîtrez parfaitement de quelle ma-
niéré il faut prononcer ce mot : Si ce
- mot de Reglement fignifie uneOrdotu
nance , ou une chofe qu'on réglé , ejuon
a réglé' , ou cjuon réglera , & qu on
vous dife que Ve de fa pénultième eft
féminin , & qu’il fe prononce comme
l’tf dans ces mots borne , forte , rude :
\
des Me fs'.
Vous ferez aifément la différence de la
lignification de ces mots , en pronon-
çant cet e y d’une manière aulli four-
de & auffi imperceptible que celle de
Ve accentué du premier mot de Regl/-
ment y eft claire 8c fenfible à l’ouyc.
Voila* tout ce qu’on peut dire des let-
tres 8c des fyllabes des mots , qui
compofênt tout le difeours que nous
faifons en parlant , en lifant 8c en
écrivant. Parlons maintenant de la
maniéré de les bien prononcer.
CHAPITRE VI.
De la Maniéré de bien -prononcer
les Sons & les Paroles , en par*
lant & en lifant.
PHilinte : Je vous ai déjà dit qud
la régularité de la prononciation
de nos mots, confifte en quatre points,'
qui font. i°. De bien articuler nos
Sons & nos Paroles , félon notre ma-
niéré naturelle 8c idiotique de les pro-
noncer. i°. De- bien diftinguer la pro-
Eij
ioo Ch. VI. Maniéré de prononcet
nonciation de nos e , 8c de ne pas
prendre un e ouvert pour un é fermé,
ni un e féminin pour un /fermé ; car
c’eft en la prononciation de cet e , que
pèchent non feulement les gens de
Province & les Etrangers -, mais en-
core des gens élevés à la Coûr & à
Paris. 3°, De bien diftinguer les Syl-
labes longues 6c brèves de nos mots,
&c de les prononcer naturellement,
félon l’ufage des honnêtes gens fans
y rien changer, comme font quelques
ignorans , qui croyent qu’une fylL.bc
brève a quelque chofe de plus mi-
gnard qu’une fyllabe longue , ou de
prononcer une longue au lieu d’une
brève , par un cfprir de groflicreté ou
de mifantrope , craignant de palier
pour gens efféminés qui. ont plus de
foin de bien parler, que de bien penfer.*
Car en matière de Langue , il faut
fuivre aveuglément J’ufage des hon-
nêtes gens & fans raifonner, quelque
raifon qu’on ait d’en reformer l’abus,
quand il a une fois pris droit de Bour- * ;
geoilie , s’il faut ainlî dire , en une
Langue , foit par Ion ancienneté ou
par la prote&ion & l’authorité des
. «■ -
lis Sons & les r drôles , dre. ibi
gens qui le confcivenr. 40. De pro-
noncer à propos les Confones finales
des mots qui font mis devant d’autres
qui commencent par des Voyelles,
de faire élifion de celles qui ne fe
doivent' pas prononcer j &: encore
moins d’ajourer une Confone d un
mot qui n’en dort point avoir, ou de
changer la confone finale contre une
autre.
Dam. Je n*cnten$ pas ce dernier
point : N’avons- nous pas une Règle
générale , qui dit que toute confone
• finale fe p.ononce devant un mot qui
commence par une voyelle } & ne dit-
on pas , il écrit , on attend , vous hes ;
les singes , vos en fan s , & c ? Et avons-
nous pas une autre réglé toute ccn-
. traire , dont l’ufage nous oblige de ne
. point prononcer les confones finales,
quand les mots qui les fuivent com-
mencent par des confones j comnffe ,
il fait , on lit , vous dites , les mains ,
vos parens , qu’on prononce à peu
p;ès comme s’il y avoir , if ai, onli,
voudite , lémains , vauparans ? L’ufa-
ge de cette prononciation eft fi bien
établi & fi généralement reçu , qu’il
E Üj
*
’ioi Ch. VI. Maniéré de prononcer
va jufqïi’à nos Païfans , qui s’apper-
cevroient de la faute qu’on feroit , fi
on prononçoit autrement devant eux»
Phil. Je demeure d’accord que vo-
tre Règle eft fort bonne & fort feure,
mais cette Réglé eft conditionnelle 5
elle a (es exceptions , que non feule-
ment les Païfans ignorent , mais ruflï
des gens fçavans & polis, & qui même
fe mêlent de parler en public. Vous
nïgnorez pas, par exemple, qu’il faut
prononcer on écrit , comme fi IV fina-
le d’on ètoit jointe à la lettre qui eft
au commencement du mot qui la fuit,
qui eft celui d’écrit , & comme s’il y
avoir on-néert; mais vous ne fçavcz pas
que c’eft mal dit de prononcer IV du
mo ton, quand il Ce trouve dans une
autre fituation, telle que celle où il
pourrait être en cette Phrafe 3 A-t-on
averti ces Aiejfieurs ? Sc que c’eft
prononcer en Normand de dire ,
atonaverti ces AfeJJïeurs ? vous pro-
noncez IV du mot de bon , quand il eft
fuivi d’un fubftantif qui commence
par une voyelle y comme , ami ; St
vous ne faites point de difficulté de
joindre IV de bon , avec IV d’ami » Se
les Sons &les Taroles, &c. ioj
de dire un bon- n ami , 5c c eft ainfi qu il
le faut dire aufll. Mais fi vous enten-
diez quelqu’un joindre cette n avec
la voyelle d’un autre mot , qui ne 1c-
roit point fubftaiitif, & prononcer
„ bone'bo , pour dire , bon & beau : cette
prononciation vous paroitroit- elle
bien régulière ? Que diriez-vous d un
homme qui diroit , du ruban na la
mode , demain-n ntt matin , pour dite,
d:t ruban à la mode , demain au ma-
tin , fans articuler Yn finale de ces
mots , 5c qui dans le difeours familier
prononceroit ces mots \ Nous fommes
auffi bien inffruits de cette affa're que
vous , comme s’il y ayoit, noufomex
atîjfi bien ’injfruits de cette affaire que
vous , pour dire , nou fomauffi bien
in (fruit s de cette affaire que vous j Sc
de celui qui diroit, je n’en ai pointu >
pour d re , je nen ai point eu , quon
doit prononcer comme s il y avoit ç
je n.en ai poin u , fans pourtant fai-
re fonner Yn , comme font quantité
de Badauts , qui difent , je nen ai
poin nu . t
Dam . Je ne demeure pas tout a
fait d’accord , que ces mots , no»
„ E wj
104 Ch. VI. Maniéré de prononcer
JomezjauJfi y foient mal prononcés j Qc
je les trouverois même plus réguliers
que noufomaujf'u'
Ph i- Cen’eftpasici le lieu de dif.
putcr de cette prononciation. Qu^nd
vousaurezvù les Règles que j’en don- >
ne, vous demeurerez d’accord que cet-
te prononciation de non fonse^anjjt, cil
contre le bel Ufage,& même co’ntrc les
Réglés. V. le Ch. des Confoncs finales.
Dam. Qui eft ce qui nous affinera
du bel Ufâge ? car je croi que chacun
le cro;t avoir , & il y a très - peu de
gens qui fe rendent jufticc là-dcffus.
Exceptez la Normandie , la Picardie
& la Gafcogne , où la prononciation
eft tout-à-fait éloignée de notre ma-'"
niere idiotique de prononcer s je vois
très-peu de perfonnes diftingués dans
les autres Provinces , qui ne fe pi-
quent de t; es -bien prononcer (a
Langue.
Phil . Il cft- vrai que la plupart s’en
piquent , Sc je demeurerai même d’ac-
cord qu’on y parle aulfi bien & auffi
régulièrement qu’ailleurs , 8c je n’en
veux pas même exclure les Normans,
les Picards 8c les Çafcons , qiii ècri*.
les Sons & les Paroles, &c, iof
vent 8c parlent fort régulièrement ,
& même avec beaucoup de politeflè.
Mais tel s’exprimera avec beaucoup
~de pureté 8c de netteté de langage,
çn parlant 8c en écrivant , qui n’aura
ni régularité , ni politeflè dans fa pro-
nonciation , 8c c’eft ce qui fe rencon-
tre (ouvent parmi les gens de Provin*
ce; car il eft certain qu’il y en a très-
peu qui ne faiTent de lourdes fautes
dans la prononciation , 8c particuliè-
rement dans les longues 8c les brèves
de n nos mots.
Dam. Où eft donc l’endroit où on
parle le mieux ?
Phil . Je vous ai déjà dit qu’on par-
le .bien par toute la France t cepen-
dant il faut demeurer d’accord que le
bel CJfage des manières de parler 8c
d’écrire , fc forme pour la plupart à la
Cour 8c a Paris , 8c de là fe va répan-
dre dans les Provinces. Ce n’eft pas
qu’il n’en vienne quelquefois des Pro-
vinces , mais il faut qu’elles s’établif-
fent à la Cour 8c à Paris , avant que
d’avoir cours dans le refte du Royau-
me , autrement elles ne paflent que
pour des idiotifmes particuliers d?
jo6 Ch* VI. Maniéré de ftononcer
Province.
* Dam< Pourquoi voulez -vous que
la prononciation de la Cour & de Pa-
ris (bit plus agréable ? car il me fem-
ble qu’il eft de la prononciation d’un
mot , comme il eft des couleurs j tel
aime le violet , qui n’aime pas le verr,
tel aime une couleur extrêmement
bizarre & defagréable , qui n’aimera
pas les couleurs les plus belles & les
plus agréables aux yeux des autres,
Phil. Il y a bien de la différence
entre le langage & les couleurs *, car
les couleurs, à la refervc de celles dont
on Ce fcrt pour les Livrées , ne diftin—
guent perlonne. Chacun fuit en cela
îon inclination, Sc un homme de qua-
lité paflèra toujours pour ce qu’il eft,
avec un habit 6c des rubans de cou-
leur bleue , rouge ou brune : Pc la
Cour même autorife cette diverfité de
couleurs, puifque c’eft ce qui en fait
l'agréable. Mais il n*en eft pas de
même du langage , car c’eft la mar--
que ellentielle par où l’on diftinguc
tine perlonne qui a eu une belle édu-
cation , d’avec un homme du com-
mun & pial élevé j quelque f$a-
les Sons & les Paroles , &c. 107
vant , qu’il fôir. Et comme la plus
faine partie des gens de la Cour par-
lent un même langage , celui qui par-
le autrement eft regardé comme un
' homme de balle nailtàncc & fans édu-
cation i & la chofe #va fi loin , que
lors même qu’une perfonne de qua-
lité parle mal , on a de la peine à le
perfuader qu’il ait de la naifiance. Vous
voyez donc par là, que c’eft le lan-
gage de la Cour qui fait la Règle
de routes les maniérés de parler du
Royaume *, & que fi on ne s’y con-
forme pas , on s’éloigne de la poli-
tefte &c de la pureté^ qui eft infépa-
rable de notre Langue. Et comme c’eft
une néceffité indifpenfable de choifir
un modèle de langage de d’idiome,
fur lequel on ètablifte les Réglés que
je propofe , je ne puis raifonnablc-
ment en choifir un autre que celui de
la Cour : Et quand même il y en
auroit plufieurs dans le Royaume,
d’auflî réguliers de d’aufli polis dans
leurs maniérés de parler , ce dernier
prévau droit toujours pour deux rai-
fons. La première , c eft parce que
c*eft l’idiome de notre Prince : de
I * vj
io8 Ch. VI. Maniéré de prononeer
l’autre , parce que c’eft fce lieu ou s’aG.
fcmble tout ce qu’il y a de Perfonnes
illuftres & confidérables des Provin-
ces , donc les maniérés de parler font
plus épurées que celles des autres
fcns de leurs Pais > & qui les reti-
ent & poliiïènt encore parla fréquen-
tation de tous ceux qui approchent le
plus de la Per fou ne du Prince *, de for-
te qu’il ne peut manquer que de tous
ccs idiomes déjà fort polis , il ne Ce
forme un langage plus régulier , plus
net & plus épuré que tous les au-
tres* . f .
Dam-. Que dites-vous dû langage
de Paris ?
Phil. le ne fais point de diffé-
rence de .l’un à l’autre s à caufè du
YQiffnage de la.Cour,.
Dam- Je vois pourtant quantité de
gens de Province , qui' difent que-
Paris eft le lieu du Royaume , où on
parle le plus mal..
Phi P, U eft vrai-; mais cela ne dé-
truit. pas ce que je viens d’avancci*
parce qu’il y a des gens à la Cour qui
patient auiïï mal qu’à Paris , mais il
Ü3Ut Ravoir quelle forte de gens font..
les S ons & les Far oie s , érc* iô£
Car je ne parle que des gens les plus
conlîderablcs de ceux qui font allés
polis pour les imiter , & fe conformer
à leur maniéré de parler. Il eft cer-
tain qu’on parle aufti mal à la Cour y
qu’ en aucun endroit du Royaume ; &
qu’on parle encore plus mal à Paris ,
mais ce n’eft pas parmi les honnêtes
gens. Et fi on parle mal à Paris , c’eft
parce qu’il eft rempli de gens de dif-
férentes Provinces , la plus grand*
partie delquels n’ayant point d’habi-
tude à la Cour, & ne s’attachant qu’à
gagner leur vie , confervc toujours l’i-
diome qu’ils y ont apporté de chés-
eux, ou s’en font un autre particulier
fur un autre corrompu , qui eft celui
des petites gens de Paris , qui corrom-
pent encore tous les jours fe leur par
la fréquentation de ces gens de Pro-
vince.
Dam. Ce que vous dites à l’égard
du langage , fe peut egalement dire de
tout ce qui eft a Paris tcar quoi qu’it
foit rempli de gens les plus honnêtes,
les plus civils , &: les plus polis du
monde en toutes fortes de manières;,
il s’y en rencontre encore un. plut.
#
J ' - ' • • . -
no Ch. VI. Maniéré de prononcer
grand nombre de très-mal honnêtes
dcde très - grofliers , non-feulemenr
parmi les petites gens, mais encore
parmi les gens au-defliis du commun.
Il y a beaucoup de pieté , 8c beaucoup
de charité ; mais il y a bien de l’imi*
pieté, beaucoup de dureté 8c d’avarice.
Il en eft de même des arts 8c des mé-
tiers, puifque c’eft l’endroit du Royau-
me où il fe trouve le plus grand nom-
bre de bons ouvriers j cependant on
ne peut pas dilconvenir qu’il ne s’y
en trouve plus de méchans qu’en au-
cune Ville du monde : car s’il y a un
bon ouvrier en France , il vient à Paris'
pour y faire fortune : & s’il y a un
mauvais ouvrier dans quelque endroit
^ du monde , qui n’y puifle gagner fa
vie par fon peu de fçavoir faire , il
vient auffi à Paris , pour y chercher à
travailler 5 ce qu’il trouve facilement,
parce que comme il y a des gens de
toutes fortes de conditions, d’humeur
8c de goût , on y débite la mauvaifê
marchandife, aufli-biên que la bonne.
Phil. Vous demeurez d’accord par
tout ce que vous venez de dire , que
Paris eft le centre de la perfection des
*
les Sons & les Paroles ? &c. m
Arts 8c des Sciences , aufli - bien que
du langage , qui fans contredit eft le
plus idiotique 8c le plus épuré de tous
les autres du "Royaume : 8c c’efl fur
cet ufage que je fonde mes régies , &
que j’établis mes préceptes.
Dam. Prétendez -vous que le lan-
gage de Paris foit auffi régulier 8c
auffi poli que celui de la Cour ?
phil. Il y a très-peu de différence.
Celui de la Cour pourroit avoir un
peu plus de politefTe , & celui de Paris
tant foit peu plus de régularité : car
j’ofe dire que fans la pratique des
gens de Lettres qui fréquentent la
plupart du tems les gens de la Cour,
il ne laidcroit pas de fe glifïer quel-
ques abus dans le langage , qui pour-
roit peu à peu le dépouiller de cet-
te régularité & de cette idiotique ma-
nière de prononcer 8c de parler , qu’il
confèrve depuis fi long - tems. Car
quoi que ce foit Pufage du public qui
èrahlillc la maniéré de parler, & que ce
public foit compofé de tout ce qu’il y
a de gens les plus confidérables 8c les
plus polis dans une Nation , il eft ccr-
tain que c’eft la fréquentation des
m Ch. VI. Maniéré de prononcer
habiles gens qui foûtient 8c confervd
le bon ufage d’une Langue , 8c qui
en corrige les abus , quand il s’en in-
troduit quelqu’un. Cela Toit dit en
paflànt, pour détromper quantité de
gens , 8c principalement les Etran-
gers , qui croyent qu’il y a des Pro-
vinces 8c des Villes en France oè la
prononciation cft aufli bonne 8C
meilleure qu’à la Cour & à Paris ,
comme à Orléans , à Blois , 8c dans
tous les lieux f tuez le long de la
Loire, ouïes maniérés de prononcer
s’écartent tous les jours de la pro-
nonciation naturelle 8c idiotique de
notre Langue. Ce que je prétends
prouver dans la fuite par notre an-
cienne Ortographe , par les mots dont
nous avons formé les nôtres , 8c pat
plulîeurs autres raifons , qui vous fe-
ront demeurer d’accord , que la réglé
8c la raifon ont plus de part dans les
bonnes maniérés de prononcer 8c de
parler de la Cour 8c de Paris , que k
caprice de l’ufagc.
Dam. Je vous entends fôuvent par-
ler de ce mot à' Idiotique ; 8c cepen-
dant je ne l’ai point encore ouï dire
les Sons dr les P drôles , dre. n$
â perfonne. Je vous prie de me dire
ce qu’il fignifie , & d’où il vient >
Phil. Je ne m’en voudrois pas fer-
vir ailleurs , que dans l’inftruàion de
mes préceptes ; mais pufjfque vous dé-
lirez en fçavoir l’explication , j e vous
dirai que je m’en fers pour lignifier
une chofc qui marque le véritable 8c
n .turcl genie d’une Nation ou d’une
Langue : Il vient du mot Grec 7JW ,
qui veut dire en Latin , proprius , pe -
culiarïs , & en François , propre &
peculier , s’il m’eft permis en l’explica-
tion que je fais de ce mot , de Francifer
celui de peculiaris , qui donne une idée
plus nette du mot de propre en ce
fens. D’/JW on a fait en Grec /<Tio7«*
qui lignifie en Latin proprietas , dont
nous avons fait le mot de propriété
D’/V/ornf, IcsGrccs ont fait iS'iuuci qui
lignifioit la même chofe , mais il figni*
lioitaufii une certaine maniéré de par-
ler ou décrire propre & particulière à un
uiuteur. D'/cTWu* on a fait />/wV/c/uor,
qui lignifioit manière de parler tirée
dt* Peuple , d’où nous avons tiré les
mots d Idiome 8c Id otifme. Ce. mot
dé Idiome nous fert pour lignifier uns
H4 Ch. VI. Maniéré de prononcer
façon de parler décrire , particu-
lière a une Ville oh a une Province,
tirée de la Langue générale de la
Nation : Et le mot à' Idiotifme nous
fert à lignifier une façon de parler
détachée des Réglés générales d'une.
Langue , & qui eft particulière
a un langage : Par exemple , fi
quelqu’un difoit , je m en fuis fait
pour deux ecus » pour dire , il ni en
coûte deux ecus , on appelleroir cet-
te façon de parler , je m'en fuis fait,
un Idiotifme Gafcon : Quand je dis ,
vendez, - vous des chapeaux , c cft un
Idiotifme François pour un Allemand
qui m’entendra parler , parce que fé-
lon fa Langue & félon la Latine , il
croira que je voudrai dire, vende f ne
pileorum . Et après lui avoir dit la
ràifon de cette, irrégularité , il appel-
lera cette maniéré de parler propre à
notre Langue un .Idiotifme François .
Par cette explication il cft facile de
connoître la véritable lignification de
ce mot ; car vous voyez que cette ma-
niéré de. parler , vendez,- vous des cha-
peaux"y & celle-ci , mon hofejfe , pour
ma hofejfe ; & celle de prononcer
S » - r< *'*«.»
•c %■ ÎK* , ' *■ >*;' ! s • ' > *./ , \ '• , - V,
les Sons dr les Paroles , dre. iif •
‘ /avais , au lieu de j’avois , ont été
tirées du commun ufage du Peuple ,
& que par leur antiquité elles Ce font
comme naturalifés en notre Langue :
C’eft pourquoi un Auteur Latin a dc-
fini le mot à'Idiotifme par cette Phra-
Ce,-Genuinus & non adultérât us lo-
quendi modus , qui figmfie en notre
Langue façon de parler , naturelle &
. fans, aucune alteration. Ainfi en par-
lant d’une Langue des maniérés de
parler qui y font affectées , je croi
qu’on ne peut employer un terme
plus expreffif que ce mot à'Idiotique ,
pour dire naturel ou naturelle & fans
aucune corruption. Patîbns à d’autres
leçons , & parlons de la valeur de cha-
cune des Lettres de notre Alphabet.
i
Il 6 Ch ap. VII. De la valeur
CHAPITRE VII.
De la valeur des Lettres de /’ Al~
phabct de notre Langue , & de
quelle maniéré elles fe doivent
prononcer.
PH i l i n t e : Nous avons ample-
ment pa'lé delà manière de fer-
mer & d’articuler les Sons de nos
Paroles , & comme nous les çara&é*
riions fur le papier. Nous avorîs ex-
pliqué ce que c’eft qu’une Lettre , ce
que c’eft qu’une Syllabe. & de la ma-
nière qu’on l’aftemble avec une autje
dans l’Ortographe , pour marquer les
paroles qui compofcnt notre difeours.
U ne nous relie plus qu’a parler de la
Valeur de chaque Lettre en particu-
lier & de l’emploi que nous en fai-
sons , pour caraétérifer tous les Sons
de nos Paroles.* Vous Içavez que no-
tre Alphabet eft compofé de Voyelles
de Confones. Commençons parla
première forte de ces Lettres.
des lettres , &C, ivf
Nous avons fix Voyelles qui font,
rjA. E. /. O- V* T. avec lefquclles
nous caraétérifons généralement tous
les Sons qui peuvent entrer dans la
Compofition de nos mots , & fans lef.
quelles il cft impofTi Slc-de former une
fyllabe ni un mot François. Vous en
avez des exemples en ces cinq mots,
uil-ma nac , dé-tré-né-rer , fi-nir , ho-
I f ° ^
no-rt , u-jH-rc , myr-tc.
Dam, Toutes ces Voyelles fe pro-
noncent-elles par tout , de même que
vous venez de les prononcer }
Phil% Oiiy , exceptez quand on
les joint avec d’autres Voyelles , com-
me j’ai déjà dit , où pour lors , elles
changent de Son , comme lors que
vous mettez un e avec un u , un a
avec un i , ou un o avec un », &
ainfi du refte j car pour lors le Son
de Vu (c change en celui d 'eu : celui
de Vi fe change en celui d 'ai ; & ce-
lui de Vu en celui d 'ou. L’ e change
auflï quelquefois de Son devant unç
m , ou n , comme on peut remarquer
aux premières {ÿlhbes des mots fui-
yans , employer , enfant , entendre •
Il y a auili d’autres Voyelles qui
*i$ Chap. VII. De U valeur
fe prononcent une fois plus lentement
que les autres , félon les lettres qui •
les fuivent ou qui les precedent >
comme en ces mots , beauté & bot/ ,
r où vous voyez que la première fÿlla-
be du mot de beauté fe prononce
avec plus de lenteur, que celle du
mot b oté*
La Voyelle e ne fe prononce pas
toujours comme au mot dégénérer > 4
car il y a des fyllabes où elle fe pro-
nonce comme la double voyelle ai >
comme vous pouvez remarquer au
mot cher, ou Ye (e prononce comme
lai du mot chair j & il y a des fylla-
bes où cette voyelle e , ne s’entend -
presque pas 5 comme en ces mots ,
tafetas , rude , borne. Bt vous devez
fçivoir que cette différence de pro- j
nonciation eft auffi fenfîble & aufïi ai-
fée à connoître , pour peu qu’on ait
d’oreille , que celle que vous pouvez
trouver en la prononciation de 1 i ôc
de P u. Je vous cite ces deux Let-
tres pour exemple , parce qu’il y a des
Nations qui confondent fouvent les
Sons de ces deux lettres * & h , SC
• qui ont plus de peine à les diftinguer
des Lettres , &c. n$
que nos François, à connoîcre les dif-
férens Sons de nos >.
Dam. D’où vient que nous n’avons
point de Lettres pour caraétérifer les
difFérens Sons de ces e ?
Pbil. Je croi que cette differente
prononciation des e , ne sert établie
qu’après l’Invention de notre écriture
Françoife. Je fç^i bien que nous avons
une forte dV , dont la prononciation
n’a jamais été en ufage parmi les Ro-
mains ni les Grecs , qui eft Ve que
nous appelions féminin , dont le Son
n’a pretque aucun rapport avec celui
de nos autres e. Pour moi je croi
qu’il nous eft venu des Alemans &
des Peuples Septentrionaux, après que
les François Le furent emparés des
Gaules & qu’ils y eurent établi une
partie de leur Langue , dont il fc
forma un langage moitié Aleman ,
moitié Gaulois 3 parce que ces Na-
tions , tout .au contraire des Romains,
aimoiçnt fi fort la prononciation des
Confbnes , qu’ils mangeoient , com-
me ils font encore , la plupart des
voyelles qui fe trouvoient dans les
mots de plus de deux fyllabes , 8c par- *
no Chap. VIÎ. Ve ht valeur* "?j
ticulierement les voyelles des fÿlIàbeS
finales de leurs mots i comme on peut
remarquer en ces mots Alemans ,
Lieben , Jlfunfter > Wolle , ou 1 e de
la première fyllabe du mot Lieben , • ’
ne s’entend point du tout , & celui
de fa derniere fyllabe a le Son de no-
tre e final qui fe trouve fans accent,
comme en ces mots , Scribe , plante ,
borne \ Celui de Manjler Tonne com-
me celui de notre mot de Chaperon ,
quand nous le prononçons dans les
Vers , c’eft-à-dire en trois fyllabes , |
Cha-pc-ron : & ils prononcent celui
du mot Welle , comme notre e final
Tans accent.
Dam . Ils prononcent donc Ve du
mot Manfler, à peu près comme nous
prononçons notre double • voyelle ,
CH ? . {
Phil. Il entre quelque chofe de ce ]
Son dans la prononciation qu’ils font
de ce mot , & dans celle qu’ils font
de tous leurs mors de plus d’une fyl-
Iabe terminés en er ; tels, que {ont
ceux-ci , Mut ter , W ’ider 5 Brader :
Mais ils ne prononcent pas IV avant ,
Ve , comme beaucoup de François
croycnt
des Lettres > iiï
-croyent j car quand ils entendent pro-
noncer ces mots par les Alemans , ils
croyent quils difent Munfire , mou -
ttVyWidre , brou dre. S’ils veulent bien
faire réflexion fur la prononciation
que nous faifbns nous- memes du mot
jïmfterdam , ils comprendront facile-
ment la prononciation de cet er final ,
car nous ne difons pas tout à fait
u4?njfrcdam , & il ne s’en faut guères
que nous ne prononcions Am Cteur-
dam s mais cette prononciation de
teur Ce fait d’une manière fi brève par
ceux qui pronpneent , qu’on ne s’ap-
perçoit pas que Ve de cette fyJIabe fe
prononce comme la fyllnbc eu. Il n’y
a pourtant rien de plus vrai , & on doit
prononcer ce mot d ' Amfterdam , com-
me je viens de le dire. Cela foit dit
en palfant pour ceux qui difent , l’ZT-
vêque de Munftre , ou V Evêque de
Munflêr , comme s’il y avoit Munfi-
tain car il ne faut prononcer ni d’u-
ne manière , ni d’une autre , mais feu-
lement comme fi Ve de ce mot ètoic
féminin , comme il l’cft en effet 5 &
c’eft auffi pourquoi j’ai dit qu’il fc
prononçoic comme Ve de chaperon i
F
ju Chap. VIL Ve la valeur
car fi vous prononcez ce mot en trois
fyllabes, vous trouverez que dans les
deux premières fyllabes qui font cha-
-pe ,\'e eft finis. doute féminin ; &c Ci
vous ajoutez à chape la fyllabe ron ,
vous prononcerez a peu près chapett—
ron } de forte que fi nous ne pronon-
cions pas la fyllabe peu avec laprom-
titude que nous failons , on 1 enten-
drait diftin&emcnt. Mais comme je
viens de dire , on prononce cet e
d’une maniéré fi brève , que c’eft: touj:
ce que peut faire l’oreille la plus dé-
licate., que de s’en appercevoir.
Nous avons de certains mots en
notre Langue , dont la fyllabe re fe
prononce encore , par quelques gens
du menu peuple , à peu près comme
celle d’er d.ns le mot uimferdam ,
tels que font ceux-ci', Bretagne, Bre-
ton , brebis , bretelle , frelater , qu on a
prononcé & écrit autrefois Bcrtagne ,
Ber ton , berbis , berteîle , ferlater; l’on
écrit encore berlan , & cependant on
ne prononce pas berlan , c eft-a-dire
la fyllabe ber comme celle de berceau ;
ceux qui veulent prononcer ce mot,
comme il eft écrit , prononce à pep
des Lettres a &c. 115
•près beurlan .
-D,*?». Vous me parlez là d’une
prononciation bien irrégulière , il me
fdünble qu’il n’y a plus que quel-
ques vieilles gens , ou des petits
Bourgeois de Paris , qui prononcent
heurt an pour brelan.
Phil. Je ne vous cite pas cette ma-
niéré de prononcer , afin que vous la
fuiviez : ce que j’en fais n’efl: que
pour vous faire comprendre la pro-
nonciation de Ver t dont nous venons
de parler , & pour vous faire fçavoir
la penfée où je fuis , que nos an-
ceftres ont prononcé ces mots de
Bretagne , bretelle , brebis , comme ils
les ècrivoient 5 & je ne doute pas
qu’on n’ait auflï prononcé & écrit
ces mots d z frétiller , fredonner , fre-
later , comme fertiller , fer donner , fer-
lât er ; 8c cela eft fi vraisemblable *
que la plupart des vieilles gens qui
font dans les petites Villes & même
dans Paris , ont de la peine à pro-
noncer tous ces ‘mots autrement. Je
connois même quantité d’honnêtès
gens 8c qui parlent bien , qui ont en-
tore de la peine à prononcer la pre*
1*4 Ch ap. VII. De U valeur
miere iyllabe de frelater , & qui pro-
noncent prefque toujours feurlater.
On n’a point en-cote décidé fur la
prononciation St la maniéré d’ortb-
graphier le mot de brelan : car les
uns difent berlan , & l’cowvent de
même 5 St les autres brelan , & récri-
vent autfî de même. Cette incerti-
tude confirme tout ce que je viens
d’avancer.
Dam. Les Alcmans ne prononcent-
ils point leurs e autrement que vous
venez de le faire entendre 2
Phil. Ils ont encore le ouvert
qu’ils prononcent comme nous , St
Ve fermé qu’ils prononcent a peu
près comme nous , mais non pas fi
diftin&cment ; je croi même qu’ils
ont contra&é cette prononciation d'e
des Romains ; & ce qui me confirme
dans cette^ipinion , c’eft ce peu d’in-
clination qu’ils ont pour la pronon-
ciation des voyelles , qu’ils n’ont ja-
mais prononcé d’une manière fort
diftinéte , comme on peut encore re-
marquer , fi l’on veut bien faire at-
tention fur la prononciation qu’ils fe-
ront en lifant quelque difeours La-
des Lettres , &c. n$
tin •} mais cela n’eft pas de notre
inftru&ion. Revenons à la raifon
pour laquelle nous n’avons qu’un ca-
ractère , pour marquer fur le papier
les trois différens Sons de nos e , &C
demeurons d’accord apvès tout , qu’on
n’en (çaiiroit donner d’autre raifon,
que l’ufage de notre écriture qui ne
l’a pas encore établi ; Mais il y a lieu
d’efperer , que s’il ne s’y en établit
point , on trouvera peu à peu des
moyens de différencier ces e , par de
petites marques qu’on pourroit met-
tre au-deflus , comme je l’ai déjà dit
ailleurs, & dont je parlerai pins am-
plement au Chapitre particulier que
je fais des e François. Tout ce que
nous avons à dire à prefent , c’tft que
nous en avons trois , dont l’un eft
mafculïn , &c qui à la fin des mots fe
‘marque d’un petit - tiret au-defTus ,
tiré de la main droite à la gauche ,
comme vous voyez en ces mots, fau-
te', bonté , Café. L’autre s’appelle e
ouvert , qui fe trouve ordinairement
à la fin des mots fuivi d’une confone,
comme , fec , bonnet , cher , &c. 8c
il fe prononce comme notre double
i%6 Ch ap. VU. î>t la valeur.' -
voyelle ai v. Le troifiéme eft IV femi-, -
x>in qui fe trouve à la fin des mots*
fans aucune conlbne après , ni fans au-
cun tiret au-dcfliis. Comme vous pou-
vez voir en ces mots , commode , bor
ne , agate, bride, dont les <? ne fonnent'
point dans la prononciation *, & cela
eft fi vrai, que fi vous donnez à orto-
graphier ces mots a un Etranger , qui
écrira fûivant ce qu’il vous entendra
prononcer , & fuivant les lettres de ;
(à Langue , il ne manquera pas d’èr
çrire , commod , born , agat , brid.
Vous avez ici un exemple des trois e,
dans un feul mot , qui eft fermeté,
qui réduit par fyllabes fait fer-me-té,
dont IV de la première fyllabe eft'
ouvert , 3c fe prononce comme là
double voyelle ai. Le fécond eft fé-
minin , qui fe prononce fort foible-, •
ment ôc imperceptiblement comme
ÎV du mot chaperon. Le troifiéme eft
mafeulin , & fe prononce comme tous
les /, marqués d’un tiret au-defiùs,
qui fe trouvent 4 la fin des mots. Eç
fi vous donniez ce mot à ortogra-
phicr à un Etranger , félon la pro-
nonciation que vous en feriez ,
des Lettres , &c. nj
qü’il fçut que notre è ouvert fe pro-
nonce comme notre double voyelle-
'ai , il èeriroit fans hélitcr fairtatf.
Nous n’avons rien à dire des au-
tres voyelles , linon qu’elles fe pro-
noncent toutes comme en Latin , ex-
ceptez notre e féminin qui a un Son-
inconnu aux Romains , aufll-bien que-
notte u , .dont je vous ai déjà parlé».
& que nous prononçons d’une autre,
maniéré que les Latins Pont pronon-
cé , & comme le prononcent encore
aujourd'hui les Italiens, les Efpagnote
& les Alemaris. Toutes nos voyelles
fe prononcent plus lentement les unes
que les autres , {clon les lettres qui
les fuivent , ou qui les précèdent
dans la fyllabe qu’elles composent,
& félon l’ufige qu’on en a confcrvé
jufqu’a prefcnc , comme vous pouvez
voir par les mots fuivans , aage , ame,
hofle , pifle ; dont les premières fyl-
labes fe prononcent avec mo’ns de
promtitude , que celles des mots qui
fuivent , Page , Dame , il mit ,
hotte , hutte f Dans lcfquels mots on
appelle les unes fyllabes brèves , &
les autres fyllabes longues. C’cft de—
" S iiij
-12.8 Chàp. VII. De la valeur
quoi je donnerai une ample ex^ lica*
tion dans un Chapitre feparé , que
je fais des fyilabes longues tk brèves
de notée Langue.
u
Dam. N 'avons-nous que de deux
fortes de Longues & de Brèves en
notre Langue 2
Phil. Si nous en voulions croire la
délicatelîe de certains grammairiens,
^nous trouverions en notre Langue
deux fortes de fyilabes longues j fçar-
voir une , dont le Son dure un teins
davantage que celui d’une Brève ,
comme vous pouvez voir en ce mot
las , qui a fa fyllabe longue par rap-
port au mot la , qui l’a. brève $ car
vous fentez bien , en m’entendant
prononcer ces deux mots , que je
mets une' fois plus de rems à pro-
noncer Je mot las , que celui de là.
L’autre forte de Longue , doit avoir
un Son qui dure un demi tems plus*
que la Longue commune , comme vous
pouvez remarquer en m’entendant
prononcer l’a de la première fyllabe
du mot pafte , qui eft plus long d’un
demi tems , que Va du mot pas.
Dam. Je conçois bien que Va d«
des Lettres , &€. e i ip
ïâ fyliabe pas au mot de pafle , fe
prononce d’une maniéré un peu plus
lente & plus traînée , que celui du
mot pas i mais il faut avoir l’oreille
bien fine pour faire cette diftin&ion.
Phil. Pas tant que vous diriez bien*
mais enfin ce feroit trop entrepren-
dre à prefent % St trop exiger de no’s
François , dont la plupart ne fçavent
ce que c’eft que de longues St de
brèves , que de leur demander des
obfervations fi délicates. Ilfuffitpour
le prefent de leur faire fimplemcnt
connoître l’importance qu’il y a d’ob-
ferver les fyllabes longues & brèves
de nos mots , & de leur en faire
connoître les raifbns ; & après leut
avoir fait entendre la différence qu’il
y a de ces fortes de fyllabes, ondoie
fe contenter d’en établir feulement
deux fimples mefures j fçavoir une lon-
gue en general , St une brève de mê-
me , fans entrer dans le détail des
fyllabes longues , qui font un tiers
plus longues que les autres longues.
Faites obferver , par exemple , les
longues & les brèves à un homme de
Province, en ces mots las St pafle',
F v
ijo Ch ap. VII. Delà valeur
vous verrez qu’il les prononce fou-i
vent comme la & patte ; alors vous
ferez pleinement èclaicci de tout ce
que j’ai dit , pourvu que vous lui en-
tendiez prononcer l'a de pafte , com-
me celui de las ; ou celui delà , com-
me celui de patte : Mais fi vous lui
allez parler de demi tems plus lon-
gue qu’une autre longue , vous le
rebuterez j c’eft pourquoi nous nous
en tiendrons à ces deux Réglés en
feneral. Et fi quelque délicat en fou-
aite d’avantage , on pourra dans la
fuite le contenter.
Dam . A vous entendre parler , il
femble que cet ufage de longues 8c de
brèves , en notre langue, foit encore
douteux.
Phll. Il n’eft rien de plus certain ,
de plus confiant , 8c même de plus an-
cien que cet ufage , ni de mieux éta-
bli parmi les gens qui parlent bien.
So yez perfuadé que vous n’en trou-
verez pas un leul , qui prononce la
première lyllabe du mot beauté , com-
me celle du mot bon , qui eft brè-
ve i qui prononce le mot cours qui
cfi long. , comme celui de court qui
des lettres , efc: 13Ï
eft bref 5 le mot de frais qui eft
long , comme celui de froid qui cft
bref j ni qui prononce il croifl , pour
dite , il devient grand , comme il
croit , pour dire , H penfe que ; ni
enfin qui prononce , jeufne , pour
dire, abfbinence de manger , comme’
jeune , f
Dam.
cela }
Phil . Prefque tous les gens de
Province y manquent -, & s’ils bb fer-
vent quelque régularité en ces cinq:
mots , qui pour être crop maniés du
public font par confequenr moins
douteux , ils manquent en plus de
cinq cens autres mots. Nous avons
même beaucoup de Parifiens afiess
bien clevés , qui faute de fçavoir la
confequcnce de l’obfervation de ces
tôngucs & brèves , contractent de
très - mauvai fes habitudes en les pro-
nonçant, & dont ils ont bien delà-
peine à fe défaire , foit à caufe qu’ils •
fréquente des gens qui parlent' mal
foit parce qu’ils hantent des gens de*
Province , dont fou vent' là pronon-
ciation eft.vitieufe.
dire , qui nefi pas vieux .
û eft-ce qui n’obferve pas
F Vf)
î$i Ch ap. VII. De U 'Dateur
Dam, Obfcrve-t-on ces Longues
dans la prononciation des doubles
voyelles £
P h il. Il n’en faut pas douter.,. &
c’efl: pour cela que je vous en ai
donné des exemples. Mais revenons
à nos voyelles. Lorfqu’ellcs fe trou-
vent feules dans une fyllabe , elles,
gardent le Son que vous avez déjà,
entendu dans les mots que je vous
ai prononcés au commencement de
ce Chapitre , qui font : Almanac-y.
dégénérer , fini , honoré, ufare , myrte,.
Toutes ces voydles changent un peu
de Son , lorfqu’eiles font miles de-
vant des m ou des », fiivies d’une
autre conlone , ou qu’elles fe trou-
vent à. la fin d’un mot , comme vous:
pouvez remarquer par les premières
iyllabes des mo-ts qui fui vent, **»ple,
faim- , tmp'tfùit , ambtc , humble ,,
fsindzz , /«g rat , conte , brun , où vous -
voyez quç ces* voyelles- perdent ce
Son clair qu’elles rendent , loriqu’on
les prononce feules ou accompagnées,
d’une autre confonc , & quelles ren*
denr un Son confus , étant pronom-
«ses avec, ces m ou #, fiivies dlaifr
ies lettres ,éc* 15$
très confones.
Dam, D’où nous cft venu cette
forte de prononciation d’w, ou d’#f
Phil. Il eft bien difficile de vous
rendre raifon là-defiùs j car tous les
Etiangers font fonner 1» comme fi
elle ètoit fuivie-d^une voyelle & com-
me nous prononçons celle du mot
jtme». Les Latins l’ont prononcé de*
même. Ils la prononçoicnr au mot
de Manlius , comme nous la pronon-
çons en l’adverbe Latin an. Ce n’cft
pas qu’elle ne perdit beaucoup de fa
force & du Son rétenti fiant qu’elle
produit quand on la prononce avec
une voyelle qui la fuit , comme en
ces mots , natura , bene , mus, CaE
ies, Latins, pronon çoient quelquefois
cette # à la fin d’une fyllabc à peu
près comme nous. Un de leurs Au-
teurs appelloit UDe n faufiê celle qui
fe prononçoit dans les premières /yl-
labes des mots , *»guis , *»cora , in *
crêpât , mgenuus * & autres. In bis
tnim non verum n , fed adulterinum
ponitwr , dit-il , nam fi ea littera effet,
Lingua palatum tangeret. Voyez la
nouvelle Méthode de E. Royal,. Traits:
î$4 Chap. VU. Z)é /ü mien*
des Lettres page 738.
Quoi-qu’il en foit , cette manier©
de prononcer les » qui Te trouvent à
la fin d’une fyllabe , fans frapper de
là langue vers le palais , eft très-
difficile aux Etrangers.. Il faut que
cette prononciation vienne des Gau-
lois, & que de pere en fils elle ait pafic •
jafqua nous-,.& qu’elle fe foie tou-*
jours confcrvée de même.
Dam. Eft-ce là tout ce que nou*.
avons à dire touchant les voyelles >
Phil. Nous n’avons qu’à parler de -
là prononciation de Yï Sc de ly grec. /
L’; voyelle fe prononce par tout de
meme que vous avez ouï dans le mot-
fini : mais il change de Son , ou pour
mieux dire , il le perd tout à fait
lôrfqu’il eft accompagné de deux //^
comme en -ces mots , taillé, œiltét v
féiillèt* Mais ce n’eft pas ici l’endroit •
de parler de cette forte de pronon-
ciation. Voyez,- les fyllabes 9JlUa ille, .
illi , illà , ilia , à l’articlg de- la pronon- -
ciation de 17.
Pour ce qui regarde la lettre y grec,.,
je la trouve fort inutile en beaucoup-
de. fyllabes , où. nos Ecrivains la pl$-
dès Lettres , érc.
tient 5 mais très-nécefiaire en d’autres
mots de notre Langue , où elle y fait-
une fonction toute particulière ÔC
détachée de celle de \'i commun, ÔC
que pour cette raifoii les Réforma-
teurs de notre Ortographe devroientt
laiiïcr telle qu’elle cft dans les fylla-
bes où elle fe trouve , fans en alté-
rer la figure , puisqu'elle y fait une •
autre fonction que IV commun.
Dam. A vous dire le vrai , je trou-
va cette lettre non feulement fort fu-
perfluë dans notre Alphabet , mais..
roême fort embarralTànte dans notre
Ortographe*, car que nous importe-
t-il décrire Rot avec un ou Roy;
a,vec un y grec*
Phil» Je demeure d’accord que fi'
notre y grec, ne fervoit qu’à marquer
le Son de notre i , on pourrait ablb-
lùment s’én paffèr j . ÔC que quand-1
nous ortographierions ces mots, -Afy--
le , Hydromel , Hyfoye , Style , P or -
fbyre , Satyre , Syllabe , A?nydon , ÔC :
autres mots tirés du Grec , avec un /,
plutôt qu’avec un y grec i la Ictture
n’en feroit pas moins facile , puifque-
cet y. -grec ne produit pas un autüç„
' y *•
Ch ap. VIL De U valeur
Son que notre g, dans les mpts tiré»
du Grec , ou des autres Langues j
mais comme il y a quantité de fa-
meux Ecrivains qui s’oppofènt à la
réformation de cet y grec , pourcon-
ferver la mémoire des mots dont il»
ont été formés , il pourroit bien fub-
fifter encore quelque tenas en notre
tangue.
Dam. Quelle rai (on a-t-on démet-
tre un y grec au lieu d’un > commun,
a la fin de certains mots de notre
Langue , qui ne font dérivés d’au-
cuns mots qui renferment des^ grecs
en eux, comme en ces mots, Roy,
Foy , Loy , j’aimeray , Iny , dont les
trois premiers viennent des mots La-
tins , Rex, fîdes, le* , & les deux
derniers des mots Efpagnols & Ita-
liens , amarre , amer à ?
Phil. Je ne connois point d’autre
raifon que l’Ufige qui a introduit
mal-à-propos cet y grec dans notre
Orrograohc , Sc fans aucun fonde-
ment d’ctymologie ni de diftinctionf
de lignification de mot, comme vous
venez de remarquer ea la citation
de ccs mots.
des Lettres, dre. i$7
Dam. Je voi pourtant des Livres
nouvellement imprimés où l’on com-
mence à ortographier quantité de
mots où ces y grecs ètoient en lita-
ge-, par un * fimple , comme la plu-
part des voyelles finales des prétérits
& des participes pafiifs qui s’orto-
graphioient par , un y grec , & qui
’ s’ortograph'cnt maintenant par un i
fimple. Cela pouiroit bien avec le
tems nous faire voir la fiippreflion de
cçs y grecs. Je voi même beaucoup
d’Auteurs Modernes qui ortogra-
phient Yy grec , qui fe trouve entre
deux voyelles par un /, avec deux
points au- de (Tus , comme en ce mot,'
Royaume , Royauté , Royalifie , &c.
qu’ils ortographient avec un s mar-
qué de deux points au-de fTus , en la
maniéré qui fuit : Rctaume , Ro'iat ,
Roïalifte , Roïauté , &c. & cela me
paroît d’autant plus extraordinaire,
que les mêmes Auteurs ortographient
le mot de Roy avec un y grec , quelle
raifoq a-t-on de changer Y y grec en
dans le mot de Royaume & Royau-
té , & non pas dans le mot de Roi ,
pùifque cet y grec n’a pas d’autre Soi*
ys . ' • - ' Y*~
*3$ Chap. VU. De la niateuf
que celui de IV ?
Phih Pour vous dire mon (cnti-
menc , notre y grec ne devroic être
jamais employé que lorfqu’il Ce trou-
ve entre deux voyelles j car c’cft li
qu’il cft dans fa force de dans là: véri-
table fonction qu’il doit avoir de
caraétérilcr le Son que produit no-
tre i, entre deux voyelles , qui natu-
rellement doit être double , comme
vous pouvez remarquer en ces mots,:
payer. Doyen , tuyau, qui fe pronon-
ccnt comme fi on les trouvoic orto-
graphies ainfi , pai-yer , Dot-yen y.
uti-yau. Au lieu que fi ces mots.-
èroient ortographiés par un i Fran-
çois marqué de deux points au-defius,
comme on a déjà commencé en la1
maniéré qui fuit :’païtr , Doien, tut au,
on prononcera pa-ier, Do ien, tu-iau,,
ou fi vous l’entendez mieux par l’an-
cienne ortographe , pa-yer , Do-yen,
tu-yau , & on péchera contre le bon
Ufage de notre prononciation ; car
alîiirément il fuit non feulement pro-
noncer ces trois mots , comme s’ils
ètoient écrits avec deux a voyelles,
ou avec un / voyelle de un y grec j,.
dès Lettres , érc. 13^
mais encore tous les mots où les-
jr grecs Ce rencontrent entre deux
voyelles , comme défrayer, de'layer
broyer, brayer , choyer, employer, en - '
loyer f Noyer nom d’arbre , & noyer- •
verbe 5 Ecuyer ,gruyer,ejfuyer, apuyer,
& .quantité d’autres mots de ir.ême
Ortographe.
Dam. Cet i ainfi marqué pourrait
faire le même effet que ly grec , &
fc rendre double de même.
Phtl. Il cfl vrai mais il faudrait-
donc fupprimer tous les y grecs;
puisque nous avons ces caractères
tous introduits dans notre Ortogra-
phe , qui y font une fonction toute:,
particulière & même fort néceffairej
pourquoi s’avifert-ton de le fuppri-,
mer & de charger notre écriture de
deux points fur l’i , qui n’en a be-
soin que d’un.
Dam. Vous avez raifon ; mais
n’avons-nous point d’exceptions delà
réglé des ^ grecs entre deux voyelles
-JPhil . Oiii , car il faut excepter tous,
lès mots dont les y grecs fe trouvent:
aux pénultièmes des mots qui finit-
par un e féminin 3 c’eft-à-dir®;
T4° Chap. VII. De U valeur
par un e qui rfeft point marqué au-
deiïùs d’un tiret , que nos Grammai-
riens appellent par abus accent aigu
ainfi marqué ( ' ) tels que font ces
mots , Sauoye , *Troye , Lamproye ,
joye , pluye , Truye , fuye , dont les
y grecs n’ont que le Son d’un i fim-
ple , mais qui fe prononce d’une ma-
niéré lente & traînée , & fans faire
beaucoup fonner IV qui les fuit. Pro-
noncez donc ccs mots comme fi ly
grec ètoit marqué comme on mar-
que .les fyllabes longues en Latin,
& comme s’ils ctoient écrits ainfi ,
Savoy , Troy , Lamptoy ,p!uy , Truy,
fn y t fans pourtant racotircir le mot de
la fyllabe finale e , qui doit fonner,
mais imperceptiblement & d’une ma-
niéré fort foible , comme on la pro-
nonce au mot vie . Prononcez de mê-
me tous les y grecs qui fe trouvent:
dans les futurs des verbes terminés
en yer , comme , Remployer ai tu
employer as , &c. fejfuycrai , j'ap*
jugerai, ôcc.
des Lettres , dre. 141
Exception de cette' Exception.
Exceptez pourtant ccs mots , Taye,
paye , gaye , adjeéfcif féminin, baye ,
& toutes les perfjp.nes des verbes
terminées en ayç , ayes, ayent ; com-
me je paye , tu payes , il paye , ils
payent , où il faut fuivre la réglé des
y grecs fitués entre deux voyelles.
Prononcez donc , Tai-ye , pai-ye ,
f ai-je i je pai-ye , tu pat-yes , &c.
Ajoûtez-y aufli les dernieres perfon-
nes des tems préfens des verbes ter-
minés en oye , oyes , oyent , uye ,
uyes y uy&nt j j’employe , tu employés,
ils employent ; j’ejfuye , tu ejfuyes , ils
ejfuyent , que vous devez prononcer
de meme > mais dont il ne faut pas
tant faire fonner Ve qui fuit Vy grec,
que dans les perfonnes des verbes
terminées en aye , ayes, & ayent.
Remarque .
Il y a encore une Remarque à fai-
re fur rortographe de Vy grec entre
deux voyelles , qui fêlant outre ces
341 Chàp. VII. De U valeur
deux Sons , deux autres Sons.dans là
fyllabe qui le fuit dans les premières
éc fécondés perfonnes plurieles des
tems imparfaits & des préfens du
fubjonffcif des verbes terminés en yer^
doivent être fuivis d’un i voyelle ,
comme vous pouvez voir en ces im-
parfaits j je payois , tu p a y ois , il
payoit ; nous payions , vous payiez :
j’envoyois , tu envoyois , tl envoyait}
nous envoyions , vous envoyiez, : j v-
fuyois , tu ejfuyois , il ejfuyoit ; nous
ejfuyions , vous ejfuyiez , & en ces
préfens des fubjon&ifs. Il faut que
je paye , que tu paye , quil paye *
■que nous payions , que vovs payiez, :
que j' envoyé , que tu jenvoyes , quil
envoyé ; que nous envoyions , que vous
envoyiez , & ainfi des autres perfon-
nes de ces fortes de verbes , dont
l’infinitif fe termine en yer.
Dam. Je vois pourtant de certains
Ecrivains qui mettent 1’* devant Yy
grec , aux mots dont vous venez de
parler*
Phil . La différence n’eft pas gran-
de , & je croi qu’il eft arbitraire de
mettre Yi devant ou après Yy grec.
des Lettres , &c. 14$
<n ccs fortes de mots -, mais il eft
pins régulier de le meme après &
moins iujct à difcution. Si quel-
qu’un le conteftc , on ne laiffèra
pourtant pas de lui répondre. m
Autre Exception.
Mous ayons encore à excepter de la
réglé des y grecs entre deux voyelles,
les mots fui vans *, ayant , ayeul ,
Ayeule. , btf ayeul , bifayeule s trifayeul9
tnfayetile , cayer , payen , Mayence ,
Eayance , Bayonne , gl ayeul , Baye an ,
Bayonnetîe , le Chevalier Bajard,
Tay.au , terme de Chaflç \ Nayades,
{brte de Nimphcs , dont les^ grecs
ne fe prononcent que comme un i
Simple. Prononcez donc , a~iant 9
tU-ieul , pa-ien , &c. ou û vous le
comprenez mieux par Yy grec a-yant,
a-ycul , pa-yen , ôcç. & non pas
,ai-yant 3 at-ycul9 pa-yen , comme font
quantité de gens de Province , faute
de Içavoir les réglés du bon Ufage.
1 )am. N’avez- vous plus 'rien à dire
>de Y y grec?
phil. J’oubliois à dire qu’en atten*
*44 Ch ap. VII. De U valeur
dant qu’il fe faflc quelque réfoi>
mation dans l’ortographe, de notre y
guec , il feroit bon de le conserver
particulièrement au commencement
de *ous les mots où il Te trouve
ùiivi d'ùne voyelle , comme en ces
mots j Torch , Ville d’Angleterre,
yeux y yeufe, efpcce de chêne qui eft
toujours verd ", 8c ce feroit même une
faute d’ortographe très - grande que
de ne pas le fervir de Yy grec en
ces mots , à moins que la diftin&ion
de notre i voyelle d’avec notre i con-
fonne , ne fut fi généralement connu
Sc èfablie , qu’on ne fe pût non plus
méprendre en l’une & en l’autre,
comme en la lettre g , & en celle
de p , car il faut que cette diftinéfcion
ne fuit pas moins fenfible.
Dam. Que dites -vous d’un mot
que nous avons en notre Langue ,
qui de tout tems s’eft ortographic
par un y grec î
Phil. Vous voulez parier de l’ad-
verbe relatif y qui fignifie ,à, au, ou
dans : comme quand on dit , M* eft-
il a Paris , au Palais , dans le Jardin ?
On répond, il y efi , ou il nyefi pas .
'» Damon»
- * des Lettres , &c. t4ÿ
Dam, Ce mo: à la vérité (eroit bien
difforme & bien nud dans notre orto-
igraphe , s'il ètoit écrit ou imprimé
avec un i commun. Pour moi je croi
'qu’il fera privilégié , & qu’il durera
tant que notre Langue durera. Paf-
ions maintenant à la prononciation
» des Confones.
chapitre vin.
De ta prononciation des Confones
& de leurs liai fin s avec les
Voyelles *
* . * t
PHiitNTE : Nous avons dix*
neuf Confones en notre Alpha-
bet , qui font : b . c. d.fig. h. /.
ni, n, p. c/, r. fi t. x . z „ j. long , oa
jod, i) confone , ou van. De toutes ces
lettres nous n’avons que le c , le g,
l’h * le p, le r , Vf, l*x & le *, , qui
■changent de fon dans la prononcia-
tion , félon les lettres avec lefquels
on les joint. Les autres fe prononcent
toujours d’une même maniéré , foie
qu’elles foient mifes avant ou aprè»
^4$ Ch. VÏ1I. De U fŸôHùnciatiûfÊ
les voyelles , fi vous en exceptez Içs
m ou les n , dont j’ai déjà parlé.
* * T) •
Art. I. De U prononciation du c»
Le c Te prononce comme le ^ de-
vant 1*4, l*o & l’a, il prend le fon du
comme cvtao# , cordial , Car/ .' Pro-
noncez kjMMi kprdial , Kttré. Mais
devant IV & IV , il Te prononce com-
me nous prononçons ÏV en Latin &
en François , lors quelle n’eft point
entre deux voyelles , comme vous pou-
vez voir en ces mots , célibat , civil %
qu’il faut prononcer comme s’il y avoir
Célibat , fivil.
Dam. Vous ne m’apprenez rien de
nouveau.
phil. Il eft vrai , mais beaucoup de
gens peuvent ignorer ce que vous {ça-
vez , quand ce ne (croit que les Etran-
gers *, & d’ailleurs les inftruétions qui •
femblent n “être faites que pour ceux
qui veulent apprendre , ne iaiflènt pas
d’avoir leur utilité pour les gens fça-
vans , par les réfléxions qu elles leur
font faire. Mais revenons à notre c;
Nous en avons encore un qu’on ap-
dtsCorfines > iqp
pelle le ç à queue , à caufe de cette
petite marque crochue qu’on met de£
(bus^ qui paroît comme une queue*
'qui fait le même effet de notre s for-
te , c’eft à-dire notre /*qiii n’eft point
entre deux voyelles , comme vous pou-
vez voir en ces mots for fat, arçon*
vonçu , qu’on prononce comme s’il y
avoir , forfat , arfin 3 confu.
Dam . D’où vient que nous ne nous
fêrvons pas tout à fait de ce ç a queue*
aufïi bien devant Ve & 1 V , que devant
les autres voyelles »
Phil. Cela devroit bien -être , & il
feroit d’autant plus aifë a en intro-
duire l’uiage , qu’il fe trouve déjà tout
établi dans notre ortographe , & que
plus nous allons en avant , plus nous
lèntons en avoir befoin , puifque fup-
primant la plupart des e de notre Lan*
gue , qui ne fe prononcent plus dans
la fyllabe ceu , il faut indifpenfable-
ment nous (èrvir de ce jp à queue à la
place du c commun , n nous voulonj
continuer la fyllabe ceu dans fa pro-
nonciation ordinaire 5 comme vous
Voyez en la derniere fyllabe du mot
reettt y de laquelle, retranchant Ve , il
nt Ch. VIÏI. D<? ta pmcndatloH
refteroit reçu , .qu’on j^rononcerok:
comme s’il y avoir reky > fi 1>on n«
changebit ce c commun en' un ç À
queue. Nous avons encore beaucoup
d’autres (yllabes en notre Langue,
que nous ne pouvons pas orcogra-*
pilier avec d’autres lettres qu’avec ce
ç à queue , comme en ces mots , je
commençais , il commençait, y ils effa w
paient, il délaça, perçant , que nous
ne pouvons ortographier avec deux Jf,
comme on peut faire les mots * de
Maçon & façon , quoi-qu on ne fe
fbit point encore avifé de changer le £ -
de ces mots , & celui de leurs dérivés,
non plus que celui de forçat. Nous
aurions be(oin de quelques perfonnes
d’autorité pour établir cette forte de ç
dans l’écriture & dans l’Impreffion,
ou du moins pour mettre le qui^ ne
change jamais de prononciation a la
place du c commun , pour caraéfce-
rifer le (on de cette forte de c y de
écrire les mots de ces fyllabes , cay co,
eu par \a y kj> > k** s comme kjidet ,
kordial , KurS y au lieu dc/;adet 9 cor-
‘ dial , Cure'. Ainfi notre c commun,
pu c fans queue y ne {endroit plus quq
des Confines , &c .
.pour cara&erifer le Ton d’une s forte v
êc lorfqu’on le verroit dans l’ortogra-
phe de ces mots , qaoi qu’a nous in-
connus, carcade , cercidcs , copanfud ,
êcc. ne connoiflant point d’autre effet
de la marque du c , que celui de ca-
raéterifer le fon de notre s forte, on
prononcetoit fans helicer*, farfede ,
Jforfîdes , fopanfud, &c. Mais en atten-
dant que cet ufage s’ètabliffe , que
beaucoup de générations après la no-
tre ne verront peut-être jamais j nous
flous en tiendrons toujours à notre
première réglé , qui eft que le c de-
vant Va, Ve, ou Vu , eft dur &fe pro-
nonce comme un &c devant l’«
& 1** comme une s forte.
Le c change encore de prononcia-
tion lorfqu’il eft joint avec une h ,
car pour lors il prend le fon d’un ç à
queue mouillé , ou fi vous voulez d’u-
ne s forte mouillée , comme vous pou-
vez remarquer par les fyllabes fuivan-
tes , cha , che , chi , cho , chu , qui fe
trouvent en ces mots chapeau 9 cher t
chiche 3 choc , fichu.
Dam. Qu’entendez-vous par ceSj
mots de c mouillé , ou i mouillée?
6 i'j
150 Ch. VIH. De la prononciation
P h il. Vous fçavez déjà que le ç. £
queue 6c l 's forte , c’eft à dire celle
qui n’eft pas entre deux voyelles , fe
prononcent l’un comme l’autre. Ces
fortes de lettres rendent un fon fiflé
dans la prononciation qu’on en fait, -
6c l’on oblerve qu’en prononçant l’u-
ne ou fauve j on entend une efpece
de fiflement qui eft fec 6c qui devient
en meme tems mouillé par un autre
mouvement de la langue , qui s’èlargif-
fant par les deux côtés ,6c fe pliant un
peu en deux par le bout, en fe voû-
tant contre le palais , s’hume&e 6c for- '
me un autre fon que celui de IV forte
pqur le rendre mouillé , ce qui ne pour-
roit fe faire fans cette forte de mouve-
ment *, c’eft pourquoi vous entendez
prononcer ce ch comme un ç à queue ,
ou comme une s force , à ceux qui n’ont
pas la liberté de la langue, 6c qui di-
lent des çapots , des pats , des ç oz.es 3
pour dire, des chapeaux , des chats ,
des chofes.
Dam. Ne pourrpit-on pas corriger
ce defaut de prononciation î
Phil. Il eft difficile quad cela
vient du defaut de la langue qui ne fq
des Confines , à* fi, iji
délie qu’avec l’âge & à la longue , tk
quelquefois jamais. Je croi pourtant
qu’à force de s’exercer à former le Son
de ce ch , on pourrait corriger le de-
faut de le prononcer comme un ç à
queue. J.* connais des filles qui par
ce moyen fe font défaites entièrement
de la mauvaife habitude qu’elles
avoient , non feulement de prononcer'
le ch comme le f à queue , ou com-
me notre s forte, mais encore le jod
comme notre & , & qui difoient , pan-
*/, des fou & des pilons , pour dire»
changer , des choux èc des pigeons > car
notre * rend auflî un Son fiflé , mais
plus doux que celui du f à queue , &
par confequent le Sou mouillé que
jnous formons de ce * , par les me-
mes mouvemens que nous employons
.à former celui du ch , cft beaucoup
plus foible 6c plus délicat. »
Dam. J*ai connu des filles avec les-
quelles il n’a pas fallu prendre tant de
peines pour les defacoûtumer de cet-
te ridicule maniéré de prononcer
des s pour des ch , & des ^ pour
des g. La raillerie feule qu’on leiirxk
faire dafie&er cette prononciation
G iiij
ifi Ch. VIII. De la froKonclatim
enfantine , leur en a fait perdre tout»,
à-fait l’habitude;
Phil. Je croi bien que cela s’èft fait-
/ans violence du côté de la langue ,
mais non pas tout-à-fâit du côté de
l’efpr-it , qui fe plaifoit dans cette mau-
vaife habitude par une impertinente
penfçe qu’elles avoient que les Sons
mouillés du ch & du j , qui fe for-
ment a pleine bouche avoient quel-
que chofe de trop, rude & de trop
grofller , & que les Sons de Vs &
du xj y Soient plus doux & plus agréàr
blés : fans coniîderer que c’eft une
f rande erreur de vouloir être plus hà-
ile que la Nature* Tout ce qui eft
affe&é & contraint en matière de lan-
gage , eft encore plus ridicule qu’en
toutes les autres manières de faire. Il
ne faut- jamais s’écarter du naturel ,
ni de i’ufage ordinaire & idiotiqup
d’une langue , quand il eft générale-
ment reçu -des honnêtes gens. G’eft
à quoi on doit bien prendre garde, &
à ne point rendre fa prononciation
plus délicate qu’elle ne doit être, com-
me il arrive à quelques-uns qui croïant
rendre la prononciation de leurs mots.
des Confines , &c.
plus agréable 8c plus polie , ajoutent
des x* à la fin de certains mots , qui ne
doivent point en avoir , & qui difent, ,
mille-Kamitiés , cen z* onête gens , pour
dire , mille amitiés & cent honnêtes
gens y ou du moins mille honnêtes genu •
Si on appréhende que le t du mot de
■ cent ne fafle un "mauvais Son avec Ve
• qui fuit ; qui feroit cento-neftes gens J
& qui font une fyllabe brève d’une
longue , croyant par là donner un aie
fautillant 8c plus vif à leur prononcia-
tion 5 qui difent de la crime , pour
■ de la créfme , Perfaîl , Notair , pour
dire , y'erfailles , Notaire- Ces per-
fonnes là ne peuvent paflèr que pour
dés gens de mauvais gouf , pour des
ignorans &c pour des fots , qui s’écou-
tent parler. Ils feroient moins blâ-
mables s’ils parloient naturellement le
langage que leurs Nourrice leur a
- appris. ;
Dam. Si- on n’aime pas à rendre- fa
prononciation agréable- , on ne (ç
corrigera jamais de fes défauts. ■
Phil.’ La prononciation; deviendra
toujours - agréable , quand, on s’atta-
. chcra à fuivre celle qui éft félon l’ufagef
G v
;jRj54'.Ctîw Vm De là prononciation*
-des honnêtes gens. Quelque rude‘&
.‘grofliçre que paroiffè ia maniéré de
.prononcer un mot , elle ne l’eft plus
lors quelle eft une fois réçûë de l’u-
fage : celle-ci , par exemple. Il va £
ia AfeJJi, il va at i Palais , &c; pa-
roît bien plus rude que celle de il vkt
À la Mejfe , il vat an Palais ; & ce-
pendant l’ufage n’ètant point pouf
va? à la Mejfe , quoi-qu’il y ait un f,
qui devroit rendre la prononciation^
plus douce &c plus coulante , il ne laif-
îè pas de déplaire à, ceux, qui parlent,
régulièrement , & ne paflera jamais
•parmi les gens qui parlent bien , que
pour une méchante habitude priic
dans la Ptovince , par négligence ou
par un mauvais diicefrnement.
La prononciation des fyllabes brè-L
yes , 8c celle des / fermés , à, quelque- I
chofe, d la vérité , de plus doux qde
celle dos fyllabes longues 8c des
•verts mais il ne faut pas pour cela.-
toucher a la prononciation idiotique -
de ces fyllabes 8c de ces en chan-
geant ces fyllabes ou ces e< contre
(feutres, fi on neveut pafïèr pour un
. pré.eieux ridicub 3 ÿc . pour un homme
des C-onfones , &c. 155 '
-qui s’écoute parler. Si d’un autre cô-
-té on affeéke de ne fe point foncier
.comme on parle , & qu’on fuive tou-
tes les mauvaifcs habitudes qu’on £
, contractées avec des gens qui parlent
-mal , fans fc foucier de les corriger 9
•affeCtant même de prononcer des fyl-
lâbes longues pour des brèves , & des
# ouverts pour des é fermés , ou au* _
très fortes de lettres qui fe prononcent
à pleine bouche, on paffèra pour un
.homme groffier & mal èleve.. Voila
les jugemens qu’on fait de ceux qui
.tombent dans l’extrémité de vouloir
trop pla>re , & de ceux qui tombent
dans celle de ne s’en foucier point
. du tout ; cela foit dit en paflant.
Dam. J’ai connu des gens d’aflèz"
mauvais goût , pour croire que l’af-
r ft Ration de ces fyllabes longues ôC
. des e ouverts , donnoit un air plus*
mâle â leur prononciation , & qui au-
roient été honteux de prononcer;'/»
comme//, difant que cela avoit quel-
que chofe de trop efféminé , Sc qu’il!
falloir dire j’ay , & prononcer la fyk~
labe ay comme IV dans le mot cher.
Phi. 3’ en ai connu auflî àquit^uç
Cvi
Ch. VIII. De la prononciathfk.'
les préceptes du monde ne feroient
pas quitter l’habitude de prononcer
ces mots de boule , maitrejfe , table ï
qui ont la p nultiéme fy llabe. brève ,
comme celle de ces mots , moule ,
Abetfe , fable, qui l’ont longue. Mais
nos pré reptes ne font pas pour eux** \
cpntinuons.
"• v'’ •
Exceptions.
Le ch fe prononce comme un .
en ces mots , Chœur d'Eglife , Chœur >
de Mujtque , Chorifle , Chorographie 9
Éuchariftie , & enfin dans tous les
mots dérivés du Grec , qui ont été
rendus en Latin par ch , ou qui ont
été formés des Langues Orientales a
comme , Archange , Orchefjre , Chaos ,
Hypochondriaque , Zacharie , Epicha-
*ïs , &c. Prononcez donc , kcur ,
r ijl e , Arkjtnge , &c.
Art. n. De la prononciation dit g. .
Nous avons trois . fortes de g. Le
premier s’appelle g mol ou g mouille.
fécond s’appelle g dur ou -g-fec» .
dès Confortes , &c. I5X
Et le troifiéme m’appelle g nafal , qui
cft toujours fuivi d’une n en la ma?»
nier-e qui fuit gn. Le g. mol ou
mouillé , fe forme d’un mouvement
qui fe fait de la Langue en l’èlargif-
fant par les côtés , & fe, pliant un peu
parle bout tout de même que quand
elle veut former le Son de notre ch.3
mais avec moins de force 8c, plus de
délicateflè. Le Son articulée de cette
forte de g , ne peut fe faire que par
Laide d’un e ou d’un i > comme vous
pouvez voir en ces mots , geay j d
çarea ^général , gibier, geôle, gageure.
"Le. Son dp g fec fe forme d’un
mouvement qui fe. fait de la. langue, ,
en lâ foulevant un peu & la recour-
bant vers la racine contre le goficr, ,
comme fi on vouloit former le Son »
d’un ^ mais d’une maniéré plus foi- ?.
ble 8c, plu* délicate, .Le Son* de. cette -
forte de g ne fe peut articuler fans
être accompagné d’un a ou d un 0 ,
on d’un u.9 comme vous pouvez voir
en ces mots , galon , gorge » ambigu 5
g uerei , Guidon. \
Le g naz>al eft celui qui eft touh
*1 jours-accompagné d!unç n , cçmmfi
Ch. Vin. De h pr&nonciatiof*
vous les voyez par ces fyllabes , g»a9
gné , gni , gno y gnu, Le Son de ce g
fe forme d’un des mouvemens qui;
fbnt le g mouillé y & d’un, autre mou*
vcment qui répond à la racine - dus
nez pour former 1 ’#►. Ce qui fait deux
articulations imparfaites , qui font
celles du jr, & celle de 1 *» , dont il'
ne fe forme qu’un Son participant dess
deux, comme vous avez déjà pû re.»
marquer en prononçant les cinq {ÿl-
làbes dé ce g y & comme vous pou*
vez encore remarquer par les mot»
iuivans ou ces fyllabes fe trouvent,.
témoignage , gagnez , dignité , rojjt-y
gnol , ag ntt s,
Sjüabesdestrois g.
De g mouillé, gea , gé , gi y geo > gffti
Me g dur, ga , gué , gui, go , gtf*
Prononcez comme*.
gha,ghéyghhghoyghHi
Me g nAz>al. gna,gne, gni, gno, gntt*
Dam, Vous marquez une h après»
le g, pour montrer qu’il doit avoir
un Son fec dur , comme font; 1er
des Confines >&c. ij£
r&aliens. Il me femble que j’aimeroiç.
-mieux cette manière de le caradérifèr*
:que celle de votre jon&ion d’# au g^
►marqué ainfî , gu. Car celui qui ver—
•roit ces fyllabes , gha,ghe , ghi > gho3
i ; .'ainfî écrites , ne peut .point du
tout prendre un g mol pour un ^ dur9
-car cette h qui y cft attachée l’en em-
pêche y en effet , qui fera le François
ou l’Italien qui ne prononcera pas cc.
: mot gheree , comme nous prononçons
gueret, s’il trouve une h dans la pre-
mier© fyllabe de ce mot , - au lieu
d’un u.
p bit. Les Alemans lui pourroient:
donner un Son guttural , à caufe de Yfo
& les Efpagnols aufli. Mais ce n’efL
pas ici l’endroit d’en parler. Pafïona
.aux Exceptions de ces Réglés.
Exceptions de la Réglé du s, duiv
On excepte là fyllabe gue en ces
.■ mots , guenon * guenuche , guenille » -
guenülàn , guenipe , gogue , goguenard^ ,
& c. goguelu , & en tous les mots ter- .
minés , en gue , gùes , guent où Ye ne -
• s!éntend prefquc point j il. faut, pra-
ï£ôC'h. VIII. DeldfMHncUtlàtk
noncei feulement le £ en lui donnant
un Son fee , -comme on fait an g La-
tin 9 lors qu’on prononce le mot dk
dignus , ou quand nous voulons pro-
noncer le g de . ces mots , augmenter ,
gnomon , &c. Prononcez donc gnon% .
gn uche j gniUé , &c. go g, gognarder » .
&c. f allégué , , &c. Et quoi-
que ce £ joint à T« , paroiflè tronquer
tous ces mois d’une fyllabe chacun 9 .
de la maniéré que je vous les viens de
marquer ; cette fyllabe du £ s'entend '
pourtant fort diftin&ement dans la
prononciation , & particulièrement-
dans la Poëlîe ; en lifant ces mots , on >
pefèfifort fur l’articulation de ce;£,\
qu! on y fait entendre parfaitement le
Son d*un e muet , qui fonne à peu
près comme celui que vous entende* -,
dans ces mots , canevas > cadenas &
taffetas... - '• 1
Dam. Prononcez - vous lès e des
autres fyllabes gue , autrement que.*
celle dont vous venez de parler? •
Phil. Oui, car outre que le Son de
l’iiutre fyllabe gue , eft plus doux dans
les autres mots, comme en ceux-ci,,
Gjsetrc , gue res > guct-a-pens, guher *->.
dès Confortes , &c« îét
gue r et , guérite , guéridon , guérir, &cfc
& plufieurs autres dont Ve n’eft pas.
de même que celui qui Te trouve dans
la fyllabc gue , des rnots dont j’ai fait
mention en la. première Exception de
ces Réglés ;,car tous les autres e font
ou fermés ou ouverts.
£ ' • "v
Remarques fur les Sy llabes finales^
gue.
• >4,-' ■■ •**;*** . - v * V ^ n ' ■ v «
ye final fe fepare de Vu qui le pré-
cédé , &c fait deux fyllabes dans les
mots terminés en ne , comme en ces^
mots , ambiguë , ciguë , aiguë » &c.
Dites donc ambigu-ë , cigu-ë , aigu-c,,.
mais fans faite beaucoup fentit Ve,
Exceptions de la Syllabe , gui». *
Îla Syllabe gui eft diphthongue ».
en ces mot? , aiguille » jiiguille --
, aiguillette , aiguillon » &c..
aï gui fer y ambiguité > > nom
de Ville & nom de Maifon &. de
Famille. Dites donc aigui-ille ,
iferi car fuivant la Rcgîe générale de-
la prononciation des fyllabes , ga}gu^y
I
'■-# • •
Çh. Vllï. De la prononctafi&H
gui > go 9 gu , qui fe doivent pronon-
cer, comme s’ils ètoient écrits en fa
maniéré qui fuit , gba , ghe , ghi , gho ,
ghu : on doit prononcer ces mots*
Guichet , Guitarre > Guillaume , d/-
guifer , guigne , Guirlande , Guide *
Guidon , Guill'edin , guipure , &c. com-
me Ghtchet-, Ghillaume , déghifer , &c.
dont la fyllabe £#* n’a qu’un Son*
Mais il n’en eft pas de même aux jfyl-
labes de ces mots , aiguille , aiguillon *.
& autres que j’ai déjà nommés ; dont
ïa fyllabe gui rend deux Sons , qui
font celui de Vu , & celui de Yt ,• de
forte que fi vous prononcez le mot de
Guidon & celui à'aimifer , vous n’en-
tendrez qu’un Son dans la fylfâbe gui'
du mot de Guidon , ôcvous en enten-
'drez deux dans la pénultième fyllabe
du moi ai guifer.
Exception des Syllabes , gea & geo;.
J avois oublié d’excepter des fylla-
bes , gea & geo , celles des mots fui-
vans , Géant , Géante 9 ou Géanne r
Géographie , Géométrie > Géamance#
Géodefe ? &c.
*- - ’
' ■%
. - , . êtes Confonet , érci. 1&Ç
Exception du g naz,al,
Lt g nazal perd fa prononciation,,
•en ces mot s , figne , figner , &c. confi -
gner , &c. fonbfigner , &c. & il fo pro-
nonce comme une ». Prononcez donq.
fine , finer , confiner , & le refte.
Ab. T. III. De la prononciation^
» dfe /' h.
^ ' ç'V"-' • ‘ '• * * . ’*«“• - Aj s s» ’ „T~t*
V b eft une lettre qui marque for
Jfe papier Pafpiration que nous fefons-
du gofier, avec le Son que nous for-
mons d’une voyelle. Nous en avons-
-de trois fortes > Sçavoir , des b ajpi —
ries y des b muettes , & des h auxi -
Maires.
Les h afpirées font celles qui fo
prononcent par un fouffië qui fe fait:
dans la bouche , fans aucune articula-
tion, comme vous pouvez remarquer
en ces mots , le bamois > la hache 9,
la honte , où vous- entendez l’alpira-*
tion fonfible de ces h.
Les h muette* font celles qui ne
s’afpirent point du tout y comme il!
ï £4 C h . VIII. Delà proftùncia0io& ']
paroîc en ces mots , Hiftoire , hom-
me , humble , Rhétorique , Eucharifiicy
Chrefiien , Thym , Thomas.
Les h auxiliaires (ont Gelles.qur ai-
dent à former l’articulation d’un Son*
en fe joignant avec une confone, com-
me vous pouvez entendre en ces fÿl-
labes , ch a , che , chi , cho , chu y Sc
en celles-ci , pha , phe , phi , pho , phuy
qui produifênt une articulation toute
contraire à celle que ces confones font <■ ]
quand elles font feparées de Y h. Car
Y h par ion aipiration coupe l’articu-
lation de notre c , qui par la foiblefiè
du mouvement qui le forme , prend
lie Son d’un ç à queue , & qui enfin
ne Ce pouvant tout-à-fait articuler , (è-
convertit en ce Son mouillé du ch,.
par la force du foufik de Y h , comme
vous pouvez remarquer en ces fylla-
bes, cha , che , chi , cho > chu.
L’autre changement de Son fe fait
a peu près de meme dans la formation
de celui du ph , où l’afpiration de Yh
interrompt, tout -à- fait l’articulation
du p; carié battement des lèvres qui
lfe forme, étant affoibli par le fouffiè
que. fait cette h , ne peut produite
m
m
des Confines * &c. itlf
^jne le Son d’un b > qui ic changeant
«n celui d’un v conlone , produit en-,
ün le Son de notre f par la force du
ibuffle de f h .
Dam. Voila bien des mouvemens
différens pour produire le Ion d’une/*.
PhU. Ji n’y a que.ee mouvement
feul qui forme le p , qui paroît dans
l’articulation de cettç fi car h vous
jettèz la veuë lur ces quatre fyllabes,
fa , ba , va , fa , vous verrez que
i articulation de ces quatre fyllabes ne
provient que du plus .ou du moins de
battement que nous fefons des lèvres
fin la prononçant. Ainfi prononcez pa>
vous ferez un fort battement j faites-
le moins fort.,- vous formerez le Son
de ba ; fa:tes-le encore moins fort ÔC
plus délicatement , vous ferez celui
de va s fondiez en même tems que
vous faites ce mouvement des lèvres
pour articuler le Son de va , vous fe*
fez infailliblement celui de faf
Remarques fur Vorto graphe.
T)aw Quelle nécelîite y a-t-il que
, nous nous (ervions de -ccs deux
*$3 Ch. VÏIÏ. De Uf renonciation
très ph pour caraétériLr l’articulâtion
des Sons de nos fyllabes , pha > phe >
phi , pho , , puifque nous le pou-
vons faire avec la feule lettre/? No^
, tre Ortographe feroit-elle moins bel-
le & moins commode , ifï nous «cri*
vions ces mots , Pharmacie , Sphère ,
PhiïoCophe , Bofpitare , > nom dô
plante , avec une /, en la maniéré qui
fuit , i^rmacie , Sphe re , Bos/>re,
JFiloÇofe 9 Fat
FhiU Nous n’obfervons cette Orto-
graphe que dans les mots qui vien-
nent de la Langue Grecque , & au*
très Langues étrangères , comme en
ceux que vous venez de nommer ; cat
dans les mots François , 8c même dans
ceux qui font tirés du Latin , où il y a
-des/, nous ne nous fervons point
d’autres lettres que de nos/, pour en
«araétérifer l’articulation. 11 fe peut
faire aufli que nos Anceftres ayent vou-
lu conferver dans notre Ortographe
ce p h , parce qu’il caraétérifoit une
•différente articulation de notre /, en
ce que ce ph marquoit une afpiration
plus forte , 8c que le p s’etitendoit
im peu plus diiHn&cmcnt. On me rè-
des Cmfonesy &c. i€f
tJOndra que comme nous prononçons
également le ph comme notre f , &
que nous ne fefons plus cette diftin-
îfcion de ph plus fortement aipirez
que Vf y comme fefoient les Latins &
comme ont fait nos Anceftres , dans
la prononciation de ce ph , nous jr
devons conformer notre Ortographe.
J’en demeure d’accord , mais il faut
attendre que cela foit tout -à- fait
établi.
Dam . J’ai déjà vu quantité de Li-
vres nouvellement imprimés , où l’oa
ortographie tous les ph des mots ti-
rés du Grec par des jf. Ce commen-
cement nous doit faire efperer que
dans peu nous {ùivrons cette maniéré
d’ortographier dans l’écriture & dans,
l’Impreffion. Je ne doute pas qu’il
n’y . ait quantité de gens (çavans qui
s'oppoferont à cette forte d’Ortogra»-
phe ; mais il faudra s’en confoler, en
faveur de la Jeuneüè , qui en vieiU
liflant s’accoutumera peu à peu à con-
former Ton Ortographe aux Impref-
lions nouvelles.
Phil. Cela pourra bien arriver , Sc
je voudrois déjà que cela fut établi.
h&î Ch. VIII. De U prononciation
tant pour la facilité de notre Le&ure^
que pour la commodité des Etrangers*
& de ceux qui ignorent la Langue
iatine & la Grecque. i
Dam. N'avons -nous pas encore
quelques mots tirés ‘de la Langue
Grecque , & des autres Langues ètran*
gérés ^ dont le ch fe prononce autre-
ment que notre ch François.
Thil. Oiii , car je ne £çache pas
que nous en ayons dont * le ch ne fe
prononce comme un ^on comme un
c dur ., comme vous pouvez voir en
ces mots , Chaos , Char on , Chœur de
Mufti] ne j Orcheftre , Chorifte , que
quelques Ecrivains nouveaux com-
mencent à ortographicr par un c dut*
comme , Caos , Caron , Corifte. Je vou-
■dtois pourtant Iaiiïèr le mot d'On-
cbefire avec fon ch , ou bien fubfti-
tuer un qu à fa place , & l'écrire
ainfi , Orqueftre , & garder la mê-
me Ortographe de ch , aux mots de
Chœur de Muftque & Chœur d\E-
glifc 3 pour les diftingucr du mot de
<caur , que l’on trouve dans les ani-
maux.
’r . * ' "• » *>• ■ ' ■ \ *
' . ‘ , ' • ' i T» .
des Confines 3 \6$
Remarque.
Xe mot de Machiavel , cft au/fi du
Nombre de ceux dont le ch fe pro-
nonce comme un ^ ; Prononcez donc
Makjavel. Mais on ne doit ortogra-
phier ce mot que par un ch , ainfi
Machiavel. C’eft une réglé que Ion
garde dans prefque tous les noms
propres.
Dam. Combien avons - nous do
mots où les h s’alpirent en notre
Langue ?
Phil. Nous en avons plus de cent ,
& plus de cent cinquante dont les b
font muettes.
Dam. Comment pouvez-vous di-
stinguer les h afpirées d’avec les muet-
tes ?
Phil. Plufîeurs Grammairiens onc
donné des réglés lidcftiis : mais on
en eft toujours revenu à de certaines
liftes qu’ils ont données à la fin de
leurs réglés , où ils ont marqué les h
alpirées , difant que les h qui fe trou-
t voient dans les autres mots François
<qui notaient pas dans leurs liftes #
■ - H
I/O Ch. .VIII. T)e la pmôtociath*
dévoient être réputées pour muettes.
Meilleurs de l’Académie Françoife
ont auffi pris foin de marquer dans
leur Dictionnaire les h qui s’afpircnt.
Cependant pour contenter ceux qui
aiment à Te faire des réglés , & a mé-
nager leur mémoire , j’en dominerai
içi quelques-unes , & je commencerai
par les mots où les h s alpirent.
Réglés four les h afpirées.
Les h s’afpirent quand elles fe trou-
vent dans nos mots tirés des Alemans,
ou de ceux des Provinces ou Royau-
mes du Nort , où il y a des h, com-
me vous pourrez remarquer par les
mots qui fuivent,
Haran , qui vient de 1 Aleman ham
m Harnais , de l’Aleman harnifeh ,
Havre, Port de Mer, dtM’Aleman
Haflvn , & du Hollandois Haven .
Hacher , de l’ Aleman & du Hol-
landois hackfx , qui lignifient hacher
de la viande far morceaux .
Hanter , de l’AIeman handthieren ,
gt)i lignifie faire çomjperce, négocier»
des Confines , &c. ijt
H aire , de l’Alcman haarig, qui fi-
gnifie rempli de poil, de cheveux , de
crin : ou bien de ce mot compofé
bdrhkjeidy qui fignifie habit de crin ,
qui eft le terme par lequel ils expri-
ment notre mot de haire.
Halte y du mot Aleman halte» ,
qui fignifie s'arrêter.
H entier , ou hurler, de l’AIemân
hessien.
* Haye, du Hollandois haag.
Halebarde , dé l’Aleman hellebard.
Here , forte de Jeu , de l’Aleman
herr, ou plutôt du Hollandois heer,
qui fignifient tous deux Seigneur .
La Hollande , du Hollandois HoU
landt, mot compofé de holl, qui li-
gnifie creux i & de landt , qui fignifie
fais .
ffafier , de l’AIeman hafien .
Haut , del’Aleman hoch.
Hafe, de l’ Aleman hafe, qui figni-
fie lièvre .
Havrefac, de l’Aleman haberfack^,
mot compofé de celui de haber , qui
fignifie avoine ; &de celui de fack^,
qui fignifie Un fac . Ainfi haberfacY,
veut dire fac à l'avoine.
Hij
171 Ch. VIII. De la prononciation
Hochepot, , du Hollandois huy s-pot,
qui lignifie le pot au fett de la maifort ,■
- ôc plus particulièrement une efpece
de ragoût , qu’on fait de deux autres
fortes de viandes & autres ingrediens,
qu’on fait en Hollande, que nos Cui-
finiers ont imité , & auquel ils ont
donné le nom de hochepot.
Hache , de l’Anglois hutche , qui
lignifie toute forte de cojre , & plus,
particulièrement une huche a puîtrir. ■
Houblon , du Fiaman hopp , ou de
l’Aleman hopjf.
Haïr, de l’Aleman hajfen.
Heaume , de J’Aleman helm.
'Honte , de l’Aleman ho hn , qui li-
gnifie moquerie , dont on a fait le.
Verbe hohnen, qui lignifie fe moquer
de quelqu’un en lui faifant honte.
Hardi » du Hollandois hart , qui
lignifie cœur > ou de l’Aleman hertz. „
qui lignifie la même choie > ou bien
du mot hart Aleman & Hollandois ,
qui lignifie dur. Les Ecrivains de la
balle Latinité ont appelle duré les :
hommes vaülans 6c hardis $ & nos
anciens Ecrivains François les put
aulfi appeliez dm*
des Confines, ért. 173
Harde de Cerfs , ou d’autres bêtes
fauves, de l’Aleman herde, qui figni-
fle troupeau.
Hucque , efpcce de mante que por-
tent les femmes dans les Païs-B.is-,
du Flaman huyckj , qui fignifie la mê-
me chofe.
Et quantité de pareils mots que
nous avons tirés des Alemarrs , des
•ÊJamans 8c des Anglois, Parlons à
p efent des mots tirés du Latin.
L'h s’afpire aufli dans les mots qui
commencent par des h , qnc nous a-
vons tirés des Latins ou des Grecs ,
qui n’ont point d’h au commence-
ment, comme vous pourrez remar-
quer en ceux qui fuivent.
Harangue , qu’on prétend faire ve-
nir du mot Latin aringo .
Hibou i qu’on fait venir du mot
Latin bubo , dont on a fait hubus ,
hybus , hybuvius , 8c enfuite hibou.
Herijfon , qui vient du mot Latin
ericio, ablatif d 'ericitts, qui fignifie la
même chofe.
Houlette , du mot Latin agolum ,
dont on a fait agoletta ; 8c enfuite
aoletta & à’aoletta , houlette.
H iij
YJ 4 C h. VIII. Dé la prortèttciatîofl
Hérot, du mot Grec j
Héron y du mot Grec ifuS'icç , qui
lignifie la même choie.
Harpie , qui vient du mot Grec ]
ipnia , qui fignifie la même chofe.
Hangar, du Latin angarium , qui
lignifie un lieu couvert en façon de
halle , dont le tout eft porté des deux
codés fur des pilliers de bois à clair,
& où les Laboureurs mettent à cou-
vert de la pluye les harnois & char-
rues dans les balles cours.
Hanche , du mot Efpagnol & Ita-
lien anca, qui vient du Grec dyr.ii ,
qu’on a dit pour dyK*yy qui fignifie
coude .
Hajlé, du Latin ajfue , qui veut
dire rôti , dont on a fait ajfulus & afi
fulatus , &c enfuite ajlé en notre Lan-
gue , & depuis hajlé.
Herfe, infiniment de Laboureur,
du Grec , dont les Latins ont
fait hirpexy & enfuite herpex ; & nous
herce , qu’on a depuis écrit herfe avec
un ef, & que nous avons tiré de l’a-
blatif herpice , en retranchant la fyl-
labe pi , comme nous auons fait au
mot d'hojpite , ablatif d 'hofpes, pour
des Confines, &c. l7ï
faire notre mot François hofie. Car
vous {çaurez eh paflânt , qu’une par-
tie de nos mots tirés du Latin , auflï-
bien que ceux des Efpagnols & des
Italiens, ont été faits des ablatifs La-
tins , comme vous pouvez remarquer
en ceux-ci : Origine, piété, genre ,
concombre , pauvre, pajjion rai/on ,
faumon , & quantité de mors terminés
en on, qui viennent des ablatifs La-
tins , Origine , pietate , genere ,- cucu-
tnere , paupere , pajfione , ratione , fai-
mone.
Hameau , du Grec «fwt , qui veut
dire enfemble i parce que le hameau
eft un amas de diverfes maifons.
Humer, du mot Latin fumer e , qui
a été dit dans la Lignification de bile -
re , en changeant Vf en h.
Hupe , du Latin upupa , qui lignifie
hérjjfon.
Habler, du Latin fabuUrù
Hors, du Latin forts.
Hormis , du mot Latin forts Sc de
Mi (fus , comme qui diroit mis hors.
Hardes , qu’on prétend faire venir
du mot hard , qui fignifie a prefent
en notre Langue un lien de jeune bois*
H üij
*7^ Ch. VIII. De la prononciation
dont on etraint les fagots avec un
noeud coulant , qui a été fait du mot
Latin arÜare , qui lignifie ferrer &
ctraindre : Et comme on fait un pa-
quet des hardes, linge, 8z autre menu
bagage d’une periônne, qu’on lie avec
une coi de ou autre choie propre à eéc
ufage -, on a nommé hardet tout l’cqui-
page qu fine perfonne porte avec foy.
Nous avons encore quantité d’au-
tres mots tires des Latins ou des
Grecs qui n ont point d'h , ou dont
les h ne le prononcent point ; comme
en ces mots , hermine & Hermite ,
qui viennent de ces mots Latins *
Armellimu 8c Eremita.
Exceptions des mots qui n'ont
point de Réglés.
Voici une partie des mots originai-
rement François , 8c qui font fi an-
ciens dans notre Langue , qu’on n’a
pu en découvrir l’origine j ou lî on
en a trouvé quelques-unes, elles font
fort douteufes.
Hacqnenee , hafiille , vieux terme
pe campagne , qui lignifie menuè^t
des Conforts , &c. 'rjf
•Viandes de porc fiais , comme boudins,
faucilles , gribelettes , 8c autres piè-
ces de cochon à rôtir qu’on envoyé
à fes amis quand on a tué des cochons.
Il y a apparence que ce mot de hafiille
eft un diminutif du mot de hafie ,
qui {è difoit il y a environ cent ans ,
pour dire broche , & qui fe dit encore
en pareille lignification dans plufïeurs
Provinces de France. Selon ce fêns,
hafiille fignifieroit brochette : & il eft
à croire que ces menues viandes
s’embrochoient dans des broches de
bois , & même qu’on les envoyoit à
fes amis toutes embrochées dans ces
brochettes’, qui enfuite s’attachoient
à la broche avec des ficelles pour les
faire rôtir, comme l’on fait encore
aujourd’hui quand nous faifons rôtit
des grives , des aloiiettes , des beccaf.
fines , ou autres oifeaux. Mais repre-
nons nos Réglés.
Hasard , hure , hoquet ,hoejueton 9
horion , une houe y du houx, hucher ,
hune, hotte, heurter , hefire , hdler un
Bâteau, haricot, hap e lourde ,hobre au,
ou hobereau , ou houbereau ; Huilier,
Jf aile bran , huer, qui fignifie appeler
tj% Ch. VIII. De la prononciation
haut, crier ; hocher la tefle , hochet ,
houjfe ,fe hubir, cohue, houfpiller, hap-
per, haras, harceler, haridelle , haro 9
terme de Coutume de Normandie $
harpon , Havage , mefure de grain au
pais Chartrain 3 hâve , pâle 6C défi-
guré 3 hauban , hautbois , haubert ,
hauturier, terme de Marine 3 Hem%
Héraut , Officier de guerre & de céré-'
monie 3 herpé , terme de Chafïè ;
hideux , hie , infiniment de Paveur \
hoc , forte de Jeu 3 kola, hongre ■,
Hongrie, pais 3 Hongrois , nation ) Hon-
gre line , hoyau , huée , Huguenot }
& encore quelqu’autrcs, aufquels on
peut ajouter tous ceux qui dérivent
non-feulement de ces derniers mots-
ci , mais encore de tous les mots fim-
ples ou radicaux , qui font compris
dans cette réglé , dont les h s ’afpirent,
ioit qu’elles foient mifcs au commen-
cement ou au milieu des mots , com-
me de harnois , enharnacher , &c. de
hurler, hurlement ; de hérijfon, hé-
riffé 3 de huant, participe de huer i
& de chat, chat-huant : de hanche ,
èhanché, déhanché', de hasard, ha-
sarder 3 de hotte , hotteur , hottée »
des Confortes] &c. l?9
de houx y houfline , houfloir , &c. d«
haut , hauteur , haufïèr , rehaufïèr #
(urhauflèr , &c. Exceptés Y h du ver-
be exhaujftr , qui ne fe prononce
point , ni dans toute fa conjugaifon»
Remarque .
En général , il faut remarquer que
dans toutes les conjugaifons des ver-
bes les h Te prononcent , comme cel-
les que je viens de marquer à l'infi-
nitif : par exemple, harajfer , je ha-
rajfty &c. je haraffoü , je harafferai ;
& ainfi du refie.
Dam. Il me femble que vous fai-
tes dériver beaucoup de mots de
l’Aleman , dont plufîeurs Auteurs ne
conviendront pas avec vous.
Phil. Il eft vrai que beaucoup d’Ety-
mologiftes prétendent que le mot de
hurler y vient du Latin ululare : que
le mot de haut , vient du Latin altuf :
que le mot hardi y vient de l’Italien
ardito , qui a été fait du Latin au -
dere , dont on a fait enfuite aldi-
ro 3 & ardire , & les Italiens ardito :
que le mot hache a été fait du Lati^
H vj
i$o Ch. VIII, De. la p ronàftdatïott
afcia ; que honte a été fait de l’Italien
tinta y qui a c-tc tiré du verbe inufité
Mire y dont on a fait autrefois honnir
en notre Langue, qui fignifioit des*
honorer quelqu'un , lui faire affront,
lui faire honte : que le mot de hanter,
vient du Latin habitare ; que le mot
de houblon , vient du Latin tupulw ,
tiré de l’ancien mot ttpulut t dont on
a fait opului ; & que de l’ablatif opul»
en mangeant la voyelle » on a fait
le mot de houblon.
Je fais même dériver le mot de
hameau du Grec qu* *, & cependant
beaucoup d’autres le font dériver du.
mot ham, ancien mot de la Langue-
Tioifè , qui fignifie une demeure t
d’autres de l’ancien mot Flaman heym,
qui fîgnifie domicile. Mais toutes ces
opinions -U ne dètruifênt pas mes
Régies ; car {bit que ces mots ayenc
etc tirés du Latin de la maniéré que
les Etymologiftes le prétendent , ou
qu’ils ayent été tirés de l’Aleman y
comme eux-mêmes le croyent , 8c que
je m’en tienne à la derniere étymo-
logie , ces Réglés fubiîfteiont tou-
r des Confortes , &C. i$t
Dam- N’avons-nous point d’excep*-
tfons de ces Regle-s >
Phil- Nous en avons fi peu , que cO
n’eft pas la peine d’en parler. S’il vous
relie encore quelque doute fur ces
forces d *h , vous avez le Diélionnaire
nouveau tout François , qui marquç
celles qui fc doivent alpirer.
. Dam - N’avcz <- vous pas quelques
^Réglés à nous donner pour les h qui
font au commencement des mots ra-
dicaux , & qui ne fe prononcent pas l
Phil. Après vous avoir donné des
Réglés pour connoître les h qui s’af?
pirent , vous n’en n’auriez pas bcfoin
d’autres , puifque Içachant bien con-
noître celles qui s’afpircnt, vous de-
vez indifpenfablement connoître cel-
les qui ne s’alpirent pas : Mais pour
vous contenter , je m’en vais von$
en donner une qui elt prefque géné-
rale , & qui achèvera de vous donner
une pleine connoilTance de ces fortes
de lettres.
Réglé.
Les h font muettes & ne s’alpirent
point dans tous nos mots commencé?
fSi Ch. VIII. De la prononciation
par une h , qui viennent du Latin où.
il y a aufli une h au commencement ,
comme vous pouvez voir- en ces mots,
habile , haleine, herbe , hirondelle, he-
norer, humble , qui viennent des La-
tins , habiles , halitus , herba, hirundo ,
honorare , humilie.
Il faut obferver la même Réglé
pour les mots qui viennent directe-
ment des mots Grecs commençans par
des voyelles ou par des diphthongucs
alpirées , comme en ces mots , h or»
monie , herejie , hifioire , horloge , hy *
dropique , qui viennent de ces mots ,
«Çyusv/* , etïpte/f , îçopU , dpohiytùi ,
të pa>7riKCf.
Exceptions.
Exceptez les h des mots- drivant y
hennir, &c. haleter, &c. harpie de
héros , qui s’aüpirent , quoi - que ces
mots viennent des Latins & des Grecs,
binnire, halitare , «ç«s, ipmu.
Exceptions de ces Exceptions.
Exceptez pourtant les mots d*heroli -
%h* 3 héroïquement , heroïfme > & ce-
des Confines, é"C*
lui d 'héroïne , dont les h ne fe pro-
noncent point , quoi - que tous ces
mots ayent été faits du mot héros »
dont Vh s’alpire.
Autres Exceptions.
Les h s’afpirent aufîî dans Jet
noms des Villes &’ des Provinces des
Pais - Bas , de l’Empire & des Royau-
mes du Nort , où il entre des b ,
comme en ceux-ci, H annexait. Ville
d’ Al face ; le Hainaut , le Holflein »
Harlem , Hambourg , Htdelsheym ,
Heidelberg , Hedin , Heilbron , Cop-
penhague ou Coppenhaguen , mais dont
1» finale efl; muette , & qu’on dit en
Latin Coppenhaga. Quelques Auteurs
la nomment Hafnia* La ' Haye en
Hollande , qu’on appelle en Latin
Haga Comitnm , qui lignifie la Haye
des Comtes.
On dit pourtant l’Holface & 1 'Hi~
hernie , fans afpirer les h ; mais ces
deux mots ne font plus gueres en
ufage , il faut dire le Holflein 8c l’/r-
lande , au lieu de l’Helface 8c de Y Ht»
hernie. -
ï$4 Ch. Vlîl. Ve U prononciation
Les h s’afpirent auffi dans la plupart
des noms des Villes de Normandie ,
& dans tous ceux des Villes Sc Bourgs
de Breragne, comme Harfleur, Hon.
fleur, le Havre-de-Gract , CarkJoaix9
Hennebon , Rohan , & non pas Rouan,
comme beaucoup de François qui ne
font pas de Bretagne prononcent , ÔC
qui difent le Duc de Rouan pour dire
le Duc de Rohan , en afpirant 1*& com-
me font les Bretons , qui ne manquent
gueres à prononcer les h qui doivent
être afpirées : mais quand ils les af.
pireroient un peu moins fort , il?
n’en feroient que mieux.
.Autres Exceptions,
Nous avons encore cinq mots tî-
!rés du Latin â excepter , dont les b
ne s’afpirent point , de pour lelquels
on ne peut faire aucune Régie qui
convienne à celles que je viens d'é-
tablir pour les mots tires du Latin ,
où il entre des h ,* car les mots Latins
d’où ceux-ci viennent , n’ont point
dCh. Les voici, huître , huile, hieble,
huit , huis , qui ont été formés de eç|
des Confines, &c. r8y
ïnots , offre* , oleum , ebulus , otto ,
tiftium.
Il faut obferver ici la même Réglé
que j’ai propoféc à la fm de l’article
des mots ou les h le doivent alpirer y
qui eft , que les h qui font muettes
dans les mots radicaux, le font aulfi
dans leurs compofés , comme honorer ,
deshonorer ; honneur, deshonneur j hon-
nête, déshonnêtes heriter de quelqu'un,
déshériter quelqu'un ; habiller , desha-
biller : & ainlî du relie.
Remarquez que l'h de rehabiliter
ôc de réhabilitation cil conlonne
quoi qu’on ne l’afpire pas ; quel-
ques-uns même écrivent reabilita -
tion & reabiliter.
Remarque Jiir la prononciation de
•huit , de huitième , & de
•V. hui tain.
Quoique Yh de ces mots huit, huitiè-
me & huitain ne s’alpire pas , elle fait
pourtant la fon&ion d’une confonne;
cell-à-dire , quelle ne foufFre point
delilîon de la voyelle finale du mot
gui la précédé > non plus que le t 2$
1Î6 Ch. VIH. De la prtmonclatlax
»r. ou tinc autre conforme. Ainfî on
dit compofe de huit, ÔC non pa$ com-
pofe d’huit; le huitième, du huitième,
nu huitième , & c. & non pas l' huitiè-
me , de l'huitieme , h l’huitième J li
huit Ain , & non pas l'huitAin.
Autre Remarque.
La même Réglé touchant les mot*
de huit & de huitième, doit fcrvir pour
tous les mors qui commencent pat
des h alpirées \ car leurs h leur doi-
vent tenir lieu de confonne j c*eft-à-
dire, qu’on doit obferver la pronon-
ciation des lettres finales des mots
qui les precedent , comme fi ces h
ètoient de véritables confonnes. Vous
direz , par exemple , la hauteur , la
honte , la haire , & non pas l’hauteur, '
ïhonte, l’haire . Mais pour {çavoir fi
vous m’entendez , je voudrois vous
demander fi vous m’en direz la raifon?
Dam . Je vous eiuens bien lorfque
vous me dites que 17» tient lieu de
confonne -, car on ne peut pas dire
l'honté, comme on dit l'amitié, parce
que l’clifion qui fe fait des voyelle'f
des Confortes , 187
aux articles 3es noms fubftantifs qui
commencent par des voyelles , ne fe
fait que pour éviter la rencontre de
la voyelle de l’article , & de celle du
mot qui la fuit immédiatement : ce
qui fe fait par la douceur de la pro-
nonciation , comme nous remarquons
en ces articles , le, du, au ; la , de la,
à la , fuivisdumot amitié , dont on
mange les voyelles en parlant & en
écrivant en la maniéré qui fuit : L'a-
mitié, de V amitié , a l'amitié. Et com-
me les Voyelles de ces articles , le ,
du, au ; la, de la, a la , ne fe man-
^ * gent que loi ^ ’ es fuir.
prétendez que \'h aipirée qui fe trouve
au commencement d’un mot , n’ètant
pas une voyelle , doit être regardée
comme confône, & qu’on ne doit fai-
re aucune élifion de la voyelle de
l'article qui la précédé.
Phil. Cela doit être ainfi véritable-
ment. Et comme en prononçant ces
mots , le Prejlre , la bonté } du Preflre,
de la bonté ; au Preflre , à la bonté
nous ne faifons aucune élifion des
voyelles de leurs articles , parce quç
commence
vous
i$8 Ch. VIIÏ. De la pronônciaiiâft
les mots qui les Tuiven? commencent
par des confones j on ne doit auflï
faire aucun changement à l’un de ces
petits mots , le , la , du , de ta> an y
à la , quand ils font mis devant un
mot commencé par une h alpirée,
non plus que fi le mot e toit commen-
cé par une confonne , comme le ha-
sard, du hasard, an hasard ; la ha-
rangue , de la harangue , à la haran-
gue ; la Hollande , de la Hollande , a
la Hollande.
.Dd/w.Seroit-ce mal dit de dire /’ Hol-
lande , de l’ Hollande , al' Hollande? .
Phil. Si Ch du mot de Hollandé
ètoit muette , ce feroit fort bien dit s
comme par exemple en ces mots *
harmonie , htfloire , horloge , où vous ne
pouvez pas vous difpenfer de dire ,
l'harmonie , de l'harmonie , a l’harmo-
nie i l'hifioire , de l’hifioire , a l’hifioi-
re i l’horloge , de l’horloge , a l’hor-
loge j parce que cette h étant muette,
& ne faifant aucune fonction dans la
prononciation , doit être comptée
pour rien , & comme fi elle nèroit pas
au commencement du mot , dont on
*ie confidere que la voyelle qui la fuit.
dp s Confines , à e. 189
pour la lier avec la lettre du mot qui
la précédé, en forte qu’elle ne fade
point de mauvais Son dans la pronon-
ciation *, car il feroit auffi defagréable
d’entendre dire la armonic, de la ar-
monie , a la armonic , que la amitié ?
de la amitié y a la amitié. C’eft pour-
quoi pour éviter ( comme j’ai déjà
dit ) la rencontre de ces Sons , qui.
font une prononciation defagréable ,
on mançe les dernières lettres des
petits mots qui precedent ceux qui
commencent par des voyelles , ou
par des h muettes j & on met une pe-
rite apoftrophe à la place , en la ma-
niéré qui fuit, r , de T , a l' ; l’amour,
Phiftoire , l’aurore , Pborofcope , de
Phorofcope , à l'horofeope ; l’herejte , »
&c. Voyez le Chapitre des Confon-
nés finales.
Dam. Quel rapport route cette
Réglé a-t-elle avec notre h afpirée
ou notre h muette?
JPhil. Il eft vrai que cette Réglé ne
regarde que la maniéré de prononcer
les confonnes finales , félon que les
mots qui les fuiyent commencent par
<Jç$ conformes, ou par des voyelles, £
l$o Ch. VIII. De la prononciation
Mais on ne peut pas fç difpenfer d’en-
donncr ici quelques leçons par avan-
ce , pour donner une pleine connoif-
fance des h afpirées , quand elles font
accompagnées de leurs articles.
Dam, Vous n'en nommez que fix,
qui font/*, du, au j la, de la, à la.
Que dites-vous des trois autres, loi,
des , aux ?
Phil . Il faut obferver la même Rè-
gle pour leurs confonnes finales , fi
vous ne voulez tomber dans l'incon-
vénient que tombent la plupart des
gens qui parlent mal , & qui pronon-
cent les harnois , des héros , aux HoU
landais , comme fi ces mots ctoient
écrits ainfi , lé z>arneis , dé z,cros , an
JZolandois > joignant dans la pronon-:
ciation les s ou les x de ces trois pe-
tits mots, les, des , aux , aux premiè-
res voyelles des mots qui les foivent ,
fans prendre garde qu’il y a devant ces -
voyelles des h afpirées , qui faifant la
fon&ion des confonnes , à caufe de
leur afpiration , doivent produire le
même effet que produifenc toutes les
autres confonnes ; & que par con-
séquent les cpnfqnncs finales des arti.
des Confines y &c. i$t
clés qui les precedent ne fe doivent
non plus prononcer, que celles des
articles qui precedent ces mots , les
garçons , les filles , des chapeaux , des
bonnets , aux Tuileries . 11 faut donc
bien fçavoir la Règle des confbnnes
finales , pour ne point manquer dans
la prononciation des mots qui fuivent
ceux qui commencent par ces fortes
d7>.
j Dam, Il me femblc que vous en
avez dit allez , pour en donner une
ample inftru&ion.
Thil. Vous n*y êtes pas. il y a en-
core dix petits mots, dont les confon-
nes finales fe prononcent , ou ne fc
prononcent pas , félon que le mot qui
les fuit commence par une confonne,
ou par une voyelle, Les voici , il, ils ,
en, on , un, font. Par exemple , */efi,
ilj ont, en Angleterre , on attend, un
arbre, ils font enfermés. Si vous pro-
noncez tous ces petits rnots avec ceux
qui les fuivent , on vous entendra pro-
noncer diftin&ement toutes les con-
fonnes finales qui marchent devant
Içs autres mots ; à la referve du mot
sis, dont on ne prononce point i*/>
i<>2. Ch. VIII. De la prononciation
& dont l’i a le Son d’un z,. Mettons aq;
contraire ccs-pctits mots devant d’au-
tres mots qui commencent par des
.confones , & voyons l’effet qu’ils pro-
duiront en les prononçant , il fait ,
ils font , en France , on crie , un Livre ,
ils font morts. Faites-les prononcer par
par une perfonne qui parle bien , elle
dira , i fai , î fon , en France , on-crie ,
un- Livre ; 8c elle n’articulera prêt \
que pas Vn finale des mots, e/t, on3
un.
Suivant ce précepte, vous pouvez
* hardiment regler votre prononciation
à l’égard desX qui font au comment
cernent des mots , tant de celles qui
s’afpirent , que de celles qui font
muettes , en confiderant les alpirées
comme des confones , 8c les muettes
.comme des voyelles. Prononcez dorçc
les confones finales de ces petits mots,
il , ils j en , on , un , font , accompa-
gnés des mots dont ils dépendent,-
comme il harangue , ils hurlaient , en
Hollande , on hasarde , un héros , ils
font honteux , comme fi les mots qui
jles fuivent ètoient commencés par des
confones j 8c dites , î harangue , î hur *
v des Confines, &c. 193
lai , an-Holande , on-ha&arde , un-he -
%roSi î fon honteu : & prononcez au con-
traire les confones finales des mêmes
fiX petits mots devant des h muettes,
comme fi ces fortes d'h croient des
voyelles i & dites , il habille , ils hu-
milient, eh honnête homme , on habi-
te , un heretique , ils font honores ;
comme fi ces mots ètoient écrits en
la maniéré qui fuit , ilabille , humi-
lie , an-nonaîtomc , on-nabite , un-ne-
r étique , î fontonorés . Il eft de grande
cfcnièquence de ne (e pas méprendre
jdans la prononciation de ces fix pe-
tits mots fiiivis d’autres mots , qui
commencent par des h : car rien ne
donne une plus grande idée de grof.
fierété & de mauvaifè éducation d’u-
ne perfonne , que lorfqu’on lui en-
tend dire , déz,ero , pour dé héros »
V ézjolandais , pour lé-Hollandois ,* on-
na^arde , pour on-ha^arde ; An- No-
lande , pour en-Holande ; un-naran ,
pour un-haran i déx,aran , pour dé-
haran .
J’ai même entendu dire un nero ,
pour dire un z,ero , à des gens de
Province qui fc piquent de bien par-
JL ,
'#
1
194 Ch. VIH Delà fronànciation
Ici: , Ôc qui fout fçavans, & même à
des5 Avocats. Je vous laide à penfor *
quelle raifon ils peuvent avoir de
croire que le fingulicr du mot de
z.ero , fou ero > & qu’on puilie dccli-r
ncr ce mot ainfi , l’ero > de Vcro , a.
Vero • & au plurier , les eros , des erosf
MX eros. Cela fo.it dit en patent.
Mais je vous affiné que j ai entendu
plus de trente perfonnes, & déport
habiles gens , prononcer de même,
parlons maintenant de Ja maniéré de
prononcer la lettre
j Dans. Dites - moi , je vous prie , '
avant que commencer d autres leçons,
pourquoi nous ne retranchons pas
tout d’un coup ces h muettes de notre
Ortographe , puifqu’elles y font aum
inutiles que les lettres qu on a déjà
commencé à (opprimer dans les nou-
velles Impreflionsl Et pourquoi faut-
il nous embarafl’er de Régies pour ap-
prendre .1 démêler les h qui fe pro-
noncent d’avec celles qui ne fe pro-
noncent pas ?
PhiL Ce feroit un grand avantage
a la vérité , fi ces lettres muettes è-
toient tout- à -fait bannies de noue
des 'Confortes , &c‘.
ôrtographe s tant pour ceux qui écri-
vent , que pour ceux qui lifent, &
particulièrement pour les Etrangers ,
ou autres perfonnes , qui n’ayant pas
une connoHfance parfaite de tous les
mots.de notre Langue , font Bien fou-
vent embaralTés comment prononcer
nos Mais je n’y vois point encore
de remede $ car quelque changement
qu’on ait fait jufqu’à prefent dans
notre maniéré décrire , je ne vois
pas qu’on fe foit encore mis en devoir
de fiipprimer les h muettes j elles ont
de trop puiflans Parti fans, & on a beau-
coup d’égard pour les endroits d’ou
elles font forties , & pour les gens qui
les ont établies : Enfin, on les retient
toujours dans notre ortographe , pour
conferver l’étymologie de nos mots.
Dam. Cette raifon me paroît a fie?
jufte mais on pourroit ri’y avoir pas
tout l’égard que vous dites, & je m’en
apperçois déjà, puifqu’on commence
à Supprimer les h attachées à la fyllabe
• ch j dans les mots où elle fe prononce
comme, un ^ aufli bien que les h qui fe
trouvent immédiatement précédées
fl’un / 5 comme en ces mots Archange ,
Ch. VIII. De la prononciation
Théorie , quon trouve ortographiés )
par un (impie c., ou par un (impie
ainfi qu’il fuit , jircange , Tèorie : 8C
que même le ph , que les gens fçavans
confervent avec tant de perfeverance ,
commence à Te convertir en/ dans la
plupart de nos nouvelles Impreffions.
Phil. Cela peut être , & je fouhaii-
terois même que cela fût déjà établi;
maisj’ay bien delà peine à croire 'que
nous voyions (i-toft la fuppreflionde
nos h muettes au commencement des
mots, comme en ceux-ci habile x he-
ritier, hifioire , homme , humilité , défi-
habiller, déshonnorer -, & qu’on écrive
abile , entier , ifloire , omme , umilité ,
d'efiabiller , defonorer.
Dam. Cela dèfigureroit à la vérité
beaucoup notre écriture 8c notre Inv*
prelîion : mais ne pourroit-on pas dè-
guifer notre h , comme on a fait no<«
tre i voyelle depuis quelques années ,
en lui fefant une queue pour la ren-
dre confone comme notre / à queue ,
8c la marquer ainfi ^ ? Cela étant*
les Ecrivains 8c les Lecteurs auraient
lieu d’être contens.
Phil. Oiiy, mais il faudroit qu$
des Confortes , érc. x$rj
Quelque Puiflance s’en mêlât absolu-
ment : car après ce que tant d’habiles
gens ont écrit & propofé fur la re-
formation'de l’Ortosraphe, donc les
• \ / • N * ' . 1 •
peines ont etc inutiles, il ny a pas
d’apparence qu’il y arrive un change-
ment tel que nous le fouhaitons , que
par hazard & par fucceflion de teins.
En attendant mieux , il faut nous en
-tenir aux Régies qu’on peut donner
fur l’écriture , & fur la prononciation
de ces deux fortes d'h , & fur ce que
vous en pourrez apprendre par les
Dictionnaires tout François imprimez
depuis quelques an^s. 1
Art. I V. De la prononciation
de la lettre k.
Le k fe prononce comme notre
On ne s’en fert en notre Langue qu’en
ortographiant les mots étrangers *
comme K arabe , forte d’ambre ; Kati,
plante j Karafon , Province du Roy de
Perfe *, Makjda-, nom d’une Reine
d’Ethiopie 3 Kebek Capitale Ville de
Canadas 3 Kaoüane , efpece de Tortue 3
icarati certain degré de bonté & de
1^8 Ch. VIII. De la prononciation
perfe&ion de lor ; Karatras , forte de
plante fàuvage qui croît en l’Ameri-
que ; K ieder, forte de Fai fan ou Coq
fauvage qui Ce trouve en Laponie ;
Kynancie, terme de Médecine , elpe-
ce d’Efquinancie -, Cynocéphale » efpece
de gros Singe , fort & fauvage , qui
Ce trouve en Egypte *, Kynge , nom
d’une Reine de Pologne 3 Kyrielle ,
Jtlkalt , forte de Sel , appelle ainfi
en terme de Chymie.
Dam. C’eft dommage que cette
lettre ait un employ fi borné en no-
tre Langue , & que nous la regardions
comme un cara&ere inutile *, car elle
pourroif avec ifllucoup de juftice 6c
de raifon remplir la place de notre c *
devant les voyelles a , à, ù, comme j’ai
déjà dit en l'Article du c, & écrire,
Capitaine , K œnr3 Kupidon , au lieu de
Capitaine , coeur 3 cupidon 3 Sc fuppri-
mer le ç à queue , pour ne pas avoir
la peine de le changer dans la con-
jugaifon des verbes terminés en ccry
comme commencer , percer , ejfacer :
Ou fi nous manquons à mettre une
' codifie ou queue au deffous du ç ,
tjui fait la fyllabe pay «U la lÿllabfc
t; ' des Confines , &e. 199
ço> quon trcyÀ: fouventdans la con-
jugaifbn d’un cie ces verbes , comme
vous pouvez voir aux mots qui fui-
Vent , commençant , commençons , per-*
çant y perçons > j'ejfaçois , &' c. nous ren-
drons notre écriture ridicule, & très-
difficile à lire à ceux qui ne fçavcnt
pas tous les mots de notre Langue ,
ni la valeur de ces ç a queue , & qui
lifent les fyllabes çant , çons , & ça
de ces mors , comme on prononce
les premières fyllabes de conte, & de
Capitaine ; & qui lifent .encore la
plupart la fyllabe fça du mot fçavoir ,
celle de çon du mot de Maçon s com-
me les fyllabes fça du mot de Scapu~
laire , & celle de çon , comme la pre-
mière Syllabe du mot de conte»
Art. V. De la^r enonciation de U
lettre 1 , & des fyllabes ilia ,
ille -, illi , illo , illu.
Phtl. La lettre / fe prononce par le
mouvement de la langue y qui fe rc-
dre fiant par le bout , touche au pa-
lais , & fait un Son fec , qui forme
}es fyllabes la , le , li , lo , lu , comme
loo Ch. VIII. De la prononciation
vous pouvez voir aujÉpemieres Syl-
labes des mots fuivan s?lame9 Légat,
hbre , Logique , Lune. Gctte lettre /
a beaucoup de rapport avec notre l'rt
Sc cela cft fi vrai , que ceux qui ne
la peuvent prononcer , font entendre
le Son d’une /. C’eft ce qu’on peut re-
marquer , fi on fait attention fur la
prononciation des enfans qui ne fça-
vent pas encore prononcer les r.
Dam. Il y a des Provinces en Fran-
ce où l’on paroît aimer mieux les r
que les / ^ car on leur entend pro-
noncer la plupart de leurs / finales en
r, prononçant animar , fanar chevary
pour dire animal , fanal , cheval.
Phil. La lettre l qui devient mouillée
eft celle qui eft précédée du S^n.d’un
iy Sc fuivic d’une autre /, en la ma-
niéré qui fuit , ilia* on ille , ou illi ,
ou illo , ou illu. Elle fe fait par un
autre mouvement de la langue , tout
contraire à celui qu’elle fait lorfqu’elle
veut former le' Son de 17 feche : car
au lieu de fe redreflèr par le bout vers
le palais , elle fe recourbe vers les
dents d’enbas, 5c s’élargit par le bout
& vers le milieu , comme fi elle vou-
(
(
v ff
des Confines , érc. 16 1
loit former un i , qui fe trouve inter-
rompu dans fa formation par le batte-
ment de la langue vers les dents d’en,
bas , d’où il fe fait de needfite le Son
moiiillé de 17, en mêlant le mouve-
ment de la langue qui forme le Son
de 17 , avec celui qui fait le Son de
17, comme vous allez remarquer aux
fyllabes ilia , ille , illi , Mo , illu , qui
fe trouvent en ces mots , paillajfe ,
taillai cueilli , billot , feuillure. Cette
Régie n’efl: pourtant pas fans Excep-
tions , comme vous allez voir.
Exceptions .
Lés fyllabes Me , Mi, Mu , perdent
leur Son moiiillé , 5c fe prononcent
comme fi elles n’avoient qu’une l , 6c
que cette / retint fon Son fec & na-
turel. Mais pour parler plus intelli-
giblement , elles fc prononcent com-
me en Latin , quand elles fe trouvent
immédiatement au commencement
d’un mot, comme en ceux-ci , illégi-
time , &c. illicite , &c. illuftre , &CC.
Mujion , Ôcc. Iilyrien , 6tc. Ces {yllabes
fe prononcent auffi de même aux
I v
J
201 Ch. VIII. Dâ la prononciation
mots qui fuivent , tranquille , fcc. di^
Jlilter , fcc. argille , etoille , mille > Ca-
pillaire, pupille, pupillaire , que quel-
ques-uns écrivent prefentement avec
une feule /, ainfi qu’il fuit, tranqui -
/<? , diftiler , argile 3 èfoi/e , w/'/e , C<i-
pilaire , pupile , pupilaire j fc qu’on
devroit pourtant écrire de même ,
puifqu’on ne les prononce que -com.
me s’il n’y àvoit qu’une l dans les
jfyllabes ilia, ille , illi , illo, illu de
ces mots.
Dam. Pourquoi voudriez-vous laif*
fer les deux II, dans ces mots , illégi-
time , illicite , illufire , illufion , Illyrten,
&c.
Vhili II ed bon de les y laifTér ,
parce que ces / ont une prononcia-
tion un peu plus forte , & qu’on pefe
davantage delTus en les articulant , &
qiiafi comme fi on les vouloit pronon-
cer comme doubles *, de même qu’on
Fait à peu près ces mots Latins , Ma ,
illorum , illud. fcc.' mais pas tout-à-
fait fi fort : ce qui ne fe fait pas aux
mots fui vans , tranquille, difiiller, è-
toille , fcc. dont les deux II ne fe pro-
noncent que comme une fimple l ,
c
s des Confines , &c. icf$
& dont le Son eft fec & fermé , com-
me vous pouvez le remarquer en pro-
nonçant tranquile , difiiler, e toile.
Remarque .
• Les Peuples du Nort ont bien de la
peine a prononcer ces / mouillées ;
mais les Efpagnols & les Italiens les
•prononcent avec autant de facilité
que nous. Les Italiens les caraétéri-
fent avec ces trois lettres gli , comme
vous voyez en ces mots , pigltare , wc-
glie , voglio , qui lignifient prendre
femme, je veux : & les Efpagnols par
^ deux// feulement , comme vous voyez
^ en ces mots . callar, G aile go , z,ambul-
liâo j polio , lalluvia , qui lignifient en
notre Langue , m/ty , GalUcien ,
plonge, poulet, lapluj/e . De forte que
ces deux Nations prononcent ccs
mots , comme nous les prononcerions
fi nous 1 s voyïons écrits à notre mo-
de , cil la maniéré qui fuit , pillare ,
moille , voillo , caillar, G aille go , farp-
bouiflido , poillo , laillouvia .
204 Ch. VIII. De U prononciation
...» k ^ , v»
Réflexions fur la maniéré d’épeler
les fylUbes ilia, ille, illi, 1II6,
illu.
Dam. Voilà une manière de mar-
quer les fyllabes mouillées qui fe for-
ment de notre i , fuivi de deux II , bien
extraordinaire 5 & il femble que vous
les vouliez épeler d’une autre m^*
niere que les Maîtrcs-d’Ecole ne les
font épeler à leurs Ecoliers , en leur
apprenant à lire : car félon ce que
vous propofèz , il faut épeler ces mots,
gaillard, taillé , bouillon , en la maniéré
qui fuit j ga-illard , ta-illé , bo-uillon ;
& dire , ge , a , ga , i > deux elle , a , 1
err, dé, illard , gaillard ; te, a,
i , deux elle , é , illé , taillé j bé , o ,
u , bou , i , deux elle , o , enn , illon ,
bouillon *, 8c non pas en la maniéré
ordinaire , gaiUlad , t ail-lé , boüi-llon ,
qu’on leur fait épeler ainfi , ge , a , i ,
ell , gail , i , elle , a , erre , dé , illard,
gaillard *, té, a, i, elle, tail, i , elle,
é , illé, taillé i bé , o, 11, i , ell , boüil,
i, elle , o , enne, on , illon boiiillon.
Phil* Pour moy je ne fuis point
des Confines a dre. 2oy
pour cette derniere manière d’èpekr
ces fortes de iÿllabes', de j’ay vu des
Alémans qui m’ont avoué que ce qui
les empêchoit de comprendre le Son
naturel de ces /"mouillées , c'ètoic
cette feparation qu’on leur fefoit faire
de ces deux fortes d7, en épelant la
fyllabe où elles fe trouvent , dans la-
quelle ils entendoient deux Sons di£*
ferens, qui ècoit celui d’une / mouil-
lée , de celui d’une / feche , qui les
cmpêchoienr d attrapa la véritable
prononciation de ces fÿllabes mouil-
lées : ce qui n’arrivoit pas quand on
leur fefoit cpelcr ces fyllabcs ainfi,
ilia , ille , illi , illo » illti , fans fepa-
ration : & la maniéré d’èpeler ces for-
tes de fyllabes me paroît pour le moins
suffi aifée que l’autre , de plus utile.
Il feroit même bon que Içs Impri- 1
meurs, oblèrvalïènt de les partager en
-la maniéré que je le propolè dans le»
divifions qu’ils font au bout de leurs
lignes, au lieu de les partager comme
ils font , 8c de mettre une / fur une
lÿllabe , de une autre / fur l’autre *
comme f4/7 à la fin d’une ligne , de le
au commencement d’une autre * paut
iù6 Ch. VIII. De la prononciation
imprimer le mot de taillé , puilqu’ii .
eft confiant que la fyllabe $lh Fran-
çoifc ne fe peut divifer en l'épelant*
ou en écrivant , fans changer da Son.
Il y a encore une autre raifon qui me
femble n’avoir point de réplique ,
c’eft qu’ils joignent fouvent deux con-
fones enfèmble au commencement
d’une fyllabe qu’ils veulent (êparec
d’une autre qui la précédé, comme
en ces mots , dt-gnus , ca-ptus , o-mnisy
dont ils poufiroient pourtant feparer
les fyllabes ainfi , dtg-ntu , cap- tus ,
em-nit. Il eft bien plus raifonnablc
de joindre les deux confones // dans
une fyllabe , puilque jointes avec 1# ,
elles n’en font qu’une , plutôt que
de les feparer l’une de l’autre , pui£
que cette feparation en fait changer
le Son. .
Dam. Tout ce que vous vanez^de
propofer fera aufli difficile à établit
parmi les Maîtres d’Ecole & les Im-
primeurs , que votre k pour le c dur
& votre fi à queue $ car il fera bien
difficile de leur ôter de la tête que
ces fyllabes ilia , ille , illi , Ulo , ilia ,
détachées du mot où elles doivent
r.
t
r ' ' des Confines ,&c. 107
. être , ne fe’doivcnt prononcer & épe-
ler comme en Latin , & comme on
épele les mots fuivans , capilUre ,Me-
cebra, illicitns > illorum , Mue.
Phil. Je ne vois pas qu’on doive
trouver plus étrange de prononcer
nos fyllabes Françoifes , ilia , Me ,
illi , illo , Mti, comme les Efpagnols
prononcent leurs fyllabes mouillées
lia , lie , lit , llo ,//«,& de cara^léri-
{èr de même ces Sons moiiillez par
Ma , Me , ///* , *7/o , illti , que nous
trouvons étrange de marquer les Sons
moiiillez qui fe forment de notre c
avec un h par ch a , che , chi , cho , cl?»,
& le Son de notre g nazal par ,
gne y gai , gno 1 , gnu* Car toutes ces
trois fortes de fyllabes fe trouvent en
Latin comme en François , avec cette
différence , que nous les prononçons
autrement en notre Langue que, nous
ne fcfons en Latin. Si on ne peut fe
méprendre dans la prononciation de
ce$ fyllabes Françoifes gna , gne , gniy
gno j gntiy qu’on pourroit feparer ain-
fi en les épelant g-na , g-ne , g-ni ,
ôcc. comme on nous objecte qu’on
peut faire en nos fyllabes Ma , Me y
• ■ - -
‘ioS Ch.VIII. De ta prononciation
illi , &c. en prononçant iUla , il-lct,.
il-ti , &c. comme on fait en Latin ,
pourquoi veut-on qu’on fe méprenne
dans la prononciation de ces dernie-
fes (yllabes ilia , file, illi, &c. quand
on fçaurà qu’elles ne (ont pas Latines,
de qu’elles appartiennent à des mots
François ? Il eft vrai qu’un Etranger
voyant ces fyllabes chas chc , chi >
cho , chn ; gna , gne , gui , gno , gnu ;
ilia , ille , illi , illo , illu , feparées de
leurs mots , fans fçavoir à quelle Lan-
gue elles appartiennent , ne manque-
ra pas de les prononcer comme kje,
kf> kj , kj> , kjf ; g-na, g-nè , g-ni,
g-no , g-mt ; il-la , il-le , il-li , il-l(t ,
il-lu ; & nous les prononcerions auflï
de même fi nous les voyions dans des
mots étrangers. Mais fi l’une de ces
lyllabcs Ce trouvoit dans un mot Fran-
çois qui ne fut pas connu à tout le
monde , il ne faut pas douter que
nous ne la prqpon ci allions félon no-
tre maniéré naturelle de prononcer
ces fortes. de lÿllabes : & un Etranger
qui fçauroit lire notre Langue, eu
feroit la même chofe , pourvu qu’il
fût perfuadé que le mot ou il trouve*
des Confines % &c. 109
foie Tune de ces fortes de lÿllubes,
fût François.
Dam. Il eft vrai que nous pronon*
çofts beaucoup de fyllabes en Latin
tout autrement que nous ne les pro*
nonçons. en notre Langue naturelle »
car nous ne prononçons pas ces mots
Latins , C baratter , Chelidoriia , Af-
chiepifcoptts , Chorus , Bachus , comme
flous prononcerions ces mots Fran-
çois , chapeau > cher. Architecte , cho-
quer, chucheter. Les Elpagnols pro-
noncent leur ch , comme tch j de for-
te que pour prononcer le mot mu -
ehacho , qui veut dire en leur Langue
petit garçon , ils prononceront moue-
chatcho : & cependant ils prononcent
les eh qui fe trouvent dans les mots
Latins , comme des k^. Nous pronon-
çons ces mots Latins, ignarus , digneris ,
ign'ts , comme fi on nous les fcfoit è-
peler en la maniéré qui foit , ig-na -
rus » di gne-ris , ig-nis.
Phil. C’efi: la vérité , mais cette
Régie neft pas fort générale : car
les Efpagnols & les Italiens pronon-
cent lesjr en Latin , comme ils pro-
noncent idiotiquement les leurs j car
ttô Ch. VIII. De la pronmcUtlôfï
ils difent Vi rdginis, 6c les Efpagnols
Fi rghinis : çes derniers prononcent
leurs g devant les <?, & les y comme
nous prononçons nos g durs , c’eft-
à-dire ceux qui font fuivis d’un h ,
en afpirant dans la moment de l’ar-
ticula:ion qu’ils font de ce g la voyel- .
le qui le fuit : de forte qu’ils pro-
noncent leurs mots de mttger , qui
lignifie femme » heregia , qui fignific
herejie , comme nous les prononce-
rions à p:u près s’ils ètoient marqués
par fyllabes en la maniéré qui fuit ,
moug-he'er , hereg-hîa , en afpirant Y h
aufli fort que celle du mot de héron ,
& celle du mot de hibou , & en pro-
nonçant le g un peu plus fort que
nous : Mais ceci n’eft plus de notre
.Inftru&ion. Nous aurions trop de
chofes à dire for la maniéré dont les
Etrangers prononcent les mots de la
Langue Latine , & celle dont nous les
prononçons nous-mêmes. Paflons à
d’autres préceptes.
Dam . J’ai encore une demande à
vous faire touchant la manière d’cDe-
ler nos fyllabes ilia , ille , illi , &c.
lorfque la voyelle qui la précède ell
‘ des Confortes , &c. itï
lin i commun : car fuivant votre S y-
ftème, il eft conftmt que Vi fe dé-
pouillant de Ton Son naturel , pour
aider à former le Son moiiillé de U
doublée qui la fuit, il. ne doit plus
relier de voyelle pour former la fylla-
be qui précédé cét i , puifque le Son
de ce même i eft tout-à-fait confon-
du dans celui des deux II qui le fui-
vent; Comment ferez-vous pour épe-
ler ces mots , bïllart , fille , pliage ,
&c 1 car vous ne pouvez pas feparcr
en épelant la confone qui précédé Xi
de cette fyllabe ilia , ille , Sec. &c di-
re t.illac, b-illet , p-illf , comme vous
pourriez faire aux fyllabes gna, gne >
gni > Sec.
Phil. Tout ce qu’on peut vous ré-
pondre là-delTus , c’eft que comme il
y a peu de régies fans exceptions ,
celle-ci en a une qui eft aifée à com-
prendre j qui eft , qu’en ce cas Xi fans
être précédé de voyelle , fe double
dans l’èpelation * en forte qu’il y en
a un qui donne le Son d la confone
qui le prêche , & l’autre qui aidé d
former le Son moiiillé des deux II ,
aufquelles il eft attaché ; de forte
ïu Ch. VIII . De td 'pronôncUtiofi
qu’on èfele ces mots, tillac , billet '}
fille, billon , brillant , &c. en la ma-
niéré qui fuit , té, i* ti% i , deux 11%
à , cé , , tillac : les autres mots
doivent être. épelez de même. Pro*
noncez donc , billet , pille' , billon *
brillant , comme s’ils ètoient écrits
ainfi , bi-illet , pi-illé , bi-illon ,
ittauti Sec. Qifon fc récrie tant q'uon
voudra fur cette maniéré d’épeler, je
la foutiens toujours plus aifée que la
maniéré ordinaire^lcs Ecoles, Se pour
les Etrangers , & pour ceux qui tic
fçavenc pas encore lire notre Langue*
• ’( .pv '•* » ■' > t M
Remarque,
La fyllabe ille double Ton i dans la
prononciation du mot de Jnillefi
Prononcez donc ce mot , comme s’il
ètoit écrit avec deux i , en la manière
qui fuir , Jui-illet .
Da?». Vous avez uni exemple dans
ly-grec , qui appiiye votre Syftême ;
car j’ay vu des Maîtres de Langue en
Italie qui le fefoient èpellr à des Ale-
mans, comme s’il avoir été double :
On leur fefpic épeler ces mors ,Doyeny
des Confines, ère . 2.1$
fayf9 Ecuyer, en la maniéré qui fuit.
Dé, o, y-grec , Doy , y-grec , e , ènne,
yen , DQyen , &c. Ils leur fefoient pro-
noncer. & çpeler tous les ^-grccs en-
tre deux voyelles , comme s’ils avoient
çté doubles , en la maniéré qui fuit
aux m.ots fuivans , pay-ye' , Ecuy-yer ,
employ-yer , &c. N’avezvous plus rien
à dire de 17 f
. P htl. Rien, linon que quand elle fe
trouve à la fin d’un mot précédée
d’un o , elle fe prononce quelquefois
comme ou , & quelquefois comme oU
y oyez le Chapitre des Monophthonr
gués tout à la fin. Parlons de la va-
leur de Xm»
A blt. VI. De la prononciation
de /’m.
La prononciation de Vm fe pro-
nonce çn notre Langue , comme
en la plupart des autres Langues ,
lors qu’elle fait immédiatement le
commencement d’une fyllabe ou d’un
mot : c’eft-à-dire ? qu’elle fe prononT
c.c par le fecours du battement de la
Uyre d’enbas ? contre pelle d’enhaut,
114 Ch. VIII. De la prononciation
comme vous pouvez remarquer en
ces mors , mon, ma, me-rite ^i-mi-ter,
mar-mot y mu-rit , fi-ni > &c. Mais
quand elle fe trouve à la fin d’une
fyllabe , elle change de Son , comme
*m-pley t-taim , im-portun , fom-bre,
hum-ble. Voyez le Chapitre des Mo-
nophthongues , à ■ l’Article 5.
• • *. .•
Art. VII. De la prononciation
de V n.
Vu fe prononce en notre Lan-
gue , comme en la plûpart des autres
Langues , lors quelle eft immédiate-,
ment mile au commencement d’iine-
fyllabe : c eft-a-dirc , quelle s’articule
avec la voyelle ou double voyelle qUr*
la fuit, en repliant le bout de la lan-
gue vers le palais , &: en fefant un
petit mouvement dans’ la racine du
nez , qui joint avec ce- mouvement du
bout de la langue , fait ce Son reten-
tifiànt qit’on etitend dans les premiè-
res fyllabes dc ces' mots y natal , né~
ffoce , Nicolas, ndble y numéro.
** Quand l 'n fe trouve à la fin d’une (yî-
labw, elle perd le Son naturel de reten-
des Confines, &c. ny
tiftànt qu’elle avoit étant entre deux
voyelles , ou immédiatement au com-
mencement d’une fyllabe j car elle ne
s’articule qu’à demy , &: encore eft-ce
d’une maniéré fi foible & Ci peu fen-
fible, qu’on ne s’en apperçoit point,
comme vous le pourrez remarquer
par les fyllabes marquées en lettres
italiques dans les mots qui fuivent ,
manc he > peindre , /'«cident , onguent,
défunt.
. - * 'j' ' * % *Cv'
Autre maniéré de prononcer l* n.
L’n change de Son Iorlqu’elle eft
jointe à un p qui la précédé, & fait
aüfli changer" de Son au g avec lequel
elle fc joint : car au lieu qu’on devroit
prononcer chacune de ces lettres fé-
lon leur Son naturel qui eft fec, elles
prennent l’une & l’autre un Son mol
& moiiilJé , comme vous pouvez voir
en ces mots, gagner, dignité , rojfi-
gnol. Les uns appellent ces deux ca-
ractères joints ainfi enfemble un ç
nafal , a caufe des mouvemens qui le
font dans le nez en les prononçant ?
& d’autres les appellent une n moiiil-»
• - . .. . . <
0
U
il 6 Ch. VIII. pe la prononciation
lée , à caufè du mouvement que la
langue fait dans la bouche en s’élar-
giflànt par les coftés 3 au lieu qu’elle
fc redreflè vers le palais quand on
veut prononcer le Son naturel de cet-
te ». Les Efpagnols cara&érilênt ce
Son mouillé de gn par une petite li-
gne au deflus de Yn ainfi, comme
ni no , peftanas , panuelo , que nous c-
cririons feion notre Ortographe , ni -
gno , peftagnas , pagnuelo : &il$pro*.
noncent le gn des mots Latins , com-
me nous le prononçons ; c’eft-à-dire,
qu’ils difent ag-nas & non a~gnm ,
comme font les Italiens , qui pronon-
cent & écrivent en leur Langue leur
gn comme nous , & qui le pronon*
cent de même dans les mots La-
tins.
Art. V III. De la prononciation
du p .
s *. ■**?!•<*'.* '* • • *
Il n’y a rien a dire fur la pronon^
ciation de la lettre p , fin on quelle
fe prononce de la même maniéré que
le b , mais en fefant un plus fort
battement des des lèvres^ qu’en la
formation
d<*s Confines , &c. i\-j
formation du b , comme vous pouvez
voir en prononçant l’une & l’autre de
ces deux lettres dans les fyllabes fui-
vaD tes»
1U'
Syllabes avec un p.
B a » pe> pi, po , Triais , pete , pi „
Pi*' rc , po\i , pur.
»
Syllabes avec un b.
Ba> be,bi, bo , Æ^Iais , bec, Si.
bu. ble, fomet, £#rin.
Les Aîemans appellent cette lettre
p , cin harti b , qui veut dire en leur
; Langue un b dur. Quand cette lettre p
eft (uivie d’une h , elle fc prononce
icomme uncf, comme vous verrez aux
ïÿîlabes marquées en cara&ercs itali-
ques des mots qui fuivent ; Empha-
tique , pher- orrene, TVjlofophe, mc-
taphotc , Phfique > phlébotomie , phre -
jiçrique jpltf/fie , &c. Prononcez donc,
’en/dtique , y^nomene , jîlofoj^ , &c.
Voyez ce que j’en dis au Chapitre de
la prononciation des Confones.
s
✓
*i8 Ch. VIII. De la prononciation
Remarque fur l’Orto graphe de
ce ph.
Quand ces mots de phlegme , & de
phlepmatique s employent figurement
dans le difcours , pour dire moderar
tion , -patience , modéré , patient > on
les écrit ordinairement avec une f ,
comme flegme , flegmatique. Mais en
matière de Chymie , où il y a une au-
tre lignification , il eft bon de 1 écrire
avec un ph.
Art. IX. De la prononciation
du q.
Le q eft toujours fiiivi d’un », 8c
fe prononce toujours comme un K ,
comme vous voyez aux cinq (yllabes
qua, que , qui , quo , quu , qui font
dans les mots qui fuivent , quaitc ,
que ftion , calibre , quolibet , pi^r»»-
re, que vous devez prononcer com-
me s’ils ètoient écrits ainfi , K atre >
Xefiion , eKilibrey xolibet > figure*
1
des Confines ,&c.
Exception.
J’ai oublié de dire que le q ne fouf-
fre point d’«, quand il iè trouve à la
fin ci un mot’, comme on petit remar-
quer en ces mots eboq & coq.
Exceptions de • la prononciation
du q.
"Le de la fÿllabe que , eft féminin,
ôc ne s’entend prefqùe point en ces
mots , ÿwnoiiille , qusrtWe , ^relier,
&c. queteWi ur , ^relleufe , empaque-
ter t &c. dépaqueter t Sec. caqueter ,
&cc. caqueteur , caqueteuÇe , caquetoi-
re, coûter, &c. craqueter , Scc. be-
-que ter, &c. dèchi^ter, Sec. marque-
ter , &ç. par^eter , Sec. Prononcez
donc ces mots à peu pi ès comme s’ils
ètoient écrits ainfi , k nouille , ampa-
Kter, Sec. caKter , &c. dans le difeours
Familier : Mais dans la Poëfie , faites
fêntir dans la iyllabe que , un peu du
Son de Ve , & à peu près comme s'il
y avoit K«*noiiille , ampaKe«ter , ca^
Xf»rer,&c%
Kij
2.io Ch. VIII. De la prononciation
Il faut obfcrver la même prononcia-
tion dans les fyîlabes finales que , ques,
quent, comme en celles qui Ce trou-
vent en ces mots, coque , bar que, tu
marques, ils mar quent, où les e font
féminins.
Obfervez la même prononciation
dans le mot quérir , où Ve cft aufli fé-
minin -, & dites aUe' k ri , pour dire
allez, quérir : Mais dans le difeours
foûtenu , ou en lifant des Vers, faites-
y entendre foiblement & imperceptr-
blement le Son d’un e ; comme auffi
aux fyîlabes finales que , que s y quent ,
comme je vous ai déjà dit au fiijet
des mots de quenouille , caqueter , &
empaqueter,
Remarque fur l'Orto graphe & fur
la prononciation des verbes em-
paqueter, dépaqueter, caque-
ter , & de tous ceux qui fe ter-
minent en queter.
Le t de la fyllabe finale des verbes
empaqueter , dépaqueter , caqueter, co-
que ter, déchiqueter , marqueter , par-
des Confines , &c. m
ejueter , bequeter , & a ut es terminés
en ejueter , Te double clans les trois
premières perfonnes fingulicres , &
dans la troifième peiTonne du plurier
de leurs tetris prefens , tant de l’indi-
catif, que du fubjon&if : & IV qui
précédé le t doublé , Ce prononce com-
me un è ouvert *, ou fi vous voulez ,
comme la fyllabe ai dans le mot de
fait. Voici un exemple de conjugai-
fon que je vais donner pour l’orto-
graphe , & pour la prononciation de
tous les verbes terminés en ejneter*
Infinitif.
Ecrivez. Prononcez.
Eknp*7**ter. ampafyf.
Participe actif.
Ecrivez. Prononcez.
Empaquetant. ampaktan.
Participe passif.
Ecrivez. Prononcez.
Empaq/tfté. ampakté.
m Ch . VIII. De la prononciation
Indicatif.
Le teins prsfent.
Ecrivez. Prononcez.
J*empa guette. j’ampakjtite .
Tu empa^tte. tu ampakaite.
Il empa^tte. il ampakaite ,.
Nous empale- nom ampaktôn,,
tons.
Vous empa^#etez. vous ampakjes.
Ils empannent. iz, ampakaite.
Le tetns imparfait.
Ecrivez. Prononcez.
Tcmpa^/etois. fampaktês.
— Tu empa^werois. tu ampaktes,
* Il empa^wftoit. il ampakjai.
Nous empala*- nous ampaktiôn .
tions.
Vous empa que- 'vous ampakjies,
ticz.
Ils empa^toient. iz, ampaktes.
Le tems pajftf.
Ecrivez. Prononcez.
J’cmpa^«eiais,&c. j'ampakté , &c.
rs^r , * * ' f ’^-A* ' . - *•
1
î*
' * • des Confines , &c. iaj
Le tems à venir,
.Ecrivez. Prononcez.
J’empannerai j j' ampakterf , &c.
&c.,
L’ Impératif.
Ecrivez. Prononcez.
Empa^«rtte. amp akf.it s.
Qo^il empagr^tte. qu'il ampakfite,
Empagwtons. arnpkktôn.
Empa^»^tez. ampakjes.
Qu^ils empa^«£t- k ’/x. ampakfite,
tent.
Lf. SUBjoNCTIF.
~ f“ * ’ . • Le tems prefent.
Ecrivez. Prononcez.
Que j’empa<7#£tte. k’ j’ampakjtite^
Que tu empa^tft- k’ tti ampakfite,
tes.
Qu’il empa^«^tte. k il ampakaite.
Que nous empa- k’ nom ampakr
quêtions. tidn .
Que vous empa- k’ vous ampak?
quêtiez. tifs.
Qu’ils empaler- k’ jz> ampakfitc»
tent.
K iii)
214 VIII. De la prononciation
Le tems imparfait.
Ecrivez. Prononcez.
Que j’èmpa que- k ’ j ’ampaktdjfe ,
ca(îè,&c. &c. - ' . •
L’imparfait conditionnel.
Ecrivez. Prononcez. .
J crcpa^^terois , j’ampakjerês , & c.
&c. •
Remarque . ‘ .
* j» /'
Les & catera que j’ai marques A la
4m des premières perfonnes des tems
de ce verbe , marquent que la (ÿllabe
que fe prononce & s’écrit par toutes
les autres perfonnes de même qu’à
la première. Remarquez auffi que
toutes les s finales précédées d’un e
accentué ne fe prononcent point.
Autre Remarque. 9
ï . .*;•*, . # •'
Quoy que je n’aye pas marqué d’* •
après le k dans l’inftruttion. que j’ai •
voulu donner de la maniéré de pro-
noncer les e , qui fe trouvent dans la
' des Confines , &c. i if
(ÿllabe que , laquelle on trouve dans
la conjugaison des verbes terminés en
que+r , il ne faut pas avoir égard à
romiflion que j’ai faite de ces e ;
car je ne l’ai faite que pour faire mieux
comprendre aux Etrangers, & irêmc
à quelques François , la maniéré de
prononcer Ve de cette fyllabe que ,
quand il eft muet : & il ne faut pas
pour cela biffer de faire entendre un
peu le Son de cet e , & particulière-
ment lorlqn’on parle en public 3 mais
il faut que cela fe faffc avec tant de
délicatéffè & de fübtilité de langue ,
qu*on ne s’en apperçoive prefque pas.
Art. X. De la prononciation
de la lettre r.
La lettre r ne change point de pro-
nonciation en quelque endroit d’un
root qu’elle fe trouve -, car on ne la
prononce pas autrement dans le mot
de raifort , que dans celui d 'oraifon ,
& dans celui de fer» Les Efpagnols
lui donnent un Son plus fort que
nous , & la prononcent comme dou-
ble quand elle fe trouve au comme»-
K v.
il '6 Ch. VIII. De U fronoticiatîon
cernent des mots, comme en ceux-ci,
rato , reyr , rio y qu’ils prononcent
comme s’il y avoit rrato , rrétr, f yïo .
Les Gafcons les prononcent aufli de
même : pour dire , vous avez, rai-
fort, ils difent , vous avérrezon , pro-
nonçant les deux rr en ces deux mots
joints enfemble , comme nous pro-
nonçons les deux rr du mot Latin
terror.
Cette prononciation des Espagnols
& des Gafcons a donné lieu à quel-
ques-uns de croire que nous pronon-
cions nos r d’une maniéré plus forte
au commencement des mots , qu’au
milieu : mais c’eft une erreur , com-
me vous voyez par ces deux mots de
raifort & à'oraifon , ,& par l’r qui fe
trouve dans la phrajfè qui luit , vous
avez raifort , que nous prononçons
comme fi on ne felbit qu’un mot des
trois enfemble en la maniéré qui fuit,
vouzavfraizon.
Quand il Ce trouve deux rr dans
une iyllabe , nous n’en prononçons
qi*’une i mais celle que nous ne pro-
nonçons pas, nousfert à rendre lon^
gue la voyelle qui la- précédé. Ainfi
des Confines, &c. ny
nous fefons eliilon delVen prononçant
les fyllabes tar,guer, ôcclor, des mots
de banc. , gtte re , clone ; & nous de**
meurons un peu for la prononciation
de leurs premières fyllabes pour les
rendre longues : de forte que nous
prononçons ces mots comme s’ils è-
toient écrits en la maniéré qui fuit ,
tare , guitare , guère.
Exceftion de la Réglé des deux rr.
Excepté ces mots erreur , errant ,
erroné, erronée, terreur , horreur, dont
les deux rr fe prononcent diftin&e-
ment & feparément l'une de l’autre ,
de même que nous prononçons en
Latin ces mots «Vor, ttrrot , horror.
: Dam. Ur ne double-t-elle pas dans
les mots de terrible , terriblement ,
horrible Sc horriblement, quand on les
prononce ?
Phil. Quoi-que le mot de terrible
vienne de terreur, on n’en prononce
pourtanr les deüx rr, que eommé s’il
n’y en avoit qu’une \ car on pronon-*
ce les premieies fyllabes des mots
Je rrible & terriblement, comme celle
Kvj
2.2.8 Ch. VIII. De U prononciation
du mot d c guerre. Quant à la double
rr des mots d’horrible &. horriblement,
on n’en prononce pas rout-à-fait les
deux Sons fi diftin&ement , que dans .
les mots d 'horreur & de terreur ; mais
on lui donne au moins un Son un
peu plus fort , que celui qu’on donne
aux deux rr du mot de verre ou
guerre , quand on les prononce : ou-
tre que la lyllabe hor dans horrible &
horriblement eft brève, comme elle Je
doit ctre aux mots d'errant , erreur, SC
en tous les autres , dont les deux rr
fe prononcent & s’articulent diftindte-
ment & feparément l’une de l’autre, .
Remarque.
'**••4* ' ‘-V ' /• '* Lrvj . ' •;
; L V qui (è trouve à la fin des mots
eft fujettc à changer de prononciation*
fiiivant les mots qui la fuivent. Voyez
l’Article des r finales au Traité des
•Confones finales.
Art. X I. De la prononciation
de la lettre C
la prononciation de .l/fe forme.
»
des Confines y &c. 119
par un fîflement qui fe fait du bout
de la langue , en la pouffant contre les
dents , comme vous pouvez vous ap-
percevoir en prononçant ces mots ,
fige t pl j fîmilitude , fobre , fujet.'
Nous en avons de deux fortes en no-
tre Langue : nous avons une f forte,
qui eft celle qui fe prononce au com-
mencement des mots & des fyllab.es ,
ou quand elle eft immédiatement pré-
cédée d’une confone , comme en ce
motrde fa ge , & en celui de perCi\ , &
en ces mots d’abfenir , transparent ,
peu fer, tranû. Nous en avons une
autre qu’on appelle f douce, qui fè
fait par un fîflement plus doux , en
Î>ouftànt le bout de la langue contre
es lèvres avec un peu plus de délica-
teflè , & qui a le Son d’un z,. Elle fe
trouve toujours entre deux voyelles ,
comme vous pouvez remarquer aux
mots qui lui vent , rafide , rzfè , mu-
sique , d'-f ordre , rtfiltat , rafon , mai-
fin , caufi.y epoufe , hontcufc , oi fin,
amufimenty tic for*
< * y I
4
*
U
ijo Ch. VIII. J>e la prononciation
Exception de VS forte •
- - *>
Excepté ces mots tran( a&ion , trait-
figer , Pcc. transitoire , transition »
dont Tes /Te prononcent comme des
Prononcez donc , transaction , fr*#-
z*tger, &c. transitoire , & le refte.
Exception de ' V S >
-f ' * » ■ < . . . 4 i . • V ^ i.*T}
L’/ quoi-qu’ entre deux voyelle^, (ô
prononce comme une /'forte c’eft-
d-dire3 comme fi elle ètoit double , &
comme on la prononce dans les mots
de fage & de f enfer, aux mots fuivans*
prefeance, prefcntir, &c. préfentiment i
& aux fécondés fyllabes des_ mots ,
preSipoJition , préfupofeV , &c*,
Cette f te prononce auffi comme fi
elle ètoit double , quand elle fe trou-
ve immédiatement après la préposi-
tion réïterativenr, comme encôs mots*
r^faflèr * &c. rcficrër, &c. refaliier ,
&c. reCmcer, & c. r*terrer3 &c* refel*
1er , &c. rrfemeler , &c. refüer , &c.
refiler, &c. refoâdery &c. refortir *
&c.r#fonner , &c. qui fignifient,/^ r
I
►
»■
i
ï
des Confines , &c.
encore une fois ,facrer encore une fois,
f Altier me fécondé fois ; 8c ainfi du refte.
On ortographie pourtant la plupart
de ces mots avec deux f, en la ma-
niéré qui fuit , refafer, refit er, ref.
fonner :
Dam. Je trouve qu’on a raifon ;
car tout le monde n’eft pas obligé
de fçavoir la Réglé que vous venez
de propofer ; & je ne vois pas qu’on
(è puiflè pafïèr d ortographier tous ces
mots avec deux f tant que notre y'
douce aura cours dans notre Ecriture
& dans nos Impreflions : cela peut
même faire des équivoques. Le mot
de refonner que vous venez de nom-
mer m’en fournit un exemple : car
quelle différence voulez -vous faire
par l’ortographe de refonner , quand
il lignifie fonner une fécondé fois , 8t.
quand il fignifie rendre un grand Jfon ?
Phil On la pourroit faire par la
prononciation : car ourre que IV Yïfe
la prépofirion réïterative re , étant
féminin ne fe fait prefque pas enten-
dre dans le mot refonner , Vf qui fuir;
,cetté prépofirion re étant forte, fait
une grande différence de la fignifie a-
I3t Ch. VIII. Delà prononciation
tion. Mais il n’eft queftion ici que de
l'ortographe de ce mot, que j’ai trouvé,
aufli-bien que les autres mots, ortogra-
phié de cette maniéré , dont il eft bon
d’avertir les Etrangers , & de ne Ce pas
tromper dans la prononciation des f
qui s’y trouvent. Car Ci j’avois à m’en
fei vir , j’èdrirois rejfajfer , rejferrer »
rejfonner , rejfaucer , refiûer , & ainfî
du refte , avec deux Jf> pour ôter tout
fujet d’incertitude aux Lecteurs. Et
même fi j’en ètois crû , en attendant
que notre z> s’ètabliflè tout- à -fait
dans notre Ortographe , on ècriroit
les mots de préfeance , préfentiment ,
préfupojition , préfitpofer , avec deux Jf.
Ainlî prejfeance , prejfentiment , prejjk»
pojition , prcjfitpofer •
' y i . ’t ' ‘ ■' 1* ± b- ;
Remarque fur l’f qu'on ne pro-
nonce point .
Vf ne Ce prononce point en de cer-
tains, mots de notre Langue : & pour
lors elle rend longue la voyelle qui la
précédé, comme vous pouvez :emar-
quer aux mots fuivans , pajle , teüe ,
vijle9 hofle , fiujie . Les Grammairiens
V.
r * • , : ;
• ) - , .'*••• * 1 * <
<&/ Confines , efc. 2.33
| - ont été obligés de faire de grandes
liftes par ordre d’ Alphabet des mots
où toutes ces f muettes fe trouvoient,
pour le foülagement des Etrangers,
faute de pouvoir donner des Réglés
aflèz feures pour faire trouver la pro-
nonciation de ces fortes d fi qui don-
noient bien de la peine à ceux qui ne
{çavoient pas encore lire en notre
Langue. Car quel moyen de difti li-
guer Vf muette de ces mots , Pafejuesy
befle , vif j y Apoftre , fltifte , 8c plu-
fieurs autres , d’avec celle de ceux-ci,
Pafcal y beftial , pifle , Jlpoflohqpte , pu-
ftule y 8c quantité d’autres , fi on ne
donne une Réglé pour connoître la
prononciation de ces f, ou fi on ne
fait une lifte des mots où elles (e
prononcent, 8c de ceux où elles ne fe
prononcent pas.
Nous fommes en partie hors de cet
embarras , puis qu’outre que la plu-
part des Dictionnaires nouveaux mar-
quent la prononciation des f muettes
8c dés f prononcées , le fecours de
l’accent circonflexe qui eft devenu à la
mode depuis quelques années , nous
a entièrement tirés de la confufioiv
’ v :• 4* ’ **
V
134 Ch. VIII. De la prononciation
& du defordre où Ce trouvait notre,
maniéré de cara&érifer les Sons de
nos f. Car enfin ce n’eft pas allez
d’écrire , fi on ne fe fait entendre com-
me fi on parloit *, & de même qu’on,
doit regarder l’écriture comme la
peinture de nos paroles. Nous de-
vons aufli la faire reflèmbler à la pro-
nonciation , fi nous voulons qu’on ti-
re quelque connoiflànce des Sons de
nos paroles par rinfpeéfcion des lettres
qui les répréfentent fur du papier.
Nous n’avons donc plus rien à dire
des f muettes , finon qu’on les a fup-
primées entièrement dans les nouvel-
les Imprcffions : mais que comme on
les a trouvées néccfTaites à la pronon-
ciation de nos paroles , a caufê qu’elles
rendoient longues les fÿllabes qui les
précedoient, onafubftitué à leur pla-
ce une petite marque faite en chevron
rompu , qu’on met au defiiis de la
voyelle qui précédoit cette f finale ,
qui fait le même effet que Vf muette ;
&pour marquer qu’elle doit être pro-
noncée d’une maniéré plus lente &
plus traînée qu’elle n etoit avant que
Vf de ù, fyllabe devint muette , com-
des Confortes , &c. 135
me vous pouvez remarquer aux fylla-
bes où les fk prononcent , telles que
pourraient être celles qui Te trouvent
çn ces mots , Baftille , Befiianx ,
7 'eftament, p'tfte , Pofte, Bufte , brnfijtte,
combuftion , fa fie , qui font toutes brè-
ves , 8c qui deviendraient longues fi
on cefloit de prononcer les fi de ces
fyllabcs.
Dam. Marque - 1 - on la fuppreflîon
de toutes nos fi muettes avec un ac-
cent circonflexe ?
Phil. Les/Tupprimées des premières
iyllabes des mots qui commençoient
par efi défi, me fi, refi , fe marquent avec
une figure ainfi marquée ( f) qu’on ap-
pelle accent aigu , 8c que l’on met au
deflus de la voyelle qui les précédé ,
comme vous pouvez voir en ces mots ,
écrire , décrire , me prendre, répondre ,
qui ont été ortognphiés avec une fi
en la maniéré qui fuit, eficrire, défi
crire , mefiprendre , rejpondre , 8c qu’on
trouve encore ortographiés de même
dans les Di&ionnaires imprimés tout
nouvellement. Mais quant à fe fervir
desaccens ù la place des fi, il vaudrait
mieux y mettre des accens graves que
2 $6 Ch. VIII. Ve la prononciation
des acccns aigus , puitqu’il eft certain
que les e qui precedent ces f muettes
(ont ouverts , pour les diftingucr des
é fermés qui fe trouvent au commen-
cement des mots , comme en ceux-ci,
éviter , débiter , méditer , réciter , fépa-
rer, préparer , prépofer , qui font tous
fermés , & qui naturellement doivent
être marqués d’un accent aigu.
Si on veut confiderer l’origine de
Fu 'âge de cet accent , dont on n’a
commencé à fe fervir dans le commen-
cement de ce Siècle , & même aupara-
vant, que pour diftingüer les e mas-
culins d’avec les e féminins qui Ce
trouvoient à la fin des mots , tels que
pourroient être ceux de ces autres
mots , plante & planté , borne & bor~
né , dupe & dupé , chajfe & chajfé ,
force & forcé, ÔC quantité d’autres
qu’on marquoit dans l’Ecriture &
dans rimpreffion indiftin&ement (ans
accent ; car on ècrivoit chajfe pour
dire chajfé , comme le mot de Chajfe:
Et puilqu’on a commencé à fe lervîr
depuis quelques années à rendre ces
accens plus communs en les marquant
for les e > non -feulement à la fin des
des Confines , &c, 237
mots , mais encore au commencement
& d la fin , comme on a fait en ces
mots , -préparé , délivré , rédigé , df-
//rer , dégénéré ; il ne coûteroit pas
plus de marquer les e des premières
fyllabes des mots qui commencent
par les fyllabes ef, def mef, ref, avec
un accent grave, quand on en veut
fupprimer les f, que de les marquer
avec un accent, aigu , fi on veut que
la fuppreflion de cette f nous foie urir
le , en nous tirant de l’embarras qu-
elle nous donne de fçavoir fi elle lé
doit prononcer , ou non : car nous re-
tombons dans un autre inconvénient,
en ce que prenant la marque d’un e
fermé pour un e ouvert aux premières
fyllabes de ccs mots , écrire , décrire ,
méprendre , répondre , de la maniéré
qu’on les marque aujourd’hui , nous
nous voyons prefque obligés de le*
prononcer comme ceux qui fe trou-
vent aux premières fyllabes de ces
mots , préparé , dégénéré , rédigé.
Dam . Votre oreille ne vous trompe-
t-elle point i car je n’y trouve pas une
différence fi fenfible ?
Phil. Quand vous aurez fait reflç-
2.3S Ch. VIII. De la prononciation
xion que de tout teins on a pronon-
cé les e de ces fyllabes de même ,
comme vous pouvez remarquer en-
core en ccs mots de , efiimc , defti>îa
mefcjHtn , rejpeCt , dont nous pronon-
çons les e des premières fyllabes com-
me des è ouverts , &*que vous ne
(çauriez même prononcer autrement ;
vous demeurerez d’accord que quoi
qu’on ait cefte de prononcer les f des
premières fyllabes des autres mots où
il y en avoit , on n’a point difconti-
nué de prononcer les e comme on
les prononçoit au commencement de
la formation de ces fortes de mots.
Ainfi cette maniéré de prononcer eft
aflèu.rément la plus régulière & la plus
naturelle que nous ayons en notre
Langue *, mais elle eft fort corrompue
dans beaucoup d’endroits : Il n’y a
qu’à la Cour où elle s’efl confervée
fans aucune alteration , par plufieurs
raifons que je dirai une autre fois }
car il eft tenis dç finir cet Article.
Pelons à la maniéré de prononcer
notre u : -
&& des Confines , &c. 239
Art. XII. la prononciation
de la lettre t.
La prononciation de la lettre t Ce .
forme par un battement qui fe fait
du bout de la langue contre la partie
du palais la plus proche des gencives
d’enhnut. La lettre d Ce prononce par
le même mouvement de la langue j
mais avec cette différence, qu’il fe
fait avec moins de force que celui
qu*on employé pour former l’articu-
lation du t , comme vous pouvez re-
marquer en prononçant ces (yllabes
accompagnées de leurs exemples,
v?"--' 1 , . v • • . j" *1’,
Syllabes avec un t.
tu, tiré y tortu, tulipe»
Da , de , di , do , Damas, dévot »
du. dtx ,dor, Dttcl
Exemples*
Ta, te , ti, to , Tardif, terme l
Syllabes avec un d.
Exemples,
24o Ch. VIII. Ve la prononciation
Les Alemans ont bien de la peine
à diftinguer la prononciation de ces
deux lettres *, car ils difent louvenc
Taniel pour Daniel , 8c drouver pour
trouver : 8c quoi qu’ils ayent ces deux
lettres dans leur Alphabet aulfi-bien
que nous , lorfqu’ils nomment ces let-
tres , particulièrement en Éaviere > en
Suiiïè , 8c vers la haute Alemagne , ils
ajoutent le mot hart au t , qui figmfie
dur y 8c le mot yyeich au d, qui fignifie
mol, 8c difent ein han t , ein vrsic'o d>
dont l’un veut dire un t dur , 8c l’autre
un d mol j parce qu’ils di.ftingucnt fi
peu le Son de ces deux lettres , qu’ils
prendraient toujours l’un pour l’au-
tre, s’ils n’y ajoûtoient pas ces mots
de hart 8c de weich. Nous n’avons
pas befoin de ces mots pour diftin-
guer la prononciation de ces deux
lettres , non plus que les italiens ni
les Efpagnols , quoi que ces derniers
ayent changé en d une partie des t
des mots tirés du Latin, comme en
ces mets , amado , perdido , todo , qui
viennent des ablatifs Latins amato ,
perdit o , toto. Mais ils ne prennent ja-
mais l’une pour l’autre car ils ne
s’aviferont
rG8à
. ■ • des Cùnfones , &c. 141
s'aviferont jamais de dire Doledo pour
Tolede , ni dodo pour todo. Ils pronon-
cent toujours ces lettres comme on
les leur a apprifes à prononcer dans
leur jeunelîe 3 fans y rien changer : Je
i dis ces lettres ; car il n’en eft pas de
-même à l’égard de Vv confone Sc du
b , qu’ils prononcent fouvent l’un
pour l’autre *, & ils ne prétendent pas
pour cela pécher contre la prononcia-
tion de leur Langue : tantôt ils di*
fent bamosy tantôt vamos , qui veut
dire allons : tantôt for mi bida , tan-
tôt for mi vida , qui veut dire four
ma vie. Les Grecs ont fouvent pro-
noncé le t pour le d. Les Latins auflï
prononçoient & ècrivoient fouvent
l’un pour l’autre , comme ces mots^
atque & adque , haut & haud. Nous \
prononçons le d final en notre Lan-
gue comme un t , quand le mot qui le^
fuit commence par une voyelle , ou
par une h muette , comme quand il
ira , un galand homme y un grand amiy
qu’on prononce ainfi, quant il ira, un
galant homme , un grant ami , &c.
Voyez la prononciation du t au Cha-
pitre des Confoncs finales.
L ; ' i
b
ni Ch. VIII. De la prononciation
Exceptions,
Le t (uivi des diphthongues ta, te ,
i$ , perd fa prononciation naturelle ,
ou prend le Son d un c > ou d une f
forte. Ainfi on prononce partialité’ ,
martial , ejfentiel » factieux , faffiion,
attion, perfectionner, &c. comme s’ils
ètoient écrits avec un c , ou avec une
f , en la maniéré qui fuit , parcial ,
marcial , ejfenciel , facfieux , facjion,
acjion, perfecjtonner .
Exceptions de ces Exceptions.
Le t retient fa prononciation natu-
relle dans les dernieres fyllabes des
mots terminés en tier & en tiere ,
comme vnctier, heri tier, entier, lai-
tiere , li tiere , entière, matière , &c au-
tres mots de pareille terminaifon.
Le t retient encore fa prononcia-
tion naturelle dans les fyllabes tia ,
fie 3 tio , quand elles font précédées
d’un ou d’une /, foit quelle foit
muette ou prononcée , ou que la fup-
prefllon en foit marquée par un accent
au delfus de la voyelle précédente ,
des Confortes , &c. 24$
comme befliaux , Sebaflien , Ejlienne,
Chrétien , digefiion , mixtion . Comme
auffi çn ces mêmes fyllabes tia , tic ,
tio , qui Te trouvent dans les conju-
gaifons des verbes terminés en tier ,
ter y tir , & tre ; comme en ces mots,
chajiiant , vota chafliez „ notes chaftions,
Scc. votes plantiez, , notes plantions ;
votes fortiez, , notes fortions ; votes
permettiez, , nous permettions, qui fe
trouvent dans les conjugaifons des
verbes chafiier , planter , fortir , per-
mettre.
Le t retient auffi fa prononciation
naturelle en toutes les fyllabes finales
terminées en tié , & en tie, comme
amitié , moitié, pitié ,• [ortie , partie ,
modefiie , hofiie : Exceptez aux fylla-
bes finales des mots fuivans , Croatie,
\ Dalmatie , Prophétie, Primatie , & des
mots terminés en mantie , comme
Chiromantie , Nigromantie , dont le t
fe prononce comme un c. Dites donc
Croacie , Dalmacie , Prophecie , Pri-
macie .
Le t retient auffi fa prononciation,
naturelle dans la fyllnbc tien , de ces
mots entretien, maintien , foteticn , ôc
L Ü
144 Ch. VIII. De la prononciation
en tous les tems du verbe tenir , &
de Tes compofés , comme je tiens, tk
tiens , il tient , ils tiennent, je tien-
drai, Sec. je maintiens, Sic. j’obtiens ,
Sic. il appartient, je feutiendrai, &c.
mabftiens .
Art. XIII. De la prononciation
de la lettre x.
L’at eft une double confone , dont
la prononciation fe fait par le Son dii
^ & l1 's, comme vous pouvez voir en
ces fyllabcs xa , xe , xi , xo , xu ;
ax, ex, ix , ox,ux, qui fe trouvent
dans ces mots , vexation , fexe , éli-
xir , Saxon , luxure } Ajax , nom
d’homme ; EJfex , Pals 5 Phénix ,
Linx, qu’il faut prononcer comme
s’il y avoir ver. fation , Jlrfe, e'liKjïr,
Sarfin , lurfure, AjaKs, EJfiKs, Fe -
niKs , Lainkj .
i l\ ' ‘ ■•-.iF’ h ' Jr*» j
Exception.
Dans les mots commencés par la
fyllabe ex , fui vie d’une voyelle ou
d'une h muette , l’* devient plus foi-
des Confines , &c. 24? ;
ble & plus mol convertit le Son du
K en gy & celui de 1/en z,. Pronon-
cez donc les mots fuivans examiner f
exercice , exil , , exultation , <ta*-
h al ai fin, exheWder, exhibition , e
fer, exhumation y comme s’ils ètoient
écrits avec un £ fuivi d’un z. , en law
maniéré qui {uit, examiner, egzercice,
egz.il , egzjorde , egzultation , egzalai-
fin , egze're'der , egzibition , eg^orter,
egzumation.
: L’a: prend le Son d’un z* dans la
prononciation des mots fuivans , deu-
xieme , fixieme , dixième , Jixain ,
xain y dix aine y dixamiet. Prononcez
donc deuxième , fizième , dixième ,
Jizain , dizain , dizaine , dizainier.
Quelques-uns écrivent , & font im-
primer dizain, , dizaine , & di%ai-
nier.
L’a: prend le Son d’une /forte en
la prononciation des mots fuivans ,
Auxerre , Bruxelles , Xaintonge , Xain-
tes , S. Maixanty Aix nom de Ville,
lexive , fiixante , Jix, dix. Dites donc
Au/erre , Bru/elle , Saint on ge } Sainte,
S. Mai/an, Ai/ , le/ive , fii/ante. fi/
24 6 Ch. VIII. De la prononciation
Le mot de dix - fept fe prononce
comme s’il y avpit dtjf-fet , & celui de
dix-neuf comme s’ilyavoit di^e-neuf.
Avertijfement fur /’ Ortographe.
Quelques-uns écrivent la plupart de
^tes noms de Villes avec deux Jft
au lieu de Yx , & les mots de Xaintes
& Xaintonge avec une /, au lieu de
P# , comme Aujferre , Bruffelle , Sainte,
Saintonge , S . Maijfan , , foiffan-
te . Mais ces trois mots d/A? &
gardent toujours leurs dans
POrtographe. Ecrivez donc , dur
hommes , dix femmes , /a? couteaux , Jix
aunes , &c. quoiqu’ils fe prononcent
autrement. Voyez le Chapitre des
Confones finales.
K
A je t. XIV. D* la prononciation
de la lettre z.
Le z> eft une lettre fiflante auffi-bien
que Vf & dont le mouvement qui
fe fait de la langue pour en former le
Son , eft plus foible & plus délicat que
celui qui fe fait pour prononcer Vf,
somme vous verrez en ces iÿllabçs ».
des Confines , &c. 147
*4 , x>6 i z>i , fi,o , zjH , qui fe trouvent
en ces mots , z>ai» > z,ele , z,igz,ag >
Zodiaque , attire. Cette lettre n’eft .
gueres en ufage en notre Langue >
mais Ton Son l’cft bien autant que ce-
lui de iy* forte : Et puifque cette let-
tre z* fait la même fon&ion dans no-‘
tre Ortographe que Vf douce , on de-
vroit s’en (ervir en tous les mots où.
Ion eft obligé de radoucir notre f>
& ortographier Vafe , Thefe , Venife ,
nfe mufe , par la lettre ^ Ainfi ,
Vaz*e , Thez,e , Venise, rox,e , mu%e.
Cela étant , nous n’aurions que faire
de tant de Réglés & d’Exceptions pour
diftinguer Vf forte d’avec Vf douce ,
comme en ces mots reduplicatifs ,
refacrer, reftigner, refaifr, refaler , re-
fajfer , refarcelU , terme de Blafon , &c.
ni de faire tant de changement d’or-
tographe comme on eft obligé de fai-
re , comme en ces mots , rejfembler ,
rejfentir , rejferrer, rejfortir , refouve-
nir, qu’on devrait écrire par une fim-
ple ff pour garder l’ètymoïogie de ces
mots, ou pour marquer qu’ils ont une
lignification réïterative , comme ceux
que je viens de nommer , qui font.,
L iiij
248 Ch. VIII. De U prononciation
refacrer, refaigner, refaijir, &c. Voyez
l'Article de la prononciation de \'fi
Remarque.
Le Zj aux mots de Z elle & de Zu-
rich , noms de Villes , fc prononce
comme une f forte. Dites donc le
Duc de Sel , la Ville de Suric ,• & non
pas le Duc de Zel , & la Ville de
Zuric. La raifon de cette mèprifè eft,
que ces mots ne font pas encore fore
maniés du Peuple François , & que
nous ne les prononçons' que comme
nous les voyons écrits *. Mais fi nous
étions voifins de ceux qui les pronon-
cent tous les jours , loin de pronon-
cer le Zj comme une f douce , nous
lui donnerions un Son encore plus fort
que celui de \'f forte : car pour peu
que l’on fade d’attention fur la* pro-
nonciation des Habitans de ces Villes,
ou de leurs voifins , qui prononcent le
z , comme nous prononçons les lettres
ts jointes enfemble, on s’appercevra
bien que fî nous ne pouvons pas pro-
noncer TfuriCy & le Duc de Tfels nous
dirons du moins Sfurich » & le Duc de
Sfil. L. :
.'.y./ -des -.Confines y . M9
Vf la Confine jod -, autrement
dite l') à queue , qu'on nomme
• vulgairement j confone. :
..LejWfe prononce comme le ^im-
médiatement fuivi d’un.*, ou d’une
voyelle j comme vous pouvez remar-
quer en ces fyllabes ,ja , je , ji> ja, ju,
. qui fe trouvent aux mots fui vans , jaf-
min , Jefmte , j’irai , joli , jufie , qu’il
faut prononcer comme fi ces mots è-
toient écrits avec un g , en la maniéré
qui fuit , geafmtn , Gefnite , g irai >
çeoli > gexfte , fuivant notre maniéré de
cara&érifer notre g mol. Voyez l’Ar-
ticle de la prononciation du g.
Ve la Confine vau , autrement dite
v rond , ou v confone.
» - -, - * • — k
Le .•?««.. eft une lettre; labiale ? qui
fe forme par les mêmes mouvemens
d’organes que celui du h . On les ap-
pelle tous deux des lettres labiales ,
parce qu’elles fe forment toutes deux
par le battement qui fe fait de la lè-
vre d’enbas contre celle d’enhaut ,
L v
- y»
; .
' v -#
À
^ t
ifô Ch. VIII. De la prononciation
comme vous pouvez remarquer par
les fyllabes qui fe forment de l’une ôc
de l’autre lettre , b a , be , bi , bo -, bu ;
va , ve , vi , vo , La feule différen-
ce qu’il y a de la formation du b à
celle du vau, eft un petit fouffle qui
coupe le battement qui fe fait des li-
vres pour former le b , de dont le fou£.
fle forme le Son du vau, comme vous'
pouvez remarquer en ces fyllabes 9>
va y ve, vi-, vo , vu. Et fi en formant:
le vau vous faites un foufïle encore-'
plus fort , vous formerez le Son de’
Vf, comme vous pouvez remarquer
par ces fyllabes , fa , fe , fi , fo ,fu.
Vous avez ici des Exemples de ces
' ' trois lettres.
Syllabes- avec un b. '* * • -
Ba , be, bi j bo j B alet. Berger, bi -
bu. le, bocage , butin.
Syllabes avec un vau. '
Exemples
Va, ve, vi , vo
vu.
(ÉbL 1 ' -iv- 1
V *let, verger, vile,
vocation, vttl 'g aire .
des Confines, zfi
Syllabes avec une f.
Exemples.
Fa , fe, fi, fo , Falot , féminin , fî-
fil. gue fomenté, fumé.
Vous voyez par ces Exemples le rap-
port que le Son de la lettre vau a
avec celui de la lettre f, qui ne dif-
féré que de plus ou moins de foufïle
qu’on fait en formant l’une ou l’autre.
Auflï les Alemans 8c les Flamans , donc
la maniéré de prononcer eft plus for-
te 8c plus rude que la nôtre , la pren-
nent fouvent pour celle du vau , ne
pouvant pasj donner le tempérament
qu’il faut à ce foufïle pour former les.
Sons de ces lettres i car ils difent fou-
vent' un Falet , pour un Valet ; une
Serfante , pour me Servante. Cela
nous fait voir que la maniéré de pro-
noncer dépend beaucoup du tempé-
rament 8c de l’humeur d’une Na-
tion. LcsEfpagnols auffi-bien que les
Gafcons prononcent indifféremment le
b pour le vau , 8c le vau pour le b :
les uns difant bamos, pour vamos >
ajiCh. VIII.jd? la pyoït. des Confi
for mi bida , pour for mi vida ; varca ,
pour b arc a ; bous , pour vous ; un
havit y pour un habit . Les Romains
ont auffi confondu ia prononciation
de ces deux lettres : On en trouve
encore des Exemples dans les vieux
Marbres , & dans les Pande&es de
Florence , comme bafe , pour vafe ;
cibica , pour civ'tca ; Jibe , pour Jîve ;
vobem , pour bovem ; vefiias f pour
befiias.
Remarque fur l’Ortographe du mot
de Viflc.
Ce mot de viffe , fignifis une cheville de hoir' ou.
de fer cannelee en rond, pour entrer dans un écrou j
& il fe trouve dans tous les Diétionnaires , tant
nouveaux qu’anciens , ortographié en maniéré de
liionofyllabe a»nfî , vis : Mais mal , parce que
fuivant le Génie de notre Ortographe , ce mot
ainfi écrit ne le peut prononcer que comme s’il y
avoir , vs. Car on ne s’éil point encore avifé de
prononcer IV finale des mots , rubis , agis, punis >
6c des autres dépareille terminaifon ; à moins que
ce ne fut en lifant des Vers, ou lorfque ces mots
font immédiatement fuivis d’autres mors commen-
cez par des voyelles , comme agis à fa droite ;
encore cette s finale fe prononce-t-elle comme un
K « en la maniéré qui fait, agi^afadroite.
FIN DV I. LIVRE.
LIVRE IL
DE L'ART
DE PARLER
• v ; E T D E
prononcer parfaitement
la Langue Françoife.
Des Diphthongues , Triphthongues,
& Monophthongues .
Hilinte. Je vous ai
déjà dit que les Syllabes
dont on fefoit valoir dans
la prononciation tous les
Sons des voyelles dont el-
les ètoient compofées , s’appelloient
Diphthongues , & Triphthongucs \
c’eft-à-dire, Diphthongues quand elles
2.J4 Liy . II. Ch. I. Des Diphth •
Îiroduifoient deux Sons chacune en
es prononçant ; & Triphthongues
quand elles en produifoient trois :
Et qu'au contraire lès Syllabes cora-
pofées de plufieurs voyelles qui ne
rendoient qu’un Son en les pronon-
çant , s’appelloient Monophthongues.
C’eft par ces dernieres que nous al-
lons commencer les préceptes , que
nous donnerons touchant la valeur,
de ces fortes de Syllabes.
Damon . D’où vient que vous ne
commencez pas par les Diphthon-
gues ?
Philinte. Il eft indiffèrent de com-
mencer par les Diphthongues , ou par
les Monophthongues : Mais puifque
vous le voulez fçavoir , Je vous dirai '
que c’eft à caufe des m ou- des » qui
fè trouvent quelquefois à la fin de ces
fortes de fyllabes , comme en ces mots,
ambigu , fendu , pointu , dont les deux
premiers ont chacun une monoph-
thongue dans leur ptémiere fÿllabe ,
& le troifième nne diphthongue : 8C
cela étant , il faut de neceffité que les
préceptes touchant I’ufage que nous
fefons de ces fortes de fyllabes , pré-
\
Triphth. & Monofhth . % j j
cedent ceux qu’on doit donner tou-
chant celui des Diphchongues * pour
ne pat auoir la peine de donner deur
préceptes pour un.
1 — r‘ 11 — ?Tî r — )■■■ -
CHAPITRE L
• . : _ i
Ve la valeur des Monophthongues ,
autrement dites faujfcs Vïph-
thongues , ou Viphthongues im-
propres.
NOus avons vingt-cinq Monoph-
thongues , y comprenant les
voyelles nazales des fyllabes an , ein ,
in , on , un. J’entens vingt-cinq Mo-
nophthongues littérales. Les voici-
toutes : [ Âi y ay , eay , et : ] [ au ,
eau : ] [ eu,œu, ce: ] [ou, aou : ]
[* am y em , an y en, aon : ] [ aim , ain,
etn : ] [ im , in : ] [ om , on : ] [ um,
un i ] comme vous pouvez voir aux
fyllabes des mots fui vans marquées en
lettres italiques : [ Traiter , cfTay ,
2,eay , peine : ] [ ^«tant , beau : J
[ peuple , œuv re, œillet i ] [ b<?#toh ;
ztf Liv.ll. Ch. I. Des Dhhth .
fouler , ] [ am pie , * wploi pl*»te ,
f»fant , P aon : ] [ faim » ainCi » fein-
dre : ] [ /wpoicun , i#grat : ] [ om-
bre , onde : ] [ humble » défunt. ]
Toutes ces vingt-cinq Monophthon-
gues ne produifent que neuf Sons r
comme vous avez pu remarquer par
ces petits crochets perpendiculaires ,
qui féparent les fyilabes qui n’ont
qu’un même Son , quoique différem-
ment ortôgraphiées , comme vous
voyez en celles-ci , ai» ay » eay , et »
qui fc prononcent toutes comme 1 V
dans le mot de net ; & ainfi du refte.
Et c’eft pourquoi je nomme toutes ces
vingt-cinq Monophthongues des Mo -
nophthongues littérales » par rapport à
la cara&érifation quelles font ae ccs
fortes de Sons.
Dam. Pourquoi mettez -vous au
rang des Monophthongues les fyilabes
an» ein , in» on9 un» puifque vous di-
tes que vous ne faites, monophthon-.
gues que les fyilabes compofées de
plufieurs voyelles qui ne produifent
qu’un Son 3 car la plupart de ces fyl-
labes que vous nommez natales» n’ont
qlnune voyelle \
Triphth. & Monophth. 1J7
Phil. Si nous ne mettions pas ces
fortes de fyllabes au rang des Monoph-
thongues , il les faudroit mettre au
rang des voyelles , puifque les m ou
les n qui les compofcnt , ne s’articu-
lent point -, ou fi elles s’articulent ,
c'eft d’une maniéré toute differente ,
& fi peu fenfible , qu’on ne s’en apper-
çoit prcfque pas.
Les Sons de ces fyllabes font propre-
ment des Sons voyels , qui fe pour-
roi ent cara&érifer parfaitement fans
l’aide d’aucune confone , & qui cepen-
dant fc cara&érifent comme vous
voyez avec une voyelle & une confo-
ne , faute de cara&ére en notre Lan-
gue : Et fi les Grammairiens n’ont pas
mis les cara&éres de ces Sons au rang
des voyelles , c’eft à caufe des m ou
des n dont ces fyllabes ètoient com-
pofées y qui leur fembloient n’avoir
aucun rapport avec nos autres voyel-
les , faute de confiderer la nature du
Son do ces fortes de fyllabes , dont
on devoit regarder les m ou les n >
non pas comme des lettres , puis-
qu'elles ne s’articulent point , mais
comme de petits caradéres auxiliai-
Liv. II. Ch.Ï. Des Diftith,
res , qui aident à marquer ce Son na-
zat &c confus que nous fefons de ces
voyelles , en coupant l’articulation que
doit faire la lettre m en la lettre » ,
fi elles ctoient immédiatement fùivies
d’une autre voyelle , comme vous
pouvez voir en prononçant ces deux
inots ample (k <*mi , où vous remar-
quez fenfîblement que Xm de la pre-
mière fyllabe du mot ample , ne s’ar-*
ticule prefquc point , & que celle de
la derniere fyllabe du mot ami s’arti-
cule , & fe fait entendre parfaitement.
On ne doit donc pas trouver étrange
que nous mettions ces fyllabes na-
zales au rang des Monophthongues, .
Dam. Puifque ces m ou ces « ne
font que des cara&éres auxiliaires ,
comme vous dites , qui fervent à mar-
quer le Son nazal & confus de ces
fortes de fyllabes , pourquoi ne fiip-
primez-vous pas rout-à-fait dans l’Or-
tographe ces m & ces » , qui ne s’arti-
culent point ? Et pour marquer la
fonction qu’elles font dans la pronon-
ciation de leurs Sons , que ne vous
fêrvez-vous d’un tiret au defTus de la
voyelle , comme font les Efpagnols
7*hnpth. & Âiortophtk, tjt)
fur leurs », en la maniéré qui fuit , ni
pe pourroit-on pas retrancher ces m
6c ces n de leurs fyllabes, Sc fe fervic
d’un tiret au deflus des voyelles qui
les précèdent, comme font les Efpa-
gnols à l’égard des », dont ilschan-
fent le Son ? Car vous fçavez aufïi-
ien que moi, qu’ils prononcent Si
articulent leurs » de même que nous >
mais que lorfqu’ils y joignent le Son
d’un g, elles changent tout à-fait de
Son : Celui du g , qui s’eft perdu Si
confondu dans la prononciation de
V»3 fe caraétérife par un petit tiret
qu’on met au deflus de \'n ; Sc ce ti-
ret fait le même effet dans leur Or-
tographe , que le g dans la nôtre,’
quand il eft joint à une n ; car ils
prononcent ces mots, peftahas, ninez.,
venir , nino , cahuto , comme nous les
prononcerions , fi nous les voyons
écrits en la maniéré qui fuit , peftagwts ,
nignez.) regnir , nigno , cagnuto. Ainfl
à l’exemple de cette Nation , je voù-
drois mettre un tiret fur les voyelles
qui précèdent les m ou les.»., pour
marquer le changement qui fe fait de
Jou; Son , en formant les Monoph-
t6o Liv. II. Cir. I. Dès Diphthl
tho gués nazales , a?n , airn , ein , on %
un J &c. en la maniéré qui fuit , ^r,
ei, o , #2, & ortographier toutes' les
autres Monophthongues nazales de
même que celles qui fe trouvent en
ces mots , ample , craindre 3 honte a
&c. qu’on pourroit écrire &c imprimer
ainfi , aple , craidre , hôte .
Philinte. Si l’ufage s’en mêl'oit
qu’il l’établît entièrement , & qu’il le
mît au rang de nos voyelles , je le
fuivrois avec plaifir : Mais outre que
je n’y vois point d’apparence., je croi
que les Imprimeurs auroient bien de
k peine à s’y accoutumer , à caufe
de la commodité qu’ils ont de faire
les abréviations de leurs m ou de
leurs n , par lè moyen de ces tirets.
Ils fe verroient obligés de les fup-
primer dans les Impreflions quils
feroient dans la fuite , fi ces 'fortes
de Monophthongues devenoient en
ufage dans notre Ortographe», Ces
abréviations ne font pourtant plus
gueres en ufage parmi les bons Im-
primeurs, Quoi qu’il en foit » il faut
prendre les Monophthongues comme
on les trouve j & s’en fervir félon lu*
i
Trifhlh. & Monofhth. i6l
%€ reçu , & donner des préceptes de
Temploi qu’on en doit faire félon cet
ufage reçu. Commençons donc par
jes Monophthongiies , ai,aji &c.
Art. I. Des MonofhthongueS) ai
ou ay, eai ou eay, & ei.
Je ne parlerai point ici de l’origine
de cette double voyelle , & comme
elle a peu à peu changé de Son.
Voyez le Chapitre troifième, pagt 65.
66. 67. & 68. Je dirai feulement
que cette double voyelle ou Monoph-
thongue fe prononce comme Ve de
ces mots, net, fel, fer i comme vous
voyez aux mots fuivans , ejfay , traiter ,
geay : plaine , pour dire , etendu'é de
terres toute unie fans montagnes Çr fans
vallées : pleine , pour dire, qui nefi
pas vuide , qui efi remplie : vaine ,
qui (e dit , d'une perfonne qui a de
l'orgueil & de la vanité ; & qui fe dit
aufïi, d'une chofe qui efi inutile & de
nulle valeur : veine , qui fignifie , un
petit vaijfeau par où fe tranfiorte &
fe conduit le fang par toutes les parties
de l'animal : & ainfi du relie , qu’il
faut prononcer comme fi ces mots è- ^
1&Z LiV. lï. Ch. I. Des Diphth .
toient écrits en la maniéré qui fuit ,
fréter , efjè , g e , 't/ène , ôcc.
jj
A'verùjjement fur les accens de ces
mots»!
Comme l’accent aigu eft oppofé à
l’accent grave , & que cet accent aigu
s’eft infenfiblement introduit dans
notre Ortographc pour marquer les
/ fermés , je me fers de cet accent
grave qui lui eft dire&ement oppofé,
pour marquer les e ouverts dans l’in-
ftru&ion de ces préceptes , pour les
diftinguer des é fermés qui leur font
oppofés.
Exceptions de la prononciation de
cette Monophthongue y ai ou ay,
eai on eay.
La Monophthonguc ai ou ay , eai
ou eay , fe prononce comme un é fer-
mé dans la terminaifon des tems pré-
térits ou futurs , comme vous pouvez
voir en ces mots , je parlai ou je par -
lay y je changeai ou je changeay , je
parlerai ou je par 1er ay j parce qu’on
Triphth. & Monophth • 1 6$
écrit indifféremment ces dernieres fyl-
labes avec un y-grec, ou avec un j.
Prononcez donc , je parlé, je changé ,
je parleré , &c.
Autre Exception,
Cetre Monophthongue ai ou ay
(è pronçnce aulli comme un é fermé,
en ces mots , j’ai ou j’ay , aifné 3 aifi
née , plaiftr , deplaijir , aider , &c.
Prononcez donc , j’é, éf»é9 éfnée , plé-
Jir, dtpléfir , éder, &c.
Remarque .
Dam . Vous pourriez bien étendre
encore cette Réglé : car j’entens beau-
coup de gens qui fe piquent de bien
parler , qui prononcent cette Mo-
nophthongue en beaucoup de mots
comme un é fermé , & particulière-
ment aux pénultièmes fyllabes des
mots terminés en aire , comme en ces
mots , Dictionnaire , Vicaire , Gram-
maire , &c. de qui les prononcent
comme s’il y avoit , DiUionére , Vi-
quére, Grammére .
✓
. 2.64 ^1V. Ch. ^es fitphth.
Phil** Pour le mot de Gfammérl
prononcé par un é fermé fur la pénul-
tième fyllabe , il n’eft pas fupportable,
à caufe de f équivoque que cette irre-
guliere prononciation fait avec le mot
de grand, -mere* Cependant peu de
gens fe peuvent accoutumer à faire
certe diftindlion. J’entens aufli-bien
que vous beaucoup de gens pronon-
cer cet ai aux mots terminés en aire ,
comme un / fermé : Je n’ai rien à
dire là-defliis , finon qu’il fautefperer
que les réflexions que les habiles gens
feront fur l’ortographe de ces mots ,
en pourront corriger l’abus avec le
tems. Ce n’eft pas que la quantité
d’honnêtes gens qui manquent en
l’obfervation de cette Monophthon-
gue aux pénultièmes iyllabes de ces
mots terminés en aire , ne puiflc un
jour établir cet ufage dV fermé à la
place de l’*i , en de certains mots •
mais pour Y ai de ces mots, plaire ,
faire , affaire , taire , douaire , Bréviai-
re , vulgaire , Grammaire , j’ai de la
peine à croire qu’il fe prononce ja-
mais comme un é fermé s car cette
prononciation fent bien le précieux
ridicule
Trifhth . & Uonùfhth . 167
ridicule en ces mots de Dittionére ,
N otér c , Moufqnetére , pour dire
Dictionnaire , Notaire , Moufquetaire,
où elle ne paroît pas tout - à - fait il
extraordinaire $ parce que cela peut
provenir d’une habitude prife de jeu-
^pelïè à Paris , ou ailleurs , dont on ne
s’eft pas mis en peine de fe défaire,
n ayant jamais fait de réflexion fur
l ortographe de ces mots , & que le
grand nombre de gens qui pèchent
en cette prononciation en cxcufe l’a-
bus. Mais pour les autres mots de
plaire, faire , affaire , que de certai-
nes gens prononcent comme ple're,
fe're , àjfere , il cft certain que le chan-
gement qu’on fait du Son d^cct ai
en celui de 1’/ fermé, fait paroître
une prononciation forcée & affe&ée,
qui n’tfl point naturelle , ni contra- .
(Siée par habitude , & qui donne une
idée de ridicule à celui qui s’en fert.
Remarque fur /'ai , qui fe trouve
dans la conjugaifon du verbe >
faire.
La monophthongue ou double
M
2.66 Liv» II* Ch. I» DesDiphth.
voyelle di , le prononce comme un e
muet ou féminin *, c eft-à-dire, com-
me Ye dans le mot de taftas > aux
mots qui fuivent , faifant , nous fai -
fons i je fai fois , tu f 'ai fois , il fai foit ;
nous faifons > vous faifie ils fai -
foient. Prononcez donc fefant avec
un e muet , nous fefons > &c. Quel-
ques-uns commencent a jes écrire &
à les ortographier de même , auffi-
bien qu’au tems futur de ce verbe ,
je feray , tu feras ,-.&c. On a écrit au
commencement de ceSiecle je fairay ,
tufairasjôcc. Mais l’ufage n’en eft plus.
A r t. 1 1. De la Monophthonguc
» au , à" eau.
La monophthongue au , fe pro-
nonce comme un o. Vous en avez
des^exemples en ces mots, Laurent ,
taureau , couteau i qu’il faut pronon-
cer comme s’il y avoit , Lorcnt , toro ,
couto . Voyez ce que j’en ai dit au
Chapitre troifîème, pages 74. & 75.
& au Chapitre quatrième, page Si»
T riphth. & Monophth* 1
Exception.
Exceptez ces mots fcc au Ôc fléau,
qui doivent être prononcez comme
des diphthongues j c’eft à-dire , quil
faut faire entendre , en les pronon-
çant , un peu du Son de Ye feminin.
Prononcez donc feo , en fefant valoir
les deux Sons de Ve feminin & de
Yo dans une fÿllabe ; mais d’une ma-
nière fi fubtile & E ferrée , qu’on ne
fente Ye qu’à demi. Prononcez ar.fli
le mot de fléau de même. Il eft bon
auffi que 1 on prononce ces deux mots
ainfi , pour les diftingucr dans la pro-
nonciation des mots de fit & de flot.
Quelques-uns font auffi une diph-
thongue de la derniere fyllabe dés
mots qui fuivent , morceau, mu fi au ,
pinceau, rui ffiau , ro fiau, en fefànt
fèntir le Son de Ye de cette fÿllabe ;
mais i's le font d’une maniéré encore
plus brève & plus délicate , qu’aux
mots de fieau & de fléau. Cette
prononciation eft allez régulière ,
quand on y peut apporter ce tempé-
rament î autrement elle eft fort ba-
M ij
ié8 Liv.II. Ch.I. DesViphth.
daude : J’aimerois mieux prononcer
la fyllabe eau comme un o fimple ,
fans y rien faire fentir de IV féminin,
que de le trop faire entendre, & dire
Amplement morfo , mu&o , pinfi , rutfi
/o, rofo : quoique l’excès de l’un &
le defaut de l'autre 'ne vaillent rien
du tout , le defaut du dernier eft tou-
jours plus (iipportable , que l’excès
du premier. Obfcrves la même pro-
nonciation dans les mots de peautrt ,
& de veautrer , quoique le mot de
veau fe prononce comme vo.
La fyllabe beau au mot de heaume,
' eft de deux fyllabes. Prononcez donc
he-ô-me , & non pas heo-me*
A rt. 1 1 1. Ve U Monophthongue
eu , ce u , & œ.
Cette monophthongue fe prononce
comme la première fyllabe des mots
fui vans , p?#ple , œ«vte , bleuë, lieue ,
queue , œi/let , œ/7leton , œi/lade , œilr
■ lere , adje&if féminin , dont on ne
fe fert qu’avec le mot de dent ; com-
me dent-œillcre , pour dire, une dent
qui a fi racine proche de l’oeil •
T riphth. & Monophth. 269
La prononciation de cette mo-
ftophthongue , eft un mélange du
Son de Ye avec celui de Vu , cjui le
trouvent tellement confondus l’un
dans l’autre par la vîteflè & la fubti-
lité de la prononciation , que l’oreille
la plus fine n’y peut entendre qu’un
fimple Son. Cette monophthongue
a eu autrefois deux Sons , comme vou*
le pouvez voir au Chapitre troifiéme,
page 6S. il eft difficile à faire com-
prend) e ce Son aux Etrangers , (ans
le fccours de la vive voix j car les
Italiens & les Efpagnols n’ont aucune
voyelle , foit double ou fimple , qui
approche du Son que nous donnons
à cette monophthongue. Les Italiens
& les Espagnols la prononcent com-
me eou, & à peu près comme nous
la prononcerions en ce mot d *E-oâ-
ropa ; avec cette différence que Ye 3C
Sc Vou qui paroifient faire deux Syl-
labes , n’en font qu’une.
Les Alemans la prononcent auffi de?
même : mais il ne feroit pas difficile
. de leur faire concevoir la prononcia-
tion que nous fefons en notre Langue
de cette monophthongue eu , en leur
' M ü)
ijo LlV. II. Ch. I. Des Diphth.
difant quelle Te prononce comme les
Alemans de la bafle Saxe prononcent
leurs 6 , chaperonnés d’un petit t au
defliis , mais qui ne paroît que com-
me un petit e dans les caractères de
petit Romain , que les Imprimeurs
nomment fuperieurs , comme vous
pouvez voir en l’o qui fuit ainfi mar-
qué, o 9 dans les mots lui vans, Schon ,
Vermdgen , Konigh , Horen, Kofilich*
De forte que fi vous prononciez à
quelqu’un d’eux les mots qui fuirent,
aveu, peu y feu y des noeuds, un œuf ,
Sc qu’il voulût les écrire pour les re-
tenir, ne {cachant pas encore notre
maniéré d’ortographier , il ne man-
querait pas de les ortographier en la
maniéré qui fuit , avo, poy fo, de'e m,
m of .
Réflexions fur la prononciation
des o , Alemans •
T appelle les o ainfi marquez, , des d
chaperonnés , fuivant l’idée qu’un
Grammairien Aleman m’en a donnée
far le mot de cucullata vocalis , dont
il Je fert pour nommer les voyelles ,
à y o , u y qui Jont ainfi marquées en
Triphth. & Monophth . 27X
leur Langue , pour les dijlinguer de
celles qui ne le font pas. Ce mot cu-
cullata , ayant été fait de cucullus,
qui fegnifie capuchon ou chaperon,
eu quelqu autre habillement de tête *,
il me femble quon ne peut exprimer
ce terme de cucullatum en notre Lan-
gue j autrement que par celui de cha-
peronné.
Dam. Les Alemans prononcent-ils
leurs voyelles communes t ou non mar-
quées , autrement que nous ?
Philinte. Cela ri e fl pas de notre In-
ftruftion : mais comme j'ai déjà cité
quelques mots Alemans > & que fen
pourrai encore citer quelques-uns dans
le cours de cet Ouvrage , il ejl Ion que %
nous en touchions quelque chofe . Vous
fçaurez. donc que les Alemans pronon-
cent. leurs a & leurs o comme nous y
& leurs u , comme nous pronon f ans no-
tre double voyelle ou. Ils prononcent
au contraire leurs à chaperonnés com-
me ntfus prononçons nos è ouverts , en
ces mots , cher , fec , cyprès , leurs
0 chaperonnes comme je votes l'ai déjà
dit j & leurs u chaperonnés à peu
près comme nom prononçons nos u
M iiij
*7iLiv. II. Chap. II. Des Diphth,
voyelles dans les mots t ufure , future
fur i & même en plufieùrs endroits t
tout de même que nous les prononçons,
Jl efi vrai que dans la haute Allema-
gne on donne un Son plus clair a cet
' uc chaperonné , & qui approche beau-
coup de notre i voyelle \ & qu'il fe pro-
nonce même tout-à-fait comme notre i
voyelle, & principalement d Drefden ,
a Prague , dans la Silefie , dans la Mo*
ravie , dans l'Autriche , en Bavière
& dans les autres Provinces cïr con-
voi fine s : car au lieu qu'on prononce
le mot glu ck dans la bajfe Alemagnè ,
comme fi nom le voyions écrit ainfi ;
gluc , on le prononce dans les endroits
i que je viens de citer , comme s'il etoit
écrit ainfi , glic. - *
Voici des Exemples de ces voyelles
marquées ou chaperonnées , & de celles
. ; qui ne le font pas , que vous trouverez,
dans les mots /divans. « ■
à communs.
Irfcht * Mtfchc ,
ChaJ/e , PuiJ/ance y
Pr^cht.
Magnificence,
d chaperonnés.
liger , M<ichrig ,
Chajfeur -, Puijfant ,
Pft? chtig.
Màgrifique.
T rîphth. & Monofhth . 17$
o chaperonnés.
0 communs.
Koften , fchon ,
confier , déjà ,
g^b.
greffier*
n comnjuns.
Der m»th ,
le courage ,
die Sch#I ,
Ecole ,
Das B#ch , Livre .
Koftlich, feh 911;
fomptueux , béait)
groblich.
grojfierement.
, »
« chaperonnés.
Fwhren, m//de,
>
h«pfcha
joli.
Dam. je ne craignois pas de fai-
re trop durer cet article , qui ne re-
garde plus notre Infiruftion , je vous
formerons une oppofition a la Réglé
que vous venez, de donner de la pro-
nonciation de ces fortes de voyelles
Alemandes , que vous nommeTjchape-
ronnées i car j’ai entendu fouvent pro-
noncer notre oc chaperonné dans tes en-
droits d’ Ale magne ou on parle le
mieux , à peu près comme nous pro-
nonçons notre monophthongue ai3 &
même d’une maniéré un peu plus clai-
re & plus élevée , & à peu près com-
me le prononcent les Gafcons y ou fi
M V
174 ï-iv. II. Ch.I. "DesDiphth.
vous voulez, , comme les Picards çfr
les Wallons prononcent la monoph-
thongue ei dans le mot de peine ;
c’efi-à-dire , qu'on lui donne un Son
qui tient de l’ ai des Gafcons , c£*
de /'ei des Picards ; De forte que les
Alemans les plus polis , & qui par-
vient le mieux leur Langue , pronon •
p oient ces mots , Koftlich , fchan ,
grobUch , comme s’ils avoient ete écrits t
ainf, xaiftlich , fchaîn , graiblich >
eu y Keiftlich , fcheîn , ^greiblich j &
non pas , iteuftlich , cheûn , greublich,
comme Vous prétendez, qu’on doit pro-
noncer en u4lemagne.
Phil. Cela ne détruit pas les Réglés
que fen viens de donner ; & je de-
meure d’accord qu’à Letpfich & a
Drefden , & dans tous les endi oits
d’ Allemagne où on parle avec plus de
politejfe & de régularité , on prononce
les o çjr les u chaperonnés a peu près
comme vous le dites . Mais fi je cite
la prononciation des bas jdlemans en
ce qui regarde celle de ces fortes de
voyelles y c’efl parce que leur maniéré
de les prononcer a plus de rapport avec
le Son de nos monophtkongues âi gr
Triphth. & Monophth. 17$
ci •, & avec notre u voyelle : outre que
l’idiome Aleman de la bajfe Saxe efi
fins connu dans les pais du Nort ,
que celui de la haute Alemagne.
Car on peut dire qu'il arrive en notre
Royaume peu d' Etrangers de ces côtés-
la qui nayent connoijfance de l'idiome
bas Aleman . Il y en a meme qui j, re-
tendent que la prononciation des bas
Alemans pour ces fortes de voyelles ,
efi plus régulière que celle de Leipfich
& de Drefden.
Dam. Vous pourriez, avoir des rai-
fons pour la trouver anjfi régulière s
mais vous auriez, de la peine a nous
perfuader quelle foit aujji polie & aufi
fi conforme à l'idiome général de la
Uation Alemande , que celle qui efi
en ufage dans les endroits que je viens
de vous citer , & dans la plupart des
Villes de la haute Alemagne , où on
parle bien . Et comme c'efi l’ ufage re-
çu des gens les plus corifiderables d’une
Nation , qui fait la politejfe d'un lan-
gage, (fr non la réglé , qui en ce cas
doit ceder a l’ ufage ; il c& certain qu'il
faut préférer cette maniéré de pro-
noncer à celle des bai Alemans. Vous
M v)
if6 Liv.II.Ch. I. Des'Dîfhth .
ne manquerez* pas de me dire qti’ de-
vant qu’on fe fût avisé de marquer
ces fortes de voyelles , on les accompa-
gnoit d'un e , & principalement l’a &
l’o qu’on écrivoit ainf , ae , & oe :
de forte qu’on ecrivoit aelter , au lieu
f/rflter, ^oeffncn, au lieu d’ofinen*
Phil. Je demeure d’accord de tout
ce que vous dites i & même que pour
marquer les u , qu'ils prononçoient com-
me nous prononçons notre u voyelle t
ils fe fervoient d’ y-grecs , qui étaient
faits comme des u quarrés par le bout ,
ou approchant , & fermés par le haut ,
aufquels ils ajoûtoient une tre s-petite
queue au dejfous ; & que fouvent ces
y-grccs étaient accompagnés d’un e.
De forte qu'ils écrivaient brye , an
lieu de bru ; myede, au lieu de mu do »
fchyerten , au lieu de fchu tten j &
quantité d’autres mots où, il entroit de
ces fortes d’d , & qu’ils pronon f oient
comme les nôtres* Et qu enfin les let-
très capitales des a & des o chape-
ronnés n’ayant jamais été marquées ,
les Alemans ont été obligés , comme
ils le font encore , d’y mettre un e ,
pour en diftinguer la prononciation x de
Triphtb. & Monopbth. 2.77
celle des a tfr des o communs : & ils
ïcrivoient , comme ils écrivent encore
ces mots , Aebtiffin , four acbri/fin ;
Aehnlich , pour a'hnlich -, Aclter , pour
4 Iter : Oel , pour oi $ Oedc , pour
oede ; OeflFnen , pour o ffnen , quand
la nécefftté les oblige oit, comme elle les
oblige encore , de je fervir de lettres
capitales pour ces mots ou d’autres qui
commencent par un ac ou un o chape*
ronné. C’efi aujji par cet endroit
que je vouloir vous prouver que les
bas Alemans ont raijon de prononcer
ces voyelles chaperonnées , comme noue
prononçons nos monophthongues ai , &
eii j & que cette maniéré de prononcer
efi plus régulière. Mais je ne prêtent
pas pour cela qu’elle prévaille a Vu*
fage reçu dans tous les endroits de la
haute Ale magne , où on parle bien
& particulièrement à Leipfich & il
Drefden , où la prononciation efi fans
contredit la plus polie , la plus régu*
Itéré , & la plus conforme au génie
général de la Nation .
Je dis régulière , puifque l’uftge Vent*
portant fur la Réglé , on s’en doit faire
me de le fuivre quand il efi une. fois
LiV.II. Ch.I. DesDiphthi
reçu des gens les plus confiderables &let
plus habiles de la Nation : car pour
lors l’ufage devient anomalie , d’a-
nomalie il pajfe en Réglé i puifque c'efi
une faute de ne pas fuivre une ano±
malie reçue , ni plus ni moins que fi
quelqu’un fefoit difficulté' de je fervir
en notre Langue du mot j’irai , qui efi
le futur du verbe aller , parce qu’il
ne fuit pas la Réglé des futurs des au-
tres verbes terminés en er.
Dam. Jl faut auffi convenir que
cette maniéré de prononcer ces fortes
de voyelles marquées , a quelque cho -
je de plus ferme , de plus mâle , & de
plus relevé que celle des bas Ahmans,
C’efi auffi la raifon pourquoi on a ap-
pelé leur idiome, plate Teutfch, qui
fignifie , plat Aleman. Ce n’eft pas
que félon nous , la prononciation de
ces fortes de voyelles marquées ne pa -
roiffe plus douce & plus analogique ,
que celle qui efi en ufage dans la hau-
te Alemagne : mais en matière de lan-
gage , il faut fuivre l’ufage le plus
idiotique , & le plus conforme au gé-
nie çfr à l’humeur de la Nation qui le
parle •
T riphtb. à* Monophth. ij$
Revenons à notre Monophthongue
eu 9 qui a beaucoup d’Exceptions.
Exceptions de U maniéré de pro-
noncer U Monophthongue > eu.
v Phil. Cette Monophthongue eu *
fe prononce comme notre u Simple,
lorsqu'elle fe trouve dans les person-
nes des rems prétérits & imparfaits ,
dont les infinitifs fe terminent en oir,
ou en re , comme de concevoir , je
conceus , tu conceus y il conceut ; nous
cencenmes , vous conceûtes , ils conceu -
rent ; je conceujfe , tu conceujfes , &c.
d’avoir , j’eus , &c. j’eujfe , &c. de
pouvoir , je peusy &c. de croijlre y je
creus y &c. je creujfe , &c. Elle fuit
auSïi la même prononciation dans les
participes paffifs terminés en eu, &
en euéy comme conceu, conceué ; leu y
leué i creu , creuè, Scc. Comme au fil
dans les pénultiém^ fyllabes des
mots terminés en eure, lorfqu’ils font
dérivés de quelque verbe, comme
d'enfler, enfle ure ; de piquer, pi que ti-
re i de couper, coupeure, &c.
Eu prend encore le Son de notre u
iîo Liv. IL Ch. I. VefDiphth,
voyelle aux fubftantifs terminés en eue,
comme veué,béveu'è,entreveu‘é,recreué9
recette. Prononcez donc cette Mo»
nophthongue en ces mots , comme
fî elle èroit écrire ainfi , je conçus ,
&c. je pus, je pujfe, &c. je crus , 8cc*
conçu , conçue i lu , lue > coupure , vue,
be'vue.
Cette Monophthongue prend auflï
le Son de notre u , quand elle (è
trouve aux mots fuivans , ajfeurer ,
&c. ajfeurance , &c. feur , &c. cheute,
Euflache , ‘&c & en la première fyl»
labe du mot heureux , & de Tes déri-
vés. Prononcez donc ajfurer , &c*
ajfurance , &c. fur , &c.
Dam . Le mot de bonheur eft- il dtl
nombre de ceux-ci l
Phil, Non , il fuit la Réglé géné-
rale -, & ce feroit parler en badaut que
de dire bonur , comme quantité de
gens; difent à Paris.
Remarque fur ÏOrto graphe.
On commence fort dans l’Ecriture
& dans l’Improflion à ortographier
cette Monophthongue avec un u, ea
Tripbth* & Monophth* 281
tous les mots où Ve de cette (yllubc
ne fe prononce point : Ainfi on è-
crit , conçu, conçue ; vû , vue, &c.
Exceptez pourtant le mot d’Euftacbe,
& celui d'heureux , & de Tes dérivés,
qui gardent toujours leur ancienne
ortographe.
Dam. Il me fcmble que la plupart
de ceux qui parlent en public , ne
prononcent pas la première fyllabe
d heureux , heureufe , heureufement ,
comme notre u.
Phil. Ils n’en font pas mieux pour
cela j car on ne doit pas prononcer
autrement en parlant en public & en
lifant , qu’on prononce en conven-
tion , quand on a une prononciation
un peu régulière ; & je fuis feur que
ceux qui prononcent de la manière
que vous dites, font les premiers à pro-
noncer dans la converfation le mot
heureux, comme s’il n’y avoir point d’*
dans la première fyllabe. J’en ai vu
plufieurs qui prononcent de même.
On peut à la vérité donner des
ornemens à fon difeours par le gefte
& par la voix , & en unifiant quel-
ques confones finales avec des voyel-*
i$i Liv. II.Ch.1, DesDifhth.
les qui commencent les mots qui les
fui vent , en fouit en ant fa voix 5 &
enfin en articulant plus régulièrement
les {yllabes de fes mots : car quelque-
fois il nous èchape en converfation
de manger quelques confoncs , com-
me de dire trente-quate Soldats > pour
trente - quatre Soldats , 6cc. ce qui
n’efl: pourtant pas une faute, puifque
l’ufage l’autorife j mais il eft certain
que la prononciation fero*it plus ré-
gulière & plus mâle , fi on pronon-
çoit IV du mot de quatre en parlant
en public.
Pour ce qui regarde la pronon-
ciation des voyelles ou des diph-
thongues : comme celles que nous
avons en notre Langue , ne font pas
plus difficiles â prononcer dans le
difeours familier, que dans le dis-
cours foûtenu , on ne les doit aflù-
rément jamais prononcer autrement
en public , qu’en particulier. On a
entendu des Prédicateurs & des Avo-
cats prononcer en public la fyllabe
finale er , comme la fyllabe air, 8c
dire confervair , premiair , pour dire
conferver , premier , fans faire fonner
k; , -y^ - - - =r V - . - . '^rvl .* •/■ ■* , \ — t.
Triphth . d* Monophth. 283
1V> mais plus particulièrement quand
1 les mots qui îuivoient cette r finale
I commençoient par une voyelle. On
les a entendu prononcer pavois , au
lieu de j'avais, &c. On a écrit con-
tre cette manière de prononcer *, on
les a frondés j & enfin ils fe font cor-
| liges : ou fi vous voulez , ceux qui
(ont venus après eux, en ont corrigé
l’abus.lls ont eu beau dire que cette ar-
ticulation de confone un peu forte , Sc
cette ancienne diphthongue oi, avoit
quelque choie de plus emphatique &
de plus convenant au difeours fou-
tenu , que la maniéré négligente ÔC
relâchée de prononcer , dont on
ufoit dans le difeours familier ; on
à point eu égard à leurs raifons , i’u-
fage la emporté 5 & nos plus zélés
Partions du langage de leur jeunefiè,
ont enfin fi bien cédé à l’ufage d’au-
jourd’hui , qu’ils n’ofent plus pro-
noncer que comme nous. On fçait
bien que les maniérés de parler d’u-
ne convention , ou d’un difeours
familier , ne peuvent être fi épurées
que celles d’un difeours qui fe fait
en public : mais la maniéré de pro-
r.
2.84 LiV. II. Ch. I. Des vffhtÇé
nonccr les mots , doit être aufli natu-
relle que celle dont on fe fert dans
le langage familier, quand on parle
bien j & elle parortra toujours fade
& contrainte , quand elle ne ferajpas
conforme à notre prononciation or*
dinaire.
Dam . Il eft vrai qu’on ne trouve
que trop de ces gens , qui croyent
faire des merveilles quand ils pro-
noncent les mots de leur difcours en
public , autrement qu’ils ne font
quand ils font dans le particulier avec
leurs amis. J’en entendis ces jours
padês deux qui fe piquent allez de
bien parler , & qui en public affc&o
rem pfufieurs fois de prononcer dau,
pou cjd/x i lais j pour lés ; mais r pour
mes , &c. Et cependant qui ne peu-
vent s’empêcher de prononcer dans
la converfation , dés , lés , mes. Je leur
demandai la raifon de ces deux for-
tes de prononciations i ils me dirent
que la prononciation de la fyllabe
ais , leur paroiffoit plus emphatique
& plus mâle que celle de la fyllabe
és . Voilà tout ce que j’en pus tirer.
Phil. Ils ne font pas les feuls qui
T riphth. & Monophtb. 28 j
fe veulent diftinguer des autres par
ces prononciations extraordinaires :
c*eft un effet de leur vanité > car ils
croyent quelquefois être en droit par
un peu de réputation qu'ils ont d’ha-
biles gens , & d’exceller en leur pro-
feflion, de faire des modes nouvelles
pour le langage , & pour les maniè-
res de prononcer les mots : en quoi
ils fe trompent pour la plupart du
tems, car fouvent ils font feuls de
leur parti \ & je crains bien que la
mode qu’ils ont voulu établir de pro-
noncer en public eureux , pour areux,
& ces mots dais , mais , tais , fais >
lais , poiir dés , mes , tés, J 'es , lés ,
comme tous les honnêtes gens les pro-
noncent dans le particulier avec leurs
amis , n’ait la même deftinée qu’onr
eu les diphthongues des fyllabes fina>*
les des tems imparfaits , qui font
tout-à-f tit hors d’ufage , aurti - bien
que la prononciation des e ouverts
dans la fyllabe finale des infinitifs
terminés en er, comme aimer, par*
1er , prouver .
Dam - En effet, je ne vois point
| d’honnêtes gens , pour peu qu’ils
1Î6 Liv. II. Ch. I. Des Difhth.
foienr polis en leur Langue , qui ne
difent, apportez-moi mes gans , dés
plumes , où font mes Laquais , f/s
freres & fes fœurs *, & non , mais gans,
dais plumes , mais Laquais , fais fre-
res & fais feeurs : & il n'y a aflùré-
ment que des gens d’Orléans , ou des
Villes feituées le long de la Loire „
qui prononcent de la forte.
P h il. Vous pouvez inforer de là
que cette prononciation cft rout-à-fait
grofliere & tout-à-fait hors d’ufage
parmi les honnêtes gens : & que cela
étant, on ne doit point la fuivre dans
le difeours foùtenu , fous prétexte
qu’elle emplit plus la bouche de celui
qui parle , &c les oreilles de ceux qui
l’c coûtent. Car fi on a égard à cette
raifon , il s’enfuivra que toutes nos
fyllabes brèves fe prononceront d’o-
refnavant longues par ceux qui par-
leront en public : & qu’au lieu de
dire & prononcer Noble, Philofophe,
voyaore , on prononcera Noble , Phi-
losophe , voyage ; & on renverfera tou-
te l’économie de notre prononcia-
tion.
* Triphth. & Monophth. 2.87
Autre Exception de la Monoph -
thongue eu , œu , & ce.
La monophthongue œ qui fe trou-
ve aux mots qui font tirés du Grec,
fe prononce comme notre é ouvert,
ou fi vous voulez comme notre mo-
nophthongue ai , comme vous pou-
vez remarquer en ces mots . œconome>
(économie , (économat , (economique ,
1 économiquement , œcuménique > le
Mont O et a ; Oedeme, Tumeur froide ;
Oedipe , nom d’homme i Oefophage ,
terme d’Anatomie. Prononcez donc,
'économe , économie , Sec. édeme , Sec.
A RT. I V. De la Monophthongue
ou , & aou.
La monophthongue ou , Se aou ,
fe prononce comme les Elpagnols ,
les Italiens Se les Alemans pronon-
. cent la voyelle u : Elle forme , quand
on la prononce , un Son mitigé de
Yo , Se de Vu , qui eft bien éloigné
de la prononciation rude & difficile
de Yo , & de Yu , quand on veut faire
i88 Liv. II. Ch. I. Des Dlphth*
valoir les deux Sons dans une même
fÿliabe , comme on l’a fait autrefois
en prononçant un o avec la double
voyelle ou i tic comme le prononcent
encore aujourd’hui les Flamans tic les
Hollandois en ces mots , ohdt , k°udt,
Stadthouder , qu’ils prononcent a peu
près comme nous prononcerions ,
o-oudt , ko-otidt y Stadt-ho-ouder , fi
nous les voyions _ainfï écrits. Voyez
le Chapitre rroifîème, page 69. pour
fçavoir de quelle maniéré nos An-
ciens formèrent cette diphthongue
oh, tic comme elle a peu à peu dé-
généré en fÿliabe d’un feul Son , par-
ticipant de Vo , tic de Vu , qui eft no-
tre Son d'ou ; de même que notre
ancienne diphthongue au , s’eft ren-
due par {ûccelïion des tems une fyl-
labè d’un feul Son. Car il ne faut
pas douter que notre monophthon-
gue an, n’ait été autrefois une véri-
table diphthongue en notre Langue,
8c qu’on ne l’ait autrefois prononcée
parmi nous , comme on l’entend
prononcer encore par les Normans ,
qui pour dire caufe , fraude , chaud »
&c. prononcent comme s’il y avoir ,
fia- ou de.
Triphth. & Monophth, 189
fra-oude, ca-oufe , cha-oud ; parce
«que les Alemans , dont cette Nation
eft dècenduë, ont prononcé & pro-
noncent encore leurs u , comme nous ^
prononçons nptre double voyelle ou.
■Ainfi il n’eft pas difficile de com-
prendre comment cette fyllabe a per-
du fon double Son , & eft devenue
infenfiblement monophthongue, pour
peu d’atrention que l’on, falïè en la
prononciation que les Normans &
les Gafcons font de cetcc double
voyelle au, 8c celle que les Flamans
& Hollandois font en celle de leur
double voyelle ou, '
Dam. N’y a-t-il point d’Exception
de la prononciation de cette mo-
nophthongue ou , ou aou ?
Phil. H n’y a que des Exemples à
vous donner , comme dans les mots
qui fuivent , gouteux , loup , poumon >
le mois d ’yioujl, faoulery 8c . car on
doit prononcer le mois d’O# > & fou-
ler , 8cç. comme s’il n’y avoit point
d 'a devant 1W
♦ *’v .
19 o Liv.IÎ* Ch. I. Des Vtphth*
Remarque,
{upprimer Va de la mon< .x 0
aon , dans l’Ecriture Sc dans l’Im-
Suite du Chapitre des Monoph-
thongues.
in , on , un.
P H il inte. Les m ou les n de
ces monophthongues , ne s'arti-
culent qua demi, & rcyident un Son
‘confus , qui fc perd dans h voyelle
qui les précède. Prononcez par exem-
ple ce mot $ ample en deux fylfabes
feparées ainfi , am-ple , le Son de l 'm
qui fe trouve à la fin de la première
fyllabe de ce mot netant qu a demi
articulé, fe perdra dans le Son de la
On commence même
preflion.
Art. I. T)e la prononciation des
Monophthongues am , em , aim,
om, um i an , aon , en , ain,
#
. Trifhth . dr M.oiïcphth. 191
voyelle qui préede l’ r/i , ,en altérant
Ton $on clair & net de voyelle , & en
lui en fefant prendre un confus : ce
qui ne^ pouiroit pas fe faire G Vm
ou 1 » ètoient immédiatement fuivies
d’une voyelle , comme en ce mot ,
amour, que vous ne fçauiiez pro-
noncer fans féparer Va de ce mot, de
1 m qui le fuit. Car en 1 épelant , vous
direz, a-*, emme, o, u, err, mour,
a-mour i où vous entendez le Son
de Va dans tout fon naturel , & dans
là valeur pure & lïmple, & fans aucu-
ne alteration , & celui de Vm tout de
même dans Ion Son naturel & réten-
tilîànt. Et afin que les François & les
Etrangers conçoivent le Son confus
de 1 m ou de Vn par des Exemples de
mots , quils*ne peuvent prononcer
gueres autrement que nous, je leur vais
donner deux Exemples de mots Latins,
qui font cinütiu & cuntttu ; étant
bien feur qu’ils auront bien de la
peine a articuler F* de ces mots aulfi
parfaitement, qu’ils feroient au mot
de concipio ; ou ( comme j’ai déjà dit y
à force d’appuyer fur la prononciation
de Vu en l’articulant , ils font tëntir
N ij
V
%
v)i Liv. II. Ch. I. Des Diphth.
le Son d’un e muet, quoique très-
foiblement , en difant conecipio j ce
qu’ils ne fçauroient faire aux mots de
cinElw & cunÜm , que très-difficile-
ment. Si les Etrangers font attention
fur la prononciation que nous félons .
de la monophthongue de ces deux
mots y 5c de celle qu’ils en font , 8c
qu’ils veuillent bien en même tems
obferver les mouvemens que font les
organes de la parole , en rabattant un
peu la prononciation de la voyelle
qui précédé Ym ou 1’» finale d une
fyllabe , fans remuer les lèvres ou le
bou; de la langue contre le palais -, ils
prononceront auffi naturellement 5c
'auffi régulièrement que nous les
monophthongues qui font dans les
mots fuivans , am bigu , employer ,
c ftaim , imparfait , nom bre , humble >
plan y enhnt , fain? iwgrat, concQily
défunt. . ,
La plûpart des François n ont pas
;befoin de cette leçon -, mais les Gaf-
cons , 8c tous ceux des Provinces de
France qui parlent à peu près comme
eux , en ont befoin auffi- bien que les
Etrangers ; 8c j’ofe même’ avancer
Trifbth. & Monophth. 19$
qu’il y a beaucoup 4e gens élevés à
Pàris qui en ont autant de befoin
qu’eux , parce que n’ayant pas pris
garde aux Réglés du bon 8c naturel
ufage de notre prononciation , foie
par négligence ou par ignorance, ils
ont contradfcé une cerrâine habitude
de prononcer cette m ou cette n d’u-
ne maniéré forte & retentitfânté , à
peu près comme celle des G .feons ,
qui prononcent 1 ’» prefque avec au-
tant de force que s’il y avoit quelque
voyelle après , croyant fc faire diftin-
guer par cette prononciation groffie-
rement imitée , que leur mauvais
goût leur a fait trouver plus mâle 8c
8c plus amphatique que la nôtre.
Dam . J’ai bien connu de ces çens-
lâ , 8c qui auroient été bien fâche*
d’avoir perdu cette mauvaife habi-
tude. J’en ai même connu un qui
ètoit fi charmé de cette forte de pro-
nonciation ,* qu’il croyoit qu’il n’y
avoit que les Badauds qui ne l’avoienc
point. Il difoit que les Efpagnols 8C
les Italiens prononçoient leuçs n d’u-
ne maniéré fort retentifiante , en
quelque endroit d’un mot où elle^
- É5>4 Liv.1I.Ch ï. I>esT>ifhth .
fe trouvaient , & comme s’il y avoit
une voyelle au bout : & qu’il avoir
même eu des Maîtres de Langue en
Efpagne & en Italie qui lui avoient
montré a prononcer les » devant les
confortes comme s’il y avoit quel-
que peu du Son d’une voyelle ; &
qui lui avoient appris â prononcer
ces mots, tempo, confejo , f h ente , à
peu près comme nous les prononce-
rions , fi nous les trouvions écrits en
la maniéré qui fuit, temepo, conefejo »
fnenete ,• mais prononçant Ye qui pa-
roît dans ces trois mots avec tant de
promtitude , qu’on ne s’en apperce-
voit prefque pas , & à peu près com-
me nous entendrions celui de Ye qui
fe trouve dans le mot de ta fêtas,
qu’on pourroit dans un befoin faire
de deux (ÿllabcs, en prononçant taf
tas. Je demeurai d’accord avec lui
de ce qu’il difbit de la maniéré que
les Etrangers prononcent nos n :
mais comme notre maniéré de pro-
noncer ces n dans les mots de leur
Langue, leur paroîtroit barbare (s’il
4ifious eft permis de fr fervir de ce ter-
me) à la mode des Romains qui ap-
Trifhth. à- Uonophth. 195
pelloient barbare tout ce qui n’ètoit
ni de leur pais , ni conforme à leurs
maniérés de faire & de parler , la
leur pourroit bien palier pour bar-
bare parmi eux *, & encore plus dans
la bouche d’un François que dans
celle d’un Etranger , & meme d’un
Gafcon , dans la bouche duquel elle
eft moins dèfagreable , parce qu’elle
paroît plus naturelle.
phil . Pour moi je ne trouve point
étrange qu’un Gafcon prononce ces
n de même , parce qu’il le fait par
une habitude qu’il a contrariée dès
l’enfance : j’ofe même avancer
- qu’un peu de cet air de prononcer
ces » à la mode des Gafcons mêlé
dans une prononciation bien régu-
lière, n’y fieroit pas mais mais il ne
faudroit' pas qu’elle fût imitée *, il
faudroit qu’elle fut toute naturelle ,
& dans la bouche même d’un Gafcon
qui parleroit bien j car elle paroitroit*
ridicule & affe&ée dans la bouche
d’un Parifien, ou d’un autre Fr:n-
çois. â
Dam. Continuons , s’il vous plair,
nos préceptes.
Liy. IL Ch. I. DesDiphth.
De la prononciation des Monoph -
thongues , am , em 3 an , aon ,
en.
Phil. Ce s monophthongues fe pro-
noncent par tout comme Ta fylL.be a »,
en la maniéré que je viens de vous
dire , fans appuyer fur l'articulation
de IV. Prononcez donc , ambre 3
Adam, plan, paon , faon , ancre de
Navire , encre à écrire > comme s’il y
avoit anbre , plan , pan , fan , ancre.
Exceptez les m du mot d ’ Amjler dam,
& de tous les noms des Villes ou
Bourgs de Hollande ou du Nort ter*
mines en am , comme Rotterdam ,
Saddam , Opdam , &c. Quelques-
uns exceptent auflî Vm finale du mot
Abraham ,• & je croi qu’ils ont rai Ion.
comme aufli celle du mot de Siam ,
Royaume dans les Indes , dont les m
* retiennent leur Son naturel. Exceptez
auflî IV qui fe trouve à la fin des mots
qui fuivent , Amen , hymen , examen,
qui retiennent auflî leur Son naturel
auflî-bien que celui de leurs e ; car on
prononce ces mots comme en Latin*
Triphth. & Monophth , 19J
Autres Exceptions ,
Exceptez auflî les dernieres fyllabes
de ces mots , Cananéen , Caldéen ,
Caliléen , dont IV de la fÿllabe en
retient fa • prononciation naturelle
comme en Latin : il ne faut donc
pas prononcer Caldéan , mais Cal-
déen,
Le mot Européen , fe prononce
pourtant comme Européan.
On excepte encore le mot benja-
min , & celui de benjoin , où l’e de la
monophthongue en , retient fa pro-
nonciation naturelle. Ne prononcez
donc pas banjamin , ni banjo in , mais
benjamin, & benjoin,
(• fl 'lli- * r : ' . » * V • *
Exception .
Vo dans le mot faor.ner , qui fe
dit d’une Biche lorfqn’elle fait des
faons , fe. prononce. Dites donc fa -
o-ner t & non pas faner, félon la
Réglé générale ci -deflùs, dont ceci
cft une Exception. N
2.9S Lîy.II. Ch.I. DesDtpkth*
Art. II. DesU$mphthongu.es
aim , ain , & cin.
Ces monophthortgues fe pronoh-
cent toutes comme notre fyllube fi-
nale ain , ou ci*. Prononcez donc
ces mots, ejfàim , faini , pain, plein,
plainte i &e. comme s'ils è' oient è-
crits en la manière qui fu t , ejfain »
féi'iè , pain , plain * plainte * fans faire
Tonner 1 m ou ïn qui termine la fyl-
labe.
•Arï. III. Des Monophthongues
im j & in*
> * * .; • * ‘A. f • •“ . '
La monophthongue if* , ne fe tjroto-
ve gueres qu’au commencement des
mots. Elle a une prononciation très-
difficile en notre Langue pour ceux
qui n’y font pas accoutumés » & par-
ticulièrement pour les Parifiéns qui
n’ont paS étudie » ou qui nont point
encore fait de féjour dans les Pro-
vîntes $ car on remarque que lès
gens de Province n’ont pas tant de
peine à la prononcer t mais ils ne
7'rtpbth . Ô* Monophfh» 199
font point d’exception de la Réglé
que j’en vais donner ; qui eft , que
cette monophthongue fe prononce à
peu près comme nos habiles Régens,
& particulièrement les Jéfuites , nous
font prononcer la (yllabe in , en ces
mots : Index , tinttwn , inflruere }
c eft-à-dire ( pour me faire entendre ,
fi je puis aux Etrangers , fans le fe-
cours de la vive voix ) qu’il faut un
peu rabattre le Son de 1 ’i fur Vm, ,
{ans faire toucher le bout de la lan-
gue au palais. Prononcez donc ces
mots , importun , impie , imparfait -,
Sec. comme vous prononceriez les
premières fyllabes de c es mots Latins,
import un tu , impius , imper fettus , fans
pourtant faire fonner votre m i Se
non pas comme s’il y avoir , appor-
tant , ainpie , ainparfait , comme fait
la plupart de la Bourgeoific de Paris,
& même quelques gens au-defliis
d’eux : les uns faute de {Ravoir le
bon ufage , Se les autres manque de
robferver.
3oo Liy.'IL Ch. I. Des Diphtb.
Art. IV. T>e la Monophthon-
gue ? in.
Cette monophthongue fc pronon-
ce de même que la monophthongue
im , & fuit auiîi les mêmes Réglés SC
les mêmes Exceptions.
Avertrjfement fur les Exceptions
des Monophthongue s im , & in.
La monophthongue im , ou in9
précédée d’une conione , ou des let-
tres , Ce prononce toujours conf-
ine ain , ou ein , comme vous voyez
par ces mots , yftæple , mince , ja (min,
quinte. Prononcez donc ces mots ,
comme s’il y avoit un 4 , ou un e ,
devant Vin , en la m inière qui fuit ,
fiinple , mcttnce , j afin ain , qu attire ;
& non pas, Jtnpte , jafbtin > & quinze,
comme font la plupart des gens de
Province , qui la prononcent comme
on la prononce en Latin dans le mot
de tinffum. Mais lorlque cette mo-
nophthongue im , ou in , fe trouve
au commencement d’un mot , (ans
Triphtb . & Monophth. 3GI
qu’elle (oit précédée d’aucune con-
cerne , elle fuit la Rcgle que j’ai
propofee en l’Article précèdent , &
comme vous pouvez voir aux pre-
mières fyllabes des deux mots fui-
vans , importun , ingrat ; car il y a
bien de la différence entre le Sonde
première fyllabe du mot ingrat , Sc
celui de la première fyllabe du mot
pinte. Il fèroit à propos que les Pré-
cepteurs fifTent (ouvent prononcer
ces fortes de fyllabes & de mots à
leurs Ecoliers. En voici quelques
Exemples qu’on pourroit leur don-
ner , pour les exercer dans la pronon-
ciation de ccs fortes de fyllabesr
Mots commencés par im & par
in , é* dont U faut prononcer U
première fyllabe comme celle de
tin&um.
Imparfait, impatient, im pie , im per-
tinent, importun , imprudent , imputer »
Info lent , incommode , incident , injure?
ingrat j incifon *
joi Liv. II. ChI. DtsPifhth*
Mots ou la Monôpbthongue im y
ou in , efl précédée d'une confia
, ne > & où cette Monophthongue
fe prononce comme U fyllahe
iain.
Prine* , Chérubin , Séraphin , jafi-
min , épingle , du vin , Mede cin ,
jfeftin , v«fin , coufin , Martin , quin-
ze , Charlv-Qtfnz , quin toi , & le
refte , qu’il faut prononcer comme
j’ai déjà dit en la maniéré qui fuit *
défiai n , Martain , quamzje , & c.
Les Maîtres de Langue qui mon-
trent le François aux Etrangers , doi-
vent auffi observer cette méthode.
Avertijfement.
Les Parifîens devroient bien prenfi
dre garde à obferver cette pronon-
ciation d’<», au commencement d’un
mot \ car il y en a quantité qui le
prononcent comme ai n , & qui di-
fent un aingrat , pour dire un ingrat.
Il n’y a rien qui fente tant le Badaut
Tripl th. & MoMphth* 30$
que cftie pionortciation.
Les gens de Province font une fau-
te toiite contraire *,xar ils prononcent
fans aucune exception > toutes les
monophthongues in , foit qu’elles
fbient précédées d’ütie eônfone, Ou
non , comme Vin dans le mot Latin
de infiruere.
Refit arque*
L* fe féparé de fà monôphthon-
güe dans le mot de divin , quand il
eft fuivi d’un fubftantif commencé
par une voyelle , pour fe joindre au
mot qui le fuit, comme divin amour *
Prononce^ donc , divi-n amour*
Autre Remarque .
Quoique le mot vinaigre patoifïè
être de deux mots , fçavoir de celui
de vin* & de celui à’aigïè , il n’en
fait pourtant qu’un dans la pronon-
ciation , & dans l’Ortographe aufli.
Dam* Quelle raifon pouvez -vous
"donner de ces diftinétions de p
$ô4 Liv. IL Ch. I • Des Dhhfhl
noncer ces monophthongues tm > oïl
ifi ?
phil. Il n’y en a pas d’autre à don-
ner que celle de l’uiàge.
Art. V. Des Monophthongues
om, & on } um, dr un.
Nous n’avons rien à dire de ces
monophthongues , linon que nous les
prononçons comme nos habiles Re-
gens nés & élevés à' Paris , pronon-
cent ces mots , Confcriftm , Angélus,
& cmlhu , &c. en rabaiflant & en
obfcurcifïant ( comme j’ai déjà dit
de ces fortes de monophthongues )
tant foit peu le Son de l 'o > ou de
Vu , fans faire toucher le bout de
la langue au palais , pour empê-
cher l’entiere articulation de Vm , oii
de Y». Prononcez donc , concombre >
humble , défunt , &c. comme concon-
bre , hunble , défun , fans faire fonner
les ».
Remarque .
L’» du mot de Convent , le change
en u y dans la prononciation. Ainfi
Triphth. & Monophth. 305
®n prononce Couvent , quoi qu’on
écrive Convenu Mais il n’en eft pas
de même des mots qui en dérivent,
comme Conventuel , conventuellement ,
qui fu vent la Réglé de leurs mo-
nophthongues.
Remarque fur toutes les Monoph -
thon gués terminées en m , ott
en n.
Um , ou Yn , de ces fortes de mo-
nophthongues étant fuivie d'une au-
tre m , ou d’une n, dans un même
mot , fe fcpare de fa voyelle , pour fe
joindre à Ym qui la fuir, & qui ( fui-
vant le génie de notre prononciation ,
qui eft de prononcer toutes nos con-
fones doublées comme fi elles ètoient
fimples ) ne fe prononce aufli que
comme une fimple n? * ou ». Pro-
noncez donc, Epigrammc , dilemme ,
pomme , canne , garenne , innocent %
bonne ; comme fi ces mots ètoient
ainfi marqués , Epigra-me , dilc-me ,
po-me , ca-ne , gare-ne , i-noçant , bo-
ue ; 8c non pas , Epigran-me , dilen -
me , pon-me , can~ne, garen-nCi in-no-
30 6 Liv. II. Ch. T. Des Diphth,
cant , comme font les Normans.
1 * - . * ' « i# »
* Exceptions.
Exceptez ce mot emmener , dont 1»
monophthongue fuit la Réglé -géné-
rale en toute fi conjugaifon. Pro-
noncez donc , an-mener , &c. comme
auffi ces mots , ennuy , ennuyer , &
leurs dérivés , dont les monôphthon-
gues fuivent aullî leurs Réglés géné-
rales , & dont IV fe prononce comme
un a. Prononcez donc , ennuy , en-
nuyer > ennuyeux , &c. comme s’il y
avoir, an-nuy , an-nuyer, an-nuy eux.
Dam. Les Normans n’ont pas tant
de tort de prononcer yom-mc , 8c
can-ne , puifquc ces mots font orto-
graphiés avec deux m , & deux n .
Car ces deux m aflèmblées dans un
même mot marquent la maniéré dont
il les faut prononcer , parce que l’u-
ne doit appartenir à la première fyl-
labe,, & l’autre à la fécondé -, & cela
étant elle demeure monophthongue,
& le* doit prononcer comme toutes
les autres : l autre m , étant fiiivic d’u-
ne voyelle, fait une autre fyllabe , qui
Tripkth. & Monopkth . 307
Çt prononce comme nos autres Sylla-
bes communes.
Phil. Il fe peut faire que ces mots
ayent été épelés autrefois en la ma-
niéré que vous le propofcz , & que
les Maîtres d’Ecole le faflent encore
èpelei de même aux Enfans Normans :
ce qui auroit peut-être donné occa-
f\oh de faire une monopkthonguc de
la première Syllabe du mot de pommey
& d’autres lèrablables , & une Sylla-
be commune de la derniere , en pro-
nonçant ces fortes de mots. Car les
Normans n’articulent pas cette m ,
ou n finale autrement que nous
quand elle eft Suivie d’une confone.
Il fe pourroit faire auflî qu’autrefois
nos Ancêtres ayent prononcé les m &
les n doublées de leurs mots, comme
on les prononçoit en Latin , & com-
me nous prononçons & épelons ces
mots , flamma , Epigrœmma , anttus,
fefant fonner & retentir Vm ou V»
de la première Syllabe, comme nous
félons lonner Vm & Vit finales des
mots Amfterdam , & Amen $ & qu'ils
ayent prononcé Vm ou 1’» de la Syl-
labe Suivante , comme nous les prô-
308 Liv. II. Ch. T. Des Diphth,
nonçons quand elles le - trouvent att
commencement d'un mot immédia-
tement devant une voy.lle , comme
je le viens d,e faire voir par le mot
de jiamnta.
Il fe peut faire aulfi qu’on ait autre-
fois épelé nos deux mm , ou nos deux
nn , toutes deux enfemble dans une
fyllabe , en fefant deux mouvenJens
redoublés coup liir coup du bout de
la langue & des lèvres * pour la pro-
nonciation des deux mm doublées ;
ou en repliant le bout de la langue
vers le palais, & le touchant avec
force , pour articuler diftin&ement
& feparément les deux Sons des deux
nn comme vous pouvez fort bien
remarquer en l’aflbmblage que je
fais des lyllabes des mots juivans ,
Epï.gra-mmc , po-mme , bo-nne , qu’on
a peut-être fait épeler aux Enfans en
la maniéré qui fuit , pé , o , po , deux
èmmes , e , mme , pomme ; bé, o,
ho , deux ènnes , e , nne , bonne.
Je marque ces deux confones dou-
blées tout proche l’une de l’autre »
pour mieux faire comprendre la dif-
férence qu’il y a entre la prononcia-
Yriphth. & Monofihth, 309
tion que les Normans font de ces
fortes de confones doublées, & celle
que nos Ancêtres en fcfoient 5 car
autrement j’aurois pû les féparer , 8c
en mettre une fur une fyllabe , 8c
l'autre for celle qui la fuit , en la
marquant ainfi, Ep'tgram-me , comme
on les èpele en Latin : Mais à canfc
que cette maniéré d’épeler m’a déjà
lèrvi dans cet Article , de démonftra-
tion pour la maniéré de prononcer
des Normans , , j’ai crû qu’écrivant
Epigra-mme ainfi , la difon&ion en
auroit été plus fenfible. Mais foit
que nos Aniêcres ayent prononcé nos
m 8c nos » doublées comme les La-
tins , ou qu’ils les ayent prononcé
comme les Normans , ces maniérés
de prononcer font hors d’ufige , &
je ne doute pas que notre Ortographe
ne s’y conforme dans quelques an-
nées , puifqu’on a déjà commencé à
fopprimer une partie de nos confo-
nes doublées. Revenons à nos Ex-
ceptions.
Exception de l’Exception.
Ve de la première fyllabe du mot
jio Liv. II. Ch. I. Des Dtyhfh.
de femme , fe pronoace comme un de
Prononcez donc , famé ; & l'épelez
ainfi , efFe , c , fa, deux èmames , e ,
me -, famé. Je dis épelez ainfi ,
parce que nous prononçons toutes
les confones doublées qui fe trouvent
dans nos mots , comme fi elles ètoient
. fimpks. Voyez le Chapitre de Ig
maniéré d’èpeler les Confones.
Le premier e du mot folennel, & de lès
dérives , fe prononce comme un a.
Prononcez donc , fola-nel , fuivant
notre Réglé pour les Confones dou-
blées. On a écrit autrefois ce mot
avec une m & une », folemnel , fb-
lemnitê , & on l’a prononcé comme
on l’ècrivoit ; & il fe prononce en-
core de même en de certaines Pro-
vinces. Depuis on l’a prononcé avec
un *, en fêlant fonner Ym : & enfin,
on a fupprimé tout-a-fait la pronon-
ciation de cette m .
Autre Exception.
Um fe prononce dans les autres
mots de notre Langue , quand elle
eftfuivie d’une », comme nous pro-
Triphth. & Monophth . 311
lionçons vrnnis en Lutin \ c’eft-à-dire,
que ces deux lettres jointes enfem-
|>Le , gardent chacune leur Son naturel
& retentilïànt. Prononcez donc ces
mots , calomnier , calomnie , calom-
nieux i &c. Agamemnon , Hymne ,
jcomme ü vous les trouviez écrits dans
quelque difc.ours Latin. Prononcez ,
indemnifer , &c. indemnité de même,
à la relèrve de le de la première
lÿllabe qu’il faut changer en a. Ainfi
il faut dire , indemnité, tndamntfer .
Ve change aufli fon nom en a en
•toutes les autres monophthongues
■terminées tn em , fuivies d’une autre
m # comme en ces mats , apparem-
ment , ardemment , différemment , &c.
qu’il faut prononcer comme s’il y
avoit , ap par aman , ardaman , diffe -
raman,
Exception.
On ne prononce point \m de la
•lÿllabe dam > au mot de damner, &
en tous fes dérivés , où elle fe trouve
fuivie d’une » ; mais l’élifion de cet-
te m dans la prononciation rend la
lÿllabe longue. Prononcez donc ,
3i i Liv. II. Ch. I. fies Diphth*
damné , condamné , condamnable »
comme fi vous les trouvi.z ainfi mar-
qués , ddné j conddné , oondanable ,
&c.
Art. VI. Z)£ /« prononciation
des Monophthongues ail, eil ,
il, œil, eüilj üeil.
Ces fortes de monophthongues ne
fe trouvent jamais qua la fin des
mots , comme en ceux - ci , travail ,
Soleil , péril, l'œil, cerfeiiil , cercueil.
r> On a bien de la peine à faire com-
prendre aux Etrangers la maniéré de
prononcer ces fortes de monoph-
thongues , autrement que de vive
vo x : car ( exceptez les Efpagnols &
les Italiens , qui connoifiênt cette
prononciation comme nous par leurs
lettres gl , &c par leur double II) il y a
très-peu de Nations à qui la pronon-
ciation de ces fortes de fyllabcs (oit
pleinement connue comme à nous.
Il en faut pourtant dire deux mots :
peut-être que la lecture qu’on en
fera avec attention , ne fera pas inu-
tile aux Etrangers qui voudront ap-
prendre
T riphtb. & Monophth, 31J
prendre la manière de former les
Sons moiiillés de ces fortes de, mo-
nophthongues.
Nous formons cette prononciation
par le moyen d*un Son mouillé que
nous félons de celui de 17 , avec ce-
lui de \'l9 par deux differens mouve-
mens de la langue, dont l’un fait un
Son lâche Sc un peu humide , & l’au-
tre un Son ferme & fec : celui de
17 , qui eft le Son humide , fe forme
par un mouvement que la langue fait
en s’élargiflant tout-à-fait par les cô-
tés & par le bout, & en fc. courbant
par le milieu vers le palais *. & le
Son de 17 , qui eft le Son fec , fc
forme par un autre mouvement tout
contraire de la langue , qui s’étre-
cilTant par les côtés & par le bout ,
fe redrellè contre le palais vers les
dents d’enhaur. Le Son de 17 ,
coupe l’articulation de celui de
17 ; & celui de 17, empêche la for-
mation parfaite du Son de 17 :
Ainfi de ces deux Sons à demi arti-
culés , il fe forme ce Son moüil.é
que nous fefons en prononçant les
deux lettres, il, qui fe trouvent â la
O
3i4 Liv. II. Ch. I. DesDiphth.
fin de ces monophthongues , comme
vous pouvez vous appercevoir en
prononçant la derniere fyllabe des
mots fuivans , travail ,fommei\ , Vœi\.
- * N ‘
Exceptions.
Exceptez de cette Régie tous les
mots terminés en il , fans autre voyel-
le devant Vil final , comme vous voyez
en ces mots , civil , fil , il j viril, exil ,
dont 17 finale garde un Son fec &
naturel : car nous n’avons que le
feul mot de péril, & celui de babil,
de tous les mots de cette terminaifon,
dont la derniere fyllabe ait un Son
mouillé.
Autre Exception.
VI, au mot gentil, ne fe prononce
pas i la derniere fyllabe de ce mot
produit un Son mouillé en la pro-
nonçant, lorfqu’il eft fuivi du mot
d homme. Ainfi on dit, Gentillome ,
& non pas Gentilome , comme beau-
coup de gens de Province difent ,
quand, ils prononcent le mot de
Triphth. & Monophth . ^ij*
Gentilhomme . On ortographie des
Gentils-hommes au plurier, 8c on pro-
nonce des Gentizjême. Les Normans
difent Genteillomme ; mais il ne faut
pas les imiter.
Remarque .
Il y a une remarque à faire fur
1 Ortographe de ces deux monoph-
thongucs. eüil , & üeil ; qui eft ,
qu après le g 8c le c, il faut écrire
ueil , dans qu il (bit befoin de mettre
deux petits points au-dcflus de Vu ;
parce que le g 8c le c qui precedent
Vu de cette forte de fyllabe / empê-
che de Ce méprendre en le prenant
pour un H confone , comme vous
voyez en ccs mots , orgueil , cercueil ,
écueil , recueil , où il eft impoflible
que vous prononciez Vu de ces mots
autrement que comme un u voyelle :
& cela ètanc , vous n’avez que faire
de diftinguer par l’écriture la pro-
nonciation de cet u . Mais pour ce
qui eft de la monophthongue eüil,
il faut neceftàirement marquer Vu qui
«*y trouve de deux points au-ddlùs^
O ij
jï6 Liv. II. Ch. I. Des Diphtlj.
pour marquer que ce n’eft pas un u
confone, principalement dans récri-
ture *, autrement ou prononceroit
c-vil) pour eiiil ,• de-vil , pour deuil ;
favte-vil , pour fauteuil. Pour dans
les Impreflions , il n y auroit pas grand
mal quand on ne marqueroit plus du
tout ces h voyelles , puifqu’on com-
mence à Te fervir par tout des v
ronds , où les u Tonnent comme des
confones -, & qu’on ortographi efervù
teur , & non pas feruiteur.
Art. VII. De la prononciation
de la Monophthongue , ol.
Cette monophthongue Te pronon-
ce par tout , comme on prononce en
Latin le mot de fol. Prononcez donc
la derniere fyllabe des mots qui fui-
vent de même , parafol, 'vitriol, viol ,
vol , entrefol > Rojfgnol, &c,
Exception.
On excepte de cette Réglé les
quatre mots fuivans , col , licol , fol ,
fol , dont la fyllabe ol Te prononce
Triphth. & Monophth . 317
! comme notre double voyelle 0u .
Prononcez donc , cou , licou , /à# ,
fou. Plufieurs commencent à orto-
graphier ces quatre mots comme oa
les prononce.
. Exception .
Quand col lignifie un palïagc entre
deux montagnes, pour lors il luit la
Réglé générale , & garde fa pronon-
ciation naturelle. Comme aulîl en
parlant des parties du Corps humain,
il faut dire , le col de la matrice , le
col de la vejfie ; pour dire, l'entrée
ou r embouchure de la matrice , ou
de la vejfie .
fin du Chap. des Monophthongues .
jr- " ^ „
;.V •
.? ?, . > KL'-y*- - ‘ * * 'd* , j/P' *•.-*' I , , V-V
3i$ Liv. II. Ch. II. Des Diphth*
CHAPITRE IL
DES DIEHTHONGVESy
Et de la maniéré de les frononccr.
P H il inte. Je vous ai déjà dit,
que la Diphthongue eft une fyl-
labe qui a deux voyelles , dont on
fait valoir les deux Sons , comme vous
voyez en celles qui font en ces mots,
cotfe , hier , puijfance. Ainfî il eft inu-
tile d’en parler davantage.
Dam. Je comprens parfaitement
ce que c’eft que Diphthongues :
Mais dites-moi , je vous prie , com-
bien nous en avons ?
Phtl. Nous avons dix Diphthon-
gues en notre Langue , qui font , ia ,
ie , te h , io , oi , ni , eau, ou a , eue ,
oïii , ou ony. En voici des Exemples :
Diabolique-, lif-vre, lieu , pio-che Rou-
vrir , puif - fance , fce~au , foii-age ,
fouet, oui , ou <?«y.
Ces Diphthongues ne font-
elles point fujettes à conteftation >
Triphth. &Monophth. $1$
JPhil. Quand elles le feroient , ce
ne pourroit être qu’en Poëfe , ou
dans quelque difcours foûtenu , où
on eft quelquefois obligé de pronon-
cer toutes les {ÿllabes fort diftin&e-
ment. Mais il eft certain que dans
un difcours familier, elles font non
feulement inconteftables dans les
Exemples que je viens de nommer ,
mais encore dans ceux dont ces
Diphthongues fe féparent- en deux
fyllabes dans les Ouvrages de Poëfie ,
comme dans ces mots , violent > vio-
lence , viol , &c. Diocefe , période >
Galiote , diamant , union , publier ,
Louis , &c. où on les doit prononcer
en lifânt en la maniéré qui fuit, vi-o -
tant, vi-o-lance , vi-ol 9 &rc. Di-o-ce-fe ,
pe-ri-o-de , Ga-li-o-te > di-a-mant ,
H-ni on , pu-bli-ery Lou-is , &c; Ce
qui n’arrive pas dans la Profe , où on
entend fort intelligiblement pronon-
cer à ceux qui parlent bien , ces dou-
bles voyelles comme des Diphthon-
gues , en la maniéré qui fuit , vio -
lant ■> vio-lance , viol ; Dio-cefe , pe-
rio-de , Ga-lio-te , dia-mant , u-nion ?
pu blier > Loü-is,
510 Liv. II. Ch. II. Desbiphth.
Réglé I. De U biphthongue ,
ia.
II n’y a rien à dire de la diphthon-
gue, ia> finon qu’en Poëfie elle eft
prefque toujours de deux voyeües.
Exceptcz-en ces mots, milliaffe , mil -
, diable , diabolique , où les
deux Sons de m , font renfermés
dans une. feule fyllabe.
Reg. II. De U Dlphthongut
ie j ou ié.
Nous n’avons de véritables diph-
thongues dans les Ouvrages de Poc-
fie aux fyllabes finales des mots ter-
minés en ié , qu’en la terminaifon
de ces mots , pitié, moitié , amitié ,
inimitié , ; & en leurs pluriers ,
comme les piés , tes amitiés , &c.
Dans les autres mots cette fyllabe f«
fépare en deux, comme marié. Pro-
noncez donc en lifânt des Vers , ma-
ri-é.
Triphth. & Monophth. 311
Reg. III. De la prononciation
des fyllabe s finales ie , ies , ye,
y es , fans accent fur les e.
Ve de la {yllabe finale ie 8c tes ,
ye 8cyes , fe fait très-peu fentir : mais
il a la propriété de rendre longue la
voyelle i qui le précédé, comme vous
pouvez remarquer en ces mots , copie,
maladies , orties , j’etudie , il ejfuye.
Prononcez donc, copT , maladï , ortt,
j’etudï, il eJpiT. Mais fur tout ne man-
quez pas de faire entendre le Son de Ve
de cette (yllabe, mais que ce (bit d’une
maniéré aufli peu fenfible que Ve qu’on
entend dans le mot canevas , quand
on le prononce un peu vîte.
Reg. IV. De la Diphthonguc
iel, ef ien.
Cette diphthongue eft rarement de
deux fyllabes en PoëJie.
Remarque fur la prononciation des
fyllabes ien, £7- yen.,
La fyllabe ien , fe prononce comme
O V
'3 *2, Liy.II. Ch. IL DesViphth.
tan , ou y an , quand elle fe trouve
entre deux conîbnes , pourveu que
ce ne foit pas des », comme Audience,
client , clientèle , patient , Oriental.
Prononcez donc Audiance , chant ,
tliantele , paciant , OriantaU
Exceptions.
Exceptez la fyllabe Un, ou yen,
quand elle eft fuivie d’une n , comme
ia mienne , la penne , Payenne , &c.
dont Ve retient Ta prononciation na-
turelle. Exceptez auflï la fyllabe Un,
qui fe trouve dans la conjugaifon des
verbes tenir 8c -venir, 8c de leurs com-
pofés , comme je tiens, tu tiens, il tient,
ils tiennent : je tiendrai , 8cc. je fou -
tiens , 8cc. je vien( , 8cc . je viendrai,
&c. je me fouviens , &c. Exceptez
auflï celle qui fe trouve dans le mot
de Chrefiien , & fes dérivés , comme
Chrejlienne , S^c. où lV.de cette fylla-
be ien, garde fa prononciation natu-
relle. Exceptez auflï la fyllabe ien ,
ou yen , qui fe trouve à la fin des
mots , comme en ceux-ci , entretien ,
foutien , le mien , le fen, Payen.
Triphth, & Monophth. 315
K. £ G. V. Ve la Syllabe jînalç
ient, & yent.
L'e, P» & Je t de la fyllabe ient,
¥t, ne fe prononcent point quand
elles Te trouvent à la fin des dernières
perfonnes plurieres des verbes termi-
nés en ter, ou en^*r, au moins P#
& le t i car on entend un peu le Son
de Ve qui eft femitiin , & qui par con-
fequent eft fort fourd & fort foible>
& qui ne laiftè pourtant pas de faire
une fyllabe , comme vous pouvez voir
en ces mots , ils convient, ils etndient ,
ils ejfnyent. Prononcez donc ces mots
comme s’ils ètoient écrits , î convï ,
iz, etudï, izj ejfuï. Mais il faut faire
entendre un Son fourd & prefque
imperceptible d’un e , incontinent
-après la prononciation de P; , ou de
P y-grec de la fyllabe finale de ces
fortes de mots. Il eft bon aufli en
lifant des Vers , & meme quelque-
fois dans un difeours foutenu , de
faire fentir le t final de ces fortes de
terminaifons , quand elles (ont im-
médiatement fuivies d’un mot qui
324 Liv. ÏÏ'r Ch. IL Des Dipith»
commence par une voyelle. Voyez
l’Article de la prononciation des let-
tres finales nt , au Chapitre des Con-
fones finales.
Remarque,
Dam. Que fignifie cette petite ligne
en travers que vous marquez au deftus
de Vi , & au deflus de V y. arec final de
_ A*
ces trois mots , convi , etuai , ejftii ?
phil. Vous la tnfuverez d’ores-en-
avant en beaucoup de fyll .bes , dont
je vous marquerai la mefure. Cette
petite ligne fignifie qu’il faut traîner
la fyll abc , & la prononcer plus len-
tement.
Reg. VI. De la prononciation
de la Syllabe ier.
La fyllabe ter , qui fe trouve à l’in-
finitif d’un verbe , eft toujours de
deux fyllabes en Poëfie, comme ju-
flifier , oublier , marner. Ep lez donc,
jHjhîji-er, oubli- er, mani-er. Ailleurs cet-
xe fyllabe eft diphthongue j comme.
Chevalier , premier , papier, &rc. Ep lez
donc , Che-va-lier , pre-mier , pa- pier.
Trifhth. & Monophtb. $iy
R E G. VII. De la Syllabe ,
iez.
La fyllabe iez, , aux fécondes per-
tonnes pliirieres des verbes qui onc
l’infinitif terminé en ier, eft de deux
fyîlabcs , comme de juftifier , vous
juftifiez,. Prononcez donc , vous ;//-
ftiji-ezj.
Dans les verbes dont les infinitifs
fe terminent autrement qu’en ier , la
fyllabe iez, eft di :hthonguc , comme
de garder , vous gardiez Epelez
donc , vous gar-diez, ; parce que ces
fécondes perfonnes font du tems im-
parf^, & que les autres font du
tem^prefent. Car f\ cette féconde
perfonne , juflifiez, , ètoit du tems im-
parfait de l’indicatif, ou du prefent
du conjonftif , il faudroit néceflàire-
ment y ajouter un y grec j comme,
je jujlifiois , tu jujlifiois , il jufiifioit j
nous juflifiyons vous jufitfiyez, , que
vous jufiifiyez,- Et par confequent cette
.fyllabe finale ycz, , nugmenteroit en-
core d’une autre fyllabe.
H6 Liv. IL Ch.IL DefDtphth'.
R e g. VIII. J Delà Syllabe ieu*
& y eu.
La fyllabe ieu eft diphthongue foil-
lemcnc en ces mots , Die u, lien »
Monfeur, pieu , épieu , ejfteu , mieux,
•vieux > deux . Dans les autres mots
cette fyllabe fe fépare en deux j
comme en ces mots , glorieux , fe -
rieufe , curieux. Epelez donc , gto-
ri-eux , fe-ri-eu-fe, cu-ri-eux.
La fyllabe^# cft toujours diphthon-
gue , comme ■jeux, yeufe , joyeux,
cayeu , camayeu , &c. où cette fyllabe
fe prononce toujours ainfi ,
yeu-fe , joi-yeux , ca-yeu , cam(^0'
Reg. IX. Z>* Difhtbongue ,
io.
La double voyelle io , eft toujours
diphthonguc dans la conjugaifon d un
verbe , (bit en Poëfîe , ou en Profê ;
comme , nous aimions , nous trouvions 9
nous parlerions . Epelez donc , nous
ai-mions , nous trou vions , noua par-
le-rions. Dans les autres mots cette
Trifhth. & Monophth . 317
cliphthongue fe fépare prefque tou-
jours en deux ; comme en ces mots,
condition , compatriote , médiocre ,
qu’on prononce ainfi , con-di-ci-on ,
com-pA-tri-o-te , r»e-dt-o-cre .
Remarque fur l’Ortographe des
Syllabes ions , iez , yons ,
yez.
Il faut ajouter un y-grec aüx fylla-
bes ions & iez,, en ia maniéré qui
fuit, iyons , iyez, , lorfqu’clles fe trou-
vent dans les perfonnes plurieres du
tcms imparfait de l’indicatif, & du
te ms prefent du fubjon&if d’un ver-
be terminé en ter , comme du verbe
prier: Je priois , tu priois , il prioit :
vous priytns , vous priyeT^, ils prioient:
£hte je prie , que tu prie , qu’il prie ÿ
■ que nous priyons , que vous priyez, ,
qu’ils prient. Et lorfque le verbe eft
terminé en yer, on met X y-grec avant
Vt y dans la fyllabe yons ou ye ^ ;
comme vous allez voir en l’Exemple
qui fuit du verbe appuyer ; fap -
puyois y tu appuyois , il appuyoit ; nous
appuyions , vous appuyiez* , ils ap~
32.8 Liv. IL Ch. IL Des Difitb*
puyioient : JPj*e )’ Appuyé , que tu Ap-
puyés , qu'il Appuyé } que nous Ap-
puyions > que vous appuyiez» , qu’ils
appuyent.
Reg. X. De la prononciation
des Diphthongues oe , oi , eoi,
& oy.
Ve de la fyllabe oe , Te prononce
comme notre double voyelle ai , ou
comme Ye du mot net : de forte
qu’étant mis immédiatement après
un o , cela fait une fyllabe , dont le
Son de Vo, & celui de cette forte d'e, ,
forment une des plus parfaites diph-
thongucs que nous ayons en notre
Langue , en réunifiant le Son de l'o ,
avec celui de la double voyelle ai,
en une feule fyllabe \ comme vous
pouvez voir en ces mots , coefe ,
boete , poele , qu’on prononce com-
me s’ils ètoient écrits ainfi , coaT-fe ,
boai-te , poaï-le. On excepte la fyl-
labe oc, en ces mois. Poète , Poème,
poét que , Poèfie , poétiquement , qu’on
fait d’ordinaire de deux fyllabes en
Poëfie : Mais dans le difeours fami-
' I
Triphth» & Monophth* $19
lier , eJlo eft aftùrément diphthon-
gue : Sc cela eft Ci vrai , que les Poè-
tes mêmes la font diphthongue en
ces derniers mots en bien des ren-
contres. Je croi même qu’il eft inu-
tile de marquer la réparation des
voyelles de cette (ÿllabe par deux
points au deftus , puifque ces deux
points ne fervent qu’à diftinguer les
voyelles qui (onnent féparément St
indépendamment des autres , d’avec
celles dont le Son eft confondu avec
celui de Ci voifine ; comme vous
pouvez voir en ce mot Heroine ,
qu’on prononce & qu’on cpele ain-
G , e-ro-i-»e , & qu’on prononceroit
fans la marque des deux points,
e-roai-nc . Mais il n'en eft pas de mê-
me de la (ÿllabe oe , au mot de coefe ,
ôc de cette même (ÿllabe oe , en celui
de Poète , qui Ce prononce dans un
mot comme dans l’autre , Sc dont Ce
pon&ué ne fert ni à marquer une
jféparation de Son , ni à en diftinguer
la prononciation.
Dam. Il me femble que voila bien
des paroles pour trois mots que
flous avons en notre Langue , qui
3$ô Liv. II. Ch. II. Des Diphth.
s’ortographient par oe. Car exceptes
ces trois mots , coefe * boete , poele ,
que vous avez nommés , je croi que
vous n’en trouverez point du tout*
Phil. Vous avez raifon ; & je vois
même que la plûparr des Ecrivains
nouveaux fupprfment entièrement
cette Ortographe en ces trois mots ,
& en ceux qui en font formés , en
fubftituant la fyllabe oi en la place de
la double voyelle oe : & qu’au lien
d’écrire coefe , caefure , boete , &c. ils
écrivent coifc , co'tfure , boite , &c.
Pour l’Ortographe du mot Poète , je
croi qu’elle durera autant que notre
Langue ; mais je croi qu’on en fup-
fjrimerales deux points au delTus de
*e. J’ai encore deux mots à dire de
la fyllabe oe qui n’a qu’un feul Son ,
& qui n’eft point diphthongue.
Reg. X I. De U prononciation
de la Syllabe oe , qui n'a qu'un
Son y dr qui rieft point diph-
thongue.
La fyllabe oe au commencement
des mots 3 économie, cedipe , cecttme*
Triphth. & Monophth. 53 î
nique , œdeme , csfophage , Sc autres
qui commencent de même , pourveu
que Ve- de cette fyllabe oe ne foit
point marqué de deux points au
defliis , fe prononce .comme notre
double voyelle ai. Prononcez donc,
aiconome , aï de me , aifophage.
Reg. XII. Ve U prononcia-
tion de U Viphthongue oi , eoi,
oh oy.
La fyllabe oi , toi, ou oy , fe pro-
nonce par tout en notre Langue com-
me notre fyllabe oe au mot coefé r
ou comme notre 0 joint avec ai ;
comme vous pouvez remarquer en
ces mots, noir, poivre , devoir. Bour-
geois, employi qu’on prononce com-
me s’il y avoir, noer, poevre , devoer,
Bourjoes , amploay. Voilà la Réglé
générale de la prononciation de cet-
te Diphthongue 5 mais elle a de»
Exceptions.
La première Exception qui n'en
fouffre aucune, c’eftque cette Diph-
thongue fe change en une fyllabe
d'un Son, qui eft celui de notre dou-
332. Ltv. II. Ch. II. î>es Eiphth.
ble voyelle ai , en toutes les termi-
naifons des te ms imparfaits des ver-
bes où cette Diphthongue fe trouve ,
comme en ces deux imparfaits : Je
l fois , tu lifois ; il lifoit , ils lifoient :
Je lirois , tu lirois ; il liroit , ils li-
raient ; qu’il faut prononcer comme
fi- ces mots ètoient écrits ainfi : Je
lifat , tu lifaï } i Itfai 3 ï lifat : Je li-
rai, tu lirai ; i lirai , i lirai»
Autre Exception.
La féconde Exception , mais qui en
fouffre d’autres , eft que cette diph-
thongue oi , fe prononce aufiî comme
notre voyelle ai , aux noms Natio-
naux , tels que font ceux-ci , Hollan -
dois , Anglois , Irlandois , Ecojfois ,
Lionnois » Milanais , Polonois , Fran-
çois , &plufieurs autres > qu’il faut
prononcer comme fi ces mots ètoient
écrits en la maniéré qui fuit , Holan -
dais y Anglais i Irlandais , &c.
Exception de cette Exception.
Exceptez ces noms de Nation
Tripht. & Monopht.
Suédois , Danois , Champenois , Gene-
vois, Génois, Liégeois, Bavarois \ 1q
mot de Gaulois , & les noms de quel-
ques autres Nations fort éloignées de
nous , comme Siamois , Chinois , Hi-
r o quoi s , &c dont la diphthongue oi
garde fa prononciation naturelle ,
comme aulB aux noms propres d’hom-
me 8c de femme j comme François 9
Françoife , Ambroife , Benoit , 8cc,
aux noms de Villes, de Riviere, de
Païs 8c de Provinces -, comme Am-
boife , le Quenoy , Rocroy , Pontoife ,
j&c. Roye , la Riviere d'OiJe , la Loire ,
&c. le Retelois , le Gatinois , l'Ar-
tois , &c. Mais la réglé n’eft pas ge-
nerale pour les noms de Païs j car
on dit le Aiilanais , le Lionnais , 8ccP
Dam. Il eft vrai que cette pronon-
ciation furprendroit un peu les oreil-
les délicates. r
Phil. De même qu’elle pourroit
vous furprendre , h vous entendiez di-
re Saint Français , pour Saint Fran-
çais , & Saint Benait , pour Saint
Benoit .
Autre Exception de la diphthongue oi.
JLa diphthongue ci fe prononce com-
A r
354 Liv.' II. Ch. II. Des Dipbil '
me notre double voyelle ai aux motâ
fuivans neroyer , Scc.foible , &c. endroit,
froidir 9 Sic. froid , froideurs , droit
adje&if , &c. roidir , Sic. roide , étroit ,
Sec. croire , &c. croijire , &c. Et en
tous les Verbes terminés en oiflre 3 ou
en ottre , comme paroiftre , Sic. con -
tioitre t Scc. croître , Scc. Comme aufli
en ces mots, que y* fois , que yâ// ,
qu’il fait j que nous foyons , que vont
foyexi t qu’ils foient. En en ce Verbe
noyer ; car quand ce mot eft fubftan-
tif, ladiphthongue oi retient Ton Son
naturel. Prononcez donc nayer > &c.
net ay er , Scc. faible , Scc.
La diphthongue oi conferve Ton Son
naturel en ce mot froidure ; comme
aufli en ce mot de droiture 3 Si en ceux-
. ci droit Sc droite 3 quand ils font em-
ployés figurément j comme 9 c'eft un
nomme droit , pour dire , un loommè
équitable. Ne dites donc pas froidure,
droiture 3 droit , Sic,
Exception de foit , quand il efl con *
jonction.
Il faut fçavoir que quand le mot;
Triphth. & Motiophth.
de foit eit conjon&ion , il garde 1*
Son naturel de fa diphthongue i car
ce {èroit mal dit de dire , fait qut
•vous cela , ou non , &c. Et
cette prononciation paroîtroit auflï
ridicule , quelle paroît groffiere ,
quand on dit pavois , pour j'avais. .
J.’oubliois encore les adjectifs adroit
& droit , dont la diphthongue fe
change aulli en ai. Mais fi ce mot
de droit ell fubftantif, il retient fa
prononciation de diphthongue ; car
ce {èroit fort mal prononcé de dire ,
il foutient fon drait , il étudié en Dr ait ,
pour dire , il foutient fon droit , il etu~
die en Droit. Et cela paroîtroit auflï ri-
dicule, que fi on entendoit quelqu’un
q.ui pour dire Bourgeois , prononecroit
JB ourge ai Si comme on fait en quelques
endroits de Bretagne & de Normandie,
Dam . Qui eft-ce qui prononce de
même ?
Phil. Jel ’entens tous les jours pro-
noncer à de bons Bourgeois dans les
Provinces, aufli- bien que les mots
d’Epxloit y je vous envoyé* je conçois »
dont ils prononcent la diphthongue oi,
çomme la double voyelle ai , difant un
3 $6 Liv.II. Ch. II. Des Dlfhth*
Expiait, jetons envase, je conçais.Je vous,
dirai bien davantage , car j’entens fou-
vent cette manière de prononcer dans
la bouche de pluficurs Avocats 8c
Prédicateurs en Province , qui d’ail-
leurs parlent 6c écrivent paflable-
ment.
Dam. Qif eft-ce que c’eft que ces
tfr-catera s que vous marquez par-
cette abbreviation , grc ?
Phil . C’eft pour faire connoître
qu’en tous les mots dérivés , ou com-
pofés des mots ainli marqués en queue
de cet &c , la diphthongue oi fe doit
prononcer de même ; comme de
nettoyer , prononce zje netaye , je ne -
tayerai : de foible , prononcez fai-
blejfe , faiblement , 8cc. Vous trouve-
rez ces lorres d’abbreviations par tous
les préceptes que je donne ailleurs
dans ce Livre , qui lignifient la mê-
me chofe.
Dam. J’entens beaucoup de gens ,
& même des gens de Lettres , qui
prononcent le mot de François ,
quand il lignifie un homme né en
France , comme nous prononçons Je
nom de S. François : Que penfezr
vous
Triphth. & Monophth. 337
vous de cetr.e prononciation ?
VhiU Je ne fçai pas quelle raifon
on a de prononcer ainfi ce mot , qui
a été un des premiers noms nationaux
dont on a commencé à prononcer la
diphthongue comme notre double
voyell 9>ai } car il me (èmble que la
raifon nous oblige à prononcer la
diphthongue oi de notre nom natio-
nal , comme nous prononçons celle
qui fe trouve en ceux de nos nations
voifines , quand ce ne feroit que pour
le diftingucr du mot de François , nom
d’homme. L ’ufage , direz - vous , eft
le maître de la prononciation , & il
n’y a point de répliqué à ce qu’il a
une fois établi. On en demeure d’ac-
cord , mais il faut le voir tout-â-fait
établi dans cette prononciation extra-
ordinaire pour le liiivre , & jufqties-
là il doit être permis à tout le monde
d’en dire fon fentiment , de le com-
battre autant qu’bn pourra , & d’em-
pêcher qu’il ne s’introdiiife quand il
n’eft pas bon j car à moins que ce ne
foit quelque puilïànce qui s’en mêle
particulièrement , & qui marque avoir
quelque inclination pour cette pro-
P
33S Liv. IL Ch. IL DesDipfjth.
nonciation diftinguée , je ne crois
pas qu’un petit nombre de gens fça-
vans Toit capable de lui donner un
cours qui dure long - rems.
Dam. On vous répondra , que fi
vous prononcez bien les dernieres
fyllabes de ces mots Suc dois , {)a nois,
Siamois, comme celle du mot de S .
François’, Pourquoi ne voulez- vous
pas que l’ulàge fe déclaré en faveur de
la diphthongue du mot national de
François ?
Phil. Dès que cet ufage fera éta-
bli ainfi , je vous allure que je ne fe-
rai pas des derniers à le fuivre. Mais
je doute que jamais il le foit , ou du
moins qu’il fe conferve Iong-tems.
Et j’ofe même avancer qu’il en feroit
de même de cette diphthongue , com-
me de celle des terminaifons des im-
parfaits , que quelques Sçavans vou-
lurent faire revivre il y a envirôn vingt
ans, quoi-qu’il y en*eût déjà plus de
trente qu’elle ètoit hors d’ufage dans
ces terminailons : de forte que la plu-
, part de ceux qui parloient en public,
affe&oicnt de la prononcer à pleine
bouche , comme on l’avoit prononcée
' Triphth . dr Monophth. 339
autrefois , en fefant {onner les deux
voyelles» dans la même fyllabe pour
donner , difoient-ils , une prononcia-
tion plus ferme & plus malle à ces
terrainaifons. Cependant cet ulâgene
fut pas de durée , & il s’eft tellement
aboli depuis , que les moins polis
auroient honte aujourd’hui de pro-
noncer cette diphthonguc dans ces
terminai Ions d’imparfaits, autrement
que comme notre double voyelle ai.
Notre mot national de. François , cft
trop manié du peuple pour croire
qu’il n’ait pas la même fortune des
noms de nos Nations voifincs. Peut-
• être que Ci nous avions aulîî fouvent en
bouche les mots de Suédois , Danois,
Hiroquois , que nous avons ceux de
Hollandois » Anglais , Ecojfois , &C
d’autres Nations circonvoifînes , dont
nous parlons tous les jours j ces mots
pourroient changer la prononciation
de leurs diphthongues , comme nous
avons fait en parlant de nous & de
nos Nations voifines ; mais comme
on parle moins de ces Nations ,
que de celles qui font à notre porte ,
on n’a pas fongé à changer les diph-
340 Liv. II. Ch. II. Des Dtphthl
thongues de leurs mots ; &c quand
on y fongeroit * il ne laifleroit pas
d’en échaper toujours quelqu’un qui
conferveroit fa diphthonguè , com-
me vous voyez en ce mot de Lié-
geois , celui de Champenois , celui de
Genevois , & en quelques autres. Je
fçai bien que quelques - uns difent
F Académie Françoife ; d’autres la
Comédie Françoife , & non /’ ^Aca-
démie Fr an fai fe & la Comédie Fran -
faije : Mais cette forte de prononcia-
tion ne décide lien pour celle de la
Diphthonguè du mot national de
François & de Françoife.
AVERTISSEMENT.
LA plupart des Parifens pronon-
cent ces mots , des noix , du bois,
trois , mois , des pois , voir , com-
me s 'ils etoient écrits en la maniéré
ejul fait ; des noüâ , du boüâ ,
troua , moüâ , des poiiâ , voüâr , &c.
Cette prononciation eft fort irrégulière ,
& elle nef pas à imiter , car elle fent
fon homme grojfier & parejfenx , qüi
ne daigne pas Je contraindre en rien.
Trlphth * & Uonopht. 341
ni s'affujcttir à la moindre Réglé. S'ils
fefoient réflexion fur la prononciation
de ces mots de fois , bois , voix, choix,
Loix , pouvoir , devoir , &c. qu'ils
prononcent régulièrement fans peine &
Jdns contrainte % aufft-bien que vous &
moi ; & qu’il ri eft pas plus mat-aifé
de prononcer la diphthongue oi , en
ces mots de 1101'X , bois , trois , mois,
pois , voir , que celles de ces autres mots,
pour peu qu'ils veuillent s’obferver } la
honte qu'ils auroient de cette grojfere
prononciation , les en fer oit bien-tôt .def-
acoutumer. Vous ne manquerez, pas
de me dire comme tous les autres ,
qu’il ri y a que des Badauts qui pro-
noncent ainjt. Il y a pourtant de fort
habiles gens qui prononcent ces mots de
meme , mais mal.
Dam. A la vérité lorfque j'étois
bien jeune •, j'avois contrarié cette ha-
bitude avec quantité de gens ; mais
depuis je me fuis apperçû aufft-bien
que vous , que cette pronor.ciat.on etoit
fort irrégulière & badaude , aufft-bien
que celle de je trouvairai pour je trou-
verai , & je m’en fuis defacoutttmé
fans peine ; car il ri y à qu'a faire des
541 Liv. ÏI. Ch. IL Des Dipkth.
réflexions fur ces fortes de prononcia-
tions , & s’obferver feulement huit
jours de tems fur ce defaut , pour
s'en défaire aifémcnt , aujft-bien que de
beaucoup d'autres qui ne valent pas
mieux-
R e g. X 1 1 1. De la pronom a-
tion de la Diphthongue oin.
La diphthongue oin fe prononce
comme s’il y avoit un a devant IV.
Ainfi on prononce befoin , moins ,
foin , pourpoint > loin , comme s’il y
avoit befoain , moains , foain , pour-
poaint , loain . Mais il faut lur tout
prendre garde de ne point peler fur
la prononciation de l’« de cette
diphthongue : Suivez la Réglé que je
propüie à l’Article dos monophthôn-
gues an y ain , in > on , utf»
Reg. XIV. De la Diphthongue ,
ui. , '
La diphthongue’#/ eftprefque par-
tout diphthongue ,tant en Profe qu’en
Vers, exceptez pourtant celles qui fe
Triphth. & Monophth. 343
trouvent en ces mots druide, truite,
fuir , ruine , bruine , dont quelques
Poètes feparent les deux voyelles pour
augmenter c<y mots d’une îyllabe , &
d’autres les font diphthongues j de
forte que les uns difent drui-de , fuir,
trui-te , die. & les autres dru-i-de ,
fu-ir , tru+i-te , &c. mais quoi qu’il en
foit elles font toujours diphthongues
en Proie.
R E G. XV. Des Diphthongues à
trois Voyelles..
Ces fortes de diphthongues ont été
nommées par quelques Grammairiens
Triphthongues littérales , parce qu'el-
les ne font qu’un Son ( quoiqu’elles
foient compofées de trois lettres , ) ou
tout au plus , deux Sons dans une mê-
me lÿllabe compofée de plus de deux
voyelles , comme vous pouvez remar-
quer en la triple voyelle eau , qui le
trouve en beau de en fceau. Cette
diphthongue cft rare en notre Lan-
gue , & on ne s’en lèrt guères qu’en
ce mot de fceau , avçc quoi on marque
■ les Armes ou la Dcvife de quelque
P lllj
- . V •
344 Lr v. II. Cri. II. Des Diphth.
Prince ou de quelque Etat ; en celui
de fiau , vaiffeau 1 mettre de l’eau
& en ceux - ci , fléau , de l’eau ,
les SeptPfiaumes : & IV de cette diph-
thongue en ces fortes de mots (ônne
très-peu. Dans les autres mots de no-
tre Langue , cette diphthonguc dégé-
néré en fyllabe d’un fèul Son , & fe
prononce comme la voyelle 0. Pro-
noncez donc manteau , flambeau,
couteau , comme s’il y avoit manto ,
flambo , couto .
Les gens des Provinces ne (ont pas
grands obfcrvateurs de cette Diph-
thongue , en qupi il ne faut pas les
fiivre; parce que l’inobfervation de
cette diphthongue caufe des équivo-
ques qu’il faut éviter autant que I’cc-
cafion nous en fournit les moyens,
car autrement quelle différence, fera-
on entre des eaux & des os ; entre un
fléau à battre du bled , & un flot de
mer ; entre un feau a mettre de l’eau,
ÔCun fit, pour dire unhomme fans ef
prit (jr fans jugement, &c. li vous n’ob-
fervez pas la diphthongue de ces mots.
Quelle impertinente prononciation
n’eft-ce point quand on entend pro-
v»
Triphtb. & MoHôphth. 34^
noncer à une perfonne de Province
le mot de Garde du Sceaux s comme
fi la diphthongue eau , ètoit écrite par
un 0 ? Eau eft encore diphthongue au
mot de heaume ; mais en Poëfïe là
diphthongue Te fepare en deux fyl-
labes. Lifez donc he-o-me en lifant
des Vers, & prononcez heo~me dans
le difeours familier.
Reg. XVI. Des doubles Diph-
thongue s oüa , oüe , oüi.
La diphthongue oüa n’eft diph-
thongue en Poëfie qu*en ces mots
foüage , fouace , toüaille » elle fe fe-
pare en deux dans les autres mots.
Ainfi on prononce en lifant des
Vers , lou-a-ble , &c. au lieu de dire
lo'ùa-ble , fuppofé que la Poëfie fuive
,1’ufage de ces fortes de diphrhongues.
Les diphthongues oüe 8c oui , font
fort douteufes -, il s’en faut rapporter
à l’ufàge pour celles qui fe trouvent
dans les Vers , mais elles font tou-
jours diphthongues dans le difeours
familier.
Fin du Chapitre des Diphthongues,
P T
34 6 L. II» Ch. III. De la maniéré
CHAPITRE III.
J)e la maniéré de marquer dans
notre Ortographe la féparatioft
des doubles Voyelles , appellée
par les Grammairiens Diérefe.
OU a n d on veut marquer par
1 écriture ou l’imprcffion 3 la
réparation des Sons de deux voyel-
les configuës l’une à l’autre dans une
même fyllabe , on met deux points
au-deflus de la dernière des deux
voyelles , qui Te trouvent dans la lÿl-
labe , comme vous le voyez par les
fyllabes qui fuivent accompagnées de
leurs exemples. . .
aë . . . Pb déton, IJraëï , Ifr délifte.
aï . . . haï , naïf, naïveté,
aii . V . Saul , Efaii.
eï . . . obéir , obeïffant, Néréide.
eu . . . réunir , reunion , reiijjir.
ci . . . ftoïque , héroïque , héroïne.
©ü . . . jdlcinous, P trous .
de feparer les doubles Voyelles . 347
Cette maniéré de féparcr les voyel-
les s’appelle en terme de Grammaire
diérefe , mot qu’on a fait du verbe Grec
fteript 7y , qui fignifie divifer , ftpa-
rer , dont on a fait le mot de JW/pe«f
qui fignific dtvifion , féparation. Cette
réparation de voyelles dans notre or-
tographe , par ces deux points au def-
fus d’une voyelle , eft fort néceflairc
pour rendre l’écriture & l’impreflïon
bien intelligible non feulement aux
Etrangers , mais encore aux Fran-
çois *, car autrement on pronoHccroit
les doubles voyelles ai , et oï , &c.
dans des mots inconnus , comme
celles qui fe trouvent aux mots de
fréter , peine , ^voir ; & un Etran-
ger liroit auflk-tot naïf que na-ïf
c-beif-fant <\\£ o-be-if-fant j de he-roi-ne
<±uljc-ro-ï-ne.
Dam. J’ai veu beaucoup de gens
dans les Provinces qui prononçoient
e-beif-fanti & o-beir , pour o-be-ïf-fant,
& o-be-ïr.
Phtl. 11 y a beaucoup de gens en
Bretagne qui prononcent ces mots de
même. Mais fi ces Meilleurs fefoient
attention à cette Réglé , ils s’appçr-
P vj
348 L. IL Ch. III. ne U maniéré
cevroient bien que la prononciation
d’obeir eft tout-à-fait défe&ueufib.
Dam. Il me femble que je vois
dans les Impreflions deux points fur
Vu voyelle , qui fe trouve entre deux
voyelles , comme en celles, qui Ce
trouvent aux mots fuivans : Louable ,
joiier, jouons , jouir , fouiller , &C.
Phil . Cette ortographe s’oblèrve
en ces fortes de fyllabes , afin de dis-
tinguer Vu voyelle d’avec Vv con-
for.e , car fans cette marque on pro-
nonceroit lo-vable , jo-vcr , jo-vons ,
jo-vir , fo-viller , &c. Mais à prefent
qu’on ne fe fert point d’autres lettres
que de Vv confine , pour marquer les
S ans des u qui ne font point voyel-
les , je croi qu’on Ce pourroit bien
palier de marquer de deux points ces
fortes d'u voyelles qui fe trouvent
entre deux voyelles ; puifque Vu com-
mun , autrement dit Vu quarrf , ne
fe peut prononcer autrement que
comme un u voyelle , & particulière-
ment dans l’Impreffion , où on ne
manque pas d’oblcrver régulièrement
la difîin dbion des ces deux u > car un
Etranger qui ne fçaura pas la valeur
-, ^ / i .
de fepareŸÎes doubles Voyelles. 340
de nos lettres fans avoir jamais oüi
prononcer les mots de louable te de
folvable , ne fe méprendra pas dans
la prononciation de ces deux mots,
pourvu qu’ils les voye ortographiés
de même que vous les voyez -, te il ne
dira pas lo-va-ble pour lo'üa-ble ; ni
fo-lüa-ble pour fol-va-ble.
Dam. Les Maîtres Ecrivains ne fe-
ront pas pour vous 5 car les v con-
fones dans le milieu de leurs mots ne
leur plaifent pas trop.
P'hil. Us peuvent avoir leurs rai-
fons te nous les nôtres i mais pour
moi je ferois toujours plus, de cas
d’une ortographe un peu régulière,
que d’une belle écriture qui n’imi-
tât pas 1 ortographe de nos Imprefi-
fions : mais continuons nos autres
préceptes.
La voyelle u , précédée d’une voyel-
le ou d’une confone te fuivie d’un e
final , qui n’eft point marqué d’aucun
accent , rejette fes deux points fur 1*
final , comme vous pouvez voir en ces
mots , moue , joué , roué s nue , rue.
Dam ■ Si on a égard a ce que vous
Ycnez.de dire, touchant les u com-
3P II. Ch. III. De la manière
muns entre deux voyelles , ces deux
points nç feront pas forr néceflàires
fur les lÿllabes finales des mots ter-
minés en ouï» tels que font ceux-ci ;
T adotiè t Cor doué , mouè , joué, rôtit
&c. puis qu’ils doivent entrer dans la
Réglé des u entre deux voyelles.
Phil. Je laiflerois palier ceux-ci
avec leurs è poné&ués encore quelque
tems , en attendant que I’ufage des
v confoncs fut établi dans notre
Ecriture comme dans nos Impreflîons,
•uffi-bien que de Ve final de la fyllabe
né précédée d une confone , telle que
vous poûvez remarquer en c es mots ,
ternis , perdue , contiguë , ambiguë y
vendue 3 rué , nue , &c. quoique cet-
te marque de deux points ne foit pas
plus néceffàire en notre ortographe,
que dans Ve final des mots termine!
en ie ; comme vie , Pie , maladie,
ortie , copie , trahie , punie , qui nç
fouffre aucuns points ni dans l’Ecrit
ture , ni dans les Impreflïons,
Remarque fur la double Voyelle aï,
Va de la (ÿllabe aï fo prononce
de [épurer les doubles Voyelles. 35*
comme un é fermé , en ces mots :
Abdie , Pais , P ai f âge , Païfagifte*
p ai fan , Paifanne , de pat fer , &c. Pbo-
noncez donc Abe'ie , Pe'ïs , Peïfage ,
Peifagifte > Pé'ifan , Péifane , dkpfi-
fer , Ôcc. Quelques-uns ortographient
tous ces mots avec un y-grec , comme
Abaye , ■Prfj'x > Payfan , &c. & ils
prétendent avoir raifcn , en ce que
fe prononçant comme double
en 6 notre Langue , on ne fçauroit
manquer de prononcer Abay-yc , P47-
ye', Pay-yfan ; mais cette Réglé n’a
‘lieu que pour les y^grecs entre deux
voyelles , qui en ce cas fe doublent
véritablement dans la prononciation,
comme j’ai dit en parlant de l 'y-grec
entre deux voyelles.
L. IL Ch. IVv î>e la maniéré
‘CHAPITRE IV.
fines doublées .
Es Confones doublées fe doi-
vent prononcer en notre Lan-
gue comme fi elles èroient fimplesj
comme accablé , accordé , addonné ,
addition , addrejfe , fuffrage , touffe ,
exaggeré , aggrandi , emballé , belle ,
Epigramme , Grammaire , comme ,
homme , Garenne , £0»#? , approu~
vé , arraché , bourre , ajfeuré ,
, attaqué , houlette , &c. qu’il
faut prononcer comme acablé,
acordé , adoné , adition , adrejfe , fu-
frage , fw/f , exagéré , agrandi , 4»-
£4// , j Epigrame , Gramaire ,
C0W0 , iow? , Garaine , » aprouvé \
araché , £0^0 , açuré, ch ace , ataqué,
houlete > &c. Et comme les Etrangers
& quelques gens de Province pro-
noncent ces fyllabes comme doubles ,
& que par là ils s’acoutüment à une
Ve la maniéré d’épeler les Cou -
t fi peler les Confines doublées. 3^3
prononciation oppofée au véritable
genie de la nôtre , il eft bon de les leur
faire épeler en la maniéré c^ui fuit.
Accorde' , a , a , deux ce , o , err.
cor , a c o R dé , e , dé Acorde'.
Addresse , a , a, deux dé , err , e,
dre , adre i deux eiT, e , ce Adrece.
Suffrage , e(T , u , fU , deux cfF,
err , a f* a , Sufra , gé , e , ge
S u F R A GE.
Exaggere' , e , e , ics , a gza , Exa,
deux gé , e gé, Ex âge , err , e , ré.
Exagéré'.
Aggrandir , a , a , deux gé err,
a enn , gran Agran , d , i , di ,
Agrandi.
Emballe' , e , em , an , bé , a, ba,
A n b a , deux ell e,//, Anbal f'.
Belle , be , e , be , deux ell , e , le
B E L E.
Epigramme , e , e , Pé , i , pi, Epi,
gé, err , a , gra Epigra » deux emm,
e $me , Epigramme.
Comme , cé , o , co , deux emm, c,
me , C o m e.
Garenne , gé , a , ga , err , e , re ,
Gare, deux cnn , e , ne G arene.
Bonne , bé , o , bo , deux cnn , e.
354 L. II. Ch. IV. De la maniéré
ve B o ne.
Approuve' , a , a , deux pé , err,
o, u, prou , A p ro u , vau , é vé
Aprouve'.
Arrache' , a , a, deux err , a , ra%
Ara, cé , ache , c ch/ , A r ache'.
Bon r re , bé , o , u, hou . deux
rr , e, re, B oure.
Chasse' , cé , ache , a cka , deux
eflf, e , ce, C h A c t'. , '
Attache', a , a , deux té , a ta, '
A T A , JCU , u , e kj , A T A K e'.
Nos Syllabes Françoifes , ilia, ille,
tilt , illo , illu,s& doivent audi èpejer
de même.
Caille', cé , a ca , deux ell ^ i, e,
* ille , C ai l le'.
Bouillon , bé , o , u , hou, i>
deux ell, o, enn, illon. Bouillon.
Feuillu , eff, e , u , feu , i , deux *
elle , u , illu , Feuillu.
Il eft confiant que cette maniéré
d’èpeler ces fortes de fyllabcs , cft iftcn
plus commode &c plus conforme à no-
tre maniéré de les prononcer , que
celle dont on fe fert dans les Ecoles
pour épeler les confones doublées
qui s’èpelant deux fois , doit être
d’e peler les Confines doublées. 355'
tout à-fait cmbaralîànte pour ceux qui
les èpelent ; & on ne doit pas s’é-
tonner fi les^Etrangers s’y trompent
fifouvent & s’ils ont tant de peine à
attraper le véritable point de notre
prononciation 5 car il n’efi pas poflî-
ble qu’en épelant une confone dou-
blée en deux différentes fyllabes,
comme on leur fait faire en leur ap-
prenant à lire , ils ne lui donnent un
Son tout différent de celui qu’elle re-
çoit de notre véritable & naturelle
prononciation. Et on ne doit pas
s'étonner fi les gens de Province ont»
tant de peine à fe corriger des fautes
qu’ils font en la maniéré de pronon-
cer ces fortes de confones , puifqtfe
Icëux qui leur ont appris à lire , ont etc
les premiers à leur faire prendre l’ha-
S bitude de les prononcer deux fois,
comme vous allez être entièrement
8 perfuadé par trois mors que je vais
épeler en la manière dont on fe fèrt ’
dans les Ecoles j & que les Etrangers,
les Normans & les Gifcons pronon-
cent comme elles font écrites & mal,
ue .
ne
1’ufiige de notre prononcia-
le permet pas en ces fortes
puifq
tion
.
$$6 L. II. Ch. IV. De la maniéré
de lettres.
Belle, Pomme, Bourre.
Belle, be , e , ell >Jbel , cil , e ,
le , B E LE.
Pomme , pé,o, eratti -, po m y
emm , e , me , Pom me.
B o u r r e , bé , o , u , err , bour ,
err , e , re , B o u r r e.
Ne remarque-t-on pas diftinéte-
ment dans chacun de ces trois mots,
les deux Sons de ces confones 5 car le
mot belle y eft prononcé , comme
nous prononçons hélium en Latin ,
* & comme les Italiens prononcent leur
mot belle : Et il eft certain que l'E-
tranger à qui on aura appris à épeler
ce mot de même , le prononcera tou-
jours avec deux II comme en Latin,
/i on ne l’avertit que cette pronon-
ciation eft contre notre ufage idioti-
que de prononcer ces II doublées.
Le Son de lafyllabe pom en pomme ,
ne déroge-t-il pas tout à-fait du Son
naturel que nous lui donnons , aufti-
bicn qu’en tous les mots où il y a
deux mm ou de\ix nn , comm: Epi-
gramme , homme , bonnet , canne ,
jinne , tonne , puis qu en féparant les
d'e pelCY les Confortes doublées. 3 57
deux m , ou les deux » , lors qu’on
les èpele on fait donner un Son d ’#*
ou d ’» aux pénultièmes fyllabes de
ces mots , qu’un François naturel pro-
nonceroit Epigram , hom , bon , can ,
ton , s’il les trouvoit ainfi féparées ;
de forte qu’y joignant ces fyllabes mey
net 9 ne , à ces fragmens de * mots ,
Epigram > hom , bon , can , ton , on
prononcent indubitablement Epigram-
me , hom-me , bon-ne y can-ne , An-ney
ton-ne : ce qui eft contraire au bel
ufage de notre prononciation. Il y a
même des gens de Province qui fe
font tellement habitués à prononcer
ces m & «es n doublées comme ellÜs
font écrites , qu’ils prononcent aulïï
les fimples de même , comme : Tho-
mas » promener , promettre , Canicule >
donation , domicile , qu’ils prononcent
comme fi ces mots ètoieac écrits en
la manière qui fuit : Ton-mas , pronT
mener , pron-mettre , Can-nicule , don*
nation , don-micile. Cette maniéré de
prononcer eft fort commune en Bour-'
gogne. Si c’eft un Etranger qui pro-
nonce ces m ou ces n doubléesj
comme la maniéré de prononcer ces
358 L. II- Ch. IV. De la Manière
m ou » à la fin d’une fÿllabe lui eft
inconnue , au lieu de prononcer ce*
doubles lettres comme on les pronon-
ce en Normandie , il les prononcera
comme en Latin , parce que Tes Maî-
tres les lui ont fait épeler de même.
Si on fait aufii épeler le mot bourre
à un Etranger & à un François Ga fl
con , il prononcera fêparémenc tou-
. tes les deux r de ce mot > & de tous
1 ts autres , où cette r doublée fe trou-
ve , comme Navarre > barre , guerre ,
terre , Pierre , comme nous les pro-
nonçons en Latin dans le mot de
terra : & il ne s’avifera jamais de fe
corriger de cette fauflè prononcia-
tion , parce qu’il l’a croira bonne 8c
d’autant plus raifonnable , que fon
Maître lui a appris à prononcer de
même, 8c qu’il lui a fait connoître
par l’oreille 8c par les yeux , que ce
mot s’écrivant avec deux rr} fe doit
auffi prononcer de même , fans con-
fiderer que l’ufage reçu en matière
de Langue 8c de prononciation l’em-
porte par deffus les Réglés 8c la rai fon.
Ainfi pour éviter toutes ces pronon-
ciations irrégulières , il feroit bon que
d’epelcr • les Confines doublées, 359
les Maîtres qui montrent à lire ap-
prirent à épeler nos confones dou-
blées , qüi ne Tonnent que comme fi
elles croient {impies s en la manière
_ que je viens de propofer 5 c’cfbà-dire
en les joignant toutes deux en une
fyllabe , pour empêcher qu’on ne les
prononce comme doubles , comme
on fait indubitablement quand on les
èpelc ftparément , en prononçant l’u-
ne dans la fyllabe précédente , 8c l’au-
tre dans la lyllabe fuivante. Nos fyl-
labes ilia , tlle , illi , illo , illn moüil-
lées , doivent aufli s’èpeler de meme,
puis qu’elles peuvent d’elles- mêmes
former un Son parfait fans avoir be-
foin du fecours de celle qui les pre-
cedent.
Dam. N’y a-t-il point d’exceptions
de toutes les maniérés d’èpeler ces
fortes de fyllabcs.
Phil. Nous avons le mot d’ennuy
& Tes dérivés. Voyez l’Article des
Monophthongues terminées en m ou
en », fui vies immédiatement d’une
autre#w ou », au Chapitre des Mo-
nophthongues»
7fio L. II. Ch. IV. De U maniéré
Autre Exception dès rr doublées .
Les rr doublées en ces mots er -
• s s
reur » errone , erronee , errant , terreur ,
horreur , s’èpelent aufli féparément 5
& on les prononce doubles comme
les Gafcons , & comme nous les pro-
nonçons en Latin dans le mot error •
Les deux rr d’horrible & horriblement
fe prononcent en une même fyllabe,
où Ton îî’entend que le Son d’une,
feule r , mais qui jfe prononce avec
plus de force que celle qui fe pro-
» nonce aux autres mots de notre Lan-
gue , où il y a des r doublées, com-
me en ceux-ci : Navarre , barre ,
guerre , Sec. épelez donc horrible ,
horriblement : ainfï ache, 0,0, deux
err , i , rri , horri , bé , ell,-c , ble ,
horrible : & prononcez la fyllabe m,
avec plus de force que celle du mot
aguerri ; c’eft- a - dire quil faut tenir
le milieu de IV double qu’on pro-
nonce au mot horreur , Sc edui de
celle qu’on prononce en celyi de
guerre : Tout cela eft un peu bien
délicat , aufli ne fera-ce pas une gran-
d"èpelerles Confines doublées. $6i
de taure de le prononcer comme l’un
ou comme l’autre de ces mots , pour-
vu qu’on obferve que IV doublée de
ces deux mots , horrible & horrible-
ment , rend la voyelle qui la précédé
plus brève que celle de terrible &
terriblement , qui n’étant pas compri-
fè dans cette Exception , fuit la Ré-
glé générale des rr doublées , qui
allongent les voyelles qui les précè-
dent , & dont par conféquent lés
premières lyllabes doivent être lon-
gues.
CHAPITRE V.
Des Accens.
PHilinte : Il eft bon que nous
difions quelque choie des accens
avant que d’entrer en matière fur l’in-
ftru&ion que nous allons donner dans
le premier Chapitre du Livre fuivanr,
touchant la maniéré de prononcer nos
e ; parce que je ne puis vous en don-
ner une parfaite connoiflànce , qu’en
les diftinguant par les accens : Et
Q_
✓
361 Liv. II. Ch. V. Des Accens .
comme c’cft le hazard qui les a intro-
duits en notue ortographe , Sc que
l’ufage qu’on en fait , eft bien diffé-
rent de la fin pour laquelle ils ont été
inventes , il ne fera pas hors de pro-
pos que vous fçaehiez ce que c’eft.
Dam . Vous me ferez plaifir.
Phil. Les accens font de petites
figures que les Anciens ont inventées
pour marquer le ton & les infléxions
de la voix dans la prononciation des
mots.
Dam. Ou’entendez - vous par ces
mots d'inflexion de la voix ? -
Phil. Inflexion de la voix fignifie
ttn changement qui fe fait de la voix
en la relevant , & en la rabaiffant. Ce
mot dTj inflexion vient des verbes La-
tins inflettere & de flettere qui figni-
fient tous deux , plier , courber , tor-
dre , fl- chir , Sec. De ces deux verbes
Latins on a fait infexio , qui fignifie
l’ Alton de plier , de courber , de fle-
.chir ; l'athion de rendre flexible & fou-
pie : Sc de ce mot infexio nous avons
fait en notre Langue celui d’inflexion,
qui fe dit en parlant de la voix, pour
fignifier l’aûion qu’on fait de la fie-
Liv. II. Ctr. V. Des Àccens. 36$
chir , de la plier & de la rendre lou-
plc & flexible pour lui faire changer
de ton , félon les befoins qu’on en a. '
On dit aufli flexible en parlant de
la voix i lors qu’elle cft capable de
prendre toutes fortes de tons , &
quelle pafle facilement d’un ton à un
autre. Cela foit dit en paflânt pour
faire mieux comprendre ce que c’eft
qu inflexion de la voix.
Ces inflexions de la voix ne fe peu-
vent faire que de trois maniérés. La
première fe fait en élevant la voix fur
une fyllabe -, & la fécondé , en la ra-
baiflant fur celle qui fuit > comme vous
pouvez remarquer par ce mot Latin
Pârens , où la voix s’élève fur la pre-
mière fyllabe , & fe rabaifle en meme
tems fur la derniere : La troifiéme fe
fait en élevant & baiflant en même
tems la voix fur une même fyllabe,
comme vous pouvez remarquer au
mot Romarins , où la voix s’élève &
fe baillé en même tems fur la pénul-
tième fyllabe. On pourroit faire com-
prendre ces inflexions de voix en
notre Langue par ces mots Parque,
L'ifle , borne , que je marque exprès
Qjj -
3^4 Liv. II. Ch. V. Des Accens.
d’un accent , pour vous faire connoi-
tre que la voix s’éleye dans la pro-
nonciation de leurs premières fyllabes,
& qu’elle fc rabaiflè dans celle de
leurs dernieres fyllabes j auffi-bicn
qu’en ces mots Verglas , Parquet ,
Vertu : Et en ces autres mots , dage ,
Apôftre , Capture, où la voix s’élève
& fe rabaifl'e en meme tems fur leurs
pénultièmes fyllabes en les pronon-
9ant* - , .
Les Anciens ont marque ces trois
fortes d 'inflexions de voix par des pe-
tites figures que nous appelions ac-
cens , comme vous les pouvez remar-
quer par celles qui fuivent , cara&é-
rifées en la maniéré qui fuit ( ' )
La première s’appclloit accent aigu,
qui fervoit à caraétérifer l’élévation
de la voix fur une fyllabe , & fe tpar-
quoit par une petite ligne qui mon-
tait de la main gauche à la droite , en
la maniéré qui fuit (') pour* mon-
trer par eette petite ligne qui mon-
toit ninfi de bas en haut, que la voix
devoit monter de même.
La fécondé fe nommoit X accent
L iv. II. Cri. V. Des Accent. $6$
grave , qui fei voit à- caraïbe ri fer l’a-
baifiement delà voix, & fe marquoit
au contraire par une petite ligne qui
defeendoit de la main gauche à là
droite , en la maniéré qui fuit ( ' ) pour
donner à entendre que la voix devoit
defeendre & s’abaiffer.
La troifième s’appelloit Y accent cir-
conflexe , qui caradfcérifoit l’élévation
& l’abaillènaent de la voix fur une
meme fyllabe, & qui fe marquoiç par
les deux figures de Y accent .ai g h & de
Y accent grave , pofés vis-à-vis l’un de
l’autre , comme vous le voyez ( w ), 3e
que depuis on a figuré d’une maniéré
plus ferrée , en faifant toucher les
deux pointes d’enhaut de ces deux
accens , comme on fait aux che-
vrons d’ Armoiries, en la maniéré qui
fuie ( a )
Les Grecs "figurèrent depuis- cet
accent par une maniéré dév renver-
fé, ainfi (a ) & depuis ils changè-
rent la figurent de cet v renverfé en
celle d’une s couchée , en la manié-
ré qui fuit ( 5/5 : ) C’eft pourquoi iis
nommèrent cet accent >
flui lignifie courbé 3 plié à Y entour ;
$66 Liv. II. Ch.V. Dès Accent;
car ce mot Grec vient de ^cawr*
qui , mot pour mot , lignifie circum -
trahere , & que nous exprimons en
notre Langue par ces mots , tirer
à l'entour ; mais qui en ce fens (é
difoit pour circumflettere 3 qui ligni-
fie courber & plier k l’entour 3 d’où
les Latins ont fait le mot de cir-
cumflexus , & Nous celui de circon-
flexe s mais ils n’ont pas laifle de
conferver toujours l’ancienne figuré
de cet accent , comme vous le voyefc
( a ) à la place de 1’ «> couchée des
Grecs.
Les Anciens ont défini différem-
ment ces maniérés de marquer les in-
flexions de la voix. Quelques uns les
ont nommées notes de voix : Les au-
tres moderamenta vocis , comme qui
diroit Yaftion de gouverner 3 de con-
duire 3 de rhefurer fa voix : D’autres
les ont nommées accentiuncuU j d’atf-
tres , voculationes , qu’on ne peut gue-
res exprime^ en notre Langue que pâr
cés mots , petites parties de tons , &
petites parties de voix > d’autres lés
<ont nommées lame des mots 5 d’ ad-
ores les ont définies par les mots
Liv. II. Ch. V. Des Accens. $67
-tonus & ténor , qui tous deux ligni-
fient ton > mais le dernier fignifie auflî
fuite , continuation , comme qui di-
rait ton & fa fuite , parce que la voix
s’élevant fur la fyllabe d’un mot , il
s’enfuit qu’elle s’abaiiïè en même
teins fur la fyllabe fuivante , ou fur
la même fyllabe où elle s’ètoit èlcvce.
Et enfin les Grecs ont défini ces ma-
niérés de marquer les infléxions de
la voix par le mot de nrp ovpS'ia. , qui
mot pour mot fignifie ad canttu ou
ad cantum en Latin \ & en notre
Langue , fuivant le chant , ou félon
le chant ; car ce mot de ‘srporvS'iet
cfl compofé de nrpes , & d’wJV : <afç
efi: une prépofition , qui en ce fens
fignifie ad en Latin , & qtii dans le
même fens veut dire en notre Lan-
gue , a , au , aux -y i la , félon , fuivant;
Et le mot d’w<T>»' efl: un nom qui
fignifie cantw , & en notre Langue
chant , ain Ciyprofodia , ad cantus , &
félon le chant , ne lignifient qu’une
même choie. Cette maniéré de dé-
finir le ton de la voix , en pronon-
çant les mots , nous fait connoître
que comme on ètoit plus exaéfc à mar-
Qj”)
368 Liy. II. Ch. V. Des Accent.
quer l’inflééfcion de la voix , en chan-
tant qu’en parlant familièrement , il
fembloit qu’on ne pouvoit connoîtrc
la véritable mefure d’une fyllabe que
par le moyen du ton qu’on lui don-
ne en chantant.
Les Grecs les appelloient aufli revet,
qui lignifient tons ; Ils appelloient l’ac-
cent aigu o’£üV t opte , & les Latins,
accentns acntns ; &c. ils nommoient
l’accent grave /3xpùr ivios , &c les La-
tins accent us gravis. L’accent circon-
flexe <gtpingô (xi'iof rôvofy & les Latins •
accent ns circumflexns. Ils les nommè-
rent aulîi o|vr aeposaS'i* , jSstpuy tz/poset-
J'itf , & 'tnpiff7r*HAt\n nrpoffaS'ia , & les
Latins accentns acntns , accent m gra-
vis & accentns circnmflexns. De ces
mots ad cantus , on prétend que les
Latins ayent fait le mot d’ accentns ,
qui eft toujours refté en leur Lan-
gue , comme celui d’accent en la
nôtre.
Les Anciens ne cara&érifoient point
ces maniérés de marquer les tons d’u-
ne fyllabe dans la prononciation de
leurs mots , parce qu’elles leur ètoient
comme naturelles , & que le feul ufa-
Li v. IL Ch. V. Des Accens. 369
ge fuffifoit pour les accoutumer à
l’obfervation de ces tons , fans qu-’rls
euflènt befoin de les voir marqués
dans l’ortographe de leurs mots. On
prétend même que du tems de Saine
Jérôme , les Grecs ni les Latins ne les
marquoient point encore j mais depuis
tant pour arrêter la prononciation de
leur Langue , que pour la communi-
quer aux Etrangers , 8c pour leur faci-
liter les moyens de prononcer leurs
mots aulfi régulièrement qu’eux •, ils
jugèrent à propos d’inventer des ca-
ractères fort fimples , dont ils mar-
quèrent leurs fyllabes , qui font ceux
que nous voyons aujourd’hui dans
leur ortographe , 8c qui font tout le
fujet de ce Chapitre. Nous n’en avons
l’ufage en notre Langue, que depuis,
le milieu du Siècle paflè , quoi-que
tout différent de ce’ui que les Anciens
Grecs 8c Latins en faifoient , comme
vous allez voir.
Damon .. Depuis quand les Grecs
ont-ils commencé à marquer leurs
accens \
P loi1. Il eft allez difficile de vous le
dire mais on croit que ce n’a. été
37° Liv. II. Ch.V. Des Accent',
que lorfque les Romains ont com-
mencé à s’inftruive de la Langue Gre-
que, & à envoyer leurs enfans étu-
dier à Athènes.
Damon. Si nous pouvions intro-
duire cette maniéré d’inflexion de
voix, comme nos Anciens l’avoient ,
& la marquer de même , nous pour-
rions efperer que notre Langue de-
viendroit un jour une des plus belles
Langues, 8c des plus régulières de
PUnivers.
phiUmc. Vous ne devez pâs douter
que nous n’ayons ces inflexions de
voix dans les mots de notre Langue ,
aufli-bien que les Grecs 8c les Latins
les ont eues: Et il n’y a même point
de Langues vivantes qui ne les ayértc
aufli j mais la queftion eft de fçavoir
où les placer , 8c de marquer ces tons
avec la meme régularité que faifoient
nos Anciens , fans donner un ton à
une fyllabe pour un autre. Leur dé-
licatefle alloit fl loin ü-deflus , que
non* feulement ils obfervoient les a£-
cens de leurs mots , mais encore les
fyllabes longues 8c brèves ,• dront ils
faifoient une différence toute parti-
Liv. II. Ch. V. Des Accent, yfi
culiere j Et le peuple même ètoit fi
accoutumé à cette maniéré de pro-
noncer , qu’on rie pouvoit donner un
ton pour un autre a la fÿllabe d’un
-mot , ou faire une fyllabe plus longue
ou plus brève qu’il ne falloir dans les
Vers d’une Comedie , que tout le
peuple ne fe récriât contre l’irrégu-
larité de cette prononciation , fans
pourtant que perfonne eût d’autre
réglé que le difcernement de l’orei/ie,
qui ètoit fi bien accoutumée à juger
des (ÿllabes longues & brèves d’un
mot & du ton qu’on devoir lui don-
ner , qu’on ne fe pouvoit pas tromper
foi-mème , fans s*en appcrcevoir auflï-
tôt, Mais ce feroit bien demander des
chofes tout d’un coup , que d’exiger
de nos François une régularité pareil-
le à celle des Grecs & des Romains,
Nous ferions aflèz de progrès en no-
tre Langue , fi nous pouvions obte-
nir d’eux un peu d’uniformité dans la
prononciation des longues & des brè-
ves. Car vous devez fçavoir qu’il efi
• des longues & des brèves , comme
des inflexions de la voix. Nous avons
des opiniâtres en France , qui préten-
CLvj
37i Liv. II. Ch. V. Des Accens .
dent qu’il n’y a ni longues ni brèves
en notre Langue , & qui cependant
ne fçauroient dire une parole fans
prononcer une fyllabe plus brève ou
plus longue qu’une autre \ & nous en
avons d’autres qui traitent de chÿme-
rcs ou de délicateflè outrée , l’éléva-
tion ou l’abaiüèment de la voix fur
les fyllabes d’un mot , & qui cepen-
dant la marquent auflï fenfiblement
dans la prononciation de leurs mots,
que vous & moi j mais non pas avec
tant de régularité , que je le propofe.
Dam. C’eft qu’apparemment ils
n’ont point d’oreille , ou qu’ils ne
font jamais de réfléxion fur nos ma-
niérés de prononcer ; & lïiivant ce
que vous venez de dire , ils n’ont pas
befoin de Réglés.
Phil. S’ils parlent régulièrement &
* qu’ils foient du nombre de ces gens
fçavans & polis , fur lufage defquels
j’établis mes préceptes ; ils n’en ont
befoin que pour y faire des réflé-
xions pour appuyer mes Réglés &
pour fç redrefler eux- mêmes , s’il
leur arrive de pécher quelquefois con-
tre leur propre ufage. Mais fi ceux
Liv. II. Ch. V. Des Accens, 37J
donc je veux parler font du nombre
de ceux qui prononcent à tort & a
travers , & qui prononcent une brève
pour une longue , & une longue pour
une brève , ou qui èlevent la voix fur
une fyllabe en prononçant un mot au
lieu de l’abbaiflcr -, il faut bien né-
ceflairement leur donner des pré-
ceptes pour les obliger à Ce défaire
de leur mauvais ufage , s’ils font affèz
dociles pour Ce laiflèr corriger là-
deflus , & s’ils veulent bien profiter
des confeils que je leur donne.
Mais, comme je vous ai déjà dir,
ce feroit trop entreprendre de don-
ner des préceptes fur les infléxions de
la voix dans la prononciation des
mots , &fur l’obfervation des fyllabes
longues & brèves : Il faut attendre
encore quelques années , & laifler cet
Article pour les plus curieux. Ceci
eft encore trop nouveau , il faut fe
contenter pour le prefent de donner
feulement des Réglés pour la pronon-
ciation des longues & des brèves,
que tous les honnêtes gens pronon-
cent avec beaucoup de régularité , de
à laquelle l’oreille eft déjà toute
374 Liv* II* Ch. V. Des Accens .
acoutumée. Mais ceci n’eft pas en-
core de notre inftruéfcion , achevons
ce Chapitre des accens , & fefons voir
l’ufage que nous en fefons aujour-
d’hui.
De ïufage prefent des Accens .
Dam. Vous m’avez bien fait plai-
fir de m’inftruire de l’origine des
accens 3
Phil. Je n’ai pu me difpenfer de
vous faire un détail qui vous aura
peut-être été un peu ennuyeux , &
qui le fera peut-être encore plus à
celui qui lira ceci après nous ; mais il
en coûte plus à celui qui parle ou qui
écrit , qil a celui qui écoute ou qui lit ;
car ceux-ci ont la liberté de prendre
ce qui leur plaît & de laiflèr ce qui
n’eft pas de leur goût , & particulière-
ment en matière de préceptes , où ce-
lui qui les donne ne fçauroit trop s’é-
tendre , afin de ne laiflèr rien à fou-
haiter & à ceux qu’il veut inftruire 8c à
ceux qui veulent apprendre la délica-
tefiè de notre prononciation , ne trou-
vant rien de fuperftu dans l’explica-
/' \ -
\
Liv. II. Ch. V. Des Accens. 375
tion qu on leur donne des chofes
qu’ils veulent fçavoir j ou du moins
. fi ce qu’ils lifent leur paroît inutile &
fuperflu , ils ont la liberté de pafl'er
par deflus l’article , comme feront ap-
paremment quantité de gens qui ne
font pas fi curieux que vous.
Dam. Bien loin de m’ennuyer , je
vous aifure que j’ai pris un grand plai-
fir à écouter l’hiftoire que vous m’a-
vez faite de l’origine des accens , & de
l’ufage qu’on en a fait dans les Siècles
pafles.
Phil. Je vous ai déjà dit que l’ufa-
ge que nous fefons aujourd'hui des
accens , n’a aucun rapport avec celui
qu’en fefoient les Grecs & les Ro-
mains , & que cet ufiige n’a jamais
été connu ni dan? la prononciation
de nos mots , ni dans notre ortogra-
phe 5 & que depuis le commence-
ment de notre Langue juiqu’aux trois
quarts du Siècle pafle , ou peu s’en
faut, on ne içavoit ce que c’ètoitquc
d’accent ni dans l’Ecriture , ni dans
les imprelïïons des Livres. Si. vous
prenez la peine de voir les Livres
François imprimés ayant les années-
fié Liv. II. Ch. V. Des Accens.
1570. vous ne trouverez aucun des
trois accens dont nous avons parle:
car on ècrivoit planté comme plante i
borné comme borne > mafqué comme
mafque , & ainfi du refte. Depuis on
a commencé à diftinguer les e par un
accent aigu , qui donnoit a entendre
que le Son en devoit erre plus clair
élevé que l’autre , dont le Son etoit
plus fourd & moins fenfible , comme
vous pouvez remarquer aux mots fiii-
vans i cofté , cojle > placé , place ; fer-
mé , ferme j ridé , ride } borne , bor '•
ne } jugé, juge ; traité, traite ifaujfé ,
faujfe ; voilé , voile ; voûte , voûte i
mais cette diftin&ion n’avoit lieu que
pour les e qui fe trouvoient à la fin
des mots , ou fuivis d’un autre e dans
une fyllabe finale , comme en ces
mots *, fermée , aimée , armée , &c.
& dans le même tems on s’avilà de
faire fervir l’accent grave : mais cela
n’eut lieu que pour trois monofyllabes
qui croient la, où , à , dont les deux
premiers font adverbes de lieu , 8c le
dernier eft prépofition , pour les dis-
tinguer des autres monofyllabes la,
ou Si a , dont le premier eft un arti-
Liv II. Ch. V. Des Accent. 577
cle féminin , & aufli un pronom rela-
tif féminin ^ le fécond , une con-
jon&ion; & le troifième , une troifiè-
m- pcrfonne du verbe avoir , comme
vous allez voir par les Exemples qui
fuivent.
Là, où, à, avec des La , ou , a , fans
accens . accens .
Il eft la : il fut La vertu , la
pris la : où eft-il î femme , la danfe 5
l’endroit où je le je la verrai tantôt -,
vis : il eft a Paris : il la tient , bien
à la Campagne : il ou mal : belle ou
apprend à dan fer. laide : bonne ou
mauvaife. Il a un
Maîcrc : il dbien
fait : il a difné.
On s’eft encore fervi de cet accent
grave fur les monofyllabes ça , foit
qu’il fût interje<5t?on ou qu’il fût ad-
verbe j comme , ça vîte qu’on s’ap-
prête j ça Meilleurs &c. venez çai
courir ça & la.
On s’eft encore fervi de l’accent
grave fur ces mots compofés 5 delà ,
au delà , par delà , en delà ; deçà ,
de deçà , en deçà , au deçà ; comme » a
578 Liv. II. Ch. V. Des Accens.
cent pas delà, ; au delà des bornep;
■par delà les Monts j tirez - vous un
peu en delà ; tournez-voiis en delà ,
pour dire , de l’autre côté, il cft deçà,
pour dire , il ef de ce côté- ci ;
deçà , de là, pour dire, de côte' & d’au-
tre ; les Païs de deçà , pour dire , les
Pats cjui font de ce côté-ci ; tournez-
vous en deçà, pour dire, de ce côté-ci}
il cft en deçà ou au deçà de la ri-
vière , pour dire , qu’il nef pas au de-
là de la rïviere : Il cft fort droit , il
ne penche ni en deçà ni en delà.
Voilà tout Tillage qu’on a fait des ac-
cens , & qu’on en fait encore aujour-
d’hui , & on s’en eft tenu là près
d’un Siècle , fans rien augmenter ni
diminuer.
Dam. Vous ne parlez point de
l’accent circonflexe ?
Phil. On n’a commencé à s’en fer-
vir qu’un peu avant, le milieu de ce
Siècle , & ce font les Imprimeurs
Hollandois , qui fuivis & appuyés de
nos Ecrivains modernes , ont intro-
duit l’ufage de cet accent , mais pour
une autre fin que celle qui commence
à s’établir $ car il eft certain que l’u-
Liv. II. Ch. V. Des Accent. yj$
fagc de cet accent circonflexe , ne s’eft
établi que pour marquer dans notre
ortographe le retranchement d'une
lettre , comme vous pouvez remar-
quer aux mots fuivans \ aage , roole ,
reccu t crtu > v^u , cofte , bruüer ; je
peuùe , tu peuGes » il peuGt > qu’on
écrit à prefent avec cet accent cir-
conflexe, en la maniéré qui fuit : âge y
rôle y reçu , cru , vu , brûler i je pujfe9
ôcc. Et cependant il fcmblc que de-
puis quelques années cet accent ne
doive plus fervir en notre ortographe,
que pour marquer l’allongement d u-
ne voyelle , comme vous voyez en
ces mots : tacher , bête , île , hôte ,
embûche y dont les pénultièmes fylta-
bes font plus longues que celles des
mots fuivans : tacher , cete , bile , fo-
te y huche. Et il feroit à fouha’tcr pour
nous & pour les Etrangers , que l’on
en demeurât là , & que ect accent
neût point d’autre employ que celui
de faire longue la voyelle fur laquelle
il eft aflis , autrement nous tomberons
dans un aufh grand inconvénient que
celui auquel; nous étions avant l’ulâ-
ge de cet accent i car la letture de nos
$$o Liv. II. Ch. V. Des Accens.
mots ne fora pis plus aifée par la fup-
preflion des lettres inutiles , qu’elle
ètoit auparavant , fi à la place de ces
lettres on y fubftituc des figures qui
ne fignificnt rien , ou qui fignifient une
prononciation pour une autre, com-
me vous allez fenfiblement remarquer
par l’exemple de trois ou quatre mots.
Si vous écrivez, par exemple, reçu ,
conçu , cru , vu , hardiment , fans ac-
cent , vous l’écrivez comme vous le
devez naturellement èci ire , & vous
ne couvrez aucun rifque de vous trom-
per dans la prononciation de ces mots,
non plus que vous feriez dans ceux-
ci ; objet, fujet , parfait, fi vous les
voyiez déchargés des lettres inutiles
dont ils ètoient auparavant remplis,
comme ils ètoient ci-devant en la ma-
niéré qui fuit : crzu, vtu , reczu , con-
clu , hardiment : Si au contraire pour
marquer le retranchement des lettres
inutiles de ces mots > vous mettez un
accent circonflexe à la place de la
voyelle fupprimée , & que quelque
Etranger & même-un François, veuille
regler la prononciation de ces mots
fur l’inlpe&ion des caractères , donc
Liv. II. Ch. V. Des Accens. 381
il les verra écrits ou imprimés j il ne
manquera pas de faire longue la Syl-
labe de laquelle on aura fupprimé une
lettre , 6c à la place de laquelle on y
aurafubftituc un accent circonflexe, &
de prononcer ces mots : cru , reçu ,
vu t conçu. , hardiment , & autres fem-
blables mots , comme nous pronon-
cerions les dernieres fyllabes de ceux-
ci » crus , reçus , vus , conçus , s’ils
ètoient mis devant d*autres mots com-
mencés par des confoncs, c’eft-â-dire
d’une manière longue & traînée ,
( j’y mets cette condition pour mar-
quer que l’i finale de ces mots ne fe
prononce pas : ) & quant à la pénul-
tième fyllabe du mot hardiment, ilia
prononceroit comme la première du
root iule , mais mal * C’efl: pourquoi
ilferoit à propos que tous les Ecrivains
modernes ne marquaflcfit aucun ac-
cent à la place des voyelles fupprimées,
non plus qu’on fait aux lettres qui ont
été retranchées des mots objett,fub-
jeft , parfaitt , & autres qu’on écrit
& imprime préfentement ainfi ,• objet ,
fujet , parfait , fans marquer aucun ac-
cent fur la voyelle qui précedoit la
381 Liv. II. Ch. V. Des Accens.
lettre fupprimée. Je vois déjà quan-
tité de bons Ecrivains qui en ufent de
même , à l’égard des mots où il y a
des voyelles (opprimées , comme en
ces mots : veu , receu , conceu , qu’ils
ortographient Amplement en la ma-
niéré qui fuit : vu , reçu , conçu , fans
y mettre aucun accent non plus qu’aux
mots à' objet & de fujet i mais ils n’en
ulent pas de même en ce qui regarde
les lettres fupprimées qui rendoient
longue la fyllabe à laquelle elles è-
toient attachées , comme en ces mots:
aage , Controlle , Pafques . qu’on orto-
graphic préfentement ainlï *, âge , Con-
trôle , Pâque* , parce que ces lettres
qui étant doublées allongeoient la fyl-
labe , & P s muette marquée dans Por-
tographe fêlant le même effet dans la
prononciation , doivent avoir un ac-
cent qui marque non feulement la fup-
prclïion de leurs compagnes , mais en-
core la me (lire de leur fyllabe. Et je
ne doute pas qu’avec le tems cette
maniéré d’ortographier ne s’ètablille
tout- à- fait dans la fuite. Il feroit mê-
me à fbuhaiter que notre accent cir-
conflexe Ier vît à marquer dans notre
x-
Liv. II. Ch. V. Des Accens. 38j
ortographe généralement toutes ics
fyllabes longues, fans faire diltindfcion
de celles qui le font par une voyelle
doublée ou par une s muette , &
qu’on écrivît ces mots \Stile , Geôle ,
J âge, rable , dure , &c. en la maniéré
qui fuit : Stile , Geôle , Juge , rable ,
dure.
Dam. Cela étant , vous tomberiez
dans un autre inconvénient à l’égard
des e -, car au lieu de prononcer ces
mots Pere , Mere , Siégé , Liege ,
College , fi vous les écriviez Comme
vous propolêz avec un accent circon-
flexe fur leurs pénultièmes fyllabes,
en la manière qui fuit: Pere , Mere ,
Siêgei Liège , College , vous leur don-
neriez un Son bien extraordinaire , &
tout autre que celui qu’ils doivent
avoir, quand on les prononce bien;
car vous diriez , Paire , Maire , Siaif-
ge , Liaijge , Colaifge , ce qui {èroit
paroîtroit bien groflier.
Phil. J’en demeure d’accord , mais
cela ne regarde que l’inftrudtion de la
maniéré d’ortographier & de pronon-
cer les e , dont nous parlerons au
Chapitre fuivant , & nous vous fatis-
3$4 Liv- Ch. V. Des Accens ,
ferons fur tout.
Dam. N’avez-vous plus rien à dire
de i’ufage prefent des trois accens ,
qui font employés dans notre orto-
graphe.
Phil. Je n’ai pas encore tout dit ce
que j’avois à dire de Y accent aigu.
Je vous avois dit qu’on avoit commen-
cé à s’en fervir en notre ortographe,
pour diftinguer Ve final mafculin d’a-
vec Ve final féminin , & qu’on en ètoit
demeuré là. Mais depuis les Impri-
meurs Etrangers ayant reconnu l’uti-
lité qu’on recevoit en la leéture de nos
mots , par la diftin&ion de \'e mafçu-
lin & du féminin , ont jugé à propos
de marquer les e mafculins auflii bien
au commencement des mots qu’à la
fin , comme vous voyez en ces mots :
député i félicité, récité. Et cette orto-
graphe a été fuivie de quantité de bons
Ecrivains en France , & même de nos
Imprimeurs j Enflure dequoi on s’eft
hazardé de marquer non feulement
les e mafculins qui fe trouvoient au
commencement & à la fin des mots j
mais encore tous cetix qui fe trou-
voient dans un mot , comme vous
pouvez
IiV. II. Cri. V. Dès Accent , $3? y
pouvez voir en ceux-ci-, dégénéré ,
déféré , générofitè.
Dam. Il me femble que vous m’a-
vez dit que nous avions trois fortes
dV : Comment font-ils pour marquer
le tro’fième , s’ils ne fe fervent que
de l’accent aigu ? car fi nous n’avions
que deux e , une marque fuffiroitpouc
diftinguçr l’un de l’autre.
Phil. C’eft icy le nœud gordien de
l’affaire , & ce qui doit faire le fujec
du Chapitre fuivant , pour tirer les
Etrangers & les François mêmes , de
l’embarras où les jette cette quantité
d’accens aigus , indiftinttement mis
fur toutes fortes dV ; car fi on regar-
de l’accent aigu comme la marque de
notre e mafeulin , comme il l’eft en ef-
fet, & qu’on veuille regler fa pronon- '
ciation furl’infpedion de cet accent* il
eft certain qu’on ne rencontrera jamais
jttfte fur la prononciation des e i ca t
on prononcera IV du mot de progrès ,
comme le dernier de celui de degrés $
Ve dü mot près s qui lignifie proche ,
comme celui du mot de prés , qui eft
le plurier de pré ; & IV de dédain ,
comme celui de délicat . Je cite ces
R ..
LiV. IL Ch. V. T)es Accent.
mots de progrès 3 près , dédain poifif
vous donner une démonftration plus
fenfible de Ve ouvert , & qui foit fans
répliqué 5 car on ne peut pas difcon-
venir que leurs e ne fe prononcent
comme notre double voyelle ai , &
qu’étant obligé de les prononcer com-
me s’ils etoient écrits en la manière
qui fuit , prograis t prais , daidaim ;
il faut indifpenfablement en changer
l’accent qu’on doit mettre fur leurs #»
& au lieu d’un aigu en mettre un
grave en la maniéré qui fuit , progrès 9
pris 3 dédain : Car la même raifon qui
a introduit notre accent aigu, qui étoit
dans le milieu du fiécle pafle , tout-à-
fait inconnu en notre ortographe,pour
diftinguerl’# mafeulin d’avec T# fémi-
nin , nous doit auffi fervir à diftinguer
cet# mafeulin d’avec Ve ouvert par un
accent grave , quoique cet accent foit
auffi peu connu dans notre ortogra-
phe , que l’ètoit l’accent en notre Lan-
gue dans le milieu du fiécle pafle.
Darn. Ceci me paroît bien nouveau
& difficile à établir, parce que cette
quantité de différens accens charge-
toit beaucoup les lignes de notre Ecri»
LiV. II. Crt- V. Des accent’. 387
ttlre & de notre Impreffion 5 ce qui
feroit & fort incommode & bien de(-
ftgréable a la veuc.
Phil. Cela n*eft pas fi nouveau que
vous croyez , & je ne defefpere pas que
l’avantage qu*on remarquera de la
diftinétion de ces deux accens , ne les
ctablifle tout-à-fait. J’y vois même
déjà quelque difpofition par l’intro-
du&ion d’un autre accent qui eft le
circonflexe , qu’on trouve dans beau-
coup de nouvelles Impreflions fur les
dernieres fyllabes des mots de progrès,
abfcès, après , auprès , décès , [accès ,
Cyprès , excès , & de quantité d’aurres
mots dont les dernieres fyllabes ont
des e ouverts : Et comme cet accent
circonflexe pourroit caufer de la con-*
fufion dans l’ortographe des autres
mots , où les e ouverts ne font pas
longs , comme ceux que je viens de ci-
ter , fi on fe mettoit en tète de faire
fervircet accent circonflexe indiftinéke-
ment fur tous les e ouverts , tant brefs
que longs > il ne faut pas douter qu’on
ne racourcît cet aècent d’une jambe
pour en faire un accent grave. Si on
confidere que l’ufage de notre accent
R ij
$38 Liv. II. Ch. V. Des jiccensi
circonflexe ne s’eft d’abord établi , qil6
pour marquer le retranchement d’une
lettre , & que depuis on l’a fait fervir à
marquer l’allongement de la voyelle
fur laquelle il ètoit mis, comme vous
pouvez voir en ces mots, male yléte ,
vite, &c. on ne manquera pas de s’ap-
percevoir que plaçant cet accent ^cir-
conflexe fur des e ouverts brefs , on
cauferoit de l’embarras aux Etranger#
& même aux François, qui ne fçau-
roient pas tous les mots de notre Lan*
gue , en leur fefant prononcer une fyl-
labe longue qui doit être brève , com-
me vous pouvez remarquer par le#
mots fuivans , dédain , decendre yrcpon~
dre^d ont on prononcerait les premières
fyllabes longues , fl pour diftinguet
leurs e des e mafculins , on les marquoit
d’un accent circonflexe , ainfl dédain ,
decendre , répondre , &c. car on com-
mence à marquer de cet accent les e
ouverts longs des fyllabes finales dont
on a changé le z final en s , comme
on peut voir en ces mots progrez , pro -
cez, anprez , qu’on ortographie par
une s , ainfi progrès , procès , auprès .
De forte qu’après avoir fait de ferieut-
* *
Liv. II. Ch. V. Des Accent',
fes réflexions fur l’ufage prêtent de
cet accent circonflexe, il ne faut pas
douter qu’on ne fe ferve en fa place
de l accent grave pour marquer les c
ouverts brefs , & qu’on ne fupprime
tout à fait l’ufage du circonflexe à
la fin des mots terminés en es \ d’au-
tant plus que l’allongement de ces
fortes de fyllabes finales n’a pas be-
foin d’être marqué d’un accent cir-
conflexe , puifque Xs finale par une'
réglé qui ne fouffre point d’exception
le marque aflez, lo-rs quelle eft pré-
cédée d’une voyelle ou d’un e accen-
tué , comme vous pouvez voir pat
l’exemple de ces mots : appas , aimés ^
ajjîs , repos , abus t. dont les demie-
tes fyllabes font longues.
Quand à ce que vous dites , que cette
quantité' d’accens chargeroit trop les-
lignes de notre Ecriture & de notre
Impreflâon , 5c qu’elles n’en feroient
pas plus belles , j’en demeure d’ac-
cord avec vous ; mais ce défaut ( fi
vous prétendez que c’en foit un ) feroic
encore plus fupportable , que celui de
n’avoir qu’un caraétére en notre orto-
graphe , pour marquer trois différent
Sons»
£$6 Liv. Tï. Ch. V. Z)es. AccenK
D’ailleurs , fi nos yeux ètoient unef
fois accoûtumés à cette forte d’orto-
graphe , nous ne la trouverions pas
plus étrange ni plus difforme qu*on'
trouve celle de la Langue Greque *
dont les mots font charges } non feule-
ment d’accens,mais encore d’autres pe-
tits caractères que lesGrecs nommoient
des efprits âpres & des efprits doux »
dont les premiers font faits comme des.
petits ( c ) & les autres comme des vir-
gules (,) ainfi qu’il paroît aux Exem-
ples fuivans , a/jui9 <j/u) , u(9 qui fi-
gnifient , cnfernble 3 je fuis , tu es «
Mais outre cette" raifon qui doit fuf-
fire pour favorifer l’ufage de nos ac-
cens , nous avons encore à dire que
notre Ecriture n’ëtant pas plus char-
gée par la marque d’un accent gra-
ve , que par celle d’un accent aigu »
puis qu’il ne coûte pas plus de met-
tre l’accent de la main gauche à la
main droite , que de la droite à la
gauche , il nous eft indifférent de
nous fervir d’un accent grave ou d’un
accent aigu. Je ne voudrais pourtant
pas trop me hazarder à me leivir de
cet accent grave ailleurs que dans ces
Liv.lt Ch.V. Ves Aecm.
préceptes *, il fuffit que je le propofe ,
on y fera enfuite telle iéfléxion qu*on
jugera à propos 9 & je me mets fore
peu en peine du refte.
Dam. J’ai pourtant remarqué dans
▼os écritures particulières plufieurs
mots où vous marquez les e ouvert»
avec des accens graves.
P h il. Il eft vrai , mais comme peu
de gens s’en font apperçûs à caufe
du peu de différence qu’il y a d’un ac-
cent à l’autre , je me fuis hazardé de
plus en plus à les mettre en ufage , Sc
avec d’autant plus de confiance , que
j’ay remarqué que les accens aigus
mis pour des accens graves choquent
la veuë 8c le bon fens 9 comme je
vous l’ai déjà fait obferver *, 8c je
ne defefpere pas que cet accent gra-
ve s’ètabliflant à la fourdine dans no-
tre ortographe fans qu’on s’avife de
l’en chafler , ne fafle faire peu à peu
des réfléxions aux habiles gens , qui en
xonnoiflant futilité , ne l’y ètablifle
tout à fait. Je ne me fers pourtant de
cet accent grave que fur les t où je le
Vois déjà marqué d’un accent aigu mal
. à propos. Autrement je nem’ aviferois
•$ 9 z Iiv. n. Ch- V. Des tccenr. >
pas de le marquer fur Ye où il n’eft
point marqué, à moins que ce ne foie
dans ce Chapitre pour faciliter l’inftru-
ttion de mes Réglés. Je mécontente--
rai de propofer l'avantage qu on tire-
ra de cet accent grave -, en profitera-
qui voudra : mais je ne pretens pas
être le premier à m’en lervir. <
Tiff du premier Tome*
Digitized by Google