W. G. FARLOW
SOCIÉTÉ
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AMIS DES SCIENCES NATURELLES
DE ROUEN.
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SOCIÉTÉ
DE ROUEN.
Troisième année. — 1867.
ROUEN,
IMPRIMERIE DE H. BOISSEL
Rue de la Vicomté, n° 55.
1868.
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COMPTE-RENDU
DES
TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ
PENDANT L’ANNÉE 1867,
PAR M. HÉBERT,
Secrétaire.
Messieurs ,
Chaque année ramène, pour votre secrétaire, l’obli¬
gation de venir vous présenter en séance le Compte¬
rendu des travaux accomplis par la Société pendant
l’année qui vient de s’écouler. C’est à la fois un devoir
et un plaisir pour lui, puisqu’il y trouve l’occasion de
reconnaître et de constater avec vous les progrès et les
rapides développements de cette Société, à laquelle
nous sommes tous dévoués , et qui , quoique bien
jeune encore, a déjà su se faire honorablement sa place
au milieu des Sociétés sœurs. En est-il, en etfet, un
meilleur témoignage que les nombreuses adhésions de
membres nouveaux qui, de toutes les parties de la
France, sont venus l’année dernière nous apporter le
concours de leur sympathie et de leur savoir, que la
1
bienveillance des hautes administrations qui ont bien
voulu, par de nouveaux subsides, ajouter à nos res¬
sources trop bornées et nous permettre ainsi d’élargir le
cadre de nos publications, que les suffrages des Sociétés
les plus anciennes et les plus connues, et, en particulier,
de la première d’entre elles, l’Académie des Sciences,
qui se sont empressées d’accepter l’échange de publica¬
tions que nous leur avions offert. Félicitons-nous donc,
Messieurs, de ce rapide succès, qui doit être pour nous
une nouvelle et active incitation à tendre de toutes
nos forces vers le but utile que nous nous sommes
proposé et que nous devons nous efforcer d’at¬
teindre.
Mais, si le Compte-rendu nous est une occasion
de nous féliciter du succès obtenu , il doit aussi
nous être un enseignement pour nous permettre de
reconnaître si nous avons bien fait tous nos efforts
pour le justifier et pour le maintenir, si tous nous
y avons coopéré dans la mesure de nos forces,
si nous avons essayé d’aborder toutes les questions
qui présentent l’intérêt le plus réel et le plus actuel.
Qu’il nous soit permis, à ce sujet, de regretter que
trop peu de membres prennent part à nos travaux
par l’envoi de notes , de mémoires ou de commu¬
nications diverses ; certes , nous en avons un bon
nombre qui, toujours sur la brèche, nous apportent
chaque mois sur des sujets divers le résultat de leurs
recherches et de leurs études, et nous ne saurions nous
plaindre de les entendre trop souvent, il y a pour nous
tous instruction et profit ; mais à côté d’eux combien
d’autres pourraient nous faire profiter de leurs obser¬
vations, et parmi eux quelques-uns qui, après nous
— 3
avoir, par leurs premiers travaux, fait concevoir les
plus belles espérances, retenus trop souvent par les
préoccupations de chaque jour, ont gardé, à notre
grand regret , depuis longtemps le silence le plus
complet.
Espérons toutefois que cette retraite ne sera que
momentanée et qu’ils nous dédommageront bientôt,
par de nouvelles et intéressantes communications , de
leur absence trop prolongée. N’oublions pas non plus
que le plus petit fait, que l’observation la plus simple ,
pourvu qu’elle soit exacte, peuvent avoir en histoire
naturelle leur importance sérieuse et devenir même
le point de départ de recherches nouvelles, et que, à
ce titre, il n’est aucun de nous qui ne puisse coopérer
activement à nos travaux.
Permettez - moi aussi de regretter que certaines
parties de la science présentant un haut intérêt aient
été trop négligées parmi nous ; c’est ainsi qu’en zoologie,
tandis que l’ornithologie a trouvé dans M. Noury,
dont nous regrettons la trop .longue abstention, et
dans M. Lemetteil, de zélés et ardents travailleurs, la
mammalogie n’a encore été représentée que par le
catalogue de notre vénéré président, M. E. Blanche, qui
nous en fait toujours désirer l’achèvement et la publi¬
cation; l’erpétologie avait trouvé en M.Lieury, pendant
notre première année, un savant interprète que nous
nous plaignons de n’avoir pas entendu depuis trop long¬
temps, enfin l’ichthyologie, qui pourrait devenir dans
notre département l’objet de recherches si importantes
et si nombreuses, a été jusqu’à présent entièrement né¬
gligée. Il nous serait facile de constater dans les autres
branches de l’histoire naturelle des lacunes analogues
et regrettables. Si donc nous pouvons nous féliciter
d’avoir fait déjà quelque chose d’utile, nous devons re¬
connaître combien surtout il nous reste encore à
accomplir, et c’est ce que nous démontrera mieux
encore la revue que nous devons faire maintenant des
travaux de l’année.
En Zoologie, M. Lemetteil, continuant le grand et
important travail qu’il a entrepris et qu’il poursuit
toujours avec son ardeur ordinaire sur l’étude et la clas¬
sification des oiseaux de la Seine-Inférieure, vous a
présenté cette année le troisième ordre de son catalogue
raisonné, faisant suite aux deux ordres déjà publiés
dans le Bulletin de 1866.
Vous lui devez aussi un rapport intéressant sur trois
oiseaux affectés de maladies ou de difformités, qui nous
avaient été adressés de Paris par notre dévoué confrère
M. Fairmaire,pourêtre soumis à l'examen de la Société;
une note sur l’oeuf et sur le mode de nidification de la
po'ule d’eau Bâillon [Gallinula Baillonii ^ Temm.) qui
étaient encore peu connus, bien que cet oiseau soit assez
commun dans notre département. Notre confrère
ayant découvert un nid de cette espèce avec des œufs, à
Saint-Georges-sous-Gravenclion, a pu nous en donner
une description complète; — une note sur une espèce
de Bruant découvert par Pallas au siècle dernier dans
les steppes de la Russie et désignée par lui sous le
nom d' Emberizz a passer ina, mais dont l’existence était
réputée douteuse par la plupart des ornithologistes.
Notre zélé confrère a été assez heureux pour tuer sur
les marais de Lillebonne un oiseau de cette espèce
qu’il nous a présenté au moment où un autre orni¬
thologiste en découvrait un au marché de la Vallée, à
k
— 5 —
Paris. Dans l’opinion de M. Lemetteil, cet oiseau ne
serait pas très rare dans nos climats, et il ne serait
passé inaperçu que parce qu’il aurait été confondu avec
une espèce voisine, le Bruant des roseaux.
Enfin M. Lemetteil vous a présenté, sur la partie or¬
nithologique du Bulletin de la Société linnéenne de
Maine-et-Loire, un rapport dans lequel il analyse et
discute avec sa science bien connue un travail intéres¬
sant de M. l’ahbé Vincelot, membre de cette Société, sui¬
tes oiseaux de son département.
M. le D'' Levasseur, à propos d’un rapport sur le
Bulletin' de la Société des Sciences physiques et natu¬
relles de Bordeaux, a présenté dans un intéressant
travail Tbistorique de la Transfusion du sang^ et le ré¬
sumé des recherches nouvelles accomplies par M. le
Dr Oré, de Bordeaux, sur cet important et puissant
moyen curatif. Il nous promet , en finissant , un
second rapport que le premier ne peut que nous faire
désirer.
M. Pinchon vous a communiqué une note sur fin
«
échantillon de laine anomale provenant de la Nouvelle-
Zélande ; espérons que notre confrère, dont nous retrou¬
verons encore le nom tout à l'heure, nous fera profiter
plus souvent des intéressantes observations que peut
lui permettre la position qu’il occupe au milieu de la
ville industrielle d’Elbeuf.
M. Malhranche, à propos d'un travail de M. Desion-
champs, vous a fait une communication intéressante
sur le corail et sur la pêche à laquelle il donne lieu.
Vous lui devez, en outre, une note sur des œufs de raie
présentés par lui au nom de M. Leharbier.
Vous devez à M. Lhomme quelques communications
6 —
sur les Brochets, sur les Astéries et sur le Bernard-
rHermite.
L’Entomologie , qui a beaucoup perdu au départ de
M. Ducoudré, éloigné de nous par de nouvelles fonc- .
tions, n’est représentée que par le rapport dû à M. Le-
bouteiller, sur l’excursion accomplie au mois de juin
par la Société à Forges-les-Eaux, et qui a offert aux
entomologistes de nombreuses richesses au milieu des¬
quelles on remarque un certain nombre d’espèces nou¬
velles. Nous ne pouvons que regretter que ceux de nos
membres qui cultivent cette branche intéressante
n’aient pu jusqu’à présent compléter par une nouvelle
excursion les trouvailles que leur promettait un ter¬
rain riche et encore peu exploré.
La Botanique est toujours la partie la plus riche en
communications diverses et celle qui semble réunir le
plus grand nombre > d’adhérents , sans doute parce
qu’elle est aussi la plus agréable. Elle a donné lieu
cette année à plusieurs travaux importants.
M. Malbranche a continué la publication de son
grand travail sur les Lichens de Normandie, dont la
première partie a paru dans le Bulletin de 1866, et
dont il vous offre aujourd’hui la suite.
C’est aussi à M. Malbranche que nous devons le
rapport sur la partie botanique de l’excursion à Forges,
rapport dans lequel il signale quelques trouvailles
I
intéressantes, et le compte-rendu du Congrès interna¬
tional de Botanique qui s’est réuni à Paris au mois
d’août 1867, sous les auspices de la Société botanique
de France. M. Malbranche a présenté à ce congrès un
travail sur les genres en botanique, dont vous avez éga-
ment entendu la lecture.
I
— 7 ~
Vùus devez encore à M. Malbranche, outre diverses
expositions de plantes, plusieurs notes : Sur le Phy-
comyces nitens ; 2“ sur le dimorphisme à propos d’un
mimosa ofîrant cette anomalie ; 3° sur les Diatomacées
à propos d'un envoi fait par M. de Brébisson à la
Société.
M. de Boutteville vous a fait, au nom d'une commis¬
sion désignée à ce sujet, un rapport sur la culture des
jacinthes sous l’eau, rapport dont les conclusions ont
été combattues dans certaines de leurs parties par
M. Pinchon, dans une note dont il vous a donné lec¬
ture. Vous devez également à M. Lhomme quelques
observations sur ce sujet.
L’éloignement n’a pas empêché M, Duhamel de
nous envoyer deux communications : l’une sur un
mode particulier de reproduction d’une caryophyllée,
leSpergula nodosa (Linn.),' l’autre sur certains lilaires
qu’il avait observés sur les feuilles de certains arbres,
et dont l’étude, renvoyée à M. Clouet, nous a valu, de la
part de notre jeune collègue, un très intéressant
mémoire.
M. Etienne, toujours préoccupé d’enrichir nos col¬
lections, a entrepris de réunir pour la Société la collec¬
tion complète des Mousses du département, et il nous
a déjà offert en plusieurs fois des échantillons de plus
de 100 espèces différentes. Il a en outre exposé de
nombreuses plantes, ou nouvelles ou offrant quelques
particularités remarquables. Vous lui devez enfin la
présentation d’une note sur le Carex depauperata, et
un rapport sur un numéro des Annales des Sciences
naturelles, dans lequel nous devons signaler particu¬
lièrement ce qui regarde les Anthérozoïdes des Crypto-
- 8 —
games et des Observations organogéniques sur la fleur
femelle des Car ex.
M. Goquerel vous a offert, par l’entremise de
M. Etienne, une série de Cryptogames du départe¬
ment.
L’étude des ouvrages reçus vous a valu aussi de
M. Lacaille divers rapports sur le Bulletin de la So¬
ciété des Sciences et Arts de Vitry-le-Français, sur les
Annales des Sciences naturelles, sur le Bulletin de la
Société linnéenne de Maine-et-Loire, sur le Bulletin de
la Société impériale d’Acclimatation. N’oublions pas
que M. Lacaille est un des plus zélés pourvoyeurs de
nos séances en ce qui regarde les échantillons bota¬
niques.
Deux notes, dues l’une à M. de Lérue, sur une inté¬
ressante espèce de millet du Sénégal, le Holcus spica-
tus, qu’il désirerait voir introduire dans nos climats
au profit de nos volières , l’autre, de M. Bellencontre,
sur une crucifère de l’Inde, le Raphanus caudatus, et
diverses expositions de plantes faites par M. Blanche,
viennent compléter la part de la Botanique dans nos
travaux de cette année.
En Géologie, nous rencontrons d’abord un travail
sur les dépôts diluviens de la vallée de 11 ton, dû à
l’un de nos nouveaux membres, M. Ghérel, d’Evreux,
qui a voulu par là payer sa bienvenue dans notre So¬
ciété. — M. Gaffm continue activement ses travaux sur
l’étude géologique des environs d’Evreux, et il nous a
adressé cette année le quatrième chapitre de ses excur¬
sions, relatif à l’étage turonien de d’Orbigny; il nous
a donné également la description de plusieurs des
Échinides nouveaux dus à ses intéressantes recherches
— 9 --
dans les dépôts sableux de Navarre et d’Arnières. —
Enfin M. Bonnin, poursuivant les études qu’il a inau¬
gurées l’année dernière par son mémoire sur les pertes
de riton, nous a donné la première partie d’un grand
travail d'ensemble qu’il prépare sur les rivières des
départements de l’Eure et d’Eure-et-Loir.
Qu’il nous soit permis à ce sujet de regretter que
tous les travaux géologiques semblent tendre à se con¬
centrer de plus en plus dans le cercle de nos membres
d'Evreux, et que ceux de nos confrères de Rouen qui,
à cet égard, nous avaient fait concevoir de si bonnes •
espérances, éloignés peut-être par les affaires et les
soucis de chaque jour, se soient abstenus depuis long¬
temps, et que, ainsi se trouve ajourné le but séduisant
que nous avait montré l’un de nos vice-présidents,
M. Harlé, en nous conviant à entreprendre la révision
et le complément de la carte de M. Passy. Espérons
que ce ne sera qu’un retard, et que la science n'aura
rien à y perdre.
N’oublions pas toutefois que M. Gosselin nous a plu¬
sieurs fois fait part des fossiles et des trouvailles de di¬
vers genres qu’il avait réalisées aux environs d’Elbeuf,
et au sujet desquelles il nous a promis un travail;
que M. de Boutteville nous a fait une communica¬
tions des plus intéressantes sur les découvertes, dues à
M. Em. Ghesnée, d’anciens travaux romains dans les
mines de cuivre de Tharsis, province de Huelva , en
Espagne.
L’ensemble de ces travaux suffit pour nous démon¬
trer que, quelque soient les regrets que j’ai cru pou¬
voir exprimer en commençant, nous ne sommes pas
restés au-dessous des années précédentes ni par le
— 10
nombre, ni par l’importance des sujets traités, et gue¬
nons n’avons pas cessé de mériter les encouragements
de tous genres qui nous ont été accordés et qui nous
seront continués à l’avenir, nous en avons la ferme
espérance.
SOMMAIRE
S
DES
PROCÈS-VERBAUX.
Séance du pi* Janvier 1867.
Pbésidence de M. Malbranche.
M. le D"* Blanche, président sortant, remercie la
Société des sympathies qui lui ont été témoignées et
dont il gardera précieusement le souvenir.
M. Malbranche occupe le fauteuil et lit le discours
suivant :
« Messieurs,
< Vos suffrages ont été pour moi un honneur et une
satisfaction et je vous en remercie à ce double titre :
• un honhèur, puisque je ne puis y méconnaître une
preuve d’estime et de confiance dont je suis profondé¬
ment touché ; une satisfaction, car je me vois appelé
à diriger les travaux d’une Société à la fondation de
laquelle j’ai pris une si grande part, et qui, s’avançant
aujourd’hui pleine de sève et d'ardeur, prend une
place honorable parmi ses sœurs aînées.
\
12 -
« Vous vous êtes réjoui avec nous de la faveur qui l’a
accueillie en tous lieux, faveur qui s’est traduite par
les adhésions nombreuses qu'elle a réunies et par les
encouragements qu’elle a trouvés auprès des autorités
locales et du gouvernement. Nous y verrons tous l’es¬
time que l’on fait de son but et de sa mission. Toute
jeune encore, ne peut-on pas bien augurer de l’avenir
par les heureux effets qu’elle a produits : nous lui
devons certainement une émulation nouvelle pour les
sciences qu’elle étudie, et la révélation inattendue
pour beaucoup d’entre nous, d'amateurs, ce n’est pas
assez dire, de connaisseurs très savants dans plusieurs
branches d'histoire naturelle.
« Je ne me dissimule pas que ces heureux résultats
sont dus surtout à l’honorabilité de mon savant pré¬
décesseur, dont la sage et prudente direction a sur¬
monté les obstacles inséparables d’une organisation et
conquis promptement d’universelles sympathies. Les
rigueurs du règlement l’obligent aujourd’hui à quitter
la présidence, mais j’ai la confiance que ses conseils et
son concours ne nous feront pas défaut, et que je
pourrai ainsi accomplir convenablement la tâche que
j’ai acceptée.
« Je n’oublie pas davantage que, si nous avons déjà
beaucoup fait, il reste encore plus à faire ; l’installa¬
tion de nos collections, collections que plusieurs mem¬
bres à ma connaissance sont tout prêts à augmenter dès
que nous pourrons leur donner un asile convenable,
la création d’une bibliothèque spéciale aux sciences
naturelles, l’organisation de comptes-rendus réguliers
des principaux organes de ces sciences, tels sont les
premiers objets dont nous occuperons dans la mesure
de nos ressources, bien exiguës pour tout ce que nous
sentons d’utile à entreprendre. Régler et distribuer les
travaux, encourager et provoquer de nouvelles études,
’ gérer les affaires de la Société, faire respecter le règle¬
ment : telle me paraît la tâche de votre président, tel
est le but que je m’efforcerai d’atteindre avec le con¬
cours de mes collègues du Bureau et de MM. les Mem¬
bres du Conseil, dont je n’aurai qu’à suivre les inspi¬
rations.
« Mais le Président ne peut pas seul procurer la vie
et le lustre à une société , c’est des efforts de tous
que peut résulter cette activité et cet éclat qui en font
le profit et l’honneur. Amis de la nature , ne cessons
pas de l’observer, « elle répond volontiers, dit Schact ,
« à qui se plaît à l’interroger... On doit la suivre pas
« à pas pour la surprendre et accueillir avec une ef-
« fusion de reconnaissance les vérités qu’elle nous dé-
« voile (1). » On peut dire, en général, de l’étude des
diverses branches de l’histoire naturelle ce que Jean
Macé dit si bien de l’étude des plantes : « Elle a des
a émerveillements joyeux pour l’enfant qui amis une
« graine en terre et vient la regarder pousser tous les
(( matins , des enseignements gros de richesses pour
« celui qui possède de la terre, des abîmes mystérieux
« pour le philosophe, et des distractions sans cesse re-
« naissantes pour Toisif qui voudrait se faire observa-
« teur (2). y>
M. Malbranche, en terminant, demande un vote de
remercîments pour M. Blanche , ce qui est accepté par
acclamation.
(1) Les Arbres.
(2) Préface de La Plante. »
Le Secrétaire présente, au nom du Trésorier absent,
un aperçu de la situation de la Caisse au 31 décembre
1866.
M. le D' Bouteiller présente et offre à la Société des
fossiles recueillis à Bruneval. M. Harlé fait observer
que c’est à Bruneval que finit la craie chloritée du cap
de la Hêve ; deux de ces fossiles appartiennent à cette
craie; une térébratule provient de la craie blanche.
M. Malbranclie présente ulmarius^ qui se
développe souvent sur les ormes du boulevard et peut
acquérir des dimensions énormes.
Le Secrétaire-Archiviste dépose la liste des dons
offerts à la Société en 1866.
Le Secrétaire donne lecture d’un mémoire de M. Caf-
fin, intitulé : Premières limites de l’Etage cénomanien aux
environs d’Evreux.
On procède à l’élection des membres de la Commis¬
sion des Finances :
Sont nommés : MM. Auguste Alexandre , De la
Londe du Thil, Nicolle père.
Sont nommés membres de la Société : MM. Hauche-
GORNE, Lebas, Neveu, Millard, Nos-d’Argence.
Séance du 7 Février 1867.
Présidence de M. Malbranche.
La correspondance comprend :
»
1" Une lettre de M. le Secrétaire général de la So¬
ciété linnéenne de Bordeaux , annonçant que cette
Société accepte la proposition d’échange des publica¬
tions ;
2® Une lettre du Secrétaire de la Société impériale
d’Acclimation, donnant avis de la réception du Bulle¬
tin de notre Société ;
3® Une lettre du même annonçant que le Conseil
de cette Société a autorisé l’échange des publica-,
tions.
M. Etienne expose sur le bureau : Fontinalis anti-
pyretica^ Bryum argenteum^ Hookeria lucens^ Bartra^
mia pomiformiSj Polytrichum formosiLm , P. nanum^
P. aloides , Neckera crispa , N. viticulosa , Orthotri-
chum anomalum , 0. crispum , Dicranum scolianum ,
Z), scoparium^ Eucalyta vulgaris, Euthostodon piry forme,
E. ericetorum , Hypnum abietinwn, H. tamariscinum ,
H. splendens, Tetraphis pellucida , Campifîorus pilifer,
Pterygonium gracile.
Il expose, en outre, un cocon trouvé dans un co¬
quillage du genre Murex.
M. Malbranche expose , au nom de M. Richard-
Adam , un ver intestinal trouvé dans l’intérieur d’un
man; M. Apvrille sait, depuis longtemps, qu’un para¬
site s’introduit dans les mans et les détruit en grande
quantité. M. Mocquerys a vu fréquemment des filaires
de ce genre dans les insectes et dans les larves ; on les
voit souvent sortir au moment où l’insecte va mourir,
mais il ne lui paraît pas qu’elles s’opposent aux transfor¬
mations successives de l’animal , puisqu’il les a ren¬
contrées dans l’insecte parfait. M. de la Loiide du Thil
rapporte que cette filaire est bien connue et amène
infailliblement la mort de l’animal ; la Société indus¬
trielle de Gompiègne s’est livrée à des recherches afin
— 16
de trouver le moyen de la développer pour arriver à
détruire les mans- Les résultats ont été incomplets,
cependant dans des parties de prairies pleines de crocus
sauvages, les mans étaient tous attaqués et périssaient.
M. de la Londe du Thil réunira, pour le présenter à la
Société, tout ce qui a été publié sur ce sujet.
M. Malbranche présente également un petit cham¬
pignon très rare, le Tubercularia rosea, qui croît au
milieu des touffes de Physeia tinella^ sur les écorces du
peuplier au Petit-Quevilly. ,
M. Hébert présente, au nom de M. Gaffin, un cer¬
tain nombre d’exemplaires des intéressants fossiles
microscopiques que notre laborieux confrère recueille
dans les sables de Navarre et d’Aulnay.
Le Secrétaire donne lecture du compte-rendu des
travaux de la Société pendant l’année 1866.
Sur la proposition de M. le Président, des remercî-
ments sont votés au Secrétaire.
Le Secrétaire lit un mémoire de M. Gaffin, intitulé :
Allumons sableuses de la vallée de Vlton^
M. le Président donne lecture d’une circulaire de
M. le Ministre de l’Instruction publique, relative à la
formation de collections locales d’histoire naturelle,
pour l’usage de l’enseignement spécial. On pourrait ré¬
pondre à cette demande ministérielle en installant,
dans les dépendances du lycée, les collections de la
Société.
Renvoyé à l’examen du Gonseil d’administration.
17
Séance dn 7 Mars 1867.
Présidence de M. Malbranche.
La correspondance comprend :
lo Une lettre de la Société des Sciences historiques
et naturelles de Sémur (Côte-d’Or), qui annonce l’envoi
de son Bulletin ;
2® Une lettre de la Société d’ Archéologie, Sciences,
Arts et Belles-Lettres de la Mayenne, qui demande l’é¬
change du Bulletin (accepté) ;
3® Une lettre de TAcadémie du Gard, qui accepte
l’échange.
M. Blanche, retenu par une indisposition, envoie un
certain nombre d’échantillons du Mihora verna, P.
Beauv., trouvés dans les champs sablonneux, près les
Chartreux. Il exprime le désir que chaque fois qu’un
membre apportera ainsi quelques échantillons, ils
soient, autant que possible, assez nombreux pour pou¬
voir être distribués.
M. Pinchon présente une certaine quantité de laine,
offrant un certain état maladif, qui lui a été remise par
M. Paul Pion, d’Elbeuf, et lit une note à ce sujet.
MM. Lhomme et Mocquerys croient que cette laine
est de la laine d’agneau. ' .
t
M. le Président expose deux Jacinthes en fleur
I
plantées en terre, mais poussées à l’inverse l’une de
l’autre et l’une étant sous l’eau ; l’une et l’autre ont
poussé avec le même succès.
Une discussion s’engage sur ce singulierphénomène,
2
^ 18 —
MM. de Boutteville, Lhomme, Apvrille, Pinel, Bellen-
contre, Lemetteil, Bonnière-Néron, prennent tour à
tour la parole à ce sujet, et l’examen de cette curieuse
végétation est renvoyé à une commission composée de
MM. de Boutteville, Malbranche et Apvrille.
M. De Lérue offre à la Société un échantillon d’une
graminée, Holcus spicatus^ et lit une note à ce sujet.
M. Lemetteil lit un rapport sur trois oiseaux offerts
par M. Fairmaire, qui ont été renvoyés dans une séance
précédente à son examen : un Pic epeiche mâle, pré¬
sentant une déviation accidentelle considérable de la
mandibule supérieure, — un Pic leuconote atteint
d’éléphantiasis, — et une Mésange boréale présentant
une hypertrophie graisseuse.
M. Mocquerys fait une observation sur l’éléphan-
tiasis en général et dit qu’il est produit chez l'homme
par la piqûre d’un insecte appelé puce pénétrante.
L’ordre du jour appelle l'élection d’un trésorier en
remplacement de M. Muller démissionnaire.
M. Desha-ys ayant obtenu la majorité des suffrages
est proclamé trésorier.
Séance du 4 Avril 1867.
i , c •
Présidence de M. Malbranche.
La correspondance comprend :
1® Une lettre de la Société des Sciences physiques et
naturelles de Bordeaux, qui accepte l’échange des Bul¬
letins ;
2® Une lettre de la Zoologische Botanische Gesell-
schaft, Wien, qui accepte également l’échange des Bul-
- 19
letins, et annonce l’envoi d’un certain nombre de ses
publications ;
3° Une lettre de M. le Secrétaire de la Société bo¬
tanique de France, qui a le regret d’annoncer que le
Conseil d’administration n’a pas accepté la proposition
d’échange des Bulletins.
M. le Président annonce qu’une allocation de 400 fr.
a été accordée à la Société par le Conseil municipal.
M. le Président annonce la mort du colonel Debooz,
membre de la Société ; les membres s’associent aux
regrets de M. Malbranche. I
M. Leprou expose sur le bureau : du carbonate d'am¬
moniaque qui se trouve, disent les habitants du pays,
sous forme d’œufs d'oiseaux dans du guano provenant
des îles Chincha, au Pérou ;
Un bulbe de Jacinthe oublié dans un jardin et ayant
poussé la tête en bas, recouvert de terre, les racines
étant en haut.
M. Blanche expose les plantes suivantes ; Le Tlaspi
montanum^ trouvé en fleurs à Saint-Adrien ; — plu¬
sieurs primevères trouvées aux environs : Primula
grandiflora à fleurs de couleur soufrée , qui est le
type ; une autre variété rougeâtre que Vaillant a men¬
tionnée dans le Botanicon Parisiense ; — une troisième
variété rougeâtre, qui a paru moins commune, à fleurs
parfaitement blanches ; — une plante de Mibora^ trou- •
vée au Madrillet ; — le Tillœa muscosa trouvé dans les
sables de la forêt de Rouvray.
, M. Malbranche dépose un échantillon d’un parasite
végétal qui a poussé sur un résidu de graines oléagi¬
neuses exprimées; ce champignon est le Phycomtjces
nhe?i5 Montagne, de l’ordre des Mucédiiiées.
— 20
«
M. Lhomme lit quelques observations sur la végé¬
tation de certaines plantes et en particulier de la Ja¬
cinthe. Cette note est renvoyée à la Commission nom¬
mée dans une précédente séance pour des études sur
la culture de la Jacinthe.
M. Malbranclie donne lecture d’un mémoire relatif
à la pêche du corail et d’un article de M. E. Deslong-
champs sur une visite qu’il a faite aux corailleries fran¬
çaises du Cap-Couronne, sur le littoral de la Méditer¬
ranée (article inséré dans le Bulletin de la Société lin-
néennelde Normandie, 1864-65).
M. Malbranclie, après avoir étudié l’étymologie du
mot Corail, nous le montre prenant place successive¬
ment dans les trois règnes de la nature jusqu’en 1737,
époque où Peysonnel reconnut le premier la nature
animale de ce polype et signala cette découverte à
l’Académie des Sciences. Aujourd’hui le corail est class.é
dans l’ordre des alcyoniens, de la classe des polypes ;
il est formé d’une agrégation de polypes dont chacun
présente l’apparence d’une fleur blanche, étoilée, à huit
rayons ; ils secrétent une matière calcaire rouge qui, en
acquérant une extrême dureté , constitue le corail pro¬
prement dit ; sa belle couleur rouge est due à de l’oxyde
de fer et peut-être aussi à d’autres principes colorants
qui expliqueraient certaines variations dans la couleur
du corail et que les réactions chimiques du fer n’expli¬
quent pas.
Mêlé à d’autres polypiers, le corail n’a jamais été
rencontré à moins de 3 mètres, ni à plus de 300 de
profondeur ; il forme des touffes, des buissons qui ta¬
pissent les anfractuosités des rochers, croissant la tête
en bas à la manière des stalactites.
--- 21 —
Le corail se trouve en abondance dans la Méditer¬
ranée et la mer Rouge. Il n'est plus aujourd’hui qu’un
ornement recherché et ses propriétés médicinales sont
complètement oubliées.
M. Malbranche continue en donnant lecture du tra¬
vail de M. Deslongchamps. Dans ce travail intéressant,
M. Deslongchamps, après avoir exposé les anciens pro¬
cédés employés pour la pêche du corail, raconte les
avantages et les dangers du procédé actuellement en
usage.
Sont nommés membres de la Société :
MM. LefranCj Damiens (Francis), Valois (Félix),
JOUANNE.
Séance da 2 Mai 1867,
Présidence de M. Malbranghe.
La correspondance comprend :
R Une lettre de M. le Maire de la ville de Rouen,
par laquelle il informe M. le Président que M. le Séna¬
teur-Préfet a approuvé la délibération en date du
1 5 mars , en vertu de laquelle le Conseil municipal a
voté en faveur de la Société une subvention de 400 fr.;
2^ Une communication de M. Duhamel, de Camem¬
bert, sur un mode de reproduction d’une caryophyllée,
le Spergula nodosa, qu’il cultive depuis cinq ans.
M. Etienne expose une plante, Vaccinium myrtillus
L., dont les fruits, connus sous le nom de mourets, ont
une saveur acidulée qui les rend agréables au goût.
Il offre à la Société une collection de Mousses :
Hypnum rugosum^ H. scorpioïdes^ H. revolvcns^ H. corn-
mut,atum^ H. brevirostrwn, H. undulatum^ H» stellatum^
Tetraphis pellucida, Polytrichum piliferurriy P. juniper-
nium, Orthotrichum cupulatum, 0. pulchellum^Sphagnum
molluscum^ S. cuspidatum, Zygodonviridisslmum^ Splan-
chnum anguillaceum , Bryum undulatum , B. pseudo-
triguelrum, B. rosiratum, Dlphiseium foliosum, Fissidens
îaxifolius , F. bryoïdes , Funazia hibernica , Phascum
subulatum^ Grimmia rivularis, G. maritima, G. monlana^
Dicr'anella cerviculata, Lepîotrichum pallidum^ Bacomi-
trium microcarpon^ B. aciculare^ B» canescens.
M. Lacaille expose des plantes d'Helleborus viridis L.
et Chrysosplenium oppositifolium^ trouvés à Tancar-
ville, et une plante de Veronica montana L., trouvée à
Bolbec.
M. Gosselin expose et offre à la Société une pièce de
bois fossile, probablement un fragment de sapin trouvé
à la Haie-Malherbes, dans des terrains servant à l’ex-
ploitation de la terre glaise pour faire les poteries.
M. Gosselin complétera cette communication.
M. Lebreton offre à la Société une Géode, avec cris¬
taux de chaux carbonatée, trouvée aux environs de
Pacy-sur-Eure.
M. de Boutteville, au nom d’une commission nom¬
mée dans une des séances précédentes, donne lecture
d’un rapport très étendu sur les Jacinthes cultivées
. sous l’eau .
M. Lacaille lit un rapport sur le Bulletin de la So¬
ciété impériale d’ Acclimatation [ numéros de janvier
et février), renvoyé à son examen.^
M. le Rapporteur fait un court résumé des travaux
contenus dans cette publication, signale les efforts
V
— 23 —
soutenus et persévérants d’hommes dévoués à la
science, et appelle particulièrement l’attention des
membres de notre Société sur les articles suivants ;
Un travail de M. A; Touchard sur le Casoar ou Dro-
mée de la Nouvelle-Hollande ; une note de. M. Paul
Gervais, sur les Poissons de l’Algérie ; le Manuel de
l’éducation des Vers à soie dans le Homba de o Sion^
traduit par M. le D’^ Mourier; une note deM. Boissin,
sur les moyens pratiques d’éviter la maladie des
pommes de terre ; quelques observations de M. Ghatin
sur le Brome de Sch'rader, graminée d’introduction
récente; un rapport sur les troupeaux de Lamas et
d’Alpacas mis en cheptel par la Société d’Acclimata-
tion au Chalet d’Arguel, près Besançon, par M. de la
Bertoche, propriétaire dudit domaine ; le compte¬
rendu de M. Touchard sur le croisement du Faisan
versicolore avec le Faisan commun ; une note sur la
pêche au chalut et autres filets traînants, par M. H.
Hennequin; enfin différents comptes-rendus par
MM. Delidon, Personnel et Ghatin , sur une excursion
dans la commune de Marennes, l’éducation d’un nou¬
veau Bombyx et sur le pin noir d’Autriche.
M. le Président propose de fixer le lieu de l’excursion
annuelle réglementaire.
M. Ganel, au nom de M. Bonnin absent, propose une
excursion au Marais- Vernier, lieu très intéressant pour
la géologie, l’entomologie et la botanique. M. le Pré¬
sident désirerait que la Société linnéenne de Gaen
pût se joindre à nous pour cette excursion au Marais-
Vernier. Pour cette année elle a fixé son excursion
»
à Vire ; en conséquence,' M. le Président propose que
la nôtre* ait lieu à Forges-les-Eaux, au mois de juin.
/
— 24 —
Cette proposition, mise aux voix, est adoptée ; le jour
du jeudi est choisi et la date sera ultérieurement fixée.
Sont nommés membres de la Société :
MM. Le Ber, Jutet (de Lyon.)
Séance du 6 Juin 1867.
Présidence de M. M4lbranche.
La Correspondance comprend :
1° Une lettre circulaire de la Société botanique de
France, qui invite tous les botanistes français ou
étrangers à se réunir en Congrès international, à Paris,
^ du 16 au 23 août prochain, et prie la Société de dési¬
gner un délégué pour la représenter ;
La Société décide qu’un délégué sera nommé dans
la prochaine séance ;
2° Une lettre de M. le Président de la Société libre
J
d’Emulation de la Seine-Inférieure, invitant le Prési¬
dent de la Société des Amis des Sciences naturelles à
assister, avec une députation de la Compagnie, à la
séance publique du 2 juin 1867 ;
3® Une lettre de la Société malacologique de Bel¬
gique, qui, désirant établir des relations avec la Société
des Amis des Sciences naturelles, lui envoie ses pu¬
blications et demande l’échange ;
L’échange est accepté.
M. Etienne expose sur le bureau un Carcx depaupe-
rata Good. , trouvé aux portes de Louviers, le 19 mai
1867, dans la propriété de M. le comte Duhazet ; on
l’y rencontre abondamment mêlé au Carex sylvatica
i
— 25
Hiid., qui, lui aussi, se plaît dans les bois humides.
C’est la première fois que M. Etienne rencontre ce
Carex, signalé par M. de Brébisson comme très rare
en Normandie. On n’indique sa présence qu’à Bon-
port, près Pont-de-F Arche (Eure), où il a été découvert
par M. Blanche père, et où M. Étienne l’a cherché en
vain, et dans la forêt de Roumare, près Rouen, station
dans laquelle cette curieuse espèce n’a pas été retrou¬
vée par MM. Blanche et Malbranche, qui la marquent
d’un point de doute dans leur Catalogue des plantes de
la Seine-Inférieure.
La Société reçoit de M. Cottard deux plantes ma¬
rines : Laminaria digitata et Fucus serratus. i
• M. Malbranche, au nom de M. Lebarbier, expose
deux œufs de raies et lit la note suivante :
« Les œufs que je mets sous les yeux de la Société
m’ont été confiés par M. Lebarbier. Ils ont été trouvés
dans l’intérieur d’une raie débitée à FHospice-Géné-
ral. J’ai trouvé quelquefois à Fécamp, sur le rivage, de
ces œufs singuliers dont l’intérieur était vide. Leur
forme bizarre a fait longtemps méconnaître leur vraie
nature ; ils ont été regardés comme des productions
marines particulières et même décrits comme une es¬
pèce d’animal, mus marinus (le rat marin.) Disons tout
de suite que quelques peuples orientaux croient qu’en
respirant la fumée qui s’échappe de ces œufs, placés
sur des charbons ardens, on se guérit de la fièvre in¬
termittente.
« Comme vous pouvez le voir, ces œufs sont des es¬
pèces de poches carrées, formées d’une membrane forte
et demi transparente, assez semblables à un coussin,
ainsi que l’ont écrit Aristote et plusieurs auteurs, ter-
— 26
minées à chacun de leurs angles par des sortes de
cornes déliées, recourbées l’une vers Tautre.
a Mais une autre circonstance non moins singulière,
c’est que la plupart de ces œufs, et c’est le cas le plus
ordinaire, éclosent dans l’intérieur des organes de
la mère et les raies paraissent ainsi vivipares, comme
plusieurs reptiles.
« Le comte de Lacépède décrit avec détail toutes les-
circonstances de l’accouplement et de la multiplica¬
tion des raies. Ces œufs ne sont jamais en très grand
nombre dans le corps des femelles et s’y développent
successivement . Quelques-uns seulement sont fécondés
au moment de l’accouplement, achèvent ensuite de
grossir, et les fœtus rompent l’enveloppe de leur pri¬
son dans l’intérieur même de leur mère et parviennent
tout formés à la lumière.
O D’autres fois les coques non fécondées grossissent
promptement, pressent celles qui l’ont été et détermi¬
nent leur sortie avant celle des fœtus. »
M. le D*’ Levasseur lit un rapport sur un mémoire
extrait du Bulletin de la Société des Sciences phy¬
siques et naturelles de Bordeaux, relatif à la transfusion
du sang.
M. Deshays offre à la Société une série de cartons *
pour placer ses collections ; des remercîments lui sont
adressés.
Sont nommés membres de la Société : '
MM. Ed. DE l’Epine, Daufresne.
27
Séance du 4 Juillet 1868.
Présidence de M. Malbranche.
La correspondance comprend :
Une circulaire de M. le D' Fortin, d’Evreux, qui
demande que la Société vienne en aide ap. lycée
d’Evreux dans la formation d’un petit musée d’histoire
naturelle, en envoyant des collections de botanique,
zoologie, géologie, etc.
M. Etienne expose sur le bureau les plantes sui¬
vantes :
Sphagnvm acutifolium (Forges) , S. acutifolium
variété rubicundum (Forges), 5. obtusifolium (Forges),
Polytrichum formosum (Forges), Draseia roîundifolia
(Forges), Oxycoccas palustris (Forges), Carex cederi
(Forges), C. cœspitosa (Forges), Lisum verticillatuni
(Forges), Diphyscum foliosum (Saint - Gormain-de-
Pasquier), Hypnuni tamariscinum en fructification,
(forêt de La Londe) , Climacium dendroïdes (marais
de Saint - Germain - de - Pasquier), Crassula rubms
( Saint - Germain - de - Pasquier) , rare aux environs
d’Elbeuf.
t
. M. D. Bellencontre expose une plante, le Raphanus
caudatus^ et lit une note à ce sujet.
M. Ducoudré expose plusieurs plantes d'Hotcus spi-
catus^ dont un épi avait été envoyé à la Société. Les
graines ont parfaitement levé et la plante est en pleine
végétation. La graine , semée dans du terreau pur, en
plein soleil, en serre et sous cloche, a été arrosée avec
de l’eau bouillante^ et, trente-six heures’ après, toutes
les graines étaient levées.
\
I
~ 28 —
> M. Malbranche présente nn Mimosa offrant une ano¬
malie de dimorphisme et lit une note sur le Dimor¬
phisme, à propos de cette présentation.
On procède à la nomination des délégués demandés
par la Société botanique de France, pour le Congrès
international de Botanique, qui aura lieu à Paris, du
16 au 23 août prochain. MM. Blanche, Malbranche et
Bouteiller sont chargés de représenter la Société.
Sont nommés membres de la Société :
MM. Lefebvre, Rident, Beuzeron.
Séance du Août 1867.
Présidence de M. Malbranche.
La correspondance comprend ;
Une lettre de l’Académie de Rouen priant M. le Pré¬
sident d’assister, avec une députation, à la séance
publique du mercredi 7 août; ^
M. de Boutteville expose sur le bureau une collec¬
tion de plantes venant des montagnes du Mont-Dore :
Trifolium alpinum, Epilobium sylvaticwn, Gentiana
lutea, Usnea florida^ Lycopodium pelago^ venant du pic
de Sancy, Bryum alpmum, Dematum capillaceum, et le
/ Anyctangium-Mongeotii en fructification, plante assez
rare qui n’a été trouvée jusqu’à présent, en France,
que sur la grande cascade du Mont-Dore.
M. Malbranche expose des plantes venant de l’ex¬
cursion de Forges : Cladonia phyllocephala cornucopiodes
Sch., C. gracilis vespera y Philonotis fontana Sch., Leda
ericetorum Ror., Potamageton natans y var. prolixa.
29
M. Etienne expose plusieurs Mousses trouvées aux
environs d’Blbeuf: Leptobryum pyri forme, Hypnum alo-
pecurum , H. cor di folium en fructification , trouvée
dans une mare de la foret de LaLonde. Cette mousse
est rarement en fructification. — Hypnum aduncum
var. tenua Vils., marais de Saint-Germain-de-Pas-
quier. — Campylopus torfaceus Scli., trouvée dans la
mare d’un bois près d’Elbeuf. — Sphagnum squarro-
trouvée à Forges.
M. Lacaille, au nom de M. Fairmaire, offre plusieurs
échantillons de zoophites et crustacés, provenant des
mers de l’Inde, etc.
M. Lemetteil expose un oiseau du genre Bruant et
un œuf de la poule d’eau Bâillon [Gallinula Baillonii
Temm.) , et lit une note à ce sujet; ensuite M. Lemetteil
donne lecture du troisième ordre de sa classification
des oiseaux. . •
M. Gosselin présente des animalcules et des larves
de cousins à diverses époques de développement avec
des cousins éclos.
M. Malbranche donne lecture d’un rapport sur l’excur¬
sion de Forges (partie botanique), et M. Ducoudré donne
»
oralement quelques détails sur la partie entomologique.
Les entomologistes ont trouvé environ 50 espèces,
dont 12 rares et 3 nouvelles. Ils se proposent d’y re¬
tourner prochainement pour explorer, de nouveau, les
terrains qu’ils connaissent déjà et c’est alors seulement,
qu'ils pourront présenter un rapport complet.
Sont nommés membres de la Société :
MM. Boutigny, Albert Marguery, Paul Marguery,
Barbier-Monteault, René Martin, Marque.
r
Séance du 5 Septembre 1867.
Présidence de M. Malbranche,
M. le Président annonce que le Conseil général a
bien voulu accorder à la Société, pour l’année 1868,
une allocation de 500 fr.
M. Lacaille expose un flacon contenant un champi¬
gnon singulier, trouvé à plus d’un pied de profondeur
«
sur le pied d’un orme que l’on abattait; il est ren¬
voyé à l'examen de M. Blanche; on le considéré
comme le Pesiza setosa ?
' M. Lacaille expose, en .outre, le Batrachospermum
moniliformc^ petite algue que l’on rencontre dans les
courants d’eau douce. Il a pu, à l’aide du microscope,
constater dans les ramifications de cette algue la gi¬
ration de la sève.
M. le Bouteiller offre à la Société trois échan-
tillons de zoophites indéterminés. '
M. Etienne expose et offre à la Société une série de
Mousses du département : Fissidens bryoïdes (Elbeufj,
Bryum capillare (Elbeuf), Fùsidens adiantoides (Elbeuf),
Dicranella cerviculata (Forges) , Hypnum riparium^ (Bec-
Thomas), Ornulia incomanoides (Bec-Thomas).
Il expose en outre : Un Ericacinerea à fleurs blanches
[forêt de LaLonde). — Un Brunedla laciniata^ à fleurs
jaunes blanches et roses (Vraiville, Eure).
M. Malbranche expose une plante composée prove-
venant d’une graine oléifère connue à Rouen sous le
nom de Niger. Cette plante a crû dans un jardin des en¬
virons de Rouen. C’est le Guizotia oleifera.
31
Il expose, en outre un iclmeumon avec son nid.
M. Gosselin fait un rapport verbal sur le Bulletin de^
la Société des Sciences naturelles de Brême. On y re¬
marque, entre autres mémoires, la nomenclature sup¬
plémentaire des plantes du rayon de Brême.
M. Etienne, en consultant cette liste, a constaté que
toutes les plantes des environs de Brême sont à peu
près les mêmes que celles des environs de Rouen.
M. de Boutteville demande la parole pour une com¬
munication qui, bien que plus particulièrement du
ressort de l’archéologie, se rapporte cependant à la mi¬
néralogie et à l’exploitation des mines. L’un de ses ne¬
veux, M. Emile Ghesnée, ingénieur des mines, qui di¬
rige en ce moment l’exploitation des mines de cuivre
deTharsis, province de Huelva, en Espagne, se pro¬
posait de présenter à la Compagnie une série d'échan¬
tillons minéralogiques, recueillis dans ces mines et aux
environs, mais le retard éprouvé par le bateau qui
transporte ses collections le forcera à quitter la France
avant d’avoir pu faire cette présentation. En l’absence
de M. E. Ghesnée, M. de Boutteville se borne à signaler
à la Compagnie une curieuse découverte archéologique
faite dans le courant de l’année dernière. Les mines de
cuivre de Tharsis et d’autres encore aux environs ont
été exploitées sur une grande échelle par les Romains.
Cinq millions de mètres cubes de scories témoignent de
l’étendue de cette exploitation à Tharsis seulement, et
la masse de ces résidus est encore plus considérable sur
le terrain d’une autre mine des environs. Or,il estarrivé
qu’une galerie moderne a mis à jour une ancienne ga¬
lerie romaine dans laquelle on a constaté la présence
de bois de soutènement encore en place et des engins
I
32
qui servaient aux Romains pour Tépuisement de l’eau.
Ceux-ci consistent en roues de quatre mètres portant,
en dehors de leur circonférence, des palettes sur les¬
quelles un homme placé à la hauteur de leur centre po¬
sait les pieds de manière à faire mouvoir la machine par
son propre poids. Cet homme maintenait son équilibre
et diminuait jusqu’à un certain point sa fatigue en se
tenant des deuxmains aux extrémités d’une corde posée
par dessus une poutre placée au dessus de sa tête.
Les godets qui puisaient l’eau étaient placés à l’in¬
térieur de la circonférence de la roue, par conséquent
plus près de son centre que les palettes sur lesquelles
l’homme appuyait ses pieds.
Les jantes qui partaient du centre vers la circonfé¬
rence des roues étaient assez fortement inclinées pour
que l’eau se déversât naturellement au dehors, lorsque,
par suite du mouvement de rotation, les godets arri¬
vaient à la partie supérieure.
Ces appareils étaient au nombre de quatre : deux pui¬
saient l’eau dans un bassin inférieur pour la déverser
dans un second bassin, d’où deux autres roues la pre¬
naient pour la rejeter au dehors de l’excavation de la
mine.
Il n’entre dans la confection de ces engins rien autre
chose que du bois de sapin, de l’espèce que produisent
les forêts environnantes. Tous les métaux en sont ex¬
clus, par la bonne raison qu’ils ne peuvent être uti¬
lisés pour l’extraction d’eaux fortement imprégnées de
sulfate de cuivre. Ils sont d’ailleurs fabriqués avec
beaucoup d’art et d’une grande légèreté.
Leur conservation est certainement due à leur impré¬
gnation par le sulfate de cuivre et à leur enfouissement
f
33 ~
sous les débris qui les ont mis pendant tant de siècles,
à l’abri des influences atmosphériques.
M. Roustel présente et offre à la Société des échan¬
tillons de Tourbes et Lignites pyriteux de Forges-les-
Eaux, exploités pour la fabrication du sulfate de fer, et
un échantillon de ce dernier sel. Il offre en outre un
compost employé à Forges pour le vernissage des po¬
teries .
A l’époque de l’excursion à Forges, on a rapporté des .
os que M. Pouchet considère comme des os d’aurochs.
ê
Sont nommés membres de la Société :
%
MM. Albert Guetté de Palluel, l’abbé Hue.
—
Séance du 3 Octobre 1857.
Présidence de M. Malbranche.
La Correspondance comprend :
1° Une lettre de M, Ducoudré, qui, nommé censeur
des études au lycée impérial de Limoges, se voit obligé
de donner sa démission de Secrétaire- Archiviste, màis
reste attaché à la Société ;
2° Une lettre de M. le Secrétaire de la Société des
Sciences naturelles de Strasbourg, annonçant que
cette Société accepte la proposition d'échange des pu¬
blications de la Société ;
3“ Une lettre de M. Bonnin, qui, n’ayant pu se ren¬
dre à Rouen, annonce pour la prochaine séance la lec¬
ture d’un travail sur l'analyse chimique des eaux des
rivières du département de l'Eure.
M. Etienne expose, au nom de M. Goquerel, les
3
t
- 34 —
Cryptogames suivants : Jangermania multifida^ Linné.
Cette plante croit sur la terre argileuse, le long des
banques des fossés humides. Elle est très rare. — Junger-
mania blasia? Kooker^ Blasia- pusilla^ Linné. M, Co-
querel n’est pas sûr que ce soit le Blasia , le temps lui
a manqué pour l’étudier. Il se trouve avec le suivant ;
quelquefois le talle de l’une se trouve mêlé avec celui de
l’autre. — Anthoceroslœvis^ Linné. Ces deux dernières se
trouvent assez communément dans les localités où
Feau séjourne.
On trouve ces plantes à Bec-Thomas (Eure).
M. Etienne expose et offre en son propre nom :
Serratula' tinctoria à fleurs blanches, très commune
sur les coteaux d’Orival. — Boletus luridus, champignon
trouvé aux environs d’Elbeuf, au pied d’un arbre. .
M. Lacaille expose ; Rhytisma acerinum, champignon
parasite sur les feuilles de l’érable sycomore, trouvé à
Tancarville.
MM. Étienne et Lacaille offrent à la Société un petit
polypier des environs de Fécamp.
M. Malbranche expose : Filago iodolepîs, de Brébis-
son , variété dilatata, trouvé à Sotteville, plante recon¬
nue comme nouvelle par M. de Brébisson.
M. Lhomme expose et offre à la Société des astéries
ou étoiles de mer, et lit une note à ce sujet.
M. Lemetteil continue la lecture de son Catalogue
raisonné des Oiseaux de la Seine-Inférieure.
M. Malbranche donne lecture du compte-rendu du
Congrès botanique tenu à Paris du 16 au 18 août
1867, auquel il a assisté comme délégué de la Société.
35 —
Séance du 7 Novembre 1867.
PRÉSIDENCÈ DÉ M. MaLBBANCHE.
La Correspondance comprend : *
1® Une lettre de M. le Secrétaire de la Société impé¬
riale et centrale d’Horticulture de la Seine-Inférieure,
’ adressant les remercîments de cette Société pourTen-
voi du Bulletin de 1 867 ;
2** Une lettre de M. le Président de la Société d’E-
mulatiou, du Commerce et de l’Industrie de la Seine-
Inférieure, invitant M. le Président à assister, avec une
députation de la Compagnie^ à la séance d’ouverture
des cours publics ;
3® Une lettre annonçant la mort d’un membre de la
Société, M. Chefdeville, notaire à Evreux ;
4° Une lettre de M. Duhamel , relative à l'observa¬
tion, faite àVimoutiers, de l’apparition d’une quantité
de vers imitant les filaires ou dragonneaux. La semaine
dernière un amateur a constaté de nouveau, dans son
jardin, la présence de trois ou quatre de ces vers sur
chacune des feuilles d’un merisier; on en a cherché
inutilement sur un poirier voisin, sur un groseiller et
même sur un coudrier. Tous les merisiers du quartier
en ont présenté. M. Duhamel en a trouvé depuis sur
un pommier, un peuplier, un prunier, un arbre de
Sainte-Lucie. M. Duhamel se demande s’il faut croire
à une pluie de ces vers, et si leur présence sur certaines
feuilles ne tiendrait pas à la forme légèrement en na¬
celle de celles-ci et à leur surface un peu visqueuse
qui les aurait retenus. Il envoie un spécimen de ces
36
vers et demande que la question soit soumise à la
Société.
Au sujet de l’envoi de M. Duhamel, M. Blanche rap¬
pelle que les ülaires dont il s’agit, c[uoique filiformes,
redressent quelquefois dans une grande étendue la
partie inférieure 'de leur corps, ainsi que cela résulte
d’une observation de M. Jubert, ancien préparateur
des cours de chimie à l’Ecole de médecine. M. Ducou-
dré avait déjà, l’année dernière, observé une filaire ana¬
logue sortant du corps d’un hanneton. La question
est renvoyée à M. Glouet.
M. de Boutteville ofîre à la Société des échantillons
des roches de Tharsis ;
Roche chloritée diori tique formant la superficie de
la mine. — Roche avec pyrite de fer signalant l’approche
des minerais de cuivre ordinaire. — Mines très riches.
— Schiste avec cuivre natif. Ce cuivre natif à pu être re¬
produit artificiellement par M. Em. Ghesnée, en fai¬
sant couler pendant plusieurs mois de l’eau imprégnée
de sels de cuivre sur des pyrites de fer. — Stalactites de
carbonate de cuivre bleu. — Minerais de manganèse.
— Echantillons d’Asheste de la province de Huelva. —
Fragments de scories ferrugineuses provenant du trai¬
tement du cuivre par les Romains. On en trouve 5 ou
6 millions de mètres cubes dans les mines de Tharsis et
plus encore dans une mine voisine. Les minerais ont
été complètement épuisés, autant au moins qu’on
pourrait le faire aujourd’hui.
Les Romains exploitaient aussi l’antimoine à Santa-
Barbara, dans la province de Iluelva.
M. de Boutteville offre un morceau d’antimoine très
pur, de cette provenance.
37
Il présente, en outre, les plans des mines et des
anciens travaux romains retrouvés par M. Em. Glies-
née, avec l’indication des roues.
M. Etienne expose et offre des Mousses de Norman¬
die, dont la liste suit. Il se propose de continuer cette
collection :
Nechera crispa ; — Eury nchium prœlongum ; — ■ E. Ion-
girostre; — Thuidium tamariscmum ; — Hypnum purum ;
— H. cordifolium ; — H. rugosum ; ~ H. cuspidaturn ; —
Amhlystegium serpens; — Thamnium alopecurum ; ‘ — Hy-
locomium triqu^trum ; — Sphagnum cymbifolium ; — S.
sqiiarrosum ; — S. acutifolium, variété ruhicundum ; —
Aulacormnium palustre; — Mnium punctatum ; — Lepio-
bryum py ri forme ; — Leptotrichum pallidum ; — Leuco-
bryum glaucum ; — Dicranum scoparium \ — Z), undula-
tum; — Dicranella cerviculata; — Orthotrichum sturmii ;
Encalypta vulgaris ; — Bartramia pomiformis ; — Pty-
Gomiti'ium polyphyllum ; — P. pilife^mm ; — Diphyscium
foliosum ; — FontinaUs antipyretica.
]\I. Etienne expose en outre : Agaricus alliaceus^
Bulliard ; parasite trouvé sur des feuilleS|mortes dans
la forêt de La Londe , ce champignon répand une
odeur d’ail très caractérisée. Il est commun. — Leuco-
!
bryura glaucum^ Sch.'; en fructification, forêt de La
Londe (3 novembre 1867). — Aîitlioceros punctatus (?;,
trouvé dans un chemin creux humide, dans un bois,
près de Caudehec-lès-Elbeuf. — Sphœrocarpvs filiformis,
Bulliard ; parasite sur le Dicranum suparium ^ forêt de
La Londe. — Dicranum glaucum, en fructification, à
talle pinnatifide profondément divisé.
Il expose J en outre , des Ablettes péchées à El- v
beuf. On sait que l’écaille de ce poisson est em-
*
38
ployée à fabriquer l’essence d’Orient , pour les perles
'fausses.
M. Lhomme expose des tiges de Hieratium piquées
par des Gynips. M. Mocquerys fait observer que la pré¬
sence des Gynips, qui sont carnassières, démontre la
présence de larves de quelque autre insecte.
M. Malbranche expose un Lichen noiiveau dans la
Seine-Inférieure, le Normandina jungermaniœ, et un
champignon de la forêt de La Londe : Polyporus betu-
linus.
M. Malbranche achève la lecture de, son rapport sur
le Gongrès botanique international. Il donne ensuite
lecture d’un Mémoire sur les Genres en botanique ,
présenté par lui au Gongrès international.
♦
Séance du 5 Décembre 1867.
Présidence de M. Malbranche.
La correspondance comprend :
1° Une lettre de M. Président de la Société ornitho¬
logique suisse, à Genève, qui annonce l’acceptation,
par cette Gompagnie, de l’échange des publications et
annonce l’envoi de deux Bulletins formant la première
et la deuxième partie du premier volume;
Une lettre de M. le Ministre de l’Instruction pu¬
blique et des Gultes faisant connaître que l’épuisement
des crédits ne permet pas, pour cette année, de faire
droit à une demande de subvention.
M. Etienne expose une petite fougère, Ceterach offi-
cinarum^ Doradille, recueillie sur le mur du cimetière
— so¬
dé Guy-Saint'Fiacre , près Gournay-en>Bray. Cette'
fougère est rare dans la Seine -Inférieure.
Il expose, en outre, des noix provenant d’un Juglans
ordinaire, mais qui présentent une forme particulière.
Une dizaine offraient cette particularité. Les autres
avaient la forme ordinaire.
M. Gosselin expose et offre à la Société des ossements
fossiles provenant des sables de Gaudebec. Ils ont été
recueillis dans un monticule formé des débris de l’oc¬
cupation romaine, appelé la Fosse-aux- Moules ; on y
reconnaît des ossements calcinés, des cendres et des
monnaies, on y trouve aussi des coquilles de mollus¬
ques, les uns fluviatiles, les autres marins [Cardium
edulis) qui paraissent avoir été employés comme nour¬
riture par les habitants de cette époque reculée.
Les dents provenant de cette exposition sont ren¬
voyées à Texamen deM. Mocquerys père.
M. Malbranche expose des pieds de maïs offrant des
épis mâles qui ont produit des graines.
L’ordre du jour appelle les élections du Bureau et du
Conseil d’administration.
Une longue et vive discussion s’élève au sujet de la
convenance du maintien du vote par correspondance.
Plusieurs membres déclarent devoir s’abstenir parce
qu ils ne peuvent accepter ce mode de vote prescrit par
les statuts.
On procède au vote.
Sont nommés :
Président, MM. Emmanuel Blanche.
Vice-Présidents, Harlé et Maî.branche.
Secrétaire, F -F. Hébert ,
Secrétaire- Archiviste, Jules Adeline.
Trésorier, Léon Deshays.
40
Membres du Conseil d’Administration :
MM. Roustel , DE Boutteville, de la Londe du
Thil et D' Bouteiller.
f
' - 9 ^
Séance extraordinaire du 29 Décembre 1867.
Présidence de M. Malbranche.
*
La correspondance comprend :
Une lettre de M. le Président de FAcadémie de
Maine-et-Loire réclamant l’envoi du Bulletin. — Ren¬
voyé au trésorier.
M. Etienne expose un Jungermania Epiphylla ? trouvé
à Saint- Adrien, au bord du Becquet.
M. Malbranche expose des échantillons de Diatomées
offerts par M. de Brèbisson, au nombre de 50 espèces,
et lit, à ce sujet, la note suivante :
« Le nom de Diatomée vient de dia, en travers, et
tomaios, coupé, il sert à désigner des êtres microsco¬
piques ayant les formes les plus variées, et qui malgré
leur petitesse, jouent un rôle important dans la nature.
Ce sont de petits corpuscules prismatiques et rectangu¬
laires, nus ou renfermés dans un tube gélatineux, simple
ou rameux, isolés ou réunis en filaments, libres ou atta¬
chés à des corps étrangers, munis d’une enveloppe (cui¬
rasse ou carapace) de nature siliceuse, diaphane, fragile,
renfermant unematière muqueuse de couleur fauve ou
jaunâtre. Cette carapace, qui est de la silice pure, peut
être soumise à un feu violent et bouillir avec l’acide
nitrique sans éprouver la moindre altération. C’est
même là un des procédés que les collectionneurs em¬
ploient pour isoler les Diatomées des corps étrangers
41
auxquelles elles sont associées. M. Erheuberg, le pre¬
mier, a fait voir que les matières employées dans les arts
sous le nom de tripoli sont presque entièrement com¬
posées par les enveloppes de Diatomées, conservées sans
aucune altération.
« Le nombre des êtres microscopiques de cette famille
qui existaient à l’époque delà formation des tripolis a
dû être immense, puisque l’on a calculé qu’un pouce
cube de ces substances, de la terre à partir de Bilin, en
Bohême, par exemple, devait contenir, terme moyen,
41 millions d’individus. De nos jours leur nombre
est encore considérable ; il existe aux environs de
Berlin un sol argileux tellement imprégné de ces êtres
vivants, qu’il conserve une mobilité telle, qu’on ne peut
établir dessus aucune construction solide. En revanche,
ces terres pétries donnent par la cuisson des briques
excellentes et d’une telle légèreté qu’elles peuvent
nager sur l’eau.
« Les Diatomées habitent les eaux douces et la mer.
La particularité la plus remarquable de leur organi¬
sation est leur mode de reproduction. Outre la multi¬
plication- par spores, elles sont susceptibles de se di¬
viser d’après une ligne ou strie qui s’établit dans le
sens de leur longueur, et il se forme ainsi deux êtres
semblables au premier, par un phénomène qu’on a
appelé déduplication.
Les Dumidiées, que quelques auteurs avaient réu¬
nies aux Diatomées, s’en distinguentpar plusieurs carac¬
tères importants : leur enveloppe, qui n’est point sili¬
ceuse, l’envachrome vert qu’elle renferme, leur mode de
multiplication jamais longitudinal, l’analyse chimique,
l’absence de mouvement reptatoire ; tout montre chez
4
elles une nature végétale plus accentuée, et leur place
est bien indiquée à la suite des Conjuguées.
« L’article du dictionnaire de d’Orbigny dont j’ai ex¬
trait ces quelques documents a dans celte circonstance
un intérêt plus particulier, c’est qu’il a été écrit par
M. de Brébisson. Il y a de cela vingt ans; notre savant
compatriote aurait aujourd’hui beaucoup à y ajouter;
il a fait faire un pas immense à cette étude. Sa collec¬
tion compte aujourd’hui plus de 2,000 individus,
tous décrits et dessinés, qui n’attendent qu’un éditeur
assez hardi pour doter le monde savant d’un impor¬
tant travail qui renferme beaucoup de documents nou¬
veaux.
« Dans ce temps là, M. de Brébisson hésitait encore à
proclamer la nature animale des Diatomées ; aujour¬
d’hui il admet pleinement leur animalité. »
Desremercîments seront adressés à M. de Brébisson.
M. Beuzeron expose une Mygale connue sous le nom
de Mygale Leblond , trouvée dans la cale d’un navire
chargé de bois de Gam pêche.
M. Lemetteil donne lecture d’un rapport sur le Bul¬
letin de la Société linnéenne de Maine-et-Loire (Partie
ornithologique).
M. Etienne lit un rapport sur une petite brochure de
M. V. Chatel, ayant pour titre : De la Maladie delà
Vigne ^ et sur le numéro de février des Annales des
Sciences naturelles,
M. Lacaille donne lecture d’un compte-rendu du
Bulletin de la Société des Sciences et Arts de Vitry-le-
Français , des Annales des Sciences naturelles et de la
Société linnéenne de Maine -et-Loire,
M. Malbranche lit ensuite l’introduction à la se-
— 43
4
conde partie de ses études sur les Lichens de Norman¬
die.
Le Secrétaire donne lecture d’un mémoire de M. Ché-
reL (d’Evreux ) sur V Ordre des dépôts diluviens de la
vallée de l’îton, en amont d’Evreux.
Il est ensuite donné lecture d’un mémoire de M. GafFm
sur VEtage Turonien de d’Orhigny, suite de ses excur-.
sions géologiques aux environs d’Evreux.
Est nommé membre de la Société :
M. Ghérel (d’Evreux).
MPPOilT
SUR LE
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ
DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES
DE BORDEAUX
( 1866 )
!
Par M. le m
. Séance du 6 Juin 1867.
Messieurs,
Le mémoire de la Société des Sciences physiques
et naturelles de Bordeaux, dont M. le Président m’a
chargé de vous rendre compte, contient plusieurs no¬
tices biographiques concernant d’honorables savants
dont la notabilité bien reconnue dans le pays qui les a
vus naître ou qui les a vus s’illustrer, n’est arrivée jus¬
qu’à nous que par un effet de la répétition des échos
académiques.
Ces notices, qui s’annoncent hautement et franche¬
ment sous le titre d'Eloges^ ne manquent, il est vrai, ni
d’intérêt, ni sans doute de vérité, mais ne sauraient
occuper longtemps votre attention à raison de l’éloi¬
gnement du théâtre où se sont accomplis les faits que
nous racontent les panégyristes. J’ai donc pensé devoir
45
arriver promptement aux travaux d’un intérêt plus
général que j’ai trouvés dans la' publication de la So¬
ciété savante de Bordeaux.
M. le Dr Oré, professeur de physiologie à l’École de
médecine de cette ville, s’est livré à de nouvelles
« Recherches sur la transfusion du sang. »
' On sait que la transfusion est une opération chirur¬
gicale qui a pour but de faire passer le sang d’un sujet
vivant dans le système circulatoire d’un autre sujet
dont l’état anémique compromet la vie d’une manière
imminente et prochaine.
C’était une idée si rationnelle que d’employer un
sang pur, jeune, tout plein d’énergie vitale, dans l’es¬
poir de réinstaller les conditions premières de la vie
toute prête à quitter un être épuisé par la maladie ou
la vieillesse, que, l’imagination aidant, on rêva d’avoir
retrouvé le vieux secret que la mythologie a gardé,
I
et pour cause, le secret de rajeunir, sans être obligé
de vendre son âme à Belzébuth, comme le Faust de
Gœthe et comme tant de gens que leur imbécillité, la
peur de la mort, et l’amour du merveilleux ont rendus
tributaires, au moyen-âge, des sorciers, des charlatans,
et malheureusement aussi des tribunaux de l’Inquisi¬
tion.
La désillusion arriva vite sur ce point, mais les in¬
venteurs de la transfusion espérèrent au moins en
pouvoir tirer parti pour guérir.
La première expérience sur l’homme, — car elle
avait été pratiquée antérieurement sur des animaux —
fut faite sur un jeune garçon de quinze ans, convalescent
d’une maladie qu’on appelait autrefois fièvre putride,
. et que les médecins du temps avaient traitée par des
f
46
saignées multipliées. On trouva tout naturel de resti¬
tuer en meilleure qualité ce qui avait été enlevé par
le premier traitement. On avait enlevé du sang au
malade pour le guérir, on lui en restitua pour arriver
au même résultat.
Ce fut un ancien professeur de philosophie et de
mathématiques, devenu plus tard médecin du roi» qui
osa le premier pratiquer la transfusion dans les cir¬
constances que j’ai mentionnées. Denis — c’est le nom
de l’opérateur — transfusa donc chez le jeune garçon
près de 500 gr. du sang d’un agneau, et assure que le
malade se releva « parfaitement guéri, ayant le corps
léger, l’esprit gai et la mémoire bonne . »
Dans un temps où les doctrines médicales étaient
édiûées avec les humeurs peccantes, les fuliginosités,
l'atrabile, l’humide radical et autres vocables de la
terminologie des Diafoirus du xvii® siècle, où les rai¬
sonnements les plus bizarres, pour ne pas dire les
plus absurdes, trouvaient leur place et justifiaient les
pratiques les plus grotesques, on admettait volontiers
que le sang d’un jeune animal, doux et bénin, comme
le veau, par exemple, devait tempérer les ardeurs d’un
homme chez lequel la folie produisait des agitations
morbides. Quelques onces de sang supposé tumultueux
furent enlevées à un pauvre fou et remplacées par
une quantité plus considérable du sang tiré d’un veau.
■ Denis assure qu’ après l’opération le malade se trouva
'mieux et se montra prodigue de tendres manifesta¬
tions envers sa femme, contre laquelle il était autre¬
fois particulièrement déchaîné.
Il est assez difficile d’éclaircir comment ce redou¬
blement d’affection conjugale put inspirer à l’épouse
la pensée d’empoisonner son mari, mais Denis expli¬
qua par un crime la mort qui frappa le pauvre fou lors
d’une troisième opération de transfusion faite en vue
de consolider la guérison.
Cette opération fut, après quelques autres que je
n’ai pas mentionnées pour abréger, la dernière qui '
fut faite à Paris dans le xvii® siècle.
Déjà, en effet, la cour et la ville avaient pris fait et
cause pour ou contre la transfusion-. Un certain 'La-
martinière avait ameuté bon nombre de personnes
recrutées parmi les savants, les gens d’église , les
femmes et jusque dans la foule, répandant plus d’in¬
jures que de raisons contre la nouvelle opération et ses
défenseurs.
La justice intervint, et le Châtelet, après les débats
que suscita l’histoire du fou, rendit une sentence qui
défendait la transfusion, à moins d’avoir été approuvée
par les médecins de la Faculté de Paris, lesquels ayant
déjà protesté contre la découverte de la circulation,
contre l’usage de l’émétique, qu’ils étaient parvenus à
faire défendre par arrêt du Parlement, se gardèrent
bien de contrevenir à leurs habitudes d’opposants.
Ce fut plus tard que la transfusion fut reprise par
Blundell , Dieffeinbach, en Allemagne, et principale¬
ment en France, par Magendie et Longet.
De nos jours, la transfusion ne se pratique plus que
dans les cas d’anémie, suite de traumatisme ou de
pertes utérines, principalement après l’accouchement.
On l’a cependant essayée dans la dernière période du
choléra, et malheureusement sans beaucoup de succès.
Tel est, fort abrégé, l’iiistorique de la transfusion,
que nous avons essayé de rétablir pour combler une la-
48
curie qu’il nous eût été plus facile de faire disparaître,
si nous eussions pu obtenir le travail que M. le D'' Oré
a publié avec détails, en 1863, dans le recueil des mé¬
moires de la Société des Sciences physiques et natu¬
relles de Bordeaux, et que nous n’avons pu nous pro¬
curer. *
Dans la partie du mémoire dont l’analyse nous û été
confiée, M. le D'' Oré s’est occupé des appareils em¬
ployés à diverses époques pour pratiquer la transfu¬
sion du' sang ; il a ensuite exposé ses expériences
propres et enfin donné, dans une deuxième partie, ses
appréciations sur le rôle que joue la fibrine dans la
transfusion.
Le mécanisme des divers appareils dont on s’est
servi pour pratiquer la transfusion n’est compréhen¬
sible que si des figures s’ajoutent à la description pour
la compléter. Les planches qui sont annoncées dans le
travail de M. Oré manquent absolument , et l’im¬
primeur n’a réservé ses faveurs que pour figurer les
instruments dont M. Oré se sertpour pratiquer la trans¬
fusion -, il nous suffit de savoir que les perfectionne¬
ments apportés au mécanisme de l’opération s’adres¬
sent aux instruments qui permettent la transfusion
immédiate, c’est-à-dire celle qui se fait sans inter¬
ruption de la circulation. C’est le mode que préfère
M. le Oré à la transfusion médiate, celle qui con¬
siste, comme on sait, à recevoir dans un vase le sang
d’un homme ou d’un animal, pour le faire passer en¬
suite dans le torrent circulatoire d’un autre individu.
Les expériences de M. Oré ont pour but de répondre
à une série de questions qu’il s’est posées lui-même.
Était-il bien nécessaire de se mettre en frais d’ex-
périmentation pour savoir s’il est possible, comme il
se l’est demandé , de rendre la vie à un animal rendu
exsangue, en faisant pénétrer dans ses vaisseaux du
sang prisa un autre animal? — La réponse n'était-
elle pas faite d’avance après les expériences de Dief-
fenbach, Bischolf, Magendie, Longet? — M. Oré a
néanmoins voulu confirmer lui -même l’affirmative
déjà donnée à [cette question ; il a répété également
celles qui ont été faites pour connaître la valeur du
sérum et des globules injectés séparément , et est
arrivé à conclure que le sérum seul ne peut ranimer
l’animal épuisé, tandis qu’on y parvient avec la trans¬
fusion des seuls globules.
Sur ces questions il est du même avis que tous ceux
qui se sont occupés de transfusion dans les époques
antérieures. Il cesse d’être d’accord avec quelques-uns
sur d’autres points.
Contrairement à l’opinion de Dieffenbach qui préfère
la transfusion médiate à la transfusion immédiate, il
opte pour la seconde. Ses expériences ne lui ont jamais
permis de constater la permanence à l’état liquide du sang
reçu dans un vase au-delà de quelques instants,' tandis
que Blundell parle de cette opération 'continuée pendant
vingt-quatre minutes, le même sang ayant passé plu¬
sieurs fois par les instruments, tandis que Diefienbach
est arrivé à penser que le sang conserve sa propriété
revivifiante, même après une durée de trois heures.
Dans certaines espèces animales, la transfusion mé¬
diate trouve un nouvel obstacle dans la disposition du
sang à se coaguler dès qu’il est sorti du vaisseau , et
c’est ce que l’on observe pour les chiens, les lapins, les
chats, les poules et le scanards.
4
50
11 est pourtant certains moyens d’obvier à cette exces¬
sive rapidité de la coagulation du sang : ces moyens
consistent à éviter le contact de l’air et à refroidir le
liquide.
Pour obtenir le premier résultat, c’est-à-dire pour
éviter le contact de l’air, M.- Oré a construit des appa¬
reils à la fois simples et ingénieux, et pour constater le
second, il a pratiqué la transfusion tantôt en opérant
selon la méthode médiate à des températures basses,
ou bien en plongeant les appareils dont il se sert pour
agir immédiatement dans des mélanges réfrigérants,
et il a pu conserver liquide et propre à la transfusion
pendant dix minutes, un quart d’iieure et même vingt
minutes, du sang qui se fût coagulé à l’air libre et’à la
température ordinaire en quelques instants.
La réfrigération semble donc un moyen heureuse¬
ment employé par M. Oré pour remédier à cet incon¬
vénient de la coagulation trop rapide du sang.
La défibrination, qui avait été autrefois essayée avec
des résultats presque toujours funestes, a également
réussi dans les mains de M. Oré. Le succès tient-il à
ce qu il a toujours pris soin de filtrer le liquide après
la défibrination? — On ne saurait le dire , la filtration
ayant été quelquefois aussi employée par les anciens
expérimentateurs. Ce qu il y a de certain , c’est que
M. Oré , sur dix expériences, a vu sept fois l’animal
quasi expirant ramené à la vie par une injection de sang
défibriné.
Ces résultats nous semblent plus concluants que les
faits de pathologie médicale cités par M. Oré pour dé¬
montrer l’utilité de la transfusion au moyen du sang
défibriné.
I
-..'51 ---
M. Oré nous livre en effet l’observation d’une jeune
fille, affectée « depuis plusieurs années » de la maladie
qu’on appelle chlorose, laquelle fut médicamentée de
la manière la plusincroyable, puisque, parmi les moyens
employés, on lui pratiqua plus de « trois cents saignées. »
— Après les trois dernières, on jugea à propos de chan •
ger de système et de restituer au lieu de soustraire : Et
voilà que 7 onces de sang défibriné dans les veines
de cette pauvre malade épuisée suffisent pour la mettre
en état « trois jours après » d’entreprendre un voyage
d’agrément.
La satisfaction de voir une guérison aussi complète
•
et aussi rapide paraît suffire à M. Oré, pour qu’il n'hé¬
site pas à croire à la vérité et à l’efficacité de la trans¬
fusion dans cette circonstance ; l’insuccès d’un chirur¬
gien, qui, après avoir injecté du sang défibriné dans
les veines de cinq soldats autrichiens blessés par des
armes à feu, les vit tous périr, ne lui inspire qu’une
nouvelle confiance dans l’injection du sang défibriné.
Nous vous laissons, Messieurs, le soin d’interpréter à
votre tour les faits qui viennent de vous être relatés.
M. Oré , continuant son étude sur la transfusion ,
s’est occupé de rechercher si la transfusion opérée
d’un animal à un autre animal d’espèce différente est
aussi souvent funeste qu’on l’a dit.
Les premiers expérimentateurs du xvii® siècle avaient
transfusé, dans une sorte de promiscuité animale , le
sang du chien, du veau, du mouton à l’un ou l’autre
de ces animaux, et surtout à l’homme, sans qu’il en
' fût résulté des accidents graves , ou du moins plus
graves que ceux d’ordinaire.
^ MM. Prévost et Dumas, qui reprirent l’étude de la
transfusion, de notre temps, injectèrent du sang de
vache et de mouton dans les veines de chats et de lapins,
et même chez de pauvres canards, avec des résultats
divers, mais le plus souvent mortels. — Ce genre d'ex¬
périences entre animaux d’espèces différentes fut même
essayé avec du sang défibriné. Des coqs et des poules ,
à qui on avait imaginé de transfuser du sang défibriné
de lapin ou de veau , parurent en général assez mal
supporter l’opération. M. Oré a répété les expériences
avec du sang non défibriné et a réussi à injecter
15 gram. de sang de canard, et une autre fois 20 gram.
dans les veines d’un chien, puis changeant les termes
de l’expérience, il a fait également passer 30 gram. de
sang de chien dans les veines d’un canard, qui, selon
son expression en « a paru peu impressionné. »
M. Oré s’inscrit donc en faux contre les conclusions
de MM. Prévost et Dumas, qui déclarent que la trans¬
fusion est praticable seulement entre animaux dont le
sang est identique sous le rapport de la forme des glo¬
bules. M. Oré explique son succès par le soin qu’il
prend de pratiquer la transfusion immédiate, et at¬
tribue les insuccès de ses prédécesseurs à des embolies
qui se forment si facilement après l’emploi de la trans¬
fusion médiate, en se servant d’un sang qui se coagule
si facilement en séjournant dans le vase où il est reçu
avant l’injection.
Des propositions qui sont contenues dans les con¬
clusions de M. Oré, on peut dégager, en leur accordant
le mérite d’être spéciales: 1“ Que la réfrigération du
sang et la privation du contact de l’air sont les deux cir¬
constances les plus propres à retarder la coagulation;
2“ Qu’on peut injecter dans les vôines.d’un animal le
— 53 —
sang pris à un autre animal, à la condition que le sang
soit parfaitement liquide.
Le travail de M. Oré nous a paru digne de toute
votre attention. S’il a tiré peut-être un peu vite , selon
nous, des conclusions de faits discutables , il nous a
semblé avoir trouvé l’explication la meilleure des in¬
succès des anciens expérimentateurs, mais pour cor¬
roborer ses conclusions, nous serions d’avis, s’il pou¬
vait nous entendre, qu’il continuât ses observations
afin d’opposer le nombre et la qualité à l’autorité des
savants avec lesquels il est en dissentiment. Plus tard,
j’aurai l’occasion de vous rendre compte d’un autre
travail de M. Oré, également publié dans le mémoire
de la Société des Sciences physiques et naturelles de
Bordeaux. Yous m'excuserez. Messieurs, de n’avoir pu
m’acquitter d’un seul coup de la tâche qui m’a été
donnée.
O
NOTE
SUR UN
ÉCHANTILLON DE LAINE
l
PRÉSENTÉ LE 7 MARS 1867
À la Société des Âmls des Sciences Naturelles ,
Par M. a. PINCHON.
Séance du 7 Mars 1867.
Cette laine m’a été remise le 6 au soir par M. Paul
Pion, teinturier à Elbeuf. Elle m’a paru intéressante à
étudier à cause des phénomènes insolites qu’elle offre
à la manipulation industrielle et de l’aspect qu’elle
présente à l’examen.
Elle est originaire de la Nouvelle-Zélande. Cette
contrée en fournit peu à notre place, et trois à quatre
fois seulement M. Pion a eu l’occasion de la teindre.
Les laines de même provenance n’avaient offert rien de
particulier. Ij’écliantillon présenté, outre qu’il a attiré
son attention par sa teinte rougeâtre très accentuée
' à diverses places, s’est mal dégraissé. Au sortir du
bain de dégrais, l’échantillon paraissait imparfaite¬
ment débarrassé du suint, et la coloration rougeâtre
était plus uniformément répartie. Malgré ces imper-
— 55 —
fections apparentes, elle a subi normalement l’opéra¬
tion de la teinture en couleur foncée (on ignore jusque-
là comment elle aurait pris une couleur claire).
' L’examen, encore superficiel, m’a fait croire que ces
agglomérations des fibres sont dues à un parasite,
friable quand la laine est sèche et situé vers le premier
tiers de la fibre, se détachant assez bien mécanique¬
ment avant l’imbibition aqueuse. Ces débris sont des
rubans tantôt en lames plates parsemées de granula¬
tions teintées de jaune , tantôt , et le plus souvent,
formés de lames accolées bout à bout et réunies par
4
une nodosité plus fortement colorée. Leur largeur est
de 3 centimètres à 4 centimètres , leur longueur
moyenne de 95 centimètres à 1 mètre 20, pointues à
une extrémité, rondes à l’autrè. Tout l’ensemble paraît
démontrer un végétal parasite dont j’ignore le nom et
le rôle. Est-ce un végétal analogue aux Achorion ou
Trychophyton, dérivant d’une affection propre à la race
du mouton, ou est-il dû à un végétal étranger dont les
sporules se sont développés sur ce singulier terrain ?
je penche pour la première opinion; J’ai trouvé en
effet des fibres de laine retenant dans les écailles ces
fibres sporulaires et des sporules , et des débris de
fibres cassées , teintes par ces tubes enroulés après eux,
et rappelant les cheveux atteints de favus .
Je soumets ces observations à qui de droit, me ré¬
servant d’étudier cette laine plus tard.
«
\
CATALOGUE RAISONNÉ
« /
DES
OISEAUX DE LA SEINE-INFÊRIEÜRE
PAR
M. E. LEMETTEIL.
Dédié à MM. les Membres de la Société des Amis des Sciences naturelles
de Rouen (suite).
3“' ®Pdre(1).
INSECTIVORES.
Nous avons exposé, en commençant notre Ordre des
Omnivores, les motifs qui nous ont porté à établir
trois coupes dans la famille si nombreuse et si com¬
plexe des Passereaux. Il nous reste à justifier la déno¬
mination de Insectivores^ que nous donnons à notre
3rae Ordre.
Sans doute les oiseaux qui le composent ont un
régime multiple, et des préférences qui varient selon les
genres ; mais cette différence d’appétit ne s’exerce guère
en dehors des diverses familles d’insectes, de leurs larves
et de leurs œufs. Ainsi, depuis les Pies-Grièches et les
Mésanges , qui sont encore presque omnivores, jus¬
qu’aux Alouettes, qui préparent la transition avec les
(1) Voir pour les deux premiers Ordres: Bulletin des Amis des
Sciences naturelles^ 1866, pag. 163.
57 —
Granivores, tous font leur nourriture ordinaire des in¬
sectes ; et ce n’est qu'’exceptionnellement que quelques
espèces mangent des grains et des baies, ou piquent la
pulpe de nos fruits. L’observation des faits ne laisse
point de doute à cet égard; et il suffirait d’examiner la
conformation de leur estomac et la configuration de
leur bec, pour se convaincre que — à part quelques
espèces de transition — il sont aussi incapables de
digérer les graines, que de déchirer les chairs.
Quelques auteurs leur ont donné le nom de Tenui-
rostres (Becs-fins); c’est, comme on le voit, sur le même
caractère que nous basons notre classification ; mais
nous considérons le résultat plutôt que l’instrument,
le régime plutôt que l’organe , ce qui nous permet
de maintenir l’uniformité de notre nomenclature.
«
Caractères de V Ordre: Bec variable selon l’état, la na¬
ture ou l’habitat des insectes que poursuit chaque
espèce, toujours dépourvu de cire, et ne présentant
quelques plumes sétacées que dans les genres intermé¬
diaires; ongles généralement faibles, jamais rétractiles;
plumes molles, soyeuses et souvent désunies.
Cet Ordre , l’un des plus nombreux, contien t les oiseaux
les plus petits ; mais ce sont en même temps les plus
vifs, les plus alertes, les plus sémillants. La plupart
nous quittent quand arrive la saison des frimas ; ils
franchissent alors des espaces immenses, établissent
leurs quartiers d’hiver sous un ciel plus clément, et nous
reviennent avec les zéphirs, formant la joyeuse escorte
du printemps, pour chanter le réveil de la nature, car
ce sont les musiciens par excellence. Mais , chez les
oiseaux, la brillante parure et le doux langage ne sont
plus l’apanage du sexe faible. Simple et modeste , la
— 58
femelle est tout entière aux soins de la jeune famille.
Elle bâtit son nid, pond, couve, se démène et s’agite,
tandis qu'établi sur un rameau voisin , oisif et insou¬
cieux, le mâle ne donne le plus souvent au ménage
que le charme de ses ravissantes roulades. La vue seule
de ses petits lui rappelle les sentiments et les devoirs
de la paternité.
C’est au printemps surtout que ce dernier brille de
tousses avantages, qu’il revêt IsLVobede noces, selon l’ex¬
pression consacrée en ornithologie. Cette livrée parfaite
varie, selon les espèces, et pour sa nature, et pour son
mode de développement.
Les uns remplacent , au printemps , le plumage
d’hiver par des plurnes nouvelles, tantôt de même
dimension, mais de couleur plus brillante et plus tran¬
chée, tantôt plus longues et plus saillantes , appelées
alors parures, et qui, selon la partie ou la forme
qu’elles affectent, prennent le nom particulier de
huppes, à'' aigrettes y de collerettes y etc.
Chez les autres, le plumage est persistant ; mais il
se colore par l’usure des barbules , et sans doute aussi
sous l’influence d’une lumière plus vive, et d’un sang
plus riche et plus généreux. — Dans le premier cas, la
mue est dite double ; dans le second , simple et ruptile.
Ces hôtes charmants reviennent donc, chaque année,
répandre la vie dans nos bois, nos plaines et nos ver¬
gers; et à ce titre, ils doivent déjà nous être chers. Mais
s’ils sont l’ornement de la création, ils en sont aussi la
providence ; et, pendant qu’ils charment nos oreilles de
leurs doux concerts, il poursuivent sans relâche ces
myriades d’insectes qui — éclos aux premières ardeurs
printanières — étendront bientôt leurs ravages sur
59 -
nos champs, nos fruits et nos bestiaux. Chérissons ces
utiles auxiliaires, ces infatigables travailleurs, respec¬
tons leur vie , protégeons leur berceau ; et , quand ils
entonnent Thymme de la reconnaissance, bénissons
aussi la bonté divine qui a produit , en se jouant, tant
de merveilles, pour Tornement et la conservation de
son œuvre!
L’Ordre des lusectivores contient pour nous vingt
Familles, que, conformément à notre principe, nous
composons d’après leur régime et leurs mœurs, pre¬
nant les mêmes caractères pour base de rapprochement.
Ce sont :
1» Les Laniinés.
2“ LesCalgulinés.
3® Les Farinés. .
4° Les Certhiinés.
5° Les Picinés.
6° Les lunginés.
7° Les Cuculinés.
8"* Les Méropinés.
9° Les Hirundininés.
10° Les Muscicapinés.
11® Les Calamoherpinés.
12® Les Sylviinés.
13® Les Ampélinés. ,
14'’ Les Oriolinés.
15° LesTurdinés.
16° Les Hydrobatinés.
17® Les Alcédinés.
18° Les Upupinés.
19° Les Motacillinés. '
20° Les Alaudinés.
PREMIÈRE FAMILLE.
LANIINÉS.
Caractères de la famille: Ceux de l’Ordre; bec robuste,
recourbé, denté, à pointe aiguë, garni à sa base d’une
rangée de soies raides, formant frange, caractère propre
aux insectivores; ailes courtes, obtuses, à penne bâ¬
tarde; queue longue, étagée et souvent arrondie.
Ces espèces, par la conformation de leur bec et leur
\
60 -
appétit, nous paraissent succéder naturellement aux
Omnivores. Buffon , considérant leur goût pour la
. chair, les a classées parmi les Carnivores, dont elles
pourraient peut-être former la dernière famille ; mais
nous pensons, avec les naturalistes modernes, que leur
conformation, leur faiblesse relative, leur peu d’ap¬
titude pour le vol, leur goût pour les insectes et jus¬
qu’à la nature de leur plumage, les rapprochent plutôt
des Insectivores , en tête desquels nous les plaçons,
pour servir de trait d’union avec les Omnivores, aux¬
quels elles ressemblent également par le régime.
En effet, à l’exception des grains, elles mangent à
peu près de tout. Vers, chenilles, papillons, petits
oiseaux, petits rongeurs, grenouilles, lézards, etc.,
tout leur est bon. Elles ont une habitude remarquable
et particulière à leur famille, c’est d’assujettir aux en-
fourchures des brindilles, ou d’accrocher aux épines,
qu’elles fréquentent de préférence, les proies qu’elles
saisissent, après qu'elles sont repues. On retrouve par¬
tout de ces magasins. Nous avons vu en particulier à
Saint-Georges, sur les bords des falaises de la Seine',
plusieurs litres de moules ainsi suspendues par des
Écorcheurs. Ces bivalves s’ouvraient au soleil, et l’oi¬
seau s’en repaissait au besoin. On y voyait en même
temps des papillons du genre sphynx, des chenilles et
des mulots. (1) Cet instinct des approvisionnements est
un caractère de plus qui les rapproche des Omnivores.
(I) Voir pour ce caractère, contesté par quelques-uns de nos
collègues :
Degland, Ornithologie européenne^ t. !'*•, p. 393 ;
M. l’abbé Yincelot, Essais étymologiques , 3® édit., p. 165.
D' Chenu, Encyclopédie d'Hüt. nat.y t. V, p. 69.
61 --
Quoique de petite taillle, les Pies-grièches sont fort
courageuses; elles donnent la chasse à des oiseaux
beaucoup plus gros qu’elles ; elles poursuivent les pies
et les corbeaux, -s’attachent à leurs plumes et se laissent
emporter par eux. On les accuse quelquefois de
cruauté ; elles sont acariâtres et turbulentes ; mais nous
ne pouvons admettre qu’elles soient cruelles. C’est là
un défaut moral incompatible avec l’absence de raison.
Ce sont des oiseaux d’embuscade ; ils attendent
leurs proies, perchés sur des branches dénudées, les
saisissent au passage et ne les poursuivent guère.
Leur vol pénible rendrait d’ailleurs cet effort inutile.
Cependant, ils ont été dressés pour la chasse : on sait
que de Luynes excellait à faire leur éducation, et que
Louis XIII s’amusait à chasser aux moineaux avec
des pies-grièches, dans les jardins du Louvre.
Ces oiseaux aiment les lieux accidentés, les coteaux
exposés au soleil , les ravins , etc. Ils nichent dans
les broussailles ou sur les arbres peu élevés , et pon¬
dent, sans exception, des œufs avec couronne plus
éloignée du gros bout, que les autres espèces.
Quelques auteurs, se fondant sur la différence de
coloration de la robe, ont établi deux et même trois
genres dans cette famille. La nuance du plumage ne
nous paraît point un motif suffisant pour séparer gé¬
nériquement des espèces qui se ressemblent sous tous
les autres rapports. Nous n’admettons donc qu'un
genre, le genre Lanius, qui comprend sept espèces d’Eu¬
rope, dont cinq appartiennent à la France, et trois fré¬
quentent notre département; savoir:
1® Pie-grièche grise, type du genre ;
62
2“ Pie-grièche rousse ; '
3^ Pie-grièche écorcheur.
Cette famille a été désignée par quelques auteurs
sous le nom de Dentirostres.
Genre Pie-Grièche (Lanius).
Les Carnivores ont reçu de la nature la faculté que
nous avons signalée, de rejeter, sous forme de pelottes,
les parties solides de leurs victimes. Moins bien douées
sous ce rapport, et peut-être aussi parce qu’elles ne
sont carnivores qu’ accidentellement , les Pies-grièches
sont obligées de procéder autrement. Elles dépouillent
et dépècent leurs proies; et c’est, pensons-nous, à
cette habitude, et à celle d’accrocher , comme à un
étalage, ces lambeaux palpitants, qu’elles doivent leur
nom générique Lanius (boucher) .
Il nous paraît superflu d’indiquer la signification de
leur dénomination française, Pies-grièches. Puissent
nos lecteurs n’en connaître jamais d’un autre genre ,
que celles qui nous occupent.
39. Pic-Gpîèclftc g^risc. — Lanius excubitor
(Linné).
Synony mie : Geai blanc.
Taille : environ 24 centimètres.
Description : (Mâle adulte) : Toutes les parties supé¬
rieures d’un cendré clair, les inférieures blanc terne;
une large moustache noire, partant du bec, traverse
les yeux et couvre le méat auditif; rémiges primaires
noires avec un miroir quelquefois simple, plus souvent
double, d’un blanc pur, les secondaires terminées de
blanc; rectrièes externes blanches, les autres blanches
à la base et à l’extrémité, noires au centre ; bec noir ,
plus pâle à la base ; pieds noirs; iris brun.
Femelle: d’un cendré plus foncé aux parties supé¬
rieures ; parties inférieures d’un blanc moins pur et
marquetées de fines raies cendrées; rémige externe
tachée de noir à la base.
»
Les jeunes ont les couleurs beaucoup plus sombres, et
les stries des parties inférieures plus prononcées et plus
nombreuses . — Au bout de deux ans, ils ont le plumage
de'^s adultes.
On cite des variétés blanches et d’autres presque
blanches.
La Pie-Grièche grise se reproduit dans notre dépar¬
tement, où elle est assez rare. Elle fait un nid relative¬
ment volumineux, composé d’herbes et de mousses et
matelassé de laine à l’intérieur. Elle y dépose le plus
souvent six œufs d’un gris verdâtre, marqués détachés
confuses, plus nombreuses et plus foncées au gros bout
où elles forment couronne. Grand diamètre, 26 milli¬
mètres; petit diamètre, 20 millimètres.
Nous avons vu un couple de ces oiseaux se reproduire
cinq ans de suite à Saint-Romain-de-Golbosc, dans une
épine qui bornait deux champs; mais commeils détrui¬
saient beaucoup de perdreaux, on leur fit la guerre, et ils
disparurent.
Cet oiseau n’émigre pas en hiver. Je l’ai tué le
6 janvier, dans la neige. Il venait de capturer un
Verdier [Chlorospiza Chions) qu’il étouffa en un ins¬
tant.
Il fré(juente, en été, les lieux isolés; en hiver, il s'ap¬
proche des habitations. Son cri est aigu, mais il le fait
rarement entendre. G’est le plus silencieux du genre,
- 64 -
c’est aussi le plus farouche; à moins qu’il ne tienne une
proie, il se laisse rarement approcher. Gomme nous
l’avons dit, on le voit souvent perché sur les branches
élevéeset dénudées, d’où il surveille les environs, comme
la sentinelle au sommet d’un donjon ; de là son nom
excubitor, sentinelle, c’est du reste une habitude com*
mune à la Famille.
Nota. Quelques auteurs ont cherché, à tort selon
nous, à établir une espèce nouvelle, sous le nom de
Lanius major, des individus qui n’ont qu’un miroir. Ils
leur donnent pour habitat la Sibérie. Nous croyons
que les oiseaux à miroir simple sont des variétés ; c’est
pourquoi nous avons souligné ces caractères à la des¬
cription. Dans tous les cas, ils ne sont pas rares, et ils
habitent notre département. Nous les avons trouvés
dans la proportion de 2 sur 5, et toujours des fe¬
melles.
•40. Ple-Grîèclie rousse. — Lanius rufus {rufus,
roux) Linné.
Synonimie : — Agachette.
Taille : environ 20 centimètres.
Description: (Mâle adulte) : Vertex et nuque d'un roux
vif; manteau noir, passant au cendré sur le croupion;
•
sus-caudales et scapulaires blanches; parties inférieures
d’un blanc sale, lavé de roussâtre aux cotés de la poitrine
et aux flancs ; une large bande noire, marquée de deux
taches blan ches au capistrum, couvre le front et s’étend,
en passant par les yeux, jusqu’aux côtés du cou;unmi-
roir blanc sur l’aile ; rémiges noires ; rectrices latérales
blanches , lavées de brun sur les barbes internes, les
autres noires liserées de blanc, avec une tache de même
65 —
couleur à la base ; les médiançs noires dans, toute leur
étendue; bec et pieds noirs; iris noisette.
Femelle adulte: généralement plus pâle que le mâle;
bande frontale d’un cendré blanchâtre; manteau brun,
passant au jaunâtre sur le croupion; rectrices médianes
brunes.
Jeunes en premier plumage ; parties supérieures
marbrées de brun et de gris ; parties inférieures ‘ d’un
blanc sale, marquées de nombreuses raies roussâtres ;
rectrices de cette dernière couleur et terminées de
( »
blanc. — Le mâle se distingue dès lors à une teinte plus
foncée.
La Pie-Grièche rousse est érratique ; elle arrive dans
notre département vers la fin d’avril, et en repart dès
les premiers jours de septembre. Elle niche le plus sou¬
vent dans les bosquets exposés au midi, sur le penchant
des coteaux Son nid , construit de fines brindilles et
d'herbe^s odoriférantes , est soigneusement matelassé
d’un gazon plus doux, de quelques crins, et quelquefois
de plumes et de laine. Sa ponte est de 5 ou 6 œufs, d’un
blanc verdâtre, avec de nombreuses marbrures, formant
«
couronne au gros bout. Grand diamètre , 24 , milli¬
mètres; petit diamètre, 17 millimètres.
Cet oiseau est encore assez rare dans nos localités; on
le rencontre moins souvent que la Pie-Grièche grise.
Ilestdoué d’une grande facilité d’imitation, et contrefait
assez bien les modulations du rossignol et delà fauvette ;
mais sa voix aigre et criarde n’a ni l’ampleur, ni le
moelleux du puissant organe de ces chantres brillants.
C’est plutôt une maigre parodie, qu’une reproduction
fidèle.
Nous croyons que c’est à cette espèce^ qu’il faut rap-
- 66
porter ce que le docteur Chenu attribue à l'Écor-
cheur (1), auquel nous ne connaissons qu’un fausset
désagréable et an cri fastidieux et -monotone.
Cette Pie-Griècbe est moins farouche que la précé¬
dente, dont elle a les mœurs et les habitudes.
41. Pic-Grlèclie ÉcorclicuF. — Lanius collurio
(Linné) .
Synonymie : BdLt3.rd-ge3i\. — Embrocheur. — Aga-
^ chette.
Taille; environ 18 centimètres.
Description : Mâle adulte : tête, nuque et croupion
d’un beau cendré ; dos et scapulaires roux vif ; parties
inférieures blanc rosé surtout à la poitrine et aux flancs;
une large bande noire s’étend du bec jusque sur le méat
auditif; rémiges noires bordées de roux; rectrices
blanches, à l’exception des quatre médianes, qui sont
noires dans leurs deux tiers inférieurs ; bec èt pieds
noirs; iris brun foncé.
Femelle : d’un brun terne mais uniforme, dans ses
parties supériejires, avec une moustache de même cou¬
leur; parties inférieures d’un blanc gris, marqùées de
raies brunes, plus nombreuses et plus foncées aux flancs
et à la poitrine; rectrices rousses, les deux externes
seulement liserées de blanc.
Jeunes avant la première mue : semblables à la fe¬
melle, dont ils ne diffèrent que par des marbrures sur
le manteau, et par un liseré d’un blanc moins pur aux
rectrices externes. Comme chez la précédente, le mâle
se reconnaît déjà à une couleur plus foncée.
L’Écorcheur est très commun dans notre départe-
*
(1) Encyclopédie d’Histoire naturelle y t. V, p. 71.
— 67 —
ment, où il arrive vers la mi-avril, et d’où il repart
dans les premiers jours de septembre. Il couve dans
les buissons, compose un nid d’herbes et de mousse à
l’extérieur, et le tapisse intérieurement de radicules
/ très fines et de quelques crins. Sa ponte est de 5 à 7
œufs, variant pour la grosseur, la forme et la nuance;
t
tantôt oblongs, d’un blanc rosé, avec des taches d’un
. rouge brique, formant couronne presque au milieu de
l’œuf; tantôt de forme ovée , d’un- blanc verdâtre,
marqués de taches gris olive ; tantôt passant par toutes
les formes et toutes les nuances intermédiaires. La
couronne existe dans presque toutes les variétés.
Grand diamètre, 22 à 24 millimètres; petit diamètre,
environ 16 millimètres.
L’Écorcheur est un oiseau querelleur et criard.
Gomme nous l’avons dit, sa voix est désagréable. Il
répète des heures entières, sur un ton élevé, son cri
plè^ pt'e^ qu’il n’interrompt que pour faire entendre un
autre son très aigu et fort disgracieux. Nous ne lui
connaissons point de chant.
C’est l’embrocheur par excellence. On retrouve ses
charniers dans tous les lieux qu’il fréquente. De plus,
en examinant bien ses victimes, on s’aperçoit qu’elles
ont toutes le crâne ouvert. De là, selon M. l’abbé Yin-
celot, vient son nom Collurio, mot formé par inétathèse
de Kopv^, casque, et de hsiou, je brise. Qu’il nous suf¬
fise de signaler celte étymologie, dont nous laissons à
qui de droit l’honneur et la responsabilité. Cette espèce
est en conformité de mœurs avec ses congénères;
mais, comme elle est moins carnivore que les précé¬
dentes, et qu’elle se nourrit plutôt dlnsectes, sa place
nous paraît marquée au dernier degré du genre.
/
N
— 68 --
DEUXIÈME FAMILLE.
CtALGULINÉS.
Caractères de la Famille: Bec assez robuste, assez
allongé, un peu courbé, plus haut que large, à pointe
aiguë, non denté; narines oblongues, à moitié cachées
par les plumes frontales; tarses courts, robustes, scu-
tellés, à doigts désunis ; ongles forts et arqués, mais
non crochus.
Si la tâche des derniers venus dans la science est
d’ordinaire plus facile, en ce qu’ils' profitent des ob¬
servations et des découvertes de leurs devanciers, il
• est certains cas cependant où les données sont si 'con¬
fuses, les relations si contradictoires, que c’est un
embarras plutôt qu’un avantage, une cause d’erreurs
plutôt qu’une source de renseignements. Telle est l’his¬
toire du Rollier ; et fon s’étonne à bon droit qu’un
oiseau du centre do l’Europe, assez répandu dans cer¬
taines localités, et vivant dânsle voisinage de l’homme,
ait été si peu ou si mal étudié. Essayons toutefois de
démêler la vérité dans ce chaos de documents opposés,
et déclarons tout d’abord, que nous n’avons jamais eu
l’occasion d’observer cet oiseau par nous-même. Ses
apparitions dans nos contrées sont excessivement rares,
et tout-à-fait accidentelles.
Nous passerons donc en revue les relations des na¬
turalistes, éliminant de par notre logique, toutes les
fois qu’il y aura contradiction chez les auteurs , les
caractères qui nous paraîtront incompatibles avec la
conformation de l’oiseau.
— 69
La prévention est une source féconde d’erreurs; et
c’est, croyons-nous, à une opinion préconçue d’affinité
entre les Rolliers et les Geais, qu’il faut attribuer la
manière fort superficielle dont on a observé et décrit
les premiers. Nous avons dit superficielle ; qu’on nous
permette un mot d’explication.
Bruce , le premier , paraît avoir connu les habi¬
tudes et peut-être les mœurs des Rolliers. Ce fut lui
qui donna à Buffon l’oiseau sur lequel fut prise la des¬
cription de l’espèce d’Abyssinie. Il est difficile d’ad¬
mettre qu’il ne lui ait pas communiqué en même
temps ses observations, lesquelles auraient dû trou¬
ver place dans l’article, n’eût-ce été qu’à titre de ren¬
seignement et sous toutes réserves. Pourquoi Buffon,
ou plutôt Guéneau de Montbeillard , c^ui paraît être
l’auteur de l’article, n’en a-t-il pas tenu compte, et
s’est-il contenté d’une étude pompeuse, mais insigni¬
fiante? On peut croire que les renseignements sont
arrivés trop tard, et que déjà son siège était fait.
Les divergences au sujet de notre oiseau portent
%
principalement: R sur le régime, point capital pour
notre classification ; 2° sur le mode de nidification ',
3° sur le vol.
1° Guéneau de Montbeillard dit qu’on voit souvent
les Rolliers parcourir, avec des Pies et des Corbeaux,
les terres fraîchement labourées, pour y chercher des
grains, des vers et des racines.
Le Vaillant rapporte de son côté, qu’il n’a trouvé
dans leur estomac que des fçuits, des chenilles, des
sauterelles et des mantes.
Selon Degland, ils mangent en effet des grillons, des
sauterelles, de petits reptiles, et particulièrement des
I
^ f
— 70 —
grenouilles, et ils attendent patiemment leurs proies,
perchés sur des branches sèches.
La configuration de leur bec, dépourvu de pinceaux
sétacés, et garni d’une frange de poils raides, indique
en effet des Insectivores ; tandis que la conformation
de leurs pieds et la brièveté de leurs tarses trahissent
des espèces qui se perchent plus qu’elles ne marchent.
— Nous serons donc ici de l’avis de Degland et de
Le Vaillant.
2° Guéneau de Montbeillard ajoute qu’ils nichent sur
les arbres, et de préférence sur les bouleaux. Le Vail¬
lant partage cette opinion et va plus loin : il dit avoir
trouvé des nids de Rollier, construits, comme ceux du
Geai, aux enfourchures des branches ; il prétend de
plus qu’ils pondent des œufs verdâtres , piquetés de
roux, tous caractères qui les assimilent aux Geais.
M. de Selys Longchamps dit, au contraire , avoir
vu des Rolliers se reproduire dans les corniches d’un
temple grec, cà Pæstum. Le D** Shaw les a vus nicher
en Afrique dans les trous des rochers et des berges ;
et il paraît démontré que leurs œufs sont d’un blanc
pur, aussi lustrés que ceux des Pics ; ce qui, comme
le fait avec raison remarquer Temminck. dénote un
oiseau de creux d’arbres et de masure. — Ici encore,
nous sommes de l’avis des derniers.
3'^ Le Vaillant, toujours sous l’influence d’une idée
d’analogie avec les Geais, dit qu’il ne distinguait pas
ces deux espèces en les voyant voler. Or, le Geai a le
vol pénible, coupé et peu rapide.
Le D** Petit affirme que les Rolliers passent avec
une grande célérité; et M. de Blainville constate, d’a¬
près la forme du sternum, laquelle donne surtout l’ap-
N
— 71. —
titude de l’oiseau pour le vol, qu’ils ont une grande
analogie avec les guêpiers, dont le vol est facile, ra-
pide..et soutenu.
Ici encore, nous pensons comme les derniers, parce
que le sternum à large crête du Rollier, et ses ailes
longues et aiguës, sont les caractères incontestés des
bons voiliers.
Ainsi donc, et pour nous résumer, nous considérons ,
les Rolliers comme des insectivores ; et nous les ran¬
geons près des Pies-grièches, avec lesquelles nous leur
trouvons une grande analogie pour les mœurs, pour
la manière de chasser et pour les sites qu’ils recher¬
chent. Gomme elles, en effet, ils attendent leurs proies,
embusqués sur des branches dénudées, et les happent
au passage avec une grande dextérité. Gomme elles,
ils mangent de gros insectes ailés, des chenilles, des
reptiles, des grenouilles. Gomme elles enfin, ils aiment
les lisières des bois exposés au soleil, les sites acci¬
dentés, les lieux arides. Moins omnivores, puisqu’ils
ne mangent point de chair, ils continuent la transition,
et nous amènent aux Mésanges, qui sont fructivores
comme eux.
Gette famille contient un seul genre et une espèce
unique d’Europe.
Genre Rollier. — Galgulus (Brisson).
Nous rendons aux Rolliers leur nom générique Gal-
guhis^ quoique le mot Goracias semble avoir prévalu.
Gette restitution, partant d’une initiative aussi peu
autorisée que la nôtre, nous paraît réclamer une ex-
/
- 72 —
plication. Nous nous empressons donc d’exposer les
motifs de cette préférence.
Le premier, le plus sérieux, c’est que le mot Coracias,
dérivé de aopct,^, corbeau, tend à perpétuer une erreur,
«
en établissant, entre les Rolliers et les Corbeaux, un
rapport de consanguinité qui n’existe pas ; et nous trou¬
vons qu’il y aurait inconséquence, quand on combat un
préjugé, à conserver une dénomination qui le consacre.
Les Graves sont généralement désignés par le mot
Coracia. Voilà donc deux genres très différents repré¬
sentés par des noms presque identiques. Il serait éton¬
nant que la confusion ne naquît pas de cette homo¬
nymie. Or, la confusion est l’écueil contre lequel il faut
se tenir le plus en garde, parce qu’il n’y a rien de tel
pour inspirer le découragement et le dégoût de l’étude.
Nous pensons de plus que le mot Galgulus a sur
l’autre, outre le mérite de la précision, l’avantage de
»
maintenir les droits de priorité , droits sacrés pour
nous, toutes les fois qu’ils ne s’exercent pas au détri¬
ment de la science ; et c’est précisément le contraire
qui arrive ici.
Telles sont les considérations qui ont motivé notre
détermination; nous osons espérer que la bonté de
l’intention nous fera au moins trouver grâce devant
é
nos lecteurs.
42. atollicr d’iiuropc. — Galgulus garrulus
(Vieillot).
Synonymie: Rollier commun. — Geai bleu. — Geai
des bouleaux. — Perroquet d’Allemagne. — Pie de
Strasbourg.
Taille : 32 centimètres.
- 73
Description: Mâle adulte : tête, cou et parties infé¬
rieures d’un 'vert bleu d’aigue-niarine à reflets, ave.c
des raies plus claires sur la tige des plumes, surtout à
la gorge et au cou ; dos et scapulaires d’un beau fauve
uniforme ; croupion et petites couvertures alaires bleu-
violet brillant ; grandes couvertures, comme la tête;
rémiges noires en dessus , bleu indigo en dessous ;
rectrices médianes brunes, les autres lavées de vert et
de brun dans leur partie supérieure ; les parties infé¬
rieures d’un bleu d’aigue-marine pâle, qui s’étend da¬
vantage sur chaque penne à mesure qu’elle s’éloigne
des médianes ; la plus latérale, qui est la plus longue ,
terminée de noir; bec noir; pieds jaunâtres; iris à
double cercle brun et gris.
, Femelle: Nuances généralement plus ternes; manteau
fortement lavé de gris.
«
Jeunes; Parties supérieures brun sombre ; parties
inférieures d’un gris verdâtre.
Le Rollier est une de nos belles espèces européennes;
c’est .en même temps un excellent gibier. Sa dépouille
est également recherchée pour les collections et pour
la parure des dames, et sa chair, fort prisée pour la
table en Morée et dans les Cyclades. Cet oiseau jacasse
et babille comme les Pies et les Geais, d’où son nom
spécifique Garrulus^ babillard.
Il habite presque toute l'Europe, surtout l’Allemagne,
l'Italie et le Midi de la France, où quelques couples se
reproduisent chaque année. Il n’est pas rare dans la
Russie méridionale. J’ai dans ma collection un mâle
adulte rapporté de l’expédition de Crimée. On le ren¬
contre aussi, mais rarement dans notre localité. J’ai
vu, dans le cabinet de M. Oursel, un vieux mâle tué
«
— 74 —
/
dans les environs du Havre. Tous les ans, au moment
du passage, les Rolliers arrivent en grande quantité
dans nie de Malte, qui doit à sa position d’être une
sorte de rendez-vous, une étape forcée pour tous les
oiseaux migrateurs.
Nous croyons avoir surabondamment consigné plus
haut ses ‘moeurs, ses habitudes, son régime et son
mode de nidification. Ajoutons en finissant cet article,
déjà trop long pour notre cadre, qu’il pond de quatre
à sept œufs courts et très lustrés.
TROISIÈME FAMILLE.
FARINÉS.
Caractères de la Famille : Ceux de fOrdre ; bec droit et
'conique ; narines basales, couvertes de plumes dirigées
en avant ; ailes à penne bâtarde ; le doigt médian et
l’externe unis à la base; ongles robustes; plumes
soyeuses et ‘désunies. ^
Les oiseaux qui composent cette famille sont de
petite taille, mais agiles, remuants, nerveux. Ils s’ac¬
crochent aux branches, les parcourent en tous sens, et
s’y suspendent dans toutes les positions. Ce sont en¬
core des espèces turbulentes, caractère qui, joint à
leur sociabilité, à leur appétit multiple, à leur instinct
des approvisionnements, et aux pinceaux piliformes
qui couvrent leur bec, nous paraît justifier suffisam¬
ment la place que nous leur donnons près des Omni¬
vores; tandis que leur habitude de courir sur les
arbres, pour y trouver leur nourriture, les rapproche na-
75
turellement des Pics, auxquels elles sont unies par une
famille essentiellement intermédiaire, les Gerthiinés. '
La famille des Farinés contient pour nous trois
genres :
1" Genre Mésange. — Parus
2® Genre Roitelet. — Regulus.
»
3° Genre Sittelle. — Sitta.
IjCs Sittelles ont été jusqu’ici éloignées de la famille
des Farinés, à laquelle elles nous paraissent appartenir
par les caractères les plus saillants: les mœurs, le ré¬
gime et les habitudes.
1“ Genre Mésange. — ^ Parus.
Caractères du Genre : ceux de la Famille; bec généra¬
lement fort , à pointe obtuse et souvent fléchie ; tarses
«
courts.
Les Mésanges sont communes partout; la plupart
sont sédentaires ; et, si elles paraissent plus nombreuses
en hiver qu’en été, c’est que les couples qui étaient allés
se reproduire dans lesgrands bois, se rapprochent alors
des habitations, pour y trouver une nourriture plus
abondante dans le voisinage de l’homme. Elles sont
peu farouches, peu rusées ; et, par suite de leur pétu¬
lance native, elles donnent dans presque tous les
pièges. '
On les voit sans cesse dans les arbres, dans les cépées,
dans les roseaux, voltigeant, sautillant, retournant les
feuilles, visitantles rugosités, sondant les fissures, man¬
geant avec une égale ardeur les œufs des Lépidoptères,
les larves, les graines et les grains. Cependant elles
rie broient point ces clenTiiers aliments, comme le font
les Granivores ; elles les assujettissent sous leurs
pieds ou à quelque enfourcliure, les frappent à coups
redoublés et déchirent Penveloppe, à la manière des
Omnivores. Leur bec est si^robuste, qu’elles parvien- /
nent ainsi à percer les noisettes.
Quelques espèces sont très friandes de semences de
pavot et déploient, pour les saisir, une sagacité remar¬
quable : perchées sur la hampe, elles attaquent la tête
par le bas; la graine sphérique et glissante se présente
d’elle-même, et l’oiseau n’a plus qu’à la saisir.
Leur fécondité est proverbiale. C’est une mésange
(She is a tomtit)^ dit-on en Angleterre pour désigner une
femme de petite taille qui a eu .beaucoup d’enfants. '
Certaines espèces pondent jusqu’à 18 œufs et font plu¬
sieurs couvées. Elles sont si attachées à leurs nids, que
j’ai pris, cinq fois de suite, une Grosse Charbonnière
dans un pommier creux ; quelques minutes après, elle
y revenait; et elle est ainsi parvenue, malgré mes tra¬
casseries, à mener à bien sa nichée. Elle fit même une
seconde ponte dans le même creux ; et cette fois, je me
gardai bien de l’interrompre..
Ces oiseaux détruisent une quantité innombrable
d’œufs, de larves et d’insectes ; et, si l’on fait attention
à leur grand nombre et à leur prodigieuse fécondité,
on ne peut s’empêcher de* se demander, avec une cer¬
taine anxiété, ce que deviendraient nos fruits et nos
I
moissons, si ces espèces venaient à nous manquer. La
"plupart des insectivores nous abandonnent pendant
l’hiver; les Mésanges sont toujours là, et poursuivent
toute l’année leur mission providentielle. Si donc elles
coupent quelques bourgeons et piquent quelques
fruits, gardons-nous de récriminer, et de leur mar¬
chander notre reconnaissance.
Leur mue est simple.
Ce genre comprend 1 4 espèces d’Europe, dont une,
la Mésange bicolore [Parus bicolor), est contestée par
quelques auteurs comme espèce européenne, et une
autre, ’la Mésange ou Nonnette alpestre, a été récem¬
ment découverte (1).
Cette dernière habite les Alpes, comme l’indique
son nom ; et je dois à la bienveillante obligeance de
mon honorable ami, M. Lunel de Genève, d’en posséder
deux individus, l’un en été, l’autre en hiver; dix appar¬
tiennent à la France, et huit se rencontrent dans notre-
département; savoir*:
1° Mésange Charbon- 5'’ Mésange noire,
nière. 6°Mésange à longue queue.
2® Mésange bleue. 7° Mésange à moustaches.
3° Mésange nonnette. 8° Mésange penduline.
4" Mésange huppée.
que nous réunissons dans un seul genre, cà cause de leur
conformité de mœurs et de régime; la différence de lon¬
gueur de la queue, de disposition des rémiges, et de
mode de nidification ne nous paraissant point un ca¬
ractère suffisant pour motiver une distinction géné¬
rique. '
Quelques auteurs ont partagé ces espèces en trois et
même en cinq genres d’après « de légers caractères
« tirés des rémiges et du bec (2). »
(,1) M. V. Fatio {Bulletin de la Société ornithologique Suisse,
première partie, 1865) conclut à la radiation de cette mésange
comme espèce.
(2) D*’ Chenu, Encyclopédie d’FIistoire naturelle, t. IV, p. 118.
— 78
Nous ne saurions, pour notre part, accepter une clas¬
sification basée sur une légère différence des rémiges.
Ces différences sont constantes dans les oiseaux; et elles
•r
ont été prises par les meilleurs auteurs comme bases
de distinctions spécifiques. Employées à établir des
coupes génériques, elles conduiraient tout simplement
à faire autant de genres qu'il y a d’espèces.
Quant aux caractères tirés du bec, nous ne pensons
point qu’on doive se préoccuper outre mesure de va-
riatiations légères, insignifiantes. Il est impossible de
trouver deux espèces absolument semblables; et ce sont,
au contraire, ces différences qui préparent les transi¬
tions. Nous l'avons dit, d'ailleurs, au commencement de
rOrdre : « Nous considérons le régime plutôt que l’or¬
gane; » et nous croyons que tant qu’il existe entre les
espèces un rapport de similitude assez marqué, il faut
résister à cette tendance à multiplier les genres, qui est
poussée si loin de nos jours. En général, on sacrifie
trop au goût de l’époque.
« Des coupes assez nombreuses, ajoute le D** Chenu,
c< y ont été introduites, pour permettre d’élever le
« genre, au moyen de ces coupes, au rang de famille. »
L’aveu est naïf et bon à retenir ; mais nous n’admet¬
tons point que , — pour rem plir et régulariser ses cadres,
— un auteur puisse créer des genres, comme on fait
des fausses fenêtres pour la symétrie ; et il nous per¬
mettra de ne point le suivre dans cette classification
de fantaisie.
Nous formons donc un genre unique sans nous pré¬
occuper davantage des caractères tirés de la longueur
de la queue et du mode de nidification.
- 79 —
43. llésang^c cliarlionuièrc. — Parus major
Linné. (Major, plus grand).
Synonymie : Grosse Mésange; Grosse Tête noire, Ser¬
rurier. Taille: 15 centimètres.
Description : Mâle : tête , côtés du cou , gorge et
haut de la poitrine, noir lustré; bas de la poitrine ,
ventre et abdomen d'un jaune lavé de vert, coupé sur
le milieu du’ sternum par une bande noire, s’étendant
de la poitrine à la région anale ; une large plaque trian¬
gulaire blanche sur les joues ; manteau vert olive ; une
tache d’un blanc jaunâtre à la nuque; couvertures .
alaires cendrées, les plus grandes terminées de blanc,
formant sur l’aile une bande transversale : rémiges et
rectrices noires, bordées de cendré; les deux rectrices
externes liserées de blanc; bec et pieds gris de plomb ;
iris noir.
Femelle: Noir de la tête moins brillant ; jaune des
parties inférieures moins pur; bande du sternum plus
étroite.
Jeunes : Nuances moins tranchées, plus d’indécision
dans tout le plumage ; ils diffèrent surtout des adultés
par la teinte jaunâtre des joues et de la bande de l’aile.
Cette espèce, type du genre, abonde partout. Elle
couve dans les creux d’arbre, y construit un nid très
volumineux, composé de mousse, de laine, de plumes
et de crins, et y dépose de douze à quatorze œufs ,
quelquefois dix-huit, d’un blanc rosé, marqué de petites
taches rouge brique, plus nombreuses au gros bout où
ellesforment couronne. Grand diamètre, 18 millimètres;
petit diamètre, 14 millimètres. Elle fait deux couvées et
quelquefois trois et quatre, quand les premières n’ont
pas réussi.
80
La Charbonnière est un oiseau pétulant, acariâtre et
querelleur. Sa voix aigre et criarde est susceptible de
outes sortes de modifications. Elle fait entendre un
cri de détresse aigu et saccadé, à la vue de l’oiseau de
proie, et quand on l’approche. Au printemps, elle a
' un chant d’amour multiple et très varié, mais toujours
désagréable. Sa voix a quelque chose de strident qui
0
rappelle le grincement du fer; aussi, la désigne-t-on
quelquefois sous les noms de Serrurier et d’Aiguiseur
de scie, à cause de l’analogie de son chant avec le cri de
la lime.
44. llésang^e bleue. — Parus cœruleus (Linné).
Taille : environ 12 centimètres.
Description: (Mâle) : vertex d’un bleu lustré, entouré
d’une bande blanche formant courqnne; une large
plaque triangulaire, blanche sur les joues|; collier,
gorge et une bande étroite passant sur les yeux, d’un
bleu noir ; manteau bleu verdâtre; couvertures alaires,
rémiges et rectrices bleues ; une bande transversale
blanche sur les ailes; parties inférieures d’un jaune de
soufre pâle, séparées sur le sternum par une bande
étroite bleu noir; bec et pieds gris de plomb ; iris noir.
Femelle : Elle ne diffère du mâle que par la bande
du sternum, qui est plus étroite.
Jeunes en premier plumage : Une nuance grisâtre
domine toutes les teintes ; le bleu du vertex et du col¬
lier est olivâtre.
. Cette espèce est très répandue dans notre départe¬
ment. Elle niche, comme la Charbonnière , dans les
creux d’arbre et quelquefois dans les fissures des mu¬
railles. Elle pond de 8 à 10 œufs assez courts, d’un
I
— 81
blanc presque pur, avec de très petits points bruns,
mêlés de taches rouge brique. Grand diamètre, 16 milli¬
mètres;^ petit diamètre, 12 millimètres.
En général , la Mésange bleue couve plus loin des
habitations, et semble préférer en été, au voisinage de
l’homme, les futaies écartées et tes lieux solitaires.
Plus petite de taille, douée d’une voix plus douce et
de plus de gentillesse que la précédente, cette mésange
est peut-être encore plus audacieuse et plus acariâtre.
«
Son goût pour la chair paraît plus prononcé. Elle s’at¬
taque aux oiseaux blessés ou malades, les frappe à la
tête, leur perce le crâne, et mange la moelle du cer¬
veau. Ses goûts sanguinaires doivent la faire bannir
des volières.
i
En liberté, elle a sans cesse des accès de dépit, des
mouvements d’impatience vraiment risibles. Si elle
attaque une graine, et qu’elle la trouve vide, elle
s’enfle, s’irrite, frappe de çà, de là, déchire l’enveloppe,
'l’éparpille en un instant, et ne s’éloigne que quand
il ne reste plus trace de l’objet.
En hiver, on la rencontre souvent dans les prairies,
où elle trouve des larves en abondance. Elle grimpe
sur les roseaux avec beaucoup de légèreté, perce les
tiges et dépiste les insectes jusque dans la moelle.
45. ISésange nanncUc. — Parus palustris (Linné). -
Synonymie : Nonnette des marais, Nonnette cen¬
drée, Petite Tête noire.
Taille : environ 12 centimètres.
Description : Mâle : Dessus de la tête, derrière du
cou et gorge noirs ; parties supérieures roussâtres ;
joues et devant du cou d’un blanc cendré ; parties
G '
— 82 -
inférieures cendré pâle, lavé de roux aux côtés du cou
et aux flancs ; rémiges et rectrices semblables au
manteau ; bec brun; pieds gris de plomb ; iris noir.
Femelle : elle ne diffère du mâle que par le noir
moins étendu à la gorge et moins pur à la tête.
Jeunes: semblables à la femelle, avec des teintes
plus rembrunies.
On trouve, mais rarement, des variétés tapiérées de
blanc ; il en existe d’autres qui n’ont point de noir à la
gorge; quelques-unes l’ont très peu étendu.
La Nonette a les moeurs pétulantes et tapageuses
des précédentes ; elle a leur cri varié et leur régime
multiple. Aussi avons-nous cru devoir la placer à leur
suite. Gomme elles, elle est répandue dans toute l’Eu¬
rope et commune partout. Gomme elles, elle est d’une
prodigieuse fécondité, et dépose de douze à quinze
,œufs assez courts, à coquille blanche, couverte de
points, et quelquefois de taches assez étendues, d’un
roux plus ou moins foncé. Grand diamètre, 1 5^ milli¬
mètres ; petit diamètre, 11 millimètres.'
Son nom latin Palustris, des marais, semblerait in¬
diquer que cette espèce fréquente habituellement les
marais. Nous croyons qu’en effet elle aime les lieux
bas et humides, les bords boisés des rivières ; mais
nous la voyons dans les roseaux et les jonchaies moins
souvent que la Mésange bleue.
Quant à son nom français, Nonnette, petite nonne,
elle le doit évidemment à la couleur sombre de son
plumage et à la larges coiffe i noire recouvrant deux
joues blanches, ce qui la fait paraître embéguinée.
Gette mésange commence pour quelques auteurs le
genre Nonnette, Pœcila, dont elle est le type. L’unique
83
caractère sur lequel est basée cette coupe, c'est que
(c la Nonnette des marais aurait l’habitude de creuser
« elle-même des arbres pour y placer son nid (1). »
Nous croyons que c’est là une erreur profonde. Nous
avons toujours vu la Nonnette des marais couver dans
des creux naturels. Gomment admettre, en effet, qu’avec
ses faibles armes elle puisse creuser un trou capable
de contenir sa nombreuse famille. Eùt-elle d’ailleurs
cette habitude, que nous ne pourrions la considérer
comme un caractère suffisant pour établir une coupe
générique,
46. IScsangie huppée. — Parus cristatus (Linné),
de crista, huppe, aigrette.
Taille : 12 centimètres.
Description : Mâle adulte : PI ornes du vertex noires,
bordées de gris pâle, effilées, légèrement recoquillées,
et formant une huppe pointue, très prononcée ; joues
d’un blanc ondé de gris, encadrées par une double
bande noire et blanche extérieurement, partant do la
gorge et remontant jusqu’à l’occiput; gorge noire;
parties supérieures, ailes et queue, brun roux ; parties
inférieures d’un blanc sale, lavé de roussâtre, surtout
aux flancs et à l’abdomen; bec noir; pieds plombés;
iris rouge brique pâle.
Femelle ; plus petite que le mâle, avec les plumes de
la huppe jjlus courtes, moins retournées, et plus large¬
ment frangées de gris ; le collier blanc et noir est
moins tranché ; le noir de la gorge moins étendu, et
la teinte générale plus sombre.
t
(1) D' Chenu, Encyclopédie d'IIist. nal., t. IV, p. 127.
— 84
Les jeunes ressemblent assez à la femelle ; on les
reconnaît à une teinte grise sur le noir de la gorge et
du collier; et à la nuance rembrunie des parties infé¬
rieures.
La Mésange huppée niche dans les creux et les fis¬
sures, quelquefois sous les racines et jusque dans les
tas de bourrées. Elle pond 4 ou 5 œufs obtus, d’un
blanc pur, pointillé de rouge brique. Grand diamètre,
15 millimètres; petit diamètre, 13 millimètres
Bien qu’on la' rencontre moins communément que
les précédentes, on ne peut pas dire qu’elle soit rare
dans notre département. On la trouve dans beaucoup
de parcs où elle fréquente les sapins et les arbres verts.
Ses mouvements sont vifs et saccadés, son caractère
impatient et irascible, sa voix brève et sèche. Nous ne
lui connaissons point de chant d’amour.
Moins sociable que la plupart de ses congénères,
elle voyage souvent par couples. Si l’une des deux
s’éloigne, l’autre interrompt sa chasse; elle s’agite,
pousse des cris fréquents, qui semblent trahir une
sorte d’inquiétude ; et, au premier appel, elle rejoint sa
compagne.
Cette espèce nous paraît faire sa principale nourri¬
ture d’insectes et de larves, qu’elle cherche surtout dans
les arbres, et particulièrement dans les conifères. Elle
ne descend point dans les jardins, ni dans les marais.
Buffon rapporte qu’on la trouve souvent dans les gené¬
vriers , et qu’elle mange beaucoup de genièvre. Je
n’oserais contester cette assertion ; mais je ne l’y ai
jamais rencontrée. Cependant les genévriers étant des
arbustes à feuilles persistantes, le fait me paraît assez
probable.
-- 85 --
47. Sfiésiang;c noire. — Parus ater (Linné) {ater,
noir.) •
Synonymie ; Petite Charbonnière.
Taille : environ 11 centimètres.
Description : Mâle : tête, gorge, devant du cou et
haut de la poitrine d’un noir lustré ; joues, côtés du
cou et nuque d’un blanc pur ; manteau gris de plomb,
lavé d’olivâtre ; ailes de même couleur avec deux
bandes transversales blanches, formées par l’extrémité
des couvertures ; parties inférieures d’un blanc cen¬
dré, passant au roux sur les flancs et aux sous-caudales ;
rémiges et rectrices brunes, liserées de cendré; pieds
gris de plomb ; bec et iris noirs.
Femelle : semblable au mâle, avec le blanc des
joues et le noir de la gorge moins étendus.
Jeunes : nous ne connaissons pas cette espèce en
premier plumage.
Cette mésange, commune et sédentaire dans quel-
ques localités de la France, n’est dans notre départe¬
ment que de passage irrégulier.. Les années où elle doit
s’y montrer, nous la voyons, arriver en plus ou moins
grand nombre, dès les premiers jours d’octobre, pour
ne repartir qu’au mois d’avril.
Les causes qui, déterminent ces migrations dès oi¬
seaux ne sont pas encore bien connues. Nous l’avons
dit déjà, nous ne croyons point qu’on puisse les attri¬
buer uniquement à l’influence de la température. En
effet, à moins de reconnaître à ces espèces une pres¬
cience que la raison se refuse d’admettre, comment
expliquer leur départ dès le commencement de l’au¬
tomne, c'est-à-dire à une époque où la température n’a
— 86 —
point de rigueurs. Ajoutons qu’en 1865, où l’hiver fut
très clément, les mésanges noires apparurent en plus
grande quantité qu'en 1866, où il devait être des plus
rigoureux.
Nous persistons donc à penser qu’il faut chercher
ailleurs la cause de ces déplacements, soit dans la di¬
rection des courants atmosphériques, soit dans une
multiplication exagérée, dont le premier résultat est la
disette ; soit peut-être dans ces deux causes réunies :
dans la disette qui les force au départ, et dans les cou-
rânts qui modifient leur itinéraire. En effet, les mé¬
sanges noires arrivent presque toujours par un vent
d'est, nord-est.
Quoi qu’il en soit, et autant que nous avons pu en
juger par l’observation de ces oiseaux en hiver, leurs
mœurs les rapprochent plutôt de la Mésange huppée et
des Roitelets que de la Charbonnière, près de laquelle
on la place souvent. C’est donc à dessein que nous
modifions ici l’ordre de succession des espèces.
Comme la précédente, la Mésange noire affectionne
les arbres verts ; ses moBurs paraissent plus douces, ses
allures plus modestes, son régime moins étendu. Elle
ne mange guère que des larves et des œufs, qu’elle
cherche comme les roitelets, en se suspendant à
l’extrémité des branches.
Elle voyage par petites bandes, qui se cantonnent
dans les lieux. plantés de sapins. Sa voix traînante et
plaintive, quand tout est mort dans la nature et que
le givre couvre la terre, dispose à une sorte de mélan¬
colie sympathique; et bien des fois, près de la tirer,
nous avons abaissé notre arme, et senti mollir notre
ardeur.
87 -
48 . Slésang^c à long^uc queue. — Parus megis-
tura.
Synonymie : Mécisture, Manche d' alêne, Fusée.
Taille : environ 15 centimètres.
Description : Mâle : bec très court, obtus, légère¬
ment fléchi dans sa partie supérieure ; vertex et joues
blanc cendré, avec deux bandes noires au-dessus des
yeux ; parties supérieures mêlées de gris cendré , de
noir et de brun lie de vin pâle ; parties inférieures blanc
cendré lavé de roux, surtout aux flancs et aux côtés de
la poitrine ; queue longue, étagée ; plumes soyeuses et
très désunies; bord intérieur des paupières jaune pâle;
pieds bruns ; bec et iris noirs.
Femelle : elle ne diffère dp mâle que par une bande
noire plus prononcée au-dessus des yeux.
Jeunes ; nuances plus pâles; les parties inférieures
mélangées de brun ; queue plus courte.
On trouve des individus qui ont la tête d’un blanc
plus ou moins pur, sans bandes noires ; et quelques
auteurs prétendent que c’est la livrée ordinaire de ceux
qui habitent le Nord. Je ne voudrais point contester le
fait , mais je puis affirmer que ces variétés se trouvent
dans notre pays. J’ai vu dernièrement un mâle ayant
la tête toute blanche, tué dans le midi de la France ;
et, en mai dernier, j’ai abattu une femelle dont la tête
est d’un blanc cendré uniforme, sans trace de raie.
La Mésange à longue queue place aux enfourchures
des arbres un nid sphérique, relativement volumineux ,
ne présentant le plus souvent qu’une ouverture vers la
partie supérieure. Ce nid, admirablement construit, se
compose à l’extérieur de mousses et de lichens ; il est
88 —
garni intérieurement de crin et de plumes, qui obstruent
le passage, et empêchent l’air d’y pénétrer. Elle y
dépose de dix à douze œufs assez courts, à coquille
blanche plus ou moins piquetée de rouge brique.
Grand diamètre, 1 2 millimètres; petit diamètre, 10 mil¬
limètres.
Qui n’a pas consacré quelques instants à admirer la
légèreté, la grâce, la gentillesse de ces mésanges, lors¬
que, poussant leur petit cri d’appel, elles parcourent
branche à branche, brindille à brindille, les arbres les
plus hauts et les plus modestes cépées? Elles visitent
tous les bourgeons , toutes les feuilles et jusqu’aux
moindres lichens. Puis, lorsque la chasse est finie, lefir
troupe s’envole avec une promptitude, un ensemble
/
tel, que quand celles qui fixaient notre attention dispa¬
raissent à nos yeux, toute la troupe est déjà loin. Elle
va exercer sur un autre point sa bienfaisante industrie.
On a pris la Mésange à longue queue pour type du
genre Mécisture, qui comprendrait cette espèce et une
autre du Japon. Mécisture, qui devrait être plutôt Mé-
gisture, formé de //s-yio tu, très grande, et de ovpa. queue,
nous paraît former — accolé à caudatus — un pléo¬
nasme vicieux : Mcgistura caudata signifiera , en elTet,
Longue queue à queue, dénomination qui nous rap¬
pelle cette expression malheureuse d’un contemporain
fameux : (c Les cent bras des Hécatonchires. »
Nous adoptons le mot Megistura comme désignation
spécifique.
49. Mésange à Moustaclics. — Parus Biarmicus.
(Linné.) •
Synonymie : Panure; — Moustache.
— 89
Taille: environ 17 centimètres.
Description: Mâle adulte : tête et cou d’un beau cen-
' dré, teinté de rose près des épaules et sur les côtés de
la poitrine; deux moustaches d’un noir profond partent
des commissures du bec, couvrent le devant des yeux
et s’étendent en pointe effilée sur les côtés du cou;
parties supérieures et flancs roux vif ; gorge et devant
de la poitrine blanc argenté; rémiges primaires brunes,
bordées de blanc, secondaires bordées de roux à l’exté¬
rieur, de blanc à l’intérieur; queue longue, très étagée,
d’un roux plus pâle sur les pennes médianes ; pennes
latérales très-courtes, variées de blanc et de noir ; sous-
caudales noires ; bec jaune orangé, assez long, à man¬
dibule supérieure recourbée et aiguë, dépassant l’infé¬
rieure; pieds bruns ; iris jaune brillant.
Femelle : tête et parties supérieures d’une nuance
moins pure, marquées de taches d’un brun de suie ;
t
moustache cendrée peu apparente ; point de noir aux
sous-caudales.
Jeunes, en premier plumage : assez semblables à la
femelle, avec les tein tes rousses lavées de gris sombre ; la
queue brune, à l’exception des deux rectrices médianes,
qui sont rousses; point de moustaches, mais une teinte
noire aux lorums.
La Mésange moustache se montre de temps en temps
dans notre département ; mais nous croyons qu’elle y
niche très rarement. Quelques couples se reproduisent
chaque année à la grand’ mare du Marais- Vernier.
Nous n’avons jamais observé par nous-même son mode
de nidification. « Son nid, dit M. l’abbé Vincelot, est
- très artistement composé d’herbes sèches, de fleurs,
«'de duvet et de mousse. Il ressemble à une petite
~ 90
c boule ou à une bourse. Ordinairement, l’ouverture
« est pratiquée en dessus. Ce nid est attaché par des
« filaments de plante, au-dessus des eaux, à des roseaux '
« ou à des branches de petits arbustes. Il contient de 5 à
« 8 oeufs ronds, d’un blanc d’ivoire, parsemé de taches
« d’un rouge pâle. Ils portent aussi des filets de même
« nuance en formedeveinesetdistribuésenzigzags (1).»
Grand diamètre, 15 millimètres; petit diamètre,
12 millimètres (Degland).
Ces œufs, avant d’être vidés, doivent avoir une teinte
rosée. Cette nuance se rencontre dans presque tous les
œufs blancs, à coquille fine, et assez diaphane pour lais¬
ser percer la couleur de la partie jaune, qui est presque
orangée dans ces espèces ; mais cela n’a lieu que dans
l’œuf fraîchement pondu ; l’albumine se coagule et
perd sa transparence avec le temps, et surtout par la
chaleur de l’incubation. L’œuf prend alors une teinte
plus sombre qui passe bientôt au plombé.
La Mésange moustache fréquente en été les lacs, les
étangs, les marais couverts de roseaux. Elle se tient
près de l’eau, cachée dans les buissons aquatiques, et
se découvre peu. Quelquefois cependant on la voit
grimper sur la tige des roseaux et courir avec pres¬
tesse sur les feuilles des nénuphars. Quand la saison
plus rigoureuse l’oblige à quitter ces retraites, elle
cherche les bois et les buissons exposés au soleil, et elle
est alors peu farouche.
En liberté, elle se nourrit d’insectes aquatiques, de
larves et des semences du roseau commun.
Ses couleurs fines et admirablement fondues, la
(1) Essais étymologiques y 3® édit., p. 298.
- 9t
grâce de ses mouvements, l’élégance de ses formes et '
le petit air crâne que lui donne sa fine moustache,
devaient exciter la convoitise de l’homme, naturelle¬
ment avide de posséder et de jouir/ Aussi la voit-on
souvent en captivité. Il lui faut alors de grandes volières
et la compagnie de ses semblables. 11 faut, pour qu’elle
vive bien, la prendre au nid. Capturée vieille, elle survit
peu à la perte de sa liberté.
En cage, on la nourrit de chènevis écrasé, de navette,
d’œufs de fourmis, de mie de pain, etc.
'La Moustache se distingue de ses congénères par le
timbre argentin de sa voix ; on dirait le cliquetis de deux
clefs qui se choquent doucement.
Elle -habite la Hollande, l’Italie, la Sicile et doit être
très répandue e'n Russie, dans laBiarmie, d’où elle tire
son nom Biarmicus (M. l’abbé Vincelot).
On a fait de cette espèce le type du genre Panure f'de
'TTcLv, tout, etovpcij queue), lequel ne comprend qu’une
espèce. Nous avons dit ce que nous pensons de ces di¬
visions multipliées, reposant sur un caractère aussi fu¬
tile que l’est la longueur de la queue. Nous venons
de voir le genre Mécistiire. Les espèces ont tant d’ana¬
logie, qu’on est obligé de former des synonymes pour
les désigner. Pourquoi, si elles sont si semblables, cher¬
cher à les séparer génériquement?
50. I&lésang^c Réiiiiz. — Parus pendulinus [hinné )
Synonymie : Mésange penduline. — Peiiduline.
Taille: 10 centimètres.
Description : Mâle : vertex et gorge blanc plus ou
moins pur; cou cendré pâle ; une bande noire couvre
le front, passe sur les yeux et s’étend en pointe au-de-
92
♦
là du méat auditif; haut du dos d’un beau roux s’effa¬
çant graduellement pour devenir cendré aux sus-cau¬
dales ; parties inférieures d’un cendré roux, plus foncé
aux flancs et aux cuisses ; rémiges et rectrices noires,
bordées de cendré roussàtre ; bec noir, effilé, aigu; pieds
gris de plomb ; iris jaune.
La femelle diffère du mâle par l’absence de noir à la
tête et par des teintes moins tranchées.
Jeunes : parties supérieures fortement liserées de
gris, et les parties inférieures plus pâles.
« La Mésange Rémiz habite la Pologne, la Grimée,
« l’Italie et la France. On la trouve en grand nombre
« l’été aux environs de Pézénas (Degland). »
Elle se montre fort rarement dans notre département,
mais n’y eût-elle fait qu’une apparition bien constatée,
qu’elle' aurait sa place marquée sur notre catalogue
local. Or, M. Josse Hardy l’a tuée près de Dieppe (1).
Nous avons donc cru devoir lui donner droit de cité et
l'inscrire sur notre liste.
_ I
Elle fréquente, comme la précédente, les lieux maré¬
cageux, et s’y cache au milieu des plantes aquatiques.
Elle se nourrit surtout d'insectes et de larves. Son bec,
mince et effilé, indique suffisamment son régime, et la
rapproche du genre Regulus dont les espèces ont,
comme elle, le bec subulé et très-aigu.
On ne lui connaît point de chant, quoiqu’on l’ait
conservée en captivité.
La Rémiz ne couve point dans notre département ;
nous n’aurions donc point à nous occuper de son mode
de nidification, qui est justement célèbre, si nous ne
(ij Degland, Ornith, FAU'op., t. p. 302.
I
— 93 -
croyions être agréable à nos lecteurs, en disant qu’elle
attache à l’extrémité d’une branch/s flexible ou d’une
tige de roseau, un nid pyriforme, un peu aplati, com¬
posé du plus fin duvet, qu’elle prend aux fleurs des
arbres, des plantes aquatiques ou des chardons, et
auquel elle donne l’aspect et la solidité du feutre le plu^
soyeux. C'est dans ce hamac, mollement bercé « par la
liante élasticité» de la branche, et par l’haleine du plus
faible zéphir, qu’elle dépose 4 ou 5 œufs d’un blanc
d’ivoire, à coquille fine et transparente.
'On a encore fait, pour cette espèce, un genre parti¬
culier, genre Pendulinus ou Paroïdes. Nous ne savons pas
sur quels caractères on a fondé cette coupe, ni les mo¬
tifs qui ont fait distraire la Rémiz du genre Mésange,
dont elle a « le port, le bec, le cri et les principaux attri-
(( buts (1). » 11 est au moins étonnant qu’en avouant
ces rapports, leD»* Chenu l’ait séparée génériquement
d’espèces avec lesquelles elle a des caractères de simili¬
tude si saillants.
2® Genre Roitelet- — Regulus. (G. Cuvier).
Caractères du Genre: bec fin, droit, subulé, échancré
à la pointe ; narines ovales, recouvertes par deux plu-
mules à peine barbelées ; tarses grêles ; ailes à penne
bâtarde courte ; queue échancrée , composée de
10 pennes, à tige très flexible. '
Les Roitelets sont les plus petits oiseaux de l’Europe ;
et si l’Aigle est roi par la force, ceux-ci le sont par la
grâce, la gentillesse et la légèreté. Ce sont des oiseaux
(1) D’’ Chenu, Encyclopédie d'Histoire naturelle, t. IV., p. 138.
vifs, remuants, éveillés ; ils sont toujours en mouve¬
ment, voletant, papillonnant dans les- branches, chas¬
sant comme les Mésanges, aimant comme elles la société
de leurs semblables, féconds comme elles, et, comme
elles, peusensiblesau froid. Nous les voyons, au milieu
(ies hivers les plus rigoureux, dépister dans nos arbres
verts les insectes et les larves microscopiques. En été,
ils poursuivent et saisissent au passage les moucherons*
et les petits coléoptères .
Ils sontsi petits eux-mêmes, qu’ils s’échappent à tra¬
vers les mailles les plus fines, et les grillages les plus
serrés. Ils semblent se fondre pour échapper à la capti¬
vité. Cependant, avec une organisation si frêle et si ché¬
tive, ils font entendre, au printemps, un chant d’amour
soutenu et modulé, qui ne manque ni de force ni d’agré¬
ment.
Ils voyagent par troupes peu nombreuses, en pous¬
sant leur petit cri iititi, caractère des espèces sociables,
• qui ont besoin de se rappeler sans cesse ; mais le plus
souvent ils sont mêlés aux Mésanges noires et aux Mé¬
sanges à longue queue, dont ils ont les habitudes', le
régime et presque le cri.
Nous croyons donc leur conserver ici la place qui leur
convient en les laissant pi'ès des Mésanges, leurs com¬
pagnes ordinaires, tout en rendant hommage aux sa¬
vantes recherches et à la grande expérience de M. Gerbe.
Nous admirons sa profonde connaissance des Becs-fins;
mais ici ses raisons ne nous paraissent pas concluantes;
et nous croirions violenter la nature -en associant les
Roitelets aux Pouillots, lorsque dans notre conviction,
appuyée sur Degland, ils doivent succéder aux Mésanges
sur nos catalogues, comme ils se trouvent à leur
— 95 —
suite et dans- leur société , dans la vie de chaque
jour.
Trois espèces d’Europe et de France ; mais bien que
le Roitelet modeste soit indiqué comme de la France
occidentale, nous ne croyons point qu’il ait été capturé
dans notre localité, et n’admettons que deux espèces
de notre département :
R Roitelet huppé, type du genre.
2° Roitelet à triple bandeau,
51 . Roitelet Huppé. — Regulus cristatus (Bris-
son) de crista y crête, huppe.
Synonymie : SourciWei,
Taille : environ 95 millimètres.
Description : Mâle ; plumes du vertex longues, effi¬
lées, désunies, d’un beau jaune orangé brillant, bordées
de chaque cô té d’une rangée de plumes noires ex térieure-
ment, et jaunes à l’intérieur; région ophthalmique d’un
blanc légèrement cendré, sans trait noir sur l’œil ; une
petite raie de cette couleur semble prolonger la com¬
missure du bec; parties supérieures vert olive; gorge
et parties inférieures d’un blanc lavé de cendré olivâtre;
une double bande transversale blanche sur l’aile; ré¬
miges et rectrices noires bprdées d’olivâtre; pieds bruns;
bec et iris noirs.
Femelle : comme le mâle; parties supérieures plus
cendrées, sans jaune orangé au vertex, qui est jaune
pâle.
Jeunes , en premier plumage ; parties supérieures
• grises; le vert olive n’apparaît qu’aux bordures des
rémiges et des rectrices ; point de jaune ni de noir à la
tête.
- 96 -
Cette espèce niche, dans nos localités, sur les sapins et
les arbres verts. Elle construit un nid relativement vo- '
lumineux, composé à l’extérieur de mousses et de li¬
chens, et garni intérieurement de duvet et de plumes.
Sa ponte est de 8 à 10 œufs d’un blanc plus ou moins
pur, quelquefois sans taches, quelquefois pointillés de
gris. Grand diamètre, 13 millimètres ; petit diamètre,
9 millimètres.
Quoique les Roitelets soient sédentaires dans notre
département, il s’en faut bien que tous les individus
qu’on y voit en hiver s’y reproduisent; il n’en reste
que quelques couples ; les autres vont nicher dans les
sapins des Alpes et de la Forêt-Noire, d’où ils ne
reviennent que dans les derniers jours d’octobre.
52. Roitelet à triple bandeau. — Rëgulus
ignicapillus (Naumann) de ignis^ feu, et de capillus^
cheveu.
Synonymie : Roitelet à moustaches.
Taille : 9 centimètres.
Description : Mâle : plumes du vertex aussi soyeuses,
mais moins longues que chez le précédent, d’un jaune
orangé, bordé de chaque côté et en avant de plumes
jaune pâle à l’intérieur, et noires à l’extérieur; une
banded’unblanc jaune sur le front, passant au blanc
pur sur l’œil, semble détacher la bordure noire et lui
donner l’aspect d’une couronne ; un trait noir sur Vœil ;
un autre trait de même couleur aux commissures du
bec ; joues cendré foncé, avec le dessous de l’œil blanc ;
partiessupérieures, surtout les côtés du cou, plus claires
et de nuance plus vive que dans le précédent, auquel il
ressemble du reste.
I
y
Feftielle : elle diffère du mâle par l’absence de jaune
orangé au vertex, et par la teinte plus sombre du man¬
teau.
Les jeunes en premier plumage seraient, nous as¬
sure-t-on, comme ceux de l’espèce précédente. Nous ne
les connaissons point sous cette livrée.
Nous ne croyons point que cette espèce niche dans
notre département; cependant, comme le fait paraît
contesté, nous indiquerons la couleur de ses œufs afin
de faciliter les recherches. Ils sont au nombre de 5 à 7,
d’un blanc légèrement rosé ou cendré , avec quelques
points gris ou roussâtres. Grand diamètre, 13 milli¬
mètres; petit diamètre, 9 millimètres.
Ces oiseaux arrivent dans notre département ‘dès le
commencement d’octobre, c'est-à-dire une vingtaine de
jours avant leurs congénères.
Si, vu de près, le Roitelet à triple bandeau est facile
à distinguer à la bande noire qui traverse l’œil, il est
plus difficile à reconnaître à distance. Cependant, nous
n’avons jamais tué l’un pour l’autre. Nous le distin¬
guons à sa voix plus forte et plus pleine, à son habitude
de voyager isolé, souvent par couples, et presque jamais
en société des Mésanges. Si cette habitude est cons¬
tante, comme nous le croyons, elle expliquerait d’une
manière fort simple une contradiction qui existe parmi
les auteurs. Le D*’ Chenu, après avoir rapporté des rela¬
tions qui font voyager les Roitelets dans certainesdoca-
lités par petites bandes, et, dans d’autres, par couples,
ajoute ; « Il faut donc qu’ils aient des habitudes diffé-
« rentes en différents pays, et cela ne nous paraît pas
« absolument impossible, parce que les habitudes sont
« relatives aux circonstances; mais il est encore moins
— 98 —
« impossible que les auteurs soient tombés dansquel-
« que méprise (1). » Cette dernière assertion nous paraît
plus probable Nous n’admettons point que, nouveaux
Alcibiades ,les oiseaux puissent changer de mœurs en
franchissant les limites d’une province. Nous croyons
plutôt que les espèces suivent un itinéraire différent, et
qu’un examen insuffisant aura fait attribuer aux deux
espèces indistinctement les habitudes particulières à
chacune d’elles. Ajoutons que tous les chasseurs ne
sont pas des ornithologistes, et que même parmi ces
derniers,' il s’en trouve encore qui confondent les deux
espèces. Nous avons vu cette année un marchand fort
entendu du reste, qui nous a présenté de bonne foi
une douzaine de Roitelets huppés, pour des Roitelets à
triplehandeau. Pour nous donc, leshabitudes sont cons¬
tantes; mais elle varient avec les espèces.
Temminck ajoute que les Roitelets à triple bandeau
se tiennent plus près de terre. Cette opinion nous paraît
encore fort contestable. Nous avons ♦ tué souvent cet
oiseau au faîte des grands arbres , plus souvent à
une hauteur moyenne , mais fort rarement dans les
cépées.
I
I •
3^ Genre Sittelle — Sitta.
Caractères du genre : Bec fort-, plein, en cône allongé,
à mandibule inférieure relevant à la pointe; narines cou¬
vertes par les plumes du capistrum ; ailes médiocres, à
penne bâtarde courte; tarses robustes; doigts longs, à
ongles forts et crochus ; plumes soyeuses et désunies ;
rectrices courtes, larges et arrondies. /
(1) Enryclopédie d’flisloire nalurelle^ t. IV, p. 156.
— 99
Un de nosbons amis nous accusait l’autre jour d’être
révolutionnaire, révolutionnaire scientifique, s’est-il
empressé d’ajouter en riant, et c’est ainsi que nous l’en¬
tendons. Eh bien ! donnons encore une fois raison à
cet excellent ami , et provoquons — à propos des Sit-
telles — un nouveau changement dans la classification
ornithologique.
L’auteur de la Faune de Maine-et-Loire ^ a placé les
Sittellesà la suite des Casse-Noix, et M. l’abbé Vincelot,
touten suivant cet arrangement systématique, dit plai¬
samment que « souvent ces espèces paraissent se lier
« entre elles, comme les graines d’un chapelet, dont la
« chaîne est brisée (1). » Nous sommes complètement
de l’avis du savant étymologiste, et nous pensons no¬
tamment que les Sittelles, n’offrant aucun caractère
assez tranché pour constituer une famille, ont — comme
espèces secondaires — des habitudes de transition qui
se prêtent à un rapprochement avec plusieurs tribus •
Gependantnous ne leur trouvons avec les Nucifraginés
que des rapports un peu superficiels, celui, par
exemple, de vider les noisettes, et celui de faire des
provisions; elles nous paraissent en différer sur tous les
autres points.
Nous leur trouvons plus d’affinité avec lec Pics, les
Grimpereaux et les Mésanges, avec ces dernières sur¬
tout; et il nous paraît que, placées à leur suite, elles
préparent heureusement la transition avec les Grimpe¬
reaux, et par ceux-ci, avec les Pics.
Guéneau de Montbeillard dit « qu'on les prend sou-
« vent avec le suif pour tout appât ; ce qui, ajoute-t-il,
(l) Essais élymologiqiies, 3^ édit. , p. i'iH.
100
« est un nouveau trait de conformité avec les Mésanges,
« qui aiment toutes les graisses. »
Degland les a rapprochées des Grimpereaux ; mais,
pour des motifs que nous ne pouvons nous expliquer, il
les a éloignées des Pics, avec lesquels elles ont tant de
rapports.
0
Le D*" Chenu, tout en isolant les Sittelles, recon¬
naît « qu’elles ont beaucoup de l’air et de la contenance
f
« des Mésanges, » ainsi que l’avaient déjcà fait remar¬
quer Belon et Klein. . ' .
En présence de tant de témoignages d’hommes com¬
pétents , qui affirment notre conviction , nous nous
demandons pourquoi , si les Sittelles ont tant de
rapports avec les Mésanges , on les en a généralement éloi¬
gnées; etnous nous autorisons de ces aveux pour les en
rapprocher.
En effet, les principaux caractères qui paraissent les
écarter des Farinés, nous semblent plus apparents que
réels.
Leur bec, quoique plus long et plus robuste, n’en
diffère pas essentiellement par la forme. D’un autre
côté, on ne peut pas dire que les Sittelles soient des oi-
seaux essentiellement grimpeurs. Nous avons étudié
souvent leurs allures , et nous les avons vues se percher,
courir sur les branches, et s’accrocher aux aspérités
des arbres, plus souvent qu’y opérer des ascensions
I
verticales.
Ajoutons qu’elles se nourrissent, comme les Mésanges,
d’insectes et de larves, qu’elles trouvent dans les lichens
et les bois vermoulus ; qu’elles sont friandes comme
*
elles de faînes et de noisettes, et les percent aussi en
les assujettissant aux enfourchures ; que, moins socia-
— 101
blés que les Mésanges, elles se réunissent encore par
petites troupes, et ne sont point tristes ni solitaires
comme les Pics ; qu’elles ont enfin un cri multiple et un
chant varié; et nous croirons avoir suffisamment jus¬
tifié la place que nous leur assignons, dans la grande
famille ornithologique.
Leur nom générique Sitta, dont dérive le mot fran -
çais Sittelle, viendrait, d’après M. fahhé Vincelot, du
verbe grec siffler.
Trois espèces d’Europe, dont une commune en France
et dans notre département.
La Sittelle Torchepot.
53. Sittelle Topcliepot. — Sitta Europæa (Linné).
Synonymie: Casse-Noix; — Casse-Noisette. »
Taille: 13 centimètres. ,
Description : Mâle: toutes les parties supérieures d’un
cendré ardoisé uniforme; gorge et joues d’un blanc sale;
une bande noire part des narines, passe sur l’œil, et
s’étend sur les côtés du cou ; parties inférieures d’un
chamois foncé ; cuisses et hancs roux marron ; sous-
caudales de même couleur, avec une tache blanche sur
chaque plume ; rémiges brunes ; rectrices médianes
cendrées, les autres noires , terminées de cendré, avec
une tache blanche sur les quatre latérales de chaque
côté; bec brun ; jneds gris de plomb ; iris noisette.
Femelle: les parties inférieures et les flancs plus pâles;
la bande noire de la tête plus étroite.
Jeunes : bec plus court; cendré du manteau plus
rembruni; parties inférieures légèrement lavées de
gris.
- 102 —
Cette Sittelle est commune et sédentaire dans notre
département. Elle niche dans les arbres creux et pond
de cinq à sept œufs allongés, blancs, légèrement teintés
de jaune, et finement pointillés de rouge brique. Grand
diamètre, 20 millimètres; petit diamètre, 15 milli¬
mètres.
Quelques auteurs prétendent qu’elle couve à cru sur
le bois vermoulu , cela peut se produire dans quelques
circonstances ; mais nous lui avons toujours trouvé un
nid, construit, comme celui des Mésanges,. de mousse,
de plumes et de crin. Quand l’entrée du creux est trop
grande, elle la rétrécit au moyen d’une crépissure de
terre glaise et de gravier, qu’elle sait fort bien maçon¬
ner et ressuyer. On dirait le travail d’un potier, de là
son nom Torchepot.
Le mâle pourvoit à la nourriture de la couveuse, qui
est fort attachée à son nid, et ne le quitte guère pendant
la durée de l’incubation. Quand on s’en approche, elle
s’enfle les plumes et souffle, au fond de son trou, comme
une couleuvre. C’est du reste une habitude qui lui est
commune avec plusieurs Mésanges.
Le D*" Chenu rapporte, sur la foi d’un vieux garde-
chasse, que (( ces oiseaux frottent leur bec contre les
« branches sèches et creuses, et font un bruit grrrrrô,
« qu’on entend de fort loin, et qu’on s’imaginerait venir
« d’un oiseau vingt fois plus gros (t). » Nous croyons
qu’il y a ici confusion. Nous avons entendu ce bruit ;
mais nous le considérons comme un son guttural, un
effet de ventriloquie, produit , non pas par le Torche-
pot, mais par le Pic-Epeiche dans la saison des amours.
(1) Encyclopédie d’Hisloire naturelle^ l. III, p. 136.
\
— 103 —
La Sittelle que nous décrivons ici de visu, est bien
l’espèce qui fréquente notre département. D’après Ch .
Bonaparte, cette description serait celle du Torchepot
de Meyer et la description donnée par Linné, sous le
%
nom de SittaEuropæa, conviendrait à une autre espèce.
Nous n’avons pas Linné sous la main pour contrôler le
fait; mais il nous paraît, dans tous les cas, que ce serait
une rectification à établir, et qu’il convient d'attribuer
l’épithète Europæa^ ainsi que l’ont fait Degland et
d’autres auteurs, à une espèce exclusivement d’Europé,
et non à un oiseau qui n’y apparaît qu’accidentelle-
ment.
QUATRIÈME FAMILLE.
CERTHIINÉS.
Caractères de la Famille : Bec grêle, allongé, arqué,
comprimé sur les côtés et pointu : narines basales, peu
ouvertes ; tarses courts ; quatre doigts, dont trois en
avant ; ongles longs et aigus.
Les Certhiinés sont les grimpeurs par excellence ;
jamais ils ne se perchent. Au repos même, et pendant
le sommeil, ils se tiennent dans une position verti¬
cale.
Ce sont des oiseaux remuants, actifs, toujours en
chasse, peu sociables, quoique de mœurs douces. Ils
semblent s’isoler par instinct, sans s’attaquer ni se
poursuivre, comme le font presque tous lesoiseaux chas¬
seurs.
' Nous avons hésité longtemps à admettre deux genres
- 104
dans cette famille; nous ne voyions entre eux, en effet,
d’autre différence bien tranchée que l’habitat et la na¬
ture des rectrices ; mais cette dernière particularité, 'dans
des espèces où la queue joue un rôle si important, nous a
paru mériter d’être prise en considération; et puis nous
avons pensé que, tous les naturalistes modernes s’ac¬
cordant à scinder la famille, ils ont pour le faire de bonnes
raisons que nous ne sommes pas à même de contrôler
dans nos localités, où le Tichodrome ne fait que d’exces¬
sivement rares apparitions.
Nous ferons donc deux genres :
1 ® Genre Tichodrome ;
2° Genre Grimpereau,
En bonne logique, le genre Gerthia qui donne le nom
à la Famille, eût dû être placé le premier. Nous l’avons
compris ; mais notre marche méthodique s’y oppose.
Les Tichodromes, avec leur queue arrondie, se rap¬
prochent plutôt des Sitteîles , et les Grimpereaux des
Pics. Ainsi , xjlacé en face de ce dilemme : ou changer
une expression consacrée et introduire un mot nou¬
veau , ou sacrifier un principe qni nous semble bon ,
nous avons cherché à tourner la difficulté. En suivant
la marche que nous indiquons, nous sauvons le prin¬
cipe, et nous faisons nos réserves quant cà l’exactitude
de la dénomination que nous acceptons, mais dont nous
n’endossons point la paternité.
Nous donnons ici cette explication pour n’y plus reve¬
nir dans la suite de notre travail.
I
- 105 —
1” Genre Tichodrome (Tichodroma de ^ Mur,
ET S'poiJLsv^, Coureur).
Caractères du genre: Ceux de la Famille; bec très long,
arqué, triangulatre à sa base, arrondi dans le reste de
son étendue ; ongle du pouce aussi long que ce doigt,
mince et courbé; ailes à penne bâtarde allongée; queue
^ arrondie, à baguettes faibles.
Nous n’avons jamais observé cet oiseau par nous- <
même, et il ne fait dans notre département que de très
rares apparitions. Cependant, il s’y montre quelque¬
fois, et nous avons vu , notamment dans le cabinet de
M. Hardy, un individu tué sur la cathédrale de Rouen
en 1822, l’année même où elle fut incendiée. C’est donc
un oiseau appartenant à notre département et qui a sa
place marquée sur notre catalogue.
Le Tichodrome a pour habitat les hautes montagnes
de l’Europe méridionale; il se montre chaque année en
Anjou pendant l’hiver, alors que la rigueur dufroid et
une épaisse couche de neige, faisant disparaître les in¬
sectes, le forcent à abandonner les sites sauvages. Aux
premières douceurs de la température, il regagne les
rochers les plus escarpés, les sommets les plus abrupts,
dans les fissures desquels il se reproduit.
Peu farouche, il se laisse approcher de fort près, non
pas toutefois sans manifester une sorte d’inquiétude
qui lui fait suspendre ses charmantes évolutions ; car
cet oiseau est dans un mouvement continuel, grimpant
sur les rochers ou sur les murs, voletant, papillonnant,
étalant les riches couleurs pourpres de ses ailes, qui lui
— 106 —
ont fait donner le nom de Phénicoptère de
pourpre, et de 'nspov aile.
Ce genre ne comprend qu’une espèce, le Tichodrome
Echelette.
54. Ticliodrome Eclielette. — Tichodroma mu-
raria Gli. Bonap., de murus^ mur.
Synonymie : Grimpereau des murailles.
Taille 15 à 17 centimètres.
Description : Mâle en été ; toutes les parties supé¬
rieures d’un cendré foncé, plus clair au manteau; joues,
gorge et devant du cou d’un noir profond ; parties in-
férieùres d’un cendré presque noir, avec les sous-cau¬
dales marquées de taches blanches; couvertures alaires
et barhules externes des rémiges d’un beau rouge ‘ver¬
millon ; rémiges noires avec deux taches blanches sur
les barbes internes des primaires ; rectrices également
noires, les deux externes largement marquées de blanc
à leur extrémité, les autres terminées de cendré; bec,
pieds et iris noirs.
Mâle en automne et en hiver : teintes générales plus
pâles ; quelques nuances fauves au vertex ; pas de noir
à la gorge qui est blanchâtre.
Femelle : à toute époque comme le mâle en hiver.
Jeunes: comme la femelle, dont ils se distinguent par
une bordure cendrée à l’extrémité des rémiges, et par
des couleurs moins tranchées.
Leur mue serait simple d’après Vieillot , double
d’après Temminck. L’opinion de ce dernier nous
paraîtplus probable, et est, croyons-nous, généralement
adoptée.
Nous avons dit que le Tichodrome se rapproche plu-
107
tôt delà Sittelle ; il grimpe, en effet, comme cette der¬
nière, sans s’appuyer sur la queue; il monte par petits
bonds réguliers, les ailes légèrement déployées, comme
s’il suivait les degrés d’une échelle d’où son nom Éche-
lette. Arrivé auhaut,ü se laisse tomber, et recommence
ses ascensions- Ce n’est qu’après avoir visité toutes les
excavations, sondé et exploré toutes les fissures pour
y trouver les araignées et les moucherons, sa' nour¬
riture ordinaire , qu’il va exercer sur un autre point
son infatigable activité. Son bec long, grêle et pointu,
est admirablement approprié à son genre de vie.
2® GENRE GRIMPEREAU. — Certliia.
Caractères du genre: Ceux de la Famille; ailes médio¬
cres, à penne bâtarde, sur- obtuses; rectrices raides, éta¬
gées, usées, et convexes ; ongles allongés, recourbés et
très aigus.
Les oiseaux de ce Genre réunissent tous les caractères
des véritables grimpeurs ; tarses courts, ongles aigus,
dos arrondi, queue composée de plumes raides, s’arc-
boutant contre les branches et donnant un point d’ap¬
pui à l’oiseau. Telle est l’ingénieuse constitution de ces
espèces. En considérant cette réunion de qualités si
bien appropriées au genre de vie de l’individu,
l’harmonie des parties, le fini des détails, comment ad¬
mettre qu’un ensemble si parfait soit l’œuvre de la ma¬
tière inerte, de l’aveugle hasard, et d’une agglomération
libre et spontanée, mais irréfléchie et inintelligente ?
Nous l’avons dit, et nous nous plaisons à le répéter,
en présence des merveilles de la création : Dieu seul a
pu les concevoir et les produire !
Actifs et infatigables comme les Tichodromes, ces
oiseaux courent sans cesse sur les arbres, où ils décri¬
vent d’innombrables spirales. Arrivés au sommet, ils se
laissent choir, et recommencent leurs ascensions. Nous
avons remarqué que, lorsque rien ne les dérange, ils
.se tiennent de préférence à l’opposé du soleil, sans
doute parce que la plupart des insectes qu’ils chassent
fuient le grand jour, et aiment à se posera l’ombre.
Sont-ils observés, ils repassent de l’autre côté, se décou¬
vrent peu et disparaissent bientôt.
Les Grimpereaux sont d’humeur sombre, chagrine,
solitaire ; leur voix est grêle et perçante; leur chant lui-
même a je ne sais quoi de mélancolique et de plaintif;
c’est plutôt le soupir de la tristesse et de l’ennui, que
la folâtre effusion de l’amour et du bonheur.
Tels sont les caractères qui, joints à la nature de leurs
rectrices, dont le rôle est si important chez les grim¬
peurs, nous ont décidé à rapprocher les Grimpereaux
des Pi cinés.
Ge changement, que nous proposons dans la classifi¬
cation ornithologique, nous paraît donc justifié non-seu¬
lement par les mœurs, les habitudes et le régime des
oiseaux, mais encore par la conformité des caractères
extérieurs.
' . Ces rapports d’affinité sont même si frappants,
que, tout en ne rapprochant pas les familles, certains
auteurs ont établi des genres mitoyens. Ainsi , nous
avons le genre Mésange-Grimpereau , Certkiparus ( De
La Frenaye ) et le genre Grimpic Picolaptes (Lesson).
Ces genres mixtes, demi-mésange et demi-grimpereau
— 109
d’ime part; demi-grimpereau et demi-pic de l’autre,
nous paraissent impliquer nécessairement le rappro¬
chement des trois familles , les relier et ménager la
transition des unes aux autres. C’est ce que nous avons
osé tenter. Heureux si nous avons réussi à simplifier
un peu la classification , et si nos humbles efîorts
peuvent obtenir l’approbation , ou tout au moins l’in¬
dulgence de nos maîtres dans la science.
Deux espèces de France , dont l’une, le Grimpereau
Costa, Certhia Costœ (Bailly), nouvellement découverte,
et qui paraît incontestée,* habite les Alpes, d’où je l’ai
reçue ; et l’autre, le Grimpereau familier, est commun
dans notre département.
55. Grimpereau familier. — Certhia familiaris
(Linné).
Synonymie : Grimpart, Grimpet, Grimpset.
Taille: 127 millimètres.
Descriptmi : Mâle : parties supérieures brunes, mêlées
de roux, de jaunâtre et de blanc, croupion roux; par- .
ties inférieures d’un blanc assez pur à la gorge , lavé
de cendré à la poitrine et de rousscUre aux flancs et
aux sous-caudales ; joues brunes, variées de gris; une
raie sourcilière blanche; rémiges brunes, marquées de
taches jaunâtres , formant une bande transversale sur
les secondaires; lectrices d’un brun uniforme ; bec
brun en-dessus , plus pâle en-dessous ; pieds et iris
bruns.
Femelle : Tout-à-fait semblable au mâle.
Jeunes : De nuance plus claire ; ils se distinguent
des adultes à leur bec plus court, moins arqué, et à la
bordure jaunâtre des rectri'ces.
110
Chez cette espèce , comme chez beaucoup d’autres ,
le bec s’allonge et se courbe avec l'âge ; c’est un ca¬
ractère auquel on peut reconnaître les vieux sujets.
Le Grimpereau familier paraît commun à plusieurs
parties du monde ; il est répandu dans toute l’Europe
et se rencontre partout dans notre département , où il
est sédentaire.
Il se reproduit dans les creux des arbres , dans les
fentes des écorces et dans les trous des murs. 11 pond
de 6 à 8 œufs oblongs , à fond blanc marqué de nom¬
breuses taches d’un rouge brique. Grand diamètre,
16 millimètres ; petit diamètre, 12 millimètres.
Nous croyons qu’il fait deux nichées chaque année.
Il se nourrit particulièment de larves, de mouche¬
rons, d’araignées, de petits coléoptères, etc.
Son nom familiaris, familier , de la famille , indique
le caractère peu farouche de cette espèce , qui s’ap¬
proche souvent des habitations , s’y reproduit et
grimpe sur nos murs comme le Tichodrome. Il marque
de plus une différence caractéristique avec le Grimpe¬
reau Costa ; qui paraît fuir la présence de l’homme et
fréquenter les lieux les plus isolés.
CINQUIÈME FAMILLE.
LES PIGINÉS.
Caractères de la Famille : Bec fort , allongé , cunéi¬
forme ; narines ouvertes , larges , recouvertes par les
plumes sétacées du capistrum; tête grosse ; cou mus¬
culeux ; langue très longue , rétractile , cylindrique ,
111
#
terminée par une pointe cornée et barbelée ; tarses
courts et robustes ; ongles crochus , aplatis et aigus ;
ailes courtes et obtuses ; lectrices concaves , raides et
élastiques.
Cette famille est l’une des plus naturelles de la
classification ornithologique ; aussi a-t-elle été adoptée
par tous les auteurs. Les divergences n’existent que
sur le rang qu’elle doit occuper dans l’ordre de suc¬
cession, et sur le nombre de genres à y établir.
Placés par quelques auteurs , qui se préoccupent
trop , selon nous , de la conformation des pieds , à la
suite des Carnivores nocturnes, ils se trouvent associés
à la famille des Buboninés , avec lesquels ils n’ont
d'autre rapport que la disposition des doigts, et dont
ils diffèrent essentiellement pour tout le reste. C’est, à
notre avis , attacher trop d’importance à un caractère
purement extérieur et faire bon marché des mœurs et
du régime. Classer les espèces , c’est , nous paraît-il ,
saisir les rapports de similitude les plus importants, et
ordonner d’après ces caractères. Or, si les qualités
morales l’emportent sur les qualités physiques , c’est
dans ces premières qu’il faut chercher son point de
départ, le principe qui doit dominer toute la classifica¬
tion , et il nous semble que le système basé sur la
configuration des pieds subit ici un échec grave et
décisif.
Nous l’avons dit, nous ne croyons point avoir plus
d’esprit que tout le monde ; nous ne nous appuyons ,
d’ailleurs, comme nous l’avons fait remarquer à la fin
des Certhiinés , que sur des découvertes dont nous
n’avons point le mérite ; mais nous trouvons qu’en
suivant l’ordre que, nous proposons , la marche est
— 112 —
>
, plus rationnelle , et les transitions mieux ménagées.
Des Picinés , auxquels nous croyons arriver par une
gradation régulière , nous passerons aux Méropinés
par les lunginés et les Guculinés , qui nous paraissent
former les degrés naturels entre ces deux familles,
La manie des divisions s’est encore exercée sur cette
tribu J dont les affinités de mœurs sont pourtant si frap¬
pantes, de sorte que « il està craindre, comme l’a dit avec
(c raison M. Malherbe, que la nomenclature ne devienne
« un chaos, par excès d'ordre. » A défaut d'autres ca¬
ractères , on a pris pour bases' de coupes nouvelles , la
couleur du plumage. Ainsi , l’on a fait le genre Ghlo-
ropic (de verdâtre , et de picus^ pic). Nous
l’avons déjà dit, la nuance de la robe ne nous paraît
point un motif suffisant pour séparer génériquement
des^ espèces qui ont une conformité marquée. Nous
•
n’admettrons donc pour les espèce de notre départe¬
ment qu’un seul genre, le genre Pic, picus, qui, dans
notre opinion , devrait contenir aussi le genre Dryopic
(Pic des arbres). Nous établirions un second genre
(genre Picoïde) pour les Pics à trois doigts , mais nous
n’avons pas à nous occuper de ces espèces, puisqu’elles
ne sont point de notre département.
Genre Pic (Picus.)
Caractères du genre : Geux de la Famille ; quatre
doigts, deux en avant, deux en arrière ; rectrice externe
, très courte et à peine perceptible.
Les Pics sont des oiseaux au caractère farouche,
aux mouvements brusques, aux goûts solitaires, à la
f
— 113 ~
voix rauque, saccadée et perçante. Leur vol 'est rapide,
ondulé et inégal. Tantôt ils se tiennent à terre, sur les
fourmilières ; tantôt dans les futaies et les bois, par¬
courant les vieux arbres, sur lesquels ils courent plutôt
qu’ils ne grimpent ; car leurs ascensions s’opèrent par
petits bonds réguliers, facilités peut-être par l’élasticité
des plumes de la queue , lesquelles sont étagées de
manière à s’appliquer exactement sur la surface cylin¬
drique de l’arbre. Dans tous les cas, la rigidité des rec-
trices doit leur être d’un puissant secours dans leurs
chasses, et donner à leur corps un point d’appui solide
et une nouvelle énergie, lorsque l’oiseau, se dressant
sur ses tarses, relève brusquement la tête pour frapper
avec, vigueur sur l’écorce , et dépister les insectes, ou
creuser l’arbre lui-même.
^ Mais l’organe le plus admirable que la nature ait
mis à leur service, c’est leur langue, longue et cylin¬
drique, terminée par une sorte de pointe barbelée, cor¬
née et osseuse, s’engluant dans deux vésicules placées
à l’occiput. Cette langue est garnie, à l’intérieur, de
deux muscles qui se détendent, comme un ressort, et
lancent l’extrémité cornée sur l’insecte, qui se trouve
ainsi harponné. Dans sa chasse aux fourmis , l’oiseau
enfonce sa langue dans la fourinillière , et la retire
couverte do larves et d’insectes qui s’y sont englués.
En les comblant ainsi de ses faveurs, la nature s’est
montrée envers eux mère bienveillante, et ne s’est point
conduite en marâtre comme on l’a prétendu. Si 'leur
genre de vie paraît plus pénible, ils sont organisés
pour l’effet : ils accomplissent leur mission naturelle¬
ment et sans effôrts , comme les Hirondelles, qui
fendent l’air tout le jour ; et ils ne sont pas plus. que
8
114
les autres oiseaux des êtres déshérités, ni les forçats
de la création (1) .
Ces oiseaux couvent dans des creux d’arhres, qu’ils
percent souvent eux-mêmes. Leurs œufs, déposés sur la
poussière, sont blancs sans exception , do forme ovée,
et à coquille d’un grain si fin et si lustré, qu’ils offrent
le hiillant de la porcelaine.
Leur mue est simple, et la livrée différente dans les
deux sexes, que l’on distingue, dans la plupart des
espèces, dès leur sortie du nid.
Ce genre contient sept espèces bien déterminées d’Eu¬
rope, six appartiennent à la France et cinq sont com¬
munes ou susceptibles de se rencontrer dans notre
département, savoir : ^
1° Pic vert. 4° Pic Mar.
2° Pic cendré.' 5^ Pic Epeichette.
3® Pic Epeiche.
Les Pics étaient consacrés au dieu Mars. Les Romains
prétendaient qu’un Pic veillait sur le berceau de Ro-
mulus et de Rémus, pendant que la louve leur présen¬
tait ses mamelles.
56. Pic vert, — Picus viridis (Linné).
Synonymie : Pivert, Pleupleu.
Taille : Environ 32 centimètres.
Description : Mâle : moustaches et dessus de la tête
d’un rouge brillant , descendant en, pointe sur le cou ;
joues et région des yeux noires ; parties supérieures
d’un vert olive, passant au jaune sur le croupion et
aux sus-caudales; parties inférieures cendré lavé de
(1) Buffon, Hist. nat., 1844, t. V, p. 517.
vert ; rémiges 'marquées de taches quadrilatérales
blanc jaune; rectrices brunes, rayées d'olivâtre ; bec
noirâtre en-dessus , jaune en-dessous ; pieds bruns ;
iris blanc.
Femelle ; comme le mâle , mais avec la moustache
noire.
Jeunes : le rouge de la tête est plus terne et les
plumes du vertex moins allongées ; parties supérieures
d’un vert moins pur, marqueté de taches blanc-jau¬
nâtre ; parties inférieures variées de brun et de blanc ;
iris gris.
On cite des variétés blanches et d’autres marquées
de blanc, mais elles doivent être fort rares.
Le Pic vert creuse les arbres pour y nicher. Sa ponte
est de 5 à 7 œufs d’un blanc lustré sans taches. Grand
diamètre, 27 à 28 millimètres ; petit diamètre, environ
20 millimètres.
Ce Pic est le plus commun dans notre département,
où il est généralement connu sous le nom de Pleupleu^
onomatopée populaire qui figure assez bien son cri. Il
passe pour annoncer la pluie. Nous croyons qu’en effet
il se fait entendre plus souvent à l’approche du mau¬
vais temps. C’est un oiseau farouche , et qu’on ne tire
guère que par surprise. Comme ses congénères, il affec¬
tionne les vieux arbres, plus chargés de lichens et de
rugosités , où les insectes sont plus nombreux. C’est
surtout lorsqu’il passe d’un endroit à un autre qu’il
fait entendre sa voie rauque et perçante. Au temps de
l’accouplement , ce cri devient plus fréquent et moins
aigu.
Cet oiseau a dans le bec une force remarquable. J’ai
entendu dire souvent à un homme très digne de foi
116 —
que, étant enfant, il avait voulu prendre un nid de Pic
vert, et avait dû y renoncer ; mais que , dans un accès
de dépit qui s'explique, car
t
. Cet âge est sans pitié ,
il prépara une che\dlle qu’il enfonça à force dans l’ori >
ficedu trou. Le lendemain, le passage était libre, et les
débris de la cheville jonchaient le pied de l'arbre.
L’amour maternel avait accompli ce prodige.
\
57. Pic cendré. — Picus canus (Gmélin) .
Synonymie : Pïc Si tête grise.
Taille : 29 centimètres.
Description: Mâle : front d’un rouge cramoisi, étroite
moustache et lorums noirs ; tête et cou cendré gris ;
parties supérieures d'un vert passant au jaune sur le
croupion ; parties inférieures cendré pâle , lavé de
vert ; rémiges et rectrices comme dans le précédent ;
bec brun, plus foncé en dessus ; pieds noirs ; iris rouge
pâle.
Femelle : de nuance plus claire; moustache plus
étroite ; pas de rouge au vertex.
Jeunes avant la première mue : de teinte plus sombre,
avec des bandes transversales sur les rémiges ; le mâle
a déjà le front rouge et les moustaches, caractères qui
manquent chez la jeune femelle .
Le Pic cendré, assez commun dans le nord de l’Eu¬
rope, est très rare dans notre département, où il se ren¬
contre cependant de temps à autre. Un mâle adulte,
qui fait partie de la riche collection de M. Vian, a été
tué dans les environs de Dieppe.
Ses mœurs, son régime, son mode de nidification,
117
paraissent être les mêmes que chèz le précédent, au¬
quel il ressemble beaucoup. Sa ponte est de 5 ou
6 œufs, de même forme et de même couleur. Grand
f
diamètre, 26 millimètres: petit diamètre, 18 milli¬
mètres.
Nous croyons l’avoir observé une fois, et son cri
nous a paru différer de celui du Pic vert. Il serait
moins fort et moins aigu, se rapprochant de' celui
du Pic Epeiche ; et l’oiseau le poussait, comme ce der¬
nier, cramponné à un arbre et au repos.
58. Pic Epeiclic. — Picus major (Linné).
Synonymie: Grand Pic varié. — Grimyart, — Pic
Grüve.
Taillé : variable de 23 à 25 centimètres.
Description : Mâle adulte : vertex, derrière du cou et
dos d’un noir brillant ; une bande transversale rouge
cramoisi à l’occiput ; front blanc chamois ; plumes du
capistrum noires; joues, région paro tique, côtés du cou
et scapulaires d’un blanc pur ; une bande noire, partant
des commissures du bec, sépare les joues de la gorge
et se confond avec une autre bande également noire,
descendant de l’occiput sur les côtés de la poitrine ;
parties inférieures d’un blanc sale ; abdomen et sous -
caudales rouge cramoisi ; rémiges noires marquées
de blanc; les quatre 'rectrices médianes noires; les
latérales blanches, rayées de noir dans leur partie
inférieure ; bec et pieds plombés; iris rouge vineux.
Femelle : un peu plus petite que le mâle, sans rouge *
à l’occiput.
Jeunes : d’un noir plus mat aux parties supérieures ;
f
\
— 118 —
les inférieures marbrées de noir ; front et vertex d’un
rouge terne.
Cette espèce est sédentaire et se reproduit dans notre
département. Elle creuse rarement les arbres; mais elle
dépose dans les trous naturels , ou dans ceux qu’a pra¬
tiqués le Pic vert, de 4 à 6 œufs un peu allongés, d’un
blanc pur et sans taches. Grand diamètre, 23 milli¬
métrés; petit diamètre, 18 millimètres.
Moins farouche que les précédents, le Pic Epeiche
en diffère peu par les mœurs et les habitudes. Cependan t
il fréquente davantage les arbres verts, et on le voit
souvent cramponné aux flèches des sapins. C’est au
repos surtout qu’il fait entendre son cri Teik Peih\
d’où nous paraît venir son nom Epeiche, auquel
plusieurs auteurs ont donné, selon nous, des étymolo¬
gies un peu forcées. Quant au nom latin major, il vient
de la comparaison avec le Pic Mar {Picus médius), et le
Pic Epeichette [Picus 7ninor), lesquels ressemblent cà
TÉpeiche pour la disposition des couleurs, mais qui sont
de dimensions plus petites.
Son régime diffère d’avantage. Le Pic Epeiche ne
chasse guère les fourmis ; et, par suite, descend peu à
terre. Il vit d’araignées, d’insectes, de larves et de baies.
Nous l’avons vu plusieurs fois, suspendu aux fruits des
conifères, les frapper à coups redoublés commeles mé¬
sanges ; on dit qu’il mange aussi des faînes et des noi¬
settes.
59. 5*ic — Picus médius (Linné). Médius,
moyen.
Synonymie : Moyen Epeiche,
Taille : 21 centimètres.
/
- 119 —
Description : Mêle adulte: parties supérieures noires,
marquées de blanc aux scapulaires et sur toutes les ré¬
miges; parties inférieures d’un blanc rosé, passant au
rouge cramoisi à l’abdomen et aux sous-caudales; poi¬
trine et flancs marqués de raies longitudinales noires;
front blanc jaunâtre; vertex d’un beau rouge pourpré;
gorge, cou et région parotique blanc presque pur, avec
une tache noire sur les cotés du cou; rectrices médianes
noires ; les latérales blanches avec des barres noires
dans leur partie inférieure ; bec et pieds couleur de
plomb ; iris roux.
La Femelle, semblable au mâle, a la teinte rouge
de la tête et des sous-caudales moins vive, et les plumes
du vertex moins longues et moins soyeuses.
Chez les jeunes, le rouge de la tête est plus rem¬
bruni ; les sous-caudales sont roses, et les raies brunes
des flancs plus nom'breuses.
Le Pic Mar est rare dans notre département, et nous
ne croyons pas qu’il s’y reproduise'. Tl niche, comme ses
congénères, dansles arbres creux, et pond de 4 à 6 œufs
blancs, sans taches. Grand diamètre, 21 millimètres,
petit diamètre, 16 à 17 millimètres.
Cette espèce paraît fréquenter le Midi plutôt que le
Nord; on la dit assez commune en Lorraine, où elle
affectionne les forêts de chênes. Son régime paraît se
rapprocher davantage de celui du Pic vert ; elle chasse
• surtout les araignées et les fourmis, tandis que ses
mœurs et son cri ont plus d’analogie avec ceux de
l’Epeiche.
M. l’abbé Vincelot dit qu’on l’appelle indifférem¬
ment Ficus médius et Ficus martius. (Ij Nous pensons
(1) Essais étymologiques^ troisième édition, page 119.
4
, — 1?0 —
que le docte abbé est ici mal servi par ses souvenirs,
et que c’est au Pic noir que s’applique exclusivement
répithéte martius. Nous ne l’avons jamais vue em¬
ployée à désigner le Pic Mar.'Le nfot médius, moyen,
convient' bien à cet oiseau, qui est l’espèce de taille
intermédiaire entre l’Épeiche Picus major et le sui¬
vant.
r
60. Pic cpciclicUe; Picus minor (Linné), Minor^
moindre.
Synonymie : Petit Pic varié.
Taille : 15 centimètres.
Description : Mâle adulte : parties supérieures noires
marquées de nombreux points blancs , formant cinq
lignes assez régulières ; parties inférieures d’un blanc
sale, avec de fines raies longitudinales noires ; front ,
joues et côtés du cou d’un blanc terne, avec une bande
noire partant des commissures du bec , et descendant
sur la poitrine ; vertex rouge cramoisi; les trois rec-
trices latérales blanches, barrées de noir à l’extrémité,
les médianes noires ; bec et pieds gris de plomb ; iris
rouge vif.
Femelle : semblable au mâle , mais sans rouge au
vertex, qui est jaunâtre.
Jeunes : assez semblables à la femelle , dont ils
dilTèrent par la teinte sombre de la région parotique;
à cet âge, la moustache est peu apparenle et presque
nulle dans certains individus.
Cette espèce , quoique peu commune dans notre
département, y est moins rare que la précédente ; elle
se reproduit dans les creux naturels , quelquefois
121 —
dans les nids des Mésanges et des Sittelles , dont elle
a à peu près la taille, et pond de 4 à 6 œufs d’un
blanc pur et sans taches. Grand diamètre , environ
18 millimètres; petit diamètre, de 14 à 15 milli- ^
mètres.
Elle a les mœurs, le régime et le cri de l’Epeiclie ;
mais, au contraire du Pic mar, elle est plus répandue
dans le Nord que dans le Midi. »,
Le Pic épeichette, le plus petit de la famille, ainsi
que l’indique son nom , en est peut-être le plus agile.
Son vol est rapide et. assez soutenu , et il court sur les
branch-es avec une étonnante légèreté. Il est également
très vigoureux, et il frappe les arbres avec une forcé
qu’on n’attendrait point d’un si petit oiseau. Je l’ai
tué sur un peuplier atteint de la foudre , et dont l’é •
corce, à moitié soulevée, grouillait d’insectes. J’enten¬
dais ses coups de bec à plus de cent mètres , et j’étais- <
tellement convaincu que j’allais trouver un Pic vert ,
que je ne faisais aucune attention à un petit oiseau
qui passait, avec une grande rapidité, du peuplier dans
un arbre voisin , sur les branches duquel il courait
comme une souris. Ce ne fut qu’en le voyant jouer du
bec, que je reconnus à quelle espèce j’avais affaire.
SIXIÈME FAMILLE.
/
lUNGINÉS.
Caractère.^: de la Famille: Bec droit, conique, à pointe
aiguë, emplumé à la base; narines larges , en partie
fermées par une membrane; langue très longue, ex¬
tensible, cylindrique, terminée par une pointe osseuse,
non barbelée ; tarses épkis et squameux ; 4 doigts ,
2 en avant, 2 en arrière; ailes médiocres ; rectrices
assez longues, larges, flexibles et très soyeuses.
Tout est bizarre et étrange dans le Torcol ; c’est une
sorte d’oiseau composite, réunissant les qualités com¬
munes aux espèces voisines, et bon nombre de carac¬
tères qui lui sont propres, n'appartien-nent qu’à lui, et
en font une variété très originale, et des plus remar¬
quables.
Doué des attributs des Grimpeurs , il ne grimpe
point; semblable aux Pics par l'extensibilité de la
langue, il en diffère par les mœurs et les habitudes. 11
est aussi confiant, aussi indolent, que ces derniers sont
farouches et actifs.
Voisin des Coucous par la disposition des doigts, il
s’en éloigne sous les autres rapports^ Aussi n'avons-
nous pas hésité à établir en sa faveur , d’après l’auto¬
rité de G. -R. Gray et de Ch. Bonaparte , une famille
particulière, celle des lunginés.
Le Torcol a été uni aux Pics sous le nom de Pro-
glosses (de -rpo, en avant, et de yhua-a-a. langue), à cause
des muscles extenseurs qui font jaillir leur langue
hors de leur bec ; ils ont été associés aux Pics et aux
Coucous sous celui de Zygodactyles (de ^vyoç, couple,
et de S'ciKTv\09, doigt), à cause de la disposition de leurs
doigts. La première dénomination nous semble heu¬
reuse et très figurative , trop étendue pourtant pour
déterminer une famille. Nous l’eussions adoptée pour
désigner un groupe ; mais les groupes n’existent pas
dans notre nomenclature ; ils nous paraissent d’ailleurs
difficiles à préciser , à cause des genres intermédiaires
qui rappprochent et soudent ensemble, pour ainsi dire,
123
toutes les branches de la grande famille ornitholo¬
gique. Quant au mot Zygodactyle , il est plus étendu
encore, et, appliqué rigoureusement , il réunirait des
oiseaux de régime ,‘de mœurs et d’habitudes tout-à-
fait opposés.
Genre Torcol-Iunx (Linné).
Son nom générique , qui doit s’écrire lunx et non
pas Yunx — car nous ne voyons pas pourquoi l’i a été
remplacé par un y — vient de Ivy^ , dérivant lui-
même de IvyiJLoç , cri aigu. Il désignait particulière¬
ment chez les Grecs le Hoche-queue, et, en général ,
tout oiseau à voix criarde. Ce nom convient donc par¬
faitement au Torcol, dont on connaît l'organe nasillard
et glapissant.
61. Torcol vertîclllc. — lunx Torquilla.
Taille : 17 centimètres.
Descriylion : Mâle : parties supérieures d’un cendré
roux, finement pointillées de noir, de roux et de blanc ;
une bande noire, mêlée de roux foncé, s’étend dé l’oc¬
ciput au bas du dos ; scapulaires noires, mouchetées
de blanc ; poitrine jaunâtre avec une étroite bande
transversale noire sur chaque plume; bas de la poi¬
trine, flancs et abdomen* d’un blanc presque pur,
marqué sur toutes les plumes d’une tache noire , lan¬
céolée ; rémiges portant sur les barbes externes des
taches rousses , régulières , formant des bandes sur
l’aile fermée; rectrices cendrées, marquées de quatre
bandes noires transversales , dont les intervalles sont
semés de points cendrés , si fins et si fondus , qu’on
-- 124
croirait la poussière qui couvre les ailes des Lépidop¬
tères; bec et pieds gris de plomb ; iris noisette.
Femelle; semblable au mâle, dont elle se distingue
cependant par les nuances plus claires et plus cendrées,
surtout dans l’espace compris entre la bande dorsale et
les scapulaires. Avec un peu d’habitude, on la distingue
à première vue. ' *
Jeunes; même disposition des couleurs, avec une
teinte un peu moins tranchée, et une nuance plus rousse
aux parties inférieures.
Les Torcols arrivent en grand nombre, chaque année,
dans notre département vers le 20 avril, et en repartent
vers la fin d’août. Ils couvent, sans faire de nid, dans
I
les arbres creux, et pondent de 5 à 7 œufs, d’un blanc
lustré, généralement rosé. Grand diamètre, 19 milli¬
mètres ; .petit diamètre, 15 millimètres.
La femelle souffle au nid, comme les Mésanges.
Ce sont des oiseaux solitaires et insociables. Ils
aiment les lieux accidentés, les coteaux sablonneux
exposés au soleil et plantés de vieux arbres. C’est là
que, perchés près d’un creux, dès le lever de l’aurore,
soulevant leurs plumes pour se réchauffer à ses pre¬
miers rayons, ils poussent leur cri aigu, formé de mo¬
nosyllabes enroués, que, par une faculté’ de ventrilo¬
quie, ils savent si bien abaisser et adoucir, qu’on les
croirait transportés en un instant à une grande dis¬
tance.
On les surprend souvent à terre, sur les fourmilières ;
car les fourmis sont leur nourriture de prédilection ,
et ils les prennent, comme les Pics, en leur présentant
leur langue enduite d’une liqueur visqueuse, sécrétée
par deux glandes placées à l’occiput.
125 — .
En liberté, leTorcola l’habitude d’imprimer à sa té te
un mouvement de rotation fort bizarre. Blessé et cap¬
turé, il fait des contorsions plus étranges encore, allon¬
geant le cou d’une manière remarquable, et serrant ses
plumes, qui paraissent autant d’écailles ; en sorte que, •
la couleur du plumage aidant, on croirait tenir une
vipère et la voir se dresser contre soi.
De cette habitude de tourner le cou vient 'son nom
français Torcol. Son nom latin Torquilla n’a pas, selon
ilous, d’autre signification. Il dérive de Torqueo, tor¬
dre, tourner. « Torquere cervices )> (Cicéron) tourner
le cou; « torquere ora-» (id.), grimacer. Un de nos
honorables collègues en ornithologie le fait dériver de
Torques^ et gratifie le Torcol d’un collier. Nous avons
de nouveau, et avec beaucoup 4® soin, examiné plu¬
sieurs Torcols, et nous n’avons pu y découvrir aucune
trace du susdit collier. Il faut que la mode s’en soit
passée, ou qu’il fait perdu depuis cette époque.
SEPTIÈME FAMILLE.
GUCULINÉS.
Caractères de laF amille : Bec légèrement arqué, com¬
primé à la base, assez robuste, ouvert jusque sous les
yeux, à gorge extensible ; narines ovoïdes, à osselet,
f
entourées d’une membrane saillante ; tarses courts ,
emplumés en tout ou en partie ; les deux doigts inté¬
rieurs soudés à la base ; l’extérieur versatile, se diri¬
geant plutôt en arrière ; ailes allongées, aiguës ; queue
longue, arrondie et étagée.
Les Coucous ressemblent aux Torcols par la dispo-
4
— 126 —
sitiüii des doigts, et par l’habitLide qu’ils ont de se
cramponner aux arbres et aux pierres couvertes de
mousse pour y saisir leur nourriture ; ils en diffèrent,
et se rapprochent des ‘espèces ordinaires par la forme
de la langue et par le régime.
Ce gont des oiseaux vifs, remuants, rusés, généra¬
lement farouches, ayant dans le port, dans la taille et
dans les côiileurs quelque chose des Eperviers.
Cette famille contient 3 espèces d’Europe, dont 2 de
France et 1 de notre département. Ces 3 espèces ont
tant de ressemblances extérieures qu’elles ont été réu¬
nies en un seul genre par Temminck, Degland et plu¬
sieurs autres. Mais Vieillot, considérant que le Coucou-
Geai et le Coucou cendrillard bâtissent un nid, cou¬
vent leurs œufs et nourrissent leurs petits , pense
qu’ils ne peuvent former un seul genre avec le Coucou
gris, niavoirpour type une espèce qui se décharge sur
des oiseaux étrangers du soin d’élever sa progéniture.
Nous trouvons, comme Vieillot, quhine particularité
de mœurs si remarquable doit l’emporter sur toute con¬
sidération physique, et réclame une distinction géné¬
rique, Nous ferons donc un genre particulier pour les
oiseaux de cette famille, qui ne couvent point leurs
œufs, et nous prendrons pour type le Coucou gris , le
seul du reste dont nous ayons à nous occuper.
Genre Coucou. — Cuculus (Linné).
Caractères du genre : Ceux de la Famille ; tarses très
courts, emplumés dans toute leur longueur.
Les anomalies qui caractérisent pour nous le genre
«
127 -
Coucou, c’est: 1® que les oiseaux qui le composent sont
polygames ; 2® qu’ils ne couvent point leurs œufs. Le
premier caractère leur est commun avec certaines es¬
pèces dont nous nous occuperons plus tard; mais il ne
convient à aucun des oiseaux des trois premiers Ordres.
Quant au second, c’est un trait particulier à ce genre,
un fait unique en ornithologie.
1'^ A peine arrivés dans nos climats, les Coucous
entrent en amour. Les mâles se cantonnent et déter¬
minent leurs limites, qu’ils respectent eux-mêmes et
font respecter de leurs voisins. Les femelles, bienve¬
nues partout, changent de localité et d’amant, selon
que les y pousse leur humeur capricieuse et essen¬
tiellement volage. Il est rare qu’elles accordent leurs
faveurs plus de trois ou quatre jours au même soupi¬
rant; bientôt elles convolent à une nouvelle union.
Souvent le mâle, qui avait accueilli la femelle avec
transport, la perd avec indifférence ; mais s’il est évincé
avant la satiété, s’il continue de la poursuivre sur le
domaine du voisin, alors s’élèvent, entre l’amant d’hier
et le favori du jour, des luttes acharnées où la femelle,
il faut le dire à sa honte, se tourne contre celui qu'elle
a comblé la veille. Dans l’ardeur du combat, les déli¬
mitations sont méconnues, les champions se poursui¬
vent à de grandes distances, entraînant à leur suite de
nouveaux soupirants ; en sorte qu’il n’est pas rare de
voir sept ou huit mâles se disputer la possession d’une
femelle, qui devient le prix de la lutte, et la récom¬
pense du vainqueur.
2« Vient alors le moment de la ponte. La femelle si
ardente, et, peut-être à cause de cette ardeur môme,
est peu féconde. Elle produit 2 œufs à trois ou quatre
128 —
jours de distance, et prend ensuite un assez long repos.
C’est ce qui explique comment, malgré le petit nombre
de Coucous, on trouve des jeunes tout l’été (1).
Semblable à ces mères perverties et dénaturées qui,
' ■ méconnaissant les saintes joies de la maternité, ne
veulent de l’amour que les jouissances grossières, et se
déchargent au plus vite du fruit de leur inconduite, la
femelle du Coucou va clandestinement confier à un
nid étranger, qu’elle a choisi d’avance, l’œuf qu'elle
vient de pondre.. Il paraît prouvé qu’elle le dépose à
terre, le prend dans son bec et le porte dans le nid
qu’elle destine à le recevoir, et don t elle a soin de casser
un des œufs en y introduisant le sien. Est-ce pour
tromper la mère? Est-ce, comme le prétend notre sa¬
vant et consciencieux ami, M. J. Vian, par un système
d’intimidation (2)? Nous laissons à de plus habiles
le soin de discuter et d’éclaircir le fait ; et, sans entrer
dans dés considérations que ne comporte point notre
I
cadre, nous indiquons le point en litige sans chercher
à l’expliquer.
Une fois dans le nid étranger, l'œuf y est couvé assi¬
dûment par la mère adoptive: et l’intrus qui en sort,
prenant de rapides développements, jette bientôt par
dessus le bord ses frères d’adoption, et absorbe seul la
nourriture destinée à la famille entière. Mais telle
est sa voracité, que le père et la mère suffisent à peine
à le rassasier.
(1) Florent Prévôt. Dictionnaire 'pittoresque d’FIist. nat.
(2) Revue et Magasin zoologique 18G7. Fo/r une série d’inté¬
ressantes observations, poursuivies sur l’introduction de l’œuf
. du Coucou dans un nid étranger, avec le soin et la persévérance
qui caractérisent l’honorable M, Vian.
• I
!
- 129 ~
Quant à la faculté qu’aurait le Coucou, de donner à
ses œufs une couleur analogne à ceux du nid où il les
dépose, qu'on nous permette de réserver notre opinion.
Nous avons peine à admettre un fait si monstrueux ;
mais nous n’oserions non plus contester les té¬
moignages d’hommes sérieux qui l’affirment. La nature
n’a-t-elle pas d’ailleurs des secrets impénétrables?
Son nom, dans presque toutes les langues, est une
onomatopée qui figure exactement son cri : Coucou
en français, en latin Cuculus^ en grec Konzv^ , en
anglais Cuckoo. En rendant à l’o et à l’u leur pronon¬
ciation primitive, on obtient, dans les quatre langues,
une consonnance semblable et très figurative.
62. Coucou srls. — Cuculus canorus (Linné).
Cano, je chante.
Taille : 30 centimètres.
Description : Mâle : toutes les parties supérieures ,
la tête, le cou et la poitrine d’un cendré ardoisé pâle ,
uniforme; parties inférieures d’un blanc presque pur,
%
rayées transversalement débandés brun noir ; rectrices
noires, mouchetées de blanc près des baguettes ; ré¬
miges brunes; bec noir; bord de la paupière, iris et
pieds d’un beau jaune.
Femelle : un peu plus petite que le mâle , dont elle
ne diffère point pour la couleur.
Jeunes : parties supérieures brun lustré , mêlé de'
noir et de blanc ; parties inférieures , gorge et cou
d’un blanc assez pur, rayé de brun ; une tache blanche
à l’occiput ; iris noir à la sortie du nid , passant au
cendré au bout de quelque temps , et au marron plus
tard ; il ne prend sa belle couleur jaune qu'en hiver.
9
>
130
Nous avons, dans notre collection , un jeune ayant
les parties supérieures d’un cendré presque pur, dès le
premier plumage.
Nota. — Il existe une vanété dont toutes les parties
supérieures sont rousses, alternées de noir ; la gorge et
la poitrine d’un roux X-)âle, avec d'étroites bandes brun
foncé , et les parties inférieures blanches , rayées de
brun noir, comme chez les adultes ordinaires ; les ré¬
miges sont noires , rayées de roux ; les rectrices de
même couleur, avec des taches blanches près des ba¬
guettes ; le croupion est d’un roux presque uniforme ;
les pieds et l’iris jaunes.
Cette variété n’est pas très rare, et a été élevée au
rang d’espèce par quelques auteurs, sous le nom de
Coucou roux : Cuculus hepaticus, de «'Tfitrof, foie.
Nous possédons une femelle de cette couleur; elle
avait dans l’oviducte un œuf qui, malheureusement,
avait été traversé par un grain de plomb. Malgré le
soin le plus minutieux , nous n’avons pu y découvrir
aucune différence avec l’espèce commune. Nous pen¬
sons que c’est un individu d’un an, probablement des
nichées tardives, cful a manqué en partie sa mue- En
général , ces variétés rousses sont des femelles. Nous
les avons vues plusieurs fois s’accoupler avec des indi¬
vidus cendrés, mais nous n’avons jamais observé de
mâle roux. Serait-ce, comme le pense Nordmann,
que les femelles conservent plus longtemps leur pre¬
mier plumage? Ne serait-ce pas plutôt parce que ce
sont des oiseaux des dernières nichées? Car on sait que
les derniers produits sont généralement des femelles ;
tandis que le nombre des mâles domine dans les cou¬
vées du printemps. Dans tous les cas , la mue a été au
I
— 131 -
moins partielle, puisque les plumes du ventre sont
comme chez les adultes ordinaires.
Les œufs du Coucou sont relativement petits , de
couleur variable, d’un blanc olivâtre , jaunâtre ou
azuré, marqués de quelques taches brunes, assez lus¬
trés, de grain très fin et de forme ovoïde. Grand dia¬
mètre, 22 à 23 millimètres; petit diamètre, environ
16 millimètres.
La femelle ne confie ordinairement qu’un œuf à
chaque nid ; il est très rare d’en trouver deux ensemble.
Elle affectionne , pour les déposer, les nids d’espèces
beaucoup plus petites, telles que Rouges-gorges, Fau¬
vettes, Bruants, Accenteurs, Traquets, etc.
Les Coucous arrivent dans nos climats du 5 au
10 avril, et repartent en septembre. Comme presque
tous les- oiseaux de passage, ils voyagent la nuit ; les
vieux mâles paraissent émigrer les premiers.
Nous en avons vu souvent d’excessivement gras, ce
qui infirme le proverbe : «Maigre comme un coucou. »
En général, les femelles, à cause de leur lubricité peut-
être, ont moins d’embonpoint ; mais on ne saurait dire
qu’elles soient maigres.
C’est à tort également que l’on regarde le Coucou
comme un oiseau de proie ; il ne mange que des in¬
sectes, et surtout de grosses chenilles velues, dont il
rejette- les poils sous forme de pelottes. Son port, et
la conformité de coloration du plumage, ont pu le faire
confondre avec les Eperviers et les Faucons, et faire
mettre à sa charge les déprédations de ces derniers.
Nous ne croyons point non plus qu’il mange les œufs,
11 dévorerait ceux des nids où il dépose les siens ; tan¬
dis qu’il ne paraît en casser un que par instinct ,
— 132
et il en laisse les débris sur le bord du nid. Ce qui a
pu donner naissance à ce préjugé, c’est qu'on a tué des
femelles qui transportaient leur œuf dans leur poche
buccale, et le rendaient dans les convulsions de
l’agonie.
Enfin, et pour en finir avec l’histoire de cet oiseau, le
Coucou est une espèce constante, qui ne subit aucune
transformation. Il ne faut donc pas croire que, selon le
dicton populaire,
Entre Juin et Juillet,
« Le Coucou devient Emouchet. »
Dans le mois de juillet, les oiseaux de proie, libres
des soins de la reproduction , reviennent dans nos
plaines; et le Coucou, préludant déjà à la mue, qui
est longue et laborieuse dans cette espèce, cesse de se
faire entendre. De là l’idée de métamorphose.
HUITIÈME FAMILLE.
MÉROriNÉS.
Caractères de la Famille : Bec large, arqué, effilé, plus
haut que large,, à arête saillante, ouvert jusque sous
les yeux; narines basales, petites, en partie cachées
par les plumes du capistrum ; tarses courts ; doigts
soudés à la base ; ailes longues et aiguës ; queue ar¬
rondie ; lectrices médianes dépassant sensiblement les
latérales. • i
Les lunginés se rattachant aux Pics par deux carac¬
tères bien tranchés, l’extensibilité de la langue et la
- 133 —
configuration des pieds, et en différant par tout le reste,
nous font faire un premier pas vers les espèces plus
normales, auxquelles nous amènent, par un secondde-
gré, les Cuculinés qui n’ont de commun avec ces deux
familles que le dernier rapport. Nous croyons arriver
ainsi naturellement, et par une transition graduée et ré¬
gulière’, aux Méropinés ou Guêpiers, qui ont du Coucou
le bec allongé, pointu et courbé, les ailes longues et
aiguës et les tarses courts et robustes.
En rejetant, comme base de notre classification, les
rapports tirés de la conformation des pieds et de l’apti¬
tude pour le vol, nous ne nous sommes pas interdit de
mettre à profit, dans la coordination des espèces, les rap¬
prochements tirés de ces caractères, tout secondaires
qu’ils nous paraissent. Nous plaçons en première ligne
le régime et les mœurs; mais il nous semble que nous ne
pouvons pas raisonnablement rejeter les données four¬
nies par ces rapports extérieurs, lorsqu’ils viennent af¬
firmer notre principe. Nous croyons même que ce serait
une erreur de les négliger.
Nous avons dit que les Coucous ont le bec fendu
jusque sous les yeux, ce qui implique une vaste ouver¬
ture du larynx. Loin donc d’être déplacés près des
espèces qui forment, pour quelques auteurs, la famille
des Latirostres (de latum ^ large, et rostrum^ bec), ils nous
semblent entretenir avec cette famille, des rapports de
convenance qui les y attachent naturellement. Que si
des Coucous aux Latirostrçs proprement dits, la tran¬
sition paraît un peu brusquée, nous avons, pour com¬
bler les lacunes et rapprocher les distances, les Trochi-
li dés (oiseaux-mouches) , espèces exotiques, qui, par
leur régime, leur langue extensible et leurs mœurs
~ 134 -
aériennes, semblent destinés à marier les Pics avec les
Hirundininés , par les Guêpiers.
Mais'les Guêpiers sont-ils bien des oiseaux de la
’ Seine-Inférieure? A dire vrai, nous en doutons fort.
Aussi n’avons-nous jamais prétendu que nos espèces
normandes, quelque nombreuses et voisines qu’elles
soient, suffisent à graduer- une classification. Cet en¬
chaînement parfait, s’il existait, nous paraîtrait au
contraire infirmer notre principe. Où placer, en effet,
les nombreuses espèces étrangères à notre circons¬
cription administrative ? Il y aurait alors des classi¬
fications locales, parallèles et simultanées; et la nature
n’aurait point travaillé sur un plan unique. C’est pré¬
cisément l’opinion que nous combattons.
Nous doutons, avons-nous dit, que les Guêpiers
appartiennent à notre département; mais nous n’avons
point, à cet égard, d’opinion arrêtée. Nous avons en¬
tendu affirmer que ces oiseaux se sont reproduits dans
les falaises de la Basse-Seine, et nous trouvons que le
fait n’est pas impossible. Au commencement de juillet'
1840, une bande de 15 à 20 Guêpiers vint s’établir à
Saint-Remy, non loin d’Amiens ; et y nicha dans des
trous pratiqués par des Hirondelles de rivage (1). H
n’y aurait rien d’étonnant à ce que quelques individus
se soient détachés de labande ; et que, pressés de se re¬
produire (on était alors en juillet) ils se soient arrêtés
dans nos contrées plus méridionales. D’ailleurs, une
apparition bien constatée dans un département limi¬
trophe, nous paraît un motif suffisant pour ne pas
rejeter, à la légère, une assertion possible et vraisem-
(1) Degland. Ornith. Europ., 1. 1, p. 617.
— 135'
I
semblable. Nous irons donc à l’encontre du précepte-:
« Dans le doute, abstiens-toi, » que nous ne trouvons
pas de mise ici, et nous décrirons les Guêpiers à tout
hazard.
On a rapproché les Guêpiers des Martins-Pêcheurs,
sous le nom de Syndactyles (de c-i/r, avec, ensemble, et
de S'cLKTvKoi ; doigts) , à cause delà soudure des doigts.
Il ne nous paraît y avoir entre ces deux familles ana¬
logie ni de régime, ni de mœurs, ni de conformation.
Les Guêpiers se nourrissent exclusivement d’insectes
ailés ; les Martins-Pêcheurs vivent principalement de
petits poissons. Les premiers aiment à planer dans les
airs où ils saisissent leurs proies ; ils ont le vol rapide,
facile et soutenu ; les seconds sont des oiseaux d’em¬
buscade, et des voiliers de second ordre. Ceux-là ont
les formes allongées, légères, sveltes-, ceux-ci sont
courts, ramassés et trapus. C’est donc une association
irrationnelle, et qui prouve, une fois de plus, le vice du
système basé sur la seule configuration des pieds.
Ces caractères , qui les éloignent des Martins-
Pêcheurs, les rapprochent, au contraire , des Hiron¬
delles. Ils aiment, en effet, à planer et à voltiger comme
elles; comme elles ils vivent d’insectes ailés, qu’ils
saisissent dans les airs, en faisant leurs évolutions ;
leurs ailes sont également longues et aiguës, leurs
tarses courts et leurs doigts petits, quoique différem¬
ment constitués. A première vue, leur bec diffère, mais
cette différence est plus apparente que réelle. Le Guê¬
pier, s’attaquant aux espèces à aiguillon, avait besoin
d’une armure plus forte , pour tuer ces insectes avant
l’inglutition ; et l’Hirondelle , ne happant que des
espèces inoffensives, la partie cornée devenait inutile
(
~ 136 —
et incommode. Mais l’ouverture du larynx est égale¬
ment vaste dans les deux familles ; elles ont la même
aptitude pour le vol et des mœurs analogues. Les ca¬
ractères sont moins prononcés chez les Guêpiers ,
comme il convient à des espèces de transition ; et cette
différence, loin de la battre en brèche, nous paraît cor¬
roborer notre manière de voir.
Du reste, ici encore, comme dans la plus grande
partie de ce travail, nous nous appuyons sur des obser¬
vations de naturalistes éminents, qui ont saisi ces rap¬
ports.
« Les Guêpiers, dit Le Vaillant, ont le corps allongé
« et tout d’une venue, le gosier ample, les tarses courts
« et robustes, les ailes longues et étroites, caractères
« qui conviennent tous à toutes les hirondelles. *
« Si des formes nous passons aux allures, nous
« voyons que les Hirondelles sont de tous les oiseaux,
« ceux avec lesquels les Guêpiers paraissent avoir le
« plus d’analogie, puisqu’ils ont absolument la même
« manière de voler et de se nourrir. »
Cette ressemblance n’a pas échappé au vulgaire, car
au Cap de Bonne-Espérance, on appelle les Guêpiers
Berg-Swalow (Hirondelles de montagnes).
« Les auteurs, ajoute le Chenu, ont été généra-
« lement d'accord sur le rapprochement qull y avait à
« faire entre les Guêpiers et les Hirondelles . sans
« qu’aucun d’eux se soit astreint à mettre ces deux
« familles en contact immédiat, car la valeur de ces
'< rapports le cédait évidemment à celle beaucoup plus
« importante delà syndactylité (1). »
(l) D' Chenu, Encyclopédie d'Hist. nat., t, II, p. 105.
137 —
Nous ne voyons pas pourquoi le caractère tiré de la
forme des pieds, quand il est en opposition avec tous»
les autres, serait, à lui seul, assez puissant pour les
dominer tous.
Quant aux motifs qui l’ont porté à éloigner les Guê¬
piers des Hirondelles, le Chenu les donne en deux
mots ; c( si les mœurs les rapprochent des Hirondelles,
« dit-il, les caractères zoologiques ne les écartent
« guère des Rolliers. »
Nous pensons plus rationnel de mettre cette famille
en contact avec celle dont elle se rapproche par les
mœurs, qu'avec celle dont elle ne s'écarte guère.
Elle ne contient qu’un seul genre d’Europe.
Genre Guêpier-Mérops.
Le nom générique Mèrops signifiant oiseau à voix
articulée (de (xsipopLcct^ je partage, et o4«, voix) , semble
indiquer une certaine facilité de modulation de l’or¬
gane. N’ayant jamais observé ces oiseaux par nous-
même, nous laissons à de plus heureux le soin de ré¬
soudre le problème. Leur nom français Guêpier, man¬
geur de guêpes, indique leur régime, contesté par Le
Vaillant, constaté et affirmé par Savi.
Deux espèces d’Europe ; dont l’une, le Guêpier de
Savigny, nous paraît aujourd'hui contestée; l’autre,
le Guêpier vulgaire , est une espèce des contrées
méridionales , qui se rencontre irrégulièrement en
France.
I
- 138 —
63. Éluèpler vulgaire. — Mérops apiaster (Linné/ ,
apis, abeille.
Taille : 28 centimètres, les filets compris.
Description : Mâle : parties supérieures roux marron
• uniforme, plus foncé à la tête,- et passant graduelle¬
ment au roux jaunâtre sur le croupion ; parties infé¬
rieures et front bleu d’aigue marine; gorge et haut du
cou d’un beau jaune, encadré par une étroite bande
noire formant un demi-collier ; une autre bande noire
part des commissures du bec et s’étend au-delà de la
région parotique; rémiges et rectrices vertes sur les
barbes externes, d’un vert plus sombre sur les internes;
les deux rectrices médianes dépassant les latérales d’en¬
viron 25 millimètres ; bec et pieds bruns; iris rouge.
La femelle a les nuances moins pures, le jaune de la
gorge plus pâle, et les parties inférieures lavées de
roussâtre.
Chez les jeunes, les parties inférieures sont d’un ver¬
dâtre très rembruni ; le jaune, de la .gorge est moins
pur; ils n’ont ni demi-collier, ni filets; iris rosé.
Nous avons dit que les Guêpiers couvent dans les
trous des berges et des falaises ; ils pondent de 6 à
8 OBufs arrondis, d un blanc pur et lustré. Grand dia¬
mètre, 25 millimètres; petit diamètre, 22 millimètres.
On a remarqué que la plupart des oiseaux qui cou¬
vent dans les creux, pondent des œufs blancs ou presque
. blancs. Encore une attention de la Providence, qui leur
a donné cette couleur, sans doute afin que, dans l’obs¬
curité, la mère les distingue mieux, et puisse plus faci¬
lement les réunir sous ses ailes pendant l’incubation.
Le Guêpier compose son nid de mousse et de duvet
y'
I
— 139
quil saisit en volant; il ne se pose guère à terre, et pa¬
raît tout-à-fait inhabile à la marche. Placé sur le sol,
il ne peut se maintenir en équilibre , et rampe sur
le ventre, nouveau caractère qui le rapproche des Mar¬
tinets.
Sa nourriture principale consiste en hyménoptères,
guêpes, abeilles, bourdons, etc., qu’il saisit avec une
grande dextérité, le plus souvent en volant, quelquefois
au repos. Savi l’a vu se placer en embuscade sur une
saillie, à l'entrée d’un nid de guêpes et happer toutes
celles qui en sortaient, ou qui cherchaient à y entrer.
Comme ces oiseaux sont très sociables , et qu’ils
voyagent par grandes bandes, ils ont bientôt détruit
toutes les guêpes du canton. La disette les force alors à
émigrer.
Le Vaillant dit qu’ils sont peu farouches, mais qu’ils
s'eiïraient facilement aux coups de feu ; et que, pour peu
qu’on les tire, ils abandonnent la contrée.
* NEUVIÈME FAMILLE.
HIRIJNDININÉS.
Caractères de la Famille: Bec court, triangulaire, large
et aplati à sa base, échancré et fléchi à la pointe, petit
en apparence, mais fendu jusqu’à la région parotique
et s’ouvrant démesurément; tarses et doigts courts et
grêles; doigt extérieur versatile, tendant à se diriger en
avant ; ailes longues et pointues ■
Cette famille nous paraît naturelle et bien caractéri¬
sée par son régime. Les oiseaux qui la composent se
r
— 140 —
nourrissent d’insectes ailés qu’ils saisissent au vol. Ce
sont de mauvais percheurs, et ' des marcheurs plus
mauvais encore ; mais d’excellents voiliers. L'air est
leur élément favori, et ils ne le quittent guère que pour
dormir. Toutes les espèces qui la composent sont erra¬
tiques ; elles passent six mois dans nos contrées, et six
mois dans les régions plus australes, où le climat est
assez doux , pour permettre aux moucherons de voler
en hiver.
Elle se compose pour nous de trois genres :
. 1® Genre Hirondelle;
2® Genre Martinet ;
3® Genre Engoulevent.
On en a distrait d’abord le genre Engoulevent, pour
en former la famille des Caprimulginés ; puis le
genre Martinet, pour former celle des Cypsélinés. Il
nous semble qu’une distinction générique suffit, quand
les espèces ont tant de rapports de similitude.
1® Genre hirondelle. — Hirundo. ♦
Caractères du genre : ceux de la Famille; queue
composée de 12 pennes.
Les Hirondelles sont de tous les oiseaux les plus ob¬
servés, les mieux connus, les plus appréciés. On salue
leur arrivée avec le sourire de Tespérance; on assiste à
leur départ avec un sentiment de profonde mélancolie.
C’est qu’ils fuient devant les frimas et les aquilons, et
qu’ils nous ramènent le printemps et* les zéphirs, la
verdure et les fleurs. Hôtes charmants, utiles auxi¬
liaires, ils purgent l’air de ces milliers de diptères
— 141 —
qui nous harcèlent et vivent à nos dépens, en même
temps qu’ils animent et embellissent nos campagnes,
et portent la vie dans nos villes elles-mêmes, où leurs
rapides évolutions, et leur joyeux babil font un doux
contraste avec les pesantes allures, et les fastidieuses
criailleries des moineaux.
Aussi les Hirondelles ont-elles acquis toutes les sym¬
pathies, et fixé l’attention de l’homme dans tous les
temps et dans tous les lieux. Mais, par une sorte d’exa¬
gération naturelle, qui nous fait toujours aimer ouhaïr
outre mesure, notre reconnaissance a surfait leurs qua¬
lités et trop exalté leurs seryices. On emplirait un vo¬
lume des erreurs qui se sont accréditées sur leur compte.
Nous n’entreprendrons donc point de les réfuter, d’au-
tantplus que ce sont des erreurs utiles. Contentons-nous
de protester contre les vertus médicatrices qu’on leur
attribue, et contre leur prétendu engourdissement pen¬
dant l’hiver.
Cependant nous ne pouvons nous empêcher de dé-
plorerun préjugé cruel qui porte certains habitants des
campagnes à crever les yeux des jeunes encore au nid,
dans la persuasion qu’ils trouveront, au fond de ce nid,
des pierres apportées par la mère, pour rendre la vue à
ses petits; et que ces pierres conservent une propriété
souveraine contre les ophthalmies. Nous avons peine à
comprendre que , dans le siècle où nous vivons, il y ait
encore des personnes qui pensent qu’un œil crevé puisse
être remplacé, et dont l’égoïste cruauté est en pure perte.
Nous n’avons jamais vu non plus, sans une secrète
douleur, des apprentis chasseurs, bons et honnêtes du
reste, s’exercer au tir sur des oiseaux si utiles et si
inotfensifs.
— 142
H Mes amis, s’écrie Dupont de Nemours, tirez des
« noix en l’air; cela est plus difficile encore, mais res-
« pectez ces aimables oiseaux. Songez que chaque coup
« qui porte tue deux hirondelles, la dernière par un
« supplice plus affreux, o Plusieurs auteurs pensent en
effet que, quand l'un des deux époux vient à mourir,
l’autre ne lui survit point, et succombe à la douleur.
Nous n’oserions ni admettre, ni combattre cette der¬
nière opinion; mais nous pensons que c’est un nou¬
veau motif de s’abstenir, persuadé d’ailleurs que le
tir à l’hirondelle est un tir à part ; et que tel excelle
à les abattre, qui fait chou-blanc sur les perdreaux.
La voix de l'hirondelle a des inflexions infinies. A la
vue de l’oiseau de proie, elle pousse un cri de détresse,
entenduetrépété à une grande distance. Aussitôt toutes
les autres hirondelles arrivent, voltigent autour du ra¬
pace, le harcèlent, l’étourdissent de leurs cris, et l’ont
bientôt mis en fuite.
Quant à la dénomination générique Hirundo^ nous
serions bien embarrassé de faire un choix dans toutes
les étymologies forcées et bizarres que l’on a essayées.
Nous prions donc nos honorables lecteurs d’excuser
notre abstention.
Ce genre comprend six espèces d’Europe, dont l’une
l’ïïirondelle pourprée [Hirundo purpurea ), est au
moins fort rare, et peut-être contestable comme espèce
européenne. Cinq se rencontrent en France, et trois
appartiennent à notre département, savoir:
1® Hirondelle de cheminée,
2® Hirondelle de fenêtre,
3° Hirondelle de rivage,
que, à l’exemple de Degland, nous réunissons en un seul
— 143
genre, ne trouvant point que la longueur des rectrices
latérales, ni l’absence de plumes aux tarses, puissent
motiver une distinction générique ; d’autant plus que
les espèces étrangères présentent des intermédiaires
qui graduent la transition. Quant au mode de nidifica¬
tion et à la couleur des œufs, caractères invoqués
par les partisans d’une division, ils ne pourraient,
comme le fait remarquer judicieusement Degland ,
qu’infirmer la règle , puisque l’Hirondelle de rocher
et PHirondelle de rivage , réunies dans le genre
Cotyle, diffèrent sous ces deux rapports : la première
bâtit un nid et pond des œufs tachetés, et la seconde
couve dans des trous , et pond des œufs blancs.
64. nirondcllc de Cheminée. — Hirundo
domestica (Brisson).
Synonymie : Aronde.
Taille environ 18 centimètres.
Description : Mâle : parties supérieures, tête, cou et
haut de la poitrine noirs à reflets bleus ; front et gorge
marron foncé; parties inférieures d’un blanc presque
pur dans les vieùx sujets, lavé de roussâtre dans un
âge moins avancé; toutes les rectrices, à l’exception des
deux médianes, marquées de blanc sur les barbes in¬
ternes; les latérales très hmgues, formant deux filets
qui dépassentles autres pennes d’environ 6 centimètres;
bec, pieds et iris brun noir.
Femelle : comme le mâle, avec des reflets moins
riches ; les parties inférieures plus ternes, et les filets
moins longs.
/ •
Jeunes : presque sans reflets au manteau; le brun du
V
- 144 —
front et de la gorge lavé de grisâtre ; teinte générale
moins tranchée; filets presque nuis.
Degland cite une variété blanche et une rous-
sâtre ; les individus tapirés de blanc ne sont pas fort
rares.
L’Hirondelle de cheminée paraît dans nos pays du
1 au 1 0 avril, selon la douceur de la température, et sur¬
tout selon la direction des courants. Elle repart en sep¬
tembre, octobre; nous en avons vu souvent jusqu'au
commencement de novembre. (1).
A peine arrivée, elle s'occupe des soins de la repro¬
duction, sage .prévoyance, puisque cet oiseau faisant
deux nichées, les derniers produits ont besoin d’avoir
acquis toute leurs forces, et un complet développement
pour le départ d’automne.
Elle bâtit un nid de forme demi-sphérique, com¬
posé extérieurement de terre gâchée, entremêlée de quel¬
ques brins de paille, et garni de plumes à l’intérieur.
Sa ponte et de 4 à 6 œufs blancs, marqués de taches
d’un brun plus ou moins foncé. Grand diamètre ,
20 millimètres; petit diamètre, 15 millimètres.
Ce serait un tort de croire que cette espèce place tou¬
jours son nid dans les cheminées. Au sein des cam¬
pagnes, dans nos pays du moins, ce nid est souvent fixé
dans les écuries et les étables, aux encoignures des en-
Irevous. Il n’est pas rare d’en voir cinq ou six dans le
même bâtiment.
Nous avons préféré l’épithète domestica à rustica.
(1) L’année dernière (1866) des Hirondelles ont été observées à
Port-Jérome le 31 mars. Voir Bull, des Amis des Sciences nat. de
RoueUf 1866, p. 28.
- 145
D’abordrHirondelIedecheminée,quiserait, selon nous,
mieux nommée Hirondelle domestique, habite les villes
comme les campagnes ; puis elle semble de la famille,
de la maison (domus). Elle entre sous le toit de l’homme
et ne vit que dans son voisinage ; tandis que l’Hirori-
delle de fenêtre s’établit au dehors des ^habitations, et
souvent dans les endroits inhabités, comme les falaises,
les côtes abruptes et crayeuses, etc.
L’Hirondelle de cheminée est donc, par excellence,
l’amie du foyer domestique et la compagne de l’homme.
C’est encore à elle que convient l’épithète : Messagère
du printemps. Elle.arrive en effet la preniière , presque
dès l’équinoxe , et no nous quitte qu’à l’automne,
après un séjour de six mois, comme pour partager égale¬
ment entre ses deux hôtes sa vie et ses services.
,Gomnie ses congénères, elle va prendre ses quar¬
tiers d’hiver en Afrique. « Elle passe, dit Ghâteaubriant,
■' l’été aux ruines de Versailles, et l’hiver à celles de
Thèbes. »
65. niroudelle de fenêtre. — Hirundo urbica
(Linné) .
Synonymie : Hirondelle cul-blanc — Hirondelle de
falaise.
Taille : 14 centimètres. ,
* y»
Description : Mâle : parties supérieures noir bleu à
reflets; parties inférieures, gorge et croupion d’un blanc
presque pur; tarses vêtus de plumes dé même couleur ;
bec et iris noirs.
Femelle : elle ne diffère du mâle que par une teinte
grisâtre à la gorge ; elle a également le blanc du crou¬
pion moins étendu.
10
/
- 146 —
Jeunes : d’un noir plus sombre et presque sans reflets,
avec les pennes secondaires frangées de gris cendré.
!
On cite des variétés blanches, d’autres d’un blanc Isa¬
belle, d’autres tapirées de blanc pur.
Cette espèce arrive dans nos localités une douzaine
de j ours après la précédente , c’ es t-à-dire du 1 5 au 20 avril ,
et repart vers la" fin de septembre. Quand les premiers •
froids se font sentir, on voit dès le matin ces hiron¬
delles groupées soit sur un toit, soit sur un fil télégra¬
phique, se pressant les unes contre les autres et atten¬
dant un rayon vivifiant . Elles sont plus sociables que
les hirondelles* de cheminée ; elles se réunissent pour
couver, et rapprochent les uns des autres leur nids, éga¬
lement composés de terre gâchée et de plumes, mais
mieux clos et n’otfrant souvent qu’une étroite ouver¬
ture. Elles les attachen t aux encoignures des fenêtres, aux
corniches des églises, aux crevasses des falaises, etc.,
et pondent de 4 à 6 œufs piriformes généralement d’un
blanc pur. Grand diamètre, 19 millimètres; petit dia¬
mètre, 15 millimètres.
Son nom, urbica, de urbs-is, ville, indique que cette
espèce fréquente surtout les villes, et se montre peuàla
campagne; mais ce n’est point le voisinage de l’homme
qui l’attire, puisqu’on la trouve sur les plages les plus
désertes et les plus isolées.
On l’a prise pour type du genre Cheliclon. Nous a\mns
indiqué plus haut les motifs qui nous ont porté à reje¬
ter cette coupe générique.
66. Hlpondcllc de rivage. — Hirundo riparia
(Linné), de ripa, rive.
Synonymie : Petite hirondelle brune.
147
Taille; 13 centimètres.
Description ; Mâle ; parties supérieures, poitrine et
flancs d’un gris brun ; parties inférieures blanc cendré;
bec et pieds bruns.
Femelle : teintes un peu plus ternes , parties infé-
férieures lavées de roussâtre; bande pectorale plus large
et moins bien dessinée.
Jeunes ; d’un roux plus cendré au manteau, avec les
plumes, surtout les rémiges secondaires, liserées de gris
blanc.
On cite des variétés blanches.
Cette espèce couve dans des trous profonds qu’elle pra¬
tique dans les berges sablonneuses ; elle pond 4 ou
5 œufs allongés, d’un blancpur, plus lustrés que ceux de
la précédente. Grand diamètre, 19 millimètres; petit
diamètre, 12 millimètres.
L’Hirondelle de rivage, beaucoup moins commune
que les autres espèces, n’est cependant pas rare dans
notre département. On la rencontre sur les bords delà
<•
Seine. Dans les gros temps, elle quitte les rivages et
suit les petites rivières. Elle apparaît de temps en temps
àBolbec;mais nous ne l’y avons vue nicher qu’une fois.
Une douzaine d'individus étaient venus s’établir dans
un enfoncement, pratiqué sur lebord d’une route dépar¬
tementale, pour y déposer les cailloux destinés à pierrer
la voie. Le sol, sablonneux et friable, leur offrait de
grandes facilités pour creuser leurs galeries. Elles y
furent sans doute inquiétées, car elles disparurent bien¬
tôt. En effet, pour peu qu’on les tracasse dans un en¬
droit, elles l’abandonnent et vont porter ailleurs leurs
pénates, différant des autres hirondelles, qui s’opi¬
niâtrent à réparer leurs nids à mesure qu’on les détruit.
Nous avons dit pourquoi nous n’admettons point
le genre Cotyle, dont elle est le type pour quelques au¬
teurs .
_ t ‘
2® Genbe Martinet Cypselus.
Caractères du genre : Ceux de la Famille : ailes très
longues, aiguës ; queue assez courte, échancrée ; tarses
emplumés jusqu’aux doigts, qui sont courts, forts, armés
d’ongles crochus, aigus et rétractiles ; doigt postérieur
se dirigeant en avant.
Nous avons cru devoir maintenir les Martinets dans
la famille des Hirundininés, dont ils ont été distraits
dans ces derniers temps, parce que nous leur trouvons
le régime, les mœurs, les allures et tous les caractères
extérieurs de la famille. Véritables Hirondelles , mais
semi-crépusculaires, ils offrent des rapports d’affinité si
frappants avec le genre Hirundo et le Caprimulgus , qu’ils
h'ontété contestés par aucun naturaliste; nous croyons
»
donc inutile de les faire ressortir.
Nous avons dit que ce sont des oiseaux semi- crépus¬
culaires; ils volent cependant souvent en plein jour,
mais c’est surtout quand le ciel est couvert. Pendant
l’éclat du midi, ils cherchent une retraite plus sombre,
et n’ahrontent guère les ardeurs du soleil. C’est à l’ap¬
proche du soir surtout, et dès le matin, qu’on les voit
voler en bandes assez nombreuses, se poursuivant dans
les airs avec la rapidité de la foudre, et poussant des
sifflements aigus et stridents. Dans le milieu du jour, ils
se tiennent quelquefois cramponnés aux saillies de
quelque mur, et plus souvent dans un trou, où ils ont
établi une sorte de lit de repos. Ce sont les plus mau-
vais marcheurs de l’Ordre entier. Leurs pieds sont in¬
capables de les porter, et sur une surface plane, ils
n’avancent qu’en rampant sur la poitrine. Placés par
terre, ils ne peuvent prendre leur vol qu’à condition de
trouver quelque hutte ou quelque pierre, pour s’y
poser, et permettre à leurs ailes de cueillir et de dé¬
placer assez d’air pour les enlever.
On comprend facilement que, éloignés du sol par les
dangers qu’ils y courent, ces oiseaux portent peu au nid;
ils happent tout au plus quelques plumes, et les rares
flocons de duvet qui voltigent dans les airs ; mais ils
s’emparent volontiers des nids des moineaux, qui résis¬
tent quelquefois, et finissent toujours par leur céder la
place.
Leur nom générique Cypselus, venant de
diminutif de kv-tm , trou , cavité , indique l’habitude
qu’ils ont de fréquenter les. trous des clochers et des
tours.
Quant au nom français Martinet ou « martelet,» ils
le doivent sons doute à la vigueur, à l’énergie de leur
coup d’aile.
Deux espèces d’Europe, de France et de notre dépar¬
tement :
1“ Martinet noir,
2® Martinet à ventre blanc.
67. Martinet noir. — Cypselus apus (Vieillot).
Taille ; environ 21 centimètres.
Description ; Mâle : 'tout le corps noir de suie, à reflets
bronzés, avec une tache d’un blanc cendré à la gorge.
Femelle ; comme le mâle, un peu plus petite, avec la
tache blanche de la gorge un peu plus étendue.
— 150
Jeunes : de couleur moins foncée, avec les plumes du
front et des ailes légèrement liserées de cendré.
Cette espèce se reproduit dans les clochers, les
vieilles tours et les falaises; sa ponte est de trois ou
quatre œufs allongés, d’un blanc pur. Grand diamètre,
25 millimètres ; petit diamètre, 17 millimètres.
De tous les oiseaux de passage, le Martinet nous
arrive le dernier et repart le premier, ne séjournant
\
guère dans nos régions que le temps de se reproduire.
Il ne se montre dans nos localités que vers la mi-mai,
et dès le 15 août, presque tous les individus ont dis¬
paru.
Dans les beaux jours, quand le ciel est pur et l’air
tiède, les Martinets volent, comme les Hirondelles, à de
grandes hauteurs ; mais quand le froid et l’humidité
chassent les insectes des régions élevées, ces oiseaux
descendent avec leurs proies, et rasent la terre. Ils sont
alors peu farouches et viennent jusque dans les jambes
saisir les moucherons que l’on fait lever en passant.
Leur nom spécifique Apus^ sans pieds, de cl privatif '
et de -Toiyi-, 'TTo^Qç^ pied, indique bien l’exiguité de leurs
doigts, presque semblables à ceux de certains rongeurs.
68. Martinet alpin . — Cypselus alpinus (Tem-
minck).
Synonymie : Martinet à ventre blanc.
Taille : 27 centimètres.
Description : Mâle : parties supérieures d’un gris brun
uniforme ; une large ceinture et flancs de même cou¬
leur ; parties inférieures d’un blanc presque pur ;
rémiges et rectrices semblables au manteau ; bec et
pieds bruns ; iris noisette.
— 151
Femelle : semblable au mâle, avec une teinte plus
claire et la ceinture moins large.
Jeunes ; toutes les plumes du manteau liserées de
cendré clair.
C’est, pensons-nous, la première fois que cette
espèce est admise sur le catalogue des oiseaux de la
Seine-Inférieure, où elle a cependant des droits incoii'
testables. Un individu a été abattu, il y a quelques
années, à Etretat, par M. le comte de Montault. Or,
M. de Montault possède à fond son ornithologie, et il y
a quelques jours encore il nous affirmait le fait. « Cet
« oiseau, nous disait-il, se trouvait au milieu d’une
« bande de Martinets communs, qui volaient avec
« leur rapidité ordinaire. A distance, je le pris pour
« un oiseau de. proie ; mais, en continuant de l’obser-
« ver, je remarquai, dans ses allures quelque chose
« d’insolite qui me frappa. L’oiseau s’étant rappro-
« ché, je rabattis, et c’éïaù bien un Martinet à ventre
« blanc. » Après ce témoignage, il ne nous reste plus
qu’à ouvrir nos colonnes à un oiseau, qui se présente
sous un tel patronage.
L'oiseau ayant été tué en été, on en doit conclure,
ce nous semble, qu’il se reproduit dans notre départe¬
ment. Ses œufs ont la forme et la couleur de ceux de
son congénère, desquels ils ne dilfèrent que pour le
volume. Grand diamètre, 24 millimètres; petit dia¬
mètre, 16 millimètres.
Tel est un œuf déniché à la cathédrale de Berne, et
que nous devons à l’obligeance de notre honorable ami,
M. Lunel, de Genève. ,
Cette espèce fréquente les Alpes et les Pyrénées, où
elle est commune;
152
3® Genre Engoule'vent. — Caprimulgus.
Caractères du genre : Ceux de la Famille ; bec fendu
jusqu’au-delà de la région jjarotique ; yeux gros, sail-
»
lants; tête forte, arrondie; deux rangées de poils
raides aux commissures du bec; narines tubulées;
oreilles larges ; tarses courts et vêtus; plumes molles,
soyeuses et désunies, caractère propre aux espèces noc¬
turnes ou crépusculaires; queue composée de dix
pennes.
Les Engoulevents ressemblent aux Hirondelles par
leur faciès, leur bec large, leur régime et leur manière
de chasser. Oiseaux semi-nocturnes, ils se rattachent
aux Hirondelles, qui sont essentiellement diurnes,
parles Martinets, qui, comme nous venons de le dire
sont semi-crépusculaires.
fis n’entrent enchâsse que le soir; tout le jour, ils
restent immobiles, tantôt perchés sur les arbres toulfus
dans le sens de la branche ; tantôt, et plus souvent
peut-être, tapis par terre, dans un lieu sombre, sous
I «
quelque toutfe de bruyère, qu'ils n’abandonnent qu’à
la chute du jour. Leur vol est rapide, léger, silencieux,
comme celui des Nocturnes ; il a également quelque
rapport avec celui de la Bécasse ; mais il en dilfère en
ce que l’Engoulevent s'élève sans bruit, directement,
I
comme un trait.
Ces oiseaux couvent par terre, et l’on a remarqué
que, quand ils ont été inquiétés, ils font disparaître
leurs œufs et leurs petits, qui se trouvent transportés
à une assez grande distance. On pourrait s’expliquer
la disparition des œufs : l’oiseau a une capacité laryn¬
gienne qui lui permet de les porter, nomme le‘font les
153 -
Coucous ; mais il ne saurait en être de même des pe¬
tits. Un patient observateur, M. Florent-Prévôt a sur¬
pris le secret de ce déplacement. Ayant touché deux
jeunes Engoulevents, il se mit en observation à quel¬
que distance, et vit bientôt le père et la mère pousser
avec un soin infini les petits, qui, s’aidant eux^mêmes
de leurs pieds et de leurs ailes, s’éloignaient, en ram¬
pant, d’une retraite qui n’était plus sûre. M. Florent-
Prévôt prit alors les jeunes oiseaux ; et, les examinant
de plus près , il découvrit , à la dernière articulation de
l’aile, une sorte d’ongle, analogue au crochet dont sont
armées les ailes des Chauves-souris. Cet ongle procu¬
rait à l’oiseau un point d’appui, à l’aide duquel il pou¬
vait avancer, à la manière des quadrupèdes (1).
Cet appendice corné doit exister dans beaucoup
d’espèces , et donner aux jeunes oiseaux les moyens de
se mouvoir dans le nid, sans offenser ni meurtrir leurs
organes encore tendres.
Le nom latin donné à ce yenre a sa source dans un
préjugé populaire. De ce qu’on a vu voltiger ces oi¬
seaux autour des bestiaux et des chèvres , pour saisir
les moucherons et certains scarabées, dont le nom n’a
rien à faire ici, et qui recherchent les lieux fréquentés
par ces animaux, on en a conclu qu’ils venaient pour
téter les chèvres ; de là leur nom Caprimulgus , de
capra, chèvre, et mulgere^ traire, téter. Il est inutile
d’insister sur la fausseté, l’invraisemblance même
d’une telle opinion.
On les a encore appelés Crapauds volants, par suite
peut-être du même préjugé, qui attribue une habi-
(1) Chenu, Encyclopédie d’Hist. nal.., t. II, p, 166 et 167.
tude semblable aux Crapauds, dont notre oiseau a
les teintes sombres ; ou bien parce que, quand les
Engoulevents sont surpris ou démontés, ils ouvrent
leur large bec, assez semblable à la bouche de ce batra¬
cien.
Ces oiseaux, volant le bec ouvert, avec une certaine
rapidité, avalent, avec de nombreux insectes qui restent
englués sur les parois visqueuses de leur gosier, une
grande quantité d’air qu’ils rejettent , en produisant
un bruit assez semblable au ronflement d’une .toupie.
Cette habitude leur a fait donner le nom d’Engoule-
vents, d’un mot très expressif qui a vieilli.
Leur mue est simple, et la livrée peu différente dans
les adultes des deux sexes, et dans les jeunes.
Deux espèces d’Europe et de France; l’Engoulevent à
collier roux, qui habite les parties méridionales, et l’En¬
goulevent ordinaire, qui est assez commun dans notre
département.
69. Eiig;oiileYent ordinaire. — Caprimulgus
vulgaris (Vieillot).
Synonymie : Tète -Chèvre. Crapaud-volant. —
Fressaie.
Taille : 28 centimètres. '
Description: Mâle; parties supérieures gris foncé, fine¬
ment piqueté de cendré, avec quelques raies longitudi¬
nales noires à la tête et au cou; scapulaires noires va¬
riées de roux et de chamois ; une série de taches blanches,
étroites et allongées, formant un demi-collier sur le
dessus du cou; commissures du bec et deux taches aux
côtés de la gorge, d’un blanc presque pur ; milieu
de la gorge et région paro tique d’un brun foncé nuancé
155 —
/
de roux; parties inférieures gris roux, rayées transver¬
salement de noir; rémiges noires marquées de roux pâle,
et terminées par une teinte cendrée, avec une large tache
blanche ovale sur les trois premières ; rectrices mé¬
dianes cendrées, barrées de noir ; les latérales noires
rayéesderoux, les deux externes de chaque coté blanches
à l’extrémité; bec et pieds cendré foncé; iris brun.
Femelle : comme le mâle, dont elle ne se distingue
que par les taches des rémiges et des rectrices, qui sont
jaunâtres.
Jeunes : de couleur plus grise, avec le noir et le roux
moins purs et moins étendus, sans marques blanches
ou rousses aux pennes de la queue et des ailes.
L'Engoulevent vulgaire niche à terre, sans faire, de
nid; il pond deux œufs allongés, obtus des deux bouts, à
fondblanc, quelquefois lavés de cendré ou de jaunâtre,
et marqués, à la superficie, et sous le test, de larges
taches d’un brun ardoisé lie de vin. Grand diamètre,
environ 30 millimètres; petit diamètre, 20 milli¬
mètres.
Le mâle et la femelle se partagent le soin de l’incu¬
bation.
Nous croyons avoir sufîisamment décrit les mœurs et
le régime de cet oiseau. Ajoutons qu’il a l’habitude de
tourner plusieurs fois autour des mêmes arbres, en se
frappant l’une contre l’autre les ailes en dessus du dos,
et produisant ainsi un bruit sec, assez semblable à celui
que font les pigeons. L’oiseau paraît chercher par là à
faire lever les insectes pour les saisir en volant. Quel¬
quefois il se laisse tomber à terre à la suite de quelque
proie, y reste un instant, et se relève avec la même ra¬
pidité.
— 156
L’Engoulevent appelé par Pline, nous ne savons trop
pourquoi, voleur nocturne, fur nocturnus, rend de nom¬
breux services, en détruisant de grandes quantités d’in¬
sectes et des plus nuisibles, tels que papillons, hanne¬
tons gros et petits, etc. Il continue, la nuit, l’œuvre
bienfaisante de l’hirondelle. Moins apprécié parce qu’on
le voit moins, il no laisse pas de remplir un rôle d’une
incontestable utilité.
Nous avons préféré le nom VulgariSj ordinaire,
que lui a donné Vieillot, à celui de Earopæus^ d’Europe,
qui nous paraît manquer de précision, l’Engoulevent
à collier roux étant aussi une espèce européenne.
Les Engoulevents, ayant moins d’aptitude pour le vol,
et les mœurs moins aériennes que les Hirondelles, nous
paraissent se rapprocher des Muscicapinés auxquels
nous arrivons.
DIXIÈME FAMILLE.
MUSCICAPINÉS.
Caractères de la Famille : Bec très fendu, large et dé¬
primé à la base, à pointe crochue et échancrée, à arête
saillante, garni de poils raides aux commissures ; na¬
rines basales, ovoïdes, recouvertes de quelques poils ;
yeux grands, ailes longues et amples; queue échancrée,
composée de 12 pennes.
Parleur régime et la largeur de leur bec, garni de soies
raides, par la grandeur de leurs ailes et la légèreté de
leur vol, les oiseaux qui composent cette famille nous
paraissent se rattacher facilement aux espèces de la fa¬
mille précédente, tandis qu’ils s’en distinguent par la
manière de chasser, par leurs mœurs plus sédentaires et
157
leur instinct de l’embuscade. Ils ressemblent encore aux
Engoulevents par la teinte de tristesse et de mélancolie
répandue sur leur physionomie. Ce ne sont plus ces
chasseurs brillants, au joyeux langage et au vol rapide,
qui poursuivent leurs proies ouvertement, au grand
jour, pour ainsi dire, et qui ne veulent point « dérober
la victoire. » Ce sont des giboyeurs de second ordre, de
timides braconniers pratiquant l’allût, et suppléant par
la ruse, à ce qui leur manque en vigueur et en prompti¬
tude. Presque aussi utiles que les Hirondelles, ils sont
moins remarqués. Le cri strident et monotone qu’ils
font entendre sans cesse, leurs allures gauches, leur
physionomie stupide, ont — et cela n’est point à notre
honneur — singulièrement modifié nos sentiments à
leur égard. Leur nom même est devenu une épithète
malsonnante, dont l’injure semble rejaillir sur l’oi¬
seau. L’homme est ainsi fait : il veut trouver de
l’agrément jusque dans les services, jusque dans les
bienfaits .
Gomme les espèces précédentes, les Gobe-mouches
arrivent dans nos climats assez tard, et quand les pre¬
mières chaleurs ont déjà fait éclore les moucherons,
dont ils font leur principale nourrUure. Les froids qui
surviennent tardivement leur sont funestes. En 1767et
en 1772, un subit abaissement de la température en fit
périr un grand nombre (1). Ils repartent également de
bonne heure; et, dès les premiers jours de septembre,
on ne voit plus que quelques individus des nichées tar¬
dives.
Dans leurs chasses, ils suivent la mai’che du soleil.
(1) Buffon, 1844, tome V, page 517.
— 158 —
Le matin, dans les endroits exposés au levant, ils sai¬
sissent les diptères éveillés par les premiers rayons ; le
soir, au couchant, ils guettent ceux qui voltigent encore
aux dernières lueurs. Ils affectionnent, pour se poser, les
branches sèches et dénudées, les poteaux, les pieux, etc.,
d’où ils s’élancent sur les moucherons qui passent ;
et, chargés de leur proie, ils reviennent à leur poste pour
la dévorer. On peut, à distance, et sans les voir, au seul
bruit sec produit par leurs mandibules quand ils sai¬
sissent une mouche, se rendre compte du nombre d’in¬
sectes qu’ils détruisent. Rarement ils manquent leur
coup, grâce surtout aux poils placés aux bords du bec.
et qui servent à retenir la proie et la diriger dans le
gosier de l’oiseau.
Cette famille compose pour nous un seul genre, du
moins en ce qui concerne les individus d’Europe.
Bien que le plumage varie considérablement, selon la
saison, dans quelques espèces, leur mue est simple ; la
coloration se produit par l’usure des barbules, et par
un surcroît de vie, qu’ils doivent aux influences printa¬
nières
Genre Gobe-Mouches. — Muscicapa.
Cette famille ne renfermant pour nous qu’un genre,
nous pensons qu’une description générique devient
inutile. Bornons-nous à ajouter que le nom latin 1/us-
cicapa^ de musca^ mouche, et de capere^ prendre, tra¬
duit exactement le nom français Gobe-mouches, et qu’il
caractérise heureusement ce genre.
Quatre espèces d’Europe et de France où le Gobe-
159
mouches rougeâtre se montre accidentellement. Trois
passent ou sont communes dans notre département:
Gohe-mouches gris.
2° Gobe-mouches noir.
3° Gohe-mouclies à collier.
70. Gobe-moMcIics ^rîs. — Muscicapa grisola
(Linné).
Taille : environ 15 centimètres.
Description : Mâle et femelle : parties supérieures
cendré brun, plus foncé au centre des plumes du
vertex ; parties inférieures d’un blanc gris, marqué aux
côtés de la poitrine et aux flancs de taches longitudi¬
nales noires; rémiges noires liserées de blanc terne ;
rectrices de même couleur sans liseré; bec brun en des¬
sus, plus pâle en dessous ; pieds bruhs ; iris noir.
Jeunes : de même couleur, marqués au vertex et au
manteau de taches jaunâtres, qui pâlissent avec l’âge,
et deviennent presque blanches au moment de la pre¬
mière mue ; parties inférieures plus foncées que chez
les adultes.
Cette espèce, type du genre, est très commune en
été dans notre département. Elle construit, sans art,
de mousses, d’herbes et de racines, un nid qu’elle
cache fort mal dans les espaliers, dans les trous des
murs et aux enfourchures des branches, etc. On rap¬
porte qu’un jardinier ayant un jour laissé son rateau
debout, appuyé contre un mur, des Gobe-mouches y
établirent leur nid (1).
Cet oiseau pond de 4 à 6 œufs, à fond blanc azuré
I
(1) D'’ Chenu, Encyclopédie d'Uisl. nal., tome IV, page 218.
160 —
ou grisâtre, plus ou moins marqués, surtout au gros
bout, de taches tantôt d’un roux assez vif, tantôt très
sombres et comme elfacées. Grand diamètre, environ
20 millimètres; petit diamètre, 15 millimètres.
Le Gobe-mouches n’a point de chant, mais un cri
aigu et très fastidieux, qu’il répète sans cesse. Tl affec¬
tionne certains endroits découverts, où se trouvent
des branches sèches; il voltige continuellement des
unes aux autres en 'saisissant tous les insectes qui pas¬
sent à sa portée. Peu farouche et peu défiant, il se laisse
approcher de fort près. Son grand œil noir, fixe et
dilaté, lui donne un air lourd et niais, qui prévient
mal en sa faveur , quoiqu’il rende d’inappréciables
services et qu’il vive sous nos yeux. Gomme presque
tous les oiseaux chasseurs, il est peu sociable, et ne
souffre point d’intuus dans les limites qu’il s’est don¬
nées .
71, Crobe-mouches noir. — Muscicapa atrica-
pilla (Linné), ,
Synonymie : Gobe-mouches bec-figue. — Traquet
d’Angleterre.
Taille : environ 13 centimètres.
Description : Mâle en été : parties supérieures d’un
noir profond; parties inférieures, deux points au front
et miroir sur l’aile d’un blanc pur; rémiges et rec-
trices moins foncées et liserées de blanc ; bec, pieds et
iris noirs.
Mâle en hiver : parties supérieures lavées de roux ;
les inférieures, d’un blanc terne.
Femelle en été : comme le mâle, avec les parties'
supérieures d’un noir moins pur et lavées de cendré ;
161
parties inférieures d’un blanc roussâtre ; miroir moins
étendu, moins net; point de taches blanches au
front.
Femelle en hiver : comme en été, avec une teinte
roussâtre dominant tout le plumage. '
Jeunes : semblables à la femelle en hiver ; ils ne •
s’en distinguent que par un liseré blanc à l’extrémité
des grandes couvertures alaires. ' '
Le Gobe-mouches noir n’est que de passage dans
notre département. Rare au printemps , il apparaît
assez souvent, vers la fin d’août, dans nos vergers et
nos basses-cours. C’est, comme la précédente, une
espèce criarde, voltigeant sans cesse de branches en
branches pour saisir les moucherons. Elle nous a
paru plus farouche et plus défiante , bien qu’elle soit
réputée plus stupide. Elle habite de préférence les
parties les plus méridionales , recherche les vergers ,
et se tient sur les arbres chargés de fruits, où abondent
les moucherons. Son nom , Bec-Figue , indique assez
qu’elle passe pour piquer les figues, préjugé funeste à
l'oiseau, puisqu’il en fait détruire un grand nombre
pour un méfait dont il est innocent. M. Yarrell en a
ouvert plusieurs, sans jamais trouver vestige de fruits •
dans leur estomac.
72. €robe-itiouclies à collier'. — Muscicapaalbicollis.
Synonymie : Gobe-mouches de Lorraine.
» • '
Taille : environ 13 centimètres.
Description : Mâle en été : parties supérieures , ré¬
miges et rectrices d’un noir profond; parties inférieures,
côtés du front, cou, et un double miroir 'sur l’aile,
11
V
d’un blanc pur; rectrice latérale liserée de cette dernière
couleur ; Bec, pieds et iris noirs.
Mâle en hiver : une teinte générale cendrée- domine
le blanc et le noir, qui sont dès lors moins tranchés et
comme fondus ; collier peu apparent.
Femelle en été et en hiver : parties supérieures d’un
noir terne ; front blanchâtre; le collier indiqué par une
nuance cendrée.
Jeunes : semblables à la femelle ; pas de teinte blan¬
châtre au front, mais quelques taches cendrées à la
poitrine.
Le Gobe-mouches à collier est de passage irrégulier
dans notre département, où il ne fait que de rares
apparitions, surtout en automne.
Cette espèce a les mœurs et les habitudes des pré¬
cédentes ; elle paraît plus vive , plus éveillée . Elle vit
plus loin de l’homme , et reste dans les bois tout le
temps de la reproduction; elle se tient alors au hauf
des arbres. Vers la fin de l’été , elle descend dans les
vergers.
Le Gobe-mouches paraît assez commun en Lorraine,
où il se reproduit. En général, il habite plutôt l’Europe
centrale et méridionale.
Nota. — Ces deux dernières espèces ne couvant point,
que nous sachions , dans notre département , nous
n’avons point cru devoir nous occuper de leur mode
de nidification. Disons simplement qu’elles couvent
dans les ôreux d’arbres, et pondent des cèufs d’un bleu
I
pâle sans tache.
— 163 —
ONZIÈME FAMILLE.
CALAMOHERPINÉS.
Caractères de la Famille : bec large ou médiocre ,
allongé , échancré à la pointe ; tête déprimée ; ailes
courtes, concaves, obtuses ; queue étagée ou conique ;
tarses longs ; ongle du doigt postérieur égalant ou
surpassant ce doigt; habitudes diurnes.
Nous aurons bientôt épuisé la série des Muscivores ;
nous devons donc arriver à des espèces de transition ;
car l’appétit des oiseaux est varié, comme les produc¬
tions de la nature. La Sagesse infinie qui conçut l’uni- ’
vers, le conçut réglé, coordonné, harmonisé jusque
dans ses moindres détails : donc , pas de lacune. Entre
l’insecte qui vole et l’insecte qui rampe , il y a des
espèces mitoyennes; il doit exister aussi, pour que
l’équilibre subsiste, des destructeurs intermédiaires.
Or, la famille des Galamoherpinés nous paraît destinée,
pour une large part, à ménager la transition. Elle con¬
tient, en effet, des espèces semblables pour les mœurs
. et les caractères zoologiques, et différant essentielle¬
ment, mais graduellement, pour' le régime et le genre
.de vie. Nous la considérons donc comme une famille
éminemment transitive.
Les oiseaux qui la composent sont d’un caractère
hargneux et insociable ; ils aiment à grimper dans les
roseaux ou les herbes touffues ; ils fréquentent , en
général , les lieux bas et humides, se montrent peu ,
ont un chant varié, mais saccadé, rauque, disgracieux,
et se nourrissent encore généralement d’insectes ailés.
• . — 164 —
Admirablement conformés pour l’escalade , s’il est
permis de parler ainsi, ils ont le vol pénible et lent.
C’est que pour remplir la mission que Dieu leur a
confiée , ils doivent se servir de leurs pieds plutôt que
de leurs ailes. Ces dernières ont donc un emploi secon¬
daire, et un développement sacrifié.
Cette famille , réduite aux espèces de notre dépar¬
tement, contient pour nous cinq genres :
1“ Genre Rousserolle ; 4" Genre Locustelle;
2° Genre Agrobate; 5® Genre Troglodyte.
3“ Genre Phragmi te ;
1° Genre Rousserolle. — Calamoherpe (Boié).
Caractères du genre : Ceux de la Famille ; bec large à
la base, échancré à la pointe, à arête saillante ; narines
ovales ; tête anguleuse ; queue conique , à pennes
larges; tarses longs et grêles; doigts minces , à ongles
robustes et aigus ; celui du doigt postérieur plus long
que ce doigt.
Les Rousserolles nous semblent , d'après le prin¬
cipe que nous avons adopté pour notre classification ,
succéder naturellement , et sans autre intermédiaire ,
aux Muscicapinés. Elles se nourrissent, en effet, de
mouches aquatiques, de cousins, de libellules , etc.,
qu’elles saisissent quelquefois en voltigeant — carac¬
tère qui suffirait à justifier la place que nous leur don¬
nons — mais qu’elles happent le plus souvent sans
abandonner la tige de roseau, sur laquelle elles sont
cramponnées. Cette habitude les écarte des Muscica-
— Î65
pinés, et les rapproche des Sylviinés parles Hippolaïs
et les Pouillots. Ainsi , notre premier genre offre déjà
un caractère de transition bien tranché.
Les Rousserolles, types de la famille des Calamoher-
pinés , en possèdent toutes les habitudes. Elles aiment
à grimper sur les tiges des roseaux, sur lesquelles elles
semblent se glisser, ainsi que l’indique leur nom, com¬
posé de KethetiJLoç, roseau, et de sp^siv, glisser. Elles les
parcourent en tous sens , en poursuivant les insectes ,
et se tiennent à une hauteur moyenne. Le plus sou¬
vent , elles font entendre un cri rauque et guttural ;
quelquefois cependant , et surtout dans le milieu du
jour, elles restent quelque temps silencieuses, nous
croyons même presque immobiles. On ne voit , on
n’entend rien dans une touffe qui naguère retentissait
de leurs cris. Lancez une pierre au milieu de ces ro¬
seaux , aussitôt s’élève de tous les coins du fourré ,
comme une bruyante protestation, une tempête de
cris aigus et saccadés, qui se pressent, se choquent au’
larynx de l’oiseau, et semblent un défi, qu’il nous jette.
Les coups de feu mêmes ne les effraient point. Plus
d’une fois, après avoir suivi des heures entières la
grosse Rousserolle , au mouvement qu’elle imprimait
aux tiges flexibles , nous avons tiré un coup de fusil ,
espérant la forcer à se découvrir. C’était en vain, elle
se contentait de passer sur une tige voisine , et criait
de plus belle. Cependant, quand on a réussi à abattre
un premier individu, les autres, surpris sans doute de
ne plus entendre sa voix, viennent voltiger à l’endroit
qu’il occupait, et l’on peut alors en atteindre quelques-
uns.
Ces oiseaux, les grosses Rousserolles surtout , car
/
f
- 166
étant beaucoup moins nombreuses , elles sont plus
faciles à observer, se cantonnent, comme tous ‘les
oiseaux chasseurs, et restreignent leurs chasses à leurs
limites respectives. Les petites Rousserolles sont si
nombreuses, si pressées, et leurs limites devraient être
si resserrées , que nous ne saurions dire si elles ne
chassent pas en commun.
Les Rousserolles couvent dans les roseaux submer¬
gés, à moins d’un mètre de la surface ded’eau. Elles
attachent à quatre ou cinq tiges un nid profond, rétréci
du haut et très solidement construit. L’instinct qui
leur fait donner cette forme à leurs berceaux est voisin
de la raison. Le vent peut courber les roseaux ; et, pen •
ché sur le côté, le nid n’en conserve pas moins les œufs
qui lui ont été confiés.
La mue est simple , et la livrée à peu près semblable
dans les deux sexes.
Ce genre comprend quatre espèces d’Europe , dont
trois de la France et de notre département :
1 ® Rousserolle Turdoïde ;
2° Rousserolle Effarvatte ;
3" Rousserolle Verderolle.
0
73. Rousserolle Turdoïde. — Calamoherpe Tur-
doïdes (Boié).
Synonymie : Grosse Rousserole. — Bacasse,
Taille : 18 à 19 centimètres.
Description : Mâle : parties supérieures d’un brun
roux, plus foncé à la tête, s’éclaircissant au croupion ;
parties inférieures blanc jaunâtre à la gorge et au mi¬
lieu de l’abdomen , blanc roux aux flancs et à la poi-
- 167 —
trine ; quelques stries plus ou moins nombreuses et
plus ou moins apparentes sur cette dernière partie
et à la gorge ; raie sourcilière d’un blanc sale ; ré¬
miges et rectrices comme le manteau; bec brun en
dessus , jaune livide en dessous; pieds brun pâle ; iris
noisette.
Femelle : comme le mâle, sensiblement plus petite.
Jeunes : d’un brun plus roux dans toutes les parties ;
cette nuance passant au chamois sur le ventre et la
poitrine.
La Rousserole Turdoïde est peu répandue dans notre
département ; nous ne l’avons rencontrée qu’en un seul
endroit, dans les prairies de Saint-Georges, au pied des
falaises de la Seine , dans un bas-fond , où se trouve ,
en tout temps, près d’un mètre d’eau et où poussent
des roseaux de 3 mètres de haut. Elle est commune sur
les bords de la Grand’Mare, au Marais-Vernier.
Elle place son nid au milieu des roseaux, et le cons¬
truit, comme nous l’avons indiqué plus haut, de brins
d’herbes doux et moelleux, qu'elle entrelace avec beau¬
coup d’art. Sa ponte est de quatre œufs oblongs, à co¬
quille d’un blanc azuré , quelquefois verdâtre, avec dh
nombreuses et larges taches olivâtres ou violacées.
Grand diamètre , environ 22 millimètres ; petit dia¬
mètre, 19 millimètres.
Elle arrive dans nos localités vers le 25 avril , et
repart à la fm d’août. Comme la plupart des espèces
qui fréquentent les marais , elle couve assez tard , et
c’est vers le 20 juin qu'il faut chercher ses œufs. Elle
ne fait qu’une nichée. Pendant l’incubation, le mâle
s’écarte peu du nid. Perché au sommet des tiges qui
le supportent, il veille avec sollicitude sur sa femelle,
/
— 168 -
pourvoit à ses besoins, et semble chercher à la distraire
par ses chants.
Son nom spécifique Turdoïde (petite grive), vient de
ce que , pendant longtemps , cette espèce a été classée
dans le genre Turdus, plutôt que des rapports de confi¬
guration qui pourraient exister entre ces deux genres.
74. Roussepollc Effarvatte. — Galamoherpe
arundinacea (Boié).
Synonymie : Petite Rousserole. — Fauvette des ro¬
seaux.
Taille : 13 centimètres.
Description : Mâle : parties supérieures roux cendré,
plus vif au croupion ; parties inférieures et gorge d’un
blanc lustré, lavé de roussâtre aux côtés de la poitrine
et aux flancs; raie sourcilière d’un blanc jaunâtre ; ré¬
miges et rectrices comme le manteau ; bec brun en
dessus, jaunâtre en dessous, surtout à la base ; pieds
brun clair ; iris noisette.
Femelle : comme le mâle, dont elle ne difî'ère que
parles teintes plus pâles de la poitrine et des flancs.
Jeunes : de nuance plus foncée, surtout aux parties
inférieures.
Cette espèce niche, comme la précédente, dans les ro¬
seaux et pond 4 ou 5 œufs de forme et de nuance très-
variables. Dans presque toutes les variétés, la coquille
est d’un blanc azuré, avec des taches d’un vert olive
foncé, quelquefois d’iin brun vineux, quelquefois jau¬
nâtres. Nous en avons trouvé d’un cendré verdâtre
presque uniforme. Grand diamètre, environ 16 mil-
' limètres ; petit diamètre, 1 3' millimètres.
I
Ainsi que nous l’avons dit, l’Effarvatte est très com¬
mune dans notre département; la moindre touffe en
renferme plusieurs couples. Elle a les moeurs et les
habitudes de la précédente, et émigre aux mêmes épo¬
ques. Elle est moins farouche, voltige davantage et se
découvre plus souvent.
Son nom Effarvate, venant, dit M. l’abbé Vin-
celot, de efjervesco, figure bien l’ardeur de ces petits
oiseaux, qui semblent s’animer eux-mêm'es au bruit
qu’ils font, et dont les cris précipités et les mouvements ^
saccadés trahissent une sorte d’agitation nerveuse. Leur
nom latin arundinacea^ (des roseaux), indique les lieux
qu’ils fréquentent.
«
'75. Ronsserole verderolle. — Calamoherpe pa-
lustris (Boié).
Synonymie : Verderolle.
Taille ; 14 centimètres.
Description : Mâle : semblable à l’espèce précédente,
donfil ne se distingue que par sa taille un peu plus
forte, par une teinte verdâtre au manteau et sur les
tarses, où cette dernière couleur est plus prononcée;
bec brun en dessus, jaunâtre en dessous ; iris noi- '
sette.
Femelle : semblable au mâle, un peu plus petite.
Jeunes : de nuance plus foncée ; la teinte verte est
olivâtre dans le premier plumage.
Cette espèce a les mœurs, les habitudes et le mode de
nidification de ses congénères. SaVoix est moins rauque,
plus étendue, plus variée; elle possède une certaine fa¬
culté d’imitation, et contrefait souvent les autres es¬
pèces, surtout les Traquets-
— 170 ~
La Verderolle pond de 4 à 6 œufs d’un vert azuré
avec des taches olivâtres ou brunâtres, surtout au gros
bout, où elles forment couronne. Grand diamètre, ^8 à
19 millimètres ; petit diamètre, 13 à 14 millimètres.
Cette espèce est aussi rare dans notre département ,
que l’Effarvatte y est commune. Nous ne l’y avons ja¬
mais rencontrée, quoiqu’elle s’y montre de temps en
temps ; mais l’habitude qu’ont ces oiseaux de se dé¬
rober aux regards, rend assez difficile la distinction des
espèces, et peut, dans bien des cas, les faire passer ina¬
perçus.
Son nom, paluslriSy de palus^ marais, indique encore
son habitat ; tandis que la nuance verdâtre qni domine
dans son plumage, et forme un de ses principaux ca-
ractèrès distinctifs, justifie assez son nom français Ver¬
derolle.
2» Genre Acrobate. — Aedon (Boié).
Caractères du genre : Ceux de la Famille ; bec aussi
haut que large , comprimé dans toute son étendue ,
courbé à la pointe ; tarses forts ; doigts robustes ; ongles
faibles, celui du doigt postérieur égalant à peine ce
doigt ; ailes courtes ; queue longue, large, arrondie.
Ce genre contient deux espèces d’Europe, dont l’une
l’Agrobate familier, salicaria familiaris (Schlegel), est
contestée, et l’autre habite les contrées méridionales de
l’Europe et l’Afrique. Nous ne l’eussions donc point
admise dans notre Catalogue, ne l’ayant jamais obser¬
vée nous-même , et aucune des personnes près des¬
quelles nous nous sommes renseigné ne l’ayant ren¬
contrée dans notre département. Cependant nous n’a-
— 171 —
»
vons point la prétention d’avoir tout vu ni tant appris ;
et cet oiseau ayant été porté sur le Catalogue de
M. Nouryjlj, nous avons cru devoir le décrire, en faisant
nos réserves, et en laissant à notre honorable collègue
le mérite et la responsabilité de sa découverte.
Nous pensons néanmoins que c’est par erreur de signe
conventionnel, queM. Noury a indiqué l’espèce comme
»
venant régulièrement se reproduire dans notre Nor¬
mandie. Si nous considérons comme possible une ap¬
parition rare , isolée et accidentelle, nous ne pouvons
, admettre que l’oiseau revienne périodiquement dans
nos localités. Gela soit dit, non pour contester les con¬
naissances ornithologiques de notre savant collègue,
mais uniquemement dans Tintérêt de la vérité.
On sait peu de choses des Agrobates, et nous ne les
plaçons ici, à la suite des Rousserolles , qu'à cause des
rapports zoologiques, et d’un certain air de famille, qui
existent entre ces deux genres. Nous ne connaissons
assez ni leur régime, ni leurs mœurs, pour baser notre
détermination sur des caractères qui nous paraissent
décisifs.
Les Agrobates diffèrent des Calamoherpinés , par
leur chant moelleux, et leur voix douce et flûtée, d’où
leur nom générique Aedon (A«<f{yj/, Rossignol) ou encore
Galactodes (de Tethet, ycthetKToç, lait, et chant) ;
mais rien d’étonnant que, dans cette espèce de transi¬
tion, nous trouvions déjà quelques caractères des fa¬
milles suivantes, qui renferment des chantres brillants.
(l) Catalogue complet des Oiseaux de la Normandie , observés
par M. Noury. — Bulletin de la Société des Amis des Sciences
nalurelleSt 1866, page 90.
- 172 —
s
Nous avons préféré au nom Gai actode, dont l’idét^
est déjà comprise dans Aédon, celui d’Agrobate (de
etypoç, champ, et CccTtip marcheur), indiquant un ca¬
ractère particulier à ce genre, celui de fréquenter
indistinctement la campagne. Nous disons indis¬
tinctement : car le nom salicaria^ sous lequel on le
désigne encore, venant de salix, saule, arbre de rivage,
prouve que l’oiseau recherche aussi les bords hu¬
mides.
76. Ag;robate rabigineax.. — Aedon rubigi-
nosus (Degland; rubigo^ rouille.
Synonymie : Galactode.
Taille : 17 à 18 centimètres.
Description : Mâle : parties supérieures d’un roux de
rouille assez vif ; parties inférieures blanc chamois plus
foncé aux flancs et à la poitrine ; lorums bruns ; raie
sourcilière d'un blanc roussâtre ; rémiges d’un roux
ardent ; rectrices de même couleur, avec une tache
noire arrondie vers le bout ; les latérales terminées de
blanc ; bec brun en dessus, jaunâtre en dessous ; pieds
glabres ; iris noisette.
La femelle est, croyons-nous, semblable au mâle. La
description qu’en donne Temminck, nous paraît conve¬
nir plutôt aux jeunes, qui, comme presque toutes les
espèces de cette famille, ont les teintes plus rembru¬
nies.
On ne connaît ni .ses mœurs, ni son genre de vie, ni
son mode de nidification.
Cette espèce n’est pas rare en Espagne, et l’on s’é¬
tonnerait que, découverte depuis 1820, elle fût si peu
- 173
connue, si l’on ne savait que l’histoire naturelle est
complètement négligée dans ce pays, si riche en es¬
pèces rares.
3“ Genre Phragmite — Galamodyta.,
Caractères du genre : Ceux de la Famille ; bec mé¬
diocre, légèrement comprimé, échancré à la pointe ;
narines ovales ; ailes courtes ; queue arrondie, com¬
posée de pennes étroites; tarses grêles; doigts minces,
à ongles longs, celui du pouce plus long que ce doigt.
Les rapports de mœurs et de physionomie, qui exis¬
tent entre les Rousserolles et les Phragmites, forme¬
raient à la rigueur une transition suffisante ; mais la
nature, dans son inépuisable richesse, a rapproché les
distances, et fondu, pour ainsi dire, ces deux genres
en créant les Getties, très voisines des premières par les
^habitudes et le genre de vie, et des secondes par le bec
et le régime. Nous n’avons point à nous occuper du
genre Gettie, composé d’espèces méridionales, qui ne se
montrent point dans notre département ; nous ne l’a¬
vons mentionné ici que pour faire mieux ressortir l’en¬
chaînement des espèces.
Gomme les Rousserolles, les Phragmites fréquentent
les lieux marécageux, les bords des étangs et des cours
d’eau ; cependant elles s’enfoncent moins dans l’épais¬
seur des fourrés elles habitent plutôt les jonchaies,
les herbes hautes et touffues, et se montrent davan-
‘tage. Elles sont plus vives, plus remuantes; elles ont
un chant précipité et saccadé, il est vrai, mais moins
rauque, moins fastidieux. Souvent elles s’élancent dans
I
I»
— i74 -
les airs, y pirouettent avec grâce, et se laissent tomber
en redisant leur chant d’amour.
Leur régime düFère aussi de celui des Rousserolles ;
elles s’attaquent encore aux insectes ailés , mais re¬
cherchent surtout les larves et les petits colimaçons
aquatiques, qù.’élles saisissent siir les roseaux , nous
éloignant ainsi des Muscicapinés et nous rapprochant
des Sylviinés.
Elles cachent leur nid dans les hautes herbes, sans
l’attacher comme les Rousserolles ; elles l’établissent
plus près de terre, et dans des endroits moins sub¬
mergés. ^ ,
Enfin, et comme dernier trait qui distingue les deux
genres, nous ajouterons que les Phragmites arrivent
avant les Rousserolles, et repartent plus tard ; que
quelques-unes abandonnent, dans l’arrière-saison, le
séjour des marais, pour se répandre dans nos champs
verts, où l’on ne rencontre jamais les premières.
Leur nom générique Calamodyta, de,itcthety.oç^ roseau,
et de «TvTMf, plongeur, vient de l’habitude qu’elles
ont de s’enfoncer dans les roseaux, de s’y glisser avec
prestesse, pour échapper à la poursuite du 'chasseur.
Quant au mot Phragmite, venant de qui
habite les haies, les buissons, il désigne bien un genre
qui s’écarte déjà du bord des eaux. En elfet, on trouve
souvent les Phragmites dans les buissons des falaises.
Ce genre contient, selon nous, trois espèces d'Eu¬
rope et de France, dont deux sont communes dans
notre département, savoir :
1° Phragmite des joncs;
2“ Phragmite aquatique.
»
A l’exemple du prince Gh. Bonaparte et du Chenu,
V
— 175 ~
nous croyons qu’il faut ranger dans le genre Phrag-
mite la Mélanopogon, qui, pour Deglandet M. Gerbes,
est uneCettie.Son genre de vie, ses habitudes, son faciès
'ne nous paraissent point laisser de doute à cet égard.
Seulement nous pensons que sa place serait en tête du
genre Calamodyta, près des Getties, comme espèce très
voisine et éminemment intermédiaire.
Leur mue est simple ; et le plumage , à peu près le
même dans les deux sexes. — Les jeunes diffèrent peu
des adultes.
I
77. Phragmite des joncs.,— Galamodyta Phrag-
mitis (Ch. Bonap.).
Synonymie : Bec-Fin Phragmite.
Taille : 12 centimètres.
Description : Mâle ; parties supérieures d’un brun
olivâtre pâle, marquées au centre de’s plumes de taches
noires beaucoup plus nombreuses et plus étendues à
la tête où elles dominent, plus petites'et comme fon¬
dues au manteau ; parties inférieures jaunâtres , plus
foncées aux flancs et à la poitrine , qui est marquée
d’une série de petits points d’un noir cendré; lorums
bruns-, surmontés d’une raie sourcilière blanc jau-^
^nâtre; rémiges et rectncés cendré foncé, liserées d’oli¬
vâtre ; bec, pieds et iris bruns.
Femelle : comme le mâle , avec les taches du man¬
teau d'un noir moins tranché.
Jeunes : de nuance plus pâle , surtout aux parties
inférieures, et marquées à la poitrine de taches moins
foncées, mais plus nombreuses et plus étendues.
Cette espèce est très commune en été dans notre
— 176 -
département ; on la trouve dans les marais et les lieux
qui les avoisinent ; elle couve dans les hautes herbes
et quelquefois dans les saules et les buissons. Son nid,
relativement volumineux et assez grossièrement cons¬
truit à l’extérieur, est solide et bien matelassé. Elle
pond de 4 à 6 œufs , d’un gris cendré lavé de chamois
et d’olivâtre , et souvent marqué , au gros bout , de
raies noires fines et déliées. Grand diamètre, 14 milli¬
mètres ; petit diamètre, 12 millimètres.
La Pbragmite des joncs arrive dans notre départe¬
ment de tiès bonne heure (nous l’avons tuée dès le
24 mars dans le marais de Saint- Georges) ; elle dispa¬
raît fin septembre. A cette époque , elle acquiert tant
de graisse, qu’elle a peine à voler. C’est alors un
excellent gibier qui n'a que le défaut d“*être trop
petit; mais sa chair est succulente et parfumée. Aussi
laisse -t-elle beaucoup de fumet; et, comme elle est
lourde et paresseuse , elle est souvent la proie des
chiens.
En été , on la voit à la pointe des roseaux , trahis¬
sant par ses chants précipités , ses mouvements
brusques et ses folâtres évolutions , l’ardeur de ses
transports.
s
78. Phrag;mitc aquatique. — Calamodyta aqua-
. tica (Degland).
Synonymie : Bec-Fin aquatique.
Taille : 12 centimètres.
Description : Mâle au printemps : parties supérieures
d’un jaunâtre cendré, marquées, au centre des plumes,
de raies longitudinales noires, plus larges à la tête,
peu apparentes au cou , et plus pressées au manteau ;
V
— 177
\
croupion d’un jaune roux assez clair ; parties infé¬
rieures, gorge, raie sourcilière et une hande longitudi¬
nale au milieu du vertex, jaune pâle lavé de chamois ;
région parotique brune ; rémiges et rectrices égale¬
ment brunes et liserées de cendré roussàtre ; bec brun
en dessus, jaunâtre en dessous; pieds jaunes; iris
noisette.
Mâle en automne : la teinte cendrée du manteau
disparaît en partie; le fond du plumage est alors d’un,
jaune roussàtre.
La femelle, en été comme en hiver, diffère du mâle
par une nuance générale plus sombre, et par la dimen¬
sion plus petite de la bande jaunâtre de la tête.
Les jeunes , semblables aux adultes , portent à la
poitrine de fines mouchetures d’un brun cendré.
Cette espèce doit se reproduire quelquefois dans
notre département : car nous avons tué , dans les pre¬
miers jours de mai, une femelle dont l’ovaire était
garni de germes très développés. Elle construit , au
milieu des hautes herbes , comme la précédente , un
nid moins volumineux , mais mieux fait. Sa ponte est
de 4 ou 5 œufs d’un gris verdâtre marqué de points
noirs. Grand diamètre, 16 millimètres; petit dia¬
mètre, 12 millimètres.
La Phragmite aquatique habite plus au midi que
sa congénère des joncs ; elle est, en août, en septembre,
en octobre et même en novembre, de passage régulier
dans notre département , où elle reste jusqu’aux pre¬
mières gelées. Elle recherche davantage les prairies
inondées et vit plus près de l’eau, justifiant ainsi son
nom. Pour le reste, elle a tous les caractères de la pré¬
cédente. Elle devient très grasse comme elle, vole ditff-
12
4
— 178
cilement, se glisse et se blottit dans les roseaux pour
échapper au chasseur. Sa chair est aussi très appréciée
des goucmets, qui en font des brochettes.
4® Genre Locustelle. — Locustella.
Caractères du genre : Bec droit , épais à la base ,
échancré à la pointe , comprimé dans toute son éten¬
due ; narines ovales ; ailes courtes et obtuses ; queue
longue, ample, arrondie; tarses robustes; doigts longs
et grêles; ongle du pouce mince, presque droit et éga¬
lant ce doigt.
Nous avons dit que les Phragmites sont déjà moins
riveraines, moins aquatiques que les Rousserolles , et
que, par leur régime comme par leurs habitudes, elles
nous amènent graduellement aux espèces de forêt et
de plaine. Cependant, et nous sommes les premiers à
le reconnaître, la transition, si naturelle et si bien mé¬
nagée jusqu’aux Phragmites, présenterait une chute
assez brusque entre ces dernières et les Locustelles.
Mais, sans sortir des espèces françaises , nous trouvons
dans les Gisticoles le genre intermédiaire , l’échelon
qui manquait à la gradation.
Entre les Phragmites qui préfèrent le séjour des
marais, et n’apparaissent en plaine qu'à l’arrière-sai¬
son , et un peu accidentellement , et les Locustelles
qui habitent tantôt les lieux humides et boisés, tantôt,
et plus souvent peut-être, les coteaux arides, couverts
de graminées et de bruyères , se placent donc naturel¬
lement les Gisticoles , genre mitoyen , faisant sa pre¬
mière nichée dans les champs, et les autres dans les
marais ; tenant de la Phragmite par la ‘coloration du
plumage, le mode de nidification, l’habitude qu’il a de
pirouetter dans les airs , et de la Locustelle , par son
régime, son genre de vie et la facilité avec laquelle il
court et disparaît dans les hautes herbes. Ici donc la
transition s’opère encore régulièrement et sans la¬
cune (1).
Ainsi que nous venons de le dire, les Locustelles
habitent les lieux couverts, exposés aû soleil, et quel¬
quefois fort éloignés des eaux. Ce sont des oiseaux
timides, se montrant peu, vivant près de terre, volant
mal, et courant avec une grande légèreté. Quoique
diurnes, ils se font entendre de grand matin, et le soir,
fort avant dans la nuit. Dans le milieu du jour, ils sont
silencieux, peut-être même prennent-ils quelque
repos. C’est là une supposition qui nous paraît pro¬
bable, mais que Içurs mœurs cachées rendent difficile
à contrôler.
Bien que quelques auteurs, et spécialement Degland
dans sa description générique (2), avancent que les Lo¬
custelles aiment les lieux frais et humides, les bords
des rivières et des marécages, nous n’y avons jamais
rencontré l’espèce qui se montre dans nos localités.
Cette habitude conviendrait alors à la Locustelle
tluviatile , si elle existe réellement. Cette dernière
se rapprocherait donc davantage des espèces précé¬
dentes , et faciliterait encore la transition. A ce titre,
» ' •
(1) Pour les mœurs de la Gisticole, voir, Bulletin de la Société
Otnilh. Suisset 1865, t. I, une intéressante Etude sur cet oiseau,
par M. Godefroy Lunel.
(2) Orniih. Europ., t. I, p. 588.
180
elle devrait être placée en tête du genre, près des Cis-
ticoles et des Phragmites.
Leur nom générique Locustelle (petite sauterelle),
figure heureusement leur cri sec, entrecoupé, saccadé
et fondu tout à la fois, qu’on ne saurait mieux compa¬
rer qu’au bruit que produisent les sauterelles en frot¬
tant leurs élytres.
Leur mue est simple, et le plumage à peu près sem¬
blable dans les deux sexes.
Ce genre se compose de deux espèces d’Europe,
dont l’une, la Locustelle fiuviatile, est contestée , et
l’autre appartient à la France et à notre départe¬
ment.
79. Locustelle taelietée. — Locustella nævia
(Degland).
Synonymie : Bec-fin Locustelle, Longue- haleine,
Rémouleur, Oiseau grillon. Criquet, etc.
Taille : environ 14 centimètres.
Description : Mâle et femelle en été : parties supé¬
rieures cendré olivâtre, avec des taches noires oblon-
gues, assez étendues au manteau, plus étroites et plus
rapprochées à la tête, et à peine visibles au croupion ;
parties inférieures d’un blanc sale au milieu du ventre
et à la gorge, passant au cendré sur la poitrine et sur
les flancs; sous-caudales marquées au centre d’une
longue tache cendré brun ; raie sourcilière d’un blanc
jaunâtre; lorums bruns; rémiges olivâtres avec un liseré
plus pâle ; rectrices également olivâtres , marquées de
nombreuses bandes transversales, un peu plus foncées
et reflétantes, perceptibles seulement de côté ; bec brun
181 —
en dessus, plus pâle en dessous; pieds 'grisâtres; iris
noisette. - ' . . . >
0
Mâle et femelle en automne : teintes générales plus^
foncées.
Jeunes : de couleur plus rembrunie; ils se distin¬
guent surtout aux taches des parties supérieures, qui
sont plus étendues, notâmment au cou.
La Locustelle construit sans art, et fort près de
terre, un nid, qu elle compose surtout d’herbes sèches,
et y dépose le plus souvent quatre œufs d’un gris'
cendré, quelquefois lavé de roux, et marqués de nom¬
breux points et de fines stries rouge brique. Grand’
diamètre, environ 17 millimètres; petit diamètre,
14 millimètres.
Cette espèce habite toutes les parties de notre dé¬
partement, où .elle est moins rare qu’on ne le pense gé¬
néralement, à cause du soin qu’elle prend de se cacher.'
Nous l’avons trouvée dans les bois du bord de la Seine,
sur les coteaux arides près de Rouen, à Elbeuf, à
Dieppe, sur la pointe même du cap d’Antifer ; nous
l’avons abattue sur le bord des chemins, dans , les
blés, etc. 11 n*est guère d’endroits qu’elle ne fréquente;.
mais le plus souvent, on passe près d’elle sans la dé-
%
couvrir, et c’est d’elle surtout que l’on peut dire que
son cri seul la trahit.
Elle arrive dans notre département vers la fin d’avril,
et en repart vers la mi-septembre.
« Cet oiseau, dit M. Hardy, est timide et défiant, vi¬
vant toujours près de terre, dans l’épaisseur du fourré,
fuyant de bas à travers les cépées, ou courant preste-,
ment, en relevant sa queue longue et épanouie. 11
échappe facilement aux poursuites du chasseur, qu’il
sait dérouter, en se cachant de telle sorte qu’il ne peut
plus l’apercevoir, ni le déterminer à sortir du buisson
qui le récèle. Ces mœurs cachées rendent fort difficile
la découverte de son nid.
« C’est en se tenant immobile sur le bout d’une
branche, le cou tendu et le bec ouvert, que le mâle
fait entendre, surtout après le coucher du soleil, et de
grand matin, ce cri monotone, auquel, par une facilité
de ventriloquie, il semble donner, à volonté, plus ou
moins d’extension, de manière à tromper souvent sur
la distance qui le sépare de la personne qui l’écoute ;
chant d’amour qui s’éteint en été avec la vivacité des
désirs dont il était l’expression (1). >
»
Le nom dé Rémouleur, qu’on lui donne dans nos
localités, nous paraît très expressif. On croirait, en
effet, quand on l’écoute, entendre le cri de l’acier sur
la meule.
5® Genre Troglodyte. — Troglodytes.
4
Caractères du genre : Ceux de la Famille ; bec mé¬
diocre, subulé, arqué, à commissures courbes, à mandi¬
bules égales; tarses allongés, robustes; doigts longs ;
ongles forts et crochus, surtout celui du pouce ; queue
égale, courte, relevée, composée de 12 pennes.
Les Troglodytes sont-ils des Galamoherpinés ou des
Sylyiinés? Ils ont été tour-à- tour rangés dans ces deux
familles, confondues elles-mêmes dans le principe, ce
,qui prouve qu’ils ont de grandes affinités avec l’une et
avec l’autre. C’est évidemment un genre mixte, des-
*
(1) Degland, Ornü/i. Europ.^ t. I, p. 591 et 592.
— 183 —
\
tiné é le? rapprocher de plus en plus, à les relier, et
nous pensons que par son régime et ses habitudes, il
est mieux placé à la fin des Galamoherpinés.
Les Troglodytes sont des oiseaux remuants, vifs,
turbulents et peu sociables, aimant à grimper sur les
tiges, à s’enfoncer dans les broussailles, dans les bois
abattus, dans les trous des murs, fréquentant les ro¬
seaux, les cépées, les hautes herbes, vivant de mouche¬
rons, d’araignées, de larves et jamais ou fort rarement
de baies, ayant, en un mot, une grande conformité de
mœurs avec les Galamoherpinés. Leurs caractères zooi-
logiques les rapprochent encore de cette famille ; ils ont
les tarses robustes, les doigts longs, les ongles forts et
crochus, les ailes concaves et obtuses, et le vol peu
gracieux des Rousserolles.
Ils en diffèrent par leur çh^nt, encore un peu criardi
il est vrai, mais cadencé, étendu et asse^ harmonieui^ ;
ils en diffèrent encore par leur Uégèreté, la grâce de
leurs mouvements, et la vivacité de leurs allures.
Ge sont de très petits oiseaux courts et ramassés,
ayant l’air éveillé, portant l’aile basse et la queue
haute.
Le mâle et la femelle se ressemblent. Les jeunes
diffèrent peu pour la couleur du plumage. Leur mue
est simple.
Leur nom Troglodytes, composé de rpoyhof^ trou,
caverne, et de S'vthç, plongeur, signifie donc un oiseau
qui plonge, disparaît dans les trous, les cavernes, et
peint exactement les habitudes de ce petit volatile, qui
/
ne se montre un instant, que pour disparaître aussitôt
sous une couverture, dans les trous des murs, ou les
interstices d’un fagot.
i84
Une seule espèce d’Europe, de France^et de notre
département.
80. Troglodyte d’Europe. — Troglodytes Euro-
pæus (G. Cuvier).
Synonymie : Roitelet ; Répéquet; Rïboudin^
Taille : 9 centimètres .
Description : Mâle ; parties supérieures brun enfumé,
plus foncé et presque uniforme à la tête, plus pâle et
marqué de fines raies transversales noires sur le dos,
le croupion^ les ailes et la queue *, raie sourcilière
étroite, d’un blanc gris ; joues variées de gris et de
brun ; parties inférieures gris cendré à la poitrine, plus
rousses et rayées transversalement de noir à l’abdo- »
men ; sous-caudales terminées de blanc ; rectrices et
rémiges externes rayées alternativement de noir et de
blanc; bec et pieds brun roussâtre ; iris noir.
Femelle : plus petite, plus rousse, avec les raies
transversales peu apparentes.
Jeunes : d’un roux vif en dessus, avec les raies trans¬
versales à peine indiquées ; d’un roux jaunâtre en des¬
sous ; le milieu du ventre très pâle.
Le Troglodyte est commun et répandu dans tous les
pays ; il établit son nid partout : dans les herbes, sur
les branches des sapins, au revers d’un fossé, contre
les arbres, sous les couvertures etc. Ce nid, très volu¬
mineux et sphérique, 'présentant une entrée au côté,
se compose de matériaux différents, selon les lieux
qu’habite l’oiseau. Il le construit le plus souvent de
mousse à l’extérieur, et le garnit intérieurement d’une
grande quantité de plumes. J’ai trouvé un de ces nids,
I
— 185 —
>
offrant la forme d’une sphère un peu allongée, mais
bien régulière , entièrement composé de feuilles de
fougères admirablement reliées.
La ponte est de 7 à 8 œufs relativement gros, à fond -
blanc plus ou moins piqueté de roux, surtout au gros
bout ; j’ai dans ma collection une variété tout-à-fait
blanche. Grand diamètre, 1 4 millimètres ; petit dia¬
mètre, 12 millimètres.
Tout le monde connaît ce charmant petit oiseau,
gros comme le pouce , mais vif, ardent, jaloux, que¬
relleur, se dressant pour se grandir, enflant ses plumes,
laissant traîner ses ailes, épanouissant sa queue, se
pavanant, faisant la roue, transportant son ardeur
jusque dans son chant, qui est vif, fort, précipité, un
peu filé, et qu’il fait entendre toute l’année. C’est sur le
coin d’un mur, à l’extrémité d’une arbre qu’il aime à se
poser pour entonner ses rapides et vibrantes ritour¬
nelles.
DOUZIÈME FAMILLE.
9
SYLVIINÉS.
Caractères delà Famille : Becmince, droit, déprimé,
à arête peu saillante , échancré à la pointe ; tête et
front arrondis ; ailes assez allongées, subaiguës, peu
concaves ; queue presque égale ; tarses ordinaires ;
ongles faibles, celui du doigt postérieur plus court que
ce doigt.
La séparation des Galamoherpinés et des Sylviinés
nous paraît une des plus heureuses innovations intro-
• t
— 186 ~
duites dans la classification ornithologique par la
science moderne. Ces deux familles dilfèrent en efîet
par des caractères zoologiques bien tranchés, par les
mœurs, les habitudes et surtout par le régime •
Les Sylviinés ont la tête arrondie et non anguleuse,
les tarses plus courts, les ailes plus allongées, la queue
à peu près égale, et non conique ou cunéiforme. Ils
habitent les bois et non les roseaux ; ils se perchent
horizontalement et ne grimpent pas ; et, tandis que les
Galamoherpinés sont à peu près exclusivement insecti¬
vores, les Sylviinés mangent, à l’arrière-saison, plus
de fruits et de baies que d’insectes. Nous insistons sur
ce dernier point, qui nous paraît capital d’après le prin¬
cipe qne nous avons adopté pour notre classification.
Les rapports généraux, qui existent entre les deux
familles, nous semblent donc des caractères d’affinité
et non de consanguinité, des causes de rapproche¬
ment plutôt que d’assimilation.
Les Sylviinés sont des oiseaux aux mœurs douces et
sociables; ils sont gais, vifs, sémillants. Ils ont un
chant de gorge, l’organe moelleux, les allures gra¬
cieuses, les mouvements pleins de charme et d’abandon;
les uns viennent habiter nos vergers et nos jardins,
d’autres s’enfoncent dans les bois sombres ; mais par¬
tout ils répandent l’animation et la vie.
Cette famille renferme trois genres de notre départe¬
ment.
»
Genre Hippolaïs ;
2“ Genre Pouillot ;
3° Genre Fauvette .
187 - ■
1® Genre Hippolaïs. — Hippolais ^Ch. Bonap.)-
Caractères du genre : Ceux de la Famille : bec très
large à la base, déprimé dans toute sa longueur,
échancré à la pointe, garni aux commissures de poils
raides ; narines ovales ; queue égale, plutôt arrondie.
La transition est ici des mieux fondues; car de même
queparleurliabitat, leurs mœurs douces, et une certaine
conformité de régime, les Locus telles ont beaucoup des
Sylviinés; de même les Hippolaïs, parleur humeur re¬
vêche et querelleuse, par leur bec large, par leur sys¬
tème de coloration, et par leur chant précipité, sont si
voisines des Calamoherpinés , et tellement intermé¬
diaires, que quelques-unes des espèces qui composent
ce genre ont été dans le principe rangées parmi les
Rousserolles, et d’autres parmi les Muscicapinés ou
les Fauvettes. (1) La coupe instituée en leur faveur
nous paraît très rationnelle, et leur place en tête des
Sylviinés, qu’elles lient à la famille précédente, bien
justifiée par leur habitat et parleur régime. Avec elles
commence pour nous une série d’espèces presque aussi
baccivores et fructivores qu’insectivores : tandis que le
Troglodyte clôt la liste des insectivores-muscivores.
Les Hippolaïs sont des oiseaux brusques et pétulants ;
leur vivacité se trahit jusque dans leur chant, préci¬
pité et saccadé, auquel elles préludent toujours par
quelques notes rauques et incohérentes. Elles ont le
talent de l’imitation et reproduisent, en les mélangeant
(1) Temminck et Schlegel ont rangé parmi les Riverains VHip-
polaïs olivetorum, plaçant les autres Hippolaïs : le premier, dans
les Muscivores; le second, parmi les Pouillots.
-- 188
et en les confondant , les divers motifs du chant des
oiseaux qu’elles sont à portée d’entendre, depuis le
cri monotone du moineau jusqu’aux joyeux refrains
de la G risette.
Elles recherchent les lisières des bois, les bosquets,
les vergers , et , de préférence , les coteaux exposés au
soleil.
Leur nourriture consiste en moucherons, qu’elles
saisissent au vol, comme les Gobe-mouches, en larves,
en baies et en fruits sucrés.
Leurs couleurs sont uniformes et fondues, et leur
mue simple. La livrée est semblable dans les deux
sexes, et peu différente dans les jeunes.
Ce genre compte aujourd’hui cinq espèces d’Europe,
dont deux appartiennent à la France et à notre dépar-
ment, savoir ;
1° Hippolaïs Lusciniole ;
Hippolaïs Ictérine.
Nota. — L’Hippolaïs olivicole (Hippolaïs olivetorum)
*
paraît, par son habitat et son régime, se rapprocher le
plus des Rousserolles , et devrait , ce nous semble ,
comme espèce plus intermédiaire, être placée en tête
du genre sur les catalogues européens.
N
I
8t. Hippolaïs SiUsciniole. — Hippolaïs poly-
glotta (Gerbes). ,
Synonymie ; Bec-fm à poitrine jaune; Fauvette jaune ; ,
Rosette. ^
Taille ; Environ 13 centimètres.
Description : Mâle adulte en été ; parties supérieures
d’un vert olive clair, lavé de cendré ; parties inférieures
et lomms d’une jaune tendre , se fondant avec les
nuances du manteau par les teintes cendrées de la
poitrine et des lianes; rémiges et rectrices comme le
manteau, liserées de cendré sur les barbes externes ;
bec brun verdâtre en dessus , jaune carné en dessous ;
pieds cendré bleu ; iris brun.
Femelle : un peu plus petite et de nuance plus pâle
que le mâle.
Les jeunes se reconnaissent à une teinte cendré
roussâtre aux parties supérieures , et d’un jaune
presque blanc aux parties inférieures.
Cette espèce arrive dans notre département dans les
premiers jours de mai, et repart vers la fin d’août.
Elle couve dans les taillis, et construit d’herbes sèches ,
et du duvet cotonneux de diverses plantes un nid en
forme de coupe , dans lequel elle dépose 4 ou 5 œufs
allongés, d’un rose hortensia, marqués de points noirs
et de lignes irrégulières, d’où le nom de Rosette qu’on
donne à l’oiseau dans nos localités. Grand diamètre, >
1 8 millimètres ; petit diamètre , 1 3 millimètres.
La Lusciniole est assez commune dans notre dépar¬
tement, où l’on rencontre rarement l’Ictériné, qui, en
revanche , est beaucoup plus répandue dans le dépar¬
tement du Nord.
Elle a les mœurs et les habitudes du genre dont elle
est le type.
- Ses noms Lusciniole, de Luscinia , rossignol, et po¬
lyglotte^ de -ToAur nombreux, et de^A^rrît langue, indi¬
quent la variété de ses chants et sa facilité d’imitation.
/
82. Hippolaïw IctériBic. — Hippolaïs Icterina
(Gerbes).
190 ~
Synony raie : Bec -fm Ictérine.
. . çJ
Taille : 13 centimètres 5 millimètres.
Description : Mâle : parties supérieures d’une couleur
olive pâle, lavée de cendré ; parties inférieures, lorums
' et tour des yeux d’un jaune clair; région paro tique
olivâtre; rémiges brunes, lavées de cendré, plus pâles
aux secondaires ; rectrices brunes en dessus , moins
foncées en dessous ; la plus externe lavée de grisâtre ;
bec brun en dessus , jaunâtre en dessous; pieds plom¬
bés ; iris brun.
Femelle ; un peu plus petite et de teinte plus pâle.
Jeunes en premier plumage : Bec moins long ; parties
supérieures brunes ; parties inférieures, d’un blanc
cendré, à peine nuancé de jaunâtre , avec la frange des
plumes du manteau plus pâle et plus large que chez
les adultes.
Cette espèce est assez rare dans notre département ,
où elle se montre et d'où elle disparaît à peu près aux
mêmes époques que la Lusciniole. "
Elle couve, comme elle, dans l’épaisseur du fourré
et attache également autour de trois ou quatre brin¬
dilles, à la manière des Rousserolles , un nid élégam¬
ment construit en forme de coupe. Sa ponte est de
4 ou 5 œufs d'un rose lilas, plus violacé que ceux dé la
précédente, avec des points noirs plus distancés et sans
lignes. Grand diamètre, 19 millimètres; petit dia¬
mètre, environ 14 millimètres.
L’Ictérine a le chant plus étendu , moins précipité
et moins fréquent que sa congénère , dont elle a les
mœurs et les habitudes. Elle s’en distingue à quelques
caractères zoologiques : taille un peu plus forte ;
/
— 191
queue légèrement fourchue ; première rémige égalant
la troisième , tandis que chez la Lusciniole la première
égale la cinquième.
L’Hippolaïs Ictérine , de izrepoç , jaunisse , couleur
jaune , recherche moins les lisières des bois ; elle vit
plus près des habitations, se cantonne dans les jardins
et se reproduit souvent dans les lilas. Elle est, dit-on,
commune dans les environs de Lille.
Elle est également peu sociable ; jamais le même
jardin n’en contient deux couples ; ils se poursuivent
entre eux, et écartent même les autres oiseaux.
Déjà très voisines desPouillots par la taille, le sys¬
tème de coloration et le faciès, les Hippolaïs s’en rap¬
prochent davantage par le régime et par l’habitude de
chercher sous les feuilles les larves et les insectes, et de
saisir les moucherons au vol.
2“ Genre Pouillot. — Phyllopneuste, de
FEUILLE, ET 'TVSVtTTlcLù), FLAIRER.
Caractères du genre \ Ceux de la Famille; bec droit,
mince, aussi haut que large, à peine échancré ; narines
ovales, recouvertes d’une membrane ; ailes longues,
dépassant le milieu de la, queue ; tarses grêles ; doigts
faibles ; queue légèrement fourchue.
Les Pouillots sont, après les Roitelets, les plus petits
des oiseaux d’Europe. Ils sont légers, remuants, pleins
de vivacité et de grâce. D’un caractère doux et so¬
ciable, ils vivent en bonne intelligence, en accord par¬
fait jusque dans la saison des amours, époque de luttes
intestines et de discordes civiles pour les autres es-
/
192
pèces. Etrangers à ‘tout sentiment de rivalité et de ja¬
lousie, ils chassent côte à côte dans le même arbre, sur
le même rameau, visitent toutes les feuilles, voltigent,
papillonnent sans cesse, en poursuivant les mouche¬
rons, et en poussant un petit cri doux, traînant et mé¬
lancolique.
I
Ils couvent tous à terre, ou fort près de terre, au
pied d’un arbre, sous une racine, dans un buisson, au
milieu des hautes herbes; ils font un nid relativement
volumineux, presque sphérique, et pondentsans excep¬
tion des œufs à coquille blanche, finement mouchetés •
de points d’un roux plus ou moins foncé.
Degland dit que jamais ils ne mangent de fruits.
Nous croyons qu’en effet ils se nourrissent générale¬
ment de petits insectes, d’œufs et de larves ; mais nous
les avons vus bien souvent piquer les fruits tendres, les
cerises, les grains de raisin, etc. Loin de nous l’idée de
leur faire un crime de légers larcins, qu’ils nous paient
au centuple en services et en agréments ; mais nous
cherchons avant tout la vérité, et la constatation de
leur régime a bien son importance pour nous, puisque
c'est la principale base de notre classification.
Leur mue est simple ; le plumage semblable dans les
deux sexes, et peu différent dans les jeunes.
Ce genre contient quatre espèces d’Europe et de
France, et peut-être de notre département. Trois y
sont communes.
1® Pouillot siffleur ; 3® Pouillot Fitis ; -
2® Pouillot véloce ; 4® Pouillot Bonelli ?
Nous faisons suivre ce dernier d’un point de doute,
non que nous contestions son existence comme espèce ;
193
mais parce que nous trouvons que ses apparitions dans
notre département ne sont point suffisamment éta¬
blies.
83. Pouillot sifUeiir. — Phyllopneuste sibilatrix
(Ch. Bonap).
Synonymie: Bec-fin sifbeur ; Pouillot sylvicole.
Taille : 13 centimètres.
Description : Mâle : parties supérieures d’uii vert
jaune assez clair; raie sourcilière, joues, gorge, cou
et côtés de la poitrine d’un beau jaune citron; milieu
de la poitrine et abdomen blanc lustré ; rémiges et
lectrices brunes , frangées de verdâtre ; bec, pieds et
iris bruns. ^ ‘
Femelle : plus petite que le mâle, avec les teintes
jaunes de la gorge et de la poitrine plus pâles et moins
étendues.
Jeunes en premier plumage : très semblables aux
adultes, dont ils ne se distinguent que par une nuance
encore plus claire à la gorge et au cou.
Le Pouillot siffleur est très répandu dans notre dé¬
partement, où il arrive vers le 15 avril, pour ne nous
quitter qu’au commencement de septembre. Il recherche
les futaies et les gaulis ; il se tient assez haut et voltige
sans cesse en frétillant. Au repos même, ou, pour parler
plus juste, quand il ne vole pas — car il est toujours
en mouvement — ses ailes et sa queue sont agitées
par un frémissement continuel.
Le mâle, au printemps, commence par pousser deux
ou trois sons flùtés, qu’il fait suivre d’une série de notes
entrecoupées, mais pressées et saccadées ; c’est son
13
I
194 -
chaat d'amour, qui s’affaiblit à mesure que les désirs
s’éteignent.
Le cri d’appel, commun au deux sexes, est un siffle¬
ment prolongé et plaintif, assez semblable à celui du
Bouvreuil, et d’une grande puissance relative; c’est à ce
cri qu’il doit son nom de sifffeur, sibüatrix^ de sibilare,
siffler.
Il place à terre, sous une racine, sous une touffe
d’herbe ou dans une petite excavation, un nid volumi¬
neux, composé de mousse, de feuilles sèches, de brins
d’herbes à l’extérieur, et garni à l’intérieur de quelques
crins, de plumes et débourré, et y dépose de 5 à 7 œufs
courts et ventrus, d’un blanc gris, parsemé de nom¬
breux peints brun foncé. Grand diamètre, 15milli-
0
mètres ; petit diamètre, environ 1 2 millimètres.
Le Sifffeur se distingue aisément de ses congénères
à ses couleurs plus claires, à sa taille un peu plus forte,
et à ses ailes longues et amples, rappelant celles des
Muscicapinés. /
Ce caractère, joint à ses mœurs moins sociables, plus
querelleuses, et à l’habitude qu’il a de saisir les insectes
au vol, nous a engagé à le placer en tête du genre,
comme présentant plus de caractères de transition.
84. Pouillot FUi)s. — Phyllopneuste Trochilus
(Ch. Bonap).
Synonymie : Pouillot ; Frétillet.
Taille : 12 centimètres 5 millimètres.
Description : Mâle au printemps : parties supérieures
brun cendré olivâtre ; une bande de même couleur sur
»
les yeux ; parties inférieures d’un blanc lustré , un peu
~ 195
rembruni à la poitrine, avec de nombreuses taches
jaunes, en forme de mèches, au cou, à la gorge, à la poi¬
trine et jusque sur le ventre et aux flancs ; rémiges et
rectrices brunes, liserées de verdâtre ; bec et pieds oli¬
vâtres ; iris brun.
En été, la teinte des parties inférieures s’éclaircit
peu à peu, le jaune s’efface, et l’on trouve des sujets
dont le ventre et la gorge sont d’un blanc presque
pur.
La Femelle est un peu plus petite, et de nuances plus
sombres.
Après la mue, la couleur jaune de la gorge et de la
poitrine reparaît dans les deux sexes, plus tranchée et
plus éclatante qu’au printemps .
Jeunes : Plus cendrés au manteau; d’un jaune
brillant aux parties inférieures. ^
Le Pouillot Fitis est très commun dans notre dépar¬
tement ; il arrive vers la fin de mars , lors de l’épa¬
nouissement des premiers bourgeons , et repart en
septembre, octobre.
Il couve moins près de terre, dans les hautes herbes,
sur le bord des fossés, à la lisière des bois , et construit
d’herbes , de mousse et de plumes , un nid sphérique
peu volumineux, et présentant une ouverture latérale
du côté du soleil. Il pond de 5 à 7 œufs d’un blanc
légèrement rosé, marqué de points nombreux rouge
brique pâle. Grand diamètre, 15 millimètres; petit
diamètre, 12 millimètres.
Au printemps , le, Fitis se tient généralement au
sommet des arbres , où il s’agite et voltige sans cesse,
*
en poussant un petit cri : fist , fist , d’où M . l’abbé
Vincelot fait dériver son nom de Fitis. Quant au nom
/
— 196 —
latin 2'rochilus, il vient évidemment de rpo'x^ihoç, ayant
pour racine tourner, dénomination figurative
qui marque bien les allures papillonnantes de l’oiseau ,
mais qui manque de précision comme distinction spé¬
cifique , puisqu’elle indique une habitude du genre.
Son chant d’amour n’est qu’une ébauche douce et
monotone , mais dont la simplicité n'est pas sans
charme.
En automne , ces oiseaux s’approchent des habita¬
tions et viennent en grand nombre dans nos jardins ,
où leurs cris mélancoliques s’harmonisent bien avec
les tons jaunissants de la végétation, et semblent pré¬
luder à l’agonie de la nature.
85. Pouillot vélocc. — Phyllopneuste rufa (Ch.
Bonap.).
Synonymie : Pouillot ; Tuît.
Taille : 12 centimètres.
Description : Mâle : parties supérieures et une bande
sur les yeux d’un brun plus sombre que chez les précé¬
dents , avec une faible teinte olivâtre ; parties infé¬
rieures, d’un blanc roussâtre plus foncé à la poitrine
et aux flancs, avec quelques stries jaunes peu appa¬
rentes ; raie sourcilière étroite et peu marquée , égale¬
ment roussâtre ; rémiges et rectrices brun noir frangé
d’olivâtre ; bec, pieds et iris brun foncé.
Femelle : nuances générales plus rembrunies ;
teinte jaune moins apparente.
Jeunes ; parties supérieures plus foncées que chez .
la femelle ; parties inférieures plus jaunâtres ; flancs
cendrés.
197 -
Le Véloce vient dans notre département dès le mois
de février (1). Nous l’avons vu le 2 mars au milieu des
neiges et des glaces.
*
A son arrivée, il cherche les vallées boisées , le voi¬
sinage des cours d’eau, vit près de terre, sur les berges,
où il saisit les moucherons aquatiques , les petits in¬
sectes, les araignées, etc. Quand la température s’adou¬
cit, il gagne les bois, son séjour favori, et s’y livre aux
soins de la reproduction. Il construit , comme le
Siffleur, son nid à terre, sous une motte ou quelque
racine , et pond 4 ou 5 œufs à coquille blanche,
marquée de petits points bruns. Grand diamètre,
environ 15 millimètres; petit diamètre, 11 milli¬
mètres.
Cet oiseau n’a point de chant , mais un petit cri
monosyllabique qu’il répète constamment, et qu’il
n’interrompt que pour faire entendre un gazouille¬
ment d’une douceur extrême , et que , par une faculté
de ventriloquie, il élève ou abaisse graduellement; de
sorte que, en une minute, sa voix paraît se rapprocher
ou s’éteindre dans le lointain. Il a encore un cri do
r
détresse ou d'appel tuuit , auquel il doit le nom
sous lequel on le désigne souvent dans nos cam¬
pagnes.
Son nom spécifique « véloce » manque encore de pré¬
cision , puisqu’il convient à tout le genre. Le nom
latin rufus le désigne mieux ; c’est , en effet, de tous
les Pouillots , celui dont les parties inférieures sont le
plus rembrunies.
(1) Cette année, 1868, nous l’avons observé le 15 février dans la
vallée de Gruchet-le-Valasse.
— 198 -
86. Ponillot Bonelli. — Phyllopneuste Bonelli?
(Ch. Bonap.). >
Synonymie : Bec-fm Natterer.
Taille ; environ 1 1 centimètres.
Description : Mâle : parties supérieures d'un gris
cendré, à peine nuancé d’olivâtre, plus jaune au crou¬
pion et aux sus-caudales; parties inférieures d’un
blanc argentin avec quelques stries jaunes à la poi¬
trine et aux flancs; sous-caùdales jaune pâle ; une
teinte cendrée assez tranchée aux côtés de la poitrine ;
rémiges brunes, liserées d'olivâtre, ainsi que les rec-
trices , qui sont d’un brun plus pâle ; bec , pieds et iris
brun roux.
F emelle : de nuances moins pures, surtout en dessous.
Jeunes : d’un cendré assez roussâtre au manteau;
d’un blanc brillant aux parties inférieures , avec une
teinte jaunâtre aux flancs et à la poitrine ; le reste
comme les adultes.
Le Bonelli niche , comme le Sitflêur et le Véloce ,
dans les herbes et au pied des cépées. Il pond 4 ou
5 œufs courts , blancs ou grisâtres, marqués de points
rouges ou violacés , et quelquefois si nombreux qu’ils
se confondent et absorbent la coquille.
Nota. — Nous avons abattu, il y a quelques années,
un Pouillot que nous considérons comme le Bonelli ,
et dont la description concorde, sous tous les rapports,
avec celle que nous donnons plus haut. Un seul point
s’oppose à notre conviction , c'est la disposition des
rémiges.
Le Bonelli aurait, selon Degland(l): « première
(i) Ornith. europ., t. I", p. 554.
199 -
« rémige sensiblement plus longue que la sixième,
« et égalant quelquefois la cinquième , la deuxième la
« plus longue. »
Notre Pouillot a ; première rémige plus courte que
la septième , égale à la huitième ; la troisième et la
quatrième égales et les plus longues.
Cette disposition des rémiges a plus de rapports avec
celle du Pouillot véloce; mais outre qu’elle n’est' point
exactement la même , notre oiseau n’a ni les teintes
rembrunies, ni la taille du Yéloce ; et, si la règle posée
par le savant naturaliste est exacte, nous avons ou une
espèce nouvelle ou un métis.
Du reste, la description que Degland donne des
Pouillots, nous paraît réclamer plus d’une rectification.
La taille du Pouillot siffieur et celle du Pouillot
Fitis est plus grande qu’il ne l’indique ; l’époque de
l’arrivée est retardée, celle du départ avancée , et l’in¬
dication du régime, inexacte. Nous avons dit qu’ils
sont fructivores, et nous pouvons affirmer que , l’été
dernier notamment , un Pouillot Fitis ne s’éloignait
pas d’un cerisier planté devant nos appartements , et
qu’il en a mangé la plus grande partie des fruits , mal¬
gré tout ce qu’on put imaginer pour l’écarter.
3® Genre Fauvette. — Curruca.
Caractères du genre ; Ceux de la Famille ; bec mince,
droit , comprimé dans sa moitié supérieure , échancré
à la pointe ; narines oblongues, en partie couvertes par
une membrane; tarses ordinaires; ongles faibles et
— 200
crochus'; queue presque égale, carrée ou légèrement
arrondie.
Elégance des formes, grâce des mouvements, légèreté
des allures, douceur de la voix, vivacité du sentiment,
tout est réuni pour forcer les sympathies de l’homme
dans ces aimables oiseaux , qui semblent un présent
du zéphir. Mais si l’on considère qu’au don de plaire ,
ils joignent un avantage plus précieux , celui d’être
utiles ; que , hôtes gracieux , ils sont encore des auxi¬
liaires providentiels qui nous charment en nous ser¬
vant , on né sera point surpris qu’ils soient partout
accueillis avec faveur, que leur nom soit populaire , et
que nous n’ayons mis de bornes ni à notre reconnais¬
sance ni à notre affection.
Les Fauvettes arrivent dans notre département à des
époques qui varient selon les espèces. Comme presque
tous les oiseaux qui émigrent, elles voyagent le soir ou
même la nuit , si elle est claire ; c’est donc le matin
qu’on commence à les entendre.
Bien qu’elles soient, pour la plupart, aussi fructivores
qu’insectivores, comme il n’y a ni fruits ni baies pen¬
dant la plus grande partie de leur séjour dans nos cli¬
mats, ce sont en grande partie les insectes qui consti¬
tuent leur régime. A l’époque où elles mangent des
fruits, elles deviennent excessivement grasses, et leur
chair est très savoureuse. Mais ce serait être bien
ennemi de ses propres intérêts, et payer bien cher une
bouchée de viande, quelque savoureuse qu’elle soit ,
que de détruire des oiseaux si utiles.
Leur chant, plein de fraîcheur et d’abandon, a ins- •
piré à quelques personnes le désir de les posséder.
Nous comprenons cette ardeur de jouir ; mais nous
— 201
savons aussi ce que ce plaisir coûte de soins et de-
peines, et ce qu’il réserve de déboires et de tristesse.
Ces oiseaux sont d’un élevage difficile , et quand on les
a soignés pendant quatre ou cinq mois, l’époque de la
migration arrive , f instinct les pousse au départ , et
une bonne moitié se tue contre les barreaux de la cage.
Viennent ensuite les maladies que l’hiver amène, et
qui en font encore périr un grand nombre , puis la
migration du printemps ; et de ce qui survit à tant de
vicissitudes, les trois quarts chantent peu, et l’autre
quart chante mal. Ne forçons point la nature : chaque
agrément vient en son temps, et la privation momen¬
tanée en rendra la jouissance plus douce !
Mais comme nous ne convertirons personne, et que
l’on continuera d’emprisonner ces aimables Fauvettes ,
nous croyons devoir conseiller ici quelques précau-
lions , dans l’intérêt des oiseaux et de leurs heureux
possesseurs.
Ne leur jamais donner de viande : cette nourriture
les échauffe trop ; mais joindre à leur pâtée quelques
morceaux de chou haché très fin. Leur présenter
quelques vers de farine ; une araignée de temps en
temps , une ou deux fois le mois , par exemple , sera
pour ces oiseaux une médecine salutaire et peut-être
indispensable. A l’époque des migrations , couvrir la
cage et la tenir dans le lieu le plus obscur possible. En
hiver, supprimer la baignoire ; les fauvettes aiment à se
laver, mais c’est un plaisir qui leur est funeste, et leur
donne des gouttes et des rhumatismes qui les enlèvent.
A l’état de liberté, les Fauvettes descendent peu à
terre. Vives, gaies, pétulantes, elles courent et vol- ‘
tigent sans cesse dans les arbres, chassant et chantant à
— 202 —
la fois. Elles détruisent ainsi des milliers d'insectes et
de vers qui vivent à' nos dépens.
Elles font plusieurs couvées , construisent leur nid
sans soin et sans art , et l’attachent souvent si mal,
que le poids des petits le détache et le renverse. Le
mâle porte au nid avec la femelle , il la nourrit ,
veille sur elle pendant l’incubation , et prend un soin
tout particulier de la jeune famille. Les œufs éclosent
vite, au bout de treize jours ; et sept ou huit jours plus
tard les petits sont prêts à prendre la volée. Ce déve¬
loppement rapide peut donner une idée de la courte
durée de leur existence.
La mue est simple etruptile, et la livrée quelquefois
différente dans les deux sexes. Les jeunes ressemblent
généralement à la femelle.
Ce genre comprend douze espèces d’Europe , dont
dix paraissent fréquenter la France et quatre appar¬
tiennent â notre département.
1° Fauvette à tête noire; 3’’ Fauvette babillarde;
2“ Fauvette des jardins ; 4° Fauvette grisette.
Nota. — En portant à douze le nombre des Fau¬
vettes, nous çom*prenons dans ce genre les Fauvettes
Pitchoux, dont on a fait le genre Melizbphile de/^tsAl^^^y,
moduler, et de (piKoç, ami. Ces oiseaux n’apparaissent
point dans nos contrées ; nous n’avons donc point à
examiner si nous devons les maintenir dans le genre
Fauvette. En dehors des Pitchoux , il nous paraît
qu’aucun caractère sérieux ne motive les nombreuses
coupes qu’on y a établies; et, pour ce qui nous
concerne , nous maintenons dans un seul genre les
Fauvettes et les Babillardes.
— 203 —
-87. Fauvette à tête noire. — Curruca atrica-
pilla (Brisson) .
Synonymie : Bec-fin à tête noire (de ater, noir, et ca-
pillus^ cheveu).
Taille : environ 14 centimètres.
Description : Mâle : parties supérieures d’un cendré
brun, légèrement lavé d’olivâtre ; parties inférieures
cendré clair ; tout le dessus de la tête d’un noir pro¬
fond ; rémiges et rectrices comme le manteau ; bec et
pieds plombés ; iris brun.
Femelle : dessus de la tête roux clair; parties infé¬
rieures plus rembrunies et lavées d’olivâtre.
Jeunes : semblables* à la femelle, dont ils diffèrent par
la teinte de la tête, qui est moins rousse et lavée d’olive.
On cite des variétés tapirées de blanc-
Cette fauvette couve près de terre , et compose de
quelques brins d’herbe un nid peu épais et transpa¬
rent, qu’elle dissimule fort mal, et dans lequel elle dé¬
pose, de 4 à 6 œufs très variables pour la forme, le vo¬
lume et la nuance. En général, ils sont relativement
gros, d’un cendré jaunâtre ou roussâtre, avec des taches
plus foncées. Grand diamètre, 18 millimètres ; petit
diamètre, 14 millimètres. '
La Fauvette à tête noire arrive la première, quelque¬
fois dès les derniers jours de mars. Elle se répand par¬
tout, dans les bois, dans les bosquets, et jusque dans
les jardins du centre des villes. Elle est peu farouche,
très gaie, très remuante. Son chant est sonore, frais,
harmonieux, moins étendu, mais plus varié et plus
sympathique peut-être que celui du Rossignol.
En entendant les notes si suaves et si pures qui s’o-
- 204
chappent sans effort et sans art de son mélodieux go¬
sier, on se sent ému, attendri, ramené à ces premières
joies de l’enfance, joies perdues qui n’existent plus que
dans une douce illusion !
Toutesjes baies sont bonnes à ces Fauvettes ; nous
en avons vu nourrir leurs petits, qu’on avait mis en
cage, presque exclusivement du grain de la Douce-
amère, solanum dulcamara.
Elles nous quittent fort tard, en septembre, octobre*
Dans les hivers très cléments, quelques individus res¬
tent dans nos climats. En 1865, un de ces charmants
oiseaux s’est oublié dans notre jardin. Dès le milieu de
février, il fit entendre son chant encore faible et peu
étendu, mais déjà plein de fraîcheur et de sentiment.
88. Fauvette des jardins. — Gurruca hortensis
(Ch. Bonap.), de /iorîw5, jardin.
Sijnonymîe ; Grosse Fauvette ; Fauvette bretonne.
Taille : 15 centimètres.
description : Mâle ; parties supérieures gris olivâtre
foncé ; gorge et devant du cou cendré très pâle ; poi¬
trine et flancs cendré roussâtre; abdomen et sous-cau¬
dales d’un blanc presque pur ; réruiges et rectrices
olive foncé, légèrement liseré de cendré; bec et pieds
plombés ; iris brun clair.
«
Femelle : parties supérieures plus cendrées, moins
olivâtres ; teinte moins rousse aux flancs .
Jeunes : d’un gris plus brun sans teinte olive.
Cette espèce nicbe plus haut que la précédente et
cache mieux son nid, qui est aussi plus épais, mieux
attaché et souvent garni de quelques flocons de duvet.
205
\
Elle pond également de 4 à 6 œufs d’un blanc roussâtre,
glacé, avec des taches fauves, rousses ou brunes Grand
diamètre, 19 millimètres ; petit diamètre, 14 milli¬
mètres.
Comme on le voit, ses œufs ont de grands rapports
avec ceux de la précédente ; cependant ils sont généra¬
lement un peu plus longs, plus pâles et plus glacés.
La Fauvette des jardins arrive quelques jours après
sa congénère à tête noire. Elle est, comme elle, com¬
mune dans notre département; mais elle est moins
gaie, moins vive et plus farouche, elle s’approche moins
des habitations, cherche davantage l’épaisseur des
fourrés, les feuillages touffus. Par opposition avec
son nom, elle se montre moins dans les jardins, et
préfère les lieux couverts, les bois sombres et buis¬
sonneux.
Sa voix également pleine et moelleuse, est plus
' grave, moins étendue, moins articulée, et son chant
plus monotone.
89. Fauvette babillard e. — Curruca garrula
(Buisson).
Synonymie: Bec-ûn babillard; Fauvette à gorge
blanche.
Taille ; environ 13 centimètres, 5 millimètres.
Description : Mâle : tête et joues cendré ardoisé ; man¬
teau cendré gris ; parties inférieures d’un blanc pur à
la gorge, au milieu du cou et au ventre; côtés du cou,
flancs et région anale d’un cendré roux teinté de rose ;
couvertures alaires et rémiges brunes avec une large
bordure rousse ; rectrices comme les rémiges, la plus
s
— 206 —
latérale frangée et terminée de blanc ; bec noir ; pieds
plombés ; iris noisette.
Femelle : comme le mâle, avec la teinte cendrée de la
tête plus pâle et moins pure.
Jeunes: cendré gris en dessus, blanc presque pur
en dessous ; la frange blanche de la rectrice latérale
plus large que chez les adultes.
Cette espèce n’arrive dans notre département que
vers le 25 avril, après Tépanouissement des feuilles';
elle se tient dans les fourrés épais, et se montre peu.
C’est là qu'elle établit son nid, composé d’herbes sèches
et de quelques crins. Ses œufs, au nombre de 4 ou 5,
sont jaunâtres ou cendrés, avec quelques taches brunes
plus nombreuses au gros bout. Grand diamètre, 15 mil¬
limètres ; petit diamètre, 12 millimètres.
La Babillarde est moins répandue dans notre localité
que ne le sont les autres Fauvettes. Elle vit plus ca¬
chée, plus près de terre ; et, si on l'entend sans cesse,
onia voit rarement Quand elle chante, elle relève les
plumes du vertex, et se gonfle la gorge, ce qui lui fait
paraître la tête aussi grosse que le corps.
Par son mode de nidification, par son régime et par
la nature de sa voix, elle ressemble complètement aux
précédentes. Seulement elle prélude par quelques sons
réguliers, habitude que l’on retrouve aussi, quoique
moins constante, dans la Fauvette à tête noire.
Nous ne voyons donc pas de motif sérieux pour sé¬
parer génériquement des espèces qui ont tant d’analogie,
# et entre lesquelles on ne peut saisir que des différences
zoologiques insignifiantes, et presque imperceptibles.
Aussi nous renonçons au genre Babillard, et nous re-
«
tenons le mot comme désignation spécifique. Il nous
207 -
semble d’ailleurs que le nom Babillarde Garrule, que
donnent à cette espèce les partisans d’une section géné¬
rique, est un pléonasme qui égale celui de Mégisture à
queue. L’abus des genres conduit forcément à l’abus
des nlots.
90. Fauvette Grîsette. — Gurruca cinerca (Bris-
son), de cinis^ cendre.
Synonymie: Fauvette babillarde; Fauvette rousse;
Racasse.
Taille: 14 centimètres.
Description': Mâle ; dessus de la tête et du cou cendré
assez clair; parties supérieures et joues d’un roux lé¬
gèrement lavé de cendré ; gorge blanche ; parties infé¬
rieures cendré clair, avec une teinte rose très prononcée
\
à la poitrine et aux flancs ; milieu du ventre et abdo¬
men d’un blanc presque pur ; couvertures alaires et ré¬
miges largement frangées de roux vif ; rectrices brunes
également frangées de roux, à l’exception de la plus
latérale, qui est marquée de blanc sur sa moitié externe
et à la pointe ; bec cendré ; pieds rosés ; iris brun.
Femelle : blanc de la gorge moins pur ; peu ou point
de rose à la poitrine ni aux flancs qui sont roussâtres.
Jeunes.; parties supérieures d’un roux sombre ; poi¬
trine et flancs roux clair .
Cette espèce niche comme les précédentes, et cache
son nid avec moins de soin encore que la Fauvette à
tête noire. Il est quelquefois si mince qu’il ressemble ^
à un' véritable tamis. Elle pond de 4 à 6 œufs d’un gris
lavé de verdâtre, avec des points bruns ou olives, plus
ou moins foncés et plus ou moins nombreux. Grand dia¬
mètre, 18 millimètres; petit diamètre, 14 millimètres.
208
La Grisetto est répandue dans toute l’Europe, et
très commune dans notre département. C’est, par sa
grâce , sa légèreté , son entrain , son gazouillement
continuel, un des plus charmants oiseaux de la
création. Elle voltige et habille sans cesse; et, soit
qu’elle coure dans les buissons, soit qu'elle gagne
la cime des arbres, soit qu’elle s’élève en pirouettant
dans les airs, chacun de ses mouvements est accom¬
pagné d’un joyeux refrain. Ni la vue de ses petits,
ni la présence de l’homme, ni les ardeurs du midi,
qui rendent muettes les autres espèces , ne peuvent
suspendre son babil, ni modérer ses folâtres ébats.
Puis, elle chante de si bon cœur et avec tant d’aban¬
don, sa gaité est si vive et si communicative, qu’on .
,ne peut se lasser de la voir et de l’admirer.
La Grisette termine pour nous le genre Fauvette ,
et la famille des Sylviinés.
Un des caractères qui distinguent cette famille des
précédentes, c’est, comme nous l’avons dit, son régime
baccivore et fructivore ; on pourrait y joindre ses mœurs
douces et sociables . Il semble en effet que, ainsi que
nous Lavons déjà fait remarquer à propos des Om¬
nivores, la sociabilité croisse, chez les oiseaux, avec
l’étendue de leur régime, et qu’elle en soit la consé-
•
quence. Cette idée de causalité pourra bien être
contestée ; mais le fait est acquis, et nous paraît de
plus en plus corroborer notre principe. Suivant donc
le fil qui nous a guidé jusqu’ici , dans le dédale des
classifications, nous arrivons aux Jaseurs, qui sont
éminemment baccivores et sociables.
- 209
TREIZIÈME FAMILLE
AMPÉLINÉS.
Caractères de la Famille : Bec assez court, large à la
base, déprimé, denté à la pointe; narines basales, per¬
cées de part en part, cachées dans les plumes ; tarses
ordinaires; doigt externe et doigt médian soudés à la
base; ailes médiocres, à penne bâtarde’; remiges secon¬
daires ornées d’une excroissance cornée ; queue
moyenne, légèrement arrondie, composée de douze
pennes
Nous avons dit que les Jaseurs ressemblent aux
Fauvettes par leur régime et leur sociabilité; ils s’en rap¬
prochent encore par plusieurs caractères zoologiques :
la forme du bec, large à la base et très fendu, là soudure
du doigt extérieur et du médian, la nature soyeuse du
plumage. Un dernier trait de ressemblance est dans
l’habitude à laquelle ils doivent leur nom ; Jaseur et
Babillard doivent en effet être très voisins. Notre mé¬
thode, en les rapprochant, ne fera donc qu’affirmer
et consacrer des rapports de ressemblance bien marqués.
Les Jaseurs paraissent les oiseaux, baccivores par
excellence. Vieillot, qui les a bien étudiés, leur don¬
nait le nom générique Baccivori. Leur place est donc
marquée au centre des Baccivores, où nous les plaçons.
Gomme famille, ils offrent au moral des caractères
distinctifs bien tranchés ; et ils ont, à l’extérieur, un
attribut qui ne permet point de les confondre : nous
voulons parler de la palette cornée qui termine les ré¬
miges secondaires.
Ce sont des oiseaux essentiellement nomades, voya-
14
Hf
210
géant par troupes innombrables, volant serrés, se per-
*cliant en grande quantité sur le même arbre, peu ti¬
mides, peu défiants, et même si peu prévoyants, que,
quand on a les tirés, ils vont se remettre à quelque dis¬
tance, et se laissent tirer de nouveau, jusqu’à satiété
du chasseur, ou extinction de labande.
Leur itinéraire n’est rien moins que régulier ; ils se
montrent un peu partout, mais à des époques impré¬
vues et indéterminées. Leurs apparitions sont plus
fréquentes dans la Bohême, la Pologne et la Lithua¬
nie. Ces endroits se rapprochant des lieux où les ra¬
mène chaque année le besoin de se reproduire, sont
pour eux des étapes forcées, quand leur instinct lésa
poussés de nos côtés.
Cette famille contient un seul genre et une seule
espèce d’Europe ; cette espèce est susceptible de se ren¬
contrer dans notre département.
Genre Jaseur. — Ampelis.
«
Les Jaseurs ont été désignés sous les noms géné¬
riques de Ampelis (Linné), Bombycilla (Brisson), Bom-
bycivora (Temminck). La dénomination de Temminck
étant primée de près de cinquante ans par les deux
premières, nous avons cru devoir la négliger tout d'a¬
bord. Restaient les deux autres ; et, bien que celle de
Brisson ait une priorité de quelques années, nous
adoptons celle de Linné, parce que, comme notre mé¬
thode, elle est basée sur le régime de l’oiseau. Am¬
pelis, venant de cLij.'TrsKoç^ vigne, désigne un oiseau qui
.fréquente les vignes pour y manger des raisins, et nous
paraît dès lors bien convenir à un baccivore.
211
91. Jasetir bohème. — Ampelis gamilus {garrire,
jaser) Linné.
Synonymie : Jaseur ordinaire; Grand Jaseur.
Taille : 21 centimètres.
Description : Mâle ; d’nn cendré vineux, plus foncé
en dessus ; plumes du vertex allongées, soyeuses, sus¬
ceptibles de se relever en forme de huppe ; gorge et une
bande sur les yeux d'un noir profond ; rectrices pri¬
maires noires, terminées par une ligne brisée blanche
et jaune en forme de V ; rémiges secondaires
blanches à l’extrémité et ornées d’une excroissance
cornée, d’un rouge de cinabre; rectrices noires, termi¬
nées par une bande jaune, et marquées de rouge sur
l’extrémité de là tige ; bec brun à la pointe , roux à la
base ; tarses bruns ; iris noisette.
Les très vieux mâles portent, dit Degland, à l’extré¬
mité de toutes les rectrices, des palettes cornées, comme
aux rémiges secondaires.
Femelle : plus petite, de teinte plus pâle, avec moins
de noir à la gorge ; les palettes des ailes plus courtes, et
au nombre de quatre ou cinq seulement.
Jeunes en premier plumage : comme. la femelle;
point d’excroissances cornées .
Nous n’avons point à nous occuper de leur mode de
nidification ; disons seulement que M. l’abbé Vincelot,
qui a reçu des œufs bien authentiques, rapporte qu’ils
sont blanc bleuâtre, ou d’un cendré pâle, et marqués
de petites taches rondes. Grand diamètre, de 22 à
24 millimètres; petit diamètre, de 16 à 18 milli¬
mètres .
- 212
Ainsi que nous l’avons porté à la synonymie, on
désigne quelquefois cet oiseau sous le nom de Grand-
Jaseur, pour le distinguer de l’espèce d’Amérique. L’é¬
pithète nous paraît ici plus qu’inutile. La désignation
spécifique cedrorum, des cèdres, suffit bien à distinguer
l’espèce d’Amérique de notre Jaseur européen, que nous
appelons Jaseur bohème, c’est-à-dire, nomade, vaga¬
bond, portant'avec lui sa mobile patrie; et non Jaseur
de Bohême, attendu que le Jaseur n’appartient pas plus
à la Bohême qu’à la France, quoiqu’il y passe plus
souvent (1). Son habitat, en tant que cet oiseau, à l’hu¬
meur capricieuse et fantasque, a un habitat déterminé,
est la Laponie russe, le nord de la Russie et de la Si¬
bérie. C’est là son point de repère, son centre de gra¬
vité, si Ton peut parler ainsi ; c’est là que son instinct
le ramène chaque année, à époque fixe, au printemps,
pour y propager sa race ; et il en repart dès ,que ses
petits sont assez forts, pour le suivre dans ses courses
désordonnées.
Le Jaseur se nourrit de baies, d’insectes, et, au be¬
soin, de bourgeons d’arbres fruitiers.
11 fait entendre constamment un petit gazouillement
qui n’est ni un chant, ni un sifflement, mais une sorte
de babil confus et inarticulé, d’où son nom Jaseur.
En captivité, où on le retient quelquefois pour la
beauté de son plumage, il est gauche, sale et gour¬
mand.
(1) Le mérite de cette observation , qui nous paraît judicieuse ,
revient à notre honorable collègue et ami , M. Fermaire.
- 213 -
QUATORZIÈME FAMILLE.
ORIOLINÉS.
/
Caractères de la Famille : Bec allongé, courbé, dé¬
primé à la pointe; narines découvertes, membra¬
neuses; tarses courts et robustes, fortement scutellés ;
ailes longues, sub-obluses ; queue large, assez éten¬
due, échancrée, composée de 12 pennes.
Les Loriots sont encore des oiseaux erratiques, ne
s’arrêtant guère que pour couver, se nourrissant d'in -
sectes et de fruits , émigrant par petites troupes ; par
conséquent, vagabonds, baccivores et sociables , et, à
ce titre, voisins des Jaseurs, auxquels nous les faisons
succéder. Leur bec, plus étroit que celui de ces der¬
niers, et plus large que celui des Turdinés, semble en¬
core présenter un caractère intermédiaire entre ces
deux familles .
Ils arrivent dans nos contrées vers la fin d’avril, v
séjournent à peine trois mois, le temps de se repro¬
duire, et recommencent leurs pérégrinations.
Pendant la saison des amours, ils vivent par couples
dans les grands bois ; ils affectionnent les versants ex¬
posés au midi, et fréquentent surtout les lieux plantés
de cerisiers. Ces arbres leurs fournissent des fruits
tendres, qu’ils mangent avec beaucoup d’avidité. Ja¬
mais ils ne touchent aux noyaux. C'est la part des '
Gros-Becs, qui les cassent avec la plus grande facilité,
et se nourrissent de l’amande.
Leur mue est simple ; la livrée, distincte dans les
— 214
deux sexes. Les jeunes, avant deux ans, diffèrent peu
de la femelle.
t
Cette famille contient un seul genre d’Europe.
Genre Loriot. — Oriolus.
Ce genre unique, contenant lui-même une seule es¬
pèce, ne nous paraît point comporter de description
générique. Ajoutons seulement que M. l’abbé Vincelot
fait dériver le nom latin Oriolus de jaune, et
Scaliger de aureolus, venant lui-même de aureus, doré.
Ces deux racines donneraient également bien la couleur
de l’oiseau. Cependant nous serions porté à croire que,
le mot Loriot n’est qu’une onomatopée, figurant le cri
de notre espèce européenne.
92. Loriot jaune. — Oriolus galbula (Linné).
Synonymie : Compère Loriot ; Philosiot .
Taille : 27 centimètres.
Description : Mâle : entièrement d’un jaune doré, à
l’exception des ailes, de la queue et des lorums, qui sont
noirs ; une taclie jaune sur les couvertures alaires, et
un liseré de même couleur au bord des rémiges ; rec-
trices médianes noires, les autres terminées par une
tache jaune, qui s’étend davantage en approchant des
latérales ; bec rouge brun ; tarses plombés; iris rouge
vif.
Femelle : d’un jaune lavé d’olivâtre aux parties su¬
périeures ; d’un blanc jaunâtre avec des raies longitu¬
dinales cendrées, à la gorge et au ventre ; flancs et côtés
de la poitrine d’un jaune plus prononcé.
215 -
Jeunes : comme la femelle, dont ils diffèrent par une
couleur olive plus sombre, avec les plumes bordées de
jaunâtre au manteau; parties inférieures d’un blanc
lustré, marquées de nombreuses stries au cou, à la poi¬
trine et aux flancs, ces derniers nuancés de jaune.
Après la première mue, ils ressemblent à la femelle. Ce
n’est qu’après la deuxième que le mâle prend ses belles
nuances, et il n’a tout son éclat qu’à cinq ans.
Ces oiseaux suspendent aux enfourchures des
branches, dans les futaies, le plus souvent à une hauteur
moyenne, un nid construit avec beaucoup d’art, et au¬
quel ils donnent la forme d’une bourse, dont les bords
seraient attachés et enroulés, pour ainsi dire, à la bi¬
furcation. Ce nid se compose d’une certaine quantité
de brins de paille, de chanvre ou de fils entrelacés, pas¬
sant d’une branche à l’autre, et dont les bouts sont ar-
tistement dissimulés. C’est l’enveloppe extérieure, au-
dessus de laquelle se trouve une couché de mousse,
destinée à rendre le nid plus souple et plus moelleux ;
l’intérieur est garni de fines tiges de gramen, dont les
épis, ramenés en dessous, augmentent l’élasticité du
berceau. La femelle pond 4 ou 5 œufs d’un blanc
pur, marqués de quelques taches arrondies, d’un
noir foncé, quelquefois mêlées de points bruns moins
étendus. Grand diamètre, environ 30 millimètres; petit
diamètre, 20 millimètres.
Ce nid est donc déjà très remarquable ; mais l’opinion
vulgaire, si avide de merveilleux, en a encore considé¬
rablement exagéré la singularité. On prétend qu’il est
suspendu par trois fils, comme une lampe d’église ;
que la femelle y entre par un trou imperceptible, et
qu’elle y imprime une sorte d’oscillation, de balance-
216
ment régulier et continuel. 11 est superflu de réfuter une
semblable assertion .
Le mâle a une voix grave et moelleuse, mais peu
étendue ; les syllabes yo yo y reviennent souvent. Il
chante surtout le matin, à la cime des grands arbres, en
poursuivant les insectes et les moucherons.
Ce bel oiseau, mis en cage, y apprend, dit-on, facile¬
ment des airs qu’il redit avec beaucoup de douceur et
de goût; mais il est difficile de le nourrir, surtout en
hiver , où les fruits mous et sucrés font défaut. On lui
donne des figues sèches, qu'on peut délayer en pâtée
avec du lait ; mais ses belles nuances dorées s’assom¬
brissent et se ternissent faute d’air pur et de soleil. Il
est également très jaloux de sa liberté; souvent il
refuse la nourriture, et semble préférer la mort à l’es¬
clavage.
La femelle a un cri rauque, une sorte de miaulement
désagréable. C’est à. la nuance du plumage de cette
dernière, et de celui des jeunes que l’espèce doit son
nom Galbula^ diminutif de galbus^ vert pâle.
Nous avons indiqué plus haut l’époque de son arri¬
vée dans notre département. Il nous reste à ajouter
que ces oiseaux semblent fuir le voisinage de la mer.
Ils sont rares sur nos côtes, plus nombreux aux envi¬
rons de Rouen-, et on les rencontre assez communé¬
ment, à mesure qu on s’avance dans le centre de la
France.
Sans être nouvelle, la place que nous donnons aux
lioriots sera peut-être contestée. Mais, en considérant
leur régime baccivore, nous ne pouvions les laisser
près des Pies-Grièches et des Etourneaux , où les ont
rangés quelques auteurs. Nous avons dit les rapports
— 217 —
que nous leur trouvons avec les Jaseurs ; ajoutons
qu’ils ont dans la taille , dans la forme et dans le
faciès, un certain air, sinon de famille, du moins d’af¬
finité avec les Grives, qu’ils s’en rapprochent encore
par l’appétit , par la nature du chant et par la confor¬
mation du bec. Moins nomades que les Jaseurs, ils
le sont plus que les Grives, dont la plupart des espèces
sont encore erratiques. Nous croyons donc être con- .
séquent avec notre principe de classification et notre
méthode, en passant des Jaseurs aux Loriots, et de ^
ceux-ci aux Turdinés.
, QUINZIÈME FAMILLE.
TURDINÉS.
Caractères de la Famille: Bec médiocre , comprimé,
échancré à la pointe ; œil fixe et dilaté ; narines ovoïdes
et membraneuses ; tarses assez allongés , scutellés ;
ailes et queue de grandeur variable.
1
Baccivores et fructivores comme les précédents, les
Turdinés sont encore vermivores, et font faire un pas
à la classification , en offrant , comme caractère de
transition, un appétit que présenteront, de plus en plus
développé, les familles qui leur succéderont.
Certaines espèces sont encore sociables et voyageuses;
d’autres aiment la solitude et vivent isolées ; quelques-
unes même sont sédentaires. Mais, dans cette famille ,
les pérégrinations sont fixes, régulières et déterminées.
Elle nous écarte donc graduellement de ces oiseaux
^ 218 —
errants et cosmopolites dont nous venons de décrire
les mœurs.
La famille des Turdinés contient pour nous 5 genres
d’Europe, dont 3 de France, et 2 de notre département :
t® Genre Grive.
2® Genre Traque t.
1® Genre Grive. — Turdus.
Caractères du genre : Ceux de la famille . doigt mé¬
dian et le latéral soudés à la base; ailes atteignant le
milieu de la queue, qui est assez longue, ample et
légèrement arrondie.
Nous réunissons dans le genre Grive, Turdus^ les
Grives et les Merles, qui sont des espèces tellement
voisines et si semblables, que les partisans d’.une sépa¬
ration générique ne sont point d’accord sur la place où
ils doivent établir leur coupe. De là, le même oiseau,
le T. atrogularis, est une grive pour les uns, et un
merle pour les autres (1 ). Or, cette confusion même,
cette difficulté de détermination, nous paraît justifier
pleinement notre manière de voir, appuyée du reste sur
l’autorité de naturalistes éclairés, Linné, Degland, etc.
D’ailleurs, la distinction ne repose sur aucun caractère
sérieux. On indique bien le système de coloration du
plumage, moucheté chez les unes, uniforme chez les
autres; mais, outre que cette raison nous paraît trop
superficielle, nous croyons que, en réunissant toutes
les espèces du genre, on arriverait à une transition
(1) Merula atrogularis, Ch. Bonap. lifrds {\S3S), p. 17. Turdus
alrogulai'is, D*" Chenu. Encyclop. d’Hist. nat., t. IV, p. 11.
219
aussi graduée, aussi fondue de la coloration, que du
régime et des mœurs.
Degland a parfaitement compris que la séparation
générique des Grives et des Merles n’est basée sur au¬
cun caractère de quelque valeur, et il les a réunis dans
un même genre, qu’il intitule : Genre Merle, Turdus.
Il nous semble difficile d’adopter cette dénomination
mixte, et de traduire ainsi le mot Turdus. D’ailleurs les
Merles nous paraissant mieux placés à la fin de la liste,
nous avons cru devoir adopter comme désignation gé¬
nérique le mot Grive^ complétant ainsi la réhabilitation
du genre Linnéen, tentée par Degland. Les Grives
ayant plus de rapports avec les Loriots, et les Merles
avec les Pétrocincles, la succession des genres en sera
plus naturelle et plus régulière.
Quant au mot Turdus , nous croyons qu'il vient de
Turdetani, peuples d’Espagne, qui excellaient à en¬
graisser pour les maîtres du monde, les Grives si abon¬
dantes dans leur contrée.
Les Turdinés sont des oiseaux de taille moyenne,
susceptibles de prendre beaucoup d’embonpoint, ayant
une chair succulente et parfumée, très prisée des Ro¬
mains. De nos jours ils ont perdu de leur vogue, et ont
été détrônés parles Ortolans. Il faut convenir, en effet,
qu’à l’état de liberté, plusieurs espèces ont un goût
d’amertume assez prononcé. Gela tient sans doute aux
baies dont elles se nourrissent , car on assure que celles
qui mangent des raisins et des olives ont une saveur
délicieuse. On peut d’ailleurs s’en rapporter aux Ro¬
mains, bons juges en fait de sensualité.
Ces oiseaux vivent par couples dans les bois et les
bosquets, pendant le temps de la. reproduction ; et.
- 220 -
comme les vers et les baies se rencontrent partout,
comme les Turdinés s’accommodent de tous les climats,
ces espèces sont répandues en tous lieux. Celles qui ha¬
bitent les régions boréales fuient, pendant la saison ri¬
goureuse, ces retraites glacées; et nous arrivent, à la
fin de l’automne, en bandes plus ou moins nombreuses,
selon l’intensité du froid. Celles qui séjournent dans
nos climats tempérés y sont à peu près sédentaires , et
viennent, pendant l'hiver, chercher leur nourriture près
de la demeure de l’homme.
En général, les sexes diffèrent peu par la taille ; dans
quelques espèces seulement, le mâle se distingue de la
femelle par la coloration du plumage. Les jeunes,
avant la première mue, ressemblent plus ou moins aux
adultes. Après la mue, qui est simple, la différence
n’existe plus que dans la nuance.
Ce genre renferme, d’après les naturalistes les plus
modernes, 14 espèces d’Europe, dont 3 sont contestées;
7 appartiennent à la France, et 6 se rencontrent com¬
munément dans notre département, savoir :
1“ Grive musicienne. 4° Grive Litorne.
I
2® Grive Draine. 5® Grive à plastron.
3® Grive Mauvis. 6® Grive Merle.
93. Grive inuslcienne. — Turdus musicus
(Linné).
Synonymie ; Grive ; Grive chanteuse ; Mauviard.
Taille : environ 23 centimètres.
Description : Mâle : parties supérieures brun olive,
avec quelques taches rousses à l’extrémité des petites
couvertures alaires; lorums, tour des yeux, gorge, poi-
trine et flancs d’un blanc jaunâtre, passant au blanc
pur an milieu du ventre et à l'abdomen ; toutes les
parties inférieures semées d'un grand nombre de points
ronds brun noir, plus larges à la poitrine et aux flancs,
plus petits sur le ventre ; dessous de l’aile chamois ;
sous-caudales cendré jaunâtre, marquées de taches
grises, oblongues ; rémiges et rectrices comme le man¬
teau ; bec brun à la pointe, plus pâje en dessous et à
la base ; pieds cendré brun ; iris brun noir.
Femelle : elle ne diffère du mâle que par les taches
moins étendues et plus pâles des couvertures alaires, et
parles mouchetures de la poitrine, qui sont moins fon¬
cées et moins arrondies.
Jeunes en premier plumage : plumes du manteau
bordées de jaunâtre ; parties inférieures plus foncées, et
marquées de points bruns.
A tout âge, les individus sont plus pâles en été qu'en
automne.
Cette espèce, très commune dans notre département,
bâtit un nid volumineux, qu’elle dissimule fort mal ;
elle le place dans les cépées, dans les lierres, contre les
troncs des arbres, à peu de distance du sol, et le cons¬
truit d’herbes, de brindilles et de mousse à l’extérieur ;
l’intérieur est garni d’une solide crépissure en terre
gâchée, sur laquelle la femelle dépose de 4 à 6 œufs ,
de forme variable , d’un bleu verdâtre , avec quelques
points noirs, surtout au gros bout. Grand diamètre ,
environ 27 millimètres; petit diamètre, 16 millimètres.
Les jeunes se développent fort vite; et huit à dix
jours après l’éclosion , si le temps est chaud , ils aban¬
donnent le nid.
Ainsi que l’indique son nom,- cette Grive a une voix
222
très étendue, très variée et des plus agréables. Le mâle,
perché au haut d’un arbre , chante pendant l’incuba¬
tion , et comme cette espèce se reproduit de bonne
heure, et fait plusieurs nichées, on l’entend tout l’été.
En captivité, sa voix conserve toute sa fraîcheur et
tout son moelleux. Mais c’est surtout quand l’oiseau
entend ou voit un individu de son espèce , qull se
pique et redouble d’efforts pour effacer son rival. Les
amateurs mettent à profit ce sentiment d'émulation, et
placent une petite glace à l’un des bouts de la cage.
L'oiseau s’anime alors à la vue de son image , s’excite
lui-même, et déploie toutes les ressources de son riche
gosier.'
La Grive musicienne émigre du Nord, par bandes
moins nombreuses et moins serrées que quelques-unes
de ses congénères. Elle arrive aux premiers froids et
se répand , en poussant un petit cri sec , dans les ver¬
gers et dans les champs plantés de carottes et de choux,
où elle détruit une grande quantité de limaces. On a
remarqué que , quand elle trouve un escargot , elle
court en briser la coquille sur une pierre pour ’se re¬
paître de la partie molle. La plupart poussent leurs
migrations plus au Midi. Cependant, il en reste tout
l’hiver quelques-unes dans nos localités. Nous pensons
que ce sont celles qui s’y sont reproduites, ou qui y
sont nées.
C’est, de toutes les espèces de Grives, celle dont la
chair est la plus délicate et la plus recherchée»
94. Gtrive Draine. — Turdus viscivorus (Linné).
Synonymie : Grosse Grive; Grive.
Taille ; environ 30 centimètres.
i
/
-- 223 -
Description : Mâle : parties supérieures d’un cendré
roussâtre, plus clair au croupion ; parties inférieurés
chamois clair, avec une grande quantité de taches
noires, assez petites à la gorge, plus étendues, ovalaires
ou lancéolées à la poitrine, et allongées aux sous-cau¬
dales ; petites couvertures alaires terminées de blanc;
grandes couvertures et rémiges comme le manteau ,
mais liserées de cendré roux ; les trois rectrices laté¬
rales légèrement frangées de blanc à leur extrémité ;
bec brun , jaune à la base ; pieds roux clair ; iris brun
noir.
Femelle : semblable au mâle, dont elle ne diffère que
par une teinte plus foncée, aux parties inférieures, avec
des taches d’un noir moins prononcé.
Jeunes : plumes du manteau bordées et tachées de
jaunâtre.
Moins commune que la Grive musicienne, la Draine
n’est cependant pas rare dans notre département, où elle
estsédentaire. Ellecouve de bonne heure, établitson nid
aux enfourchures des arbres, dans les sapins, dans les
poiriers, etc , et le compose artistement de bûchettes,
de mousse et de lichens; elle le garnit, à l’intérieur,
de matières plus molles, telles que Unes radicules et
tiges d’herbes, recouvrant une légère couche de terre
gâchée. Sa ponte est le plus souvent de 5 œufs d’un
blanc cendré, avec des taches Touge brique, assez nom¬
breuses, surtoubau gros bout. Grand diamètre, 30 mil-
♦
limètres ; petit diamètre, 22 millimètres
Cette espèce, couvantde très bonne heure, commence à
chanter au milieu des rigueurs de l’hiver; sa voix forte
et flûtée a peu d’étendue ; son chant est peu varié ; il a
cependant un certain charme, il plaît par sa simplicité
même, et peut-être aussi parce qu’il annonce des temps
meilleurs.
La Draine est la moins sociable de toutes les Grives ;
aussi amie de l’isolement que le Merle, elle est d’un
caractère hargneux et acariâtre , et sans cesse en guerre
avec ses semblables et les espèces voisines. Elle fait
entendre un cri entrecoupé et saccadé, auquel elle doit,
selon nous, son nom Draine, qui ne serait alors qu’une
onomatopée.
Quant au nom latin viscivorus, de viscum^ gui, et vo-
rare, dévorer, il indique le régime préféré de l’oiseau.
Ce goût pour le fruit du gui a bien son inconvénient ;
les semences expulsées par l’oiseau, avant d'être alté¬
rées par la digestion, adhèrent aux écorces rugueuses ;
et n’ayant rien perdu de leur puissance germinatrice,
elles produisent des plantes nouvelles qui vivent aux
dépens des arbres.
Cette espèce est très attachée à son nid et le défend
avec un grand courage contre les Pies, les Geais, et mêra e
les Eperviers. Insociables en toute circonstance, les
Draines se réunissent alors contre l’ennemi commun.
•
95. Grive Mauvis. — Turdus iliacus (Linné).
Synonymie : Grive de vigne ; Grive du Nord ; Claque,
Claquette,
Taille : environ 22 centimètres.
Description: Mâle ; parties supérieures et joues d’un
olive plus rembruni, que chez les précédentes ; une
large raie sourcilière, et parties inférieures d’un blanc
presque pur, lavé de roussâtre aux cotés du cou et à la
poitrine, et marqué, à ces deux dernières parties, de
- 225 —
taches allongées brun noir; dessous des ailes et
flancs d’un roux ardent ; rémiges et rectrices comme le
manteau ; bec brun en dessus, jaunâtre en dessous et à
la base ; pieds plombés ; iris brun noir.
Femelle ; elle diffère du mâle par la raie sourcilière,
moins claire et plus étroite, et par le roux des flancs,
qui est moins vif; elle a également les moucbetures in¬
férieures plus étendues et plus rembrunies.
Nota. — Degland , par une erreur typographique
peut-être, indique pour la femelle la bande sourcilière
moins rousse, et il la marque blanche pour le mâle (1). Il
y a évideqiment contradiction. Nous avons, l’année der-
»
nière, examiné plusieurs sujets dont le sexe était bien
déterminé, et nous avons toujours trouvé la diffé¬
rence que nous exprimons ici. Il n’est guère possible
que nous soyons constamment tombé sur des excep¬
tions.
I
Degland indique une variété isabelle, etune presque
blanche. Nous avons vu eu 1865, sans pouvoir le tirer,
au marais de Saint-Georges, un individu de cette xler-
nière couleur.
Cette espèce habite le nord de l’Europe et de la Sibé¬
rie, où elle se reproduit. Elle arrive dans nos pays vers
la mi-novembre, par bandes plus ou moins nombreuses,
selon la rigueur de la température. Elle a alors un cri
d’appel ou de détresse prolongé et très aigu, et un
autre plus grave, plus sonore et presque aussi désa¬
gréable, auquel elle doit le nom de Claque, qu’on lui
donne dans nos localités. Son chant d’amom, si Ton
M) Ornilliol. ('urop., t. 1“', p. 47.3 ol 474.
15
22G —
en peut juger par quelques ébauches, qu’elle fait en¬
tendre au printemps, avant son départ, manque éga¬
lement de douceur. C’est un assemblage de notes
aigres et criardes ; et nous doutons fort que, quelques
modifications que l’ardeur du désir lui fasse appor¬
ter à de tels éléments, elle en puisse jamais composer
un chant quelque peu harmonieux, ou même sup¬
portable.
A son arrivée dans nos climats, elle se cantonne
dans les vergers, dans les bois 'ou dans les champs, où
elle court avec une grande légèreté. En temps de neige,
elle cherche sa nourriture dans les bois et les futaies ;
elle retourne et éparpille les feuilles, pour découvrir les
insectes qui s’y cachent ; elle s’attaque également aux
b ai 63 .
Naturellement farouche et défiante, elle ne se laisse
approcher que dans les grands froids, et quand la faim
la presse.
Nous ne pensons point que son nom spécifique Ilia-
eus ait pour racine Iliumy Troie, comme on l’a avancé.
Le Mau vis étant une espèce boréale, ne fait que des ap¬
paritions sur les côtes de l’Anatolie. Nous pensons
plutôt qu’il dérive du grec /a/c^s-, inus. , pour iKhctç,
grive, lacet , et par suite , grive qui se prend au lacet.
Le Mauvis est en elfet, de toutes les grives, celle qu’on
prend le plus communément à cet engin. ^
Quant au inot Mauvis, il vient évidemment de Mala
avis, oiseau malfaisant, ainsi nommé par les vigne¬
rons pour les dégâts qu’il fait dans les vignes, d’où son
nom Grive de vignes. 11 pai'aît que le raisin produit
souvent sur lui l’effet qu’en éprouva notre grand-père
Noé, ce qui a donné naissance au proverbe.
I
I
96. Grive liUoriic. — Turdus Pilaris (Linné).
Synonymie : Litorne ; Tourclelle; Gouepe.
Taille ; environ 27 centimètres.
Description : Mâle : tête et cou d’un cendré bleuâtre,
avec de petites taches noires au centre des plumes, sur¬
tout au vertex ; manteaubrun marron, fortement nuancé
de noir ; raie sourcilière peu marquée ; cou et poi¬
trine d’un roux jaunâtre, avec des taches noires allon¬
gées au cou, plus étendues et lancéolées aux côtés de la
poitrine; abdomen d’un blanc pur; flancs fortement
marqués de noir; rémiges et rectrices noires, les der¬
nières frangées de cendré ; bec jaune, noir â la pointe ;
pieds et iris bruns.
Cette description , prise sur un sujet que nous
avons abattu le 5 mai, est celle de l’oiseau en été. En
hiver, il est moins foncé dans toutes ses teintes.
Femelle : plus pâle aux parties inférieures, surtout
â la gorge ; le cendré de la tête et le brun du manteau
moins tranchés. ^
Nous ne connaissons pas la livrée des jeunes en pre¬
mier plumage.
Cette espèce, également des régions boréales, est
dans nos localités de passage â peu près régulier, mais
variant pour le nombre des individus. Elle opère ses
' migrations plus tard que le Mauvis, et ne repart qu’a-
près les dernières gelées ; d’où cette opinion que : tant
qu’on entend la Litorne, l’hiver n’est point passé.
Cette grive est très vorace ; et, comme elle voyage
par bandes nombreuses, elle absorbe, en peu de jours,
toutes les baies de la contrée. Malgré cet appétit, elle
est moins giasse que ses congénères. Sa chair, plus
~ 228
noire et moins savoureuse, a encore un goût d’amer¬
tume bien prononcé ; de là vient son nom Litorne,
de A/Toj-, vil, et oiseau. Son nom latin, Pi/arü,
vient-il de piluiriy poil? et indiquerait-il les nombreuses
soies qui garnissent la base du bec de cette espèce? ou
depilare, piller, ravager, faisant de son avidité un ca¬
ractère distinctif? Nous laissons à de plus habiles le soin
de prononcer ; qu’il nous suffise d’indiquer les étymo¬
logies en faveur. On trouve également pilaiàs, qui con¬
cerne la paume. Nous ne voyons pas quels rapports
pourraient exister entre cette grive et une balle à
jouer.
Ces oiseaux apparaissent rarement isolés ; ils ont
très développé un des caractères des espèces sociables,
l’habitude de se rappeler sans cesse, en poussant un
cri un peu glapissant. Ils sont indolents, criards et vo¬
races, trois caractères qui paraissent justifier le nom
de Gouêpes^ qu’on leur donne dans notre localité, pour
marquer sans doute leur analogie avec une classe
d'hommes peu honorables, et bien connus de la police.
97. Grive à plastron. — Turdiis Torquatus
(Linné).
Synonymie : Merle à plastron ; Merle à collier.
Taille : environ 28 centimètres.
Description : Male au printemps : parties supérieures
d’un noir enfumé, assez uniforme ; parties inférieures
plus cendrées, avec un liseré blanc sur le bord de
chaque plume ; un large plastron d’un blanc presque
pur au haut de la poitrine; ailes et rectrices sembla¬
bles au manteau , avec les couvertures alaires et les
t
— 229 —
«
rémiges liserées de c,endré pâle; bec jaunâtre ; pieds
de même couleur ; iris noisette.
Mâle en automne : plumes des parties supérieures
frangées de blanchâtre ; plastron lavé de roux ; bec
brun.
Femelle : d’un noir plus roux, avec les plumes fran¬
gées de roussâtre ; plastron peu apparent, d’un blanc
fortement nuancé de gris rou|^.
Jeunes : assez semblables à la femelle ; de taille plus
petite, avec le plastron plus étroit.
On trouve des variétés tapirées de blanc, d’autres
presque entièrement blanches.
La Grive à plastron est de double passage dans notre
département ; elle s’y montre plus souvent au prin¬
temps, quoiqu’elle fi’y apparaisse point tous les ans.
Elle arrive en petites bandes vers la mi-avril, et sé¬
journe une quinzaine de jours dans nos contrées. On
la trouve alors, surtout le matin et le soir, dans les
endroits où croissent les lierres, dont elle mange les
baies avec beaucoup d’avidité.
Sa chair, savoureuse et parfumée, le dispute à celle
des meilleures espèces, et ne le cède pas même à celle
de la Caille.
Cette Grive ne fait entendre dans nos contrées qu’un
cri assez doux, un petit gazouillement qui ne doit pas
être son chant d’amour. Elle couve plus tard que ses ■
congénères, puisqu’elle ne regagne sa résidence que
dans le courant de mai, alors que plusieurs espèces
vaquent déjà aux soins d’une seconde nichée. On nous
a assuré qu’elle se reproduit quelquefois dans notre
pays; mais le fait, bien que possible, nous paraît
contestable. Elle couve dans les montagnes, celles
— 230 -
de la Suisse par exemple , d’où nous avons reçu son ^
œuf.
Ces oiseaux sont moins défiants , moins timides que
leurs congénères, et se laissent, en général, approcher
de fort près.
98. Grrîve Merle. — TurdusMerula (Linné).
Synonymie : Merle noir ; Merle commun ; Merle
à bec jaune. ^
Taille : environ 27 centimètres.
Description : Mâle : entièrement d’un noir profond ;
bec et bord libre des paupières jaune brillant ; pieds et
iris bruns.
Femelle : brun de suie, foncé en dessus, plus pâle
en dessous, avec des mouchetures plus sombres sur la
tige des plumes des parties inférieures ; gorge gris
roux ; rémiges et rectrices brunes ; bec jaunâtre chez
les vieilles, brun dans les individus moins adultes ;
pieds et iris bruns.
Jeunes ; assez semblables à la femelle, dont ils se
distinguent . par des marbrures rousses au man¬
teau. Les jeunes mâles sont d’une teinte plus foncée,
et se reconnaissent dès la première mue, leurs couleurs
s’assombrissant à chaque changement de plumes : car,
dans cette espèce, il y a chez les jeunes plusieurs mues
successives.
Cette particularité n'exclut point, pour l’espèce, un
caractère que nous avons indiqué comme commun à la
Famille : la mue simple. Cette expression, consacrée en
ornithologie, s’applique aux espèces qui ne perdent
point leurs plumes au printemps.
Les variétés du Merle ne sont pas très rares. Degland
N
— 231
en cite une gris de lin et une isabelle. J’ai vuàParis un
individu d’un blanc pur *, et l’on a tùé l’année dernière
dans notre département deux variétés perdues pour
l’ornithologie : l’une noire tapirée de blanc, l’autre
cendrée avec des raies longitudinales plus foncées aux
parties inférieures ; les deux individus avec le bec jaune.
Le Merle noir, très commun et sédentaire dans notre
département, niche près de terre, dans les buissons,
dans les arbres verts, contre les mars, dans les espa¬
liers, dans les lierres etc., et construit un nid volumi¬
neux, composé à l’extérieur de brindilles et de mousse,
reliées par une couche de terre, le tout recouvert et
matelassé intérieurement de fines racines et d’herbes.
%
Sa ponte est de 4 à 6 œufs, d’un bleu pâle légèrement
verdâtre, mouchetés de petites taches souvent confuses,
d’un roux de rouille • Grand diamètre, environ 28 mil¬
limètres ; petit diamètre, 21 millimètres.
Cette espèce couve de très bonne heure, quelque¬
fois dès la fin de février. Les produits des premières
nichées sont les plus estimés des amateurs, qui prisent
surtout les merles de mars.
Les Merles sont des oiseaux inquiets, turbulents,
• {
aux mouvements brusques et saccadés , ayant des fré¬
tillements continuels dans les ailes et la queue. Ce sont
les moins sociables du genre ; ce sont aussi les plus
marcheurs. On les trouve souvent à terre et isolés,
dans les parties basses et humides des bois, des ver¬
gers 'et des fermes, retournant les feuilles sèches, et
cherchant les vers, dans la terre engraissée et friable
qu’elles recouvrent. Ils se nourrissent aussi de baies,
surtout de raisins.
Ces oiseaux ayant la vue pénétrante, passent pour
à
— 232 —
être très fins ; nous croyons qu’ils sont plus timides
que rusés, plus inquiets que défiants ; car, s’ils fuient
de fort loin à l’approche du chasseur, ils donnent tête
baissée dans tous les pièges, pourvu que la main qui
les tend sache se rendre invisible.
Leur chant naturel, flùté et moëlleux, est peu va¬
rié, et devient insipide par sa monotonie. lis ent un
organe plein de douceur et de flexibilité, mais qui a
besoin du secours de l’art. Quand on a l’oiseau captif,
et qu’on se donne la peine de lui siffler des airs, il les
retient facilement, les perfectionne, les accommode à
sa voix, qui acquiert alors de la souplesse et de l’éten¬
due ; et l’oiseau devient un de nos plus aimables chan¬
teurs. Malheureusement il est sujet à des attaques de
goutte et d’épilepsie. Il tombe à la moindre alerte, et
souvent pour ne plus se relever.
Le Merle a, comme le Geai, une antipathie marquée
pour le Renard. Quand un de ces c’arnassiers s’aven¬
ture de jour dans les bois, le Merle le poursuit cà de
grandes distances, en poussant son cri de détresse qui
s’entend de fort loin ; il voltige autour de lui et le har¬
cèle si bien, qu’il l’oblige à se terrer. Il s’attaque de
même aux Hiboux et aux Buses. »
Son nom, Merula^ d’où par abréviation I/eWa , Merle,
paraît avoir pour racine merus, pur, et indiquer la cou¬
leur uniforme de son plumage, par opposition aux
mouchetures de ses congénères. Sa couleur noire est
si profonde , que les Anglais l’appellent Black bird,
oiseau noir par excellence.
Sa chair, bien que brune, et moins délicate que
celle de la Grive musicienne, est encore bonne et suc¬
culente.
233 —
2® Genre Traquet. — Saxicola.
Caractères du genre : Ceux de la Famille ; bec faible,
droit, très fendu, échancré et courbé àlapointe; narines
ovales, membraneuses ; tarses longs, grêles, compri¬
més ; ailes allongées ou moyennes, atteignant en gé¬
néral le milieu de la queue, qui est de longueur'mé-
diocre, carrée ou arrondie.
On retrouve dans les Traquets le régime, les carac-
«
tères zoologiques, et une partie des habitudes des Tur-
dinés. Ils en diffèrent par la taille, Tinsociabilité et le
mode de nidification , caractères secondaires qui nous
paraissent suffire à justifier une coupe générique, et
non à constituer une famille. Ils se lient de plus aux
Grives par deux genres, dont nous n’avons pas à nous
occuper, et que nous ne citons que pour faire mieux
saisir les rapports de similitude qui existent entre ces
espèces, et, par suite, la convenance d’une fusion en
une seule famille. La différence de taille même se trouve
effacée par ces deux genres, le Turdoïde et le Pétro-
cincle, véritables termes moyens entre les membres
extrêmes de la famille des Turdinés.
Les Traquets ont quelquefois été séparés générique-
f
ment. Les caractères zoologiques et le régime ne permet¬
tent guère cette division, qui n’aurait pour raison d’être
qu’une différence dans l’habitat et la coloration, par¬
ticularités auxquelles, comme nous l’avons dit plu¬
sieurs fois déjà, les naturalistes n’attachent pas une
grande valeur scientifique. Nous réunissons donc en
un seul, le genre Saxicola et le genre Pratincola.
Ce genre se compose d’espèces remuantes, vives.
y
— 234 —
alertes, voletant et courant sans cesse, ne disparaissant
iininstant, que pour se montrer quelques pas plus loin,
sur un point culminant, le sommet d’une motte ou
l’extrémité d’une branche, agitant les ailes et la queue
et poussant, le Rubicole surtout, un petit cri sec et fati¬
gant. Ces brusques mouvements, accompagnés de l’iné¬
vitable trac trac y tac tac y ressemblent assez au bruit que
produit la secousse imprimée à la trémie d’un moulin,
par le déplacement du traque t ou claquet. De là
le nom de l’appareil , ou celui des oiseaux. Ces der¬
niers ayant existé avant les moulins, nous serions
porté à trouver en eux la racine, comme l’instrument
appelé crécelle, doit sa dénomination au' Faucon de ce
nom. *
Quant au mot Saxicola, composé de saxumy rocher,
et de coloy j’habite, il désigne bien les habitudes de cer¬
taines espèces, qui recherchent les lieux arides et
rocailleux.
Les Traquets, le Motteux surtout, acquièrent beau¬
coup de graisse vers la fin de l’été ; leur chair est ex¬
quise, et bien souvent on les sert pour des Ortolans.
Sur les côtes de Sussex (Angleterre), les bergers en
prennent chaque année des quantités considérables
dont on fait des brochettes, et « c’est un mets si exquis,
ajoute l’auteur de ce détail, qu'on pardonne bientôt
« aux bergers leur barbarie annuelle . »
Les Traquets sont baccivores et insectivores. Ils ni¬
chent tous à terre, cachent fort bien leurs nids, et pon¬
dent des œufs azurés Leur mue est simple etruptile ;
le plumage des sexes diffère dans beaucoup d’espèces,
et les jeunes ont une livrée particulière.
Ce genre contient 8 espèces d’Europe, dont G se ren-
«
235 -
contrent en France et 3 appartiennent à notre départe¬
ment :
1® Traquet motteux.
2® Traquet Tarier.
3® Traquet rnbicole.
99. Traquet motteux. — Saxicola üEnantlio
(Meyer et Wolf.)
Synonymie : Cul-blanc ; Motteux ; Vitrée.
Taille : variable entre 15 et 16 centimètres.
Description : Mâle : parties supérieures d’un beau
cendré pâle, avec une large tache blanche au croupion;
parties inférieures chamois clair; une bande d’un noir
profond partant du bec, encadre l’œil, et s’étend sur le
«
méat auditif; front, sourcilset gorge d’un blanc presque
pur; rémiges noires-; rectrices médianes blanches â l’o¬
rigine, les latérales blanches dans les deux tiers de
leur longueur, noires à l’extrémité ; bec, pieds et iris
noirs.
P^emelle : plus petite que le mâle; parties supérieures
\
d’un cendré lavé de roussâtre, surtout aux.couvertures
alaires ; la bande qui traverse l’œil, d’un noir fuligi¬
neux ; rectrices bordées et terminées de grisâtre.
Jeunes avant la première mue : parties supéi’ieures
fortement nuancées de roux et de brun avec des taches
blanches sur la tige des plnines ; parties inférieures
d’un roux très sombre, avec des mouchetures brunes.
Le Motteux niche dans les falaises, dans les tas de
pierres, sous les motteSj etc.; il compose son nid de
\
paille, de mousse, de crin et de quelques plumes;
sa ponte est de 4 à 6 œufs d’un bleu pâle, le pins souvent
sans taches, quelquefois üiiement pointillés de roux.
— 236 -
\
Grand diamètre, 20 millimètres ; petit diamètre, 14
millimètres.
Ce Traquet arrive dans notre département dans
les premiers jours d’avril, isolé ou par couples. Quel-
([ues-uns s’y cantonnent, d’autres s’avancent plus au
nord. Ils reviennent en septembre, formant alors de
petites bandes, mais peu serrées, se tenant toujours à
distance ; c’est donc une espèce peu sociable. Dans nos
pays, il fréquente les lieux arides et découverts, les fa¬
daises de la mer, les prairies exposées au soleil, les co¬
teaux, les bords des chemins, etc. Il se place sur une
motte ou sur une pierre, d’où il s’élance en courant sur
quelque insecte. Inquiet et farouche, il s’envole à Tap- .
proche du chasseur, fuit de bas, et va se poser sur une
éminence un peu plus. éloignée. Il pousse un petit cri
guttural qui lui a fait donner par onomatopée le nom
de Vitrée. Celui de Motteux est assez justifié par les ha¬
bitudes que nous venons de décrire. Quant au mot
Œnantlic, il est évidemment composé de o/rn, vigne, et de
etvôoi-, fleur. Seraitrce parce que l’oiseau, qui a un goût
prononcé pour les raisins, se perchant sur les pampres
verts, y produit, par ses vives couleurs, un effet que
l’on compare à une fleur? L’idée est fraîche et poé¬
tique, elle est de plus vraisemblable; pourquoi ne fad-
mettriohs-nous pas ?
100. Traqwet Tarler. — Saxicola rubetra (Mey.
et Wolf.)
Synonymie : Tarier.
Taille : environ 13 centimètres.
Description: Mâle : parties supérieures et joues d’un
brun noirâtre, avec une large frange d’un gris ‘roux au
/
237
bord des plumes ; sourcils, gorge, bas des joues, côtés
du cou et deux taches sur l’aile d’un blanc pur ; devant
du cou et poitrine d’un roux bai pâle, qui s’étend .en
s’effaçant sur les flancs et les côtés du ventre ; milieu
du ventre et abdomen blancs ; couvertures alaires
noires ; rémiges et rectrices brunes, liserées de gris
roux ; ces dernières blanches à leur partie supérieure ;
bec et pieds noirs ; iris brun noir
Femelle : même disposition des couleurs ; le man¬
teau est moins foncé, et la frange des plumes plus pâle;
les couleurs inférieures effacées et lavées de grisâtre ;
miroir de l’aile plus étroit ; rectrices médianes brunes
dans toute leur étendue.
Jeunes en premier plumage : assez semblables à la
femelle, dont ils diffèrent par des teintes moins fi'an-
ches, par une nuance plus sombre à la poitrine, et. par
l’absence détaché blanche aux ailes.
Ce Traquet arrive dans nos contrées dès les premiers
jours d’avril ; il se répand dans les prairies, où il fait
entendre un cri sonore, mais triste et plaintif. Son
chant, composé de quelques notes peu articulées et
mal reliées, est dépourvu de charmes.
11 couve à terre , dans les herbes , sur le revers
d’un fossé, au pied de quelque arbuste, compose son
nid de mousse, d’herbes et de bourre; et pond le plus
souvent cinq œufs , d’un blaùc verdâtre pâle et unico-
lore. — On trouve des variétés avec quelques taches
rousses. Grand diamètre, environ 17 millimètres ; petit
diamètre, 13- millimètres.
• ' Cette espèce est le type du genre pvalincola^ de pra-
turn, pré, et incola^ habitant. Nous trouvons la désigna¬
tion fort juste ; mais, comme nous l’avons dit, les rap-
- 238 —
ports très intimes qu’ont entre eux les individus que
nous réunissons, rendent une coupe générique non
seiüement superflue, mais encore irrationnelle ; puis¬
qu’elle supposerait des disconvenances qui n’existent
pas.
Son nom rubetra vient évidemment du rubus, buis¬
son, la syllabe finale tra n’est peut-être qu’une abré¬
viation de traquet. Rubetra signifierait alors : Traquet
des buissons. L’étymologie que l’on donne de Tarier
nous paraît si impossible, que nous n’osons la citer.
Dans tous les cas le nom latin manque de précision,
puisqu’il conviendrait également au liubicole.
Le Tarier repart en septembre. Quoique commun
dans notre département, il y est moins répandu que le
suivant, que l’on rencontre partout.
' 101. Traquet riiliicole.- — Saxicola rubicola (Mey.
et Wolf).
Synomjmie : Traquet pâtre; Ouistrac; Petit maré¬
chal.
X
Taille : environ 12 centimètres.
DescyHption : Mâle : tête, gorge et devant du cou d’un
noir profond ; manteau de même couleur avec une lé-
à
gère frange rousse au bord des plumes ; une seule tache
blanche sur l’aile ; poitrine d’un beau roux bai, plus
pâle aux flancs; milieu du ventre, et abdomen blancs;
rémiges noires frangées de roux; rectrices d’un noir
mat. dans toute leur étendue ; bec, pieds et iris noirs.
Femelle : même disposition des couleurs, générale¬
ment plus pâles, et plus frangées de gris brun, à la tête
et au manteau ; le roux de la poitrine moins foncé
I
239 —
et lavé de grisâtre; la tache blanche de l’aile moins
étendue.
Jeunes ; parties supérieures brunes, variées de rous-
sâtre ; parties inférieures d’un gris jaunâtre, lavé de
brun ; rémiges et rectrices nuancées de gris roux ; gorge
et devant du cou de cette dernière couleur.
Degland possédait une variété entièrement blanche;'
nous avons vu un individu fortement tapiré de
blanc.
Le Rubicole quitte peu notre département; quelques
couples y sont sédentaires. Nous en voyons toute l’an¬
née, au milieu même des plus grands froids, dans les
marais de la Seine. Us habitent les roseaux qui bordent
les cours d’eau.
Cette espèce couve, comme ses congénères, au pied
des herbes, sous une touffe, dans les racines d’une haie,
d’une cépée, dans les jeunes taillis, etc. Son nid, com-
posé comme ceux des précédents, contient le plus sou¬
vent cinq œufs, d’un bleu pâle, marqué de taches
rousses assez claires , quelquefois comme fondues.
Grand diamètre, 15 millimètres; petit diamètre, 12 à
13 millimètres.
Ce petit oiseau, léger, remuant, aux nuances vives et
panachées, serait charmant, s’il n’assourdissait par *
son cri de détresse uistrac^ trac, tac, tac, qui Ta fait
surnommer Ouistrac ou Petit maréchal. Souvent il se
tient sur le bord des chemins, bordés de joncs-marins
ou de ronces ; et, du plus loin qu’il découvre un pas¬
sant, il arrive au-devant de lui, le laisse approcher, s’é¬
loigne de quelques pas, pour repartir encore et se re¬
poser à quelque distance. Bientôt la femelle se joint â
lui, et le couple importun, devançant ainsi le voyageur,
I
— 240 —
le harcèle de son cri sec et précipité, qu’il répète en
volant comme au repos.
Son chant d’amour, quoique^ maigre et aigu, ne
manque pas d’agrément; c’est une petite ritournelle
assez variée et assez étendue.
Son nom latin, ruhlcola, dont le français est la traduc¬
tion simple, vient de rubus, buisson, et de co/o, j’habite ;
il peint bien les mœurs de, l’oiseau, mais il le distingue
peu du précédent. C’est que ces deux espèces sont si
semblables, qu’il a fallu inventer des synonymes pour
les désigner.
Les Traquets se nourrissent plutôt d’insectes que de
baies ; car si le motteux fréquente les vignes et y pique
les raisins, les deux dernières espèces chassent plutôt
les insectes et les vermisseaux. Us terminent donc la
série des baccivores, et nous amènent, graduellement,
à cette partie des Insectivores, qui mangent plus parti¬
culièrement des insectes terrestres, et les cherchent
1
surtout dans les endroits humides et marécageux. Ce
sont en général des oiseaux plus marcheurs que les
autres Insectivores.
SEIZIÈME FAMILLE.
HYDROBATINÉS.
t ^
Caractère de la Famille : Bec médiocie, arrondi à la
base, comprimé, légèrement denté à la pointe , la man¬
dibule inférieure sensiblement relevée à l’extrémité;
narines longues, étroites et membraneuses; ailes
- 241
courtes, bien qu'aiguës ; tarses raédioci-es, robustes,
comme les doigts et les ongles; queue courte; corps
ramassé ; plumage serré et dense.
Les Hydrobates, rangés primitivement dans la fa¬
mille des Turdinés, et par quelques auteurs dans le
genre Merle, turdus , nous paraissent en avoir été
distraits avec beaucoup de raison. Ils n’ont en eftet du
Merle que la coloration du plumage, et ils en diffèrent
sous tous les autres rapports.
Vieillot a même, selon nous, rendu un véritable
service à la science, en remplaçant leur nom générique
Cincles, dénomination appliquée à plusieurs 'autres es¬
pèces, parcelle d’Hydrobates (qui marche dans Teau,
de vS'cop, eau, et de ^ctTï^p, voyageur). Cette nouvelle
désignation indique avec précision les mœurs et les
habitudes aquatiques de ces oiseaux. C'est au bord
de l'eau, en effet, qu’ils passent leur vie ; c’est près
de l’eau qu’ils nichent ; c’est sous l’eau qu’ils cher¬
chent leur nourriture, laquelle consiste en vermis¬
seaux, en larves aquatiques, en crevettes, etc.; et pour
les saisir, l’oiseau ne voltige pas à la surface, il ne court
pas sur les berges , il se submerge peu à peu, s'aven¬
ture sous l’eau, y marche, les ailes écartées du corps,
le bec di'rigé vers le courant. Il gagne ainsi le bord
opposé, puis revient sur ses pas, toujours en marchant
sur le fond, et réapparaît à l’autre rive, sans peine et
sans efforts, comme s’il ne changeait pas d’élément.
Son plumage épais, serré et enduit d’une matière hui¬
leuse, comme celui des canards, est imperméable.
M. Hébert, qui l’a observé de fort près, rapporte que,
quand il est sous l’eau, il est « comme revêtu d’une
(( couche d’air qui le rend In-illant, comme certaines
Ib
— 242
« espèces de scarabées qui sont toujours dans l’eau au
« milieu d’une bulle d’air. »
L’Hydrobate aime l’onde pure et limpide, les cas¬
cades, les clairs ruisseaux au lit pierreux et à la pente
douce. On comprend que, pour se livrer à ces exer¬
cices, il ne peut s’accommoder de bords vaseux, ou
d’eaux troubles et bourbeuses , au lit encaissé et aux
bords escarpés.
Placé dans ces dernières circonstances, l’Hydrobate
ne procéderait-il pas autrement? et ne serait-ce pas
alors que, comme le prétend M. de la Frenaye, il pas¬
serait entre deux eaux, ou se tiendrait, les ailes ou¬
vertes, à la surface, saisissant les insectes de droite et
de gauclie„ en se laissant aller à la dérive?
Cette Famille contient un seul genre.
Genre Hydrobate. — Hydrobata.
Deux espèces d’Europe et de France composent au¬
jourd’hui ce genre. L’une, l’Hydrobate ou Gincle à
ventre noir, considérée longtemps comme simple va¬
riété locale, paraît définitivement admise.
Une seule espèce se trouve dans notre département,
c’est : l’Hydrobate à gorge blanche.
102. BlydroSîat© à gor^i-c B»laiicBie. — • Hydrobata
albicollis (Vieillot).
Synonymie : Cincle plongeur, Merle d’eau, Agassière
à ventre l)lanc.
'faille : 19 centimètres.
Description : Mâle : parties supérieures brun foncé,
nuancé de roux à la tête et au cou, de bleaiâtre au do.s
et aux scapulaires ; paupières, gorge et poitrine d’un
blanc pur ; ventre et abdomen brun roux ; ailes et
queue comme le manteau ; bec et pieds plomblés ; iris
noisette.
Femelle: Elle ne diffère du mâle que par une teinte
plus foncée aux parties supérieures, et par les dimen¬
sions moins grandes du plastron blanc.
Jeunes : plumes des parties supérieures liserées de
cendré blanc, celles des parties inférieures blanches,
liserées de brun et de cendré.
L’Hydrobate est très peu répandu dans notre dépar¬
tement ; cependant il a été observé plusieurs fois à la
naissance de l’étang de Tancarville, à l’endroit où les
eaux passent sur le sol' pierreux du chemin. Il est
moins rare dans les falaises de la mer, à Antifer et à
Fécamp, sur le bord des ruisseaux limpides qui tom¬
bent des rochers; mais il est très difficile de l’y aller
chercher. Cependant d’intrépides chasseurs l’y ont
abattu. Cette espèce étant sédentaire doit se reproduire
dans ces quartiers. Nous croyons donc bon de donner
une description très sommaire de sou nid et de ses
œufs.
Il couve sur le bord des cascades, dans les trous des
rochers, compose de mousse et d’herbes un nid volu¬
mineux, irrégulier, et le plus souvent globuleux, pré¬
sentant une seule entrée au côté. Sa ponte est de
4 à G œufs un peu ventrus, d’un blanc pur. Grand dia-
rnètrë, 25 millimètres ; petit diamètre, 19 millimètres.
Cet oiseau fuit de très loin, en poussant un cri aigu,
assez semblable à celui du Martin-Pêcheur; « il a un
« autre cri dur, crépitaut et si peu sensible qu’on le
« dirait intérieur ; ce n’est que quand deux Gincles se
« poursuivent, par suite d’empiètement de l’im sur le
« terrain de l’autre, qu’on entend ce cri. » (M. Gerbe,
dans Degland.)
Son chant d’amour est assez faible, mais d’nne
grande douceur.
DIX-SGPTIÈME FAMILLE.
ALCÉDINÉS.
Caractères de la Famille : Bec plus long que la tête,
droit, anguleux, à arête déprimée sur la mandibule
supérieure ; tarses* très courts ; doigts soudés dans
presque toute leur longueur ; corps gros, massif, ra¬
massé; queue courte, cunéiforme; habitudes rive¬
raines.
Par leur régime, leur configuration et leur genre de
vie, les Alcédinés composent une famille bien dis¬
tincte et ti'ès naturelle. Tous 'leurs caractères zoolo¬
giques les rapprochent des Insectivores; leur régime
seul semblerait réclamer une autre place, sans toute¬
fois impliquer une incompatibilité avec l’Ordre, dans
lequel nous le rangeons, à l’exemple de tous les na¬
turalistes.
Eu effet, les Martins-Pêcheurs ne sont pas pisci-
.vores seulement. On les rencontre souvent dans nos
campagnes, au bord des mares, où il n’y a point de
poissons, et où, par conséquent, ils se nourrissent
«l'insectes aquatiques. Nous savons bien que c’est là
une exception dont nous ne saurions induire qu’ils ne
/
— 245 -
soient pas piscivores par préférence ; mais nous en
pouvons conclure qu’ils ne le sont pas exclusivement,
qu’ils sont insectivores au moins par intervalles, et
que, comme tels, ils peuvent, sans inconséquençe, être
rangés dans l’Ordre que nous décrivons. Ce sont des
espèces un peu anorm,ales, il est vrai ; mais il est assez
ordinaire de trouver, jetés vers la fin d’une série,
comme pour préparer la transition, des individus ayant
des rapports avec le groupe qui va commencer, comme
l’automne a des jours qui rappellent les chaleurs de
Tété, et d’autres qui préludent déjà aux rigueurs de
l’hiver.
Admirablement doués sous le rapport de la colora¬
tion du plumage, ces oiseaux ont reçu de la nature une
forme lourde et disgracieuse : un hec fort long, une
tête trop grosse, une queue écourtée, un air stupide et
une voix désagréable. Somme toute, nous croyons
qu’ici encore les avantages sont compensés, et que
chaque espèce a eu sa part de faveurs et de disgrâces.
L’éclat même du coloris est un peu pour eux les bois
du cerf, et cause souvent leur perte. Avec un plumage
ordinaire, en etfet, et leur chair exhalant une insup¬
portable odeur de poisson, les Martins-Pêcheurs n’au¬
raient pas à craindre nos projectiles; ils ont déjà bien
assez d'ennemis !
Gomme ils couvent le plus souvent dans les trous
des berges, les rats et les crues des eaux font manquer
un grand nombre de nichées; puis vient l’hiver avec
ses rigueurs. Quelques-uns meurent de faim, d’autres
se trouvent pris en passant sons les glaces, après le
retrait des eaux ; si bien que, malgré leur grande fé¬
condité, ils composent une famille très restreinte.
Oii les trouve souvent à l’aflut, au bord des eaux
limpides, perchés sur des branches dénudées, le cou
tendu, l’œil au guet, fondant sur leur proie avec la ra¬
pidité d’une flèche : ils sont en effet si prompts que,
quand un poisson leur échappe, ils l’ont ressaisi avant
qu’il ait touché l’eau. Puis ils regagnent leur obser¬
vatoire ou la berge voisine avec leur proie , l’avalent
entière, et rejettent, comme les carnivores, les parties
solides après la digestion.
Solitaires et insociables comme les oiseaux chas¬
seurs, ils n’en ont point les brillantes allures. Ce sont
des pêcheurs patients et silencieux, aussi jaloux de
leurs limites, se partageant les cours d'eau et ne souf¬
frant point d’empiètements. « lis ont, dit Mauduyt, le
« -vol rapide et filé; mais ils ne parcourent ordinaire-
a ment que des trajets de peu d’étendue. » Ils sont, en
effet, mal constitués pour le vol et doivent, ainsi que
nous l’avons dit, être considérés comme des oiseaux
d’embuscade, et des voiliers de second ordre.
La Famille des Alcédinés contient, pour quelques
auteurs modernes, trois genres que d’autres réunissent
en un seul. C’est beaucoup de genres, en effet, pour
des espèces si peu nombreuses et si semblables ; mais
notre département ne possédant qu’une espèce, nous
n’avons point à nous occuper de cette distinction gé¬
nérique.
Geîs’ee Martin-Pècheek — Alcedo.
Caractères du genre : ceux de la Famille ; tarses très
courts et grêles ; 4 doigts, 3 en avant, 1 en arrière.
On a essayé diverses étymologies du mot Alcedo ; on
l’a fait dériver de c6Âf, mer, et de gloire ; et de
cdAr, mer, et de av^eiv (inus.), enfanter. Ces deux combi¬
naisons donneraient d/c|/do et non i^cedo. Pourquoi ne
pas chercher la racine dans £6^$-, mer, et ky.^sqç^ allié,
marié. On aurait pour premier résultat Alcedo très ré¬
gulièrement, et le sens nous paraîtrait au moins aussi
satisfaisant. Alcedo signifierait : oiseau marié à la mer,
expression énergique, pour marquer l’attachement de
l’espèce pour le rivage.
de genre ne comprenant qu’une espèce, à laquelle
conviennent tous les caractères de la Famille, une plus
ample description générique, nous paraît sans emploi.
103. Martîu-Pèclicur viilgaîrc — Alcedo his-
pida (Linné )
Synonymie: Alcyon, Saint-Martin, Martinet-Pê¬
cheur.
Taille : 16 centimètres, le hec compris.
Description : Mâle ; tête, couvertures des ailes et
scapulaires vert foncé ; dos, croupion et sus-caudales,
mouchetures à la tête et aux ailes, d’un beau bleu d’a¬
zur, à reflets métalliques; une bande roux vif part du
front, passe sous l’œil, et se termine par une tache
d’un blanc presque pur aux côtés du cou ; une seconde
bande bleu brillant s’étend de la mandibule inférieure
' à l’insertion des ailes, et sur les côtés de la poitrine ;
gorge blanc roussâtre ; parties inférieures d’un roux
marron vif, plus pâle à fabdomen ; ailes noires bordées
de vert bleu ; rectrices de cette dernière teinte ; bec
I
roux à la base, noir cà fextrémité ; pieds rougeâtres;
i}‘is brun foncé.
Femelle : semblable au mâle, avec une teinte ver-
— 248
t
dâtre sur la bande dorsale et une nuance un peu plus
sombre aux parties inférieures.
Jeunes : parties supérieures d’un vert bronzé ; bande
dorsale plus étroite et plus pâle ; tache blanche des
côtés du cou plus petite, blanc de la gorge moins pur
et plus étendu ; bec considérablement plus court.
Le Martin-Pécheur couve dans les trous des berges,
entre les racines des arbres de rivage, dans les rochers
et les falaises. Il creuse une galerie oblique, assez pro¬
fonde, et la femelle y dégorge quelques arêtes qui, mê¬
lées à la poussière des parois, composent tout le nid.
C’est là qu’elle dépose de 6 à 8 œufs, presque ronds ,
d’un blanc pur et lustré. Grand diamètre, 21 milli¬
mètres; petit diamètre, 20 millimètres. •
Cette espèce est répandue dans toutes les prairies, où
elle vit sédentaire. .Cependant elle y paraît plus nom-
breuse'en automne. Est-ce le résultat de la production
de l’été? est-ce une conséquence de l’arrivée d’individus
étrangers? Nous n’oserions rien affirmer. Nousincli-
ê
nons néanmoins pour la dernière hypothèse, parce
que nous trouvons naturel que les oiseaux, habitant le
nord, et ne pouvant plus vivre près des eaux glacées des
contrées boréales, descendent, en suivant les côtes,
dans nos régions tempérées ; d’autant pilus que, dans
les grandes gelées, ils paraissent également plus rares
dans nos localités.
Nous ne connaissons point de chant d’amour à cet
oiseau, d’une humeur sombre et chagrine. Triste et
solitaire, comme les Pics, il doit ignorer le doux lan¬
gage et les préludes du plaisir. Il est vrai qu’il se fait
entendre plus souvent au printemps; mais il répète, en
poursuivant sa femelle, ce mémo cri sauvage qu’il
I
«
9
— 249 —
pousse en- hiver, quand il pourchasse les intrus qui
braconnent dans ses eaux, ou lorsqu'il fuit, en rasant
le sol, devant le chasseur qui l’a surpris.
Gomme tous les oiseaux qui, par quelques particula¬
rités de plumage, de conformation ou de mœurs, ont
attiré l’attention de riiomme, le Martin-Pêcheur a été
l’objet de bien des récits merveilleux. Les anciens,
amis de l’exagération , entourèrent son berceau des
prodiges les plus incroyables. Tout le monde connaît
les Jours alcyoniens, jours de calme et de silence, où les
vents se taisaient, où les^flots s’inclinaient devant le
nid de l’Alcyon, flottant cà leur surface. Les jours alcyo-
niens ont passé, avec tout l’attirail de la mythologie;
et le Martin-Pêcheur a conservé, pour bien des pens,
des vertus remarquables. Ainsi Ton croit encore que,
placé après sa mort dans une armoire, le Martin- Pé¬
cheur garantit le linge et les étoffes des teignes qui les
rongent. Suspendu librement par le cou au plafond, à
l’aide d’un simple fil, il indique pour les uns le pôle
magnétique , pour d’autres la direction des vents ;
idées fausses évidemment, et qui n’ont pas besoin d’être
réfutées , puisqu'elles se détruisent d’elles-mêmes.
En effet, ou il varie, et il n’est plus dans le méridien
magnétique; ou il est immobile, et iTindi(]ue plus
les variations atmosphériques. Comme préservatif : il
est dévoré lui-même par les insectes; il ne peut donc
pas communiquer une propriété qu’il n’a pas.
JVIais c’est par son plumage le plus brillant oiseau
de nos conti-ées. « 11 semble, dit Buffon, que le Mar-
« tiii-Pêcheur se soit échappé de ces climats où le'
soleil verse, avec les flots d'une lumière plus pure,
« tous les trésors des plus vives couleurs. C’est le plus
250 —
« bel oiseau de nos climats, et il n’y en a aucun en
(( Europe qu’on puisse lui comparer pour la netteté,
« la richesse et l’éclat des couleurs : elles ont les
« nuances de l’arc-en-ciel, le brillant de l’émail, le
« lustre de la soie. »
Son nom spécifique, ispida ou mieux hispida^ hérissé,
vient, pour la plupart des naturalistes, de la nature des
plumes du vertex, susceptibles de se dresser en forme
de huppe. Nous croirions plutôt que le nom a été
donné à l’espèce à cause de la longueur qu’atteignent,
chez les jeunes, les tuyaux avant le développement des
plumes Ces longues gaines pointues leur donnent
tout à fait l’aspect dé petits hérissons.
DIX-HUITIÈME FAMILLE.
UPUPINÉS.
I
Caractères de la Famille : Bec X'ius long que la tête,
entier, légèrement arqué, trigone à la base, à mandi¬
bule supérieure dépassant l’inférieure ; narines basales,
ovalaires, membraneuses ; tarses courts, scutellés,
égalant le doigt médian, celui-ci soudé à la base avec
l’interne; ongles faibles, celui du pouce presque droit;
ailes longues, arrondies, sur-obtuses ; queue carrée,
composée de dix pennes ; deux rangées de plumes for¬
mant une huppe perpendiculaire au vertex, et que Toi-’
I
seau couche à volonté'.
Les Huppes ont des caractères zoologiques qui ne
permettent de les confondre avec aucune autre famille.
Aussi ont-elles été généralement séparées. Mais si l’on
a été d’accord sur l’établissement d’une coupe en leur
— 251
faveur, on ne l’a point été sur la place à leur assigner.
Quelques auteurs les ont rapprochées des Guêpiers,
dont elles diffèrent sous presque tous les rapports. En
général, cependant, les naturalistes modernes les clas¬
sent parmi les Ténuirostres marcheurs. C’est là aussi
qu’elles doivent trouver place d’après notre méthode,
bien qu’elle soit basée sur un principe différent.
Nous l’avons dit, nous arrivons aux oiseaux qui vi¬
vent d’insectes terrestres, et qui, par conséquent, doi¬
vent être bons marcheurs, et nous y arrivons graduel¬
lement, puisque les Turdinés et les Hydrobatinés
offrent déjà ce double caractère
Les Huppes vivent presque toujours à terre, dans les
prairies humides, où elles suivent les bestiaux, fouil¬
lant leurs excréments, piquant les herbes et les mousses,
pour saisir les insectes et les larves qui s’y cachent. On
les trouve en grande quantité en Égypte, suivant le
retrait des eaux du Nil, pour dévorer les vers, le frai
des grenouilles, les jeunes grenouilles elles-mêmes, qui
pullulent dans le limon.
La nature, en leur donnant ces habitudes terrestres,
a dû les conformer pour l’emploi ; aussi ont-elles les
pieds des bons marcheurs, et trouve-t-on déjà, dans
leurs doigts et dans l’ongle du pouce, des analogies
bien marquées, avec ceux des Bergeronnettes et des
Pi[)its.
Cette Famille contient un seul genre.
Genhe Huppe. — Upupa.
Son nom latin est une onomatopée tirée de son cri
Onp-oup. En effet, en rendant à ïii sa prononciation
252
primitive, nous avons oupoupa, c’est-à-dire le cri de
l’oisean, plus la terminaison latine. Le nom français
peut être considéré comme indiquant et son cri et la
magnifique parure de sa tête. En effet, huppe et houppe
doivent,' dans le principe, avoir formé un seul et même
mot. Au lieu donc de chercher dans le mot huppe l'é¬
tymologie du nom de l’oiseau, ce serait à lui qu’il fau¬
drait remonter, pour Irouver la racine des mots huppe
et houppe.
Le plumage est semblable dans les deux sexes , et
la mue simple.
Une seule espèce d’Europe, de France et" de notre
département.
I
\
104. Ifiippc vulg-i)ii*c. — Upupa Epops.
Synonymie : Coq des champs; Puput.
Taille : 30 centimètres.
Description : Mâle : tête, cou, gorge d’un roux jau¬
nâtre, lavé de cendré à la partie antérieure du dos ;
partie postérieure variée de noir et de blanc cendré;
une longue huppe se relevant en forme de crête, d’un
roux plus vif, avec toutes les plumes terminées de noir
et quelquefois de hlanc ; poitrine cendré roussâtre ;
ventre blanc, marqué, dans le sens des plumes, de ta¬
ches longues et étroites, d’un noir brun; rémiges pri¬
maires noires traversées par une bande d’un blanc pur,
les autres rémiges, et les couvertures alaires liserées
de blanc jaunâtre, et marquées de cinq bandes trans¬
versales blanches ; queue noire avec une bande blanche
en forme de croissant, dont la concavité est tournée
— 253 —
vers l’extrémité des plumes; bec, pieds et iris brun
noir.
En automne, les teintes sont moins vives, et les
taches du ventre plus nombreuses.
Femelle : comme le mâle en automne ; de taille un
peu plus petite.
Jeunes ; bec plus court et moins courbé ; huppe
moins haute ; couleurs moins pures , lavées de blan¬
châtre à la gorge, et de brun â la poitrine.
Les Iiu[)pes arrivent dans notre département dans les
premiers jours d’avril, et eu repartent vers le 20 sep¬
tembre, après s’y être reproduites. Elles couvent sou¬
vent sur les têtes des vieux saules des prairies, au milieu
des détritus et des feuilles sèches, quelquefois dans les
arbre? creux. Elles forment un nid très profond, où elles
déposent 4 ou 5 œufs oblongs, unicolores, variant pour
la teinte, du cendré au l'oussâtre et au vineux. Grand
diamètre, environ 24 millimètres; petit diamètre,
16 millimètres.
Les Huppes, plus répandues dans les régions méri¬
dionales, se montrent chaque année en petit nombre
dans nos localités. Elles voyagent isolément, et ne se
réunissent par couples, que dans le temps de la repro¬
duction. L’union ne survit pas au besoin qui l’avait for¬
mée, et dès que les jeunes sont assez forts pour se suf¬
fire, la famille se disperse.
Elles sont souvent à terre ; et, bien que leurs tarses
soient très courts, elles ont une démarche gracieuse, de
molles ondulations dans tout le corps. Elles ne se per¬
chent guère que pour dormir ; c’est du haut des arbres
que, le soir, et le matin, elles font entendre leur cri,
puis elles gagnent les prairies. Si parfois, dans le jour.
elles s’élèvent sur les branches, elles couchent ou re¬
dressent alternativement leur belle huppe, dont elles
paraissent très hères.
En captivité, ce bel oiseau devient très familier, il
est d’une propreté remarquable, qualité que nous
ne notons ici, que pour combattre certain préjugé
relatif à la matière qu’elles emploient, pour la crépis-’
sure de leurs nids. Que ces nids répandent une mau¬
vaise odeur, nous ne le contestons pas ; mais cela est
dû à la profondeur du nid lui-même, laquelle met les
parents dans l’impossibilité de le débarrasser des déjec¬
tions des jeunes.
Son nom Epops^ composé de o^h voix, et de stt/, sur,
marquant augmentation, comme en français, désigne
bien la nature de sa voix, relativement forte et sonore.
DIX-NEUVIÈME FAMILLE.
\
MOTACILLINÉS.
Caractères de la Famille : Bec droit, minCe, efhlé, lé¬
gèrement échancré à la pointe; narines nues, membra¬
neuses ; doigt médian plus court que le tarse ou l’éga¬
lant à peine, et uni à la base avec l’externe ; ongle du
pouce robuste et allongé ; queue ordinaire ou longue;
habitudes terrestres.
Telle que nous la comprenons, cette famille contient
des oiseaux qui se nourrissent principalement de larves
et de vers, et qui, par le régime,, succèdent bien aux
Huppes, dont nous venons de nous occuper. Les uns
recherchent les endroits buissonneux, d’autres les lieux
découverts ; ceux-ci se liennenl le plus souvent à terre ;
ceux-là sont presque toujours perchés, mais Toeil fixé sur
le sol et tout prêts à s’élancer, dès qu’un insecte aura
paru. Ils saisissent leur proie, courent quelques pas, et
regagnent bien vite leur observatoire. Leurs allures
sont vives, légères et gracieuses.
Ils ont, en g méral, l’habitude d’imprimer à leur
t
queue un mouvement de haut en bas, plus ou moins
vif, et plus ou moins régulier, d’où leur nom Motacilli-
nés de moveo, motum, remuer, et de cilleo, même signi¬
fication .
Ce sont, à quelques exceptions près, des espèces con¬
fiantes et peu farouches, paraissant plutôt rechercher
que craindre la présence de l’homme. Elles semblent
comprendre, en effet, que leurs services les mettent à
fabri de ses poursuites, et il faut convenir que , envers
elles au moins l’homme n’est pas ingrat, qu’il les ap¬
précie, les aime et respecte leur liberté.
Cette famille comprend pour nous trois genres :
1“ Genre Accenteur.
2 ' Genre Rubiette.
Genre Bergeronnette.
1“ Genre Accenteur. — Accentor.
Caractères du genre : ceux de la Famille; bec légère¬
ment conique, arrondi, plus haut que large à la base,
incliné à la pointe ; ailes moyennes, sub-obtuses, à
penne bâtarde; tarses assez lobustes, scutellés, égalant
le doigt médian ; queue carrée , de moyenne lon¬
gueur.
Les Accenteurs sont des oiseaux sédentaires et fami¬
liers, aux habitudes solitaires et terrestres. C’est en effet
près du sol qu’ils nichent, près du sol qu’ils chantent,
sur le sol qu’ils cherchent leur nourriture, laquelle
consiste en vermisseaux, enlarveseten petites graines,
caractère de transition, qui annonce déjà la fin de
l’Ordre.
Ils ont été longtemps réunis aux Sylviinés, dont ils
n’ont ni les mœurs, ni le régime ni les caractères zoo¬
logiques. Aussi la réaction s’est-elle faite, un peu exa¬
gérée, comme toutes les réactions; et Ton en a fait une
famille particulière sous le nom de Accentorinés. Il
nous semble que multiplier ainsi les familles, et les
abaisser à l’état de'^enre, a bien son inconvénient; ef
qu’une coupe générique est suffisante, pour classer ces
espèces. Nous réunissons donc les Accenteurs aux Ru-
biettes et aux Bergeronnettes, auxquels ils ressemblent
par l’appétit, le genre de vie et les habitudes. Car- soit
qu’ils marchent, soit qu’ils chantent, ils ont aussi
une sorte de frémissement dans les ailes et la queue,
caractère particulier à la famille, et nouveau rapport
avec les Motacillinés.
L’agrément de leur chant a été surfait;-c’est un simple
couplet de peu d’étendue, maigre et un peu criard, qui
est loin de justifier le nom de Rossignol dliivcr^ qu’on
leur a quelquefois donné, et leur dénomination géné¬
rique acccntor, mot de basse latinité, qui signifie chan¬
teur.
Leur mue est simple ; le plumage, semblable dans
les deux sexes, et peu différent dans les jeunes.
257 —
Trois espèces d’Europe, dont deux de France et de
notre département ;
1“ Accenteur Mouchet.
2® Accenteur alpin.
105. Accenteur Moucliet. — Accentor modula-
ris (Vieillot).
Synonymie : Traîne-buisson ; Fauvette ou Rossignol
d’hiver ; Brunette.
4
Taille : environ 14 centimètres.
Description : Mâle : tête et cou cendré foncé, marqué
de taches brunes au vertex ; manteau roux fortement
moucheté de brun ; région parotique brune avec des
raies blanchâtres; parties inférieures d’un cendré lavé'
de roux aux côtés de la poitrine, marqué de quelques
taches brunes aux flancs, et passant au blanchâtre à
l’abdomen ; sous-caudales brunes frangées de gris ;
rémiges et rectrices brunes avec un liseré roux ; bec
noir; pieds roussâtres; iris brun.
Femelle : de teinte générale un peu plus rembrunie;
le cendré de la tête moins pur, et marqué de taches
plus larges, au vertex et au cou.
Jeunes : tête et cou gris pâle, tacheté de noirâtre ;
devant du cou et poitrine fortement lavés de roux, et
marqués de taches brunes.
L’Accenteur Mouchet est sédentaire et très com-
*
mun dans notre département ; il se reproduit dans les
buissons épais, et plus particulièrement dans les haies
d'épines. Son nid, construit avec art, est composé de
petites racines , de mousse et de quelques herbes,
et matelassé à l’intérieur de bourre et de crins. Sa
ponte est de 4 à 6 œufs un peu ventrus, d'un beau
17
l
--- 258 —
bleu uiiiibrnie Grand diamètre, environ 18 milli¬
mètres; petit diamètre, 14 millimètres.
Cette espèce niche de très bonne heure ; nous en
avons vu couver au milieu des neiges tardives, et dès
les premiers jours de mars.
Ce petit oiseau vit solitaire dans nos jardins, nos
cours et nos vergers. Calme et silencieux en hiver, il
pousse à peine quelques cris maigres et enroués, et erre
de buisson en buisson, en cherchant les larves, les in¬
sectes et les petites graines, d’où son nom Traîne-
buisson. Peu rusé, peu défiant, il donne alors dans
tous les pièges.
Au printemps le mâle devient plus ardent et plus
querelleur ; il ne quitte plus sa femelle, et poursuit à
outrance les importuns, qui viennent troubler la paix
de son ménage. On le voit alors, perché au sommet
des buissqns, entonner son chant d’amour cadencé,
mais grêle et strident, comme son cri d’appel, et
peu en rapport avec le nom de modw/a?ns, par lequel on
le désigne, et qui implique, ce nous semble, une idée
de mélodie douce et harmonieuse.
On fait généralement dériver son nom Mouchet, des
petites mouches qu’il saisit quelquefois. Ce serait ba¬
ser une désignation sur une habitude accidentelle. /
Nous pensons plutôt que cette dénomination est tirée
des mouchetures de son manteau , comme celle de
Brunette, qu’on lui donne dans nos campagnes, a pour
origine la couleur sombre et rembrunie de son plumage.
106. AcceiiteMi» aSpin. — Accentor alpinus
(Bechstein).
Synonymie : Accenteur Pégot.
■ Taille : 18 centimètres.
Description : Mâle : parties supérieures cendré 'rous-
sâtre, marquées de taches d’un brun noir, petites au
vertex, peu apparentes au cou, très-étendues au man¬
teau, et presque milles au croupion; scapulaires bor¬
dées de jaunâtre ; couvertures alaires cendrées, termi¬
nées do noir et marquées de taches d’un blanc pur, for¬
mant deux bandes sur l’aile; rémiges et rectrices
brunes, avec les rémiges tertiaires, etlesdeux rectrices
latérales, frangées de blanc à l’extrémité, les autres
bordées et terminées de jaunâtre ; gorge blanche, poin-
tillée et encadrée de noir ; parties inférieures cendré
jaunâtre, fortement marquées de roux aux côtés de la
poitrine et aux flancs, et de brun roux près des cau¬
dales ; bec brun en dessus, jaune à la base de la man¬
dibule inférieure ; pieds jaunâtres ; iris brun clair.
Femelle : comme le mâle, avec des teintes moins
vives.
L’Accenteur alpin habite, comme l’indique son
nom, les Alpes et les montagnes les plus élevées du
midi de l'Europe, où il se reproduit. Il niche à terre,
et pond des œufs d’un bleu pâle uniforme, couleur qui
paraît être la nuance ordinaire des œufs du genre.
Grand diamètre, 19 millimètres; petit diamètre,
14 millimètres.
C’est un oiseau triste et solitaire, restant des heures
entières immobile, perché sur une pierre, et se laissant
approchera quelques pas.
L’hiver, quand tout est mort et désolé dans ces re¬
traites sauvages, il descend dans les plaines, et s’aven¬
ture quelquefois fort loin de son séjour habituel. C’est
alors qu’il se montre dans notre département; mais ses '
— 260
apparitions y sont rares et très irrégulières. Nous
pensons donc que c’est par une erreur du signe con¬
ventionnel, que notre honoi able collègue l’a indiqué
comme de passage régulier, dans les rochers d’Ori-
val.(l).
2® Genre Rubiette. — Erythagus (Decland).
Caractères du genre : Bec fin, assez court, assez large
à la base, échancré à la pointe ; narines elliptiques,
membraneuses ;yeux grands, fixes : tarses longs, recou¬
verts en avant d’une grande scutelle ; queue ample,
légèrement épanouie et carrée.
Les Rubiettes, rangées primitivement dans la grande
famille des Sylviinés, en ont été distraites par M. Gerbe,
qui lésa rapprochées des Merles, dont « elles ont les
allures, la gloutonnerie, la vivacité, le vol, le chant
flûté, le régime, etc., » tandis qu’elles diffèrent des
Fauvettes par l’appétit, par les mœurs, et par plusieurs
caractères zoologiques : la longueur des tarses, la di¬
mension de l'ongle postérieur, la grandeur de l’œil, etc.
Cette séparation peut, à notre avis, compter parmi les
nombreux services queM. Gerbe a rendus àla science.
Nous nous sommes donc empressé d’adopter son
opinion, et, en séparant les Rubiettes des Sylviinés,
nous avons cru devoir les rapprocher encore des Ber¬
geronnettes, à cause des rapports de mœurs, qui exis¬
tent entre ces dernières et quelques Rubiettes, parti¬
culièrement les Gorges-bleues , chez lesquelles on
t
retrouve les habitudes terrestres, le régime vermivore,
(1) Bulletin (le& Amis des ScAenres nni.de. lUmen^ 1865, p. 91.
et la démarche facile, qui sont les caractères distinctifs
de la famille des Motacillinés.
Les oiseaux qui composent ce genre sont inquiets,
tristes et peu sociables ; ils fréquentent, en général, les
lieux bas et humides, et le voisinage des eaux. Tous
prennent à terre leur nourriture, et ont les attributs des
bons marcheurs.
Ce genre, dont la création est due à G. Cuvier, a été
augmenté par Degland des Rossignols et des Calliopes.
Il compte, pour ce dernier aute.ur, 7 espèces et une va-
riélé desquelles on a fait aujourd’hui presque autant
de genres. Nous trouvons, comme Degland, qu’aucun
caractère extérieur, saisissable et un peu important, ne
justifie ce démembrement, qui dès lors n’est plus
qu’une source de confusion, et nous maintenons intact
le genre Rubiette.
Toutes les espèces qui le* composent portent, dans
quelque partie de leur livrée, des teintes d’un roux vif,
d’où leur vient le nom générique Erythacus^ de
rougeur, et le mot français Rubiette en est la traduc¬
tion simple.
Ce genre comprend, pour les naturalistes modernes,
9 espèces d’Europe, dontl’une, le Rouge-queue de Caire
est encore douteuse, et une autre, la Gorge bleue sué¬
doise, est regardée par Degland comme une simple va¬
riété. Ces deux espèces ne se montrant point . dans
nos localités, il nous suffit de les indiquer ; 8 se rencon¬
trent en France, et 6 appartiennent à notre département ;
1° Rubiette Rossignol, 4’ Rubiette Tithys,
2» Rubiette Philomèle, 5" Rubiette Rouge-gorge.
.3® Rubiette Rouge-queue, 6® Rubiette Gorge-bleue.
— 262
107. Rubiette Rossignol. — Erythacus Luscinia
(Degland).
Synonymie : Rossignol.
Taille : 16 centimètres.
Description : Mâle : parties supérieures d’un brun
roux, plus ardent au croupion ; parties inférieures et
tour des yeux d’un cendré gris, plus rembruni aux
côtés de la poitrine et aux lianes; rémiges comme le
manteau; rectrices d’un roux assez clair; bec brun,
légèrement jaunâtre à la partie basale du bord des
mandibules; pieds roussâtres; iris brun foncé.
Femelle ; un peu plus petite que le mâle, avec les
teintes moins pures, l’œil plus petit et les tarses plus
courts.
Jeunes avant la mue : fond du plumage comme les
adultes, avec une frange jaunâtre au bord de toutes les
plumes du manteau, et des stries de même couleur à la
poitrine et aux flancs.
Le Rossignol est répandu dans toute la France, et
très commun dans notre département, où il arrive du
5 au 10 avril, selon la douceur de la température, et la
direction des courants atmosphériques. Il voyage la
nuit, et se fait entendre dès son arrivée, comme pour
payer sa bienvenue, et saluer ses hôtes nouveaux.
Quelquesjours après, il vaque aux soins de la repro¬
duction; établit à terre ou fort près de terre, dans
quelque cépée, sur les rameaux traînants des sapins, dans
les lierres, etc., un nid assez volumineux et très pro¬
fond, qu’il compose de feuilles sèches, d’herbes et de
quelques crins, matières peu liantes, et qui le rendent
très peu solide. La femelle y dépose de 4 à 6 œufs uni-
263
colores, olivâtres ou bronzés. Grand diamètre, 20 mil¬
limètres; petit diamètre, 15 millimètres.
11 est à remarquer que les mâles sont toujours beau¬
coup plus nombreux que les femelles, c’est ce qui ex¬
plique la rareté relative de leurs nids, d’ailleurs bien
dissimulés, et par la place qu'ils occupent, et par la
matière dont ils sont composés. Il résulte encore de
cette disproportion des sexes que, quand on tue un
mâle accouplé, il s’en présente immédiatement un
autre pour consoler la veuve, qui convole bientôt aune
nouvelle union.
Ces oiseaux aiment surtout les lieux couverts, acci¬
dentés, et exposés au soleil. Ils sont très curieux,
peu déliants, et donnent dans tous les pièges, pourvu
qu’ils les voient tendre. Tout ce qui est insolite leur
port'e à l’œil, et leur curiosité leur coûte souvent la
vie ou la liberté. En effet l’homme, dans son désir
de posséder, devait chercher à s’approprier cette es¬
pèce, et comme les vieux s’accoutument facilement à
l’esclavage, et qu’ils chantent presque aussitôt après
leur incarcération, on les préfère aux jeunes, qui sont
difficiles à élever, et dont la voix n’acquiert toute son
étendue qu’à l’âge d’un an.
Le Rossignol est le chantre le plus brillant de la na¬
ture, aucun oiseau ne l'égale pour le moelleux des sons,
la pureté du timbre et l’éclat des roulades. Son organe,
fort et vibrant, est en même temps plein de douceur et
d’harmonie. Jamais l’oiseau ne se répète, du moins ser¬
vilement. S’il redit une strophe, ilia varie, l’étend et
l’embellit encore. Sa voix a de plus une puissance
étonnante; on a calculé que, par un temps calme et
f
pur, on l entend à plus d’un kilomètre, et qu’elle a.
- 264
par conséquent, une portée égale, sinon supérieure à
celle de Thomme.
Malheureusement, selon l’expression vulgaire, il
perd sa voix à la vue de ses petits ; et, si le chant du
Rossignol n’est pas interrompu plus longtemps, c’est
que les célibataires, dont les désirs n’ont point été
satisfaits, et qui ignorent les soucis de la paternité,
continuent leurs harmonieux concerts. Mais dès le com¬
mencement de juin, les désirs s’éteignent; et les
chants, avec eux.
En captivité, on peut faire chanter le Rossignol plu¬
sieurs fois, en entourant sa cage de verdure, et en lui
faisant ainsi un printemps artificiel.
Si l’effusion de l'amour est, chez le Rossignol,
pleine de fraîcheur et de charme, son cri de détresse
est rauque, dur et fort désagréable.
Son nom latin Luscinia est assez improprement com¬
posé de lux, lucis, lumière, et de cano, je chante. Cet
oiseau, en effet, ne salue point l’aurore ; mais il chante
presque toute la nuit, et il ne se tait guère que pendant
les ardeurs du midi. On fait dériver son nom français du
«
diminutif /.U/.9dnio^a. Nous donnons, sous toute réserve,
cette étymologie , qui nous paraît un peu risquée.
108. Itiibîcttc IMillomèlc. — Erythacus Philo-
mêla (Degland).
Synonymie : Grand Rossignol.
Taille : 18 centimètres.
Description : Mâle ; parties supérieures d’un roux
plus rembruni que chez VErythaciis Luscinia; parties
inférieures cendrées, avec les flancs d’un brun assez
foncé ; rémiges comme le manteau ; rectrices d’un
— 265 —
«
roux sombre et moins ardent, que dans le précédent;
bec, pieds et iris bruns.
Femelle : semblable au mâle, de taille un peu
moins forte, avec l’œil moins grand et les tarses' plus
courts :
Jeunes : comme ceux du Rossignol, dont ils ne dif¬
fèrent que par une taille un peu plus grande.
Nota.. — « Le plumage de cette espèce a des teintes
« bien plus sombres que celui de la précédente, et,
« sous ce rapport, on peut dire que le Philomèle est au
« Rossignol commun, ce que la Verderolle est à l’Ef-
« farvatte. (Degland.) •>
Cette Rubiette, commune dans les parties orientales
de l’Europe, se rencontre assez fréquemment en Es¬
pagne et en Italie, et quelquefois en Suisse. Elle se
montre également en France et dans notre départe¬
ment. Nous avons dans notre collection un mâle adulte
pris en septembre. C’est, pensons-nous, l’époque où
cet oiseau s’y montre le plus souvent. Nous ne sau¬
rions dire s’il niche chez nous; ce que nous croyons
pouvoir affirmer, c’est qu’il est plus confiant que le
précédent. Il a, du reste, les mœurs, les habitudes, le
régime et le mode de nidification du Rossignol ordi¬
naire, dont il ne difî’ère que par la taille, par le plu¬
mage plus rembruni, par le chant moins doux, moins
grave, mais plus étendu, plus vibrant, et aux roulades
plus prolongées.
M. l’abbé Vincelot fait dériver, avec Napoléon Lan¬
dais, de <piKoç, ami, et de chant, son nom Philo-
mela. La voix mélodieuse de l’oiseau semblerait justi¬
fier, en effet, cette étymologie. Mais ici se présente une
266
petite difîiculté, c’est la quantité de Te bref dansme/os
{(jLèKQç), et long dans Philomela.
« Qualis populea mœrens Philomela sub umbra... »
« Argutum cujus prodit ab oremelos... »
On ne peut pas admettre une erreur de mesure, dans
une langue où la voyelle longue et la brève sont re¬
présentés par des caractères différents, ni mettre une
faute de quantité sur le compte de l’immortel auteur
des Géorgiques. Il faut donc chercher une autre ra¬
cine : Philomela^ venant de «/âo*,', ami, et de bre¬
bis, serait d’une ilgoureuse exactitude, si l’on pouvait
faire concorder la signification, avec les récits delà
mythologie,
Philomèle, déshonorée et transformée en l’oiseau
qui conserve son nom, fuit la colère de Térée et gagne
les lieux déserts, que le crime n’a point souillés. Mais
le goût de la solitude ne s’improvise pas ; elle cherche
la société des animaux paisibles et innocents, des
chèvres, des brebis, /xnÂct, qu'elle a toujours aimées,
qu’elle conduisait peut-être ( pourquoi pas? Kachel
gardait bien les troupeaux de son père) ; et elle a con¬
servé, après sa métamorphose, ses tendres sympathies;
elle continue de les fréquenter, de les aimer ; elle vit
près d’eux, leur redit ses malheurs,
. . . miser abile carme n
Intégrât .
Nous soumettons cette étymologie à nos mai très
dans la science, et nous accepterons avec empresse¬
ment une explication plus satisfaisante.
267
A propos de rectifications, il en est une encore qui
nous paraît avoir quelque valeur, et qui se rattache àla
fable de Philomèle. On a écrit, nous ne savons sur
quelle autorité, que Térée, poursuivant les deux sœurs,
fut changé en Épervier ; et, comme le fait n’a qu’une
portée scientifique très secondaire, beaucoup d’au¬
teurs, même des plus sérieux, l’ont admis sans le con¬
trôler, '
$
. dessus la foi d’autrui.
11 y a erreur de nom. C’est Nisus, poursuivant
Scylla, qui fut transformé en Épervier. De là le nom
du rapace : Épervier Nisus, Accipiter Nisus {[).
Quant à Térée, « il est changé en un oiseau dont la
« tête est ornée d’une huppe ; sa lance devient un bec
« très long, et il porte le nom Epops (2). »
Tout y est, la description et le nom de l’oiseau. Ce
fut donc en Huppe, Upupa Epops, que fut métamor¬
phosé Térée.
Que des naturalistes ne soient point allés demander
leurs renseignements à Ovide, cela n’a rien d’éton-
nant. Ce qui nous paraît fort, c’est que l’annotateur
d’Ovide ait ajouté, pour l’intelligence du texte
« Procné fut changée en Hirondelle . Philomèle en Ros-
(1) Apparet liquido sublimis in aëre Nisus
Et pro purpureo pœnas dal Scylla capillo _
ViiiG., üeorg., lib. i®*', v. 404 et 405.
(2) A' ertitur in volucrem cui staiit in vertice crislæ,
Proniinet immodicum pro longa cüspide rostrum,
Nomen Epops volucri _
0\]i)E, Mélain., lib. iv.
— 268 -
signol, et Térée en Épervier. « Voilà comme on écrit
riiistoire !
. 109. SSiflbicttc Koiig^c-qweuc. — Iilrythacus Phœ-
nicuriis (Degland).
Synonymie : Rossignol de muraille; Bec-Fin de mu¬
raille; Bâtard Rossignol .
Taille : environ 14 centimètres
Description : Mâle en été : parties supérieures cen¬
dré bleuâtre ; croupion, sus-caudales et rectrices d’un
roux ardent, à l’exception des deux médianes, qui sont
brunes dans leurs deux tiers postérieurs ; front et raie
sourcilière d’un blanc pur; gorge, joues et devant du
cou d’un noir profond; parties inférieures, roux vif,
plus pâle au milieu du ventre et à l’abdomen ; rémiges
brunes, liserées de gris roussâtre , pieds plombés ; bec
et iris noirs.
Mâle en aatomne : mêmes teintes , mais moins
pures ; elles deviennent plus tranchées au printemps,
par l’usure des barbules.
Femelle : tête et cou bruns, lavés de bleuâtre; man¬
teau brun gris ; lianes , sus-caudales et rectrices d’un
roux terne.
Jeunes : d’un brun noirâtre, frangé de roux plus
pâle aux parties inférieures ; rectrices d’un roux jau¬
nâtre.
Le Rouge-queue arrive dans notre département dès
la fin de mars ou dans les premiers jours d’avril. Il se
répand en grande abondance dans les villes, dans les
fermes et dans les futaies. 11 couve dans les trous des
murs ou dans les creux des arbres, compose son nid de
— ‘2Ü9
mousse, de crins et de plumes, et pond de 4 à
6 œufs d’un beau bleu uniforme , un peu plus ver¬
dâtres, plus petits et plus allongés que ceux de l’Ac-
centeur Mouche t. Grand diamètre, environ 17 milli¬
mètres ; petit diamètre, 13 millimètres.
Il fait deux nichées par an.
Ce petit oiseau, aux couleurs vives et tranchées,
vient dans nos jardins, jusqu’au centre des villes. Nous
le voyons voltiger sur le haut des tuteurs, agitant la
queue d’un mouvement convulsif, tombant à terre
poujr saisir un insecte, courant prestement quelques
pas, et regagnant un point culminant pour se remettre
en observation.
Le matin et le soir, il s’établit à la crête d’un pignon,
au sommet d’une cheminée, sur une girouette, et fait
entendre un chant assez doux, assez flùté, mais d'une
fatigante monotonie.
Il devient insupportable par son cri de détresse sec
et précipité, quand ses petits sont menacés ou qu'ils
quittent le nid. Le mâle et la femelle s’agitent alors,
voltigent et se démènent, en remplissant l’air de leurs
accents plaintifs.
Son nom, Phœnicurus^ de rouge, et de ovpct^
queue, est bien appliqué, mais il le distingue mal du
suivant. Il est regrettable qu’on n’ait pas choisi une
expression plus caractéristique. Albifrons. cà front blanc,
par exemple, eût mieux donné la dilférence spécifique.
»
110. Rubiette Tltliys. — Érythacus Tithys. (De-
gland).
Synonymie : Rouge-queue; Bec* tin Rouge-queue.
Taille ; 15 centimètres.
~ 270 —
Description : Mâle en été : parties supérieures d’un
cendré très-foncé, fortement lavé de noir; capistrum,
joues, gorges, côtés et devant du cou. et toute la poi¬
trine d’un noir mat ; flancs cendrés ; rectrices primaires
noires lavées de cendré foncé; les secondaires large¬
ment frangées de cendré presque blanc ; sus-caudales
et rectrices d’un roux ardent, à l’exception des deux
médianes, qui sont brunes dans toute leur étendue;
bec, pieds et iris noirs.
Mâle en automne : mêmes teintes, mais moins tran¬
chées, chaque plume portant un liseré cendré, qui dis¬
paraît par la mue ruptile du printemps.
Femelle : cendré brun aux parties supérieures ; d’un
gris roussâtre aux inférieures ; sus-caudales et rec¬
trices d’un roux terne.
Jeunes : cendré roussâtre en dessus, plus pâle en
dessous, avec toutes les plumes frangées de brun; sus-
caudales chamois ; queue d’un roux pâle.
Cette espèce se distingue delà précédente, surtout à
l’absencè de tache blanche au front.
,Le Tithys, sédentaire dans les Basses-Alpes et la
Provence, répandu dans beaucoup de régions de l’Est
de la France, et commun à Lille, est rare dans notre
département, où il se reproduit cependant chaque an¬
née. Nous avons vu à Dieppe un couple de ces Ru-
biettes qui s’était établi sur l’église Saint- Lemi; et
M. Hardy nous a assuré que, depuis dix ans, il nichait
à la même place.
C’est dans les trous des vieux murs et les crevasses
des rochers, que cet oiseau place son nid, composé de
mousse, d’herbes, de crins et de plumes. Sa ponte est
de 5 à 6 œufs , d’un blanc pur et lustré. Grand
diamètre, 18 millimètres; petit diamètre, 13 mil¬
limètres.
Il a beaucoup des mœurs et des habitudes du Rouge-
queue ordinaire, même mouvement, de vibration de la
queue, même manie de chanter le malin et le soir au
sommet des édifices; même cri de détresse plaintif et
fastidieux.
Plus farouche et plus défiant, il abandonne son nid
dès qu’on l’inquiète, se montre moins dans les jardins,
et descend même peu à terre. Tl fréquente surtout les
endroits rocailleux et cherche sa nourriture dans les
interstices des pierres; cependant on le voit quelque¬
fois dans les lieux humides, sur le bord des cours d’eau
et dans les champs fraîchement labourés.
Il arrive en même temps que le précédent, et repart
à la même époque, c’est-à-dire à la fin de septembre.
C’est de son cri d’appel H ti, que paraît venir son nom
Tithys.
111. Httliiette Roiig;e-s;or^c. — ÉrythacusRube-
cula. (Degland).
Synonymie : Besée ; Marie Godrèe\
Taille : environ 15 centimètres.
Description : Mâle : parties supérieures vert olive
foncé; front, gorge, devant du cou et poitrine d’un
rouge légèrement orangé ; côtés de la poitrine cendrés;
ventre blanc lustré ; une petite tache rouge à l’extrémité
de chaque couverture moyenne des ailes ; rémiges et
rectrices brunes liserées d’un roux olivâtre; bec, pieds
et iris noirs.
Femelle ; semblable au mâle, avec le [daslron rouge
plus pâle et moins étendu.
, Jeunes en premier plumage : parties supérieures
brunes frangées de roussâtre; parties inférieures, jaune
olive, marqué de brun.
Le Rouge-gorge, commun dans toute l’Europe, est
sédentaire et très répandu dans notre département. Il
couve à terre, entre les racines des arbres, sous une
touffe d’herbe, au revers d’un fossé, et fait un nid vo¬
lumineux, composé à l’extérieur de feuilles sèches,
d’herbes et de mousse, et garni à l’intérieur de ma¬
tières plus molles, bourre, crins, plumes, etc. Sa ponte
est de 5 à 7 œufs obtus , relativement très volu¬
mineux, d’un blanc jaunâtre avec des taches de même
nuance, mais plus foncées, quelquefois nombreuses et
fondues, quelquefois plus distinctes et formant cou¬
ronne au gros bout. Grand diamètre, 20 millimètres;
petit diamètre, 15 millimètres.
Il habite en été les grands bois, les lieux incultes et
humides. En hiver, les uns émigrent, la plupart s'appro¬
chent des habitations; quelques-uns restent dans leurs
séjours déserts et n’y vivent, par un prodige d’absti¬
nence, que de larves, de petites chrysalides, et, peut-
«
être un peu, de la graisse qu’ils ont acquise en automne.
C’est un oiseau priinesautier, curieux et niais, don¬
nant tête baissée dans tous les pièges, se familiarisant
facilement, venant, à deux pas du bûcheron, recueillir
les miettes de son modeste repas, s’introduisant même
dans les habitations.
J’ai vu à Bonsecours deux Rouges-gorges qui s’é¬
taient établis, à l’entrée de l’hiver, dans une maison ha¬
bitée. Les maîtres leur firent les honneurs de chez eux en
personnes bien apprises, et nos deux étrangers s’accom¬
modèrent fort bien de l’hospitalité, qu’on leur ofTi'ait de
— 273 —
si bonne grâce. 11 semblaient même chercher à réconi-
\
penser leurs hôtes par leur grâce et leur gentillesse.
C’était chose curieuse de voir ces petits oiseaux, quand
arrivait la laitière, venir, en faisant leurs révérences,
se percher sur la mesure, et hoire à sa main le lait
qu’elle versait. Au mois d’avril, le couple reprit sa
liberté ; mais il ne s’éloigna guère, et couva à deux pas
de ses nouveaux amis (1).
Ce petit oiseau si gracieux, si gai, si pétulant dans
tous ses mouvements, est très irascible. Il se cantonne,
définit ses limites; et, si quelque autre s’y montre,
c’est une cause de guerre et de combats acharnés. On
est tout surpris de voir s’allumer un si grand courroux,
dans une organisation si frêle et si chétive.
Le Rouge-gorge est un de nos plus délicieux chan¬
teurs, et ses accents ont d'autant plus de charme, qu’il
les fait entendre quand les autres oiseaux sont sans
voix. Au milieu des rigueurs de l’hiver, il interrompt
seul le silence de mort qui pèse sur la nature, et fait un
doux contraste avec les cris de détres,se des autres
espèces. Le soir ceux-ci ont déjà la tête sous l’aile ; le
matin ils sont encore endormis, ou dans le silence du
réveil, que le Rouge-gorge jette, sans art et sans
apprêt , ses ritournelles mélancoliques et fraîches,
comme les lieux qu’il habite.
Il aime beaucoup à se baigner; aussi le rencontre-
t-on souvent près des sources et des cours d’eau.
Son nom, Rubecula, diminutif de ruber, rouge, lui
convient bien, puisque c’est, de toutes les Rubiettes,
(1) (^e lait pourra paraître exagéré; mais nous pouvons le cer¬
tifier exact dans tous ses détails.
18
4
— 274 —
celle chez laquelle la cuuleur i*ouge occupe le moins ,
d’étendue.
112. Rubîcttc Gorg;c-hleuc. — Erythacus cyane-
cula (Degland).
Synonymie : Bec ün Gorge-bleue.
Taille : environ 15 centimètres.
Description : Mâle en été : parties supérieures cendré '
brun, plus foncé au centre des plumes, surtout à la
tête; raie sourcillière blanc roussâtre; gorge, devant
du cou et haut de la poitrine d’un beau bleu d’azur à
reflets, marqué au milieu d’une tache blanc argentin, et
encadré d’une triple bande noire, blanche et rouge ;
abdomen d’un blanc gris, plus foncé aux flancs et sur
les cuisses; sous-caudales rousses; rémiges brunes;
rectrices médianes de même couleur, toutes les laté¬
rales d’un roux vif, terminées par un large ruban noir;
bec, xheds et iris brun noir.
Mâle en automne : gorge gris cendré ; tache blanche
\
lavée de roussâtre; bleu de la poitrine déjà éclatant,
mais frangé de blanc; le reste comme en été.
Femelle en été : parties supérieures comme le mâle ;
gorge et poitrine d’un bleu légèrement cendré ; tache
blanche non reflétante et lavée de roux ; une ligne
noire, partant de la mandibule inférieure, se prolonge
sur les côtés du cou, et rejoint la frange de même cou¬
leur qui encadre le bleu; bande rouge très pâle et peu
apparente.
Femelle en automne : gorge d’un blanc jaunâtre ;
bleu de la poitrine à peine visible.
Jeunes avant la première mue : d’un roux largement
frangé de brun aux parties supérieures ; poitrine et cou
de même couleur; ventre blanc marqué 'et lavé de
brun.
Après la première mue : ils ressemblent à la femelle
en hiver. On distingue les mâles à la teinte bleue des
moustaches et du plastron. Chez la femelle, la mouS”
tache est noire et se confond avec le hleu de la poi¬
trine, lequel est peu apparent et fortement lavé de
noir.
Les Gorges- bleues sont-de double passage dans notre
département, en aoiit, en septembre, et dans les derniers
jours de mars. Au passage du printemps, elles n’appa¬
raissent que par des vents d’Est, Sud-Sud-Est, et re¬
partent presque aussitôt. Quelques couples se sont
cependant reproduits dans nos localités ; mais ce sont
de rares exceptions. En automne, elles arrivent par les
vents d’Est, Nord-Est, et séjournent plus longtemps.
Nous en avons vu, à cette époque, habiter plus d’un
mois la même touüe de roseaux.
Elles couvent dans les buissons et les herbes aqua¬
tiques, sur les têtes des saules, quelquefois dans les
trous des berges, construisent leurs nids de radicules,
de mousse et d’herbes, et'le garnissent â l’intérieur de
crin et de plumes. La ponte est de 4 à 6 œufs, pointus
aux deux bouts, d'un bleu pâle, quelquefois uniforme,
quelquefois marqué de légères taches roussâtres.
Grand diamètre, environ 18 millimètres; petit dia¬
mètre, 1 5 millimètres.
Gueneau de Montbeillaid compare la Gorge-bleue
au Rouge-gorge, et trouve â ces deux espèces beaucoup
de rapports dans le faciès et le genre de vie. Bechstein,
au contraire, la considère comme faisant le passage
entre le Rouge-qiîeue et la Bergeronnette grise. Nous
27G -
avons eu roôcasioii d’observer plusieurs fois ce char¬
mant oiseau, et notre opinion, loin d'être en diver¬
gence avec celle de ces deux auteurs, tend au contraire
à les affirmer et à les concilier.
Nous pensons donc que la Gorge-bleue est bien l’es¬
pèce de transition entre les Rubiettes et les Bergeron¬
nettes, mais nous lui trouvons plus de rapports avec
le Rouge-gorge qu’avec le Rouge-queue.
Elle n’a de ce dernier ni le mouvement précipité de
la queue, ni l’habitude de brancher, ni la démarche, ni
le faciès. Nous lui trouvons, au contraire, les goûts
terrestres et déjcà un peu aquatiques du Rouge-gorge.'
Elle aime, comme lui, à se baigner et à courir preste¬
ment, l’aile traînante, la queue haute et épanouie; elle
a ses tarses longs, ses gestes, son port et son vol fré¬
tillant. Mais si on la trouve dans les jardins et les lieux
couverts, dans les pièces de choux et de carottes, on la
rencontre le plus souvent, comme la Bergeronnette,
dans les endroits submergés, où elle se tient sur les
détritus flottants et sur les bords vaseux. C’est en rai¬
son de ces habitudes que nous l'avpns rangée à la fin
du genre. Tl nous semble que, ainsi placée, elle pré¬
pare bien le passage des Rubiettes aux Bergeron¬
nettes.
Nous ne connaissons point son chant d’amour, qui,
d’après Frisch et Bechstein, est doux, flûté et très har¬
monieux. Au moment du passage où nous l’avons ob¬
servée, époque de fatigue et de préoccupation pour ces
petits voyageurs, elle ne chante point, elle pousse un
cri d’appel sec et peu agréable ; mais ce n’est point sur
cet accent de l’inquiétude qu’il faut juger du mérite de
son chant. On rapporte qu’elle se fait entendre fort
— 277
avant dans la nuit ; et que, le jour, elle s’élève dans les
airs, et y pirouette en répétant son joyeux refrain, avec
la grâce et la légèreté de la Grisette.
Ce bel oiseau s’apprivoise facilement; mais, réduit
en captivité, il perd bientôt ses riches couleurs, qui se
ternissent, s’effacent et disparaissent meme complè¬
tement.
Son nom Cyanecula, diminutif de cyanea^ venant lui-
même de y.vcivo^^ bleu céleste, convient bien à cette
Gorge-bleue, que, par une anomalie étrange, on désigne
ordinairement parle mot Suecica. Nous comprendrions
cette dénomination appli(]uée à l’espèce ou variété à
tache rousse, qui habite les régions boréales, la Suède
et la Laponie ; mais nous ne pouvons nous résigner à
laisser à un oiseau qui ne pousse point ses migrations
au-delà du nord de la France, et qui, par conséquent,
ne paraît jamais en Suède, le nom spécifique Suecica,
Suédois.
Les individus sans tache à la poitrine, et que le pas¬
teur Brehm a élevés au rang d’espèce, sous le nom de
Sylüiçf^ Wolfii, ne sont considérés que comme une va¬
riété, et regardés par quelques auteurs comme de très
vieux mâles. Ils n’offrent, en effet, outre l’absence de
tache blanche, qu’une légère différence dans la lon¬
gueur des tarses. J’ai tué cette variété le 24 mars 1865,
dans un nombreux passage de Gorges-bleues ordi¬
naires.
3*^ Genre Bergeronnette. — Motacilla.
Caractèi'cs dugenn : Ceux de la Famille ; bec grêle,
snbiilé, plus court que la tête ; rémiges tertiaires très
allongées, la dernière atteignant l’extrémité des pri¬
maires; ailes longues, sub-aiguës ; queue très longue,
composée de 12 pennes étroites ; tarses plus longs que
le doigt médian ; ongle du pouce égalant ou dépassant
ce doigt.
Nous réunissons, à l’exemple de Degland, dans le
genre Bergeronnette, les deux genres rnodernes Nota-
cilla et Buclyles^ parce qu’il nous semble que la légère
dilférence de longueur et de courbure de l’ongle du
pouce — seul caractère sur lequel est basée la distinc¬
tion générique — ne suffit point à motiver la sépara¬
tion d’espèces si semblables, sous le triple rapport du
régime, des mœurs et de la configuration.
On a dit, à l’appui de la coupe nouvelle , que les es¬
pèces désignées sous le nom de Lavandières, G. 31ota-
cilla, sont plus aquatiques; et que les Bergeronnettes
proprement dites, G . Budy tes , ont des mœurs plus cham¬
pêtres. Nous n’oserions pas soutenir le contraire; mais
nous pensons que ce ne serait pas un motif, et nous
trouvons d’ailleurs que ce caractère a été exagéré On
ne voit nulle part les Bergeronnettes plus nombreuses,
que dans les prairies humides et les lieux submergés;
tandis" qu’on rencontre communément les Lavandières
dans les champs, près des bestiaux, derrière la char¬
rue, etc.
On pourrait alléguer, avec plus d’apparence de raison
peut-être, qup les Bergeronnettes nous quittent à l’au-
toinne, tandis que les Lavandières nous restent ou nous
• arrivent. Nous avons, en effet, en hiver deux espèces
de Lavandières que nous ne vo"yons pas en été, parce
qu’elles partent au printemps. Elles émigrent donc,
comme les Bergeronnettes, dans des localités ditfé-
— 279 —
rentes, il est vrai, mais elles émigrent, elles sont erra¬
tiques, et, par suite, en conformité de mœurs. »
Nous ne trouvons donc aucun motif un peu impor¬
tant de les séparer, et nous pensons qu’il y en a beau¬
coup, et de très sérieux pour les réunir.
Les Bergeronnettes sont des oiseaux vifs, pétulants,
aux allures rapides, cà la démarche légère et gracieuse.
On les voit indistinctement â la suite des bestiaux, ou
sur les bords des marécages, la queue toujours haute et
sans cesse en mouvement, voltigeant après les mou¬
cherons, saisissant les vernjisseaux, égayant et pur¬
geant à la fois les lieux qu’elles fréquentent
Loin de fuirriiomme, elles le cherchent, le suivent,
l’approchent, voltigent autour de lui en faisant entendre
leur petit gazouillement un peu guttural, mais plein de
douceur.
/
Tous leurs mouvements respirent la grâce et l’ai¬
sance ; tantôt elles volent en frétillant, l’aile à peine
agitée, la queue largement épanouie ; tantôt elles s’é¬
lèvent dans l’air, y font mille évolutions, se servant de
leur queue comme d’un puissant gouvernail ; tantôt
enfin, s’élançant avec la rapidité d’une flèche, elles ont
un vol accidenté, parabolique, et semblent dévorer l’es¬
pace. Frappées de tant de charmes et d’agréments,
(juelques personnes leur donnent le nom deReines-des-
Prés. Elles le sont, en effet, par la vivacité, la gentillesse
et l’élégance .
Elles ont une antipathie marc[uée pour l’oiseau de
proie ; dès qu’une d’elles l’aperçoit, elle pousse le cri.
d’alarme, entendu et répété partout, et leur bande
nombreuse entoure l’importun, le harcelle et le met en
fuite.
~~ 280
Elles doivent à leur habitude de suivre les troupeaux
et d’accompagner les bergers, Leur nom Bergeron¬
nettes ; celui de MotacUla, dont nous avons donné plus
haut l’étymologie, est bien justifié par le mouvement
régulier et continuel qu’elles impriment à leur queue.
Leur mue est double.
Ce genre contient 8 espèces ou races bien détermi¬
nées d’Europe ; 7 appartiennent à la France et 6 ont été
observées dans notre département.
L Bergeronnette grise.
2° Bergeronnette Yarrell.
3^^ Bergeronnette Boarule.
4° Bergeronnette printanière.
.5® Bergeronnette de Kay.
6" Bergeronnette à lête cendrée.
C’est par une erreur de nom que la Bergeronnette
Citrine, Motacilla Citreola^ a été indiquée comme de
notre département (1). Cette espèce orientale ne paraît
avoir été abattue qu’une fois en Ligurie, en 1821. C’.est,
à notre connaissance, la seule apparition au centre de
l’Europe, qui ait été mentionnée.
113. S2cr|çeroiiaacttc ijrîse. — Motacilla alba
(Linné)
Taille : 19 centimètres.
Synonymie : Hochequeue ; Lavandière grise ; Datte-
lessive ; Batte-mare.
Description : Mâle en été : front, joues, côtés du cou,
ventre et sous-caudales d’un blanc pur; lête, gorge, de-
(!) Bull, de la Société des Amis des Sciences naf. de Rouen
1865, page 92.
5
281
vant du cou et haut de la poitrine d’un noir profond ;
dos. croupion et côtés de la poitrine cendrés; couver¬
tures alaires et scapulaires noires largement frangées
de bland; rémiges noires ; les deux rectrices latérales
de chaque côté blanches, les deux médianes noires, .
frangées de blanc, les autres complètement noires ;
bec, pieds et iris noirs. •
Femelle en été : semblable au mâle ; noir de la tête
et de la gorge moins étendu et moins pur ; le plus
souvent, quelques mouchetures noires au front.
\
Mâle et femelle en automne ; comme au printemps ;
gorge et haut du cou blanc pur ; le noir de la poitrine
forme un hausse-col noir très prononcé, etparfaitement
dessiné.
Jeunes en premier plumage : d’un cendré obscur en
dessus ; d’un blanc sale en dessous ; la partie de la tête
et delà poitrine, noire chez les adultes, est simplement
indiquée par une nuance fuligineuse.
La Bergeronnette grise est commune et sédentaire
dans notre département, où elle est cependant plus
nombreuse en été qu’en hiver, quelques individus
émigrant dans des pays i)lus tempérés. Elle couve à
terre ou près de terre, souvent dans le voisinage des
eaux, sous les touffes d’herbes, au revers des fossés,
entre les racines des arbres, dans les tas de bourrées,
quelquefois dans les trous des murs et jusqu’au faîte
des maisons. Elle compose son nid d’herbes et de
crins , et pond de 4 à 6 œufs, d’un blanc assez pur,
finement pointillés de cendré gris. Grand diamètre,
19 millimètres; petit diamètre, 15 millimètres.
Cette.espèce aies mœurs, les habitudes et le léginie
du genre dont elle est le type.
%
f
- 282
C’est à l’habitude qu’elle a de fréquenter le bord des
eaux, en imprimant à sa queue un mouvement assçz
semblable à celui du battoir des lessivières, qu’elle doit
ses noms de Lavandière, Batte-lessive, Batte-mare.
1 1 4. 15er§;ei*om»cttc-Y«i*rcaî. — Motacilla Yar-
rellii (Gould). •
Synonymie : Bergeronnette lugubre ; Bergeronnette
noire.
i
Taille : 19 centimètres.
Description : Mâle en été: front, joues, côtés du cou,
ventre et abdomen d’un blanc pur; gorge, devant du
cou, haut.de la poitrine elles parties supérieures d’un
noir profond ; côtés de la poitrine et flancs cendrés ;
croupion noir; couvertures alaires blanches dans
presque toute leur étendue ; scapulaires, rémiges, rec-
trices, bec, pieds et iris comme dans la précédente.
Femelle en été : semblable au mâle ; un peu plus
petite ; quelques mouchetures noires au front.
Mâle et femelle en automne : parties supérieures
d’un cendré ardoisé très-foncé ; gorge et devant du cou
d’un blanc pur ; hausse-col noir bien dessiné au haut
de la poitrine ; scapulaires et couvertures alaires fran¬
gées de blanc roussâtre.
Les très vieux individus seuls ont les couvertures
alaires presque blanches, et les rectrices médianes lise-
rées de blanc. Dans un âge moins avancé, les couver¬
tures ne sont que bordées de blanc, et les rectrices
médianes sont noires dans toute leur étendue.
Jeunes en premier plumage : parties supérieures
cendré olive très foncé ; parties inférieures blanc
roussâtre ; pas de teinte blanche , point de noir à la
I
— 283 —
tête ni à la poitrine ; ces parties seulement plus rem¬
brunies.
Cette Bergeronnette, qui habite TAngleterre, est de
double passage dans nos localités en octobre et en
mars. Elle y reste même pendant l’iiiver, en petite
quantité. x\u printemps, elle se montre en plus grand
nombre, et séjourne quelques jours sur nos marais
submergés, surtout par les vents violents de nord-ouest.
Les vieux sujets émigrent les premiers.
Elle doit se reproduire de temps en temps dans
notre département , car nous avons vu, il y a deux ans,
un couple de ces oiseaux demeurer tout l’été sur les
bords de la Seine, mais nous n’avons pas pu trouver
leur nid.
Elle a, dit-on, le même mode de nidification que la
précédente ; ses œufs sont plus foncés, d’un blanc gris,
un peu azuré, marqué de nombreuses taches cendrées
Grand diamètre, environ 20 millimètres; petit dia¬
mètre, 1 5 millimètres.
Cet oiseau a les mœurs, les habitudes, le régime et
le port du précédent.
La Bergeronnette Yarrell est-elle une race ou une
espèce? C’est un point sur lequel les auteurs ne sont
pas d’accord. Notre opinion est trop peu autorisée pour
faire faire un pas à la question ; cependant nous avons
abattu et observé un si grand nombre de ces oiseaux,
que nous croyons devoir la donner pour ce qu’elle vaut.
Nous sommes porté à la considérer comme une es¬
pèce, parce que, si la ditlérence de coloration nous pa¬
rait un caractère tro[) superficiel pour constituer un
genre, nous le trouvons sulïisantpour une distinction
spécifique ; parce qiu) si, comme le prétendenl quel-
/
- 284 - -
ques auteurs, cette coloration était un résultat de la
vieillesse, on trouverait des intermédiaires, tandis
qu'elle est constante chez l’individu, et bien distincte
à tons les âges ; parce que ses œufs sont régulièrement
plus foncés ; etqueces Bergeronnettes vivent avec leurs
congénères sans se confondre ; parce qu’elles émigrent
à une époque et dans des localités différentes. Et nous
trouvons que c’est trop marchander à la Bergeronnette
Yarrell sa dignité d’espèce, quand, pour ne citer que
deux exemples, on l’accorde sans contestation au Roi¬
telet à triple bandeau et au RubiettePhilomèle, qui n’y
ont pas plus de titres.
C’est à M. Yarrell que revient la gloire d’avoir si¬
gnalé cette Bergeronnette ; et Gould afait acte de justice,
en lui donnant le nom du savant naturaliste anglais.
On l’a désignée à tort sous le nom de Bergeron¬
nette lugubre, à cause de la couleur noire de
son plumage. L’oiseau décrit sous ce nom par Pallas,
est une espèce réelle, mais différente et non d’Europe ;
et le conserver à la B. Yarrell, ce serait perpétuer et
consacrer une erreur.
115. llcrg^croimclic lêossmlc. — Motacilla Boa-
rula (Gmélin). '
Synonymie : Bergeronnette jaune.
Taille : 20 centimètres. '
Description : vieux mâle au printemps : parties supé¬
rieures d’un cendré noir à la tête ; nuancé d’olivâtre
au manteau et de jaune au croupion ; gorge et devant
du cou d’un noir profond ; raie sourcilière blanche ; un ^
trait de même couleur part du bec, et sépare les joues
du noir de la gorge; joues mêlées de cendré et de
i
(
blanc ; parties inférieures d’ un beau jaune jonquille;
couvertures alaires et rectrices tertiaires cendré foncé,
bordées de blanc jaunâtre ; rémiges brunes ; les rec¬
trices médianes brunes liserées de jaune, les intermé¬
diaires de même couleur sans liseré, les trois latérales
de chaque côté, blanches bordées extérieurement de
noir, les deux externes tout-à-fait blanches; bec pieds
et iris noirs.
Dans un âge moins avancé, les joues sont cendré
bleu, les plumes noires de la gorge frangées de blanc.
Chez les mâles d’un an, la gorge est mi-partie blanche
et noire.
Femelle adulte en été : parties supérieures cendré
olivâtre, moins ardoisé que chez le mâle; gorge d’un
noir moins pur, plus varié de blanc et moins étendu ;
parties inférieures jaune lavé de chamois, surtout à la
poitrine.
Jusqu’à l’âge de trois ans, les femelles n’ont que
quelques rares plumes noires à la gorge; cette partie
est d’un blanc presque pur chez les femelles d’un an.
Mâle et femelle en automne : comme la femelle en
été, pas de noir à la gorge, qui est d’un blanc presque
pur; poitrine d’un blanc cendré.
La Boarule arrive dans notre département vers le
milieu d’octobre et disparaît dans les premiers jours de
mars. Elle fréquente le bord des eaux, les jardins, les
lieux humides, où elle court avec une grande légèreté.
C’est un oiseau peu sociable et hargneux, donnant la
chasse, non-seulement à ceux de son espèce, mais à ses
congénères.
Elle a un cri aigu et strident qu’elle fait entendre
sans cesse, au vol comme au rassis. Elle recherche sur-
tout les lieux isolés, fuit de loin, et s’échappe comme
un trait quand on la surprend.
Tl est difficile de l'avoir en robe de noces dans nos
localités. Il faut pour cela la tuer le plus tard possible;
mais, en attendant le moment favorable, on risque fort
de laisser échapper l’occasion, et de n’abattre que des
jeunes, lesquels émigrent les derniers. J’ai obtenu
cette année (9 mars 1867), un couple de très vieux in¬
dividus en livrée parfaite, une gelée tardive ayant sus¬
pendu l’émigration.
D’après M. l’abbé Vincelot,- son nom spécifique Boa-
m/a aurait pour racine Cou?, bœuf; mais nous ne voyons
pas bien les rapports qui peuvent exister entre notre
oiseau et ce ruminant; Bovç ne donne d’ailleurs que la
■ première partie du nom. 11 nous paraîtrait plus ration¬
nel de le faire dériver de Cou, cri, combat, et de pour,
ruisseau, cours d’eau, d’où ^oupov^. En rendant à Vu sa
prononciation primitive et en retranchant l’aspiration,
on arriverait régulièrement au diminutif Boarula, qui
signifierait alors : petit oiseau qui crie ou qui combat
près des cours d’eau, dénomination que justifieraient
pleinement les habitudes criardes et un peu tapa¬
geuses de notre Bergeronnette.
N
116. IScrgeroimetle priiitanièrc. — Motacilla
fia va. (Ijinné.)
Synonymie : Bergeronnette de printemps.
Taille : 1 75 millimètres.
Description : Mâle en été : tête et joues cendré bleu;
manteau vert olive; parties inférieures d’un beau jaune
jonquille, quelquefois avec des mouchetures brunes à
la poitrine ; raie sourcillière partant du front et s’éten-
dant à rocciput, blanc pur ; une seconde raie de inênie
couleur sépare les joues de la gorge ; grandes et
moyennes couvertures alaires brunes, avec une frange
.jaunâtre formant une double bande sur Taile; rémiges
tertiaires liserées de même- couleur; rémiges brunes ;
les deux reetriees latérales de ehaque eôté, blanches,
marquées de noir sur les barbes internes ; les médianes
noires bordées d’olivâtre; bec, pieds et i)is noirs.
Mâle en automne : plus rembruni en dessus; gorge
et poitrine moins jaune avec une teinte chamois claii\
'Femelle en été : de couleur plus grise aux parties
supérieures ; parties inférieures d’un blanc sale, lavé de
jaune à la poitrine et au milieu du ventre ; raie sour¬
cilière d’un blanc moins pur.
Femelle en automne : gorge et poitrine blanchâtres,
fortement teintées de chamois assez foncé.
Jeunes en premier plumage cendré gris roussâtre
en dessus; blanc terne en dessous, avec des mouche¬
tures noires à la gorge et au devant du cou ; raie sour¬
cilière blanchâtre surmontée d’une seconde raie brune.
Cette espèce, commune dans toute la France , est
moins répandue , sans y être rare, dans la partie
occidentale de notre département. Elle couve à terre au
milieu des prairies ou des champs cultivés, dans une
petite cavité, souvent dans l’empreinte du pied des
bestiaux. Elle compose son nid d’herbes à l’extérieur
et le garnit intérieurement de crins et de bourre. Sa
ponte est de 4 à 6 œufs, d’un blanc roussâtre, avec des
points plus foncés, nombreux et confondus. Ün trouve
des variétés qui portent, au gros bout, un ou deux traits
noirs, fins et déliés. Grand diamètre, 18 millimètres;
petit diamètre, 14 millimètres.
ê
— 288 —
Cette espèce, type du genre Biidytes^ arrive dans
notre département dans les premiers jours d’avril, et
repart dans le courant de septembre. Les vieux indi¬
vidus arrivent et repartent les premiers. Quelques
jeunes nous restent jusqu'aux premiers jours d’octobre.
Elle se répand dans les plaines, dans les prairies et les
marais, s’attache à la suite des bestiaux et paraît d’un
caractère plus doux et plus sociable que les précé¬
dentes. Elle a un chant d’amour peu étendu , mais
assez doux et un cri d’appel dur et aigu, peu en har¬
monie avec ses mœurs paisibles', ses allures sympa¬
thiques et la grâce de ses mouvements.
Son nom latin, Flava, jaune, indique sa couleur
dominante; mais il manque de précision, en ce qu’il
pourrait convenir également à la précédente et aux
suivantes.
m
117. lîer«eroiiiiette «ic üay. — Motacilla Rayi
(Degland).
Synonymie : Bergeronnette flavéole ; Bergeronnette
à tête jaune ; Jauneh
Taille : 165 millimètres.
Description : Mâle au printemps : parties supérieures,
tête et joues d’un jaune olive clair; parties inférieures,
raie sourcilière et seconde raie sous la joue, d’un beau
jaune jonquille, souvent avec quelques taches brunes à
la poitrine; couvertures alaires, rémiges, rectrices,
bec,, pieds et iris comme la précédente.
Mâle en automne : parties supérieures d’un cendré
olivâtre un peu plus rembruni qu’au printemps ; par¬
ties inférieures d’un blanc lavé de jaune et de chamois
clair, surtout au cou et à la poitrine.
289
Femello au printemps : parties supérieures fortement
lavées de gris; parties inférieures d’un jaune pâle,
nuancé de cendré olive aux côtés de^la poitrine et aux
flancs ; raie sourcilière jaunâtre.
Femelle en automne ; parties supérieures comme au
printemps ; parties inférieures d’un blanc à peine
nuancé de jaune, mais fortement lavé de chamois.
Jeunes en premier plumage : d’un cendré teinté
d’olive au manteau, plus foncé et tirant sur le brun à
la tête; raie sourcilière d’un blanc jaune, surmontée
d’une raie brune ; parties inférieures jaune verdâtre ,
avec des mouchetures brunes, partant des mandibules
et se rejoignant au haut du cou
Cette Bergeronnette arrive dans notre département
vers les premiers jours d’avril, y reste tout l’été et
«
repart à la fin de septembre.
Elle couve, comme la précédente, dans un enfonce¬
ment, au milieu des prés ou des champs, et compose
son nid d’herbes et de bourre; quelquefois le nid n’est
garni intérieurement que d’un peu de crin. Sa ponte
est de 4 à 6 œufs, d’un blanc roussâtre, marqués de
taches d’un gris roux, tantôt bien distinctes, tantôt
confondues, rarement avec une ou deux lignes noires
au gros bout. Grand diamètre, 17 millimètres; petit
diamètre, 13 millimètres.
Cette Bergeronnette, vendue longtemps sous le nom
de Buclytes Anglorum, Bergeronnette d’Angleterre, et
indiquée comme de simple passage sur nos côtes, est
très commune tout l’été dans l’arrondissement du
Havre. Elle a les mœurs, le régime et les habitudes de
la précédente, dont on la considère souvent comme
une variété locale.
19
290
Nous avons peine à admettre ces variétés locales ,
quand l’espèce type vit à côté de la race particulière,
sans se mêler, sans se confondre, sans produire d’in¬
termédiaires, de sorte que les deux branches resteraient
toujours aussi distinctes, aussi constantes, aussi carac¬
térisées. *
Voici, du reste, un tableau synoptique des diffé¬
rences moyennes, qu’offrent ces deux espèces ou va¬
riétés :
B. printanière.
Longueur totale. . . 17 centim.
— du tarse . 28 millim.
— du pouce. 19 —
Narines plus allongées.
Première, rémige la plus longue.
Bec plus gros, plus obtus.
Cri plus fort, plus aigu.
Œufs plus gros, 18 millim.
Fane au gris.
B. de Ray.
165 millim.
25 —
18 -
Plus arrondies.
Égalant la deuxième.
Plus effilé, aminci de plus loin.
Plus doux, plus traînant.
Plus petits, 17 millim.
Fane au jaune.
Nous avons cru devoir insister sur ces différences
dans notre Catalogue de la Seine-Inférieure, où cette
Bergeronnette, rare ailleurs, est si commune et si ré¬
pandue.
Son nom spécifique est encore un hommage rendu
au savant qui l'a décrite le premier. Le mot Flaveola,
adopté par Temrninck, offre un double inconvénient :
il a été donné par Pallas à la Bergeronnette printa¬
nière ; et, en sa qualité de diminutif, il convient peu à la
Bergeronnette de Ray, qui est plus jaune que sa con¬
génère, désignée par le mot flava.
V
118 IterÿeroiïBacllc à It-ic cenilréc. — Mota-
•N.
cilla cinereocapilla (Ch. Bonaparte).
Synonymie : Bergeronnette à tête plombée.
Taille :'16 centimètres.
Description : Mâle au printemps : dessus de âa tête,
joues et derrière du cou d’un bleu jjlombé très foncé ;
un petit trait blanc à peine perceptible en arrière de
l’œil ; manteau d’une couleur olive plus foncée que chez
la précédente ; gorge d'unblancpur ; parties inférieures,
reste du plumage , bec, pieds et iris comme la Berge¬
ronnette printanière.
Femelle au printemps : dessus de la tête, joues et
derrière du cou d’un cendré pâle ; raie sourcilière, se¬
conde raie sous l’œil et gorge d’un blanc pur; manteau
vert olive pâle, lavé de cendré; parties inférieures jaune
paille.
L’espèce nous est inconnue sous sa livrée d’automne
et en premier plumage.
Cette Bergeronnette, également considérée par quel¬
ques 'auteurs- comme une variété de la Printanière, est
très rare dans notre département, où nous avons été
assez heureux pour abattre le mâle et la femelle, le
10 avril 1867. M. de Selys-Longchamps l’a tuée près
de Lille, le 13 mai 1842. Ces deux captures, faites à
25 ans de distance , prouvent assez que l’espèce se
montre rarement dans nos pays; mais ils infirment en
mêine temps l’opinion trop exclusive du prince Ch. Bo¬
naparte , qui a prétendu qu’elle ne .s’avance jamais
dans le Nord.
Ce couple venait-il se reproduire dans notre dépar¬
tement? Nous n’oserions l’affirmer; mais il y a lieu de
I
1(3 croire : car si, au lü avril, la migration est en pleine
activité, elle est au 13 mai, époque de la capture de
M. de Selys-Longchamps, tout à fait terruinée; et l’es¬
pèce doit vaquer aux soins de l’incubation.
Ici se termine pour nous la famille des Motacillinés,
famille nombreuse et assez variée, qui nous amène, par
une transition bien graduée, à celle des Alaudinés, à
laquelle elle se rattache par les Pipits, qui, comme
nous l’allons voir, ont des rapports intimes avec le
genraMotacilla.
VINGTIÈME FAMILLE.
" ALAUDINÉS.
Caractères de la Famille : Bec presque droit, conique,
mince ou de grosseur moyenne, à pointe aiguë; rémiges
tertiaires allongées, mais n’atteignant point l’extrémité
des primaires; tarses courts; doigts latéraux égaux,
l’externe uni à la base avec le médian; ongle du pouce
long, effdé, droit ou légèrement arqué ; habitudes ter¬
restres.
Nous avons cru devoir réunir dans une même famille,
sous le titre de Alaudinés, les Pipits et les Alouettes,
auxquels nous trouvons de grands rapports de confor¬
mité dans les mœurs, les habitudes et le régime. La
ressemblance est également frappante au point de vue
des caractères zoologiques.
Ce sont, en effet, tous oiseaux sociables, vivant — en
dehors de la saison des amours — par bandes assez
nombreuses, s’élevant dans les airs pour chanter,
couvant à terre, pondant des œufs grisailles, cou¬
rant avec beaucoup de rapidité, préférant les insectes
aux graines. Tous ont un plnmage roussatre avec des
mouchetures plus sombres, les rémiges tertiaires dé¬
passant les secondaires ; la queue carrée bordée de
blanc plus ou moins pur, l’ongle du pouce allongé
et aigu ; sage précaution de la nature, dans des es¬
pèces destinées à marcher sur des terrains humides ou
friables.
Ce sont là, selon l’expression de M. de La Frenaye,
des caractères non d’analogie, mais d’affinité, qui jus¬
tifient surabondamment, ce nous semble, le rapproche¬
ment que nous opérons. Les noms de Alouettes des
prés, Alouettes bocagères, Alouettes piperesses^ donnés*
à certains Pipits par les gens de la campagne, bons
observateurs des mœurs et des habitudes des oiseaux.,
nous paraissent un nouvel argument à l’appui de notre
opinion.
Degland avait saisi ces points de similitude ; « Les
« Pipits, dit-il, ont de grands rapports de ressemblance
« avec les Alouettes -et les Bergeronnettes, et établis-
« sent une transition naturelle des unes aux autres;
« comme les premières, ils chantent dans les airs, et,
« comme les dernières, ils sont pins insectivores que
« granivores, et impriment à leur queue, quand ils
»
« marchent et souvent ‘lorsqu’ils sont au repos, un
« mouvement de haut en bas (1). »
Ces traits d’analogie, bien exprimés par Degland et
reconnus par la grande majorité des auteurs , nous
(1) Or/iilhoL eurup., t. I*-', p. 414 et 415.
r
\
— 294 —
' dispensent de justifier autrement la^ place que nous
donnons aux Pipits. Néanmoins nous pensons que le
savant naturaliste s’est mépris 'sur le régime des
Alouettes et qu’elles sont elles-mêmes plus insectivores
que granivores. Nous avons donc retranché les Pipits
des Motacilliiiés pour les grouper avec ces espèces sous
le nom de Alaudinés. Mais cette réunion nécessitait un
autre changement plus important, c'était la distraction
des Alouettes de l’Ordre des Granivores, parmi les- •
quels, dans notre opinion, elles ne doivent point être
classées. Cependant nous hésitions encore, n’osant
point nous donner raison contre tout le monde, quand
une heureuse inspiration nous a fait jeter les yeux sur
VEncijclopédie cl' Histoire naturelle du docteur Chenu, qui
les a séparées lui-même des Granivores.
« C'est effectivement, dit-il, un fait avéré et qui
« nous a toujours été confirmé par J. Verreaux, que
« les espèces d’Alaudinés, confinées dans les déserts
« de l’Afrique, n’en restent pas moins insectivores,
« malgré l’aridité du sol et l’absence de toute végéta-
« tation apparente (1 }. »
L'exemple du docteur Chenu, l’immense savoir, la
grande expérience, l’autorité incontestée de M. J. Ver¬
reaux, couvrant notre humble personnalité, nous ont
complètement rassuré sur la coupe nouvelle que nous
voulions établir.*
Cette famille comprend pour nous deux genres :
L Genre Pipit ;
2® Genre Alouette.
(!) hiicijclop. d'ilisl. tial., l. 111, p. 184.
I
1” Genre Pipit. — Anthus.
Caractères du genre.: Ceux de la Famille; bec droit,
mince, effilé, échancré à la pointe, glabre à la base, à
mandibule inférieure comprimée vers le milieu; na¬
rines membraneuses, ovalaires; tarses assez minces;
ailes sub-aiguës; queue ample, assez longue, légère¬
ment fourchue.
Les Pipits sont répandus partout, dans les plaines,
sur les coteaux arides, dans les endroits humides ; mais
ils aiment, en général, les lieux découverts et exposés
au soleil. Tous ont la faculté de brancher, mais sont
mieux conformés pour la marche- Aussi les voit-on le
plus souvent à terre, où ils courent avec une grande
légèreté en saisissant les larves et les vermisseaux.
En automne, -quelques-uns se répandent dans les
champs verts, d’où ils disparaissent aux premières
gelées. La plupart émigrent alors au Midi; d’autres
gagnent les marais, où ils vivent avec leurs congénères
des régions .boréales, qui fuient le séjour glacé du
„ P
Nord. On en rencontre tout fliiver, même dans les plus
grands froids, sur les alluvions, où ils vivent en société
entre eux, et avec celles des Bergeronnettes qui hi¬
vernent dans nos climats.
Au printemps, chaque espèce regagne son séjour
de prédilection. On les voit alors s’élever d’un vol
oblique; puis, arrivés à une certaine hauteur, ils se
laissent choir, la tête la première, les ailes ouvertes
et immobiles , la queue épanouie , en faisant entendre
un chant doux et moelleux , plein de grâce et d’har¬
monie.
Leur cri d’appel est en général strident, un peu
traînant et assez désagréable. C’est de ce cri jri pi qu'on
a formé par onomatopée leur nom générique Pipit.
Quant au mot \3itmAnthus, venant du grec fleur,
il ne peut être pris que figurativement pour exprimer
que par leur chant, leurs ascensions répétées et leur
légèreté, ils sont l’ornement des lieux qu’ils habitent;
car leur plumage sombre et terne est loin de justifier
cette dénomination.
Dans l’arrière-saison, ils prennent beaucoup de
graisse et leur chair acquiert un goût exquis. On les
sert alors en brochettes sous le nom de Bec-figues, et
ils sont fort prisés des gastronomes.
Presque tous les auteurs ont annoncé à tort que leur
mue est simple; nous croyons, au contraire, qu’elle
est double dans toutes les espèces. Nous pouvons l’af¬
firmer pour le P. obscur et le P. spioncelle, et nous
en avons presque la certitude pour le P. Farlouse.
Nous sommes même porté à croire que c’est à ce
caractère, ignoré des auteurs, que le P. invariable doit
son existence comme espèce, et que la confusion qui
règne dans la nomenclature des Pipits n’a pas d’autre
cause.
De genre contient 8 espèces d’Europe, dont 7 appar¬
tiennent à la France et 6 à notre département. Dne de
ces espèces, le P. invariable, nous paraît contestée et
contestable.
1» Pipit obscur, ¥ Pipit Farlouse,
2' Pipit invariable? 5“ Pipit des arbres,
3° Pipit Spioncelle, 6» Pipit Rousseline,
dont on a fait presque autant de genres. Le seul peut-
être qui puisse soutenir l’examen, serait le genre Cory-
— 297 —
/
dalla , créé en faveur du Pipit Richard , dont nous
n’avons point à nous occuper. Les autres ne nous
paraissent basés sur aucun caractère de quelque va¬
leur.
119. Pîpit ©liseur. — Anthus obscurus (Degland).
'Synonymie : Pipit aquatique.
Taille : 165 millimètres.
Description : Mâle au printemps : parties supérieures
d’un cendré brun plus foncé au centre des plumes, lé¬
gèrement lavé de bleu à la tête et d’olivâtre au man¬
teau; raie sourcilière, apparente seulement derrière
l’œil, et gorge d'un blanc terne; devant du cou, poi¬
trine et côtés du ventre de couleur chamois rosé, quel¬
quefois uniforme, quelquefois moucheté de brun ; mi¬
lieu du ventre et abdomen d’un blanc verdâtre ; grandes
et moyennes couvertures alaires brunes, liserées d’olive
et terminées par une frange blanche, formant deux
bandes sur l’aile; rémiges brunes bordées d’olive; rec-
trices de même couleur, l’externe liserée de roussâtre
avec une tache blanche assez allongée sur les barbes
internes, la suivante portant également une tache
triangulaire à l’extrémité ; bec , pieds et iris" brun
foncé.
Femelle au printemps : semblable au mâle, dont elle
ne diffère que par une taille un peu plus petite, et la
raie-sourcilière plus large et plus pâle.
Mâle et femelle en automne : parties supérieures
d’un brun lavé de roux et d’olivâtre, avec la tache du
centre des plumes plus apparente qu’au printemps ;
parties inférieures d’un blanc verdâtre, marqué de nom-
— 298 —
breuses taches brunes, surtout à la poitrine; pas de
teinte chamois.
Jeunes après la première mue ; ils ne diffèrent des
adultes que par des mouchetures plus nombreuses à
la poitrine. — Ils nous sont inconnus en premier
plumage.
Le Pipit obscur arrive dans notre département en
septembre et octobre; quelques individus y passent
l’hiver ; d'autres s’avancent plus au Midi. Il réap¬
paraît au mois de mars sur les bords de la Seine ,
en plus grand nombre qu’on ne le croit générale¬
ment; car, bien qu’il soit assez farouche, on peut
en abattre jusqu’à douze ou quinze dans un jour.
Malheureusement il est souvent en pleine mue à cette
époque.
Il cherche les alluvions, les lieux submergés, où il
court en hochant la queue et en saisissant les insectes
aquatiques, les vers et les petits crustacés, dont il pa- ,
raît se nourrir exclusivement. Il fuit d’assez loin, en
poussant le plus souvent un cri simple, aigu et un peu
enroué.
C’est à ce cri, qu’il ne fait entendre ordinairement
qu’une fois, à la teinte roussàtre du bord des rectrices
latérales, à la raie sourcilière plus étroite, à sa taille
plus petite, qu’il se distingue du Pipit spioncelle, avec
lequel il a de grands rapports.
Temminck a avancé par erreur que la femelle ne
prend point, au printemps, les belles couleurs chamois
de la poitrine. L’intensité de cette nuance varie chez
les individus, sans distinction de sexe, peut-être selon
l’àge; on en tue même quelquefois de tout à fait gris ;
mais la femelle adulte a la teinte' chamois aussi tran-
/
- 299 --
cliée que le mâle. J’ai abattu en 1866 un individu qui
me parut d’une grande beauté; je constatai en l’ou¬
vrant que c’était une femelle, avec l’ovaire bien garni.
Elle fait aujourd’hui partie de ma collection.
Son nom obscurus, obscur, lui vient de la nature
sombre de son plumage. La dénomination aqualicus,
qu’on lui donne quelquefois indistinctement avec le
•
P. spioncelle, doit être supprimée à cause du double
emploi et de la confusion qu'elle établit entre ces deux
espèces.
120. PlpSt — Antlius immutabilis?
(Degland).
Taille : environ 17 centimètres.
Description : Mâle et femelle au printemps : parties
supérieures et joues d’un brun olivâtre tirant sur le
gris ; lorums brun foncé; un petit trait blanc derrière
l’œil; gorge et haut du cou blanc jaunâtre, encadrés
par deux lignes noires partant de la base de la mandi¬
bule inférieure ; poitrine et flancs d’un roux rembruni,
fortement moucheté de noir ; milieu du ventre blanc
verdâtre; petites et moyennes couvertures alaires bor¬
dées de blanc terne; grandes couvertures et rémiges
légèrement liserées d’olivâtre; rectrices de même cou¬
leur, avec la plus externe bordée de blanc roussâtre, et
marquée de blanc pur à l’extrémité ; la suivante égale¬
ment tachée de blanc â la pointe ; bec, pieds et iris
brun foncé.
Mâle et femelle en juin : de nuance un peu plus
claire, avec toutes les plumes très usées La gorge et
les parties inférieures ont perdu leurs teintes verdâtres,
et sont devenues d’un blanc presque pur.
Le Pipit invariable a les mœurs, les habitudes et le
régime du précédent
Nous avons abattu trois de ces oiseaux surFendigue-
mentde la Seine ; et, après l’examen le plus minutieux,
nous n’avons pu découvrir en eux aucun caractère
zoologique particulier qui les distinguât du Pipit obs¬
cur en livrée d’automne, auquel il ressemble exacteT
ment par le plumage, comme on peut le voir par la
description que nous en avons donnée.
Toute la dilférence consiste donc dans l’usure des
plumes et dans cette anomalie : que Toiseau conserve
en été la livrée d’hiver, particularités qui s’expliquent,
et qui ne suffiraient guère d’ailleurs à constituer une
espèce. Aussi pensons-nous que l’oiseau , auquel on a
donné le nom de Pipit invariable, est un P. obscur,
peut-être des couvées tardives, qui, pour une cause
quelconque, âge ou maladie, a manqué sa mue du
printemps.
L’opinion émise par Temminck : que la femelle n’a
pas de chamois aux parties inférieures, vient à l’appui
de notre manière de voir : car elle établit que certains
individus conservent en été le plumage d’hiver. Quant
à l’usure des plumes, si elle prouve quelque chose,
c’est encore en notre faveur. Les plumes poussées en
septembre, que cet oiseau a conservées, doivent, en
effet, être plus usées en juin, que les plumes neuves
dont les autres se sont revêtus au mois de mars. Nous
avons cru remarquer d’ailleurs, que les Pipits Farlouses
qui habitent les lieux humides, où ils se baignent plus
souvent, ont les plumes plus usées et plus pâles que
ceux qüi se tiennent sur les coteaux arides. Le plu¬
mage du Pipit invariable, qui vit comme l’Obscur au
301 —
bord de l’eau salée, toujours crampouné aux rochers,
sans cesse aspergé par l’écume saumâtre, passant de
là aux rayons brûlants du soleil, doit être fort éprouvé
par ces perpétuelles vicissitudes, ces brusques transi-
tions d’une humidité corrosive à l’extrême sécheresse ;
et c’est probablement ce qui arrive à l’Obscur sur les
plages boréales qu’il habite, et où il n’a pas, que nous
sachions, été observé à cette époque.
On objectera peut-être que le Pipit invariable niche
sur nos côtes françaises, et que le Pipit obscur va se
reproduire dans le Nord. Nous avons déjà dit que les
jeunes sujets passent les derniers; ne pourrait-on pas
admettre que quelques individus des nichées tardives,
alfaiblis par* une maladie qui les empêche d'opérer leur
mue, elles retarde encore dans leur émigration, man¬
quent le départ ; et que , se trouvant pressés de se
reproduire, ils s’établissent dans un lieu à leur conve¬
nance , tel que les sites abruptes et sauvages d'Auri-
gny et les rochers détachés du cap de la Hogue, où
couvent d’autres espèces boréales?
M. Hardy a de plus remarqué que cet oiseau voyage
toujours avec le Pipit obscur, nouveau caractère d’i¬
dentité qui n’est pas infirmé par cette remarque : que
l’invariable est beaucoup plus sauvage que son congé -
nèj'e . Le Pipit obscur est quelquefois très farouche ;
d’ailleurs, pour peu qu’on soit chasseur, on sait que le
même gibier qui hier partait de fort loin , nous laisse
aujourd’hui passer à deux pas sans lever.
Nous avons cru devoir insister sur ces considéra¬
tions, dans un intérêt que tout le monde comprendra,
nous l’espérons, celui'de la vérité. Le Pipit invariable
ayant été admis par Degland et rejeté depuis, c’est à
ceux qui halnteiit les pciys où cet oiseau se montre, de
fournir leurs observations et les renseignements qu’ils
ont pu recueillir. Nous avons rempli notre tâche en
pleine liberté d’appréciation, mais en conscience et
sans arrière-pensée ; et nous nous rangerons, de bonne
grâce et avec empressement, de l’avis contraire, du mo¬
ment que nous le trouverons meilleur.
121 . Pipit Spîoiicellc. — Anthus Spinoletta (De-
gland).
Synonymie : Pipit spipolette ; Pipit aquatique, Pipit
maritime, Pipit montain.
Taille : 17 centimètres.
Description : Mâle en été : parties supérieures d’un
cendré-, ardoisé à la tête et au cou, lavé d’olivâtre au bas
du dos et au croupion ; raie sourcilière blanche ; par¬
ties inférieures chamois plus ou moins foncé, avec
quelques mouchetures brunes au cou et à la poitrine ;
blanc cendré à l’abdomen, lavé de brun sur les flancs ;
couvertures alaires brunes frangées de blanc, formant
deux raies sur l’aile ; grandes couvertures et rémiges
liserées de blanc terne ; rectrices bordées d’olivâtre, à
l’exception des latérales, qui sont frangées de blanc
sur une grande partie de leur étendue; les deux sui¬
vantes ayant une petite tache conique, de même cou¬
leur, à l’extrémité; bec brun, plus foncé en dessus;
pieds roussâtres ; iris noir.
Femelle : semblable au mâle, dont elle ne diffère
t
que par une taille un peu moindre, et peut-être par les
mouchetures plus nombreuses à la poitrine.
Mâle et femelle en automnje : parties supérieures la-
/
— 303 -
vées de vert olive ; point de teinte ardoisée ; parties in¬
férieures d’un blanc terne, fortement mouchetées et
non lavées de chamois.
Jeunes ; comme les adultes en automne.
Le Pipit spioncelle arrive en petit nombre dans
notre département, dans le mois de septembre, y passe
l’hiver et repart dans le commencement de mars, avant
d’avoir terminé sa mue ; mais nous ne croyons point
qu’il s’y reproduise (1). 11 se tient conj-me le pré¬
cédent dans les endroits humides, au bord des cours
d’eau et sur les alluvions ; il y court en hochant la
quéue, et se nourrit aussi d’insectes maritimes et flu-
viatiles.
Cet oiseau a été l’objet de plus d’une. confusion. On
l’a appelé, en hiver, quand il fréquente le bord des
eaux, aquatique ou maritime; en été, quand on l’a
retrouvé sous sa livrée de noces, au sommet des mon¬
tagnes, on l’a désigné sous le nom de Montain [Anthus
montanus) ou sous celui de Spipolette, de l’italien Spi-
polare, siffloter^ à cause de son chant gracieux, mais un
peu décousu, qu’il fait entendre comme ses congénères,
en se laissant tomber du haut des airs.
Le Spioncelle, le Montain, le Maritime et le Spipo-
lette sont donc un seul et même oiseau, observé à des
époques et sous des livrées différentes; et nous ne
serions point surpris si un jour, après des observations
plus précises, l’Obscur, l’invariable et le Spioncelle
étaient considérés comme de simples variétés, très voi¬
sines et presque identiques, d’une seule espèce; car
(1) Nous avons abattu cette année 1868, le 5 avril, une femelle
en livrée parfaite.
— 304
nous ne voyons, entre ces trois oiseaux, que des dilîé-
rences presque insignifiantes.
122. Pipit Farloinse. — Anthus pratensis (Bechs-
tein).
Synonymie : Pipit des Prés; Alouette des Prés; petit
Bec -figue. Quic.
Taille : environ 14 centimètres.
Description : Mâle au printemps : parties supérieures
cendré olivâtre, avec une tache plus foncée au centre de
chaque plume; petites et moyennes couvertures âlaires
bordées de gris, formant deux bandes obliques sur
l’aile; parties inférieures d’un blanc terne, teinté de
chamois clair, et marqué de taches noires bien tran¬
chées, arrondies et isolées â la poitrine; rémiges brunes
♦
liserées d’olivâtre; rectrices semblables, les médianes
largement frangées de giis, les latérales blanches en
dehors, et sur une grande partie de leur étendue, la
suivante avec une petite tache cunéiforme de même
couleur ; bec brun en dessus, jaunâtre en dessous ;
pieds roussâtres ; iris noir.
Mâle en automne : de nuance plus foncée, avec les
taches du centre des plumes plus étendues, et plus
tranchées au manteau ; les parties inférieures plus la¬
vées de chamois.
Femelle : semblable au mâle â toute époque ; elle
n’en dilfère que par les taches plus larges et plus nom¬
breuses sur toutes les parties. •
Jeunes : peu différents des adultes en automne; ongle
plus court.
Cette espèce varie beaucoup pour les teintes du plu-
.-1 305 —
mage. Elle se distingue toujours du Pipit des arbres à
sa taille un peu plus petite, à son bec plus effilé, à son
ongle plus long, moins arqué et moins robuste.
Nous avons trouvé dans les lieux élevés et arides,
sur les côtes de Bonsecours , au cap d’ Antifer, etc.,
une variété un peu plus petite, ayant les parties supé¬
rieures plus cendrées et les mouchetures des parties
inférieures plus foncées, plus larges, confluentes au
milieu de la poitrine, où elles forment une tache assez
/
étendue. Cette variété nous a paru, du reste, avoir tous
les caractères de l’espèce type.
Le Pipit des prés est très commun dans toutes les
prairies de notre département. lEniche à terre dans
un petit enfoncement, compose son nid d’herbes sèches
et de crins, et pond de 4 à 6 œufs oblongs, d’un gris
verdâtre ou olivâtre, quelquefois brun, avec des points
de même couleur, mais de nuance plus foncée, nom¬
breux et confondus au gros bout, qui est souvent mar¬
qué d’un trait noir, fin et délié. Grand diamètre, 18 mil¬
limètres; petit diamètre, 1 4 millimètres.
Cet oiseau a un petit cri semblable à celui des pré¬
cédents, mais plus doux et moins enroué, qu’il répète
plusieurs fois de suite en s’envolant. Pendant la saison
des amours,, il s’élève obliquement et en frétillant dans
les airs, et se laisse tomber, la tête en bas, en faisant
entendre son chant très doux, très gracieux, moins
sonore et moins articulé que celui du Pipit des arbres,
auquel il ressemble pour la modulation.
En automne il se réunit par petites bandes et fré¬
quente les champs verts. Il répand beaucoup de fumet
et se laisse chasser et arrêter par les chiens; puis, se
voyant pressé de trop près, il s’élève d’un vol saccadé,
20
306
en poussant son petit cri d’appel,* et va se remettre
quelques pas plus loin.
La plupart émigrent en hiver; mais il nous en reste
toujours quelques-uns, même au milieu des glaces,
dans les prairies humides et baignées par la marée. Ils
vivent alors avec les Pipits obscurs, les Pipits spion-
celles et les Bergeronnettes, sur les alluvions, où ils
courent comme elles, en hochant la queue.
C’est le type du genre Leimoniptera (Kaup.),
Leur nom spécifique , praîemw, des prés, est assez
justifié par leurs habitudes. Quant au mot Farlouse,
l’étymologie qu’on en donne généralement nous paraît
si forcée, que nous préférons nous abstenir.
123. PlpU des arbres. — Anthus arboreus (De-
gland).
Synonymie : Pipit des buissons ; Alouette bocagère ;
Alouette piper esse.
Taille : environ 155 millimètres.
Description : Mâle en été : parties supérieures d’un
cendré olive pâle, avec une tache longitudinale étroite
au centre des plumes; raie sourcilière et paupière
jaunâtres ; gorge de même couleur, encadrée par deux
traits noirs, partant de la base de la mandibule infé¬
rieure , et se confondant avec les mouchetures de la
poitrine; celle-ci, lavée de chamois très pâle et forte¬
ment grivelée, ainsi que les flancs, de taches brunes ;
milieu du ventre blanc presque pur; petites et moyennes
couvertures alaires marquées d’une frange blanc cen¬
dré; rectrices médianes olivâtres, les autres brunes, *
les latérales marquées de gris blanchâtre sur les barbes
307 -
externes, et sur une grande partie des internes, les sui¬
vantes avec une tache de même couleur à leur extré¬
mité; bec brun en dessus, roussâtre en dessous; pieds
verdâtres ; iris brun.
Mâle en automne : parties supérieures d’une teinte
olive plus prononcée; parties inférieures plus foncées.
Femelle ; elle ne diffère, à toute époque, du mâle, que
par des mouchetures plus larges au manteau , et plus
nombreuses aux parties inférieures.
Jeunes : d’üne teinte générale plus jaune.
Cette espèce arrive dans notre département vers le
15 avril, et se livre presque aussitôt aux soins de la
reproduction. Elle niche à terre, au milieu des prairies
ou des bruyères, dans un petit enfoncement, compose
son nid d’herbes sèches et de crins, comme la précé¬
dente, et pond ordinairement 5 œufs de couleur très-
variable, d’un gris plus ou moins pâle, rosé ou violet,
et le plus souvent d’un brun chocolat, marqué de nom¬
breuses taches ou stries plus foncées, et quelquefois
fondues sur toute la coquille. Grand diamètre, 19 mil¬
limètres ; petit diamètre, 15 millimètres.
Elle s’établit sur le bord des pâturages, des coupes
des bois et des champs cultivés, dans le voisinage des
%
arbres, où, contrairement à ses congénères, elle aime
à se percher. C’est de la cime d’un arbre qu’elle opère
ses ascensions, c’est sur une branche qu’elle se laisse
tomber, la tête la première, en faisant entendre un
chant articulé, fort et retentissant, qui serait charnmnt,
s’il était moins souvent répété.
Son cri d’appel est plus prolongé, plus enroué que
celui du précédent, et il ne le pousse souvent qu’une
fois.
Ea aatomno, cet oiseau prend beaucoup de graisse,
et devient très paresseux; on le trouve alors dans les
prairies, où il vit isolé. Sa chair est succulente et parfu¬
mée, et on le sert, indistinctement avec le Pipit spion-
celle, sous le nom de Gros Bec-figue. Il porte, dans les
enluminures de Buffon (pl. 654 f. 2), le nom de Pivote
ortolane.
Il a été pris pour type du genre Pipastes (Kaup).
Son nom arboreus, des arbres, est très caractéris¬
tique, puisque c’est de tous les Pipits le seul qui se
perche communément.
Cette espèce a les goûts moins aquatiques et moins
d’oscillations dans la queue que les précédentes. Elle
nous éloigne donc graduellement des Motacillinés,
pour nous amener au genre Alouette, vers lequel l'es¬
pèce suivante nous fera faire un dernier pas.
124. Pipit Rousscline. — Anthus campestris
(Degland).
Synonymie : Agrodrome Rousseline.
Taille : 17 centimètres.
Description : Mâle au printemps : parties supérieures
cendré roux,’ avec une légère teinte brune au centre
des plumes, surtout à la tête ; parties inférieures, et
raie sourcilière d’un blanc chamois, très pâle à la
gorge, plus foncé à la poitrine, aux flancs et aux sous-
caudales, avec quelques mouchetures fondues et peu
apparentes aux côtés du cou ; un petit trait brun part
de la mandibule inférieure et s’étend sur les côtés de
la' gorge; couvertures alaires et rémiges tertiaires
brunes largement frangées de jaunâtre; rémiges pri-
309
maires et les secondaires finement liserées de blanc
terne ; rectrices médianes brunes avec une large
frange roussâtre , les autres noires , l’externe variée
de jaunâtre , la suivante avec une tache conique de
même couleur; bec brun en dessus, roussâtre à la base;
pieds jaunâtres ; iris noir.
Mâle en automne : mouchetures des parties supé-'
rieures plus tranchées, plus apparentes; teinte géné¬
rale plus lavée d’olive.
Femelle ; semblable au mâle à toutes les époques;
'elle s’en distingue aux taches brunes, plus larges et
plus nombreuses sur les parties supérieures, et aux
teintes moins vives des parties inférieures.
Cette espèce, des contrées tempérées et méridionales
'de l’Europe, n’est dans notre département que de pas¬
sage accidentel et très irrégulier, en août et en sep¬
tembre, plus rarement au printemps. Nous n’avous
donc à nous occuper ni de ses œufs, ni de son mode
de nidification.
Elle se perche très peu, et court avec une grande
vitesse dans les lieux arides et montueux, sur les co-
«
teaux couverts de bruyères et de thym sauvage. Son
cri, doux et tremblotant, a beaucoup d’analogie avec
celui de l’Alouette Lulu.
• Son nom latin, campestris, des champs, indique ses
mœurs champêtres; et le mot Rousseline, la teinte ’
rousse qui domine tout son plumage.
Le Pipit Rousseline termine pour nous le genre An-
thus. Par ses habitudes, la nature de son cri, la cou¬
leur de sa livrée et la conformation de son ongle pos¬
térieur, il se rapproche beaucoup 'des Alouettes, aux-
riuellesil nous amène par une transition déjà régulière.
i
I
— 310 —
et adoucie encore par le Pipit Richard, dont nous n’a¬
vons point à nous occuper.
2® Genre Alouette. — Alauda.
Caractères du genre ; Bec conique, entier, assez fort,
garni de quelques plumes à la base ; narines membra¬
neuses, arrondies; tarses courts et robustes ; ongle du
pouce allongé, effilé, presque droit ; ailes aiguës, à
penne bâtarde ; queue ordinaire ou courte.
Les Alouettes, par leur taille, par leurs formes lourdes
et ramassées, par leur bec plus fort, leur tête plus large
et plus aplatie, et par leur régime semi-granivore,
diffèrent des Pipits, avec lesquels elles ont plusieurs
traits de ressemblance. Ainsi que nous l’avons dit déjà,
nous exprimons les rapports de conformité par la réu¬
nion dans une même famille, et les caractères distinctifs
par une séparation générique.
Les Alouettes sont des oiseaux confiants, peu farou¬
ches, aux allures vives et folâtres, au vol léger, mais
peu rapide, ne se perchant presque jamais, vivant à
terre, et n’échappant à leurs nombreux ennemis qu’en
se blottissant sous une touffe d’herbe ou dans le creux
' des sillons.
Elles fréquentent surtout les champs cultivés, d’où
le mâle s’élève, le matin et le soir, en faisant entendre
son chant doux et sympathique. Il parvient ainsi, en
décrivant de gracieuses spirales, à des hauteurs telles
qu’il échappe bientôt aux regards les plus perçants.
Mais à mesure qu’il s’éloigne de la terre, sa voix ac¬
quiert de l’ampleur et de la sonorité ; en sorte que,
311 -
de quelque distance qu’elle arrive, elle ne cesse pas
d’être perceptible et bien distinctive. Et de même qu’elle
monte graduellement, de même elle se modifie, s’atté¬
nue, s’adoucit insensiblement, quand l’oisdau descend ;
et elle arrive toujours aussi Mtée et aussi moelleuse.
« L’alouette est la fille du jour, dit Michelet *, dès
« qu’il commence, quand l’horizon s’empourpre et que
« le soleil va paraître, elle part du sillon comme une
« flèche et porte au ciel l’hymne de la joie. »
On a dit que ces oiseaux ne s’accouplent pas; nous
croyons cette assertion peu fondée. Au printemps et
tout l’été on les voit par paires ; et, bien que leurs
mœurs soient cachées, bien qu’elles semblent fuir les
regards indiscrets, on est en droit de conclure qu'elles
%
travaillent de concert, sinon à la confection du ber¬
ceau, du moins à l’éducation de la jeune famille. Que
leur union soit passagère et qu’elle dure l’espace d’un
été, nous l’admettons sans peine et nous le croyons *
volontiers ; mais nous pensons que, quand il s’agit
d’espèces qui nourrissent, il n’y^a point de production
sans accouplement d’une certaine durée. La mère ne
suffirait pas seule à l’entretien des nourrissons, et ce
n’est pas quand la nichée est élevée, et que la femelle
s’offre à une nouvelle fécondation, que le mâle l’aban¬
donnerait, pour aller chercher ailleurs des plaisirs nou¬
veaux. Les espèces qui vivent près de la nature n'ont
point ces volages caprices, ces aspirations désordon¬
nées!
Cependant ces oiseaux si doux , si inoffensifs , si
utiles, ont des ennemis sans nombre et sont en butte
à des poursuites continuelles. Sans parler en effet des
exterminations par masses qui se pratiquent dans les
312
\
hivers rigoureux et pendant les temps de neige, à l’aide
de pantières et d’autres engins d’une brutale et aveugle
destruction, ni des pertes journalières qu’elles éprou¬
vent par la rapacité des oiseaux de proie et des petits car¬
nassiers, les Alouettes sont encore l’objet d’une chasse
particulière, la chasse au miroir. Attirées par une sorte
de fascination et de vertige, plutôt que par une curiosité
native, vers l’instrument aux mille facettes , mu aux
premiers rayons du soleil avec une perfide habileté,
elles viennent d’elles-mêmes s'offrir à la mort.
Ainsi de toutes parts et à toutes les époques, on
leur tend des pièges et des embûches ; et, si la nature
n’était inépuisable , si leur fécondité n’était prodi¬
gieuse, l’espèce serait anéantie depuis longtemps. Mais
grâce à leur merveilleuse multiplication , elles ont
bientôt réparé leurs pertes, et leur nombre ne diminue
pas sensiblement. Il serait bien à désirer cependant
qu'on leur accordât quelque répit.
Les Alouettes sont sédentaires, attachées au sol qui
les a vues naître, et n’émigrent que quand elles y sont
contraintes par la nécessité. Oiseaux de transition par
leur régime complexe, elles le sont encore par certaines
habitudes communes aux Gallinacés ; elles sont pulvé¬
rulentes, grattent la terre avec leurs pieds et se vau¬
trent dans la poussière.
Ce genre renferme 12 espèces d’Europe, dont 8 ap¬
partiennent à la France et 5 à notre département . ■
1® Alouette des champs;
2" Alouette alpestre;
J
3® Alouette Cochevis ;
\
4® Alouette Lulu ;
5® Alouette Galandrelle.
— 313 —
Nous portons à 12 les espèces d’Europe ordinaire¬
ment réduites à 11. Une nouvelle espèce, des steppes
de la Russie, l’Alouette Pipolette, rejetée par Degland,
vient d’être décrite et réhabilitée par notre savant ami,
M. J. Vian, qui nous a procuré cet oiseau et son œuf,
objets rares, et qui ne figurent encore que dans un
très petit nombre de collections (1).
I
125. Alouette des Champs. — Alauda arvensis
(Linné).
Synonymie : Alouette commune.
Taille : environ 18 centimètres.
Description : Mâle : parties supérieures gris rous-
sâtre varié de noir et de jaunâtre; plumes du vertex
susceptibles de se relever en huppe arrondie et touffue ;
parties inférieures d’un blanc chamois plus foncé, et
marqué de nombreuses mèches noires à la poitrine,
plus pâles et sans taches ‘au milieu du ventre et à l’ab¬
domen; couvertures alaires et rémiges frangées de
roussâtre; rectrices de même couleur, la .penne laté¬
rale en grande partie blanche, la suivante simplement
liserée de cette couleur; bec brun en dessus, plus pâle
en dessous; pieds brun clair; iris brun foncé.
Femelle : plus rembrunie en dessus; les mouchetures
de la poitrine plus nombreuses et plus étendues ; la rec-
trice latérale moins blanche. L’ongle du pouce moins
long.
Jeunes en premier plumage : d’une teinte générale
plus pâle, mouchetés de blanc â l’extrémité des plumes
(1) Voir, pour la description de cette espèce, lievtie et Magasin
zoologique, 1867, Alouelle Pipolelle, par J. Vian.
314
du manteau , d’un blanc presque pur au ventre et à
l’abdomen.
Cette description est prise sur les espèces de France.
On trouve des variétés blanches, des rousses, des gris de
lin, etc. Degland en possédait une noire, nous en avons
une isabelle.
Outre ces exceptions à la livrée ordinaire, qui peu¬
vent être considérées comme des dégénérescences,
l’Alouette des champs offre des races locales bien dis¬
tinctes, pour la nuance du plumage, et la longueur de
l’ongle du pouce. Aussi nos oiseleurs ne s’y trompent-
ils point, et reconnaissent-ils, à la première inspection,
la provenance de l’oiseau.
J’ai monté l’année dernière deux individus pris dans
la neige ; l’un très foncé, ayant presque la taille de
l’Alouette de nos pays; l’autre beaucoup plus petit,
mesurant 16 centimètres, de teinte plus rousse, avec
l’ongle du pouce sensiblement plus court et plus obtus;
ce dernier considéré comme venant de l'extrême Nord.
Les Alouettes des champs couvent dans notre dépar¬
tement au milieu des plaines cultivées et des prairies.
Elles établissent, dans un petit enfoncement, un nid peu
cohérent, composé de quelques herbes, et pondent le plus
souvent 5 œufs(1) assez ventrus, d’un blanc gris fine¬
ment pointillé ou tacheté de gris olivâtre ou roussâtre.
Grand diamètre, 22 millimètres ; petit diamètre, 17 mil¬
limètres. Ces œufs varient souvent pour la grosseur.
Elles se nourrissent surtout d’insectes, d’herbes, de
(1) Nous indiquons , pour toutes les espèces , le nombre d’œufs
des premières nichées. Ce nombre diminue graduellement dans
les couvées tardives.
— 315 —
graines oléagineuses et de semences de mauvaises
plantes, qu’elles cherchent dans les chaumes et les
jachères, où elles forment de petites bandes dès le
mois de septembre. A l’arrivée des premiers froids,
elles s’assemblent en troupes plus nombreuses et volent
serrées, en poussant un sifflement aigu. Elles adoptent
alors quelque champ abrité des vents du nord et exposé
au soleil. Elles y courent avec une grande rapidité, en
cherchant leur nourriture. Arrivées à Textrémité, elles
ne reviennent point sur leurs pas, mais prennent leur
vol, et, après quelques randonnées, s’abattent au bout
opposé, pour recommencer bientôt le même manège.
Quand elles rencontrent quelque grosse semence, un
grain d’avoine, par exemple, elles courent en briser
l’enveloppe sur une pierre et le frappent jusqu’à ce
que le noyau soit tout à fait dégagé. Elles sont alors
assez farouches et se laissent peu approcher; elles sem¬
blent comprendre le danger auquel les expose leur
agglomération ; car tel chasseur qui hésiterait à les
tirer isolées, ne dédaignerait pas d’en abattre une demi-
douzaine d’un coup de feu.
C’est cette espèce que l’on prend en grand nombre
sur les falaises, où la neige est toujours moins épaisse,
et tient moins longtemps que dans les plaines.
Dans certains pays, ces oiseaux se nourrissent presque
exclusivement d’herbes. Leur chair n’y perd rien en
saveur ; mais elle prend alors une sorte de teinte olive
peu ragoûtante.
Outre son chant d’amour, dont nous avons parlé plus
haut, et le sifflement de détresse, vibrant et strident,
qu’elles poussent en hiver, elles ont un cri d’appel
sonore et guttural, qu’elles font entendre pendant l’été.
Leurnom, arvensis, dont le mot français, des champs,
est la traduction simple, désigne bien leurs habitudes.
126. Alouette alpestre. — Alauda alpestris
(Linné).
Synonymie : Alouette hausse-col; Otocorys alpestre.
Taille : 18 centimètres.
. Description : Mâle en été : parties supérieures d’un
cendré roux, plus foncé à la tête, au cou et aux petites
couvertures alaires, varié de brun au manteau ; front,
gorge, un trait sur l’œil et l’espace au-dessus de l’o¬
reille d’un beau jaune ; deux pinceaux de plumes érec¬
tiles de chaque coté du vertex, une ligne s’étendant du
bec à la région parotique, et un large plastron, d’un
noir profond ; cotés de la poitrine'et flancs roussâtres ;
ventre et abdomen blancs ; moyennes et grandes cou¬
vertures alaires liserées de cendré ; rémiges brunes
frangées de blanc; rectrices noires, les médianes bor¬
dées de roux, les deux latérales de blanc ; bec plombé ;
pieds et iris noirs.
Mâle en automne : plumes noires du vertex et du
cou frangées de roussàtre.
Femelle ; parties supérieures plus pâlès et variées de
noir ; front et gorge jaune terne, hausse-col lavé de roux.
Jeunes en premier plumage : gorge et front blancs;
pas d’aigrettes ni de hausse-col.
L’Alouette alpestre habite les régions du nord-est de
l’Europe ; elle est de passage régulier dans le midi de
la Russie, et accidentel en France ; elle a été tuée en
1865 sur les côtes de Sainte-Adresse, près du Havre.
Elle a les mœurs, les habitudes et le régime de la
précédente ; mais elle ne s’élève point pour chanter.
C’est posée sur une motte qu’elle aime à faire entendre
ses chants doux et mélodieux.
On a pris cette espèce pour type d'un nouveau genre,
genre Oïocoî’'î/s, Alouette à aigrettes, deouf, wtos-, oreille,
etde;io/3y«-, casque. Cette distinction, basée sur la simple
modification d’un attribut commun au genre, ne nous
paraît pas admissible, d’autant plus qu’elle n’est ap¬
puyée sur aucune particularité de mœurs.
Boié en avai t fait le type du genre Erémopfiüe^despt^fxoç,
désert, et ç/aoj-, ami; et le pasteur Brehrn , celui du
genre P hileremos, composé des deux mêmes mots placés
en sens inverse ; mais ces deux dernières sections gé¬
nériques, bien qu’exprimant un détail de mœurs, pa¬
raissent aujourd’hui à peu/ près abandonnées.
127. Alouette Coclievîs. — Alaudacristata (Linné) ■
Synonymie : Alouette huppée ; Alouette des chemins.
Taille : environ 18 centimètres.
Desci'iption : Mâle en été : parties supérieures d’un
cendré brun, plus foncé au centre des plumes ; une
huppe composée de plumes étroites, que l’oiseau
dresse ou abaisse à volonté ; raie sourcilière blanc jau¬
nâtre; parties inférieures de même nuance, marquées
à la poitrine et aux flancs de nombreuses taches noires;
couvertures alaires et rémiges tertiaires largement
frangées de cendré, les autres brunes ; rectrices noires,
à l’exception des médianes, qui sont liserées de cendré,
et des deux latérales de chaque côté , qui sont bordées
de blanc roussâtre ; bec brun plus pâle en dessous ; pieds
gris ; iris noisette.^ '
Mâle en automne : de teintes plus rembrunies.
— 318
Femelle : têt(3 moins grosse ; couleurs plus pâles ;
taches de la poitrine moins foncées ; huppe plus courte
et moins fournie.
Jeunes en premier plumage ; de nuance moins
foncée, avec de nombreuses mouchetures blanches.
Cette espèce niche à terre dans les champs, au pied
d’une touffe d’herbe, dans un sillon, au bord d’un che¬
min ; elle construit son nid sans art, et pond 4 ou
5 œufs d’un gris cendré ou roussâtre marqué de nom¬
breux points de même couleur, mais de nuance plus
foncée. Grand diamètre, 21 millimètres ; petit dia¬
mètre, 17 millimètres,
Le Coche vis, commun dans les parties méridionales
et le centre de la France, est assez rare dans notre dé-
partement, surtout sur les côtes maritimes, où il n’ap¬
paraît que de loin en loin, pendant les hivers rigou¬
reux, quand la neige couvre la terre. On le trouve alors
sur les routes,, cherchant sa nourriture dans les excré¬
ments des chevaux. Peu farouche et très confiant, il se
laisse approcher, court avec une grande légèreté de¬
vant le voyageur, et ne se décide à prendre son vol que
quand il est serré de trop près.
Le Cochevis est un de nos premiers chanteurs. A
une voix pleine, et d’une douceur telle « qu’un malade
le souffrirait dans sa chambre, » il joint une grande
aptitude pour apprendre des airs , qu’il redit avec goût
et sentiment. Aussi est-il recherché par les amateurs.
Malheureusement, s’il est facile à apprivoiser, s’il se
plie bien à la servitude, il ne peut la supporter long¬
temps ; il a besoin d’espace et d’air pur , et il succombe
vite en captivité.
En liberté, il s’élève comme l’Alouette des champs,
t
- 319 -
mais il monte moins haut ; ses ascensions sont moins
verticales, et les spirales qu’il décrit plus étendues.
Il est aussi moins commun partout et moins sociable
qu’elle, et il ne forme point de bandes considérables.
On le voit par troupes peu nombreuses, qui paraissent
plutôt la réunion d’une petite famille dirigée par un
chef ou patriarche, qui veille sur elle, l’avertit du dan¬
ger, donne le signal du départ, et auquel chacun obéit.
C’est à sa huppe érectile, assez semblable à une
crête, qu’il doit son nom cochevis (visage de coq) et
celui de cristata, de crista^ aigrette, huppe C’est Toi-
seau désigné par Pline sous le nom de .galerita, de ga-
Lea, casque, à cause de l’analogip de sa huppe avec le
cimier d’un casque.
On a fait de cette espèce le type du genre Cochevis,
nouvelle coupe , n’ayant encore pour raison d’être
qu’une particularité dans la forme de la huppe. Nous
trouvons que c’est attribuer à un caractère extérieur et
tout à fait superficiel une portée trop grande, et nous
maintenons le Cochevis dans le genre Alouette, dont il
a le^régime, les mœurs et le faciès.
128. Alouette liulu.,,— Alauda arborea (Linné).
Synonymie : Lulu; Turin; Cocoyu.
Taille ; 15 centimètres.
Description ; Mâle : parties supérieures roussâtres,
marquées de noir au centre des plumes, plus pâles et
comme lavées de blanc au-dessus et aux côtés du cou ;
une large raie sourcilière et parties inférieures d’un
blanc jaunâtre, marqué de nombreuses taches noires
à la poitrine ; couvertures des rémiges primaires variées
de blanc et de noir; rémiges brunes liserées de cendré
t
— 320 —
plus roux aux tertiaires; rectrices noires terminées de
blanc; l’externe de chaque côté jaunâtre dans presque
toute son étendue ; bec et pieds brun clair; iris noir.
Femelle : elle ne diffère du mâle que par une huppe
moins haute et par la teinte plus pâle du fond et des
mouchetures de la poitrine.
Jeunes en premier plumage : plumes du manteau
variées de noir et de roussâtre; mouchetures de la
poitrine d’un brun terne ; huppe et bec plus courts que
dans les adultes.
L’Alouette lulu ne couve point dans notre départe¬
ment, elle y arrive avec les premières gelées, ordinai¬
rement vers la mi-novembre. Plus sociable que le Co-
chevis, elle l’est moins que l’Alouette commune et ne
forme point de bandes nombreuses. On la voit le plus
souvent par petites troupes de 12 à 1 6 individus, volant
écartés dans les migrations et ne se rapprochant qu’à
terre, où ils courent comme leurs congénères. A la
moindre alerte, au premier signal donné par l’un d’eux,
toute la troupe se tapit, s’efface, et, grâce à sa teinte
sombre, se confond avec la terre. Ils lèvent à deux pas
du chasseur, en poussant un petit cri d’une grande
douceur, traînant et mélancolique; le plus souvent ils
pirouettent quelque temps, décrivent quelques circon¬
férences; et, dès que l’ennemi s’est un peu éloigné,
ils retombent à l’endroit d’où ils étaient partis.
Cette espèce se distingue facilement de la précédente
à sa taille courte et ramassée, â la brièveté de sa queue,
à sa huppe touffue et arrondie, à l’habitude qu’elle a
de se percher, d’où son nom latin arborca^ de arboi\
arbre, et à son cri d’appel lu-lu-lu^ dont on a fait par
onomatopée son nom français Lulu.
J
__ QOI _
O I
«
Par exception aux autres Alouettes, elle a un chant
d’amour peu étendu et dépourvu d’agrément.
Cette espèce, qui recherche en été les coteaux in¬
cultes et couverts de thym sauvage, les vignes et les
lieux accidentés, fréquente indistinctement en hiver
les chaumes et les champs labourés.
129. Alouette Calaudrelle. — Alauda hrachy-
dactyla (Degland).
Taille : 14 centimètres.
Description : Mâle adulte : parties supérieures et
joues cendré roux, avec une tache noire au centre des
plumes ; raie sourcilière et parties inférieures d’un
s
blanc lavé de chamois pâle à la poitrine et aux flancs;
quelques taches confluentes brunes forment, aux côtés
du cou, un commencement de collier, interrompu sur
le devant ; rémiges brunes frangées de roux clair ; rec-
trices de même couleur, les deux plus latérales, d’un
blanc jaune dans presque toute leur étendue; bec brun
foncé; pieds et iris brun clair.
Femelle : elle se distingue du mâle par l’absence de
demi-collier, et par la teinte plus pâle des parties infé¬
rieures.
Jeunes en premier plumage ; plumes du manteau
variées de brun et marquées de blanc à la pointe des
plnmes.
C’est l’espèce la plus commune en Provence ; elle
est également répandue dans le midi de la France;
mais on ne la trouve nulle part en aussi grande abon¬
dance, que dans le sud de la Russie. Elle s’avance peu
au nord, et ne fait dans notre département que de très
rares apparitions.
21
I
— 322
Bien que deHaille considérablement plus petite, elle
se rapproche beaucoup de noire Alouette des champs,
dont elle a les mœurs, les habitudes, les allures et
presque le cri. Elle forme aussi des bandes nombreuses
vers la fin de Tété; mais elle préfère au séjour des
plaines fertiles les lieux secs , pierreux et calcaires.
Quelques-unes sont sédentaires dans nos départements
méridionaux; le plus grand nombre émigre, dès les
premiers froids, en Grèce et en Afrique.
Son nom, Braphydactyla^ de court, et
S^eiKTvKof^ doigt, figure bien la brièveté du pouce et de
l’ongle dont il est armé. Son nom français. Calan-
drelle, est un diminutif de Calandre, grosse espèce du
Midi avec laquelle elle a beaucoup de rapports, et dont
nous n’avons pas à nous occuper.
La Galandrelle a encore été prise pour type du genre
Calandrella. Ainsi que nous l’avons fait remarquer,
presque chaque espèce est devenue le type d’un genre ;
et, pour peu que la mode des subdivisions continue,
chaque individu sera un type, le chef d’une trihu com¬
posée de lui seul ; et les mots genre et espèce devien-
*
dront synonymes, dans le dictionnaire ornithologique.
Ici se terminentpour nous laFamille des Alaudinés et
l’ordre des Insectivores, dont les Alouettes forment le
dernier degré. Avec elles, nous arrivons naturellement,
et sans autre transition, aux Granivores, auxquels
elles nous amènent par leur régime mixte, et leurs
rapports marqués avec les Bruants, qui commencent
notre 4® Ordre.
RAPPORT
SUR
Trois Oiseaux présentant divers états pathologiques,
OFFERTS PAR M. FAIRMAIRE;
Par n. MjKIUETTEME,,
Séance du 7 Mars 1867.
Messieurs,
Chargé de vous présenter un rapport sur trois oi¬
seaux offerts à la Société par notre honorable collègue,
M. Fairmaire, j’aurais dû peut-être décliner cet hon¬
neur pour cause d’incompétence ; mais, outre que mon
absence de la réunion , au moment où j’étais désigné
pour cette étude, me mettait dans l’impossibilité de me
récuser, mon vif désir de faire preuve de bonne vo¬
lonté m’a décidé à vous soumettre mes appréciations.
J’ose compter, Messieurs, sur votre bienveillance ac¬
coutumée, et sur votre indulgence bien connue.
Les oiseaux qui ont été remis à mon examen
sont :
1“ Un Pic Épeiclie mâle, en premier plumage ;
324
2“ Un Pic Leuconote, femelle adulte ;
3“ Une Mésange boréale , également adulte, et que
je considère encore comme femelle.
Ces individus otfrant des affections différentes, je
vous demanderai, Messieurs, la permission de les étu¬
dier séparément.
fo Pic Épeiche (Picus 3Iajor). Cet oiseau, parfaite¬
ment constitué, du reste, présente une déviation con¬
sidérable à la mandibule supérieure. Il est facile de se
convaincre, au premier coup d’œil, que ce n’est point
une anomalie congéniale , mais bien une difformité
accidentelle. La trace du plomb qui a coupé l’arête du
bec, et labouré la substance cornée, reste très apparente.
La partie solide étant enlevée, les cartillages ont dû se
désorganiser en partie, s’altérer et se resserrer en se
cicatrisant. Ainsi s’explique, selon nous, la déviation
de l’organ’e. On rencontre souvent des accidents ana¬
logues. Il y a trois ans (octobre 1864), j’ai tué uneMa-
rouette ( Hallus porzana) qui n’avait qu’une jambe ;
Lautre avait été coupée un peu au-dessous de l’articu¬
lation tibio-tarsienne longtemps auparavant; car la
' place était parfaitement recouverte. L’autre jour en¬
core (23 février 1867), j’ai tiré une Bergeronnette Boa-
rule {Motacilla Boarula) dont les doigts avaien t été coupés
à l’articulation digito-tarsienne même , et dont il ne
reste que de très simples rudiments.
Ces invalides ont pu survivre, se guérir et arriver à
un embonpoint remarquable, parce qu’aucun des or¬
ganes indispensables à la vie n’avait été lésé.
. Pour revenir au Pic qui nous occupe, on s’expli¬
quera facilement qu’il ait pu se nourrir, après cet ac¬
cident. quand on. réfléchira que, dans cette famille
325 —
(les Picinés), le bec n’est pas le seul organe qui serve
à l’alimentation, et que leur langue cylindrique, d’une
longueur remarquable, s’engluant dans deux vésicules
placées à la nuque et au vertex, y concourt pour une
large part.
2° Pic Leuconote {Picus Leuconotvs), atteint d’élé-
phantiasis. Ici, Messieurs, commencent mes embarras.
Cet oiseau est affecté d’une maladie, qui n’est pas par¬
ticulière à la famille ornithologique, et qui, étant du
domaine de la niédecine, eût été traitée, avec plus de
compétence et de fruit, par l’un des nombreux doc¬
teurs que la Société s’honore de compter dans son
sein.
L’éléphantiasis consiste, comme l’indique son nom,
dans certaines rugosités et boursoufElures qui rendent
la peau assez semblable à celle de l’éléphant. Chez les
oiseaux, cette maladie n’affecte ordinairement que les
parties dénudées, les tarses, et quelquefois, dans les
cas très prononcés, les commissures du bec. Ici le mal
s’est concentré dans les tarses, mais il y est extraor¬
dinairement développé. Circonstance remarquable ce¬
pendant, la dernière phalange d’un des doigts exté¬
rieurs est parfaitement saine, et le devant du tarse
droit ne porte pas non plus de rugosités ; seulement,
l’imbrication des écailles y est un peu dérangée, par
suite de la désorganisation des surfaces latérales.
Quant à la nature de la maladie et à ses causes ,
quelque inhabile que nous nous trouvions à traiter un
pareil sujet, nous avons cru devoir donner notre opi¬
nion pour ce qu’elle vaut.
L’hypertrophie, dont ce Pic est atteint , nous a paru
plutôt dermale qu’éléphantiasique ; car elle n’affecte
1
— 326 —
que le demie et non la peau entière, et n’a point,
dès lors , le caractère distinctif de l’éléphantiasis.
Nous avons rencontré souvent des maladies des tarses
assez semblables, dans les vieux oiseaux captifs, et te¬
nus dans un état de propreté qui laissait à désirer. Les
écailles s’étaient soulevées et développées outre me¬
sure, et les ongles mêmes avaient perdu, en s’étendant^
quelque chose de leur nature cornée.
Nous croyons avoir rencontré également des carac¬
tères analogues aux mains de certaines personnes
âgées, exerçant des professions qui impliquent l’humi¬
dité et la malpropreté des doigts. On y retrouve ces
pellicules, qui prennent peu à peu une nature cornée
et s’identifient avec les ongles, dont elles augmentent
l’épaisseur en leur donnant un aspect poreux ; la peau
des mains elle-même semble subir une désorganisa¬
tion; elle perd sa souplesse, se gerce et se couvre de
callosités.
De là, nous avons été amené à conclure que, dans le
cas qui nous occupe , l’hypertrophie pourrait bien
n’être qu’un résultat de l’âge, favorisé encore par le
contact continuel des lichens, et des bois pourris et
vermoulus, grouillant d’insectes qui, peut-être , auront
eux-mêmes fait invasion dans les tissus de l’épiderme
et altéré la peau. N’oublions pas que le Pic que
nous examinons, et la Mésange dont il nous reste à
parler, sont des oiseaux de creux d’arbres, des femelles,
tuées peut-être après l’incubation, qui les aura confi¬
nées quelques semaines au milieu des détritus hu¬
mides.
«
3» Mésange Boréale {Parus Borealis). Encore une
maladie des tarses, mais qui présente un caractère dif-
- 327 —
férent. Dans ce dernier sujet, l’hypertrophie nous a
paru graisseuse. Chez les oiseaux, comme chez les
mammifères, il existe, cà la surface de la peau, des
vésicules remplies de matières onctueuses, appelées
glandes sébacées, qui secrétent une humeur grasse
sur le corps qu’elles lubréüent. Cette sorte de sébum
occupe, chez les différents individus, des parties diffé¬
rentes. Chez les Hérons, ces réservoirs se trouvent à
la partie supérieure du sternum ; chez d’autres familles,
on les trouve au croupion C’est là que l’oiseau vase
frotter le bec, pour lisser et vernisser ses plumes, et les
rendre imperméables à l'humidité. Mais, outre ces
réserves, que l’oiseau emploie à entretenir son plu¬
mage, il existe, entre les écailles qui couvrent les
tarses, des sécrétions de matières analogues, destinées
à les rendre glissantes et à en faciliter le jeu dans les
mouvements des doigts. Or, les excroissances que Ton
observe aux tarses de la Mésange étant d’une nature
graisseuse, nous ne doutons point qu’elles ne soient le
résultat d’une maladie , qui a décomposé et solidifié
cette espèce de sébum .
Vous voudrez bien nous excuser. Messieurs, de ne
vous présenter que de simples hypothèses ; mais ,
comme nous l’avons dit, nous nous trouvons incom¬
pétent à indiquer la cause de l’affection. Nous pen¬
sons , d’ailleurs , qu’une étude approfondie , pos¬
sible peut-être pour de plus habiles, sur des su¬
jets fraîchement tués, devient difficile, sinon impos¬
sible, sur des individus momifiés, chez lesquels la
dessication a enlevé au mal ses caractères principaux,
pour ne laisser que les traces des désordres qu’elle a
causés.
328 —
Dans tous les cas, nous trouvons que la place de ces
oiseaux anormaux est marquée dans les collections des
Sociétés savantes, où ils sont exposés aux yeux de
tous, et surtout des personnes compétentes, qui pour¬
ront les étudier; et nous estimons que c'est une pré¬
cieuse acquisition pour la Société. Aussi, nous asso¬
cions-nous, du fond du cœur, aux sentiments de grati¬
tude exprimés en son nom à l’honorable M. Fermaire.
Nous n’attendions pas moins de sa générosité ; nous
avons eu, dans les nombreuses relations d’échange
et d’amitié que nous entretenons avec lui, l’occasion
d’apprécier sa droiture et sa loyauté, que nous sommes
heureux de proclamer ici.
Bolhec, 6 mars 1867.
NOTE
SÜR
L'ŒIJF DE LA POELE D’EAE BAILLON
[Gallinula Baillonii ^ Temminck) ,
/
Par M. liGMlilTTEIli.
Séance du l®*" Août 1867.
Messieurs,
*
La Poule d’eau Bâillon est assez commune dans le
département, et a été parfaitement décrite par les au¬
teurs modernes ; aussi n’ai-je point l’intention de
parler de l’oiseau lui-même. Ce que l’on connaît
moins, ce qui a été incomplètement déterminé, ce sont
ses œufs et son mode de nidification. Ayant été assez
heureux pour découvrir son nid, le 6 juin dernier, j’ai
pensé vous être agréable , Messieurs , en vous en
donnant la description et en vous présentant un de
ses œufs.
Coquille assez épaisse, assez solide; d’un chamois
clair, légèrement lavé d’olivâtre; lustrée, avec une
quantité de petits points d’un brun vineux, dont
quelques-uns sont elFacés ; d’autres points, plus éten-
330
dus, olive foncé, semblent superposés aux premiers, et
dominent au gros bout; forme un peu allongée, offrant
celte particularité, que le gros bout se termine en
pointe brusque et aiguë. Grand diamètre , 27 milli-
mètres; petit diamètre, 20 millimètres.
J’ai trouvé ces œufs au nombre de cinq, à Saint-
Georges-sous-Gravenchon, au milieu des jonchaies
baignées par les eaux , dans un nid, émergeant d’envi¬
ron 10 centimètres, construit sans art, de quelques
fines tiges de roseaux , repliées et croisées dans les
joncs. Ce nid avait si peu de profondeur, que la femelle,
en partant, en enleva trois, que je retrouvai dans
l’eau au pied de la touffe.
A quelque distance de là, dans un rayon de 3 mètres
environ , je découvris d’autres nids déjà très avancés.
La Poule d’eau Bâillon construirait- elle des nids pos¬
tiches comme la Pie? ou bien quelque chose, portant
ombrage à la femelle, l’aurait-elle engagée à établir plus
loin le berceau de sa famille ? La proximité du nid
réel me fait pencher pour la première hypothèse. Si la
mère eût redouté quelque danger, il est probable
qu’elle eût porté son nid plus loin. C’est, du reste, un
point que je me propose d’éclaircir l’année prochaine,
si j’en puis trouver l'occasion.
NOTE
SUR
L’EMBERIZA PASSElilîïA (Paiias),
Par H. liEMETTËlLi.
Séance du 4 Juillet 1867.
\
Messieurs,
I f
A la lin du siècle dernier, Pallas, l’infatigable natu¬
raliste J découvrait dans les steppes de la Russie un
bruant nouveau qu’il désignait sous le nom de « Kmbe-
riza passerina^ » Bruant passerine.
La première description qu’il en donna dans l’Ap¬
pendice à ses voyages ( 1776 ) n’est malheureuse¬
ment qu’ébauchée. Plus tard , après de nouvelles
observations , il le décrivit d’une manière précise et
complète dans sa Zoographiâ Russo-Asiatica [ Saint-
Pétersbourg, 1811) ; mais ce dernier ouvrage, tiré à
un très petit nombre d’exemplaires , 25 seulement,
si je ne me trompe, est resté inconnu de la plupart de
nos naturalistes modernes; et l’oiseau, mal défini dans
l’Appendice , n’a été admis jusqu’ici sur aucun cata-
332 —
logue. C’était au hasard qu’il était réservé de révéler le
nouveau Bruant; et deux captures faites cette année
meme, paraissent destinées à affirmer l’opinion de
Pallas sur cet oiseau, et c\ établir définitivement son
existence, qui déjà n’est plus douteuse pour plusieurs
naturalistes, et notamment pour M Gerbe, l’auteur
do la deuxième édition de Degland.
L’un de ces oiseaux a été trouvé, à la halle de Paris,
par un ornithologiste-amateur, aussi consciencieux que
dévoué à la science, M. Vian, l’heureux possesseur
d’un exemplaire de la Zoographia.
Quant au second sujet, j’ai eu. Messieurs, l’honneur
«
de le déposer sur votre bureau, au commencement de ^
la séance. Je l’ai capturé sur le marais de Lillebonne,
le 7 Février dernier, à peu près à la môme époque où
M. Vian achetait le sien à la Vallée.
M. Vian m’annonce qu’il vient de signaler cette
nouvelle espèce à la Bevue zoologique. Permettez-
moi, Messieurs , d’entreprendre pour notre Société, ce
que mon honorable ami a fait pour la publication de
Paris, et de vous présenter — en toute simplicité et
sans arrière-pensée de comparaison — quelques obser¬
vations sur le petit Bruant que j’ai l’avantage de vous
soumettre.
Je dois dire d’abord que mon oiseau, rapproché de
celui de M. Vian, et de trois autres individus adultes,
envoyés tout récemment de Chine par le R. P. David,
ohre des caractères tdut-à-fait semblables, et conformes
de tous points à la description de Pallas.
N’ayant point son ouvrage sous la main, j’essaierai
d’y suppléer, en décrivant de visu.
Caractères distinctifs : Bec court, effilé , non bombé ,
I
333 — '
régulièrement conique , assez semblable à celui du
Sizerin ; tarses et pieds grêles ; doigt médian , ongle
compris, environ 17 millimètres; taille, 13 centi¬
mètres.
Description : Mâle adulte en été : tête, devant du cou
et une partie de la poitrine d’un noir profond ; un
trait blanc, formant moustache, part de la mandibule
supérieure, et rejoint un demi collier, de même cou¬
leur, plus étroit que dans VEmberiza Sliæniculiis ; par¬
ties supérieures noires, bordées de roux vif; ailes d’un
roux plus pur ; parties inférieures blanc lustré , avec
des mouchetures brunes sur les côtés de la poitrine et
aux tlancs ; rémiges brunes bordées de gris ; rectrices
noires, à l’exception des deux médianes, largement
frangées de roux , et des deux externes de chaque côté,
marquées d’une tache blanche , oblongue , s’étendant
sur presque toute la largeur ; pieds brun sombre ; bec
noir; iris brun foncé. (Sujet de Chine , tué en avril.)
Mâle adulte en hiver : comme le mâle adulte en été ,
différant par des teintes moins tranchées ; la tête , le
cou et la gorge d’un noir lavé de roux (Sujet de Chine
tué en novembre.) ^
Jeune mâle ; comme le mâle adulte , mais avec des
couleurs plus pâles , la tête brune et non noire ; une
raie sourcilière et des moustaches blanc jaunâtre ; col¬
lier à peine apparent. (Tel est l’oiseau de M. Vian*:)
Femelle adulte (de Chine) ; comme la jeune femelle ,
avec les nuances plus vives. (Epoque et âge indéter¬
minés.)
Jeune femelle : plumes du milieu du vertex variées
de gris et de noir; celles des côtés plus rousses; une
bande sur chaque œil et des moustaches comme dans le
— 334 -
jeune mâle ; teintes du manteau plus pâles, plus indé¬
cises; gorge et parties inférieures lavées de chamois
clair, avec deux pinceaux noirs, partant de la mandi¬
bule inférieure, encadrant la gorge et se confondant
avec les mouchetures de la poitrine , qui sont plus
nombreuses et plus disséminées que chez le mâle.
(Cette description est prise sur ma jeune femelle.)
Si l’on en excepte les caractères distinctifs , la des¬
cription pourrait , comme on le voit , convenir au
Bruant des roseaux, dont le Passerine ne diffère que
par la forme et la grosseur du bec , par la taille , les
tarses et les doigts, qui sont considérablement plus
petits. Cette différence serait déjà une puissante pré¬
somption en faveur de la distinction des espèces. Mais
pour quiconque a vu l’oiseau vivant, et a entendu sa
voix, le doute n’existe plus. UEmberiza Passerina a un
petit cri traînant et plaintif, bien différent de la voix
rauque et criarde de VEmberiza Sliæniculus. Ses mouve¬
ments sont moins inquiets, moins saccadés; il a moins
de trémoussements dans les ailes et la queue ; il paraît
aussi plus familier.
Quant à Vhabitat , Pallas l’a trouvé, en été, dans les
régions boréales , aux environs de Berezow, dans le
gouvernement de Tobolsk ; à l’époque des migrations,
dans le voisinage de la mer Caspienne , sur les bords
du Volga et dans les confins de la Sibérie. Les sujets
envoyés de Chine sembleraient indiquer qu’il va
prendre ses quartiers d’hiver plus loin , dans le Midi ,
d’où il repartirait assez tard, puisqu’ils ont la robe de
noces presque complète.
Il est une remarque qui me paraît mériter d’être
consignée, c’est que des trois espèces de Bruants réunis
par quelques auteurs sous le nom générique de Cy n -
chramus , qui revêtent la même livrée, et ne diffèrent
que par la taille, VEmheHza Pyrrliuloides , qui semble
le plus robuste, se trouve dans les régions méridionales;
VEmberiza Shæniculus , l’espèce moyenne , dans les
contrées tempérées; tandis que V Emberiza Passerina^ldi
plus petite, la plus frêle, celle qui paraît la plus déli¬
cate, s’avance jusque dans le voisinage des glaces. Sans
vouloir pénétrer ici les secrets de la Providence, ne
pourrait-on pas admettre que les espèces les plus fortes
se trouvent au Midi, où la nourriture est plus abon¬
dante?
Nous pensons que cet oiseau doit se trouver assez
souvent dans nos régions occidentales, et que, s’il n’y
a point été découvert plus tôt , ce n’est pas qu’il n’y
ait point paru , mais qu’il n’a point été distingué du
Bruant des roseaux, et qu’il a passé inaperçu. Nous
croyons cependant qu’on n’y trouve guère que des
jeunes. Ce ne serait donc pas par un effet du hasard
que les deux sujets capturés , cette année , sont des
individus d’un an.
En général, les oiseaux de l’année, surtout ceux des
couvées tardives , émigrent plus tard que les adultes ;
et , soit attachement pour le pays natal , soit défiance
de leurs propres forces , ils ne se décident au départ
que quand la rigueur de la saison les y contraint. Alors
n’ayant plus les vieux pour les guider, ils errent à
l’aventure, et se trouvent souvent entraînés à la suite
d’autres espèces, qui prennent une direction différente.
Pallas dit, en effet, qu’à l’arrière-saison il trouvait le
Passerina « gregatim » avec d’autres bruants. Peut-
être aussi , surpris dans leurs migrations par des per-
— 336 ~
turbations atmosphériques, se trouvent-ils détournés
de leur route, et poussés dans des régions qu’ils ne
sont point appelés à visiter. Ce qui nous paraîtrait jus¬
tifier cette dernière opinion , c'est que l’automne de
1866 a été fécond en bourrasques.
Je finis , Messieurs ; mais permettez-moi encore une
simple observation sur le nom donné par Pallas. Le
mot Passerina semble indiquer , entre notre petit
Bruant et le Moineau (passer), une ressemblance qui
n’existe pas. Les meilleures dénominations sont celles
qui sont figuratives , et je ne vois point de caractère
sérieux, pour justifier cette désignation D’ailleurs, le
mot passerina est devenu un nom générique ; puis
Gmelin et Latham l’ont employé comme dénomina¬
tion spécifique de VEmberiza Shænicidus. — Tl y aura
donc une double cause de confusion.
Pourquoi ne pas l’appeler Tenuirostris ou Brachy-
dactyla't Ces deux expressions indiqueraient ses carac¬
tères distinctifs ; ou bien encore Schæniculdides ? Ce
mot, outre la ditférence spécifique, donnerait l’indica¬
tion de l’espèce voisine. Ce diminutif me paraît donc
le plus rationnel. Son nom français pourrait être
Bruant plaintif, à cause de son cri.
Quoi qu’il en soit de ces observations , que vous
trouverez peut être , Messieurs, passablement hasar¬
dées et prétentieuses, il me semble qu’on ne peut plus
douter de l’existence de VEmberiza Passerina, je ne dis
pas comme oiseau d’Europe, mais comme appartenant
à la France et à notre département; et notre faune
locale s’enrichit, dès lors, d’une espèc>e nouvelle.
Bolbec, 20 juin 1867.
COMPTE-RENDU
DE
L’Excursion de la Société, à Forges,
LE JEUDI U JUIN 1867,
Par 11. A. ilALBRAMCHC:.
La Société avait , cette année, choisi Forges pour
but de son excursion réglementaire. Le sol maréca¬
geux, formé par des tourbes pyriteuses, unique dans
nos contrées, faisait espérer une récolte curieuse, spé¬
ciale. Cet espoir ne s’est réalisé qu’en partie, par le
défaut d’un guide bien au courant de la localité. La
compagnie du chemin de fer du Nord axait fait fléchir
pour nous les rigueurs de son tarif, et, malgré l’her¬
borisation de M. Blanche, qui avait lieu le même jour,
une vingtaine d’excursionistes se sont trouvés réunis
à la gare d’Amiens.
Beaucoup d’entre nous, qui voyageaient pour la pre¬
mière fois sur la ligne du Nord , ont remarqué proba¬
blement le matériel : les grosses locomotives en cuivre
jaune qui reluit au soleil, les freins Reynal et les si¬
gnaux d'appel, installés dans chaque wagon pour la
sûreté des voyageurs, signaux un peu compliqués
dans leur fonctionnement, et qui ont déjà donné lieu
à tant de réflexions plaisantes. La voie, après s’être
inclinée sous son aînée, la ligne de Paris au Havre,
franchit Darnétal presque dans les airs, sur un beau
viaduc, et s’engage dans la jolie vallée de Saint-Mar-
22
%
— 338 -
tiii-du-Vivier, où coulent des eaux d’une limpidité qui
fait plaisir à voir. L’industrie n’a point encore empoi¬
sonné ces ondes pures, que l’on ne saurait reconnaître
dans les eaux multicolores qui traversent nos rues.
Nous aurions pu y récolter diverses conferves et le
singulier Batrachospermum moniliforme. La piscicul¬
ture y était représentée, il y a quelques années, par un
fervent disciple, et des milliers de truites ont vu le jour
dans les bassins de M. Duboc, grâce aux soins intelli¬
gents dont il entourait leur vie embryonnaire.
Vers Morigny, les bords de la voie sont couverts par
les belles panicules du Salviapratensis. A Montérolier,
nous trouvons l’embranchement qui va rejoindre à
Glères la ligne de Dieppe. Il semble que notre chemin
de fer évite les centres de population ; nous avons
passé Buchy sans nous en apercevoir, et nous arri¬
vons à Forges sans nous en douter. Cependant la phy¬
sionomie du paysage eût pu nous avertir que nous
touchions à la vallée de Bray. Ces herbages plantu¬
reux, où paissent de nombreux troupeaux, révèlent le
pays au beurre ; nous sommes entre Gournay et Neuf-
châtel. On descend à Serqueux-Forges, où des omni¬
bus nous attendent et nous portent à la ville, distante
d’environ un kilomètre et demi.
Le temps, qui s’était montré d’abord menaçant, se
rassérène complètement. Un rayon de soleil nous sou¬
rit, et, pleins d’espoir, nous commençons notre ex¬
cursion par une visite à l’une des fabriques de faïence.
Une argile plastique, qui existe en abondance dans les
environs, a donné naissance à cette industrie, établie
depuis très longtemps à Forges. On moule la glaise
sous les formes les plus diverses, avec une dextérité
surprenante. Outre une foule de petits objets de mé¬
nage, on y fait des creusets et des vases poreux pour
la chimie. La préparation de la terre, des couleurs,
les ateliers de moulage, de décors, de vernis, les fours,
ont été successivement parcourus, et nous avons vu
avec plaisir que le bon marché des objets n’en exclut
ni le goût, ni l’élégance.
Nous nous sommes rendus de Là à la fabrique de
couperose. La tourbe pyriteuse qui effleure le sol est
extraite et portée sous de longs hangars, dont l’ins¬
tallation est assez pittoresque. Ce sont de grands toits
de chaume reposant sur le sol, ouverts à chaque ex¬
trémité, et qui sontcouverts d’une abondante végéta¬
tion de mousse et de lichens. Par son exposition à un
courant d’air continu, la tourbe s’oxyde, se sulfatise ;
elle est lessivée ensuite dans des bassins, et les li¬
queurs évaporées cristallisent.
L’établissement des eaux minérales se trouve à peu
de distance. Et, de même que nul n’est prophète dans
son pays, malgré leurs vertus manifestes, les eaux de
Forges sont complètement négligées. Nous sommes
loin du temps où ces eaux célèbres étaient fréquentées
par une brillante société. Ce fut pour répondre à cette
vogue que M. le marquis de Labourdonnaye fit éta¬
blir la route spacieuse qui passe à Forges. .La cour
elle-même ne dédaigna pas de venir passer une saison
à Forges. En effet, en 1632, le roi Louis XIII, la reine
et le cardinal de Lichelieu vinrent s'y installer. Plu¬
sieurs Princesses, le siècle dernier, vinrent encore sé¬
journer à Forges ; puis, peu à peu, les eaux retombè¬
rent dans l’oubli, autant par la prédominance d’un
système médical nouveau, la doctrine physiologique.
340 --
que par rincurie du propriétaire, qui négligea les
agréments et distractions que toute ville de bains doit
offrir à ses visiteurs. C’est en 1843 que le pavillon ac¬
tuel fut construit. C'est un bâtiment rectangulaire,
d’un goût sévère, élevé sur pilotis, à deux mètres du
sol, contenant plusieurs salles pour bibliothèque, ré¬
ceptions, bals, et des cabinets de bains et de douches.
Au-dessous se trouve un réservoir commun, dont l’eau
est élevée au moyen de pompes pour le service des
cabinets. C'est dans ce réservoir que se forme et se
recueille le dépôt de crénate de fer. Le parc, de peu
d’étendue, renferme quelques beaux arbres, qui ont dû
abriter laroyale société dontnous parlions tout-à-l’heure.
Confondues autrefois sous le nom un peu préten¬
tieux de Fontaine de Jouvence^ les trois sources étaient
déjà captées séparément du temps du voyage de
Louis XTII, et reçurent, en mémoire des augustes vi
siteurs, les noms de Royale^ Reinette^ Cardinale. Cette
dernière est la plus active et d’un moindre débit,
180 litres par heure (la Royale débite 450, et la Reinette
900). D’après un mémoire du docteur Cisseville, à qui
j’emprunte beaucoup de ces détails, que vous excuse¬
rez, j’espère, puisque l’étude des eaux minérales ap¬
partient à l’histoire naturelle, la température des eaux
est de 6 à 7“, et leur densité de 1,5. L’analyse en a été
faite en 1845, par O. Henry, qui y a constaté la pré¬
sence du fer à l’état de crénate de protoxide et une
certaine proportion de bicarbonate de magnésie (1).
(1) Acide carbonique . 0.22 pour un litre.
Protoxide de fer crénaté.. 0.09 —
Bicarbonate de magnésie. O.107 —
Source La Cardinale.
4
341 —
Les eaux de Forges jouissent des propriétés appar¬
tenant à la plupart des eaux ferrugineuses, et une coïn¬
cidence fortuite leur a fait attribuer des vertus parti¬
culières contre la stérilité des femmes. Ce fut, en effet,
à la suite du voyage de Forges qu’Anne d’Autriche
donna le jour au prince qui fut Louis XIV, et dont les
destinées brillantes jetèrent tant d'éclat sur la France.
« Heureuse époque, dit de Nihel , en parlant du sé¬
jour de la princesse à Forges, heureuse époque d’où
nous datons avec des cris de joie les jours tant pro-
/
longés de son auguste fécondité. »
Quoi qu’il en soit, les eaux de Forges possèdent des
propriétés certaines, et elles pourraient peut-être re¬
conquérir un peu de leur célébrité si, avec la proxi¬
mité d’un chemin de fer, une organisation nouvelle,
en harmonie avec les goûts du jour, y attirait par
des distractions variées un public qui veut être amusé
partout, même dans les graves occupations que né¬
cessitent les soins de sa santé. Miscuit utile dulci.
Après cette première partie du programme, où cha¬
cun s’.était arrêté un peu à sa fantaisie, on se réunit à
Fhôtel du Mouton, où nous attendait le déjeuner.
Notre appétit, aiguisé parla course du matin, fit hon¬
neur au menu. L’entrain et la cordialité la plus franche
ne tardèrent pas à régner entre les convives, animés des
mêmes goûts et réunis pour les mêmes études. Le re¬
pas fut court; on avait hâte d’entrer en campagne, et,
tandis que les géologues allaient visiter les exploita¬
tions de tourbes, les botanistes remontaient vers les
sources de l’Andelle.
Les fossés sont remplis d’un Polamogeton qui tient
le milieu entre le natans et Voblongifolius; il a ses
342 —
feuilles inférieures détruites comme le premier, les
«
épis sont petits et les feuilles pointues comme dans le
second. C’est probablement la var. prolixus du natans
Duby.
Les Carex sont nombreux : stellulata^ curta, panicu-
lata, cœspitosa, ampullacea^ acuta, ovalis, flava, et sa
var. Œderi, h’Oxycoccoi; se fait chercher un peu, sa
feuille brode les tapis serrés des Sphagnum; enfin, on
trouve sa fleur, ravissante de port et de nuance. Le
Drosera rotundifolia ^ qui étonne toujours ceux qui le
voient pour la première fois, est assez abondant. Au
milieu de prairies composées en grande partie de
joncs {Juncus acutiflorus ?la plante n’est pas fleurie), de
Luzula congesta, de Bromus pratensis Ehrh. , de Juncus uli-
ginosus, de Scorsonera huniiliSy on trouve le Sison ver-
ticillatum^ et là où le terrain est tout-à-fait humide et
couvert de le Polygala depressa , VEriopho-
rum angusti folium , var. Vaillantü à pédicelles courts
et épillets ramassés, le Polypodium Thelipteris , et enfin
Blechnum spicant , Erica tetralix, Hydrocotyle vulgaris,
Myosotis strigulosa, etc. Une plante qui tient avec les Erio-
H
phorum une grande place dans le tapis végétal par son
abondance, c’est le galium harcynicum, qui couvre de
sa neige les terrains émergeant au bord de la vallée.
Le temps ne nous a pas permis de parcourir la vallée
au-dessous des eaux minérales ; nous aurions pu y ré¬
colter VEriophorum vaginatum et le Juncus squarrosus.
Au pied des haies et peu éloigné des habitations,'
selon ses habitudes, V OEgopodium Podagraria et une
hépatique sans fructification, à frondes larges dressées,
en compagnie du Marckantia polymorpha , dont elle
n’est peut-être qu’une variété ascendante.
343
Les cryptogamistes ont fait aussi quelques récoltes
intéressantes, en y o\ci la. liste ■: Poly trie hum commune
(de 0, 35), formosum et juni'perinum‘1 Dicranum cervi-
culatum qui forme d’immenses tapis , Sphagnum obtu-
sifolium, squarrosum , acutifolium et var. rubicundum
de Bréb. ; Hypnum cuspidatum, stramineum? Bartra-
mia fontanUf Aulacomium palustre. Sur les grands toits
de chaume, de superbes et abondants échantillons de
Cladonia à fruits rouges, parmi lesquels une belle va¬
riété phyllocepha du Clad. cornucopidides ^ Cl. bacillaris
clavata^ Cl. yracilis v. aspera.
Une petite conferve brune violacée dispute laplace au
Dicranum, c’est le Leda ericetorumBorY {Confervaerice-
torum Roth). On distingue aussi parmi la mousse sus¬
dite des espaces plus bruns ; cela est dii à un petit pa¬
rasite, trop jeune pour être déterminé, mais qui ap¬
partient certainement à.la tribu des trichiacées. Enfin,
de beaux échantillons de Sphæriabullata.
L'heure du départ arrive trop vite; nous aurions
voulu visiter l’autre côté de la prairie. Du reste, à
peine sommes-nous en wagon que la pluie se déclare,
et des averses diluviennes marquent notre retour à
Rouen.
Je ne terminerai pas sans adresser les remercî-
ments de la Société à M. Boutigny, pharmacien à
Forges, et à M. le docteur Bouteiller, qui ont bien
voulu s’occuper des détails de l’organisation de cette
course.
D'août 1867.
*
. — —mrnm Xiiliy^nr^— - - - -
/
COMPTE-IJEiVDC
DU
CONGRÈS INTERNATIONAL DE BOTANIQUE,
Tenu à Paris, du 16 au 23 août 1867;
Par n. A. MAliBRAXCUE.
Chargé avec MM Blanche et Bouteiller de représen¬
ter notre Société au Congrès international de Bota¬
nique, je viens vous rendre compte de cette honorable
mission, en vous exposant succinctement ce qui s’est
passé dans ces imposantes réunions.
Le Congrès international de botanique, qui a eu lieu
à Paris au mois d’août, était le troisième de ce genre;
en 1865, Amsterdam; Londres, en 1866, avaient été
favorisées par les premières sessions. Beaucoup de
botanistes distingués étaient venus, de toutes les parties
de TEurope, répondre à l’appel de la Société botanique
de France. Le Congrès de Paris a compté 150 membres
présents. M. Alp. de Candolle , dont le nom illustre
est attaché à d’impérissables travaux botaniques, a été
par acclamation porté à la présidence. Ont pris place
au bureau comme vice-présidents : MM. de Cannart
345
d’Hamale , sénateur , président des Sociétés d’horti¬
culture de Belgique; Duchartre, membre de llnstitut;
Dumortier , président de la Société royale de bota¬
nique de Belgique ; de Gelqsnow , directeur d’académie
à Moscou ; Goepert , professeur de botanique à
Breslau ; David Moore, directeur du Jardin des Plantes
de Dublin ; les savants lichénographes Nylander d’Hel-
singfort et Santo-Garovaglio de Pavie; Schultz-Schul-
teinstein , professeur de botanique à Berlin. Parmi les
secrétaires on comptait : MM. Morren, de Liège ;Kanitz,
de Hongrie ; Famintzin, de Saint-Pétersbourg ; Fichier,
de Munich; G. Personnat et le D^ E. Fournier, de
Paris. Beaucoup de notabilités scientifiques se trou¬
vaient dans l’assistance : MM. Boreau, d’Angers ; Du-
rieu de Maisonneuve, de Bordeaux ; Faivre , de Lyon ;
Kirschleger, de Strasbourg; J. Brown, de Gape-Town;
les allemands Koch et Kuntze ; Stizemberg, de Bâle ;
Thuret , Planchon , Lestiboudois , Cosson , Naudin ,
Weddell , Germain de Saint-Pierre et Cordier , de
Paris, etc., etc.
M. Rivière, l’habile directeur du jardin de l’Ecole
de Médecine, avait exposé des orchidées hybrides.
D’après l’exposant , la fécondation des orchidées n’a
lieu que par l’intermédiaire des insectes. Dans une
serre ou l’on cultivait ces plantes, sans jamais en voir
aucune former leur fruit, il arriva qu’un jour où l'on
donnait de l’air, un xylocope s’introduisit par l’ouver¬
ture, et butinant de fleurs en fleurs procura la fécon¬
dation, et des graines se formèrent. Delà vint l’idée de
féconder artificiellement les orchidées. M. Rivière a
fécondé le Lœlia crispa par le cinnabarina et a obtenu
des plantps dont les spécimens , mis sous les yeux
- 346 —
de rassemblée, varient entre les deux parents. — La
fécondation croisée même dans la même espèce est
nécessaire , d’après M. Darwin , pour que l’opération
réussisse; M. Morren est de cet avis.
M. Planchon dit qu’il a très bien réussi à féconder
des ovaires avec le pollen pris sur la même plante.
M. Morren dit que son père a, le premier en Europe,
pratiqué la fécondation artificielle des orchidées et
obtenu des fruits du Vanillier.
M. Schutlz expose quelques expériences qui ten¬
draient à prouver que la théorie de Liebig, de Saussure
( décomposition de l’acide carbonique par les plantes
en oxygène et en carbone \ n’est pas aussi rigoureuse
qu’on le croit généralement. Les plantes renferment
des acides tartrique, citrique, lactique, tanni^jue , et
tous acides fixes et composés. Ce seraient ces acides
qui en se décomposant formeraient beaucoup d’oxy¬
gène. Ainsi, des feuilles de vigne placées dans l’eau
dégagent leur volume de gaz oxygène ; mais si l’eau
est acidulée avec de la crème de tartre, le dégagement
du gaz est dix fois plus considérable , et la solution
devient neutre.
Dans la deuxième séance, le Congrès a entendu un
botaniste russe lui rendre compte des expériences cu¬
rieuses qu’il a faites pour constater Tinfluence de la
lumière sur le développement du Spyrogyra ^ algue
d’eau douce, commune dans notre pays aussi bien que
dans les froides régions qu’habite ce savant. Les spi¬
rales de chlorophylle qui ornent chacun des articles
de cette conferve, varient étonnamment, selon l'inten¬
sité de la lumière , ainsi que la longueur des cellules
ou articles. Si on observe cette algue vivante, on peut
347
très bien la voir, même à l’œil nu, chercher lalamière
et se diriger par saccades vers le point lumineux.
Kutzing aurait eu tort d’établir des espèces sur la
direction des bandes, et les quatre espèces 5p. brevis
orthospyra . .ne seraient, d’après
l’orateur, que des formes d’une seule espèce.
Un professeur de Moscou, M. de Gelesnow, raconte
que, passantun jour d’hiver près de Saint-Pétersbourg,
devant des tilleuls , dont il avait vu , Tété précédent ,
les branches redressées , il fut surpris de voir les
branches manifestement inclinées vers le sol Cette
/
observation lui donna l’idée d’étudier le phénomène.
Déjà au Congrès botanique de Londres , M. Gaspari
avait fait une communication sur ce sujet ; mais M. de
Geneslow a pris une autre face de la question , et il
expose au Congrès les résultats qu’il a déjà cons¬
tatés.
L’abaissement ou le redressement des branches était
constaté au moyen d’une échelle graduée, fixée en
terre perpendiculairement à la branche en observation,
et un petit indicateur mobile permettait de suivre les
variations. Le tilleul est un des arbres les plus sen¬
sibles aux alternatives de chaleur et de froid, les chênes
bouleaux, érables, conifères sont bien moins influencés.
Une branche de tilleul de 7 mètres de long a dévié de
3 mètres de l'été à l’hiver. Des essences d’arbres
varient dans un sens, les autres dans un autre; ainsi,
tandis que le bouleau s’élève parle froid et s’incline
pa,r la chaleur, le chêne est influencé tout à l'opposé.
L’orateur a pu utiliser cette faculté singulière pour
construire une sorte de thermomètre très exact.
M. Schimper, je crois, a remarqué que dans beau-
/
— 348 —
coup d’arbres, le canal médullaire est excentrique, et
que la direction des branches est en rapport avec la
situation du canal médullaire. Plus le canal médullaire
est élevé, plus la direction de la branche se rapproche
de la verticale. Les conifères s’inclinent par le froid en
dehors du canal médullaire — l’humidité n’a pas d’in¬
fluence sur le phénomène. Les branches dévient en
deux sens, horizontal et vertical.
Plusieurs membres cherchent des explications à ce
phénomène dans la turgescence des tissus, la contrac¬
tion et la dilatation des liquides, des gaz, sans que
rien satisfasse complètement aux diverses données du
problème. Un membre fait remarquer que l’eau se di¬
late jusqu’à ce que sa congélation soit entière, puis .
elle subit la loi de tous les solides et se contracte un
peu si l’abaissement de la température continue. Le
phénomène de déviation des branches paraît étroite¬
ment lié aux changements de température.
Interpellé sur les effets de la température rigou¬
reuse à laquelle sont soumis ‘les arbres dans son pays,
M. de Gelesnow dit qu’à Moscou, où le thermomètre
descend quelquefois jusqu’à 33° au-dessous de zéro,
les arbres gèlent complètement, à ce point que leur
abattage est très difficile, mais au printemps, l’arbre
reprend sa vigueur et la végétation recommence sans
qu’ils paraissent avoir souff'ert.
Il est donné lecture d’un mémoire de M. Caruel sur
les Gabres de Toscane. A cet occasion une discussion
s’engage sur cette ancienne question des influences
physiques et chimiques du sol sur les plantes. Résolue
dans des sens divers, nous voyons des botanistes éga¬
lement éminents dans les deux camps où l’on accorde
349 —
la prédoniinence à Tune ou à l’autre influence. 11 sè
pourrait bien que personne n’ait tout-à-fait tort et
que chaque théorie soit vraie pour certaines plantes.
Gela m’a paru ressortir au moins des observations qui
ont été présentées.
On ne peut nier dans certains cas l’influence chimiqm;
certainement évidente. D’après M Planchon, la ma¬
gnésie, la chaux ont été décélées par la présence de
certaines plantes dans des terrains oùelles n’étaient pas
supposées exister. L'analyse chimique a donné raison
aux présomptions fondées sur la végétation. On exa¬
mine trop superficiellement le sol et souvent des prin¬
cipes chimiques reconnus expliqueraient des anoma¬
lies de végétation qui nous étonnent. Les nodules sili¬
ceux eux-mémes peuvent céder un peu de silice et
permettre ainsi, dans un terrain calcaire du reste, la
croissance de plantes qui exigent cet élément. Les
sables de certains rivages, même sur nos côtes nor¬
mandes, renferment une assez grande quantité de dé¬
bris coquillers qui en font un sol siliço-calcaire.
Un membre exprime l’opinion que l’on doit faire
une grande part au dégré d’humidité, à l’ameublisse¬
ment et à la couleur du sol. En Russie, on cultive un
terrain, on en tire une récolte ou deux puis on l’aban¬
donne. La jachère, la première année, se couvre d'une
végétation très variée; la seconde année on voit domi¬
ner les légumineuses; enfin la troisième, les graminées,
les Stipa surtout, envahissent le terrain et régnent
presque en souveraines. Il attribué cette variation du
tapis végétal au tassement du terrain.,
M. de Candolle cite plusieurs faits à l’appui de di¬
verses influences qu’on ne peut négliger, et qui rendent
le phénomène de riiabital dépendant de plus de cir¬
constances qu’on ne l’avait cru d’abord. J’ai retenu
entre autres celui-ci. Le blé ne réussit pas dans le
Midi, dans les terrains sablonneux, tandis qu’en Ecosse
il est parfaitement silicicole»
Il y a quelques années , parut en Autriche une
collection de planches de fougères obtenues par. une
méthode dite phytoxygrapbique. Les plantes, placées
entre une lame de plomb parfaitement lisse et une
table d'acier, sont comprimées de manière à donner
sur le plomb un dessin repoussé qui peut servir à
reproduire exactement la plante qui l’a fourni. On
a mis sous les yeux du Congrès les premières li-
' vraisons d’une flore iconographique de France dont
les planches sont obtenues par ce procédé.
M. Moore, de Dublin, expose une très rare collection
de Nepent/ies et de Sarracenia y dont une espèce pro¬
vient de graines mûries en Ecosse . Il lit en anglais
une note sur ces plantes. Il présente également une
collection d'Erica, très abondants en Irlande. M. Plan-
chon fait remarquer à ce sujet que les Erica sont des
plantes essentiellement occidentales. L’ouest de la
France, le Portugal et l’Espagne sont les régions où
ces plantes abondent. M. Planchon rappelle une ob¬
servation faite dans ces derniers temps sur une plante
de cette famille dont la nature avait été méconnue
jusqu’alors. Le Cistus Ledum est une plante toujours
stérile; on sait aujourd’hui que c’est une hybride qui
provient des espèces Laurifolius et Monspeliensis.
La question la plus importante de la session, et que
le Congrès avait mise à son ordre du jour, était V exa¬
men des lois de la nomenclature botanique. Sur la demande
— 351
flu comité d’organisation, M. de Candolle avait préparé
un travail qui a servi de base aux discussions, après
avoir été préalablement examiné par une commission
composée des noms les plus autorisés en pareille ma¬
tière. Il me serait impossible de vous initier aux réso¬
lutions qui ont été adoptées, et qui sont au nombre de
70. (Ce travail sera publié ultérieurement avec le
compte-rendu du Congrès.) mais je vais essayer de
vous en donner iine idée et de vous faire apercevoir
les réformes et les règles que réclamait la nomencla¬
ture.
Une source de confusion est la faute que commet¬
tent certains horticulteurs, en donnant des noms latins
à ces innombrables variations horticoles que produit la
culture. Des noms comme Rhododendron papiliona-
ceuniy Camellia planipetala ^ qui ont Pair d’espèces, se
glissent dans les livres botaniques et on chercherait en
vain dans les herbiers ou dans la nature ce qu’ils re¬
présentent. Ce sont des produits factices des jardins, qui
doivent être traités comme tels. (.(D’ailleurs, dit M. de
Candolle, au bout de quelques années la mode change;
personne ne se soucie plus de ces innombrables créa¬
tions horticoles d’une espèce, qui ont fait les délices
des amateurs ; où sont les deux ou trois milles Dalhias
de tel ou tel catalogue d’il y a trente ans. La plupart
n’existent plus, leurs noms sont oubliés. 11 est fort
heureux que la plupart aient été nommés d’après un
général ou une dame dont on s’occupait alors, plutôt
que par un nom latin qui serait resté dans les livres ■ «
Ainsi donc, emploi de noms en langue moderne
pour désigner les modifications inférieures de l’espèce
cultivée : semis, sports. Ce nom anglais qui répond au
I
352
latin lusus, paraît so l’npaiidre dans le langage Ijota-
niqiie. Pour exprimer tous les rapports d’une varia¬
tion avec les autres formes de Tespèce, il faudrait sou¬
vent une phrase ; on abrège, et au lieu de dire, Brassica,
olcracea, acephala^ vulgaris^ vrt-idis, cavalier, on dit sim¬
plement chou cavalier. Il est bien de rattacher ces noms
de fantaisie, si possible, à une espèce ou à une variété :
Géranium zonale Mistress Pollock.
En dédiant des genres à des savants ou à de grands
personnages étrangers à la botanique, on flatte des
personnes qui ne vous en savent souvent aucun gré,
on n’encourage pas les jeunes botanistes, qui aiment
cette distinction, et parfois on choque des susceptibilités
nationales ou religieuses. En voici un exemple fami¬
lier : il existait un Séquoia gigantea; de l’autre côté du
détroit, on voulut nommer le plus grands des arbres
Wellingtonia; bientôt en amérique on fit Washingtoniay
et chaque nation aurait eu d’aussi bonnes raisons pour
forger un nom d’après son héros favori.
Une des premières règles proposées par le Congrès
est d’éviter l’emploi des noms pouvant produire des
erreurs ou jeter de la confusion dans la science, après
cela éviter toute création inutile de noms. Les autres
considérations : la correction grammaticale absolue,
l’euphonie des noms, l’usage, les égards pour les per¬
sonnes, etc., sont relativement accessoires.
i
Linné, le créateur de la nomenclature binominale,
ii’a pas posé de règles précises à cet égard, il semble
même s’être très peu préoccupé de cette innovation,
qui nous paraît aujourd’hui la plus heureuse et la plus
importante de ses idées. Depuis, quelques botanistes,
entre autres de Candolle père et Liiidley, ont posé aussi
353
des lois, mais chaque auteur s’inspire des tendances de
son époque. La science marche, de nouveaux faits sont
connus, de nouvelles richesses forcent d’élargir «les
cadres ; il en résulte que, au bout de vingt ans, il y a
nécessité de revoir les règles admises. Ce que nous fai¬
sons aujourd’hui sera jugé incorrect par la génération
qui nous succédera. La nomenclature n’a, au reste,
qu’une importance secondaire, elle facilite les travaux
en mettant de l’ordre dans les faits et les idées, mais
laisse subsister la diversité d’opinion sur les limites
des genres ou des espèces ; elle n’empêche pas la créa¬
tion de genres et d’espèces mal faites qui tombent bien¬
tôt, selon l’expression d’un naturaliste, dans les bas-
fonds de la synonymie.
« Viendra pourtant, ditM. de Gandolle, une époque
où les formes végétales actuelles ayant toutes été dé¬
crites, les herbiers en otfrant des types certains, les
botanistes ayant fait, défait, quelquefois refait, élevé
ou abaissé , et surtout modifié plusieurs centaines de
milliers de groupes, depuis les classes jusqu’aux sim¬
ples variétés, le nombre des synonymes étant devenu
infiniment plus considérable que celui des groupes
admis, la science aura besoin de quelque grande réno¬
vation dans les formes. Cette nomenclature, que nous
nous efforçons d’améliorer, paraîtra alors comme un
vieil échaffaudage formé de pièces renouvelées péni¬
blement une à une, et entouré de débris constitués par
toutes les parties rejetées, qui formeront un encom¬
brement plus ou moins gênant. L’édifice de la science
sera élevé, mais il ne sera pas assez dégagé de tout ce
qui a servi à l’étever. Alors peut-être il surgira quelque
chose de tout différent de la nomenclature linnéenne,
23
— 354
quelque chose qui sera imaginé [)Our donner définiti¬
vement des noms à des groupes définitifs. Gela est le
secTet de l’avenir et d’un avenir encore éloigné. »
(( En attendant, perfectionnons le système de la
nomenclature binominale introduit par Linné. Tâchons
qu’il s’adapte mieux aux changements continuels et
nécessaires de la science, et pour cela répandons, le
plus possible, les principes de la méthode, attaquons
les petits abus, les petites négligences, et mettons-nous
d’accord, s’il est possible, sur les points controversés.
Nous préparerons ainsi pour quelques années une
meilleure marche dans les travaux de classification des
botanistes. »
M. Schultz, de Berlin , a , dans un travail original,
attaqué la théorie des métamorphoses, à laquelle le
poète philosophe de la cour de Weimar, Goethe, a
attaché son nom. Portant la question sur le terrain
des faits, il a cherché à démontrer que la feuille ne se
métamorphose jamais en une autre partie du végétal ;
seulement les organes de la plante, au fur et à mesure
que celle-ci avance en âge , apparaissent sous des
formes de plus en plus variées par le développement
graduel de l’évolution naturelle. L’individualité végé¬
tale est une individualité composée , et Goethe n’a
vu qu’une métamorphose d'organes, là où il existe
une évolution successive d'individus élémentaires,
admirablement réglée par le développement de l’en¬
semble.
On sait, depuis une vingtaine d’années seulement,
que les végétaux inférieurs nommés cryptogames par
Linné , pour qui leur reproduction était encore un
— 355
mystère , ont pour la plupart dfs organes sexuels
comme les végétaux supérieurs, mais à des phases
particulières de leur existence. On nomme prothalle ou
proembryon l’état sous lequel ils vivent après leur nais¬
sance en attendant le développement des organes
sexuels, dont la fronde que nous voyons n’est qu'un
élégant support. Le prothalle porte souvent ces organes
désignés sous les noms à'' anthérozoïdes, d'archégones ,
que l’on croit représenter l'anthère dans les fougères
et les mousses. Il n’est connu encore que dans un petit
nombre de groupes , à cause de son exiguité dans
beaucoup de cas M. Kny a fait connaître au Congrès
celui des Osmondacées , qui rappelle trait pour trait
l’axe foliacé du Jungermania epiphylla , placé bien
au-dessous dans la série botanique. Ce serait là un
nouvel exemple des arrêts de développement et de
l'évolution successive des types.
M. Germain de Saint-Pieiae a lu un mémoire sur
les hybrides végétaux, au point de vue de leur repro¬
duction. Le sexe mâle est généralement stérilisé chez
les hybrides ; le sexe femelle conserve ses fonctions ,
mais c’est uniquement un organe de réception pour
le germe introduit par l’élément mâle. Ce qui fait que
le retour des types se fait plutôt au père qu’à la mère.
Le travail de M. de Saint-Pierre apporte de nouvelles
preuves de la prévoyance avec laquelle la nature veille
à la conservation des types.
M. leD^'E. Fournier a lu un travail de linguistique
botanique, relalîf à l'étymologie des anciens noms du
cyprès. Le savant secrétaire de la Société botanique
a écrit là une page d’une histoire toute nouvelle. On
sait quelle incertitude règne encore sur les plantes
V
— 356
dont ont parlé les anciens. L’hébreu, le grec, le sans¬
crit, le persan , doivent être interrogés successivement
s
et offrent de curieuses révélations à celui qui sait les
interpréter avec une sérieuse érudition.
M. Wedel , à qui l’on doit un très bel ouvrage sur
l’histoire des quinquinas, a présenté, avec une note sur
leur acclimatation , les premiers spécimens de quin¬
quina provenant des cultures de l’Inde anglaise. La
consommation considérable de ce produit a fait craindre
avec raison l’épuisement des forêts américaines (la Bo¬
livie seule a fourni en deux ans 3 millions delivres) , et
on a cherché à introduire ce précieux végétal dans des
contrées nouvelles pour propager et réglementer sa
culture. La Hollande et l’Angleterre ont les premières
fait des efforts pour tenter cette acclimatation ; mais la
longueur du trajet , les plantations faites dans un ter¬
rain peu favorable , les attaques des insectes , firent
souvent échouer les tentatives. Enfin , en 1860 , des
graines remises au jardin d’Ootakamund, dans l’Inde
anglaise, levèrent parfaitement. Lejeune plant fut
ensuite transplanté dans les montagnes, et, en 1863,
• 35,000 pieds avaient pris possession du sol de leur
nouvelle patrie. Le Bengale et Ceylan reçurent aussi
des plantations qui prospèrent. L’ouvrage de M. We¬
del , chargé par le gouvernement d’explorer les con¬
trées à quinqnina, a été certainement la cause détermi¬
nante de ces introductions. Ce fut d’ailleurs dans la
serre du Muséum que se développèrent les premiers
pieds de quinquina que l’on ait vus vivants en Europe.
Les cultures de MM Thibault et Keteleer, habiles
horticulteurs parisiens , ont fourni à la Hollande les
sujets de ces premières expériences. La Jamaïque et la
357
Trinité ont aussi quelques plantations. L’Algérie nous
offrira-t-elle un jour les mêmes avantages? J’ignore
ce qu’ont produit les essais tentés, mais je sais qu’il y
a quelques années , sur la demande de M. Thouvenel
au gouvernement anglais, 2 ou 300 pieds de quin¬
quina ont été mis à la disposition du gouverneur géné¬
ral de l’Algérie.
Enfin , votre président a cru faire honneur à notre
industrieuse et savante province , en présentant au
Congrès un mémoire sur les genres en botanique ,
mémoire que je vais avoir l’honneur de vous lire.
Beaucoup d’autres communications ont encore été
faites au Congrès , mais je me suis arrêté aux princi¬
pales. Il resterait à vous faire connaître les visites
intéressantes que les membres du Congrès ont faites
aux établissements horticoles et botaniques de la
ville de Paris, à l’Exposition , aux grands herbiers de
MM. Delessert, Cosson , au potager de Versailles, aux
pépinières de Trianon, etc. N’oublions pas la gracieuse
hospitalité offerte par M“® Levêque de Vilmorin aux
membres qui ont visité le bel établissement qu’elle
dirige à Verrières , assistée de ses deux fils. « Un*
« banquet de 80 couverts , dressé sous les arbres du
« parc , a écrit M. le Fournier , et les toasts qui
« l’ont couronné, portés avec effusion dans toutes les
« langues de l’Europe , ont bien prouvé que la bota-
« nique est par excellence une science internationale,
« et que les Congrès de savants sont les meilleurs
« Congrès de la paix. »
7 novembre 1867.
DES GENRES EN BOTANIQUE,
Par M. A. MAliBRAIVCHE.
Présenté au Congrès international de botanique, août 1867.
Parmi les questions indiquées au programme pro¬
posé par la Société botanique, j’en vois une qui a trait
à la législation botanique, c’est-à-dire, si je la com¬
prends bien, aux règles qui doivent servir de base à la
nomenclature. La nomenclature latine, adoptée géné¬
ralement par tous les naturalistes du monde, réalise
efficacement le bienfait d’une langue universelle. Mais
les lois qui président au choix ou à la création des
noms, ce résultat ultime et essentiel du langage com¬
mun, sont encore à établir. Chacun se fait sa règle et
se décide, d’après des considérations fort diverses. Les
uTis, ou entraînés par un système de distinction sans
mesure, ou ne paraissant prendre pour guide que leur
fantaisie et le plaisir d’un néologisme sans valeur,
viennent compliquer la nomenclature ; tandis que d’au¬
tres, s’arrêtant à des considérations plus générales ,
négligent des détails qu’ils trouvent embarrassants et
inutiles et adoptent un classement plus simple et plus
compréhensible. Enfin, pour vous faire saisir d’un mot
les difficultés sur lesquelles je veux appeler toute votre
359
attention, faut il compter en France 40 ou 300 espèces
de Rubus. Nos Lichens, que le Kœrber distribue
dans plus de 200 genres, peuvent-ils rentrer dans 40,
comme le voulait Schœrer. Ces écarts, cette divergence
d’opinions, qui ont chacune d’honorables champions,
mérite bien qu’on l’examine. Sans vouloir ni pouvoir
traiter à fond des questions aussi importantes, je me
propose seulement de vous présenter des réflexions sur
quelques points de ce problème. Je le ferai avec le
désir sincère de ne blesser personne, et, si. je critique
les systèmes, je n’en conserve pas moins d’estime pour
leurs auteurs.
Je dis d’abord que la nomenclature n’est qu’un
moyen, mais c’est au moins un moyen. On a dit un
mot qu'il ne faut pas prendre à la lettre : que l’on peut
être un grand botaniste sans connaître le nom d’une
seule plante. Il est évident qu’en dehors du nom, il y
a tout une science merveilleuse, l’organographie, la
physiologie; mais toujours est-il qu’il serait impos¬
sible d’étudier et de reconnaître les organes et les phé¬
nomènes décrits, si l’on ne pouvait avec le nom retrou¬
ver les espèces qui ont été l’objet des premières obser¬
vations. La botanique appliquée à l’industrie, à l’art
médical, ne se comprend qu’avec ime nomenclature
exacte qui permet seule de s’adresser à l’espèce utile.
Bien qu’il y ait une certaine analogie de propi’iétés
entre les congénères, on sait qu’il n’est pas indiflérent
de s’adresser à l’une ou à l’autre. En agriculture et en
horticulture, où le praticien opère sur des types modi¬
fiés par les efforts de l’homme, les variétés mêmes, les
races ont besoin d’être distinguées; elles acquièrent
une importance qu’elles n’ont point à d’autres points
--- 360
de vue. Ainsi écartons tout d’abord ce dédain de
quelques physiologistes pour la nomenclature, et con¬
cluons qu’elle est nécessaire, indispensable, c'est un
moyen, c’est un flambeau pour étudier les faits, nous
conduire à, la connaissance des objets et nous en faire
saisir les affinités naturelles.
Ce moyen, pour être efficace et utile, doit être pré¬
paré par l’expérience et la comparaison, plutôt clair et
facile que très savant, et, s’il se pouvait, accepté par tous,
ce qui doublerait sa valeur et sa commodité. Quelle doit
être la nomenclature pour remplir son but, pour y con¬
duire par les chemins les plus directs et les plusnaturels?
c’est ce que nous essaierons de mettre en lumière.
Avant Linné, on peut dire que la nomenclature
n’existait pas ; des phrases qui croissaient toujours à
mesure que de nouvelles espèces prenaient place dans
les cadres, servaient à désigner les plantes. Le génie
de l’immortel suédois débrouilla ce chaos et jeta les
premières bases de la taxonomie, en établissant la no¬
menclature binaire, dont la simplicité et la commodité
sont si saisissantes qu’on est étonné qu’elle ne se soit
pas présentée plus tôt à l’esprit humain. Le nom d’une
plante comprend deux choses : le genre et l’espèce, et
ils me paraissent avoir surtout ce caractère particulier
de nous montrer les différences qui séparent, tandis
que la famille et la classe nous font connaître les affi¬
nités qui rapprochent. Bien des savants se sont déjà
essayés à donner la définition de l’espèce, et peut-être
sans y réussir -bien complètement. La chose n’est pas
si simple qu’elle le paraît, et c’est bien d’elle qu’on
peut dire definitio periciUosa. C’est qu’au fond l’on n’est
pas d’accord et que personne n’est absolument pré-
361 -
paré pour cela. Des Ijotanistes également savants dif¬
fèrent sur les hases, les limites, les caractères, la fixité
de l’espèce. Un ouvrage fameux, qui a paru dans ces
dernières années outre-Manche, tendrait à faire voir
dans les êtres une versatilité, une mobilité très propre
à décourager les nomenclateurs. A mon avis , cette
mutabilité des espèces est une chimère et ne repose
sur aucune base solide J’ai déjà cherché à le prouver
9
dans un précédent mémoire. Depuis que l’homme
observe, étudie, les faits ne sont point favorables à
cette théorie, et d’après d’éminents naturalistes, c’est
dans un sens opposé qu’il serait permis de conclure. Il
me paraît qu’il y a dans la nature une force invincible
à maintenir ces types et à y ramener les individus, si
des circonstances ont ébranlé leurs formes originelles,
ou si l’homme, pour son profit ou son plaisir, a cher¬
ché à les en faire dévier. Les récentes et patientes ex¬
périences de M. Naudin ont donné à cette manière de
voir une nouvelle et éclatante confirmation.
Mais si les types spécifiques, remontant, à notre sens,
à leur apparition même sur le globe, sont immuables
dans leur essence, nous admettons volontiers des varia¬
tions dont la mesure n’est pas encore bien connue,
variations temporaires ou fixées par la persistance des
conditions qui les ont fait naître, dues à des influences
de sol, d’altitude, de climat, de station, d’hybrida¬
tion, modifiant plus ou moins la forme primitive, mais
ne pouvant jamais la faire sortir des limites spécifiques
assignées à chaque être. L’étude de ces influences va¬
riées se combinant de diverses façons, la mesure de
leur puissance modificatrice sur les végétaux, la nature
des modifications qu’elles sont susceptibles de déve^
362 -
lopper, tel devrait être l’objet d'une étude préliminaire
qui nous éclairerait certainement sur les limites et les
caractères de l’espèce il). 11 en résultera certainement
\ que beaucoup d’espèces provisoires, si l’on peut dire,
devront disparaître un jour pour passer au rang de va¬
riété, tandis que quelques variétés nous paraîtront
peut-être plus indépendantes, plus autonomiques, et
mériteront d’être élevées à la dignité d’espèce.
Je pense que toutes les formes doivent être indi¬
quées, je ne dis pas précisément décrites, sous peine
de laisser beaucoup d’incertitude et d’embarras dans
l’esprit de ceux qui cherchent à connaître les espèces,
mais toutes ne doivent prendre que le rang qui leur
appartient. Il y a une hiérarchie en rapport avec la
valeur relative des caractères qui les distinguent. La
forme occupe le bas de l’échelle, au sommet de laquelle
est l’espèce, ou plus exactement le type spécifique : on
V
peut se représenter encore l’espèce, limitée par un
cercle symbolique dont le centre est occupé par le
type; les variétés s’approchent plus ou moins de la
circonférence, et les formes gravitent à peu de distance
de la variété ou du type dont elles dérivent.
Aujourd’hui, ce n’est pas là mon thème, et, faisant
un pas de plus, je veux examiner l’association des
espèces au premier degré, le Genre.
Dans la plupart des ouvrages modernes, le nombre
des genres va toujours croissant. Cette augmentation
est-elle suffisamment justifie? est-elle logique, néces¬
saire, utile? La science profite-t-elle de cette multipli-
(1) M. le professeur Faivre, de Lyon, vient de publier un
ouvrage remarquable sur ce sujet : De la variabilité de l’Espèce.
363 -
cation, qui gêne Tétude et fatigue la mémoire. Com¬
bien celles-ci gagneraient à la suppression d’un grand
nombre, et, sien même temps la première n’y perdait
rien, avec quel empressement unanime ne devrions-
nous pas voter leur déchéance.
Le nombre des genres a plus que décuplé depuis
Linné ; on en compte environ 8,000. On ne peut nier
que, depuis les travaux du législateur de la botanique,
les découvertes nouvelles nombreuses, les investiga¬
tions organograpliiques plus parfaites n’aient obligé
d’augmenter les cadres, mais la limite ne serait-elle
point dépassée. N’a-t-on pas quelquefois cédé au désir
d’innover, de faire une dédicace flatteuse, de créer un
nom qui fera plus ou moins bien son chemin avec
celui du parrain.
« Il est bien certain, a dit un auteur moderne (1),
* que si les Botanistes descripteurs n’avaient point la
K mauvaise habitude de joindre le nom du parrain à
« chaque nom de plante, cette ardeur créatrice, cette
« nouvelle espèce de prosélytisme des botanistes mé-
« diocres n’existerait point . Qu’en est-il résulté?
« ajoute-t-il, des connaissances nouvelles? En aucune
« façon ; seulement la science, qui comptait déjà les
« noms par centaines de raille, ce qui lui a valu de la
« part de quelques critiques le nom de science de
« mots, en compte. quelques centaines de plus. »
Jè reviens, et sans jeu de mots, aux genres sérieux.
D’après quels principes divise-t-on sans cesse? Le créa¬
teur d’un nom prend-il assez de souci, du profit, de la
clarté ou de la confusion qui peut en résulter pour la
(1; Payer : Bolan. cryptofjamiq.; Préface.
science? Celui-là se place à un point de vue, celui-ci à
un autre, et la synonymie de plus en plus confuse, à
laquelle on pourrait bien appliquer cette épithète de
Fries à propos de lichens litigieux, crux botanicorum,
la synonymie va toujours s’allongeant, pour la plus
grande douleur des botanistes et le tourment de leur
mémoire.
'Déjà, au XVI® siècle, Gesner, en Suisse, et Gœsalpin,
à Pise, avaient reconnu que les fleuis et les fiaiits of-
t
fraient les caractères les plus certains pour l’établisse¬
ment des genres. Linné fit faire à la science un pas
considérable dans cette.voie.mais ce furent les Jussieu,
dont le nom est impérissablement attaché à la méthode
naturelle, qui ont vraiment démontré la prédominance
et la valeur relative des caractères. Toutes les parties
(organes) de la fructification n’ont pas la même impor¬
tance, et les moindres différences dans la forme, les
contours, la couleur, le nombre, la situation, la pro¬
portion, la pubescence, etc., etc , sont-elles des motifs
suffisants pour faire des séparations et de nouveaux
groupes d’ordre générique. Si l’on poursuivait rigou¬
reusement cette méthode pour les diverses parties de
la fleur, il ne resterait plus de caractères pour distin¬
guer les espèces; nous n’aurions plus que des genres.
Ainsi, dans la famille des Acanthacées, je vois la tor¬
sion ou la disposition parallèle des loges de fanthère,
l’avortement d’une de ces loges, être autant de motifs,
bien légers, ce me semble, de créations génériques.
Toutes les espèces de l’ancien genre Vicia ont le style
barbu ou pubescent sous le sommet, mais quelques-
unes ont ce style comprimé latéralement, d’autres d’a¬
vant en arrière; pour ce seul motif on a fait le genre
- 365 —
Cracca. Aucunô autre différence constante n’existe
dans les autres parties , calice , corolle , étamines ,
gousse, semence. A la vérité, le pédoncule floral est
plus long dans les Cracca, mais ce caractère n’a qu’une
très mince valeur.
Le genre Bartsia était caractérisé par une corolle bi-
labiée avec la lèvre inférieure trilobée. On s’est appuyé
sur le port et la forme de la corolle, pour en tirer les
genres Trixago et Euphragia ; mais que la lèvre supé¬
rieure soit plus ou moins creusée en casque et l’infé¬
rieure plus ou moins échancrée, sont-ce là des carac¬
tères d’ordre générique? Et le port? Combien varie-t-il
dans beaucoup de genres que l’on n’a pas encore songé
à diviser?
Une nouvelle preuve du peu de valeur de tous ces
genres, c’est la divergence d’opinion et l’incertitude
des Botanistes, qui fout passer les mêmes plantes de
l’un à l’autre, selon le point de vue où ils se placent.
Ainsi VErvum hirsutuin, L., a été fait Vicia hirsuta par
Kœrh, Ervilia hirsuta par M. Godron, et Cracca minor
par Hiv. — EErmm monanthos a eu bien plus de
parrains encore ; pour le genre , il a été Vicia avec
Desfontaines, Morisson, Willdenow (Hort. Ber.), Loi¬
seleur, Walhroth, Latliyrus avec Willdenow (Species),
Lens avec Mœnch , Reichenbach , Solier, Cracca avec
Grenier et Godron, les auteurs de la Flore française;
pour nom spécifique il a eu monanthos, stipulaceimi,
articulata etmultifida. On pourrait multiplier beaucoup
ces exemples, je m’arrête. Je conclus de cette versati¬
lité contre la solidité de ces genres.
Dans la cryptogamie, d’autres règles doivent prési¬
der à leur formation ; la simplicité et l’uniformité plus
366 -
grande des organes de reproduction obligent à tenir
compte des différences beaucoup plus légères ; dans les
lichens, par exemple, la forme, la couleur, la division
des spores doivent peut-être prendre rang parmi les
caractères d’ordre générique ; mais convient-il bien de
descendre à des nuances dont l’appréciation n’est pas
toujours facile. Je m’explique ; les spores cylindriques
allongées peuvent avoir le sommet aigu et obtus, être
en forme de doigt, de massue, de chenille, d’anguille,
de vers, etc. . . Eh bien, ces légères variations dans la
forme sont dans quelques ouvrages des caractères gé¬
nériques. Le grand genre Acharien Lecidca -en a ainsi
fourni une vingtaine. De très savants lichénographes
allemands ont ainsi créé une foule de genres, dont Je
moindre inconvénient est d’avoir souvent des noms
peu euphoniques; mais un plus regrettable, c’est la
fatigue qu’ils imposent à la mémoire obligée de retenir
non-seulement un nom nouveau, mais toute une des¬
cription qui, avec beaucoup de caractères communs à
d’autres genres, comprend seulement une petite note
différentielle. N’eût-il pas suffi d’inscrire cette petite
note en tête d’une section ; sections formant des varié¬
tés dans le genre comme nous en avons dans l’espèce
et ayant encore leur analogue dans la tribu par rap¬
port à la famille.
La science sera-t-elle plus parfaite quand elle sera
hérissée de mots qui en rendent l’étude si ardue et si
laborieuse. La vie d’un botaniste ne suffit plus qu’à
explorer un petit coin de ce champ immense. « Quand
j'ouvre les livres qui sont chaque jour publiés sur ces
chères ydantes, écrivait, il y a quelques années, un de
nos cryptogamistes vétérans, le D*" Mongeot, à Auguste
t
— 367 —
Le Prévost, ils me tombent des mains par l’impossi¬
bilité que je reconnais de suite de ne pouvoir m’en
servir. Nous avions du plaisir à nous amuser de nos
lichens ; aujourd’hui en voulant les étudier avec les
Meyer, les Fries, c’est un labeur qui nous fatigue,
nous épuise et nous fait abandonner prise. Ne nous
reviendra-t-il pas un grand réformateur qui ramènera
les choses à une simplicité saisissable. » Que pourrait-
il écrire aujourd’hui des derniers ouvrages de l’Ecole
allemande. Et nous pourrions répéter avec plus de rai¬
son encore ces récriminations amères que Linné fai¬
sait entendre en voyant l’absence de toute règle dans
la formation des genres : Hinc tôt falsa gênera ! tôt con-
troversiæ inter auctores ! tôt mala nominal tanta confu-
sio! Et il se demandait aussi si ces classificateurs n’a¬
vaient pas apporté à la science plus de perte; que de
profit; Numplusdainni vel emolumenti attulerint syste-
matice.
Les flores locales, pour se montrer à la hauteur des
connaissances du jour, ont adopté ces classifications
nouvelles et ne seront bientôt plus comprises par les
amateurs et les débutants, auxquels je les crois surtqut
destinées. Faire connaître les plantes d’une contrée
aux personnes qui ne veulent embrasser une trop
grande tâche, aider et encourager les jeunes gens qui
s’essaient dans une carrière attrayante en ne leur pré¬
sentant pas trop d’épines à l'entrée, ménager à tous
un délassement agréable et sans fatigue : n’est-co point
là le but des Flores locales, et ce but ne serait- il pas
mieux atteint en simplifiant un peu une nomencla¬
ture trop savante? Je ne sais si je me trompe, mais la
Botanique, cette science* si séduisante par les objets
3ü8
dont elle s’occupe et les secrets merveilleux qu’elle
dévoile, ne rencontre pas parmi les gens studieux le
nombre de disciples qu’elle devrait réunir, et cet éloi¬
gnement me semble dù, en partie, aux difficultés pri¬
maires que je signale. On lit, on comprend encore la
poésie des fleurs, on n’en connaît pas, on n’en étudie
pas la science.
Dans une de ces Flores estimées auxquelles je fais
allusion, je vois dans la famille des Ombellifères qua¬
rante genres dont vingt-deux ne renferment qu’une
seule espèce. Voyez à quels efforts de mémoire vous
obligez celui qui veut borner ses études ou occuper
agréablement ses loisirs. Sont-ce là, dans’le sens atta¬
ché à ce mot, des genres, des associations d’espèces
réunies par des caractères communs? Je sais bien que
parfois des caractères d’ordre majeur obligent à isoler
une espèce. On m’opposera aussi que ces espèces,
uniques clans leurs genres, ont des congénères dans les
espèces exotiques. Eh bien, je prends au hasard un
exemple dans un volume- du Proclromus : la famille des
Acanthacées compte 149 genres sur lesquels 38 n’ont
qu’une espèce et 16 n’en comptejit que 2.
*
Loin de moi la pensée de blesser les savants auteurs
des Flores locales dont je parle, personne plus que moi
n’apprécie leur haute science et leurs aimables rela¬
tions, mais je trouve dans ces réflexions un nouvel
argument en faveur de ma thèse. Dans ce cas particu¬
lier encore la science générale n’y perdrait rien, les
synonymes seraient indiqués, les formes décrites avec
soin, et les éléments d’études resteraient complets pour
des vues d’ensemble, pour des déductions générales.
Je me résume la création d’un grand nombre de
-- 369 —
genres n’est point justifiée par les nécessités de la
science, ses progrès et sa correction; des sections
quand le caractère le mériterait, suppléeraient heureu¬
sement à rétablissement de nouveaux genres. Cette
augmentation des genres, en compliquant nos études,
impose à la mémoire d’inutiles fatigues. Elle est dans
les Flores locales une cause de difficultés et d’éloigne¬
ment pour les débutants. J’ai étudié la question sur-
tont peut-être au point de vue pratique, de plus expé¬
rimentés pourront, avec plus d’autorité, l’examiner au
point de vue scientifique et fixer des règles qu’il ne
m’appartenait pas d’indiquer.
Octobre 1867.
1
9
RAPPORT
SUR LES
JACINTHES CULTIVEES SOUS L’EAU,
Par M. de BOUTÏEYILLE,
Dans la séance de la Société des Amis des Sciences
naturelles du 7 mars dernier , M. le Président a plané
sous les yeux des membres de la Compagnie deux
Jacinthes dont les_ bulbes, plantées en opposition par
leurs bases dans un vase de verre rempli de terre ,
avaient développé chacune une tige florale et des feuilles
qui s’élancaient, en sens inverse, vers le zénith et vers
la terre L’oignon supérieur, dont le plateau avait été
placé normalement en bas, avait poussé à l’ordinaire
dans l’air et de haut en bas. L’oignon inférieur, au
contraire, avait son plateau dirigé en hant, en contact
avec celui de la bulbe supérieure, de'telle manière que
son sommet renversé correspondait à l’orifice de la
tubulure, qui établissait la communication du récipient
contenant la terre avec un vase inférieur également en
verre et rempli d’eau , dans laquelle sa tige et ses
feuilles s’étaient développées de haut en bas.
— 371 —
Les deux Jacinthes disposées de cette manière, déjà •
connue et indiquée dans le Traité de M. Vilmorin-
Andrieux sur la culture des plantes de pleine- terre ,
disposées, disons-nous, dans un but simple de curiosité
par MM. Garmant et Trogneux , grainetiers-fleuristes,
rue du Change, ont été mises par eux à la disposition
de la Société ; elles ont paru à notre honorable prési¬
dent soulever des problèmes de physiologie végétale
assez importants pour qu’il ait cru devoir nommer une
Commission pour en faire l’étude.
Cette Commission , composée dans le principe de
MM'. Apvrille, Malbranche et de Boutteville, s’est accrue
par l’adjonction de MM. Blanche et Sauvagé, qui ont
bien voulu l’aider de leurs connaissances spéciales en
botanique et en chimie.
La Commission, ainsi constituée, a examiné les
plantes qui lui ont été remises, le mardi 19 et le samedi
23 mars 1867. J’ai l’honneur de présentera la Société
le résumé de ses études.
Hâtons-nous de dire que ce rapport , tout incomplet
qu’il doive être , l’eût été bien plus encore si les
V membres de la Commission se fussent bornés à vous
faire connaître le résultat de leurs investigations sur
les plantes qui leur étaient soumises. En effet , telle
qu’elle a été organisée et conduite, cette expérience, qui
n’avait d’ailleurs aucun but scientifique , ne permet
aucune déduction rigoureuse.
Ainsi, les deux Jacinthes appartiennent à des variétés
dilférentes : le Baron du Thin^ au-dessus, à fleur bleue,
VArni du Cœur muge, en dessous, à fleur rose , et nous
ne saurions dès-lors, sans nous exposer à une grande
erreur, comparer la vigueur de végétation de l’une
avec celle do l’autre. Nous ne saurions également la
comparer au type de chacune d’elles , qui nous est
inconnu.
On nous a bien dit que depuis la fin du mois d’oc¬
tobre, date de la mise en expérience des deux oignons,
on n’avait pas ajouté d’eau dans le vase inférieur. Mais
comme celui-ci est presque entièrement plein et qu’il
a perdu nécessairement par l’évaporation et par l’ab¬
sorption de la plante qui s’y est développée , une por¬
tion de l’eau qu’il contenait au commencement, on ne
saurait douter qu’une partie de l’eau versée dans le
vase supérieur, afin d’entretenir l’humidité de la terre
qui environne les bulbes , n’ait filtré à travers celle-ci
dans le vase inférieur, en entraînant avéc elle des élé¬
ments solubles qui en ont modifié la composition.
De là une foule d’inconnues qui fausseraient toutes
les conséquences que l’on serait tenté de tirer des ana¬
lyses, soit des plantes elles-mêmes, soit de l’eau dans
laquelle l’une d’elles a végété.
Au milieu des causes d’erreur qui viennent d’être
signalées et de beaucoup d’autres encore, la Commis¬
sion n’a pas tenté d’études minutieuses et vraiment
scientifiques sur les plantes qu’elle avait sous les
yeux. Klle se bornera donc à signaler les faits les plus
apparents qu’elles lui ont présentés; mais, comme
des expériences analogues ou semblables à celle-ci ont
été faites depuis longtemps, elle profitera de cette oc¬
casion pour les signaler à ceux qui voudraient pour¬
suivre ces curieuses recherches de physiologie végé¬
tale.
Nous avons surtout en vue les Recherches sur VUsage
des Feuilles dans lesPlantes, pai Bonnet, publiés en 1750
et 1753, lesquelles renferment nombre d’expériences
sur l’absorption de l’eau par les parties des végétaux
et sur la direction qu’ils prennent, soit dans l’air,
soit dans l’eau ; le Mémoire sur la Jacinthe, par M • le
marquis de GoufFier, qui, le premier, en 1778, fit vé-
*■ géter une jacinthe en renversant sa tige dans l’eau
( Voir le Journal de Physique de l’abbé Rozier ;
,mai 1778) ; les nombreuses expériences de A. Thouin
• sur le bouturage des végétaux dans beau (V. Cours de
Culture, t. II); et enfin, les deux remarquables Mé¬
moires de M. Henri Emery, professeur de sciences na¬
turelles au lycée de Versailles, aujourd’hui à Cler¬
mont-Ferrand, portant pour titres ; De rinfluencc de
VOhscuritè sur la Végétation ; Adansonia, recueil d’ob¬
servations BOTANIQUES, juin 1863, et Etudes sur le Pôle
physique de l’Eau dans la nutrition des Plantes, in-8" de
16Q pages, Paris, 1865 (1).
Nous citerons les principaux résultats constatés par
ces observateurs, ceux du moins qui ont du rapport
avec les phénomènes que présentent nos jacinthes,
auxquels nous revenons, pour en passer en revue les
diverses parties.
/
Racines. — La transparence du vase dans lequel
ont été plantés les deux bulbes permet de voir un
grand nombre de racines, toutes dirigées vers le sol.
En débarrassant avec soin celles-ci de la terre qui les
enveloppe, ce qui est rendu facile par l’état de dessic -
cation de la terre, qui n’a pas reçu d’eau depuis
quatre jours, on constate que toutes les racines de la
(l) On peut consulter aussi les ouvrages de Sennebier, de
Duhamel , etc.
bulbe supérieure ont contourné la bulbe inférieure,
qui leur fait obstacle, pour prendre une direction per¬
pendiculaire au sol Celles de la bulbe inférieure, dont
le plateau, dirigé vers le zénith, est surmonté par l’oi¬
gnon à végétation aérienne, contournant la base de ce¬
lui-ci, ont débuté par s’élever obliquement de la cir¬
conférence du plateau qui leur donne naissance vers
les parois du vase , que quelques-unes atteignent.
Après avoir cheminé dans cette direction sur une Ion- .
gueur de deux à trois centimètres, avant d’avoir atteint
la surface de la terre du vase qui les contient, ces
racines se courbent en dehors pour descendre, avec
celles du premier oignon, vers le centre de la terre.
Parmi elles, il s’en trouve quelques-unes qui n’ont pu
arriver à la direction descendante et dont l’extrémité
est seulement légèrement fléchie en bas. On en aper¬
çoit aussi un petit nombre qui, demeurées droites,, se
sont fanées Cette dessiccation est-elle due à leur posi¬
tion contre nature ?
Bulbes. — Elles oürent toutes deux la meme consis¬
tance, mais celle dont la tige et les feuilles se sont
développées cà l'air présente quatre petits cayeux d'où
sortent do minces tiges accessoires que l'on a rognées
au niveau de la terre. Celle dont la tige et les feuilles
plongent dans l’eau n’a laissé apercevoir aucune appa¬
rence de cayeux nouveaux, et surtout aucune pousse
autre que la tige primitive et les feuilles qui l’accom¬
pagnent. Y a-t-il là un indice d’une nutrition
meilleure du premier oignon? Pour les causes déjà
énoncées, nous ne saurions le dire.
Tiges et feuilles. ~ Ces parties des deux végétaux,
prises dans leur ensemble, ont beaucoup plus de déve-
~ 375 —
loppement chez l’individu qui végète dans l’eau ; con-
sidère-t-on séparément les tiges et les feuilles, la pré¬
dominance de volume reste encore du même côté ;
mais, en l’absence de points de comparaison, on n’en
saurait tirer aucune conséquence.
Notons ici que Gouffier, rendant compte de son ex¬
périence de 1778 sur une Jacinthe renversée au-dessus
d’un vase plein d’eau, dit que les fanes avaient acquis
un peu plus de longueur qu’à l’ordinaire. Or, la Jacinthe
de Gouffier s’est trouvée dans des conditions bien plus
défavorables que la nôtre , puisque le plateau radicu¬
laire de son oignon , resté exposé à l’air et non recou¬
vert de terre, n’avait développé aucune racine.
Cette curieuse expérience méritait bien d’être répé¬
tée, aussi l’a-t-elle été récemment par M. Emery ; mais
comme ce savant avait alors en vue l’action de l’obscu¬
rité sur la végétation , il l’a compliquée en faisant dé¬
velopper sa Jacinthe dans un vase opaque.
Dans ces conditions , « la partie foliacée, dit notre
expérimentateur, est complètement étiolée; les feuilles
possèdent bien leur dimension et leur consistance
’ ordinaire , mais elles sont toutes d’un blanc légère¬
ment jaunâtre . Six boutons se sont épanouis ; les
'autres commencent à s’altérer. Les fleurs ont une colo¬
ration rouge Solférino et le parfum ordinaire. Une
autre Jacinthe que j’élève de la même manière paraît
avoir végété plus vigoureusement. Sa hampe est char¬
gée de boutons qui commencent à s’entr’ouvrir et
montrent une corolle d’un bleu très franc. »
Dans toutes les expériences que nous venons de rela¬
ter, les Jacinthes se trouvaient, par chacune de leurs
extrémités , dans nn milieu différent. Ces plantes
peuvent donc végéter jusqu’à épanouissement de leurs
fleurs, soit que leurs racines se trouvent en contact
avec la terre , avec l’eau ou avec l’air , à la condition
que leurs tiges soient plongées dans un milieu diffé¬
rent, soit air, soit eau.
Si, au contraire, la plante entière se trouve plongée
dans l’air ou dans l’eau , la végétation ne pourra se
maintenir longtemps. Dans l'air, elle entrera, il est
vrai , en végétation durant quelque temps, sans jamais
développer de racines, en mettant à profit les matières
alimentaires accumulées dans le tissu de la bulbe ; mais
elle languira et tombera bientôt en léthargie , pour
recommencer au printemps suivant cette évolution
incomplète. Dans l’eau , elle mourra prématurément
très pi’obablement par l’effet simultané de l’asphyxié
et de l’inanition, ainsi qu’il ressort des expériences de
M. Emery.
Il ne faut d’ailleurs point conclure par induction
que ce qui est dit ici de la Jacinthe pourrait s’entendre
des autres plantes bulbeuses indistinctement. C’est ce
que nous apprennent les expériences du marquis de
Gouffier.
« On connaît, dit cet expérimentateur dans le mé¬
moire déjà cité , plusieurs plantes bulbeuses qui
poussent et ffeurissent même sur les tablettes , lors¬
qu’on néglige de les planter ; telles sont les Crocus et
les Colchiques. J’ai essayé de les mettre dans l’eau en
sens inverse . ainsi que d’autres bulbes , comme les
Narcisses : elles y ont toutes pourri (i).
/
(1) Observai, sur la Physique et sur l'Ilisloire iialureUe, etc.,
par l’abbé Rozier, t. XXXTI , 1788, p. 346.
Le fait n’est donc pas aussi simple que [)araît le
croire M. A. Lliomme, d’après la note qu’il a lue à la
dernière séance de la Société. Si même il faut s’en
rapporter au marquis de Gouffier, qui semble être un
observateur exact , la réussite des expériences sur les
Jacinthes élevées dans l’eau dépend de détails dont
l’influence paraît difficile à comprendre. C’est ainsi
que , selon lui , les oignons qu’on fait venir dans
les caraffes périssent lorsqu’ils ne trempent pas dans
l’eau, malgré que leurs racines y soient immer¬
gées (1). »
Coloration. — Odeur. — La Jacinthe venue dans l'eau
que nous avons observée avait conservé le coloris vert
de ses feuilles et de sa hampe, ce à quoi on devait s’at¬
tendre , puisqu'elle avait végété daris un verre trans¬
parent et dans une eau demeurée limpide. Ses fleurs,
colorée^ en rose pâle, exhalaient l’odeur particulière à
ces plantes , mais sans que nous puissions nous pro¬
noncer sur l’intensité du coloris ou du parfum com¬
parés à ceux des plantes venues à l’air libre. 11 paraît ,
d’ailleurs, que toutes les couleurs ne se maintiennent
pas également bien sous l’eau , car MM. Cannant et
Trogneux nous ont dit que c’était par erreur que la
Jacinthe bleue ne se trouvait pas dans l’eau, cette
couleur se conservant mieux que d’autres dans cette
situation.
Dans l’expérience ci-dessus relatée de M. Emery,
les deux Jacinthes développées en même temps -dans
l’eau et dans l’obscurité ont donné des fleurs rouges
et bleues, tandis que les hampes et les feuilles étaient
(1) Mémoire cité, [). 245.
378
étiolées. Rien de plus simple , à première vue , que
d’expliquer ce double phénomène , en disant que l’ab¬
sence de lumière , qui a empêché la formation de la
chlorophylle, n’a mis aucun empêchement à Informa¬
tion de la matière qui teint les fleurs en rouge ou en
bleu. Mais si on réfléchit que c’est en privant de lu¬
mière le lilas violet, arrivé à un certain point de son
développement, que les jardiniers fleuristes obtiennent
le Lilas à fleurs parfaitement blanches dont ils appro¬
visionnent Paris durant tout l’hiver, cette explication
paraîtra assez peu satisfaisante. — Le milieu dans
lequel se sont développées les Jacinthes a-t-il eu une
action sur la conservation de la couleur des fleurs?
Nous ne savons. Faut-il attribuer la persistance de la
coloration rouge et bleue des Jacinthes élevées dans
l’obscurité et la décoloration du Lilas violet privé de
lumière , à ce que , dans le premier cas , il s’agit de
couleurs simples : le rouge et le bleu, et que, dans Je
second, on opère sur une couleur composée , le violet ,
ce qui a également lieu dans la décoloration du vert
des feuilles? On serait de prime abord tenté de le croire ;
mais on se tromperait ; car le D*" H. Schacht ayant fait
germer dans l’air humide et obscur des tubercules de
pommes de terre, a constaté que les tiges nées dans un
pareil milieu , aussi longtemps qu’elles restent dans
l’obscurité, ne portent jamais de feuilles vertes et ne se
teignent jamais elles-mêmes en vert, mais sont forte¬
ment colorées, surtout dans leurs parties inférieures et
suivant la variété, en rouge, en violet et en bleu (1).
(1} Bericht... uber die Karloffel plonze and deren Krankheüen...
Berlin , 1856 p. 6.
f
I
Direction des parties vertes. — En jetant un coup
d’œil inattentif sur celle de nos Jacinthes qui plongeait
dans Teaii et dont la sommité atteignait presque le fond
du vase, profond de 40 centimètres environ , on eût pu
croire qu’il y avait, soit dans la forme de celui-ci , soit
dans le milieu où la plante s'était développée, une
cause qui avait contrarié la direction normale des
feuilles ou de la tige ; mais avec un peu d’attention ,
on reconnaît facilement qu’il n’en est rien et que les
parties vertes de la plante ont obéi , autant qu’il était
possible , aux lois qui déterminent la direction des
végétaux de cet ordre.
La tige , épaisse et rigide , a pénétré directement de
haut en bas , .pour suivre la direction donnée à l’oi¬
gnon , jusque vers son extrémité, plus mince et plus
tendre , qui s’est recourbée pour prendre la direction
de bas en haut qui lui est naturelle.
De même les feuilles, entraînées dans une direction
descendante, en conséquence de la position renversée
de l’oignon, et par leur poids et par leur rigidité, sont
à leur extrémité, recourbées en dehors et en haut.
Très-petit est le nombre de celles qui, appliquées
contre les parois du vase, sont demeurées rectilignes,
par suite de l’obstacle qu’elles y ont rencontré. Quelques-
unes, au contraire, sont recourbées sur elles-mêmes
à leur extrémité jusqu’à former un anneau complet qui
a eu pour effet d’exposer à la lumière une partie de
leur face supérieure ou interne. De plus un mouve¬
ment de torsion de la base de plusieurs des feuilles les
plus extérieures, mouvement qui allait jusqu’à 70 ou
80 degrés environ, concourait au même résultat.
Nous pouvons encore noter un mouvement d’en-
380 —
semble qui est déplacé dans Tintervalle de nos deux'
réunions, la hampe llorale immergée, pour l’entraîner
vers la lumière d’une croisée devant laquelle elle est
demeurée exposée, quatre jours durant, dans une
situation déterminée par nous.
Ces mouvements eussent indubitablement été beau-
\
coup plus considérables sur des tiges plus flexibles et
sur des feuilles pourvues de pétioles. Mais tels qu’ils
se sont produits, ils sont en accord parfait avec ce que
l’on sait depuis Bonnet et ce que confirment les
recherches toutes récentes de M. Emery, sur la direc¬
tion que prennent les végétaux phanérogames non pa¬
rasites et leurs feuilles, qu’ils soient plongés dans
l’air- ou dans l’eau (1).
Nutrilion, respiration, — Nous continuons à nous
occuper spécialement de la plante dont les organes aé¬
riens étaient plongés dans l’eau. Geux-èi ont-ils
puisé dans le milieu insolite où ils baignaient des ma-
(I) Puisque votre commission en est réduite à faire l’exposi¬
tion des connaissances acquises sur le fait qui lui a été soumis,
peut-être lui sera-t-il permis de rappeler ici deux expériences
de Bonnet aussi ingénieuses dans leur simplicité que curieuses
dans leurs résultats, et dont il ne semble pas que l’on ait tenu
compte' suffisant. Nous avons en vue celles 'qui sont décrites
pages 192 et suivantes et figurées planche xviii de l’édition
donnée à Neufchàtel, en 1779.
Dans l’une de, ces expériences, notre savant prend une tige
herbacée, de mercuriale très-probablement,' il en conserve les
trois entre-nœuds supérieurs et les feuilles terminales, et
retranche les feuilles qui correspondent aux deux nœuds de la
tige. Ceci fait, il plonge celle-ci perpendiculairement au centre
d’un vase de verre rempli d’eau, en l’y introduisant par un
trou fait au bouchon de liège sur lequel il maintient immobile
avec des épingles les feuilles qui couronnent son sommet. Au
bout de quelques jours, la tige ainsi disposée perpendiculaire-
V
tériaux (l’alimeiitation et de respiration? Si ou peut
légitimement conserver des doutes à cet égard, par la
raison que les racines placées dans la terre devaient
y puiser à l’ordinaire des substances assimilables de
diverse nature, les observations publiées par les sa¬
vants déjà cités tendent 4 les dissiper.
« J’ai plongé, dit Bonnet, dans des poudriers
(vases en verre) pleins d’eau, des plantes de Mercu¬
riale^ les unes par leurs feuilles, les autres par leurs
racines. J’ai laissé à chaque plante un ou deux rejetons
que j’ai tenus hors de l’eau, et qui n’ont été nourris
que par la partie de la plante qui y était plongée.
J’ai rendu tous ces rejetons aussi égaux et semblables
qu’il m’a été possible. J’ai laissé ces plantes en expé¬
rience environ cinq à six semaines, au bout desquelles
je n’ai point observé de différence considérable entre
les rejetons nourris uniquement par les feuilles et
ceux qui ne l’étaient que par la racine (1).
ment et de bas en haut, abandonne cette direction normale, se
recourbe en haut jusqu’à ce que son extrémité inférieure ait
atteint la surface de l’eau. '
Dans l’autre expérience une tige semblablement préparée
dont les feuilles ont été plongées dans l’eau d’un flacon, en
dehors duquel elle-même a été fixée dans sa position normale¬
ment perpendiculaire par un lien attaché à la partie supérieure,
s’est relevée en se recourbant jusqu’à dépasser le niveau supé¬
rieur de l’eau qui baigne son sommet, et à se diriger oblique¬
ment vers le ciel.
Dans ces denx cas, dans l’eau aussi bien que dans l’air, la
force qui sollicite les parties vertes des végétaux à se diriger
vers la lumière paraît s’être montrée supérieure en puissance à
celle qui sollicite les tiges à se diriger de bas en haut.
(,1) üuv. cité, p. 243. — Le mémoire contient d’autres expé¬
riences analogues.
L’expérience de Gouüier rapportée plus haut et
quelques-unes de M. Emery semblent également
autoriser à admettre la nutrition par les feuilles plon¬
gées dans l’eau.
« Dans un travail récent, M. P. Duchartre a dé¬
montré que les parties aériennes, lorsque leurs
tissus sont sains, intacts et sans blessures ou déchi¬
rures, ne peuvent absorber l’eau, pourvu toutefois que
l’on place la plante dans des conditions normales de
végétation (1). »
Mais dans des conditions aussi anormales que celles
des Jacinthes dont les oignons sont renversés sur le gou¬
lot d’une carafe de manière que leur pointe seulement
plonge dans l’eau, en peut-il encore être ainsi? Si, dans
ce cas, l’eau qui gonfle les tissus végétaux n’a pas été
absorbée par les parties vertes submergées, d’où pro¬
vient-elle? Des racines? C’est infiniment peu probable,
puisque, indépendamment de ce que celles-ci sont
demeurées tout-à-fait rudimentaires, on sait par les
recherches du même M. Duchartre que, contrairement
à l’opinion généralement reçue « les plantes épiphytes,
orchidées, broméliacées et autres ne tirent» de l’atmo¬
sphère, ni par leurs feuilles, ni par leurs racines, l’hu¬
midité qui s’y trouve répandue, quelque forte que
puisse en être la proportion '(2) ; » et par celles de
M. Emery que, pour les plantes terrestres également,
« l’absorption de la vapeur d’eau par l’appareil radicu-
(I) M. Emery, p. 88 d’après les Annales des sciences naiu-
reltrs, 4® série, Botanique^ t. XV, 1861,
i2) Eludes sur le rôle ‘physique de l'eau, p. 129.
laire est toiit-à-fait insuffisante pour entretenir le jeu
régulier des organes ( 1 ) . »
Cela étant, peut-on admettre que, dans le cas de
submersion, l’eau absorbée par les parties aériennes
de nos Jacinthes n’entraîne pas avec elle les matériaux
solubles qu’elle contient, ou que ceux de ces maté¬
riaux qui, fournis par les racines, auraient été assi-
I *
milés par la plante, ne le sont pas, parce qu’ils ont été
introduits par une autre voie? Ce seraient-là, il semble,
des opinions bien hasardeuses.
Cependant, M. Emery, parlant de la longue durée de
la vie et de l’active végétation de ces plantes, s’ex¬
prime ainsi « Ce double résultat tient à ce que la
Jacinthe reçoit, par son bulbe, de l’air et des aliments
en quantité suffisante. Mais il faut bien le remarquer,
en raison des ressources alimentaires que le bulbe
contient, c’est surtout de Tair qu’il importe de donner
au végétal pour entretenir son existence . » « En effet,
ajoute plus loin M. Emery, j’ai répété à diverses re¬
prises ces expériences en submergeant complètement
les oignons ; et, soit à la lumière, soit à l’obscurité,
toutes les plantes sont mortes rapidement sans àvoir
végété. Cependant le mode d’alimentation était le
même dans les deux cas, le mode de respiration seul
différait et entraînait rapidement l’asphyxie pour les
végétaux entièrement submergés (2). »
Peut-être cette argumentation n’est- elle pas sans
(1) Eludes sur le rôle physique de l’eau ^ p. 139. — Déjà M. Du-
cliartre « avait affirmé comme conclusion générale d’expériences
nombreuses et variées que les plantes n’absorbent pas l’eau à
l’état de vapeur. »
(2) Idein^ p. 70 et 72.
/
- :’>84 -
réplique, mais mieux vaudrait, pour résoudre la ques¬
tion de l’alimentation des plantes aériennes, pour celles
de leurs parties vertes qui plongent dans l’eau, quel¬
ques expériences bien exactes qu’un long raisonne¬
ment.
Lorsque les feuilles de Jacinthe sont plongées dans
l’eau, le milieu dans lequel elles sont appelées à vivre
leur fournit les éléments gazeux qui leurs sont néces¬
saires, bien que dans des proportions très différentes de
celles que renferment l’air atmosphérique et la terre
végétale. On sait, en effet, que, tandis que l’air at¬
mosphérique parfaitement sec contient par litre :
0‘^‘^,25 d’acide carbonique et 207'^‘^,948 d’oxigène,
La terre végétale contient :
3<^‘^,87 d’acide carbonique et 69‘^‘^,79 d'oxygène ;
et l’eau douce :
1®®,! d’acide carbonique et 1 Lc^73 d’oxygène.
Ce qui donne pour équivalents nutritifs :
L' Respiratoires, air atmosphérique, ; terre vé¬
gétale, 2‘^c,98 ; eau douce, 17‘^®,89.
2“ Alimentaires, air atmosphérique, 15cc,48; terre
végétale, lcc;eau douce,. 3cc, 52.
En réfléchissant sur ces données, qui démontrent la
présence, dans un volume déterminé d’eau, dune
quantité d’oxygène près de dix-huit fois moindre que
dans un égal volume d'air, on se rendra aisément
«
compte de l’influence favorable des conferves ou du
renouvellement du liquide sur la végétation des plantes
submergées, influence signalée par M. H. Emery dans
plusieurs parties de son mémoire. Les conferves exha¬
lent de l’oxygène qui, suppléant en partie à l’insuffi-
\
sance de ce gaz dans l’eau, aide à la respiration des
plantes mises en expérience (1).
Modifications d'organisation par Vinfluence du milieu.
— 1° Tiges. — Pour se rendre compte de la végétation
sous l’eau des parties des plantes aériennes accidentel¬
lement submergées, est-il nécessaire d’admettre une
modification de l’organisme qui les rapproche de la
constitution des végétaux aquatiques? Rien ne le
prouve.
Les feuilles des végétaux qui fiottent sur l’eau,
comme sont celles des Nymphæa, ne présentent pas
de stomates à leur face inférieure ; les feuilles qui vi¬
vent habituellement sous l’eau ne présentent de sto¬
mates ni sur l’une ni sur l’autre de leurs faces ; leur
épiderme, plus simple que celui des plantes aériennes,
est dépourvu de la cuticule qui forme la lame exté¬
rieure de celui de ces dernières. Tout au contraire, les
feuilles de notre Jacinthe, développées dans l’eau, ont
montré à Fun des membres de la commission, M. Mal-
branche, qui les a observées au microscope, et une
cuticule bien apparente et des stomates sur leurs deux
faces, semblables à ceux de la Jacinthe qui a végété
dans l’air.
M. Emery avait déjà constaté la présence des sto¬
mates sur les feuilles des Jacinthes qu’il avait fait
développer dans l’eau , et même' sur les sépales de la
plante étiolée qui, en même temps qu’elle végétait ren¬
versée dans l’eau, avait de plus été soustraite à l’action
de la lumière. Il en avait vu également sur les feuilles
de plantes ligneuses, dont les bourgeons s’étaient épa-
f •
(1) Voir p. 84 et 158 du mémoire déjà cité.
25
noLiis sous l’eau. Il est allé plus loin encore. Considé¬
rant que « dans le cas de ces plantes bulbeuses , le
bourgeon destiné à donner la pousse aérienne de l’an¬
née est déjà fort avancé en organisation à la fin de
la période précédente de végétation, qu’il est alors en
miniature une copie assez exacte et assez complète de
la hampe future , et que la végétation actuelle a uni¬
quement pour but d’achever l’œuvre commencée anté¬
rieurement , » et qu’il en est de même pour les plantes
dont les boutons sont formés avant l’hiver , il a
voulu voir ce qui arriverait aux plantes dont les
bourgeons se forment pendant la saison même qui
voit leur épanouissement ; dans ces espèces dont
les bourgeons, latents pendant le soinmeil hivernal,
apparaissent sur bois et par suite naissent seule¬
ment au moment précis où ils doivent croître et s’épa¬
nouir.
Pour résoudre cette question , il fit choix d’un pied
de Fuchsia : il renversa le pot qui le contenait au-
dessus d’une cloche maraîchère ordinaire , de telle
manière que le pot restait dans l’air, au-dessus de l’eau,
tandis que la tige et les rameaux , dans une situation
renversée, plongeaient dans le liquide.
Les feuilles développées dans l’eau, « examinées au
microscope, dit notre observateur, et comparativement
avec des feuilles de la même variété, mais développées
à l’air libre sur un autre sujet , n’ont présenté aucune
particularité spéciale. De nombreux stomates existaient
sur la face inférieure ; je n’en ai point rencontré sur
la face supérieure , pas plus du reste que sur la face
supérieure des feuilles aériennes normales de Fuchsia.
Ces stomatès avaient les mêmes apparences et les
0
^ 387 -
mêmes dimensions que ceux qui naissent dans les con¬
ditions régulières de la végétation. (1) »
Que conclure de là? Que si les parties vertes des
plantes qui végètent dans les conditions indiquées rem¬
plissent des fonctions autres que celles qui leur sont
ordinaires , rien n’indique qu'elles y soient rendues
aptes par des modifications apparentes dans leur orga¬
nisation normale.
11 ne'faudrait pas , toutefois , se hâter de généraliser
une pareille conclusion, ainsi que le prouve une circu¬
laire observatrice duD*" Hermann Schacht, professeur
agrégé de fUniversité de Berlin.
Ce savant, l’un des hommes les plus éminents dans
la science de la physiologie végétale, ayant fait germer
. des pommes de terre placées sur une flanelle humide,
posée elle-même sur une assiette de verre enfermée
dans une caisse en bois , par conséquent dans une at¬
mosphère en même temps humide et obscure , a
constaté :
1° Que les pousses des pommes de terre qui se sont
développées dans un air humide et obscur ne diffèrent
pas essentiellement dans leur constitution anatomique
de la portion souterraine des tiges développées dans
des conditions normales ;
V Que de très nombreux poils différencient ces
germes de ceux qui se sont développés dans le sol et
qui, aussi longtemps qu’ils sont en terre, ne possèdent
aucun poil ;
3'’ Que les stomates, qui sont particuliers à la partie
seulement de la tige qui s’élève au-dessus de la terre,
(1) Ouvrage cité, p. 76.
— 388
manquent aux pousses développées dans l’air hu¬
mide (1).
On voit combien de problèmes se rattachent à l’ex¬
périence de simple curiosité qui nous occupe. — Nous
continuons à en signaler quelques-uns , sans avoir la
prétention de les résoudre.
2“ Racines, — Les racines qui , appelées à vivre en
terre , se développent accidentellement dans l’eau ,
comme celles des Jacinthes , que l’on fait végéter au-
dessus d’une carafe, subissent- elles dans leur texture
des modifications qui les rendent propres à leur nou¬
veau genre de vie? Rien ne nous autorise à le croire,
car nous ne savons pas que les observateurs aient
trouvé aucun changement dans leur organisation.
Cependant , M. Emery, qui a fait de si nombreuses
t
expériences sur les plantes végétant dans l’eau , paraît
disposé à admettre que les racines qui se sont dévelop¬
pées dans un milieu sont devenues impropres à vivre
dans un milieu différent.
Il cite à ce sujet la conclusion que voici d’un mé¬
moire spécial d’un savant allemand , Julius Sachs ,
conclusion , dit-il , qui « est identiquement celle
que me donnaient mes expériences et mes observa¬
tions (2). »>
« Les racines ont la faculté de s'accommoder au mi¬
lieu dans lequel elles croissent, et de se développer de
telle sorte qu’elles puissent remplir leurs fonctions
sans entraves, uniquement dans ce milieu. Celles qui
(1) Bericht... über die Kartoffelplauze undderen Krankhiten...
van der Hermanw Schacht. — Berlin, 1855, in-4°.
(2) H. Emery, Eludes sur le râle physiq. de Veau, p. 134.
— 389
se sont produites dans la terre ne peuvent plus végéter
dans l’eau ; elles ne tardent pas à y périr, et elles sont
remplacées par d’autres qui, produites dans ce liquide,
peuvent y végéter pendant longtemps. Il en est de même
pour les racines formées dans l’eau que l’on transporte
ensuite dans la terre. Il résulte de là que toutes les
' expériences qu’on fait avec des plantes qui sont mises
dans L’eau après avoir été arrachées de la terre où elles
végétaient, ne sont pas concluantes ; pour qu’elles le
soient, il faut que les plantes soient élevées dans l’eau
dès l’origine. Il faut ajouter l’impossibilité d’arracher
des racines sans les rompre, et la différence complète
qui existe entre des racines rompues et celles qui sont
entières (1).
♦
N’ayant pas à notre disposition le mémoire de
M. Julius Sachs, nous ne saurions nous prononcer sur
la légitimité des déductions qu’il tire de ses expé¬
riences, dont aucune n’est indiquée dans l’analyse
insérée dans le Bulletin de la Société botanique de
.France, auquel renvoie M. Emery, et que nous avons
consulté ; mais il nous semble que les faits qu’invoque
M. Emery en faveur de son opinion permettent le
doute.
Reprenant les expériences de Bonnet, qui avait v.u
des tiges, des feuilles même submergées donner nais¬
sance à des racines, A. Thouin a fait un grand nombre
d’essais pour rendre pratique le bouturage dans l’eau.
Mais bientôt une difficulté lui est apparue, celle de la
(]) Julius Sachs , sur ]a. Culture dans Veau des plantes ter¬
restres^ 1860, analysé par le Bulletin de la Soc. botanique de
France; t. VII, 1860, p. 283 et suiv.
-- 390
translation de l’eau pure à la terre de ces sortes de bou¬
tures. Pour assurer celle-ci, voici le moyen qu’il in-
dique :
« Dès qu’on aperçoit les glandes corticales s’ouvrir
un passage à travers l’épiderme des rameaux, les mame¬
lons sortir des ouvertures et former de petits cônes
blancs, qui sont les rudiments des racines, il convient
de mettre de la terre dans l’eau et d’en augmenter la
quantité de jour en jour, de manière qu’au bout de
quelques semaines elle remplace l’eau et forme un
corps solide avec elle (1). »
Sur quoi M. Emery fait les remarques qui suivent :
« Cette pratique culturale soulève une question d’une
grande importance scientifique. Il importerait beau¬
coup, en effet, de savoir si, en opérant de la sorte, on
habitue graduellement les racines qui ont pris nais¬
sance dans l’eau à vivre et à se développer dans un
autre milieu, dans la terre, ou bien si, par ces tran¬
sitions ménagées, on permet à de nouvelles racines,
essentiellement terrestres, de se produire au fur et à
mesure que les anciennes, essentiellement aquatiques,
dépérissent et meurent dans le nouveau milieu. En
d’autres termes, y a-t-il dans cette opération, substitu-
«
tion véritable d’un système radiculaire à un autre tout
différent; ou bien adaptation pure et simple d’un
même système successivement à deux milieux dis¬
tincts?
...Malheureusement, A. Thouin ne paraît pas s’être
préoccupé de cette question...'»
« Sans entrer ici dans une discussion approfondie
(I) Cours de cidture , t. II, p. 567.
391 —
sur ce sujet délicat, je ferai dès maintenant remarquer
que la première opinion, celle du remplacement, me
paraît beaucoup plus probable que celle de l’adapta- ‘
tion (1). »
Puisque, dans les expériences de A. Thouin, on n’a
constaté ni la mort des racines nées dans l’eau, ni l’ap¬
parition de nouvelles racines destinées à les remplacer
dans la terre, il est prudent de s'abstenir et de n'ad¬
mettre pas un tel fait sur une simple supposition.
Quant aux expériences de Duhamel et de Senebier,
relatives à la végétation d’un arbre planté dans une
direction renversée, c’est-à-dire les racines en l’air et
les parties aériennes plongées dans la terre ou dans
l’eau, elles ne semblent pas être, autant que le pense
M. Emery, en rapport avec le problème qu’il se pose.
Il ne s’agit plus, en elfet, de racines nées dans un
milieu et transportées dans un autre milieu pour con¬
tinuer à V vivre comme racines, mais de racines des-
tinées à émettre dans l’air des organes aériens, tandis
que les rameaux placés en terre ou dans l’eau émettent
des racines comme le font des boutures ordinaires. Il
n’y a pas lieu de s'étonner que dans cette situation
forcée, il n’y ait pas eu adaptation des organes au nou¬
veau milieu, mais production d’organes nouveaux,
comme il arrive toutes les fois qu’une racine émet une
tige aérienne et une branche bouturée des racines.
Pollen. — Nous avons déjà eu l’occasion de signaler
la persistance du coloris des fleurs de la Jacinthe déve¬
loppée dans l’eau. Le pollen de celles-ci, vu au micros¬
cope, a paru à M. Malbranctie plus maigre, plus trans-
t
(1) Ouvrage cité, p. 55 et 56.
392
parent. Peut-être avait-il subi, comme les fleurs aux¬
quelles il appartenait, un commencement d’altéra-,
tion.
« En examinant, dit M. Emery, une des fleurs (d’une
Jacinthe qui avait végété dans l’eau et à l’obscurité),
épanouie depuis une dizaine de jours environ, j’ai été
frappé de trouver le pollen parfaitement constitué et
intact, au moins en apparence, dans des anthères
dont les parois ôtaient décomposées et comme ré¬
duites en bouillia. L’ovaire renfermait un grand
nombre d’ovules ; je n’ai pas trouvé de boyaux polli-
niques; et, d’ailleurs, la durée anormale de ces fleurs
ne donnerait-elle pas à penser que la fécondation n’a
pas eu lieu (1). »
Décomposition sous Veau. — Dès le premier jour où
les membres de la Commission ont pu examiner les
deux Jacinthes, celle qui était sous l’eau montrait un
petit nombre des divisions du périanthe de ses fleurs
en état de décomposition. Celles-ci avaient conservé à
peu près leur forme primitive, mais le tissu décoloré et
transparent était converti en une masse glaireuse, au
sein de laquelle on apercevait, en l’examinant par
transparence, le réseau des vaisseaux. A ce moment,
la plante supérieure, qui avait végété dans l'air, ne
présentait encore aucun signe d’altération.
Le 23 mars, c’est-à-dire quatre jours plus tard,
quelques-unes des fleurs de la plante supérieure étaient
flétries, desséchées. La décomposition avait fait d’assez
grands progrès dans la Jacinthe submergée, plusieurs
fleurs et toute l’extrémité de la tige s’étaient détachées.
(1) Mémoire cité, p. 72.
393
La putréfaction sous l’eau les avait converties en la
matière glaireuse déjà remarquée, dans laquelle le mi¬
croscope fait reconnaître quelques groupes de trachées
déroulées qui ont résisté les dernières à la décomposi¬
tion.
Au milieu de la matière glaireuse on apercevait aussi
au moins deux espèces de microzoaires et des végéta¬
tions, mais on ne voyait aucuns filaments confervoïdes»
bien que la plante ait eu l’avantage de la lumière.
L’eau n’avait contracté aucune mauvaise odeur. A
la surface nageaient quelques petits animaux que l'on
suppose être des larves de diptères.
En terminant ce rapport nous ferons de nouveau
observer, ainsi que nous l’avons fait en commençant,
que les membres de la Commission, s’abstenant de
»
trancher les nombreuses questions de physiologie vé¬
gétale qui s’offraient à eux par suite de l’examen des
plantes que la société des Amis des Sciences natu¬
relles avait renvoyées à leur étude, n’a voulu que faire»
à cette occasion, une mention succincte dos principaux
travaux entrepris jusqu’ici en vue de résoudre quel¬
ques-unes d’elles.
Si de cette revue il ressort, pour les membres de la
Compagnie comme pour nous, que sur bien des points
la science n'a encore à présenter que des doutes et des
incertitudes, qu’il nous soit permis d’émettre le vœu
que quelques-uns de nos savants collègues veuillent
bien appliquer leurs loisirs à une série d’expériences
propres à élucider quelques-uns des intéressants pro¬
blèmes que nous venons de signaler.
OBJECTIONS
Au' rapport de M. de Boutteville,
SIR LES JACINTHES,
PAR M. A. PINCHON
Séance du 2 Mai 1867.
Je crois que l’on peut expliquer la cause de Tévolu-
* tion anormale de la Jacinthe qui fait l’objet du rapport
précédent ; les problèmes à résoudre me semblent
compris dans les propositions suivantes : .
1“ Pourquoi la plante s’accommode- t-elle de cette
direction anormale?
2® Pourquoi la Jacinthe, plante aérienne, peut-elle
végéter dans un milieu aqueux?
3® Pourquoi a-t-on pu remarquer l’absence de bulles
de gaz qui, sous l’influence du jeu de la respiration,
semblent avoir dü manifester leur présence?
4® Quelle cause a pu maintenir le niveau de l’eau,
dans le vase inférieur, sensiblement constant?
1" Les deux bulbes ont été confiées à la même terre,
plateau contre plateau. La tigelle du bulbe supérieur a
pu suivre sa direction naturelle et ses racines s’accu-
— 395 —
ser de haut en bas ; le bulbe inférieur, soumis à
d’autres conditions de vitalité possibles, avait pour ses
racines un milieu normal : aussi, suivant leurs ten¬
dances, elles se sont retournées, longeant le bulbe en
se dirigeant de haut en bas, résultat parfaitement
constaté. La tige n’avait pas le choix de la direction ;
elle a dû suivre celle qu’on lui imposait (direction de
haut en bas),, et, ce qui doit être remarqué, -c’est
qu’elle se dirigeait très sensiblement en ligne droite,
sans tendance accentuée à se retourner comme elle
l’eût fait dans l’air, sans même se coller contre les
parois du verre. Ce dernier cas était, il est vrai, indiqué,
mais il avait pour cause la recherche de la lumière, et
pouvait s’accuser dans des directions variées suivant
que le vase était lui-même exposé sous ses diverses
faces aux rayons solaires. Pour moi, cette direction
droite, de haut en bas, était sollicitée par le jeu des
racines, qui, empruntant au bulbe d’abord, puis à la
terre ses éléments de nutrition, a forcé la plante en¬
tière à profiter malgré elle des principes nutritifs
absorbés; elle se trouvait dans un état de sommeil
pendant lequel ses organes passifs de nutrition étaient
seuls en jeu, ses organes de respiration se trouvant
endormis, incapables de fonction à cause du milieu
aqueux.
2® Lors de la présentation de la Jacinthe, M. le
Président n’avait pas encore examiné l’état des sto¬
mates (sije n’ai pas exposé mon opinion, c’est qu’on
a conclu au renvoi à une commission) ; les stomates
devaient exister et existaient en effet comme on l’a
constaté depuis; mais, selon moi, elles se trouvaient
dans un état particulier. Dans l’état normal, l’orifice
396 -■
des stomates est ouvert, et les liliacées sont particuliè¬
rement propres à l’examen de ces organes. Dans l'eau,
l’orifice ne peut être libre, les fibres qui entourent la
bouche se trouvent bientôt gorgées d'eau , se gonflent,
se rapprochent et rendent la respiration impossible; en
un mot la plante ne respire pas par la partie plongée
dans l’eau, cette fonction n’avalât lieu que par la partie
située entre le niveau de l’eau et le bouchon, milieu
aérien. Le phénomène suivant milite en faveur de '
cette opinion, les deux surfaces des feuilles ne sont
jamais identiques comme coloris ; il en est de même
des pétales qui, feuilles modifiées, oflrent sinon la
même organisation complète, du moins les mêmes élé¬
ments ; la partie du limbe des feuilles chargée de
stomates est toujours plus pâle, plus blanchâtre et
souvent nacrée. Cette teinte spéciale est due à l’air qui,
gonflant les vaisseaux, les rend peu transparents et leur
communique leur aspect propre. Une feuille offrant
ces deux teintes, plongée dans l’eau et tenant encore à
la branche, ne tarde pas à revêtir une couleur. verte
uniforme sur ses deux faces; arrachée alors de la tige,
plongée entièrement dans l’eau et soumise à l’action
de la machine pneumatique, elle rendra de l’air par le
pétiole seulement, si elle est pétiolée; par la base seule
de la feuille laissée à l'air libre, si elle est sessile. Les
expériences de Dutrochet sont positives sur ce cas. Or
la teinte des deux faces des feuilles et des pétales de
la Jacinthe était parfaitement uniforme, tandis que
j’ai constaté la teinte blanche de la partie plongée dans
l’air entre le niveau de l’eau et le bouchon ; c’est dans
cette partie, et dans celle-là seulement, que s’opérait la
respiration de la plante.
4
— 397
3“ Le jeu des stomates étant rendu impossible dans
beau, Tabsence de bulles de gaz avait sa raison. Les
trachées et les vaisseaux ponctués communiquant di-
t
rectement avec la tige et s’y continuant, et une partie
des feuilles étant dans l’air libre, Tair a pu se trouver
transporté plus ou moins abondamment dans toute la
plante.
4'’ L’accès de l’air extérieur étant difficile à cause
du bouchon, l’évaporation devait être lente; le niveau
de l’eau qui aurait baissé par évaporation lente, mais
continue, a pu se maintenir cependant grâce au déve¬
loppement de la plante, qui a déplacé d’autant plus
d’eau qu’elle a pris elle-même un plus grand déve¬
loppement.
En résumé, la plante avait pour se développer toutes
les conditions, bien qu’incomplètes pour quelques-unes :
Milieu et direction normaux pour les racines, dont le
jeu pouvait s’effectuer en toute liberté ; séjour dans
l’air pour une partie seulement, bien qu’une direction
inusitée fut imposée au végétal ; respiration par cette
même partie de la plante; développement forcé, grâce
aux matériaux acquis par les racines; circulation des
sèves ascendantes et descendantes dans des directions
retournées mais normales l’une par rapport à l’autre.
Ces conditions principales, incomplètes, devaient en¬
traîner et ont entraîné l’étiolement de la Jacinthe' et
ont rendu impossible la production de caieux.
LICHENS
DE LA NORMANDIE,
• ï*
PAR M. MALBRANCHE
. (Suite), '
. < ;
Fam. II. — MYRIANGIAGÉES.
■ Thalle de couleur obscure noirâtre, petit, en coussin
d’une texture égale, à section opaque friable. Apothé-
cies presque lécanorines, de forme particulière, à tha-
lamium celluleux comme le thalle , en différant seu¬
lement par la couleur. Thèques incluses dans les loges
du thalamium , arrondies ou ovoïdes , à 8 spores
hyalines irrégulièrement divisées.
Cette petite famille , qui ne comprend encore que
deux espèces connues, est intermédiaire entre les Colle-
macées et les Lichènacèes. Par leur faciès , les Myrian-
giacées ressemblent aux premières, et aux secondes par
leur structure cellulaire. Les thèques sont éparses
dans les cavités d’un thalamium celluleux. M. Nylander
dit que cette famille serait peut-être mieux placée
parmi les champignons. Elle a , en effet , de grands
rapports avec les Cenangium .
— 399 —
1. AfiYItlAIVGlUM Uni. Berk.
Caractères de la Famille :
* •
M. Duriæi Mnt. et Berk. in Hook. Journ. Bot. 1840,
p. 73 ; Desmaz. Cr. fr. Ed. 2. 1598; Nyl. addit. Cr. Chil.
in Ann. Sc. nat. 4. III. p. 146; Syn. p. 139; Collema
glomerulosum Tayl. in MdLcli. Hibern. (nonAcn.). —
Thalle petit, noir opaque , sortant de sous l’écorce par
petits groupes tuberculeux agglomérés épars; apo-
thécies situées au sommet des glomérules, concolores,
petits ou moyens , à peine enfoncés. Spores oblongues,
diversement cloisonnées.
Sur les écorces des Frênes, Aunes : Tancarville, en
allant du château à la fontaine , Bacqueville , près de
Cherbourg (Le Jolis).
Fam. m. — LIGHENAGÉES.
Thalle de couleur variable (blanc, cendré, jaunâtre ,
roux, brun), mais très rarement noir, de forme très
diverse (filamenteux , foliacé , squameux , crustacé ,
pulvérulent ou nul ) ; consistance peu ou pas gélati¬
neuse. Couche gonidiale distincte, le plus souvent for¬
mée de gonidies ( chlorophylle verte) ou de chrysogo-
nidies ( chlorophylle jaune orangée), et dans un petit
nombre d’espèces de grains gonidiaux. Apothécies sti-
pitées ou sessiles, alors lécanorines, lécideines ou py-
renodées. Thalamium ordinairement muni de para-
physes.
— 400 —
Sèr. 7. — EPICONIODES.
Spores réunies comme une sorte de poussière à la
surface de l’hymenium , formant une couche plus ou
moins épaisse appelée masse sporale. On les partage en
deux tribus, selon la nature du thalle.
Trib. I. GALIGIÉS. Thalle crustacé granuleux ou
nul ; apothécies cupuliformes sessilès ou stipitées.
I. SPHl!V€TRlIVil. Fr. pr. p. IVyS.
Thalle propre nul ; apothécies parasites sur le thalle
àesPertusaria, globuleuses-turbinées, un peu brillantes,
à peu près sessiles , cà bord épais connivent ; masse
sporale noire. Spores simples globuleuses noirâtres.
1. S. turbinata. Fr. S. V. Sc. p. 366 (inter Disco-
mycetes) ; Nyl. Prod, p. 279 , Cal. p. 6.; Syn. p. 142;
Krb. s. L. g. p. 305; Calicium Pers. Tenu Suppl, p. 59;
Agh. Syn. p. 56; Moug. St. Vog. 366 (pr. p.) ; Sghær,
Enum p. 163 ; Fr. L. E. p. 402 ; Cyplielium Agh. in V.
Ak. H. 1815 ; Calic sessile D. G. fl. fr. 2, p. 365. — Apo¬
thécies petites pyriformes ou globuleuses-turbinées,
très noires et brillantes , à bords épais infléchis.
Spores globuleuses ou subglobuleuses. >
Parasite du Pertusaria communis. — Vire.
2. S. mîcrocephàla. Nyl. L.P. 5, Prod. p. 280, Cal.
p. 6, Syn. p. 144; Calieium microcephalum Tul. Mém.
Lich. -p. IS Sphinctrina tubæfoj'mis Kub. S. L. G. 305. —
Ne diffère du précédent que par les spores qui sont
deux fois plus grandes etfusiformes-ellipsoïdes ,
Sur les Hêtres, bois de la Prevalerie ( Octeyille) ,
— 401 —
(Le J o\is , Lichens de Cherbourg); Vire (MM. Lenor-
mand, Roberge).
II. CAIilCIIHI. Aeh. ciiiendl.
Thalle peu développé , granuleux , pulvérulent ou
frustre, rarement squamuleux ou nul (sur les bois dé¬
nudés ou putrides); apothécies ordinairement stipitées
et noires , parfois pruineuses et diversement colorées
( sessiles dans quelques espèces étrangères à notre
région); capitules globuleux ou turbinés. Spores
«
sphériques , ellipsoïdes ou oblongues , simples ou
cloisonnées.
A» Masse sporale ferrugineuse ou brune. Spores globuleuses.
I
1. C. phœocephalum. Borr. L. Br. p. 145; Fr. L. E.
p. 394; Sghær. Enum. p. 171; Nyl. Calic. p. Il,
Syn. p. 147; Malbr. L. Norm. 54; Cyphelium Krb.
S. L. G. p. 317; Calic sœpiculare Ach. Syn. p. 61 et
chloyellum id. 60. — Thalle cendré ou livide jaunâtre,
formé de grains rapprochés , un peu épais ; apothécies
à slipe élégant, noir ou brun pâle, jaunâtre (au moins
à la base), à capitule turbiné, saupoudré d'une pruine
jaune verdâtre, masse sporale brune, à peu près plane.
Sur le vieux bois d’une maison , près Brionne
(Eure); Falaise.
2. G. acîculare (Sm.) Fr. S. r, Sc. p. 119, Nyl.
Syn.p. 148; C. picastrellum Ach. in V. AK. H. 1817; C.
chlorellum Turn et Borr, L. Br. p. 146 (non Ach.)
Cyphelium Krb S. L. G. p. 317 ; Cal. phœocephalum var.
aciculare Nyl. L. P. 6, Prod. p. 29 ; Calic. p. 12. —
26
%
402 —
Plus petit que le procèdent ; thalle cendré ou nul , ca¬
pitule obconique turbiné, plus allongé que celui du
pliæocephalum ; masse sporale gonflée saillante.
Sur le bois dénudé (et les écorces?). — -Falaise. Dans
le chlorellum Acb., le capitule est globuleux , lenticu¬
laire.
3. C. chrysocephalum. Acn. meth, suppl. p. 15 ,
Syn. p. 60, Fr. L. E. p. 393, Schær Fnwmp. 171, Nyl.
L P. 10, Prod. P. 29, Cal. p. 10, Sy7i. p. 146 ; Cyphe-
lium Krb. a L. G. p. 316. — Thalle citrin ou jaune
verdâtre , granulé, à grains verruqueux agglomérés ;
apotbécies à stipe court noir ou brun noir ; capitule
turbiné lenliforme, saupoudré en dessous d’une pruine
jaune.
Sur les bois ; Vire (M. Lenormand).
4. G. trichiale. Acn. Syn. p. 62, Fr. L. P., p. 389,
Schær. E^ium, p. 172, Nyl. Cal., p. 12, 5y?i.p. 149;
Cyphelium Krb. S. L. G., 314. — Thalle jaune cendré ou
cendré glauque, composé de grains squamiformes ;
apotbécies noires, à capitule globuleux-lenticulaire,
parfois pruineux-cendré en dessous ; masse sporale
couleur d’ombre.
Sur les bois et les écorces.
V. stemoneum. Ach. L. G. Nyl. L. P. 12; Prod. y
p. 29. Cal. p. 13; Syn. p. 150; Malbr. L. N. 103;
Cal. stemoneum Moue. St. Vog. 956 (lignicole) ; Schær.
En. p. 174, L. H. 13, 249; Cyphelium Krb. S. L. G.,
p. 315. — Thalle granuleux lépreux jaunâtre ou cendré
jaunâtre rouillé; stipes moyens noirs ou bruns-noirs
ainsi que le capitule ; masse sporale couleur d’ombre
ou brune. — Sur les écorces à la base des pins : au
403
Madrillet près Rouen, Brionne , Falaise. Se trouve
aussi sur les bois.
V. physarellum. Nyl. Prori., p. 276. Calic, p. 13.
5y?i.p.l50; Cal. physarellum Fr, L. E., p. 392; Cal.
hyperellumx. r oscidam A.gr. SyU' p. 59 pr. p. ; Cal.
Prevostii Due. B. Gall., p. 636. — Thalle formé de
granules blanchâtres ou cendrés verdâtres ; stipes
fermes, courts, un peu épais, noirs, nus. — Sur les
murs d’argile : Bernay, où il a été trouvé par Aug.
Le Prévost.
V. brunneolum. Nyl. Prod. p. 276, Syn. p. 151 ;
Calic. brunneolum Movg. St. Vog. 1068, Schær. Enum.
p. 172. Cyphelium Krb. S. L. G., p. 316. — Thalle
très mince , blanchâtre ou verdâtre, presque nul et
souvent indiqué'par une simple tache. Stipes grêles,
allongés, atteignant 3 à 5 millim. — Sur les troncs
putrides : Vire (M. Lenormand).
B. Masse sporale noirej spores ellipsoïdes.
5. C. hyperellum. Acn. 31eth. p. 93; Fr. L. E , '
p. 389, Moug. St. Vog. 1069, Sgh. Enum. p. 166, Krb.
S. L. G. p. 311, Nyl. Prod. p. 278, Cal. p. 16, Syn.
p. 152. — Thalle jaune-verdâtre, granuleux ou lé¬
preux ; apothécies à capitule globuleux-lenticulaire,
roussâtre en dessous (surtout dans les jeunes), stipes
noirs, assez robustes, moyens, plus courts que dans
les échantillons de Schærer (L. H. 241-242); masse
sporale brune-noirâtre. '
Sur les bois et l’écorce des pins ; Vire, Saint-Hi-
laire'-du-Harcouet {Herb. de Brèb ). — Très voisin du
suivant, dont il se distingue par le thalle.
404
6. G. Trachelinum. Ach. in V, -4/c. //. 1816 ,
p. 272. Fr. L. E. p. 390, Nyl. L. P. 16, Prod. p. 278,
Ca/. p. 18, Krb. 5. L. (j., p. 31 1 , Malb. L. Norm, 55;
Calic. salicinum Moug. St. Vog. 475 d. ; Cal. hyperel-
lum V. salicinum Schær. Enum. p. 167, L. H, 243 ; Ca-
lie. clavellum DG. Fl. Fr. 2 p. 344. — Thalle mince,
cendré, granuleux , souvent frustre; apothécies
moyennes ou grandes, à capitule turbiné-glohuleux
étant jeune, puis lenticulaire, roux ou rougeâtre en
dessous; stipe un peu épais, noir et brillant à la
base.
Sur les écorces et les arbres dénudés, sjirtout les
vieux saules. G’est l’espèce la plus commune du
genre.
7. G. quercinum. Pers. Tent. disp. Fung. suppl. p.
59, Nyl. L. P. 14, Sijn. p. 155, Malbr. L. Norm. n® 1,
Cal. lenticulare Fr. L. F., p. 386, pr. p. Moug., St.
Vog. 473 a, Schær.. Enum. p. 168 (commixto cum
curto) L H. 505-247. — Thalle blanc-cendré ou blanc,
granuleux, quelquefois lépreux ou presque nul ; apo¬
thécies moyennes, noires; capitules turbinés-lenti-
formes, cendrés-pruineux en dessous ; stipe assez ro¬
buste.
Sur les troncs dénudés (tilleuls, pommiers) et les
bois des anciennes constructions : Rouen, Falaise ,
Bernay, Cherbourg.
V. virescens. Sch. in Nat. Auz. Christ. — Thalle
petit, verdâtre. ~ Vire (M. Lenormand).
8. G. curtum. Borr. L. Brit. p. 148, Fr. L. E.
p. 387, Krb. Par. 296, Nyl. Syn. p. 156 ; Cal. querci- '
num v. curtum. Nyl. Prod. p. 31, Cal. p. 19; Cal. ni-
405
•
grum v. curtum Schær. Enurn. p. 169, L H. 248,
Moug. St» Vog. 1237-957 {C. abietinum Fers.), Cal.
sphœrocephalum v. abietinum Ach. Syn. p. 58. —
Thalle étalé mince, légèrement granuleux ou presque
nul, cendré ; apothécies noires, à stipe court épais,
capitule turbiné cylindrique (étant jeune) , à bord cen¬
dré, un peu contracté d’abord, puis plus ouvert,
presque nu, du reste ; masse sporale convexe.
Sur les bois : Falaise, Vire, Bernay.
9. G.pusillum. Fl. D. L. 188, Krb. S. L. G. 308, Nyl.
Syn. p. 157, Malb. L. Nofm. 104; Cal. nigrunw . pusil-
lum ScHÆR. Enum. p. 169 ; Moug. St.. Vog. 1161 ; Cal',
subtile Fr. L. E. p. 388 pr. p. Nyl. L. P. 10. — Thalle
nul ou indiqué seulement par une tache blanche ou
cendrée; apothécies petites, entièrement noires, à
stipe grêle, brillant, ordinairement renflé à la base ;
spores uniseptées. (Nyl.)
Sur les vieux bois ; Brionne (Eure).
10. C. parietinum. Ace. in V. Ak. H. 1816, p 260,
Nyl. Syn. p. 158, Malb. L. JSorm. 2; Cal. claviculare
V. pusillum Ach. L. H. p. 236 ; Cal. lenticulare Nyl.
Cal. p. 20, Prod. p. 30 (non Fr. .Ach.), Cal. débile
Borr. — Thalle presque nul, indiqué par une tache,
pâle ; apothécies très petites, à stipe court, à capitule
lenticulaire, quelquefois cendré, pruineux en dessous ;
spores simples.
Sur les gaulettes des espaliers ; Brionne (Eure). —
Les stipes sont quelquefois un peu allongés ; alors, il
se rapproche de l’espèce précédente. La tache thalline
plus prononcée blanche, et les capitules plus pruineux,
constituent le Cal. minutellum Ach. in F. Ak. H.
— 406
11. C. populneum. DeBrondeau in Duby, B» GalL
p. 638, ScHÆR. Enum, p. 170, Nyl. Syn, p- 159,
Krb. Par. p. 289, Cal. pusillum v. populneum B.e'pv .
L.Eur. — Thalle liypopliléo(ie"(étalé sous l’épiderme),
paraissant seulement sous la forme d’une tache pâle,
blanchâtre ou jaunâtre ; apothécies entièrement
noires, brillantes ; stipe grêle ; capitule turbiné.
Sur l’écorce lisse du peuplier d’Italie; espèce décou¬
verte par Aug. Le Prévost, aux environs de Bernay,
I
retrouvée à Etavaux, près Caen (Herb • Roberge) .
111. COMIOCYBE Acli. Fr. Yyl.
Thalle pulvérulent indéterminé, léprarioïde; apo¬
thécies pâles, jaunâtres ou livides, rarement .noi¬
râtres, longuement stipitées, à capitule en coupe;
masse sporale abondante, globuleuse ^ pulvérulente ;
spores simples incolores ou jaunâtres, jamais noi¬
râtres .
1. C. furfuracea Ach . in V. Ah. H, 1816, Fr. L,
E. p. 382, ScHÆR. Enum. p. 175. Mouo. St. Vog.
1238; Nyl. Cal. p. 24, Syn. p. 161; Malb- L. No7in. 3;
Sclerophora Ghev. fl. par. Aib; Cal. sulphureum DC.
fl. fr. 2, p. 600. — Thalle lépreux, soufré ou soufré-
verdâtre ; apothécies concolores, à stipe quelquefois
saupoudré d’une pruine cendrée-jaunâtre ; masse spo¬
rale livide-jaunâtre , ou couleur de terre d'ombre
«
pâle .
V. fulva. Fr. 1. c. Nyl. Cal. 15, Syii. p 162;
Cal. aciculare Ach. Sy^i. p. 62. — Stipe peu al¬
longé, capitule hémisphérique. — Au pied des pins,
au Bois-David, près de Brionne (Eure); Falaise.
407 —
IV. TRVCHVf^l.li. Wr. (pr, ni. p.) Myl.
Thalle propre, mince, granuleux, lépreux ou nul ;
apothécies noires, sessiles,* cupuliformes, à coupe ou¬
verte ; masse sporale peu abondante; spores noi¬
râtres, uniseptées (dans l’espèce normande), rare¬
ment à trois ou cinq cloisons. — Les apothécies ont
le fades des Leddea, mais leur disque pulvérulent et
leur bord distinct du disque les font facilement re¬
connaître sans recourir à l’examen des spores, qui
sont très différentes.
1. Tr. stigonella. Fr. Scan, p. 282, Nyl. L. P.
17, Prod- p. 28, Cal. p. 32, Syn. p. 167, Malb. L.
Norm. 4, Calicium stigoncllum Ach. Syn. p. 56,
Moug. St- Vog. 858, Fr. L. E. p. 401; Calic. sessile
DG- fl- fr. 2. p. 345; Cal- inquinans y. sessile Schær-
Enum. p. 164. Acolium Krb. S- L~ G. p. 303- —
Thalle propre nul ; apothécies peu saillantes, entiè¬
rement noires ; masses sporales planes.
Parasite sur le thalle^ du Fertusaria "coimnunis ;
' hêtres, pommiers, chênes, etc., etc.
Trib- II. SPHÆROPHORÉS.
Thalle fruticuleux, rameux ; apothécies nuclei-
formes, renfermées d’abord dans un réceptacle thallin
globuleux, qui s’ouvre irrégulièrement, puis dis¬
coïdes; masse sporale noire, abondante.
I. SPOÆROPnOROV Pcrs.
Thalle* cespiteux fruticuleux, fragile, à épiderme
corné, brillant coralloïde ; axes primaires dilatés en
— 408 —
boule au sommet, renfermant les apothécies ; spores
globuleuses, noirâtres ou violacées, revêtues d’un
pigment noir.
1. S. compressum Acn. Meth. p. 135. Syn.
p. 287. D. C. /ï. fr. 6. p. 178, Fr. L. E p. 404,
Krb. s ■ L. G. , p. 52, Nyl. Syn, p 170 ; Sph. mela-
nocarponDG. fl. fr. 2, p. 327; Schær. Enum. p. 177. —
Thalle pâle, blanchâtre ou glauque, moins brillant
que le suivant, cespiteux moyen, vaguement rameux,
à rameaux comprimés et souvent à divisions ultimes
distiques , les fertiles épaissis ; apothécies insérées
obliquement au sommet et ouvertes en forme de
disque.
Sur la terre, parmi les itiousses ; rochers de Noron,
près Falaise, Cherbourg.
2. S. coralloïdes. Pers. in Ust, N. Ann, p. 23,
Ach. Syn. p. 287. Moun. St. Vog. 262, Fr. L. E,
p. 405, ScHÆR. L, H, Enum. p. 177, t. 6, f. 4,
Krb. s. L, G. p. 52, Nyl. Syn, p. 171,Malb. L,
Norm. 105; Sph. globifer'um'D . G. fl. fr. 2, p. 327.
— Thalle élégant, brillant, haut.de 5 à 6 centim.,
pâle, blanchâtre ou roussâtre, arrondi ; apothécies in¬
cluses dans des réceptacles exactement globuleux, s’ou¬
vrant irrégulièrement.
Sur les roches de grès ; Alençon.
3. S. fragile. Pers in Ust, N. Act. Acn. Syn.
p. 287 ;Moug. St. Vog. 263, Fr. L, E- p. 405, Scn.
En. p. 176, L. H, 15, Krb. S. L. G. p. bi \ Sph.
cæspitosus D. G. fl. fr. 2, p. 327. — Thalle petit,
blanc ou cendré-livide. arrondi, un peu raiiKmx, cespi¬
teux, en touffes serrées ; apothécies du précédent.
— 409
I
largement ouvertes à la tin. Plante très fragile étant
sèche. — Cherbourg.
Sér. IL — CLADODÉS,
Thalle composé de petites folioles {prototliallc plur.
aut.) et de podetions ou supports fruticuleux, quelque¬
fois à apothécies stipitéespar elles-mêmes
apothécies hiatorines , rarement lécanorines. Spores
simples, oblongues, rarement allongées, cloisonnées
(Siereocaulon) .
Trib. III. BÆOMYCÉS.
Thalle horizontal (dans nos espèces], étalé, pulvé-
rulent-granuleux ou squameux ; apothécies pâles ou
roussâtres, lecidéines, sessiles, diflormes ou stipitées.
Spores incolores, simples ou cloisonnées (B Icmado-
philus) .
I. IVyl.
\
Thalle très peu développé, formé de gonidies et de
filaments agglutinés ; apothécies petites, stipitées par
la constriction de riiypothecium. Spores filiformes,
divisées par de nombreuses cloisons (60 à 100) • Type
singulier, qui s’éloigne des genres voisins par sa cons¬
titution anatomique, et devrait, selon Nylander, for¬
mer une tribu particulière. Son port seul rapproche ce
genre des Calyciés et du genre Bæomyces.
1. G. calicioides . Nyl- Prod. p. 146; Syn»
p. 175 ; Bæomyces calicioides Del- in Duby Bol. Gall.
P 636, ScHÆR. Enum. p. 183 ; Mycctodium Mass, in
Flora 1856, p. 285 — Thalle cendré ou cendré«ver-
dâtre, étalé comme un vernis sur les mousses, ou nul ;
apothécies pâles, en capitule un peu turbiné, brun ou
noirâtre, (haut de 10 à 15 millim.)
Sur les mousses et les jungermanes ; forêt de Bric-
quebec.
II. rcvH.
Thalle crustacé, étalé, pulvérulent -granuleux où
squameux ; apothécies sessiles ou stipitées , presque
lécidéines ; stipe formé par Thypothecium.
A. Apothécies stipitées»
1. B. rufus. D G. fl. fr. 2. p- 342, Ach. Syn.
p. 280; Nyl. P- 27, Syn. p. 176,Malb. L. Norm.
106 ; Bæomyces rupestris Pers. in Not. N. Ann. 1 p. 19,
D. C. 1 c , Moug- St. Vôg. 70; Biatora byssoicles Fr.
L. E. p. 257; Bæomyces Schær. Enum. p. 183, L. H.
32 ; Sphyridium fungiforme Krb. S. L. G. p 273- —
Thalle lépreux ou tartareux, mince, blanc-verdâtre ou
un peu glauque ; apothécies variant de la couleur de
chair au brun pâle, convexes, immarginées ; stipe
moyen ou très court, blanc (quelquefois 2 ou 3 se sou¬
dent ensemble), sillonné-rugueux par la sécheresse.
Sur la terre, surtout argileuse , dans les lieux ombra¬
gés, rarement sur les pierres ou les bois .
2. B. roseus Pers. in Ust. A- 1 p. 19, Ach.
Syn. p. 280, Fr. L- E. p. 246, Schær. Enum. p. 182,
t. 6, f. 6, L. H. 31 , Nyl. L. P. 26, Syn. p. 179, Krb-
S> L. G p. 274, Malb. L. Norm. 5 ; Bæomyces erice-
torum D. G. fl,, fr. 2. p 342, Moug. St. Vog. 71. —
411
Thalle étalé ou un peu limité, blanc ou blanc-cendré,
formé de grains contigus (stérile) ou séparés; apothé-
cies rose-carnées, ou blanc-carnées, presque globu¬
leuses, larges de 2 millimètres environ, à stipe blanc à
peu près cylindrique .
Sur la terre nue stérile, dans les bruyères, les bois
— On rencontre quelquefois sur le thalle stérile un
petit lichen parasite, le Lecidca inquinans, Tul.
B. Apothécies sessiles»
3. B. icdamophilus . Nyl. Prod. p. 135, Syn,
p 183, Lecidea icmadophila Ach. Syn. p 45, Moug.
St‘ Vog. 173, Biatora Fr. L. E p. 258 ; Bæomyces æru-
ginosus DG fl /*r. 2, p. 343; Lecidea æraginosa Scr •
Enum. p- 142, L. H. 216. Icinaclophüa Krb. S. L G.
p. 151 ; Bæomyces elvelo'ides DG. Le — Thalle
glauque ou blanc-glauque, lépreux ou granuleux, sou¬
vent largement étendu; apothécies discoïdes, couleur
de chair pâle ou agréablement rosées, légèrement prui-
neuses, moyennes ou grandes, sessiles-superficielles
(fixées par le centre), un peu rugueuses, entourées
dans le jeune âge par un bord thallin, à bord propre,
obtus , non proéminent, à la fin recouvert par le
disque; spores à 1-3 cloisons.
Sur les mousses, les bois pourris et la terre ; Elbeuf,
Brionne (sur la terre). Gherbourg. Gette belle espèce
doit être rare chez nous.
Trib. IV. GLADONIÉS.
Thalle à folioles ou écailles laciniées ou crénelées ou
nulles et à podetions (manquant rarement) fistuleux ,
f
simples ou le plus souvent rameux ; apothécies céphalo-
dées ou biatorines, portées sur les podetions, rârement
sessiles sur les feuilles du thalle . Spores simples. — Les
espèces de cette tribu, très répandues surtout dans les
régions septentrionales du globe, vivent presque tou¬
jours en société et couvrent souvent de grands espaces.
Plusieurs Cladonia renferment une manière amylacée
nutritive. (V. Généralités).
1. nfrni.
s. 1. Thalle crustacé horizontal, à podetions fragiles
glabres (sans squammes) ^ d’abord papillaires (Pycnothelia
Duf. Ach. pr. p.)
1 . Cl. papillaria Hffm, D. G. fl. fr. V. p. 180; Fr. L,
E p. 295; ScHÆR. Enum. p. 203, L. H. 268 ;Nyl.
Z. 107 (stérile). Syn. p. 188; Krb. S. L. G.
p. 37 ; Malb. Lich. Norm. 6 et 157 (fertile); Ceno-
my ce Ach. Syn-^p. 248, Moug- St- Vog. 259 (v. no~
dulosa), — Thalle blanc ou jaunâtre-cendré, granu-
leux-crustacé ; podetions courts , claviformes ou
cylindriques, papillaires en naissant, glabres, fragiles,
simples ou rameux (ramules papillaires) ; apothécies
brunes ou brunes-rougeâtres, terminales agglomé¬
rées, bordées (sublécidéines).
Bruyères ; lieux secs et sablonneux. On trouve sou¬
vent ce lichen peu développé, stérile, à podetions
courts, jaunâtres, terminés par une simple papille (f.
clavata Scn., L- IL 512). La 'forme fertile est
blanche -cendrée, à podetions rameux, hauts de 1 à 2
centimètres.
— 413 —
V. nodulosa. Del. Podetions raineux, noueux, to-
ruleux ; apothécies solitaires, papillaires [CL molari-
formis Hffm, Sch. L. H. 512? Moug’. St. Vog 259).
— Falaise!
V. stipata Flk. Podetions à ramifications nom¬
breuses, lacérées, fastigiées , couvertes de petites apo-
thécies. — Falaise (De Brébisson) .
S. IL Thalle plus ou moins développé foliacé; Podetions^
avec ou sans scyphus, souvent squamifères .
A . Fruits bruns ou roux ( Phæocarpés Nyl . )
t Podetions simples (ou rameux, par prolifîcation), normale¬
ment scyphyfères , à thalle développé persistant ( Scypliophorus
Ach. pr. m. p. )
2. Cl. endivæfolia Fr. L. E. p. 212; Schær.
Enum.p. 194, Z. H. 456; Nyl. L. P. 106; Syn.
p.l89,MALB Lich Norm. 56, Cenomy ce Acn. Syn.
p. 250. — Thalle macropliylle, vert-jaunâtre ou vert-
glauque , à divisions grandes, multifides, arrondies-
crénelées au sommet, pâles et blanches en dessous;
podetions naissant des sinus des divisions, turbinés-
cylindriques ou scyphiphères ; apothécies pâles ou
rousses, quelquefois mêlées de folioles [phyllocephala
Sch. j
Commun sur les collines de la Seine, où il fructifie
rarement. Le thalle porte quelquefois de petites gra¬
nulations brunâtres qui appartiennent à un petit
parasite. Il a été confondu par quelques auteurs avec
le suivant.
3. Cl. alcicornis. Flk. Clad, p. 23, Fr. L. E.
p. 213 ; ScHÆR. Enum> p. 194'; L, H, 455, Nyl. Syn,
p. 191 \ Cenomyce Ach . Syn- p- 250; Moug-. St. Vog-
1062 (dans quelques exemplaires, c’est V endivæfolia) .
C. damæcovnis ci Aqh • L. U. (exauct. v. Syn, p. 342).
— Thalle plus petit que le précédent, vert-glauque ou
jaunâtre, à divisions multifides plus étroites, arron¬
dies, crénelées à l’extrémité, abords et face inférieure
quelquefois ornés çàet Là de fascicules de poils (noirs
ou blancs) ; podetions naissant des sinus, scyphi-
fères, à bords fimbriés prolifères; apothécies brunes.
Bruyères ; Aclou (Eure). Assez rare dans les terres
calcaires ; plus commun et mieux développé sur les
grès; Falaise, Vire.
Lavar. ge^itilis Ach. Del. n’est qu’une petite forme. •
La var. phyllophora Ach- Del. a les podetions allon¬
gés, prolifères latéralement, à scyphus rayonnant et
folié. — Vire (M. Lenormand).
I
4. Cl. pyxidata Fr. L. E. p. 216; Schær Enum.
p. 191 L. H, 268, Nyl. Syn- p. 192.Malb. Lich.
Norm, 57; Cenomyce, Acn- Syn, p. 252. — Thalle
cendré , glauque ou vert, formé de petites folioles
squameuses, crénelées, ascendantes, minces (dans
le type) on cendrées-olivâtres^ épaisses (dans les va¬
riétés) ; podetions turbinés-scyphyformes, concolores
ou vert-grisâtre, glabres (cortiqués) ou, le plus
souvent, granuleux squammeux verruqueux*ou, en
partie , furfuracés, à scyphus normaux , à bord entier
ou digité fertile ou vraiment prolifère, rarement pode¬
tions cylindriques stériles ; apothécies brunes. .
Cette espèce, fréquemment confondue avec le fim-
briata, s’en dislingue par ses podetions, assez exacte-
— 415
ment turbinés , et ordinairement à épiderme verru-
queux-granuleux , rarement pulvérulent. Les formes
prolifères et subulées y sont moins communes, surtout
les dernières. Nous renvoyons à firnbriata toutes les
formes à épiderme finement pulvérulent et pâle, à
scyphus en coupe et fréquemment prolifère ; à pityrea
celles à podetions foliés,, à scyplius étroits irréguliers,
lacérés ou presque nuis. On peut distinguer les variétés
suivantes :
V. vulgaris. Forme typique ( quant à la forme des
scyphus); podetions turbinés simples à scyphus cou¬
ronnés par des apothécies sessiles ou courtement
podicillés , à épiderme cendré obscur granuleux ou
pulvérulent (v . simplex Rffm. Ach.; Malbr. L. N- 57);
ou podetions à scyphus rameux prolifères ( prolifica-
tion centrale plus souvent marginale), à apothécies
grosses syncarpées (v. syntheta Ach, marginalis Hffm.)
à épiderme plus contigu et plutôt cendré-blanchâtre (1).
V. pocillum. Ach. Sy^i. p. 253; Moug. St. Vog.
1236; L. Duf. Rev. CL; Malb. L. N. 158; CL neglecta
(scyphosa) Schær. En, p. 192 L. H, 270, Cl. pyxid,
V. neglecta Krb. S. L. G. p. 17 — Thalle plus ou moins
étalé ou imbriqué olivâtre brillant ; podetions et scy¬
phus de la f. syntheta. — Sur les collines calcaires.
V. costata. Flk. in Krb. S. L. G. p. 23. Podetions
d’un cendré-vert glaucescent, squamuleux ou foliacés à
peine pulvérulents, courts ou allongés, à superficie
(1) Nylander, dans laLichenogr. Scandinave, y réunit la v. sia-
phylea Ach. (Malbr 108 sub. firnbriata var.) qui se nuance entre
les deux formes indiquées, et que son épiderme pulvérulent avait
fait rapprocher du fimbriala et surtout de la var. chlorophæa.
I
I
f
— 410 —
plissée crevassée, quelquefois dénudée, laissant voir
la trame blanche; scyphus simples plus ou moins
difformes, couronnés par des apotliécies accompagnées
de feuilles (f. phyllocephala Son.), ou scyphus irrégu¬
liers prolifères ; apotliécies pâles, roussâtres ou brunes.
Koerber cite le n" 268 des Lich. Helv. de Scliærer
qui est le pyxidatu (type) de cet auteur, mais cette
plante en diffère par des podetions plus cou'rts , plus
unis et plus pulvérulents. Des formes à podetions
allongés, à scyphus étroits, se rapprochent beaucoup
du pityrea.
5. Cl. pityrea. Agh. Syn^ p. 254. pr m. p. [sub
Cenomyce)] Malb, L. N. 107, Krb. S. L. G. p. 21; C.
(forma) Nyl . Syn.p» 192; Cl. degenerans \ .
pityrea Scn. Enum. p. 194. — Thalle mince, assez
développé, ascendant, vert-glauque, crénelé-lobé ; po¬
detions grêles-cylindriques, à épiderme presque lisse
ou, le plus souvent, furfuracé-squammeux, ou à petites
feuilles^ éparses, laissant voir un axe cartilagineux,
terminés par des scyphus étroits, fertiles, ou, le plus
souvent, cylindriques et divisés au sommet 'en petits
rameaux subcorvmbiformes, tous fertiles.
Sur la terre ; lieux secs, bruyères.
On peut distinguer dans ce type les formes sui¬
vantes ; f. glabrescens. Podetions moyens ou petits
(10-15“^®) presque glabres cortiqués; scyphus à bord
divisé-digité , cà apo thécies distinctes . — F . fastigiataDEL .
~ Podetions plus allongés ( 25-35™"^) blanchâtres, à épi¬
derme furfuracé squammuleux plus ou moins crevassé
(comme la v. costata)^ un peu rameux, fastigié grossiè¬
rement, scyphus étroits à apothécies grosses syncar-
pées (c’est encore la var. scypfiifera Del. — F. botryosa
417
Del. Podetions entièrement couverts de petites folioles
entassées. — F. decorticata Ach. Épiderme plus ou
moins rare, laissant voir une trame cartilagineuse
blanchâtre ou brune- —F. acummata Ach. Podetions
plus simples, la plupart acuminés, subulés, stériles.
%
Ces deux dernières ne sont peut-être que des états
séniles ou dégradés du type , et peuvent se confondre
avec, quelques formes du Cl. squamosa.
Tout ce que j’ai vu sous le nom de Cladonia acumi-
nata Del. peut mieux rentrer dans les formes appau¬
vries du Cl squamosa ou dans le Cl decorticata Fr.
Les Cl. Montaqnei et Designyi Del. (Monog. inéd.)
rappellent, des formes de pityrea et de pyxidata (1) .
6 C. leptophylla Flk . Clad. p. 19. Nyl- Syoï.
p. 193, C. squamosa, var. Schær. Enum.^ 199,
Cenomyct Ach. Syn. p. 274, Dur. B, G p. 632. —
Thalle formé de lobes arrondis, à peine crénelés,
épars ; podetions petits, blancs, nus, sans épiderme ou
légèrement granuleux, comprimés-côtelés ou lacérés-
ouverts, simples ou un peu divisés au sommet (2-3) ;
apotbécies terminales subsolitaires, plus larges que les
podetions, de couleur rousse ou brune.
Sur la terre maigre des bois montueux ; Elbeuf,
Ilouen, Vire, Rouvres, Etavaux.
7- C. cariosa Flk Clad. p* 11, Nyl Syn p. 194,
Malb. !.. Norm ^ 58 ; Cenomyce Ach. 5yn. p- 273,
(I) Je dois à l’obligeance de M. Lenormand d’avoir pu étudier
les formes de Delise, qu’il m’a communiquées en grande partie.
Cet examen avait d’autant plus d’intérêt que le classement de ce
botaniste a porté particulièrement sur des plantes récoltées en
Normandie.
-- 418 —
Moug- Si- Vog, 850; Cl- clegenerans v. cariosa Fr.
L. E p. 221; Krb. S. L G. p. 21, CL neglecta
Sgu. Enum. p. 193. — Thalle cendré-glauque, as¬
cendant à lobes crénelés ; podetions concolores, gra-
nuleux-verruqueux, comprimés, fendus comme ca¬
riés, partagés au sommet en rameaux (3-5) épais ,
fastigiés, portant une ou plusieurs apotliécies brunes .
Sur la terre et les murs d’argile ; Rouen, Cher¬
bourg, Bernay.
Le Cm. symphijcarpa. Agh. Sijn- p. 274 [Cl neglecta
V. symphycarpea Scr.- En. p. 193, L. H. 510) n’est
qu’une forme du cariosa .
8 C. fimbrîata. Hffm. FL germ. p. 121, Fr. L .E.
p. 222;Moug. St- Vog. 1235;Schær Enum. p. 190,
L H, 56-61 ; Krb. S- L. G. 22; Nyl. Syn p. 194, Malb.
L Norm- 59; Cenomyce Agh. Syn- p. 254; Cen- pyxi-
data V. fimbriata et seq. Dub. B. GalL p. 630. —
Thalle foliacé, petit, crénelé; podetions allongés cy¬
lindriques, scyphifères ou subulés, cà épiderme con¬
verti en une poussière fine, rarement granulée, blan¬
châtre ou blanche-verdâtre, terminés par une coupe
non turbinée. comme dans le pyxidata, abord entier ou
denté fimbrié, fréquemment prolifère'; apotliécies
brunes. 11 n’est pas rare de rencontrer la forme sté¬
rile à podetions rameux ou simples, subulés-cornus.
Sur la terre et les troncs ; bois, bruyères, banques,
fossés, etc. C’est une des espèces les plus communes
du genre.
Y. tubæformis. Agh 1 c. Sgh. L H. 589 Pode¬
tions cylindriques un peu allongés, élégants, terminés
par une petite coupe ou scyphus à bord entier stérile
ou crénelé, brièvement digité fertile (rarement proli¬
fère) Les formes longipes et tenuipes de Del se rat¬
tachent à cette variété. La dernière, qui vient sur les
troncs, a le thalle imbriqué, composé de petites
feuilles crénelées ou déchiquetées-granuleuses, les po-
detions petits et nombreux. Ici se place encore la
V. abortiva Agh. Podetions simples, à sommet tronqué,
obtus ou obscurément scyphifère {î. py^oboscideaW allr.
Krb.) • Les scyphus s’atrophient de plus en plus et
tendent à la variété radiata
V. staphylea Agh . Syn. p. et Emend., p. 342.
— Podétions cendré-verdâtres ou verdâtres obscures,
à scyphus un peu turbinés, simples ou prolifères,
bordés de partitions digitées, terminées par de gros
apothécions (vv. tuberculosa Hffm., Sch. L. H. 54,
staphylea Ach. Malbr. Lich, Norm. 108) ou à podetions
allongés, à prolifications nombreuses (v. proliféra
Agh.). Le Cl. chlorophæaScn. Z. H. 266-267, comprend
les formes d’un cendré vert pâle, simples peu allon¬
gées et n’en diffère pas- — Toutes ces formes, bien
étudiées, peuvent certainement être réunies. On passe
insensiblement de l’une à l’autre. La prolification
simple et normale qui se produit chez beaucoup d’es¬
pèces ne peut être un motif de division ; ce n’est qu’en
comparant des formes extrêmes qu’on a pu les séparer,
comme cela se fait trop souvent. Heureux quand on
, peut réunir tous les chaînons et rétablir Tentité.
V. radiata Acii. 1 c et v. nemoxyna id.; Moug.
Si. Vog. 1156, ScHÆR Enum. p. 191, L. H. 57, 61;
Malbr. Lich. Norm 7; f. ceratoslelis Kbb^ S. L. G,
p. 22, Cen. cornuta Dura Bot. Gall. p. 628. —
— 420 —
Podétions allongés, blancs et saupoudrés d’une pous¬
sière d’un vert obscur, surtout dans la moitié infé¬
rieure, et parfois de petites feuilles thallines, simples ou
le plus souvent rameux , à rameaux, quelquefois tous
(v. ramosà Del.), subulés, stériles, dressés ou tortueux
(v. tortuosa id ), portant rarement des scyphus petits,
couronnés par des apothécies sessiles ou subpodi-
cillées, ou par des rayons stériles.
L. Cl - insidiosa Del. rentre encore dans les formes
dressées stériles de cette variété.
V. cornuta (L.) Ach. Syn. p. 257. Clad. corniita. Fr.
Z. E. p. 225 ; Krb. S. L. G. p. 25; Nyl- Prod p. 198
pr. p. Cen. cornuta v. crassa Duby B. G p. 628. —
Podétions courts, simples, ventrus, claviformes, courbés
et acuminés au sommet en forme de corne. Thalle
macrophylle. — Une forme amoindrie [macra Flk.) à
podétions plus minces, subulés, envahis plus ou moins
par les folioles thallines, est le CL pyxidata v. subulata
ScH. En, 191, H. 51 ; Cen. Antüopea Del. in Dur.
V. conista Ach. 1. c. v. hrempes Krb. Cl. pyxidata
ScH pr. p. L. H. 51-52. — Podétions cowrïs un peu
turbinés, vert-blanchatres pâles, scyphifères ; scyphus
à bord presque entier, sans prolihcation et bordé par
par quelques petites apothécies. S. v. lophyra Ach.
Syn Emend. scyphus couronnés par de petites folioles
thallines et quelques vagues prolifications. Thalle
macrophylle. — Rouen; Falaise •.
V. conîocrœa Nyl. Cenom. Del. in Dub. D> Gall.
p. 629 {YOiVv dilatata, ramulosa et proboscidca); Moug.
St. Vog. 1157, Cl - pyxid- f- longipes Sch. L- II. 60;
Cl. fmbr. radiata f. Iiomodactyla Krb. 1. c. (non
Cl. coniocrœa ¥lk-} — Podétions presque lisses et
verdâtres à la base, blancs pulvérulents au sommet,
à 'scyphus étroits probosciformes , radiés au bord,
quelquefois prolifères , à rayons scyphifères fertiles.
C'est peut-être une forme fertile de la variété radiata-
— Vire .
V. carneopalHda Aon. 1. c. Nyl. Syn 195, —
Podétions moyens blanchâtres ou verdâtres pulvéru¬
lents simples subuliformes un peu robustes, scyphus
étroits crénelés au bord ou prolifères; apothécies cou¬
leur de chair pâle. Les échantillons que j'ai vus de
de Normandie me paraissent appartenir au pyxidala
V. syntheta.
9. C. gracilis Hffm. Fl. germ. p. 119, Fr. L. E.
p. 318, ScHÆR. Enum. p. 195, Nyl Syn. p. 196, Krb.
6^. L. G. p. 18; Malcr. L. Norm. 8; Cenomyce Mouo. St.
Vog. 849, Del. in Dur. (nonnull. varr. excl.); Cen.
ecmocy n a Ach. Syti. p. 261 [y ar. coi'ymbosa excl.) \ Scy-
phophorm cornutus D. G. fl fr. 2, p. 340 — Thalle
foliacé â peu près nul, podétions cendrés-verdâtres ou
livides, à épiderme lisse, simples ou rameux, à ais¬
selles imperforées, les uns subulés stériles, les autres à
scyphus petits, dentés ou digités au bord, et souvent
munis d’un ou deux rayons subulés ou proboscidés
(en forme de trompe); apothécies isolées ou con¬
fluentes, sessiles ou portées par les rayons. Scyphus
rarement prolifères.
Sur la terre, dans les bruyères.
V. vulgaris (type) Krb. 1. c. — Podétions allongés
üliforines, cendrés verdâtres ou livides, lisses, presque
siuqiles, subulées stériles ou à scyphus petits, régu-
422
liers, dentés ou brièvement digités, couronnés par des
apothécies sessiles ou podi cillées et un ou deux
rayons stériles. — C’est la forme la plus commune.
On peut, en outre, distinguer les suivantes : leuco-
chlora àgh. Del. à podé lions pâles verdâtres ; — 2° flo-
ripara Ach. Del. in Herb.,ScH. L. H. 64, à podétions
simples, épaissis au sommet, à scyphus un peu irré¬
guliers. denticulés et à prolification rare marginale ou
extérieure (latérale); fruits syncarpés. Brionne. (La v.
nitida du même n’en diffère pas beaucoup) . On pour¬
rait appeler polyceras une forme à podétions un peu
rudes squammeux foliacés et à prolification latérale
abondante. 3° amaura Ach , à podétions rameux sub-
dicliotomes par prolification ; 4" squamosa^ à podétions
verts livides, munis de quelques folioles ou squammes;
du reste, scyphus et port du type fertile ; 5° proboscidea
Krb., à podétions simples, minces, allongés, terminés
par des scyphus proboscidés. Vire. — La var. anthoce-
phala Del. est une forme assez grande foliacée dont
toutes les ramifications se terminent par des scyphus
plus ou moins bien constitués, et parfois subcorym-
biformes. La var. macroceras Ach. Krb (f. elongata) a
les podétions allongés, pâles, un peu épais , courbés au
sommet, à rayons longs, subulés.
V. hybrida Ach. Moue. St. l '. 849 b. v. aspera Due.
— Podétions plus grêles, moyens, munis de petites fo¬
lioles thallines éparses, ou de petites protubérances
résultant de l’avortement des ramilles latérales, ou
podétions tenus très rameux, à rameaux, la plupart
atténués (v. filiformis Del.); scyphus fertiles cyathi-
formes, à apothécies podicillées, isolées ou confluentes.
— 423 —
ou scyplms avortés, rameux proboscidiformes. — Vire,
Falaise, dans les roches.
Les variétés lateriflora^ dilacerata, sont reportées au
crispata^ à, cause des aisselles béantes.
lO. C. cervicornis Scn. Enum, p. 195. Krb.
L. G. 19, Nyl. Syn. p. 197, Malb. L. Norm. 10;
Scyphopkorus T). C. fl. fr. 2, p. 338 ; Cenomyce 'Ach.
Syn. p. 251, Mouu. St- Vog. 749, Del. in Dub. B. G.
p. 631 — Thalle macrophylle, cespiteux, à folioles
allongées, dressées, incisées , dentées-lobées, d’un
vert glauque en dessus, blanches en dessous, mais
brunâtres à la base, noirâtres même dans les échan-
. tillons anciens à thalle robuste. Podétions courts,
glabres, naissant sur le thalle, scyphifères, facilement
prolifères et à prolification souvent centrale, margi¬
nale et latérale quelquefois ; apothécies petites sessiles
«
sur les bords, agglomérées nombreuses ou confluentes,
mélangées souvent, dans l’été, de petites folioles,
(f. phyllocepliala Schæb.)
Lieux secs, bois montueux, bruyères.
La V. myriocarpa Del. est une forme à scyphus
irréguliers, lacérés, diübrmes , à apothécies nom¬
breuses.
V. cladomorpha. Ceno'tn. cladomorpha Del. 1. c.
Cen. gonorega var. Ach. Syn. p. 259. ~ Podétions
rameux dichotomes par les prolifications nombreuses,
latérales ou marginales , blanchâtres ou glauques
(v. cæsia Del. sub Cl. sobolifera). Le bord du scyphus
présente quelquefois des fascicules de poils noirs [v.
pilifera Del. 1. c. sub gracili). — Elbeuf, Bernay, Fa¬
laise . La forme püifèrc a été trouvée à Brionne.
— 424 -
S. V. complicala Del. — Prolification plus compli¬
quée, plante un peu touffue. — Falaise.
V. Terticillata Krb. S. L, G. p. 19, CL verticillata
Flk. Clacl. p. 26, NYL.vS’î/n p. 197;M4lbr.L. Norm.9\
Cenomyce Agh. Syn, p. 251, Moug. St. Vog. 644, Del.
in Duby b. Gall p. 63l ; Cl. gvacilis . Fr. L E-
p. 218; Cl. degenerans v. glabra f. centralis Schær.
Enum. p. 193. — Thalle microphylle ; podétions
simples, régulièrement scyphifères et à prolification
centrale se répétant jusqu’à six et sept fois ; prolifica-
tionjatérale et marginale rares; bords des scyphus fer¬
tiles; apothécies brunes noirâtres. — Falaise. Bruyères
de la Pie, à Aclou (Eure).
11. G. ochrochlora Flk. Krb. S. L. G. p - 24; Cl.
fimbriata V. ochrochlora Sch. Enum. p 191 ; L. IL
640? CL cornuta v. ochrochl, Nyl. Syn. p. 198. —
* Thalle assez développé, crénelé-lobé, verdâtre ; podé¬
tions allongés simples, cendrés-verdâtres, lisses à la
base, puis à épiderme rompu, squammeux-verru-
queux, blanc, à peine pulvérulent au sommet; scy¬
phus étroits, denti cillés ou digités radiés, fertiles
Cette plante a le port de certaines formes àufmbriata,
mais elle s’en éloigne un peu par son épiderme continu.
L’axe est très blanc où manque l’épiderme. Une pe¬
tite forme exiguë, de 5 à 10 centimètres, est peut-
être la v. m/w Acn. (^ub. Cen. fimbiHata.)
Bruyères. — Rouen, Vire.
La plante, publiée par Schærer, est rameuse et
cendrée obscure.
12. G. degenerans Flk. Clad. p. 41, Fr. L. E.
p. 221, Schær. Enum- p. 193, pr. p. Nyl. Prod. p. 37,
- 425
Syn. p. 199, Ccnom. Del. in Dub. /i. Ga//. p. 630;
C. gonorega Ach. Syn, p. 258 — Thalle à petites fo¬
lioles crénelées, incisées; podétions livides-blan-
cliâtres, souvent brunis à la base et ponctués de blanc
par les granules tliallins de l’écorce, déprimés (Nyl ),
subverruqueux, à scyphus irréguliers, fendus dès le
commencement, radiés, lacérés ; apothécies brunes.
Dans les bois et les lieux montueux ; Falaise.
Espèce très confuse et mal connue à étudier de nou¬
veau .
La plante que nous décrivons ici a des rapports avec
quelques variétés du gracilis^ mais s’en distingue par
l’absence de rayons subulés stériles , par ses scyphus
lacérés subcorymbiformes, etc. L’ensemble des fruits,
qui sont très nombreux, forme de petites cymes noi¬
râtres .
• Sous le nom de v. aplotea Del , j’ai reçu une forme
qui n’a nullement le même port. La plante est très
prolifère et^se ramifie par une prolification centrale et
marginale répétée. Scyphus entiers, foliés au bord,
taille petite, épiderme glaucescent, plus lisse. Elle
ressemble beaucoup, à la taille près, aux échantillons \
d’Allemagne. - Cherbourg.
f+ Podétions ascyphées, thalle petit ou nul {Claclonia DG).
13. G- furcata Hffm. Fl. Gerni. p. 115, En. L. E.
p. 229, ScH. Enuin. p. 201, Krb. S. L. G. 34, Nyl.
Prod. p. 39, Syn. p. 205; Cemomyce Acn. Syn.
p. 276, MovCr. St. Vog. 852. Del. in Duby B Gall.
p. 622’; Clad. subiil ata D. G. fl. fr. 2, p. 336. —
Thalle peu développé ou nul ; podétions cendrés-ver-
dâtrès, blanchâtres ou livides, glabres, rameux, à ais-
I
— 426 -
selles non ou à peine perforées, rameaux atténués au
sommet, souvent divergents ou fourchus, les fertiles
subfastigiés , corymbiformes ; apothécies petites ,
brunes. — Cette espèce très polymorphe, dont le port
varie beaucoup, fournit plusieurs bonnes variétés;
elle touche par les unes au gracilis , dont elle se dis¬
tingue par ses podétions rameux , subulés, fourchus
sans scyphus ; par les autres au rangiferina, qui en
diffère par ses sommets stériles inclinés
Sur les bruyères, les collines, les murs, dans les bois
découverts.
V. subulata (type) Fr.Jj E. p. 230, Scn. En. L H.
81 . Podétions grêles, allongés, blanchâtres ou livides,
nus , dernières ramifications dressées , stériles ,
quelques-unes fertiles isolées- — F.’ corymbosa Nyl-
Malb. Norm. 11; Cen. ecmocyna var. corymbosa
Ach- Clacl. furcataNYL. L. P. 22- Podétions cendré-
vert 011 glauque, cespiteux, moins rameux, portant
parfois quelques folioles, fendus divisés au sommet,
corymbiformes ; apothécies brunes ou pâles.
V. racemosa Flk. Clacl. p. 152, Fr. L. £'. p. 230,
Sghær. Enum. p 202; Cen. racemosa Ach Syn.
p. 275, Del. in Duby IE. Gall. p. 623. ~ Podétions
épais, gonflés {macropocla Del .1 c.), lisses ou un peu
squammeux foliacés, à sommets divariqués; apothécies
petites, isolées (7nicrocarpaDEL.) , ou grosses et corym¬
biformes. Les ramifications ultimes divariquées épi¬
neuses, plus ou moins brunes-livides, constituent les
formes spinulosa et spaclicca Del. et la forme hamata,
si elles sont recourbées en hameçon. La v. r cmgi fera
Del. est blanchâtre, très lisse, avec quelques l’ares fo-
— 427 —
lioles, ramifications ultimes fertiles, presqu’en thyrse.
Vire (Herb. Lenormand). — La forme squamulosa Del.
ScH. L. H. 80 a les podétions dressés ou recourbés [CL
recurva tout couverts de petites folioles.
V. scabriuscula CL scabriiiscula Del in Due. 1. c
— Podétions cespiteux dressés ou arqués (recurva
Del.), scabres pulvérulents, fnrfuracés ou avec
quelques rares folioles [squamulina Del.), cendrés-
blanchâtres. — Falaise, Beauvoir, Rouen, Vire,
Lisieux .
V. pungens Fr. L. E. p. 230, Nyl. Procl. p. 39, Syn.
p. 207, Male. L. Norm. 12, Cenomyce rangiferina v.
pungens Ach. Syn. p. 278 ; Cen. pungens Del. in Duey
D. galL p. 621 ; Cen. rangiformis Flk.,Moug St. Vog
754 ; Clacl. furcata v. luingiformis Schær. Enuni p. 202.
— Podétions cendrés-blancbâtres ou blancs (v. nivea
Del.}, un peu rigides, très rameux, formant un cous¬
sin cespiteux, à divisions grêles atténuées, ou plus ou
moins épaissies fertiles, {incrassata Del.j — Sur les
murs, dans les lieux secs .
V. muricata Nyl. Cenomyce Del. 1. c. — Podétions
épais, rigides, à ramifications plus divariquées et plus
courtes, à épiderme inégal squammeux. — Dans
quelques endroits secs, cette espèce s’étale sur le sol et'
forme un lascis lâche de longues ramifications noueuses
un peu sorèdifères et foliacées (v. ceranoides Del. in
Herb.) ou bien , avec une taille plus petite et cespi-
teuse, se couvre de petites folioles (v. foliosa üL) —
Golliiiies de la Seine.
14. G. crispata Ach. Syn. p. 27^ (sub. Ce?? omiy ce) Nyl
Syn. p. 207, Cl. furcata v. crispata Flk. Clad. p. 148,
m -
Fr. L. E. p. 229, Krb. S L. G p. 34 ; Cen. gracilis
V. trachyna Del. Herb. Mus. Par. CL ceranoides Schær.
En. p. 197, ï.. H. 277 (f. dilacerata), Cm. axillarisDEh.
Clad. rev- p. 18. — Thalle peu développé, formé de
petites folioles crénelées; podétions moyens rigides,
blanchâtres ou livides, rameux (par prolification répé¬
tée), nus, à aisselles béantes infundibuliformes (scyphus
avortés) couronnées, et souvent aussi les sommets, par
de très petits rayons stériles disposés en crête ou bien
à podétions fertiles un peu épaissis , divisés lacérés
{[.diJacerata]; irrégulièrement scyphifères, partagés au
sommet en petits ramules plus ou moins corymbiformes
ou étagés; apothécies petites, brunes. Quelquefois les
extrémités sont déformées, contournées, stériles (f.
abortiva, Cen. gracilis v. abortivaDEh. Sch. L. H. 69.)
Bruyères ; Rouen ; Aclou(Eure). Orbec (la forme
abortiva. )
V. trachyna Ach. Syn p. 259 (sub. Cen. gonorega);
Cen. trachyna varr. virgata , setiformis ^ Del. in Herb.
Clad. degenerans var trachyna Nyl. L Sc. p. 54;
Krb s. L. G. p. 20;Schær. En p. 193 (var. virgata);
Fr. L E. p. 221 var. b. Podétions allongés, nus ou
munis de quelques rares folioles, à ramifications minces,
atténuées, le plus souvent stériles. Cette variété a le
port du furcata subulata. La forme cetrariæformis Del.
qui a les podétions un peu épais, comprimés, se rap-
proche plus du type. — Vire, Falaise (Herb. Lenor-
mand).
V. phyllocephala Krb 1. c., Schær. varr dilace-
rata et phyllocephala. — Podétions un peu épaissis,
à scyphus réguliers fendus en petites partitions ou
— 429
ouverts lacérés, à apothécies étagées (f. lateriflora)
ou en petits corymbes nus, le plus souvent agglomérés,
mélangés de petites folioles allongées lobées et de
courtes ramifications. Ce n’est vraisemblablement
qu’une forme foliifère et irrégulière du type. — Rouen ,
au Madrillet; Mortain; Lisieux - La f. lateriflora Del.
(sub. Cen- gracilis) à scyphus terminaux et axillaires
ouverts, lacérés, fertiles, appartiennent certainement
à ce type.
On distingue facilement ces formes du crispata, des
gracilis furcata et degenerans à leurs aiselles ouvertes,
lacérées en crête , à leur épiderme lisse.
15. C. squamosa Hffm. Fl. germ. p. 125, Fa. L. K.
p. 231, Sghæu. Eiium. p. 198, Nyl. Syn. p. 209,
M.4LB..L. Norm. 13; Cenomyce Del. in Dub. B. gall.
p. 625, Cen. sparassa Acn. Syn. p- 273, Mono. St.
Vog. 645. — Thalle composé de petites folioles créne¬
lées ou incisées, podétions blancs, assez grands, ra-
meux, couverts de petites folioles et de granulations,
souvent plus ou moins décortiqués, à aisselles perfo¬
rées, dentées, à sommets stériles , bifurqués lacérés
tronqués ou fertiles sub-corymbiformes ou sub-scyphi-
formes ; apothécies brunes ou noirâtres, distinctes ou
syncarpées. — F. squamosissima Son. 1. c. L. H. 278 ;
V. ventricosa Krb l. c. Podétions plus robustes, élevés
plus ou moins, rameux, rigides (f. ingidaDEh ) et quel¬
quefois épais (f. crassaid.), couverts de petites folioles;
à sommets obtus ou lacérés scyphiformes, ou atté¬
nués. — Rouen, Vire, Bernay.
Bois secs montueux, bruyères, sous les pins.
V. microphylla ScHÆB. En. p. 108, L. H. 72 (non
— 430 --
ScHÆR. spicilcg.) ; v. asperella Krb. Le. — Podétions
courts ou moyens, simples ou rameux ; épiderme d’a¬
bord lisse , puis plutôt furfuracé granuleux que fo¬
liacé squammeux (sinon dans les bruyères fortes et
épaisses) ; apotliécies sur les rayons de scyplius di-
gités, fimbriés, lacérés, prolifères, souvent syncarpées
à l’extrémité de podétions épais, cylindriques simples
ou peu divisés. — Elbeuf, Brionne, Vire. — Cen. fasci-
cularis Del. -in Duby et Cl. Lamarcldi Del., mon.
inéd. à podétions cendrés ou blancs (v. albicans Del.)
allongés, à épiderme furfuracé-squamuleux, ou muni
. i
de petites folioles éparses, cà scyplius iiVéguliers, étroits,
divisés, prolifères; apotliécies sur des ramifications
subcorymbiformes , ne diffèrent pas de cette variété
suffisamment — Vire; Rouen (au Madrillet) .
V. speciosaDEL. in Duby, v attenuata Fr. Le.;
Cen. pityreay. acuminata Ach. Syn. 254; CL degene-
rans v. pityrea f. cylindrica Schær. L c- — Podé¬
tions allongés, grêles, plus ou moins couverts de pe¬
tites folioles, subulés , atténués ou terminés par des
scyplius petits, à rayons scyphifères eux-mêmes ou
stériles ; apotliécies d’un brun pâle. — Vire ; bruyères
du Madrillet (Rouen) .
Nota . — Les varr. tenuiuscula et muricclla Del. sont
des formes rameuses et adoptant quelques folioles de la
var. microphylla et les varr frondosa Qipaschalis^ du
même, sont des formes appauvries et basses de la
f squamosissima Enfin, on poui'rait peut-être distin¬
guer encore iiiie'forme basse à podétions granuleux
pulvérulents (leprosa), simples ou peu rameux {ra¬
meux et cespiteux dans le Midi), que j’ai trouvée dans
l’Eure, dans les bois de Saint-Gyr.
— 431 —
16. C. cœspîtitia Flk. Clad. p. 8, Nyl. Syn. p. 210,
Malbr. L. Norm. 109. Cenomyce Acii. Syn. p. 249, Del.
in Duby b. Gall. p. 632, Moug. St. Vog. 1154, Cl.
squamosaw. fungiformis Sch. p. 199 L. H. 280; v.
epiphylla. Krb. S. L. G. p. 33. — Thalle à folioles
petites, d’un vert pâle on cendrées, lobées-laciniées,
crénelées ou déchiquetées au bord ; podétions très
courts ou nuis; apothécies assez grosses, souvent
épiphylles, roussâtres.
«
Sur la terre, dans les bois montueux : Orival , Saint-
Aignan , Saint-Léger; Cherbourg, Trun (Orne), Vire.
(M. Nylander rapporte aussi à cette espèce le Cl.
strepsilis Acn.)
17. C. rangiferinaHFFM. Fl. germ. 1 14, D.C. fl. fr. 2,
p. 336, ScHÆR. Enum., p. 202; Fr. L. E.p. 243, Nyl.
Syn. 211, Malbr. Lich. Norm. 14; Cenomyce Acn. Syn.
p. 277. Moug. St. Vog. 72. — Thalle foliacé nul; podé¬
tions cendrés, blancs ou couleur de paille, allongés,
cylindriques, très rameux, à aisselles perforées, à
rameaux courts, divariqués ou réfléchis, les stériles
inclinés et brunis au sommet (dans le type), les fertiles,
dressés presque corymbiformes; apothécies petites,
brunes ou pâles. — Les var. tenuior et laxiuscula Del.
ne sont que des formes à rameaux menus, délicats ,
cendrés brunis et mêlés dans la première; plus allongés
blanchâtres et lâches dans la seconde.
Sur la terre, dans les bois arides, les bruyères, les
lieux montueux. — Cette espèce, éminemment so¬
ciable, croît mélangée avec ses variétés et ses congé¬
nères, elle couvre d’immenses espaces dans le Nord, où
elle est une ressource précieuse pour la nourriture des
\
1
432
Rennes. Elle se rencontre dans toutes les parties du
monde. ^
V. gigantea Ach. 1. c Hepp. Fl. £i«r. 823; Cl. ran-
(jif. V. excelsa Malbr, L. Norm 1 10; v. vulgaris^CH. L. H.
77, Clad. arbuscula ( Wallr.) Krb. S. L. G p. 36. —
Podétions très grands (12 à 15 centim.), robustes-, d’un
blanc- cendré glauque agréable, subverruqueux, à ra¬
meaux latéraux distancés çà et là, ceux du sommet
courts, épais, penchés; apothécies rares, brunes. Cette
belle variété se reconnaît de loin parmi ses congénères,
à sa taille et à sa nuance cendrée-bleuâtre veloutée.
— Bruyères de Saint-Cyr et d'Aclou (Eure).
V. sylvatica Ach 1. c. Nyl. 1. c- Malr. L. Norm.
15 ScH, L H 78. — Podétions blancs ou blancs-jau-
nâtres, un peu épais, gonflés, à divisions extrêmes
concolores, presque dressées, non atténuées. Avec
%
le type. — F. fissa Flk. in litt. (Schær.) Aisselles
largement ouvertes, déchirées, à intérieur jaunâtre.
• An Y. lacerata Del ? Falaise (Herb • de Brébisson). —
F. iwrtentosa Schær Nyl. 11 cc. ; Cen. portentosa
Duf. Clad. Bev. Podétions épais, gonflés, difformes
comprimés, lacérés, à rameaux courts fastigiés- —
Falaise, Rouen , Vire, Brionne.
V. alpestris. (Ach. f. pumila. ) Nous n’avons pas
chez nous le type de cette belle variété ; tout ce que
nous avons vu se rapporte, soit au soit au
pumila, qui se distingue par une taille moyenne, des
podétions très blancs, très rameux, cespiteux, enche¬
vêtrés, à aisselles imperforées, à sommets courbés,
stériles? — Rouen, Falaise.
V. anomala. Forme monstrueuse singulière. Les
t
sommets, appauvris, sont réduits cà quelques divisions
stériles, tandis que les ramifications latérales, courtes,
sont développées en sorte de têtes de saule, formées de
rameaux ou de fruits avortés, mêlées de quelques apo-
tliécies normales. — Trouvé une fois dans les bruyères
du Madrillet, près de Rouen.
18. Cl. amaurocræa Sgh. Spic. p. 34 L. H. 272-
273; Enum. p. 197; Kan, S. L. G p. 26 (excl. var.);
Nyl. Prod. p. 39; Syn- p. 216; Clad. gracilis v .
amaurocræa Fr. L. E. p. 219 ; Ccnomyce oxyceras Acn.
Syn p 264 (excl. varr .) ; Cm. uncialis y uyy, oxyceras,
cladonioides et dicrœa Del. in Dur. B. Gall. p. 621 . —
Podétions élégants, blancs paille, glabres, presque sim¬
ples, courts ou allongés, ou très rameux, à rameaux
subulés ou scypliifères , à scyphus lacéré en crête.
Aisselles rarement perforées.
Sur la terre , parmi les mousses. Vire, Falaise. *
19. G- uncialis Hffm . Fl.germ. p. 117, Fr. L. E.
p. 244, Nyl. Syn. p. 215, Malrr. L. Norm, 111, Ccno¬
myce, Acn. Syn. p. 276, Del. in Dury, B. gall. p. 620,
Moug. St. Vog. 165, Clad. ceranoides DG. Fl. fr. 2 p. 337;
Cen. oxyceras Y üY. obtus ata, Acn. Syn p 265, Clad.
stellata Schær. Enum. p. 200, Krb. S. L. G. p. 36. —
Thalle foliacé nul, podétions un peu rigides, couleur
de paille ou soufrés, glabres, gonflés, dichotomes, à
divisions courtes, à aisselles perforées, à sommets
acuminés ou couronnés par quatre à six rayons diver¬
gents; les fertiles digités rameux; apotliécies brunes
ou pâles, quelquefois agglomérées. Quoique la plante
soit très commune, les fructifications sont assez rares;
sa taille varie de 3 à 10 centimètres.
Dans les bruyères et les bois, parmi les mousses.
28
I
434
V. turgescens Fr. Son. L. IL 84, Del. — Podc-tions
très rameux plus allongés, turgescents, dilatés, dif¬
formes, surtout au sommet, qui est lacéré et irrégulier.
La V. pseudoparecha Del. n’en diffère pas. Les v. cla-
donioides et celrariokks Del. sont des formes plus
égales, plus régulières, se rapprochant du C. rangife-
rina sylvatica. — Falaise, Vire.
V. leprosa Del. — Podétions courts, cespiteux,
couverts de tubercules verruqueux, stériles. — Sous
les pins ; forêt de l’Essart,
«
V. pseudo-oxyceras Del. Schær. — Podétions
moyens, minces, réguliers, plus rameux, blanchâtres,
stériles ou à apothécies subcorymbiformes (V. corym-
bifera Del.) — Falaise, Vire, Mortain (Appartient
peut-être à V amaurocræa. )
D. Apothécies rouges coccinèes {Erythrocarpèes) .
20. C. coriiucopioides(L.)FR.5c/i. cn^. 3, p. 19, L.E.
p. 236, Krb. s. L g p. 28, Nyl. Syn. p. 220; Malbr.
L. Norm. 60, Cenomyce coccifera Ach. Syn. p. 267,
Moug. St. Vog. 752, Del. in Dub. B. Gall. p. 632 ; Clad.
extensa Schær. En. p. 187, L. H. 51. — Thalle à fo¬
lioles petites, arrondies crénelées ; podétions pâles ,
cendré-verdâtres ou jaunâtres, d’abord lisses, puis
verruqueux, squammeux-granuleux, moyens ou petits,
à scyphus turbinés ou cyathiformes, réguliers ou à
bords irrégulièrement dilatés-prolifères ; apothécies '
d’un rouge cocciné , sessiles ou podicillées, souvent
confluentes
Sur la terre; bruyères, bois découverts, toits de
chaume.
V. humiiis Del. — Podôtions petits, assez exacte¬
ment cyathifonnes , à bords couronnés par de petites
apotliécies sessiles , rarement prolifères. — Vire,
Rouen ( Saint-Léger-du-Bourg-Denis ).
V. phyllocoma (Flk.-). Krb. — Podétions cendrés
verdâtres, couverts, ainsi que les scyplius, de petites
folioles ; apothécies agglomérées ( f. pohjcephala eXphyl-
locephala Schær . ) . — Brionne , Forges-les-Eaux.
V. pleurota Nyl. Syn. p. 220, Krb. 1. c. Scn. L.
H. 50; Cenom. pleurota Kcr. Sy7i. 270. — Podétions
tout entiers ou au moins au sommet blancs pulvéru¬
lents Ditfère de la var précédente comme le fimbriata
du pyxiclata^ mais moins constamment.
21. C. bellidiflora ScHÆR. p. 21; Fr. L F-,
P . 237. ScHÆR, £n'U77i. p. 189, L. H. 39-42, Nyl.
Syn- p. 221, Krb. S. Z. G- p. 29; Cenomyce Ach.
Syii^ p. 270, Del. inDuB. B. gall- p. 633. — Thalle à
petites folioles incisées crénelées, à podétions grands,
d’un jaune cendré verdâtre, brunis à la base, squammeux
foliacés, tnrbinés scyphifères, scyphus étroits, rare¬
ment prolifères; apothécies nombreuses agglomérées.
Sur les roches humides . Alençon (Herb . de Bré-
bisson.)
22. C. digitata (L.) Hffm Fl. germ, p. 124, Schær.
Enum. p. 188, Z. H. 43-45, Fr. L, E. p. 240, Krb.
S. L. G. p. 31, Nyl. L P. ^\^Syn. p. 222, Cenomyce
Ach. Syn^ p. 267, Del inDuB. B. gall. p. 633. . —
Thalle souvent macrophylle (v. macropfiylla Del.),
à folioles verdâtres ou jaunâtres crénelées lobées ,
blanches pjulvérulentes en dessous, podétions souvent
436 -
pulvérulents furfuracées , à base presque lisse fo¬
liacée, un peu brunie, du reste d’un blanc jaunâtre
ou obscur, un peu allongés, turbinés scypbifères,
rameux digités, par une prolification irrégulière laté¬
rale et marginale ; scyphus à bords denticulés, fimbriés
digités ou prolifères ; apothécies distinctes ou con¬
fluentes. — Espèce bien caractérisée par ses podétions
pulvérulents jaunâtres et leur prolification .
Sur les troncs et parmi les mousses. Falaise, Vire.
Les vv. inconspicua et monstrosa Del. 1. c méritent
à peine d’être séparées du type; les podétions sont
enflés, difformes, presque stériles ascypliés.
V, Dilleniana Del. 1. c. — Podétions pâles, blan¬
châtres, très rameux, un peu cespiteux- — Falaise.
V. cephalotes Acn. — Podétions pâles blanchâtres,
allongés, gracieux, peu rameux, à scyphus simplement
digités radiés au bord. — Falaise.
V. denticulata Acn. — Podétions pâles, plus courts
que dans la var. précédente, simples, scyphifères ,
scyphus en forme d’ampoule, un peu contractés au
N
bord, qui est denticulé. — Falaise (Herb. de Brébisson).
V. seductrix Del. 1. c. Nyl. 1. c — Thalle très
développé formé de petites feuilles vertes crénelées
multifides; podétions étroits, cylindriques ascyphés ,
microcarpés . — Vire (Herb . Lenormand . )
V. conglomerata Del. (Herb. Lenorm — Podé¬
tions simples, à scyphus divisés digités subcorymbi-
formes fastigiés, à apothécies nombreuses. — Fou¬
gères.
437 --
/
23. C. macilenta Hffm. FL germ. p. 12G; Fii. L. E
p. 240, ScHÆR. p. 186, Krb. S- L. G p. 31,
Nyl Syn. p. 223, Malb. L- Norm. 16; Ccnomyce
b acillaris Agr . Syn. p. 266,Moug. St. Vog. 750; Del
1. c. p. 634- — Thalle peu développé, folioles arron¬
dies, crénelées; podétions cendré-glauques ou blan¬
châtres, cylindriques, granuleux pulvérulents, simples,
obtus et sans scyphus (v. filiformis Fr ) ou divisés
courtement au sommet ou encore à scyphus étroit,
irrégulier, radié; apothécies souvent syncarpées ou
isolées sur les rayons.
Sur la terre ; bois , bruyères .
V. filiformis (Relh.) Krb 5'. L. G. p. 31. Schæb .
L. H. 33, 34; varr. albicans ei pseudo-cornuta Del.
1. c. — Podétions simples, subulés, stériles, atténués
(f. clavata Acn.)., terminés par des apothécies syncar¬
pées (f. sy ncephala Schær .) ou divisés fertiles
([. polycephala Krb., ramulosa Scn. L, FI. 36).
I
V. polydactyla Fr. L. E. p. 241, Schær. Im. p. 186,
L. H 454, Krb. S. L. G. p. 31 ; Nyl. Syn, p- 223- —
Thalle plus développé ; podétions furfuracés-squam mu-
leux, mais foliés à la base et pulvérulents au sommet;
scyphus informes, étroits, simples ou divisés , digités
prolifères. Cette variété comprend les formes coronata
Ach. etAlphaBEL. — Vire, Falaise.
24. C. Flœrkeana Fr. L. S. Exs. 82, Scn. Enuni.
p. 189; Nyl. Syn. p- 225; Krb. S. L. G. p. 29;
Malb. L. Norrn. 159, Cen. bacillaris y. Flœrkeana Del.
in Dur. D. gall. p. 634. — Thalle à folioles petites,
blanches verdâtres ; podétions moyens, blanchâtres, à
épiderme, d'abord lisse continu, puis granuleux-squam-
- 438 -
s
nmleux , brun à la base, obscurément scyphifères ou
divisés fastigiés; apothécies agglomérées ou con¬
fluentes .
Sur la terre grasse, sous les pins; Falaise (M. de
Brébisson).
Cette espèce est souvent réunie avec la précédente ;
elle s’en distingue par son épiderme lisse dans le jeune
âge ; mais il prend bientôt l’apparence granuleuse du
macilenta, et je ne l’en sépare que par respect pour
les autorités qui ont consacré sa distinction spécifique.
25. G. Brebissonii Del. et Due. B- gall. p. 634.
— Plante très exigue , à folioles très petites, à laci-
niures arrondies, crénelées, pulvérulentes; podétions
rigides très simples, subuliformes ; apothécies termi¬
nales petites; agglomérées. — Dans les bruyères; Fa¬
laise (de Brébisson). J’ai trouvé la même plante aux
environs de Paris.
Trib. V. - STEREOGAULÉS.
Thalle cespiteux, fruticuleux, formé de podétions
pleins à axe médullaire filamenteux, à épiderme rare¬
ment lisse , mais le plus souvent formé de squammes
ou granulations fragiles; apothécies terminales ou la¬
térales , lécidéines , brunes ou noirâtres ( pâles étant
jeunes); spores cylindracées-fusiformes cloisonnées.
Plantes saxicoles ou terricoles.
a. Sclïrch.
Caractères de la Tribu :
On rencontre fréquemment dans ce genre et dans
quelques autres des tribus qui suivront ( Usnés , Ra-
- 439 —
malinès), des renflements globuleux ou dilformes, ap¬
pelés céphalodies. Elles apparaissent sur la couche
corticale, dont elles se distinguent par une coloration
différente, ordinairement plus pâle. Est-ce une maladie
du thalle ou des organes destinés à suppléer aux or¬
ganes normaux de la fructification , comme les bul-
hilles (Nyl.)? On l’ignore, et leur rôle est encore
inconnu. *
1. S. coralloides Fr. L. S. Exs. 118; Nyl. Syn.
P 241, S> corallinum'FR. L. E. p. 201, Qcuæik, Enum.
p. 180 L> //.•261, Krb. s. L. G. p. 11; aSO paschak
Ach. Meth. p. 315, pr. p.; Moue. St. Vog. 73. —
Thalle (podétions) petit ou moyen, cespiteux , très
rameux , ascendant ou dressé, glabre, à granulations
cendrées divisées - digitées coralloides ; apothécies
moyennes, brunes ou testacées roussâtres; céphalodies
verruqueusos, difformes, cendrées bleuâtres.
Sur les roches granitiques; Vire; Ardoisières de
Gaumont (Calvados).
V. pulvinatum Scn. 1. c. Granulations verruqueuses
rapprochées, agglomérées à l’extrémité des rameaux,
rarement divisées. — Vire. — C’est la var. conglomera-
tum Del. in Duby et probablement la var. îenuissimum
Del. in Hb , de la forêt de Saint-Sever, près Vire, qui
paraît à M. Nylander une forme stérile faisant passage
à l’espèce suivante.
2. St. Delisel Bor. in Dub. Bot. gall. p. Cl 9.
ScHÆR. En. p. 178, Nyl. Prod. p. 42, Syn. p. 242. —
Podétions plus petits, lâchement cespiteux, nus â la
base, rameux (dendroides) au sommet, élégants, à gra¬
nulations cendrées pressées , divisées , pulvérulentes ,
440
imitant dos sorédies blanches. On ne connaît pas la
Truc ti fl cation.
Rochers et landes de la Basse-Normandie. Il n’a
jamais été rencontré ailleurs. — Nylander considère ce
Lichen comme une forme sorédifère du précédent, dont
il se rapproche par ses granulations bien développées
et ses céphalodies.
3. St. paschalé (Laur.) Agii. 3Ieth. p. 315,.%n. p. 284
pr. p., Fr. L. E. p. 202; Schær. Enum p. 181, Nyl.
Syn. p. 242, Krb.5. L, G. p. 12. — Thalle à podétions
pressés, mais non cespiteux, dressés ou im peu décom-
hants, à axe glahriuscule nu ou légèrement blanc
arachnoïde, à granulations blanches ou blanches cen¬
drées crénélées ; apothécies du coralloïdes.
Nous n’avons en Normandie qu’une forme basse
{minus] à podétions décombants un peu cespiteux. —
Vire. — Cette plante diffère du coralloidcs par sa couleur
plus blanche et ses granulations moins divisées.
4. St. tomentosum (f. campestre) Krb. S. L. G.
p. 11, Nyl. Syn. p. 244; Fr. L. E. p 201, St. alpi-
num \ . botryosum, Sguær. Enum. p. 181 H. 2G4.
— Podétions moyens, à rameaux divariqués , à axe
tomenteux-arachnoide , blanc, couvert de granulations
blanches cendrées ou bleuâtres, déprimées crénelées,
nulles en dessous des rameaux ; apothécies petites,
brunes ou pâles.
Vire (M. Lenormand).
5. St. denudatum Flk . D- A. 79, Mouo St. Vog.
4GG, Fr.L E. p. 204, 'ScHÆR. p. 179, Krb.
S. L. G p. 13, Nyl. Syn. p- 247; St paschalé v.
denudatum Sch/ER. SpiciU p. 274. — Podétions moyens.
t
— 441
t
simples et grêles ou rameiix et atténués au sommet,
glabres et arrondis, à granulations planes déprimées
au milieu, presque peltées crénelées, blanchâtres ou
cendrées; apothécies petites, brunes , planes.
Sur les rochers granitiques; Vire (M. Lenormand).
6. St. cereolinum Ach . Syn- p 285, Krb S. L.
G. p. 14, Nyl. Syn, p. 250; St. cereolus Son. En.
p. 178; St. pileatum Acu. Syn. p. 285; Mono St.
Vog, 947, St, conclensatum Fr. L E, p. 203 pr. p.
— Podétions petits (1 millimètre ou 2 ) , rigides,
glabres, simples ou peu rameux, cà granulations cen¬
drées ou blanchâtres, noueuses-crénelées ; apothécies
brunes convexiuscules, souvent confluentes.
Sur les schistes ; vallée de Quincampoix (M. Le Jolis) ;
Vire. — Espèce distincte par son thalle , étale à la base
granuleux , étroitement adhérent au substratum ,
presque crustacé et par ses podétions courts presque
simples. — J’ai reçu, sous le nomade condyloideum,
une plante de la Manche qui ne paraît pas en différer,
ainsi que l’a reconnu déjà M. Le Jolis.
7. St. nanum Ach. Melli. p- 315, Syn, p. 285,
Moue. St. Vog. p. 647, Fr. L. E p. 205, Krb.
vSh L. G. p. 14, Nyl. Syn. p. 253; St. quisquiliare
ScH. Enum. p. 178. L. H. 588. — Podétions très
petits , filiformes , pressés , cespiteux , simples ou
rameux au sommet , à rameaux fastigiés , à axe glabre
ou un peu arachnoïde, à granulations glauques ou vert-
degrisées, petites, pulvérulentes ; quelquefois toute la
plante a l’apparence d’une lèpre glauque; ailleurs ses
axes sont dénudés. Apothécies inconnues.
Sur la terre, entre les pierres des murs ; Cherbourg.
- 442 —
Sér. III. — RAMAWDÉS.
Thalle fruticuleux ou filamenteux, dressé ou pen¬
dant, arrondi ou comprimé , sans folioles ni granula¬
tions; apothécies lécanorines, rarement lécidéines ou
difformes.
Trib, VI. ROCELLÉS.
Thalle simple ou rameux, souvent blanchâtre, ou
un peu bruni, assez tenace, à intérieur rempli par une
moelle filamenteuse; apothécies adnées, noires ou
noirâtres. — Plantes croissant habituellement sur les
«
roches maritimes.
I. aiOCELLA. »€•
Thalle fruticuleux , arrondi ou comprimé , blan¬
châtre, quelquefois cendré livide, opaque presque
lisse, un peu ferme ou flasque; apothécies latérales ou
marginales, de forme variable; hypothécium épais
noir. Spores oblongues fusiformes, à trois cloisons. —
Ces espèces ne fructifient bien qu’en Amérique. Les
Sorédies en représentent chez nous les fruits avortés.
1. R., tinctoria DG. Fl. fr- 2 p. 334, Acn. Syn.
p. 243 pr. p. Fr. L. E. p. 33, Schær. Enum. p. 7, Nyl.
Syn. p. 2.58. — Thalle arrondi ou peu comprimé , blan¬
châtre ou pâle livide, opaque (surface légèrement prui-
neuse) , allongé vermiculaire, simple ou un peu rameux ;
apothécies éparses ou rapprochées, noires, couvertes
d’une pruine blanche.
Cherbourg (falaises de Gréville]. — La forme de
notre littoral se rapproche de l’espèce suivante, comme
le remarque M. Nylander ; le type est en Amérique.
443
2. R. phycopsis Ach. L. U. p. 440, Syn. 243, DC-
FL fr. 6,p. 179, Dub. B. gall. p. 615,Schær. Enum,
p. 7, Nyl. Prod, p. 43, Syn- p. 259. — Thalle blan¬
châtre, pâle ou glauque livide, souvent sorédifère ,
arrondi ou comprimé, très rameux et formant des
touffes cespiteuses ; apothécies petites , lécidéines ,
noires, nues ou légèrement pruineuses. Stérile dans
la Manche.
Sur les murs et les rochers du littoral de la Manche.
%
M. Le Jolis Ta trouvé aussi en abondance sur les troncs
des chênes à Urville-Hague.
3. R. fuciformis Ach. L. U. p. 440, Syn. p 244,
DC. FL fr. 2, p. 335; Dub. B. gall. p. 614, Fr. L. E
p. 33; ScHÆR. Enum. p. 7, Nyl. Syn. p. 261. —
Thalle plan ruhaaé, blanc ou blanc glauque bruni,
rameux , plus grand que les précédents ; apothécies
lécanorines superficielles, marginales, pruineuses.
Sur les rochers maritimes de la Hague, Jobourg,
Gréville , Saint-Malo , îles Ghausey.
'Trib. VH. SIPHULÉS.
Espèces exotiques.
J Trib. VIIT. USNÉES
Thalle blanc ou blanc verdâtre, rameux, dressé
ou pendant , à axe solide filiforme ; apothécies léca¬
norines, peltées, ciliées au bord; spores simples.
1. ilflfii.
Thalle arrondi ou un peu comprimé , allongé , fila¬
menteux, pendant, à ramules fibrilleux écartés; apo-
- 444 -
I
thécies grandQS, concolores, pâles ou glaucescentes
terminales. — Thalle souvent stérile , couvert de so-
rédieset de céphalodies. Ces plantes aiment les grandes
forets et croissent sur les arbres , rarement sur les
pierres ou la terre .
1. U. barbata Fr. Sclied. Crû. 9 p 34, L. E.
p. 18, ScHÆR. Enum. p. 3, Nyl. Procl. p. 44. —
Thalle blanc, glauque ou pâle, dressé ou pendant,
apothécies grandes, concolores au thalle, ciliées au
bord. Espèce polymorphe, dont plusieurs formes ont
été décrites comme espèces , mais elles offrent des
transitions nombreuses et sont difficiles à limiter.
V. florida Fr. L. E. p. 18, Schær. Enum. p. 3;
L. H. 398 Nyl. Procl. p. 44; Syn. p. 267; Malb.
L. N. 160, U. florida DC. Fl. fr- 2, p. 332, Ach. Syn.
p. 304, Moug. St. Vog , 260, Krb S. L. G.]}. 3.—
Thalle moyen, ordinairement dressé, à rameaux ou-
verts-presque simples, cendré pâle ou cendré jaunâtre,
glabre à fibrilles nombreuses divergentes; apothécies
grandes longuement ciliées.
Rare en fruit; Basse-Normandie; vu une fois à la
mare de TEpinay (Rouen).
V. hirfa Fr. L. E p. 18, Schær. En \. c. L. H.
399, Nyl. Syn. 1. c. Malb. L. Norm. 17 ; Usn. pliaata
V, flirta Ack. Syn. p. 305. — Thalle plus court, très
rameux, dressé, cendré verdâtre ou obscur, quelque¬
fois rougeâtre brillant, coralloïde à la Èase, scabre
pulvérulent par les sorédies nombreuses dont il est
couvert, fibrilles peu nombreuses; apothécies à cils
courts. — Commun sur les arbres (pommiers, pins,
chênes, etc )
\
i
- 445
V. dasypoga Fr. 1. c. Nyl. 1. c. U. barbata v.
dasy pog a Ac,n. Syn. p. 306, Sghær. En. p. 4; L. H.
402; U. barbata DG. Ft. fr. 2, p. 333.— Thalle allongé
pendant, peu rameux, blanc cendré, à fibrilles assez
nombreuses courtes divergentes ; apothécies moyennes.
— Forêt de* Saint-Sever (Chauvin), dans l’herbier de
M . Blanche , avec de belles spermogonies ; forêt de
Bricquebec (M. Le Jolis) .
V. articulata Ach. Meth. p. 313, Sy7i. p. 307,
ScHÆR. En- p. 4, Nyl. Syn. 268; U. articulata DC .
Fl. fr. 2, p 334, Krb. S. L. G. p. 4. — Thalle cendré
pâle ou jaunâtre ou bruni, allongé rameux, pendant,
articulé, fibrilleux rameux ou presque sans fibrilles, à
articles difformes séparés par un étranglement ; apo¬
thécies petites. — Forêt de Bricquebec , le Mesnil
(Le Jolis), Vire.
V. plicata Fr. L. E- 1. c Schær. 1 c. L. Fl.. 401,
Nyl. 1. c. U. plicata Acn. Syn p. 305, DC. FL fr. 2
p. 333,Moug. St. Vog. 166- — Thalle long pendant,
pâle, lisse, à ramilications enchevêtrées, fibrilleuses,
un peu articulé dans les plus anciennes ; apothécies
petites longuement ciliées au bord. — Sur les arbres
(Le Jolis, Leturquier).
Trib. IX. — RAMALINÉS.
Thalle variable , prenant quelquefois l’apparence de
la tribu précédente , mais renfermant intérieurement
«
une moelle lâche; apothécies lécanorines à bord en¬
tier et nu. Des spermogonies latérales fréquentes.
44G
ï. AÎ.B3€TOSlï.%. I%>!.
Thalle filamenteux arrondi ou comprimé, dressé
pendant ou étalé, souvent mêlé-rameux. à épithalle
un peu brillant; apotliécies discolores Port et habitat
des Usnea, mais habitant aussi les rochers •
1. A. bicolor Nyl. Prod. p. 45, Syn. p. 279;
Cornicularia Ach. Syn. p. 301, DG. Fl. fr. 2, p. 330,
Moug . St. Vog^ 167; Corn . juhata y . bicolor Scuær .
Enum. p b, L. H. 405 ; Evernia Fr. L. E p 20. —
Thalle noir ou brun noirâtre ou çà et là nuancé de
châtain ou de brun pâle, arrondi, dressé, très rameux,
enchevêtré à ramules ténus divariqués fibrilleux , à
sommets un peu cendrés ou pâles ; apothécies très
rares, noirâtres, petites. On ne retrouve en Normandie
que la var. inelaneira Acn. presque entièrement noire-
Falaise, sur les roches de grès.
2 A. jubata Acn. L. U. p. 592, Syn. 291, Nyl.
Prod. p. 45, Syn 280; Cornicularia DC. Fl. f. 2,
p. 332, ScHÆR. Enum. *p. 5; Evernia Fr. L E.
t
p. 20 (excl. var. a ); Bi^yopogon jubatum Krb . S. L G.
p. 5 — Thalle brun livide ou noirâtre ou très pâle
(dans une forme alpestre) allongé, capillaire, arrondi,
comprimé aux aisselles, rameux, couché ou pendant,
habituellement mêlé - enchevêtré ; apotliécies baies,
petites, planes ou convexes. Cette espèce, répandue sur
tout le globe, ne fructifie pas en Normandie.
Falaise, sur les rochers. CestlRYSiT.clialybeiformis
' Ach. Scii. L. H. 396, à thalle olive-noir plus simple,
flexueux décombant.
3. A. crinalis Ach. Syn. 292, MouG. St. Vog.
\
755; Al. ochrolcuca v. sarmcntosa Nyl. Syn. p. 282 ,
Cornicularia Sghær. Enum. p. 6, L. H. 551, Bryo-
pogon sarmentosum Krb. S. L. G. p . 7. — Thalle grêle
pâle jaunâtre, très allongé (atteignant quelquefois
3 ou 4 décimètres), pendant, très rameux, à aisselles
comprimées, à sommets atténués allongés concolores ,
mêlé, lisse ou marqué de dépressions; apothécies d’un
bai roux ou brun.
Forêt de Savigny (Manche); Herb. de Brébisson.
II. EVIIRIVIA. .4cl&. I%yl.
Thalle blanc cendré OU jaunâtre, opaque, flasque,
dressé ou couché ou pendant, comprimé, rameiix-
lacinié, sans fibrilles radiciformes à la face inférieure,
à intérieur tout entier formé d'une moelle laineuse ;
apothécies latérales ; spores simples.
1. E. prunastri Ach. L. U. p. 442, Syn. p. 245,
Moug. St. Vog, 545 (fertile) Fr. L. E. p 25, Krb.
5. L. 6^. p. 42. Nyl. vSyn. p 285; Malb. L. Norm. 18;
Physcia DG. Fl. fr. 2, p. 397, Schær. Enum. p. 11
L.H.39{. — Thalle pâle blanc glauque ou jaunâtre,
rugueux-lacuneux ou réticulé, plus blanc en dessous,
canaliculé et nerveux, lacuneux, lacinié-multifide à
divisions dichotomiques, épanouies souvent selon un
plan orbiculaire, à sorédies marginales (f. soredifera
Ach. Sch ) ou nulles; apothécies subpodicillées laté¬
rales, très rares.
Sur les troncs , les cloisons en bois. Très commun
et stérile . Vu une seule fois en fruit ; M. Le Jolis l’a
rencontré aussi à Bricquebec-
F. terrestris Nyl. Ev. prunastri v arenaria Fr.
L E. P 25. — Thalle plus grand irrégulièrement
développé , presque concolore des deux côtés. —
Bruyères de la Pie , à Aclou (Eure) .
2. E. furfuracea (L.) Fr. L. E.p^ 25; Nyl. Syii.
p. 285; Krb. L. G', p. /i3 ; Borrera Acu. Syn,
p. 222; f^hysciaDG. Fl. fr. 2, p- 39; Schær Enuin.
p. 10; L. II. 387; Moucx. St. Vog. 63. — Thalle
assez grand ou moyen, lacinié dichotomo, cendré à
superficie en partie furfuracée isidioide ou glabre et
blanchâtre; la face inférieure est concave subcanali-
culée noirâtre ou bleue noirâtre; apothécies d’un bai
roux , â peu près marginales.
Forêt de Mortain (Herb, de Bréb.).
111. Ach. Fl*.
Thalle blanchâtre jaunâtre ou verdâtre ou pâle, ar¬
rondi ou comprimé-dilaté, mou ou un peu cartilagi¬
neux . concolore sur les deux faces; port variable;
apothécies éparses ou marginales, concolores au thalle;
spores uniseptées
1. R., scopulorum Acu. G. U. p. 604, Syn. p. 297,
Fr L. E. p. 32, Schær. Enum p. 9, L, H, 554,
Nyl. Syn. p. 292, Malb L. Nonn- 161, Physcia'DG-
Fl fr. 6, p. 190. — Thalle très variable pour le
port et la taille qui varie de 2 à 20 centimètres, un peu
brillant , lisse ou un peu inégal (dans la longueur),
presque simple ou rameux, arrondi (dans les stations
maritimes?) ou dilaté-comprimé ; apothécies pâles,
planes ou convexes , latérales ou subterminales.
I
— 449 —
»
Sur les rochers maritimes : Cherbourg , îles Ghau-
sey, et, dans l’intérieur, sur les grès ; Falaise, Cham¬
brais (Le Prévost); rochers de Potigny (Roherge) ;
Saint-Malo.
V. cornuta Ach. 1. c. Le Jol. L. Cherb. p. 26. ^
Rameaux arrondis, noueux , courbés , subfistuleux ,
simples. — Avec le type.
2. R. calicaris Fr. L. E. p. 30, Nyl. Prod, p. 47,
Syn p. 293, Krb. S. L. G. p. 39. Malb. L. Norm. 19;
/?. fraxinea var. calicaris Schær. Enum. p. 9,
L. H, 493; R. calicaris v. canaliculala Fr. 1. c. —
Thalle pâle cendré-jaunâtre ou glaucescent, rigide
linéaire, inégal lacuneux canaliculé , un peu brillant,
rameux, à divisions dichotomiques ; apothécies pâles
concolores planes, situées sur la surface du thalle,
souvent subterminales appendiculées par le sommet
du rameau déjeté (calcarata).
Sur les troncs. — Des transitions fréquentes con¬
duisent aux variétés suivantes et les réunissent.
V. fraxinea Fr. 1. c. Nyl- L c.Malb. L. Aom.61,
Ram. fraxinea Ach. Syn, p. 296; Moug. St> Vog.
158; Krb. S. L, G- p. 38; /î. fraxinea v. ampliata
Schær. 1. c. L, E. 492- — Thalle élargi (jusqu’à
3 centim.), ondulé reticulé-rugueux, cendré vert ou
glauque ; apothécies marginales et latérales (on dirait
mieux superficiaires, mot déjà employé parLeturquier).
— Sur les arbres .
V. fastigiata Fr. 1. c. Nyl 1. c. Krb. 1. c. p. 39 ;
Malbr. L. Norm 62, DG. Fl, fr, 2, p. 398; Ramalina
Ach. Syn p. 296; Moug. St. Vog> Ab2;Ram. fraxinea
29
450 —
V. fastigiata Sghær- Enum. p. 9, L. H. 491 . — Thalle
petit, à divisions pressées fastigiées ; apothécies ter¬
minales ou subterminales . — Très commun sur les
troncs et les branches d’arbres.
«
V. farînacea Fr. L. F. p. 31, Nyl. Prod. p. 47, Syn.
p. 2^94, M4LB. L. Norm. 20, Physcia DG. Fl. fr. 2, p.397;
Ram. farinacea Acn. Syn. p. 297; Mono. St. Vog.
356 ; Sghær. Enum. p. 8, L. H. 494, Krb. 1. c. p.40.
— Thalle un peu flasque, à laciniures étroites, planes,
lisses, portant de nombreuses sorédies blanches, mar¬
ginales, habituellement stériles. Rencontré un seul
.fruit sur le hêtre. — Très commun sur les arbres, sur¬
tout les chênes.
3. R. pollmarîa Agh. L. F. p. 608, Syn. p. 298,
Fr. L E. p. 31, Sghær. Enum. p. 8,L. H. 393 (/m-
milis), Krb. .S. L. G. p. 40, Nyl. Syn. p. 296, Malb.
L. Norm. 63 ; Pfiyscia squarrosa DG. FL fr. 2, p. 398. —
Thalle pâle cendré ou blanc glaucescent, semé de so¬
rédies blanches, élargi membraneux, ridé lacuneux
réticulé, lacinié-lobé; apothécies inconnues en Nor¬
mandie, analogues â celles des espèces précédentes.
Sur les murs, les troncs, les cloisons, dans les lieux
découverts. Gommune sur les pommiers plantés dans
les champs ; cette plante devient plus rare en appro¬
chant du littoral.
V. humilisAcH. 1. c. plante plus petite, formant
des touffes cespiteuses, à laciniures plus étroites,
presque lisses, très divisées, granuleuses à leur som¬
met. — Sur les murs d’argile ; Bernay, Falaise.
)
t
— 451 —
»
Trib. X. — CÉTRARIÉS.
Thalle brun ou jaunâtre ou blanchâtre , comprimé
fruticuleux, à divisions étroites ou dilatées membra-
«
neuses lobées, épithalle un peu brillant, moelle
blanche filamenteuse ; apothécies lécanorines margi¬
nales. Spermogonies marginales. — Quelques espèces
ont le faciès des Parmeliés, mais s’en séparent par la
situation des apothécies, par les spermogonies et leur
disposition à prendre la forme fruticuleuse.
/
1. eUTRARIA Njl, Acb. pr. p.
Thalle fruticuleux, cartilagineux rigide, cespiteux,
bai-briin rougeâtre ou pâle, comprimé, très rameux,
à laciniures étroites ; apothécies concolores subpodi-
cillées, fixées obliquement vers le sommet des rameaux.
(Dans les espèces étrangères, les apothécies sont baies
et sessiles) . Spermaties cylindriques
1 . G. aculeata Fr. Sch. crû» 9, p. 32 ; L. E. 36,
ScHÆR. En.p. 16, Nyl. Syn.p.300; C ornicularia Ach.
Syn. p. 299, DG.Fh/r. 2,p 326; Moue. 6Y. FogAQS,
Krb. S- L. g p. 8. — Caractères du genre . Dans les
bruyères . Cette espèce présente les formes suivantes :
V. campestris Sch. l.’C. Malbr. L. Norm. 162.
Cornicularia spadicea Acn. Syn. p. 300 ; Corn, aculeata
V cœlocaulaKRB. 1. c. — Thalle plus robuste, brun
livide, lâchement rameux, à rameaux étalés, lisses et
nus, les supérieurs quelquefois munis de fibrilles ca¬
pillaires flasques, pendantes {crinitaFlk, Sch. 1, c.).
/
~ 452 -
— Rouen (Bruyères de Saint-Julien, Saint-Aignan) ;
Bruyères d’Aclou (Eure); Falaise ; Dunes de Lyon-sur-
Mer.
V. muricata Agh. 1. c. Malbr. L. Norm. 21 ; varr. •
muricata et alpina Sch. En- 1. c.L, H. 254 et 555. —
Thalle petit, noirâtre, cespiteux. — Avec le type.
V. acanthella Ach. 1, c.; v. horr escens Nyl. Prod.
add. p. 194. Thalle hispide couvert sur toutes ses
parties, même autour des apothécies, de petits cils spi-
iiiformes. Elle fructifie facilement. — Avec le type.
V. edentula Ach. 1. c. Malbr. L. Norm. 163. — Thalle
pâle, décoloré vers le sommet, brun rougeâtre à la
base, à ramifications nues, lisses, dressées. — Bruyères
d'Aclou (Eure) ; Falaise .
PLATYlSilA Hfrm. pr. p. Myl.
tje genre, très voisin du précédent, s’en distingue par
un thalle membraneux lobé-lacinié et par sessperma-
ties claviformes ou fusiformes . La plupart des espèces
appartiennent aux contrées les plus froides du globe.
Nous n’avons en Normandie que l’espèce suivante .
1. P. glauca Nyl. Prod. p. 40, Syn. p. 313 ; Cetra-
riakcn Syn. p. 227; Mou&. St. Vog. 156; Fr. L. E.
p. 38; ScHÆR. Enum. p. 12; Krb. S. L. G. p. 46;
PhysciaDC Fl. fr. 2, p.'401 et fallax DG. Agh.
ScHÆR. Krb. 11. cc. L. H. 252-253. — Thalle blan¬
châtre ou blanc glaucescent, grand, membraneux, lisse
ou rugueux çà et là, lacinié-lobé, à laciniures ascen¬
dantes, sinuées ou crénelées ou lacérées, brun-noi-
\
— 453 -
nltre en dessous ou pâle et presque concolore [C. fallax
auct.); apothécies assez grandes d’un roux brun, à
bord mince, bientôt recouvert par le disque.
Sur les troncs et les rochers, parmiles mousses; mon¬
tagne du Roule, près de Cherbourg; forêt de Mor-
tain .
N
Sér. IV. — PHYLLODÉS.
Thalle foliacé étalé lobé ou diversement lacinié , à
partie médullaire feutrée ; apothécies peltiformes , lé-
canorines ou lécidéines et alors à disque contourné
plissé ; spores variables .
Trib. XI. — PELTIGERÉS.
Thalle dilaté en fronde , à couche corticale man¬
quant souvent à la face inférieure; apothécies pelti¬
formes marginales, adnées sur Tune ou l’autre face, ou
éparses sur le thalle . Spores fusiformes hyalines ou
brunies. /
' «
1« IVËPHROlllUil.-iIVyl.
Thalle à couche corticale inférieure continue, sans
nervures, livide glaucescent ou brun, ou plus rarement
pâle en dessus, et opaque blanc-pâle ou noirâtre en
dessous; apothécies fixées â la partie inférieure des
lobes du thalle (postica), transverses, brunes-roussâtres
ou testacées. (Ce genre diffère des Nephroma Nyl. par
l’absence de vraies gonidies , il n’ofîre que des grains
gonidiaux réunis en chapelet.)
1. N. tomentosum Nyl. Enum.p. 101, Syn. p. 319,
Nephroma Krb. S. L. G. p. 56, Nyl. ProcL p. 56; Pel-
~ 454 —
\
tigera resüpinata, v. tomentosaDC. FL fr- 2, p. 467; Fr.
L. E- p. 42 ; Neplir resupinatum Ach. Sxjn. p- 241 ;
Moug. St. Vog, 252 (mixt. cuin lævigato) . Schær. Enum.
p. 18- JL. H. 259. — Thalle coriace sinué-lobé, livide,
livide-châtain ou plombé (sec), pâle et finement tomen-
teux en dessous; apotbécies rousses ou brunâtres ,
arrondies à bord crénelé. •
Sur les troncs et les roches moussues : Bricquebec ,
Savigny, Ecouves.
2. N. lævigatum. Ach . Sijn- p. 242, Krb. S. />. G.
p. 55; Nyl. Syn, p. 320 ; Peltigera resupinata. v. lævi-
gata Fr. L. E. p. 42; Nephroma Schær. Enmn. p 18 ;
Peltigera resupinata (glabre) DG. FL fr^ 2, p. 407. ■
Cette espèce ne diffère de la précédente que par le
dessous du thalle nu et glabre, et les apotbécies un
peu plus petites.
Mêmes stations : Cherbourg, Bricquebec, Falaise-
V. parile Nyl. 1. c. /.. P. 109; Nephroma parilis
Ach. Syn. p. 242; Moug. SL Vog. 838; Nephr- mu-
pinafa a (sorediatum) Schær Enitm. p. 18;
Nephr, resupinata var. papyracea Ach. Syn, p 241
(non Schær.) Fr. L. p. 42 (Peltigera). — Thalle
noirâtre en dessous ; sorédies bleuâtres, le plus souvent
marginales, rarement éparses. Stérile. — Vire, Falaise.
V. papyraceum (Hffm.) Nyl. Sch. 11. ce- (non
Ach.). Thalle plus petit, mince, pâle et glaucescent.
— Sur les rameaux : Cherbourg {Le Jolis).
II. PEIiTlOOUA. Ach. Ayl.
Thalle membraneux opaque ou un peu brillant , se
455 --
fendillant (1), cendré glaucescent, livide ou brun (ver¬
dâtre étant frais, dans quelques espèces) ; couche corti¬
cale manquant à la partie inférieure où se voient un >
tomentum feutré ou des nervures saillantes et sou¬
vent des fascicules de filamens rhiziniformes ; apothé-
cies marginales , adnées , fixées à la partie supérieure
du thalle (antica), d’un roux^brun ou noirâtres. Spores
allongées, à trois cloisons ou plus- (Pas de gonidies ,
mais des grains gonidiaux.)
A. Apothècies plus ou moins ascendantes ; spores très
longues,
1. P. aphtosa Hffm. Fl. Germ. p. 107, DC. Fl. fr. 2,
p. 406 ; Fr. L. E. p. 45; Krb. S, L. G. p. 58 ; Nyl-
Syn. p. 322 ; Sch. En. p. 19, h. H. 29 ; Peltidea Ach,
Syn. p. 238; Moue. St. Vog. 251. — Thalle glauque
verdâtre ou livide, largement membraneux, lisse un
peu brillant, semé de verrues inégales (cephalodes)
pâles, muni en dessous de nervures réticulées ou d’un
tomentum noirâtre (par confluence des nervures) avec
une large zone blanchâtre au bord ; apothècies grandes
ascendantes arrondies, d’un brun-roux à bord infléchi,
déchiqueté quelquefois. — Le thalle vivant a une cou¬
leur verte agréable.
Dans les forêts, les sapinières : Rouen? — J'indique
cette plante avec hésitation, n’ayant point vu la plante
en fruit et conservant encore quelques doutes sur son
identité. ♦
•
(1) M. Nylander dit fragile^ et Kœrber coriace. Ces expres¬
sions ne me paraissent exactes ni l’une ni l’autre : le thalle a
une certaine souplesse et se fendille par l’âge ou la sécheresse.
— 456 —
2. P. malacea Fr. L, E. p. 44; Schær. Enum.
p. 20 , Nyl. Syn. p. 323, Krb. S, L. G. p. 57 ; Malbr.
L.Norm, 113; Peltidea kc.n.Syn.,i).Vi2^M.o\]G.St.Vog.
1048 — Thalle moyen, cendré glauque ou brun-livide
’ en partie, lisse opaque, pourvu en dessous d’nn to-
mentum noirâtre, sans nervures apparentes, la couleur
se dégrade insensiblement jusqu’au bord, où existe une
large zone blanchâtre, lobes du thalle fertiles, un peu
étroits; apothécies arrondies, brunes-rougeâtres, sou¬
vent crénelées, lacérées au bord.
Dans les bois, les bruyères ; Vire, Aclou (Eure),
Pont-des- Verts (Orne).
3. P. canina Hffm Fl.germ. 106, DG. F/. /“r. 2,
p. 406; Fr. L. E. p. 45 ; Schær. En. p. 20; Krb
S. L. G.^g. 58; MYL.v.S’yn. p. 324; Malbr. L. Norm. 114;
Peltidea Ach. Syn. p. 239; Mou&. St. Vog. 154.— Thalle
grand membraneux, souvent un peu épais, cendré-
blanchâtre ou glauque ou livide , opaque , plus ou
moins couvert d’un tomentum fin , que l’on retrouve
toujours vers le bord, blanchâtre en dessous avec des
fibrilles radiciformes et des veines réticulées, nom¬
breuses, blanches ou roussâtres ; apothécies baies-
brunes ou rougeâtres portées par des lobes courts.
Très commun sur la terre, dans les bois , les haies,
les fossés, parmi les mousses, sur les toits, etc.
Les formes suivantes, décrites et nommées par Delise,
méritent à peine d’être distinguées^: spongiosa , thalle
garni en dessous d’un lassis épais de veines et de ‘fi¬
brilles ; imdulata, palmata, fondées sur des modes de
divisions du thalle peu importantes. Les variétés
ulorhiza Sch. L H. 28 (inflcxa Del.), à thalle cendré-
I
livide, à fibrilles et veines rousses; mcmbranacca^cAi.
[leucorrhiza Ach.) à thalle cendré- glauque , un peu
brillant, plus mince, à fibrilles et nervures blanches ; et
la forme sorediata, indiquée par Schærer aux environs
de Vire, ne peuvent figurer que comme de simples
formes. La suivante a un port plus tranché, plus ca¬
ractérisé.
V. crispa Ach. pr. p. v. tectomin Del. in Duby 1. c.
Herb. Mus. /^ar. (1843). — Thalle plus petit cendré-brun,
ondulé, crispé au bord, lobes fertiles digités. — Sur les
toits et les murs couverts en chaume. — On trouve
dans la même station une forme { sorediosa) , couverte
de sorédies nombreuses brunes, granulations agglo¬
mérées occupant le centre des rosettes et surtout les
bords des divisions du thalle (v. crispa Whlnb). —
Cette variété se distingue des formes analogues du
rufescens par rornementation de la face inférieure.
4 P. spuria DG. Fl. fr. 2. p. 406 ; Nyl. Syn. p. 325;
Mono. St. Vog. 837; P. caninav. spuria Ach. L. U.
p. 518 ; ScHÆB. Enum. p. 21; P. caninav. piisilla Fb.
L F- p. 45; Pcltig. pusilla Krb- S. L. G. p. 59. —
Thalle petit, à lobes courts, subascendants, compli¬
qués, ondulés, entiers, arrondis ou en grande partie
fertiles et atténués au sommet. Le dessous est garni de
veines blanches-jaunâtres, épaisses, réticulôes-saillan tes
jusque sous les apothécies et laissant entre elles
des interstices blanc de neige (dans le canina ils sont
concolores), fibrilles radiciformes peu nombreuses.
La face supérieure est cendroe-livide, pâle, brune en
vieillissant, finement tomenteuse et garnie sur le mi-
458 —
Hou (jamais au bord?) de petits groupes sorédifères.
Apotliécies brunes, bordées--crénelée&, à la fin roulées
en dehors.
Sur la terre sablonneuse; Rouen, Falaise, Cherbourg.
V. flavescens. — Thalle un peu plus grand, remar¬
quablement jaunâtre, même sur le sec; apothécies
larges, transverses. — Rouen.
5. P. rufescens Hffm. F/. 6^erm. 2, p. 107 ; Fr. L. F.
p. 46 ; ScHÆR. Enum. p. 21; Krb. S. L. G. p. 59 ; Nyl.
Syn. p. 324 ; Pelt. canina v crispa Agh. Syn- p. 239
(pr. m. p.). — Thalle plus petit que le canina, cendré-
roiix ou brun, lisse glabrescent, un peu brillant, un
peu ondulé-crispé, garni en dessous de quelques
fibrilles brunes et d’un tomentum feutré fauve-pâle,
mêlé d’interstices blancs cypheloïdes (le réseau de
veines réticulées est très confus par confluence au
centre et nul au bord); apothécies du canina.
Sur la terre des roches, des murs, etc.
Cette espèce a, comme le canina^ des formes sorédi¬
fères. Le P. sorcdiata v. pycnorhiza Del. ne me paraît
pas en différer, non plus que le chicoracea, dont le
thalle est plus crispé, brillant.
6. P. polydactylaHFFM. Fl.g,2, p. 106 ; DC. Fl. fr.
2, p. 407 ; Fr. L. E. p. 46 ; Schær. En p. 21 ; Nyl. Syn.
p. 326; Malb.L. N. 64; Krb. S. L* G. p. 61 ; Peltidea
Ach. Syn. p. 240 ; Moue. St. Vog. 933. — Thalle mince,
glabre et brillant, glauque livide pâle ou brun-noirâtre
(plombé-verdâtre étant frais), à lobes larges divisés au
bord en lobules nombreux digités fertiles, garni en
dessous d'un tomentum feutré brun au centre etblan-
— 459
châtre au bord ou assez uniformément roussâtre. (Le
réseau des veines visible seulement au centre), fibrilles
rares ; apothécies petites ou moyennes, brunes-rou-
geâtres, un peu roulées en dessous.
Sur la terre légère ; bois secs, roches.
I
V. hymenina Acn. 1. c. Krb. 1. c. v. lophyra; Nyl-
L. vSc. pr. p. — Thalle mince plus développé, pâle,
glauque-cendré ou brunâtre , à face inférieure garnie
d’un tomentum uniformément faüve-pâle, avec quel¬
ques interstices blancs vers le bord, quelques fibrilles
radiciformes ; apothécies peu nombreuses. — Rouen ;
Vire. Il faut lui réunir les var. vesiculosa Del. à thalle
verdâtre et vésiculeux étant frais, et fibnllosa du même,
à fibrilles plus abondantes. (Herb. Del ).
7. P. scutata (Dgks ) Acn. Syn..p- 237 et var. col-
lina, Krb. 5. L, G. p. 60 j P polyclactylawSiY. scutata
Nyl. Syn. p. 327 pr. p.; Fr. L P. p. 47; Schær.
Enum. p. 21. — Thalle étroitement appliqué sur la
terre , cendré-brunâtre ou roussâtre , opaque, blanc
pruineux vers le centre ou nu (finementscabre Krb.)
garni en dessous de fibrilles et d’un réseau de nervures
brunes, à bords sinueux ondulés, crispés, quelquefois
sorédifères (P. Del.); apothécies du polydactyla.
Sur les collines et les roches; Rouen (Tancarville);
Falaise (mont d’Fjraynes).
B . Apothécies horizontales ; spores relativement courtes.
8 . P. horizontalîs Hffm. FL Germ. 2. p. 107 ; DC.
Fl. fr. 2, p. 406 ; Fr L. P p. 47; Schær. En. p. 21,
L. P. 27, Krb. S. L. G. p. 61; Nyl. L. P. \\0,Syn-
460
P 327 ;Malb. L. Norm. 1 15 ; Peltidea Ach. Syn. p. 238
(excl. V. Iiymenina); Moug. St> Vog. 345. — Thalle
cendré-glauque ou roussâtre (verdâtre étant frais) ,
glabre, un peu brillant, réticulé en dessous par un fin
réseau de nervures brunes ou noirâtres, plus pâles au
bord ; lobes arrondis, apothécies horizontales, arron¬
dies planes, brunes-rougeâtres ou noirâtres , ou
oblongues transversalement, à bord un peu crénelé. —
Bien caractérisé par les apothécies et les spores,
• Sur la terre des roches, les talus des chemins et les
toits de chaume ; Rouen (Ori val, Roche-Fouet, forêt de
Lessart) ; Falaise .
9. P. venosa Hffm. FL Genn, 2, p 107; DC. FL
fr. 2, p. 405 ; Schær. En. p. 19, L. H. 26, Krb. S- L
G. 62; Nyl. Syn. p. 328; Peltidea Acn. Syn. p. 237 ;
Moug. St. Vog. 153- — Thalle petit (2centim. envi¬
ron) ascendant, flabelliforme, peu divisé, cendré-pâle
ou cendré-glauque, lisse et un peu brillant, blanchâtre
en dessous et marqué de nervures brunes ou noirâtres,
épaisses, réticulées, atteignant le bord ; apothécies un
peu grandes, eu égard à la petitesse du thalle, brunes-
noirâtres, horizontales, situées sur les bords du
thalle .
• %
Trouvé par Aug. Le Prévost sur le talus des che~
mins, entre la Vaupalière et Duclair.
Trib. XII. — PARMELIÉES.
Thalle dilaté en fronde membraneuse, lobé ou lacinié,
souvent étalé orbiculaire, rarement ombiliqué (fixé par
le centre); apothécies lécanorines.
^ 4G1 —
S. I. Stictés. — Thalle (excepté Ricasolia) muni en
dessous d’un tomentum semé de cyphelles (excavations
urceolées pâles ou jaunâtres, nues ou pulvérulentes
(pseudocyphelles); spores cloisonnées, paraphyses libres.
Plantes à odeur particulière désagréable, de chanvre
ou de chair putréfiée, qui s’exalte dans les herbiers.
I. STICTA Acli.
Thalle (fronde) pâle livide ou brunâtre sorédifère,
orné en dessous de cyphelles ou de macules et de
rhizines simples ; apothécies enveloppées dans le jeune
âge par le réceptacle thallin. — Nous avons cru pou¬
voir réunir, pour notre flore restreinte, les deux genres
de Nylander Stictina et Sticta , qui ne diffèrent que par
la nature des gonidies. En enlevant délicatement, avec
un instrument bien tranchant , une portion de fépi-
derme , on voit très bien , avec une simple loupe , la
couche gonidiale , foncée-glauque-bleuâtre dans le
premier, pâle-verte ou jaunâtre dans le second. La
plupart de ces plantes sont exotiques et n’ont que peu
de représentants en Europe (environ 10 sur 50 dont
7 en Normandie) .
A. Des grains gonidiaux glauques-bleudtres réunis .
(G. Stictina Nyl.)
1 . St. limbata Acn. Meth. p 280, Syn- p. 236, Del.
Stict, p. 81, t. 7, f. 24, Fr- L. E. p 52, Schær.
Enuni. p. 32, L. H. 557, Krb. S, G. p.^ 68 ; Stic¬
tina Nyl. Syn p. 346 — Thalle glauque-livide ou
pâle-brunâtre, moyen, lisse ou légèrement scrobiculé,
un peu brillant, monophylle, diversement lobé, à lobes
I
- 462 -
arrondis, couvert surtout au bord, de sorédies cendrées
ou bleuâtres, tomentum de la face inférieure pâle semé
de cyphelles blanches ; apothécies inconnues
Sur les troncs et les rochers moussus : Falaise, Mor-
tain, Cherbourg.
2. St. fuliginosa Ach. Meth, p. 281, Syn.^. 236;
DG. FL fr. 2, p. 404, Movg. Stict, Vog, 242, Del. Stict,
p. 74, t. 6, f, 20, Fr. L. E. p. 52 ; Schær. Enum. p. 32,
L. H. 386 ; Nyl. L. P. 30 ; Stictina Nyl. Syn, p. 347.
— Thalle du précédent, orbiculaire, couvert de gra¬
nulations insidioïdes brunes ou noires-fuligineuses ;
apothécies petites , à bord blanchâtre, velu cilié ( au
moins dans le jeune âge), d’après Nylander.
Sur les rochers moussus dans les bois, rarement sur
les troncs : Falaise , Mortain ( fructifie sur les rochers
de la cascade) ; Cherbourg.
3- St. sylvatica Ach. Meth, ig. 281 ,Syn. p. 236;
DC. Fl. fr 2,p. 405; Mono. St. Vog 155; Del. St. ^
p . 86, t. 7. f. 27 ; Fr. L. E. p. 51 ; Nyl. L. P, 1 1 1 ;
Krb. s. L. G- p 65 ; PeltigeraScn, En. p. 22, L. H.
258 ; Stictina Nyl. Syn. p. 348 — Thalle un peu plus
grand que le précédent , verdâtre ou cendré-brun , à
peine brillant, çà et là inégal- scrobiculé , diversement
lobé , lobes à sommet obtus , à face supérieure fur-
furacée, couverte de granulations brunes, l’inférieure
tomenteuse brune-pâle au bord, cyphelles blanches ;
apothécies du précédent , un peu plus grandes, à
bord nu.
I
(Plante très voisine de la précédente, dont elle n’est
peut-être qu’une variété.)
p
— 463 ---
«
Sur les rochers et les troncs : Falaise; Cherbourg.
Stérile en Normandie.
4. St. DufoureiDEL- Stict, p. 78, t. 1. f. 22, Schær.
En p. 32; Stictina Nyl. Syn. p. 348- -- Thalle plus
petit, pâle glaucescent ou brun, lobé lacéré fimbrié
au bord (presque comme le Leptogium lacerum fim-
briatum), à face inférieure veinée tomenteuse ; stérile.
— Thalle subombiliqué, remarquable par les veines
de la face inférieure.
Sur les troncs : Falaise , Bricquebec, Cherbourg
(Mont-du-Roule) .
B. De vraies gonidies vert-pales ^ libres (G. Sticta Nyl).
5. St. pulmonacea Ach. L U. p. 449, Syn. p. 233;
Del. St. p. 123, t. 17f. GOMoug, St. Vog. 62, Fr. L. E.
p. 53, Nyl. Syn p. 351, Malb. L. A^orm.. 165 ; Loba~^
ria pulmonaria DC. F/, fr. 2, p. 402 ; Sticta Schær.
Enum. p. 30, L. H. 384 ; Krb. S. L. G. p. 67.— Thalle
grand (atteignant quelquefois 30 à 40 centim.) coriace,
vert-livide (étant frais), pâle-livide ou brunâtre, com¬
plètement réticulé, lacuneux à réticulations finement
sorédifères, à aréoles enfoncées, saillantes bullées en
dessous et y formant des macules gibbeuses, presque
glabres parmi un tomentum épais et brun au centre ,
plus pâle et plus ras au bord , divisions du thalle pro¬
fondément sinuées-lobées, à sommets tronqués ; apo-
thécies presque toujours marginales, brunes-rou-
geâti es , à bord finement crénelé disparaissant à la fin,
Les fruits sont parfois envahis par un petit parasite
{Celidiurn stictarum Tul. — Genre Delisea (Fée), qui les
— 4G4
fait paraître noirs et difformes. C’est en cet état la
variété pleurocarpa Ach. 1. c. Del. ^
Sur les troncs, dans les forêts ; Briqiiebec, la Glace-
rie, forêt de Savigny (Manche), forêt de Roumare
(Seine-Inférieure) .
Delise distinguait une var. hypomela à laciniures
plus étroites et plus lisses et à fibrilles noirâtres, et une
autre sorédies papilleuses nombreuses isi-
dioïdes.
6. St. scrobiculata Ach. L. U. p. 453, Sijn. p. 234;
Del. St, p 1 52, t. 18, f. 69 ; MouG. St Vog. 444 ; Fr.
L. F. p. 53; ScHÆR. Enum.. p. 31, L. H. 490; Krb.
S. L. G. 66; Nvl. Syn. p. 353; Malr L. N. 166; Loba-
ria DG. Fl. fr. p. 402. — Thalle glauque-jaunâtre très
grand (atteignant jusqu’à 40 centim.), coriace, opaque
plus ou moins scrobiculé, hordé et semé souvent de
sorédies cendrées bleuâtres , à lobes larges arrondis,
légèrement ondulés-crénélés, garni en dessous d’un
tomentum brun au centre, puis cendré et pâle au bord
avec des cyphelles blanches nues ; apothécies petites
d’un roux-brun, à bord entier.
Sur les troncs et les rochers moussus : Basse-Nor¬
mandie, Cherbourg , forêt de Touques.
Les fruits sont aussi attaqués par le Celidium sticta-
rum.
7. St. aurata Ach- Meth. p. 277, Syn. p. 232, Del.
St. p. 49, t. 2,f. 5, 6, Fr. L. E p. 50, Schær. Enum .
p. 33, L. H. 558, Nyl. Syn. p. 361. - Thalle glauque
rutilant ou testacé rougeâtre, largement étalé, opaque
ou un peu brillant; lobé divisé, à lobes sinués incisés
ondulés-crénelés au bord et frangés par une poussière
sorédiformo d’un jaune citrin ; couche médullaire
citrine, tomentum hrun noirâtre ou brun et dont la
couleur se dégrade jusqu’au bord , où il est concolore
à la face supérieure ; cyphelles petites jaunes ; apothé-
cies d’un bai-noir ou noires, marginales grandes, podi-
cillées (étant jeunes), à bord infléchi.
Même station que le précédent : Forêt de Bricque-
bec , Flamanville ( Herb. La Chap. in Le Jolis).
lï. Myl.
Thalle lobé divisé, pâle glauque ou livide, presque
jamais sorédifère, cà face inférieure tomenteuse sans
cyphelles, mais à rhizines fasciculées; apotliécies léca-
norines, éparses, rousses ou brunâtres à bord thallin
proéminent.
1. R. glomulifera DN. Franun. p. 7, Nyl. Procl.
p. 54 ; Syn,i^. 368; Lobaria DG. FL fr. 2, p. 404;
F armeli a Acu - Syn- p. 195,Moug. Vog. ?tk^\Slicta
Del. St. p. 129, t. 15, f. 54, 55. Fr. L. E. p 54, St.
amplissima Krb. S. L. G. 68, Schær. En. p. 33. (Par-
melia) L. H. 559. — Thalle très grand (atteignant
quelquefois, d’après le D*’ Nylander, plus d’un mètre),
coriace, membraneux, un peu épais, opaque, pâle ou
glauque pâle, lisse, çà et là rugueux,* lacinié-lobé au
bord, à lobes pressés, sinués, lobulés, arrondis-crénelés
au sommet, toméntum inférieur pâle, à rhizines pâles
ou brunes; apothécies grandes, à bord entier infléchi.
Spores fusiformes allongées, 3-septôes. — Thalle sou¬
vent couvert de glomerules (céphaloïdes) d’un noir-
vert imitant de petites touffes de Leptogium lacerum
lopheum.
30
i
~ 4G6 ~
Sur les rochers et les troncs ; Falaise, Bricquehec;
sur les rochers du Gatel, tà Gréville (Le Jolis).
V
2. R. herbacea DN. Framm. p. 7, Nyl. Prod. p. 54,
5^n. p. 369, Malb. L. Norm. 167; Lobaria DC. FL fr.
' 2, p. 403; Parmelia Ach. 5yn. p. 198 ; Sticta Del. St.
p. 132, t. 16, f. 56, Fr. /..F.p.55 Krb. S. L. 6^.p.68;
Parm. lætèvirens Schær. Enum. p. 35, L. H. 560. —
Thalle pale ou pâle livide ou glaucescent (verdâtre
étant frais), très grand, un peu brillant, lisse et ça et
là ridé-rugueux, lobes pressés, arrondis crénelés on¬
dulés, tomenteiix-pâle en dessous, à rhizines conco-
lores ou blanches; apothécies grandes à bord infléchi,
entier ou superficiellement crénelé. Spores fusiformes
courtes.
Sur les rochers et les troncs ; Bricquehec, Cher¬
bourg, Falaise.
S. II. Imbricariés . — Thalle dépourvu inférieu¬
rement de cyphelles.
III. PARMEIilJL Ach. Ayl.
Thalle diversement lobé-lacinié, étalé, à épithalle
uu peu brillant, cendré-verdâtre, olive ou brun ;
couche médullaire filamenteuse ; apothécies éparses ;
spores .petites, sphéroïdes ou ellipsoïdes , simples ;
paraphyses adhérentes.
/
1. P. caperata Ach . Meth, p. 216, Syn. p. 196,
Mono. St. Vog- 255, Fr. L- F. p. 69, Schær. Enum.
p. 34, Z. H. 377, Nyl. Z. P. 31, Syn. p. 376, Malb.
Z. A. 117; Imbricaria DG. FL fr. 2, 392, Krb. ^9. Z. G.
p. 81 . — Thalle blanc verdâtre ou jaunâtre, large
— 467
membraneux, étalé ou imbriqué, à lobes incisés ou
crénelés, légèrement ridé-rugueux par places, quel¬
quefois à sorédies marginales ou éparses concolores,
noir en dessous, avec des fibrilles noires disparaissant
vers les bords, où la couleur du thalle affaiblie devient
pâle ; apotliécies moyennes, d’un bai-roux, à bord
crénelé pulvérulent. — • Les sorédies envahissent quel¬
quefois le thalle au point de le convertir en une sorte
de Lepra (à la base des troncs). Le 'centre, dans les
«
échantillons fructifères, est souvent souillé par des
granulations (sorédies) fuligineuses. '
Commun sur les troncs, plus rare sur les rochers.
Rarement fructifère.
2. P. perlata Ach. 31eth. p. 216, Syn, p. 197, Mono.
St, Vog, 253, Fr. L. E. p. 59, Schær. Enum. p. 34,
L. H. 360, Nyl. p. 379, Malb. Z. Norm. 65;
Lobaria DG. Fl. fr. p. 403 ; Imbricaria Krb. S. L. G.
p. 69. — Thalle cendré-glauque ou blanchâtre, large¬
ment membraneux, lisse, divisé en lobes sinueux, ar¬
rondis un peu imbriqués, brun, noir en dessous ou
noir avec des fibrilles peu nombreuses, nu et pâle au
bord ; apotbécies d’un bai-rouge ou testacées, à bord
entier. — C’est une des plantes les plus répandues du
globe; elle a été observée jusqu’au 68® degré lat.
nord. Elle fructifie rarement en Europe.
Sur les troncs et les roches. Commune à l’état soré-
difère.
f
Schœrer distingue deux formes : innocua lobes
inerrnes sans cils, et ciliata à marges garnies do cils
noirs. — Bernay,Vire, Falaise, Sauxmesnil (Manche).
Ces deux formes peuvent être sorédifères (sorédies
i
— 408 —
concolores marginales), c’est alors la v. sorediaLa,
Son.
11 est douteux, d’après M. Nylander, que nous
ayons en Normandie le P. latissima Fée, qui ne se dis¬
tingue du précédent que par son thalle plus large et
ses spores plus grandes. Cette plante ne fructifiant pas
chez nous, il est possible que l’on ait pris pour elle
quelques formes àiW'perlata (1).
P. tiliacea Ach . Metfi. p. 215, Syn. p. 199, Moug.
St. Vog. 445, Fa. L. E. p. 59, Nyl. Sijn. p. 382; Im-
bricaria Krb. S. L. G. p. 70 ; Imbr. quercina DG. FL
fr. 2, p. 390, Parm. quercifolia Sghær. Enum. p. 43,
A. H. 358, 359; Parm. scortea Ach. Syn. p. 197. —
Thalle cendré ou cendré-glauque ou blanchâtre, lisse
(1) M, de Brébisson , à propos du P. perlata , m’écrivait ce
qui suit : « Le D’’ Nylander prétend que nous devons avoir
en abondance le Parmelia oliveLorum , espece qui a été confon¬
due avec le P. perlaia., auquel le rapportait en dernier lieu
Acharius, et, si l’on s’en rapportait à la figure de Dilleii, citée
par les auteurs comme représentant ce lichen , il serait plus
commun chez nous ^que le perlala. Mais le P. oHvetorum vrai
a une médulle qui se colore du plus beau rouge , si on l’im-"
prègne d’une goutte d’une solution de chlorure de calcium, tan¬
dis que le P. perlata, à bords nus ou garnis de sorédies comme
dans la figure de Dillen, reste complètement insensible à ce con¬
tact. Le P. oiiveiorum se trouve à Fontainebleau sur les rochers,
mais je ne crois pas que nous l’ayons à Falaise. J’ai essayé tout
ce qui pouvait approcher, tel que P. perlala v. cetrarioXdes Del.
et l’Erythrine ne s’est point fait reconnaître. Ce caractère, très
important, est fort curieux. Notre ancien Parm. lævigala Tügk.,
qui est le P. revolula de Flœrcke, ne peut donc être réuni au
P. sinuosa , car celui-ci n’a point d’Erythrine , tandis que le
revolula présente une belle couleur rouge au contact du chlorure
de calcium en dissolution. »
— 'iOO —
ou un peu rur;uoux, iiu ou souillé de granulations (so-
rédies) furfuracées fuligineuses (v. fiirfLbracea^c.ii.
H, P. scortea Ach.}, apprimé-étalé, sinué-lobé, à
lobes contigus, arrondis-crénelés, noir fibrilleux en
dessous; apothécies réunies au centre, à disque bai-
brillant, à bord dressé, légèrement crénelé.
Sur les écorces ; Bernay (Le Prévost), Falaise.
4. P. lævigata Ach. Sijn. p. 212, Nyl. Syn. p. 384,
Parm. simwsa Fr. L. F. p. 63, Schær. Fnwm. p. 43,
• Nyl. L. p. 112. -- Thalle blanchâtre ou blanc glau-
cescent, lisse, lacinié-lobé, à laciniures sinuées-lobées,
à extrémités retuses, souvent sorédifères, lâchement
appliquées, ou un peu imbriquées, noir fibrilleux en
dessous et à fibrilles moyennes ; apothécies d’un bai-
brun, à bord presque entier.
Sur les pierres, les roches ; Falaise ; Cherbourg ;
Brionne. — Stérile.
V . sinuosa (Sm.) Nyl . 384; P. sinuosa Ach.
Syn. p. 207; P, sinuosa v. lævigata Schær. Enuni.
p. 43, L. F. p. 561 . — Thalle jaunâtre plus divisé, à
laciniures profondes sinuées-pinnatiüdes, garnies en
dessous de fibrilles abondantes très rameuses. Le Parm . '
Depreauxii Del. in Duby, B. gall. p. 612, P . sin. v. re-
licina Schær. Le. (non Nyl. in Prod-) n’est qu’une
petite forme à divisions centrifuges. — Briquebec,
Mortain, Cherbourg, Falaise (1).
5. p. saxatilis Ach. Metti. p. 204, Syn. p. 203, MouCt.
St. Vog 349, Fr. L. E. p. 61, Schær. Enum. p. 44,
f
(1) Aucun des échantillons que j’ai eus à ma disposition ne m'a
offert par le chlorure de calcium la réaction caractéristique du
revoluia deFlœrcke. (V. lanolü P. perlala.)
i
470 —
fj. H. 362, Nyl. Syn. p. 388, Malb. />. Nonn> 66;
Jinbricaria Krb. S. />. G, p. 72; Lnb. rctimga DG.
Fl. fr- 2, p. 389. — Thalle cendré, cendré-glauqae
ou cendré-blanchâtre, s'étalant en rosette , lobé-laci-
nié, à laciniures imbriquées planes sinuées lobées ou
incisées, rugueux réticulé en dessus, noir fibrilleux en
dessous; apothécies baies ou brunes, à bord entier ou
crénelé. \
Très commun sur les troncs et sur les rochers, mais
il fructifie peu.
V. leucochroa Wallr. F. saxat f. fur f ur acea S gh.
I. c. L. H, 363, Krb. 1. c. — Thalle cendré-glauque,
à laciniures larges, fortement réticulées-rugueuses
(par des sorédies ) jusqu’au bord, à granulations
furfuracées isidioïdes fuligineuses plus ou moins
nombreuses (V. aizonii Del. in Dub. B. galL)- —
Sur les grès : Falaise, Cherbourg.
V. omphalodes Fr. l. c Moug. St> Vog. 348,
ScHÆR. 1. c. A.. H, 488, Malb. L. Norm, 168- —
Thalle un peu cartilagineux, brun, brillant, presque
lisse légèrement réticulé, à laciniures imbriquées
étroites plus divisées. — Sur les troncs et les roches.
La var. p an7ii for mis Scn. Nyl. 11. cc, ne me paraît
qu’une forme appauvrie à laciniures courtes entassées,
à peine fibrilleuses en dessous, formant une croûte
épaisse; stérile- — 'Sur les grès: Falaise.
J’ai rencontré aussi deux formes : l’une (albida) qui
a le thalle du kucochroa, mais très blanc, et ridé ondulé
sorédifère â peine réticulé ; fertile — St-Gyr-de-Sa-
lerne (Eure), sur les arbres; — fautre (læviusculà) ,
qui peut être rapprochée de V omphalodes , mais elle
471
est cendrée-blanche presque lisse . profondément divi¬
sés, et rappelle la var. (lu. P . læmgala.
6. P. Borreri Tuun. in Trans- Lin. soc. 5, p. 148,
Ach. Syn. p. 197, Moug. St. Vog. 634, Fr. L. E,
p. 60, Nyl. Syn. p. 388; Parm. dubia S ch. Enum.
p. 45, L. H. 361; Imbricaria Krb. S. L G. p. 71. —
Espèce voisine de la précédente, mais à thalle non ou
à peine réticulé, opaque ou un peu brillant et ridé-
rugueux à sorédies éparses , moins fibrilleux en des¬
sous ; la couleur est aussi un peu différente, surtout
sur le sec, elle devient un peu livide ; apotliécies très
rares, d’un roux-brun. La v. stictica Duby a le thalle
brun et les sorédies blanchâtres nombreuses.
Sur les troncs, les barrières, les murailles ; Bernay, '
Rouen, Cherbourg, Vire (sur les rochers la var. stic¬
tica).
7. p. conspersa Ach. Meth. p. 205, Syn. p. 209,
Moug. St- Vog. 160, Fr. L.E. p. 69. Schær. Enum.
p. 46, L. H. 379, Nyl. Syn. p. 391 ; Imbricaria DC.
Fl. fr. 2, p, 393, Krb - .V. /'. 6^. p . 81 . — Thalle vert-
jaunâtre ou blanc-jaunâtre, souvent granuleux furfu-
racé, bruni au centre, étalé en rosette , divisé-lacinié à
laciniures apprimées contiguës ou un peu imbriquées
à bords sinueux multifides, noir-brun ou pâle en des¬
sous avec des fibrilles peu nombreuses, mais épaisses;
apothécies baies ou brunes à bord entier, à la fin cré-
nelé-lobé^ La v. stenophylla Ach • est une forme à laci¬
niures plus étroites et plus imbriquées.
Sur les rochers granitiques, les grès, rare sur les
écorces); Cherbourg, Falaise, Elbeuf (M. Etienne).
8. P. Mougeotii ScH. En. p. 46, L. H. 548, Moug.
Si. Vog. 1234, Nyl. Prod , p. 57, Sijn. p 392; Imhri-
caria- Kim. Par ■ p. 32. — Voisin du conspersa^ dont
il n’est peut-être qu’une forme quartzicole appauvrie.
— Thalle entièrement adhérent, aréolé-crustacé et
obscur au centre , élégamment divisé à la circonférence
en laciniures très étroites, multifides, exactement ap¬
pliquées distinctes.
Sur les grès : Falaise.
9. P. incurva Fr. Sched. ait- 9, p.31, L. E. p. 70,
ScHÆR. Enum. p. Al , Imbricaria DG. Fi. fr. 2,p. 394,
Krb. s. L, g. p. 82, Parm. recurva Acii. Syn. p. 207.
— Thalle de même couleur que les précédents , étalé
apprimé, à laciniures multifides pressées imbriquées,
convexes à sommets recourbés en dessous, portant
quelques sorédies tuberculeuses blanC'-jaunâtre ; apo-
thécies brunes, à bord presque entier
Sur les grès ; Vire. (Communiqué par M. Le Prévost.)
10. P. acetabulum Dub. B. gall. p. 681, Fr. L. E.
p. 65, ScHÆR. Enum. p. 35, A. B. 547, Nyl. Syn.
p. 394, Malb. L. N. 22 ; Imbricaria DG. Fl. fr. 2, p. 392,
Krb. s. L, G. p. 77; Parm. corrugala Ach. Syn.
p. 199. — Thalle vert-glauque-livide ou brunâtre
étalé en rosette, presque opaque, un peu rugueux iné¬
gal , à lobes imbriqués flexueux, ceux de la périphérie
arrondis étalés un peu crénelés, brun ou noirâtre ou
pâle en dessous, à fibrilles courtes ; apothécies grandes
d’un bai-roux à bord élevé rugueux crénelé
Commun sur les troncs.
11. p. olivacea Ach. Melh. p. 213, Fr. L. E.
p. 66, pr. p ScHÆR. Enum. p. 47, L. B. 370, 371 , Nyl.
Syn. p. 395, Malb. L- Norm. 118; Imbricaria J)C.
FL fr. 2, P 392, pr. p. — Thalle olive ou olive obscur
étalé en rosette, un peu rugueux ou à lobes appliqués
planes arrondis crénelés, presque concoloreen dessous ;
apothécies moyennes, d’un bai-roux ou baies, planés ,
à bord entier ou presque entier-
Sur les arbres. Commun.
V. exasperata Nyl. Collema exasperatum Acn. Syn.
p. 320. Imbric. olivacea Moug. St. Vog. 161; lmb. aspera
Krb L. g. p. 78. — Thalle plus brun, couvert, ainsi
que les bords des apothécies, de petites papilles ; spores
bien plus courtes que dans le type.
Sur les arbres.
12. P. prolixa Nyl. Syn. p. 396; Farm, olivacea v.
prolixa Acu.JIeth^ p. 214 ; P. dendritica SCHÆR. F. //.
372, P. olivacea w. Delisci Dub. Bol. galL p. 602- —
Thalle olive, pâle ou bruni, brillant, à laciniures
étroites et imbriquées-entassées, non dilatées au bord
(à peu près disposées comme dans le conspcrsa)^ divi-
sées-multifides, planes, crénelées-incisées à la marge ,
noirâtre en dessous à fibrilles moyennes; apothécies
brunes moyennes ou petites , concaves à bord entier
ou presque entier. — Le thalle varie pour la couleur
et les sorédies, de sorte que bon peut distinguer deux
formes .
F. dendritica Nyl. à thalle noirâtre, à granulations
furfuracées ou isidioïdes et à bord des apothécies un
peu crénelé. — Sur les pierres siliceuses : Brionne, Fa¬
laise.
F. Delisei Düby, à thalle pâle, à sorédies terminales
concolores. — Vire, sur les grès-
13. P. physodes AcH. Meth. p. 250, Stjn. p. 218,
Moijg. St Vog. 159, Fr L E. p 64, Nyl. Syn-
p. 400; Imhricaria DG. Fl. fr. 2, p. p. 393, Krb. S. L. G.
p. 75, Farm, ceratophylla ScHÆR Enum. p. 41, Z. H.
366, 367. - Thalle blanc-glauque on pâle-brunâtre ,
lisse un peu brillant, divisé en laciniures planes ou
convexiuscules, ondulées imbriquées, arrondies-lobées
subcrénelées aux extrémités, parfois brunies; apothé-
cies baies ou roussâtres, assez grandes, à bord élevé
entier-
Sur les pierres et les troncs; Rouen, Brionne, Fa¬
laise, Vire, Cherbourg.
V. labrosa Ach. V. tubulosa Schær. 1. c. Malb.
L. Norm, 23, laciniures du thalle cendrées-glauques,
plus lâches, à sommets enflés, blancs-sorédifères. —
Commun sur les pins ; Rouen.
V. vittata Ach. 1. c. Laciniures lâches allongées,
bordées de noir. — Falaise
14. P. pertusa Sciiær • Enum, p. 43, L. H, 365, Nyl.
L. P. 32) Frod. p. 56, p. 402; Imbricaria dia-
îrypa DC. Fl. fr. 2, p. 393, Parmel. diatrypa Ken,
Syn. p. 219, Moug St, Vog. Qb; F . physodes v . dia~
trypaF^. L.E, p. 64 ; Imbr , terebrata Krb S. L. G,
p. 74, Menegazzia Krb. Far. p. 32. — Semblable au
type de Fespèce précédente, à laciniures appliquées
contiguës, bien distinct par les perforations des lobes
du thalle, quelquefois aussi sorédifères.
Sur les grès ; Falaise, Cherbourg.
15. P. placorodia Ach. éi'î/n. p. 196; Nyl L. Sc.
p. 106; p. aleurites nonnuWi aut. — Thalle blanc ou
— 475
cendré, couvert de papilles isidioïdes et d(3 sorédies,
appliqué, lacinié-lobé, pâle eu dessous; apotliécies
baies ou brunes, presque opaques, à bord crénelé isi-
dioïde. Spores ellipsoïdes*
Sur les écorces ; Vire.
PIIYSCIA Hyl.
Thalle diversement lobé ou lacinié, le plus souvent
étalé en rosette_, jaune ou cendré, rarement brun ; apo-
thécies jaunes ou brunes ou noires. Spores 2~4-locu-
laires (excepté ciliaris), hyalines ou enfumées; para-
physes libres.
A. Thalle jaune- — Spores hyalines,
1 . Ph. flavicans DG. F/ fr 6, p. 189, Dub B. gall.
p. 612, Nyl. Prod. p. 59, Syn, p. 406, Malb. L. Norni-
169; Borrera Agh. Syn. p. 224, Evernia Fr. L. E.
p. 18; Cornicularia^CHjER. Enum. p. 6,' L. H 552- ~
Thalle jaune d’or ou jaune-pâle, alectoriforme élégant,
très-rameux, à rameaux filiformes arrondis, enchevê-
I
très, atténués au sommet, presque canaliculés en
dessous, un peu sorédifères ; apotliécies orangées ou
orangées-roussâtres à bord mince un peu crénelé, dis¬
paraissant à la fin. Spores simples ou avec une lo-
gette à chaque bout.
* Sur les rochers et les arbres : forêts de Fougères,
de Bricquebec ; Falaises de la Hogue (Le Jolis); Vire.
2. Ph. chrysophtalma DG . FL fr 2,Schær. Enum.
p, 12, L. H 389, Nyl. Syn. p. 410; Parmelia Fr.
L. E. p. 757; Borrera Acn. Syn. p.224, Moug ■ St. Vog.
254, Tornabenia Krb. Paî\, p. 21 . — Thalle petit (1-2 c.)
jaune-cendré ou jaiine-hlanchâtre, un peu rigide,
cespiteux d’un centre commun, étroitement lacinié,
laciniures ascendantes, divariquées multifides, à som¬
mets fibrilleux; apothécies assez grandes, d’un rouge-
orangé, ciliées au bord.
Sur les troncs et les rameaux; Vire, montagne du
Roule, Nacqueville (Manche); trouvé unefoisàBrionne
(Eure). La forme sans cils (v. dcniidala Ach )a été
trouvée cà Vire.
3. Ph. parietinaDN. Parm. Krb. S. L. (z.p. 91,
Nyl. Prod. p. 60, Syn. p. 410, Malb. L A. 67 ; Parine-
lia Acii. Syn. p.- 200; Moug. Si Vog. 66, Fr. L. E.
p. 72, ScHÆR. Enum. p. 49, L. H. 380; Imbricaria DG.
Fl. fi\ 2,p. 391. — Thalle membraneux foliacé-lobé,
à lobes planes parfois imbriqués, granuleux au centre,
étalés, appliqués à la circonférence, crénelés ou incisés,
d’un beau jaune vif, rougeâtre ou pâle (verdâtre dans
les lieux ombragés, Imbr. chlorina Chey . FLpar, 621),
plus pâle ou blanchâtre en dessous, presque nu ; apo¬
thécies concolores ou orangées, à bord entier.
Très commun sur les écorces, les bois, les rochers,
surtout dans les lieux cultivés.
V . ectanea Ach . E. U. p • 464, Schær . Enum. p . 50 ;
Nyl. Prod. p. 60, Fr. L. E. p. 73, Krb. Le.; Farm,
rutilans Acr. Syn. p. 210. — Thalle jaune-orangé,
avec des tons d’un rouge ardent très riche, divisé en
lobes ou laciniures courtes linéaires obtuses épaisses
imbriquées. Rochers maritimes, grès, schistes; Cher¬
bourg, Saint-Malo, Falaise.
V. auréola Nyl. Sciler. 11. cc. Krb. Par. p. 37;
Parm. auréola Ach. Syn. p. 210. — Thalle orbiculaire
centrifuge, d’un jaune viteilin un peu fauve au centre,
jaune doré et plane au bord, crispé granuleux dans la
plus grande partie ; apothécies concaves, à bord cré¬
nelé. — Sur les pierres, ardoises, les rochers (mari¬
times surtout).
J’ai trouvé, près de Brionne, une forme à thalle di¬
visé au bord en laciniures linéaires étroites (presque
comme dans le Pkc. muroriiui), convexes, noueuses-
gonflées; apothécies nombreuses, orangées-rougeâtres,
planes, à bord crénelé concolore au thalle .
V. polycarpa Nyl. Parm. candelaria v. polycarpa
Ach; Metli. p. 187, Fr. L. E, p.73; Schær. Pni^m.p.50,
Malb. L. a. 68 ; Lee anor a Acn. Syn - p. 192. — Thalle
microphylle jaune, formant de petits coussins, à lobes
laciniés granulés, presque oblitéré par l’abondance
des apothécies à disque orangé-fauve, à bord crénelé .
— Sur les troncs (frênes, peupliers) et les clôtures;
Rouen, Vire, Bernay.
V. lychnea Nyl., Schær. et v. fulva 1 c. L. H. 649
Parm. candelaria v. lychnea Acn. Syn. p. 192; Ph.
controversa Y . lychnea Kmi. Par . p. 38 — Thalle très
petit lobulé, à lobes lacérés-laciniés, souvent à bords
ascendants, pulvérulents, pressés; apothécies conco-
lores ou fauves, un peu grandes relativement au
thalle, à disque convexe excluant le bord, qui est très
entier. — Sur les bois, les écorces, les mortiers, les
roches; Rouen, Cherbourg.
V. fibrillosa Schær. 1. c- — Thalle petit jaune-
clair, lacéré-déchiqueté, à laciniures ciliées-fibrilleuses
au bord. — Sur les tilleuls ; Bernay (Le Prévost).
— 478
V. pygmæa Schær. Fr. 11. cc.— Thalle petit jaune-
orangé, àlaciniures étroites un peu enflées, convexes,
presque dressées, granuleuses-pulvérulentes au bord.
— Sur les roches de grès ; Vire, Falaise.
4. Ph. candelaria Nyl. Prod. p. QO, Syn. p. 412,
Malb. V. C9 ; Parmelia Agh. Meth. pr. p. Del. in
Duby b. gall. p. 606 ; jLeca?iora Ach. Syn. p. 192 (pr.
p.), Moug. Sî. Vog. 743 a ; Placodium DG. FL fr. 2,
p. 378 (pr. p.); Purmeh parietinaw. candelaria Fr. L,
E. p. 73 (pr p.)ScHÆR L. H. 382; Candelaria vulga-
ris Mass. Krb. S. L. G, p. 120- — Thalle petit jaune
ou jaune-verdâtre, finement divisé-laciné, à laciniures
multiMes élégamment étalées ou pressées ascendantes
imbriquées, à bords pulvérulents granuleux (quel¬
quefois complètement leprarioïdes; apothécies sub- ,
'concolores orangées, ou jaunes fauves obscures. Spores
très nombreuses dans chaque thèque(de 10 à 100). —
Cette espèce pourrait facilement être prise pour une
forme laciniée et appauvrie du parietina^ mais Tana-
lyse des apothécies la distingue entièrement-
Sur les troncs (pommiers, ormes); Rouen, Bernay.
B. Thalle cendré ou brun; spores brunâtres.
5. Ph. cîliaris DQ. FL fr. 2, p. 396, Schær. Enum.
p. 10, L, H. 388, Fr L E.p. 77, Nyl. %n. p 414, -
Malb. L> A- 24 ; Borrera Ach. Syîi, p. 221, Moug.
St. Yog. 64 ; Anaptychia Krb. S. Z. G. p- 49. —
Thalle blanc-cendré ou cendré-gris, finement tomen-
teux, divisé-lacinié, àlaciniures étroites linéaires inul-
tifides rayo) mantes suhascendantes, blanches et cana-
liculées en dessous, munies au bord de longs cils con-
I
‘ colores ou noirâtres au sommet et pulvérulents ; a[)()~
tliécies d’un brun noir souvent pruineuses à bord
épais infléchi, lacéré-crénelé (par proliûcation) . Spores
brunâtres à une cloison.
Très commun sur les troncs, dans les endroits cul¬
tivés.
V. crînalis (Sghl.)Sch. Fr. 11. cc Krb. Par. p. 19.
— Thalle plus petit pâle, à divisions étroites tomen-
teuses, couvertes au bord de cils allongés. — “ Sur les
arbres et les rochers ; Vire (Pelvet in Sghær. 1. c ).
. V. saxicola Nyl. 1. c. — Thalle gris brunâtre tomen-
teux, irrégulièrement divisé et verruqueux (spermo-
gonifère?). — Sur les rochers, au pied des murs d’ar¬
gile ; Cherbourg, Bernay .
G.Ph.leucomela Mien. Fl.Bor. Amer. 2, p. 356, Dubv
B. Gall. p. 612, Sghær. Enum. p. 11, Fr. L. E. p.76;
Nyl. Prod. 61, Syn.]). 414; Borrera Agh. Syn-
p. 122, Parmelia speciosa v. b, Fr. L. F. p. 80,Moug.
St. Vog. 941 . — Thalle blanc de lait ou glauque, très
glabre, à laciniures allongées lâchement dichotomes,
blanc de neige et subcanaliculées en dessous, à bords
garnis de longs cils noirs (rarement concolores); apo-
thécies noires brunâtres, couvertes d’une pruine bleuâ¬
tre, à bord denticulé ou cilié. Spores souvent 4-locu-
laires.
Sur les rochers et les arbres; falaises de Flamanville,
Saint-Sever (Manche), foret de Bricquebec, forêt de la
Fonde (Seine-Inférieure).
7. Fh. speciosa Fr. L.E. p. 80, Nyl. p.416;
Parmelia Agh. Syn. p. 211, Mono St. Poej. 635,
Sghær. Enum. p. 39, L. U. 357, Krb. S> L, G p. 89.
— 480 —
Thalle blanc de lait ou blanc cendré on un peu glauque, *
lacinié-pinnatilide, à .laciniures courtes planes sub¬
imbriquées, à sommets obtus tronqués, souvent pulvé¬
rulents (sorédifères), bords et dessous garnis de cils et
de fibrilles blanches ou obscures; apothécies brunes, à
bord infléchi rugueux crénelé.
Sur les troncs et les rochers ;Bricquebec, Cherbourg
(montagne du Roule); Falaise-
8. Ph. pulverulenta Fr. L. E. p. 79, Nyl. Syn.
p. 419; Parmelia Acn. Syn. p. 214, Moug- Vog.
162, ScHÆR. Enum. p. 38, L. H. 356, Krb. S. L. G.
p. 86 ; bnb rie aria DG. Fl. fr. 2, p. 387. — Thalle pâle
cendré ou cendré roussâtre, opaque, blanc, pruineux
vers les bords, étalé en rosette, lacinié-lobé à laciniures
larges planes, obtuses, crénelées-incisées au som¬
met, à face inférieure hispide , garnie de fibrilles noi¬
râtres abondantes; apothécies brunes-noires prui-
neuses, à bord enflé, épais, entier.
Commun sur les arbres.
V, pityrea Nyl. Prod. p. 62, Malb. L. N. 70 (ferti-
Vis); Parmelia Acu. Nyn. p. 201, Mono. St. Vog. 352;
Imbricaria DG. Fl. fr. 2, p. 387; Farm, pulverulenta
V. grisea Schær. Eîium. p. 38, L. H. 487. — Thalle
cendré-gris ou blanchâtre, plus appliqué, bordé fré¬
quemment de sorédies cendrées oubrunes. (Trouvé une
seule fois en fructification, thalle couvert de nom¬
breuses sorédies brunâtres, envahissant même les apo¬
thécies.) — Sur les troncs,
V. venusta Schær. 1. c Nyæ. ProcU p. 62, Malb.
L. Norm 119; PIi. venusta, Nyl Syn. p. 421; Parme-
lia Ach. Syn. p. 214. ~ Thalle cendré brun livide ,
— 481 —
' à divisions plus étroites et sans pruine ; apothécies
dont le bord se couronne de petites feuilles thallines.
Nos échantillons sont peu distincts du type. — Sur les
troncs (tilleuls etc.j.
9. Ph. aquiia Fr. Z. F. p 78, Nyl. Syn. p. 422,
Malb. Norm. 172; Parmelia Ach Sijn. p. 205,
Moug. Vog. 1049, Schær. Enum. p. 49, Z. IL 565;
' ImbricariaBC. FL fr. 2, p. 388. — Thalle châtain-
brun ou li vide-pâle (verdâtre-olive étant frais), étroite¬
ment lacinié apprimé, à laciniures linéaires, multipar-
tites pressées, imbriquées , planes ou convexes; apo¬
thécies d’un brun noir, abord un peu crénelé.
Sur les grès; Falaise, mais ne fructifie que sur les
rochers maritimes ; Granville.
10. Ph. stellaris Fr. Z. Z. p. 82, Nyl. Prod. p. 61,
Syn. p. 424; Malb. Z. Norm. 25; Parmelia Aca. Syn.
p. 216,Moug St. Fo^. 163, Schær. Zn-wm. p. 39, Z.
350, 351, Krb. s. Z. Z. p. 85 ; Imbricaria DG. Fl.
fr. 2, p. 386 ; Parm. aipçlia Ach. Sy7i. p. 215, Imbri¬
caria DG. 1. c. Thalle blanchâtre ou blanc glauque,
nu (rarement pruineux), étalé en rosette, à laciniures
multifides oudobées, contiguës rayonnantes, blanches
en dessous, à fibrilles concolores ou brunâtres; apo¬
thécies d’un brun-noirâtre ou noires, nues ou priii-
neuses, à bord entier ou légèrement crénelé. La var.
cercidia Ach. 1. c. est une forme qui vient sur les écorces
rugueuses, à thalle irrégulier granuleux-verrnqueux
au centre, à apothécies pressées flexueuses-crénelées.
Sur les écorces et les pierres.
Y. ambigua Schær. Krb. 11. cc.; var. anthdina Ach .
1- c.? Laciniures du thalle étroites séparées, distantes,
482
convexiüscules toruleuses; apütliécies moyennes ou
petites, situées sur les laciniures. — Sur les arbres ;
Rouen, Forêt verte (surtout sur les trembles).
V. leptalea Nyl. L c. Malb. L. N. 71, pr. p. Phys-
cia leptalea DG. Fl. fr. 2, p 395; Borrera tenella var.
Ach. Syn, p. 221; Ph. stellaris var. hispida Fr. L. E.
p. 82, pr p. ScHÆR. Enum. p. 40, L. //. 562; Parm.
stellaris Y. ascendens[. tubulosa Krb. S. L. G. p. 85. —
Thalle à laciniures étroites convexes toruleuses à cils
longs, blanchâtres, parfois brunâtres à l’extrémité ;
apothécies grandes à bord entier flexueux. Plante rap¬
pelant le ciliaris, mais diminué. — Sur les arbres.
V. tenella Nyl • 1. c. Malb- L N. 170; Borrera
Ach. Syn. p. 221 ; Parmelia stellaris var. tenella
ScHÆR. Enum. p. 40, L. H 352; Parrn. stell. v. ascen-
densï. fornicata Krb. 1. c. — Voisin du précédent ,
mais divisions plus imbriquées, redressées en voûte au
sommet et là souvent sorédifères, sotédies verdâtres-
cendrées. — Sur les troncs (bouleaux, peupliers) et les
rochers (f. saxicola) avec un thalle très blanc et les
apothécies pruineuses •
11. Ph. albineaAcH. L. U. p. 491 (snb. Parmelia)^
Syn. p. 207, Duby B. yall. p. 605 ; Parm. pulchella v.
ScHÆR. Enum. p. 41, f.,. £r. 348 p. p. ; Parm. cæsia
Y. albinea Krb- S. L. 6^..p. 86; Ph. stellaiHs (forma)
Nyl Syn. p. 425. — Thalle petit blanc de lait, à divi¬
sions courtes lobées crénelées , planes ou convexes
subsquamiformes sans sorédies, concolores en des¬
sous, ainsi que les fibrilles qui sont courtes et rares ;
apothécies très noires, d’pbord pruineuses. (Stérile
eu Normandie.)
— 483 —
Sur les murs et les rochers : Cherbourg (Octeviile ,
Urville).
V. tribacia (f. isidioidea) Schær. Enum. p. 39 (sub.
Farm, tribacia) \ Lecanor a ken, Syn- p. 191. — Thalle
plus divisé à laciniures multifides crénelées-rongées
au sommet, toutes couvertes de granulations isi-
dioïdes, fibrilles de la face inférieure plus abondantes
noirâtres. — Sur les troncs et les rochers : Falaise {de
Brébisson).
Nous avons, à l’exemple de Schærer et d’Acharius,
séparé cette espèce de la précédente , dont
elle nous semble bien distincte par le port et la
forme de son thalle.
12. Ph. astroidea Fr. Z- E p. 81,Nyl Prod.
p. 62, Syn. p. 426, Malb. L. N. 171 (non Aciiar.);
ScilÆR. Enum, p- 40, Krb. S, L . G p. 89;
Farm, Clementiana Acii . Syn, p 200, Moue. St. Vog.
131, et Lecanora Carieæ kcR id. p. 188. — Thalle
cendré-glauque-clair, étalé en rosette exactement ap¬
pliqué, en grande partie formé par une croûte léproso-
granuleuse fendillée, figuré seulement au bord ®ù il est
lobé crénelé ; apothécies sessiles noirâtres pruineuses
(rarement nues), à bord entier ou légèrement crénelé. »
Sur les écorces ; commun sur les pommiers dans
la Haute-Normandie; Vire-
V. sideralis ScH. l c. iF. sideralis Ach.) — Thalle
cendré-brunâtre à peine granuleux, àlobes plus entiers,
à apothécies concaviuscules à bord entier — Sur les
pommiers, à Vire (Délise m Schær).
13- Ph. cæsia Fr. L E, p. 85, Nyl. Prod. p. 02,
Syn p. 426, Parmelia Ach- Syn. p. 210, Moue. St.
Vog. 4-47, Krb. .V. L G, p.86; hnbricaria'DC. Fl. /r. 2,
p. 38G; Parmi, pulchella var. cæsia et dubia ScH/er.
Enumi . p. 41, X. IT 347, 348. — Thalle cendré-hlan-
châtre ou glauque parfois obscur au centre, appliqué,
exactement étalé en rosette , lacinié-multifide à laci-
niures convexes, planes au sommet, portant des soré-
dies blanc-bleuâtre, pâles et concolores en dessous, à
fibrilles noirâtres ; apothécies noires souvent prui-
neuses, à bord presque entier.
Sur les pierres siliceuses, les toits d’ardoise.
14. Ph. obscura Fr- L. E. p. 84, Nly.Z. P. 33,
Syn. p. 427, Malb. L. N- 26 ; Parmdia Schær. Enum.
p. 36, L. II. 353, 355, Krb. S. L. G. p. 88, Par.
p.34; Parmi, cycloselis Ach. Syn. p. 216; ImbricariaDG.
Fl. fr. 2, p. 338, et Parmi, chloanlha Acii. Syn. p. 217.
— Thalle (d’un vert livide étant frais), cendré ou cen-
dré-brun -livide étant sec, à laciniures petites incisées-
lobées presque appliquées, sans pruine, mais à sorédies
verdâtres , munies en dessous d’un tomentum de cils
noirâtres ; apothécies d'un brun-noir, nues, à bord
entier.
Sur les écorces et les pierres.
V. sciastraNYL. Syn.p. 428; Parmi, sciastra Acn.
Meth. p. 49; Parm. fahlunensis v. sciastra Ach. Syn.
p ■ 204 ; Parmi, obscura var. saxicola Schær. L. U. 485 .
— Thalle li vide-noirâtre à laciniures planes; apothécies
petites. — Sur les pierres ; Rouen.
V. ulothrîx Fr. L. E. p. 85, Nyl. Prod. p. 63,
Syn. p. 428 ; Parm. ulothrîx Acu . Syn. p. 217 ; Parmi,
obscura v. ciliata Schær. Enumi» p. 37 — Peu distinct
du type, laciniures plus séparées étroites et inultifides
planes subciliees au bord ainsi que le dessous des
apothécies. — Avec le type.
15. Ph. adglutinata Nyl. Syn. p- 428; Parmclia
Moug. St. Vog. 543; Farm, obscura v. adglutinata '^yl.
Z - *F. 34, Prod.'p. 63. — Thalle mince , exactement
appliqué cendré ou cendré-livide ; pulvérulent lépra-
rioïde au centre ou paraissant presque monophylle et
fendillé ; apothécies petites, rares.
Sur les troncs châtaigniers, saules, etc.).
— liîMiB'i iBiftltl 'SâTé»' —
NOTE
SUR LE
HOLCUS SPICATUS,
Par M. DE LÉRUE.
SÉANCE DU 7 Mars 1867.
Nous ne connaissons guère, en France, que trois ou
quatre espèces de Millet, et cette sorte de graminée
n’y est cultivée que pour servir à la nourriture des
oiseaux de volière. '
Les uns préfèrent VAlpiste ou Millet long (Phalaris
canariensis. L.), les autres, tels que nos bouvreuils ,
nos serins, nos chardonnerets, le Millet commun [Pa-
nicum miliaceum. L ) , et c’est surtout dans nos con¬
trées méridionales qu’on utilise, non-seulement pour
la nourriture des oiseaux, mais même parfois pour l’a¬
limentation générale, le Punis d’Italie, ou Millet à
grappes {Panicum Italicum. L.)*
Ce dernier était probablement le milium des Latins
qui , au dire de Festus , doit son nom à la grande
quantité de graines qu’il produit.
Le Panicum Italicum et le P. Sorgho, cultivé aussi
du' temps de Pline en Italie, où il avait été apporté des
487 —
Indes, ont été longtemps confondus, et ce n'est que
dans ces derniers temps qu’ils ont été séparés.
L’épi que je dépose sur le bureau m’a été rapporté ,
avec plusieurs autres, du Sénégal, où il a été recueilli
un peu avant l’époque de la maturité. C’est un sujet
de l’une des trois variétés du Millet cV/lfrique ou grand
millet. Il est très commun au Sénégal , où on le "
nomme Boca , et où il sert à la nourriture des noirs ,
qui en font une pâte délicate.
Le nom de hoca est évidemment une corruption de
celui de la houlque ou houque {holcus), nom donné à la
même plante aux Antilles, où elle a été transportée
d’Afrique il y a longtemps. C’est la houlque à épi
[holcus spicatus L.) ; on la nomme aussi, au Sénégal :
petit mil chandelle : son épi, ainsi que vous pouvez le
voir, a la forme d’une chandelle, surtout dans l’état de
fraîcheur, où il est terminé par une petite aigrette à
filets réunis comme une mèche.
Le fruit est une semence arrondie qui, dans cette
variété, se sépare de la balle florale bien plus difficile¬
ment que dans nos Millets et nos Alpistes.
Je ne sais si la houlque à épi réussirait dans nos cli¬
mats : elle ne pourrait guère être utilement confiée à
la terre qu’en mai ou même en juin, car elle doit
craindre les moindres atteintes du froid. Je mejDropose
d’essayer, cette année, à bonne exposition , sous un
châssis mobile. Je ferai part des résultats à la Société,
qui peut, de son côté, utiliser dans le même but l’épi
que je lui offre.
Il serait très désirable que cette variété de Millet prit
s’acclimater ici, au profit de nos volières. La difficulté
que les fringilles, les becs-fins, bengalis et autres ont
I
à enlever la graine de cet épi les occupe utilement, et
les empêche de perdre la moitié de leur aliment,
comme cela arrive pour le Millet commun et le Millet
à grappes pendantes.
Je dois faire connaître, au surplus, une singularité
que j’ai remarquée chez ceux des habitants de ma vo¬
lière qui sont originaires du Gabon et du Sénégal :
soit habitude d’un aliment plus tendre et plus facile à
saisir, soit influence de la nouvelle température dans
laquelle ils vivent aujourd’hui, ces pensionnaires ne
font pas beaucoup fête di\i mil chandelle , leur compa¬
triote cependant. Ils s’attaquent de préférence au
Millet commun, à graines rondes ou aplaties; tandis
que, à coté d'eux, — dans un compartiment voisin,
ménagé dans des vues de bonne harmonie, - les
bouvreuils, les mésanges, les tarins, les chardonnerets
et même les serins, tous nés en Normandie, quittent
volontiers leur nourriture habituelle pour piller la fa¬
meuse c/m exotique.
%
NOTE
sur le
PHYCOMICES NITENS,
Par M. MALBRANCHE.
- ■ - — ' '
SÉANCE DU 4 Avril 1867. •
4
Le Phycomyces nitens que je présente à la Société
a été recueilli sur des résidas de graine de Perse
abandonnés depuis longtemps. Il n’a été observé en¬
core que sur les graines oléagineuses ou diverses subs¬
tances imprégnées d’huile , mais les graines tincto¬
riales précitées contiennent sans doute , comme plu¬
sieurs autres liharnnus , une amande huileuse , qui a
facilité le développement du cryptogame.
Le Phycomyces n’est pas nouveau pour la flore fran¬
çaise : MM. N. Joly et Clos , qui croyaient, en 1865 ,
que ce champignon n’avait jamais élé signalé en
France , ne connaissaient pas le travail du D*’ Mon¬
tagne, paru en 1852 (1), ni la publication faite en 1854
par Mougeot dans les Stlrp. Voges, n® 1351. 11 y a près
de vingt ans que M, de-Brébisson l’avait également
rencontré,. Du reste , la description qu’en ont faite
(1) Journal de l'inslilull n" 963, 1852.
MM. Joly et Clos et la figure qu’ils ont donnée sont
parfaitement exactes (1). Ce fut Agard . en 1817 , qui
découvrit le premier cette plante en Finlande. Ne la
connaissant encore qu’imparfaitement, il la comprit
avec doute dans la tribu des Ulves, sous le nom à’Ul-
va nitens, nom dû à l’aspect filamenteux, gras et brillant
qu'elle présente. I>epuis , en 1824, Kunze, ayant pu
observer la plante en fructification , lui assigna une
place plus rationnelle dans la classe des champignons,
et la décrivit sous le nom de Phycomyces nitens , vou¬
lant rappeler par ce mot Phycomyces (algue champi¬
gnon), comme FobservenfMM. Joly et Clos, sa double
affinité. Elle appartient à l’ordre des Phycomycetes et
au sous-ordre des Mucorinées de Fries. Payer, dans sa
Botanique cryptogamiquCy la place dans l’ordre des
Trichosporées et la famille des Botrytidées. Il écrit
Physcomyces (est-ce par euphémisme? ) et caractérise
ainsi ce genre : Flocci érectif continuiy simplicesy apîce
in vesiculam pyrifornien inflati^ sporæ in acervulos col-
Icctæ.
(t) Mém. de VAcad. des Inscript, et Belles-Lettres de Toulouse;
1865.
NOTE
SUR UN
MODE PARTICULIER DE MULTIPLICATION
ou
Par M. DUHAMEL, de Camembert.
SÉANCE DU 2 Mai 1867.
\
Non-seulement cette plante se perpétue comme ses
congénères par ses semences, mais plus particulière¬
ment par le détachement de ses faisceaux axillaires. J’ai
remarqué que, vers la fin de décembre ou le commen¬
cement de janvier, cette plante perd sa belle couleur
verte, et, peu à peu, les glomérules se détachent de la
tige pour s’implanter dans le sol et y développer leurs
racines, de sorte qu’au printemps on peut disposer
d’une quantité de jeunes plantes, qui sont d’un très
bel effet pour bordure. Je signale ce fait ; je pense bien
que d’autres naturalistes l’auront observé avant moi,
mais, ne l’ayant pas vu cité, j’ai cru qu’il était utile
de le faire connaître dans l’intérêt de la science.
NOTE
SUR LE
R A PH ANUS CAUDATUS,
Par 11. D. BEliliE^CO^TRE.
SÉANCE DU 4 Juillet 1868.
Je n’aurais pas songé, Messieurs, à mettre sous vos
yeux cette plante, dont l’histoire appartient à plus
juste titre à la science horticole, si elle n’avait pour
elle l’attrait de la nouveauté et d’une végétation vrai¬
ment curieuse.
Le Raplianus caudatus, famille des crucifères, est
une espèce singulière de radis, importée de l’Inde ; il
croît à Java, où il est connu sous le nom de Mongri. —
Introduit d’abord en Angleterre, M. William Bull, le
premier le présenta à l’Exposition internationale d’Hor-
ticulture de Londres, en mai 1866. La même année, il
apparut en France.
Cette siliqueuse croît très vite; malgré son origine,
elle pousse bien en serre et même en pleine terre dans
notre climat; deux mois à peine après le semis,
elle donne des fleurs à profusion, et les siliques * at¬
teignent, en peu de temps, une dimension extraordi¬
naire ; elles poussent pj^rfoisdeSà 9 centimètres en
493
une nuit, — elles ont de 50 à 90 centimètres de lon¬
gueur. MM. Renault et Lavoisey, de Gaudebec-lès-
Elbeuf, à l’obligeance desquels je dois ces échan¬
tillons, et qui, à l’une des dernières séances de la So¬
ciété d’Horticulture de la Seine-Inférieure, avaient
exposé plusieurs’ de ces plantes en pleine fructification,
ont envoyé plusieurs pieds à l’Exposition universelle,
dont quelques fruits ont atteint 1 mètre 20 centi¬
mètres; chaque pied produit 15 à 20 siliques, de cou¬
leurs vertes ou pourpres, affectant souvent les formes
les plus bizarres.
Ces siliques sont comestibles — à moitié mûres ; —
dans quelques parties de l’Inde , elles se mangent en
salade ou marinées; à maturité, les graines se servent
cuites, comme des petits pois.
Ces siliques, ainsi que les graines, ont une saveur
piquante assez agréable, qui rappelle beaucoup celle
du Raifort de Parisiens; elles sont un puissant sti¬
mulant de l’appareil digestif, excitent vivement l’ap¬
pétit et sont, contrairement au Raphmius satîvus, d’une
facile digestion.
NOTE
SUR UE
DIMORPHISME,
A propos de la présentation d’un Mimosa offrant celte anomalie.
Par 11. MALilIRAIVCÜE.
SÉANCE DU 4 Juillet 1867.
Depuis longtemps, on avait observé dans les jardins
que certaines plantes se présentaient quelquefois, sans
cause appréciable, avec des différences dans la forme
des feuilles, des tiges ou des fleurs; on désignait ces
anomalies sous le nom ^.'accidents. Aujourd’hui, ces
phénomènes, mieux étudiés et mieux compris, ont été
classés sous le nom de Dimorphisme. Les planteâ di¬
morphes sont susceptibles de se développer sous deux
formes plus ou moins distinctes. Dans cet état anormal,
qui ne leur est pas habituel, certaines plantes ont été
méconnues et décrites comme des espèces particulières,
et, chose plus étonnante, placées dans des genres aux¬
quels elles n’appartenaient nullement Des nomencla-
teurs, trop hâtés, n’avaient pas attendu la floraison
495
pour classeï ces individus dont on ne soupçonnait pas
l’hétérogénéité .
Ainsi , on a décrit sous le nom de Podocarpus
Koraiana une forme du Cephalotaxus pedunculata.
M. Garriève a reconnu cette erreur dans les cir¬
constances suivantes :
En faisant des boutures de Podocarpus, il en vit une
qui développa des branches horizontales et qui prit tout-
à-fait Taspect du Cephalotaxus. L’habile chef des pépi¬
nières du Muséum fait à ce sujet la remarque qu’il
doit y avoir un certain rapport entre la symétrie des
feuilles et la position des rameaux. Ainsi, dans les
deux formes dont il est question et auxquelles nous
conserverons leurs noms en attendant que l’on décide
celle qui doit perdre le sien , le Podocarpus a des ra¬
meaux dressés et des feuilles éparses, et le Cephalotaxus
des rameaux verticillés horizontaux avec des feuilles
distiques. La disquitè -des feuilles correspond à V hori¬
zontalité des rameaux. Nous voyons, en effet, dans Ja
plupart des conifères (Ifs, Sapins, Cephalotaxus), où les
feuilles sont distiques et les branches horizontales, ces
mêmes feuilles éparses sur l’axe qui s’élève vertica¬
lement.
Le Taxas hybernica n’est qu’une forme du T. baccata
(if commun )
Au Muséum de Paris, on voyait il y a quelques
années, dans le jardin, un Hartogia capensis qui n’était
qu’un Laurier amande [Lauro cerasus vulgaris) à feuilles
étroites. Il existe à la vérité un Hartogia vrai, mais qui
n’a aucun rapport par son port et son inflorescence.
W Osrnanthus Fortunei, qui représente au Jap'on notre
Houx, est sujetcommelui au dimorphisme des feuilles.
496
Nous voyons, en effet, des arbres un peu âgés ne plus
présenter que des feuilles entières nullement épi¬
neuses, ce qui leur donne un aspect tout particulier.
Le Hêtre à feuilles de Fougères ou à feuilles de
Camptonia est encore un exemple commun de ce dimor¬
phisme des feuilles. Ces phénomènes et beaucoup
d’autres, ont été classés à un autre point de vue dans
une classification tératologique des anomalies, sous le
nom à'Hétérophyllie.
Citons encore un fait curieux plus récent: un écus¬
son de rosier à cent feuilles moussues a donné nais¬
sance à deux rameaux, fun reproduisant cette forme,
et l’autre le type de la rose à cent feuilles vulgaire.
J’arrive enfin au spécimen que j’ai l’honneur de pré¬
senter à la Société, et qui m’a paru assez intéressant
par l’existence simultanée des deux formes propres à
%
cette plante .
On sait qu’il existe dans la famille des légumineuses
un assez grand nombre d’espèces qui portent des
feuilles simples. Cette disposition, en opposition avec
tout le reste de la famille, fit bien vite reconnaître ce
qu'elle avait d’anormal, et on désigna ces nouveaux or¬
ganes d’apparence foliacée sous le nom de Phyllodes
C’esten effet le pétiole de la feuille qui s’élargit et sup¬
plée à son absence. Quelques-unes des plantes à
phyllodes, comme celle que vous voyez là, commencent
par avoir de véritables feuilles , composées d’une paire
de pennes. Le Mimosa longissima que je mets sous vos
yeux et plusieurs autres {lo7igifolia^ floribimda , sophora]
offrent cette particularité. Vous remarquerez que ,
sans transition aucune, les feuilles passent d’un état à
l’autre. Les feuilles composées du premier âg#ne per-
sistent pas longtemps, et les plantes adultes ne présen¬
tent plus que des feuilles simples (phyllodes). C’est une
sorte de diniorphisme dont on a besoin d’être averti.
La nature est là, pour ainsi dire, prise sur le fait, et, si
l’on s’en était rapporté aux premiers développements
du semis, on aurait bien pu méconnaître la véritable
nature de la plante. '
EXTRAIT D’UN RAPPORT
sül\ LES
IMALES DES SCMES NATERELLES.
N“ DE FÉVRIER 1867, •
Far M.
SÉANCE DU i29 Décembre 1867.
Au nombre des sujets contenus dans les Annales
des Sciences naturelles , nous avons lu avec beaucoup
d’intérêt un travail de M. E. Rose, sur les anthérozoïdes
des cryptogames ; c’est surtout sur cet article , fort
intéressant , que nous demanderons cà la Société de
nous étendre un peu plus.
Avant d’entrer dans l’examen du mémoire de
M. Rose et pour en saisir mieux tout l’intérêt, nous
dirons que l’on entend par Anthérozoïdes, en général,
des corpuscules motiles, regardés comme les organes
fécondateurs ou mâles, dans les cryptogames, et re¬
présentant les étamines, dont l’anthère est une des
parties des phanérogames .
MM. Thuret, Pringshein et Colin, après avoir étu¬
dié la fonction réservée aux anthérozoïdes dans la fé¬
condation des algues, s’étaient trop hâtés de générali¬
ser des faits qu’il n’était pas possible de constater avec
499 —
certitude chez les autres classes de cryptogames, de
sorte qu’on admettait que ces corpuscules motiles
étaient tout entiers les représentants de l’élément fé¬
condateur, et que la fécondation, parle fait même de
ces filaments séminaux, devrait être toute difiérentede
celle des phanérogames. Grâce aux progrès do l’op¬
tique , cette manière de voir ne tarda pas à se mo¬
difier .
Schacht, le premier, dans un de ses mémoires, resti¬
tue à l’anthérozoïde la structure compliquée qu’on lui
refusait, en établissant que l’anthérozoïde est « un
corpuscule mou et extensible, porteur de deux ou plu¬
sieurs cils, répondant aune cellule qui serait, il est
vrai, dépourvue de tissu cellulaire, mais limitée par
une ^enveloppe protoplasmatique , contenant elle-
même un liquide granuleux et se prolongeant au de¬
hors en cils d’une extrême ténuité. »
' Malheureusement, les observations de Schacht ne re¬
posaient quesur quelques groupes de cryptogames. M.
Rose, dans le mémoire qui nous occupe, a tenté de com¬
bler cette lacune, en observant dans toutes les classes
de cryptogames, les phénomènes qui se passent pendant
etaprès le mouvement ciliaire de l’anthérozoïde, et ar¬
riva à formuler que l’anthérozoïde est un tout composé
de deux parties bien distinctes: l’une, dont la vitalité est
accuséepar le mouvement, c’est l’appareil moteur ;
l’autre, qui semble jouir d’une vitalité propre, c’est
l’élément fécondateur.
M. Rose commence par l’examen de l’anthérozoïde
dans les algues :
Dans cette classe de végétaux, ses observations ont
porté sur les anthérozoïdes du F. serratus , dont voici
500 ~
la structure ; c’est une vésicule allongée, hyaline, qui
contient, vers le milieu de sa longueur, un granulé
orangé, dont chaque extrémité est terminée par un cil
vibratile. En présence de l’eau de mer, cette vésiciüe
se gonfle, et, au bout d’un certain temps, présente la
forme d’un globule spliéroïdal; alorsle granule orangé
pri mitif se fractionne en trois ou quatre fragments,
et les cils s’atrophient insensiblement. Il y a là deux
phénomènes à noter : la vitalité manifeste de la vési»-
cule et l’anéantissement graduel des organes moteurs.
Puis, il passe au groupe des Characées, dans lequel il
trouve l’anthérozoïde constitué par un filament bi-ci-
lié, à trois tours de spire ; les deux cils sont insérés
vers l’extrémité antérieure, et à l’autre extrémité, le
filament se boursoufle et ressemble à une vésicule al¬
longée qui, aussitôt que le corpuscule est devenu
inerte, se gonfle peu à peu, et, par l’effet endosmo-
^ tique de l’eau ambiante, prend la forme d’un sphé¬
roïde dans lequel s’agitent un grand nombre de gra¬
nulations . Quant au filament cilié, il perd toute sa
rigidité.
La structure des anthérozoïdes, dans les Muscinées,
présente des différences très sensibles dans les trois
groupes de cette famille ; ainsi, dans les Hépatiques ,
l’anthérozoïde est un filament bi-cilié, décrivant de un
et demi à trois tours de spire, et terminé par un ap¬
pendice vésiculiforme qui se comporte au sein du
liquide, comme celui de l’anth : des Characées. Dans
les Sphaignes , la forme de l’antherozoïde se rapproche
beaucoup du type des hépatiques, mais ce qui lui est
toiit-à-fait spécial, c’est l’organisation meme de la vé¬
sicule allongée, qui est remplie par un grain de fécule.
se nioulaiit entièrement sur son enveloppe ; sousTin-
fluence de l’eau, cette vésicule se gonfle, prend la
forme sphéroïdale, et laisse voir alors le granule amy¬
lacé, oscillant dans le liquide dont elle est remplie.
La structure de l’antheroz. : des d/oitsses proprement
dites, leur est tout-à-fait particulière ; là, en elîet, la
substance assimilatrice, au lieu d’être enveloppée dans
une vésicule protectrice, est libre et appliquée sur le
filament spiral bi-cilié, dont elle se sépare après l’iner¬
tie de cet organe moteur. De quelque façon qu’on en¬
visage ce fait, il est difficile de ne pas voir là une
substance assirnilatrice parfaitement définie, libre, et,
de l’autre, un organe moteur indépendant, dont la
fonction cesse avecle mouvement qui lui est propre.
Dans les Equisétacées, le type normal de l’anthéro¬
zoïde est une spire hélicoïdale, ciliée sur sa partie su¬
périeure, et dont le dernier tour, en s’élargissant, em¬
brasse, en la contournant, plus du tiers de la vésicule,
captive.
L’anthérozoïde, même immobile, se présente sous
la forme d’un sphéroïde. Sa structure s’oppose à une
prompte progression Les derniers phénomènes du
corpuscule inerte consistent dans la transformation
des granules amylacés primitifs en une sorte de mu¬
cilage granuleux, et dans le gonflement de la vésicule
qui finit par éclater dans le liquide environnant .
Dans les Fougères , la conformation de l’anthéro¬
zoïde se rapporte à celle de l’anth : des Equisétacées,
mais chacun des tours de sa spire-ciliée se déroule fa¬
cilement en s’allongeant, et cette légère transforma¬
tion lui donne un mouvement de progression plus
rapide et la fait ressembler à un ruban cylindroïde.
— 502
Dans les Isoélées, la spire de l’anthérozoïde a la
forme d’un filament cylindroïde surmonté d’une
crête de cils : ce filament jouit de la faculté de se dé¬
rouler et de s’allonger dans presque toute sa longueur,
puis, dans la période d’inertie, il se trouve enroulé en
spirale autour de la vésicule-
Bsins les S élaglnellées , les anthérozoïdes sont cons¬
titués par un filament bi-cilié, enroulé en spirale au¬
tour d’une vésicule dont l’intérieur présente cinq ou
six granules- Le mouvement du corpucsule, dû à l’a¬
gitation ciliaire, peut se ramener à une rotation au¬
tour de son axe .
Dans les Rhizocarpées^ l’appareil moteur, représenté
par un filament cilié dans presque toute sa longueur,
est très manifestement indépendant de la vésicule, qui
renferme six à huit granules amylacés, et subissant
les mêmes transformations que celles des anthéro¬
zoïdes des autre cryptogames.
On rencontre donc aussi, dans les Rhizocarpées,
deux parties bien distinctes d’un même tout, la vési¬
cule plasmatiqiie et l’appareil moteur
M- Rose termine son travail en concluant que l’an¬
thérozoïde n’est, en réalité, qu’un agent de transport
chargé d’opérer le rapprochement entre les deux élé¬
ments sexuels, car, au fond, ce qui sépare nettement
des phanérogames les cryptogames doués de ces cor¬
puscules motiles, c’est le milieu qui sert à faciliter ce
rapprochement : ce milieu, c’est l’air, pour les phané¬
rogames ; tandis que l’eau est le milieu nécessaire à la
fécondation de ces plantes inférieures, de même qu’elle
l’est aussi dans les animaux chez lesquels nous retrou¬
vons aussi un organe moteur dans les spermatozoïdes.
t
- 503 ~
Nous trouvons ensuite des observations organogé -
niques sur la fleur femelle des Carcx, par M. Caruel.
On sait que, dans le genre Carcx, chaque fleur fe¬
melle est entourée d’une enveloppe particulière
connue sous le nom d’utricule ou urcéole . Trois théo¬
ries ont été proposées pour en expliquer l’origine et la
nature : la première, de Lindley, considère l’urcéole
comme formée par la réunion de deux bractéoles op¬
posées, placées à droite et à gauche de la glume. D’a¬
près Kunth, l’urcéole représenterait une seule brac-
téole, à bords réunis, placée en opposition à la glume,
et produisant à son aisselle la fleur femelle. En der¬
nier lieu, Schleiden croit que la fleur femelle, née à
l’aisselle de la glume, serait entourée dans son origine
par* un périanthe cà trois pièces , dont deux latérales
se développeraient pour former l’urcéole par leur réu¬
nion, tandis que la troisième avorterait.
Les expériences de M. Caruel ont porté sur plu¬
sieurs espèces différentes, mais surtout sur le Carcx
penclula, à cause de ses gros épillets garnis d’appen¬
dices espacés. Il a suivi la fleur femelle de ceCarex de¬
puis son origine jusqu’à son entier développement, et
il en est arrivé à se rattacher entièrement à la théorie
, de Kunth.
/
GÉOLOGIK.
SUR L’ORDRE
DES
DÉPÔTS DILUVIENS DE LA VALLÉE DE L’ITON,
EN AMONT D’ÉVREUX,
Par M. H. CHÉREL fils.
SÉANCE DU 29 Décembre 1867.
J’ai lu avec un vif intérêt le mémoire en deux par¬
ties 5 intitulé Excursions géologiques aux environs
(EEvreuXt par M. Caffm, publié dans le Bulletin de la
Société des Amis des Sciences naturelles.
M. Caffm, je dois le dire en commençant, est un
de mes anciens camarades et mon ami.
C'est à ce double titre que je suis heureux de pou¬
voir lui témoigner publiquement toute ma reconnais¬
sance pour les communications scientifiques qu’il a
bien voulu me faire dans nos relations intimes.'
En homme essentiellement pratique, je voyais et
j’appréciais à ma manière et sans méthode les beau-
tés que la nature nous prodigue à tous si largement ,
mais tà la lecture des rapports géologiques de M. Caf-
fin, concernant notre localité, j’ai été saisi de l’ordre et
de la clarté qui président à l’exposition de ses re¬
marques.
J’avais déjà, du reste , été souvent le témoin de
ses recherches et de sa persistance dans les excursions
où je l’accompagnais.
Loin donc de vouloir discuter le mérite de ses allé¬
gations, je me propose, au contraire, de les appuyer
par l’exposition de quelques faits nouveaux, dont il
n’a pas eu connaissance, et qui' pourraient prendre
place à la suite du troisième chapitre, ayant pour titre :
Alluvions sableuses de la vallée de l’Iton^ en amont d’E-
vreux.
On y lit, page 439 : « Quoique le petit dépôt aré-
« nacé paraisse accidentel et limité à cette carrière
« d’Arnières, celui de l’asile des aliénés (Navarre),
« qui n’en est éloigné que d’un kilomètre en aval, sur
« la rive opposée, se présente dans les mêmes condi-
« tiens stratigraphiques ; tous deux sont au point ex-
c( trême de la vallée, ou, autrement dit, à la base de
(C l’inclinaison du coteam, avec cette dilférence no-
a table, toutefois, que 'sur ce nouveau point, le sable
« n’est plus caché sous des amas de galets, mais re-
« couvert par des alluvions purement argileuses ; les
« deux dépôts sont, du reste, identiques de composi-
« tion et d’étendue.
« Le sable est bien le même. C’est en creusant les
« fondations des murs extérieurs de cet établissement.
«« édifié , comme on le sait , tout au fond de la
« vallée et presqu’au niveau des prairies , qu’est
506
« apparue la partie supérieure de cette petite sablon-
nière.
« Le sable repose directement sur la craie strati-
« fiée, etc., etc.
J’ai signalé, en elïet, à M. Caffin un dépôt de sable
existant à Navarre, au fond de la vallée, dans l’éta¬
blissement même de l’asile des aliénés.
11 est situé tout près de la Cour des Furieux (quar¬
tier des hommes), et, sans l’opinion défavorable de ce
géologue sur la puissance probable de ce dépôt, j’au¬
rais très probablement, avec l’autorisation de l’admi¬
nistration supérieure, cherché à exploiter cette appa¬
rence de carrière, afin de rapprocher du centre d’ac¬
tion une ressource d’approvisionnement. Un sondage
pratiqué avec soin m’a bientôt prouvé que l’opinion
de M. Caffin était bien fondée, et j’ai abandonné ce pro¬
jet d’exploitation.
Mais, en creusant les bétoires destinées à recevoir
les eaux sales, dans les préaux des Gâteux (quartier des
femmes), j’ai rencontré, à une distance de quelques
mètres du premier dépôt, vers l’est, un autre dépôt sa¬
bleux, de même nature, d’un grain encore plus fin peut-
être, d’une pureté égale et smis aucune espèce de mélange.
Cette couche de sable était à deux mètres en con¬
tre-bas du sol naturel ; alors, dans le seul intérêt de la
science, et sans espérance de profit pour les travaux ,
j’ai cru devoir faire creuser plus profondément, afin
d’arriver à la solution de cette ruine sableuse, mais,
à la profondeur de 2 mètres 90 centimètres, j’ai dû
l’abandonner.
Déjà, du reste, dans la grande cour du quartier des
— 507 -
femmes, à 102 mètres de ce point, toujours à Test, un
des treize puits que j’ai fait ouvrir pour les besoins de
mon service m’avait permis de reconnaître la pré¬
sence de ce lit de sable, étendu sous les autres dépôts,
mais à une plus grande profondeur (environ 4 mètres
50 centimètres du sol naturel) ; au-dessous est apparue
la craie, et enfin beau, qui était alors le seul but de
mes recherches.
En résumé, la plupart des puits de service creusés
dans l’intérieur de l’établissement, jusqu’au niveau de
la rivière d’Iton, concourent à confirmer ce fait, déjà
observé par M. Caffin , sur un de ces points: que
partout au fond de cette vallée le sable repose directe¬
ment sur la craie , et que sa composition est homo¬
gène, d’un grain fin purement quartzeux et sans mé¬
lange .
Le concours de ces conditions donne, en effet, lieu
de croire que sa présence à ce niveau n’est pas le ré¬
sultat d’un glissement du haut du plateau, mais d’un
dépôt sédimen taire.
Le dépôt indiqué par M. Caffin est donc loin d’être
unique ou isolé; il se relie parfaitement à tous les
autres que j’ai observés, et l’ordre des matières
meubles qui les recouvrent est partout semblable.
Aussi la craie est recouverte par une épaisseur de
sables variant de 1 mètre 50 à 2 mètres 90 au moins, et
ils se trouvent eux-mêmes cachés , d’abord par les
cailloux roulés, et, ensuite, par des luvines, argiles, et
autres matières assez confusément mêlées
Voici, d’ailleurs, pour plus de clarté, le détail d’une
coupe prise à 6 mètres 50 du lit de la rivière ( dimen¬
sions moyennes) :
508
Terre végétale (humus). . , . . .
Qm
15
Diluvium (Limon argileux] .
0
90
Cailloux roulés, pesant quelquefois
depuis six jusqu’à dix kilogrammes.
2
75
Sables purs .
2
25
Craie . .
0
45
Total au-dessus de la craie blanche.
6m
50
(Etage sénonien.)
Nulle part, à ce niveau, le grain du sable
ne
diffèi
pour la finesse et la pureté, de celui des dépôts situés
sur les versants et sur les plateaux même . En effet, en
rappelant mes souvenirs, il ne sera pas superflu de
consigner ici tout d’ahord qu’en prévision de l’im¬
mense quantité de sable qu’il me faudrait employer
dans ces vastes constructions, j’ai fait pratiquer des
sondages en différents endroits, notamment dans le
bois du Défaut, dépendant de l’asile, comme étantplus
à proximité des travaux, sans pouvoir obtenir aucun
résultat satisfaisant ; partout au-dessous de la couche
la plus superficielle du diluvium, j’ai rencontré des sa¬
bles toujours mélangés, jamais purs, et prohibés dans les
# r
travaux de l’administration. Dans l’accotement de la
même route de Gonches, en face du moulin de l’asile .
je fis mettre à découvert un nouveau dépôt de sable
qui faisait présager quelques succès , mais , au bout de
deux jours, on avait épuisé la veine de ce sable granu¬
leux, excellent pour la construction, et force me fut
d’abandonner mes recherches de ce côté. '
Je fis chercher en d’autres endroits, et à 27 mètres
d’altitude dans le versant de la côte où se trouve
»
la carrière Maréchal (craie blanche pure , nettement
509 -
stratifiée) , à l’angle dubois de M. Portier, triége du
Bois-du-Roi , je découvris un nouveau dépôt de
sable d’une teinte rouge d’abord, et qui se décolorait
à mesure qu’on gagnait en profondeur ; mais , là en¬
core, la marne existait à une faible profondeur; enfin,
sur le plateau du même bois, et à 300 mètres du^ pré¬
cédent dépôt, sur le chemin de Gauyé , mes ouvriers
firent la rencontre, non pas d’un petit dépôt sableux ,
mais d’une véritable sablonnière qui prit une exten¬
sion telle, qu’elle suffit à alimenter nos grands tra¬
vaux , durant deux années consécutives. (Cette car¬
rière est aujourd’hui exploitée pour les besoins des
localités environnantes.) J’ai trouvé dans cette sa¬
blonnière, à 8 mètres en contre-bas de la couche de di¬
luvium, un sable (sablon) si fin et si blanc, qu'il au¬
rait pu, sans conteste, passer pour du sable des
carrière de Bérengeville ou de la Noë, recherché pour
la beauté des enduits et des plafonds qu’on en obtient
par un dosage sagement proportionné avec la chaux
grasse et le plâtre (mouvage).
J’ai fait avec ce sable une imitation de stuc qui, au
moyen d’une peinture au savon, refoulée à la truelle ,
ressemblait, à s’y méprendre, à l'enduit Thénard et
Darcier.
On rencontre encore des dépôts sableux dans le pe¬
tit bois longeant l’ancien chemin de Saint-Sébastien .
Au sommet et à gauche de la côte du buisson dont il
vient d’être parlé, et sur ce même littoral, c’est-à-dire
sur le plateau gauche delà vallée où se trouve la friche
qui longe l’ancienne route départementale d’Bvreux à
Gonches (par Glisolles), on a ouvert une sablière des-
tinée à approvisionner la fonderie d’Evreux. Le sable
qui eu provient est d’une teinte rouge, et d’une qua¬
lité précieuse pour les moulages de cet établissement.
On en a déjà extrait des quantités assez considéi-ables,
et tout porte à croire qn’elle pourra être encore long¬
temps exploitée pour cetusageavant son completépui-
sement.
Pour compléter cet exposé et pour en faciliter l’in-
telligence , j’ai dressé une coupe, transversale de la
vallée, partant du-sommet du Bois du Défaut jusqu'au
plateau de la forêt d’Evreux, limitée par le tunnel du
chemin de fer en regard de la papeterie de Navarre.
Elle indique les différentes altitudes et nivellements,
par rapport aux points de repaire de la voie ferrée et
passant dans l’axe des bâtiments de l’asile ; elle fait
connaître les différentes couches de «errain qui en
forment le sol naturel.
Nota. — Cette coupe, n’étant pas encore terminée,
sera adressée prochainement à la Société,
I
ANNÉE 1867.
BIBLIOTHÈQUE.
\
Dons offerts à la Société:
Noms des Donateurs.
MM. Bonissent.
Y. Châlel. . .
J. Col beau . .
Üiicoudré. ^ .
Etienne . . .
. Essai géologique sur le département de
la Manche, par M. Bonissent.
. Les Acarus des fruits, par M. Victor
Châtel ■
Notice sur une brouette agricole (Exp.
Univers. 1867) , parM . V. Châtel.
Maladie de la Vigne, par M- Victor
Châtel -
. Matériaux pour la faune malacologique
de Belgique, parM. J. Colheau.
Des variations normales de l’Aile, dans
l’espèce chez quelques Lépidoptères,
par MM . Sauveur et Colheau .
. Etude sur le Hannetonnage, par
M. Ducoudré.
. Esquisses historiques et biographiques
des progrès de la Botanique en An¬
gleterre , trad. de l’anglais, par
Richard Pulleney (2 vol.)
Noms (les Donateurs.
MM. Fairniaire . .
A. Lhomme. . .
*20 Envois
Angers
Bordeaux.
Relazione di laliinc escuzioni geolo-
giche faite nel clislretto di Messina.
Audamento e progressi del Tifobovino
iingarico in Slcilia.
Catologo delle piante vendibili nel
real orto botanico diPalermo.
Relazione dei travagli scienlitici ese-
gniti nell anno XXXIV delle Aca-
demia Gioenia di scienza naturali.
I
Ulleriori considerazioni sul basalte
appendice aile vulcanologia delT
Etna.
Monografie dei generi tracia et clava-
gella per servirealla faunadi Sicilia.
Memoria sopraalcuni Pleurotoni fossili
dei dintorni di Palermo.
Philosophie chimique ou vérités fon¬
damentales de la Chimie moderne ,
par Fourcroy.
des Sociétés correspondantes.
A — EN FRANCE .
Société linnéenne de Maine-et-Loire :
Annales, 9® année 1867.
Société Académique de Maine-et-
Loire :
Bulletin, t. XVII, XIX et XX.
Société des Sciences Naturelles de
Bordeaux :
xMémoires, l. III et IV.
513
Cherbourg. • . . Société impériale des Sciences de
Cherbourg.
Mémoires, 1. XII.
Chamhérv. . . . Société d’flistoire Naturelle de Savoie.
Compte-rendu de l’Assemblée géné-
générale (février 1867).
Colmar. . . . Société d’Histoirenaturelle de Colmar.
Bulletin 6^ et 7®. Année 1865-1866.
Mayenne .... Société d’Archéologie, Sciences, Arts
et Belles-Lettres de la Mayenne:
Bulletin, année 1865.
Metz . Société d’Histoire naturelle de la Mo¬
selle :
Bulletin, cahiers 9 et 10.
Paris. ... . Société Zoologique impériale d’Accli-
matation ;
Bulletin, janvier et février 1867.
- . Société Géologique de France :
Bulletin, année 1867. N“^ 1 à 5.
— Société d’Anthropologie:
Bulletin, janvier à juin 1867.
Privas ..... Société des Sciences naturelles de l’Ar¬
dèche :
Bulletin, t. I, II et III.
Bennes . Société des Sciences physiques et na¬
turelles d’Ille-et-Vilaine :
Mémoires, années 1863-1865,
2® livraisons
La Rochelle. . . Académie de La Rochelle (section des
Sciences):
Annales, années 1854 cà 1859, 1862 à
1865 et atlas.
33
1
Kouen ... . Société de Médecine:
L’Union médicaledelaSeine-Iiiférieurc,
22 à 25 .
— Société libre desPharmaciensdeîlonen:
Bulletin, année 1866.
Snint-Pol. • • • Société d’Agriculture de Tarrondisse-
mentde Saint-Pol (Pas-de-Calais):
Bulletin, année 1867.
Semur .... Société des Sciences historiques et
naturelles de Semur (Côte-d’Or) :
Bulletin 2« et .3^ Années 1865-66.
Strasbourg . . . Société des Sciences naturelle de Stras-
. bourg.
Bulletin, t. VI, 1"" livraison.
Vitry-le-Français. Société des Sciences et Arts de Vitry-
le-Français (Marne) :
Bulletin, 17 février 1861, 19 — février
1867.
B. — A l’étranger.
Brême . Société desSciencesnaturellesdeBrême;
Abhandlungen herausgegeben vom
Naturwissenschaftlichen vereine zu
. Brèmen. An 1866*67, vol. 1 , ca¬
hiers 1 et 2 .
Bruxelles. . . . Société Malacologique de Belgique :
Annales, t II.
Statuts de la Société.
Catalogue d’Exposition des animaux .
invertébrés.
SociétéRoyaledeBotaniquedeBelgique:
Bulletin, t. V et VI .
Genève . Société ornithologique de Suisse :
Bulletin, 1. 1 et II.
Vienne. ... Société impériale et royale de Zoolo¬
gie et de Botanique de Vienne :
Verhandlungen des Zoologisch-Bola-
%
nischen vereins in Wien , années
1855-56-57.
Verhandlungen des Kaiserlich-Koni-
glichen Zoologisch Botanischen ge-
sellschaft in Wien Années 1858-
59-60-62-63-64-65 et 66.
I
Liste des Travaux des années 1851 à
1855.
Liste des Travaux des années 1856 à
1860.
Festkranz zur zweiten Jahresfeier des
Z. B. Vereines in Wien-
Bericht uher die Osterreichische Lite-
ratur der Zoologie, Botanik und
Paléontologie.
Separatabdruck Naturvissenschaftl i-
cher abhandlungen aus den schriften
%
des Zoologisch-Botanischen vereins
in Wien-
Nachtrâge zu flora von Nieder
Oesterreich.
Nachtrâge zu Maly’s-Enumeratio plan-
tarum phanerogamicaruni Imperii
Ausiriasi universi.
Conlrihuzione délia fauna dei Mollus-
chi Dalniati.
ANNÉE 1867.
COLLECTIONS.
Dons offerts à la Société.
Noms (les Donateurs.
MM. D^’Boiiteiller. Coléoptères (Lucane et Scarabée).
— Zoophytes (3 échantill . indéterm).
— Fossiles (recueillis à Bruneval).
üe Boutteville. . Collection de Roches de Tharsis (prov.
de Huelva Espagne). '
De Brébisson . . • Collection de Diatomées normandes.
Breton . ■ . • • Géode contenant des cristaux de chaux
carbonatée.
Ducoudré • • • Salamandre terrestre.
— Corne d’Amimon, (env. de Paris) Am-
monnite de Bayeux.
— Roche à coquilles, (Yernon, rive gauche
de la Seine).
— Carbonate de chaux, (Vialas Lozère).
— Mousse pétrifiée (Arromanches Calva¬
dos) .
— Madrépores (Méditerranée).
— Pyrite de fer roulée, (ïréport Yonne).
517
Noms des Donateurs.
MM. Ducoudré. .
Etienne .
Fairmaire
Gosselin.
Leprou .
De Lérue. . ■ .
A. Lhomme- . .
Lieurv- . . . •
«il
Pinchon . . .
Roiistel .
Pyrite de fer et sulfure de zinc (Pom-
peau (llle-et-Yilaine).
Sulfure de zinc, (Poupeau llle-et-Vi-
laine).— Oxyde de zinc, idem.
Sulfure de plomb, idem.
Sulfure de plomb, (Vialas Lozère).
Tungstène (Limoges) .
Collection de Mousses des départements
de la Seine-Inférieure et de l’Eure.
Noix de Juglans.
Polypier (environs de Fécamp).
Crustacés et Zoophy tes(mers de l’Inde).
Ossements et dents fossiles (Caiidebec).
Mollusques alimentaires (époque ro¬
maine Caudebec).
Bois fossiles (La-Haye-Malherbe Eure).
Carbonate d’armoniaque, trouvé dans
le guano (Iles Chincha).
Epi de Holcus spicatus (Sénégal) .
Astéries.
Stalactite et pétrifications (Caumont).
Pecostoma fornicatum.
Laine d’Australie.
Coton de Cambodge.
Tourbes et lignites pyriteux (Forges-
les-Eaux) .
COMPOSITION DU liUBKAU
POUR 1867.
Président . . •
Vice - Présidents .
^Secrétaire . . .
Secrétaire rchwiste .
T résorier .
M. Emm. BL4NCHE.
M. HARLÉ^.
M. MALBRANCUE.
M. HÉBERT.
M. Jules ADELINE.
M. DESHAYES.
Conseil d^aflinlnistratiou :
\
MM. MM.
BOUSTEL, DE LA LONDE DU THIL.
DE BOUTTEVILLE^. BOUÏEILLER.
LISTE DES MEMBRES
DE LA
SOCIÉTÉ DES AMIS DES SCIENCES NATURELLES
AU 31 DÉCEMBRE 1867.
Bureau.
Président . M. Malbranche.
M. Harlé
M. Emm. Blanche.
Secrétaire . M. Hébert.
Secrétaire- Arclihiste ... M. Ducoudré.
, Trésorier . M. Deshays,
Couscil cl’aclniiiiistration.
MM. MM.
De La Londe du Thil. De Bouttevjlle
Rou^el. Bouteiller.
llciubrcs» liouoraircs.
AUTORITÉS.
Son Eminence Monseig'^ le Cardinal de Bonnechose O
archevêque de Rouen, Sénateur.
Le Baron Renault G C ^ , Sénateur, Général de division ,
commandant la 2® division militaire.
liC baron E. LeRoy G G Sénateur, Préfet du département
de la Seine-Inférieure.
M. Verdrel O Maire de la ville de Rouen.
M. Roger , inspecteur de l’Académie.
SAVANTS. I
M. Pouchet membre correspondant de l’Institut, direc¬
teur du Muséum , professeur à l’Ecole de Médecine et h
l’Ecole supérieure des Sciences de Rouen, etc.
M. deBrébisson, botaniste, à Falaise.
T ice- P résidents
Alciiibrcs».
iVlIVI.
18G5. Adam-Richard, horticulteur à Cautlebec-Iès-Elbeuf.
1806. Adeline (Jules), architecte, rue Eau-dè-Robec, 36 ,
à Rouen.
1865 Aize, chef d’institution, à Caen.
— Alexandre (Auguste) , propriétaire, rue du Contiat-
Social, 31, à Rouen.
1866. Allaire (Philibert), propriétaire, à Evreux.
1865, Apvrille, docteur-médecin , rue de Trianon, 4 , à
Sotteville-lès-Rouen.
— Barbier, médecin, boulev. St-Hilaire, 13, à Rouen.
1867. Barbier-Montaült, propriétaire à Poitiers.
1866. Baurain, rédacteur au bureau du secrétariat de la
Mairie, à Rouen.
1 865 . Bellencontre, médecin, rue Ecuyère, à Rouen,
— Bellencontre (Henri ), clerc de notaire.
1866. Bénard, pharmacien, au Havre.
— Bénard-Leduc, propriétaire, rue de l’Impératrice ,
2, à Rouen.
1865 Bertot, pharmacien, à Bayeux (Calvados).
— Besnou ^ , pharmacien en chef de la Marine en re¬
traite, inspecteur de l’Association normande, à
Avranches.
— Besselièvre (Charles), propriétaire, à Marommc.
1867. ' Beuzeron, chimiste, au Mesnil-Esnard .
1865. Bidault, docteur-médecin et membre du Conseil
central d'Hygiènc de l’Eure, à Evreux.
— Blanchard, pharmacien, rue Cauchoise, à Rouen.
— Blanche (Emmanuel), prolesseur à l’Ecole de Méde¬
cine et à l’Ecole supérieure des Sciences, membre
de l’Académie de Rouen, rue Beauvoisine , 63,
à Rouen.
1865. Blanche ( A.UVe(l) conseiller (rUtal , secrétaire
général de la Préfecture de la Seine, à Paris.
1867 Blanche (Antoine) avocat général à la Cour de
cassation, à Paris.
1 866 . Blosseville (marquis de), membre du Conseil général
de l’Eure, a Amfreville-la-Campagne (Eure).
— Boissel, imprimeur, rne de la Vicomté, 55, à Rouen.
1865. Bonnière-Néron, propriétaire, à Déville-lès-Rouen.
— Bonnin (Réné), ingénieur civil, à Evreiix.
— Bonissent , membre de la Société géologique de
France, aux Perques, près Cherbourg (Manche).
— Bourgeois, vétérinaire, rue de l’Hôtel-de-Ville, 49,
à Rouent
— r^ouTEiLLER, doctcur- iiiédecin , rue Impériale, 92,
à Rouen.
1867. Boutigny, pharmacien, à Forges-les-Eaiix .
1865 Breton, négociant, à Elbeuf.
— Bucaille (Ern.), commerçant, rne Saint-Vivien, 132,
à Rouen.
— Caffin, propriétaire, à Evreux.
1866. Canel, membre de l’Académie de Rouen , à Pont-
Audemer
1865 Carliez, pharmacien, à Fécamp.
1866. Carpentier ,' chef de bureau à la Mairie de Rouen,
rue de la Cigogne, 12.
— Charpentier (Casimir), propriétaire, aux Andelys.
— Charpentier (Jules), propriétaire, à Evreux.
1865. Chatel (V*"), propriétaire, à Valecongrain (Calvados).
1866 Chennevière (Edgard), étudiant, rue de l’Avalassc ,
21, à Rouen.
— Cheramy 61s, propriétaire, à Evreux.
1867. Chérel, entrepreneur de travaux publics, à Evreux.
1866. Clouet fils, interne, à l’hôpital de Lonreine, à Paris.
1865. CobErt, inspecteur de la Compagnie tle V Ancienne-
Mutuelle^ rue Chasselièvre, 3° impasse, à Rouen.
1865. Colas (l’abbé), chanoine, membre de rAcatlémie de
Rouen, nie de la (h’oix-de-Fcr, 4, à Rouen,
— CoLOMBEL, avocat, à Evreux.
— CoNDÉ, censeur au Lycée de Caen.
— CoQUEREL, employé de commerce, chez M. Saulreau-
Massy,rne delà Barrière, 41, à Elbeiif.
1866 . CoRDiER, propriétaire, rue du Bout-dn-Gard, à Cam
debec-lès-EIbeuf.
1867. Cretté de Palluel, ornithologiste à Paris .
1865. Cusson, avocat, secrétaire général de la mairie, à
Rouen.
1867. Damiens (Francis), employé de la préfecture de
' l’Eure, à Evreux.
1867. Daufresne, avocat, à Pont-Audemer.
1865 De Boislinard , contrôleur principal des Contribu¬
tions directes, pl, de la Rougemare, 16, à Rouen.
— De Boutteville propriétaire, grande rue Saint-
Gervais, 10 én, à Rouen.
1866. Debray (Ern.), propr., Grande-Rue, 33, au Havre.
1865. Decaen, pharmacien, à Lyons-la-Forêt (Eure).
— Delahaye , ingénieur civil , rue Ganterie , 34 , à
Rouen.
— De la Londe du Thil , président de la Société
d’Agriculture de rarrondissement du Havre, place
Saint-Ouen, 39, à Rouen.
— Delamare (Jules), maître teinturier, route de Darné-
tal, 93, à Rouen.
— De Lerue, chef de division à la Préfecture de Rouen,
membre de l’Académie de Rouen , rue de la Motte,
3, à Rouen.
1867. De Lépine , étudiant en médecine, quai de la
Grande-Chaussée, 72, à Rouen,
1866. Derocque, docteur-médecin, quai du Havre, 3.
Deshays, libraire, rue Beauvoisine, 9, à Rouen.
1865. Deswatines, docteur-médecin, à Eu.
1866. Devesly, à Paris-
1865 Dorey (l’abbé), chanoine, à Evreux.
— Douvre , docteur-médecin , rue de Fontenelle , 10,
à Rouen.
— Düclos , docteur-médecin , secrétaire perpétuel de
’ l’Académie de Rouen , rue Alain-Blanchard , 9 ,
à Rouen.
1866 Dücoté père, conseiller de Préfecture, rue des Car¬
mélites, 16, à Rouen.
1865. Ducoté (Eug.), avocat, rue Ganterie, 64, à Rouen.
— Dücoté (Jules) inspecteur des lignes télégraphiques ,
à Amiens.
»
1866. Duménil (L.), docteur-médecin, rne de l’Hotel-dc-
Ville, 45, à Rouen.
— Dupond (Eugène), ingénieur civil , à Vichy.
— Duvochel, artiste peintre, à Evreux. ,
1865. Dücoudré , membre de la Société Entomlogique de
France, censeur au Lycée de Limoges.
— Dücoudré (Jules), propriétaire, à Pacy-sur-Eure.
— Duhamel, botaniste, à Camembert (Orne).
— Duprey, pharmacien, professeur suppléant à l’Ecole
de Médecine , rue de la Grosse-Horloge , 62 , à
Rouen .
— Duveau, ingénieurcivil, ruedes Minimes, 10, à Rouen.
1866. Esnout, régent au collège de Mortain (Manche).
1865 Estaintot (Comte d’), maire de Fui tôt, vice-président
delà Société impériale'et centrale d’Horticidture de
la Seine-Inférieure, rue delà Cigogne, 8, à Rouen.
— Estaintot (Vicomte d’), avocat, membre de l’Aca¬
démie et président de la Société d’Emulation du
Commerce et de l’Industrie de Rouen , rue des
Arsins, 9, à Rouen.
— Etienne, pharmacien, à Elbeuf.
!86(>.
1865.
1867.
1865
1 867 .
1865.
1866
1865
1867.
1866.
Faucon (Kinile'), Secrélaire général tle la Direction des
Colonies an Ministère de la marine et des colonies,
à Paris.
Fairmairk (E.), naturaliste préparateur . rue de l’IJ-
niversité, 56, à Paris.
Fortin, docteur-médecin, président du Conseil cen¬
tral d’Hygiène et de Salubrité de l’Eure, à Évreux.
Gaillard, médecin, rue Eau-dc-Robec , 146, à
Rouen.
Gascard, pharmacien, rue du Bac, 47, à Rouen.
Georges, pharmacien, à Yerville.
Germiny ^ (le comte Adrien de) , receveur général du
département de la Seine -Inferieure, rue de la Seille,
6, à Rouen. •
Glanville (Léonce de), propriétaire , rue Bourg-
l’Abbé, 19, à Rouen.
Gosselin, pharmacien, à Caudebec-lès-Elbeuf.
CrRANDiN (Gustave), projH’iétaire à Elbeuf.
Guerie, pharmacien, rue Saint-Hilaire, 14, à
Rouen.
Gueroult, docteur-médecin, à Caudebec-en-Caux.
Gully, professeur de Mathématiques à l’Ecole muni¬
cipale, ruelmpériale, 100, à Rouen.
HarlÉ)^, ingénieur en chef des Mines, membre de
l’Académie de Rouen, rue du Moulinet, 13 , à
Rouen.
Hauchecorne, professeur au Lycée de Rouen.
IIaudrechy fils aîné, horticult. , côte Bihorel , à
Rouen.
IIaudrechy (Ph.), hort., côte Bihorel, à Rouen.
IIaudrechy (Ernest), hort., côte Bihorel, à Rouen.
Hébert, professeur au Lycée, à Limoges.
Hue (l’abbé), rue Dali[)hard, 19, à Rouen.
IzARN, propriétaire, à Evreux.
I
— 525 —
• I
1867. JouANNE, pharmacien à Ry.
— JuTET, médecin, à Lyon.
1865. Labigne, pharmacien, clos Saint-Marc, à Rouen.
— Lacaille fils, propriétaire, à Bolbec.
— Lair., juge de paix, trésorier de la Société d’HortieuI-
ture, rampe Bouvreuil, 82, à Rouen.
1866. Lallemand, docteur-médecin, à Dieppe.
— Langlois, avoué, rue Ganterie, à Rouen.
^ — Lapeyrüque, conducteur des ponts et chaussées,
à Evreux .
1865. Laurens, professeur au Lycée et à l’École supérieure
des Sciences, rue Impériale, 130, à Rouen.
— Laurens fils, étudiant , ruelmpériale, 130, à Rouen.
1867. Lebas, propriétaire, rue de la Grosse-Horloge, à
Rouen.
— Le Ber, ancien notaire, rue Poussin, 24, à Rouen.
— Lébehot, pharmacien, à Anlmiy-sur-Odon (Calvados).
— Lebouteiller, pharmacien, membre de la Société
Entomologique de France, rue des Charrettes, 125,
à Rouen.
1866. Lebret (E.), caissier chez mm. Deliquaire et Aabell,
quai de la Bourse, 19, à Rouen.
1865. Le Brüment, docteur-médecin, rue de l’Impératrice,
54, à Rouen
— Lecomte (l’abbé), aumônier au Lycée de Rouen.
— Lefebvre, médecin, rue Lafayelte, 137, à Rouen.
1867. Lefebvre, pharmacien, à Pacy-sur-Eure.
— Lefranc, ancien pharmacien, rue Malpaln, 76. à
Rouen .
1865. Lemesle, propriétaire, à Evreux.
— Lemettf.il , maître de pension , à Bolbec.
— Lepage, pharmacien, à Gisors (Eure).
— Lepage, pharmacien, à Caudebec-lès-Elbeul .
Leprou, propriétaire, rue du Chainp-tles-Oiseaux ,
82 B, à Rouen.
— 526 -
1865. Le Roy, (locteiir-mécleôin , rue des Capucins, 36, à
Rouen.
1866. Lesoueff, propriétaire, boulevard Cauclioise, 31,
à Rouen.
1865. Levasseur, docteur-médecin, rue de l’Ecole, 8, à
Rouen.
— Levoitürier, employé de commerce, chez MM. Blay
frères, rue du Pré-Bazille, 2, àElbeuf.
— Leudet, directeur de l’École de Médecine etde Phar¬
macie, rue de l’Impératrice, 15, à Rouen.
— Lévy (Auguste), professeur au Lycéeet à l’Ecolesupé-
rieure des Sciences, membre de l’Académie et de la
Société d’Emulation du Commerce etde l’Industrie,
rue de Joyeuse, 5, à Rouen.
— Lévy (Emile), négociant, quai Napoléon, 51, à Rouen.
1866. Luomme (Albert), à Caudebec-lès-Elbcuf.
1865. Lieury, propriétaire, à Saint-Jacques-sur Darnétal
— Lock, pharmacien, à Vernon (Eure).
— Londe, docteur-médecin, à Vernon (Eure).
— Malbranche, pharmacien de l’Hospice-Général, pro¬
fesseur à l’École normale, membre de l’Académie
de Rouen, rue de Joyeuse, 26, à Rouen,
— Manchon (Albert), négociant, rue de Crosne , 66 , à
Rouen .
1866. Marguerite (Alfred), étudiant en médecine.
1865. Marguery, négociant, quai du Havre, 1, à Rouen.
1867 . Marguery (Albert), quai du Havre, 1, à Rouen.
— Marguery (Paul), quai du Havre, 1, à Rouen.
— Marque, professeur, rue Daliphard, 20.
— Martin (René), à Chatellerault (Vienne).
1866. Martinet (Charles), propriétaire, rue du Maulé-
vrier, 11 , à Rouen.
1865* Mauduit, pépiniériste au Boisguillaume.
1866. Ménager, rue du Puits-de-la-Montée, à Sotteville.
I
527
1865. Mérf.aux (Am.), membre de l’Académie de Rouen,
rue du Champ-des-Oiseaux, 36, à Rouen.
— Merval (Stepli. de), propr., à Canteleu.
1867. Milliard, propriétaire, rue de l’Avalasse, 15, à
Rouen.
1865. Mirabel-Chambaud membre du Conseil général
delà Seine-Inférieure, à St-Germain-sur-Eaulne.
1866. Miroude (Adolphe), propriétaire, rue Lemire, 18,
à Rouen.
1865. Mocqüerys, chirurgien-dentiste, rue Grand-Pont, 58,
à Rouen.
— Mocqüerys 61s, membre de la Société Entomologique
de France, chirurgien-dentiste, àEvreux.
— Morière, professeur à la Faculté des Sciences de
Caen,
— Mûrisse, membre de plusieurs Sociétés savantes, à
Ocleville-sur-Montivilliers.
— Moulin membre du Conseil municipal, administra^
teur desHospices de Rouen, route de Darnétal, 75 .
— Muller, chimiste, rue de l’Hotel-de-Ville , 39, à
Rouen.
1867 Neveu, pharmacien, à Doudeville.
1865. Nicolle père, propriétaire, rue du Vert-Buisson, 2,
à Rouen.
— Nicolle 61s , docteur-médecin , secrétaire de la
Société d’Horticulture de Rouen , rue du Cor-
dier, 5, à Rouen.
1866 . Nomy, Censeur des études au lycée de Versailles.
1867 Nos d’Argence, ruedeGrammont, 4, à Rouen.
1865. Noury, professeur de dessin et de mathématicpies, à
Elbeuf.
1866. Noury (Arc.), naturaliste, à Elbeuf.
1865. Olivier, docteur-médecin, à Pout-de-l’Arclie.
— Omont, pharmacien, à Evreux.
I
528 —
1866. Ouin-Lf.pagf., maître de pension, à Elbenf.
— Papon (Ernest), propriétaire, à Evreux.
— Pfnnftifr, docteur-médecin, professeur à l’Ecole de
Médecine, rue Ganterie, 105, à Rouen.
— Pfrrft, naturaliste, à Louviers.
1866. Pesqurur, propriétaire, à Fécamj).
1865. Petit (Léon), avocat, à Evreux.
— PiCHARD , baïupiier , place du Gaillardbois , 8 , à
Rouen.
— PiMONT (Alfred), fabricant d’indiennes, rue de Fon-
tenelle, 36, à Rouen.
1866. I*iNCHON, pharmacien, à Elbeuf.
1865. Pinel , botaniste , secrétaire de correspondance de
la Société d’Horticulture et conservateur du Cime¬
tière monumental, à Rouen.
1866. Pion (Paul), teinturier, à Elbeuf.
— Pion (Alexandre), teinturier, à Elbeuf
1865. Prier, avocat-agréé au Tribunal de commerce, place
Saint-Eloi, 26, à Rouen.
1866. Quémont, pharmacien, rue Ganterie, 26, à Rouen.
— Quesné, docteur-médecin, à Pont-Audemer.
1865. Raupp (Alb.), propriétaire, boulevard Cauchoise, 53,
à Rouen.
— Réfuveille, médecin, rue de la Croix-de-Fer, 5, à
Rouen.
— Richer, pharmacien, ù Montivilliers.
1867. Rident, interne à l’Hospice-Général, à Rouen.
1866 Riduet (Camille), agent -voyer du canton d’Yvetot.
— Roberty ( le Pasteur )iSJ , rue de Lenôtre , 18, à
Rouen.
t
1865. Rondeaux (Henri), manufacturier, au Houlme.
1866. Rose, pharmacien, rue Beauvoisine , 66, à Rouen.
1865. Roustfi, , r»ie de la Chaîne, 16.
1867. Rouvin (Paul), à Elbeuf.
/
— 529 —
1865. Saffray, propriétaire, boulevard Beauvoisine, 73,
à Rouen.
— Saillard , chimiste, rue du Mont-Gargan , 37, à
Rouen.
— Sannier , horticulleiir , rue Mare-au-Trou , 1 , à
Rouen.
1866. Sauvage, teinturier, à Elbeuf.
— ScHLUMBERGER, propriétaire, rue du Bailliage, 14,
à Rouen.
1867. Simon (l’abbé), chapelain, rampe Saint-Hilaire, à
Rouen.
1865 SiNOQUET, ingénieur civil , professeur à l’Ecole supé¬
rieure des Sciences, rue Lemire, 3, à Rouen’.
- Tinel , docteur-médecin, , professeur à l’Ecole de
Médecine, rue de Crosne, 63, à Rouen.
— Turpin, propriétaire, membre de la Société d’Florti-
culture de Rouen, à Darnétal.
1867. Valois, ancien pharmacien, rue de Fontenay, à
Rouen .
1866. Vallois (Félix), propriétaire, rue de la Savonne¬
rie , 12, à Rouen.
1865. Vastel, ingénieur-dessinateur, rue Hérisson, 91 ,
à Sotteville.
— Vaucanu, docteur-médecin, à Yvetol.
1866. Verrier aîné, médecin -vétérinaire, rue de l’Hotel-
de-Ville, 49, à Rouen.
1865 Verrier jeune , médecin-vétérinaire , rue de l’Hôtel-
^ de-Ville, 49, à Rouen.
— ViÉNOT, avocat-agréé au Tribunal de commerce, rue
de la Vicomté, 37, à Rouen.
1866. ViNAY , membre du Conseil général de la Haute-
Loire, au Puy-en-Velay.
1865 VivET (Léon), professeur de langues , rue Eau-de-
Robec, 122, à Rouen.
34
530 -
1866. Vy (Alfred), (loctenr-médccin, à Bdheuf.
— Wright, professeur d’.inglais, au lycée (l’Aucli.
llcmlires clccédcs.
Chefdeville, notaire à Evreux.
Drveaux (François), membre de la Cliambre de Commerce,
à Rouen,
KIudelinne, emjiloyé comptable au Comptoir d’escompte ,
à Rouen.
Sociétés corrcspondaute.«i.
i® En France,
Angers. — Société Linéenne de Maiiie-et-Loire.
— Société académicjue de Maine-et-Loire.
Bordeaux. — Société des Sciences physiques et naturelles
de Bordeaux.
Cherbourg. — - Société Impériale des Sciences naturelles de
Cherbourg.
Chambéry, — Société d’Histoire naturelle de Savoie.
Colmar. — Société d’Ilistoire naturelle de Colmar.
Evreux. — Société libre d’Agricidture, Sciences, Arts et
Belles-Lettres de l’Eure,
Mayenne. — Société d’Archéologie, Sciences, Arts et
Belles-Lettres de la Alayenne.
Metz. — Société d’Hisloire naturelle de la Moselle.
Paris. — Société Impériale zoologique d’acclimatation
Société géologique de France.
Société d’Anthropologie.
Privas. — Société dés Sciences naturelles de l’Ardèche,
iNÎMES. — Académie du Gard.
Rennes .
~ Société (les Sciences physi(jues et naturelles
(rille et-Vilaine.
Rocheli.e (La). — Académie de La Rochelle.
Rouen. — Ac.ulémie impériale des Sciences, Belles-Lettres
et Arts de Rouen.
Société Impériale et Centrale d' Horticulture de
Rouen,
Société libre d’Emulation, du Commerce et de
l’Industrie.
Société de Médecine de Rouen,
Société libre des Pharmaciens de Rouen.
Saint-Pol. — Société (l’Agriculture de l’arrondissement de
Saint Pol (Pas-de-Calais).
Semur. — Société des Sciences histori(]ues et naturelles de
Semur (Cote-d’Or).
Strasbourg. — Société des Sciences naturelles de Stras¬
bourg.
Vitry-le-Francais. — Société des Sciences et Arts de
Vitrv-le-Fraucais.
2*^ A C Etranger,
i
Brème. — Société des Sciences naturelles de Brème.
Bruxelles, — 'Société malacologirjue de Belgique.
Société Royale de botanique de Belgiipie.
Genève. — Société ornithologique Suisse .
Vienne. — Société Impériale et royale de Zoologie et de
botani(jue de Vienne.
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Nota. — Les Membres et les Sociétés correspondantes dont le
nom ou les qualités auraient été inexactement indiqués sont priés
de vouloir bien faire connaître les rectilications à faire.
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TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
Conipte-rêndu des travaux de la Société, pendant
l’année 1867, par M. Hébert, secrétaire . 1
Sommaire des procés-verl)aux :
Séance du !«»’ janvier 1867 . 11
— 7 février — 14
— 7 mars ~ . . 17
— 4 avril — 18
— 2 mai — 21
— 6 juin - - . 24
— 4 juillet — 27
— 1er août — 28
— O septembre — 30
— 5 octobre — 53
— 7 novembre — 33
I
— 3 décembre — 38
Séance e.xtraordinaire du 29 décembre 1867. ... 40
Rapport sur le Bulletin de la Société des Sciences
physiques et naturelles de Bordeaux (1866), par M. le
Dr Levasseur . 44
Note sur un échantillon de laine présenté, le ‘
7 mars 1867, à la Société des Amis des Sciences natu¬
relles, par M. A. Pinchon . 34
134
Catalogue raisonné des oiseaux de la Seine-Infé¬
rieure, par M. E. Lemetteil (suite) . 50
Ilapport sur trois Oiseaux présentant divers états
pathologiques (offerts par M. Farniaire), par AI. Le-
METTEIL . 325
Note sur l’œuf de la poule d’eau Bâillon (gallimila
Daillonü, Temininck), par AI. Lemetteil . 529
Note sur l’Emberiza passerina (Pallas), par Al. Le¬
metteil. . . 331
Compte-rendu de l’excursion de la Société, à
Forges, le jeudi 14 juin 1867, par M. A. AIalbranche. 357
Compte-rendu du Congrès international de bota¬
nique tenu à Paris, du 16 au 25 août 1867, par
Al. A. AIaloranche . 54 i
Des genres en botanique, par Al. A. AIacdranche,
présenté au Congrès international de botanique,
août 1867 . . . . 358
Bapport sur les Jacinthes cultivées sous l’eau, par
Al. de Boutteville . 370
Objections au rapport de Al. de Boutteville sur les
Jacinthes, par Al. A. Pinchon . 594
Lichens de la Normandie, par Al. AIalbranche
(suite) . 398
Note sur le Holeus spicatus^ par Al. de Lérue . . 486
Note sur le Phy comices nitens^ par Al . AIalbranche. 489
Note sur un mode particulier de multiplication du
Spergula nodosa (Linnéj, par Al. Duhamel, de
Camembert . 491
Note sur le Raphams caiidatiis^ par Al. D. Hel-
LENCONTRE . 492
Note sur le Dimorphisme, à propos de la présenta¬
tion d’un Mimosa offrant cette anomalie, par M. AIal¬
branche . 494
Extrait d’un rapport sur les Annales des Sciences
naturelles, n^ de février 1867, par AI. Etienne . . . 498
Géologie. — Sur l’ordre des dépôts diluviens de la
135
vallée deriton, en amont d’Évreiix, parM. H. Chérel
fils . . , • . 504
Année 1867. — Bibliothèque . 51 1
Année 1867. — Collections . 516
Composition du Bureau pour 1867 . 518
Liste des Membres de la Société au 31 décembre
1867 . 519
I
Membres décédés . 530
Sociétés correspondantes, en France . 530
— — à l’étranger . 531
Houen. — lmp. de 11. Boissel, rue de la Vicomté, 55.