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Full text of "Bulletin"

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W.  G.  FARLOW 


SOCIÉTÉ 

* 

uns 

AMIS  DES  SCIENCES  NATURELLES 


DE  ROUEN. 


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SOCIÉTÉ 


DE  ROUEN. 


Troisième  année.  —  1867. 


ROUEN, 

IMPRIMERIE  DE  H.  BOISSEL 

Rue  de  la  Vicomté,  n°  55. 


1868. 


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i 


COMPTE-RENDU 


DES 

TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ 

PENDANT  L’ANNÉE  1867, 

PAR  M.  HÉBERT, 

Secrétaire. 


Messieurs  , 

Chaque  année  ramène,  pour  votre  secrétaire,  l’obli¬ 
gation  de  venir  vous  présenter  en  séance  le  Compte¬ 
rendu  des  travaux  accomplis  par  la  Société  pendant 
l’année  qui  vient  de  s’écouler.  C’est  à  la  fois  un  devoir 
et  un  plaisir  pour  lui,  puisqu’il  y  trouve  l’occasion  de 
reconnaître  et  de  constater  avec  vous  les  progrès  et  les 
rapides  développements  de  cette  Société,  à  laquelle 
nous  sommes  tous  dévoués ,  et  qui ,  quoique  bien 
jeune  encore,  a  déjà  su  se  faire  honorablement  sa  place 
au  milieu  des  Sociétés  sœurs.  En  est-il,  en  etfet,  un 
meilleur  témoignage  que  les  nombreuses  adhésions  de 
membres  nouveaux  qui,  de  toutes  les  parties  de  la 
France,  sont  venus  l’année  dernière  nous  apporter  le 
concours  de  leur  sympathie  et  de  leur  savoir,  que  la 
1 


bienveillance  des  hautes  administrations  qui  ont  bien 
voulu,  par  de  nouveaux  subsides,  ajouter  à  nos  res¬ 
sources  trop  bornées  et  nous  permettre  ainsi  d’élargir  le 
cadre  de  nos  publications,  que  les  suffrages  des  Sociétés 
les  plus  anciennes  et  les  plus  connues,  et,  en  particulier, 
de  la  première  d’entre  elles,  l’Académie  des  Sciences, 
qui  se  sont  empressées  d’accepter  l’échange  de  publica¬ 
tions  que  nous  leur  avions  offert.  Félicitons-nous  donc, 
Messieurs,  de  ce  rapide  succès,  qui  doit  être  pour  nous 
une  nouvelle  et  active  incitation  à  tendre  de  toutes 
nos  forces  vers  le  but  utile  que  nous  nous  sommes 
proposé  et  que  nous  devons  nous  efforcer  d’at¬ 
teindre. 

Mais,  si  le  Compte-rendu  nous  est  une  occasion 
de  nous  féliciter  du  succès  obtenu ,  il  doit  aussi 
nous  être  un  enseignement  pour  nous  permettre  de 
reconnaître  si  nous  avons  bien  fait  tous  nos  efforts 
pour  le  justifier  et  pour  le  maintenir,  si  tous  nous 
y  avons  coopéré  dans  la  mesure  de  nos  forces, 
si  nous  avons  essayé  d’aborder  toutes  les  questions 
qui  présentent  l’intérêt  le  plus  réel  et  le  plus  actuel. 
Qu’il  nous  soit  permis,  à  ce  sujet,  de  regretter  que 
trop  peu  de  membres  prennent  part  à  nos  travaux 
par  l’envoi  de  notes ,  de  mémoires  ou  de  commu¬ 
nications  diverses  ;  certes ,  nous  en  avons  un  bon 
nombre  qui,  toujours  sur  la  brèche,  nous  apportent 
chaque  mois  sur  des  sujets  divers  le  résultat  de  leurs 
recherches  et  de  leurs  études,  et  nous  ne  saurions  nous 
plaindre  de  les  entendre  trop  souvent,  il  y  a  pour  nous 
tous  instruction  et  profit  ;  mais  à  côté  d’eux  combien 
d’autres  pourraient  nous  faire  profiter  de  leurs  obser¬ 
vations,  et  parmi  eux  quelques-uns  qui,  après  nous 


—  3 


avoir,  par  leurs  premiers  travaux,  fait  concevoir  les 
plus  belles  espérances,  retenus  trop  souvent  par  les 
préoccupations  de  chaque  jour,  ont  gardé,  à  notre 
grand  regret ,  depuis  longtemps  le  silence  le  plus 
complet. 

Espérons  toutefois  que  cette  retraite  ne  sera  que 
momentanée  et  qu’ils  nous  dédommageront  bientôt, 
par  de  nouvelles  et  intéressantes  communications ,  de 
leur  absence  trop  prolongée.  N’oublions  pas  non  plus 
que  le  plus  petit  fait,  que  l’observation  la  plus  simple , 
pourvu  qu’elle  soit  exacte,  peuvent  avoir  en  histoire 
naturelle  leur  importance  sérieuse  et  devenir  même 
le  point  de  départ  de  recherches  nouvelles,  et  que,  à 
ce  titre,  il  n’est  aucun  de  nous  qui  ne  puisse  coopérer 
activement  à  nos  travaux. 

Permettez  -  moi  aussi  de  regretter  que  certaines 
parties  de  la  science  présentant  un  haut  intérêt  aient 
été  trop  négligées  parmi  nous  ;  c’est  ainsi  qu’en  zoologie, 
tandis  que  l’ornithologie  a  trouvé  dans  M.  Noury, 
dont  nous  regrettons  la  trop  .longue  abstention,  et 
dans  M.  Lemetteil,  de  zélés  et  ardents  travailleurs,  la 
mammalogie  n’a  encore  été  représentée  que  par  le 
catalogue  de  notre  vénéré  président,  M.  E.  Blanche,  qui 
nous  en  fait  toujours  désirer  l’achèvement  et  la  publi¬ 
cation;  l’erpétologie  avait  trouvé  en  M.Lieury,  pendant 
notre  première  année,  un  savant  interprète  que  nous 
nous  plaignons  de  n’avoir  pas  entendu  depuis  trop  long¬ 
temps,  enfin  l’ichthyologie,  qui  pourrait  devenir  dans 
notre  département  l’objet  de  recherches  si  importantes 
et  si  nombreuses,  a  été  jusqu’à  présent  entièrement  né¬ 
gligée.  Il  nous  serait  facile  de  constater  dans  les  autres 
branches  de  l’histoire  naturelle  des  lacunes  analogues 


et  regrettables.  Si  donc  nous  pouvons  nous  féliciter 
d’avoir  fait  déjà  quelque  chose  d’utile,  nous  devons  re¬ 
connaître  combien  surtout  il  nous  reste  encore  à 
accomplir,  et  c’est  ce  que  nous  démontrera  mieux 
encore  la  revue  que  nous  devons  faire  maintenant  des 
travaux  de  l’année. 

En  Zoologie,  M.  Lemetteil,  continuant  le  grand  et 
important  travail  qu’il  a  entrepris  et  qu’il  poursuit 
toujours  avec  son  ardeur  ordinaire  sur  l’étude  et  la  clas¬ 
sification  des  oiseaux  de  la  Seine-Inférieure,  vous  a 
présenté  cette  année  le  troisième  ordre  de  son  catalogue 
raisonné,  faisant  suite  aux  deux  ordres  déjà  publiés 
dans  le  Bulletin  de  1866. 

Vous  lui  devez  aussi  un  rapport  intéressant  sur  trois 
oiseaux  affectés  de  maladies  ou  de  difformités,  qui  nous 
avaient  été  adressés  de  Paris  par  notre  dévoué  confrère 
M.  Fairmaire,pourêtre  soumis  à  l'examen  de  la  Société; 
une  note  sur  l’oeuf  et  sur  le  mode  de  nidification  de  la 
po'ule  d’eau  Bâillon  [Gallinula  Baillonii  ^  Temm.)  qui 
étaient  encore  peu  connus,  bien  que  cet  oiseau  soit  assez 
commun  dans  notre  département.  Notre  confrère 
ayant  découvert  un  nid  de  cette  espèce  avec  des  œufs,  à 
Saint-Georges-sous-Gravenclion,  a  pu  nous  en  donner 
une  description  complète;  —  une  note  sur  une  espèce 
de  Bruant  découvert  par  Pallas  au  siècle  dernier  dans 
les  steppes  de  la  Russie  et  désignée  par  lui  sous  le 
nom  d' Emberizz a  passer ina,  mais  dont  l’existence  était 
réputée  douteuse  par  la  plupart  des  ornithologistes. 
Notre  zélé  confrère  a  été  assez  heureux  pour  tuer  sur 
les  marais  de  Lillebonne  un  oiseau  de  cette  espèce 
qu’il  nous  a  présenté  au  moment  où  un  autre  orni¬ 
thologiste  en  découvrait  un  au  marché  de  la  Vallée,  à 


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—  5  — 

Paris.  Dans  l’opinion  de  M.  Lemetteil,  cet  oiseau  ne 
serait  pas  très  rare  dans  nos  climats,  et  il  ne  serait 
passé  inaperçu  que  parce  qu’il  aurait  été  confondu  avec 
une  espèce  voisine,  le  Bruant  des  roseaux. 

Enfin  M.  Lemetteil  vous  a  présenté,  sur  la  partie  or¬ 
nithologique  du  Bulletin  de  la  Société  linnéenne  de 
Maine-et-Loire,  un  rapport  dans  lequel  il  analyse  et 
discute  avec  sa  science  bien  connue  un  travail  intéres¬ 
sant  de  M.  l’ahbé  Vincelot,  membre  de  cette  Société,  sui¬ 
tes  oiseaux  de  son  département. 

M.  le  D''  Levasseur,  à  propos  d’un  rapport  sur  le 
Bulletin'  de  la  Société  des  Sciences  physiques  et  natu¬ 
relles  de  Bordeaux,  a  présenté  dans  un  intéressant 
travail  Tbistorique  de  la  Transfusion  du  sang^  et  le  ré¬ 
sumé  des  recherches  nouvelles  accomplies  par  M.  le 
Dr  Oré,  de  Bordeaux,  sur  cet  important  et  puissant 
moyen  curatif.  Il  nous  promet ,  en  finissant ,  un 
second  rapport  que  le  premier  ne  peut  que  nous  faire 
désirer. 

M.  Pinchon  vous  a  communiqué  une  note  sur  fin 

« 

échantillon  de  laine  anomale  provenant  de  la  Nouvelle- 
Zélande  ;  espérons  que  notre  confrère,  dont  nous  retrou¬ 
verons  encore  le  nom  tout  à  l'heure,  nous  fera  profiter 
plus  souvent  des  intéressantes  observations  que  peut 
lui  permettre  la  position  qu’il  occupe  au  milieu  de  la 
ville  industrielle  d’Elbeuf. 

M.  Malhranche,  à  propos  d'un  travail  de  M.  Desion- 
champs,  vous  a  fait  une  communication  intéressante 
sur  le  corail  et  sur  la  pêche  à  laquelle  il  donne  lieu. 
Vous  lui  devez,  en  outre,  une  note  sur  des  œufs  de  raie 
présentés  par  lui  au  nom  de  M.  Leharbier. 

Vous  devez  à  M.  Lhomme  quelques  communications 


6  — 


sur  les  Brochets,  sur  les  Astéries  et  sur  le  Bernard- 
rHermite. 

L’Entomologie  ,  qui  a  beaucoup  perdu  au  départ  de 
M.  Ducoudré,  éloigné  de  nous  par  de  nouvelles  fonc-  . 
tions,  n’est  représentée  que  par  le  rapport  dû  à  M.  Le- 
bouteiller,  sur  l’excursion  accomplie  au  mois  de  juin 
par  la  Société  à  Forges-les-Eaux,  et  qui  a  offert  aux 
entomologistes  de  nombreuses  richesses  au  milieu  des¬ 
quelles  on  remarque  un  certain  nombre  d’espèces  nou¬ 
velles.  Nous  ne  pouvons  que  regretter  que  ceux  de  nos 
membres  qui  cultivent  cette  branche  intéressante 
n’aient  pu  jusqu’à  présent  compléter  par  une  nouvelle 
excursion  les  trouvailles  que  leur  promettait  un  ter¬ 
rain  riche  et  encore  peu  exploré. 

La  Botanique  est  toujours  la  partie  la  plus  riche  en 
communications  diverses  et  celle  qui  semble  réunir  le 
plus  grand  nombre  >  d’adhérents ,  sans  doute  parce 
qu’elle  est  aussi  la  plus  agréable.  Elle  a  donné  lieu 
cette  année  à  plusieurs  travaux  importants. 

M.  Malbranche  a  continué  la  publication  de  son 
grand  travail  sur  les  Lichens  de  Normandie,  dont  la 
première  partie  a  paru  dans  le  Bulletin  de  1866,  et 
dont  il  vous  offre  aujourd’hui  la  suite. 

C’est  aussi  à  M.  Malbranche  que  nous  devons  le 
rapport  sur  la  partie  botanique  de  l’excursion  à  Forges, 
rapport  dans  lequel  il  signale  quelques  trouvailles 

I 

intéressantes,  et  le  compte-rendu  du  Congrès  interna¬ 
tional  de  Botanique  qui  s’est  réuni  à  Paris  au  mois 
d’août  1867,  sous  les  auspices  de  la  Société  botanique 
de  France.  M.  Malbranche  a  présenté  à  ce  congrès  un 
travail  sur  les  genres  en  botanique,  dont  vous  avez  éga- 
ment  entendu  la  lecture. 


I 


—  7  ~ 

Vùus  devez  encore  à  M.  Malbranche,  outre  diverses 
expositions  de  plantes,  plusieurs  notes  :  Sur  le  Phy- 
comyces  nitens  ;  2“  sur  le  dimorphisme  à  propos  d’un 
mimosa  ofîrant  cette  anomalie  ;  3°  sur  les  Diatomacées 
à  propos  d'un  envoi  fait  par  M.  de  Brébisson  à  la 
Société. 

M.  de  Boutteville  vous  a  fait,  au  nom  d'une  commis¬ 
sion  désignée  à  ce  sujet,  un  rapport  sur  la  culture  des 
jacinthes  sous  l’eau,  rapport  dont  les  conclusions  ont 
été  combattues  dans  certaines  de  leurs  parties  par 
M.  Pinchon,  dans  une  note  dont  il  vous  a  donné  lec¬ 
ture.  Vous  devez  également  à  M.  Lhomme  quelques 
observations  sur  ce  sujet. 

L’éloignement  n’a  pas  empêché  M,  Duhamel  de 
nous  envoyer  deux  communications  :  l’une  sur  un 
mode  particulier  de  reproduction  d’une  caryophyllée, 
leSpergula  nodosa  (Linn.),'  l’autre  sur  certains  lilaires 
qu’il  avait  observés  sur  les  feuilles  de  certains  arbres, 
et  dont  l’étude,  renvoyée  à  M.  Clouet,  nous  a  valu,  de  la 
part  de  notre  jeune  collègue,  un  très  intéressant 
mémoire. 

M.  Etienne,  toujours  préoccupé  d’enrichir  nos  col¬ 
lections,  a  entrepris  de  réunir  pour  la  Société  la  collec¬ 
tion  complète  des  Mousses  du  département,  et  il  nous 
a  déjà  offert  en  plusieurs  fois  des  échantillons  de  plus 
de  100  espèces  différentes.  Il  a  en  outre  exposé  de 
nombreuses  plantes,  ou  nouvelles  ou  offrant  quelques 
particularités  remarquables.  Vous  lui  devez  enfin  la 
présentation  d’une  note  sur  le  Carex  depauperata,  et 
un  rapport  sur  un  numéro  des  Annales  des  Sciences 
naturelles,  dans  lequel  nous  devons  signaler  particu¬ 
lièrement  ce  qui  regarde  les  Anthérozoïdes  des  Crypto- 


-  8  — 


games  et  des  Observations  organogéniques  sur  la  fleur 
femelle  des  Car  ex. 

M.  Goquerel  vous  a  offert,  par  l’entremise  de 
M.  Etienne,  une  série  de  Cryptogames  du  départe¬ 
ment. 

L’étude  des  ouvrages  reçus  vous  a  valu  aussi  de 
M.  Lacaille  divers  rapports  sur  le  Bulletin  de  la  So¬ 
ciété  des  Sciences  et  Arts  de  Vitry-le-Français,  sur  les 
Annales  des  Sciences  naturelles,  sur  le  Bulletin  de  la 
Société  linnéenne  de  Maine-et-Loire,  sur  le  Bulletin  de 
la  Société  impériale  d’Acclimatation.  N’oublions  pas 
que  M.  Lacaille  est  un  des  plus  zélés  pourvoyeurs  de 
nos  séances  en  ce  qui  regarde  les  échantillons  bota¬ 
niques. 

Deux  notes,  dues  l’une  à  M.  de  Lérue,  sur  une  inté¬ 
ressante  espèce  de  millet  du  Sénégal,  le  Holcus  spica- 
tus,  qu’il  désirerait  voir  introduire  dans  nos  climats 
au  profit  de  nos  volières ,  l’autre,  de  M.  Bellencontre, 
sur  une  crucifère  de  l’Inde,  le  Raphanus  caudatus,  et 
diverses  expositions  de  plantes  faites  par  M.  Blanche, 
viennent  compléter  la  part  de  la  Botanique  dans  nos 
travaux  de  cette  année. 

En  Géologie,  nous  rencontrons  d’abord  un  travail 
sur  les  dépôts  diluviens  de  la  vallée  de  11  ton,  dû  à 
l’un  de  nos  nouveaux  membres,  M.  Ghérel,  d’Evreux, 
qui  a  voulu  par  là  payer  sa  bienvenue  dans  notre  So¬ 
ciété.  —  M.  Gaffm  continue  activement  ses  travaux  sur 
l’étude  géologique  des  environs  d’Evreux,  et  il  nous  a 
adressé  cette  année  le  quatrième  chapitre  de  ses  excur¬ 
sions,  relatif  à  l’étage  turonien  de  d’Orbigny;  il  nous 
a  donné  également  la  description  de  plusieurs  des 
Échinides  nouveaux  dus  à  ses  intéressantes  recherches 


—  9  -- 


dans  les  dépôts  sableux  de  Navarre  et  d’Arnières.  — 
Enfin  M.  Bonnin,  poursuivant  les  études  qu’il  a  inau¬ 
gurées  l’année  dernière  par  son  mémoire  sur  les  pertes 
de  riton,  nous  a  donné  la  première  partie  d’un  grand 
travail  d'ensemble  qu’il  prépare  sur  les  rivières  des 
départements  de  l’Eure  et  d’Eure-et-Loir. 

Qu’il  nous  soit  permis  à  ce  sujet  de  regretter  que 
tous  les  travaux  géologiques  semblent  tendre  à  se  con¬ 
centrer  de  plus  en  plus  dans  le  cercle  de  nos  membres 
d'Evreux,  et  que  ceux  de  nos  confrères  de  Rouen  qui, 
à  cet  égard,  nous  avaient  fait  concevoir  de  si  bonnes  • 
espérances,  éloignés  peut-être  par  les  affaires  et  les 
soucis  de  chaque  jour,  se  soient  abstenus  depuis  long¬ 
temps,  et  que,  ainsi  se  trouve  ajourné  le  but  séduisant 
que  nous  avait  montré  l’un  de  nos  vice-présidents, 
M.  Harlé,  en  nous  conviant  à  entreprendre  la  révision 
et  le  complément  de  la  carte  de  M.  Passy.  Espérons 
que  ce  ne  sera  qu’un  retard,  et  que  la  science  n'aura 
rien  à  y  perdre. 

N’oublions  pas  toutefois  que  M.  Gosselin  nous  a  plu¬ 
sieurs  fois  fait  part  des  fossiles  et  des  trouvailles  de  di¬ 
vers  genres  qu’il  avait  réalisées  aux  environs  d’Elbeuf, 
et  au  sujet  desquelles  il  nous  a  promis  un  travail; 
que  M.  de  Boutteville  nous  a  fait  une  communica¬ 
tions  des  plus  intéressantes  sur  les  découvertes,  dues  à 
M.  Em.  Ghesnée,  d’anciens  travaux  romains  dans  les 
mines  de  cuivre  de  Tharsis,  province  de  Huelva ,  en 
Espagne. 

L’ensemble  de  ces  travaux  suffit  pour  nous  démon¬ 
trer  que,  quelque  soient  les  regrets  que  j’ai  cru  pou¬ 
voir  exprimer  en  commençant,  nous  ne  sommes  pas 
restés  au-dessous  des  années  précédentes  ni  par  le 


—  10 


nombre,  ni  par  l’importance  des  sujets  traités,  et  gue¬ 
nons  n’avons  pas  cessé  de  mériter  les  encouragements 
de  tous  genres  qui  nous  ont  été  accordés  et  qui  nous 
seront  continués  à  l’avenir,  nous  en  avons  la  ferme 
espérance. 


SOMMAIRE 

S 

DES 

PROCÈS-VERBAUX. 


Séance  du  pi*  Janvier  1867. 


Pbésidence  de  M.  Malbranche. 


M.  le  D"*  Blanche,  président  sortant,  remercie  la 
Société  des  sympathies  qui  lui  ont  été  témoignées  et 
dont  il  gardera  précieusement  le  souvenir. 

M.  Malbranche  occupe  le  fauteuil  et  lit  le  discours 
suivant  : 

«  Messieurs, 

<  Vos  suffrages  ont  été  pour  moi  un  honneur  et  une 
satisfaction  et  je  vous  en  remercie  à  ce  double  titre  : 

•  un  honhèur,  puisque  je  ne  puis  y  méconnaître  une 
preuve  d’estime  et  de  confiance  dont  je  suis  profondé¬ 
ment  touché  ;  une  satisfaction,  car  je  me  vois  appelé 
à  diriger  les  travaux  d’une  Société  à  la  fondation  de 
laquelle  j’ai  pris  une  si  grande  part,  et  qui,  s’avançant 
aujourd’hui  pleine  de  sève  et  d'ardeur,  prend  une 
place  honorable  parmi  ses  sœurs  aînées. 


\ 


12  - 


«  Vous  vous  êtes  réjoui  avec  nous  de  la  faveur  qui  l’a 
accueillie  en  tous  lieux,  faveur  qui  s’est  traduite  par 
les  adhésions  nombreuses  qu'elle  a  réunies  et  par  les 
encouragements  qu’elle  a  trouvés  auprès  des  autorités 
locales  et  du  gouvernement.  Nous  y  verrons  tous  l’es¬ 
time  que  l’on  fait  de  son  but  et  de  sa  mission.  Toute 
jeune  encore,  ne  peut-on  pas  bien  augurer  de  l’avenir 
par  les  heureux  effets  qu’elle  a  produits  :  nous  lui 
devons  certainement  une  émulation  nouvelle  pour  les 
sciences  qu’elle  étudie,  et  la  révélation  inattendue 
pour  beaucoup  d’entre  nous,  d'amateurs,  ce  n’est  pas 
assez  dire,  de  connaisseurs  très  savants  dans  plusieurs 
branches  d'histoire  naturelle. 

«  Je  ne  me  dissimule  pas  que  ces  heureux  résultats 
sont  dus  surtout  à  l’honorabilité  de  mon  savant  pré¬ 
décesseur,  dont  la  sage  et  prudente  direction  a  sur¬ 
monté  les  obstacles  inséparables  d’une  organisation  et 
conquis  promptement  d’universelles  sympathies.  Les 
rigueurs  du  règlement  l’obligent  aujourd’hui  à  quitter 
la  présidence,  mais  j’ai  la  confiance  que  ses  conseils  et 
son  concours  ne  nous  feront  pas  défaut,  et  que  je 
pourrai  ainsi  accomplir  convenablement  la  tâche  que 
j’ai  acceptée. 

«  Je  n’oublie  pas  davantage  que,  si  nous  avons  déjà 
beaucoup  fait,  il  reste  encore  plus  à  faire  ;  l’installa¬ 
tion  de  nos  collections,  collections  que  plusieurs  mem¬ 
bres  à  ma  connaissance  sont  tout  prêts  à  augmenter  dès 
que  nous  pourrons  leur  donner  un  asile  convenable, 
la  création  d’une  bibliothèque  spéciale  aux  sciences 
naturelles,  l’organisation  de  comptes-rendus  réguliers 
des  principaux  organes  de  ces  sciences,  tels  sont  les 
premiers  objets  dont  nous  occuperons  dans  la  mesure 


de  nos  ressources,  bien  exiguës  pour  tout  ce  que  nous 
sentons  d’utile  à  entreprendre.  Régler  et  distribuer  les 
travaux,  encourager  et  provoquer  de  nouvelles  études, 

’  gérer  les  affaires  de  la  Société,  faire  respecter  le  règle¬ 
ment  :  telle  me  paraît  la  tâche  de  votre  président,  tel 
est  le  but  que  je  m’efforcerai  d’atteindre  avec  le  con¬ 
cours  de  mes  collègues  du  Bureau  et  de  MM.  les  Mem¬ 
bres  du  Conseil,  dont  je  n’aurai  qu’à  suivre  les  inspi¬ 
rations. 

«  Mais  le  Président  ne  peut  pas  seul  procurer  la  vie 
et  le  lustre  à  une  société ,  c’est  des  efforts  de  tous 
que  peut  résulter  cette  activité  et  cet  éclat  qui  en  font 
le  profit  et  l’honneur.  Amis  de  la  nature  ,  ne  cessons 
pas  de  l’observer,  «  elle  répond  volontiers,  dit  Schact , 
«  à  qui  se  plaît  à  l’interroger...  On  doit  la  suivre  pas 
«  à  pas  pour  la  surprendre  et  accueillir  avec  une  ef- 
«  fusion  de  reconnaissance  les  vérités  qu’elle  nous  dé- 
«  voile  (1).  »  On  peut  dire,  en  général,  de  l’étude  des 
diverses  branches  de  l’histoire  naturelle  ce  que  Jean 
Macé  dit  si  bien  de  l’étude  des  plantes  :  «  Elle  a  des 
a  émerveillements  joyeux  pour  l’enfant  qui  amis  une 
«  graine  en  terre  et  vient  la  regarder  pousser  tous  les 
((  matins ,  des  enseignements  gros  de  richesses  pour 
«  celui  qui  possède  de  la  terre,  des  abîmes  mystérieux 
«  pour  le  philosophe,  et  des  distractions  sans  cesse  re- 
«  naissantes  pour  Toisif  qui  voudrait  se  faire  observa- 
«  teur  (2).  y> 

M.  Malbranche,  en  terminant,  demande  un  vote  de 
remercîments  pour  M.  Blanche ,  ce  qui  est  accepté  par 
acclamation. 

(1)  Les  Arbres. 

(2)  Préface  de  La  Plante.  » 


Le  Secrétaire  présente,  au  nom  du  Trésorier  absent, 
un  aperçu  de  la  situation  de  la  Caisse  au  31  décembre 
1866. 

M.  le  D'  Bouteiller  présente  et  offre  à  la  Société  des 
fossiles  recueillis  à  Bruneval.  M.  Harlé  fait  observer 
que  c’est  à  Bruneval  que  finit  la  craie  chloritée  du  cap 
de  la  Hêve  ;  deux  de  ces  fossiles  appartiennent  à  cette 
craie;  une  térébratule  provient  de  la  craie  blanche. 

M.  Malbranclie  présente  ulmarius^  qui  se 

développe  souvent  sur  les  ormes  du  boulevard  et  peut 
acquérir  des  dimensions  énormes. 

Le  Secrétaire-Archiviste  dépose  la  liste  des  dons 
offerts  à  la  Société  en  1866. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  d’un  mémoire  de  M.  Caf- 
fin,  intitulé  :  Premières  limites  de  l’Etage  cénomanien  aux 
environs  d’Evreux. 

On  procède  à  l’élection  des  membres  de  la  Commis¬ 
sion  des  Finances  : 

Sont  nommés  :  MM.  Auguste  Alexandre  ,  De  la 
Londe  du  Thil,  Nicolle  père. 

Sont  nommés  membres  de  la  Société  :  MM.  Hauche- 
GORNE,  Lebas,  Neveu,  Millard,  Nos-d’Argence. 


Séance  du  7  Février  1867. 


Présidence  de  M.  Malbranche. 


La  correspondance  comprend  : 

» 

1"  Une  lettre  de  M.  le  Secrétaire  général  de  la  So¬ 
ciété  linnéenne  de  Bordeaux ,  annonçant  que  cette 


Société  accepte  la  proposition  d’échange  des  publica¬ 
tions  ; 

2®  Une  lettre  du  Secrétaire  de  la  Société  impériale 
d’Acclimation,  donnant  avis  de  la  réception  du  Bulle¬ 
tin  de  notre  Société  ; 

3®  Une  lettre  du  même  annonçant  que  le  Conseil 
de  cette  Société  a  autorisé  l’échange  des  publica-, 
tions. 

M.  Etienne  expose  sur  le  bureau  :  Fontinalis  anti- 
pyretica^  Bryum  argenteum^  Hookeria  lucens^  Bartra^ 
mia  pomiformiSj  Polytrichum  formosiLm ,  P.  nanum^ 

P.  aloides ,  Neckera  crispa ,  N.  viticulosa  ,  Orthotri- 
chum  anomalum ,  0.  crispum ,  Dicranum  scolianum , 
Z),  scoparium^  Eucalyta  vulgaris,  Euthostodon  piry forme, 
E.  ericetorum ,  Hypnum  abietinwn,  H.  tamariscinum  , 
H.  splendens,  Tetraphis  pellucida ,  Campifîorus  pilifer, 
Pterygonium  gracile. 

Il  expose,  en  outre,  un  cocon  trouvé  dans  un  co¬ 
quillage  du  genre  Murex. 

M.  Malbranche  expose  ,  au  nom  de  M.  Richard- 
Adam  ,  un  ver  intestinal  trouvé  dans  l’intérieur  d’un 
man;  M.  Apvrille  sait,  depuis  longtemps,  qu’un  para¬ 
site  s’introduit  dans  les  mans  et  les  détruit  en  grande 
quantité.  M.  Mocquerys  a  vu  fréquemment  des  filaires 
de  ce  genre  dans  les  insectes  et  dans  les  larves  ;  on  les 
voit  souvent  sortir  au  moment  où  l’insecte  va  mourir, 
mais  il  ne  lui  paraît  pas  qu’elles  s’opposent  aux  transfor¬ 
mations  successives  de  l’animal ,  puisqu’il  les  a  ren¬ 
contrées  dans  l’insecte  parfait.  M.  de  la  Loiide  du  Thil 
rapporte  que  cette  filaire  est  bien  connue  et  amène 
infailliblement  la  mort  de  l’animal  ;  la  Société  indus¬ 
trielle  de  Gompiègne  s’est  livrée  à  des  recherches  afin 


—  16 


de  trouver  le  moyen  de  la  développer  pour  arriver  à 
détruire  les  mans-  Les  résultats  ont  été  incomplets, 
cependant  dans  des  parties  de  prairies  pleines  de  crocus 
sauvages,  les  mans  étaient  tous  attaqués  et  périssaient. 
M.  de  la  Londe  du  Thil  réunira,  pour  le  présenter  à  la 
Société,  tout  ce  qui  a  été  publié  sur  ce  sujet. 

M.  Malbranche  présente  également  un  petit  cham¬ 
pignon  très  rare,  le  Tubercularia  rosea,  qui  croît  au 
milieu  des  touffes  de  Physeia  tinella^  sur  les  écorces  du 
peuplier  au  Petit-Quevilly.  , 

M.  Hébert  présente,  au  nom  de  M.  Gaffin,  un  cer¬ 
tain  nombre  d’exemplaires  des  intéressants  fossiles 
microscopiques  que  notre  laborieux  confrère  recueille 
dans  les  sables  de  Navarre  et  d’Aulnay. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  du  compte-rendu  des 
travaux  de  la  Société  pendant  l’année  1866. 

Sur  la  proposition  de  M.  le  Président,  des  remercî- 
ments  sont  votés  au  Secrétaire. 

Le  Secrétaire  lit  un  mémoire  de  M.  Gaffin,  intitulé  : 
Allumons  sableuses  de  la  vallée  de  Vlton^ 

M.  le  Président  donne  lecture  d’une  circulaire  de 
M.  le  Ministre  de  l’Instruction  publique,  relative  à  la 
formation  de  collections  locales  d’histoire  naturelle, 
pour  l’usage  de  l’enseignement  spécial.  On  pourrait  ré¬ 
pondre  à  cette  demande  ministérielle  en  installant, 
dans  les  dépendances  du  lycée,  les  collections  de  la 
Société. 

Renvoyé  à  l’examen  du  Gonseil  d’administration. 


17 


Séance  dn  7  Mars  1867. 

Présidence  de  M.  Malbranche. 


La  correspondance  comprend  : 

lo  Une  lettre  de  la  Société  des  Sciences  historiques 
et  naturelles  de  Sémur  (Côte-d’Or),  qui  annonce  l’envoi 
de  son  Bulletin  ; 

2®  Une  lettre  de  la  Société  d’ Archéologie,  Sciences, 
Arts  et  Belles-Lettres  de  la  Mayenne,  qui  demande  lՎ 
change  du  Bulletin  (accepté)  ; 

3®  Une  lettre  de  TAcadémie  du  Gard,  qui  accepte 
l’échange. 

M.  Blanche,  retenu  par  une  indisposition,  envoie  un 
certain  nombre  d’échantillons  du  Mihora  verna,  P. 
Beauv.,  trouvés  dans  les  champs  sablonneux,  près  les 
Chartreux.  Il  exprime  le  désir  que  chaque  fois  qu’un 
membre  apportera  ainsi  quelques  échantillons,  ils 
soient,  autant  que  possible,  assez  nombreux  pour  pou¬ 
voir  être  distribués. 

M.  Pinchon  présente  une  certaine  quantité  de  laine, 
offrant  un  certain  état  maladif,  qui  lui  a  été  remise  par 
M.  Paul  Pion,  d’Elbeuf,  et  lit  une  note  à  ce  sujet. 

MM.  Lhomme  et  Mocquerys  croient  que  cette  laine 
est  de  la  laine  d’agneau.  '  . 

t 

M.  le  Président  expose  deux  Jacinthes  en  fleur 

I 

plantées  en  terre,  mais  poussées  à  l’inverse  l’une  de 
l’autre  et  l’une  étant  sous  l’eau  ;  l’une  et  l’autre  ont 
poussé  avec  le  même  succès. 

Une  discussion  s’engage  sur  ce  singulierphénomène, 

2 


^  18  — 

MM.  de  Boutteville,  Lhomme,  Apvrille,  Pinel,  Bellen- 
contre,  Lemetteil,  Bonnière-Néron,  prennent  tour  à 
tour  la  parole  à  ce  sujet,  et  l’examen  de  cette  curieuse 
végétation  est  renvoyé  à  une  commission  composée  de 
MM.  de  Boutteville,  Malbranche  et  Apvrille. 

M.  De  Lérue  offre  à  la  Société  un  échantillon  d’une 
graminée,  Holcus  spicatus^  et  lit  une  note  à  ce  sujet. 

M.  Lemetteil  lit  un  rapport  sur  trois  oiseaux  offerts 
par  M.  Fairmaire,  qui  ont  été  renvoyés  dans  une  séance 
précédente  à  son  examen  :  un  Pic  epeiche  mâle,  pré¬ 
sentant  une  déviation  accidentelle  considérable  de  la 
mandibule  supérieure,  —  un  Pic  leuconote  atteint 
d’éléphantiasis,  —  et  une  Mésange  boréale  présentant 
une  hypertrophie  graisseuse. 

M.  Mocquerys  fait  une  observation  sur  l’éléphan- 
tiasis  en  général  et  dit  qu’il  est  produit  chez  l'homme 
par  la  piqûre  d’un  insecte  appelé  puce  pénétrante. 

L’ordre  du  jour  appelle  l'élection  d’un  trésorier  en 
remplacement  de  M.  Muller  démissionnaire. 

M.  Desha-ys  ayant  obtenu  la  majorité  des  suffrages 
est  proclamé  trésorier. 

Séance  du  4  Avril  1867. 

i  ,  c  • 

Présidence  de  M.  Malbranche. 

La  correspondance  comprend  : 

1®  Une  lettre  de  la  Société  des  Sciences  physiques  et 
naturelles  de  Bordeaux,  qui  accepte  l’échange  des  Bul¬ 
letins  ; 

2®  Une  lettre  de  la  Zoologische  Botanische  Gesell- 
schaft,  Wien,  qui  accepte  également  l’échange  des  Bul- 


-  19 


letins,  et  annonce  l’envoi  d’un  certain  nombre  de  ses 
publications  ; 

3°  Une  lettre  de  M.  le  Secrétaire  de  la  Société  bo¬ 
tanique  de  France,  qui  a  le  regret  d’annoncer  que  le 
Conseil  d’administration  n’a  pas  accepté  la  proposition 
d’échange  des  Bulletins. 

M.  le  Président  annonce  qu’une  allocation  de  400  fr. 
a  été  accordée  à  la  Société  par  le  Conseil  municipal. 

M.  le  Président  annonce  la  mort  du  colonel  Debooz, 
membre  de  la  Société  ;  les  membres  s’associent  aux 
regrets  de  M.  Malbranche.  I 

M.  Leprou  expose  sur  le  bureau  :  du  carbonate  d'am¬ 
moniaque  qui  se  trouve,  disent  les  habitants  du  pays, 
sous  forme  d’œufs  d'oiseaux  dans  du  guano  provenant 
des  îles  Chincha,  au  Pérou  ; 

Un  bulbe  de  Jacinthe  oublié  dans  un  jardin  et  ayant 
poussé  la  tête  en  bas,  recouvert  de  terre,  les  racines 
étant  en  haut. 

M.  Blanche  expose  les  plantes  suivantes  ;  Le  Tlaspi 
montanum^  trouvé  en  fleurs  à  Saint-Adrien  ;  —  plu¬ 
sieurs  primevères  trouvées  aux  environs  :  Primula 
grandiflora  à  fleurs  de  couleur  soufrée ,  qui  est  le 
type  ;  une  autre  variété  rougeâtre  que  Vaillant  a  men¬ 
tionnée  dans  le  Botanicon  Parisiense  ;  —  une  troisième 
variété  rougeâtre,  qui  a  paru  moins  commune,  à  fleurs 
parfaitement  blanches  ;  —  une  plante  de  Mibora^  trou-  • 
vée  au  Madrillet  ;  —  le  Tillœa  muscosa  trouvé  dans  les 
sables  de  la  forêt  de  Rouvray. 

,  M.  Malbranche  dépose  un  échantillon  d’un  parasite 
végétal  qui  a  poussé  sur  un  résidu  de  graines  oléagi¬ 
neuses  exprimées;  ce  champignon  est  le  Phycomtjces 
nhe?i5  Montagne,  de  l’ordre  des  Mucédiiiées. 


—  20 


« 


M.  Lhomme  lit  quelques  observations  sur  la  végé¬ 
tation  de  certaines  plantes  et  en  particulier  de  la  Ja¬ 
cinthe.  Cette  note  est  renvoyée  à  la  Commission  nom¬ 
mée  dans  une  précédente  séance  pour  des  études  sur 
la  culture  de  la  Jacinthe. 

M.  Malbranclie  donne  lecture  d’un  mémoire  relatif 
à  la  pêche  du  corail  et  d’un  article  de  M.  E.  Deslong- 
champs  sur  une  visite  qu’il  a  faite  aux  corailleries  fran¬ 
çaises  du  Cap-Couronne,  sur  le  littoral  de  la  Méditer¬ 
ranée  (article  inséré  dans  le  Bulletin  de  la  Société  lin- 
néennelde  Normandie,  1864-65). 

M.  Malbranclie,  après  avoir  étudié  l’étymologie  du 
mot  Corail,  nous  le  montre  prenant  place  successive¬ 
ment  dans  les  trois  règnes  de  la  nature  jusqu’en  1737, 
époque  où  Peysonnel  reconnut  le  premier  la  nature 
animale  de  ce  polype  et  signala  cette  découverte  à 
l’Académie  des  Sciences.  Aujourd’hui  le  corail  est  class.é 
dans  l’ordre  des  alcyoniens,  de  la  classe  des  polypes  ; 
il  est  formé  d’une  agrégation  de  polypes  dont  chacun 
présente  l’apparence  d’une  fleur  blanche,  étoilée,  à  huit 
rayons  ;  ils  secrétent  une  matière  calcaire  rouge  qui,  en 
acquérant  une  extrême  dureté ,  constitue  le  corail  pro¬ 
prement  dit  ;  sa  belle  couleur  rouge  est  due  à  de  l’oxyde 
de  fer  et  peut-être  aussi  à  d’autres  principes  colorants 
qui  expliqueraient  certaines  variations  dans  la  couleur 
du  corail  et  que  les  réactions  chimiques  du  fer  n’expli¬ 
quent  pas. 

Mêlé  à  d’autres  polypiers,  le  corail  n’a  jamais  été 
rencontré  à  moins  de  3  mètres,  ni  à  plus  de  300  de 
profondeur  ;  il  forme  des  touffes,  des  buissons  qui  ta¬ 
pissent  les  anfractuosités  des  rochers,  croissant  la  tête 
en  bas  à  la  manière  des  stalactites. 


---  21  — 


Le  corail  se  trouve  en  abondance  dans  la  Méditer¬ 
ranée  et  la  mer  Rouge.  Il  n'est  plus  aujourd’hui  qu’un 
ornement  recherché  et  ses  propriétés  médicinales  sont 
complètement  oubliées. 

M.  Malbranche  continue  en  donnant  lecture  du  tra¬ 
vail  de  M.  Deslongchamps.  Dans  ce  travail  intéressant, 
M.  Deslongchamps,  après  avoir  exposé  les  anciens  pro¬ 
cédés  employés  pour  la  pêche  du  corail,  raconte  les 
avantages  et  les  dangers  du  procédé  actuellement  en 
usage. 

Sont  nommés  membres  de  la  Société  : 

MM.  LefranCj  Damiens  (Francis),  Valois  (Félix), 

JOUANNE. 


Séance  da  2  Mai  1867, 

Présidence  de  M.  Malbranghe. 


La  correspondance  comprend  : 

R  Une  lettre  de  M.  le  Maire  de  la  ville  de  Rouen, 
par  laquelle  il  informe  M.  le  Président  que  M.  le  Séna¬ 
teur-Préfet  a  approuvé  la  délibération  en  date  du 
1 5  mars ,  en  vertu  de  laquelle  le  Conseil  municipal  a 
voté  en  faveur  de  la  Société  une  subvention  de  400  fr.; 

2^  Une  communication  de  M.  Duhamel,  de  Camem¬ 
bert,  sur  un  mode  de  reproduction  d’une  caryophyllée, 
le  Spergula  nodosa,  qu’il  cultive  depuis  cinq  ans. 

M.  Etienne  expose  une  plante,  Vaccinium  myrtillus 
L.,  dont  les  fruits,  connus  sous  le  nom  de  mourets,  ont 
une  saveur  acidulée  qui  les  rend  agréables  au  goût. 

Il  offre  à  la  Société  une  collection  de  Mousses  : 


Hypnum  rugosum^  H.  scorpioïdes^  H.  revolvcns^  H.  corn- 
mut,atum^  H.  brevirostrwn,  H.  undulatum^  H»  stellatum^ 
Tetraphis  pellucida,  Polytrichum  piliferurriy  P.  juniper- 
nium,  Orthotrichum  cupulatum,  0.  pulchellum^Sphagnum 
molluscum^  S.  cuspidatum,  Zygodonviridisslmum^  Splan- 
chnum  anguillaceum  ,  Bryum  undulatum ,  B.  pseudo- 
triguelrum,  B.  rosiratum,  Dlphiseium  foliosum,  Fissidens 
îaxifolius ,  F.  bryoïdes ,  Funazia  hibernica ,  Phascum 
subulatum^  Grimmia  rivularis,  G.  maritima,  G.  monlana^ 
Dicr'anella  cerviculata,  Lepîotrichum  pallidum^  Bacomi- 
trium  microcarpon^  B.  aciculare^  B»  canescens. 

M.  Lacaille  expose  des  plantes  d'Helleborus  viridis  L. 
et  Chrysosplenium  oppositifolium^  trouvés  à  Tancar- 
ville,  et  une  plante  de  Veronica  montana  L.,  trouvée  à 
Bolbec. 

M.  Gosselin  expose  et  offre  à  la  Société  une  pièce  de 
bois  fossile,  probablement  un  fragment  de  sapin  trouvé 
à  la  Haie-Malherbes,  dans  des  terrains  servant  à  l’ex- 
ploitation  de  la  terre  glaise  pour  faire  les  poteries. 
M.  Gosselin  complétera  cette  communication. 

M.  Lebreton  offre  à  la  Société  une  Géode,  avec  cris¬ 
taux  de  chaux  carbonatée,  trouvée  aux  environs  de 
Pacy-sur-Eure. 

M.  de  Boutteville,  au  nom  d’une  commission  nom¬ 
mée  dans  une  des  séances  précédentes,  donne  lecture 
d’un  rapport  très  étendu  sur  les  Jacinthes  cultivées 
.  sous  l’eau . 

M.  Lacaille  lit  un  rapport  sur  le  Bulletin  de  la  So¬ 
ciété  impériale  d’ Acclimatation  [  numéros  de  janvier 
et  février),  renvoyé  à  son  examen.^ 

M.  le  Rapporteur  fait  un  court  résumé  des  travaux 
contenus  dans  cette  publication,  signale  les  efforts 


V 


—  23  — 

soutenus  et  persévérants  d’hommes  dévoués  à  la 
science,  et  appelle  particulièrement  l’attention  des 
membres  de  notre  Société  sur  les  articles  suivants  ; 
Un  travail  de  M.  A;  Touchard  sur  le  Casoar  ou  Dro- 
mée  de  la  Nouvelle-Hollande  ;  une  note  de. M.  Paul 
Gervais,  sur  les  Poissons  de  l’Algérie  ;  le  Manuel  de 
l’éducation  des  Vers  à  soie  dans  le  Homba  de  o  Sion^ 
traduit  par  M.  le  D’^  Mourier;  une  note  deM.  Boissin, 
sur  les  moyens  pratiques  d’éviter  la  maladie  des 
pommes  de  terre  ;  quelques  observations  de  M.  Ghatin 
sur  le  Brome  de  Sch'rader,  graminée  d’introduction 
récente;  un  rapport  sur  les  troupeaux  de  Lamas  et 
d’Alpacas  mis  en  cheptel  par  la  Société  d’Acclimata- 
tion  au  Chalet  d’Arguel,  près  Besançon,  par  M.  de  la 
Bertoche,  propriétaire  dudit  domaine  ;  le  compte¬ 
rendu  de  M.  Touchard  sur  le  croisement  du  Faisan 
versicolore  avec  le  Faisan  commun  ;  une  note  sur  la 
pêche  au  chalut  et  autres  filets  traînants,  par  M.  H. 
Hennequin;  enfin  différents  comptes-rendus  par 
MM.  Delidon,  Personnel  et  Ghatin  ,  sur  une  excursion 
dans  la  commune  de  Marennes,  l’éducation  d’un  nou¬ 
veau  Bombyx  et  sur  le  pin  noir  d’Autriche. 

M.  le  Président  propose  de  fixer  le  lieu  de  l’excursion 
annuelle  réglementaire. 

M.  Ganel,  au  nom  de  M.  Bonnin  absent,  propose  une 
excursion  au  Marais- Vernier,  lieu  très  intéressant  pour 
la  géologie,  l’entomologie  et  la  botanique.  M.  le  Pré¬ 
sident  désirerait  que  la  Société  linnéenne  de  Gaen 
pût  se  joindre  à  nous  pour  cette  excursion  au  Marais- 

Vernier.  Pour  cette  année  elle  a  fixé  son  excursion 

» 

à  Vire  ;  en  conséquence,' M.  le  Président  propose  que 
la  nôtre* ait  lieu  à  Forges-les-Eaux,  au  mois  de  juin. 


/ 


—  24  — 


Cette  proposition,  mise  aux  voix,  est  adoptée  ;  le  jour 
du  jeudi  est  choisi  et  la  date  sera  ultérieurement  fixée. 
Sont  nommés  membres  de  la  Société  : 

MM.  Le  Ber,  Jutet  (de  Lyon.) 


Séance  du  6  Juin  1867. 


Présidence  de  M.  M4lbranche. 


La  Correspondance  comprend  : 

1°  Une  lettre  circulaire  de  la  Société  botanique  de 
France,  qui  invite  tous  les  botanistes  français  ou 
étrangers  à  se  réunir  en  Congrès  international,  à  Paris, 
^  du  16  au  23  août  prochain,  et  prie  la  Société  de  dési¬ 
gner  un  délégué  pour  la  représenter  ; 

La  Société  décide  qu’un  délégué  sera  nommé  dans 
la  prochaine  séance  ; 

2°  Une  lettre  de  M.  le  Président  de  la  Société  libre 

J 

d’Emulation  de  la  Seine-Inférieure,  invitant  le  Prési¬ 
dent  de  la  Société  des  Amis  des  Sciences  naturelles  à 
assister,  avec  une  députation  de  la  Compagnie,  à  la 
séance  publique  du  2  juin  1867  ; 

3®  Une  lettre  de  la  Société  malacologique  de  Bel¬ 
gique,  qui,  désirant  établir  des  relations  avec  la  Société 
des  Amis  des  Sciences  naturelles,  lui  envoie  ses  pu¬ 
blications  et  demande  l’échange  ; 

L’échange  est  accepté. 

M.  Etienne  expose  sur  le  bureau  un  Carcx  depaupe- 
rata  Good. ,  trouvé  aux  portes  de  Louviers,  le  19  mai 
1867,  dans  la  propriété  de  M.  le  comte  Duhazet  ;  on 
l’y  rencontre  abondamment  mêlé  au  Carex  sylvatica 


i 


—  25 


Hiid.,  qui,  lui  aussi,  se  plaît  dans  les  bois  humides. 
C’est  la  première  fois  que  M.  Etienne  rencontre  ce 
Carex,  signalé  par  M.  de  Brébisson  comme  très  rare 
en  Normandie.  On  n’indique  sa  présence  qu’à  Bon- 
port,  près  Pont-de-F  Arche  (Eure),  où  il  a  été  découvert 
par  M.  Blanche  père,  et  où  M.  Étienne  l’a  cherché  en 
vain,  et  dans  la  forêt  de  Roumare,  près  Rouen,  station 
dans  laquelle  cette  curieuse  espèce  n’a  pas  été  retrou¬ 
vée  par  MM.  Blanche  et  Malbranche,  qui  la  marquent 
d’un  point  de  doute  dans  leur  Catalogue  des  plantes  de 
la  Seine-Inférieure. 

La  Société  reçoit  de  M.  Cottard  deux  plantes  ma¬ 
rines  :  Laminaria  digitata  et  Fucus  serratus.  i 
•  M.  Malbranche,  au  nom  de  M.  Lebarbier,  expose 
deux  œufs  de  raies  et  lit  la  note  suivante  : 

«  Les  œufs  que  je  mets  sous  les  yeux  de  la  Société 
m’ont  été  confiés  par  M.  Lebarbier.  Ils  ont  été  trouvés 
dans  l’intérieur  d’une  raie  débitée  à  FHospice-Géné- 
ral.  J’ai  trouvé  quelquefois  à  Fécamp,  sur  le  rivage,  de 
ces  œufs  singuliers  dont  l’intérieur  était  vide.  Leur 
forme  bizarre  a  fait  longtemps  méconnaître  leur  vraie 
nature  ;  ils  ont  été  regardés  comme  des  productions 
marines  particulières  et  même  décrits  comme  une  es¬ 
pèce  d’animal,  mus  marinus  (le  rat  marin.)  Disons  tout 
de  suite  que  quelques  peuples  orientaux  croient  qu’en 
respirant  la  fumée  qui  s’échappe  de  ces  œufs,  placés 
sur  des  charbons  ardens,  on  se  guérit  de  la  fièvre  in¬ 
termittente. 

«  Comme  vous  pouvez  le  voir,  ces  œufs  sont  des  es¬ 
pèces  de  poches  carrées,  formées  d’une  membrane  forte 
et  demi  transparente,  assez  semblables  à  un  coussin, 
ainsi  que  l’ont  écrit  Aristote  et  plusieurs  auteurs,  ter- 


—  26 


minées  à  chacun  de  leurs  angles  par  des  sortes  de 
cornes  déliées,  recourbées  l’une  vers  Tautre. 

a  Mais  une  autre  circonstance  non  moins  singulière, 
c’est  que  la  plupart  de  ces  œufs,  et  c’est  le  cas  le  plus 
ordinaire,  éclosent  dans  l’intérieur  des  organes  de 
la  mère  et  les  raies  paraissent  ainsi  vivipares,  comme 
plusieurs  reptiles. 

«  Le  comte  de  Lacépède  décrit  avec  détail  toutes  les- 
circonstances  de  l’accouplement  et  de  la  multiplica¬ 
tion  des  raies.  Ces  œufs  ne  sont  jamais  en  très  grand 
nombre  dans  le  corps  des  femelles  et  s’y  développent 
successivement .  Quelques-uns  seulement  sont  fécondés 
au  moment  de  l’accouplement,  achèvent  ensuite  de 
grossir,  et  les  fœtus  rompent  l’enveloppe  de  leur  pri¬ 
son  dans  l’intérieur  même  de  leur  mère  et  parviennent 
tout  formés  à  la  lumière. 

O  D’autres  fois  les  coques  non  fécondées  grossissent 
promptement,  pressent  celles  qui  l’ont  été  et  détermi¬ 
nent  leur  sortie  avant  celle  des  fœtus.  » 

M.  le  D*’  Levasseur  lit  un  rapport  sur  un  mémoire 
extrait  du  Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  phy¬ 
siques  et  naturelles  de  Bordeaux,  relatif  à  la  transfusion 
du  sang. 

M.  Deshays  offre  à  la  Société  une  série  de  cartons  * 
pour  placer  ses  collections  ;  des  remercîments  lui  sont 
adressés. 

Sont  nommés  membres  de  la  Société  :  ' 

MM.  Ed.  DE  l’Epine,  Daufresne. 


27 


Séance  du  4  Juillet  1868. 

Présidence  de  M.  Malbranche. 


La  correspondance  comprend  : 

Une  circulaire  de  M.  le  D'  Fortin,  d’Evreux,  qui 
demande  que  la  Société  vienne  en  aide  ap.  lycée 
d’Evreux  dans  la  formation  d’un  petit  musée  d’histoire 
naturelle,  en  envoyant  des  collections  de  botanique, 
zoologie,  géologie,  etc. 

M.  Etienne  expose  sur  le  bureau  les  plantes  sui¬ 
vantes  : 

Sphagnvm  acutifolium  (Forges)  ,  S.  acutifolium 
variété  rubicundum  (Forges),  5.  obtusifolium  (Forges), 
Polytrichum  formosum  (Forges),  Draseia  roîundifolia 
(Forges),  Oxycoccas  palustris  (Forges),  Carex  cederi 
(Forges),  C.  cœspitosa  (Forges),  Lisum  verticillatuni 
(Forges),  Diphyscum  foliosum  (Saint  -  Gormain-de- 
Pasquier),  Hypnuni  tamariscinum  en  fructification, 
(forêt  de  La  Londe) ,  Climacium  dendroïdes  (marais 
de  Saint  -  Germain  -  de  -  Pasquier),  Crassula  rubms 
(  Saint  -  Germain  -  de  -  Pasquier) ,  rare  aux  environs 
d’Elbeuf. 

t 

.  M.  D.  Bellencontre  expose  une  plante,  le  Raphanus 
caudatus^  et  lit  une  note  à  ce  sujet. 

M.  Ducoudré  expose  plusieurs  plantes  d'Hotcus  spi- 
catus^  dont  un  épi  avait  été  envoyé  à  la  Société.  Les 
graines  ont  parfaitement  levé  et  la  plante  est  en  pleine 
végétation.  La  graine  ,  semée  dans  du  terreau  pur,  en 
plein  soleil,  en  serre  et  sous  cloche,  a  été  arrosée  avec 
de  l’eau  bouillante^  et,  trente-six  heures’ après,  toutes 
les  graines  étaient  levées. 


\ 


I 


~  28  — 


>  M.  Malbranche  présente  nn  Mimosa  offrant  une  ano¬ 
malie  de  dimorphisme  et  lit  une  note  sur  le  Dimor¬ 
phisme,  à  propos  de  cette  présentation. 

On  procède  à  la  nomination  des  délégués  demandés 
par  la  Société  botanique  de  France,  pour  le  Congrès 
international  de  Botanique,  qui  aura  lieu  à  Paris,  du 
16  au  23  août  prochain.  MM.  Blanche,  Malbranche  et 
Bouteiller  sont  chargés  de  représenter  la  Société. 

Sont  nommés  membres  de  la  Société  : 

MM.  Lefebvre,  Rident,  Beuzeron. 

Séance  du  Août  1867. 

Présidence  de  M.  Malbranche. 


La  correspondance  comprend  ; 

Une  lettre  de  l’Académie  de  Rouen  priant  M.  le  Pré¬ 
sident  d’assister,  avec  une  députation,  à  la  séance 
publique  du  mercredi  7  août;  ^ 

M.  de  Boutteville  expose  sur  le  bureau  une  collec¬ 
tion  de  plantes  venant  des  montagnes  du  Mont-Dore  : 
Trifolium  alpinum,  Epilobium  sylvaticwn,  Gentiana 
lutea,  Usnea  florida^  Lycopodium  pelago^  venant  du  pic 
de  Sancy,  Bryum  alpmum,  Dematum  capillaceum,  et  le 
/  Anyctangium-Mongeotii  en  fructification,  plante  assez 
rare  qui  n’a  été  trouvée  jusqu’à  présent,  en  France, 
que  sur  la  grande  cascade  du  Mont-Dore. 

M.  Malbranche  expose  des  plantes  venant  de  l’ex¬ 
cursion  de  Forges  :  Cladonia  phyllocephala  cornucopiodes 
Sch.,  C.  gracilis  vespera  y  Philonotis  fontana  Sch.,  Leda 
ericetorum  Ror.,  Potamageton  natans  y  var.  prolixa. 


29 


M.  Etienne  expose  plusieurs  Mousses  trouvées  aux 
environs  d’Blbeuf:  Leptobryum  pyri forme,  Hypnum  alo- 
pecurum ,  H.  cor di folium  en  fructification  ,  trouvée 
dans  une  mare  de  la  foret  de  LaLonde.  Cette  mousse 
est  rarement  en  fructification.  —  Hypnum  aduncum 
var.  tenua  Vils.,  marais  de  Saint-Germain-de-Pas- 
quier.  —  Campylopus  torfaceus  Scli.,  trouvée  dans  la 
mare  d’un  bois  près  d’Elbeuf.  —  Sphagnum  squarro- 
trouvée  à  Forges. 

M.  Lacaille,  au  nom  de  M.  Fairmaire,  offre  plusieurs 
échantillons  de  zoophites  et  crustacés,  provenant  des 
mers  de  l’Inde,  etc. 

M.  Lemetteil  expose  un  oiseau  du  genre  Bruant  et 
un  œuf  de  la  poule  d’eau  Bâillon  [Gallinula  Baillonii 
Temm.) ,  et  lit  une  note  à  ce  sujet;  ensuite  M.  Lemetteil 
donne  lecture  du  troisième  ordre  de  sa  classification 
des  oiseaux.  .  • 

M.  Gosselin  présente  des  animalcules  et  des  larves 
de  cousins  à  diverses  époques  de  développement  avec 
des  cousins  éclos. 

M.  Malbranche  donne  lecture  d’un  rapport  sur  l’excur¬ 
sion  de  Forges  (partie  botanique),  et  M.  Ducoudré  donne 

» 

oralement  quelques  détails  sur  la  partie  entomologique. 

Les  entomologistes  ont  trouvé  environ  50  espèces, 
dont  12  rares  et  3  nouvelles.  Ils  se  proposent  d’y  re¬ 
tourner  prochainement  pour  explorer,  de  nouveau,  les 
terrains  qu’ils  connaissent  déjà  et  c’est  alors  seulement, 
qu'ils  pourront  présenter  un  rapport  complet. 

Sont  nommés  membres  de  la  Société  : 

MM.  Boutigny,  Albert  Marguery,  Paul  Marguery, 
Barbier-Monteault,  René  Martin,  Marque. 


r 


Séance  du  5  Septembre  1867. 


Présidence  de  M.  Malbranche, 


M.  le  Président  annonce  que  le  Conseil  général  a 
bien  voulu  accorder  à  la  Société,  pour  l’année  1868, 
une  allocation  de  500  fr. 

M.  Lacaille  expose  un  flacon  contenant  un  champi¬ 
gnon  singulier,  trouvé  à  plus  d’un  pied  de  profondeur 

« 

sur  le  pied  d’un  orme  que  l’on  abattait;  il  est  ren¬ 
voyé  à  l'examen  de  M.  Blanche;  on  le  considéré 
comme  le  Pesiza  setosa  ? 

'  M.  Lacaille  expose,  en  .outre,  le  Batrachospermum 
moniliformc^  petite  algue  que  l’on  rencontre  dans  les 
courants  d’eau  douce.  Il  a  pu,  à  l’aide  du  microscope, 
constater  dans  les  ramifications  de  cette  algue  la  gi¬ 
ration  de  la  sève. 

M.  le  Bouteiller  offre  à  la  Société  trois  échan- 
tillons  de  zoophites  indéterminés.  ' 

M.  Etienne  expose  et  offre  à  la  Société  une  série  de 
Mousses  du  département  :  Fissidens  bryoïdes  (Elbeufj, 
Bryum  capillare  (Elbeuf),  Fùsidens  adiantoides  (Elbeuf), 
Dicranella  cerviculata  (Forges) ,  Hypnum  riparium^  (Bec- 
Thomas),  Ornulia  incomanoides  (Bec-Thomas). 

Il  expose  en  outre  :  Un  Ericacinerea  à  fleurs  blanches 
[forêt  de  LaLonde).  — Un  Brunedla  laciniata^  à  fleurs 
jaunes  blanches  et  roses  (Vraiville,  Eure). 

M.  Malbranche  expose  une  plante  composée  prove- 
venant  d’une  graine  oléifère  connue  à  Rouen  sous  le 
nom  de  Niger.  Cette  plante  a  crû  dans  un  jardin  des  en¬ 
virons  de  Rouen.  C’est  le  Guizotia  oleifera. 


31 


Il  expose,  en  outre  un  iclmeumon  avec  son  nid. 

M.  Gosselin  fait  un  rapport  verbal  sur  le  Bulletin  de^ 
la  Société  des  Sciences  naturelles  de  Brême.  On  y  re¬ 
marque,  entre  autres  mémoires,  la  nomenclature  sup¬ 
plémentaire  des  plantes  du  rayon  de  Brême. 

M.  Etienne,  en  consultant  cette  liste,  a  constaté  que 
toutes  les  plantes  des  environs  de  Brême  sont  à  peu 
près  les  mêmes  que  celles  des  environs  de  Rouen. 

M.  de  Boutteville  demande  la  parole  pour  une  com¬ 
munication  qui,  bien  que  plus  particulièrement  du 
ressort  de  l’archéologie,  se  rapporte  cependant  à  la  mi¬ 
néralogie  et  à  l’exploitation  des  mines.  L’un  de  ses  ne¬ 
veux,  M.  Emile  Ghesnée,  ingénieur  des  mines,  qui  di¬ 
rige  en  ce  moment  l’exploitation  des  mines  de  cuivre 
deTharsis,  province  de  Huelva,  en  Espagne,  se  pro¬ 
posait  de  présenter  à  la  Compagnie  une  série  d'échan¬ 
tillons  minéralogiques,  recueillis  dans  ces  mines  et  aux 
environs,  mais  le  retard  éprouvé  par  le  bateau  qui 
transporte  ses  collections  le  forcera  à  quitter  la  France 
avant  d’avoir  pu  faire  cette  présentation.  En  l’absence 
de  M.  E.  Ghesnée,  M.  de  Boutteville  se  borne  à  signaler 
à  la  Compagnie  une  curieuse  découverte  archéologique 
faite  dans  le  courant  de  l’année  dernière.  Les  mines  de 
cuivre  de  Tharsis  et  d’autres  encore  aux  environs  ont 
été  exploitées  sur  une  grande  échelle  par  les  Romains. 
Cinq  millions  de  mètres  cubes  de  scories  témoignent  de 
l’étendue  de  cette  exploitation  à  Tharsis  seulement,  et 
la  masse  de  ces  résidus  est  encore  plus  considérable  sur 
le  terrain  d’une  autre  mine  des  environs.  Or,il  estarrivé 
qu’une  galerie  moderne  a  mis  à  jour  une  ancienne  ga¬ 
lerie  romaine  dans  laquelle  on  a  constaté  la  présence 
de  bois  de  soutènement  encore  en  place  et  des  engins 


I 


32 


qui  servaient  aux  Romains  pour  Tépuisement  de  l’eau. 

Ceux-ci  consistent  en  roues  de  quatre  mètres  portant, 
en  dehors  de  leur  circonférence,  des  palettes  sur  les¬ 
quelles  un  homme  placé  à  la  hauteur  de  leur  centre  po¬ 
sait  les  pieds  de  manière  à  faire  mouvoir  la  machine  par 
son  propre  poids.  Cet  homme  maintenait  son  équilibre 
et  diminuait  jusqu’à  un  certain  point  sa  fatigue  en  se 
tenant  des  deuxmains  aux  extrémités  d’une  corde  posée 
par  dessus  une  poutre  placée  au  dessus  de  sa  tête. 

Les  godets  qui  puisaient  l’eau  étaient  placés  à  l’in¬ 
térieur  de  la  circonférence  de  la  roue,  par  conséquent 
plus  près  de  son  centre  que  les  palettes  sur  lesquelles 
l’homme  appuyait  ses  pieds. 

Les  jantes  qui  partaient  du  centre  vers  la  circonfé¬ 
rence  des  roues  étaient  assez  fortement  inclinées  pour 
que  l’eau  se  déversât  naturellement  au  dehors,  lorsque, 
par  suite  du  mouvement  de  rotation,  les  godets  arri¬ 
vaient  à  la  partie  supérieure. 

Ces  appareils  étaient  au  nombre  de  quatre  :  deux  pui¬ 
saient  l’eau  dans  un  bassin  inférieur  pour  la  déverser 
dans  un  second  bassin,  d’où  deux  autres  roues  la  pre¬ 
naient  pour  la  rejeter  au  dehors  de  l’excavation  de  la 
mine. 

Il  n’entre  dans  la  confection  de  ces  engins  rien  autre 
chose  que  du  bois  de  sapin,  de  l’espèce  que  produisent 
les  forêts  environnantes.  Tous  les  métaux  en  sont  ex¬ 
clus,  par  la  bonne  raison  qu’ils  ne  peuvent  être  uti¬ 
lisés  pour  l’extraction  d’eaux  fortement  imprégnées  de 
sulfate  de  cuivre.  Ils  sont  d’ailleurs  fabriqués  avec 
beaucoup  d’art  et  d’une  grande  légèreté. 

Leur  conservation  est  certainement  due  à  leur  impré¬ 
gnation  par  le  sulfate  de  cuivre  et  à  leur  enfouissement 


f 


33  ~ 

sous  les  débris  qui  les  ont  mis  pendant  tant  de  siècles, 
à  l’abri  des  influences  atmosphériques. 

M.  Roustel  présente  et  offre  à  la  Société  des  échan¬ 
tillons  de  Tourbes  et  Lignites  pyriteux  de  Forges-les- 
Eaux,  exploités  pour  la  fabrication  du  sulfate  de  fer,  et 
un  échantillon  de  ce  dernier  sel.  Il  offre  en  outre  un 
compost  employé  à  Forges  pour  le  vernissage  des  po¬ 
teries  . 

A  l’époque  de  l’excursion  à  Forges,  on  a  rapporté  des  . 
os  que  M.  Pouchet  considère  comme  des  os  d’aurochs. 

ê 

Sont  nommés  membres  de  la  Société  : 

% 

MM.  Albert  Guetté  de  Palluel,  l’abbé  Hue. 

— 

Séance  du  3  Octobre  1857. 

Présidence  de  M.  Malbranche. 


La  Correspondance  comprend  : 

1°  Une  lettre  de  M,  Ducoudré,  qui,  nommé  censeur 
des  études  au  lycée  impérial  de  Limoges,  se  voit  obligé 
de  donner  sa  démission  de  Secrétaire- Archiviste,  màis 
reste  attaché  à  la  Société  ; 

2°  Une  lettre  de  M.  le  Secrétaire  de  la  Société  des 
Sciences  naturelles  de  Strasbourg,  annonçant  que 
cette  Société  accepte  la  proposition  d'échange  des  pu¬ 
blications  de  la  Société  ; 

3“  Une  lettre  de  M.  Bonnin,  qui,  n’ayant  pu  se  ren¬ 
dre  à  Rouen,  annonce  pour  la  prochaine  séance  la  lec¬ 
ture  d’un  travail  sur  l'analyse  chimique  des  eaux  des 
rivières  du  département  de  l'Eure. 

M.  Etienne  expose,  au  nom  de  M.  Goquerel,  les 

3 


t 


-  34  — 

Cryptogames  suivants  :  Jangermania  multifida^  Linné. 
Cette  plante  croit  sur  la  terre  argileuse,  le  long  des 
banques  des  fossés  humides.  Elle  est  très  rare. — Junger- 
mania  blasia?  Kooker^  Blasia- pusilla^  Linné.  M,  Co- 
querel  n’est  pas  sûr  que  ce  soit  le  Blasia ,  le  temps  lui 
a  manqué  pour  l’étudier.  Il  se  trouve  avec  le  suivant  ; 
quelquefois  le  talle  de  l’une  se  trouve  mêlé  avec  celui  de 
l’autre. — Anthoceroslœvis^  Linné.  Ces  deux  dernières  se 
trouvent  assez  communément  dans  les  localités  où 
Feau  séjourne. 

On  trouve  ces  plantes  à  Bec-Thomas  (Eure). 

M.  Etienne  expose  et  offre  en  son  propre  nom  : 
Serratula' tinctoria  à  fleurs  blanches,  très  commune 
sur  les  coteaux  d’Orival.  — Boletus  luridus,  champignon 
trouvé  aux  environs  d’Elbeuf,  au  pied  d’un  arbre.  . 

M.  Lacaille  expose  ;  Rhytisma  acerinum,  champignon 
parasite  sur  les  feuilles  de  l’érable  sycomore,  trouvé  à 
Tancarville. 

MM.  Étienne  et  Lacaille  offrent  à  la  Société  un  petit 
polypier  des  environs  de  Fécamp. 

M.  Malbranche  expose  :  Filago  iodolepîs,  de  Brébis- 
son ,  variété  dilatata,  trouvé  à  Sotteville,  plante  recon¬ 
nue  comme  nouvelle  par  M.  de  Brébisson. 

M.  Lhomme  expose  et  offre  à  la  Société  des  astéries 
ou  étoiles  de  mer,  et  lit  une  note  à  ce  sujet. 

M.  Lemetteil  continue  la  lecture  de  son  Catalogue 
raisonné  des  Oiseaux  de  la  Seine-Inférieure. 

M.  Malbranche  donne  lecture  du  compte-rendu  du 
Congrès  botanique  tenu  à  Paris  du  16  au  18  août 
1867,  auquel  il  a  assisté  comme  délégué  de  la  Société. 


35  — 


Séance  du  7  Novembre  1867. 


PRÉSIDENCÈ  DÉ  M.  MaLBBANCHE. 


La  Correspondance  comprend  :  * 

1®  Une  lettre  de  M.  le  Secrétaire  de  la  Société  impé¬ 
riale  et  centrale  d’Horticulture  de  la  Seine-Inférieure, 

’  adressant  les  remercîments  de  cette  Société  pourTen- 
voi  du  Bulletin  de  1 867  ; 

2**  Une  lettre  de  M.  le  Président  de  la  Société  d’E- 
mulatiou,  du  Commerce  et  de  l’Industrie  de  la  Seine- 
Inférieure,  invitant  M.  le  Président  à  assister,  avec  une 
députation  de  la  Compagnie^  à  la  séance  d’ouverture 
des  cours  publics  ; 

3®  Une  lettre  annonçant  la  mort  d’un  membre  de  la 
Société,  M.  Chefdeville, notaire  à  Evreux  ; 

4°  Une  lettre  de  M.  Duhamel ,  relative  à  l'observa¬ 
tion,  faite  àVimoutiers,  de  l’apparition  d’une  quantité 
de  vers  imitant  les  filaires  ou  dragonneaux.  La  semaine 
dernière  un  amateur  a  constaté  de  nouveau,  dans  son 
jardin,  la  présence  de  trois  ou  quatre  de  ces  vers  sur 
chacune  des  feuilles  d’un  merisier;  on  en  a  cherché 
inutilement  sur  un  poirier  voisin,  sur  un  groseiller  et 
même  sur  un  coudrier.  Tous  les  merisiers  du  quartier 
en  ont  présenté.  M.  Duhamel  en  a  trouvé  depuis  sur 
un  pommier,  un  peuplier,  un  prunier,  un  arbre  de 
Sainte-Lucie.  M.  Duhamel  se  demande  s’il  faut  croire 
à  une  pluie  de  ces  vers,  et  si  leur  présence  sur  certaines 
feuilles  ne  tiendrait  pas  à  la  forme  légèrement  en  na¬ 
celle  de  celles-ci  et  à  leur  surface  un  peu  visqueuse 
qui  les  aurait  retenus.  Il  envoie  un  spécimen  de  ces 


36 


vers  et  demande  que  la  question  soit  soumise  à  la 
Société. 

Au  sujet  de  l’envoi  de  M.  Duhamel,  M.  Blanche  rap¬ 
pelle  que  les  ülaires  dont  il  s’agit,  c[uoique  filiformes, 
redressent  quelquefois  dans  une  grande  étendue  la 
partie  inférieure 'de  leur  corps,  ainsi  que  cela  résulte 
d’une  observation  de  M.  Jubert,  ancien  préparateur 
des  cours  de  chimie  à  l’Ecole  de  médecine.  M.  Ducou- 
dré  avait  déjà,  l’année  dernière,  observé  une  filaire  ana¬ 
logue  sortant  du  corps  d’un  hanneton.  La  question 
est  renvoyée  à  M.  Glouet. 

M.  de  Boutteville  ofîre  à  la  Société  des  échantillons 
des  roches  de  Tharsis  ; 

Roche  chloritée  diori tique  formant  la  superficie  de 
la  mine.  —  Roche  avec  pyrite  de  fer  signalant  l’approche 
des  minerais  de  cuivre  ordinaire.  —  Mines  très  riches. 
—  Schiste  avec  cuivre  natif.  Ce  cuivre  natif  à  pu  être  re¬ 
produit  artificiellement  par  M.  Em.  Ghesnée,  en  fai¬ 
sant  couler  pendant  plusieurs  mois  de  l’eau  imprégnée 
de  sels  de  cuivre  sur  des  pyrites  de  fer.  —  Stalactites  de 
carbonate  de  cuivre  bleu. — Minerais  de  manganèse. 
— Echantillons  d’Asheste  de  la  province  de  Huelva. — 
Fragments  de  scories  ferrugineuses  provenant  du  trai¬ 
tement  du  cuivre  par  les  Romains.  On  en  trouve  5  ou 
6  millions  de  mètres  cubes  dans  les  mines  de  Tharsis  et 
plus  encore  dans  une  mine  voisine.  Les  minerais  ont 
été  complètement  épuisés,  autant  au  moins  qu’on 
pourrait  le  faire  aujourd’hui. 

Les  Romains  exploitaient  aussi  l’antimoine  à  Santa- 
Barbara,  dans  la  province  de  Iluelva. 

M.  de  Boutteville  offre  un  morceau  d’antimoine  très 
pur,  de  cette  provenance. 


37 


Il  présente,  en  outre,  les  plans  des  mines  et  des 
anciens  travaux  romains  retrouvés  par  M.  Em.  Glies- 
née,  avec  l’indication  des  roues. 

M.  Etienne  expose  et  offre  des  Mousses  de  Norman¬ 
die,  dont  la  liste  suit.  Il  se  propose  de  continuer  cette 
collection  : 

Nechera  crispa  ;  —  Eury  nchium  prœlongum  ;  — ■  E.  Ion- 
girostre;  —  Thuidium  tamariscmum  ;  —  Hypnum  purum  ; 

—  H.  cordifolium  ;  —  H.  rugosum  ;  ~  H.  cuspidaturn  ;  — 
Amhlystegium  serpens;  —  Thamnium  alopecurum  ;  ‘ —  Hy- 
locomium  triqu^trum  ;  —  Sphagnum  cymbifolium  ;  —  S. 
sqiiarrosum  ;  —  S.  acutifolium,  variété  ruhicundum  ;  — 
Aulacormnium  palustre;  —  Mnium  punctatum ;  —  Lepio- 
bryum  py  ri  forme  ; —  Leptotrichum  pallidum  ;  —  Leuco- 
bryum  glaucum  ;  —  Dicranum  scoparium  \  —  Z),  undula- 
tum;  —  Dicranella  cerviculata;  —  Orthotrichum  sturmii  ; 

Encalypta  vulgaris  ;  —  Bartramia  pomiformis  ;  —  Pty- 
Gomiti'ium  polyphyllum  ;  —  P.  pilife^mm  ;  —  Diphyscium 
foliosum  ;  —  FontinaUs  antipyretica. 

]\I.  Etienne  expose  en  outre  :  Agaricus  alliaceus^ 

Bulliard  ;  parasite  trouvé  sur  des  feuilleS|mortes  dans 

la  forêt  de  La  Londe ,  ce  champignon  répand  une 

odeur  d’ail  très  caractérisée.  Il  est  commun.  —  Leuco- 

! 

bryura  glaucum^  Sch.';  en  fructification,  forêt  de  La 
Londe  (3  novembre  1867).  —  Aîitlioceros  punctatus  (?;, 
trouvé  dans  un  chemin  creux  humide,  dans  un  bois, 
près  de  Caudehec-lès-Elbeuf.  — Sphœrocarpvs  filiformis, 
Bulliard  ;  parasite  sur  le  Dicranum  suparium  ^  forêt  de 
La  Londe.  —  Dicranum  glaucum,  en  fructification,  à 
talle  pinnatifide  profondément  divisé. 

Il  expose  J  en  outre  ,  des  Ablettes  péchées  à  El-  v 
beuf.  On  sait  que  l’écaille  de  ce  poisson  est  em- 


* 


38 


ployée  à  fabriquer  l’essence  d’Orient ,  pour  les  perles 
'fausses. 

M.  Lhomme  expose  des  tiges  de  Hieratium  piquées 
par  des  Gynips.  M.  Mocquerys  fait  observer  que  la  pré¬ 
sence  des  Gynips,  qui  sont  carnassières,  démontre  la 
présence  de  larves  de  quelque  autre  insecte. 

M.  Malbranche  expose  un  Lichen  noiiveau  dans  la 
Seine-Inférieure,  le  Normandina  jungermaniœ,  et  un 
champignon  de  la  forêt  de  La  Londe  :  Polyporus  betu- 
linus. 

M.  Malbranche  achève  la  lecture  de,  son  rapport  sur 
le  Gongrès  botanique  international.  Il  donne  ensuite 
lecture  d’un  Mémoire  sur  les  Genres  en  botanique , 
présenté  par  lui  au  Gongrès  international. 


♦ 

Séance  du  5  Décembre  1867. 


Présidence  de  M.  Malbranche. 


La  correspondance  comprend  : 

1°  Une  lettre  de  M.  Président  de  la  Société  ornitho¬ 
logique  suisse,  à  Genève,  qui  annonce  l’acceptation, 
par  cette  Gompagnie,  de  l’échange  des  publications  et 
annonce  l’envoi  de  deux  Bulletins  formant  la  première 
et  la  deuxième  partie  du  premier  volume; 

Une  lettre  de  M.  le  Ministre  de  l’Instruction  pu¬ 
blique  et  des  Gultes  faisant  connaître  que  l’épuisement 
des  crédits  ne  permet  pas,  pour  cette  année,  de  faire 
droit  à  une  demande  de  subvention. 

M.  Etienne  expose  une  petite  fougère,  Ceterach  offi- 
cinarum^  Doradille,  recueillie  sur  le  mur  du  cimetière 


—  so¬ 


dé  Guy-Saint'Fiacre ,  près  Gournay-en>Bray.  Cette' 
fougère  est  rare  dans  la  Seine -Inférieure. 

Il  expose,  en  outre,  des  noix  provenant  d’un  Juglans 
ordinaire,  mais  qui  présentent  une  forme  particulière. 
Une  dizaine  offraient  cette  particularité.  Les  autres 
avaient  la  forme  ordinaire. 

M.  Gosselin  expose  et  offre  à  la  Société  des  ossements 
fossiles  provenant  des  sables  de  Gaudebec.  Ils  ont  été 
recueillis  dans  un  monticule  formé  des  débris  de  l’oc¬ 
cupation  romaine,  appelé  la  Fosse-aux- Moules  ;  on  y 
reconnaît  des  ossements  calcinés,  des  cendres  et  des 
monnaies,  on  y  trouve  aussi  des  coquilles  de  mollus¬ 
ques,  les  uns  fluviatiles,  les  autres  marins  [Cardium 
edulis)  qui  paraissent  avoir  été  employés  comme  nour¬ 
riture  par  les  habitants  de  cette  époque  reculée. 

Les  dents  provenant  de  cette  exposition  sont  ren¬ 
voyées  à  Texamen  deM.  Mocquerys  père. 

M.  Malbranche  expose  des  pieds  de  maïs  offrant  des 
épis  mâles  qui  ont  produit  des  graines. 

L’ordre  du  jour  appelle  les  élections  du  Bureau  et  du 
Conseil  d’administration. 

Une  longue  et  vive  discussion  s’élève  au  sujet  de  la 
convenance  du  maintien  du  vote  par  correspondance. 
Plusieurs  membres  déclarent  devoir  s’abstenir  parce 
qu  ils  ne  peuvent  accepter  ce  mode  de  vote  prescrit  par 
les  statuts. 

On  procède  au  vote. 

Sont  nommés  : 

Président,  MM.  Emmanuel  Blanche. 

Vice-Présidents,  Harlé  et  Maî.branche. 

Secrétaire,  F  -F.  Hébert  , 

Secrétaire- Archiviste,  Jules  Adeline. 

Trésorier,  Léon  Deshays. 


40 


Membres  du  Conseil  d’Administration  : 

MM.  Roustel  ,  DE  Boutteville,  de  la  Londe  du 
Thil  et  D'  Bouteiller. 

f 

'  - 9  ^ 

Séance  extraordinaire  du  29  Décembre  1867. 

Présidence  de  M.  Malbranche. 


* 

La  correspondance  comprend  : 

Une  lettre  de  M.  le  Président  de  FAcadémie  de 
Maine-et-Loire  réclamant  l’envoi  du  Bulletin.  — Ren¬ 
voyé  au  trésorier. 

M.  Etienne  expose  un  Jungermania  Epiphylla  ?  trouvé 
à  Saint- Adrien,  au  bord  du  Becquet. 

M.  Malbranche  expose  des  échantillons  de  Diatomées 
offerts  par  M.  de  Brèbisson,  au  nombre  de  50  espèces, 
et  lit,  à  ce  sujet,  la  note  suivante  : 

«  Le  nom  de  Diatomée  vient  de  dia,  en  travers,  et 
tomaios,  coupé,  il  sert  à  désigner  des  êtres  microsco¬ 
piques  ayant  les  formes  les  plus  variées,  et  qui  malgré 
leur  petitesse,  jouent  un  rôle  important  dans  la  nature. 
Ce  sont  de  petits  corpuscules  prismatiques  et  rectangu¬ 
laires,  nus  ou  renfermés  dans  un  tube  gélatineux,  simple 
ou  rameux,  isolés  ou  réunis  en  filaments,  libres  ou  atta¬ 
chés  à  des  corps  étrangers,  munis  d’une  enveloppe  (cui¬ 
rasse  ou  carapace)  de  nature  siliceuse,  diaphane,  fragile, 
renfermant  unematière  muqueuse  de  couleur  fauve  ou 
jaunâtre.  Cette  carapace,  qui  est  de  la  silice  pure,  peut 
être  soumise  à  un  feu  violent  et  bouillir  avec  l’acide 
nitrique  sans  éprouver  la  moindre  altération.  C’est 
même  là  un  des  procédés  que  les  collectionneurs  em¬ 
ploient  pour  isoler  les  Diatomées  des  corps  étrangers 


41 


auxquelles  elles  sont  associées.  M.  Erheuberg,  le  pre¬ 
mier,  a  fait  voir  que  les  matières  employées  dans  les  arts 
sous  le  nom  de  tripoli  sont  presque  entièrement  com¬ 
posées  par  les  enveloppes  de  Diatomées,  conservées  sans 
aucune  altération. 

«  Le  nombre  des  êtres  microscopiques  de  cette  famille 
qui  existaient  à  l’époque  delà  formation  des  tripolis  a 
dû  être  immense,  puisque  l’on  a  calculé  qu’un  pouce 
cube  de  ces  substances,  de  la  terre  à  partir  de  Bilin,  en 
Bohême,  par  exemple,  devait  contenir,  terme  moyen, 
41  millions  d’individus.  De  nos  jours  leur  nombre 
est  encore  considérable  ;  il  existe  aux  environs  de 
Berlin  un  sol  argileux  tellement  imprégné  de  ces  êtres 
vivants,  qu’il  conserve  une  mobilité  telle,  qu’on  ne  peut 
établir  dessus  aucune  construction  solide.  En  revanche, 
ces  terres  pétries  donnent  par  la  cuisson  des  briques 
excellentes  et  d’une  telle  légèreté  qu’elles  peuvent 
nager  sur  l’eau. 

«  Les  Diatomées  habitent  les  eaux  douces  et  la  mer. 
La  particularité  la  plus  remarquable  de  leur  organi¬ 
sation  est  leur  mode  de  reproduction.  Outre  la  multi¬ 
plication- par  spores,  elles  sont  susceptibles  de  se  di¬ 
viser  d’après  une  ligne  ou  strie  qui  s’établit  dans  le 
sens  de  leur  longueur,  et  il  se  forme  ainsi  deux  êtres 
semblables  au  premier,  par  un  phénomène  qu’on  a 
appelé  déduplication. 

Les  Dumidiées,  que  quelques  auteurs  avaient  réu¬ 
nies  aux  Diatomées,  s’en  distinguentpar  plusieurs  carac¬ 
tères  importants  :  leur  enveloppe,  qui  n’est  point  sili¬ 
ceuse,  l’envachrome  vert  qu’elle  renferme,  leur  mode  de 
multiplication  jamais  longitudinal,  l’analyse  chimique, 
l’absence  de  mouvement  reptatoire  ;  tout  montre  chez 


4 


elles  une  nature  végétale  plus  accentuée,  et  leur  place 
est  bien  indiquée  à  la  suite  des  Conjuguées. 

«  L’article  du  dictionnaire  de  d’Orbigny  dont  j’ai  ex¬ 
trait  ces  quelques  documents  a  dans  celte  circonstance 
un  intérêt  plus  particulier,  c’est  qu’il  a  été  écrit  par 
M.  de  Brébisson.  Il  y  a  de  cela  vingt  ans;  notre  savant 
compatriote  aurait  aujourd’hui  beaucoup  à  y  ajouter; 
il  a  fait  faire  un  pas  immense  à  cette  étude.  Sa  collec¬ 
tion  compte  aujourd’hui  plus  de  2,000  individus, 
tous  décrits  et  dessinés,  qui  n’attendent  qu’un  éditeur 
assez  hardi  pour  doter  le  monde  savant  d’un  impor¬ 
tant  travail  qui  renferme  beaucoup  de  documents  nou¬ 
veaux. 

«  Dans  ce  temps  là,  M.  de  Brébisson  hésitait  encore  à 
proclamer  la  nature  animale  des  Diatomées  ;  aujour¬ 
d’hui  il  admet  pleinement  leur  animalité.  » 

Desremercîments  seront  adressés  à  M.  de  Brébisson. 

M.  Beuzeron  expose  une  Mygale  connue  sous  le  nom 
de  Mygale  Leblond ,  trouvée  dans  la  cale  d’un  navire 
chargé  de  bois  de  Gam pêche. 

M.  Lemetteil  donne  lecture  d’un  rapport  sur  le  Bul¬ 
letin  de  la  Société  linnéenne  de  Maine-et-Loire  (Partie 
ornithologique). 

M.  Etienne  lit  un  rapport  sur  une  petite  brochure  de 
M.  V.  Chatel,  ayant  pour  titre  :  De  la  Maladie  delà 
Vigne  ^  et  sur  le  numéro  de  février  des  Annales  des 
Sciences  naturelles, 

M.  Lacaille  donne  lecture  d’un  compte-rendu  du 
Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  et  Arts  de  Vitry-le- 
Français ,  des  Annales  des  Sciences  naturelles  et  de  la 
Société  linnéenne  de  Maine -et-Loire, 

M.  Malbranche  lit  ensuite  l’introduction  à  la  se- 


—  43 


4 


conde  partie  de  ses  études  sur  les  Lichens  de  Norman¬ 
die. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  d’un  mémoire  de  M.  Ché- 
reL  (d’Evreux  )  sur  V Ordre  des  dépôts  diluviens  de  la 
vallée  de  l’îton,  en  amont  d’Evreux. 

Il  est  ensuite  donné  lecture  d’un  mémoire  de  M.  GafFm 
sur  VEtage  Turonien  de  d’Orhigny,  suite  de  ses  excur-. 
sions  géologiques  aux  environs  d’Evreux. 

Est  nommé  membre  de  la  Société  : 

M.  Ghérel  (d’Evreux). 


MPPOilT 


SUR  LE 

BULLETIN  DE  LA  SOCIÉTÉ 

DES  SCIENCES  PHYSIQUES  ET  NATURELLES 

DE  BORDEAUX 
(  1866  ) 

! 

Par  M.  le  m 


.  Séance  du  6  Juin  1867. 

Messieurs, 

Le  mémoire  de  la  Société  des  Sciences  physiques 
et  naturelles  de  Bordeaux,  dont  M.  le  Président  m’a 
chargé  de  vous  rendre  compte,  contient  plusieurs  no¬ 
tices  biographiques  concernant  d’honorables  savants 
dont  la  notabilité  bien  reconnue  dans  le  pays  qui  les  a 
vus  naître  ou  qui  les  a  vus  s’illustrer,  n’est  arrivée  jus¬ 
qu’à  nous  que  par  un  effet  de  la  répétition  des  échos 
académiques. 

Ces  notices,  qui  s’annoncent  hautement  et  franche¬ 
ment  sous  le  titre  d'Eloges^  ne  manquent,  il  est  vrai,  ni 
d’intérêt,  ni  sans  doute  de  vérité,  mais  ne  sauraient 
occuper  longtemps  votre  attention  à  raison  de  l’éloi¬ 
gnement  du  théâtre  où  se  sont  accomplis  les  faits  que 
nous  racontent  les  panégyristes.  J’ai  donc  pensé  devoir 


45 


arriver  promptement  aux  travaux  d’un  intérêt  plus 
général  que  j’ai  trouvés  dans  la' publication  de  la  So¬ 
ciété  savante  de  Bordeaux. 

M.  le  Dr  Oré,  professeur  de  physiologie  à  l’École  de 
médecine  de  cette  ville,  s’est  livré  à  de  nouvelles 
«  Recherches  sur  la  transfusion  du  sang.  » 

'  On  sait  que  la  transfusion  est  une  opération  chirur¬ 
gicale  qui  a  pour  but  de  faire  passer  le  sang  d’un  sujet 
vivant  dans  le  système  circulatoire  d’un  autre  sujet 
dont  l’état  anémique  compromet  la  vie  d’une  manière 
imminente  et  prochaine. 

C’était  une  idée  si  rationnelle  que  d’employer  un 
sang  pur,  jeune,  tout  plein  d’énergie  vitale,  dans  l’es¬ 
poir  de  réinstaller  les  conditions  premières  de  la  vie 
toute  prête  à  quitter  un  être  épuisé  par  la  maladie  ou 
la  vieillesse,  que,  l’imagination  aidant,  on  rêva  d’avoir 
retrouvé  le  vieux  secret  que  la  mythologie  a  gardé, 

I 

et  pour  cause,  le  secret  de  rajeunir,  sans  être  obligé 
de  vendre  son  âme  à  Belzébuth,  comme  le  Faust  de 
Gœthe  et  comme  tant  de  gens  que  leur  imbécillité,  la 
peur  de  la  mort,  et  l’amour  du  merveilleux  ont  rendus 
tributaires,  au  moyen-âge,  des  sorciers,  des  charlatans, 
et  malheureusement  aussi  des  tribunaux  de  l’Inquisi¬ 
tion. 

La  désillusion  arriva  vite  sur  ce  point,  mais  les  in¬ 
venteurs  de  la  transfusion  espérèrent  au  moins  en 
pouvoir  tirer  parti  pour  guérir. 

La  première  expérience  sur  l’homme,  —  car  elle 
avait  été  pratiquée  antérieurement  sur  des  animaux  — 
fut  faite  sur  un  jeune  garçon  de  quinze  ans,  convalescent 
d’une  maladie  qu’on  appelait  autrefois  fièvre  putride, 
.  et  que  les  médecins  du  temps  avaient  traitée  par  des 


f 


46 


saignées  multipliées.  On  trouva  tout  naturel  de  resti¬ 
tuer  en  meilleure  qualité  ce  qui  avait  été  enlevé  par 
le  premier  traitement.  On  avait  enlevé  du  sang  au 
malade  pour  le  guérir,  on  lui  en  restitua  pour  arriver 
au  même  résultat. 

Ce  fut  un  ancien  professeur  de  philosophie  et  de 
mathématiques,  devenu  plus  tard  médecin  du  roi»  qui 
osa  le  premier  pratiquer  la  transfusion  dans  les  cir¬ 
constances  que  j’ai  mentionnées.  Denis  —  c’est  le  nom 
de  l’opérateur  —  transfusa  donc  chez  le  jeune  garçon 
près  de  500  gr.  du  sang  d’un  agneau,  et  assure  que  le 
malade  se  releva  «  parfaitement  guéri,  ayant  le  corps 
léger,  l’esprit  gai  et  la  mémoire  bonne .  » 

Dans  un  temps  où  les  doctrines  médicales  étaient 
édiûées  avec  les  humeurs  peccantes,  les  fuliginosités, 
l'atrabile,  l’humide  radical  et  autres  vocables  de  la 
terminologie  des  Diafoirus  du  xvii®  siècle,  où  les  rai¬ 
sonnements  les  plus  bizarres,  pour  ne  pas  dire  les 
plus  absurdes,  trouvaient  leur  place  et  justifiaient  les 
pratiques  les  plus  grotesques,  on  admettait  volontiers 
que  le  sang  d’un  jeune  animal,  doux  et  bénin,  comme 
le  veau,  par  exemple,  devait  tempérer  les  ardeurs  d’un 
homme  chez  lequel  la  folie  produisait  des  agitations 
morbides.  Quelques  onces  de  sang  supposé  tumultueux 
furent  enlevées  à  un  pauvre  fou  et  remplacées  par 
une  quantité  plus  considérable  du  sang  tiré  d’un  veau. 

■  Denis  assure  qu’ après  l’opération  le  malade  se  trouva 
'mieux  et  se  montra  prodigue  de  tendres  manifesta¬ 
tions  envers  sa  femme,  contre  laquelle  il  était  autre¬ 
fois  particulièrement  déchaîné. 

Il  est  assez  difficile  d’éclaircir  comment  ce  redou¬ 
blement  d’affection  conjugale  put  inspirer  à  l’épouse 


la  pensée  d’empoisonner  son  mari,  mais  Denis  expli¬ 
qua  par  un  crime  la  mort  qui  frappa  le  pauvre  fou  lors 
d’une  troisième  opération  de  transfusion  faite  en  vue 
de  consolider  la  guérison. 

Cette  opération  fut,  après  quelques  autres  que  je 
n’ai  pas  mentionnées  pour  abréger,  la  dernière  qui  ' 
fut  faite  à  Paris  dans  le  xvii®  siècle. 

Déjà,  en  effet,  la  cour  et  la  ville  avaient  pris  fait  et 
cause  pour  ou  contre  la  transfusion-.  Un  certain  'La- 
martinière  avait  ameuté  bon  nombre  de  personnes 
recrutées  parmi  les  savants,  les  gens  d’église ,  les 
femmes  et  jusque  dans  la  foule,  répandant  plus  d’in¬ 
jures  que  de  raisons  contre  la  nouvelle  opération  et  ses 
défenseurs. 

La  justice  intervint,  et  le  Châtelet,  après  les  débats 
que  suscita  l’histoire  du  fou,  rendit  une  sentence  qui 
défendait  la  transfusion,  à  moins  d’avoir  été  approuvée 
par  les  médecins  de  la  Faculté  de  Paris,  lesquels  ayant 
déjà  protesté  contre  la  découverte  de  la  circulation, 
contre  l’usage  de  l’émétique,  qu’ils  étaient  parvenus  à 
faire  défendre  par  arrêt  du  Parlement,  se  gardèrent 
bien  de  contrevenir  à  leurs  habitudes  d’opposants. 

Ce  fut  plus  tard  que  la  transfusion  fut  reprise  par 
Blundell ,  Dieffeinbach,  en  Allemagne,  et  principale¬ 
ment  en  France,  par  Magendie  et  Longet. 

De  nos  jours,  la  transfusion  ne  se  pratique  plus  que 
dans  les  cas  d’anémie,  suite  de  traumatisme  ou  de 
pertes  utérines,  principalement  après  l’accouchement. 
On  l’a  cependant  essayée  dans  la  dernière  période  du 
choléra,  et  malheureusement  sans  beaucoup  de  succès. 

Tel  est,  fort  abrégé,  l’iiistorique  de  la  transfusion, 
que  nous  avons  essayé  de  rétablir  pour  combler  une  la- 


48 


curie  qu’il  nous  eût  été  plus  facile  de  faire  disparaître, 
si  nous  eussions  pu  obtenir  le  travail  que  M.  le  D''  Oré 
a  publié  avec  détails,  en  1863,  dans  le  recueil  des  mé¬ 
moires  de  la  Société  des  Sciences  physiques  et  natu¬ 
relles  de  Bordeaux,  et  que  nous  n’avons  pu  nous  pro¬ 
curer.  * 

Dans  la  partie  du  mémoire  dont  l’analyse  nous  û  été 
confiée,  M.  le  D''  Oré  s’est  occupé  des  appareils  em¬ 
ployés  à  diverses  époques  pour  pratiquer  la  transfu¬ 
sion  du'  sang  ;  il  a  ensuite  exposé  ses  expériences 
propres  et  enfin  donné,  dans  une  deuxième  partie,  ses 
appréciations  sur  le  rôle  que  joue  la  fibrine  dans  la 
transfusion. 

Le  mécanisme  des  divers  appareils  dont  on  s’est 
servi  pour  pratiquer  la  transfusion  n’est  compréhen¬ 
sible  que  si  des  figures  s’ajoutent  à  la  description  pour 
la  compléter.  Les  planches  qui  sont  annoncées  dans  le 
travail  de  M.  Oré  manquent  absolument ,  et  l’im¬ 
primeur  n’a  réservé  ses  faveurs  que  pour  figurer  les 
instruments  dont  M.  Oré  se  sertpour  pratiquer  la  trans¬ 
fusion  -,  il  nous  suffit  de  savoir  que  les  perfectionne¬ 
ments  apportés  au  mécanisme  de  l’opération  s’adres¬ 
sent  aux  instruments  qui  permettent  la  transfusion 
immédiate,  c’est-à-dire  celle  qui  se  fait  sans  inter¬ 
ruption  de  la  circulation.  C’est  le  mode  que  préfère 
M.  le  Oré  à  la  transfusion  médiate,  celle  qui  con¬ 
siste,  comme  on  sait,  à  recevoir  dans  un  vase  le  sang 
d’un  homme  ou  d’un  animal,  pour  le  faire  passer  en¬ 
suite  dans  le  torrent  circulatoire  d’un  autre  individu. 

Les  expériences  de  M.  Oré  ont  pour  but  de  répondre 
à  une  série  de  questions  qu’il  s’est  posées  lui-même. 

Était-il  bien  nécessaire  de  se  mettre  en  frais  d’ex- 


périmentation  pour  savoir  s’il  est  possible,  comme  il 
se  l’est  demandé ,  de  rendre  la  vie  à  un  animal  rendu 
exsangue,  en  faisant  pénétrer  dans  ses  vaisseaux  du 
sang  prisa  un  autre  animal? —  La  réponse  n'était- 
elle  pas  faite  d’avance  après  les  expériences  de  Dief- 
fenbach,  Bischolf,  Magendie,  Longet? —  M.  Oré  a 
néanmoins  voulu  confirmer  lui -même  l’affirmative 
déjà  donnée  à  [cette  question  ;  il  a  répété  également 
celles  qui  ont  été  faites  pour  connaître  la  valeur  du 
sérum  et  des  globules  injectés  séparément ,  et  est 
arrivé  à  conclure  que  le  sérum  seul  ne  peut  ranimer 
l’animal  épuisé,  tandis  qu’on  y  parvient  avec  la  trans¬ 
fusion  des  seuls  globules. 

Sur  ces  questions  il  est  du  même  avis  que  tous  ceux 
qui  se  sont  occupés  de  transfusion  dans  les  époques 
antérieures.  Il  cesse  d’être  d’accord  avec  quelques-uns 
sur  d’autres  points. 

Contrairement  à  l’opinion  de  Dieffenbach  qui  préfère 
la  transfusion  médiate  à  la  transfusion  immédiate,  il 
opte  pour  la  seconde.  Ses  expériences  ne  lui  ont  jamais 
permis  de  constater  la  permanence  à  l’état  liquide  du  sang 
reçu  dans  un  vase  au-delà  de  quelques  instants,'  tandis 
que  Blundell  parle  de  cette  opération 'continuée  pendant 
vingt-quatre  minutes,  le  même  sang  ayant  passé  plu¬ 
sieurs  fois  par  les  instruments,  tandis  que  Diefienbach 
est  arrivé  à  penser  que  le  sang  conserve  sa  propriété 
revivifiante,  même  après  une  durée  de  trois  heures. 

Dans  certaines  espèces  animales,  la  transfusion  mé¬ 
diate  trouve  un  nouvel  obstacle  dans  la  disposition  du 
sang  à  se  coaguler  dès  qu’il  est  sorti  du  vaisseau ,  et 
c’est  ce  que  l’on  observe  pour  les  chiens,  les  lapins,  les 
chats,  les  poules  et  le  scanards. 

4 


50 


11  est  pourtant  certains  moyens  d’obvier  à  cette  exces¬ 
sive  rapidité  de  la  coagulation  du  sang  :  ces  moyens 
consistent  à  éviter  le  contact  de  l’air  et  à  refroidir  le 
liquide. 

Pour  obtenir  le  premier  résultat,  c’est-à-dire  pour 
éviter  le  contact  de  l’air,  M.-  Oré  a  construit  des  appa¬ 
reils  à  la  fois  simples  et  ingénieux,  et  pour  constater  le 
second,  il  a  pratiqué  la  transfusion  tantôt  en  opérant 
selon  la  méthode  médiate  à  des  températures  basses, 
ou  bien  en  plongeant  les  appareils  dont  il  se  sert  pour 
agir  immédiatement  dans  des  mélanges  réfrigérants, 
et  il  a  pu  conserver  liquide  et  propre  à  la  transfusion 
pendant  dix  minutes,  un  quart  d’iieure  et  même  vingt 
minutes,  du  sang  qui  se  fût  coagulé  à  l’air  libre  et’à  la 
température  ordinaire  en  quelques  instants. 

La  réfrigération  semble  donc  un  moyen  heureuse¬ 
ment  employé  par  M.  Oré  pour  remédier  à  cet  incon¬ 
vénient  de  la  coagulation  trop  rapide  du  sang. 

La  défibrination,  qui  avait  été  autrefois  essayée  avec 
des  résultats  presque  toujours  funestes,  a  également 
réussi  dans  les  mains  de  M.  Oré.  Le  succès  tient-il  à 
ce  qu  il  a  toujours  pris  soin  de  filtrer  le  liquide  après 
la  défibrination?  —  On  ne  saurait  le  dire ,  la  filtration 
ayant  été  quelquefois  aussi  employée  par  les  anciens 
expérimentateurs.  Ce  qu  il  y  a  de  certain  ,  c’est  que 
M.  Oré ,  sur  dix  expériences,  a  vu  sept  fois  l’animal 
quasi  expirant  ramené  à  la  vie  par  une  injection  de  sang 
défibriné. 

Ces  résultats  nous  semblent  plus  concluants  que  les 
faits  de  pathologie  médicale  cités  par  M.  Oré  pour  dé¬ 
montrer  l’utilité  de  la  transfusion  au  moyen  du  sang 
défibriné. 


I 


-..'51  --- 

M.  Oré  nous  livre  en  effet  l’observation  d’une  jeune 
fille,  affectée  «  depuis  plusieurs  années  »  de  la  maladie 
qu’on  appelle  chlorose,  laquelle  fut  médicamentée  de 
la  manière  la  plusincroyable,  puisque,  parmi  les  moyens 
employés,  on  lui  pratiqua  plus  de  «  trois  cents  saignées.  » 
—  Après  les  trois  dernières,  on  jugea  à  propos  de  chan  • 
ger  de  système  et  de  restituer  au  lieu  de  soustraire  :  Et 
voilà  que  7  onces  de  sang  défibriné  dans  les  veines 
de  cette  pauvre  malade  épuisée  suffisent  pour  la  mettre 
en  état  «  trois  jours  après  »  d’entreprendre  un  voyage 
d’agrément. 

La  satisfaction  de  voir  une  guérison  aussi  complète 

• 

et  aussi  rapide  paraît  suffire  à  M.  Oré,  pour  qu’il  n'hé¬ 
site  pas  à  croire  à  la  vérité  et  à  l’efficacité  de  la  trans¬ 
fusion  dans  cette  circonstance  ;  l’insuccès  d’un  chirur¬ 
gien,  qui,  après  avoir  injecté  du  sang  défibriné  dans 
les  veines  de  cinq  soldats  autrichiens  blessés  par  des 
armes  à  feu,  les  vit  tous  périr,  ne  lui  inspire  qu’une 
nouvelle  confiance  dans  l’injection  du  sang  défibriné. 

Nous  vous  laissons,  Messieurs,  le  soin  d’interpréter  à 
votre  tour  les  faits  qui  viennent  de  vous  être  relatés. 

M.  Oré ,  continuant  son  étude  sur  la  transfusion  , 
s’est  occupé  de  rechercher  si  la  transfusion  opérée 
d’un  animal  à  un  autre  animal  d’espèce  différente  est 
aussi  souvent  funeste  qu’on  l’a  dit. 

Les  premiers  expérimentateurs  du  xvii®  siècle  avaient 
transfusé,  dans  une  sorte  de  promiscuité  animale ,  le 
sang  du  chien,  du  veau,  du  mouton  à  l’un  ou  l’autre 
de  ces  animaux,  et  surtout  à  l’homme,  sans  qu’il  en 
'  fût  résulté  des  accidents  graves  ,  ou  du  moins  plus 
graves  que  ceux  d’ordinaire. 

^  MM.  Prévost  et  Dumas,  qui  reprirent  l’étude  de  la 


transfusion,  de  notre  temps,  injectèrent  du  sang  de 
vache  et  de  mouton  dans  les  veines  de  chats  et  de  lapins, 
et  même  chez  de  pauvres  canards,  avec  des  résultats 
divers,  mais  le  plus  souvent  mortels.  —  Ce  genre  d'ex¬ 
périences  entre  animaux  d’espèces  différentes  fut  même 
essayé  avec  du  sang  défibriné.  Des  coqs  et  des  poules , 
à  qui  on  avait  imaginé  de  transfuser  du  sang  défibriné 
de  lapin  ou  de  veau ,  parurent  en  général  assez  mal 
supporter  l’opération.  M.  Oré  a  répété  les  expériences 
avec  du  sang  non  défibriné  et  a  réussi  à  injecter 
15  gram.  de  sang  de  canard,  et  une  autre  fois  20  gram. 
dans  les  veines  d’un  chien,  puis  changeant  les  termes 
de  l’expérience,  il  a  fait  également  passer  30  gram.  de 
sang  de  chien  dans  les  veines  d’un  canard,  qui,  selon 
son  expression  en  «  a  paru  peu  impressionné.  » 

M.  Oré  s’inscrit  donc  en  faux  contre  les  conclusions 
de  MM.  Prévost  et  Dumas,  qui  déclarent  que  la  trans¬ 
fusion  est  praticable  seulement  entre  animaux  dont  le 
sang  est  identique  sous  le  rapport  de  la  forme  des  glo¬ 
bules.  M.  Oré  explique  son  succès  par  le  soin  qu’il 
prend  de  pratiquer  la  transfusion  immédiate,  et  at¬ 
tribue  les  insuccès  de  ses  prédécesseurs  à  des  embolies 
qui  se  forment  si  facilement  après  l’emploi  de  la  trans¬ 
fusion  médiate,  en  se  servant  d’un  sang  qui  se  coagule 
si  facilement  en  séjournant  dans  le  vase  où  il  est  reçu 
avant  l’injection. 

Des  propositions  qui  sont  contenues  dans  les  con¬ 
clusions  de  M.  Oré,  on  peut  dégager,  en  leur  accordant 
le  mérite  d’être  spéciales:  1“  Que  la  réfrigération  du 
sang  et  la  privation  du  contact  de  l’air  sont  les  deux  cir¬ 
constances  les  plus  propres  à  retarder  la  coagulation; 
2“  Qu’on  peut  injecter  dans  les  vôines.d’un  animal  le 


—  53  — 


sang  pris  à  un  autre  animal,  à  la  condition  que  le  sang 
soit  parfaitement  liquide. 

Le  travail  de  M.  Oré  nous  a  paru  digne  de  toute 
votre  attention.  S’il  a  tiré  peut-être  un  peu  vite  ,  selon 
nous,  des  conclusions  de  faits  discutables ,  il  nous  a 
semblé  avoir  trouvé  l’explication  la  meilleure  des  in¬ 
succès  des  anciens  expérimentateurs,  mais  pour  cor¬ 
roborer  ses  conclusions,  nous  serions  d’avis,  s’il  pou¬ 
vait  nous  entendre,  qu’il  continuât  ses  observations 
afin  d’opposer  le  nombre  et  la  qualité  à  l’autorité  des 
savants  avec  lesquels  il  est  en  dissentiment.  Plus  tard, 
j’aurai  l’occasion  de  vous  rendre  compte  d’un  autre 
travail  de  M.  Oré,  également  publié  dans  le  mémoire 
de  la  Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles  de 
Bordeaux.  Yous  m'excuserez.  Messieurs,  de  n’avoir  pu 
m’acquitter  d’un  seul  coup  de  la  tâche  qui  m’a  été 
donnée. 


O 


NOTE 


SUR  UN 


ÉCHANTILLON  DE  LAINE 

l 

PRÉSENTÉ  LE  7  MARS  1867 

À  la  Société  des  Âmls  des  Sciences  Naturelles , 

Par  M.  a.  PINCHON. 


Séance  du  7  Mars  1867. 

Cette  laine  m’a  été  remise  le  6  au  soir  par  M.  Paul 
Pion,  teinturier  à  Elbeuf.  Elle  m’a  paru  intéressante  à 
étudier  à  cause  des  phénomènes  insolites  qu’elle  offre 
à  la  manipulation  industrielle  et  de  l’aspect  qu’elle 
présente  à  l’examen. 

Elle  est  originaire  de  la  Nouvelle-Zélande.  Cette 
contrée  en  fournit  peu  à  notre  place,  et  trois  à  quatre 
fois  seulement  M.  Pion  a  eu  l’occasion  de  la  teindre. 
Les  laines  de  même  provenance  n’avaient  offert  rien  de 
particulier.  Ij’écliantillon  présenté,  outre  qu’il  a  attiré 
son  attention  par  sa  teinte  rougeâtre  très  accentuée 
'  à  diverses  places,  s’est  mal  dégraissé.  Au  sortir  du 
bain  de  dégrais,  l’échantillon  paraissait  imparfaite¬ 
ment  débarrassé  du  suint,  et  la  coloration  rougeâtre 
était  plus  uniformément  répartie.  Malgré  ces  imper- 


—  55  — 


fections  apparentes,  elle  a  subi  normalement  l’opéra¬ 
tion  de  la  teinture  en  couleur  foncée  (on  ignore  jusque- 
là  comment  elle  aurait  pris  une  couleur  claire). 

'  L’examen,  encore  superficiel,  m’a  fait  croire  que  ces 
agglomérations  des  fibres  sont  dues  à  un  parasite, 
friable  quand  la  laine  est  sèche  et  situé  vers  le  premier 
tiers  de  la  fibre,  se  détachant  assez  bien  mécanique¬ 
ment  avant  l’imbibition  aqueuse.  Ces  débris  sont  des 
rubans  tantôt  en  lames  plates  parsemées  de  granula¬ 
tions  teintées  de  jaune ,  tantôt ,  et  le  plus  souvent, 
formés  de  lames  accolées  bout  à  bout  et  réunies  par 

4 

une  nodosité  plus  fortement  colorée.  Leur  largeur  est 
de  3  centimètres  à  4  centimètres ,  leur  longueur 
moyenne  de  95  centimètres  à  1  mètre  20,  pointues  à 
une  extrémité,  rondes  à  l’autrè.  Tout  l’ensemble  paraît 
démontrer  un  végétal  parasite  dont  j’ignore  le  nom  et 
le  rôle.  Est-ce  un  végétal  analogue  aux  Achorion  ou 
Trychophyton,  dérivant  d’une  affection  propre  à  la  race 
du  mouton,  ou  est-il  dû  à  un  végétal  étranger  dont  les 
sporules  se  sont  développés  sur  ce  singulier  terrain  ? 
je  penche  pour  la  première  opinion;  J’ai  trouvé  en 
effet  des  fibres  de  laine  retenant  dans  les  écailles  ces 
fibres  sporulaires  et  des  sporules ,  et  des  débris  de 
fibres  cassées ,  teintes  par  ces  tubes  enroulés  après  eux, 
et  rappelant  les  cheveux  atteints  de  favus . 

Je  soumets  ces  observations  à  qui  de  droit,  me  ré¬ 
servant  d’étudier  cette  laine  plus  tard. 


« 


\ 


CATALOGUE  RAISONNÉ 

«  / 

DES 

OISEAUX  DE  LA  SEINE-INFÊRIEÜRE 

PAR 

M.  E.  LEMETTEIL. 


Dédié  à  MM.  les  Membres  de  la  Société  des  Amis  des  Sciences  naturelles 

de  Rouen  (suite). 


3“'  ®Pdre(1). 

INSECTIVORES. 

Nous  avons  exposé,  en  commençant  notre  Ordre  des 
Omnivores,  les  motifs  qui  nous  ont  porté  à  établir 
trois  coupes  dans  la  famille  si  nombreuse  et  si  com¬ 
plexe  des  Passereaux.  Il  nous  reste  à  justifier  la  déno¬ 
mination  de  Insectivores^  que  nous  donnons  à  notre 
3rae  Ordre. 

Sans  doute  les  oiseaux  qui  le  composent  ont  un 
régime  multiple,  et  des  préférences  qui  varient  selon  les 
genres  ;  mais  cette  différence  d’appétit  ne  s’exerce  guère 
en  dehors  des  diverses  familles  d’insectes,  de  leurs  larves 
et  de  leurs  œufs.  Ainsi,  depuis  les  Pies-Grièches  et  les 
Mésanges ,  qui  sont  encore  presque  omnivores,  jus¬ 
qu’aux  Alouettes,  qui  préparent  la  transition  avec  les 

(1)  Voir  pour  les  deux  premiers  Ordres:  Bulletin  des  Amis  des 
Sciences  naturelles^  1866,  pag.  163. 


57  — 


Granivores,  tous  font  leur  nourriture  ordinaire  des  in¬ 
sectes  ;  et  ce  n’est  qu'’exceptionnellement  que  quelques 
espèces  mangent  des  grains  et  des  baies,  ou  piquent  la 
pulpe  de  nos  fruits.  L’observation  des  faits  ne  laisse 
point  de  doute  à  cet  égard;  et  il  suffirait  d’examiner  la 
conformation  de  leur  estomac  et  la  configuration  de 
leur  bec,  pour  se  convaincre  que  —  à  part  quelques 
espèces  de  transition  —  il  sont  aussi  incapables  de 
digérer  les  graines,  que  de  déchirer  les  chairs. 

Quelques  auteurs  leur  ont  donné  le  nom  de  Tenui- 

rostres  (Becs-fins);  c’est,  comme  on  le  voit,  sur  le  même 

caractère  que  nous  basons  notre  classification  ;  mais 

nous  considérons  le  résultat  plutôt  que  l’instrument, 

le  régime  plutôt  que  l’organe  ,  ce  qui  nous  permet 

de  maintenir  l’uniformité  de  notre  nomenclature. 

« 

Caractères  de  V Ordre:  Bec  variable  selon  l’état,  la  na¬ 
ture  ou  l’habitat  des  insectes  que  poursuit  chaque 
espèce,  toujours  dépourvu  de  cire,  et  ne  présentant 
quelques  plumes  sétacées  que  dans  les  genres  intermé¬ 
diaires;  ongles  généralement  faibles,  jamais  rétractiles; 
plumes  molles,  soyeuses  et  souvent  désunies. 

Cet  Ordre ,  l’un  des  plus  nombreux,  contien  t  les  oiseaux 
les  plus  petits  ;  mais  ce  sont  en  même  temps  les  plus 
vifs,  les  plus  alertes,  les  plus  sémillants.  La  plupart 
nous  quittent  quand  arrive  la  saison  des  frimas  ;  ils 
franchissent  alors  des  espaces  immenses,  établissent 
leurs  quartiers  d’hiver  sous  un  ciel  plus  clément,  et  nous 
reviennent  avec  les  zéphirs,  formant  la  joyeuse  escorte 
du  printemps,  pour  chanter  le  réveil  de  la  nature,  car 
ce  sont  les  musiciens  par  excellence.  Mais ,  chez  les 
oiseaux,  la  brillante  parure  et  le  doux  langage  ne  sont 
plus  l’apanage  du  sexe  faible.  Simple  et  modeste ,  la 


—  58 


femelle  est  tout  entière  aux  soins  de  la  jeune  famille. 
Elle  bâtit  son  nid,  pond,  couve,  se  démène  et  s’agite, 
tandis  qu'établi  sur  un  rameau  voisin  ,  oisif  et  insou¬ 
cieux,  le  mâle  ne  donne  le  plus  souvent  au  ménage 
que  le  charme  de  ses  ravissantes  roulades.  La  vue  seule 
de  ses  petits  lui  rappelle  les  sentiments  et  les  devoirs 
de  la  paternité. 

C’est  au  printemps  surtout  que  ce  dernier  brille  de 
tousses  avantages,  qu’il  revêt  IsLVobede  noces, selon  l’ex¬ 
pression  consacrée  en  ornithologie.  Cette  livrée  parfaite 
varie,  selon  les  espèces,  et  pour  sa  nature,  et  pour  son 
mode  de  développement. 

Les  uns  remplacent ,  au  printemps ,  le  plumage 
d’hiver  par  des  plurnes  nouvelles,  tantôt  de  même 
dimension,  mais  de  couleur  plus  brillante  et  plus  tran¬ 
chée,  tantôt  plus  longues  et  plus  saillantes  ,  appelées 
alors  parures,  et  qui,  selon  la  partie  ou  la  forme 
qu’elles  affectent,  prennent  le  nom  particulier  de 
huppes,  à'' aigrettes  y  de  collerettes  y  etc. 

Chez  les  autres,  le  plumage  est  persistant  ;  mais  il 
se  colore  par  l’usure  des  barbules  ,  et  sans  doute  aussi 
sous  l’influence  d’une  lumière  plus  vive,  et  d’un  sang 
plus  riche  et  plus  généreux.  —  Dans  le  premier  cas,  la 
mue  est  dite  double  ;  dans  le  second ,  simple  et  ruptile. 

Ces  hôtes  charmants  reviennent  donc,  chaque  année, 
répandre  la  vie  dans  nos  bois,  nos  plaines  et  nos  ver¬ 
gers;  et  à  ce  titre,  ils  doivent  déjà  nous  être  chers.  Mais 
s’ils  sont  l’ornement  de  la  création,  ils  en  sont  aussi  la 
providence  ;  et,  pendant  qu’ils  charment  nos  oreilles  de 
leurs  doux  concerts,  il  poursuivent  sans  relâche  ces 
myriades  d’insectes  qui  —  éclos  aux  premières  ardeurs 
printanières  —  étendront  bientôt  leurs  ravages  sur 


59  - 


nos  champs,  nos  fruits  et  nos  bestiaux.  Chérissons  ces 
utiles  auxiliaires,  ces  infatigables  travailleurs,  respec¬ 
tons  leur  vie ,  protégeons  leur  berceau  ;  et ,  quand  ils 
entonnent  Thymme  de  la  reconnaissance,  bénissons 
aussi  la  bonté  divine  qui  a  produit ,  en  se  jouant,  tant 
de  merveilles,  pour  Tornement  et  la  conservation  de 
son  œuvre! 

L’Ordre  des  lusectivores  contient  pour  nous  vingt 
Familles,  que,  conformément  à  notre  principe,  nous 
composons  d’après  leur  régime  et  leurs  mœurs,  pre¬ 
nant  les  mêmes  caractères  pour  base  de  rapprochement. 
Ce  sont  : 


1»  Les  Laniinés. 

2“  LesCalgulinés. 

3®  Les  Farinés. . 

4°  Les  Certhiinés. 

5°  Les  Picinés. 

6°  Les  lunginés. 

7°  Les  Cuculinés. 

8"*  Les  Méropinés. 

9°  Les  Hirundininés. 
10°  Les  Muscicapinés. 


11®  Les  Calamoherpinés. 
12®  Les  Sylviinés. 

13®  Les  Ampélinés.  , 
14'’  Les  Oriolinés. 

15°  LesTurdinés. 

16°  Les  Hydrobatinés. 
17®  Les  Alcédinés. 

18°  Les  Upupinés. 

19°  Les  Motacillinés.  ' 
20°  Les  Alaudinés. 


PREMIÈRE  FAMILLE. 

LANIINÉS. 

Caractères  de  la  famille:  Ceux  de  l’Ordre;  bec  robuste, 
recourbé,  denté,  à  pointe  aiguë,  garni  à  sa  base  d’une 
rangée  de  soies  raides,  formant  frange,  caractère  propre 
aux  insectivores;  ailes  courtes,  obtuses,  à  penne  b⬠
tarde;  queue  longue,  étagée  et  souvent  arrondie. 

Ces  espèces,  par  la  conformation  de  leur  bec  et  leur 


\ 


60  - 


appétit,  nous  paraissent  succéder  naturellement  aux 
Omnivores.  Buffon  ,  considérant  leur  goût  pour  la 
.  chair,  les  a  classées  parmi  les  Carnivores,  dont  elles 
pourraient  peut-être  former  la  dernière  famille  ;  mais 
nous  pensons,  avec  les  naturalistes  modernes,  que  leur 
conformation,  leur  faiblesse  relative,  leur  peu  d’ap¬ 
titude  pour  le  vol,  leur  goût  pour  les  insectes  et  jus¬ 
qu’à  la  nature  de  leur  plumage,  les  rapprochent  plutôt 
des  Insectivores ,  en  tête  desquels  nous  les  plaçons, 
pour  servir  de  trait  d’union  avec  les  Omnivores,  aux¬ 
quels  elles  ressemblent  également  par  le  régime. 

En  effet,  à  l’exception  des  grains,  elles  mangent  à 
peu  près  de  tout.  Vers,  chenilles,  papillons,  petits 
oiseaux,  petits  rongeurs,  grenouilles,  lézards,  etc., 
tout  leur  est  bon.  Elles  ont  une  habitude  remarquable 
et  particulière  à  leur  famille,  c’est  d’assujettir  aux  en- 
fourchures  des  brindilles,  ou  d’accrocher  aux  épines, 
qu’elles  fréquentent  de  préférence,  les  proies  qu’elles 
saisissent,  après  qu'elles  sont  repues.  On  retrouve  par¬ 
tout  de  ces  magasins.  Nous  avons  vu  en  particulier  à 
Saint-Georges,  sur  les  bords  des  falaises  de  la  Seine', 
plusieurs  litres  de  moules  ainsi  suspendues  par  des 
Écorcheurs.  Ces  bivalves  s’ouvraient  au  soleil,  et  l’oi¬ 
seau  s’en  repaissait  au  besoin.  On  y  voyait  en  même 
temps  des  papillons  du  genre  sphynx,  des  chenilles  et 
des  mulots.  (1)  Cet  instinct  des  approvisionnements  est 
un  caractère  de  plus  qui  les  rapproche  des  Omnivores. 

(I)  Voir  pour  ce  caractère,  contesté  par  quelques-uns  de  nos 
collègues  : 

Degland,  Ornithologie  européenne^  t.  !'*•,  p.  393  ; 

M.  l’abbé  Yincelot,  Essais  étymologiques ,  3®  édit.,  p.  165. 

D'  Chenu,  Encyclopédie  d'Hüt.  nat.y  t.  V,  p.  69. 


61  -- 


Quoique  de  petite  taillle,  les  Pies-grièches  sont  fort 
courageuses;  elles  donnent  la  chasse  à  des  oiseaux 
beaucoup  plus  gros  qu’elles  ;  elles  poursuivent  les  pies 
et  les  corbeaux, -s’attachent  à  leurs  plumes  et  se  laissent 
emporter  par  eux.  On  les  accuse  quelquefois  de 
cruauté  ;  elles  sont  acariâtres  et  turbulentes  ;  mais  nous 
ne  pouvons  admettre  qu’elles  soient  cruelles.  C’est  là 
un  défaut  moral  incompatible  avec  l’absence  de  raison. 

Ce  sont  des  oiseaux  d’embuscade  ;  ils  attendent 
leurs  proies,  perchés  sur  des  branches  dénudées,  les 
saisissent  au  passage  et  ne  les  poursuivent  guère. 
Leur  vol  pénible  rendrait  d’ailleurs  cet  effort  inutile. 
Cependant,  ils  ont  été  dressés  pour  la  chasse  :  on  sait 
que  de  Luynes  excellait  à  faire  leur  éducation,  et  que 
Louis  XIII  s’amusait  à  chasser  aux  moineaux  avec 
des  pies-grièches,  dans  les  jardins  du  Louvre. 

Ces  oiseaux  aiment  les  lieux  accidentés,  les  coteaux 
exposés  au  soleil ,  les  ravins ,  etc.  Ils  nichent  dans 
les  broussailles  ou  sur  les  arbres  peu  élevés ,  et  pon¬ 
dent,  sans  exception,  des  œufs  avec  couronne  plus 
éloignée  du  gros  bout,  que  les  autres  espèces. 

Quelques  auteurs,  se  fondant  sur  la  différence  de 
coloration  de  la  robe,  ont  établi  deux  et  même  trois 
genres  dans  cette  famille.  La  nuance  du  plumage  ne 
nous  paraît  point  un  motif  suffisant  pour  séparer  gé¬ 
nériquement  des  espèces  qui  se  ressemblent  sous  tous 
les  autres  rapports.  Nous  n’admettons  donc  qu'un 
genre,  le  genre  Lanius,  qui  comprend  sept  espèces  d’Eu¬ 
rope,  dont  cinq  appartiennent  à  la  France,  et  trois  fré¬ 
quentent  notre  département;  savoir: 

1®  Pie-grièche  grise,  type  du  genre  ; 


62 


2“  Pie-grièche  rousse  ;  ' 

3^  Pie-grièche  écorcheur. 

Cette  famille  a  été  désignée  par  quelques  auteurs 
sous  le  nom  de  Dentirostres. 


Genre  Pie-Grièche  (Lanius). 

Les  Carnivores  ont  reçu  de  la  nature  la  faculté  que 
nous  avons  signalée,  de  rejeter,  sous  forme  de  pelottes, 
les  parties  solides  de  leurs  victimes.  Moins  bien  douées 
sous  ce  rapport,  et  peut-être  aussi  parce  qu’elles  ne 
sont  carnivores  qu’ accidentellement ,  les  Pies-grièches 
sont  obligées  de  procéder  autrement.  Elles  dépouillent 
et  dépècent  leurs  proies;  et  c’est,  pensons-nous,  à 
cette  habitude,  et  à  celle  d’accrocher ,  comme  à  un 
étalage,  ces  lambeaux  palpitants,  qu’elles  doivent  leur 
nom  générique  Lanius  (boucher) . 

Il  nous  paraît  superflu  d’indiquer  la  signification  de 
leur  dénomination  française,  Pies-grièches.  Puissent 
nos  lecteurs  n’en  connaître  jamais  d’un  autre  genre , 
que  celles  qui  nous  occupent. 

39.  Pic-Gpîèclftc  g^risc.  —  Lanius  excubitor 
(Linné). 

Synony  mie  :  Geai  blanc. 

Taille  :  environ  24  centimètres. 

Description  :  (Mâle  adulte)  :  Toutes  les  parties  supé¬ 
rieures  d’un  cendré  clair,  les  inférieures  blanc  terne; 
une  large  moustache  noire,  partant  du  bec,  traverse 
les  yeux  et  couvre  le  méat  auditif;  rémiges  primaires 
noires  avec  un  miroir  quelquefois  simple,  plus  souvent 
double,  d’un  blanc  pur,  les  secondaires  terminées  de 
blanc;  rectrièes  externes  blanches,  les  autres  blanches 


à  la  base  et  à  l’extrémité,  noires  au  centre  ;  bec  noir , 
plus  pâle  à  la  base  ;  pieds  noirs;  iris  brun. 

Femelle:  d’un  cendré  plus  foncé  aux  parties  supé¬ 
rieures  ;  parties  inférieures  d’un  blanc  moins  pur  et 
marquetées  de  fines  raies  cendrées;  rémige  externe 
tachée  de  noir  à  la  base. 

» 

Les  jeunes  ont  les  couleurs  beaucoup  plus  sombres,  et 
les  stries  des  parties  inférieures  plus  prononcées  et  plus 
nombreuses . — Au  bout  de  deux  ans,  ils  ont  le  plumage 
de'^s  adultes. 

On  cite  des  variétés  blanches  et  d’autres  presque 
blanches. 

La  Pie-Grièche  grise  se  reproduit  dans  notre  dépar¬ 
tement,  où  elle  est  assez  rare.  Elle  fait  un  nid  relative¬ 
ment  volumineux,  composé  d’herbes  et  de  mousses  et 
matelassé  de  laine  à  l’intérieur.  Elle  y  dépose  le  plus 
souvent  six  œufs  d’un  gris  verdâtre,  marqués  détachés 
confuses,  plus  nombreuses  et  plus  foncées  au  gros  bout 
où  elles  forment  couronne.  Grand  diamètre,  26  milli¬ 
mètres;  petit  diamètre,  20  millimètres. 

Nous  avons  vu  un  couple  de  ces  oiseaux  se  reproduire 
cinq  ans  de  suite  à  Saint-Romain-de-Golbosc,  dans  une 
épine  qui  bornait  deux  champs;  mais  commeils  détrui¬ 
saient  beaucoup  de  perdreaux,  on  leur  fit  la  guerre,  et  ils 
disparurent. 

Cet  oiseau  n’émigre  pas  en  hiver.  Je  l’ai  tué  le 
6  janvier,  dans  la  neige.  Il  venait  de  capturer  un 
Verdier  [Chlorospiza  Chions)  qu’il  étouffa  en  un  ins¬ 
tant. 

Il  fré(juente,  en  été,  les  lieux  isolés;  en  hiver,  il  s'ap¬ 
proche  des  habitations.  Son  cri  est  aigu,  mais  il  le  fait 
rarement  entendre.  G’est  le  plus  silencieux  du  genre, 


-  64  - 

c’est  aussi  le  plus  farouche;  à  moins  qu’il  ne  tienne  une 
proie,  il  se  laisse  rarement  approcher.  Gomme  nous 
l’avons  dit,  on  le  voit  souvent  perché  sur  les  branches 
élevéeset  dénudées,  d’où  il  surveille  les  environs,  comme 
la  sentinelle  au  sommet  d’un  donjon  ;  de  là  son  nom 
excubitor,  sentinelle,  c’est  du  reste  une  habitude  com* 
mune  à  la  Famille. 

Nota.  Quelques  auteurs  ont  cherché,  à  tort  selon 
nous,  à  établir  une  espèce  nouvelle,  sous  le  nom  de 
Lanius  major,  des  individus  qui  n’ont  qu’un  miroir.  Ils 
leur  donnent  pour  habitat  la  Sibérie.  Nous  croyons 
que  les  oiseaux  à  miroir  simple  sont  des  variétés  ;  c’est 
pourquoi  nous  avons  souligné  ces  caractères  à  la  des¬ 
cription.  Dans  tous  les  cas,  ils  ne  sont  pas  rares,  et  ils 
habitent  notre  département.  Nous  les  avons  trouvés 
dans  la  proportion  de  2  sur  5,  et  toujours  des  fe¬ 
melles. 

•40.  Ple-Grîèclie  rousse.  —  Lanius  rufus  {rufus, 
roux)  Linné. 

Synonimie  :  —  Agachette. 

Taille  :  environ  20  centimètres. 

Description:  (Mâle  adulte)  :  Vertex  et  nuque  d'un  roux 
vif;  manteau  noir,  passant  au  cendré  sur  le  croupion; 

• 

sus-caudales  et  scapulaires  blanches;  parties  inférieures 
d’un  blanc  sale,  lavé  de  roussâtre  aux  cotés  de  la  poitrine 
et  aux  flancs  ;  une  large  bande  noire,  marquée  de  deux 
taches  blan ches au capistrum,  couvre  le  front  et  s’étend, 
en  passant  par  les  yeux,  jusqu’aux  côtés  du  cou;unmi- 
roir  blanc  sur  l’aile  ;  rémiges  noires  ;  rectrices  latérales 
blanches ,  lavées  de  brun  sur  les  barbes  internes,  les 
autres  noires  liserées  de  blanc,  avec  une  tache  de  même 


65  — 


couleur  à  la  base  ;  les  médiançs  noires  dans, toute  leur 
étendue;  bec  et  pieds  noirs;  iris  noisette. 

Femelle  adulte:  généralement  plus  pâle  que  le  mâle; 
bande  frontale  d’un  cendré  blanchâtre;  manteau  brun, 
passant  au  jaunâtre  sur  le  croupion;  rectrices  médianes 
brunes. 

Jeunes  en  premier  plumage  ;  parties  supérieures 

marbrées  de  brun  et  de  gris  ;  parties  inférieures  ‘  d’un 

blanc  sale,  marquées  de  nombreuses  raies  roussâtres  ; 

rectrices  de  cette  dernière  couleur  et  terminées  de 

(  » 

blanc. — Le  mâle  se  distingue  dès  lors  à  une  teinte  plus 
foncée. 

La  Pie-Grièche  rousse  est  érratique  ;  elle  arrive  dans 
notre  département  vers  la  fin  d’avril,  et  en  repart  dès 
les  premiers  jours  de  septembre.  Elle  niche  le  plus  sou¬ 
vent  dans  les  bosquets  exposés  au  midi,  sur  le  penchant 
des  coteaux  Son  nid ,  construit  de  fines  brindilles  et 
d'herbe^s  odoriférantes ,  est  soigneusement  matelassé 
d’un  gazon  plus  doux,  de  quelques  crins,  et  quelquefois 
de  plumes  et  de  laine.  Sa  ponte  est  de  5  ou 6  œufs,  d’un 

blanc  verdâtre,  avec  de  nombreuses  marbrures,  formant 

« 

couronne  au  gros  bout.  Grand  diamètre ,  24  , milli¬ 
mètres;  petit  diamètre,  17  millimètres. 

Cet  oiseau  est  encore  assez  rare  dans  nos  localités;  on 
le  rencontre  moins  souvent  que  la  Pie-Grièche  grise. 
Ilestdoué  d’une  grande  facilité  d’imitation,  et  contrefait 
assez  bien  les  modulations  du  rossignol  et  delà  fauvette  ; 
mais  sa  voix  aigre  et  criarde  n’a  ni  l’ampleur,  ni  le 
moelleux  du  puissant  organe  de  ces  chantres  brillants. 
C’est  plutôt  une  maigre  parodie,  qu’une  reproduction 
fidèle. 

Nous  croyons  que  c’est  à  cette  espèce^  qu’il  faut  rap- 


-  66 


porter  ce  que  le  docteur  Chenu  attribue  à  l'Écor- 
cheur  (1),  auquel  nous  ne  connaissons  qu’un  fausset 
désagréable  et  an  cri  fastidieux  et  -monotone. 

Cette  Pie-Griècbe  est  moins  farouche  que  la  précé¬ 
dente,  dont  elle  a  les  mœurs  et  les  habitudes. 

41.  Pic-Grlèclie  ÉcorclicuF.  — Lanius  collurio 
(Linné) . 

Synonymie  :  BdLt3.rd-ge3i\.  —  Embrocheur.  —  Aga- 
^  chette. 

Taille;  environ  18  centimètres. 

Description  :  Mâle  adulte  :  tête,  nuque  et  croupion 
d’un  beau  cendré  ;  dos  et  scapulaires  roux  vif  ;  parties 
inférieures  blanc  rosé  surtout  à  la  poitrine  et  aux  flancs; 
une  large  bande  noire  s’étend  du  bec  jusque  sur  le  méat 
auditif;  rémiges  noires  bordées  de  roux;  rectrices 
blanches,  à  l’exception  des  quatre  médianes,  qui  sont 
noires  dans  leurs  deux  tiers  inférieurs  ;  bec  èt  pieds 
noirs;  iris  brun  foncé. 

Femelle  :  d’un  brun  terne  mais  uniforme,  dans  ses 
parties  supériejires,  avec  une  moustache  de  même  cou¬ 
leur;  parties  inférieures  d’un  blanc  gris,  marqùées  de 
raies  brunes,  plus  nombreuses  et  plus  foncées  aux  flancs 
et  à  la  poitrine;  rectrices  rousses,  les  deux  externes 
seulement  liserées  de  blanc. 

Jeunes  avant  la  première  mue  :  semblables  à  la  fe¬ 
melle,  dont  ils  ne  diffèrent  que  par  des  marbrures  sur 
le  manteau,  et  par  un  liseré  d’un  blanc  moins  pur  aux 
rectrices  externes.  Comme  chez  la  précédente,  le  mâle 
se  reconnaît  déjà  à  une  couleur  plus  foncée. 

L’Écorcheur  est  très  commun  dans  notre  départe- 

* 

(1)  Encyclopédie  d’Histoire  naturelle  y  t.  V,  p.  71. 


—  67  — 


ment,  où  il  arrive  vers  la  mi-avril,  et  d’où  il  repart 
dans  les  premiers  jours  de  septembre.  Il  couve  dans 
les  buissons,  compose  un  nid  d’herbes  et  de  mousse  à 
l’extérieur,  et  le  tapisse  intérieurement  de  radicules 
/  très  fines  et  de  quelques  crins.  Sa  ponte  est  de  5  à  7 
œufs,  variant  pour  la  grosseur,  la  forme  et  la  nuance; 

t 

tantôt  oblongs,  d’un  blanc  rosé,  avec  des  taches  d’un 
.  rouge  brique,  formant  couronne  presque  au  milieu  de 
l’œuf;  tantôt  de  forme  ovée ,  d’un- blanc  verdâtre, 
marqués  de  taches  gris  olive  ;  tantôt  passant  par  toutes 
les  formes  et  toutes  les  nuances  intermédiaires.  La 
couronne  existe  dans  presque  toutes  les  variétés. 
Grand  diamètre,  22  à  24  millimètres;  petit  diamètre, 
environ  16  millimètres. 

L’Écorcheur  est  un  oiseau  querelleur  et  criard. 
Gomme  nous  l’avons  dit,  sa  voix  est  désagréable.  Il 
répète  des  heures  entières,  sur  un  ton  élevé,  son  cri 
plè^  pt'e^  qu’il  n’interrompt  que  pour  faire  entendre  un 
autre  son  très  aigu  et  fort  disgracieux.  Nous  ne  lui 
connaissons  point  de  chant. 

C’est  l’embrocheur  par  excellence.  On  retrouve  ses 
charniers  dans  tous  les  lieux  qu’il  fréquente.  De  plus, 
en  examinant  bien  ses  victimes,  on  s’aperçoit  qu’elles 
ont  toutes  le  crâne  ouvert.  De  là,  selon  M.  l’abbé  Yin- 
celot,  vient  son  nom  Collurio,  mot  formé  par  inétathèse 
de  Kopv^,  casque,  et  de  hsiou,  je  brise.  Qu’il  nous  suf¬ 
fise  de  signaler  celte  étymologie,  dont  nous  laissons  à 
qui  de  droit  l’honneur  et  la  responsabilité.  Cette  espèce 
est  en  conformité  de  mœurs  avec  ses  congénères; 
mais,  comme  elle  est  moins  carnivore  que  les  précé¬ 
dentes,  et  qu’elle  se  nourrit  plutôt  dlnsectes,  sa  place 
nous  paraît  marquée  au  dernier  degré  du  genre. 


/ 


N 


—  68  -- 


DEUXIÈME  FAMILLE. 

CtALGULINÉS. 

Caractères  de  la  Famille:  Bec  assez  robuste,  assez 
allongé,  un  peu  courbé,  plus  haut  que  large,  à  pointe 
aiguë,  non  denté;  narines  oblongues,  à  moitié  cachées 
par  les  plumes  frontales;  tarses  courts,  robustes,  scu- 
tellés,  à  doigts  désunis  ;  ongles  forts  et  arqués,  mais 
non  crochus. 

Si  la  tâche  des  derniers  venus  dans  la  science  est 
d’ordinaire  plus  facile,  en  ce  qu’ils' profitent  des  ob¬ 
servations  et  des  découvertes  de  leurs  devanciers,  il 
•  est  certains  cas  cependant  où  les  données  sont  si 'con¬ 
fuses,  les  relations  si  contradictoires,  que  c’est  un 
embarras  plutôt  qu’un  avantage,  une  cause  d’erreurs 
plutôt  qu’une  source  de  renseignements.  Telle  est  l’his¬ 
toire  du  Rollier  ;  et  fon  s’étonne  à  bon  droit  qu’un 
oiseau  du  centre  do  l’Europe,  assez  répandu  dans  cer¬ 
taines  localités,  et  vivant  dânsle  voisinage  de  l’homme, 
ait  été  si  peu  ou  si  mal  étudié.  Essayons  toutefois  de 
démêler  la  vérité  dans  ce  chaos  de  documents  opposés, 
et  déclarons  tout  d’abord,  que  nous  n’avons  jamais  eu 
l’occasion  d’observer  cet  oiseau  par  nous-même.  Ses 
apparitions  dans  nos  contrées  sont  excessivement  rares, 
et  tout-à-fait  accidentelles. 

Nous  passerons  donc  en  revue  les  relations  des  na¬ 
turalistes,  éliminant  de  par  notre  logique,  toutes  les 
fois  qu’il  y  aura  contradiction  chez  les  auteurs ,  les 
caractères  qui  nous  paraîtront  incompatibles  avec  la 
conformation  de  l’oiseau. 


—  69 


La  prévention  est  une  source  féconde  d’erreurs;  et 
c’est,  croyons-nous,  à  une  opinion  préconçue  d’affinité 
entre  les  Rolliers  et  les  Geais,  qu’il  faut  attribuer  la 
manière  fort  superficielle  dont  on  a  observé  et  décrit 
les  premiers.  Nous  avons  dit  superficielle  ;  qu’on  nous 
permette  un  mot  d’explication. 

Bruce ,  le  premier ,  paraît  avoir  connu  les  habi¬ 
tudes  et  peut-être  les  mœurs  des  Rolliers.  Ce  fut  lui 
qui  donna  à  Buffon  l’oiseau  sur  lequel  fut  prise  la  des¬ 
cription  de  l’espèce  d’Abyssinie.  Il  est  difficile  d’ad¬ 
mettre  qu’il  ne  lui  ait  pas  communiqué  en  même 
temps  ses  observations,  lesquelles  auraient  dû  trou¬ 
ver  place  dans  l’article,  n’eût-ce  été  qu’à  titre  de  ren¬ 
seignement  et  sous  toutes  réserves.  Pourquoi  Buffon, 
ou  plutôt  Guéneau  de  Montbeillard ,  c^ui  paraît  être 
l’auteur  de  l’article,  n’en  a-t-il  pas  tenu  compte,  et 
s’est-il  contenté  d’une  étude  pompeuse,  mais  insigni¬ 
fiante?  On  peut  croire  que  les  renseignements  sont 
arrivés  trop  tard,  et  que  déjà  son  siège  était  fait. 

Les  divergences  au  sujet  de  notre  oiseau  portent 

% 

principalement:  R  sur  le  régime,  point  capital  pour 
notre  classification  ;  2°  sur  le  mode  de  nidification  ', 
3°  sur  le  vol. 

1°  Guéneau  de  Montbeillard  dit  qu’on  voit  souvent 
les  Rolliers  parcourir,  avec  des  Pies  et  des  Corbeaux, 
les  terres  fraîchement  labourées,  pour  y  chercher  des 
grains,  des  vers  et  des  racines. 

Le  Vaillant  rapporte  de  son  côté,  qu’il  n’a  trouvé 
dans  leur  estomac  que  des  fçuits,  des  chenilles,  des 
sauterelles  et  des  mantes. 

Selon  Degland,  ils  mangent  en  effet  des  grillons,  des 
sauterelles,  de  petits  reptiles,  et  particulièrement  des 


I 


^  f 

—  70  — 

grenouilles,  et  ils  attendent  patiemment  leurs  proies, 
perchés  sur  des  branches  sèches. 

La  configuration  de  leur  bec,  dépourvu  de  pinceaux 
sétacés,  et  garni  d’une  frange  de  poils  raides,  indique 
en  effet  des  Insectivores  ;  tandis  que  la  conformation 
de  leurs  pieds  et  la  brièveté  de  leurs  tarses  trahissent 
des  espèces  qui  se  perchent  plus  qu’elles  ne  marchent. 
—  Nous  serons  donc  ici  de  l’avis  de  Degland  et  de 
Le  Vaillant. 

2°  Guéneau  de  Montbeillard  ajoute  qu’ils  nichent  sur 
les  arbres,  et  de  préférence  sur  les  bouleaux.  Le  Vail¬ 
lant  partage  cette  opinion  et  va  plus  loin  :  il  dit  avoir 
trouvé  des  nids  de  Rollier,  construits,  comme  ceux  du 
Geai,  aux  enfourchures  des  branches  ;  il  prétend  de 
plus  qu’ils  pondent  des  œufs  verdâtres ,  piquetés  de 
roux,  tous  caractères  qui  les  assimilent  aux  Geais. 

M.  de  Selys  Longchamps  dit,  au  contraire ,  avoir 
vu  des  Rolliers  se  reproduire  dans  les  corniches  d’un 
temple  grec,  cà  Pæstum.  Le  D**  Shaw  les  a  vus  nicher 
en  Afrique  dans  les  trous  des  rochers  et  des  berges  ; 
et  il  paraît  démontré  que  leurs  œufs  sont  d’un  blanc 
pur,  aussi  lustrés  que  ceux  des  Pics  ;  ce  qui,  comme 
le  fait  avec  raison  remarquer  Temminck.  dénote  un 
oiseau  de  creux  d’arbres  et  de  masure.  —  Ici  encore, 
nous  sommes  de  l’avis  des  derniers. 

3'^  Le  Vaillant,  toujours  sous  l’influence  d’une  idée 
d’analogie  avec  les  Geais,  dit  qu’il  ne  distinguait  pas 
ces  deux  espèces  en  les  voyant  voler.  Or,  le  Geai  a  le 
vol  pénible,  coupé  et  peu  rapide. 

Le  D**  Petit  affirme  que  les  Rolliers  passent  avec 
une  grande  célérité;  et  M.  de  Blainville  constate,  d’a¬ 
près  la  forme  du  sternum,  laquelle  donne  surtout  l’ap- 


N 


—  71.  — 


titude  de  l’oiseau  pour  le  vol,  qu’ils  ont  une  grande 
analogie  avec  les  guêpiers,  dont  le  vol  est  facile,  ra- 
pide..et  soutenu. 

Ici  encore,  nous  pensons  comme  les  derniers,  parce 
que  le  sternum  à  large  crête  du  Rollier,  et  ses  ailes 
longues  et  aiguës,  sont  les  caractères  incontestés  des 
bons  voiliers. 

Ainsi  donc,  et  pour  nous  résumer,  nous  considérons  , 
les  Rolliers  comme  des  insectivores  ;  et  nous  les  ran¬ 
geons  près  des  Pies-grièches,  avec  lesquelles  nous  leur 
trouvons  une  grande  analogie  pour  les  mœurs,  pour 
la  manière  de  chasser  et  pour  les  sites  qu’ils  recher¬ 
chent.  Gomme  elles,  en  effet,  ils  attendent  leurs  proies, 
embusqués  sur  des  branches  dénudées,  et  les  happent 
au  passage  avec  une  grande  dextérité.  Gomme  elles, 
ils  mangent  de  gros  insectes  ailés,  des  chenilles,  des 
reptiles,  des  grenouilles.  Gomme  elles  enfin,  ils  aiment 
les  lisières  des  bois  exposés  au  soleil,  les  sites  acci¬ 
dentés,  les  lieux  arides.  Moins  omnivores,  puisqu’ils 
ne  mangent  point  de  chair,  ils  continuent  la  transition, 
et  nous  amènent  aux  Mésanges,  qui  sont  fructivores 
comme  eux. 

Gette  famille  contient  un  seul  genre  et  une  espèce 
unique  d’Europe. 


Genre  Rollier.  —  Galgulus  (Brisson). 

Nous  rendons  aux  Rolliers  leur  nom  générique  Gal- 
guhis^  quoique  le  mot  Goracias  semble  avoir  prévalu. 
Gette  restitution,  partant  d’une  initiative  aussi  peu 
autorisée  que  la  nôtre,  nous  paraît  réclamer  une  ex- 


/ 


-  72  — 

plication.  Nous  nous  empressons  donc  d’exposer  les 
motifs  de  cette  préférence. 

Le  premier,  le  plus  sérieux,  c’est  que  le  mot  Coracias, 

dérivé  de  aopct,^,  corbeau,  tend  à  perpétuer  une  erreur, 

« 

en  établissant,  entre  les  Rolliers  et  les  Corbeaux,  un 
rapport  de  consanguinité  qui  n’existe  pas  ;  et  nous  trou¬ 
vons  qu’il  y  aurait  inconséquence,  quand  on  combat  un 
préjugé,  à  conserver  une  dénomination  qui  le  consacre. 

Les  Graves  sont  généralement  désignés  par  le  mot 
Coracia.  Voilà  donc  deux  genres  très  différents  repré¬ 
sentés  par  des  noms  presque  identiques.  Il  serait  éton¬ 
nant  que  la  confusion  ne  naquît  pas  de  cette  homo¬ 
nymie.  Or,  la  confusion  est  l’écueil  contre  lequel  il  faut 
se  tenir  le  plus  en  garde,  parce  qu’il  n’y  a  rien  de  tel 
pour  inspirer  le  découragement  et  le  dégoût  de  l’étude. 
Nous  pensons  de  plus  que  le  mot  Galgulus  a  sur 

l’autre,  outre  le  mérite  de  la  précision,  l’avantage  de 
» 

maintenir  les  droits  de  priorité ,  droits  sacrés  pour 
nous,  toutes  les  fois  qu’ils  ne  s’exercent  pas  au  détri¬ 
ment  de  la  science  ;  et  c’est  précisément  le  contraire 
qui  arrive  ici. 

Telles  sont  les  considérations  qui  ont  motivé  notre 
détermination;  nous  osons  espérer  que  la  bonté  de 
l’intention  nous  fera  au  moins  trouver  grâce  devant 

é 

nos  lecteurs. 

42.  atollicr  d’iiuropc.  —  Galgulus  garrulus 
(Vieillot). 

Synonymie:  Rollier commun.  —  Geai  bleu.  —  Geai 
des  bouleaux.  — Perroquet  d’Allemagne.  —  Pie  de 
Strasbourg. 

Taille  :  32  centimètres. 


-  73 


Description:  Mâle  adulte  :  tête,  cou  et  parties  infé¬ 
rieures  d’un  'vert  bleu  d’aigue-niarine  à  reflets,  ave.c 
des  raies  plus  claires  sur  la  tige  des  plumes,  surtout  à 
la  gorge  et  au  cou  ;  dos  et  scapulaires  d’un  beau  fauve 
uniforme  ;  croupion  et  petites  couvertures  alaires  bleu- 
violet  brillant  ;  grandes  couvertures,  comme  la  tête; 
rémiges  noires  en  dessus ,  bleu  indigo  en  dessous  ; 
rectrices  médianes  brunes,  les  autres  lavées  de  vert  et 
de  brun  dans  leur  partie  supérieure  ;  les  parties  infé¬ 
rieures  d’un  bleu  d’aigue-marine  pâle,  qui  s’étend  da¬ 
vantage  sur  chaque  penne  à  mesure  qu’elle  s’éloigne 
des  médianes  ;  la  plus  latérale,  qui  est  la  plus  longue , 
terminée  de  noir;  bec  noir;  pieds  jaunâtres;  iris  à 
double  cercle  brun  et  gris. 

,  Femelle:  Nuances  généralement  plus  ternes;  manteau 
fortement  lavé  de  gris. 

« 

Jeunes;  Parties  supérieures  brun  sombre  ;  parties 
inférieures  d’un  gris  verdâtre. 

Le  Rollier  est  une  de  nos  belles  espèces  européennes; 
c’est  .en  même  temps  un  excellent  gibier.  Sa  dépouille 
est  également  recherchée  pour  les  collections  et  pour 
la  parure  des  dames,  et  sa  chair,  fort  prisée  pour  la 
table  en  Morée  et  dans  les  Cyclades.  Cet  oiseau  jacasse 
et  babille  comme  les  Pies  et  les  Geais,  d’où  son  nom 
spécifique  Garrulus^  babillard. 

Il  habite  presque  toute  l'Europe,  surtout  l’Allemagne, 
l'Italie  et  le  Midi  de  la  France,  où  quelques  couples  se 
reproduisent  chaque  année.  Il  n’est  pas  rare  dans  la 
Russie  méridionale.  J’ai  dans  ma  collection  un  mâle 
adulte  rapporté  de  l’expédition  de  Crimée.  On  le  ren¬ 
contre  aussi,  mais  rarement  dans  notre  localité.  J’ai 
vu,  dans  le  cabinet  de  M.  Oursel,  un  vieux  mâle  tué 


« 


—  74  — 


/ 


dans  les  environs  du  Havre.  Tous  les  ans,  au  moment 
du  passage,  les  Rolliers  arrivent  en  grande  quantité 
dans  nie  de  Malte,  qui  doit  à  sa  position  d’être  une 
sorte  de  rendez-vous,  une  étape  forcée  pour  tous  les 
oiseaux  migrateurs. 

Nous  croyons  avoir  surabondamment  consigné  plus 
haut  ses ‘moeurs,  ses  habitudes,  son  régime  et  son 
mode  de  nidification.  Ajoutons  en  finissant  cet  article, 
déjà  trop  long  pour  notre  cadre,  qu’il  pond  de  quatre 
à  sept  œufs  courts  et  très  lustrés. 


TROISIÈME  FAMILLE. 

FARINÉS. 

Caractères  de  la  Famille  :  Ceux  de  fOrdre  ;  bec  droit  et 
'conique  ;  narines  basales,  couvertes  de  plumes  dirigées 
en  avant  ;  ailes  à  penne  bâtarde  ;  le  doigt  médian  et 
l’externe  unis  à  la  base;  ongles  robustes;  plumes 
soyeuses  et ‘désunies.  ^ 

Les  oiseaux  qui  composent  cette  famille  sont  de 
petite  taille,  mais  agiles,  remuants,  nerveux.  Ils  s’ac¬ 
crochent  aux  branches,  les  parcourent  en  tous  sens,  et 
s’y  suspendent  dans  toutes  les  positions.  Ce  sont  en¬ 
core  des  espèces  turbulentes,  caractère  qui,  joint  à 
leur  sociabilité,  à  leur  appétit  multiple,  à  leur  instinct 
des  approvisionnements,  et  aux  pinceaux  piliformes 
qui  couvrent  leur  bec,  nous  paraît  justifier  suffisam¬ 
ment  la  place  que  nous  leur  donnons  près  des  Omni¬ 
vores;  tandis  que  leur  habitude  de  courir  sur  les 
arbres,  pour  y  trouver  leur  nourriture,  les  rapproche  na- 


75 


turellement  des  Pics,  auxquels  elles  sont  unies  par  une 
famille  essentiellement  intermédiaire,  les  Gerthiinés.  ' 
La  famille  des  Farinés  contient  pour  nous  trois 
genres  : 

1"  Genre  Mésange.  —  Parus 

2®  Genre  Roitelet.  —  Regulus. 

» 

3°  Genre  Sittelle.  —  Sitta. 

IjCs  Sittelles  ont  été  jusqu’ici  éloignées  de  la  famille 
des  Farinés,  à  laquelle  elles  nous  paraissent  appartenir 
par  les  caractères  les  plus  saillants:  les  mœurs,  le  ré¬ 
gime  et  les  habitudes. 


1“  Genre  Mésange.  — ^  Parus. 

Caractères  du  Genre  :  ceux  de  la  Famille;  bec  généra¬ 
lement  fort ,  à  pointe  obtuse  et  souvent  fléchie  ;  tarses 

« 

courts. 

Les  Mésanges  sont  communes  partout;  la  plupart 
sont  sédentaires  ;  et,  si  elles  paraissent  plus  nombreuses 
en  hiver  qu’en  été,  c’est  que  les  couples  qui  étaient  allés 
se  reproduire  dans  lesgrands  bois,  se  rapprochent  alors 
des  habitations,  pour  y  trouver  une  nourriture  plus 
abondante  dans  le  voisinage  de  l’homme.  Elles  sont 
peu  farouches,  peu  rusées  ;  et,  par  suite  de  leur  pétu¬ 
lance  native,  elles  donnent  dans  presque  tous  les 
pièges.  ' 

On  les  voit  sans  cesse  dans  les  arbres,  dans  les  cépées, 
dans  les  roseaux,  voltigeant,  sautillant,  retournant  les 
feuilles,  visitantles  rugosités,  sondant  les  fissures,  man¬ 
geant  avec  une  égale  ardeur  les  œufs  des  Lépidoptères, 
les  larves,  les  graines  et  les  grains.  Cependant  elles 


rie  broient  point  ces  clenTiiers  aliments,  comme  le  font 
les  Granivores  ;  elles  les  assujettissent  sous  leurs 
pieds  ou  à  quelque  enfourcliure,  les  frappent  à  coups 
redoublés  et  déchirent  Penveloppe,  à  la  manière  des 
Omnivores.  Leur  bec  est  si^robuste,  qu’elles  parvien-  / 
nent  ainsi  à  percer  les  noisettes. 

Quelques  espèces  sont  très  friandes  de  semences  de 
pavot  et  déploient,  pour  les  saisir,  une  sagacité  remar¬ 
quable  :  perchées  sur  la  hampe,  elles  attaquent  la  tête 
par  le  bas;  la  graine  sphérique  et  glissante  se  présente 
d’elle-même,  et  l’oiseau  n’a  plus  qu’à  la  saisir. 

Leur  fécondité  est  proverbiale.  C’est  une  mésange 
(She  is  a  tomtit)^  dit-on  en  Angleterre  pour  désigner  une 
femme  de  petite  taille  qui  a  eu  .beaucoup  d’enfants.  ' 
Certaines  espèces  pondent  jusqu’à  18  œufs  et  font  plu¬ 
sieurs  couvées.  Elles  sont  si  attachées  à  leurs  nids,  que 
j’ai  pris,  cinq  fois  de  suite,  une  Grosse  Charbonnière 
dans  un  pommier  creux  ;  quelques  minutes  après,  elle 
y  revenait;  et  elle  est  ainsi  parvenue,  malgré  mes  tra¬ 
casseries,  à  mener  à  bien  sa  nichée.  Elle  fit  même  une 
seconde  ponte  dans  le  même  creux  ;  et  cette  fois,  je  me 
gardai  bien  de  l’interrompre.. 

Ces  oiseaux  détruisent  une  quantité  innombrable 
d’œufs,  de  larves  et  d’insectes  ;  et,  si  l’on  fait  attention 
à  leur  grand  nombre  et  à  leur  prodigieuse  fécondité, 
on  ne  peut  s’empêcher  de*  se  demander,  avec  une  cer¬ 
taine  anxiété,  ce  que  deviendraient  nos  fruits  et  nos 

I 

moissons,  si  ces  espèces  venaient  à  nous  manquer.  La 
"plupart  des  insectivores  nous  abandonnent  pendant 
l’hiver;  les  Mésanges  sont  toujours  là,  et  poursuivent 
toute  l’année  leur  mission  providentielle.  Si  donc  elles 
coupent  quelques  bourgeons  et  piquent  quelques 


fruits,  gardons-nous  de  récriminer,  et  de  leur  mar¬ 
chander  notre  reconnaissance. 

Leur  mue  est  simple. 

Ce  genre  comprend  1 4  espèces  d’Europe,  dont  une, 
la  Mésange  bicolore  [Parus  bicolor),  est  contestée  par 
quelques  auteurs  comme  espèce  européenne,  et  une 
autre, ’la  Mésange  ou  Nonnette  alpestre,  a  été  récem¬ 
ment  découverte  (1). 

Cette  dernière  habite  les  Alpes,  comme  l’indique 
son  nom  ;  et  je  dois  à  la  bienveillante  obligeance  de 
mon  honorable  ami,  M.  Lunel de  Genève,  d’en  posséder 
deux  individus,  l’un  en  été,  l’autre  en  hiver;  dix  appar¬ 
tiennent  à  la  France,  et  huit  se  rencontrent  dans  notre- 
département;  savoir*: 

1°  Mésange  Charbon-  5'’  Mésange  noire, 
nière.  6°Mésange  à  longue  queue. 

2®  Mésange  bleue.  7°  Mésange  à  moustaches. 

3°  Mésange  nonnette.  8°  Mésange  penduline. 

4"  Mésange  huppée. 

que  nous  réunissons  dans  un  seul  genre,  cà  cause  de  leur 
conformité  de  mœurs  et  de  régime;  la  différence  de  lon¬ 
gueur  de  la  queue,  de  disposition  des  rémiges,  et  de 
mode  de  nidification  ne  nous  paraissant  point  un  ca¬ 
ractère  suffisant  pour  motiver  une  distinction  géné¬ 
rique.  ' 

Quelques  auteurs  ont  partagé  ces  espèces  en  trois  et 
même  en  cinq  genres  d’après  «  de  légers  caractères 
«  tirés  des  rémiges  et  du  bec  (2).  » 

(,1)  M.  V.  Fatio  {Bulletin  de  la  Société  ornithologique  Suisse, 
première  partie,  1865)  conclut  à  la  radiation  de  cette  mésange 
comme  espèce. 

(2)  D*’  Chenu,  Encyclopédie  d’FIistoire  naturelle,  t.  IV,  p.  118. 


—  78 


Nous  ne  saurions,  pour  notre  part,  accepter  une  clas¬ 
sification  basée  sur  une  légère  différence  des  rémiges. 
Ces  différences  sont  constantes  dans  les  oiseaux;  et  elles 

•r 

ont  été  prises  par  les  meilleurs  auteurs  comme  bases 
de  distinctions  spécifiques.  Employées  à  établir  des 
coupes  génériques,  elles  conduiraient  tout  simplement 
à  faire  autant  de  genres  qu'il  y  a  d’espèces. 

Quant  aux  caractères  tirés  du  bec,  nous  ne  pensons 
point  qu’on  doive  se  préoccuper  outre  mesure  de  va- 
riatiations  légères,  insignifiantes.  Il  est  impossible  de 
trouver  deux  espèces  absolument  semblables;  et  ce  sont, 
au  contraire,  ces  différences  qui  préparent  les  transi¬ 
tions.  Nous  l'avons  dit,  d'ailleurs,  au  commencement  de 
rOrdre  :  «  Nous  considérons  le  régime  plutôt  que  l’or¬ 
gane;  »  et  nous  croyons  que  tant  qu’il  existe  entre  les 
espèces  un  rapport  de  similitude  assez  marqué,  il  faut 
résister  à  cette  tendance  à  multiplier  les  genres,  qui  est 
poussée  si  loin  de  nos  jours.  En  général,  on  sacrifie 
trop  au  goût  de  l’époque. 

«  Des  coupes  assez  nombreuses,  ajoute  le  D**  Chenu, 
c<  y  ont  été  introduites,  pour  permettre  d’élever  le 
«  genre,  au  moyen  de  ces  coupes,  au  rang  de  famille.  » 
L’aveu  est  naïf  et  bon  à  retenir  ;  mais  nous  n’admet¬ 
tons  point  que ,  —  pour  rem  plir  et  régulariser  ses  cadres, 
—  un  auteur  puisse  créer  des  genres,  comme  on  fait 
des  fausses  fenêtres  pour  la  symétrie  ;  et  il  nous  per¬ 
mettra  de  ne  point  le  suivre  dans  cette  classification 
de  fantaisie. 

Nous  formons  donc  un  genre  unique  sans  nous  pré¬ 
occuper  davantage  des  caractères  tirés  de  la  longueur 
de  la  queue  et  du  mode  de  nidification. 


-  79  — 


43.  llésang^c  cliarlionuièrc.  —  Parus  major 
Linné.  (Major,  plus  grand). 

Synonymie  :  Grosse  Mésange;  Grosse  Tête  noire,  Ser¬ 
rurier.  Taille:  15  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  tête ,  côtés  du  cou ,  gorge  et 
haut  de  la  poitrine,  noir  lustré;  bas  de  la  poitrine , 
ventre  et  abdomen  d'un  jaune  lavé  de  vert,  coupé  sur 
le  milieu  du’ sternum  par  une  bande  noire,  s’étendant 
de  la  poitrine  à  la  région  anale  ;  une  large  plaque  trian¬ 
gulaire  blanche  sur  les  joues  ;  manteau  vert  olive  ;  une 
tache  d’un  blanc  jaunâtre  à  la  nuque;  couvertures  . 
alaires  cendrées,  les  plus  grandes  terminées  de  blanc, 
formant  sur  l’aile  une  bande  transversale  :  rémiges  et 
rectrices  noires,  bordées  de  cendré;  les  deux  rectrices 
externes  liserées  de  blanc;  bec  et  pieds  gris  de  plomb  ; 
iris  noir. 

Femelle:  Noir  de  la  tête  moins  brillant  ;  jaune  des 
parties  inférieures  moins  pur;  bande  du  sternum  plus 
étroite. 

Jeunes  :  Nuances  moins  tranchées,  plus  d’indécision 
dans  tout  le  plumage  ;  ils  diffèrent  surtout  des  adultés 
par  la  teinte  jaunâtre  des  joues  et  de  la  bande  de  l’aile. 

Cette  espèce,  type  du  genre,  abonde  partout.  Elle 
couve  dans  les  creux  d’arbre,  y  construit  un  nid  très 
volumineux,  composé  de  mousse,  de  laine,  de  plumes 
et  de  crins,  et  y  dépose  de  douze  à  quatorze  œufs , 
quelquefois  dix-huit,  d’un  blanc  rosé,  marqué  de  petites 
taches  rouge  brique,  plus  nombreuses  au  gros  bout  où 
ellesforment couronne.  Grand  diamètre,  18 millimètres; 
petit  diamètre,  14  millimètres.  Elle  fait  deux  couvées  et 
quelquefois  trois  et  quatre,  quand  les  premières  n’ont 
pas  réussi. 


80 


La  Charbonnière  est  un  oiseau  pétulant,  acariâtre  et 

querelleur.  Sa  voix  aigre  et  criarde  est  susceptible  de 

outes  sortes  de  modifications.  Elle  fait  entendre  un 

cri  de  détresse  aigu  et  saccadé,  à  la  vue  de  l’oiseau  de 

proie,  et  quand  on  l’approche.  Au  printemps,  elle  a 

'  un  chant  d’amour  multiple  et  très  varié,  mais  toujours 

désagréable.  Sa  voix  a  quelque  chose  de  strident  qui 

0 

rappelle  le  grincement  du  fer;  aussi,  la  désigne-t-on 
quelquefois  sous  les  noms  de  Serrurier  et  d’Aiguiseur 
de  scie,  à  cause  de  l’analogie  de  son  chant  avec  le  cri  de 
la  lime. 

44.  llésang^e  bleue.  —  Parus  cœruleus  (Linné). 

Taille  :  environ  12  centimètres. 

Description:  (Mâle)  :  vertex  d’un  bleu  lustré,  entouré 
d’une  bande  blanche  formant  courqnne;  une  large 
plaque  triangulaire,  blanche  sur  les  joues|;  collier, 
gorge  et  une  bande  étroite  passant  sur  les  yeux,  d’un 
bleu  noir  ;  manteau  bleu  verdâtre;  couvertures  alaires, 
rémiges  et  rectrices  bleues  ;  une  bande  transversale 
blanche  sur  les  ailes;  parties  inférieures  d’un  jaune  de 
soufre  pâle,  séparées  sur  le  sternum  par  une  bande 
étroite  bleu  noir;  bec  et  pieds  gris  de  plomb  ;  iris  noir. 

Femelle  :  Elle  ne  diffère  du  mâle  que  par  la  bande 
du  sternum,  qui  est  plus  étroite. 

Jeunes  en  premier  plumage  :  Une  nuance  grisâtre 
domine  toutes  les  teintes  ;  le  bleu  du  vertex  et  du  col¬ 
lier  est  olivâtre. 

.  Cette  espèce  est  très  répandue  dans  notre  départe¬ 
ment.  Elle  niche,  comme  la  Charbonnière ,  dans  les 
creux  d’arbre  et  quelquefois  dans  les  fissures  des  mu¬ 
railles.  Elle  pond  de  8  à  10  œufs  assez  courts,  d’un 


I 


—  81 


blanc  presque  pur,  avec  de  très  petits  points  bruns, 
mêlés  de  taches  rouge  brique.  Grand  diamètre,  16  milli¬ 
mètres;^  petit  diamètre,  12  millimètres. 

En  général ,  la  Mésange  bleue  couve  plus  loin  des 
habitations,  et  semble  préférer  en  été,  au  voisinage  de 
l’homme,  les  futaies  écartées  et  tes  lieux  solitaires. 

Plus  petite  de  taille,  douée  d’une  voix  plus  douce  et 
de  plus  de  gentillesse  que  la  précédente,  cette  mésange 

est  peut-être  encore  plus  audacieuse  et  plus  acariâtre. 

« 

Son  goût  pour  la  chair  paraît  plus  prononcé.  Elle  s’at¬ 
taque  aux  oiseaux  blessés  ou  malades,  les  frappe  à  la 
tête,  leur  perce  le  crâne,  et  mange  la  moelle  du  cer¬ 
veau.  Ses  goûts  sanguinaires  doivent  la  faire  bannir 
des  volières. 

i 

En  liberté,  elle  a  sans  cesse  des  accès  de  dépit,  des 
mouvements  d’impatience  vraiment  risibles.  Si  elle 
attaque  une  graine,  et  qu’elle  la  trouve  vide,  elle 
s’enfle,  s’irrite,  frappe  de  çà,  de  là,  déchire  l’enveloppe, 
'l’éparpille  en  un  instant,  et  ne  s’éloigne  que  quand 
il  ne  reste  plus  trace  de  l’objet. 

En  hiver,  on  la  rencontre  souvent  dans  les  prairies, 
où  elle  trouve  des  larves  en  abondance.  Elle  grimpe 
sur  les  roseaux  avec  beaucoup  de  légèreté,  perce  les 
tiges  et  dépiste  les  insectes  jusque  dans  la  moelle. 

45.  ISésange  nanncUc.  —  Parus  palustris  (Linné).  - 

Synonymie  :  Nonnette  des  marais,  Nonnette  cen¬ 
drée,  Petite  Tête  noire. 

Taille  :  environ  12  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  Dessus  de  la  tête,  derrière  du 
cou  et  gorge  noirs  ;  parties  supérieures  roussâtres  ; 
joues  et  devant  du  cou  d’un  blanc  cendré  ;  parties 
G  ' 


—  82  - 


inférieures  cendré  pâle,  lavé  de  roux  aux  côtés  du  cou 
et  aux  flancs  ;  rémiges  et  rectrices  semblables  au 
manteau  ;  bec  brun;  pieds  gris  de  plomb  ;  iris  noir. 

Femelle  :  elle  ne  diffère  du  mâle  que  par  le  noir 
moins  étendu  à  la  gorge  et  moins  pur  à  la  tête. 

Jeunes:  semblables  à  la  femelle,  avec  des  teintes 
plus  rembrunies. 

On  trouve,  mais  rarement,  des  variétés  tapiérées  de 
blanc  ;  il  en  existe  d’autres  qui  n’ont  point  de  noir  à  la 
gorge;  quelques-unes  l’ont  très  peu  étendu. 

La  Nonette  a  les  moeurs  pétulantes  et  tapageuses 
des  précédentes  ;  elle  a  leur  cri  varié  et  leur  régime 
multiple.  Aussi  avons-nous  cru  devoir  la  placer  à  leur 
suite.  Gomme  elles,  elle  est  répandue  dans  toute  l’Eu¬ 
rope  et  commune  partout.  Gomme  elles,  elle  est  d’une 
prodigieuse  fécondité,  et  dépose  de  douze  à  quinze 
,œufs  assez  courts,  à  coquille  blanche,  couverte  de 
points,  et  quelquefois  de  taches  assez  étendues,  d’un 
roux  plus  ou  moins  foncé.  Grand  diamètre,  1 5^  milli¬ 
mètres  ;  petit  diamètre,  11  millimètres.' 

Son  nom  latin  Palustris,  des  marais,  semblerait  in¬ 
diquer  que  cette  espèce  fréquente  habituellement  les 
marais.  Nous  croyons  qu’en  effet  elle  aime  les  lieux 
bas  et  humides,  les  bords  boisés  des  rivières  ;  mais 
nous  la  voyons  dans  les  roseaux  et  les  jonchaies  moins 
souvent  que  la  Mésange  bleue. 

Quant  à  son  nom  français,  Nonnette,  petite  nonne, 
elle  le  doit  évidemment  à  la  couleur  sombre  de  son 
plumage  et  à  la  larges  coiffe i  noire  recouvrant  deux 
joues  blanches,  ce  qui  la  fait  paraître  embéguinée. 

Gette  mésange  commence  pour  quelques  auteurs  le 
genre  Nonnette,  Pœcila,  dont  elle  est  le  type.  L’unique 


83 


caractère  sur  lequel  est  basée  cette  coupe,  c'est  que 
(c  la  Nonnette  des  marais  aurait  l’habitude  de  creuser 
«  elle-même  des  arbres  pour  y  placer  son  nid  (1).  » 
Nous  croyons  que  c’est  là  une  erreur  profonde.  Nous 
avons  toujours  vu  la  Nonnette  des  marais  couver  dans 
des  creux  naturels.  Gomment  admettre,  en  effet,  qu’avec 
ses  faibles  armes  elle  puisse  creuser  un  trou  capable 
de  contenir  sa  nombreuse  famille.  Eùt-elle  d’ailleurs 
cette  habitude,  que  nous  ne  pourrions  la  considérer 
comme  un  caractère  suffisant  pour  établir  une  coupe 
générique, 

46.  IScsangie  huppée.  — Parus  cristatus  (Linné), 
de  crista,  huppe,  aigrette. 

Taille  :  12  centimètres. 

Description  :  Mâle  adulte  :  PI  ornes  du  vertex  noires, 
bordées  de  gris  pâle,  effilées,  légèrement  recoquillées, 
et  formant  une  huppe  pointue,  très  prononcée  ;  joues 
d’un  blanc  ondé  de  gris,  encadrées  par  une  double 
bande  noire  et  blanche  extérieurement,  partant  do  la 
gorge  et  remontant  jusqu’à  l’occiput;  gorge  noire; 
parties  supérieures,  ailes  et  queue,  brun  roux  ;  parties 
inférieures  d’un  blanc  sale,  lavé  de  roussâtre,  surtout 
aux  flancs  et  à  l’abdomen;  bec  noir;  pieds  plombés; 
iris  rouge  brique  pâle. 

Femelle  ;  plus  petite  que  le  mâle,  avec  les  plumes  de 
la  huppe  jjlus  courtes,  moins  retournées,  et  plus  large¬ 
ment  frangées  de  gris  ;  le  collier  blanc  et  noir  est 
moins  tranché  ;  le  noir  de  la  gorge  moins  étendu,  et 
la  teinte  générale  plus  sombre. 

t 

(1)  D'  Chenu,  Encyclopédie  d'IIist.  nal.,  t.  IV,  p.  127. 


—  84 


Les  jeunes  ressemblent  assez  à  la  femelle  ;  on  les 
reconnaît  à  une  teinte  grise  sur  le  noir  de  la  gorge  et 
du  collier; et  à  la  nuance  rembrunie  des  parties  infé¬ 
rieures. 

La  Mésange  huppée  niche  dans  les  creux  et  les  fis¬ 
sures,  quelquefois  sous  les  racines  et  jusque  dans  les 
tas  de  bourrées.  Elle  pond  4  ou  5  œufs  obtus,  d’un 
blanc  pur,  pointillé  de  rouge  brique.  Grand  diamètre, 
15  millimètres;  petit  diamètre,  13  millimètres 

Bien  qu’on  la'  rencontre  moins  communément  que 
les  précédentes,  on  ne  peut  pas  dire  qu’elle  soit  rare 
dans  notre  département.  On  la  trouve  dans  beaucoup 
de  parcs  où  elle  fréquente  les  sapins  et  les  arbres  verts. 
Ses  mouvements  sont  vifs  et  saccadés,  son  caractère 
impatient  et  irascible,  sa  voix  brève  et  sèche.  Nous  ne 
lui  connaissons  point  de  chant  d’amour. 

Moins  sociable  que  la  plupart  de  ses  congénères, 
elle  voyage  souvent  par  couples.  Si  l’une  des  deux 
s’éloigne,  l’autre  interrompt  sa  chasse;  elle  s’agite, 
pousse  des  cris  fréquents,  qui  semblent  trahir  une 
sorte  d’inquiétude  ;  et,  au  premier  appel,  elle  rejoint  sa 
compagne. 

Cette  espèce  nous  paraît  faire  sa  principale  nourri¬ 
ture  d’insectes  et  de  larves,  qu’elle  cherche  surtout  dans 
les  arbres,  et  particulièrement  dans  les  conifères.  Elle 
ne  descend  point  dans  les  jardins,  ni  dans  les  marais. 
Buffon  rapporte  qu’on  la  trouve  souvent  dans  les  gené¬ 
vriers  ,  et  qu’elle  mange  beaucoup  de  genièvre.  Je 
n’oserais  contester  cette  assertion  ;  mais  je  ne  l’y  ai 
jamais  rencontrée.  Cependant  les  genévriers  étant  des 
arbustes  à  feuilles  persistantes,  le  fait  me  paraît  assez 
probable. 


--  85  -- 


47.  Sfiésiang;c  noire.  —  Parus  ater  (Linné)  {ater, 
noir.)  • 

Synonymie  ;  Petite  Charbonnière. 

Taille  :  environ  11  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  tête,  gorge,  devant  du  cou  et 
haut  de  la  poitrine  d’un  noir  lustré  ;  joues,  côtés  du 
cou  et  nuque  d’un  blanc  pur  ;  manteau  gris  de  plomb, 
lavé  d’olivâtre  ;  ailes  de  même  couleur  avec  deux 
bandes  transversales  blanches,  formées  par  l’extrémité 
des  couvertures  ;  parties  inférieures  d’un  blanc  cen¬ 
dré,  passant  au  roux  sur  les  flancs  et  aux  sous-caudales  ; 
rémiges  et  rectrices  brunes,  liserées  de  cendré;  pieds 
gris  de  plomb  ;  bec  et  iris  noirs. 

Femelle  :  semblable  au  mâle,  avec  le  blanc  des 
joues  et  le  noir  de  la  gorge  moins  étendus. 

Jeunes  :  nous  ne  connaissons  pas  cette  espèce  en 
premier  plumage. 

Cette  mésange,  commune  et  sédentaire  dans  quel- 
ques  localités  de  la  France,  n’est  dans  notre  départe¬ 
ment  que  de  passage  irrégulier..  Les  années  où  elle  doit 
s’y  montrer,  nous  la  voyons,  arriver  en  plus  ou  moins 
grand  nombre,  dès  les  premiers  jours  d’octobre,  pour 
ne  repartir  qu’au  mois  d’avril. 

Les  causes  qui,  déterminent  ces  migrations  dès  oi¬ 
seaux  ne  sont  pas  encore  bien  connues.  Nous  l’avons 
dit  déjà,  nous  ne  croyons  point  qu’on  puisse  les  attri¬ 
buer  uniquement  à  l’influence  de  la  température.  En 
effet,  à  moins  de  reconnaître  à  ces  espèces  une  pres¬ 
cience  que  la  raison  se  refuse  d’admettre,  comment 
expliquer  leur  départ  dès  le  commencement  de  l’au¬ 
tomne,  c'est-à-dire  à  une  époque  où  la  température  n’a 


—  86  — 


point  de  rigueurs.  Ajoutons  qu’en  1865,  où  l’hiver  fut 
très  clément,  les  mésanges  noires  apparurent  en  plus 
grande  quantité  qu'en  1866,  où  il  devait  être  des  plus 
rigoureux. 

Nous  persistons  donc  à  penser  qu’il  faut  chercher 
ailleurs  la  cause  de  ces  déplacements,  soit  dans  la  di¬ 
rection  des  courants  atmosphériques,  soit  dans  une 
multiplication  exagérée,  dont  le  premier  résultat  est  la 
disette  ;  soit  peut-être  dans  ces  deux  causes  réunies  : 
dans  la  disette  qui  les  force  au  départ,  et  dans  les  cou- 
rânts  qui  modifient  leur  itinéraire.  En  effet,  les  mé¬ 
sanges  noires  arrivent  presque  toujours  par  un  vent 
d'est,  nord-est. 

Quoi  qu’il  en  soit,  et  autant  que  nous  avons  pu  en 
juger  par  l’observation  de  ces  oiseaux  en  hiver,  leurs 
mœurs  les  rapprochent  plutôt  de  la  Mésange  huppée  et 
des  Roitelets  que  de  la  Charbonnière,  près  de  laquelle 
on  la  place  souvent.  C’est  donc  à  dessein  que  nous 
modifions  ici  l’ordre  de  succession  des  espèces. 

Comme  la  précédente,  la  Mésange  noire  affectionne 
les  arbres  verts  ;  ses  moBurs  paraissent  plus  douces,  ses 
allures  plus  modestes,  son  régime  moins  étendu.  Elle 
ne  mange  guère  que  des  larves  et  des  œufs,  qu’elle 
cherche  comme  les  roitelets,  en  se  suspendant  à 
l’extrémité  des  branches. 

Elle  voyage  par  petites  bandes,  qui  se  cantonnent 
dans  les  lieux. plantés  de  sapins.  Sa  voix  traînante  et 
plaintive,  quand  tout  est  mort  dans  la  nature  et  que 
le  givre  couvre  la  terre,  dispose  à  une  sorte  de  mélan¬ 
colie  sympathique;  et  bien  des  fois,  près  de  la  tirer, 
nous  avons  abaissé  notre  arme,  et  senti  mollir  notre 
ardeur. 


87  - 


48 .  Slésang^c  à  long^uc  queue.  —  Parus  megis- 
tura. 

Synonymie  :  Mécisture,  Manche  d' alêne,  Fusée. 

Taille  :  environ  15  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  bec  très  court,  obtus,  légère¬ 
ment  fléchi  dans  sa  partie  supérieure  ;  vertex  et  joues 
blanc  cendré,  avec  deux  bandes  noires  au-dessus  des 
yeux  ;  parties  supérieures  mêlées  de  gris  cendré ,  de 
noir  et  de  brun  lie  de  vin  pâle  ;  parties  inférieures  blanc 
cendré  lavé  de  roux,  surtout  aux  flancs  et  aux  côtés  de 
la  poitrine  ;  queue  longue,  étagée  ;  plumes  soyeuses  et 
très  désunies;  bord  intérieur  des  paupières  jaune  pâle; 
pieds  bruns  ;  bec  et  iris  noirs. 

Femelle  :  elle  ne  diffère  dp  mâle  que  par  une  bande 
noire  plus  prononcée  au-dessus  des  yeux. 

Jeunes  ;  nuances  plus  pâles;  les  parties  inférieures 
mélangées  de  brun  ;  queue  plus  courte. 

On  trouve  des  individus  qui  ont  la  tête  d’un  blanc 
plus  ou  moins  pur,  sans  bandes  noires  ;  et  quelques 
auteurs  prétendent  que  c’est  la  livrée  ordinaire  de  ceux 
qui  habitent  le  Nord.  Je  ne  voudrais  point  contester  le 
fait ,  mais  je  puis  affirmer  que  ces  variétés  se  trouvent 
dans  notre  pays.  J’ai  vu  dernièrement  un  mâle  ayant 
la  tête  toute  blanche,  tué  dans  le  midi  de  la  France  ; 
et,  en  mai  dernier,  j’ai  abattu  une  femelle  dont  la  tête 
est  d’un  blanc  cendré  uniforme,  sans  trace  de  raie. 

La  Mésange  à  longue  queue  place  aux  enfourchures 
des  arbres  un  nid  sphérique,  relativement  volumineux  , 
ne  présentant  le  plus  souvent  qu’une  ouverture  vers  la 
partie  supérieure.  Ce  nid,  admirablement  construit,  se 
compose  à  l’extérieur  de  mousses  et  de  lichens  ;  il  est 


88  — 


garni  intérieurement  de  crin  et  de  plumes,  qui  obstruent 
le  passage,  et  empêchent  l’air  d’y  pénétrer.  Elle  y 
dépose  de  dix  à  douze  œufs  assez  courts,  à  coquille 
blanche  plus  ou  moins  piquetée  de  rouge  brique. 
Grand  diamètre,  1 2  millimètres;  petit  diamètre,  10  mil¬ 
limètres. 

Qui  n’a  pas  consacré  quelques  instants  à  admirer  la 
légèreté,  la  grâce,  la  gentillesse  de  ces  mésanges,  lors¬ 
que,  poussant  leur  petit  cri  d’appel,  elles  parcourent 
branche  à  branche,  brindille  à  brindille,  les  arbres  les 
plus  hauts  et  les  plus  modestes  cépées?  Elles  visitent 
tous  les  bourgeons ,  toutes  les  feuilles  et  jusqu’aux 
moindres  lichens.  Puis,  lorsque  la  chasse  est  finie,  lefir 

troupe  s’envole  avec  une  promptitude,  un  ensemble 
/ 

tel,  que  quand  celles  qui  fixaient  notre  attention  dispa¬ 
raissent  à  nos  yeux,  toute  la  troupe  est  déjà  loin.  Elle 
va  exercer  sur  un  autre  point  sa  bienfaisante  industrie. 

On  a  pris  la  Mésange  à  longue  queue  pour  type  du 
genre  Mécisture,  qui  comprendrait  cette  espèce  et  une 
autre  du  Japon.  Mécisture,  qui  devrait  être  plutôt  Mé- 
gisture,  formé  de  //s-yio tu,  très  grande,  et  de  ovpa.  queue, 
nous  paraît  former  —  accolé  à  caudatus  —  un  pléo¬ 
nasme  vicieux  :  Mcgistura  caudata  signifiera ,  en  elTet, 
Longue  queue  à  queue,  dénomination  qui  nous  rap¬ 
pelle  cette  expression  malheureuse  d’un  contemporain 
fameux  :  (c  Les  cent  bras  des  Hécatonchires.  » 

Nous  adoptons  le  mot  Megistura  comme  désignation 
spécifique. 

49.  Mésange  à  Moustaclics.  —  Parus  Biarmicus. 
(Linné.)  • 

Synonymie  :  Panure; —  Moustache. 


—  89 


Taille:  environ  17  centimètres. 

Description:  Mâle  adulte  :  tête  et  cou  d’un  beau  cen- 
'  dré,  teinté  de  rose  près  des  épaules  et  sur  les  côtés  de 
la  poitrine;  deux  moustaches  d’un  noir  profond  partent 
des  commissures  du  bec,  couvrent  le  devant  des  yeux 
et  s’étendent  en  pointe  effilée  sur  les  côtés  du  cou; 
parties  supérieures  et  flancs  roux  vif  ;  gorge  et  devant 
de  la  poitrine  blanc  argenté;  rémiges  primaires  brunes, 
bordées  de  blanc,  secondaires  bordées  de  roux  à  l’exté¬ 
rieur,  de  blanc  à  l’intérieur;  queue  longue,  très  étagée, 
d’un  roux  plus  pâle  sur  les  pennes  médianes  ;  pennes 
latérales  très-courtes,  variées  de  blanc  et  de  noir  ;  sous- 
caudales  noires  ;  bec  jaune  orangé,  assez  long,  à  man¬ 
dibule  supérieure  recourbée  et  aiguë,  dépassant  l’infé¬ 
rieure;  pieds  bruns  ;  iris  jaune  brillant. 

Femelle  :  tête  et  parties  supérieures  d’une  nuance 
moins  pure,  marquées  de  taches  d’un  brun  de  suie  ; 

t 

moustache  cendrée  peu  apparente  ;  point  de  noir  aux 
sous-caudales. 

Jeunes,  en  premier  plumage  :  assez  semblables  à  la 
femelle,  avec  les  tein  tes  rousses  lavées  de  gris  sombre  ;  la 
queue  brune,  à  l’exception  des  deux  rectrices  médianes, 
qui  sont  rousses;  point  de  moustaches,  mais  une  teinte 
noire  aux  lorums. 

La  Mésange  moustache  se  montre  de  temps  en  temps 
dans  notre  département  ;  mais  nous  croyons  qu’elle  y 
niche  très  rarement.  Quelques  couples  se  reproduisent 
chaque  année  à  la  grand’ mare  du  Marais- Vernier. 
Nous  n’avons  jamais  observé  par  nous-même  son  mode 
de  nidification.  «  Son  nid,  dit  M.  l’abbé  Vincelot,  est 
-  très  artistement  composé  d’herbes  sèches,  de  fleurs, 
«'de  duvet  et  de  mousse.  Il  ressemble  à  une  petite 


~  90 


c  boule  ou  à  une  bourse.  Ordinairement,  l’ouverture 
«  est  pratiquée  en  dessus.  Ce  nid  est  attaché  par  des 
«  filaments  de  plante,  au-dessus  des  eaux,  à  des  roseaux  ' 
«  ou  à  des  branches  de  petits  arbustes.  Il  contient  de  5  à 
«  8  oeufs  ronds,  d’un  blanc  d’ivoire,  parsemé  de  taches 
«  d’un  rouge  pâle.  Ils  portent  aussi  des  filets  de  même 
«  nuance  en  formedeveinesetdistribuésenzigzags  (1).» 

Grand  diamètre,  15  millimètres;  petit  diamètre, 
12  millimètres  (Degland). 

Ces  œufs,  avant  d’être  vidés,  doivent  avoir  une  teinte 
rosée.  Cette  nuance  se  rencontre  dans  presque  tous  les 
œufs  blancs,  à  coquille  fine,  et  assez  diaphane  pour  lais¬ 
ser  percer  la  couleur  de  la  partie  jaune,  qui  est  presque 
orangée  dans  ces  espèces  ;  mais  cela  n’a  lieu  que  dans 
l’œuf  fraîchement  pondu  ;  l’albumine  se  coagule  et 
perd  sa  transparence  avec  le  temps,  et  surtout  par  la 
chaleur  de  l’incubation.  L’œuf  prend  alors  une  teinte 
plus  sombre  qui  passe  bientôt  au  plombé. 

La  Mésange  moustache  fréquente  en  été  les  lacs,  les 
étangs,  les  marais  couverts  de  roseaux.  Elle  se  tient 
près  de  l’eau,  cachée  dans  les  buissons  aquatiques,  et 
se  découvre  peu.  Quelquefois  cependant  on  la  voit 
grimper  sur  la  tige  des  roseaux  et  courir  avec  pres¬ 
tesse  sur  les  feuilles  des  nénuphars.  Quand  la  saison 
plus  rigoureuse  l’oblige  à  quitter  ces  retraites,  elle 
cherche  les  bois  et  les  buissons  exposés  au  soleil,  et  elle 
est  alors  peu  farouche. 

En  liberté,  elle  se  nourrit  d’insectes  aquatiques,  de 
larves  et  des  semences  du  roseau  commun. 

Ses  couleurs  fines  et  admirablement  fondues,  la 


(1)  Essais  étymologiques  y  3®  édit.,  p.  298. 


-  9t 


grâce  de  ses  mouvements,  l’élégance  de  ses  formes  et  ' 
le  petit  air  crâne  que  lui  donne  sa  fine  moustache, 
devaient  exciter  la  convoitise  de  l’homme,  naturelle¬ 
ment  avide  de  posséder  et  de  jouir/ Aussi  la  voit-on 
souvent  en  captivité.  Il  lui  faut  alors  de  grandes  volières 
et  la  compagnie  de  ses  semblables.  11  faut,  pour  qu’elle 
vive  bien,  la  prendre  au  nid.  Capturée  vieille,  elle  survit 
peu  à  la  perte  de  sa  liberté. 

En  cage,  on  la  nourrit  de  chènevis  écrasé,  de  navette, 
d’œufs  de  fourmis,  de  mie  de  pain,  etc. 

'La  Moustache  se  distingue  de  ses  congénères  par  le 
timbre  argentin  de  sa  voix  ;  on  dirait  le  cliquetis  de  deux 
clefs  qui  se  choquent  doucement. 

Elle  -habite  la  Hollande,  l’Italie,  la  Sicile  et  doit  être 
très  répandue  e'n  Russie,  dans  laBiarmie,  d’où  elle  tire 
son  nom  Biarmicus  (M.  l’abbé  Vincelot). 

On  a  fait  de  cette  espèce  le  type  du  genre  Panure  f'de 
'TTcLv,  tout,  etovpcij  queue),  lequel  ne  comprend  qu’une 
espèce.  Nous  avons  dit  ce  que  nous  pensons  de  ces  di¬ 
visions  multipliées,  reposant  sur  un  caractère  aussi  fu¬ 
tile  que  l’est  la  longueur  de  la  queue.  Nous  venons 
de  voir  le  genre  Mécistiire.  Les  espèces  ont  tant  d’ana¬ 
logie,  qu’on  est  obligé  de  former  des  synonymes  pour 
les  désigner.  Pourquoi,  si  elles  sont  si  semblables,  cher¬ 
cher  à  les  séparer  génériquement? 

50.  I&lésang^c  Réiiiiz. — Parus pendulinus  [hinné  ) 

Synonymie  :  Mésange  penduline.  —  Peiiduline. 

Taille:  10  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  vertex  et  gorge  blanc  plus  ou 
moins  pur;  cou  cendré  pâle  ;  une  bande  noire  couvre 
le  front,  passe  sur  les  yeux  et  s’étend  en  pointe  au-de- 


92 


♦ 

là  du  méat  auditif;  haut  du  dos  d’un  beau  roux  s’effa¬ 
çant  graduellement  pour  devenir  cendré  aux  sus-cau¬ 
dales  ;  parties  inférieures  d’un  cendré  roux,  plus  foncé 
aux  flancs  et  aux  cuisses  ;  rémiges  et  rectrices  noires, 
bordées  de  cendré  roussàtre  ;  bec  noir,  effilé,  aigu;  pieds 
gris  de  plomb  ;  iris  jaune. 

La  femelle  diffère  du  mâle  par  l’absence  de  noir  à  la 
tête  et  par  des  teintes  moins  tranchées. 

Jeunes  :  parties  supérieures  fortement  liserées  de 
gris,  et  les  parties  inférieures  plus  pâles. 

«  La  Mésange  Rémiz  habite  la  Pologne,  la  Grimée, 
«  l’Italie  et  la  France.  On  la  trouve  en  grand  nombre 
«  l’été  aux  environs  de  Pézénas  (Degland).  » 

Elle  se  montre  fort  rarement  dans  notre  département, 
mais  n’y  eût-elle  fait  qu’une  apparition  bien  constatée, 
qu’elle'  aurait  sa  place  marquée  sur  notre  catalogue 
local.  Or,  M.  Josse  Hardy  l’a  tuée  près  de  Dieppe  (1). 
Nous  avons  donc  cru  devoir  lui  donner  droit  de  cité  et 
l'inscrire  sur  notre  liste. 

_  I 

Elle  fréquente,  comme  la  précédente,  les  lieux  maré¬ 
cageux,  et  s’y  cache  au  milieu  des  plantes  aquatiques. 
Elle  se  nourrit  surtout  d'insectes  et  de  larves.  Son  bec, 
mince  et  effilé,  indique  suffisamment  son  régime,  et  la 
rapproche  du  genre  Regulus  dont  les  espèces  ont, 
comme  elle,  le  bec  subulé  et  très-aigu. 

On  ne  lui  connaît  point  de  chant,  quoiqu’on  l’ait 
conservée  en  captivité. 

La  Rémiz  ne  couve  point  dans  notre  département  ; 
nous  n’aurions  donc  point  à  nous  occuper  de  son  mode 
de  nidification,  qui  est  justement  célèbre,  si  nous  ne 


(ij  Degland,  Ornith,  FAU'op.,  t.  p.  302. 


I 


—  93  - 

croyions  être  agréable  à  nos  lecteurs,  en  disant  qu’elle 
attache  à  l’extrémité  d’une  branch/s  flexible  ou  d’une 
tige  de  roseau,  un  nid  pyriforme,  un  peu  aplati,  com¬ 
posé  du  plus  fin  duvet,  qu’elle  prend  aux  fleurs  des 
arbres,  des  plantes  aquatiques  ou  des  chardons,  et 
auquel  elle  donne  l’aspect  et  la  solidité  du  feutre  le  plu^ 
soyeux.  C'est  dans  ce  hamac,  mollement  bercé  «  par  la 
liante  élasticité»  de  la  branche,  et  par  l’haleine  du  plus 
faible  zéphir,  qu’elle  dépose  4  ou  5  œufs  d’un  blanc 
d’ivoire,  à  coquille  fine  et  transparente. 

'On  a  encore  fait,  pour  cette  espèce,  un  genre  parti¬ 
culier,  genre  Pendulinus  ou  Paroïdes.  Nous  ne  savons  pas 
sur  quels  caractères  on  a  fondé  cette  coupe,  ni  les  mo¬ 
tifs  qui  ont  fait  distraire  la  Rémiz  du  genre  Mésange, 
dont  elle  a  «  le  port,  le  bec,  le  cri  et  les  principaux  attri- 
((  buts  (1).  »  11  est  au  moins  étonnant  qu’en  avouant 
ces  rapports,  leD»*  Chenu  l’ait  séparée  génériquement 
d’espèces  avec  lesquelles  elle  a  des  caractères  de  simili¬ 
tude  si  saillants. 


2®  Genre  Roitelet-  —  Regulus.  (G.  Cuvier). 

Caractères  du  Genre:  bec  fin,  droit,  subulé,  échancré 
à  la  pointe  ;  narines  ovales,  recouvertes  par  deux  plu- 
mules  à  peine  barbelées  ;  tarses  grêles  ;  ailes  à  penne 
bâtarde  courte  ;  queue  échancrée  ,  composée  de 
10  pennes,  à  tige  très  flexible.  ' 

Les  Roitelets  sont  les  plus  petits  oiseaux  de  l’Europe  ; 
et  si  l’Aigle  est  roi  par  la  force,  ceux-ci  le  sont  par  la 
grâce,  la  gentillesse  et  la  légèreté.  Ce  sont  des  oiseaux 

(1)  D’’  Chenu,  Encyclopédie  d'Histoire  naturelle,  t.  IV.,  p.  138. 


vifs,  remuants,  éveillés  ;  ils  sont  toujours  en  mouve¬ 
ment,  voletant,  papillonnant  dans  les- branches,  chas¬ 
sant  comme  les  Mésanges,  aimant  comme  elles  la  société 
de  leurs  semblables,  féconds  comme  elles,  et,  comme 
elles,  peusensiblesau  froid.  Nous  les  voyons,  au  milieu 
(ies  hivers  les  plus  rigoureux,  dépister  dans  nos  arbres 
verts  les  insectes  et  les  larves  microscopiques.  En  été, 
ils  poursuivent  et  saisissent  au  passage  les  moucherons* 
et  les  petits  coléoptères . 

Ils  sontsi  petits  eux-mêmes,  qu’ils  s’échappent  à  tra¬ 
vers  les  mailles  les  plus  fines,  et  les  grillages  les  plus 
serrés.  Ils  semblent  se  fondre  pour  échapper  à  la  capti¬ 
vité.  Cependant,  avec  une  organisation  si  frêle  et  si  ché¬ 
tive,  ils  font  entendre,  au  printemps,  un  chant  d’amour 
soutenu  et  modulé,  qui  ne  manque  ni  de  force  ni  d’agré¬ 
ment. 

Ils  voyagent  par  troupes  peu  nombreuses,  en  pous¬ 
sant  leur  petit  cri  iititi,  caractère  des  espèces  sociables, 

•  qui  ont  besoin  de  se  rappeler  sans  cesse  ;  mais  le  plus 
souvent  ils  sont  mêlés  aux  Mésanges  noires  et  aux  Mé¬ 
sanges  à  longue  queue,  dont  ils  ont  les  habitudes',  le 
régime  et  presque  le  cri. 

Nous  croyons  donc  leur  conserver  ici  la  place  qui  leur 
convient  en  les  laissant  pi'ès  des  Mésanges,  leurs  com¬ 
pagnes  ordinaires,  tout  en  rendant  hommage  aux  sa¬ 
vantes  recherches  et  à  la  grande  expérience  de  M.  Gerbe. 
Nous  admirons  sa  profonde  connaissance  des  Becs-fins; 
mais  ici  ses  raisons  ne  nous  paraissent  pas  concluantes; 
et  nous  croirions  violenter  la  nature  -en  associant  les 
Roitelets  aux  Pouillots,  lorsque  dans  notre  conviction, 
appuyée  sur  Degland,  ils  doivent  succéder  aux  Mésanges 
sur  nos  catalogues,  comme  ils  se  trouvent  à  leur 


—  95  — 


suite  et  dans-  leur  société  ,  dans  la  vie  de  chaque 
jour. 

Trois  espèces  d’Europe  et  de  France  ;  mais  bien  que 
le  Roitelet  modeste  soit  indiqué  comme  de  la  France 
occidentale,  nous  ne  croyons  point  qu’il  ait  été  capturé 
dans  notre  localité,  et  n’admettons  que  deux  espèces 
de  notre  département  : 

R  Roitelet  huppé,  type  du  genre. 

2°  Roitelet  à  triple  bandeau, 

51 .  Roitelet  Huppé.  —  Regulus  cristatus  (Bris- 
son)  de  crista y  crête,  huppe. 

Synonymie  :  SourciWei, 

Taille  :  environ  95  millimètres. 

Description  :  Mâle  ;  plumes  du  vertex  longues,  effi¬ 
lées,  désunies,  d’un  beau  jaune  orangé  brillant,  bordées 
de  chaque  cô  té  d’une  rangée  de  plumes  noires  ex  térieure- 
ment,  et  jaunes  à  l’intérieur;  région  ophthalmique  d’un 
blanc  légèrement  cendré,  sans  trait  noir  sur  l’œil  ;  une 
petite  raie  de  cette  couleur  semble  prolonger  la  com¬ 
missure  du  bec;  parties  supérieures  vert  olive;  gorge 
et  parties  inférieures  d’un  blanc  lavé  de  cendré  olivâtre; 
une  double  bande  transversale  blanche  sur  l’aile;  ré¬ 
miges  et  rectrices  noires  bprdées  d’olivâtre;  pieds  bruns; 
bec  et  iris  noirs. 

Femelle  :  comme  le  mâle;  parties  supérieures  plus 
cendrées,  sans  jaune  orangé  au  vertex,  qui  est  jaune 
pâle. 

Jeunes ,  en  premier  plumage  ;  parties  supérieures 
•  grises;  le  vert  olive  n’apparaît  qu’aux  bordures  des 
rémiges  et  des  rectrices  ;  point  de  jaune  ni  de  noir  à  la 
tête. 


-  96  - 


Cette  espèce  niche,  dans  nos  localités,  sur  les  sapins  et 
les  arbres  verts.  Elle  construit  un  nid  relativement  vo-  ' 
lumineux,  composé  à  l’extérieur  de  mousses  et  de  li¬ 
chens,  et  garni  intérieurement  de  duvet  et  de  plumes. 
Sa  ponte  est  de  8  à  10  œufs  d’un  blanc  plus  ou  moins 
pur,  quelquefois  sans  taches,  quelquefois  pointillés  de 
gris.  Grand  diamètre,  13  millimètres  ;  petit  diamètre, 

9  millimètres. 

Quoique  les  Roitelets  soient  sédentaires  dans  notre 
département,  il  s’en  faut  bien  que  tous  les  individus 
qu’on  y  voit  en  hiver  s’y  reproduisent;  il  n’en  reste 
que  quelques  couples  ;  les  autres  vont  nicher  dans  les 
sapins  des  Alpes  et  de  la  Forêt-Noire,  d’où  ils  ne 
reviennent  que  dans  les  derniers  jours  d’octobre. 

52.  Roitelet  à  triple  bandeau.  —  Rëgulus 
ignicapillus  (Naumann)  de  ignis^  feu,  et  de  capillus^ 
cheveu. 

Synonymie  :  Roitelet  à  moustaches. 

Taille  :  9  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  plumes  du  vertex  aussi  soyeuses, 
mais  moins  longues  que  chez  le  précédent,  d’un  jaune 
orangé,  bordé  de  chaque  côté  et  en  avant  de  plumes 
jaune  pâle  à  l’intérieur,  et  noires  à  l’extérieur;  une 
banded’unblanc  jaune  sur  le  front,  passant  au  blanc 
pur  sur  l’œil,  semble  détacher  la  bordure  noire  et  lui 
donner  l’aspect  d’une  couronne  ;  un  trait  noir  sur  Vœil  ; 
un  autre  trait  de  même  couleur  aux  commissures  du 
bec  ;  joues  cendré  foncé,  avec  le  dessous  de  l’œil  blanc  ; 
partiessupérieures,  surtout  les  côtés  du  cou,  plus  claires 
et  de  nuance  plus  vive  que  dans  le  précédent,  auquel  il 
ressemble  du  reste. 

I 

y 


Feftielle  :  elle  diffère  du  mâle  par  l’absence  de  jaune 
orangé  au  vertex,  et  par  la  teinte  plus  sombre  du  man¬ 
teau. 

Les  jeunes  en  premier  plumage  seraient,  nous  as¬ 
sure-t-on,  comme  ceux  de  l’espèce  précédente.  Nous  ne 
les  connaissons  point  sous  cette  livrée. 

Nous  ne  croyons  point  que  cette  espèce  niche  dans 
notre  département;  cependant,  comme  le  fait  paraît 
contesté,  nous  indiquerons  la  couleur  de  ses  œufs  afin 
de  faciliter  les  recherches.  Ils  sont  au  nombre  de  5  à  7, 
d’un  blanc  légèrement  rosé  ou  cendré ,  avec  quelques 
points  gris  ou  roussâtres.  Grand  diamètre,  13  milli¬ 
mètres;  petit  diamètre,  9  millimètres. 

Ces  oiseaux  arrivent  dans  notre  département  ‘dès  le 
commencement  d’octobre,  c'est-à-dire  une  vingtaine  de 
jours  avant  leurs  congénères. 

Si,  vu  de  près,  le  Roitelet  à  triple  bandeau  est  facile 
à  distinguer  à  la  bande  noire  qui  traverse  l’œil,  il  est 
plus  difficile  à  reconnaître  à  distance.  Cependant,  nous 
n’avons  jamais  tué  l’un  pour  l’autre.  Nous  le  distin¬ 
guons  à  sa  voix  plus  forte  et  plus  pleine,  à  son  habitude 
de  voyager  isolé,  souvent  par  couples,  et  presque  jamais 
en  société  des  Mésanges.  Si  cette  habitude  est  cons¬ 
tante,  comme  nous  le  croyons,  elle  expliquerait  d’une 
manière  fort  simple  une  contradiction  qui  existe  parmi 
les  auteurs.  Le  D*’ Chenu,  après  avoir  rapporté  des  rela¬ 
tions  qui  font  voyager  les  Roitelets  dans  certainesdoca- 
lités  par  petites  bandes,  et,  dans  d’autres,  par  couples, 
ajoute  ;  «  Il  faut  donc  qu’ils  aient  des  habitudes  diffé- 
«  rentes  en  différents  pays,  et  cela  ne  nous  paraît  pas 
«  absolument  impossible,  parce  que  les  habitudes  sont 
«  relatives  aux  circonstances;  mais  il  est  encore  moins 


—  98  — 

«  impossible  que  les  auteurs  soient  tombés  dansquel- 
«  que  méprise  (1).  »  Cette  dernière  assertion  nous  paraît 
plus  probable  Nous  n’admettons  point  que,  nouveaux 
Alcibiades  ,les  oiseaux  puissent  changer  de  mœurs  en 
franchissant  les  limites  d’une  province.  Nous  croyons 
plutôt  que  les  espèces  suivent  un  itinéraire  différent,  et 
qu’un  examen  insuffisant  aura  fait  attribuer  aux  deux 
espèces  indistinctement  les  habitudes  particulières  à 
chacune  d’elles.  Ajoutons  que  tous  les  chasseurs  ne 
sont  pas  des  ornithologistes,  et  que  même  parmi  ces 
derniers,'  il  s’en  trouve  encore  qui  confondent  les  deux 
espèces.  Nous  avons  vu  cette  année  un  marchand  fort 
entendu  du  reste,  qui  nous  a  présenté  de  bonne  foi 
une  douzaine  de  Roitelets  huppés,  pour  des  Roitelets  à 
triplehandeau.  Pour  nous  donc,  leshabitudes  sont  cons¬ 
tantes;  mais  elle  varient  avec  les  espèces. 

Temminck  ajoute  que  les  Roitelets  à  triple  bandeau 
se  tiennent  plus  près  de  terre.  Cette  opinion  nous  paraît 
encore  fort  contestable.  Nous  avons ♦  tué  souvent  cet 
oiseau  au  faîte  des  grands  arbres ,  plus  souvent  à 
une  hauteur  moyenne ,  mais  fort  rarement  dans  les 
cépées. 

I 

I  • 

3^  Genre  Sittelle  —  Sitta. 

Caractères  du  genre  :  Bec  fort-,  plein,  en  cône  allongé, 
à  mandibule  inférieure  relevant  à  la  pointe;  narines  cou¬ 
vertes  par  les  plumes  du  capistrum  ;  ailes  médiocres,  à 
penne  bâtarde  courte;  tarses  robustes;  doigts  longs,  à 
ongles  forts  et  crochus  ;  plumes  soyeuses  et  désunies  ; 
rectrices  courtes,  larges  et  arrondies.  / 

(1)  Enryclopédie  d’flisloire  nalurelle^  t.  IV,  p.  156. 


—  99 


Un  de  nosbons  amis  nous  accusait  l’autre  jour  d’être 
révolutionnaire,  révolutionnaire  scientifique,  s’est-il 
empressé  d’ajouter  en  riant,  et  c’est  ainsi  que  nous  l’en¬ 
tendons.  Eh  bien  !  donnons  encore  une  fois  raison  à 
cet  excellent  ami ,  et  provoquons  —  à  propos  des  Sit- 
telles  —  un  nouveau  changement  dans  la  classification 
ornithologique. 

L’auteur  de  la  Faune  de  Maine-et-Loire ^  a  placé  les 
Sittellesà  la  suite  des  Casse-Noix,  et  M.  l’abbé  Vincelot, 
touten  suivant  cet  arrangement  systématique,  dit  plai¬ 
samment  que  «  souvent  ces  espèces  paraissent  se  lier 
«  entre  elles,  comme  les  graines  d’un  chapelet,  dont  la 
«  chaîne  est  brisée  (1).  »  Nous  sommes  complètement 
de  l’avis  du  savant  étymologiste,  et  nous  pensons  no¬ 
tamment  que  les  Sittelles,  n’offrant  aucun  caractère 
assez  tranché  pour  constituer  une  famille,  ont — comme 
espèces  secondaires  —  des  habitudes  de  transition  qui 
se  prêtent  à  un  rapprochement  avec  plusieurs  tribus  • 
Gependantnous  ne  leur  trouvons  avec  les  Nucifraginés 
que  des  rapports  un  peu  superficiels,  celui,  par 
exemple,  de  vider  les  noisettes,  et  celui  de  faire  des 
provisions;  elles  nous  paraissent  en  différer  sur  tous  les 
autres  points. 

Nous  leur  trouvons  plus  d’affinité  avec  lec  Pics,  les 
Grimpereaux  et  les  Mésanges,  avec  ces  dernières  sur¬ 
tout;  et  il  nous  paraît  que,  placées  à  leur  suite,  elles 
préparent  heureusement  la  transition  avec  les  Grimpe¬ 
reaux,  et  par  ceux-ci,  avec  les  Pics. 

Guéneau  de  Montbeillard  dit  «  qu'on  les  prend  sou- 
«  vent  avec  le  suif  pour  tout  appât  ;  ce  qui,  ajoute-t-il, 


(l)  Essais  élymologiqiies,  3^  édit. ,  p.  i'iH. 


100 


«  est  un  nouveau  trait  de  conformité  avec  les  Mésanges, 
«  qui  aiment  toutes  les  graisses.  » 

Degland  les  a  rapprochées  des  Grimpereaux  ;  mais, 
pour  des  motifs  que  nous  ne  pouvons  nous  expliquer,  il 
les  a  éloignées  des  Pics,  avec  lesquels  elles  ont  tant  de 
rapports. 

0 

Le  D*"  Chenu,  tout  en  isolant  les  Sittelles,  recon¬ 
naît  «  qu’elles  ont  beaucoup  de  l’air  et  de  la  contenance 

f 

«  des  Mésanges,  »  ainsi  que  l’avaient  déjcà  fait  remar¬ 
quer  Belon  et  Klein.  .  '  . 

En  présence  de  tant  de  témoignages  d’hommes  com¬ 
pétents  ,  qui  affirment  notre  conviction  ,  nous  nous 
demandons  pourquoi ,  si  les  Sittelles  ont  tant  de 
rapports  avec  les  Mésanges ,  on  les  en  a  généralement  éloi¬ 
gnées;  etnous  nous  autorisons  de  ces  aveux  pour  les  en 
rapprocher. 

En  effet,  les  principaux  caractères  qui  paraissent  les 
écarter  des  Farinés,  nous  semblent  plus  apparents  que 
réels. 

Leur  bec,  quoique  plus  long  et  plus  robuste,  n’en 
diffère  pas  essentiellement  par  la  forme.  D’un  autre 
côté,  on  ne  peut  pas  dire  que  les  Sittelles  soient  des  oi- 
seaux  essentiellement  grimpeurs.  Nous  avons  étudié 
souvent  leurs  allures ,  et  nous  les  avons  vues  se  percher, 
courir  sur  les  branches,  et  s’accrocher  aux  aspérités 
des  arbres,  plus  souvent  qu’y  opérer  des  ascensions 

I 

verticales. 

Ajoutons  qu’elles  se  nourrissent,  comme  les  Mésanges, 
d’insectes  et  de  larves,  qu’elles  trouvent  dans  les  lichens 

et  les  bois  vermoulus  ;  qu’elles  sont  friandes  comme 

* 

elles  de  faînes  et  de  noisettes,  et  les  percent  aussi  en 
les  assujettissant  aux  enfourchures  ;  que,  moins  socia- 


—  101 


blés  que  les  Mésanges,  elles  se  réunissent  encore  par 
petites  troupes,  et  ne  sont  point  tristes  ni  solitaires 
comme  les  Pics  ;  qu’elles  ont  enfin  un  cri  multiple  et  un 
chant  varié;  et  nous  croirons  avoir  suffisamment  jus¬ 
tifié  la  place  que  nous  leur  assignons,  dans  la  grande 
famille  ornithologique. 

Leur  nom  générique  Sitta,  dont  dérive  le  mot  fran  - 
çais  Sittelle,  viendrait,  d’après  M.  fahhé  Vincelot,  du 
verbe  grec  siffler. 

Trois  espèces  d’Europe,  dont  une  commune  en  France 
et  dans  notre  département. 

La  Sittelle  Torchepot. 

53.  Sittelle  Topcliepot.  —  Sitta  Europæa (Linné). 

Synonymie:  Casse-Noix; — Casse-Noisette.  » 

Taille:  13  centimètres.  , 

Description  :  Mâle:  toutes  les  parties  supérieures  d’un 
cendré  ardoisé  uniforme;  gorge  et  joues  d’un  blanc  sale; 
une  bande  noire  part  des  narines,  passe  sur  l’œil,  et 
s’étend  sur  les  côtés  du  cou  ;  parties  inférieures  d’un 
chamois  foncé  ;  cuisses  et  hancs  roux  marron  ;  sous- 
caudales  de  même  couleur,  avec  une  tache  blanche  sur 
chaque  plume  ;  rémiges  brunes  ;  rectrices  médianes 
cendrées,  les  autres  noires  ,  terminées  de  cendré,  avec 
une  tache  blanche  sur  les  quatre  latérales  de  chaque 
côté;  bec  brun  ;  jneds  gris  de  plomb  ;  iris  noisette. 

Femelle:  les  parties  inférieures  et  les  flancs  plus  pâles; 
la  bande  noire  de  la  tête  plus  étroite. 

Jeunes  :  bec  plus  court;  cendré  du  manteau  plus 
rembruni;  parties  inférieures  légèrement  lavées  de 
gris. 


-  102  — 


Cette  Sittelle  est  commune  et  sédentaire  dans  notre 
département.  Elle  niche  dans  les  arbres  creux  et  pond 
de  cinq  à  sept  œufs  allongés,  blancs,  légèrement  teintés 
de  jaune,  et  finement  pointillés  de  rouge  brique.  Grand 
diamètre,  20  millimètres;  petit  diamètre,  15  milli¬ 
mètres. 

Quelques  auteurs  prétendent  qu’elle  couve  à  cru  sur 
le  bois  vermoulu  ,  cela  peut  se  produire  dans  quelques 
circonstances  ;  mais  nous  lui  avons  toujours  trouvé  un 
nid,  construit,  comme  celui  des  Mésanges,. de  mousse, 
de  plumes  et  de  crin.  Quand  l’entrée  du  creux  est  trop 
grande,  elle  la  rétrécit  au  moyen  d’une  crépissure  de 
terre  glaise  et  de  gravier,  qu’elle  sait  fort  bien  maçon¬ 
ner  et  ressuyer.  On  dirait  le  travail  d’un  potier,  de  là 
son  nom  Torchepot. 

Le  mâle  pourvoit  à  la  nourriture  de  la  couveuse,  qui 
est  fort  attachée  à  son  nid,  et  ne  le  quitte  guère  pendant 
la  durée  de  l’incubation.  Quand  on  s’en  approche,  elle 
s’enfle  les  plumes  et  souffle,  au  fond  de  son  trou,  comme 
une  couleuvre.  C’est  du  reste  une  habitude  qui  lui  est 
commune  avec  plusieurs  Mésanges. 

Le  D*"  Chenu  rapporte,  sur  la  foi  d’un  vieux  garde- 
chasse,  que  ((  ces  oiseaux  frottent  leur  bec  contre  les 
«  branches  sèches  et  creuses,  et  font  un  bruit  grrrrrô, 
«  qu’on  entend  de  fort  loin,  et  qu’on  s’imaginerait  venir 
«  d’un  oiseau  vingt  fois  plus  gros  (t).  »  Nous  croyons 
qu’il  y  a  ici  confusion.  Nous  avons  entendu  ce  bruit  ; 
mais  nous  le  considérons  comme  un  son  guttural,  un 
effet  de  ventriloquie,  produit ,  non  pas  par  le  Torche- 
pot,  mais  par  le  Pic-Epeiche  dans  la  saison  des  amours. 

(1)  Encyclopédie  d’Hisloire  naturelle^  l.  III,  p.  136. 


\ 


—  103  — 

La  Sittelle  que  nous  décrivons  ici  de  visu,  est  bien 

l’espèce  qui  fréquente  notre  département.  D’après  Ch . 

Bonaparte,  cette  description  serait  celle  du  Torchepot 

de  Meyer  et  la  description  donnée  par  Linné,  sous  le 
% 

nom  de  SittaEuropæa,  conviendrait  à  une  autre  espèce. 
Nous  n’avons  pas  Linné  sous  la  main  pour  contrôler  le 
fait;  mais  il  nous  paraît,  dans  tous  les  cas,  que  ce  serait 
une  rectification  à  établir,  et  qu’il  convient  d'attribuer 
l’épithète  Europæa^  ainsi  que  l’ont  fait  Degland  et 
d’autres  auteurs,  à  une  espèce  exclusivement  d’Europé, 
et  non  à  un  oiseau  qui  n’y  apparaît  qu’accidentelle- 
ment. 

QUATRIÈME  FAMILLE. 

CERTHIINÉS. 

Caractères  de  la  Famille  :  Bec  grêle,  allongé,  arqué, 
comprimé  sur  les  côtés  et  pointu  :  narines  basales,  peu 
ouvertes  ;  tarses  courts  ;  quatre  doigts,  dont  trois  en 
avant  ;  ongles  longs  et  aigus. 

Les  Certhiinés  sont  les  grimpeurs  par  excellence  ; 
jamais  ils  ne  se  perchent.  Au  repos  même,  et  pendant 
le  sommeil,  ils  se  tiennent  dans  une  position  verti¬ 
cale. 

Ce  sont  des  oiseaux  remuants,  actifs,  toujours  en 
chasse,  peu  sociables,  quoique  de  mœurs  douces.  Ils 
semblent  s’isoler  par  instinct,  sans  s’attaquer  ni  se 
poursuivre,  comme  le  font  presque  tous  lesoiseaux  chas¬ 
seurs. 

'  Nous  avons  hésité  longtemps  à  admettre  deux  genres 


-  104 


dans  cette  famille;  nous  ne  voyions  entre  eux,  en  effet, 
d’autre  différence  bien  tranchée  que  l’habitat  et  la  na¬ 
ture  des  rectrices  ;  mais  cette  dernière  particularité, 'dans 
des  espèces  où  la  queue  joue  un  rôle  si  important,  nous  a 
paru  mériter  d’être  prise  en  considération;  et  puis  nous 
avons  pensé  que,  tous  les  naturalistes  modernes  s’ac¬ 
cordant  à  scinder  la  famille,  ils  ont  pour  le  faire  de  bonnes 
raisons  que  nous  ne  sommes  pas  à  même  de  contrôler 
dans  nos  localités,  où  le  Tichodrome  ne  fait  que  d’exces¬ 
sivement  rares  apparitions. 

Nous  ferons  donc  deux  genres  : 

1  ®  Genre  Tichodrome  ; 

2°  Genre  Grimpereau, 

En  bonne  logique,  le  genre  Gerthia  qui  donne  le  nom 
à  la  Famille,  eût  dû  être  placé  le  premier.  Nous  l’avons 
compris  ;  mais  notre  marche  méthodique  s’y  oppose. 
Les  Tichodromes,  avec  leur  queue  arrondie,  se  rap¬ 
prochent  plutôt  des  Sitteîles ,  et  les  Grimpereaux  des 
Pics.  Ainsi ,  xjlacé  en  face  de  ce  dilemme  :  ou  changer 
une  expression  consacrée  et  introduire  un  mot  nou¬ 
veau  ,  ou  sacrifier  un  principe  qni  nous  semble  bon , 
nous  avons  cherché  à  tourner  la  difficulté.  En  suivant 
la  marche  que  nous  indiquons,  nous  sauvons  le  prin¬ 
cipe,  et  nous  faisons  nos  réserves  quant  cà  l’exactitude 
de  la  dénomination  que  nous  acceptons,  mais  dont  nous 
n’endossons  point  la  paternité. 

Nous  donnons  ici  cette  explication  pour  n’y  plus  reve¬ 
nir  dans  la  suite  de  notre  travail. 


I 


-  105  — 

1”  Genre  Tichodrome  (Tichodroma  de  ^  Mur, 

ET  S'poiJLsv^,  Coureur). 


Caractères  du  genre:  Ceux  de  la  Famille;  bec  très  long, 
arqué,  triangulatre  à  sa  base,  arrondi  dans  le  reste  de 
son  étendue  ;  ongle  du  pouce  aussi  long  que  ce  doigt, 
mince  et  courbé;  ailes  à  penne  bâtarde  allongée;  queue 
^  arrondie,  à  baguettes  faibles. 

Nous  n’avons  jamais  observé  cet  oiseau  par  nous-  < 
même,  et  il  ne  fait  dans  notre  département  que  de  très 
rares  apparitions.  Cependant,  il  s’y  montre  quelque¬ 
fois,  et  nous  avons  vu ,  notamment  dans  le  cabinet  de 
M.  Hardy,  un  individu  tué  sur  la  cathédrale  de  Rouen 
en  1822,  l’année  même  où  elle  fut  incendiée.  C’est  donc 
un  oiseau  appartenant  à  notre  département  et  qui  a  sa 
place  marquée  sur  notre  catalogue. 

Le  Tichodrome  a  pour  habitat  les  hautes  montagnes 
de  l’Europe  méridionale;  il  se  montre  chaque  année  en 
Anjou  pendant  l’hiver,  alors  que  la  rigueur  dufroid  et 
une  épaisse  couche  de  neige,  faisant  disparaître  les  in¬ 
sectes,  le  forcent  à  abandonner  les  sites  sauvages.  Aux 
premières  douceurs  de  la  température,  il  regagne  les 
rochers  les  plus  escarpés,  les  sommets  les  plus  abrupts, 
dans  les  fissures  desquels  il  se  reproduit. 

Peu  farouche,  il  se  laisse  approcher  de  fort  près,  non 
pas  toutefois  sans  manifester  une  sorte  d’inquiétude 
qui  lui  fait  suspendre  ses  charmantes  évolutions  ;  car 
cet  oiseau  est  dans  un  mouvement  continuel,  grimpant 
sur  les  rochers  ou  sur  les  murs,  voletant,  papillonnant, 
étalant  les  riches  couleurs  pourpres  de  ses  ailes,  qui  lui 


—  106  — 


ont  fait  donner  le  nom  de  Phénicoptère  de 
pourpre,  et  de  'nspov  aile. 

Ce  genre  ne  comprend  qu’une  espèce,  le  Tichodrome 
Echelette. 

54.  Ticliodrome  Eclielette.  —  Tichodroma  mu- 
raria  Gli.  Bonap.,  de  murus^  mur. 

Synonymie  :  Grimpereau  des  murailles. 

Taille  15  à  17  centimètres. 

Description  :  Mâle  en  été  ;  toutes  les  parties  supé¬ 
rieures  d’un  cendré  foncé,  plus  clair  au  manteau;  joues, 
gorge  et  devant  du  cou  d’un  noir  profond  ;  parties  in- 
férieùres  d’un  cendré  presque  noir,  avec  les  sous-cau¬ 
dales  marquées  de  taches  blanches;  couvertures  alaires 
et  barhules  externes  des  rémiges  d’un  beau  rouge  ‘ver¬ 
millon  ;  rémiges  noires  avec  deux  taches  blanches  sur 
les  barbes  internes  des  primaires  ;  rectrices  également 
noires,  les  deux  externes  largement  marquées  de  blanc 
à  leur  extrémité,  les  autres  terminées  de  cendré;  bec, 
pieds  et  iris  noirs. 

Mâle  en  automne  et  en  hiver  :  teintes  générales  plus 
pâles  ;  quelques  nuances  fauves  au  vertex  ;  pas  de  noir 
à  la  gorge  qui  est  blanchâtre. 

Femelle  :  à  toute  époque  comme  le  mâle  en  hiver. 

Jeunes:  comme  la  femelle,  dont  ils  se  distinguent  par 
une  bordure  cendrée  à  l’extrémité  des  rémiges,  et  par 
des  couleurs  moins  tranchées. 

Leur  mue  serait  simple  d’après  Vieillot ,  double 
d’après  Temminck.  L’opinion  de  ce  dernier  nous 
paraîtplus  probable,  et  est,  croyons-nous,  généralement 
adoptée. 

Nous  avons  dit  que  le  Tichodrome  se  rapproche  plu- 


107 


tôt  delà  Sittelle  ;  il  grimpe,  en  effet,  comme  cette  der¬ 
nière,  sans  s’appuyer  sur  la  queue;  il  monte  par  petits 
bonds  réguliers,  les  ailes  légèrement  déployées,  comme 
s’il  suivait  les  degrés  d’une  échelle  d’où  son  nom  Éche- 
lette.  Arrivé  auhaut,ü  se  laisse  tomber,  et  recommence 
ses  ascensions-  Ce  n’est  qu’après  avoir  visité  toutes  les 
excavations,  sondé  et  exploré  toutes  les  fissures  pour 
y  trouver  les  araignées  et  les  moucherons,  sa' nour¬ 
riture  ordinaire ,  qu’il  va  exercer  sur  un  autre  point 
son  infatigable  activité.  Son  bec  long,  grêle  et  pointu, 
est  admirablement  approprié  à  son  genre  de  vie. 


2®  GENRE  GRIMPEREAU.  —  Certliia. 

Caractères  du  genre:  Ceux  de  la  Famille;  ailes  médio¬ 
cres,  à  penne  bâtarde,  sur- obtuses;  rectrices  raides,  éta¬ 
gées,  usées,  et  convexes  ;  ongles  allongés,  recourbés  et 
très  aigus. 

Les  oiseaux  de  ce  Genre  réunissent  tous  les  caractères 
des  véritables  grimpeurs  ;  tarses  courts,  ongles  aigus, 
dos  arrondi,  queue  composée  de  plumes  raides,  s’arc- 
boutant  contre  les  branches  et  donnant  un  point  d’ap¬ 
pui  à  l’oiseau.  Telle  est  l’ingénieuse  constitution  de  ces 
espèces.  En  considérant  cette  réunion  de  qualités  si 
bien  appropriées  au  genre  de  vie  de  l’individu, 
l’harmonie  des  parties,  le  fini  des  détails,  comment  ad¬ 
mettre  qu’un  ensemble  si  parfait  soit  l’œuvre  de  la  ma¬ 
tière  inerte,  de  l’aveugle  hasard,  et  d’une  agglomération 
libre  et  spontanée,  mais  irréfléchie  et  inintelligente  ? 
Nous  l’avons  dit,  et  nous  nous  plaisons  à  le  répéter, 


en  présence  des  merveilles  de  la  création  :  Dieu  seul  a 
pu  les  concevoir  et  les  produire  ! 

Actifs  et  infatigables  comme  les  Tichodromes,  ces 
oiseaux  courent  sans  cesse  sur  les  arbres,  où  ils  décri¬ 
vent  d’innombrables  spirales.  Arrivés  au  sommet,  ils  se 
laissent  choir,  et  recommencent  leurs  ascensions.  Nous 
avons  remarqué  que,  lorsque  rien  ne  les  dérange,  ils 
.se  tiennent  de  préférence  à  l’opposé  du  soleil,  sans 
doute  parce  que  la  plupart  des  insectes  qu’ils  chassent 
fuient  le  grand  jour,  et  aiment  à  se  posera  l’ombre. 
Sont-ils  observés,  ils  repassent  de  l’autre  côté,  se  décou¬ 
vrent  peu  et  disparaissent  bientôt. 

Les  Grimpereaux  sont  d’humeur  sombre,  chagrine, 
solitaire  ;  leur  voix  est  grêle  et  perçante;  leur  chant  lui- 
même  a  je  ne  sais  quoi  de  mélancolique  et  de  plaintif; 
c’est  plutôt  le  soupir  de  la  tristesse  et  de  l’ennui,  que 
la  folâtre  effusion  de  l’amour  et  du  bonheur. 

Tels  sont  les  caractères  qui,  joints  à  la  nature  de  leurs 
rectrices,  dont  le  rôle  est  si  important  chez  les  grim¬ 
peurs,  nous  ont  décidé  à  rapprocher  les  Grimpereaux 
des  Pi  cinés. 

Ge  changement,  que  nous  proposons  dans  la  classifi¬ 
cation  ornithologique,  nous  paraît  donc  justifié  non-seu¬ 
lement  par  les  mœurs,  les  habitudes  et  le  régime  des 
oiseaux,  mais  encore  par  la  conformité  des  caractères 
extérieurs. 

'  .  Ces  rapports  d’affinité  sont  même  si  frappants, 

que,  tout  en  ne  rapprochant  pas  les  familles,  certains 
auteurs  ont  établi  des  genres  mitoyens.  Ainsi  ,  nous 
avons  le  genre  Mésange-Grimpereau ,  Certkiparus  (  De 
La  Frenaye  )  et  le  genre  Grimpic  Picolaptes  (Lesson). 
Ces  genres  mixtes,  demi-mésange  et  demi-grimpereau 


—  109 


d’ime  part;  demi-grimpereau  et  demi-pic  de  l’autre, 
nous  paraissent  impliquer  nécessairement  le  rappro¬ 
chement  des  trois  familles  ,  les  relier  et  ménager  la 
transition  des  unes  aux  autres.  C’est  ce  que  nous  avons 
osé  tenter.  Heureux  si  nous  avons  réussi  à  simplifier 
un  peu  la  classification  ,  et  si  nos  humbles  efîorts 
peuvent  obtenir  l’approbation  ,  ou  tout  au  moins  l’in¬ 
dulgence  de  nos  maîtres  dans  la  science. 

Deux  espèces  de  France  ,  dont  l’une,  le  Grimpereau 
Costa,  Certhia  Costœ  (Bailly),  nouvellement  découverte, 
et  qui  paraît  incontestée,* habite  les  Alpes,  d’où  je  l’ai 
reçue  ;  et  l’autre,  le  Grimpereau  familier,  est  commun 
dans  notre  département. 

55.  Grimpereau  familier.  —  Certhia  familiaris 
(Linné). 

Synonymie  :  Grimpart,  Grimpet,  Grimpset. 

Taille:  127  millimètres. 

Descriptmi  :  Mâle  :  parties  supérieures  brunes,  mêlées 
de  roux,  de  jaunâtre  et  de  blanc,  croupion  roux;  par-  . 
ties  inférieures  d’un  blanc  assez  pur  à  la  gorge ,  lavé 
de  cendré  à  la  poitrine  et  de  rousscUre  aux  flancs  et 
aux  sous-caudales  ;  joues  brunes,  variées  de  gris;  une 
raie  sourcilière  blanche;  rémiges  brunes,  marquées  de 
taches  jaunâtres  ,  formant  une  bande  transversale  sur 
les  secondaires;  lectrices  d’un  brun  uniforme  ;  bec 
brun  en-dessus  ,  plus  pâle  en-dessous  ;  pieds  et  iris 
bruns. 

Femelle  :  Tout-à-fait  semblable  au  mâle. 

Jeunes  :  De  nuance  plus  claire  ;  ils  se  distinguent 
des  adultes  à  leur  bec  plus  court,  moins  arqué,  et  à  la 
bordure  jaunâtre  des  rectri'ces. 


110 


Chez  cette  espèce  ,  comme  chez  beaucoup  d’autres  , 
le  bec  s’allonge  et  se  courbe  avec  l'âge  ;  c’est  un  ca¬ 
ractère  auquel  on  peut  reconnaître  les  vieux  sujets. 

Le  Grimpereau  familier  paraît  commun  à  plusieurs 
parties  du  monde  ;  il  est  répandu  dans  toute  l’Europe 
et  se  rencontre  partout  dans  notre  département ,  où  il 
est  sédentaire. 

Il  se  reproduit  dans  les  creux  des  arbres ,  dans  les 
fentes  des  écorces  et  dans  les  trous  des  murs.  11  pond 
de  6  à  8  œufs  oblongs  ,  à  fond  blanc  marqué  de  nom¬ 
breuses  taches  d’un  rouge  brique.  Grand  diamètre, 
16  millimètres  ;  petit  diamètre,  12  millimètres. 

Nous  croyons  qu’il  fait  deux  nichées  chaque  année. 

Il  se  nourrit  particulièment  de  larves,  de  mouche¬ 
rons,  d’araignées,  de  petits  coléoptères,  etc. 

Son  nom  familiaris,  familier ,  de  la  famille ,  indique 
le  caractère  peu  farouche  de  cette  espèce  ,  qui  s’ap¬ 
proche  souvent  des  habitations ,  s’y  reproduit  et 
grimpe  sur  nos  murs  comme  le  Tichodrome.  Il  marque 
de  plus  une  différence  caractéristique  avec  le  Grimpe¬ 
reau  Costa  ;  qui  paraît  fuir  la  présence  de  l’homme  et 
fréquenter  les  lieux  les  plus  isolés. 


CINQUIÈME  FAMILLE. 

LES  PIGINÉS. 

Caractères  de  la  Famille  :  Bec  fort ,  allongé ,  cunéi¬ 
forme  ;  narines  ouvertes  ,  larges  ,  recouvertes  par  les 
plumes  sétacées  du  capistrum;  tête  grosse  ;  cou  mus¬ 
culeux  ;  langue  très  longue ,  rétractile ,  cylindrique  , 


111 


# 


terminée  par  une  pointe  cornée  et  barbelée  ;  tarses 
courts  et  robustes  ;  ongles  crochus  ,  aplatis  et  aigus  ; 
ailes  courtes  et  obtuses  ;  lectrices  concaves ,  raides  et 
élastiques. 

Cette  famille  est  l’une  des  plus  naturelles  de  la 
classification  ornithologique  ;  aussi  a-t-elle  été  adoptée 
par  tous  les  auteurs.  Les  divergences  n’existent  que 
sur  le  rang  qu’elle  doit  occuper  dans  l’ordre  de  suc¬ 
cession,  et  sur  le  nombre  de  genres  à  y  établir. 

Placés  par  quelques  auteurs  ,  qui  se  préoccupent 
trop  ,  selon  nous ,  de  la  conformation  des  pieds  ,  à  la 
suite  des  Carnivores  nocturnes,  ils  se  trouvent  associés 
à  la  famille  des  Buboninés ,  avec  lesquels  ils  n’ont 
d'autre  rapport  que  la  disposition  des  doigts,  et  dont 
ils  diffèrent  essentiellement  pour  tout  le  reste.  C’est,  à 
notre  avis  ,  attacher  trop  d’importance  à  un  caractère 
purement  extérieur  et  faire  bon  marché  des  mœurs  et 
du  régime.  Classer  les  espèces  ,  c’est ,  nous  paraît-il  , 
saisir  les  rapports  de  similitude  les  plus  importants,  et 
ordonner  d’après  ces  caractères.  Or,  si  les  qualités 
morales  l’emportent  sur  les  qualités  physiques  ,  c’est 
dans  ces  premières  qu’il  faut  chercher  son  point  de 
départ,  le  principe  qui  doit  dominer  toute  la  classifica¬ 
tion  ,  et  il  nous  semble  que  le  système  basé  sur  la 
configuration  des  pieds  subit  ici  un  échec  grave  et 
décisif. 

Nous  l’avons  dit,  nous  ne  croyons  point  avoir  plus 
d’esprit  que  tout  le  monde  ;  nous  ne  nous  appuyons  , 
d’ailleurs,  comme  nous  l’avons  fait  remarquer  à  la  fin 
des  Certhiinés  ,  que  sur  des  découvertes  dont  nous 
n’avons  point  le  mérite  ;  mais  nous  trouvons  qu’en 
suivant  l’ordre  que,  nous  proposons  ,  la  marche  est 


—  112  — 

> 

,  plus  rationnelle  ,  et  les  transitions  mieux  ménagées. 
Des  Picinés  ,  auxquels  nous  croyons  arriver  par  une 
gradation  régulière ,  nous  passerons  aux  Méropinés 
par  les  lunginés  et  les  Guculinés ,  qui  nous  paraissent 
former  les  degrés  naturels  entre  ces  deux  familles, 

La  manie  des  divisions  s’est  encore  exercée  sur  cette 
tribu  J  dont  les  affinités  de  mœurs  sont  pourtant  si  frap¬ 
pantes,  de  sorte  que  «  il  està  craindre,  comme  l’a  dit  avec 
(c  raison  M.  Malherbe,  que  la  nomenclature  ne  devienne 
«  un  chaos,  par  excès  d'ordre.  »  A  défaut  d'autres  ca¬ 
ractères  ,  on  a  pris  pour  bases'  de  coupes  nouvelles  ,  la 
couleur  du  plumage.  Ainsi ,  l’on  a  fait  le  genre  Ghlo- 
ropic  (de  verdâtre ,  et  de  picus^  pic).  Nous 

l’avons  déjà  dit,  la  nuance  de  la  robe  ne  nous  paraît 
point  un  motif  suffisant  pour  séparer  génériquement 

des^  espèces  qui  ont  une  conformité  marquée.  Nous 

• 

n’admettrons  donc  pour  les  espèce  de  notre  départe¬ 
ment  qu’un  seul  genre,  le  genre  Pic,  picus,  qui,  dans 
notre  opinion ,  devrait  contenir  aussi  le  genre  Dryopic 
(Pic  des  arbres).  Nous  établirions  un  second  genre 
(genre  Picoïde)  pour  les  Pics  à  trois  doigts ,  mais  nous 
n’avons  pas  à  nous  occuper  de  ces  espèces,  puisqu’elles 
ne  sont  point  de  notre  département. 

Genre  Pic  (Picus.) 

Caractères  du  genre  :  Geux  de  la  Famille  ;  quatre 
doigts,  deux  en  avant,  deux  en  arrière  ;  rectrice  externe 
,  très  courte  et  à  peine  perceptible. 

Les  Pics  sont  des  oiseaux  au  caractère  farouche, 
aux  mouvements  brusques,  aux  goûts  solitaires,  à  la 


f 


—  113  ~ 

voix  rauque,  saccadée  et  perçante.  Leur  vol  'est  rapide, 
ondulé  et  inégal.  Tantôt  ils  se  tiennent  à  terre,  sur  les 
fourmilières  ;  tantôt  dans  les  futaies  et  les  bois,  par¬ 
courant  les  vieux  arbres,  sur  lesquels  ils  courent  plutôt 
qu’ils  ne  grimpent  ;  car  leurs  ascensions  s’opèrent  par 
petits  bonds  réguliers,  facilités  peut-être  par  l’élasticité 
des  plumes  de  la  queue ,  lesquelles  sont  étagées  de 
manière  à  s’appliquer  exactement  sur  la  surface  cylin¬ 
drique  de  l’arbre.  Dans  tous  les  cas,  la  rigidité  des  rec- 
trices  doit  leur  être  d’un  puissant  secours  dans  leurs 
chasses,  et  donner  à  leur  corps  un  point  d’appui  solide 
et  une  nouvelle  énergie,  lorsque  l’oiseau,  se  dressant 
sur  ses  tarses,  relève  brusquement  la  tête  pour  frapper 
avec,  vigueur  sur  l’écorce  ,  et  dépister  les  insectes,  ou 
creuser  l’arbre  lui-même. 

^  Mais  l’organe  le  plus  admirable  que  la  nature  ait 
mis  à  leur  service,  c’est  leur  langue,  longue  et  cylin¬ 
drique,  terminée  par  une  sorte  de  pointe  barbelée,  cor¬ 
née  et  osseuse,  s’engluant  dans  deux  vésicules  placées 
à  l’occiput.  Cette  langue  est  garnie,  à  l’intérieur,  de 
deux  muscles  qui  se  détendent,  comme  un  ressort,  et 
lancent  l’extrémité  cornée  sur  l’insecte,  qui  se  trouve 
ainsi  harponné.  Dans  sa  chasse  aux  fourmis ,  l’oiseau 
enfonce  sa  langue  dans  la  fourinillière ,  et  la  retire 
couverte  do  larves  et  d’insectes  qui  s’y  sont  englués. 

En  les  comblant  ainsi  de  ses  faveurs,  la  nature  s’est 
montrée  envers  eux  mère  bienveillante,  et  ne  s’est  point 
conduite  en  marâtre  comme  on  l’a  prétendu.  Si  'leur 
genre  de  vie  paraît  plus  pénible,  ils  sont  organisés 
pour  l’effet  :  ils  accomplissent  leur  mission  naturelle¬ 
ment  et  sans  effôrts  ,  comme  les  Hirondelles,  qui 
fendent  l’air  tout  le  jour  ;  et  ils  ne  sont  pas  plus. que 
8 


114 


les  autres  oiseaux  des  êtres  déshérités,  ni  les  forçats 
de  la  création  (1) . 

Ces  oiseaux  couvent  dans  des  creux  d’arhres,  qu’ils 
percent  souvent  eux-mêmes.  Leurs  œufs,  déposés  sur  la 
poussière,  sont  blancs  sans  exception  ,  do  forme  ovée, 
et  à  coquille  d’un  grain  si  fin  et  si  lustré,  qu’ils  offrent 
le  hiillant  de  la  porcelaine. 

Leur  mue  est  simple,  et  la  livrée  différente  dans  les 
deux  sexes,  que  l’on  distingue,  dans  la  plupart  des 
espèces,  dès  leur  sortie  du  nid. 

Ce  genre  contient  sept  espèces  bien  déterminées  d’Eu¬ 
rope,  six  appartiennent  à  la  France  et  cinq  sont  com¬ 
munes  ou  susceptibles  de  se  rencontrer  dans  notre 
département,  savoir  :  ^ 

1°  Pic  vert.  4°  Pic  Mar. 

2°  Pic  cendré.'  5^  Pic  Epeichette. 

3®  Pic  Epeiche. 

Les  Pics  étaient  consacrés  au  dieu  Mars.  Les  Romains 
prétendaient  qu’un  Pic  veillait  sur  le  berceau  de  Ro- 
mulus  et  de  Rémus,  pendant  que  la  louve  leur  présen¬ 
tait  ses  mamelles. 

56.  Pic  vert,  —  Picus  viridis  (Linné). 

Synonymie  :  Pivert,  Pleupleu. 

Taille  :  Environ  32  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  moustaches  et  dessus  de  la  tête 
d’un  rouge  brillant ,  descendant  en, pointe  sur  le  cou  ; 
joues  et  région  des  yeux  noires  ;  parties  supérieures 
d’un  vert  olive,  passant  au  jaune  sur  le  croupion  et 
aux  sus-caudales;  parties  inférieures  cendré  lavé  de 


(1)  Buffon,  Hist.  nat.,  1844,  t.  V,  p.  517. 


vert  ;  rémiges  'marquées  de  taches  quadrilatérales 
blanc  jaune;  rectrices  brunes,  rayées  d'olivâtre  ;  bec 
noirâtre  en-dessus  ,  jaune  en-dessous  ;  pieds  bruns  ; 
iris  blanc. 

Femelle  ;  comme  le  mâle  ,  mais  avec  la  moustache 
noire. 

Jeunes  :  le  rouge  de  la  tête  est  plus  terne  et  les 
plumes  du  vertex  moins  allongées  ;  parties  supérieures 
d’un  vert  moins  pur,  marqueté  de  taches  blanc-jau¬ 
nâtre  ;  parties  inférieures  variées  de  brun  et  de  blanc  ; 
iris  gris. 

On  cite  des  variétés  blanches  et  d’autres  marquées 
de  blanc,  mais  elles  doivent  être  fort  rares. 

Le  Pic  vert  creuse  les  arbres  pour  y  nicher.  Sa  ponte 
est  de  5  à  7  œufs  d’un  blanc  lustré  sans  taches.  Grand 
diamètre,  27  à  28  millimètres  ;  petit  diamètre,  environ 
20  millimètres. 

Ce  Pic  est  le  plus  commun  dans  notre  département, 
où  il  est  généralement  connu  sous  le  nom  de  Pleupleu^ 
onomatopée  populaire  qui  figure  assez  bien  son  cri.  Il 
passe  pour  annoncer  la  pluie.  Nous  croyons  qu’en  effet 
il  se  fait  entendre  plus  souvent  à  l’approche  du  mau¬ 
vais  temps.  C’est  un  oiseau  farouche ,  et  qu’on  ne  tire 
guère  que  par  surprise.  Comme  ses  congénères,  il  affec¬ 
tionne  les  vieux  arbres,  plus  chargés  de  lichens  et  de 
rugosités ,  où  les  insectes  sont  plus  nombreux.  C’est 
surtout  lorsqu’il  passe  d’un  endroit  à  un  autre  qu’il 
fait  entendre  sa  voie  rauque  et  perçante.  Au  temps  de 
l’accouplement ,  ce  cri  devient  plus  fréquent  et  moins 
aigu. 

Cet  oiseau  a  dans  le  bec  une  force  remarquable.  J’ai 
entendu  dire  souvent  à  un  homme  très  digne  de  foi 


116  — 


que,  étant  enfant,  il  avait  voulu  prendre  un  nid  de  Pic 
vert,  et  avait  dû  y  renoncer  ;  mais  que  ,  dans  un  accès 
de  dépit  qui  s'explique,  car 

t 

.  Cet  âge  est  sans  pitié , 

il  prépara  une  che\dlle  qu’il  enfonça  à  force  dans  l’ori  > 
ficedu  trou.  Le  lendemain,  le  passage  était  libre,  et  les 
débris  de  la  cheville  jonchaient  le  pied  de  l'arbre. 
L’amour  maternel  avait  accompli  ce  prodige. 

\ 

57.  Pic  cendré.  —  Picus  canus  (Gmélin) . 

Synonymie  :  Pïc  Si  tête  grise. 

Taille  :  29  centimètres. 

Description:  Mâle  :  front  d’un  rouge  cramoisi,  étroite 
moustache  et  lorums  noirs  ;  tête  et  cou  cendré  gris  ; 
parties  supérieures  d'un  vert  passant  au  jaune  sur  le 
croupion  ;  parties  inférieures  cendré  pâle ,  lavé  de 
vert  ;  rémiges  et  rectrices  comme  dans  le  précédent  ; 
bec  brun,  plus  foncé  en  dessus  ;  pieds  noirs  ;  iris  rouge 
pâle. 

Femelle  :  de  nuance  plus  claire;  moustache  plus 
étroite  ;  pas  de  rouge  au  vertex. 

Jeunes  avant  la  première  mue  :  de  teinte  plus  sombre, 
avec  des  bandes  transversales  sur  les  rémiges  ;  le  mâle 
a  déjà  le  front  rouge  et  les  moustaches,  caractères  qui 
manquent  chez  la  jeune  femelle . 

Le  Pic  cendré,  assez  commun  dans  le  nord  de  l’Eu¬ 
rope,  est  très  rare  dans  notre  département,  où  il  se  ren¬ 
contre  cependant  de  temps  à  autre.  Un  mâle  adulte, 
qui  fait  partie  de  la  riche  collection  de  M.  Vian,  a  été 
tué  dans  les  environs  de  Dieppe. 

Ses  mœurs,  son  régime,  son  mode  de  nidification, 


117 


paraissent  être  les  mêmes  que  chèz  le  précédent,  au¬ 
quel  il  ressemble  beaucoup.  Sa  ponte  est  de  5  ou 
6  œufs,  de  même  forme  et  de  même  couleur.  Grand 

f 

diamètre,  26  millimètres:  petit  diamètre,  18  milli¬ 
mètres. 

Nous  croyons  l’avoir  observé  une  fois,  et  son  cri 
nous  a  paru  différer  de  celui  du  Pic  vert.  Il  serait 
moins  fort  et  moins  aigu,  se  rapprochant  de'  celui 
du  Pic  Epeiche  ;  et  l’oiseau  le  poussait,  comme  ce  der¬ 
nier,  cramponné  à  un  arbre  et  au  repos. 

58.  Pic  Epeiclic.  —  Picus  major  (Linné). 

Synonymie:  Grand  Pic  varié.  —  Grimyart,  —  Pic 
Grüve. 

Taillé  :  variable  de  23  à  25  centimètres. 

Description  :  Mâle  adulte  :  vertex,  derrière  du  cou  et 
dos  d’un  noir  brillant  ;  une  bande  transversale  rouge 
cramoisi  à  l’occiput  ;  front  blanc  chamois  ;  plumes  du 
capistrum  noires;  joues,  région  paro tique,  côtés  du  cou 
et  scapulaires  d’un  blanc  pur  ;  une  bande  noire,  partant 
des  commissures  du  bec,  sépare  les  joues  de  la  gorge 
et  se  confond  avec  une  autre  bande  également  noire, 
descendant  de  l’occiput  sur  les  côtés  de  la  poitrine  ; 
parties  inférieures  d’un  blanc  sale  ;  abdomen  et  sous  - 
caudales  rouge  cramoisi  ;  rémiges  noires  marquées 
de  blanc;  les  quatre 'rectrices  médianes  noires;  les 
latérales  blanches,  rayées  de  noir  dans  leur  partie 
inférieure  ;  bec  et  pieds  plombés;  iris  rouge  vineux. 

Femelle  :  un  peu  plus  petite  que  le  mâle,  sans  rouge  * 
à  l’occiput. 

Jeunes  :  d’un  noir  plus  mat  aux  parties  supérieures  ; 


f 


\ 


—  118  — 

les  inférieures  marbrées  de  noir  ;  front  et  vertex  d’un 
rouge  terne. 

Cette  espèce  est  sédentaire  et  se  reproduit  dans  notre 
département.  Elle  creuse  rarement  les  arbres;  mais  elle 
dépose  dans  les  trous  naturels ,  ou  dans  ceux  qu’a  pra¬ 
tiqués  le  Pic  vert,  de  4  à  6  œufs  un  peu  allongés,  d’un 
blanc  pur  et  sans  taches.  Grand  diamètre,  23  milli¬ 
métrés;  petit  diamètre,  18  millimètres. 

Moins  farouche  que  les  précédents,  le  Pic  Epeiche 
en  diffère  peu  par  les  mœurs  et  les  habitudes.  Cependan  t 
il  fréquente  davantage  les  arbres  verts,  et  on  le  voit 
souvent  cramponné  aux  flèches  des  sapins.  C’est  au 
repos  surtout  qu’il  fait  entendre  son  cri  Teik  Peih\ 
d’où  nous  paraît  venir  son  nom  Epeiche,  auquel 
plusieurs  auteurs  ont  donné,  selon  nous,  des  étymolo¬ 
gies  un  peu  forcées.  Quant  au  nom  latin  major,  il  vient 
de  la  comparaison  avec  le  Pic  Mar  {Picus  médius),  et  le 
Pic  Epeichette  [Picus  7ninor),  lesquels  ressemblent  cà 
TÉpeiche  pour  la  disposition  des  couleurs,  mais  qui  sont 
de  dimensions  plus  petites. 

Son  régime  diffère  d’avantage.  Le  Pic  Epeiche  ne 
chasse  guère  les  fourmis  ;  et,  par  suite,  descend  peu  à 
terre.  Il  vit  d’araignées,  d’insectes,  de  larves  et  de  baies. 
Nous  l’avons  vu  plusieurs  fois,  suspendu  aux  fruits  des 
conifères,  les  frapper  à  coups  redoublés  commeles  mé¬ 
sanges  ;  on  dit  qu’il  mange  aussi  des  faînes  et  des  noi¬ 
settes. 

59.  5*ic  —  Picus  médius  (Linné).  Médius, 

moyen. 

Synonymie  :  Moyen  Epeiche, 

Taille  :  21  centimètres. 


/ 


-  119  — 

Description  :  Mêle  adulte:  parties  supérieures  noires, 
marquées  de  blanc  aux  scapulaires  et  sur  toutes  les  ré¬ 
miges;  parties  inférieures  d’un  blanc  rosé,  passant  au 
rouge  cramoisi  à  l’abdomen  et  aux  sous-caudales;  poi¬ 
trine  et  flancs  marqués  de  raies  longitudinales  noires; 
front  blanc  jaunâtre;  vertex  d’un  beau  rouge  pourpré; 
gorge,  cou  et  région  parotique  blanc  presque  pur,  avec 
une  tache  noire  sur  les  cotés  du  cou;  rectrices  médianes 
noires  ;  les  latérales  blanches  avec  des  barres  noires 
dans  leur  partie  inférieure  ;  bec  et  pieds  couleur  de 
plomb  ;  iris  roux. 

La  Femelle,  semblable  au  mâle,  a  la  teinte  rouge 
de  la  tête  et  des  sous-caudales  moins  vive,  et  les  plumes 
du  vertex  moins  longues  et  moins  soyeuses. 

Chez  les  jeunes,  le  rouge  de  la  tête  est  plus  rem¬ 
bruni  ;  les  sous-caudales  sont  roses,  et  les  raies  brunes 
des  flancs  plus  nom'breuses. 

Le  Pic  Mar  est  rare  dans  notre  département,  et  nous 
ne  croyons  pas  qu’il  s’y  reproduise'.  Tl  niche,  comme  ses 
congénères,  dansles  arbres  creux,  et  pond  de  4  à  6  œufs 
blancs,  sans  taches.  Grand  diamètre,  21  millimètres, 
petit  diamètre,  16  à  17  millimètres. 

Cette  espèce  paraît  fréquenter  le  Midi  plutôt  que  le 
Nord;  on  la  dit  assez  commune  en  Lorraine,  où  elle 
affectionne  les  forêts  de  chênes.  Son  régime  paraît  se 
rapprocher  davantage  de  celui  du  Pic  vert  ;  elle  chasse 
•  surtout  les  araignées  et  les  fourmis,  tandis  que  ses 
mœurs  et  son  cri  ont  plus  d’analogie  avec  ceux  de 
l’Epeiche. 

M.  l’abbé  Vincelot  dit  qu’on  l’appelle  indifférem¬ 
ment  Ficus  médius  et  Ficus  martius.  (Ij  Nous  pensons 

(1)  Essais  étymologiques^  troisième  édition,  page  119. 


4 


,  —  1?0  — 

que  le  docte  abbé  est  ici  mal  servi  par  ses  souvenirs, 
et  que  c’est  au  Pic  noir  que  s’applique  exclusivement 
répithéte  martius.  Nous  ne  l’avons  jamais  vue  em¬ 
ployée  à  désigner  le  Pic  Mar.'Le  nfot  médius,  moyen, 
convient'  bien  à  cet  oiseau,  qui  est  l’espèce  de  taille 
intermédiaire  entre  l’Épeiche  Picus  major  et  le  sui¬ 
vant. 

r 

60.  Pic  cpciclicUe;  Picus  minor  (Linné),  Minor^ 
moindre. 

Synonymie  :  Petit  Pic  varié. 

Taille  :  15  centimètres. 

Description  :  Mâle  adulte  :  parties  supérieures  noires 
marquées  de  nombreux  points  blancs  ,  formant  cinq 
lignes  assez  régulières  ;  parties  inférieures  d’un  blanc 
sale,  avec  de  fines  raies  longitudinales  noires  ;  front , 
joues  et  côtés  du  cou  d’un  blanc  terne,  avec  une  bande 
noire  partant  des  commissures  du  bec  ,  et  descendant 
sur  la  poitrine  ;  vertex  rouge  cramoisi;  les  trois  rec- 
trices  latérales  blanches,  barrées  de  noir  à  l’extrémité, 
les  médianes  noires  ;  bec  et  pieds  gris  de  plomb  ;  iris 
rouge  vif. 

Femelle  :  semblable  au  mâle  ,  mais  sans  rouge  au 
vertex,  qui  est  jaunâtre. 

Jeunes  :  assez  semblables  à  la  femelle  ,  dont  ils 
dilTèrent  par  la  teinte  sombre  de  la  région  parotique; 
à  cet  âge,  la  moustache  est  peu  apparenle  et  presque 
nulle  dans  certains  individus. 

Cette  espèce  ,  quoique  peu  commune  dans  notre 
département,  y  est  moins  rare  que  la  précédente  ;  elle 
se  reproduit  dans  les  creux  naturels ,  quelquefois 


121  — 


dans  les  nids  des  Mésanges  et  des  Sittelles  ,  dont  elle 
a  à  peu  près  la  taille,  et  pond  de  4  à  6  œufs  d’un 
blanc  pur  et  sans  taches.  Grand  diamètre  ,  environ 
18  millimètres;  petit  diamètre,  de  14  à  15  milli-  ^ 
mètres. 

Elle  a  les  mœurs,  le  régime  et  le  cri  de  l’Epeiclie  ; 
mais,  au  contraire  du  Pic  mar,  elle  est  plus  répandue 
dans  le  Nord  que  dans  le  Midi.  », 

Le  Pic  épeichette,  le  plus  petit  de  la  famille,  ainsi 
que  l’indique  son  nom  ,  en  est  peut-être  le  plus  agile. 

Son  vol  est  rapide  et.  assez  soutenu  ,  et  il  court  sur  les 
branch-es  avec  une  étonnante  légèreté.  Il  est  également 
très  vigoureux,  et  il  frappe  les  arbres  avec  une  forcé 
qu’on  n’attendrait  point  d’un  si  petit  oiseau.  Je  l’ai 
tué  sur  un  peuplier  atteint  de  la  foudre ,  et  dont  l’é  • 
corce,  à  moitié  soulevée,  grouillait  d’insectes.  J’enten¬ 
dais  ses  coups  de  bec  à  plus  de  cent  mètres  ,  et  j’étais-  < 
tellement  convaincu  que  j’allais  trouver  un  Pic  vert , 
que  je  ne  faisais  aucune  attention  à  un  petit  oiseau 
qui  passait,  avec  une  grande  rapidité,  du  peuplier  dans 
un  arbre  voisin  ,  sur  les  branches  duquel  il  courait 
comme  une  souris.  Ce  ne  fut  qu’en  le  voyant  jouer  du 
bec,  que  je  reconnus  à  quelle  espèce  j’avais  affaire. 


SIXIÈME  FAMILLE. 

/ 

lUNGINÉS. 

Caractère.^:  de  la  Famille:  Bec  droit,  conique,  à  pointe 
aiguë,  emplumé  à  la  base;  narines  larges  ,  en  partie 
fermées  par  une  membrane;  langue  très  longue,  ex¬ 
tensible,  cylindrique,  terminée  par  une  pointe  osseuse, 


non  barbelée  ;  tarses  épkis  et  squameux  ;  4  doigts , 
2  en  avant,  2  en  arrière;  ailes  médiocres  ;  rectrices 
assez  longues,  larges,  flexibles  et  très  soyeuses. 

Tout  est  bizarre  et  étrange  dans  le  Torcol  ;  c’est  une 
sorte  d’oiseau  composite,  réunissant  les  qualités  com¬ 
munes  aux  espèces  voisines,  et  bon  nombre  de  carac¬ 
tères  qui  lui  sont  propres,  n'appartien-nent  qu’à  lui,  et 
en  font  une  variété  très  originale,  et  des  plus  remar¬ 
quables. 

Doué  des  attributs  des  Grimpeurs ,  il  ne  grimpe 
point;  semblable  aux  Pics  par  l'extensibilité  de  la 
langue,  il  en  diffère  par  les  mœurs  et  les  habitudes.  11 
est  aussi  confiant,  aussi  indolent,  que  ces  derniers  sont 
farouches  et  actifs. 

Voisin  des  Coucous  par  la  disposition  des  doigts,  il 
s’en  éloigne  sous  les  autres  rapports^  Aussi  n'avons- 
nous  pas  hésité  à  établir  en  sa  faveur ,  d’après  l’auto¬ 
rité  de  G. -R.  Gray  et  de  Ch.  Bonaparte  ,  une  famille 
particulière,  celle  des  lunginés. 

Le  Torcol  a  été  uni  aux  Pics  sous  le  nom  de  Pro- 
glosses  (de  -rpo,  en  avant,  et  de  yhua-a-a.  langue),  à  cause 
des  muscles  extenseurs  qui  font  jaillir  leur  langue 
hors  de  leur  bec  ;  ils  ont  été  associés  aux  Pics  et  aux 
Coucous  sous  celui  de  Zygodactyles  (de  ^vyoç,  couple, 
et  de  S'ciKTv\09,  doigt),  à  cause  de  la  disposition  de  leurs 
doigts.  La  première  dénomination  nous  semble  heu¬ 
reuse  et  très  figurative ,  trop  étendue  pourtant  pour 
déterminer  une  famille.  Nous  l’eussions  adoptée  pour 
désigner  un  groupe  ;  mais  les  groupes  n’existent  pas 
dans  notre  nomenclature  ;  ils  nous  paraissent  d’ailleurs 
difficiles  à  préciser ,  à  cause  des  genres  intermédiaires 
qui  rappprochent  et  soudent  ensemble,  pour  ainsi  dire, 


123 


toutes  les  branches  de  la  grande  famille  ornitholo¬ 
gique.  Quant  au  mot  Zygodactyle ,  il  est  plus  étendu 
encore,  et,  appliqué  rigoureusement ,  il  réunirait  des 
oiseaux  de  régime  ,‘de  mœurs  et  d’habitudes  tout-à- 
fait  opposés. 


Genre  Torcol-Iunx  (Linné). 

Son  nom  générique  ,  qui  doit  s’écrire  lunx  et  non 
pas  Yunx  —  car  nous  ne  voyons  pas  pourquoi  l’i  a  été 
remplacé  par  un  y  —  vient  de  Ivy^ ,  dérivant  lui- 
même  de  IvyiJLoç ,  cri  aigu.  Il  désignait  particulière¬ 
ment  chez  les  Grecs  le  Hoche-queue,  et,  en  général  , 
tout  oiseau  à  voix  criarde.  Ce  nom  convient  donc  par¬ 
faitement  au  Torcol,  dont  on  connaît  l'organe  nasillard 
et  glapissant. 

61.  Torcol  vertîclllc.  —  lunx  Torquilla. 

Taille  :  17  centimètres. 

Descriylion  :  Mâle  :  parties  supérieures  d’un  cendré 
roux,  finement  pointillées  de  noir,  de  roux  et  de  blanc  ; 
une  bande  noire,  mêlée  de  roux  foncé,  s’étend  dé  l’oc¬ 
ciput  au  bas  du  dos  ;  scapulaires  noires,  mouchetées 
de  blanc  ;  poitrine  jaunâtre  avec  une  étroite  bande 
transversale  noire  sur  chaque  plume;  bas  de  la  poi¬ 
trine,  flancs  et  abdomen*  d’un  blanc  presque  pur, 
marqué  sur  toutes  les  plumes  d’une  tache  noire ,  lan¬ 
céolée  ;  rémiges  portant  sur  les  barbes  externes  des 
taches  rousses ,  régulières  ,  formant  des  bandes  sur 
l’aile  fermée;  rectrices  cendrées,  marquées  de  quatre 
bandes  noires  transversales  ,  dont  les  intervalles  sont 
semés  de  points  cendrés  ,  si  fins  et  si  fondus ,  qu’on 


--  124 


croirait  la  poussière  qui  couvre  les  ailes  des  Lépidop¬ 
tères;  bec  et  pieds  gris  de  plomb  ;  iris  noisette. 

Femelle;  semblable  au  mâle,  dont  elle  se  distingue 
cependant  par  les  nuances  plus  claires  et  plus  cendrées, 
surtout  dans  l’espace  compris  entre  la  bande  dorsale  et 
les  scapulaires.  Avec  un  peu  d’habitude,  on  la  distingue 
à  première  vue.  '  * 

Jeunes;  même  disposition  des  couleurs,  avec  une 
teinte  un  peu  moins  tranchée,  et  une  nuance  plus  rousse 
aux  parties  inférieures. 

Les  Torcols  arrivent  en  grand  nombre,  chaque  année, 
dans  notre  département  vers  le  20  avril,  et  en  repartent 
vers  la  fin  d’août.  Ils  couvent,  sans  faire  de  nid,  dans 

I 

les  arbres  creux,  et  pondent  de  5  à  7  œufs,  d’un  blanc 
lustré,  généralement  rosé.  Grand  diamètre,  19  milli¬ 
mètres  ;  .petit  diamètre,  15  millimètres. 

La  femelle  souffle  au  nid,  comme  les  Mésanges. 

Ce  sont  des  oiseaux  solitaires  et  insociables.  Ils 
aiment  les  lieux  accidentés,  les  coteaux  sablonneux 
exposés  au  soleil  et  plantés  de  vieux  arbres.  C’est  là 
que,  perchés  près  d’un  creux,  dès  le  lever  de  l’aurore, 
soulevant  leurs  plumes  pour  se  réchauffer  à  ses  pre¬ 
miers  rayons,  ils  poussent  leur  cri  aigu,  formé  de  mo¬ 
nosyllabes  enroués,  que,  par  une  faculté’  de  ventrilo¬ 
quie,  ils  savent  si  bien  abaisser  et  adoucir,  qu’on  les 
croirait  transportés  en  un  instant  à  une  grande  dis¬ 
tance. 

On  les  surprend  souvent  à  terre,  sur  les  fourmilières  ; 
car  les  fourmis  sont  leur  nourriture  de  prédilection , 
et  ils  les  prennent,  comme  les  Pics,  en  leur  présentant 
leur  langue  enduite  d’une  liqueur  visqueuse,  sécrétée 
par  deux  glandes  placées  à  l’occiput. 


125  —  . 


En  liberté,  leTorcola  l’habitude  d’imprimer  à  sa  té  te 


un  mouvement  de  rotation  fort  bizarre.  Blessé  et  cap¬ 
turé,  il  fait  des  contorsions  plus  étranges  encore,  allon¬ 
geant  le  cou  d’une  manière  remarquable,  et  serrant  ses 
plumes,  qui  paraissent  autant  d’écailles  ;  en  sorte  que,  • 
la  couleur  du  plumage  aidant,  on  croirait  tenir  une 
vipère  et  la  voir  se  dresser  contre  soi. 

De  cette  habitude  de  tourner  le  cou  vient  'son  nom 
français  Torcol.  Son  nom  latin  Torquilla  n’a  pas,  selon 
ilous,  d’autre  signification.  Il  dérive  de  Torqueo,  tor¬ 
dre,  tourner.  «  Torquere  cervices  )>  (Cicéron)  tourner 
le  cou;  «  torquere  ora-»  (id.),  grimacer.  Un  de  nos 
honorables  collègues  en  ornithologie  le  fait  dériver  de 
Torques^  et  gratifie  le  Torcol  d’un  collier.  Nous  avons 
de  nouveau,  et  avec  beaucoup  4®  soin,  examiné  plu¬ 
sieurs  Torcols,  et  nous  n’avons  pu  y  découvrir  aucune 
trace  du  susdit  collier.  Il  faut  que  la  mode  s’en  soit 
passée,  ou  qu’il  fait  perdu  depuis  cette  époque. 


SEPTIÈME  FAMILLE. 

GUCULINÉS. 

Caractères  de  laF amille  :  Bec  légèrement  arqué,  com¬ 
primé  à  la  base,  assez  robuste,  ouvert  jusque  sous  les 
yeux,  à  gorge  extensible  ;  narines  ovoïdes,  à  osselet, 

f 

entourées  d’une  membrane  saillante  ;  tarses  courts , 
emplumés  en  tout  ou  en  partie  ;  les  deux  doigts  inté¬ 
rieurs  soudés  à  la  base  ;  l’extérieur  versatile,  se  diri¬ 
geant  plutôt  en  arrière  ;  ailes  allongées,  aiguës  ;  queue 
longue,  arrondie  et  étagée. 

Les  Coucous  ressemblent  aux  Torcols  par  la  dispo- 


4 


—  126  — 

sitiüii  des  doigts,  et  par  l’habitLide  qu’ils  ont  de  se 
cramponner  aux  arbres  et  aux  pierres  couvertes  de 
mousse  pour  y  saisir  leur  nourriture  ;  ils  en  diffèrent, 
et  se  rapprochent  des  ‘espèces  ordinaires  par  la  forme 
de  la  langue  et  par  le  régime. 

Ce  gont  des  oiseaux  vifs,  remuants,  rusés,  généra¬ 
lement  farouches,  ayant  dans  le  port,  dans  la  taille  et 
dans  les  côiileurs  quelque  chose  des  Eperviers. 

Cette  famille  contient  3  espèces  d’Europe,  dont  2  de 
France  et  1  de  notre  département.  Ces  3  espèces  ont 
tant  de  ressemblances  extérieures  qu’elles  ont  été  réu¬ 
nies  en  un  seul  genre  par  Temminck,  Degland  et  plu¬ 
sieurs  autres.  Mais  Vieillot,  considérant  que  le  Coucou- 
Geai  et  le  Coucou  cendrillard  bâtissent  un  nid,  cou¬ 
vent  leurs  œufs  et  nourrissent  leurs  petits ,  pense 
qu’ils  ne  peuvent  former  un  seul  genre  avec  le  Coucou 
gris,  niavoirpour  type  une  espèce  qui  se  décharge  sur 
des  oiseaux  étrangers  du  soin  d’élever  sa  progéniture. 
Nous  trouvons,  comme  Vieillot,  quhine  particularité 
de  mœurs  si  remarquable  doit  l’emporter  sur  toute  con¬ 
sidération  physique,  et  réclame  une  distinction  géné¬ 
rique,  Nous  ferons  donc  un  genre  particulier  pour  les 
oiseaux  de  cette  famille,  qui  ne  couvent  point  leurs 
œufs,  et  nous  prendrons  pour  type  le  Coucou  gris ,  le 
seul  du  reste  dont  nous  ayons  à  nous  occuper. 


Genre  Coucou. —  Cuculus  (Linné). 

Caractères  du  genre  :  Ceux  de  la  Famille  ;  tarses  très 
courts,  emplumés  dans  toute  leur  longueur. 

Les  anomalies  qui  caractérisent  pour  nous  le  genre 


« 


127  - 


Coucou,  c’est:  1®  que  les  oiseaux  qui  le  composent  sont 
polygames  ;  2®  qu’ils  ne  couvent  point  leurs  œufs.  Le 
premier  caractère  leur  est  commun  avec  certaines  es¬ 
pèces  dont  nous  nous  occuperons  plus  tard;  mais  il  ne 
convient  à  aucun  des  oiseaux  des  trois  premiers  Ordres. 
Quant  au  second,  c’est  un  trait  particulier  à  ce  genre, 
un  fait  unique  en  ornithologie. 

1'^  A  peine  arrivés  dans  nos  climats,  les  Coucous 
entrent  en  amour.  Les  mâles  se  cantonnent  et  déter¬ 
minent  leurs  limites,  qu’ils  respectent  eux-mêmes  et 
font  respecter  de  leurs  voisins.  Les  femelles,  bienve¬ 
nues  partout,  changent  de  localité  et  d’amant,  selon 
que  les  y  pousse  leur  humeur  capricieuse  et  essen¬ 
tiellement  volage.  Il  est  rare  qu’elles  accordent  leurs 
faveurs  plus  de  trois  ou  quatre  jours  au  même  soupi¬ 
rant;  bientôt  elles  convolent  à  une  nouvelle  union. 

Souvent  le  mâle,  qui  avait  accueilli  la  femelle  avec 
transport,  la  perd  avec  indifférence  ;  mais  s’il  est  évincé 
avant  la  satiété,  s’il  continue  de  la  poursuivre  sur  le 
domaine  du  voisin,  alors  s’élèvent,  entre  l’amant  d’hier 
et  le  favori  du  jour,  des  luttes  acharnées  où  la  femelle, 
il  faut  le  dire  à  sa  honte,  se  tourne  contre  celui  qu'elle 
a  comblé  la  veille.  Dans  l’ardeur  du  combat,  les  déli¬ 
mitations  sont  méconnues,  les  champions  se  poursui¬ 
vent  à  de  grandes  distances,  entraînant  à  leur  suite  de 
nouveaux  soupirants  ;  en  sorte  qu’il  n’est  pas  rare  de 
voir  sept  ou  huit  mâles  se  disputer  la  possession  d’une 
femelle,  qui  devient  le  prix  de  la  lutte,  et  la  récom¬ 
pense  du  vainqueur. 

2«  Vient  alors  le  moment  de  la  ponte.  La  femelle  si 
ardente,  et, peut-être  à  cause  de  cette  ardeur  môme, 
est  peu  féconde.  Elle  produit  2  œufs  à  trois  ou  quatre 


128  — 


jours  de  distance,  et  prend  ensuite  un  assez  long  repos. 
C’est  ce  qui  explique  comment,  malgré  le  petit  nombre 
de  Coucous,  on  trouve  des  jeunes  tout  l’été  (1). 

Semblable  à  ces  mères  perverties  et  dénaturées  qui, 

'  ■  méconnaissant  les  saintes  joies  de  la  maternité,  ne 
veulent  de  l’amour  que  les  jouissances  grossières,  et  se 
déchargent  au  plus  vite  du  fruit  de  leur  inconduite,  la 
femelle  du  Coucou  va  clandestinement  confier  à  un 
nid  étranger,  qu’elle  a  choisi  d’avance,  l’œuf  qu'elle 
vient  de  pondre..  Il  paraît  prouvé  qu’elle  le  dépose  à 
terre,  le  prend  dans  son  bec  et  le  porte  dans  le  nid 
qu’elle  destine  à  le  recevoir,  et  don  t  elle  a  soin  de  casser 
un  des  œufs  en  y  introduisant  le  sien.  Est-ce  pour 
tromper  la  mère?  Est-ce,  comme  le  prétend  notre  sa¬ 
vant  et  consciencieux  ami,  M.  J.  Vian,  par  un  système 
d’intimidation  (2)?  Nous  laissons  à  de  plus  habiles 
le  soin  de  discuter  et  d’éclaircir  le  fait  ;  et,  sans  entrer 
dans  dés  considérations  que  ne  comporte  point  notre 

I 

cadre,  nous  indiquons  le  point  en  litige  sans  chercher 
à  l’expliquer. 

Une  fois  dans  le  nid  étranger,  l'œuf  y  est  couvé  assi¬ 
dûment  par  la  mère  adoptive:  et  l’intrus  qui  en  sort, 
prenant  de  rapides  développements,  jette  bientôt  par 
dessus  le  bord  ses  frères  d’adoption,  et  absorbe  seul  la 
nourriture  destinée  à  la  famille  entière.  Mais  telle 
est  sa  voracité,  que  le  père  et  la  mère  suffisent  à  peine 
à  le  rassasier. 

(1)  Florent  Prévôt.  Dictionnaire  'pittoresque  d’FIist.  nat. 

(2)  Revue  et  Magasin  zoologique  18G7.  Fo/r  une  série  d’inté¬ 
ressantes  observations,  poursuivies  sur  l’introduction  de  l’œuf 

.  du  Coucou  dans  un  nid  étranger,  avec  le  soin  et  la  persévérance 
qui  caractérisent  l’honorable  M,  Vian. 

•  I 


! 


-  129  ~ 

Quant  à  la  faculté  qu’aurait  le  Coucou,  de  donner  à 
ses  œufs  une  couleur  analogne  à  ceux  du  nid  où  il  les 
dépose,  qu'on  nous  permette  de  réserver  notre  opinion. 
Nous  avons  peine  à  admettre  un  fait  si  monstrueux  ; 
mais  nous  n’oserions  non  plus  contester  les  té¬ 
moignages  d’hommes  sérieux  qui  l’affirment.  La  nature 
n’a-t-elle  pas  d’ailleurs  des  secrets  impénétrables? 

Son  nom,  dans  presque  toutes  les  langues,  est  une 
onomatopée  qui  figure  exactement  son  cri  :  Coucou 
en  français,  en  latin  Cuculus^  en  grec  Konzv^ ,  en 
anglais  Cuckoo.  En  rendant  à  l’o  et  à  l’u  leur  pronon¬ 
ciation  primitive,  on  obtient,  dans  les  quatre  langues, 
une  consonnance  semblable  et  très  figurative. 

62.  Coucou  srls.  —  Cuculus  canorus  (Linné). 
Cano,  je  chante. 

Taille  :  30  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  toutes  les  parties  supérieures  , 

la  tête,  le  cou  et  la  poitrine  d’un  cendré  ardoisé  pâle  , 

uniforme;  parties  inférieures  d’un  blanc  presque  pur, 

% 

rayées  transversalement  débandés  brun  noir  ;  rectrices 
noires,  mouchetées  de  blanc  près  des  baguettes  ;  ré¬ 
miges  brunes;  bec  noir;  bord  de  la  paupière,  iris  et 
pieds  d’un  beau  jaune. 

Femelle  :  un  peu  plus  petite  que  le  mâle ,  dont  elle 
ne  diffère  point  pour  la  couleur. 

Jeunes  :  parties  supérieures  brun  lustré ,  mêlé  de' 
noir  et  de  blanc  ;  parties  inférieures  ,  gorge  et  cou 
d’un  blanc  assez  pur,  rayé  de  brun  ;  une  tache  blanche 
à  l’occiput  ;  iris  noir  à  la  sortie  du  nid  ,  passant  au 
cendré  au  bout  de  quelque  temps  ,  et  au  marron  plus 
tard  ;  il  ne  prend  sa  belle  couleur  jaune  qu'en  hiver. 

9 


> 


130 


Nous  avons,  dans  notre  collection ,  un  jeune  ayant 
les  parties  supérieures  d’un  cendré  presque  pur,  dès  le 
premier  plumage. 

Nota.  —  Il  existe  une  vanété  dont  toutes  les  parties 
supérieures  sont  rousses,  alternées  de  noir  ;  la  gorge  et 
la  poitrine  d’un  roux  X-)âle,  avec  d'étroites  bandes  brun 
foncé ,  et  les  parties  inférieures  blanches ,  rayées  de 
brun  noir,  comme  chez  les  adultes  ordinaires  ;  les  ré¬ 
miges  sont  noires  ,  rayées  de  roux  ;  les  rectrices  de 
même  couleur,  avec  des  taches  blanches  près  des  ba¬ 
guettes  ;  le  croupion  est  d’un  roux  presque  uniforme  ; 
les  pieds  et  l’iris  jaunes. 

Cette  variété  n’est  pas  très  rare,  et  a  été  élevée  au 
rang  d’espèce  par  quelques  auteurs,  sous  le  nom  de 
Coucou  roux  :  Cuculus  hepaticus,  de  «'Tfitrof,  foie. 

Nous  possédons  une  femelle  de  cette  couleur;  elle 
avait  dans  l’oviducte  un  œuf  qui,  malheureusement, 
avait  été  traversé  par  un  grain  de  plomb.  Malgré  le 
soin  le  plus  minutieux  ,  nous  n’avons  pu  y  découvrir 
aucune  différence  avec  l’espèce  commune.  Nous  pen¬ 
sons  que  c’est  un  individu  d’un  an,  probablement  des 
nichées  tardives,  cful  a  manqué  en  partie  sa  mue-  En 
général ,  ces  variétés  rousses  sont  des  femelles.  Nous 
les  avons  vues  plusieurs  fois  s’accoupler  avec  des  indi¬ 
vidus  cendrés,  mais  nous  n’avons  jamais  observé  de 
mâle  roux.  Serait-ce,  comme  le  pense  Nordmann, 
que  les  femelles  conservent  plus  longtemps  leur  pre¬ 
mier  plumage?  Ne  serait-ce  pas  plutôt  parce  que  ce 
sont  des  oiseaux  des  dernières  nichées?  Car  on  sait  que 
les  derniers  produits  sont  généralement  des  femelles  ; 
tandis  que  le  nombre  des  mâles  domine  dans  les  cou¬ 
vées  du  printemps.  Dans  tous  les  cas ,  la  mue  a  été  au 


I 


—  131  - 

moins  partielle,  puisque  les  plumes  du  ventre  sont 
comme  chez  les  adultes  ordinaires. 

Les  œufs  du  Coucou  sont  relativement  petits ,  de 
couleur  variable,  d’un  blanc  olivâtre  ,  jaunâtre  ou 
azuré,  marqués  de  quelques  taches  brunes,  assez  lus¬ 
trés,  de  grain  très  fin  et  de  forme  ovoïde.  Grand  dia¬ 
mètre,  22  à  23  millimètres;  petit  diamètre,  environ 
16  millimètres. 

La  femelle  ne  confie  ordinairement  qu’un  œuf  à 
chaque  nid  ;  il  est  très  rare  d’en  trouver  deux  ensemble. 
Elle  affectionne ,  pour  les  déposer,  les  nids  d’espèces 
beaucoup  plus  petites,  telles  que  Rouges-gorges,  Fau¬ 
vettes,  Bruants,  Accenteurs,  Traquets,  etc. 

Les  Coucous  arrivent  dans  nos  climats  du  5  au 

10  avril,  et  repartent  en  septembre.  Comme  presque 
tous  les- oiseaux  de  passage,  ils  voyagent  la  nuit  ;  les 
vieux  mâles  paraissent  émigrer  les  premiers. 

Nous  en  avons  vu  souvent  d’excessivement  gras,  ce 
qui  infirme  le  proverbe  :  «Maigre  comme  un  coucou.  » 
En  général,  les  femelles,  à  cause  de  leur  lubricité  peut- 
être,  ont  moins  d’embonpoint  ;  mais  on  ne  saurait  dire 
qu’elles  soient  maigres. 

C’est  à  tort  également  que  l’on  regarde  le  Coucou 
comme  un  oiseau  de  proie  ;  il  ne  mange  que  des  in¬ 
sectes,  et  surtout  de  grosses  chenilles  velues,  dont  il 
rejette- les  poils  sous  forme  de  pelottes.  Son  port,  et 
la  conformité  de  coloration  du  plumage,  ont  pu  le  faire 
confondre  avec  les  Eperviers  et  les  Faucons,  et  faire 
mettre  à  sa  charge  les  déprédations  de  ces  derniers. 

Nous  ne  croyons  point  non  plus  qu’il  mange  les  œufs, 

11  dévorerait  ceux  des  nids  où  il  dépose  les  siens  ;  tan¬ 
dis  qu’il  ne  paraît  en  casser  un  que  par  instinct , 


—  132 


et  il  en  laisse  les  débris  sur  le  bord  du  nid.  Ce  qui  a 
pu  donner  naissance  à  ce  préjugé,  c’est  qu'on  a  tué  des 
femelles  qui  transportaient  leur  œuf  dans  leur  poche 
buccale,  et  le  rendaient  dans  les  convulsions  de 
l’agonie. 

Enfin,  et  pour  en  finir  avec  l’histoire  de  cet  oiseau,  le 
Coucou  est  une  espèce  constante,  qui  ne  subit  aucune 
transformation.  Il  ne  faut  donc  pas  croire  que,  selon  le 
dicton  populaire, 

Entre  Juin  et  Juillet, 

«  Le  Coucou  devient  Emouchet.  » 

Dans  le  mois  de  juillet,  les  oiseaux  de  proie,  libres 
des  soins  de  la  reproduction ,  reviennent  dans  nos 
plaines;  et  le  Coucou,  préludant  déjà  à  la  mue,  qui 
est  longue  et  laborieuse  dans  cette  espèce,  cesse  de  se 
faire  entendre.  De  là  l’idée  de  métamorphose. 


HUITIÈME  FAMILLE. 

MÉROriNÉS. 

Caractères  de  la  Famille  :  Bec  large,  arqué,  effilé,  plus 
haut  que  large,,  à  arête  saillante,  ouvert  jusque  sous 
les  yeux;  narines  basales,  petites,  en  partie  cachées 
par  les  plumes  du  capistrum  ;  tarses  courts  ;  doigts 
soudés  à  la  base  ;  ailes  longues  et  aiguës  ;  queue  ar¬ 
rondie  ;  lectrices  médianes  dépassant  sensiblement  les 
latérales.  •  i 

Les  lunginés  se  rattachant  aux  Pics  par  deux  carac¬ 
tères  bien  tranchés,  l’extensibilité  de  la  langue  et  la 


-  133  — 


configuration  des  pieds,  et  en  différant  par  tout  le  reste, 
nous  font  faire  un  premier  pas  vers  les  espèces  plus 
normales,  auxquelles  nous  amènent,  par  un  secondde- 
gré,  les  Cuculinés  qui  n’ont  de  commun  avec  ces  deux 
familles  que  le  dernier  rapport.  Nous  croyons  arriver 
ainsi  naturellement,  et  par  une  transition  graduée  et  ré¬ 
gulière’,  aux  Méropinés  ou  Guêpiers,  qui  ont  du  Coucou 
le  bec  allongé,  pointu  et  courbé,  les  ailes  longues  et 
aiguës  et  les  tarses  courts  et  robustes. 

En  rejetant,  comme  base  de  notre  classification,  les 
rapports  tirés  de  la  conformation  des  pieds  et  de  l’apti¬ 
tude  pour  le  vol,  nous  ne  nous  sommes  pas  interdit  de 
mettre  à  profit,  dans  la  coordination  des  espèces,  les  rap¬ 
prochements  tirés  de  ces  caractères,  tout  secondaires 
qu’ils  nous  paraissent.  Nous  plaçons  en  première  ligne 
le  régime  et  les  mœurs;  mais  il  nous  semble  que  nous  ne 
pouvons  pas  raisonnablement  rejeter  les  données  four¬ 
nies  par  ces  rapports  extérieurs,  lorsqu’ils  viennent  af¬ 
firmer  notre  principe.  Nous  croyons  même  que  ce  serait 
une  erreur  de  les  négliger. 

Nous  avons  dit  que  les  Coucous  ont  le  bec  fendu 
jusque  sous  les  yeux,  ce  qui  implique  une  vaste  ouver¬ 
ture  du  larynx.  Loin  donc  d’être  déplacés  près  des 
espèces  qui  forment,  pour  quelques  auteurs,  la  famille 
des  Latirostres  (de  latum  ^  large,  et  rostrum^  bec),  ils  nous 
semblent  entretenir  avec  cette  famille,  des  rapports  de 
convenance  qui  les  y  attachent  naturellement.  Que  si 
des  Coucous  aux  Latirostrçs  proprement  dits,  la  tran¬ 
sition  paraît  un  peu  brusquée,  nous  avons,  pour  com¬ 
bler  les  lacunes  et  rapprocher  les  distances,  les  Trochi- 
li dés  (oiseaux-mouches) ,  espèces  exotiques,  qui,  par 
leur  régime,  leur  langue  extensible  et  leurs  mœurs 


~  134  - 


aériennes,  semblent  destinés  à  marier  les  Pics  avec  les 
Hirundininés  ,  par  les  Guêpiers. 

Mais'les  Guêpiers  sont-ils  bien  des  oiseaux  de  la 
’ Seine-Inférieure?  A  dire  vrai,  nous  en  doutons  fort. 
Aussi  n’avons-nous  jamais  prétendu  que  nos  espèces 
normandes,  quelque  nombreuses  et  voisines  qu’elles 
soient,  suffisent  à  graduer-  une  classification.  Cet  en¬ 
chaînement  parfait,  s’il  existait,  nous  paraîtrait  au 
contraire  infirmer  notre  principe.  Où  placer,  en  effet, 
les  nombreuses  espèces  étrangères  à  notre  circons¬ 
cription  administrative  ?  Il  y  aurait  alors  des  classi¬ 
fications  locales,  parallèles  et  simultanées;  et  la  nature 
n’aurait  point  travaillé  sur  un  plan  unique.  C’est  pré¬ 
cisément  l’opinion  que  nous  combattons. 

Nous  doutons,  avons-nous  dit,  que  les  Guêpiers 
appartiennent  à  notre  département;  mais  nous  n’avons 
point,  à  cet  égard,  d’opinion  arrêtée.  Nous  avons  en¬ 
tendu  affirmer  que  ces  oiseaux  se  sont  reproduits  dans 
les  falaises  de  la  Basse-Seine,  et  nous  trouvons  que  le 
fait  n’est  pas  impossible.  Au  commencement  de  juillet' 
1840,  une  bande  de  15  à  20  Guêpiers  vint  s’établir  à 
Saint-Remy,  non  loin  d’Amiens  ;  et  y  nicha  dans  des 
trous  pratiqués  par  des  Hirondelles  de  rivage  (1).  H 
n’y  aurait  rien  d’étonnant  à  ce  que  quelques  individus 
se  soient  détachés  de  labande  ;  et  que,  pressés  de  se  re¬ 
produire  (on  était  alors  en  juillet)  ils  se  soient  arrêtés 
dans  nos  contrées  plus  méridionales.  D’ailleurs,  une 
apparition  bien  constatée  dans  un  département  limi¬ 
trophe,  nous  paraît  un  motif  suffisant  pour  ne  pas 
rejeter,  à  la  légère,  une  assertion  possible  et  vraisem- 


(1)  Degland.  Ornith.  Europ.,  1. 1,  p.  617. 


—  135' 


I 


semblable.  Nous  irons  donc  à  l’encontre  du  précepte-: 

«  Dans  le  doute,  abstiens-toi,  »  que  nous  ne  trouvons 
pas  de  mise  ici,  et  nous  décrirons  les  Guêpiers  à  tout 
hazard. 

On  a  rapproché  les  Guêpiers  des  Martins-Pêcheurs, 
sous  le  nom  de  Syndactyles  (de  c-i/r,  avec,  ensemble,  et 
de  S'cLKTvKoi  ;  doigts) ,  à  cause  delà  soudure  des  doigts. 
Il  ne  nous  paraît  y  avoir  entre  ces  deux  familles  ana¬ 
logie  ni  de  régime,  ni  de  mœurs,  ni  de  conformation. 
Les  Guêpiers  se  nourrissent  exclusivement  d’insectes 
ailés  ;  les  Martins-Pêcheurs  vivent  principalement  de 
petits  poissons.  Les  premiers  aiment  à  planer  dans  les 
airs  où  ils  saisissent  leurs  proies  ;  ils  ont  le  vol  rapide, 
facile  et  soutenu  ;  les  seconds  sont  des  oiseaux  d’em¬ 
buscade,  et  des  voiliers  de  second  ordre.  Ceux-là  ont 
les  formes  allongées,  légères,  sveltes-,  ceux-ci  sont 
courts,  ramassés  et  trapus.  C’est  donc  une  association 
irrationnelle,  et  qui  prouve,  une  fois  de  plus,  le  vice  du 
système  basé  sur  la  seule  configuration  des  pieds. 

Ces  caractères ,  qui  les  éloignent  des  Martins- 
Pêcheurs,  les  rapprochent,  au  contraire ,  des  Hiron¬ 
delles.  Ils  aiment,  en  effet,  à  planer  et  à  voltiger  comme 
elles;  comme  elles  ils  vivent  d’insectes  ailés,  qu’ils 
saisissent  dans  les  airs,  en  faisant  leurs  évolutions  ; 
leurs  ailes  sont  également  longues  et  aiguës,  leurs 
tarses  courts  et  leurs  doigts  petits,  quoique  différem¬ 
ment  constitués.  A  première  vue,  leur  bec  diffère,  mais 
cette  différence  est  plus  apparente  que  réelle.  Le  Guê¬ 
pier,  s’attaquant  aux  espèces  à  aiguillon,  avait  besoin 
d’une  armure  plus  forte  ,  pour  tuer  ces  insectes  avant 
l’inglutition  ;  et  l’Hirondelle ,  ne  happant  que  des 
espèces  inoffensives,  la  partie  cornée  devenait  inutile 


( 


~  136  — 

et  incommode.  Mais  l’ouverture  du  larynx  est  égale¬ 
ment  vaste  dans  les  deux  familles  ;  elles  ont  la  même 
aptitude  pour  le  vol  et  des  mœurs  analogues.  Les  ca¬ 
ractères  sont  moins  prononcés  chez  les  Guêpiers , 
comme  il  convient  à  des  espèces  de  transition  ;  et  cette 
différence,  loin  de  la  battre  en  brèche,  nous  paraît  cor¬ 
roborer  notre  manière  de  voir. 

Du  reste,  ici  encore,  comme  dans  la  plus  grande 
partie  de  ce  travail,  nous  nous  appuyons  sur  des  obser¬ 
vations  de  naturalistes  éminents,  qui  ont  saisi  ces  rap¬ 
ports. 

«  Les  Guêpiers,  dit  Le  Vaillant,  ont  le  corps  allongé 
«  et  tout  d’une  venue,  le  gosier  ample,  les  tarses  courts 
«  et  robustes,  les  ailes  longues  et  étroites,  caractères 
«  qui  conviennent  tous  à  toutes  les  hirondelles.  * 

«  Si  des  formes  nous  passons  aux  allures,  nous 
«  voyons  que  les  Hirondelles  sont  de  tous  les  oiseaux, 
«  ceux  avec  lesquels  les  Guêpiers  paraissent  avoir  le 
«  plus  d’analogie,  puisqu’ils  ont  absolument  la  même 
«  manière  de  voler  et  de  se  nourrir.  » 

Cette  ressemblance  n’a  pas  échappé  au  vulgaire,  car 
au  Cap  de  Bonne-Espérance,  on  appelle  les  Guêpiers 
Berg-Swalow  (Hirondelles  de  montagnes). 

«  Les  auteurs,  ajoute  le  Chenu,  ont  été  généra- 
«  lement  d'accord  sur  le  rapprochement  qull  y  avait  à 

«  faire  entre  les  Guêpiers  et  les  Hirondelles . sans 

«  qu’aucun  d’eux  se  soit  astreint  à  mettre  ces  deux 
«  familles  en  contact  immédiat,  car  la  valeur  de  ces 
'<  rapports  le  cédait  évidemment  à  celle  beaucoup  plus 
«  importante  delà  syndactylité  (1).  » 


(l)  D'  Chenu,  Encyclopédie  d'Hist.  nat.,  t,  II,  p.  105. 


137  — 


Nous  ne  voyons  pas  pourquoi  le  caractère  tiré  de  la 
forme  des  pieds,  quand  il  est  en  opposition  avec  tous» 
les  autres,  serait,  à  lui  seul,  assez  puissant  pour  les 
dominer  tous. 

Quant  aux  motifs  qui  l’ont  porté  à  éloigner  les  Guê¬ 
piers  des  Hirondelles,  le  Chenu  les  donne  en  deux 
mots  ;  c(  si  les  mœurs  les  rapprochent  des  Hirondelles, 
«  dit-il,  les  caractères  zoologiques  ne  les  écartent 
«  guère  des  Rolliers.  » 

Nous  pensons  plus  rationnel  de  mettre  cette  famille 
en  contact  avec  celle  dont  elle  se  rapproche  par  les 
mœurs,  qu'avec  celle  dont  elle  ne  s'écarte  guère. 

Elle  ne  contient  qu’un  seul  genre  d’Europe. 


Genre  Guêpier-Mérops. 

Le  nom  générique  Mèrops  signifiant  oiseau  à  voix 
articulée  (de  (xsipopLcct^  je  partage,  et  o4«,  voix) ,  semble 
indiquer  une  certaine  facilité  de  modulation  de  l’or¬ 
gane.  N’ayant  jamais  observé  ces  oiseaux  par  nous- 
même,  nous  laissons  à  de  plus  heureux  le  soin  de  ré¬ 
soudre  le  problème.  Leur  nom  français  Guêpier,  man¬ 
geur  de  guêpes,  indique  leur  régime,  contesté  par  Le 
Vaillant,  constaté  et  affirmé  par  Savi. 

Deux  espèces  d’Europe  ;  dont  l’une,  le  Guêpier  de 
Savigny,  nous  paraît  aujourd'hui  contestée;  l’autre, 
le  Guêpier  vulgaire ,  est  une  espèce  des  contrées 
méridionales  ,  qui  se  rencontre  irrégulièrement  en 
France. 


I 


-  138  — 

63.  Éluèpler  vulgaire.  —  Mérops  apiaster  (Linné/ , 
apis,  abeille. 

Taille  :  28  centimètres,  les  filets  compris. 

Description  :  Mâle  :  parties  supérieures  roux  marron 
•  uniforme,  plus  foncé  à  la  tête,-  et  passant  graduelle¬ 
ment  au  roux  jaunâtre  sur  le  croupion  ;  parties  infé¬ 
rieures  et  front  bleu  d’aigue  marine;  gorge  et  haut  du 
cou  d’un  beau  jaune,  encadré  par  une  étroite  bande 
noire  formant  un  demi-collier  ;  une  autre  bande  noire 
part  des  commissures  du  bec  et  s’étend  au-delà  de  la 
région  parotique;  rémiges  et  rectrices  vertes  sur  les 
barbes  externes,  d’un  vert  plus  sombre  sur  les  internes; 
les  deux  rectrices  médianes  dépassant  les  latérales  d’en¬ 
viron  25  millimètres  ;  bec  et  pieds  bruns;  iris  rouge. 

La  femelle  a  les  nuances  moins  pures,  le  jaune  de  la 
gorge  plus  pâle,  et  les  parties  inférieures  lavées  de 
roussâtre. 

Chez  les  jeunes,  les  parties  inférieures  sont  d’un  ver¬ 
dâtre  très  rembruni  ;  le  jaune,  de  la  .gorge  est  moins 
pur;  ils  n’ont  ni  demi-collier,  ni  filets;  iris  rosé. 

Nous  avons  dit  que  les  Guêpiers  couvent  dans  les 
trous  des  berges  et  des  falaises  ;  ils  pondent  de  6  à 
8  OBufs  arrondis,  d  un  blanc  pur  et  lustré.  Grand  dia¬ 
mètre,  25  millimètres;  petit  diamètre,  22  millimètres. 

On  a  remarqué  que  la  plupart  des  oiseaux  qui  cou¬ 
vent  dans  les  creux,  pondent  des  œufs  blancs  ou  presque 
.  blancs.  Encore  une  attention  de  la  Providence,  qui  leur 
a  donné  cette  couleur,  sans  doute  afin  que,  dans  l’obs¬ 
curité,  la  mère  les  distingue  mieux,  et  puisse  plus  faci¬ 
lement  les  réunir  sous  ses  ailes  pendant  l’incubation. 

Le  Guêpier  compose  son  nid  de  mousse  et  de  duvet 


y' 


I 


—  139 


quil  saisit  en  volant;  il  ne  se  pose  guère  à  terre,  et  pa¬ 
raît  tout-à-fait  inhabile  à  la  marche.  Placé  sur  le  sol, 
il  ne  peut  se  maintenir  en  équilibre ,  et  rampe  sur 
le  ventre,  nouveau  caractère  qui  le  rapproche  des  Mar¬ 
tinets. 

Sa  nourriture  principale  consiste  en  hyménoptères, 
guêpes,  abeilles,  bourdons,  etc.,  qu’il  saisit  avec  une 
grande  dextérité,  le  plus  souvent  en  volant,  quelquefois 
au  repos.  Savi  l’a  vu  se  placer  en  embuscade  sur  une 
saillie,  à  l'entrée  d’un  nid  de  guêpes  et  happer  toutes 
celles  qui  en  sortaient,  ou  qui  cherchaient  à  y  entrer. 

Comme  ces  oiseaux  sont  très  sociables ,  et  qu’ils 
voyagent  par  grandes  bandes,  ils  ont  bientôt  détruit 
toutes  les  guêpes  du  canton.  La  disette  les  force  alors  à 
émigrer. 

Le  Vaillant  dit  qu’ils  sont  peu  farouches,  mais  qu’ils 
s'eiïraient  facilement  aux  coups  de  feu  ;  et  que,  pour  peu 
qu’on  les  tire,  ils  abandonnent  la  contrée. 


*  NEUVIÈME  FAMILLE. 

HIRIJNDININÉS. 

Caractères  de  la  Famille:  Bec  court,  triangulaire,  large 
et  aplati  à  sa  base,  échancré  et  fléchi  à  la  pointe,  petit 
en  apparence,  mais  fendu  jusqu’à  la  région  parotique 
et  s’ouvrant  démesurément;  tarses  et  doigts  courts  et 
grêles;  doigt  extérieur  versatile,  tendant  à  se  diriger  en 
avant  ;  ailes  longues  et  pointues ■ 

Cette  famille  nous  paraît  naturelle  et  bien  caractéri¬ 
sée  par  son  régime.  Les  oiseaux  qui  la  composent  se 


r 


—  140  — 


nourrissent  d’insectes  ailés  qu’ils  saisissent  au  vol.  Ce 
sont  de  mauvais  percheurs,  et  '  des  marcheurs  plus 
mauvais  encore  ;  mais  d’excellents  voiliers.  L'air  est 
leur  élément  favori,  et  ils  ne  le  quittent  guère  que  pour 
dormir.  Toutes  les  espèces  qui  la  composent  sont  erra¬ 
tiques  ;  elles  passent  six  mois  dans  nos  contrées,  et  six 
mois  dans  les  régions  plus  australes,  où  le  climat  est 
assez  doux ,  pour  permettre  aux  moucherons  de  voler 
en  hiver. 

Elle  se  compose  pour  nous  de  trois  genres  : 

.  1®  Genre  Hirondelle; 

2®  Genre  Martinet  ; 

3®  Genre  Engoulevent. 

On  en  a  distrait  d’abord  le  genre  Engoulevent,  pour 
en  former  la  famille  des  Caprimulginés  ;  puis  le 
genre  Martinet,  pour  former  celle  des  Cypsélinés.  Il 
nous  semble  qu’une  distinction  générique  suffit,  quand 
les  espèces  ont  tant  de  rapports  de  similitude. 


1®  Genre  hirondelle.  —  Hirundo.  ♦ 

Caractères  du  genre  :  ceux  de  la  Famille;  queue 
composée  de  12  pennes. 

Les  Hirondelles  sont  de  tous  les  oiseaux  les  plus  ob¬ 
servés,  les  mieux  connus,  les  plus  appréciés.  On  salue 
leur  arrivée  avec  le  sourire  de  Tespérance;  on  assiste  à 
leur  départ  avec  un  sentiment  de  profonde  mélancolie. 
C’est  qu’ils  fuient  devant  les  frimas  et  les  aquilons,  et 
qu’ils  nous  ramènent  le  printemps  et*  les  zéphirs,  la 
verdure  et  les  fleurs.  Hôtes  charmants,  utiles  auxi¬ 
liaires,  ils  purgent  l’air  de  ces  milliers  de  diptères 


—  141  — 

qui  nous  harcèlent  et  vivent  à  nos  dépens,  en  même 
temps  qu’ils  animent  et  embellissent  nos  campagnes, 
et  portent  la  vie  dans  nos  villes  elles-mêmes,  où  leurs 
rapides  évolutions,  et  leur  joyeux  babil  font  un  doux 
contraste  avec  les  pesantes  allures,  et  les  fastidieuses 
criailleries  des  moineaux. 

Aussi  les  Hirondelles  ont-elles  acquis  toutes  les  sym¬ 
pathies,  et  fixé  l’attention  de  l’homme  dans  tous  les 
temps  et  dans  tous  les  lieux.  Mais,  par  une  sorte  d’exa¬ 
gération  naturelle,  qui  nous  fait  toujours  aimer  ouhaïr 
outre  mesure,  notre  reconnaissance  a  surfait  leurs  qua¬ 
lités  et  trop  exalté  leurs  seryices.  On  emplirait  un  vo¬ 
lume  des  erreurs  qui  se  sont  accréditées  sur  leur  compte. 
Nous  n’entreprendrons  donc  point  de  les  réfuter,  d’au- 
tantplus  que  ce  sont  des  erreurs  utiles.  Contentons-nous 
de  protester  contre  les  vertus  médicatrices  qu’on  leur 
attribue,  et  contre  leur  prétendu  engourdissement  pen¬ 
dant  l’hiver. 

Cependant  nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  dé- 
plorerun  préjugé  cruel  qui  porte  certains  habitants  des 
campagnes  à  crever  les  yeux  des  jeunes  encore  au  nid, 
dans  la  persuasion  qu’ils  trouveront,  au  fond  de  ce  nid, 
des  pierres  apportées  par  la  mère,  pour  rendre  la  vue  à 
ses  petits;  et  que  ces  pierres  conservent  une  propriété 
souveraine  contre  les  ophthalmies.  Nous  avons  peine  à 
comprendre  que ,  dans  le  siècle  où  nous  vivons,  il  y  ait 
encore  des  personnes  qui  pensent  qu’un  œil  crevé  puisse 
être  remplacé,  et  dont  l’égoïste  cruauté  est  en  pure  perte. 

Nous  n’avons  jamais  vu  non  plus,  sans  une  secrète 
douleur,  des  apprentis  chasseurs,  bons  et  honnêtes  du 
reste,  s’exercer  au  tir  sur  des  oiseaux  si  utiles  et  si 
inotfensifs. 


—  142 


H  Mes  amis,  s’écrie  Dupont  de  Nemours,  tirez  des 
«  noix  en  l’air;  cela  est  plus  difficile  encore,  mais  res- 
«  pectez  ces  aimables  oiseaux.  Songez  que  chaque  coup 
«  qui  porte  tue  deux  hirondelles,  la  dernière  par  un 
«  supplice  plus  affreux,  o  Plusieurs  auteurs  pensent  en 
effet  que,  quand  l'un  des  deux  époux  vient  à  mourir, 
l’autre  ne  lui  survit  point,  et  succombe  à  la  douleur. 

Nous  n’oserions  ni  admettre,  ni  combattre  cette  der¬ 
nière  opinion;  mais  nous  pensons  que  c’est  un  nou¬ 
veau  motif  de  s’abstenir,  persuadé  d’ailleurs  que  le 
tir  à  l’hirondelle  est  un  tir  à  part  ;  et  que  tel  excelle 
à  les  abattre,  qui  fait  chou-blanc  sur  les  perdreaux. 

La  voix  de  l'hirondelle  a  des  inflexions  infinies.  A  la 
vue  de  l’oiseau  de  proie,  elle  pousse  un  cri  de  détresse, 
entenduetrépété  à  une  grande  distance.  Aussitôt  toutes 
les  autres  hirondelles  arrivent,  voltigent  autour  du  ra¬ 
pace,  le  harcèlent,  l’étourdissent  de  leurs  cris,  et  l’ont 
bientôt  mis  en  fuite. 

Quant  à  la  dénomination  générique  Hirundo^  nous 
serions  bien  embarrassé  de  faire  un  choix  dans  toutes 
les  étymologies  forcées  et  bizarres  que  l’on  a  essayées. 
Nous  prions  donc  nos  honorables  lecteurs  d’excuser 
notre  abstention. 

Ce  genre  comprend  six  espèces  d’Europe,  dont  l’une 
l’ïïirondelle  pourprée  [Hirundo  purpurea  ),  est  au 
moins  fort  rare,  et  peut-être  contestable  comme  espèce 
européenne.  Cinq  se  rencontrent  en  France,  et  trois 
appartiennent  à  notre  département,  savoir: 

1®  Hirondelle  de  cheminée, 

2®  Hirondelle  de  fenêtre, 

3°  Hirondelle  de  rivage, 

que,  à  l’exemple  de  Degland,  nous  réunissons  en  un  seul 


—  143 


genre,  ne  trouvant  point  que  la  longueur  des  rectrices 
latérales,  ni  l’absence  de  plumes  aux  tarses,  puissent 
motiver  une  distinction  générique  ;  d’autant  plus  que 
les  espèces  étrangères  présentent  des  intermédiaires 
qui  graduent  la  transition.  Quant  au  mode  de  nidifica¬ 
tion  et  à  la  couleur  des  œufs,  caractères  invoqués 
par  les  partisans  d’une  division,  ils  ne  pourraient, 
comme  le  fait  remarquer  judicieusement  Degland , 
qu’infirmer  la  règle ,  puisque  l’Hirondelle  de  rocher 
et  PHirondelle  de  rivage ,  réunies  dans  le  genre 
Cotyle,  diffèrent  sous  ces  deux  rapports  :  la  première 
bâtit  un  nid  et  pond  des  œufs  tachetés,  et  la  seconde 
couve  dans  des  trous ,  et  pond  des  œufs  blancs. 

64.  nirondcllc  de  Cheminée.  —  Hirundo 
domestica  (Brisson). 

Synonymie  :  Aronde. 

Taille  environ  18  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  parties  supérieures,  tête,  cou  et 
haut  de  la  poitrine  noirs  à  reflets  bleus  ;  front  et  gorge 
marron  foncé;  parties  inférieures  d’un  blanc  presque 
pur  dans  les  vieùx  sujets,  lavé  de  roussâtre  dans  un 
âge  moins  avancé;  toutes  les  rectrices,  à  l’exception  des 
deux  médianes,  marquées  de  blanc  sur  les  barbes  in¬ 
ternes;  les  latérales  très  hmgues,  formant  deux  filets 
qui  dépassentles  autres  pennes  d’environ  6  centimètres; 
bec,  pieds  et  iris  brun  noir. 

Femelle  :  comme  le  mâle,  avec  des  reflets  moins 

riches  ;  les  parties  inférieures  plus  ternes,  et  les  filets 

moins  longs. 

/  • 

Jeunes  :  presque  sans  reflets  au  manteau;  le  brun  du 


V 


-  144  — 

front  et  de  la  gorge  lavé  de  grisâtre  ;  teinte  générale 
moins  tranchée;  filets  presque  nuis. 

Degland  cite  une  variété  blanche  et  une  rous- 
sâtre  ;  les  individus  tapirés  de  blanc  ne  sont  pas  fort 
rares. 

L’Hirondelle  de  cheminée  paraît  dans  nos  pays  du 
1  au  1 0  avril,  selon  la  douceur  de  la  température,  et  sur¬ 
tout  selon  la  direction  des  courants.  Elle  repart  en  sep¬ 
tembre,  octobre;  nous  en  avons  vu  souvent  jusqu'au 
commencement  de  novembre.  (1). 

A  peine  arrivée,  elle  s'occupe  des  soins  de  la  repro¬ 
duction,  sage  .prévoyance,  puisque  cet  oiseau  faisant 
deux  nichées,  les  derniers  produits  ont  besoin  d’avoir 
acquis  toute  leurs  forces,  et  un  complet  développement 
pour  le  départ  d’automne. 

Elle  bâtit  un  nid  de  forme  demi-sphérique,  com¬ 
posé  extérieurement  de  terre  gâchée,  entremêlée  de  quel¬ 
ques  brins  de  paille,  et  garni  de  plumes  à  l’intérieur. 
Sa  ponte  et  de  4  à  6  œufs  blancs,  marqués  de  taches 
d’un  brun  plus  ou  moins  foncé.  Grand  diamètre  , 
20  millimètres;  petit  diamètre,  15  millimètres. 

Ce  serait  un  tort  de  croire  que  cette  espèce  place  tou¬ 
jours  son  nid  dans  les  cheminées.  Au  sein  des  cam¬ 
pagnes,  dans  nos  pays  du  moins,  ce  nid  est  souvent  fixé 
dans  les  écuries  et  les  étables,  aux  encoignures  des  en- 
Irevous.  Il  n’est  pas  rare  d’en  voir  cinq  ou  six  dans  le 
même  bâtiment. 

Nous  avons  préféré  l’épithète  domestica  à  rustica. 


(1)  L’année  dernière  (1866)  des  Hirondelles  ont  été  observées  à 
Port-Jérome  le  31  mars.  Voir  Bull,  des  Amis  des  Sciences  nat.  de 
RoueUf  1866,  p.  28. 


-  145 


D’abordrHirondelIedecheminée,quiserait,  selon  nous, 
mieux  nommée  Hirondelle  domestique,  habite  les  villes 
comme  les  campagnes  ;  puis  elle  semble  de  la  famille, 
de  la  maison  (domus).  Elle  entre  sous  le  toit  de  l’homme 
et  ne  vit  que  dans  son  voisinage  ;  tandis  que  l’Hirori- 
delle  de  fenêtre  s’établit  au  dehors  des  ^habitations,  et 
souvent  dans  les  endroits  inhabités,  comme  les  falaises, 
les  côtes  abruptes  et  crayeuses,  etc. 

L’Hirondelle  de  cheminée  est  donc,  par  excellence, 
l’amie  du  foyer  domestique  et  la  compagne  de  l’homme. 
C’est  encore  à  elle  que  convient  l’épithète  :  Messagère 
du  printemps.  Elle.arrive  en  effet  la  preniière  ,  presque 
dès  l’équinoxe ,  et  no  nous  quitte  qu’à  l’automne, 
après  un  séjour  de  six  mois,  comme  pour  partager  égale¬ 
ment  entre  ses  deux  hôtes  sa  vie  et  ses  services. 

,Gomnie  ses  congénères,  elle  va  prendre  ses  quar¬ 
tiers  d’hiver  en  Afrique.  «  Elle  passe,  dit  Ghâteaubriant, 
■'  l’été  aux  ruines  de  Versailles,  et  l’hiver  à  celles  de 
Thèbes.  » 

65.  niroudelle  de  fenêtre.  —  Hirundo  urbica 
(Linné) . 

Synonymie  :  Hirondelle  cul-blanc  —  Hirondelle  de 
falaise. 

Taille  :  14  centimètres.  , 

*  y» 

Description  :  Mâle  :  parties  supérieures  noir  bleu  à 
reflets;  parties  inférieures,  gorge  et  croupion  d’un  blanc 
presque  pur;  tarses  vêtus  de  plumes  dé  même  couleur  ; 
bec  et  iris  noirs. 

Femelle  :  elle  ne  diffère  du  mâle  que  par  une  teinte 
grisâtre  à  la  gorge  ;  elle  a  également  le  blanc  du  crou¬ 
pion  moins  étendu. 

10 


/ 


-  146  — 

Jeunes  :  d’un  noir  plus  sombre  et  presque  sans  reflets, 

avec  les  pennes  secondaires  frangées  de  gris  cendré. 

! 

On  cite  des  variétés  blanches,  d’autres  d’un  blanc  Isa¬ 
belle,  d’autres  tapirées  de  blanc  pur. 

Cette  espèce  arrive  dans  nos  localités  une  douzaine 
de  j  ours  après  la  précédente ,  c’  es  t-à-dire  du  1 5  au  20  avril , 
et  repart  vers  la" fin  de  septembre.  Quand  les  premiers  • 
froids  se  font  sentir,  on  voit  dès  le  matin  ces  hiron¬ 
delles  groupées  soit  sur  un  toit,  soit  sur  un  fil  télégra¬ 
phique,  se  pressant  les  unes  contre  les  autres  et  atten¬ 
dant  un  rayon  vivifiant .  Elles  sont  plus  sociables  que 
les  hirondelles*  de  cheminée  ;  elles  se  réunissent  pour 
couver,  et  rapprochent  les  uns  des  autres  leur  nids,  éga¬ 
lement  composés  de  terre  gâchée  et  de  plumes,  mais 
mieux  clos  et  n’otfrant  souvent  qu’une  étroite  ouver¬ 
ture.  Elles  les  attachen  t  aux  encoignures  des  fenêtres,  aux 
corniches  des  églises,  aux  crevasses  des  falaises,  etc., 
et  pondent  de  4  à  6  œufs  piriformes  généralement  d’un 
blanc  pur.  Grand  diamètre,  19  millimètres;  petit  dia¬ 
mètre,  15  millimètres. 

Son  nom,  urbica,  de  urbs-is,  ville,  indique  que  cette 
espèce  fréquente  surtout  les  villes,  et  se  montre  peuàla 
campagne;  mais  ce  n’est  point  le  voisinage  de  l’homme 
qui  l’attire,  puisqu’on  la  trouve  sur  les  plages  les  plus 
désertes  et  les  plus  isolées. 

On  l’a  prise  pour  type  du  genre  Cheliclon.  Nous  a\mns 
indiqué  plus  haut  les  motifs  qui  nous  ont  porté  à  reje¬ 
ter  cette  coupe  générique. 

66.  Hlpondcllc  de  rivage.  —  Hirundo  riparia 
(Linné),  de  ripa,  rive. 

Synonymie  :  Petite  hirondelle  brune. 


147 


Taille;  13  centimètres. 

Description  ;  Mâle  ;  parties  supérieures,  poitrine  et 
flancs  d’un  gris  brun  ;  parties  inférieures  blanc  cendré; 
bec  et  pieds  bruns. 

Femelle  :  teintes  un  peu  plus  ternes  ,  parties  infé- 
férieures  lavées  de  roussâtre;  bande  pectorale  plus  large 
et  moins  bien  dessinée. 

Jeunes  ;  d’un  roux  plus  cendré  au  manteau,  avec  les 
plumes,  surtout  les  rémiges  secondaires,  liserées  de  gris 
blanc. 

On  cite  des  variétés  blanches. 

Cette  espèce  couve  dans  des  trous  profonds  qu’elle  pra¬ 
tique  dans  les  berges  sablonneuses  ;  elle  pond  4  ou 
5  œufs  allongés,  d’un  blancpur,  plus  lustrés  que  ceux  de 
la  précédente.  Grand  diamètre,  19  millimètres;  petit 
diamètre,  12  millimètres. 

L’Hirondelle  de  rivage,  beaucoup  moins  commune 
que  les  autres  espèces,  n’est  cependant  pas  rare  dans 

notre  département.  On  la  rencontre  sur  les  bords  delà 

<• 

Seine.  Dans  les  gros  temps,  elle  quitte  les  rivages  et 
suit  les  petites  rivières.  Elle  apparaît  de  temps  en  temps 
àBolbec;mais  nous  ne  l’y  avons  vue  nicher  qu’une  fois. 
Une  douzaine  d'individus  étaient  venus  s’établir  dans 
un  enfoncement,  pratiqué  sur  lebord  d’une  route  dépar¬ 
tementale,  pour  y  déposer  les  cailloux  destinés  à  pierrer 
la  voie.  Le  sol,  sablonneux  et  friable,  leur  offrait  de 
grandes  facilités  pour  creuser  leurs  galeries.  Elles  y 
furent  sans  doute  inquiétées,  car  elles  disparurent  bien¬ 
tôt.  En  effet,  pour  peu  qu’on  les  tracasse  dans  un  en¬ 
droit,  elles  l’abandonnent  et  vont  porter  ailleurs  leurs 
pénates,  différant  des  autres  hirondelles,  qui  s’opi¬ 
niâtrent  à  réparer  leurs  nids  à  mesure  qu’on  les  détruit. 


Nous  avons  dit  pourquoi  nous  n’admettons  point 
le  genre  Cotyle,  dont  elle  est  le  type  pour  quelques  au¬ 
teurs  . 

_  t  ‘ 

2®  Genbe  Martinet  Cypselus. 

Caractères  du  genre  :  Ceux  de  la  Famille  :  ailes  très 
longues,  aiguës  ;  queue  assez  courte,  échancrée  ;  tarses 
emplumés  jusqu’aux  doigts,  qui  sont  courts,  forts,  armés 
d’ongles  crochus,  aigus  et  rétractiles  ;  doigt  postérieur 
se  dirigeant  en  avant. 

Nous  avons  cru  devoir  maintenir  les  Martinets  dans 

la  famille  des  Hirundininés,  dont  ils  ont  été  distraits 

dans  ces  derniers  temps,  parce  que  nous  leur  trouvons 

le  régime,  les  mœurs,  les  allures  et  tous  les  caractères 

extérieurs  de  la  famille.  Véritables  Hirondelles ,  mais 

semi-crépusculaires,  ils  offrent  des  rapports  d’affinité  si 

frappants  avec  le  genre  Hirundo  et  le  Caprimulgus ,  qu’ils 

h'ontété  contestés  par  aucun  naturaliste;  nous  croyons 

» 

donc  inutile  de  les  faire  ressortir. 

Nous  avons  dit  que  ce  sont  des  oiseaux  semi- crépus¬ 
culaires;  ils  volent  cependant  souvent  en  plein  jour, 
mais  c’est  surtout  quand  le  ciel  est  couvert.  Pendant 
l’éclat  du  midi,  ils  cherchent  une  retraite  plus  sombre, 
et  n’ahrontent  guère  les  ardeurs  du  soleil.  C’est  à  l’ap¬ 
proche  du  soir  surtout,  et  dès  le  matin,  qu’on  les  voit 
voler  en  bandes  assez  nombreuses,  se  poursuivant  dans 
les  airs  avec  la  rapidité  de  la  foudre,  et  poussant  des 
sifflements  aigus  et  stridents.  Dans  le  milieu  du  jour,  ils 
se  tiennent  quelquefois  cramponnés  aux  saillies  de 
quelque  mur,  et  plus  souvent  dans  un  trou,  où  ils  ont 
établi  une  sorte  de  lit  de  repos.  Ce  sont  les  plus  mau- 


vais  marcheurs  de  l’Ordre  entier.  Leurs  pieds  sont  in¬ 
capables  de  les  porter,  et  sur  une  surface  plane,  ils 
n’avancent  qu’en  rampant  sur  la  poitrine.  Placés  par 
terre,  ils  ne  peuvent  prendre  leur  vol  qu’à  condition  de 
trouver  quelque  hutte  ou  quelque  pierre,  pour  s’y 
poser,  et  permettre  à  leurs  ailes  de  cueillir  et  de  dé¬ 
placer  assez  d’air  pour  les  enlever. 

On  comprend  facilement  que,  éloignés  du  sol  par  les 
dangers  qu’ils  y  courent,  ces  oiseaux  portent  peu  au  nid; 
ils  happent  tout  au  plus  quelques  plumes,  et  les  rares 
flocons  de  duvet  qui  voltigent  dans  les  airs  ;  mais  ils 
s’emparent  volontiers  des  nids  des  moineaux,  qui  résis¬ 
tent  quelquefois,  et  finissent  toujours  par  leur  céder  la 
place. 

Leur  nom  générique  Cypselus,  venant  de 
diminutif  de  kv-tm  ,  trou ,  cavité ,  indique  l’habitude 
qu’ils  ont  de  fréquenter  les.  trous  des  clochers  et  des 
tours. 

Quant  au  nom  français  Martinet  ou  «  martelet,»  ils 
le  doivent  sons  doute  à  la  vigueur,  à  l’énergie  de  leur 
coup  d’aile. 

Deux  espèces  d’Europe,  de  France  et  de  notre  dépar¬ 
tement  : 

1“  Martinet  noir, 

2®  Martinet  à  ventre  blanc. 

67.  Martinet  noir.  —  Cypselus  apus  (Vieillot). 

Taille  ;  environ  21  centimètres. 

Description  ;  Mâle  :  'tout  le  corps  noir  de  suie,  à  reflets 
bronzés,  avec  une  tache  d’un  blanc  cendré  à  la  gorge. 

Femelle  ;  comme  le  mâle,  un  peu  plus  petite,  avec  la 
tache  blanche  de  la  gorge  un  peu  plus  étendue. 


—  150 


Jeunes  :  de  couleur  moins  foncée,  avec  les  plumes  du 
front  et  des  ailes  légèrement  liserées  de  cendré. 

Cette  espèce  se  reproduit  dans  les  clochers,  les 
vieilles  tours  et  les  falaises;  sa  ponte  est  de  trois  ou 
quatre  œufs  allongés,  d’un  blanc  pur.  Grand  diamètre, 
25  millimètres  ;  petit  diamètre,  17  millimètres. 

De  tous  les  oiseaux  de  passage,  le  Martinet  nous 

arrive  le  dernier  et  repart  le  premier,  ne  séjournant 
\ 

guère  dans  nos  régions  que  le  temps  de  se  reproduire. 

Il  ne  se  montre  dans  nos  localités  que  vers  la  mi-mai, 
et  dès  le  15  août,  presque  tous  les  individus  ont  dis¬ 
paru. 

Dans  les  beaux  jours,  quand  le  ciel  est  pur  et  l’air 
tiède,  les  Martinets  volent,  comme  les  Hirondelles,  à  de 
grandes  hauteurs  ;  mais  quand  le  froid  et  l’humidité 
chassent  les  insectes  des  régions  élevées,  ces  oiseaux 
descendent  avec  leurs  proies,  et  rasent  la  terre.  Ils  sont 
alors  peu  farouches  et  viennent  jusque  dans  les  jambes 
saisir  les  moucherons  que  l’on  fait  lever  en  passant. 

Leur  nom  spécifique  Apus^  sans  pieds,  de  cl  privatif  ' 
et  de  -Toiyi-,  'TTo^Qç^  pied,  indique  bien  l’exiguité  de  leurs 
doigts,  presque  semblables  à  ceux  de  certains  rongeurs. 

68.  Martinet  alpin . —  Cypselus  alpinus  (Tem- 
minck). 

Synonymie  :  Martinet  à  ventre  blanc. 

Taille  :  27  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  parties  supérieures  d’un  gris  brun 
uniforme  ;  une  large  ceinture  et  flancs  de  même  cou¬ 
leur  ;  parties  inférieures  d’un  blanc  presque  pur  ; 
rémiges  et  rectrices  semblables  au  manteau  ;  bec  et 
pieds  bruns  ;  iris  noisette. 


—  151 


Femelle  :  semblable  au  mâle,  avec  une  teinte  plus 
claire  et  la  ceinture  moins  large. 

Jeunes  ;  toutes  les  plumes  du  manteau  liserées  de 
cendré  clair. 

C’est,  pensons-nous,  la  première  fois  que  cette 
espèce  est  admise  sur  le  catalogue  des  oiseaux  de  la 
Seine-Inférieure,  où  elle  a  cependant  des  droits  incoii' 
testables.  Un  individu  a  été  abattu,  il  y  a  quelques 
années,  à  Etretat,  par  M.  le  comte  de  Montault.  Or, 
M.  de  Montault  possède  à  fond  son  ornithologie,  et  il  y 
a  quelques  jours  encore  il  nous  affirmait  le  fait.  «  Cet 
«  oiseau,  nous  disait-il,  se  trouvait  au  milieu  d’une 
«  bande  de  Martinets  communs,  qui  volaient  avec 
«  leur  rapidité  ordinaire.  A  distance,  je  le  pris  pour 
«  un  oiseau  de. proie  ;  mais,  en  continuant  de  l’obser- 
«  ver,  je  remarquai,  dans  ses  allures  quelque  chose 
«  d’insolite  qui  me  frappa.  L’oiseau  s’étant  rappro- 
«  ché,  je  rabattis,  et  c’éïaù  bien  un  Martinet  à  ventre 
«  blanc.  »  Après  ce  témoignage,  il  ne  nous  reste  plus 
qu’à  ouvrir  nos  colonnes  à  un  oiseau,  qui  se  présente 
sous  un  tel  patronage. 

L'oiseau  ayant  été  tué  en  été,  on  en  doit  conclure, 
ce  nous  semble,  qu’il  se  reproduit  dans  notre  départe¬ 
ment.  Ses  œufs  ont  la  forme  et  la  couleur  de  ceux  de 
son  congénère,  desquels  ils  ne  dilfèrent  que  pour  le 
volume.  Grand  diamètre,  24  millimètres;  petit  dia¬ 
mètre,  16  millimètres. 

Tel  est  un  œuf  déniché  à  la  cathédrale  de  Berne,  et 
que  nous  devons  à  l’obligeance  de  notre  honorable  ami, 
M.  Lunel,  de  Genève.  , 

Cette  espèce  fréquente  les  Alpes  et  les  Pyrénées,  où 
elle  est  commune; 


152 


3®  Genre  Engoule'vent. —  Caprimulgus. 

Caractères  du  genre  :  Ceux  de  la  Famille  ;  bec  fendu 

jusqu’au-delà  de  la  région  jjarotique  ;  yeux  gros,  sail- 

» 

lants;  tête  forte,  arrondie;  deux  rangées  de  poils 
raides  aux  commissures  du  bec;  narines  tubulées; 
oreilles  larges  ;  tarses  courts  et  vêtus;  plumes  molles, 
soyeuses  et  désunies,  caractère  propre  aux  espèces  noc¬ 
turnes  ou  crépusculaires;  queue  composée  de  dix 
pennes. 

Les  Engoulevents  ressemblent  aux  Hirondelles  par 
leur  faciès,  leur  bec  large,  leur  régime  et  leur  manière 
de  chasser.  Oiseaux  semi-nocturnes,  ils  se  rattachent 
aux  Hirondelles,  qui  sont  essentiellement  diurnes, 
parles  Martinets,  qui,  comme  nous  venons  de  le  dire 
sont  semi-crépusculaires. 

fis  n’entrent  enchâsse  que  le  soir;  tout  le  jour,  ils 
restent  immobiles,  tantôt  perchés  sur  les  arbres  toulfus 
dans  le  sens  de  la  branche  ;  tantôt,  et  plus  souvent 
peut-être,  tapis  par  terre,  dans  un  lieu  sombre,  sous 

I  « 

quelque  toutfe  de  bruyère,  qu'ils  n’abandonnent  qu’à 
la  chute  du  jour.  Leur  vol  est  rapide,  léger,  silencieux, 
comme  celui  des  Nocturnes  ;  il  a  également  quelque 
rapport  avec  celui  de  la  Bécasse  ;  mais  il  en  dilfère  en 
ce  que  l’Engoulevent  s'élève  sans  bruit,  directement, 

I 

comme  un  trait. 

Ces  oiseaux  couvent  par  terre,  et  l’on  a  remarqué 
que,  quand  ils  ont  été  inquiétés,  ils  font  disparaître 
leurs  œufs  et  leurs  petits,  qui  se  trouvent  transportés 
à  une  assez  grande  distance.  On  pourrait  s’expliquer 
la  disparition  des  œufs  :  l’oiseau  a  une  capacité  laryn¬ 
gienne  qui  lui  permet  de  les  porter,  nomme  le‘font  les 


153  - 


Coucous  ;  mais  il  ne  saurait  en  être  de  même  des  pe¬ 
tits.  Un  patient  observateur,  M.  Florent-Prévôt  a  sur¬ 
pris  le  secret  de  ce  déplacement.  Ayant  touché  deux 
jeunes  Engoulevents,  il  se  mit  en  observation  à  quel¬ 
que  distance,  et  vit  bientôt  le  père  et  la  mère  pousser 
avec  un  soin  infini  les  petits,  qui,  s’aidant  eux^mêmes 
de  leurs  pieds  et  de  leurs  ailes,  s’éloignaient,  en  ram¬ 
pant,  d’une  retraite  qui  n’était  plus  sûre.  M.  Florent- 
Prévôt  prit  alors  les  jeunes  oiseaux  ;  et,  les  examinant 
de  plus  près ,  il  découvrit ,  à  la  dernière  articulation  de 
l’aile,  une  sorte  d’ongle,  analogue  au  crochet  dont  sont 
armées  les  ailes  des  Chauves-souris.  Cet  ongle  procu¬ 
rait  à  l’oiseau  un  point  d’appui,  à  l’aide  duquel  il  pou¬ 
vait  avancer,  à  la  manière  des  quadrupèdes  (1). 

Cet  appendice  corné  doit  exister  dans  beaucoup 
d’espèces ,  et  donner  aux  jeunes  oiseaux  les  moyens  de 
se  mouvoir  dans  le  nid,  sans  offenser  ni  meurtrir  leurs 
organes  encore  tendres. 

Le  nom  latin  donné  à  ce  yenre  a  sa  source  dans  un 
préjugé  populaire.  De  ce  qu’on  a  vu  voltiger  ces  oi¬ 
seaux  autour  des  bestiaux  et  des  chèvres ,  pour  saisir 
les  moucherons  et  certains  scarabées,  dont  le  nom  n’a 
rien  à  faire  ici,  et  qui  recherchent  les  lieux  fréquentés 
par  ces  animaux,  on  en  a  conclu  qu’ils  venaient  pour 
téter  les  chèvres  ;  de  là  leur  nom  Caprimulgus ,  de 
capra,  chèvre,  et  mulgere^  traire,  téter.  Il  est  inutile 
d’insister  sur  la  fausseté,  l’invraisemblance  même 
d’une  telle  opinion. 

On  les  a  encore  appelés  Crapauds  volants,  par  suite 
peut-être  du  même  préjugé,  qui  attribue  une  habi- 


(1)  Chenu,  Encyclopédie  d’Hist.  nal..,  t.  II,  p,  166  et  167. 


tude  semblable  aux  Crapauds,  dont  notre  oiseau  a 
les  teintes  sombres  ;  ou  bien  parce  que,  quand  les 
Engoulevents  sont  surpris  ou  démontés,  ils  ouvrent 
leur  large  bec,  assez  semblable  à  la  bouche  de  ce  batra¬ 
cien. 

Ces  oiseaux,  volant  le  bec  ouvert,  avec  une  certaine 
rapidité,  avalent,  avec  de  nombreux  insectes  qui  restent 
englués  sur  les  parois  visqueuses  de  leur  gosier,  une 
grande  quantité  d’air  qu’ils  rejettent ,  en  produisant 
un  bruit  assez  semblable  au  ronflement  d’une  .toupie. 
Cette  habitude  leur  a  fait  donner  le  nom  d’Engoule- 
vents,  d’un  mot  très  expressif  qui  a  vieilli. 

Leur  mue  est  simple,  et  la  livrée  peu  différente  dans 
les  adultes  des  deux  sexes,  et  dans  les  jeunes. 

Deux  espèces  d’Europe  et  de  France;  l’Engoulevent  à 
collier  roux,  qui  habite  les  parties  méridionales,  et  l’En¬ 
goulevent  ordinaire,  qui  est  assez  commun  dans  notre 
département. 

69.  Eiig;oiileYent  ordinaire.  —  Caprimulgus 
vulgaris  (Vieillot). 

Synonymie  :  Tète -Chèvre.  Crapaud-volant.  — 
Fressaie. 

Taille  :  28  centimètres.  ' 

Description:  Mâle;  parties  supérieures  gris  foncé,  fine¬ 
ment  piqueté  de  cendré,  avec  quelques  raies  longitudi¬ 
nales  noires  à  la  tête  et  au  cou;  scapulaires  noires  va¬ 
riées  de  roux  et  de  chamois  ;  une  série  de  taches  blanches, 
étroites  et  allongées,  formant  un  demi-collier  sur  le 
dessus  du  cou;  commissures  du  bec  et  deux  taches  aux 
côtés  de  la  gorge,  d’un  blanc  presque  pur  ;  milieu 
de  la  gorge  et  région  paro tique  d’un  brun  foncé  nuancé 


155  — 


/ 


de  roux;  parties  inférieures  gris  roux,  rayées  transver¬ 
salement  de  noir;  rémiges  noires  marquées  de  roux  pâle, 
et  terminées  par  une  teinte  cendrée,  avec  une  large  tache 
blanche  ovale  sur  les  trois  premières  ;  rectrices  mé¬ 
dianes  cendrées,  barrées  de  noir  ;  les  latérales  noires 
rayéesderoux,  les  deux  externes  de  chaque  coté  blanches 
à  l’extrémité;  bec  et  pieds  cendré  foncé;  iris  brun. 

Femelle  :  comme  le  mâle,  dont  elle  ne  se  distingue 
que  par  les  taches  des  rémiges  et  des  rectrices,  qui  sont 
jaunâtres. 

Jeunes  :  de  couleur  plus  grise,  avec  le  noir  et  le  roux 
moins  purs  et  moins  étendus,  sans  marques  blanches 
ou  rousses  aux  pennes  de  la  queue  et  des  ailes. 

L'Engoulevent  vulgaire  niche  à  terre,  sans  faire,  de 
nid;  il  pond  deux  œufs  allongés,  obtus  des  deux  bouts,  à 
fondblanc,  quelquefois  lavés  de  cendré  ou  de  jaunâtre, 
et  marqués,  à  la  superficie,  et  sous  le  test,  de  larges 
taches  d’un  brun  ardoisé  lie  de  vin.  Grand  diamètre, 
environ  30  millimètres;  petit  diamètre,  20  milli¬ 
mètres. 

Le  mâle  et  la  femelle  se  partagent  le  soin  de  l’incu¬ 
bation. 

Nous  croyons  avoir  sufîisamment  décrit  les  mœurs  et 
le  régime  de  cet  oiseau.  Ajoutons  qu’il  a  l’habitude  de 
tourner  plusieurs  fois  autour  des  mêmes  arbres,  en  se 
frappant  l’une  contre  l’autre  les  ailes  en  dessus  du  dos, 
et  produisant  ainsi  un  bruit  sec,  assez  semblable  à  celui 
que  font  les  pigeons.  L’oiseau  paraît  chercher  par  là  à 
faire  lever  les  insectes  pour  les  saisir  en  volant.  Quel¬ 
quefois  il  se  laisse  tomber  à  terre  à  la  suite  de  quelque 
proie,  y  reste  un  instant,  et  se  relève  avec  la  même  ra¬ 
pidité. 


—  156 


L’Engoulevent  appelé  par  Pline,  nous  ne  savons  trop 
pourquoi,  voleur  nocturne,  fur  nocturnus,  rend  de  nom¬ 
breux  services,  en  détruisant  de  grandes  quantités  d’in¬ 
sectes  et  des  plus  nuisibles,  tels  que  papillons,  hanne¬ 
tons  gros  et  petits,  etc.  Il  continue,  la  nuit,  l’œuvre 
bienfaisante  de  l’hirondelle.  Moins  apprécié  parce  qu’on 
le  voit  moins,  il  no  laisse  pas  de  remplir  un  rôle  d’une 
incontestable  utilité. 

Nous  avons  préféré  le  nom  VulgariSj  ordinaire, 
que  lui  a  donné  Vieillot,  à  celui  de  Earopæus^  d’Europe, 
qui  nous  paraît  manquer  de  précision,  l’Engoulevent 
à  collier  roux  étant  aussi  une  espèce  européenne. 

Les  Engoulevents,  ayant  moins  d’aptitude  pour  le  vol, 
et  les  mœurs  moins  aériennes  que  les  Hirondelles,  nous 
paraissent  se  rapprocher  des  Muscicapinés  auxquels 
nous  arrivons. 


DIXIÈME  FAMILLE. 

MUSCICAPINÉS. 

Caractères  de  la  Famille  :  Bec  très  fendu,  large  et  dé¬ 
primé  à  la  base,  à  pointe  crochue  et  échancrée,  à  arête 
saillante,  garni  de  poils  raides  aux  commissures  ;  na¬ 
rines  basales,  ovoïdes,  recouvertes  de  quelques  poils  ; 
yeux  grands,  ailes  longues  et  amples;  queue  échancrée, 
composée  de  12  pennes. 

Parleur  régime  et  la  largeur  de  leur  bec,  garni  de  soies 
raides,  par  la  grandeur  de  leurs  ailes  et  la  légèreté  de 
leur  vol,  les  oiseaux  qui  composent  cette  famille  nous 
paraissent  se  rattacher  facilement  aux  espèces  de  la  fa¬ 
mille  précédente,  tandis  qu’ils  s’en  distinguent  par  la 
manière  de  chasser,  par  leurs  mœurs  plus  sédentaires  et 


157 


leur  instinct  de  l’embuscade.  Ils  ressemblent  encore  aux 
Engoulevents  par  la  teinte  de  tristesse  et  de  mélancolie 
répandue  sur  leur  physionomie.  Ce  ne  sont  plus  ces 
chasseurs  brillants,  au  joyeux  langage  et  au  vol  rapide, 
qui  poursuivent  leurs  proies  ouvertement,  au  grand 
jour,  pour  ainsi  dire,  et  qui  ne  veulent  point  «  dérober 
la  victoire.  »  Ce  sont  des  giboyeurs  de  second  ordre,  de 
timides  braconniers  pratiquant  l’allût,  et  suppléant  par 
la  ruse,  à  ce  qui  leur  manque  en  vigueur  et  en  prompti¬ 
tude.  Presque  aussi  utiles  que  les  Hirondelles,  ils  sont 
moins  remarqués.  Le  cri  strident  et  monotone  qu’ils 
font  entendre  sans  cesse,  leurs  allures  gauches,  leur 
physionomie  stupide,  ont —  et  cela  n’est  point  à  notre 
honneur  —  singulièrement  modifié  nos  sentiments  à 
leur  égard.  Leur  nom  même  est  devenu  une  épithète 
malsonnante,  dont  l’injure  semble  rejaillir  sur  l’oi¬ 
seau.  L’homme  est  ainsi  fait  :  il  veut  trouver  de 
l’agrément  jusque  dans  les  services,  jusque  dans  les 
bienfaits . 

Gomme  les  espèces  précédentes,  les  Gobe-mouches 
arrivent  dans  nos  climats  assez  tard,  et  quand  les  pre¬ 
mières  chaleurs  ont  déjà  fait  éclore  les  moucherons, 
dont  ils  font  leur  principale  nourrUure.  Les  froids  qui 
surviennent  tardivement  leur  sont  funestes.  En  1767et 
en  1772,  un  subit  abaissement  de  la  température  en  fit 
périr  un  grand  nombre  (1).  Ils  repartent  également  de 
bonne  heure;  et,  dès  les  premiers  jours  de  septembre, 
on  ne  voit  plus  que  quelques  individus  des  nichées  tar¬ 
dives. 

Dans  leurs  chasses,  ils  suivent  la  mai’che  du  soleil. 


(1)  Buffon,  1844,  tome  V,  page  517. 


—  158  — 


Le  matin,  dans  les  endroits  exposés  au  levant,  ils  sai¬ 
sissent  les  diptères  éveillés  par  les  premiers  rayons  ;  le 
soir,  au  couchant,  ils  guettent  ceux  qui  voltigent  encore 
aux  dernières  lueurs.  Ils  affectionnent,  pour  se  poser,  les 
branches  sèches  et  dénudées,  les  poteaux,  les  pieux,  etc., 
d’où  ils  s’élancent  sur  les  moucherons  qui  passent  ; 
et,  chargés  de  leur  proie,  ils  reviennent  à  leur  poste  pour 
la  dévorer.  On  peut,  à  distance,  et  sans  les  voir,  au  seul 
bruit  sec  produit  par  leurs  mandibules  quand  ils  sai¬ 
sissent  une  mouche,  se  rendre  compte  du  nombre  d’in¬ 
sectes  qu’ils  détruisent.  Rarement  ils  manquent  leur 
coup,  grâce  surtout  aux  poils  placés  aux  bords  du  bec. 
et  qui  servent  à  retenir  la  proie  et  la  diriger  dans  le 
gosier  de  l’oiseau. 

Cette  famille  compose  pour  nous  un  seul  genre,  du 
moins  en  ce  qui  concerne  les  individus  d’Europe. 

Bien  que  le  plumage  varie  considérablement,  selon  la 
saison,  dans  quelques  espèces,  leur  mue  est  simple  ;  la 
coloration  se  produit  par  l’usure  des  barbules,  et  par 
un  surcroît  de  vie,  qu’ils  doivent  aux  influences  printa¬ 
nières 


Genre  Gobe-Mouches.  —  Muscicapa. 

Cette  famille  ne  renfermant  pour  nous  qu’un  genre, 
nous  pensons  qu’une  description  générique  devient 
inutile.  Bornons-nous  à  ajouter  que  le  nom  latin  1/us- 
cicapa^  de  musca^  mouche,  et  de  capere^  prendre,  tra¬ 
duit  exactement  le  nom  français  Gobe-mouches,  et  qu’il 
caractérise  heureusement  ce  genre. 

Quatre  espèces  d’Europe  et  de  France  où  le  Gobe- 


159 


mouches  rougeâtre  se  montre  accidentellement.  Trois 
passent  ou  sont  communes  dans  notre  département: 

Gohe-mouches  gris. 

2°  Gobe-mouches  noir. 

3°  Gohe-mouclies  à  collier. 

70.  Gobe-moMcIics  ^rîs.  —  Muscicapa  grisola 
(Linné). 

Taille  :  environ  15  centimètres. 

Description  :  Mâle  et  femelle  :  parties  supérieures 
cendré  brun,  plus  foncé  au  centre  des  plumes  du 
vertex  ;  parties  inférieures  d’un  blanc  gris,  marqué  aux 
côtés  de  la  poitrine  et  aux  flancs  de  taches  longitudi¬ 
nales  noires;  rémiges  noires  liserées  de  blanc  terne  ; 
rectrices  de  même  couleur  sans  liseré;  bec  brun  en  des¬ 
sus,  plus  pâle  en  dessous  ;  pieds  bruhs  ;  iris  noir. 

Jeunes  :  de  même  couleur,  marqués  au  vertex  et  au 
manteau  de  taches  jaunâtres,  qui  pâlissent  avec  l’âge, 
et  deviennent  presque  blanches  au  moment  de  la  pre¬ 
mière  mue  ;  parties  inférieures  plus  foncées  que  chez 
les  adultes. 

Cette  espèce,  type  du  genre,  est  très  commune  en 
été  dans  notre  département.  Elle  construit,  sans  art, 
de  mousses,  d’herbes  et  de  racines,  un  nid  qu’elle 
cache  fort  mal  dans  les  espaliers,  dans  les  trous  des 
murs  et  aux  enfourchures  des  branches,  etc.  On  rap¬ 
porte  qu’un  jardinier  ayant  un  jour  laissé  son  rateau 
debout,  appuyé  contre  un  mur,  des  Gobe-mouches  y 
établirent  leur  nid  (1). 

Cet  oiseau  pond  de  4  à  6  œufs,  à  fond  blanc  azuré 

I 

(1)  D'’  Chenu,  Encyclopédie  d'Uisl.  nal.,  tome  IV,  page  218. 


160  — 


ou  grisâtre,  plus  ou  moins  marqués,  surtout  au  gros 
bout,  de  taches  tantôt  d’un  roux  assez  vif,  tantôt  très 
sombres  et  comme  elfacées.  Grand  diamètre,  environ 
20  millimètres;  petit  diamètre,  15  millimètres. 

Le  Gobe-mouches  n’a  point  de  chant,  mais  un  cri 
aigu  et  très  fastidieux,  qu’il  répète  sans  cesse.  Tl  affec¬ 
tionne  certains  endroits  découverts,  où  se  trouvent 
des  branches  sèches;  il  voltige  continuellement  des 
unes  aux  autres  en 'saisissant  tous  les  insectes  qui  pas¬ 
sent  à  sa  portée.  Peu  farouche  et  peu  défiant,  il  se  laisse 
approcher  de  fort  près.  Son  grand  œil  noir,  fixe  et 
dilaté,  lui  donne  un  air  lourd  et  niais,  qui  prévient 
mal  en  sa  faveur  ,  quoiqu’il  rende  d’inappréciables 
services  et  qu’il  vive  sous  nos  yeux.  Gomme  presque 
tous  les  oiseaux  chasseurs,  il  est  peu  sociable,  et  ne 
souffre  point  d’intuus  dans  les  limites  qu’il  s’est  don¬ 
nées  . 

71,  Crobe-mouches  noir.  —  Muscicapa  atrica- 
pilla  (Linné),  , 

Synonymie  :  Gobe-mouches  bec-figue.  —  Traquet 
d’Angleterre. 

Taille  :  environ  13  centimètres. 

Description  :  Mâle  en  été  :  parties  supérieures  d’un 
noir  profond;  parties  inférieures,  deux  points  au  front 
et  miroir  sur  l’aile  d’un  blanc  pur;  rémiges  et  rec- 
trices  moins  foncées  et  liserées  de  blanc  ;  bec,  pieds  et 
iris  noirs. 

Mâle  en  hiver  :  parties  supérieures  lavées  de  roux  ; 
les  inférieures,  d’un  blanc  terne. 

Femelle  en  été  :  comme  le  mâle,  avec  les  parties' 
supérieures  d’un  noir  moins  pur  et  lavées  de  cendré  ; 


161 


parties  inférieures  d’un  blanc  roussâtre  ;  miroir  moins 
étendu,  moins  net;  point  de  taches  blanches  au 
front. 

Femelle  en  hiver  :  comme  en  été,  avec  une  teinte 
roussâtre  dominant  tout  le  plumage.  ' 

Jeunes  :  semblables  à  la  femelle  en  hiver  ;  ils  ne  • 
s’en  distinguent  que  par  un  liseré  blanc  à  l’extrémité 
des  grandes  couvertures  alaires.  '  ' 

Le  Gobe-mouches  noir  n’est  que  de  passage  dans 
notre  département.  Rare  au  printemps  ,  il  apparaît 
assez  souvent,  vers  la  fin  d’août,  dans  nos  vergers  et 
nos  basses-cours.  C’est,  comme  la  précédente,  une 
espèce  criarde,  voltigeant  sans  cesse  de  branches  en 
branches  pour  saisir  les  moucherons.  Elle  nous  a 
paru  plus  farouche  et  plus  défiante ,  bien  qu’elle  soit 
réputée  plus  stupide.  Elle  habite  de  préférence  les 
parties  les  plus  méridionales ,  recherche  les  vergers  , 
et  se  tient  sur  les  arbres  chargés  de  fruits,  où  abondent 
les  moucherons.  Son  nom  ,  Bec-Figue ,  indique  assez 
qu’elle  passe  pour  piquer  les  figues,  préjugé  funeste  à 
l'oiseau,  puisqu’il  en  fait  détruire  un  grand  nombre 
pour  un  méfait  dont  il  est  innocent.  M.  Yarrell  en  a 
ouvert  plusieurs,  sans  jamais  trouver  vestige  de  fruits  • 
dans  leur  estomac. 

72.  €robe-itiouclies  à  collier'. — Muscicapaalbicollis. 

Synonymie  :  Gobe-mouches  de  Lorraine. 

»  •  ' 

Taille  :  environ  13  centimètres. 

Description  :  Mâle  en  été  :  parties  supérieures ,  ré¬ 
miges  et  rectrices  d’un  noir  profond;  parties  inférieures, 
côtés  du  front,  cou,  et  un  double  miroir 'sur  l’aile, 

11 


V 


d’un  blanc  pur;  rectrice  latérale  liserée  de  cette  dernière 
couleur  ;  Bec,  pieds  et  iris  noirs. 

Mâle  en  hiver  :  une  teinte  générale  cendrée-  domine 
le  blanc  et  le  noir,  qui  sont  dès  lors  moins  tranchés  et 
comme  fondus  ;  collier  peu  apparent. 

Femelle  en  été  et  en  hiver  :  parties  supérieures  d’un 
noir  terne  ;  front  blanchâtre;  le  collier  indiqué  par  une 
nuance  cendrée. 

Jeunes  :  semblables  à  la  femelle  ;  pas  de  teinte  blan¬ 
châtre  au  front,  mais  quelques  taches  cendrées  à  la 
poitrine. 

Le  Gobe-mouches  à  collier  est  de  passage  irrégulier 
dans  notre  département,  où  il  ne  fait  que  de  rares 
apparitions,  surtout  en  automne. 

Cette  espèce  a  les  mœurs  et  les  habitudes  des  pré¬ 
cédentes  ;  elle  paraît  plus  vive  ,  plus  éveillée .  Elle  vit 
plus  loin  de  l’homme ,  et  reste  dans  les  bois  tout  le 
temps  de  la  reproduction;  elle  se  tient  alors  au  hauf 
des  arbres.  Vers  la  fin  de  l’été  ,  elle  descend  dans  les 
vergers. 

Le  Gobe-mouches  paraît  assez  commun  en  Lorraine, 
où  il  se  reproduit.  En  général,  il  habite  plutôt  l’Europe 
centrale  et  méridionale. 

Nota.  —  Ces  deux  dernières  espèces  ne  couvant  point, 
que  nous  sachions ,  dans  notre  département ,  nous 
n’avons  point  cru  devoir  nous  occuper  de  leur  mode 
de  nidification.  Disons  simplement  qu’elles  couvent 
dans  les  ôreux  d’arbres,  et  pondent  des  cèufs  d’un  bleu 

I 

pâle  sans  tache. 


—  163  — 


ONZIÈME  FAMILLE. 

CALAMOHERPINÉS. 

Caractères  de  la  Famille  :  bec  large  ou  médiocre  , 
allongé ,  échancré  à  la  pointe  ;  tête  déprimée  ;  ailes 
courtes,  concaves,  obtuses  ;  queue  étagée  ou  conique  ; 
tarses  longs  ;  ongle  du  doigt  postérieur  égalant  ou 
surpassant  ce  doigt;  habitudes  diurnes. 

Nous  aurons  bientôt  épuisé  la  série  des  Muscivores  ; 
nous  devons  donc  arriver  à  des  espèces  de  transition  ; 
car  l’appétit  des  oiseaux  est  varié,  comme  les  produc¬ 
tions  de  la  nature.  La  Sagesse  infinie  qui  conçut  l’uni-  ’ 
vers,  le  conçut  réglé,  coordonné,  harmonisé  jusque 
dans  ses  moindres  détails  :  donc ,  pas  de  lacune.  Entre 
l’insecte  qui  vole  et  l’insecte  qui  rampe ,  il  y  a  des 
espèces  mitoyennes;  il  doit  exister  aussi,  pour  que 
l’équilibre  subsiste,  des  destructeurs  intermédiaires. 
Or,  la  famille  des  Galamoherpinés  nous  paraît  destinée, 
pour  une  large  part,  à  ménager  la  transition.  Elle  con¬ 
tient,  en  effet,  des  espèces  semblables  pour  les  mœurs 
.  et  les  caractères  zoologiques,  et  différant  essentielle¬ 
ment,  mais  graduellement,  pour' le  régime  et  le  genre 
.de  vie.  Nous  la  considérons  donc  comme  une  famille 
éminemment  transitive. 

Les  oiseaux  qui  la  composent  sont  d’un  caractère 
hargneux  et  insociable  ;  ils  aiment  à  grimper  dans  les 
roseaux  ou  les  herbes  touffues  ;  ils  fréquentent ,  en 
général ,  les  lieux  bas  et  humides,  se  montrent  peu , 
ont  un  chant  varié,  mais  saccadé,  rauque,  disgracieux, 
et  se  nourrissent  encore  généralement  d’insectes  ailés. 


•  .  —  164  — 

Admirablement  conformés  pour  l’escalade  ,  s’il  est 
permis  de  parler  ainsi,  ils  ont  le  vol  pénible  et  lent. 
C’est  que  pour  remplir  la  mission  que  Dieu  leur  a 
confiée  ,  ils  doivent  se  servir  de  leurs  pieds  plutôt  que 
de  leurs  ailes.  Ces  dernières  ont  donc  un  emploi  secon¬ 
daire,  et  un  développement  sacrifié. 

Cette  famille ,  réduite  aux  espèces  de  notre  dépar¬ 
tement,  contient  pour  nous  cinq  genres  : 

1“  Genre  Rousserolle  ;  4"  Genre  Locustelle; 

2°  Genre  Agrobate;  5®  Genre  Troglodyte. 

3“  Genre  Phragmi te  ; 


1°  Genre  Rousserolle.  — Calamoherpe  (Boié). 

Caractères  du  genre  :  Ceux  de  la  Famille  ;  bec  large  à 
la  base,  échancré  à  la  pointe,  à  arête  saillante  ;  narines 
ovales  ;  tête  anguleuse  ;  queue  conique  ,  à  pennes 
larges;  tarses  longs  et  grêles;  doigts  minces  ,  à  ongles 
robustes  et  aigus  ;  celui  du  doigt  postérieur  plus  long 
que  ce  doigt. 

Les  Rousserolles  nous  semblent ,  d'après  le  prin¬ 
cipe  que  nous  avons  adopté  pour  notre  classification , 
succéder  naturellement ,  et  sans  autre  intermédiaire , 
aux  Muscicapinés.  Elles  se  nourrissent,  en  effet,  de 
mouches  aquatiques,  de  cousins,  de  libellules ,  etc., 
qu’elles  saisissent  quelquefois  en  voltigeant  —  carac¬ 
tère  qui  suffirait  à  justifier  la  place  que  nous  leur  don¬ 
nons  —  mais  qu’elles  happent  le  plus  souvent  sans 
abandonner  la  tige  de  roseau,  sur  laquelle  elles  sont 
cramponnées.  Cette  habitude  les  écarte  des  Muscica- 


—  Î65 


pinés,  et  les  rapproche  des  Sylviinés  parles  Hippolaïs 
et  les  Pouillots.  Ainsi ,  notre  premier  genre  offre  déjà 
un  caractère  de  transition  bien  tranché. 

Les  Rousserolles,  types  de  la  famille  des  Calamoher- 
pinés  ,  en  possèdent  toutes  les  habitudes.  Elles  aiment 
à  grimper  sur  les  tiges  des  roseaux,  sur  lesquelles  elles 
semblent  se  glisser,  ainsi  que  l’indique  leur  nom,  com¬ 
posé  de  KethetiJLoç,  roseau,  et  de  sp^siv,  glisser.  Elles  les 
parcourent  en  tous  sens ,  en  poursuivant  les  insectes  , 
et  se  tiennent  à  une  hauteur  moyenne.  Le  plus  sou¬ 
vent  ,  elles  font  entendre  un  cri  rauque  et  guttural  ; 
quelquefois  cependant ,  et  surtout  dans  le  milieu  du 
jour,  elles  restent  quelque  temps  silencieuses,  nous 
croyons  même  presque  immobiles.  On  ne  voit ,  on 
n’entend  rien  dans  une  touffe  qui  naguère  retentissait 
de  leurs  cris.  Lancez  une  pierre  au  milieu  de  ces  ro¬ 
seaux  ,  aussitôt  s’élève  de  tous  les  coins  du  fourré , 
comme  une  bruyante  protestation,  une  tempête  de 
cris  aigus  et  saccadés,  qui  se  pressent,  se  choquent  au’ 
larynx  de  l’oiseau,  et  semblent  un  défi,  qu’il  nous  jette. 
Les  coups  de  feu  mêmes  ne  les  effraient  point.  Plus 
d’une  fois,  après  avoir  suivi  des  heures  entières  la 
grosse  Rousserolle ,  au  mouvement  qu’elle  imprimait 
aux  tiges  flexibles  ,  nous  avons  tiré  un  coup  de  fusil , 
espérant  la  forcer  à  se  découvrir.  C’était  en  vain,  elle 
se  contentait  de  passer  sur  une  tige  voisine ,  et  criait 
de  plus  belle.  Cependant,  quand  on  a  réussi  à  abattre 
un  premier  individu,  les  autres,  surpris  sans  doute  de 
ne  plus  entendre  sa  voix,  viennent  voltiger  à  l’endroit 
qu’il  occupait,  et  l’on  peut  alors  en  atteindre  quelques- 
uns. 

Ces  oiseaux,  les  grosses  Rousserolles  surtout ,  car 


/ 


f 


-  166 


étant  beaucoup  moins  nombreuses ,  elles  sont  plus 
faciles  à  observer,  se  cantonnent,  comme  tous ‘les 
oiseaux  chasseurs,  et  restreignent  leurs  chasses  à  leurs 
limites  respectives.  Les  petites  Rousserolles  sont  si 
nombreuses,  si  pressées,  et  leurs  limites  devraient  être 
si  resserrées ,  que  nous  ne  saurions  dire  si  elles  ne 
chassent  pas  en  commun. 

Les  Rousserolles  couvent  dans  les  roseaux  submer¬ 
gés,  à  moins  d’un  mètre  de  la  surface  ded’eau.  Elles 
attachent  à  quatre  ou  cinq  tiges  un  nid  profond,  rétréci 
du  haut  et  très  solidement  construit.  L’instinct  qui 
leur  fait  donner  cette  forme  à  leurs  berceaux  est  voisin 
de  la  raison.  Le  vent  peut  courber  les  roseaux  ;  et,  pen  • 
ché  sur  le  côté,  le  nid  n’en  conserve  pas  moins  les  œufs 
qui  lui  ont  été  confiés. 

La  mue  est  simple ,  et  la  livrée  à  peu  près  semblable 
dans  les  deux  sexes. 

Ce  genre  comprend  quatre  espèces  d’Europe  ,  dont 
trois  de  la  France  et  de  notre  département  : 

1  ®  Rousserolle  Turdoïde  ; 

2°  Rousserolle  Effarvatte  ; 

3"  Rousserolle  Verderolle. 

0 

73.  Rousserolle  Turdoïde.  —  Calamoherpe  Tur- 

doïdes  (Boié). 

Synonymie  :  Grosse  Rousserole.  —  Bacasse, 

Taille  :  18  à  19  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  parties  supérieures  d’un  brun 
roux,  plus  foncé  à  la  tête,  s’éclaircissant  au  croupion  ; 
parties  inférieures  blanc  jaunâtre  à  la  gorge  et  au  mi¬ 
lieu  de  l’abdomen ,  blanc  roux  aux  flancs  et  à  la  poi- 


-  167  — 


trine  ;  quelques  stries  plus  ou  moins  nombreuses  et 
plus  ou  moins  apparentes  sur  cette  dernière  partie 
et  à  la  gorge  ;  raie  sourcilière  d’un  blanc  sale  ;  ré¬ 
miges  et  rectrices  comme  le  manteau;  bec  brun  en 
dessus  ,  jaune  livide  en  dessous;  pieds  brun  pâle  ;  iris 
noisette. 

Femelle  :  comme  le  mâle,  sensiblement  plus  petite. 

Jeunes  :  d’un  brun  plus  roux  dans  toutes  les  parties  ; 
cette  nuance  passant  au  chamois  sur  le  ventre  et  la 
poitrine. 

La  Rousserole  Turdoïde  est  peu  répandue  dans  notre 
département  ;  nous  ne  l’avons  rencontrée  qu’en  un  seul 
endroit,  dans  les  prairies  de  Saint-Georges,  au  pied  des 
falaises  de  la  Seine ,  dans  un  bas-fond ,  où  se  trouve , 
en  tout  temps,  près  d’un  mètre  d’eau  et  où  poussent 
des  roseaux  de  3  mètres  de  haut.  Elle  est  commune  sur 
les  bords  de  la  Grand’Mare,  au  Marais-Vernier. 

Elle  place  son  nid  au  milieu  des  roseaux,  et  le  cons¬ 
truit,  comme  nous  l’avons  indiqué  plus  haut,  de  brins 
d’herbes  doux  et  moelleux,  qu'elle  entrelace  avec  beau¬ 
coup  d’art.  Sa  ponte  est  de  quatre  œufs  oblongs,  à  co¬ 
quille  d’un  blanc  azuré  ,  quelquefois  verdâtre,  avec  dh 
nombreuses  et  larges  taches  olivâtres  ou  violacées. 
Grand  diamètre ,  environ  22  millimètres  ;  petit  dia¬ 
mètre,  19  millimètres. 

Elle  arrive  dans  nos  localités  vers  le  25  avril ,  et 
repart  à  la  fm  d’août.  Comme  la  plupart  des  espèces 
qui  fréquentent  les  marais ,  elle  couve  assez  tard ,  et 
c’est  vers  le  20  juin  qu'il  faut  chercher  ses  œufs.  Elle 
ne  fait  qu’une  nichée.  Pendant  l’incubation,  le  mâle 
s’écarte  peu  du  nid.  Perché  au  sommet  des  tiges  qui 
le  supportent,  il  veille  avec  sollicitude  sur  sa  femelle, 


/ 


—  168  - 


pourvoit  à  ses  besoins,  et  semble  chercher  à  la  distraire 
par  ses  chants. 

Son  nom  spécifique  Turdoïde  (petite  grive),  vient  de 
ce  que  ,  pendant  longtemps  ,  cette  espèce  a  été  classée 
dans  le  genre  Turdus,  plutôt  que  des  rapports  de  confi¬ 
guration  qui  pourraient  exister  entre  ces  deux  genres. 

74.  Roussepollc  Effarvatte.  —  Galamoherpe 
arundinacea  (Boié). 

Synonymie  :  Petite  Rousserole.  —  Fauvette  des  ro¬ 
seaux. 

Taille  :  13  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  parties  supérieures  roux  cendré, 
plus  vif  au  croupion  ;  parties  inférieures  et  gorge  d’un 
blanc  lustré,  lavé  de  roussâtre  aux  côtés  de  la  poitrine 
et  aux  flancs;  raie  sourcilière  d’un  blanc  jaunâtre  ;  ré¬ 
miges  et  rectrices  comme  le  manteau  ;  bec  brun  en 
dessus,  jaunâtre  en  dessous,  surtout  à  la  base  ;  pieds 
brun  clair  ;  iris  noisette. 

Femelle  :  comme  le  mâle,  dont  elle  ne  difî'ère  que 
parles  teintes  plus  pâles  de  la  poitrine  et  des  flancs. 

Jeunes  :  de  nuance  plus  foncée,  surtout  aux  parties 
inférieures. 

Cette  espèce  niche,  comme  la  précédente,  dans  les  ro¬ 
seaux  et  pond  4  ou  5  œufs  de  forme  et  de  nuance  très- 
variables.  Dans  presque  toutes  les  variétés,  la  coquille 
est  d’un  blanc  azuré,  avec  des  taches  d’un  vert  olive 
foncé,  quelquefois  d’iin  brun  vineux,  quelquefois  jau¬ 
nâtres.  Nous  en  avons  trouvé  d’un  cendré  verdâtre 
presque  uniforme.  Grand  diamètre,  environ  16  mil- 
'  limètres  ;  petit  diamètre,  1 3' millimètres. 


I 


Ainsi  que  nous  l’avons  dit,  l’Effarvatte  est  très  com¬ 
mune  dans  notre  département;  la  moindre  touffe  en 
renferme  plusieurs  couples.  Elle  a  les  moeurs  et  les 
habitudes  de  la  précédente,  et  émigre  aux  mêmes  épo¬ 
ques.  Elle  est  moins  farouche,  voltige  davantage  et  se 
découvre  plus  souvent. 

Son  nom  Effarvate,  venant,  dit  M.  l’abbé  Vin- 
celot,  de  efjervesco,  figure  bien  l’ardeur  de  ces  petits 
oiseaux,  qui  semblent  s’animer  eux-mêm'es  au  bruit 
qu’ils  font,  et  dont  les  cris  précipités  et  les  mouvements  ^ 
saccadés  trahissent  une  sorte  d’agitation  nerveuse.  Leur 
nom  latin  arundinacea^  (des  roseaux),  indique  les  lieux 
qu’ils  fréquentent. 

« 

'75.  Ronsserole  verderolle.  —  Calamoherpe  pa- 
lustris  (Boié). 

Synonymie  :  Verderolle. 

Taille  ;  14  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  semblable  à  l’espèce  précédente, 
donfil  ne  se  distingue  que  par  sa  taille  un  peu  plus 
forte,  par  une  teinte  verdâtre  au  manteau  et  sur  les 
tarses,  où  cette  dernière  couleur  est  plus  prononcée; 
bec  brun  en  dessus,  jaunâtre  en  dessous  ;  iris  noi-  ' 
sette. 

Femelle  :  semblable  au  mâle,  un  peu  plus  petite. 

Jeunes  :  de  nuance  plus  foncée  ;  la  teinte  verte  est 
olivâtre  dans  le  premier  plumage. 

Cette  espèce  a  les  mœurs,  les  habitudes  et  le  mode  de 
nidification  de  ses  congénères.  SaVoix  est  moins  rauque, 
plus  étendue,  plus  variée;  elle  possède  une  certaine  fa¬ 
culté  d’imitation,  et  contrefait  souvent  les  autres  es¬ 
pèces,  surtout  les  Traquets- 


—  170  ~ 


La  Verderolle  pond  de  4  à  6  œufs  d’un  vert  azuré 
avec  des  taches  olivâtres  ou  brunâtres,  surtout  au  gros 
bout,  où  elles  forment  couronne.  Grand  diamètre,  ^8  à 
19  millimètres  ;  petit  diamètre,  13  à  14  millimètres. 

Cette  espèce  est  aussi  rare  dans  notre  département , 
que  l’Effarvatte  y  est  commune.  Nous  ne  l’y  avons  ja¬ 
mais  rencontrée,  quoiqu’elle  s’y  montre  de  temps  en 
temps  ;  mais  l’habitude  qu’ont  ces  oiseaux  de  se  dé¬ 
rober  aux  regards,  rend  assez  difficile  la  distinction  des 
espèces,  et  peut,  dans  bien  des  cas,  les  faire  passer  ina¬ 
perçus. 

Son  nom,  paluslriSy  de  palus^  marais,  indique  encore 
son  habitat  ;  tandis  que  la  nuance  verdâtre  qni  domine 
dans  son  plumage,  et  forme  un  de  ses  principaux  ca- 
ractèrès  distinctifs,  justifie  assez  son  nom  français  Ver¬ 
derolle. 


2»  Genre  Acrobate.  —  Aedon  (Boié). 

Caractères  du  genre  :  Ceux  de  la  Famille  ;  bec  aussi 
haut  que  large ,  comprimé  dans  toute  son  étendue , 
courbé  à  la  pointe  ;  tarses  forts  ;  doigts  robustes  ;  ongles 
faibles,  celui  du  doigt  postérieur  égalant  à  peine  ce 
doigt  ;  ailes  courtes  ;  queue  longue,  large,  arrondie. 

Ce  genre  contient  deux  espèces  d’Europe,  dont  l’une 
l’Agrobate  familier,  salicaria  familiaris  (Schlegel),  est 
contestée,  et  l’autre  habite  les  contrées  méridionales  de 
l’Europe  et  l’Afrique.  Nous  ne  l’eussions  donc  point 
admise  dans  notre  Catalogue,  ne  l’ayant  jamais  obser¬ 
vée  nous-même ,  et  aucune  des  personnes  près  des¬ 
quelles  nous  nous  sommes  renseigné  ne  l’ayant  ren¬ 
contrée  dans  notre  département.  Cependant  nous  n’a- 


—  171  — 

» 

vons  point  la  prétention  d’avoir  tout  vu  ni  tant  appris  ; 
et  cet  oiseau  ayant  été  porté  sur  le  Catalogue  de 
M.  Nouryjlj,  nous  avons  cru  devoir  le  décrire,  en  faisant 
nos  réserves,  et  en  laissant  à  notre  honorable  collègue 
le  mérite  et  la  responsabilité  de  sa  découverte. 

Nous  pensons  néanmoins  que  c’est  par  erreur  de  signe 

conventionnel,  queM.  Noury  a  indiqué  l’espèce  comme 

» 

venant  régulièrement  se  reproduire  dans  notre  Nor¬ 
mandie.  Si  nous  considérons  comme  possible  une  ap¬ 
parition  rare ,  isolée  et  accidentelle,  nous  ne  pouvons 
,  admettre  que  l’oiseau  revienne  périodiquement  dans 
nos  localités.  Gela  soit  dit,  non  pour  contester  les  con¬ 
naissances  ornithologiques  de  notre  savant  collègue, 
mais  uniquemement  dans  Tintérêt  de  la  vérité. 

On  sait  peu  de  choses  des  Agrobates,  et  nous  ne  les 
plaçons  ici,  à  la  suite  des  Rousserolles ,  qu'à  cause  des 
rapports  zoologiques,  et  d’un  certain  air  de  famille,  qui 
existent  entre  ces  deux  genres.  Nous  ne  connaissons 
assez  ni  leur  régime,  ni  leurs  mœurs,  pour  baser  notre 
détermination  sur  des  caractères  qui  nous  paraissent 
décisifs. 

Les  Agrobates  diffèrent  des  Calamoherpinés  ,  par 
leur  chant  moelleux,  et  leur  voix  douce  et  flûtée,  d’où 
leur  nom  générique  Aedon  (A«<f{yj/,  Rossignol)  ou  encore 
Galactodes  (de  Tethet,  ycthetKToç,  lait,  et  chant)  ; 
mais  rien  d’étonnant  que,  dans  cette  espèce  de  transi¬ 
tion,  nous  trouvions  déjà  quelques  caractères  des  fa¬ 
milles  suivantes,  qui  renferment  des  chantres  brillants. 

(l)  Catalogue  complet  des  Oiseaux  de  la  Normandie ,  observés 
par  M.  Noury.  —  Bulletin  de  la  Société  des  Amis  des  Sciences 
nalurelleSt  1866,  page  90. 


-  172  — 


s 


Nous  avons  préféré  au  nom  Gai actode,  dont  l’idét^ 
est  déjà  comprise  dans  Aédon,  celui  d’Agrobate  (de 
etypoç,  champ,  et  CccTtip  marcheur),  indiquant  un  ca¬ 
ractère  particulier  à  ce  genre,  celui  de  fréquenter 
indistinctement  la  campagne.  Nous  disons  indis¬ 
tinctement  :  car  le  nom  salicaria^  sous  lequel  on  le 
désigne  encore,  venant  de  salix,  saule,  arbre  de  rivage, 
prouve  que  l’oiseau  recherche  aussi  les  bords  hu¬ 
mides. 

76.  Ag;robate  rabigineax..  —  Aedon  rubigi- 
nosus  (Degland;  rubigo^  rouille. 

Synonymie  :  Galactode. 

Taille  :  17  à  18  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  parties  supérieures  d’un  roux  de 
rouille  assez  vif  ;  parties  inférieures  blanc  chamois  plus 
foncé  aux  flancs  et  à  la  poitrine  ;  lorums  bruns  ;  raie 
sourcilière  d'un  blanc  roussâtre  ;  rémiges  d’un  roux 
ardent  ;  rectrices  de  même  couleur,  avec  une  tache 
noire  arrondie  vers  le  bout  ;  les  latérales  terminées  de 
blanc  ;  bec  brun  en  dessus,  jaunâtre  en  dessous  ;  pieds 
glabres  ;  iris  noisette. 

La  femelle  est,  croyons-nous,  semblable  au  mâle.  La 
description  qu’en  donne  Temminck,  nous  paraît  conve¬ 
nir  plutôt  aux  jeunes,  qui,  comme  presque  toutes  les 
espèces  de  cette  famille,  ont  les  teintes  plus  rembru¬ 
nies. 

On  ne  connaît  ni  .ses  mœurs,  ni  son  genre  de  vie,  ni 
son  mode  de  nidification. 

Cette  espèce  n’est  pas  rare  en  Espagne,  et  l’on  s’é¬ 
tonnerait  que,  découverte  depuis  1820,  elle  fût  si  peu 


-  173 


connue,  si  l’on  ne  savait  que  l’histoire  naturelle  est 
complètement  négligée  dans  ce  pays,  si  riche  en  es¬ 
pèces  rares. 


3“  Genre  Phragmite  —  Galamodyta., 

Caractères  du  genre  :  Ceux  de  la  Famille  ;  bec  mé¬ 
diocre,  légèrement  comprimé,  échancré  à  la  pointe  ; 
narines  ovales  ;  ailes  courtes  ;  queue  arrondie,  com¬ 
posée  de  pennes  étroites;  tarses  grêles;  doigts  minces, 
à  ongles  longs,  celui  du  pouce  plus  long  que  ce  doigt. 

Les  rapports  de  mœurs  et  de  physionomie,  qui  exis¬ 
tent  entre  les  Rousserolles  et  les  Phragmites,  forme¬ 
raient  à  la  rigueur  une  transition  suffisante  ;  mais  la 
nature,  dans  son  inépuisable  richesse,  a  rapproché  les 
distances,  et  fondu,  pour  ainsi  dire,  ces  deux  genres 
en  créant  les  Getties,  très  voisines  des  premières  par  les 
^habitudes  et  le  genre  de  vie,  et  des  secondes  par  le  bec 
et  le  régime.  Nous  n’avons  point  à  nous  occuper  du 
genre  Gettie,  composé  d’espèces  méridionales,  qui  ne  se 
montrent  point  dans  notre  département  ;  nous  ne  l’a¬ 
vons  mentionné  ici  que  pour  faire  mieux  ressortir  l’en¬ 
chaînement  des  espèces. 

Gomme  les  Rousserolles,  les  Phragmites  fréquentent 
les  lieux  marécageux,  les  bords  des  étangs  et  des  cours 
d’eau  ;  cependant  elles  s’enfoncent  moins  dans  l’épais¬ 
seur  des  fourrés elles  habitent  plutôt  les  jonchaies, 
les  herbes  hautes  et  touffues,  et  se  montrent  davan- 
‘tage.  Elles  sont  plus  vives,  plus  remuantes;  elles  ont 
un  chant  précipité  et  saccadé,  il  est  vrai,  mais  moins 
rauque,  moins  fastidieux.  Souvent  elles  s’élancent  dans 


I 


I» 


—  i74  - 

les  airs,  y  pirouettent  avec  grâce,  et  se  laissent  tomber 
en  redisant  leur  chant  d’amour. 

Leur  régime  düFère  aussi  de  celui  des  Rousserolles  ; 
elles  s’attaquent  encore  aux  insectes  ailés  ,  mais  re¬ 
cherchent  surtout  les  larves  et  les  petits  colimaçons 
aquatiques,  qù.’élles  saisissent  siir  les  roseaux ,  nous 
éloignant  ainsi  des  Muscicapinés  et  nous  rapprochant 
des  Sylviinés. 

Elles  cachent  leur  nid  dans  les  hautes  herbes,  sans 
l’attacher  comme  les  Rousserolles  ;  elles  l’établissent 
plus  près  de  terre,  et  dans  des  endroits  moins  sub¬ 
mergés.  ^  , 

Enfin,  et  comme  dernier  trait  qui  distingue  les  deux 
genres,  nous  ajouterons  que  les  Phragmites  arrivent 
avant  les  Rousserolles,  et  repartent  plus  tard  ;  que 
quelques-unes  abandonnent,  dans  l’arrière-saison,  le 
séjour  des  marais,  pour  se  répandre  dans  nos  champs 
verts,  où  l’on  ne  rencontre  jamais  les  premières. 

Leur  nom  générique  Calamodyta,  de,itcthety.oç^  roseau, 
et  de  «TvTMf,  plongeur,  vient  de  l’habitude  qu’elles 
ont  de  s’enfoncer  dans  les  roseaux,  de  s’y  glisser  avec 
prestesse,  pour  échapper  à  la  poursuite  du  'chasseur. 
Quant  au  mot  Phragmite,  venant  de  qui 

habite  les  haies,  les  buissons,  il  désigne  bien  un  genre 
qui  s’écarte  déjà  du  bord  des  eaux.  En  elfet,  on  trouve 
souvent  les  Phragmites  dans  les  buissons  des  falaises. 

Ce  genre  contient,  selon  nous,  trois  espèces  d'Eu¬ 
rope  et  de  France,  dont  deux  sont  communes  dans 
notre  département,  savoir  : 

1°  Phragmite  des  joncs; 

2“  Phragmite  aquatique. 

» 

A  l’exemple  du  prince  Gh.  Bonaparte  et  du  Chenu, 


V 


—  175  ~ 

nous  croyons  qu’il  faut  ranger  dans  le  genre  Phrag- 
mite  la  Mélanopogon,  qui,  pour  Deglandet  M.  Gerbes, 
est  uneCettie.Son  genre  de  vie,  ses  habitudes,  son  faciès 
'ne  nous  paraissent  point  laisser  de  doute  à  cet  égard. 
Seulement  nous  pensons  que  sa  place  serait  en  tête  du 
genre  Calamodyta,  près  des  Getties,  comme  espèce  très 
voisine  et  éminemment  intermédiaire. 

Leur  mue  est  simple  ;  et  le  plumage  ,  à  peu  près  le 
même  dans  les  deux  sexes.  —  Les  jeunes  diffèrent  peu 
des  adultes. 

I 

77.  Phragmite  des  joncs.,—  Galamodyta  Phrag- 
mitis  (Ch.  Bonap.). 

Synonymie  :  Bec-Fin  Phragmite. 

Taille  :  12  centimètres. 

Description  :  Mâle  ;  parties  supérieures  d’un  brun 
olivâtre  pâle,  marquées  au  centre  de’s  plumes  de  taches 
noires  beaucoup  plus  nombreuses  et  plus  étendues  à 
la  tête  où  elles  dominent,  plus  petites'et  comme  fon¬ 
dues  au  manteau  ;  parties  inférieures  jaunâtres ,  plus 
foncées  aux  flancs  et  à  la  poitrine ,  qui  est  marquée 
d’une  série  de  petits  points  d’un  noir  cendré;  lorums 
bruns-,  surmontés  d’une  raie  sourcilière  blanc  jau-^ 
^nâtre;  rémiges  et  rectncés  cendré  foncé,  liserées  d’oli¬ 
vâtre  ;  bec,  pieds  et  iris  bruns. 

Femelle  :  comme  le  mâle  ,  avec  les  taches  du  man¬ 
teau  d'un  noir  moins  tranché. 

Jeunes  :  de  nuance  plus  pâle ,  surtout  aux  parties 
inférieures,  et  marquées  à  la  poitrine  de  taches  moins 
foncées,  mais  plus  nombreuses  et  plus  étendues. 

Cette  espèce  est  très  commune  en  été  dans  notre 


—  176  - 


département  ;  on  la  trouve  dans  les  marais  et  les  lieux 
qui  les  avoisinent  ;  elle  couve  dans  les  hautes  herbes 
et  quelquefois  dans  les  saules  et  les  buissons.  Son  nid, 
relativement  volumineux  et  assez  grossièrement  cons¬ 
truit  à  l’extérieur,  est  solide  et  bien  matelassé.  Elle 
pond  de  4  à  6  œufs ,  d’un  gris  cendré  lavé  de  chamois 
et  d’olivâtre ,  et  souvent  marqué  ,  au  gros  bout ,  de 
raies  noires  fines  et  déliées.  Grand  diamètre,  14  milli¬ 
mètres  ;  petit  diamètre,  12  millimètres. 

La  Pbragmite  des  joncs  arrive  dans  notre  départe¬ 
ment  de  tiès  bonne  heure  (nous  l’avons  tuée  dès  le 
24  mars  dans  le  marais  de  Saint- Georges)  ;  elle  dispa¬ 
raît  fin  septembre.  A  cette  époque  ,  elle  acquiert  tant 
de  graisse,  qu’elle  a  peine  à  voler.  C’est  alors  un 
excellent  gibier qui  n'a  que  le  défaut  d“*être  trop 
petit;  mais  sa  chair  est  succulente  et  parfumée.  Aussi 
laisse -t-elle  beaucoup  de  fumet;  et,  comme  elle  est 
lourde  et  paresseuse  ,  elle  est  souvent  la  proie  des 
chiens. 

En  été  ,  on  la  voit  à  la  pointe  des  roseaux  ,  trahis¬ 
sant  par  ses  chants  précipités ,  ses  mouvements 
brusques  et  ses  folâtres  évolutions  ,  l’ardeur  de  ses 
transports. 

s 

78.  Phrag;mitc  aquatique.  —  Calamodyta  aqua- 
.  tica  (Degland). 

Synonymie  :  Bec-Fin  aquatique. 

Taille  :  12  centimètres. 

Description  :  Mâle  au  printemps  :  parties  supérieures 
d’un  jaunâtre  cendré,  marquées,  au  centre  des  plumes, 
de  raies  longitudinales  noires,  plus  larges  à  la  tête, 
peu  apparentes  au  cou ,  et  plus  pressées  au  manteau  ; 


V 


—  177 


\ 


croupion  d’un  jaune  roux  assez  clair  ;  parties  infé¬ 
rieures,  gorge,  raie  sourcilière  et  une  hande  longitudi¬ 
nale  au  milieu  du  vertex,  jaune  pâle  lavé  de  chamois  ; 
région  parotique  brune  ;  rémiges  et  rectrices  égale¬ 
ment  brunes  et  liserées  de  cendré  roussàtre  ;  bec  brun 
en  dessus,  jaunâtre  en  dessous;  pieds  jaunes;  iris 
noisette. 

Mâle  en  automne  :  la  teinte  cendrée  du  manteau 
disparaît  en  partie;  le  fond  du  plumage  est  alors  d’un, 
jaune  roussàtre. 

La  femelle,  en  été  comme  en  hiver,  diffère  du  mâle 
par  une  nuance  générale  plus  sombre,  et  par  la  dimen¬ 
sion  plus  petite  de  la  bande  jaunâtre  de  la  tête. 

Les  jeunes  ,  semblables  aux  adultes  ,  portent  à  la 
poitrine  de  fines  mouchetures  d’un  brun  cendré. 

Cette  espèce  doit  se  reproduire  quelquefois  dans 
notre  département  :  car  nous  avons  tué  ,  dans  les  pre¬ 
miers  jours  de  mai,  une  femelle  dont  l’ovaire  était 
garni  de  germes  très  développés.  Elle  construit ,  au 
milieu  des  hautes  herbes ,  comme  la  précédente ,  un 
nid  moins  volumineux ,  mais  mieux  fait.  Sa  ponte  est 
de  4  ou  5  œufs  d’un  gris  verdâtre  marqué  de  points 
noirs.  Grand  diamètre,  16  millimètres;  petit  dia¬ 
mètre,  12  millimètres. 

La  Phragmite  aquatique  habite  plus  au  midi  que 
sa  congénère  des  joncs  ;  elle  est,  en  août,  en  septembre, 
en  octobre  et  même  en  novembre,  de  passage  régulier 
dans  notre  département ,  où  elle  reste  jusqu’aux  pre¬ 
mières  gelées.  Elle  recherche  davantage  les  prairies 
inondées  et  vit  plus  près  de  l’eau,  justifiant  ainsi  son 
nom.  Pour  le  reste,  elle  a  tous  les  caractères  de  la  pré¬ 
cédente.  Elle  devient  très  grasse  comme  elle,  vole  ditff- 
12 


4 


—  178 


cilement,  se  glisse  et  se  blottit  dans  les  roseaux  pour 
échapper  au  chasseur.  Sa  chair  est  aussi  très  appréciée 
des  goucmets,  qui  en  font  des  brochettes. 


4®  Genre  Locustelle.  —  Locustella. 

Caractères  du  genre  :  Bec  droit ,  épais  à  la  base  , 
échancré  à  la  pointe ,  comprimé  dans  toute  son  éten¬ 
due  ;  narines  ovales  ;  ailes  courtes  et  obtuses  ;  queue 
longue,  ample,  arrondie;  tarses  robustes;  doigts  longs 
et  grêles;  ongle  du  pouce  mince,  presque  droit  et  éga¬ 
lant  ce  doigt. 

Nous  avons  dit  que  les  Phragmites  sont  déjà  moins 
riveraines,  moins  aquatiques  que  les  Rousserolles ,  et 
que,  par  leur  régime  comme  par  leurs  habitudes,  elles 
nous  amènent  graduellement  aux  espèces  de  forêt  et 
de  plaine.  Cependant,  et  nous  sommes  les  premiers  à 
le  reconnaître,  la  transition,  si  naturelle  et  si  bien  mé¬ 
nagée  jusqu’aux  Phragmites,  présenterait  une  chute 
assez  brusque  entre  ces  dernières  et  les  Locustelles. 
Mais,  sans  sortir  des  espèces  françaises ,  nous  trouvons 
dans  les  Gisticoles  le  genre  intermédiaire ,  l’échelon 
qui  manquait  à  la  gradation. 

Entre  les  Phragmites  qui  préfèrent  le  séjour  des 
marais,  et  n’apparaissent  en  plaine  qu'à  l’arrière-sai¬ 
son  ,  et  un  peu  accidentellement ,  et  les  Locustelles 
qui  habitent  tantôt  les  lieux  humides  et  boisés,  tantôt, 
et  plus  souvent  peut-être,  les  coteaux  arides,  couverts 
de  graminées  et  de  bruyères  ,  se  placent  donc  naturel¬ 
lement  les  Gisticoles  ,  genre  mitoyen ,  faisant  sa  pre¬ 
mière  nichée  dans  les  champs,  et  les  autres  dans  les 


marais  ;  tenant  de  la  Phragmite  par  la  ‘coloration  du 
plumage,  le  mode  de  nidification,  l’habitude  qu’il  a  de 
pirouetter  dans  les  airs  ,  et  de  la  Locustelle  ,  par  son 
régime,  son  genre  de  vie  et  la  facilité  avec  laquelle  il 
court  et  disparaît  dans  les  hautes  herbes.  Ici  donc  la 
transition  s’opère  encore  régulièrement  et  sans  la¬ 
cune  (1). 

Ainsi  que  nous  venons  de  le  dire,  les  Locustelles 
habitent  les  lieux  couverts,  exposés  aû  soleil,  et  quel¬ 
quefois  fort  éloignés  des  eaux.  Ce  sont  des  oiseaux 
timides,  se  montrant  peu,  vivant  près  de  terre,  volant 
mal,  et  courant  avec  une  grande  légèreté.  Quoique 
diurnes,  ils  se  font  entendre  de  grand  matin,  et  le  soir, 
fort  avant  dans  la  nuit.  Dans  le  milieu  du  jour,  ils  sont 
silencieux,  peut-être  même  prennent-ils  quelque 
repos.  C’est  là  une  supposition  qui  nous  paraît  pro¬ 
bable,  mais  que  Içurs  mœurs  cachées  rendent  difficile 
à  contrôler. 

Bien  que  quelques  auteurs,  et  spécialement  Degland 
dans  sa  description  générique  (2),  avancent  que  les  Lo¬ 
custelles  aiment  les  lieux  frais  et  humides,  les  bords 
des  rivières  et  des  marécages,  nous  n’y  avons  jamais 
rencontré  l’espèce  qui  se  montre  dans  nos  localités. 
Cette  habitude  conviendrait  alors  à  la  Locustelle 
tluviatile ,  si  elle  existe  réellement.  Cette  dernière 
se  rapprocherait  donc  davantage  des  espèces  précé¬ 
dentes  ,  et  faciliterait  encore  la  transition.  A  ce  titre, 

»  '  • 

(1)  Pour  les  mœurs  de  la  Gisticole,  voir,  Bulletin  de  la  Société 
Otnilh.  Suisset  1865,  t.  I,  une  intéressante  Etude  sur  cet  oiseau, 
par  M.  Godefroy  Lunel. 

(2)  Orniih.  Europ.,  t.  I,  p.  588. 


180 


elle  devrait  être  placée  en  tête  du  genre,  près  des  Cis- 
ticoles  et  des  Phragmites. 

Leur  nom  générique  Locustelle  (petite  sauterelle), 
figure  heureusement  leur  cri  sec,  entrecoupé,  saccadé 
et  fondu  tout  à  la  fois,  qu’on  ne  saurait  mieux  compa¬ 
rer  qu’au  bruit  que  produisent  les  sauterelles  en  frot¬ 
tant  leurs  élytres. 

Leur  mue  est  simple,  et  le  plumage  à  peu  près  sem¬ 
blable  dans  les  deux  sexes. 

Ce  genre  se  compose  de  deux  espèces  d’Europe, 
dont  l’une,  la  Locustelle  fiuviatile,  est  contestée ,  et 
l’autre  appartient  à  la  France  et  à  notre  départe¬ 
ment. 

79.  Locustelle  taelietée.  —  Locustella  nævia 
(Degland). 

Synonymie  :  Bec-fin  Locustelle,  Longue- haleine, 
Rémouleur,  Oiseau  grillon.  Criquet,  etc. 

Taille  :  environ  14  centimètres. 

Description  :  Mâle  et  femelle  en  été  :  parties  supé¬ 
rieures  cendré  olivâtre,  avec  des  taches  noires  oblon- 
gues,  assez  étendues  au  manteau,  plus  étroites  et  plus 
rapprochées  à  la  tête,  et  à  peine  visibles  au  croupion  ; 
parties  inférieures  d’un  blanc  sale  au  milieu  du  ventre 
et  à  la  gorge,  passant  au  cendré  sur  la  poitrine  et  sur 
les  flancs;  sous-caudales  marquées  au  centre  d’une 
longue  tache  cendré  brun  ;  raie  sourcilière  d’un  blanc 
jaunâtre;  lorums  bruns;  rémiges  olivâtres  avec  un  liseré 
plus  pâle  ;  rectrices  également  olivâtres ,  marquées  de 
nombreuses  bandes  transversales,  un  peu  plus  foncées 
et  reflétantes,  perceptibles  seulement  de  côté  ;  bec  brun 


181  — 


en  dessus,  plus  pâle  en  dessous;  pieds  'grisâtres;  iris 

noisette.  -  '  .  .  .  > 

0 

Mâle  et  femelle  en  automne  :  teintes  générales  plus^ 
foncées. 

Jeunes  :  de  couleur  plus  rembrunie;  ils  se  distin¬ 
guent  surtout  aux  taches  des  parties  supérieures,  qui 
sont  plus  étendues,  notâmment  au  cou. 

La  Locustelle  construit  sans  art,  et  fort  près  de 
terre,  un  nid,  qu  elle  compose  surtout  d’herbes  sèches, 
et  y  dépose  le  plus  souvent  quatre  œufs  d’un  gris' 
cendré,  quelquefois  lavé  de  roux,  et  marqués  de  nom¬ 
breux  points  et  de  fines  stries  rouge  brique.  Grand’ 
diamètre,  environ  17  millimètres;  petit  diamètre, 
14  millimètres. 

Cette  espèce  habite  toutes  les  parties  de  notre  dé¬ 
partement,  où  .elle  est  moins  rare  qu’on  ne  le  pense  gé¬ 
néralement,  à  cause  du  soin  qu’elle  prend  de  se  cacher.' 
Nous  l’avons  trouvée  dans  les  bois  du  bord  de  la  Seine, 
sur  les  coteaux  arides  près  de  Rouen,  à  Elbeuf,  à 
Dieppe,  sur  la  pointe  même  du  cap  d’Antifer  ;  nous 
l’avons  abattue  sur  le  bord  des  chemins,  dans  ,  les 
blés,  etc.  11  n*est  guère  d’endroits  qu’elle  ne  fréquente;. 

mais  le  plus  souvent,  on  passe  près  d’elle  sans  la  dé- 

% 

couvrir,  et  c’est  d’elle  surtout  que  l’on  peut  dire  que 
son  cri  seul  la  trahit. 

Elle  arrive  dans  notre  département  vers  la  fin  d’avril, 
et  en  repart  vers  la  mi-septembre. 

«  Cet  oiseau,  dit  M.  Hardy,  est  timide  et  défiant,  vi¬ 
vant  toujours  près  de  terre,  dans  l’épaisseur  du  fourré, 
fuyant  de  bas  à  travers  les  cépées,  ou  courant  preste-, 
ment,  en  relevant  sa  queue  longue  et  épanouie.  11 
échappe  facilement  aux  poursuites  du  chasseur,  qu’il 


sait  dérouter,  en  se  cachant  de  telle  sorte  qu’il  ne  peut 
plus  l’apercevoir,  ni  le  déterminer  à  sortir  du  buisson 
qui  le  récèle.  Ces  mœurs  cachées  rendent  fort  difficile 
la  découverte  de  son  nid. 

«  C’est  en  se  tenant  immobile  sur  le  bout  d’une 
branche,  le  cou  tendu  et  le  bec  ouvert,  que  le  mâle 
fait  entendre,  surtout  après  le  coucher  du  soleil,  et  de 
grand  matin,  ce  cri  monotone,  auquel,  par  une  facilité 
de  ventriloquie,  il  semble  donner,  à  volonté,  plus  ou 
moins  d’extension,  de  manière  à  tromper  souvent  sur 
la  distance  qui  le  sépare  de  la  personne  qui  l’écoute  ; 
chant  d’amour  qui  s’éteint  en  été  avec  la  vivacité  des 
désirs  dont  il  était  l’expression  (1).  > 

» 

Le  nom  dé  Rémouleur,  qu’on  lui  donne  dans  nos 
localités,  nous  paraît  très  expressif.  On  croirait,  en 
effet,  quand  on  l’écoute,  entendre  le  cri  de  l’acier  sur 
la  meule. 


5®  Genre  Troglodyte.  —  Troglodytes. 

4 

Caractères  du  genre  :  Ceux  de  la  Famille  ;  bec  mé¬ 
diocre,  subulé,  arqué,  à  commissures  courbes,  à  mandi¬ 
bules  égales;  tarses  allongés,  robustes;  doigts  longs  ; 
ongles  forts  et  crochus,  surtout  celui  du  pouce  ;  queue 
égale,  courte,  relevée,  composée  de  12  pennes. 

Les  Troglodytes  sont-ils  des  Galamoherpinés  ou  des 
Sylyiinés?  Ils  ont  été  tour-à- tour  rangés  dans  ces  deux 
familles,  confondues  elles-mêmes  dans  le  principe,  ce 
,qui  prouve  qu’ils  ont  de  grandes  affinités  avec  l’une  et 

avec  l’autre.  C’est  évidemment  un  genre  mixte,  des- 

* 

(1)  Degland,  Ornü/i.  Europ.^  t.  I,  p.  591  et  592. 


—  183  — 


\ 


tiné  é  le?  rapprocher  de  plus  en  plus,  à  les  relier,  et 
nous  pensons  que  par  son  régime  et  ses  habitudes,  il 
est  mieux  placé  à  la  fin  des  Galamoherpinés. 

Les  Troglodytes  sont  des  oiseaux  remuants,  vifs, 
turbulents  et  peu  sociables,  aimant  à  grimper  sur  les 
tiges,  à  s’enfoncer  dans  les  broussailles,  dans  les  bois 
abattus,  dans  les  trous  des  murs,  fréquentant  les  ro¬ 
seaux,  les  cépées,  les  hautes  herbes,  vivant  de  mouche¬ 
rons,  d’araignées,  de  larves  et  jamais  ou  fort  rarement 
de  baies,  ayant,  en  un  mot,  une  grande  conformité  de 
mœurs  avec  les  Galamoherpinés.  Leurs  caractères  zooi- 
logiques  les  rapprochent  encore  de  cette  famille  ;  ils  ont 
les  tarses  robustes,  les  doigts  longs,  les  ongles  forts  et 
crochus,  les  ailes  concaves  et  obtuses,  et  le  vol  peu 
gracieux  des  Rousserolles. 

Ils  en  diffèrent  par  leur  çh^nt,  encore  un  peu  criardi 
il  est  vrai,  mais  cadencé,  étendu  et  asse^  harmonieui^  ; 
ils  en  diffèrent  encore  par  leur  Uégèreté,  la  grâce  de 
leurs  mouvements,  et  la  vivacité  de  leurs  allures. 

Ge  sont  de  très  petits  oiseaux  courts  et  ramassés, 
ayant  l’air  éveillé,  portant  l’aile  basse  et  la  queue 
haute. 

Le  mâle  et  la  femelle  se  ressemblent.  Les  jeunes 
diffèrent  peu  pour  la  couleur  du  plumage.  Leur  mue 
est  simple. 

Leur  nom  Troglodytes,  composé  de  rpoyhof^  trou, 
caverne,  et  de  S'vthç,  plongeur,  signifie  donc  un  oiseau 
qui  plonge,  disparaît  dans  les  trous,  les  cavernes,  et 
peint  exactement  les  habitudes  de  ce  petit  volatile,  qui 

/ 

ne  se  montre  un  instant,  que  pour  disparaître  aussitôt 
sous  une  couverture,  dans  les  trous  des  murs,  ou  les 
interstices  d’un  fagot. 


i84 


Une  seule  espèce  d’Europe,  de  France^et  de  notre 
département. 

80.  Troglodyte  d’Europe.  —  Troglodytes  Euro- 
pæus  (G.  Cuvier). 

Synonymie  :  Roitelet  ;  Répéquet;  Rïboudin^ 

Taille  :  9  centimètres . 

Description  :  Mâle  ;  parties  supérieures  brun  enfumé, 
plus  foncé  et  presque  uniforme  à  la  tête,  plus  pâle  et 
marqué  de  fines  raies  transversales  noires  sur  le  dos, 
le  croupion^  les  ailes  et  la  queue  *,  raie  sourcilière 
étroite,  d’un  blanc  gris  ;  joues  variées  de  gris  et  de 
brun  ;  parties  inférieures  gris  cendré  à  la  poitrine,  plus 
rousses  et  rayées  transversalement  de  noir  à  l’abdo-  » 
men  ;  sous-caudales  terminées  de  blanc  ;  rectrices  et 
rémiges  externes  rayées  alternativement  de  noir  et  de 
blanc;  bec  et  pieds  brun  roussâtre  ;  iris  noir. 

Femelle  :  plus  petite,  plus  rousse,  avec  les  raies 
transversales  peu  apparentes. 

Jeunes  :  d’un  roux  vif  en  dessus,  avec  les  raies  trans¬ 
versales  à  peine  indiquées  ;  d’un  roux  jaunâtre  en  des¬ 
sous  ;  le  milieu  du  ventre  très  pâle. 

Le  Troglodyte  est  commun  et  répandu  dans  tous  les 
pays  ;  il  établit  son  nid  partout  :  dans  les  herbes,  sur 
les  branches  des  sapins,  au  revers  d’un  fossé,  contre 
les  arbres,  sous  les  couvertures  etc.  Ce  nid,  très  volu¬ 
mineux  et  sphérique,  'présentant  une  entrée  au  côté, 
se  compose  de  matériaux  différents,  selon  les  lieux 
qu’habite  l’oiseau.  Il  le  construit  le  plus  souvent  de 
mousse  à  l’extérieur,  et  le  garnit  intérieurement  d’une 
grande  quantité  de  plumes.  J’ai  trouvé  un  de  ces  nids, 


I 


—  185  — 

> 

offrant  la  forme  d’une  sphère  un  peu  allongée,  mais 
bien  régulière ,  entièrement  composé  de  feuilles  de 
fougères  admirablement  reliées. 

La  ponte  est  de  7  à  8  œufs  relativement  gros,  à  fond  - 
blanc  plus  ou  moins  piqueté  de  roux,  surtout  au  gros 
bout  ;  j’ai  dans  ma  collection  une  variété  tout-à-fait 
blanche.  Grand  diamètre,  1 4  millimètres  ;  petit  dia¬ 
mètre,  12  millimètres. 

Tout  le  monde  connaît  ce  charmant  petit  oiseau, 
gros  comme  le  pouce  ,  mais  vif,  ardent,  jaloux,  que¬ 
relleur,  se  dressant  pour  se  grandir,  enflant  ses  plumes, 
laissant  traîner  ses  ailes,  épanouissant  sa  queue,  se 
pavanant,  faisant  la  roue,  transportant  son  ardeur 
jusque  dans  son  chant,  qui  est  vif,  fort,  précipité,  un 
peu  filé,  et  qu’il  fait  entendre  toute  l’année.  C’est  sur  le 
coin  d’un  mur,  à  l’extrémité  d’une  arbre  qu’il  aime  à  se 
poser  pour  entonner  ses  rapides  et  vibrantes  ritour¬ 
nelles. 


DOUZIÈME  FAMILLE. 

9 

SYLVIINÉS. 

Caractères  delà  Famille  :  Becmince,  droit,  déprimé, 
à  arête  peu  saillante ,  échancré  à  la  pointe  ;  tête  et 
front  arrondis  ;  ailes  assez  allongées,  subaiguës,  peu 
concaves  ;  queue  presque  égale  ;  tarses  ordinaires  ; 
ongles  faibles,  celui  du  doigt  postérieur  plus  court  que 
ce  doigt. 

La  séparation  des  Galamoherpinés  et  des  Sylviinés 
nous  paraît  une  des  plus  heureuses  innovations  intro- 


•  t 


—  186  ~ 

duites  dans  la  classification  ornithologique  par  la 
science  moderne.  Ces  deux  familles  dilfèrent  en  efîet 
par  des  caractères  zoologiques  bien  tranchés,  par  les 
mœurs,  les  habitudes  et  surtout  par  le  régime  • 

Les  Sylviinés  ont  la  tête  arrondie  et  non  anguleuse, 
les  tarses  plus  courts,  les  ailes  plus  allongées,  la  queue 
à  peu  près  égale,  et  non  conique  ou  cunéiforme.  Ils 
habitent  les  bois  et  non  les  roseaux  ;  ils  se  perchent 
horizontalement  et  ne  grimpent  pas  ;  et,  tandis  que  les 
Galamoherpinés  sont  à  peu  près  exclusivement  insecti¬ 
vores,  les  Sylviinés  mangent,  à  l’arrière-saison,  plus 
de  fruits  et  de  baies  que  d’insectes.  Nous  insistons  sur 
ce  dernier  point,  qui  nous  paraît  capital  d’après  le  prin¬ 
cipe  qne  nous  avons  adopté  pour  notre  classification. 

Les  rapports  généraux,  qui  existent  entre  les  deux 
familles,  nous  semblent  donc  des  caractères  d’affinité 
et  non  de  consanguinité,  des  causes  de  rapproche¬ 
ment  plutôt  que  d’assimilation. 

Les  Sylviinés  sont  des  oiseaux  aux  mœurs  douces  et 
sociables;  ils  sont  gais,  vifs,  sémillants.  Ils  ont  un 
chant  de  gorge,  l’organe  moelleux,  les  allures  gra¬ 
cieuses,  les  mouvements  pleins  de  charme  et  d’abandon; 
les  uns  viennent  habiter  nos  vergers  et  nos  jardins, 
d’autres  s’enfoncent  dans  les  bois  sombres  ;  mais  par¬ 
tout  ils  répandent  l’animation  et  la  vie. 

Cette  famille  renferme  trois  genres  de  notre  départe¬ 
ment. 

» 

Genre  Hippolaïs ; 

2“  Genre  Pouillot  ; 

3°  Genre  Fauvette . 


187  -  ■ 


1®  Genre  Hippolaïs.  —  Hippolais  ^Ch.  Bonap.)- 

Caractères  du  genre  :  Ceux  de  la  Famille  :  bec  très 
large  à  la  base,  déprimé  dans  toute  sa  longueur, 
échancré  à  la  pointe,  garni  aux  commissures  de  poils 
raides  ;  narines  ovales  ;  queue  égale,  plutôt  arrondie. 

La  transition  est  ici  des  mieux  fondues;  car  de  même 
queparleurliabitat,  leurs  mœurs  douces,  et  une  certaine 
conformité  de  régime,  les  Locus  telles  ont  beaucoup  des 
Sylviinés;  de  même  les  Hippolaïs,  parleur  humeur  re¬ 
vêche  et  querelleuse,  par  leur  bec  large,  par  leur  sys¬ 
tème  de  coloration,  et  par  leur  chant  précipité,  sont  si 
voisines  des  Calamoherpinés ,  et  tellement  intermé¬ 
diaires,  que  quelques-unes  des  espèces  qui  composent 
ce  genre  ont  été  dans  le  principe  rangées  parmi  les 
Rousserolles,  et  d’autres  parmi  les  Muscicapinés  ou 
les  Fauvettes.  (1)  La  coupe  instituée  en  leur  faveur 
nous  paraît  très  rationnelle,  et  leur  place  en  tête  des 
Sylviinés,  qu’elles  lient  à  la  famille  précédente,  bien 
justifiée  par  leur  habitat  et  parleur  régime.  Avec  elles 
commence  pour  nous  une  série  d’espèces  presque  aussi 
baccivores  et  fructivores  qu’insectivores  :  tandis  que  le 
Troglodyte  clôt  la  liste  des  insectivores-muscivores. 

Les  Hippolaïs  sont  des  oiseaux  brusques  et  pétulants  ; 
leur  vivacité  se  trahit  jusque  dans  leur  chant,  préci¬ 
pité  et  saccadé,  auquel  elles  préludent  toujours  par 
quelques  notes  rauques  et  incohérentes.  Elles  ont  le 
talent  de  l’imitation  et  reproduisent,  en  les  mélangeant 

(1)  Temminck  et  Schlegel  ont  rangé  parmi  les  Riverains  VHip- 
polaïs  olivetorum,  plaçant  les  autres  Hippolaïs  :  le  premier,  dans 
les  Muscivores;  le  second,  parmi  les  Pouillots. 


--  188 


et  en  les  confondant ,  les  divers  motifs  du  chant  des 
oiseaux  qu’elles  sont  à  portée  d’entendre,  depuis  le 
cri  monotone  du  moineau  jusqu’aux  joyeux  refrains 
de  la  G  risette. 

Elles  recherchent  les  lisières  des  bois,  les  bosquets, 
les  vergers  ,  et ,  de  préférence  ,  les  coteaux  exposés  au 
soleil. 

Leur  nourriture  consiste  en  moucherons,  qu’elles 
saisissent  au  vol,  comme  les  Gobe-mouches,  en  larves, 
en  baies  et  en  fruits  sucrés. 

Leurs  couleurs  sont  uniformes  et  fondues,  et  leur 
mue  simple.  La  livrée  est  semblable  dans  les  deux 
sexes,  et  peu  différente  dans  les  jeunes. 

Ce  genre  compte  aujourd’hui  cinq  espèces  d’Europe, 
dont  deux  appartiennent  à  la  France  et  à  notre  dépar- 
ment,  savoir  ; 

1°  Hippolaïs  Lusciniole  ; 

Hippolaïs  Ictérine. 

Nota.  —  L’Hippolaïs  olivicole  (Hippolaïs  olivetorum) 

* 

paraît,  par  son  habitat  et  son  régime,  se  rapprocher  le 
plus  des  Rousserolles ,  et  devrait ,  ce  nous  semble  , 
comme  espèce  plus  intermédiaire,  être  placée  en  tête 
du  genre  sur  les  catalogues  européens. 

N 

I 

8t.  Hippolaïs  SiUsciniole.  —  Hippolaïs  poly- 
glotta  (Gerbes).  , 

Synonymie  ;  Bec-fm  à  poitrine  jaune;  Fauvette  jaune  ; , 
Rosette.  ^ 

Taille  ;  Environ  13  centimètres. 

Description  :  Mâle  adulte  en  été  ;  parties  supérieures 
d’un  vert  olive  clair,  lavé  de  cendré  ;  parties  inférieures 


et  lomms  d’une  jaune  tendre  ,  se  fondant  avec  les 
nuances  du  manteau  par  les  teintes  cendrées  de  la 
poitrine  et  des  lianes;  rémiges  et  rectrices  comme  le 
manteau,  liserées  de  cendré  sur  les  barbes  externes  ; 
bec  brun  verdâtre  en  dessus  ,  jaune  carné  en  dessous  ; 
pieds  cendré  bleu  ;  iris  brun. 

Femelle  :  un  peu  plus  petite  et  de  nuance  plus  pâle 
que  le  mâle. 

Les  jeunes  se  reconnaissent  à  une  teinte  cendré 
roussâtre  aux  parties  supérieures  ,  et  d’un  jaune 
presque  blanc  aux  parties  inférieures. 

Cette  espèce  arrive  dans  notre  département  dans  les 
premiers  jours  de  mai,  et  repart  vers  la  fin  d’août. 
Elle  couve  dans  les  taillis,  et  construit  d’herbes  sèches  , 
et  du  duvet  cotonneux  de  diverses  plantes  un  nid  en 
forme  de  coupe  ,  dans  lequel  elle  dépose  4  ou  5  œufs 
allongés,  d’un  rose  hortensia,  marqués  de  points  noirs 
et  de  lignes  irrégulières,  d’où  le  nom  de  Rosette  qu’on 
donne  à  l’oiseau  dans  nos  localités.  Grand  diamètre,  > 
1 8  millimètres  ;  petit  diamètre  ,  1 3  millimètres. 

La  Lusciniole  est  assez  commune  dans  notre  dépar¬ 
tement,  où  l’on  rencontre  rarement  l’Ictériné,  qui,  en 
revanche  ,  est  beaucoup  plus  répandue  dans  le  dépar¬ 
tement  du  Nord. 

Elle  a  les  mœurs  et  les  habitudes  du  genre  dont  elle 
est  le  type. 

-  Ses  noms  Lusciniole,  de  Luscinia ,  rossignol,  et  po¬ 
lyglotte^  de  -ToAur  nombreux,  et  de^A^rrît  langue,  indi¬ 
quent  la  variété  de  ses  chants  et  sa  facilité  d’imitation. 

/ 

82.  Hippolaïw  IctériBic.  —  Hippolaïs  Icterina 
(Gerbes). 


190  ~ 


Synony  raie  :  Bec -fm  Ictérine. 

.  .  çJ 

Taille  :  13  centimètres  5  millimètres. 

Description  :  Mâle  :  parties  supérieures  d’une  couleur 
olive  pâle,  lavée  de  cendré  ;  parties  inférieures,  lorums 
'  et  tour  des  yeux  d’un  jaune  clair;  région  paro tique 
olivâtre;  rémiges  brunes,  lavées  de  cendré,  plus  pâles 
aux  secondaires  ;  rectrices  brunes  en  dessus  ,  moins 
foncées  en  dessous  ;  la  plus  externe  lavée  de  grisâtre  ; 
bec  brun  en  dessus  ,  jaunâtre  en  dessous;  pieds  plom¬ 
bés  ;  iris  brun. 

Femelle  ;  un  peu  plus  petite  et  de  teinte  plus  pâle. 

Jeunes  en  premier  plumage  :  Bec  moins  long  ;  parties 
supérieures  brunes  ;  parties  inférieures,  d’un  blanc 
cendré,  à  peine  nuancé  de  jaunâtre ,  avec  la  frange  des 
plumes  du  manteau  plus  pâle  et  plus  large  que  chez 
les  adultes. 

Cette  espèce  est  assez  rare  dans  notre  département , 
où  elle  se  montre  et  d'où  elle  disparaît  à  peu  près  aux 
mêmes  époques  que  la  Lusciniole.  " 

Elle  couve,  comme  elle,  dans  l’épaisseur  du  fourré 
et  attache  également  autour  de  trois  ou  quatre  brin¬ 
dilles,  à  la  manière  des  Rousserolles  ,  un  nid  élégam¬ 
ment  construit  en  forme  de  coupe.  Sa  ponte  est  de 
4  ou  5  œufs  d'un  rose  lilas,  plus  violacé  que  ceux  dé  la 
précédente,  avec  des  points  noirs  plus  distancés  et  sans 
lignes.  Grand  diamètre,  19  millimètres;  petit  dia¬ 
mètre,  environ  14  millimètres. 

L’Ictérine  a  le  chant  plus  étendu ,  moins  précipité 
et  moins  fréquent  que  sa  congénère  ,  dont  elle  a  les 
mœurs  et  les  habitudes.  Elle  s’en  distingue  à  quelques 

caractères  zoologiques  :  taille  un  peu  plus  forte  ; 

/ 


—  191 


queue  légèrement  fourchue  ;  première  rémige  égalant 
la  troisième  ,  tandis  que  chez  la  Lusciniole  la  première 
égale  la  cinquième. 

L’Hippolaïs  Ictérine  ,  de  izrepoç  ,  jaunisse  ,  couleur 
jaune ,  recherche  moins  les  lisières  des  bois  ;  elle  vit 
plus  près  des  habitations,  se  cantonne  dans  les  jardins 
et  se  reproduit  souvent  dans  les  lilas.  Elle  est,  dit-on, 
commune  dans  les  environs  de  Lille. 

Elle  est  également  peu  sociable  ;  jamais  le  même 
jardin  n’en  contient  deux  couples  ;  ils  se  poursuivent 
entre  eux,  et  écartent  même  les  autres  oiseaux. 

Déjà  très  voisines  desPouillots  par  la  taille,  le  sys¬ 
tème  de  coloration  et  le  faciès,  les  Hippolaïs  s’en  rap¬ 
prochent  davantage  par  le  régime  et  par  l’habitude  de 
chercher  sous  les  feuilles  les  larves  et  les  insectes,  et  de 
saisir  les  moucherons  au  vol. 


2“  Genre  Pouillot.  —  Phyllopneuste,  de 

FEUILLE,  ET  'TVSVtTTlcLù),  FLAIRER. 

Caractères  du  genre  \  Ceux  de  la  Famille;  bec  droit, 
mince,  aussi  haut  que  large,  à  peine  échancré  ;  narines 
ovales,  recouvertes  d’une  membrane  ;  ailes  longues, 
dépassant  le  milieu  de  la,  queue  ;  tarses  grêles  ;  doigts 
faibles  ;  queue  légèrement  fourchue. 

Les  Pouillots  sont,  après  les  Roitelets,  les  plus  petits 
des  oiseaux  d’Europe.  Ils  sont  légers,  remuants,  pleins 
de  vivacité  et  de  grâce.  D’un  caractère  doux  et  so¬ 
ciable,  ils  vivent  en  bonne  intelligence,  en  accord  par¬ 
fait  jusque  dans  la  saison  des  amours,  époque  de  luttes 
intestines  et  de  discordes  civiles  pour  les  autres  es- 


/ 


192 


pèces.  Etrangers  à ‘tout  sentiment  de  rivalité  et  de  ja¬ 
lousie,  ils  chassent  côte  à  côte  dans  le  même  arbre,  sur 
le  même  rameau,  visitent  toutes  les  feuilles,  voltigent, 
papillonnent  sans  cesse,  en  poursuivant  les  mouche¬ 
rons,  et  en  poussant  un  petit  cri  doux,  traînant  et  mé¬ 
lancolique. 

I 

Ils  couvent  tous  à  terre,  ou  fort  près  de  terre,  au 
pied  d’un  arbre,  sous  une  racine,  dans  un  buisson,  au 
milieu  des  hautes  herbes;  ils  font  un  nid  relativement 
volumineux,  presque  sphérique,  et  pondentsans  excep¬ 
tion  des  œufs  à  coquille  blanche,  finement  mouchetés  • 
de  points  d’un  roux  plus  ou  moins  foncé. 

Degland  dit  que  jamais  ils  ne  mangent  de  fruits. 
Nous  croyons  qu’en  effet  ils  se  nourrissent  générale¬ 
ment  de  petits  insectes,  d’œufs  et  de  larves  ;  mais  nous 
les  avons  vus  bien  souvent  piquer  les  fruits  tendres,  les 
cerises,  les  grains  de  raisin,  etc.  Loin  de  nous  l’idée  de 
leur  faire  un  crime  de  légers  larcins,  qu’ils  nous  paient 
au  centuple  en  services  et  en  agréments  ;  mais  nous 
cherchons  avant  tout  la  vérité,  et  la  constatation  de 
leur  régime  a  bien  son  importance  pour  nous,  puisque 
c'est  la  principale  base  de  notre  classification. 

Leur  mue  est  simple  ;  le  plumage  semblable  dans  les 
deux  sexes,  et  peu  différent  dans  les  jeunes. 

Ce  genre  contient  quatre  espèces  d’Europe  et  de 
France,  et  peut-être  de  notre  département.  Trois  y 
sont  communes. 

1®  Pouillot  siffleur  ;  3®  Pouillot  Fitis  ;  - 

2®  Pouillot  véloce  ;  4®  Pouillot  Bonelli  ? 

Nous  faisons  suivre  ce  dernier  d’un  point  de  doute, 
non  que  nous  contestions  son  existence  comme  espèce  ; 


193 


mais  parce  que  nous  trouvons  que  ses  apparitions  dans 
notre  département  ne  sont  point  suffisamment  éta¬ 
blies. 

83.  Pouillot  sifUeiir.  —  Phyllopneuste  sibilatrix 
(Ch.  Bonap). 

Synonymie:  Bec-fin  sifbeur  ;  Pouillot  sylvicole. 

Taille  :  13  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  parties  supérieures  d’uii  vert 
jaune  assez  clair;  raie  sourcilière,  joues,  gorge,  cou 
et  côtés  de  la  poitrine  d’un  beau  jaune  citron;  milieu 
de  la  poitrine  et  abdomen  blanc  lustré  ;  rémiges  et 
lectrices  brunes  ,  frangées  de  verdâtre  ;  bec,  pieds  et 
iris  bruns.  ^  ‘ 

Femelle  :  plus  petite  que  le  mâle,  avec  les  teintes 
jaunes  de  la  gorge  et  de  la  poitrine  plus  pâles  et  moins 
étendues. 

Jeunes  en  premier  plumage  :  très  semblables  aux 
adultes,  dont  ils  ne  se  distinguent  que  par  une  nuance 
encore  plus  claire  à  la  gorge  et  au  cou. 

Le  Pouillot  siffleur  est  très  répandu  dans  notre  dé¬ 
partement,  où  il  arrive  vers  le  15  avril,  pour  ne  nous 
quitter  qu’au  commencement  de  septembre.  Il  recherche 
les  futaies  et  les  gaulis  ;  il  se  tient  assez  haut  et  voltige 
sans  cesse  en  frétillant.  Au  repos  même,  ou,  pour  parler 
plus  juste,  quand  il  ne  vole  pas  —  car  il  est  toujours 
en  mouvement  —  ses  ailes  et  sa  queue  sont  agitées 
par  un  frémissement  continuel. 

Le  mâle,  au  printemps,  commence  par  pousser  deux 
ou  trois  sons  flùtés,  qu’il  fait  suivre  d’une  série  de  notes 
entrecoupées,  mais  pressées  et  saccadées  ;  c’est  son 

13 


I 


194  - 


chaat  d'amour,  qui  s’affaiblit  à  mesure  que  les  désirs 
s’éteignent. 

Le  cri  d’appel,  commun  au  deux  sexes,  est  un  siffle¬ 
ment  prolongé  et  plaintif,  assez  semblable  à  celui  du 
Bouvreuil,  et  d’une  grande  puissance  relative;  c’est  à  ce 
cri  qu’il  doit  son  nom  de  sifffeur,  sibüatrix^  de  sibilare, 
siffler. 

Il  place  à  terre,  sous  une  racine,  sous  une  touffe 
d’herbe  ou  dans  une  petite  excavation,  un  nid  volumi¬ 
neux,  composé  de  mousse,  de  feuilles  sèches,  de  brins 
d’herbes  à  l’extérieur,  et  garni  à  l’intérieur  de  quelques 
crins,  de  plumes  et  débourré,  et  y  dépose  de  5  à  7  œufs 
courts  et  ventrus,  d’un  blanc  gris,  parsemé  de  nom¬ 
breux  peints  brun  foncé.  Grand  diamètre,  15milli- 

0 

mètres  ;  petit  diamètre,  environ  1 2  millimètres. 

Le  Sifffeur  se  distingue  aisément  de  ses  congénères 
à  ses  couleurs  plus  claires,  à  sa  taille  un  peu  plus  forte, 
et  à  ses  ailes  longues  et  amples,  rappelant  celles  des 
Muscicapinés.  / 

Ce  caractère,  joint  à  ses  mœurs  moins  sociables,  plus 
querelleuses,  et  à  l’habitude  qu’il  a  de  saisir  les  insectes 
au  vol,  nous  a  engagé  à  le  placer  en  tête  du  genre, 
comme  présentant  plus  de  caractères  de  transition. 

84.  Pouillot  FUi)s.  —  Phyllopneuste  Trochilus 
(Ch.  Bonap). 

Synonymie  :  Pouillot  ;  Frétillet. 

Taille  :  12  centimètres  5  millimètres. 

Description  :  Mâle  au  printemps  :  parties  supérieures 

brun  cendré  olivâtre  ;  une  bande  de  même  couleur  sur 

» 

les  yeux  ;  parties  inférieures  d’un  blanc  lustré ,  un  peu 


~  195 


rembruni  à  la  poitrine,  avec  de  nombreuses  taches 
jaunes,  en  forme  de  mèches,  au  cou,  à  la  gorge,  à  la  poi¬ 
trine  et  jusque  sur  le  ventre  et  aux  flancs  ;  rémiges  et 
rectrices  brunes,  liserées  de  verdâtre  ;  bec  et  pieds  oli¬ 
vâtres  ;  iris  brun. 

En  été,  la  teinte  des  parties  inférieures  s’éclaircit 
peu  à  peu,  le  jaune  s’efface,  et  l’on  trouve  des  sujets 
dont  le  ventre  et  la  gorge  sont  d’un  blanc  presque 
pur. 

La  Femelle  est  un  peu  plus  petite,  et  de  nuances  plus 
sombres. 

Après  la  mue,  la  couleur  jaune  de  la  gorge  et  de  la 
poitrine  reparaît  dans  les  deux  sexes,  plus  tranchée  et 
plus  éclatante  qu’au  printemps . 

Jeunes  :  Plus  cendrés  au  manteau;  d’un  jaune 
brillant  aux  parties  inférieures.  ^ 

Le  Pouillot  Fitis  est  très  commun  dans  notre  dépar¬ 
tement  ;  il  arrive  vers  la  fin  de  mars  ,  lors  de  l’épa¬ 
nouissement  des  premiers  bourgeons  ,  et  repart  en 
septembre,  octobre. 

Il  couve  moins  près  de  terre,  dans  les  hautes  herbes, 
sur  le  bord  des  fossés,  à  la  lisière  des  bois  ,  et  construit 
d’herbes ,  de  mousse  et  de  plumes ,  un  nid  sphérique 
peu  volumineux,  et  présentant  une  ouverture  latérale 
du  côté  du  soleil.  Il  pond  de  5  à  7  œufs  d’un  blanc 
légèrement  rosé,  marqué  de  points  nombreux  rouge 
brique  pâle.  Grand  diamètre,  15  millimètres;  petit 
diamètre,  12  millimètres. 

Au  printemps ,  le,  Fitis  se  tient  généralement  au 

sommet  des  arbres ,  où  il  s’agite  et  voltige  sans  cesse, 

* 

en  poussant  un  petit  cri  :  fist ,  fist ,  d’où  M .  l’abbé 
Vincelot  fait  dériver  son  nom  de  Fitis.  Quant  au  nom 


/ 


—  196  — 

latin  2'rochilus,  il  vient  évidemment  de  rpo'x^ihoç,  ayant 
pour  racine  tourner,  dénomination  figurative 

qui  marque  bien  les  allures  papillonnantes  de  l’oiseau , 
mais  qui  manque  de  précision  comme  distinction  spé¬ 
cifique  ,  puisqu’elle  indique  une  habitude  du  genre. 
Son  chant  d’amour  n’est  qu’une  ébauche  douce  et 
monotone ,  mais  dont  la  simplicité  n'est  pas  sans 
charme. 

En  automne ,  ces  oiseaux  s’approchent  des  habita¬ 
tions  et  viennent  en  grand  nombre  dans  nos  jardins  , 
où  leurs  cris  mélancoliques  s’harmonisent  bien  avec 
les  tons  jaunissants  de  la  végétation,  et  semblent  pré¬ 
luder  à  l’agonie  de  la  nature. 

85.  Pouillot  vélocc.  —  Phyllopneuste  rufa  (Ch. 
Bonap.). 

Synonymie  :  Pouillot  ;  Tuît. 

Taille  :  12  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  parties  supérieures  et  une  bande 
sur  les  yeux  d’un  brun  plus  sombre  que  chez  les  précé¬ 
dents  ,  avec  une  faible  teinte  olivâtre  ;  parties  infé¬ 
rieures,  d’un  blanc  roussâtre  plus  foncé  à  la  poitrine 
et  aux  flancs,  avec  quelques  stries  jaunes  peu  appa¬ 
rentes  ;  raie  sourcilière  étroite  et  peu  marquée  ,  égale¬ 
ment  roussâtre  ;  rémiges  et  rectrices  brun  noir  frangé 
d’olivâtre  ;  bec,  pieds  et  iris  brun  foncé. 

Femelle  :  nuances  générales  plus  rembrunies  ; 
teinte  jaune  moins  apparente. 

Jeunes  ;  parties  supérieures  plus  foncées  que  chez  . 
la  femelle  ;  parties  inférieures  plus  jaunâtres  ;  flancs 
cendrés. 


197  - 


Le  Véloce  vient  dans  notre  département  dès  le  mois 
de  février  (1).  Nous  l’avons  vu  le  2  mars  au  milieu  des 
neiges  et  des  glaces. 

* 

A  son  arrivée,  il  cherche  les  vallées  boisées ,  le  voi¬ 
sinage  des  cours  d’eau,  vit  près  de  terre,  sur  les  berges, 
où  il  saisit  les  moucherons  aquatiques  ,  les  petits  in¬ 
sectes,  les  araignées,  etc.  Quand  la  température  s’adou¬ 
cit,  il  gagne  les  bois,  son  séjour  favori,  et  s’y  livre  aux 
soins  de  la  reproduction.  Il  construit ,  comme  le 
Siffleur,  son  nid  à  terre,  sous  une  motte  ou  quelque 
racine  ,  et  pond  4  ou  5  œufs  à  coquille  blanche, 
marquée  de  petits  points  bruns.  Grand  diamètre, 
environ  15  millimètres;  petit  diamètre,  11  milli¬ 
mètres. 

Cet  oiseau  n’a  point  de  chant ,  mais  un  petit  cri 
monosyllabique  qu’il  répète  constamment,  et  qu’il 
n’interrompt  que  pour  faire  entendre  un  gazouille¬ 
ment  d’une  douceur  extrême  ,  et  que  ,  par  une  faculté 
de  ventriloquie,  il  élève  ou  abaisse  graduellement;  de 
sorte  que,  en  une  minute,  sa  voix  paraît  se  rapprocher 
ou  s’éteindre  dans  le  lointain.  Il  a  encore  un  cri  do 

r 

détresse  ou  d'appel  tuuit ,  auquel  il  doit  le  nom 
sous  lequel  on  le  désigne  souvent  dans  nos  cam¬ 
pagnes. 

Son  nom  spécifique  «  véloce  »  manque  encore  de  pré¬ 
cision  ,  puisqu’il  convient  à  tout  le  genre.  Le  nom 
latin  rufus  le  désigne  mieux  ;  c’est ,  en  effet,  de  tous 
les  Pouillots  ,  celui  dont  les  parties  inférieures  sont  le 
plus  rembrunies. 

(1)  Cette  année,  1868,  nous  l’avons  observé  le  15  février  dans  la 
vallée  de  Gruchet-le-Valasse. 


—  198  - 


86.  Ponillot  Bonelli.  —  Phyllopneuste  Bonelli? 
(Ch.  Bonap.).  > 

Synonymie  :  Bec-fm  Natterer. 

Taille  ;  environ  1 1  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  parties  supérieures  d'un  gris 
cendré,  à  peine  nuancé  d’olivâtre,  plus  jaune  au  crou¬ 
pion  et  aux  sus-caudales;  parties  inférieures  d’un 
blanc  argentin  avec  quelques  stries  jaunes  à  la  poi¬ 
trine  et  aux  flancs;  sous-caùdales  jaune  pâle  ;  une 
teinte  cendrée  assez  tranchée  aux  côtés  de  la  poitrine  ; 
rémiges  brunes,  liserées  d'olivâtre,  ainsi  que  les  rec- 
trices ,  qui  sont  d’un  brun  plus  pâle  ;  bec ,  pieds  et  iris 
brun  roux. 

F emelle  :  de  nuances  moins  pures,  surtout  en  dessous. 

Jeunes  :  d’un  cendré  assez  roussâtre  au  manteau; 
d’un  blanc  brillant  aux  parties  inférieures ,  avec  une 
teinte  jaunâtre  aux  flancs  et  à  la  poitrine  ;  le  reste 
comme  les  adultes. 

Le  Bonelli  niche  ,  comme  le  Sitflêur  et  le  Véloce  , 
dans  les  herbes  et  au  pied  des  cépées.  Il  pond  4  ou 
5  œufs  courts  ,  blancs  ou  grisâtres,  marqués  de  points 
rouges  ou  violacés ,  et  quelquefois  si  nombreux  qu’ils 
se  confondent  et  absorbent  la  coquille. 

Nota.  —  Nous  avons  abattu,  il  y  a  quelques  années, 
un  Pouillot  que  nous  considérons  comme  le  Bonelli , 
et  dont  la  description  concorde,  sous  tous  les  rapports, 
avec  celle  que  nous  donnons  plus  haut.  Un  seul  point 
s’oppose  à  notre  conviction ,  c'est  la  disposition  des 
rémiges. 

Le  Bonelli  aurait,  selon  Degland(l):  «  première 


(i)  Ornith.  europ.,  t.  I",  p.  554. 


199  - 


«  rémige  sensiblement  plus  longue  que  la  sixième, 
«  et  égalant  quelquefois  la  cinquième ,  la  deuxième  la 
«  plus  longue.  » 

Notre  Pouillot  a  ;  première  rémige  plus  courte  que 
la  septième ,  égale  à  la  huitième  ;  la  troisième  et  la 
quatrième  égales  et  les  plus  longues. 

Cette  disposition  des  rémiges  a  plus  de  rapports  avec 
celle  du  Pouillot  véloce;  mais  outre  qu’elle  n’est' point 
exactement  la  même  ,  notre  oiseau  n’a  ni  les  teintes 
rembrunies,  ni  la  taille  du  Yéloce  ;  et,  si  la  règle  posée 
par  le  savant  naturaliste  est  exacte,  nous  avons  ou  une 
espèce  nouvelle  ou  un  métis. 

Du  reste,  la  description  que  Degland  donne  des 
Pouillots,  nous  paraît  réclamer  plus  d’une  rectification. 
La  taille  du  Pouillot  siffieur  et  celle  du  Pouillot 
Fitis  est  plus  grande  qu’il  ne  l’indique  ;  l’époque  de 
l’arrivée  est  retardée,  celle  du  départ  avancée  ,  et  l’in¬ 
dication  du  régime,  inexacte.  Nous  avons  dit  qu’ils 
sont  fructivores,  et  nous  pouvons  affirmer  que  ,  l’été 
dernier  notamment ,  un  Pouillot  Fitis  ne  s’éloignait 
pas  d’un  cerisier  planté  devant  nos  appartements  ,  et 
qu’il  en  a  mangé  la  plus  grande  partie  des  fruits ,  mal¬ 
gré  tout  ce  qu’on  put  imaginer  pour  l’écarter. 


3®  Genre  Fauvette.  —  Curruca. 

Caractères  du  genre  ;  Ceux  de  la  Famille  ;  bec  mince, 
droit ,  comprimé  dans  sa  moitié  supérieure  ,  échancré 
à  la  pointe  ;  narines  oblongues,  en  partie  couvertes  par 
une  membrane;  tarses  ordinaires;  ongles  faibles  et 


—  200 


crochus';  queue  presque  égale,  carrée  ou  légèrement 
arrondie. 

Elégance  des  formes,  grâce  des  mouvements,  légèreté 
des  allures,  douceur  de  la  voix,  vivacité  du  sentiment, 
tout  est  réuni  pour  forcer  les  sympathies  de  l’homme 
dans  ces  aimables  oiseaux  ,  qui  semblent  un  présent 
du  zéphir.  Mais  si  l’on  considère  qu’au  don  de  plaire , 
ils  joignent  un  avantage  plus  précieux  ,  celui  d’être 
utiles  ;  que ,  hôtes  gracieux ,  ils  sont  encore  des  auxi¬ 
liaires  providentiels  qui  nous  charment  en  nous  ser¬ 
vant  ,  on  né  sera  point  surpris  qu’ils  soient  partout 
accueillis  avec  faveur,  que  leur  nom  soit  populaire  ,  et 
que  nous  n’ayons  mis  de  bornes  ni  à  notre  reconnais¬ 
sance  ni  à  notre  affection. 

Les  Fauvettes  arrivent  dans  notre  département  à  des 
époques  qui  varient  selon  les  espèces.  Comme  presque 
tous  les  oiseaux  qui  émigrent,  elles  voyagent  le  soir  ou 
même  la  nuit ,  si  elle  est  claire  ;  c’est  donc  le  matin 
qu’on  commence  à  les  entendre. 

Bien  qu’elles  soient,  pour  la  plupart,  aussi  fructivores 
qu’insectivores,  comme  il  n’y  a  ni  fruits  ni  baies  pen¬ 
dant  la  plus  grande  partie  de  leur  séjour  dans  nos  cli¬ 
mats,  ce  sont  en  grande  partie  les  insectes  qui  consti¬ 
tuent  leur  régime.  A  l’époque  où  elles  mangent  des 
fruits,  elles  deviennent  excessivement  grasses,  et  leur 
chair  est  très  savoureuse.  Mais  ce  serait  être  bien 
ennemi  de  ses  propres  intérêts,  et  payer  bien  cher  une 
bouchée  de  viande,  quelque  savoureuse  qu’elle  soit , 
que  de  détruire  des  oiseaux  si  utiles. 

Leur  chant,  plein  de  fraîcheur  et  d’abandon,  a  ins-  • 
piré  à  quelques  personnes  le  désir  de  les  posséder. 
Nous  comprenons  cette  ardeur  de  jouir  ;  mais  nous 


—  201 


savons  aussi  ce  que  ce  plaisir  coûte  de  soins  et  de- 
peines,  et  ce  qu’il  réserve  de  déboires  et  de  tristesse. 
Ces  oiseaux  sont  d’un  élevage  difficile ,  et  quand  on  les 
a  soignés  pendant  quatre  ou  cinq  mois,  l’époque  de  la 
migration  arrive  ,  f  instinct  les  pousse  au  départ ,  et 
une  bonne  moitié  se  tue  contre  les  barreaux  de  la  cage. 
Viennent  ensuite  les  maladies  que  l’hiver  amène,  et 
qui  en  font  encore  périr  un  grand  nombre ,  puis  la 
migration  du  printemps  ;  et  de  ce  qui  survit  à  tant  de 
vicissitudes,  les  trois  quarts  chantent  peu,  et  l’autre 
quart  chante  mal.  Ne  forçons  point  la  nature  :  chaque 
agrément  vient  en  son  temps,  et  la  privation  momen¬ 
tanée  en  rendra  la  jouissance  plus  douce  ! 

Mais  comme  nous  ne  convertirons  personne,  et  que 
l’on  continuera  d’emprisonner  ces  aimables  Fauvettes , 
nous  croyons  devoir  conseiller  ici  quelques  précau- 
lions ,  dans  l’intérêt  des  oiseaux  et  de  leurs  heureux 
possesseurs. 

Ne  leur  jamais  donner  de  viande  :  cette  nourriture 
les  échauffe  trop  ;  mais  joindre  à  leur  pâtée  quelques 
morceaux  de  chou  haché  très  fin.  Leur  présenter 
quelques  vers  de  farine  ;  une  araignée  de  temps  en 
temps  ,  une  ou  deux  fois  le  mois  ,  par  exemple ,  sera 
pour  ces  oiseaux  une  médecine  salutaire  et  peut-être 
indispensable.  A  l’époque  des  migrations ,  couvrir  la 
cage  et  la  tenir  dans  le  lieu  le  plus  obscur  possible.  En 
hiver,  supprimer  la  baignoire  ;  les  fauvettes  aiment  à  se 
laver,  mais  c’est  un  plaisir  qui  leur  est  funeste,  et  leur 
donne  des  gouttes  et  des  rhumatismes  qui  les  enlèvent. 

A  l’état  de  liberté,  les  Fauvettes  descendent  peu  à 
terre.  Vives,  gaies,  pétulantes,  elles  courent  et  vol-  ‘ 
tigent  sans  cesse  dans  les  arbres,  chassant  et  chantant  à 


—  202  — 

la  fois.  Elles  détruisent  ainsi  des  milliers  d'insectes  et 
de  vers  qui  vivent  à' nos  dépens. 

Elles  font  plusieurs  couvées  ,  construisent  leur  nid 
sans  soin  et  sans  art ,  et  l’attachent  souvent  si  mal, 
que  le  poids  des  petits  le  détache  et  le  renverse.  Le 
mâle  porte  au  nid  avec  la  femelle ,  il  la  nourrit , 
veille  sur  elle  pendant  l’incubation ,  et  prend  un  soin 
tout  particulier  de  la  jeune  famille.  Les  œufs  éclosent 
vite,  au  bout  de  treize  jours  ;  et  sept  ou  huit  jours  plus 
tard  les  petits  sont  prêts  à  prendre  la  volée.  Ce  déve¬ 
loppement  rapide  peut  donner  une  idée  de  la  courte 
durée  de  leur  existence. 

La  mue  est  simple  etruptile,  et  la  livrée  quelquefois 
différente  dans  les  deux  sexes.  Les  jeunes  ressemblent 
généralement  à  la  femelle. 

Ce  genre  comprend  douze  espèces  d’Europe  ,  dont 
dix  paraissent  fréquenter  la  France  et  quatre  appar¬ 
tiennent  â  notre  département. 

1°  Fauvette  à  tête  noire;  3’’  Fauvette  babillarde; 

2“  Fauvette  des  jardins  ;  4°  Fauvette  grisette. 

Nota.  —  En  portant  à  douze  le  nombre  des  Fau¬ 
vettes,  nous  çom*prenons  dans  ce  genre  les  Fauvettes 
Pitchoux,  dont  on  a  fait  le  genre  Melizbphile  de/^tsAl^^^y, 
moduler,  et  de  (piKoç,  ami.  Ces  oiseaux  n’apparaissent 
point  dans  nos  contrées  ;  nous  n’avons  donc  point  à 
examiner  si  nous  devons  les  maintenir  dans  le  genre 
Fauvette.  En  dehors  des  Pitchoux  ,  il  nous  paraît 
qu’aucun  caractère  sérieux  ne  motive  les  nombreuses 
coupes  qu’on  y  a  établies;  et,  pour  ce  qui  nous 
concerne  ,  nous  maintenons  dans  un  seul  genre  les 
Fauvettes  et  les  Babillardes. 


—  203  — 


-87.  Fauvette  à  tête  noire.  —  Curruca  atrica- 
pilla  (Brisson) . 

Synonymie  :  Bec-fin  à  tête  noire  (de  ater,  noir,  et  ca- 
pillus^  cheveu). 

Taille  :  environ  14  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  parties  supérieures  d’un  cendré 
brun,  légèrement  lavé  d’olivâtre  ;  parties  inférieures 
cendré  clair  ;  tout  le  dessus  de  la  tête  d’un  noir  pro¬ 
fond  ;  rémiges  et  rectrices  comme  le  manteau  ;  bec  et 
pieds  plombés  ;  iris  brun. 

Femelle  :  dessus  de  la  tête  roux  clair;  parties  infé¬ 
rieures  plus  rembrunies  et  lavées  d’olivâtre. 

Jeunes  :  semblables*  à  la  femelle,  dont  ils  diffèrent  par 
la  teinte  de  la  tête,  qui  est  moins  rousse  et  lavée  d’olive. 

On  cite  des  variétés  tapirées  de  blanc- 

Cette  fauvette  couve  près  de  terre ,  et  compose  de 
quelques  brins  d’herbe  un  nid  peu  épais  et  transpa¬ 
rent,  qu’elle  dissimule  fort  mal,  et  dans  lequel  elle  dé¬ 
pose, de  4  à  6  œufs  très  variables  pour  la  forme,  le  vo¬ 
lume  et  la  nuance.  En  général,  ils  sont  relativement 
gros,  d’un  cendré  jaunâtre  ou  roussâtre,  avec  des  taches 
plus  foncées.  Grand  diamètre,  18  millimètres  ;  petit 
diamètre,  14  millimètres.  ' 

La  Fauvette  à  tête  noire  arrive  la  première,  quelque¬ 
fois  dès  les  derniers  jours  de  mars.  Elle  se  répand  par¬ 
tout,  dans  les  bois,  dans  les  bosquets,  et  jusque  dans 
les  jardins  du  centre  des  villes.  Elle  est  peu  farouche, 
très  gaie,  très  remuante.  Son  chant  est  sonore,  frais, 
harmonieux,  moins  étendu,  mais  plus  varié  et  plus 
sympathique  peut-être  que  celui  du  Rossignol. 

En  entendant  les  notes  si  suaves  et  si  pures  qui  s’o- 


-  204 


chappent  sans  effort  et  sans  art  de  son  mélodieux  go¬ 
sier,  on  se  sent  ému,  attendri,  ramené  à  ces  premières 
joies  de  l’enfance,  joies  perdues  qui  n’existent  plus  que 
dans  une  douce  illusion  ! 

Toutesjes  baies  sont  bonnes  à  ces  Fauvettes  ;  nous 
en  avons  vu  nourrir  leurs  petits,  qu’on  avait  mis  en 
cage,  presque  exclusivement  du  grain  de  la  Douce- 
amère,  solanum  dulcamara. 

Elles  nous  quittent  fort  tard,  en  septembre,  octobre* 
Dans  les  hivers  très  cléments,  quelques  individus  res¬ 
tent  dans  nos  climats.  En  1865,  un  de  ces  charmants 
oiseaux  s’est  oublié  dans  notre  jardin.  Dès  le  milieu  de 
février,  il  fit  entendre  son  chant  encore  faible  et  peu 
étendu,  mais  déjà  plein  de  fraîcheur  et  de  sentiment. 

88.  Fauvette  des  jardins.  —  Gurruca  hortensis 
(Ch.  Bonap.),  de /iorîw5,  jardin. 

Sijnonymîe  ;  Grosse  Fauvette  ;  Fauvette  bretonne. 

Taille  :  15  centimètres. 

description  :  Mâle  ;  parties  supérieures  gris  olivâtre 
foncé  ;  gorge  et  devant  du  cou  cendré  très  pâle  ;  poi¬ 
trine  et  flancs  cendré  roussâtre;  abdomen  et  sous-cau¬ 
dales  d’un  blanc  presque  pur  ;  réruiges  et  rectrices 
olive  foncé,  légèrement  liseré  de  cendré;  bec  et  pieds 
plombés  ;  iris  brun  clair. 

« 

Femelle  :  parties  supérieures  plus  cendrées,  moins 
olivâtres  ;  teinte  moins  rousse  aux  flancs . 

Jeunes  :  d’un  gris  plus  brun  sans  teinte  olive. 

Cette  espèce  nicbe  plus  haut  que  la  précédente  et 
cache  mieux  son  nid,  qui  est  aussi  plus  épais,  mieux 
attaché  et  souvent  garni  de  quelques  flocons  de  duvet. 


205 


\ 


Elle  pond  également  de  4  à  6  œufs  d’un  blanc  roussâtre, 
glacé,  avec  des  taches  fauves,  rousses  ou  brunes  Grand 
diamètre,  19  millimètres  ;  petit  diamètre,  14  milli¬ 
mètres. 

Comme  on  le  voit,  ses  œufs  ont  de  grands  rapports 
avec  ceux  de  la  précédente  ;  cependant  ils  sont  généra¬ 
lement  un  peu  plus  longs,  plus  pâles  et  plus  glacés. 

La  Fauvette  des  jardins  arrive  quelques  jours  après 
sa  congénère  à  tête  noire.  Elle  est,  comme  elle,  com¬ 
mune  dans  notre  département;  mais  elle  est  moins 
gaie,  moins  vive  et  plus  farouche,  elle  s’approche  moins 
des  habitations,  cherche  davantage  l’épaisseur  des 
fourrés,  les  feuillages  touffus.  Par  opposition  avec 
son  nom,  elle  se  montre  moins  dans  les  jardins,  et 
préfère  les  lieux  couverts,  les  bois  sombres  et  buis¬ 
sonneux. 

Sa  voix  également  pleine  et  moelleuse,  est  plus 
'  grave,  moins  étendue,  moins  articulée,  et  son  chant 
plus  monotone. 

89.  Fauvette  babillard e.  —  Curruca  garrula 
(Buisson). 

Synonymie:  Bec-ûn  babillard;  Fauvette  à  gorge 
blanche. 

Taille  ;  environ  13  centimètres,  5  millimètres. 

Description  :  Mâle  :  tête  et  joues  cendré  ardoisé  ;  man¬ 
teau  cendré  gris  ;  parties  inférieures  d’un  blanc  pur  à 
la  gorge,  au  milieu  du  cou  et  au  ventre;  côtés  du  cou, 
flancs  et  région  anale  d’un  cendré  roux  teinté  de  rose  ; 
couvertures  alaires  et  rémiges  brunes  avec  une  large 
bordure  rousse  ;  rectrices  comme  les  rémiges,  la  plus 


s 


—  206  — 

latérale  frangée  et  terminée  de  blanc  ;  bec  noir  ;  pieds 
plombés  ;  iris  noisette. 

Femelle  :  comme  le  mâle,  avec  la  teinte  cendrée  de  la 
tête  plus  pâle  et  moins  pure. 

Jeunes:  cendré  gris  en  dessus,  blanc  presque  pur 
en  dessous  ;  la  frange  blanche  de  la  rectrice  latérale 
plus  large  que  chez  les  adultes. 

Cette  espèce  n’arrive  dans  notre  département  que 
vers  le  25  avril,  après  Tépanouissement  des  feuilles'; 
elle  se  tient  dans  les  fourrés  épais,  et  se  montre  peu. 
C’est  là  qu'elle  établit  son  nid,  composé  d’herbes  sèches 
et  de  quelques  crins.  Ses  œufs,  au  nombre  de  4  ou  5, 
sont  jaunâtres  ou  cendrés,  avec  quelques  taches  brunes 
plus  nombreuses  au  gros  bout.  Grand  diamètre,  15  mil¬ 
limètres  ;  petit  diamètre,  12  millimètres. 

La  Babillarde  est  moins  répandue  dans  notre  localité 
que  ne  le  sont  les  autres  Fauvettes.  Elle  vit  plus  ca¬ 
chée,  plus  près  de  terre  ;  et,  si  on  l'entend  sans  cesse, 
onia  voit  rarement  Quand  elle  chante,  elle  relève  les 
plumes  du  vertex,  et  se  gonfle  la  gorge,  ce  qui  lui  fait 
paraître  la  tête  aussi  grosse  que  le  corps. 

Par  son  mode  de  nidification,  par  son  régime  et  par 
la  nature  de  sa  voix,  elle  ressemble  complètement  aux 
précédentes.  Seulement  elle  prélude  par  quelques  sons 
réguliers,  habitude  que  l’on  retrouve  aussi,  quoique 
moins  constante,  dans  la  Fauvette  à  tête  noire. 

Nous  ne  voyons  donc  pas  de  motif  sérieux  pour  sé¬ 
parer  génériquement  des  espèces  qui  ont  tant  d’analogie, 
#  et  entre  lesquelles  on  ne  peut  saisir  que  des  différences 
zoologiques  insignifiantes,  et  presque  imperceptibles. 

Aussi  nous  renonçons  au  genre  Babillard,  et  nous  re- 

« 

tenons  le  mot  comme  désignation  spécifique.  Il  nous 


207  - 


semble  d’ailleurs  que  le  nom  Babillarde  Garrule,  que 
donnent  à  cette  espèce  les  partisans  d’une  section  géné¬ 
rique,  est  un  pléonasme  qui  égale  celui  de  Mégisture  à 
queue.  L’abus  des  genres  conduit  forcément  à  l’abus 
des  nlots. 

90.  Fauvette  Grîsette.  —  Gurruca  cinerca  (Bris- 
son),  de  cinis^  cendre. 

Synonymie:  Fauvette  babillarde;  Fauvette  rousse; 
Racasse. 

Taille:  14  centimètres. 

Description':  Mâle  ;  dessus  de  la  tête  et  du  cou  cendré 
assez  clair;  parties  supérieures  et  joues  d’un  roux  lé¬ 
gèrement  lavé  de  cendré  ;  gorge  blanche  ;  parties  infé¬ 
rieures  cendré  clair,  avec  une  teinte  rose  très  prononcée 

\ 

à  la  poitrine  et  aux  flancs  ;  milieu  du  ventre  et  abdo¬ 
men  d’un  blanc  presque  pur  ;  couvertures  alaires  et  ré¬ 
miges  largement  frangées  de  roux  vif  ;  rectrices  brunes 
également  frangées  de  roux,  à  l’exception  de  la  plus 
latérale, qui  est  marquée  de  blanc  sur  sa  moitié  externe 
et  à  la  pointe  ;  bec  cendré  ;  pieds  rosés  ;  iris  brun. 

Femelle  :  blanc  de  la  gorge  moins  pur  ;  peu  ou  point 
de  rose  à  la  poitrine  ni  aux  flancs  qui  sont  roussâtres. 

Jeunes.;  parties  supérieures  d’un  roux  sombre  ;  poi¬ 
trine  et  flancs  roux  clair . 

Cette  espèce  niche  comme  les  précédentes,  et  cache 
son  nid  avec  moins  de  soin  encore  que  la  Fauvette  à 
tête  noire.  Il  est  quelquefois  si  mince  qu’il  ressemble  ^ 
à  un'  véritable  tamis.  Elle  pond  de  4  à  6  œufs  d’un  gris 
lavé  de  verdâtre,  avec  des  points  bruns  ou  olives,  plus 
ou  moins  foncés  et  plus  ou  moins  nombreux.  Grand  dia¬ 
mètre,  18  millimètres;  petit  diamètre,  14  millimètres. 


208 


La  Grisetto  est  répandue  dans  toute  l’Europe,  et 
très  commune  dans  notre  département.  C’est,  par  sa 
grâce ,  sa  légèreté ,  son  entrain ,  son  gazouillement 
continuel,  un  des  plus  charmants  oiseaux  de  la 
création.  Elle  voltige  et  habille  sans  cesse;  et,  soit 
qu’elle  coure  dans  les  buissons,  soit  qu'elle  gagne 
la  cime  des  arbres,  soit  qu’elle  s’élève  en  pirouettant 
dans  les  airs,  chacun  de  ses  mouvements  est  accom¬ 
pagné  d’un  joyeux  refrain.  Ni  la  vue  de  ses  petits, 
ni  la  présence  de  l’homme,  ni  les  ardeurs  du  midi, 
qui  rendent  muettes  les  autres  espèces ,  ne  peuvent 
suspendre  son  babil,  ni  modérer  ses  folâtres  ébats. 
Puis,  elle  chante  de  si  bon  cœur  et  avec  tant  d’aban¬ 
don,  sa  gaité  est  si  vive  et  si  communicative,  qu’on  . 
,ne  peut  se  lasser  de  la  voir  et  de  l’admirer. 

La  Grisette  termine  pour  nous  le  genre  Fauvette , 
et  la  famille  des  Sylviinés. 

Un  des  caractères  qui  distinguent  cette  famille  des 
précédentes,  c’est,  comme  nous  l’avons  dit,  son  régime 
baccivore  et  fructivore  ;  on  pourrait  y  joindre  ses  mœurs 
douces  et  sociables .  Il  semble  en  effet  que,  ainsi  que 
nous  Lavons  déjà  fait  remarquer  à  propos  des  Om¬ 
nivores,  la  sociabilité  croisse,  chez  les  oiseaux,  avec 

l’étendue  de  leur  régime,  et  qu’elle  en  soit  la  consé- 

• 

quence.  Cette  idée  de  causalité  pourra  bien  être 
contestée  ;  mais  le  fait  est  acquis,  et  nous  paraît  de 
plus  en  plus  corroborer  notre  principe.  Suivant  donc 
le  fil  qui  nous  a  guidé  jusqu’ici ,  dans  le  dédale  des 
classifications,  nous  arrivons  aux  Jaseurs,  qui  sont 
éminemment baccivores  et  sociables. 


-  209 


TREIZIÈME  FAMILLE 

AMPÉLINÉS. 

Caractères  de  la  Famille  :  Bec  assez  court,  large  à  la 
base,  déprimé,  denté  à  la  pointe;  narines  basales,  per¬ 
cées  de  part  en  part,  cachées  dans  les  plumes  ;  tarses 
ordinaires;  doigt  externe  et  doigt  médian  soudés  à  la 
base;  ailes  médiocres,  à  penne  bâtarde’;  remiges  secon¬ 
daires  ornées  d’une  excroissance  cornée  ;  queue 
moyenne,  légèrement  arrondie,  composée  de  douze 
pennes 

Nous  avons  dit  que  les  Jaseurs  ressemblent  aux 
Fauvettes  par  leur  régime  et  leur  sociabilité;  ils  s’en  rap¬ 
prochent  encore  par  plusieurs  caractères  zoologiques  : 
la  forme  du  bec,  large  à  la  base  et  très  fendu,  là  soudure 
du  doigt  extérieur  et  du  médian,  la  nature  soyeuse  du 
plumage.  Un  dernier  trait  de  ressemblance  est  dans 
l’habitude  à  laquelle  ils  doivent  leur  nom  ;  Jaseur  et 
Babillard  doivent  en  effet  être  très  voisins.  Notre  mé¬ 
thode,  en  les  rapprochant,  ne  fera  donc  qu’affirmer 
et  consacrer  des  rapports  de  ressemblance  bien  marqués. 

Les  Jaseurs  paraissent  les  oiseaux,  baccivores  par 
excellence.  Vieillot,  qui  les  a  bien  étudiés,  leur  don¬ 
nait  le  nom  générique  Baccivori.  Leur  place  est  donc 
marquée  au  centre  des  Baccivores,  où  nous  les  plaçons. 

Gomme  famille,  ils  offrent  au  moral  des  caractères 
distinctifs  bien  tranchés  ;  et  ils  ont,  à  l’extérieur,  un 
attribut  qui  ne  permet  point  de  les  confondre  :  nous 
voulons  parler  de  la  palette  cornée  qui  termine  les  ré¬ 
miges  secondaires. 

Ce  sont  des  oiseaux  essentiellement  nomades,  voya- 
14 

Hf 


210 


géant  par  troupes  innombrables,  volant  serrés,  se  per- 
*cliant  en  grande  quantité  sur  le  même  arbre,  peu  ti¬ 
mides,  peu  défiants,  et  même  si  peu  prévoyants,  que, 
quand  on  a  les  tirés,  ils  vont  se  remettre  à  quelque  dis¬ 
tance,  et  se  laissent  tirer  de  nouveau,  jusqu’à  satiété 
du  chasseur,  ou  extinction  de  labande. 

Leur  itinéraire  n’est  rien  moins  que  régulier  ;  ils  se 
montrent  un  peu  partout,  mais  à  des  époques  impré¬ 
vues  et  indéterminées.  Leurs  apparitions  sont  plus 
fréquentes  dans  la  Bohême,  la  Pologne  et  la  Lithua¬ 
nie.  Ces  endroits  se  rapprochant  des  lieux  où  les  ra¬ 
mène  chaque  année  le  besoin  de  se  reproduire,  sont 
pour  eux  des  étapes  forcées,  quand  leur  instinct  lésa 
poussés  de  nos  côtés. 

Cette  famille  contient  un  seul  genre  et  une  seule 
espèce  d’Europe  ;  cette  espèce  est  susceptible  de  se  ren¬ 
contrer  dans  notre  département. 


Genre  Jaseur.  —  Ampelis. 

« 

Les  Jaseurs  ont  été  désignés  sous  les  noms  géné¬ 
riques  de  Ampelis  (Linné),  Bombycilla  (Brisson),  Bom- 
bycivora  (Temminck).  La  dénomination  de  Temminck 
étant  primée  de  près  de  cinquante  ans  par  les  deux 
premières,  nous  avons  cru  devoir  la  négliger  tout  d'a¬ 
bord.  Restaient  les  deux  autres  ;  et,  bien  que  celle  de 
Brisson  ait  une  priorité  de  quelques  années,  nous 
adoptons  celle  de  Linné,  parce  que,  comme  notre  mé¬ 
thode,  elle  est  basée  sur  le  régime  de  l’oiseau.  Am¬ 
pelis,  venant  de  cLij.'TrsKoç^  vigne,  désigne  un  oiseau  qui 
.fréquente  les  vignes  pour  y  manger  des  raisins,  et  nous 
paraît  dès  lors  bien  convenir  à  un  baccivore. 


211 


91.  Jasetir  bohème. — Ampelis  gamilus  {garrire, 
jaser)  Linné. 

Synonymie  :  Jaseur  ordinaire;  Grand  Jaseur. 

Taille  :  21  centimètres. 

Description  :  Mâle  ;  d’nn  cendré  vineux,  plus  foncé 
en  dessus  ;  plumes  du  vertex  allongées,  soyeuses,  sus¬ 
ceptibles  de  se  relever  en  forme  de  huppe  ;  gorge  et  une 
bande  sur  les  yeux  d'un  noir  profond  ;  rectrices  pri¬ 
maires  noires,  terminées  par  une  ligne  brisée  blanche 
et  jaune  en  forme  de  V  ;  rémiges  secondaires 
blanches  à  l’extrémité  et  ornées  d’une  excroissance 
cornée,  d’un  rouge  de  cinabre;  rectrices  noires,  termi¬ 
nées  par  une  bande  jaune,  et  marquées  de  rouge  sur 
l’extrémité  de  là  tige  ;  bec  brun  à  la  pointe ,  roux  à  la 
base  ;  tarses  bruns  ;  iris  noisette. 

Les  très  vieux  mâles  portent,  dit  Degland,  à  l’extré¬ 
mité  de  toutes  les  rectrices,  des  palettes  cornées,  comme 
aux  rémiges  secondaires. 

Femelle  :  plus  petite,  de  teinte  plus  pâle,  avec  moins 
de  noir  à  la  gorge  ;  les  palettes  des  ailes  plus  courtes,  et 
au  nombre  de  quatre  ou  cinq  seulement. 

Jeunes  en  premier  plumage  :  comme. la  femelle; 
point  d’excroissances  cornées . 

Nous  n’avons  point  à  nous  occuper  de  leur  mode  de 
nidification  ;  disons  seulement  que  M.  l’abbé  Vincelot, 
qui  a  reçu  des  œufs  bien  authentiques,  rapporte  qu’ils 
sont  blanc  bleuâtre,  ou  d’un  cendré  pâle,  et  marqués 
de  petites  taches  rondes.  Grand  diamètre,  de  22  à 
24  millimètres;  petit  diamètre,  de  16  à  18  milli¬ 
mètres  . 


-  212 


Ainsi  que  nous  l’avons  porté  à  la  synonymie,  on 
désigne  quelquefois  cet  oiseau  sous  le  nom  de  Grand- 
Jaseur,  pour  le  distinguer  de  l’espèce  d’Amérique.  L’é¬ 
pithète  nous  paraît  ici  plus  qu’inutile.  La  désignation 
spécifique  cedrorum,  des  cèdres,  suffit  bien  à  distinguer 
l’espèce  d’Amérique  de  notre  Jaseur  européen,  que  nous 
appelons  Jaseur  bohème,  c’est-à-dire,  nomade,  vaga¬ 
bond,  portant'avec lui  sa  mobile  patrie;  et  non  Jaseur 
de  Bohême,  attendu  que  le  Jaseur  n’appartient  pas  plus 
à  la  Bohême  qu’à  la  France,  quoiqu’il  y  passe  plus 
souvent  (1).  Son  habitat,  en  tant  que  cet  oiseau,  à  l’hu¬ 
meur  capricieuse  et  fantasque,  a  un  habitat  déterminé, 
est  la  Laponie  russe,  le  nord  de  la  Russie  et  de  la  Si¬ 
bérie.  C’est  là  son  point  de  repère,  son  centre  de  gra¬ 
vité,  si  Ton  peut  parler  ainsi  ;  c’est  là  que  son  instinct 
le  ramène  chaque  année,  à  époque  fixe,  au  printemps, 
pour  y  propager  sa  race  ;  et  il  en  repart  dès  ,que  ses 
petits  sont  assez  forts,  pour  le  suivre  dans  ses  courses 
désordonnées. 

Le  Jaseur  se  nourrit  de  baies,  d’insectes,  et,  au  be¬ 
soin,  de  bourgeons  d’arbres  fruitiers. 

11  fait  entendre  constamment  un  petit  gazouillement 
qui  n’est  ni  un  chant,  ni  un  sifflement,  mais  une  sorte 
de  babil  confus  et  inarticulé,  d’où  son  nom  Jaseur. 

En  captivité,  où  on  le  retient  quelquefois  pour  la 
beauté  de  son  plumage,  il  est  gauche,  sale  et  gour¬ 
mand. 

(1)  Le  mérite  de  cette  observation  ,  qui  nous  paraît  judicieuse  , 
revient  à  notre  honorable  collègue  et  ami ,  M.  Fermaire. 


-  213  - 


QUATORZIÈME  FAMILLE. 

ORIOLINÉS. 

/ 

Caractères  de  la  Famille  :  Bec  allongé,  courbé,  dé¬ 
primé  à  la  pointe;  narines  découvertes,  membra¬ 
neuses;  tarses  courts  et  robustes,  fortement  scutellés  ; 
ailes  longues,  sub-obluses  ;  queue  large,  assez  éten¬ 
due,  échancrée,  composée  de  12  pennes. 

Les  Loriots  sont  encore  des  oiseaux  erratiques,  ne 
s’arrêtant  guère  que  pour  couver,  se  nourrissant  d'in  - 
sectes  et  de  fruits  ,  émigrant  par  petites  troupes  ;  par 
conséquent,  vagabonds,  baccivores  et  sociables  ,  et,  à 
ce  titre,  voisins  des  Jaseurs,  auxquels  nous  les  faisons 
succéder.  Leur  bec,  plus  étroit  que  celui  de  ces  der¬ 
niers,  et  plus  large  que  celui  des  Turdinés,  semble  en¬ 
core  présenter  un  caractère  intermédiaire  entre  ces 
deux  familles . 

Ils  arrivent  dans  nos  contrées  vers  la  fin  d’avril,  v 
séjournent  à  peine  trois  mois,  le  temps  de  se  repro¬ 
duire,  et  recommencent  leurs  pérégrinations. 

Pendant  la  saison  des  amours,  ils  vivent  par  couples 
dans  les  grands  bois  ;  ils  affectionnent  les  versants  ex¬ 
posés  au  midi,  et  fréquentent  surtout  les  lieux  plantés 
de  cerisiers.  Ces  arbres  leurs  fournissent  des  fruits 
tendres,  qu’ils  mangent  avec  beaucoup  d’avidité.  Ja¬ 
mais  ils  ne  touchent  aux  noyaux.  C'est  la  part  des  ' 
Gros-Becs,  qui  les  cassent  avec  la  plus  grande  facilité, 
et  se  nourrissent  de  l’amande. 

Leur  mue  est  simple  ;  la  livrée,  distincte  dans  les 


—  214 


deux  sexes.  Les  jeunes,  avant  deux  ans,  diffèrent  peu 
de  la  femelle. 

t 

Cette  famille  contient  un  seul  genre  d’Europe. 


Genre  Loriot.  —  Oriolus. 

Ce  genre  unique,  contenant  lui-même  une  seule  es¬ 
pèce,  ne  nous  paraît  point  comporter  de  description 
générique.  Ajoutons  seulement  que  M.  l’abbé  Vincelot 
fait  dériver  le  nom  latin  Oriolus  de  jaune,  et 

Scaliger  de  aureolus,  venant  lui-même  de  aureus,  doré. 
Ces  deux  racines  donneraient  également  bien  la  couleur 
de  l’oiseau.  Cependant  nous  serions  porté  à  croire  que, 
le  mot  Loriot  n’est  qu’une  onomatopée,  figurant  le  cri 
de  notre  espèce  européenne. 

92.  Loriot  jaune.  —  Oriolus  galbula  (Linné). 

Synonymie  :  Compère  Loriot  ;  Philosiot . 

Taille  :  27  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  entièrement  d’un  jaune  doré,  à 
l’exception  des  ailes,  de  la  queue  et  des  lorums,  qui  sont 
noirs  ;  une  taclie  jaune  sur  les  couvertures  alaires,  et 
un  liseré  de  même  couleur  au  bord  des  rémiges  ;  rec- 
trices  médianes  noires,  les  autres  terminées  par  une 
tache  jaune,  qui  s’étend  davantage  en  approchant  des 
latérales  ;  bec  rouge  brun  ;  tarses  plombés;  iris  rouge 
vif. 

Femelle  :  d’un  jaune  lavé  d’olivâtre  aux  parties  su¬ 
périeures  ;  d’un  blanc  jaunâtre  avec  des  raies  longitu¬ 
dinales  cendrées,  à  la  gorge  et  au  ventre  ;  flancs  et  côtés 
de  la  poitrine  d’un  jaune  plus  prononcé. 


215  - 


Jeunes  :  comme  la  femelle,  dont  ils  diffèrent  par  une 
couleur  olive  plus  sombre,  avec  les  plumes  bordées  de 
jaunâtre  au  manteau;  parties  inférieures  d’un  blanc 
lustré,  marquées  de  nombreuses  stries  au  cou,  à  la  poi¬ 
trine  et  aux  flancs,  ces  derniers  nuancés  de  jaune. 
Après  la  première  mue,  ils  ressemblent  à  la  femelle.  Ce 
n’est  qu’après  la  deuxième  que  le  mâle  prend  ses  belles 
nuances,  et  il  n’a  tout  son  éclat  qu’à  cinq  ans. 

Ces  oiseaux  suspendent  aux  enfourchures  des 
branches,  dans  les  futaies,  le  plus  souvent  à  une  hauteur 
moyenne,  un  nid  construit  avec  beaucoup  d’art,  et  au¬ 
quel  ils  donnent  la  forme  d’une  bourse,  dont  les  bords 
seraient  attachés  et  enroulés,  pour  ainsi  dire,  à  la  bi¬ 
furcation.  Ce  nid  se  compose  d’une  certaine  quantité 
de  brins  de  paille,  de  chanvre  ou  de  fils  entrelacés,  pas¬ 
sant  d’une  branche  à  l’autre,  et  dont  les  bouts  sont  ar- 
tistement  dissimulés.  C’est  l’enveloppe  extérieure,  au- 
dessus  de  laquelle  se  trouve  une  couché  de  mousse, 
destinée  à  rendre  le  nid  plus  souple  et  plus  moelleux  ; 
l’intérieur  est  garni  de  fines  tiges  de  gramen,  dont  les 
épis,  ramenés  en  dessous,  augmentent  l’élasticité  du 
berceau.  La  femelle  pond  4  ou  5  œufs  d’un  blanc 
pur,  marqués  de  quelques  taches  arrondies,  d’un 
noir  foncé,  quelquefois  mêlées  de  points  bruns  moins 
étendus.  Grand  diamètre,  environ  30  millimètres;  petit 
diamètre,  20  millimètres. 

Ce  nid  est  donc  déjà  très  remarquable  ;  mais  l’opinion 
vulgaire,  si  avide  de  merveilleux,  en  a  encore  considé¬ 
rablement  exagéré  la  singularité.  On  prétend  qu’il  est 
suspendu  par  trois  fils,  comme  une  lampe  d’église  ; 
que  la  femelle  y  entre  par  un  trou  imperceptible,  et 
qu’elle  y  imprime  une  sorte  d’oscillation,  de  balance- 


216 


ment  régulier  et  continuel.  11  est  superflu  de  réfuter  une 
semblable  assertion . 

Le  mâle  a  une  voix  grave  et  moelleuse,  mais  peu 
étendue  ;  les  syllabes  yo  yo  y  reviennent  souvent.  Il 
chante  surtout  le  matin,  à  la  cime  des  grands  arbres,  en 
poursuivant  les  insectes  et  les  moucherons. 

Ce  bel  oiseau,  mis  en  cage,  y  apprend,  dit-on,  facile¬ 
ment  des  airs  qu’il  redit  avec  beaucoup  de  douceur  et 
de  goût;  mais  il  est  difficile  de  le  nourrir,  surtout  en 
hiver  ,  où  les  fruits  mous  et  sucrés  font  défaut.  On  lui 
donne  des  figues  sèches,  qu'on  peut  délayer  en  pâtée 
avec  du  lait  ;  mais  ses  belles  nuances  dorées  s’assom¬ 
brissent  et  se  ternissent  faute  d’air  pur  et  de  soleil.  Il 
est  également  très  jaloux  de  sa  liberté;  souvent  il 
refuse  la  nourriture,  et  semble  préférer  la  mort  à  l’es¬ 
clavage. 

La  femelle  a  un  cri  rauque,  une  sorte  de  miaulement 
désagréable.  C’est  à. la  nuance  du  plumage  de  cette 
dernière,  et  de  celui  des  jeunes  que  l’espèce  doit  son 
nom  Galbula^  diminutif  de  galbus^  vert  pâle. 

Nous  avons  indiqué  plus  haut  l’époque  de  son  arri¬ 
vée  dans  notre  département.  Il  nous  reste  à  ajouter 
que  ces  oiseaux  semblent  fuir  le  voisinage  de  la  mer. 
Ils  sont  rares  sur  nos  côtes,  plus  nombreux  aux  envi¬ 
rons  de  Rouen-,  et  on  les  rencontre  assez  communé¬ 
ment,  à  mesure  qu  on  s’avance  dans  le  centre  de  la 
France. 

Sans  être  nouvelle,  la  place  que  nous  donnons  aux 
lioriots  sera  peut-être  contestée.  Mais,  en  considérant 
leur  régime  baccivore,  nous  ne  pouvions  les  laisser 
près  des  Pies-Grièches  et  des  Etourneaux  ,  où  les  ont 
rangés  quelques  auteurs.  Nous  avons  dit  les  rapports 


—  217  — 


que  nous  leur  trouvons  avec  les  Jaseurs  ;  ajoutons 
qu’ils  ont  dans  la  taille  ,  dans  la  forme  et  dans  le 
faciès,  un  certain  air,  sinon  de  famille,  du  moins  d’af¬ 
finité  avec  les  Grives,  qu’ils  s’en  rapprochent  encore 
par  l’appétit ,  par  la  nature  du  chant  et  par  la  confor¬ 
mation  du  bec.  Moins  nomades  que  les  Jaseurs,  ils 
le  sont  plus  que  les  Grives,  dont  la  plupart  des  espèces 
sont  encore  erratiques.  Nous  croyons  donc  être  con-  . 
séquent  avec  notre  principe  de  classification  et  notre 
méthode,  en  passant  des  Jaseurs  aux  Loriots,  et  de  ^ 
ceux-ci  aux  Turdinés. 


,  QUINZIÈME  FAMILLE. 

TURDINÉS. 

Caractères  de  la  Famille:  Bec  médiocre  ,  comprimé, 
échancré  à  la  pointe  ;  œil  fixe  et  dilaté  ;  narines  ovoïdes 
et  membraneuses  ;  tarses  assez  allongés  ,  scutellés  ; 
ailes  et  queue  de  grandeur  variable. 

1 

Baccivores  et  fructivores  comme  les  précédents,  les 
Turdinés  sont  encore  vermivores,  et  font  faire  un  pas 
à  la  classification  ,  en  offrant ,  comme  caractère  de 
transition,  un  appétit  que  présenteront,  de  plus  en  plus 
développé,  les  familles  qui  leur  succéderont. 

Certaines  espèces  sont  encore  sociables  et  voyageuses; 
d’autres  aiment  la  solitude  et  vivent  isolées  ;  quelques- 
unes  même  sont  sédentaires.  Mais,  dans  cette  famille  , 
les  pérégrinations  sont  fixes,  régulières  et  déterminées. 
Elle  nous  écarte  donc  graduellement  de  ces  oiseaux 


^  218  — 


errants  et  cosmopolites  dont  nous  venons  de  décrire 
les  mœurs. 

La  famille  des  Turdinés  contient  pour  nous  5  genres 
d’Europe,  dont  3  de  France,  et  2  de  notre  département  : 

t®  Genre  Grive. 

2®  Genre  Traque t. 


1®  Genre  Grive.  —  Turdus. 

Caractères  du  genre  :  Ceux  de  la  famille  .  doigt  mé¬ 
dian  et  le  latéral  soudés  à  la  base;  ailes  atteignant  le 
milieu  de  la  queue,  qui  est  assez  longue,  ample  et 
légèrement  arrondie. 

Nous  réunissons  dans  le  genre  Grive,  Turdus^  les 
Grives  et  les  Merles,  qui  sont  des  espèces  tellement 
voisines  et  si  semblables,  que  les  partisans  d’.une  sépa¬ 
ration  générique  ne  sont  point  d’accord  sur  la  place  où 
ils  doivent  établir  leur  coupe.  De  là,  le  même  oiseau, 
le  T.  atrogularis,  est  une  grive  pour  les  uns,  et  un 
merle  pour  les  autres  (1  ).  Or,  cette  confusion  même, 
cette  difficulté  de  détermination,  nous  paraît  justifier 
pleinement  notre  manière  de  voir,  appuyée  du  reste  sur 
l’autorité  de  naturalistes  éclairés,  Linné,  Degland,  etc. 
D’ailleurs,  la  distinction  ne  repose  sur  aucun  caractère 
sérieux.  On  indique  bien  le  système  de  coloration  du 
plumage,  moucheté  chez  les  unes,  uniforme  chez  les 
autres;  mais,  outre  que  cette  raison  nous  paraît  trop 
superficielle,  nous  croyons  que,  en  réunissant  toutes 
les  espèces  du  genre,  on  arriverait  à  une  transition 

(1)  Merula  atrogularis,  Ch.  Bonap.  lifrds  {\S3S),  p.  17.  Turdus 
alrogulai'is,  D*"  Chenu.  Encyclop.  d’Hist.  nat.,  t.  IV,  p.  11. 


219 


aussi  graduée,  aussi  fondue  de  la  coloration,  que  du 
régime  et  des  mœurs. 

Degland  a  parfaitement  compris  que  la  séparation 
générique  des  Grives  et  des  Merles  n’est  basée  sur  au¬ 
cun  caractère  de  quelque  valeur,  et  il  les  a  réunis  dans 
un  même  genre,  qu’il  intitule  :  Genre  Merle,  Turdus. 
Il  nous  semble  difficile  d’adopter  cette  dénomination 
mixte,  et  de  traduire  ainsi  le  mot  Turdus.  D’ailleurs  les 
Merles  nous  paraissant  mieux  placés  à  la  fin  de  la  liste, 
nous  avons  cru  devoir  adopter  comme  désignation  gé¬ 
nérique  le  mot  Grive^  complétant  ainsi  la  réhabilitation 
du  genre  Linnéen,  tentée  par  Degland.  Les  Grives 
ayant  plus  de  rapports  avec  les  Loriots,  et  les  Merles 
avec  les  Pétrocincles,  la  succession  des  genres  en  sera 
plus  naturelle  et  plus  régulière. 

Quant  au  mot  Turdus ,  nous  croyons  qu'il  vient  de 
Turdetani,  peuples  d’Espagne,  qui  excellaient  à  en¬ 
graisser  pour  les  maîtres  du  monde,  les  Grives  si  abon¬ 
dantes  dans  leur  contrée. 

Les  Turdinés  sont  des  oiseaux  de  taille  moyenne, 
susceptibles  de  prendre  beaucoup  d’embonpoint,  ayant 
une  chair  succulente  et  parfumée,  très  prisée  des  Ro¬ 
mains.  De  nos  jours  ils  ont  perdu  de  leur  vogue,  et  ont 
été  détrônés  parles  Ortolans.  Il  faut  convenir,  en  effet, 
qu’à  l’état  de  liberté,  plusieurs  espèces  ont  un  goût 
d’amertume  assez  prononcé.  Gela  tient  sans  doute  aux 
baies  dont  elles  se  nourrissent ,  car  on  assure  que  celles 
qui  mangent  des  raisins  et  des  olives  ont  une  saveur 
délicieuse.  On  peut  d’ailleurs  s’en  rapporter  aux  Ro¬ 
mains,  bons  juges  en  fait  de  sensualité. 

Ces  oiseaux  vivent  par  couples  dans  les  bois  et  les 
bosquets,  pendant  le  temps  de  la.  reproduction  ;  et. 


-  220  - 


comme  les  vers  et  les  baies  se  rencontrent  partout, 
comme  les  Turdinés  s’accommodent  de  tous  les  climats, 
ces  espèces  sont  répandues  en  tous  lieux.  Celles  qui  ha¬ 
bitent  les  régions  boréales  fuient,  pendant  la  saison  ri¬ 
goureuse,  ces  retraites  glacées;  et  nous  arrivent,  à  la 
fin  de  l’automne,  en  bandes  plus  ou  moins  nombreuses, 
selon  l’intensité  du  froid.  Celles  qui  séjournent  dans 
nos  climats  tempérés  y  sont  à  peu  près  sédentaires ,  et 
viennent,  pendant  l'hiver,  chercher  leur  nourriture  près 
de  la  demeure  de  l’homme. 

En  général,  les  sexes  diffèrent  peu  par  la  taille  ;  dans 
quelques  espèces  seulement,  le  mâle  se  distingue  de  la 
femelle  par  la  coloration  du  plumage.  Les  jeunes, 
avant  la  première  mue,  ressemblent  plus  ou  moins  aux 
adultes.  Après  la  mue,  qui  est  simple,  la  différence 
n’existe  plus  que  dans  la  nuance. 

Ce  genre  renferme,  d’après  les  naturalistes  les  plus 
modernes,  14  espèces  d’Europe,  dont  3  sont  contestées; 
7  appartiennent  à  la  France,  et  6  se  rencontrent  com¬ 
munément  dans  notre  département,  savoir  : 

1“  Grive  musicienne.  4°  Grive  Litorne. 

I 

2®  Grive  Draine.  5®  Grive  à  plastron. 

3®  Grive  Mauvis.  6®  Grive  Merle. 

93.  Grive  inuslcienne.  —  Turdus  musicus 
(Linné). 

Synonymie  ;  Grive  ;  Grive  chanteuse  ;  Mauviard. 

Taille  :  environ  23  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  parties  supérieures  brun  olive, 
avec  quelques  taches  rousses  à  l’extrémité  des  petites 
couvertures  alaires;  lorums,  tour  des  yeux,  gorge,  poi- 


trine  et  flancs  d’un  blanc  jaunâtre,  passant  au  blanc 
pur  an  milieu  du  ventre  et  à  l'abdomen  ;  toutes  les 
parties  inférieures  semées  d'un  grand  nombre  de  points 
ronds  brun  noir,  plus  larges  à  la  poitrine  et  aux  flancs, 
plus  petits  sur  le  ventre  ;  dessous  de  l’aile  chamois  ; 
sous-caudales  cendré  jaunâtre,  marquées  de  taches 
grises,  oblongues  ;  rémiges  et  rectrices  comme  le  man¬ 
teau  ;  bec  brun  à  la  pointe,  plus  pâje  en  dessous  et  à 
la  base  ;  pieds  cendré  brun  ;  iris  brun  noir. 

Femelle  :  elle  ne  diffère  du  mâle  que  par  les  taches 
moins  étendues  et  plus  pâles  des  couvertures  alaires,  et 
parles  mouchetures  de  la  poitrine,  qui  sont  moins  fon¬ 
cées  et  moins  arrondies. 

Jeunes  en  premier  plumage  :  plumes  du  manteau 
bordées  de  jaunâtre  ;  parties  inférieures  plus  foncées,  et 
marquées  de  points  bruns. 

A  tout  âge,  les  individus  sont  plus  pâles  en  été  qu'en 
automne. 

Cette  espèce,  très  commune  dans  notre  département, 
bâtit  un  nid  volumineux,  qu’elle  dissimule  fort  mal  ; 
elle  le  place  dans  les  cépées,  dans  les  lierres,  contre  les 
troncs  des  arbres,  à  peu  de  distance  du  sol,  et  le  cons¬ 
truit  d’herbes,  de  brindilles  et  de  mousse  à  l’extérieur  ; 
l’intérieur  est  garni  d’une  solide  crépissure  en  terre 
gâchée,  sur  laquelle  la  femelle  dépose  de  4  à  6  œufs , 
de  forme  variable  ,  d’un  bleu  verdâtre ,  avec  quelques 
points  noirs,  surtout  au  gros  bout.  Grand  diamètre , 
environ  27 millimètres;  petit  diamètre,  16 millimètres. 

Les  jeunes  se  développent  fort  vite;  et  huit  à  dix 
jours  après  l’éclosion  ,  si  le  temps  est  chaud  ,  ils  aban¬ 
donnent  le  nid. 

Ainsi  que  l’indique  son  nom,-  cette  Grive  a  une  voix 


222 


très  étendue,  très  variée  et  des  plus  agréables.  Le  mâle, 
perché  au  haut  d’un  arbre ,  chante  pendant  l’incuba¬ 
tion  ,  et  comme  cette  espèce  se  reproduit  de  bonne 
heure,  et  fait  plusieurs  nichées,  on  l’entend  tout  l’été. 

En  captivité,  sa  voix  conserve  toute  sa  fraîcheur  et 
tout  son  moelleux.  Mais  c’est  surtout  quand  l’oiseau 
entend  ou  voit  un  individu  de  son  espèce  ,  qull  se 
pique  et  redouble  d’efforts  pour  effacer  son  rival.  Les 
amateurs  mettent  à  profit  ce  sentiment  d'émulation,  et 
placent  une  petite  glace  à  l’un  des  bouts  de  la  cage. 
L'oiseau  s’anime  alors  à  la  vue  de  son  image  ,  s’excite 
lui-même,  et  déploie  toutes  les  ressources  de  son  riche 
gosier.' 

La  Grive  musicienne  émigre  du  Nord,  par  bandes 
moins  nombreuses  et  moins  serrées  que  quelques-unes 
de  ses  congénères.  Elle  arrive  aux  premiers  froids  et 
se  répand  ,  en  poussant  un  petit  cri  sec  ,  dans  les  ver¬ 
gers  et  dans  les  champs  plantés  de  carottes  et  de  choux, 
où  elle  détruit  une  grande  quantité  de  limaces.  On  a 
remarqué  que ,  quand  elle  trouve  un  escargot ,  elle 
court  en  briser  la  coquille  sur  une  pierre  pour  ’se  re¬ 
paître  de  la  partie  molle.  La  plupart  poussent  leurs 
migrations  plus  au  Midi.  Cependant,  il  en  reste  tout 
l’hiver  quelques-unes  dans  nos  localités.  Nous  pensons 
que  ce  sont  celles  qui  s’y  sont  reproduites,  ou  qui  y 
sont  nées. 

C’est,  de  toutes  les  espèces  de  Grives,  celle  dont  la 
chair  est  la  plus  délicate  et  la  plus  recherchée» 

94.  Gtrive  Draine.  —  Turdus  viscivorus  (Linné). 

Synonymie  :  Grosse  Grive;  Grive. 

Taille  ;  environ  30  centimètres. 


i 


/ 


--  223  - 

Description  :  Mâle  :  parties  supérieures  d’un  cendré 
roussâtre,  plus  clair  au  croupion  ;  parties  inférieurés 
chamois  clair,  avec  une  grande  quantité  de  taches 
noires,  assez  petites  à  la  gorge,  plus  étendues,  ovalaires 
ou  lancéolées  à  la  poitrine,  et  allongées  aux  sous-cau¬ 
dales  ;  petites  couvertures  alaires  terminées  de  blanc; 
grandes  couvertures  et  rémiges  comme  le  manteau  , 
mais  liserées  de  cendré  roux  ;  les  trois  rectrices  laté¬ 
rales  légèrement  frangées  de  blanc  à  leur  extrémité  ; 
bec  brun ,  jaune  à  la  base  ;  pieds  roux  clair  ;  iris  brun 
noir. 

Femelle  :  semblable  au  mâle,  dont  elle  ne  diffère  que 
par  une  teinte  plus  foncée,  aux  parties  inférieures,  avec 
des  taches  d’un  noir  moins  prononcé. 

Jeunes  :  plumes  du  manteau  bordées  et  tachées  de 
jaunâtre. 

Moins  commune  que  la  Grive  musicienne,  la  Draine 
n’est  cependant  pas  rare  dans  notre  département,  où  elle 
estsédentaire.  Ellecouve  de  bonne  heure,  établitson  nid 
aux  enfourchures  des  arbres,  dans  les  sapins,  dans  les 
poiriers,  etc  ,  et  le  compose  artistement  de  bûchettes, 
de  mousse  et  de  lichens;  elle  le  garnit,  à  l’intérieur, 
de  matières  plus  molles,  telles  que  Unes  radicules  et 
tiges  d’herbes,  recouvrant  une  légère  couche  de  terre 
gâchée.  Sa  ponte  est  le  plus  souvent  de  5  œufs  d’un 
blanc  cendré,  avec  des  taches  Touge  brique,  assez  nom¬ 
breuses,  surtoubau  gros  bout.  Grand  diamètre,  30 mil- 
♦ 

limètres  ;  petit  diamètre,  22  millimètres 

Cette  espèce,  couvantde  très  bonne  heure, commence  à 
chanter  au  milieu  des  rigueurs  de  l’hiver;  sa  voix  forte 
et  flûtée  a  peu  d’étendue  ;  son  chant  est  peu  varié  ;  il  a 
cependant  un  certain  charme,  il  plaît  par  sa  simplicité 


même,  et  peut-être  aussi  parce  qu’il  annonce  des  temps 
meilleurs. 

La  Draine  est  la  moins  sociable  de  toutes  les  Grives  ; 
aussi  amie  de  l’isolement  que  le  Merle,  elle  est  d’un 
caractère  hargneux  et  acariâtre ,  et  sans  cesse  en  guerre 
avec  ses  semblables  et  les  espèces  voisines.  Elle  fait 
entendre  un  cri  entrecoupé  et  saccadé,  auquel  elle  doit, 
selon  nous,  son  nom  Draine,  qui  ne  serait  alors  qu’une 
onomatopée. 

Quant  au  nom  latin  viscivorus,  de  viscum^  gui,  et  vo- 
rare,  dévorer,  il  indique  le  régime  préféré  de  l’oiseau. 
Ce  goût  pour  le  fruit  du  gui  a  bien  son  inconvénient  ; 
les  semences  expulsées  par  l’oiseau,  avant  d'être  alté¬ 
rées  par  la  digestion,  adhèrent  aux  écorces  rugueuses  ; 
et  n’ayant  rien  perdu  de  leur  puissance  germinatrice, 
elles  produisent  des  plantes  nouvelles  qui  vivent  aux 
dépens  des  arbres. 

Cette  espèce  est  très  attachée  à  son  nid  et  le  défend 
avec  un  grand  courage  contre  les  Pies,  les  Geais,  et  mêra  e 
les  Eperviers.  Insociables  en  toute  circonstance,  les 

Draines  se  réunissent  alors  contre  l’ennemi  commun. 

• 

95.  Grive  Mauvis.  —  Turdus  iliacus  (Linné). 

Synonymie  :  Grive  de  vigne  ;  Grive  du  Nord  ;  Claque, 
Claquette, 

Taille  :  environ  22  centimètres. 

Description:  Mâle  ;  parties  supérieures  et  joues  d’un 
olive  plus  rembruni,  que  chez  les  précédentes  ;  une 
large  raie  sourcilière,  et  parties  inférieures  d’un  blanc 
presque  pur,  lavé  de  roussâtre  aux  cotés  du  cou  et  à  la 
poitrine,  et  marqué,  à  ces  deux  dernières  parties,  de 


-  225  — 


taches  allongées  brun  noir;  dessous  des  ailes  et 
flancs  d’un  roux  ardent  ;  rémiges  et  rectrices  comme  le 
manteau  ;  bec  brun  en  dessus,  jaunâtre  en  dessous  et  à 
la  base  ;  pieds  plombés  ;  iris  brun  noir. 

Femelle  ;  elle  diffère  du  mâle  par  la  raie  sourcilière, 
moins  claire  et  plus  étroite,  et  par  le  roux  des  flancs, 
qui  est  moins  vif;  elle  a  également  les  moucbetures  in¬ 
férieures  plus  étendues  et  plus  rembrunies. 

Nota.  —  Degland ,  par  une  erreur  typographique 

peut-être,  indique  pour  la  femelle  la  bande  sourcilière 

moins  rousse,  et  il  la  marque  blanche  pour  le  mâle  (1).  Il 

y  a évideqiment  contradiction.  Nous  avons,  l’année  der- 

» 

nière,  examiné  plusieurs  sujets  dont  le  sexe  était  bien 
déterminé,  et  nous  avons  toujours  trouvé  la  diffé¬ 
rence  que  nous  exprimons  ici.  Il  n’est  guère  possible 
que  nous  soyons  constamment  tombé  sur  des  excep¬ 
tions. 

I 

Degland  indique  une  variété  isabelle,  etune  presque 
blanche.  Nous  avons  vu  eu  1865,  sans  pouvoir  le  tirer, 
au  marais  de  Saint-Georges,  un  individu  de  cette  xler- 
nière  couleur. 

Cette  espèce  habite  le  nord  de  l’Europe  et  de  la  Sibé¬ 
rie,  où  elle  se  reproduit.  Elle  arrive  dans  nos  pays  vers 
la  mi-novembre,  par  bandes  plus  ou  moins  nombreuses, 
selon  la  rigueur  de  la  température.  Elle  a  alors  un  cri 
d’appel  ou  de  détresse  prolongé  et  très  aigu,  et  un 
autre  plus  grave,  plus  sonore  et  presque  aussi  désa¬ 
gréable,  auquel  elle  doit  le  nom  de  Claque,  qu’on  lui 
donne  dans  nos  localités.  Son  chant  d’amom,  si  Ton 

M)  Ornilliol.  ('urop.,  t.  1“',  p.  47.3  ol  474. 

15 


22G  — 


en  peut  juger  par  quelques  ébauches,  qu’elle  fait  en¬ 
tendre  au  printemps,  avant  son  départ,  manque  éga¬ 
lement  de  douceur.  C’est  un  assemblage  de  notes 
aigres  et  criardes  ;  et  nous  doutons  fort  que,  quelques 
modifications  que  l’ardeur  du  désir  lui  fasse  appor¬ 
ter  à  de  tels  éléments,  elle  en  puisse  jamais  composer 
un  chant  quelque  peu  harmonieux,  ou  même  sup¬ 
portable. 

A  son  arrivée  dans  nos  climats,  elle  se  cantonne 
dans  les  vergers,  dans  les  bois 'ou  dans  les  champs,  où 
elle  court  avec  une  grande  légèreté.  En  temps  de  neige, 
elle  cherche  sa  nourriture  dans  les  bois  et  les  futaies  ; 
elle  retourne  et  éparpille  les  feuilles,  pour  découvrir  les 
insectes  qui  s’y  cachent  ;  elle  s’attaque  également  aux 
b  ai  63 . 

Naturellement  farouche  et  défiante,  elle  ne  se  laisse 
approcher  que  dans  les  grands  froids,  et  quand  la  faim 
la  presse. 

Nous  ne  pensons  point  que  son  nom  spécifique  Ilia- 
eus  ait  pour  racine  Iliumy  Troie,  comme  on  l’a  avancé. 
Le  Mau  vis  étant  une  espèce  boréale,  ne  fait  que  des  ap¬ 
paritions  sur  les  côtes  de  l’Anatolie.  Nous  pensons 
plutôt  qu’il  dérive  du  grec  /a/c^s-,  inus. ,  pour  iKhctç, 
grive,  lacet ,  et  par  suite  ,  grive  qui  se  prend  au  lacet. 
Le  Mauvis  est  en  elfet,  de  toutes  les  grives,  celle  qu’on 
prend  le  plus  communément  à  cet  engin.  ^ 

Quant  au  inot  Mauvis,  il  vient  évidemment  de  Mala 
avis,  oiseau  malfaisant,  ainsi  nommé  par  les  vigne¬ 
rons  pour  les  dégâts  qu’il  fait  dans  les  vignes,  d’où  son 
nom  Grive  de  vignes.  11  pai'aît  que  le  raisin  produit 
souvent  sur  lui  l’effet  qu’en  éprouva  notre  grand-père 
Noé,  ce  qui  a  donné  naissance  au  proverbe. 


I 


I 


96.  Grive  liUoriic.  — Turdus  Pilaris  (Linné). 

Synonymie  :  Litorne  ;  Tourclelle;  Gouepe. 

Taille  ;  environ  27  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  tête  et  cou  d’un  cendré  bleuâtre, 
avec  de  petites  taches  noires  au  centre  des  plumes,  sur¬ 
tout  au  vertex  ;  manteaubrun  marron,  fortement  nuancé 
de  noir  ;  raie  sourcilière  peu  marquée  ;  cou  et  poi¬ 
trine  d’un  roux  jaunâtre,  avec  des  taches  noires  allon¬ 
gées  au  cou,  plus  étendues  et  lancéolées  aux  côtés  de  la 
poitrine;  abdomen  d’un  blanc  pur;  flancs  fortement 
marqués  de  noir;  rémiges  et  rectrices  noires,  les  der¬ 
nières  frangées  de  cendré  ;  bec  jaune,  noir  â  la  pointe  ; 
pieds  et  iris  bruns. 

Cette  description  ,  prise  sur  un  sujet  que  nous 
avons  abattu  le  5  mai,  est  celle  de  l’oiseau  en  été.  En 
hiver,  il  est  moins  foncé  dans  toutes  ses  teintes. 

Femelle  :  plus  pâle  aux  parties  inférieures,  surtout 
â  la  gorge  ;  le  cendré  de  la  tête  et  le  brun  du  manteau 
moins  tranchés.  ^ 

Nous  ne  connaissons  pas  la  livrée  des  jeunes  en  pre¬ 
mier  plumage. 

Cette  espèce,  également  des  régions  boréales,  est 
dans  nos  localités  de  passage  â  peu  près  régulier,  mais 
variant  pour  le  nombre  des  individus.  Elle  opère  ses 
'  migrations  plus  tard  que  le  Mauvis,  et  ne  repart  qu’a- 
près  les  dernières  gelées  ;  d’où  cette  opinion  que  :  tant 
qu’on  entend  la  Litorne,  l’hiver  n’est  point  passé. 

Cette  grive  est  très  vorace  ;  et,  comme  elle  voyage 
par  bandes  nombreuses,  elle  absorbe,  en  peu  de  jours, 
toutes  les  baies  de  la  contrée.  Malgré  cet  appétit,  elle 
est  moins  giasse  que  ses  congénères.  Sa  chair,  plus 


~  228 


noire  et  moins  savoureuse,  a  encore  un  goût  d’amer¬ 
tume  bien  prononcé  ;  de  là  vient  son  nom  Litorne, 
de  A/Toj-,  vil,  et  oiseau.  Son  nom  latin,  Pi/arü, 
vient-il  de  piluiriy  poil?  et  indiquerait-il  les  nombreuses 
soies  qui  garnissent  la  base  du  bec  de  cette  espèce?  ou 
depilare,  piller,  ravager,  faisant  de  son  avidité  un  ca¬ 
ractère  distinctif?  Nous  laissons  à  de  plus  habiles  le  soin 
de  prononcer  ;  qu’il  nous  suffise  d’indiquer  les  étymo¬ 
logies  en  faveur.  On  trouve  également  pilaiàs,  qui  con¬ 
cerne  la  paume.  Nous  ne  voyons  pas  quels  rapports 
pourraient  exister  entre  cette  grive  et  une  balle  à 
jouer. 

Ces  oiseaux  apparaissent  rarement  isolés  ;  ils  ont 
très  développé  un  des  caractères  des  espèces  sociables, 
l’habitude  de  se  rappeler  sans  cesse,  en  poussant  un 
cri  un  peu  glapissant.  Ils  sont  indolents,  criards  et  vo¬ 
races,  trois  caractères  qui  paraissent  justifier  le  nom 
de  Gouêpes^  qu’on  leur  donne  dans  notre  localité,  pour 
marquer  sans  doute  leur  analogie  avec  une  classe 
d'hommes  peu  honorables,  et  bien  connus  de  la  police. 

97.  Grive  à  plastron.  —  Turdiis  Torquatus 
(Linné). 

Synonymie  :  Merle  à  plastron  ;  Merle  à  collier. 

Taille  :  environ  28  centimètres. 

Description  :  Male  au  printemps  :  parties  supérieures 
d’un  noir  enfumé,  assez  uniforme  ;  parties  inférieures 
plus  cendrées,  avec  un  liseré  blanc  sur  le  bord  de 
chaque  plume  ;  un  large  plastron  d’un  blanc  presque 
pur  au  haut  de  la  poitrine;  ailes  et  rectrices  sembla¬ 
bles  au  manteau  ,  avec  les  couvertures  alaires  et  les 


t 


—  229  — 


« 


rémiges  liserées  de  c,endré  pâle;  bec  jaunâtre  ;  pieds 
de  même  couleur  ;  iris  noisette. 

Mâle  en  automne  :  plumes  des  parties  supérieures 
frangées  de  blanchâtre  ;  plastron  lavé  de  roux  ;  bec 
brun. 

Femelle  :  d’un  noir  plus  roux,  avec  les  plumes  fran¬ 
gées  de  roussâtre  ;  plastron  peu  apparent,  d’un  blanc 
fortement  nuancé  de  gris  rou|^. 

Jeunes  :  assez  semblables  à  la  femelle  ;  de  taille  plus 
petite,  avec  le  plastron  plus  étroit. 

On  trouve  des  variétés  tapirées  de  blanc,  d’autres 
presque  entièrement  blanches. 

La  Grive  à  plastron  est  de  double  passage  dans  notre 
département  ;  elle  s’y  montre  plus  souvent  au  prin¬ 
temps,  quoiqu’elle  fi’y  apparaisse  point  tous  les  ans. 
Elle  arrive  en  petites  bandes  vers  la  mi-avril,  et  sé¬ 
journe  une  quinzaine  de  jours  dans  nos  contrées.  On 
la  trouve  alors,  surtout  le  matin  et  le  soir,  dans  les 
endroits  où  croissent  les  lierres,  dont  elle  mange  les 
baies  avec  beaucoup  d’avidité. 

Sa  chair,  savoureuse  et  parfumée,  le  dispute  à  celle 
des  meilleures  espèces,  et  ne  le  cède  pas  même  à  celle 
de  la  Caille. 

Cette  Grive  ne  fait  entendre  dans  nos  contrées  qu’un 
cri  assez  doux,  un  petit  gazouillement  qui  ne  doit  pas 
être  son  chant  d’amour.  Elle  couve  plus  tard  que  ses  ■ 
congénères,  puisqu’elle  ne  regagne  sa  résidence  que 
dans  le  courant  de  mai,  alors  que  plusieurs  espèces 
vaquent  déjà  aux  soins  d’une  seconde  nichée.  On  nous 
a  assuré  qu’elle  se  reproduit  quelquefois  dans  notre 
pays;  mais  le  fait,  bien  que  possible,  nous  paraît 
contestable.  Elle  couve  dans  les  montagnes,  celles 


—  230  - 

de  la  Suisse  par  exemple ,  d’où  nous  avons  reçu  son  ^ 
œuf. 

Ces  oiseaux  sont  moins  défiants  ,  moins  timides  que 
leurs  congénères,  et  se  laissent,  en  général,  approcher 
de  fort  près. 

98.  Grrîve  Merle.  —  TurdusMerula  (Linné). 

Synonymie  :  Merle  noir  ;  Merle  commun  ;  Merle 
à  bec  jaune.  ^ 

Taille  :  environ  27  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  entièrement  d’un  noir  profond  ; 
bec  et  bord  libre  des  paupières  jaune  brillant  ;  pieds  et 
iris  bruns. 

Femelle  :  brun  de  suie,  foncé  en  dessus,  plus  pâle 
en  dessous,  avec  des  mouchetures  plus  sombres  sur  la 
tige  des  plumes  des  parties  inférieures  ;  gorge  gris 
roux  ;  rémiges  et  rectrices  brunes  ;  bec  jaunâtre  chez 
les  vieilles,  brun  dans  les  individus  moins  adultes  ; 
pieds  et  iris  bruns. 

Jeunes  ;  assez  semblables  à  la  femelle,  dont  ils  se 
distinguent .  par  des  marbrures  rousses  au  man¬ 
teau.  Les  jeunes  mâles  sont  d’une  teinte  plus  foncée, 
et  se  reconnaissent  dès  la  première  mue,  leurs  couleurs 
s’assombrissant  à  chaque  changement  de  plumes  :  car, 
dans  cette  espèce,  il  y  a  chez  les  jeunes  plusieurs  mues 
successives. 

Cette  particularité  n'exclut  point,  pour  l’espèce,  un 
caractère  que  nous  avons  indiqué  comme  commun  à  la 
Famille  :  la  mue  simple.  Cette  expression,  consacrée  en 
ornithologie,  s’applique  aux  espèces  qui  ne  perdent 
point  leurs  plumes  au  printemps. 

Les  variétés  du  Merle  ne  sont  pas  très  rares.  Degland 


N 


—  231 


en  cite  une  gris  de  lin  et  une  isabelle.  J’ai  vuàParis  un 
individu  d’un  blanc  pur  *,  et  l’on  a  tùé  l’année  dernière 
dans  notre  département  deux  variétés  perdues  pour 
l’ornithologie  :  l’une  noire  tapirée  de  blanc,  l’autre 
cendrée  avec  des  raies  longitudinales  plus  foncées  aux 
parties  inférieures  ;  les  deux  individus  avec  le  bec  jaune. 

Le  Merle  noir,  très  commun  et  sédentaire  dans  notre 
département,  niche  près  de  terre,  dans  les  buissons, 
dans  les  arbres  verts,  contre  les  mars,  dans  les  espa¬ 
liers,  dans  les  lierres  etc.,  et  construit  un  nid  volumi¬ 
neux,  composé  à  l’extérieur  de  brindilles  et  de  mousse, 
reliées  par  une  couche  de  terre,  le  tout  recouvert  et 

matelassé  intérieurement  de  fines  racines  et  d’herbes. 

% 

Sa  ponte  est  de  4  à  6  œufs,  d’un  bleu  pâle  légèrement 
verdâtre,  mouchetés  de  petites  taches  souvent  confuses, 
d’un  roux  de  rouille  •  Grand  diamètre,  environ  28  mil¬ 
limètres  ;  petit  diamètre,  21  millimètres. 

Cette  espèce  couve  de  très  bonne  heure,  quelque¬ 
fois  dès  la  fin  de  février.  Les  produits  des  premières 
nichées  sont  les  plus  estimés  des  amateurs,  qui  prisent 
surtout  les  merles  de  mars. 

Les  Merles  sont  des  oiseaux  inquiets,  turbulents, 

•  { 

aux  mouvements  brusques  et  saccadés  ,  ayant  des  fré¬ 
tillements  continuels  dans  les  ailes  et  la  queue.  Ce  sont 
les  moins  sociables  du  genre  ;  ce  sont  aussi  les  plus 
marcheurs.  On  les  trouve  souvent  à  terre  et  isolés, 
dans  les  parties  basses  et  humides  des  bois,  des  ver¬ 
gers 'et  des  fermes,  retournant  les  feuilles  sèches,  et 
cherchant  les  vers,  dans  la  terre  engraissée  et  friable 
qu’elles  recouvrent.  Ils  se  nourrissent  aussi  de  baies, 
surtout  de  raisins. 

Ces  oiseaux  ayant  la  vue  pénétrante,  passent  pour 


à 


—  232  — 

être  très  fins  ;  nous  croyons  qu’ils  sont  plus  timides 
que  rusés,  plus  inquiets  que  défiants  ;  car,  s’ils  fuient 
de  fort  loin  à  l’approche  du  chasseur,  ils  donnent  tête 
baissée  dans  tous  les  pièges,  pourvu  que  la  main  qui 
les  tend  sache  se  rendre  invisible. 

Leur  chant  naturel,  flùté  et  moëlleux,  est  peu  va¬ 
rié,  et  devient  insipide  par  sa  monotonie.  lis  ent  un 
organe  plein  de  douceur  et  de  flexibilité,  mais  qui  a 
besoin  du  secours  de  l’art.  Quand  on  a  l’oiseau  captif, 
et  qu’on  se  donne  la  peine  de  lui  siffler  des  airs,  il  les 
retient  facilement,  les  perfectionne,  les  accommode  à 
sa  voix,  qui  acquiert  alors  de  la  souplesse  et  de  l’éten¬ 
due  ;  et  l’oiseau  devient  un  de  nos  plus  aimables  chan¬ 
teurs.  Malheureusement  il  est  sujet  à  des  attaques  de 
goutte  et  d’épilepsie.  Il  tombe  à  la  moindre  alerte,  et 
souvent  pour  ne  plus  se  relever. 

Le  Merle  a,  comme  le  Geai,  une  antipathie  marquée 
pour  le  Renard.  Quand  un  de  ces  c’arnassiers  s’aven¬ 
ture  de  jour  dans  les  bois,  le  Merle  le  poursuit  cà  de 
grandes  distances,  en  poussant  son  cri  de  détresse  qui 
s’entend  de  fort  loin  ;  il  voltige  autour  de  lui  et  le  har¬ 
cèle  si  bien,  qu’il  l’oblige  à  se  terrer.  Il  s’attaque  de 
même  aux  Hiboux  et  aux  Buses.  » 

Son  nom,  Merula^  d’où  par  abréviation  I/eWa ,  Merle, 
paraît  avoir  pour  racine  merus,  pur,  et  indiquer  la  cou¬ 
leur  uniforme  de  son  plumage,  par  opposition  aux 
mouchetures  de  ses  congénères.  Sa  couleur  noire  est 
si  profonde ,  que  les  Anglais  l’appellent  Black  bird, 
oiseau  noir  par  excellence. 

Sa  chair,  bien  que  brune,  et  moins  délicate  que 
celle  de  la  Grive  musicienne,  est  encore  bonne  et  suc¬ 
culente. 


233  — 


2®  Genre  Traquet. —  Saxicola. 

Caractères  du  genre  :  Ceux  de  la  Famille  ;  bec  faible, 
droit,  très  fendu,  échancré  et  courbé  àlapointe;  narines 
ovales,  membraneuses  ;  tarses  longs,  grêles,  compri¬ 
més  ;  ailes  allongées  ou  moyennes,  atteignant  en  gé¬ 
néral  le  milieu  de  la  queue,  qui  est  de  longueur'mé- 
diocre,  carrée  ou  arrondie. 

On  retrouve  dans  les  Traquets  le  régime,  les  carac- 

« 

tères  zoologiques,  et  une  partie  des  habitudes  des  Tur- 
dinés.  Ils  en  diffèrent  par  la  taille,  Tinsociabilité  et  le 
mode  de  nidification ,  caractères  secondaires  qui  nous 
paraissent  suffire  à  justifier  une  coupe  générique,  et 
non  à  constituer  une  famille.  Ils  se  lient  de  plus  aux 
Grives  par  deux  genres,  dont  nous  n’avons  pas  à  nous 
occuper,  et  que  nous  ne  citons  que  pour  faire  mieux 
saisir  les  rapports  de  similitude  qui  existent  entre  ces 
espèces,  et,  par  suite,  la  convenance  d’une  fusion  en 
une  seule  famille.  La  différence  de  taille  même  se  trouve 
effacée  par  ces  deux  genres,  le  Turdoïde  et  le  Pétro- 
cincle,  véritables  termes  moyens  entre  les  membres 
extrêmes  de  la  famille  des  Turdinés. 

Les  Traquets  ont  quelquefois  été  séparés  générique- 

f 

ment.  Les  caractères  zoologiques  et  le  régime  ne  permet¬ 
tent  guère  cette  division,  qui  n’aurait  pour  raison  d’être 
qu’une  différence  dans  l’habitat  et  la  coloration,  par¬ 
ticularités  auxquelles,  comme  nous  l’avons  dit  plu¬ 
sieurs  fois  déjà,  les  naturalistes  n’attachent  pas  une 
grande  valeur  scientifique.  Nous  réunissons  donc  en 
un  seul,  le  genre  Saxicola  et  le  genre  Pratincola. 

Ce  genre  se  compose  d’espèces  remuantes,  vives. 


y 


—  234  — 

alertes,  voletant  et  courant  sans  cesse,  ne  disparaissant 
iininstant,  que  pour  se  montrer  quelques  pas  plus  loin, 
sur  un  point  culminant,  le  sommet  d’une  motte  ou 
l’extrémité  d’une  branche,  agitant  les  ailes  et  la  queue 
et  poussant,  le  Rubicole  surtout,  un  petit  cri  sec  et  fati¬ 
gant.  Ces  brusques  mouvements,  accompagnés  de  l’iné¬ 
vitable  trac  trac  y  tac  tac  y  ressemblent  assez  au  bruit  que 
produit  la  secousse  imprimée  à  la  trémie  d’un  moulin, 
par  le  déplacement  du  traque t  ou  claquet.  De  là 
le  nom  de  l’appareil ,  ou  celui  des  oiseaux.  Ces  der¬ 
niers  ayant  existé  avant  les  moulins,  nous  serions 
porté  à  trouver  en  eux  la  racine,  comme  l’instrument 
appelé  crécelle,  doit  sa  dénomination  au' Faucon  de  ce 
nom.  * 

Quant  au  mot  Saxicola,  composé  de  saxumy  rocher, 
et  de  coloy  j’habite,  il  désigne  bien  les  habitudes  de  cer¬ 
taines  espèces,  qui  recherchent  les  lieux  arides  et 
rocailleux. 

Les  Traquets,  le  Motteux  surtout,  acquièrent  beau¬ 
coup  de  graisse  vers  la  fin  de  l’été  ;  leur  chair  est  ex¬ 
quise,  et  bien  souvent  on  les  sert  pour  des  Ortolans. 
Sur  les  côtes  de  Sussex  (Angleterre),  les  bergers  en 
prennent  chaque  année  des  quantités  considérables 
dont  on  fait  des  brochettes,  et  «  c’est  un  mets  si  exquis, 
ajoute  l’auteur  de  ce  détail,  qu'on  pardonne  bientôt 
«  aux  bergers  leur  barbarie  annuelle .  » 

Les  Traquets  sont  baccivores  et  insectivores.  Ils  ni¬ 
chent  tous  à  terre,  cachent  fort  bien  leurs  nids,  et  pon¬ 
dent  des  œufs  azurés  Leur  mue  est  simple  etruptile  ; 
le  plumage  des  sexes  diffère  dans  beaucoup  d’espèces, 
et  les  jeunes  ont  une  livrée  particulière. 

Ce  genre  contient  8  espèces  d’Europe,  dont  G  se  ren- 


« 


235  - 


contrent  en  France  et  3  appartiennent  à  notre  départe¬ 
ment  : 

1®  Traquet  motteux. 

2®  Traquet  Tarier. 

3®  Traquet  rnbicole. 

99.  Traquet  motteux.  —  Saxicola  üEnantlio 
(Meyer  et  Wolf.) 

Synonymie  :  Cul-blanc  ;  Motteux  ;  Vitrée. 

Taille  :  variable  entre  15  et  16  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  parties  supérieures  d’un  beau 
cendré  pâle,  avec  une  large  tache  blanche  au  croupion; 
parties  inférieures  chamois  clair;  une  bande  d’un  noir 

profond  partant  du  bec,  encadre  l’œil,  et  s’étend  sur  le 

« 

méat  auditif;  front,  sourcilset  gorge  d’un  blanc  presque 
pur;  rémiges  noires-;  rectrices  médianes  blanches  â l’o¬ 
rigine,  les  latérales  blanches  dans  les  deux  tiers  de 
leur  longueur,  noires  à  l’extrémité  ;  bec,  pieds  et  iris 
noirs. 

P^emelle  :  plus  petite  que  le  mâle;  parties  supérieures 
\ 

d’un  cendré  lavé  de  roussâtre,  surtout  aux.couvertures 
alaires  ;  la  bande  qui  traverse  l’œil,  d’un  noir  fuligi¬ 
neux  ;  rectrices  bordées  et  terminées  de  grisâtre. 

Jeunes  avant  la  première  mue  :  parties  supéi’ieures 
fortement  nuancées  de  roux  et  de  brun  avec  des  taches 
blanches  sur  la  tige  des  plnines  ;  parties  inférieures 
d’un  roux  très  sombre,  avec  des  mouchetures  brunes. 
Le  Motteux  niche  dans  les  falaises,  dans  les  tas  de 

pierres,  sous  les  motteSj  etc.;  il  compose  son  nid  de 

\ 

paille,  de  mousse,  de  crin  et  de  quelques  plumes; 
sa  ponte  est  de  4  à  6  œufs  d’un  bleu  pâle,  le  pins  souvent 
sans  taches,  quelquefois  üiiement  pointillés  de  roux. 


—  236  - 


\ 


Grand  diamètre,  20  millimètres  ;  petit  diamètre,  14 
millimètres. 

Ce  Traquet  arrive  dans  notre  département  dans 
les  premiers  jours  d’avril,  isolé  ou  par  couples.  Quel- 
([ues-uns  s’y  cantonnent,  d’autres  s’avancent  plus  au 
nord.  Ils  reviennent  en  septembre,  formant  alors  de 
petites  bandes,  mais  peu  serrées,  se  tenant  toujours  à 
distance  ;  c’est  donc  une  espèce  peu  sociable.  Dans  nos 
pays,  il  fréquente  les  lieux  arides  et  découverts,  les  fa¬ 
daises  de  la  mer,  les  prairies  exposées  au  soleil,  les  co¬ 
teaux,  les  bords  des  chemins,  etc.  Il  se  place  sur  une 
motte  ou  sur  une  pierre,  d’où  il  s’élance  en  courant  sur 
quelque  insecte.  Inquiet  et  farouche,  il  s’envole  à  Tap-  . 
proche  du  chasseur,  fuit  de  bas,  et  va  se  poser  sur  une 
éminence  un  peu  plus. éloignée.  Il  pousse  un  petit  cri 
guttural  qui  lui  a  fait  donner  par  onomatopée  le  nom 
de  Vitrée.  Celui  de  Motteux  est  assez  justifié  par  les  ha¬ 
bitudes  que  nous  venons  de  décrire.  Quant  au  mot 
Œnantlic,  il  est  évidemment  composé  de  o/rn,  vigne,  et  de 
etvôoi-,  fleur.  Seraitrce  parce  que  l’oiseau,  qui  a  un  goût 
prononcé  pour  les  raisins,  se  perchant  sur  les  pampres 
verts,  y  produit,  par  ses  vives  couleurs,  un  effet  que 
l’on  compare  à  une  fleur?  L’idée  est  fraîche  et  poé¬ 
tique,  elle  est  de  plus  vraisemblable;  pourquoi  ne  fad- 
mettriohs-nous  pas  ? 

100.  Traqwet  Tarler.  —  Saxicola  rubetra  (Mey. 
et  Wolf.) 

Synonymie  :  Tarier. 

Taille  :  environ  13  centimètres. 

Description:  Mâle  :  parties  supérieures  et  joues  d’un 
brun  noirâtre,  avec  une  large  frange  d’un  gris ‘roux  au 


/ 


237 


bord  des  plumes  ;  sourcils,  gorge,  bas  des  joues,  côtés 
du  cou  et  deux  taches  sur  l’aile  d’un  blanc  pur  ;  devant 
du  cou  et  poitrine  d’un  roux  bai  pâle,  qui  s’étend  .en 
s’effaçant  sur  les  flancs  et  les  côtés  du  ventre  ;  milieu 
du  ventre  et  abdomen  blancs  ;  couvertures  alaires 
noires  ;  rémiges  et  rectrices  brunes,  liserées  de  gris 
roux  ;  ces  dernières  blanches  à  leur  partie  supérieure  ; 
bec  et  pieds  noirs  ;  iris  brun  noir 

Femelle  :  même  disposition  des  couleurs  ;  le  man¬ 
teau  est  moins  foncé,  et  la  frange  des  plumes  plus  pâle; 
les  couleurs  inférieures  effacées  et  lavées  de  grisâtre  ; 
miroir  de  l’aile  plus  étroit  ;  rectrices  médianes  brunes 
dans  toute  leur  étendue. 

Jeunes  en  premier  plumage  :  assez  semblables  à  la 
femelle,  dont  ils  diffèrent  par  des  teintes  moins  fi'an- 
ches,  par  une  nuance  plus  sombre  à  la  poitrine,  et. par 
l’absence  détaché  blanche  aux  ailes. 

Ce Traquet arrive  dans  nos  contrées  dès  les  premiers 
jours  d’avril  ;  il  se  répand  dans  les  prairies,  où  il  fait 
entendre  un  cri  sonore,  mais  triste  et  plaintif.  Son 
chant,  composé  de  quelques  notes  peu  articulées  et 
mal  reliées,  est  dépourvu  de  charmes. 

11  couve  à  terre  ,  dans  les  herbes  ,  sur  le  revers 
d’un  fossé,  au  pied  de  quelque  arbuste,  compose  son 
nid  de  mousse,  d’herbes  et  de  bourre;  et  pond  le  plus 
souvent  cinq  œufs  ,  d’un  blaùc  verdâtre  pâle  et  unico- 
lore.  —  On  trouve  des  variétés  avec  quelques  taches 
rousses.  Grand  diamètre,  environ  17  millimètres  ;  petit 
diamètre,  13- millimètres. 

•  '  Cette  espèce  est  le  type  du  genre  pvalincola^  de  pra- 
turn,  pré,  et  incola^  habitant.  Nous  trouvons  la  désigna¬ 
tion  fort  juste  ;  mais,  comme  nous  l’avons  dit,  les  rap- 


-  238  — 


ports  très  intimes  qu’ont  entre  eux  les  individus  que 
nous  réunissons,  rendent  une  coupe  générique  non 
seiüement  superflue,  mais  encore  irrationnelle  ;  puis¬ 
qu’elle  supposerait  des  disconvenances  qui  n’existent 
pas. 

Son  nom  rubetra  vient  évidemment  du  rubus,  buis¬ 
son,  la  syllabe  finale  tra  n’est  peut-être  qu’une  abré¬ 
viation  de  traquet.  Rubetra  signifierait  alors  :  Traquet 
des  buissons.  L’étymologie  que  l’on  donne  de  Tarier 
nous  paraît  si  impossible,  que  nous  n’osons  la  citer. 
Dans  tous  les  cas  le  nom  latin  manque  de  précision, 
puisqu’il  conviendrait  également  au  liubicole. 

Le  Tarier  repart  en  septembre.  Quoique  commun 
dans  notre  département,  il  y  est  moins  répandu  que  le 
suivant,  que  l’on  rencontre  partout. 

'  101.  Traquet  riiliicole.-  —  Saxicola  rubicola  (Mey. 
et  Wolf). 

Synomjmie  :  Traquet  pâtre;  Ouistrac;  Petit  maré¬ 
chal. 

X 

Taille  :  environ  12  centimètres. 

DescyHption  :  Mâle  :  tête,  gorge  et  devant  du  cou  d’un 
noir  profond  ;  manteau  de  même  couleur  avec  une  lé- 

à 

gère  frange  rousse  au  bord  des  plumes  ;  une  seule  tache 
blanche  sur  l’aile  ;  poitrine  d’un  beau  roux  bai,  plus 
pâle  aux  flancs;  milieu  du  ventre,  et  abdomen  blancs; 
rémiges  noires  frangées  de  roux;  rectrices  d’un  noir 
mat. dans  toute  leur  étendue  ;  bec,  pieds  et  iris  noirs. 

Femelle  :  même  disposition  des  couleurs,  générale¬ 
ment  plus  pâles,  et  plus  frangées  de  gris  brun,  à  la  tête 
et  au  manteau  ;  le  roux  de  la  poitrine  moins  foncé 


I 


239  — 


et  lavé  de  grisâtre;  la  tache  blanche  de  l’aile  moins 
étendue. 

Jeunes  ;  parties  supérieures  brunes,  variées  de  rous- 
sâtre  ;  parties  inférieures  d’un  gris  jaunâtre,  lavé  de 
brun  ;  rémiges  et  rectrices  nuancées  de  gris  roux  ;  gorge 
et  devant  du  cou  de  cette  dernière  couleur. 

Degland  possédait  une  variété  entièrement  blanche;' 
nous  avons  vu  un  individu  fortement  tapiré  de 
blanc. 

Le  Rubicole  quitte  peu  notre  département;  quelques 
couples  y  sont  sédentaires.  Nous  en  voyons  toute  l’an¬ 
née,  au  milieu  même  des  plus  grands  froids,  dans  les 
marais  de  la  Seine.  Us  habitent  les  roseaux  qui  bordent 
les  cours  d’eau. 

Cette  espèce  couve,  comme  ses  congénères,  au  pied 
des  herbes,  sous  une  touffe,  dans  les  racines  d’une  haie, 
d’une  cépée,  dans  les  jeunes  taillis,  etc.  Son  nid,  com- 
posé  comme  ceux  des  précédents,  contient  le  plus  sou¬ 
vent  cinq  œufs,  d’un  bleu  pâle,  marqué  de  taches 
rousses  assez  claires ,  quelquefois  comme  fondues. 
Grand  diamètre,  15  millimètres;  petit  diamètre,  12  à 
13  millimètres. 

Ce  petit  oiseau,  léger,  remuant,  aux  nuances  vives  et 
panachées,  serait  charmant,  s’il  n’assourdissait  par  * 
son  cri  de  détresse  uistrac^  trac,  tac,  tac,  qui  Ta  fait 
surnommer  Ouistrac  ou  Petit  maréchal.  Souvent  il  se 
tient  sur  le  bord  des  chemins,  bordés  de  joncs-marins 
ou  de  ronces  ;  et,  du  plus  loin  qu’il  découvre  un  pas¬ 
sant,  il  arrive  au-devant  de  lui,  le  laisse  approcher,  sՎ 
loigne  de  quelques  pas,  pour  repartir  encore  et  se  re¬ 
poser  à  quelque  distance.  Bientôt  la  femelle  se  joint  â 
lui,  et  le  couple  importun,  devançant  ainsi  le  voyageur, 


I 


—  240  — 


le  harcèle  de  son  cri  sec  et  précipité,  qu’il  répète  en 
volant  comme  au  repos. 

Son  chant  d’amour,  quoique^  maigre  et  aigu,  ne 
manque  pas  d’agrément;  c’est  une  petite  ritournelle 
assez  variée  et  assez  étendue. 

Son  nom  latin,  ruhlcola,  dont  le  français  est  la  traduc¬ 
tion  simple,  vient  de  rubus,  buisson,  et  de  co/o,  j’habite  ; 
il  peint  bien  les  mœurs  de, l’oiseau,  mais  il  le  distingue 
peu  du  précédent.  C’est  que  ces  deux  espèces  sont  si 
semblables,  qu’il  a  fallu  inventer  des  synonymes  pour 
les  désigner. 

Les  Traquets  se  nourrissent  plutôt  d’insectes  que  de 
baies  ;  car  si  le  motteux  fréquente  les  vignes  et  y  pique 
les  raisins,  les  deux  dernières  espèces  chassent  plutôt 
les  insectes  et  les  vermisseaux.  Us  terminent  donc  la 
série  des  baccivores,  et  nous  amènent,  graduellement, 
à  cette  partie  des  Insectivores,  qui  mangent  plus  parti¬ 
culièrement  des  insectes  terrestres,  et  les  cherchent 
1 

surtout  dans  les  endroits  humides  et  marécageux.  Ce 
sont  en  général  des  oiseaux  plus  marcheurs  que  les 
autres  Insectivores. 


SEIZIÈME  FAMILLE. 

HYDROBATINÉS. 

t  ^ 

Caractère  de  la  Famille  :  Bec  médiocie,  arrondi  à  la 
base,  comprimé,  légèrement  denté  à  la  pointe  ,  la  man¬ 
dibule  inférieure  sensiblement  relevée  à  l’extrémité; 
narines  longues,  étroites  et  membraneuses;  ailes 


-  241 


courtes,  bien  qu'aiguës  ;  tarses  raédioci-es,  robustes, 
comme  les  doigts  et  les  ongles;  queue  courte;  corps 
ramassé  ;  plumage  serré  et  dense. 

Les  Hydrobates,  rangés  primitivement  dans  la  fa¬ 
mille  des  Turdinés,  et  par  quelques  auteurs  dans  le 
genre  Merle,  turdus ,  nous  paraissent  en  avoir  été 
distraits  avec  beaucoup  de  raison.  Ils  n’ont  en  eftet  du 
Merle  que  la  coloration  du  plumage,  et  ils  en  diffèrent 
sous  tous  les  autres  rapports. 

Vieillot  a  même,  selon  nous,  rendu  un  véritable 
service  à  la  science,  en  remplaçant  leur  nom  générique 
Cincles,  dénomination  appliquée  à  plusieurs 'autres  es¬ 
pèces,  parcelle  d’Hydrobates  (qui  marche  dans  Teau, 
de  vS'cop,  eau,  et  de  ^ctTï^p,  voyageur).  Cette  nouvelle 
désignation  indique  avec  précision  les  mœurs  et  les 
habitudes  aquatiques  de  ces  oiseaux.  C'est  au  bord 
de  l'eau,  en  effet,  qu’ils  passent  leur  vie  ;  c’est  près 
de  l’eau  qu’ils  nichent  ;  c’est  sous  l’eau  qu’ils  cher¬ 
chent  leur  nourriture,  laquelle  consiste  en  vermis¬ 
seaux,  en  larves  aquatiques,  en  crevettes,  etc.;  et  pour 
les  saisir,  l’oiseau  ne  voltige  pas  à  la  surface,  il  ne  court 
pas  sur  les  berges  ,  il  se  submerge  peu  à  peu,  s'aven¬ 
ture  sous  l’eau,  y  marche,  les  ailes  écartées  du  corps, 
le  bec  di'rigé  vers  le  courant.  Il  gagne  ainsi  le  bord 
opposé,  puis  revient  sur  ses  pas,  toujours  en  marchant 
sur  le  fond,  et  réapparaît  à  l’autre  rive,  sans  peine  et 
sans  efforts,  comme  s’il  ne  changeait  pas  d’élément. 
Son  plumage  épais,  serré  et  enduit  d’une  matière  hui¬ 
leuse,  comme  celui  des  canards,  est  imperméable. 
M.  Hébert,  qui  l’a  observé  de  fort  près,  rapporte  que, 
quand  il  est  sous  l’eau,  il  est  «  comme  revêtu  d’une 
((  couche  d’air  qui  le  rend  In-illant,  comme  certaines 
Ib 


—  242 


«  espèces  de  scarabées  qui  sont  toujours  dans  l’eau  au 
«  milieu  d’une  bulle  d’air.  » 

L’Hydrobate  aime  l’onde  pure  et  limpide,  les  cas¬ 
cades,  les  clairs  ruisseaux  au  lit  pierreux  et  à  la  pente 
douce.  On  comprend  que,  pour  se  livrer  à  ces  exer¬ 
cices,  il  ne  peut  s’accommoder  de  bords  vaseux,  ou 
d’eaux  troubles  et  bourbeuses ,  au  lit  encaissé  et  aux 
bords  escarpés. 

Placé  dans  ces  dernières  circonstances,  l’Hydrobate 
ne  procéderait-il  pas  autrement?  et  ne  serait-ce  pas 
alors  que,  comme  le  prétend  M.  de  la  Frenaye,  il  pas¬ 
serait  entre  deux  eaux,  ou  se  tiendrait,  les  ailes  ou¬ 
vertes,  à  la  surface,  saisissant  les  insectes  de  droite  et 
de  gauclie„  en  se  laissant  aller  à  la  dérive? 

Cette  Famille  contient  un  seul  genre. 


Genre  Hydrobate.  —  Hydrobata. 

Deux  espèces  d’Europe  et  de  France  composent  au¬ 
jourd’hui  ce  genre.  L’une,  l’Hydrobate  ou  Gincle  à 
ventre  noir,  considérée  longtemps  comme  simple  va¬ 
riété  locale,  paraît  définitivement  admise. 

Une  seule  espèce  se  trouve  dans  notre  département, 
c’est  :  l’Hydrobate  à  gorge  blanche. 

102.  BlydroSîat©  à  gor^i-c  B»laiicBie.  — •  Hydrobata 
albicollis  (Vieillot). 

Synonymie  :  Cincle  plongeur,  Merle  d’eau,  Agassière 
à  ventre  l)lanc. 


'faille  :  19  centimètres. 


Description  :  Mâle  :  parties  supérieures  brun  foncé, 
nuancé  de  roux  à  la  tête  et  au  cou,  de  bleaiâtre  au  do.s 
et  aux  scapulaires  ;  paupières,  gorge  et  poitrine  d’un 
blanc  pur  ;  ventre  et  abdomen  brun  roux  ;  ailes  et 
queue  comme  le  manteau  ;  bec  et  pieds  plomblés  ;  iris 
noisette. 

Femelle:  Elle  ne  diffère  du  mâle  que  par  une  teinte 
plus  foncée  aux  parties  supérieures,  et  par  les  dimen¬ 
sions  moins  grandes  du  plastron  blanc. 

Jeunes  :  plumes  des  parties  supérieures  liserées  de 
cendré  blanc,  celles  des  parties  inférieures  blanches, 
liserées  de  brun  et  de  cendré. 

L’Hydrobate  est  très  peu  répandu  dans  notre  dépar¬ 
tement  ;  cependant  il  a  été  observé  plusieurs  fois  à  la 
naissance  de  l’étang  de  Tancarville,  à  l’endroit  où  les 
eaux  passent  sur  le  sol' pierreux  du  chemin.  Il  est 
moins  rare  dans  les  falaises  de  la  mer,  à  Antifer  et  à 
Fécamp,  sur  le  bord  des  ruisseaux  limpides  qui  tom¬ 
bent  des  rochers;  mais  il  est  très  difficile  de  l’y  aller 
chercher.  Cependant  d’intrépides  chasseurs  l’y  ont 
abattu.  Cette  espèce  étant  sédentaire  doit  se  reproduire 
dans  ces  quartiers.  Nous  croyons  donc  bon  de  donner 
une  description  très  sommaire  de  sou  nid  et  de  ses 
œufs. 

Il  couve  sur  le  bord  des  cascades,  dans  les  trous  des 
rochers,  compose  de  mousse  et  d’herbes  un  nid  volu¬ 
mineux,  irrégulier,  et  le  plus  souvent  globuleux,  pré¬ 
sentant  une  seule  entrée  au  côté.  Sa  ponte  est  de 
4  à  G  œufs  un  peu  ventrus,  d’un  blanc  pur.  Grand  dia- 
rnètrë,  25  millimètres  ;  petit  diamètre,  19  millimètres. 

Cet  oiseau  fuit  de  très  loin,  en  poussant  un  cri  aigu, 
assez  semblable  à  celui  du  Martin-Pêcheur;  «  il  a  un 


«  autre  cri  dur,  crépitaut  et  si  peu  sensible  qu’on  le 
«  dirait  intérieur  ;  ce  n’est  que  quand  deux  Gincles  se 
«  poursuivent,  par  suite  d’empiètement  de  l’im  sur  le 
«  terrain  de  l’autre,  qu’on  entend  ce  cri.  »  (M.  Gerbe, 
dans  Degland.) 

Son  chant  d’amour  est  assez  faible,  mais  d’nne 
grande  douceur. 


DIX-SGPTIÈME  FAMILLE. 

ALCÉDINÉS. 

Caractères  de  la  Famille  :  Bec  plus  long  que  la  tête, 
droit,  anguleux,  à  arête  déprimée  sur  la  mandibule 
supérieure  ;  tarses*  très  courts  ;  doigts  soudés  dans 
presque  toute  leur  longueur  ;  corps  gros,  massif,  ra¬ 
massé;  queue  courte,  cunéiforme;  habitudes  rive¬ 
raines. 

Par  leur  régime,  leur  configuration  et  leur  genre  de 
vie,  les  Alcédinés  composent  une  famille  bien  dis¬ 
tincte  et  ti'ès  naturelle.  Tous 'leurs  caractères  zoolo¬ 
giques  les  rapprochent  des  Insectivores;  leur  régime 
seul  semblerait  réclamer  une  autre  place,  sans  toute¬ 
fois  impliquer  une  incompatibilité  avec  l’Ordre,  dans 
lequel  nous  le  rangeons,  à  l’exemple  de  tous  les  na¬ 
turalistes. 

Eu  effet,  les  Martins-Pêcheurs  ne  sont  pas  pisci- 
.vores  seulement.  On  les  rencontre  souvent  dans  nos 
campagnes,  au  bord  des  mares, où  il  n’y  a  point  de 
poissons,  et  où,  par  conséquent,  ils  se  nourrissent 
«l'insectes  aquatiques.  Nous  savons  bien  que  c’est  là 
une  exception  dont  nous  ne  saurions  induire  qu’ils  ne 


/ 


—  245  - 

soient  pas  piscivores  par  préférence  ;  mais  nous  en 
pouvons  conclure  qu’ils  ne  le  sont  pas  exclusivement, 
qu’ils  sont  insectivores  au  moins  par  intervalles,  et 
que,  comme  tels,  ils  peuvent,  sans  inconséquençe,  être 
rangés  dans  l’Ordre  que  nous  décrivons.  Ce  sont  des 
espèces  un  peu  anorm,ales,  il  est  vrai  ;  mais  il  est  assez 
ordinaire  de  trouver,  jetés  vers  la  fin  d’une  série, 
comme  pour  préparer  la  transition,  des  individus  ayant 
des  rapports  avec  le  groupe  qui  va  commencer,  comme 
l’automne  a  des  jours  qui  rappellent  les  chaleurs  de 
Tété,  et  d’autres  qui  préludent  déjà  aux  rigueurs  de 
l’hiver. 

Admirablement  doués  sous  le  rapport  de  la  colora¬ 
tion  du  plumage,  ces  oiseaux  ont  reçu  de  la  nature  une 
forme  lourde  et  disgracieuse  :  un  hec  fort  long,  une 
tête  trop  grosse,  une  queue  écourtée,  un  air  stupide  et 
une  voix  désagréable.  Somme  toute,  nous  croyons 
qu’ici  encore  les  avantages  sont  compensés,  et  que 
chaque  espèce  a  eu  sa  part  de  faveurs  et  de  disgrâces. 

L’éclat  même  du  coloris  est  un  peu  pour  eux  les  bois 
du  cerf,  et  cause  souvent  leur  perte.  Avec  un  plumage 
ordinaire,  en  etfet,  et  leur  chair  exhalant  une  insup¬ 
portable  odeur  de  poisson,  les  Martins-Pêcheurs  n’au¬ 
raient  pas  à  craindre  nos  projectiles;  ils  ont  déjà  bien 
assez  d'ennemis  ! 

Gomme  ils  couvent  le  plus  souvent  dans  les  trous 
des  berges,  les  rats  et  les  crues  des  eaux  font  manquer 
un  grand  nombre  de  nichées;  puis  vient  l’hiver  avec 
ses  rigueurs.  Quelques-uns  meurent  de  faim,  d’autres 
se  trouvent  pris  en  passant  sons  les  glaces,  après  le 
retrait  des  eaux  ;  si  bien  que,  malgré  leur  grande  fé¬ 
condité,  ils  composent  une  famille  très  restreinte. 


Oii  les  trouve  souvent  à  l’aflut,  au  bord  des  eaux 
limpides,  perchés  sur  des  branches  dénudées,  le  cou 
tendu,  l’œil  au  guet,  fondant  sur  leur  proie  avec  la  ra¬ 
pidité  d’une  flèche  :  ils  sont  en  effet  si  prompts  que, 
quand  un  poisson  leur  échappe,  ils  l’ont  ressaisi  avant 
qu’il  ait  touché  l’eau.  Puis  ils  regagnent  leur  obser¬ 
vatoire  ou  la  berge  voisine  avec  leur  proie ,  l’avalent 
entière,  et  rejettent,  comme  les  carnivores,  les  parties 
solides  après  la  digestion. 

Solitaires  et  insociables  comme  les  oiseaux  chas¬ 
seurs,  ils  n’en  ont  point  les  brillantes  allures.  Ce  sont 
des  pêcheurs  patients  et  silencieux,  aussi  jaloux  de 
leurs  limites,  se  partageant  les  cours  d'eau  et  ne  souf¬ 
frant  point  d’empiètements.  «  lis  ont,  dit  Mauduyt,  le 
«  -vol  rapide  et  filé;  mais  ils  ne  parcourent  ordinaire- 
a  ment  que  des  trajets  de  peu  d’étendue.  »  Ils  sont,  en 
effet,  mal  constitués  pour  le  vol  et  doivent,  ainsi  que 
nous  l’avons  dit,  être  considérés  comme  des  oiseaux 
d’embuscade,  et  des  voiliers  de  second  ordre. 

La  Famille  des  Alcédinés  contient,  pour  quelques 
auteurs  modernes,  trois  genres  que  d’autres  réunissent 
en  un  seul.  C’est  beaucoup  de  genres,  en  effet,  pour 
des  espèces  si  peu  nombreuses  et  si  semblables  ;  mais 
notre  département  ne  possédant  qu’une  espèce,  nous 
n’avons  point  à  nous  occuper  de  cette  distinction  gé¬ 
nérique. 


Geîs’ee  Martin-Pècheek  —  Alcedo. 

Caractères  du  genre  :  ceux  de  la  Famille  ;  tarses  très 
courts  et  grêles  ;  4  doigts,  3  en  avant,  1  en  arrière. 

On  a  essayé  diverses  étymologies  du  mot  Alcedo  ;  on 


l’a  fait  dériver  de  c6Âf,  mer,  et  de  gloire  ;  et  de 

cdAr,  mer,  et  de  av^eiv  (inus.),  enfanter.  Ces  deux  combi¬ 
naisons  donneraient  d/c|/do  et  non  i^cedo.  Pourquoi  ne 
pas  chercher  la  racine  dans  £6^$-,  mer,  et  ky.^sqç^  allié, 
marié.  On  aurait  pour  premier  résultat  Alcedo  très  ré¬ 
gulièrement,  et  le  sens  nous  paraîtrait  au  moins  aussi 
satisfaisant.  Alcedo  signifierait  :  oiseau  marié  à  la  mer, 
expression  énergique,  pour  marquer  l’attachement  de 
l’espèce  pour  le  rivage. 

de  genre  ne  comprenant  qu’une  espèce,  à  laquelle 
conviennent  tous  les  caractères  de  la  Famille,  une  plus 
ample  description  générique,  nous  paraît  sans  emploi. 

103.  Martîu-Pèclicur  viilgaîrc —  Alcedo  his- 
pida  (Linné  ) 

Synonymie:  Alcyon,  Saint-Martin,  Martinet-Pê¬ 
cheur. 

Taille  :  16  centimètres,  le  hec  compris. 

Description  :  Mâle  ;  tête,  couvertures  des  ailes  et 
scapulaires  vert  foncé  ;  dos,  croupion  et  sus-caudales, 
mouchetures  à  la  tête  et  aux  ailes,  d’un  beau  bleu  d’a¬ 
zur,  à  reflets  métalliques;  une  bande  roux  vif  part  du 
front,  passe  sous  l’œil,  et  se  termine  par  une  tache 
d’un  blanc  presque  pur  aux  côtés  du  cou  ;  une  seconde 
bande  bleu  brillant  s’étend  de  la  mandibule  inférieure 
'  à  l’insertion  des  ailes,  et  sur  les  côtés  de  la  poitrine  ; 
gorge  blanc  roussâtre  ;  parties  inférieures  d’un  roux 
marron  vif,  plus  pâle  à  fabdomen  ;  ailes  noires  bordées 
de  vert  bleu  ;  rectrices  de  cette  dernière  teinte  ;  bec 

I 

roux  à  la  base,  noir  cà  fextrémité  ;  pieds  rougeâtres; 
i}‘is  brun  foncé. 

Femelle  :  semblable  au  mâle,  avec  une  teinte  ver- 


—  248 


t 


dâtre  sur  la  bande  dorsale  et  une  nuance  un  peu  plus 
sombre  aux  parties  inférieures. 

Jeunes  :  parties  supérieures  d’un  vert  bronzé  ;  bande 
dorsale  plus  étroite  et  plus  pâle  ;  tache  blanche  des 
côtés  du  cou  plus  petite,  blanc  de  la  gorge  moins  pur 
et  plus  étendu  ;  bec  considérablement  plus  court. 

Le  Martin-Pécheur  couve  dans  les  trous  des  berges, 
entre  les  racines  des  arbres  de  rivage,  dans  les  rochers 
et  les  falaises.  Il  creuse  une  galerie  oblique,  assez  pro¬ 
fonde,  et  la  femelle  y  dégorge  quelques  arêtes  qui,  mê¬ 
lées  à  la  poussière  des  parois,  composent  tout  le  nid. 
C’est  là  qu’elle  dépose  de  6  à  8  œufs,  presque  ronds  , 
d’un  blanc  pur  et  lustré.  Grand  diamètre,  21  milli¬ 
mètres;  petit  diamètre,  20  millimètres.  • 

Cette  espèce  est  répandue  dans  toutes  les  prairies,  où 
elle  vit  sédentaire.  .Cependant  elle  y  paraît  plus  nom- 
breuse'en  automne.  Est-ce  le  résultat  de  la  production 
de  l’été?  est-ce  une  conséquence  de  l’arrivée  d’individus 
étrangers?  Nous  n’oserions  rien  affirmer.  Nousincli- 

ê 

nons  néanmoins  pour  la  dernière  hypothèse,  parce 
que  nous  trouvons  naturel  que  les  oiseaux,  habitant  le 
nord,  et  ne  pouvant  plus  vivre  près  des  eaux  glacées  des 
contrées  boréales,  descendent,  en  suivant  les  côtes, 
dans  nos  régions  tempérées  ;  d’autant  pilus  que,  dans 
les  grandes  gelées,  ils  paraissent  également  plus  rares 
dans  nos  localités. 

Nous  ne  connaissons  point  de  chant  d’amour  à  cet 
oiseau,  d’une  humeur  sombre  et  chagrine.  Triste  et 
solitaire,  comme  les  Pics,  il  doit  ignorer  le  doux  lan¬ 
gage  et  les  préludes  du  plaisir.  Il  est  vrai  qu’il  se  fait 
entendre  plus  souvent  au  printemps;  mais  il  répète,  en 
poursuivant  sa  femelle,  ce  mémo  cri  sauvage  qu’il 


I 


« 


9 


—  249  — 


pousse  en-  hiver,  quand  il  pourchasse  les  intrus  qui 
braconnent  dans  ses  eaux,  ou  lorsqu'il  fuit,  en  rasant 
le  sol,  devant  le  chasseur  qui  l’a  surpris. 

Gomme  tous  les  oiseaux  qui,  par  quelques  particula¬ 
rités  de  plumage,  de  conformation  ou  de  mœurs,  ont 
attiré  l’attention  de  riiomme,  le  Martin-Pêcheur  a  été 
l’objet  de  bien  des  récits  merveilleux.  Les  anciens, 
amis  de  l’exagération  ,  entourèrent  son  berceau  des 
prodiges  les  plus  incroyables.  Tout  le  monde  connaît 
les  Jours  alcyoniens,  jours  de  calme  et  de  silence,  où  les 
vents  se  taisaient,  où  les^flots  s’inclinaient  devant  le 
nid  de  l’Alcyon,  flottant  cà  leur  surface.  Les  jours  alcyo- 
niens  ont  passé,  avec  tout  l’attirail  de  la  mythologie; 
et  le  Martin-Pêcheur  a  conservé,  pour  bien  des  pens, 
des  vertus  remarquables.  Ainsi  Ton  croit  encore  que, 
placé  après  sa  mort  dans  une  armoire,  le  Martin- Pé¬ 
cheur  garantit  le  linge  et  les  étoffes  des  teignes  qui  les 
rongent.  Suspendu  librement  par  le  cou  au  plafond,  à 
l’aide  d’un  simple  fil,  il  indique  pour  les  uns  le  pôle 
magnétique ,  pour  d’autres  la  direction  des  vents  ; 
idées  fausses  évidemment,  et  qui  n’ont  pas  besoin  d’être 
réfutées ,  puisqu'elles  se  détruisent  d’elles-mêmes. 
En  effet,  ou  il  varie,  et  il  n’est  plus  dans  le  méridien 
magnétique;  ou  il  est  immobile,  et  iTindi(]ue  plus 
les  variations  atmosphériques.  Comme  préservatif  :  il 
est  dévoré  lui-même  par  les  insectes;  il  ne  peut  donc 
pas  communiquer  une  propriété  qu’il  n’a  pas. 

JVIais  c’est  par  son  plumage  le  plus  brillant  oiseau 
de  nos  conti-ées.  «  11  semble,  dit  Buffon,  que  le  Mar- 
«  tiii-Pêcheur  se  soit  échappé  de  ces  climats  où  le' 

soleil  verse,  avec  les  flots  d'une  lumière  plus  pure, 

«  tous  les  trésors  des  plus  vives  couleurs.  C’est  le  plus 


250  — 


«  bel  oiseau  de  nos  climats,  et  il  n’y  en  a  aucun  en 
((  Europe  qu’on  puisse  lui  comparer  pour  la  netteté, 
«  la  richesse  et  l’éclat  des  couleurs  :  elles  ont  les 
«  nuances  de  l’arc-en-ciel,  le  brillant  de  l’émail,  le 
«  lustre  de  la  soie.  » 

Son  nom  spécifique,  ispida  ou  mieux  hispida^  hérissé, 
vient,  pour  la  plupart  des  naturalistes,  de  la  nature  des 
plumes  du  vertex,  susceptibles  de  se  dresser  en  forme 
de  huppe.  Nous  croirions  plutôt  que  le  nom  a  été 
donné  à  l’espèce  à  cause  de  la  longueur  qu’atteignent, 
chez  les  jeunes,  les  tuyaux  avant  le  développement  des 
plumes  Ces  longues  gaines  pointues  leur  donnent 
tout  à  fait  l’aspect  dé  petits  hérissons. 


DIX-HUITIÈME  FAMILLE. 

UPUPINÉS. 

I 

Caractères  de  la  Famille  :  Bec  X'ius  long  que  la  tête, 
entier,  légèrement  arqué,  trigone  à  la  base,  à  mandi¬ 
bule  supérieure  dépassant  l’inférieure  ;  narines  basales, 
ovalaires,  membraneuses  ;  tarses  courts,  scutellés, 
égalant  le  doigt  médian,  celui-ci  soudé  à  la  base  avec 
l’interne;  ongles  faibles,  celui  du  pouce  presque  droit; 
ailes  longues,  arrondies,  sur-obtuses  ;  queue  carrée, 
composée  de  dix  pennes  ;  deux  rangées  de  plumes  for¬ 
mant  une  huppe  perpendiculaire  au  vertex,  et  que  Toi-’ 

I 

seau  couche  à  volonté'. 

Les  Huppes  ont  des  caractères  zoologiques  qui  ne 
permettent  de  les  confondre  avec  aucune  autre  famille. 
Aussi  ont-elles  été  généralement  séparées.  Mais  si  l’on 
a  été  d’accord  sur  l’établissement  d’une  coupe  en  leur 


—  251 


faveur,  on  ne  l’a  point  été  sur  la  place  à  leur  assigner. 
Quelques  auteurs  les  ont  rapprochées  des  Guêpiers, 
dont  elles  diffèrent  sous  presque  tous  les  rapports.  En 
général,  cependant,  les  naturalistes  modernes  les  clas¬ 
sent  parmi  les  Ténuirostres  marcheurs.  C’est  là  aussi 
qu’elles  doivent  trouver  place  d’après  notre  méthode, 
bien  qu’elle  soit  basée  sur  un  principe  différent. 

Nous  l’avons  dit,  nous  arrivons  aux  oiseaux  qui  vi¬ 
vent  d’insectes  terrestres,  et  qui,  par  conséquent,  doi¬ 
vent  être  bons  marcheurs,  et  nous  y  arrivons  graduel¬ 
lement,  puisque  les  Turdinés  et  les  Hydrobatinés 
offrent  déjà  ce  double  caractère 

Les  Huppes  vivent  presque  toujours  à  terre,  dans  les 
prairies  humides,  où  elles  suivent  les  bestiaux,  fouil¬ 
lant  leurs  excréments,  piquant  les  herbes  et  les  mousses, 
pour  saisir  les  insectes  et  les  larves  qui  s’y  cachent.  On 
les  trouve  en  grande  quantité  en  Égypte,  suivant  le 
retrait  des  eaux  du  Nil,  pour  dévorer  les  vers,  le  frai 
des  grenouilles,  les  jeunes  grenouilles  elles-mêmes,  qui 
pullulent  dans  le  limon. 

La  nature,  en  leur  donnant  ces  habitudes  terrestres, 
a  dû  les  conformer  pour  l’emploi  ;  aussi  ont-elles  les 
pieds  des  bons  marcheurs,  et  trouve-t-on  déjà,  dans 
leurs  doigts  et  dans  l’ongle  du  pouce,  des  analogies 
bien  marquées,  avec  ceux  des  Bergeronnettes  et  des 
Pi[)its. 

Cette  Famille  contient  un  seul  genre. 


Genhe  Huppe.  —  Upupa. 

Son  nom  latin  est  une  onomatopée  tirée  de  son  cri 
Onp-oup.  En  effet,  en  rendant  à  ïii  sa  prononciation 


252 


primitive,  nous  avons  oupoupa,  c’est-à-dire  le  cri  de 
l’oisean,  plus  la  terminaison  latine.  Le  nom  français 
peut  être  considéré  comme  indiquant  et  son  cri  et  la 
magnifique  parure  de  sa  tête.  En  effet,  huppe  et  houppe 
doivent,'  dans  le  principe,  avoir  formé  un  seul  et  même 
mot.  Au  lieu  donc  de  chercher  dans  le  mot  huppe  l'é¬ 
tymologie  du  nom  de  l’oiseau,  ce  serait  à  lui  qu’il  fau¬ 
drait  remonter,  pour  Irouver  la  racine  des  mots  huppe 
et  houppe. 

Le  plumage  est  semblable  dans  les  deux  sexes  ,  et 
la  mue  simple. 

Une  seule  espèce  d’Europe,  de  France  et"  de  notre 
département. 

I 

\ 

104.  Ifiippc  vulg-i)ii*c.  —  Upupa  Epops. 

Synonymie  :  Coq  des  champs;  Puput. 

Taille  :  30  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  tête,  cou,  gorge  d’un  roux  jau¬ 
nâtre,  lavé  de  cendré  à  la  partie  antérieure  du  dos  ; 
partie  postérieure  variée  de  noir  et  de  blanc  cendré; 
une  longue  huppe  se  relevant  en  forme  de  crête,  d’un 
roux  plus  vif,  avec  toutes  les  plumes  terminées  de  noir 
et  quelquefois  de  hlanc  ;  poitrine  cendré  roussâtre  ; 
ventre  blanc,  marqué,  dans  le  sens  des  plumes,  de  ta¬ 
ches  longues  et  étroites,  d’un  noir  brun;  rémiges  pri¬ 
maires  noires  traversées  par  une  bande  d’un  blanc  pur, 
les  autres  rémiges,  et  les  couvertures  alaires  liserées 
de  blanc  jaunâtre,  et  marquées  de  cinq  bandes  trans¬ 
versales  blanches  ;  queue  noire  avec  une  bande  blanche 
en  forme  de  croissant,  dont  la  concavité  est  tournée 


—  253  — 


vers  l’extrémité  des  plumes;  bec,  pieds  et  iris  brun 
noir. 

En  automne,  les  teintes  sont  moins  vives,  et  les 
taches  du  ventre  plus  nombreuses. 

Femelle  :  comme  le  mâle  en  automne  ;  de  taille  un 
peu  plus  petite. 

Jeunes  ;  bec  plus  court  et  moins  courbé  ;  huppe 
moins  haute  ;  couleurs  moins  pures ,  lavées  de  blan¬ 
châtre  à  la  gorge,  et  de  brun  â  la  poitrine. 

Les  Iiu[)pes  arrivent  dans  notre  département  dans  les 
premiers  jours  d’avril,  et  eu  repartent  vers  le  20  sep¬ 
tembre,  après  s’y  être  reproduites.  Elles  couvent  sou¬ 
vent  sur  les  têtes  des  vieux  saules  des  prairies,  au  milieu 
des  détritus  et  des  feuilles  sèches,  quelquefois  dans  les 
arbre?  creux.  Elles  forment  un  nid  très  profond,  où  elles 
déposent  4  ou  5  œufs  oblongs,  unicolores,  variant  pour 
la  teinte,  du  cendré  au  l'oussâtre  et  au  vineux.  Grand 
diamètre,  environ  24  millimètres;  petit  diamètre, 
16  millimètres. 

Les  Huppes,  plus  répandues  dans  les  régions  méri¬ 
dionales,  se  montrent  chaque  année  en  petit  nombre 
dans  nos  localités.  Elles  voyagent  isolément,  et  ne  se 
réunissent  par  couples,  que  dans  le  temps  de  la  repro¬ 
duction.  L’union  ne  survit  pas  au  besoin  qui  l’avait  for¬ 
mée,  et  dès  que  les  jeunes  sont  assez  forts  pour  se  suf¬ 
fire,  la  famille  se  disperse. 

Elles  sont  souvent  à  terre  ;  et,  bien  que  leurs  tarses 
soient  très  courts,  elles  ont  une  démarche  gracieuse,  de 
molles  ondulations  dans  tout  le  corps.  Elles  ne  se  per¬ 
chent  guère  que  pour  dormir  ;  c’est  du  haut  des  arbres 
que,  le  soir,  et  le  matin,  elles  font  entendre  leur  cri, 
puis  elles  gagnent  les  prairies.  Si  parfois,  dans  le  jour. 


elles  s’élèvent  sur  les  branches,  elles  couchent  ou  re¬ 
dressent  alternativement  leur  belle  huppe,  dont  elles 
paraissent  très  hères. 

En  captivité,  ce  bel  oiseau  devient  très  familier,  il 
est  d’une  propreté  remarquable,  qualité  que  nous 
ne  notons  ici,  que  pour  combattre  certain  préjugé 
relatif  à  la  matière  qu’elles  emploient,  pour  la  crépis-’ 
sure  de  leurs  nids.  Que  ces  nids  répandent  une  mau¬ 
vaise  odeur,  nous  ne  le  contestons  pas  ;  mais  cela  est 
dû  à  la  profondeur  du  nid  lui-même,  laquelle  met  les 
parents  dans  l’impossibilité  de  le  débarrasser  des  déjec¬ 
tions  des  jeunes. 

Son  nom  Epops^  composé  de  o^h  voix,  et  de  stt/,  sur, 
marquant  augmentation,  comme  en  français,  désigne 
bien  la  nature  de  sa  voix,  relativement  forte  et  sonore. 


DIX-NEUVIÈME  FAMILLE. 

\ 

MOTACILLINÉS. 

Caractères  de  la  Famille  :  Bec  droit,  minCe,  efhlé,  lé¬ 
gèrement  échancré  à  la  pointe;  narines  nues,  membra¬ 
neuses  ;  doigt  médian  plus  court  que  le  tarse  ou  l’éga¬ 
lant  à  peine,  et  uni  à  la  base  avec  l’externe  ;  ongle  du 
pouce  robuste  et  allongé  ;  queue  ordinaire  ou  longue; 
habitudes  terrestres. 

Telle  que  nous  la  comprenons,  cette  famille  contient 
des  oiseaux  qui  se  nourrissent  principalement  de  larves 
et  de  vers,  et  qui,  par  le  régime,,  succèdent  bien  aux 
Huppes,  dont  nous  venons  de  nous  occuper.  Les  uns 
recherchent  les  endroits  buissonneux,  d’autres  les  lieux 


découverts  ;  ceux-ci  se  liennenl  le  plus  souvent  à  terre  ; 
ceux-là  sont  presque  toujours  perchés,  mais  Toeil  fixé  sur 
le  sol  et  tout  prêts  à  s’élancer,  dès  qu’un  insecte  aura 
paru.  Ils  saisissent  leur  proie,  courent  quelques  pas,  et 
regagnent  bien  vite  leur  observatoire.  Leurs  allures 
sont  vives,  légères  et  gracieuses. 

Ils  ont,  en  g  méral,  l’habitude  d’imprimer  à  leur 

t 

queue  un  mouvement  de  haut  en  bas,  plus  ou  moins 
vif,  et  plus  ou  moins  régulier,  d’où  leur  nom  Motacilli- 
nés  de  moveo,  motum,  remuer,  et  de  cilleo,  même  signi¬ 
fication  . 

Ce  sont,  à  quelques  exceptions  près,  des  espèces  con¬ 
fiantes  et  peu  farouches,  paraissant  plutôt  rechercher 
que  craindre  la  présence  de  l’homme.  Elles  semblent 
comprendre,  en  effet,  que  leurs  services  les  mettent  à 
fabri  de  ses  poursuites,  et  il  faut  convenir  que ,  envers 
elles  au  moins  l’homme  n’est  pas  ingrat,  qu’il  les  ap¬ 
précie,  les  aime  et  respecte  leur  liberté. 

Cette  famille  comprend  pour  nous  trois  genres  : 

1“  Genre  Accenteur. 

2  '  Genre  Rubiette. 

Genre  Bergeronnette. 


1“  Genre  Accenteur.  —  Accentor. 

Caractères  du  genre  :  ceux  de  la  Famille;  bec  légère¬ 
ment  conique,  arrondi,  plus  haut  que  large  à  la  base, 
incliné  à  la  pointe  ;  ailes  moyennes,  sub-obtuses,  à 
penne  bâtarde;  tarses  assez  lobustes,  scutellés,  égalant 


le  doigt  médian  ;  queue  carrée ,  de  moyenne  lon¬ 
gueur. 

Les  Accenteurs  sont  des  oiseaux  sédentaires  et  fami¬ 
liers,  aux  habitudes  solitaires  et  terrestres.  C’est  en  effet 
près  du  sol  qu’ils  nichent,  près  du  sol  qu’ils  chantent, 
sur  le  sol  qu’ils  cherchent  leur  nourriture,  laquelle 
consiste  en  vermisseaux,  enlarveseten  petites  graines, 
caractère  de  transition,  qui  annonce  déjà  la  fin  de 
l’Ordre. 

Ils  ont  été  longtemps  réunis  aux  Sylviinés,  dont  ils 
n’ont  ni  les  mœurs,  ni  le  régime  ni  les  caractères  zoo¬ 
logiques.  Aussi  la  réaction  s’est-elle  faite,  un  peu  exa¬ 
gérée,  comme  toutes  les  réactions;  et  Ton  en  a  fait  une 
famille  particulière  sous  le  nom  de  Accentorinés.  Il 
nous  semble  que  multiplier  ainsi  les  familles,  et  les 
abaisser  à  l’état  de'^enre,  a  bien  son  inconvénient;  ef 
qu’une  coupe  générique  est  suffisante,  pour  classer  ces 
espèces.  Nous  réunissons  donc  les  Accenteurs  aux  Ru- 
biettes  et  aux  Bergeronnettes,  auxquels  ils  ressemblent 
par  l’appétit,  le  genre  de  vie  et  les  habitudes.  Car- soit 
qu’ils  marchent,  soit  qu’ils  chantent,  ils  ont  aussi 
une  sorte  de  frémissement  dans  les  ailes  et  la  queue, 
caractère  particulier  à  la  famille,  et  nouveau  rapport 
avec  les  Motacillinés. 

L’agrément  de  leur  chant  a  été  surfait;-c’est  un  simple 
couplet  de  peu  d’étendue,  maigre  et  un  peu  criard,  qui 
est  loin  de  justifier  le  nom  de  Rossignol  dliivcr^  qu’on 
leur  a  quelquefois  donné,  et  leur  dénomination  géné¬ 
rique  acccntor,  mot  de  basse  latinité,  qui  signifie  chan¬ 
teur. 

Leur  mue  est  simple  ;  le  plumage,  semblable  dans 
les  deux  sexes,  et  peu  différent  dans  les  jeunes. 


257  — 


Trois  espèces  d’Europe,  dont  deux  de  France  et  de 
notre  département  ; 

1“  Accenteur  Mouchet. 

2®  Accenteur  alpin. 

105.  Accenteur  Moucliet.  —  Accentor  modula- 
ris  (Vieillot). 

Synonymie  :  Traîne-buisson  ;  Fauvette  ou  Rossignol 
d’hiver  ;  Brunette. 

4 

Taille  :  environ  14  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  tête  et  cou  cendré  foncé,  marqué 
de  taches  brunes  au  vertex  ;  manteau  roux  fortement 
moucheté  de  brun  ;  région  parotique  brune  avec  des 
raies  blanchâtres;  parties  inférieures  d’un  cendré  lavé' 
de  roux  aux  côtés  de  la  poitrine,  marqué  de  quelques 
taches  brunes  aux  flancs,  et  passant  au  blanchâtre  à 
l’abdomen  ;  sous-caudales  brunes  frangées  de  gris  ; 
rémiges  et  rectrices  brunes  avec  un  liseré  roux  ;  bec 
noir;  pieds  roussâtres;  iris  brun. 

Femelle  :  de  teinte  générale  un  peu  plus  rembrunie; 
le  cendré  de  la  tête  moins  pur,  et  marqué  de  taches 
plus  larges,  au  vertex  et  au  cou. 

Jeunes  :  tête  et  cou  gris  pâle,  tacheté  de  noirâtre  ; 
devant  du  cou  et  poitrine  fortement  lavés  de  roux,  et 
marqués  de  taches  brunes. 

L’Accenteur  Mouchet  est  sédentaire  et  très  com- 

* 

mun  dans  notre  département  ;  il  se  reproduit  dans  les 
buissons  épais,  et  plus  particulièrement  dans  les  haies 
d'épines.  Son  nid,  construit  avec  art,  est  composé  de 
petites  racines  ,  de  mousse  et  de  quelques  herbes, 
et  matelassé  à  l’intérieur  de  bourre  et  de  crins.  Sa 
ponte  est  de  4  à  6  œufs  un  peu  ventrus,  d'un  beau 

17 


l 


---  258  — 

bleu  uiiiibrnie  Grand  diamètre,  environ  18  milli¬ 
mètres;  petit  diamètre,  14  millimètres. 

Cette  espèce  niche  de  très  bonne  heure  ;  nous  en 
avons  vu  couver  au  milieu  des  neiges  tardives,  et  dès 
les  premiers  jours  de  mars. 

Ce  petit  oiseau  vit  solitaire  dans  nos  jardins,  nos 
cours  et  nos  vergers.  Calme  et  silencieux  en  hiver,  il 
pousse  à  peine  quelques  cris  maigres  et  enroués,  et  erre 
de  buisson  en  buisson,  en  cherchant  les  larves,  les  in¬ 
sectes  et  les  petites  graines,  d’où  son  nom  Traîne- 
buisson.  Peu  rusé,  peu  défiant,  il  donne  alors  dans 
tous  les  pièges. 

Au  printemps  le  mâle  devient  plus  ardent  et  plus 
querelleur  ;  il  ne  quitte  plus  sa  femelle,  et  poursuit  à 
outrance  les  importuns,  qui  viennent  troubler  la  paix 
de  son  ménage.  On  le  voit  alors,  perché  au  sommet 
des  buissqns,  entonner  son  chant  d’amour  cadencé, 
mais  grêle  et  strident,  comme  son  cri  d’appel,  et 
peu  en  rapport  avec  le  nom  de  modw/a?ns,  par  lequel  on 
le  désigne,  et  qui  implique,  ce  nous  semble,  une  idée 
de  mélodie  douce  et  harmonieuse. 

On  fait  généralement  dériver  son  nom  Mouchet,  des 
petites  mouches  qu’il  saisit  quelquefois.  Ce  serait  ba¬ 
ser  une  désignation  sur  une  habitude  accidentelle.  / 
Nous  pensons  plutôt  que  cette  dénomination  est  tirée 
des  mouchetures  de  son  manteau ,  comme  celle  de 
Brunette,  qu’on  lui  donne  dans  nos  campagnes,  a  pour 
origine  la  couleur  sombre  et  rembrunie  de  son  plumage. 

106.  AcceiiteMi»  aSpin.  —  Accentor  alpinus 
(Bechstein). 

Synonymie  :  Accenteur  Pégot. 


■  Taille  :  18  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  parties  supérieures  cendré  'rous- 
sâtre,  marquées  de  taches  d’un  brun  noir,  petites  au 
vertex,  peu  apparentes  au  cou,  très-étendues  au  man¬ 
teau,  et  presque  milles  au  croupion;  scapulaires  bor¬ 
dées  de  jaunâtre  ;  couvertures  alaires  cendrées,  termi¬ 
nées  do  noir  et  marquées  de  taches  d’un  blanc  pur,  for¬ 
mant  deux  bandes  sur  l’aile;  rémiges  et  rectrices 
brunes,  avec  les  rémiges  tertiaires,  etlesdeux  rectrices 
latérales,  frangées  de  blanc  à  l’extrémité,  les  autres 
bordées  et  terminées  de  jaunâtre  ;  gorge  blanche,  poin- 
tillée  et  encadrée  de  noir  ;  parties  inférieures  cendré 
jaunâtre,  fortement  marquées  de  roux  aux  côtés  de  la 
poitrine  et  aux  flancs,  et  de  brun  roux  près  des  cau¬ 
dales  ;  bec  brun  en  dessus,  jaune  à  la  base  de  la  man¬ 
dibule  inférieure  ;  pieds  jaunâtres  ;  iris  brun  clair. 

Femelle  :  comme  le  mâle,  avec  des  teintes  moins 
vives. 

L’Accenteur  alpin  habite,  comme  l’indique  son 
nom,  les  Alpes  et  les  montagnes  les  plus  élevées  du 
midi  de  l'Europe,  où  il  se  reproduit.  Il  niche  à  terre, 
et  pond  des  œufs  d’un  bleu  pâle  uniforme,  couleur  qui 
paraît  être  la  nuance  ordinaire  des  œufs  du  genre. 
Grand  diamètre,  19  millimètres;  petit  diamètre, 
14  millimètres. 

C’est  un  oiseau  triste  et  solitaire,  restant  des  heures 
entières  immobile,  perché  sur  une  pierre,  et  se  laissant 
approchera  quelques  pas. 

L’hiver,  quand  tout  est  mort  et  désolé  dans  ces  re¬ 
traites  sauvages,  il  descend  dans  les  plaines,  et  s’aven¬ 
ture  quelquefois  fort  loin  de  son  séjour  habituel.  C’est 
alors  qu’il  se  montre  dans  notre  département;  mais  ses  ' 


—  260 


apparitions  y  sont  rares  et  très  irrégulières.  Nous 
pensons  donc  que  c’est  par  une  erreur  du  signe  con¬ 
ventionnel,  que  notre  honoi  able  collègue  l’a  indiqué 
comme  de  passage  régulier,  dans  les  rochers  d’Ori- 
val.(l). 


2®  Genre  Rubiette. — Erythagus  (Decland). 

Caractères  du  genre  :  Bec  fin,  assez  court,  assez  large 
à  la  base,  échancré  à  la  pointe  ;  narines  elliptiques, 
membraneuses  ;yeux grands,  fixes  :  tarses  longs,  recou¬ 
verts  en  avant  d’une  grande  scutelle  ;  queue  ample, 
légèrement  épanouie  et  carrée. 

Les  Rubiettes,  rangées  primitivement  dans  la  grande 
famille  des  Sylviinés,  en  ont  été  distraites  par  M.  Gerbe, 
qui  lésa  rapprochées  des  Merles,  dont  «  elles  ont  les 
allures,  la  gloutonnerie,  la  vivacité,  le  vol,  le  chant 
flûté,  le  régime,  etc.,  »  tandis  qu’elles  diffèrent  des 
Fauvettes  par  l’appétit,  par  les  mœurs,  et  par  plusieurs 
caractères  zoologiques  :  la  longueur  des  tarses,  la  di¬ 
mension  de  l'ongle  postérieur,  la  grandeur  de  l’œil,  etc. 
Cette  séparation  peut,  à  notre  avis,  compter  parmi  les 
nombreux  services  queM.  Gerbe  a  rendus  àla  science. 

Nous  nous  sommes  donc  empressé  d’adopter  son 
opinion,  et,  en  séparant  les  Rubiettes  des  Sylviinés, 
nous  avons  cru  devoir  les  rapprocher  encore  des  Ber¬ 
geronnettes,  à  cause  des  rapports  de  mœurs,  qui  exis¬ 
tent  entre  ces  dernières  et  quelques  Rubiettes,  parti¬ 
culièrement  les  Gorges-bleues  ,  chez  lesquelles  on 

t 

retrouve  les  habitudes  terrestres,  le  régime  vermivore, 
(1)  Bulletin  (le&  Amis  des  ScAenres  nni.de. lUmen^  1865,  p.  91. 


et  la  démarche  facile,  qui  sont  les  caractères  distinctifs 
de  la  famille  des  Motacillinés. 

Les  oiseaux  qui  composent  ce  genre  sont  inquiets, 
tristes  et  peu  sociables  ;  ils  fréquentent,  en  général, les 
lieux  bas  et  humides,  et  le  voisinage  des  eaux.  Tous 
prennent  à  terre  leur  nourriture,  et  ont  les  attributs  des 
bons  marcheurs. 

Ce  genre,  dont  la  création  est  due  à  G.  Cuvier,  a  été 
augmenté  par  Degland  des  Rossignols  et  des  Calliopes. 
Il  compte,  pour  ce  dernier  aute.ur,  7  espèces  et  une  va- 
riélé  desquelles  on  a  fait  aujourd’hui  presque  autant 
de  genres.  Nous  trouvons,  comme  Degland,  qu’aucun 
caractère  extérieur,  saisissable  et  un  peu  important,  ne 
justifie  ce  démembrement,  qui  dès  lors  n’est  plus 
qu’une  source  de  confusion,  et  nous  maintenons  intact 
le  genre  Rubiette. 

Toutes  les  espèces  qui  le*  composent  portent,  dans 
quelque  partie  de  leur  livrée,  des  teintes  d’un  roux  vif, 
d’où  leur  vient  le  nom  générique  Erythacus^  de 
rougeur,  et  le  mot  français  Rubiette  en  est  la  traduc¬ 
tion  simple. 

Ce  genre  comprend,  pour  les  naturalistes  modernes, 
9  espèces  d’Europe,  dontl’une,  le  Rouge-queue  de  Caire 
est  encore  douteuse,  et  une  autre,  la  Gorge  bleue  sué¬ 
doise,  est  regardée  par  Degland  comme  une  simple  va¬ 
riété.  Ces  deux  espèces  ne  se  montrant  point .  dans 
nos  localités,  il  nous  suffit  de  les  indiquer  ;  8  se  rencon¬ 
trent  en  France,  et  6  appartiennent  à  notre  département  ; 

1°  Rubiette  Rossignol,  4’  Rubiette  Tithys, 

2»  Rubiette  Philomèle,  5"  Rubiette  Rouge-gorge. 

.3®  Rubiette  Rouge-queue,  6®  Rubiette  Gorge-bleue. 


—  262 


107.  Rubiette  Rossignol.  —  Erythacus  Luscinia 
(Degland). 

Synonymie  :  Rossignol. 

Taille  :  16  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  parties  supérieures  d’un  brun 
roux,  plus  ardent  au  croupion  ;  parties  inférieures  et 
tour  des  yeux  d’un  cendré  gris,  plus  rembruni  aux 
côtés  de  la  poitrine  et  aux  lianes;  rémiges  comme  le 
manteau;  rectrices  d’un  roux  assez  clair;  bec  brun, 
légèrement  jaunâtre  à  la  partie  basale  du  bord  des 
mandibules;  pieds  roussâtres;  iris  brun  foncé. 

Femelle  ;  un  peu  plus  petite  que  le  mâle,  avec  les 
teintes  moins  pures,  l’œil  plus  petit  et  les  tarses  plus 
courts. 

Jeunes  avant  la  mue  :  fond  du  plumage  comme  les 
adultes,  avec  une  frange  jaunâtre  au  bord  de  toutes  les 
plumes  du  manteau,  et  des  stries  de  même  couleur  à  la 
poitrine  et  aux  flancs. 

Le  Rossignol  est  répandu  dans  toute  la  France,  et 
très  commun  dans  notre  département,  où  il  arrive  du 
5  au  10  avril,  selon  la  douceur  de  la  température,  et  la 
direction  des  courants  atmosphériques.  Il  voyage  la 
nuit,  et  se  fait  entendre  dès  son  arrivée,  comme  pour 
payer  sa  bienvenue,  et  saluer  ses  hôtes  nouveaux. 

Quelquesjours  après,  il  vaque  aux  soins  de  la  repro¬ 
duction;  établit  à  terre  ou  fort  près  de  terre,  dans 
quelque  cépée,  sur  les  rameaux  traînants  des  sapins,  dans 
les  lierres,  etc.,  un  nid  assez  volumineux  et  très  pro¬ 
fond,  qu’il  compose  de  feuilles  sèches,  d’herbes  et  de 
quelques  crins,  matières  peu  liantes,  et  qui  le  rendent 
très  peu  solide.  La  femelle  y  dépose  de  4  à  6  œufs  uni- 


263 


colores,  olivâtres  ou  bronzés.  Grand  diamètre,  20  mil¬ 
limètres;  petit  diamètre,  15  millimètres. 

11  est  à  remarquer  que  les  mâles  sont  toujours  beau¬ 
coup  plus  nombreux  que  les  femelles,  c’est  ce  qui  ex¬ 
plique  la  rareté  relative  de  leurs  nids,  d’ailleurs  bien 
dissimulés,  et  par  la  place  qu'ils  occupent,  et  par  la 
matière  dont  ils  sont  composés.  Il  résulte  encore  de 
cette  disproportion  des  sexes  que,  quand  on  tue  un 
mâle  accouplé,  il  s’en  présente  immédiatement  un 
autre  pour  consoler  la  veuve,  qui  convole  bientôt  aune 
nouvelle  union. 

Ces  oiseaux  aiment  surtout  les  lieux  couverts,  acci¬ 
dentés,  et  exposés  au  soleil.  Ils  sont  très  curieux, 
peu  déliants,  et  donnent  dans  tous  les  pièges,  pourvu 
qu’ils  les  voient  tendre.  Tout  ce  qui  est  insolite  leur 
port'e  à  l’œil,  et  leur  curiosité  leur  coûte  souvent  la 
vie  ou  la  liberté.  En  effet  l’homme,  dans  son  désir 
de  posséder,  devait  chercher  à  s’approprier  cette  es¬ 
pèce,  et  comme  les  vieux  s’accoutument  facilement  à 
l’esclavage,  et  qu’ils  chantent  presque  aussitôt  après 
leur  incarcération,  on  les  préfère  aux  jeunes,  qui  sont 
difficiles  à  élever,  et  dont  la  voix  n’acquiert  toute  son 
étendue  qu’à  l’âge  d’un  an. 

Le  Rossignol  est  le  chantre  le  plus  brillant  de  la  na¬ 
ture,  aucun  oiseau  ne  l'égale  pour  le  moelleux  des  sons, 
la  pureté  du  timbre  et  l’éclat  des  roulades.  Son  organe, 
fort  et  vibrant,  est  en  même  temps  plein  de  douceur  et 
d’harmonie.  Jamais  l’oiseau  ne  se  répète,  du  moins  ser¬ 
vilement.  S’il  redit  une  strophe,  ilia  varie,  l’étend  et 
l’embellit  encore.  Sa  voix  a  de  plus  une  puissance 
étonnante;  on  a  calculé  que,  par  un  temps  calme  et 

f 

pur,  on  l  entend  à  plus  d’un  kilomètre,  et  qu’elle  a. 


-  264 


par  conséquent,  une  portée  égale,  sinon  supérieure  à 
celle  de  Thomme. 

Malheureusement,  selon  l’expression  vulgaire,  il 
perd  sa  voix  à  la  vue  de  ses  petits  ;  et,  si  le  chant  du 
Rossignol  n’est  pas  interrompu  plus  longtemps,  c’est 
que  les  célibataires,  dont  les  désirs  n’ont  point  été 
satisfaits,  et  qui  ignorent  les  soucis  de  la  paternité, 
continuent  leurs  harmonieux  concerts.  Mais  dès  le  com¬ 
mencement  de  juin,  les  désirs  s’éteignent;  et  les 
chants,  avec  eux. 

En  captivité,  on  peut  faire  chanter  le  Rossignol  plu¬ 
sieurs  fois,  en  entourant  sa  cage  de  verdure,  et  en  lui 
faisant  ainsi  un  printemps  artificiel. 

Si  l’effusion  de  l'amour  est,  chez  le  Rossignol, 
pleine  de  fraîcheur  et  de  charme,  son  cri  de  détresse 
est  rauque,  dur  et  fort  désagréable. 

Son  nom  latin  Luscinia  est  assez  improprement  com¬ 
posé  de  lux,  lucis,  lumière,  et  de  cano,  je  chante.  Cet 
oiseau,  en  effet,  ne  salue  point  l’aurore  ;  mais  il  chante 
presque  toute  la  nuit,  et  il  ne  se  tait  guère  que  pendant 

les  ardeurs  du  midi.  On  fait  dériver  son  nom  français  du 

« 

diminutif /.U/.9dnio^a.  Nous  donnons,  sous  toute  réserve, 
cette  étymologie  ,  qui  nous  paraît  un  peu  risquée. 

108.  Itiibîcttc  IMillomèlc.  —  Erythacus  Philo- 
mêla  (Degland). 

Synonymie  :  Grand  Rossignol. 

Taille  :  18  centimètres. 

Description  :  Mâle  ;  parties  supérieures  d’un  roux 
plus  rembruni  que  chez  VErythaciis  Luscinia;  parties 
inférieures  cendrées,  avec  les  flancs  d’un  brun  assez 
foncé  ;  rémiges  comme  le  manteau  ;  rectrices  d’un 


—  265  — 

« 

roux  sombre  et  moins  ardent,  que  dans  le  précédent; 
bec,  pieds  et  iris  bruns. 

Femelle  :  semblable  au  mâle,  de  taille  un  peu 
moins  forte,  avec  l’œil  moins  grand  et  les  tarses' plus 
courts  : 

Jeunes  :  comme  ceux  du  Rossignol,  dont  ils  ne  dif¬ 
fèrent  que  par  une  taille  un  peu  plus  grande. 

Nota..  —  «  Le  plumage  de  cette  espèce  a  des  teintes 
«  bien  plus  sombres  que  celui  de  la  précédente,  et, 
«  sous  ce  rapport,  on  peut  dire  que  le  Philomèle  est  au 
«  Rossignol  commun,  ce  que  la  Verderolle  est  à  l’Ef- 
«  farvatte.  (Degland.)  •> 

Cette  Rubiette,  commune  dans  les  parties  orientales 
de  l’Europe,  se  rencontre  assez  fréquemment  en  Es¬ 
pagne  et  en  Italie,  et  quelquefois  en  Suisse.  Elle  se 
montre  également  en  France  et  dans  notre  départe¬ 
ment.  Nous  avons  dans  notre  collection  un  mâle  adulte 
pris  en  septembre.  C’est,  pensons-nous,  l’époque  où 
cet  oiseau  s’y  montre  le  plus  souvent.  Nous  ne  sau¬ 
rions  dire  s’il  niche  chez  nous;  ce  que  nous  croyons 
pouvoir  affirmer,  c’est  qu’il  est  plus  confiant  que  le 
précédent.  Il  a,  du  reste,  les  mœurs,  les  habitudes,  le 
régime  et  le  mode  de  nidification  du  Rossignol  ordi¬ 
naire,  dont  il  ne  difî’ère  que  par  la  taille,  par  le  plu¬ 
mage  plus  rembruni,  par  le  chant  moins  doux,  moins 
grave,  mais  plus  étendu,  plus  vibrant,  et  aux  roulades 
plus  prolongées. 

M.  l’abbé  Vincelot  fait  dériver,  avec  Napoléon  Lan¬ 
dais,  de  <piKoç,  ami,  et  de  chant,  son  nom  Philo- 

mela.  La  voix  mélodieuse  de  l’oiseau  semblerait  justi¬ 
fier,  en  effet,  cette  étymologie.  Mais  ici  se  présente  une 


266 


petite  difîiculté,  c’est  la  quantité  de  Te  bref  dansme/os 
{(jLèKQç),  et  long  dans  Philomela. 

«  Qualis  populea  mœrens  Philomela  sub  umbra...  » 

«  Argutum  cujus  prodit  ab  oremelos...  » 

On  ne  peut  pas  admettre  une  erreur  de  mesure,  dans 
une  langue  où  la  voyelle  longue  et  la  brève  sont  re¬ 
présentés  par  des  caractères  différents,  ni  mettre  une 
faute  de  quantité  sur  le  compte  de  l’immortel  auteur 
des  Géorgiques.  Il  faut  donc  chercher  une  autre  ra¬ 
cine  :  Philomela^  venant  de  «/âo*,',  ami,  et  de  bre¬ 
bis,  serait  d’une  ilgoureuse  exactitude,  si  l’on  pouvait 
faire  concorder  la  signification,  avec  les  récits  delà 
mythologie, 

Philomèle,  déshonorée  et  transformée  en  l’oiseau 
qui  conserve  son  nom,  fuit  la  colère  de  Térée  et  gagne 
les  lieux  déserts,  que  le  crime  n’a  point  souillés.  Mais 
le  goût  de  la  solitude  ne  s’improvise  pas  ;  elle  cherche 
la  société  des  animaux  paisibles  et  innocents,  des 
chèvres,  des  brebis,  /xnÂct,  qu'elle  a  toujours  aimées, 
qu’elle  conduisait  peut-être  (  pourquoi  pas?  Kachel 
gardait  bien  les  troupeaux  de  son  père)  ;  et  elle  a  con¬ 
servé,  après  sa  métamorphose,  ses  tendres  sympathies; 
elle  continue  de  les  fréquenter,  de  les  aimer  ;  elle  vit 
près  d’eux,  leur  redit  ses  malheurs, 

. .  .  miser abile  carme n 

Intégrât . 

Nous  soumettons  cette  étymologie  à  nos  mai  très 
dans  la  science,  et  nous  accepterons  avec  empresse¬ 
ment  une  explication  plus  satisfaisante. 


267 


A  propos  de  rectifications,  il  en  est  une  encore  qui 
nous  paraît  avoir  quelque  valeur,  et  qui  se  rattache  àla 
fable  de  Philomèle.  On  a  écrit,  nous  ne  savons  sur 
quelle  autorité,  que  Térée,  poursuivant  les  deux  sœurs, 
fut  changé  en  Épervier  ;  et,  comme  le  fait  n’a  qu’une 
portée  scientifique  très  secondaire,  beaucoup  d’au¬ 
teurs,  même  des  plus  sérieux,  l’ont  admis  sans  le  con¬ 
trôler,  ' 

$ 

.  dessus  la  foi  d’autrui. 

11  y  a  erreur  de  nom.  C’est  Nisus,  poursuivant 
Scylla,  qui  fut  transformé  en  Épervier.  De  là  le  nom 
du  rapace  :  Épervier  Nisus,  Accipiter  Nisus  {[). 

Quant  à  Térée,  «  il  est  changé  en  un  oiseau  dont  la 
«  tête  est  ornée  d’une  huppe  ;  sa  lance  devient  un  bec 
«  très  long,  et  il  porte  le  nom  Epops  (2).  » 

Tout  y  est,  la  description  et  le  nom  de  l’oiseau.  Ce 
fut  donc  en  Huppe,  Upupa  Epops,  que  fut  métamor¬ 
phosé  Térée. 

Que  des  naturalistes  ne  soient  point  allés  demander 
leurs  renseignements  à  Ovide,  cela  n’a  rien  d’éton- 
nant.  Ce  qui  nous  paraît  fort,  c’est  que  l’annotateur 
d’Ovide  ait  ajouté,  pour  l’intelligence  du  texte 
«  Procné  fut  changée  en  Hirondelle  .  Philomèle  en  Ros- 

(1)  Apparet  liquido  sublimis  in  aëre  Nisus 

Et  pro  purpureo  pœnas  dal  Scylla  capillo _ 

ViiiG.,  üeorg.,  lib.  i®*',  v.  404  et  405. 

(2)  A' ertitur  in  volucrem  cui  staiit  in  vertice  crislæ, 

Proniinet  immodicum  pro  longa  cüspide  rostrum, 

Nomen  Epops  volucri _ 


0\]i)E,  Mélain.,  lib.  iv. 


—  268  - 


signol,  et  Térée  en  Épervier.  «  Voilà  comme  on  écrit 
riiistoire  ! 

.  109.  SSiflbicttc  Koiig^c-qweuc.  —  Iilrythacus  Phœ- 
nicuriis  (Degland). 

Synonymie  :  Rossignol  de  muraille;  Bec-Fin  de  mu¬ 
raille;  Bâtard  Rossignol . 

Taille  :  environ  14  centimètres 

Description  :  Mâle  en  été  :  parties  supérieures  cen¬ 
dré  bleuâtre  ;  croupion,  sus-caudales  et  rectrices  d’un 
roux  ardent,  à  l’exception  des  deux  médianes,  qui  sont 
brunes  dans  leurs  deux  tiers  postérieurs  ;  front  et  raie 
sourcilière  d’un  blanc  pur;  gorge,  joues  et  devant  du 
cou  d’un  noir  profond;  parties  inférieures,  roux  vif, 
plus  pâle  au  milieu  du  ventre  et  à  l’abdomen  ;  rémiges 
brunes,  liserées  de  gris  roussâtre  ,  pieds  plombés  ;  bec 
et  iris  noirs. 

Mâle  en  aatomne  :  mêmes  teintes  ,  mais  moins 
pures  ;  elles  deviennent  plus  tranchées  au  printemps, 
par  l’usure  des  barbules. 

Femelle  :  tête  et  cou  bruns,  lavés  de  bleuâtre;  man¬ 
teau  brun  gris  ;  lianes  ,  sus-caudales  et  rectrices  d’un 
roux  terne. 

Jeunes  :  d’un  brun  noirâtre,  frangé  de  roux  plus 
pâle  aux  parties  inférieures  ;  rectrices  d’un  roux  jau¬ 
nâtre. 

Le  Rouge-queue  arrive  dans  notre  département  dès 
la  fin  de  mars  ou  dans  les  premiers  jours  d’avril.  Il  se 
répand  en  grande  abondance  dans  les  villes,  dans  les 
fermes  et  dans  les  futaies.  11  couve  dans  les  trous  des 
murs  ou  dans  les  creux  des  arbres,  compose  son  nid  de 


—  ‘2Ü9 


mousse,  de  crins  et  de  plumes,  et  pond  de  4  à 
6  œufs  d’un  beau  bleu  uniforme ,  un  peu  plus  ver¬ 
dâtres,  plus  petits  et  plus  allongés  que  ceux  de  l’Ac- 
centeur  Mouche t.  Grand  diamètre,  environ  17  milli¬ 
mètres  ;  petit  diamètre,  13  millimètres. 

Il  fait  deux  nichées  par  an. 

Ce  petit  oiseau,  aux  couleurs  vives  et  tranchées, 
vient  dans  nos  jardins,  jusqu’au  centre  des  villes.  Nous 
le  voyons  voltiger  sur  le  haut  des  tuteurs,  agitant  la 
queue  d’un  mouvement  convulsif,  tombant  à  terre 
poujr  saisir  un  insecte,  courant  prestement  quelques 
pas,  et  regagnant  un  point  culminant  pour  se  remettre 
en  observation. 

Le  matin  et  le  soir,  il  s’établit  à  la  crête  d’un  pignon, 
au  sommet  d’une  cheminée,  sur  une  girouette,  et  fait 
entendre  un  chant  assez  doux,  assez  flùté,  mais  d'une 
fatigante  monotonie. 

Il  devient  insupportable  par  son  cri  de  détresse  sec 
et  précipité,  quand  ses  petits  sont  menacés  ou  qu'ils 
quittent  le  nid.  Le  mâle  et  la  femelle  s’agitent  alors, 
voltigent  et  se  démènent,  en  remplissant  l’air  de  leurs 
accents  plaintifs. 

Son  nom,  Phœnicurus^  de  rouge,  et  de  ovpct^ 

queue,  est  bien  appliqué,  mais  il  le  distingue  mal  du 
suivant.  Il  est  regrettable  qu’on  n’ait  pas  choisi  une 
expression  plus  caractéristique.  Albifrons.  cà  front  blanc, 
par  exemple,  eût  mieux  donné  la  dilférence  spécifique. 

» 

110.  Rubiette  Tltliys.  —  Érythacus  Tithys.  (De- 
gland). 

Synonymie  :  Rouge-queue;  Bec* tin  Rouge-queue. 

Taille  ;  15  centimètres. 


~  270  — 


Description  :  Mâle  en  été  :  parties  supérieures  d’un 
cendré  très-foncé,  fortement  lavé  de  noir;  capistrum, 
joues,  gorges,  côtés  et  devant  du  cou.  et  toute  la  poi¬ 
trine  d’un  noir  mat  ;  flancs  cendrés  ;  rectrices  primaires 
noires  lavées  de  cendré  foncé;  les  secondaires  large¬ 
ment  frangées  de  cendré  presque  blanc  ;  sus-caudales 
et  rectrices  d’un  roux  ardent,  à  l’exception  des  deux 
médianes,  qui  sont  brunes  dans  toute  leur  étendue; 
bec,  pieds  et  iris  noirs. 

Mâle  en  automne  :  mêmes  teintes,  mais  moins  tran¬ 
chées,  chaque  plume  portant  un  liseré  cendré,  qui  dis¬ 
paraît  par  la  mue  ruptile  du  printemps. 

Femelle  :  cendré  brun  aux  parties  supérieures  ;  d’un 
gris  roussâtre  aux  inférieures  ;  sus-caudales  et  rec¬ 
trices  d’un  roux  terne. 

Jeunes  :  cendré  roussâtre  en  dessus,  plus  pâle  en 
dessous,  avec  toutes  les  plumes  frangées  de  brun;  sus- 
caudales  chamois  ;  queue  d’un  roux  pâle. 

Cette  espèce  se  distingue  delà  précédente,  surtout  à 
l’absencè  de  tache  blanche  au  front. 

,Le  Tithys,  sédentaire  dans  les  Basses-Alpes  et  la 
Provence,  répandu  dans  beaucoup  de  régions  de  l’Est 
de  la  France,  et  commun  à  Lille,  est  rare  dans  notre 
département,  où  il  se  reproduit  cependant  chaque  an¬ 
née.  Nous  avons  vu  à  Dieppe  un  couple  de  ces  Ru- 
biettes  qui  s’était  établi  sur  l’église  Saint- Lemi;  et 
M.  Hardy  nous  a  assuré  que,  depuis  dix  ans,  il  nichait 
à  la  même  place. 

C’est  dans  les  trous  des  vieux  murs  et  les  crevasses 
des  rochers,  que  cet  oiseau  place  son  nid,  composé  de 
mousse,  d’herbes,  de  crins  et  de  plumes.  Sa  ponte  est 
de  5  à  6  œufs ,  d’un  blanc  pur  et  lustré.  Grand 


diamètre,  18  millimètres;  petit  diamètre,  13  mil¬ 
limètres. 

Il  a  beaucoup  des  mœurs  et  des  habitudes  du  Rouge- 
queue  ordinaire,  même  mouvement, de  vibration  de  la 
queue,  même  manie  de  chanter  le  malin  et  le  soir  au 
sommet  des  édifices;  même  cri  de  détresse  plaintif  et 
fastidieux. 

Plus  farouche  et  plus  défiant,  il  abandonne  son  nid 
dès  qu’on  l’inquiète,  se  montre  moins  dans  les  jardins, 
et  descend  même  peu  à  terre.  Tl  fréquente  surtout  les 
endroits  rocailleux  et  cherche  sa  nourriture  dans  les 
interstices  des  pierres;  cependant  on  le  voit  quelque¬ 
fois  dans  les  lieux  humides,  sur  le  bord  des  cours  d’eau 
et  dans  les  champs  fraîchement  labourés. 

Il  arrive  en  même  temps  que  le  précédent,  et  repart 
à  la  même  époque,  c’est-à-dire  à  la  fin  de  septembre. 

C’est  de  son  cri  d’appel  H  ti,  que  paraît  venir  son  nom 
Tithys. 

111.  Httliiette  Roiig;e-s;or^c.  —  ÉrythacusRube- 
cula.  (Degland). 

Synonymie  :  Besée  ;  Marie  Godrèe\ 

Taille  :  environ  15  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  parties  supérieures  vert  olive 
foncé;  front,  gorge,  devant  du  cou  et  poitrine  d’un 
rouge  légèrement  orangé  ;  côtés  de  la  poitrine  cendrés; 
ventre  blanc  lustré  ;  une  petite  tache  rouge  à  l’extrémité 
de  chaque  couverture  moyenne  des  ailes  ;  rémiges  et 
rectrices  brunes  liserées  d’un  roux  olivâtre;  bec,  pieds 
et  iris  noirs. 

Femelle  ;  semblable  au  mâle,  avec  le  [daslron  rouge 
plus  pâle  et  moins  étendu. 


,  Jeunes  en  premier  plumage  :  parties  supérieures 
brunes  frangées  de  roussâtre;  parties  inférieures,  jaune 
olive,  marqué  de  brun. 

Le  Rouge-gorge,  commun  dans  toute  l’Europe,  est 
sédentaire  et  très  répandu  dans  notre  département.  Il 
couve  à  terre,  entre  les  racines  des  arbres,  sous  une 
touffe  d’herbe,  au  revers  d’un  fossé,  et  fait  un  nid  vo¬ 
lumineux,  composé  à  l’extérieur  de  feuilles  sèches, 
d’herbes  et  de  mousse,  et  garni  à  l’intérieur  de  ma¬ 
tières  plus  molles,  bourre,  crins,  plumes,  etc.  Sa  ponte 
est  de  5  à  7  œufs  obtus ,  relativement  très  volu¬ 
mineux,  d’un  blanc  jaunâtre  avec  des  taches  de  même 
nuance,  mais  plus  foncées,  quelquefois  nombreuses  et 
fondues,  quelquefois  plus  distinctes  et  formant  cou¬ 
ronne  au  gros  bout.  Grand  diamètre,  20  millimètres; 
petit  diamètre,  15  millimètres. 

Il  habite  en  été  les  grands  bois,  les  lieux  incultes  et 
humides.  En  hiver,  les  uns  émigrent,  la  plupart  s'appro¬ 
chent  des  habitations;  quelques-uns  restent  dans  leurs 
séjours  déserts  et  n’y  vivent,  par  un  prodige  d’absti¬ 
nence,  que  de  larves,  de  petites  chrysalides,  et,  peut- 

« 

être  un  peu,  de  la  graisse  qu’ils  ont  acquise  en  automne. 

C’est  un  oiseau  priinesautier,  curieux  et  niais,  don¬ 
nant  tête  baissée  dans  tous  les  pièges,  se  familiarisant 
facilement,  venant,  à  deux  pas  du  bûcheron,  recueillir 
les  miettes  de  son  modeste  repas,  s’introduisant  même 
dans  les  habitations. 

J’ai  vu  à  Bonsecours  deux  Rouges-gorges  qui  s’é¬ 
taient  établis,  à  l’entrée  de  l’hiver,  dans  une  maison  ha¬ 
bitée.  Les  maîtres  leur  firent  les  honneurs  de  chez  eux  en 
personnes  bien  apprises,  et  nos  deux  étrangers  s’accom¬ 
modèrent  fort  bien  de  l’hospitalité,  qu’on  leur  ofTi'ait  de 


—  273  — 


si  bonne  grâce.  11  semblaient  même  chercher  à  réconi- 

\ 

penser  leurs  hôtes  par  leur  grâce  et  leur  gentillesse. 
C’était  chose  curieuse  de  voir  ces  petits  oiseaux,  quand 
arrivait  la  laitière,  venir,  en  faisant  leurs  révérences, 
se  percher  sur  la  mesure,  et  hoire  à  sa  main  le  lait 
qu’elle  versait.  Au  mois  d’avril,  le  couple  reprit  sa 
liberté  ;  mais  il  ne  s’éloigna  guère,  et  couva  à  deux  pas 
de  ses  nouveaux  amis  (1). 

Ce  petit  oiseau  si  gracieux,  si  gai,  si  pétulant  dans 
tous  ses  mouvements,  est  très  irascible.  Il  se  cantonne, 
définit  ses  limites;  et,  si  quelque  autre  s’y  montre, 
c’est  une  cause  de  guerre  et  de  combats  acharnés.  On 
est  tout  surpris  de  voir  s’allumer  un  si  grand  courroux, 
dans  une  organisation  si  frêle  et  si  chétive. 

Le  Rouge-gorge  est  un  de  nos  plus  délicieux  chan¬ 
teurs,  et  ses  accents  ont  d'autant  plus  de  charme,  qu’il 
les  fait  entendre  quand  les  autres  oiseaux  sont  sans 
voix.  Au  milieu  des  rigueurs  de  l’hiver,  il  interrompt 
seul  le  silence  de  mort  qui  pèse  sur  la  nature,  et  fait  un 
doux  contraste  avec  les  cris  de  détres,se  des  autres 
espèces.  Le  soir  ceux-ci  ont  déjà  la  tête  sous  l’aile  ;  le 
matin  ils  sont  encore  endormis,  ou  dans  le  silence  du 
réveil,  que  le  Rouge-gorge  jette,  sans  art  et  sans 
apprêt ,  ses  ritournelles  mélancoliques  et  fraîches, 
comme  les  lieux  qu’il  habite. 

Il  aime  beaucoup  à  se  baigner;  aussi  le  rencontre- 
t-on  souvent  près  des  sources  et  des  cours  d’eau. 

Son  nom,  Rubecula,  diminutif  de  ruber,  rouge,  lui 
convient  bien,  puisque  c’est,  de  toutes  les  Rubiettes, 

(1)  (^e  lait  pourra  paraître  exagéré;  mais  nous  pouvons  le  cer¬ 
tifier  exact  dans  tous  ses  détails. 

18 


4 


—  274  — 

celle  chez  laquelle  la  cuuleur  i*ouge  occupe  le  moins  , 
d’étendue. 

112.  Rubîcttc  Gorg;c-hleuc.  —  Erythacus  cyane- 
cula  (Degland). 

Synonymie  :  Bec  ün  Gorge-bleue. 

Taille  :  environ  15  centimètres. 

Description  :  Mâle  en  été  :  parties  supérieures  cendré  ' 
brun,  plus  foncé  au  centre  des  plumes,  surtout  à  la 
tête;  raie  sourcillière  blanc  roussâtre;  gorge,  devant 
du  cou  et  haut  de  la  poitrine  d’un  beau  bleu  d’azur  à 
reflets,  marqué  au  milieu  d’une  tache  blanc  argentin,  et 
encadré  d’une  triple  bande  noire,  blanche  et  rouge  ; 
abdomen  d’un  blanc  gris,  plus  foncé  aux  flancs  et  sur 
les  cuisses;  sous-caudales  rousses;  rémiges  brunes; 
rectrices  médianes  de  même  couleur,  toutes  les  laté¬ 
rales  d’un  roux  vif,  terminées  par  un  large  ruban  noir; 
bec,  xheds  et  iris  brun  noir. 

Mâle  en  automne  :  gorge  gris  cendré  ;  tache  blanche 

\ 

lavée  de  roussâtre;  bleu  de  la  poitrine  déjà  éclatant, 
mais  frangé  de  blanc;  le  reste  comme  en  été. 

Femelle  en  été  :  parties  supérieures  comme  le  mâle  ; 
gorge  et  poitrine  d’un  bleu  légèrement  cendré  ;  tache 
blanche  non  reflétante  et  lavée  de  roux  ;  une  ligne 
noire,  partant  de  la  mandibule  inférieure,  se  prolonge 
sur  les  côtés  du  cou,  et  rejoint  la  frange  de  même  cou¬ 
leur  qui  encadre  le  bleu;  bande  rouge  très  pâle  et  peu 
apparente. 

Femelle  en  automne  :  gorge  d’un  blanc  jaunâtre  ; 
bleu  de  la  poitrine  à  peine  visible. 

Jeunes  avant  la  première  mue  :  d’un  roux  largement 
frangé  de  brun  aux  parties  supérieures  ;  poitrine  et  cou 


de  même  couleur;  ventre  blanc  marqué 'et  lavé  de 
brun. 

Après  la  première  mue  :  ils  ressemblent  à  la  femelle 
en  hiver.  On  distingue  les  mâles  à  la  teinte  bleue  des 
moustaches  et  du  plastron.  Chez  la  femelle,  la  mouS” 
tache  est  noire  et  se  confond  avec  le  hleu  de  la  poi¬ 
trine,  lequel  est  peu  apparent  et  fortement  lavé  de 
noir. 

Les  Gorges- bleues  sont-de  double  passage  dans  notre 
département,  en  aoiit,  en  septembre,  et  dans  les  derniers 
jours  de  mars.  Au  passage  du  printemps,  elles  n’appa¬ 
raissent  que  par  des  vents  d’Est,  Sud-Sud-Est,  et  re¬ 
partent  presque  aussitôt.  Quelques  couples  se  sont 
cependant  reproduits  dans  nos  localités  ;  mais  ce  sont 
de  rares  exceptions.  En  automne,  elles  arrivent  par  les 
vents  d’Est,  Nord-Est,  et  séjournent  plus  longtemps. 
Nous  en  avons  vu,  à  cette  époque,  habiter  plus  d’un 
mois  la  même  touüe  de  roseaux. 

Elles  couvent  dans  les  buissons  et  les  herbes  aqua¬ 
tiques,  sur  les  têtes  des  saules,  quelquefois  dans  les 
trous  des  berges,  construisent  leurs  nids  de  radicules, 
de  mousse  et  d’herbes,  et'le  garnissent  â  l’intérieur  de 
crin  et  de  plumes.  La  ponte  est  de  4  à  6  œufs,  pointus 
aux  deux  bouts,  d'un  bleu  pâle,  quelquefois  uniforme, 
quelquefois  marqué  de  légères  taches  roussâtres. 
Grand  diamètre,  environ  18  millimètres;  petit  dia¬ 
mètre,  1 5  millimètres. 

Gueneau  de  Montbeillaid  compare  la  Gorge-bleue 
au  Rouge-gorge,  et  trouve  â  ces  deux  espèces  beaucoup 
de  rapports  dans  le  faciès  et  le  genre  de  vie.  Bechstein, 
au  contraire,  la  considère  comme  faisant  le  passage 
entre  le  Rouge-qiîeue  et  la  Bergeronnette  grise.  Nous 


27G  - 


avons  eu  roôcasioii  d’observer  plusieurs  fois  ce  char¬ 
mant  oiseau,  et  notre  opinion,  loin  d'être  en  diver¬ 
gence  avec  celle  de  ces  deux  auteurs,  tend  au  contraire 
à  les  affirmer  et  à  les  concilier. 

Nous  pensons  donc  que  la  Gorge-bleue  est  bien  l’es¬ 
pèce  de  transition  entre  les  Rubiettes  et  les  Bergeron¬ 
nettes,  mais  nous  lui  trouvons  plus  de  rapports  avec 
le  Rouge-gorge  qu’avec  le  Rouge-queue. 

Elle  n’a  de  ce  dernier  ni  le  mouvement  précipité  de 
la  queue,  ni  l’habitude  de  brancher,  ni  la  démarche,  ni 
le  faciès.  Nous  lui  trouvons,  au  contraire,  les  goûts 
terrestres  et  déjcà  un  peu  aquatiques  du  Rouge-gorge.' 
Elle  aime,  comme  lui,  à  se  baigner  et  à  courir  preste¬ 
ment,  l’aile  traînante,  la  queue  haute  et  épanouie;  elle 
a  ses  tarses  longs,  ses  gestes,  son  port  et  son  vol  fré¬ 
tillant.  Mais  si  on  la  trouve  dans  les  jardins  et  les  lieux 
couverts,  dans  les  pièces  de  choux  et  de  carottes,  on  la 
rencontre  le  plus  souvent,  comme  la  Bergeronnette, 
dans  les  endroits  submergés,  où  elle  se  tient  sur  les 
détritus  flottants  et  sur  les  bords  vaseux.  C’est  en  rai¬ 
son  de  ces  habitudes  que  nous  l'avpns  rangée  à  la  fin 
du  genre.  Tl  nous  semble  que,  ainsi  placée,  elle  pré¬ 
pare  bien  le  passage  des  Rubiettes  aux  Bergeron¬ 
nettes. 

Nous  ne  connaissons  point  son  chant  d’amour,  qui, 
d’après  Frisch  et  Bechstein,  est  doux,  flûté  et  très  har¬ 
monieux.  Au  moment  du  passage  où  nous  l’avons  ob¬ 
servée,  époque  de  fatigue  et  de  préoccupation  pour  ces 
petits  voyageurs,  elle  ne  chante  point,  elle  pousse  un 
cri  d’appel  sec  et  peu  agréable  ;  mais  ce  n’est  point  sur 
cet  accent  de  l’inquiétude  qu’il  faut  juger  du  mérite  de 
son  chant.  On  rapporte  qu’elle  se  fait  entendre  fort 


—  277 


avant  dans  la  nuit  ;  et  que,  le  jour,  elle  s’élève  dans  les 
airs,  et  y  pirouette  en  répétant  son  joyeux  refrain,  avec 
la  grâce  et  la  légèreté  de  la  Grisette. 

Ce  bel  oiseau  s’apprivoise  facilement;  mais,  réduit 
en  captivité,  il  perd  bientôt  ses  riches  couleurs,  qui  se 
ternissent,  s’effacent  et  disparaissent  meme  complè¬ 
tement. 

Son  nom  Cyanecula,  diminutif  de  cyanea^  venant  lui- 
même  de  y.vcivo^^  bleu  céleste,  convient  bien  à  cette 
Gorge-bleue,  que,  par  une  anomalie  étrange,  on  désigne 
ordinairement  parle  mot  Suecica.  Nous  comprendrions 
cette  dénomination  appli(]uée  à  l’espèce  ou  variété  à 
tache  rousse,  qui  habite  les  régions  boréales,  la  Suède 
et  la  Laponie  ;  mais  nous  ne  pouvons  nous  résigner  à 
laisser  à  un  oiseau  qui  ne  pousse  point  ses  migrations 
au-delà  du  nord  de  la  France,  et  qui,  par  conséquent, 
ne  paraît  jamais  en  Suède,  le  nom  spécifique  Suecica, 
Suédois. 

Les  individus  sans  tache  à  la  poitrine,  et  que  le  pas¬ 
teur  Brehm  a  élevés  au  rang  d’espèce,  sous  le  nom  de 
Sylüiçf^  Wolfii,  ne  sont  considérés  que  comme  une  va¬ 
riété,  et  regardés  par  quelques  auteurs  comme  de  très 
vieux  mâles.  Ils  n’offrent,  en  effet,  outre  l’absence  de 
tache  blanche,  qu’une  légère  différence  dans  la  lon¬ 
gueur  des  tarses.  J’ai  tué  cette  variété  le  24  mars  1865, 
dans  un  nombreux  passage  de  Gorges-bleues  ordi¬ 
naires. 


3*^  Genre  Bergeronnette.  —  Motacilla. 

Caractèi'cs  dugenn  :  Ceux  de  la  Famille  ;  bec  grêle, 
snbiilé,  plus  court  que  la  tête  ;  rémiges  tertiaires  très 


allongées,  la  dernière  atteignant  l’extrémité  des  pri¬ 
maires;  ailes  longues,  sub-aiguës  ;  queue  très  longue, 
composée  de  12  pennes  étroites  ;  tarses  plus  longs  que 
le  doigt  médian  ;  ongle  du  pouce  égalant  ou  dépassant 
ce  doigt. 

Nous  réunissons,  à  l’exemple  de  Degland,  dans  le 
genre  Bergeronnette,  les  deux  genres  rnodernes  Nota- 
cilla  et  Buclyles^  parce  qu’il  nous  semble  que  la  légère 
dilférence  de  longueur  et  de  courbure  de  l’ongle  du 
pouce  —  seul  caractère  sur  lequel  est  basée  la  distinc¬ 
tion  générique  —  ne  suffit  point  à  motiver  la  sépara¬ 
tion  d’espèces  si  semblables,  sous  le  triple  rapport  du 
régime,  des  mœurs  et  de  la  configuration. 

On  a  dit,  à  l’appui  de  la  coupe  nouvelle  ,  que  les  es¬ 
pèces  désignées  sous  le  nom  de  Lavandières,  G.  31ota- 
cilla,  sont  plus  aquatiques;  et  que  les  Bergeronnettes 
proprement  dites, G .  Budy  tes ,  ont  des  mœurs  plus  cham¬ 
pêtres.  Nous  n’oserions  pas  soutenir  le  contraire;  mais 
nous  pensons  que  ce  ne  serait  pas  un  motif,  et  nous 
trouvons  d’ailleurs  que  ce  caractère  a  été  exagéré  On 
ne  voit  nulle  part  les  Bergeronnettes  plus  nombreuses, 
que  dans  les  prairies  humides  et  les  lieux  submergés; 
tandis"  qu’on  rencontre  communément  les  Lavandières 
dans  les  champs,  près  des  bestiaux,  derrière  la  char¬ 
rue,  etc. 

On  pourrait  alléguer,  avec  plus  d’apparence  de  raison 
peut-être,  qup  les  Bergeronnettes  nous  quittent  à  l’au- 
toinne,  tandis  que  les  Lavandières  nous  restent  ou  nous 
•  arrivent.  Nous  avons,  en  effet,  en  hiver  deux  espèces 
de  Lavandières  que  nous  ne  vo"yons  pas  en  été,  parce 
qu’elles  partent  au  printemps.  Elles  émigrent  donc, 
comme  les  Bergeronnettes,  dans  des  localités  ditfé- 


—  279  — 


rentes,  il  est  vrai,  mais  elles  émigrent,  elles  sont  erra¬ 
tiques,  et,  par  suite,  en  conformité  de  mœurs.  » 

Nous  ne  trouvons  donc  aucun  motif  un  peu  impor¬ 
tant  de  les  séparer,  et  nous  pensons  qu’il  y  en  a  beau¬ 
coup,  et  de  très  sérieux  pour  les  réunir. 

Les  Bergeronnettes  sont  des  oiseaux  vifs,  pétulants, 
aux  allures  rapides,  cà  la  démarche  légère  et  gracieuse. 
On  les  voit  indistinctement  â  la  suite  des  bestiaux,  ou 
sur  les  bords  des  marécages,  la  queue  toujours  haute  et 
sans  cesse  en  mouvement,  voltigeant  après  les  mou¬ 
cherons,  saisissant  les  vernjisseaux,  égayant  et  pur¬ 
geant  à  la  fois  les  lieux  qu’elles  fréquentent 

Loin  de  fuirriiomme,  elles  le  cherchent,  le  suivent, 
l’approchent,  voltigent  autour  de  lui  en  faisant  entendre 
leur  petit  gazouillement  un  peu  guttural,  mais  plein  de 
douceur. 

/ 

Tous  leurs  mouvements  respirent  la  grâce  et  l’ai¬ 
sance  ;  tantôt  elles  volent  en  frétillant,  l’aile  à  peine 
agitée,  la  queue  largement  épanouie  ;  tantôt  elles  s’é¬ 
lèvent  dans  l’air,  y  font  mille  évolutions,  se  servant  de 
leur  queue  comme  d’un  puissant  gouvernail  ;  tantôt 
enfin,  s’élançant  avec  la  rapidité  d’une  flèche,  elles  ont 
un  vol  accidenté,  parabolique,  et  semblent  dévorer  l’es¬ 
pace.  Frappées  de  tant  de  charmes  et  d’agréments, 
(juelques  personnes  leur  donnent  le  nom  deReines-des- 
Prés.  Elles  le  sont,  en  effet,  par  la  vivacité,  la  gentillesse 
et  l’élégance . 

Elles  ont  une  antipathie  marc[uée  pour  l’oiseau  de 
proie  ;  dès  qu’une  d’elles  l’aperçoit,  elle  pousse  le  cri. 
d’alarme,  entendu  et  répété  partout,  et  leur  bande 
nombreuse  entoure  l’importun,  le  harcelle  et  le  met  en 
fuite. 


~~  280 


Elles  doivent  à  leur  habitude  de  suivre  les  troupeaux 
et  d’accompagner  les  bergers,  Leur  nom  Bergeron¬ 
nettes  ;  celui  de  MotacUla,  dont  nous  avons  donné  plus 
haut  l’étymologie,  est  bien  justifié  par  le  mouvement 
régulier  et  continuel  qu’elles  impriment  à  leur  queue. 

Leur  mue  est  double. 

Ce  genre  contient  8  espèces  ou  races  bien  détermi¬ 
nées  d’Europe  ;  7  appartiennent  à  la  France  et  6  ont  été 
observées  dans  notre  département. 

L  Bergeronnette  grise. 

2°  Bergeronnette  Yarrell. 

3^^  Bergeronnette  Boarule. 

4°  Bergeronnette  printanière. 

.5®  Bergeronnette  de  Kay. 

6"  Bergeronnette  à  lête  cendrée. 

C’est  par  une  erreur  de  nom  que  la  Bergeronnette 
Citrine,  Motacilla  Citreola^  a  été  indiquée  comme  de 
notre  département  (1).  Cette  espèce  orientale  ne  paraît 
avoir  été  abattue  qu’une  fois  en  Ligurie,  en  1821.  C’.est, 
à  notre  connaissance,  la  seule  apparition  au  centre  de 
l’Europe,  qui  ait  été  mentionnée. 

113.  S2cr|çeroiiaacttc  ijrîse.  —  Motacilla  alba 
(Linné) 

Taille  :  19  centimètres. 

Synonymie  :  Hochequeue  ;  Lavandière  grise  ;  Datte- 
lessive  ;  Batte-mare. 

Description  :  Mâle  en  été  :  front,  joues,  côtés  du  cou, 
ventre  et  sous-caudales  d’un  blanc  pur;  lête,  gorge,  de- 

(!)  Bull,  de  la  Société  des  Amis  des  Sciences  naf.  de  Rouen 
1865,  page  92. 


5 


281 


vant  du  cou  et  haut  de  la  poitrine  d’un  noir  profond  ; 
dos.  croupion  et  côtés  de  la  poitrine  cendrés;  couver¬ 
tures  alaires  et  scapulaires  noires  largement  frangées 
de  bland;  rémiges  noires  ;  les  deux  rectrices  latérales 
de  chaque  côté  blanches,  les  deux  médianes  noires,  . 
frangées  de  blanc,  les  autres  complètement  noires  ; 
bec,  pieds  et  iris  noirs.  • 

Femelle  en  été  :  semblable  au  mâle  ;  noir  de  la  tête 

et  de  la  gorge  moins  étendu  et  moins  pur  ;  le  plus 

souvent,  quelques  mouchetures  noires  au  front. 

\ 

Mâle  et  femelle  en  automne  ;  comme  au  printemps  ; 
gorge  et  haut  du  cou  blanc  pur  ;  le  noir  de  la  poitrine 
forme  un  hausse-col  noir  très  prononcé,  etparfaitement 
dessiné. 

Jeunes  en  premier  plumage  :  d’un  cendré  obscur  en 
dessus  ;  d’un  blanc  sale  en  dessous  ;  la  partie  de  la  tête 
et  delà  poitrine,  noire  chez  les  adultes,  est  simplement 
indiquée  par  une  nuance  fuligineuse. 

La  Bergeronnette  grise  est  commune  et  sédentaire 
dans  notre  département,  où  elle  est  cependant  plus 
nombreuse  en  été  qu’en  hiver,  quelques  individus 
émigrant  dans  des  pays  i)lus  tempérés.  Elle  couve  à 
terre  ou  près  de  terre,  souvent  dans  le  voisinage  des 
eaux,  sous  les  touffes  d’herbes,  au  revers  des  fossés, 
entre  les  racines  des  arbres,  dans  les  tas  de  bourrées, 
quelquefois  dans  les  trous  des  murs  et  jusqu’au  faîte 
des  maisons.  Elle  compose  son  nid  d’herbes  et  de 
crins ,  et  pond  de  4  à  6  œufs,  d’un  blanc  assez  pur, 
finement  pointillés  de  cendré  gris.  Grand  diamètre, 

19  millimètres;  petit  diamètre,  15  millimètres. 

Cette.espèce  aies  mœurs,  les  habitudes  et  le  léginie 
du  genre  dont  elle  est  le  type. 


% 


f 


-  282 


C’est  à  l’habitude  qu’elle  a  de  fréquenter  le  bord  des 
eaux,  en  imprimant  à  sa  queue  un  mouvement  assçz 
semblable  à  celui  du  battoir  des  lessivières,  qu’elle  doit 
ses  noms  de  Lavandière,  Batte-lessive,  Batte-mare. 

1 1 4. 15er§;ei*om»cttc-Y«i*rcaî.  —  Motacilla  Yar- 
rellii  (Gould).  • 

Synonymie  :  Bergeronnette  lugubre  ;  Bergeronnette 
noire. 

i 

Taille  :  19  centimètres. 

Description  :  Mâle  en  été:  front,  joues,  côtés  du  cou, 
ventre  et  abdomen  d’un  blanc  pur;  gorge,  devant  du 
cou,  haut.de  la  poitrine  elles  parties  supérieures  d’un 
noir  profond  ;  côtés  de  la  poitrine  et  flancs  cendrés  ; 
croupion  noir;  couvertures  alaires  blanches  dans 
presque  toute  leur  étendue  ;  scapulaires,  rémiges,  rec- 
trices,  bec,  pieds  et  iris  comme  dans  la  précédente. 

Femelle  en  été  :  semblable  au  mâle  ;  un  peu  plus 
petite  ;  quelques  mouchetures  noires  au  front. 

Mâle  et  femelle  en  automne  :  parties  supérieures 
d’un  cendré  ardoisé  très-foncé  ;  gorge  et  devant  du  cou 
d’un  blanc  pur  ;  hausse-col  noir  bien  dessiné  au  haut 
de  la  poitrine  ;  scapulaires  et  couvertures  alaires  fran¬ 
gées  de  blanc  roussâtre. 

Les  très  vieux  individus  seuls  ont  les  couvertures 
alaires  presque  blanches,  et  les  rectrices  médianes  lise- 
rées  de  blanc.  Dans  un  âge  moins  avancé,  les  couver¬ 
tures  ne  sont  que  bordées  de  blanc,  et  les  rectrices 
médianes  sont  noires  dans  toute  leur  étendue. 

Jeunes  en  premier  plumage  :  parties  supérieures 
cendré  olive  très  foncé  ;  parties  inférieures  blanc 
roussâtre  ;  pas  de  teinte  blanche ,  point  de  noir  à  la 


I 


—  283  — 

tête  ni  à  la  poitrine  ;  ces  parties  seulement  plus  rem¬ 
brunies. 

Cette  Bergeronnette,  qui  habite  TAngleterre,  est  de 
double  passage  dans  nos  localités  en  octobre  et  en 
mars.  Elle  y  reste  même  pendant  l’iiiver,  en  petite 
quantité.  x\u  printemps,  elle  se  montre  en  plus  grand 
nombre,  et  séjourne  quelques  jours  sur  nos  marais 
submergés,  surtout  par  les  vents  violents  de  nord-ouest. 
Les  vieux  sujets  émigrent  les  premiers. 

Elle  doit  se  reproduire  de  temps  en  temps  dans 
notre  département ,  car  nous  avons  vu,  il  y  a  deux  ans, 
un  couple  de  ces  oiseaux  demeurer  tout  l’été  sur  les 
bords  de  la  Seine,  mais  nous  n’avons  pas  pu  trouver 
leur  nid. 

Elle  a,  dit-on,  le  même  mode  de  nidification  que  la 
précédente  ;  ses  œufs  sont  plus  foncés,  d’un  blanc  gris, 
un  peu  azuré,  marqué  de  nombreuses  taches  cendrées 
Grand  diamètre,  environ  20  millimètres;  petit  dia¬ 
mètre,  1 5  millimètres. 

Cet  oiseau  a  les  mœurs,  les  habitudes,  le  régime  et 
le  port  du  précédent. 

La  Bergeronnette  Yarrell  est-elle  une  race  ou  une 
espèce?  C’est  un  point  sur  lequel  les  auteurs  ne  sont 
pas  d’accord.  Notre  opinion  est  trop  peu  autorisée  pour 
faire  faire  un  pas  à  la  question  ;  cependant  nous  avons 
abattu  et  observé  un  si  grand  nombre  de  ces  oiseaux, 
que  nous  croyons  devoir  la  donner  pour  ce  qu’elle  vaut. 

Nous  sommes  porté  à  la  considérer  comme  une  es¬ 
pèce,  parce  que,  si  la  ditlérence  de  coloration  nous  pa¬ 
rait  un  caractère  tro[)  superficiel  pour  constituer  un 
genre,  nous  le  trouvons  sulïisantpour  une  distinction 
spécifique  ;  parce  qiu)  si,  comme  le  prétendenl  quel- 


/ 

-  284  -  - 

ques  auteurs,  cette  coloration  était  un  résultat  de  la 
vieillesse,  on  trouverait  des  intermédiaires,  tandis 
qu'elle  est  constante  chez  l’individu,  et  bien  distincte 
à  tons  les  âges  ;  parce  que  ses  œufs  sont  régulièrement 
plus  foncés  ;  etqueces  Bergeronnettes  vivent  avec  leurs 
congénères  sans  se  confondre  ;  parce  qu’elles  émigrent 
à  une  époque  et  dans  des  localités  différentes.  Et  nous 
trouvons  que  c’est  trop  marchander  à  la  Bergeronnette 
Yarrell  sa  dignité  d’espèce,  quand,  pour  ne  citer  que 
deux  exemples,  on  l’accorde  sans  contestation  au  Roi¬ 
telet  à  triple  bandeau  et  au  RubiettePhilomèle,  qui  n’y 
ont  pas  plus  de  titres. 

C’est  à  M.  Yarrell  que  revient  la  gloire  d’avoir  si¬ 
gnalé  cette  Bergeronnette  ;  et  Gould  afait  acte  de  justice, 
en  lui  donnant  le  nom  du  savant  naturaliste  anglais. 

On  l’a  désignée  à  tort  sous  le  nom  de  Bergeron¬ 
nette  lugubre,  à  cause  de  la  couleur  noire  de 
son  plumage.  L’oiseau  décrit  sous  ce  nom  par  Pallas, 
est  une  espèce  réelle,  mais  différente  et  non  d’Europe  ; 
et  le  conserver  à  la  B.  Yarrell,  ce  serait  perpétuer  et 
consacrer  une  erreur. 

115.  llcrg^croimclic  lêossmlc.  —  Motacilla  Boa- 
rula  (Gmélin).  ' 

Synonymie  :  Bergeronnette  jaune. 

Taille  :  20  centimètres.  ' 

Description  :  vieux  mâle  au  printemps  :  parties  supé¬ 
rieures  d’un  cendré  noir  à  la  tête  ;  nuancé  d’olivâtre 
au  manteau  et  de  jaune  au  croupion  ;  gorge  et  devant 
du  cou  d’un  noir  profond  ;  raie  sourcilière  blanche  ;  un  ^ 
trait  de  même  couleur  part  du  bec,  et  sépare  les  joues 
du  noir  de  la  gorge;  joues  mêlées  de  cendré  et  de 


i 


( 


blanc  ;  parties  inférieures  d’ un  beau  jaune  jonquille; 
couvertures  alaires  et  rectrices  tertiaires  cendré  foncé, 
bordées  de  blanc  jaunâtre  ;  rémiges  brunes  ;  les  rec¬ 
trices  médianes  brunes  liserées  de  jaune,  les  intermé¬ 
diaires  de  même  couleur  sans  liseré,  les  trois  latérales 
de  chaque  côté,  blanches  bordées  extérieurement  de 
noir,  les  deux  externes  tout-à-fait blanches;  bec  pieds 
et  iris  noirs. 

Dans  un  âge  moins  avancé,  les  joues  sont  cendré 
bleu,  les  plumes  noires  de  la  gorge  frangées  de  blanc. 
Chez  les  mâles  d’un  an,  la  gorge  est  mi-partie  blanche 
et  noire. 

Femelle  adulte  en  été  :  parties  supérieures  cendré 
olivâtre,  moins  ardoisé  que  chez  le  mâle;  gorge  d’un 
noir  moins  pur,  plus  varié  de  blanc  et  moins  étendu  ; 
parties  inférieures  jaune  lavé  de  chamois,  surtout  à  la 
poitrine. 

Jusqu’à  l’âge  de  trois  ans,  les  femelles  n’ont  que 
quelques  rares  plumes  noires  à  la  gorge;  cette  partie 
est  d’un  blanc  presque  pur  chez  les  femelles  d’un  an. 

Mâle  et  femelle  en  automne  :  comme  la  femelle  en 
été,  pas  de  noir  à  la  gorge,  qui  est  d’un  blanc  presque 
pur;  poitrine  d’un  blanc  cendré. 

La  Boarule  arrive  dans  notre  département  vers  le 
milieu  d’octobre  et  disparaît  dans  les  premiers  jours  de 
mars.  Elle  fréquente  le  bord  des  eaux,  les  jardins,  les 
lieux  humides,  où  elle  court  avec  une  grande  légèreté. 
C’est  un  oiseau  peu  sociable  et  hargneux,  donnant  la 
chasse,  non-seulement  à  ceux  de  son  espèce,  mais  à  ses 
congénères. 

Elle  a  un  cri  aigu  et  strident  qu’elle  fait  entendre 
sans  cesse,  au  vol  comme  au  rassis.  Elle  recherche  sur- 


tout  les  lieux  isolés,  fuit  de  loin,  et  s’échappe  comme 
un  trait  quand  on  la  surprend. 

Tl  est  difficile  de  l'avoir  en  robe  de  noces  dans  nos 
localités.  Il  faut  pour  cela  la  tuer  le  plus  tard  possible; 
mais,  en  attendant  le  moment  favorable,  on  risque  fort 
de  laisser  échapper  l’occasion,  et  de  n’abattre  que  des 
jeunes,  lesquels  émigrent  les  derniers.  J’ai  obtenu 
cette  année  (9  mars  1867),  un  couple  de  très  vieux  in¬ 
dividus  en  livrée  parfaite,  une  gelée  tardive  ayant  sus¬ 
pendu  l’émigration. 

D’après  M.  l’abbé  Vincelot,- son  nom  spécifique  Boa- 
m/a  aurait  pour  racine  Cou?,  bœuf;  mais  nous  ne  voyons 
pas  bien  les  rapports  qui  peuvent  exister  entre  notre 
oiseau  et  ce  ruminant;  Bovç  ne  donne  d’ailleurs  que  la 
■  première  partie  du  nom.  11  nous  paraîtrait  plus  ration¬ 
nel  de  le  faire  dériver  de  Cou,  cri,  combat,  et  de  pour, 
ruisseau,  cours  d’eau,  d’où  ^oupov^.  En  rendant  à  Vu  sa 
prononciation  primitive  et  en  retranchant  l’aspiration, 
on  arriverait  régulièrement  au  diminutif  Boarula,  qui 
signifierait  alors  :  petit  oiseau  qui  crie  ou  qui  combat 
près  des  cours  d’eau,  dénomination  que  justifieraient 
pleinement  les  habitudes  criardes  et  un  peu  tapa¬ 
geuses  de  notre  Bergeronnette. 

N 

116.  IScrgeroimetle  priiitanièrc.  —  Motacilla 
fia  va.  (Ijinné.) 

Synonymie  :  Bergeronnette  de  printemps. 

Taille  :  1 75  millimètres. 

Description  :  Mâle  en  été  :  tête  et  joues  cendré  bleu; 
manteau  vert  olive;  parties  inférieures  d’un  beau  jaune 
jonquille,  quelquefois  avec  des  mouchetures  brunes  à 
la  poitrine  ;  raie  sourcillière  partant  du  front  et  s’éten- 


dant  à  rocciput,  blanc  pur  ;  une  seconde  raie  de  inênie 
couleur  sépare  les  joues  de  la  gorge  ;  grandes  et 
moyennes  couvertures  alaires  brunes,  avec  une  frange 
.jaunâtre  formant  une  double  bande  sur  Taile;  rémiges 
tertiaires  liserées  de  même- couleur;  rémiges  brunes  ; 
les  deux  reetriees  latérales  de  ehaque  eôté,  blanches, 
marquées  de  noir  sur  les  barbes  internes  ;  les  médianes 
noires  bordées  d’olivâtre;  bec,  pieds  et  i)is  noirs. 

Mâle  en  automne  :  plus  rembruni  en  dessus;  gorge 
et  poitrine  moins  jaune  avec  une  teinte  chamois  claii\ 
'Femelle  en  été  :  de  couleur  plus  grise  aux  parties 
supérieures  ;  parties  inférieures  d’un  blanc  sale,  lavé  de 
jaune  à  la  poitrine  et  au  milieu  du  ventre  ;  raie  sour¬ 
cilière  d’un  blanc  moins  pur. 

Femelle  en  automne  :  gorge  et  poitrine  blanchâtres, 
fortement  teintées  de  chamois  assez  foncé. 

Jeunes  en  premier  plumage  cendré  gris  roussâtre 
en  dessus;  blanc  terne  en  dessous,  avec  des  mouche¬ 
tures  noires  à  la  gorge  et  au  devant  du  cou  ;  raie  sour¬ 
cilière  blanchâtre  surmontée  d’une  seconde  raie  brune. 

Cette  espèce,  commune  dans  toute  la  France  ,  est 
moins  répandue  ,  sans  y  être  rare,  dans  la  partie 
occidentale  de  notre  département.  Elle  couve  à  terre  au 
milieu  des  prairies  ou  des  champs  cultivés,  dans  une 
petite  cavité,  souvent  dans  l’empreinte  du  pied  des 
bestiaux.  Elle  compose  son  nid  d’herbes  à  l’extérieur 
et  le  garnit  intérieurement  de  crins  et  de  bourre.  Sa 
ponte  est  de  4  à  6  œufs,  d’un  blanc  roussâtre,  avec  des 
points  plus  foncés,  nombreux  et  confondus.  Ün  trouve 
des  variétés  qui  portent,  au  gros  bout,  un  ou  deux  traits 
noirs,  fins  et  déliés.  Grand  diamètre,  18  millimètres; 
petit  diamètre,  14  millimètres. 


ê 


—  288  — 

Cette  espèce,  type  du  genre  Biidytes^  arrive  dans 
notre  département  dans  les  premiers  jours  d’avril,  et 
repart  dans  le  courant  de  septembre.  Les  vieux  indi¬ 
vidus  arrivent  et  repartent  les  premiers.  Quelques 
jeunes  nous  restent  jusqu'aux  premiers  jours  d’octobre. 
Elle  se  répand  dans  les  plaines,  dans  les  prairies  et  les 
marais,  s’attache  à  la  suite  des  bestiaux  et  paraît  d’un 
caractère  plus  doux  et  plus  sociable  que  les  précé¬ 
dentes.  Elle  a  un  chant  d’amour  peu  étendu ,  mais 
assez  doux  et  un  cri  d’appel  dur  et  aigu,  peu  en  har¬ 
monie  avec  ses  mœurs  paisibles',  ses  allures  sympa¬ 
thiques  et  la  grâce  de  ses  mouvements. 

Son  nom  latin,  Flava,  jaune,  indique  sa  couleur 
dominante;  mais  il  manque  de  précision,  en  ce  qu’il 
pourrait  convenir  également  à  la  précédente  et  aux 
suivantes. 

m 

117.  lîer«eroiiiiette  «ic  üay.  —  Motacilla  Rayi 
(Degland). 

Synonymie  :  Bergeronnette  flavéole  ;  Bergeronnette 
à  tête  jaune  ;  Jauneh 

Taille  :  165  millimètres. 

Description  :  Mâle  au  printemps  :  parties  supérieures, 
tête  et  joues  d’un  jaune  olive  clair;  parties  inférieures, 
raie  sourcilière  et  seconde  raie  sous  la  joue,  d’un  beau 
jaune  jonquille,  souvent  avec  quelques  taches  brunes  à 
la  poitrine;  couvertures  alaires,  rémiges,  rectrices, 
bec,,  pieds  et  iris  comme  la  précédente. 

Mâle  en  automne  :  parties  supérieures  d’un  cendré 
olivâtre  un  peu  plus  rembruni  qu’au  printemps  ;  par¬ 
ties  inférieures  d’un  blanc  lavé  de  jaune  et  de  chamois 
clair,  surtout  au  cou  et  à  la  poitrine. 


289 


Femello  au  printemps  :  parties  supérieures  fortement 
lavées  de  gris;  parties  inférieures  d’un  jaune  pâle, 
nuancé  de  cendré  olive  aux  côtés  de^la  poitrine  et  aux 
flancs  ;  raie  sourcilière  jaunâtre. 

Femelle  en  automne  ;  parties  supérieures  comme  au 
printemps  ;  parties  inférieures  d’un  blanc  à  peine 
nuancé  de  jaune,  mais  fortement  lavé  de  chamois. 

Jeunes  en  premier  plumage  :  d’un  cendré  teinté 
d’olive  au  manteau,  plus  foncé  et  tirant  sur  le  brun  à 
la  tête;  raie  sourcilière  d’un  blanc  jaune,  surmontée 
d’une  raie  brune  ;  parties  inférieures  jaune  verdâtre , 
avec  des  mouchetures  brunes,  partant  des  mandibules 
et  se  rejoignant  au  haut  du  cou 

Cette  Bergeronnette  arrive  dans  notre  département 

vers  les  premiers  jours  d’avril,  y  reste  tout  l’été  et 

« 

repart  à  la  fin  de  septembre. 

Elle  couve,  comme  la  précédente,  dans  un  enfonce¬ 
ment,  au  milieu  des  prés  ou  des  champs,  et  compose 
son  nid  d’herbes  et  de  bourre;  quelquefois  le  nid  n’est 
garni  intérieurement  que  d’un  peu  de  crin.  Sa  ponte 
est  de  4  à  6  œufs,  d’un  blanc  roussâtre,  marqués  de 
taches  d’un  gris  roux,  tantôt  bien  distinctes,  tantôt 
confondues,  rarement  avec  une  ou  deux  lignes  noires 
au  gros  bout.  Grand  diamètre,  17  millimètres;  petit 
diamètre,  13  millimètres. 

Cette  Bergeronnette,  vendue  longtemps  sous  le  nom 
de  Buclytes  Anglorum,  Bergeronnette  d’Angleterre,  et 
indiquée  comme  de  simple  passage  sur  nos  côtes,  est 
très  commune  tout  l’été  dans  l’arrondissement  du 
Havre.  Elle  a  les  mœurs,  le  régime  et  les  habitudes  de 
la  précédente,  dont  on  la  considère  souvent  comme 
une  variété  locale. 

19 


290 


Nous  avons  peine  à  admettre  ces  variétés  locales , 
quand  l’espèce  type  vit  à  côté  de  la  race  particulière, 
sans  se  mêler,  sans  se  confondre,  sans  produire  d’in¬ 
termédiaires,  de  sorte  que  les  deux  branches  resteraient 
toujours  aussi  distinctes,  aussi  constantes,  aussi  carac¬ 
térisées.  * 

Voici,  du  reste,  un  tableau  synoptique  des  diffé¬ 
rences  moyennes,  qu’offrent  ces  deux  espèces  ou  va¬ 
riétés  : 


B.  printanière. 

Longueur  totale.  .  .  17  centim. 

—  du  tarse  .  28  millim. 

—  du  pouce.  19  — 

Narines  plus  allongées. 

Première,  rémige  la  plus  longue. 
Bec  plus  gros,  plus  obtus. 

Cri  plus  fort,  plus  aigu. 

Œufs  plus  gros,  18  millim. 

Fane  au  gris. 


B.  de  Ray. 

165  millim. 

25  — 

18  - 
Plus  arrondies. 

Égalant  la  deuxième. 

Plus  effilé,  aminci  de  plus  loin. 
Plus  doux,  plus  traînant. 

Plus  petits,  17  millim. 

Fane  au  jaune. 


Nous  avons  cru  devoir  insister  sur  ces  différences 
dans  notre  Catalogue  de  la  Seine-Inférieure,  où  cette 
Bergeronnette,  rare  ailleurs,  est  si  commune  et  si  ré¬ 
pandue. 

Son  nom  spécifique  est  encore  un  hommage  rendu 
au  savant  qui  l'a  décrite  le  premier.  Le  mot  Flaveola, 
adopté  par  Temrninck,  offre  un  double  inconvénient  : 
il  a  été  donné  par  Pallas  à  la  Bergeronnette  printa¬ 
nière  ;  et,  en  sa  qualité  de  diminutif,  il  convient  peu  à  la 
Bergeronnette  de  Ray,  qui  est  plus  jaune  que  sa  con¬ 
génère,  désignée  par  le  mot  flava. 


V 


118  IterÿeroiïBacllc  à  It-ic  cenilréc.  —  Mota- 

•N. 

cilla  cinereocapilla  (Ch.  Bonaparte). 

Synonymie  :  Bergeronnette  à  tête  plombée. 

Taille  :'16  centimètres. 

Description  :  Mâle  au  printemps  :  dessus  de  âa  tête, 
joues  et  derrière  du  cou  d’un  bleu  jjlombé  très  foncé  ; 
un  petit  trait  blanc  à  peine  perceptible  en  arrière  de 
l’œil  ;  manteau  d’une  couleur  olive  plus  foncée  que  chez 
la  précédente  ;  gorge  d'unblancpur  ;  parties  inférieures, 
reste  du  plumage ,  bec,  pieds  et  iris  comme  la  Berge¬ 
ronnette  printanière. 

Femelle  au  printemps  :  dessus  de  la  tête,  joues  et 
derrière  du  cou  d’un  cendré  pâle  ;  raie  sourcilière,  se¬ 
conde  raie  sous  l’œil  et  gorge  d’un  blanc  pur;  manteau 
vert  olive  pâle,  lavé  de  cendré;  parties  inférieures  jaune 
paille. 

L’espèce  nous  est  inconnue  sous  sa  livrée  d’automne 
et  en  premier  plumage. 

Cette  Bergeronnette,  également  considérée  par  quel¬ 
ques 'auteurs-  comme  une  variété  de  la  Printanière,  est 
très  rare  dans  notre  département,  où  nous  avons  été 
assez  heureux  pour  abattre  le  mâle  et  la  femelle,  le 
10  avril  1867.  M.  de  Selys-Longchamps  l’a  tuée  près 
de  Lille,  le  13  mai  1842.  Ces  deux  captures,  faites  à 
25  ans  de  distance ,  prouvent  assez  que  l’espèce  se 
montre  rarement  dans  nos  pays;  mais  ils  infirment  en 
mêine  temps  l’opinion  trop  exclusive  du  prince  Ch.  Bo¬ 
naparte  ,  qui  a  prétendu  qu’elle  ne  .s’avance  jamais 
dans  le  Nord. 

Ce  couple  venait-il  se  reproduire  dans  notre  dépar¬ 
tement?  Nous  n’oserions  l’affirmer;  mais  il  y  a  lieu  de 


I 


1(3  croire  :  car  si,  au  lü  avril,  la  migration  est  en  pleine 
activité,  elle  est  au  13  mai,  époque  de  la  capture  de 
M.  de  Selys-Longchamps,  tout  à  fait  terruinée;  et  l’es¬ 
pèce  doit  vaquer  aux  soins  de  l’incubation. 

Ici  se  termine  pour  nous  la  famille  des  Motacillinés, 
famille  nombreuse  et  assez  variée,  qui  nous  amène,  par 
une  transition  bien  graduée,  à  celle  des  Alaudinés,  à 
laquelle  elle  se  rattache  par  les  Pipits,  qui,  comme 
nous  l’allons  voir,  ont  des  rapports  intimes  avec  le 
genraMotacilla. 


VINGTIÈME  FAMILLE. 

"  ALAUDINÉS. 

Caractères  de  la  Famille  :  Bec  presque  droit,  conique, 
mince  ou  de  grosseur  moyenne,  à  pointe  aiguë;  rémiges 
tertiaires  allongées,  mais  n’atteignant  point  l’extrémité 
des  primaires;  tarses  courts;  doigts  latéraux  égaux, 
l’externe  uni  à  la  base  avec  le  médian;  ongle  du  pouce 
long,  effdé,  droit  ou  légèrement  arqué  ;  habitudes  ter¬ 
restres. 

Nous  avons  cru  devoir  réunir  dans  une  même  famille, 
sous  le  titre  de  Alaudinés,  les  Pipits  et  les  Alouettes, 
auxquels  nous  trouvons  de  grands  rapports  de  confor¬ 
mité  dans  les  mœurs,  les  habitudes  et  le  régime.  La 
ressemblance  est  également  frappante  au  point  de  vue 
des  caractères  zoologiques. 

Ce  sont,  en  effet,  tous  oiseaux  sociables,  vivant  —  en 
dehors  de  la  saison  des  amours  —  par  bandes  assez 


nombreuses,  s’élevant  dans  les  airs  pour  chanter, 
couvant  à  terre,  pondant  des  œufs  grisailles,  cou¬ 
rant  avec  beaucoup  de  rapidité,  préférant  les  insectes 
aux  graines.  Tous  ont  un  plnmage  roussatre  avec  des 
mouchetures  plus  sombres,  les  rémiges  tertiaires  dé¬ 
passant  les  secondaires  ;  la  queue  carrée  bordée  de 
blanc  plus  ou  moins  pur,  l’ongle  du  pouce  allongé 
et  aigu  ;  sage  précaution  de  la  nature,  dans  des  es¬ 
pèces  destinées  à  marcher  sur  des  terrains  humides  ou 
friables. 

Ce  sont  là,  selon  l’expression  de  M.  de  La  Frenaye, 
des  caractères  non  d’analogie,  mais  d’affinité,  qui  jus¬ 
tifient  surabondamment,  ce  nous  semble,  le  rapproche¬ 
ment  que  nous  opérons.  Les  noms  de  Alouettes  des 
prés,  Alouettes  bocagères,  Alouettes  piperesses^  donnés* 
à  certains  Pipits  par  les  gens  de  la  campagne,  bons 
observateurs  des  mœurs  et  des  habitudes  des  oiseaux., 
nous  paraissent  un  nouvel  argument  à  l’appui  de  notre 
opinion. 

Degland  avait  saisi  ces  points  de  similitude  ;  «  Les 
«  Pipits,  dit-il,  ont  de  grands  rapports  de  ressemblance 
«  avec  les  Alouettes  -et  les  Bergeronnettes,  et  établis- 
«  sent  une  transition  naturelle  des  unes  aux  autres; 

«  comme  les  premières,  ils  chantent  dans  les  airs,  et, 

«  comme  les  dernières,  ils  sont  pins  insectivores  que 

«  granivores,  et  impriment  à  leur  queue,  quand  ils 

» 

«  marchent  et  souvent ‘lorsqu’ils  sont  au  repos,  un 
«  mouvement  de  haut  en  bas  (1).  » 

Ces  traits  d’analogie,  bien  exprimés  par  Degland  et 
reconnus  par  la  grande  majorité  des  auteurs ,  nous 

(1)  Or/iilhoL  eurup.,  t.  I*-',  p.  414  et  415. 


r 

\ 


—  294  — 

'  dispensent  de  justifier  autrement  la^  place  que  nous 
donnons  aux  Pipits.  Néanmoins  nous  pensons  que  le 
savant  naturaliste  s’est  mépris  'sur  le  régime  des 
Alouettes  et  qu’elles  sont  elles-mêmes  plus  insectivores 
que  granivores.  Nous  avons  donc  retranché  les  Pipits 
des  Motacilliiiés  pour  les  grouper  avec  ces  espèces  sous 
le  nom  de  Alaudinés.  Mais  cette  réunion  nécessitait  un 
autre  changement  plus  important,  c'était  la  distraction 
des  Alouettes  de  l’Ordre  des  Granivores,  parmi  les-  • 
quels,  dans  notre  opinion,  elles  ne  doivent  point  être 
classées.  Cependant  nous  hésitions  encore,  n’osant 
point  nous  donner  raison  contre  tout  le  monde,  quand 
une  heureuse  inspiration  nous  a  fait  jeter  les  yeux  sur 
VEncijclopédie  cl' Histoire  naturelle  du  docteur  Chenu,  qui 
les  a  séparées  lui-même  des  Granivores. 

«  C'est  effectivement,  dit-il,  un  fait  avéré  et  qui 
«  nous  a  toujours  été  confirmé  par  J.  Verreaux,  que 
«  les  espèces  d’Alaudinés,  confinées  dans  les  déserts 
«  de  l’Afrique,  n’en  restent  pas  moins  insectivores, 

«  malgré  l’aridité  du  sol  et  l’absence  de  toute  végéta- 
«  tation  apparente  (1 }.  » 

L'exemple  du  docteur  Chenu,  l’immense  savoir,  la 
grande  expérience,  l’autorité  incontestée  de  M.  J.  Ver¬ 
reaux,  couvrant  notre  humble  personnalité,  nous  ont 
complètement  rassuré  sur  la  coupe  nouvelle  que  nous 
voulions  établir.* 

Cette  famille  comprend  pour  nous  deux  genres  : 

L  Genre  Pipit  ; 

2®  Genre  Alouette. 

(!)  hiicijclop.  d'ilisl.  tial.,  l.  111,  p.  184. 


I 


1”  Genre  Pipit.  —  Anthus. 

Caractères  du  genre.:  Ceux  de  la  Famille;  bec  droit, 
mince,  effilé,  échancré  à  la  pointe,  glabre  à  la  base,  à 
mandibule  inférieure  comprimée  vers  le  milieu;  na¬ 
rines  membraneuses,  ovalaires;  tarses  assez  minces; 
ailes  sub-aiguës;  queue  ample,  assez  longue,  légère¬ 
ment  fourchue. 

Les  Pipits  sont  répandus  partout,  dans  les  plaines, 
sur  les  coteaux  arides,  dans  les  endroits  humides  ;  mais 
ils  aiment,  en  général,  les  lieux  découverts  et  exposés 
au  soleil.  Tous  ont  la  faculté  de  brancher,  mais  sont 
mieux  conformés  pour  la  marche-  Aussi  les  voit-on  le 
plus  souvent  à  terre,  où  ils  courent  avec  une  grande 
légèreté  en  saisissant  les  larves  et  les  vermisseaux. 

En  automne, -quelques-uns  se  répandent  dans  les 
champs  verts,  d’où  ils  disparaissent  aux  premières 
gelées.  La  plupart  émigrent  alors  au  Midi;  d’autres 
gagnent  les  marais,  où  ils  vivent  avec  leurs  congénères 
des  régions  .boréales,  qui  fuient  le  séjour  glacé  du 

„  P 

Nord.  On  en  rencontre  tout  fliiver,  même  dans  les  plus 
grands  froids,  sur  les  alluvions,  où  ils  vivent  en  société 
entre  eux,  et  avec  celles  des  Bergeronnettes  qui  hi¬ 
vernent  dans  nos  climats. 

Au  printemps,  chaque  espèce  regagne  son  séjour 
de  prédilection.  On  les  voit  alors  s’élever  d’un  vol 
oblique;  puis,  arrivés  à  une  certaine  hauteur,  ils  se 
laissent  choir,  la  tête  la  première,  les  ailes  ouvertes 
et  immobiles  ,  la  queue  épanouie  ,  en  faisant  entendre 
un  chant  doux  et  moelleux ,  plein  de  grâce  et  d’har¬ 


monie. 


Leur  cri  d’appel  est  en  général  strident,  un  peu 
traînant  et  assez  désagréable.  C’est  de  ce  cri  jri  pi  qu'on 
a  formé  par  onomatopée  leur  nom  générique  Pipit. 
Quant  au  mot  \3itmAnthus,  venant  du  grec  fleur, 
il  ne  peut  être  pris  que  figurativement  pour  exprimer 
que  par  leur  chant,  leurs  ascensions  répétées  et  leur 
légèreté,  ils  sont  l’ornement  des  lieux  qu’ils  habitent; 
car  leur  plumage  sombre  et  terne  est  loin  de  justifier 
cette  dénomination. 

Dans  l’arrière-saison,  ils  prennent  beaucoup  de 
graisse  et  leur  chair  acquiert  un  goût  exquis.  On  les 
sert  alors  en  brochettes  sous  le  nom  de  Bec-figues,  et 
ils  sont  fort  prisés  des  gastronomes. 

Presque  tous  les  auteurs  ont  annoncé  à  tort  que  leur 
mue  est  simple;  nous  croyons,  au  contraire,  qu’elle 
est  double  dans  toutes  les  espèces.  Nous  pouvons  l’af¬ 
firmer  pour  le  P.  obscur  et  le  P.  spioncelle,  et  nous 
en  avons  presque  la  certitude  pour  le  P.  Farlouse. 
Nous  sommes  même  porté  à  croire  que  c’est  à  ce 
caractère,  ignoré  des  auteurs,  que  le  P.  invariable  doit 
son  existence  comme  espèce,  et  que  la  confusion  qui 
règne  dans  la  nomenclature  des  Pipits  n’a  pas  d’autre 
cause. 

De  genre  contient  8  espèces  d’Europe,  dont  7  appar¬ 
tiennent  à  la  France  et  6  à  notre  département.  Dne  de 
ces  espèces,  le  P.  invariable,  nous  paraît  contestée  et 
contestable. 

1»  Pipit  obscur,  ¥  Pipit  Farlouse, 

2'  Pipit  invariable?  5“  Pipit  des  arbres, 

3°  Pipit  Spioncelle,  6»  Pipit  Rousseline, 

dont  on  a  fait  presque  autant  de  genres.  Le  seul  peut- 

être  qui  puisse  soutenir  l’examen,  serait  le  genre  Cory- 


—  297  — 

/ 

dalla ,  créé  en  faveur  du  Pipit  Richard ,  dont  nous 
n’avons  point  à  nous  occuper.  Les  autres  ne  nous 
paraissent  basés  sur  aucun  caractère  de  quelque  va¬ 
leur. 

119.  Pîpit  ©liseur.  —  Anthus  obscurus  (Degland). 

'Synonymie  :  Pipit  aquatique. 

Taille  :  165  millimètres. 

Description  :  Mâle  au  printemps  :  parties  supérieures 
d’un  cendré  brun  plus  foncé  au  centre  des  plumes,  lé¬ 
gèrement  lavé  de  bleu  à  la  tête  et  d’olivâtre  au  man¬ 
teau;  raie  sourcilière,  apparente  seulement  derrière 
l’œil,  et  gorge  d'un  blanc  terne;  devant  du  cou,  poi¬ 
trine  et  côtés  du  ventre  de  couleur  chamois  rosé,  quel¬ 
quefois  uniforme,  quelquefois  moucheté  de  brun  ;  mi¬ 
lieu  du  ventre  et  abdomen  d’un  blanc  verdâtre  ;  grandes 
et  moyennes  couvertures  alaires  brunes,  liserées  d’olive 
et  terminées  par  une  frange  blanche,  formant  deux 
bandes  sur  l’aile;  rémiges  brunes  bordées  d’olive;  rec- 
trices  de  même  couleur,  l’externe  liserée  de  roussâtre 
avec  une  tache  blanche  assez  allongée  sur  les  barbes 
internes,  la  suivante  portant  également  une  tache 
triangulaire  à  l’extrémité  ;  bec ,  pieds  et  iris"  brun 
foncé. 

Femelle  au  printemps  :  semblable  au  mâle,  dont  elle 
ne  diffère  que  par  une  taille  un  peu  plus  petite,  et  la 
raie-sourcilière  plus  large  et  plus  pâle. 

Mâle  et  femelle  en  automne  :  parties  supérieures 
d’un  brun  lavé  de  roux  et  d’olivâtre,  avec  la  tache  du 
centre  des  plumes  plus  apparente  qu’au  printemps  ; 
parties  inférieures  d’un  blanc  verdâtre,  marqué  de  nom- 


—  298  — 


breuses  taches  brunes,  surtout  à  la  poitrine;  pas  de 
teinte  chamois. 

Jeunes  après  la  première  mue  ;  ils  ne  diffèrent  des 
adultes  que  par  des  mouchetures  plus  nombreuses  à 
la  poitrine.  —  Ils  nous  sont  inconnus  en  premier 
plumage. 

Le  Pipit  obscur  arrive  dans  notre  département  en 
septembre  et  octobre;  quelques  individus  y  passent 
l’hiver  ;  d'autres  s’avancent  plus  au  Midi.  Il  réap¬ 
paraît  au  mois  de  mars  sur  les  bords  de  la  Seine , 
en  plus  grand  nombre  qu’on  ne  le  croit  générale¬ 
ment;  car,  bien  qu’il  soit  assez  farouche,  on  peut 
en  abattre  jusqu’à  douze  ou  quinze  dans  un  jour. 
Malheureusement  il  est  souvent  en  pleine  mue  à  cette 
époque. 

Il  cherche  les  alluvions,  les  lieux  submergés,  où  il 
court  en  hochant  la  queue  et  en  saisissant  les  insectes 
aquatiques,  les  vers  et  les  petits  crustacés,  dont  il  pa-  , 
raît  se  nourrir  exclusivement.  Il  fuit  d’assez  loin,  en 
poussant  le  plus  souvent  un  cri  simple,  aigu  et  un  peu 
enroué. 

C’est  à  ce  cri,  qu’il  ne  fait  entendre  ordinairement 
qu’une  fois,  à  la  teinte  roussàtre  du  bord  des  rectrices 
latérales,  à  la  raie  sourcilière  plus  étroite,  à  sa  taille 
plus  petite,  qu’il  se  distingue  du  Pipit  spioncelle,  avec 
lequel  il  a  de  grands  rapports. 

Temminck  a  avancé  par  erreur  que  la  femelle  ne 
prend  point,  au  printemps,  les  belles  couleurs  chamois 
de  la  poitrine.  L’intensité  de  cette  nuance  varie  chez 
les  individus,  sans  distinction  de  sexe,  peut-être  selon 
l’àge;  on  en  tue  même  quelquefois  de  tout  à  fait  gris  ; 
mais  la  femelle  adulte  a  la  teinte' chamois  aussi  tran- 


/ 


-  299  -- 

cliée  que  le  mâle.  J’ai  abattu  en  1866  un  individu  qui 
me  parut  d’une  grande  beauté;  je  constatai  en  l’ou¬ 
vrant  que  c’était  une  femelle,  avec  l’ovaire  bien  garni. 
Elle  fait  aujourd’hui  partie  de  ma  collection. 

Son  nom  obscurus,  obscur,  lui  vient  de  la  nature 
sombre  de  son  plumage.  La  dénomination  aqualicus, 

qu’on  lui  donne  quelquefois  indistinctement  avec  le 

• 

P.  spioncelle,  doit  être  supprimée  à  cause  du  double 
emploi  et  de  la  confusion  qu'elle  établit  entre  ces  deux 
espèces. 

120.  PlpSt  —  Antlius  immutabilis? 

(Degland). 

Taille  :  environ  17  centimètres. 

Description  :  Mâle  et  femelle  au  printemps  :  parties 
supérieures  et  joues  d’un  brun  olivâtre  tirant  sur  le 
gris  ;  lorums  brun  foncé;  un  petit  trait  blanc  derrière 
l’œil;  gorge  et  haut  du  cou  blanc  jaunâtre,  encadrés 
par  deux  lignes  noires  partant  de  la  base  de  la  mandi¬ 
bule  inférieure  ;  poitrine  et  flancs  d’un  roux  rembruni, 
fortement  moucheté  de  noir  ;  milieu  du  ventre  blanc 
verdâtre;  petites  et  moyennes  couvertures  alaires  bor¬ 
dées  de  blanc  terne;  grandes  couvertures  et  rémiges 
légèrement  liserées  d’olivâtre;  rectrices  de  même  cou¬ 
leur,  avec  la  plus  externe  bordée  de  blanc  roussâtre,  et 
marquée  de  blanc  pur  à  l’extrémité  ;  la  suivante  égale¬ 
ment  tachée  de  blanc  â  la  pointe  ;  bec,  pieds  et  iris 
brun  foncé. 

Mâle  et  femelle  en  juin  :  de  nuance  un  peu  plus 
claire,  avec  toutes  les  plumes  très  usées  La  gorge  et 
les  parties  inférieures  ont  perdu  leurs  teintes  verdâtres, 
et  sont  devenues  d’un  blanc  presque  pur. 


Le  Pipit  invariable  a  les  mœurs,  les  habitudes  et  le 
régime  du  précédent 

Nous  avons  abattu  trois  de  ces  oiseaux  surFendigue- 
mentde  la  Seine  ;  et,  après  l’examen  le  plus  minutieux, 
nous  n’avons  pu  découvrir  en  eux  aucun  caractère 
zoologique  particulier  qui  les  distinguât  du  Pipit  obs¬ 
cur  en  livrée  d’automne,  auquel  il  ressemble  exacteT 
ment  par  le  plumage,  comme  on  peut  le  voir  par  la 
description  que  nous  en  avons  donnée. 

Toute  la  dilférence  consiste  donc  dans  l’usure  des 
plumes  et  dans  cette  anomalie  :  que  Toiseau  conserve 
en  été  la  livrée  d’hiver,  particularités  qui  s’expliquent, 
et  qui  ne  suffiraient  guère  d’ailleurs  à  constituer  une 
espèce.  Aussi  pensons-nous  que  l’oiseau  ,  auquel  on  a 
donné  le  nom  de  Pipit  invariable,  est  un  P.  obscur, 
peut-être  des  couvées  tardives,  qui,  pour  une  cause 
quelconque,  âge  ou  maladie,  a  manqué  sa  mue  du 
printemps. 

L’opinion  émise  par  Temminck  :  que  la  femelle  n’a 
pas  de  chamois  aux  parties  inférieures,  vient  à  l’appui 
de  notre  manière  de  voir  :  car  elle  établit  que  certains 
individus  conservent  en  été  le  plumage  d’hiver.  Quant 
à  l’usure  des  plumes,  si  elle  prouve  quelque  chose, 
c’est  encore  en  notre  faveur.  Les  plumes  poussées  en 
septembre,  que  cet  oiseau  a  conservées,  doivent,  en 
effet,  être  plus  usées  en  juin,  que  les  plumes  neuves 
dont  les  autres  se  sont  revêtus  au  mois  de  mars.  Nous 
avons  cru  remarquer  d’ailleurs,  que  les  Pipits  Farlouses 
qui  habitent  les  lieux  humides,  où  ils  se  baignent  plus 
souvent,  ont  les  plumes  plus  usées  et  plus  pâles  que 
ceux  qüi  se  tiennent  sur  les  coteaux  arides.  Le  plu¬ 
mage  du  Pipit  invariable,  qui  vit  comme  l’Obscur  au 


301  — 


bord  de  l’eau  salée,  toujours  crampouné  aux  rochers, 
sans  cesse  aspergé  par  l’écume  saumâtre,  passant  de 
là  aux  rayons  brûlants  du  soleil,  doit  être  fort  éprouvé 
par  ces  perpétuelles  vicissitudes,  ces  brusques  transi- 
tions  d’une  humidité  corrosive  à  l’extrême  sécheresse  ; 
et  c’est  probablement  ce  qui  arrive  à  l’Obscur  sur  les 
plages  boréales  qu’il  habite,  et  où  il  n’a  pas,  que  nous 
sachions,  été  observé  à  cette  époque. 

On  objectera  peut-être  que  le  Pipit  invariable  niche 
sur  nos  côtes  françaises,  et  que  le  Pipit  obscur  va  se 
reproduire  dans  le  Nord.  Nous  avons  déjà  dit  que  les 
jeunes  sujets  passent  les  derniers;  ne  pourrait-on  pas 
admettre  que  quelques  individus  des  nichées  tardives, 
alfaiblis  par*  une  maladie  qui  les  empêche  d'opérer  leur 
mue,  elles  retarde  encore  dans  leur  émigration,  man¬ 
quent  le  départ  ;  et  que ,  se  trouvant  pressés  de  se 
reproduire,  ils  s’établissent  dans  un  lieu  à  leur  conve¬ 
nance  ,  tel  que  les  sites  abruptes  et  sauvages  d'Auri- 
gny  et  les  rochers  détachés  du  cap  de  la  Hogue,  où 
couvent  d’autres  espèces  boréales? 

M.  Hardy  a  de  plus  remarqué  que  cet  oiseau  voyage 
toujours  avec  le  Pipit  obscur,  nouveau  caractère  d’i¬ 
dentité  qui  n’est  pas  infirmé  par  cette  remarque  :  que 
l’invariable  est  beaucoup  plus  sauvage  que  son  congé - 
nèj'e .  Le  Pipit  obscur  est  quelquefois  très  farouche  ; 
d’ailleurs,  pour  peu  qu’on  soit  chasseur,  on  sait  que  le 
même  gibier  qui  hier  partait  de  fort  loin  ,  nous  laisse 
aujourd’hui  passer  à  deux  pas  sans  lever. 

Nous  avons  cru  devoir  insister  sur  ces  considéra¬ 
tions,  dans  un  intérêt  que  tout  le  monde  comprendra, 
nous  l’espérons,  celui'de  la  vérité.  Le  Pipit  invariable 
ayant  été  admis  par  Degland  et  rejeté  depuis,  c’est  à 


ceux  qui  halnteiit  les  pciys  où  cet  oiseau  se  montre,  de 
fournir  leurs  observations  et  les  renseignements  qu’ils 
ont  pu  recueillir.  Nous  avons  rempli  notre  tâche  en 
pleine  liberté  d’appréciation,  mais  en  conscience  et 
sans  arrière-pensée  ;  et  nous  nous  rangerons,  de  bonne 
grâce  et  avec  empressement,  de  l’avis  contraire,  du  mo¬ 
ment  que  nous  le  trouverons  meilleur. 

121 .  Pipit  Spîoiicellc.  —  Anthus  Spinoletta  (De- 
gland). 

Synonymie  :  Pipit  spipolette  ;  Pipit  aquatique,  Pipit 
maritime,  Pipit  montain. 

Taille  :  17  centimètres. 

Description  :  Mâle  en  été  :  parties  supérieures  d’un 
cendré-,  ardoisé  à  la  tête  et  au  cou,  lavé  d’olivâtre  au  bas 
du  dos  et  au  croupion  ;  raie  sourcilière  blanche  ;  par¬ 
ties  inférieures  chamois  plus  ou  moins  foncé,  avec 
quelques  mouchetures  brunes  au  cou  et  à  la  poitrine  ; 
blanc  cendré  à  l’abdomen,  lavé  de  brun  sur  les  flancs  ; 
couvertures  alaires  brunes  frangées  de  blanc,  formant 
deux  raies  sur  l’aile  ;  grandes  couvertures  et  rémiges 
liserées  de  blanc  terne  ;  rectrices  bordées  d’olivâtre,  à 
l’exception  des  latérales,  qui  sont  frangées  de  blanc 
sur  une  grande  partie  de  leur  étendue;  les  deux  sui¬ 
vantes  ayant  une  petite  tache  conique,  de  même  cou¬ 
leur,  à  l’extrémité;  bec  brun,  plus  foncé  en  dessus; 
pieds  roussâtres  ;  iris  noir. 

Femelle  :  semblable  au  mâle,  dont  elle  ne  diffère 

t 

que  par  une  taille  un  peu  moindre,  et  peut-être  par  les 
mouchetures  plus  nombreuses  à  la  poitrine. 

Mâle  et  femelle  en  automnje  :  parties  supérieures  la- 


/ 


—  303  - 

vées  de  vert  olive  ;  point  de  teinte  ardoisée  ;  parties  in¬ 
férieures  d’un  blanc  terne,  fortement  mouchetées  et 
non  lavées  de  chamois. 

Jeunes  ;  comme  les  adultes  en  automne. 

Le  Pipit  spioncelle  arrive  en  petit  nombre  dans 
notre  département,  dans  le  mois  de  septembre,  y  passe 
l’hiver  et  repart  dans  le  commencement  de  mars,  avant 
d’avoir  terminé  sa  mue  ;  mais  nous  ne  croyons  point 
qu’il  s’y  reproduise  (1).  11  se  tient  conj-me  le  pré¬ 
cédent  dans  les  endroits  humides,  au  bord  des  cours 
d’eau  et  sur  les  alluvions  ;  il  y  court  en  hochant  la 
quéue,  et  se  nourrit  aussi  d’insectes  maritimes  et  flu- 
viatiles. 

Cet  oiseau  a  été  l’objet  de  plus  d’une. confusion.  On 
l’a  appelé,  en  hiver,  quand  il  fréquente  le  bord  des 
eaux,  aquatique  ou  maritime;  en  été,  quand  on  l’a 
retrouvé  sous  sa  livrée  de  noces,  au  sommet  des  mon¬ 
tagnes,  on  l’a  désigné  sous  le  nom  de  Montain  [Anthus 
montanus)  ou  sous  celui  de  Spipolette,  de  l’italien  Spi- 
polare,  siffloter^  à  cause  de  son  chant  gracieux,  mais  un 
peu  décousu,  qu’il  fait  entendre  comme  ses  congénères, 
en  se  laissant  tomber  du  haut  des  airs. 

Le  Spioncelle,  le  Montain,  le  Maritime  et  le  Spipo- 
lette  sont  donc  un  seul  et  même  oiseau,  observé  à  des 
époques  et  sous  des  livrées  différentes;  et  nous  ne 
serions  point  surpris  si  un  jour,  après  des  observations 
plus  précises,  l’Obscur,  l’invariable  et  le  Spioncelle 
étaient  considérés  comme  de  simples  variétés,  très  voi¬ 
sines  et  presque  identiques,  d’une  seule  espèce;  car 


(1)  Nous  avons  abattu  cette  année  1868,  le  5  avril,  une  femelle 
en  livrée  parfaite. 


—  304 


nous  ne  voyons,  entre  ces  trois  oiseaux,  que  des  dilîé- 
rences  presque  insignifiantes. 


122.  Pipit  Farloinse.  —  Anthus  pratensis  (Bechs- 
tein). 

Synonymie  :  Pipit  des  Prés;  Alouette  des  Prés;  petit 
Bec -figue.  Quic. 

Taille  :  environ  14  centimètres. 

Description  :  Mâle  au  printemps  :  parties  supérieures 
cendré  olivâtre,  avec  une  tache  plus  foncée  au  centre  de 
chaque  plume;  petites  et  moyennes  couvertures  âlaires 
bordées  de  gris,  formant  deux  bandes  obliques  sur 
l’aile;  parties  inférieures  d’un  blanc  terne,  teinté  de 
chamois  clair,  et  marqué  de  taches  noires  bien  tran¬ 
chées,  arrondies  et  isolées  â  la  poitrine;  rémiges  brunes 

♦ 

liserées  d’olivâtre;  rectrices  semblables,  les  médianes 
largement  frangées  de  giis,  les  latérales  blanches  en 
dehors,  et  sur  une  grande  partie  de  leur  étendue,  la 
suivante  avec  une  petite  tache  cunéiforme  de  même 
couleur  ;  bec  brun  en  dessus,  jaunâtre  en  dessous  ; 
pieds  roussâtres  ;  iris  noir. 

Mâle  en  automne  :  de  nuance  plus  foncée,  avec  les 
taches  du  centre  des  plumes  plus  étendues,  et  plus 
tranchées  au  manteau  ;  les  parties  inférieures  plus  la¬ 
vées  de  chamois. 

Femelle  :  semblable  au  mâle  â  toute  époque  ;  elle 
n’en  dilfère  que  par  les  taches  plus  larges  et  plus  nom¬ 
breuses  sur  toutes  les  parties.  • 

Jeunes  :  peu  différents  des  adultes  en  automne;  ongle 
plus  court. 

Cette  espèce  varie  beaucoup  pour  les  teintes  du  plu- 


.-1  305  — 


mage.  Elle  se  distingue  toujours  du  Pipit  des  arbres  à 
sa  taille  un  peu  plus  petite,  à  son  bec  plus  effilé,  à  son 
ongle  plus  long,  moins  arqué  et  moins  robuste. 

Nous  avons  trouvé  dans  les  lieux  élevés  et  arides, 
sur  les  côtes  de  Bonsecours ,  au  cap  d’ Antifer,  etc., 
une  variété  un  peu  plus  petite,  ayant  les  parties  supé¬ 
rieures  plus  cendrées  et  les  mouchetures  des  parties 
inférieures  plus  foncées,  plus  larges,  confluentes  au 

milieu  de  la  poitrine,  où  elles  forment  une  tache  assez 

/ 

étendue.  Cette  variété  nous  a  paru,  du  reste,  avoir  tous 
les  caractères  de  l’espèce  type. 

Le  Pipit  des  prés  est  très  commun  dans  toutes  les 
prairies  de  notre  département.  lEniche  à  terre  dans 
un  petit  enfoncement,  compose  son  nid  d’herbes  sèches 
et  de  crins,  et  pond  de  4  à  6  œufs  oblongs,  d’un  gris 
verdâtre  ou  olivâtre,  quelquefois  brun,  avec  des  points 
de  même  couleur,  mais  de  nuance  plus  foncée,  nom¬ 
breux  et  confondus  au  gros  bout,  qui  est  souvent  mar¬ 
qué  d’un  trait  noir,  fin  et  délié.  Grand  diamètre,  18  mil¬ 
limètres;  petit  diamètre,  1  4  millimètres. 

Cet  oiseau  a  un  petit  cri  semblable  à  celui  des  pré¬ 
cédents,  mais  plus  doux  et  moins  enroué,  qu’il  répète 
plusieurs  fois  de  suite  en  s’envolant.  Pendant  la  saison 
des  amours,,  il  s’élève  obliquement  et  en  frétillant  dans 
les  airs,  et  se  laisse  tomber,  la  tête  en  bas,  en  faisant 
entendre  son  chant  très  doux,  très  gracieux,  moins 
sonore  et  moins  articulé  que  celui  du  Pipit  des  arbres, 
auquel  il  ressemble  pour  la  modulation. 

En  automne  il  se  réunit  par  petites  bandes  et  fré¬ 
quente  les  champs  verts.  Il  répand  beaucoup  de  fumet 
et  se  laisse  chasser  et  arrêter  par  les  chiens;  puis,  se 
voyant  pressé  de  trop  près,  il  s’élève  d’un  vol  saccadé, 
20 


306 


en  poussant  son  petit  cri  d’appel,*  et  va  se  remettre 
quelques  pas  plus  loin. 

La  plupart  émigrent  en  hiver;  mais  il  nous  en  reste 
toujours  quelques-uns,  même  au  milieu  des  glaces, 
dans  les  prairies  humides  et  baignées  par  la  marée.  Ils 
vivent  alors  avec  les  Pipits  obscurs,  les  Pipits  spion- 
celles  et  les  Bergeronnettes,  sur  les  alluvions,  où  ils 
courent  comme  elles,  en  hochant  la  queue. 

C’est  le  type  du  genre  Leimoniptera  (Kaup.), 

Leur  nom  spécifique ,  praîemw,  des  prés,  est  assez 
justifié  par  leurs  habitudes.  Quant  au  mot  Farlouse, 
l’étymologie  qu’on  en  donne  généralement  nous  paraît 
si  forcée,  que  nous  préférons  nous  abstenir. 


123.  PlpU  des  arbres.  —  Anthus  arboreus  (De- 
gland). 

Synonymie  :  Pipit  des  buissons  ;  Alouette  bocagère  ; 
Alouette  piper  esse. 

Taille  :  environ  155  millimètres. 

Description  :  Mâle  en  été  :  parties  supérieures  d’un 
cendré  olive  pâle,  avec  une  tache  longitudinale  étroite 
au  centre  des  plumes;  raie  sourcilière  et  paupière 
jaunâtres  ;  gorge  de  même  couleur,  encadrée  par  deux 
traits  noirs,  partant  de  la  base  de  la  mandibule  infé¬ 
rieure  ,  et  se  confondant  avec  les  mouchetures  de  la 
poitrine;  celle-ci,  lavée  de  chamois  très  pâle  et  forte¬ 
ment  grivelée,  ainsi  que  les  flancs,  de  taches  brunes  ; 
milieu  du  ventre  blanc  presque  pur;  petites  et  moyennes 
couvertures  alaires  marquées  d’une  frange  blanc  cen¬ 
dré;  rectrices  médianes  olivâtres,  les  autres  brunes,  * 
les  latérales  marquées  de  gris  blanchâtre  sur  les  barbes 


307  - 


externes,  et  sur  une  grande  partie  des  internes,  les  sui¬ 
vantes  avec  une  tache  de  même  couleur  à  leur  extré¬ 
mité;  bec  brun  en  dessus,  roussâtre  en  dessous;  pieds 
verdâtres  ;  iris  brun. 

Mâle  en  automne  :  parties  supérieures  d’une  teinte 
olive  plus  prononcée;  parties  inférieures  plus  foncées. 

Femelle  ;  elle  ne  diffère,  à  toute  époque,  du  mâle,  que 
par  des  mouchetures  plus  larges  au  manteau ,  et  plus 
nombreuses  aux  parties  inférieures. 

Jeunes  :  d’üne  teinte  générale  plus  jaune. 

Cette  espèce  arrive  dans  notre  département  vers  le 
15  avril,  et  se  livre  presque  aussitôt  aux  soins  de  la 
reproduction.  Elle  niche  à  terre,  au  milieu  des  prairies 
ou  des  bruyères,  dans  un  petit  enfoncement,  compose 
son  nid  d’herbes  sèches  et  de  crins,  comme  la  précé¬ 
dente,  et  pond  ordinairement  5  œufs  de  couleur  très- 
variable,  d’un  gris  plus  ou  moins  pâle,  rosé  ou  violet, 
et  le  plus  souvent  d’un  brun  chocolat,  marqué  de  nom¬ 
breuses  taches  ou  stries  plus  foncées,  et  quelquefois 
fondues  sur  toute  la  coquille.  Grand  diamètre,  19  mil¬ 
limètres  ;  petit  diamètre,  15  millimètres. 

Elle  s’établit  sur  le  bord  des  pâturages,  des  coupes 
des  bois  et  des  champs  cultivés,  dans  le  voisinage  des 

% 

arbres,  où,  contrairement  à  ses  congénères,  elle  aime 
à  se  percher.  C’est  de  la  cime  d’un  arbre  qu’elle  opère 
ses  ascensions,  c’est  sur  une  branche  qu’elle  se  laisse 
tomber,  la  tête  la  première,  en  faisant  entendre  un 
chant  articulé,  fort  et  retentissant,  qui  serait  charnmnt, 
s’il  était  moins  souvent  répété. 

Son  cri  d’appel  est  plus  prolongé,  plus  enroué  que 
celui  du  précédent,  et  il  ne  le  pousse  souvent  qu’une 
fois. 


Ea  aatomno,  cet  oiseau  prend  beaucoup  de  graisse, 
et  devient  très  paresseux;  on  le  trouve  alors  dans  les 
prairies,  où  il  vit  isolé.  Sa  chair  est  succulente  et  parfu¬ 
mée,  et  on  le  sert,  indistinctement  avec  le  Pipit  spion- 
celle,  sous  le  nom  de  Gros  Bec-figue.  Il  porte,  dans  les 
enluminures  de  Buffon  (pl.  654  f.  2),  le  nom  de  Pivote 
ortolane. 

Il  a  été  pris  pour  type  du  genre  Pipastes  (Kaup). 

Son  nom  arboreus,  des  arbres,  est  très  caractéris¬ 
tique,  puisque  c’est  de  tous  les  Pipits  le  seul  qui  se 
perche  communément. 

Cette  espèce  a  les  goûts  moins  aquatiques  et  moins 
d’oscillations  dans  la  queue  que  les  précédentes.  Elle 
nous  éloigne  donc  graduellement  des  Motacillinés, 
pour  nous  amener  au  genre  Alouette,  vers  lequel  l'es¬ 
pèce  suivante  nous  fera  faire  un  dernier  pas. 

124.  Pipit  Rousscline.  —  Anthus  campestris 
(Degland). 

Synonymie  :  Agrodrome  Rousseline. 

Taille  :  17  centimètres. 

Description  :  Mâle  au  printemps  :  parties  supérieures 
cendré  roux,’ avec  une  légère  teinte  brune  au  centre 
des  plumes,  surtout  à  la  tête  ;  parties  inférieures,  et 
raie  sourcilière  d’un  blanc  chamois,  très  pâle  à  la 
gorge,  plus  foncé  à  la  poitrine,  aux  flancs  et  aux  sous- 
caudales,  avec  quelques  mouchetures  fondues  et  peu 
apparentes  aux  côtés  du  cou  ;  un  petit  trait  brun  part 
de  la  mandibule  inférieure  et  s’étend  sur  les  côtés  de 
la' gorge;  couvertures  alaires  et  rémiges  tertiaires 
brunes  largement  frangées  de  jaunâtre;  rémiges  pri- 


309 


maires  et  les  secondaires  finement  liserées  de  blanc 
terne  ;  rectrices  médianes  brunes  avec  une  large 
frange  roussâtre  ,  les  autres  noires  ,  l’externe  variée 
de  jaunâtre  ,  la  suivante  avec  une  tache  conique  de 
même  couleur;  bec  brun  en  dessus,  roussâtre  à  la  base; 
pieds  jaunâtres  ;  iris  noir. 

Mâle  en  automne  :  mouchetures  des  parties  supé-' 
rieures  plus  tranchées,  plus  apparentes;  teinte  géné¬ 
rale  plus  lavée  d’olive. 

Femelle  ;  semblable  au  mâle  à  toutes  les  époques; 
'elle  s’en  distingue  aux  taches  brunes,  plus  larges  et 
plus  nombreuses  sur  les  parties  supérieures,  et  aux 
teintes  moins  vives  des  parties  inférieures. 

Cette  espèce,  des  contrées  tempérées  et  méridionales 
'de  l’Europe,  n’est  dans  notre  département  que  de  pas¬ 
sage  accidentel  et  très  irrégulier,  en  août  et  en  sep¬ 
tembre,  plus  rarement  au  printemps.  Nous  n’avous 
donc  à  nous  occuper  ni  de  ses  œufs,  ni  de  son  mode 
de  nidification. 

Elle  se  perche  très  peu,  et  court  avec  une  grande 

vitesse  dans  les  lieux  arides  et  montueux,  sur  les  co- 

« 

teaux  couverts  de  bruyères  et  de  thym  sauvage.  Son 
cri,  doux  et  tremblotant,  a  beaucoup  d’analogie  avec 
celui  de  l’Alouette  Lulu. 

•  Son  nom  latin,  campestris,  des  champs,  indique  ses 
mœurs  champêtres;  et  le  mot  Rousseline,  la  teinte  ’ 
rousse  qui  domine  tout  son  plumage. 

Le  Pipit  Rousseline  termine  pour  nous  le  genre  An- 
thus.  Par  ses  habitudes,  la  nature  de  son  cri,  la  cou¬ 
leur  de  sa  livrée  et  la  conformation  de  son  ongle  pos¬ 
térieur,  il  se  rapproche  beaucoup  'des  Alouettes,  aux- 
riuellesil  nous  amène  par  une  transition  déjà  régulière. 


i 


I 


—  310  — 


et  adoucie  encore  par  le  Pipit  Richard,  dont  nous  n’a¬ 
vons  point  à  nous  occuper. 


2®  Genre  Alouette.  —  Alauda. 

Caractères  du  genre  ;  Bec  conique,  entier,  assez  fort, 
garni  de  quelques  plumes  à  la  base  ;  narines  membra¬ 
neuses,  arrondies;  tarses  courts  et  robustes  ;  ongle  du 
pouce  allongé,  effilé,  presque  droit  ;  ailes  aiguës,  à 
penne  bâtarde  ;  queue  ordinaire  ou  courte. 

Les  Alouettes,  par  leur  taille,  par  leurs  formes  lourdes 
et  ramassées,  par  leur  bec  plus  fort,  leur  tête  plus  large 
et  plus  aplatie,  et  par  leur  régime  semi-granivore, 
diffèrent  des  Pipits,  avec  lesquels  elles  ont  plusieurs 
traits  de  ressemblance.  Ainsi  que  nous  l’avons  dit  déjà, 
nous  exprimons  les  rapports  de  conformité  par  la  réu¬ 
nion  dans  une  même  famille,  et  les  caractères  distinctifs 
par  une  séparation  générique. 

Les  Alouettes  sont  des  oiseaux  confiants,  peu  farou¬ 
ches,  aux  allures  vives  et  folâtres,  au  vol  léger,  mais 
peu  rapide,  ne  se  perchant  presque  jamais,  vivant  à 
terre,  et  n’échappant  à  leurs  nombreux  ennemis  qu’en 
se  blottissant  sous  une  touffe  d’herbe  ou  dans  le  creux 
'  des  sillons. 

Elles  fréquentent  surtout  les  champs  cultivés,  d’où 
le  mâle  s’élève,  le  matin  et  le  soir,  en  faisant  entendre 
son  chant  doux  et  sympathique.  Il  parvient  ainsi,  en 
décrivant  de  gracieuses  spirales,  à  des  hauteurs  telles 
qu’il  échappe  bientôt  aux  regards  les  plus  perçants. 
Mais  à  mesure  qu’il  s’éloigne  de  la  terre,  sa  voix  ac¬ 
quiert  de  l’ampleur  et  de  la  sonorité  ;  en  sorte  que, 


311  - 


de  quelque  distance  qu’elle  arrive,  elle  ne  cesse  pas 
d’être  perceptible  et  bien  distinctive.  Et  de  même  qu’elle 
monte  graduellement,  de  même  elle  se  modifie,  s’atté¬ 
nue,  s’adoucit  insensiblement,  quand  l’oisdau  descend  ; 
et  elle  arrive  toujours  aussi  Mtée  et  aussi  moelleuse. 

«  L’alouette  est  la  fille  du  jour,  dit  Michelet  *,  dès 
«  qu’il  commence,  quand  l’horizon  s’empourpre  et  que 
«  le  soleil  va  paraître,  elle  part  du  sillon  comme  une 
«  flèche  et  porte  au  ciel  l’hymne  de  la  joie.  » 

On  a  dit  que  ces  oiseaux  ne  s’accouplent  pas;  nous 
croyons  cette  assertion  peu  fondée.  Au  printemps  et 
tout  l’été  on  les  voit  par  paires  ;  et,  bien  que  leurs 
mœurs  soient  cachées,  bien  qu’elles  semblent  fuir  les 

regards  indiscrets,  on  est  en  droit  de  conclure  qu'elles 

% 

travaillent  de  concert,  sinon  à  la  confection  du  ber¬ 
ceau,  du  moins  à  l’éducation  de  la  jeune  famille.  Que 
leur  union  soit  passagère  et  qu’elle  dure  l’espace  d’un 
été,  nous  l’admettons  sans  peine  et  nous  le  croyons  * 
volontiers  ;  mais  nous  pensons  que,  quand  il  s’agit 
d’espèces  qui  nourrissent,  il  n’y^a  point  de  production 
sans  accouplement  d’une  certaine  durée.  La  mère  ne 
suffirait  pas  seule  à  l’entretien  des  nourrissons,  et  ce 
n’est  pas  quand  la  nichée  est  élevée,  et  que  la  femelle 
s’offre  à  une  nouvelle  fécondation,  que  le  mâle  l’aban¬ 
donnerait,  pour  aller  chercher  ailleurs  des  plaisirs  nou¬ 
veaux.  Les  espèces  qui  vivent  près  de  la  nature  n'ont 
point  ces  volages  caprices,  ces  aspirations  désordon¬ 
nées! 

Cependant  ces  oiseaux  si  doux ,  si  inoffensifs ,  si 
utiles,  ont  des  ennemis  sans  nombre  et  sont  en  butte 
à  des  poursuites  continuelles.  Sans  parler  en  effet  des 
exterminations  par  masses  qui  se  pratiquent  dans  les 


312 


\ 

hivers  rigoureux  et  pendant  les  temps  de  neige,  à  l’aide 
de  pantières  et  d’autres  engins  d’une  brutale  et  aveugle 
destruction,  ni  des  pertes  journalières  qu’elles  éprou¬ 
vent  par  la  rapacité  des  oiseaux  de  proie  et  des  petits  car¬ 
nassiers,  les  Alouettes  sont  encore  l’objet  d’une  chasse 
particulière,  la  chasse  au  miroir.  Attirées  par  une  sorte 
de  fascination  et  de  vertige,  plutôt  que  par  une  curiosité 
native,  vers  l’instrument  aux  mille  facettes ,  mu  aux 
premiers  rayons  du  soleil  avec  une  perfide  habileté, 
elles  viennent  d’elles-mêmes  s'offrir  à  la  mort. 

Ainsi  de  toutes  parts  et  à  toutes  les  époques,  on 
leur  tend  des  pièges  et  des  embûches  ;  et,  si  la  nature 
n’était  inépuisable ,  si  leur  fécondité  n’était  prodi¬ 
gieuse,  l’espèce  serait  anéantie  depuis  longtemps.  Mais 
grâce  à  leur  merveilleuse  multiplication ,  elles  ont 
bientôt  réparé  leurs  pertes,  et  leur  nombre  ne  diminue 
pas  sensiblement.  Il  serait  bien  à  désirer  cependant 
qu'on  leur  accordât  quelque  répit. 

Les  Alouettes  sont  sédentaires,  attachées  au  sol  qui 
les  a  vues  naître,  et  n’émigrent  que  quand  elles  y  sont 
contraintes  par  la  nécessité.  Oiseaux  de  transition  par 
leur  régime  complexe,  elles  le  sont  encore  par  certaines 
habitudes  communes  aux  Gallinacés  ;  elles  sont  pulvé¬ 
rulentes,  grattent  la  terre  avec  leurs  pieds  et  se  vau¬ 
trent  dans  la  poussière. 

Ce  genre  renferme  12  espèces  d’Europe,  dont  8  ap¬ 
partiennent  à  la  France  et  5  à  notre  département .  ■ 

1®  Alouette  des  champs; 

2"  Alouette  alpestre; 

J 

3®  Alouette  Cochevis  ; 

\ 

4®  Alouette  Lulu  ; 

5®  Alouette  Galandrelle. 


—  313  — 


Nous  portons  à  12  les  espèces  d’Europe  ordinaire¬ 
ment  réduites  à  11.  Une  nouvelle  espèce,  des  steppes 
de  la  Russie,  l’Alouette  Pipolette,  rejetée  par  Degland, 
vient  d’être  décrite  et  réhabilitée  par  notre  savant  ami, 
M.  J.  Vian,  qui  nous  a  procuré  cet  oiseau  et  son  œuf, 
objets  rares,  et  qui  ne  figurent  encore  que  dans  un 
très  petit  nombre  de  collections  (1). 

I 

125.  Alouette  des  Champs.  — Alauda  arvensis 
(Linné). 

Synonymie  :  Alouette  commune. 

Taille  :  environ  18  centimètres. 

Description  :  Mâle  :  parties  supérieures  gris  rous- 
sâtre  varié  de  noir  et  de  jaunâtre;  plumes  du  vertex 
susceptibles  de  se  relever  en  huppe  arrondie  et  touffue  ; 
parties  inférieures  d’un  blanc  chamois  plus  foncé,  et 
marqué  de  nombreuses  mèches  noires  à  la  poitrine, 
plus  pâles  et  sans  taches ‘au  milieu  du  ventre  et  à  l’ab¬ 
domen;  couvertures  alaires  et  rémiges  frangées  de 
roussâtre;  rectrices  de  même  couleur,  la  .penne  laté¬ 
rale  en  grande  partie  blanche,  la  suivante  simplement 
liserée  de  cette  couleur;  bec  brun  en  dessus,  plus  pâle 
en  dessous;  pieds  brun  clair;  iris  brun  foncé. 

Femelle  :  plus  rembrunie  en  dessus;  les  mouchetures 
de  la  poitrine  plus  nombreuses  et  plus  étendues  ;  la  rec- 
trice  latérale  moins  blanche.  L’ongle  du  pouce  moins 
long. 

Jeunes  en  premier  plumage  :  d’une  teinte  générale 
plus  pâle,  mouchetés  de  blanc  â  l’extrémité  des  plumes 

(1)  Voir,  pour  la  description  de  cette  espèce,  lievtie  et  Magasin 
zoologique,  1867,  Alouelle  Pipolelle,  par  J.  Vian. 


314 


du  manteau ,  d’un  blanc  presque  pur  au  ventre  et  à 
l’abdomen. 

Cette  description  est  prise  sur  les  espèces  de  France. 
On  trouve  des  variétés  blanches,  des  rousses,  des  gris  de 
lin,  etc.  Degland  en  possédait  une  noire,  nous  en  avons 
une  isabelle. 

Outre  ces  exceptions  à  la  livrée  ordinaire,  qui  peu¬ 
vent  être  considérées  comme  des  dégénérescences, 
l’Alouette  des  champs  offre  des  races  locales  bien  dis¬ 
tinctes,  pour  la  nuance  du  plumage,  et  la  longueur  de 
l’ongle  du  pouce.  Aussi  nos  oiseleurs  ne  s’y  trompent- 
ils  point,  et  reconnaissent-ils,  à  la  première  inspection, 
la  provenance  de  l’oiseau. 

J’ai  monté  l’année  dernière  deux  individus  pris  dans 
la  neige  ;  l’un  très  foncé,  ayant  presque  la  taille  de 
l’Alouette  de  nos  pays;  l’autre  beaucoup  plus  petit, 
mesurant  16  centimètres,  de  teinte  plus  rousse,  avec 
l’ongle  du  pouce  sensiblement  plus  court  et  plus  obtus; 
ce  dernier  considéré  comme  venant  de  l'extrême  Nord. 

Les  Alouettes  des  champs  couvent  dans  notre  dépar¬ 
tement  au  milieu  des  plaines  cultivées  et  des  prairies. 
Elles  établissent,  dans  un  petit  enfoncement,  un  nid  peu 
cohérent,  composé  de  quelques  herbes,  et  pondent  le  plus 
souvent  5  œufs(1)  assez  ventrus,  d’un  blanc  gris  fine¬ 
ment  pointillé  ou  tacheté  de  gris  olivâtre  ou  roussâtre. 
Grand  diamètre,  22  millimètres  ;  petit  diamètre,  17  mil¬ 
limètres.  Ces  œufs  varient  souvent  pour  la  grosseur. 

Elles  se  nourrissent  surtout  d’insectes,  d’herbes,  de 


(1)  Nous  indiquons ,  pour  toutes  les  espèces ,  le  nombre  d’œufs 
des  premières  nichées.  Ce  nombre  diminue  graduellement  dans 
les  couvées  tardives. 


—  315  — 


graines  oléagineuses  et  de  semences  de  mauvaises 
plantes,  qu’elles  cherchent  dans  les  chaumes  et  les 
jachères,  où  elles  forment  de  petites  bandes  dès  le 
mois  de  septembre.  A  l’arrivée  des  premiers  froids, 
elles  s’assemblent  en  troupes  plus  nombreuses  et  volent 
serrées,  en  poussant  un  sifflement  aigu.  Elles  adoptent 
alors  quelque  champ  abrité  des  vents  du  nord  et  exposé 
au  soleil.  Elles  y  courent  avec  une  grande  rapidité,  en 
cherchant  leur  nourriture.  Arrivées  à  Textrémité,  elles 
ne  reviennent  point  sur  leurs  pas,  mais  prennent  leur 
vol,  et,  après  quelques  randonnées,  s’abattent  au  bout 
opposé,  pour  recommencer  bientôt  le  même  manège. 
Quand  elles  rencontrent  quelque  grosse  semence,  un 
grain  d’avoine,  par  exemple,  elles  courent  en  briser 
l’enveloppe  sur  une  pierre  et  le  frappent  jusqu’à  ce 
que  le  noyau  soit  tout  à  fait  dégagé.  Elles  sont  alors 
assez  farouches  et  se  laissent  peu  approcher;  elles  sem¬ 
blent  comprendre  le  danger  auquel  les  expose  leur 
agglomération  ;  car  tel  chasseur  qui  hésiterait  à  les 
tirer  isolées,  ne  dédaignerait  pas  d’en  abattre  une  demi- 
douzaine  d’un  coup  de  feu. 

C’est  cette  espèce  que  l’on  prend  en  grand  nombre 
sur  les  falaises,  où  la  neige  est  toujours  moins  épaisse, 
et  tient  moins  longtemps  que  dans  les  plaines. 

Dans  certains  pays,  ces  oiseaux  se  nourrissent  presque 
exclusivement  d’herbes.  Leur  chair  n’y  perd  rien  en 
saveur  ;  mais  elle  prend  alors  une  sorte  de  teinte  olive 
peu  ragoûtante. 

Outre  son  chant  d’amour,  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut,  et  le  sifflement  de  détresse,  vibrant  et  strident, 
qu’elles  poussent  en  hiver,  elles  ont  un  cri  d’appel 
sonore  et  guttural,  qu’elles  font  entendre  pendant  l’été. 


Leurnom,  arvensis,  dont  le  mot  français,  des  champs, 
est  la  traduction  simple,  désigne  bien  leurs  habitudes. 

126.  Alouette  alpestre.  —  Alauda  alpestris 
(Linné). 

Synonymie  :  Alouette  hausse-col;  Otocorys  alpestre. 

Taille  :  18  centimètres. 

.  Description  :  Mâle  en  été  :  parties  supérieures  d’un 
cendré  roux,  plus  foncé  à  la  tête,  au  cou  et  aux  petites 
couvertures  alaires,  varié  de  brun  au  manteau  ;  front, 
gorge,  un  trait  sur  l’œil  et  l’espace  au-dessus  de  l’o¬ 
reille  d’un  beau  jaune  ;  deux  pinceaux  de  plumes  érec¬ 
tiles  de  chaque  coté  du  vertex,  une  ligne  s’étendant  du 
bec  à  la  région  parotique,  et  un  large  plastron,  d’un 
noir  profond  ;  cotés  de  la  poitrine'et  flancs  roussâtres  ; 
ventre  et  abdomen  blancs  ;  moyennes  et  grandes  cou¬ 
vertures  alaires  liserées  de  cendré  ;  rémiges  brunes 
frangées  de  blanc;  rectrices  noires,  les  médianes  bor¬ 
dées  de  roux,  les  deux  latérales  de  blanc  ;  bec  plombé  ; 
pieds  et  iris  noirs. 

Mâle  en  automne  :  plumes  noires  du  vertex  et  du 
cou  frangées  de  roussàtre. 

Femelle  ;  parties  supérieures  plus  pâlès  et  variées  de 
noir  ;  front  et  gorge  jaune  terne,  hausse-col  lavé  de  roux. 

Jeunes  en  premier  plumage  :  gorge  et  front  blancs; 
pas  d’aigrettes  ni  de  hausse-col. 

L’Alouette  alpestre  habite  les  régions  du  nord-est  de 
l’Europe  ;  elle  est  de  passage  régulier  dans  le  midi  de 
la  Russie,  et  accidentel  en  France  ;  elle  a  été  tuée  en 
1865  sur  les  côtes  de  Sainte-Adresse,  près  du  Havre. 

Elle  a  les  mœurs,  les  habitudes  et  le  régime  de  la 
précédente  ;  mais  elle  ne  s’élève  point  pour  chanter. 


C’est  posée  sur  une  motte  qu’elle  aime  à  faire  entendre 
ses  chants  doux  et  mélodieux. 

On  a  pris  cette  espèce  pour  type  d'un  nouveau  genre, 
genre  Oïocoî’'î/s,  Alouette  à  aigrettes,  deouf,  wtos-,  oreille, 
etde;io/3y«-,  casque.  Cette  distinction,  basée  sur  la  simple 
modification  d’un  attribut  commun  au  genre,  ne  nous 
paraît  pas  admissible,  d’autant  plus  qu’elle  n’est  ap¬ 
puyée  sur  aucune  particularité  de  mœurs. 

Boié  en  avai  t  fait  le  type  du  genre  Erémopfiüe^despt^fxoç, 
désert,  et  ç/aoj-,  ami;  et  le  pasteur  Brehrn ,  celui  du 
genre  P hileremos,  composé  des  deux  mêmes  mots  placés 
en  sens  inverse  ;  mais  ces  deux  dernières  sections  gé¬ 
nériques,  bien  qu’exprimant  un  détail  de  mœurs,  pa¬ 
raissent  aujourd’hui  à  peu/ près  abandonnées. 

127.  Alouette  Coclievîs. — Alaudacristata (Linné) ■ 

Synonymie  :  Alouette  huppée  ;  Alouette  des  chemins. 

Taille  :  environ  18  centimètres. 

Desci'iption  :  Mâle  en  été  :  parties  supérieures  d’un 
cendré  brun,  plus  foncé  au  centre  des  plumes  ;  une 
huppe  composée  de  plumes  étroites,  que  l’oiseau 
dresse  ou  abaisse  à  volonté  ;  raie  sourcilière  blanc  jau¬ 
nâtre;  parties  inférieures  de  même  nuance,  marquées 
à  la  poitrine  et  aux  flancs  de  nombreuses  taches  noires; 
couvertures  alaires  et  rémiges  tertiaires  largement 
frangées  de  cendré,  les  autres  brunes  ;  rectrices  noires, 
à  l’exception  des  médianes,  qui  sont  liserées  de  cendré, 
et  des  deux  latérales  de  chaque  côté  ,  qui  sont  bordées 
de  blanc  roussâtre  ;  bec  brun  plus  pâle  en  dessous  ;  pieds 
gris  ;  iris  noisette.^  ' 

Mâle  en  automne  :  de  teintes  plus  rembrunies. 


—  318 


Femelle  :  têt(3  moins  grosse  ;  couleurs  plus  pâles  ; 
taches  de  la  poitrine  moins  foncées  ;  huppe  plus  courte 
et  moins  fournie. 

Jeunes  en  premier  plumage  ;  de  nuance  moins 
foncée,  avec  de  nombreuses  mouchetures  blanches. 

Cette  espèce  niche  à  terre  dans  les  champs,  au  pied 
d’une  touffe  d’herbe,  dans  un  sillon,  au  bord  d’un  che¬ 
min  ;  elle  construit  son  nid  sans  art,  et  pond  4  ou 
5  œufs  d’un  gris  cendré  ou  roussâtre  marqué  de  nom¬ 
breux  points  de  même  couleur,  mais  de  nuance  plus 
foncée.  Grand  diamètre,  21  millimètres  ;  petit  dia¬ 
mètre,  17  millimètres, 

Le  Coche  vis,  commun  dans  les  parties  méridionales 
et  le  centre  de  la  France,  est  assez  rare  dans  notre  dé- 
partement,  surtout  sur  les  côtes  maritimes,  où  il  n’ap¬ 
paraît  que  de  loin  en  loin,  pendant  les  hivers  rigou¬ 
reux,  quand  la  neige  couvre  la  terre.  On  le  trouve  alors 
sur  les  routes,,  cherchant  sa  nourriture  dans  les  excré¬ 
ments  des  chevaux.  Peu  farouche  et  très  confiant,  il  se 
laisse  approcher,  court  avec  une  grande  légèreté  de¬ 
vant  le  voyageur,  et  ne  se  décide  à  prendre  son  vol  que 
quand  il  est  serré  de  trop  près. 

Le  Cochevis  est  un  de  nos  premiers  chanteurs.  A 
une  voix  pleine,  et  d’une  douceur  telle  «  qu’un  malade 
le  souffrirait  dans  sa  chambre,  »  il  joint  une  grande 
aptitude  pour  apprendre  des  airs  ,  qu’il  redit  avec  goût 
et  sentiment.  Aussi  est-il  recherché  par  les  amateurs. 
Malheureusement,  s’il  est  facile  à  apprivoiser,  s’il  se 
plie  bien  à  la  servitude,  il  ne  peut  la  supporter  long¬ 
temps  ;  il  a  besoin  d’espace  et  d’air  pur  ,  et  il  succombe 
vite  en  captivité. 

En  liberté,  il  s’élève  comme  l’Alouette  des  champs, 


t 


-  319  - 

mais  il  monte  moins  haut  ;  ses  ascensions  sont  moins 
verticales,  et  les  spirales  qu’il  décrit  plus  étendues. 
Il  est  aussi  moins  commun  partout  et  moins  sociable 
qu’elle,  et  il  ne  forme  point  de  bandes  considérables. 
On  le  voit  par  troupes  peu  nombreuses,  qui  paraissent 
plutôt  la  réunion  d’une  petite  famille  dirigée  par  un 
chef  ou  patriarche,  qui  veille  sur  elle,  l’avertit  du  dan¬ 
ger,  donne  le  signal  du  départ,  et  auquel  chacun  obéit. 

C’est  à  sa  huppe  érectile,  assez  semblable  à  une 
crête,  qu’il  doit  son  nom  cochevis  (visage  de  coq)  et 
celui  de  cristata,  de  crista^  aigrette,  huppe  C’est  Toi- 
seau  désigné  par  Pline  sous  le  nom  de  .galerita,  de  ga- 
Lea,  casque,  à  cause  de  l’analogip  de  sa  huppe  avec  le 
cimier  d’un  casque. 

On  a  fait  de  cette  espèce  le  type  du  genre  Cochevis, 
nouvelle  coupe  ,  n’ayant  encore  pour  raison  d’être 
qu’une  particularité  dans  la  forme  de  la  huppe.  Nous 
trouvons  que  c’est  attribuer  à  un  caractère  extérieur  et 
tout  à  fait  superficiel  une  portée  trop  grande,  et  nous 
maintenons  le  Cochevis  dans  le  genre  Alouette,  dont  il 
a  le^régime,  les  mœurs  et  le  faciès. 

128.  Alouette  liulu.,,—  Alauda  arborea  (Linné). 

Synonymie  :  Lulu;  Turin;  Cocoyu. 

Taille  ;  15  centimètres. 

Description  ;  Mâle  :  parties  supérieures  roussâtres, 
marquées  de  noir  au  centre  des  plumes,  plus  pâles  et 
comme  lavées  de  blanc  au-dessus  et  aux  côtés  du  cou  ; 
une  large  raie  sourcilière  et  parties  inférieures  d’un 
blanc  jaunâtre,  marqué  de  nombreuses  taches  noires 
à  la  poitrine  ;  couvertures  des  rémiges  primaires  variées 
de  blanc  et  de  noir;  rémiges  brunes  liserées  de  cendré 


t 


—  320  — 

plus  roux  aux  tertiaires;  rectrices  noires  terminées  de 
blanc;  l’externe  de  chaque  côté  jaunâtre  dans  presque 
toute  son  étendue  ;  bec  et  pieds  brun  clair;  iris  noir. 

Femelle  :  elle  ne  diffère  du  mâle  que  par  une  huppe 
moins  haute  et  par  la  teinte  plus  pâle  du  fond  et  des 
mouchetures  de  la  poitrine. 

Jeunes  en  premier  plumage  :  plumes  du  manteau 
variées  de  noir  et  de  roussâtre;  mouchetures  de  la 
poitrine  d’un  brun  terne  ;  huppe  et  bec  plus  courts  que 
dans  les  adultes. 

L’Alouette  lulu  ne  couve  point  dans  notre  départe¬ 
ment,  elle  y  arrive  avec  les  premières  gelées,  ordinai¬ 
rement  vers  la  mi-novembre.  Plus  sociable  que  le  Co- 
chevis,  elle  l’est  moins  que  l’Alouette  commune  et  ne 
forme  point  de  bandes  nombreuses.  On  la  voit  le  plus 
souvent  par  petites  troupes  de  12  à  1 6  individus,  volant 
écartés  dans  les  migrations  et  ne  se  rapprochant  qu’à 
terre,  où  ils  courent  comme  leurs  congénères.  A  la 
moindre  alerte,  au  premier  signal  donné  par  l’un  d’eux, 
toute  la  troupe  se  tapit,  s’efface,  et,  grâce  à  sa  teinte 
sombre,  se  confond  avec  la  terre.  Ils  lèvent  à  deux  pas 
du  chasseur,  en  poussant  un  petit  cri  d’une  grande 
douceur,  traînant  et  mélancolique;  le  plus  souvent  ils 
pirouettent  quelque  temps,  décrivent  quelques  circon¬ 
férences;  et,  dès  que  l’ennemi  s’est  un  peu  éloigné, 
ils  retombent  à  l’endroit  d’où  ils  étaient  partis. 

Cette  espèce  se  distingue  facilement  de  la  précédente 
à  sa  taille  courte  et  ramassée,  â  la  brièveté  de  sa  queue, 
à  sa  huppe  touffue  et  arrondie,  à  l’habitude  qu’elle  a 
de  se  percher,  d’où  son  nom  latin  arborca^  de  arboi\ 
arbre,  et  à  son  cri  d’appel  lu-lu-lu^  dont  on  a  fait  par 
onomatopée  son  nom  français  Lulu. 


J 

__  QOI  _ 

O  I 

« 

Par  exception  aux  autres  Alouettes,  elle  a  un  chant 
d’amour  peu  étendu  et  dépourvu  d’agrément. 

Cette  espèce,  qui  recherche  en  été  les  coteaux  in¬ 
cultes  et  couverts  de  thym  sauvage,  les  vignes  et  les 
lieux  accidentés,  fréquente  indistinctement  en  hiver 
les  chaumes  et  les  champs  labourés. 

129.  Alouette  Calaudrelle.  —  Alauda  hrachy- 
dactyla  (Degland). 

Taille  :  14  centimètres. 

Description  :  Mâle  adulte  :  parties  supérieures  et 
joues  cendré  roux,  avec  une  tache  noire  au  centre  des 
plumes  ;  raie  sourcilière  et  parties  inférieures  d’un 

s 

blanc  lavé  de  chamois  pâle  à  la  poitrine  et  aux  flancs; 
quelques  taches  confluentes  brunes  forment,  aux  côtés 
du  cou,  un  commencement  de  collier,  interrompu  sur 
le  devant  ;  rémiges  brunes  frangées  de  roux  clair  ;  rec- 
trices  de  même  couleur,  les  deux  plus  latérales,  d’un 
blanc  jaune  dans  presque  toute  leur  étendue;  bec  brun 
foncé;  pieds  et  iris  brun  clair. 

Femelle  :  elle  se  distingue  du  mâle  par  l’absence  de 
demi-collier,  et  par  la  teinte  plus  pâle  des  parties  infé¬ 
rieures. 

Jeunes  en  premier  plumage  ;  plumes  du  manteau 
variées  de  brun  et  marquées  de  blanc  à  la  pointe  des 
plnmes. 

C’est  l’espèce  la  plus  commune  en  Provence  ;  elle 
est  également  répandue  dans  le  midi  de  la  France; 
mais  on  ne  la  trouve  nulle  part  en  aussi  grande  abon¬ 
dance,  que  dans  le  sud  de  la  Russie.  Elle  s’avance  peu 
au  nord,  et  ne  fait  dans  notre  département  que  de  très 
rares  apparitions. 

21 


I 


—  322 


Bien  que  deHaille  considérablement  plus  petite,  elle 
se  rapproche  beaucoup  de  noire  Alouette  des  champs, 
dont  elle  a  les  mœurs,  les  habitudes,  les  allures  et 
presque  le  cri.  Elle  forme  aussi  des  bandes  nombreuses 
vers  la  fin  de  Tété;  mais  elle  préfère  au  séjour  des 
plaines  fertiles  les  lieux  secs ,  pierreux  et  calcaires. 
Quelques-unes  sont  sédentaires  dans  nos  départements 
méridionaux;  le  plus  grand  nombre  émigre,  dès  les 
premiers  froids,  en  Grèce  et  en  Afrique. 

Son  nom,  Braphydactyla^  de  court,  et 

S^eiKTvKof^  doigt,  figure  bien  la  brièveté  du  pouce  et  de 
l’ongle  dont  il  est  armé.  Son  nom  français.  Calan- 
drelle,  est  un  diminutif  de  Calandre,  grosse  espèce  du 
Midi  avec  laquelle  elle  a  beaucoup  de  rapports,  et  dont 
nous  n’avons  pas  à  nous  occuper. 

La  Galandrelle  a  encore  été  prise  pour  type  du  genre 
Calandrella.  Ainsi  que  nous  l’avons  fait  remarquer, 
presque  chaque  espèce  est  devenue  le  type  d’un  genre  ; 
et,  pour  peu  que  la  mode  des  subdivisions  continue, 
chaque  individu  sera  un  type,  le  chef  d’une  trihu  com¬ 
posée  de  lui  seul  ;  et  les  mots  genre  et  espèce  devien- 
* 

dront  synonymes,  dans  le  dictionnaire  ornithologique. 

Ici  se  terminentpour  nous laFamille  des  Alaudinés  et 
l’ordre  des  Insectivores,  dont  les  Alouettes  forment  le 
dernier  degré.  Avec  elles,  nous  arrivons  naturellement, 
et  sans  autre  transition,  aux  Granivores,  auxquels 
elles  nous  amènent  par  leur  régime  mixte,  et  leurs 
rapports  marqués  avec  les  Bruants,  qui  commencent 
notre  4®  Ordre. 


RAPPORT 


SUR 

Trois  Oiseaux  présentant  divers  états  pathologiques, 

OFFERTS  PAR  M.  FAIRMAIRE; 

Par  n.  MjKIUETTEME,, 


Séance  du  7  Mars  1867. 


Messieurs, 

Chargé  de  vous  présenter  un  rapport  sur  trois  oi¬ 
seaux  offerts  à  la  Société  par  notre  honorable  collègue, 
M.  Fairmaire,  j’aurais  dû  peut-être  décliner  cet  hon¬ 
neur  pour  cause  d’incompétence  ;  mais,  outre  que  mon 
absence  de  la  réunion  ,  au  moment  où  j’étais  désigné 
pour  cette  étude,  me  mettait  dans  l’impossibilité  de  me 
récuser,  mon  vif  désir  de  faire  preuve  de  bonne  vo¬ 
lonté  m’a  décidé  à  vous  soumettre  mes  appréciations. 
J’ose  compter,  Messieurs,  sur  votre  bienveillance  ac¬ 
coutumée,  et  sur  votre  indulgence  bien  connue. 

Les  oiseaux  qui  ont  été  remis  à  mon  examen 
sont  : 

1“  Un  Pic  Épeiclie  mâle,  en  premier  plumage  ; 


324 


2“  Un  Pic  Leuconote,  femelle  adulte  ; 

3“  Une  Mésange  boréale  ,  également  adulte,  et  que 
je  considère  encore  comme  femelle. 

Ces  individus  otfrant  des  affections  différentes,  je 
vous  demanderai,  Messieurs,  la  permission  de  les  étu¬ 
dier  séparément. 

fo  Pic  Épeiche  (Picus  3Iajor).  Cet  oiseau,  parfaite¬ 
ment  constitué,  du  reste,  présente  une  déviation  con¬ 
sidérable  à  la  mandibule  supérieure.  Il  est  facile  de  se 
convaincre,  au  premier  coup  d’œil,  que  ce  n’est  point 
une  anomalie  congéniale  ,  mais  bien  une  difformité 
accidentelle.  La  trace  du  plomb  qui  a  coupé  l’arête  du 
bec,  et  labouré  la  substance  cornée,  reste  très  apparente. 
La  partie  solide  étant  enlevée,  les  cartillages  ont  dû  se 
désorganiser  en  partie,  s’altérer  et  se  resserrer  en  se 
cicatrisant.  Ainsi  s’explique,  selon  nous,  la  déviation 
de  l’organ’e.  On  rencontre  souvent  des  accidents  ana¬ 
logues.  Il  y  a  trois  ans  (octobre  1864),  j’ai  tué  uneMa- 
rouette  (  Hallus  porzana)  qui  n’avait  qu’une  jambe  ; 
Lautre  avait  été  coupée  un  peu  au-dessous  de  l’articu¬ 
lation  tibio-tarsienne  longtemps  auparavant;  car  la 
'  place  était  parfaitement  recouverte.  L’autre  jour  en¬ 
core  (23  février  1867),  j’ai  tiré  une  Bergeronnette  Boa- 
rule  {Motacilla  Boarula)  dont  les  doigts  avaien  t  été  coupés 
à  l’articulation  digito-tarsienne  même ,  et  dont  il  ne 
reste  que  de  très  simples  rudiments. 

Ces  invalides  ont  pu  survivre,  se  guérir  et  arriver  à 
un  embonpoint  remarquable,  parce  qu’aucun  des  or¬ 
ganes  indispensables  à  la  vie  n’avait  été  lésé. 

.  Pour  revenir  au  Pic  qui  nous  occupe,  on  s’expli¬ 
quera  facilement  qu’il  ait  pu  se  nourrir,  après  cet  ac¬ 
cident.  quand  on.  réfléchira  que,  dans  cette  famille 


325  — 


(les  Picinés),  le  bec  n’est  pas  le  seul  organe  qui  serve 
à  l’alimentation,  et  que  leur  langue  cylindrique,  d’une 
longueur  remarquable,  s’engluant  dans  deux  vésicules 
placées  à  la  nuque  et  au  vertex,  y  concourt  pour  une 
large  part. 

2°  Pic  Leuconote  {Picus  Leuconotvs),  atteint  d’élé- 
phantiasis.  Ici,  Messieurs,  commencent  mes  embarras. 
Cet  oiseau  est  affecté  d’une  maladie,  qui  n’est  pas  par¬ 
ticulière  à  la  famille  ornithologique,  et  qui,  étant  du 
domaine  de  la  niédecine,  eût  été  traitée,  avec  plus  de 
compétence  et  de  fruit,  par  l’un  des  nombreux  doc¬ 
teurs  que  la  Société  s’honore  de  compter  dans  son 
sein. 

L’éléphantiasis  consiste,  comme  l’indique  son  nom, 
dans  certaines  rugosités  et  boursoufElures  qui  rendent 
la  peau  assez  semblable  à  celle  de  l’éléphant.  Chez  les 
oiseaux,  cette  maladie  n’affecte  ordinairement  que  les 
parties  dénudées,  les  tarses,  et  quelquefois,  dans  les 
cas  très  prononcés,  les  commissures  du  bec.  Ici  le  mal 
s’est  concentré  dans  les  tarses,  mais  il  y  est  extraor¬ 
dinairement  développé.  Circonstance  remarquable  ce¬ 
pendant,  la  dernière  phalange  d’un  des  doigts  exté¬ 
rieurs  est  parfaitement  saine,  et  le  devant  du  tarse 
droit  ne  porte  pas  non  plus  de  rugosités  ;  seulement, 
l’imbrication  des  écailles  y  est  un  peu  dérangée,  par 
suite  de  la  désorganisation  des  surfaces  latérales. 

Quant  à  la  nature  de  la  maladie  et  à  ses  causes , 
quelque  inhabile  que  nous  nous  trouvions  à  traiter  un 
pareil  sujet,  nous  avons  cru  devoir  donner  notre  opi¬ 
nion  pour  ce  qu’elle  vaut. 

L’hypertrophie,  dont  ce  Pic  est  atteint ,  nous  a  paru 
plutôt  dermale  qu’éléphantiasique  ;  car  elle  n’affecte 


1 


—  326  — 


que  le  demie  et  non  la  peau  entière,  et  n’a  point, 
dès  lors ,  le  caractère  distinctif  de  l’éléphantiasis. 
Nous  avons  rencontré  souvent  des  maladies  des  tarses 
assez  semblables,  dans  les  vieux  oiseaux  captifs,  et  te¬ 
nus  dans  un  état  de  propreté  qui  laissait  à  désirer.  Les 
écailles  s’étaient  soulevées  et  développées  outre  me¬ 
sure,  et  les  ongles  mêmes  avaient  perdu,  en  s’étendant^ 
quelque  chose  de  leur  nature  cornée. 

Nous  croyons  avoir  rencontré  également  des  carac¬ 
tères  analogues  aux  mains  de  certaines  personnes 
âgées,  exerçant  des  professions  qui  impliquent  l’humi¬ 
dité  et  la  malpropreté  des  doigts.  On  y  retrouve  ces 
pellicules,  qui  prennent  peu  à  peu  une  nature  cornée 
et  s’identifient  avec  les  ongles,  dont  elles  augmentent 
l’épaisseur  en  leur  donnant  un  aspect  poreux  ;  la  peau 
des  mains  elle-même  semble  subir  une  désorganisa¬ 
tion;  elle  perd  sa  souplesse,  se  gerce  et  se  couvre  de 
callosités. 

De  là,  nous  avons  été  amené  à  conclure  que,  dans  le 
cas  qui  nous  occupe ,  l’hypertrophie  pourrait  bien 
n’être  qu’un  résultat  de  l’âge,  favorisé  encore  par  le 
contact  continuel  des  lichens,  et  des  bois  pourris  et 
vermoulus,  grouillant  d’insectes  qui,  peut-être ,  auront 
eux-mêmes  fait  invasion  dans  les  tissus  de  l’épiderme 
et  altéré  la  peau.  N’oublions  pas  que  le  Pic  que 
nous  examinons,  et  la  Mésange  dont  il  nous  reste  à 
parler,  sont  des  oiseaux  de  creux  d’arbres,  des  femelles, 
tuées  peut-être  après  l’incubation,  qui  les  aura  confi¬ 
nées  quelques  semaines  au  milieu  des  détritus  hu¬ 
mides. 

« 

3»  Mésange  Boréale  {Parus  Borealis).  Encore  une 
maladie  des  tarses,  mais  qui  présente  un  caractère  dif- 


-  327  — 


férent.  Dans  ce  dernier  sujet,  l’hypertrophie  nous  a 
paru  graisseuse.  Chez  les  oiseaux,  comme  chez  les 
mammifères,  il  existe,  cà  la  surface  de  la  peau,  des 
vésicules  remplies  de  matières  onctueuses,  appelées 
glandes  sébacées,  qui  secrétent  une  humeur  grasse 
sur  le  corps  qu’elles  lubréüent.  Cette  sorte  de  sébum 
occupe,  chez  les  différents  individus,  des  parties  diffé¬ 
rentes.  Chez  les  Hérons,  ces  réservoirs  se  trouvent  à 
la  partie  supérieure  du  sternum  ;  chez  d’autres  familles, 
on  les  trouve  au  croupion  C’est  là  que  l’oiseau  vase 
frotter  le  bec,  pour  lisser  et  vernisser  ses  plumes,  et  les 
rendre  imperméables  à  l'humidité.  Mais,  outre  ces 
réserves,  que  l’oiseau  emploie  à  entretenir  son  plu¬ 
mage,  il  existe,  entre  les  écailles  qui  couvrent  les 
tarses,  des  sécrétions  de  matières  analogues,  destinées 
à  les  rendre  glissantes  et  à  en  faciliter  le  jeu  dans  les 
mouvements  des  doigts.  Or,  les  excroissances  que  Ton 
observe  aux  tarses  de  la  Mésange  étant  d’une  nature 
graisseuse,  nous  ne  doutons  point  qu’elles  ne  soient  le 
résultat  d’une  maladie ,  qui  a  décomposé  et  solidifié 
cette  espèce  de  sébum  . 

Vous  voudrez  bien  nous  excuser.  Messieurs,  de  ne 
vous  présenter  que  de  simples  hypothèses  ;  mais , 
comme  nous  l’avons  dit,  nous  nous  trouvons  incom¬ 
pétent  à  indiquer  la  cause  de  l’affection.  Nous  pen¬ 
sons  ,  d’ailleurs  ,  qu’une  étude  approfondie  ,  pos¬ 
sible  peut-être  pour  de  plus  habiles,  sur  des  su¬ 
jets  fraîchement  tués,  devient  difficile,  sinon  impos¬ 
sible,  sur  des  individus  momifiés,  chez  lesquels  la 
dessication  a  enlevé  au  mal  ses  caractères  principaux, 
pour  ne  laisser  que  les  traces  des  désordres  qu’elle  a 
causés. 


328  — 


Dans  tous  les  cas,  nous  trouvons  que  la  place  de  ces 
oiseaux  anormaux  est  marquée  dans  les  collections  des 
Sociétés  savantes,  où  ils  sont  exposés  aux  yeux  de 
tous,  et  surtout  des  personnes  compétentes,  qui  pour¬ 
ront  les  étudier;  et  nous  estimons  que  c'est  une  pré¬ 
cieuse  acquisition  pour  la  Société.  Aussi,  nous  asso¬ 
cions-nous,  du  fond  du  cœur,  aux  sentiments  de  grati¬ 
tude  exprimés  en  son  nom  à  l’honorable  M.  Fermaire. 
Nous  n’attendions  pas  moins  de  sa  générosité  ;  nous 
avons  eu,  dans  les  nombreuses  relations  d’échange 
et  d’amitié  que  nous  entretenons  avec  lui,  l’occasion 
d’apprécier  sa  droiture  et  sa  loyauté,  que  nous  sommes 
heureux  de  proclamer  ici. 


Bolhec,  6  mars  1867. 


NOTE 


SÜR 

L'ŒIJF  DE  LA  POELE  D’EAE  BAILLON 

[Gallinula  Baillonii  ^  Temminck) , 

/ 

Par  M.  liGMlilTTEIli. 


Séance  du  l®*"  Août  1867. 


Messieurs, 

* 

La  Poule  d’eau  Bâillon  est  assez  commune  dans  le 
département,  et  a  été  parfaitement  décrite  par  les  au¬ 
teurs  modernes  ;  aussi  n’ai-je  point  l’intention  de 
parler  de  l’oiseau  lui-même.  Ce  que  l’on  connaît 
moins,  ce  qui  a  été  incomplètement  déterminé,  ce  sont 
ses  œufs  et  son  mode  de  nidification.  Ayant  été  assez 
heureux  pour  découvrir  son  nid,  le  6  juin  dernier,  j’ai 
pensé  vous  être  agréable ,  Messieurs ,  en  vous  en 
donnant  la  description  et  en  vous  présentant  un  de 
ses  œufs. 

Coquille  assez  épaisse,  assez  solide;  d’un  chamois 
clair,  légèrement  lavé  d’olivâtre;  lustrée,  avec  une 
quantité  de  petits  points  d’un  brun  vineux,  dont 
quelques-uns  sont  elFacés  ;  d’autres  points,  plus  éten- 


330 


dus,  olive  foncé,  semblent  superposés  aux  premiers,  et 
dominent  au  gros  bout;  forme  un  peu  allongée,  offrant 
celte  particularité,  que  le  gros  bout  se  termine  en 
pointe  brusque  et  aiguë.  Grand  diamètre ,  27  milli- 
mètres;  petit  diamètre,  20  millimètres. 

J’ai  trouvé  ces  œufs  au  nombre  de  cinq,  à  Saint- 
Georges-sous-Gravenchon,  au  milieu  des  jonchaies 
baignées  par  les  eaux  ,  dans  un  nid,  émergeant  d’envi¬ 
ron  10  centimètres,  construit  sans  art,  de  quelques 
fines  tiges  de  roseaux  ,  repliées  et  croisées  dans  les 
joncs.  Ce  nid  avait  si  peu  de  profondeur,  que  la  femelle, 
en  partant,  en  enleva  trois,  que  je  retrouvai  dans 
l’eau  au  pied  de  la  touffe. 

A  quelque  distance  de  là,  dans  un  rayon  de  3  mètres 
environ  ,  je  découvris  d’autres  nids  déjà  très  avancés. 
La  Poule  d’eau  Bâillon  construirait- elle  des  nids  pos¬ 
tiches  comme  la  Pie?  ou  bien  quelque  chose,  portant 
ombrage  à  la  femelle,  l’aurait-elle  engagée  à  établir  plus 
loin  le  berceau  de  sa  famille  ?  La  proximité  du  nid 
réel  me  fait  pencher  pour  la  première  hypothèse.  Si  la 
mère  eût  redouté  quelque  danger,  il  est  probable 
qu’elle  eût  porté  son  nid  plus  loin.  C’est,  du  reste,  un 
point  que  je  me  propose  d’éclaircir  l’année  prochaine, 
si  j’en  puis  trouver  l'occasion. 


NOTE 


SUR 

L’EMBERIZA  PASSElilîïA  (Paiias), 

Par  H.  liEMETTËlLi. 


Séance  du  4  Juillet  1867. 

\ 

Messieurs, 

I  f 

A  la  lin  du  siècle  dernier,  Pallas,  l’infatigable  natu¬ 
raliste  J  découvrait  dans  les  steppes  de  la  Russie  un 
bruant  nouveau  qu’il  désignait  sous  le  nom  de  «  Kmbe- 
riza  passerina^  »  Bruant  passerine. 

La  première  description  qu’il  en  donna  dans  l’Ap¬ 
pendice  à  ses  voyages  (  1776  )  n’est  malheureuse¬ 
ment  qu’ébauchée.  Plus  tard ,  après  de  nouvelles 
observations ,  il  le  décrivit  d’une  manière  précise  et 
complète  dans  sa  Zoographiâ  Russo-Asiatica  [  Saint- 
Pétersbourg,  1811)  ;  mais  ce  dernier  ouvrage,  tiré  à 
un  très  petit  nombre  d’exemplaires ,  25  seulement, 
si  je  ne  me  trompe,  est  resté  inconnu  de  la  plupart  de 
nos  naturalistes  modernes;  et  l’oiseau,  mal  défini  dans 
l’Appendice ,  n’a  été  admis  jusqu’ici  sur  aucun  cata- 


332  — 


logue.  C’était  au  hasard  qu’il  était  réservé  de  révéler  le 
nouveau  Bruant;  et  deux  captures  faites  cette  année 
meme,  paraissent  destinées  à  affirmer  l’opinion  de 
Pallas  sur  cet  oiseau,  et  c\  établir  définitivement  son 
existence,  qui  déjà  n’est  plus  douteuse  pour  plusieurs 
naturalistes,  et  notamment  pour  M  Gerbe,  l’auteur 
do  la  deuxième  édition  de  Degland. 

L’un  de  ces  oiseaux  a  été  trouvé,  à  la  halle  de  Paris, 
par  un  ornithologiste-amateur,  aussi  consciencieux  que 
dévoué  à  la  science,  M.  Vian,  l’heureux  possesseur 
d’un  exemplaire  de  la  Zoographia. 

Quant  au  second  sujet,  j’ai  eu.  Messieurs,  l’honneur 

« 

de  le  déposer  sur  votre  bureau,  au  commencement  de  ^ 
la  séance.  Je  l’ai  capturé  sur  le  marais  de  Lillebonne, 
le  7  Février  dernier,  à  peu  près  à  la  môme  époque  où 
M.  Vian  achetait  le  sien  à  la  Vallée. 

M.  Vian  m’annonce  qu’il  vient  de  signaler  cette 
nouvelle  espèce  à  la  Bevue  zoologique.  Permettez- 
moi,  Messieurs ,  d’entreprendre  pour  notre  Société,  ce 
que  mon  honorable  ami  a  fait  pour  la  publication  de 
Paris,  et  de  vous  présenter  —  en  toute  simplicité  et 
sans  arrière-pensée  de  comparaison  —  quelques  obser¬ 
vations  sur  le  petit  Bruant  que  j’ai  l’avantage  de  vous 
soumettre. 

Je  dois  dire  d’abord  que  mon  oiseau,  rapproché  de 
celui  de  M.  Vian,  et  de  trois  autres  individus  adultes, 
envoyés  tout  récemment  de  Chine  par  le  R.  P.  David, 
ohre  des  caractères  tdut-à-fait  semblables,  et  conformes 
de  tous  points  à  la  description  de  Pallas. 

N’ayant  point  son  ouvrage  sous  la  main,  j’essaierai 
d’y  suppléer,  en  décrivant  de  visu. 

Caractères  distinctifs  :  Bec  court,  effilé ,  non  bombé , 


I 


333  —  ' 


régulièrement  conique  ,  assez  semblable  à  celui  du 
Sizerin  ;  tarses  et  pieds  grêles  ;  doigt  médian  ,  ongle 
compris,  environ  17  millimètres;  taille,  13  centi¬ 
mètres. 

Description  :  Mâle  adulte  en  été  :  tête,  devant  du  cou 
et  une  partie  de  la  poitrine  d’un  noir  profond  ;  un 
trait  blanc,  formant  moustache,  part  de  la  mandibule 
supérieure,  et  rejoint  un  demi  collier,  de  même  cou¬ 
leur,  plus  étroit  que  dans  VEmberiza  Sliæniculiis  ;  par¬ 
ties  supérieures  noires,  bordées  de  roux  vif;  ailes  d’un 
roux  plus  pur  ;  parties  inférieures  blanc  lustré  ,  avec 
des  mouchetures  brunes  sur  les  côtés  de  la  poitrine  et 
aux  tlancs  ;  rémiges  brunes  bordées  de  gris  ;  rectrices 
noires,  à  l’exception  des  deux  médianes,  largement 
frangées  de  roux ,  et  des  deux  externes  de  chaque  côté, 
marquées  d’une  tache  blanche  ,  oblongue  ,  s’étendant 
sur  presque  toute  la  largeur  ;  pieds  brun  sombre  ;  bec 
noir;  iris  brun  foncé.  (Sujet  de  Chine  ,  tué  en  avril.) 

Mâle  adulte  en  hiver  :  comme  le  mâle  adulte  en  été  , 
différant  par  des  teintes  moins  tranchées  ;  la  tête ,  le 
cou  et  la  gorge  d’un  noir  lavé  de  roux  (Sujet  de  Chine 
tué  en  novembre.)  ^ 

Jeune  mâle  ;  comme  le  mâle  adulte  ,  mais  avec  des 
couleurs  plus  pâles ,  la  tête  brune  et  non  noire  ;  une 
raie  sourcilière  et  des  moustaches  blanc  jaunâtre  ;  col¬ 
lier  à  peine  apparent.  (Tel  est  l’oiseau  de  M.  Vian*:) 

Femelle  adulte  (de  Chine)  ;  comme  la  jeune  femelle , 
avec  les  nuances  plus  vives.  (Epoque  et  âge  indéter¬ 
minés.) 

Jeune  femelle  :  plumes  du  milieu  du  vertex  variées 
de  gris  et  de  noir;  celles  des  côtés  plus  rousses;  une 
bande  sur  chaque  œil  et  des  moustaches  comme  dans  le 


—  334  - 


jeune  mâle  ;  teintes  du  manteau  plus  pâles,  plus  indé¬ 
cises;  gorge  et  parties  inférieures  lavées  de  chamois 
clair,  avec  deux  pinceaux  noirs,  partant  de  la  mandi¬ 
bule  inférieure,  encadrant  la  gorge  et  se  confondant 
avec  les  mouchetures  de  la  poitrine  ,  qui  sont  plus 
nombreuses  et  plus  disséminées  que  chez  le  mâle. 
(Cette  description  est  prise  sur  ma  jeune  femelle.) 

Si  l’on  en  excepte  les  caractères  distinctifs  ,  la  des¬ 
cription  pourrait ,  comme  on  le  voit ,  convenir  au 
Bruant  des  roseaux,  dont  le  Passerine  ne  diffère  que 
par  la  forme  et  la  grosseur  du  bec ,  par  la  taille ,  les 
tarses  et  les  doigts,  qui  sont  considérablement  plus 
petits.  Cette  différence  serait  déjà  une  puissante  pré¬ 
somption  en  faveur  de  la  distinction  des  espèces.  Mais 
pour  quiconque  a  vu  l’oiseau  vivant,  et  a  entendu  sa 
voix,  le  doute  n’existe  plus.  UEmberiza  Passerina  a  un 
petit  cri  traînant  et  plaintif,  bien  différent  de  la  voix 
rauque  et  criarde  de  VEmberiza  Sliæniculus.  Ses  mouve¬ 
ments  sont  moins  inquiets,  moins  saccadés;  il  a  moins 
de  trémoussements  dans  les  ailes  et  la  queue  ;  il  paraît 
aussi  plus  familier. 

Quant  à  Vhabitat ,  Pallas  l’a  trouvé,  en  été,  dans  les 
régions  boréales ,  aux  environs  de  Berezow,  dans  le 
gouvernement  de  Tobolsk  ;  à  l’époque  des  migrations, 
dans  le  voisinage  de  la  mer  Caspienne  ,  sur  les  bords 
du  Volga  et  dans  les  confins  de  la  Sibérie.  Les  sujets 
envoyés  de  Chine  sembleraient  indiquer  qu’il  va 
prendre  ses  quartiers  d’hiver  plus  loin ,  dans  le  Midi , 
d’où  il  repartirait  assez  tard,  puisqu’ils  ont  la  robe  de 
noces  presque  complète. 

Il  est  une  remarque  qui  me  paraît  mériter  d’être 
consignée,  c’est  que  des  trois  espèces  de  Bruants  réunis 


par  quelques  auteurs  sous  le  nom  générique  de  Cy  n  - 
chramus ,  qui  revêtent  la  même  livrée,  et  ne  diffèrent 
que  par  la  taille,  VEmheHza  Pyrrliuloides ,  qui  semble 
le  plus  robuste,  se  trouve  dans  les  régions  méridionales; 
VEmberiza  Shæniculus ,  l’espèce  moyenne ,  dans  les 
contrées  tempérées;  tandis  que  V Emberiza  Passerina^ldi 
plus  petite,  la  plus  frêle,  celle  qui  paraît  la  plus  déli¬ 
cate,  s’avance  jusque  dans  le  voisinage  des  glaces.  Sans 
vouloir  pénétrer  ici  les  secrets  de  la  Providence,  ne 
pourrait-on  pas  admettre  que  les  espèces  les  plus  fortes 
se  trouvent  au  Midi,  où  la  nourriture  est  plus  abon¬ 
dante? 

Nous  pensons  que  cet  oiseau  doit  se  trouver  assez 
souvent  dans  nos  régions  occidentales,  et  que,  s’il  n’y 
a  point  été  découvert  plus  tôt ,  ce  n’est  pas  qu’il  n’y 
ait  point  paru ,  mais  qu’il  n’a  point  été  distingué  du 
Bruant  des  roseaux,  et  qu’il  a  passé  inaperçu.  Nous 
croyons  cependant  qu’on  n’y  trouve  guère  que  des 
jeunes.  Ce  ne  serait  donc  pas  par  un  effet  du  hasard 
que  les  deux  sujets  capturés ,  cette  année ,  sont  des 
individus  d’un  an. 

En  général,  les  oiseaux  de  l’année,  surtout  ceux  des 
couvées  tardives  ,  émigrent  plus  tard  que  les  adultes  ; 
et ,  soit  attachement  pour  le  pays  natal ,  soit  défiance 
de  leurs  propres  forces  ,  ils  ne  se  décident  au  départ 
que  quand  la  rigueur  de  la  saison  les  y  contraint.  Alors 
n’ayant  plus  les  vieux  pour  les  guider,  ils  errent  à 
l’aventure,  et  se  trouvent  souvent  entraînés  à  la  suite 
d’autres  espèces,  qui  prennent  une  direction  différente. 
Pallas  dit,  en  effet,  qu’à  l’arrière-saison  il  trouvait  le 
Passerina  «  gregatim  »  avec  d’autres  bruants.  Peut- 
être  aussi ,  surpris  dans  leurs  migrations  par  des  per- 


—  336  ~ 

turbations  atmosphériques,  se  trouvent-ils  détournés 
de  leur  route,  et  poussés  dans  des  régions  qu’ils  ne 
sont  point  appelés  à  visiter.  Ce  qui  nous  paraîtrait  jus¬ 
tifier  cette  dernière  opinion  ,  c'est  que  l’automne  de 
1866  a  été  fécond  en  bourrasques. 

Je  finis ,  Messieurs  ;  mais  permettez-moi  encore  une 
simple  observation  sur  le  nom  donné  par  Pallas.  Le 
mot  Passerina  semble  indiquer  ,  entre  notre  petit 
Bruant  et  le  Moineau  (passer),  une  ressemblance  qui 
n’existe  pas.  Les  meilleures  dénominations  sont  celles 
qui  sont  figuratives  ,  et  je  ne  vois  point  de  caractère 
sérieux,  pour  justifier  cette  désignation  D’ailleurs,  le 
mot  passerina  est  devenu  un  nom  générique  ;  puis 
Gmelin  et  Latham  l’ont  employé  comme  dénomina¬ 
tion  spécifique  de  VEmberiza  Shænicidus.  —  Tl  y  aura 
donc  une  double  cause  de  confusion. 

Pourquoi  ne  pas  l’appeler  Tenuirostris  ou  Brachy- 
dactyla't  Ces  deux  expressions  indiqueraient  ses  carac¬ 
tères  distinctifs  ;  ou  bien  encore  Schæniculdides  ?  Ce 
mot,  outre  la  ditférence  spécifique,  donnerait  l’indica¬ 
tion  de  l’espèce  voisine.  Ce  diminutif  me  paraît  donc 
le  plus  rationnel.  Son  nom  français  pourrait  être 
Bruant  plaintif,  à  cause  de  son  cri. 

Quoi  qu’il  en  soit  de  ces  observations ,  que  vous 
trouverez  peut  être  ,  Messieurs,  passablement  hasar¬ 
dées  et  prétentieuses,  il  me  semble  qu’on  ne  peut  plus 
douter  de  l’existence  de  VEmberiza  Passerina,  je  ne  dis 
pas  comme  oiseau  d’Europe,  mais  comme  appartenant 
à  la  France  et  à  notre  département;  et  notre  faune 
locale  s’enrichit,  dès  lors,  d’une  espèc>e  nouvelle. 

Bolbec,  20  juin  1867. 


COMPTE-RENDU 


DE 

L’Excursion  de  la  Société,  à  Forges, 

LE  JEUDI  U  JUIN  1867, 

Par  11.  A.  ilALBRAMCHC:. 


La  Société  avait ,  cette  année,  choisi  Forges  pour 
but  de  son  excursion  réglementaire.  Le  sol  maréca¬ 
geux,  formé  par  des  tourbes  pyriteuses,  unique  dans 
nos  contrées,  faisait  espérer  une  récolte  curieuse,  spé¬ 
ciale.  Cet  espoir  ne  s’est  réalisé  qu’en  partie,  par  le 
défaut  d’un  guide  bien  au  courant  de  la  localité.  La 
compagnie  du  chemin  de  fer  du  Nord  axait  fait  fléchir 
pour  nous  les  rigueurs  de  son  tarif,  et,  malgré  l’her¬ 
borisation  de  M.  Blanche,  qui  avait  lieu  le  même  jour, 
une  vingtaine  d’excursionistes  se  sont  trouvés  réunis 
à  la  gare  d’Amiens. 

Beaucoup  d’entre  nous,  qui  voyageaient  pour  la  pre¬ 
mière  fois  sur  la  ligne  du  Nord ,  ont  remarqué  proba¬ 
blement  le  matériel  :  les  grosses  locomotives  en  cuivre 
jaune  qui  reluit  au  soleil,  les  freins  Reynal  et  les  si¬ 
gnaux  d'appel,  installés  dans  chaque  wagon  pour  la 
sûreté  des  voyageurs,  signaux  un  peu  compliqués 
dans  leur  fonctionnement,  et  qui  ont  déjà  donné  lieu 
à  tant  de  réflexions  plaisantes.  La  voie,  après  s’être 
inclinée  sous  son  aînée,  la  ligne  de  Paris  au  Havre, 
franchit  Darnétal  presque  dans  les  airs,  sur  un  beau 
viaduc,  et  s’engage  dans  la  jolie  vallée  de  Saint-Mar- 
22 


% 


—  338  - 


tiii-du-Vivier,  où  coulent  des  eaux  d’une  limpidité  qui 
fait  plaisir  à  voir.  L’industrie  n’a  point  encore  empoi¬ 
sonné  ces  ondes  pures,  que  l’on  ne  saurait  reconnaître 
dans  les  eaux  multicolores  qui  traversent  nos  rues. 
Nous  aurions  pu  y  récolter  diverses  conferves  et  le 
singulier  Batrachospermum  moniliforme.  La  piscicul¬ 
ture  y  était  représentée,  il  y  a  quelques  années,  par  un 
fervent  disciple,  et  des  milliers  de  truites  ont  vu  le  jour 
dans  les  bassins  de  M.  Duboc,  grâce  aux  soins  intelli¬ 
gents  dont  il  entourait  leur  vie  embryonnaire. 

Vers  Morigny,  les  bords  de  la  voie  sont  couverts  par 
les  belles  panicules  du  Salviapratensis.  A  Montérolier, 
nous  trouvons  l’embranchement  qui  va  rejoindre  à 
Glères  la  ligne  de  Dieppe.  Il  semble  que  notre  chemin 
de  fer  évite  les  centres  de  population  ;  nous  avons 
passé  Buchy  sans  nous  en  apercevoir,  et  nous  arri¬ 
vons  à  Forges  sans  nous  en  douter.  Cependant  la  phy¬ 
sionomie  du  paysage  eût  pu  nous  avertir  que  nous 
touchions  à  la  vallée  de  Bray.  Ces  herbages  plantu¬ 
reux,  où  paissent  de  nombreux  troupeaux,  révèlent  le 
pays  au  beurre  ;  nous  sommes  entre  Gournay  et  Neuf- 
châtel.  On  descend  à  Serqueux-Forges,  où  des  omni¬ 
bus  nous  attendent  et  nous  portent  à  la  ville,  distante 
d’environ  un  kilomètre  et  demi. 

Le  temps,  qui  s’était  montré  d’abord  menaçant,  se 
rassérène  complètement.  Un  rayon  de  soleil  nous  sou¬ 
rit,  et,  pleins  d’espoir,  nous  commençons  notre  ex¬ 
cursion  par  une  visite  à  l’une  des  fabriques  de  faïence. 
Une  argile  plastique,  qui  existe  en  abondance  dans  les 
environs,  a  donné  naissance  à  cette  industrie,  établie 
depuis  très  longtemps  à  Forges.  On  moule  la  glaise 
sous  les  formes  les  plus  diverses,  avec  une  dextérité 


surprenante.  Outre  une  foule  de  petits  objets  de  mé¬ 
nage,  on  y  fait  des  creusets  et  des  vases  poreux  pour 
la  chimie.  La  préparation  de  la  terre,  des  couleurs, 
les  ateliers  de  moulage,  de  décors,  de  vernis,  les  fours, 
ont  été  successivement  parcourus,  et  nous  avons  vu 
avec  plaisir  que  le  bon  marché  des  objets  n’en  exclut 
ni  le  goût,  ni  l’élégance. 

Nous  nous  sommes  rendus  de  Là  à  la  fabrique  de 
couperose.  La  tourbe  pyriteuse  qui  effleure  le  sol  est 
extraite  et  portée  sous  de  longs  hangars,  dont  l’ins¬ 
tallation  est  assez  pittoresque.  Ce  sont  de  grands  toits 
de  chaume  reposant  sur  le  sol,  ouverts  à  chaque  ex¬ 
trémité,  et  qui  sontcouverts  d’une  abondante  végéta¬ 
tion  de  mousse  et  de  lichens.  Par  son  exposition  à  un 
courant  d’air  continu,  la  tourbe  s’oxyde,  se  sulfatise  ; 
elle  est  lessivée  ensuite  dans  des  bassins,  et  les  li¬ 
queurs  évaporées  cristallisent. 

L’établissement  des  eaux  minérales  se  trouve  à  peu 
de  distance.  Et,  de  même  que  nul  n’est  prophète  dans 
son  pays,  malgré  leurs  vertus  manifestes,  les  eaux  de 
Forges  sont  complètement  négligées.  Nous  sommes 
loin  du  temps  où  ces  eaux  célèbres  étaient  fréquentées 
par  une  brillante  société.  Ce  fut  pour  répondre  à  cette 
vogue  que  M.  le  marquis  de  Labourdonnaye  fit  éta¬ 
blir  la  route  spacieuse  qui  passe  à  Forges.  .La  cour 
elle-même  ne  dédaigna  pas  de  venir  passer  une  saison 
à  Forges.  En  effet,  en  1632,  le  roi  Louis  XIII,  la  reine 
et  le  cardinal  de  Lichelieu  vinrent  s'y  installer.  Plu¬ 
sieurs  Princesses,  le  siècle  dernier,  vinrent  encore  sé¬ 
journer  à  Forges  ;  puis,  peu  à  peu,  les  eaux  retombè¬ 
rent  dans  l’oubli,  autant  par  la  prédominance  d’un 
système  médical  nouveau,  la  doctrine  physiologique. 


340  -- 


que  par  rincurie  du  propriétaire,  qui  négligea  les 
agréments  et  distractions  que  toute  ville  de  bains  doit 
offrir  à  ses  visiteurs.  C’est  en  1843  que  le  pavillon  ac¬ 
tuel  fut  construit.  C'est  un  bâtiment  rectangulaire, 
d’un  goût  sévère,  élevé  sur  pilotis,  à  deux  mètres  du 
sol,  contenant  plusieurs  salles  pour  bibliothèque,  ré¬ 
ceptions,  bals,  et  des  cabinets  de  bains  et  de  douches. 
Au-dessous  se  trouve  un  réservoir  commun, dont  l’eau 
est  élevée  au  moyen  de  pompes  pour  le  service  des 
cabinets.  C'est  dans  ce  réservoir  que  se  forme  et  se 
recueille  le  dépôt  de  crénate  de  fer.  Le  parc,  de  peu 
d’étendue,  renferme  quelques  beaux  arbres,  qui  ont  dû 
abriter  laroyale  société  dontnous  parlions  tout-à-l’heure. 

Confondues  autrefois  sous  le  nom  un  peu  préten¬ 
tieux  de  Fontaine  de  Jouvence^  les  trois  sources  étaient 
déjà  captées  séparément  du  temps  du  voyage  de 
Louis  XTII,  et  reçurent,  en  mémoire  des  augustes  vi 
siteurs,  les  noms  de  Royale^  Reinette^  Cardinale.  Cette 
dernière  est  la  plus  active  et  d’un  moindre  débit, 
180 litres  par  heure  (la  Royale  débite  450,  et  la  Reinette 
900).  D’après  un  mémoire  du  docteur  Cisseville,  à  qui 
j’emprunte  beaucoup  de  ces  détails,  que  vous  excuse¬ 
rez,  j’espère,  puisque  l’étude  des  eaux  minérales  ap¬ 
partient  à  l’histoire  naturelle,  la  température  des  eaux 
est  de  6  à  7“,  et  leur  densité  de  1,5.  L’analyse  en  a  été 
faite  en  1845,  par  O.  Henry,  qui  y  a  constaté  la  pré¬ 
sence  du  fer  à  l’état  de  crénate  de  protoxide  et  une 
certaine  proportion  de  bicarbonate  de  magnésie  (1). 

(1)  Acide  carbonique . 0.22  pour  un  litre. 

Protoxide  de  fer  crénaté..  0.09  — 

Bicarbonate  de  magnésie.  O.107  — 

Source  La  Cardinale. 


4 


341  — 


Les  eaux  de  Forges  jouissent  des  propriétés  appar¬ 
tenant  à  la  plupart  des  eaux  ferrugineuses,  et  une  coïn¬ 
cidence  fortuite  leur  a  fait  attribuer  des  vertus  parti¬ 
culières  contre  la  stérilité  des  femmes.  Ce  fut,  en  effet, 
à  la  suite  du  voyage  de  Forges  qu’Anne  d’Autriche 
donna  le  jour  au  prince  qui  fut  Louis  XIV,  et  dont  les 
destinées  brillantes  jetèrent  tant  d'éclat  sur  la  France. 
«  Heureuse  époque,  dit  de  Nihel ,  en  parlant  du  sé¬ 
jour  de  la  princesse  à  Forges,  heureuse  époque  d’où 
nous  datons  avec  des  cris  de  joie  les  jours  tant  pro- 

/ 

longés  de  son  auguste  fécondité.  » 

Quoi  qu’il  en  soit,  les  eaux  de  Forges  possèdent  des 
propriétés  certaines,  et  elles  pourraient  peut-être  re¬ 
conquérir  un  peu  de  leur  célébrité  si,  avec  la  proxi¬ 
mité  d’un  chemin  de  fer,  une  organisation  nouvelle, 
en  harmonie  avec  les  goûts  du  jour,  y  attirait  par 
des  distractions  variées  un  public  qui  veut  être  amusé 
partout,  même  dans  les  graves  occupations  que  né¬ 
cessitent  les  soins  de  sa  santé.  Miscuit  utile  dulci. 

Après  cette  première  partie  du  programme,  où  cha¬ 
cun  s’.était  arrêté  un  peu  à  sa  fantaisie,  on  se  réunit  à 
Fhôtel  du  Mouton,  où  nous  attendait  le  déjeuner. 
Notre  appétit,  aiguisé  parla  course  du  matin,  fit  hon¬ 
neur  au  menu.  L’entrain  et  la  cordialité  la  plus  franche 
ne  tardèrent  pas  à  régner  entre  les  convives,  animés  des 
mêmes  goûts  et  réunis  pour  les  mêmes  études.  Le  re¬ 
pas  fut  court;  on  avait  hâte  d’entrer  en  campagne,  et, 
tandis  que  les  géologues  allaient  visiter  les  exploita¬ 
tions  de  tourbes,  les  botanistes  remontaient  vers  les 
sources  de  l’Andelle. 

Les  fossés  sont  remplis  d’un  Polamogeton  qui  tient 
le  milieu  entre  le  natans  et  Voblongifolius;  il  a  ses 


342  — 


feuilles  inférieures  détruites  comme  le  premier,  les 

« 

épis  sont  petits  et  les  feuilles  pointues  comme  dans  le 
second.  C’est  probablement  la  var.  prolixus  du  natans 
Duby. 

Les  Carex  sont  nombreux  :  stellulata^  curta,  panicu- 
lata,  cœspitosa,  ampullacea^  acuta,  ovalis,  flava,  et  sa 
var.  Œderi,  h’Oxycoccoi;  se  fait  chercher  un  peu,  sa 
feuille  brode  les  tapis  serrés  des  Sphagnum;  enfin,  on 
trouve  sa  fleur,  ravissante  de  port  et  de  nuance.  Le 
Drosera  rotundifolia  ^  qui  étonne  toujours  ceux  qui  le 
voient  pour  la  première  fois,  est  assez  abondant.  Au 
milieu  de  prairies  composées  en  grande  partie  de 
joncs  {Juncus  acutiflorus  ?la  plante  n’est  pas  fleurie),  de 
Luzula  congesta,  de  Bromus pratensis  Ehrh. ,  de  Juncus  uli- 
ginosus,  de  Scorsonera  huniiliSy  on  trouve  le  Sison  ver- 
ticillatum^  et  là  où  le  terrain  est  tout-à-fait  humide  et 
couvert  de  le  Polygala  depressa  ,  VEriopho- 

rum  angusti folium ,  var.  Vaillantü  à  pédicelles  courts 
et  épillets  ramassés,  le  Polypodium  Thelipteris ,  et  enfin 
Blechnum  spicant ,  Erica  tetralix,  Hydrocotyle  vulgaris, 
Myosotis  strigulosa,  etc.  Une  plante  qui  tient  avec  les  Erio- 

H 

phorum  une  grande  place  dans  le  tapis  végétal  par  son 
abondance,  c’est  le  galium  harcynicum,  qui  couvre  de 
sa  neige  les  terrains  émergeant  au  bord  de  la  vallée. 
Le  temps  ne  nous  a  pas  permis  de  parcourir  la  vallée 
au-dessous  des  eaux  minérales  ;  nous  aurions  pu  y  ré¬ 
colter  VEriophorum  vaginatum  et  le  Juncus  squarrosus. 

Au  pied  des  haies  et  peu  éloigné  des  habitations,' 
selon  ses  habitudes,  V OEgopodium  Podagraria  et  une 
hépatique  sans  fructification,  à  frondes  larges  dressées, 
en  compagnie  du  Marckantia  polymorpha ,  dont  elle 
n’est  peut-être  qu’une  variété  ascendante. 


343 


Les  cryptogamistes  ont  fait  aussi  quelques  récoltes 
intéressantes,  en  y  o\ci  la.  liste  ■:  Poly  trie  hum  commune 
(de  0,  35),  formosum  et  juni'perinum‘1  Dicranum  cervi- 
culatum  qui  forme  d’immenses  tapis ,  Sphagnum  obtu- 
sifolium,  squarrosum ,  acutifolium  et  var.  rubicundum 
de  Bréb.  ;  Hypnum  cuspidatum,  stramineum?  Bartra- 
mia  fontanUf  Aulacomium  palustre.  Sur  les  grands  toits 
de  chaume,  de  superbes  et  abondants  échantillons  de 
Cladonia  à  fruits  rouges,  parmi  lesquels  une  belle  va¬ 
riété  phyllocepha  du  Clad.  cornucopidides ^  Cl.  bacillaris 
clavata^  Cl.  yracilis  v.  aspera. 

Une  petite  conferve  brune  violacée  dispute  laplace  au 
Dicranum,  c’est  le  Leda  ericetorumBorY  {Confervaerice- 
torum  Roth).  On  distingue  aussi  parmi  la  mousse  sus¬ 
dite  des  espaces  plus  bruns  ;  cela  est  dii  à  un  petit  pa¬ 
rasite,  trop  jeune  pour  être  déterminé,  mais  qui  ap¬ 
partient  certainement  à.la  tribu  des  trichiacées.  Enfin, 
de  beaux  échantillons  de  Sphæriabullata. 

L'heure  du  départ  arrive  trop  vite;  nous  aurions 
voulu  visiter  l’autre  côté  de  la  prairie.  Du  reste,  à 
peine  sommes-nous  en  wagon  que  la  pluie  se  déclare, 
et  des  averses  diluviennes  marquent  notre  retour  à 
Rouen. 

Je  ne  terminerai  pas  sans  adresser  les  remercî- 
ments  de  la  Société  à  M.  Boutigny,  pharmacien  à 
Forges,  et  à  M.  le  docteur  Bouteiller,  qui  ont  bien 
voulu  s’occuper  des  détails  de  l’organisation  de  cette 
course. 

D'août  1867. 

* 

. —  —mrnm  Xiiliy^nr^—  - - - - 


/ 


COMPTE-IJEiVDC 


DU 

CONGRÈS  INTERNATIONAL  DE  BOTANIQUE, 

Tenu  à  Paris,  du  16  au  23  août  1867; 

Par  n.  A.  MAliBRAXCUE. 


Chargé  avec  MM  Blanche  et  Bouteiller  de  représen¬ 
ter  notre  Société  au  Congrès  international  de  Bota¬ 
nique,  je  viens  vous  rendre  compte  de  cette  honorable 
mission,  en  vous  exposant  succinctement  ce  qui  s’est 
passé  dans  ces  imposantes  réunions. 

Le  Congrès  international  de  botanique,  qui  a  eu  lieu 
à  Paris  au  mois  d’août,  était  le  troisième  de  ce  genre; 
en  1865,  Amsterdam;  Londres,  en  1866,  avaient  été 
favorisées  par  les  premières  sessions.  Beaucoup  de 
botanistes  distingués  étaient  venus,  de  toutes  les  parties 
de  TEurope,  répondre  à  l’appel  de  la  Société  botanique 
de  France.  Le  Congrès  de  Paris  a  compté  150  membres 
présents.  M.  Alp.  de  Candolle  ,  dont  le  nom  illustre 
est  attaché  à  d’impérissables  travaux  botaniques,  a  été 
par  acclamation  porté  à  la  présidence.  Ont  pris  place 
au  bureau  comme  vice-présidents  :  MM.  de  Cannart 


345 


d’Hamale ,  sénateur ,  président  des  Sociétés  d’horti¬ 
culture  de  Belgique;  Duchartre, membre  de  llnstitut; 
Dumortier ,  président  de  la  Société  royale  de  bota¬ 
nique  de  Belgique  ;  de  Gelqsnow ,  directeur  d’académie 
à  Moscou  ;  Goepert ,  professeur  de  botanique  à 
Breslau  ;  David  Moore,  directeur  du  Jardin  des  Plantes 
de  Dublin  ;  les  savants  lichénographes  Nylander  d’Hel- 
singfort  et  Santo-Garovaglio  de  Pavie;  Schultz-Schul- 
teinstein  ,  professeur  de  botanique  à  Berlin.  Parmi  les 
secrétaires  on  comptait  :  MM.  Morren,  de  Liège  ;Kanitz, 
de  Hongrie  ;  Famintzin,  de  Saint-Pétersbourg  ;  Fichier, 
de  Munich;  G.  Personnat  et  le  D^  E.  Fournier,  de 
Paris.  Beaucoup  de  notabilités  scientifiques  se  trou¬ 
vaient  dans  l’assistance  :  MM.  Boreau,  d’Angers  ;  Du- 
rieu  de  Maisonneuve,  de  Bordeaux  ;  Faivre ,  de  Lyon  ; 
Kirschleger,  de  Strasbourg;  J.  Brown,  de  Gape-Town; 
les  allemands  Koch  et  Kuntze  ;  Stizemberg,  de  Bâle  ; 
Thuret ,  Planchon ,  Lestiboudois  ,  Cosson  ,  Naudin  , 
Weddell ,  Germain  de  Saint-Pierre  et  Cordier ,  de 
Paris,  etc.,  etc. 

M.  Rivière,  l’habile  directeur  du  jardin  de  l’Ecole 
de  Médecine,  avait  exposé  des  orchidées  hybrides. 
D’après  l’exposant ,  la  fécondation  des  orchidées  n’a 
lieu  que  par  l’intermédiaire  des  insectes.  Dans  une 
serre  ou  l’on  cultivait  ces  plantes,  sans  jamais  en  voir 
aucune  former  leur  fruit,  il  arriva  qu’un  jour  où  l'on 
donnait  de  l’air,  un  xylocope  s’introduisit  par  l’ouver¬ 
ture,  et  butinant  de  fleurs  en  fleurs  procura  la  fécon¬ 
dation,  et  des  graines  se  formèrent.  Delà  vint  l’idée  de 
féconder  artificiellement  les  orchidées.  M.  Rivière  a 
fécondé  le  Lœlia  crispa  par  le  cinnabarina  et  a  obtenu 
des  plantps  dont  les  spécimens  ,  mis  sous  les  yeux 


-  346  — 


de  rassemblée,  varient  entre  les  deux  parents.  —  La 
fécondation  croisée  même  dans  la  même  espèce  est 
nécessaire ,  d’après  M.  Darwin  ,  pour  que  l’opération 
réussisse;  M.  Morren  est  de  cet  avis. 

M.  Planchon  dit  qu’il  a  très  bien  réussi  à  féconder 
des  ovaires  avec  le  pollen  pris  sur  la  même  plante. 

M.  Morren  dit  que  son  père  a,  le  premier  en  Europe, 
pratiqué  la  fécondation  artificielle  des  orchidées  et 
obtenu  des  fruits  du  Vanillier. 

M.  Schutlz  expose  quelques  expériences  qui  ten¬ 
draient  à  prouver  que  la  théorie  de  Liebig,  de  Saussure 
(  décomposition  de  l’acide  carbonique  par  les  plantes 
en  oxygène  et  en  carbone  \  n’est  pas  aussi  rigoureuse 
qu’on  le  croit  généralement.  Les  plantes  renferment 
des  acides  tartrique,  citrique,  lactique,  tanni^jue ,  et 
tous  acides  fixes  et  composés.  Ce  seraient  ces  acides 
qui  en  se  décomposant  formeraient  beaucoup  d’oxy¬ 
gène.  Ainsi,  des  feuilles  de  vigne  placées  dans  l’eau 
dégagent  leur  volume  de  gaz  oxygène  ;  mais  si  l’eau 
est  acidulée  avec  de  la  crème  de  tartre,  le  dégagement 
du  gaz  est  dix  fois  plus  considérable  ,  et  la  solution 
devient  neutre. 

Dans  la  deuxième  séance,  le  Congrès  a  entendu  un 
botaniste  russe  lui  rendre  compte  des  expériences  cu¬ 
rieuses  qu’il  a  faites  pour  constater  Tinfluence  de  la 
lumière  sur  le  développement  du  Spyrogyra  ^  algue 
d’eau  douce,  commune  dans  notre  pays  aussi  bien  que 
dans  les  froides  régions  qu’habite  ce  savant.  Les  spi¬ 
rales  de  chlorophylle  qui  ornent  chacun  des  articles 
de  cette  conferve,  varient  étonnamment,  selon  l'inten¬ 
sité  de  la  lumière ,  ainsi  que  la  longueur  des  cellules 
ou  articles.  Si  on  observe  cette  algue  vivante,  on  peut 


347 


très  bien  la  voir,  même  à  l’œil  nu,  chercher  lalamière 
et  se  diriger  par  saccades  vers  le  point  lumineux. 
Kutzing  aurait  eu  tort  d’établir  des  espèces  sur  la 
direction  des  bandes,  et  les  quatre  espèces  5p.  brevis 

orthospyra . .ne  seraient,  d’après 

l’orateur,  que  des  formes  d’une  seule  espèce. 

Un  professeur  de  Moscou,  M.  de  Gelesnow,  raconte 
que,  passantun  jour  d’hiver  près  de  Saint-Pétersbourg, 
devant  des  tilleuls ,  dont  il  avait  vu  ,  Tété  précédent , 
les  branches  redressées  ,  il  fut  surpris  de  voir  les 

branches  manifestement  inclinées  vers  le  sol  Cette 

/ 

observation  lui  donna  l’idée  d’étudier  le  phénomène. 
Déjà  au  Congrès  botanique  de  Londres ,  M.  Gaspari 
avait  fait  une  communication  sur  ce  sujet  ;  mais  M.  de 
Geneslow  a  pris  une  autre  face  de  la  question ,  et  il 
expose  au  Congrès  les  résultats  qu’il  a  déjà  cons¬ 
tatés. 

L’abaissement  ou  le  redressement  des  branches  était 
constaté  au  moyen  d’une  échelle  graduée,  fixée  en 
terre  perpendiculairement  à  la  branche  en  observation, 
et  un  petit  indicateur  mobile  permettait  de  suivre  les 
variations.  Le  tilleul  est  un  des  arbres  les  plus  sen¬ 
sibles  aux  alternatives  de  chaleur  et  de  froid,  les  chênes 
bouleaux,  érables,  conifères  sont  bien  moins  influencés. 
Une  branche  de  tilleul  de  7  mètres  de  long  a  dévié  de 
3  mètres  de  l'été  à  l’hiver.  Des  essences  d’arbres 
varient  dans  un  sens,  les  autres  dans  un  autre;  ainsi, 
tandis  que  le  bouleau  s’élève  parle  froid  et  s’incline 
pa,r  la  chaleur,  le  chêne  est  influencé  tout  à  l'opposé. 
L’orateur  a  pu  utiliser  cette  faculté  singulière  pour 
construire  une  sorte  de  thermomètre  très  exact. 

M.  Schimper,  je  crois,  a  remarqué  que  dans  beau- 


/ 


—  348  — 

coup  d’arbres,  le  canal  médullaire  est  excentrique,  et 
que  la  direction  des  branches  est  en  rapport  avec  la 
situation  du  canal  médullaire.  Plus  le  canal  médullaire 
est  élevé,  plus  la  direction  de  la  branche  se  rapproche 
de  la  verticale.  Les  conifères  s’inclinent  par  le  froid  en 
dehors  du  canal  médullaire  —  l’humidité  n’a  pas  d’in¬ 
fluence  sur  le  phénomène.  Les  branches  dévient  en 
deux  sens,  horizontal  et  vertical. 

Plusieurs  membres  cherchent  des  explications  à  ce 
phénomène  dans  la  turgescence  des  tissus,  la  contrac¬ 
tion  et  la  dilatation  des  liquides,  des  gaz,  sans  que 
rien  satisfasse  complètement  aux  diverses  données  du 
problème.  Un  membre  fait  remarquer  que  l’eau  se  di¬ 
late  jusqu’à  ce  que  sa  congélation  soit  entière,  puis  . 
elle  subit  la  loi  de  tous  les  solides  et  se  contracte  un 
peu  si  l’abaissement  de  la  température  continue.  Le 
phénomène  de  déviation  des  branches  paraît  étroite¬ 
ment  lié  aux  changements  de  température. 

Interpellé  sur  les  effets  de  la  température  rigou¬ 
reuse  à  laquelle  sont  soumis  ‘les  arbres  dans  son  pays, 
M.  de  Gelesnow  dit  qu’à  Moscou,  où  le  thermomètre 
descend  quelquefois  jusqu’à  33°  au-dessous  de  zéro, 
les  arbres  gèlent  complètement,  à  ce  point  que  leur 
abattage  est  très  difficile,  mais  au  printemps,  l’arbre 
reprend  sa  vigueur  et  la  végétation  recommence  sans 
qu’ils  paraissent  avoir  souff'ert. 

Il  est  donné  lecture  d’un  mémoire  de  M.  Caruel  sur 
les  Gabres  de  Toscane.  A  cet  occasion  une  discussion 
s’engage  sur  cette  ancienne  question  des  influences 
physiques  et  chimiques  du  sol  sur  les  plantes.  Résolue 
dans  des  sens  divers,  nous  voyons  des  botanistes  éga¬ 
lement  éminents  dans  les  deux  camps  où  l’on  accorde 


349  — 


la  prédoniinence  à  Tune  ou  à  l’autre  influence.  11  sè 
pourrait  bien  que  personne  n’ait  tout-à-fait  tort  et 
que  chaque  théorie  soit  vraie  pour  certaines  plantes. 
Gela  m’a  paru  ressortir  au  moins  des  observations  qui 
ont  été  présentées. 

On  ne  peut  nier  dans  certains  cas  l’influence  chimiqm; 
certainement  évidente.  D’après  M  Planchon,  la  ma¬ 
gnésie,  la  chaux  ont  été  décélées  par  la  présence  de 
certaines  plantes  dans  des  terrains  oùelles  n’étaient  pas 
supposées  exister.  L'analyse  chimique  a  donné  raison 
aux  présomptions  fondées  sur  la  végétation.  On  exa¬ 
mine  trop  superficiellement  le  sol  et  souvent  des  prin¬ 
cipes  chimiques  reconnus  expliqueraient  des  anoma¬ 
lies  de  végétation  qui  nous  étonnent.  Les  nodules  sili¬ 
ceux  eux-mémes  peuvent  céder  un  peu  de  silice  et 
permettre  ainsi,  dans  un  terrain  calcaire  du  reste,  la 
croissance  de  plantes  qui  exigent  cet  élément.  Les 
sables  de  certains  rivages,  même  sur  nos  côtes  nor¬ 
mandes,  renferment  une  assez  grande  quantité  de  dé¬ 
bris  coquillers  qui  en  font  un  sol  siliço-calcaire. 

Un  membre  exprime  l’opinion  que  l’on  doit  faire 
une  grande  part  au  dégré  d’humidité,  à  l’ameublisse¬ 
ment  et  à  la  couleur  du  sol.  En  Russie,  on  cultive  un 
terrain,  on  en  tire  une  récolte  ou  deux  puis  on  l’aban¬ 
donne.  La  jachère,  la  première  année,  se  couvre  d'une 
végétation  très  variée;  la  seconde  année  on  voit  domi¬ 
ner  les  légumineuses;  enfin  la  troisième,  les  graminées, 
les  Stipa  surtout,  envahissent  le  terrain  et  régnent 
presque  en  souveraines.  Il  attribué  cette  variation  du 
tapis  végétal  au  tassement  du  terrain., 

M.  de  Candolle  cite  plusieurs  faits  à  l’appui  de  di¬ 
verses  influences  qu’on  ne  peut  négliger,  et  qui  rendent 


le  phénomène  de  riiabital  dépendant  de  plus  de  cir¬ 
constances  qu’on  ne  l’avait  cru  d’abord.  J’ai  retenu 
entre  autres  celui-ci.  Le  blé  ne  réussit  pas  dans  le 
Midi,  dans  les  terrains  sablonneux,  tandis  qu’en  Ecosse 
il  est  parfaitement  silicicole» 

Il  y  a  quelques  années ,  parut  en  Autriche  une 
collection  de  planches  de  fougères  obtenues  par.  une 
méthode  dite  phytoxygrapbique.  Les  plantes,  placées 
entre  une  lame  de  plomb  parfaitement  lisse  et  une 
table  d'acier,  sont  comprimées  de  manière  à  donner 
sur  le  plomb  un  dessin  repoussé  qui  peut  servir  à 
reproduire  exactement  la  plante  qui  l’a  fourni.  On 
a  mis  sous  les  yeux  du  Congrès  les  premières  li- 
'  vraisons  d’une  flore  iconographique  de  France  dont 
les  planches  sont  obtenues  par  ce  procédé. 

M.  Moore,  de  Dublin,  expose  une  très  rare  collection 
de  Nepent/ies  et  de  Sarracenia  y  dont  une  espèce  pro¬ 
vient  de  graines  mûries  en  Ecosse .  Il  lit  en  anglais 
une  note  sur  ces  plantes.  Il  présente  également  une 
collection  d'Erica,  très  abondants  en  Irlande.  M.  Plan- 
chon  fait  remarquer  à  ce  sujet  que  les  Erica  sont  des 
plantes  essentiellement  occidentales.  L’ouest  de  la 
France,  le  Portugal  et  l’Espagne  sont  les  régions  où 
ces  plantes  abondent.  M.  Planchon  rappelle  une  ob¬ 
servation  faite  dans  ces  derniers  temps  sur  une  plante 
de  cette  famille  dont  la  nature  avait  été  méconnue 
jusqu’alors.  Le  Cistus  Ledum  est  une  plante  toujours 
stérile;  on  sait  aujourd’hui  que  c’est  une  hybride  qui 
provient  des  espèces  Laurifolius  et  Monspeliensis. 

La  question  la  plus  importante  de  la  session,  et  que 
le  Congrès  avait  mise  à  son  ordre  du  jour,  était  V exa¬ 
men  des  lois  de  la  nomenclature  botanique.  Sur  la  demande 


—  351 


flu  comité  d’organisation,  M.  de  Candolle  avait  préparé 
un  travail  qui  a  servi  de  base  aux  discussions,  après 
avoir  été  préalablement  examiné  par  une  commission 
composée  des  noms  les  plus  autorisés  en  pareille  ma¬ 
tière.  Il  me  serait  impossible  de  vous  initier  aux  réso¬ 
lutions  qui  ont  été  adoptées,  et  qui  sont  au  nombre  de 
70.  (Ce  travail  sera  publié  ultérieurement  avec  le 
compte-rendu  du  Congrès.)  mais  je  vais  essayer  de 
vous  en  donner  iine  idée  et  de  vous  faire  apercevoir 
les  réformes  et  les  règles  que  réclamait  la  nomencla¬ 
ture. 

Une  source  de  confusion  est  la  faute  que  commet¬ 
tent  certains  horticulteurs,  en  donnant  des  noms  latins 
à  ces  innombrables  variations  horticoles  que  produit  la 
culture.  Des  noms  comme  Rhododendron  papiliona- 
ceuniy  Camellia  planipetala ^  qui  ont  Pair  d’espèces,  se 
glissent  dans  les  livres  botaniques  et  on  chercherait  en 
vain  dans  les  herbiers  ou  dans  la  nature  ce  qu’ils  re¬ 
présentent.  Ce  sont  des  produits  factices  des  jardins,  qui 
doivent  être  traités  comme  tels.  (.(D’ailleurs,  dit  M.  de 
Candolle,  au  bout  de  quelques  années  la  mode  change; 
personne  ne  se  soucie  plus  de  ces  innombrables  créa¬ 
tions  horticoles  d’une  espèce,  qui  ont  fait  les  délices 
des  amateurs  ;  où  sont  les  deux  ou  trois  milles  Dalhias 
de  tel  ou  tel  catalogue  d’il  y  a  trente  ans.  La  plupart 
n’existent  plus,  leurs  noms  sont  oubliés.  11  est  fort 
heureux  que  la  plupart  aient  été  nommés  d’après  un 
général  ou  une  dame  dont  on  s’occupait  alors,  plutôt 
que  par  un  nom  latin  qui  serait  resté  dans  les  livres  ■  « 
Ainsi  donc,  emploi  de  noms  en  langue  moderne 
pour  désigner  les  modifications  inférieures  de  l’espèce 
cultivée  :  semis,  sports.  Ce  nom  anglais  qui  répond  au 


I 


352 


latin  lusus,  paraît  so  l’npaiidre  dans  le  langage  Ijota- 
niqiie.  Pour  exprimer  tous  les  rapports  d’une  varia¬ 
tion  avec  les  autres  formes  de  Tespèce,  il  faudrait  sou¬ 
vent  une  phrase  ;  on  abrège,  et  au  lieu  de  dire,  Brassica, 
olcracea,  acephala^  vulgaris^  vrt-idis,  cavalier,  on  dit  sim¬ 
plement  chou  cavalier.  Il  est  bien  de  rattacher  ces  noms 
de  fantaisie,  si  possible,  à  une  espèce  ou  à  une  variété  : 
Géranium  zonale  Mistress  Pollock. 

En  dédiant  des  genres  à  des  savants  ou  à  de  grands 
personnages  étrangers  à  la  botanique,  on  flatte  des 
personnes  qui  ne  vous  en  savent  souvent  aucun  gré, 
on  n’encourage  pas  les  jeunes  botanistes,  qui  aiment 
cette  distinction,  et  parfois  on  choque  des  susceptibilités 
nationales  ou  religieuses.  En  voici  un  exemple  fami¬ 
lier  :  il  existait  un  Séquoia  gigantea;  de  l’autre  côté  du 
détroit,  on  voulut  nommer  le  plus  grands  des  arbres 
Wellingtonia;  bientôt  en  amérique  on  fit  Washingtoniay 
et  chaque  nation  aurait  eu  d’aussi  bonnes  raisons  pour 
forger  un  nom  d’après  son  héros  favori. 

Une  des  premières  règles  proposées  par  le  Congrès 
est  d’éviter  l’emploi  des  noms  pouvant  produire  des 
erreurs  ou  jeter  de  la  confusion  dans  la  science,  après 
cela  éviter  toute  création  inutile  de  noms.  Les  autres 
considérations  :  la  correction  grammaticale  absolue, 
l’euphonie  des  noms,  l’usage,  les  égards  pour  les  per¬ 
sonnes,  etc.,  sont  relativement  accessoires. 

i 

Linné,  le  créateur  de  la  nomenclature  binominale, 
ii’a  pas  posé  de  règles  précises  à  cet  égard,  il  semble 
même  s’être  très  peu  préoccupé  de  cette  innovation, 
qui  nous  paraît  aujourd’hui  la  plus  heureuse  et  la  plus 
importante  de  ses  idées.  Depuis,  quelques  botanistes, 
entre  autres  de  Candolle  père  et  Liiidley,  ont  posé  aussi 


353 


des  lois,  mais  chaque  auteur  s’inspire  des  tendances  de 
son  époque.  La  science  marche,  de  nouveaux  faits  sont 
connus,  de  nouvelles  richesses  forcent  d’élargir  «les 
cadres  ;  il  en  résulte  que,  au  bout  de  vingt  ans,  il  y  a 
nécessité  de  revoir  les  règles  admises.  Ce  que  nous  fai¬ 
sons  aujourd’hui  sera  jugé  incorrect  par  la  génération 
qui  nous  succédera.  La  nomenclature  n’a,  au  reste, 
qu’une  importance  secondaire,  elle  facilite  les  travaux 
en  mettant  de  l’ordre  dans  les  faits  et  les  idées,  mais 
laisse  subsister  la  diversité  d’opinion  sur  les  limites 
des  genres  ou  des  espèces  ;  elle  n’empêche  pas  la  créa¬ 
tion  de  genres  et  d’espèces  mal  faites  qui  tombent  bien¬ 
tôt,  selon  l’expression  d’un  naturaliste,  dans  les  bas- 
fonds  de  la  synonymie. 

«  Viendra  pourtant,  ditM.  de  Gandolle,  une  époque 
où  les  formes  végétales  actuelles  ayant  toutes  été  dé¬ 
crites,  les  herbiers  en  otfrant  des  types  certains,  les 
botanistes  ayant  fait,  défait,  quelquefois  refait,  élevé 
ou  abaissé ,  et  surtout  modifié  plusieurs  centaines  de 
milliers  de  groupes,  depuis  les  classes  jusqu’aux  sim¬ 
ples  variétés,  le  nombre  des  synonymes  étant  devenu 
infiniment  plus  considérable  que  celui  des  groupes 
admis,  la  science  aura  besoin  de  quelque  grande  réno¬ 
vation  dans  les  formes.  Cette  nomenclature,  que  nous 
nous  efforçons  d’améliorer,  paraîtra  alors  comme  un 
vieil  échaffaudage  formé  de  pièces  renouvelées  péni¬ 
blement  une  à  une,  et  entouré  de  débris  constitués  par 
toutes  les  parties  rejetées,  qui  formeront  un  encom¬ 
brement  plus  ou  moins  gênant.  L’édifice  de  la  science 
sera  élevé,  mais  il  ne  sera  pas  assez  dégagé  de  tout  ce 
qui  a  servi  à  l’étever.  Alors  peut-être  il  surgira  quelque 
chose  de  tout  différent  de  la  nomenclature  linnéenne, 
23 


—  354 


quelque  chose  qui  sera  imaginé  [)Our  donner  définiti¬ 
vement  des  noms  à  des  groupes  définitifs.  Gela  est  le 
secTet  de  l’avenir  et  d’un  avenir  encore  éloigné.  » 

((  En  attendant,  perfectionnons  le  système  de  la 
nomenclature  binominale  introduit  par  Linné.  Tâchons 
qu’il  s’adapte  mieux  aux  changements  continuels  et 
nécessaires  de  la  science,  et  pour  cela  répandons,  le 
plus  possible,  les  principes  de  la  méthode,  attaquons 
les  petits  abus,  les  petites  négligences,  et  mettons-nous 
d’accord,  s’il  est  possible,  sur  les  points  controversés. 
Nous  préparerons  ainsi  pour  quelques  années  une 
meilleure  marche  dans  les  travaux  de  classification  des 
botanistes.  » 

M.  Schultz,  de  Berlin  ,  a  ,  dans  un  travail  original, 
attaqué  la  théorie  des  métamorphoses,  à  laquelle  le 
poète  philosophe  de  la  cour  de  Weimar,  Goethe,  a 
attaché  son  nom.  Portant  la  question  sur  le  terrain 
des  faits,  il  a  cherché  à  démontrer  que  la  feuille  ne  se 
métamorphose  jamais  en  une  autre  partie  du  végétal  ; 
seulement  les  organes  de  la  plante,  au  fur  et  à  mesure 
que  celle-ci  avance  en  âge  ,  apparaissent  sous  des 
formes  de  plus  en  plus  variées  par  le  développement 
graduel  de  l’évolution  naturelle.  L’individualité  végé¬ 
tale  est  une  individualité  composée  ,  et  Goethe  n’a 
vu  qu’une  métamorphose  d'organes,  là  où  il  existe 
une  évolution  successive  d'individus  élémentaires, 
admirablement  réglée  par  le  développement  de  l’en¬ 
semble. 

On  sait,  depuis  une  vingtaine  d’années  seulement, 
que  les  végétaux  inférieurs  nommés  cryptogames  par 
Linné  ,  pour  qui  leur  reproduction  était  encore  un 


—  355 


mystère  ,  ont  pour  la  plupart  dfs  organes  sexuels 
comme  les  végétaux  supérieurs,  mais  à  des  phases 
particulières  de  leur  existence.  On  nomme  prothalle  ou 
proembryon  l’état  sous  lequel  ils  vivent  après  leur  nais¬ 
sance  en  attendant  le  développement  des  organes 
sexuels,  dont  la  fronde  que  nous  voyons  n’est  qu'un 
élégant  support.  Le  prothalle  porte  souvent  ces  organes 
désignés  sous  les  noms  à'' anthérozoïdes,  d'archégones , 
que  l’on  croit  représenter  l'anthère  dans  les  fougères 
et  les  mousses.  Il  n’est  connu  encore  que  dans  un  petit 
nombre  de  groupes  ,  à  cause  de  son  exiguité  dans 
beaucoup  de  cas  M.  Kny  a  fait  connaître  au  Congrès 
celui  des  Osmondacées ,  qui  rappelle  trait  pour  trait 
l’axe  foliacé  du  Jungermania  epiphylla ,  placé  bien 
au-dessous  dans  la  série  botanique.  Ce  serait  là  un 
nouvel  exemple  des  arrêts  de  développement  et  de 
l'évolution  successive  des  types. 

M.  Germain  de  Saint-Pieiae  a  lu  un  mémoire  sur 
les  hybrides  végétaux,  au  point  de  vue  de  leur  repro¬ 
duction.  Le  sexe  mâle  est  généralement  stérilisé  chez 
les  hybrides  ;  le  sexe  femelle  conserve  ses  fonctions  , 
mais  c’est  uniquement  un  organe  de  réception  pour 
le  germe  introduit  par  l’élément  mâle.  Ce  qui  fait  que 
le  retour  des  types  se  fait  plutôt  au  père  qu’à  la  mère. 
Le  travail  de  M.  de  Saint-Pierre  apporte  de  nouvelles 
preuves  de  la  prévoyance  avec  laquelle  la  nature  veille 
à  la  conservation  des  types. 

M.  leD^'E.  Fournier  a  lu  un  travail  de  linguistique 
botanique,  relalîf  à  l'étymologie  des  anciens  noms  du 
cyprès.  Le  savant  secrétaire  de  la  Société  botanique 
a  écrit  là  une  page  d’une  histoire  toute  nouvelle.  On 
sait  quelle  incertitude  règne  encore  sur  les  plantes 


V 


—  356 


dont  ont  parlé  les  anciens.  L’hébreu,  le  grec,  le  sans¬ 
crit,  le  persan  ,  doivent  être  interrogés  successivement 

s 

et  offrent  de  curieuses  révélations  à  celui  qui  sait  les 
interpréter  avec  une  sérieuse  érudition. 

M.  Wedel ,  à  qui  l’on  doit  un  très  bel  ouvrage  sur 
l’histoire  des  quinquinas,  a  présenté,  avec  une  note  sur 
leur  acclimatation ,  les  premiers  spécimens  de  quin¬ 
quina  provenant  des  cultures  de  l’Inde  anglaise.  La 
consommation  considérable  de  ce  produit  a  fait  craindre 
avec  raison  l’épuisement  des  forêts  américaines  (la  Bo¬ 
livie  seule  a  fourni  en  deux  ans  3  millions  delivres) ,  et 
on  a  cherché  à  introduire  ce  précieux  végétal  dans  des 
contrées  nouvelles  pour  propager  et  réglementer  sa 
culture.  La  Hollande  et  l’Angleterre  ont  les  premières 
fait  des  efforts  pour  tenter  cette  acclimatation  ;  mais  la 
longueur  du  trajet ,  les  plantations  faites  dans  un  ter¬ 
rain  peu  favorable  ,  les  attaques  des  insectes ,  firent 
souvent  échouer  les  tentatives.  Enfin  ,  en  1860  ,  des 
graines  remises  au  jardin  d’Ootakamund,  dans  l’Inde 
anglaise,  levèrent  parfaitement.  Lejeune  plant  fut 
ensuite  transplanté  dans  les  montagnes,  et,  en  1863, 

•  35,000  pieds  avaient  pris  possession  du  sol  de  leur 
nouvelle  patrie.  Le  Bengale  et  Ceylan  reçurent  aussi 
des  plantations  qui  prospèrent.  L’ouvrage  de  M.  We¬ 
del  ,  chargé  par  le  gouvernement  d’explorer  les  con¬ 
trées  à  quinqnina,  a  été  certainement  la  cause  détermi¬ 
nante  de  ces  introductions.  Ce  fut  d’ailleurs  dans  la 
serre  du  Muséum  que  se  développèrent  les  premiers 
pieds  de  quinquina  que  l’on  ait  vus  vivants  en  Europe. 
Les  cultures  de  MM  Thibault  et  Keteleer,  habiles 
horticulteurs  parisiens  ,  ont  fourni  à  la  Hollande  les 
sujets  de  ces  premières  expériences.  La  Jamaïque  et  la 


357 


Trinité  ont  aussi  quelques  plantations.  L’Algérie  nous 
offrira-t-elle  un  jour  les  mêmes  avantages?  J’ignore 
ce  qu’ont  produit  les  essais  tentés,  mais  je  sais  qu’il  y 
a  quelques  années  ,  sur  la  demande  de  M.  Thouvenel 
au  gouvernement  anglais,  2  ou  300  pieds  de  quin¬ 
quina  ont  été  mis  à  la  disposition  du  gouverneur  géné¬ 
ral  de  l’Algérie. 

Enfin  ,  votre  président  a  cru  faire  honneur  à  notre 
industrieuse  et  savante  province  ,  en  présentant  au 
Congrès  un  mémoire  sur  les  genres  en  botanique  , 
mémoire  que  je  vais  avoir  l’honneur  de  vous  lire. 

Beaucoup  d’autres  communications  ont  encore  été 
faites  au  Congrès  ,  mais  je  me  suis  arrêté  aux  princi¬ 
pales.  Il  resterait  à  vous  faire  connaître  les  visites 
intéressantes  que  les  membres  du  Congrès  ont  faites 
aux  établissements  horticoles  et  botaniques  de  la 
ville  de  Paris,  à  l’Exposition ,  aux  grands  herbiers  de 
MM.  Delessert,  Cosson ,  au  potager  de  Versailles,  aux 
pépinières  de  Trianon,  etc.  N’oublions  pas  la  gracieuse 
hospitalité  offerte  par  M“®  Levêque  de  Vilmorin  aux 
membres  qui  ont  visité  le  bel  établissement  qu’elle 
dirige  à  Verrières  ,  assistée  de  ses  deux  fils.  «  Un* 
«  banquet  de  80  couverts ,  dressé  sous  les  arbres  du 
«  parc ,  a  écrit  M.  le  Fournier ,  et  les  toasts  qui 
«  l’ont  couronné,  portés  avec  effusion  dans  toutes  les 
«  langues  de  l’Europe ,  ont  bien  prouvé  que  la  bota- 
«  nique  est  par  excellence  une  science  internationale, 
«  et  que  les  Congrès  de  savants  sont  les  meilleurs 
«  Congrès  de  la  paix.  » 

7  novembre  1867. 


DES  GENRES  EN  BOTANIQUE, 


Par  M.  A.  MAliBRAIVCHE. 


Présenté  au  Congrès  international  de  botanique,  août  1867. 


Parmi  les  questions  indiquées  au  programme  pro¬ 
posé  par  la  Société  botanique,  j’en  vois  une  qui  a  trait 
à  la  législation  botanique,  c’est-à-dire,  si  je  la  com¬ 
prends  bien,  aux  règles  qui  doivent  servir  de  base  à  la 
nomenclature.  La  nomenclature  latine,  adoptée  géné¬ 
ralement  par  tous  les  naturalistes  du  monde,  réalise 
efficacement  le  bienfait  d’une  langue  universelle.  Mais 
les  lois  qui  président  au  choix  ou  à  la  création  des 
noms,  ce  résultat  ultime  et  essentiel  du  langage  com¬ 
mun,  sont  encore  à  établir.  Chacun  se  fait  sa  règle  et 
se  décide,  d’après  des  considérations  fort  diverses.  Les 
uTis,  ou  entraînés  par  un  système  de  distinction  sans 
mesure,  ou  ne  paraissant  prendre  pour  guide  que  leur 
fantaisie  et  le  plaisir  d’un  néologisme  sans  valeur, 
viennent  compliquer  la  nomenclature  ;  tandis  que  d’au¬ 
tres,  s’arrêtant  à  des  considérations  plus  générales , 
négligent  des  détails  qu’ils  trouvent  embarrassants  et 
inutiles  et  adoptent  un  classement  plus  simple  et  plus 
compréhensible.  Enfin,  pour  vous  faire  saisir  d’un  mot 
les  difficultés  sur  lesquelles  je  veux  appeler  toute  votre 


359 


attention,  faut  il  compter  en  France  40  ou  300  espèces 
de  Rubus.  Nos  Lichens,  que  le  Kœrber  distribue 
dans  plus  de  200  genres,  peuvent-ils  rentrer  dans  40, 
comme  le  voulait  Schœrer.  Ces  écarts,  cette  divergence 
d’opinions,  qui  ont  chacune  d’honorables  champions, 
mérite  bien  qu’on  l’examine.  Sans  vouloir  ni  pouvoir 
traiter  à  fond  des  questions  aussi  importantes,  je  me 
propose  seulement  de  vous  présenter  des  réflexions  sur 
quelques  points  de  ce  problème.  Je  le  ferai  avec  le 
désir  sincère  de  ne  blesser  personne,  et,  si.  je  critique 
les  systèmes,  je  n’en  conserve  pas  moins  d’estime  pour 
leurs  auteurs. 

Je  dis  d’abord  que  la  nomenclature  n’est  qu’un 
moyen,  mais  c’est  au  moins  un  moyen.  On  a  dit  un 
mot  qu'il  ne  faut  pas  prendre  à  la  lettre  :  que  l’on  peut 
être  un  grand  botaniste  sans  connaître  le  nom  d’une 
seule  plante.  Il  est  évident  qu’en  dehors  du  nom,  il  y 
a  tout  une  science  merveilleuse,  l’organographie,  la 
physiologie;  mais  toujours  est-il  qu’il  serait  impos¬ 
sible  d’étudier  et  de  reconnaître  les  organes  et  les  phé¬ 
nomènes  décrits,  si  l’on  ne  pouvait  avec  le  nom  retrou¬ 
ver  les  espèces  qui  ont  été  l’objet  des  premières  obser¬ 
vations.  La  botanique  appliquée  à  l’industrie,  à  l’art 
médical,  ne  se  comprend  qu’avec  ime  nomenclature 
exacte  qui  permet  seule  de  s’adresser  à  l’espèce  utile. 
Bien  qu’il  y  ait  une  certaine  analogie  de  propi’iétés 
entre  les  congénères,  on  sait  qu’il  n’est  pas  indiflérent 
de  s’adresser  à  l’une  ou  à  l’autre.  En  agriculture  et  en 
horticulture,  où  le  praticien  opère  sur  des  types  modi¬ 
fiés  par  les  efforts  de  l’homme,  les  variétés  mêmes,  les 
races  ont  besoin  d’être  distinguées;  elles  acquièrent 
une  importance  qu’elles  n’ont  point  à  d’autres  points 


---  360 


de  vue.  Ainsi  écartons  tout  d’abord  ce  dédain  de 
quelques  physiologistes  pour  la  nomenclature,  et  con¬ 
cluons  qu’elle  est  nécessaire,  indispensable,  c'est  un 
moyen,  c’est  un  flambeau  pour  étudier  les  faits,  nous 
conduire  à, la  connaissance  des  objets  et  nous  en  faire 
saisir  les  affinités  naturelles. 

Ce  moyen,  pour  être  efficace  et  utile,  doit  être  pré¬ 
paré  par  l’expérience  et  la  comparaison,  plutôt  clair  et 
facile  que  très  savant,  et,  s’il  se  pouvait,  accepté  par  tous, 
ce  qui  doublerait  sa  valeur  et  sa  commodité.  Quelle  doit 
être  la  nomenclature  pour  remplir  son  but,  pour  y  con¬ 
duire  par  les  chemins  les  plus  directs  et  les  plusnaturels? 
c’est  ce  que  nous  essaierons  de  mettre  en  lumière. 

Avant  Linné,  on  peut  dire  que  la  nomenclature 
n’existait  pas  ;  des  phrases  qui  croissaient  toujours  à 
mesure  que  de  nouvelles  espèces  prenaient  place  dans 
les  cadres,  servaient  à  désigner  les  plantes.  Le  génie 
de  l’immortel  suédois  débrouilla  ce  chaos  et  jeta  les 
premières  bases  de  la  taxonomie,  en  établissant  la  no¬ 
menclature  binaire,  dont  la  simplicité  et  la  commodité 
sont  si  saisissantes  qu’on  est  étonné  qu’elle  ne  se  soit 
pas  présentée  plus  tôt  à  l’esprit  humain.  Le  nom  d’une 
plante  comprend  deux  choses  :  le  genre  et  l’espèce,  et 
ils  me  paraissent  avoir  surtout  ce  caractère  particulier 
de  nous  montrer  les  différences  qui  séparent,  tandis 
que  la  famille  et  la  classe  nous  font  connaître  les  affi¬ 
nités  qui  rapprochent.  Bien  des  savants  se  sont  déjà 
essayés  à  donner  la  définition  de  l’espèce,  et  peut-être 
sans  y  réussir -bien  complètement.  La  chose  n’est  pas 
si  simple  qu’elle  le  paraît,  et  c’est  bien  d’elle  qu’on 
peut  dire  definitio  periciUosa.  C’est  qu’au  fond  l’on  n’est 
pas  d’accord  et  que  personne  n’est  absolument  pré- 


361  - 


paré  pour  cela.  Des  Ijotanistes  également  savants  dif¬ 
fèrent  sur  les  hases,  les  limites,  les  caractères,  la  fixité 
de  l’espèce.  Un  ouvrage  fameux,  qui  a  paru  dans  ces 
dernières  années  outre-Manche,  tendrait  à  faire  voir 
dans  les  êtres  une  versatilité,  une  mobilité  très  propre 
à  décourager  les  nomenclateurs.  A  mon  avis  ,  cette 
mutabilité  des  espèces  est  une  chimère  et  ne  repose 
sur  aucune  base  solide  J’ai  déjà  cherché  à  le  prouver 

9 

dans  un  précédent  mémoire.  Depuis  que  l’homme 
observe,  étudie,  les  faits  ne  sont  point  favorables  à 
cette  théorie,  et  d’après  d’éminents  naturalistes,  c’est 
dans  un  sens  opposé  qu’il  serait  permis  de  conclure.  Il 
me  paraît  qu’il  y  a  dans  la  nature  une  force  invincible 
à  maintenir  ces  types  et  à  y  ramener  les  individus,  si 
des  circonstances  ont  ébranlé  leurs  formes  originelles, 
ou  si  l’homme,  pour  son  profit  ou  son  plaisir,  a  cher¬ 
ché  à  les  en  faire  dévier.  Les  récentes  et  patientes  ex¬ 
périences  de  M.  Naudin  ont  donné  à  cette  manière  de 
voir  une  nouvelle  et  éclatante  confirmation. 

Mais  si  les  types  spécifiques,  remontant,  à  notre  sens, 
à  leur  apparition  même  sur  le  globe,  sont  immuables 
dans  leur  essence,  nous  admettons  volontiers  des  varia¬ 
tions  dont  la  mesure  n’est  pas  encore  bien  connue, 
variations  temporaires  ou  fixées  par  la  persistance  des 
conditions  qui  les  ont  fait  naître,  dues  à  des  influences 
de  sol,  d’altitude,  de  climat,  de  station,  d’hybrida¬ 
tion,  modifiant  plus  ou  moins  la  forme  primitive,  mais 
ne  pouvant  jamais  la  faire  sortir  des  limites  spécifiques 
assignées  à  chaque  être.  L’étude  de  ces  influences  va¬ 
riées  se  combinant  de  diverses  façons,  la  mesure  de 
leur  puissance  modificatrice  sur  les  végétaux,  la  nature 
des  modifications  qu’elles  sont  susceptibles  de  déve^ 


362  - 


lopper,  tel  devrait  être  l’objet  d'une  étude  préliminaire 
qui  nous  éclairerait  certainement  sur  les  limites  et  les 
caractères  de  l’espèce  il).  11  en  résultera  certainement 
\  que  beaucoup  d’espèces  provisoires,  si  l’on  peut  dire, 

devront  disparaître  un  jour  pour  passer  au  rang  de  va¬ 
riété,  tandis  que  quelques  variétés  nous  paraîtront 
peut-être  plus  indépendantes,  plus  autonomiques,  et 
mériteront  d’être  élevées  à  la  dignité  d’espèce. 

Je  pense  que  toutes  les  formes  doivent  être  indi¬ 
quées,  je  ne  dis  pas  précisément  décrites,  sous  peine 
de  laisser  beaucoup  d’incertitude  et  d’embarras  dans 
l’esprit  de  ceux  qui  cherchent  à  connaître  les  espèces, 
mais  toutes  ne  doivent  prendre  que  le  rang  qui  leur 
appartient.  Il  y  a  une  hiérarchie  en  rapport  avec  la 
valeur  relative  des  caractères  qui  les  distinguent.  La 
forme  occupe  le  bas  de  l’échelle,  au  sommet  de  laquelle 
est  l’espèce,  ou  plus  exactement  le  type  spécifique  :  on 

V 

peut  se  représenter  encore  l’espèce,  limitée  par  un 
cercle  symbolique  dont  le  centre  est  occupé  par  le 
type;  les  variétés  s’approchent  plus  ou  moins  de  la 
circonférence,  et  les  formes  gravitent  à  peu  de  distance 
de  la  variété  ou  du  type  dont  elles  dérivent. 

Aujourd’hui,  ce  n’est  pas  là  mon  thème,  et,  faisant 
un  pas  de  plus,  je  veux  examiner  l’association  des 
espèces  au  premier  degré,  le  Genre. 

Dans  la  plupart  des  ouvrages  modernes,  le  nombre 
des  genres  va  toujours  croissant.  Cette  augmentation 
est-elle  suffisamment  justifie?  est-elle  logique,  néces¬ 
saire,  utile?  La  science  profite-t-elle  de  cette  multipli- 

(1)  M.  le  professeur  Faivre,  de  Lyon,  vient  de  publier  un 
ouvrage  remarquable  sur  ce  sujet  :  De  la  variabilité  de  l’Espèce. 


363  - 


cation,  qui  gêne  Tétude  et  fatigue  la  mémoire.  Com¬ 
bien  celles-ci  gagneraient  à  la  suppression  d’un  grand 
nombre,  et,  sien  même  temps  la  première  n’y  perdait 
rien,  avec  quel  empressement  unanime  ne  devrions- 
nous  pas  voter  leur  déchéance. 

Le  nombre  des  genres  a  plus  que  décuplé  depuis 
Linné  ;  on  en  compte  environ  8,000.  On  ne  peut  nier 
que,  depuis  les  travaux  du  législateur  de  la  botanique, 
les  découvertes  nouvelles  nombreuses,  les  investiga¬ 
tions  organograpliiques  plus  parfaites  n’aient  obligé 
d’augmenter  les  cadres,  mais  la  limite  ne  serait-elle 
point  dépassée.  N’a-t-on  pas  quelquefois  cédé  au  désir 
d’innover,  de  faire  une  dédicace  flatteuse,  de  créer  un 
nom  qui  fera  plus  ou  moins  bien  son  chemin  avec 
celui  du  parrain. 

«  Il  est  bien  certain,  a  dit  un  auteur  moderne  (1), 

*  que  si  les  Botanistes  descripteurs  n’avaient  point  la 
K  mauvaise  habitude  de  joindre  le  nom  du  parrain  à 
«  chaque  nom  de  plante,  cette  ardeur  créatrice,  cette 
«  nouvelle  espèce  de  prosélytisme  des  botanistes  mé- 

«  diocres  n’existerait  point . Qu’en  est-il  résulté? 

«  ajoute-t-il,  des  connaissances  nouvelles?  En  aucune 
«  façon  ;  seulement  la  science,  qui  comptait  déjà  les 
«  noms  par  centaines  de  raille,  ce  qui  lui  a  valu  de  la 
«  part  de  quelques  critiques  le  nom  de  science  de 
«  mots,  en  compte. quelques  centaines  de  plus.  » 

Jè  reviens,  et  sans  jeu  de  mots,  aux  genres  sérieux. 
D’après  quels  principes  divise-t-on  sans  cesse?  Le  créa¬ 
teur  d’un  nom  prend-il  assez  de  souci,  du  profit,  de  la 
clarté  ou  de  la  confusion  qui  peut  en  résulter  pour  la 


(1;  Payer  :  Bolan.  cryptofjamiq.;  Préface. 


science?  Celui-là  se  place  à  un  point  de  vue,  celui-ci  à 
un  autre,  et  la  synonymie  de  plus  en  plus  confuse,  à 
laquelle  on  pourrait  bien  appliquer  cette  épithète  de 
Fries  à  propos  de  lichens  litigieux,  crux  botanicorum, 
la  synonymie  va  toujours  s’allongeant,  pour  la  plus 
grande  douleur  des  botanistes  et  le  tourment  de  leur 
mémoire. 

'Déjà,  au  XVI®  siècle,  Gesner,  en  Suisse,  et  Gœsalpin, 
à  Pise,  avaient  reconnu  que  les  fleuis  et  les  fiaiits  of- 

t 

fraient  les  caractères  les  plus  certains  pour  l’établisse¬ 
ment  des  genres.  Linné  fit  faire  à  la  science  un  pas 
considérable  dans  cette.voie.mais  ce  furent  les  Jussieu, 
dont  le  nom  est  impérissablement  attaché  à  la  méthode 
naturelle,  qui  ont  vraiment  démontré  la  prédominance 
et  la  valeur  relative  des  caractères.  Toutes  les  parties 
(organes)  de  la  fructification  n’ont  pas  la  même  impor¬ 
tance,  et  les  moindres  différences  dans  la  forme,  les 
contours,  la  couleur,  le  nombre,  la  situation,  la  pro¬ 
portion,  la  pubescence,  etc.,  etc  ,  sont-elles  des  motifs 
suffisants  pour  faire  des  séparations  et  de  nouveaux 
groupes  d’ordre  générique.  Si  l’on  poursuivait  rigou¬ 
reusement  cette  méthode  pour  les  diverses  parties  de 
la  fleur,  il  ne  resterait  plus  de  caractères  pour  distin¬ 
guer  les  espèces;  nous  n’aurions  plus  que  des  genres. 

Ainsi,  dans  la  famille  des  Acanthacées,  je  vois  la  tor¬ 
sion  ou  la  disposition  parallèle  des  loges  de  fanthère, 
l’avortement  d’une  de  ces  loges,  être  autant  de  motifs, 
bien  légers,  ce  me  semble,  de  créations  génériques. 
Toutes  les  espèces  de  l’ancien  genre  Vicia  ont  le  style 
barbu  ou  pubescent  sous  le  sommet,  mais  quelques- 
unes  ont  ce  style  comprimé  latéralement,  d’autres  d’a¬ 
vant  en  arrière;  pour  ce  seul  motif  on  a  fait  le  genre 


-  365  — 

Cracca.  Aucunô  autre  différence  constante  n’existe 
dans  les  autres  parties ,  calice ,  corolle  ,  étamines , 
gousse,  semence.  A  la  vérité,  le  pédoncule  floral  est 
plus  long  dans  les  Cracca,  mais  ce  caractère  n’a  qu’une 
très  mince  valeur. 

Le  genre  Bartsia  était  caractérisé  par  une  corolle  bi- 
labiée  avec  la  lèvre  inférieure  trilobée.  On  s’est  appuyé 
sur  le  port  et  la  forme  de  la  corolle,  pour  en  tirer  les 
genres  Trixago  et  Euphragia  ;  mais  que  la  lèvre  supé¬ 
rieure  soit  plus  ou  moins  creusée  en  casque  et  l’infé¬ 
rieure  plus  ou  moins  échancrée,  sont-ce  là  des  carac¬ 
tères  d’ordre  générique?  Et  le  port?  Combien  varie-t-il 
dans  beaucoup  de  genres  que  l’on  n’a  pas  encore  songé 
à  diviser? 

Une  nouvelle  preuve  du  peu  de  valeur  de  tous  ces 
genres,  c’est  la  divergence  d’opinion  et  l’incertitude 
des  Botanistes,  qui  fout  passer  les  mêmes  plantes  de 
l’un  à  l’autre,  selon  le  point  de  vue  où  ils  se  placent. 
Ainsi  VErvum  hirsutuin,  L.,  a  été  fait  Vicia  hirsuta  par 
Kœrh,  Ervilia  hirsuta  par  M.  Godron,  et  Cracca  minor 
par  Hiv.  —  EErmm  monanthos  a  eu  bien  plus  de 
parrains  encore  ;  pour  le  genre ,  il  a  été  Vicia  avec 
Desfontaines,  Morisson,  Willdenow  (Hort.  Ber.),  Loi¬ 
seleur,  Walhroth,  Latliyrus  avec  Willdenow  (Species), 
Lens  avec  Mœnch  ,  Reichenbach  ,  Solier,  Cracca  avec 
Grenier  et  Godron,  les  auteurs  de  la  Flore  française; 
pour  nom  spécifique  il  a  eu  monanthos,  stipulaceimi, 
articulata  etmultifida.  On  pourrait  multiplier  beaucoup 
ces  exemples,  je  m’arrête.  Je  conclus  de  cette  versati¬ 
lité  contre  la  solidité  de  ces  genres. 

Dans  la  cryptogamie,  d’autres  règles  doivent  prési¬ 
der  à  leur  formation  ;  la  simplicité  et  l’uniformité  plus 


366  - 


grande  des  organes  de  reproduction  obligent  à  tenir 
compte  des  différences  beaucoup  plus  légères  ;  dans  les 
lichens,  par  exemple,  la  forme,  la  couleur,  la  division 
des  spores  doivent  peut-être  prendre  rang  parmi  les 
caractères  d’ordre  générique  ;  mais  convient-il  bien  de 
descendre  à  des  nuances  dont  l’appréciation  n’est  pas 
toujours  facile.  Je  m’explique  ;  les  spores  cylindriques 
allongées  peuvent  avoir  le  sommet  aigu  et  obtus,  être 
en  forme  de  doigt,  de  massue,  de  chenille,  d’anguille, 
de  vers,  etc. . .  Eh  bien,  ces  légères  variations  dans  la 
forme  sont  dans  quelques  ouvrages  des  caractères  gé¬ 
nériques.  Le  grand  genre  Acharien  Lecidca  -en  a  ainsi 
fourni  une  vingtaine.  De  très  savants  lichénographes 
allemands  ont  ainsi  créé  une  foule  de  genres,  dont  Je 
moindre  inconvénient  est  d’avoir  souvent  des  noms 
peu  euphoniques;  mais  un  plus  regrettable,  c’est  la 
fatigue  qu’ils  imposent  à  la  mémoire  obligée  de  retenir 
non-seulement  un  nom  nouveau,  mais  toute  une  des¬ 
cription  qui,  avec  beaucoup  de  caractères  communs  à 
d’autres  genres,  comprend  seulement  une  petite  note 
différentielle.  N’eût-il  pas  suffi  d’inscrire  cette  petite 
note  en  tête  d’une  section  ;  sections  formant  des  varié¬ 
tés  dans  le  genre  comme  nous  en  avons  dans  l’espèce 
et  ayant  encore  leur  analogue  dans  la  tribu  par  rap¬ 
port  à  la  famille. 

La  science  sera-t-elle  plus  parfaite  quand  elle  sera 
hérissée  de  mots  qui  en  rendent  l’étude  si  ardue  et  si 
laborieuse.  La  vie  d’un  botaniste  ne  suffit  plus  qu’à 
explorer  un  petit  coin  de  ce  champ  immense.  «  Quand 
j'ouvre  les  livres  qui  sont  chaque  jour  publiés  sur  ces 
chères  ydantes,  écrivait,  il  y  a  quelques  années,  un  de 
nos  cryptogamistes  vétérans,  le  D*"  Mongeot,  à  Auguste 


t 


—  367  — 

Le  Prévost,  ils  me  tombent  des  mains  par  l’impossi¬ 
bilité  que  je  reconnais  de  suite  de  ne  pouvoir  m’en 
servir.  Nous  avions  du  plaisir  à  nous  amuser  de  nos 
lichens  ;  aujourd’hui  en  voulant  les  étudier  avec  les 
Meyer,  les  Fries,  c’est  un  labeur  qui  nous  fatigue, 
nous  épuise  et  nous  fait  abandonner  prise.  Ne  nous 
reviendra-t-il  pas  un  grand  réformateur  qui  ramènera 
les  choses  à  une  simplicité  saisissable.  »  Que  pourrait- 
il  écrire  aujourd’hui  des  derniers  ouvrages  de  l’Ecole 
allemande.  Et  nous  pourrions  répéter  avec  plus  de  rai¬ 
son  encore  ces  récriminations  amères  que  Linné  fai¬ 
sait  entendre  en  voyant  l’absence  de  toute  règle  dans 
la  formation  des  genres  :  Hinc  tôt  falsa  gênera  !  tôt  con- 
troversiæ  inter  auctores  !  tôt  mala  nominal  tanta  confu- 
sio!  Et  il  se  demandait  aussi  si  ces  classificateurs  n’a¬ 
vaient  pas  apporté  à  la  science  plus  de  perte;  que  de 
profit;  Numplusdainni  vel  emolumenti  attulerint  syste- 
matice. 

Les  flores  locales,  pour  se  montrer  à  la  hauteur  des 
connaissances  du  jour,  ont  adopté  ces  classifications 
nouvelles  et  ne  seront  bientôt  plus  comprises  par  les 
amateurs  et  les  débutants,  auxquels  je  les  crois  surtqut 
destinées.  Faire  connaître  les  plantes  d’une  contrée 
aux  personnes  qui  ne  veulent  embrasser  une  trop 
grande  tâche,  aider  et  encourager  les  jeunes  gens  qui 
s’essaient  dans  une  carrière  attrayante  en  ne  leur  pré¬ 
sentant  pas  trop  d’épines  à  l'entrée,  ménager  à  tous 
un  délassement  agréable  et  sans  fatigue  :  n’est-co  point 
là  le  but  des  Flores  locales,  et  ce  but  ne  serait- il  pas 
mieux  atteint  en  simplifiant  un  peu  une  nomencla¬ 
ture  trop  savante?  Je  ne  sais  si  je  me  trompe,  mais  la 
Botanique,  cette  science*  si  séduisante  par  les  objets 


3ü8 


dont  elle  s’occupe  et  les  secrets  merveilleux  qu’elle 
dévoile,  ne  rencontre  pas  parmi  les  gens  studieux  le 
nombre  de  disciples  qu’elle  devrait  réunir,  et  cet  éloi¬ 
gnement  me  semble  dù,  en  partie,  aux  difficultés  pri¬ 
maires  que  je  signale.  On  lit,  on  comprend  encore  la 
poésie  des  fleurs,  on  n’en  connaît  pas,  on  n’en  étudie 
pas  la  science. 

Dans  une  de  ces  Flores  estimées  auxquelles  je  fais 
allusion,  je  vois  dans  la  famille  des  Ombellifères  qua¬ 
rante  genres  dont  vingt-deux  ne  renferment  qu’une 
seule  espèce.  Voyez  à  quels  efforts  de  mémoire  vous 
obligez  celui  qui  veut  borner  ses  études  ou  occuper 
agréablement  ses  loisirs.  Sont-ce  là,  dans’le  sens  atta¬ 
ché  à  ce  mot,  des  genres,  des  associations  d’espèces 
réunies  par  des  caractères  communs?  Je  sais  bien  que 
parfois  des  caractères  d’ordre  majeur  obligent  à  isoler 
une  espèce.  On  m’opposera  aussi  que  ces  espèces, 
uniques  clans  leurs  genres,  ont  des  congénères  dans  les 
espèces  exotiques.  Eh  bien,  je  prends  au  hasard  un 
exemple  dans  un  volume- du  Proclromus  :  la  famille  des 
Acanthacées  compte  149  genres  sur  lesquels  38  n’ont 

qu’une  espèce  et  16  n’en  comptejit  que  2. 

* 

Loin  de  moi  la  pensée  de  blesser  les  savants  auteurs 
des  Flores  locales  dont  je  parle,  personne  plus  que  moi 
n’apprécie  leur  haute  science  et  leurs  aimables  rela¬ 
tions,  mais  je  trouve  dans  ces  réflexions  un  nouvel 
argument  en  faveur  de  ma  thèse. Dans  ce  cas  particu¬ 
lier  encore  la  science  générale  n’y  perdrait  rien,  les 
synonymes  seraient  indiqués,  les  formes  décrites  avec 
soin,  et  les  éléments  d’études  resteraient  complets  pour 
des  vues  d’ensemble,  pour  des  déductions  générales. 

Je  me  résume  la  création  d’un  grand  nombre  de 


--  369  — 


genres  n’est  point  justifiée  par  les  nécessités  de  la 
science,  ses  progrès  et  sa  correction;  des  sections 
quand  le  caractère  le  mériterait,  suppléeraient  heureu¬ 
sement  à  rétablissement  de  nouveaux  genres.  Cette 
augmentation  des  genres,  en  compliquant  nos  études, 
impose  à  la  mémoire  d’inutiles  fatigues.  Elle  est  dans 
les  Flores  locales  une  cause  de  difficultés  et  d’éloigne¬ 
ment  pour  les  débutants.  J’ai  étudié  la  question  sur- 
tont  peut-être  au  point  de  vue  pratique,  de  plus  expé¬ 
rimentés  pourront,  avec  plus  d’autorité,  l’examiner  au 
point  de  vue  scientifique  et  fixer  des  règles  qu’il  ne 
m’appartenait  pas  d’indiquer. 

Octobre  1867. 


1 


9 


RAPPORT 


SUR  LES 

JACINTHES  CULTIVEES  SOUS  L’EAU, 

Par  M.  de  BOUTÏEYILLE, 


Dans  la  séance  de  la  Société  des  Amis  des  Sciences 
naturelles  du  7  mars  dernier ,  M.  le  Président  a  plané 
sous  les  yeux  des  membres  de  la  Compagnie  deux 
Jacinthes  dont  les_ bulbes,  plantées  en  opposition  par 
leurs  bases  dans  un  vase  de  verre  rempli  de  terre  , 
avaient  développé  chacune  une  tige  florale  et  des  feuilles 
qui  s’élancaient,  en  sens  inverse,  vers  le  zénith  et  vers 
la  terre  L’oignon  supérieur,  dont  le  plateau  avait  été 
placé  normalement  en  bas,  avait  poussé  à  l’ordinaire 
dans  l’air  et  de  haut  en  bas.  L’oignon  inférieur,  au 
contraire,  avait  son  plateau  dirigé  en  hant,  en  contact 
avec  celui  de  la  bulbe  supérieure,  de'telle  manière  que 
son  sommet  renversé  correspondait  à  l’orifice  de  la 
tubulure,  qui  établissait  la  communication  du  récipient 
contenant  la  terre  avec  un  vase  inférieur  également  en 
verre  et  rempli  d’eau ,  dans  laquelle  sa  tige  et  ses 
feuilles  s’étaient  développées  de  haut  en  bas. 


—  371  — 


Les  deux  Jacinthes  disposées  de  cette  manière,  déjà  • 
connue  et  indiquée  dans  le  Traité  de  M.  Vilmorin- 
Andrieux  sur  la  culture  des  plantes  de  pleine- terre  , 
disposées,  disons-nous,  dans  un  but  simple  de  curiosité 
par  MM.  Garmant  et  Trogneux  ,  grainetiers-fleuristes, 
rue  du  Change,  ont  été  mises  par  eux  à  la  disposition 
de  la  Société  ;  elles  ont  paru  à  notre  honorable  prési¬ 
dent  soulever  des  problèmes  de  physiologie  végétale 
assez  importants  pour  qu’il  ait  cru  devoir  nommer  une 
Commission  pour  en  faire  l’étude. 

Cette  Commission ,  composée  dans  le  principe  de 
MM'.  Apvrille,  Malbranche  et  de  Boutteville,  s’est  accrue 
par  l’adjonction  de  MM.  Blanche  et  Sauvagé,  qui  ont 
bien  voulu  l’aider  de  leurs  connaissances  spéciales  en 
botanique  et  en  chimie. 

La  Commission,  ainsi  constituée,  a  examiné  les 
plantes  qui  lui  ont  été  remises,  le  mardi  19  et  le  samedi 
23  mars  1867.  J’ai  l’honneur  de  présentera  la  Société 
le  résumé  de  ses  études. 

Hâtons-nous  de  dire  que  ce  rapport ,  tout  incomplet 
qu’il  doive  être  ,  l’eût  été  bien  plus  encore  si  les 
V  membres  de  la  Commission  se  fussent  bornés  à  vous 
faire  connaître  le  résultat  de  leurs  investigations  sur 
les  plantes  qui  leur  étaient  soumises.  En  effet ,  telle 
qu’elle  a  été  organisée  et  conduite,  cette  expérience,  qui 
n’avait  d’ailleurs  aucun  but  scientifique  ,  ne  permet 
aucune  déduction  rigoureuse. 

Ainsi,  les  deux  Jacinthes  appartiennent  à  des  variétés 
dilférentes  :  le  Baron  du  Thin^  au-dessus,  à  fleur  bleue, 
VArni  du  Cœur  muge,  en  dessous,  à  fleur  rose ,  et  nous 
ne  saurions  dès-lors,  sans  nous  exposer  à  une  grande 
erreur,  comparer  la  vigueur  de  végétation  de  l’une 


avec  celle  do  l’autre.  Nous  ne  saurions  également  la 
comparer  au  type  de  chacune  d’elles  ,  qui  nous  est 
inconnu. 

On  nous  a  bien  dit  que  depuis  la  fin  du  mois  d’oc¬ 
tobre,  date  de  la  mise  en  expérience  des  deux  oignons, 
on  n’avait  pas  ajouté  d’eau  dans  le  vase  inférieur.  Mais 
comme  celui-ci  est  presque  entièrement  plein  et  qu’il 
a  perdu  nécessairement  par  l’évaporation  et  par  l’ab¬ 
sorption  de  la  plante  qui  s’y  est  développée  ,  une  por¬ 
tion  de  l’eau  qu’il  contenait  au  commencement,  on  ne 
saurait  douter  qu’une  partie  de  l’eau  versée  dans  le 
vase  supérieur,  afin  d’entretenir  l’humidité  de  la  terre 
qui  environne  les  bulbes  ,  n’ait  filtré  à  travers  celle-ci 
dans  le  vase  inférieur,  en  entraînant  avéc  elle  des  élé¬ 
ments  solubles  qui  en  ont  modifié  la  composition. 

De  là  une  foule  d’inconnues  qui  fausseraient  toutes 
les  conséquences  que  l’on  serait  tenté  de  tirer  des  ana¬ 
lyses,  soit  des  plantes  elles-mêmes,  soit  de  l’eau  dans 
laquelle  l’une  d’elles  a  végété. 

Au  milieu  des  causes  d’erreur  qui  viennent  d’être 
signalées  et  de  beaucoup  d’autres  encore,  la  Commis¬ 
sion  n’a  pas  tenté  d’études  minutieuses  et  vraiment 
scientifiques  sur  les  plantes  qu’elle  avait  sous  les 
yeux.  Klle  se  bornera  donc  à  signaler  les  faits  les  plus 
apparents  qu’elles  lui  ont  présentés;  mais,  comme 
des  expériences  analogues  ou  semblables  à  celle-ci  ont 
été  faites  depuis  longtemps,  elle  profitera  de  cette  oc¬ 
casion  pour  les  signaler  à  ceux  qui  voudraient  pour¬ 
suivre  ces  curieuses  recherches  de  physiologie  végé¬ 
tale. 

Nous  avons  surtout  en  vue  les  Recherches  sur  VUsage 
des  Feuilles  dans  lesPlantes,  pai  Bonnet,  publiés  en  1750 


et  1753,  lesquelles  renferment  nombre  d’expériences 
sur  l’absorption  de  l’eau  par  les  parties  des  végétaux 
et  sur  la  direction  qu’ils  prennent,  soit  dans  l’air, 
soit  dans  l’eau  ;  le  Mémoire  sur  la  Jacinthe,  par  M  •  le 
marquis  de  GoufFier,  qui,  le  premier,  en  1778,  fit  vé- 
*■  géter  une  jacinthe  en  renversant  sa  tige  dans  l’eau 
(  Voir  le  Journal  de  Physique  de  l’abbé  Rozier  ; 
,mai  1778)  ;  les  nombreuses  expériences  de  A.  Thouin 
•  sur  le  bouturage  des  végétaux  dans  beau  (V.  Cours  de 
Culture,  t.  II);  et  enfin,  les  deux  remarquables  Mé¬ 
moires  de  M.  Henri  Emery,  professeur  de  sciences  na¬ 
turelles  au  lycée  de  Versailles,  aujourd’hui  à  Cler¬ 
mont-Ferrand,  portant  pour  titres  ;  De  rinfluencc  de 
VOhscuritè  sur  la  Végétation  ;  Adansonia,  recueil  d’ob¬ 
servations  BOTANIQUES,  juin  1863,  et  Etudes  sur  le  Pôle 
physique  de  l’Eau  dans  la  nutrition  des  Plantes,  in-8"  de 
16Q  pages,  Paris,  1865  (1). 

Nous  citerons  les  principaux  résultats  constatés  par 
ces  observateurs,  ceux  du  moins  qui  ont  du  rapport 
avec  les  phénomènes  que  présentent  nos  jacinthes, 
auxquels  nous  revenons,  pour  en  passer  en  revue  les 
diverses  parties. 

/ 

Racines.  —  La  transparence  du  vase  dans  lequel 
ont  été  plantés  les  deux  bulbes  permet  de  voir  un 
grand  nombre  de  racines,  toutes  dirigées  vers  le  sol. 
En  débarrassant  avec  soin  celles-ci  de  la  terre  qui  les 
enveloppe,  ce  qui  est  rendu  facile  par  l’état  de  dessic  - 
cation  de  la  terre,  qui  n’a  pas  reçu  d’eau  depuis 
quatre  jours,  on  constate  que  toutes  les  racines  de  la 

(l)  On  peut  consulter  aussi  les  ouvrages  de  Sennebier,  de 
Duhamel ,  etc. 


bulbe  supérieure  ont  contourné  la  bulbe  inférieure, 
qui  leur  fait  obstacle,  pour  prendre  une  direction  per¬ 
pendiculaire  au  sol  Celles  de  la  bulbe  inférieure,  dont 
le  plateau,  dirigé  vers  le  zénith,  est  surmonté  par  l’oi¬ 
gnon  à  végétation  aérienne,  contournant  la  base  de  ce¬ 
lui-ci,  ont  débuté  par  s’élever  obliquement  de  la  cir¬ 
conférence  du  plateau  qui  leur  donne  naissance  vers 
les  parois  du  vase  ,  que  quelques-unes  atteignent. 
Après  avoir  cheminé  dans  cette  direction  sur  une  Ion-  . 
gueur  de  deux  à  trois  centimètres,  avant  d’avoir  atteint 
la  surface  de  la  terre  du  vase  qui  les  contient,  ces 
racines  se  courbent  en  dehors  pour  descendre,  avec 
celles  du  premier  oignon,  vers  le  centre  de  la  terre. 
Parmi  elles,  il  s’en  trouve  quelques-unes  qui  n’ont  pu 
arriver  à  la  direction  descendante  et  dont  l’extrémité 
est  seulement  légèrement  fléchie  en  bas.  On  en  aper¬ 
çoit  aussi  un  petit  nombre  qui,  demeurées  droites,,  se 
sont  fanées  Cette  dessiccation  est-elle  due  à  leur  posi¬ 
tion  contre  nature  ? 

Bulbes.  —  Elles  oürent  toutes  deux  la  meme  consis¬ 
tance,  mais  celle  dont  la  tige  et  les  feuilles  se  sont 
développées  cà  l'air  présente  quatre  petits  cayeux  d'où 
sortent  do  minces  tiges  accessoires  que  l'on  a  rognées 
au  niveau  de  la  terre.  Celle  dont  la  tige  et  les  feuilles 
plongent  dans  l’eau  n’a  laissé  apercevoir  aucune  appa¬ 
rence  de  cayeux  nouveaux,  et  surtout  aucune  pousse 
autre  que  la  tige  primitive  et  les  feuilles  qui  l’accom¬ 
pagnent.  Y  a-t-il  là  un  indice  d’une  nutrition 
meilleure  du  premier  oignon?  Pour  les  causes  déjà 
énoncées,  nous  ne  saurions  le  dire. 

Tiges  et  feuilles.  ~  Ces  parties  des  deux  végétaux, 
prises  dans  leur  ensemble,  ont  beaucoup  plus  de  déve- 


~  375  — 


loppement  chez  l’individu  qui  végète  dans  l’eau  ;  con- 
sidère-t-on  séparément  les  tiges  et  les  feuilles,  la  pré¬ 
dominance  de  volume  reste  encore  du  même  côté  ; 
mais,  en  l’absence  de  points  de  comparaison,  on  n’en 
saurait  tirer  aucune  conséquence. 

Notons  ici  que  Gouffier,  rendant  compte  de  son  ex¬ 
périence  de  1778  sur  une  Jacinthe  renversée  au-dessus 
d’un  vase  plein  d’eau,  dit  que  les  fanes  avaient  acquis 
un  peu  plus  de  longueur  qu’à  l’ordinaire.  Or,  la  Jacinthe 
de  Gouffier  s’est  trouvée  dans  des  conditions  bien  plus 
défavorables  que  la  nôtre ,  puisque  le  plateau  radicu¬ 
laire  de  son  oignon  ,  resté  exposé  à  l’air  et  non  recou¬ 
vert  de  terre,  n’avait  développé  aucune  racine. 

Cette  curieuse  expérience  méritait  bien  d’être  répé¬ 
tée,  aussi  l’a-t-elle  été  récemment  par  M.  Emery  ;  mais 
comme  ce  savant  avait  alors  en  vue  l’action  de  l’obscu¬ 
rité  sur  la  végétation  ,  il  l’a  compliquée  en  faisant  dé¬ 
velopper  sa  Jacinthe  dans  un  vase  opaque. 

Dans  ces  conditions  ,  «  la  partie  foliacée,  dit  notre 
expérimentateur,  est  complètement  étiolée;  les  feuilles 
possèdent  bien  leur  dimension  et  leur  consistance 
’  ordinaire ,  mais  elles  sont  toutes  d’un  blanc  légère¬ 
ment  jaunâtre . Six  boutons  se  sont  épanouis  ;  les 

'autres  commencent  à  s’altérer.  Les  fleurs  ont  une  colo¬ 
ration  rouge  Solférino  et  le  parfum  ordinaire.  Une 
autre  Jacinthe  que  j’élève  de  la  même  manière  paraît 
avoir  végété  plus  vigoureusement.  Sa  hampe  est  char¬ 
gée  de  boutons  qui  commencent  à  s’entr’ouvrir  et 
montrent  une  corolle  d’un  bleu  très  franc.  » 

Dans  toutes  les  expériences  que  nous  venons  de  rela¬ 
ter,  les  Jacinthes  se  trouvaient,  par  chacune  de  leurs 
extrémités  ,  dans  nn  milieu  différent.  Ces  plantes 


peuvent  donc  végéter  jusqu’à  épanouissement  de  leurs 
fleurs,  soit  que  leurs  racines  se  trouvent  en  contact 
avec  la  terre  ,  avec  l’eau  ou  avec  l’air  ,  à  la  condition 
que  leurs  tiges  soient  plongées  dans  un  milieu  diffé¬ 
rent,  soit  air,  soit  eau. 

Si,  au  contraire,  la  plante  entière  se  trouve  plongée 
dans  l’air  ou  dans  l’eau ,  la  végétation  ne  pourra  se 
maintenir  longtemps.  Dans  l'air,  elle  entrera,  il  est 
vrai ,  en  végétation  durant  quelque  temps,  sans  jamais 
développer  de  racines,  en  mettant  à  profit  les  matières 
alimentaires  accumulées  dans  le  tissu  de  la  bulbe  ;  mais 
elle  languira  et  tombera  bientôt  en  léthargie  ,  pour 
recommencer  au  printemps  suivant  cette  évolution 
incomplète.  Dans  l’eau  ,  elle  mourra  prématurément 
très  pi’obablement  par  l’effet  simultané  de  l’asphyxié 
et  de  l’inanition,  ainsi  qu’il  ressort  des  expériences  de 
M.  Emery. 

Il  ne  faut  d’ailleurs  point  conclure  par  induction 
que  ce  qui  est  dit  ici  de  la  Jacinthe  pourrait  s’entendre 
des  autres  plantes  bulbeuses  indistinctement.  C’est  ce 
que  nous  apprennent  les  expériences  du  marquis  de 
Gouffier. 

«  On  connaît,  dit  cet  expérimentateur  dans  le  mé¬ 
moire  déjà  cité  ,  plusieurs  plantes  bulbeuses  qui 
poussent  et  ffeurissent  même  sur  les  tablettes ,  lors¬ 
qu’on  néglige  de  les  planter  ;  telles  sont  les  Crocus  et 
les  Colchiques.  J’ai  essayé  de  les  mettre  dans  l’eau  en 
sens  inverse  .  ainsi  que  d’autres  bulbes ,  comme  les 

Narcisses  :  elles  y  ont  toutes  pourri  (i). 

/ 

(1)  Observai,  sur  la  Physique  et  sur  l'Ilisloire  iialureUe,  etc., 
par  l’abbé  Rozier,  t.  XXXTI ,  1788,  p.  346. 


Le  fait  n’est  donc  pas  aussi  simple  que  [)araît  le 
croire  M.  A.  Lliomme,  d’après  la  note  qu’il  a  lue  à  la 
dernière  séance  de  la  Société.  Si  même  il  faut  s’en 
rapporter  au  marquis  de  Gouffier,  qui  semble  être  un 
observateur  exact ,  la  réussite  des  expériences  sur  les 
Jacinthes  élevées  dans  l’eau  dépend  de  détails  dont 
l’influence  paraît  difficile  à  comprendre.  C’est  ainsi 
que ,  selon  lui ,  les  oignons  qu’on  fait  venir  dans 
les  caraffes  périssent  lorsqu’ils  ne  trempent  pas  dans 
l’eau,  malgré  que  leurs  racines  y  soient  immer¬ 
gées  (1).  » 

Coloration.  —  Odeur.  —  La  Jacinthe  venue  dans  l'eau 
que  nous  avons  observée  avait  conservé  le  coloris  vert 
de  ses  feuilles  et  de  sa  hampe,  ce  à  quoi  on  devait  s’at¬ 
tendre  ,  puisqu'elle  avait  végété  daris  un  verre  trans¬ 
parent  et  dans  une  eau  demeurée  limpide.  Ses  fleurs, 
colorée^  en  rose  pâle,  exhalaient  l’odeur  particulière  à 
ces  plantes ,  mais  sans  que  nous  puissions  nous  pro¬ 
noncer  sur  l’intensité  du  coloris  ou  du  parfum  com¬ 
parés  à  ceux  des  plantes  venues  à  l’air  libre.  11  paraît , 
d’ailleurs,  que  toutes  les  couleurs  ne  se  maintiennent 
pas  également  bien  sous  l’eau ,  car  MM.  Cannant  et 
Trogneux  nous  ont  dit  que  c’était  par  erreur  que  la 
Jacinthe  bleue  ne  se  trouvait  pas  dans  l’eau,  cette 
couleur  se  conservant  mieux  que  d’autres  dans  cette 
situation. 

Dans  l’expérience  ci-dessus  relatée  de  M.  Emery, 
les  deux  Jacinthes  développées  en  même  temps -dans 
l’eau  et  dans  l’obscurité  ont  donné  des  fleurs  rouges 
et  bleues,  tandis  que  les  hampes  et  les  feuilles  étaient 


(1)  Mémoire  cité,  [).  245. 


378 


étiolées.  Rien  de  plus  simple  ,  à  première  vue  ,  que 
d’expliquer  ce  double  phénomène  ,  en  disant  que  l’ab¬ 
sence  de  lumière  ,  qui  a  empêché  la  formation  de  la 
chlorophylle,  n’a  mis  aucun  empêchement  à  Informa¬ 
tion  de  la  matière  qui  teint  les  fleurs  en  rouge  ou  en 
bleu.  Mais  si  on  réfléchit  que  c’est  en  privant  de  lu¬ 
mière  le  lilas  violet,  arrivé  à  un  certain  point  de  son 
développement,  que  les  jardiniers  fleuristes  obtiennent 
le  Lilas  à  fleurs  parfaitement  blanches  dont  ils  appro¬ 
visionnent  Paris  durant  tout  l’hiver,  cette  explication 
paraîtra  assez  peu  satisfaisante.  —  Le  milieu  dans 
lequel  se  sont  développées  les  Jacinthes  a-t-il  eu  une 
action  sur  la  conservation  de  la  couleur  des  fleurs? 
Nous  ne  savons.  Faut-il  attribuer  la  persistance  de  la 
coloration  rouge  et  bleue  des  Jacinthes  élevées  dans 
l’obscurité  et  la  décoloration  du  Lilas  violet  privé  de 
lumière ,  à  ce  que ,  dans  le  premier  cas  ,  il  s’agit  de 
couleurs  simples  :  le  rouge  et  le  bleu,  et  que,  dans  Je 
second,  on  opère  sur  une  couleur  composée ,  le  violet , 
ce  qui  a  également  lieu  dans  la  décoloration  du  vert 
des  feuilles?  On  serait  de  prime  abord  tenté  de  le  croire  ; 
mais  on  se  tromperait  ;  car  le  D*"  H.  Schacht  ayant  fait 
germer  dans  l’air  humide  et  obscur  des  tubercules  de 
pommes  de  terre,  a  constaté  que  les  tiges  nées  dans  un 
pareil  milieu ,  aussi  longtemps  qu’elles  restent  dans 
l’obscurité,  ne  portent  jamais  de  feuilles  vertes  et  ne  se 
teignent  jamais  elles-mêmes  en  vert,  mais  sont  forte¬ 
ment  colorées,  surtout  dans  leurs  parties  inférieures  et 
suivant  la  variété,  en  rouge,  en  violet  et  en  bleu  (1). 


(1}  Bericht...  uber  die  Karloffel plonze  and  deren  Krankheüen... 
Berlin  ,  1856  p.  6. 


f 


I 


Direction  des  parties  vertes.  —  En  jetant  un  coup 
d’œil  inattentif  sur  celle  de  nos  Jacinthes  qui  plongeait 
dans  Teaii  et  dont  la  sommité  atteignait  presque  le  fond 
du  vase,  profond  de  40  centimètres  environ  ,  on  eût  pu 
croire  qu’il  y  avait,  soit  dans  la  forme  de  celui-ci ,  soit 
dans  le  milieu  où  la  plante  s'était  développée,  une 
cause  qui  avait  contrarié  la  direction  normale  des 
feuilles  ou  de  la  tige  ;  mais  avec  un  peu  d’attention  , 
on  reconnaît  facilement  qu’il  n’en  est  rien  et  que  les 
parties  vertes  de  la  plante  ont  obéi ,  autant  qu’il  était 
possible  ,  aux  lois  qui  déterminent  la  direction  des 
végétaux  de  cet  ordre. 

La  tige ,  épaisse  et  rigide  ,  a  pénétré  directement  de 
haut  en  bas  ,  .pour  suivre  la  direction  donnée  à  l’oi¬ 
gnon ,  jusque  vers  son  extrémité,  plus  mince  et  plus 
tendre ,  qui  s’est  recourbée  pour  prendre  la  direction 
de  bas  en  haut  qui  lui  est  naturelle. 

De  même  les  feuilles,  entraînées  dans  une  direction 
descendante,  en  conséquence  de  la  position  renversée 
de  l’oignon,  et  par  leur  poids  et  par  leur  rigidité,  sont 
à  leur  extrémité,  recourbées  en  dehors  et  en  haut. 
Très-petit  est  le  nombre  de  celles  qui,  appliquées 
contre  les  parois  du  vase,  sont  demeurées  rectilignes, 
par  suite  de  l’obstacle  qu’elles  y  ont  rencontré.  Quelques- 
unes,  au  contraire,  sont  recourbées  sur  elles-mêmes 
à  leur  extrémité  jusqu’à  former  un  anneau  complet  qui 
a  eu  pour  effet  d’exposer  à  la  lumière  une  partie  de 
leur  face  supérieure  ou  interne.  De  plus  un  mouve¬ 
ment  de  torsion  de  la  base  de  plusieurs  des  feuilles  les 
plus  extérieures,  mouvement  qui  allait  jusqu’à  70  ou 
80  degrés  environ,  concourait  au  même  résultat. 

Nous  pouvons  encore  noter  un  mouvement  d’en- 


380  — 


semble  qui  est  déplacé  dans  Tintervalle  de  nos  deux' 
réunions,  la  hampe  llorale  immergée,  pour  l’entraîner 
vers  la  lumière  d’une  croisée  devant  laquelle  elle  est 
demeurée  exposée,  quatre  jours  durant,  dans  une 
situation  déterminée  par  nous. 

Ces  mouvements  eussent  indubitablement  été  beau- 

\ 

coup  plus  considérables  sur  des  tiges  plus  flexibles  et 
sur  des  feuilles  pourvues  de  pétioles.  Mais  tels  qu’ils 
se  sont  produits,  ils  sont  en  accord  parfait  avec  ce  que 
l’on  sait  depuis  Bonnet  et  ce  que  confirment  les 
recherches  toutes  récentes  de  M.  Emery,  sur  la  direc¬ 
tion  que  prennent  les  végétaux  phanérogames  non  pa¬ 
rasites  et  leurs  feuilles,  qu’ils  soient  plongés  dans 
l’air-  ou  dans  l’eau  (1). 

Nutrilion,  respiration,  —  Nous  continuons  à  nous 
occuper  spécialement  de  la  plante  dont  les  organes  aé¬ 
riens  étaient  plongés  dans  l’eau.  Geux-èi  ont-ils 
puisé  dans  le  milieu  insolite  où  ils  baignaient  des  ma- 

(I)  Puisque  votre  commission  en  est  réduite  à  faire  l’exposi¬ 
tion  des  connaissances  acquises  sur  le  fait  qui  lui  a  été  soumis, 
peut-être  lui  sera-t-il  permis  de  rappeler  ici  deux  expériences 
de  Bonnet  aussi  ingénieuses  dans  leur  simplicité  que  curieuses 
dans  leurs  résultats,  et  dont  il  ne  semble  pas  que  l’on  ait  tenu 
compte' suffisant.  Nous  avons  en  vue  celles 'qui  sont  décrites 
pages  192  et  suivantes  et  figurées  planche  xviii  de  l’édition 
donnée  à  Neufchàtel,  en  1779. 

Dans  l’une  de,  ces  expériences,  notre  savant  prend  une  tige 
herbacée,  de  mercuriale  très-probablement,'  il  en  conserve  les 
trois  entre-nœuds  supérieurs  et  les  feuilles  terminales,  et 
retranche  les  feuilles  qui  correspondent  aux  deux  nœuds  de  la 
tige.  Ceci  fait,  il  plonge  celle-ci  perpendiculairement  au  centre 
d’un  vase  de  verre  rempli  d’eau,  en  l’y  introduisant  par  un 
trou  fait  au  bouchon  de  liège  sur  lequel  il  maintient  immobile 
avec  des  épingles  les  feuilles  qui  couronnent  son  sommet.  Au 
bout  de  quelques  jours,  la  tige  ainsi  disposée  perpendiculaire- 


V 


tériaux  (l’alimeiitation  et  de  respiration?  Si  ou  peut 
légitimement  conserver  des  doutes  à  cet  égard,  par  la 
raison  que  les  racines  placées  dans  la  terre  devaient 
y  puiser  à  l’ordinaire  des  substances  assimilables  de 
diverse  nature,  les  observations  publiées  par  les  sa¬ 
vants  déjà  cités  tendent 4  les  dissiper. 

«  J’ai  plongé,  dit  Bonnet,  dans  des  poudriers 
(vases  en  verre)  pleins  d’eau,  des  plantes  de  Mercu¬ 
riale^  les  unes  par  leurs  feuilles,  les  autres  par  leurs 
racines.  J’ai  laissé  à  chaque  plante  un  ou  deux  rejetons 
que  j’ai  tenus  hors  de  l’eau,  et  qui  n’ont  été  nourris 
que  par  la  partie  de  la  plante  qui  y  était  plongée. 
J’ai  rendu  tous  ces  rejetons  aussi  égaux  et  semblables 
qu’il  m’a  été  possible.  J’ai  laissé  ces  plantes  en  expé¬ 
rience  environ  cinq  à  six  semaines,  au  bout  desquelles 
je  n’ai  point  observé  de  différence  considérable  entre 
les  rejetons  nourris  uniquement  par  les  feuilles  et 
ceux  qui  ne  l’étaient  que  par  la  racine  (1). 

ment  et  de  bas  en  haut,  abandonne  cette  direction  normale,  se 
recourbe  en  haut  jusqu’à  ce  que  son  extrémité  inférieure  ait 
atteint  la  surface  de  l’eau.  ' 

Dans  l’autre  expérience  une  tige  semblablement  préparée 
dont  les  feuilles  ont  été  plongées  dans  l’eau  d’un  flacon,  en 
dehors  duquel  elle-même  a  été  fixée  dans  sa  position  normale¬ 
ment  perpendiculaire  par  un  lien  attaché  à  la  partie  supérieure, 
s’est  relevée  en  se  recourbant  jusqu’à  dépasser  le  niveau  supé¬ 
rieur  de  l’eau  qui  baigne  son  sommet,  et  à  se  diriger  oblique¬ 
ment  vers  le  ciel. 

Dans  ces  denx  cas,  dans  l’eau  aussi  bien  que  dans  l’air,  la 
force  qui  sollicite  les  parties  vertes  des  végétaux  à  se  diriger 
vers  la  lumière  paraît  s’être  montrée  supérieure  en  puissance  à 
celle  qui  sollicite  les  tiges  à  se  diriger  de  bas  en  haut. 

(,1)  üuv.  cité,  p.  243.  —  Le  mémoire  contient  d’autres  expé¬ 
riences  analogues. 


L’expérience  de  Gouüier  rapportée  plus  haut  et 
quelques-unes  de  M.  Emery  semblent  également 
autoriser  à  admettre  la  nutrition  par  les  feuilles  plon¬ 
gées  dans  l’eau. 

«  Dans  un  travail  récent,  M.  P.  Duchartre  a  dé¬ 
montré  que  les  parties  aériennes,  lorsque  leurs 
tissus  sont  sains,  intacts  et  sans  blessures  ou  déchi¬ 
rures,  ne  peuvent  absorber  l’eau,  pourvu  toutefois  que 
l’on  place  la  plante  dans  des  conditions  normales  de 
végétation  (1).  » 

Mais  dans  des  conditions  aussi  anormales  que  celles 
des  Jacinthes  dont  les  oignons  sont  renversés  sur  le  gou¬ 
lot  d’une  carafe  de  manière  que  leur  pointe  seulement 
plonge  dans  l’eau,  en  peut-il  encore  être  ainsi?  Si,  dans 
ce  cas,  l’eau  qui  gonfle  les  tissus  végétaux  n’a  pas  été 
absorbée  par  les  parties  vertes  submergées,  d’où  pro¬ 
vient-elle?  Des  racines?  C’est  infiniment  peu  probable, 
puisque,  indépendamment  de  ce  que  celles-ci  sont 
demeurées  tout-à-fait  rudimentaires,  on  sait  par  les 
recherches  du  même  M.  Duchartre  que,  contrairement 
à  l’opinion  généralement  reçue  «  les  plantes  épiphytes, 
orchidées,  broméliacées  et  autres  ne  tirent»  de  l’atmo¬ 
sphère,  ni  par  leurs  feuilles,  ni  par  leurs  racines,  l’hu¬ 
midité  qui  s’y  trouve  répandue,  quelque  forte  que 
puisse  en  être  la  proportion '(2)  ;  »  et  par  celles  de 
M.  Emery  que,  pour  les  plantes  terrestres  également, 
«  l’absorption  de  la  vapeur  d’eau  par  l’appareil  radicu- 


(I)  M.  Emery,  p.  88  d’après  les  Annales  des  sciences  naiu- 
reltrs,  4®  série,  Botanique^  t.  XV,  1861, 

i2)  Eludes  sur  le  rôle  ‘physique  de  l'eau,  p.  129. 


laire  est  toiit-à-fait  insuffisante  pour  entretenir  le  jeu 
régulier  des  organes  (  1  ) .  » 

Cela  étant,  peut-on  admettre  que,  dans  le  cas  de 
submersion,  l’eau  absorbée  par  les  parties  aériennes 
de  nos  Jacinthes  n’entraîne  pas  avec  elle  les  matériaux 
solubles  qu’elle  contient,  ou  que  ceux  de  ces  maté¬ 
riaux  qui,  fournis  par  les  racines,  auraient  été  assi- 

I  * 

milés  par  la  plante,  ne  le  sont  pas,  parce  qu’ils  ont  été 
introduits  par  une  autre  voie?  Ce  seraient-là,  il  semble, 
des  opinions  bien  hasardeuses. 

Cependant,  M.  Emery,  parlant  de  la  longue  durée  de 
la  vie  et  de  l’active  végétation  de  ces  plantes,  s’ex¬ 
prime  ainsi  «  Ce  double  résultat  tient  à  ce  que  la 
Jacinthe  reçoit,  par  son  bulbe,  de  l’air  et  des  aliments 
en  quantité  suffisante.  Mais  il  faut  bien  le  remarquer, 
en  raison  des  ressources  alimentaires  que  le  bulbe 
contient,  c’est  surtout  de  Tair  qu’il  importe  de  donner 

au  végétal  pour  entretenir  son  existence . »  «  En  effet, 

ajoute  plus  loin  M.  Emery,  j’ai  répété  à  diverses  re¬ 
prises  ces  expériences  en  submergeant  complètement 
les  oignons  ;  et,  soit  à  la  lumière,  soit  à  l’obscurité, 
toutes  les  plantes  sont  mortes  rapidement  sans  àvoir 
végété.  Cependant  le  mode  d’alimentation  était  le 
même  dans  les  deux  cas,  le  mode  de  respiration  seul 
différait  et  entraînait  rapidement  l’asphyxie  pour  les 
végétaux  entièrement  submergés  (2).  » 

Peut-être  cette  argumentation  n’est- elle  pas  sans 

(1)  Eludes  sur  le  rôle  physique  de  l’eau  ^  p.  139.  —  Déjà  M.  Du- 
cliartre  «  avait  affirmé  comme  conclusion  générale  d’expériences 
nombreuses  et  variées  que  les  plantes  n’absorbent  pas  l’eau  à 
l’état  de  vapeur.  » 

(2)  Idein^  p.  70  et  72. 


/ 


-  :’>84  - 

réplique,  mais  mieux  vaudrait,  pour  résoudre  la  ques¬ 
tion  de  l’alimentation  des  plantes  aériennes,  pour  celles 
de  leurs  parties  vertes  qui  plongent  dans  l’eau,  quel¬ 
ques  expériences  bien  exactes  qu’un  long  raisonne¬ 
ment. 

Lorsque  les  feuilles  de  Jacinthe  sont  plongées  dans 
l’eau,  le  milieu  dans  lequel  elles  sont  appelées  à  vivre 
leur  fournit  les  éléments  gazeux  qui  leurs  sont  néces¬ 
saires,  bien  que  dans  des  proportions  très  différentes  de 
celles  que  renferment  l’air  atmosphérique  et  la  terre 
végétale.  On  sait,  en  effet,  que,  tandis  que  l’air  at¬ 
mosphérique  parfaitement  sec  contient  par  litre  : 

0‘^‘^,25  d’acide  carbonique  et  207'^‘^,948  d’oxigène, 

La  terre  végétale  contient  : 

3<^‘^,87  d’acide  carbonique  et  69‘^‘^,79  d'oxygène  ; 
et  l’eau  douce  : 

1®®,!  d’acide  carbonique  et  1  Lc^73  d’oxygène. 

Ce  qui  donne  pour  équivalents  nutritifs  : 

L'  Respiratoires,  air  atmosphérique,  ;  terre  vé¬ 
gétale,  2‘^c,98  ;  eau  douce,  17‘^®,89. 

2“  Alimentaires,  air  atmosphérique,  15cc,48;  terre 
végétale,  lcc;eau  douce,. 3cc, 52. 

En  réfléchissant  sur  ces  données,  qui  démontrent  la 
présence,  dans  un  volume  déterminé  d’eau,  dune 
quantité  d’oxygène  près  de  dix-huit  fois  moindre  que 

dans  un  égal  volume  d'air,  on  se  rendra  aisément 

« 

compte  de  l’influence  favorable  des  conferves  ou  du 
renouvellement  du  liquide  sur  la  végétation  des  plantes 
submergées,  influence  signalée  par  M.  H.  Emery  dans 
plusieurs  parties  de  son  mémoire.  Les  conferves  exha¬ 
lent  de  l’oxygène  qui,  suppléant  en  partie  à  l’insuffi- 


\ 


sance  de  ce  gaz  dans  l’eau,  aide  à  la  respiration  des 
plantes  mises  en  expérience  (1). 

Modifications  d'organisation  par  Vinfluence  du  milieu. 
—  1°  Tiges.  —  Pour  se  rendre  compte  de  la  végétation 
sous  l’eau  des  parties  des  plantes  aériennes  accidentel¬ 
lement  submergées,  est-il  nécessaire  d’admettre  une 
modification  de  l’organisme  qui  les  rapproche  de  la 
constitution  des  végétaux  aquatiques?  Rien  ne  le 
prouve. 

Les  feuilles  des  végétaux  qui  fiottent  sur  l’eau, 
comme  sont  celles  des  Nymphæa,  ne  présentent  pas 
de  stomates  à  leur  face  inférieure  ;  les  feuilles  qui  vi¬ 
vent  habituellement  sous  l’eau  ne  présentent  de  sto¬ 
mates  ni  sur  l’une  ni  sur  l’autre  de  leurs  faces  ;  leur 
épiderme,  plus  simple  que  celui  des  plantes  aériennes, 
est  dépourvu  de  la  cuticule  qui  forme  la  lame  exté¬ 
rieure  de  celui  de  ces  dernières.  Tout  au  contraire,  les 
feuilles  de  notre  Jacinthe,  développées  dans  l’eau,  ont 
montré  à  Fun  des  membres  de  la  commission,  M.  Mal- 
branche,  qui  les  a  observées  au  microscope,  et  une 
cuticule  bien  apparente  et  des  stomates  sur  leurs  deux 
faces,  semblables  à  ceux  de  la  Jacinthe  qui  a  végété 
dans  l’air. 

M.  Emery  avait  déjà  constaté  la  présence  des  sto¬ 
mates  sur  les  feuilles  des  Jacinthes  qu’il  avait  fait 
développer  dans  l’eau ,  et  même'  sur  les  sépales  de  la 
plante  étiolée  qui,  en  même  temps  qu’elle  végétait  ren¬ 
versée  dans  l’eau,  avait  de  plus  été  soustraite  à  l’action 
de  la  lumière.  Il  en  avait  vu  également  sur  les  feuilles 
de  plantes  ligneuses,  dont  les  bourgeons  s’étaient  épa- 

f  • 

(1)  Voir  p.  84  et  158  du  mémoire  déjà  cité. 

25 


noLiis  sous  l’eau.  Il  est  allé  plus  loin  encore.  Considé¬ 
rant  que  «  dans  le  cas  de  ces  plantes  bulbeuses ,  le 
bourgeon  destiné  à  donner  la  pousse  aérienne  de  l’an¬ 
née  est  déjà  fort  avancé  en  organisation  à  la  fin  de 
la  période  précédente  de  végétation,  qu’il  est  alors  en 
miniature  une  copie  assez  exacte  et  assez  complète  de 
la  hampe  future ,  et  que  la  végétation  actuelle  a  uni¬ 
quement  pour  but  d’achever  l’œuvre  commencée  anté¬ 
rieurement  ,  »  et  qu’il  en  est  de  même  pour  les  plantes 
dont  les  boutons  sont  formés  avant  l’hiver ,  il  a 
voulu  voir  ce  qui  arriverait  aux  plantes  dont  les 
bourgeons  se  forment  pendant  la  saison  même  qui 
voit  leur  épanouissement  ;  dans  ces  espèces  dont 
les  bourgeons,  latents  pendant  le  soinmeil  hivernal, 
apparaissent  sur  bois  et  par  suite  naissent  seule¬ 
ment  au  moment  précis  où  ils  doivent  croître  et  s’épa¬ 
nouir. 

Pour  résoudre  cette  question ,  il  fit  choix  d’un  pied 
de  Fuchsia  :  il  renversa  le  pot  qui  le  contenait  au- 
dessus  d’une  cloche  maraîchère  ordinaire ,  de  telle 
manière  que  le  pot  restait  dans  l’air,  au-dessus  de  l’eau, 
tandis  que  la  tige  et  les  rameaux  ,  dans  une  situation 
renversée,  plongeaient  dans  le  liquide. 

Les  feuilles  développées  dans  l’eau,  «  examinées  au 
microscope,  dit  notre  observateur,  et  comparativement 
avec  des  feuilles  de  la  même  variété,  mais  développées 
à  l’air  libre  sur  un  autre  sujet ,  n’ont  présenté  aucune 
particularité  spéciale.  De  nombreux  stomates  existaient 
sur  la  face  inférieure  ;  je  n’en  ai  point  rencontré  sur 
la  face  supérieure  ,  pas  plus  du  reste  que  sur  la  face 
supérieure  des  feuilles  aériennes  normales  de  Fuchsia. 
Ces  stomatès  avaient  les  mêmes  apparences  et  les 


0 


^  387  - 

mêmes  dimensions  que  ceux  qui  naissent  dans  les  con¬ 
ditions  régulières  de  la  végétation.  (1)  » 

Que  conclure  de  là?  Que  si  les  parties  vertes  des 
plantes  qui  végètent  dans  les  conditions  indiquées  rem¬ 
plissent  des  fonctions  autres  que  celles  qui  leur  sont 
ordinaires  ,  rien  n’indique  qu'elles  y  soient  rendues 
aptes  par  des  modifications  apparentes  dans  leur  orga¬ 
nisation  normale. 

11  ne'faudrait  pas ,  toutefois ,  se  hâter  de  généraliser 
une  pareille  conclusion,  ainsi  que  le  prouve  une  circu¬ 
laire  observatrice  duD*"  Hermann  Schacht,  professeur 
agrégé  de  fUniversité  de  Berlin. 

Ce  savant,  l’un  des  hommes  les  plus  éminents  dans 
la  science  de  la  physiologie  végétale,  ayant  fait  germer 
.  des  pommes  de  terre  placées  sur  une  flanelle  humide, 
posée  elle-même  sur  une  assiette  de  verre  enfermée 
dans  une  caisse  en  bois  ,  par  conséquent  dans  une  at¬ 
mosphère  en  même  temps  humide  et  obscure  ,  a 
constaté  : 

1°  Que  les  pousses  des  pommes  de  terre  qui  se  sont 
développées  dans  un  air  humide  et  obscur  ne  diffèrent 
pas  essentiellement  dans  leur  constitution  anatomique 
de  la  portion  souterraine  des  tiges  développées  dans 
des  conditions  normales  ; 

V  Que  de  très  nombreux  poils  différencient  ces 
germes  de  ceux  qui  se  sont  développés  dans  le  sol  et 
qui,  aussi  longtemps  qu’ils  sont  en  terre,  ne  possèdent 
aucun  poil  ; 

3'’  Que  les  stomates,  qui  sont  particuliers  à  la  partie 
seulement  de  la  tige  qui  s’élève  au-dessus  de  la  terre, 


(1)  Ouvrage  cité,  p.  76. 


—  388 


manquent  aux  pousses  développées  dans  l’air  hu¬ 
mide  (1). 

On  voit  combien  de  problèmes  se  rattachent  à  l’ex¬ 
périence  de  simple  curiosité  qui  nous  occupe.  —  Nous 
continuons  à  en  signaler  quelques-uns ,  sans  avoir  la 
prétention  de  les  résoudre. 

2“  Racines,  —  Les  racines  qui ,  appelées  à  vivre  en 
terre ,  se  développent  accidentellement  dans  l’eau , 
comme  celles  des  Jacinthes  ,  que  l’on  fait  végéter  au- 
dessus  d’une  carafe,  subissent- elles  dans  leur  texture 
des  modifications  qui  les  rendent  propres  à  leur  nou¬ 
veau  genre  de  vie?  Rien  ne  nous  autorise  à  le  croire, 
car  nous  ne  savons  pas  que  les  observateurs  aient 
trouvé  aucun  changement  dans  leur  organisation. 

Cependant ,  M.  Emery,  qui  a  fait  de  si  nombreuses 

t 

expériences  sur  les  plantes  végétant  dans  l’eau  ,  paraît 
disposé  à  admettre  que  les  racines  qui  se  sont  dévelop¬ 
pées  dans  un  milieu  sont  devenues  impropres  à  vivre 
dans  un  milieu  différent. 

Il  cite  à  ce  sujet  la  conclusion  que  voici  d’un  mé¬ 
moire  spécial  d’un  savant  allemand ,  Julius  Sachs , 
conclusion ,  dit-il ,  qui  «  est  identiquement  celle 
que  me  donnaient  mes  expériences  et  mes  observa¬ 
tions  (2).  »> 

«  Les  racines  ont  la  faculté  de  s'accommoder  au  mi¬ 
lieu  dans  lequel  elles  croissent,  et  de  se  développer  de 
telle  sorte  qu’elles  puissent  remplir  leurs  fonctions 
sans  entraves,  uniquement  dans  ce  milieu.  Celles  qui 

(1)  Bericht...  über  die  Kartoffelplauze  undderen  Krankhiten... 
van  der  Hermanw  Schacht.  —  Berlin,  1855,  in-4°. 

(2)  H.  Emery,  Eludes  sur  le  râle  physiq.  de  Veau,  p.  134. 


—  389 


se  sont  produites  dans  la  terre  ne  peuvent  plus  végéter 
dans  l’eau  ;  elles  ne  tardent  pas  à  y  périr,  et  elles  sont 
remplacées  par  d’autres  qui,  produites  dans  ce  liquide, 
peuvent  y  végéter  pendant  longtemps.  Il  en  est  de  même 
pour  les  racines  formées  dans  l’eau  que  l’on  transporte 
ensuite  dans  la  terre.  Il  résulte  de  là  que  toutes  les 
'  expériences  qu’on  fait  avec  des  plantes  qui  sont  mises 
dans  L’eau  après  avoir  été  arrachées  de  la  terre  où  elles 
végétaient,  ne  sont  pas  concluantes  ;  pour  qu’elles  le 
soient,  il  faut  que  les  plantes  soient  élevées  dans  l’eau 
dès  l’origine.  Il  faut  ajouter  l’impossibilité  d’arracher 
des  racines  sans  les  rompre,  et  la  différence  complète 
qui  existe  entre  des  racines  rompues  et  celles  qui  sont 
entières  (1). 

♦ 

N’ayant  pas  à  notre  disposition  le  mémoire  de 
M.  Julius  Sachs,  nous  ne  saurions  nous  prononcer  sur 
la  légitimité  des  déductions  qu’il  tire  de  ses  expé¬ 
riences,  dont  aucune  n’est  indiquée  dans  l’analyse 
insérée  dans  le  Bulletin  de  la  Société  botanique  de 
.France,  auquel  renvoie  M.  Emery,  et  que  nous  avons 
consulté  ;  mais  il  nous  semble  que  les  faits  qu’invoque 
M.  Emery  en  faveur  de  son  opinion  permettent  le 
doute. 

Reprenant  les  expériences  de  Bonnet,  qui  avait  v.u 
des  tiges,  des  feuilles  même  submergées  donner  nais¬ 
sance  à  des  racines,  A.  Thouin  a  fait  un  grand  nombre 
d’essais  pour  rendre  pratique  le  bouturage  dans  l’eau. 
Mais  bientôt  une  difficulté  lui  est  apparue,  celle  de  la 

(])  Julius  Sachs ,  sur  ]a.  Culture  dans  Veau  des  plantes  ter¬ 
restres^  1860,  analysé  par  le  Bulletin  de  la  Soc.  botanique  de 
France;  t.  VII,  1860,  p.  283  et  suiv. 


--  390 


translation  de  l’eau  pure  à  la  terre  de  ces  sortes  de  bou¬ 
tures.  Pour  assurer  celle-ci,  voici  le  moyen  qu’il  in- 
dique  : 

«  Dès  qu’on  aperçoit  les  glandes  corticales  s’ouvrir 
un  passage  à  travers  l’épiderme  des  rameaux,  les  mame¬ 
lons  sortir  des  ouvertures  et  former  de  petits  cônes 
blancs,  qui  sont  les  rudiments  des  racines,  il  convient 
de  mettre  de  la  terre  dans  l’eau  et  d’en  augmenter  la 
quantité  de  jour  en  jour,  de  manière  qu’au  bout  de 
quelques  semaines  elle  remplace  l’eau  et  forme  un 
corps  solide  avec  elle  (1).  » 

Sur  quoi  M.  Emery  fait  les  remarques  qui  suivent  : 

«  Cette  pratique  culturale  soulève  une  question  d’une 
grande  importance  scientifique.  Il  importerait  beau¬ 
coup,  en  effet,  de  savoir  si,  en  opérant  de  la  sorte,  on 
habitue  graduellement  les  racines  qui  ont  pris  nais¬ 
sance  dans  l’eau  à  vivre  et  à  se  développer  dans  un 
autre  milieu,  dans  la  terre,  ou  bien  si,  par  ces  tran¬ 
sitions  ménagées,  on  permet  à  de  nouvelles  racines, 
essentiellement  terrestres,  de  se  produire  au  fur  et  à 
mesure  que  les  anciennes,  essentiellement  aquatiques, 
dépérissent  et  meurent  dans  le  nouveau  milieu.  En 

d’autres  termes,  y  a-t-il  dans  cette  opération,  substitu- 

« 

tion  véritable  d’un  système  radiculaire  à  un  autre  tout 
différent;  ou  bien  adaptation  pure  et  simple  d’un 
même  système  successivement  à  deux  milieux  dis¬ 
tincts? 

...Malheureusement,  A.  Thouin  ne  paraît  pas  s’être 
préoccupé  de  cette  question...'» 

«  Sans  entrer  ici  dans  une  discussion  approfondie 


(I)  Cours  de  cidture ,  t.  II,  p.  567. 


391  — 


sur  ce  sujet  délicat,  je  ferai  dès  maintenant  remarquer 
que  la  première  opinion,  celle  du  remplacement,  me 
paraît  beaucoup  plus  probable  que  celle  de  l’adapta-  ‘ 
tion  (1).  » 

Puisque,  dans  les  expériences  de  A.  Thouin,  on  n’a 
constaté  ni  la  mort  des  racines  nées  dans  l’eau,  ni  l’ap¬ 
parition  de  nouvelles  racines  destinées  à  les  remplacer 
dans  la  terre,  il  est  prudent  de  s'abstenir  et  de  n'ad¬ 
mettre  pas  un  tel  fait  sur  une  simple  supposition. 

Quant  aux  expériences  de  Duhamel  et  de  Senebier, 
relatives  à  la  végétation  d’un  arbre  planté  dans  une 
direction  renversée,  c’est-à-dire  les  racines  en  l’air  et 
les  parties  aériennes  plongées  dans  la  terre  ou  dans 
l’eau,  elles  ne  semblent  pas  être,  autant  que  le  pense 
M.  Emery,  en  rapport  avec  le  problème  qu’il  se  pose. 

Il  ne  s’agit  plus,  en  elfet,  de  racines  nées  dans  un 
milieu  et  transportées  dans  un  autre  milieu  pour  con¬ 
tinuer  à  V  vivre  comme  racines,  mais  de  racines  des- 
tinées  à  émettre  dans  l’air  des  organes  aériens,  tandis 
que  les  rameaux  placés  en  terre  ou  dans  l’eau  émettent 
des  racines  comme  le  font  des  boutures  ordinaires.  Il 
n’y  a  pas  lieu  de  s'étonner  que  dans  cette  situation 
forcée,  il  n’y  ait  pas  eu  adaptation  des  organes  au  nou¬ 
veau  milieu,  mais  production  d’organes  nouveaux, 
comme  il  arrive  toutes  les  fois  qu’une  racine  émet  une 
tige  aérienne  et  une  branche  bouturée  des  racines. 

Pollen.  —  Nous  avons  déjà  eu  l’occasion  de  signaler 
la  persistance  du  coloris  des  fleurs  de  la  Jacinthe  déve¬ 
loppée  dans  l’eau.  Le  pollen  de  celles-ci,  vu  au  micros¬ 
cope,  a  paru  à  M.  Malbranctie  plus  maigre,  plus  trans- 

t 

(1)  Ouvrage  cité,  p.  55  et  56. 


392 


parent.  Peut-être  avait-il  subi,  comme  les  fleurs  aux¬ 
quelles  il  appartenait,  un  commencement  d’altéra-, 
tion. 

«  En  examinant,  dit  M.  Emery,  une  des  fleurs  (d’une 
Jacinthe  qui  avait  végété  dans  l’eau  et  à  l’obscurité), 
épanouie  depuis  une  dizaine  de  jours  environ,  j’ai  été 
frappé  de  trouver  le  pollen  parfaitement  constitué  et 
intact,  au  moins  en  apparence,  dans  des  anthères 
dont  les  parois  ôtaient  décomposées  et  comme  ré¬ 
duites  en  bouillia.  L’ovaire  renfermait  un  grand 
nombre  d’ovules  ;  je  n’ai  pas  trouvé  de  boyaux  polli- 
niques;  et,  d’ailleurs,  la  durée  anormale  de  ces  fleurs 
ne  donnerait-elle  pas  à  penser  que  la  fécondation  n’a 
pas  eu  lieu  (1).  » 

Décomposition  sous  Veau.  — Dès  le  premier  jour  où 
les  membres  de  la  Commission  ont  pu  examiner  les 
deux  Jacinthes,  celle  qui  était  sous  l’eau  montrait  un 
petit  nombre  des  divisions  du  périanthe  de  ses  fleurs 
en  état  de  décomposition.  Celles-ci  avaient  conservé  à 
peu  près  leur  forme  primitive,  mais  le  tissu  décoloré  et 
transparent  était  converti  en  une  masse  glaireuse,  au 
sein  de  laquelle  on  apercevait,  en  l’examinant  par 
transparence,  le  réseau  des  vaisseaux.  A  ce  moment, 
la  plante  supérieure,  qui  avait  végété  dans  l'air,  ne 
présentait  encore  aucun  signe  d’altération. 

Le  23  mars,  c’est-à-dire  quatre  jours  plus  tard, 
quelques-unes  des  fleurs  de  la  plante  supérieure  étaient 
flétries,  desséchées.  La  décomposition  avait  fait  d’assez 
grands  progrès  dans  la  Jacinthe  submergée,  plusieurs 
fleurs  et  toute  l’extrémité  de  la  tige  s’étaient  détachées. 


(1)  Mémoire  cité,  p.  72. 


393 


La  putréfaction  sous  l’eau  les  avait  converties  en  la 
matière  glaireuse  déjà  remarquée,  dans  laquelle  le  mi¬ 
croscope  fait  reconnaître  quelques  groupes  de  trachées 
déroulées  qui  ont  résisté  les  dernières  à  la  décomposi¬ 
tion. 

Au  milieu  de  la  matière  glaireuse  on  apercevait  aussi 
au  moins  deux  espèces  de  microzoaires  et  des  végéta¬ 
tions,  mais  on  ne  voyait  aucuns  filaments  confervoïdes» 
bien  que  la  plante  ait  eu  l’avantage  de  la  lumière. 

L’eau  n’avait  contracté  aucune  mauvaise  odeur.  A 
la  surface  nageaient  quelques  petits  animaux  que  l'on 
suppose  être  des  larves  de  diptères. 

En  terminant  ce  rapport  nous  ferons  de  nouveau 
observer,  ainsi  que  nous  l’avons  fait  en  commençant, 

que  les  membres  de  la  Commission,  s’abstenant  de 

» 

trancher  les  nombreuses  questions  de  physiologie  vé¬ 
gétale  qui  s’offraient  à  eux  par  suite  de  l’examen  des 
plantes  que  la  société  des  Amis  des  Sciences  natu¬ 
relles  avait  renvoyées  à  leur  étude,  n’a  voulu  que  faire» 
à  cette  occasion,  une  mention  succincte  dos  principaux 
travaux  entrepris  jusqu’ici  en  vue  de  résoudre  quel¬ 
ques-unes  d’elles. 

Si  de  cette  revue  il  ressort,  pour  les  membres  de  la 
Compagnie  comme  pour  nous,  que  sur  bien  des  points 
la  science  n'a  encore  à  présenter  que  des  doutes  et  des 
incertitudes,  qu’il  nous  soit  permis  d’émettre  le  vœu 
que  quelques-uns  de  nos  savants  collègues  veuillent 
bien  appliquer  leurs  loisirs  à  une  série  d’expériences 
propres  à  élucider  quelques-uns  des  intéressants  pro¬ 
blèmes  que  nous  venons  de  signaler. 


OBJECTIONS 

Au'  rapport  de  M.  de  Boutteville, 

SIR  LES  JACINTHES, 

PAR  M.  A.  PINCHON 


Séance  du  2  Mai  1867. 


Je  crois  que  l’on  peut  expliquer  la  cause  de  Tévolu- 
*  tion  anormale  de  la  Jacinthe  qui  fait  l’objet  du  rapport 
précédent  ;  les  problèmes  à  résoudre  me  semblent 
compris  dans  les  propositions  suivantes  :  . 

1“  Pourquoi  la  plante  s’accommode- t-elle  de  cette 
direction  anormale? 

2®  Pourquoi  la  Jacinthe,  plante  aérienne,  peut-elle 
végéter  dans  un  milieu  aqueux? 

3®  Pourquoi  a-t-on  pu  remarquer  l’absence  de  bulles 
de  gaz  qui,  sous  l’influence  du  jeu  de  la  respiration, 
semblent  avoir  dü  manifester  leur  présence? 

4®  Quelle  cause  a  pu  maintenir  le  niveau  de  l’eau, 
dans  le  vase  inférieur,  sensiblement  constant? 

1"  Les  deux  bulbes  ont  été  confiées  à  la  même  terre, 
plateau  contre  plateau.  La  tigelle  du  bulbe  supérieur  a 
pu  suivre  sa  direction  naturelle  et  ses  racines  s’accu- 


—  395  — 


ser  de  haut  en  bas  ;  le  bulbe  inférieur,  soumis  à 
d’autres  conditions  de  vitalité  possibles,  avait  pour  ses 
racines  un  milieu  normal  :  aussi,  suivant  leurs  ten¬ 
dances,  elles  se  sont  retournées,  longeant  le  bulbe  en 
se  dirigeant  de  haut  en  bas,  résultat  parfaitement 
constaté.  La  tige  n’avait  pas  le  choix  de  la  direction  ; 
elle  a  dû  suivre  celle  qu’on  lui  imposait  (direction  de 
haut  en  bas),,  et,  ce  qui  doit  être  remarqué,  -c’est 
qu’elle  se  dirigeait  très  sensiblement  en  ligne  droite, 
sans  tendance  accentuée  à  se  retourner  comme  elle 
l’eût  fait  dans  l’air,  sans  même  se  coller  contre  les 
parois  du  verre.  Ce  dernier  cas  était,  il  est  vrai,  indiqué, 
mais  il  avait  pour  cause  la  recherche  de  la  lumière,  et 
pouvait  s’accuser  dans  des  directions  variées  suivant 
que  le  vase  était  lui-même  exposé  sous  ses  diverses 
faces  aux  rayons  solaires.  Pour  moi,  cette  direction 
droite,  de  haut  en  bas,  était  sollicitée  par  le  jeu  des 
racines,  qui,  empruntant  au  bulbe  d’abord,  puis  à  la 
terre  ses  éléments  de  nutrition,  a  forcé  la  plante  en¬ 
tière  à  profiter  malgré  elle  des  principes  nutritifs 
absorbés;  elle  se  trouvait  dans  un  état  de  sommeil 
pendant  lequel  ses  organes  passifs  de  nutrition  étaient 
seuls  en  jeu,  ses  organes  de  respiration  se  trouvant 
endormis,  incapables  de  fonction  à  cause  du  milieu 
aqueux. 

2®  Lors  de  la  présentation  de  la  Jacinthe,  M.  le 
Président  n’avait  pas  encore  examiné  l’état  des  sto¬ 
mates  (sije  n’ai  pas  exposé  mon  opinion,  c’est  qu’on 
a  conclu  au  renvoi  à  une  commission)  ;  les  stomates 
devaient  exister  et  existaient  en  effet  comme  on  l’a 
constaté  depuis;  mais,  selon  moi,  elles  se  trouvaient 
dans  un  état  particulier.  Dans  l’état  normal,  l’orifice 


396  -■ 


des  stomates  est  ouvert,  et  les  liliacées  sont  particuliè¬ 
rement  propres  à  l’examen  de  ces  organes.  Dans  l'eau, 
l’orifice  ne  peut  être  libre,  les  fibres  qui  entourent  la 
bouche  se  trouvent  bientôt  gorgées  d'eau ,  se  gonflent, 
se  rapprochent  et  rendent  la  respiration  impossible;  en 
un  mot  la  plante  ne  respire  pas  par  la  partie  plongée 
dans  l’eau,  cette  fonction  n’avalât  lieu  que  par  la  partie 
située  entre  le  niveau  de  l’eau  et  le  bouchon,  milieu 
aérien.  Le  phénomène  suivant  milite  en  faveur  de  ' 
cette  opinion,  les  deux  surfaces  des  feuilles  ne  sont 
jamais  identiques  comme  coloris  ;  il  en  est  de  même 
des  pétales  qui,  feuilles  modifiées,  oflrent  sinon  la 
même  organisation  complète,  du  moins  les  mêmes  élé¬ 
ments  ;  la  partie  du  limbe  des  feuilles  chargée  de 
stomates  est  toujours  plus  pâle,  plus  blanchâtre  et 
souvent  nacrée.  Cette  teinte  spéciale  est  due  à  l’air  qui, 
gonflant  les  vaisseaux,  les  rend  peu  transparents  et  leur 
communique  leur  aspect  propre.  Une  feuille  offrant 
ces  deux  teintes,  plongée  dans  l’eau  et  tenant  encore  à 
la  branche,  ne  tarde  pas  à  revêtir  une  couleur. verte 
uniforme  sur  ses  deux  faces;  arrachée  alors  de  la  tige, 
plongée  entièrement  dans  l’eau  et  soumise  à  l’action 
de  la  machine  pneumatique,  elle  rendra  de  l’air  par  le 
pétiole  seulement,  si  elle  est  pétiolée;  par  la  base  seule 
de  la  feuille  laissée  à  l'air  libre,  si  elle  est  sessile.  Les 
expériences  de  Dutrochet  sont  positives  sur  ce  cas.  Or 
la  teinte  des  deux  faces  des  feuilles  et  des  pétales  de 
la  Jacinthe  était  parfaitement  uniforme,  tandis  que 
j’ai  constaté  la  teinte  blanche  de  la  partie  plongée  dans 
l’air  entre  le  niveau  de  l’eau  et  le  bouchon  ;  c’est  dans 
cette  partie,  et  dans  celle-là  seulement,  que  s’opérait  la 
respiration  de  la  plante. 


4 


—  397 


3“  Le  jeu  des  stomates  étant  rendu  impossible  dans 
beau,  Tabsence  de  bulles  de  gaz  avait  sa  raison.  Les 
trachées  et  les  vaisseaux  ponctués  communiquant  di- 

t 

rectement  avec  la  tige  et  s’y  continuant,  et  une  partie 
des  feuilles  étant  dans  l’air  libre,  Tair  a  pu  se  trouver 
transporté  plus  ou  moins  abondamment  dans  toute  la 
plante. 

4'’  L’accès  de  l’air  extérieur  étant  difficile  à  cause 
du  bouchon,  l’évaporation  devait  être  lente;  le  niveau 
de  l’eau  qui  aurait  baissé  par  évaporation  lente,  mais 
continue,  a  pu  se  maintenir  cependant  grâce  au  déve¬ 
loppement  de  la  plante,  qui  a  déplacé  d’autant  plus 
d’eau  qu’elle  a  pris  elle-même  un  plus  grand  déve¬ 
loppement. 

En  résumé,  la  plante  avait  pour  se  développer  toutes 
les  conditions, bien  qu’incomplètes  pour  quelques-unes  : 
Milieu  et  direction  normaux  pour  les  racines,  dont  le 
jeu  pouvait  s’effectuer  en  toute  liberté  ;  séjour  dans 
l’air  pour  une  partie  seulement,  bien  qu’une  direction 
inusitée  fut  imposée  au  végétal  ;  respiration  par  cette 
même  partie  de  la  plante;  développement  forcé,  grâce 
aux  matériaux  acquis  par  les  racines;  circulation  des 
sèves  ascendantes  et  descendantes  dans  des  directions 
retournées  mais  normales  l’une  par  rapport  à  l’autre. 

Ces  conditions  principales,  incomplètes,  devaient  en¬ 
traîner  et  ont  entraîné  l’étiolement  de  la  Jacinthe'  et 
ont  rendu  impossible  la  production  de  caieux. 


LICHENS 


DE  LA  NORMANDIE, 

•  ï* 

PAR  M.  MALBRANCHE 

.  (Suite),  ' 

.  <  ; 


Fam.  II.  —  MYRIANGIAGÉES. 

■  Thalle  de  couleur  obscure  noirâtre,  petit,  en  coussin 
d’une  texture  égale,  à  section  opaque  friable.  Apothé- 
cies  presque  lécanorines,  de  forme  particulière,  à  tha- 
lamium  celluleux  comme  le  thalle  ,  en  différant  seu¬ 
lement  par  la  couleur.  Thèques  incluses  dans  les  loges 
du  thalamium ,  arrondies  ou  ovoïdes  ,  à  8  spores 
hyalines  irrégulièrement  divisées. 

Cette  petite  famille  ,  qui  ne  comprend  encore  que 
deux  espèces  connues,  est  intermédiaire  entre  les  Colle- 
macées  et  les  Lichènacèes.  Par  leur  faciès  ,  les  Myrian- 
giacées  ressemblent  aux  premières,  et  aux  secondes  par 
leur  structure  cellulaire.  Les  thèques  sont  éparses 
dans  les  cavités  d’un  thalamium  celluleux.  M.  Nylander 
dit  que  cette  famille  serait  peut-être  mieux  placée 
parmi  les  champignons.  Elle  a ,  en  effet ,  de  grands 
rapports  avec  les  Cenangium  . 


—  399  — 


1.  AfiYItlAIVGlUM  Uni.  Berk. 

Caractères  de  la  Famille  : 

*  • 

M.  Duriæi  Mnt.  et  Berk.  in  Hook.  Journ.  Bot.  1840, 
p.  73  ;  Desmaz.  Cr.  fr.  Ed.  2.  1598;  Nyl.  addit.  Cr.  Chil. 
in  Ann.  Sc.  nat.  4.  III.  p.  146;  Syn.  p.  139;  Collema 
glomerulosum  Tayl.  in  MdLcli.  Hibern.  (nonAcn.).  — 
Thalle  petit,  noir  opaque  ,  sortant  de  sous  l’écorce  par 
petits  groupes  tuberculeux  agglomérés  épars;  apo- 
thécies  situées  au  sommet  des  glomérules,  concolores, 
petits  ou  moyens ,  à  peine  enfoncés.  Spores  oblongues, 
diversement  cloisonnées. 

Sur  les  écorces  des  Frênes,  Aunes  :  Tancarville,  en 
allant  du  château  à  la  fontaine  ,  Bacqueville ,  près  de 
Cherbourg  (Le  Jolis). 


Fam.  m.  —  LIGHENAGÉES. 

Thalle  de  couleur  variable  (blanc,  cendré,  jaunâtre  , 
roux,  brun),  mais  très  rarement  noir,  de  forme  très 
diverse  (filamenteux ,  foliacé  ,  squameux ,  crustacé , 
pulvérulent  ou  nul  )  ;  consistance  peu  ou  pas  gélati¬ 
neuse.  Couche  gonidiale  distincte,  le  plus  souvent  for¬ 
mée  de  gonidies  (  chlorophylle  verte)  ou  de  chrysogo- 
nidies  (  chlorophylle  jaune  orangée),  et  dans  un  petit 
nombre  d’espèces  de  grains  gonidiaux.  Apothécies  sti- 
pitées  ou  sessiles,  alors  lécanorines,  lécideines  ou  py- 
renodées.  Thalamium  ordinairement  muni  de  para- 
physes. 


—  400  — 


Sèr.  7.  —  EPICONIODES. 

Spores  réunies  comme  une  sorte  de  poussière  à  la 
surface  de  l’hymenium  ,  formant  une  couche  plus  ou 
moins  épaisse  appelée  masse  sporale.  On  les  partage  en 
deux  tribus,  selon  la  nature  du  thalle. 

Trib.  I.  GALIGIÉS.  Thalle  crustacé  granuleux  ou 
nul  ;  apothécies  cupuliformes  sessilès  ou  stipitées. 

I.  SPHl!V€TRlIVil.  Fr.  pr.  p.  IVyS. 

Thalle  propre  nul  ;  apothécies  parasites  sur  le  thalle 
àesPertusaria,  globuleuses-turbinées,  un  peu  brillantes, 
à  peu  près  sessiles ,  cà  bord  épais  connivent  ;  masse 
sporale  noire.  Spores  simples  globuleuses  noirâtres. 

1.  S.  turbinata.  Fr.  S.  V.  Sc.  p.  366  (inter  Disco- 

mycetes)  ;  Nyl.  Prod,  p.  279  ,  Cal.  p.  6.;  Syn.  p.  142; 
Krb.  s.  L.  g.  p.  305;  Calicium  Pers.  Tenu  Suppl,  p.  59; 
Agh.  Syn.  p.  56;  Moug.  St.  Vog.  366  (pr.  p.)  ;  Sghær, 
Enum  p.  163  ;  Fr.  L.  E.  p.  402  ;  Cyplielium  Agh.  in  V. 
Ak.  H.  1815  ;  Calic  sessile  D.  G.  fl.  fr.  2,  p.  365.  —  Apo¬ 
thécies  petites  pyriformes  ou  globuleuses-turbinées, 
très  noires  et  brillantes ,  à  bords  épais  infléchis. 
Spores  globuleuses  ou  subglobuleuses.  > 

Parasite  du  Pertusaria  communis.  —  Vire. 

2.  S.  mîcrocephàla.  Nyl.  L.P.  5,  Prod.  p.  280,  Cal. 
p.  6,  Syn.  p.  144;  Calieium  microcephalum  Tul.  Mém. 
Lich. -p.  IS  Sphinctrina  tubæfoj'mis  Kub.  S.  L.  G.  305. — 
Ne  diffère  du  précédent  que  par  les  spores  qui  sont 
deux  fois  plus  grandes  etfusiformes-ellipsoïdes  , 

Sur  les  Hêtres,  bois  de  la  Prevalerie  (  Octeyille) , 


—  401  — 


(Le  J o\is  ,  Lichens  de  Cherbourg);  Vire  (MM.  Lenor- 
mand,  Roberge). 

II.  CAIilCIIHI.  Aeh.  ciiiendl. 

Thalle  peu  développé  ,  granuleux  ,  pulvérulent  ou 
frustre,  rarement  squamuleux  ou  nul  (sur  les  bois  dé¬ 
nudés  ou  putrides);  apothécies  ordinairement  stipitées 
et  noires ,  parfois  pruineuses  et  diversement  colorées 
(  sessiles  dans  quelques  espèces  étrangères  à  notre 

région);  capitules  globuleux  ou  turbinés.  Spores 

« 

sphériques  ,  ellipsoïdes  ou  oblongues  ,  simples  ou 
cloisonnées. 

A»  Masse  sporale  ferrugineuse  ou  brune.  Spores  globuleuses. 

I 

1.  C.  phœocephalum.  Borr.  L.  Br.  p.  145;  Fr.  L.  E. 
p.  394;  Sghær.  Enum.  p.  171;  Nyl.  Calic.  p.  Il, 
Syn.  p.  147;  Malbr.  L.  Norm.  54;  Cyphelium  Krb. 
S.  L.  G.  p.  317;  Calic  sœpiculare  Ach.  Syn.  p.  61  et 
chloyellum  id.  60.  —  Thalle  cendré  ou  livide  jaunâtre, 
formé  de  grains  rapprochés ,  un  peu  épais  ;  apothécies 
à  slipe  élégant,  noir  ou  brun  pâle,  jaunâtre  (au  moins 
à  la  base),  à  capitule  turbiné,  saupoudré  d'une  pruine 
jaune  verdâtre,  masse  sporale  brune,  à  peu  près  plane. 

Sur  le  vieux  bois  d’une  maison  ,  près  Brionne 
(Eure);  Falaise. 

2.  G.  acîculare  (Sm.)  Fr.  S.  r,  Sc.  p.  119,  Nyl. 
Syn.p.  148;  C.  picastrellum  Ach.  in  V.  AK.  H.  1817;  C. 
chlorellum  Turn  et  Borr,  L.  Br.  p.  146  (non  Ach.) 
Cyphelium  Krb  S.  L.  G.  p.  317  ;  Cal.  phœocephalum  var. 
aciculare  Nyl.  L.  P.  6,  Prod.  p.  29  ;  Calic.  p.  12.  — 

26 


% 


402  — 


Plus  petit  que  le  procèdent  ;  thalle  cendré  ou  nul ,  ca¬ 
pitule  obconique  turbiné,  plus  allongé  que  celui  du 
pliæocephalum  ;  masse  sporale  gonflée  saillante. 

Sur  le  bois  dénudé  (et  les  écorces?).  — -Falaise. Dans 
le  chlorellum  Acb.,  le  capitule  est  globuleux ,  lenticu¬ 
laire. 

3.  C.  chrysocephalum.  Acn.  meth,  suppl.  p.  15  , 
Syn.  p.  60,  Fr.  L.  E.  p.  393,  Schær  Fnwmp.  171,  Nyl. 
L  P.  10,  Prod.  P.  29,  Cal.  p.  10,  Sy7i.  p.  146  ;  Cyphe- 
lium  Krb.  a  L.  G.  p.  316.  —  Thalle  citrin  ou  jaune 
verdâtre ,  granulé,  à  grains  verruqueux  agglomérés  ; 
apotbécies  à  stipe  court  noir  ou  brun  noir  ;  capitule 
turbiné  lenliforme,  saupoudré  en  dessous  d’une  pruine 
jaune. 

Sur  les  bois  ;  Vire  (M.  Lenormand). 

4.  G.  trichiale.  Acn.  Syn.  p.  62,  Fr.  L.  P.,  p.  389, 
Schær.  E^ium,  p.  172,  Nyl.  Cal.,  p.  12,  5y?i.p.  149; 
Cyphelium  Krb.  S.  L.  G.,  314. — Thalle  jaune  cendré  ou 
cendré  glauque,  composé  de  grains  squamiformes  ; 
apotbécies  noires,  à  capitule  globuleux-lenticulaire, 
parfois  pruineux-cendré  en  dessous  ;  masse  sporale 
couleur  d’ombre. 

Sur  les  bois  et  les  écorces. 

V.  stemoneum.  Ach.  L.  G.  Nyl.  L.  P.  12;  Prod. y 
p.  29.  Cal.  p.  13;  Syn.  p.  150;  Malbr.  L.  N.  103; 
Cal.  stemoneum  Moue.  St.  Vog.  956  (lignicole)  ;  Schær. 
En.  p.  174,  L.  H.  13,  249;  Cyphelium  Krb.  S.  L.  G., 
p.  315.  —  Thalle  granuleux  lépreux  jaunâtre  ou  cendré 
jaunâtre  rouillé;  stipes  moyens  noirs  ou  bruns-noirs 
ainsi  que  le  capitule  ;  masse  sporale  couleur  d’ombre 
ou  brune.  —  Sur  les  écorces  à  la  base  des  pins  :  au 


403 


Madrillet  près  Rouen,  Brionne  ,  Falaise.  Se  trouve 
aussi  sur  les  bois. 

V.  physarellum.  Nyl.  Prori.,  p.  276.  Calic,  p.  13. 
5y?i.p.l50;  Cal.  physarellum  Fr,  L.  E.,  p.  392;  Cal. 
hyperellumx.  r oscidam  A.gr.  SyU'  p.  59  pr.  p.  ;  Cal. 
Prevostii  Due.  B.  Gall.,  p.  636.  —  Thalle  formé  de 
granules  blanchâtres  ou  cendrés  verdâtres  ;  stipes 
fermes,  courts,  un  peu  épais,  noirs,  nus.  —  Sur  les 
murs  d’argile  :  Bernay,  où  il  a  été  trouvé  par  Aug. 
Le  Prévost. 

V.  brunneolum.  Nyl.  Prod.  p.  276,  Syn.  p.  151  ; 
Calic.  brunneolum  Movg.  St.  Vog.  1068,  Schær.  Enum. 
p.  172.  Cyphelium  Krb.  S.  L.  G.,  p.  316.  — Thalle 
très  mince ,  blanchâtre  ou  verdâtre,  presque  nul  et 
souvent  indiqué'par  une  simple  tache.  Stipes  grêles, 
allongés,  atteignant  3  à  5  millim.  — Sur  les  troncs 
putrides  :  Vire  (M.  Lenormand). 

B.  Masse  sporale  noirej  spores  ellipsoïdes. 

5.  C.  hyperellum.  Acn.  31eth.  p.  93;  Fr.  L.  E  ,  ' 
p.  389,  Moug.  St.  Vog.  1069,  Sgh.  Enum.  p.  166,  Krb. 
S.  L.  G.  p.  311,  Nyl.  Prod.  p.  278,  Cal.  p.  16,  Syn. 
p.  152.  —  Thalle  jaune-verdâtre,  granuleux  ou  lé¬ 
preux  ;  apothécies  à  capitule  globuleux-lenticulaire, 
roussâtre  en  dessous  (surtout  dans  les  jeunes),  stipes 
noirs,  assez  robustes,  moyens,  plus  courts  que  dans 
les  échantillons  de  Schærer  (L.  H.  241-242);  masse 
sporale  brune-noirâtre.  ' 

Sur  les  bois  et  l’écorce  des  pins  ;  Vire,  Saint-Hi- 
laire'-du-Harcouet  {Herb.  de  Brèb  ).  —  Très  voisin  du 
suivant,  dont  il  se  distingue  par  le  thalle. 


404 


6.  G.  Trachelinum.  Ach.  in  V,  -4/c.  //.  1816  , 
p.  272.  Fr.  L.  E.  p.  390,  Nyl.  L.  P.  16,  Prod.  p.  278, 
Ca/.  p.  18,  Krb.  5.  L.  (j.,  p.  31 1 ,  Malb.  L.  Norm,  55; 
Calic.  salicinum  Moug.  St.  Vog.  475  d.  ;  Cal.  hyperel- 
lum  V.  salicinum  Schær.  Enum.  p.  167,  L.  H,  243  ;  Ca- 
lie.  clavellum  DG.  Fl.  Fr.  2  p.  344.  —  Thalle  mince, 
cendré,  granuleux  ,  souvent  frustre;  apothécies 
moyennes  ou  grandes,  à  capitule  turbiné-glohuleux 
étant  jeune,  puis  lenticulaire,  roux  ou  rougeâtre  en 
dessous;  stipe  un  peu  épais,  noir  et  brillant  à  la 
base. 

Sur  les  écorces  et  les  arbres  dénudés,  sjirtout  les 
vieux  saules.  G’est  l’espèce  la  plus  commune  du 
genre. 

7.  G.  quercinum.  Pers.  Tent.  disp.  Fung.  suppl.  p. 
59,  Nyl.  L.  P.  14,  Sijn.  p.  155,  Malbr.  L.  Norm.  n®  1, 
Cal.  lenticulare  Fr.  L.  F.,  p.  386,  pr.  p.  Moug.,  St. 
Vog.  473  a,  Schær..  Enum.  p.  168  (commixto  cum 
curto)  L  H.  505-247.  —  Thalle  blanc-cendré  ou  blanc, 
granuleux,  quelquefois  lépreux  ou  presque  nul  ;  apo¬ 
thécies  moyennes,  noires;  capitules  turbinés-lenti- 
formes,  cendrés-pruineux  en  dessous  ;  stipe  assez  ro¬ 
buste. 

Sur  les  troncs  dénudés  (tilleuls,  pommiers)  et  les 
bois  des  anciennes  constructions  :  Rouen,  Falaise  , 
Bernay,  Cherbourg. 

V.  virescens.  Sch.  in  Nat.  Auz.  Christ.  — Thalle 
petit,  verdâtre.  ~  Vire  (M.  Lenormand). 

8.  G.  curtum.  Borr.  L.  Brit.  p.  148,  Fr.  L.  E. 
p.  387,  Krb.  Par.  296,  Nyl.  Syn.  p.  156  ;  Cal.  querci-  ' 
num  v.  curtum.  Nyl.  Prod.  p.  31,  Cal.  p.  19;  Cal.  ni- 


405 


• 

grum  v.  curtum  Schær.  Enurn.  p.  169,  L  H.  248, 
Moug.  St»  Vog.  1237-957  {C.  abietinum  Fers.),  Cal. 
sphœrocephalum  v.  abietinum  Ach.  Syn.  p.  58.  — 
Thalle  étalé  mince,  légèrement  granuleux  ou  presque 
nul,  cendré  ;  apothécies  noires,  à  stipe  court  épais, 
capitule  turbiné  cylindrique  (étant  jeune) ,  à  bord  cen¬ 
dré,  un  peu  contracté  d’abord,  puis  plus  ouvert, 
presque  nu,  du  reste  ;  masse  sporale  convexe. 

Sur  les  bois  :  Falaise,  Vire,  Bernay. 

9.  G.pusillum.  Fl.  D.  L.  188,  Krb.  S.  L.  G.  308,  Nyl. 
Syn.  p.  157,  Malb.  L.  Nofm.  104;  Cal.  nigrunw .  pusil- 
lum  ScHÆR.  Enum.  p.  169  ;  Moug.  St.. Vog.  1161  ;  Cal', 
subtile  Fr.  L.  E.  p.  388  pr.  p.  Nyl.  L.  P.  10.  —  Thalle 
nul  ou  indiqué  seulement  par  une  tache  blanche  ou 
cendrée;  apothécies  petites,  entièrement  noires,  à 
stipe  grêle,  brillant,  ordinairement  renflé  à  la  base  ; 
spores  uniseptées.  (Nyl.) 

Sur  les  vieux  bois  ;  Brionne  (Eure). 

10.  C.  parietinum.  Ace.  in  V.  Ak.  H.  1816,  p  260, 
Nyl.  Syn.  p.  158,  Malb.  L.  JSorm.  2;  Cal.  claviculare 
V.  pusillum  Ach.  L.  H.  p.  236  ;  Cal.  lenticulare  Nyl. 
Cal.  p.  20,  Prod.  p.  30  (non  Fr. .Ach.),  Cal.  débile 
Borr.  — Thalle  presque  nul,  indiqué  par  une  tache, 
pâle  ;  apothécies  très  petites,  à  stipe  court,  à  capitule 
lenticulaire,  quelquefois  cendré,  pruineux  en  dessous  ; 
spores  simples. 

Sur  les  gaulettes  des  espaliers  ;  Brionne  (Eure).  — 
Les  stipes  sont  quelquefois  un  peu  allongés  ;  alors,  il 
se  rapproche  de  l’espèce  précédente.  La  tache  thalline 
plus  prononcée  blanche,  et  les  capitules  plus  pruineux, 
constituent  le  Cal.  minutellum  Ach.  in  F.  Ak.  H. 


—  406 


11.  C.  populneum.  DeBrondeau  in  Duby,  B»  GalL 
p.  638,  ScHÆR.  Enum,  p.  170,  Nyl.  Syn,  p-  159, 
Krb.  Par.  p.  289,  Cal.  pusillum  v.  populneum  B.e'pv . 
L.Eur.  —  Thalle  liypopliléo(ie"(étalé  sous  l’épiderme), 
paraissant  seulement  sous  la  forme  d’une  tache  pâle, 
blanchâtre  ou  jaunâtre  ;  apothécies  entièrement 
noires,  brillantes  ;  stipe  grêle  ;  capitule  turbiné. 

Sur  l’écorce  lisse  du  peuplier  d’Italie;  espèce  décou¬ 
verte  par  Aug.  Le  Prévost,  aux  environs  de  Bernay, 

I 

retrouvée  à  Etavaux,  près  Caen  (Herb  •  Roberge) . 

111.  COMIOCYBE  Acli.  Fr.  Yyl. 

Thalle  pulvérulent  indéterminé,  léprarioïde;  apo¬ 
thécies  pâles,  jaunâtres  ou  livides,  rarement  .noi¬ 
râtres,  longuement  stipitées,  à  capitule  en  coupe; 
masse  sporale  abondante,  globuleuse  ^  pulvérulente  ; 
spores  simples  incolores  ou  jaunâtres,  jamais  noi¬ 
râtres  . 

1.  C.  furfuracea  Ach .  in  V.  Ah.  H,  1816,  Fr.  L, 

E.  p.  382,  ScHÆR.  Enum.  p.  175.  Mouo.  St.  Vog. 
1238;  Nyl.  Cal.  p.  24,  Syn.  p.  161;  Malb-  L.  No7in.  3; 
Sclerophora  Ghev.  fl.  par.  Aib;  Cal.  sulphureum  DC. 
fl.  fr.  2,  p.  600.  —  Thalle  lépreux,  soufré  ou  soufré- 
verdâtre  ;  apothécies  concolores,  à  stipe  quelquefois 
saupoudré  d’une  pruine  cendrée-jaunâtre  ;  masse  spo¬ 
rale  livide-jaunâtre ,  ou  couleur  de  terre  d'ombre 

« 

pâle . 

V.  fulva.  Fr.  1.  c.  Nyl.  Cal.  15,  Syii.  p  162; 
Cal.  aciculare  Ach.  Sy^i.  p.  62.  —  Stipe  peu  al¬ 
longé,  capitule  hémisphérique.  —  Au  pied  des  pins, 
au  Bois-David,  près  de  Brionne  (Eure);  Falaise. 


407  — 


IV.  TRVCHVf^l.li.  Wr.  (pr,  ni.  p.)  Myl. 

Thalle  propre,  mince,  granuleux,  lépreux  ou  nul  ; 
apothécies  noires,  sessiles,*  cupuliformes,  à  coupe  ou¬ 
verte  ;  masse  sporale  peu  abondante;  spores  noi¬ 
râtres,  uniseptées  (dans  l’espèce  normande),  rare¬ 
ment  à  trois  ou  cinq  cloisons.  —  Les  apothécies  ont 
le  fades  des  Leddea,  mais  leur  disque  pulvérulent  et 
leur  bord  distinct  du  disque  les  font  facilement  re¬ 
connaître  sans  recourir  à  l’examen  des  spores,  qui 
sont  très  différentes. 

1.  Tr.  stigonella.  Fr.  Scan,  p.  282,  Nyl.  L.  P. 
17,  Prod-  p.  28,  Cal.  p.  32,  Syn.  p.  167,  Malb.  L. 
Norm.  4,  Calicium  stigoncllum  Ach.  Syn.  p.  56, 
Moug.  St-  Vog.  858,  Fr.  L.  E.  p.  401;  Calic.  sessile 
DG-  fl-  fr.  2.  p.  345;  Cal-  inquinans  y.  sessile  Schær- 
Enum.  p.  164.  Acolium  Krb.  S-  L~  G.  p.  303-  — 
Thalle  propre  nul  ;  apothécies  peu  saillantes,  entiè¬ 
rement  noires  ;  masses  sporales  planes. 

Parasite  sur  le  thalle^  du  Fertusaria  "coimnunis  ; 
'  hêtres,  pommiers,  chênes,  etc.,  etc. 

Trib-  II.  SPHÆROPHORÉS. 

Thalle  fruticuleux,  rameux  ;  apothécies  nuclei- 
formes,  renfermées  d’abord  dans  un  réceptacle  thallin 
globuleux,  qui  s’ouvre  irrégulièrement,  puis  dis¬ 
coïdes;  masse  sporale  noire,  abondante. 

I.  SPOÆROPnOROV  Pcrs. 

Thalle*  cespiteux  fruticuleux,  fragile,  à  épiderme 
corné,  brillant  coralloïde  ;  axes  primaires  dilatés  en 


—  408  — 


boule  au  sommet,  renfermant  les  apothécies  ;  spores 
globuleuses,  noirâtres  ou  violacées,  revêtues  d’un 
pigment  noir. 

1.  S.  compressum  Acn.  Meth.  p.  135.  Syn. 
p.  287.  D.  C. /ï.  fr.  6.  p.  178,  Fr.  L.  E  p.  404, 
Krb.  s ■  L.  G. ,  p.  52,  Nyl.  Syn,  p  170  ;  Sph.  mela- 
nocarponDG.  fl.  fr.  2,  p.  327;  Schær.  Enum.  p.  177. — 
Thalle  pâle,  blanchâtre  ou  glauque,  moins  brillant 
que  le  suivant,  cespiteux  moyen,  vaguement  rameux, 
à  rameaux  comprimés  et  souvent  à  divisions  ultimes 
distiques ,  les  fertiles  épaissis  ;  apothécies  insérées 
obliquement  au  sommet  et  ouvertes  en  forme  de 
disque. 

Sur  la  terre,  parmi  les  itiousses  ;  rochers  de  Noron, 
près  Falaise,  Cherbourg. 

2.  S.  coralloïdes.  Pers.  in  Ust,  N.  Ann,  p.  23, 
Ach.  Syn.  p.  287.  Moun.  St.  Vog.  262,  Fr.  L.  E, 
p.  405,  ScHÆR.  L,  H,  Enum.  p.  177,  t.  6,  f.  4, 
Krb.  s.  L,  G.  p.  52,  Nyl.  Syn,  p.  171,Malb.  L, 
Norm.  105;  Sph.  globifer'um'D .  G.  fl.  fr.  2,  p.  327. 
—  Thalle  élégant,  brillant,  haut.de  5  à  6  centim., 
pâle,  blanchâtre  ou  roussâtre,  arrondi  ;  apothécies  in¬ 
cluses  dans  des  réceptacles  exactement  globuleux,  s’ou¬ 
vrant  irrégulièrement. 

Sur  les  roches  de  grès  ;  Alençon. 

3.  S.  fragile.  Pers  in  Ust,  N.  Act.  Acn.  Syn. 
p.  287  ;Moug.  St.  Vog.  263,  Fr.  L,  E-  p.  405,  Scn. 
En.  p.  176,  L.  H,  15,  Krb.  S.  L.  G.  p.  bi  \  Sph. 
cæspitosus  D.  G.  fl.  fr.  2,  p.  327.  —  Thalle  petit, 
blanc  ou  cendré-livide.  arrondi,  un  peu  raiiKmx,  cespi¬ 
teux,  en  touffes  serrées  ;  apothécies  du  précédent. 


—  409 


I 


largement  ouvertes  à  la  tin.  Plante  très  fragile  étant 
sèche.  —  Cherbourg. 

Sér.  IL  —  CLADODÉS, 

Thalle  composé  de  petites  folioles  {prototliallc  plur. 
aut.)  et  de  podetions  ou  supports fruticuleux,  quelque¬ 
fois  à  apothécies  stipitéespar  elles-mêmes 
apothécies  hiatorines ,  rarement  lécanorines.  Spores 
simples,  oblongues,  rarement  allongées,  cloisonnées 
(Siereocaulon) . 

Trib.  III.  BÆOMYCÉS. 

Thalle  horizontal  (dans  nos  espèces],  étalé,  pulvé- 
rulent-granuleux  ou  squameux  ;  apothécies  pâles  ou 
roussâtres,  lecidéines,  sessiles,  diflormes  ou  stipitées. 
Spores  incolores,  simples  ou  cloisonnées  (B  Icmado- 
philus) . 

I.  IVyl. 

\ 

Thalle  très  peu  développé,  formé  de  gonidies  et  de 
filaments  agglutinés  ;  apothécies  petites,  stipitées  par 
la  constriction  de  riiypothecium.  Spores  filiformes, 
divisées  par  de  nombreuses  cloisons  (60  à  100)  •  Type 
singulier,  qui  s’éloigne  des  genres  voisins  par  sa  cons¬ 
titution  anatomique,  et  devrait,  selon  Nylander,  for¬ 
mer  une  tribu  particulière.  Son  port  seul  rapproche  ce 
genre  des  Calyciés  et  du  genre  Bæomyces. 

1.  G.  calicioides .  Nyl-  Prod.  p.  146;  Syn» 
p.  175  ;  Bæomyces  calicioides  Del-  in  Duby  Bol.  Gall. 
P  636,  ScHÆR.  Enum.  p.  183  ;  Mycctodium  Mass,  in 


Flora  1856,  p.  285  — Thalle  cendré  ou  cendré«ver- 
dâtre,  étalé  comme  un  vernis  sur  les  mousses,  ou  nul  ; 
apothécies  pâles,  en  capitule  un  peu  turbiné,  brun  ou 
noirâtre,  (haut  de  10  à  15  millim.) 

Sur  les  mousses  et  les  jungermanes  ;  forêt  de  Bric- 
quebec. 

II.  rcvH. 

Thalle  crustacé,  étalé,  pulvérulent -granuleux  où 
squameux  ;  apothécies  sessiles  ou  stipitées ,  presque 
lécidéines  ;  stipe  formé  par  Thypothecium. 

A.  Apothécies  stipitées» 

1.  B.  rufus.  D  G.  fl.  fr.  2.  p-  342,  Ach.  Syn. 
p.  280;  Nyl.  P-  27,  Syn.  p.  176,Malb.  L.  Norm. 
106  ;  Bæomyces  rupestris  Pers.  in  Not.  N.  Ann.  1  p.  19, 
D.  C.  1  c  ,  Moug-  St.  Vôg.  70;  Biatora  byssoicles  Fr. 
L.  E.  p.  257;  Bæomyces  Schær.  Enum.  p.  183,  L.  H. 
32  ;  Sphyridium  fungiforme  Krb.  S.  L.  G.  p  273-  — 
Thalle  lépreux  ou  tartareux,  mince,  blanc-verdâtre  ou 
un  peu  glauque  ;  apothécies  variant  de  la  couleur  de 
chair  au  brun  pâle,  convexes,  immarginées  ;  stipe 
moyen  ou  très  court,  blanc  (quelquefois  2  ou  3  se  sou¬ 
dent  ensemble),  sillonné-rugueux  par  la  sécheresse. 

Sur  la  terre,  surtout  argileuse ,  dans  les  lieux  ombra¬ 
gés,  rarement  sur  les  pierres  ou  les  bois . 

2.  B.  roseus  Pers.  in  Ust.  A- 1  p.  19,  Ach. 
Syn.  p.  280, Fr.  L-  E.  p.  246,  Schær.  Enum.  p.  182, 
t.  6,  f.  6,  L.  H.  31 ,  Nyl.  L.  P.  26,  Syn.  p.  179,  Krb- 
S>  L.  G  p.  274,  Malb.  L.  Norm.  5  ;  Bæomyces  erice- 
torum  D.  G.  fl,,  fr.  2.  p  342,  Moug.  St.  Vog.  71.  — 


411 


Thalle  étalé  ou  un  peu  limité,  blanc  ou  blanc-cendré, 
formé  de  grains  contigus  (stérile)  ou  séparés;  apothé- 
cies  rose-carnées,  ou  blanc-carnées,  presque  globu¬ 
leuses,  larges  de  2  millimètres  environ,  à  stipe  blanc  à 
peu  près  cylindrique . 

Sur  la  terre  nue  stérile,  dans  les  bruyères,  les  bois 
—  On  rencontre  quelquefois  sur  le  thalle  stérile  un 
petit  lichen  parasite,  le  Lecidca  inquinans,  Tul. 

B.  Apothécies  sessiles» 

3.  B.  icdamophilus .  Nyl.  Prod.  p.  135,  Syn, 

p  183,  Lecidea  icmadophila  Ach.  Syn.  p  45,  Moug. 
St‘  Vog.  173,  Biatora  Fr.  L.  E  p.  258  ;  Bæomyces  æru- 
ginosus  DG  fl  /*r.  2,  p.  343;  Lecidea  æraginosa  Scr • 
Enum.  p-  142,  L.  H.  216.  Icinaclophüa  Krb.  S.  L  G. 
p.  151  ;  Bæomyces  elvelo'ides  DG.  Le  —  Thalle 
glauque  ou  blanc-glauque,  lépreux  ou  granuleux,  sou¬ 
vent  largement  étendu;  apothécies  discoïdes,  couleur 
de  chair  pâle  ou  agréablement  rosées,  légèrement  prui- 
neuses,  moyennes  ou  grandes,  sessiles-superficielles 
(fixées  par  le  centre),  un  peu  rugueuses,  entourées 
dans  le  jeune  âge  par  un  bord  thallin,  à  bord  propre, 
obtus  ,  non  proéminent,  à  la  fin  recouvert  par  le 
disque;  spores  à  1-3  cloisons. 

Sur  les  mousses,  les  bois  pourris  et  la  terre  ;  Elbeuf, 
Brionne  (sur  la  terre).  Gherbourg.  Gette  belle  espèce 
doit  être  rare  chez  nous. 

Trib.  IV.  GLADONIÉS. 

Thalle  à  folioles  ou  écailles  laciniées  ou  crénelées  ou 
nulles  et  à  podetions  (manquant  rarement)  fistuleux  , 


f 


simples  ou  le  plus  souvent  rameux  ;  apothécies  céphalo- 
dées  ou  biatorines,  portées  sur  les  podetions,  rârement 
sessiles  sur  les  feuilles  du  thalle .  Spores  simples. —  Les 
espèces  de  cette  tribu,  très  répandues  surtout  dans  les 
régions  septentrionales  du  globe,  vivent  presque  tou¬ 
jours  en  société  et  couvrent  souvent  de  grands  espaces. 
Plusieurs  Cladonia  renferment  une  manière  amylacée 
nutritive.  (V.  Généralités). 


1.  nfrni. 

s.  1.  Thalle  crustacé  horizontal,  à  podetions  fragiles 
glabres  (sans  squammes)  ^  d’abord  papillaires  (Pycnothelia 
Duf.  Ach.  pr.  p.) 

1 .  Cl.  papillaria  Hffm,  D.  G.  fl.  fr.  V.  p.  180;  Fr.  L, 

E  p.  295;  ScHÆR.  Enum.  p.  203,  L.  H.  268  ;Nyl. 
Z.  107  (stérile).  Syn.  p.  188;  Krb.  S.  L.  G. 

p.  37  ;  Malb.  Lich.  Norm.  6  et  157  (fertile);  Ceno- 
my ce  Ach.  Syn-^p.  248,  Moug-  St-  Vog.  259  (v.  no~ 
dulosa),  — Thalle  blanc  ou  jaunâtre-cendré,  granu- 
leux-crustacé  ;  podetions  courts ,  claviformes  ou 
cylindriques,  papillaires  en  naissant,  glabres,  fragiles, 
simples  ou  rameux  (ramules  papillaires)  ;  apothécies 
brunes  ou  brunes-rougeâtres,  terminales  agglomé¬ 
rées,  bordées  (sublécidéines). 

Bruyères  ;  lieux  secs  et  sablonneux.  On  trouve  sou¬ 
vent  ce  lichen  peu  développé,  stérile,  à  podetions 
courts,  jaunâtres,  terminés  par  une  simple  papille  (f. 
clavata  Scn.,  L-  IL  512).  La  'forme  fertile  est 
blanche -cendrée,  à  podetions  rameux,  hauts  de  1  à  2 
centimètres. 


—  413  — 


V.  nodulosa.  Del.  Podetions  raineux,  noueux,  to- 
ruleux  ;  apothécies  solitaires,  papillaires  [CL  molari- 
formis  Hffm,  Sch.  L.  H.  512?  Moug’.  St.  Vog  259). 
—  Falaise! 

V.  stipata  Flk.  Podetions  à  ramifications  nom¬ 
breuses,  lacérées,  fastigiées ,  couvertes  de  petites  apo- 
thécies.  —  Falaise  (De  Brébisson) . 

S.  IL  Thalle  plus  ou  moins  développé  foliacé;  Podetions^ 
avec  ou  sans  scyphus,  souvent  squamifères . 

A .  Fruits  bruns  ou  roux  (  Phæocarpés  Nyl  .  ) 

t  Podetions  simples  (ou  rameux,  par  prolifîcation),  normale¬ 
ment  scyphyfères ,  à  thalle  développé  persistant  (  Scypliophorus 
Ach.  pr.  m.  p.  ) 

2.  Cl.  endivæfolia  Fr.  L.  E.  p.  212;  Schær. 
Enum.p.  194,  Z.  H.  456;  Nyl.  L.  P.  106;  Syn. 
p.l89,MALB  Lich  Norm.  56,  Cenomy ce  Acn.  Syn. 
p.  250.  —  Thalle  macropliylle,  vert-jaunâtre  ou  vert- 
glauque  ,  à  divisions  grandes,  multifides,  arrondies- 
crénelées  au  sommet,  pâles  et  blanches  en  dessous; 
podetions  naissant  des  sinus  des  divisions,  turbinés- 
cylindriques  ou  scyphiphères  ;  apothécies  pâles  ou 
rousses,  quelquefois  mêlées  de  folioles  [phyllocephala 
Sch.  j 

Commun  sur  les  collines  de  la  Seine,  où  il  fructifie 
rarement.  Le  thalle  porte  quelquefois  de  petites  gra¬ 
nulations  brunâtres  qui  appartiennent  à  un  petit 
parasite.  Il  a  été  confondu  par  quelques  auteurs  avec 
le  suivant. 

3.  Cl.  alcicornis.  Flk.  Clad,  p.  23,  Fr.  L.  E. 


p.  213  ;  ScHÆR.  Enum>  p.  194';  L,  H,  455,  Nyl.  Syn, 
p.  191  \  Cenomyce  Ach  .  Syn-  p-  250;  Moug-.  St.  Vog- 
1062  (dans  quelques  exemplaires,  c’est  V endivæfolia) . 

C.  damæcovnis  ci  Aqh •  L.  U.  (exauct.  v.  Syn,  p.  342). 

—  Thalle  plus  petit  que  le  précédent,  vert-glauque  ou 
jaunâtre,  à  divisions  multifides  plus  étroites,  arron¬ 
dies,  crénelées  à  l’extrémité,  abords  et  face  inférieure 
quelquefois  ornés  çàet  Là  de  fascicules  de  poils  (noirs 
ou  blancs)  ;  podetions  naissant  des  sinus,  scyphi- 
fères,  à  bords  fimbriés  prolifères;  apothécies  brunes. 

Bruyères  ;  Aclou  (Eure).  Assez  rare  dans  les  terres 
calcaires  ;  plus  commun  et  mieux  développé  sur  les 
grès;  Falaise,  Vire. 

Lavar.  ge^itilis  Ach.  Del.  n’est  qu’une  petite  forme.  • 
La  var.  phyllophora  Ach-  Del.  a  les  podetions  allon¬ 
gés,  prolifères  latéralement,  à  scyphus  rayonnant  et 
folié.  —  Vire  (M.  Lenormand). 

I 

4.  Cl.  pyxidata  Fr.  L.  E.  p.  216;  Schær  Enum. 
p.  191  L.  H,  268,  Nyl.  Syn-  p.  192.Malb.  Lich. 
Norm,  57;  Cenomyce,  Acn-  Syn,  p.  252.  —  Thalle 
cendré  ,  glauque  ou  vert,  formé  de  petites  folioles 
squameuses,  crénelées,  ascendantes,  minces  (dans 
le  type)  on  cendrées-olivâtres^  épaisses  (dans  les  va¬ 
riétés)  ;  podetions  turbinés-scyphyformes,  concolores 
ou  vert-grisâtre,  glabres  (cortiqués)  ou,  le  plus 
souvent,  granuleux  squammeux  verruqueux*ou,  en 
partie  ,  furfuracés,  à  scyphus  normaux  ,  à  bord  entier 
ou  digité  fertile  ou  vraiment  prolifère,  rarement  pode¬ 
tions  cylindriques  stériles  ;  apothécies  brunes.  . 

Cette  espèce,  fréquemment  confondue  avec  le  fim- 
briata,  s’en  dislingue  par  ses  podetions,  assez  exacte- 


—  415 


ment  turbinés ,  et  ordinairement  à  épiderme  verru- 
queux-granuleux  ,  rarement  pulvérulent.  Les  formes 
prolifères  et  subulées  y  sont  moins  communes,  surtout 
les  dernières.  Nous  renvoyons  à  firnbriata  toutes  les 
formes  à  épiderme  finement  pulvérulent  et  pâle,  à 
scyphus  en  coupe  et  fréquemment  prolifère  ;  à  pityrea 
celles  à  podetions  foliés,,  à  scyplius  étroits  irréguliers, 
lacérés  ou  presque  nuis.  On  peut  distinguer  les  variétés 
suivantes  : 

V.  vulgaris.  Forme  typique  (  quant  à  la  forme  des 
scyphus);  podetions  turbinés  simples  à  scyphus  cou¬ 
ronnés  par  des  apothécies  sessiles  ou  courtement 
podicillés ,  à  épiderme  cendré  obscur  granuleux  ou 
pulvérulent  (v .  simplex  Rffm.  Ach.;  Malbr.  L.  N-  57); 
ou  podetions  à  scyphus  rameux  prolifères  (  prolifica- 
tion  centrale  plus  souvent  marginale),  à  apothécies 
grosses  syncarpées  (v.  syntheta  Ach,  marginalis  Hffm.) 
à  épiderme  plus  contigu  et  plutôt  cendré-blanchâtre  (1). 

V.  pocillum.  Ach.  Sy^i.  p.  253;  Moug.  St.  Vog. 
1236;  L.  Duf.  Rev.  CL;  Malb.  L.  N.  158;  CL  neglecta 
(scyphosa)  Schær.  En,  p.  192  L.  H,  270,  Cl.  pyxid, 
V.  neglecta  Krb.  S.  L.  G.  p.  17  — Thalle  plus  ou  moins 
étalé  ou  imbriqué  olivâtre  brillant  ;  podetions  et  scy¬ 
phus  de  la  f.  syntheta.  —  Sur  les  collines  calcaires. 

V.  costata.  Flk.  in  Krb.  S.  L.  G.  p.  23.  Podetions 
d’un  cendré-vert  glaucescent,  squamuleux  ou  foliacés  à 
peine  pulvérulents,  courts  ou  allongés,  à  superficie 

(1)  Nylander,  dans  laLichenogr.  Scandinave,  y  réunit  la  v.  sia- 
phylea  Ach.  (Malbr  108  sub.  firnbriata  var.)  qui  se  nuance  entre 
les  deux  formes  indiquées,  et  que  son  épiderme  pulvérulent  avait 
fait  rapprocher  du  fimbriala  et  surtout  de  la  var.  chlorophæa. 


I 


I 


f 


—  410  — 

plissée  crevassée,  quelquefois  dénudée,  laissant  voir 
la  trame  blanche;  scyphus  simples  plus  ou  moins 
difformes,  couronnés  par  des  apotliécies  accompagnées 
de  feuilles  (f.  phyllocephala  Son.),  ou  scyphus  irrégu¬ 
liers  prolifères  ;  apotliécies  pâles,  roussâtres  ou  brunes. 
Koerber  cite  le  n"  268  des  Lich.  Helv.  de  Scliærer 
qui  est  le  pyxidatu  (type)  de  cet  auteur,  mais  cette 
plante  en  diffère  par  des  podetions  plus  cou'rts ,  plus 
unis  et  plus  pulvérulents.  Des  formes  à  podetions 
allongés,  à  scyphus  étroits,  se  rapprochent  beaucoup 
du  pityrea. 

5.  Cl.  pityrea.  Agh.  Syn^  p.  254.  pr  m.  p.  [sub 
Cenomyce)]  Malb,  L.  N.  107,  Krb.  S.  L.  G.  p.  21;  C. 

(forma)  Nyl .  Syn.p»  192;  Cl.  degenerans  \ . 
pityrea  Scn.  Enum.  p.  194.  —  Thalle  mince,  assez 
développé,  ascendant,  vert-glauque,  crénelé-lobé  ;  po¬ 
detions  grêles-cylindriques,  à  épiderme  presque  lisse 
ou,  le  plus  souvent,  furfuracé-squammeux,  ou  à  petites 
feuilles^  éparses,  laissant  voir  un  axe  cartilagineux, 
terminés  par  des  scyphus  étroits,  fertiles,  ou,  le  plus 
souvent,  cylindriques  et  divisés  au  sommet 'en  petits 
rameaux  subcorvmbiformes,  tous  fertiles. 

Sur  la  terre  ;  lieux  secs,  bruyères. 

On  peut  distinguer  dans  ce  type  les  formes  sui¬ 
vantes  ;  f.  glabrescens.  Podetions  moyens  ou  petits 
(10-15“^®)  presque  glabres  cortiqués;  scyphus  à  bord 
divisé-digité ,  cà  apo thécies  distinctes .  —  F .  fastigiataDEL . 

~  Podetions  plus  allongés  (  25-35™"^)  blanchâtres,  à  épi¬ 
derme  furfuracé  squammuleux  plus  ou  moins  crevassé 
(comme  la  v.  costata)^  un  peu  rameux,  fastigié  grossiè¬ 
rement,  scyphus  étroits  à  apothécies  grosses  syncar- 
pées  (c’est  encore  la  var.  scypfiifera  Del.  —  F.  botryosa 


417 


Del.  Podetions  entièrement  couverts  de  petites  folioles 
entassées.  —  F.  decorticata  Ach.  Épiderme  plus  ou 
moins  rare,  laissant  voir  une  trame  cartilagineuse 
blanchâtre  ou  brune-  —F.  acummata  Ach.  Podetions 

plus  simples,  la  plupart  acuminés,  subulés,  stériles. 

% 

Ces  deux  dernières  ne  sont  peut-être  que  des  états 
séniles  ou  dégradés  du  type  ,  et  peuvent  se  confondre 
avec,  quelques  formes  du  Cl.  squamosa. 

Tout  ce  que  j’ai  vu  sous  le  nom  de  Cladonia  acumi- 
nata  Del.  peut  mieux  rentrer  dans  les  formes  appau¬ 
vries  du  Cl  squamosa  ou  dans  le  Cl  decorticata  Fr. 

Les  Cl.  Montaqnei  et  Designyi  Del.  (Monog.  inéd.) 
rappellent,  des  formes  de  pityrea  et  de  pyxidata  (1) . 

6  C.  leptophylla  Flk  .  Clad.  p.  19.  Nyl-  Syoï. 
p.  193,  C.  squamosa,  var.  Schær.  Enum.^  199, 
Cenomyct  Ach.  Syn.  p.  274,  Dur.  B,  G  p.  632.  — 
Thalle  formé  de  lobes  arrondis,  à  peine  crénelés, 
épars  ;  podetions  petits,  blancs,  nus,  sans  épiderme  ou 
légèrement  granuleux,  comprimés-côtelés  ou  lacérés- 
ouverts,  simples  ou  un  peu  divisés  au  sommet  (2-3)  ; 
apotbécies  terminales  subsolitaires,  plus  larges  que  les 
podetions,  de  couleur  rousse  ou  brune. 

Sur  la  terre  maigre  des  bois  montueux  ;  Elbeuf, 
Ilouen,  Vire,  Rouvres,  Etavaux. 

7-  C.  cariosa  Flk  Clad.  p*  11,  Nyl  Syn  p.  194, 
Malb.  !..  Norm  ^  58  ;  Cenomyce  Ach.  5yn.  p-  273, 

(I)  Je  dois  à  l’obligeance  de  M.  Lenormand  d’avoir  pu  étudier 
les  formes  de  Delise,  qu’il  m’a  communiquées  en  grande  partie. 
Cet  examen  avait  d’autant  plus  d’intérêt  que  le  classement  de  ce 
botaniste  a  porté  particulièrement  sur  des  plantes  récoltées  en 
Normandie. 


--  418  — 


Moug-  Si-  Vog,  850;  Cl-  clegenerans  v.  cariosa  Fr. 
L.  E  p.  221;  Krb.  S.  L  G.  p.  21,  CL  neglecta 
Sgu.  Enum.  p.  193.  — Thalle  cendré-glauque,  as¬ 
cendant  à  lobes  crénelés  ;  podetions  concolores,  gra- 
nuleux-verruqueux,  comprimés,  fendus  comme  ca¬ 
riés,  partagés  au  sommet  en  rameaux  (3-5)  épais  , 
fastigiés,  portant  une  ou  plusieurs  apotliécies  brunes . 

Sur  la  terre  et  les  murs  d’argile  ;  Rouen,  Cher¬ 
bourg,  Bernay. 

Le  Cm.  symphijcarpa.  Agh.  Sijn-  p.  274  [Cl  neglecta 
V.  symphycarpea  Scr.- En.  p.  193,  L.  H.  510)  n’est 
qu’une  forme  du  cariosa . 

8  C.  fimbrîata.  Hffm.  FL  germ.  p.  121,  Fr.  L  .E. 
p.  222;Moug.  St-  Vog.  1235;Schær  Enum.  p.  190, 
L  H,  56-61  ;  Krb.  S-  L.  G.  22;  Nyl.  Syn  p.  194,  Malb. 
L  Norm-  59;  Cenomyce  Agh.  Syn-  p.  254;  Cen-  pyxi- 
data  V.  fimbriata  et  seq.  Dub.  B.  GalL  p.  630.  — 
Thalle  foliacé,  petit,  crénelé;  podetions  allongés  cy¬ 
lindriques,  scyphifères  ou  subulés,  cà  épiderme  con¬ 
verti  en  une  poussière  fine,  rarement  granulée,  blan¬ 
châtre  ou  blanche-verdâtre,  terminés  par  une  coupe 
non  turbinée. comme  dans  le  pyxidata,  abord  entier  ou 
denté  fimbrié,  fréquemment  prolifère';  apotliécies 
brunes.  11  n’est  pas  rare  de  rencontrer  la  forme  sté¬ 
rile  à  podetions  rameux  ou  simples,  subulés-cornus. 

Sur  la  terre  et  les  troncs  ;  bois,  bruyères,  banques, 
fossés,  etc.  C’est  une  des  espèces  les  plus  communes 
du  genre. 

Y.  tubæformis.  Agh  1  c.  Sgh.  L  H.  589  Pode¬ 
tions  cylindriques  un  peu  allongés,  élégants,  terminés 
par  une  petite  coupe  ou  scyphus  à  bord  entier  stérile 


ou  crénelé,  brièvement  digité  fertile  (rarement  proli¬ 
fère)  Les  formes  longipes  et  tenuipes  de  Del  se  rat¬ 
tachent  à  cette  variété.  La  dernière,  qui  vient  sur  les 
troncs,  a  le  thalle  imbriqué,  composé  de  petites 
feuilles  crénelées  ou  déchiquetées-granuleuses,  les  po- 
detions  petits  et  nombreux.  Ici  se  place  encore  la 
V.  abortiva  Agh.  Podetions  simples,  à  sommet  tronqué, 
obtus  ou  obscurément  scyphifère  {î.  py^oboscideaW allr. 
Krb.)  •  Les  scyphus  s’atrophient  de  plus  en  plus  et 
tendent  à  la  variété  radiata 

V.  staphylea  Agh  .  Syn.  p.  et  Emend.,  p.  342. 
—  Podétions  cendré-verdâtres  ou  verdâtres  obscures, 
à  scyphus  un  peu  turbinés,  simples  ou  prolifères, 
bordés  de  partitions  digitées,  terminées  par  de  gros 
apothécions  (vv.  tuberculosa  Hffm.,  Sch.  L.  H.  54, 
staphylea  Ach.  Malbr.  Lich,  Norm.  108)  ou  à  podetions 
allongés,  à  prolifications  nombreuses  (v.  proliféra 
Agh.).  Le  Cl.  chlorophæaScn.  Z.  H.  266-267,  comprend 
les  formes  d’un  cendré  vert  pâle,  simples  peu  allon¬ 
gées  et  n’en  diffère  pas-  —  Toutes  ces  formes,  bien 
étudiées,  peuvent  certainement  être  réunies.  On  passe 
insensiblement  de  l’une  à  l’autre.  La  prolification 
simple  et  normale  qui  se  produit  chez  beaucoup  d’es¬ 
pèces  ne  peut  être  un  motif  de  division  ;  ce  n’est  qu’en 
comparant  des  formes  extrêmes  qu’on  a  pu  les  séparer, 
comme  cela  se  fait  trop  souvent.  Heureux  quand  on 
,  peut  réunir  tous  les  chaînons  et  rétablir  Tentité. 

V.  radiata  Acii.  1  c  et  v.  nemoxyna  id.;  Moug. 
Si.  Vog.  1156,  ScHÆR  Enum.  p.  191,  L.  H.  57,  61; 
Malbr.  Lich.  Norm  7;  f.  ceratoslelis  Kbb^  S.  L.  G, 
p.  22,  Cen.  cornuta  Dura  Bot.  Gall.  p.  628.  — 


—  420  — 


Podétions  allongés,  blancs  et  saupoudrés  d’une  pous¬ 
sière  d’un  vert  obscur,  surtout  dans  la  moitié  infé¬ 
rieure,  et  parfois  de  petites  feuilles  thallines,  simples  ou 
le  plus  souvent  rameux  ,  à  rameaux,  quelquefois  tous 
(v.  ramosà  Del.),  subulés,  stériles,  dressés  ou  tortueux 
(v.  tortuosa  id  ),  portant  rarement  des  scyphus  petits, 
couronnés  par  des  apothécies  sessiles  ou  subpodi- 
cillées,  ou  par  des  rayons  stériles. 

L.  Cl  -  insidiosa  Del.  rentre  encore  dans  les  formes 
dressées  stériles  de  cette  variété. 

V.  cornuta  (L.)  Ach.  Syn.  p.  257.  Clad.  corniita.  Fr. 
Z.  E.  p.  225  ;  Krb.  S.  L.  G.  p.  25;  Nyl-  Prod  p.  198 
pr.  p.  Cen.  cornuta  v.  crassa  Duby  B.  G  p.  628.  — 
Podétions  courts,  simples, ventrus,  claviformes,  courbés 
et  acuminés  au  sommet  en  forme  de  corne.  Thalle 
macrophylle.  —  Une  forme  amoindrie  [macra  Flk.)  à 
podétions  plus  minces,  subulés,  envahis  plus  ou  moins 
par  les  folioles  thallines,  est  le  CL  pyxidata  v.  subulata 
ScH.  En,  191,  H.  51  ;  Cen.  Antüopea  Del.  in  Dur. 

V.  conista  Ach.  1.  c.  v.  hrempes  Krb.  Cl.  pyxidata 
ScH  pr.  p.  L.  H.  51-52.  — Podétions  cowrïs un  peu 
turbinés,  vert-blanchatres  pâles,  scyphifères  ;  scyphus 
à  bord  presque  entier,  sans  prolihcation  et  bordé  par 
par  quelques  petites  apothécies.  S.  v.  lophyra  Ach. 
Syn  Emend.  scyphus  couronnés  par  de  petites  folioles 
thallines  et  quelques  vagues  prolifications.  Thalle 
macrophylle.  —  Rouen;  Falaise •. 

V.  conîocrœa  Nyl.  Cenom.  Del.  in  Dub.  D>  Gall. 
p.  629  {YOiVv dilatata,  ramulosa  et  proboscidca);  Moug. 
St.  Vog.  1157,  Cl  -  pyxid-  f-  longipes  Sch.  L-  II.  60; 
Cl.  fmbr.  radiata  f.  Iiomodactyla  Krb.  1.  c.  (non 


Cl.  coniocrœa  ¥lk-}  —  Podétions  presque  lisses  et 
verdâtres  à  la  base,  blancs  pulvérulents  au  sommet, 
à  'scyphus  étroits  probosciformes ,  radiés  au  bord, 
quelquefois  prolifères ,  à  rayons  scyphifères  fertiles. 
C'est  peut-être  une  forme  fertile  de  la  variété  radiata- 
—  Vire . 

V.  carneopalHda  Aon.  1.  c.  Nyl.  Syn  195,  — 
Podétions  moyens  blanchâtres  ou  verdâtres  pulvéru¬ 
lents  simples  subuliformes  un  peu  robustes,  scyphus 
étroits  crénelés  au  bord  ou  prolifères;  apothécies  cou¬ 
leur  de  chair  pâle.  Les  échantillons  que  j'ai  vus  de 
de  Normandie  me  paraissent  appartenir  au  pyxidala 
V.  syntheta. 

9.  C.  gracilis  Hffm.  Fl.  germ.  p.  119,  Fr.  L.  E. 

p.  318,  ScHÆR.  Enum.  p.  195,  Nyl  Syn.  p.  196,  Krb. 
6^.  L.  G.  p.  18;  Malcr.  L.  Norm.  8;  Cenomyce  Mouo.  St. 
Vog.  849,  Del.  in  Dur.  (nonnull.  varr.  excl.);  Cen. 
ecmocy n a  Ach.  Syti.  p.  261  [y ar.  coi'ymbosa  excl.)  \  Scy- 
phophorm  cornutus  D.  G.  fl  fr.  2,  p.  340  —  Thalle 
foliacé  â  peu  près  nul,  podétions  cendrés-verdâtres  ou 
livides,  à  épiderme  lisse,  simples  ou  rameux,  à  ais¬ 
selles  imperforées,  les  uns  subulés  stériles,  les  autres  à 
scyphus  petits,  dentés  ou  digités  au  bord,  et  souvent 
munis  d’un  ou  deux  rayons  subulés  ou  proboscidés 
(en  forme  de  trompe);  apothécies  isolées  ou  con¬ 
fluentes,  sessiles  ou  portées  par  les  rayons.  Scyphus 
rarement  prolifères. 

Sur  la  terre,  dans  les  bruyères. 

V.  vulgaris  (type)  Krb.  1.  c.  —  Podétions  allongés 
üliforines,  cendrés  verdâtres  ou  livides,  lisses,  presque 
siuqiles,  subulées  stériles  ou  à  scyphus  petits,  régu- 


422 


liers,  dentés  ou  brièvement  digités,  couronnés  par  des 
apothécies  sessiles  ou  podi cillées  et  un  ou  deux 
rayons  stériles.  —  C’est  la  forme  la  plus  commune. 
On  peut,  en  outre,  distinguer  les  suivantes  :  leuco- 
chlora  àgh.  Del.  à  podé lions  pâles  verdâtres  ;  —  2°  flo- 
ripara  Ach.  Del.  in  Herb.,ScH.  L.  H.  64,  à  podétions 
simples,  épaissis  au  sommet,  à  scyphus  un  peu  irré¬ 
guliers.  denticulés  et  à  prolification  rare  marginale  ou 
extérieure  (latérale);  fruits  syncarpés.  Brionne.  (La  v. 
nitida  du  même  n’en  diffère  pas  beaucoup) .  On  pour¬ 
rait  appeler  polyceras  une  forme  à  podétions  un  peu 
rudes  squammeux  foliacés  et  à  prolification  latérale 
abondante.  3°  amaura  Ach  ,  à  podétions  rameux  sub- 
dicliotomes  par  prolification  ;  4"  squamosa^  à  podétions 
verts  livides,  munis  de  quelques  folioles  ou  squammes; 
du  reste,  scyphus  et  port  du  type  fertile  ;  5°  proboscidea 
Krb.,  à  podétions  simples,  minces,  allongés,  terminés 
par  des  scyphus  proboscidés.  Vire.  —  La  var.  anthoce- 
phala  Del.  est  une  forme  assez  grande  foliacée  dont 
toutes  les  ramifications  se  terminent  par  des  scyphus 
plus  ou  moins  bien  constitués,  et  parfois  subcorym- 
biformes.  La  var.  macroceras  Ach.  Krb  (f.  elongata)  a 
les  podétions  allongés,  pâles,  un  peu  épais ,  courbés  au 
sommet,  à  rayons  longs,  subulés. 

V.  hybrida  Ach.  Moue.  St.  l  '.  849  b.  v.  aspera  Due. 
—  Podétions  plus  grêles,  moyens,  munis  de  petites  fo¬ 
lioles  thallines  éparses,  ou  de  petites  protubérances 
résultant  de  l’avortement  des  ramilles  latérales,  ou 
podétions  tenus  très  rameux,  à  rameaux,  la  plupart 
atténués  (v.  filiformis  Del.);  scyphus  fertiles  cyathi- 
formes,  à  apothécies podicillées,  isolées  ou  confluentes. 


—  423  — 


ou  scyplms  avortés,  rameux  proboscidiformes.  — Vire, 
Falaise,  dans  les  roches. 

Les  variétés  lateriflora^  dilacerata,  sont  reportées  au 
crispata^  à,  cause  des  aisselles  béantes. 

lO.  C.  cervicornis  Scn.  Enum,  p.  195.  Krb. 

L.  G.  19,  Nyl.  Syn.  p.  197,  Malb.  L.  Norm.  10; 
Scyphopkorus  T).  C.  fl.  fr.  2,  p.  338  ;  Cenomyce  'Ach. 
Syn.  p.  251,  Mouu.  St-  Vog.  749,  Del.  in  Dub.  B.  G. 
p.  631  —  Thalle  macrophylle,  cespiteux,  à  folioles 

allongées,  dressées,  incisées ,  dentées-lobées,  d’un 
vert  glauque  en  dessus,  blanches  en  dessous,  mais 
brunâtres  à  la  base,  noirâtres  même  dans  les  échan- 
.  tillons  anciens  à  thalle  robuste.  Podétions  courts, 
glabres,  naissant  sur  le  thalle,  scyphifères,  facilement 
prolifères  et  à  prolification  souvent  centrale,  margi¬ 
nale  et  latérale  quelquefois  ;  apothécies  petites  sessiles 

« 

sur  les  bords,  agglomérées  nombreuses  ou  confluentes, 
mélangées  souvent,  dans  l’été,  de  petites  folioles, 
(f.  phyllocepliala  Schæb.) 

Lieux  secs,  bois  montueux,  bruyères. 

La  V.  myriocarpa  Del.  est  une  forme  à  scyphus 
irréguliers,  lacérés,  diübrmes  ,  à  apothécies  nom¬ 
breuses. 

V.  cladomorpha.  Ceno'tn.  cladomorpha  Del.  1.  c. 
Cen.  gonorega  var.  Ach.  Syn.  p.  259.  ~  Podétions 
rameux  dichotomes  par  les  prolifications  nombreuses, 
latérales  ou  marginales ,  blanchâtres  ou  glauques 
(v.  cæsia  Del.  sub  Cl.  sobolifera).  Le  bord  du  scyphus 
présente  quelquefois  des  fascicules  de  poils  noirs  [v. 
pilifera  Del.  1.  c.  sub  gracili).  —  Elbeuf,  Bernay,  Fa¬ 
laise  .  La  forme  püifèrc  a  été  trouvée  à  Brionne. 


—  424  - 


S.  V.  complicala  Del.  —  Prolification  plus  compli¬ 
quée,  plante  un  peu  touffue.  —  Falaise. 

V.  Terticillata  Krb.  S.  L,  G.  p.  19,  CL  verticillata 
Flk.  Clacl.  p.  26,  NYL.vS’î/n  p.  197;M4lbr.L.  Norm.9\ 
Cenomyce  Agh.  Syn,  p.  251,  Moug.  St.  Vog.  644, Del. 
in  Duby  b.  Gall  p.  63l  ;  Cl.  gvacilis  .  Fr.  L  E- 
p.  218;  Cl.  degenerans  v.  glabra  f.  centralis  Schær. 
Enum.  p.  193.  —  Thalle  microphylle  ;  podétions 
simples,  régulièrement  scyphifères  et  à  prolification 
centrale  se  répétant  jusqu’à  six  et  sept  fois  ;  prolifica- 
tionjatérale  et  marginale  rares;  bords  des  scyphus  fer¬ 
tiles;  apothécies  brunes  noirâtres.  —  Falaise.  Bruyères 
de  la  Pie,  à  Aclou  (Eure). 

11.  G.  ochrochlora  Flk.  Krb.  S.  L.  G.  p  -  24;  Cl. 

fimbriata  V.  ochrochlora  Sch.  Enum.  p  191  ;  L.  IL 
640?  CL  cornuta  v.  ochrochl,  Nyl.  Syn.  p.  198.  — 
*  Thalle  assez  développé,  crénelé-lobé,  verdâtre  ;  podé¬ 
tions  allongés  simples,  cendrés-verdâtres,  lisses  à  la 
base,  puis  à  épiderme  rompu,  squammeux-verru- 
queux,  blanc,  à  peine  pulvérulent  au  sommet;  scy¬ 
phus  étroits,  denti cillés  ou  digités  radiés,  fertiles 
Cette  plante  a  le  port  de  certaines  formes  àufmbriata, 
mais  elle  s’en  éloigne  un  peu  par  son  épiderme  continu. 
L’axe  est  très  blanc  où  manque  l’épiderme.  Une  pe¬ 
tite  forme  exiguë,  de  5  à  10  centimètres,  est  peut- 
être  la  v.  m/w  Acn.  (^ub.  Cen.  fimbiHata.) 

Bruyères.  —  Rouen,  Vire. 

La  plante,  publiée  par  Schærer,  est  rameuse  et 
cendrée  obscure. 

12.  G.  degenerans  Flk.  Clad.  p.  41,  Fr.  L.  E. 
p.  221,  Schær.  Enum-  p.  193,  pr.  p.  Nyl.  Prod.  p.  37, 


-  425 


Syn.  p.  199,  Ccnom.  Del.  in  Dub.  /i.  Ga//.  p.  630; 

C.  gonorega  Ach.  Syn,  p.  258  —  Thalle  à  petites  fo¬ 
lioles  crénelées,  incisées;  podétions  livides-blan- 
cliâtres,  souvent  brunis  à  la  base  et  ponctués  de  blanc 
par  les  granules  tliallins  de  l’écorce,  déprimés  (Nyl  ), 
subverruqueux,  à  scyphus  irréguliers,  fendus  dès  le 
commencement,  radiés,  lacérés  ;  apothécies  brunes. 

Dans  les  bois  et  les  lieux  montueux  ;  Falaise. 

Espèce  très  confuse  et  mal  connue  à  étudier  de  nou¬ 
veau  . 

La  plante  que  nous  décrivons  ici  a  des  rapports  avec 
quelques  variétés  du  gracilis^  mais  s’en  distingue  par 
l’absence  de  rayons  subulés  stériles ,  par  ses  scyphus 
lacérés  subcorymbiformes,  etc.  L’ensemble  des  fruits, 
qui  sont  très  nombreux,  forme  de  petites  cymes  noi¬ 
râtres  . 

•  Sous  le  nom  de  v.  aplotea  Del  ,  j’ai  reçu  une  forme 
qui  n’a  nullement  le  même  port.  La  plante  est  très 
prolifère  et^se  ramifie  par  une  prolification  centrale  et 
marginale  répétée.  Scyphus  entiers,  foliés  au  bord, 
taille  petite,  épiderme  glaucescent,  plus  lisse.  Elle 
ressemble  beaucoup,  à  la  taille  près,  aux  échantillons  \ 
d’Allemagne.  -  Cherbourg. 

f+  Podétions  ascyphées,  thalle  petit  ou  nul  {Claclonia  DG). 

13.  G-  furcata  Hffm.  Fl.  Gerni.  p.  115,  En.  L.  E. 
p.  229,  ScH.  Enuin.  p.  201,  Krb.  S.  L.  G.  34,  Nyl. 

Prod.  p.  39,  Syn.  p.  205;  Cemomyce  Acn.  Syn. 
p.  276,  MovCr.  St.  Vog.  852.  Del.  in  Duby  B  Gall. 
p.  622’;  Clad.  subiil ata  D.  G.  fl.  fr.  2,  p.  336.  — 

Thalle  peu  développé  ou  nul  ;  podétions  cendrés-ver- 
dâtrès,  blanchâtres  ou  livides,  glabres,  rameux,  à  ais- 


I 


—  426  - 

selles  non  ou  à  peine  perforées,  rameaux  atténués  au 
sommet,  souvent  divergents  ou  fourchus,  les  fertiles 
subfastigiés ,  corymbiformes  ;  apothécies  petites  , 
brunes.  —  Cette  espèce  très  polymorphe,  dont  le  port 
varie  beaucoup,  fournit  plusieurs  bonnes  variétés; 
elle  touche  par  les  unes  au  gracilis ,  dont  elle  se  dis¬ 
tingue  par  ses  podétions  rameux  ,  subulés,  fourchus 
sans  scyphus  ;  par  les  autres  au  rangiferina,  qui  en 
diffère  par  ses  sommets  stériles  inclinés 

Sur  les  bruyères,  les  collines,  les  murs,  dans  les  bois 
découverts. 

V.  subulata  (type)  Fr.Jj  E.  p.  230,  Scn.  En.  L  H. 
81 .  Podétions  grêles,  allongés,  blanchâtres  ou  livides, 
nus ,  dernières  ramifications  dressées ,  stériles  , 
quelques-unes  fertiles  isolées-  —  F.’  corymbosa  Nyl- 
Malb.  Norm.  11;  Cen.  ecmocyna  var.  corymbosa 
Ach-  Clacl.  furcataNYL.  L.  P.  22-  Podétions  cendré- 
vert  011  glauque,  cespiteux,  moins  rameux,  portant 
parfois  quelques  folioles,  fendus  divisés  au  sommet, 
corymbiformes  ;  apothécies  brunes  ou  pâles. 

V.  racemosa  Flk.  Clacl.  p.  152,  Fr.  L.  £'.  p.  230, 
Sghær.  Enum.  p  202;  Cen.  racemosa  Ach  Syn. 
p.  275,  Del.  in  Duby  IE.  Gall.  p.  623.  ~  Podétions 
épais,  gonflés  {macropocla  Del  .1  c.),  lisses  ou  un  peu 
squammeux  foliacés,  à  sommets  divariqués;  apothécies 
petites,  isolées  (7nicrocarpaDEL.) ,  ou  grosses  et  corym¬ 
biformes.  Les  ramifications  ultimes  divariquées  épi¬ 
neuses,  plus  ou  moins  brunes-livides,  constituent  les 
formes  spinulosa  et  spaclicca  Del.  et  la  forme  hamata, 
si  elles  sont  recourbées  en  hameçon.  La  v.  r  cmgi  fera 
Del.  est  blanchâtre,  très  lisse,  avec  quelques  l’ares  fo- 


—  427  — 


lioles,  ramifications  ultimes  fertiles,  presqu’en  thyrse. 
Vire  (Herb.  Lenormand).  —  La  forme  squamulosa  Del. 
ScH.  L.  H.  80  a  les  podétions  dressés  ou  recourbés  [CL 
recurva  tout  couverts  de  petites  folioles. 

V.  scabriuscula  CL  scabriiiscula  Del  in  Due.  1.  c 

—  Podétions  cespiteux  dressés  ou  arqués  (recurva 
Del.),  scabres  pulvérulents,  fnrfuracés  ou  avec 
quelques  rares  folioles  [squamulina  Del.),  cendrés- 
blanchâtres.  —  Falaise,  Beauvoir,  Rouen,  Vire, 
Lisieux . 

V.  pungens  Fr.  L.  E.  p.  230,  Nyl.  Procl.  p.  39,  Syn. 
p.  207,  Male.  L.  Norm.  12,  Cenomyce  rangiferina  v. 
pungens  Ach.  Syn.  p.  278  ;  Cen.  pungens  Del.  in  Duey 
D.  galL  p.  621  ;  Cen.  rangiformis  Flk.,Moug  St.  Vog 
754  ;  Clacl.  furcata  v.  luingiformis  Schær.  Enuni  p.  202. 

—  Podétions  cendrés-blancbâtres  ou  blancs  (v.  nivea 
Del.},  un  peu  rigides,  très  rameux,  formant  un  cous¬ 
sin  cespiteux,  à  divisions  grêles  atténuées,  ou  plus  ou 
moins  épaissies  fertiles,  {incrassata  Del.j  —  Sur  les 
murs,  dans  les  lieux  secs . 

V.  muricata  Nyl.  Cenomyce  Del.  1.  c.  —  Podétions 
épais,  rigides,  à  ramifications  plus  divariquées  et  plus 
courtes,  à  épiderme  inégal  squammeux.  —  Dans 
quelques  endroits  secs,  cette  espèce  s’étale  sur  le  sol  et' 
forme  un  lascis  lâche  de  longues  ramifications  noueuses 
un  peu  sorèdifères  et  foliacées  (v.  ceranoides  Del.  in 
Herb.)  ou  bien ,  avec  une  taille  plus  petite  et  cespi- 
teuse,  se  couvre  de  petites  folioles  (v.  foliosa  üL)  — 
Golliiiies  de  la  Seine. 

14. G.  crispata  Ach.  Syn.  p.  27^  (sub.  Ce?? omiy ce)  Nyl 
Syn.  p.  207,  Cl.  furcata  v.  crispata  Flk.  Clad.  p.  148, 


m  - 


Fr.  L.  E.  p.  229,  Krb.  S  L.  G  p.  34  ;  Cen.  gracilis 
V.  trachyna  Del.  Herb.  Mus.  Par.  CL  ceranoides  Schær. 
En.  p.  197,  ï..  H.  277  (f.  dilacerata),  Cm.  axillarisDEh. 
Clad.  rev-  p.  18.  — Thalle  peu  développé,  formé  de 
petites  folioles  crénelées;  podétions  moyens  rigides, 
blanchâtres  ou  livides,  rameux  (par  prolification  répé¬ 
tée),  nus,  à  aisselles  béantes infundibuliformes  (scyphus 
avortés)  couronnées,  et  souvent  aussi  les  sommets,  par 
de  très  petits  rayons  stériles  disposés  en  crête  ou  bien 
à  podétions  fertiles  un  peu  épaissis  ,  divisés  lacérés 
{[.diJacerata];  irrégulièrement  scyphifères,  partagés  au 
sommet  en  petits  ramules  plus  ou  moins  corymbiformes 
ou  étagés;  apothécies  petites,  brunes.  Quelquefois  les 
extrémités  sont  déformées,  contournées,  stériles  (f. 
abortiva,  Cen.  gracilis  v.  abortivaDEh.  Sch.  L.  H.  69.) 

Bruyères  ;  Rouen  ;  Aclou(Eure).  Orbec  (la  forme 
abortiva.  ) 

V.  trachyna  Ach.  Syn  p.  259  (sub.  Cen.  gonorega); 
Cen.  trachyna  varr.  virgata  ,  setiformis  ^  Del.  in  Herb. 
Clad.  degenerans  var  trachyna  Nyl.  L  Sc.  p.  54; 
Krb  s.  L.  G.  p.  20;Schær.  En  p.  193  (var.  virgata); 
Fr.  L  E.  p.  221  var.  b.  Podétions  allongés,  nus  ou 
munis  de  quelques  rares  folioles,  à  ramifications  minces, 
atténuées,  le  plus  souvent  stériles.  Cette  variété  a  le 
port  du  furcata  subulata.  La  forme  cetrariæformis  Del. 
qui  a  les  podétions  un  peu  épais,  comprimés,  se  rap- 
proche  plus  du  type.  — Vire,  Falaise  (Herb.  Lenor- 
mand). 

V.  phyllocephala  Krb  1.  c.,  Schær.  varr  dilace- 
rata  et  phyllocephala.  —  Podétions  un  peu  épaissis, 
à  scyphus  réguliers  fendus  en  petites  partitions  ou 


—  429 


ouverts  lacérés,  à  apothécies  étagées  (f.  lateriflora) 
ou  en  petits  corymbes  nus,  le  plus  souvent  agglomérés, 
mélangés  de  petites  folioles  allongées  lobées  et  de 
courtes  ramifications.  Ce  n’est  vraisemblablement 
qu’une  forme  foliifère  et  irrégulière  du  type.  —  Rouen  , 
au  Madrillet;  Mortain;  Lisieux  -  La  f.  lateriflora  Del. 
(sub.  Cen-  gracilis)  à  scyphus  terminaux  et  axillaires 
ouverts,  lacérés,  fertiles,  appartiennent  certainement 
à  ce  type. 

On  distingue  facilement  ces  formes  du  crispata,  des 
gracilis  furcata  et  degenerans  à  leurs  aiselles  ouvertes, 
lacérées  en  crête ,  à  leur  épiderme  lisse. 

15.  C.  squamosa  Hffm.  Fl.  germ.  p.  125,  Fa.  L.  K. 
p.  231,  Sghæu.  Eiium.  p.  198,  Nyl.  Syn.  p.  209, 
M.4LB..L.  Norm.  13;  Cenomyce  Del.  in  Dub.  B.  gall. 
p.  625,  Cen.  sparassa  Acn.  Syn.  p-  273,  Mono.  St. 
Vog.  645.  —  Thalle  composé  de  petites  folioles  créne¬ 
lées  ou  incisées,  podétions  blancs,  assez  grands,  ra- 
meux,  couverts  de  petites  folioles  et  de  granulations, 
souvent  plus  ou  moins  décortiqués,  à  aisselles  perfo¬ 
rées,  dentées,  à  sommets  stériles ,  bifurqués  lacérés 
tronqués  ou  fertiles  sub-corymbiformes  ou  sub-scyphi- 
formes  ;  apothécies  brunes  ou  noirâtres,  distinctes  ou 
syncarpées.  —  F.  squamosissima  Son.  1.  c.  L.  H.  278  ; 
V.  ventricosa  Krb  l.  c.  Podétions  plus  robustes,  élevés 
plus  ou  moins,  rameux,  rigides  (f.  ingidaDEh  )  et  quel¬ 
quefois  épais  (f.  crassaid.),  couverts  de  petites  folioles; 
à  sommets  obtus  ou  lacérés  scyphiformes,  ou  atté¬ 
nués.  —  Rouen,  Vire,  Bernay. 

Bois  secs  montueux,  bruyères,  sous  les  pins. 

V.  microphylla  ScHÆB.  En.  p.  108,  L.  H.  72  (non 


—  430  -- 


ScHÆR.  spicilcg.)  ;  v.  asperella  Krb.  Le. —  Podétions 
courts  ou  moyens,  simples  ou  rameux  ;  épiderme  d’a¬ 
bord  lisse  ,  puis  plutôt  furfuracé  granuleux  que  fo¬ 
liacé  squammeux  (sinon  dans  les  bruyères  fortes  et 
épaisses)  ;  apotliécies  sur  les  rayons  de  scyplius  di- 
gités,  fimbriés,  lacérés,  prolifères,  souvent  syncarpées 
à  l’extrémité  de  podétions  épais,  cylindriques  simples 
ou  peu  divisés.  —  Elbeuf,  Brionne,  Vire.  —  Cen.  fasci- 
cularis  Del. -in  Duby  et  Cl.  Lamarcldi  Del.,  mon. 
inéd.  à  podétions  cendrés  ou  blancs  (v.  albicans  Del.) 
allongés,  à  épiderme  furfuracé-squamuleux,  ou  muni 

.  i 

de  petites  folioles  éparses, cà  scyplius  iiVéguliers,  étroits, 
divisés,  prolifères;  apotliécies  sur  des  ramifications 
subcorymbiformes ,  ne  diffèrent  pas  de  cette  variété 
suffisamment  — Vire;  Rouen  (au  Madrillet) . 

V.  speciosaDEL.  in  Duby,  v  attenuata  Fr.  Le.; 
Cen.  pityreay.  acuminata  Ach.  Syn.  254;  CL  degene- 
rans  v.  pityrea  f.  cylindrica  Schær.  L  c-  —  Podé¬ 
tions  allongés,  grêles,  plus  ou  moins  couverts  de  pe¬ 
tites  folioles,  subulés ,  atténués  ou  terminés  par  des 
scyplius  petits,  à  rayons  scyphifères  eux-mêmes  ou 
stériles  ;  apotliécies  d’un  brun  pâle.  —  Vire  ;  bruyères 
du  Madrillet  (Rouen) . 

Nota  .  —  Les  varr.  tenuiuscula  et  muricclla  Del.  sont 
des  formes  rameuses  et  adoptant  quelques  folioles  de  la 
var.  microphylla  et  les  varr  frondosa  Qipaschalis^  du 
même,  sont  des  formes  appauvries  et  basses  de  la 
f  squamosissima  Enfin,  on  poui'rait  peut-être  distin¬ 
guer  encore  iiiie'forme  basse  à  podétions  granuleux 
pulvérulents  (leprosa),  simples  ou  peu  rameux  {ra¬ 
meux  et  cespiteux  dans  le  Midi),  que  j’ai  trouvée  dans 
l’Eure,  dans  les  bois  de  Saint-Gyr. 


—  431  — 


16.  C.  cœspîtitia  Flk.  Clad.  p.  8,  Nyl.  Syn.  p.  210, 
Malbr.  L.  Norm.  109.  Cenomyce  Acii.  Syn.  p.  249,  Del. 
in  Duby  b.  Gall.  p.  632,  Moug.  St.  Vog.  1154,  Cl. 
squamosaw.  fungiformis  Sch.  p.  199  L.  H.  280;  v. 
epiphylla.  Krb.  S.  L.  G.  p.  33.  —  Thalle  à  folioles 
petites,  d’un  vert  pâle  on  cendrées,  lobées-laciniées, 
crénelées  ou  déchiquetées  au  bord  ;  podétions  très 
courts  ou  nuis;  apothécies  assez  grosses,  souvent 
épiphylles,  roussâtres. 

« 

Sur  la  terre,  dans  les  bois  montueux  :  Orival ,  Saint- 
Aignan  ,  Saint-Léger;  Cherbourg,  Trun  (Orne),  Vire. 
(M.  Nylander  rapporte  aussi  à  cette  espèce  le  Cl. 
strepsilis  Acn.) 

17.  C.  rangiferinaHFFM.  Fl.  germ.  1 14,  D.C.  fl.  fr.  2, 
p.  336,  ScHÆR.  Enum.,  p.  202;  Fr.  L.  E.p.  243,  Nyl. 
Syn.  211,  Malbr.  Lich.  Norm.  14;  Cenomyce  Acn.  Syn. 
p.  277.  Moug.  St.  Vog.  72.  — Thalle  foliacé  nul;  podé¬ 
tions  cendrés,  blancs  ou  couleur  de  paille,  allongés, 
cylindriques,  très  rameux,  à  aisselles  perforées,  à 
rameaux  courts,  divariqués  ou  réfléchis,  les  stériles 
inclinés  et  brunis  au  sommet  (dans  le  type),  les  fertiles, 
dressés  presque  corymbiformes;  apothécies  petites, 
brunes  ou  pâles. —  Les  var.  tenuior  et  laxiuscula  Del. 
ne  sont  que  des  formes  à  rameaux  menus,  délicats , 
cendrés  brunis  et  mêlés  dans  la  première;  plus  allongés 
blanchâtres  et  lâches  dans  la  seconde. 

Sur  la  terre,  dans  les  bois  arides,  les  bruyères,  les 
lieux  montueux.  —  Cette  espèce,  éminemment  so¬ 
ciable,  croît  mélangée  avec  ses  variétés  et  ses  congé¬ 
nères,  elle  couvre  d’immenses  espaces  dans  le  Nord,  où 
elle  est  une  ressource  précieuse  pour  la  nourriture  des 


\ 


1 


432 


Rennes.  Elle  se  rencontre  dans  toutes  les  parties  du 
monde.  ^ 

V.  gigantea  Ach.  1.  c  Hepp.  Fl.  £i«r.  823;  Cl.  ran- 
(jif.  V.  excelsa  Malbr,  L.  Norm  1 10;  v.  vulgaris^CH.  L.  H. 
77,  Clad.  arbuscula  (  Wallr.)  Krb.  S.  L.  G  p.  36.  — 
Podétions  très  grands  (12  à  15  centim.),  robustes-,  d’un 
blanc- cendré  glauque  agréable,  subverruqueux,  à  ra¬ 
meaux  latéraux  distancés  çà  et  là,  ceux  du  sommet 
courts,  épais,  penchés;  apothécies  rares,  brunes.  Cette 
belle  variété  se  reconnaît  de  loin  parmi  ses  congénères, 
à  sa  taille  et  à  sa  nuance  cendrée-bleuâtre  veloutée. 
—  Bruyères  de  Saint-Cyr  et  d'Aclou  (Eure). 

V.  sylvatica  Ach  1.  c.  Nyl.  1.  c-  Malr.  L.  Norm. 

15  ScH,  L  H  78.  —  Podétions  blancs  ou  blancs-jau- 

nâtres,  un  peu  épais,  gonflés,  à  divisions  extrêmes 

concolores,  presque  dressées,  non  atténuées.  Avec 
% 

le  type.  —  F.  fissa  Flk.  in  litt.  (Schær.)  Aisselles 
largement  ouvertes,  déchirées,  à  intérieur  jaunâtre. 

•  An  Y.  lacerata  Del  ?  Falaise  (Herb •  de  Brébisson). — 
F.  iwrtentosa  Schær  Nyl.  11  cc.  ;  Cen.  portentosa 
Duf.  Clad.  Bev.  Podétions  épais,  gonflés,  difformes 
comprimés,  lacérés,  à  rameaux  courts  fastigiés-  — 
Falaise,  Rouen  ,  Vire,  Brionne. 

V.  alpestris.  (Ach.  f.  pumila.  )  Nous  n’avons  pas 
chez  nous  le  type  de  cette  belle  variété  ;  tout  ce  que 
nous  avons  vu  se  rapporte,  soit  au  soit  au 

pumila,  qui  se  distingue  par  une  taille  moyenne,  des 
podétions  très  blancs,  très  rameux,  cespiteux,  enche¬ 
vêtrés,  à  aisselles  imperforées,  à  sommets  courbés, 
stériles? — Rouen,  Falaise. 

V.  anomala.  Forme  monstrueuse  singulière.  Les 


t 


sommets,  appauvris,  sont  réduits  cà  quelques  divisions 
stériles,  tandis  que  les  ramifications  latérales,  courtes, 
sont  développées  en  sorte  de  têtes  de  saule,  formées  de 
rameaux  ou  de  fruits  avortés,  mêlées  de  quelques  apo- 
tliécies  normales.  —  Trouvé  une  fois  dans  les  bruyères 
du  Madrillet,  près  de  Rouen. 

18.  Cl.  amaurocræa  Sgh.  Spic.  p.  34  L.  H.  272- 
273;  Enum.  p.  197;  Kan,  S.  L.  G  p.  26  (excl.  var.); 
Nyl.  Prod.  p.  39;  Syn-  p.  216;  Clad.  gracilis  v . 
amaurocræa  Fr.  L.  E.  p.  219  ;  Ccnomyce  oxyceras  Acn. 
Syn  p  264  (excl.  varr .)  ;  Cm.  uncialis  y uyy,  oxyceras, 
cladonioides  et  dicrœa  Del.  in  Dur.  B.  Gall.  p.  621 . — 
Podétions  élégants,  blancs  paille,  glabres,  presque  sim¬ 
ples,  courts  ou  allongés,  ou  très  rameux,  à  rameaux 
subulés  ou  scypliifères ,  à  scyphus  lacéré  en  crête. 
Aisselles  rarement  perforées. 

Sur  la  terre  ,  parmi  les  mousses.  Vire,  Falaise.  * 

19.  G-  uncialis  Hffm .  Fl.germ.  p.  117,  Fr.  L.  E. 
p.  244,  Nyl.  Syn.  p.  215,  Malrr.  L.  Norm,  111,  Ccno¬ 
myce,  Acn.  Syn.  p.  276,  Del.  in  Dury,  B.  gall.  p.  620, 
Moug.  St.  Vog.  165,  Clad.  ceranoides  DG.  Fl.  fr.  2  p.  337; 
Cen.  oxyceras  Y  üY.  obtus  ata,  Acn.  Syn  p  265,  Clad. 
stellata  Schær.  Enum.  p.  200,  Krb.  S.  L.  G.  p.  36.  — 
Thalle  foliacé  nul,  podétions  un  peu  rigides,  couleur 
de  paille  ou  soufrés,  glabres,  gonflés,  dichotomes,  à 
divisions  courtes,  à  aisselles  perforées,  à  sommets 
acuminés  ou  couronnés  par  quatre  à  six  rayons  diver¬ 
gents;  les  fertiles  digités  rameux;  apotliécies  brunes 
ou  pâles,  quelquefois  agglomérées.  Quoique  la  plante 
soit  très  commune,  les  fructifications  sont  assez  rares; 
sa  taille  varie  de  3  à  10  centimètres. 

Dans  les  bruyères  et  les  bois,  parmi  les  mousses. 

28 


I 


434 


V.  turgescens  Fr.  Son.  L.  IL  84,  Del.  —  Podc-tions 
très  rameux  plus  allongés,  turgescents,  dilatés,  dif¬ 
formes,  surtout  au  sommet,  qui  est  lacéré  et  irrégulier. 
La  V.  pseudoparecha  Del.  n’en  diffère  pas.  Les  v.  cla- 
donioides  et  celrariokks  Del.  sont  des  formes  plus 
égales,  plus  régulières,  se  rapprochant  du  C.  rangife- 
rina  sylvatica.  —  Falaise,  Vire. 

V.  leprosa  Del.  —  Podétions  courts,  cespiteux, 
couverts  de  tubercules  verruqueux,  stériles.  —  Sous 
les  pins  ;  forêt  de  l’Essart, 

« 

V.  pseudo-oxyceras  Del.  Schær.  —  Podétions 
moyens,  minces,  réguliers,  plus  rameux,  blanchâtres, 
stériles  ou  à  apothécies  subcorymbiformes  (V.  corym- 
bifera  Del.)  —  Falaise,  Vire,  Mortain  (Appartient 
peut-être  à  V amaurocræa.  ) 

D.  Apothécies  rouges  coccinèes  {Erythrocarpèes) . 

20.  C.  coriiucopioides(L.)FR.5c/i.  cn^.  3,  p.  19,  L.E. 
p.  236,  Krb.  s.  L  g  p.  28,  Nyl.  Syn.  p.  220;  Malbr. 
L.  Norm.  60,  Cenomyce  coccifera  Ach.  Syn.  p.  267, 
Moug.  St.  Vog.  752,  Del.  in  Dub.  B.  Gall.  p.  632  ;  Clad. 
extensa  Schær.  En.  p.  187,  L.  H.  51.  —  Thalle  à  fo¬ 
lioles  petites,  arrondies  crénelées  ;  podétions  pâles , 
cendré-verdâtres  ou  jaunâtres,  d’abord  lisses,  puis 
verruqueux,  squammeux-granuleux,  moyens  ou  petits, 
à  scyphus  turbinés  ou  cyathiformes,  réguliers  ou  à 
bords  irrégulièrement  dilatés-prolifères  ;  apothécies  ' 
d’un  rouge  cocciné ,  sessiles  ou  podicillées,  souvent 
confluentes 

Sur  la  terre;  bruyères,  bois  découverts,  toits  de 
chaume. 


V.  humiiis  Del.  —  Podôtions  petits,  assez  exacte¬ 
ment  cyathifonnes ,  à  bords  couronnés  par  de  petites 
apotliécies  sessiles ,  rarement  prolifères.  —  Vire, 
Rouen  (  Saint-Léger-du-Bourg-Denis  ). 

V.  phyllocoma  (Flk.-).  Krb.  —  Podétions  cendrés 
verdâtres,  couverts,  ainsi  que  les  scyplius,  de  petites 
folioles  ;  apothécies  agglomérées  (  f.  pohjcephala  eXphyl- 
locephala  Schær  .  ) .  —  Brionne ,  Forges-les-Eaux. 

V.  pleurota  Nyl.  Syn.  p.  220,  Krb.  1.  c.  Scn.  L. 
H.  50;  Cenom.  pleurota  Kcr.  Sy7i.  270.  — Podétions 
tout  entiers  ou  au  moins  au  sommet  blancs  pulvéru¬ 
lents  Ditfère  de  la  var  précédente  comme  le  fimbriata 
du  pyxiclata^  mais  moins  constamment. 

21.  C.  bellidiflora  ScHÆR.  p.  21;  Fr.  L  F-, 
P .  237.  ScHÆR,  £n'U77i.  p.  189,  L.  H.  39-42,  Nyl. 
Syn-  p.  221,  Krb.  S.  Z.  G-  p.  29;  Cenomyce  Ach. 
Syii^  p.  270,  Del.  inDuB.  B.  gall-  p.  633.  —  Thalle  à 
petites  folioles  incisées  crénelées,  à  podétions  grands, 
d’un  jaune  cendré  verdâtre, brunis  à  la  base,  squammeux 
foliacés,  tnrbinés  scyphifères,  scyphus  étroits,  rare¬ 
ment  prolifères;  apothécies  nombreuses  agglomérées. 

Sur  les  roches  humides .  Alençon  (Herb .  de  Bré- 
bisson.) 

22.  C.  digitata  (L.)  Hffm  Fl.  germ,  p.  124,  Schær. 
Enum.  p.  188,  Z.  H.  43-45,  Fr.  L,  E.  p.  240,  Krb. 
S.  L.  G.  p.  31,  Nyl.  L  P.  ^\^Syn.  p.  222,  Cenomyce 
Ach.  Syn^  p.  267,  Del  inDuB.  B.  gall.  p.  633.  . — 
Thalle  souvent  macrophylle  (v.  macropfiylla  Del.), 
à  folioles  verdâtres  ou  jaunâtres  crénelées  lobées  , 
blanches  pjulvérulentes  en  dessous,  podétions  souvent 


436  - 


pulvérulents  furfuracées ,  à  base  presque  lisse  fo¬ 
liacée,  un  peu  brunie,  du  reste  d’un  blanc  jaunâtre 
ou  obscur,  un  peu  allongés,  turbinés  scypbifères, 
rameux  digités,  par  une  prolification  irrégulière  laté¬ 
rale  et  marginale  ;  scyphus  à  bords  denticulés,  fimbriés 
digités  ou  prolifères  ;  apothécies  distinctes  ou  con¬ 
fluentes.  —  Espèce  bien  caractérisée  par  ses  podétions 
pulvérulents  jaunâtres  et  leur  prolification . 

Sur  les  troncs  et  parmi  les  mousses.  Falaise,  Vire. 

Les  vv.  inconspicua  et  monstrosa  Del.  1.  c  méritent 
à  peine  d’être  séparées  du  type;  les  podétions  sont 
enflés,  difformes,  presque  stériles  ascypliés. 

V,  Dilleniana  Del.  1.  c.  —  Podétions  pâles,  blan¬ 
châtres,  très  rameux,  un  peu  cespiteux- — Falaise. 

V.  cephalotes  Acn.  —  Podétions  pâles  blanchâtres, 
allongés,  gracieux,  peu  rameux,  à  scyphus  simplement 
digités  radiés  au  bord.  —  Falaise. 

V.  denticulata  Acn.  —  Podétions  pâles,  plus  courts 
que  dans  la  var.  précédente,  simples,  scyphifères , 
scyphus  en  forme  d’ampoule,  un  peu  contractés  au 

N 

bord,  qui  est  denticulé.  — Falaise  (Herb.  de  Brébisson). 

V.  seductrix  Del.  1.  c.  Nyl.  1.  c  — Thalle  très 
développé  formé  de  petites  feuilles  vertes  crénelées 
multifides;  podétions  étroits,  cylindriques  ascyphés , 
microcarpés .  —  Vire  (Herb .  Lenormand .  ) 

V.  conglomerata  Del.  (Herb.  Lenorm — Podé¬ 
tions  simples,  à  scyphus  divisés  digités  subcorymbi- 
formes  fastigiés,  à  apothécies  nombreuses.  —  Fou¬ 
gères. 


437  -- 


/ 


23.  C.  macilenta  Hffm.  FL  germ.  p.  12G;  Fii.  L.  E 

p.  240,  ScHÆR.  p.  186,  Krb.  S-  L.  G  p.  31, 

Nyl  Syn.  p.  223,  Malb.  L-  Norm.  16;  Ccnomyce 
b acillaris  Agr .  Syn.  p.  266,Moug.  St.  Vog.  750;  Del 
1.  c.  p.  634-  — Thalle  peu  développé,  folioles  arron¬ 
dies,  crénelées;  podétions  cendré-glauques  ou  blan¬ 
châtres,  cylindriques,  granuleux  pulvérulents,  simples, 
obtus  et  sans  scyphus  (v.  filiformis  Fr  )  ou  divisés 
courtement  au  sommet  ou  encore  à  scyphus  étroit, 
irrégulier,  radié;  apothécies  souvent  syncarpées  ou 
isolées  sur  les  rayons. 

Sur  la  terre  ;  bois ,  bruyères . 

V.  filiformis  (Relh.)  Krb  5'.  L.  G.  p.  31.  Schæb  . 
L.  H.  33,  34;  varr.  albicans  ei  pseudo-cornuta  Del. 
1.  c.  —  Podétions  simples,  subulés,  stériles,  atténués 
(f.  clavata  Acn.).,  terminés  par  des  apothécies  syncar¬ 
pées  (f.  sy ncephala  Schær  .)  ou  divisés  fertiles 

([.  polycephala  Krb.,  ramulosa  Scn.  L,  FI.  36). 

I 

V.  polydactyla  Fr.  L.  E.  p.  241,  Schær.  Im.  p.  186, 
L.  H  454,  Krb.  S.  L.  G.  p.  31  ;  Nyl.  Syn,  p-  223-  — 
Thalle  plus  développé  ;  podétions  furfuracés-squam mu- 
leux,  mais  foliés  à  la  base  et  pulvérulents  au  sommet; 
scyphus  informes,  étroits,  simples  ou  divisés ,  digités 
prolifères.  Cette  variété  comprend  les  formes  coronata 
Ach.  etAlphaBEL. — Vire,  Falaise. 

24.  C.  Flœrkeana  Fr.  L.  S.  Exs.  82,  Scn.  Enuni. 
p.  189;  Nyl.  Syn.  p-  225;  Krb.  S.  L.  G.  p.  29; 
Malb.  L.  Norrn.  159,  Cen.  bacillaris  y.  Flœrkeana  Del. 
in  Dur.  D.  gall.  p.  634. —  Thalle  à  folioles  petites, 
blanches  verdâtres  ;  podétions  moyens,  blanchâtres,  à 
épiderme,  d'abord  lisse  continu,  puis  granuleux-squam- 


-  438  - 

s 

nmleux ,  brun  à  la  base,  obscurément  scyphifères  ou 
divisés  fastigiés;  apothécies  agglomérées  ou  con¬ 
fluentes  . 

Sur  la  terre  grasse,  sous  les  pins;  Falaise  (M.  de 
Brébisson). 

Cette  espèce  est  souvent  réunie  avec  la  précédente  ; 
elle  s’en  distingue  par  son  épiderme  lisse  dans  le  jeune 
âge  ;  mais  il  prend  bientôt  l’apparence  granuleuse  du 
macilenta,  et  je  ne  l’en  sépare  que  par  respect  pour 
les  autorités  qui  ont  consacré  sa  distinction  spécifique. 

25.  G.  Brebissonii  Del.  et  Due.  B-  gall.  p.  634. 
—  Plante  très  exigue ,  à  folioles  très  petites,  à  laci- 
niures  arrondies,  crénelées,  pulvérulentes;  podétions 
rigides  très  simples,  subuliformes  ;  apothécies  termi¬ 
nales  petites;  agglomérées.  — Dans  les  bruyères;  Fa¬ 
laise  (de  Brébisson).  J’ai  trouvé  la  même  plante  aux 
environs  de  Paris. 

Trib.  V.  -  STEREOGAULÉS. 

Thalle  cespiteux,  fruticuleux,  formé  de  podétions 
pleins  à  axe  médullaire  filamenteux,  à  épiderme  rare¬ 
ment  lisse ,  mais  le  plus  souvent  formé  de  squammes 
ou  granulations  fragiles;  apothécies  terminales  ou  la¬ 
térales  ,  lécidéines ,  brunes  ou  noirâtres  (  pâles  étant 
jeunes);  spores  cylindracées-fusiformes  cloisonnées. 
Plantes  saxicoles  ou  terricoles. 

a.  Sclïrch. 

Caractères  de  la  Tribu  : 

On  rencontre  fréquemment  dans  ce  genre  et  dans 
quelques  autres  des  tribus  qui  suivront  (  Usnés ,  Ra- 


-  439  — 


malinès),  des  renflements  globuleux  ou  dilformes,  ap¬ 
pelés  céphalodies.  Elles  apparaissent  sur  la  couche 
corticale,  dont  elles  se  distinguent  par  une  coloration 
différente,  ordinairement  plus  pâle.  Est-ce  une  maladie 
du  thalle  ou  des  organes  destinés  à  suppléer  aux  or¬ 
ganes  normaux  de  la  fructification  ,  comme  les  bul- 
hilles  (Nyl.)?  On  l’ignore,  et  leur  rôle  est  encore 
inconnu.  * 

1.  S.  coralloides  Fr.  L.  S.  Exs.  118;  Nyl.  Syn. 

P  241,  S>  corallinum'FR.  L.  E.  p.  201,  Qcuæik,  Enum. 
p.  180  L>  //.•261,  Krb.  s.  L.  G.  p.  11;  aSO  paschak 
Ach.  Meth.  p.  315,  pr.  p.;  Moue.  St.  Vog.  73.  — 
Thalle  (podétions)  petit  ou  moyen,  cespiteux ,  très 
rameux ,  ascendant  ou  dressé,  glabre,  à  granulations 
cendrées  divisées  -  digitées  coralloides  ;  apothécies 
moyennes,  brunes  ou  testacées  roussâtres;  céphalodies 
verruqueusos,  difformes,  cendrées  bleuâtres. 

Sur  les  roches  granitiques;  Vire;  Ardoisières  de 
Gaumont  (Calvados). 

V.  pulvinatum  Scn.  1.  c.  Granulations  verruqueuses 
rapprochées,  agglomérées  à  l’extrémité  des  rameaux, 
rarement  divisées.  —  Vire. —  C’est  la  var.  conglomera- 
tum  Del.  in  Duby  et  probablement  la  var.  îenuissimum 
Del.  in  Hb  ,  de  la  forêt  de  Saint-Sever,  près  Vire,  qui 
paraît  à  M.  Nylander  une  forme  stérile  faisant  passage 
à  l’espèce  suivante. 

2.  St.  Delisel  Bor.  in  Dub.  Bot.  gall.  p.  Cl 9. 
ScHÆR.  En.  p.  178,  Nyl.  Prod.  p.  42,  Syn.  p.  242.  — 
Podétions  plus  petits,  lâchement  cespiteux,  nus  â  la 
base,  rameux  (dendroides)  au  sommet,  élégants,  à  gra¬ 
nulations  cendrées  pressées ,  divisées ,  pulvérulentes  , 


440 


imitant  dos  sorédies  blanches.  On  ne  connaît  pas  la 
Truc  ti  fl  cation. 

Rochers  et  landes  de  la  Basse-Normandie.  Il  n’a 
jamais  été  rencontré  ailleurs.  —  Nylander  considère  ce 
Lichen  comme  une  forme  sorédifère  du  précédent,  dont 
il  se  rapproche  par  ses  granulations  bien  développées 
et  ses  céphalodies. 

3.  St.  paschalé  (Laur.)  Agii.  3Ieth.  p.  315,.%n.  p.  284 
pr.  p.,  Fr.  L.  E.  p.  202;  Schær.  Enum  p.  181,  Nyl. 
Syn.  p.  242,  Krb.5.  L,  G.  p.  12.  —  Thalle  à  podétions 
pressés,  mais  non  cespiteux,  dressés  ou  im  peu  décom- 
hants,  à  axe  glahriuscule  nu  ou  légèrement  blanc 
arachnoïde,  à  granulations  blanches  ou  blanches  cen¬ 
drées  crénélées  ;  apothécies  du  coralloïdes. 

Nous  n’avons  en  Normandie  qu’une  forme  basse 
{minus]  à  podétions  décombants  un  peu  cespiteux. — 
Vire.  —  Cette  plante  diffère  du  coralloidcs  par  sa  couleur 
plus  blanche  et  ses  granulations  moins  divisées. 

4.  St.  tomentosum  (f.  campestre)  Krb.  S.  L.  G. 
p.  11,  Nyl.  Syn.  p.  244;  Fr.  L.  E.  p  201,  St.  alpi- 
num  \ .  botryosum,  Sguær.  Enum.  p.  181  H.  2G4. 
—  Podétions  moyens,  à  rameaux  divariqués ,  à  axe 
tomenteux-arachnoide ,  blanc,  couvert  de  granulations 
blanches  cendrées  ou  bleuâtres,  déprimées  crénelées, 
nulles  en  dessous  des  rameaux  ;  apothécies  petites, 
brunes  ou  pâles. 

Vire  (M.  Lenormand). 

5.  St.  denudatum  Flk .  D-  A.  79,  Mouo  St.  Vog. 

4GG,  Fr.L  E.  p.  204, 'ScHÆR.  p.  179,  Krb. 

S.  L.  G  p.  13,  Nyl.  Syn.  p-  247;  St  paschalé  v. 
denudatum  Sch/ER.  SpiciU  p.  274. — Podétions  moyens. 


t 


—  441 


t 


simples  et  grêles  ou  rameiix  et  atténués  au  sommet, 
glabres  et  arrondis,  à  granulations  planes  déprimées 
au  milieu,  presque  peltées  crénelées,  blanchâtres  ou 
cendrées;  apothécies  petites,  brunes  ,  planes. 

Sur  les  rochers  granitiques;  Vire  (M.  Lenormand). 

6.  St.  cereolinum  Ach .  Syn-  p  285,  Krb  S.  L. 
G.  p.  14,  Nyl.  Syn,  p.  250;  St.  cereolus  Son.  En. 
p.  178;  St.  pileatum  Acu.  Syn.  p.  285;  Mono  St. 
Vog,  947,  St,  conclensatum  Fr.  L  E,  p.  203  pr.  p. 
—  Podétions  petits  (1  millimètre  ou  2  )  ,  rigides, 
glabres,  simples  ou  peu  rameux,  cà  granulations  cen¬ 
drées  ou  blanchâtres,  noueuses-crénelées  ;  apothécies 
brunes  convexiuscules,  souvent  confluentes. 

Sur  les  schistes  ;  vallée  de  Quincampoix  (M.  Le  Jolis)  ; 
Vire.  —  Espèce  distincte  par  son  thalle  ,  étale  à  la  base 
granuleux ,  étroitement  adhérent  au  substratum  , 
presque  crustacé  et  par  ses  podétions  courts  presque 
simples. — J’ai  reçu,  sous  le  nomade  condyloideum, 
une  plante  de  la  Manche  qui  ne  paraît  pas  en  différer, 
ainsi  que  l’a  reconnu  déjà  M.  Le  Jolis. 

7.  St.  nanum  Ach.  Melli.  p-  315,  Syn,  p.  285, 
Moue.  St.  Vog.  p.  647,  Fr.  L.  E  p.  205,  Krb. 
vSh  L.  G.  p.  14,  Nyl.  Syn.  p.  253;  St.  quisquiliare 
ScH.  Enum.  p.  178.  L.  H.  588. —  Podétions  très 
petits ,  filiformes  ,  pressés ,  cespiteux  ,  simples  ou 
rameux  au  sommet ,  à  rameaux  fastigiés  ,  à  axe  glabre 
ou  un  peu  arachnoïde,  à  granulations  glauques  ou  vert- 
degrisées,  petites,  pulvérulentes  ;  quelquefois  toute  la 
plante  a  l’apparence  d’une  lèpre  glauque;  ailleurs  ses 
axes  sont  dénudés.  Apothécies  inconnues. 

Sur  la  terre,  entre  les  pierres  des  murs  ;  Cherbourg. 


-  442  — 


Sér.  III.  —  RAMAWDÉS. 

Thalle  fruticuleux  ou  filamenteux,  dressé  ou  pen¬ 
dant,  arrondi  ou  comprimé  ,  sans  folioles  ni  granula¬ 
tions;  apothécies  lécanorines,  rarement  lécidéines  ou 
difformes. 

Trib,  VI.  ROCELLÉS. 

Thalle  simple  ou  rameux,  souvent  blanchâtre,  ou 
un  peu  bruni,  assez  tenace,  à  intérieur  rempli  par  une 
moelle  filamenteuse;  apothécies  adnées,  noires  ou 

noirâtres.  —  Plantes  croissant  habituellement  sur  les 

« 

roches  maritimes. 

I.  aiOCELLA.  »€• 

Thalle  fruticuleux ,  arrondi  ou  comprimé  ,  blan¬ 
châtre,  quelquefois  cendré  livide,  opaque  presque 
lisse,  un  peu  ferme  ou  flasque;  apothécies  latérales  ou 
marginales,  de  forme  variable;  hypothécium  épais 
noir.  Spores  oblongues  fusiformes,  à  trois  cloisons.  — 
Ces  espèces  ne  fructifient  bien  qu’en  Amérique.  Les 
Sorédies  en  représentent  chez  nous  les  fruits  avortés. 

1.  R.,  tinctoria  DG.  Fl.  fr-  2  p.  334,  Acn.  Syn. 
p.  243  pr.  p.  Fr.  L.  E.  p.  33,  Schær.  Enum.  p.  7,  Nyl. 
Syn.  p.  2.58.  —  Thalle  arrondi  ou  peu  comprimé ,  blan¬ 
châtre  ou  pâle  livide,  opaque  (surface  légèrement  prui- 
neuse) ,  allongé  vermiculaire,  simple  ou  un  peu  rameux  ; 
apothécies  éparses  ou  rapprochées,  noires,  couvertes 
d’une  pruine  blanche. 

Cherbourg  (falaises  de  Gréville].  —  La  forme  de 
notre  littoral  se  rapproche  de  l’espèce  suivante,  comme 
le  remarque  M.  Nylander  ;  le  type  est  en  Amérique. 


443 


2.  R.  phycopsis  Ach.  L.  U.  p.  440,  Syn.  243,  DC- 
FL  fr.  6,p.  179,  Dub.  B.  gall.  p.  615,Schær.  Enum, 
p.  7,  Nyl.  Prod,  p.  43,  Syn-  p.  259.  — Thalle  blan¬ 
châtre,  pâle  ou  glauque  livide,  souvent  sorédifère  , 
arrondi  ou  comprimé,  très  rameux  et  formant  des 
touffes  cespiteuses  ;  apothécies  petites  ,  lécidéines  , 
noires,  nues  ou  légèrement  pruineuses.  Stérile  dans 
la  Manche. 

Sur  les  murs  et  les  rochers  du  littoral  de  la  Manche. 

% 

M.  Le  Jolis  Ta  trouvé  aussi  en  abondance  sur  les  troncs 
des  chênes  à  Urville-Hague. 

3.  R.  fuciformis  Ach.  L.  U.  p.  440,  Syn.  p  244, 
DC.  FL  fr.  2,  p.  335;  Dub.  B.  gall.  p.  614,  Fr.  L.  E 
p.  33;  ScHÆR.  Enum.  p.  7,  Nyl.  Syn.  p.  261.  — 
Thalle  plan  ruhaaé,  blanc  ou  blanc  glauque  bruni, 
rameux ,  plus  grand  que  les  précédents  ;  apothécies 
lécanorines  superficielles,  marginales,  pruineuses. 

Sur  les  rochers  maritimes  de  la  Hague,  Jobourg, 
Gréville ,  Saint-Malo ,  îles  Ghausey. 

'Trib.  VH.  SIPHULÉS. 

Espèces  exotiques. 

J  Trib.  VIIT.  USNÉES 

Thalle  blanc  ou  blanc  verdâtre,  rameux,  dressé 
ou  pendant ,  à  axe  solide  filiforme  ;  apothécies  léca¬ 
norines,  peltées,  ciliées  au  bord;  spores  simples. 

1.  ilflfii. 

Thalle  arrondi  ou  un  peu  comprimé  ,  allongé  ,  fila¬ 
menteux,  pendant,  à  ramules  fibrilleux  écartés;  apo- 


-  444  - 


I 


thécies  grandQS,  concolores,  pâles  ou  glaucescentes 
terminales.  —  Thalle  souvent  stérile ,  couvert  de  so- 
rédieset  de  céphalodies.  Ces  plantes  aiment  les  grandes 
forets  et  croissent  sur  les  arbres ,  rarement  sur  les 
pierres  ou  la  terre . 

1.  U.  barbata  Fr.  Sclied.  Crû.  9  p  34,  L.  E. 

p.  18,  ScHÆR.  Enum.  p.  3,  Nyl.  Procl.  p.  44.  — 
Thalle  blanc,  glauque  ou  pâle,  dressé  ou  pendant, 
apothécies  grandes,  concolores  au  thalle,  ciliées  au 
bord.  Espèce  polymorphe,  dont  plusieurs  formes  ont 
été  décrites  comme  espèces  ,  mais  elles  offrent  des 
transitions  nombreuses  et  sont  difficiles  à  limiter. 

V.  florida  Fr.  L.  E.  p.  18,  Schær.  Enum.  p.  3; 
L.  H.  398  Nyl.  Procl.  p.  44;  Syn.  p.  267;  Malb. 
L.  N.  160,  U.  florida  DC.  Fl.  fr-  2,  p.  332,  Ach.  Syn. 
p.  304,  Moug.  St.  Vog  ,  260,  Krb  S.  L.  G.]}.  3.— 
Thalle  moyen,  ordinairement  dressé,  à  rameaux  ou- 
verts-presque  simples,  cendré  pâle  ou  cendré  jaunâtre, 
glabre  à  fibrilles  nombreuses  divergentes;  apothécies 
grandes  longuement  ciliées. 

Rare  en  fruit;  Basse-Normandie;  vu  une  fois  à  la 
mare  de  TEpinay  (Rouen). 

V.  hirfa  Fr.  L.  E  p.  18,  Schær.  En  \.  c.  L.  H. 
399,  Nyl.  Syn.  1.  c.  Malb.  L.  Norm.  17  ;  Usn.  pliaata 
V,  flirta  Ack.  Syn.  p.  305.  —  Thalle  plus  court,  très 
rameux,  dressé,  cendré  verdâtre  ou  obscur,  quelque¬ 
fois  rougeâtre  brillant,  coralloïde  à  la  Èase,  scabre 
pulvérulent  par  les  sorédies  nombreuses  dont  il  est 
couvert,  fibrilles  peu  nombreuses;  apothécies  à  cils 
courts.  —  Commun  sur  les  arbres  (pommiers,  pins, 
chênes,  etc  ) 


\ 


i 


-  445 


V.  dasypoga  Fr.  1.  c.  Nyl.  1.  c.  U.  barbata  v. 
dasy pog a  Ac,n.  Syn.  p.  306,  Sghær.  En.  p.  4;  L.  H. 
402;  U.  barbata  DG.  Ft.  fr.  2,  p.  333.—  Thalle  allongé 
pendant,  peu  rameux,  blanc  cendré,  à  fibrilles  assez 
nombreuses  courtes  divergentes  ;  apothécies  moyennes. 
—  Forêt  de*  Saint-Sever  (Chauvin),  dans  l’herbier  de 
M .  Blanche ,  avec  de  belles  spermogonies  ;  forêt  de 
Bricquebec  (M.  Le  Jolis) . 

V.  articulata  Ach.  Meth.  p.  313,  Sy7i.  p.  307, 
ScHÆR.  En-  p.  4,  Nyl.  Syn.  268;  U.  articulata  DC . 
Fl.  fr.  2,  p  334,  Krb.  S.  L.  G.  p.  4.  —  Thalle  cendré 
pâle  ou  jaunâtre  ou  bruni,  allongé  rameux,  pendant, 
articulé,  fibrilleux  rameux  ou  presque  sans  fibrilles,  à 
articles  difformes  séparés  par  un  étranglement  ;  apo¬ 
thécies  petites.  —  Forêt  de  Bricquebec ,  le  Mesnil 
(Le  Jolis),  Vire. 

V.  plicata  Fr.  L.  E-  1.  c  Schær.  1  c.  L.  Fl..  401, 
Nyl.  1.  c.  U.  plicata  Acn.  Syn  p.  305,  DC.  FL  fr.  2 
p.  333,Moug.  St.  Vog.  166-  —  Thalle  long  pendant, 
pâle,  lisse,  à  ramilications  enchevêtrées,  fibrilleuses, 
un  peu  articulé  dans  les  plus  anciennes  ;  apothécies 
petites  longuement  ciliées  au  bord.  —  Sur  les  arbres 
(Le  Jolis,  Leturquier). 

Trib.  IX.  —  RAMALINÉS. 

Thalle  variable  ,  prenant  quelquefois  l’apparence  de 

la  tribu  précédente ,  mais  renfermant  intérieurement 
« 

une  moelle  lâche;  apothécies  lécanorines  à  bord  en¬ 
tier  et  nu.  Des  spermogonies  latérales  fréquentes. 


44G 


ï.  AÎ.B3€TOSlï.%.  I%>!. 

Thalle  filamenteux  arrondi  ou  comprimé,  dressé 
pendant  ou  étalé,  souvent  mêlé-rameux.  à  épithalle 
un  peu  brillant;  apotliécies  discolores  Port  et  habitat 
des  Usnea,  mais  habitant  aussi  les  rochers  • 

1.  A.  bicolor  Nyl.  Prod.  p.  45,  Syn.  p.  279; 
Cornicularia  Ach.  Syn.  p.  301,  DG.  Fl.  fr.  2,  p.  330, 
Moug  .  St.  Vog^  167;  Corn .  juhata  y  .  bicolor  Scuær  . 
Enum.  p  b,  L.  H.  405  ;  Evernia  Fr.  L.  E  p  20.  — 
Thalle  noir  ou  brun  noirâtre  ou  çà  et  là  nuancé  de 
châtain  ou  de  brun  pâle,  arrondi,  dressé,  très  rameux, 
enchevêtré  à  ramules  ténus  divariqués  fibrilleux ,  à 
sommets  un  peu  cendrés  ou  pâles  ;  apothécies  très 
rares,  noirâtres,  petites.  On  ne  retrouve  en  Normandie 
que  la  var.  inelaneira  Acn.  presque  entièrement  noire- 

Falaise,  sur  les  roches  de  grès. 

2  A.  jubata  Acn.  L.  U.  p.  592,  Syn.  291,  Nyl. 
Prod.  p.  45,  Syn  280;  Cornicularia  DC.  Fl.  f.  2, 
p.  332,  ScHÆR.  Enum.  *p.  5;  Evernia  Fr.  L  E. 

t 

p.  20  (excl.  var.  a  );  Bi^yopogon  jubatum  Krb .  S.  L  G. 
p.  5  —  Thalle  brun  livide  ou  noirâtre  ou  très  pâle 
(dans  une  forme  alpestre)  allongé,  capillaire,  arrondi, 
comprimé  aux  aisselles,  rameux,  couché  ou  pendant, 
habituellement  mêlé  -  enchevêtré  ;  apotliécies  baies, 
petites,  planes  ou  convexes.  Cette  espèce, répandue  sur 
tout  le  globe,  ne  fructifie  pas  en  Normandie. 

Falaise,  sur  les  rochers.  CestlRYSiT.clialybeiformis 
'  Ach.  Scii.  L.  H.  396,  à  thalle  olive-noir  plus  simple, 
flexueux  décombant. 

3.  A.  crinalis  Ach.  Syn.  292,  MouG.  St.  Vog. 


\ 


755;  Al.  ochrolcuca  v.  sarmcntosa  Nyl.  Syn.  p.  282  , 
Cornicularia  Sghær.  Enum.  p.  6,  L.  H.  551,  Bryo- 
pogon  sarmentosum  Krb.  S.  L.  G.  p .  7.  —  Thalle  grêle 
pâle  jaunâtre,  très  allongé  (atteignant  quelquefois 
3  ou  4  décimètres),  pendant,  très  rameux,  à  aisselles 
comprimées,  à  sommets  atténués  allongés  concolores , 
mêlé,  lisse  ou  marqué  de  dépressions;  apothécies  d’un 
bai  roux  ou  brun. 

Forêt  de  Savigny  (Manche);  Herb.  de  Brébisson. 


II.  EVIIRIVIA.  .4cl&.  I%yl. 

Thalle  blanc  cendré  OU  jaunâtre,  opaque,  flasque, 
dressé  ou  couché  ou  pendant,  comprimé,  rameiix- 
lacinié,  sans  fibrilles  radiciformes  à  la  face  inférieure, 
à  intérieur  tout  entier  formé  d'une  moelle  laineuse  ; 
apothécies  latérales  ;  spores  simples. 

1.  E.  prunastri  Ach.  L.  U.  p.  442,  Syn.  p.  245, 
Moug.  St.  Vog,  545  (fertile)  Fr.  L.  E.  p  25,  Krb. 
5.  L.  6^.  p.  42.  Nyl.  vSyn.  p  285;  Malb.  L.  Norm.  18; 
Physcia  DG.  Fl.  fr.  2,  p.  397,  Schær.  Enum.  p.  11 
L.H.39{.  —  Thalle  pâle  blanc  glauque  ou  jaunâtre, 
rugueux-lacuneux  ou  réticulé,  plus  blanc  en  dessous, 
canaliculé  et  nerveux,  lacuneux,  lacinié-multifide  à 
divisions  dichotomiques,  épanouies  souvent  selon  un 
plan  orbiculaire,  à  sorédies  marginales  (f.  soredifera 
Ach.  Sch  )  ou  nulles;  apothécies  subpodicillées  laté¬ 
rales,  très  rares. 

Sur  les  troncs  ,  les  cloisons  en  bois.  Très  commun 
et  stérile .  Vu  une  seule  fois  en  fruit  ;  M.  Le  Jolis  l’a 
rencontré  aussi  à  Bricquebec- 


F.  terrestris  Nyl.  Ev.  prunastri  v  arenaria  Fr. 
L  E.  P  25.  —  Thalle  plus  grand  irrégulièrement 
développé ,  presque  concolore  des  deux  côtés.  — 
Bruyères  de  la  Pie ,  à  Aclou  (Eure) . 

2.  E.  furfuracea  (L.)  Fr.  L.  E.p^  25;  Nyl.  Syii. 
p.  285;  Krb.  L.  G',  p.  /i3  ;  Borrera  Acu.  Syn, 
p.  222;  f^hysciaDG.  Fl.  fr.  2,  p-  39;  Schær  Enuin. 
p.  10;  L.  II.  387;  Moucx.  St.  Vog.  63.  —  Thalle 
assez  grand  ou  moyen,  lacinié  dichotomo,  cendré  à 
superficie  en  partie  furfuracée  isidioide  ou  glabre  et 
blanchâtre;  la  face  inférieure  est  concave  subcanali- 
culée  noirâtre  ou  bleue  noirâtre;  apothécies  d’un  bai 
roux  ,  â  peu  près  marginales. 

Forêt  de  Mortain  (Herb,  de  Bréb.). 

111.  Ach.  Fl*. 

Thalle  blanchâtre  jaunâtre  ou  verdâtre  ou  pâle,  ar¬ 
rondi  ou  comprimé-dilaté,  mou  ou  un  peu  cartilagi¬ 
neux  .  concolore  sur  les  deux  faces;  port  variable; 
apothécies  éparses  ou  marginales,  concolores  au  thalle; 
spores  uniseptées 

1.  R.,  scopulorum  Acu.  G.  U.  p.  604,  Syn.  p.  297, 
Fr  L.  E.  p.  32,  Schær.  Enum  p.  9,  L,  H,  554, 
Nyl.  Syn.  p.  292,  Malb  L.  Nonn-  161,  Physcia'DG- 
Fl  fr.  6,  p.  190.  —  Thalle  très  variable  pour  le 
port  et  la  taille  qui  varie  de  2  à  20  centimètres,  un  peu 
brillant ,  lisse  ou  un  peu  inégal  (dans  la  longueur), 
presque  simple  ou  rameux,  arrondi  (dans  les  stations 
maritimes?)  ou  dilaté-comprimé  ;  apothécies  pâles, 
planes  ou  convexes  ,  latérales  ou  subterminales. 


I 


—  449  — 

» 

Sur  les  rochers  maritimes  :  Cherbourg ,  îles  Ghau- 
sey,  et,  dans  l’intérieur,  sur  les  grès  ;  Falaise,  Cham¬ 
brais  (Le  Prévost);  rochers  de  Potigny  (Roherge)  ; 
Saint-Malo. 

V.  cornuta  Ach.  1.  c.  Le  Jol.  L.  Cherb.  p.  26.  ^ 
Rameaux  arrondis,  noueux  ,  courbés ,  subfistuleux , 
simples. —  Avec  le  type. 

2.  R.  calicaris  Fr.  L.  E.  p.  30,  Nyl.  Prod,  p.  47, 
Syn  p.  293,  Krb.  S.  L.  G.  p.  39.  Malb.  L.  Norm.  19; 
/?.  fraxinea  var.  calicaris  Schær.  Enum.  p.  9, 
L.  H,  493;  R.  calicaris  v.  canaliculala  Fr.  1.  c.  — 
Thalle  pâle  cendré-jaunâtre  ou  glaucescent,  rigide 
linéaire,  inégal  lacuneux  canaliculé  ,  un  peu  brillant, 
rameux,  à  divisions  dichotomiques  ;  apothécies  pâles 
concolores  planes,  situées  sur  la  surface  du  thalle, 
souvent  subterminales  appendiculées  par  le  sommet 
du  rameau  déjeté  (calcarata). 

Sur  les  troncs.  —  Des  transitions  fréquentes  con¬ 
duisent  aux  variétés  suivantes  et  les  réunissent. 

V.  fraxinea  Fr.  1.  c.  Nyl-  L  c.Malb.  L.  Aom.61, 
Ram.  fraxinea  Ach.  Syn,  p.  296;  Moug.  St>  Vog. 
158;  Krb.  S.  L,  G-  p.  38;  /î.  fraxinea  v.  ampliata 
Schær.  1.  c.  L,  E.  492-  — Thalle  élargi  (jusqu’à 
3  centim.),  ondulé  reticulé-rugueux,  cendré  vert  ou 
glauque  ;  apothécies  marginales  et  latérales  (on  dirait 
mieux  superficiaires, mot  déjà  employé  parLeturquier). 
—  Sur  les  arbres . 

V.  fastigiata  Fr.  1.  c.  Nyl  1.  c.  Krb.  1.  c.  p.  39  ; 
Malbr.  L.  Norm  62,  DG.  Fl,  fr,  2,  p.  398;  Ramalina 
Ach.  Syn  p.  296;  Moug.  St.  Vog>  Ab2;Ram.  fraxinea 
29 


450  — 


V.  fastigiata  Sghær-  Enum.  p.  9,  L.  H.  491 .  — Thalle 
petit,  à  divisions  pressées  fastigiées  ;  apothécies  ter¬ 
minales  ou  subterminales .  —  Très  commun  sur  les 
troncs  et  les  branches  d’arbres. 

« 

V.  farînacea  Fr.  L.  F.  p.  31,  Nyl.  Prod.  p.  47,  Syn. 
p.  2^94,  M4LB.  L.  Norm.  20,  Physcia  DG.  Fl.  fr.  2,  p.397; 
Ram.  farinacea  Acn.  Syn.  p.  297;  Mono.  St.  Vog. 
356  ;  Sghær.  Enum.  p.  8,  L.  H.  494,  Krb.  1.  c.  p.40. 
—  Thalle  un  peu  flasque,  à  laciniures  étroites,  planes, 
lisses,  portant  de  nombreuses  sorédies  blanches,  mar¬ 
ginales,  habituellement  stériles.  Rencontré  un  seul 
.fruit  sur  le  hêtre.  —  Très  commun  sur  les  arbres,  sur¬ 
tout  les  chênes. 

3.  R.  pollmarîa  Agh.  L.  F.  p.  608,  Syn.  p.  298, 
Fr.  L  E.  p.  31,  Sghær.  Enum.  p.  8,L.  H.  393  (/m- 
milis),  Krb.  .S.  L.  G.  p.  40,  Nyl.  Syn.  p.  296,  Malb. 
L.  Norm.  63  ;  Pfiyscia  squarrosa  DG.  FL  fr.  2,  p.  398. — 
Thalle  pâle  cendré  ou  blanc  glaucescent,  semé  de  so¬ 
rédies  blanches,  élargi  membraneux,  ridé  lacuneux 
réticulé,  lacinié-lobé;  apothécies  inconnues  en  Nor¬ 
mandie,  analogues  â  celles  des  espèces  précédentes. 

Sur  les  murs,  les  troncs,  les  cloisons,  dans  les  lieux 
découverts.  Gommune  sur  les  pommiers  plantés  dans 
les  champs  ;  cette  plante  devient  plus  rare  en  appro¬ 
chant  du  littoral. 

V.  humilisAcH.  1.  c.  plante  plus  petite,  formant 
des  touffes  cespiteuses,  à  laciniures  plus  étroites, 
presque  lisses,  très  divisées,  granuleuses  à  leur  som¬ 
met.  —  Sur  les  murs  d’argile  ;  Bernay,  Falaise. 


) 


t 


—  451  — 


» 


Trib.  X.  —  CÉTRARIÉS. 

Thalle  brun  ou  jaunâtre  ou  blanchâtre  ,  comprimé 

fruticuleux,  à  divisions  étroites  ou  dilatées  membra- 

« 

neuses  lobées,  épithalle  un  peu  brillant,  moelle 
blanche  filamenteuse  ;  apothécies  lécanorines  margi¬ 
nales.  Spermogonies  marginales. —  Quelques  espèces 
ont  le  faciès  des  Parmeliés,  mais  s’en  séparent  par  la 
situation  des  apothécies,  par  les  spermogonies  et  leur 
disposition  à  prendre  la  forme  fruticuleuse. 

/ 

1.  eUTRARIA  Njl,  Acb.  pr.  p. 

Thalle  fruticuleux,  cartilagineux  rigide,  cespiteux, 
bai-briin  rougeâtre  ou  pâle,  comprimé,  très  rameux, 
à  laciniures  étroites  ;  apothécies  concolores  subpodi- 
cillées,  fixées  obliquement  vers  le  sommet  des  rameaux. 
(Dans  les  espèces  étrangères,  les  apothécies  sont  baies 
et  sessiles) .  Spermaties  cylindriques 

1 .  G.  aculeata  Fr.  Sch.  crû»  9,  p.  32  ;  L.  E.  36, 
ScHÆR.  En.p.  16,  Nyl.  Syn.p.300;  C ornicularia  Ach. 
Syn.  p.  299,  DG.Fh/r.  2,p  326;  Moue.  6Y.  FogAQS, 
Krb.  S-  L.  g  p.  8.  —  Caractères  du  genre .  Dans  les 
bruyères .  Cette  espèce  présente  les  formes  suivantes  : 

V.  campestris  Sch.  l.’C.  Malbr.  L.  Norm.  162. 
Cornicularia  spadicea  Acn.  Syn.  p.  300  ;  Corn,  aculeata 
V  cœlocaulaKRB.  1.  c.  — Thalle  plus  robuste,  brun 
livide,  lâchement  rameux,  à  rameaux  étalés,  lisses  et 
nus,  les  supérieurs  quelquefois  munis  de  fibrilles  ca¬ 
pillaires  flasques,  pendantes  {crinitaFlk,  Sch.  1,  c.). 


/ 


~  452  - 


—  Rouen  (Bruyères  de  Saint-Julien,  Saint-Aignan)  ; 
Bruyères  d’Aclou  (Eure);  Falaise  ;  Dunes  de  Lyon-sur- 
Mer. 

V.  muricata  Agh.  1.  c.  Malbr.  L.  Norm.  21  ;  varr.  • 
muricata  et  alpina  Sch.  En-  1.  c.L,  H.  254  et  555.  — 
Thalle  petit,  noirâtre,  cespiteux.  — Avec  le  type. 

V.  acanthella  Ach.  1,  c.;  v.  horr escens  Nyl.  Prod. 
add.  p.  194.  Thalle  hispide  couvert  sur  toutes  ses 
parties,  même  autour  des  apothécies,  de  petits  cils  spi- 
iiiformes.  Elle  fructifie  facilement.  —  Avec  le  type. 

V.  edentula  Ach.  1.  c.  Malbr.  L.  Norm.  163.  — Thalle 
pâle,  décoloré  vers  le  sommet,  brun  rougeâtre  à  la 
base,  à  ramifications  nues, lisses,  dressées. —  Bruyères 
d'Aclou  (Eure)  ;  Falaise . 

PLATYlSilA  Hfrm.  pr.  p.  Myl. 

tje  genre,  très  voisin  du  précédent,  s’en  distingue  par 
un  thalle  membraneux  lobé-lacinié  et  par  sessperma- 
ties  claviformes  ou  fusiformes .  La  plupart  des  espèces 
appartiennent  aux  contrées  les  plus  froides  du  globe. 
Nous  n’avons  en  Normandie  que  l’espèce  suivante . 

1.  P.  glauca  Nyl.  Prod.  p.  40,  Syn.  p.  313  ;  Cetra- 
riakcn  Syn.  p.  227;  Mou&.  St.  Vog.  156;  Fr.  L.  E. 
p.  38;  ScHÆR.  Enum.  p.  12;  Krb.  S.  L.  G.  p.  46; 
PhysciaDC  Fl.  fr.  2,  p.'401  et  fallax  DG.  Agh. 
ScHÆR.  Krb.  11.  cc.  L.  H.  252-253.  —  Thalle  blan¬ 
châtre  ou  blanc  glaucescent,  grand,  membraneux,  lisse 
ou  rugueux  çà  et  là,  lacinié-lobé,  à  laciniures  ascen¬ 
dantes,  sinuées  ou  crénelées  ou  lacérées,  brun-noi- 


\ 


—  453  - 


nltre  en  dessous  ou  pâle  et  presque  concolore  [C.  fallax 
auct.);  apothécies  assez  grandes  d’un  roux  brun,  à 
bord  mince,  bientôt  recouvert  par  le  disque. 

Sur  les  troncs  et  les  rochers,  parmiles  mousses;  mon¬ 
tagne  du  Roule,  près  de  Cherbourg;  forêt  de  Mor- 
tain . 

N 

Sér.  IV.  —  PHYLLODÉS. 

Thalle  foliacé  étalé  lobé  ou  diversement  lacinié  ,  à 
partie  médullaire  feutrée  ;  apothécies  peltiformes  ,  lé- 
canorines  ou  lécidéines  et  alors  à  disque  contourné 
plissé  ;  spores  variables . 

Trib.  XI.  —  PELTIGERÉS. 

Thalle  dilaté  en  fronde ,  à  couche  corticale  man¬ 
quant  souvent  à  la  face  inférieure;  apothécies  pelti¬ 
formes  marginales,  adnées  sur  Tune  ou  l’autre  face,  ou 
éparses  sur  le  thalle .  Spores  fusiformes  hyalines  ou 

brunies.  / 

'  « 

1«  IVËPHROlllUil.-iIVyl. 

Thalle  à  couche  corticale  inférieure  continue,  sans 
nervures,  livide  glaucescent  ou  brun,  ou  plus  rarement 
pâle  en  dessus,  et  opaque  blanc-pâle  ou  noirâtre  en 
dessous;  apothécies  fixées  â  la  partie  inférieure  des 
lobes  du  thalle  (postica),  transverses,  brunes-roussâtres 
ou  testacées.  (Ce  genre  diffère  des  Nephroma  Nyl.  par 
l’absence  de  vraies  gonidies ,  il  n’ofîre  que  des  grains 
gonidiaux  réunis  en  chapelet.) 

1.  N.  tomentosum  Nyl.  Enum.p.  101,  Syn.  p.  319, 
Nephroma  Krb.  S.  L.  G.  p.  56,  Nyl.  ProcL  p.  56;  Pel- 


~  454  — 


\ 


tigera  resüpinata,  v.  tomentosaDC.  FL  fr-  2,  p.  467;  Fr. 
L.  E-  p.  42  ;  Neplir  resupinatum  Ach.  Sxjn.  p-  241  ; 
Moug.  St.  Vog,  252  (mixt.  cuin  lævigato) .  Schær.  Enum. 
p.  18-  JL.  H.  259.  — Thalle  coriace  sinué-lobé,  livide, 
livide-châtain  ou  plombé  (sec),  pâle  et  finement  tomen- 
teux  en  dessous;  apotbécies  rousses  ou  brunâtres  , 
arrondies  à  bord  crénelé.  • 

Sur  les  troncs  et  les  roches  moussues  :  Bricquebec , 
Savigny,  Ecouves. 

2.  N.  lævigatum.  Ach .  Sijn-  p.  242,  Krb.  S.  />.  G. 
p.  55;  Nyl.  Syn,  p.  320  ;  Peltigera  resupinata.  v.  lævi- 
gata  Fr.  L.  E.  p.  42;  Nephroma  Schær.  Enmn.  p  18  ; 
Peltigera  resupinata  (glabre)  DG.  FL  fr^  2,  p.  407.  ■ 
Cette  espèce  ne  diffère  de  la  précédente  que  par  le 
dessous  du  thalle  nu  et  glabre,  et  les  apotbécies  un 
peu  plus  petites. 

Mêmes  stations  :  Cherbourg,  Bricquebec,  Falaise- 

V.  parile  Nyl.  1.  c.  /..  P.  109;  Nephroma  parilis 
Ach.  Syn.  p.  242;  Moug.  SL  Vog.  838;  Nephr-  mu- 
pinafa  a  (sorediatum)  Schær  Enitm.  p.  18; 

Nephr,  resupinata  var.  papyracea  Ach.  Syn,  p  241 
(non  Schær.)  Fr.  L.  p.  42  (Peltigera).  —  Thalle 
noirâtre  en  dessous  ;  sorédies  bleuâtres,  le  plus  souvent 
marginales, rarement  éparses.  Stérile. — Vire,  Falaise. 

V.  papyraceum  (Hffm.)  Nyl.  Sch.  11.  ce-  (non 
Ach.).  Thalle  plus  petit,  mince,  pâle  et  glaucescent. 
—  Sur  les  rameaux  :  Cherbourg  {Le  Jolis). 

II.  PEIiTlOOUA.  Ach.  Ayl. 

Thalle  membraneux  opaque  ou  un  peu  brillant ,  se 


455  -- 


fendillant  (1),  cendré  glaucescent,  livide  ou  brun  (ver¬ 
dâtre  étant  frais,  dans  quelques  espèces)  ;  couche  corti¬ 
cale  manquant  à  la  partie  inférieure  où  se  voient  un  > 

tomentum  feutré  ou  des  nervures  saillantes  et  sou¬ 
vent  des  fascicules  de  filamens  rhiziniformes  ;  apothé- 
cies  marginales ,  adnées  ,  fixées  à  la  partie  supérieure 
du  thalle  (antica),  d’un  roux^brun  ou  noirâtres.  Spores 
allongées,  à  trois  cloisons  ou  plus-  (Pas  de  gonidies  , 
mais  des  grains  gonidiaux.) 

A.  Apothècies  plus  ou  moins  ascendantes  ;  spores  très 

longues, 

1.  P.  aphtosa  Hffm.  Fl.  Germ.  p.  107,  DC.  Fl.  fr.  2, 
p.  406  ;  Fr.  L.  E.  p.  45;  Krb.  S,  L.  G.  p.  58  ;  Nyl- 
Syn.  p.  322  ;  Sch.  En.  p.  19,  h.  H.  29  ;  Peltidea  Ach, 

Syn.  p.  238;  Moue.  St.  Vog.  251.  —  Thalle  glauque 
verdâtre  ou  livide,  largement  membraneux,  lisse  un 
peu  brillant,  semé  de  verrues  inégales  (cephalodes) 
pâles,  muni  en  dessous  de  nervures  réticulées  ou  d’un 
tomentum  noirâtre  (par  confluence  des  nervures)  avec 
une  large  zone  blanchâtre  au  bord  ;  apothècies  grandes 
ascendantes  arrondies,  d’un  brun-roux  à  bord  infléchi, 
déchiqueté  quelquefois.  —  Le  thalle  vivant  a  une  cou¬ 
leur  verte  agréable. 

Dans  les  forêts,  les  sapinières  :  Rouen? —  J'indique 
cette  plante  avec  hésitation,  n’ayant  point  vu  la  plante 
en  fruit  et  conservant  encore  quelques  doutes  sur  son 
identité.  ♦ 

• 

(1)  M.  Nylander  dit  fragile^  et  Kœrber  coriace.  Ces  expres¬ 
sions  ne  me  paraissent  exactes  ni  l’une  ni  l’autre  :  le  thalle  a 
une  certaine  souplesse  et  se  fendille  par  l’âge  ou  la  sécheresse. 


—  456  — 


2.  P.  malacea  Fr.  L,  E.  p.  44;  Schær.  Enum. 
p.  20  ,  Nyl.  Syn.  p.  323,  Krb.  S,  L.  G.  p.  57  ;  Malbr. 
L.Norm,  113;  Peltidea  kc.n.Syn.,i).Vi2^M.o\]G.St.Vog. 
1048  —  Thalle  moyen,  cendré  glauque  ou  brun-livide 

’  en  partie,  lisse  opaque,  pourvu  en  dessous  d’nn  to- 
mentum  noirâtre,  sans  nervures  apparentes,  la  couleur 
se  dégrade  insensiblement  jusqu’au  bord,  où  existe  une 
large  zone  blanchâtre,  lobes  du  thalle  fertiles,  un  peu 
étroits;  apothécies  arrondies,  brunes-rougeâtres,  sou¬ 
vent  crénelées,  lacérées  au  bord. 

Dans  les  bois,  les  bruyères  ;  Vire,  Aclou  (Eure), 
Pont-des- Verts  (Orne). 

3.  P.  canina  Hffm  Fl.germ.  106,  DG.  F/. /“r.  2, 
p.  406;  Fr.  L.  E.  p.  45  ;  Schær.  En.  p.  20;  Krb 
S.  L.  G.^g.  58;  MYL.v.S’yn.  p.  324;  Malbr.  L.  Norm.  114; 
Peltidea  Ach.  Syn.  p.  239;  Mou&.  St.  Vog.  154.— Thalle 
grand  membraneux,  souvent  un  peu  épais,  cendré- 
blanchâtre  ou  glauque  ou  livide  ,  opaque ,  plus  ou 
moins  couvert  d’un  tomentum  fin ,  que  l’on  retrouve 
toujours  vers  le  bord,  blanchâtre  en  dessous  avec  des 
fibrilles  radiciformes  et  des  veines  réticulées,  nom¬ 
breuses,  blanches  ou  roussâtres  ;  apothécies  baies- 
brunes  ou  rougeâtres  portées  par  des  lobes  courts. 

Très  commun  sur  la  terre,  dans  les  bois  ,  les  haies, 
les  fossés,  parmi  les  mousses,  sur  les  toits,  etc. 

Les  formes  suivantes,  décrites  et  nommées  par  Delise, 
méritent  à  peine  d’être  distinguées^:  spongiosa  ,  thalle 
garni  en  dessous  d’un  lassis  épais  de  veines  et  de  ‘fi¬ 
brilles  ;  imdulata,  palmata,  fondées  sur  des  modes  de 
divisions  du  thalle  peu  importantes.  Les  variétés 
ulorhiza  Sch.  L  H.  28  (inflcxa  Del.),  à  thalle  cendré- 


I 


livide,  à  fibrilles  et  veines  rousses;  mcmbranacca^cAi. 
[leucorrhiza  Ach.)  à  thalle  cendré- glauque ,  un  peu 
brillant,  plus  mince,  à  fibrilles  et  nervures  blanches  ;  et 
la  forme  sorediata,  indiquée  par  Schærer  aux  environs 
de  Vire,  ne  peuvent  figurer  que  comme  de  simples 
formes.  La  suivante  a  un  port  plus  tranché,  plus  ca¬ 
ractérisé. 

V.  crispa  Ach.  pr.  p.  v.  tectomin  Del.  in  Duby  1.  c. 
Herb.  Mus.  /^ar.  (1843). — Thalle  plus  petit  cendré-brun, 
ondulé,  crispé  au  bord,  lobes  fertiles  digités.  —  Sur  les 
toits  et  les  murs  couverts  en  chaume.  —  On  trouve 
dans  la  même  station  une  forme  { sorediosa) ,  couverte 
de  sorédies  nombreuses  brunes,  granulations  agglo¬ 
mérées  occupant  le  centre  des  rosettes  et  surtout  les 
bords  des  divisions  du  thalle  (v.  crispa  Whlnb).  — 
Cette  variété  se  distingue  des  formes  analogues  du 
rufescens  par  rornementation  de  la  face  inférieure. 

4  P.  spuria  DG.  Fl.  fr.  2.  p.  406  ;  Nyl.  Syn.  p.  325; 
Mono.  St.  Vog.  837;  P.  caninav.  spuria  Ach.  L.  U. 
p.  518  ;  ScHÆB.  Enum.  p.  21;  P.  caninav.  piisilla  Fb. 
L  F-  p.  45;  Pcltig.  pusilla  Krb-  S.  L.  G.  p.  59.  — 
Thalle  petit,  à  lobes  courts,  subascendants,  compli¬ 
qués,  ondulés,  entiers,  arrondis  ou  en  grande  partie 
fertiles  et  atténués  au  sommet.  Le  dessous  est  garni  de 
veines  blanches-jaunâtres,  épaisses,  réticulôes-saillan  tes 
jusque  sous  les  apothécies  et  laissant  entre  elles 
des  interstices  blanc  de  neige  (dans  le  canina  ils  sont 
concolores),  fibrilles  radiciformes  peu  nombreuses. 
La  face  supérieure  est  cendroe-livide,  pâle,  brune  en 
vieillissant,  finement  tomenteuse  et  garnie  sur  le  mi- 


458  — 


Hou  (jamais  au  bord?)  de  petits  groupes  sorédifères. 
Apotliécies  brunes,  bordées--crénelée&,  à  la  fin  roulées 
en  dehors. 

Sur  la  terre  sablonneuse;  Rouen,  Falaise,  Cherbourg. 

V.  flavescens.  — Thalle  un  peu  plus  grand,  remar¬ 
quablement  jaunâtre,  même  sur  le  sec;  apothécies 
larges,  transverses.  —  Rouen. 

5.  P. rufescens  Hffm.  F/.  6^erm.  2,  p.  107  ;  Fr.  L.  F. 
p.  46  ;  ScHÆR.  Enum.  p.  21;  Krb.  S.  L.  G.  p.  59  ;  Nyl. 
Syn.  p.  324  ;  Pelt.  canina  v  crispa  Agh.  Syn-  p.  239 
(pr.  m.  p.).  —  Thalle  plus  petit  que  le  canina,  cendré- 
roiix  ou  brun,  lisse  glabrescent,  un  peu  brillant,  un 
peu  ondulé-crispé,  garni  en  dessous  de  quelques 
fibrilles  brunes  et  d’un  tomentum  feutré  fauve-pâle, 
mêlé  d’interstices  blancs  cypheloïdes  (le  réseau  de 
veines  réticulées  est  très  confus  par  confluence  au 
centre  et  nul  au  bord);  apothécies  du  canina. 

Sur  la  terre  des  roches,  des  murs,  etc. 

Cette  espèce  a,  comme  le  canina^  des  formes  sorédi¬ 
fères.  Le  P.  sorcdiata  v.  pycnorhiza  Del.  ne  me  paraît 
pas  en  différer,  non  plus  que  le  chicoracea,  dont  le 
thalle  est  plus  crispé,  brillant. 

6.  P.  polydactylaHFFM.  Fl.g,2,  p.  106  ;  DC.  Fl.  fr. 
2,  p.  407  ;  Fr.  L.  E.  p.  46  ;  Schær.  En  p.  21  ;  Nyl.  Syn. 
p.  326;  Malb.L.  N.  64;  Krb.  S.  L*  G.  p.  61  ;  Peltidea 
Ach.  Syn.  p.  240  ;  Moue.  St.  Vog.  933. —  Thalle  mince, 
glabre  et  brillant,  glauque  livide  pâle  ou  brun-noirâtre 
(plombé-verdâtre  étant  frais),  à  lobes  larges  divisés  au 
bord  en  lobules  nombreux  digités  fertiles,  garni  en 
dessous  d'un  tomentum  feutré  brun  au  centre  etblan- 


—  459 


châtre  au  bord  ou  assez  uniformément  roussâtre.  (Le 
réseau  des  veines  visible  seulement  au  centre),  fibrilles 
rares  ;  apothécies  petites  ou  moyennes,  brunes-rou- 
geâtres,  un  peu  roulées  en  dessous. 

Sur  la  terre  légère  ;  bois  secs,  roches. 

I 

V.  hymenina  Acn.  1.  c.  Krb.  1.  c.  v.  lophyra;  Nyl- 
L.  vSc.  pr.  p.  —  Thalle  mince  plus  développé,  pâle, 
glauque-cendré  ou  brunâtre ,  à  face  inférieure  garnie 
d’un  tomentum  uniformément  faüve-pâle,  avec  quel¬ 
ques  interstices  blancs  vers  le  bord,  quelques  fibrilles 
radiciformes  ;  apothécies  peu  nombreuses.  —  Rouen  ; 
Vire.  Il  faut  lui  réunir  les  var.  vesiculosa  Del.  à  thalle 
verdâtre  et  vésiculeux  étant  frais,  et  fibnllosa  du  même, 
à  fibrilles  plus  abondantes.  (Herb.  Del  ). 

7.  P.  scutata  (Dgks  )  Acn.  Syn..p-  237  et  var.  col- 
lina,  Krb.  5.  L,  G.  p.  60  j  P  polyclactylawSiY.  scutata 
Nyl.  Syn.  p.  327  pr.  p.;  Fr.  L  P.  p.  47;  Schær. 
Enum.  p.  21.  — Thalle  étroitement  appliqué  sur  la 
terre ,  cendré-brunâtre  ou  roussâtre ,  opaque,  blanc 
pruineux  vers  le  centre  ou  nu  (finementscabre  Krb.) 
garni  en  dessous  de  fibrilles  et  d’un  réseau  de  nervures 
brunes,  à  bords  sinueux  ondulés,  crispés,  quelquefois 
sorédifères  (P. Del.); apothécies  du  polydactyla. 

Sur  les  collines  et  les  roches;  Rouen  (Tancarville); 
Falaise  (mont  d’Fjraynes). 

B .  Apothécies  horizontales  ;  spores  relativement  courtes. 

8  .  P.  horizontalîs  Hffm.  FL  Germ.  2.  p.  107  ;  DC. 
Fl.  fr.  2,  p.  406  ;  Fr  L.  P  p.  47;  Schær.  En.  p.  21, 
L.  P.  27,  Krb.  S.  L.  G.  p.  61;  Nyl.  L.  P.  \\0,Syn- 


460 


P  327  ;Malb.  L.  Norm.  1 15  ;  Peltidea  Ach.  Syn.  p.  238 
(excl.  V.  Iiymenina);  Moug.  St>  Vog.  345. —  Thalle 
cendré-glauque  ou  roussâtre  (verdâtre  étant  frais) , 
glabre,  un  peu  brillant,  réticulé  en  dessous  par  un  fin 
réseau  de  nervures  brunes  ou  noirâtres,  plus  pâles  au 
bord  ;  lobes  arrondis,  apothécies  horizontales,  arron¬ 
dies  planes,  brunes-rougeâtres  ou  noirâtres  ,  ou 
oblongues  transversalement,  à  bord  un  peu  crénelé. — 
Bien  caractérisé  par  les  apothécies  et  les  spores, 

•  Sur  la  terre  des  roches,  les  talus  des  chemins  et  les 
toits  de  chaume  ;  Rouen  (Ori val,  Roche-Fouet,  forêt  de 
Lessart)  ;  Falaise . 

9.  P.  venosa  Hffm.  FL  Genn,  2,  p  107;  DC.  FL 
fr.  2,  p.  405  ;  Schær.  En.  p.  19,  L.  H.  26,  Krb.  S-  L 
G.  62;  Nyl.  Syn.  p.  328;  Peltidea  Acn.  Syn.  p.  237  ; 
Moug.  St.  Vog.  153-  — Thalle  petit  (2centim.  envi¬ 
ron)  ascendant,  flabelliforme,  peu  divisé,  cendré-pâle 
ou  cendré-glauque,  lisse  et  un  peu  brillant,  blanchâtre 
en  dessous  et  marqué  de  nervures  brunes  ou  noirâtres, 
épaisses,  réticulées,  atteignant  le  bord  ;  apothécies  un 
peu  grandes,  eu  égard  à  la  petitesse  du  thalle,  brunes- 
noirâtres,  horizontales,  situées  sur  les  bords  du 
thalle . 

•  % 

Trouvé  par  Aug.  Le  Prévost  sur  le  talus  des  che~ 
mins,  entre  la  Vaupalière  et  Duclair. 

Trib.  XII.  —  PARMELIÉES. 

Thalle  dilaté  en  fronde  membraneuse,  lobé  ou  lacinié, 
souvent  étalé  orbiculaire,  rarement  ombiliqué  (fixé  par 
le  centre);  apothécies  lécanorines. 


^  4G1  — 


S.  I.  Stictés.  —  Thalle  (excepté  Ricasolia)  muni  en 
dessous  d’un  tomentum  semé  de  cyphelles  (excavations 
urceolées  pâles  ou  jaunâtres,  nues  ou  pulvérulentes 
(pseudocyphelles);  spores  cloisonnées, paraphyses  libres. 
Plantes  à  odeur  particulière  désagréable,  de  chanvre 
ou  de  chair  putréfiée,  qui  s’exalte  dans  les  herbiers. 

I.  STICTA  Acli. 

Thalle  (fronde)  pâle  livide  ou  brunâtre  sorédifère, 
orné  en  dessous  de  cyphelles  ou  de  macules  et  de 
rhizines  simples  ;  apothécies  enveloppées  dans  le  jeune 
âge  par  le  réceptacle  thallin.  —  Nous  avons  cru  pou¬ 
voir  réunir,  pour  notre  flore  restreinte,  les  deux  genres 
de  Nylander  Stictina  et  Sticta ,  qui  ne  diffèrent  que  par 
la  nature  des  gonidies.  En  enlevant  délicatement,  avec 
un  instrument  bien  tranchant ,  une  portion  de  fépi- 
derme ,  on  voit  très  bien  ,  avec  une  simple  loupe ,  la 
couche  gonidiale ,  foncée-glauque-bleuâtre  dans  le 
premier,  pâle-verte  ou  jaunâtre  dans  le  second.  La 
plupart  de  ces  plantes  sont  exotiques  et  n’ont  que  peu 
de  représentants  en  Europe  (environ  10  sur  50  dont 
7  en  Normandie) . 

A.  Des  grains  gonidiaux  glauques-bleudtres  réunis . 

(G.  Stictina Nyl.) 

1 .  St.  limbata  Acn.  Meth.  p  280,  Syn-  p.  236,  Del. 
Stict,  p.  81,  t.  7,  f.  24,  Fr-  L.  E.  p  52,  Schær. 
Enuni.  p.  32,  L.  H.  557,  Krb.  S,  G.  p.^  68  ;  Stic¬ 
tina  Nyl.  Syn  p.  346  —  Thalle  glauque-livide  ou 
pâle-brunâtre,  moyen,  lisse  ou  légèrement  scrobiculé, 
un  peu  brillant,  monophylle,  diversement  lobé,  à  lobes 


I 


-  462  - 

arrondis,  couvert  surtout  au  bord,  de  sorédies  cendrées 
ou  bleuâtres,  tomentum  de  la  face  inférieure  pâle  semé 
de  cyphelles  blanches  ;  apothécies  inconnues 

Sur  les  troncs  et  les  rochers  moussus  :  Falaise,  Mor- 
tain,  Cherbourg. 

2.  St.  fuliginosa  Ach.  Meth,  p.  281,  Syn.^.  236; 
DG.  FL  fr.  2,  p.  404,  Movg.  Stict,  Vog,  242,  Del.  Stict, 
p.  74,  t.  6,  f,  20,  Fr.  L.  E.  p.  52  ;  Schær.  Enum.  p.  32, 

L.  H.  386  ;  Nyl.  L.  P.  30  ;  Stictina  Nyl.  Syn,  p.  347. 

—  Thalle  du  précédent,  orbiculaire,  couvert  de  gra¬ 
nulations  insidioïdes  brunes  ou  noires-fuligineuses  ; 
apothécies  petites  ,  à  bord  blanchâtre,  velu  cilié  (  au 
moins  dans  le  jeune  âge),  d’après  Nylander. 

Sur  les  rochers  moussus  dans  les  bois,  rarement  sur 
les  troncs  :  Falaise  ,  Mortain  (  fructifie  sur  les  rochers 
de  la  cascade)  ;  Cherbourg. 

3-  St.  sylvatica  Ach.  Meth,  ig.  281  ,Syn.  p.  236; 
DC.  Fl.  fr  2,p.  405;  Mono.  St.  Vog  155;  Del.  St.  ^ 
p .  86,  t.  7.  f.  27  ;  Fr.  L.  E.  p.  51  ;  Nyl.  L.  P,  1 1 1  ; 
Krb.  s.  L.  G-  p  65  ;  PeltigeraScn,  En.  p.  22,  L.  H. 

258  ;  Stictina  Nyl.  Syn.  p.  348 — Thalle  un  peu  plus 
grand  que  le  précédent ,  verdâtre  ou  cendré-brun  ,  à 
peine  brillant,  çà  et  là  inégal- scrobiculé ,  diversement 
lobé ,  lobes  à  sommet  obtus ,  à  face  supérieure  fur- 
furacée,  couverte  de  granulations  brunes,  l’inférieure 
tomenteuse  brune-pâle  au  bord,  cyphelles  blanches  ; 
apothécies  du  précédent ,  un  peu  plus  grandes,  à 
bord  nu. 

I 

(Plante  très  voisine  de  la  précédente,  dont  elle  n’est 
peut-être  qu’une  variété.) 


p 


—  463  --- 

« 

Sur  les  rochers  et  les  troncs  :  Falaise;  Cherbourg. 
Stérile  en  Normandie. 

4.  St.  DufoureiDEL-  Stict,  p.  78,  t.  1.  f.  22,  Schær. 
En  p.  32;  Stictina  Nyl.  Syn.  p.  348-  --  Thalle  plus 
petit,  pâle  glaucescent  ou  brun,  lobé  lacéré  fimbrié 
au  bord  (presque  comme  le  Leptogium  lacerum  fim- 
briatum),  à  face  inférieure  veinée  tomenteuse  ;  stérile. 
—  Thalle  subombiliqué,  remarquable  par  les  veines 
de  la  face  inférieure. 

Sur  les  troncs  :  Falaise  ,  Bricquebec,  Cherbourg 
(Mont-du-Roule) . 

B.  De  vraies  gonidies  vert-pales ^  libres  (G.  Sticta  Nyl). 

5.  St.  pulmonacea  Ach.  L  U.  p.  449,  Syn.  p.  233; 
Del.  St.  p.  123,  t.  17f.  GOMoug,  St.  Vog.  62,  Fr.  L.  E. 
p.  53,  Nyl.  Syn  p.  351,  Malb.  L.  A^orm..  165  ;  Loba~^ 
ria  pulmonaria  DC.  F/,  fr.  2,  p.  402  ;  Sticta  Schær. 
Enum.  p.  30,  L.  H.  384  ;  Krb.  S.  L.  G.  p.  67.—  Thalle 
grand  (atteignant  quelquefois  30  à  40  centim.)  coriace, 
vert-livide  (étant  frais),  pâle-livide  ou  brunâtre,  com¬ 
plètement  réticulé,  lacuneux  à  réticulations  finement 
sorédifères,  à  aréoles  enfoncées,  saillantes  bullées  en 
dessous  et  y  formant  des  macules  gibbeuses,  presque 
glabres  parmi  un  tomentum  épais  et  brun  au  centre  , 
plus  pâle  et  plus  ras  au  bord  ,  divisions  du  thalle  pro¬ 
fondément  sinuées-lobées,  à  sommets  tronqués  ;  apo- 
thécies  presque  toujours  marginales,  brunes-rou- 
geâti  es  ,  à  bord  finement  crénelé  disparaissant  à  la  fin, 
Les  fruits  sont  parfois  envahis  par  un  petit  parasite 
{Celidiurn  stictarum  Tul. —  Genre  Delisea  (Fée),  qui  les 


—  4G4 


fait  paraître  noirs  et  difformes.  C’est  en  cet  état  la 
variété  pleurocarpa  Ach.  1.  c.  Del.  ^ 

Sur  les  troncs,  dans  les  forêts  ;  Briqiiebec,  la  Glace- 
rie,  forêt  de  Savigny  (Manche),  forêt  de  Roumare 
(Seine-Inférieure) . 

Delise  distinguait  une  var.  hypomela  à  laciniures 
plus  étroites  et  plus  lisses  et  à  fibrilles  noirâtres,  et  une 
autre  sorédies  papilleuses  nombreuses  isi- 

dioïdes. 

6.  St.  scrobiculata  Ach.  L.  U.  p.  453,  Sijn.  p.  234; 
Del.  St,  p  1 52,  t.  18,  f.  69  ;  MouG.  St  Vog.  444  ;  Fr. 
L.  F.  p.  53;  ScHÆR.  Enum..  p.  31,  L.  H.  490;  Krb. 
S.  L.  G.  66;  Nvl.  Syn.  p.  353;  Malr  L.  N.  166;  Loba- 
ria  DG.  Fl.  fr.  p.  402.  —  Thalle  glauque-jaunâtre  très 
grand  (atteignant  jusqu’à  40  centim.),  coriace,  opaque 
plus  ou  moins  scrobiculé,  hordé  et  semé  souvent  de 
sorédies  cendrées  bleuâtres ,  à  lobes  larges  arrondis, 
légèrement  ondulés-crénélés,  garni  en  dessous  d’un 
tomentum  brun  au  centre,  puis  cendré  et  pâle  au  bord 
avec  des  cyphelles  blanches  nues  ;  apothécies  petites 
d’un  roux-brun,  à  bord  entier. 

Sur  les  troncs  et  les  rochers  moussus  :  Basse-Nor¬ 
mandie,  Cherbourg ,  forêt  de  Touques. 

Les  fruits  sont  aussi  attaqués  par  le  Celidium  sticta- 
rum. 

7.  St.  aurata  Ach-  Meth.  p.  277,  Syn.  p.  232,  Del. 
St.  p.  49,  t.  2,f.  5,  6,  Fr.  L.  E  p.  50,  Schær.  Enum  . 
p.  33,  L.  H.  558,  Nyl.  Syn.  p.  361.  -  Thalle  glauque 
rutilant  ou  testacé  rougeâtre,  largement  étalé,  opaque 
ou  un  peu  brillant;  lobé  divisé,  à  lobes  sinués  incisés 
ondulés-crénelés  au  bord  et  frangés  par  une  poussière 


sorédiformo  d’un  jaune  citrin  ;  couche  médullaire 
citrine,  tomentum  hrun  noirâtre  ou  brun  et  dont  la 
couleur  se  dégrade  jusqu’au  bord  ,  où  il  est  concolore 
à  la  face  supérieure  ;  cyphelles  petites  jaunes  ;  apothé- 
cies  d’un  bai-noir  ou  noires,  marginales  grandes,  podi- 
cillées  (étant  jeunes),  à  bord  infléchi. 

Même  station  que  le  précédent  :  Forêt  de  Bricque- 
bec ,  Flamanville  (  Herb.  La  Chap.  in  Le  Jolis). 

lï.  Myl. 

Thalle  lobé  divisé,  pâle  glauque  ou  livide,  presque 
jamais  sorédifère,  cà  face  inférieure  tomenteuse  sans 
cyphelles,  mais  à  rhizines  fasciculées;  apotliécies  léca- 
norines,  éparses,  rousses  ou  brunâtres  à  bord  thallin 
proéminent. 

1.  R.  glomulifera  DN.  Franun.  p.  7,  Nyl.  Procl. 
p.  54  ;  Syn,i^.  368;  Lobaria  DG.  FL  fr.  2,  p.  404; 
F  armeli  a  Acu  -  Syn-  p.  195,Moug.  Vog.  ?tk^\Slicta 
Del.  St.  p.  129,  t.  15,  f.  54,  55.  Fr.  L.  E.  p  54,  St. 
amplissima  Krb.  S.  L.  G.  68,  Schær.  En.  p.  33.  (Par- 
melia)  L.  H.  559.  —  Thalle  très  grand  (atteignant 
quelquefois,  d’après  le  D*’ Nylander,  plus  d’un  mètre), 
coriace,  membraneux,  un  peu  épais,  opaque,  pâle  ou 
glauque  pâle,  lisse,  çà  et  là  rugueux,*  lacinié-lobé  au 
bord,  à  lobes  pressés,  sinués,  lobulés,  arrondis-crénelés 
au  sommet,  toméntum  inférieur  pâle,  à  rhizines  pâles 
ou  brunes;  apothécies  grandes,  à  bord  entier  infléchi. 
Spores  fusiformes  allongées,  3-septôes.  —  Thalle  sou¬ 
vent  couvert  de  glomerules  (céphaloïdes)  d’un  noir- 
vert  imitant  de  petites  touffes  de  Leptogium  lacerum 
lopheum. 

30 


i 


~  4G6  ~ 

Sur  les  rochers  et  les  troncs  ;  Falaise,  Bricquehec; 
sur  les  rochers  du  Gatel,  tà  Gréville  (Le  Jolis). 

V 

2.  R.  herbacea  DN.  Framm.  p.  7,  Nyl.  Prod.  p.  54, 
5^n.  p.  369,  Malb.  L.  Norm.  167;  Lobaria  DC.  FL  fr. 
'  2,  p.  403;  Parmelia  Ach.  5yn.  p.  198  ;  Sticta  Del.  St. 
p.  132,  t.  16,  f.  56,  Fr.  /..F.p.55  Krb.  S.  L.  6^.p.68; 
Parm.  lætèvirens  Schær.  Enum.  p.  35,  L.  H.  560.  — 
Thalle  pale  ou  pâle  livide  ou  glaucescent  (verdâtre 
étant  frais),  très  grand,  un  peu  brillant,  lisse  et  ça  et 
là  ridé-rugueux,  lobes  pressés,  arrondis  crénelés  on¬ 
dulés,  tomenteiix-pâle  en  dessous,  à  rhizines  conco- 
lores  ou  blanches;  apothécies  grandes  à  bord  infléchi, 
entier  ou  superficiellement  crénelé.  Spores  fusiformes 
courtes. 

Sur  les  rochers  et  les  troncs  ;  Bricquehec,  Cher¬ 
bourg,  Falaise. 

S.  II.  Imbricariés .  —  Thalle  dépourvu  inférieu¬ 
rement  de  cyphelles. 

III.  PARMEIilJL  Ach.  Ayl. 

Thalle  diversement  lobé-lacinié,  étalé,  à  épithalle 

uu  peu  brillant,  cendré-verdâtre,  olive  ou  brun  ; 

couche  médullaire  filamenteuse  ;  apothécies  éparses  ; 

spores  .petites,  sphéroïdes  ou  ellipsoïdes ,  simples  ; 

paraphyses  adhérentes. 

/ 

1.  P.  caperata  Ach .  Meth,  p.  216,  Syn.  p.  196, 
Mono.  St.  Vog-  255,  Fr.  L-  F.  p.  69,  Schær.  Enum. 
p.  34,  Z.  H.  377,  Nyl.  Z.  P.  31,  Syn.  p.  376,  Malb. 
Z.  A.  117;  Imbricaria  DG.  FL  fr.  2,  392,  Krb.  ^9.  Z.  G. 
p.  81 .  —  Thalle  blanc  verdâtre  ou  jaunâtre,  large 


—  467 


membraneux,  étalé  ou  imbriqué,  à  lobes  incisés  ou 
crénelés,  légèrement  ridé-rugueux  par  places,  quel¬ 
quefois  à  sorédies  marginales  ou  éparses  concolores, 
noir  en  dessous,  avec  des  fibrilles  noires  disparaissant 
vers  les  bords,  où  la  couleur  du  thalle  affaiblie  devient 
pâle  ;  apotliécies  moyennes,  d’un  bai-roux,  à  bord 
crénelé  pulvérulent.  — •  Les  sorédies  envahissent  quel¬ 
quefois  le  thalle  au  point  de  le  convertir  en  une  sorte 

de  Lepra  (à  la  base  des  troncs).  Le  'centre,  dans  les 

« 

échantillons  fructifères,  est  souvent  souillé  par  des 
granulations  (sorédies)  fuligineuses.  ' 

Commun  sur  les  troncs,  plus  rare  sur  les  rochers. 
Rarement  fructifère. 

2.  P.  perlata  Ach.  31eth.  p.  216,  Syn,  p.  197,  Mono. 
St,  Vog,  253,  Fr.  L.  E.  p.  59,  Schær.  Enum.  p.  34, 
L.  H.  360,  Nyl.  p.  379,  Malb.  Z.  Norm.  65; 
Lobaria  DG.  Fl.  fr.  p.  403  ;  Imbricaria  Krb.  S.  L.  G. 
p.  69.  —  Thalle  cendré-glauque  ou  blanchâtre,  large¬ 
ment  membraneux,  lisse,  divisé  en  lobes  sinueux,  ar¬ 
rondis  un  peu  imbriqués,  brun,  noir  en  dessous  ou 
noir  avec  des  fibrilles  peu  nombreuses,  nu  et  pâle  au 
bord  ;  apotbécies  d’un  bai-rouge  ou  testacées,  à  bord 
entier.  —  C’est  une  des  plantes  les  plus  répandues  du 
globe;  elle  a  été  observée  jusqu’au  68®  degré  lat. 
nord.  Elle  fructifie  rarement  en  Europe. 

Sur  les  troncs  et  les  roches.  Commune  à  l’état  soré- 
difère. 

f 

Schœrer  distingue  deux  formes  :  innocua  lobes 
inerrnes  sans  cils,  et  ciliata  à  marges  garnies  do  cils 
noirs.  — Bernay,Vire,  Falaise,  Sauxmesnil  (Manche). 
Ces  deux  formes  peuvent  être  sorédifères  (sorédies 


i 


—  408  — 


concolores  marginales),  c’est  alors  la  v.  sorediaLa, 
Son. 

11  est  douteux,  d’après  M.  Nylander,  que  nous 
ayons  en  Normandie  le  P.  latissima  Fée,  qui  ne  se  dis¬ 
tingue  du  précédent  que  par  son  thalle  plus  large  et 
ses  spores  plus  grandes.  Cette  plante  ne  fructifiant  pas 
chez  nous,  il  est  possible  que  l’on  ait  pris  pour  elle 
quelques  formes  àiW'perlata  (1). 

P.  tiliacea  Ach .  Metfi.  p.  215,  Syn.  p.  199,  Moug. 
St.  Vog.  445,  Fa.  L.  E.  p.  59,  Nyl.  Sijn.  p.  382;  Im- 
bricaria  Krb.  S.  L.  G.  p.  70  ;  Imbr.  quercina  DG.  FL 
fr.  2,  p.  390,  Parm.  quercifolia  Sghær.  Enum.  p.  43, 
A.  H.  358,  359;  Parm.  scortea  Ach.  Syn.  p.  197.  — 
Thalle  cendré  ou  cendré-glauque  ou  blanchâtre,  lisse 

(1)  M,  de  Brébisson ,  à  propos  du  P.  perlata ,  m’écrivait  ce 
qui  suit  :  «  Le  D’’  Nylander  prétend  que  nous  devons  avoir 
en  abondance  le  Parmelia  oliveLorum  ,  espece  qui  a  été  confon¬ 
due  avec  le  P.  perlaia.,  auquel  le  rapportait  en  dernier  lieu 
Acharius,  et,  si  l’on  s’en  rapportait  à  la  figure  de  Dilleii,  citée 
par  les  auteurs  comme  représentant  ce  lichen ,  il  serait  plus 
commun  chez  nous  ^que  le  perlala.  Mais  le  P.  oHvetorum  vrai 
a  une  médulle  qui  se  colore  du  plus  beau  rouge  ,  si  on  l’im-" 
prègne  d’une  goutte  d’une  solution  de  chlorure  de  calcium,  tan¬ 
dis  que  le  P.  perlata,  à  bords  nus  ou  garnis  de  sorédies  comme 
dans  la  figure  de  Dillen,  reste  complètement  insensible  à  ce  con¬ 
tact.  Le  P.  oiiveiorum  se  trouve  à  Fontainebleau  sur  les  rochers, 
mais  je  ne  crois  pas  que  nous  l’ayons  à  Falaise.  J’ai  essayé  tout 
ce  qui  pouvait  approcher,  tel  que  P.  perlala  v.  cetrarioXdes  Del. 
et  l’Erythrine  ne  s’est  point  fait  reconnaître.  Ce  caractère,  très 
important,  est  fort  curieux.  Notre  ancien  Parm.  lævigala  Tügk., 
qui  est  le  P.  revolula  de  Flœrcke,  ne  peut  donc  être  réuni  au 
P.  sinuosa ,  car  celui-ci  n’a  point  d’Erythrine  ,  tandis  que  le 
revolula  présente  une  belle  couleur  rouge  au  contact  du  chlorure 
de  calcium  en  dissolution.  » 


—  'iOO  — 

ou  un  peu  rur;uoux,  iiu  ou  souillé  de  granulations  (so- 
rédies)  furfuracées  fuligineuses  (v.  fiirfLbracea^c.ii. 

H,  P.  scortea  Ach.},  apprimé-étalé,  sinué-lobé,  à 
lobes  contigus,  arrondis-crénelés,  noir  fibrilleux  en 
dessous;  apothécies  réunies  au  centre,  à  disque  bai- 
brillant,  à  bord  dressé,  légèrement  crénelé. 

Sur  les  écorces  ;  Bernay  (Le  Prévost),  Falaise. 

4.  P.  lævigata  Ach.  Sijn.  p.  212,  Nyl.  Syn.  p.  384, 
Parm.  simwsa  Fr.  L.  F.  p.  63,  Schær.  Fnwm.  p.  43, 

•  Nyl.  L.  p.  112.  --  Thalle  blanchâtre  ou  blanc  glau- 
cescent,  lisse,  lacinié-lobé,  à  laciniures  sinuées-lobées, 
à  extrémités  retuses,  souvent  sorédifères,  lâchement 
appliquées,  ou  un  peu  imbriquées,  noir  fibrilleux  en 
dessous  et  à  fibrilles  moyennes  ;  apothécies  d’un  bai- 
brun,  à  bord  presque  entier. 

Sur  les  pierres,  les  roches  ;  Falaise  ;  Cherbourg  ; 
Brionne.  —  Stérile. 

V  .  sinuosa  (Sm.)  Nyl .  384;  P.  sinuosa  Ach. 

Syn.  p.  207;  P,  sinuosa  v.  lævigata  Schær.  Enuni. 
p.  43,  L.  F.  p.  561 .  —  Thalle  jaunâtre  plus  divisé,  à 
laciniures  profondes  sinuées-pinnatiüdes,  garnies  en 
dessous  de  fibrilles  abondantes  très  rameuses.  Le  Parm  .  ' 
Depreauxii  Del.  in  Duby,  B.  gall.  p.  612,  P .  sin.  v.  re- 
licina  Schær.  Le.  (non  Nyl.  in  Prod-)  n’est  qu’une 
petite  forme  à  divisions  centrifuges.  —  Briquebec, 
Mortain,  Cherbourg,  Falaise (1). 

5.  p.  saxatilis  Ach.  Metti.  p.  204,  Syn.  p.  203,  MouCt. 
St.  Vog  349,  Fr.  L.  E.  p.  61,  Schær.  Enum.  p.  44, 

f 

(1)  Aucun  des  échantillons  que  j’ai  eus  à  ma  disposition  ne  m'a 
offert  par  le  chlorure  de  calcium  la  réaction  caractéristique  du 
revoluia  deFlœrcke.  (V.  lanolü  P.  perlala.) 


i 


470  — 


fj.  H.  362,  Nyl.  Syn.  p.  388,  Malb.  />.  Nonn>  66; 
Jinbricaria  Krb.  S.  />.  G,  p.  72;  Lnb.  rctimga  DG. 
Fl.  fr-  2,  p.  389.  —  Thalle  cendré,  cendré-glauqae 
ou  cendré-blanchâtre,  s'étalant  en  rosette ,  lobé-laci- 
nié,  à  laciniures  imbriquées  planes  sinuées  lobées  ou 
incisées,  rugueux  réticulé  en  dessus,  noir  fibrilleux  en 
dessous;  apothécies  baies  ou  brunes,  à  bord  entier  ou 
crénelé.  \ 

Très  commun  sur  les  troncs  et  sur  les  rochers,  mais 
il  fructifie  peu. 

V.  leucochroa  Wallr.  F.  saxat  f.  fur f ur acea  S gh. 
I.  c.  L.  H,  363,  Krb.  1.  c.  —  Thalle  cendré-glauque, 
à  laciniures  larges,  fortement  réticulées-rugueuses 
(par  des  sorédies  )  jusqu’au  bord,  à  granulations 
furfuracées  isidioïdes  fuligineuses  plus  ou  moins 
nombreuses  (V.  aizonii  Del.  in  Dub.  B.  galL)-  — 
Sur  les  grès  :  Falaise,  Cherbourg. 

V.  omphalodes  Fr.  l.  c  Moug.  St>  Vog.  348, 
ScHÆR.  1.  c.  A..  H,  488,  Malb.  L.  Norm,  168-  — 
Thalle  un  peu  cartilagineux,  brun,  brillant,  presque 
lisse  légèrement  réticulé,  à  laciniures  imbriquées 
étroites  plus  divisées.  —  Sur  les  troncs  et  les  roches. 
La  var.  p  an7ii  for  mis  Scn.  Nyl.  11.  cc,  ne  me  paraît 
qu’une  forme  appauvrie  à  laciniures  courtes  entassées, 
à  peine  fibrilleuses  en  dessous,  formant  une  croûte 
épaisse;  stérile-  — 'Sur  les  grès:  Falaise. 

J’ai  rencontré  aussi  deux  formes  :  l’une  (albida)  qui 
a  le  thalle  du  kucochroa,  mais  très  blanc,  et  ridé  ondulé 
sorédifère  â  peine  réticulé  ;  fertile  —  St-Gyr-de-Sa- 
lerne  (Eure),  sur  les  arbres;  —  fautre  (læviusculà) , 
qui  peut  être  rapprochée  de  V omphalodes  ,  mais  elle 


471 


est  cendrée-blanche  presque  lisse  .  profondément  divi¬ 
sés,  et  rappelle  la  var.  (lu.  P .  læmgala. 

6.  P.  Borreri  Tuun.  in  Trans-  Lin.  soc.  5,  p.  148, 
Ach.  Syn.  p.  197,  Moug.  St.  Vog.  634,  Fr.  L.  E, 
p.  60,  Nyl.  Syn.  p.  388;  Parm.  dubia  S  ch.  Enum. 
p.  45,  L.  H.  361;  Imbricaria  Krb.  S.  L  G.  p.  71. — 
Espèce  voisine  de  la  précédente,  mais  à  thalle  non  ou 
à  peine  réticulé,  opaque  ou  un  peu  brillant  et  ridé- 
rugueux  à  sorédies  éparses ,  moins  fibrilleux  en  des¬ 
sous  ;  la  couleur  est  aussi  un  peu  différente,  surtout 
sur  le  sec,  elle  devient  un  peu  livide  ;  apotliécies  très 
rares,  d’un  roux-brun.  La  v.  stictica  Duby  a  le  thalle 
brun  et  les  sorédies  blanchâtres  nombreuses. 

Sur  les  troncs,  les  barrières,  les  murailles  ;  Bernay,  ' 
Rouen,  Cherbourg,  Vire  (sur  les  rochers  la  var.  stic¬ 
tica). 

7.  p.  conspersa  Ach.  Meth.  p.  205,  Syn.  p.  209, 
Moug.  St-  Vog.  160,  Fr.  L.E.  p.  69.  Schær.  Enum. 
p.  46,  L.  H.  379,  Nyl.  Syn.  p.  391  ;  Imbricaria  DC. 
Fl.  fr.  2,  p,  393,  Krb  -  .V.  /'.  6^.  p .  81 .  — Thalle  vert- 
jaunâtre  ou  blanc-jaunâtre,  souvent  granuleux  furfu- 
racé,  bruni  au  centre,  étalé  en  rosette ,  divisé-lacinié  à 
laciniures  apprimées  contiguës  ou  un  peu  imbriquées 
à  bords  sinueux  multifides,  noir-brun  ou  pâle  en  des¬ 
sous  avec  des  fibrilles  peu  nombreuses,  mais  épaisses; 
apothécies  baies  ou  brunes  à  bord  entier,  à  la  fin  cré- 
nelé-lobé^  La  v.  stenophylla  Ach  •  est  une  forme  à  laci¬ 
niures  plus  étroites  et  plus  imbriquées. 

Sur  les  rochers  granitiques,  les  grès,  rare  sur  les 
écorces);  Cherbourg,  Falaise,  Elbeuf  (M.  Etienne). 

8.  P.  Mougeotii  ScH.  En.  p.  46,  L.  H.  548,  Moug. 


Si.  Vog.  1234,  Nyl.  Prod ,  p.  57,  Sijn.  p  392;  Imhri- 
caria- Kim.  Par  ■  p.  32. —  Voisin  du  conspersa^  dont 
il  n’est  peut-être  qu’une  forme  quartzicole  appauvrie. 

—  Thalle  entièrement  adhérent,  aréolé-crustacé  et 
obscur  au  centre ,  élégamment  divisé  à  la  circonférence 
en  laciniures  très  étroites,  multifides,  exactement  ap¬ 
pliquées  distinctes. 

Sur  les  grès  :  Falaise. 

9.  P. incurva  Fr.  Sched.  ait-  9,  p.31,  L.  E.  p.  70, 
ScHÆR.  Enum.  p.  Al ,  Imbricaria  DG.  Fi.  fr.  2,p.  394, 
Krb.  s.  L,  g.  p.  82,  Parm.  recurva  Acii.  Syn.  p.  207. 

—  Thalle  de  même  couleur  que  les  précédents  ,  étalé 
apprimé,  à  laciniures  multifides  pressées  imbriquées, 
convexes  à  sommets  recourbés  en  dessous,  portant 
quelques  sorédies  tuberculeuses  blanC'-jaunâtre  ;  apo- 
thécies  brunes,  à  bord  presque  entier 

Sur  les  grès  ;  Vire.  (Communiqué  par  M.  Le  Prévost.) 

10.  P.  acetabulum  Dub.  B.  gall.  p.  681,  Fr.  L.  E. 
p.  65,  ScHÆR.  Enum.  p.  35,  A.  B.  547,  Nyl.  Syn. 
p.  394,  Malb.  L.  N.  22  ;  Imbricaria  DG.  Fl.  fr.  2,  p.  392, 
Krb.  s.  L,  G.  p.  77;  Parm.  corrugala  Ach.  Syn. 
p.  199.  —  Thalle  vert-glauque-livide  ou  brunâtre 
étalé  en  rosette,  presque  opaque,  un  peu  rugueux  iné¬ 
gal  ,  à  lobes  imbriqués  flexueux,  ceux  de  la  périphérie 
arrondis  étalés  un  peu  crénelés,  brun  ou  noirâtre  ou 
pâle  en  dessous,  à  fibrilles  courtes  ;  apothécies  grandes 
d’un  bai-roux  à  bord  élevé  rugueux  crénelé 

Commun  sur  les  troncs. 

11.  p.  olivacea  Ach.  Melh.  p.  213,  Fr.  L.  E. 
p.  66,  pr.  p  ScHÆR.  Enum.  p.  47,  L.  B.  370,  371 ,  Nyl. 
Syn.  p.  395,  Malb.  L-  Norm.  118;  Imbricaria  J)C. 


FL  fr.  2,  P  392,  pr.  p.  —  Thalle  olive  ou  olive  obscur 
étalé  en  rosette,  un  peu  rugueux  ou  à  lobes  appliqués 
planes  arrondis  crénelés,  presque  concoloreen  dessous  ; 
apothécies  moyennes,  d’un  bai-roux  ou  baies,  planés  , 
à  bord  entier  ou  presque  entier- 

Sur  les  arbres.  Commun. 

V.  exasperata  Nyl.  Collema  exasperatum  Acn.  Syn. 
p.  320.  Imbric.  olivacea  Moug.  St.  Vog.  161;  lmb.  aspera 
Krb  L.  g.  p.  78. —  Thalle  plus  brun,  couvert,  ainsi 
que  les  bords  des  apothécies,  de  petites  papilles  ;  spores 
bien  plus  courtes  que  dans  le  type. 

Sur  les  arbres. 

12.  P.  prolixa  Nyl.  Syn.  p.  396;  Farm,  olivacea  v. 
prolixa  Acu.JIeth^  p.  214  ;  P.  dendritica  SCHÆR.  F.  //. 
372,  P.  olivacea  w.  Delisci  Dub.  Bol.  galL  p.  602-  — 
Thalle  olive,  pâle  ou  bruni,  brillant,  à  laciniures 
étroites  et  imbriquées-entassées,  non  dilatées  au  bord 
(à  peu  près  disposées  comme  dans  le  conspcrsa)^  divi- 
sées-multifides,  planes,  crénelées-incisées  à  la  marge  , 
noirâtre  en  dessous  à  fibrilles  moyennes;  apothécies 
brunes  moyennes  ou  petites  ,  concaves  à  bord  entier 
ou  presque  entier.  —  Le  thalle  varie  pour  la  couleur 
et  les  sorédies,  de  sorte  que  bon  peut  distinguer  deux 
formes . 

F.  dendritica  Nyl.  à  thalle  noirâtre,  à  granulations 
furfuracées  ou  isidioïdes  et  à  bord  des  apothécies  un 
peu  crénelé.  — Sur  les  pierres  siliceuses  :  Brionne,  Fa¬ 
laise. 

F.  Delisei  Düby,  à  thalle  pâle,  à  sorédies  terminales 
concolores.  —  Vire,  sur  les  grès- 


13.  P.  physodes  AcH.  Meth.  p.  250,  Stjn.  p.  218, 
Moijg.  St  Vog.  159,  Fr  L  E.  p  64,  Nyl.  Syn- 
p.  400;  Imhricaria  DG.  Fl.  fr.  2,  p.  p.  393,  Krb.  S.  L.  G. 
p.  75,  Farm,  ceratophylla  ScHÆR  Enum.  p.  41,  Z.  H. 
366,  367.  -  Thalle  blanc-glauque  on  pâle-brunâtre  , 
lisse  un  peu  brillant,  divisé  en  laciniures  planes  ou 
convexiuscules,  ondulées  imbriquées,  arrondies-lobées 
subcrénelées  aux  extrémités,  parfois  brunies;  apothé- 
cies  baies  ou  roussâtres,  assez  grandes,  à  bord  élevé 
entier- 

Sur  les  pierres  et  les  troncs;  Rouen,  Brionne,  Fa¬ 
laise,  Vire,  Cherbourg. 

V.  labrosa  Ach.  V.  tubulosa  Schær.  1.  c.  Malb. 
L.  Norm,  23,  laciniures  du  thalle  cendrées-glauques, 
plus  lâches,  à  sommets  enflés,  blancs-sorédifères.  — 
Commun  sur  les  pins  ;  Rouen. 

V.  vittata  Ach.  1.  c.  Laciniures  lâches  allongées, 
bordées  de  noir.  —  Falaise 

14.  P.  pertusa  Sciiær  •  Enum,  p.  43,  L.  H,  365,  Nyl. 
L.  P.  32)  Frod.  p.  56,  p.  402;  Imbricaria  dia- 
îrypa  DC.  Fl.  fr.  2,  p.  393,  Parmel.  diatrypa  Ken, 
Syn.  p.  219,  Moug  St,  Vog.  Qb;  F .  physodes  v .  dia~ 
trypaF^.  L.E,  p.  64  ;  Imbr ,  terebrata  Krb  S.  L.  G, 
p.  74,  Menegazzia  Krb.  Far.  p.  32.  —  Semblable  au 
type  de  Fespèce  précédente,  à  laciniures  appliquées 
contiguës,  bien  distinct  par  les  perforations  des  lobes 
du  thalle,  quelquefois  aussi  sorédifères. 

Sur  les  grès  ;  Falaise,  Cherbourg. 

15.  P.  placorodia  Ach.  éi'î/n.  p.  196;  Nyl  L.  Sc. 
p.  106;  p.  aleurites  nonnuWi  aut.  — Thalle  blanc  ou 


—  475 


cendré,  couvert  de  papilles  isidioïdes  et  d(3  sorédies, 
appliqué,  lacinié-lobé,  pâle  eu  dessous;  apotliécies 
baies  ou  brunes,  presque  opaques,  à  bord  crénelé  isi- 
dioïde.  Spores  ellipsoïdes* 

Sur  les  écorces  ;  Vire. 

PIIYSCIA  Hyl. 

Thalle  diversement  lobé  ou  lacinié,  le  plus  souvent 
étalé  en  rosette_,  jaune  ou  cendré,  rarement  brun  ;  apo- 
thécies  jaunes  ou  brunes  ou  noires.  Spores  2~4-locu- 
laires  (excepté  ciliaris),  hyalines  ou  enfumées;  para- 
physes  libres. 

A.  Thalle  jaune-  —  Spores  hyalines, 

1 .  Ph.  flavicans  DG.  F/  fr  6,  p.  189,  Dub  B.  gall. 
p.  612,  Nyl.  Prod.  p.  59,  Syn,  p.  406,  Malb.  L.  Norni- 
169;  Borrera  Agh.  Syn.  p.  224,  Evernia  Fr.  L.  E. 
p.  18;  Cornicularia^CHjER.  Enum.  p.  6,'  L.  H  552-  ~ 
Thalle  jaune  d’or  ou  jaune-pâle,  alectoriforme  élégant, 
très-rameux,  à  rameaux  filiformes  arrondis,  enchevê- 

I 

très,  atténués  au  sommet,  presque  canaliculés  en 
dessous,  un  peu  sorédifères  ;  apotliécies  orangées  ou 
orangées-roussâtres  à  bord  mince  un  peu  crénelé,  dis¬ 
paraissant  à  la  fin.  Spores  simples  ou  avec  une  lo- 
gette  à  chaque  bout. 

*  Sur  les  rochers  et  les  arbres  :  forêts  de  Fougères, 
de  Bricquebec  ;  Falaises  de  la  Hogue  (Le  Jolis);  Vire. 

2.  Ph.  chrysophtalma DG .  FL  fr  2,Schær.  Enum. 
p,  12,  L.  H  389,  Nyl.  Syn.  p.  410;  Parmelia  Fr. 
L.  E.  p.  757;  Borrera  Acn.  Syn.  p.224,  Moug  ■  St.  Vog. 


254,  Tornabenia  Krb.  Paî\,  p.  21 . — Thalle  petit  (1-2  c.) 
jaune-cendré  ou  jaiine-hlanchâtre,  un  peu  rigide, 
cespiteux  d’un  centre  commun,  étroitement  lacinié, 
laciniures  ascendantes,  divariquées  multifides,  à  som¬ 
mets  fibrilleux;  apothécies  assez  grandes,  d’un  rouge- 
orangé,  ciliées  au  bord. 

Sur  les  troncs  et  les  rameaux;  Vire,  montagne  du 
Roule,  Nacqueville  (Manche);  trouvé  unefoisàBrionne 
(Eure).  La  forme  sans  cils  (v.  dcniidala  Ach  )a  été 
trouvée  cà  Vire. 

3.  Ph.  parietinaDN.  Parm.  Krb.  S.  L.  (z.p.  91, 

Nyl.  Prod.  p.  60,  Syn.  p.  410,  Malb.  L  A.  67  ;  Parine- 
lia  Acii.  Syn.  p.-  200;  Moug.  Si  Vog.  66,  Fr.  L.  E. 
p.  72,  ScHÆR.  Enum.  p.  49,  L.  H.  380;  Imbricaria  DG. 
Fl.  fi\  2,p.  391.  —  Thalle  membraneux  foliacé-lobé, 
à  lobes  planes  parfois  imbriqués,  granuleux  au  centre, 
étalés,  appliqués  à  la  circonférence,  crénelés  ou  incisés, 
d’un  beau  jaune  vif,  rougeâtre  ou  pâle  (verdâtre  dans 
les  lieux  ombragés,  Imbr.  chlorina  Chey .  FLpar,  621), 
plus  pâle  ou  blanchâtre  en  dessous,  presque  nu  ;  apo¬ 
thécies  concolores  ou  orangées,  à  bord  entier. 

Très  commun  sur  les  écorces,  les  bois,  les  rochers, 
surtout  dans  les  lieux  cultivés. 

V .  ectanea  Ach  .  E.  U.  p  •  464,  Schær  .  Enum.  p  .  50  ; 
Nyl.  Prod.  p.  60,  Fr.  L.  E.  p.  73,  Krb.  Le.;  Farm, 
rutilans  Acr.  Syn.  p.  210. —  Thalle  jaune-orangé, 
avec  des  tons  d’un  rouge  ardent  très  riche,  divisé  en 
lobes  ou  laciniures  courtes  linéaires  obtuses  épaisses 
imbriquées.  Rochers  maritimes,  grès,  schistes;  Cher¬ 
bourg,  Saint-Malo,  Falaise. 

V.  auréola  Nyl.  Sciler.  11.  cc.  Krb.  Par.  p.  37; 


Parm.  auréola  Ach.  Syn.  p.  210.  —  Thalle  orbiculaire 
centrifuge,  d’un  jaune  viteilin  un  peu  fauve  au  centre, 
jaune  doré  et  plane  au  bord,  crispé  granuleux  dans  la 
plus  grande  partie  ;  apothécies  concaves,  à  bord  cré¬ 
nelé.  —  Sur  les  pierres,  ardoises,  les  rochers  (mari¬ 
times  surtout). 

J’ai  trouvé,  près  de  Brionne,  une  forme  à  thalle  di¬ 
visé  au  bord  en  laciniures  linéaires  étroites  (presque 
comme  dans  le  Pkc.  muroriiui),  convexes,  noueuses- 
gonflées;  apothécies  nombreuses,  orangées-rougeâtres, 
planes,  à  bord  crénelé  concolore  au  thalle . 


V.  polycarpa  Nyl.  Parm.  candelaria  v.  polycarpa 
Ach;  Metli.  p.  187,  Fr.  L.  E,  p.73;  Schær. Pni^m.p.50, 
Malb.  L.  a.  68  ;  Lee anor a  Acn.  Syn  -  p.  192.  — Thalle 
microphylle  jaune,  formant  de  petits  coussins,  à  lobes 
laciniés  granulés,  presque  oblitéré  par  l’abondance 
des  apothécies  à  disque  orangé-fauve,  à  bord  crénelé . 
—  Sur  les  troncs  (frênes,  peupliers)  et  les  clôtures; 
Rouen,  Vire,  Bernay. 


V.  lychnea  Nyl.,  Schær.  et  v.  fulva  1  c.  L.  H.  649 
Parm.  candelaria  v.  lychnea  Acn.  Syn.  p.  192;  Ph. 
controversa  Y .  lychnea  Kmi.  Par .  p.  38  — Thalle  très 
petit  lobulé,  à  lobes  lacérés-laciniés,  souvent  à  bords 
ascendants,  pulvérulents,  pressés;  apothécies  conco- 
lores  ou  fauves,  un  peu  grandes  relativement  au 
thalle,  à  disque  convexe  excluant  le  bord,  qui  est  très 
entier.  — Sur  les  bois,  les  écorces,  les  mortiers,  les 
roches;  Rouen,  Cherbourg. 


V.  fibrillosa  Schær.  1.  c-  —  Thalle  petit  jaune- 
clair,  lacéré-déchiqueté,  à  laciniures  ciliées-fibrilleuses 
au  bord.  —  Sur  les  tilleuls  ;  Bernay  (Le  Prévost). 


—  478 


V.  pygmæa  Schær.  Fr.  11.  cc.—  Thalle  petit  jaune- 
orangé,  àlaciniures  étroites  un  peu  enflées,  convexes, 
presque  dressées,  granuleuses-pulvérulentes  au  bord. 

—  Sur  les  roches  de  grès  ;  Vire,  Falaise. 

4.  Ph.  candelaria  Nyl.  Prod.  p.  QO,  Syn.  p.  412, 
Malb. V.  C9  ;  Parmelia  Agh.  Meth.  pr.  p.  Del.  in 
Duby  b.  gall.  p.  606  ;  jLeca?iora  Ach.  Syn.  p.  192  (pr. 
p.),  Moug.  Sî.  Vog.  743  a  ;  Placodium  DG.  FL  fr.  2, 
p.  378  (pr.  p.);  Purmeh  parietinaw.  candelaria  Fr.  L, 

E.  p.  73  (pr  p.)ScHÆR  L.  H.  382;  Candelaria  vulga- 
ris  Mass.  Krb.  S.  L.  G,  p.  120-  —  Thalle  petit  jaune 
ou  jaune-verdâtre,  finement  divisé-laciné,  à  laciniures 
multiMes  élégamment  étalées  ou  pressées  ascendantes 
imbriquées,  à  bords  pulvérulents  granuleux  (quel¬ 
quefois  complètement  leprarioïdes;  apothécies  sub- , 
'concolores  orangées,  ou  jaunes  fauves  obscures.  Spores 

très  nombreuses  dans  chaque  thèque(de  10  à  100).  — 
Cette  espèce  pourrait  facilement  être  prise  pour  une 
forme  laciniée  et  appauvrie  du  parietina^  mais  Tana- 
lyse  des  apothécies  la  distingue  entièrement- 

Sur  les  troncs  (pommiers,  ormes);  Rouen,  Bernay. 

B.  Thalle  cendré  ou  brun;  spores  brunâtres. 

5.  Ph.  cîliaris  DQ.  FL  fr.  2,  p.  396,  Schær.  Enum. 
p.  10,  L,  H.  388,  Fr  L  E.p.  77,  Nyl.  %n.  p  414,  - 
Malb.  L>  A-  24  ;  Borrera  Ach.  Syîi,  p.  221,  Moug. 

St.  Yog.  64  ;  Anaptychia  Krb.  S.  Z.  G.  p-  49.  — 
Thalle  blanc-cendré  ou  cendré-gris,  finement  tomen- 
teux,  divisé-lacinié,  àlaciniures  étroites  linéaires  inul- 
tifides  rayo) mantes  suhascendantes,  blanches  et  cana- 
liculées  en  dessous,  munies  au  bord  de  longs  cils  con- 


I 


‘  colores  ou  noirâtres  au  sommet  et  pulvérulents  ;  a[)()~ 
tliécies  d’un  brun  noir  souvent  pruineuses  à  bord 
épais  infléchi,  lacéré-crénelé  (par  proliûcation) .  Spores 
brunâtres  à  une  cloison. 

Très  commun  sur  les  troncs,  dans  les  endroits  cul¬ 
tivés. 

V.  crînalis  (Sghl.)Sch.  Fr.  11.  cc  Krb.  Par.  p.  19. 
—  Thalle  plus  petit  pâle,  à  divisions  étroites  tomen- 
teuses,  couvertes  au  bord  de  cils  allongés.  — “  Sur  les 
arbres  et  les  rochers  ;  Vire  (Pelvet  in  Sghær.  1.  c  ). 

.  V.  saxicola  Nyl.  1.  c. — Thalle  gris  brunâtre  tomen- 
teux,  irrégulièrement  divisé  et  verruqueux  (spermo- 
gonifère?).  —  Sur  les  rochers,  au  pied  des  murs  d’ar¬ 
gile  ;  Cherbourg,  Bernay . 

G.Ph.leucomela  Mien.  Fl.Bor.  Amer.  2,  p.  356,  Dubv 
B.  Gall.  p.  612,  Sghær.  Enum.  p.  11,  Fr.  L.  E.  p.76; 
Nyl.  Prod.  61,  Syn.]).  414;  Borrera  Agh.  Syn- 
p.  122,  Parmelia  speciosa  v.  b,  Fr.  L.  F.  p.  80,Moug. 
St.  Vog.  941 .  —  Thalle  blanc  de  lait  ou  glauque,  très 
glabre,  à  laciniures  allongées  lâchement  dichotomes, 
blanc  de  neige  et  subcanaliculées  en  dessous,  à  bords 
garnis  de  longs  cils  noirs  (rarement  concolores);  apo- 
thécies  noires  brunâtres,  couvertes  d’une  pruine  bleu⬠
tre,  à  bord  denticulé  ou  cilié.  Spores  souvent  4-locu- 
laires. 

Sur  les  rochers  et  les  arbres;  falaises  de  Flamanville, 
Saint-Sever  (Manche),  foret  de  Bricquebec,  forêt  de  la 
Fonde  (Seine-Inférieure). 

7.  Fh.  speciosa  Fr.  L.E.  p.  80,  Nyl.  p.416; 
Parmelia  Agh.  Syn.  p.  211,  Mono  St.  Poej.  635, 
Sghær.  Enum.  p.  39,  L.  U.  357,  Krb.  S>  L,  G  p.  89. 


—  480  — 


Thalle  blanc  de  lait  ou  blanc  cendré  on  un  peu  glauque,  * 
lacinié-pinnatilide,  à  .laciniures  courtes  planes  sub¬ 
imbriquées,  à  sommets  obtus  tronqués,  souvent  pulvé¬ 
rulents  (sorédifères),  bords  et  dessous  garnis  de  cils  et 
de  fibrilles  blanches  ou  obscures;  apothécies  brunes,  à 
bord  infléchi  rugueux  crénelé. 

Sur  les  troncs  et  les  rochers  ;Bricquebec,  Cherbourg 
(montagne  du  Roule);  Falaise- 

8.  Ph.  pulverulenta  Fr.  L.  E.  p.  79,  Nyl.  Syn. 
p.  419;  Parmelia  Acn.  Syn.  p.  214,  Moug- Vog. 
162,  ScHÆR.  Enum.  p.  38,  L.  H.  356,  Krb.  S.  L.  G. 
p.  86  ;  bnb  rie  aria  DG.  Fl.  fr.  2,  p.  387.  —  Thalle  pâle 
cendré  ou  cendré  roussâtre,  opaque,  blanc,  pruineux 
vers  les  bords,  étalé  en  rosette,  lacinié-lobé  à  laciniures 
larges  planes,  obtuses,  crénelées-incisées  au  som¬ 
met,  à  face  inférieure  hispide  ,  garnie  de  fibrilles  noi¬ 
râtres  abondantes;  apothécies  brunes-noires  prui- 
neuses,  à  bord  enflé,  épais,  entier. 

Commun  sur  les  arbres. 

V,  pityrea  Nyl.  Prod.  p.  62,  Malb.  L.  N.  70  (ferti- 
Vis);  Parmelia  Acu.  Nyn.  p.  201,  Mono.  St.  Vog.  352; 
Imbricaria  DG.  Fl.  fr.  2,  p.  387;  Farm,  pulverulenta 
V.  grisea  Schær.  Eîium.  p.  38,  L.  H.  487.  —  Thalle 
cendré-gris  ou  blanchâtre,  plus  appliqué,  bordé  fré¬ 
quemment  de  sorédies  cendrées  oubrunes.  (Trouvé  une 
seule  fois  en  fructification,  thalle  couvert  de  nom¬ 
breuses  sorédies  brunâtres,  envahissant  même  les  apo¬ 
thécies.)  —  Sur  les  troncs, 

V.  venusta  Schær.  1.  c  Nyæ.  ProcU  p.  62,  Malb. 

L.  Norm  119;  PIi.  venusta,  Nyl  Syn.  p.  421;  Parme- 
lia  Ach.  Syn.  p.  214.  ~  Thalle  cendré  brun  livide , 


—  481  — 


'  à  divisions  plus  étroites  et  sans  pruine  ;  apothécies 
dont  le  bord  se  couronne  de  petites  feuilles  thallines. 
Nos  échantillons  sont  peu  distincts  du  type.  —  Sur  les 
troncs  (tilleuls  etc.j. 

9.  Ph.  aquiia  Fr.  Z.  F.  p  78,  Nyl.  Syn.  p.  422, 

Malb.  Norm.  172;  Parmelia  Ach  Sijn.  p.  205, 

Moug.  Vog.  1049,  Schær.  Enum.  p.  49,  Z.  IL  565; 

' ImbricariaBC.  FL  fr.  2,  p.  388.  —  Thalle  châtain- 

brun  ou  li vide-pâle  (verdâtre-olive  étant  frais),  étroite¬ 
ment  lacinié  apprimé,  à  laciniures  linéaires,  multipar- 
tites  pressées,  imbriquées  ,  planes  ou  convexes;  apo¬ 
thécies  d’un  brun  noir,  abord  un  peu  crénelé. 

Sur  les  grès;  Falaise,  mais  ne  fructifie  que  sur  les 
rochers  maritimes  ;  Granville. 

10.  Ph.  stellaris  Fr.  Z.  Z.  p.  82,  Nyl.  Prod.  p.  61, 
Syn.  p.  424;  Malb.  Z.  Norm.  25;  Parmelia  Aca.  Syn. 
p.  216,Moug  St.  Fo^.  163,  Schær.  Zn-wm.  p.  39,  Z. 

350,  351,  Krb.  s.  Z.  Z.  p.  85  ;  Imbricaria  DG.  Fl. 
fr.  2,  p.  386  ;  Parm.  aipçlia  Ach.  Sy7i.  p.  215,  Imbri¬ 
caria  DG.  1.  c.  Thalle  blanchâtre  ou  blanc  glauque, 
nu  (rarement  pruineux),  étalé  en  rosette,  à  laciniures 
multifides  oudobées,  contiguës  rayonnantes,  blanches 
en  dessous,  à  fibrilles  concolores  ou  brunâtres;  apo¬ 
thécies  d’un  brun-noirâtre  ou  noires,  nues  ou  priii- 
neuses,  à  bord  entier  ou  légèrement  crénelé.  La  var. 
cercidia  Ach.  1.  c.  est  une  forme  qui  vient  sur  les  écorces 
rugueuses,  à  thalle  irrégulier  granuleux-verrnqueux 
au  centre,  à  apothécies  pressées  flexueuses-crénelées. 

Sur  les  écorces  et  les  pierres. 

Y.  ambigua  Schær.  Krb.  11.  cc.;  var.  anthdina  Ach . 
1-  c.?  Laciniures  du  thalle  étroites  séparées,  distantes, 


482 


convexiüscules  toruleuses;  apütliécies  moyennes  ou 
petites,  situées  sur  les  laciniures.  —  Sur  les  arbres  ; 
Rouen,  Forêt  verte  (surtout  sur  les  trembles). 

V.  leptalea  Nyl.  L  c.  Malb.  L.  N.  71,  pr.  p.  Phys- 
cia  leptalea  DG.  Fl.  fr.  2,  p  395;  Borrera  tenella  var. 
Ach.  Syn,  p.  221;  Ph.  stellaris  var.  hispida  Fr.  L.  E. 
p.  82,  pr  p.  ScHÆR.  Enum.  p.  40,  L.  //.  562;  Parm. 
stellaris  Y.  ascendens[.  tubulosa  Krb.  S.  L.  G.  p.  85.  — 
Thalle  à  laciniures  étroites  convexes  toruleuses  à  cils 
longs,  blanchâtres,  parfois  brunâtres  à  l’extrémité  ; 
apothécies  grandes  à  bord  entier  flexueux.  Plante  rap¬ 
pelant  le  ciliaris,  mais  diminué.  —  Sur  les  arbres. 

V.  tenella  Nyl  •  1.  c.  Malb-  L  N.  170;  Borrera 
Ach.  Syn.  p.  221  ;  Parmelia  stellaris  var.  tenella 
ScHÆR.  Enum.  p.  40,  L.  H  352;  Parrn.  stell.  v.  ascen- 
densï.  fornicata  Krb.  1.  c.  —  Voisin  du  précédent  , 
mais  divisions  plus  imbriquées,  redressées  en  voûte  au 
sommet  et  là  souvent  sorédifères,  sotédies  verdâtres- 
cendrées.  —  Sur  les  troncs  (bouleaux,  peupliers)  et  les 
rochers  (f.  saxicola)  avec  un  thalle  très  blanc  et  les 
apothécies  pruineuses  • 

11.  Ph.  albineaAcH.  L.  U.  p.  491  (snb.  Parmelia)^ 
Syn.  p.  207,  Duby  B.  yall.  p.  605  ;  Parm.  pulchella  v. 
ScHÆR.  Enum.  p.  41,  f.,.  £r.  348  p.  p.  ;  Parm.  cæsia 
Y.  albinea  Krb-  S.  L.  6^..p.  86;  Ph.  stellaiHs  (forma) 
Nyl  Syn.  p.  425.  —  Thalle  petit  blanc  de  lait,  à  divi¬ 
sions  courtes  lobées  crénelées ,  planes  ou  convexes 
subsquamiformes  sans  sorédies,  concolores  en  des¬ 
sous,  ainsi  que  les  fibrilles  qui  sont  courtes  et  rares  ; 
apothécies  très  noires,  d’pbord  pruineuses.  (Stérile 
eu  Normandie.) 


—  483  — 


Sur  les  murs  et  les  rochers  :  Cherbourg  (Octeviile , 
Urville). 

V.  tribacia  (f.  isidioidea)  Schær.  Enum.  p.  39  (sub. 
Farm,  tribacia)  \  Lecanor a  ken,  Syn-  p.  191. — Thalle 
plus  divisé  à  laciniures  multifides  crénelées-rongées 
au  sommet,  toutes  couvertes  de  granulations  isi- 
dioïdes,  fibrilles  de  la  face  inférieure  plus  abondantes 
noirâtres.  —  Sur  les  troncs  et  les  rochers  :  Falaise  {de 
Brébisson). 

Nous  avons,  à  l’exemple  de  Schærer  et  d’Acharius, 
séparé  cette  espèce  de  la  précédente  ,  dont 

elle  nous  semble  bien  distincte  par  le  port  et  la 
forme  de  son  thalle. 

12.  Ph.  astroidea  Fr.  Z-  E  p.  81,Nyl  Prod. 
p.  62,  Syn.  p.  426,  Malb.  L.  N.  171  (non  Aciiar.); 

ScilÆR.  Enum,  p-  40,  Krb.  S,  L  .  G  p.  89; 
Farm,  Clementiana  Acii .  Syn,  p  200,  Moue.  St.  Vog. 
131,  et  Lecanora  Carieæ  kcR  id.  p.  188.  —  Thalle 
cendré-glauque-clair,  étalé  en  rosette  exactement  ap¬ 
pliqué,  en  grande  partie  formé  par  une  croûte  léproso- 
granuleuse  fendillée,  figuré  seulement  au  bord  ®ù  il  est 
lobé  crénelé  ;  apothécies  sessiles  noirâtres  pruineuses 
(rarement  nues),  à  bord  entier  ou  légèrement  crénelé.  » 

Sur  les  écorces  ;  commun  sur  les  pommiers  dans 
la  Haute-Normandie;  Vire- 

V.  sideralis  ScH.  l  c.  iF.  sideralis  Ach.)  —  Thalle 
cendré-brunâtre  à  peine  granuleux,  àlobes  plus  entiers, 
à  apothécies  concaviuscules  à  bord  entier  —  Sur  les 
pommiers,  à  Vire  (Délise m  Schær). 

13-  Ph.  cæsia  Fr.  L  E,  p.  85,  Nyl.  Prod.  p.  02, 
Syn  p.  426,  Parmelia  Ach-  Syn.  p.  210,  Moue.  St. 


Vog.  4-47,  Krb.  .V.  L  G,  p.86;  hnbricaria'DC.  Fl.  /r.  2, 
p.  38G;  Parmi,  pulchella  var.  cæsia  et  dubia  ScH/er. 
Enumi .  p.  41,  X.  IT  347,  348.  —  Thalle  cendré-hlan- 
châtre  ou  glauque  parfois  obscur  au  centre,  appliqué, 
exactement  étalé  en  rosette ,  lacinié-multifide  à  laci- 
niures  convexes,  planes  au  sommet,  portant  des  soré- 
dies  blanc-bleuâtre,  pâles  et  concolores  en  dessous,  à 
fibrilles  noirâtres  ;  apothécies  noires  souvent  prui- 
neuses,  à  bord  presque  entier. 

Sur  les  pierres  siliceuses,  les  toits  d’ardoise. 

14.  Ph.  obscura  Fr-  L.  E.  p.  84,  Nly.Z.  P.  33, 

Syn.  p.  427,  Malb.  L.  N-  26  ;  Parmdia  Schær.  Enum. 
p.  36,  L.  II.  353,  355,  Krb.  S.  L.  G.  p.  88,  Par. 
p.34;  Parmi,  cycloselis  Ach.  Syn.  p.  216;  ImbricariaDG. 
Fl.  fr.  2,  p.  338,  et  Parmi,  chloanlha  Acii.  Syn.  p.  217. 
—  Thalle  (d’un  vert  livide  étant  frais),  cendré  ou  cen- 
dré-brun -livide  étant  sec,  à  laciniures  petites  incisées- 
lobées  presque  appliquées,  sans  pruine,  mais  à  sorédies 
verdâtres ,  munies  en  dessous  d’un  tomentum  de  cils 
noirâtres  ;  apothécies  d'un  brun-noir,  nues,  à  bord 
entier. 

Sur  les  écorces  et  les  pierres. 

V.  sciastraNYL.  Syn.p.  428;  Parmi,  sciastra  Acn. 
Meth.  p.  49;  Parm.  fahlunensis  v.  sciastra  Ach.  Syn. 
p  ■  204  ;  Parmi,  obscura  var.  saxicola  Schær.  L.  U.  485 . 
— Thalle  li vide-noirâtre  à  laciniures  planes;  apothécies 
petites.  —  Sur  les  pierres  ;  Rouen. 

V.  ulothrîx  Fr.  L.  E.  p.  85,  Nyl.  Prod.  p.  63, 
Syn.  p.  428  ;  Parm.  ulothrîx  Acu .  Syn.  p.  217  ;  Parmi, 
obscura  v.  ciliata  Schær.  Enumi»  p.  37  —  Peu  distinct 
du  type,  laciniures  plus  séparées  étroites  et  inultifides 


planes  subciliees  au  bord  ainsi  que  le  dessous  des 
apothécies.  —  Avec  le  type. 

15.  Ph.  adglutinata  Nyl.  Syn.  p-  428;  Parmclia 
Moug.  St.  Vog.  543;  Farm,  obscura  v.  adglutinata '^yl. 
Z  -  *F.  34,  Prod.'p.  63.  —  Thalle  mince  ,  exactement 
appliqué  cendré  ou  cendré-livide  ;  pulvérulent  lépra- 
rioïde  au  centre  ou  paraissant  presque  monophylle  et 
fendillé  ;  apothécies  petites,  rares. 

Sur  les  troncs  châtaigniers,  saules,  etc.). 


— liîMiB'i  iBiftltl  'SâTé»' — 


NOTE 


SUR  LE 

HOLCUS  SPICATUS, 

Par  M.  DE  LÉRUE. 


SÉANCE  DU  7  Mars  1867. 

Nous  ne  connaissons  guère,  en  France,  que  trois  ou 
quatre  espèces  de  Millet,  et  cette  sorte  de  graminée 
n’y  est  cultivée  que  pour  servir  à  la  nourriture  des 
oiseaux  de  volière.  ' 

Les  uns  préfèrent  VAlpiste  ou  Millet  long  (Phalaris 
canariensis.  L.),  les  autres,  tels  que  nos  bouvreuils  , 
nos  serins,  nos  chardonnerets,  le  Millet  commun  [Pa- 
nicum  miliaceum.  L  ) ,  et  c’est  surtout  dans  nos  con¬ 
trées  méridionales  qu’on  utilise,  non-seulement  pour 
la  nourriture  des  oiseaux,  mais  même  parfois  pour  l’a¬ 
limentation  générale,  le  Punis  d’Italie,  ou  Millet  à 
grappes  {Panicum  Italicum.  L.)* 

Ce  dernier  était  probablement  le  milium  des  Latins 
qui ,  au  dire  de  Festus ,  doit  son  nom  à  la  grande 
quantité  de  graines  qu’il  produit. 

Le  Panicum  Italicum  et  le  P.  Sorgho,  cultivé  aussi 
du'  temps  de  Pline  en  Italie,  où  il  avait  été  apporté  des 


487  — 


Indes,  ont  été  longtemps  confondus,  et  ce  n'est  que 
dans  ces  derniers  temps  qu’ils  ont  été  séparés. 

L’épi  que  je  dépose  sur  le  bureau  m’a  été  rapporté  , 
avec  plusieurs  autres,  du  Sénégal,  où  il  a  été  recueilli 
un  peu  avant  l’époque  de  la  maturité.  C’est  un  sujet 
de  l’une  des  trois  variétés  du  Millet  cV/lfrique  ou  grand 
millet.  Il  est  très  commun  au  Sénégal  ,  où  on  le  " 
nomme  Boca ,  et  où  il  sert  à  la  nourriture  des  noirs , 
qui  en  font  une  pâte  délicate. 

Le  nom  de  hoca  est  évidemment  une  corruption  de 
celui  de  la  houlque  ou  houque  {holcus),  nom  donné  à  la 
même  plante  aux  Antilles,  où  elle  a  été  transportée 
d’Afrique  il  y  a  longtemps.  C’est  la  houlque  à  épi 
[holcus  spicatus  L.)  ;  on  la  nomme  aussi,  au  Sénégal  : 
petit  mil  chandelle  :  son  épi,  ainsi  que  vous  pouvez  le 
voir,  a  la  forme  d’une  chandelle,  surtout  dans  l’état  de 
fraîcheur,  où  il  est  terminé  par  une  petite  aigrette  à 
filets  réunis  comme  une  mèche. 

Le  fruit  est  une  semence  arrondie  qui,  dans  cette 
variété,  se  sépare  de  la  balle  florale  bien  plus  difficile¬ 
ment  que  dans  nos  Millets  et  nos  Alpistes. 

Je  ne  sais  si  la  houlque  à  épi  réussirait  dans  nos  cli¬ 
mats  :  elle  ne  pourrait  guère  être  utilement  confiée  à 
la  terre  qu’en  mai  ou  même  en  juin,  car  elle  doit 
craindre  les  moindres  atteintes  du  froid.  Je  mejDropose 
d’essayer,  cette  année,  à  bonne  exposition  ,  sous  un 
châssis  mobile.  Je  ferai  part  des  résultats  à  la  Société, 
qui  peut,  de  son  côté,  utiliser  dans  le  même  but  l’épi 
que  je  lui  offre. 

Il  serait  très  désirable  que  cette  variété  de  Millet  prit 
s’acclimater  ici,  au  profit  de  nos  volières.  La  difficulté 
que  les  fringilles,  les  becs-fins,  bengalis  et  autres  ont 


I 


à  enlever  la  graine  de  cet  épi  les  occupe  utilement,  et 
les  empêche  de  perdre  la  moitié  de  leur  aliment, 
comme  cela  arrive  pour  le  Millet  commun  et  le  Millet 
à  grappes  pendantes. 

Je  dois  faire  connaître,  au  surplus,  une  singularité 
que  j’ai  remarquée  chez  ceux  des  habitants  de  ma  vo¬ 
lière  qui  sont  originaires  du  Gabon  et  du  Sénégal  : 
soit  habitude  d’un  aliment  plus  tendre  et  plus  facile  à 
saisir,  soit  influence  de  la  nouvelle  température  dans 
laquelle  ils  vivent  aujourd’hui,  ces  pensionnaires  ne 
font  pas  beaucoup  fête  di\i  mil  chandelle  ,  leur  compa¬ 
triote  cependant.  Ils  s’attaquent  de  préférence  au 
Millet  commun,  à  graines  rondes  ou  aplaties;  tandis 
que,  à  coté  d'eux,  —  dans  un  compartiment  voisin, 
ménagé  dans  des  vues  de  bonne  harmonie,  -  les 
bouvreuils,  les  mésanges,  les  tarins,  les  chardonnerets 
et  même  les  serins,  tous  nés  en  Normandie,  quittent 
volontiers  leur  nourriture  habituelle  pour  piller  la  fa¬ 
meuse  c/m  exotique. 


% 


NOTE 

sur  le 

PHYCOMICES  NITENS, 

Par  M.  MALBRANCHE. 

-  ■  -  —  '  ' 

SÉANCE  DU  4  Avril  1867.  • 

4 

Le  Phycomyces  nitens  que  je  présente  à  la  Société 
a  été  recueilli  sur  des  résidas  de  graine  de  Perse 
abandonnés  depuis  longtemps.  Il  n’a  été  observé  en¬ 
core  que  sur  les  graines  oléagineuses  ou  diverses  subs¬ 
tances  imprégnées  d’huile ,  mais  les  graines  tincto¬ 
riales  précitées  contiennent  sans  doute ,  comme  plu¬ 
sieurs  autres  liharnnus  ,  une  amande  huileuse  ,  qui  a 
facilité  le  développement  du  cryptogame. 

Le  Phycomyces  n’est  pas  nouveau  pour  la  flore  fran¬ 
çaise  :  MM.  N.  Joly  et  Clos  ,  qui  croyaient,  en  1865  , 
que  ce  champignon  n’avait  jamais  élé  signalé  en 
France ,  ne  connaissaient  pas  le  travail  du  D*’  Mon¬ 
tagne,  paru  en  1852  (1),  ni  la  publication  faite  en  1854 
par  Mougeot  dans  les  Stlrp.  Voges,  n®  1351.  11  y  a  près 
de  vingt  ans  que  M,  de-Brébisson  l’avait  également 
rencontré,.  Du  reste  ,  la  description  qu’en  ont  faite 

(1)  Journal  de  l'inslilull  n"  963,  1852. 


MM.  Joly  et  Clos  et  la  figure  qu’ils  ont  donnée  sont 
parfaitement  exactes  (1).  Ce  fut  Agard  .  en  1817  ,  qui 
découvrit  le  premier  cette  plante  en  Finlande.  Ne  la 
connaissant  encore  qu’imparfaitement,  il  la  comprit 
avec  doute  dans  la  tribu  des  Ulves,  sous  le  nom  à’Ul- 
va  nitens,  nom  dû  à  l’aspect  filamenteux,  gras  et  brillant 
qu'elle  présente.  I>epuis ,  en  1824,  Kunze,  ayant  pu 
observer  la  plante  en  fructification  ,  lui  assigna  une 
place  plus  rationnelle  dans  la  classe  des  champignons, 
et  la  décrivit  sous  le  nom  de  Phycomyces  nitens ,  vou¬ 
lant  rappeler  par  ce  mot  Phycomyces  (algue  champi¬ 
gnon),  comme  FobservenfMM.  Joly  et  Clos,  sa  double 
affinité.  Elle  appartient  à  l’ordre  des  Phycomycetes  et 
au  sous-ordre  des  Mucorinées  de  Fries.  Payer,  dans  sa 
Botanique  cryptogamiquCy  la  place  dans  l’ordre  des 
Trichosporées  et  la  famille  des  Botrytidées.  Il  écrit 
Physcomyces  (est-ce  par  euphémisme?  )  et  caractérise 
ainsi  ce  genre  :  Flocci  érectif  continuiy  simplicesy  apîce 
in  vesiculam  pyrifornien  inflati^  sporæ  in  acervulos  col- 
Icctæ. 

(t)  Mém.  de  VAcad.  des  Inscript,  et  Belles-Lettres  de  Toulouse; 
1865. 


NOTE 


SUR  UN 


MODE  PARTICULIER  DE  MULTIPLICATION 


ou 


Par  M.  DUHAMEL,  de  Camembert. 


SÉANCE  DU  2  Mai  1867. 


\ 


Non-seulement  cette  plante  se  perpétue  comme  ses 
congénères  par  ses  semences,  mais  plus  particulière¬ 
ment  par  le  détachement  de  ses  faisceaux  axillaires.  J’ai 
remarqué  que,  vers  la  fin  de  décembre  ou  le  commen¬ 
cement  de  janvier,  cette  plante  perd  sa  belle  couleur 
verte,  et,  peu  à  peu,  les  glomérules  se  détachent  de  la 
tige  pour  s’implanter  dans  le  sol  et  y  développer  leurs 
racines,  de  sorte  qu’au  printemps  on  peut  disposer 
d’une  quantité  de  jeunes  plantes,  qui  sont  d’un  très 
bel  effet  pour  bordure.  Je  signale  ce  fait  ;  je  pense  bien 
que  d’autres  naturalistes  l’auront  observé  avant  moi, 
mais,  ne  l’ayant  pas  vu  cité,  j’ai  cru  qu’il  était  utile 
de  le  faire  connaître  dans  l’intérêt  de  la  science. 


NOTE 


SUR  LE 


R  A  PH  ANUS  CAUDATUS, 

Par  11.  D.  BEliliE^CO^TRE. 


SÉANCE  DU  4  Juillet  1868. 

Je  n’aurais  pas  songé,  Messieurs,  à  mettre  sous  vos 
yeux  cette  plante,  dont  l’histoire  appartient  à  plus 
juste  titre  à  la  science  horticole,  si  elle  n’avait  pour 
elle  l’attrait  de  la  nouveauté  et  d’une  végétation  vrai¬ 
ment  curieuse. 

Le  Raplianus  caudatus,  famille  des  crucifères,  est 
une  espèce  singulière  de  radis,  importée  de  l’Inde  ;  il 
croît  à  Java,  où  il  est  connu  sous  le  nom  de  Mongri.  — 
Introduit  d’abord  en  Angleterre,  M.  William  Bull,  le 
premier  le  présenta  à  l’Exposition  internationale  d’Hor- 
ticulture  de  Londres,  en  mai  1866.  La  même  année,  il 
apparut  en  France. 

Cette  siliqueuse  croît  très  vite;  malgré  son  origine, 
elle  pousse  bien  en  serre  et  même  en  pleine  terre  dans 
notre  climat;  deux  mois  à  peine  après  le  semis, 
elle  donne  des  fleurs  à  profusion,  et  les  siliques  *  at¬ 
teignent,  en  peu  de  temps,  une  dimension  extraordi¬ 
naire  ;  elles  poussent  pj^rfoisdeSà  9  centimètres  en 


493 


une  nuit,  — elles  ont  de  50  à  90  centimètres  de  lon¬ 
gueur.  MM.  Renault  et  Lavoisey,  de  Gaudebec-lès- 
Elbeuf,  à  l’obligeance  desquels  je  dois  ces  échan¬ 
tillons,  et  qui,  à  l’une  des  dernières  séances  de  la  So¬ 
ciété  d’Horticulture  de  la  Seine-Inférieure,  avaient 
exposé  plusieurs’ de  ces  plantes  en  pleine  fructification, 
ont  envoyé  plusieurs  pieds  à  l’Exposition  universelle, 
dont  quelques  fruits  ont  atteint  1  mètre  20  centi¬ 
mètres;  chaque  pied  produit  15  à  20  siliques,  de  cou¬ 
leurs  vertes  ou  pourpres,  affectant  souvent  les  formes 
les  plus  bizarres. 

Ces  siliques  sont  comestibles  —  à  moitié  mûres  ;  — 
dans  quelques  parties  de  l’Inde  ,  elles  se  mangent  en 
salade  ou  marinées;  à  maturité,  les  graines  se  servent 
cuites,  comme  des  petits  pois. 

Ces  siliques,  ainsi  que  les  graines,  ont  une  saveur 
piquante  assez  agréable,  qui  rappelle  beaucoup  celle 
du  Raifort  de  Parisiens;  elles  sont  un  puissant  sti¬ 
mulant  de  l’appareil  digestif,  excitent  vivement  l’ap¬ 
pétit  et  sont,  contrairement  au  Raphmius  satîvus,  d’une 
facile  digestion. 


NOTE 


SUR  UE 

DIMORPHISME, 

A  propos  de  la  présentation  d’un  Mimosa  offrant  celte  anomalie. 

Par  11.  MALilIRAIVCÜE. 


SÉANCE  DU  4  Juillet  1867. 

Depuis  longtemps,  on  avait  observé  dans  les  jardins 
que  certaines  plantes  se  présentaient  quelquefois,  sans 
cause  appréciable,  avec  des  différences  dans  la  forme 
des  feuilles,  des  tiges  ou  des  fleurs;  on  désignait  ces 
anomalies  sous  le  nom  ^.'accidents.  Aujourd’hui,  ces 
phénomènes,  mieux  étudiés  et  mieux  compris,  ont  été 
classés  sous  le  nom  de  Dimorphisme.  Les  planteâ  di¬ 
morphes  sont  susceptibles  de  se  développer  sous  deux 
formes  plus  ou  moins  distinctes.  Dans  cet  état  anormal, 
qui  ne  leur  est  pas  habituel,  certaines  plantes  ont  été 
méconnues  et  décrites  comme  des  espèces  particulières, 
et,  chose  plus  étonnante,  placées  dans  des  genres  aux¬ 
quels  elles  n’appartenaient  nullement  Des  nomencla- 
teurs,  trop  hâtés,  n’avaient  pas  attendu  la  floraison 


495 


pour  classeï  ces  individus  dont  on  ne  soupçonnait  pas 
l’hétérogénéité . 

Ainsi ,  on  a  décrit  sous  le  nom  de  Podocarpus 
Koraiana  une  forme  du  Cephalotaxus  pedunculata. 
M.  Garriève  a  reconnu  cette  erreur  dans  les  cir¬ 
constances  suivantes  : 

En  faisant  des  boutures  de  Podocarpus,  il  en  vit  une 
qui  développa  des  branches  horizontales  et  qui  prit  tout- 
à-fait  Taspect  du  Cephalotaxus.  L’habile  chef  des  pépi¬ 
nières  du  Muséum  fait  à  ce  sujet  la  remarque  qu’il 
doit  y  avoir  un  certain  rapport  entre  la  symétrie  des 
feuilles  et  la  position  des  rameaux.  Ainsi,  dans  les 
deux  formes  dont  il  est  question  et  auxquelles  nous 
conserverons  leurs  noms  en  attendant  que  l’on  décide 
celle  qui  doit  perdre  le  sien  ,  le  Podocarpus  a  des  ra¬ 
meaux  dressés  et  des  feuilles  éparses,  et  le  Cephalotaxus 
des  rameaux  verticillés  horizontaux  avec  des  feuilles 
distiques.  La  disquitè -des  feuilles  correspond  à  V hori¬ 
zontalité  des  rameaux.  Nous  voyons,  en  effet,  dans  Ja 
plupart  des  conifères  (Ifs,  Sapins,  Cephalotaxus),  où  les 
feuilles  sont  distiques  et  les  branches  horizontales,  ces 
mêmes  feuilles  éparses  sur  l’axe  qui  s’élève  vertica¬ 
lement. 

Le  Taxas  hybernica  n’est  qu’une  forme  du  T.  baccata 
(if  commun  ) 

Au  Muséum  de  Paris,  on  voyait  il  y  a  quelques 
années,  dans  le  jardin,  un  Hartogia  capensis  qui  n’était 
qu’un  Laurier  amande  [Lauro  cerasus  vulgaris)  à  feuilles 
étroites.  Il  existe  à  la  vérité  un  Hartogia  vrai,  mais  qui 
n’a  aucun  rapport  par  son  port  et  son  inflorescence. 

W Osrnanthus  Fortunei,  qui  représente  au  Jap'on  notre 
Houx,  est  sujetcommelui  au  dimorphisme  des  feuilles. 


496 


Nous  voyons,  en  effet,  des  arbres  un  peu  âgés  ne  plus 
présenter  que  des  feuilles  entières  nullement  épi¬ 
neuses,  ce  qui  leur  donne  un  aspect  tout  particulier. 

Le  Hêtre  à  feuilles  de  Fougères  ou  à  feuilles  de 
Camptonia  est  encore  un  exemple  commun  de  ce  dimor¬ 
phisme  des  feuilles.  Ces  phénomènes  et  beaucoup 
d’autres,  ont  été  classés  à  un  autre  point  de  vue  dans 
une  classification  tératologique  des  anomalies,  sous  le 
nom  à'Hétérophyllie. 

Citons  encore  un  fait  curieux  plus  récent:  un  écus¬ 
son  de  rosier  à  cent  feuilles  moussues  a  donné  nais¬ 
sance  à  deux  rameaux,  fun  reproduisant  cette  forme, 
et  l’autre  le  type  de  la  rose  à  cent  feuilles  vulgaire. 

J’arrive  enfin  au  spécimen  que  j’ai  l’honneur  de  pré¬ 
senter  à  la  Société,  et  qui  m’a  paru  assez  intéressant 

par  l’existence  simultanée  des  deux  formes  propres  à 

% 

cette  plante . 

On  sait  qu’il  existe  dans  la  famille  des  légumineuses 
un  assez  grand  nombre  d’espèces  qui  portent  des 
feuilles  simples.  Cette  disposition,  en  opposition  avec 
tout  le  reste  de  la  famille,  fit  bien  vite  reconnaître  ce 
qu'elle  avait  d’anormal,  et  on  désigna  ces  nouveaux  or¬ 
ganes  d’apparence  foliacée  sous  le  nom  de  Phyllodes 
C’esten  effet  le  pétiole  de  la  feuille  qui  s’élargit  et  sup¬ 
plée  à  son  absence.  Quelques-unes  des  plantes  à 
phyllodes,  comme  celle  que  vous  voyez  là,  commencent 
par  avoir  de  véritables  feuilles ,  composées  d’une  paire 
de  pennes.  Le  Mimosa  longissima  que  je  mets  sous  vos 
yeux  et  plusieurs  autres  {lo7igifolia^  floribimda ,  sophora] 
offrent  cette  particularité.  Vous  remarquerez  que  , 
sans  transition  aucune,  les  feuilles  passent  d’un  état  à 
l’autre.  Les  feuilles  composées  du  premier  âg#ne  per- 


sistent  pas  longtemps,  et  les  plantes  adultes  ne  présen¬ 
tent  plus  que  des  feuilles  simples  (phyllodes).  C’est  une 
sorte  de  diniorphisme  dont  on  a  besoin  d’être  averti. 
La  nature  est  là,  pour  ainsi  dire,  prise  sur  le  fait,  et,  si 
l’on  s’en  était  rapporté  aux  premiers  développements 
du  semis,  on  aurait  bien  pu  méconnaître  la  véritable 
nature  de  la  plante.  ' 


EXTRAIT  D’UN  RAPPORT 


sül\  LES 

IMALES  DES  SCMES  NATERELLES. 

N“  DE  FÉVRIER  1867,  • 

Far  M. 


SÉANCE  DU  i29  Décembre  1867. 

Au  nombre  des  sujets  contenus  dans  les  Annales 
des  Sciences  naturelles  ,  nous  avons  lu  avec  beaucoup 
d’intérêt  un  travail  de  M.  E.  Rose,  sur  les  anthérozoïdes 
des  cryptogames  ;  c’est  surtout  sur  cet  article ,  fort 
intéressant ,  que  nous  demanderons  cà  la  Société  de 
nous  étendre  un  peu  plus. 

Avant  d’entrer  dans  l’examen  du  mémoire  de 
M.  Rose  et  pour  en  saisir  mieux  tout  l’intérêt,  nous 
dirons  que  l’on  entend  par  Anthérozoïdes,  en  général, 
des  corpuscules  motiles,  regardés  comme  les  organes 
fécondateurs  ou  mâles,  dans  les  cryptogames,  et  re¬ 
présentant  les  étamines,  dont  l’anthère  est  une  des 
parties  des  phanérogames . 

MM.  Thuret,  Pringshein  et  Colin,  après  avoir  étu¬ 
dié  la  fonction  réservée  aux  anthérozoïdes  dans  la  fé¬ 
condation  des  algues,  s’étaient  trop  hâtés  de  générali¬ 
ser  des  faits  qu’il  n’était  pas  possible  de  constater  avec 


499  — 


certitude  chez  les  autres  classes  de  cryptogames,  de 
sorte  qu’on  admettait  que  ces  corpuscules  motiles 
étaient  tout  entiers  les  représentants  de  l’élément  fé¬ 
condateur,  et  que  la  fécondation,  parle  fait  même  de 
ces  filaments  séminaux,  devrait  être  toute  difiérentede 
celle  des  phanérogames.  Grâce  aux  progrès  do  l’op¬ 
tique  ,  cette  manière  de  voir  ne  tarda  pas  à  se  mo¬ 
difier  . 

Schacht,  le  premier,  dans  un  de  ses  mémoires,  resti¬ 
tue  à  l’anthérozoïde  la  structure  compliquée  qu’on  lui 
refusait,  en  établissant  que  l’anthérozoïde  est  «  un 
corpuscule  mou  et  extensible,  porteur  de  deux  ou  plu¬ 
sieurs  cils,  répondant  aune  cellule  qui  serait,  il  est 
vrai,  dépourvue  de  tissu  cellulaire,  mais  limitée  par 
une  ^enveloppe  protoplasmatique  ,  contenant  elle- 
même  un  liquide  granuleux  et  se  prolongeant  au  de¬ 
hors  en  cils  d’une  extrême  ténuité.  » 

'  Malheureusement,  les  observations  de  Schacht  ne  re¬ 
posaient  quesur  quelques  groupes  de  cryptogames.  M. 
Rose,  dans  le  mémoire  qui  nous  occupe,  a  tenté  de  com¬ 
bler  cette  lacune,  en  observant  dans  toutes  les  classes 
de  cryptogames,  les  phénomènes  qui  se  passent  pendant 
etaprès  le  mouvement  ciliaire  de  l’anthérozoïde,  et  ar¬ 
riva  à  formuler  que  l’anthérozoïde  est  un  tout  composé 
de  deux  parties  bien  distinctes:  l’une,  dont  la  vitalité  est 
accuséepar  le  mouvement,  c’est  l’appareil  moteur  ; 
l’autre,  qui  semble  jouir  d’une  vitalité  propre,  c’est 
l’élément  fécondateur. 

M.  Rose  commence  par  l’examen  de  l’anthérozoïde 
dans  les  algues  : 

Dans  cette  classe  de  végétaux,  ses  observations  ont 
porté  sur  les  anthérozoïdes  du  F.  serratus  ,  dont  voici 


500  ~ 


la  structure  ;  c’est  une  vésicule  allongée,  hyaline,  qui 
contient,  vers  le  milieu  de  sa  longueur,  un  granulé 
orangé,  dont  chaque  extrémité  est  terminée  par  un  cil 
vibratile.  En  présence  de  l’eau  de  mer,  cette  vésiciüe 
se  gonfle,  et,  au  bout  d’un  certain  temps,  présente  la 
forme  d’un  globule  spliéroïdal;  alorsle  granule  orangé 
pri  mitif  se  fractionne  en  trois  ou  quatre  fragments, 
et  les  cils  s’atrophient  insensiblement.  Il  y  a  là  deux 
phénomènes  à  noter  :  la  vitalité  manifeste  de  la  vési»- 
cule  et  l’anéantissement  graduel  des  organes  moteurs. 

Puis,  il  passe  au  groupe  des  Characées,  dans  lequel  il 
trouve  l’anthérozoïde  constitué  par  un  filament  bi-ci- 
lié,  à  trois  tours  de  spire  ;  les  deux  cils  sont  insérés 
vers  l’extrémité  antérieure,  et  à  l’autre  extrémité,  le 
filament  se  boursoufle  et  ressemble  à  une  vésicule  al¬ 
longée  qui,  aussitôt  que  le  corpuscule  est  devenu 
inerte,  se  gonfle  peu  à  peu,  et,  par  l’effet  endosmo- 
^  tique  de  l’eau  ambiante,  prend  la  forme  d’un  sphé¬ 
roïde  dans  lequel  s’agitent  un  grand  nombre  de  gra¬ 
nulations  .  Quant  au  filament  cilié,  il  perd  toute  sa 
rigidité. 

La  structure  des  anthérozoïdes,  dans  les  Muscinées, 
présente  des  différences  très  sensibles  dans  les  trois 
groupes  de  cette  famille  ;  ainsi,  dans  les  Hépatiques  , 
l’anthérozoïde  est  un  filament  bi-cilié,  décrivant  de  un 
et  demi  à  trois  tours  de  spire,  et  terminé  par  un  ap¬ 
pendice  vésiculiforme  qui  se  comporte  au  sein  du 
liquide,  comme  celui  de  l’anth  :  des  Characées.  Dans 
les  Sphaignes ,  la  forme  de  l’antherozoïde  se  rapproche 
beaucoup  du  type  des  hépatiques,  mais  ce  qui  lui  est 
toiit-à-fait  spécial,  c’est  l’organisation  meme  de  la  vé¬ 
sicule  allongée,  qui  est  remplie  par  un  grain  de  fécule. 


se  nioulaiit  entièrement  sur  son  enveloppe  ;  sousTin- 
fluence  de  l’eau,  cette  vésicule  se  gonfle,  prend  la 
forme  sphéroïdale,  et  laisse  voir  alors  le  granule  amy¬ 
lacé,  oscillant  dans  le  liquide  dont  elle  est  remplie. 

La  structure  de  l’antheroz.  :  des  d/oitsses  proprement 
dites,  leur  est  tout-à-fait  particulière  ;  là,  en  elîet,  la 
substance  assimilatrice,  au  lieu  d’être  enveloppée  dans 
une  vésicule  protectrice,  est  libre  et  appliquée  sur  le 
filament  spiral  bi-cilié,  dont  elle  se  sépare  après  l’iner¬ 
tie  de  cet  organe  moteur.  De  quelque  façon  qu’on  en¬ 
visage  ce  fait,  il  est  difficile  de  ne  pas  voir  là  une 
substance  assirnilatrice  parfaitement  définie,  libre,  et, 
de  l’autre,  un  organe  moteur  indépendant,  dont  la 
fonction  cesse  avecle  mouvement  qui  lui  est  propre. 

Dans  les  Equisétacées,  le  type  normal  de  l’anthéro¬ 
zoïde  est  une  spire  hélicoïdale,  ciliée  sur  sa  partie  su¬ 
périeure,  et  dont  le  dernier  tour,  en  s’élargissant,  em¬ 
brasse,  en  la  contournant,  plus  du  tiers  de  la  vésicule, 
captive. 

L’anthérozoïde,  même  immobile,  se  présente  sous 
la  forme  d’un  sphéroïde.  Sa  structure  s’oppose  à  une 
prompte  progression  Les  derniers  phénomènes  du 
corpuscule  inerte  consistent  dans  la  transformation 
des  granules  amylacés  primitifs  en  une  sorte  de  mu¬ 
cilage  granuleux,  et  dans  le  gonflement  de  la  vésicule 
qui  finit  par  éclater  dans  le  liquide  environnant . 

Dans  les  Fougères  ,  la  conformation  de  l’anthéro¬ 
zoïde  se  rapporte  à  celle  de  l’anth  :  des  Equisétacées, 
mais  chacun  des  tours  de  sa  spire-ciliée  se  déroule  fa¬ 
cilement  en  s’allongeant,  et  cette  légère  transforma¬ 
tion  lui  donne  un  mouvement  de  progression  plus 
rapide  et  la  fait  ressembler  à  un  ruban  cylindroïde. 


—  502 


Dans  les  Isoélées,  la  spire  de  l’anthérozoïde  a  la 
forme  d’un  filament  cylindroïde  surmonté  d’une 
crête  de  cils  :  ce  filament  jouit  de  la  faculté  de  se  dé¬ 
rouler  et  de  s’allonger  dans  presque  toute  sa  longueur, 
puis,  dans  la  période  d’inertie,  il  se  trouve  enroulé  en 
spirale  autour  de  la  vésicule- 

Bsins  les  S élaglnellées  ,  les  anthérozoïdes  sont  cons¬ 
titués  par  un  filament  bi-cilié,  enroulé  en  spirale  au¬ 
tour  d’une  vésicule  dont  l’intérieur  présente  cinq  ou 
six  granules-  Le  mouvement  du  corpucsule,  dû  à  l’a¬ 
gitation  ciliaire,  peut  se  ramener  à  une  rotation  au¬ 
tour  de  son  axe . 

Dans  les  Rhizocarpées^  l’appareil  moteur,  représenté 
par  un  filament  cilié  dans  presque  toute  sa  longueur, 
est  très  manifestement  indépendant  de  la  vésicule,  qui 
renferme  six  à  huit  granules  amylacés,  et  subissant 
les  mêmes  transformations  que  celles  des  anthéro¬ 
zoïdes  des  autre  cryptogames. 

On  rencontre  donc  aussi,  dans  les  Rhizocarpées, 
deux  parties  bien  distinctes  d’un  même  tout,  la  vési¬ 
cule  plasmatiqiie  et  l’appareil  moteur 

M-  Rose  termine  son  travail  en  concluant  que  l’an¬ 
thérozoïde  n’est,  en  réalité,  qu’un  agent  de  transport 
chargé  d’opérer  le  rapprochement  entre  les  deux  élé¬ 
ments  sexuels,  car,  au  fond,  ce  qui  sépare  nettement 
des  phanérogames  les  cryptogames  doués  de  ces  cor¬ 
puscules  motiles,  c’est  le  milieu  qui  sert  à  faciliter  ce 
rapprochement  :  ce  milieu,  c’est  l’air,  pour  les  phané¬ 
rogames  ;  tandis  que  l’eau  est  le  milieu  nécessaire  à  la 
fécondation  de  ces  plantes  inférieures,  de  même  qu’elle 
l’est  aussi  dans  les  animaux  chez  lesquels  nous  retrou¬ 
vons  aussi  un  organe  moteur  dans  les  spermatozoïdes. 


t 


-  503  ~ 

Nous  trouvons  ensuite  des  observations  organogé  - 
niques  sur  la  fleur  femelle  des  Carcx,  par  M.  Caruel. 

On  sait  que,  dans  le  genre  Carcx,  chaque  fleur  fe¬ 
melle  est  entourée  d’une  enveloppe  particulière 
connue  sous  le  nom  d’utricule  ou  urcéole .  Trois  théo¬ 
ries  ont  été  proposées  pour  en  expliquer  l’origine  et  la 
nature  :  la  première,  de  Lindley,  considère  l’urcéole 
comme  formée  par  la  réunion  de  deux  bractéoles  op¬ 
posées,  placées  à  droite  et  à  gauche  de  la  glume.  D’a¬ 
près  Kunth,  l’urcéole  représenterait  une  seule  brac- 
téole,  à  bords  réunis,  placée  en  opposition  à  la  glume, 
et  produisant  à  son  aisselle  la  fleur  femelle.  En  der¬ 
nier  lieu,  Schleiden  croit  que  la  fleur  femelle,  née  à 
l’aisselle  de  la  glume,  serait  entourée  dans  son  origine 
par* un  périanthe  cà  trois  pièces  ,  dont  deux  latérales 
se  développeraient  pour  former  l’urcéole  par  leur  réu¬ 
nion,  tandis  que  la  troisième  avorterait. 

Les  expériences  de  M.  Caruel  ont  porté  sur  plu¬ 
sieurs  espèces  différentes,  mais  surtout  sur  le  Carcx 
penclula,  à  cause  de  ses  gros  épillets  garnis  d’appen¬ 
dices  espacés.  Il  a  suivi  la  fleur  femelle  de  ceCarex  de¬ 
puis  son  origine  jusqu’à  son  entier  développement,  et 
il  en  est  arrivé  à  se  rattacher  entièrement  à  la  théorie 
,  de  Kunth. 


/ 


GÉOLOGIK. 


SUR  L’ORDRE 

DES 

DÉPÔTS  DILUVIENS  DE  LA  VALLÉE  DE  L’ITON, 

EN  AMONT  D’ÉVREUX, 

Par  M.  H.  CHÉREL  fils. 


SÉANCE  DU  29  Décembre  1867. 

J’ai  lu  avec  un  vif  intérêt  le  mémoire  en  deux  par¬ 
ties  5  intitulé  Excursions  géologiques  aux  environs 
(EEvreuXt  par  M.  Caffm,  publié  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  des  Amis  des  Sciences  naturelles. 

M.  Caffm,  je  dois  le  dire  en  commençant,  est  un 
de  mes  anciens  camarades  et  mon  ami. 

C'est  à  ce  double  titre  que  je  suis  heureux  de  pou¬ 
voir  lui  témoigner  publiquement  toute  ma  reconnais¬ 
sance  pour  les  communications  scientifiques  qu’il  a 
bien  voulu  me  faire  dans  nos  relations  intimes.' 

En  homme  essentiellement  pratique,  je  voyais  et 
j’appréciais  à  ma  manière  et  sans  méthode  les  beau- 


tés  que  la  nature  nous  prodigue  à  tous  si  largement , 
mais  tà  la  lecture  des  rapports  géologiques  de  M.  Caf- 
fin,  concernant  notre  localité,  j’ai  été  saisi  de  l’ordre  et 
de  la  clarté  qui  président  à  l’exposition  de  ses  re¬ 
marques. 

J’avais  déjà,  du  reste ,  été  souvent  le  témoin  de 
ses  recherches  et  de  sa  persistance  dans  les  excursions 
où  je  l’accompagnais. 

Loin  donc  de  vouloir  discuter  le  mérite  de  ses  allé¬ 
gations,  je  me  propose,  au  contraire,  de  les  appuyer 
par  l’exposition  de  quelques  faits  nouveaux,  dont  il 
n’a  pas  eu  connaissance,  et  qui'  pourraient  prendre 
place  à  la  suite  du  troisième  chapitre,  ayant  pour  titre  : 
Alluvions  sableuses  de  la  vallée  de  l’Iton^  en  amont  d’E- 
vreux. 

On  y  lit,  page  439  :  «  Quoique  le  petit  dépôt  aré- 
«  nacé  paraisse  accidentel  et  limité  à  cette  carrière 
«  d’Arnières,  celui  de  l’asile  des  aliénés  (Navarre), 

«  qui  n’en  est  éloigné  que  d’un  kilomètre  en  aval,  sur 
«  la  rive  opposée,  se  présente  dans  les  mêmes  condi- 
«  tiens  stratigraphiques  ;  tous  deux  sont  au  point  ex- 
c(  trême  de  la  vallée,  ou,  autrement  dit,  à  la  base  de 
(C  l’inclinaison  du  coteam,  avec  cette  dilférence  no- 
a  table,  toutefois,  que 'sur  ce  nouveau  point,  le  sable 
«  n’est  plus  caché  sous  des  amas  de  galets,  mais  re- 
«  couvert  par  des  alluvions  purement  argileuses  ;  les 
«  deux  dépôts  sont,  du  reste,  identiques  de  composi- 
«  tion  et  d’étendue. 

«  Le  sable  est  bien  le  même.  C’est  en  creusant  les 
«  fondations  des  murs  extérieurs  de  cet  établissement. 
««  édifié ,  comme  on  le  sait ,  tout  au  fond  de  la 
«  vallée  et  presqu’au  niveau  des  prairies ,  qu’est 


506 


«  apparue  la  partie  supérieure  de  cette  petite  sablon- 
nière. 


«  Le  sable  repose  directement  sur  la  craie  strati- 
«  fiée,  etc.,  etc. 

J’ai  signalé,  en  elïet,  à  M.  Caffin  un  dépôt  de  sable 
existant  à  Navarre,  au  fond  de  la  vallée,  dans  l’éta¬ 
blissement  même  de  l’asile  des  aliénés. 

11  est  situé  tout  près  de  la  Cour  des  Furieux  (quar¬ 
tier  des  hommes),  et,  sans  l’opinion  défavorable  de  ce 
géologue  sur  la  puissance  probable  de  ce  dépôt,  j’au¬ 
rais  très  probablement,  avec  l’autorisation  de  l’admi¬ 
nistration  supérieure,  cherché  à  exploiter  cette  appa¬ 
rence  de  carrière,  afin  de  rapprocher  du  centre  d’ac¬ 
tion  une  ressource  d’approvisionnement.  Un  sondage 
pratiqué  avec  soin  m’a  bientôt  prouvé  que  l’opinion 
de  M.  Caffin  était  bien  fondée,  et  j’ai  abandonné  ce  pro¬ 
jet  d’exploitation. 

Mais,  en  creusant  les  bétoires  destinées  à  recevoir 
les  eaux  sales,  dans  les  préaux  des  Gâteux  (quartier  des 
femmes),  j’ai  rencontré,  à  une  distance  de  quelques 
mètres  du  premier  dépôt,  vers  l’est,  un  autre  dépôt  sa¬ 
bleux,  de  même  nature,  d’un  grain  encore  plus  fin  peut- 
être,  d’une  pureté  égale  et  smis  aucune  espèce  de  mélange. 

Cette  couche  de  sable  était  à  deux  mètres  en  con¬ 
tre-bas  du  sol  naturel  ;  alors,  dans  le  seul  intérêt  de  la 
science,  et  sans  espérance  de  profit  pour  les  travaux  , 
j’ai  cru  devoir  faire  creuser  plus  profondément,  afin 
d’arriver  à  la  solution  de  cette  ruine  sableuse,  mais, 
à  la  profondeur  de  2  mètres  90  centimètres,  j’ai  dû 
l’abandonner. 

Déjà,  du  reste,  dans  la  grande  cour  du  quartier  des 


—  507  - 

femmes,  à  102  mètres  de  ce  point,  toujours  à  Test,  un 
des  treize  puits  que  j’ai  fait  ouvrir  pour  les  besoins  de 
mon  service  m’avait  permis  de  reconnaître  la  pré¬ 
sence  de  ce  lit  de  sable,  étendu  sous  les  autres  dépôts, 
mais  à  une  plus  grande  profondeur  (environ  4  mètres 
50  centimètres  du  sol  naturel)  ;  au-dessous  est  apparue 
la  craie,  et  enfin  beau,  qui  était  alors  le  seul  but  de 
mes  recherches. 

En  résumé,  la  plupart  des  puits  de  service  creusés 
dans  l’intérieur  de  l’établissement,  jusqu’au  niveau  de 
la  rivière  d’Iton,  concourent  à  confirmer  ce  fait,  déjà 
observé  par  M.  Caffin ,  sur  un  de  ces  points:  que 
partout  au  fond  de  cette  vallée  le  sable  repose  directe¬ 
ment  sur  la  craie  ,  et  que  sa  composition  est  homo¬ 
gène,  d’un  grain  fin  purement  quartzeux  et  sans  mé¬ 
lange  . 

Le  concours  de  ces  conditions  donne,  en  effet,  lieu 
de  croire  que  sa  présence  à  ce  niveau  n’est  pas  le  ré¬ 
sultat  d’un  glissement  du  haut  du  plateau,  mais  d’un 
dépôt  sédimen  taire. 

Le  dépôt  indiqué  par  M.  Caffin  est  donc  loin  d’être 
unique  ou  isolé;  il  se  relie  parfaitement  à  tous  les 
autres  que  j’ai  observés,  et  l’ordre  des  matières 
meubles  qui  les  recouvrent  est  partout  semblable. 

Aussi  la  craie  est  recouverte  par  une  épaisseur  de 
sables  variant  de  1  mètre  50  à  2  mètres  90  au  moins,  et 
ils  se  trouvent  eux-mêmes  cachés ,  d’abord  par  les 
cailloux  roulés,  et,  ensuite,  par  des  luvines,  argiles,  et 
autres  matières  assez  confusément  mêlées 

Voici,  d’ailleurs,  pour  plus  de  clarté,  le  détail  d’une 
coupe  prise  à  6  mètres  50  du  lit  de  la  rivière  (  dimen¬ 
sions  moyennes)  : 


508 


Terre  végétale  (humus).  .  ,  .  .  . 

Qm 

15 

Diluvium  (Limon  argileux] . 

0 

90 

Cailloux  roulés,  pesant  quelquefois 

depuis  six  jusqu’à  dix  kilogrammes. 

2 

75 

Sables  purs . 

2 

25 

Craie . . 

0 

45 

Total  au-dessus  de  la  craie  blanche. 

6m 

50 

(Etage  sénonien.) 

Nulle  part,  à  ce  niveau,  le  grain  du  sable 

ne 

diffèi 

pour  la  finesse  et  la  pureté,  de  celui  des  dépôts  situés 
sur  les  versants  et  sur  les  plateaux  même .  En  effet,  en 
rappelant  mes  souvenirs,  il  ne  sera  pas  superflu  de 
consigner  ici  tout  d’ahord  qu’en  prévision  de  l’im¬ 
mense  quantité  de  sable  qu’il  me  faudrait  employer 
dans  ces  vastes  constructions,  j’ai  fait  pratiquer  des 
sondages  en  différents  endroits,  notamment  dans  le 
bois  du  Défaut,  dépendant  de  l’asile,  comme  étantplus 
à  proximité  des  travaux,  sans  pouvoir  obtenir  aucun 
résultat  satisfaisant  ;  partout  au-dessous  de  la  couche 
la  plus  superficielle  du  diluvium,  j’ai  rencontré  des  sa¬ 
bles  toujours  mélangés,  jamais  purs,  et  prohibés  dans  les 

#  r 

travaux  de  l’administration.  Dans  l’accotement  de  la 
même  route  de  Gonches,  en  face  du  moulin  de  l’asile  . 
je  fis  mettre  à  découvert  un  nouveau  dépôt  de  sable 
qui  faisait  présager  quelques  succès ,  mais  ,  au  bout  de 
deux  jours,  on  avait  épuisé  la  veine  de  ce  sable  granu¬ 
leux,  excellent  pour  la  construction,  et  force  me  fut 
d’abandonner  mes  recherches  de  ce  côté.  ' 

Je  fis  chercher  en  d’autres  endroits,  et  à  27  mètres 

d’altitude  dans  le  versant  de  la  côte  où  se  trouve 

» 

la  carrière  Maréchal  (craie  blanche  pure  ,  nettement 


509  - 


stratifiée) ,  à  l’angle  dubois  de  M.  Portier,  triége  du 
Bois-du-Roi ,  je  découvris  un  nouveau  dépôt  de 
sable  d’une  teinte  rouge  d’abord,  et  qui  se  décolorait 
à  mesure  qu’on  gagnait  en  profondeur  ;  mais  ,  là  en¬ 
core,  la  marne  existait  à  une  faible  profondeur;  enfin, 
sur  le  plateau  du  même  bois,  et  à  300  mètres  du^  pré¬ 
cédent  dépôt,  sur  le  chemin  de  Gauyé ,  mes  ouvriers 
firent  la  rencontre,  non  pas  d’un  petit  dépôt  sableux  , 
mais  d’une  véritable  sablonnière  qui  prit  une  exten¬ 
sion  telle,  qu’elle  suffit  à  alimenter  nos  grands  tra¬ 
vaux  ,  durant  deux  années  consécutives.  (Cette  car¬ 
rière  est  aujourd’hui  exploitée  pour  les  besoins  des 
localités  environnantes.)  J’ai  trouvé  dans  cette  sa¬ 
blonnière,  à  8  mètres  en  contre-bas  de  la  couche  de  di¬ 
luvium,  un  sable  (sablon)  si  fin  et  si  blanc,  qu'il  au¬ 
rait  pu,  sans  conteste,  passer  pour  du  sable  des 
carrière  de  Bérengeville  ou  de  la  Noë,  recherché  pour 
la  beauté  des  enduits  et  des  plafonds  qu’on  en  obtient 
par  un  dosage  sagement  proportionné  avec  la  chaux 
grasse  et  le  plâtre  (mouvage). 

J’ai  fait  avec  ce  sable  une  imitation  de  stuc  qui,  au 
moyen  d’une  peinture  au  savon,  refoulée  à  la  truelle  , 
ressemblait,  à  s’y  méprendre,  à  l'enduit  Thénard  et 
Darcier. 

On  rencontre  encore  des  dépôts  sableux  dans  le  pe¬ 
tit  bois  longeant  l’ancien  chemin  de  Saint-Sébastien . 
Au  sommet  et  à  gauche  de  la  côte  du  buisson  dont  il 
vient  d’être  parlé,  et  sur  ce  même  littoral,  c’est-à-dire 
sur  le  plateau  gauche  delà  vallée  où  se  trouve  la  friche 
qui  longe  l’ancienne  route  départementale  d’Bvreux  à 
Gonches  (par  Glisolles),  on  a  ouvert  une  sablière  des- 
tinée  à  approvisionner  la  fonderie  d’Evreux.  Le  sable 


qui  eu  provient  est  d’une  teinte  rouge,  et  d’une  qua¬ 
lité  précieuse  pour  les  moulages  de  cet  établissement. 
On  en  a  déjà  extrait  des  quantités  assez  considéi-ables, 
et  tout  porte  à  croire  qn’elle  pourra  être  encore  long¬ 
temps  exploitée  pour  cetusageavant  son  completépui- 
sement. 

Pour  compléter  cet  exposé  et  pour  en  faciliter  l’in- 
telligence  ,  j’ai  dressé  une  coupe,  transversale  de  la 
vallée,  partant  du-sommet  du  Bois  du  Défaut  jusqu'au 
plateau  de  la  forêt  d’Evreux,  limitée  par  le  tunnel  du 
chemin  de  fer  en  regard  de  la  papeterie  de  Navarre. 
Elle  indique  les  différentes  altitudes  et  nivellements, 
par  rapport  aux  points  de  repaire  de  la  voie  ferrée  et 
passant  dans  l’axe  des  bâtiments  de  l’asile  ;  elle  fait 
connaître  les  différentes  couches  de  «errain  qui  en 
forment  le  sol  naturel. 

Nota.  —  Cette  coupe,  n’étant  pas  encore  terminée, 
sera  adressée  prochainement  à  la  Société, 


I 


ANNÉE  1867. 


BIBLIOTHÈQUE. 


\ 

Dons  offerts  à  la  Société: 


Noms  des  Donateurs. 

MM.  Bonissent. 
Y.  Châlel.  .  . 


J.  Col  beau  .  . 


Üiicoudré.  ^  . 

Etienne  .  .  . 


.  Essai  géologique  sur  le  département  de 
la  Manche,  par  M.  Bonissent. 

.  Les  Acarus  des  fruits,  par  M.  Victor 
Châtel  ■ 

Notice  sur  une  brouette  agricole  (Exp. 
Univers.  1867) ,  parM  .  V.  Châtel. 

Maladie  de  la  Vigne,  par  M-  Victor 
Châtel  - 

.  Matériaux  pour  la  faune  malacologique 
de  Belgique,  parM.  J.  Colheau. 

Des  variations  normales  de  l’Aile,  dans 
l’espèce  chez  quelques  Lépidoptères, 
par  MM .  Sauveur  et  Colheau . 

.  Etude  sur  le  Hannetonnage,  par 
M.  Ducoudré. 

.  Esquisses  historiques  et  biographiques 
des  progrès  de  la  Botanique  en  An¬ 
gleterre  ,  trad.  de  l’anglais,  par 
Richard  Pulleney  (2  vol.) 


Noms  (les  Donateurs. 

MM.  Fairniaire .  . 


A.  Lhomme.  .  . 


*20  Envois 


Angers 


Bordeaux. 


Relazione  di  laliinc  escuzioni  geolo- 
giche  faite  nel  clislretto  di  Messina. 

Audamento  e  progressi  del  Tifobovino 
iingarico  in  Slcilia. 

Catologo  delle  piante  vendibili  nel 
real  orto  botanico  diPalermo. 

Relazione  dei  travagli  scienlitici  ese- 
gniti  nell  anno  XXXIV  delle  Aca- 
demia  Gioenia  di  scienza  naturali. 

I 

Ulleriori  considerazioni  sul  basalte 
appendice  aile  vulcanologia  delT 
Etna. 

Monografie  dei  generi  tracia  et  clava- 
gella  per  servirealla  faunadi  Sicilia. 

Memoria  sopraalcuni  Pleurotoni  fossili 
dei  dintorni  di  Palermo. 

Philosophie  chimique  ou  vérités  fon¬ 
damentales  de  la  Chimie  moderne  , 
par  Fourcroy. 

des  Sociétés  correspondantes. 

A  —  EN  FRANCE . 

Société  linnéenne  de  Maine-et-Loire  : 

Annales,  9®  année  1867. 

Société  Académique  de  Maine-et- 
Loire  : 

Bulletin,  t.  XVII,  XIX  et  XX. 

Société  des  Sciences  Naturelles  de 
Bordeaux  : 

xMémoires,  l.  III  et  IV. 


513 


Cherbourg.  •  .  .  Société  impériale  des  Sciences  de 

Cherbourg. 

Mémoires,  1.  XII. 

Chamhérv.  .  .  .  Société  d’flistoire  Naturelle  de  Savoie. 

Compte-rendu  de  l’Assemblée  géné- 
générale  (février  1867). 

Colmar.  .  .  .  Société  d’Histoirenaturelle  de  Colmar. 

Bulletin  6^  et  7®.  Année  1865-1866. 

Mayenne  ....  Société  d’Archéologie,  Sciences,  Arts 

et  Belles-Lettres  de  la  Mayenne: 

Bulletin,  année  1865. 

Metz . Société  d’Histoire  naturelle  de  la  Mo¬ 

selle  : 

Bulletin,  cahiers  9  et  10. 

Paris.  ...  .  Société  Zoologique  impériale  d’Accli- 

matation  ; 

Bulletin,  janvier  et  février  1867. 

-  .  Société  Géologique  de  France  : 

Bulletin,  année  1867.  N“^  1  à  5. 

—  Société  d’Anthropologie: 

Bulletin,  janvier  à  juin  1867. 

Privas  .....  Société  des  Sciences  naturelles  de  l’Ar¬ 
dèche  : 

Bulletin,  t.  I,  II  et  III. 

Bennes . Société  des  Sciences  physiques  et  na¬ 

turelles  d’Ille-et-Vilaine  : 

Mémoires,  années  1863-1865, 

2®  livraisons 

La  Rochelle.  .  .  Académie  de  La  Rochelle  (section  des 

Sciences): 

Annales,  années  1854  cà  1859,  1862  à 
1865  et  atlas. 

33 


1 


Kouen  ...  .  Société  de  Médecine: 

L’Union  médicaledelaSeine-Iiiférieurc, 
22  à  25 . 

—  Société  libre  desPharmaciensdeîlonen: 

Bulletin,  année  1866. 

Snint-Pol.  •  •  •  Société  d’Agriculture  de  Tarrondisse- 

mentde  Saint-Pol  (Pas-de-Calais): 

Bulletin,  année  1867. 

Semur  ....  Société  des  Sciences  historiques  et 

naturelles  de  Semur  (Côte-d’Or)  : 

Bulletin  2«  et  .3^  Années  1865-66. 

Strasbourg  .  .  .  Société  des  Sciences  naturelle  de  Stras- 

.  bourg. 

Bulletin,  t.  VI,  1""  livraison. 

Vitry-le-Français.  Société  des  Sciences  et  Arts  de  Vitry- 

le-Français  (Marne)  : 

Bulletin,  17  février  1861, 19  —  février 
1867. 

B.  — A  l’étranger. 

Brême . Société  desSciencesnaturellesdeBrême; 

Abhandlungen  herausgegeben  vom 
Naturwissenschaftlichen  vereine  zu 

.  Brèmen.  An  1866*67,  vol.  1 ,  ca¬ 
hiers  1  et  2 . 

Bruxelles.  .  .  .  Société  Malacologique  de  Belgique  : 

Annales,  t  II. 

Statuts  de  la  Société. 

Catalogue  d’Exposition  des  animaux . 
invertébrés. 

SociétéRoyaledeBotaniquedeBelgique: 

Bulletin,  t.  V  et  VI . 


Genève . Société  ornithologique  de  Suisse  : 

Bulletin,  1. 1  et  II. 

Vienne.  ...  Société  impériale  et  royale  de  Zoolo¬ 
gie  et  de  Botanique  de  Vienne  : 

Verhandlungen  des  Zoologisch-Bola- 

% 

nischen  vereins  in  Wien ,  années 
1855-56-57. 

Verhandlungen  des  Kaiserlich-Koni- 
glichen  Zoologisch  Botanischen  ge- 
sellschaft  in  Wien  Années  1858- 
59-60-62-63-64-65  et  66. 

I 

Liste  des  Travaux  des  années  1851  à 
1855. 

Liste  des  Travaux  des  années  1856  à 
1860. 

Festkranz  zur  zweiten  Jahresfeier  des 
Z.  B.  Vereines  in  Wien- 

Bericht  uher  die  Osterreichische  Lite- 
ratur  der  Zoologie,  Botanik  und 
Paléontologie. 

Separatabdruck  Naturvissenschaftl  i- 
cher  abhandlungen  aus  den  schriften 

% 

des  Zoologisch-Botanischen  vereins 
in  Wien- 

Nachtrâge  zu  flora  von  Nieder 
Oesterreich. 

Nachtrâge  zu  Maly’s-Enumeratio  plan- 
tarum  phanerogamicaruni  Imperii 
Ausiriasi  universi. 

Conlrihuzione  délia  fauna  dei  Mollus- 
chi  Dalniati. 


ANNÉE  1867. 


COLLECTIONS. 


Dons  offerts  à  la  Société. 

Noms  (les  Donateurs. 

MM.  D^’Boiiteiller.  Coléoptères  (Lucane  et  Scarabée). 

—  Zoophytes  (3  échantill .  indéterm). 

—  Fossiles  (recueillis  à  Bruneval). 

üe  Boutteville.  .  Collection  de  Roches  de Tharsis  (prov. 

de  Huelva  Espagne).  ' 

De Brébisson .  .  •  Collection  de  Diatomées  normandes. 

Breton  .  ■  .  •  •  Géode  contenant  des  cristaux  de  chaux 

carbonatée. 

Ducoudré  •  •  •  Salamandre  terrestre. 

—  Corne  d’Amimon,  (env.  de  Paris)  Am- 

monnite  de  Bayeux. 

—  Roche  à  coquilles,  (Yernon,  rive  gauche 

de  la  Seine). 

—  Carbonate  de  chaux,  (Vialas  Lozère). 

—  Mousse  pétrifiée  (Arromanches  Calva¬ 

dos)  . 

—  Madrépores  (Méditerranée). 

—  Pyrite  de  fer  roulée,  (ïréport  Yonne). 


517 


Noms  des  Donateurs. 

MM.  Ducoudré.  . 


Etienne . 


Fairmaire 

Gosselin. 


Leprou . 

De  Lérue.  .  ■  . 
A.  Lhomme-  .  . 

Lieurv-  .  .  .  • 

«il 

Pinchon  .  .  . 

Roiistel . 


Pyrite  de  fer  et  sulfure  de  zinc  (Pom- 
peau  (llle-et-Yilaine). 

Sulfure  de  zinc,  (Poupeau  llle-et-Vi- 
laine).—  Oxyde  de  zinc,  idem. 
Sulfure  de  plomb,  idem. 

Sulfure  de  plomb,  (Vialas  Lozère). 

Tungstène  (Limoges) . 

Collection  de  Mousses  des  départements 
de  la  Seine-Inférieure  et  de  l’Eure. 

Noix  de  Juglans. 

Polypier  (environs  de  Fécamp). 

Crustacés  et  Zoophy  tes(mers  de  l’Inde). 

Ossements  et  dents  fossiles  (Caiidebec). 

Mollusques  alimentaires  (époque  ro¬ 
maine  Caudebec). 

Bois  fossiles  (La-Haye-Malherbe  Eure). 

Carbonate  d’armoniaque,  trouvé  dans 
le  guano  (Iles  Chincha). 

Epi  de  Holcus  spicatus  (Sénégal) . 

Astéries. 

Stalactite  et  pétrifications  (Caumont). 

Pecostoma  fornicatum. 

Laine  d’Australie. 

Coton  de  Cambodge. 

Tourbes  et  lignites  pyriteux  (Forges- 
les-Eaux) . 


COMPOSITION  DU  liUBKAU 


POUR  1867. 


Président .  .  • 

Vice  -  Présidents . 

^Secrétaire  .  .  . 
Secrétaire  rchwiste . 
T résorier . 


M.  Emm.  BL4NCHE. 
M.  HARLÉ^. 

M.  MALBRANCUE. 
M.  HÉBERT. 

M.  Jules  ADELINE. 
M.  DESHAYES. 


Conseil  d^aflinlnistratiou  : 

\ 

MM.  MM. 

BOUSTEL,  DE  LA  LONDE  DU  THIL. 

DE  BOUTTEVILLE^.  BOUÏEILLER. 


LISTE  DES  MEMBRES 

DE  LA 

SOCIÉTÉ  DES  AMIS  DES  SCIENCES  NATURELLES 

AU  31  DÉCEMBRE  1867. 


Bureau. 

Président .  M.  Malbranche. 

M.  Harlé 
M.  Emm.  Blanche. 

Secrétaire .  M.  Hébert. 

Secrétaire- Arclihiste  ...  M.  Ducoudré. 

,  Trésorier .  M.  Deshays, 

Couscil  cl’aclniiiiistration. 

MM.  MM. 

De  La  Londe  du  Thil.  De  Bouttevjlle 

Rou^el.  Bouteiller. 

llciubrcs»  liouoraircs. 

AUTORITÉS. 

Son  Eminence  Monseig'^  le  Cardinal  de  Bonnechose  O 
archevêque  de  Rouen,  Sénateur. 

Le  Baron  Renault  G  C  ^ ,  Sénateur,  Général  de  division  , 
commandant  la  2®  division  militaire. 
liC  baron  E.  LeRoy  G  G  Sénateur,  Préfet  du  département 
de  la  Seine-Inférieure. 

M.  Verdrel  O  Maire  de  la  ville  de  Rouen. 

M.  Roger  ,  inspecteur  de  l’Académie. 

SAVANTS.  I 

M.  Pouchet  membre  correspondant  de  l’Institut,  direc¬ 
teur  du  Muséum  ,  professeur  à  l’Ecole  de  Médecine  et  h 
l’Ecole  supérieure  des  Sciences  de  Rouen,  etc. 

M.  deBrébisson,  botaniste,  à  Falaise. 


T  ice- P  résidents 


Alciiibrcs». 


iVlIVI. 

18G5.  Adam-Richard,  horticulteur  à  Cautlebec-Iès-Elbeuf. 
1806.  Adeline  (Jules),  architecte,  rue  Eau-dè-Robec,  36  , 
à  Rouen. 

1865  Aize,  chef  d’institution,  à  Caen. 

—  Alexandre  (Auguste) ,  propriétaire,  rue  du  Contiat- 

Social,  31,  à  Rouen. 

1866.  Allaire  (Philibert),  propriétaire,  à  Evreux. 

1865,  Apvrille,  docteur-médecin  ,  rue  de  Trianon,  4  ,  à 

Sotteville-lès-Rouen. 

—  Barbier,  médecin,  boulev.  St-Hilaire,  13,  à  Rouen. 

1867.  Barbier-Montaült,  propriétaire  à  Poitiers. 

1866.  Baurain,  rédacteur  au  bureau  du  secrétariat  de  la 

Mairie,  à  Rouen. 

1 865  .  Bellencontre,  médecin,  rue  Ecuyère,  à  Rouen, 

—  Bellencontre  (Henri  ),  clerc  de  notaire. 

1866.  Bénard,  pharmacien,  au  Havre. 

—  Bénard-Leduc,  propriétaire,  rue  de  l’Impératrice  , 

2,  à  Rouen. 

1865  Bertot,  pharmacien,  à  Bayeux  (Calvados). 

—  Besnou  ^ ,  pharmacien  en  chef  de  la  Marine  en  re¬ 

traite,  inspecteur  de  l’Association  normande,  à 
Avranches. 

—  Besselièvre  (Charles),  propriétaire,  à  Marommc. 

1867. '  Beuzeron,  chimiste,  au  Mesnil-Esnard . 

1865.  Bidault,  docteur-médecin  et  membre  du  Conseil 
central  d'Hygiènc  de  l’Eure,  à  Evreux. 

—  Blanchard,  pharmacien,  rue  Cauchoise,  à  Rouen. 

—  Blanche  (Emmanuel),  prolesseur  à  l’Ecole  de  Méde¬ 

cine  et  à  l’Ecole  supérieure  des  Sciences,  membre 
de  l’Académie  de  Rouen,  rue  Beauvoisine ,  63, 
à  Rouen. 


1865.  Blanche  (  A.UVe(l)  conseiller  (rUtal ,  secrétaire 

général  de  la  Préfecture  de  la  Seine,  à  Paris. 

1867  Blanche  (Antoine)  avocat  général  à  la  Cour  de 
cassation,  à  Paris. 

1 866 .  Blosseville  (marquis  de),  membre  du  Conseil  général 

de  l’Eure,  a  Amfreville-la-Campagne  (Eure). 

—  Boissel,  imprimeur,  rne  de  la  Vicomté,  55,  à  Rouen. 

1865.  Bonnière-Néron,  propriétaire,  à  Déville-lès-Rouen. 
—  Bonnin  (Réné),  ingénieur  civil,  à  Evreiix. 

—  Bonissent  ,  membre  de  la  Société  géologique  de 

France,  aux  Perques,  près  Cherbourg  (Manche). 

—  Bourgeois,  vétérinaire,  rue  de  l’Hôtel-de-Ville,  49, 

à  Rouent 

—  r^ouTEiLLER,  doctcur- iiiédecin  ,  rue  Impériale,  92, 

à  Rouen. 

1867.  Boutigny,  pharmacien,  à  Forges-les-Eaiix . 

1865  Breton,  négociant,  à  Elbeuf. 

—  Bucaille  (Ern.),  commerçant,  rne  Saint-Vivien,  132, 

à  Rouen. 

—  Caffin,  propriétaire,  à  Evreux. 

1866.  Canel,  membre  de  l’Académie  de  Rouen ,  à  Pont- 

Audemer 

1865  Carliez,  pharmacien,  à  Fécamp. 

1866.  Carpentier  ,' chef  de  bureau  à  la  Mairie  de  Rouen, 

rue  de  la  Cigogne,  12. 

—  Charpentier  (Casimir),  propriétaire,  aux  Andelys. 

—  Charpentier  (Jules),  propriétaire,  à  Evreux. 

1865.  Chatel  (V*"),  propriétaire,  à  Valecongrain  (Calvados). 

1866  Chennevière  (Edgard),  étudiant,  rue  de  l’Avalassc  , 

21,  à  Rouen. 

—  Cheramy  61s,  propriétaire,  à  Evreux. 

1867.  Chérel,  entrepreneur  de  travaux  publics,  à  Evreux. 

1866.  Clouet  fils,  interne,  à  l’hôpital  de  Lonreine,  à  Paris. 
1865.  CobErt,  inspecteur  de  la  Compagnie  tle  V Ancienne- 

Mutuelle^  rue  Chasselièvre,  3°  impasse,  à  Rouen. 


1865.  Colas  (l’abbé),  chanoine,  membre  de  rAcatlémie  de 

Rouen,  nie  de  la  (h’oix-de-Fcr,  4,  à  Rouen, 

—  CoLOMBEL,  avocat,  à  Evreux. 

—  CoNDÉ,  censeur  au  Lycée  de  Caen. 

—  CoQUEREL,  employé  de  commerce,  chez  M.  Saulreau- 

Massy,rne  delà  Barrière, 41, à Elbeiif. 

1866 .  CoRDiER,  propriétaire,  rue  du  Bout-dn-Gard,  à  Cam 

debec-lès-EIbeuf. 

1867.  Cretté  de  Palluel,  ornithologiste  à  Paris . 

1865.  Cusson,  avocat,  secrétaire  général  de  la  mairie,  à 

Rouen. 

1867.  Damiens  (Francis),  employé  de  la  préfecture  de 
'  l’Eure,  à  Evreux. 

1867.  Daufresne,  avocat,  à  Pont-Audemer. 

1865  De  Boislinard  ,  contrôleur  principal  des  Contribu¬ 
tions  directes,  pl,  de  la  Rougemare,  16,  à  Rouen. 

—  De  Boutteville  propriétaire,  grande  rue  Saint- 

Gervais,  10  én,  à  Rouen. 

1866.  Debray  (Ern.),  propr.,  Grande-Rue,  33,  au  Havre. 

1865.  Decaen,  pharmacien,  à  Lyons-la-Forêt  (Eure). 

—  Delahaye  ,  ingénieur  civil  ,  rue  Ganterie  ,  34  ,  à 

Rouen. 

—  De  la  Londe  du  Thil  ,  président  de  la  Société 

d’Agriculture  de  rarrondissement  du  Havre,  place 
Saint-Ouen,  39,  à  Rouen. 

—  Delamare  (Jules),  maître  teinturier,  route  de  Darné- 

tal,  93,  à  Rouen. 

—  De  Lerue,  chef  de  division  à  la  Préfecture  de  Rouen, 

membre  de  l’Académie  de  Rouen  ,  rue  de  la  Motte, 
3,  à  Rouen. 

1867.  De  Lépine  ,  étudiant  en  médecine,  quai  de  la 

Grande-Chaussée,  72,  à  Rouen, 

1866.  Derocque,  docteur-médecin,  quai  du  Havre,  3. 
Deshays,  libraire,  rue  Beauvoisine,  9,  à  Rouen. 


1865.  Deswatines,  docteur-médecin,  à  Eu. 

1866.  Devesly,  à  Paris- 

1865  Dorey  (l’abbé),  chanoine,  à  Evreux. 

—  Douvre  ,  docteur-médecin  ,  rue  de  Fontenelle  ,  10, 

à  Rouen. 

—  Düclos  ,  docteur-médecin  ,  secrétaire  perpétuel  de 
’  l’Académie  de  Rouen ,  rue  Alain-Blanchard  ,  9  , 

à  Rouen. 

1866  Dücoté  père,  conseiller  de  Préfecture,  rue  des  Car¬ 

mélites,  16,  à  Rouen. 

1865.  Ducoté  (Eug.),  avocat,  rue  Ganterie,  64,  à  Rouen. 

—  Dücoté  (Jules)  inspecteur  des  lignes  télégraphiques  , 

à  Amiens. 

» 

1866.  Duménil  (L.),  docteur-médecin,  rne  de  l’Hotel-dc- 

Ville,  45,  à  Rouen. 

—  Dupond  (Eugène),  ingénieur  civil ,  à  Vichy. 

—  Duvochel,  artiste  peintre,  à  Evreux.  , 

1865.  Dücoudré  ,  membre  de  la  Société  Entomlogique  de 

France,  censeur  au  Lycée  de  Limoges. 

—  Dücoudré  (Jules),  propriétaire,  à  Pacy-sur-Eure. 

—  Duhamel,  botaniste,  à  Camembert  (Orne). 

—  Duprey,  pharmacien,  professeur  suppléant  à  l’Ecole 

de  Médecine ,  rue  de  la  Grosse-Horloge  ,  62 ,  à 
Rouen . 

—  Duveau,  ingénieurcivil,  ruedes Minimes,  10,  à  Rouen. 

1866.  Esnout,  régent  au  collège  de  Mortain  (Manche). 

1865  Estaintot  (Comte  d’),  maire  de  Fui  tôt,  vice-président 

delà  Société  impériale'et  centrale  d’Horticidture  de 
la  Seine-Inférieure,  rue  delà  Cigogne,  8,  à  Rouen. 

—  Estaintot  (Vicomte  d’),  avocat,  membre  de  l’Aca¬ 

démie  et  président  de  la  Société  d’Emulation  du 
Commerce  et  de  l’Industrie  de  Rouen  ,  rue  des 
Arsins,  9,  à  Rouen. 

—  Etienne,  pharmacien,  à  Elbeuf. 


!86(>. 


1865. 


1867. 

1865 


1 867 . 
1865. 


1866 

1865 

1867. 

1866. 


Faucon  (Kinile'),  Secrélaire  général  tle  la  Direction  des 
Colonies  an  Ministère  de  la  marine  et  des  colonies, 
à  Paris. 

Fairmairk  (E.),  naturaliste  préparateur .  rue  de  l’IJ- 
niversité,  56,  à  Paris. 

Fortin,  docteur-médecin,  président  du  Conseil  cen¬ 
tral  d’Hygiène  et  de  Salubrité  de  l’Eure,  à  Évreux. 

Gaillard,  médecin,  rue  Eau-dc-Robec ,  146,  à 
Rouen. 

Gascard,  pharmacien,  rue  du  Bac,  47,  à  Rouen. 

Georges,  pharmacien,  à  Yerville. 

Germiny  ^  (le  comte  Adrien  de)  ,  receveur  général  du 
département  de  la  Seine -Inferieure,  rue  de  la  Seille, 
6, à  Rouen.  • 

Glanville  (Léonce  de),  propriétaire  ,  rue  Bourg- 
l’Abbé,  19,  à  Rouen. 

Gosselin,  pharmacien,  à  Caudebec-lès-Elbeuf. 

CrRANDiN  (Gustave),  projH’iétaire  à  Elbeuf. 

Guerie,  pharmacien,  rue  Saint-Hilaire,  14,  à 
Rouen. 

Gueroult,  docteur-médecin,  à  Caudebec-en-Caux. 

Gully,  professeur  de  Mathématiques  à  l’Ecole  muni¬ 
cipale,  ruelmpériale,  100,  à  Rouen. 

HarlÉ)^,  ingénieur  en  chef  des  Mines,  membre  de 
l’Académie  de  Rouen,  rue  du  Moulinet,  13  ,  à 
Rouen. 

Hauchecorne,  professeur  au  Lycée  de  Rouen. 

IIaudrechy  fils  aîné,  horticult.  ,  côte  Bihorel ,  à 
Rouen. 

IIaudrechy  (Ph.),  hort.,  côte  Bihorel,  à  Rouen. 

IIaudrechy  (Ernest),  hort.,  côte  Bihorel,  à  Rouen. 

Hébert,  professeur  au  Lycée,  à  Limoges. 

Hue  (l’abbé),  rue  Dali[)hard,  19,  à  Rouen. 

IzARN,  propriétaire,  à  Evreux. 


I 


—  525  — 

•  I 

1867.  JouANNE,  pharmacien  à  Ry. 

—  JuTET,  médecin,  à  Lyon. 

1865.  Labigne,  pharmacien,  clos  Saint-Marc,  à  Rouen. 

—  Lacaille  fils,  propriétaire,  à  Bolbec. 

—  Lair.,  juge  de  paix,  trésorier  de  la  Société  d’HortieuI- 

ture,  rampe  Bouvreuil,  82,  à  Rouen. 

1866.  Lallemand,  docteur-médecin,  à  Dieppe. 

—  Langlois,  avoué,  rue  Ganterie,  à  Rouen. 

^  —  Lapeyrüque,  conducteur  des  ponts  et  chaussées, 
à  Evreux . 

1865.  Laurens,  professeur  au  Lycée  et  à  l’École  supérieure 

des  Sciences,  rue  Impériale,  130,  à  Rouen. 

—  Laurens  fils,  étudiant ,  ruelmpériale,  130,  à  Rouen. 

1867.  Lebas,  propriétaire,  rue  de  la  Grosse-Horloge,  à 

Rouen. 

—  Le  Ber,  ancien  notaire,  rue  Poussin,  24,  à  Rouen. 

—  Lébehot,  pharmacien,  à  Anlmiy-sur-Odon  (Calvados). 

—  Lebouteiller,  pharmacien,  membre  de  la  Société 

Entomologique  de  France,  rue  des  Charrettes,  125, 
à  Rouen. 

1866.  Lebret  (E.),  caissier  chez  mm.  Deliquaire  et  Aabell, 

quai  de  la  Bourse,  19,  à  Rouen. 

1865.  Le  Brüment,  docteur-médecin,  rue  de  l’Impératrice, 
54,  à  Rouen 

—  Lecomte  (l’abbé),  aumônier  au  Lycée  de  Rouen. 

—  Lefebvre,  médecin,  rue  Lafayelte,  137,  à  Rouen. 

1867.  Lefebvre,  pharmacien,  à  Pacy-sur-Eure. 

—  Lefranc,  ancien  pharmacien,  rue  Malpaln,  76.  à 

Rouen . 

1865.  Lemesle,  propriétaire,  à  Evreux. 

—  Lemettf.il  ,  maître  de  pension  ,  à  Bolbec. 

—  Lepage,  pharmacien,  à  Gisors  (Eure). 

—  Lepage,  pharmacien,  à Caudebec-lès-Elbeul . 
Leprou,  propriétaire,  rue  du  Chainp-tles-Oiseaux  , 

82  B,  à  Rouen. 


—  526  - 

1865.  Le  Roy,  (locteiir-mécleôin ,  rue  des  Capucins,  36,  à 

Rouen. 

1866.  Lesoueff,  propriétaire,  boulevard  Cauclioise,  31, 

à  Rouen. 

1865.  Levasseur,  docteur-médecin,  rue  de  l’Ecole,  8,  à 

Rouen. 

—  Levoitürier,  employé  de  commerce,  chez  MM.  Blay 

frères,  rue  du  Pré-Bazille,  2,  àElbeuf. 

—  Leudet,  directeur  de  l’École  de  Médecine  etde  Phar¬ 

macie,  rue  de  l’Impératrice,  15,  à  Rouen. 

—  Lévy  (Auguste),  professeur  au  Lycéeet  à  l’Ecolesupé- 

rieure  des  Sciences,  membre  de  l’Académie  et  de  la 
Société  d’Emulation  du  Commerce  etde  l’Industrie, 
rue  de  Joyeuse,  5,  à  Rouen. 

—  Lévy  (Emile),  négociant,  quai  Napoléon,  51,  à  Rouen. 

1866.  Luomme  (Albert),  à  Caudebec-lès-Elbcuf. 

1865.  Lieury,  propriétaire,  à  Saint-Jacques-sur  Darnétal 

—  Lock,  pharmacien,  à  Vernon  (Eure). 

—  Londe,  docteur-médecin,  à  Vernon  (Eure). 

—  Malbranche,  pharmacien  de  l’Hospice-Général,  pro¬ 

fesseur  à  l’École  normale,  membre  de  l’Académie 
de  Rouen,  rue  de  Joyeuse,  26,  à  Rouen, 

—  Manchon  (Albert),  négociant,  rue  de  Crosne ,  66  ,  à 

Rouen . 

1866.  Marguerite  (Alfred),  étudiant  en  médecine. 

1865.  Marguery,  négociant,  quai  du  Havre,  1,  à  Rouen. 

1867 .  Marguery  (Albert),  quai  du  Havre,  1,  à  Rouen. 

—  Marguery  (Paul),  quai  du  Havre,  1,  à  Rouen. 

—  Marque,  professeur,  rue  Daliphard,  20. 

—  Martin  (René),  à  Chatellerault  (Vienne). 

1866.  Martinet  (Charles),  propriétaire,  rue  du  Maulé- 

vrier,  11 ,  à  Rouen. 

1865*  Mauduit,  pépiniériste  au  Boisguillaume. 

1866.  Ménager,  rue  du  Puits-de-la-Montée,  à  Sotteville. 


I 


527 


1865.  Mérf.aux  (Am.),  membre  de  l’Académie  de  Rouen, 
rue  du  Champ-des-Oiseaux,  36,  à  Rouen. 

—  Merval  (Stepli.  de),  propr.,  à  Canteleu. 

1867.  Milliard,  propriétaire,  rue  de  l’Avalasse,  15,  à 
Rouen. 

1865.  Mirabel-Chambaud  membre  du  Conseil  général 

delà  Seine-Inférieure, à  St-Germain-sur-Eaulne. 

1866.  Miroude  (Adolphe),  propriétaire,  rue  Lemire,  18, 

à  Rouen. 

1865.  Mocqüerys,  chirurgien-dentiste,  rue  Grand-Pont,  58, 
à  Rouen. 

—  Mocqüerys  61s,  membre  de  la  Société  Entomologique 

de  France,  chirurgien-dentiste,  àEvreux. 

—  Morière,  professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de 

Caen, 

—  Mûrisse,  membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes,  à 

Ocleville-sur-Montivilliers. 

—  Moulin  membre  du  Conseil  municipal,  administra^ 

teur  desHospices  de  Rouen,  route  de  Darnétal,  75 . 

—  Muller,  chimiste,  rue  de  l’Hotel-de-Ville  ,  39,  à 

Rouen. 

1867  Neveu, pharmacien,  à  Doudeville. 

1865.  Nicolle  père,  propriétaire,  rue  du  Vert-Buisson,  2, 

à  Rouen. 

—  Nicolle  61s  ,  docteur-médecin  ,  secrétaire  de  la 

Société  d’Horticulture  de  Rouen ,  rue  du  Cor- 
dier,  5,  à  Rouen. 

1866 .  Nomy,  Censeur  des  études  au  lycée  de  Versailles. 

1867  Nos  d’Argence,  ruedeGrammont,  4,  à  Rouen. 

1865.  Noury,  professeur  de  dessin  et  de  mathématicpies,  à 

Elbeuf. 

1866.  Noury  (Arc.),  naturaliste,  à  Elbeuf. 

1865.  Olivier,  docteur-médecin,  à  Pout-de-l’Arclie. 

—  Omont,  pharmacien,  à  Evreux. 


I 


528  — 


1866.  Ouin-Lf.pagf.,  maître  de  pension,  à  Elbenf. 

—  Papon  (Ernest),  propriétaire,  à  Evreux. 

—  Pfnnftifr,  docteur-médecin,  professeur  à  l’Ecole  de 
Médecine,  rue  Ganterie,  105,  à  Rouen. 

—  Pfrrft,  naturaliste,  à  Louviers. 

1866.  Pesqurur,  propriétaire,  à  Fécamj). 

1865.  Petit  (Léon),  avocat,  à  Evreux. 

—  PiCHARD  ,  baïupiier  ,  place  du  Gaillardbois  ,  8  ,  à 
Rouen. 

—  PiMONT  (Alfred),  fabricant  d’indiennes,  rue  de  Fon- 
tenelle,  36,  à  Rouen. 

1866.  I*iNCHON,  pharmacien,  à  Elbeuf. 

1865.  Pinel  ,  botaniste ,  secrétaire  de  correspondance  de 

la  Société  d’Horticulture  et  conservateur  du  Cime¬ 
tière  monumental,  à  Rouen. 

1866.  Pion  (Paul),  teinturier,  à  Elbeuf. 

—  Pion  (Alexandre),  teinturier,  à  Elbeuf 

1865.  Prier,  avocat-agréé  au  Tribunal  de  commerce,  place 

Saint-Eloi,  26,  à  Rouen. 

1866.  Quémont,  pharmacien,  rue  Ganterie,  26,  à  Rouen. 

—  Quesné,  docteur-médecin,  à  Pont-Audemer. 

1865.  Raupp  (Alb.),  propriétaire,  boulevard  Cauchoise,  53, 

à  Rouen. 

—  Réfuveille,  médecin,  rue  de  la  Croix-de-Fer,  5,  à 

Rouen. 

—  Richer,  pharmacien,  ù  Montivilliers. 

1867.  Rident,  interne  à  l’Hospice-Général,  à  Rouen. 
1866  Riduet  (Camille),  agent -voyer  du  canton  d’Yvetot. 

—  Roberty  (  le  Pasteur  )iSJ ,  rue  de  Lenôtre  ,  18,  à 

Rouen. 

t 

1865.  Rondeaux  (Henri),  manufacturier,  au  Houlme. 

1866.  Rose,  pharmacien,  rue  Beauvoisine ,  66,  à  Rouen. 
1865.  Roustfi,  ,  r»ie  de  la  Chaîne,  16. 

1867.  Rouvin  (Paul),  à  Elbeuf. 


/ 


—  529  — 

1865.  Saffray,  propriétaire,  boulevard  Beauvoisine,  73, 

à  Rouen. 

—  Saillard  ,  chimiste,  rue  du  Mont-Gargan ,  37,  à 

Rouen. 

—  Sannier  ,  horticulleiir  ,  rue  Mare-au-Trou  ,  1  ,  à 

Rouen. 

1866.  Sauvage,  teinturier,  à  Elbeuf. 

—  ScHLUMBERGER,  propriétaire,  rue  du  Bailliage,  14, 

à  Rouen. 

1867.  Simon  (l’abbé),  chapelain,  rampe  Saint-Hilaire,  à 

Rouen. 

1865  SiNOQUET,  ingénieur  civil ,  professeur  à  l’Ecole  supé¬ 
rieure  des  Sciences,  rue  Lemire,  3,  à  Rouen’. 

-  Tinel  ,  docteur-médecin,  ,  professeur  à  l’Ecole  de 
Médecine,  rue  de  Crosne,  63,  à  Rouen. 

—  Turpin,  propriétaire,  membre  de  la  Société  d’Florti- 
culture  de  Rouen,  à  Darnétal. 

1867.  Valois,  ancien  pharmacien,  rue  de  Fontenay,  à 
Rouen . 

1866.  Vallois  (Félix),  propriétaire,  rue  de  la  Savonne¬ 
rie  ,  12,  à  Rouen. 

1865.  Vastel,  ingénieur-dessinateur,  rue  Hérisson,  91  , 

à  Sotteville. 

—  Vaucanu,  docteur-médecin,  à  Yvetol. 

1866.  Verrier  aîné,  médecin -vétérinaire,  rue  de  l’Hotel- 

de-Ville,  49,  à  Rouen. 

1865  Verrier  jeune ,  médecin-vétérinaire  ,  rue  de  l’Hôtel- 
^  de-Ville,  49,  à  Rouen. 

—  ViÉNOT,  avocat-agréé  au  Tribunal  de  commerce,  rue 
de  la  Vicomté,  37,  à  Rouen. 

1866.  ViNAY  ,  membre  du  Conseil  général  de  la  Haute- 
Loire,  au  Puy-en-Velay. 

1865  VivET  (Léon),  professeur  de  langues  ,  rue  Eau-de- 
Robec,  122,  à  Rouen. 

34 


530  - 


1866.  Vy  (Alfred),  (loctenr-médccin,  à  Bdheuf. 

—  Wright,  professeur  d’.inglais,  au  lycée  (l’Aucli. 

llcmlires  clccédcs. 

Chefdeville,  notaire  à  Evreux. 

Drveaux  (François),  membre  de  la  Cliambre  de  Commerce, 
à  Rouen, 

KIudelinne,  emjiloyé  comptable  au  Comptoir  d’escompte  , 
à  Rouen. 


Sociétés  corrcspondaute.«i. 

i®  En  France, 

Angers.  —  Société  Linéenne  de  Maiiie-et-Loire. 

—  Société  académicjue  de  Maine-et-Loire. 

Bordeaux.  —  Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles 

de  Bordeaux. 

Cherbourg.  — -  Société  Impériale  des  Sciences  naturelles  de 

Cherbourg. 

Chambéry,  —  Société  d’Histoire  naturelle  de  Savoie. 
Colmar.  —  Société  d’Ilistoire  naturelle  de  Colmar. 

Evreux.  —  Société  libre  d’Agricidture,  Sciences,  Arts  et 
Belles-Lettres  de  l’Eure, 

Mayenne.  —  Société  d’Archéologie,  Sciences,  Arts  et 

Belles-Lettres  de  la  Alayenne. 

Metz.  —  Société  d’Hisloire  naturelle  de  la  Moselle. 

Paris.  —  Société  Impériale  zoologique  d’acclimatation 
Société  géologique  de  France. 

Société  d’Anthropologie. 

Privas.  —  Société  dés  Sciences  naturelles  de  l’Ardèche, 
iNÎMES.  —  Académie  du  Gard. 


Rennes  . 


~  Société  (les  Sciences  physi(jues  et  naturelles 
(rille  et-Vilaine. 

Rocheli.e  (La).  —  Académie  de  La  Rochelle. 

Rouen.  —  Ac.ulémie  impériale  des  Sciences,  Belles-Lettres 
et  Arts  de  Rouen. 

Société  Impériale  et  Centrale  d' Horticulture  de 
Rouen, 

Société  libre  d’Emulation,  du  Commerce  et  de 
l’Industrie. 

Société  de  Médecine  de  Rouen, 

Société  libre  des  Pharmaciens  de  Rouen. 
Saint-Pol.  —  Société  (l’Agriculture  de  l’arrondissement  de 

Saint  Pol  (Pas-de-Calais). 

Semur.  —  Société  des  Sciences  histori(]ues  et  naturelles  de 
Semur  (Cote-d’Or). 

Strasbourg.  —  Société  des  Sciences  naturelles  de  Stras¬ 
bourg. 

Vitry-le-Francais.  —  Société  des  Sciences  et  Arts  de 

Vitrv-le-Fraucais. 

2*^  A  C  Etranger, 

i 

Brème.  —  Société  des  Sciences  naturelles  de  Brème. 
Bruxelles,  — 'Société  malacologirjue  de  Belgique. 

Société  Royale  de  botanique  de  Belgiipie. 
Genève.  —  Société  ornithologique  Suisse . 

Vienne.  —  Société  Impériale  et  royale  de  Zoologie  et  de 
botani(jue  de  Vienne. 


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Nota.  —  Les  Membres  et  les  Sociétés  correspondantes  dont  le 
nom  ou  les  qualités  auraient  été  inexactement  indiqués  sont  priés 
de  vouloir  bien  faire  connaître  les  rectilications  à  faire. 


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TABLE  DES  MATIÈRES. 


Pages. 


Conipte-rêndu  des  travaux  de  la  Société,  pendant 

l’année  1867,  par  M.  Hébert,  secrétaire .  1 

Sommaire  des  procés-verl)aux  : 

Séance  du  !«»’ janvier  1867 . 11 

—  7  février  —  14 

—  7  mars  ~  .  .  17 

—  4  avril  —  18 

—  2  mai  —  21 

—  6  juin  -  -  .  24 

—  4  juillet  —  27 

—  1er  août  —  28 

—  O  septembre  —  30 

—  5  octobre  —  53 

—  7  novembre  —  33 

I 

—  3  décembre  —  38 

Séance  e.xtraordinaire  du  29  décembre  1867.  ...  40 

Rapport  sur  le  Bulletin  de  la  Société  des  Sciences 

physiques  et  naturelles  de  Bordeaux  (1866),  par  M.  le 

Dr  Levasseur .  44 

Note  sur  un  échantillon  de  laine  présenté,  le  ‘ 

7  mars  1867,  à  la  Société  des  Amis  des  Sciences  natu¬ 
relles,  par  M.  A.  Pinchon .  34 


134 


Catalogue  raisonné  des  oiseaux  de  la  Seine-Infé¬ 
rieure,  par  M.  E.  Lemetteil  (suite) .  50 

Ilapport  sur  trois  Oiseaux  présentant  divers  états 
pathologiques  (offerts  par  M.  Farniaire),  par  AI.  Le- 

METTEIL .  325 

Note  sur  l’œuf  de  la  poule  d’eau  Bâillon  (gallimila 

Daillonü,  Temininck),  par  AI.  Lemetteil .  529 

Note  sur  l’Emberiza  passerina  (Pallas),  par  Al.  Le¬ 
metteil.  .  .  331 

Compte-rendu  de  l’excursion  de  la  Société,  à 
Forges,  le  jeudi  14  juin  1867,  par  M.  A.  AIalbranche.  357 
Compte-rendu  du  Congrès  international  de  bota¬ 
nique  tenu  à  Paris,  du  16  au  25  août  1867,  par 

Al.  A.  AIaloranche .  54 i 

Des  genres  en  botanique,  par  Al.  A.  AIacdranche, 
présenté  au  Congrès  international  de  botanique, 

août  1867  . . .  .  358 

Bapport  sur  les  Jacinthes  cultivées  sous  l’eau,  par 

Al.  de  Boutteville .  370 

Objections  au  rapport  de  Al.  de  Boutteville  sur  les 

Jacinthes,  par  Al.  A.  Pinchon .  594 

Lichens  de  la  Normandie,  par  Al.  AIalbranche 

(suite) .  398 

Note  sur  le  Holeus  spicatus^  par  Al.  de  Lérue  .  .  486 

Note  sur  le  Phy comices  nitens^  par  Al .  AIalbranche.  489 

Note  sur  un  mode  particulier  de  multiplication  du 
Spergula  nodosa  (Linnéj,  par  Al.  Duhamel,  de 

Camembert .  491 

Note  sur  le  Raphams  caiidatiis^  par  Al.  D.  Hel- 

LENCONTRE . 492 

Note  sur  le  Dimorphisme,  à  propos  de  la  présenta¬ 
tion  d’un  Mimosa  offrant  cette  anomalie,  par  M.  AIal¬ 
branche  .  494 

Extrait  d’un  rapport  sur  les  Annales  des  Sciences 
naturelles,  n^  de  février  1867,  par  AI.  Etienne  .  .  .  498 


Géologie.  —  Sur  l’ordre  des  dépôts  diluviens  de  la 


135 


vallée  deriton,  en  amont  d’Évreiix,  parM.  H.  Chérel 


fils . .  ,  • .  504 

Année  1867.  —  Bibliothèque .  51 1 

Année  1867.  —  Collections .  516 

Composition  du  Bureau  pour  1867  .  518 

Liste  des  Membres  de  la  Société  au  31  décembre 
1867  .  519 

I 

Membres  décédés . 530 

Sociétés  correspondantes,  en  France .  530 

—  —  à  l’étranger .  531 


Houen.  —  lmp.  de  11.  Boissel,  rue  de  la  Vicomté,  55.